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JOURNAL
DE
L'AGRICULTURE
ANNÉE 1883, TOME PREMIER
(janvier a mabs)
Le JOURNAL DE L'AGRICULTURE, fondé le 20 juillet 1866, a
successivement fusionné avec le Journal de la Ferme et des Maisons
DE campagne et avec la Revue de l'Horticulture. Il s'occupe de toutes
les questions de pratique et de science agricoles, de législation rurale,
d'économie politique ou sociale dans ses rapports avec la vie rurale,
enfin il donne tous les développements nécessaires aux progrès de
la viticulture, de l'horticulture, de l'arboriculture et de la culture
maraîchère; il traite aussi bien de la production des jardins que de
celle des champs.
il appartient à une Société composée de 840 agriculteurs ou agro-
nomes groupés autour de M. J.-A. Barrai.
JOURNAL
DE
L'AGRICULTURE
DE U FERME ET DES MAISONS DE CAMPAGNE
DE LA VITICULTURE, DE L'HORTICULTURE
DE L'ÉCONOMIE RURALE ET DES INTÉRÊTS DE LA PROPRIÉTÉ
FONDE £T DIRIGE FAR
J.-A.
AUllAL
SECRETAIRE PERPÉTUEL DE LA SOCIETE NATIONALE D AGRICULTURE DE FRANCE
Membre du Conseil général de la Moselle jusqu'en 1871 ;
Ancien élève et ancien répétiteur de chimie de l'Ecole polyteclinique;
Membre du Conseil d'administration de la Société nationale d'encouragement à l'agriculture et de la Sociélé
des agriculteurs de France ;
Lauréat de l'Académie des sciences en 1863, pour le piix de Muroyiœs, décerné à l'ouvrage ayant fait faire
le plus grand progrés à l'agriculture en France;
Commandeur île la Légion d'honneur: de l-Ordre ottoman du '.leiljidié, de celui des Saints Maurice et Lazare d'Italie;
de celui d'Isabelle la Callioli'ine d'Espagne; Chevalier des Ordres de Léopold de Belgique,
de Notre-Dame de la Conception de Portugal;
Membre de la Société philomatique et du Conseil de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale ;
Membre honoraire de la Société royale d'agriculture d'Angleierre ;
Membre honoraire de l'Académie de Metz, de la Société centrale d'agriculiure de Belgique, de la Société royale d'agriculture de
l'ortugal, de la Société des agriculteurs italiens,
des Sociétés d'Agriculture du grand-duché de Luxembourg, de Moscou, de Varsovie, de Spolato,
des Géorgotiles de Florence, île Grosseto, de Turin, de Saint-Pétersbourg, de Pesaro, du Chili, de Hongrie, de l'Uruguay ;
Correspondant de l'Institut genevois, de l'Institut éf'yptien, de la Société des sciences natureJles de Milan;
des Sociétés d'Agriculture, de Viticulture ou d'Horticulture de Pans, d'Arras, de l'Aube, de Bayeux, des Bouches-du-Rhône,
de Coiiipiégne, de Caen, de Clerinont, dn Nord, de la Seine-Inférieure, de Mayenne, de la Haute-Garonne, de la Côte-d'Or;
de Joigny, de Libourne, de Lyon, de Mirecourt, de Nancy, du Pas-de-Calais, de Poitiers, de Poligny, de Seiilis, de Vaucluse
des Comices agricoles d'Agen. de Lille, de Meaux, de Metz, de Hrantôme, de la Société des -Amis de la paix
de Valence ( Espagne], des Sociétés d'Agriculture de Gand,de New- York, devienne (Autriche), de la Gueidre (Hollande), de Hongrie
du Cercle agricole et horticole du grind-duché du Luxembourg;
Associé étranger de l'Académie royale de Suéde, etc . etc.
Conseil de direction Scientifique, Politique et Agricole :
MM. J.-A. BARRAL, GASTON BAZILLE, DE BÉHAGUE,
gareau, p. de GASPARIN, a. VANDERCOLMS
ANNÉE 1883, TOME PREMIER
(janvier a wars)
PARIS
AIX BUREAUX DU JOURWL DE LAGIUCULTUIIE
Chez M. G. MAS SON, libraire-éditeur, r20, boulevard Saiat-Germain
ET
A Bruxelles, chez M. Henri MANGEAUX, lihraire-é iiteur, 8, rue des frois-Têles
1883
.07-7
Le Jenrnal de rAgrlcnltnre paraît tous les samedis en une livraison de 52 à
68 pages, avec de nombreuses gravures noires intercalées dans le texte et des
planches noires ou coloriées hors texte. — Il forme par an quatre volumes de
600 à 600 pages chacun.
PRIX DE L'ABONNEMENT :
FRANCE : un an, 20 fr. ; — six mois, 11 fr. ; — trois mois, 6 fr. — Un numéro, 50 centimes
Pour tous les pays de l'Union postale : un an, 22 fr.
Pour tous les autres pays, le port en sus.
LES PAYS FAISANT PARTIE DE l'UnION POSTALE SONT :
Allemagne — Autriche — Belgique — Danemark — Espagne — Etats-Unis — Grande-Bretagne — Grèce
H-'ngrie — Italie — Luxembourg — Monténégro — Norvège — Pays-Bas — Portugal
Houmanie — Russie — Serbie — Suède — Suisse — Turquie — Egypte — Tanger et Tunis
Pers — Brésil — République argentine — Pérou — Colonies françaises;
La'plupart des colonies étrangères.
JOURNAL
DE
L'AGRICULTURE
CHRONIQUE AGRICOLE (6 janmi^r i883).
L'année 1882 dans ses rapports avec l'agriculture. — Mort de M.Gambelta. — Création du minislèr
spécial de l'apricultuie. — Les lois agricoles de l'année 1882. — Recherches et découverte
dans le domaine des applications de la science à Tagncullure. — Tribulations de l'industrie
sucrière. — Les prix des céiéales et ceux des produits animaux. — Application de la loi sur la
police sanitaire des animaux dans plusieurs départements. ■ — La fièvre aphteuse dans le dépar-
tement de Meurthe-et-Moselle, — Production des chevaux percherons. — Vente des étalons;
lettre de M. Bailleau. — Situation des fabricants de sucre. — Extension des sucreries travail-
lant par la diflusion. — Lettre de M Louis Darblay. — Valeur des pulpes de diffusion pour
l'alimentation du bétail. — Publication du compte rendu des travaux du congrès agricole de
Chaumont. — Piincipnux vœux exprimés par cette réunion. — Le phylloxéra. — Pétition des
propriétaires-viticulteurs du département des Landes contre l'introduction des vignes américaines
dans ce département. — Enseignement départemental de l'agriculture. — Publication du
bulletin de la Société des professeurs d'agriculture. — Nomination de M. de Sauvage comme
maître de conférences à llnstitut national agronomique. — Concours de volailles grasses à
Louhans. — Mémoire de M. Ch. Baltet relatif à l'action du froid sur les végétaux pendant
l'hiver 1879-80. — Reprise des inondations. — Leurs effets désastreux sur les champs cultivés. —
Concours d'animaux gras de^Limoges. — Les prochains concours généraux agricoles de Paris.
I. — L'année 1882.
L'an née qui vient de s'achever n'a pas été une année heureuse.
Nous n'a\ons_, dans ce Journal, à considérer les événements que dans
leurs rapports avec l'agriculture. La mort de Gambetta, qui a rendu
le dernier soupir quelques minutes avant que l'année expirât, ne
saurait être envisagée par les agriculteurs que comme un fait doulou-
reux. Doué d'une éloquence incomparable, il a exercé une action
irrésistible sur la masse de la nation. Pour tous ceux qui ont au cœur
l'amour de la patrie, il restera l'homme qui a ramassé le drapeau de la
France tombé dans une heure de désarroi général, et a eu la puissance
de réunir autour de ce drapeau tous les partis confondus dans un seul
sentiment, celui de la nécessité de relever la patrie agonisante. Ceux
qui appartenaient à l'Alsace et à la Lorraine lui ont surtout une
éternelle reconnaissance, car il a sauvé l'honneur alors qu'ils per-
daient toute fortune. Les cultivateurs des anciens départements de
la Moselle, du Haut et du Bas-Rhin ont espéré^ quand ils ont vu
Gambetta organiser avec une vaillance prodigieuse une héroïque et su-
prême défense ; après la défaite, ils espèrent encore, parce que le droit
survit à la force. Gambetta n'a fait que passer au pouvoir; un acte qui
reste de lui est la création du ministère spécial de Tagriculture. 11
avait compris, avec sa haute inteUigence, que les intérêts de l'agri-
culture doivent être étudiés et défendus par un administrateur qui
n'a pas d'autre souci que de rechercher ce qui convient le mieux
pour le bien-être des populations rurales et pour la prospérité de
toutes les branches de la production agricole.
L'année avait commencé par des promesses ; elle n'en a tenu
aucune. Les dégrèvements d'impôts que l'on avait fait entrevoir ne se
sont pas réalisés. Les grands travaux publics n'ont pas été dirigés en
vue de la satisfaction des intérêts agricoles. La question de la con-
struction du canal du Rhône est plus embrouillée que jamais, en
présence des opinions contradictoires des ingénieurs et des préten-
N' 717. — Tome I" de 1883,-6 Janvier.
6 CHRONIQUE AGRICOLE (6 JANVIER 1883).
lions de partisans d'une navigation qui n'existe pas. Toutefois deux
lois favorables à l'agriculture ont été votées; l'une, d'un intérêt géné-
ral, est relalive au reboisement et au gazonnement des terrains en
montagne; l'autre, d'un ordre plus secondaire, concerne les moyens
d'arriver à une plus rapide destruction des loups. La science, cepen-
dant, n'est pas resiée inaclive ; les découvertes de M. Pasteur relatives
aux moyens de combattre victorieusement les maladies charbonneuses,
ont reçu la sanction défmitivederexpérience; on peut regarder comme
certaine la découverte de moyens préventifs efficaces contre le rouget
des porcs; des perfeclionnements dans les procédés d'inoculation
contre la péripneumonie des bêtes à cornes paraissent assurés, et
M^ Pasteur et ses élèves sont sur la voie de trouver un remède décisif
contre la rage. Mais, les météores délient toutes les recherches des sa-
vants. Des pluies excessives ont détrempé les terres, et empêché une
grande partie des travaux d'automne de se faire en temps utile. Le fléau
des inondations s'est déchaîné sur toute l'Europe. Peut-être la marche
du phylloxéra est-elle enrayée, en ce sens que tous les viticulteurs qui
veulent s'en donner la peine et faire les dépenses nécessaires, peuvent
faire vivre leurs vignes malgré linsecte dévastateur ou les remplacer par
de nouveaux cépages inattaquables. L'industrie sucrière continue à tra-
verser, en France, une crise menaçante pour son avenir; elle ne peut
être sauvée que par de grands efforts pour le perfectionnement des
procédés de fabrication, en même temps que par des réformes dans la
législation fiscale, puisqu'une forte réduction de l'impôt du sucre ne
peut pas être édictée. Si les cours des céréales restent peu élevés, on
ne peut pas dire qu'ils sont avilis; d'un autre coté, la production du
bétail est encouragée par des prix de la viande suffisamment élevés;
c'est toujours de ce côté qu'apparaît le salut pour les agriculteurs
progressifs.
II. — Police sanitaire des animaux.
La loi du 21 juillet 1881 sur la police sanitaire des animaux a
ordonné que les. villes où se tiennent des foires et marchés de bes-
tiaux, préposeraient à leurs iVais un vétérinaire pour l'inspection
sanitaire des animaux conduits à ces foires et marchés. L'application
de cette mesure ayant été ajournée dans plusieurs départements, un
décret en date du "23 décembre 1 882 vient de faire cessefcet ajournement
pour les départements de l'Ardèchc, de l'Eure, d'Lidrs-et-Loire, de
l'Isère et du Loir-et-Cher. Un deuxième décret ordonne que dans les
départements de l'Ardèche, de l'Eure, de l'Isère et de Loir-et-Cher,
l'exercice de la médecine vétérinaire dans les maladies contagieuses
estii^terdit à quiconque n'est pas pourvu du diplôme de vétérinaire.
On trouvera ces décrets à la partie officielle de ce numéro (p^igc 33).
Le Journal officiel du 31 décembre annonce que l'épizootie de lièvre
aphteuse qui régnait dans la commune d'Husigny (Meurthe-et-
Moselle) étant actuellement éteinte, un arriHé du ministre de l'agri-
c ulture, en date du 29 décembre, a décidé que, à parlir du 10 janvier,
l'importation du bétail pourrait de nouveau setïectuer par le bureau de
douane existant dans cette localité.
III. — La production des chtvaux percherons.
Pour maintenir dans un centre d'élevage important, les meilleurs
reproducteurs, un des moyens qui ont été employés avec succès^ est
CHRONIQUE AGRICOLE (6 JANVIER 1883). 7
la création des primes d'entretien. L'allocation de ces primes a toujours
été suivie d'heureux résultats ; aussi nous comprenons dit'dcilement
pourquoi elles ont été supprimées pour les chevaux du Perche. Les
conséquences de cette suppression sont indiquées dans une lettre
qu'un très habile éleveur, M. Bailleau, à llliers (Eure-et-Loir), vient
d'adresser à ÏUnion agricole de Chartres, et que nous reproduisons très
volontiers, sur la demande de son auteur. Voici cette lettre :
ic Vous devez vous rappeler les prunes de concours accordées aux étalons et
juments, et les primes d entretien données aux sujets des deux sexes les plus
méritants, avec la condition imposée aux propriétaires primés de les conserver
pendant deux ans pour la reproduction. A llliers, ces primes de concours ont
atteint jusqu'à 1800 francs, les primes de conservation variant de 500 à 6Û0
francs ; à Gourtalain, Mondoubleau, Nogent-le-Rotrou, les primes accordées aux
juments pour leur reproduction dans le pays, pendant deux ans, ont atteint jusqu'à
mille francs.
« Vous savez, comme moi, qu'à cette époque, on avait supprimé une partie des
haras, avec l'intention bien comprise de mettre des encouragements entre les
mains de l'industrie chevaline privée, la reconnaissant plus compétente que les
administrations et les administrateurs des haras. A ce moment, on était dans la
bonne voie pour conserver l'élite de notre race percheronne, enviée de toutes les
nations.
« Vous devez vous rappeler l'une de nos réunions de Comice, où notre ami
commun, M. Boutet, nous disait : — Plus de primes aux étalons et juments de
production, primes d'entretien par les haras aux étalons approuvés. — Ce qu'ils
approuvaient, vous le savez, c'était et c'est encore le cheval léger avec distinction
de forme, pouvant faire la remonte dans différents corps d'armée.
« Les besoins de l'époque présente sont tout autres ; on veut le cheval et les
juments propres à tous les services : courir et traîner de lourdes charges, ce qui
est le propre de notre race percheronne, la seule remplissant ce but par
excellence.
« Il aurait donc fallu, à tout prix, savoir la conserver; malheureusement, les
hommes appelés à diriger cette production, qui a une importance sérieuse dans
notre fortune nalionale, manquent trop souvent de compétence; la théorie sans
pratique est toujours compromettante, nous en avons la preuve tous les jours.
« Hé bien! avec ce qui se passe depuis plusieurs années, vous voyez enlever
de notre Perche les meilleurs étalons, l'élite de nos poulinières, ainsi que leurs
enfants mâles et femelles de cinq à quinze mois !
« Si nos primes de concours et d'entretien eussent été maintenues et môme
augmentées d'une manière sérieuse, avec obligation de conservation et de repro-
duction pendant deux ans au moins, croyez-vous que les étrangers, les Américains
n'auraient pas attendu l'expiration du temps d'engagement pour se rendre acqué-
reurs des sujets primés, même à des prix plus élevés? Donc tout était à l'avan-
tage des éleveurs : primes de concours, primes de conservation, et, pour notre
pays , prodtaction assurée permettant de conserver l'élite de notre race
percheronne.
« Depuis que ces primes n'existent plus, j'ai eu bien souvent l'occasion de
parler des fautes commises à nos représentants ; ils ont paru comprendre qu'à
défaut d'avoir maintenu et même augmenté ces sortes d'encouragements, on avait
sérieusement compromis notre fortune nationale chevaline. Hé bien! nos repré-
sentants m'avaient bien promis de faire part à qui de droit de mes observations.
J'espérais... Rien,que je sache, n'a été dit à ce sujet! Dire qu'il n'y a plus d'espoir,
non, bien qu'il soit tard pour réparer les fautes commises ; le défaut de prévoyance
nous amène à faire de grands sacrifices pour réparer ce qui a été malheureuse-
ment fait, alors que nous étions en pleine prospérité. Croyez-le bien, les Améri-
cains, qui trouvent l'écoulement de nos produits à des prix fabuleux chez eux, ne
sont pas près de ne plus venir nous enlever nos meilleurs sujets.
« Donc, il n'y a qu'un seul moyen possible pour améhorer et refaire ce qui nous
reste de nos reproducteurs percherons, c'est de rétablir les primes de concours,
fortes primes d'entretien et de conservation, pendant plusieurs années, pour les
étalons et juments percherons. 11 est temps, sinon bientôt notre espèce chevaline
percheronne fera un grand vide dans notre fortune nationale. Avis bien sincère
8 CHRONIQUE AGRICOLE (6 JANVIER 1883).
aux hommes qui nous gouvernent : — surtout, qu'ils sachent trouver des hommes
compétents; ils ne sont pas rares, il s'agit de les trouver où ils sont, théoriciens
avec pratique, oui, théoriciens sans pratique, non.
« Dans uos concours régionaux, on choisit trop souvent des théoriciens sans
pratique, sans compétence. Les juges choisis acceptent quand même d'être du
jury, sans se préoccuper s'ils sont compétents. Pourquoi ne pas décliner son
incompétence pour juger tel produit, et ne pas demander à apprécier tel autre
proiuit que l'on connaît hicn?
« Je voudrais que tous les éleveurs de chevaux percherons soient aussi tenaces
que je le suis avec mes mérinos; je vois aussi des étrangers, je ne vends plus
qu'à eux. Mais ils n'auront jamais le droit de dire : « J'ai enlevé les meilleurs
béliers et les meilleures brebis du troupeau de Bailleau, d'IUiers. » — Non, je
sais conserver pour mii d'abord, et ensuite pour continuer à fournir de bons
reproducteurs aux étrangers, qui en ont toujours besoin. Bailleau. "
La solution la plus pratique de la question est dans le dernier para-
graphe de la lettre de M. Bailleau. La ténacité de la part des éleveurs,
qui sont certains que leurs produits seront recherchés à tous prix, est
pour eux. le meilleur moyen de sortir des difficultés dont se plaignent
actuellement les éleveurs de chevaux percherons. Les éleveurs de
moutons leur ont donné, depuis longtemps, à cet égard, un exemple
utile à méditer.
IV. — Betteraves el sucres.
La fabrication du sucre se poursuit dans des conditions difficiles.
La campagne actuelle sera une de celles qui, depuis longtemps, auront
apporté les plus grandes entraves pour les industriels, aussi bien que
pour les cultivateurs. La transformation des anciennes usines a con-
tinué cette année; tandis que, en 1881-82, on comptait 79 fabriques
de sucre marchant par la diffusion, il y en a 108 dans la campagne
actuelle, qui ont adopLé ce mode de fabrication. A cette occasion, nous
croyons utile d'apporter ici un nouveau témoignage en faveur de la
valeur des pulpes de diffusion employées à l'alimentation du bétail ;
nous le trouvons dans une lettre qu'un agriculteur distingué de la
Beauce, M. Louis Dai'blay, adressait récemment à M. Lambert, fabri-
cant de sucre à Toury. Voici cette lettre :
<v Vous me demandiez dernièrement ce que je pensais des pulpes de diffusion,
après en avoir usé pendant une année. Je vous dirai que jusqu'ici j'en suis très
content; l'année dernière mes bœufs de trait s'en sont bien trouvés, leur santé a
été bonne, leur énergie s'est maintenue la même, et leur état n'a pas baissé.
« J'ai cessé d'en donner au mois de mai pour la remplacer par du trèfle incarnat,
et j'en ai donné de nouveau en juillet et en aoiàt; le résultat a été aussi bon qu'en
hiver, et la pulpe était tout aussi bonne en sortant du silo. J'ai remanjué c[\x'avec
cette pulpe mes animaux ne toussa ienl pas, et ne souffraient pas de dérangements
d'intestins, ce qui leur arrivait fort souvent avec les pulpes de presses hydrauliques,
et quen outre, avec le même travail, ils se maintenaient en bien meilleur état.
« Voici maintenant quelle est la ration que je donne : quand j'ai commencé à
employer la pulpe de diffusion, j'ai donné le même volume que pour la pulpe de
presses hydrauliques, et comme je m'en suis bien trouvé, je n'ai pas cessé, de
volume me produit à chaque repas 28 kilog. de nourriture, pulpe et menues
pailles mélangées, c'est-à-dire 25 kilog. de pulpe et environ 3 kilog. de menues
pailles, par bœuf de bonne taille moyenne. Et comme je donm^ 3 repas, cela me
fait par tête de bétail et par jour, 84 kilog. de nourriture, soit 75 kilog. environ
de pulpe, et le reste en menues pailles. Jamais de grains ni de tourteaux, et avec
cela j'obtiens pour lé travail le résultat indiqué précédemment.
a Pour des bœufs d'engrais j'ai donné des tourteaux, et augmenté peu à peu la
dose, ce qui m'a fait arriver au même degré d'engraissement qu'avec la pulpe
ancienne, et dans le même temps, tout en en consommant le môme volume.
« Je vous dirai en terminant que la pulpe de diffusion se conserve bien en
CHRONIQUE A'GRICOLE (6 JANVIER 1883). 9
silos, quoique son ensilage soit plus difficile que celui de l'autre ; le grand point
est de la fouler le plus énergiquement possible; avec cette précaution, la conser-
vation est bonne, et on n'a pas de déchet, si ce n'est la minime partie adhérente à
la terre. Enfin, j'ai remarqué qu'après quelque temps d'ensilage, cette pulpe prend
un bon goût de fermentation se rapprochant un peu de l'alcool, tandis que la
pulpe de presses hydrauliques prenait un goût tort prononcé de vinaigre.
« Agréez, etc. Louis Dahblay. »
Ces renseignements confirment ceux qui ont été donnés dans beau-
coup d'autres circonstances. A égalité de poids de matière sèche, la
pulpe de diffusion soutient avantageusement la comparaison avec les
autres sortes de pulpes ; mais il ne faut pas oublier que, dans les
conditions ordinaires, elle renferme plus d'eau que la pulpe de presses.
V. — Congrès agricole de Chaumont.
On se souvient que, pendant le dernier concours régional de Chau-
mont, un congrès agricole régional, organisé sous la direction de
M. de Montrol, président de la Société d'agriculture de Chaumont, s'est
tenu dans cette ville les 8, 9 et 10 juin. Le compte rendu des séances
de ce Congrès, auxquelles assistaient des délégués des associations
agricoles de toute la région du Nord-Est, vient d'être publié par
M. Paul Voillemier, secrétaire général. Ce compte rendu forme une
importante brochure qui sera consultée avec fruit. En effet, ainsi que
le l'ait observer M. Voillemier, les discussions qui ont occupé les
séances et les vœux qui les ont terminées, dégagés de toute autre
préoccupation que celle des intérêts agricoles, sont exprimés par plus
de cinquante Sociétés qui ont répondu à l'appel des Sociélés d'agri-
culture de la Haute-Marne. Les questions qui ont été discutées ont
été préalablement élaborées par quatre Commissions : 1" agriculture ;
2" zootechnie ; 3" économie rurale, enseignement et législation ; /i" hor-
ticulture, viticulture, sylviculture. Les principaux vœux qui ont été
adoptés sont les suivants : retour à la loi de '851 qui donnait la
nomination das membres des Chambres consultatives d'a2;riculture
aux Comices ou Sociétés agricoles ; — les fonds votés par les Conseils
généraux pour l'introduction de types reproducteurs de l'espèce che-
valine seront remis aux associations agricoles qui en disposeront à
leur gré pour cette introduction; — suppression de la prestation ; —
facilités données aux échanges de parcelles par un droit fixe peu élevé ;
— réduction des droits de mutation sur la propriété foncière ; —
suppression de la vaine pâture, avec faculté pour les communes, de
la maintenir pour les prairies naturelles ; — entrelien, dans les
dépôts, d'étalons de trait et de pur-sang en parties au moins égales,
en prenant en considération les vœux, émis par les Sociétés d'agricul-
ture, etc. On voit que la plupart des questions agitées dans cette
réunion présentent une grande importance; les rapports intéressants
de MAL Lambert, Plonquet, Saintin, Cuillet, etc., sont autant de docu-
ments qui pourront être consultés avec grand avantage. Nous pensons
qu'un deuxième congrès régional du Nord-Est se reunira, eu 1883,
pendant le concours régional qui se tiendrai Troyes, du 11) au 27 mai.
VI. — Le phylloxéra.
Pendant que, dans quelques départements, mêmeencoie peu envahis
par le phylloxéra, les viticulteurs piraisseni n'avoir de confiance que
dans la culture des vignes américaines résistantes, tlans quehpies
10 CHRONIQUE AGRICOLE (6 JANVIER 1883).'
autres départements, on cherche, au contraire, à lutter par tous les
moyens dont la science et l'expérience ont aujourd'hui démontré la
valeur. C'est ce qui se passe aujourd'hui dans le département des
Landes. En réponse à un projet de création d'une pépinière de vignes
américaines, un grand nombre de viticulteurs ont adressé à M. le mi-
nistre de l'agriculture la pétition suivante, que nous croyons utile de
reproduire :
« Nous soussignés, propriétaires-viticulteurs du département des Landes, vous
prions d'accepter i}os vifs remercîments pour le puissant concours que vous êtes
disposé à nous accorder, le cas échéant, dans la lutte contre le phylloxéra.
« Tout en vous exprimant nos sentiments de reconnaissance, nous venons vous
exposer les raisons qui militent en faveur de la non-introduction des plants améri-
cains dans notre département :
« l" Nos vignes qui occupent une superficie de 30,000 hectares et qui représen-
tent un capital d'environ 100 millions de francs, ont été elficacement protégées
jusqu'à ce jour par un arrêté préfectoral qui prohibe, dans le département, l'entrée
et la circulation des plants étrangers;
« 2" Sur ces 30,000 hectares de vignes, on ne compte guère que 3 hectares envi-
ron qui sont plus ou moins atteints;
« 3" L'mvasion qui n'est encore qu'à son début pourrait être arrêtée par les
traitements administratifs;
« 4" D'après les prévisions les moins optimistes, on peut espérer que le vignoble
Landais ne sera sérieusement menacé que dans huit à dix ans, en supposant
même que d'i'-i là on n'applique aucune mesure de défense;
« 5° Nos vignes, séparées les unes des autres par de grands espaces et proté-
gées de certains côtés par de profondes forêts de pins, sont, par cela même, beau-
coup moins exfiosées à l'essaimage que partout ailleurs. Les quelques taches con-
statées sont dues à des importations anciennes;
« 6" Depuis que les terres sableuses sont reconnues réfractaires au phylloxéra,
des Sociétés viiicoles se sont formées pour l'exploitation du sol par la vigne; d'au-
tres Sociétés sont en voie de formation; des viticulteurs étrangers venus de pays
phylloxérés plantent chaque année des milliers d'hectares de vignes dans nos
Landes; les habitants en très grand nombre suivent l'exemple, et, si ce mouve-
mtnt très reinitrquable n'est pas contrarié, on peut espérer que dans quelques
années nos vastes étendues de landes seront transformées en vignobles;
« 7° Le département des Landes, moins que tout autre, n'a besoin de recourir
aux plants américains; il se trouve dans une situation tout à fait exceptionnelle,
grâce à la nature du sol; ce sol étant lui-même un remède contre le phylloxéra;
« 8° Si, dans un avenir qui parait encore assez éloigné, on doit recourir aux
plants américains, il nous sera toujours loitsible de le faire. Nous mettrons alors
à profit les études de sélection et d'adaptation auxquelles nos voisins se seront
livrés ;
« 9" On ne saurait, il nous semble, prendre trop de précautions avant de sta-
tuer définitivement sur la question. Tel est aussi l'avis de la Commission centrale
d'études et de vigilance des Landes contre le phylloxéra. Presque tous les mem-
bres de cette Commission partagent l'idée d'une nouvelle réunion, et cette idée
est d'autant plus juste que, dans une première séance, 6 membres seulement
sur 16 dont se compose la Commission étaient présents, l'objet de la convocation
n'ayant pas été indiqué.
« Si nous ne craignions de vous fatiguer, monsieur le ministre, nous pour-
rions examiner d'autres côtés de la question et vous dire l'émotion causée dans
le pays par la nouvelle de la création d'une pépinière de plants américains dans
une propriété dite de Lapeyrade qui a été offerte à M. le préfet, et qui se trouve
à proximité d'une région coQtaminée.
. « Espérant, monsieur le ministre, que vous voudrez bien prendre nos intérêts
viticoles sous votre haute protection, nous vous prions de ne pas autoriser l'intro-
duction de plants américains dans notre déparlement, et de ne donner aucune
suite, pour le moment du moins, au projet de création d'une pépinière départe-
mentale de vignes américaines dans les Landes. »
Nous ne saurions trop insister, pour notre part, sur ce fait que les
viticulteurs ne doivent avoir recours aux vignes américaines que
GtlUONIOUE AGRICOLE (6 JANVIER 1883). II
lorsque la lutte par les insecticides ne peut pas donner des résultats
suffisants, soit à raison de la nature du sol, soit à cause des frais trop
élevés qu'ils entraînent, par suite de la valeur des produits obtenus.
VII. — Enscujmiiimt di parle mental du fagriculiure.
Les professeurs départementaux se soit constitués, comme nos lec-
teurs le savent, en une association spéciale, dans laquelle sont appelés
à prendre rang les nouveaux professeurs, au fur et à m'^sure de leur
nomination. Cette association a à sa tête un bureau qui est actuelle-
ment composé comme il suit : président, M. Sauvage; vice-président,
M. Magnien; vice-secrétaire, M. Franc; trésorier, M. Duplessis. Elle
vient de publier son quatrième Bulletin; nous y trouvons que 57 dépar-
tements sont actuellement pourvus de chaires d'agriculture, donto en
Algérie. Le même fascicule renferme une pétition adressée par les
professeurs d'agriculture au ministère de l'instruction publique, rela-
tivement à l'organisation de leur enseignement dans les écoles nor-
males. Cette pétition a été favorablement accueillie; il est, en effet,
de la plus haute importance que le double enseignement par les cours
dans les écoles normales, et par les conférences dans les campagnes,
puisse se faire régulièrement.
VIII. — La comptabilité agricole.
Il a été plusieurs fois question, dans nos colonnes, de la méthode
de comptabilité agricole due à M. de Sauvage. Nous apprenons que,
par une décision de M. le ministre de l'agriculture en date du
22 décembre, M. de Sauvage a été nommé maître de conférences à
rinstitut national agronomique. Il pourra ainsi expliquer et faire
connaître sa méthode dans tous ses détails.
IX. — Concours de volailles grasses à Louhans.
Le 24. décembre, a eu lieu à Louhans (Saône-et-Loire), le concours
annuel de volailles grasses. Ce concours a été réellement remarquable,
et il a prouvé que la vieille réputation du p:îys est loin de disparaître.
Voici les principales récompenses attribuées : pour les chapons de race
bresanne, madame Marie Buisson, à Frontenaud; pour les chapons de
race croisée, madame Uny-Rodet, au Miroir; pour les poulardes de race
bressane, madame Rodet, à Sagy; pour les oies grasses, madame Ou-
dard, à Montcony; pour les canards, madame Bouchard, à Cuiseaux.
Dans chaque catégorie, les exposants étaient nombreux, et leur mérite
a été apprécié par tous les visiteurs du concours.
X. — AcUon dio froid sur les végétaux.
On se rappelle que, en 1880, M. le ministre de l'agriculture chargea
la Société nationale d'agriculture de faire une enquête sur les dégâts
causés par l'hiver de 18T9-8 ). Les résultats de cette enquête ont été
publiés dans le tome 127 des Mémoires de la Société. Parmi les
mémoires qui furent les plus remarqués, est celui de M. Ch. Baltet,
horticulteur à Troyes (Aube), à qui une médaille d'or fut décernée. Le
mémoire de M. Baltet vient de paraître sous le titre : Action du froid
sur les végétaux^ en un volume spécial (librairie G. Masson, boule-
vard Saint-Germain, 120), que nous sommes heureux de signaler à
nos lecteurs. Après avoir comparé l'hiver de 1879-80 avec les hivers
les plus mémorables, l'auteur examine successivement les conditions
12 CHRONIQUE AGRICOLE (6 JANVIER 1883).
que l'hiver a présentées, les effets de la gelée sur les arbres, les
arbrisseaux et les arbustes, dans les pépinières et les jardins, dans
les forêts, ainsi que dans les vignes. La partie capitale de ce travail
consiste dans une nomenclature des arbres et arbustes, classés par
ordre alphabétique, depuis l'abricotier jnsqu'au yucca, avec des indi-
cations sur la manière dont chaque espèce a subi l'action du froid ;
les variétés sensibles ou qui ont résisté au froid dans les diverses
parties de la France, sont ainsi désignées avec soin. Il y a là un
nombre considérable de renseignements d'une réelle importance pour
toutes les plantations d'utilité ou d'agrément. Dans ce travail
M. Baltet a donné, une fois de plus, des preuves de ses connaissances
approfondies en arboriculture et en sylviculture, ainsi que de l'esprit
d'observation sagace dont il est doué.
XI, — Les inondations.
L'année 1882 s'est achevée dans de mauvaises conditions. L'excès
des pluies a ramené les inondations. Moins générales qu'au commen-
cement du mois de décembre, elles n'en ont pas moins causé des
déoâts très appréciables. Dans le bassin de la Seine, les affluents de
la partie supérieure du fleuve ont grossi dans des proportions inusitées.
Dans celui du Rhône, le Doubs a subi une hausse considérable, et sur
quelques points la plus élevée qui ait été encore constatée. Dans le
nord, l'Escaut et la Scarpe sont sortis de leur lit, et ont envahi les
plaines. En Normandie, plusieurs rivières ont complètement inondé
les plaines qui les bordent. En Allemagne, on signale aussi des crues
considérables de la plupart des rivières. En fin décompte, c'est l'agri-
culture qui supporte la plus grande partie des effets de ces phénomènes
terribles qui entraînent toujours des pertes considérables et qui laissent
la désolation sur leur passage.
XIL — Concours d'animaux gras en 1883.
Le concours régional d'animaux gras, organisé chaque année à
Limoges par la Société d'agriculture de la Haute-Vienne, se tiendra
les 20 et 21 janvier. Il comprendra les animaux des espèces bovine,
ovine et porcine. Les déclarations des exposants doivent être adressées,
avant le 15 janvier, à M. Gérardin, secrétaire général de la Société
d'agriculture, rue du Saint-Esprit, à Limoges.
Le concours général du Palais de l'Industrie, qui se tiendra du 27 au
31 janvier, à Paris, sera dirigé par M. Heuzé, inspecteur général de
l'agriculture. Ce concours promet d'être très brillant. Les déclarations
adressées au ministère de l'agriculture sont très nombreuses, aussi
bien pour les animaux de boucherie et les animaux reproducteurs,
que pour les machines et les instruments agricoles.
J.-A. Barral.
LA NAVIGATION DU RHONE
Si la navigation diminue de jour en jour sur le Rhône, il faut
reoonnaître que, hors de l'eau, elle se rattrappe par une activité, un
mouvement, un bruit qui vont sans cesse grandissant. Autant elle
est entravée, enrayée, ecgravée, faible, languissante. dé3roissante et
mourante entre Lyon et la mer, autant, de Lyon à Paris, elle marche,
NAVIGATION DU RHONE. 13
court, s'agite et se démène sur terre et sur fer, sur parquet et sur
papier.
Sont-ce les convulsions de l'agonie qui commencent? Ce bruyant
concert, qui ne rappelle en rien le doux murmure des ondes naviga-
bles, mais plutôt le grondement furieux d'un torrent emporté,
serait-il le chant du cygne de celte fantastique et anachronique navi-
gation? Je suis tenté de le croire et l'agriculture tout entière est en
droit de l'espérer; et si tous les agriculteurs intéressés voulaient s'unir
à moi ou faire comme moi, cette espérance ne tarderait guère à devenir
une redite.
Il ne serait que temps d'ailleurs que l'agriculture rentrât enfin en
possession d'une eau qui lui appartient tout entière, qui n'ujpir-
tient qu'à elle et dont ses spoliateurs ne peuvent venir à bout de tirer
aucun profit.
Personne, que je sache, n'a contesté cette vérité que l'eau appartient
à l'agriculture et que l'eau du Rhône appartient à toutes les terres
situées sur ses rives et auxquelles elle est destinée à donner la vie et
la fécondité.
Si encore ceux qui refusent à l'agriculture quelques gouttes de
cette eau qu'elle leur demande trop humblement, au lieu de lexiger
comme son droit, pouvaient alléguer, pour sinon justifier du moins
excuser leur usurpation, un etnpioi utile et fécond de ces richesses,
des créations durables, de véritables services rendus à l'intérêt
général. S'ils pouvaient, au moins, plaider les circonstances atté-
nuantes!
J'ai lu avec la plus grande attention, et ligne par ligne, tout ce qui
a été dit et écrit depuis longtemps en faveur de cette navigation, à la
Chambre des députés, au Sénat, au Conseil municipjl et à la Chambre
de commerce de Lyon, dans les journaux, les revues, les brochures,
les rapports, et j'y ai trouvé une véritable inondation d'espérances
illusoires, de promesses décevantes, d'allégations insoutenables, de
prétentions monstrueuses, de prophéties fantastiques, en un mot de
phrases creuses pour masquer de petits intérêts locaux inavouables
et de petites ambitions personnelles; j'y ai vainement cherché de
sérieuses raisons d'intérêt général basées sur des faits prouvables, et
j'ai surtout constaté, comme tout le monde, avec quel soin scrupuleux
les défenseurs de la navigation du Rhône évitaient de produire, à
l'appui de leurs thèses, quelques-uns de ces chiffres qui donnent tant
de poids à une affirmation et pour lesquels ils professent, et pour
cause, une si invincible horreur.
Voici quelques uns de ces chiffres qui ne risquent pas d'être con-
tredits, car ils émanent d'une source officielle :
Années Tonnes. Années. Tonneâ.
1865 309,814 1874 221 488
1866 303,8.i8 1875 241,864
1867 196,114 1876 210,105
1868 321,:)70 1877 130,291
1869 295,979 1«78 194,752
1H71 225,198 1879...- 193,822
1872 2)9, /24 lK8i) 172,872
1873.. 306, o97 1881 170,528
Les dépenses pour l'amélioration du Rhône, commencée en 1861,
atteigneût actuellement un total d'environ 35 millions; il reste 10 mil-
14 NAVIGATION DU RHONE-
lions à dépenser pour travaux prévus, en 1883 et 1884, sans compter
ce qui sera nécessaire par la suite.
Le prix moyen du fret kilométrique est 0 fr. 037 pour la descente
et de 0 fr. OAO pour la remonte.
Ces chiffres n'ont pas besoin d'être groupés avec art pour pré-
senter des conclusions évidentes et incontestables.
Avant les travaux d'amélioration, la moyenne annuelle des trans-
ports était d'environ 300,000 tonnes et elle dépassait souvent ce
chitîre. En 1s8i après 20 ans de travaux et une dépense de plus
de 35 millions, ce total n'est plus que de 170,000, ayant baissé de
près de moitié pendant que, sur toutes les autres voies de terre et de
fer, la circulation des marchandises suivait une progression constante
et presque incalculable.
Chaque million dépenséàl'amélioration a donc supprimé 4,000 tonnes
de transports. Et si l'on admet, ce qui est difficile à contester, que la
navigation du Rhône aurait dû et pu au moins doubler ou tripler
en 'iO ans, pour suivre, ne fût-ce que de loin, la progression des
autres voies de transport, c'est 8^000 ou 12,000 tonnes annuelles de
perte pour chaque million dépensé. Et cependant, on peut lire chaque
année, dans les rapports du service de la navigation, que tel ou tel
passage a été amélioré, que la circulation est devenue facile de tel
point à tel autre, et on se demande, sans pouvoir se l'expliquer,
comment chaque amélioration devient une entrave et une cause de
diminution. L'explication est bien simple, c'est que le Rhône n'est
pas navigable et les ingénieurs n'y peuvent rien.
A qui profite cet argent dont le premier résultat est de diminuer les
transports? Le bénéfice des particuliers est bien minime ou même nul,
puisque le prix de transport par chemin de fer est ou égal ou inférieur
à celui par le Rhône.
Quel bénéfice en retire l'Etat ou l'intérêt général qu'il représente?
Autrefois la navigation du Rhône payait un droit qui, suivant les
marchandises^ était de 1 à 2 millimes par tonne et par kilomètre. Cet
impôt rendait environ une centaine de mille francs, mais tout minime
qu'il fût (91,323 fr. 46 en 1879j, il était encore trop lourd pour la
navigation du Rhône et il a été supprimé par la loi du 1 9 février 1 880.
Ainsi, pendant que les chemins de fer payent à l'Etat plus de
23 pour 100 sur leurs transports; pendant que les diligences, les
omnibus, les moindres pataches et jusqu'aux voitures des simples
particuliers, qui ne coûtent rien à l'Etat, versent chaque jourd'énormes
impôts dans ses caisses, la navigation du Rhône est seule à ne con-
tribuer en rien, non seulement aux dépenses générales, mais même à
ses énormes dépenses particulières.
Les transports de 1881 se répartissent ainsi, en tonnes :
Descente : Remonte : Flottage : Total :
61,880 84,536 24,112 170,528
En déduisant les 24,1 12 tonnes du flottage, il reste 146,416 tonnes.
Le flottage doit être déduit parce que ce n'est certainement pas pour
lui qu'on veut donner au Rhône un tirant d'eau de 1'°.60. Il n'a d'ail-
leurs rien à gagner à ces travaux, puisque de 123,275 tonnes, en 1868,
il est tombé à 24,112 en 1881. Ce qui prouve, soit dit en passant,
que le Rhône qui pourrait être sinon navigable, du moins flottable,
devient, par ses améliorations, impossible même au Hottage.
NAVIGATION DU RHONE. 15
, J'ignore quel sera le tonnage de 1882; mais on peut, sans s'aven-
turer, affirmer qu'il sera toujours inférieur à celui de l'année précé-
dente, de même qu'il est plus que probable que celui des années suivantes
ira toujours en diminuant.
Supposons cependant, pour être bienveillant envers la navigation, que
ce tonnage annuel se maintiendra à 140,000 tonnes, et supposons
encore bénévolement que, sur les 283 kilomètres qui séparent Lyon
d'Arles, le parcours moyen est de 200 kilomètres. Nous obtenons
ainsi un total maximum certainement exagéré et cependant bien mes-
quin, de28 millions de tonnes kilométriques qui, au chifîre moyen de
38 miilimes par tonne, nous donnent, pour résultat final des transports
sur le Rhône, le chitîre minuscule et cependant brut de 1,0134,000 fr.
qui ne doit pas laisser giand'chose entre les mains des entrepreneurs
de transport, qui ne laisse rien entre celles des particuliers, et dont
nous allons voir ce qu'il coûte à l'Etat et à l'intérêt général.
La loi du 13 mai 1878 a affecté à l'amélioration du Rhône une
somme de 45 millions, sur lesquels 35 millions environ sont dépensés
et 10 millions sont à dépenser en 1883 et 1884.
Quand cette première somme sera épuisée, le coût annuel de la
navigation du Rhône sera d'abcrd de 2,250,000 fr.
On est certainement au-dessous de la vérité en y
ajoutant pour continuation indispensable des amé-
liorations, frais d'entretien et de réparation des tra-
vaux exécutés, accidents résultant des inondations,
personnel, service, etc., une somme annuelle de. . 1,250,000 fr.
Soit un total annuel de. . . . 3,500,000 fr.
En répartissant celte somme sur les 140,000 tonnes, on voit que,
pour chaque tonne que transporte le Rhône, la France entière paye
25 francs pendant que l'expéditeur ne paye que 7 fr. 60, et tous les
Français de France et des colonies sont obligés de prendre chaque
année dans leur poche et de jeter dans le Rhône 3 millions et demi
pour que le Rhône puisse faire 1 million de transport, et encore les
fera-t-il?
Et ce n'est pas tout. Chaque tonne transportée nous coûte encore
l'eau qu'elle nous prend. Il ne passe pas 400 tonnes de marchandise
par jour sur le Rhône, et il passe dans le Rhône plus de 400 mètres
cubes d'eau par seconde, dans les plus basses eaux. Chaque tonne
dépense donc plus d'un mètre cube d'eau pour elle seule. Or on sait
aujourd'hui ce que vaut l'eau. L'agriculture la paye 63,500 francs de
rente le mètre cube, et ce même mètre cube est évalué 1 million de
rente annuelle, quand il est cédé, sous forme continue, à l'industrie,
aux villes et aux particuliers.
Qu'on mette maintenant en présence l'agriculture qui réclame son
bien et la navigation qui ne veut pas le lui rendre.
La navigation du Rhône ne peut pas transporter une tonne de mar-
chandises sans que l'Etat lui paye le triple de la valeur du transport,
et si l'Etat avait sur les bras quelques entreprises de même genre, la
France marcherait à grand pas vers sa ruine.
L'agriculture ne deman<le que le sobil et l'eau pour produire cent
fois plus de millions de tonnes que le Rhône ne pourrait en transpor-
ter, même s'il était navigable.
16 NAVIGATION DU RHONE.
La navigation du Rhône ne peut pas transporter une tonne de
marchandise, sans enlever à l'agriculture un rnètre cube d'eau avec
laquelle l'agriculture arroserait 1,000 hectares et même 2,000 en
tenant compte des submersions hivernales, et pour lequel elle paye-
rait annuellement 63,500 francs et même 127,000 francs.
Les 40 mètres cubes dont se con lente actuellement l'agriculture,
mais qui devraient être doublés, triplés, décuplés même si l'on vou-
lait tirer du Rhône toutes les richesses qu'il contient, mettraient en
valeur près de 80,000 hectares dont la plus-value couvrirait large-
ment les dépenses ou plutôt les avances faites par l'Etat. Et cette
plus-value comprend un élément exceptionnel sur lequel on ne sau-
rait trop insister : 40,000 hectares soumis à la submersion donneraient
bien vite un revenu qu'on ne peut estimer à moins de 50 hectolitres à
l'hectare, soit 2 millions d'hectolitres de vin*. Or, entre la souche et
la bouche du consommateur, chaque hectolitre laisse, d'une manière
ou d'une autre, entre les mains de l'Etat, une somme que j'ai entendu
évaluer à au moins 5 francs. Ce serait donc 10 millions de revenu
annuel à ajouter à tous les autres bénéfices que l'Etat retirerait du
Rhône; création d'une œuvre durable dont les bénéfices auront bien
vile couvert les dépenses ; plus-value des terres, élévation et rendement
de tous les impôts, augmentation du travail agricole et de la richesse
publique, accroissement de la population remplaçant l'émigration et
le dépeuplement, etc., etc.
Et je dis que : lois même que la question de propriété ne serait pas
tranchée enlre les deux concurrents, et qu'on déciderait d'adjuger
l'eau du Rhône à celle des deux qui pourrait en faire l'usage le plus
profitable à Tinlérêt général, il faudrait, au lieu de l'abandonner à la
navigation qui n'en tire que la ruine, se hâter de la donner à l'agri-
culture qui la rendrait au centuple en accroissement de la richesse
nationale. Aimé Champin.
HERSE CHAMBONNIÈPiE A DENTS SANS EGROU
M. Chambonnière, constructeur à Cusset (Allier), a présenté au
concours organisé par la Société d'agriculture de l'Allier, une herse
articulée oîi la suppression de 1 écrou dans les dents a été appliquée
d'une façon très ingénieuse. Cet instrument a été l'objet d'une attention
toute spéciale du jury qui a décerné un prix d'honneur à son inventeur.
Les dents à écrou cassent assez fréquemment au collet; elles sont
affaiblies en ce point (où cependant l'etîort se fait le plus sentir) par
la partie filetée d'un diamètre moindre que la dent. Un autre inconvé-
nient de ces dents, c'est leur ébranlement facile et l'impossibilité d'y
remédier.
M. Chambonnière, après de laborieuses recherches, a trouvé un
système de dents el d'assemblage qui est un correctil parlait des incon-
vénients que je viens de signaler.
Voici en quoi consiste cette invention pleine d'avenir et admirable
de simplicité : les dents, en fer olive, sont terminées à la partie supé-
rieure par un tronc de cône renversé et s'emmanchent sur le châssis
par un trou également tronconique qu'elles dépassent de quelques
1. 11 fdudrait deux ans et demi à la navigation du Rhône pour remonter ces 2,00o,0(X) d'hec-
lolitres en ne transportant pas autre chose.
HERSE CHAMBONNIÈRE. 17
millimètres. Elles sont pressées par une platine d'acier, sur laquelle
Fig. 1. — Herse Chambonnière.
agissent deux petits boulons, l'un en avant, l'autre en arrière.
Fig. 2. — Vue de côté de l'assemblage d'une dent. Fig. 3. — Assemblage d'une dent, démonté.
La figure 1 montre la répartition des dents et l'ensemble de la herse.
18 HÊRSE CHAMBONNIÉRE.
I,a figure 2 est une vue de côté d'une dent assemblée. La fi-
gure 3 est une vue perspective de l'assemblage démonté, la platine
enlevée et la dent sortie du châssis.
Ce système de dents et d'assemblage présente les avantages sui-
vants : par leur forme évasée à la partie supérieure, ces dents offrent
leur plus grande solidité au collet, condition essentiellement favorable
pour prévenir la rupture qui, corame nous l'avons vu, a lieu de pré-
férence sur ce point, dans les dents à écrou ; en outre, l'ébranlement
des dents arrive rarement et, s'il se produit, il sufTit de serrer légère-
ment la platine, au moyen de deux boulons, pour rendre à l'assemblage
sa solidité primitive.
Quant à moi, je n'ai qu'à me féliciter de ce précieux instrument, dont
le prix est peu élevé, puisqu'il ne dépasse que de 10 pour 100, celui
des herses articulées ordinaires, toutes choses égales d'ailleurs.
Jules Cosse,
ancien élève de Grand-Jouan,
agriculteur aux Vaux, près Cusset (Allier) .
LABOURS ET SEMAILLES DU PRINTEMPS
Les emblavures en froments d'hiver n'ayant pu être terminées
partout, j'entends dire de tous côtés qu'il faut se hâter de préparer les
terres pour les ensemencer en blé de printemps.
C'est facile à dire, plus difficile à faire ; je puis en parler par expé-
rience, moi dont les chevaux sont restés à l'écurie pour ainsi dire à
ne rien faire, sans qu'il m'ait été possible, depuis six semaines, de
labourer un seul sillon de terre d'une manière profitable.
D'abord, les blés dits de printemps, dont le plus connu est le blé de
Noé, ne viennent pas également bien dans tous les sols. Il leur faut de
préférence des terrains légers, et je puis vous assurer que leur cul-
ture dans nos terres fortes de la Normandie et du Nord, ne donnera
jamais qu'un résultat inférieur à celui obtenu avec une bonne récolte
d'avoine toujours moins exigeante sous le rapport de la préparation du
fonds.
Dans la Beauce même, où j'ai résidé longtemps, et dont le sol se
prête mieux à ce genre de culture, je n'ai jamais vu la faire que d\ine
manière restreinte, après une saison trop humide comme celle-ci, ou
pour remplacer des emblavures détruites par un hiver rigoureux,
parce que le rendement, tout le monde le sait, est presque toujours
assez médiocre.
Lorsque je suis arrivé dans ce pays, il y a huit ans, pour y faire de
la culture, j'ai voulu essayer du blé de Noé, que j avais fait venir de
Chartres et que j'avais semé dans le mois de mars, je crois. Je dois
avouer que, comme bien d'autres, j'ai complètement échoué dans des
terres bien préparées cependant, et largement fumées.
On dit également qu'il faut sans tarder donner aux terres les façons
eonvenables, avant le premier printemps.
Mais, par quels moyens?...
C'est seulement jeudi 14 décembre que je suis parvenu, en doublant
mes attelages, à enlever de mes champs les dernières betteraves ar-
rachées depuis un mois et restées sur la terre à moi lié gelées.
Il ne viendrait bien entendu à personne ici, en ce moment, l'idée
de tenter de labourer dans les vallées ; car sur nos plateaux, où le sous-
LABOURS ET SEMAILLES DE PRINTEMPS. 19
sol est déjà assez difficilement perméable, la charrue la mieux montée
fait, de la terre qu'elle retourne, comme un long ruban uni et pour
ainsi dire lissé par l'humidité.
Et encore, cette première façon donnée, comment arriver à opérer
les suivantes? Comment herser dans cette boue, avant que des haies ne
soient venus ressuyer ces terres qu'un travail intempestivemeat fait
dans ces conditions rendrait pour longtemps infertiles ?
Sérieusement, je ne vois qu'un moyen d'arriver à assainir un peu nos
champs en ce moment, c'est de profiter des éclaircies qui se produisent
trop rarement, j'en conviens, pour donnera nos terres un labour or-
dinaire en même temps qu'un drainage àla fouilleuse qui puisse, dans
la mesure du possible, débarrasser les couches arables de leur trop
grande humidité.
Mais, comme ces opérations donnent toujours lieu à des frais assez
élevés (il faut deux hommes et trois chevaux pour mener une charrue
sous-sol), j'ai trouvé un procédé appelé, je crois, à rendre de grands
services à la culture de notre région, qui se voit enlever la plus grande
partie de ses profits par l'augmentation toujours croissante delà main-
d'œuvre, et je viens, si vous voulez bien le permettre, monsieur le
directeur, le faire connaître à ceux de mes collègues qui se trouvent
au nombre des lecteurs de votre excellent Joimial.
Voici, du reste, en quoi consiste ce procédé qui est de la plus grande
simplicité et à la portée de toutes les bourses :
A mes charrues normandes ordinaires, mais perfectionnées par
mon ami Meulle, constructeur à Folleville (Eure), j'ai fait ajouter,
derrière le soc, un long et très fort crochet, dans le genre de ceux des
extirpateurs, qui creuse la terre à une profondeur de 10 à 15 centi-
mètres, suivant convenance, au-dessous du labour même, et qui forme
un drain bien capable de contribuer puissamment à l'écoulement des
eaux de pluie.
Cet appareil, au moyen duquel on peut réaliser une notable écono-
mie en simplifiant et en accélérant d'une manière sensible l'ensemble
des travaux d'hiver, si entravés souvent par les mauvais temps, ne
nécessite qu'un cheval de plus.
Ainsi, avec un homme, trois chevaux et un ^^a/ronwe^ pour conduire
le cheval de tête dans les tournants, on arrive à faire un bon travail,
presqu aussi parfait qu'avec une simple charrue qui demande toujours
un homme et deux chevaux, suivie d'une autre charrue sous-soJ qui
exia;e deux hommes et trois chevaux ! ...
Les résultats avantageux que j'obtiens ainsi sont ne toute évidence.
Mais, je le répète, afin d'éviter de grandes déceptions à nos culti-
vateurs normands et autres, je les engage à ne pas faire, sans se bien
renseigner auparavant, des blés tendres de printemps dans leurs terres
fortes qui n'arrivent presque jamais à être convenablement ressuyées
qu'à la fin de mars, quelquefois plus tard, parce que le rendement de
ces froments, j'en ai la certitude, ne sera pas à beaucoup près compa-
rable à celui d'une bonne récolte d'avoine d'été qui exige moins d'engrais
et que l'on peut sans inconvénient semer plus tardivement.
Mais, je veux cependant faire cette saison, dans quelques jours, une
expérience que l'on m'assure n'avoir pas été tentée encore :
On dit ici et avec raison, je pense, que les blés faits de bonne heure
sont toujours les meilleurs ; je le crois comme nos paysans ; mais, je
20 LABOURS ET SEMAILLES DE PRINTEMPS.
suis un chercheur par nature assez curieux, el je désire savoir comment
nos blés ordinaires de pays, faits à Noël, se comporteront dans notre
sol humide.
Il me reste 2 hectolitres de blé chaulé depuis six semaines, sans que
j'aie pu trouver un moment favorable pour le semer. 11 me reste aussi
un hectare de tprre bien fumée que je n'ai pu emblaver avant 1 hiver.
Je vais tout simplement confier cette semence à cette terre encore
fortement détrempée, et, dans quelques mois, je m'engage à faire
connaître à ceux de nos lecteurs que cette tentative peut intéresser, le
résultat, quel quil soit, que j'aurai obtenu.
J'ai vu quelquefois des froments rester sans germer dans la terre
gelée pendant cinq et six semaines, et lever parfaitement bien après la
fonte des neiges, comme en Russie, par exemple. Je ne connais pas
de raisons capables d'empêcher qu'il en soit ainsi sous notre climat
beaucoup plus tempéré. E. Cassé,
Membre de la Société d'agr.culture de l'Eure
LE DMINAGE DANS SEINE-ET-MARNE*
I. — Les premiers essais de drainage en France, furent tentés en
Seine-et-Marne, par M. du Manoir, propriétaire à Forges, près Monte-
reau, qui en 1 S'^O draina 3 hectares à l'aide d'ouvriers venus d'Angle-
terre avec l'outillage et les tuyaux nécessaires pour ce travail. Vers
1849, M. le baron de Rothschild entreprit l'assainissement du domaine
deFerrières, et depuis cetle époque la pratique du drainage se répandit
peu à peu dans notre contrée.
M. Payen, secrétaire perpétuel de la Société centrale d'agriculture,
qui reçut en 1850 la mission d'aller étudier le drainage en Angleterie,
constate que le drainage « est l'une des plus grandes améliorations
« comemporaines et peut-être l'une des plus belles inventions de
« l'agriculture.»
« Les elTets du drainage sont merveilleux, dit Léonce de Lavergne';
dans les prairies le foin devient plus abondant et de meilleure qua-
liié; dans les terres arables les céréales et les racines poussent plus
vigoureuses ; il faut moins de semence pour plus de récolte. Le climat
lui-même y gagne sensiblement »
En i8/)1, une Commission de 15 membres de notre Société, sous
la conduite de M. Viellot, son président, parcourait l'Angleterre et
l'Ecosse, et constatait de visu les effets surpi'euants du drainage. A
celte époque, dit le rapporteur, 250,000 hectares étaient déjà assainis
et le gouvernement anglais avait prêté V50 millions de francs à l'agri-
culture. Il cite entre autres un propriétaire, lord Northumberland, qui
consacrait chaque année 500,000 francs à drainer ses fermes.
En France, le drainage était loin de prendre une extension aussi
rapide, malgré les efforts du gouvernement pour le vulgariser. Dans le
département de Seine-et-Marne, IHO machines à fabriquer les tuyaux
de drainage étaient distribuées gratuitement dans l'espace de cinq
années, et l'administration des ponts et chaussées mettait ses agents
à la disposition des propriétaires pour faire les études et diriger les
travaux.
En 1854, notre Société, an concours de la Ferté, distribuait pour la
1. Rapporta la Société d'agriculture de Meaux.
2. Léonce de Lavergne, Economie rurale de l'Angleterre.
LE DRAINAGE DANS SEINE-ET-MARNE. 21
première fois, des récompenses pour le drainage; en 1855, au Comice
de Crécy, noire président, M. le comte de Moustier et M. Marie, agent-
•voyer, obtenaient des médailles pour le drainage de la ferme de IMon-
taudier. Nous possédons dans nos annales un rapport de iM. Viellot,
sur des travaux de drainage exécutés à Annet, Villeroy, Emérain-
"ville, etc., un autre de M. le comte de Moustier, sur le drainage des
fermes de la Chapelle.
En 18ô5*, selon M. Carro, secrétaire de notre Société, les terres
drainées se répartissaient ainsi dans noire département :
Arrondissements. Hectares.
Coulommiers 210
Foniainebleau 117
Meaux 1,316
Melun 1,417
Provins 492
Total 3,552
On comptait alors vingt fabriques de tuyaux.
Le 10 juin 1854, M. Gareau, député de l'arrondissement, qui avait
importé le drainage dans les environs de Mormant, faisait voter au
Corps législatif une loi donnant aux propriétaires qui veulent assainir
leurs terrains, le droit de conduire les eaux souterrainement ou à ciel
ouvert, à travers les propriétés qui les séparent d'un cours d'eau, à
charge d'une juste et préalable indemnité.
Dans son rapporta la Chambre, M. Gareau estimait à 10 millions
d'hectares les terres susceptibles d'être drainées en France et ajoutait
que,d.ins l'année 1853 qui fut très humide, les terres drainées avaient
produit 8 à 10 hectolitres de blé par hectare de plus que les terres non
drainées.
La loi du 18 juillet 1856 avait affecté une somme de 100 millions
aux travaux de drainage, et une autre loi du 28 mai 1858 a sub&titué
à l'Etat le Crédit foncier pour des prêts remboursables en vingt-cinq
ans, avec intérêt et amortissement à 0 fr. A\ pour 100 par an.
Le tableau suivant permet d'apprécier le développement successif
des opérations de drainage dans le département et dans l'arrondis-
sement.
Dans Dins Moyenne
Années. le l'arrondissement par
département. de Meaux. année.
hectares. hectares. hectares.
I8hb 3,5.=,0 420 75
1860 7,119 1,498 215
1865 16.602 2,582 216
1870 2i,580 4,(38 291
1875 24,830 4,4.50 83
1880 » 5,150 129
1882 » 5,557 226
Le total des drainages exécutés dans le département ne figure plus
depuis 1878 dans le rapport de l'administration départementale, nous
ignorons pour quelle cause. On peut cependant sans exagération estimer
à 30,000 hectares les terrains drainés dans notre département, sur
lesquels 8,491 ont été assainis avec le concours de l'administration des
ponts et chaussées. Dans notre arrondissement, sur 0,000 hectares
drainés, 1,636 l'ont été par l'administration.
Les frais payés par l'Etat, pour l'étude et la direction des travaux,
s'élèvent, d'après le rapport de l'ingénieur en chef, à 2 fr. 82 par hec-
1. Bulletin de la Société d'agriculture de Meaux.
22 LÉ DRAINAGE DANS SEINE-ET-MARNE.
tare, tandis que les mêmps frais s'élèvent pour les travaux faits par les
particuliers à 30 et à 40 fr.\
En estimant à 250 fr. les frais de drainage par hectare, c'est donc
une somme de 7 millions et demi dépensée de ce chef par notre dépar-
tement, sur laquelle 800,000 francs seulement ont été prêles par le
Crédit foncier.
Notre arrondissement a dépensé à lui seul 1 million et demi ; les
prêts faits par le Crédit foncier n'ont eu lieu que dans deux communes :
Marchéraoret et Saint-,Iean-les-deux-Jumeaux,
D'après les chitîres fournis par l'administration des ponts et chaus-
sées, la répartition du drainage entre les divers cantons est indiquée
de la manière suivante :
Rapport p. 100
Superficie de la superficie
Cantons. drainée drainée à la
en 1882. superficie totale.
hectares.
Claye o06 2.8
Crécy 761 5.3
Dammartin 1,246 6.5
La Ferlé 743 3.5
Lagny 1,535 8.9
Lizy 700 2.9
Meaux 67 0 5
Total 5,558 4.4
Les communes où il a été fait le plus de drainage sont celles de
Marchémoret, 321 hectares; Ferrières, 227; Tancrou, 200; Bussy-
Saint-Georges, 183; Saint-Jean-les-deux-Jumeaux, 178; Le Plessy-
l'Evêque, 158; Bailly-Romainvilliers, 155; Montévrain, 153; Croissy-
Beaubourg, 150.
Les communes où il n'a pas été fait de travaux de drainage sont au
nombre de 50 environ, dont presque toutes ont un sous-sol perméable,
alluvion de la Marne, ou bien calcaire lacustre de Saint-Ouen ou du
Multien, de sorte que l'assèchement s'y opère naturellement.
Dans presque toutes les autres communes, au sud de la Marne
surtout, le sol se compose de terres fortes et argileuses qui ont besoin
d'assainissement.
Par le drainage disparaîtront les sillons qui sont un obstacle insur-
montable à l'usage des machines perfectionnées; avec le drainage, le
.cultivateur n'hésitera plus à user des engrais chimiques qui sont
souvent sans effet dans les terres saturées d'eau.
La superficie totale de l'arrondissement étant de 125,650 hectares,
on peut avancer d'après les renseignements qui suivent qu'il y aurait
encore 20,000 à 25,000 hectares à assainir.
M. Belgrand, dans son travail sur l'hydrologie du bassin de la Seine,
estime qu'il y a en amont de Paris sur 4,300,000 hectares, une super-
ficie de 1 ,200,000 hectares susceptible de drainage (granités, liais,
argiles, craie inférieure, terrains imperméables).
D'après M. Barrai, il y aurait en France 12 millions d'hectares à
drainer; d'après M. Gareau, 10 millions; d'après M. Hervé Mangon,
8 millions.
Dans les années humides, si préjudiciables à la culture des céréales
da.'is le nord delà France, si le drainage était pratiqué sur un million
d'hectsres semés en blé, et si chaque hectare drainé produisait 8 hecto-
1. 11 n'est pas hors de propos de citer ici la maison CHandora, de Moissy-Cramayel, près Melun
qui a exécuté depuis vingt ans 15,000 hectares de drainage.
LE DRAINAGE DANS SEINE-ET-MARNE. 28
litres de plus, on obtiendrait, d'après les calculs précédents, une
augmentation de récolte de 8 millions d'hectolitres.
Dans le département de la Meuse, on estime Ja quantité à drainer
à 33 pour 100; dans le département de la Moselle à 35 pour 100, dans
l'Yonne à 31 pour 100.
Nous sommes plutôt au-dessous de la vérité en estimant la surface
à drainer à '20 pour 1 00.
II. — C'est pour attirer l'attention publique sur cette importante
question, que notre Société a résolu, cette année, de récompenser les
propriétaires et fermiers qui auraient entrepris les travaux les plus
remarquables ainsi que les agents qui les ont dirigés.
Nous devons avant tout remercier M. l'ingénieur qui nous a fourni
la plupart des renseignements cités plus haut, ainsi que tous les agents
voyerset conducteurs qui ont apporté à l'agriculture le secours de leur
zèle et de leurs lumières.
III. — Parmi les travaux qui nous ont été signalés, nous devons
citer en première ligne le drainage de la ferme de la Noue, commune
de Saint-Jean-les-deux-Jumeaux, exécuté par M. Jarry.
Le drainage a d'abord été entrepris sur 1 1 6 hectares moyennant un
emprunt au Crédit foncier de 27,000 fr,, au taux de 6 fr. 41,
plus 800 francs de frais d'acte, le tout payé par le fermier.
La dépense s'est élevée à 237 francs par hectare ; elle se décompose
ainsi :
Fouille et pose 108 fr.
Prix des tuyaux 107
Prix du transport des tuyaux 22
Total ■ . . . 237 fr. par hectare.
En outre, M. Jarry a drainé à ses frais 20 hectares.
La Commission félicite M. Jarry de n'avoir pas hésité à consentir
une augmentation de fermage qui se monte à 13 francs par hectare,
pour un travail aussi utile, et d'avoir en outre drainé à ses frais une
partie de la ferme qu'il exploite ; elle lui décerne la médaille d'or.
Elle accorde :
1° Une médaille de vermeil à M. Vaudescal, conducteur des ponts et
chaussées, qui a dirigé le drainage de la ferme de la Noue avec beaucoup
de talent et de zèle, et qui a drainé en outre 200 hectares dans l'arron-
dissement;
2" Une médaille d'argent, grand module, ofîerte par la Société des
agriculteurs de France, à M. Soyez, géomètre à Lagny, pour avoir
drainé dans le canton de Lagny seulement 1,330 hectares;
3° Une médaille d'argent à M. Collet, géomètre à Claye, qui depuis
peu d'années a drainé 200 hectares et entreprend actuellement de
grands travaux en cours d'exécution.
, IV. — Lar Commission considère que le drainage est une amélio-
ration indispensable au progrès agricole dans notre département, et,
constate avec peine que la superficie drainée dans notre arrondis-
sement n'atteint que 4. 5 pour cent de la superficie totale quand elle
devrait être au moins de 25 pour cent.
11 est à remarquer que les drainages exécutés jusqu'à ce jour ont un
caractère individuel et ne s'appliquent, sauf de rares exceptions, qu'à
de grandes propriétés.
Cependant la statistique nous montre que la petite propriété est en
24 LE DRAINAGE DANS SEINE-ET-MARNE.
majorité dans notre région, et que les petites parcelles ont autant
besoin dêire assainies que les grandes.
Il y aurait lieu de faciliter, et au besoin de provoquer les associations
syndicales pour exécuter les travaux.
L'art. 12 de la loi du 21 juin 1865 sur les syndicats prévoit le refus
de quelques propriétaires et les oblige à exécuter des travaux
d'ensemble reconnus nécessaires. « Les travaux sont obliojatoires
« lorsque la majorité des intéressés qui représente les deux tiers delà
« superficie ou les deux tiers des intéressés représentant la moitié de
« la superficie ont donné leur adhésion. »
L'art. 15 ajoute : « Le recouvrement des annuités est fait comme en
« matière de contributions directes. »
Le gouvernement, quia pour mission de protéger les intérêts généraux,
favoriserait ces sortes d'associations en leur accordant d'importantes
subventions.
Nous avons pour exemple le gouvernement anglais, qui n'a pas de
ministère de l'agriculture, et qui abandonne à l'initiative particulière
la vulgarisation des nouvelles méthodes agricoles et l'entreprise des
concours d'animaux; mais sortant de sa réserve habituelle pour le
drainage, il prête largement à r;)griculture des millions qui ont con-
sidérablement aidé à l'amélioration du soi et à la richesse publique.
Chez nous, tous les gouvernements ont successivement compris que
le drainage étant une opération de grande utilité publique en même
temps que de g and avantage individuel, il y avait lieu pour eux
d'intervenir afin d'exciter son application sur une grande échelle.
« Plusieurs millions d'hectares, disait M. Rouher, le 30 août 1854,
« pourraient être soumis à l'opération du drainage; mais sans le
« concours actif de l'administration les améliorations, même les plus
a fécondes, pourraient échouer devant d'insurmontables difficultés. »
Nous devons cependant constater que les tentatives faites en ce sens
ont échoué; les prêts pour le drainage sont entourés de formalités si
nombreuses, que beaucoup de prof)riétaires hésitent à s'adresser
au Crédit foncier; beaucoup reculent devant un emprunt qui grève
leur propriété de lourdes charges en cas de vente, de partage, de
licitation.
Pour supprimer toutes ces difficultés, il y aurait un grand avan-
tage à créer une Caisse de drainage, dont le fonctionnement serait ana-
logue à la caisse des chemins vicinaux, des éi oies, etc..
L'annuité de 4 ou 5 pour 100 aurait une durée de vingt ou vingt-
cinq ans, serait assimilée aux centimes additionnels et payée au per-
cepteur tout en supprimant l'hypothèque.
Cette impDsition extraordinaire devrait être, selon nous, payéepartie
par le propriétaire et partie par le fermier.
Si 1 augmentation de fertilité que le drainage communique au sol
se faisait seulement sentir durant un petit nombre d'années ou pen-
dant la durée d'un bail ordinaire, l'assainissement du sol rentrerait
dans la catégorie des améliorations qui intéressent principalement
celui qui exploite la terre. Il n'y aurait aucun motif plausible de
demander pour ce cas au propriétaire du fonds, un concours que le
fermier ne songe pas à réclamer quand il s'agit de bonifier temporai-
rement le sol, par l'application des engrais et des amendements.
Mais le drainage est une amélioration durable et permanente : bien
LE DRAINAGE DANS SEINE-ET-MARNE. 25
établi, il fonctionne durant une longue suite d'années; il produit dans
le sol un accroissement dont il est difficile de fixer le terme. Dès lors,
on doit reconnaître que ce n'est point au fermier seul que revient la
tâche d'améliorer d'une manière permanente le fonds qu'il exploite.
En conséquence nous vous proposons d'adopter les vœux suivants:
1° Qu'il y a intérêt à étendre les travaux de drainage aux propriétés
morcelées, en facilitant et en provoquant l'exécution des travaux
d'ensemble au moyen d'associations syndicales régies par la loi du
21 juin 1865 et en accordant des subventions à ces syndicats.
2° Qu'il y a lieu de supprimer les formalités, les lenteurs et les
règlements des prêts du Crédit foncier, d'assimiler ces prêts aux
emprunts des communes moyennant une annuité de 4 à 5 pour 100
ajoutée aux contributions directes.
3° Que cette annuité devrait être payée partie par le propriétaire et
partie par le fermier. Jules Bknard,
Rapporteur.
EXPOSITION D'HORTICULTURE DE GENEVE
La Société d horticulture de Genève, fondée en 1855, sous la prési-
dence d'honneur d; M. Alph. de Caiidolle, a fait, dans le bâtiment
électoral, sa vingt-troisième exposition, du 7 au 1 1 septembre 1882.
Elle a la rare cliance d'avoir à sa tête un honme exceptionnel,
M. Fr. Cardinaux, qui est à la fois un horiiculteur distingué et un
homme dévoué, ne comptant jamais sa peine et ses fatigues, dès qu'il
s'agit d'être utile à ses collègues. Qu'il me soit permis ici de rendre
hommage au président d'abord, puis à l'homme de cœur qui, avec les
autres membres du bureau, m'a comblé de prévenances, pendant mon
trop court séjour à Genève.
Deux mots d'abord sur le bâtiment électoral.
Comme on le voit par le plan ci-joint (fig. 4), on a là une vaste con-
struction qui sert d'ordinaire aux élections et qui ressemble un peu, par
sa disposition, au Pavillon de la Ville de Paris, aux Champs-Elysées.
Le planchera obligé les organisateurs à disposer, autour des massifs,
des bordures fort ingénieuses: ce sont des planchettes de bois découpé,
de 0". 15 de largeur sur 0°'.20 de hauteur, unies entre elles par des
chaînons en fil de fer et s'adaptant parfaitement aux contours variés
nécessités par le plan de l'architecte, iM. Deriaz. Le bàLim 'ut est précédé
d'un square où est habilement disposé l'outillage horticole. O.i accède
à l'expusiiion intérieure par deux ponts rustiques qui couvrent les
marchrîs, tandis qu'au centre on a disposé un missif de plantes orne-
mentales précédant la grande entrée principale. Au milieu de la grande
salie se trouve un bassin orné d'un jet d'eau, autour duquel sont dis-
posées des plantes aquatiques. Sous les galeries et autour du bâtiment
sont les légumes, les fruits, le petit outillage horticole; au centre, les
fleurs, le tout éclairé et aéré sutïïsamm^nt par de vastes ouvertures
prè-* du plifbnd En som ne, peu de bâ im^nts se prêtent mieux à une
exposition florale et offrent à la fois aux plantes co.nine aux visiteurs,
de l'air, de la lumière et un abri en cas de pluie.
11 n'est que juste d'ajouter que l'architeite M. D-îriaz et le décorateur
del Exposition, M. Louis Dalbur, horticulteur à Genè\re, ont reçu cha-
cun un prix d'honneur.
En outre de ces deux distinctions si bien méritées, le jury a décerné
26
EXPOSITION D'HORTICULTURE DE GENÈVE.
19 prix d'honneur. 41 prix de 1"^^ classe, 47 prix de 2* classe, 59 prix
de 3® classe et 47 mentions honorables, entre 120 exposants. Il est à
remarquer qu'on laisse aux exposants récompensés le droit de choisir
leurs prix, soit en
un objet d'argente-
riâ, soit en une mé-
daille, ou en sa va-
leur en argent. De
plus, les maraîchers
sont classés comme
faisant de la culture
bourgeoise, de lacul-
ture agricole ou de
la culture purement
commerciale. Ces
deux mesures sont à
imiter pour des mo-
tifs faciles à com-
prendre, de même
que, dans les arts
horticoles , il est
important de distin-
guer le producteur
véritable du mar-
chand collection neur
de diverses fabri-
ques.
Pour la première
fois cette année, le
Conseil fédéral avait
otîert en prix 250
francs, le conseil
d'Etat 1.50 francs,
le Conseil adminis-
tratif 100 francs, la
classe d'asjriculture
100 francs. Divers
particuliers avaient
aussi souscrit géné-
reusement, en sorte
que l'ensemble des
dons volontaires s'é-
levait à plus de3,000
francs. Chez nous,
les particuliers se
garderaient bien de souscrire quoi que ce fût pour récompenser les
exposants.
A Genève, les grands propriétaires ne paraissent pas directement,
mais ils permettent à leurs jardiniers de figurer en leur nom
personnel.
Les exposants étaient au nombre de 59 pour les fleurs, 18 pour
les légumes, 30 pour les fruits et 44 pour l'outillage agricole. Les
EXPOSITION d'horticulture DE GENÈVjE. 27
jurés étaient tous choisis parmi les notabilités étrangères à la ville :
c'est un parti que je ne saurais trop recommander, comme rusa'i;e de
diminuer le prix d'entrée au fur et à mesure que l'Exposition touche à
sa fin. Inutile d'ajouter que, le premier jour de l'Exposition, le public
avait à sa disposition un catalogue renfermant tous les renseignements
nécessaires pour asseoir son jugement et faciliter ses recherches.
Comme ensemble, quand on compare l'Exposition de Genève aux
grands concours floraux de Londres, Gand, ou Paris, il est évident
que l'on ne rencontrait rien qui pût frapper un étranger. De plus, les
plantes étaient trop serrées et les légumes mal disposés pour en faire
ressortir le mérite : les maraîchers auraient bien besoin de voir com-
ment les produits sont exposés à Londres; mais il ne faut pas oublier
que la Société de Genève se compose surtout de jardiniers praticiens
qui alimentent les marchés de la ville, et qui sont obligés, avec de très
modestes ressources, de suffire à toutes leurs dépenses.
Chez eux, on peut dire que la culture est égale à ce que nous voyons
de mieux ailleurs. Quant aux fruits, il fallait les voir avant ceux qui
étaient exposés à Turin, à la même époque; car, en Suisse, comme
chez nous, l'année avait été très défavorable. Cependant, MM. Cuissart
et Barret, horticulteurs à Ecully, près Lyon, avaient une collection qui
a obtenu le grand prix d'honneur. Les autres prix ont été attribués à
M. Fauquet, lexcellent professeur de Corbeil, qui a le bon esprit de
n'exposer que peu de variétés, mais toutes en bons et beaux fruits, puis
à MM. Vaucher el Cardinaux, de Genève, et à la Société d'agriculture
de Martigny; enfin, à M. V. Périsset, propriétaire à Troinex. La flori-
culture a obtenu 5 grands prix décernés à MM. Vaucher et Cardinaux,
à M. Groubenmann, de Morges, à M. Aug. Mooser, de Chambéry, et à
M. Brunner, de Lausanne. Dans les cultures maraîchères, le grand prix
d'honneur a été donné à M. David Dutour, maraîcher à Plainpalais,
et les autres prix à M. Claudius de Loisy, amateur de Saône-et-Loire,
à M. Jean Louis Dufour, de Genève, et à M. Jules Tréboux, de Mont-
brillant.
Parmi les objets relatifs à l'horticulture, j'ai surtout remarqué un
manuscrit exposé par M. H. Gorrevon, archiviste de la Société
botanique.
C'est i une notice très complète sur les plantes vivaces rustiques
sous notre climat, sur leur culture et leur emploi dans l'art de la
décoration. 11 y a là un travail consciencieux, fait par un praticien
expérimenté et que le jury ne pouvait juger séance tesiante : il s'est
réservé le droit d'asseoir son opinion sur un examen plus sérieux du
travail de M. H. Correvon.
En somme, l'ensemble de l'Exposition de Genève montrait un grand
progrès sur les expositions précédentes, et son organisation a fait le
plus grand honneur au Comité. Il y a là une Société très vivace, de
375 membres, vivant de ses ressources propres, faisant de temps à
autre des conférences sur des sujets qui intéressent la région, et pu-
bliant six fois par an un Bulletin très intéressant. J'ai été très heu-
reux de voir li un groupe de travailleurs instruits, dévoués à leur
profession, et agissant sous l'empire dà leur seule iniliitive indivi-
duelle. On peut prédire à leur association le plus brillant avenir.
Ch. JOLY,
Vice-présirienl de la Société nationale d'horticulture
28 DE LA SÉLECTION.
DE LA SÉLECTION
A plusieurs reprises déjà, la Société vaudoise d'agriculture (Suisse)
s'est occupée, soit dans les sections, soit dans des commissions spéciales,
de l'importante question d'améliorer les animaux domestiques. Pour
beaucoup de nos concitoyens, le soin du bétail est presque la moitié
de leur occupation, et pour beaucoup aussi c'est plus de la moitié,
c'est presque la totalité de leur tâche. Aussi l'étude attentive de ces
questions n'est p;is atfiire de curiosité, c'est la reclierche des sour-
ces les plus imporLantes de notre prospérité nationale, et plus on
fait de progrès, plus encore doit-on en faire, parce que la population
s'accroît et qu'il faut que le pays nourrisse un plus grand nombre de
personnes sans augmentation de territoire. Anciennement tout allaita
la bon ne et l'on vivait, c'est que le pays avait moins de monde à nourrir.
Les prv3miers pro^^rès d'amélioration sont assez faciles: on clioisit
les meilleurs animaux, en éliminant les sujets qui ont de gros défauts.
Mais il arrive un moment oii le choix est toujours plus délicat, et
pourtant le progrès est toujours plus nécessaire.
Laconstruction d'une maison d'un ou dedeux étages n'est pas difficile;
mais quand on veut bâtir un clocher de cathédrale , il faut avoir recours
à des procédés spéciaux. Il en est de même pour les améliorations de
de plus en plus complètes du bétail. On arrive à un point qui nécessite
une attention toute pirticulière et des procéilés tout spéciaux, d'autant
plus que certaines circonstances peuvent se présenter qui détruisent
tout ou partie des progrès antérieurs. N'a-t-on pas vu, cette année,
que dans plusieurs concours il y a eu recul, qu'on a présenté du
bétail inférieur et que le bétail réellement t/e choix était très peu
nombreux.
Quelques personnes ont pensé qu'il faudrait s'adresser au Dépar-
ment de l'agriculture et lui demander de modifier l'organisation des
concours et la manière d'examiner les animaux.
Je suis dd ceux qui désirent des améliorations dans l'orginisation
de nos concours, mais ces améliorations ne peuvent s'exécuter que si
l'on donne plus de soins au bétail dans les fermes. Le Département ne
peut rien autre que faire constater l'état des animiux, et, quand bien
même il transf >rmerait tout ce qui concerne les concours, cela
n'avancera à rien si les propriétaires ne font pas, eux, les premiers
efforts pour obtenir le perfectionnement progressif des espèces
domestiques.
Ceci concerne le premier choix des animaux, mais il y a plus :
dans bon nombre de fermas on ne d)nn3 aucuae attention à la dégé-
nérescence des reproducteurs. Vous vous procurez une dizaine de
vaches de choix, jeunes encore, elle méritent toutes une prime peut-
être, toutes les honneurs du herd-book, et vous en retirez des produits
très qualifiés, c'est tout simple ; mais vos vaches vieillissent, elles
deviennent sèches, elles tousseit, et vous continuez à élever leurs
veaux et vous croyez améliorer la race ! Non ! Peut-être pendant
leur première jeunesse, sous Tinfluence d'une bonne nourriture, ces
produitsaurontboaue tournure,miis plus tard ces descendants de mèreâ
sur le retour vieilliront plus vite que leurs frères ou leurs sœurs qui
sont nés des mêmes parents plus jeunes.
DE LA SÉLECTION. 29
Tout cela est à considérer quand on veut former une bonne race
solide, et fixe en môme temps; mais ce n'est pas le Département qui
doit taire ces observations, c'est l'éleveur. J'ai déjà depuis fort
loncçtemps réclamé l'emploi des tabelles et je désire qu'on arrive à
primer au prorata des points assignés aux animaux, comme on le fait
dans les tirs au fusil ; j'estime que c'est la seule manière logique de
constater et de récompenser les progrès.
Pour arriver à ce mode de faire, il ne suffît pas, de but en blanc,
de remettre à des jurés un morceau de papier avec des rubriques et
dédire à ces messieurs : Donnez des points.
Il faudrait, pour que cela réussit :
r Avoir du temps ;
2" Etre bien d'accord sur chaque valeur des points à adjuger;
3° Avoir devant soi des animaux déjà triés et non pas des n importe
quoi, sur lesquels on se fatigue inutilement. Toutes ces conditions ont
existé dans certains concours de la Suisse romande; elles ne sont donc
pas des impossibilités, mais pour les appliquer au canton de Vaud, il
faudra encore du temps.
Je sais bien qu'il y a des experts qui déclarent pouvoir se passer
de tabelles ; on les a abandonnés dans les grands concours suisses,
mais il n'y a qu'à lire les rapports pour constater la désharmonie dont
les opérations des jurés ont souffert, désharmonie peu connue dans les
premiers concours de la Suisse romande. Il y a des jurés qui peuvent se
passer des tabelles, tout comme il y a des négociants qui savent faire
de grandes fortunes sans tenue de livres, sans même savoir faire une
règle d'arithmétique sur le papier. Ce sont des gens heureux, habiles,
mais leur manière de faire doit-elle passer à l'état de règle générale ?
En attendant qu'on soit parvenu à s'entendre sur ces points, il faut
faire quelque chose. Pour qu'une question soit bien comprise, il faut
l'apprécier pratiquement, en faire l'expérience.
En vue de ces essais et de l'instruction des jeunes gens, j'ai pré-
paré un certain nombre de tabelles avec rubriques concernant les
diverses parties du corps de la vache qu'on doit examiner; j'en ai
déjà envoyé à quelques-uns de nos collègues et j'en remettrai à cha-
cune des sections un modèle si l'on désire en faire l'essai.
Pour les personnes qui font de l'élevage, il y aura proût à utiliser
un registre complet, et voici les renseignements qui peuvent servir
de base d'appréciation rationnelle. Il est bien entendu qu'il ne s'agit
pas ici des formules destinées aux concours ; mon travail s'adresse
aux propriétaires qui veulent prendre des notes régulières sur les qua-
lités de leurs reproducteurs. C'est la formation d'un herdbook de parti-
culiers. Combien n'y a-t-il pas de propriétaires qui depuis plusieurs
générations, depuis cinquante ans et plus, ont toujours la même race
d'animaux de bonne qualité, et rien ne peut le constater, tandis qu'il
serait précieux pour la réputation de ces animaux d'en tenir un regis-
tre régulier.
Renseignements pour V appréciation du gros bétail au moyen des tabelles,
— L'âge d'inscription des animaux sera celui de la première saillie
pour les mâles ou pour les femelles. Il est bon qu'à ce moment-là le
propriétaire se rende bien compte des qualités de l'animal qu'il veut
employer comme reproducteur, et, si cela est possible, il est avanta-
geux de ne pas se fier à son propre jugement, mais de se faire assister
30 DE LA SÉLECTION.
par un ami connaisseur, afin que cliaque détail de l'animal soit bien
considéré et apprécié.
Ce premier examen consciencieux ne doit toutefois pas être regardé
comme suffisant si ion veut faire une bonne race ; il y a dans l'usure
des animaux une quantité de causes de dégénérescence et l'on doit en
tenir compte pour la sélection, car un veau produit par une jeune
vache, grassouillette et vigoureuse, sera différent du produit d'une,
vieille grand'mère^ décrépite, épuisée par la lactation, et n'ayant plus
que la peau et les os, quoique cette vieille vache puisse continuer à
donner du lait, abondamment peut-être.
Il y a un moment où les reproducteurs sont en dégénérescence, et il
faut savoir annuellement en faire la constatation par un examen sérieux
de chaque vache. C'est le point de départ de la véritable sélection.
Il est évident que les vrais connaisseurs peuvent, d'un coup
d'œil, voir dans tout l'animal les bons et les mauvais côtés, mais ce qui
est dans l'œil du père peut n'être pas dans l'œil des enfants, et si le
père vient à mourir, la belle étable qu'il aura pu composer sera dé-
truite s'il ne laisse pas à ses descendants les observations qui concer-
nent chaque animal.
La fortune des races anglaises vient en partie de l'esprit de suite
qui a présidé à leur formation; il n'est pas si difficile d'en faire de
même chez nous, et c'est aussi pour la vente des animaux de prix la
meilleure recommandation qu'on puisse avoir : le fait d'enregistre-
ment des qualités remontant à plusieurs générations.
Vai outre, en vue des concours, quand on aura fait un examen
sévère de ses animaux, on ne les conduira pas à l'aveuglette dans une
exposition, et si ces animaux ne sont pas primés, on aura lieu de
demander au jury quelles sont les parties défectueuses qui les auront
fait rebuter.
L'en-têtede l'inscription indiquera le numéro de la bête au registre,
et s'il y a lieu le numéro du herdbook. Viendront ensuite le nom
de ranimai^ — il est toujours utile de désigner un anim;il domestique
par un nom propre, — le jour de naissance^ le nom et les numéros des
parents^ ïentrée dans la ferme, par naissance ou par achat, et, s'il y
a lieu, la vente ou ïabalage.
Dans l'appréciation des qualités de l'animal, on fera commeon voudra,
chacun sera libre de donner des points nombreux à telle ou telle partie
importante; mais nous pensons qu'il vaut mieux simplifier, comme
on fait à Jersey, et marquer seulement 1 ou 0 (l ou — ) la qualité existe
ou elle n'existe pas. Une qualité moyenne n'est pas une qualité à
noter, on met 0, ou — .
{La suUe prochainement). Bieler,
Directeur des cours agricoles de Lausanne,
LUTTE CONTRE LE PHYLLOXERA DANS LES CHARENTES
_ Monsieur le président, nous avons parcouru la deuxième année de nos expé-
riences viticoles. J'ai l'honneur de vous exposer notre situation budgétaire, les
résultats obtenus dans nos essais d'adaptation, les travaux du syndicat qui a
recours aux insecticides, les faits constatés ailleurs, et enfin le, conclusions que
l'on peut déduire actuellement de la question phylloxérique.
Notre dernier rapport présentait un actif de 4,875 fr. 33, placé à la caisse
d'épargne. Si nous y ajoutons l'intérêt, et en plus la subvention de 500 francs
accordée par l'Etat, nous arrivons à 5,604 fr. 83.
LA LUTTE CONTRE LE PHYLLOXERA DANS LES GHARENTES. 31
Nous avons dépensé, cette année, suivant diverses notes, la sorame de
1,762 l'r. 70. Ce qui réduit notre encaisse à 3,842 l'r. 13. Il nous reste encore à
recouvrer 40{» francs alloués par le Conseil général.
Nos plantations ont compris 5,400 boutures, oont 5,000 fournies par l'Ecole
d'agriculture de Montpellier.
La reprise a présenté ce contraste : c'est que les riparias qui, d'habitude, s'enra-
cinent parfaitement, ont été dépassés parlesœstivalis qui ont mieux réussi. Cette
remar(jue a été faite aussi à lécole de Montpellier.
La végéialion a marché d'une manière satisfaisante. Pour éloigner les vers
blancs qui nous avaient tant maltrailés, précéd-iinment, nous avons employé avec
succès, non seulement des pommes de terre cultivées à toutes les deux rangées de
vigne, mais encore un mélange de sable de mer, de cendre et de suie placé autour
des sujets. Je dois dire qu'en dehors de ce mélange employé comme insecticide,
le terreau ordinaire convient mieux aux boutures.
Les riparias sauvages, le solonis, les rupestris sont au premier rang par leur
bonne tenue. Le jacquez et l'herbemont marchent d'une façon normale, (j iel([ues
hybrides, ccmme l'olhello, l'autuchon, la wylie, montrent que notre sol et notre
climat leur sont particulièrement favoraldes. Au contraire, l'elvira, le vialla, le
york's-madeira semblent ne pas s'accommoder des terrains calcaires. Le môme
phénomène se reproduit dans le Var. — A Yitis-Parc, chez M MouUon, à Bou-
liers, chez M. Rambaud, toutes ces variétés ont un meilleur aspect.
Des personnes habituées à voir la vigueur propre à nos vignes indigènes
peuvent s'étonner que notre champ d'essai ne présente pas une plus belle végéta-
tion. Il fautqu'e les sachent que les vignes américaines restent faibles à leur début,
dans les terrains d'une culture pratique comme le nôtre. Ce n'est, le plus souvent,
qu'à la troisième année que la plante prend tout l'essor dont elle est susceptible.
On a constaté sur une partie de nos riparias la teinte jaune des feuilles accu-
sani une souffrance Indépendamment des intempéries et des gelées survenues
pendant l'été (nuit du ^3 au 2-i aoiàt), l'expérience permet d'ahirmer que cet état
de choses est commun aux terrains extra-calcaires.
Cette indication nous a déterminé à étendre la culture des rupestris dont
quel([ues pieds ont pris un avantage marqué, et se sont montrés constamment à
l'aise dans notre pépinière. M. le D'' Davin prétend que l'ancienne variété de
rupestris est la plus recom.mandable.
Notre récolte de pommes de terre s'est élevée à vingt et quelques hectolitres.
Nous en avons fait la distribution entre le bureau de bienfaisance et l'ho-îpice.
Le syndicat de Cognac, qui s'étend à tout l'arrondissement, a continué l'appli-
cation du sulfocarbonate de potassium. Treize propriétaires ont traité 29 hectares.
J'ai vu, en compagnie de M. Cally, la plus grande partie de ces vignes qui pré-
sentaient un aspect encourageant : celles de M. Moullon, dont la végétation est
toujours proligieuse; celles de MM. Boisferon et Loiseau qui sont en bonne
voie de ré|)aration ; de MM. Dagnaud et Petit, qui tranchent par leur vigueur et
l'abondance de leurs fruits avec les vignes malades qui sont à côté.
Nous nous sommes fait un devoir de porter notre attention sur les points où
des expériences pouvaient nous révéler des renseignements utiles.
J'ai eu l'honneur de représenter notre Comité au concours agricole et viticole
de Libourne. Il m'a été possible d'apprécier les bons résultats tournis par divers pro-
priétaires qui ont employé des insecticides ou cultivent des vignes américaines.
Permetiez-moi de renouveler ici mes remercïments aux membres du Comice avec
lesquels j'ai été en rapport, pour leur charmant accueil et leurs intéressantes com-
munications. Ce que j ai le plus admiré, c'est le bon vouloir de tous les viticul-
teurs, l'activité des notables, députés ou autres, accompagnant les délégués aux
vignobles pour leur montrer des opérations instructives, des succès évidents.
Nos {Vlicitations, notre reconnaissance à ceux qui comptent dans leurs rangs des
concitoyens si dévoués au bien public.
Il y a longtemps que nous avons dit que dans les terrains profonds et fertiles,
on pouvait maintenir sûrement la vigne à peu de frais.
A Libourne, des expériences plus étendues, concluantes, ont réjoui les proprié-
taires qui ne semblent préoccupés que du choix des moyens. C'est la submersion,
où elle est possible, qui est pratiquée comme le remède souverain. Ailleurs, on
emploie les insecticides pour conserver les vignes encore résistantes.
Sur d'autres points où la vigne a succombé, on plante des cépages américains,
surtout les riparias sauvages qui se comportent très bien dans les terrains argilo-
siliceux de la Gironde.
32 LA LUTTrJ CONTRE LE PHYLLOXERA DANS LES CHaRENTES.
Dans le choix des insecticides, la majorité inclinerait pour le sulfure de carbone.
Après ce traitement, me disait- on, nous ne voyons plus de phylloxéras; tandis
qu'après le sultocarbonate de potassium, qui se verse au pied du ce]), nous trou-
vons encore beaucoup d'insecLes aux extrémités des racines. Donc le sulfure
serait plus efficace. Ajoutons que la dépense totale serait de 150 francs au plus
par hectare. La dose trop considérab.'e au début, ce qui a produit des accidents,
est maintenant de 15 à 18 grammes par mètre carré, distribués en 'i trous rayon-
nante 0"',35 du ce^), et de 0"',2u de profondeur.
J'ai remarqué ([ue hs vignes greffées sur pieds américains ont généralement des
fruits plus nom! lieux et plus beaux.
La greffe ••ommence à la lin d'avril. — O-i opère sur des plants de deux ans
élevés sur place ou sur des racines disposés l'hiver précédent.
La greffe à cheval renversée, qui ne laisse pas d'accident sur la tige, a donné
les meilleurs résultats. Elle se pratique à l'aide d'un instrument en forme de séca-
teur qui évite la i'ente du sujet, et taille également le biseau du gretfon. Vient
ensuite la gretfe en fente pleine et la greffe anglaise. L'emploi de l'argile n'a pas
d'importance. Une simple ligature faite avec le raphia suffit.
Le i!8 septembre dernier, mon honorable collègue, M. Moullon et moi, nous
quittions Cognac, à 6 heures du matin, pour aller visiter le domaine d'un de ces
hommes remarquables qui, par leur amour de l'agriculture, leur initiative, leurs
travaux, sont de pr(;cieux bienfaiteurs dans la contrée qu'ils habitent. La voiture
de M. le docteur Menudier nous attendait à la gare de Saintes, et quelques instants
après nous étions au Plaud-Ghermignac.
Nous eûmes un spectacle bien consolant : 25 à 30 hectares de vignes s'étendaient
sur un terrain élevé, pleines de vigueur, régulières, chargées de fruits. Ces vignes
sont traitées avec le sulfure de carbone depuis 5 ou 6 ans. A côté, elles n'ont pas
été traitées : toutes ont disparu, ou sont perdues, desséchées
M. Menudier ne s'en tient pas aux insecticides. De superbes pièces sont
plantées de vignes résistantes : riparia sauvage, solonis. La plupart sont gretïées,
d'autres le seront à la fin d'avril. Tout cela e.^t admirable de bonne reprise et de
végétation. On nous montre de vastes terrains qui seront également j)lantés d'ici
une couple d'années. De nombreuses rangées, d'énormes touiles de cépages
étrangers, disséminées dans le voisinage de l'habitation, fourniront le plan
nécessaire.
E>t-il I esoin maintenant d'attendre encore, et d'aller chercher ailleurs des
exemples plus frappants de l'efficacité des insecticides et de la résistance relative
des vignes américaines?
Vous reconnaîtrez, Messieurs, que la lumière est faite, que le moyen est indiqué
pour réparer sûrement une partie de nos désastres.
Je dis une partie, car si l'on peut affirmer un succès, ce n'est (Qu'autant que les
vignes indigènes seront cultivées dans de bons terrains et les vignes américaines
adaptées au sol qui leur convient, c'est-à-dire compact, frais, argileux presque
toujours. — Quant aux terrains de moindre qualité, légers, calcaires, nos efforts
aboutiront, sans doute, à leur faire supporter d'une façon pratique la culture de
la vigne, mais nous restons encore dans le domaine des études.
En terminant, ré(iétons à nos compatriotes : n'attendez pas pour traiter les
vignes que vous possédez encore que la maladie s'annonce par un ralentissement
do la végétation ; car en ce moment les racines sont déjà détériorées et vous devinez
le temps nécessaire pour qu'il s'en forme de nouvelles qui ne les vaudront jamais.
Veillez, cherchez, et lorsque vous aurez con taté la présence de l'insecte, ne négligez
rien pour le combattre.
Si vous plantez vos bons terrains de cépages indigènes, que ce soit avec la
résolution de les traiter chaque année et de leur donner parfois de bons
engrais.
Plantez de préférence les vignes américaines, notamment les riparias sauvages;
le solonis que vous grefferez la dtîuxièrac année Vous grefferez en même temps
quelques pieds de réserve pour remplacer les man([uants.
Donnez une attention toute particubère aux rupestris qui, probablement, per-
mettront de repeupler les terrains très calcaires. Choisissez les pieds les plus
robustes pour les multiplier.
N'oubliez pas que si vous avez des frais plus considérables, le vin a beaucoup _
augmenté de prix et qu'il vous laissera encore un profit satisfaisant.
G.RARDIN,
Secrclaire du Comité de vigilance de Cognac.
PARTIE 0FFICIP:LLE. 33
PARTIE OFFICIELLE
I. — Décret rapportant l'ajoiirnsment de l'application de l'art. 39 de la loi du 21 juillet
lis8l sur la police sanitaiie des animaux dans divers départements.
Le Président de la République Française.
Vu l'articl-. 39 de la loi du 21 juillet 1881 sur la police sanitaire des animaux,
lequel est ainsi conçu :
« Les commanes où il existe des foires 3t marchés aux chevaux ou aux hestianx
seront tenues de préposer, à leurs frais et saut' à se rembourser par l'établisse-
ment d'une taxe sur les animaux amenés, uti vétérinaire pour l'inspection sani-
taire des animaux coadults à ces foires et marchés ;
« Cette dépense sera obligatoire pour la commune.
« Le Gouvernement poui'ra, sur l'avis des conseils généraux, ajourner par dé-
cret, dans les départements, l'exécution de cette mesure pendant une période de
six annôes, à partir du jour de la promulgation de cette loi. «
Vu le décret du 22 juin 1882, ajournant l'application dudit article dans un cer-
tain nombre de départements, parmi lesquels l'Ardèche, l'Eure, l'Indre-et-Loire,
l'Isère et le Loir-et-Cher;
Vu les délib ''rations prises par les conseils généraux des départements ci-dessus
dénommés dans leur session d'aoû 1882 ;
Sur le rapport du ministre de l'agriculture, Décrèie :
Art. 1*"'. — Lî décret du 2 2 juin 1882, ci -dessus visé, est et demeure rapporté
en ce qui concerne les départements de l'Ardèche, de l'Eure, d Indre-et-Loire, de
l'Isère et de Loir-et-Cher.
Art. 2. — Le ministre de l'agriculture est chargé de l'exécution du présent
décret, qui sera inséré au D lUet'ui des lois.
Fait à Paris, le 2 ^ décembre 188 2. Jul es Grévv.
Par le Président de la République : Le miniswe de V agriculture, De Mahy.
II. — Décret rapportant rajournement de l'application de l'article 12 de la loi du
21 juillet l88l sur la police sanitaire des animaux dans divers départements.
Le Président de la République française,
Vu l'aj'ticle 12 de la loi du 2i juillet 1881, sur la police sanitaire des animauv,
lequel est ainsi conçu :
« L'exercice de la médecine vétérinaire dans les maladies contagieuses des
animaux est interdit à qaicon:[ue n'est pas pourvu du dipl(3mc de vétérinaire ;
« Le Gouvernement, sur la demande des conseils généraux, pourra ajourner
par décret, dans les départements, l'exécution de cette mesure pendant unj
période de six années, à partir de la promulgation de la présente loi. «
Vu le décret du 22 juin 1882, ajournant l'application dudit article dans un
certain nombre de départements pirmi lesquels l'Ardècha, l'Eure, l'Isère et le
Loir-et-Cher; — Vu les délibérations prises par les conseils généraux des départe-
ments ci-dessus dénommés, dans leur session d'août 1882 ;
Sur le rapport du ministre de l'agriculture, — Décrète :
Art. 1". — Le décret du 22 juin 1S82 ci-dessus visé est et demeure rapporté
en ce qui concerne les départements de l'Ardèche, de l'Eure, de l'Isère et de
Loir-et-Cher.
Art. 2. — Le ministre de l'agriculture est chargé de l'exécution du présent
décret qui sera inséré au Bulletin des lois.
Fait à Paris, le 23 décembre H82. Jules Grévy.
Par le Président de la République : Le ministre de l' agriculture, de Mahy.
LA RÉCOLTE DES OLIVES ET LES SEMAILLES
DANS LA DROME
Depuis une quinzaine de jours, on est en train de ramasser les olives au Buis
et dans les environs. Jamais, de mémoire d'iiomme, on n'avait eu une récolte aussi
mauvaise, c'est à ne pas y croire. Il y a si peu d'olives que nos journaliers, sont
obligés de les faire tomber avec des roseaux, ce qui leur donne plutôt, l'air de
pêcheurs à la ligne, que d'oliveurs.
Je connais même des personnes qui ne prenoent pas la peine de les faire
ramasser. C'est une perte énorme pour nos pays, car c est la principale récolte.
Les neiges de l'an passé avaient écrasé nos arbres, et puis au mois de mai,
34 LA RÉCOLTE DES OLIVES ET LES SEMAILLES DANS LA DROME.
que les arbres commencent à se mettre en ileur, un froid rigoureux fit descendre
alors la sève et les fleurs se desséchèrent.
Nos semailles ont été pitoyables, les blés restent bien à lever et encore lèvent-
ils mal, la récolte ne peut pas être belle. Heureusement que depuis uni quiazaine
de jours, il ne pleut plus et que le temps est relativement chaud, ce qui permettra
aux derniers blés de pousser quelque peu avant que la terre ne soit durcie par la
gelée. Nos fruits, cette année-ci, se sont pourris en partie lors de la cueillette:
ils paraissaient assez sains. Pvavoux.
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE
Séance du, 3 Janvier 188 i — - Présidence de M. Dumas.
M. Dumas remercie ses confrères de l'honneur qu'ils lui ont fait en
l'appelant à présider les travaux d'une Société dont linfluence grandit
chaque jour, et dont l'action est si considérable sur les progrès de
l'agriculture française.
M. Vilmorin fait hommage de la note sur les blés de février qui a été
publiée dans le dernier numéro du Journal, et M. Wagner envoie le
rapport sur le dernier concours d'orge Chevallier en Alsace.
M. Ognier transmet une note sur le système de comptabilité appli-
quée à l'agriculture qu'il a imaginé.
M. Renou présente le résumé des observations météorologiques du
mois de décembre 1882, en insistant sur la hausse de la température
de ce mois, comparée à la température moyenne de décembre.
M. Chatin présente quelques échantillons de blé recollés en 1882
par M. Michel Perret, à Tullins (Isère). Il insiste sur ce fait que grâce à
des semailles en lignes espacées de 0°\30 environ, à des sarclages
répétés, et à l'emploi judicieux d'engrais chimiques, M. Perret obtiint
des rendements de 40 hectolitres de blé à l'hectare, et que depuis dix
ans il a pu maintenir le blé sur la même terre sans diminution de
produits.
M. Gayot présente la troisième édition de La connaissance générale
du chevil qu'il a publiée en collaboration avec M. Moil; — et de la
part de M. Lecouteux, un volume intitulé Le blé, sa culture intensive et
extensive.
M. Gaudin donne lecture du rapport qu'il a rédigé, au nom d'une
Commission spéciale, sur un amendement au projet de loi sur le crédit
agricole, relatif à la création d'un privilège en faveur du vendeur
d'engrais. Après avoir exposé que la création de ce privilège ne
pourrait apporter aucun avantage à la situation des cultivateurs, le
rapporteur conclut qu'il n'y a pas lieu de l'introduire dans le projet
de loi. Ces conclusions sont adoptées p ir la Société à l'unanimité.
La Société procède à l'élection de trois membres de la Commission
des fonds pendant l'année 1883. M. de Béhague, Diitly et Gareau
sont élus. Henry Sag.mer.
REVUE GOlîHSiiGIÂLE ET PRIX GOURMT DES DENREES AGRICOLES
(6 JANVIER 1883)
I. — Situation générale, i
Ainsi qu'il arrive toujours à cette époque de l'année, les marchés agricoles ont
été peu fréquentés durant cette semaine. Pour la plupart des denrées agricoles, les
affaires sont calmes; quant aux prix, ils ne subissent pas de changements sensi-
bles. La situation est donc à peu près la même que durant la semaine précédente.
II. — Les grains et les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par QUINTAL MÉTRIQUE,
sur les principaux marchés de la France et de l'étranger :
RKVITE COMMKRCIALE ET PRIX COURANT (6 JANVIER 1883).
Calvados. Condé
— Caeri
Côl.-dn-Novd. I.acinion.
— 'ri'ég-uior..
Finislcrc. Morlaix
— Linaerneau .
Hle-ct- Vilaine. Rennes.
— Bedon..
Manches. Avranches...
— Pontorson.. .
— VUledieu
Mayenne. Laval
— Ghàteau-Gontier.
Morbihan. Hennebont..
Orne. Sèez
— Vimontiers
Sarllie. Le Mans
— Sablé
Prix moyens
2" r.Éuio?
Aisne. Laon
— ■ Château-Thierry.
— Villers-Cotlerels.
Eure. Damville
— Gisoi-s
— Neubourg
Eure-et-Loir. Chartres..
— Auneau
— Nogent-le-Rotrou.
Nord. Cambrai
— Lille
— Douai
Oise. Beauvais
— • Compiègne
— Senlis
Pas-de-Catais. Arra.s...
— Doiillens
Sei7ie. Paris
S.-et-Mnrne. Meaux ....
— Daramarlin
— Melun
S -ei-Oise. Angeiville.. .
— Pontoise..
— Versailles
Seine-Inférieure. Rouen.
— Fécamp ..
— Yvetot
Somme. Albert
— Montdidier
— Roye
Prix moyens
T RKGIOM. -
Ardcnnes. Rethe!
— Sîîdad
Auhi-. ,\rcis-sur-Aube. . '
— \léry-sur-Seine...
— Troyes
Marn-. Ctiàlons
— Sézanne
— SaJnle-.MenehoMld.
Hle-.\Iarne. Bourbonne..
Meitrihe-et-Mos. Nancy. ;
— Luiiéville :
— Toul
Meuse. Bar-le-Duc :
— Verdun
Haute-Saône. Gray
Vosges. Mii^ecourl
"- Epinal
— Neufchàteau ■
23.00
2!. 50
17 25
17.00
17. sO
— NOisn.
15 50
l'i.50
14 00
14 25
14.00
16.50
15 25
Orje.
fr.
19 50
18.00
15.50
15.25
14.50
15.00
10.00
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17.75
19.75
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18.75
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19.2.Ï
16.50
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19.00
17. 00
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23.00 15.00
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1 7 . 00
17.50
18.00
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17.50
19.60
1 8 . 00
1 8 . 00
16.00,
17.50
17.50
18.
16.50
1G.25
1«.25
16.80
17-15
17.00
17.00
15.50
14 25
16.00
16.00
15-. 50
17.25
16.50
15.50
» 15.00
» 16.50
17.00 10.25
17.00 10.35
10.50
<6.00
17 00
17.25
15 50
Prix moyens 23.40 15.80
4' RÉGION. — OUEST.
C/iaren<e. Angouléme. . . 25.50
— Ruffec 26.00
C/ia»'.-/n/'6>.La Rochelle 24.00
Deux-Srvres. Niort 23 . 75
Indre-cl- Loire. Bléré 24. ou
— Chàteau-Renaalt . 25.00
Loire-lnf. Nantes 26.25
M.-el-Loire. Saumur... 26 25
— Angers 25.00
Vendée. Luçon 25 . 50
— Fonlenay-le-Cte... 24.50
Fie^ne. Poitiers 25.50
— Loudiin 26.00
Haute-V^ienne.. himog&s. 26.50
Prix moyens 25.27 15.97 18.40 17.64
17
25
»
20.00
18
00
»
18.25
17.00
16.50
17.50
17.25
15
00
19.50
17.25
14
75
10.00
17.00
17.20
15
50
16.85
18.50
15
00
18.00
17.80
18.50
»
17.80
17.50
19.75
16.80
15
50
18.50
17.00
Ifi
75
20 00
U.50
Cher.
Allier. Montliiçon
- — Gannat
Saint-Pourrain. .
Bourges
— Sainl-.'Xmand. . .
— Vierzon ,
Creuse. Aubusson
Indre. Chàteauroux . . .
— issoudun
— La Ghiltre
Loiret. Orléans
— Gien
— P.itay
L.-el-('hcr. Blois ,
— Montoire
Nièvre. Nevers
■ — La Charité
Yonne. Bri.enon
-— St-Florentin. .. .
— Sens
fr.
24.20
24.50
25 . 00
23.50
24.25
2 1.50
27 . 50
25.50
25 . 75
2'i.50
2.J 25
24 50
24.00
25 . 00
24.25
23.50
2'i.00
24.00
23.75
24.00
CENTRE.
L Seigle.
fr.
16.50
14.25
14.50
15.50
15.20
1 0 . 00
15.50
14 75
15.00
14.75
»
15.50
1 5 . 00
14.50
14.75
Prix moyens l't.kl 15.25
6° RÉGION. — EST.
-lui. Bourg 25.00 17.20
— Pfint-de-Vaux 24.75 »
Côte-d'Or. Dijon 23.00
— Beaune 23.00
Z)om6s. Besançon 23.00
Lsère. Grenoble. 2S.25
— Boiirgoin 24.00
Jura. DiUe 22.00
Loire. Montbrison 24.00
P.-de-Dùine. Issoiro.... 25.50
Ithnne. Lyon 24.25
Saône-el- Loire. Chïlon.. 25.25
— Autun 23.50
.Scti'ote. Chambéry 20.25
Ille-Savoic. Annecy 25.80
Prix moyens 24.37
fr.
I S . 00
19.25
18.25
1 8 . 00
19.00
18.50
1 8 . 25
19.00
20.00
17.110
1 8 . 50
17 50
18.00
18,50
17.00
35
AYoine.
fr.
17 25
17.00
17.00
10.25
16.75
17.00
i 7 . 00
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17.70
17.25
17.50
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13.00
17.50
17.00
10. 50
1 7 . 50
18.25
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17.25
10.00
17.00
16.50
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16.25
16.50
16.25
»
17.50
19.00
14.25
10.75
17.25
15.25
17.00
10. 00
15.50
17.50
10.50
17.50
19.00
17.00
15.00
»
18.25
15.75
16.00
17.00
16.50
19.00
17.50
16.25
»
18.50
»
»
17.25
15 92 17.33 17. If
17.00
»
19.00
i S . 00
»
19.25
1 7 . 00
18.00
18.25
17.25
17.50
18.50
17.50
17.75
19.00
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19.00
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18.50
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18.75
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19.00
19 00
1S.25
18.50
1 S . 20
..
19 00
T REGION. — SUD-OUEST.
Ariiige. Pamiers 27 00
— Foix.. 2S 50
Dordogiie. Bergerac... 20.50
Ilte-Garonne. Toulouse. 27 oo
— St-Gaudens 27.00
Gers. Condom 26.00
— Eauze 20.20
— Mirande 26 00
Gironde. Bordeaux 26.50
— Bazas 26 711
Landes. Dax 27.25
Lot-et-Garonne. Agen... 26 50
— Nérac 20.25
n. -Pyrénées. Bayonne.. 27-00
Illes-Pyrénées. Tarbes. . 27.50
Prix moyens 20.65 18. 0:1 is.os 19.11
8° RÉGION. — SUI>.
Aude. Carcassonne 27.50
— Gastelnaudary 27.70
Aueyron. Rodez '-6.50
Cantal. Mauriac 26.00
Corri',ze. Liiberzac 26.25
Hérault. Montpellier.... 26.50
— Celte 27.25
/.ot. Cahors 26.50
Lozère. Mende 27.00
P;/)-én(;es-0/'. Perpignan. 31 .25
Tarn. ^Castres 26.50
— Montauban 25.75
Tarn-ei-Gur. Moissac... 26.00
Prix moyens 20.98 19.09 19.26 19 98
9" RÉGION. — SUO-EST.
Ba.^ses- Alpes. Manosque 28.10
Hautes- Alpes. Briançon. 27.25
Aipcs-.Mariiimes.Cvinwts 28. 10
Ardi-che. Privas 27 .25
n.-du-lihàne. Arles 26.25
Drame. Romans 24.50
Gard, yiimes 26.85
Haute-Loire. Brioude... 25.20
Var. Dragnigiian 28.25
Fauciwse. Avignon 25.60
Prix moyens. .. .. 26.74
Moy. de toute la France 25.27
— de la semaine précéd. 25.25
Sur la semaineJHausse. 0.02 0.15 » 0.12
précédente.. (Baisse.. » » 0.20 »
)
20.25
19.00
)
19.00
19.50
19
75
»
20.50
24
30
»
22.65
17
80
18.25
18.5»
17.50
19.00
1
17.80
20. oO
17
25
17.75
18.25
17
50
17.25
17.75
20
00
26.00
25.55
18
00
»
19.50
18
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20.00
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»
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18.50
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17.00
19.00
16.50
19.25
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1 »
17
88
17.92
18.82
16
78
17.87
18.03
16
63
18.07
17.91
36 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
Blé. Seigle. Orge. Avoine.
fr. fr. fr. fr.
,, . ,, ( blé fendre... 27.25
Algérie. ^^^^'\ h\(^ ûm- 56.00 » 16. ^S K5.50
Angleterre. Londres 25 70 » 18. ôu 20.25
Belw/ue. Anvers 24.25 17.75 17.50 16 00
_ Bruxelles 24.50 16.50 » 18.10
— Lio!?e 2.!. 00 17.50 20.50 18.00
— Naniur 23.50 16.50 20.00 16.00
Pays-Bas. Aiiislerdam 2J.;)5 17.00 » »
Luxembourg. Luxembourg 24.50 »• » 17.50
Alsace-Lorraine. Strasbourg 25 75 18 25 18.50 17.75
— Coimar 25. .50 18.20 18.50 IS.OO
— iMuiliouse 23 50 17.25 17.80 18.50
Allemagne. Berlin - 22.50 16.85 » »
— Cologne 23.75 18.75
— Hambourg 21.35 16.10
Suisse. Genève 27 (0 » » 19.50
Italie. Turin 25.20 18.50 » 18.25
Espaqne. Valladolid 25.00 » » »
Autriche. Vienne ... 20.50 15.00 16.50 14.00
Hongrie. Budapeslh 20.75 15.25 17.25 13.25
Russie. Saint-Pétersbourg.. 20.25 14.75 » 12.00
Etats-Unis. ISew-York 21.65 » » »
lilès. — Le temps est toujours aussi défavorable pour les cultivateurs; la dou-
ceur de la température, combinée avec une humidité persistante, empêche la
reprise des travaux dans toutes les parties du pays. Suivant les régions, on estime
actuellement du tiers au quart les étendues qui n'ont pu être emblavées en l'roment.
Quant aux transactions sur les marchés, elles présentent beaucoup de calme; les
oft'res sont assez abondantes, et les prix se maintiennent sans changements aux
taux des semaines précédentes. La situation est la même dans toute l'Europe; c'est
d'ailleurs aussi celle que l'on constate en Amérique. Les prix, dans les principaux
λorts de ce pays, n'accusent que quelques fluctuations sans importance. — A
a halle de Pans., le mercredi 3 janvier, les affaires ont continué à être calmes;
lescouis se maintiennent aux taux des semaines précédentes. On paye de 2^fr. 50 à
26 fr. 50 par 100 kilog. suivant les qualités, comme précédemment. Sur le
marché des blés à livrer, on cote : courant du mois, 25 fr. 50 à 25 fr. 75; février,
25 fr. 50 à 25 fr. 75 ; mars-avril, 25 fr. 75 à 26 fr. ; quatre mois de mars, 26 fr. 25 ;
quatre mois de mai, 26 fr. 50 à 26 fr. 75. — Au Havre., les affaires sur les blés
d'Amérique sont toujours peu importantes; les prix se maintiennent sans chan-
gements : on paye de 25 fr. à 26 fr. 50 par 100 kilog. suivant les sortes. —
A Marseille, les prix sont fermes, mais les ventes sont calmes. Les arrivages
de la semaine ont été de 10 ',C00 quintaux; le stock est actuellement, dans les
docks, de 10^,000 quintaux. On paye par 100 kilog.: Red-winter, 27 fr. à
27 fr. 50 ; Pologne, 25 fr. 50 à 26 fr.; Burgas, 20 fr. 50; Bessarabie, 25 fr. 25 à
26 Ir. — A Londres., les importations de blés étrangers ont été de 123^000 quin-
taux depuis huit jours; les atfaires sont calmes, et les prix se soutiennent. Ou
cote de 24 fr. 45 à 26 fr. 80 par 100 kilog. suivant les qualités et les provenances.
Farines. — Les transactions sont toujours calmes sur toutes les sortes, et les
prix ne varient que duns de faibles proportions. Pour les farines de consommation,
on cotait à la halle de Paris, le mercredi H janvier : marque de Gorbed, 62 fr. ; mar-
ques de choix, 62 à 64 fr ; bonnes marques, 59 à 60 fr.; sortes ordinaires, 57 à 58 fr.;
le tout par s-ac de 159 kilog., toile à rendre, ou 157 kilog. net, ce qui correspond
aux prix extrêmes de 36 fr. 30 à 40 fr. 75 par 100 kilog., ou en moyenne 38 fr. 50 ;
c'est une baisse de 35 centimes ^ur le prix moyen du mercredi précédent. —
Pour les farines de spéculation, on cotait à Paris, le mercredi 3 janvier au soir :
farines neu/ -marques, courant du mois, 57 fr. 75; février, 57 fr. 50; mars et avril,
57 fr. 25 à 57 fr. 50; quatre mois de mars, 52 fr. 25 à 57 fr. 50; quatre mois de
mai, 57 fr. 75 à 58 fr.;le tout par sac de 159 kilog. toile perdueou 157 kilog. net.
— Pour les farines deuxièmes, les prix se maintiennent de 27 à 33 fr. par 100 kilog.,
et pour les gruaux, de 47 à 58 fr.
Seigles. — Les prix sont plus faibles; les affaires sont presque nulles. On cote
à la halle de Paris, 15 fr. 75 à 16 fr. par 100 kilog. Les farines de seigle sont vendues
de 24 à 26 fr. par quintal métrique.
Orges. — Il y a peu d'offres; les prix sont fermes pour les diverses qualités. On
paye à la halle de Paris, 17 fr. 50 à 20 fr. par 100 kilog. suivant les sortes. Les
escourgeons sont vendus aux cours de 17 fr. 50 à 18 fr. — A Londres, les importa-
tions d'orges ont été de 38,000 quintaux depuis huit jours. Les prix se maintien-
nent de 17 fr. 80 à 20 fr. 50 par quintal métrique.
DES DENRÉES AGRICOLES (6 JANVIER 1883). 37
Malts. — Les malts d'orges valent à Paris 27 à 32 fr. par 100 kilog.; ceux
d'escourgeon sont payés 27 à 31 fr.
Avoines. — Les cours sont difficilement soutenus. Les cours des avoines se
maintiennent, à Paris, de 17 à 19 fr. par 100 kilog., suivant poids, couleur et qua-
lité. — A Londres, les prix accusent aussi de la faiblesse; ils se fixent de
18 fr. 25 à 21 fr. 50 par quintal métrique,
Sarr^asin. — Les ventes sont très calmes; on paye à la halle de Paris, 16 fr. à
16fr. 25 par quintal métrique, suivant les qualités.
Maïs. — Les prix sont fermes dans les ports. On paye de 18 fr. 50 à 19 fr. par
100 kilog. pour les maïs d'Amérique.
Issues. — Prix soutenus. On cote à Paris : gros son seul, 13 fr. 75 à 14 fr.;
son trois cases, 12 fr. 75 à 13 fr. ; sons fins, 12 fr. à 12 fr. 50; recoupettes,
12 fa. 50 à 13 tr. ; remoulages 6w, 15 à 16 fr.; remoulages blancs, 17 à 18 fr.; le
tout par 100 kilog.
III. — Fruits et légumes
Fruits. — Dernier cours de k halle : poires, le cent, 5 fr. à 85 fr., le kilog.,
G fr. 30 à 0 fr. 45; pommes, le cent, 5 fr. à 100 fr. ; le kilog., 0 fr. 25 à
G fr. 50; raisins communs, le kilog., 1 à 7 fr.
Gros légumes. — On vend à la halle de Paris : betteraves, la manne, 0 fr. 30 à
I fr. 40; carottes communes, les 100 bottes, 14 à 24fr. ; d'hiver, l'hectolitre, 3 fr. à
5fr.; de chevaux, les 100 bottes, 10 à 17 fr.; choux communs, le cent, 4 à 15 fr.;
navets communs, les 100 bottes, 15 à 25 fr.; de Freneuse, 25 à35 fr. l'hectohtre,
3 fr. à 4 fr. ; oignons en grain, l'hectolitre, 8 à 14 fr. ; panais communs, les
100 bottes, 10 à 12 fr.; poireaux communs, les 10 ) bottes, 15 à 30 fr.
Pommes de terre. — Hollande communes, l'hectolitre, 10 à 12 fr. ; le quintal
14 fr. 28 à 17 fr. 14; jaunes communes, l'hectolitre, 8' à 10 fr. ; le quintal,
II Ir. 42 à 14 fr. 28.
Menus légumes. — On cote à la halle de Paris : ail, le paquet de 25 bottes,
3 fr. 50 à 4fr. 50; appétits, labolte, 0 fr. 10 à 0 fr. 20; barbe de capucin, la botte,
0 fr. 15 à 0 fr. 25; cardon, la botte, 2 fr. à 5 fr. ; céleri, la botte, 0 fr. 40 à
0 fr. 60; rave, la pièce, 0 fr. 15 à 0 fr. 20 ; cerfeuil, la botte, 0 fr. 30 à 0 fr. 45;
champignons, le kilog., 1 fr. à 1 fr 80 ; chicorée frisée, le cent, 9 à 15 fr.;
choux-fleurs de Bretagne, le cent, 40 à 65 fr. ; choux de Bruxelles, le litre, 0 fr. 30
à 0 fr. 40; ciboules, la botte, 0 fr. 10 à 0 fr. 20; cresson, la botte de 12
bottes, 1 fr 35 à 2 fr 05 ; échalottes, la botte, 0 fr. 30 à 0 fr. 40; épinards,
le paquet, 0 fr. 40 à 0 fr. 55; escarolle, le cent, 12 à 18 fr.; laitue, le cent,
6 à I 2 fr.; mâches, le kilog., 0 fr. 20 à 0 fr. 30; oseille, le paquet, 0 fr. 50 àO fr 75;
persil, la botte, 0 fr. 30 à 0 fr. kO\ pissenlits, le kilog., 0 25 à 0 70; potirons,
la pièce, 1 à 5 fr. ; pourpier, la botte, 0 Ir. 15 à 0 fr. 5i5 ; radis roses, la botte,
Ofr. 30 à 0 fr. rO; noirs, le cent 5 à 15 fr. ; romaine, la botte de 32 têtes, 5 à
7 fr. ; salsifis, la botte, 0 fr. 45 à 0 fr. 55 ; thym, la botte, 0 fr. 10 à 0 fr. 15.
IV. — Vins, spiritueux, vinaigres, cidres.
Vins. — Nous ne pouvons dire qu'une seule chose cette semaine ; c'est que les
aSaires sont toujours aussi calmes dans la plupart des centres vinicoles ; les
ventes sont peu importantes, et le commerce cherche toujours à obtenir une
baisse qui ne vient pas assez vite à son gré. Le ministère des finances vient de
faire connaître le résultat de ses évaluations sur la récolte de 1882 ; celle-ci atteint
le chiffre de 30,886,000 hectolitres; en 1881, l'évaluation était de 34,1^9,000 hec-
toHtres; en IS'^O, de 29,677,n00 hectolitres; en 1879, de 25,770,000 hectolitres.
La récolte, inférieure à celle de 1881, serait donc un peu supérieure à celle des
années 1880 et 187'.^. C'est une raison de plus pour que les prix se maintiennent.
— Voici les derniers cours de Bercy : Vins rouges : Basse-Buurgogne vieux, 175
à 200 fr. le muid; Blois nouveau, 130 à 140 fr. là pièce; Bordeaux, depuis 150 fr.
la pièce ; Gahors nouveau, 140 à 150 fr.; Cher vieux, 145 à 170 fr.; nouveau,
140 fr.; Chinon vieux, 190 à 210 fr.; Côtes-Ghâlonnaises vieux, 145 à 155 fr.;
Gaillac vieux, 180 fr.; nouveau, 125 fr.; Maçonnais et Beaujolais, 150 à 300 fr.;
Montagne vieux, 42 à 4^ fr., l'hectolitre; nouveau, 42 à 50 fr.; Narbonne vieux,
55àt0fr.; nouveau, 45 à 60 fr.; Orléans vieux, 130 à 140 fr. la pièce; nouveau,
130 à 140 fr.; Boussillon tieux, CO à 75 fr. l'hectolitre; nouveau, 48 à 68 fr.;
Selles, liO à 130 fr. la pièce. — Vins blancs : Anjou vieux, 140 à 170 fr. la pièce ;
Basse-Bourgogne vieux, 190 à -220 fr.; le muid; Bergerac vieux, 16 3 à 200 fr.,
la pièce; CliabHs vieux, 200 à 260 fr.; Entre-deux-mers vieux, 125 à 130 fr.;
Pouilly vieux, 200 à 330 fr.; Pouilly-Sancerre, 155 à 165 fr.; Sologne vieux, 110
38 REVUE GOMiMERCIALE ET PRIX COURANT
à 1 15 fr. : Youvray vieux, 190 à 225 fr.; nouveau, 150 à 200 (V. — Vins iirangers :
Italie vieux, 48 à 60 fr.; nouveau, 48 à fS l'r. l'hectolitre; Espagne vieux, 46 à
58 fr.; nouveau, ^6 à 58 fr.; Sicile vieux, 45 à 50 fr.; nouveau, 45 à 68 fr.
Spiriiuevx. — Les affaires sont toujours aussi calmes. Les ventes présentent,
pour toutes les denrées, très peu d'importance, et les prix ne présentent *{ue de
très faibles variations pour toutes les sortes d'alcools. Dans le Midi, on paye
suivant les marchés : Montpellier, 3/6 bon goût, 96 fr, l'hectolitre; marc, 90 tr.;
Béziers, 3/6 bon goût, 103 fr.; marc, 95 fr.; Celle, 3/6 bon goût, 105 fr. — Dans
le Nord, on paye à Lille, 48 l'r. par hectolitre pour le 3/6 betteraves. A Paris, le
stock était, au 3 janvier, de 16,900 pipes, contre 11,375 en 1882. On cote : 3/6 bet-
teraves, i'''' qualité, 90 degrés, l'hectolitre, disponible, 50 fr. 50 ; janvier, 50 fr. 25 à
50 l'r. 50 ; février, 50 fr. 75 à 51 fr.; mars et avril, 51 fr. 50 à 52 fr ; quatre mois
de mai, 53 fr. 25 à 53 fr. 50. — A Bordeaux, les tafias de la Martinique valent
72 à 80 fr.; et 95 à 1 15 fr. pour les qualités supérieures.
Haisins secs. — Les prix sont toujours très fermes. On paye à Getle : Gorinthe,
53 à 54 fr.; Thyras, 42 à 43 fr.; Sanaos muscats, 36 à 37 fr.; noirs, 42 à 4 5 fr. ;
Vourlas gros grains, 48 à 50 fr.; rouges, ^1 à ^4 fr ; figues d'EspagriH, 22 fr.
Vinaigres. — On cote à Orléans par hectolitre : vinaigre nouveau de vin nou-
veau, 40 à 42 fr.; vinaigre nouveau de vin vieux, 45 à 48 fr.; vinaigre vieux,
55 à 60 fr.
\I. — Sucres. — Mélasses. — Fécules. — • Glucoses. — Amidons. — Houblons.
Sucres. — Quoique les affaires soient assez calmes, les prix accusent plus de
fermeté pour les diverses sortes de sucres bruts. On cote à Paris : sucres bruts
88 degrés, 52 fr. 50 à 52 fr. 75 ; les 99 degrés, 59 fr. 50 ; sucres blancs, f-9 fr. 75
à 60 fr. ; à Lille, sucres bruts, 51 fr. 25 à 51 fr. 50; à Saint-Quentin, sucres
bruts, 51 fr. 50; sucres blancs, 58 fr. 50; à Yalenciennes ; sucres bruts,
51 fr. 25 à 51 fr. 50. Le stock de l'entrepôt réel des sucres était, au 3 janvier, à
Paris, de 713,000 sacs pour les sucres indigènes, avec une augrnentation ;de
92,000 sacs depuis huit jours. — Les prix sont toujours faibles pour les sucres
raffinés, qui valent 106 à 107 fr. par cent kilog. à la consommation, et 64 fr. 75
à 67 Ir. 25 pour l'exportation. Les transactions sur les sucres coloniaux accusent
toujours beaucoup de calme.
Mitasses. — Les prix varient peu. On paye à Paris, mélasses de fabrique :
12 ir. 25; de raffinerie, 14 fr. 50 par 100 kilog.
Fécules. — Maintien des anciens prix. On cot, les fécules premières par
100 kilog. : à Paris, 40 fr. ; à Gompiègne (Oise^, 39 fr.; à Epinal (Vosges),
42 fr.50 à 45 fr.
Glucoses. — Prix fermes. On cote par KO kilog.; sirop de froment, 56 à 57 fr.;
sirop massé, 47 à 48 f r ; sirop licjuide, 41 à 42 fr.
Amidons. — Les cours sont soutenus. On paye, à Paris, par 100 kilog. : amidon
de pur froment, 67 à 68 fr.; de province, 64 à 66 fr.; de maïs, 54 à 56 fr.
Houblons. — Les ventes sont peu importantes. Pour tous les marchés, les prix
accusent toujours beaucoup de fermeté, sans changement depuis huit jours.
VII. — Huiles et graines oléagineuses. — Tourteaux.
Huiles. — Les prix sont plus fermes depuis huit jours, en ce qui concerne les
huiles de colza. On cote à Paris par 100 kilog. : huiles de colza en tous fûts,
b5 fr. 25; entonnes, 87 fr. 25; épurée en tonnes, 95 fr. 25; lin en tous fûts,
59 fr. 75; en tonnes, 61 fr.' 75. — Les huiles de colza sont vendues sur les
marchés des départements : Rouen 85 fr. 50; Gaen, 81 fr. 50; Cambrai, 77 fr. ;
Arras, 86 fr.; on paye les autres sortes : œillette, 110 fr.; pavot à bouche, 72 fr. ;
lin, 61 fr. ; cameline, 76 fr. — Dans le Midi, la récolte des olives est médiocre ;
les atiaires sur les huiles sont. calmes, aux mêmes cours que précédemment.
Graines olèaginenses. — Les cours varient pau. Oa cote dans le Nord par hec-
tolitre : œillette, 26 à 28 fr. 25 ; cameline, 12 à 15 fr. ; lin, 15 fr. 50 à 18 fr. 50.
Tourlean.c. — Les prix sont toujours fermes. On paye à Arras, par 100 kilog. ;
tourteaux d'œillette, 18 fr. 25; de colza, 18 fr. 25; de lin, 23 fr. ; de cameline,
18 fr ; — à Rouen, tourteaux, de colza, I6 fr. 25 ; de lin, 20 fr.
VIII. — Matières résineuses, colorantes, tannantes.
Malières résineuses. — Les prix sont en baisse cette semaine. On paye à Dax,
86 fr. par 100 kilog. pour l'essence pure de térébentJiine.
VerJeis. — Les verdets marchands en boules ou en pains sont cotés dans le
Midi 130 à 140 fr. par 100 kilog.
DES DENRÉES AGRICOLES (6 JANVIER 1883). 39
Gaudes. — Maintien du «ours de 20 fr. par quintal métrique dans le Lan-
guedoc.
IX.— Textiles. — Bois.
Chanvres. — Maintien des prix. Les chanvres blancs valent, au Mans, 72 à 78 fr-
par 100 kiloo:., elles chanvres gris, 64 à 68 Cr.
Lins. — Dans le Pas-de-Calais, les lins de pays sont cotés 80 à 85 fr, par
100 kibg.
Bois. — A Toulouse, on paye les bois à brûler 19 à 21 fr. le stère suivant la
qualité.
X. — Suif? et corps gras.
Suifs. — Il y a hausse dans les prix. On cote à Paris, 101 fr. par 100 kilog. pour
les suifs purs de l'abat de la boucherie, et 75 fr. 75 pour les suifs en branches.
Saindoux. — Au Havre, les affaires sont calmes et les prix sont faibles, à 136 fr.
par 100 kilog. en moyenne pour les saindoux d'Amérique.
XL — Beurres. — Œufs. — Fromages.
Beurres. — Il a été vendu pendant la semaine, à la halle de Paris, 224,000 kilog.
de beurres. Au dernier marché, on cotait par kilog. : en demi-kiiog. , 2 fr. 'iO à
4 fr. 56; petits beurres, 1 fr. 86 à 3 fr. 32 ; Gournay, 2 fr. 20 à 4 fr. 58; Isigny,
2 fr. à 8 fr. 52.
Œufs. — On a vendu, depuis huit jours, à la halle de Paris. 4,735,995 œufs.
On paye par mille : choix, 135 fr. à 152 fr.; ordinaires, 83 à 103 fr.; petits, 50 fr.
à 70 fr.
Fromages. — Dernier cours de la halle de Paris : par douzaine. Brie, 12 fr. à
34 fr.; Montlhéry, 15 fr.; — par cent, Livarot, 45 à 107 fr.; Mont-Dor, 29 fr. à
35 fr.; Neufchâtel, 4 fr. 25 à 23 fr. 50; divers, 5 à 69 fr.; — par 100 kilog.,
©ruyère, 120 à 170 fr.
XII. — Chevaux, bétail, viande.
Chevaux. — Aux marchés des 27 et 30 décembre, à Paris, on comptait 651 che-
vaux. Sur ce nombre, 223 ont été vendus comme il suit :
Amenés. Vendns. Prli extrêmes.
Chevaux de cabriolet 194 35 200 à 800 fr.
— detrait 197 34 250 à 1,125
— hors d'âge 165 59 20 à 700
— à l'enchère 34 34 25 à 480
— de boucherie 61 61 20 à 80
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement ofliciel du marché aux
bestiaux de la Villette, du jeudi 28 décembre au mardi 2 janvier :
Poids Prix da kilog. da viande nette sur
^ Vendus moyen pied na marché do !"■ janvier.
Pour Pour En 4 quartiers, i" 2* 3* frlx
Amené*. Paris, l'extérieur, totalité. kil. quai. qaal. quai. moyen
Bœufs 4,707 2,960 1,484 4.444 351 i.74 1.58 î.34 1.52
Vaches 1,511 774 .')64 1,338 231 160 1.40 1.22 1.39
Taureaux 190 139 36 175 399 1.46 1.30 1 24 1.35
Veaux 2,7 5 1,857 742 2,59.) 75 2.30 2 16 1 90 2 05
Moutons 30,252 21,875 7,843 29,7l8 20 2.20 2.06 1.86 1.97
Porcs gras 6,253 2,083 3,705 5,788 79 1.32 1.26 1.20 1.26
— maigres. » » » » » » • » »
Les ventes ont été faciles pour toutes les sortes d'animaux. Les prix accusent
de la hausse pour toutes les catégories, principalement pour les bœufs et pour les
moutons. Sur les marchés des départements, on paye : Le Mans, bœuf, 1 tr. 55 à
1 fr. tb par kilog de viande nette sur pied; vaches, ] fr. 50 à 1 fr. 65; veaux,
1 fr. 90 à 1 l'r. 95; moutons, 1 fr. 95 à 2 fr. ; — Nantes, bœuf, 0 fr. 80 par kilog.
brutsur pied ; veaux, 1 fr. 15 ; moutou, l Ir. 05 ; — Orléans, bœuf, 0 fr. 65 à 0 fr.75 ;
vaches, 0 fr 63 à U tr. 71 ; veaux, 1 fr. 10 à 1 fr. 30; moutons, 0 fr. 77 à 0 fr. 95;
porcs, 0 80 à 0 fr. 90; — N^mcy, bœufs, 8^ à 94 fr. par 100 kilog ; vaches, -0 à
88 ir. ; veaux vivanis, 58 à 65 fr. ; moutons, 95 à 105 ir.; — Lyon, bœufs, 68 à
82 ir. ; veaux (pojds vif), 57 à 63 l'r. ; moutons, 75 à 95 fr. ; porcs (poids vif), 58 à
65 fr. — Bout gain, bœuf, 64 à 74 ir.; vaches, 56 à 66 fr.; veaux, 85 à 95 fr. ;
moulons, 85 à y5 tr.; porcs, 95 à 100 fr. — Nîmes, bœuls, 1 fr. 15 à 1 ir. 'i3;
taureaux, 1 fr. 10 ; vaches, U fr. 90 à 1 fr. 36 ; moutons, 1 fr. 80 à 1 fr. 88 ; brebis,
1 fr. '^5 à 1 fr. 67 ; agneaux, 0 fr. 80 à 1 ir. 05 ; veaux (poids vif), 0 fr. 90 à i fr.
A Londres, les importations d'animaux étrangers durant la semaine dernière
se sont composées de 4,894 tôles, dont 37 veaux et 472 moutons venant
d'Amsterdam; 1,094 moutons d'Anvers; 20 bœufs de Boulogne; 1,331 moutons
40 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT (6 JANVIER 18^3).
de Brème; 57 bœufs et 17 moutons de Gothembourg; 502 moutons d'Hambourg;
2 bœufs, 18 veaux et 146 moutons d'Harlingen; 22 bœufs du Havre; i 15 bœufs
et 200 moutons de New-York; 20 bœufs, 701 moutons et 40 veaux, de Rotter-
dam. Prix du kilog. : bœuf, qualité inférieure, 1 fr. 52 à 1 fr. 75; 2% 1 fr. 75 à
1 fr. 93 ; l"', 2 fr. 05 à 2 fr. 16. — Veau, 2% 1 fr. 99 à 2 fr. 22; 1'% 2 fr. 28 à
2 fr. 40. — Moutoit, qualité inférieure, 2 fr. 28 à 2 Ir. 45; 2% 2 tr. 45 à 2 fr. 63;
V% 2 fr. 69 à 2 fr. 86. — Porc, 2", 1 fr. ;-5 à 1 fr. 4o; l", 1 fr. 46 à 1 fr. 68.
Viande à la criée. — Il a été vendu à la halle de Paris du 25 au 31 décembre ;
Prix du kilog. le 1er Janvier.
kilog. 1"> quai. 2* qaal. 3» quai. Choix. Basse Boucherie.
Bœuf OU vache.. 168,199 1.50àl.86 1.2Sàl.48 0.86àl.26 1.70à!.90 0.20 à 1.00
Veau 166,950 1.98 2.30 1.76 1.96 1.46 1.74 1.60 2.o6 •
Mouton 47,203 1.56 1.92 1.34 1.54 0.96 1.32 I..56 3.46 »
Porc 54,402 . Porc frais 1.16 à 1.30; salé, 1.50
43^,754 Soltparjour 62,251 kilog;.
Les ventes ont été inférieures de -2,000 kilog. par jour à celles de la semaine
précédente. Tous les cours sont eans variations.
XIII. — Cours de la viande à Vabattoir de la Villelte du 4 janvier [par 50 kilog.)
Court de la charcuterie. — On vend à la Viiletib par 50 kilog. : l" L)uali é
67 à 70 fr.; 2% 60 à 65 fr.; poids vil, 48 à 52 fr.
Boeafs. Veaaz. Moutoas.
1» J. J. i'. J. $• !'• 1* î»
qaal. qaal. qaaî gual. quai. qaal. qaal. quai. qaaL
fr. fr. Ir. fr. fr. fr. fr. fr. fr.
80 72 65 no 105 98 94 88 83
XIV. — Marché aux bestiaux de la Villvlte du jeudi 4 janvier.
Court des coiumissioLnaires
Poids Cours officiels. ea bestiaux.
Animaux général. 1" 2» 3* Prix 1" 2' S" fris
amenés. Invendus. kiI quai. quai. quai, extrême». quai. quai. quai. extrêmes.
Bœufs -iiSi 8 350 i 76 l.6> 1.40 1.3i3àl.80 1.74 i 6n 1.3S t 34 .78
Vaches 655 12 235 ' 64 1.44 l 26 I 20 l.i.S 1.02 i 42 i.2i 1.18 1.64
Taureaux... 101 » 392 (.50 « 34 (.28 1 24 1.54 1.48 1.32 l.2(i 1.22 1.52
Veaux 1.240 75 00 ' 2.33 2 16 1.86 1.63 2.50 » » . i
Moutons 18.891 210 19 2. 20 2 00 1 81) t 7- i 24 • • . »
Porcs gras.. 4.862 175 79 i 3; 1.20 1.20 I.IO 1.36 » » » »
— maigres.. • » «»»• d» • i»»
Vente très active sur toutes les espèces.
XV. — Résumé.
Maintien des cours sur le plus grand nombre des denrées agricoles, tel est le
bilan de la semaine. A. Remy.
BULLETIN FINANCIER.
Après bien des fluctuations nous trouvons nos fonds publics en amélioration :
le 3 0/(1 gagne 0,10 à 79,60, le 5 0/0 à 1 5,30 gagne 0,20. Fermeté à nos Sociétés
de crédit, bonne tenue de nos cbemins de fer.
Cours de la Beurse du 27 décembre 1882 au 3 janvier 1883 [au comptant] .
Principales valeurs françaises :
Plus Plus Dernier
'las haut cours.
Rente 3 0/0 79 40 79.00 79 60
Rente 3 O/o amortis «o i<5 iti.oo 30.611
Rente 4 1/2 0/0 108 75 H9.50 109. 60
Rente 5 0/0 115.30 114.85 tl5.30
Banque de France s320.oi' 535i'.oo s 35'. 00
Comptoir d'escompte 995. ('O 1000 00 995.' n
Société générale 585.00 590 00 59000
Crédit foncier «325 00 1 345. 00 i34o 00
Est Actions d* 720.00 727.50 727.50
Midi d' 1165 00 1181.25 1175.00
Nord d* 1885.00 I9i5 00 (910. 00
Orléans d* lîto.oo lioi 25 1261.00
Onest 771.25 775 ou 775 00
paris-Lyon-Méditerranée d* lS70.iO 1580. 00 ! 575. no
Paria 1871 obi. 400 3 0/0.. 395.5') 398.00 396.0.'
Italien 5 0/0 ■ 89.30 sa. 75 89.55
Le Gérant : A. BOUCHÉ.
, Valeurs diverses :
Plus Plus
.is. haut.
Créd. fonc. obi. 50o 4 O/o 502 50 507. 00
do do do d' 3 0/0. 531) 00 545.00
d* obi. G" 500 3 0/0 435.00 445.0"
Bque de Paris acl. 500... dSD.OO 1075. ou
Créditind. et coin. 500... 690.00 097.56
Dépôts et cptes cts. boo... TiiO.Oo Too.io
Crédit lyonnais d*... 5-5.00 567 bo
Créd. mobilier 370.00 380 ( 0
Cie parisienne du gaz 250 lf.5:.D0 (.=.65.01.)
Cie genér. transall 500 «.12.50 44'. 50
Messag. maritimes d° 715.0" 725. uo
Canal de Suez d» 22.10. to 232m. 00
d* délégation d» i?7u.oo 1280 no
d° obli. 5 0/0 d» 550 00 552.50
Créd. fonc. Autrich 500 767.50 77" 00
Ciéd. mob. Espagnol 292 50 c03 00
Créd. fonc. Russe 361.25 375.50
LfiTEKRlER.
Dernier
cours.
504. eo
530.00
445.00
1057.50
690.00
70U.OO
560.00
375.09
1565.00
412.50
725.08
3310. CO
1280.50
550.00
770.00
303.75
361. 2&
CHRONIQUE AGRICOLE (13 janvier i883).
Mort du général Chanzy. — Le projet de loi sur le régime des eaux devant le Sénat. — Analyse
du proiet de loi de M. Cuvinot. — La question de la propriété et de l'usage des eaux courantes.
— Uécoralions dans la L'gion d'iionneur décernées sur le raiiport de M. le minisire de l'agricul-
ture. — Nominalion de M. Fua (de l'adoue) Cimme chevalierdo Iv Lé/ion d'honneur. — Nécro-
logie. Mort de M. Pagézy et de M Ciert. — Publication, par le minislcre des finances, des
résultats de la production dos vins et des cidres en 1S8'2. — Comparaison avec les années préié-
denles. — Tableau de la production par départements. — Cloncours pour la numination d'un
adjoint à rinspeclioa générale de l'agriculture en Algérie. — Relevé des déclarations faites pour
les concours généraux agricoles de Paris. — Le prochain congrès de raécani jue agricole. —
Réunion annuelle de la Soçii'té d encouragement à l'agriculture.— Date de la réunion delà
Commission supérieure du phylloxéra. — Le commerce des produit-^ horticoles en Belgique. —
Autorisation de la culture des vignes américaines dans divers arrondisse. nents. — Les blés de
printemps. —Lettre de Mme Madet. — Prochaine exposition d'horticulture à Paris. — Les
récoltes et le commerce des céréales aux Etats-Unis d'Amérique. — Commerce des fruits dans
le Delaware. — Suppression de divers droits d'octroi à Paris. — La récolte et le commerce des
lioublons dans les pr.ncipaux pays producteurs. — Nouvelles de l'élo.t des récoltes en terre. —
Contiuuatio'n de rhumidité.
I. — Le général Chanzy.
L'amour de la patrie est le sentiment le plus élevé qu'éprouvent les
agriculteurs; ils ont mille fuis donné des preuves qu'ils mettent la
France avant eux-mêmes, avant leur famille et leurs biens. Aussi la
mort imprévue du général Chanzy, rendu populaire par la défense
héroïque faite, en 1870, contre les Allemands sur les bords de la
Loire, a-t-elle excité dans toutes les fermes une profonde douleur. Le
général Chanzy était des Ardennes ; il avait fait ses études au lycéede
Metz. Sa disparition est un deuil particulièrement cruel pour ceux qui
tiennent, par leur naissance et par leur famille, à l'Alsace-Lorraine.
IL — Le régime des eaux.
On sait que le gouvernement a présenté au Sénat, le 24 janvier
1880, un projet de loi complet sur le régime des eaux. Le rapport de
la Commission chargée de l'examiner vient d'être déposé; il est rédigé
par M. Cuvinot. La Commission propose plusieurs modifications au
projet primitif, et notamment de diviser le projet de loi en six titres :
1 " eaux pluviales et sources ; 2" cours d'eau non navigables ni flottables ;
3" rivières flottables à bûches perdues; 4° fleuves et rivières navigables
et flottables; 5" eaux utiles; 6" eaux nuisibles. Le rapport que nous
avons sous les yeux, ne se rapporte qu'aux quatre premiers titres, qui
ont plus spécialement pour objet les dispositions législatives réglant
la propriété et l'usage des eaux, et déterminant les droits et les obliga-
tions des particuliers et de l'Etat dans toutes les questions qui se rap-
portent à leur écoulement. Les principes sur lesquels s appuie le
rapporteur sont les suivants : les eaux courantes échappent à toute
occupation individuelle, et elles ne comportent que des droits d'usage
dont l'intérêt public doit marquer la limite; c'ebt à l'administration
qu'il appartient de veiller au libre écoulement des eaux et de prescrire des
mesures pour quela transmission s'en opère avec régularité et sans dom-
mage pour les propriétés riveraines. Quant aux eaux des cours d'eau
navigables et flottables, elles n'appartiennent à personne; elles sont à
la disposition de l'autorité administrative, et l'Etat peut les détourner,
en modiher le cours ou le volume sans être tenu d'indemniser les
usagers. Ence qui concerne l'agriculture, ajoute M. Cuvinot, l'initiative
du gouvernement peut s'exercer fréquemment dans les questions ayant
pour objet l'utilisation des eaux. « Sur les rivières navigables et flot-
tables, dit-il, l'administration a des droits absolus qu'elle peut mettre à
profit pour créer des dérivations, de grands canaux d'arrosage, et porter
N" 718.— Tome I" de 1883. — 13 Janvier.
42 CHRONIQUE AGRICOLE (13 JANVIER 1883).
la fécondité dans les régions les plus arides. Ces mêmes canaux,
employés à la submersion des vignes, préviendront les ravages du
phylloxéra ou les feront disparaître. » L'esprit dans lequel le rapport
est rédigé, peut être considéré comme absolument favorable aux
intérêts agricoles ; il faut souhaiter qu'une solution soit enfin donnée
à tous les grands problèmes que cette importante et vaste question
comporte.
III. — Décorations pour services rendus à f agriculture.
Le Journal officiel du 5 janvier publie la liste des décorations dans
la Légion d'honneur données à l'occasion du l^"" janvier, sur la pro-
position de M. le ministre de l'agriculture. Nous approuvons complè-
tement les choix qui ont été faits, tout en regrettant encore qu'une
plus grande part ne soit pas faite à l'agriculture dans ces distinctions.
Ont été nommés chevaliers de la Légion d'honneur :
MM. André (Jean-Joseph-Hippolyt '), conducteur principal des ponts et
chaussées à Gap; a collaboré avec succès à des travaux difficiles, et notamment
à l'exécution des canaux d'irrigation des Haulcs-Alpes; 36 années de services; —
Lamur (Auguste-Jpan-Louis), agriculteur à Oran; a puissamment contribué au
progrès de l'agriculture dans la province d'Oran, de nombreuses récompenses lui
ont été décernées aux expositions de Paris, Vienne, Lyon et Philadelphie, lauréat de
la prime d'honneur au concours régional d'Oran en 18H0 et proposé à cette occa-
sion par le jury pour une récompense exceptionnelle; 27 ans de services; —
L"EGOux-LoNGPRÉ, propriétalre-élevGur à Gaen (Calvados), membre du conseil
supérieur de l'agriculture (section hippique); a contribué à la création de plu-
sieurs sociétés de courses, s'est dévoué pendant plus de 20 ans à la cause de l'in-
dustrie chevaline; — Le?ouef, conseiller généralà Yvetot, président delà Socété
centrale d'agriculture do la Seine-Inférieure et de la Société des courses de
Rouen, membre de la chambre consultative d'agriculture de l'arrondissement de
Rouen ; plus de 20 ans de services agricoles; — Madin, conservateur des forêts,
en retraite; 35 ans de services dans l'administration des forêts ; — Simon-LegrzVND,
agriculteur à Auchy (Nord); dirige une exploitation agricole importante, a puis-
samment contribué au développement de la culture de la betterave et de la fabri-
cation du sucre, a obtenu de nombreuses récompenses dans divers concours
agricoles et à l'Exposition universelle de Paris; 28 ans de services agricoles; —
Toussaint, professeur de physiologie à l'école vétérinaire de Toulouse; travaux
importants sur les maladies contagieuses, pour lesquels l'Académie des sciences
et l'Académie de médecine lui ont décerné plusieurs prix. Services exceptionnels.
Nous devons ajouter que M. Georges Lesueur, vice-président du
Conseil général de Constantine, qui a été nommé chevalier de la
Légion d'honneur sur la proposition du ministre de l'intérieur, a
puissamment contribué au développement de la culture de la vigne en
Algérie. Il est, avec M. Lamur, un des plus intelligents colons, dont
notre colonie s'honore. M. Lesouef dirige avec une grande habileté les
travaux de la Société d'agriculture de la Seine-lnferieure qui exerce
une grande action sur le progrès agricole en Normandie. M. Simon-
Legrand se dévoue, avec ardeur et succès^ à l'amélioration de la
culture de la betterave à sucre. Nos lecteurs connaissent les impor-
tantes recherches de M. Toussaint, qui est un des plus brillants élèves
de M. Pasieur.
Enfin, nous apprenons que IM. Fua (de Padoue) vient d'être nommé
chevalier de la Légion d'honneur. Depuis plus de quarante années qu'il
s'est fixé en France, M. Fua s'est adonné à l'étude des questions agri-
coles ; on lui doit particulièrement des expériences intéressantes sur
le maïs et sa culture dans les régions septentrionales de la France.
CHRONIQUE AGRICOLE (13 JANVIER 1883). 43
IV. — Nécrologie.
Nous avons le vif regret d'annoncer la mort de M. D.ivid-Jules Pa-
gézy, ancien sénateur et président de l'Académie des sciences et lettres
de Montpellier, décédé le 31 décembre dans sa quatre- vinjL^t-uaième
année. M. Pagézy aimait avec passion les choses de Tagriculturc, et il
avait consacré une grande ardeur à l'étude du problème de la reconsti-
tution des vignes détruites parle phylloxéra. Ses plantations de vignes
américaines comptent au nombre de celles qui sont le plus souvent
citées au double point de vue du succès de la culture et de la greffe.
M. Glert, constructeur à Niort (Deux-Sèvres), vient de mourir à
l'âge de cinquante-cinq ans seulement. 11 s'est spécialement consacré
à la fabrication des tarares et des trieurs, dans laquelle il a remporté de
nombreux succès.
V. — Production des vins et des cidres en 1882.
Le Bulletin de statistique et de législation comparée, publié par le
ministère des finances, vient de publier le tableau de la production des
vins et des cidres en France en 1882, d'après les documents réunis
par l'administration des contributions indirectes. Ce tableau est accom-
pagné de commentaires que nous devons mettre sous les yeux de nos
lecteurs; car ils résument, à la fois, les principaux faits que le com-
merce des vins et leur production ont mis en lumière. Il en résulte,
ainsi que nous l'avons dit plusieurs lois, que l'année 1882 peut être
classée au nombre des mauvaises années, au point de vue de la pro-
duction vinicole; toutefois, elle a donné des résultats supérieurs à
ceux des années 1879 et 1880. Quant aux cidres, les résultats sont
également mauvais.
En ce qui concerne la production et le commerce des vins, le Bul-
letin de statistique présente les observations suivantes :
La production des vins, qui s'était un peu relevée en 1881 (34 millions d'hec-
tolitres au heu de 2) miilioiis produits en 1880), s'est abaissée en 1882 au chiffre
de 3u,886,':S52 hectoUtres. C'est une diirérence en moins de 3,252,363 hecto-
litres sur l'année correspondante, et de 16,054,830 sur la moyenne des dix der-
nières années.
Depuis que le phylloxéra a fait son apparition en France, le chiffre de la récolte
varie chaque année entre 25 millions et 35 raillions d'hectolitres. Il y a loin de là
à la production moyenne des périodes précédentes (50 millions d'hectolitres pour
la période 1860-1869 et 54 miUions pour la période 1870-1878). Mais faut-il
croire la production nationale condamnée à ne plus dépasser le niveau aui|uelelle
est tombée? Ce serait oublier qu'elle a déjà eu à subir dans le passé des épreuves
tout aussi difficiles et qu'elle en est sortie victorieuse. De 18'3 à 1856, lors de la
première invasion de l'oïdium, les récoltes se sont abaissées à 22, 21, 15 et même
10 millions d'hectolitres, et cependant le chiffre de la production s'est successi-
vement relevé pour atteindre, en 1875, le maximum jusqu'alors inconnu de 83 mil-
lions d'hectolitres. Il ne faut pas perdre de vue, d'ailleurs, que, par une coïnci-
dence malheureuse, des conditions climatériques déplorables ont, depuis plusieurs
années, amené parallèlement avec le phylloxéra les funestes etlets dont s'est res-
sentie la viticulture. Viennent des années de température normale et, avec les
efforts déjà très appréciables tentés par les viticulteurs pour remplacer les plants
infest''s do phylloxéra par des ceps sur lesquels le paras'te destructeur n'exerce
aucune action, on peut espérer le retour de récoltes sufllsantes pour alimenter la
consommation, sans que l'on ait besoin de recourir, dans de fortes proportions,
aux fabrications industrielles ou aux importations étrangères.
Cette année, plus encore que précédemment, les résultats propres à chaque
département semblent démontrer que la persistance du mauvais temps a été l'une
des principales causes du mal. C'est, en effet, dans les régions du Centre, de l'Est
44 CHRONIQUE AGRICOLE (13 JANVIER 1883\
et de l'Ouest, où les froids survenus au coramencerrient de juin et les pluies conti-
nuelles ont entravé la floraison de la vigno, et nui au développement et à la matu-
rité du grain, que les espérances provo(}uées au début par la belle ap['arence des
vignobles ont été le plus particulièrement déçues. La perte est surtout sensible
dans les départements suivants : Vosges, t'O pour 100; Charente, 58 pour 100;
Loire-Inlérieure, t7 pour 100; Indre-et-Loire, 55 pour 100; Loir-et-Cher,
54 pour lOû; Vendée, 54 pour 100; Marne, 52 pour 100; Maine-et-Loire,
49 pour 100; Nièvre, 45 pour 100; Vienne, :- 0 pour 100; Deux-Sèvres, 36 pour 100;
Gôte-d'Or, 34 pour 100.
Au contraire, dans le Midi, où la saison d'été s'est accomplie dans de bonnes
conditions, les résultats ont été généralement satisfaisants. Ainsi, on remarque
des améliorations notables dans l'Ariège, l'Aude, l'Aveyron, la Corrcze, le Gard,
la Haute-Garonne, le Jura, les Hautes et Basses-Pyrénées, le Tarn, Tarn-et-
Garonne etVaucluse. Si des diminutions apparaissent dans quelques départements
méiidionaux et notamment dans les Pyiénées-Orientales, l'Hérault, l'Ardèche,
la Dordogne et la Gironde, cela tient surtout à ce que les propriétaires n'ont pas
encore reconstitué leurs vignobles en partie détruits par le phyJloxea On a bien
cherché, là comme ailleurs, à acclimater les vignes d'Amérique, mais les planta-
tions n'y ont encore été pratiquées qu'à litre d'essai et les résultats ne pourront
être défmitifs qu'après que l'expérience aura permis de placer les ceps étrangers
dans les terrains qui leur conviennent 1\ résulte des tentatives déjà faites que les
ceps d'Amérique doivent être utilisés moins comme producteurs directs du raisin
que comme plants, sur lesquels peuvent être greffés avec succès les divers cépages
cultivés en France. Dans ces conditions, les viticulteurs ne doivent opérer qu'avec
une extrême prudence et la reconstitution des vignobles ne peut s'effectuer qu'avec
beaucoup de lenteur.
Pour l'ensemble de la France, le travail de réparation s'est cependant déjà
affirmé. La superficie des terrains livrés à la culture de la vigne en 1882 présente,
sur 18H1, une augmentation de 35,426 hectares.
Malheureusement les influences atraosphéiiques n'ont pas seulement diminué
le rendement, elles ont en outre nui à la qualité des vins. Aussi, malgré la dimi-
nution des quantités récoltées, le prix de vente chez le propriétaire a-t-il généra-
lement baissé.
Le tableau ci-après indique le mouvement de la production, de l'importation et
de l'exportation des vins depuis 1872 : '
NOMBRE
d'hectares Vins de toutes sortes.
Années. Tii^ntpa ' ■■ : '
pirtim-s Produc'ion. linportation. Kxuoitation.
en vignes. ' '
hectolitres hectolitres hectolitres
187-2 2,373,139 r^O , 1 5.5 , OCO .518,000 3,430,000
1873 2,380,846 35,716,000 654 000 3,!)81,000
1874 2,^46,862 63,146,000 681,000 3,232,000
1875 2,421,247 83,836,000 292,000 3,731,000
187C) 2,3f,9,83l 41,847.000 676,000 3,331,000
1877 2,346,497 .56,405.000 707,000 3,10-i,00i)
1878 2,295,989 48,7^0,000 l,603,OnO 2,795,000
1879 2.241,477 25,770.000 2,938,000 3,047.000
1880 2,-^04,459 29,667,000 7,219,000 2,488.000
1881 2,099.723 34,139,000 7,836^ 2,590.000
Moyenne 2,318,037 46,941 ,000 ~T, Tl'î , OoO 3,173,000
1882 (11 mois) 2,135,349 30,886,000 0,541,000 2,398,000
On voit que le commerce a dû continuer à recourir à l'importation pour com-
Ller le déficit de la production indigène. C'est encore l'Espagne qui a fourni le
plus large appoint (.o,413,C00 hectolitres en onze mois).
De nouvelles ressources ont encore été demandées par les récoltants eux-mêmes
à l'addition d'eau sucrée sur les marcs et par l'industrie à la fabrication des vins de
raisins secs. Elles ont donné un rendement à peu près égal à celui de l'année der-
nière, c'est-à-dire 4,200,000 hectolitres environ, savoir : 1,700,000 hectolitres
pour les vins obtenus par addition d'eau sucrée, et 2,500,000 hectolitres pour
les vins de raisins secs.
Voici le tableau, par départements, des résultats des vendanges,
en 1881 et en 1882:
CHRONIQUE AGRICOLE
Noms Hectares en Année J88-.'
des départements. vignes
. . "~ — hectol.
A'" 18,010 3.i;i,60a
i^'^ne- 3,911 76,237
A''e'--;; 15,933 197,237
Alpes (liasses-) 8,534 ()1 ,(;G7
Alpes (Ihuiles )...... 5,r,4() 7r) 5'i3
Alpes-MaruiiiR's. 14,050 G8'99S
Ardeche 18,691 61 ,'932
Ai'deniics 1,020 13'l45
A''V''S'-: 16,545 12,T,'680
^"'f' 20,154 350,347
Ai'dc 131,999 4,981,201
^^*^-!""--- ■■•,•, ^^r550 368,672
boiiclies-(lu-Rli,iae ... y. ,439 101961
J^f"^=''- 353 9,'330
^'''"■'^"^'■■, 67,577 2'i6,961
Lliarente {merioiire.. . 10'J,424 1 477 251
î^'^*^'", 15.677 'l82',367
^?'''''f^;- 16,607 139,138
^"l'2-'^<J'' 34,091 668,906
î;'"^"^'^ 16 70
^^^■^0'^^^^ 81,424 155,813
^oab^-- ■■■■■ 7,211 43,353
^'•'^'"e 15,070 63 244
p"''*^--,:--. 510 l,r,82
Lure-el-Loir 1,859 U 97')
^»''^ ••••;, 17,409 378!522
Garonne (ilaiite-) .. . 66,386 1,051 613
^^"^^ , 133,227 1,475',360
[;""Of'te 141,420 1,114,932
iî^''^','f .■■ ^^'^'"^ 3,199,819
llle-et-\ilaine 57 290
î"^i'"^- ,•;-. 23,914 177,815
Inclre-el-Loue 51,018 435, ''68
'f'''"C 33,603 423 250
J^"=»; 19,677 18i),134
^^."'''■^■„• ••• 28,657 263,682
Loir-el-Llier 30,809 412,766
'»"''^-;- •;•: 13,233 228,615
Loire (Haute-)....... g, 204 77,623
Loire-Inferieure 33,430 513,577
,Lo'''«^- 30.981 394,134
L° •.•;, 49,331 213,448
Lol-el-baronne 65,165 444 900
Ifr'-'^W: ',043 li;.w.
Maine et-Loire 4-1 86-^ 32 1 '2 1 2
îl'^''"*^ ;;,•••••. l'5;35B 320;8',4
iMa-iie (IhiulcS 16,118 300 :-.67
Mayenne 217 854
iMeui-lhc-el-Moselle... 16,588 408 6^*8
}^^"f^;-- l'2,r^8 2i3',626
^'!^,'''J''"" 1,004 11. OU
^."-'^'•'^ ••• 11,23'i l.!3.029
'J'se l^■JQ 2 1^^
Puy-de-Dôme 3118G1 9Ûo','i48
Iyi-enees{l>asscs-)... 22.592 176,331
Pyrénées filantes-)... 1,3,304 302,056
Pyrenees-Onentales.. 76,030 1,430 465
^'\°»eVn 37,346 45(i 125
feaone (Haute-)..,... n o^o II7 l'-)
baone-el-Leu-e 42,941 bh:i[^è^
g^'^'"^'!'^ «,129 48,837
havoio. 1-2 ;i7^ 2(,6,i26
Savoie (Haute-) S.S'.S 144 955
^t'r'' •,-,,■ 797 26,'ili
Seinc-et-Marne 9,]r,8 128.955
Seineel-Oi.se 7,804 144,031
Sevrés (Ueu'c-) I9.88I l'9 9')6
P;;''--;X 47,919 923,' 466
lain-et--(,aroiine 41,015 .528,864
,v;j'"--, 45,122 367. Oi7
;:»"7"^'' 9.995 Km, 277
Vendée....- IG j<,9 228,962
;,!<^nn'^ 43,963 697 339
Vienne (Haute-) 2;o47 .5,850
v'n"^* 4,873 78,709
^°"»« 36.9.50 695.292
'^'otaux 2a35,.j4y 30,886,352 3
(13 JANVIER 1883).
Année )88l Augmentation Diminution
Iicctol.
236 ,.588
144,221
144,600
51,925
75,728
61 ,562
7 '4, 720
29,716
06,955
495,770
4,794,620
185,470
7^,874
4,715
574,2.30
1,706,729
317,977
9 > 505
8(30,744
54
242,22.5
39,817
51,810
10,397
27,895
298,900
421,147
670,899
1,276,000
3,792,980
952
245,145
976.423
371.752
103.889
166,492
1,135,599
12 '1,6.55
32,522
1 174,713
663,952
205 ,254
357,000
4,973
6i6,470
664,870
369,223
975
751.262
331,976
4 3,699
241,188
4,415
593,293
119,205
92,794
1,752,000
403,228
113,353
5 ■< 0,436
9 '1.068
198,5;>0
153.8S')
23,784
219, .507
205,064
2.i2,5'i9
439.6 0
219,271
305,332
59,272
497,956
1,158,440
12,795
196,064
1,131,060
hectol.
tiectoi.
117,012
n
»
67,984
52,637
1
9,742
»
8(J5
' r>
7,436 •
»
»
12,788
a
16,571
28,725'
»
I
145,423
186,581
183,202
„
27,087
,
4,615
„
75,633
»
3,. 536
11,434
79,562
630,466
804,461
51,498
76,245
97,190
103,960
45,101
8,194
87,900
6,533
306,9.5-5
57,126
209,262
.52 ,807
3,769
13,532
7,606
2,527
483,826
309,. 593
61,695
47.005
327,269
229,478
135,610
291,8.38
86,412
8,715
13,923
161,068
593,161
662
67,330
541,155
722,833
661,136
269,818
315,258
344,026
68,856
121
342,664
78,300
35 , 680
108,159
1,267
321,. 535
»
45,231
8,905
90,552
61,033
72,553
268.914
461,101
6,945
117,355
435.768
45
innée movenne
11» Wi i'uH
liectol.
370,490
87,. 592
207,524
72,632
81,262
56,902
154,054
24,922
97,146
481,486
3,323,004
341,454
170,901
7,737
2,321.983
4,0.50,504
268 ,002
18}, 164
910,352
89
751,772
165,515
127,408
11.401
29.087
779,845
721 , 93
1,244,305
2,662.029
8,178,368
* 742
247,960
931;, 656
448,8,50
310,758
351,665
860,896
249,574
66,398
1,172,627
561,525
345,930
946,102
7,696
565,137
432,036
450,566
1,088
629,244
337,069
29,432
197,631
5,441
756,486
158,742
174,444
1,318.165
760,. 501
289,678
1,016,233
91,434
182,1.50
136.957
26,514
208,824
193,012
279,0.54
645, 6 •?6
287,741
723,93.5
62 .204
443,342
1,036,077
18,214
148,940
941,453
1,138,715 4, -285^164^ 7, .537, 527 46,941,182
Diniiaulion 3, 25-', 363
46 CHRONIQUE AGRICOLE (13 lANVIER 1883).
En ce qui concerne la production des cidres, le bulletin de statis-
tique donne le tableau suivant :
Départements Année 1882 Année 1881 Augmentation Diminution ^em^Tm?*
— hectol. hectol. hectol. hectol. huclol.
Ain 950 7fi5 185 » 1,071
Aisne 65,334 125,9ôl » GO, 617 218,075
Allier 12,638 3,450 9,188 » 4.105
Ardennes 21,012 52,817 » 31,805 74,621
Aube 15,275 14,660 615 » 26/228
Aveyron 25,763 5,902 19,867 .. 10,277
Calvados 1,035,319 1,961,654 » 926,335 1,255,561
Canlal 3,694 1,328 2,366 .. 1,234
Charente 9,2i0 8'20 8,390 » 960
Cher 19,112 12,877 6,235 » 11,162
Corrîze 64,139 4,257 59,882 » 9,472
CÔtes-du-Nord 696,942 1,352,430 » 655,488 093,505
Creuse 8,575 4,196 4,379 » 4,116
Dordogne. 3,932 1,386 2,546 » 391
Drôme 125 » 125
Eure 386,043 855,157 » 469,114 636,802
Eure-et-Loir 46,720 248,155 » 201,435 121,098
Finistère 47,679 369.045 » 321,366 96,382
IlIe-et-Vilainc 1,784,803 3,767,055 » 1,982,252 1,992,107
Indre 30,296 5 763 24,533 » 4,911
Indre-et-Loire 15,019 4,167 10,8.52 » 5,138
Isère..... 375 65 310 » -392
Loir-et-Glier 38,372 44,608 .. 6,236 15,463
Loire 23 157 » 134 182
Loire (Haute-) 60 57 3 » 59
Loire-Inférieure... 314,983 241,015 73,968 » 182,499
Loiret, 23,400 14,165 9,235 » 14,165
Lot 4,760 4,4n0 360 » 4,148
Maine-et-Loire 62,6.30 10,830 51,800 >> ' 74,879
Manche 688,575 1,3^2,147 » 633,572 1,344,901
Marne 11, .508 31,807 » 20,299 17,064
Marne (Haute-) 40 '200 » 160 128
Mayenne 810, .520 953,690 » 143,170 410,771
Meuse 199 418 « 219 811
Morbihan 587,573 1,145,335 » 557,762 674,328
Nièv.e 5,595 7,589 » 2,994 4,717
Nord 1,202 1,765 » 563 12,127
Oise 147,694 302,925 » 155,231 396,656
Orne 436,573 1,738,940 » 1,302,367 1,179,681
Pas-de-Calais 13,406 56,335 » 42,929 43,063
Puy-de-Dôme 13,883 155 13,728 » 2,917
Pyrénées (IJass ) 8,665 2,909 5,756 » 3,819
Saône (Haute-) 766 712 54 » 622
Sarthe 323,580 475,968 » 1.52,388 266,751
Savoie 3,842 1,941 1,901 » 3,215
Savoie (Haute-) 20,752 29,975 « 9,223 36,634
Seine 205 295 » 90 401
Seine-Inférieure 728,920 1,3.53,690 » 624,770 911,754
Seine-et-Marne 79,122 66,4^'3 l-\629 » 98,794
Seine-el-Oise 109,106 222,o,,5 » 113559 122,095
Sèvres (I)eux-) 9,587 3,537 6,050 » 2,175
Somme 55,793 193,638 » lJ/.r45 160,775
Vienne 6,380 820 5, ,560 « 973
Vienne (Haute-) 59,056 17,983 41,073 p 19,309
Yonne 61,880 8:i.221 «_ 21,341 71,122
Totaux 8,920,611 17,122,285 371,590 8', 573, 264 ' 11,244,606
Diminution : 8,201 ,(,74
La production du cidre, qui, en 1881, s'était élevée à plus de 17 millions d'hec-
tolitres, avec une augmentation de 1 1,6800,000 hectolitres sur la récolte de i 8S0,
n'arrive, celte année, qu'à 8,920,G1 1 hectolitres, d'où une diminution de 8,20 ,000
hectolitres sur l'année correspondante et de 2,324,000 hectolitres sur le chiffre
de l'année moyenne.
Sans doute, la rigueur de la saison a ici encore exercé une influence. Cepen-
dant, eu égard à l'abondance exceptionnelle de la récolte de 1881, il faut se f'éli-
ter plutôt que s'étonner du résultat obtenu en 1882. On sait, en effet, que le
Eomraier ne produit guère que tous les deux ans et que, presque toujours, à une
onne récolte, succède, dans la même région, une récolte f'aihle ou nulle. C'est
ainsi que presque tous les départetnents de la Bretagne et de la Normandie qui
présentaient l'année dernière des augmentations considérables, subissent cette
année des pertes non moins importantes. Sur d'autres points, au contraire, dans
CHRONIOUE AGRICOLE (13 JANVIER 1883). 47
la Gorrèze, la Loire-Inférieure, Maine-et-Loire, la Vienne et la Haute-Vienne
les pertes éprouvées en 1881 ont été compensées et au delà par des excédents de
production.
Voici le tableau présentant le mouvement de la production, de l'importation et
de l'exportation des cidres depuis 1872 :
__— ^-^-__^^ Cidres.
Productiu;i. Importation. Exportation.
heclol. hectol. hcdol
1S72... 4,r.97,000 r.) ];i,00h
1873 13, (Via .000 71 :j,0(IO
IST'i 13,312,G;J0 l.Sl 2^,000
187.. 18,2o7,C00 l(i3 21,000
187(i 7,036,000 * 78 17.000
1877 13,3/1.^,000 3,S 1(3,000
1878 11,930,000 277 20,01)0
1870 7,738,000 1,804 21.000
1880 5,465.0-0 1.50 11,000
1881 17.122,01)0 » «,000
!\ioyeniie 11,244,000 282* 16,000
1882(11 mois) 8,921,000 • l'j,0C0
Du tableau qui précède et des réfïexioiis'qiii Je suivent, il ressort que
l'année 1882 a été aussi mauvaise pour la production des cidres que
pour celle des vins.
VI. — Inspeclhn de f agriculture en Algérie.
Nous apprenons que, par un arrêté en date du 2 janvier 1883 un
emploi d'adjoint à l'inspection générale de l'agriculture est créé en
Algérie. Le titulaire de cet emploi aura les mêmes attributions que les
inspecteurs généraux d'agriculture de la métropole. Il y sera pourvu
par la voie du concours dans les conditions suivantes. Pour être admis
à concourir les candidats devront :
1° Produire une expédition authentique de leur acte de naissance et s'il y a
lieu, un certificat établissant qu'ils possèdent la qualité de Français;
2" Avoir satisfait à la loi du recrutement;
3» Avoir diiigé une exploitation agricole pendant plusieurs années, soit en
Algérie, soit dans toute autre colonie Irançaise ;
4" Faire connaître leurs antécédents agricoles, ainsi que les travaux auxquels
ils se sont livrés;
5° Produire leurs titres et diplômes et les mémoires et publications qu'ils
auront faits.
Le concours a lieu sur titres.
Les cand dats pourront, en outre, être astreints, s'il y a lieu, à subir une
épreuve pratique sur un sujet de la compétcuce des inspecteurs généraux de
l'agriculture, et auront à répondre à toutes les questions que la Commission
chargée déclasser les candidats jugera à propos de leur poser.
Les demandes des candidats et les pièces exigées ci-dessus devront
être parvenues au ministère de l'agriculture avant le 25 février 1883.
VII. — Concours généraux agricoles de Paris.
Nous avons annoncé que les concotirs généraux agricoles qui s'ou-
vriront à Paris du 27 au 31 janvier promettaient d être très bril-
lants. On en jugera par le relevé des déclarations qui ont été envoyées
au ministère de l'agriculture. Elles comportent pour les animaux gras:
369 bœufs ou vaches, 91 lots de moutons, 121 porcs; pour les ani-
maux reproducteurs, 68 animaux des races bovines, 63 des races
ovines, 23 des races porcines ; 2,243 lots de volailles vivantes ; 3 1 6 lots
de volailles mortes. Quant à l'exposition des machines, elle prend les
proportions les plus élevées; on ne compte pas moins de 4,500 dé-
clarations pour les instruments qui y figureront.
4S CHRONIQUE AGRICOLE (13 JANVIER 1883).
YIII. — Congrès de mécanique a . à Parb,
Le Congrès de mécanique agricole organisé par la Société natio-
nale d'encouragement à l'agriculture, dont nous avons déjà publié
le programme, aura lieu à Paris pendant la durée du concours ijéné-
ral agricole. Des expériences de fonctionnement des diverses machines
seront faites à l'exposition des Champs-Elysées. Les séances du Congrès
se tiendront du 25 au 27 janvier à l'Hôtel continental.
L'assemblée générale annuelle de la Société aura lieu au moment
du Congrès à l'Hôte-l continental et comprendra le discours du pré-
sident, le rapport du secrétaire général, l'approbation des comptes
financiers, l'élection du Conseil d'administration peur 1 883. — Un ban-
quet par souscription au prix de 15 francs sera donné à l'Hôtel conti-
nental le vendredi 26 janvier à 7 heures du soir. On s'inscrit d'avance
56, rue Basse-du-Rempart, au siège de la Société.
Ajoutons que la réunion promet d'être nombreuse; d'une part, les
questions portées au programme présentent un grand intérêt, et d'autre
part les diverses Compagnies de chemins de fer ont accordé une
réduction de 50 pour 100 sur le parcours aux membres du Congrès.
IX. — Le phylloxéra.
La datede l'ouverture de la session annuelle de la Commission supé-
rieure du phylloxéra est fixée au 19 janvier.
Le Journal offiiciel publie l'avis suivant :
M. le ministre de Belgique à Paris, se référant au règlement adopté par le
gouvernement belge pour l'exécution de la convention phylloxérique de Berne,
vient d'informer le gouvernement français que les horticulteurs français n'obser-
veraient pas, pour leurs expéditions à destination de la Belgique, les formalités
prescrites et qu'ils négligeraient, notamment, de se conformer à celles établies par
l'article 6, La A de l'arrêté royal du 10 octobre 1882, lequel est ainsi conçu :
Les plantes, arbustes et tous végétaux autres que la vigne, non dénommés à l'ar-
ticle 3, provenant de pépinières, de jardins ou de serres, continueront d'être
admis à l'entrée et au transit, mais ils ne seront introduits que par les bureaux
de douane d'Anvers, de Bruxelles, de Grand, de Liège et d'Osfende pour les im-
portations par eau, et par les bureaux placés sur une voie ferrée, pour les impor-
tations par les frontières de terre.
Les conditions suivantes seront observées :
' 1° Ces colis seront préseiités dans les conditions usuelles d'emballage, de ma-
nière à permettre les constatations nécessaires ;
2° Ils seront accompagnés :
A. — D'un- déclaration signée par l'expéditeur, portant :
a) L'indication du point de réception définitive et l'adresse du destinataire ;
h] La mention que le contenu provient en entier de rétablissement de l'expé-
diteur;
c) L'affirmation que l'envoi ne renferme aucun pied de vigne ;
d) La mention que les végétaux sont piéscntés avec ou sans motte de terre.
B. — D'une déclaration de l'autorité compétente, basée sur l'attestation d'un
expert officiel, portant :
a) Que l'envoi provient d'un terrain (plantation ou enclos) séparé de tout pied
de vigne par un espace de 20 mètres au moins; ou par un autre obstacle aux
racines jugé suffisant par l'autorité compétente ;
h) Que ce terrain ne contient lui-même aucun pied de vigne ;
c) Qu'il n'y est lait aucun dépôt de cette plante :
d\ Que, s'il y a eu des ceps phylloxérés, l'extraction radicale, des opérations
toxiques répétées et, pendant trois ans, des investigations ont eu pour effet d'as-
surer la destruction complète de l'insecte et des racines.
Afin d'éviter toutes difficultés dans leurs expéditions en Belgique, les horticul-
teurs français sont invités à se conformer strictement aux dispositions de l'arrêté
royal belge qui viennent d'être reproduites ci-dessus.
CHRONIQUE A 3RI'.',0LE( 13 JANVIER 1883). 49
Par im arrêté du ministre de l'agriculture, en date du 30 décembre
1882, l'introduction des plants do vignes étrangères et des plants de
vignes provenant d'arrondissennnts [)liylloxérés, est autorisée dans les
arrondissements de Perpignan et de Céret (Pyrénées-Orientales),
X. — Blés de prinlemps.
Au sujet de la culture du blé bleu, nous recevons une nouvelle lettre
que nous plaçons sous les yeux, de nos lecteurs.
Monsieur le directeur, \t blé bleu de Noé qui convient si bien aux semailles
de lévrier et mars est cultivé sur une large échelle dans l'Allier, et cette année,
on eo a récolté de très bonne qualité
« J'ai l'houneur d'annoncer à MM. les cultivateurs qui n'ont pas terminé leurs
semailles, que je pourrai leur expédier de beau blé bleu de Noé au prix de 29 francs
les 100 kilog. toile perdue, rendu en gare de ViUefranche d'Allier, payable contre
remboursement. La quantit î que je tiens à la disposition des cultivateurs est de
cent sacs de 100 kilog. Peut-être pourrai-je en faire davantage.
« Agréez, etc. Vve Louis Madet,
Commerce de grains à Ygrande (Allier).
Le blé bleu est certainement la variété de blé qui sera cultivée sur
la plus grande échelle pendant cette année. — M. Georges Gasselin,
agriculteur aux Fontenelles, par Bourron (Seine-et-Marne), nous pris
d'annoncer qu'il possède du blé de Bordeaux pur, et du blé mélangé
(Bordeaux et Noé) dont il peut disposer pour ceux qui ont à exécuter
des semailles tardives.
XL — ExposUion d'horticulture.
La première exposition qui sera organisée en 1883 par la Société
nationale et centrale d'horticulture de France, sera ouverte du 28 mars
au 1" avril, dans le pavillon de la ville de Paris, aux Champs-Elysées,
à Paris, sous la direction de M. A. La vallée, président de la Société.
Les fleurs et les plantes fleuries seront seules acceptées à cette expo-
sition, ainsi que les légumes de primeurs et les arbres fruitiers
forcés, présentés en pots. Les conifères, arbres et arbustes à feuillage
persistant, seront aussi admis à concourir à cette exposition.
XIL — Les récoltes en Amérique.
L'année 1882 paraît avoir été tout à fait favorable aux agriculteurs
américains. D'après les derniers rapports reçus par le déparleuient de
l'agriculture, à Washington, la récolte des céréales a été, dans- son
ensemble, de 1,623 raillions de boisseaux (568,750,000 hectolitres);
le blé seid entrerait dans ce total pour 500 millions de boisseaux
(175 millions d'hectolitres). Le Ralway- World, de Philadelphie,
auquel nous empruntons ces détails, ajoute que la récolte de coton a
été peut-être la plus considérable qui ait jamais été obtenue, et que
des rapports favorables sont publiés sur la production de la canne à
sucre dans la Louisiane. Par suite de cette abondance, les exportations
des ports de l'Océan atlantique à destination de l'ancien monde, ont
pris une très grande importance. On en jugera par ce fait que les
envois faits par le port de Ne sv- York pendant la semaine qui finissait
le 16 décembre, ont été de 208,682 barils de farine et 64>,630 bois-
seaux de blé; pendant la même semaine, il est sorti des 3 ports de
Phila<lelphie, Boston et Baltimore, un total de 60,324 barils de farine et
de 885,520 boisseaux de blés. Pendant la semaine correspondante
de 1881, on n'avait enregistré à la sortie pour ces quatre ports, que
85,264 barils de farine et 662,304 boisseaux de blé.
50 CHRONIQUE AGRICOLE (13 JANVIER 1883).
L'accroissement des exportations a été surtout sensible depuis le
moment de la récolte. En effet, si l'on compare, d'après les tableaux
officiels de la douane américaine, les exportations de grains et de
farines pendant les 11 premiers mois de l'année 1882, avec celles des
11 premiers mois de 1881, on constate qu'elles ont été de 166 mil-
lions de dollars en 1882^ contre 210 millions en 1881 . Mais les expor-
tations des cinq mois dejuillet à novembre 1882 ont atteint le total de
101 millions de dollars, contre 98 millions pendant les cinq mois
correspondants de l'année précédente. Ces 101 millions de dollars
représentent, en quantité, 245,016 boisseaux d'orge, 2,878,047 de
maïs, 148,662 d'avoine, 643,718 de seigle, 67,481,657 de blé,
3,503,109 barils de farine de blé et 101,980 de farine de maïs. Il y
a eu accroissement dans les exportations pour tous les grains, sauf
pour le maïs et l'avoine.
Le commerce des fruits a pris une grande importance dans quelques
parties des Etats-Unis. On en jugera par le fait suivant. Du 24 juillet
au 30 septembre, le chemin de fer du Delaware a transporté 6,000 wa-
gons contenant 2,923,079 paniers de pêches; c'est le total le plus
considérable qu'il ait encore transporté, à l'exception de l'année 1875,
où le transit a été de 9,072 wagons cliargés. Le transport des autres
fruits frais y a été également considérable; il a compris eikviron
900 wagons. Le poids total des fruits transportés, en y comprenant
les pêches, a été de 45,000 tonnes.
XIIL — Les octrois de Paris.
Conformément à une délibération du Conseil municipal de Paris,
M. Oustry, préfet do la Seine, a décidé que les droits d'octroi établis
aux entrées de Paris sur les abats et issues de veau, et sur les abats et
issues de porc, seraient supprimés à partir du 1" janvier 1883.
Xiy. — Le commerce du houblon.
Les rendements du houblon ont été très faibles, cette année, dans
la plupart des régions où cette plante tient une place importante dans
la culture, notamment en Belgique, en Alsace-Lorraine, en Bavière, en
Bohême, en Bourgogne, ainsi que dans le sud de l'Angleterre. Aussi
les prix ont subi, après la récolte, une hausse accentuée sur les marchés;
notre revue commerciale a enregistré le mouvement des cours. En
France et en Belgique, les prix n'ont pas dépassé 8 à 9 fr. par kilog.;
mais dans quelques autres pays la hausse a atteint de plus grandes
proportions. On cite des ventes, faites à des taux supérieurs à 13- fr.
par kilog. pour des houblons de premier choix de Bohême; et même
à 18 fr. par kilog. pour certains houblons anglais. Cette hausse abso-
lument anormale a décidé beaucoup de cultivateurs à augmenter les
surfaces consacrées au houblon.
XV. — Nouvelles de Vètat des récolles.
Les notes de nos correspondants continuent à signaler les mêmes
faits. Les premiers jours de l'année 1883 se présentent dans les mêmes
conditions que les dernières semaines de l'année précédente. Néan-
moins les cultivateurs ont pu reprendre les travaux interrompus, et
continuer les semailles auxquelles ils avaient été obligés de surseoir
pendant trop longtemps. J,-A. Barral.
L\. PROPRIÉTÉ EXCITANTE DE L'AVOINE. 51
Lk PROPRIÉTÉ EXCITANTE DE L'ÀYOINE
Depuis des siècles il était admis par tout le monde que l'avoine
donne au clieval de la vivacité, de la vigueur, qui le fait courir avec
plus d entrain, du moins dans nos climats tempérés. L'action du pico-
tin d'avoine était classique. On le considérait comme l'excitant par
excellence, en l'absence duquel il n'était point possible d'obtenir du
cheval un bon service aux allures vives, et même à l'allure du pas.
Les chevaux, ayant à fournir un fort travail, n'étaient point tenus
pour bien nourris s'ils ne recevaient, dans leur ration journalière,
jusqu'à 18 et 20 litres d'avoine, soit de 9 à 10 kilog.
Dans ces derniers temps, l'aclion spéciale ainsi reconnue à l'avoine
a été contestée. D'abord, su fjiiJ^u. sur des considérations purement
rationnelles, et tout en admettant que l'ingestion de l'aliment dont il
s'agit donne plus de force aux chevaux, on a cru pDuvoir attribuer
son effet h la présence des corps gras qui, en fait, entrent dans sa
composition pour une proportion considérable. Et c'était pour con-
clure que l'avoine peut être avantageusement remplacée par le maïs,
encore plus riche en corps gras.
Puis les chimistes qui, en Allemagne et en France, s'occupent de
l'alimentation, ne trouvant dans leurs analyses de l'avoine rien en
dehors des principes immédiats admis comme nutritifs, l'ont confon-
due avec les autres aliments concentrés de même ordre. Ils ont pensé,
et tous leurs travaux tendent à foire croire, que ces autres aliments
peuvent lui être substitués sans inconvénient, pourvu que le cheval
trouve dans sa ration la même valeur nutritive. L'avoine étant un
aliment toujours plus cher que les autres, à cause précisément de l'ac-
tion spéciale qui lui est attribuée dans la pratique, on a dû s'ingénier,
pour motif d'économie, surtout dans les grandes adp'".iistrations de
cavalerie, à lui trouver des substituants, sous l'inii.diice du légitime
crédit que la science acquiert de plus en plus. Nous assistons, depuis
quelques années, à de louables efforts en ce sens.
Mais ces efforts ne peuvent être utiles qu'à la condition d'être réel-
lement fondés sur la science. Est-il bien vrai que l'avoine n'a aucune
propriété spéciale, indépendante de sa valeur nutritive? L'opinion si
générale, parmi les simples observateurs de tous les temps, à l'égard
de sa propriété excitante, serait-elle un préjugé? De ce que les chi-
mistes dits agricoles ou biologistes n'ont rien trouvé qui put leur
expliquer cette propriété, en faut-il décidément conclure qu'elle
n'existe point?
J'ai, pour mon compte, je l'avoue, quand il s'agit de faits accessi-
bles à l'observation directe, tendance insurmontable à donner raison
à tout le monde, lorsque tout le monde est en contradiction avec les
inductions de quelques savants, chimistes ou autres. En tout -cas, il
m'a paru qu'en raison de son importance si considérable, la question
avait besoin d'être examinée, ne trouvant pas dans les résultats de
l'analyse chimique telle qu'elle se pratique pour apprécier la valeur
nutritive probable des aliments en général, les éléments suftlsants
pour sa solution. C'est pourquoi j'ai entrepris des recherches expéri-
mentales qui ont été exécutées durant l'année dernière, à l'école de
Grignon, où, jai le devoir de le dire, sont libéralement mis à ma dis-
5^ LA PROPRIÉTÉ EXCITANTE DE L'AVOINE.
position Ions les moyens de travail scientifique dont dispose l'établis-
sement.
Ces recherches ont abouti d'une manière complètement satisfai-
sante. Leurs principaux résultats, ainsi que la méthode suivie pour
les obtenir, ont été communiqués, vers la fin de l'été, à une société
savante dont j'ai l'honneur de faire partie, afin de me permettre de
poursuivre ensuite et de leriU' ^c-' mon travail, en pleine sécurité et à
loisir. La précaution n'es*, Ijé'.'S ! oas toujours inutile; je m'en suis
quelquefois aperçu. M;' co i^ i»"i.m'„< -on a reçu, paraît-il, une grande
publicité, qui témo'-, le ce l'io cet iv si^^et, et qui ne pouvait que
m'encourager à condi^' e lo, a^v.i' Ciii^/eoi'is à bonne fin.
On ne pourrait p; s soi^go-' à ' '^ «.ose- ici dans tous ses détails. La
description du dispositif expe me'Hal et celle des expériences réali-
sées à son aide, en explorant l'c. itabilité neuro-musculaire du che-
val, avant et après l'ingestion de Tavoine ou du principe immédiat
excitant que j'en ai pu isoler, prendraient trop de place. On les trou-
vera dans le mémoire complet que va publier prochainement le Jour-
nal de Vanatomie et de la physiologie, de MM. Ch. Robin et G. Pouchet.
Il faut se borner à l'indication des faits qui résultent des constatations
expérimentales, et aux développements pratiques qui sont les consé-
quences de ces faits, récemment communiqués à l'Académie des scien-
ces. Leur exposé va suivre, dans l'ordre logique.
Le péricarpe du fruit de l'avoine contient une substance soluble
dans l'alcool, qui jouit de la propriété d'exciter le système nerveux
moteur. Un auteur, cité par MM. Magne et Baillet, et dont il m'a été
impossible de me procurer le travail original, avait, paraît-il, déjà
supposé l'existence de cettB substance, mais en la considérant comme
un principe aromatique analogue à celui de la vanille. Elle n'a même
avec ce principe aucune analogie. C'est une matière azotée, dont
la formule est probablement celle d'un alcaloïde comme ceux de l'o-
pium, de la noix vomique, eto., et que je propose de nommer avénine.
Toutes les variétés de l'avoine cultivée paraissent aptes à élaborer la
substance ainsi définie par sa propriété physiologique; mais il est cer-
tain qu'elles possèdent cette aptitude à des degrés très différents. Les
différences ne sont point qualitatives, mais seulement quantitatives :
la substance élaborée est identique dans toutes les variétés.
Ces différences ne dépendent pas seulement de la variété de la
plante, elles dépendent aussi du lieu oii celle-ci a été cultivée. Les
avoines de variété blanche contiennent moins de principe excitant que
celles de variété noire; mais pour certaines des premières, notamment
pour celle cultivée en Suède, la différence est minime; elle est au
contraire considérable pour d'autres, notamment pour celles cultivées
en Russie.
Au-dessous de la proportion de 9 de principe excitant pour 1,000
d'avoine séchée à l'air, la dose est insuffisante pour exciter le cheval;
à partir de cette proportion, l'action excitante est certaine.
On ne peut pas attribuer ou refuser avec certitude à l'avoine la pro-
priété excitante, d'après sa variété de couleur, attendu que certaines
blanches la possèdent sûrement et que certaines noires en peuvent être
dépourvues. Le dosage du principe excitant, en prenant pour base la
proportion qui vient d'être indiquée, donnera donc seul un moyen cer-
tain d'appréciation; toutefois, il y a de fortes probabi'iLés pour que
LA PROPRIÉTÉ EXCITANTE DE L'AVuINE. 53
les avoines blanches, d'une provenance quelconque, soient moins
excitantes que les noires ou ne le soient pas du tout.
L'aplatissement du grain d'avoine ou sa mouture affaiblit considé-
rablement sa propriété excitante, en altérant, selon toutes probabilités,
la substance à laquelle cette propriété est due; avec l'avoine aplatie,
l'action est plus prompte, mais beaucoup moins forte et moins durable.
Cette action, immédiate et plus intense avec le principe isolé, se fait
attendre quelques minutes avec l'avoine entière; dans les deux cas elle
va se renforçant jusqu'à un certain moment, puis s'affaiblit et se dissipe
ensuite. La durée totale de l'effet d'excitation a toujours paru, dans
les expériences, être d'environ une heure par kilogramme d'avoine
ingérée.
il est évident, d'après cela, que l'expérimentation scientifique a
donné raison à ceux qui, empiriquement, considéraient, d'une manière
générale, l'avoine comme l'aliment indispensable pour les chevaux
exécutant leur travail en mode de vitesse, c'est-à dire pour les chevaux
qui doivent trotter ou galoper, dans nos climats tempérés. Il n'y a
donc pas possibilité, sans porter atteinte à leur aptitude, de substituer
entièrement à l'avoine, dans leur ration journalière, un aliment quel-
conque, si grande que puisse être la valeur nutritive de celui-ci. La
propriété excitante de l'avoine lui est particulière. Je m'en suis assuré
par des expériences comparatives.
Mais étant donnée la connaissance que nous avons maintenant de
l'équivalent mécanique des aliments, ou en d'autres termes de la
quantité d'énergie que dégage, dans l'organisme, un poids déterminé
d'aliments digestibles au maximum, il y a lieu de distinguer, en ce
qui concerne l'avoine, entre les propriétés nutritives et la propriété
excitante spéciale.
Selon la quantité de travail à développer en mode de vitesse, il se
peut qu'un défaut de concordance existe entre l'énergie et Texcitabilité
nécessaires pour le développemenl de cette quantité de travail. Nous
savons, par exemple, que les avoines excitantes contiennent, par kilo-
gramme, la quantité du principe actif connu qui est suffisante pour
produire, durant une heure, l'état d'excitation nécessaire. Si le travail
doit durer 4 heures, il faudra donc 4 kilog. d'avoine pour maintenir
cet état.
Il se pourra que ces 4 kilog. d'avoine ne contiennent point la quan-
tité d'énergie nécessaire pour alimenter le travail. Et c'est ce qui se
présente souvent. C'est le cas, notamment, pour les chevaux d'omnibus
de Paris, dont le travail journalier s'élève à 2 millions de kilogram-
mètres environ. L'énergie qui se dégage de 4 kilog. d'avoine ne corres-
pond ou n'équivaut qu'à 800,000 kilogrammètres, en moyenne. Dès
lors, pour que ces chevaux fussent suffisamment alimentes, il leur en
faudrait plus du double; mais avec une quantité double, on voit qu'ils
seraient excités deux fois autant que le nécessaire, soit durant 8 heures
au lieu de 4.
Il suit de là que le but pratique sera mieux atteint, dans le cas pris
pour exemple, en substituant à 4 des kilog. d'avoine, leur équivalent
nutritif sous forme d'un ou de plusieurs autres aliments de même
ordre, mais non excitants. Et c'est en effet ce que les essais empi-
riques ont vérifié depuis plusieurs années sur une très grande échelle.
Aux avantages techniques rendus excessivement probables par la
54 LA PROPRIÉTÉ EXGITAiNTE DE L AVOINE.
détermination de l'équivalent mécanique des aliments, et maintenant
démontrés par celle du principe excitant spécial de l'avoine, se sont
joints les avantages économiques résultant des différences de prix
commerciaux, en faveur des autres denrées alimentaires, par rapport
à l'avoine, à valeur nutritive égale.
La présence du principe excitant dans le péricarpe de l'avoine pour
rait faire naître l'idée de la substitution des sons aux grains entiers,
en vue de l'action spéciale dont il s'agit, si nous n'avions constaté que
la mouture affaiblit beaucoup cette action, si elle ne la détruit pas
complètement. Il y a lieu de penser que les sons d'avoine seraient tout
à fait dépourvus de propriété excitante.
En conséquence, on est autorisé à poser en fait que pour obtenir
d'un cheval, dans les climats tempérés, le meilleur service aux allures
vives, il est indispensable de faire entrer dans sa ration alimentaire
autant de fois un kilogramme d'avoine reconnue excitante que son
service doit durer d^heures. Au delà, son excitabilité est excessive et
superflue; en deçà, elle est insuffisante et la fatigue des organes loco-
moteurs se produit. Au cas où la valeur nutritive delà quantité d'avoine
ainsi déterminée ne peut pas suffire pour alimenter le travail moteur,
le surplus nécessaire s'emprunte sans inconvénient à un autre aliment
concentré quelconque, ce qui permet de donner la préférence à celui
qui fournit la protéine alimentaire au plus bas prix de revient.
Il y a là, pour l'alimentation des moteurs animés, soit de l'indus-
trie, soit des armées, des bases scientifiques certaines, dont l'applica-
tion peut avoir des résultats techniques et économiques d'une portée qui
n'échappera pas sans doute aux esprits attentifs.
Il est à peine besoin de faire ressortir encore une autre conséquence
pratique de nos recherches, relative au mode qui convient le mieux
pour utiliser la propriété spéciale de Tavoine. L'observation empi-
rique, qui du reste se montre rarement en défaut dans ces sortes de
choses, semblait l'avoir prévue. Il est habituel de diviser la ration
journalière d'avoine en plusieurs portions et de donner au cheval cha-
cune de ces portions au moment du départ pour la course. Lorsque
celle-ci doit dépasser une certaine limite de temps, on la partage en
deux par un repos, durant lequel on donne de nouveau de l'avoine.
Cette façon d'agir, traditionnelle parmi les conducteurs de chevaux,
est parfois considérée comme purement routinière et on lui oppose
certain dicton arabe, vrai pour ce qui concerne l'orge dont les Orien-
taux nourrissent leurs chevaux. Si l'avoine, comme l'orge et les autres
aliments concentrés, n'agissait que par l'énergie qu'elle met à la dis-
position de la machine animale, il est certain que son action serait
plus efficace après la digestion complète, et qu'il serait plus sage de
la faire consommer plusieurs heures avant de mettre cette machine en
mouvement.
Mais les résultats de nos expériences ont montré que son effet exci-
tant se manifeste presque aussitôt après l'ingestion, et que cet effet se
dissipe au bout d'un temps déterminé, bien avant que la digestion soit
achevée. Ces résultats justifient donc la pratique commune et doivent
conduire à sa généralisation, contrairement à l'opinion de ceux qui
en contestent l'utilité.
C'est au moment du départ du moteur que l'avoine doit lui être
donnée en vue de son effet spécial, en mesurant la quantité d'après la
L.\ PROPRIÉTÉ EXCITANTE DE L' AVOINE. 55
durée de la course, à raison d'un kilogramme par heure de travail.
Plus souvent l'ingestion se renouvellera, plus l'etfet excitant total sera
intense. Tout le temps qui s'écoule entre le moment de l'ingestion et
celui de la mise en marche est du temps perdu pour l'action spéciale
de Tavoine.
Enfin, il est évident que pour l'exécution du travail à l'allure lenle
du pas, durant une longue journée, 'l'excitation produite par l'ingestion
de l'avoine est non seulement superflue, mais encore nuisible. L'éner-
gie, dans ce genre de travail, est d'autant mieux utilisée, que la
marche du moteur est plus régulière et plus calme. L'excès de viva-
cité en fait perdre une partie plus ou moins considérable en efforts
inefficaces, en dépassant la mesure suffisante, ou en mouvements désor-
donnés. Il s'ensuit que dans l'alimentation des chevaux qui doivent
marcher toujours à cette allure, l'uvoine excitante sera avantageuse-
ment remplacée en totalité, dans la ration, par un autre aliment
concentré quelconque. L'avantage sera ici à la fois technique et écono-
mique, à la condition que les valeurs nutritives soient égales.
A, Sanson,
Professeur de zoologie et zootechnie à l'Ecole nationale de Grignon
et à l'Institut national agronomique.
MÉTÉOROLOGIE DU MOIS DE DÉCEMBRE 1882
Voici le résumé des observations faites à l'Observatoire du parc de
Saint-Maur :
Moyenne barométrique k miài, 752'""". 33. Minimum le 5, à 5 heures du soir-
736"^'". 22. Maximum' le 20, à 10 heures du matin, 768,'"™. 59.
Moyennes thermoniétriques : des minima 2''.32 ; des maxima 7". 12 : du mois,
4". 71. Moyenne vraie des 24 heures, 4". 56.
Minimum les 2 et 12 au matin, — 2°. 8. Maximum les 27 dans la journée et 31
dans la nuit, 13°. 8.
Humidité relative. : moyenne, 91 ; la moindre, 63 le 4 à 2 heures du soir,
la plus grande, 100 en 21 jours.
Tension de la vapeur : moyenne 5'"'". 96; la moindre 3""'". 3,1e 3 à5 heures du
matin; la plus grande, 10'"'". 1, le 27 à 5 heures du matin.
Temipérature moyenne de la Marne : 4". 58. Elle a varié de 1"'.9 le 13 au matin,
à 9". 33, le 31 au matin.
Pluie, 66""". i (72"'"\6 à l'ancien observatoire) en 86 heures et demie, réparties
en 17 jours. Ily a eu 2 jours de neige, les Set 7; un peu de grêle, les 4, 6, 7 et 23.
Nébulosité moyenne, 85. 10 jours de brouillard.
Il y a eu 10 jours de gelée et 9 jours de gelée blanche.
Il a éclairé le 5 décembre à 1 heure du matin du côté N.-O.
La température de décembre est de près de 2" plus haute que la
température normale, ce qui est très commun ; le mois de décembre
1 880 était plus chaud ; celui de 1 876 beaucoup plus, avec une moyenne
de 7". 05.
La hauteur barométrique est de plus de G™" au-dessous de la
moyenne ordinaire de décembre; en 1876, il était beaucoup plus bas.
Le ciel a été beaucoup plus couvert que d'habitude.
Les brouillards n'ont pas été forts et ont eu peu de durée.
La Marne a été très trouble et très haute tout le mois ; elle s'est
élevée le 3 à 6". 77 (c'est-à-dire à l'altitude 36"'". 77) dépassant de 0'".08
le niveau qu'elle avait atteint au même lieu le 17 mars 1876. Aujour-
d'hui 3 janvier, à 8 heures du matin, elle était à 6'". 46.
Les vents de sud ont dominé; ils n'ont guère varié que de E.-S.-E.
à O.-N.-O., en passant par le sud. E. Renou,
Membre de la Société nationale d'agriculture.
56
VIDANGES D'APRÈS LK SYSTÈME MOURAS.
VIDANGES D'APRÈS LE SYSTÈME MOURAS
Dans les campagnes, les vidanges sont encore établies d'après un
sy-^tème presque barbare, contraire à l'hygiène d'une part, et entraî-
nant d'autre part la perte de quanîités considérables de matières ferti-
fis- 0.
Yidangx'uic uuUmaliquc syslùmc iMourcis,
lisantes. Nous pensons qu'on lira avec Intérêt quelques détails sur le
système de lavidangeuse automatique, imaginée par M. Mouras, pro-
priétaire à Vesoul (Haute-Saône).
La fosse mobile du système Mouras est représentée par la fig. 5.
C'est le modèle pour les besoins de dix personnes. Lal'osse consiste en
LES VIDANGES D'APRÈS LE SYSTÈME MOURAS. 57
un réservoir A en tôle galvanisée de forme cylindrique ou ellipsoïdale.
Celte caisse est hermétiquement close; sa longueur est de 'l".40, sa
largeur de (^".TO et sa hauteur de 2 mètres. Elle peut être posée
n'importe à quel endroit : à l'intérieur ou à l'extérieur de l'habitation,
au-dessus, au niveau ou au-dessous du sol, à la condition que le tuyau
d'évacuation C soit à la hauteur de la conduite des égouts. B est le
tuyau de chute, sur lequel on peut brancher les tuyaux d'eaux plu-
viales et ménagères. En C on voit le tuyau d'évacuation par oii
s'échappent les produits de la vidangeuse f le niveau des liquides de
l'intérieur ne s'élève jamais au-dessus de la limite inférieure du
coude du tuyau d'évacuation.
Ce tuyau d'évacuation plonge
dans l'intérieur de la vidan-
geuse d'une longueur qui va-
rie de D en D' suivant la sur-
face de la fosse et le nombre
des personnes que celle-ci doit
desservir. Par l'effet de la dis-
position de ces deux tuyaux de
chute et d'évacuation, l'appa-
reil étant une fois rem.pli d'eau,
quelques quantités de matiè-
res liquides ou solides qui en-
trent dans la vidangeuse, il
n'en sort jamais, par le tuyau
d'évacuation et en vertu de la
fermeture hermétique, qu'une
égale quantité de liquide légèrement teinté, à peine odorant.
En E on -voit un tampon en cuivre à pas de vis de 0'".19 de diamètre
pour faciliter l'inspection de l'intérieur. Dans la partie inférieure il
peut se trouver aussi un trou d'homme pour l'entretien et l'inspection,
le nettoyage ou la réparation, si cela devenait jamais nécessaire. En F
on voit un robinet d'expérience permettant de constater la présence ou
l'absence des gaz. Au-dessous du tuyau d'évacuation, on peut dispo-
ser soit un récipient en tôle ou un simple tonneau fermé (fig. G),
muni d'un robinet par lequel on prendra les liquides destinés à l'irri-
gation des champs ou des jardins. Si l'on préfère, on peut adapter au
tuyau d'évacuation, un tuyau de petit diamètre et conduire les eaux
fécondantes dans un trou à fumier ou à purin, sur des terreaux en
décomposition, ou même directement par des rigoles d'irrigation tracées
dans les champs ou les jardins.
On peut transformer, d'après le système Mouras, une ancienne fosse
ordinaire. Pour cela, il suffira (fig. 7) de curer entièrement la fosse;
de boucher le tuyau d'évent qui existe souvent à Paris et dans d'autres
grandes villes, puis d'établir les deux tuyaux de chute B et d'évacua-
tion D, comme nous venons de le dire pour la fosse neuve. Ensuite
on s'assurera de l'étanchéité de la fosse en la remplissant d'eau ; si le
niveau n'a pas baissé au bout d'un ou deux jours, elle sera, comme
l'autre, livrée au service.
Les avantages de la vidangeuse Mouras sont les suivants, d'après
M. l'abbé Moigno : elle est absolument inodore, et rend toute infection
impossible; elle transforme tout ce qu'elle reçoit, excréments solides
Fig. 6.— Vidangeuse munie d'un tonneau de décharere
58
LES VIDANGES D'APRES LE SYSTÈME MOURAS.
et liquides, dans un temps assez court et sans aucune addition d'in-
grédients chimiques, en un liquide homogène, à peine trouble, qui
tient tout en suspension, sans rien laisser déposer, ni contre les parois
du tuyau d'évacuation,, ni au fond du canal-égout; elle se vide elle-
même, automatiquement, et incessamment, c'est-à-dire que chaque
r.-ijjr,J^asç^
Fig.7. — Ancienne fosse transformée.
volume de déjections nouvelles introduit par le tuyau de chute, fait
sortir immédiatement un volume égal de déjections anciennes élabo-
rées et fluidifiées; le liquide de sortie auquel rien ne manque des
éléments organiques et inorganiques des déjections, [à peine odorant,
peut être reçu sur place dans un tonneau d'arrosage, pour servir aux
irrigations domestiques du jardin ou dii potager, ou s'écouler de lui-
même dans l'égout, et enfin dans des canaux d'irrigation des prairies,
des champs, etc., etc.
LES VIDANGES D'APRÈS LE SYSTÈME MOURAS. 59
Toutes les indications de détails et les renseignements spéciaux
sont d'ailleurs fournis par MM. Barbas et Gie, 83, boulevard de Stras-
bourg, à Paris, concessionnaires des licences pour l'application du
système Mouras, dans les départements de la Seine, Seine-et-Oise,
Seine-et-Marne, Eure, Eure-et-Loir, Oise et Loiret.
L. DE Sahdiuac.
SUR LA SÉLECTION- — II
1, 2. L origine des parents, c'est-à-dire leur qualité comme repro-
ducteurs, doit être tenue en grande considération dans un herd-book,
même particulier. Pour les animaux dont la race ou les qualités ne
sont pas connues, on mettra 0 ; si au contraire les parents sont déjà
notés comme excellents, on pourra mettre 1 . On pourrait aussi, pour
les animaux du herd-booii, indiquer le nombre des générations ; ainsi,
pour un taureau dont le grand-père était déjà au herd-book, on pourra
mettre 3, indiquant que c'est la troisième génération de qualité. Ici
la base d'appréciation sera rationnelle.
3. La corpulence est en rapport avec la race et la localité dans laquelle
on entretient les animaux. Plus l'agriculture s'améliore, plus le déve-
loppement corporel des animaux se produit, et l'on doit rechercher
ce développement progressif. Mais d'un autre côté, ce n'est pas toujours
une amélioration sérieuse d'introduire des animaux très grands dans
une contrée qui nourrit généralement des animaux d'une taille petite
ou. mo}'enne. Le bon point de ce numéro sera donc réservé aux
animaux dont la taille est la forte moyenne du pays.
4. Bonnes proportions. Il ne suffit pas qu'un animal soit gros dans
certaines parties, il faut que toutes les régions du corps s'accroissent
ensemble. Si une vache est trop forte du devant, la lactation sera en
déchéance; si la croupe est trop développée, la poitrine deviendra
étroite. En général, pour qu'une race ne dégénère pas, il faut que les
reproducteurs aient une forme parallélogrammique, c'est-à-dire que le
dos, le ventre, les fesses et le poitrail fassent un carré long, ou rec-
tangle, et que ce rectangle puisse être partagé en trois rectangles égaux
contenant : le premier, le quartier de devant, compris entre la pointe
de l'épaule et le garrot; le second, le corps, dos et reins; le troisième^
le train de derrière depuis les hanches. Quand ces trois parties sont
en équilibre, on peut s'attendre à un bon fonctionnement des organes
intérieurs.
5. Robe et marques. On sait que le manteau est une indication de la
race et l'on doit se défier des robes bâtardes pour les reproducteurs.
En outre, il faut éviter les robes ayant de trop grandes taches blanches
ou les robes trop blanches qui montrent de la tendance à l'engrais-
sement, mais aussi un tempérament affaibli, lymphatique. Si l'on
forme une race à viande, la robe blanche sera peut-être une qualité,
comme dans le Charolais.
6. Peau moelleuse. On donne à cette touche le nom de finesse. Si nous
avons changé, c'est parce qu'on peut s'y tromper. Il faut que la peau
soit souple et douce, surtout aux dernières côtes ; mais une peau trop
mince n'est pas de qualité, elle indique un animal dégraissé, c'est un
affaiblissement.
7. Le poil doit être brillant, souple et pas trop rare. Il est évident
60 DE LA SKLiJ'.TKJN.
qu'on doit tenir compte des conditions atmosphériques qui peuvent
momentanément changer l'apparence dii poil.
8. Le fanon, ce repli de la peau qui s'étend depuis le dessous de
langue jusqu'au sternum, entre les jambes de devant, est très déve-
loppe dans les races grossières ; il diminue au contraire dans les
animaux dont la peau est fine. Le fanon épais et dur indique une mau-
vaise circuiîition lynq^ha tique.
9. Le caractère. On pourrait s'étonner de voir indiquer une note
pour ce qui se rapporte plutôt à l'intelligence, mais il faut se souvenir
que le mauvais caractère peut se transmettre, ce qui n'est pas sans
importance pour l'amélioration des races. De plus, en beaucoup de cas,
les défauts de caractère nuisent au bon entretien du corps. Les êtres
grincheux, colères ou craintifs, ne produisent pas autant de chair, de
graisse ou de lait.
10. Allure décidée. Ceci est en rapport avec une bonne conformation
générale. Il n'est pas question de donner un mauvais point à un ani-
mal qui aurait momentanément un mal au pied ou à l'un des membres,
mais d'apprécier si les reins et les meml)res sont à la fois forts et
souples, ce qui indique un être fort, tandis qu'une démarche lente,
pénible, montre que la bête se nourrit mal ou qu'elle est faible et en
souffrance.
11 . Conformation générale de la tète. Si le corps doit avoir certaines
proportions qui ne sont pas une fantaisie, il en est de même de la tête.
On comprend facilement que chez un herbivore il est indispensable
que la tête puisse atteindre le sol afin que l'animal puisse brouter.
Pour cela, ilfaut que la distance qui sépare le garrotdusol nesoitpas
plus grande que la distance du garrot aux dents incisives. C'est un
premier repère pour connaître la longueur de la tête et de l'encolure.
D'un autre côté, il est nécessaire que la tête ne soit pas trop longue,
cela augmente trop la longueur des mâchoires en diminuant leurforce.
On peut admettre que la tête soit les deux cinquièmes de la hauteur
de l'animal, ou que la longueur de la tête soit les deux tiers de celle
de l'encolure, et cette proportion se vérifie sur des bêtes de bonne
conformation.
12. Cornes, chignon. L'appréciation de cette partie ne doit pas se faire
au point de vue de l'élégance seulement. Sans doute il est préférable
que la cornure soit gracieuse, mais peut-être que par accident, l'une
ou l'autre des cornes sera mal tournée; et pourtant on ne devra pas
pour cela mépriser les qualités que la vache présenterait comme repro-
ductrice. D'un autre côté la grosse ossature qui forme la base des cornes,
est une indication de ce que les os sont de nature spongieuse plutôt
que compacte, et quoique certaines races, très estimées, se montrent
pourvues de grosses cornes, il faut rechercher une fine cornure cliez
les femelles et chez les mâles des cornes aplaties, de teinte jaunâtre,
avec la pointe noire.
Chez la vache, on peut reconnaître une série de sillons annuels qui
sont la marque de la poussée de la corne chaque année. Mais il arrive
un morne t où la corne ne pousse plus guère, une p riode de la vie
dans laquelle la base des cornes, au lieu de grossir, paraît plutôt se
rétrécir. C'est l'indication du déclin de la vie, et quand bien même
une vache peut encore se montrer bonne laitière, il est peu probable
que ses produits seront une cause d'amélioration, h^ chignon est la
DE LA SÉLECTION. 61
protubérance qui se trouve outre les deux cornes : le manque de finesse
de cette partie et des poils qui la regouvrent est un défaut.
13. Nuque. Cette région qui se trouve en arrière des cornes ne doit
pas être trop amaigrie, ce qui indiquerait alîaiblisseiuent et dégénéres-
cence, comme chez les hommes dégarnis derrière les oreilles.
14. Yeux, grandeur. De grands yeux, doux, àlldur de lete, se trouvent
chez les bonnes laitières; ils indiquent en outre de l'intelligence et un
bon caractère,
'\b. iFaupieres fines. Un œil petit, couvert, indique un caractère
méfiant et du lymphatisme, surtout si les paupières sont rouges.
16. Les oreilles horizontales, larges, doivent être tapissées intérieure-
ment d'une peau roussàtre, couleur de vieux bois de sapin (teinte
indienne) dont nous reparlerons à propos de la mamelle. Les poils
doux et longs ne doivent pas être rares.
17. Le front doit être large, et plus velu chez le taureau que chez la
vache, mais sans exagération.
On dit généralement que la largeur du front indique l'intelligence :
ce n'est pas complètement exact. L'ampleur du front est en rapport,
non avec le développement du cerveau, mais avec des cavités entre les
os du crâne et de la face (des sinus) qui ont pour effet d'augmenter le
volume de la tête sans en augtuenler le poids. Au large front correspond
une larçfe mâchoire, mieux conformée pour bien broyer les aliments.
18. Les ganaches sont formées par le rebord de la mâchoire infé-
rieure, et, d'après ce que nous venons de dire au paragraphe 17, on
devra rechercher des ganaches écartées, ce sera une indication d'une
bête qui se nourrit bien. Une bête à mâchoire étroite restera maigre.
19. Bouche. Elle doit être régulière; on voit quelques animaux chez
lesquels la mâchoire inférieure dépasse la supérieure ou l'inverse. Il
va sans dire que cette construction est défectueuse.
20. Le mufle, appelé aussi rosée^ à cause de Thumidité qui le
recouvre, doit être large, en rapport avec de bonnes mâchoires.
Sa coloration peut varier suivant les races et suivant le manteau des
animaux. Un mufle tacheté fait douter de la pureté de race de certains
animaux.
21 . Colonne vertébrale^ rectitude. Si l'on a dit avec raison que l'œil
est le miroir de Tâme, on peut aussi dire que la rectitude de la colonne
vertébrale est une sorte de miroir de la bonne constitution. Chez
l'homme comme chez les animaux les déviations de cette partie sont
une cause de souffrance et elles indiquent des fonctions irrégulières.
Nous devons toutefois faire observer que la chaîne des vertèbres
n'est pas rectiligne dans le squelette, mais extérieurement les creux et
les bosses s'égalisent par des amas musculaires importants et la recti-
tude de la ligne vertébrale, depuis la nuque, devient à peu près
parfaite, comme on peut le constater sur les animaux les mieux con-
formés.
22. Encolure et garrot. La longueur de l'encolure est, comme nous
l'avons déjà dit (1 1), en rapport avec la taille et la tête : environ une
fois et demie celle-ci ; et les trois cinquièmes de la taille au garrot.
Une encolure trop forte indique un manque d'équilibre au détriment
du train de derrière. Cependant chez les taureaux adultes la graisse peut
s'accumuler dans cette partie sans que ce soit un défaut.
L'encolure grêle est un affaiblissement, une dégénérescence, chez
62 DE LA SÉLECTION.
les laitières épaisées surtout; le garrot est alors en saillie trop pro-
noncée.
La hauteur du garrot, relativement à la croupe, quoiqu'elle ait bien
moins d'importance que chez le clieval, doit cependant être tenue en
sérieuse considération.
Un garrot bas avec une croupe haute constitue un défaut d'équilibre
malheureusement trop fréquent dans les pays de montagne; ce défaut
a pour conséquence une poitrine moins développée et, pendant la
gestation, un refoulement du veau en avant qui amène facilerrtent de
la toux.
23. Dos. Cette partie devrait être large, bien musclée et longue. La
largeur et la longueur se rapportent aux dimensions du thorax, la
grosseur des muscles à la bonne constitution. Le dos est bien garni
dans la jeunesse, il se dégarnit par l'amaigrissement et l'appauvris-
sement.
Quand on pince la peau sur l'épine dorsale en arrière du garrot,
chez un animal phtisique, il se produit une vigoureuse flexion, et
comme un affaissement du train de derrière; c'est toujours un symp-
tôme inquiétant.
{La suite prochainement). Bieler,
Directeur des cours agricoles de Lausanne,
SITUATION AGRICOLE
DANS l'arrondissement DE LOUDÉAG ICOTES-DU-NORD).
L'arrondissement de Loudéac fait partie de la zone du midi du département
des Gôtes-du-Nord. — Terrains des landes et de bruyères, environ 1/6 du ter-
ritoire ; engraissement des bœufs ; production de froment, de seigle, avoine, blé
noir et pommes de terre.
L'agriculture de l'arrondissement a réalisé des progrès depuis surtout une
dizaine d'années, grâce à l'emploi de la chaux qui produit bon effet dans la ma-
jeure partie de nos terres dépourvues de principes calcaires, et au noir animal
qui a permis beaucoup de défrichements de landes. La marne n'y est pas connue
ni employée, quoiqu'on la rencontre dans beaucoup de localités.
Le iroment a remplacé le seigle dans une bonne partie du pays, et les plantes
fourragères : trèfles, choux navettes — rutabagas — peu de betteraves, donnent au
bétail une nourriture plus abondante, et permettent d'assurer l'amélioration des
races.
Les instruments aratoires perfectionnés sont, sur tous les points, d'usage ordi-
naire, et les parties du pays les plus indifférentes au progrès, commencent à en
reconnaître l'utilité incontestable.
Le lin et le chanvre commencent aussi à être l'objet d'une culture spéciale dans
les meilleures terres. La pomme de terre est, après les céréales, la plante qui occupe
la plus grande étendue de terrain. On consacre à sa culture, environ 300 hec-
tares dans l'arrondissement, et elle sert principalement à la nourriture des habi-
tants et à l'engraissement de certains animaux. Elle fournit dans les bonnes
années un contingent assez fort à l'exportation.
La production du beurre est estimée à 75,000 quintaux, dont les 2/3 pour l'ex-
portation. L'arrondissement donne environ 50,000 hectolitres de froment,
20,000 hectolitres de seigle, 80,000 hectolitres d'avoine ; le sarrasin autant.
Le sol de l'arrondissement est formé presque exclusivement de terrain argileux
et le calcaire y manque presque entièrement. La couche de terre arable y est peu
épaisse et constitue ce qu'on appelle des terres légères.
La récolte y dépasse généralement, d'un tiers au moins, les besoins de la con-
sommation Les animaux de toutes sortes sont assez nombreux ; mais presque tous
d'espèces communes.
Pourtant, sous l'influence d'une nourriture plus abondante et meilleure, ils
tendent à s'améliorer. Or, depuis quelques années, de sérieux progrès ont été
réalisés sous ce rapport.
SITUATION AGRICOLE DANS L'ARRONDISSEMENT DE LOUDÉAG. 63
La race bovine la plus répandue est la petite race dite bretonne^ bonne à lait
et à beurre, convenant parfaitement à notre territoire. Cependant, dans un cer-
tain nombre de cantons et de bonnes fermes , elle tend à disparaître devant les
croisements.
Les moutons sont peu nombreux par rapport à l'étendue du terrain, de race
commune, 1/15 au plus sont de races perfectionnées. Gomme chez nous, ils dimi-
nuent où la culture progresse.
L'agriculture, dans le pays, est restée jusqu'ici, vis-à-vis de la plus grande
partie de la France, dans un état d'inf.:^riorité facile à constater. Il faut reconnaître
pourtant que depuis quelques années de notables améliorations se sont produites,
mais il reste encore beaucoup à faire, et les progrès sont lents.
D'un autre côté, les Comices agricoles, qui fonctionnent aujourd'hui dans près
que tous les cantons, ont déjà obtenu d'excellents résultats au moyen des conseils
qu'ils ont donnés, et des encouragements de plusieurs sortes qu'ils ont distri-
bués aux cultivateurs les plus habiles, ainsi que des récompenses attribuées aux
meilleurs domestiques ruraux.
Des foires établies dans tous les cantons et dans les principales communes,
procurent aux éleveurs des moyens de transformations faciles.
On trouve des ardoises dans un certain nombre de localités, et l'on exploite
les ardoisières de Saint-Guën, Uzel, Mur et Caurel. Les ardoises de Mur-de-
Bretagne sont généralement de bonne qualité; celles de Caurel sont surtout
renommées.
Les argiles avec lesquelles on peut fabriquer les tuiles et la poterie, existent
en abondance dans tout U pays; mais elles ne sont pas utilisées.
La fabrication des toiles fines dites de Bretagne ou de Quintin, bien que déchue
de son ancienne splendeur, fait encore vivre un assez grand nombre de personnes.
Les centres de cette industrie, pour l'arrondissement, sont Loudéac et Uzel,
pour les toiles fines ; Grâces- Uzel pour les toiles à tamis. Sauf quelques excep-
tions, le travail de tissage s'effectue à domicile dans cette région, et tend à deve-
nir un accessoire de l'agriculture.
Le mmerai de fer se trouve sur divers points de l'arrondissemeat, et des mi-
nières ont été exploitées ou le sont encore, aux environs de Gouarec, dans le
Mené, près de Merdrignac et dans la commune de La Ferrière. Un immense gise-
ment de terre à faïence (kaolin] existe dans la commune de Plémet.
L'arrondissement n'a point été éprouvé par des maladies épizootiques depuis
cinq à six ans que la fièvre aphteuse y a fait subir d'assez grandes pertes.
Comme maladies sporadiques, nous avons celles dues à notre climat, presque
toujours froid et humide : affections des voies respiratoires et digestives, gourmes
assez malignes; pas malade cas de morve, farcin ; peu ou point de charbon;
la péripneumonie contagieuse est inconnue ici.
Loudéac (chef-lieu) possède, depuis deux ans, des courses de chevaux qui ont
très bien réussi, et promettent d'améliorer la race chevaline, bien pauvre chez
nous. Je ne parle pas du cheval de Gorlay que vous connaissez. Un concours hip-
ique, comme vous le savez, a été institué cette année à Loudéac. Il réussira, je
e crois, à faire conserver les bonnes juments poulinières améliorées.
Grosset,
Grâces-Uzel, le 26 décembre 1882.
fe
LE SYNDICAT D'ISSOUDUN-SAINT-GEORGES (INDRE)
Au commencement de 1881, M. Hirault, vétérinaire, trésorier du Comice
agricole d'Issoudun, propriétaire d'une vigne de dix hectares, aux Barreaux,
près Issoudun, commune de Stain-Georges (Indre), constatait sur un point de
sa vigne, déjà faible l'année précédente, un très mauvais départ de végétation.
En juillet, la situation était plus grave; sur la première tache, les ceps étaient
morts ou mourants et, sous les vents d'ouest, sur une étendue d'un hectare
environ, les sarments, bien que d'assez bonne vigueur et portant des fruits,
étaient couverts de feuilles jaunes.
Effrayé des caractères piiylloxériques qui se révélaient, M. Hirault invita
M. Wroblewski, professeur de chimie au collège, et M. C. Louet, fabricant, membre
du Comité de vigilance contre le phylloxéra, à se rendre à la vigne des Barreaux ;
ces messieurs acquirent bientôt la conviction que les racines étaient couvertes de
phylloxéras.
6k LE SYNDICAT D'ISSOUDUN-SAINT-GEORGES (INDRE).
M. Hirault fit immédiatement sa déclaration à l'autorité et réclama le traitement
administratif.
M. Thimel, délégué départemental, fut envoyé sur les lieux ; il constata que
non seulement les points apparents étaient phylloxérés, mais que tout le clos
était envahi et que l'invasion remontait à trois ou quatre ans.
Au mois d'octobre, M. Gouanon, délégué régional au ministère de l'agriculture,
chargé d'examiner les vignes des Barreaux, ne put qui constater l'existence de
l'insecte et la gravité du mal et engagea le propriétaire à se défendre, soit à ses
frais, soit avec le concours d'un syndicat qui lui permît d'obtenir une subvention
de l'Etat. M. le délégué régional développa les conditions et les avantages des
associations syndicales.
M. Hirault déclara qu'il était prêt à faire partie d'un syndicat, comme proprié-
taire, et MM. A. Louet et G. Louet, fabricants, offrirent d'entrer dans le syndicat
comme donateurs.
Le noyau était formé, il s'agissait de l'agrandir. Après des démarches nombreuses ,
mais infructueuses, MM. Hirault, A. Louet et G. Louet se retrouvèrent seuls ;
mais en présence de la nécessité absolue d'organiser la défense des vignes dans
l'arrondissement d'Issoudun et de prêcher par l'exemple et rexpérimentation, ils
résolurent de former le syndicat à eux trois.
Le syndicat fut constitué sous le nom de syndicat d'Issoudun-Saint-Greorges
et approuvé par l'administration.
M. Hirault s'engageait à prendre à sa charge un tiers des frais de traitement
avec obligation d'appliquer une fumure convenable, et MM. A. Louet et G. Louet
prenaient à leur charge les deux autres tiers de la dépense.
Le syndicat adressa une demande de subvention à U Gommission supérieure
du phylloxéra. Elle fut favorablement accueiilia et une subvention de 100 tr.
par hectare fut attribuée au syndicat d'Issoudun-Saint-Georges.
Geux qui le composaient décla'-èreat par la voie des journaux qu'il était ouvert
à tous les adhérents qui se présenteraient et firent appel aux dons en argent et en
nature.
M. A. Petit, d'Issoudun, pharmacien à Paris, entra alors dans le syndicat
au même titre que MM. Louet, ce qui porta à quatre le nombre des syndiqués.
La souscription publique ne comprit qu'un très petit nombre de souscripteurs,
parmi lesquels figuraient le Gomice agricole et la Société vii^neronne d'Issoudun.
Sur ces entrefaites, une nouvelle tache phylloxérique ayant été signalée à l'au-
torité et constatée par deux commissions no nmées à cette effet, les menbres du
syndicat d'Issoudun-Saint-Georges offrirent au propriétaire de traiter sa vigne,
mais il refusa.
La même proposition fut faite aux propriétaires des vignes attenantes à celle
de M. Hirault ; un seul, M. Tillier, accepta et sa vigne fut traitée en même
temps que celle de M. Hirault.
Notre programme pour le traitement de la vigne des Barreaux était ainsi conçu :
Emploi du sulfure de carbone, à raison de 22 à 24 grammes par mètre carré,
le travail se faisant sous la surveillance du moniteur ordinaire du département ;
Traitement réitéré à six jours d'intervalle, sur le point où s'était révélée la
première tache, à la dose de 5 gramines par chaque injection;
Traitement simple sur le restant de la vigne, a raison de 8 grammes de sulfure
par injection sur la vigne plantée à 1'". iiO entre rangs et 10 grammes sur celle
plantée à 2 mètres entre rangs.
Mais ayant trouvé que fi trous étaient insuffisants pour la vigne plantée à
2 mètres entre rangs, nous écrivîmes à ce sujet à la Gompagnie Paris-Lyon-
Méditerranée, qui eut la gracieuseté de nous envoyer un de ses moniteurs,
M. Isaac, avec lequel il fut résolu qu'un cinquième trou était nécessaire dans la
plate- bande de 2 mètres entre rangs et qu'on ramènerait la dose à 9 grammes
par trou, au lieu de 10, d'où il résulte que la dose de sulfure de carbone,
employée à l'hectare, a été de 2k0 kilog. pour la vigne à l™.3û entre rangs —
225 kilog. pour celle à 2 mètres entre rangs — et 300 kilog. pour le traitement
réitéré.
Le sol de la vigne des Barreaux est formé de calcaire léger sur le plateau, la
pierre dure est à O'^.ib environ de profondeur : ce qui rend le sol réfractaire aux
racines qui ne peuvent s'étaler que dans les couches supérieures. Sur les pentes,
notamment au levant, le sol est assez profond, mais compact dans les couches
inférieures, où les racines ne pénètrent pas au-dessous de 0'". 25.
LE SYNDICAT D'ISSOUDUN-SAINT-GEORGES (INDRE). 65
Les trous d'injection ont pu, en conséquence, atteindre difficilement 0"',30 sur
le plateau et dépasser cette profondeur sur les pentes.
Ces trous ont été donnés à i'entrepr se à raison de 2 fr. 70 le mille. Un homme
pouvait en faire, en moyenne, 800 par jour.
Le traitement a commencé le 22 mars 1882, sur les huit carrés qui forment
la vigne :
Carré A. Vigne plantée en 1872, palissée sur fil de fer, très vigoureuse en
grand rapport, peu atteinte par le phylloxéra, terrain léger calcaire de 0'".25 envi-
ron de profondeur, sous-sol calcaire, dur. rétractaire aux racines, plantation à
]"'.30 entre rangs, un mètre dans le rang, contenant 10,560 plants dont 7,000
ont été traités à raison de 4 trous par cep et 8 grammes de sulfure de carbone par
trou, soit 225 kilog. à l'hectare.
Carré b. Vigne plantée en 1872, où la première tache, datant de trois ou
quatre ans, s'est révélée en 1881, sur une étendue de 20 ares environ et où les
ceps étaient morts ou mourants. Dans le restant de ce carré, bonne végétation,
sarments bien nourris et ayant fructifié; terrain léger calcaire de G'". 25 à
0'".30 de profondeur, plantation à r".30 entre rangs, un mètre dans le rang,
contenant ^1,708 plants soumis au traitement reitéré à six jours d'intervalle,
à raison de 5 grammes par trou et par chaque injection, soit 30>J kilog. à
l'hectare.
Carre C. Vigne plantée en IS^^S, la plus atteinte après le carré B. Sarments
grêlés, mais assez allongés, ayant fructifié, terrain léger, calcaire, de 0'".25 à
0"'.30 de profondeur, plantation à 2 mètres entre rangs, un mètre dans le rang,
contenant 4,884 plants traités à raison de 5 trous par cep et 9 grammes de sul-
fure par trou, soit 225 kilog. à l'hectare.
Carré D. Vigne plantée en 1862, peu atteinte, bonne végétation, terrain léger,
calcaire, analogue à celui du carré A; plantation à 2 mètres entre rangs, un
mètre dans le rang, contenant 5,016 plants traités à raison de 4 trous par cep et
10 grammes de sulfure par trou, soit 2oO kilog. à l'hectare.
Carré E. Vigne plantée en i868, peu atteiate, bonne végétation, terrain ana-
logue à celui des carrés A et D ; | lantation à 2 mètres entre rangs, unmèti-e dans
le rang, contenant 5,358 plants traités à raison de 5 trous par cep et 9 grammes
de sulfure par trou, soit iib kilog à l'hectare.
Carré F. Vigne plantée en 1868, peu atteinte, bonne végétation, terrain ana-
logue à celui des carrés A, D et E ; plantation à 2 mètres entre rangs, un mètre
dans le rang, contenant 5,64:i plants traités à raison de 5 trous par cep et
9 grammes de sulfure par trou, soit 225 kilog. à l'hectare.
Carré G. Vigne })lantée en 1866, bien atteinte, assez bonne végétation, terrain
léger, calcaire, de 0"'.30 à 0'".35 de profondeur, sous-sol compact et réfractaire
aux racines; plantation à 2 mètres entre rangs, un mètre dans le rang, contenant
5,781 p'antft, traités à raison de 5 trous par cep et 9 grammes de sulfure par
trou, soit 225 kilog. à l'hectare.
Carré H. Vigne plantée en 1866, peu atteinte, bonne végétation, terrain ana-
logue à celui du carré Gr, plantation à 2 mètres entre rangs, un mètre dans le
rang, contenant 6,432 plants, traités à raison de 5 trous par cep, et 9 grammes
de sulfure par trou, soit 225 kilog. à l'hectare.
Voici les frais de traitement par le sulfure de carbone :
2,000 kilog. de sulfure provenant de la Compagnie Paris-Lyon-
Méditprranée et revenant net en gare d'Issoudun à 42 fr. 80 les f"".
100 kilog 856 . 00
100 kilog. provenant du Comité départemental 42.80
Main-d'œuvre et surveillant 1 043.70
Entretien d'outils et frais divers , 57.50
Ensemble 2,uOU.uO
Ne sont pas compris les pals, pilons, pinces et accessoires qui rentrent dans
le matériel de traitement. — La dépense par hectare est donc de 200 francs.
Fumure. — Afin de donner <à nos expériences une base scientifique et d'appli-
quer la fumure la plus rationnelle, nous avons soumis à M. Joulie l'analyse du
terrain de la vigne des Barreaux.
Gomme conséquence des chiffres de son analyse, M. Joulie nous a conseillé
d'employer le nitrate de potasse, au prix de 68 francs les 100 kilog., à raison de
50 grammes par cep, et nous avons suivi sa recommandation.
66 LE SYNDICAT D'ISSOUDUN-SaIJST-GEORGES (INDRE).
Nous avons cependant cru devoir expérimenter sur un carré de vigne un engrais
spécial appliqué à la même dose et contenant :
100 superphosphate de chaux à 11 fr. 25 les 100 kilog.
200 nitrate de potasse 68 » —
ce qui donne à l'hectare, transport de l'engrais compris, avec le nitrate de
potasse pur :
Par vi^ne à 1 "'.30 entre rangs et 1 mètre dans le rang 375 kilog. à 70 fr. = 262 fr. 50
— 2 — 1 — 250 70 175
et avec l'engrais composé :
Par vigne plantéeà l^.SO entre rangs et 1 mètre dans le rang 375 kilog. à 49 fr. 50 16S fr. 75
_ 2—1 — 250 — 112 fr. 50
L'application de ces engrais a eu lieu par déchaussement en cuvette, autour
de chaque souche, et le binage de printemps a été fait en même temps.
Résultat des fumures. — L'examen des deux parties du carré A a permis de
constater que la partie traitée par le sulfure de carbone et fumée au nitrate a été
plus belle, a mieux conservé ses feuilles et a donné des fruits qui sont arrivés à
une maturité plus complète que l'autre partie non traitée par le sulfure et fumée
au fumier de lerme.
Dans cette dernière partie, on a reconnu la présence de l'oïdium.
Dans les parcelles G et D, additionnées de nitrate de potasse, les feuilles
étaient plus vertes, se sont mieux conservées et la maturité a été plus complète.
Le carré fumé avec l'engrais composé a donné des résultats intérieurs, ce qui
doit être attribué à la moindre quantité de nitrate de potasse employée, cette
différence n'étant pas compensée par le phosphate de chaux contenu dans cet
engrais.
Les carrés E, F et H, traités au sulfure de carbone et non fumés, ont présenté
une végétation moins belle et les sarmenis ont moins bien conservé leurs feuilles ;
mais, aucune partie de ces carrés ou du restant du clos n'a présenté un état de
soutfrance qui pût être attribué au sulfure de carl>one.
Les divers engrais ont été employés au commencement de mai, et il est possible
que cet emploi tardif ne leur ait pas permis de produire, dès cette année, tous
leurs eiïets utiles.
Résultats obtenus par le traitement. — Au mois de juillet 1882, la vigne pré-
sentait l'aspect suivant :
Carré A. Végétation très vigoureuse et fructification abondante.
Carré B. Sur les 20 ares de la première tache, aucun cas nouveau de mortalité,
maintien de la végétation des souches, sarments très courts mais garnis de
feuilles vertes.
Dans le restant du carré, sarments peu vigoureux, mais assez allongés et portant
des feuilles vertes et des fruits.
Carrés C. Sur les 25 à 30 ares de la tache accentuée, constatée l'année précé-
dente, mêmes résultats que sur les 20 ares du carré B. Dans le restant de la pièce,
les sarments peu vigoureux et irrégulièrement allongés portaient des feuilles
vertes et des fruits.
Carrés D et E. Très bonne végétation, sarments allongés, bonne fructification.
Carré F. Végétation assez bonne, mais moins satisfaisante que celle des
carrés D et E.
Carrés G et H. Végétation et fructification à peu près normales.
Les recherches, un peu sommaires, faites sur les racines, à cette époque, révé-
lèrent la présence de rares insectes sur quelques points épars du clos, mais
notamment sur la première tache de 20 ares.
D'autres recherches faites sim.ultanément dans les vignes voisines non traitées
attenantes à celle de M. Hirault et où le phylloxéra avait été découvert l'année
dernière, révélèrent une augmentation considérable du nombre des insectes.
Tout en faisant de sérieuses réserves pour l'avenir, nous devons constater que
la végétation de ces vignes présentait néanmoins un état général assez satisfaisant.
Nous appelons particulièrement l'attention sur le fait suivant qu'il nous a été
permis d'observer dans deux parcelles de vigne du clos Barreaux, appar enant à
deux propriétaires difierents et dans lesquelles on avait constaté, l'année dernière,
une tache aussi grave que celle trouvée chez M. Hirault. Cette tache présentait
des ceps morts ou mourants et était coupée par un petit sentier de séparation
entre voisins, le restant des deux parcelles était phylloxéré au même degré.
L'un des propriétaires, Mf Tillier, nous laissa traiter sa vigne, l'autre ne voulut
pas y consentir.
LE SYNDICAT D'iSSOQDUN-SAlNT-GEORGES (liNÛUE). 67
Les résultats furent très intéressants.
Dans la vigne traitée, la tache fut circonsciite, les ceps s'allongèrent et se
couvrirent de feuilles vertes, les autres plants montrèrent une bonne végétation
et on découvrit fort peu d'insectes sur les racines.
Dans la vigne non traitée, au contraire, la tache s'agrandit, la plupart des ceps
moururent et les autres se couvrirent de feuilles jaunes. Dans le restant de la
pièce, le phylloxéra fut trouvé très abondant
Rroltcs. — Les vignes des Barreaux ont été classées en 1881 et 1882 parmi les
petites moyennes de récoltes et sont dans d'excellentes conditions de comparai-
son. En 188 l , avant ffu'aucun traitement n'ait été appliqué, ces vignes produisaient:
Sur 2 hectares palissés sur iil de fer 80 nectol. ( , , ^ u » t.
o 1' CA I+O hectolitres.
» 8 « non palisses — — 60 » /
En 1882, après le traitement au sulfure de carbone :
Sur 2 hectares palissés sur fil de fer 52 hectol. ( ,,^ , , ,-,
» 8 .> non palissés _ _ 58 . ( ^^^ hectolitres.
Différence en moins pour 1882 30 hectolitres.
On remarque que le déficit porte sur les 2 hectares palissés sur fil de fer; la
cause en est due à l'oïdium qui a sérieusement envahi la portion non traitée et
lumée au fumier de ferme.
La différence générale s'explique en outre, par les intempéries de l'année qui
ont occasionné la coulure, l'incomplète maturité et le mauvais rendement à la
cuve qui en a été la conséquence.
L'effet du traitement au sulfure n'a donc apporté aucun désordre dans la vigne
des Barreaux.
Conclusions. — Des faits qui viennent d'être exposés et des résultats constatés
à la suite de l'emploi du sulfure de carbone, avec ou sans l'adjonction d'engrais
chimiques ou de fumier de ferme, nous pouvons tirer les conclusions suivantes :
1" Le sulfure de carbone employé à raison de 225 à 240 kilog. par hectare,
détruit énergiquement le phylloxéra :
2° A cette dose, le sulfure de carbone ne nuit ni à la végétation de la vigne ni à
la production de ses fruits ;
3" L'extermination de l'insecte est telle, après un traitement en mars, qu'on le
rencontre difhcilement en juillet, ce qui permet à la vigne débarras-^ée du puceron,
de reconstituer de nouveaux chevelus et de reprendre sa vigueur ;
4" L'insecte qui échappe à la destruction se multiplie assez sensiblement après
juillet, mais la vigueur acquise par les plants leur permet de se maintenir;
5" Un traitement annuel est nécessaire, mais nous sommes d'avis qu'on
pourrait le limiter, dès la seconde année, aux parties où la présence du phylloxéra
est constatée, ce qui atténuerait sensiblement la dépense totale;
6° Dans ces conditions nous estimons que le sulfure de carbone, dont nous
avons constaté les excellents résultats pratiques, doit être recommandé pour
défendre contre le phylloxéra les vignobles d'Issoudun, en attendant les moyens
plus économiques que la science peut mettre dans l'avenir à la disposition des
viticulteurs.
Nous ferons observer d'ailleurs que le surcroît de dépense qui vient s'ajouter
aux frais ordinaires de culture delà vigne, se trouve compensé parla plus-value
que les vins ont prise et prendront dans l'avenir ;
1" Si les 10 hectares de la vigne des Barreaux ont produit 140 hectolitres de
vin en 1881, alors qu'ils n'avaient pas encore été traités au sulfure de carbone
et 110 hectolitres seulement en 1882 après le traitement, la cause ne peut en être
attribuée à ce traitement, mais bien à la coulure et à la mauvaise maturité qui a
été générale cette année dans notre région ;
8" Les engrais sont des auxiliaires très utiles, mais les fumures à haute dose
ne nous semblent pas indispensables ;
9" En conséquence, notre syndicat, confiant dans les résultats obtenus et à
obtenir par le traitement au moyen du sulfure de carbone, convaincu de la néces-
sité de pousser à ce traitement par l'exemple et l'expérimentation, est résolu à
continuer en 1883 l'œuvre commencée en 1882.
Il est résolu, en outre, à employer tous les moyens en son pouvoir pour faire
entrer dans l'association les propriétaires des vignes environnant celle de
M. Hirault, de façon à protéger et sauver le clos entier des Barreaux, qui se
trouve isolé des autres vignobles. Hirault, A. Louet, A. Petit, G. Louet.
Membres du Syndicat d'Issoudun-St-Georges.
68 MOYENS PRATIQUES D'AMÉLIORER LA SITUATION DE L'AGRICULTURE.
MOYENS PRATIQUES D'AMÉLIORER LA SITUATION
DE l'agriculture FRANÇAISE. — IL
Administration des fermes. — Il a été établi précédemmeat, et l'opi-
nion publique est d'accord avec nous sur co point, que l'agriculture
française luUe en ce moment contre des difficultés considérables.
Ces difficultés sont d'ordres divers et chacun fait ressortir l'impor-
tance de quelques-unes d'entre elles sans bien reconnaître la réalité
des autres.
Elles sont : 1° générales, dérivant de la situation politique, écono-
mique et sociale, ou : 2" spéciales, et propres à chaque situation par-
ticulière.
Aux premières, il faut opposer des lois nouvelles, les dégrèvements,
l'institution du Crédit agricole, des règles de douanes plus favo-
rables à la nation, tous les encouragements enfin, qui peuvent être
offerts aux classes laborieuses des campagnes ou aux détenteurs de la
propriété foncière.
Aux autres le développement par l'éducation aussi bien que par
l'instruction des qualités comme des facultés individuelles, l'amour
du travail et celui de l'étude, une science plus développée unie à une
pratique sérieuse de Tordre, de l'économie, de l'activité, le coup d'œil
sûr de l'expérience, toutes choses qui permettent de comprendre une
situation particulière et d'en tirer bon parti.
Or, il est facile de voir que c'est surtout à ce dernier point de vue
qiM3 l'on doit étudier les moyens de relever notre agriculture, car il
n'est pas possible d'écarter la concurrence dô l'étranger, point non
plus de compter sur un crédit agricole efficace ni d'obtenir des dégrè-
vements considérables.
Dès lors quel sera l'effet des demi -mesures dont on espère l'appli-
cation dans un temps plus ou moins rapproché?
Si, dans une exploitation où le cultivateur se plaint de ne pouvoir
payer son fermage, on obtient des dégrèvements qui s'élèveront au
vingtième du prix de ce fermage, le résultat cherché serat-il obtenu?
Sans doute il ne faut négliger aucun des moyens qui permettront de
venir en aide h l'agriculture;- mais à moins de fermer nos ports et nos
frontières à l'étranger et de ne plus demander de contributions aux
habitants des campagnes, ce qui ne saurait venir à l'idée de personne,
on peut dire qu'aucune modilication dans l'état économique du pays
ne sera assez profonde pour donner satisfaction aux intérêts pourtant
si légitimes de ceux qui exploitent sa terre; et que la lutte énergique,
autant que la connaissance approfondie de l'agriculture, est nécessaire
pour que la ruine ne vienne pas menacera la fois la nation, forcée de
donner son épargne en échange de marchandises importées, le culti-
vateur écrasé par l'élévation progressive du taux des salaires et le
propriétaire lui-même.
En effet, le bien de ce dernier perdra de sa valeur à mesure que les
fermiers découragés fuiront les communes rurales, pour chercher au
sein des villes, ou dans l'industrie, une situation meilleure que leurs
fils surtout ne manqueront pas de choisir.
Et les jeunes filles, combien en voit-on qui consentent encore à
habiter le village? Et, si la propriété foncière est en discrédit, quelle
MOYENS PRATIQUES D'AMÉLIORER LA SITUATION DE L'AGRICULTURE. 6 9
perte pour une G;rîmc]e nation qui sera obligée de la calculer sur
57 millions d'hectares!...
il faut donc un efïort suprême, pour lutter contre la double concur-
rence de l'étranger et de 1 industrie, puisque cette dernière seule, en
faisant renchérir la main-d'œuvre, charge Texploitation du sol d'une
somme annuelle que l'on peut évaluer en moyenne à 25 francs par
hectare, et que le travail toujours plus cher est aussi toujours plus
mal exécuté dans les fermes.
Voilà les difficultés que j'ai combattues il y a quelques années déjà
par la londalion de la Société d'encouragement et de bienfaisance pour
les campagnes du département de Meurthe et-Moselle, qui cherche à
relever ie courage des ouvriers, en donnant aux familles laborieuses et
fidèles des primes et des diplômes, l'honneur et l'argent à la fois.
Que peut faire un cultivateur s'il n'est pas entouré d'aides dévoués
et laborieux, au moment où les bras, les intelligences et les capitaux
sont entraînés vers les centres industriels et populeux, ou sollicités
par mille spéculations exe-^întes de fatigue et pleines de promesses?
Mais s'il fallaiL aileniu e, pour voir l'agriculture française reprendre
sa marche d'un pas assuré, que l'opinion revienne à elle, et que l'in-
struction qui, avec i;i scienee, donne parfois tant d'ambitions exagé-
rées, lui fournisse des aides fidèles et énergiques, on ferait preuve
d'une étrange confiance.
Hàtons-nous donc; ne comptons pas sur des promesses, ne nourris-
sons pas de vaines espérances, car il est fort à craindre que le mal ne
fasse qu'empirer, si l'on ne cherche pas à le combattre efficacement; et
puisque la jeunesse que rien ne lie, est libre de choisir la situation
qu elle veut occuper, il ne reste plus qu'à lui indiquer par quels
moyens on peut trouver dans les campagnes les profits légitimes qu'elle
espère réaliser dans les villes ou dans l'industrie, en s'imaginant que
l'on ne saurait les obtenir ailleurs.
En dehors de toute appréciation politique, on peut dire que le suf-
frage universel présente du moins cet avantage, qu'il forcera tout le
monde à respecter le paysan, l'homme du pays attaché au sol national
par des liens si intimes. On l'honorera surtout en comparant ses ser-
vices à ceux de tant de domestiques urbains ; et devant le fermier qui
emploie l'honnête nianouvrier des campagnes, oa s'inclinera aussi
quand on verra deux hommes fidèles à la terre nationale, rester unis
l'un à Tautre par le travail, après une épreuve de trente ou quarante
années.
Enfin, si l'on parvient à démontrer que l'agriculture, tout en assurant
à ses représentants fidèles une honorabilité indiscutable, est aussi la
profession qui promet les bénéfices les plus sûrs à l'homme qui en
connaît toutes les ressources, le bon sens public, las des déceptions
de la Bourse, ramènera vers les campagnes les forces qui s'en éloignent
pour se perdre dans les plus stériles spéculations.
Sans doute les soutîrances qu'ont éprouvées ses représentants depuis
plusieurs années semblent donner raison à ceux qui ne croient pas à
la possibilité de relever, au point de vue du profit, une industrie si
respectable et si digne d'estime.
Les mauvaises récoltes et les autres difficultés dont il a été question
précédemment semblent venir à l'appui de leurs craintes, et il serait
injuste de ne point prêter l'oreille à des plaintes qui décèlent les an-
70 MOYENS PRATIQUES D'AMÉLIORER LA SITUATION DE L'AGRICULTURE.
goisses de tant de familles. Mais, toat ea reconnaissant qu'une grande
révolution s'est accomplie dans les campagnes, et que la situation nou-
velle a causé des psitcs, même des ruines nombreuse:?, on a le droit
d'affirmer que bien des ressources restent entre les mains du cultiva-
teur, ot qu'il y a dans le développement de la consommation el de la
richesse générales que cause le déplacement des populations devenues
chaque jour plus exigeantes, des sources très importantes de bénéfi-
ces qui se développeront de plus ea plus et qui deviendront la base
sur laquelle repose la garantie des bénéfices offerts au travail de la
famille agricole.
Cette famille, il la faut bien unie, active, laborieuse, économe, pre-
nant sa part de la peine journalière, et conservant ainsi pour elle-même
la juste rémunération de louables efforts.
Mais pour revenir à notre point de départ, examinons comment,
par une harmonie bien comprise, la réalisation d'un bénéfice impor-
tant est assurée.
L'économie n'exclut pas la dépense, mais elle sert à la régler, et
puisque la campagne ne dispose plus d'un capital considérable à la
suite des années d'épreuves qu'elle vient de traverser, le problème à
résoudre aujourd'hui peut être posé ainsi :
Obtenir aux moindres frais possibles les résultats les plus avan-
tageux.
{La suite prochainemenl). . E.Duroselle.
BIBLIOGRAPHIE AGRICOLE
Les\ piaules potagères, descriptiim et culture des princ'paux légumes des climats tempérés, par
MM. ViLMORi>i-ANDRiEUx et Cie. — Un volume in-8 de 6ô0 pages, avec de nombreuses gra-
vures noires. — Chez Vilraorin-Andrieux, marcliands-grainiers, quai de la Mégisserie, 4,
à Paris.
Il y a un peu plus d'un an, nous signalions ici le grand ouvrage
publié par la maison Vilmorin, sur les meilleurs blés. La valeur de ce
travail a été immédiatement appréciée par tous les agriculteurs. Ce
que nous disions du livre sur les blés, nous pourrions le répéter pour
celui sur les plantes polagères, que MM. Vilmorin-Aadrieux viennent
de faire paraître. Nous nou^ trouvons encore en présence d'obser-
vations et d'e-^périences plus que séculaires, faites par des hommes
d'élite, sur des questions délicatco, avec une patience et une soUi-
citude qui ne se sont pas démanlie- un seul jour depuis le dix-
huitième siècle. C'est le résultat de ces expériences qui est offert aux
agriculteurs, dans un volume que tout le monde peut consulter, où
l'on ne sait ce qu'il faut admirer le plus de la précision des descriptions,
de la simplicité avec laquelle elles sont faites, ou enfin de la sûreté
avec laquelle les conseils de culture sont donnés, pour les diverses
circonstances dans lesquelles le cultivateur peut se trouver.
Les plantes potagères cultivées en France sont extrêmement nom-
breuses; ce sont elles qui, par leur diversité, donnent aux repas la
variété qui plaît dans la plus modeste chaumière, comme dans les
plus brillants palais. Les unes sont à peu près exclusivement 'du
domaine du jardin; les autres appartiennent à la culture des champs.
Les études de MM. Vilmorin-Andrieux se sont portées sur ces deux
catégories de plantes; toutefois, c'est avec plus de détails, et avec une
véritable prédilection, qu'ils s'occupent des plantes potagères de
grande culture. Nous citerons notamment les chapitres consacrés aux
BIBLIOGRAPHIE AGRICOLE. 71
choux, aux haricots, aux pommes déterre, aux pois, comme de véri-
tables monographies complètes, au double point de vue de la descrip-
tion des variétés et des soins de culture.
Il serait difficile d'établir une classification des plantes potagères
qui échappât complètement à l'arbitraire. Afin d'éviter cette difficulté
et pour faire un ouvrage qui pût être consulté sans aucune peine,
MM. Vilniorin-Andrieux ont adopté l'ordre alphabétique. Depuis A jus-
qu'à Z, les plantes se suivent ainsi comme dans un véritable diction-
naire. Pour chaque genre, la méthode est la même : description de la
plante et de ses variétés, culture, usage; la description est le plus
souvent accompagnée d'une gravure. Tel l'ouvrage se présente dans
son ensemble, ouvrage absolument nouveau et sans aucun similaire;
car, comme les auteurs le disent dans leur introduction, la description
des plantes potagères qu'ils ont publiée en 1 855, n'en était que l'ébauche.
Est-ce à dire que le volume que nous sommes heureux de présenter
aujourd'hui à nos lecteurs, soit un catalogue absolument complet de
toutes les variétés, de toutes les races de plantes potagères qu'il soit
possible aujourd'hui de cultiver? Loin de nous la prétention de faire
une affirmation de ce genre. Mais ce que nous pouvons affirmer, parce
que nous savons avec quel soin on travaille dans la maison Vilmorin,
c'est que toutes les variétés décrites sont des variétés réelles, bien étu-
diées, et que le cultivateur peut choisir, sans crainte de se tromper,
d'après les indications qu'il trouvera dans le volume. Nous sommes
loin ici d'une enfilade de noms plus ou moins étranges alignés pour
grossir un catalogue ; mais nous nous trouvons en présence d'une œuvre
• sérieuse, dérivant, comme nous le disions en commençant, d'expé-
riences multiples, et par conséquent digne de toute confiance.
Henry Sagïsier.
LE DRAINAGE DANS SEINE-ET-MARNE
Monsieur le directeur,, j'ai lu avec beaucoup d'attention dans le
dernier numéro du Journal de l'ncjncidturc le rapport de M. Jules
Bénard à la Société d'agriculture de Meaux sur le drainage dans le
département de Seine-et-Marne.
Dans la citation de ma maison de drainage dans ce remarquable
rapport, il existe une erreur sur la date de sa fondation. Ce n'est pas
depuis vingt ans qu'elle existe, mais depuis trente-quatre ans ; sa fon-
dation date de 1849. Mon père a comencé à celte date le drainage
de la ferme d'Egrénay (Seine-et-Marne), exploitée par M. Decauville,
agriculteur éminent qui exploite toujours cette ferme. Puis mon père
a drainé Villaroche, exploitée par M. Garnot; Eorunes, exploitée par
M. Dufoy, etc., etc.; et en 1854, le Comice agricole de Seine-et-
Marne lui décerna une médaille d'or pour les importants drainages
qu'il avait déjà exécutés. Coopérateur de mon père, je lui succédai
en 18G3.
L'extension des travaux de drainage exécutés par ma maison autour
de Moissy-Cramayel ont eu une telle importance qu'en 1878, à l'expo-
sition universelle (classe 76), j'ai pu exposer un plan de 15,000 hec-
tares, et j'ai obtenu une médaille d'argent. En 1879, la Société
nationale d'agriculture de France me décerna une médaille d'argent,
et en 1881, au concours agricole régional de Versailles, j'ai reçu une
médaille d'or.
72 LE DRAINAGE DANS SEINE-ET-MARNE.
La plus-value produite par le drainage est très considérable, son
entretien est pour ainsi dire nul, et sa durée sera très longue, car les
premiers drainages exécutés depuis plus de trente ans sont toujours
aussi bons, il n'est pas exagéré de dire que le drainage pourrait faire
produire en France plus de 30 millions d'hectolitres de blé par an,
indépendamment d'autres produits. Le drainage mérite donc la haute
considération de l'Etat, et peut prendre rang parmi les travaux d'uti-
lité publique.
C'est pourquoi, dès le 7 février 1880 dans un exposé sur le drai-
nasse que j'ai fait à la Section du génie rural de la Société des agri-
culteurs de France (voir Vannuairc de la Société des agriculteurs
de France, page 465), je concluais par émettre le vœu suivant : « Les
lois susmentionnées des 17 juillet 185t) et 28 mai 1858 relativement
à l'encouragement au drainage par des prêts hypothécaires n'ayant pas
produit les résultats voulus, attendu qu'aujourd'hui surtout, par suite
de l'abaissement du taux de l'intérêt des prêts ordinaires faits par le
Crédit foncier, l'avantage que pouvait procurer ces lois est encore plus
restreint; j'émets le vœu qu'au lieu de prêts hypothécaires, l'Etat
accorde comme mmimuui à titre de subvention ou prêt, la part qu'il
entendait prendre à sa charge par l'application de ces lois pour
l'encouragement etle développement du drainage, l'une des branches
principales de l'amélioration et du progrès de l'agriculture, source de
notre existence. »
Je suis très heureux de voir M. Jules Bénard appuyer le vœu que
j'ai émie.
Veuillez agréer, etc. L. Chandora,
à Moissy-Cram.ayel, par Lieusaint (Seine-et-Marne).
ESSAIS VITIGOLES
Dans les montagnes du Lyonnais, à une altitude d'environ 300 mè-
tres, je possède un petit enclos bien exposé au soleii et planté en vigne
française. C'était pour moi, il y a quelques années, une sorte de terre
promise, féconde autant qu'agréable; ma vigne avait une végétation
luxuriante, elle donnait chaque automne des raisins à foison, si bien
que le revenu annuel de mon petit domaine viLicole n'était pas de
moins de 15 à 'iO pour 100 du prix d'acquisition.
Le phylloxéra est venu ruiner tant de prospérité. Il y a six ans, je
constatais sa prétence pour la première fois; j'essayais, pour le com-
battre, fumures intensives, suies, plâtras, cendrées, sel, chiffons; rien
de tout cela, accompagné desoins culturaux minutieux, n'a pu arrêter
le mal. Deux ans après la constatation de la présence du phylloxéra,
ma vigne avait perdu sa fécondité.
J'ai tenté alors d'en reconstituer une petite partie sur défoncement à
1™.50 et même 2 mètres de profondeur. C'était un essai; j'espérais
que les racines des nouveaux plants, pouvant se développer plus à
l'aise, se défendraient contre l'insecte. L'essai n'a pas réussi.
Ma jeune vigne française, comme son aînée, est restée chétive avec
des pousses de 0'".30 au plus.
Voyant cela, j'ai eu recours aux vignes américaines. Ces trois der-
nières années, j'en ai planté une certaine quantité. Le résultat me
satisfait. Ma plantation a tous les signes de la vigueur.
il est un point que je crois surtout utile de constater, car la consta-
ESSAIS VITIGOLES. 73
tation peut éclairer de nombreux viticulteurs, c'est que la reprise des
plants américains n'offre pas autant de difficultés qu'on l'a dit.
J'ai obtenu 80 pour 100 environ de reprises des broches de Jac-
quez; autant des broches de Senasquoact âO pour 100 des Cynthiana.
Outres ces broches, j'ai planté des plants racines d'un an. J'ai
obtenu GO à 80 de reprises pour les variétés suivantes :
Solonis, Cynthiana, Alvoy, Gaston Baziilo, Horl)emont, York-Madeira,
Elvira, NouLt, Jacquoz. Les racines Jacqaez n'ont pas donné plus de
reprise que les simples broches.
Si la généralité des plants américains ne s'est pas montrée d'une
reprise diriicile, il y a pourtant des différences de vigueur et de végé-
tation à noter.
Les Jacquez, les Solonis, sont chez moi, en terre ferrugineuse et
fertile, les plants qui se comportent le mieux. Leur végétation est
dmirable. Reste à savoir ce qu'ils donneront en fruits.
Je le verrais dans deux ans. J'attends beaucoup de la production
directe, la bonne et chaude exposition de mon vignoble me laissant
espérer que les raisins américains pourront y miàrir presque aussi
bien que dans le Midi.
Dans tous les cas, je pourrai toujours greffer sur les ceps améri-
cains nos vignes françaises, si je ne suis pas satisfait de la production
directe.
D'une manière ou d'une autre, la reconstitution de mon vignoble et,
par conséquent, celle de tous les vignobles de la région me paraît
assurée par les cépages américains.
Ces renseignements pouvant intéresser vos nombreux lecteurs, je
suis heureux de vous les adresser. Pierre Valik.
ESSAI DE LUTTE CONTRE LE PHYLLOXERA
Sauveterre, le 7 janvier 1883.
Monsieur le directeur, j'ai l'honneur de vous communiquer la formule d'un
engrais insecticide, contre la maladie de la vigne qui, depuis plusieurs années,
donne de bons résultats.
Une vigae de sept ans, traitée par cet insecticide, se porte très bien. Ce résultat
est d'autant [lus ^satisfaisant qu'elle a été plantée sur un terrain, dans lequel uré-
cédemment,un plautier de mêmes cépages trançais avait succombé à la cinquième
année, n'ayant subi aucun traitement *
Voici la formule de cet engrais insecticide :
10 kilog. cendres de bois, IJ kilog. sulfate de fer, 2 kilog. goudron de houille
(coaltar); au moyen d'une pelle, on mêle le goudron avec la cendre, on passe et
repasse les grumeaux au crible jus [u'à ce que le goudron soit absorbé, on ajoute
le sulfate de fer passé au crible, on repasse encore le tout au crible, pour que le
mélange soit parfait.
Une poignée pour les plantier^ deux poignées pour les grosses souches légère-
ment déchaussées, sont suffisantes.
Veuillez agréer, etc., A. GaiLLAUMONT,
à Sauveterre (Clard).
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTIIRS
Séance du [0 janvier 1883. — Présidence de M. Dumas.
M. Charles Whitehead envoie une note sur un puceron qui attaque
les houblonnières en Angleterre. A cette occasion, M. Barrai fait con-
naître que, à cause de la faiblesse de la récolte, les prix des houblons
ont subi, dans tous les centres de production, une hausse très consi-
dérable, absolument exceptionnelle; beaucoup de brasseries n'ont
74 SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRIGULTQRE DE FRANGE.
même pas pu faire leurs provisions habituelles pour la fabriction de
la bière.
M. Jules Maistre transmet une nouvelle note relative à l'urgence de
la création du canal dérivé du Rliône.
M. Barrai fait une communication relative aux rendements des
principales céréales eu Angleterre, pendant l'année 1882. Il résulte
de nombreux documents que le rendement moyen a été, dans la
Grande-Bretagne, de 24 hectol.17 par hectare pour le blé, de 29 hec-
tol.89 pour 1 oigC; et de 39 liecto].25 pour l'avoine La moyenne des
rendements des vingt dernières années est respectivement de 25 hec-
tol.4-^i,31 hectol. 44 et3Gliect. 35. Le rendement, en 18S2, est donc un
peu inférieur à la moyenne pour le blé et l'orge^ mais supérieur pour
l'avoine. Comparant ces rendements avec ceux qui sont obtenus en
France, M. Barrai fait ressortir combien l'agriculture anglaise est,
sous ce rapport, supérieure à l'agriculture française. Une des princi-
pales causes de cette supérioiité est dans Temploi des semoirs, qui
est presque général en Angleterre, tandis qu'il constitue encore une
exception dans les fermes françaises. Ces observations sont appuyées
par ^J. Chatin et par M. Heuzé. Celui-ci fait remarquer que les semoirs
peuvent toutefois être difficilement employés dans les terrains acci-
dentés et dans les terres pierreuses. M. Chevreul présente quelques
observations relatives à l'épierrement; dans certaines terres, les pierres
sont utiles pour conserver l'humidité du sol. M. Gandin et M. Pluchet
font ressortir les avantages que présente l'épierrement, non seulement
pour débarrasser les champs des pierres, mais pour permettre de
créer des chemins empierrés.
M. des Cars présente un éclat d'une souche d'arbre détruite par
l'action de la dynamite; et il fait connaître les excellents résultats
qu'il a récemment obtenus en employant la dynamite pour abattre
des arbres sur pied détruits par le froid.
M. Bouquet de la Grye annonce la mort de M. de Chaudesaigues de
Tarrieux, correspondant de la Société, agriculteur dans le départe-
ment du Puy-de-Dôme.
M. Barrai fait une communication sur la publication faite par le
ministère des fmances sur les résultats des vendanges et de la pro-
duction du cidre en 1882. Les documents analysés sont reproduits
dans la chronique de ce numéro. M. Chatin exprime le désir que
l'administration des finances sépare, dans ses publications, la pro-
duction des poirés de celle des cidres. M. Prillieux insiste sur l'in-
fluence du mildew dans la diminution de la récolte des vignes en ! 882.
Enfin M. Boussingault .présente quelques observations sur la valeur
comparée des vins de raisins secs et des vins de marc ; il estime que
les premiers sont bien supérieurs aux seconds. Henry Sagmer.
RE\UE COMMERCIALE ET PRIX CJURVNT DES DENRÉES IGRICOLES
(13 JANVIER U83).
I. — Situation générale.
Les marchés agricoles ont présenté plus d'activité durant cette semaioe. Pour
la plupart des denrées agricoles, les ventes sont assez faciles dans presque toutes
les régions.
II. — Les grains et les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par quintal métrique,
sur les principaux marchés de la France et de l'étranger :
REVUE COMMERCIALE ET PRIX
1" REGION. — NORD. OUEST.
Blé. Seigle. Orge.
fr. fr. fr.
Calvados. Co'n dé 2i.O0 19 50 19 50
— Buyeiix 25.50 18.00 19.00
Côi.-du-Nord.Vvnlvieax '23bO 16.50 15.50
— Treguior.. 22.75 19. LO 15. ->5
Finis/èrc. Morlaix 2i.25 » l'i.^j
— L^nderneau. . 25.50 10.25 là.JO
llle-el- Vilaine. Hennés. 2i.50 » Ki.oo
— Redon.. 25.00 17 oo »
Manches. Avranches... 21;. 75 » 19.25
— Pontorson... 26.50 » 18.50
— Villedieu 20.75 18.50 IS 25
Mayenne. LsiVn) 24.50 » 1625
— Chàteaii-Gontier. 25 00 17.00 17. 5j
Morbihan. Hennebont.. 28.00 17.00 »
Orne. Séaz 2'i.75 !7.00 18.75
— Vmioutiers 26 80 19. Oj 20.00
SaHhe. Le Mans 25.75 15.50 16. 00
— Sablé 25. SO ». 16.30
Pri.x moyens 25.41 17.50 17.21
2" RÉGION. — NORD.
.4isne. Soissons 24.00 15.85 »
— Saint-Quentin .. 25.00 16.00 »
— Châteaa-Thieiry. 23.00 15.00 »
Eure. Barna.-' 25.(0 14.00 20.00
— Conciles ......... 24.00 14.25 »
— Les Andelys 22 50 14 25 17.51
Eure-et-Loir. Cha.rtves.. 23.50 14 25 16. 50
— Anneau 23 00 14-00 18.70
— Chateaudun 24 50 15.25 19.00
Nord. Cambrai 20.50 15.50 »
— Diinkerque 26.00 18.15 21;DÛ
— Valencii-nnes. ... 27.50 iG.OO 20.00
Oisê. Beauvais 23.50 15.00 19.50
— Compiègne 22.50 15.50 »
— Noyon 24.50 I4.s0 »
Pas-de-Calais. AiTSiS... 27.00 16.50 19.00
— Doullens 25.85 16.25 19.25
Seine. Paris 25.50 15.85 19.20
S.-et-Mar Dammarlin. . . 2>.50 14 50 18 50
— Nemours 23.25 16.50 17.00
— Provins 24.50 16.00 19.00
S.-cZ-Oise. Etampes 24.50 15.75 17.40
— Pontoise 24.00 16.00 18.00
— Versailles 23.00 15.40 18.50
Seine-Zn/ecietire. Rouen. 24 25 .14.15 18.75
— Dieppe 2'. 00 14.50 19.00
— Fécamp 22.75 14.75 »
Somme, .\miens 24.00 14.20 19.00
— Alb.^rt 25.00 15.00 18.00
— Roye 24.50 14.50 «
Prix moyens 24.2'i 15.22 18.68
3' RCGION. — NOHD-ESr.
^>'den)ies. Charleville... 25.00 16.25 20.00
— Sedan 23.40 16.50 13.50
Aube. Troyes 24.00 15.75 17.50
— Bar-sur-Aube 22 75 14 50 17.50
— Nogent-sur-Seine. 24.00 15.00 19.00
JV/arnc. Cliàlons 23.75 16 15 13.20
— E >• 1 V 24.50 15.50 18.' 0
— 1 :■ i> 24.00 i5.75 18.50
Ilte-Mi :\ e. ■ o'' lonne.. 22.25 » »
MeurUiD-r -,. 0 . Tancy. 23 50 16.00 16.50
— J.ii CV' e 23.50 16.00 17 00
— Toui 23.50 » 16.00
Meuse. Bar-le-Duc 22.75 16.00 17 00
— Verdun 23.50 15.25 17.00
Haute-Saône. Grdy 22.50 » »
Vosges. Neufchâteau 23.00 16.00 17.25
" Epinal 2'i.oo 10.50 »
— Mirecourt 23.25 » »
Prix moyens 23.51 15.87 17.71
'4° RÉGION. — OUEST.
C/trtren/e. Angoulême... 26.50 18.00 20.00
— Ruffec 26.00 18.00 »
Char.-Infér. Marans.... 24.00 » 17.00
Deux-Scvres. Nïorl 24.50 » 17.50
Indre-et-Loire. Blévé 24.50 14.50 20.00
— Château-Renault. 25.00 15.00 18. 50
Loire-lnf. Nantes 25.50 15.75 19 25
M.-et-Loire. Saumur... 25 75 15 50 19.00
— Angers 25.00 15.00 18.20
Fendes. Luçon 25.20 » 19.50
— Fonlenay-le-Cte... 24.50 » 17.75
Fienne. Poitiers 25.75 » 19.25
— Loudun 26.00 15.75 18.50
Haute-Vienne.. Limoges. 26.25 16.50 19 00
Prix moyens 25.32 ie.oo 18.72
17.75
17.00
15.75
18.25
16.50
17.25
17.00
17.50
17.25
16.00
19.00
17.25
17.50
18.00
16.25
16.70
16.00
18.00
17.00
17.00
18.25
17.25
16.50
17.50
19.50
15.50
18.00
18.75
15.70
18.50
17.50
16.50
18.00
18.25
17.25
17.00
17.50
14 50
16.50
15.25
15.75
17.25
16.50
15.50
13.25
15.50
15.00
16.58
20.50
18.25
16.50
18.00
17. 0
17.25
17 40
17.00
17.80
17.50
17.25
16.50
16.80
18.25
17.57
COURANT (13 JANVIER 1883).
5* nÉGiON. — CENTRE.
Blé. Seigle. Orje.
,,,. fr. fr. fr
/IHiec Montluçon 24.25 16.50 isioo
— dannat 24.50 » 20.00
— Samt-Pourçain... 25.00 17.(0 18 00
C/iec. Bourges 53.25 14 oo 18 25
— '■.'■aS'y 24.50 15.50 19.25
— vierzon 25.20 15.00 ly.oo
G('(^!(se. Aubusson 27.00 17.25 »
/nd/'e. Chàteauroux 2i.00 li'ao 18 25
— Issoudun 24.25 14^50 19'20
— La Gliàlre 24.50 15.25 19.25
Loiret. Orh^ns 23 50 15.25 17.00
— Montargis 23.00 14.25 17.50
",,!;"="••;•.• 2J.20 15 50 19 40
L. -et-C her. -Blois........ 'i'i.bO 14.70 20.00
— Montoire 24. 0 14.75 18.75
Nièvre. Nev&TS 23.00 » »
— La Charité oj.oo 14.50 »
tonne. Brienon 24,00 15 75 16.40
— St-Florentin 24.00 13.50 16.50
— Sens 24.00 14.50 «
Prix moyens 24 23 15.12 P7^"
6° RÉGION. — EST.
Ain. Dourg 25.00 » „
— Pont-de-Vaux 24.25 » »
Côle-d'Or. Diion 23. 00 15.50 17.00
-. ï^^aune 23.25 « 16. .0
UoMOs. Besançon 2>.50 » »
/sèce. Vienne ...24 50 » 17 oO
— BourgoMi 24.00 14.25 16.50
Jura..hi,l6. 22.00 15.25 17.00
Loire. Montbrison 24.00 15.50 17 00
P.-de-Dome. Cl.-Ferrand 25.50 16 75 13 75
Rhône. Lyon 24.25 15 00 »
âao;ie-e<-Z,oi;'e. Au tua .. 25.50 15.50 »
^,~".*^^V°" 25.00 15.50 19.00
batjoie. Chambéry 25.50 16.25 »
Hle-Savoie. Annecy 25.80 »' »
Prix moyens 24.07 15 50 TTToD
7° RÉGION. — SUD-OUEST.
Aricge. Pamiers 27 00 16.50 »
— Foix 26 50 13.00 »
Vordogne. Bergerac 27.00 18.70 18.50
Hle-Garoane. Toulouse. 26.80 17.20 18 75
— St-Gaudens 27. 00 17.'50 n.'so
Gers. Condom 26.00 » »
— Eauze 25.85 » »
— Mirande 26 00 » »
Giconde. Bordeaux 27.00 » »
— Bazas 26.50 19.00 »
Landes. Dax 27.20 18.50 »
Lo/-c -Goronne. Agen... 26 50 19.00 18.00
— Nérac 26.25 18.75 »
B.-Pyrénées. Rayonne.. 27.00 18 50 18.25
Htes-Pijrénées. Tarbes.. 27.50 18.00 • »
Prix moyens 26.67 18. 15 18.26
8° RÉGION. — SUD.
.'liide. Carcassonne 23.25 17.20 20.50
— Castelnaudary.. . . 28.00 » 19.25
Aveyron. Rodez 26.50 19.80 '»'
Canto(. Mauriac 26.00 23.60 »
Corrèse. Luberzac 26.50 18.00 18.25
i/6?'aui«. Montpellier. .. . 27.00 » 17.75
— Cette 27.25 » i8!oo
Lot. Cahors 26.50 . 17.25 17. S5
Z-ozèi-e. Wende 27.00 17.50 17.80
P.i/réjiees-Or. Perpignan. 31.25 22.60 20.00
Tarn. Albi 27.00 » »
ïarn-e;-Ga/'. Montaunan 26.50 18.25 19.50
Prix moyens 27.31 19.30 ls.77
9° RÉGION. — SUD-EST.
Basses-Alpes. Manosque 28.10 » »
Hautes-Alpes. Briançon. 27.20 17.50 »
Alpes-Mariti)ncs. Ccinnes 27.50 18.OO 18.25
.4rdcc/ie. Privas 26.80 20.10 ls!oO
B.-du-Rhône. Arles 27.00 » 17.75
Drôme. Romans 24.50 16.50 »
Gard. Nîmes 28.00 » 16.50
//ai(/e-Lor>e. Brioude.. . 24.75 18.50 20.00
Far. Draguignan 27.00 19.00 »
Fa«ci«se. Avignon 26.50 » 16 25
Prix moyens 26.73 18.27 17.79
Moy. de toute la France 25.28 16.78 18.08
— de la semaine précéd. 25.27 16.78 17.87
Sur la semaineJHausse. 0.01 » 0.21
précédente, .j Baisse.. » » »
75
Avoine.
fr.
17 50
16.25
17.00
17.50
16.20
17.00
16.80
16-50
15.75
17.00
18.25
18.50
17.00
18.75
17.00
16 50
16.75
18.50
17.50
17.09
.16
18.00
»
15.50
16.25
16.25
17.50
17.25
16.00
16.50
18.25
«8.25
16.00
17.25
17.75
17.25
17.00
20.50
19.25
19.50
19.00
20.50
19.75
19.00
18.75
21.00
18.25
19.50
18.70
19 00
19.44
21.50
19.70
20.75
21.50
18.50
19.00
19.50
18.25
17.75
27.75
17.50
20.00
20 33
21.50
18.75
18.00
19.80
18.25
17.50
18.75
15.75
18.50
18.75
18.56
18 03
18.03
76 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
Blé. Seigle. Orge. Avoine,
fr. fr. (r. fr.
,, , . ,, ( blé fendre... 27. .oO
Algérie. Alg^'l blé dur 26.n0 >. 16. hO 1^3.2.5
Angleterre. Londres 26.00 » 18. .M) 2(i.25
Belgique. Anvers 24.2.Ô 17.75 17.50 18 00
_ Bruxelles 24.00 16.25 » 17.25
— Liù2;e 22.75 17.00 20.50 17.:)0
— ' Nainur 23.50 ](j.00 20 00 15.00
Pays-Bas. Anislerdam 23.65 17.30 » »
Luxembourg. LuxeiDboiirg 23.50 18 00 » 17.00
Alsace-Lorraine. Strasbourg 25 50 18 25 18.25 17.75
— Colmar 25.20 18.00 18.50 IH.OO
_ Mulhouse 23^0 17.0:) 17 75 18.50
Allemagne. beilm 22.75 17.1 0
— Cologne 23.75 18.75
— Hambourg 21.75 15.85 » »
Suisse. Genève 27 ( 0 » » 19 . .50
Italie. Turin 25.00 18'.50 » 18.25
Espagne. Vnlladolid 25.. 50 » « «
Autriche. Vienne ... 20.80 15.25 16.50 13.75
Hongrie. liudapesih 20.75 15.00 17.20 13.50
Russie. Sainl-Pétersbourg.. 20.75 14.50 » 12.25
Etats-Unis. New-York 21 . 90 » » »
Blés. — Le temps continue àê!re tout à fait défavorable, d'une part aux travaux
de culluie, d'autre part aux blés qui sont enterre. Les appréhensions des cultiva-
teurs pour l'avenir de la nouvelle récolte sont très grandes. Sans doule, il serait
prématuré de se préoccuper outré masure; mais il n'en est pas moins certain que
les étendues cultivées en blé sont forcément moins considérables que dans les
années ordinaires. C'est un fait contre le(|uel il n'y a pas à protester, et qui doit
donner à lélléchir à ceux qui, malgré tout, essaient de pousser à la baisse des
cours. Du l'"" août au 6 janvier, les expéditions d'Araérirjue ont été, pour le blé,
de 24 millions d'hectolitres, contre 19 millions pendant la période correspondante
de 1881. A la halle de Paris, les affaires sont toujours très calmes, et les prix se
soutiennent. On cote de 24 fr. 50 à 26 fr. 50 par 100 kilog. suivant les qualités,
comme le nieicredi précédent. Au marché des blés à livrer, on payait le 10 jan-
vier : courant du mois, 26 fr. 25; février, 26 fr. 25 à 26 fr. 50; mars-avril, 26 fr. 25
à 2o fr. 50 ; quatre mois de mars, 26 fr. 50 à 26 fr. 75 ; quatre mois de mai, 27 (r,
— Au Havre., les prix des blés d'Amérique sont tenus avec plus de fermeté; on
les paye de 2G à '27 fr. par 100 kilog. suivant les sortes. — A Marsdlle, les affaires
ont été peu actives depuis huit jours; mais les prix se maintiennent avec beaucoup
de fermeté pour les diverses catégories de bîcs. Les arrivages de la semaine ont
été de 195,100 quintaux; le stock est actuelle, nent, de 99,000 quiniaux dans les
docks. Au dernier marché, on payait par lûO kilog. : Red-winter, 27 fr. à
27 fr. 50; Burgas, 23 fr. 50 à 24 fr.; Danube, - 1 fr. 25 à 22 fr. rO; Pologne,
25 fr. 50 à 26 fr. — A Larcins^ les iinpotlations de blés étrangers ont été de
141,000 quintaux depuis huit jours; le marché est peu actif, mais les pnx sont
bien tenus. Ou cote de 24 fr. 45 à 26 fr. 80 par 100 kilog. suivant les qualités et
les provenances.
Fdfities. — Les prix sont toujours sans changements pour les diverses sortes
de farines, les ventes sont d'ailleurs peu importantes. Pour les Dirines de consom-
mation, on cotait à la halle de Paiis, le mercredi 10 janvier : marque de Goibeil,
61 fr.; marques de choix, 61 à 64 fr ; bonnes marques, 59à60 fr.; sortes ordinaires,
56 à 57 fr.; le tout par s-ac de 159 kilog., to''e à rendre, ou 157 kilog. nei, ce qui.
correspond aux prix extrêmes de 35 i'r. t.5 à 40 fr. 75 [)ar 100 kilog., ou en
moyenne 38 fr. 20; avec une baisse de 30 centimes depuis huit jours. — En
ce qui concerne les farines de Sfiéculation, on cotait à Paris, le mercredi 10 janvier
farines neuf -marques ^ courant du mois, 57 fr. 75; féviier, 57 fr. 75; mars et avril,
57 fr. 75 à 58 fr. ; quatre mois de mars, 58 fr. à 58 fr. 75; quatre mois de
mai, 5J à 59 fr. 25; le tout p-^r sac de 159 kilog. toile perdue ou 157 kilog. net. —
Les farints de gruaux valent, comme précédemment, 47 à 58 fr. par I 00 kilog. ;
les farines deuxièmes, 26 à 33 fr.
Seigles. — Peu d'affaires et mêmes cours que précédemment. On paye à lahalle
de Paris, 15 fr. 75 à 16 fr. par 100 kilog. Les farines de seigle sont vendues aux prix
de 24 à 26 fr. par quintal métrique.
Orges. — Les offres sont rares, et les prix accusent beaucoup de fermeté. On
paye à la halle de Paris, 18 fr. 50 à 20 fr. 25 par 100 suivant les sortes. Les
escourgeons valent de 17 fr. 50 à 18 fr. — A Londres, les importatic|ns d'orges
DES DENRÉES AGRICOLES (13 JANVIER 1883) 77
étrangères ont été de 47,000 quintaux depuis huit jouis; on paye do 17 fr. 80 à
20 fr. 50 par 100 kilog. suivant, les sottes.
Mali. '-- Les ventes sont calmes On paye à la halle de Paris 24 à 32 fr. par
100 kilog pour les malts d'orge ; ceux d'encourgeon, valent 27 à 30 fr.
Avoirit:s. — Les offres sont lares, et les prix se maintiennent avec fermeté à la
halle de Paris. Les avoines valent de 17 à i9 fr. par 100 kilog , suivant poids,
couleur et qualité. — A Londres, les importations d'avoines étrangères ont été,
durant la semaine dernière, de 107,000 quintaux métriques. Les prix accusent
beaucou[) de hausse; ou cote de 18 fr. 30 à 21 fr. 50 par 100 kilog. suivant
les sortes.
Sarrasin. — Les ventes sont toujours très calmes. On paye à la halle de Paris,
16 fr à 16 fr. 25 [lar 100 kilog.,, suivant les qualités.
Mais. — Il y a toujours une grande fermeté dans les prix. Les maïs d'Amé-
rique valent, au Havre, 18 à 19 fr. par quintal métrique.
Iss'ies. — Alèiues cours que précéderament. On cote par 100 kilog. à la halle
de Paris : gros son seul, 13 fr. "-b à \k fr. ; sou trois cases, 12 fr. 75 à 13 fr. ;
sons lins, 12 ir. à 12 fr. 50; recoupettes, 12 fr. 50 à 13 Ir. ; reraoulages 6is, 15 à
16 Ir. ; reraoulages blancs, 17 à 18 fr.
m. — Fourrages, graines fourragères.
Fourrages. — Les affaires sont actives, et les prix accusent beaucoup de fer-
meté. On j)aye à Paiis, par 1000 kilog. foin, 110 à 13 J fr. ; luzerne, 112 à
132 fr.; paille de blé, 60 à 70 fr. ; paille d'avoine, 56 à 62 fr.
Graints Ivurraqètes. — Vente adive pour toutes les sortes. On cote à Paris par
100 kilog. : trèlie violet, 140 à 180 ir. ; trèfle blanc, 180 à 230 fr. ; luzerne de
Provence, 150 à 170 fr. ; de Poitou, 125 à 135 fr. ; d'Italie, 135 à 150 fr,;
minette, 60 à 75 fr. ; ray-grass anglais, 60 à 65 fr. ; d'Italie, 68 à 70 fr. : vesces,
25 à 26 fr.
IV. — Fruits et légumes frais.
Fruits. — Dernier cours de k halle : poires, le cent, 5 fr. à 90 fr., le kilog.,
0 fr. 30 à 0 fr, LO; pommes, le cent, 3 fr. à 100 fr. ; le kilog., 0 fr. 20 à
0 fr. 45; raisins communs, le kilog., 1 fr. 50 à 7 fr.
Gros légumes. — On vend à la halle de Paris : betteraves, la manne, 0 fr. 30 à
1 fr. 30; carottes communes, les luo botte.s, lo k 25 fr. ; d'hiver, Tliectolitre, 3 fr. à
5fr.; de chevaux, les 100 bottes, 13 à 18 fr.; choux communs, lecent, 5à 15 fr.;
navets communs, les 100 bottes, 15 à 25 tr.; de Freneuse, 25 à35 fr. l'hectolifre,
3 fr. à 4 fr. ; oignons en grain, l'hectoUtre, 9 à 13 fr. ; panais communs, les
100 bottes, 10 à 12 fr.; poireaux communs, les 10 i boites, i 5 à 30 l'r.
Pommes de terre. — Hollande communes, l'hectolitre, 10 à 12 fr.; le quintal
14 fr. 28 à 17 fr. 14; jaunes communes, l'hectolitre, 8 à 10 fr. ; le quintal,
11 ir. 42 à 14 fr. 28.
V. — Vins, spiritueux, vinaigres, cidres.
Vins. — Dans un grand nombre de centres vilicoles, les affaires ont repris,
depuis quelques jours, une plus grande activité. Les ventes des vins nouveaux
se tout sur une plus vaste échelle. D une manière générale, les prix des bonnes
qualités se maintiennent avec bî'aucoup lie ieimete; il y a un peu de baisse sur
ceux de (jualite inférieure, et prmcipalement sur les petits vins. Mais ce que nous
avons dit se confirme de plus en plus, c'est que les vins nouveaux sont loin de
mériter, daris leur ensemble, la mauvaise réputation qu'on a voulu leur faire après
la vendange; beaucoup se boi^t améliorés et s'améliorent encore d'une manière
certaine dans un grande nomjjre de chais. Il n'y a donc rien que de naturel dans
le maintien des prix que nous avons à signaler actuellement. — Dans notre der-
nière revue, nous avons indiqué les prix officiels payés actuellement à Bercy. "Voici
quelques cours : à Lézignan [Audej, on cote par hectolitre : Aramon, 25 à 26 fr.
petits Montagne, 30 à o2 fr.; Montagnes ordinaires, 33 à 35 fr., Narbonne pre-
mier choix, 37 à 45 fr.; — dans le Koussillon, les vins supérieurs valent ^7 à 48 fr.;
les ordinaires, 3 à 43 fr.; les petits vins, 2/ à 30 fr.; — dans les Gharentes, les
bons crus ordinaires valent 90 à lOu fr. la pièce de 230 litres; les vins blancs
pour la chaudière, 45 à 50 fr.; — en Sologne, les vins blancs nouveaux sont
cotés 50 à 65 fr. la pièce; les gamays, 65 à 70 fr.; bs gros noirs, 105 à 120 fr.;
— les vins du Cher valent 100 à 110 fr, la j)ièce suivant la qualité. — Dans les
vignes, on travaille activement à la taille; malgré le mauvais temps qui continue à
régner d'une macière presque générale, le bois est généralement bien mûri.
78 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT.
Spiritueux. — Les transactions présentent toujours le plus grand calme quels
que soient les marchés, aussi bien clans le Midi qiie dans le Nord, et nous n'avons
pas de changements importants à signaler dans les cours. Les prix sont presque
partout les mêmes que la semaine précédente. Dans le Midi, on cote par hecto-
litre : Cette, 3/d bon goût, 105 fr.; Montpellier, 3/6 bon goût, 96 fr.; marc, 90 fr.;
Bèziers, 3/6 bon goût, 103 fr.; marc, 95 fr.; — à Cognac, les prix sont actuelle-
ment de 220 à 240 fr, par hectolitre, en produits des récoltes 1875 à 1878; les
demandes de la consommation sont peu actives. — A Lille, le 3/6 betteraves est
coté 48 fr. par hectolitre. A Paris, on paye : janvier, 51 fr. à 51 fr. 25 ; février,
51 fr. 75 à 52 fr.; mars et avril, 52 fr. 50 à 52 fr. 75; quatre mois de mai, 54 fr.
à 54 fr. 75. Le stock était, au 10 janvier, de 17,075 pipes, contre 12,500 à la même
date de 1882. '
Bmshis secs. — Les prix continuent à présenter beaucoup de fermeté. On paye
à Marseille par 100 kilog. : Gorinthe, h9 fr. 50 à 52 fr.; Thyras, 36 à :^8 fr.;
Vourlas rouges, 39 à 42 fr.; Beyrouth, 34 à 35 fr.; Tripoli, 30 à 31 fr.; Chypre,
43 à 50 fr.; Saraosnoirs, 40 à 4i fr.; blonds, 34 fr. 50 à 35 fr.; Candie, 40 fr. 50
à 45 fr. ' ' '
Vinaigres. — Les prix sont sans changements, avec des affaires calmes, à Orléans.
Tartres. — Les cours sont à Bordeaux de 2 fr. 68 le degré pour les tartres, et
2 fr. 83 pour les cristaux. Les crèmes de tartre valent 210 à 220 Ir. par ICO kilog.
suivant les qualités.
VI. — Sucres. — Mélasses. — Fécules. — Glucoses. — Amidons. — Houblons.
Sucres. — La fermeté relative que nous signalions la semaine dernière s'est
maintenue sur les principaux marchés. On paye à Paris par lOO kilog. : sucres
bruts 88 degrés sacchariraétriques, 52 fr. 75 à 53 fr.; les 99 degrés, 59 fr. 50;
sucres blancs n^ 3, 59 fr. 75. Dans le Nord, on paye suivant les marchés : à
\alenciennes, sucres bruts, 51 fr. -75; à Lille, 5rfr. 50 ; à Saint-Quentin, sucres
bruts, 51 fr. 50 ; sucres blancs, 58 fr. 50 à 59 fr. Le stock de l'entrepôt réel des
sucres dtait, au 10 janvier, à Paris, de 754,000 sacs pour les sucres indigènes,
avec une augmentation de 41,000 sacs depuis huit jours. — Pour les sucres
raffinés, les prix n'accusent pas de changements; on les cote de 106 à 107 fr. par
100 kilog. à la consommation, et 64 fr. 75 à 67 fr. 25 pour l'exportation. Les
transactions sont toujours calmes sur les sucres coloniaux.
Jfli'la'-^ses. — On cote à Paris, 12 à 12 fr. 25 par 100 kilog. pour les mélasses
de fabrique: 14 fr. pour celles de raffinerie.
Fénilcs.^ — Les prix se maintiennent. On cote à Paris, 40 à 41 fr. par 100 kilog.
pour les fécules premières du rayon; à Compiègne, 39 fr. pour celles de l'Oise;
à Epinal, 42 fr. pour celles des Vosges.
Glucoses. — Les cours sont toujours très fermes. On paye à Paris par quintal
rnétrique : sirop premier blanc de cristal, 56 à 57 fr.; sirop massé, 47 à 48 f r ;
sirop liquide, 41 à 42 fr.
Amidons- — Les prix se maintiennent sans changements importants depuis huit
jours.
Houblons. — Les hauts cours sont soutenus; mais il y a peu d'affaires, princi-
palement à raison de la rareté des offres de la part des cultivateurs. Dans le Nord,
les prix se maintiennent de 775 à 800 fr. par 100 kilog.; à Nancy, les cours
varient actuellement de 840 à 1,000 fr. 11 en est de même en Allemagne.
VU. — Huiles et graines oléagineuses, tourteaux.
Huiles. — Les prix accusent un peu de baisse pour les diverses sortes d'huiles
de graines. On paye à Paris par 100 kilog. : huiles de colza en tous fûts,
84 fr. 50; en tonnes, 86 fr. 50; épurée entonnes, 94 fr. 50; huile de lin en tous
fûts, 58 fr. 75; en tonnes, 60 fr. 75. — Sur les marchés des déporlenients, on
paye les huiles de colza : Rouen 84 fr. 25; Caen, 80 fr. 50; Lille, 77 fr. 50 ;
Cambrai, 80 à 82 fr. ; et pour les autres sortes : Hn, 56 fr. 50; œillette, 118 fr.
— Dans le Midi, les moulins à huile fo-iclionnent régulièrement ; en Provence,
les huiles nouvelles d'olive valeur de 150 à 160 fr. par 100 kilog.
Graines olénginevses. — Les offres sont restreintes sur les marchés du Nord,
et les prix se maintiennent. On cote à Cambrai par hectolitre : œillette, 27 fr. 50
à 28 Ir. 25 ; colza, 24 à 25 fr ; lin, 18 à 20 fr.; caraeline, 12 à 16 fr.
Tourteaux. — Les prix sont fermes dans le Nord. A Marseille, on paye par
100 kilog. : tourteaux de lin, 17 fr. ; arachides en coques, 10 fr, 75 ; décortiquées,
14 fr.; sésame blanc, 15 fr. 25; coprats, 14 fr. 25 ; colza, 14 fr.; œillette,
DES DENRÉES AGRICOLES (13 JANVIER 1883), 79
13 fr, 25; coton, 12 fr. 75; palmiste naturel, 11 fr, 75; ricin, 12 fr, 75 ;
ravison, 12 fr, 75,
Engrais. — Les nitrates de soude valent, à Dunkerquc, 31 fr. 50 par 100 kilog.
Ylll. — Matières résineuses-, colorantes, tannantes.
Matières résineuses. —Pas de changements dans les prix. On paye àDax, 86 fr.
par 100 kilog. pour l'essence pure de térébenUiine.
VerJels. — On cote comme précédemment dans le Midi 130 à 140 fr. par
100 kilog. pour les verdets en boules ou en pains.
Gautles. — Maintien du prix de 20 fr. par 100 kilog. dans le Languedoc.
IX. — Textiles. — Bois.
Chanvres. — Au Mans, les chanvres blancs valent 68 à 78 fr. par 100 kilog.;
les chanvres gris sont cotés de 56 à 66 i'r.
lÂns. — A Bergues, les lins de Picardie valent comme précédemment 80
à 85 fr. par 100 kibg.
X. — Suifs et corps gras.
Suifs. — Les prix se maintiennent à Paris, 101 fr, par 100 kilog. pour les
suifs purs de l'abat de la boucherie, et 75 fr. 75 pour les suifs en branches.
Saindoux. — Les cours varient peu. On paye, cette semaine, au Havre, 136 à
139 fr. par 100 kilog. jîour les saindoux d'Amérique.
XI. — Beurres. — Œufs. — Fromages.
Beurres. — Il a été vendu, pendant la semaine, à la halle de Paris, 160,379 kilog.
de beurres. Au dernier jour, on cotait par kilog. : en demi-kilog., 2 fr. 20 à
5 fr. t 4; petits beurres, 1 fr. 20 à 3 fr. 56 ; Gournay, 2 fr. 70 à 5 fr. 40;Isigny,
2 fr. 70 à 8 fr. 20.
OEufs. — Du l"' au 6 janvier, on a vendu à Paris 4,087,670 œufs. On cote
par mille : chuix, 138 fr. à 146 fr.; ordinaires, 75 à 9ô fr.; petits, 48 à 66 fr.
■ Fromages. — On cote à la halle de Paris : par douzaine, Brie, 11 fr. à 35 fr.;
Montlhéry, 15 fr.; — par cent, Livarot, 45 à 103 fr.; Mont-Dor, 20 fr. à 36 fr.;
Neufchâtel, 3 fr. à 21 fr. divers, 7 à 69 fr.; — par 100 kilog.. Gruyère, 120
à 170 fr.
XII. — Chevaux, bétail, viande.
Chevaux. — Aux marchés des 3 et 6 janvier, à Paris, on comptait 712 chevaux ;
sur ce nombre, 211 ont été vendus comme il suit :
Amenés.
Vendus.
Pri.x extiémes.
Chevaux de cal)riotct
207
30
200 à 825 fr.
— de trait.
... . 179
3i
290 à 1,050
— liors d'âge
232
58
42
52
20 à 850
— à 1 enclière
42
35 à 285
— de bouclicrie . ..
52
20 à 90
BétaU. — Le tableau suivant résume le mouvement officiel du marché aux
bestiaux de la Villette, du jeudi 4 au mardi 9 janvier :
Poids Prix du kilog. de viande nette sur
Vendus moyen pied au marché du 8 janvier.
Pour Pour En 4 quartiers, l" 2« 3<= Prix
Amenés. Paris, l'extérieur, totalité. kil. quai. quai. quai. moyen.
Bœufs. 5,397 3,3''i4 1,918 5,262 343 1.78 l.r.O 1.40 1.59
Vaches 1,522 930 568 1,498 210 1.65 1.44 1.2G 1.54
Taureaux 234 189 44 233 384 1.50 1.35 1.26 1.38
Veaux 2,948 1,982 863 2,845 75 2 40 2.24 2.04 5.15
Moutons 36,340 29 538 6,374 35,912 20 2 24 2 08 1.90 2-01
Porcs gras 7,331 2,809 4,322 7,131 80 1.36 1.30 1.24 1.30
— maigres. » » » » »>>>>» »
Quoique les approvisionnements aient été sensiblement plus élevés que durant
la semaine précédente, les ventes ont été faciles pour toutes les catégories d'ani-
maux, et les cours accusent bcaucou)) de fermeté et même de la hausse, principa-
lement en ce qui concerne les gros animaux. — Sur les marchés des départe-
ments, on paye : Le Mans, vaches, i fr. 58 à 1 fr. t8 par kilog de viande nette
sur pied; veaux, 1 fr. 95 à 2 fr. 05; moutons, 2 fr. à 2 fr. 10; — Nantes, bœuf,
0 fr. 80 à 0 fr. 85 par kilog. brut; veaux, 1 fr. 20 à 1 fr. 25; moutoa, 1 Ir. 05 à
1 fr. 10 ; — Orléans, bœuf,'o fr. 65 à 0 fr, 75 ; vaches, 0 fr 63 à 0 fr. 72 ; veaux,
1 fr. 10 à 1 fr. 30; moutons, 0 fr. 75 à 0 fr. 95; — N<incy, bœuf, 83 à 94 fr. par
100 kilog. bruts; vaches, vO à 88 fr. ; moutons, 95 à 105 fr. ; veaux (poids vif),
58 à 65 ir. ; — Dijon, bœuf, 1 fr. 56 à 1 fr, 76 ; taureaux, 1 fr. 30; vaches, 1 fr. 14
80 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT (13 JANVIER 1883).
à 1 fr. 68; moutons, 1 fr. 80 à 2 fr. 10; veaux (poids vivant), 1 fr. 10 à 1 fr. 22;
porc, 0 fr. 96 à 1 fr. 08; — Nîmes, bœuf, 1 fr. 15 à 1 fr. 47; vaches, 0 fr. 90
à 1 fr. 40 ; moutons français, 1 fr. 85 à J fr. 95 ; brebis, 1 fr. 30 à 1 fr. 70 ;
agneaux de lait, 1 fr. 07 à 1 fr. 15; porc, i fr. 14 à 1 fr. 26; — Genève, bœuf,
1 fr. 58 à 1 fr. 80; veau, 1 fr. à 1 fr. 20; mouton, 1 fr. 60 à 1 fr. 70; porc,
1 fr. 45 à 1 fr. 50.
A Londres, les importations d'animaux étrangers durant la semaine dernière
se sont composées de 1 bœuf, 67 veaux et 667 moutons venant d'Amsterdam ;
478 moutons d'Anvers; 85 bœufs de Boulogne; 1,997 moutons de Brème;
228 bœufs de Gorunna; 400 moutons d'Hambourg; 11 bœufs, 4 veaux et 446 mou-
tons d'Hariingen,
Viande à la criée. — On a vendu à la iialle de Paris, du 1" au 7 janvier :
Prix du kilog. le 8 janvier.
kilog.
Bœuf OU vache... 108,0 'H
Veau 1G2,US7
Mouton 5^,906
Porc 59,472
l" quai.
1.6f) à- 2.04
2.06 2 40
1.62 2.04
Choix
1.80 à 3.10
1 . 80 'i . 70
l.OG 2.14
Basse Boucherie.
0.20 à 1.00
T quai. 3" quai
1.44 à 1.64 1.00 à 1.42
1.84 2.04 1.50 1.82
1.40 l.GO 0.96 1.38
Porc frais 1.20 à 1.40; salé, 1,20
445.(l'J3 Soit par jour 63,586 kilog.
Les ventes ont été supérieures de 1,300 kiiog. par jour à celles de !a semaine
précédente. Les prix sont en hausse pour toutes les sortes.
XlII. — Cours de la viande à Vabatloir de la Villelte du 11 janvier (par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Villette par 50 kilog. : j" qualité,
65 à 67 fr. ; 2% 60 à 65 fr. ; poids vifs, 45 à 50 fr.
Bœufs
Veaux.
Mouton
s.
1°
2°
3"
1"
'
2" 3° I"
2'
■^
3°
quai.
quai.
quai.
q al
qnal. quai. quai
quai.
quai.
fr.
fr.
fr.
fr.
fr. fr. fr.
fr.
fr.
80
73
65
125
115 100 100
92
85
XIV. —
Marché aux bestiaux de la Villette du jeudi 11 janvier 1883.
Cours des commissionnaires
Poids
Cours officiels.
en
b«sliaux.
moyen
.^--"
— ~ ~ ~ . ^
'-' ' 1
-^ —
-" ~^
Animaux
gênerai.
1"
1' a" Prix
l" V
3"
Fris
uncnês.
Invendus.
kil.
quai.
quai. quHl. extrêmes.
quai. quai.
quai.
extrêmes.
Bœufs
2.97!)
135
3'i2
t . 74
1.56 ;.36 1.30ài.80
I.7.' 1.54
1 . 34
1 . 28 à .78
Vaches
7S6
Ti
230
1.60
1.40 1 22 1.16 1 64
1.58 1.38
1.20
1.14 1 62
Taureau.x. . .
156
13
3.S4
1.48
1.32 1.22 1.18 1.50
1 46 1.S6
1 .20
1.16 1.48
Veaux
(.312
211
75
Î.34
2.14 1.94 1.6.> 2.50
» »
»
»
Moutons
21.465
59't
21)
2 18
2 02 1 84 1.78 2 24
» »
»
»
Porcs [iras..
4 919
15'i
80
1.34
1.28 1.22 1.22 1.38
» »
»
»
— maigres.
»
»
»
»
« » » »
» »
»
»
Vente trè.*
active sur toutes les
espèces.
XV. — Résumé.
Fermeté dans les prix des céréales, des fourrages, des vins, des houblons, de
la plupart des produits animaux; mais il y a faiblesse dans ceux de quebjues-uns
des produits des industries agricoles. A. Remv.
BULLETIN FINANCIER
Nos fonds pul)lics conservent leurs cours : le 3 0/0 à 79,65, gagne 0,5 ; le
5 0/0 à 11 5, lu perd 0 20. Bonne tenue des Sociétés de crédit : laiblesse à nos
chemins de fer.
Coxirs de la Bourse du 3 au 10 janvier 1881 {au comptant).
Principales valeurs françaises :
Pins Plus Dernier
bas. haut, cours.
Rente 3 0/0 79.30 79 70 79.65
Rente 3 o/o amortis 80.15 80.75 80.65
Rente 4 1(2 OJO 109'.00 109.50 109.25
Rente 5 0/0 114 80 115.25 115.10
Banque de France 5310 00 5370. oo 5370 oo
Comptoir descomple 998.70 looo.oo looo.oo
Société générale 587.50 595.00 .soo.oo
Crédit foncier 1305.00 1 325.00 1320. oo
Est Actions .500 720.00 730.00 727.50
Midi d° 1140 00 1177.50 1140.00
Nord d" 1855.00 1910 00 l855 oo
Orléans d" 1245.00 1260. ôo 1245 00
Ouest d° 772.00 780.00 780.00
paris-Lyon-Méditerranée d° 1560.00 1580.00 1560.00
Paris 1871 obi. 400 à 3 ofO. 389.00 400.00 389 00
Italien 5 o|o 87.40 S9.6o . 87.40
Le Gérant : A. liOUCHE.
Fonds publics et emprunts français et
étrangers :
Plus Plus Dernier
bas. haut. cours.
Obligations du Trésor » » »
remb. à 5C0 '( o/o.. . 508.00 509.50 509.50
Consolidés angl. 3 0/0 loi 1/16 101.7/8 101.7/8
5 0/0 autrichien 6'.. 1/8 65.1/2 65.1/2
4 0/0 belge Iu3 75 104.90 104.50
6 0/0 égypiien 355.50 360 00 360.00
3 0/0 espagnol, e.\tL-r'. 27.1/4 27.1/2 27.1/4
5 0/0 Honduras obi. 300
Taljncs ital., obi. 300.
6 0/0 péruvien » » »
5 ■ /o russe 89.00 89. i/'^ si'-"*'
5 0/0 turc 11.70 12.00 11.70
5 0/0 roumain 90.50 90.50 90.50
Bordeaux, 100, 3 0/0. 97.50 S9.00 99.00
Lille, 100, 3 0/0 loi.oo 104.01 104.00
500.00 500.00 500.00
LETEUlllER.
CHRONIQUE AGRICOLE (20 janvier i883). i
Les concours d'animaiiï gras départementaux et généraux. — Ljs réunions anfricoles da Paris. —
Etudes à faire sur les réformes et les progrès à réaliser. — Projet de loi présenté ju Sénat sur
la surveillance des étalons employés à la monte. — Le transport des animaux pour les concours
à prix réduit. — Lettre de M. le marquis de Poncins. — Mesure adoptée par l;i (lompagnie des
chemins de fer Paris-Lyon-Méditerranée. — Prochaine réunion de la Société a 's ngriculleurs de
France. — Réduction do prix consentie par les Compagnies de chemins do fer en faveur des
membres de la Société. — La production des sucres indigènes à la fin do décembre. — Arrêtés
relatifs à la fermeture de la chasse. — Les maladies charbonneuses. — Recherches de M. Jules
Chambrelent sur la transmission du virus de la vigne au fœtus. — Li surveillance exercée en
Algérie contre le phylloxéra. — Arrêt du tribunal d'Oran. — Pulilk; itions nouvelles de M. Pros-
per deLaflitc et de M.Terrel des Chênes. — Lampélographie ;Kuericaine par MM. Foex et Viala.
— Concours à Beaune pour les procé lés de destruction du phyllexoi-a. — La destruction des
moineaux et des oiseaux pillards. — Arrêt de la cour de Douai. — Résultats du concours ouvert
par l'Académie de Metz pour l'architecture rurale — La population rurale en France d'après le
dénombrement de 1881. — Prochaine réunion des fondateurs du .lonrnal de l'agricullure. —
Notes de MM. Villiers de l'Isle-Adam, Jacquot, Garin, Petit-Lafitte. de Bré^enaud sur l'état des
récoltes dans les départements de la Sarthe. des Vosges, de l'Ain, de la Gironde et de l'Ardèche.
— Le blé de Noé pour les semailles de printemps.
I. — Les solennilès agricoles.
Ainsi que cela est devenu l'usage à l'approche du carnaval, de nom-
breuses solennités agricoles sont déjà commencées et vont se continuer
pendant une quinzaine de jours. Oe sont d'abord un grand nombre de
concours d animaux qui viennent de se tenir ou qui vont être tenus à
Bourges, Nevers^ Limoges, Bordeaux, Angoulême, Rouen, Pau, etc.
Le but de ces concours est d'encourager l'agriculture à produire des
animaux susceptibles de ce qu'on appelle une très grande précocité ou
de présenter le plus complet développement de toutes les parties du
corps formées de viande et de graisse. D'excellents résultats ont été
obtenus dans cette voie, en ce sens que, pour toutes les races, pour
ainsi dire, des espèces bovine, ovine et porcine, on est arrivé à créer
des familles qui produisent plus rapidement une plus grande quantité
de viande qu'autrefois, sans compter que les aptitudes spéciales de
quelques races privilégiées ont été mises en évidence. Dans l'élevage
des animaux de basse-cour, des succès semblables ont été obtenus.
Au concours général de Paris qui couronne en quelque sorte les solen-
nités départementales, à côté des animaux de boucherie, on verra des
reproducteurs mâles; les propriétaires des bonnes étables pourront
montrer à la fois la valeur des produits obtenus et leurs moyens
d'action. D'ailleurs, le concours de Paris est complété par les produits
animaux et végétaux de toutes sortes qui en font une exposition du
plus haut intérêt au point de vue des ressources que l'agriculture
fournit pour la nourriture des populations pendant les mois d'hiver.
Les beurres, les fromages, les fruits, les légumes arrivent en foule, en
innombrables variétés, de manière à mettre en évidence le don que
possède exclusivement la France de produire la presque totalité des
objets employés par l'homme, à ce point qu'il n'y a plus guère que
deux ou trois denrées coloniales que ne produise pas l'agriculture con-
tinentale ou algérienne. Les solennités de Paris sont une occasion,
pour un grand nombre d'agriculteurs, de s'y réunir. Aussi la Société
des agriculteurs a décidé que sa session générale de 1883 aurait lieu
du 29 janvier au G février ; la Société d'encouragement a convoqué un
congrès de mécanique agricole qui se tiendra du 25 au 27 janvier. La
session annuelle de la Commission supérieure du phylloxéra s'ouvre
le 19 janvier. Enfin, beaucoup d'agriculteurs se rendront le mercredi
aux séances hebdomadaires de la Société nationale d'agriculture. Les
progrès à espérer ou à faire pourront être discutés avec profit dans
N" 719. — Tome V" de 1883. — 20 Janvier.]
82 CHRONIQUE AGRICOLE (20 JANVIER 1883.).
toutes ces circonstances. Des améliorations pourront être préparées
dans le domaine économique; il en est besoin, car depuis longtemps
on piétine sur place. Beaucoup de projets ont été mis en avant, de
nombreuses promesses ont été faites, mais les années succèdent aux
années sans qu'il y ait accomplissement.
IL — La surveillance des étalons.
Un projet de loi sur la surveillance des étalons destinés à la repro-
duction vient d'être présenté au Sénat par M. le ministre de l'agricul-
ture. Ce projet de loi peut être considéré comme une conséquence de
la loi sur la police sanitaire des animaux. En effet, le but que l'on veut
atteindre est d'éloigner de la reproduction les étalons atteints de deux
maladies transmissibles nuisibles à un bon service : le cornage et la
fluxion périodique des yeux. Les dispositions du projet de loi portent
que tout étalon qui n'est ni approuvé ni autorisé par l'administration
des haras ne peut être employé à la monte des juments appartenant à
d'autres qu'à son propriétaire, sans être muni d'un certificat consta-
tant qu'il n'est atteint ni de cornage ni de fluxion périodique. Ce cer- •
tificat, valable pour un an, serait délivré gratuitement, après examen
de Tétalon, par une commission composée de trois membres nommés
par le ministre de l'agriculture. En cas de contravention, le proprié-
taire de l'étalon serait puni d'une amende de 50 à 500 fr., qui serait
doublée en cas de récidive; la même peine pourrait être appliquée au
conducteur de l'étalon non muni d'un certificat, et aux propriétaires
qui auraient fait ou laissé saillir leurs juments par cet étalon.
IIL — Sur le transport des animaux
A l'occasion des réductions de tarif en faveur des agriculteurs qui
envoient des animaux au concours général de Paris et aux autres
concours, notre confrère M. le marquis de Poncins nous envoie la
lettre suivante ;
« Monsieur le rédacteur en chef et cher confrère, je viens votis prier de vouloir
bien publier dans le procliain numéro de votre Journal^ l'avis suivant, qui intéresse
au plus haut point les éleveurs exposants au prochain concours général de Paris.
« Sur l'initiative de M. Jean Gaudet, dont vous avez publié la requête (numéro
de votre Journal du 16 décembre dernier), la deuxième section de la Société des
agriculteurs de France, que j'ai l'honneur de présider, a été saisie de la question
d'obtenir des compagnies de chemins de fer, une réduction de tarif, pour les
animaux de concours, qui portât sur les tarifs spéciaux aussi bien que sur les
tarifs généraux. ,
« La Compagnie des chemins de fer Paris-Lyon-Méditerranée, saisie la première
de notre réclamation, m'avise aujourd'hui même, qu'elle accepte d'y faire droit,
et que la concession demandée sera appliquée dès cette année aux animaux qui se
rendront au concours général de Paris.
« Je ne doute pas que les autres grandes compagnies feront le même accueil à
nos sollicitations, dont la haute utilité ne peut échapper au bienveillant intérêt
qu'elles portent à l'agriculture.
« A mesure que je recevrai les réponses des directeurs généraux, je m'empres-
serai de vous en aviser, afin que le public soit prévenu dans le plus bref délai.
a Agréez, etc. Marquis de Poncins,
Président de la deuxième section de la Société des agriculteurs de France,
membre de la Société nationale.
Voici la note de la direction de la Compagnie des cbemins de fer
Paris-Lyon-Méditerranée, dont il est question dans la lettre qu'on
vient de lire :
« Je suis heureux de vous annoncer que ma Compagnie prend des dispositions
pour faire porter désormais sur les tarifs spéciaux, au lieu de la limiter comme
GHRONIOUE AGRICOLE (20 JANVIER 1883). 83
jusqu'ici aux tarifs généraux, la réductiou du 50 poui- 100 applicable aux bestiaux
expédiés aux concours.
« Cette mesure profitera aux animaux destinés au concours général d'animaux
reproducteurs que le gouvernement ouvrira aux Champs-Elysées, le 23 courant,
concours dont vous m'avez fait l'honneur de m'entretenir par votre lettre du 16 dé-
cembre dernier. »
En accordant la réduction de transport aussi bien pour les tarifs
spéciaux que pour les tarifs généraux, les Compagnies des chemins
de fer prendront une mesure extrêmement utile à la fois pour les agri-
culteurs et pour le développement des solennités agricoles.
IV. — Société des agriculteurs de France.
La session annuelle de la Société des agriculteurs de France sera
ouverte le lundi "29 janvier, à une heure et demie à l'Hôtel-Continental.
Le banquet des agriculteurs se fera également à l'Hôtel-Continental.
Au début de la session, la Société des agriculteurs décernera des prix
pour les animaux reproducteurs exposés au concours qui aura lieu au
Palais de l'Industrie du 27 au 31 janvier.
Les diverses Compagnies de chemins de fer viennent d'accorder aux
membres de la Société des agriculteurs de France qui se rendront à
Paris pour la session annuelle, une réduction de 50 pour 1 00 sur le prix
des places.
V. — La production des sucres.
Le Journal officiel du 13 janvier a publié le tableau de la production
et du mouvement des sucres indigènes depuis l'ouverture de la cam-
pagne jusqu'au 31 décembre. De ce tableau, il ressort qu'on ne
comptait, à cette date, que 180 fabriques, dans lesquelles les travaux
de défécation étaient terminés, et qu'on en comptait encore 316 en
pleine activité. Ce fait est le résultat du retard qui a été apporté aux
travaux d'arrachage et de transport des betteraves par les mauvaises
conditions de la saison. Néanmoins, les quantités de jus déféqués
s'élevaient au total de 71,203,000 hectolitres, avec une augmentation
de 6,538,000 hectolitres sur les résultats de la campagne précédente.
Le degré moyen du jus est de 3.5. Les charges exprimées en sucres
raffinés s'élèvent à 312,052,000 kilog., contre 292,843,000 kilog. au
31 décembre 1881. Il restait en fabrique 63,829,000 kilog. de sucres
achetés et 47,396,000 kilog. de produits en cours de fabrication. La
campagne actuelle s'est prolongée dans des conditions absolument
défavorables à l'industrie sucrière.
VL — Fermeture de la chasse.
La clôture de la chasse 6^t fixée au dimanche 21 janvier, sauf pour
la chasse du gibier d'eau et de la bécasse, et pour la chasse à courre
qui pourront s'exercer jusqu'au 15 avril. A partir du 22 janvier, il est
interdit de mettre en vente, de vendre, d'acheter, de transporter et de
colporter sous les peines portées par la loi : 1" du gibier de toute
espèce, à l'exception toutefois du gibier d'eau et de la bécasse, dont la
vente est permise jusqu'au 14 avril, à condition que ces oiseaux
seront couverts de leurs. plumes; 2" des animaux malfaisant» ou nui-
sibles détruits même pendant le délai de prorogation mentionné
ci-dessus; ceux des animaux qui ont le caractère de gibier ne pour-
ront être consommés qu'au domicile des chasseurs ayant pris part à
la chasse ou à des battues régulièrement organisées. La vente, le
84 CHRONIQUE AGRICOLE (20 JANVIER 1883).
transport et le colportage des sangliers pourront s'effecteur pendant la
fermeture de la chasse, à condition que chaque envoi sera accom-
pagné d'un certificat de provenance et d'une autorisation de transport.
YII. — \\Les maladies charbonneuses.
Nous avons fait successivement connaître les phases par lesquelles
est passée l'étude des maladies virulentes chez les animaux domes-
tiques et des moyens de les prévenir. Nous devons signaler aujour-
d'hui une thèse présentée récemm.ent à la P'aculté de médecine de
Bordeaux par M. Jules Chambrelent, dans laquelle le jeune auteur
s'occupe spécialement du passage des éléments figurés à travers le
placenta. C'est une question d'une haute importance au point de vue
de l'immunité que la vaccination préventive opérée sur la mère pour-
rait donner au fœtus. Des expériences directes faites par M. Jules
Chambrelent avec le virus du choléra des poules, il résulte que les élé-
ments figurés traversent le placenta et peuvent se retrouver dans le
sang des fœtus dont les mères ont été inoculées pendant la gestation.
Ces expériences délicates ont faites à la Faculté des sciences de Bor-
deaux; leurs résultats sont d'accord avec ceux des recherches de
MM. Straus et Chamberland que nous avons précédemment fait con-
naître. Des études intéressantes ont été poursuivies par M, Chambrelent
sur la variole fœtale; mais nous n'avons pas à nous en occuper ici.
YIII. — Le phyUox(ra.
Une surveillance active est exercée dans nos ports de FAlgérie pour
mettre la colonie à l'abri de l'invasion du phylloxéra. Nous devons
signaler les occasions qui se présentent de faire appliquer la loi qui
punit les tentatives d'introduction de vignes. Voici un exemple de
l'audace avec laquelle certains individus essaient de déjouer les
mesures de précaution qui sont prises. Le service de la douane, à
Oran, procédant à la visite d'un navire espagnol venant d'Alicante, a
saisi deux paquets de sarments de vignes, renfermés dans une pail-
lasse appartenant au sieur Vicente Fernandez, fermier à Tlemcen
(Algérie). La douane a procédé à l'incinération immédiate de ces sar-
ments, et le sieur Fernandez, poursuivi pour contravention aux pre-
scriptions du décret du 24 juin 1879, a été condamné parle tribunal
correctionnel d'Oran, à un mois de prison et 50 francs d'amende. Cette
punition rigoureuse donnera à réfléchir à ceux qui auraient envie de
faire des tentatives semblables.
Nous avons reçu, depuis quelques jours, plusieurs publications que
nous devons signaler. — Tout d'abord, notre excellent collaborateur
M. Prosper de Lafitte vient de réunir sous le titre Quatre aîis de lutte
pour nos vignes et nos vins de France, les mémoires, opuscules et articles
qu'il a publiés sur cette importante question. Cette collection forme
un fort volume (librairie G. Masson, à Paris; prix : 6 fr.) divisé en
quatre parties : mœurs du phylloxéra, traitements, vignes américaines,
documents divers. M. de Lafitte compte, comme on sait, au premier
rang des plus actifs adversaires du phylloxéra. — Sous le titre
Ampélographie américaine, M. G. Foex, directeur de l'école nationale
d'agriculture de Montpellier, et M. Pierre Viala, répétiteur de viticul-
ture, commencent la publication d'un album des variétés les plus
intéressantes de raisins américains cultivées à l'école ; les photogra-
CHRONIQUE AGRICOLE (20 JANVIER 1883). 85
phies sont exécutées d après nature par \I. [sard, et elles sont accom-
pagnées d'un texte descriptif. La première livraison est consacrée au
Black July et au Riparia sauvage. Cet album comprendra 80 à
90 planches; le prfx en est fixé à 75 fr. Les souscriptions doivent être
adressées à M. Isard, photograplie, à l'Ecole nationale d'agriculture
de Montpellier. — • Nous devons enfin signaler une brochure de
M. Terrel des Chênes, intitulée : La trilogie du phylloxéra. Elle com-
prend trois parties : la vigne en chaintres, résistances de la vigne au
phylloxéra, solution financière et économique.
IX. — Exposition agricole à Beau>ie.
Nous avons annoncé que la Société d'agriculture et d'industrie agri-
cole de la Cote-d'Or organise un concours départemental qui aura lieu
àBeauneen 1883. Nous recevons de la commission d'organisation l'avis
que des récompenses importantes, consistant notamment en médailles
d'or, seront attribuées aux divers procédés chimiques, physiques et
mécaniques destinés à combattre les parasites de la vigne, et princi-
palement le phylloxéra, Pour que ces procédés puissent être appréciés
en toute connaissance de cause, il est indispensable qu'une expérimen-
tation soit faite de chacun d'eux en temps opportun. La Commission à
-décidé que les expériences commenceraient à Beaune, dans les pre-
miers jours de février piochain. Elle prie, en conséquence, les per-
sonnes désireuses de prendre part au concours, de vouloir bien faire
connaître le plus tôt possibte leur intention par lettre adressée au
secrétaire du comité d'agriculture de Beaune. Ces personnes seront
avisées, dix jours à l'avance, de la date exacte qui sera fixée pour
l'expérimentation du procédé qu'elles ont à proposer. Les concurrents
de tous pays sont admis à ce concours.
X. — La deslruclion dis oiseaux pillardf.
La Cour d'appel de Douai vient de rendre, dans son audience du
6 décembre 1882, un jugement qui intéresse directement les agricul-
teurs, et que nous croyons utile à connaître. De cet arrêt, il résulte
que le fait par un propriétaire ou fermier de porter un fusil et de tirer,
au moment de la. récolte, sur des bandes de moineaux qui s'abattent
sur ses i>rains rais en tas et lui causent un sérieux dommasTe, est un
acte de défense légitime et nécessaire, et non point un acte de chasse;
que protéger et défendre sa récolte est un droit proclamé antérieure-
ment à la loi du 3 mai ISVV sur la chasse et reconnu par elle; et qu'il
est indifférent, lorsqu'il s'agit du droit de défense, que l'animal soit
ou non classé par les arrêtés préfectoraux parmi les animaux malfai-
sants ou nuisibles. Toutefois, il incombe au cultivateur qui se trouve
dans de semblables circonstances, de faire la preuve que les moi-
neaux dévastaient ses récoltes au moment oii il les a tirés. Des arrêts
avaient été déjà rendus dans le môme sens par la Cour d'Agen en I 852
et par celle de Rouen en 1862.
XI. — Architecture rurale,
L'Académie de Metz vient de publier le volume de ses Mémoires
pour l'année 1879-1880. Nous y trouvons un intéressant rapport sur
le concours relatif aux constructions rurales affectées à la grande et à
la petite culture, au point de vue de la salubrité, de l'économie et des
facilités de l'exploitation. Ce rapport est dû à M. Jacquemin. Il conclut
86 CHRONIQUE ÂGRICOL-E (20 JANVIER 1883).
à l'attribution d'une médaille d'argent à M. Alphonse Gosset, archi-
tecte à Reims (Marne); cette médaille d'argent a été décernée par
l'Académie. Il y a quelques années, nous avons publié une étude
importante de M. Gosset sur les constructions ruralBs, principalement
au point de vue du logement des animaux domestiques.
XII. — La population agricole en France.
Le Journal officiel du 31 décembre a publié les principaux résultats
du dénombrement de la population, effectué le 18 décembre 1881.
Nous y relevons quelques données intéressantes relatives aux princi-
pales professions. On trouve, dans ces chiffres, une nouvelle preuve
de la part importante qui revient à la population agricole dans le total
de la population du pays :
Norcbre Proportion
des personnes. pour loo.
Agriculture 18,204,799 487
industrie 9.'!?t']?l ?^^
Commerce... ••• •- 3,843,447 103
Transports el marine 800,741 21
Force publique 552, 8ol 15
Professions libérales 1,629,768 44
Rentiers et pensionnés 2,148,173 • 57
Individus sans profession ''^??''^'^^ ^^
Professions inconnues ^^■^■'^'6 ^
Totaux ■•..•• 37,40.1,290 1,000
De ce tableau, il résulte que la population adonnée à l'agriculture
atteint en France près de la moitié de la population totale. Les dépar-
tements dans lesquels elle atteint les chiffres les plus élevés sont les
départements formant la Bretagne et le Nord, le Pas-de-Calais, le Puy-
de-Dôme et Saône-et-Loire.
XIII. — Réunion des fondatturs du Journal de l'agriculture.
Les fondateurs du Journal de V agriculture sont convoqués en Assem-
blée générale annuelle le lundi 5 février, à 10 heures du matin, dans
les bureaux de la rédaction, 66, rue de Rennes, à Paris. L'ordre du
jour porte l'approbation des comptes, le règlement de l'exercice 1 882
et le vote du budget de l'exercice 1 883.
XIV. — Nouvelles de Vétal des récolles.
Dans la lettre suivante qu'il nous envoie du Mans, à la date
du "26 décembre, M. de Villiers de l'Isle-Adam constate les retards
éprouvés par les travaux des semailles :
« La pluie, toujours la pluie : tel est invariablement depuis plusieurs mois le
résumé météorologique de la quinzaine. Il est rare que nous ayons un jour
entier sans pluie ; nous avons eu deux jours consécutifs de gelée et nous espérions
voia- le temps changer, mais la pluie est revenue. Que le baromètre soit calme ou
qu'il éprouve de brusques variations comme ces jours derniers, c'est toujours la
pluie- elle est un peu moins abondante depuis une dizaine de jours, mais les terres
sont encore inabordables.
« Les semailles ne sont pas terminées et l'on estime qu il en reste environ uia
tiers à faire. Quelques cultivateurs ont voulu semer malgré le mauvais temps,
mais ils ont fait du travail détestable. ^
a Les blés semés en saison conveoable souffrent de l'excès d humidité.
a 11 m sans dii-ïe que les labours d'hiver ne sont pas même commencés. »
Dans la not-e qu'il nous adresse de Vagoey, le 31 décembre,
M. Jacquot signale de nouvelles inondations dans la partie monta-
gneuse des Vosges, oi^i la température est tout à fait anormale pour la
saison :
CHRONIQUE AGRICOLE (20 JANVIER 1883). 87
« Mercredi dernier, 27 décembre, un débordement des plus considérables
amené par la fonte des neiges activée par une pluie continuelle de trois jours
causa de vives alarmes dans certains villages exposés aux hautes eaux. Cette
inondation a dépassé, dit-on, celles de 1844 et 1876. On ne signale que des
dégâts peu appréciables; on a été quitte pour la peur. Il s'est formé çà et là
quelques excavations et les chemins des coteaux nécessitent de nombreux
travaux de terrassement. Il règne depuis huit jours une température très élevée
pour la saison, mais toujours de la pluie et du brouillard : l'herbe pousse et le
botaniste pourrait récolter des fleurs. Sauf quelques parties parcourues par les
eaux, les récoites en terre sont en assez bon état. »
M. Garin nous envoie de Pont-de-Vaux (Ain), à la date du 6 janvier,
un résumé intéressant des principaux faits météorologiques de l'année :
« L'année 1882 a débuté par un hiver assez doux et relativement sec ; car nous
n'avons eu, pendant les mois de janvier, février et mars, qu'un jour de neige et
dix jours de pluie. — Le printemps au contraire a été assez pluvieux, car il nous
a donné vingt-quatre jours de pluie avec une température de -j- 15" environ, —
L'été a été beaucoup plus humide encore, car il y a eu trente jours de pluie qui
ont versé sur le sol une couche de près de 0'".40 d'eau. Au^si il y a eu abondance
de foin. — L'automne a été très pluvieux aussi. Car nous avons enregistré, pendant
les mois d'octobre, novembre et décembre, trente-quatre jours de pluie qui, quoi-
qu'ayant fourni une moins grande quantité d'eau qu'en été, ont entretenu les
terres dans un tel état d'humidité aue l'on n'a pu faire les semailles d'automne
dans de bonnes conditions. Dans quelques endroits, et surtout dans les parties
basses, l'on n'a même pas pu semer. — La température très douce, surtout pendant
les mois de novembre et décembre, a donné lieu à des inondations extraordinaires
égales à celles de 1 856, produites par la fonte des neiges sur les hautes montagnes.
« Malgré l'extrême humidité de l'été et de l'automne, les récoltes ont été assez
abondantes dans notre localité, excepté celle de la vigne qui a été à peu près
nulle. — La température de l'année a été à peu près celle d'une année ordinaire
(11" environ). Le vent dominant a été le vent du nord. Malgré les pluies nom-
breuses de l'année, dont la quantité a été de près d'un mètre de hauteur, le baro-
mètre est resté au-dessus de la moyenne qui est, pour notre pays, de U'".7'i6.
« Voici quelques observations sur l'état actuel des récoltes notable nent compro-
mises par suite de l'humidité des deux mois qui viennent de s'écouler, et de la
température extrêmement douce qui a régné jusqu'à la fin de décembre. La plus
grande panie des 'terrains situés sur les plateaux de Saint -Bénigne et Arbigny,
sont en assez bon état et les blés déjà forts offrent une assez jolie apparence. Quel-
ques champs de colza sont même déjà en fleur.
« Le fait le plus saillant est la température extrêmement douce dont nous jouis-
sons, mais qui par suite de la fonte des neiges sur les hautes montagnes, a occasionné
les inondations extraordinaires des bords du Rhône et de la Saône, qui se sont
élevées presque au niveau de celles de 1856. L'eau a envahi presque la moitié des
caves de notre petite ville de Pont-de-Vaux, située à 3 kilomètres de la Saône.
L'on va en bateau dans le quartier dé la Recourbe.
« Depuis avant hier seulement, 4 janvier, la Saône commence à décroître, et le
froid semble vouloir nous arriver par le vent du nord ([ui règne depuis deux jours.
Les blés d'automne qui ont pu être semés à temps, paraissent assez jolis. Les
•colzas sont très avancés, il est même des localités environnantes où ils cjmaien-
cent à être en fleur. Aussi, les cultivateurs désirent voir arriver de la neige et du
froid pour arrêter les progrès de la végétation ».
SuL^ia sittiation dans le déparlement de la Gironde. M, Petit-Lafitte
nous envoie de Bordeaux, le 1 0 janvier, les renseignements qui suivent :
« Décembre a continaé le régime de novembre, les pluies ont dominé, et,
comme en novembre encore, ont entretenu les inondations et mis obstacle aux
travaux de la culture, principalement aux semailles des céréales, d dernier tort
est d'autant plus grand, qu'il ne peut être réparé qu'au printemps et par des
variétés do céréales autres que celles dont nous usons habituellement.
a Mises en terre à l'automne, celles-ci sont également favorisées alors par
l'état de cette terre et le régime météorologique de la fin de li saison. Elles ont. le
temps de germer, de prendre leur premier développement, tant intérieur qu'exté-
rieur, et d'acquérir les forces nécessaires pour résister aux éventualités de nos
83 CHRONIQUE AGRICOLE (20 JANVIER 1883).
hivers, qui n'ont ordinairement d'autre action sur elles que de suspendre momen-
tanément la continuation de leur existence active.
« Or, cette existence active reconnaissant également le partage de la végétation
souterraine et de la végétation apparente, ce n'est qu'à la fin de l'hiver qu'elle se
manifeste de nouveau, à la fin de février environ vers le 10 mars et sous une
température de 9 à 10 degrés, moment où peuvent être mis en terre les blés dits
de printemps, auxquels sont particulièrement assujetties les contrées du nord,
mais dont les nôtres peuvent plus facilement, plus habituellement, plus avanta-
geusement s'affranchir.
« Pour ce qui est de la vigne, aura-t-elle souffert de pluies et d'inondations, ou
serait-il possible qu'il y eut en cela, pour elle, une application, sur la plus vaste
échelle, de l'un de ses moyens curatifs, la submersion? Ce serait alors des actions
de grâce à rendre à la Providence! »
Dans la note suivante, M. Fournat de Brézenaud, lauréat de la
prime d'honneur, à Quintenas, près Annonay (Ardèclie) , nous donne des
renseignements intéressants, notamment sur sa culture du blé de Noé :
« L'année 1882 s'est terminée moins défavorablement pour notre département
que pour bien d'autres. Sauf les différentes crues du Rhône, qui ont causé d'assez
grandes pertes aux riverains, nous n'avons pas eu à souffrir de l'excessive humi-
dité qui règne partout. A cause de la nature du sol, malgré les fréquentes pluies
d'automne, les semailles ont pu se faire convenablement, et ont aujourd'hui une
belle apparence. Le temps doux que nous avons eu les deux derniers mois de
l'année a été très favorable à l'aoûtement du bois de la vigne qui était très impar-
fait par suite du manque de chaleur
a La quantité d'eau tombée l'année dernière dans notre région est une moyenne
bien ordinaire, comme l'indiquent les chiffres ci-après :
millim. ■ millim.
Janvier et février 0 000 Août et juillet.. 0 090
Mars o 0.040 Septembre 0.095
;-: Avril 0.112 Octobre 0.146
Mai 0.063 Novembre 0.030
Juin 0.036 Décembre O.ObO
« Le total est de 0'". 662; en 1881, il était tombé 0"\66i,et en 1880, 0".627.
« Puisque dans ce moment il est question des avantages du blé de Noé comme
emblavures de printemps, je dirai que je le cultive exclusivement depuis plus de
vingt ans, l'ayant importé de l'é. oie de Saulsaie. Ce blé me donne un rendement
bien supérieur en grains à l'ancienne variété de blé barbu cultivé en général; mais
pour être avantageux, il demande une terre bien amendée.
« N'ayant pas eu de neige pour préserver nos récoltes l'année du grand hiver,
tout fut détruit par la gelée, aussi bien les blés du pays que le Noé; mais en
ayant ensemencé de nouveau les champs dès que le dégel fut arrivé en février,
j'eus une récolte presque aussi bonne que si les emblavures d'automne n'avaient
pas été détruites. Le blé Noé a le grand avantage de ne pas dégénérer dans le
sol granitique, ce qui arrive à peu de variétés. Il m'en reste quelques hectolitres
disponibles que je pourrais remettre aux personnes qui ont encore des terres
à Berner en blé de printemps, à 31 fr. les lOOkilog., toile perdue, en gared'Annonay.
ce Malgré la récolte abondante de foin, par suite des gelées tardives de prin-
temps, le bétail se maintient à un bon prix à cause de la facilité d'avoir pu le
mener au pâturage très tard. Les fourrages sont moins chers maintenant qu'ils
ne l'ont été en octobre.
« Les pommes de terre, après avoir eu un gros déchet à la récolte, se conser-
vent bien en magasin, et tout peut nous faire espérer qu'à moins de circonstances
défavorables imprévues, l'année 1883 peut nous donner de bonnes récoltes. »
La reprise d'un temps extrêmement doux et humide a ramené, pour
la culture, les obstacles aux travaux des champs. Aussitôt que quel-
ques éclaircies arrivent, on en profite pour faire des labours ; mais
ces éclaircies sont rares et de courte durée. La situation est donc
toujours critique, et malheureusement, plus elle se prolonge, et plus il
est à craindre que ses effets ne soient graves pour les cultivateurs.
J.-A. Barral.
SUR L'ÉPUISEMENT DES BETTERAVES EN SUCRE. 89
SUR L'ÉPUISEMENT DES BETTERAVES EN SUCRE'
A quel degré convient-il iVépuiser la betterave du sucre quelle
contient? — L'examen de cette question comporte deux faces que je
vais essayer d'éclairer en prenant les cas les plus généraux de la
fabrication du sucre et en me servant des travaux de mes devanciers.
Il faut examiner :
r La valeur de la pulpe comme matière nutritive lorsqu'on épuise à
fond la betterave ;
2° La qualilé du Jus et le prix de revient du sucre extrait de la bette-
rave épuisée complètement.
Premier cas. — Valeur de la pulpe lorsqu'on épuise à fond. — L'étude
de cette question devrait être faite en temps de fabrication, en déter-
minant la valeur nutritive théorique des betteraves employées comme
matières premières et des pulpes qui en proviennent. N'ayant pas été
prévenu avant la fin de la fabrication^ je n'ai pu le faire, mais j'espère
pouvoir arriver à traiter la question au point de vue général, et
exclure ainsi les conclusions erronées qu'on déduit quelquefois dans
un cas isolé.
La betterave est ua végétal formé de cellules infiniment rappro-
chées et excessivement petites, qui s'opposent par leur multiplicité
aux transmissions des pressions hydrostatiques; on estime à environ
250 le nombre des cellules contenues dans un millimètre cube.
Dans les cellules on rencontre un liquide de composition complexe
que l'on ne connaît pas encore exactement, mais que nous pouvons
consid( rer comme une dissolution sucrée plus ou moins pure, conte-
nant des principes minéraux et organiques : les uns cristallisables
les autres incristallisables, c'est-à-dire le:3 uns cristalloïdes, les autres
colloïdes suivant l'expression de Graliam.
La fabrication du sucre a pour but d'extraire le sucre contenu dans
les cellules et de laisser dans la pulpe les autres parties plus ou moins
nutritives, mais nuisibles à la fabrication.
Malheureusement on ne peut obtenir cette séparation immédiate-
ment, et le jus sort des cellules déchirées avec toutes ses impuretés
par voie de pression. En vertu des phénomènes d'osmose, il sort des
cellules intact avec les parties cristallisables seulement.
Le jus limpide pris au commencement ou à la fin de la pression a
une composition identique; c'est à des erreurs d'observation ou de
manipulation qu'il faut attribuer les écarts qu'on a quelquefois signa-
lés. En négligeant l'augmentation de pureté, minime d'ailleurs, que
présentent les jUs extraits par osmose dans la diffusion, sur ceux
extraits par déchirement, on peut dire que dans les conditions actuelles
les procédés peuvent être classés à raison du rendement plus ou moins
grand des jus extraits.
En obtenant du jus à une égale densité dans les meilleures conditions
de travail, on extrait par presse hydraulique de 100 kilog. de bette-
raves contenant 91 litres 5 de jus, 80 litres de jus, soit8G.8pour 100
du sucre initial ; par presse continue avec double pression, on extrait
84 litres de jus, soit 92 pour 100 du sucre initial; enfin, par diffusion
on extrait 87 litres de jus, soit 94 et demi pour !00 du sucre initial.
1 . Elude présentée au Congrus sujnei' de Saiiit-Oucnlin. '
M SUR l'épuisement des betteraves en sucre.
On pourrait croire qu'une extraction poussée aux limites données par
la difYusion, en présence d'un lavage anssi énergique que celui qu'il
faut employer par ce procédé, amoindrisse la valeur nutritive de la
pulpe. Il n'en est rien dans l'état actuel de nos connaissances, car
tout se réduit à une extraction plus ou moins complètedejus avec tous
les principes tant utiles que nuisibles. Il faut donc savoir si le jus est
plus ou moins nutritif que la pulpe ou s'il ne jouit pas de propriétés
nutritives égales.
La détermination chimique des principes nutritifs contenus dans le
jus et dans la pulpe permet de répondre à la question.
La valeur d'un aliment se détermine aujourd'hui, aussi simplement
que la valeur d'un engrais.
Comment fait-on pour un engrais? On recherche la quantité d'azote,
d'acide phosphorique et de potasse contenue dans 100 kilog., on
multiplie chacune de ces quantités par le cours moyen de chacun de
ces principes, au moment de la livraison; par exemple le kilog.
d'azote est multiplié par 2 fr. 50, le kilog. d'acide phosphorique par
0 fr. 80, le kilog. de potasse par 0 fr. 45, et la somme de ces produits
représente la valeur totale de 1 00 kilog.
On opère de même pour les matières nutritives. Cependant il con-
vient de remarquer que l'analyse d'une matière employée comme ali-
ment, ne peut se faire de la même façon que l'analyse d'une matière
employée comme engrais; ainsi que le font par erreur certains chi-
mistes, et que l'a fait M. Durot dans son Étude des divers produits
employés pour l'alimentation des bestiaux. Dans ce travail qui n'est
qu'un relevé d'analyse, on remarque aussi une autre faute que je ne
puis passer sous silence: l'auteur a multiplié l'azote par 7.1 pour
obtenir ce qu'il désigne sous le nom de matières organiques azotées.
D'où vient ce coefficient complètement en désaccord avec les chiffres
admis par tous les chimistes physiologistes qui font autorité? L'esto-
mac d'un animal ne se comporte pas comme les spongioles d'une
plante et telle matière fertilisante est nuisible pour la nutrition; Tazote
nitrique et ammoniacal, de même que l'azote alcaloïdal, sont très ferti-
lisants ; mais on sait qu'on ne pourrait nourrir un animal en lui don-
nant du nitrate, du sel ammoniacal, de la strychnine ou tout autre
alcaloïde à manger.
Il faut donc séparer les matières azotées en deux catégories dis-
tinctes. La première contient les matières azotées nutritives dites pro-
téiques ; semblables à Protée, elles changent de forme, et deviennent
parties constitutives de l'animal, telles sont l'albumine, la légumine,
îa caséine, etc. La seconde contient les matières azotées qui restent
dans l'économie sous la forme où elles ont été absorbées, quand elles
ne provoquent pas la mort. Elles ne peuvent, dans aucun cas, servir à
la rénovation des tissus; tels sont les nitrates, les sels ammoniacaux,
les amites, les alcaloïdes, les glucosides, les peptones, etc.
Cette réserve étant comprise, on aura la valeur d'un aliment en
multipliant : les matières proléiques ou matières azotées assimilables
par 0 fr. 60 ; les matières hydrocarbonées qui contribuent à la forma-
tion des tissus et de la graisse par 0 fr, 10 ; les matières grasses par
0 fr. 25; et les matières minérales assimilables et nutritives par 0 fr. 05.
En dehors de ces bases, il faut tenir compte de l'état plus ou moins
grand de concentration des principes actifs de l'aliment. On ne peut
SUR L'ÉPUISEMENT DES BETTERAVES EN SUCRE. 91
faire manger à un animal un trop grand ni un trop petit volume de
nourriture sans nuire à sa nutrition : il faut tenir compte que la capa-
cité stomacale doit être remplie par la ration à cliaque repas. C'est
ainsi qu'il y a lieu de tenir compte d'un correctif indispensable qu'on
néglige malheureusement souvent.
Je m'explique : si l'aliment est trop nutritif, l'animal excité par son
appétit, c'est-à-dire poussé par l'instinct à remplir son estomac, prend
une quantité de nourriture trop forte et devient sujet à des maladies
(coup de sang, etc.); si, au contraire, l'aliment est trop aqueux et
trompe son appétit en remplissant son estomac, l'animal ne pouvant
absorber dans ses repas la somme de matière alimentaire qui lui est
nécessaire, devient malade (cachexie aqueuse ou pourriture).
Le ehimiste physiologiste devrait tenir compte de la nature de l'ani-
mal à nourrir et majorer les prix ci-dessus, lorsque l'aliment est très
nutritif, parce que, alors, il permet, avec ce minimum de frais,
de faire absorber des nourritures aqueuses, des fourrages verts ; par
contre, on devrait amoindrir la valeur des prix de base lorsque l'ali-
ment est peu nutritif, puisqu'il nécessite l'achat de nourritures sèches
(tourteaux, etc.).
L'augmentation, de même que la diminution, devraient être calcu-
lées en tenant compte non seulement de la proportion des matières
nutritives ou rapport de nutrition, mais encore que la ration pour un
kilog. de matières sèches doit contenir de3 à 4 kilog. d'eau lorsqu'elle
est destinée à un âne; de 4 à 5 kilog. à un bœuf; de 5 à 6 kilog. à
une vache laitière. Cette considération est importante; il ne faut pas la
négliger dans la question de l'alimentation, surtout dans celle relative
aux pulpes de diffusion. Je serais heureux si ma proposition était
écoutée et amenait les physiologistes à déterminer l'augmentation et
la diminution qu'il conviendrait d'obtenir dans chaque cas, car rien
à ma connaissance n'a encore été fait dans ce sens. A ce sujet, per-
mettez-moi une digression.
Dans les pays où la diffusion a pris naissance, on s'est pénétré de
cette nécessité. Nous avons vu chez M. Robert de Seelowitz qui, le
premier, installa la diffusion, un système très recoramaudable qui per-
met de remédier aux inconvénients des nourritures très aqueuses.
Il consiste à préparer des fourrages secs et desséchés au point qu'on
croirait qu'ils ont été torréfiés.
Le maïs, le soya hispida, le millet, etc., cultivés en récolte alterne
et dérobée pour ainsi dire, sont coupés (après la floraison ou avant la
maturation, cela dépend des plantes) et abandonnés pendant quelques
heures à la dessiccation au soleil. Lorsque les feuilles paraissent un
peu desséchées et qu'elles commencent à prendre un ton sec quand on
les froisse, on ensile ou mieux on dispose eu meule les tiges entières
non hachées. La meule terminée a de 4 à 0 mètres de hauteur, on la
protège contre l'air extérieur en l'entourant d'une couche épaisse de
terre qui atteint presque le sommet. Une surface d'un à deux mètres
carrés environ reste seulement à découvert pour permettre au sommet
le dégagement de la vapeur qui vase dégager sous l'action de réchauf-
fement que les végétaux non entièrement secs éprouvent lorsqu'ils
sont entassés. La température s'élève beaucoup et si la combustion
ignée ne se déclare pas, c'est parce que l'air ne peut pénétrer jusqu'aux
végétaux, l'épaisseur de terre s'y opposant et la terre placée à la par-
92 SUR L'ÉPUISEMENT DES BETTERAVES EN SUCRE.
tie supérieure, au-dessus de la zone qu'on appelle le grand lour dans
une meule, exerçant une pression suffisante pour tasser et faire affais-
ser les végétaux au fur et à mesure qu'ils se ramollissent et que l'eau
s'en va à l'état de vapeur. Après quelques jours la fermentation s'ar-
rête, réchauffement disparaît, la meule est tassée et réduite aux deux
tiers de la hauteur primitive, la cuisson ou torréfaction est terminée.
Le soja est alors plus desséché qu'on n'aurait pu l'obtenir par des-
siccation prolongée sous un soleil ardent, il ne contient au maximum
que 9 pour 100 d'eau au lieu de 12 qu'on aurait obtenu par dessicca-
tion à l'air, et cette dessiccation excessive est obtenue sans désorganisa-
tion du végétal ni déperdition des principes nutritifs qui y étaient con-
tenus primitivement.
Lorsqu'on ouvre le silo où la meule, on l'entame latéralement en
découpant par tranches, au jour le jour, avec un tranchet ou une
bêche coupante, les quantités nécessaires pour les besoins de la ferme;
on constate que toutes les tiges, feuilles, fleurs ou fruits, que toutes
les fdores en un mot sont restées intactes ; on constate aussi une odeur
des plus agréables qui rappelle l'odeur du café torréfié; d'ailleurs la
couleur est devenue brune.
Les animaux sont très avides de la nourriture ainsi préparée et
conservée qui se mélange facilement avec les pulpes et rétablit
l'équilibre nécessaire entre la teneur en matières sèches et l'humidité,
principalement pour les pulpes de diffusion.
Pour compléter ces renseignements sommaires, voici l'analyse dé-
taillée que j'ai faite sur des échantillons de soja et de millet torréfiés
pris chez M. Robert à Seelowitz (Moravie) :
Humidité ■
Matières azotées protéiques assimilables
Matières azotées alcaloïdales, etc., non assimilables..
Matières hydrocarbonées dij^estibles : sucres
Matières hydrocarbonées dig'pstibles : huiles
Matières hydrocarbonées dij,'estibles
Autres maiières hydrocarbonées indigestes (cellu-
lose, etc.)
( Acide phosphorique
Potasse
Cendres
Sels divers. . . .
Silice et sable.
Soja hispida.
Millet.
8.6C0
7.400
4.37.5
4., 550
0.875
0.175
7.143
4.545
2.000
2.600
28.007
34.270
37.000
35.860
1.280
0.896
;^240
2.075
.Ô..580
4.629
1.900
3.000
lUU.OOO lOO.OlO
Revenons à notre sujet principal : les matières les plus utiles à la
nutrition contenues dans les végétaux sont généralement insolubles
dans l'eau, telles sont les matières protéiques (albumine, légumine,
etc.) et les matières grasses.
Les matières hydrocarbonées et minérales qui peuvent être solubîes
sont moins intéressantes et, pour le cas qui nous occupe, l'hydrate de
carbone appelé sucre est tellement altérable qu'on n'a pas à regretter
sa solubilité. Pendant la conservation en silo, il éprouve des transfor-
mations nombreuses et de matière nutritive il devient matière inerte
telle que l'eau et l'acide carbonique, ou nuisible tels que les acides bu-
tyrique, lactique, acétique, etc., à moins qu'on ait affaire à des ali-
ments suffisamment secs pour ne pas éprouver de fermentation.
Il est donc préférable, dans le cas des pulpes, d'éliminer ce produit
qui possède une grande valeur industrielle qu'on a intérêt à réaliser.
La solubilité des sels est donc seule regrettable, mais il ne faut pas
s'en effrayer outre mesure.
SUR L'ÉPUISEMENT DES BETTERAVES EN SUCRE. 'J3
La valeur réelle des sels au point de vue nutritif est esliméo à 0 fr.05
le kilog.,et la perte dans ces conditions ne saurait qu'être minime,
surtout quand on rapproche de ce faible prix la faible proportion de
matières minérales assimilables contenues dans un végétal et qui dans
le cas actuel n'atteint pas 1 pour 100.
Nous pouvons donc conclure que, aupoint de vuede la valeur nutri-
tive, il n'y a pas d'inconvénients à épuiser complètement la racine de
tout son sacre et en même temps de tous ses sels solubles, car cela
ne diminue pas la valeur intrinsèque des 1000 kilog. de pulpes rame-
nés après l'épuisement complet au degré de siccité qu'elles avaient
avant.
(La suite prochainemcnl). , A. Vivien.
LE CLASSEMENT DANS LES CONCOURS D'ANIMAUX GRAS
Monsieur le directeur, permettez-moi de répondre quelques mots
à la lettre de l'honorable M. Nadaud, sur la classiiication du bétail
dans les concours d'animaux gras, que vous avez publiée dans votre
numéro du 30 décembre dernier. Je dirai d'abord que je suis com-
plètement de l'avis de MM. Nadaud et Gréa, sur la dentition des ani-
maux, c'est-à-dire que plus un animal est de race précoce, plus il est
nourri étant jeune, et plus sa dentition avance.
Mais il y a une règle invariable à cet égard, c'est que : tout animal
qui n'a plus de petites dents a forcément plus de trois ans, et comme
preuve à l'appui de ce que j'avance, permettez-moi de citer des
exemples parmi les bœufs les plus remarquables qui ont été pré-
sentés aux Concours du Palais de l'Industrie. Comme exemple je
prendrai des animaux présentés par mon honorable collègue
M. Alphonse Tiersonnier, qui est, sans contredit, l'éleveur qui a
obtenu le plus de prix d'honneur aux Concours généraux de Poissy
d'abord et du Palais de l'Industrie ensuite.
M. Tiersonnier engraisse les animaux qu'il veut présenter aux
Concours de boucherie, depuis le jour de leur naissance ; il ne le
cache à personne et il ne craint pas de les montrer à tous ses concur-
rents; de plus il n'engraisse que des animaux de race Durham
qui est, sans contredit, la race la plus précoce que nous ayons en
France.
Ce grand éleveur a obtenu en 1877 le prix d'honneur des bœufs
avec un animal exposé dans la 1"^^ catégorie sous le n" 22, âgé de
36 mois au 1 " janvier, pesant 949 kilog. et il avait encore deux
petites dents; cependant je crois qu'avec son grand poids il était de
race précoce.
Le même éleveur a obtenu en 1881 le 2" prix de la 2" catégorie,
avec le bœuf Durham inscrit sous le n" 31, âgé de 37 mois 15 jours,
pesant 884 kilog.; cet animal qui avait dépassé 3 ans, avait encore à
l'époque du Concours, c'est-à-dire à près de 39 mois, deux petites
dents.
Maintenant, quant à la panique de l'année dernière dont parle
M. Nadaud, elle n'a pas été vue du même œil par tout le monde.
Voici, en effet, ce qui s'est passé à la suite de la visite que l'on a lait
subir aux animaux au moment du pesage. On a mis de côté dans la
1"" catégorie, non seulement tous les animaux qui n'avaient plus de
94 LE CLASSEMENT DANS LES CONCOURS D'ANIMAUX GRAS.
petites dents, mais tous ceux dont la dentition n'était pas en rapport
avec l'âge porté aa catalogue, et je m'empresse d'ajouter que l'on a eu
raison; car le jury devant tenir compte de la précocité des animaux,
ne peut plus être dirigé par le poids de bascule, si on lui laisse entre
les mains des animaux qui ont été rajeunis de cinq ou six mois.
A cet égard je vais citer encore un exemple parmi les déshérités,
lequel exemple je ne me permettrais pas de citer, si la victime n'était
pas un membre de ma famille qui ne m'en voudra certainement pas,
puisqu'il m'a avoué lui-même, que c'était par suite d'une erreur de
sa part qu'il avait fait une fausse déclaration ; le bœuf présenté
sous le n° 6, déclaré âgé de 28 mois, a été éliminé parce qu'il
n'avait plus que deux petites dents ; c'était un des plus remarquables
de la catégorie, mais seulement il avait un tort, c'était d'être rajeuni
de 7 ou 8 mois.
Je conclus, M. le rédacteur, en disant que l'administration de
l'agriculture a pris une bonne mesure l'année dernière, et que pour
mon compte propre, je l'y verrai persévérer avec bien du plaisir; car
tous les engraisseurs savent les difficultés que l'on éprouve, à
engraisser des animaux de moins de 3 ans qui tendent toujours à
grandir et non à engraisser, et je me permettrai de dire à Messieurs
les exposants : déclarez l'âge de vos animaux exactement et vous
n'aurez jamais à subir de déclassement pour les animaux de la
1" catégorie.
Agréez, etc. E. Lap.zat,
éleveur à Germigny-l'Exempt (Cher).
SÉGHERIES AGRICOLES DU SYSTÈME GRISON
Dans les années humides, comme celle que nous venons de tra-
verser, la dessiccation et la conservation des fourrages après la coupe
sont des opérations qui présentent de grandes difficultés; il en est de
même de la conservation des gerbes de céréales à l'abri de l'humidité
après la moisson. Parmi les nombreux procédés qui ont été proposés
pour obvier à ces inconvénients, nous devons signaler la sécherie
agricole que M. Grison, manufacturier à Lisieux (Calvados), a ima-
ginée en 1879 et qui lui a donné d'excellents résultats.
La séchérie de M. Grison est très simple. La fig. 8 la montre de
face, la fig. 9 en montre le plan, et la fig. 10 en est une vue de côté.
La longueur est de 4 mètres, la largeur de 2 mètres, et la hauteur
de 3"". 50. Pour l'établir, il suffit de ficher en terre, à chacun des
angles, un montant en bois brut ou ouvré ; pour maintenir les montants,
on fixe de face, au milieu et à la partie supérieure, des traverses qui
donnent du corps à l'appareil. Sur les côtés (fig. 10), on fixe les
entretoises destinées à soutenir 10 claies espacées de O^.SO. Ces claies
sont faites en fil de fer de 1 millimètre et demi de diamètre ; la forme
des claies et leur espacement assurent une libre circulation de l'air
dans toutes les parties de la séchérie. Les claies sont mobiles. On
les charge de bas en haut, en garnissant les châssis au fur et à
mesure qu'ils sont placés. La partie supérieure est recouverte soit par
une bâche, soit avec de la paille ou de l'herbe; il suffit d'une toiture
quelconque assez légère, et imperméable à l'eau de pluie.
La séchérie peut servir pour les fourrages et pour les céréales. Le
foin, fané à la manière ordinaire, peut y être placé lorsqu'on redoute
SKCIIERIES AGRICOLES DU SYSTÈME GRISON. ' Oj
un orage; si, à la fin de la jouraée, il est presque sec, on le met dans
l'appareil où la dessiccation s'achève. Quant aux céréales, aussitôt
coupées, elles sont mises en bottes et placées dans la sécberie.
Sur la dépense de construction et d'entretien, ainsi que sur le prix
l-'ig. 8. — Socheric agricole 'système Grison.
d'entretien et le mode d'emploi, M. Grison nous a fourni les ren-
seignements suivants
.. La st'cherie peut se construire en fer, mais c'est en Lois brut "qu'elle revient
à meilleur marché, le cultivateur n'ayant à débourser que le prix du ril de fer gai-
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Fig. 9. — Plan de la séchcric.
vanisé, soit 12 à U francs par appareil qui peut durer vingt-cinq à trente ans,
car il est des années où il ne sera utile que pour les récoltes de fin de saison.
« Le coût annuel ne s'élève pas à plus de 1 fr. 50 par séeherie et cette dépense
est 50 fois payée par l'économie de main-d'œuvre qu'elle procure pendant les
années pluvieuses.
« Il faut 4 sécheries pour emmagasiner la récolte d'un hectare, mais une
seule sulfit à 4 ou 5 ouvriers récoltant un hectare par portions, c'est-à-dire pour
le travail d'une journée; dans ce cas, les récoltes doivent être bottelées, et rentrées
96
SÉCHERIES AGRICOLES DU SYSTÈME GRISON.
chaque jour; il est préférable et plus économique d'avoir 2 sécheries par équipe
de 6 ouvriers.
« Les agriculteurs qui feront un essai comparatif avec une ou deux sécheries
seulement seront vite convaincus qu'il est préférable de dépenser une petite somme
que de perdre une portion de leur réi^olte.
u Recolle des céréales. — Lorsque le temps est incertain, aussitôt les céréales
coupées et mises en bottes, on les range sur 2 rangs pour garnir chaque claie de
la sécherie en commençant parcelle du bas, les autres étant rangées en tas auprès
de l'appareil pour ne pas gêner le chargement.
« La première claie étant pof^ée sur les premiers tasseaux des 4 montants de
la sécherie, garnie et chargée de 0'" 25 à
0'".28 d'épaisseur, on adaple la seconde
claie que l'on charge de la même manière
ainsi que les suivantes en montant jus-
qu'à la dixième; à diverses hauteurs ou
à la dixième claie seulement,, on laisse
dépasser la paille sur les quatre laces
de l'appareil, sur une épaisseur de 0"'.2
à 0'".3 et 0'".25 à 0'".30 de longueur
pour former saillie; on fait incliner cette
paille à l'aide d'une ficelle en cordeau
afin de protéger la récolte contre les
pluies, et enfin on forme la toiture ; ce
qui est le mieux pour celle-ci, c'est
d'avoir des paillassons faits exprès d'a-
vance ou des bâches, mais ce dernier
moyen coûte trop cher.
a La récolte ainsi emmagasinée peut
y rester le temps que l'on veut, c'est
une meule carrée au lieu d'être ronde;
lorsque l'on en met deux à côté l'une de
l'autre, les vents ne peuvent pas les ren-
verser. La dessiccation s'opère parla cir-
culation de l'air qui se l'ait librement
dans toute la masse en deux ou trois
jours, selon que le temps est plus ou
moins chargé d'humidité ; la pluie, la
fraîcheur de la terre ne sont plus à
craindre, on n'a plus à redouter la fer-
mentation ni la germination, la récolte est assurée.-
« Si le temps est beau, après la coupe des céréales, on laisse la dessiccation
s'opérer au soleil et le soir on emmagasine la récolte dans la sécherie.
« Recolle des fourrages. — On fane comme on le fait d'habitude. Voit-on venir
un orage, on abrite l'herbe dans la sécherie et on suspend l'opération pour la
continuer en temps propice; le travail fait est acquis, la dessiccation se continue
sans interruption
« Si à la fin d'une journée le fanage est avancé, on loge le fourrage dans la
sécherie où la dessiccation se termine, on est certain de la récolte.
« Au moment des secondes coupes d'arrière- saison la fenaison est souvent
Fig. 10. — Vue latcialo de la sécherie vide.
« Ma sécherie procurera une véritable économie de main-d'œuvre aux agricul-
teurs et de bonnes récoltes ; on en reconnaîtra l'utilité. «
Dans les proportions qui ont été indiquées plus haut, une sécherie
peut renfermer 25 mètres cubes de fourrages et le même volume de
céréales. Chaque cultivateur peut lui-même établir ses sécheries; tou-
tefois, les personnes qui désirent en avoir fabriquées, peuvent s'adres-
ser à MM. Janson frères, marcliands de bois, à Lisieux (Calvados).
On pourra, à l'exposition d'instruments annexée aux concours géné-
raux agricoles de Paris, à la fin du mois de janvier, visiter un modèle
de séclioiio (juj sera exposé par M, Gri.>^on. lïenrv Sagnier,
DE LA SÉLECTION. 97
DE LA SELECTION. — III
24. Reins, largeur. — Relativement à la longueur nous avons dit que
le dos doit être long et, par conséquent, les reins doivent être courts;
car tandis que le dos a un appui formé par les côtes, les reins, ce qu'on
peut voir au squelette, sont comme un pont entre le bassin et le dos,
et il y aura avantage à ce que les reins soient courts et larges, ce qui
leur donne plus de résistance.
La largeur est en rapport avec l'incurvation des côtes.
25. Reins, musculature. — Même pour l'animal qui n'est pas destiné
au travail, il y a grande utilité à ce que cette partie soit bien musclée;
chez les ba3ufs elle fournit une viande de première qualité dont l'abon-
dance est à rechercher. En outre, chez les vaches, quand on voit un
amaigrissement prononcé de cette partie et, surtout comme une cas-
sure en avant du bassin, on peut considérer ce défaut comme un signe
d'épuisement, de décadence. *
Chez les taureaux utilisés trop jeunes, la faiblesse des reins oblige
à réformer des animaux devenus lourds et qui sans cela auraient des
qualités. Ainsi on ne saurait trop donner d'attention à cette région, à
toutes les époques de la vie, et on devra, si possible, éviter que les
animaux ne se creusent les reins en mangeant trop haut, pendant
leur période de croissance surtout ; du reste pendant la gestation cela
peut être une cause d'avortement.
26. Croupe, longueur. — La longueur delà croupe est en rapport' de
développement avec les organes postérieurs, surtout ceux de la lacta-
tion. Chez une très bonne laitière, il y aurait plutôt à craindre que la
croupe ne fût trop longue, parce que cela indiquerait un manque
d'équilibre dans les organes antérieurs, la poitrine, par exemple.
Comme nous l'avons vu, la longueur de la croupe doit être celle du
corps et de l'avant-train.
Une croupe trop courte présente l'inconvénient que, à la fin de la
gestation, la matrice étant refoulée en arrière, on voit un renverse-
ment de cet organe quand la vache est couchée : — elle montre.
27. Croupe^ largeur. — La croupe doit être large pour porter des
muscles développés fournissant une viande de première qualité ; mais
il faut encore que la largeur qui se trouve près des hanches ne diminue .
par trop près de la queue. C'est un des indices de décadence d'une
vache.
28. Les hanches, qu'on nomme vulgairement les pommeaux, doivent
être égales et ne pas faire une saillie exagérée en dehors de l'aplomb
des cuisses. Chez certains taureaux ce défaut peut amener la produc-
tion de veaux dont la sortie est difficile.
29. Attache de la queue. — La construction vicieuse de beaucoup
de vaches, chez lesquelles la base de la queue est relevée, a été pro-
duite artificiellement parce qu'on se figurait, il y a une cinquantaine
d'années, qu'il fallait préparer un facile passage pour les veaux prove-
venant de taureaux à grosse tête. Depuis qu'on s'est persuadé que les
têtes massives ne sont pas nécessaires pour la formation du lait, les
queues relevées sont abandonnées et l'on travaille à les faire dispa-
raître, soit par sélection, soit en les refoulant chez les veaux cj,uijvien-
nent de naître.
9S DE LA SELECTION.
30. Qutue. — Cet organe doit être fin, simple et terminé par un bou-
quet de poils fins, le ioupillon. La queue doit tomber d'aplomb; celle
qui est serrée entre les jambes indique une souffrance intérieure.
31 . Tronc en général. — ^/'e paragraphe paraîtra peut être faire double
emploi avec le paragraphe 4, mais ici il importe d'apprécier plus spé-
cialement l'égalité d'épaisseur du tronc aux épaules, au ventre et aux
cuisses, ce qu'on néglige souvent.
32. Côtes, incurvation. — Les côtes, au nombre de treize de chaque
côté, forment la cage thoracique ou le thorax, qui contient les pou-
mons, le cœur, les gros vaisseaux, etc. Dans certains animaux le tho-
rax va en s'élargissant en arrière d'une manière trop prononcée, parce
que les côtes antérieures, au lieu d'être cintrées, sont aplaties, et
il en résulte peu de place pour le poumon antérieurement. Ce défaut
est un avant-coureur des maladies de poitrine.
On doit reconnaître si la peau est détachée des côtes, si on peut la
pincer facilement, surtout à l'avant-dernière côte. La peau cousue est
un indice de phtisie.
33. Ventre. — Bien qu'on ait lieu de réclamer des animaux de l'es-
pèce bovine une grande activité de digestion, un bon appétit, il ne
s'ensuit pas que le ventre doive être volumineux ; il importe au con-
traire pour la bonne santé, que cette région ne fasse pas de saillie sur
les organes adjacents, côtes, sternum, flanc. L'exagération de volume
du ventre chez les jeunes animaux indique une digestion paresseuse,
l'usage d'aliments de faible qualité, ligneux, et il en résulte facilement
l'ensellement et l'aplatissement des dernières côtes, sollicitées par
un poids trop fort.
Chez les animaux adultes ou vieux, c'est aussi une conformation
vicieuse.
34. Le flanc ne doit pas présenter une concavité trop prononcée
en avant de la hanche, comme cela arrive chez les bêtes nourries d'ali-
ments peu substantiels pendant leur première jeunesse, ou chez les
vaches qui ont été épuisées par des gestations trop répétées. Le flanc
creux n'indique pas l'amélioration.
Le flanc est quelquefois raccourci par une fausse côte supplémen-
taire. Cette exception se montre chez les bonnes bêtes.
35. Le sternum est l'os qjii réunit les premières côtes à la partie
inférieure du thorax. 11 est garni d'un tissu fibro-graisseux qui peut
diminuer beaucoup par le fait d'un excès de fatigue ou d'une lactation
trop abondante.
Le sternum est parfois très saillant, mais cette construction ne
signifie pas toujours que le thorax soit plus étendu.
Il est préférable que le sternum soit à peu près à la hauteur du
ventre.
36. Le poitrail est cette région qui se trouve entre les épaules et au-
dessus du sternum. Elle doit avoir assez de largeur pour que l'écar-
tement des épaules soit équivalent à celui des hanches.
Ce n'est pas par le poitrail que les animaux respirent, au contraire,
les premières côtes sont assez rapprochées, mais la largeur du poitrail
vient de muscles développés dans l'état de santé, et que l'épuisement
ou l'amaigrissement font diminuer. Le poitrail enfoncé, étroit, est un
signe de dégénérescence générale.
37. Sangle, — Un animal est dit sa/iY/Ze quand les côtes sont resserrées
DE LA SELECTION. 99
derrière les épaules, et qu'on voit une dépression dans la ligne qui va
(lu sternum au ventre. Dans ces conditions la mesure de la sangle est
plus faible.
On pourra se demander si la mesure de là sarigle peut varier sur un
même animal, indépendamment de l'état de maigreur ou d'embon-
point? Oui;, les côtes peuvent se resserrer quand il n'y a pas un mou-
vement régulier des poumons, par evemple dans les élables très
chaudes, ou bien quand le poumon, déjà obstrué par la phtisie, ne
fonctionne pas. Le contraire arrive, c'est-à-dire que la poitrine se déve-
loppe, quand les jeunes animaux respirent l'air vivifiant des pâturages.
La poitrine étroite et sanglée indique les vaches épuisées par une
bonne lactation. Elles sont bonnes laitières, mais épuisées, et doivent
être écartées de la reproduction.
ZS. Epaules. — En extérieur les épaules sont ordinairement appréciées
avec les membres, et c'est ce que l'on doit faire pour les animaux qui
travaillent. Mais si l'on considère les épaules, les cuisses et les fesses
comme des masses musculaires dont l'amaigrissement se lie avec
celui des parties adjacentes, comme le poitrail, il vaut mieux en faire
l'appréciation conjointement avec celle du tronc.
L'épaule et le bras portent des masses musculaires importantes et
quoiqu'elles ne forment pas de la viande de première qualité, elles
sont encore avantageuses.
L'épaule doit être longue et oblique et occuper, depuis sa pointe,
antérieurement, jusqu'à son extrémité postérieure, derrière le garrot,
environ le tiers de la longueur du corps.
Les épaules des vaches très bonnes laitières sont maigres et comme
décousues, en même temps l'articulation scapulo-humérale paraît sail-
lante. Mais ce que nous avons dit de la sangle s'applique ici. Ces
vaches sont maigres d'épaules parce qu'elles donnent beaucoup de
lait, mais ce n'est pas à cause de leur maigreur qu'elles sont bonnes
laitières ; c'est donc un signe de décadence.
39. Cuisses^ elles doivent être longues, obliques et bien musclées.
La cuisse peut être grêle parce qu'elle est trop droite ou aussi par
amaigrissement. De toutes manières, c'est un gros défaut, parce que la
culotte porte une viande de choix qu'il faut développer par sélection.
Il arrive trop souvent que, dans les concours, nos animaux, quoique
de bonne conformation et bien engraissés, sont mis de côté à cause de
l'absence de culotte. C'est un défaut à signaler et à corriger.
40. Les fesses subissent aussi la conséquence d'une lactation trop
abondante qui développe Tamaigrissement et la raie de misère^ sillon
entre la cuisse et la fesse. • "
Ce défaut a plus d'importance qu'on ne croit sur l'amélioration de
nos animaux.
Les pointes de fesses doivent être écartées l'une de l'autre; si le
bassin est étroit en arrière, les jarrets sont serrés et la marche est
mal assurée. Bieler,
(L(i .•iiiilii in-ucluiincmunl). Directeur des cours agricoles de Lausanne.
CULTURE DU BLÉ
J'ai adopté, dans mes deux fermes de Wattines et de La Valutte, à
Cappelle, près deTempleuve (Nord), un système spécial pour la culture
du blé, que je crois utile de faire connaître.
100 CULTURE DU BLÉ.
Nature du soi — Le sol est peu oncJalé, argileux^ glaiseux en beau-
coup d'endroits et dépourvu de calcaire; la couche végétale de la terre
était il y a vingt ans de C^.'iO à 0™.25^ elle est en ce moment de 0"\'25
à 0"'.30, et sera dans quelques années de 0"'.30 à 0'".3r). Cette
augmentation de la terre végétale a été obtenue au moyen d'engrais et
de labour faits chaque année de plus en plus profondément. Le terrain
était humide, coupé de fossés et entouré de haies; il a été drainé
partout et les fossés et haies ont naturellement disparu.
Engrais. — Aucun engrais n'est employé pour la récolte du blé, ils
sont mis pour la récolte qui précède celle du blé qui est toujours
emblavée en porte-graines de betteraves dont la production est plus
épuisante que celle de la betterave même; néanmoins elle peut lui être
comparée. Les engrais employés sont les fumiers de ferme, les urines
des animaux, les déchets de laines, les chiffons de laines, les tour-
teaux de toutes espèces, les sangs desséchés et les engrais chimiques.
La somme d'engrais employés par hectare est de 550 à 650 francs,
variant selon le prix des engrais et la fertilité du sol. Dans la compta-
bilité je fais supporter les deux tiers de la valeur des engrais employés
à la récolte de graines qui est très épuisante et l'autre tiers à la
culture du blé. Je compte, en appliquant ce système, être presque
d'accord avec la méthode de certains économistes qui mettent en ligne
de compte pour leur valeur la quantité d'engrais enlevée par la
récolte; je donnerai ultérieurement les chiffres obtenus par les deux
méthodes.
Assolement. — L'assolement est pour ainsi dire libre; j'emblave
ordinairement mes terres deux cinquièmes en porte-graines de bette-
raves, deux cinquièmes en blés et un cinquième en prairies artifi-
cielles, betteraves, lin, etc., etc.
Mode de culture. — Toutes mes terres devant produire de la bette-
rave, une vingtaine d'hectares par an sont labourées à l'automne à
0".35; ce labour profond ramène à la surface une couche d'argile
d'environ 0"'.05, dont je combats l'acidité et dont j'obtiens l'ameu-
blissement par la chauxde marne que j'emploieà ladose de 1 0,000 kilog.
à l'hectare. C'est en employant ce moyen, comme je l'ai dit antérieure-
ment, que j'approfondis la couche végétale de mes terres. Toutes celles
destmées à porter des porte-graines de betteraves qui précèdent tou-
jours la culture du blé sont labourées une partie avant l'hiver de
0'".25 à 0'".30 de profondeur et une partie au printemps de 0".20 à
0"'.25 pour enfouir le fumier; les tourteaux, sangs desséchés, engrais
chimiques sont toujours mis au printemps et enterrés au tricycle.
Après la plantation des porte-graines elles reçoivent quatre à cinq façons
de houe à cheval à une profondeur variant progressivement de quel-
ques centimètres à 0'M5 ; elles sont ensuite billonnées dans la der-
nière quinzaine de juin; cette culture en billon est, j'en suis per-
suadé, propice à celle du blé. Les billonssont retournés en septembre
après la récolte dés graines de betteraves, la terre est extirpée ou tri-
cyclée le nombre de fois jugé utile et elle est ensuite labourée en
octobre à une profondeur de 0™.15 à 0'".20; les semailles de blé sont
exécutées au semoir du 20 octobre au 10 novembre à raison de
58 kilog. de semence à l'hectare. Cette quantité est suffisante, depuis
quinze années que je l'emploie je n'ai jamais eu à mien repentir. Dans
des terrains en bon état de culture et d'engrais, il ne faut pas mettre
CULTURE DU BLÉ. 101
trop de semence lorsqu'on se sert du semoir. Si au printemps la plante
est trop serrée, l'on obtient à la moisson des petits épis, moins de
i^rain et moins de paille; la trop grande quantité de semence employée
a été et est encore l'une des causes qui s'opposent le plus à l'emploi
du semoir. Beaucoup de bons cultivateurs de ma connaissance pré-
tendent obtenir une meilleure récolte en semant à la volée 150 litres
à l'hectare qu'en mettant 100 litres avec le semoir; à mon avis, ils
éprouvent des mécomptes ; c'est qu'en employant le semoir ils mettent
trop de o-raines, il faudrait qu'ils en réduisent la quantité d'un tiers.
Frappé de ces inconvénients et fatigué de la verse de mes récoltes,
j'ai commencé dès 1852 à n'employer que 80 à 100 litres à l'hectare;
après expérience, j'ai constaté que cette quantité était encore trop
forte et en 1864 je semais tous mes blés de 55 à 80 litres; au début
des semailles, je commençai par 55 litres en augmentant progressi-
vement cette quantité jusqu'à la fin, c'est-à-dire vers le 15 novembre.
J'ajouterai que j'ai fait des semis à 30 litres qui m'ont donné de très
bonnes récoltes.
Si toutes les terres fertiles et en bon état d'engrais étaient ense-
mencées dans les mêmes conditions que les miennes, non seulement
on éviterait la verse et l'on obtiendrait des récoltes supérieures, mais
on épargnerait plusieurs millions de francs.
Le blé semé et levé dans les petits sillons formés par les rayons du
semoir est à l'abri du froid de l'hiver, et au printemps il est très facile
dans ces conditions de rechausser la tige par un binage mécanique fait
au moyen d'un instrument de mon invention et par un ou plusieurs
hersages. Cette façon de cultiver les blés détruit non seulement les
mauvaises herbes qui sont levées durant l'hiver; mais en recouvrant
d'un peu de terre les tiges du blé et en les roulant, on leur fait prendre
des nouvelles racines, on les fait taller énormément. Cette méthode est
aussi un des meilleurs préservatifs contre la verse.
Dans les conditions où je cultive, mes blés versent très rarement
et il m'est presque toujours possible de les couper à la moissonneuse.
La récolte aussitôt coupée est liée par dix gamins et gamines et mise
en moyettes couvertes par six hommes; une équipe de 10 personnes
ainsi composée me moissonne et me relève facilement G hectares par
jour lorsque le blé est bien droit. Lorsqu'il est incliné, l'on ne peut
qu'en faire un peu plus de la moitié; mais dans ce cas, le nombre de
personnes qui accompagnent la moissonneuse diminue également.
Aussitôt que la récolte est trop humide pour être mise en moyettes, la
moissonneuse arrêta. Lorsque les moyettes sont assez sèches pour
rentrer, au lieu de les mettre en tas ou en meules, je les conduis
presque toujours directement à la batteuse. Cette année, le battage a
été eiîectué de cette façon du 14 août au 10 septembre au moyen d'une
machine Cumming produisant un travail moyen de 12,000 kilog. par
jour; mes 65 hectares de blé ont été battus en 18 jours, ils l'aura.ent
été en 16, si sur la fin je n'avais pas été dérangé par le mauvais
temps.
[La suite prochainement). Florimond Di:si'Ui:z.
LE VIGNOBLE DE GADARSAG
A la fin de l'hiver et au printemps, de nombreuses expériences
vont être faites, dans plusieurs parties du vignoble français, sous la
102 LE VIGNOBLE DE CADARSAC.
direction de M. Balbiani, en vue de la destruction de l'œuf d'hiver du
phylloxéra auquel on s'accorde aujourd'hui à attribuer une influence
capitale pour assurer la propagation du phylloxéra à distance et pour
créer de nouvelles colonies dans les vignes indemnes. On rencontre
encore des viticulteurs qui nient cette influence, et qui prétendent que
ces expériences ne donneront que de vagues résultats. Il nous est
impossible de partager leur avis, et nous sommes convaincu que tous
ceux qui visiteront le vignoble de Cadarsac, près d'Arveyres, sur la
ligne de Bordeaux à Libourne, en plein foyer phylloxérique, revien-
dront avec la conviction que la lutte contre l'œuf d'hiver est un des
meilleurs et des plus sûrs moyens d'arrêter le fléau.
Nous avouerons franchement que, lorsque nous sommes allé à
Cadarsac, nous n'avions qu'une médiocre foi dans les résultats acquis
par son propriétaire M. Sabaté. Nous avons dû nous rendre à l'évi-
dence, et constater qu'il a obtenu de très remarquables résultats dans
une contrée dont le plus grand nombre des vignes ont disparu. Mais
il faut exposer les faits avant d'en tirer des conclusions.
Le domaine de Cadarsac a une étendue de 90 hectares, dont 60
étaient plantés en vignes. Il se compose de deux parties distinctes,
séparées par une route : la première en coteau, la seconde de beaucoup
la plus étendue, en plaine. Le sol est argileux et repose sur un sous-
sol imperméable, au point que les bas-fonds, qui forment cuvette et
reçoivent toutes les eaux du coteau, sont difficiles à assainir. Les
vignes sont souvent atteintes par les brouillards et par les gelées du
printemps.
Les vignes sont cultivées avec beaucoup de soin. Le premier,
M. Sabaté introduisit, en 1849, la charrue vigneronne dans la loca-
lité; il donna aussi l'exemple du palissage sur fil de fer, qui a été
successivement adopté par tous ses voisins. La plantation des vignes
est faite avec un espacement de2"\30 entre les rangs, et de 2 mètres
de souche à souche dans chaque ligne. Les cépages choisis du Bor-
delais y sont seuls cultivés : Cabernet, Verdot, Malbec ou Pressac.
Chaque année, les vignes reçoivent deux labours et autant de hersages
qu'on peut en donner. Pour utiliser les larges allées qui séparent
les rangs, M. Sabaté y prend des fourrages d'avoine et de fèves en
vert. Les engrais ne sont d'ailleurs pas ménagés; les composts sont
ceux auxquels le propriétaire donne la préférence. Ces composts
sont formés par des raclures de routes, les déchets de bois, les feuilles
mortes, les marcs, les détritus de toutes sortes, qu'on fait pourrir eu
tas volumineux, de manière à former, au bout de douze à quinze mois,
un terreau homogène, qui est étendu sur le sol, entre les souches, sur
une épaisseur de 0".02.
Le vignoble de Cadarsac a été atteint par le phylloxéra dès 1 873, il
y a maintenant neuf ans. L'invasion a commencé par les vignes de
coteau qui ont été presque complètement détruites en peu d'années.
La plupart des systèmes de défense préconisés eut été essayés par
M. Sabaté; celui qui lui a donné les meilleurs résultats est le sulfure
de carbone. Après la découverte de l'œuf d'hiver du phylloxéra, par
MM. Balbiani et Boiteau, en 1875; M. Sabaté comprit immédiatement
qu'il y avait là une voie nouvelle ouverte pour la lutte. Il résolut donc
de généraliser et de pratiquer chaque année le décorticage des souches
que tous les bons viticulteurs du Bordelais effectuent à intervalles
LE VICxNOBLE DE GADARSAG. 103
plus OU moins rapprochés^, de temps presque immémorial. Dès lors,
il devint maître du iïéau, et après quelques tâtonnements, il est arrivé
à une méthode qui lui a permis de rendre la vigueur à celles de ses
vignes de plaines qui étaient atteintes, et de préserver celles qui
n'étaient pas encore attaquées. Ce système est la combinaison de
l'écorcage avec le chaulage, et avec l'emploi du sulfure de carbone
lorsque le besoin de cet agent se manifeste.
Pour pratiquer l'écorcage, M. Sabaté a imaginé un gant que tous
les viticulteurs connaissent, et sur la description duquel nous ne
reviendrons pas. L'opération se l'ait pendant l'hiver après la taille ;
elle ne coûte pas très cher ; pendant l'hiver dernier, 8 femmes ont mis
dix-luiit jours à écorcer tout le vignoble. Quant au chaulage, il con-
siste à détraire tous les insectes qui pullulent sur la vigne, en y pro-
jetant de la chaux en poudre au moyen du soufflet à soufrer; l'opéra-
tion se fait par la rosée, car la chaux doit se combiner avec l'eau pour
exercer son action toxique. Le chaulage est répété 3 ou 4 fois depuis
la première végétation jusqu'à la fin de mai. Ce n'est pas non plus une
opération qui soit coûteuse; il a fallu 18 francs de chaux, cette année,
pour tout le domaine; il faut 4 matinées à 22 personnes pour chauler
(30 hectares. M. Sabaté calcule que les deux opérations du chaulage et
de l'écorcage lui reviennent à 3 fr. par journal de vigne.
Voilà six ans que le système est appliqué à Cadarsac. Ajoutons que
tous les ceps qui paraissent faiblir sont traités au sulfure de carbone,
par le pal Gastine, à raison de 7 à 8 grammes de sulfure par trou de
pal; les trous sont distants de 0'".70 en quinconce. Mais à mesure
que l^s bons effets du traitement préventif se sont accentués, la
quantité de sulfure de carbone qu'il a fallu employer a été en dimi-
nuant; en 1882, M. Sabaté n'a pas dépensé plus de 100 kilog. de cet
insecticide.
Quels sont les résultats acquis? Nous avons dit que les vignes du
coteau avaient été détruites 'dès les premières années de l'invasion.
Quant aux vignes basses, elles ont repris une magnifique vigueur. Un
malheur qui est arrivé en 1881, a d'ailleurs servi de démonstration
complets pour l'efficacité du procédé. Plusieurs souches ont été
atteintes par la gelée «du 1 5 janvier (le thermomètre est descendu à —
18°j; elles ont été recepées près du sol; cette année, elles avaient des
pousses, que nous avons vues, de près de 2 mètres. Des vignes gelées
qui repoussent ainsi sont loin d'être épuisées. Il suffit d'ailleurs de
comparer les vignes de M. Sabaté à celles de ses voisins, pour constater
le succès ([u'il a obtenu.
Piien ne prouve d'ailleurs mieux la valeur d'un système que son
adoption par ceux qui en sont les témoins. Les vignerons qui entourent
M. Sabaté ont adopté son système préventif, et ils s'en trouvent par-
faitement. Nous citerons : à Cadarsac même, MM. Boyer, Régnier,
Taillade, etc.; à Genissac, M. Peyrabeau, et beaucoup d'autres; à
Goulongue, M. Tastet; à Arveyres, MM. Chaudet et Coycault. Si nous
allons dans le Médoc, nous trouvons le procédé appliqué au château
Palmer et au château d'Ysson.
Lapersévérancede M.Sabaté commence donc à porter des fruits. Son
exemple est un puissant encouragement pour tous ceux q^^i s'engage-
ront, à la suite de M. Balbiani, dans la lutte contre l'œuf d'hiver. La
démonstration faite au château Cadarsac doit être signalée; car si l'on
104 LE VIGNOBLE DE GADARSAC.
a obtenu de tels résultats dans une vigne complètement atteinte, en
plein foyer d'invdsion, on est en droit d'en attendre de beaucoup plus
faciles, là où le fléau ne fait qu'une première apparition. M. Sabaté a
été, peadant longtemps, considéré comme un inventeur malheureux;
nous croyons que l'heure de la revanche est venue pour lui.
Henry Sagnieji.
SUR LA CREATION DTN PRIVILÈGE
EN FAVEUR DES VENDEURS D ENGRAIS'
La Commission spéciale que vous avez nommée, sur la demande
de M. le ministre de l'agriculture, a examiné l'amendement tendant à
donner un rang privilégié à la créance du marchand d'engrais, amen-
dement sur lequel la Commission sénatoriale du projet de loi sur le
crédit agricole a pensé qu'il serait utile de connaître votre avis.
Cette question intéressante à toutes les époques, comme toutes
celles qui touchent au crédit agricole, présente une importance parti-
culière dans les circonstances actuelles, où aucun moyen ne doit être
omis ou négligé pour lutter contre une situation dont nul ne saurait
méconnaître la gravité.
C'est en se pénétrant de cette pensée, qui a toujours été et restera
essentiellement la vôtre, que la Commission, avant de vous apporter
son opinion, a successivement discuté :
1° Les précédents.; 2° la question de droit ; 3" enfin, et surtout, la
question de fait, plus importante encore, de l'intérêt de l'agriculture
et de l'intérêt du cultivateur lui même.
L Précédents. ■ — Nous ne rappellerons pas ici tous les précédents;
ils sont trop nombreux, car, chaque fois que la question générale
des privilèges, que la question plus spéciale du privilège, soit du
bailleur, soit du propriétaire, ou celle enfin du crédit agricole ont été
soulevées, cette discussion s'est reproduite. Chaque fois, le fournisseur
d'engrais a été présenté comme un des coopérateurs de la récolte, et
sa part, très importante sans doute dans la production, considérée
comme devant être garantie, dans l'intérêt môme du cultivateur, par
un privilège, primant, suivant certains, partageant, suivant d'autres,
celui du propriétaire.
C'est cet argument qui, en termes différant seulement par la forme,
se retrouve dans toutes les discussions, et notamment dans les plus
importantes, que nous résumerons ici, savoir :
\° Celle de la Commission extra-parlementaire nommée pour l'en-
quête agricole de 1866;
2" Celles qui ont eu lieu dans le sein même de notre Compagnie.
Commission de l'enquête, agricole. — Le rapport de la Commission
de l'enquête agricole, tome II, p. 99, présente les considérations
suivantes :
« On pense que cette mesure, en donnant plus de sécurité au com-
te merce des engrais, aurait pour effet de le fortifier en y attirant les
f( capitaux, et de lui permettre de rendre à l'agriculture de plus grands
(c services. »
Un projet de loi, préparé par une Commission extra-parlementaire
dès 1866, servit surtout de base aux délibérations de la (Commission %
1. Rapport adopté par la '■"ocicté nationale d'agriculture dans sa séance du 3 janvier.
2. M. Josseau, notre collègue, en fut rapporteur.
CRÉATION d'un PRIVILÈGE EN FAVEUR DES VENDEURS D'ENGRAIS. 105
dans lesquelles plusieurs autres propositions, notamment celle de
MM. Mathieu et Rivet, furent également discutées. Il était lié, dans la
pensée de ses auteurs, à la création d'une ou plusieurs Sociétés de crédit
agricole. Pour donnera leurs opérations une garantie plus certaine, il
proposait « d'assimiler aux loyers et fermages les engagements et
« effets contractés pour achats de semences, engrais et amendements^
« bestiaux de travail ou d'engraissement et pour ustensiles servant
;< à l'exploitation, si, dans la huitaine d'un avertissement^ le proprié-
« taire n'avait pas notifié son opposition. »
La Commission, déclarant qu'elle n'avait pas à s'occuper de la
question de la création de Sociétés, limita son étude à la seconde partie
du projet, la modification de l'article 2102.
La proposition, dès lors, ne se présenta plus (p. 821) que dans les
termes suivants :
c( A l'ésard des sommes dues pour engrais ou amendements, le pri-
« vilège du propriétaire conserve son premier rang pour les loyers et
f< fermages échus, ceux de Tannée courante et ceux de l'année qui la
« suit, lorsque, dans la quinzaine de l'avis qui lui a été donné, il a
« notifié son opposition au vendeur. «
Sans s'arrêter aux plaintes qui s'étaient produites dans l'enquête au
sujet du commerce des engrais, attendu qu'une loi alors récente, celle
du 28 juillet 1867, avait été rendue pour assurer d'une manière plus
efficace la répression des fautes qui pourraient être commises (p. 535),
la Commission, s'occupant uniquement des restrictions à l'étendue et
à la durée du privilège des propriétaires, les a jugées plus nuisibles
qu'avantageuses au fermier, qui ne trouverait plus son propriétaire
disposé à lui accorder les mômes facilités pour l'obtention des baux,
ni les mêmes tempéraments pour le payement des fermages.
Les conclusions du rapport proposant d'attribuer au vendeur d'en-
grais, non plus une antériorité ou un partage avec le propriétaire, mais
un privilège analogue à celui des fournisseurs de semences, furent
discutées dans la séance du 8 juillet 1869 (page 147).
Elles furent repoussées par la sous-Commission, dont l'avis fut par-
tagé par la Commission dans la séance du 13 du même mois.
Précédents de notre Compagnie. — Mais revenons. Messieurs, à notre
Compagnie même, dans laquelle la question, souvent discutée, l'a été
surtout de la manière la plus large et la plus complète dans les années
1873-1874 à l'occasion d'une proposition faite à l'Assemblée nationale
par M. Vingtain.
Une première fois, en 1866, elle s'était prononcée, mais seulement
d'une manière générale, en faveur des facilités de crédit à l'agriculture,
malgré les observations de M. Wolowski, signalant les dangers résul-
tant de créations de banques agricoles ou territoriales, qu'il considé-
rait comme un moyen de battre monnaie sur l'agriculture (page 521).
« Ce qu'il lui faut, disait-il, ce sont des charrues et des engrais,
« des capitaux sérieusement engagés, et non des chimères qui com-
« promettent sa sécurité. »
Plus tard, en 1873, la proposition de M. Vingtain réduisit la ques-
tion à un privilège en faveur du marchand d'engrais. Après une longue
discussion dans les séances des 30 mai, 6 et 13 juin, la Société émit
un avis en principe. De son coté, la Société des agriculteurs de France,
malgré les conclusions de ses deux Commissions, s'était prononcée
106 CRÉATION d'un PRIVILEGE EN FAVEUR DES VENDEURS D ENGRAIS.
contre. Alors M. Vingtain, modifiant d'après la discussion son projet,
le présenta dans les termes suivants :
« Le privilège du vendeur d'engrais ne pourra excéder le quart du
fermage annuel payé par le fermier, et l'application de la loi nouvelle
n'aura lieu que pour le quart de la récolte des terres labourables cul-
tivées par le fermier. De plus, les engrais achetés ne pourront être
employés que sur le quart des terres cultivées par le fermier. »
Tel est le projet restreint dont M. Wolowski proposa l'approbation.
Il fut discuté dans la séance du 2 décembre 1 874, et peu de discussions
ont présenté un plus véritable intérêt. Nous citerons, notamment, les
paroles de MM. Magne, Pluchet, Hervé Mangon, etc., faisant observer
que le capital bétail est celui « qui offre le plus d'importance pour les
<c cultivateurs. La création du privilège demandé n'aurait pas plus de
(c raison d'être que celle d'un privilège en faveur des vendeurs de
<( bétail et autres, et elle n'aurait pour résultat que d'augmenter les
« difficultés que les cultivateurs rencontrent déjà de ce côté. »
Après plusieurs séances, la discussion a été renvoyée à un jour
ultérieur, sur la demande de M. Wolowski lui-même, qui voulait
introduire de nouveaux aiBendements ; depuis elle n'a pas été reprise,
et la question n'a pas reçu de solution.
IL Question de droit. — Si nous nous sommes étendus sur les
précédents, c'est qu'il nous a paru que c'était le meilleur moyen de
rappeler les difficultés diverses qu'une pensée, qui semble juste en
principe, a toujours rencontrées quand on a voulu en régler l'appli-
cation, et de préciser les objections de fait et de droit devant lesquelles
on s'est, jusqu'ici, toujours arrêté.
Mais ce n'est pas seulement en théorie et au point de vue d'une
loi à intervenir qu'il en est ainsi ; la question s'est déjà présentée
dans la pratique même; car, à l'origine, la jurisprudence avait, par
interprétation de l'article 21 02, étendu au marchand d'engrais le pri-
vilège du vendeur de semences. Elle n'est revenue à l'application
stricte du texte qu'à la suite d'un arrêt de la cour de Caen du
28 juin 1837, dont nous donnons ici le texte :
« La Cour, considérant que l'article 2102 paragraphe 1''', quatrième
alinéa, ne confère expressément de privilège qu'aux semences et
récoltes, et qu'en matière de privilège, tout est rigoureux; considé-
rant que les fournitures faites parDuguay sont des.poudres végétatives
qui ne constituent que de simples engrais et qu'on ne les peut ranger
dans la classe des semences ou frais de récoltes auxquels la loi attri-
bue privilège, sans dénaturer la signification usitée de ces termes ; —
considérant qu'on objecte vainement que par suite de l'emploi de ces
engrais, la terre sur laquelle ils ont été placés, ainsi que les récoltes
qu'elle a produites, ont obtenu une amélioration quelconque, parce
que le législateur n'a point établi de privilèges pour toutes les fourni-
tures qui peuvent servir à améliorer la terre et les récoltes, mais seu-
lement pour les semences et frais de récoltes et qu'à défaut de texte
bien précis, on ne peut suppléer au silence de la loi pour créer un
privilège qu'elle n'a point expressément déterminé.
« Considérant en outre que le comte de Saint-Cricq, en louant sa
terre à Gohier, lui a nécessairement livré des fumiers et des pailles
en quantité suffisante, ou que du moins Gohier, en acceptant la terre
dans l'état oij elle se trouvait, doit être regardé comme s'étant con-
CRÉATION D'QN PRIVILKGE EN FAVEUR DES VENDEURS D'ENGRAIS. 107
tenté de cet état, sous le rapport des engrais, et que le propriétaire
n'a pas dû s'attendre que son privilège pour fermages pût se trouver
primé par les frais de tous les engrais extraordinaires qu'il plairait
à son fermier de placer sur sa terre ; que dans l'espèce, il y aurait
d'autant plus d'inconvénients à les allouer qu'ils s'élèvent à une
somme très considérable et qui absorberait presque en entier le pro-
duit de la récolte sur lequel le propriétaire devait compter pour le
payement de ses fermages , confirme, etc. »\
Après avoir lu cet arrêt, on est amené à reconnaître que l'esprit
(p. 818) en a été exactement apprécié dans l'enquête agricole, où il est
dit que si les tribunaux sont revenus au texte rigoureux du Code,
c'est, sans doute, qu'ils craignaient, et avec raison, d'être entraînés
trop loin.
Ce n'est pas notre Compagnie, Messieurs, qui. pourra jamais être
accusée de méconnaître le rôle si important que remplit l'engrais dans
l'agriculture et son indiscutable, son essentielle utilité.
Mais Cette vérité évidente pour tous, suffit-elle pour démontrer le
bien fondé et la nécessité du privilège? Le caractère môme du privi-
lège n'est-il pas, que, sans l'intervention de la dépense qu'il est des-
tiné à garantir, l'objet ou la valeur sur lesquels il porte, n'existerait
pas ou aurait cessé d'exister. Ainsi, sans la terre, sans la semence et
les frais de récolte de l'année, il est certain qu'aucune récolte n'au •
rait eu lieu. De même le privilège pour le sauvetage d'un navire
repose sur ce principe que, sans le sauvetage, le navire aurait péri.
Mais il y a une autre espèce de privilèges, celle des articles 2103
n°* 4 et 5, 2110 et suivants qui, résultant d'un autre principe, celui
de la plus-value, sont aussi légitimes en ne s'exerçant que sur cette
plus-value. C'est à ceux-là et avec la même restriction, que devrait,
du moins suivant plusieurs, être assimilé le privilège du vendeur
d'engrais.
Sans contester les raisons sur lesquelles s'appuie cette théorie, on
a fait remarquer combien il serait difficile de la faire passer et de
l'organiser dans la pratique. Comment remplacer le double procès-
verbal exigé par les articles 2103 et 2110, qui doit être dressé par
experts, nommés d'office par les tribunaux de première instance?
Comment d'ailleurs pourvoir à tant d'expertises! Ou, si l'on sup-
pose le privilège tacitement accepté, à tant d'assignations?
Comment préciser cette plus-value produite par l'intervention de
l'engrais, plus-value sur laquelle seule le privilège pourrait justement
s'exercer?
S'arrêtera-t-on à des règles, précisées d'avance, de temps, de date,
de quotité, de valeur, de superficie, comme M. Vingtain proposait de
le faire? Mais quoi de plus arbitraire?
Et en dehors de semblables applications empiriques, de quelle
manière sera-t-il possible de procéder?
Comment établir sur quel champ l'engrais a été répandu, à quelle
récolte il a été afîecté. quelle augmentation il a produite? Distin-
gucra-t-on entre l'engrais dont l'effet est censé n'être qu'annuel, bien
que souvent les circonstances atmosphériques ne le laissent agir que
sur les années suivantes, et les amendements, marnagc, chaulage,
qui sont exécutés en vue d'une période d'années plus ou moins éten-
l.Duguay, centre baiul-Cricq.
108 CRÉATION D'UN PRIVILÈGE EN FAVEUR DES VENDEURS D'ENGRAIS.
due? Et d'autre part, peut-on oublier la question d'appropriation au
sol? Tel engrais mauvais ou médiocre n'empêche pas toujours les bons
effets d'une saison heureuse. Tel autre^, excellent ici, peut ailleurs
être nul, insuffisant et même contraire.
D'autre part, s'arrêtera-t-on à une année, à plusieurs, à un assole-
ment tout entier? La grande fumure donnée sur les betteraves d'une
année sera- 1- elle exclue du privilège sur le blé de l'année suivante?
Toutes questions impossibles à régler en droit, et par avance; très
difficiles à apprécier en fait, même par les spécialistes les plus émi-
nents, et qui, par les contestations qu'elles soulèveraient nécessaire-
ment, par la difficulté de les résoudre, sans même supposer de part
ni d autre les suggestions de la mauvaise foi, pourraient donner plus
d'occupation aux hommes de loi que de crédit aux cultivateurs.
III. — Question de fait. — C'est, en effet, l'intérêt de l'agriculture
et du cultivateur, du petit cultivateur surtout, qui est le point prin-
cipal auquel votre Commission a dû s'attacher.
La modification proposée lui donnera-t-elle le crédit dont il a besoin?
Si votre Commission en eût été convaincue, ell.e n'aurait reculé
devant aucune étude, elle aurait conseillé tous les moyens possibles
pour arriver à un résultat aussi désirable; mais c'est une opinion con-
traire qui s'est formée dans son sein. Elle a remarqué d'abord que,
presque toujours, la question du privilège était liée à celle du crédit
agricole, à celle surtout de la création de sociétés de crédit; au fond,
on cherche les moyens d'assimiler le crédit agricole au crédit com-
mercial, en créant un papier négociable, remboursable à échéance fixe
et garanti par un privilège.
De cette question pas plus que de celle du nantissement à domicile,
question presque toujours également connexe, nous n'avions pas à
délibérer.
Notre mission se bornait à l'examen des rapports entre l'agriculteur
et le marchand, auquel il s'agirait de conférer l'avantage du privilège
pour la vente de l'engrais commercial ou industriel, de cet engrais
surtout, car rarement l'engrais de ferme est produit ailleurs que sur la
ferme même.
La Commission a cru que le privilège conféré au marchand de cet
engrais commercial, aurait pour effet de faire souvent de ce négociant
l'arbitre du crédit du cultivateur. A qui le cultivateur pourra-t-il
s'adresser en présence de ce privilège existant désormais dans la loi,
mais qui sera si souvent discuté dans la pratique quant à son chiffre,
quant à son étendue?
La Commission n'insistera pas sur la question si souvent soulevée
dans les Chambres et les Conseils généraux, de la fraude en matière
d'engrais. Des faits regrettables doivent toujours rester individuels et
ne sauraient mettre en suspicion toute une catégorie d'industriels et de
commerçants honorables. D'autre part, les laboratoires départementaux
offrent sans doute, dans les contrées où ils existent, un moyen d'appré-
ciation d'une certaine efficacité.
Toutefois, c'est du chef si honorable et si regretté d'un de ces labo-
ratoires les plus considérables, de notre ancien correspondant,
M. Bobierre, qu'émane un exemple consigné dans vos annales. Un
agriculteur avait acheté 30 francs les 100 kilog. payables au bout d'un
an, un engrais préconisé, et il pensait avoir fait un bon marché. Or,
CRÉATION d'un PRIVILÈGE EN FAVEUR DES VENDEURS D'ENGRAIS. 109
l'engrais vendu, était tout simplement de l'engrais Jaille, d'Agen, se
vendant 15 francs les 100 kilog. au comptant. Cet agriculteur payait
donc un intérêt de 100 pour 100.
Or, souvent, ces ventes au petit cultivateur se font par intermédiaires,
moins scrupuleux que le producteur direct d'engrais ou le marchand
local qui, lui, a tous les moyens de s'enquérir de la solvabilité indi-
viduelle de son acheteur.
N'est-il pas à craindre que, à l'abri du privilège qui garantira
désormais les opérations, il ne se forme certaines sociétés de crédit
dont les agents sollicitant le cultivateur plus que les marchands ne le
feraient eux-mêmes, ne les entraînent, en leur offrant l'espérance de
facilitée, de délaij, et cela pour des sommes considérables, à des
acquisitions de produits dont l'efficacité ne serait pas démontrée.
D'autre part, le résultat obtenu en culture, est-il toujours en pro-
portion exacte de l'analyse faite au laboratoire? Enfin, qui sera juge
des bonnes conditions de l'emploi, de l'appropriation au sol, à la
nature de culture, à la saison?
Et croit-on que le parent, le voisin, le notaire, chez qui le cultiva-
teur trouve encore dans nos provinces des ressources pour les moments
difficiles ou pour les améliorations évidentes, n'exigera pas des garan-
ties nouvelles ou ne refusera pas désormais un crédit qui, pour être
individuel et ne figurer dans aucune statistique, n'en représente pas
moins des sommes insuffisantes peut-être, mais qui généralement bien
appropriées aux besoins ont, dans ces dernières années surtout, offert
une ressource réelle pour nos cultivateurs.
Quant au privilège du propriétaire, nous terminerons ce rapport
par une phrase empruntée encore à l'enquête agricole, à l'un de ses
rapporteurs les plus distingués.
(( Ce privilège du propriétaire est même quelquefois l'une des causes
delà ruine du fermier, car c'est lui qui l'enhardit à demander du sursis ;
c'est lui qui détermine les propriétaires à les consentir, et par là le
fermier perd l'habitude d'acfjuitter régulièrement ses engagements. Si
le privilège était limité, cet inconvénient disparaîtrait de lui-même.
Le propriétaire trouverait dans la législation modifiée une force légi-
time pour résister aux obsessions d'un locataire dont trop souvent
Tincapacité et l'indolence ont seules amené la gêne qui le pousse à
solliciter des atermoiements. »
Cette appréciation contient un; critique, sans doute, mais en même
temps un incontestable éloge. Que ce privilège puisse être susceptible
de certaines modifications; que, par les complaisances de certains pro-
priétaires parfois bienveillants ou faibles, il puisse offrir quelques
inconvénients, ces inconvénients eux-mêmes constatent l'étendue et la
facilité de ce genre de crédit au fermier ; il rend dans la pratique, où
les avantages de la durée des fermages ne sont pas contestés, les rap-
ports entre propriétaires et cultivateurs plus étroits et plus durables,
et retarde, s'ils ne les prévient pas toujours, ces saisies exécutions si
regrettables, dont un acte commercial et gagé serait trop souvent
suivi.
Or, en dehors de combinaisons financières, de modifications légis-
latives que nous n'avions pas à examiner, la meilleure solution n'est-
elle pas encore cette liaison intime, créée naturellement entre les deux
facteurs essentiels à la production agricole, la propriété et la culture ?
110 CPUiATION d'un privilège EN FAVEUR DES VENDEURS D'ENGRAIS.
N'est-il pas désirable que tout ce qui peut rendre cette union plus
complète soit maintenu_, soit développé, s'il est possible, afin que, dans
l'intérêt commun, elle devienne une réelle solidarité? sauf à s'efforcer
de faire comprendre : — à la propriété, que l'aide intelligente donnée
au travail agricole par une confiance raisonnée; — à la culture, que
l'exactitude à remplir les engagements loyalement acceptés, — sont à
la fois et la vraie sauvegarde de la propriété rurale et le moyen le plus
efficace encore d'y ramener, ce qui doit être le but de tous nos efforts,
la prospérité par le progrès.
En conséquence, la Commission propose à la Compagnie de répondre
au ministre que son avis : « Est de ne pas crée?' un privilège en faveur
du vendeur d'engrais. » Gaudin.
Membre de La Société nationale d'agriculture.
LA BIÈRE EN ALLEMAGNE
La bière est l'objet d'une grande production et d'une grande con-
sommation en Allemagne. Les chiffres que nous donnons sont relatifs
à l'Empire, non compris la Bavière, le Wurtemberg, le grand-duché de
Bade et l'Alsace-Lorraine qui ont gardé leur législation particulière.
Ils concernent l'année fiscale 1881-1882. Dans un premier tableau
nous indiquons le nombre des brasseries, la quantité de malt et des
succédanés employée, et la quantité de bière produite.
Brasseries.
Prusse 8,326
Saxe 733
Hesse 1194 ,,
Mecklembourg 470
Thuringe 1,171
Oldenbourg 111
Bruiiswick . . ' 88
Anhalt ' 73
'il ,266
La production de la bière basse se chiffre par 13.502.165 hecto-
litres, celle de la bière à fermentation haute par 7.81 3.81 7 hectolitres.
Dans un second tableau nous faisons connaître 1° les recettes fis-
cales (primes d'exportation déduites); 2° les recettes nettes, y compris
les droits d'entrée.
Prusse
Saxe
Hesse
Mecklembourg.
Thuringc. . . . . .
Oldenbourg. . .
Brunswick. . . .
Anhalt
L'ensemble des recettes monte à environ 19 millions de marcs.
L'hectolitre paye en moyenne, d'après le mot actuel de perception,
82 pfennigs ou un franc, deux centimes et demi. Il n'est pas étonnant
qu'on puisse boire en Allemagne la bière à vingt-cinq centimes le litre.
En moyenne on emploie 20''. 02 de malt par hectolitre. C'est souvent
dans de grands élablissemenls que la bière est fabriquée. Ainsi on
compte 23 brasseries payant au fisc plus de GO mille-marcs, 53 payant
Malt.
• Succédanés.
Bière.
q. m.
q. m.
iiectol.
3,111,430
20,222
14.991,984
514,5(10
J,404
3,124,500
173,301
224
740,878
50,996
282
286,482
338,047
279
1,604,666
19 ,836
21
101,236
55,165
78
. 258,325
37,7-20
313
207,991
4,300,995
22,823
21,315,982
marcs.
marcs.
12,390,382
12,844,407
2,080,572
3,234,487
674,643
709,694
209,257
219,966
1,359,873
1,455,765
77,939
78,137
221,201
223,798
1 56 . 896
1,56,988
17,170,763
18,923,242
LA BIÈRE EN ALLEMAGNE. 111
de 30 à 60 mille marcs, 1 13 de 15 à 30 mille, 72 de 12 à 15 mille,
99 de 9 à 12 mille, 205 de 6 à 9 mille.
En dehors du territoire soumis à la loi d'Empire la Bavière a produit
en 1881 12 millions d'hectolitres; elle a exporté 900 mille hecto-
litres dont 106 mille à l'étranger. En Bavière 4.255 brasseries
fabriquent moins de 1.000 hectolitres, 1.100 de 1.000 à 5.000,
89 de 5,000 à 10,000,41 de 10,000 à 50,000, 4 de 50, 000 à 100,000,
et 1 plus de 100,000 hectolitres.
Le Wurtemberg produit 3,247,711 hectolitres dans 8,023 brasseries.
Le grand-duché de Bade fabrique 1,188,843 hectolitres.
En Alsace-Lorraine 284 brasseries fabriquent 941,363 hectolitres.
Ici aussi, la brasserie appartient à la grande industrie. L'excédent de
l'exportation sur l'importation atteint 118 mille hectolitres.
Paul MULLÈR.
CHARRUE TILBURY AUTOMATIQUE
Depuis plusieurs années, l'emploi des charrues à siège a pris une
grande extension en Amérique. La construction de ces appareils a
d'abord été limitée aux charrues légères et à celles de déchaumage ;
rapidement elle a été étendue aux charrues de toutes sortes. Pour la
première fois, ces charrues ont figuré en Europe, dans la section amé-
ricaine, à TExpositiou universelle de 1878, à Paris. Un des construc-
teurs, M. Deer, obtint, à la suite des expériences faites à Petit-Bourg,
un des objets d'art réservés aux machines agricoles. Mais, à cette
époque, l'attention des agriculteurs ne se porta pas sur ces machines,
et nous ne croyons pas qu'aucune des machines dont nous parlons ait
été conservée en Europe. Depuis 1878, la construction des charrues à
siège a fait des progrès en Amérique; elle est arrivée aujourd'hui à
un degré qui doit être signalé.
Parmi les maisons de construction, qui ont fait réaliser le plus de
progrès aux charrues à siège, se place la maison Weir. Le succès de
ses charrues a été rapide de l'autre côté de l'Atlantique ; elles sont
aujourd'hui adoptées sur une grande échelle dans les Etats de l'Ouest
où la culture prend chaque jour une extension croissante. Pour en
donner la preuve, il suffit de dire que la charrue qui vient d'être
importé en France porte un numéro supérieur à 19,000.
L'importation en France de cette charrue a été faite par un Français
qui habite l'Amérique, et qui possède, dans l'Etat de Nebraska, une
ferme de 480 acres (172 hectares) où, depuis deux ans, il n'emploie
pas dautre charrue. C'est dire que M. Rogy, qui est, en même temps,
représentant de la maison AuUmann chez nous, a la plus grande con-
fiance dans cet instrument.
La seule charrue qui ait été encore introduite en France va figurer
à l'exposition du Palais de l'Industrie. Nous l'avons vu fonctionner,
le \ G janvier, en compagnie de M. Barrai, sur la ferme de M. Gabriel, à
liobigny, près de Bondy (Seine). Nous avons été frappé de son travail,
et c'est pourquoi nous avons jugé utile de la signaler à nos lecteurs.
Cette charrue (fig. 11), estappelée charrue tilbury automatique. Elle
se compose de deux parties : un bâti en fer monté sur deux roues, et
la charrue proprement dite. Ces deux parties sont reliées ensemble par
un support à charnière formant collier sur l'essieu coudé du bâti, auquel
l'âge delà charrue est relié par des boulons à écrou. — Le bâti ne sert
112
CHARRUE TILBURY AUTOMATIQUE.
que pour diriger la charrue, pour porter le conducteur, et supporter
la charrue sur les routes, en dehors du travail.
Quant à la charrue, c'est un corps de charrue à col de cygne, comme
la plupart des charrues américaines. L'âge se termine en arrière par
un soc et un versoir en acier, en avant par un régulateur à cran qui
gert à déterminer à la fois la profondeur du sillon et la largeur de la •
bande de terre à soulever. Sur l'âge, devant le soc, au lieu de contre,
est fixé un disque tournant destiné à couper la bande de terre vertica-
lement. Sur le bâti, à droite et à gauche du conducteur, se trouvent
deux leviers, agissant sur des arcs dentés. Le levier de gauche sert à
relever ou abaisser la roue de gauche, de manière que le bâti soit tou-
jours d aplomb, quelle que
soit la profondeur du sillon
dans lequel tourne la roue
de droite. Quant au levier
de droite, il sert à relever
ou abaisser la charrue, i
l'extrémité des raies. Grâce
à un mécanisme ingénieux,
la charrue peut être relevée
automatiquement; il suf-
fit d* appuyer sur le le-
vier, pour projeter entre les
rayons de la roue un doigt
allongé en acier relié à l'arc
denté ; si la roue continue
à tourner, son mouvement
se transmet à cet arc, et
les chevaux, en tirant, relè-
vent soc et versoir. Lors-
que le levier est arrivé au
point d'arrêt, un déclique-
tage a lieu et la roue est dégagée. Il suffit, par conséquent, de déployer
une force très faible pour soulever la charrue. En fait, pendant les
expériences auxquelles nous avons assisté, la charrue a été presque
constamment menée par un enfant de douze ans, qui la manœuvrait
sans aucune difficulté. La charrue étant réglée à l'entrée du champ,
suivant la profondeur à laquelle on veut labourer, il n'y a plus qu'à
conduire l'attelage jusqu'à ce que le labour soit achevé.
La largeur du versoir, dans le modèle que nous avons vu fonction-
ner, est de 0"'.40; il y a un modèle dont le versoir a une largeur de
0"\30. La première est construite pour un attelage de 3 chevaux; la
seconde pour un attelage de '2 chevaux, dans les labours moyens. La
charrue prenait la terre sur la largeur tolale du versoir; la profondeur
du labour était de (r.l8 à 0'".20. Les chevaux marchaient au pas
allongé, à la vitesse moyenne d'un mètre par seconde. La terre était
détrempée par l'eau, argileuse et collante ; mais l'attelage était assez
bon. Travail rapide et bien fait, tels sont les principaux points qui
nous ont frapjjé. Il faut surtout ajouter que le conducteur, placé sur
son siège, conduit la charrue sans aucune difficulté; il n'est plus
besoin d'un laboureur robuste, geignant dans le sillon le labour
devient une opération facile, à la portée de tout le monde.
i".Uun;aliqiie.
CHARRUE TILBURY AUTOMATigUE. 113
La charrue importée par M. Rogy^ figurera, comme nous l'avons
dit^ à l'exposition du Palais de l'Industrie; elle y attirera certainement
l'attention de tous les agriculteurs qui visiteront cette grande solen-
nité. La charrue Brabant a relégué les mancherons dans la légende; la
charrue tilbury porte son conducteur. Henry Sagnier.
CONCOURS D'ANIMAUX GRAS A BOURGES
La Société d'agriculture du Cher a tenu, pendant les 11^ 12, 13 et
14 courant, son concours annuel d'animaux gras, auxquels étaient
annexées des expositions d'animaux reproducteurs et de machines.
Comme les années précédentes, les animaux ont été installés sous
la Halle, vaste local réunissant toutes les conditions favorables à ce
genre de concours. Les machines et instruments étaient placés sur le
champ de foire et y occupaient une assez vaste étendue.
Par son ensemble et par ses détails, le concours a été très intéres-
sant à visiter, et ce qui a beaucoup ajouté à son intérêt, c'est l'espèce
chevaline, qui a été admise, pour la première fois, dans la St^ction des
reproducteurs. Tout le monde a applaudi à l'excellente idée qu'a eue
la Société de faire appel aux productenrs de chevaux, et d'encourager
cette partie de la production animale, qui n'est pas sans importance
dans ce département. La statistique officielle porte à 40,000 le chiffre
de la population chevaline du Cher.
La Section des animaux de boucherie a été véritablement remar-
quabie, surtout au point de vue de la qualité. Jamais encore, au dire
des grands connaisseurs, on n'avait exhibé, dans les concours du
genre de celui-ci, un ensemble de sujets plus parfaits. Le perfectionne-
ment apporté dans les formes et dans l'engraissement de ces animaux
dénote un grand talent dans l'art d'élever et d'engraisser le bétail.
Le succès obtenu par le concours de Bourges s'explique quand on
sait que presque toutes les grandes étables du Cher et plusieurs de la
Nièvre y étaient représentées. Nous y trouvons, en effet, des animaux
de MiM. Larzat, Mary-Lépine, Robert, Mativon, Beliard, Gasté (du Cher),
et Tiersonnier, Bellard, de Bouille, Benat, Bourdeau (de la Nièvre). Le
prix d'honneur a été remporté par M. Gasté.
La réputation de ces producteurs n'est plus à faire et nous ne nous
arrêterons pas à faire ressortir leur mérites ; néanmoins nous tenons à
faire remarquer qu'ils ont présenté cette année des produits d'une per-
fection poussée plus loin que dans ceux des années précédentes. On
pourra en juger du reste en visitant les prochains Concours de Nevers
et du Palais de l'Industrie, où certainement la plupart des lauréats
d'ici iront cueillir d'autres lauriers.
L'exposition des animaux reproducteurs et des bêtes à laine a été
fort belle, cette dernière surtout, qui, étant donnée la région où se
tenait le Concours, ne pouvait manquer de réussir. Parmi les exposants
des reproducteurs de l'espèce bovine, nous trouvons MM. Mary-Lépine,
Larzat, Massé, Parizot, Chénon; dans la Section de l'espèce ovine,
MM. Massé, Laine, Jugand, Edme (Jean), Aucouturier, Flin, Charelle,
Mme la baronne de Lattre (tous du Cher).
Les chevaux étaient présentés par MM. Martin, à jMozières, Jugand,
au Coudray, Bruère, à Saint-Germain-du-Puits, Roger, à Yornay,
Millet, à Feux ; Robert, à Bannegon, et le comte de Bosrcdon, à Vereau.
L'exhibition des machines et instruments agricoles a été aussi
114 CONCOURS d'animaux GRAS A BOURGES.
complète qu'on pouvait le désirer. Nous y remarquons la Société
Française du matériel agricole de Vierzon, avec diverses locomobiles à
vapeur, des batteuses, etc.; M. Presson, à Bourges, avec une grande
collection de trieurs, tarares, coupe-racines, hache-paille, cuscuteurs,
barattes^ etc.; M. Ballut, à Bourges, avec des moissonneuses, fau-
cheuses, tarares, etc.; M. Merlin, à Vierzon, avec des locomobiles à
vapeur, des batteuses, etc.; MM. Renaud et Bernard, à Bourges, etc.
Franc,
Professeur départemental d'agriculture à Bourges»
SOCIETE NATIONALE D'AGRICULTURE
Séance du 17 janvier 1883. — Présidence de M. Dumas.
M. le ministre de l'instruction envoie plusieurs fascicules de la
Revue des travaux scieîitifîquis, dans laquelle se trouve l'analyse de
plusieurs travaux intéressant l'agriculture.
M. Pasquiar offre, pour les archives de la Société, le portrait de
son père, M. Nicolas Pasquier, ancien membre titulaire de la Société.
M. Terrel des Chênes fait hommage d'une brochure qu'il vient de
publier sous le titre : La trilogie du phylloxéra] — et M. Favier, de
Villefranche, envoie une étude sur la nouvelle industrie de la ramie.
M. de Lagorsse envoie le programme du Congrès de mécanique
agricole, en invitant la Société à s'y faire représenter.
M. Barrai fait une communication sur les expériences d'une charrue
tilbury automatique, auxquelles il a assisté la veille à Bobigny. On
trouvera plus haut dans ce numéro (page 1 11) la description de cette
charrue. M. Barrai insiste sur les avantages que présente cet appareil,
et notamment sur la rapidité du travail, ainsi que sur la facilité qu'il
présente. Après quelques observations présentées par M. Pluchet et par
M. Bertin, principalement sur la quantité de travail que peuvent faire
les charrues de ce genre, M. Grandvoinnet fait observer que les char-
rues tilburys présentent un avantage incontestable sur tous les autres
systèmes, parce qu'elles exonèrent le laboureur du travail très pénible
de marchera pied dans des terres remuées.
M. Risler fait une communication sur les expériences de végétation
du blé auxquelles il s'est livré à Calèves. Les résultats de ces expé-
riences ont été publiés récemment dans ]q Journal (numéro du 30 dé-
cembre dernier, page 506 du tome IV de 1882). M. Risler ajoute des
détails sur la quantité de chaleur nécessaire pour chaque phase de la
végétation ; il insiste surtout sur le développement hivernal des racines
qui assure la vigueur de la plante, et sur ce fait que le tallement du
blé, contrairement à l'opinion générale, commence souvent à la fin de
l'automne et se poursuit pendant l'hiver^ lorsque la saison est douce.
M. Boussingault 'fait observer que sous les tropiques, oii les saisons
présentent une régularité inconnue ailleurs, les expériences de ce genre
peuvent se faire dans les meilleures conditions. Henry Sagnier.
RE\UE COIIMERCÏALE ET PRIX COUKVNT DES DENRÉES AGRICOLES
(50 JANVIER 1883).
I. — Situation générak.
Le mauvais temps, qui contrarie toujours les travaux de la culture, s'oppose
aussi à des apports considérables sur les marchés agricoles.
11. — Les grains et les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des ciérëales, par qointal métrique,
sur les principaux marchés de la France et de l'étranger :
REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT (20 JANVIER 1883). J15
1" RÉGION. -
- NORD-OITEST.
Blé.
Seigle.
Orge.
Avoiae.
fr.
fr.
fr.
fr.
Calvados. Condé
24.00
19.25
18 50
22.00
— Caen
24.50
16.50
18.25
21 00
Côt.-du-Nord. Lannion. .
22.50
»
14.25
18.25
— l'ontrieux.
23.50
16.50
15.5'0
16.50
Finistère. Morlaix
25.00
»
14.00
14.75
— Landerneau.
25.50
iO.OO
15.25
15.00
Ille-et- Vilaine. Rennes.
25.00
»
15.50
16.50
— Redoa..
24.75
16 75
»
17.25
Manches. Avranches...
26.50
»
19.00
22.00
— Pontorson...
26.50
*
18.25
19.50
— Villedieu
26.75
1«.25
18.50
20.00
Mayenne. Laval
24.50
»
16.00
»
— Châteaii-Oontier.
25.00
16.80
17.»
18.00
Morbihan. Hennebont..
28.25
17.O0
»
21.00
26.50
26 80
i 7 .00
18.50
19.00
19.50
17. aO
— Vimoutiers
20.25
Sarllie. Le Mans ...
25.75
15.50
lO.OU
21.25
— Mamers
25.50
»
»
»
Prix moyens 25.38 17.09
2" RÉGION. — NO au.
.4tsne. Soissons 23.65 15.4-5
— Saint-Quentin ... 26.65 »
— Villers-Cotterets. 23.00 14.75
^wre. Damville 23.50
— Neubourg.... 24.00
— Bernay ■24 50
Ewe-el-Loir. Chartres.. 23.75
— Auneau 23 50
— Nogent-le-Rotrou. 25.20
Nord. Cambrai. 26 . 00
— Lille 27.00
■-~ Valenciennes. .. . 27.00
Oise, Beauvais 22.50
— Compiègne 22.25
— Senlis 22.25
/tas-de-Cateis. Arras... 27.00
— DOLillens 25.80
Seime. Paris 25. 2ô
S.-et-Mar Melun 24.50
— Dammarlin 22.25
— Provins 25.00
S.-et-CHse. Angerville. .. 23.50
-^ Pontoise 23.75
— Versailles 23.50
Sehie'Inférieure. Roaen. 24 25
— Fécainp 22.70
— Yvetot 22.50
Somme, .\bbeville 2J.70
— Airaines 23.00
— Roye 24.00
Prix moyens 24.15
3°, REGION
Ardennes. Sedan 24.00
— Retliel 23.00
A-ube. Bar-sur-.\ube 25.00
— Méry-sur-Seine.. . 23 50
— Nogent-sur-Seine. 24.25
itforn?. Cil àlon s 23.50
— Sainte-.MenehouId. 25.20
— Reims 23.25
Hte-Marne. Chaumont.. 24.00 >>
Meurthe-el-Mos.Na.ncy. 23.50 16.15
— Lunéville 23.50 16.00
— Toul 23.50
Meuse. Bar-le-Duc 23.50
— Verdun 23.50
Haute-Saône. Gray 22.25
Vosges. Vesoul 23.25
— Epinal 23.00
— Nejufchàteau 23.00
16.98 18.79
14.00
15.50
14 . 25
14.00
15.50
15.50
15.00
14.50
Ib.OO
16.50
16.25
15.85
14.50
15.00
15.80
15.50
14.35
14.75
14.25
15.00
15.00
15.01
NOHU-ESr
16.75
15 .25
15 25
15.00
16 00
15 .25
i4,75
19.50
20.00
20 .'09
17.25
18.50
17.80
18.76
16.00
20.00
16.25
16.50
16.25
17.25
18.25
17.00
17.25
18.20
16.00
17.2^
16.50
17.00
17.00
16.00
15.00
1«.15
17.25
17.00
18.00
17.50
16.25
i7.25
19.50
17.50
17.00
» 17.00
18.00 14.75
» 18.00
18.31 17.02
20.50 18.50
17.00 17.50
19.25 17.50
17.25 16.50
1 8 . 20 18.50
18.10 17.00
17.25 15.65
17.00 16.75
» 16 00
16.50 16.00
17 00 15.25
16.50 15.50
17 00 17.25
17.00 16.50
19.50
19.20
18.50
17.50
19.75
.16.75
18.00
17.00
18.40
«
18.00
Prix moyens
4° RÉGION
Cluirente. Angoulême...
— Ruffec
Char.-lnfér. La Rochelle
DeuxScvres. Niort
Indre-el- Loirs. Bléré
— Château-Renault .
Loire-Inf. Nantes
M.-et-Loire. Saumur. ..
— Angers
Vendée. Luçon
— La Roche-sur-Yon.
Vienne. Poitiers
— Loiidun
i/au/e-Fie(i)ie.. Limoges.
23.00 i:
— OUEST.
26.25
26 . 00
23.75
24.50
23.80
25.00
26.25
25.75
25.00
25.75
26 . 00
18.00
17.80
14.50
15.00
15.50
15.70
15.00
26.00 15.50
26.25 16.75
20.00
»
17.00
17.50
19.25
19.00
19 50
17.00
17.80
19.50
19.00
18.50
13.00
20 . 50
18.25
16.50
18.00
10.50
17.00
17 25
17.50
17.75
17.50
18.00
16.50
17.00
U.50
5' REGION. — CENTRE.
Blé. Seigle.
fr. fr.
Allier. Montluçcm 24.75 14.90
— La Palisse 24.50 lâ.îâ
— Saint-Pourçain. .. 25.00 »
Cher. Bourges 25.00 14.25
— Sainl-Amand 24.25 14.50
— Vierzon 25.00 15.25
Cretise. Aubusson 27.00 16.25
Indre. Chàteauroux .... 24 .85 »
— Issoudun 25.20 15.00
— La Châtre 24.70 15.20
Loiret Orléans 23 50 16.00
— Montargis 24 00 16.00
— Patay 24.00 14 75
L. -et-C her. BloÎB 24.7» 14.70
— Monloire.. 24.25 14.25
iVièi'/'e. Nevers 23.50 »
— La Charité 23.00 14.75
Yonne. Brienon 23.75 15 50
— Sens 24.00 14.50
— Tonnerre 23.00 14.25
Prix moyens 24.35 15.02
.6° ilÉGION. — EST.
^in. Bourg 25.00 15.75
— Pont-de-Vaux 24.15
Côte-d'Or. Dijon 23.00
— Beaune 23.25
Zfoubs. Besançon 22.50
fsè^'e. Vienne 24.25
— Bourgoin 24.00
Jura. Dôle 22.00
Loire. Charlieu 24.50
P. -de-Dôme. Cl.-Ferrand 25.00
Rhône. Lyon 24.50
Saône-et-Loire. Chalon.. 24.75
— .Mâcon 24. 50
Satioie. Chambéry 25.50
Hle-Savoie. Annecy 25 . 70
Prix moyens 24.17
ir.
»
19.80
.18.00
18.75
18.75
18 . 70
l',9 25
20.10
18.00
17.25
17.50
20.00
18.25
Avoine.
fr.
16.50
18.50
17.50
16.50
16. 2i
17.25
17.00
17.50
16.25
17.20
18.00
17.50
17.25
18.50
17.00
16.50
16.75
18.50
17.00
16.25
16 . 00
16.25
16.00
13.17 17.19
15.50
14.25
15.50
16.50
16.00
15.00
15.50
15.50
16.00
16.50
16.25
ItS.SO
16.50
20.25
14.50
16.50
17.00
17.75
16.50
16.25
16.25
17.25
17.20
16.00
18.50
17.75
1S.85
17.00
18.50
17.50
15.55 16.72 17.27
7° RÉGION. — SUD-OUEST.
Ariège. F oix 26 50 18.00
— Pamiers 25 00 16.20
Dordo^ne. Bergerac. .. . 27.25 16.75
Hte-Garonne. Toulouse. 27.50 17.00
— St-Gaudens 27.00 17.25
Gers. Condom 26.20 »
— Eauze 26.00 »
— Mirande 25.75 »
Gironde. Bordeaux 27.50
— Bazas 25.80
Landes. Dajc 27.25
Lol-el-Garomie.Agen... 26.25
— Nérac 26 .20
B.-Pj/rénée5. Bayonne. . 27.00
Hics-Pyrénées. T^irhes.. 27.50
Prix moyens 26.58 17.84
8' RÉGION. — SUD. .
^4ttde. Castelnaudary.. . 27.00 »
^4fe2/?'on.. Villefranciie. . 24.25 15.00
CflntoL Mauriac 26.00 23.60
Corrèze. Luberzac 26.50 17.80
Hérault. Béz\ei's 28.25 »
— Montpellier 26.50 »
LoL Cahors 26.50 17.20
Lozère. Mende 27.00 17.50
P(/rcHé«s-0»'. Perpignan. 31.25 22.60
Tarn. Albi 26. 15 »
— Castres 26.70 17.50
rarn-eZ-Gar. MontauDan 26.00 18.50
18.50
19.00
18.00
18.25 18.50
18.50 1)
19.00 19.00
18.75 »
18 50 18.25
18.00 »
19.25
19.00
19.00
19.50
19.00
20,50
19.25
19.Î0
1«.75
21.00
n
18.00
18.50
18.70
19.00
18.54 19. i9
19.00
18.00
18.50
20.25
17.75
17.25
20.00
19.50
17.00
21 50
18,25
20.50
»
18.25
17.80
27,75
» 20.50
» 19.50
19.50 20.25
18.78 20.07
Prix moyens 25.57 15.97 18.50 17.63
Prix moyens 26.84 1
9° RÉGION. — SUD-EST.
Basses-Alpes. 'M&nosqae "iS. 10 » » 21.50
Hautes-Alpes. Briançon. 27.55 17.50 » 18.25
Alpes Maritimes. Ca.nne& 21 .bO 17.75 18.25 18.00
^rdêc/ie. Privas 25.45 19.90 17.35 20.20
B.-d(t-/?/iôrte. Arles 26.50 » 17.85 18.50
Drame. Romans 24.75 16.50 » 18.25
Ga>'d. Nîmes 28.00 » 17.50 18.25
/7ai((e-Loire. Brioude.. . 24.75 18.25 19.50 17.20
Kac. Saint-Maximin.... 28.00 » » 18.00
Fauciitse. Avignon 26.75 .» 17.50 18.75
Prix moyens 26.74 17.98 17.99 18.69
Moy. de toute la France 25.26 16.53 17.95 18.03
— de la semaine précéd. 25.28 16.78 18.08 18.03
Sur la semainejHausse. » > » »
précédente.. (Baisse.. 0.02 0.25 0.13 »
116 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
Blé. Seigle. Orge. .\voine.
fr. fr. fr. fr.
,, , . ., ( blé fendre... 28.00
Algérie. ^'g^'l blé dur 26.25 » 17. hO 16.25
Angleterre. Londres 26.00 » 18.50 19.8
Belgique. Anvers 24.75 17.50 17.75 »
— Bruxelles 23.85 16.50 » 18.00
— Liège 22.75 17.00 20.50 17. .50
— Nanuir 23.00 15.50 20.00 17.00
Pays-Bas. Amsterdam 23.65 17.20 » •>
Luxembourg. Luxembourg 24. .50 18.00 » 17.20
Alsace-Lorraine. Strasbourg 25.50 18 25 17.75 17.75
— Colmar 25.25 18.00 18.25 18.00
.— MuUiouse 23 25 19.15 17 75 18.50
Allemagne. Berlin 22.50 17.00
— Cologne 23.75 18.75
— Hambourg 22. .50 17.00 » •
Suisse. Genève 27(0 » » 20.50
Italie. Turin 25.00 18.00 » 18.50
Espagne. Yalladolid 24.75 » »
Autriche. Vienne 20.50 15.00 16.50 13.50
Hongrie. Budapeslh 20.75 U.oO 17.00 13 50
Russie. Saint-Pétersbourg.. 20.50 15.00 » 12.00
Etats-Unis. New-York 22. 10
Blés. — La situation n'a pas été sensiblement modifiée; la pluie a continué à
tomber presque sans interruption depuis notre dernière revue ; toutefois nous
paraissons assister actuellement à un retour un temps à de meilleures conditions;
les deux derniers jours se sont passés sans pluie. Si un temps plus favorable se
maintient, les agriculteurs en profiteront pour reprendre avec ardeur les travaux,
et pour réparer les retards qu'ils ont éprouvés dans les labours d'hiver, ainsi que
dans les semailles. Les marchés sont assez bien garnis; car dans beaucoup de
localités, on a utilisé le temps à faire et à achever les battages. — A la halle de
Paris, le mercredi 18 janvier, les affaires ont été calmes; les offres étaient assez
abondantes et les prix ont été faibles pour les qualités inférieures. On cotait de
24 fr. à 26 fr. 50 par 100 kilog. suivant les sortes; le prix moyen s'est fixé à
25 fr. 25, avec 25 centimes de baisse depuis huit jours. — Au marché des blés à
livrer, on cote : courant du mois, 26 fr. à 26 fr. 25; février, 25 fr. 75 à 26 fr. ;
mars-avril, 26 fr. à 26 fr. 25 quatre mois de mars, 26 fr. 25 à 26 fr. 50; quatre
mois de mai, 23 fr. 75 à 27 (r. — Au Havre., la situation est la même que la
semaine précédente pour les blés d'Amérique; on cote de 26 à 27 fr. 25 par
100 kilog. suivant les sortes.™ A Marseille, \q% affaires ont présenté peu d'impor-
tance durant la semaine. Les arrivages ont été de 40^,000 hectolitres ; le stock
est actuellement, de 101,200 quintaux. Au dernier marché, on cotait : Red-winter,
27 fr. 50 à 28 fr.; Bessarabie, 24 fr. à 25 fr. 50 ; Pologne, 24 fr. à 25 fr. 50;
Burgas, 23 fr. 50 à 24 fr.; Salonic[ue, 23 fr. — A Londres, les importations de
blés étrangers ont été de 97.000 quintaux depuis huit jours; les ventes sont assez
actives, avec des prix bien tenus. Ou cote de 24 fr. 45 à 26 fr. 80 par 100 kilog.
suivant les quahtés et les provenances.
Farines. — Les ventes sont calmes, et les prix sans changements pour les
diverses sortes de farines. En ce qui concerne les farines de consommation, on
cotait à la halle de Paris, le mercredi 17 janvier : marque de Gorbeil, 61 fr,;
marques de choix, 61 à 64 fr.; bonnes marques, 60 à 61 fr.; sortes ordinaires, 57 à
58 fr.; le tout par sac de 159 kilog., toile à rendre, ou 157 kilog. net, ce qui cor-
respond aux prix extrêmes de 37 fr. 60 à 40 fr. 75 par 100 kilog., ou en
moyenne 38 fr. 80 ; c'est une hausse de 60 centimes sur le prix moyen du
mercredi précédent. — Quant aux farines de spéculation, on les vendait à Paris,
le mercredi 17 janvier au soir : farines neuf-marques^ courant du mois, 57 fr. à
57 fr. 25; févri'er, 57 fr. à 57 fr. 25; mars et avril, 57 fr. 25 à 57 fr. 50; quatre
mois de mars, 57 fr. 50 à 57 fr. 75 ; quatre mois de mai, 58 fr. 50 à 58 fr. 75;
le tout par sac de 159 kilog. toile perdue ou 157 kilog. net. — Pour les farines
deuxièmes, on cote comme précédemment, 27 à 33 fr. par 100 kilog.; pour les
gruaux, 47 à 58 fr.
Seigles. — Mêmes cours que précédemment. On paye à la halle de Paris, 15 fr. 75
à 16 fr. par 100 kilog. Les farines de seigle sont vendues aux cours de 24 à 26 fr. par
100 kilog.
Orges. — Peu d'affaires, et faiblesse dans les cours pour les qualités inférieures.
On paye à la halle de Paris, 17 fr. à 20 fr. par lOOhilog. suivant les sortes. Les
escourgeons valent de 17 fr. 50 à 18 fr. — A Londres, les importations ont été
DES DENRÉES AGRICOLES (20 JANVIER 1883). 117
de 28,000 quintaux depuis huit jours; les prix se fixent de 17 fr. 80 à 20 fr. 50
par 100 kilog.
Malt. — Ventes assez actives aux cours de la semaine dernière.
Avoines. — Les ventes sont lentes, mais les prix se maintiennent. On paye à la
halle de Paris de 17 fr. à 19 fr. 25 par 100 kilog, suivant les sortes. — A Londres,
les importations ont été de 86,000 quintaux depuis huit jours; les prix sont fermes
aux taux de 18 fr. 50 à 21 fr. 75 par quintal métrique.
Sarrasin. — Les affaires sont calmes; les maïs de Bretagne valent de 16 fr. à
16 fr. 25 par 100 kilog. à la halle de Paris.
Maïs. — A Toulouse, les maïs d'Amérique valent 17 à 19 fr. par 100 kilog.
Au Havre, les maïs d'Amérique se vendent toujours de 18 à 19 fr.
Issues. — Les affaires sont lentes et les prix se maintiennent. On paye à la
halle de Paris : gros son seul, 13 fr. 50 à 14 fr.; son trois cases, 12 fr, 50 à 13 fr.;
sons fins, 11 fr. 50 à 12 fr.; recoupettes, 12 fr. à i3 fr.; remoulages bis, 15 à 16 fr.;
remoulages blancs, 17 à 18 fr,; le tout par 100 kilog,
m. — Fourrages, graines fourragères.
Fourrages. — Les cours varient peu sur la plupart des marchés. Dans le Midi,
les foins et les luzernes sont cotés, suivantles marchés, 100 à 120 fr. par 1000 ki-
log. A Paris, on paye : foin, 110 à 12S fr.; luzerne, 110 à 132 fr. ; paille de blé,
56 à 68 fr. ; paille d'avoine, 56 à 60 fr.
Graines fourragères. — Les prix sont toujours fermes à Paris, — A Toulouse,
sn paye par 100 kilog. : trèfle, 130 à 135 fr.; luzerne, 110 à 115 fr.
IV. — Fruits et légumes frais
Fruits. — Dernier cours de la halle : poires, le cent, 5 fr, à 100 fr.,le kilog.,
0 fr. 25 à 0 fr. LO; pommes, le cent, 5 fr. à 100 fr. ; le kilog., 0 fr. 20 à
0 fr. 45; raisins communs, le kilog., 1 fr. 50 à 8 fr.
Gros légumes. — On vend à la halle de Paris : betteraves, la manne, 0 fr. 30 à
1 fr. 40 ; carottes communes, les 1 00 bottes, 20 à 3 5 fr . ; d'hiver, l'hectolitre, 3 fr. à
5fr.; de chevaux, les 100 bottes, 10 à 16 fr.; choux communs, le cent, 3à 12 fr.;
navets communs, les 100 bottes, 25 à 35 fr.; de Freneuse, 30 à35 fr. l'hectolitre,
3 fr. à 4 fr. ; oignons en grain, l'hectolitre, 12 à 15 fr. ; panais communs, les
100 bottes, 10 à 12 fr.; poireaux communs, les 103 bottes, 30 à 55 fr.
Pommes de terre. — Hollande communes, l'hectolitre, 10 à 11 fr.; le quintal
14 fr. 28 à 15 fr. 71 ; jaunes communes, l'hectolitre, 8 à 9 fr. ; le quintal,
11 fr. 42 à 12 fr. 85,
Menus légumes. — On cote à la halle de Paris : ail, le paquet de 25 bottes,
3 fr. à 4 fr.; appétits, la botte, 0 fr. 10 à 0 fr. 20; barbe de capucin, la botte,
0 fr, 15 à 0 fr, 25; cardon, la botte, 2 fr. à 5 fr. ; céleri, la botte, 0 fr, 30 à
0 fr, 60; rave, la pièce, 0 fr. 15 à 0 fr. 20 ; cerfeuil, la botte, 0 fr. 30 à 0 (r. 45;
champignons, le kilog., 0 fr. 90 à 1 fr. 60; chicorée frisée, le cent, 8 à 14 fr.;
choux-fleurs de Bretagne, le cent, 20 à 60 fr, ; choux de Bruxelles, le litre, 0 fr, 30
à 0 fr. 40; ciboules, la botte, 0 fr. 10 à 0 fr, 20; cresson, la botte de 12
bottes, 0 fr 75 à 1 fr. 70; échalottes, la botte, 0 fr, 25 à 0 fr. 30; épinards,
le paquet, 0 fr. 40 à 0 fr. 50; escarolle, le cent, 10 à 15 fr.; laitue, le cent,
6 à 12 fr.; mâches, le kilog., 0 fr. 20 à 0 fr. 30; oseille, le paquet, 0 fr. 50 à 0 fr. 75;
persil, la botte, 0 fr. 3Ûà 0 fr 40; pissenlits, le kilog., 0 fr. -25 à 0 fr.50; potirons,
la pièce, 0 fr. 50 à 6 fr. ; pourpier, la botte, 0 ir. 15 à 0 fr. 25 ; radis roses, la botte,
0 fr. 30 à 0 fr. tO\ noirs, le cent, 5 à 15 fr. ; romaine, la botte de 32 tètes, 4 à
7 fr. ; salsifis, la botte, 0 fr. 5o à 0 fr. 60 ; thym, la botte, 0 fr. 10 à 0 fr. 15.
V. — Vins, spiritueux, vinaigres, cidres.
Vins. — La situation n'a pas sensiblement été modifiée depuis huit jours. Les
affaires sont calmes partout; les prix que nous avons précédemment enregistrés
se maintiennent, mais les ventes sont très peu importantes dans la plupart des
chais. Nous n'aurions presque rien à dire, si nous ne trouvions dans les journaux
de Bordeaux quelques indications sur la comparaison du commerce des vins en
1881 et en 1862. La progression croissante des imporlations de vins pendant les
années précédentes s'est arrêtée en 1882 ; il y a environ 40,000 hectolitres de moins
qu'en 1881, Quant aux exportations, le mouvement est à peu près le même ; le
total s'est élevé à 1,186,000 hectolitres ; c'est à peu près le chillre de 1881, avec
quelques milliers d'hectolitres environ en plus ; "toutefois il y a diminution assez
sensible dans les exportations du côté de l'Angleterre et du côté des Etats-Unis.
Il y a lieu, pour le commerce, de s'occuper de cette situation pour ne pas laisser
118 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
s'amomdrir deux des débouchés les plus importants de notre production vinicole.
Spiritueux. — Les affaires sont calmes sur tous les marchés, mais les prix
accusent presque partout une grande fermeté, aussi bien dans le Midi que dans le
Nord. On cote actuellement sur les marchés du Midi : Celle, 3/c5 bon goût, 105 fr;
Béziers, 3/6 bon goût, 103 fr.; marc, 95 fr.; Montpellier, 3/6 bon goût, 96 fr.; marc,
90 fr.; -— dans les Gharentes, les prix des eaux-de-vie sont maintenus pour toutC'S
les catégories avec une grande fermeté. — A Lille, on paye le 3/6 betteraves,
V qualité, 48 fr. par hectohtre. — A Pkris, on paye : 3^6 betteraves, V qualité,
90 degrés, disponible, 51 fr. 50 à 51 fr. 75 ; février, 52 fr. à 52 fr. 25 ; mars et
avril, 53 fr. à 53 fr. 25; quatre mois de mai, 54 fr. 25. Le stock était, au 17 jan-
vier, de 17,375 pipes.
Raisins secs: — Les affaires sont plus calmes dans tous les ports du Midi,, et
pour les diverses provenances, nous avons un léger affaiblissement à sip:naler dan-s
les cours.
Tarlres. — Les ventes sont peu importantes. A Bordeaux, les cours sont tes
mêmes que précédemment, de 210 à 220 fr. par 100 kilog. suivant les sortes.
VI. — Sucres.. — Mêlasses.. — Fécules. — Glucoses. — Houblons.
Sucres. — Pour toutes les sortes de sucres, les a.ff'aires sont calmes. Les cotirs
varient peu, et il y a même plutôt une certaine tendance à la reprise. On cote
actuellement par 100 kilog. à Paris : sucres bruts, 88 degrés sacchari métriques,
52 fr. 75; les 99 degrés, 59 fr. 25; sucres blancs, £9 fr. 25 à. 59 fr. 50; — à
Yalenciennes, sucres bruts, 51 fr. 50 sa &2 fr.; à. Lille, 5.1 fr. 50; sucres blancs,
58 fr. 25 à 58 fr. 50; à Saint-Quentin, sucres bruts, 52 fr. à 52 fr. 25. Le stock
de l'entrepôt réel des sucres était, au 17 janvier, à Paris, de 788,000 sacs, avec
une augmentation de 34,000 sacs depuis huit Jours. — Pour les sucres raffinés,
on paye, comme précédemment, 106 à 107 fr. par 100 kilog. à la consommation,
et 64 fr. 75 à 67 fr. 25 pour l'exportation. — A Marseille, le marché est calme
pour les sucres coloniaux ; les raffinés valent actuellement 113 à 114 fr. par
100 kilog. suivant les sortes.
Mélasses. — Prix soutenus. On "paye à Paris : mélasses de fabrique, 12 à
12 fr. 25; de raffinerie 14 fr. par 100 kilog.
Fécules. — Les prix sont plus faibles, quoique les offres soient toujours res-
treintes. On paye à Paris : fécules premières du rayon, 39 à 40 fr.; à Gompiègne,
fécules de l'Oise, 38 fr.; à Epinal, fécules des Vosges, 41 fr.
Glucoses. — Les ventes sont calmes. Les prix se maintiennent. On cote par
100 kilog. à Paris : sirop de froment, 56 à 57 fr.; sirop massé, 47 à 48 fr.; sirop
liquide, 41 à 42 fr.
Houblons. — Les transactions sont actuellement peu importantes sur la plupart
des marchés; les brasseurs dont les besoins ne sont pas immédiats attendent pour
faire des achats un peu importants. Mais les prix continuent à êlre très bien sou-
tenus, En Allemagne, à Nuremberg, on cote de 8^0 à 900 fr. par 100 kilog. A
Londres, les houblons anglais se vendent 900 à 1,300 fr. suivant la qualité.
VII. — Huiles et graines oléagineuses, tourteaux.
Huiles. —- G'est une hausse assez notable qui se manifeste, depuis huit jours,
dans les prix des huiles de graines. On cote à Paris par 100 kilog. : huiles de
colza en tous fûts, 86 fr. 50; en tonnes, 88 fr. 50; épurée en tonnes, 96 fr. 50;
huile de lin en tous fûts, 58 fr. 25; en tonnes, 60 fr. 25. — Sur les marchés des
déparlements, on paye les huiles de colza : Caen, 82 fr. Lille, 31 fr.; Gambrai,
81 à 82 fr.; et pour les autres sortes : huile de lin, 56 fr. 50; œillette, 118 fr.;
de cameline, 67 fr. — Les prix de 150 à 160 fr. par 100 kilog. pour les huiles
nouvelles d'olive se maintiennent sans changements en Provence.
Graines oléagineuses, — Maintien des cours sur les principaux marchés. On
paye en Normandie, par 100 kilog : graine de colza, 36 fr. 50 à 37 fr. ; de lin,
25 à 30 fr.; de chs.nvre, 34 à 35 fr. Dans le Nord, les prix 'sont ceux de notre
dernière revue.
Tourleaux. — On paye par 100 kilog. : à Caen, tourteaux de colza, 16 fr. 50;
— à Gambrai, tourteaux de colza, 15 fr. 25 ; d'œillette, 17 fr.; de lin, 19 à 20 fr.
— A Marseille, les prix se maintiennent sans changemenls.
Engrais. — Les nitrates de soude se vendent 31 fr. par 100 kilog. àDunkerque.^
VIII. — Matières- résineuses, colorantes, tannantes.
Matières résineuses. — Les cours varient peu depuis huit jours. On paye à
Bordeaux, 96 fr. par 100 kilog. 'pour l'essence pure de térébenthine ; — à Dax,
85 Ir. A Bazas, les gemmes valent 50 fr. la barrique.
DBS DfîNRÉES AGRICOLES (20 JANVIER 1883). 119
Gaudes. — On paye comme précédemment dans le Languedoc, 20 fr. par 100 kil.
IX. — Produits forestiers.
Bois. — A Paris, les bois de feu sont payés par décastôre ; bois de flot, 110 à
120 fr. ; traverses, 110 à 120 fr. ; bois pelard, 105 à 115 fr.; bois neufs durs, 110
à 120 fr.; bois blanc, 90 à 100 fr.; pin gelé, 55 à 75 fr. pin non gelé, 90 à 110 fr.
Les falourdes de pin valent 55 à 80 fr. le cent. Les bois de chêne en grume
valent 75 à 170 fr., suivant le diamètre; le hôtre, 60 à 70 fr.; le frêne, 60 à
100 fr.; le charme, 50 à 70 fr.; l'orme, 50 à 65 fr.; le noyer, 80 à 150 fr.; le peu-
plier, 30 à 40 fr.; le poirier, 60 à- 70 fr.; le tilleul, 60 à 80 fr.
Charbons. — Maintien des anciens prix.
X. — Suifs et corps gras.
Suifs. — On paye, sans changements, à Paris, 101 Ir. par 100 kilog. pour les
suifs purs de l'abat de la boucherie; 75 fr. 75 pour les suifs en branches.
Sctindoux. — On cote, au Havre, 136 à 140 fr, par 100 kilog. pour les saindoux
d'Amérique.
XI. — Beurres. — Œufs. — Fromages.
Beurres. — Il a été vendu, depuis huit jours, à la halle de Paris, 162,268 kilog.
de beurres. Au dernier jour, on payait par kilog, : en demi-kilog., 2 fr. 90 à
4 fr. 40; petits beurres, 2 fr. 24 à 3 fr. 46 ; Gournay, 2 fr. 60 à 4 fr. 62; Isigny,
2 fr. 80 à 8 fr. 20.
Œufs. — Pendant la semaine, on a vendu à la halle de Paris 3,263,740 œufs.
On paye par mille : choix, 126 fr. à 138 fr.; ordinaires, 72 à 84 fr.; petits,
44 à 58 fr.
Fromages. — Derniers cours de la halle : par douzaine. Brie, 5 fr. à 35 fr.;
Montlhéry, 15 fr.; — par cent, Livarot, 41 à 105 fr.; Mont-Dor, 20 fr. à 38 fr.;
Keufchâtel, 5 fr. à 29 fr.; divers, 6 à 78 fr.; — par 100 kilog., Gruyère, 120
à 180 fr.
XII. — Chevaux, 'bétail, viande.
Chevaux. — Aux marchés des 10 et 13 janvier, à Paris, on comptait 809 che-
vaux ; sur ce nombre, 250 ont été vendus comme il suit :
Chevaux de cabriolet. .
— de trait
— hors d'âge . . .
— à l'enchère.. .
— de boucherie.
menés.
Veudus.
Prix extrêmes.
211
33
200 à 970 fr.
238
39
230 à 1,125
2.ÏÔ
73
20 à 950
40
40
30 à 370
65
65
20 à 90
2«
3°
Prix
quai.
quai.
moyen.
1.54
1.32
1.51
1.38
1.20
1.38
1.32
1.22
1.34
1.14
l.?4
2.05
2 02
1.82
1.94
1.28
1.22
1.26
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement officiel du marché aux
bestiaux de la Villette, du jeudi 11 au mardi 16 janvier :
Poids Prix du kilog. de viande nette sur
Vendue moyen pied au marché du 15 janvier.
PoBr Pour En 4 quartiers. 1"
Amenés. Paris, l'extérieur, totalité. kil. quai.
Bœufs (3,267 3,748 1,949 5,697 349 1.72
Vaches 1,744 800 728 1,528 236 1.58
Taureaux 292 213 08 251 379 3.46
Veaux 3,053 1,751 356 2,607 75 2.30
Montons. 40,(312 30 014 8,360 38,374 20 2.15
Porcs gras ... . 7,056 2,666 4,236 6,902 83 1.34
— maigres. » » » » » » » » »
Les approvisionnements ont été considérables, et pour toutes les catégories les
prix sont faibles cette semaine, principalement en ce qui concerne les gros ani-
maux. — Sur les marchés des départements, on cote : Caen, bœuf. 1 fr. 70 à
1 fr. 90 par kilog. de viande nette sur pied ; vaches, 1 fr. 50 à 1 fr. 70 ; veaux,
1 fr. 60 à 1 fr. 80; moutons, 1 fr. 80 à 2 fr. ; porc, 1 fr. à I fr. 20; — Le Mans,
vaches, 1 fr. 50 à 1 fr. 55 ; veaux, 1 fr. 90 à 2 fr. ; moutons, 2 fr. à 2 fr, 10;
— Nantes, bœuf, 0 fr. 80 à 0 fr. 85 par kilog. brut sur pied; veaux, 1 fr. 15 à
1 fr. 20; moutoDs, 1 fr. 05 à 1 fr. 10; — Orléans, bœuf, 0 fr, 65 à 0 fr. 75;
vaches, 0 fr. 63 à 0 fr, 73; veau, 1 fr. 05 à 1 fr, 25; moutons, 0 Ir. 75 à 0 fr. 95;
porcs, 0 fr. 80 à 0 fr. 90; — Dijon, bœuf, 1 fr. 54 à l fr. 76; vaches, 1 fr. 16 à
Ifr. 66; veau poids vif), 1 fr, 10 à 1 fr. 25; moutons, 1 fr. 80 à 2 fr. 10; porc,
Ofr, 96 à 1 fr. 06; — Nancy, bœuis morts, 90 k 95 fr.; vaches, -JO à 80 fr. ; veaux
vivants, 60 à 74 fr.; moutons, 95 à 110 fr. ; porcs, 74 à 77 fr. ; — Lyon, bœuf,
70 à 83 fr,; veaux (poids vif), 60 à €6 fr.; moutons, 80 à 110 fr,; porc ,poidsvif),
55 à 65 fr.; — 'Bourgoin, bœ^uf, 64 à 74 fr.; vaches, 56 à 66 fr.; veau, 100 à
110 fr,; moutons, 85 à 95 fr.; porcs, 95 à 100 fr.; — Genève, bœuf 1 fr, 50 à
120 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT (20 JANVIER 1883).
1 fr. 70; veau sur pied, 1 fr. à 1 fr. 15; mouton, 1 fr. 60 à 1 fr. 70; porc
1 fr. 45 à 1 fr. 50.
A Londres, les importations d'animaux étrangers durant la semaine dernière
se sont composées de 13,627 têtes, dont 26 bœufs, 112 veaux, 1,568 moutons et
18 porcs venant d'Amsterdam ; 1,879 moutons d'Anvers; 276 bœufs de Boulo-
ç;ne. \ 3.359 moutons de Brème ; 2,048 moutons d'Hambourg ; 109 bœufs, 47 veaux,
et 533 moiiUiiis d'Harlingen; 38 bœufs du Havre; 239 bœufs, 313 veaux et
3,062 moutons de Rotterdam. Prix du kilog. Bœuf : qualité inférieure, 1 fr. 52 à
1 fr. 75; 2% 1 fr. 75 à 1 fr. 93; 1^% 1 fr. 93 à 2 fr. 10. — Veau : 2«, 2 fr. 10 à
2 fr. 28; 1'% 2 fr. 34 à 2 fr. 45.
Viande à la criée. — On a vendu à la halle de Paris, du 10 au 14 janvier :
Prix du kilog. le 15 janvier.
kilog. i" quai. 2' quai. 3° quai. Choix. Basse Boucherie.
Bœuf OU vache... 140,104 1.54 à 1.96 1.32 à 1..52 0.86 à 1.30 1.06 à 2.80 0.10 à 0.80
Veau 139,708 1.92 2 34 1.62 1.92 1.30 1.60 1.50 2.60 »
Mouton 40,944 1.52 1.92 1.30 1.50 0.86 1.28 1.76 3.20 »
Porc • 63,815 Porc frais 1 20 à 1.40; salé, 1,36
384 ..571 _ Soit par jour 54,929 kilog.
Les ventes ont été inférieures de 9,000 kilog. par jour à celles de la semaine
précédente. Les prix sont un peu en baisse pour les diverses sortes.
XIII.— Cours de la viande à Vaiattoir de la Villelte du 18 janvier (par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Viilette par 50 kilog. : i''^ qualité,
67 à 70 fr. ; 2% 60 à 65 fr. ; poids vifs, 47 à 51 fr.
Bœufs. Veaux. Moutons.
1" 2° 3° 1" 2" 3° ''l'" 2' 3°
quai. quai. quai. q.-.al. quai. quai. quai. quai. quai.
fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr.
80 73 65 125 115 100 100 94 87
XIV. — March aux bestiaux de la Viilette du jeudi 18 janvier 1883.
Cours des commissionnaires
Poids Cours officiels. en besliaux^
Animaux général. 1" 2° 3" Prix 1" V 3' Frix
amenés. Invendus. kil. quai. quai. quai, extrêmes. quai. quai. quai. extrêmes.
Bœufs.'. 2.398 39 365 1.74 1.58 î,35 1.28àl.80 1.72 1.56 1.32 1.28àl.78
Vaches 678 40 234 1.60 1.40 1 22 1.16 1.64 1.58 1.40 1.20 1.15 1.62
Taureaux... 89 9 385 I 48 1.36 1.26 1.20 1.52 1.45 1.35 1.25 1.20 1.50
Veaux 1.148 83 79 2.44 2.24 2.00 1.74 2.64 » « » »
Moutons 16 859 145 19 2 20 2 06 1 88 1 .70 2 24 » » » »
Porcs gras.. 4.490 » 83 1.34 1.28 1.22 1.18 1.34 » » » » -
— maigres.. » » »»•»»)> » « » »
Vente très active sur toutes les espèces.
XV. — Résumé.
Les prix de la plupart des denrées se sont maintenus sans changements impor-
tants durant cette semaine. A. Remy.
BULLETIN FINANCIER
Semaine de reprise ; le 3 0/0 à 79,81 gagne 0,15 ; le 5 0/0 à 1 (5,70 gagne 0,60.
Bonne tenue des Sociétés de crédit : le Crédit Foncier fait une émission d'obli-
fations de* 500 francs, 3 0/0 au cours de 330 et qui semble appelée à réussir,
'aiblesse à nos chemins de fer.
Cours de la Bourse du 10 au
Principales valeurs françaises :
Plus Plus Dernier
bas. haut, cours.
Rente 3 0/0 79.30 79 80 79.30
Rente 3 o/o amortis 80.75 80.45 80.45
Rente 4 1/2 O/0 108.80 111.25 111.25
Rente 5 o/o 115.I0 115.97 115.70
Banque de France 5335.00 5397.50 5380.00
Comptoir d'escompte 995.00 1000.00 1000 00
Société générale 580.00 585.00 580. 00
Crédit foncier 1310.00 )325.oo ISio.uo
Est Actions 500 722.50 727.50 722.50
Midi d" 1095 00 1140.00 1095.00
Nord d° 1840.00 1885.00 )840.00
Orléans d» 1245.00 1260. 00 1245.00
Ouest d" 775.00 780.00 780.00
Paris-Lyon-Méditerranée d" 1535.00 1565.00 i535.oo
Paris 1871 obi. 400 à 3 O/O. 390.00 393.00 391.00
Italien 5 0/0.. ■. 87.40 8660 86 75
Le Gérant : A. BOUCHÉ.
17 janvier 1883 {au comptant).
Chemins de fer français et étrangers
Autrichien d"
Lombards, d°
Romains d°
Nord de l'Espagne d°
Saragosse à Aiadrid...d°
Portugais d°
Est oblig. 3 0/0 rembour-
sable à 50U fr d"
Midi d"
Nord d°
Orléans d"
Paris-Lyon-Méditer. . . . d°
Ouest d°
Nord-Esp. priorité d°
Lombards d°
Plus
bas.
688.75
290.00
lu8.00
525.00
'iSO.lO
570.00
345.00
357.50
365.50
360.00
356.00
356.00
337.50
383.00
Plus
haut.
698.75
293.75
llO.OO
530.00
482.50
598.75
361. CO
362.00
367.25
369.50
366.00
361.25
344.00
384.00
Dernier
cours.
688.75
290.00
110.00
528.75
482.50
570.00
»
356.50
357 50
366.00
361.25
361.00
356.00
340.00
283.00
LETERRIER.
CHRONIQUE AGRICOLE (27 janvier i883).
La iiipcanique dans ses rapports avec l'agriculture. — Importance de la diminution du prix de
revient des travaux agricoles. — Les labours et la laiterie. — Session unniKille de la (Commission
supérieure (lu phylloxéra. — Constatation des progrès de la marche du phylloxéra. — Projet de
loi relatif à la défense de l'Algérie contre la propagande du fléau. — Publication des travaux du
Comité d'études et de vigilance de la Charente-Inférieure. — Rapport de M. Verneuil sur la
plantation des vignes américaines et les encouragements à lui donner. — Observations de
M. Menudier. — Commencement de la discussion au Sénat sur le projet de loi relatif au régime
des eaux. — Commission chargée d'examiner le projet de loi sur la surveillance des étalons. —
Proposition votée par la Chambre des députés sur le partage des bois d'affouage. — Ciéation
d'une station de chimie végétale à Meudon. — Les épizooties en Allemagne. — Extrait du Bul-
letin des épizooties d'Alsace-Lorraine. — Exposition d'horticulture à Gand. — Création d'une
école pratique d'agriculture à Andrinople. — Les Annales agronomiques. — Vignes américaines.
— Lettre de M. Destremx. — Rapport de M. '"'Ourdin sur ses pépinières de Saint-Hippolyte-du-
Gard. — Publication du compte rendu du Congrès viticole de Dr.iguignan. — Céréales de prin-
temps. — Blé de Bordeaux et orge Chevalier. — Noie de M. de Lentilhac sur la situation des
récoltes en terre. — Le rouget des porcs dans le département de la Dordogne.
I. — Les progrès de la mécanique agricole.
Les progrès de la mécanique agricole n'ont pas dit leur dernier
mot; ils peuvent encore produire des résultats considérables. L'in-
vention d'une nouvelle charrue, par exemple, peut être un bienfait
bien supérieur à tous les dégrèvements d'impôts que l'on peut espérer
de la meilleure volonté des meilleurs gouvernements. C'est pour cette
raison que nous insistons sur les avantages que présenterait l'impor-
tation des charrues tilburys américaines. Laissant de côté tous les
détails d'application, et ne prenant que la chose capitale, nous croyons
que la nouvelle charrue, en permettant de faire, avec les mômes at-
telages et un personnel de laboureurs plus facile à trouver, une
quantité de travail double dans le même temps, réduira de moitié les
frais de labour. Ce fait correspond à une économie annuelle d'au moins
750 millions de francs, pour la culture française seulement. Un tel
résultat laisse loin derrière lui toutes les demandes faites au gouver-
nement. Le bienfait pour l'humanité est donc immense. Par d'autres
inventions mécaniques, notamment par les semoirs, des avantages
du même ordre peuvent être obtenus. L'introduction des machines à
vapeur dans les fermes y a causé une véritable révolution, qui est
loin d'avoir produit tout son effet. 11 n'est pas jusqu'aux travaux de la
fermière qui ne puissent être transformés de manière à amener la
richesse là où il n'y avait guère que la gêne. Les progrès de la méca-
nique, introduits dans la laiterie comme nous aurons l'occasion de
l'expliquer dahs une autre partie de ce Journal^ peut faire partout de
la fabrication du beurre une industrie extrêmement florissante. Ces
indications suffisent pour qu'on comprenne combien rendent plus de
services aux populations ceux qui s'adonnent à combiner de nouvelles
inventions utiles que ceux qui font de la politique. Celle-ci cause des
inquiétudes, jette le désarroi dans les familles et dans les affaires.
Combien est supérieur celui qui, par un changement dans la forme et
dans le mode d'emploi d'une charrue, permet de produire le pain et la
viande à meilleur marché !
IL — Le phylloxcî^a.
La Commission supérieure du phylloxéra s'est réunie le vendredi
19 janvier; elle tient encore une séance au moment où nous écrivons
cette chronique. Dans cette session laborieuse, elle s'est occupée du
perfectionnement des moyens à employer pour lutter contre le lléau.
Elle a entendu un rapport de M. Tisserand, directeur de l'agriculture,
N» 720. — Tome I" de 1883. — 27 Janvier.
122 CHRONIQUE AGRICOLE (27 JANVIER 1883).
sur la marche de l'insecte dévastateur qui s'est, d'une manière funeste,
encore propagé durant l'année 1 882, puisque 1 8 arrondissements
jusqu'alors indemnes doivent être ajoutés à la liste de ceux précé-
demment atteints, puisqu'en outre 23 arrondissements qui n'avaient
sur la carte de l'invasion que la teinte grise, seront désormais cou-
verts de la teinte foncée et auront le droit de cultiver librement la vigne
américaine. Cependant il a été remarqué, avec raison, que la pro-
duction du vin est plutôt appelée à reprendre de l'activité dans les
départements atteints qu'à continuer à diminuer. Le viticulteur, en
effet, peut regarder comme certaine la possibilité de cultiver la vigne
avec profit, malgré le phylloxéra. C'est, comme on le dit aujourd'hui,
la lutte pour l'existence, mais lutte dans laquelle il ne faut plus céder
devant le fléau, comme cela a été fait dans le passé.
La Commission supérieure s'est occupée aussi de l'élaboration d'un
projet de loi destiné à défendre l'Algérie contre l'invasion et la propa-
gation de l'insecte. Dans le projet étudié, on aurait recours à la des-
truétion de toute vigne infectée, moyennant une indemnité accordée
au propriétaire du vignoble traité. Cette méthode peut réussir dans un
pays qui n'est pas entouré de contrées déjà phylloxérées et où le mal
n'a pas encore fait invasion. Nous reviendrons sur ces diverses ques-
tions, lorsque les travaux de la Commission seront achevés.
Le Comité central d'études et de vigilance du département de la
Charente-Inférieure vient de publier son 15*^ bulletin qui renferme
des renseignements intéressants sur les études poursuivies dans
ce grand centre viticole. Nous y remarquons surtout un rapport de
M. Verneuil, rédigé au nom d'une Commission spéciale chargée d'étu-
dier la situation du vignoble du département, et en particulier des
cépages américains. Les conclusions de ce rapport doivent être placées
sous les yeux de nos lecteurs :
« En résumant l'ensemble de ses observations et de ses études, la Commission
croit devoir émettre les conclusions suivantes :
« Les vignes françaises encore vigoureuses, situées en terres profondes et de
consistance moyenne, peuvent être défendues par le sulfure de carbone; le pro-
priétaire étant le meilleur juge pour savoir si son vignoble peut, supporter les
frais du traitement.
a La Commission ne croit pas qu'à l'aide d'insecticides, on puisse toujours et
économiquement, maintenir les vignes françaises; par suite elle déconseille les
plantations françaises nouvelles, même celles destinées à être -traitées par les
insecticides.
a La Commission considérant, en outre, que déjà plus des deux tiers des
vignobles du département sont détruits, que dans l'autre tiers, une infime pro-
portion est susceptible d'être maintenue encore quelques années, soit par le sul-
fure de carbone, soit par le sulfocarbonate de potassium, estime qu'il faut hâter
le plus possible la reconstitution par les vignes américaines, dont certaines espèces
nous ont déjà montré, dans le département, 8 ans de résistance.
« Elle engage donc les Sociétés agricoles à créer de vastes pépinières de
cépages exotiques sur tous les points de notre région. Ces pépinièies, devant
servir, non seulement à la multiplication, mais encore à l'étude de l'adaptation
des différentes variétés, ne devront pas être situées dans des bas-fonds ou dans
des jardins, mais en plein champ, dans des terres à vignes. Il faudra choisir autant
que possible la nature de terre la plus commune dans la région où est créée la
pépinière ou plantation.
« De tous les producteurs directs, le Jacquez est le seul assez précoce et assez
fructifère, pour pouvoir être essayé avec quelque chance de succès. Malheureuse-
ment il est si fréquemment attaqué par le mildew et l'anthracnose et si suscep-
tible à la coulure, que son rôle sera très probablement réduit à porter des greffes
françaises.
CHRONIQUE AGRICOLE (27 JANVIER 1883). 123
« Nous croyons donc que, sans renoncer d'une façon définitive à la production
directe, il faut tourner ses efforts du côté des porte-greffes, les Jacquez, Herbe-
monts, Gunninghams et autres variétés fructifères très vigoureuses, s'assouchant
très vite, pouvant fournir d'excellents porte-greffes, peut-être môme supérieurs
aux cépages cultivés jusqu'à présent dans ce but.
« Nous recommandons tout spécialement la greffe en fente simple et en place,
sur pieds ayant une ou plusieurs années de plantation. C'est la greffe à laquelle
nos vignerons ont été babitués de tout temps, et c'est celle qui donne les soudures
les plus parfaites et les pieds les plus vigoureux. Il importe de greffer de bonne
heure, sur jeunes pieds d'un faible diamètre, pour assurer la perfection de la
soudure et par suite la longévité des pieds greffés.
<i En terminant, la Commission ne voyant de reconstitution possible du
vignoble Charentais que par 1 s cépages américains ;
« Considérant en nutre que le gouvernement estaussi intéressé à cette prompte
reconstitution que les propriétaires eux-mêmes ;
« Considérant que ce qui retarde ce mouvement de replantation, en particulier
chez les propriétaires, c'est l'ignorance où ils sont des résultats obtenus jusqu'à
ce jour, et l'incertitude sur les cépages à planter dans leurs terraii s;
« Considérant que si quelques propriétaires, en particulier dans les arrondis-
sements les premiers atteints par le phylloxéra, ont fait de leur poche des essais
coûteux, qui profiteront non seulement à eux, mais encore au pays en général, il
n'en est pas de même dans l'ensemble du département;
« Considérant qu'il importe d'encourager et de soutenir pécuniairement les
Sociétés et Associations fondées ou à fonder, non pas dans un but mercantile,
mais pour étudier et propager les espèces les plus propices à la reconstitution du
vignoble dans chaque région de notre département ;
« Considérant enfin qu'avant l'invasion phylloxérique, le département de la
Charente-Inférieure était, comme production, le deuxième département vinicole
de France ; que par conséquent les pertes occasionnées par le phylloxéra y sont
immenses, et que l'importance des subventions à attribuer à chaque département
doit être en raison des pertes subies ;
« Emet le vœu : que le gouvernement entrant dans une voie juste, ne donne
plus seulement de subventions aux Associations de propriétaires, traitant leurs
vignes par des insecticides; l'efficacité de ces traitements étant aujourd'hui prouvée
dans certaines conditions, ils n'ont plus le caractère d'études d'un intérêt général,
et les propriétaires qui font ainsi traiter leurs vignes en tirent une jusle rémuné-
ration de leur peine ;
« La Commission demande donc que le gouvernement subventionne en même
temps toute association régulièrement constituée dans le but de planter et d'étu-
dier les vignes américaines.
« A défaut de ces associations, la Commission estime qu'il est du devoir du gou-
vernement de les faire naître de façon à ce que, l'année prochaine, il y ait dans
chaque canton de la Charente-Inférieure, une plantation américaine destinée à
servir d'exemple et d'études aux petits cultivateurs qui ne peuvent ou n'osent faire
eux-mêmes les frais de cette étude.
« Si, en faisant cela, le gouvernement avance seulement d'un an ou deux la
reconstitution de nos vignes, il aura rendu un grand service aux cultivateurs du
département, et il retrouvera amplement plus tard les avances qu'il aura faites. «
Après la lecture de ce rapport, M. Meaudier a fait observer que
sans être convaincu qu'on pourra toujours conserver les vignes à l'aide
du sulfure de carbone, il y a maintenant assez de faits en faveur de
cet insecticide pour permettre de tenter la plantation de vignes fran-
çaises, en terrains profonds et perméables, si l'on est bien décidé à les
traiter. Relativement au vœu proposé par la Commission, M. Menu-
dier a" ajouté que le gouvernement, tout en continuant avec raison à
aider à la conservation des vignobles, est déjà entré très résolument
dans la voie des subventions aux. associations fondées dans l'intention
de propager les plants résistants.
III. — Le régime des eaux.
Le Sénat a commencé, dans sa séance du 22 janvier, la discussion
12i CHRONIQUE AGRICOLE (27 JANVIER 1883).
(lu projet de loi sur le régime des eaux. Quelques efforts ont été tentés,
notamment par M. Clément, pour faire ajourner cette importante dis-
cussion. Mais le Sénat a décidé de maintenir le projet de loi à son
ordre du jour. MM. Tisserand, Lorentz et Philippe, directeurs au mi-
nistère de l'agriculture, ont été nommés commissaires du gouverne-
ment pour cette discussion.
lY. — La surveillance des étalons.
Dans la réunion dès bureaux tenue le 18 janvier, le Sénat a nommé
la Commission chargée d'examiner le projet de loi sur la surveillance
des étalons, que nous avons analysé dans notre précédente chronique.
Cette Commission est composée de MM. Bocher, Xavier Blanc, général
Grévy, Paulmier, baron de Lareinty, Jobard, Labitte, E. Lenoel,
vicomte de Saint-Pierre. La Commission a choisi M. de Saint-Pierre
comme président, et M. Emile Lenoel comme secrétaire.
i V. — Partage des bois d'affouage.
Dans sa séance du 28 décembre, la Chambre a adopté la proposition
de loi relative au partage des bois d'affouage, que nous avons déjà eu
l'occasion de signaler. Cette proposition de loi a pour but de modifier
comme il suit l'arliclo 105 du Code forestier :
« S'il n'y a titre contraire, le partage de l'afibuage, en ce qui concerne les bois
de chauffage, se fera par feu, c'est-à-aire par chef de famille ou de maison ayant
domicile réel et fixe dans la commune depuis six mois au moins avant la publi-
cation du rôle. Sera considéré comme chef de famille ou de maison tout individu
possédant un ménage ou une habitation distincte, soit qu'il y préparc la nourri-
ture pour lui et les siens, soit que, vivant avec d'autres à une table commune, il
possède des propriétés divisées, qu'il exerce une industrie distincte ou qu'il ait
des intérêts séparés.
« En ce qui concerne les bois de construction, chaque année le Conseil muni-
cipal, dans fa session de mai, décidera s'ils doivent être, en tout ou en partie,
vendus au profit de la Caisse communale ou s'ils doivent être délivrés en nature.
« Dans le premier cas, la vente aura lieu aux enchères publiques par les soins
de radminisliation foi'estière ; dans le second, le partage aura lieu suivant les
formes et le mode indiqués pour le partage des bois de chauffage.
« Les ui-ages contraires à ce mode de partage sont et demeurent abolis.
« Les étrangers qui rempliront les conditions ci-dessus indiquées ne pourront
être appelés au partage qu'après avoir été autorisés, confornaément à l'article 13
du Code civil, à établii- leur domicile en France »
Cette proposition de loi a été transmise au Sénat dans sa séance du
15 janvier.
VL — Slation de chimie végétale.
Par un décret du 1 7 janvier, l'immeuble appartenant à l'Etat, désigné
sous le nom d'enclos de la Glacière, dépendant autrefois du château
de Meudon (Seine-et-Oise), a été affecté au ministère de l'instruction
publique pour l'installation d'une station de chimie végétale, annexée
à la chaire de chimie organique du Collège de France. On sait que
cette chaire a pour titulaire M. Berthelot, membre de l'Académie des
sciences, dont les importantes découvertes sont universellement
connues.
VIL — Les èpizootips en Allemagne.
Dans le Bulletin des épizooiies pour l'A Isa ce-Lorraine en décembre
1882, M. Zundel donne les renseignements suivants sur la situation
de l'Allemagne au point de vue des diverses maladies contagieuses :
« La fùvre aphteuse a fait bien des progrès durant le mois passé et a été
constatée dans presque tous les arrondissements du pays; il n'y a que les arron-
CHRONIQUE AGRICOLE (27 JANVIER 1883). 125
dissemeuts de Wissembourg, Saverne et Sarrebourg qui en soient jusqu'à pré-
sent exempts; encore dans ces derniers arrondissements a-t-on déjà parlé de la
maladie, mais il n'y a pas encore eu de déclaration de faite. S'il est admissible
que tous les cas de l'épizootie Le sont pas déclarés, l'on peut cependant dire que
la maladie est à son déclin dans la Haute-Alsace et qu'elle est surtout répandue
dans les environs de Strasbourg et en Lorraine. La marche a généraleraeot été
bénigne, et, quand on parvenait à isoler immédiatement les malades, l'épizootie
se bornait le glus souvent à la ferme infectée en jjremier lieu. C'est le commerce
du bétail, surtout celui qui se fait de village à village, qui est la principale cause
de propagation de la fièvre aphteuse, et il a été établi que des marchands n'ont
sciemment pas placé leur bétail malade dans leur propre étable, mais l'ont placé
chez un cultivateur, en infectant ainsi plusieurs fermes avec la mèrae tête de
béta 1. La maladie se communique facilement aux moutons et aux porcs> et ces
derniers l'ont parfois colportée. Les chiffres relatifs à la propagation de la maladie
sont indiqués dans un tableau spécial.
« La fièvre aphteuse règne pour le moment dans toute l'Allemagne du sud, et,
dans plusieurs cas, la maladie a été importée du duché de Bade en Alsace; l'épi-
zootie a régné dans le grand-duché de Bade dans 12 distiicts et 96 enclos. — En
Suisse on a constaté la maladie dans 42 étables, en 11 cantons : 6 dans le canton
de Zurich, 8 dans celui de Berne, 3 pour Fribourg, 5 dans canton de Vaud, 9 dans
le Valais, 4 à Neuchâtel et 3 pour Genève. L'épizootie a presque disparu de
l'Italie septentrionale et des départements voisins de Fiance.
a ha. péripnewnonie n'a pas été constatée en Alsace-Lorraine, pas plus qu'en
Bade et en Suisse; on l'a constatée dans les environs de Milan dans 3 étables.
Des renseignements de Wurtemberg et de Bavière font défaut; dans le royaume
de Saxe on l'a constatée dans 2 localités, en Bohème dans 38 et en Moravie
dans 12.
« Le charbon a encore été constaté à Saint-Jean-Rohrbach (arrond. deForbach),
au milieu du district charbonneux, sur 7 bêtes; 1 fois à Herbitzheim (arrond. de
Saverne) et 2 fois à lUhausern (arrond, de Ribeauvillé). — Dans le duché de Bade
on a déclaré 13 cas de charbon et 7 cas en Suisse.
(' La peste bovine paraît éteinte en Croatie. — Une éruption de cette maladie
est signalée du district de Bakau et d'autres localités de la Moldavie. — Les pro-
vinces de la Russie où sévit encore toujours la peste bovine sont : la Bessarabie,
la \\'olhynie, la Podolie, Chcrson et Jekaterinoslaw; elle vient également d'éclater
dans le gouvernement de Varsovie dans 2 villages des districts de Varsovie et
de Radimir.
« Un arrêt du ministère d'État bavarois pour l'intérieur, en date du 13 dé-
cembre 1882, défend l'entrée et le transit des bêtes bovines de toute race, des
moutons, chèvres et autres ruminants provenant de la Russie et de la Roumanie.
La détense s'étend à l'importation de toute matière animale à l'état frais prove-
nant de ruminants. L'entrée et le transit de moutons vivants de l'Autriche-Hongrie
ne sont permis que conditionnellement.
« Rien de nouveau quant à la gale du mouton. — L-àdacelce règne dans quel-
ques localités de la Hongrie. »
Nous ne saurions trop insister, encore une fois, sur les services
que l'organisation d'un bulletin des épizooiies rendrait, en France,
aussi bien à l'agriculture qu'au commerce du bétail.
Vni — Exposition (Thorlicullure.
La onzième exposition internationale d'horticulture organisée par la
la Société royale d'horticulture et de botanique de Gand, se tiendra
à Gand du 1 5 au 22 avril. Cette exposition sera ouverte à tous les ama-
teurs et horticulteurs, aux fabricants, aux établissements publics de
botanique et d'horticulture, tant du pays que de l'étranger. Elle com-
prendra 292 concours spéciaux.
IX. — Ecole d'agriculture en Turquie.
Le gouvernement turc vient de décider la création d'une école
d'agriculture à Andrinople. Cette école, placée sous la direction de
126 CHRONIQUE AGRICOLE (27 JANVIER 1883).
M. Draghim Eram Effendi, a été organisée il a six mois, et elle
possède aujourd'hui 80 élèves. Le programme de l'enseignement est,
avec peu de modifications, celui des écoles pratiques d'agriculture de
France.
X. — Annales agronomiques.
Le W fascicule pour 1882 des Annales agronomiques publiées par
M. Dehérain, sous les auspices du ministère de l'agriculture, vient de
paraître. 11 renferme un mémoire de M. Renouard sur les plantes
textiles de l'Algérie, une étude de M. Boitel sur les prairies et plantes
adventices de la Suisse et de l'est de la France, des notes de M. Schmitt
sur les falsifications du beurre et les moyens de les reconnaître, un
mémoire de M. Grandvoinnet sur le travail moteur dépensé dans le
labour. Parmi les traductions de travaux publiés à l'étranger, nous
citerons une note sur l'emploi de la tourbe comme litière, par M. Birn-
baum, et une étude de M. Phillips sur Faction des poisons sur les
plantes. — A partir de 1883, les Annales agronomiques paraissent par
cahiers mensuels d'environ 50 pages.
XL — Les vignes américaines.
Nous avons publié récemment une note de M. Destremx, sur un
exemple de succès de la culture des vignes américaines, par un petit
vigneron Notre excellent correspondant nous transmet aujourd'hui
des détails sur un autre vigneron; celui-ci est du département de
l'Ardèche :
Alais, 12 janvier 1883.
« Je VOUS remercie de l'insertion de mon article sur M. Vernet, de Massillar-
gues, et je profite de cette lettre pour vous donner le résultat qui a été atteint par
un autre vigneron de l'Ardèche, qui a été médaillé à Aubenas, M. Poudevigne,
propriétaire aux Vernades, et sur lequel je vous ai envoyé en temps et lieu, deux
articles que j'avais publiés sur son vignoble.
a II avait obtenu, il y a trois ans, 51 kilog. de raisins par pied de treilles de
clintons de trois feuilles, et 23 kilog. sur des demi-treilles, résultat constaté, et
pour lequel il a été récompensé par la Société d'agriculture de l'Ardèche.
a Mais cette année, il a obtenu 2 3 kilog. de magnifi.jues raisins par demi
. treilles de trois feuilles, et 45 kilog. pour les Jacquez à la quatrième feuille. — La
souche maximum a donné 70 kilog.
« Il a encavé 220 hectolitres de très bon vin avec 500 pieds de Jacquez, 70 clin-
tons et 400 chatus greffés sur clintons.
a Je me suis empressé, dès ma visite, d'envoyer un photographe afin de pouvoir
vous donner une idée d'un pareil rendement. Malheureusement, le photographe n'a
pu aller chez M. Poudevigne avant la vendange, et aujourd'hui, je me vois obligé de
fournir des chiffres auxquels on ne voudra pas croire, et qui cependant ont été
le résultat d'une rigoureuse opération de pesage.
« Voilà un exemple, donné par un simple vigneron, de ce qu'on peut faire avec
du travail, de l'intelligence et des plants américains, M. Poudevigne est à l'Ardèche
ce que M. A'ernet est au Gard.
« Veuillez agréer, etc., E. Destremx,
Ancien député » .
Sur la même question de la reconstitution des vignes détruites, un
viticulteur distingué du Gard, M. Albert Gourdin, a adressé récem-
ment à M. le ministre de l'agriculture, un rapport qui renferme des
détails intéressants sur les résultats obtenus. Voici le texte de cette
note :
« Monsieur le ministre, votre sollicitude pour les intérêts agricoles qui vous
sont confiés, vous a amené dernièrement à visiter les pays ravagés par le phyl-
loxéra.
« Vous avez pu par vous-même constater le mal et être témoin des efforts aux
CHRONIQUE AGRICOLE (27 JANVIER 1883). 127
quels se livrent les agriculteurs de la région méridionale pour reconstituer leurs
vignobles détruits. Vous avez vu, dans les environs de Nîmes et ailleurs, d'im-
portantes plantations de cépages américains, et vous avez visité les planta-
tions faites dans les sables d'Aigues-Mortes et les rives du Rhône, sur lesquelles
se pratique la submersion des vignes. J'ai vivement regretté que notre région des
Gévennes ne fut pas comprise dans votre itinéraire, j'aurais été bien heureux de
vous montrer la pépinière de cépages américains greffes que j'aià Saint-fiippolyte,
et qui ne compte pas moins à l'heure actuelle de sept cent miUe ])ieds; j'aurais été
bien aise aussi, s'il eut été possible de vous faire part de mes observations prati-
ques, basées sur une expérience déjà longue.
« Je vais grouper quelques-unes de ces observations, et avoir l'honneur de vous
les transmettre; lieureux si elles peuvent vous être utiles, et si les agriculteurs de
France peuvent en tirer quelque profit.
« Il est un fait aujourd'hui bien acquis, c'est que toute tentative de reconstitu-
tion de vignobles en cépages français est, pour le moment, absolument impossible.
Partout où ces tentatives ont été faites, elles n'ont donné que des déboires à ceux
qui pensaient que des vignes nouvelles pouvaient être rétablies sur les solsd'oij les
anciennes vignes venaient de disparaître.
« Quelques rares privilégiés, propriétaires de terrains sablonneux ou de terrains
submersibles, ont pu créer des vignobles en cépages français, et ont pu profiter
des récoltes produites par leurs plantations. Mais combien est restreint le nombre
de ces privilégiés dans notre région, on les compte et on les connaît par leur
nom, ils excitent l'envie de leurs voisins qui ne peuvent suivre leur exemple,
n'étant pas dans les mêmes conditions.
« A côté de ceux-là, certains ont voulu essayer de combattre le phylloxéra par
les insecticides, et la Gompagaie Paris-Lyon-Méditerranée qui, à un moment
donné, craignant de voir baisser l'importance de ses transports dans la région
méditerranéenne en raison de la disparition des vignes, n'avait pas hésité à s'im-
poser des sacrihces pour engager les viticulteurs à employer le sulfure de carbone,
agent très actif qui pouvait, dans des conditions déterminées, produire certains
résultats contre les attaques du phylloxéra. Mais ici encore, que d'illusions, r[uels.
déboires ont suivi ces expériences! Tantôt le défaut d'humidité du sol était un
obstacle à l'action du sulfure, tantôt des dosages trop forts compromettaient
l'existence des vignobles, sans parler des dangers inhérents à l'usage d'une
matière très inflammabie.
« Aussi, à de très rares exceptions près, ce mode de traitement pour les vignes
est très peu employé.
« Il n'est pas «ùr et est dangereux, et occasionne une dépense annuelle d'envi-
ron 400 francs par hectare.
« Les plantations de cépages américains sont aujourd'hui, à vrai dire, le seul
espoir (jui rt^ste aux agriculteurs, pour la reconstruction de leurs vignobles, et
nous sortons de la période des tâtonnements, de-celle des essais et des expériences,
pour entrer dans la période des résultats.
« Tout le monde sait aujourd'hui que le Jacquez est un plant résistant et qu'il
donne un bon vin de coupage, que l'Herbemont donne ua bon vin de table, et
que Tun et l'autre produisent d'une façon très sulfisante. Mais combien ont déjà
fait l'expérience que le mildew, la coulure et l'anthracnose sont pour ces cépages
un gi'and écueil, lorsqu'ils sont placés dans des terrains un peu humides.
« Toutefois, en choisissant bien les terrains, ces cépages peuvent être cultivés
avec avantage et dans toute la région du Midi.
« Mais pour la reconstitution des vignobles de la plaine, pour la grande cul-
ture, et pour obtenir des produits vraiment rémunérateurs, il n'y a que les porte-
greffes qui puissent donner des résultats complets.
ce Parmi les cépages américains importés en France, il existe quelques porte-
grefl'es qui sont éprouvés de la façon la plus absolue, en ayant soin toutefois de
les approprier au sol qui leur convient à chacun.
« Eu première ligne et bien au-dessus des autres, je place le Riparia qui vient
dans presque tous les terrains et dont la vigueur est telle qu'on voit quelquefois
ses ceps dépasser 10 mètres de longueur. Le sol qui convient le mieux à ce plant
est le terrain calcaire, mais il vient aussi dans les sols légers, et dans les ter-
rains f'jrrugineux et volcaniques.
« En seconde ligne je place le Solonis presque aussi vigoureux que le Riparia,
et qui dans certains terrains le dépasse même en vigueur, mais tous les sols ne
12S GHRONinUE AGRICOLE (27 JANVIER 1883).
lui conviennent pas, il lui faut de l'humidité, et il ne résisterait pas dans les ter-
rains arides. A la condition de le placer dans un sol riche, c'est un excellent
porte-greffe qui se soude aisément avec toutes les variétés de plants i'rençais.
« En troisième ligne il convient de placer TYork-Madeira et le Rupestris qui
poussent dans les sols les plu«; arides, mais qui sont moins vigoureux que les pré-
cédents, ils n'en sont cependant pas moins résistants pour cela, et la facilité avec
laquelle ils viennent clans les sols peu riches fait beaucoup rechercher ces cépages.
« Le Vialia que Ton peut placer en quatrième ligne, mais qui, au point de vue de
la reprise et de la facilité d-i soudure au greffon, pourrait occuper le premier rang,
est un excellent cépage; il est moins connu que les autres, parce qu'il a été
longtemps confondu avec le Clinton ; il diffère cependant par bien des points de
ce dernier cépage, il est très résistant et commence à être assez apprécié.
« Telle est la classification des cépages américains qui me paraissent devoir
assurer l'avenir de nos vignobles.
« Quant à la greffe, seul moyen d'assurer de vrais produits, combien il est
difficile de taire comprendre à certains viticulteurs leur véritable intérêt, et com-
bien se laissent rebuter par des échecs, qui ne sont la plupart du temps, que le
résultat de leur propre faute.
« Il est arrivé bien souvent que par suite de l'emploi de mauvais systèmes de
greffes il n'a été obtenu que des résultats médiocres, et il a fallu revenir plusieurs
lois à la charge pour avoir des vignobles entièrement greffés.
« L'opération de la greffe est en effet fort délicate, et il n'y a point à s'étonner
que certains se soient rebutés en présence des difficultés qu'elle présente. Pour
ma part, je considère toutes les difficultés comme vaincues par la 'greffe anglaise
sur boutures.
a Avant l'apparition du phylloxéra, on parlait à peine de ce genre de greffe,
aussi a-t-elle été jusqu'à aujourd'hui peu pratiquée. On ne peut en faire usage que
sur des bois relativement minces, et le greffon doit toujours êlre de la même
grosseur que le sujet.
« Poui' exécutui- la greffe a'^glaise, il faut couper obliquement et en biseau le
•sujet et le greffon sur une inclinaison qui varie de 15 à 25 pour 100 selon la
grosseur des bois employés, ensuite fendre longitudinaleingnt les deux biseaux et
les enfoncer l'un dans l'autre, de manière qu'une partie ou sujet entre dans le
biseau du greffon, de mêine qu'une partie de ce dernier entre dans le biseau du
sujet. Il faut que les écorccs et les aubiers se raccordent entièrement, et qu'une
fois l'opération faite les coupes soient invisibles. La ligature s'opère ensuite avec
une bande de caoutchouc vulcanisé de 0'".015 de largeur et deO'" 001 d'épaisseur
placée en spirale et peu tendue, de façon à ne pas arrêter le développement du
pied de vigne à se former.
V Les chances de réussite des plants greffés par ce système sont bien plus
grandes que celles de tous les autres procédés elles dépendent tou'efois, beaucoup
des soins et des cultures; il laut ealretenir jusqu'à sa soudure complère le greffon
dans une certaine humidité, ébourgeonner les sauvageons C{ui ne manquent pas
de pousser au pied du sujet, et couper les racines qui peuvent venir au greffon,
et qui lui permettraient de s'affranchir.
« C'est ce système que j'ai employé, ce sont ces soins que j ai fait don-
ner; j'ai comme résultat ma magniiii|ue pépinière de 700,000 pieds. Une expé-
rience de celle importance doit être de nature à attirer l'attention de ceux qui ont
à cœur les intérêts agricoles. Albert Gourdin,
« ^'euillez agréer, etc. viticulteur, à Saint-Hippolyte (lu-Fort,
membre de la Société des agriculteurs de France
Plus seront nombreux les faits placés sous les yeux des viticulteurs,
et plus il sera facile, pour eux, d'arriver, suivant les circonstances
dans lesquelles ils sont placés, au succès dans Ja reconi^litulion des
vignes détruites parle fléau.
En publiant récemment le compte rendu du Congrès viticole de la
région du sud-est, tenu à Draguignan les 27 et 28 mai dernier, la
Société d'agriculture du Var vient aussi, de son côté, de mettre à la
disposition des viticulteurs des documents du plus haut intérêt, tant
sur la replanlation des vignes que sur la lutte au moyen des systèmes
de défense contre le fléau.
CHRONIQUE AGRICOLE (27 JANVIER 1883). " 129
XII. — Céréales de printemps.
M. Lefas, agriculteur aux Niels, commune de Saint-Meloir-des-Ondes
(Ille-et-Vilaine), nous prie d'annoncer qu'il tient à la disposition des
agriculteurs de très belles semences de blé de Bordeaux rouge inver-
sable, au prix de 30 francs le sac, toile comprise, livré en gare de
Lafresnais, contre remboursement. — Il peut aussi livrer de l'orge
Chevalier au prix de 20 francs le sac, toile comprise, dans les mêmes
conditions que le blé.
XIII. — Nouvelles de Vétal des récoltes.
Aux notes que nous avons publiées dans notre précédent numéro,
nous devons ajouter celle que M. de Lentilhac nous adresse de Saint-
Jean-d'Ataux, à la date du 12 janvier, sur la situation agricole dans le
département de la Dordogne :
« En décembre, nous avons eu quatre jours de beau ciel et vingt-sept de temps
plus ou moins couvert, ayant fourni : dix jours de pluie (3, 4, 5, 6, 8, 22, 24, 25,
26, 3'); sept de brouillard (I, 15, 16, 17, 21, 27, 28); deux de gelée blanche
(1 et 15); quatre de forte gelée (2, 10, 11, J2); un de grésil avec orage le 4. —
Dans cette période, il est tombé 167""". 50 d'eau; l'averse la plus considérable,
celle du 3, a donné 45 millimètres. — La température la plus élevée, -f- 15° cen-
tigrades, a été observée les 23 et 30 ; la plus basse, — 4", le 2 ; la moyenne géné-
rale du mois a été de -\- 6°. 62. — La pression barométrique la plus forte, 755.70,
s'est produite le 21 ; la plus faible, 728.63, le 6 ; la pression moyenne a été de
743.48. — Le vent a souftlé quatre jours du nord; cinq de l'est; trois du sud-
.est; un du sud; cinq du sud-ouest; huit de l'ouest et cinq du nord-ouest.
« Bien que la pluie ait continué durant ce mois, il est survenu quelques éclair-
ci s qu'on a saisies avec empressement pour continuer le travail de la semaille ;
nous aurons dans la Dordogne beaucoup de blés tardifs dont la réussite est subor-
donnée aux ùifluences hivernales qui peuvent encore leur ê're défavorables, mais
la surface non emblavée sera loin d'avoir l'importance qu'on lui avait d'abord
assignée. A ceux qui se sont adressés à nous, nous avons conseillé d'ensemencer,
sans retard, un peu dru. du blé bleu de Noé, la variété qui se prête le mieux au
dessaisonnement; la terre est encore chaude, la germination marchera rapidement;
le grain se perdrait il qu'on aurait toujours la ressource de ressemer en mars.
« Il y a eu en Périgord une épidémie sur les porcs , le Rouget, qui a fait des
ravages considérables. La Société départementale d'agriculture s'en est émue;
dans sa séance générale du 10 janvier, elle a nommé une Commission composée
de médecins-vétérinaires et d'éleveurs, chargée de lui faire des propositions sur
les voies et moyt'ns propres à appHquer le procédé Pasteur, inoculation de virus
atténué, c'an» les porcheries de la Dordogne. »
Un temps plus favorable pour les travaux de la culture règne depuis
quelques jours. Les jours sont secs et froids; les cultivateurs en ont
profité pour reprendre les labours et les semailles qu'une trop longue
persistance d'humidité avait trop longtemps arrêtés. Si ces circon-
stances favorables continuent, le retard que nous avons signalé et qui
commençait à être inquiétant, pourra être réparé.
J.-A. Barral.
CONCOURS DE NEVERS
La période des concours d'animaux de boucherie s'est ouverte en
1883, plus tôt que dans les années ordinaires. Ces solennités précé-
dant toujours les fêtes du carnaval, elles se sont tenues à la fin du
mois de janvier, au lieu d'avoir lieu dans la première quinzaine de
février, ainsi que cela se présente le plus souvent. Parmi les concours
qui ont leur siège dans les départements, celui de Nevers occupe, de
l'avis unanime, le premier rang; nous pouvons ajouter qu'il tend tou-
jours à le conserver, malgré les progrès réels qui sont constatés dans
130 CONCOURS DE NEVERS.
plusieurs autres régions. Si les concours d'animaux de boucherie
prennent ailleurs une importance croissante, les éleveurs et les
engraisseurs de Nièvre et des départements limitrophes font, de leur
côté, tous leurs efforts pour conserver la prépondérance qu'ils ont
acquise. La Société d'agriculture de la Nièvre, sous la féconde impul-
sion de son président M. de Bouille qui est, en même temps qu'un
éleveur hors ligne, un organisateur de premier mérite, ne ménage
d'ailleurs aucun effort pour conserver le premier rang à ses concours;
elle en a été récompensée comme les années précédentes, par un suc-
cès complet et de bon aloi.
On sait que le concours de Nevers comprend deux parties distinctes :
l'exposition d'animaux de boucherie ouverte à tous les producteurs de
la France, et l'exposition d'animaux reproducteurs limitée aux seuls
éleveurs du département de Ja Nièvre. Il y est joint une exposition de
volailles, de produits et de machines agricoles. Passons rapidement
en revue chacune de ces parties.
Pour Jes animaux de boucherie, deux sections sont spécialement
intéressantes : celle des races bovines et celle des races ovines. En
ce qui concerne les unes et les autres, le concours présentait, pour le
nombre des animaux exposés, à peu près les mêmes proportions que
l'année précédente. L'ensemble était excellent, tant pour les bœufs et
les vaches que pour les moutons. Quelques sujets dune valeur
hors ligne attiraient tout spécialement l'attention. Parmi les bœufs,
nous citerons notamment un magnifique bœuf durham-charolais, âgé
de trois ans et pesant 940 kilog., exposé par M. Henri Signoret,
éleveur au Glos-Ry (Nièvre), et un bœuf nivernais blanc exposé par
M. André Bellard, engraisseur à Saint-Aubin-les-Forges (Nièvre) ; ce
bœuf, âgé de trois ans huit mois, pesait 1 034 kilog. C'est à ce dernier
que le prix d'honneur a été attribué. Pour la première fois, un bœuf
d'autre race que celles du pays et leurs croisements avec la race
durham, a été présenté au concours ; c'est un bœuf salers exposé par
M. Moulin, éleveur à Bourbon-l'Archambault; s'il n'a pas remporté
de prix, il ne déparait nullement la réunion. Un peu inférieure à celle
des bœufs, la catégorie des vaches n'était cependant pas sans mérite.
Nous citerons notamment celles exposées par M. Louis Bénat, à Mars-
sur-Ailier (iNièvre), par M. Mativon, à Bannegon (Cher), par
M. Alphonse Tiersonnier, à Gimouille (Nièvre). — Les bandes étaient
peu nombreuses ; mais il y en avait une très remarquable de quatre
bœufs nivernais, âgés de quatre ans, et pesant de 854 à \ 050 kilog.
par tête ; elle était exposée par M. André Bellard. — Nous ajouterons
qu'au concours do Nevers, plusieurs exposants nouveaux se sont
montrés et sont venus augmenter la phalange des habiles éleveurs du
pays.
Dans la catégorie des moulons, la lutte était principalement cir-
conscrite entre les southdowns de M. Colas, éleveur à Sermoise
(Nièvre), et lesdishley de M. Tiersonnier. M. Colas a remporté le pre-
mier prix pourles agneaux, M. Tiersonnier pour les animaux plus âgés.
A côté, il iiaut citer plusieurs lots ou bandes de moutons berrichons,
dont la valeur prouvait que l'élevage de cette race en vue de la bouche-
rie a fait de grands progrès dans les dernières années.
Les races porcines figurent toujours en petit nombre au concours
de Nevers. Quant à l'exposition de volailles, son importance augmente.
CONCOURS DE NEVERS. 131
Les principaux lauréats ont été Mlle Signoret, au Clos-Ry (Nièvre), et
M. Voitellier, à Mantes (Seine-et-Oise). Ce dernier a remporté le prix
d'honneur pour l'ensemble de son exposition.
Si l'époque hâtive du concours ne paraît pas avoir eu d'influence sur
le concours des animaux gras, il n'en est pas de même en ce qui
concerne l'exposition d'animaux reproducteurs. Tout aussi important
était l'ensemble, car il ne comprenait pas moins de 220 taureaux de
race nivernaise; nulle part on ne rencontre une réunion aussi nom-
breuse d'animaux appartenant à une seule race. Mais cette année,
d'une part à raison de la date du concours ; d'autre part à cause de
la mauvaise qualité générale des fourrages de l'année, les animaux
étaient moins bien parés que d'habitude; ils ne se présentaient pas
dans l'état d'embonpoint qu'on est habitué à leur trouver. De là à
accuser sinon une décadence, du moins un moment d'arrêt dans la
prospérité de l'élevage, il n'y avait qu'un pas ; il a été rapidement
iranchi, d'autant plus qu'il favorisait les désirs des acheteurs, toujours
nombreux et empressés, qui cherchaient naturellement à ne pas payer
trop cher. Pour nous, nous ne partageons nullement cette manière de
voir, et nous ne voyons là qu'un simple résultat de circonstances exté-
rieures, qu'il est même difficile de qualifier d'accident. Ce qui est
caractéristique, c'est que les quatre premières catégories comprenant
les taureaux âgés de moins d'un an, formaient la presque totalité de
l'exposition ; les autres catégories tendent de plus en plus à être éli-
minées. Parmi les animaux les plus remarquables, nous devons citer
ceux de M. de Bouille, exposés hors concours ; ceux de M. Joyon, éle-
veur à Langeron, qui a remporté le premier prix dans la catégorie
des taureaux de six mois, et le prix d'honneur; ceux de M. Dessanny,
à Saint-Parize-le-Chatel, et de M. Point, à Langeron, auxquels ont
été décernés les prix d'ensemble. — A côté de la race charolaise, quel-
ques beaux animaux de la race durham étaient exposés par M. ïier-
sonnier et par M. Signoret. — Le concours d'animaux reproducteurs,
qui est à Nevers la partie capitale, doit toute son importance aux
sacrifices de la Société d'agriculture ; n©us nous étonnons que l'active
Société n'ait pas encore profité de ce succès pour créer un herd-book
de la race nivernaise, et ajouter ainsi un nouvel exemple aux nom-
breux succès qu'elle a déjà obtenus dans la voie du progrès.
L'exposition chevaline forme la partie la plus récente du concours
de Nevers. La Société d'agriculture a voulu que le département possé-
dât une famille de chevaux de trait spéciale, comme il possède une race
bovine qui lui est particulière. La robe noire, chez les étalons, était,
en dehors des qualités de l'animal la caractéristique spécialement
recherchée. Des étalons départementaux ont été achetés depuis 1874,
et répandus sur les différents points du pays. Leurs produits figurent
maintenant, à côté de leurs ascendants, dans les concours de la
Société. Les seuls animaux provenant de pères inscrits au stud-book
nivernais y sont inscrits. Cette année, on ne comptait pas moins
d'une quarantaine de poulains et d'étalons, de juments et de pouli-
ches; l'enseiïible de ces animaux était une preuve que la nouvelle œu-
vre de la Société d'agriculture est en pleine voie de prospérité.
Des machines, nous ne dirons que quelques mots. Nous retrouvons
les constructeurs de Nevers, M. Pécard, M. Breloux, M. Lalive ; ceux
de Vierzon : MM. Brouhot et Cie, Merlin, la Compagnie française de
132 CONCOURS DE NE VERS.
matériel agricole, exposant principalement des machines à vapeur et
des batteuses ; M. Léon Mabiîle, de Reims, avec ses excellents tarares,
M. Glert, avec des trieurs; M. Gumming, d'Orléans, avec des machines
à vapeur et des batteuses; M. Louet, d'Issoudun, avec ses clôtures en
fil de fer; M. Decauville, de Petit-Bourg, avec ses chemins de fer por-
tatifs. Nous allons retrouver la plupart de ces constructeurs au con-
cours général de Paris. Henry Sagnier.
CULTURE DU BLÉ. - II
Va7'iétés de blés employées. — J'ai employé beaucoup d'espèces de
blé. Les blés blancs conviennent mieux aux terrains des fermes de
Wattines et de La Valutte que les blés roux à paille blanche ou roux
à paille rouge; néanmoins le blé dur d'Australie, qui est à grains
roux, donne de bons résultats dans les terres de la ferme de la Yalutte.
J'ai donc choisi pour mes deux fermes :
1° Le blé d'Australie à titre d'essai, que je répète depuis plusieurs
années; cette espèce a l'avantage de fournir beaucoup de paille et
beaucoup de grain, mais de qualité inférieure ; ce blé est aussi plus
tardif et, de cette façon, on peut toujours le moissonner le dernier
sans pertes.
Son rendement à l'hectare a été de 3,725 kilog. de grain, 8,215 ki-
log. de paille.
Son prix de vente a été de 24 francs les 1 00 kilog.
La paille, bien qu'inférieure, a été cotée à 30 francs les 1 ,000 kilog.
Son prix au quintal est, d'après notre comptabilité, de 12 fr. 50,
et d'après la valeur des engrais enlevés par la récolte, de 1 4 fr. 92
(voir pour plus amples renseignements le tableau qui suit).
T Pour les terres qui ont le moins d'engrais, le blé blanc de Flandre,
à grains longs, bien remplis et à peau fine, qui est supérieur à tous les
autres comme qualité, tant sur le rapport en grain qu'en paille , mais
qui est sujet à verser et à s'égrainer ; je le coupe généralement le
premier.
Son rendement a été, à Thectare, de 2,855 kilog de grain, de
8,110 kilog de paille.
Son prix de vente a été de 29 fr. 50 les 100 kilog.
La paille, bien que supérieure aux autres, a été cotée 30 fr. les
1,000 kilog.
Son prix de revient est de 16 fr. 42 les 100 kilog., d'après notre
comptabilité, et d'après la valeur des engrais enlevés à la récolte, de
17 fr. 94 (voir pour plus de renseignements le tableau).
3° Le blé blanc Chiddam, à paille rouge, à tige courte et raide, à
grain court et gros, est moins exposé à la verse que tout autre variété ;
il est employé dans les terres qui ont le plus d'engrais et dans les-
quelles l'on doit semer des prairies artificielles; il s'égraine difficile-
ment, mûrit très bien ; on peut le conserver pour couper à la fin de la
moisson.
Son rendement, à l'hectare, a été de 3,365 kilog. de grain, de 6,71 5
kilog. de paille.
Son prix de vente a été de 28 fr. 65 par quintal.
La paille a été évaluée à 30 fr. les 1 ,000 kilog. ; elle représente du
reste ja moyenne comme qualité.
CULTUBE DU BLÉ. 133
Son prix de revient au quintal est de 15 fr. 18, et d'après la valeur
des engrais enlevés par la récolte, de 16 fr.71 (voir pour plus amples
renseignements le tableau ci-annexé) ;
4" Le blé blanc Hunter cVtiallett^ à grain court et rempli, à tige
haute et raide, est moins exposé à la verse que le blé de Flandre; mais
il verse plus facilement que le Ghiddam. Je l'emploie également dans
les terres qui ont beaucoup d'engrais ; il est moins sujet à s'égrainer
que le blé de Flandre ; je le fais généralement couper à la suite du blé
de Flandre.
Son rendement à l'hectare a été de 2,633 kilog. de grain, de
7,608 iiilog. de paille.
Son prix de vente a été de 28 fr. 78 les 100 kilog.
La paille est de qualité moyenne, et a été estimée à 30 fr. les
1,000 kilog.
Son prix de revient au quintal, d'après notre comptabilité, est de
1 8 fr. 36, et d'après la valeur des engrais enlevés par la récolte, de
19 fr. 29 (voir pour plus de renseignements le tableau déjà désigné).
Ce blé produit généralement autant de grains et de paille que le blé
de Flandre ; il est inférieur, cette année, parce qu'il a produit trop
vigoureusement et qu'il a versé en partie.
Le prix moyen de revient de nos ^blés de la récolte de 1882 est
relevé dans les tableaux qui vont suivre; il est de 16 fr. 12 dans
notre comptabilité, et de 17 fr. 60 d'après la valeur des engrais
enlevés par la récolte.
Néanmoins, je crois devoir faire les observations suivantes :
Si je n'avais cultivé que des blés d'Australie, mon prix de revient, au
quintal, ne serait que de 12 fr. 50, d'après notre comptabilité, et de
14 fr. 92, d'après l'autre.
Ce prix de revient serait donc bien inférieur à mon prix de revient
moyen qui est de 16 fr. 12. Cependant, le blé d'Australie me pro-
cure, à l'hectare, une somme de bénéfices de 25 fr. 07, inférieure à
celle du blé blanc Chiddam, puisque ce dernier me produit 1 ,1 65 fr. 52
à l'hectare (en comptant la valeur de la paille du blé Chiddam au
même prix que celle du blé d'Australie, bien que la première soit
bien supérieure), tandis que le premier ne me produit que 1 ,1 40 fr. 45.
Voici, d'après ma comptabilité, le détail des dépenses et des recettes :
Rende- Rendd- Rende- Rende^ Prix de Valeur Prix de Valeur
Nombres ments ment ment ment vente du vente delà Valeur Valeur Recettes
Variétés d'hec- en total en total du grain grain de la paille totale du totale de à
tares, grains en paille à en pour à paille par à grain la paille l'hectar».
à l'hect. grains l'hectare paille loo kilog. l'hect. looo kilog. l'hect.
kilog. kilog. kilog. kilog. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr.
Blé d'Australie...... 3.00 3,725 11,175 8,215 24,645 24.00 894.00 30.00 246.45 2,682.00 739.35 1,140.45
Blé blancde Flandre.. 27.42 2,855 78,284 8,110 222,376 29.50 842.22 30.00 243.30 23,093.78 6,671.28 1,085.52
blé blaiK Chiddam à
paille rouge 20.64 3,365 69,453 6,715 138,597 28.65 964.07 30.00 201.45 19,898.28 1,157.92 1,165.52
Blé blanc Hallett.... 14.04 2,633 36,973 7,608 106,733 28.78 757.78 30.00 228.24 10,642.87 3,204.48 986.02
Prix de revient Prix de revient d'après la valeur des
d'après notre comptabilité engrais enlevés par la l'écolte
y .. ,, Dépenses Valeurde la Dépenses Prix de Dépenses Valeurde la Dépenses Prix de
Variétés par liect. paille à déduire restantes revient par hect. paille à déduire restantes revient
fr fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr.
Blé d'Australie 712.18 246.45 465.73 12.50 ^ 802 34 246.45 656.89 14.92
Blé blanc de Flandre. 712.18 243.30 468.88 16.42/ 755.74 243.30 512.44 17.94
Blé blanc Chiddam- à > 16.12 > 17.60
paille rouge 712.18 201.45 510.73 15.18 1 763 78 201.45 562.33 16.71
Blé blanc Hallett ... . 712.18 228.24 483.94 18.36] 736.37 228.24 508.13 19.29
134
CULTURE DU BLÉ.
Le tableau suivant reaferme les détails des frais, dont le total ressort
à la somme de 712 fr. 18 par hectare :
Engrais
Labours et main-d'œuvre
Semence, 58 kilog. à 32 fr. les iCO kilog
Location .•■.•••
Frais généraux comprenant : traitement des employés, imposition,
assurances, entretien des bâtiments, cliemins et divers
Rente du capital d'exploitation
Total ,
Dont il convient de distraire la valeur de la paille, par exemple
pour le blé d'Australie 8,2 J 5 kilog. à 30 l'r. les 1000 kilog ,
Uestc 465 73
Les analyses chimiques des quatre variétés ont donné, pour le grain
et Ja paille, les résultats suivants :
i Blé d'Australie.
fr.
c.
215
19
138
14
18
7(1
120
25
137
29
82
55
712
18
24<'.
45
A l'hectare
Grain à l'étal humide
Grain à l'état chimiquement sec. . .
Faille à l'état humide
Paille à l'état chimiquement sec. . .
Total par hectare. . . . ,
kilog.
3,725
3,161
8.215
6,982
Azote Acid
ephosphoriqoe
Potasse
Chaux
kilog.
kilog.
kilog.
kilog.
63.22
29.40
19.28
1.90
23 04
17.45
50.97
21.64
86.26
fr.
2.50
Prix du kilogramme
Soit en argent , 215.65
46.85
fr.
1.00
Valeur des engrais 305 fr
Blé blanc de Flandre.
46.82
3:]
70.25
fr.
0.60
42.15
A Thectare
Grain à l'état humide
Grain à l'état chimiquement sec .
Paille à l'état humide
Paille à l'état chimiquement sec. . ,
Total par hectare
Azote Acide phosphorique Potasse
kilog.
2,855
2,427
8,110
6,892
kilog.
48.. 54
22.74
71.28
fr.
2.50
Prix du kilogramme. . . . • .
Soit en argent 178.20
Valeur des engrais 25'
kilog.
22.57
17.23
39.80
fr.
1.00
39.80
fr. 75
kilog.
14.80
50.31
65.11
fr.
0.60
39.07
23.54
fr.
0.03
0.70
Chaux
kilog.
1.46
21.36
22.82
fr.
0.03
A l'hectare
Blé blanc Chiddam à paille roiuje.
Grain à l'état humide
Grain à l'état chimiquement sec. .
Paille à l'état humide
Paille à l'état chimiquement sec. .
Total par hectare
kilog.
3,365
2,857
6,715
5,707
\zote Acide phospliorique Potasse
kilog. kilog. kilog.
57.14 '^6.57 17.43
18.83 14.27 41. 66
Prix du kilogramme. .
Soit en argent
Valeur dus entrais.
75.97
fr.
2.. 50
AO 84
fr.
1.00
189 92 40.84
266 fi-. 79
59.09
fr.
0.60
35.45
A l'hectare
Blé blanc Ilallett.
Azote Acide pliospliorique Potasse
Grain l'état humide
Grain l'état chimiquenjenl sec. ,
Paille à l'état humide
Paille à l'état chimiquement sec. . ,
Total par hectare
kilog.
2,633
2,238
7,608
6,466
Prix du kilogramme
Soit en argent
Valeur des ent^raif
kilog.
44,76
21.34
66.10
fr.
2.50
kilog.
21.81
16.16
36.97
fr.
1.00
165.25 36.97
239 fr. 37
kilog.
13.65
47.20
60. S5
fr.
0.60
36.51
0.68
Chaux
kilog.
1.71
17.69
19.40
fr.
0.03
0.58
Chaux
kilog.
1.34
20 04
21.38
fr.
0.03
0.64
La moyenne de la valeur des engrais par hectare pour les 65 hec-
tares 10 ares des quatre espèces de blés récoltés est de 258 fr. 85.
Florimond Desprez.
AMÉLIORATION DES BATiME>}TS RURAUX JËN BRI^.TAGNE. 135
^ DE L'AMELIORATION DES BATIMENTS RURAUX
EN BRETAGNE
Parfois, après la tombée de la nuit, quelque voyageur égaré dans
les chemins ruraux de Bretagne, ou bien un chasseur attardé, après
avoir traversé une cour où le fumier nageait dans des cloaques de
purin coulant des étables, frappait à la porte d'un bâtiment cou-
vert en chaume. Une lumière crépitante de résine brûlant dans
l'âtre du foyer, et jetant une faible lueur au dehors, à travers une
lucarne souvent sans vitres, l'avait guidé. La porte s'ouvrait, et dans
une atmosphère enfumée le voyageur gagnait l'âtre du foyer, où sou-
paient d'un maigre repas maîtres et domestiques; autour de l'appar-
tement unique, des lits clos, quelques armoires noircies, et plus loin
une cloison en planches formant séparation avec les bestiaux, chevaux,
vaches, porcs, etc. Et cette demeure était celle d'un fermier, voire
même d'un propriétaire riche, cachant peut-être quelque importante
somme au fond d'un bahut. — Lorsqu'on démonétisa les pièces de
six francs, nulle part on n'en trouva autant qu'en Bretagne, dit M. de
La vergue dans son livre de Y Economie rurale de la France.
Que de causes morbides dans un pareil état de choses pour le culti-
vateur, sa famille, et ses animaux de toutes espèces! Les étables et les
écuries étaient trop basses, souvent humides, peu ou point éclairées,
ce qui est la cause de la fluxion périodique des chevaux et des affec-
tions pulmonaires pour les vaches. — Bichat a décrit depuis long-
temps l'influence directe de l'air et du sol sur le système osseux des
animaux qui se ressentent si fortement des conditions qui concourent
à leurs moyens d'existence. Ce n'est pourtant pas le cas de retracer
ici le sombre tableau que La Bruyère s'est plu à faire des cultivateurs
de son temps, si tant est qu'il fut exact alors ; la natalité, selon l'ex-
pression du jour, reste en Bretagne plus grande que partout ailleurs,
si les dures conditions de la vie y opèrent une sélection naturelle.
Les choses se sont grandement améliorées dans l'Anjou et la
Mayenne pour les bâtiments de ferme, grâce au métayage et à l'entente
bien comprise de leurs intérêts par les propriétaires. Le progrès gagne
en Bretagne ; car dans le passé, à de rares exceptions près, et à part
quelques constructions faites par certains ordres religieux, attestant
les conditions désirables d'hygiène et de bon aménagement des ani-
maux, tout témoignait d'une absence absolue de connaissances spécia-
les dans les constructions rurales. Le défaut de communications, sur-
tout de celles du dernier degré dont on a entouré l'exécution de tant
de formalités qui la rendront à peu près impossible, maintenait des
fermes et des villages dans des situations inabordables.
S'il y a progrès, il n'y a point à se le dissimuler pourtant, la dis^
tance est encore très grande pour les habitations, entre celles de ceux
qu'on appelle en Angleterre les gentlemen farmers et les demeures des
exploitants des fermes les plus importantes de la Brie, de la Picardie
et surtout des modestes fermes de 20 hectares et au-dessus, puisque
le règlement des concours considère déjà ces étendues comme de
grandes exploitations. Dans ces conditions, et dans l'ouest surtout,
fermiers et métayers sont habitués à travailler avec les ouvriers qui
les aident, et dont ils sont en quelque sorte les chefs de file. Ces sim-
136 AMÉLIORATION DES BATIMENTS RURAUX EN BRETAGNE.
pies cultivateurs ne seraient même plus dans leur rôle, s'ils étaient
obligés de surveiller et de diriger le travail sans y mettre la main.
Ce qui surprit surtout les délégués de la Société des agriculteurs de
France en Angleterre, lors du concours international agricole, c'est la
dissemblance entre une ferme anglaise et une ferme française.
Autour d'une ferme anglaise, on ne rencontre que peu ou point de
granges ; les bâtiments destinés aux bestiaux ne portent point de
greniers dans leur partie supérieure, et donnent en général dans une
cour ; l'écurie seule est fermée.
En dehors des bâtiments d'exploitation règne une longue ceinture
de meules soit de foin, soit de blé, soit d'avoine. Ces meules ont été
faites à l'abri de tentes vertes, hissées sur des poteaux lors de la
moisson. Lorsque le battage a eu lieu, et si la paille est consommée,
des supports en permanence attendent les meules futures.
A côté de ces cours, et communiquant avec elles par une issue sou-
vent dérobée, adossés parfois à un bouquet de bois, l'habitation du
fermier, quelquefois grande, mais le plus souvent unissant la modes-
tie àja propreté et à l'élégance. Autour de cette maison encadrée de
verdure, un jardin orné de fleurs charmantes, presque toujours muni
d'une serre, un tapis de verdure, souvent rasé par la tondeuse, des
allées sablées et fermées par une barrière gracieuse que le fermier,
revenant à cheval de visiter ses prairies et ses champs, franchit sou-
vent avec la même aisance qu'un cavalier rentrant de la chasse au
renard. Et ce spectacle, qui pour des yeux habitués à nos fermes fran-
çaises, pourrait sembler un tableau de fantaisie, se répète à peu près
partout en Angleterre, ajoute M. Marc de Haut; ce que nous pouvons
confirmer nous-même.
Une différence si tranchée repose sur une différence de climat et
de culture. La base de la culture anglaise est le bétail; environ trois
quarts des terres sont consacrées à sa nourriture, et la culture a pour
point de départ le pâturage.
Mais en peut-il être ainsi dans l'ouest de la France, la Bretagne
notamment, oii la stabulation, pour les animaux, paraît devoir rester
toujours une nécessité du climat ! On a parfois tenté l'élevage en plein
air, à Grignon même, du temps de M. Bella fils ; mais les variations
incessantes de la température d'un climat où, sans transition, des vents
froids et secs succèdent à une atmosphère chaude et humide, ruinè-
rent la constitution des animaux et ramenèrent au régime de la sta-
bulation. La solidarité du bétail et des récoltes de toute sorte devient
pourtant de jour en jour plus évidente, ainsi que la nécessité des cul-
tures intensives sur les sols mieux labourés et mieux fumés. D'ailleurs
la culture des céréales reste encore en France la base de l'exploita-
tion du sol, et on peut compter que les trois quarts au moins de son
étendue restent consacrés à la production de diverses céréales et à des
cultures sarclées, dans le but d'entretenir les animaux à l'étable, et
que le dernier quart peut être attribué aux prairies permanentes dont
l'entrée n'est permise aux animaux qu'après la récolte du foin et pen-
dant un temps où ils ne sont envoyés aux champs que pour remédier
aux inconvénients incontestables de la stabulation.
Dans ces conditions, une ferme moyenne doit comprendre la réunion
suivante : habitation pour l'exploitant, fermier ou métayer; logement
pour les animaux de travail et de vente, abri pour les récoltes et pour
AMÉLIORATION t)ES BATIMENTS RURAUX EN BRETAGNE. 137
les instruments et, selon nous, une exploitation de 25 à 30 hectares en
Bretagne, notamment, comporte déjà, comme une plus étendue, ces
quatre sortes de besoins.
Disons d'abord que l'élevage des animaux de l'espèce bovine et la
fabrication du beurre se rencontrent parfois avec un certain succès
dans diverses exploitations. Mais, en général, une vacherie bien
choisie, dirigée dans le sens de la production du beurre avec annexe
d'une porcherie, est ce qui donne, dans certains départements de la
Normandie et de la Bretagne, le profit le plus certain, tout en permet-
tant d'entretenir un bétail assez nombreux pour produire les engrais
de restitution, c'est-à-dire, suivant la théorie, les engrais nécessaires
au remplacement dans le sol des principes épuisés par les récoltes, et
ajoutons que la fabrication du beurre seul est moins épuisante que
celle du fromage.
Les bâtiments nécessaires pour une exploitation de 25 hectares,
comportent dans l'ouest et en Bretagne notamment :
1° Habitation pour le fermier et sa famille, avec cellier et laiterie
d'un côté; boulangerie et fourneau pour lessive et préparation des
aliments pour les porcs de l'autre;
T Logement des animaux de travail, c'est-à-dire écurie pour le
nombre de chevaux ou de bœufs même, proportionné aux besoins de
la ferme, avec grange et greniers suffisants pour loger la plus grande
partie des céréales, froment et orge, et une machine à battre
3° Une vacherie ;
4° Une porcherie.
{La suite prochainement). A. de la Morvonnais.
LA RÉCOLTE DES FOURRAGES PAR LES TEMPS HUMIDES
Le Journal de V ag riculiure a publié dans ses numéros des 20 et
27 mai et 3 juin dernier (tome II de 1882, pages 299, 340 et 377), la
description détaillée du système inventé et préconisé en Angleterre par
M. Neilson, pour la dessiccation des fourrages et des céréales mis en
meules par les temps humides. Cette méthode a trouvé de nombreux
partisans, et plusieurs agriculteurs français ont pensé qu'il y aurait
utilité à en faire usage pour préserver leurs fourrages contre l'action de
l'humidité.
Sans revenir sur la description qui a été faite ici, nous rappellerons
seulement que M. Neilson conseille de mettre en meules le fourrage
à demi-fané. Après la coupe, on dissémine les andains sur le sol,
sans trop secouer le fourrage. Aussitôt que celui-ci est suffisamment
flétri, il faut râteler en lignes, puis mettre en gros menions où le foin,
garanti contre la pluie, continue à se faner sans perdre sa couleur.
On le transporte alors à la meule où le fanage se termine d'une façon
bien plus sûre que si l'on veut emmeuler trop tôt, et l'on doit ventiler
beaucoup moins longtemps.
En construisant la meule, on ménage au centre un espace vide. Pour
cela, on se sert d'un sac bourré de paille qu'on soulève à mesure que
la meule croît en hauteur, ou bien encore, on dispose quatre perches
reliées par quelques lattes en bois et qui, restant à demeure dans la
meule, donnent toute garantie que le vide ne s'obstruera pas par le
tassement du fourrage. Cette sorte de cheminée ou chambre à air, qui
138 LA RÉCOLTE DES FOURRAGES PAR LES TEMPS HUMIDES.
a 60 centimères environ de largeur, communique avec un ventilateur
ou plutôt aspirateur par un conduit formé au moyen de quatre plan-
ches clouées. Deux tubes, placés à des hauteurs différentes et s'arrê-
tant à quelque distance de la chambre à air, sont destinés à recevoir
chacun un thermomètre, au moyen duquel on s'assure de temps à
autre de la température de la meule. Ce thermomètre est fixé à une
longue perche qui permet de le pousser jusqu'au bout du tube. L'orifice
extérieur de ce tube doit pouvoir être fermé au moyen d'une planchette,
car autrement l'air pénétrerait par ce trou, plutôt que de traverser
le fourrage. L'aspirateur présente des dispositions variables, suivant
les constructeurs; le plus souvent, il est construit sur le modèle des
ventilateurs de tarares, à cela près qu'il n'y a qu'une seule ouverture
Fig. 12. — Dessiccation des meules par le système Neilson.
centrale pour l'aspiration, et que cette ouverture, au lieu d'être ouverte
à l'air libre, est raccordée avec un tuyau d'aspiration. Le ventilateur
est mis en mouvement, soit par une machine à vapeur, un moteur
hydraulique ou un manège, soit à bras d'hommes, et la plus grande
vitesse nécessaire est obtenue au moyen de poulies ou d'engrenages.
Dans la fig. 12, nous avons fait réunir un ensemble des méthodes
employées pour l'application du système Neilson. On voit des aspira-
teurs mus par un seul ouvrier, par deux ouvriers, par un manège à
cheval, enfin par une machine à vapeur. Sur la gauche du dessin, on
voit une installation fixe d'une machine à vapeur et d'un grand aspira-
teur, lequel agit, à l'aide d'un tuyau unique, sur toute une rangée
de meules.
Au concours ouvert par la Société royale d'Angleterre, à Reading,
en juillet 1882, des essais spéciaux ont été faits sur la méthode la
plus efficace et la plus économique de sécher artificiellement les récol-
LA RÉCOLTE DES FOURRAGES PAR LES (TEMPS HUMIDES. 139
tes de céréales ou de fourrages, soit avant, soit après la mise en
meules. Six constructeurs d'appareils établis d'après le système Neil-
son se sont présentés à ces essais, et concurremment on a pu exami-
ner le système Gibbs. Les essais ont été faits dans des conditions
extraordinairement défavorables ; la pluie n'a pas cessé depuis le
jour de la coupe des fourrages jusqu'à celui de la mise en meules.
Dans ces conditions, les appareils présentés n'ont pas donné de résul-
tats complètement satisfaisants, quoiqu'ils aient fonctionné pendant
longtemps. Le dernier volume du Journal de la Sociélé royale d'agri-
culture d'Angleterre renferme, sur les expériences, des détails com-
plets ; nous ne pouvons les reproduire ici. INous devons dire seulement
que le jury a décidé qu'il n'y avait pas lieu de décerner le prix proposé.
Henry Sagnier.
SUR LA SÉLECTION. - IV
41 . Longueur des membres. Il s'agit, comme on peut facilement le
comprendre, de la partie inférieure qui est en dehors du tronc. Cette
partie est en proportion avec la longueur de la tête et du cou. Les
membres trop longs se fatiguent, et les animaux ne se nourrissent pas
bien.
Il n'y a pas de règle physiologique précise quant à la longueur des
membres. Cependant l'articulation du bras avec l'avant-bras devrait se
trouver à peu près à mi-hauteur entre le garrot et la terre.
42. V avant-bras doit être bien musclé. Un avant-bras grêle est un
signe d'affaiblissement.
43. Le genou doit être sec et flexible; un genou trop volumineux,
raide et difforme, plus gros dans une partie que dans l'autre, à peau
calleuse, est une indication de mauvaise circulation, même quand cela
paraît accidentel et qu'on l'attribue au terrain de l'écurie.
44. Le canon ne doit pas être trop épais ni trop long. Les os grossiers,
massifs, ne sont pas un signe de force; ils sont plutôt spongieux, for-
més de gélatine et non de calcaire.
45. Le paturon et le boulet, massifs et empâtés, indiquent aussi un
tempérament trop lym]>hatique avec une circulation paresseuse.
46. La jambe commence au grasset et se dirige en arrière vers le
jarret. Cette partie doit, comme l'avant-bras, conserver une bonne
musculature; une jambe amaigrie ne signifie pas, pour nous, absence
de force pour le travail, mais que l'animal ne se nourrit pas assez, que
la lactation attire la nourriture destinée aux autres parties.
47. Jarret. C'est l'articulation qui correspond au talon de l'homme :
il doit être large et sec, c'est un signe de force. Le jarret est quelque-
fois trop droit, trop peu coudé chez les taureaux qui ont été employés
d'une manière prématurée, et qui se sont fatigués.
Lorsque le train de derrière est plus haut que celui de devant, les
vaches ont en général les jarrets très coudés, et ce défaut qui, par lui-
même, n'a pas l'air d'être important, indique pourtant une construction
vicieuse du membre entier.
48. Sabots. La coloration de la corne est en rapport avec la couleur
de la peau. En général, une corne foncée est plus dure qu'une corne
claire.
Mais il faut surtout avoir égard à l'égalité des onglons qui donnent
140 SUR LA SÉLECTION.
un bon appui, à la hauteur des talons, et à la pince qui ne doit pas
être trop longue.
Pour un reproducteur, la symétrie des onglons est surtout à recher-
cher, parce que les bœufs mal chaussés marchent mal et se fatiguent
plus facilement.
49. Aplombs antérieurs. On appelle aplombs la bonne direction des
membres. Quand on se met en face de l'animal, si l'on tire fictive-
ment une verticale depuis le milieu de l'avant-bras, cette verticale doit
partager le genou, le boulet et le pied en parties égales. Si le genou,
ou le pied, s'écarte de cette ligne, cela indique des genoux cambrés,
des pieds cagneux ou des pieds panards, et c'est une défectuosité qui
est fréquemment héréditaire. Si l'on se met au côté de l'animal et
qu'on tire une ligne depuis le milieu de l'articulation du coude, cette
verticale doit tomber un peu en arrière du sabot, en partageant le genou
en deux portions à peu près égales; une déviation du membre indique
un état de souffrance.
50. Aplombs postérieurs. Si l'on se place en arrière de l'animal et
qu'on abaisse une verticale depuis la pointe de fesse, elle doit descendre
sur la pointe du jarret et suivre le tendon jusqu'au bas du canon. Cette
ligne d'aplomb fait voir aussitôt si les jarrets sont en dehors (jarrets
ouverts) ou trop serrés (jarrets clos) ou bien si le jarret est trop droit
ou trop coudé.
51 . Pis étendu. La mamelle étant l'une des parties les plus impor-
tantes, il ne faut pas s'étonner si nous indiquons une étude minutieuse
de cet organe.
Le pis doit être étendu en avant, sous le ventre. Quand une génisse
n'a pas encore de lait, on doit s'assurer que la mamelle est étendue.
52. Fis régulier. Les quatre quartiers doivent être souples et égale-
ment espacés. Bien que certaines mamelles irrégulières soient bonnes
pour le lait, il ne faut pourtant pas s'y tromper pour ce qui concerne
les reproducteurs, parce que la forme défectueuse peut se transmettre.
Les testicules^ chez le taureau, ne doivent pas être trop pendants, ils
doivent être réguliers, quoique ordinairement l'un des deux soit plus
descendu que l'autre. Quelques taureaux ont des tumeurs plus ou
moins molles, soit sur le cordon, soit dans la partie inférieure (hy-
drocèles, etc.).
53. Trayons, au nombre de quatre, parfois de six; ce dernier chiffre
est un indice de perfectionnement. Les trayons doivent être assez
longs pour permettre l'action de la main de l'homme pour lamulsion.
La souplesse du trayon et l'intégrité de la peau sont nécessaires ;
des nodosités le long du canal et des verrues sont un mauvais symp-
tôme. Les verrues peuvent être héréditaires.
Le fourreau ne doit pas être trop pendant. Il en résulte pendant les
chaleurs et les gros travaux une irritation maladive et même des ulcé-
rations, et ce défaut est loin d'être superficiel. Un fourreau pendant
indique en outre de l'atonie dans les tissus en général.
54. Poils duveteux du pis. Ils se trouvent sur une peau souple et ce
caractère se lie avec un lait riche. Les poils longs, secs et rares, indi-
quent une lactation peu substantielle.
55. Le son est cette poussière fine qui s'attache aux doigts quand
on frotte la mamelle et le périnée (le cra); c'est l'indication d'un lait
crémeux.
SUR LA SÉLECTION. 141
56. La teinte indienne, expression adoptée par Guenon pour désigner
une coloration rousse légèrement orangée qui se voit soit à la mamelle,
soit à la partie intérieure des oreilles, autour des yeux, à la vulve, et
qui indique un lait de bonne qualité. La lettre (T) indique que cette
qualité doit se rechercher aussi chez le taureau.
Certains propriétaires qui vendent leur lait ne s'inquiètent guère de
la qualité; mais quand il s'agit de l'amélioration de la race, on ne
peut guère songer à pousser l'amélioration dans le sens de la produc-
tion d'un lait aqueux.
57. Ecusson régulier. Il y a cinquante ans environ qu'un marchand
de bestiaux du midi de la France, Guéjion, a reconnu la possibilité
d'apprécier la lactation d'après la forme de ïécusson, c'est-à-dire
d'après la figure que produit, sur la peau de la mamelle et du périnée,
le poil qui va en remontant au lieu de se diriger vers le bas. Cet
écusson peut être irrégulier de deux façons : 1° Si la figure est plus
étendue d'un côté que de l'autre ; c'est ce qui a lieu quand un côté de
la mamelle est plus développé que l'autre.
2° Quand l'écusson est interrompu, une partie se trouvant à la
mamelle et l'autre près de la vulve, et ces deux parties ayant entre
elles du poil dirigé vers le bas. Cette interruption indique une lac-
tation de durée courte, une vache qui se met à goutte d'autant plus
hâtivement que l'écusson de la vulve ou épi se trouve plus étendu.
Quand il y sur la mamelle elle-même des épis, avec le poil descen-
dant au milieu du poil remontant. Guenon les indique comme étant
la marque des meilleures laitières.
58. Ecusson étendu. Guenon avait divisé les vaches en un grand
nombre de catégories, d'après la forme de l'écusson, attribuant à
chaque forme une certaine quantité de lait. C'est très compliqué, sans
une exactitude bien sérieuse. Mais il n'est pas moins vrai que si
l'écusson mammaire est étendu, soit en haut vers la vulve, soit sur
les fesses, on peut s'attendre à une abondante lactation.
Nous avons indiqué l'écusson comme pouvant se rencontrer chez le
taureau ; c'est ce qui se voit dans les mâles des races très laitières, et
quoique l'écusson du taureau soit loin d'être aussi grand que chez les
femelles, c'est une marque héréditaire qu'il ne faut pas dédaigner.
59. Veines du lait. On appelle ainsi des veines qui partent de la
mamelle et vont en serpentant jusqu'à une ouverture au bas du thorax,
appelée porte du lait. Quelquefois ces veines sont doubles de chaque
côté, ainsi que l'ouverture du thorax. Plus les veines et leurs ouver-
tures sont grandes, plus on peut s'attendre à une forte lactation. Ces
veines n'apportent pas le sang à la mamelle ; mais plus il sort de sang
du pis par les veines, plus il en est entré par les artères.
60. Périnée, entrefesses, etc. Cette partie doit être garnie. Les vaches
fendues ne sont guère laitières. Sur les fortes laitières on voit au
périnée des vaisseaux sanguins qui serpentent sous la peau.
Il importe d'examiner si la vulve s'enfonce horizontalement sous la
queue, comme cela se rencontre chez les vaches épuisées : ce défaut
gêne la saillie. Le renversement du vagin (vaches qui montrent) ne peut
pas toujours se reconnaître; mais quand il est constaté, il vaut mieux
éviter d'utiliser les vaches comme reproductrices.
L'appréciation de chaque partie étant faite, on additionnera, à part,
chaque groupe de dix chiffres dans la colonne de droite, et l'addition
142 SUR LA SÉLECTION
générale en sera simplifiée. En même temps on pourra se rendre
compte de la région qui sera en souffrance.
Les autres rubriques demandent aussi quelques explications parti-
culières. Il sera facile, exactement ou approximativement, d'indiquer
le nombre de litres fourni par une vache, quelle que soit Tépoque de
l'examen du corps de l'animal. On devra, pour ce qui concerne le lait,
adopter une époque invariable d'appréciation de la quantité de lait.
La durée de la lactation devra se rapporter à l'année adoptée. Je
suppose qu'un propriétaire adopte le 25 mars, ou le 11 novembre, ou
le l*"" janvier, peu importe : si depuis un terme à l'autre la vache n'a
pas du tout été à goutte, il indiquera 365 jours ou 52 semaines ; si la
vache a été tarie douze semaines, par exemple, il indiquera une durée
de lactation de 40 semaines. Au point de vue de la sélection, ceci a
beaucoup d'importance, afin qu'on puisse constater, en faveur des
élèves, quelle a été la qualité laitière des mères.
Le poids et la taille ont moins d'importance, mais il vaut la peine
de constater si l'on est en progès. Le poids des animaux dans une
ferme doit servir à déterminer les rations. Il est aussi très intéressant
de savoir quel est le poids total des animaux d'une ferme ; c'est plus
utile que de savoir leur nombre : six vaches maigres ne valent pas
cinq grasses. — La mesure de sangle est nécessaire à constater ; elle
peut varier sur un même animal, et s'il y a rétrécissement de la poi-
trine, c'est l'indication d'une dégénérescence.
La longueur prise depuis la pointe de lépaule à la pointe de fesse
peut aussi servir de terme de comparaison pour constater si les ani-
maux croissent ou décroissent comme race. On a proposé de calculer
le poids des bœufs ou vaches d'après les mesures de longueur et de
sangle, et l'on a établi des tables et des formules pour trouver ce poids.
Mais il faut se souvenir que ces chitïres ne sont réels que si les ani-
maux sont bien conformés. On peut toutefois essayer de calculer d'a-
près la formule suivante : 88 L ^ ; c'est-à-dire multiplier le tour de
sangle par lui-même. Je suppose qu'il ait 1 .80 : élevé au carré, il vous
donne 3.24, que vous multipliez par la longueur du corps, soit, par
exemple, 1.50; le produit est 4,86 que vous multipliez à son tour
par 88, et vous obtenez 427 qui est approximativement, en kilog., le
poids de votre bête si elle est bien conformée. C'est la formule du
colonel Lagrange.
La date de la saillie sera inscrite, et si la vache demande à être con-
duite plusieurs fois, on inscrira au bas de la page les saillies supplé-
mentaires dans l'année, ce qui est bon à noter. On indiquera le nom
du taureau^ ou son numéro s'il est à la ferme. — Pour les taureaux,
il faut indiquer aussi le nombre des saillies.
La date de la mise bas nous permet de calculer la durée de la gesta-
tion, et ce dernier chiffre est utile parce que l'on prétend (il faudrait
le vérifier) que plus une race s'améliore, plus elle devient précoce,
même au sein de la mère.
Le poids des veaux peu après la naissance, puis 1 5 jours après, nous
permettra de constater ce qu'il en est d'un animal. Il y en a qui nais-
sent gros, mangent beaucoup et ne profitent pas. D'autres au contraire
naissent petits, mais mangent bien et prospèrent bien; c'est la bonne
espèce à conserver, et ceci est encore une expérience à faire, mais on
ne pourra la faire sérieusement qu'avec des chiffres. S. Bieler.
SUR L EPUISEMENT DES BETTERAVES EN SUCRE. 143
SUR L'EPUISEMENT DES BETTERAVES EN SUCRE. - Il
Deuxième cas. — Qualité du jus. Prix de revient du sucre extrait de
la betterave épuisée complètement.
A. Qualité du jus. — Les auteurs sont très partagés sur la question d
savoir à quel point on doit pousser l'épuisement au point de vue de
l'économie du sucre extractible. Les uns (voir le travail de M. Durin,
présenté au Comité central le 30 janvier 1879) trouvent que le jus est
d'autant plus pur tanl au point de vue général qu'au point de vue salin,
qu'on épuise davantage la betterave; ils arrivent même à conclure que
la pulpe a la propriété d'absorber et de retenir les sels, et tandis qu'on
ne pourrait l'épuiser entièrement des sels, on pourrait extraire par
lavage tout le sucre qui y est contenu. M. Durin confirme ces con-
clusions dans ses recherches en s'appuyant su les expériences de
M. Champonnois qui furent présentées en mai 1868 à la Société d'en-
couragement et qui consistaient à épurer les mélasses épuisées et à les
rendre cristalli sables en les faisant rentrer dans le pressoir immédia-
tement après l'action de la râpe, la pulpe absorbant les sels de la
mélasse.
Les autres sont d'un avis contraire, et le même bulletin du Comité
central que je viens de citer contient un travail de M. Barbet qui con-
clut que la qualité des jus décroît à mesure qu'avance l'épuisement.
Oii est la vérité ?
L'ensemble, de nos expériences tend à démontrer que la qualité des
jus va en diminuant si l'on accepte les chiffres tels qu'ils sont obtenus
au laboratoire sans aucunes corrections. Voici des résultats représen-
tant la marche ordinairement constatée des variations de qualité des jus.
La betterave contenant du jus à 0.754 de pureté et à 11.05 de
coefficient salin donne par diffusion, du jus pris dans le diffuseur
n* 1 et allant à la carbonatation à un degré de pureté de 0.760 et un
coefficient salin de 10.20, soit donc du jus plus salin que le jus de la
betterave mais moins chargé de matières et dérivés organiques.
Les variations du degré de pureté et du coefficient salin sont pour
les autres diffuseurs :
Diffuseur n°
' 2
0.750
de pureté, etc.
10.60
de coefficient salin,
—
3
0.743
—
10.40
—
—
4
0.738
—
10.20
—
—
5
0.705
—
8.00
—
—
6
0.690
—
5.10
—
-_
7
0.640
—
4.00
—
,_
8
0.560
—
3.00
—
J'ai eu deux fois occasion de rencontrer des chiffres anormaux et
contradictoires, et pour ne citer qu'un exemple, je prendrai le cas spé-
cial, que j'ai eu à étudier en 1880, chez MM. Fontaine, André, Bazin,
à Fismes. Tandis que dans leur autres usines, notamment celles de Fau-
coury et de Missy, on constatait une augmentation de pureté dans le
jus de diffusion et un abaissement de coefficient salin par rapport
au jus de pression, on trouvait à Fismes des résultats inverses et
dont voici la moyenne :
Dans la betterave 0-752 de pureté 9.16 de coefficient salin.
Dans le jus pris au bac | a 71g _ 9 gj _
mesureur (
Dans le diffuseur n»' 1 0.718 — 10.05 —
— — 2 0.700 — 9.43 —
- — 3 0.718 — 7.82 —
144 SUR L'ÉPUISEMENT DES BETTERAVES EN SUCRE.
Il ne m'a pas été possible de trouver l'explication de ces phéno-
mènes que je n'ai pas rencontrés depuis 1880.
Faut-il attribuer ces résultats à l'excessive mauvaise qualité de la
betterave qui se serait altérée dans le diffuseur? je ne sais; c'est une
anomalie que nous écarterons, si vous le voulez bien, et nous pren-
drons comme conclusion, que les jus de diffusion ont un degré de
pureté bien plus élevé que celui du jus et un coefficient salin plus bas.
D'oii vient cet excès de sels, c'est-à-dire à quoi faut-il attribuer
l'abaissement du coefficient salin des jus de diffusion?
On a parlé d'altération : le sucre se détruisant, les sels restant intacts,
les rapports changent et le coefficient s'abaisse; je n'ai jamais pu con-
stater l'exactitude de cette assertion etje pense qu'il convient bien plutôt
de s'en prendre à la qualité de l'eau qui, telle qu'elle nous est fournie
par la nature, contient toujours des sels. En effet prenons comme base
de calcul la proportion moyennne de 500 grammes de sels par mètre
cube, ce n'est pas exagéré, certaines eaux en contiennent 0\800.
La diffusion demande 1 25 p. 1 00 d'eau ' qui est mise en contact im-
médiat avec le jus, on aura par 100 kilog. de betteraves contenant par
exemple 10 kilog. de sucre et 0''.900 de sels, c'est-à-dire un coefficient
salin de 11 .1 1 , un apport de 0.01 2.5 de sels dus à l'eau, soit un coef-
ficient salin de 10.39, pour les jus de diffusion contenant les sels de
l'eau. La majeure partie de ces sels est constituée par de la chaux com-
binée à l'acide carbonique et c'est à la présence de celte base défé-
quante surtout à une haute température quil faut attribuer en partie
l'élévation qu'on constate dans les degrés de pureté du jus fort de dif-
fusion par rapport au jus obtenu par râpage et pression sans addition
d'eau.
La nature de l'eau joue un grand rôle, et c'est parce qu'on a omis
jusqu'à ce jour d'en tenir compte, qu'on constate tant de divergence
dans les opinions des auteurs.
La présence des sels contenus dans l'eau explique aussi l'abaisse-
ment si considérable du coefficient salin et même du degré de pureté
qu'on constate dans les diffuseurs de queue où l'épuisement est plus
grand.
En bonne marche et pour le cas d'une batterie de 12 diffuseurs
dont 11 sont en travail, on constate en moyenne que dans le diffuseur
n° 9, le jus pèse 0.2 et ne contient pas de sucre, et 0.080 de sel par
hectolitre, c'est-à-dire qu'il est au coefficient salin de 4, mais si on
déduit la quantité de sels afférents à l'eau employée pour le travail,
soit 0''.50 par hectolitre, on voit de suite que le coefficient salin est
relevé à 10, c'est-à-dire est sensiblement égal au coefficient du jus de
tête. L'augmentation saline serait donc nulle avec de l'eau distillée, et
c'est pour cela que j'ai toujours recommandé d'utiliser l'excédent des
eaux de retour à la diffusion.
Dans ces basses densités, la nature de l'eau influence d'une façon
appréciable les saccharimètres, instrument très sensible, et diminuent
ainsi le coefficient de pureté.
1. Le travail pour diffusion exige au total environ 24.5 litres d'eau par 100 kilog. de betteraves,
mais 92 litres se substituent au jus dans les cellules; 33 servent à diluer le jus qu'on retire à une
densité inférieure à celle du jus pur contenu primitivement dans les cellules; 125 litres d'eau inti-
mement mélangés au jus qui apportent leur contingent de sels; 120 litres d'eau dans le diffuseur
qui sont expulsés avec la cossette épuisée et les lavages : les sels contenus dans cette proportion
d'eau ne sont pas mélangés au jus puisqu'elle n'est pas mise en contact avec le jus et qu'elle ne sert
qu'à chasser le jus d'un diffuseur à l'autre par voie de déplacement.
SUR L'ÉPUISEMENT DES BETIERAVES EN SUCRE. R5
On constate les mêmes phénomènes en travail par presses continues
quand on étudie les petit jus.
En résumé, on peut épuiser à fond, au point de vue de l'extraction
du sucre industriel, le dernier jus à la composition du premier jus ex-
trait; étant entendu que cet épuisement extrême sera obtenu rapide-
ment, sans altération par suite de lenteurs de macération, comme
cela peut se produire dans certains cas vicieux, étant entendu aussi
qu'on se servira d'eau pure et notamment de l'eau distillée provenant
des retours qu'on a en abondance en sucrerie, comme j'essaierai de
le démontrer ailleurs.
Mais s'il n'y a pas d'inconvénient, au point de vue de la qualité des
jus, à pousser l'épuisement à fond, y a-t-il économie; c'est-à-dire les
frais nécessités par l'augmentation de matériel pour retirer les derniè-
res particules de sucre, seront-ils couverts par l'excédent de la pro-
duction du sucre ?
C'est ce qui me reste à examiner pour terminer.
B. Prioff de revient du sucre. — Le prix de revient variera, suivant
chaque cas, en raison des frais de main-d'œuvre d'extraction et de
dépense nécessaire pour monter les appareils d'épuisement.
Pour limiter la question, je n'étudierai que les deux cas les plus ré-
pandus actuellement, savoir : épuisement par presses continues ;
épuisement par diffusion; et je supposerai dans les deux cas qu'on
fasse du jus à une densité uniforme de 4"; les petits jus, en nombre
plus ou moins considérables, rentrant dans le travail et s'enrichissant
successivement jusqu'à ce degré de 104. Nous n'avons donc pas à
nous préoccuper, comme on pourrait le supposer, de l'affaiblissement
du jus que produirait un épuisement complet.
De même en diffusion on fait le jus à la densité qu'on veut.
En travaillant 200,000 kilog. de betteraves à 10 pour 100 de sucre
par jour avec des presses continues, il faut en première pression un
matériel neuf composé de :
francs.
5 presses coûtant 25,000 \
1 pompe et tamiseur de pression 4 , 600 /
1 tamiseur 900 > 33,800 fr.
1 cloche à air régulatrice de pression 900 \
Vis sans fin, tuyauterie, pose, etc 2,500 ) -
On retire en jus 84 pour 100 de sucre de la betterave et on perd
16 pour 100.
En seconde pression il faut :
4 presses 20 ,000 1
Pompe, tamiseur, clociie, vis et le monlage comme [ 28,800 fr.
ci-dessus , 8 ,800 )
On retire 91 pour 100 de sucre de la betterave et on ne perd plus
que 9 pour 100.
En troisième pression il faut faire une dépense égale à celle de la
deuxième, soit 28,800 francs, et on retire 95 pour 100 de sucre de la
betterave, ce qui réduit la perte à 5 pour 100.
La question de savoir s'il y a avantage à travailler avec deux pres-
sions, a été jugée il y longtemps et pour de la betterave contenant
10 pour 100 de sucre, il n'y a de doute pour personne à l'heure
actuelle, du moins je le pense et les calculs suivants le prouveront.
Nous n'avons donc à examiner que l'utilité de la troisième pression;
ce qui ressemble au cas de la deuxième pression avec des betteraves
146 SUR L'ÉfUrSEMENT DES BETTERA.VES EN SUCRE.
pauvres, c'est-à-dire l'utilité d'une repression quand la pulpe est arri-
vée à ne retenir que 0''.900 de sucre par 1 00 kilog. de betteraves tra-
vaillées.
Une différence d'extraction de 0'.400 de sucre en jus ramené à
104 degrés donne environ 5 litres de jus par 100 kilog. de betteraves
travaillées ou pour 20 millions de kilog. 10,000 hectolitres de jus
par an qui pourront rendre
fr&ncs
10,000 X. 5". 2 = 52,000 kilog. de sucre à 60 fr. 31 ,200
10,000 X 3^7 = 37,000 kilog. de mélasse à 32 fr. 4,440
35,640
D'où il faut déduire 0 fr. 642 par hectol. pour frais de main-d'œuvre,
d'extraction, de travail du jus, chaux, coke, charbon, huile, turbi-
nage, etc., soit : 34,640 —6,420 = 29,220 francs.
Or la dépense supplémentaire a été de 28,800 fr. soit en chiffre rond
pour intérêts amortissement et entretien 3,000 fr. par an, d'où il résulte
qu'une troisième pression donne un gain de 26,220 francs soit 1 fr. 311
par 1,000 kilog. de betteraves.
Dans le cas du travail par diffusion la dépense de matériel est moins
considérable et pour arriver à un épuisement de 0.5 par 100 kilog.
de betteraves au lieu de 0.9, il faut compter l'adjonction de 3 diffu-
seurs, 3 calorisateurs avec armatures et planchers soit un intérêt,
amortissement et entretien d'environ 800 francs par an, ce qui laisse
un bénéfice de 20,420 francs.
L'épuisement n'est donc limité ni par le prix de revient ni par
défaut de qualité du jus ou de la pulpe et il est à désirer que toutes
les usines se montent en vue d'épuiser fortement.
Une troisième pression rectifiera ce qu'il pourra y avoir de défec-
tueux dans la première ou la deuxième, et comme on opérera dans ce
cas sur des pulpes plus chargées de sucre que celles que nous avons
pris comme type, elle sera encore avantageuse.
La troisième pression assure donc Tépuisement et donne la sécurité
à l'industriel et à ce point de vue aussi elle doit être conseillée.
A. Vivien.
MOYENS PRATIQUES
d'améliorer la situation de l'agriculture française. — LES BLÉS
QUI DONNENT LES MEILLEURS RÉSULTATS.
Notre agriculture se trouve aujourd'hui en présence de difïïcultés si
grandes qu'elle ne saurait plus s'endormir.
Il faut donc qu'une voie nouvelle lui soit ouverte; mais une question
que je pensais traiter plus tard et que des circonstances fâcheuses for-
cent à examiner dès ce moment, c'est, avant aucune autre, celle de
la culture du blé.
De tous côtés elle est à l'ordre du jour, et il me semble utile de
résumer ici, en quelques lignes, les nombreuses observations déjà
relatées dans l'ouvrage que j'ai fuit paraître, en 18T5, après avoir
expérimenté, pendant vingt ans en grande culture, près de deux
cents variétés de froments sur des surfaces qui, réunies, formaient
alors un millier d'hectares.
Il ne faut pas s'imaginer que des essais timides faits sur quelques
mètres carrés, puissent donner la solution des problèmes qui inquiè-
tent les populations rurales.
MOYENS PRATIQUES D'AMÉLIORER LA SITUATION DE L'AGRICULTURE. 147
L'air et l'espace sont nécessaires pour démontrer une vérité agri-
cole, et il m'est arrivé d'obtenir, pondant six ou sept années consécu-
tives, des résultat î avantageux de l'emploi d'une méthode particulière
pour arriver ensuite à des mécomptes inattendus.
Ainsi, les^blés anglais blancs et rouges, après m'avoir donné d'ex-
cellentes récoltes, de 1850 à 1857, ont été, chez moi, détruits par la
gelée de deux années l'une en moyenne depuis cette époque.
La Richelle de Naples, semée au printemps, magnilique pendant
deux ou trois ans, a quelquefois dégénéré au point de ne plus fournir
d'épis; et c'est au milieu d'un dédale, pour ainsi dire inextricable,
qu'il faut trouver la route certaine auprès de laquelle la fatalité semble
avoir jeté à pleines mains des causes de découragements incessantes.
Aussi ne cesserai-je de le répéter : la science agricole est la science
complexe avant toutes, la science grande et diflicile qui honore les
hommes de volonté forte, lorsque, sans se lasser jamais, ils parcou-
rent avec persévérance leur pénible carrière.
J'espère voir triompher un jour cette vérité. J'espère que les nations
reconnaissantes envers ceux qui s'astreignent à de si rudes labeurs
pour leur fournir la nourriture et les matières premières, finiront par
se tourner avec sollicitude comme avec respect vers les populations
des campagnes restées fidèles à l'accomplissement d'une noble et gé-
néreuse mission.
Mais pour se faire respecter, il faut être fort, et les hommages dus
à l'agriculture ne lui seront rendus sans conteste que le jour où elle
pourra mettre son épée dans la balance, une épée d'or, afin qu'elle
ait le poids exigé par le public avant qu'il salue et s'incline.
La question des blés est l'une de celles où un grand pas doit être
fait en avant, et je vais indiquer la solution que m'a donnée l'expérience,
parce qu'elle répond aux exigences de la situation présente.
La méthode à laquelle je me suis arrêté depuis 1870 est sûre; déjà
essayée précédemment avec prudence, elle ne m'a jamais fait subir
depuis lors aucun mécompte.
Parmi les nombreuses variétés que j'ai confiées à la terre, cinq ou
six m'ont seules donné en Lorraine des résultats satisfaisants, à la
condition expresse de les mettre dans les situations qu'elles exigeaient
pour réussir.
Encore a-t-il fallu étudier avant tout les aptitudes propres à la
plante-mère, en même temps que celles qui appartiennent à chaque
variété, pour ne pas commettre d'erreur.
Les blés sont dits d'automne quand ils sont tardifs, exigeant une
somme de chaleur considérable, soit environ 2,000 degrés centigraies
additionnés pour accomplir toutes les phases de leur végétation.
Ils sont de printemps ou hâtifs, quand, se développant avec rapi-
dité, ils peuvent être semés beaucoup plus tard, mûrir sous l'inlluence
de 1,500 à 1800"; d'hiver et de printemps ou des deux saisons lors-
qu'ils parviennent à une maturité complète avec une moyenne de
1 ,800 à 2,000 degrés ; de sorte que les froments d'automne ou d'hiver
doivent avoir déjà végété avant les grands froids dans le Nord de la
France, tandis que ceux de printemps ont le temps de se mettre en
marche au retour des beaux jours. La germination se fait à -[^ 4, la
végétation se continue à -[- 6; puis sous l'influence de -j- 8 à -|- 1 0, etc. ^
le développement, la floraison, et enfin la maturité arrivent; de sorte
148 MOYENS PRATIQUES D'AMÉLIORER LA SITUATION DE L'AGRICULTURE.
que les situations normales sont celles qui se succèdent avec une aug-
mentation continue du nombre des degrés de chaleur, et que la plante
souffre, s'étiole et fournit un rendement d'autant plus faible qu'il
arrive des réactions ou des temps d'arrêts plus considérables durant
le cours de sa végétation.
Enfin, il y a des variétés qui ne peuvent supporter 10 degrés au-
dessous de 0; d'autres \2, d'autres encore 14, 17, 20, etc.
Mais le froid, qui n'attaque point le blé sous la neige, ne va guère
le chercher non plus au sein de la terre, et contrairement à l'opinion
reçue généralement, ce sont les semailles tardives qui sont le moins
en danger; car, au début de la végétation, le centre vital est abrité,
tandis que bientôt il remonte à la surface du sol, et vient s'y placer
quand les feuilles commencent à se former. Alors la gelée vient le
frapper au cœur, et le danger augmente à mesure que la plante accen-
tue davantage la végétation aérienne. Aucune sorte de froment n'a
dans mes cultures résisté au froid d'une manière absolue; mais dans
l'hiver de 1870-71, celui de la Seille [Rouge de l'Est) est resté intact,
tandis que celui d'Ecosse [blood reed), malgré sa grande résistance, a
été tout auprès radicalement détruit. Celui de Crépy-en-Valois, le him-
ter et quelques autres sont rustiques, sans doute; mais en Lorraine,
il faut constater que les froments de mars, bien choisis, présentent,
sur ceux d'automne, cet avantage considérable qu'ils échappent natu-
rellement au plus grave de tous les inconvénients, puisqu'ils n'ont
plus rien à redouter du froid au moment où on les sème.
Restent la rouille et la verse qui viennent à leur tour compromettre
la récolte quand l'hiver a été doux et que le blé a bien poussé sous l'in-
fluence d'uue température humide.
La céréale trop drue ne permet plus à l'air de circuler sous un
feuillage abondant et les tiges manquent de force pour supporter une
charge que les pluies augmentent encore. Dans ce cas les épis ren-
ferment peu de grains qui ont d'ailleurs été mal nourris, surtout
lorsque la chaleur ne s'est pas développée suivant les exigences d'une
végétation trop avancée qui en exige chaque jour une somme plus
considérable.
C'est alors que la rouille [Vredo ruhigo) vient aussi envahir la plante.
Elle l'attaque avec d'autant plus d'intensité que le développement en
est plus lent, et toutes ces causes réunies réduisent souvent la pro-
duction à tel point qu'il faut de 50 à 70 gerbes ordinaires pour donner
un quintal de grain.
En sens contraire on voit aussi des rendements très faibles fournis
par les blés d'automne semés trop tard, si la terre s'est complètement
desséchée avant la maturité.
Alors la sève ne vient plus nourrir le grain qui reste maigre et léger,
de sorte que dans ce cas encore la récolte est peu abondante.
Il est facile de voir, d'après toutes ces considérations, qu'il importe
pour obtenir de grands produits, ou bien d'adopter dans le nord de
la France des variétés d'automne, rustiques, résistant bien à la gelée,
à la verse, à la rouille, tandis qu'elles ne sont ni trop hâtives, ni trop
tardives; et je n'en connais point qui remplissent bien toutes ces con-
ditions pour notre climat lorrain; ou bien il faut en trouver qui,
semées après l'hiver, promettent un rendement considérable, se
'développant suivant la progression continue de la température pour
MOYENS PRATIQUES D'AMÉLIORER LA SITUATION DE L'AGRICULTURE. 149
échapper à toutes les mauvaises chances et donner ainsi une récolte
assurée, si l'on prend les précautions nécessaires pour les confier à la
terre en temps utile.
Tel est le moj'en le plus sûr d'arriver à de bons résultats. Mais on
resterait dans le domaine de la théorie et le lecteur qui veut bien suivre
mes explications serait exposé à commettre encore bien des erreurs si
je ne m'attachais à le conduire droit au but.
Or, il faut remarquer ici que si l'on voulait ensemencer sur labour
récent et partout des blés de mars, les travaux ne seraient pas faits en
temps utile, que la levée en serait inégale et surtout tardive pour les
derniers; et que tout en évitant la gelée, la rouille et la verse au moyen
de variétés à paille forte, on tomberait dans d'autres inconvénients
non moins graves, manque de maturité, gerbes peu abondantes, etc.
Afin d'assurer la récolte, il faut donc se mettre à l'abri de toutes les
éventualités lâcheuses en employant le moyen suivant, moyen bien
simple auquel sans aucun doute beaucoup de praticiens ont dû
souvent avoir recours, mais dont ils n'ont pu apprécier la valeur
parce qu'ils ne l'ont employé qu'exceptionnellement et par hasard,
pour ainsi dire
Cependant, après l'avoir pratiqué pendant plusieurs années con-
curremment avec toutes les autres méthodes et en avoir reconnu la
supériorité incontestable, je m'y suis attaché définitivement et depuis
lors je n'ii plus eu de récoltes manquées.
Ce n'est plus que par exception et à titre d'essais à continuer, qu'en
petite culture j'en emploie encore d'autres que celle dont il va être
question.
Voici donc comment j'ai opéré depuis 1 870 pour obtenir le plus grand
rendement possible.
Préparant les terres à l'automne et au-delà, je leur laisse subir
les inlluences favorables de l'hiver qui les ameublit, les serre et les
salure d'humidité; puis j'attends, car ayant reconnu que des blés très
rustiques et très productifs, tels que la pétanielle blanche, la richelle
de mars, le blé bleu et d'autres réussissent parfaitement étant semés
jusqu'au 7 mars, j'évite pour eux les conséquences de la s^elée^ premier
point dont l'importance est grande.
Aussitôt que le sol n'est plus trop imprégné d'eau, je commence la
semaille en ayant soin de herser énergiquement afin de bien enterrer
le grain, et je suis sûr d'obtenir une levée rapide en môme temps qu'elle
est parfaitement égale et que le sol reçoit une préparation excellente.
J'ai le soin d'avoir en réserve des blés très hâtifs tels que le hérisson
de mars ou celui de Saumur qui végètent assez rapidement pour être
semés jusqu'au 1" avril.
C'est ainsi que l'on évite à la fois les effets de la gelée, la rouille et
la verse; mais comme cette année les cultivateurs n'ont pu préparer
leurs champs à l'avance, il faudra, deux ou trois jours après le hersage,
employer le rouleau dans le but d'assurer une levée bien égale et de
conserver dans le sol l'humidité qui, nuisible parfois en hiver, devient
nécessaire en été.
Les blés devront être semés successivement dans l'ordre que voici :
V hybride. Galland, richelle deNaples;
2° bleu de Noé, rouge de Bordeaux, chiddam.
3" blé de Saumur, Hérisson, de mars ordinaire, de Victoria, etc.
150 MOYENS PRATIQUES D'AMÉLIORER LA SITQATION DE L'AGRICULTURE.
MM. Vilmorin ont donné à cet égard des renseignements qu'il sera
utile de consulter. Je crois devoir dire quelques mots de l'orge Che-
vallier un peu plus tardive que l'orge ordinaire, mais bien supérieure
à celle-ci pour la qualité du grain comme pour le produit en paille.
Au reste ces dernières plantes pouvant être réussies parfaitement
après une semaille du mois do mai, le mal causé par les pluies de
l'automne sera facilement réparé cJiez les cultivateurs prudents qui
sauront profiter des ressources nombreuses dont ils disposeront pen-
dant quatre mois entiers.
Je ne veux pas entrer dans plus de détails, car il suffit de mettre en
avant un fait confirmé par de longues années d'épreuves, c'est que la
récolte du blé la plus sûre et même la plus abondante en moyenne dans
la moitié septentrionale de la France est celle que l'on obtient en
semant des blés de mars bien choisis sur des labours anciens. Ajoutons
que, si l'on cultive tard, il importe au contraire de semer immédia-
tement, car en agriculture comme partout ailleurs chaque situation
particulière réclame des soins particuliers. E. Duroselle.
L'ALCOOL EN ALLEMAGNE
L'alcool est, ainsi que la bière, une boisson nationale en Allemagne.
Les chiffres que nous donnons ne comprennent pas la Bavière, .le
Wurtemberg et Bade qui ont gardé leur législation spéciale. Dans le
tableau qui suit, nous indiquons le nombre des distilleries, et le
revenu net fiscal, y compris les droits de douane et déduction faite
des primes d'exportation et des remises pour l'alcool dénaturé.
Prusse
Saxe
Hesse
Mecklembourg
Thuringe
Oldenbourg
Brunswick
Anhalt
Alsace-Lorraine
Les recettes brutes se sont élevées à C4,002,G89 marcs, les bonifi-
cations à 17,533,550 marcs. Il reste 46,460,139 marcs auxquels il
faut ajouter, pour les droits de douane et de passage, 1 ,9 1 7,872 marcs.
Le Luxembourg qui fait partie de l'Union douanière compte
1,639 distilleries dont 750 industrielles, donnant un revenu fiscal de
119,310 marcs.
L'exportation a fait sortir de l'Allemagne, dans l'année fiscale
1881-1882, à laquelle se rapportent tous ces chiffres, plus d'un mil-
lion d'hectolitres à 100 degrés de l'alcoomètre de Tralles. Le commerce
d'exportation a pris depuis quelques années un développement consi-
dérable. Les restitutions du Trésor pour l'alcool exporté et dénaturé
ont doublé depuis dix ans. En 1881-1882 l'industrie a utilisé 109 mille
hectolitres d'alcool dénaturé.
La Prusse possède de grands établissements. 207 distilleries paient
au fisc 21 à 24 mille marcs; 144,24 à 27 mille ; 134, 27 à 30 mille;
315, 30 à 60 mille et 41 au delà de 60 mille marcs. Le grand nombre
de distilleries de l' Alsace-Lorraine n'a pas la moindre importance. Le
Distilleries.
Disiilleries industrielles.
Recettes fiscales.
marcs.
7,529
5,950
42,230,196
660
656
2,435.343
432
273
489,300
46
46
628,939
78
78
264,916
38
38
205,066
38
36
477,831
43
38
1,096,897
21,045
6,255
681,619
29,909
13,370
48,510,107
l'alcool en ALLEMAGNE. 151
fisc regarde comme distillateur, tout bouilleur de cru, même celui qui
ne fait que quelques litres d'eau -de-vie de marc ou de lie.
3,791) disiilleries livrent l'alcool à 80 degrés.
En 1 881 -î 882 on a utilisé dans cette industrie près de 4 millions
de quintaux métriques de céréales, et 27 millions de quintaux de
pommes de terre.
Le revenu fiscal s'est élevé de 42 millions de marcs en 1 872 à
48 millions et demi en 1881. La charge annuelle par tète d'habitant
est de 1 marc 34. Paul Miller.
LE CONCOURS GÉKËRAL DE PARIS
L'organisation du Concours général agricole de Paris est aujour-
d'hui achevée. Au moment où ce numéro paraîtra, toutes les parties
en seront ouvertes aux visiteurs. On a vu, par les indications que
nous avons précédemment publiées, que les déclarations des exposants
sont très nombreuses dans toutes les sections ; partout, la partie
matérielle de l'exposition a été conduite avec grand soin sous la direc-
tion de M. Heuzé, inspecteur général de l'agriculture.
La Section des machines et instruments agricoles a été ouverte le
24 janvier. Elle présente un très grand intérêt ; jamais encore le con-
cours n'avait présenté une aussi brillante collection des engins qui
sont misa la disposition des agriculteurs. Tous les constructeurs riva-
lisent de zèle et d'ardeur pour apporter la plus grande perfection à
leur matériel. Signalons immédiatement quelques machines nou-
velles ou quelques perfectionnements qu'une première visite nous a
permis de constater.
Dans l'exposition de la maison Albaret, de Liancourt (Oise), nous
trouvons plusieurs machines que l'on devra étudier avec soin.
C'est d'abord une presse à fourrage^ mue par deux chevaux avec un
puissant levier d'une structure particulière pour bien utiliser le
travail des animaux ; les balles de fourrage peuvent atteindre 1 50 kilog.
A côté, nous remarquons un égrenoir à maïs à grand travail, puis un
puissant hache-mats, muni de l'élévateur que nous avons déjà décrit,
et qui a obtenu un très grand succès au concours spécial de Sainte-
Mcnehould, en 1882. Plusieurs perfectionnements, indiqués par
l'espérience, ont été apportés à la construction des rouleaux à vapeur.
On doit considérer ces appareils comme agricoles, à cause du rôle
important que jouent les chemins dans tous les travaux de l'agri-
culture. Signalons aussi un nouveau rouleau à traction de chevaux
pouvant être également très utile aux cultivateurs. Eufin des amélio-
rations nombreuses de détails ont ; té apportées dans les autres
machines agricoles exposées par M. Albaret.
M. A. Pécard, constructeur à Nevers, qui a un dépôt, 05 et 67. rue
d'Allemagne, à Paris, expose cette année deux machines nouvelles.
C'est d'abord une nouvelle batteuse dans laquelle le constructeur
emploie, pour le nettoyage, une force naturelle aspiratrice, due au
mouvement rapide de rotation du batteur. Cet avantage est obtenu
sans aucune complication d'organes et sans exiger plus de force
motrice, car cette aspiration qui se produit toujours, et qui a été per-
due jusqu'ici, a été utilisée et employée avec le plus grand succès. Le
battage se fait proprement sans laisser de grains dans les épis et sans
152 LE CONCOURS GÉNÉRAL DE PARIS.
casser les grains du blé. La paille est bien secouée et est entièrement
débarrassée de grains. Le blé est rendu bien propre; outre le van-
nage ordinaire, il subit trois autres nettoyages, lesquels sont produits
par l'aspiration de buses latérales. Ces aspirations séparées et succes-
sives enlèvent des grains battus toutes les parties légères et tous les
otons ou autres parties ayant échappé au premier battage, et les repas-
sent tangentiellement entre le batteur et le contre-batteur où ils
subissent un second battage. Le battage parfait, ainsi qu'un nettoyage
sans reproche, est assuré avec ce nouveau système. Les batteuses Pécard
sont bien connues; elles ont, avant ces modifications, remporté les
premiers prix en 1879, au concours régional de Marseille, et en 1880,
à Clermonl-Ferrand, et les premiers prix à Nevers, Mantes, Dangé,
Nanteuil-le-Haudouin et différentes autres localités; elles ont figuré
Fi g. 13. — ChaiTuc tilbury automatique en travail.
avec honneur aux essais dynamométriques qui ont eu lieu à la ferme
de l'institut agronomique, à Vincennes.
M. Pécard expose aussi la nouvelle moissonneuse-lieuse de Hornsby.
Cette machine, qui lie à la ficelle, a obtenu les 28 et 29 août 1882, au
concours de Bishopton, ouvert par la Société d'agriculture des Highlands
et de l'Ecosse, le premier prix, de la valeur de 2,500 francs. La lar-
geur de coupe de cette moissonneuse-lieuse est de 1'".52. La traction
a été considérablement réduite, pour que deux chevaux ordinaires
puissent la faire fonctionner. Le système Heur est automatique du
commencement à la fin. Les céréales coupées tombent sur une toile
sans fin qui les conduit à l'élévateur, d'oi^i elles sont déposées sur la
table du Heur; elles sont prises par de serreurs qui les mettent en
gerbe. La grosseur est réglée avant le travail. Le levier compresseur
est mû par la force des serreurs qui pressent la gerbe contre lui ;
lorsque la grosseur de la gerbe est atteinte, sans que le conducteur
ait à s'en occuper, automatiquement le Heur se met en marche, opère
le liage et la gerbe parfaitement liée est projetée sur le sol. Trois diffé-
rentesgrosseurs de gerbes peuvent être fiiites. Tous les organes de cette
machine sont solides et sont construits avec des matières de premier
choix; ils sont protégés de toutes parts contre les accidents. La machine
LE CONCOURS GÉNÉRAL DE PARTS. 153
entière est disposée de telle sorte, que le conducteur peut, de son
siège, effectuer toutes les manœuvres sans aucun ennui. Les manœuvres
de conduite sont les suivantes : 1° faire basculer le tablier, de façon
à changer la hauteur de coupe momentanément ou pour éviter un
obstacle ; 2" lier la gerbe plus près ou plus loin du bout opposé à l'épi
afin de faire un beau liage dans les pailles longues ou courtes ; 3° em-
brayer ou débrayer la machine; 4" changer la hauteur de coupe;
5" faire varier le rabatteur afin d'opérer un bon travail dans les blés
inclinés ou suivant la direction du vent, etc.
M. Pilter, qui se tient à l'affût de tous les progrès, fait fonctionner
au Palais de l'Industrie, une laiterie danoise, dont la description som-
maire est donnée au compte rendu de la dernière séance de la Société
nationale d'agriculture, dans ce numéro (page 154). Le Journal revien-
dra d'ailleurs sur ces appareils qui doivent être signalés, d'une ma-
nière spéciale, à l'attention des agriculteurs.
On pourra étudier aussi la charrue tilbury automatique, importée
par M. Rogy, dont nous avons donné la description dans notre der-
nier numéro. Cette charrue est représentée en travail par la fig. 13.
A l'occasion de la description que nous en avons donnée, M. Vermorel,
président du Comice agricole de Villefranche (Rhôae), nous adresse la
lettre suivante :
Villefranche, le 21 janvier 1883.
« Monsieur, permettez-moi, je vous prie, défaire une petite rectification à votre
intéressant article sur la charrue tilbw y.
« Vo'is ne pensez pas, dites-vous, ((u'aucune de ces charrues ait été conservée
en Europe. Je suis heuieux de pouvoir vous dire que, dans le Rhône, où je les
ai importées, quelques-unes de ces charrues travaillent depuis plusieurs années
déjà.
« Cette rectification serait entièrement sans importance, si elle ne me fournis-
sait, en même temps, l'occasion d'affirmer avec vous les excellentes qualités de
cette nouvelle charrue qui offre les plus grands avantages pour faire rapidement
les labours légers.
« Tous les agriculteurs q û les ont vu fonctionner au Comice de Trévoux, ou
aux essais de charrues de Villefranche, ont été étonnés de la rapidité et de la faci-
lité avQC lesquelles elles retournent une bande de 0"'.40 de largeur. — Un des
points intéressants aussi, c'est l'aisance avec laquelle le laboureur, du haut de son
siège, peut modifier la profondeur du labour, sans descendre de la charrue.
« Un de ces instruments fonctionne, depuis longtemps déjà, pies (ue tous les
jours, chez M. Benoît Bernard, à Arnas, qui est enchanté de son travail et de sa
solidité. On ne peut reprocher à ces charrues que leur haut prix (300 francs) ; mais
je crois que, entre les mains des constructeurs français, les prix de ces charrues
s'abaisseront et qu'elles sont appelées à un brillant avenir.
« Agréez, etc., Vermorel,
Président du Comice agricole de Vil'efranche i.
Nous n'ajouterons qu'un mot, c'est que la charrue Weir se dis-
tingue, ainsi que nous avons essayé de le faire comprendre, par un
mouvement d'encliquetage qui rend le relèvement du soc et du versoir
absolument automatique, de sorte que le conducteur n'a aucune
dépense de force à (aire; nous avons vu un enfant de douze ans cou
duire l'appareil avec entrain, sans aucune peine.
La collection des charrues est nombreuse au concours du Palais de
l'Industrie. Signalons, en terminant., les brabants doubles bisocs et
les brabants doubles avec fouilleuse, de M. Fondeur, constructeur à
Viry (Aisne). Le brubant double bisoc est certainement un instru-
ment d'avenir. Ces excellentes charrues sont d'ailleurs unanimement
appréciées par les cultivateurs. Henry Sagmer.
154 SOGIÉTH NATIONALE D'AGRICULTURE DE FRANGE.
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE
Séance dti 23 janvier 1883. — Présidence de M. Chevreul.
M. Bailly, statuaire, fait hommage d'une réduction de la statue d'Oli-
vier de Serres, récemment érigée à Aubenas, et dont il est l'auteur.
M. Boreau, chef de pratique à Grignon, envoie une note sur la
charruedite de l'avenir, qu'il expose auconcours du Palais de l'Industrie.
M. Triana fait iiommage d'une note sur le Quimiuina cuprea, et
M. Lescuyer envoie une étude qu'il vient de publier sur la forme et la
coloration des oiseaux.
M. Barrai fait une communication sur l'organisation d'une laiterie
d'après le nouveau système danois, à la ferme exploitée par M. Baquet,
àVesly, près de Gisors (Eure). Lelait est écrémé avec l'écrémeuse cen-
trifuge de Laval ; la crème est barattée après vingt-quatre heures, avec
la baratte danoise verticale, à palettes ; lebeurr3est misa égoutter dans
une auge en bois, oia il est pétri avec des spatules en bois cannelées,
pour former des boules, qui sont enfm soumises à l'action d'un
malaxeur rotatif, qui en fait sortir tout le petit-lait. Suppression du
lavage du beurre à l'eau et de tout pétrissage à la main, tels sont les
points saillants de cette méthode de fabrication. Le lait écrémé est mis
en présure et sert à faire du fromage façon Mont-d'Or ; quant au petit-
lait, il est donné aux porcs. M. Baquet traite chaque jour en moyenne
800 litres de lait provenant en partie de sa vacherie, et en partie des
fermes voisines. Il fabrique du beurre qui obtient, à la vente à la halle
de Paris, un prix notablement supérieur à celui de tous les beurres du
pays. Avec ce système de fabrication, la laiterie est simple, facile à
surveiller et à nettoyer; surtout on obtient un beurre de qualité excel-
lente, en épuisant complètement le lait de la crème qu'il renferme. La
laiterie de Vesly a été installée par M. Pilter, qui a importé en France
les ustensiles de la laiterie danoise. L'écrémage parla force centrifuge
remplace aujourd'hui, en Danemark, l'écrémage parle système Sch >Yarz
qui y avait été généralement adopté.
M F. Raoul-buval demande à la Société de revenir sur la question
de Timpôt sur le sucre, soulevée;' il y a quelques mois, par M. Jac-
quemart. Renvoi à la Commission spéciale.
M. Henry Mares présente quelques observations sur une variété du
cépage américain, le Rupcslris^ qu'il cultive depuis quatre ans. Comme
le llupestris sauvage, cette variété se montre réfractaire aux attaques
du phylloxéra; mais elle donne des raisins plus gros et plus sucrés.
M. Mares pense qu'elle pourrait être encope améliorée à cet égard,
au moyen de l hybridation. — M, Gaston Bazille fait remarquer que
les Rupestris sauvages sont principalement recherchés au point de
vue de la greffe des vignes françaises, et que toutes les vari'étés donnent
pleine satisfaction. Henry Sagnier.
REVUE CO^IMERCIALE ET PRIX COURINT DES DENRÉES AGRICOLES
(-27 JANVIER U83).
I. — Situation générale.
Les transactions ont été calmes durant cette semaine sur presque tous les
marchés agricoles; les ventes sont peu actives pour la plupart des denrées.
II. — Les (jrains et les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par quintal métrique,
sur les principaux marchés de la France et de l'étranger :
KEVUE COMMERCIALE ET PRIX GOURANT (27 JANVIER 1883). 155
l'- RÉGION. — NORD-OIIEST.
Blé. Seigle. Orge.
fr. fr. fr.
Calvados. Condé 2/1.00 19.00 18 50
— Caen 24.23 » «
Côt.-du-Nord. Lannion.. 22.75 » 16. 00
— Trcguier... 22.75 18. 7Î 15.25
Fmistèr c. Moriaix 25.00 » l'i.OO
— L^uiJerneau.. !J5.25 16.00 i5.25
■ tlle-el- Vilaine. Rennes. 24.75 » 15.50
— Redon.. 2'i.50 16.50 >>
Manches. Avranches... 26.25 » 19.00
— rontorson... 2(i.00 » 18.50
— Villedieu 20.75 18.25 18 75
Mayenne. Laval. 24.50 » 16.00
— Chàteau-Gontier. 25.00 16.25 17.25
A/o -bi/ian. Hennebont.. 28.50 16.50 »
Orne. Mortagne 24.50 18.00 18.00
— Vimoutiers 24.25 » 20.50
SaH/ie. Le Mans 25.50 15.75 t5.80
— Marners 25.75 » 17.50
Prix moyens 25.01 17.22 17.05
2" RÉGION. — i\OKl>.
^isiie. Soissons 23.60 15.75 »
— Saint-Quentin .. 24.85 » »
— Villeis-Gotterets. 23.00 14.50 »
Eure. Gisors 23.75 15.00 19.00
— Neubourg....... . 23.00 14 20 1950
— Damville 23 50 » UI.OJ
Eure-et-Loir. Chartres.. 24.00 15 00 16. 50
— Auneau 23 50 14.00 18.50
— Nogent-le-Rotrou. 25 80 " 16.45
Nord. Cambrai 26.25 15.50 18.50
— Douai 25. JO 16.00 19.25
— Valencicnnes.... 26.50 i5.50 »
Oise. Beauvais 22.00 15.25 16.75
— Compiègne 24.00 la. 00 »
— Noyon 23.50 14.75 »
Pas-de-Calais, \rras.. . 25-50 15.25 19.25
— Doullens 25.75 14.50 18.20
Seine. Paris 25.25 15.75 19.50
S.-et-Mar. Meaux 24.00 » »
— Damniailin 22.00 14.50 17.50
— Nenaours 24.00 15.80 17.25
S.-c<-Otse. Angerviile... 23.00 » 16.75
— Pontoise 24.00 )6.00 18.00
— Dourdan 24.00 15.00 »
Seine-/n/"é)'ieiire. Rouen. 23.45 14.30 18.45
— Fécamp 22. 7o 14.75 »
— Yvetot 22.45 » 19.00
Somme. Amiens 25.00 14.50 18.00-
— Peronne 23.25 » »
— Roye 23.75 14.85 17.75
Prix moyens 23.98 15.09 18.08
3" REGION. — NORI>.ESl'.
^j'i/ennes. Charleville.. 24.25 16.25 19.50
— Sedan 23.50 15.75 18.00
Aube. Bar-sur-Aube 22.75 14.50 17.50
— Méry-sur-Seine.. . 23 50 15.00 17.25
— Nogent-s^r-Seine. 24.00 15.25 18.75
Marne. Ciiàlons 23.00 16 00 18.50
— Epernay 24.00 15.50 »
— Sainte-Menehould. 23.25 i5.75 17.50
File-Marne. Chaumont.. 24.00 » »
Meurlhe-el-Mos. Nancy. 23.50 17.00 17.00
— Lunéville 23.50 If. 2a 17 00
— Toul 23.75 16.00 16.00
Meuse. Bar-le-Duc 23.25 16.00 16 00
— Verdun 23.50 15.20 16.50
//auie-SaÔ7ie. Gray 22.25 15.25 »
Vosges. Ramliervillers. . 23.50 » »
— Epinal 23.25 16.50 »
— Neufchàteau 2ï.oo 15.00 17.00
Prix moyens 23.43 15.69 17.42
4" RÉGION. — OUEST.
C/ia/'enJe. Angoulême. . . 26.50 18.50 19.75
— Ruffec 26.00 17.75 »
C/iar.-/n/ér. La Rochelle 24.00 » 17.00
Deuœ-Sewres. Niort 24.50 » 17.25
Indre-et-Loire. "VonTS. .. 25.00 16.00 17.00
— Bléré .23.75 14.50 19.00
Loire-M/". Nantes 26.25 » «
M.-el-Loirc. Sauinur... 25.75 15,50 17.00
— Angers 25.00 15.00 17.50
Fenrfée. Luçon 25.50 » 19.25
— Fontenay-L-Comte 24.50 » i9.oo
Ft'enne. Poitiers 25.75 » 18.50
— Loudun 26.00 15.75 18.25
//au(6-Fien>ie.. Limoges. 26.25 16.50 13.00
Prix mo.ens 25.34 16.19 18.29
Avoine.
fr.
22.00
1)
17.00
16.75
14.75
15.00
16.25
17.00
21.00
20.25
20.00
»
17.80
18.00
Id.OO
21.00
17.00
17.92
17.50
»
16.25
17.50
17.50
16.50
17.00
17.25
17.93
17.00
18.00
17.25
18.50
17.00
»
16.50
16.00
18.00
18.00
17.00
17.00
17.20
16.25
18.00
19.75
18.50
16.50
19.00
16.00
17.50
17.27
20.50
17.50
16.20
18.00
17.00
17.50
15.75
15.75
16.50
15.25
15.50
17.25
16.75
15.00
16.25
16.50
15.50
10.63
20 . 00
18.00
16.50
18.00
17.50
13.50
17.50
17.75
17.00
17.25
16.50
17.00
18.25
17.52
5" REGION. — CEXTRE.
Blé. Seigle. Orge. AYoine.
fr. fr. fr. fr.
Allier. Montiuçon 24.50 15.00 » 16.50
— La Palisse 24.75 15.25 19.50 18.25
— Saint-Pourçain. .. 25.00 » 18. 00 17.50
CViej'. Bourges 24.25 15.00 18.50 18.20
— Graçay 2'i.50 14.50 19.25 16.25
— Vierzon 24.70 15.00 19.00 17.00
Creuse. Aubuison 26.50 16.25 » 17.00
/ndre. Chàteauroux 24.00 14.25 18.50 16.25
— Issoudun 24.25 14.00 18 25 16.50
— Vatan 2'i.50 17.25 19.10 »
iotre<. Montargis 23 00 14.50 17.50 18.50
— Gien 24 50 15.50 18.75 16.75
— Patay 23.25 15 00 17 25 17.00
Z..-ei-C'/ic/'. Blûis 24.25 14.50 20.00 19.00
— Montoire 25.00 14.50 18.50 18.00
A'i'èt're. Nevers 23.50 » » 16. 50
— La Charité 23.50 14.25 17.00 16.00
J'owjie. Brienon 24.00 1500 16.25 18.40
— Saint-Florentin... 23.50 15.00 17.25 17.00
— Sens 24.00 14.50 16.25 16.75
Prix moyens 24.27 14.96 13.17 17.22
6' RÉGION. — EST.
^in. Bourg 24.75 18.25 » 18.25
— Pont-de-Vaux 24.15 15.50 » 17.20
Côie-d'Or. Dijon 22.00 » » 16.50
— Beaune 23.25 » 16.50 16.25
Z>om6s. Besançon 22.73 » » 16.75
/.sére. Vienne 24.25 » 16.75 17.50
— Bourgoin 24.00 14.25 16.50 17.25
Jura. Dole 22.75 15.80 16.50 15.85
Loire. Charlieu 24.25 16.50 20.00 18.00
P.-de-Dôme. Cl.-Ferrand 25.00 16.00 14.75 17.80
Rhône. Lyon 24.50 15.00 » 15.25
Saône-e«-ioire. Chalon.. 23.50 16.00 17. eo 17. 00
— Louhans 25.00 17.00 20.00 16.50
Savoie. Chambéry 26.00 16.06 » »
Hle-Satjoie. Annecy 25.50 « » 17.50
Prix moyens 24.11 16 06 17.25 17.29
7° REGIO.v. — SUB-OITEST.
^ricge. Foix 26 50 18.25 » 19.00
■ — Pamiers 25 00 16.50 » 18.75
ZJordogne. Bergerac 27 00 16.75 18.20 19.00
//<e-Garonne. Toulouse. 27.25 17.00 19.25 19.50
— St-Gaudens 25.75 18.00 19.00. 19.00
Gers. Condom 26.00 » » 20.25
— Eauze 26.00 » » 19.50
— Mirande 25.75 » » 21.00
Gironde. Bordeaux 27.00 » 18.50 19.08
— Bazas 25 80 » » 20.50
Landes. Dax 27.25 18.50 » »
Lot-ei-Garonna.Agen... 26.50 19.00 18.75 18.50
— Nérac 26.00 18.50 » 18.25
B.-Pyrénées. Bayonne.. 27.00 18 25 18.50 18-70
//fes -Pî/renees. Tarbes.. 27.50 18.00 » 19 00
Prix moyens 26.42 17.38 18,70 19.28
8" RÉGION. — sut».
ylude. Caroassonne 27.75 17.00 20.50 21 50
Aveyron. Woànz 26.00 19.75 » 20.25
Canto(. Mauriac 23.65 23.60 » 21 50
Corrèôe- Luberzac 26.50 17.80 18.00 18.25
//éraiU<. Cette 27.50 » » 19.00
— Montpellier 26.75 » » »
Z,o«. Cahors 26.50 17.00 17.50 18.00
Lozère. Mende 27.00 17.25 17.75^17.80
P//rénees-Or. Perpignan. 27.00 17.80 18.40 27.75
Tarn. k\h\ 27.00 » » 20.50
— Castres 27.00 17.00 » 19.00
7arn-e<-Grtr. MontauDan 26.00 18.00 19.50 20.00
Prix moyens 26.72 13.47 18.61 20.32
9' RÉGION. — SITO-EST.
Basses-Alpes. Manosqua 28.00 » » 22.00
//auies-/Upes. Briançon. 27.50 17.25 » 18.25
.4fpes-Mori?imes. Cannes 27.00 17.50 18.25 18.00
.4rdéc/ie. Privas 25.45 19.90 17.35 20.20
B.-du-Rhône. Arles 26.25 » 17.50 18.00
Drôwe. Romans 24.50 16.75 » 18.25
Gord. Nîmes 27.50 » 17.25 18.00
//au/e-Loirc. Brioude.. . 24.50 18.25 19.65 17.00
T7tr. Draguignan 27.25 » » 17.50
Fauciuse. .\vignon 27.00 » 17.25 18.25
Prixmoyens 26.49 17.93 17.87 18.54
Moy. de toute la France 25.08 16.61 IT.fti 17.99
— de la semaine précéd. 25.26 16.53 17.95 18.03
Sur la semaineillausse. » 0.08 » »
précédente., i Baisse.. 0.18 » 0.01 0.04
U6 HEVUE, GOMMEHGIALE ET PRIX COURANT
Blé. Seigle. Orge. Avoine,
fr. fr. fr. fr.
,, . . ,, {.h\é tendre... 27.80 » .. » •
Algérie. ^Igerj j^, , j^^. 26.2r> » 17.2:-> 16.50
Angleterre. Londres 2.^.S.3 >• 19.25 20.00
Belgique. Anver.s 24.75 17.75 17.75 »
— Bruxelles 23.r)0 16.25
— Liège 22.75 17.00 20.50 17. .50
— Nannir 23.00 15.50 20.00 15.00
Pays-Bas. Amsterdam 23.it0 17.20
LuxcmlxiurQ. Luxenil)ourg 24.50 18 00 » 17.00
Alsace-Lurrainc. Strasbourg 25 .^O 18 25 17.75 17.75
— Coimar 25.50 18.00 18.25 18.00
— Mulliouso 23 50 18.75 17.75 18.75
Allemagne. Berlin 22.60 17.10
— Cologne 23.75 18.75
— Hambourg 22.35 16.35 »
Suisse. Genève 26 75 » » 20.00
Italie. Turin 25.20 18.00 » 18.25
Espagne. Valladoiid 25.50 » » »
Aulriclie. Vienne ... 20.50 15.00 16.25 13.50
Hongrie. Budapesth 20.25 14.25 17.00 13.25
Russie. Saint-Péter.sbourg.. 20.50 15. UO » 12.00
Etats-Unis. New-York 22.45
Blés. — L'amélioration dans les conditions météorologiques que nous signalions
la semaine dernière s'est maintenue. Les cultivateurs profitent du temps sec et
froid qui règne depuis plus d'une semaine pour etïectuer les transpoits de fumier
et les labours qui avaient été retardés par le mauvais temps. C'est avec une grande
activité que ces travaux sont exécutés, et si les circonstances favorables se main-
tiennent, les retards éprouvés par les travaux agricoles seront réparés en quelques
semaines. Par contre, les marchés agricoles sont peu fréquentés, et presque par-
tout les transactions sont calmes sur les céréales. — A la halle de Paris, le
mercredi 2k janvier, les affaires ont été peu importantes; pour toutes les sortes
de blés, les ventes ont été peu actives, et les prix sont sans changements. On
cotait de 24 fr. à 26 fr. 50 par 100 kilog. suivant les sortes, ou en moyenne
25 Ir. 25. — Au marché des blés à livrer, on cote : courant du mois, 26 fr. à
26 fr. 25; janvier-février, 26 fr. à 26 fr. 25; mars-avril, 26 fr. 25 à 26 fr. 50 ;
quatre mois de mars, 26 fr. 50 à 26 fr. 75; quatre mois de mai, 2-1 fr. 75 à 27 (r.
— Ail Havre .1 les ventes sont toujours aussi calmes pour les blés d'Amérique;
les prix se maintiennent sans changements. On cote de 25 fr. 60 à 26fr. 75 par
100 kilog. .suivant les qualités. — A Marseille, les arri\ages-en blé ont été
de 225, COÛ hectolitres environ durant la semaine; les ventes sont plus actives,
et les prix se maintiennent. On cote par UO kilog. : Berdianska, 26 fr. 75;
Marianopoli, 26 fr. 50 ; Irka, 26 fr. 50 ; Pologne, 24 fr. 25 à 26 fr. 25; Bessara-
bie, 24 fr. 25 à 24 fr. 50 ; Danube, 21 à 22 fr. Le stock est actuellement, dans
les docks, de 102,000 quintaux. — A Londres^ les arrivages de blés ont été de
65,000 quintaux depuis huit jours; les prix accusent de la hausse. Au dernier
marché, on payait de 24 fr. 65 à 27 fr. par 100 kilog. suivant les qualités et les
provenances.
Farines. — Les ventes sont restreintes, et les prix sont faibles pour les farines
de consommation. Celles-ci étaient payées le mercredi 24 janvier, à la halle de
Paris : marque de Corbeil, 61 fr,; marques de choix, 61 à 63 fr.; premières mar-
ques, 59 à 60 IV.; bonnes marques, 58 à 59 fr.; sortes ordinaires, 56 à 57 fr.; le
tout par sac de 159 kilog., toile à rendre, ou 157 kilog. net, ce qui correspond
aux prix extrêmes de 35 fr. 65 à 40 fr. 10 par 100 kilog., ou en moyenne
37 fr. 85 ; c'est une baisse de 95 centimes sur le prix moyen du mercredi pré-
cédent. ■ — En ce qui concerne les farines de spéculation, on cotait à Paris, le
mercredi 24 [janvier au soir : farines neuf-niarques^ courant du mois, 57 fr, à
57 fr. 25; février, 57 fr. 25; mars et avril, 57 fr. 25 à 57 fr. 50; quatre mois de
mars, 57 fr. 75; 'qnatre mois de mai, 58 fr, 50 à 58 fr, 75; le tout par sac de
159 kilog. toile perdue ou 157 kilog. net. — Pour les farines deuxièmes, on cote
de 26 à 33 fr. par 100 kilog. comme précédemment, et pour les gruaux, de
27 à 33 fr.
Seigles. — Les ventes sont restreintes, et les prix sont faibles. On cote à la
halle de Paris, 15 fr, 50 à 16 fr. par 100 kilog. Les farines de seigle sont vendues
de 24 à 26 fr.
Orges. — Les demandes sont plus actives, et les prix sont en hausse à la halle
de Paris. On paye à la^halle de Paris, 17 fr. 5 à 20 fr. 75 par 100 kilog. suivant
DES DENRÉES AGRICOLES (27 JANVIER 1883). 157
les qualités. Les escourgeons valent de 17 l'r. 75 à 18 fr. 25. — A Londres, les
importations ont été de 14,000 quintaux seulement depuis huit jours; les prix
sont faib]es,de 17 fr. 80 à 20 fr. 50 par 100 kiiog.
iMalt. — Les prix varient peu. On paye les malts d'orge de 27 à 32 fr. par
100 kilog.; ceux d'escourgeon, de 27 à 30 fr.
Avoines. — H y a peu d'aifaires sans variations dans les cours. On cote à la
halle de Paris, de 17 fr. à 19fr par 100 kilog. — A Londres, les arrivages d'avoines
ontétéde 43,000 quintaux depuis huit jours; on paye de 18 fr. 50 à 21 fr. 70 par
quintal métrique.
Sarrosin. — Peu de ventes. Les sarrasins de Bretagne valent, à la halle de
Paris, de 15fr. 75 à 16fr. par 100 kilog.
Issues. — 11 y a plus de fermeté dans les prix On paye à la halle de Paris
par 100 kilog. : sou trois cases, 13 fr. 75 à 14 fr.; gros son, 13 fr. 25 à 13 fr. 50;
son fin, 12 fr. à 12 fr. 50 ; recoupettes, 12 fr. 50 à 13 fr. ; reraoulages bis, 15 fr. à
16 fr. ; blancs, 17 à 18 fr.
III. — Fourrages, graines fourragères _ légumes secs.
Fourrages. — Les offres sont toujours assez abondantes, mais les prix sont
lermes sur la plupart des marchés.
Graines fourragères. — Vente active, avec fermeté dans les cours. On cote par
100 kilog. : trèfle violet, 150 à 200 fr.; trèfle blanc, 180 à 250 fr. ; trèfle hybride,
190 à 250 fr. ; luzerne de Provence, 155 à 175 fr. ; du Poitou, 12ô à 135 fr. ;
d'Italie, 140 à 150 fr. ; minette, 60 à 75 fr. ; ray-grass, 60 à 70 fr. ; vesces, 25 à
27 fr.; sainfoin simple, 32 à 34 fr. ; sainfoin double, 35 à 36 fr.
Légumes secs. On cote à Ghalon par 100 kilog. : haricots rouges, 27 ïr. ; blancs,
28 fr. ; jaunes, 30 fr. ; fèves, 19 fr.
IV. — Fruits et légumes frais
Fruits. — Dernier cours de k halle : poires, le cent, 10 fr. à 100 fr., le kilog.,
0 fr. 20 à 0 fr. 45; pommes, le cent, 10 fr. à 100 fr. ; le kilog., 0 fr. 25 à
0 fr. 50; raisins communs, le kilog., 2 fr. 40 à 10 fr.
Gros légumes. — On vend à la halle de Paris : betteraves, la manne, 0 fr. 30 à
1 fr. 30; carottes communes, les 100 bottes, 22à 35fr.; d'hiver, l'hectolitre, 3 fr. 50à
5fr.; de chevaux, les 100 bottes, 13 à 20 fr.; choux communs, le cent, 3 à 15 fr.;
navets communs, les 100 bottes, 25 à 35 fr.; de Freneuse, 25 à40 fr. l'hectolitre,
3 fr. à 4 fr. ; oignons en grain, l'hectolitre, 9 à 13 fr.; panais communs, les
100 bottes, 10 à 1^ fr.; poireaux communs, les 100 bottes, 25 à 65 fr.
Pommes de terre. — Hollande communes, l'hectolitre, 10 à 11 fr.; le quintal
14 fr. 28 à 15 fr. 71 ; jaunes communes, l'hectolitre, 8 à 9 fr. ; le quintal,
11 fr. 42 à 12 fr. 85.
Menus légumes. — On cote à la halle de Paris : ail, le paquet de 25 bottes,
3 fr. à 4 fr.; appétits, la botte, 0 fr. 10 à 0 fr. 20; barbe de capucin, la botte,
0 fr. 10 à 0 fr. 25; cardon, la botte, 2 fr. à 5 fr. ; céleri, la botte, 0 fr. 35 à
0 fr. 60; rave, la pièce, 0 fr. 15 à 0 fr. 20 ; cerfeuil, la botte, 0 fr. 30 à 0 fr. 40;
champignons, le kilog., 0 fr, 90 à 1 fr 60 ; chicorée frisée, le cent, 6 à 15 fr.;
choux-fleurs de Bretagne, le cent, 20 à 45 fr.; choux de Bruxelles, le litre, 0 fr. 25
à 0 fr. 40; ciboules, la botte, 0 fr. 10 à 0 fr. 20; cresson, la botte de 12
bottes, 0 fr 65 à 1 fr. 40; échalottes, la botte, 0 fr. 30 à 0 fr. ;15; épinards,
le paquet, 0 fr. 45 à 0 fr, 60; escarolle, le cent, 8 à 17 fr.; laitue, le cent,
6 à 14 fr.; mâches, le kilog., 0 fr. 15 à 0 fr. 30; oseille, le paquet, 0 fr. 60 à 0 fr. 80;
persil, la botte, 0 fr. 30à 0 f r ki^ pissenlits, le kilog., 0 fr. v5 à 0 fr.60; potirons,
la pièce, 0 fr. 75 à 5 fr. ; pourpier, la botte, 0 fr. 15 à 0 fr. 25 ; radis roses, labotte,
0 fr. 40 à 0 fr. 60; noirs, le cent, 5 à 18 fr.; romaine, la botte de 4 têtes, 1 fr.40
à 2 fr. ; salsifis, la botte, 0 fr. 50 à 0 fr. 60 ; thym, la botte, 0 fr. 10 à 0 fr. 15.
V. — Vins, spiritueux, vinaigres, cidres.
Vins. — Dans la plupart des régions viticoles, nous devons signaler cette
semaine une assez grande reprise dans les affaires. Elle n'est pas due à ce que
les vignerons aient enfin consenti aux demandes de baisse faites au nom du com-
merce, mais bien à ce que les demandes ont été plus actives et à ce que le com-
merce a besoin de faire ses approvisionnements. C'est donc un bon courant d'af-
faires avec des prix termes que nous devons enregistrer, principalement en ce qui
concerne le Midi, le Bordelais et le Centre. A Narbonne, les vins nouveaux valent
33 à 36 fr. par hectolitre ; les Aramons, 25 à 28 fr. A Orléans, les vins rouges de
pays valent 95 à 115 fr. le poinçon; les vins blancs de Sologne, 70 à 75 fr.; ceux
158 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
du Poitou, 55 à 60 fr. Entre temps, les travaux du vignoble se poursuivent avec
activité depuis le retour du beau temps; transport du fumier, labours, taille, toutes
ces opérations se font partout avec une véritable ardeur. Dans la plupart des
départements, sauf dans les centres atteints par le phylloxéra, lo bois est géné-
ralement bien aoùté, et la vigne se présente dans de bonnes conditions.
Spiritueux. — La situation des marchés est toujours la même; les affaires sont
calmes au Midi comme au Nord, et les prix accusent peu de variations. Dans le
Languedoc, on paie par hectolitre : Montpellier, 3/6 bon goût, 103 fr.; marc, 90 fr.;
Béziers, 3/6 bon goût, 103 fr.; marc, 95 fr.; Celle, 3/6 bon goût, 100 à 105 fr.; —
A Cognac, les eaux-de-vie sont cotées par hectolitre, suivant les sortes pour celles
des années 1877 et 1878 : bons bois ordinaires, 215 à 225 fr ; très bons bois,
220 à 2^0 fr.; fins bois, 235 à 245 fr,.; petite Champagne, 245 à 260 fr.; grande
Champagne, 265 à 285 fr. — A Lille, l'alcool de betteraves est payé avec un peu
de hausse, 48 fr. 50 par hectolitre. — A Paris, les transactions sont calmes. On
paye : 3/6 betteraves, l'"^ qualité, 90 degrés, disponible, 50 fr. 75 ; février, 51 fr.;
mars et avril, 51 fr. 75; quatre mois de mai, 53 fr. Le stock est actuellement de
18,075 pipes, contre 13,175 pipes en 1882.
Raisins secs. — Les ventes sont peu actives. On paye à Marseille par 100 kilog. :
Corinthe, 50 à 51 fr.; Thyra, 39 à 40 fr.; Beyrouth, 32 à 35 fr.; TripoH, 29 à
30 fr.; Chypre, 43 à 50 fr.; Samos, 43 à 41 fr,; Candie, 40 à 41 fr.; Alexandrette,
37 à 38 fr.; Messina, 32 à 33 fr.
Verdeta. — Les verdets marchands en boules ou en pains valent 130 à 140 fr.
par 100 kilog.
VI. — Sucres. — Mélasses. — Fécules. — Glucoses. — Houblons.
Sucres. — Les offres sont abondantes, mais les affaires sont calmes, et pour
toutes les sortes. Les prix sont en baisse. On paye à Paris par 100 kilog. : sucres
bruts, 88 degrés saccharimétriques, 51 fr.; les 99 degrés, 58 fri; sucres blancs,
58 fr. 50; — à Lille, sucres bruts, 51 fr. ; sucres blancs, 58 fr.; à Péronne,
sucres bruts, 51 fr. ; sucres blancs, 58 fr. 25; à Valenciennes, sucres bruts,
50 fr. 76 à 51 fr.; sucres blancs, 58 à 58 fr. 50. Le stock de l'entrepôt réel des
sucres était, au 24 janvier, à Paris, de 822,000 sacs pour les sucres indigènes,
avec une augmentation de 34,000 sacs depuis huit jours. — En ce qui concerne
les sucres raffinés, les prix sont également en baisse, aux cours de 105 à 107 fr.
par 100 kilog. à la consommation, et de 64 fr. 25 à 66 fr. 50 pour l'exportation.
Mélasses. — On paye comme précédemment à Paris 12 à 12 fr. 25 par 100 kilog.
pour les mélasses de fabrique, 14 fr. pour celles de raffinerie..
Fécules. — Les ventes sont calmes. On paye à Paris : 39 à 40 fr. par 100 kilog.
pour les fécules premières du rayon; à Compiègne, 38 fr. pour celles de l'Oise.
Les fécules vertes valent 25 fr. par quintal métrique.
Amidons. — On cote par 100 kilog. : amidon de pur froment, 66 à 68 fr. ; de
province, 64 à 66 fr. ; de maïs, 54 à 56 fr.
Houblons. — La situation ne varie pas. Les affaires sont très calmes, mais les
prix continuent à se soutenir avec une grande fermeté. On paye sur les marchés
du Nord, 760 à 770 fr. par 100 kilog.; en Alsace, jusqu'à 1000 fr. pour les belles
qualités. En Allemagne, les cours ne s'é'èvent pas au-dessus de 900 fr.
VII. — Huiles et graines oléagineuses, tourteaux.
Huiles. — Les ventes sont calmes, et les prix sont faibles pour les diverses
sortes d'huiles de graines- On paye à Paris par 100 kilog. : huiles de colza brute,
85 à 85 fr. 25 ; épurée, 90 à 93 fr. ; huile de lin, 58 fr. 50. — Sur les marchés des
départements, on paye les huiles de colza : Rouen, 86 fr. 50; Caen, 82 fr. ;
Arras, 77 fr.; et pour les autres sortes : lin, 61 fr. 50; cameline, 76 fr. ; œillette,
110 fr. — Dans le Midi, la fabrication des huiles d'olive se poursuit avec beau-
coup d'activité ; les affaires sont calmes, et les prix présentent peu de variations
sur les taux que nous avons indiqués.
Graines oléagineuses. — Les prix se maintiennent avec peu d'affaires. On paye
par hectolitre à Arras : œillette, 26 à 28 fr. 50; colza, 22 à 23 fr. 50 ; lin, 18 fr.;
cameline, 15 à 18 fr.
Tourteaux. — Il y a beaucoup de fermeté dans les prix. On cote dans le Nord,
paye par 100 kilog. : tourteaux d'œillette, 17 à 17 fr. 50 ; de colza, 18 fr. ; de lin,
23 fr. ; de cameline, 18 fr.; à Marseille, tourteaux de lin, 16 fr. 75; de sésame,
15 fr. ; d'arachides en coques, 10 fr. 50; décortiquées, 14 fr. ; de coprats,
13 fr. 50; de colza, 14 fr. ; d'œillette, 12 fr. 55; de coton, 12 fr. 75 ; de palmiste
naturel, 11 fr. 25; de ravison, 12 fr. 75; de ricin, 11 fr. 25.
DES DENRÉES AGRICOLES (27 JANVIER 1883). 159
Engrais. — La nitrate de soude sepaye 31 fr. par 100 kilog. àDunkerque.
VllL — Matières résineuses, colorantes, tannantes.
Matières résineuses. — Les prix sont plus fermes. On paye à Dax, 86 tr. par
100 kilog. pour l'essence pure de térébenthine. — A Bazas, les gemmes valent
50 fr. la barrique.
Gaudes. — Les prix se maintiennent à 20 fr. par 100 kilog. dans le Languedoc.
IX. — Textiles.
Lins. — Dans le Pas-de-Calais, les lins de pays valent 80 à 95 fr. par 100 ki-
log., suivant les sortes.
Chanvres. — Les ventes sont assez actives sur les marchés de l'Ouest; les prix
se maintiennent. On paye au Mans, 76 à 80 fr. par IGO kilog. pour les premières
qualités; 70 à 76 fr. pour les sortes ordinaires ; 60 à 70 fr. pour les chanvres gris.
X. — Suifs et corps gras.
Suifs. — Les cours se maintiennent sans changements. On cote à Paris,
101 Ir. par 100 kilog. pour les suifs purs de l'abat de la boucherie.
Saindoux. — Prix lermes. On paye au Havre, 138 à 139 fr. par 100 kilog.
pour les saindoux d'Amérique.
XI. — Beurres. — Œufs. — Fromages.
Beurres. — Il a été vendu, pendant la semaine, à la halle de Paris, 186,328 kilog.
de beurres. Au dernier marclié, on payait par kilog. : en demi-kilog. , 2 fr. 40 à
3 fr. 84; petits beurres, 1 fr, 64 à 3 fr. 10; Gournay, 2 fr, 26 à 4 fr. 86;Isigny,
2 fr. 80 à 7 fr. 60.
Œufs. — On a vendu, depuis huit jours, à la halle de Paris 3,761,010 œufs.
Au dernier marché, on payait par mille : choix, 106 fr. à 12 ) fr.; ordinaires, 68 à
82 fr.; petits, 55 à 60 fr.
Fromages. — Derniers cours de la halle de Paris : par douzaine. Brie, 7 à 33 fr,;
Montlhéry, 15 fr.; — par cent, Livarot, 45 à 103 fr.; Mont-Dor, 18 fr. à 30 fr.;
Neufchâtel, 6 fr, à 30 fr.; divers, 6 à 78 fr.; — par 100 kilog. j Gruyère, 120
à 170 fr,
XII. — Chevaux, bétail, viande.
Chevaux. — Aux marchés des 17 et 20 janvier, à Paris, on comptait 911 che-
vaux; sur ce nombre, 344 ont été vendus comme il suit :
Chevaux de cabriolet
Amenés.
199
Vendus.
46
64
106
42
86
Prix extrêmes.
290 à 920 fr
— de trait
. . . . 289
220 à 1,150
— hors d'âge
— à l'enchère
2%
42
20 à 800
30 à 480
— de boucherie . . , .
86
20 à 11.5
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement officiel du marché aux
bestiaux de la Yillette, du jeudi 18 au mardi 23 janvier :
Poids Prix du kilog. de viande nelte sur
Vendus moyen pied au marché du 2'.> janvier.
Pour Pour En • 4 quartiers. 1" 2' 3" Prix
Amenés. Paris, l'extérieur, lotalitét kil. quai. quai. quai. moyen.
Bœufs. 0,581 3,419 1,834 5,253 346 1.72 1.56 1.34 1.53
Vaches 1,844 902 722 1,624 229 1.58 1.36 .1.20 1.36
Taurcau.x 218 146 34 180 382 1.46 1,32 1.24 1.34
Veaux 2,819 I,9.>o 774 2,729 72 2 50 2.34 2.10 2.25
Moutons 33,466 27 256 5,478 32,734 20 2.26 2 10 1.90 2-03
Porcs gras ... . 7,574 2,638 4,552 7,190 SI 1.32 1.26 1.20 1,21
— maigres, „ « » » >> » >> » »
Pour toutes les catégories d'animaux, la vente a été bonne. Les prix sont en
hausse, principalement en ce qui concerne les veaux et les moutons. — Dans les
départements, les foires sont actuellement nombreuses, et elles sont généralement
bonnes. On cote : Amiens, vaches, 1 fr. 70 par kilog. de viande nette sur pied;
veaux, 1 fr. 80 à 2 fr. 20; porc, 1 fr. 25 à ] fr. 35; — Bouen, bœuf, 1 fr. 65 à
1 fr. 85; vaches, 1 fr. 50 à 1 fr. 80; veaux, 2 fr. 05 à 2 fr. 40; moutons, 2 fr. 10
à 2 fr. 40; porcs, 1 fr. 05 à 1 fr. 35; — Epinal, bœuf, 1 fr. 80; vaches, 1 fr. 50;
veau, 1 fr. 70 : moutons, 2 fi*.; porc, 1 fr. 80; — Nancy, bœufs morts, 90 à 95 fr.
les 100 kilog.; vaches, 70 à 89 fr.; moutons, 95 à 110 fr.; veaux vivants, 60 à
74 fr.; porcs, 74 à 77 fr.; cochons de lait, 18 à 25 !'r. la paire; — Le Dorât, bœufs
gras, 1 fr. 60 ; vaches, 1 fr. 35 ; veaux, 1 fr. 70; moutons, 1 fr. 80; porcs, 1 Cr. 10;
— Bussière poitevine, bœufs, 1 fr. 48 à 1 fr. 50; vaches, 1 fr. 30, veaux de lait,
I fr. 70 à 1 fr. 80; cochons, 1 fr. 10; bœufs de travail, 800 à 1000 fr. la paire;
— Lhmrds, bœufs, 1 fr. 45 à 1 fr. 60; veaux de lait 1 fr. 70 à 1 fr. 80; cochons
160 REVUE COMMERCIALE ET PRIX GOURANT (27 JANVIER 1883).
o-ras 0 fr. 80 à 0 fr. 90; — Douryoin, bœuf, 64 à T^i tV. les 100 kilo^.; vaches,
56 à' 66 fr.; moutons, 85 à 95 fr.; porcs, 95 à 100 fr.; veau, 95 à 100 fr.; —
Genève, bœuf 1 fr. 50 à 1 fr. 70; veau (poids vif>, 1 fr. à 1 fr. 16.
A Londres, les importations d'animaux étrangers durant la semaine dernière
se sont composées de 14,812 têtes, dont 3 bœufs, 105 veaux, 566 moutons et
41 porcs venant d'Amsterdam; 2,0:39 moutons d'Anvers; 200 bœufs de Boulogne 5
6.022 moutons de Brème ; 50 moutons de Dunkerque ; t5 veaux de Gothembourg;
782 moutons d'Hambourg; 109 bœufs, 10 veaux et 140 moulons d'Harlingen;
21 bœuls du Havre; ;^31 bœufs et 291 moutons de New- York ; 90 moutons
d'Ostende; 88 bœufs, 248 veaux et 3,454 moutons de Rotterdam.
Viande à la criée. — On a vendu à la halle de Paris, du 16 au 22 janvier :
Prix du kilog. le 22 janvier.
kilog. 1" quai. i* quai. 3° quai. Choix. Basse Boucherie.
Ua-uf on vache... 1>S5, 449 1.58 à 2.00 1.36 à 1. 50 0.88 à 1.34 1.66 à 3.10 0.10 à 0.82
Veau 107,043 2.03 2.40 1.76 2.04 1-40 1.70 2.36 2.76 »
Mouton '. 57,075 1.66 2.08 1.44 1.64 1.02 1.42 1.70 3.00 »
Porc 91,450 Porc frais 1.16àl.34; salé, 1.24
491,017 Soit par jour 70,145 kilog.
Les ventes ont été sensiblement plus élevées que la semaine précédente. Les
prix sont en hausse pour toutes les sortes de viandes .
XIII.— Cours de la viande à Vaballoir de la Villeite du 25 janvier (par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Villette par 50 kilog. : V qualité,
67 à 70 fr. ; 2% 60 à 65 fr. ; poids vifs, 45 à 52 fr.
Bœufâ. Veaux. Moutons.
ir. 2^ 3- 1" 2' 3' 1- r 3-
aual. quai. quai. q al. quai. quai. quai. quai. quai.
fr. fr. ;fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr.
80 73 67 125 110 100 100 94 88
XIV, — March aux bestiaux de la Villette du jeudi 26 janvier 1883.
Cours des commissionnaires
Poids Cours ofliciels^ en bestiaux.
Animaux gênerai. 1" 2" 3' Prix 1" V 3' Prix
amenés Invendus. kil. quai. quai. quai, extrêmes. quai. quai. quai. extrêmes.
Bœufs . . 2 Q05 243 365 t. 70 1.55 1.3'» l.28àl.76 1.68 i.52 1.32 1.26àl.74
Vaches*! .. 702 82 238 1.58 1.34 1 20 1.16 1.62 1-56 1.32 1.18 1.14 1 60
Taureaux... 85 7 378 l 48 1.32 1.25 1.20 1 52 1.46 1.30 1.22 1.18 1.50
Veaux 1.144 239 79 2.46 2.30 2.06 1.76 2.66 » » » »
Moutons.... 22 4t7 1.672 19 2-22 2.08 1.88 1.76 2 26 » , » »
Porcs gras.. 4 572 ' 343 82 1.32 1.26 1.20 1.16 1.36 » » » »
— maigres.. » » " « • ,> » » » » » »
Vente assez active sur toutes les espèces.
.W. — Résumé.
Il y a eu peu de baisse sur quelques produits; mais ce qui caractérise la situa-
tion, c'e st la grande fermeté dans les cours des produits animaux. A. Rem y.
BULLETIN FLNANGIEa
Nous sommes en pleine baisse : la politique a envahie le marché, le 3 0/0 a
perdu 2,40 restant à 76,90; le 5 0/0 a 114,05 a perdu 1,65. Toutes les valeurs.
Sociétés de crédit, chemins de fer sont largement atteints.
Cours de la Bourse du 17 au 211 janvier 1883 {au comiUanl).
Principales valeurs françaises :
Plus Plus Dernier
bas. haut, cours.
Rente 3 O/0 76.90 79 10 76.90
Renie 3 o|o amortis 78.00 so.>o 78.00
Rente 4 1/2 o)o 108.6) III.OO 108.60
Rente 5 0|0 113 90 115.^5 114.05
Banque de France 5100 00 5390.00 5150. oo
Comptoir d'escompte 900.00 998.75 975 00
Société générale 545.00 580.00 545.00
Crédit foncier 1200.00 1295.00 1200.00
Est Actions .500 690 00 722.50 693 09
Midi d° 998 75 1090.00 998.75
Nord d" 1700.00 1825,00 1720.00
Orléans d" 118O.OO 1235.00 1195.00
Ouest d" 705.00 780.00 705.00
Paris-Lyon-Méditerranée d° 1465.00 1530.00 1465.00
Paris 1871 obi. 400 à 3 0/0. 384.00 392.00 384.00
Italien 5 0/0 85.65 36.30 85 80
Le Gérant : A. BOUCHÉ.
Valeurs Diverses
Plus
bas.
500.00
520.00
423 .00
900.00
675.00
625.00
540.00
Plus
haut.
506.00
531.25
441.25
990.00
690.00
700.00
562.50
355.00
Dernier
cours.
500.00
520.00
423.00
iiOO.OO
690.00
625 . 00
540.00
320.00
Créd. fonc. obi. 500 4 o/o
d" d" d° d" 3 0/0.
d" obi. c" d° 3 0/0.
i;que de Paris act. 500....
Crédit ind. et com. 500. . . .
Dépôts et cples cts. 500. . . .
Crédit lyonnais d°
Crédit mobilier 320.00
Cie parisienne du gaz 250 1460.00 1520.00 1470.00
Gie génér. Iransatl 500 4oo.oo 415.00 400.00
Messag. maritimes d". 680.00 705.00 690.00
Canal de Suez d". :o20.00 2225. .ïO 2020.00
d" délégation d°. 1125.00 1215.00 1132.50
d° obli. 5 0/0 d°. 550.00 555.00 650.00
Créd. fonc Autrich 500 735.00 755.00 735.00
Créd. mob. Espagnol 286.25 295.00 290.00
Créd. fonc. Russe 346. 00 377.00 346.00
LETERRIER.
CHRONIQUE AGRICOLE o février isss).
Le succès des concours généraux agricoles de Paris en 1883. — Manifestation des proférés agricoles
par cette solennité. — Les produits et l'outillage de l'agriculture. — Session annue le de la
Commission supérieure du phylloxéra. — Rapport de M. Tisserand sur les efforts poursuivis pour
enrayer les progrès du mal. — Stalistitiue de tiaitements et des associations agricoles. — Rap-
port de M. Menudier sur les traitements recommandés par la Commission supérieure. — La nou-
velle carte du phylloxéra. — Récapitulation des arrondissements atteints. — Texte du projet de
loi sur les mesures à prendre contre l'invasion du phylloxéra en Algérie. — Publication du cin-
quième fascicule du Bulletin du ministère de l'agriculture. — Concours de semoirs à Saint-
Quenti . — Mesures prises par les chemins de fer pour le transport des animaux destinés aux
concours. — Programme du concours hippique annexé au concours régional de Bourg. — Pro-
chaine exposition d'horticulture à T'-oyes. — Programme d'une exposition agricole à Namur
(Beliiique). — Réunion annuelle des professeurs départementaux d'agriculture — Constitution
du bureau de cette association. — Succès des conférences rurales et de l'enseigrcnient dans
les écoles normales. — Publication de l'Annuaire de l'association des anciens élèves de l'école
nationale d'agriculture de Montpellier. — Discussion et vote en première délibération, par le
Sénat, des quatre premiers titres du projet de loi sur le régime des eaux.
I, — Le succès du concours agricole de Paris.
Malgré les tristesses de l'heure présente, le concours agricole de
Paris a eu un très grand succès. Jamais dans aucun concours précé-
dent, le palais des Champs-Elysées n'avait compté autant de visiteurs.
Les animaux vivants, les produits et les machines méritaient vraiment
l'examen, et ils dénotaient des progrès véritables dans l'agriculture
française, progrès qui sont en contradiction avec la prétendue dé-
chéance dont on l'accusait d'être atteinte. Il est très vrai que c'est tout
ce qui concerne l'élevage du bétail qui faisait la partie essentielle du
concours. Or, la production animale est aujourd'hui la seule qui donne
des bénéfices, en y joignant toutefois la viticulture là où le phylloxéra
n'a pas causé de désastres irréparables. Toutefois, comme le marché
des machines agricoles a été assez animé, il faut y voir un signe d'une
certaine activité dans toutes les branches de Tagriculture. Les cultiva-
teurs sont, en quelque sorte, à l'affût de toutes les améliorations. On
pouvait le constater en les voyant examiner les perfectionnements des
charrues, des semoirs, des machines à battre, etc., en les voyant applau-
dir au développement de l'industrie des petits chemins de fer, à la pro-
pagation des pompes de tous genres, à la prospérité véritable de la
construction des moteurs à vapeur. L'industrie de la construction des
machines agricoles est devenue, en France, considérable; elle peut
lutter, même sur les marchés étrangers, avec les pays les plus avancés,
et peut-être est-on en droit de dire que nos constructeurs fabriquent
à meilleur marché que les constructeurs des pays rivaux. Ce n'est pas
ici le lieu d'entrer dans des détails ; des articles spéciaux du Journal
établiront successivement la valeur de toutes les améliorations. Ce
qu'il faut constater immédiatement, c'est le progrès véritable qui res-
sort de la solennité arrivée à son terme et qui marque une heureuse
étape dans la marche en avant de l'agriculture nationale. La patrie
française ne décline pas, puisque son agriculture arbore vaillamment
le drapeau du progrès.
IL — Le phylloxéra.
La Session annuelle de la Commission supérieure du phylloxéra,
commencée le 19 janvier, sous la présidence de M. de Mahy, ministre,
de l'agriculture, s'est achevée le 24 janvier; nous-allons exposer briève-
ment les travaux auxquels la Commission s'est livrée.
Dans un rapport rédigé avec soin, M Tisserand, directeur de l'agri-
culture, a exposé la situation des vignobles français en 1882, et il a
N" 721 . — Tome I" de 1883. — 3 Février.
162 CHRONIQUE AGRICOLE (3 FÉVRIER 1883).
fait connaître les eiïorts poursuivis par le gouvernement pour enrayer les
progrès du mal. L'étendue des vignes atteintes jusqu'ici par le phyl-
loxéra est établie comme il suit : vignes détruites, 763,799 hectares;
vignes envahies et qui n'ont pas succombé, 642,07^ hectares ; total,
1 ,A06,Sn hectares ; mais on a effectué des replantations sur une
partie de cette étendue. D'après les ra[)ports transmis par les préfets,
les surfaces sur lesquelles des traitements sont effectués se répartis-
sent ainsi : vignes traitées par la submersion, 12,543 hctares ; par
le sulfure de carbone, 1 7 ,1 '^1 hectares ; par le sulfocarbonate de potas-
sium, 3,033 hectares. Il y a, en outre, 17,096 hectares qui ont été
plantés en vignes américaines. C'est donc sur une surfa<'e de
50,000 hectares environ que la lutte est actuellement soutenue contre
le fléau Quant aux syndicats de viticulteurs, leur nombre augnu^nte
rapidement; à la fin de 1S82, on comptait 12,338 propriétaires, asso-
ciés pour une surface de 32,685 hectares ; ils ont reçu du gouverne-
ment des subventions s'élevant à 1 ,085,089 francs.
Sur le rapport de M. le docteur iMenudier, la Commission a décidé
qu'il n'y avait pas lieu d'accorder le prix de 300,000 francs, et que
les moyens qu'elle recommanderait en 1883, comme précédemment,
pour combattre le phylloxéra, seraient la submersion, le sulfure de
carbone et le sulfocarbonate de potassium.
C'est M. Maxime Cornu qui a été chargé de faire le rapport sur la
carte à établir pour l'année courante. Il a été décidé que cette carie ne
comporterait plus que deux teintes, la teinte noire pour les arrondis-
sements où la culture des vignes américaines serait autorisée, et la
teinte grise pour les autres. En outre, la Commission a décidé que,
d;ms quelques cas spéciaux, l'unité administrative pour le service du
phylloxéra serait le canton, au lieu de l'arrondissement. Les arrondis-
sements dans lesquels la présence du phylloxéra a été constatée en
1882, sont les suivants : im, Nantua ; Ariège, Foix; Can/a/, Aurillac;
Haute -Garonne, Muret, Saint- Gaudens et Villefranche ; Indre-et-Loire ,
Tours, Chinon, Loches; Loiret^ Mont;irgis, Pithiviers ; Saône et-Lorre^
Louhans; Deux-Sèvres, Parthenay ; Tarn, Castres; Vendée, Fonlenay-
le-Comte ; Haute-Vienne, Limoges, Rochechouart. Il faut y ajouter le
canton de Château-Landon (Seine-et-Marne). Les nouveaux arrondisse-
ments dans lesquels la culture des vignes américaines est autorisée,
sont au nombre de 23 : Hautes-Alpes, Embrun ; Aude, Carcassonne,
Narbonne; Aveyron^ Millau, Sainte-Affnque ; Correze, Tulle, Bt-ive;
Loire, Saint-Etienne, Montbrison , Lot, Figeac ; Lozère, Marjevols ;
Pyrénées-Orientales, Perpignan, Céret; Deux-Sl'vres , Niort; Tarn,
Gaillac, Albi, Lavaur ; Tarn-et Garonne, Montauban, Castel Sarrazin;
Vienne, Chàlellerault, Civray, Montmorillon et Poitiers. — Sur le rap-
port de M. Maxime ('ornu, la Commission supérieure a émis des vœux
relatifs à l'exécution des canaux dérivés du Rhône et à des allégements
d'impôts en faveur des propriétaires phylloxérés.
La dernière question dont la Commission supérieure a eu à s'occu-
per, a été l'examen d'un projet de loi sur les mesures à j)rendre contre
l'invasion et la propagation du phylloxéra en Algérie. Voici le texte
des douze articles dont il se compose :
Article preaiier. — Tout propriétaire, toute personne ayant, à quelque titre
que ce soit, la charge de la culture ou de la garde d'une vigne, est tenu de
signaler immédiatement au maire de sa commune tout fait de dépérissement ou
même tout symptôme maladif, qui se seront manifestés dans ladite vigne.
CHRONIQUE AGRICOLE (3 FÉVRIER 1883). 163
Une semblable déclaration est obligatoire pour les pépinières ou jardins dans
lesquels il existe des pieds de vigne.
Le maire prévient immédiatement le sous-préfet ou le préfet.
A.rt i. — Le maire de chaque commune est tenu de faire visiter par un expert,
une fois par an, et plus souvent s'il est jugé nécessaire, les vignes comprises dans
le territoire do sa commune. Il rend compte immédiatement au sous-préfet ou
au ]irétet du résultat de cette visite.
Art. 3. — Le piéfet fera visiti^r sans délai les vignes, pépinières ou jardins,
pour lesquels il aura reçu la déclaration prévue par les articles 1 et 2, ou dans
lesquels djui^era une inspection nécessaire
Stm délègue est investi du pouvoir de pénétrer dans ces propriétés et d'y faire
toutes les r< cherches, travaux d'inve-tigations jugés nécessaires.
Cette visite sera étendue aux vignes environnantes.
Le délégué transmet sans délai son rapport au préfet.
Art. k. — Lorsijue. l'existence du phylloxéra aura été reconnue, le gouverneur
giénéial prend un arrêté portant déclaration d'intection de la vigne malade, des
pépmières et jardins, et des vignes environnantes.
Cettt- déclaration d infection indique le périmètre auquel elle s'étend.
Ce périmètre comprend les vignes reconnues malades et une zone de protection.
La déclaration d'intection entraîne les mesures suivantes :
1° La destruction des vignes reconnues malades ou suspectes;
2° La destruction par le feu des ceps, tuteurs, échalas, feuilles, sarments, etc. ;
3"* La désinfection du sol ;
4" L'inter iction de toute nouvelle plantation de vigne pendant un temps qui
ne pourra pas dépasser cinq ans;
5° La défense de pénétrer dans les lieux déclarés infectés, si ce n'est avec une
autorisation du délégué;
6" Le traitement préventif de la zone de protection ;
7° L'interdiction de sortie des terres, feuilles, plants et tous objets pouvant
servir à propager le phylloxéra.
Art. 5. — Toute plantation faite à l'aide de pknts introduits frauduleusement
sera détruite jiar ordre de l'autorité administrative, sans préjudice des poursuites
à exercer contre les délinquarts.
Art 6. — Il est interdit d'inti'oduire, de détenir et de transporter le phyl-
loxéra à l'état vivant, ses œufs, larves e nymphes.
Art. 7. — Dans les territoires soumis à l'autorité militaire, les dispositions
des articles qui précèdent, sont appliquées par l'autorité chargée de l'adminis-
tration.
Art. 8. — Les frais résultant des opérations prescrites aux articles 3 et 4 sont
à la charge de l'Etat.
Les trais des visites ordonnées par l'ar ticle 2 sont supportés par la commune ;
ces dépenses sont obligatoires.
Art, 9. — Le projjriétaire dont la vigne aura été détruite en exécution de la
présente loi aura droit à une indemnité qui sera à la charge du Trésor.
Cette indemnité ne pourra dépasser la valeur du produit net de trois récoltes
moyennes que ladite vigne aurait pu donner.
Les autres dommages causés par le tr-aitement de la vigne infectée ou suspecte
do meront lieu également à une indemnité corres .ondant au préjudice causé. ^
Dans les deux cas, l'évaluation de l'indemnité est faite par le délégué du préfet
et uu ex. ert désigné par la par tie
Le proces-verbal d'exftertise est visé par le maire qui donne son avis.
Le ministre peut ordonner la révision des évaluations par une commission
dont il nomme les membres.
L'indemnité est hxée par le ministre, sauf recours au conseil d'Etat.
Art. 0. — Il n'est alloué aucune indemnité à tout détenteur de vignes à un
titre quelconque, qui aura contrevenu aux dispositions de la présente loi, ou
aura introduit chez lui des plantes ou produits agricoles ou horticoles dont 1 m-
troduction est prohibée.
Art. 11 — Sans préjudice delà déchéance inscrite à l'article 10, et des res-
ponsabilités inscrites dans les articles 138 c suivants du Gode civil, le^ contre-
venants aux dispositions qui précèdent, aux décrets et aux arrêtés rendus pour
l'exécution de la présente loi, seront passibles des peines édictées par les articles
13, 14 et 15 de la loi du 2 aoiît 1879.
164 CHRONIQUE AGRICOLE (3 FÉVRIER 1883).
Art. 12. — Toutes les dispositions inscrites dans les lois du 15 juillet 1878
— 2 août 1879, en ce qu'elles ne sont pas contraires à la présente loi, restent
applicables à l'Algérie.
Ce projet de loi sera présenté au Parlement par M. le ministre de
ragricLilture, au nom du gouvernement. Avant de clore la session,
M. de Mahy a adressé ses remerciements à la Commission supérieure,
en lui témoignant de l'intérêt qu'il porte à ses délibérations.
III. — Bulletin du ministère de l'agriculture.
Le 5® fascicule du Bulletin du ministère de l'agriculture vient d'être
publié. Il est consacré exclusivement à la production chevaline. Il
renferme la loi du 29 mai 1874 sur les haras, le compte rendu de la
dernière réunion de la Commission des haras, les arrêtes sur les con-
cours hippiques et les épreuves d'étalons, un rapport de M. de Cormette
sur l'exécution de la loi de 1874, des notices sur les haras du Pin et
de Pompadoiir. En ce qui concerne les pays étrangers, on y trouve un
rapport de M. de Cormette sur les institutions et établissements hip-
piques de l'Autriche-Hongrie ; ce rapport est accompagné de cartes et
de plans exécutés avec soin.
IV. — Concours de semoirs.
On sait que le Comice de Saint-Quentin a organisé, en octobre 1882,
un concours interna'iional de semoirs. Le rapport sur ce concours vient
d'être publié. 32 instruments ont été présentés, et le concours a été ter-
miné par l'attribution des récompenses suivantes: médaille d'or et 250 fr.,
à MM. Liot et fils, constructeurs à Boisguillaume, près Rouen (Seine-
Inférieure); médaille d'or et200tr., à MM. Smyth et fils, construc-
teurs à Peasenhail (Angleterre) ; 150 fr. et une médaille d'argent grand
module à M. Wagon, constructeur à Gouy (Aisne); 125 fr. et une
médaille d'argent grand module à M. Zimmermann, constructeur à
Magdebourg (Allemagne), représenté par M. Duvinage ; 100 fr. et une
médaille d'argent moyen module à M. Hurtu, constructeur à Nangis
(Seine-et-Marne); une médaille d'argent à M. Sack, constructeur à
Plag^vitz (Allemagne), représenté par M. Lanz; une médaille d'argent
à M. Demoncy-Minelle, constructeur à Château-Thierry (Aisne) En
outre, la délégation de la Société des agriculteurs de France a décerné,
sur le rapport de M. Ernest Robert, une médaille d'or à M. Lefèvre,
constructeur à Vendhuille (Aisne) ; une médaille d'argent grand
module, à MM. Robillard et Maréchal, constructeurs à Arras (Pas-de-
Calais).
V. — Le transport des animaux envoyés aux concours.
Dans notre numéro du 20 janvier, nous avons publié une lettre de
M. le marquis de Poncins relative aux concessions accordées par la
Compagnie des chemins de fer Paris- Lyon-Méditerranée pour le trans-
port des animaux expédiés aux concours. On sait que cette concession
a pour objet de faire porter sur les tarifs spéciaux, au lieu de la limi-
ter comme précédemment aux tarifs généraux, la réduction de
50 pour 100 applicable à ces transports. M. de Poncins nous commu-
nique plusieurs réponses qu'il a reçues. La Compagnie des chemins
de fer de l'Etat et celle des chemins de fer du Sud-est lui ont répondu
qu'elles accorderaient les faveurs consenties par la Compagnie
de Paris-Lyon-Méditerra'née. La Compagnie des chemins de fer d'Or-
CHRONIQUE AGRICOLE (3 FÉVRIER 1883). 165
léans a répondu qu'elle n'a aucune nouvelle mesure à prendre, attendu
qu'elle déjà pris les devants à cet égard, et qu'elle accorde sur son
réseau les concessions demandées.
YI. — Concours hippique à Bourg.
Dans quelques-unes des villes où se tiendront les concours ré^^ionaux
de cette année, on commfince à s'occuper de l'origan isation des concours
hippiques qui y seront annexés. La Commission chargé.? d'élaborer le
proii^ramme du concours de Baurg s'est réunie, dans cette ville,
le 13 janvier. lia été décidé que le programme comprendrait deux
catégories : les chevaux de deini-sang et les chevaux de trait léger. La
demande faite par les représentants des départements de l'Ain et du
Doubs d'y adjoi dre tous les chevaux de trait, n'a pas été accueillie;
on s'est retranché sur ce que la production du cheval de trait étant
étrangère à celle du cheval de guerre, il n'y avait pas lieu de Tac! mettre
à concourir. C'est une décision regrettable, car elle a pour eiïet de
jeter une défaveur sur la partie de la production chevaline qui est la
plus intéressante pour les agriculteurs, et qui est celle dont les
débouchés sont aujourd'hui les plus importants pour les éleveurs de
chevaux. Il est nécessaire d'admettre toutes les catégories de chevaux
dans les 'concours régionaux, si l'on veut donner une réelle impor-
tance à ces solennités.
VII. — Exposition d'horticulture à Troyes.
A l'occasion du concours régional agricole qui doit avoir lieu àTroyes,
la Société hofticole, vigneronne et forestière de l'Aube ouvrira sa
septième exposition générale du samedi 19 au lundi 28 mai 1883,
dans le jardin public du mail de Belfroy, situé devant la gare de
l'est. Tous les producteurs et amateurs compris dans la région nord-
est, sont invités à exposer et admis à concourir. C(3tte région comprend
les départements de l'Aube, des Ardennes, de la Marne, de la Haute-
Marne, de Meurthi3-et-MaseIle, de la Meuse et des Vosges. S'il se
présente des exposants en dehors de la région, leurs produits seront
admis, mais ils concourront séparément. On admettra à cette expo-
sition les produits des jardins, des vignes, des forêis, et des arts ou
industries qui s'y rapportent, ainsi que les spécimens de cultures et
de perfectionnemenis dans les exploitations.
VIII. ■ — Exposition agricole en Belgique.
La Société agricole et forestière de la province de Namur ouvrira dans
cette ville, le 21 juillet 1883, un grand concours d'animaux repro-
ducteurs ainsi qu'une exposition d'instruments et de produits de
l'agriculture. L'exhibition durera quatre jours et comprendra les
neuf divisions suivantes : 1° concours provincial d'animaux repro-
ducteurs; 2° exposition internationale de machines et instruments
agricoles; 3** exposition internationale d'instruments de laiterie;
h° exposition nationale de matières fertilisantes du commerce et
d'aliments du bétail (arrières produits, tels que tourteaux, etc.);
5" exposition nationale de graines de plantes forestières et db grande
culture; 6" exposition provinciale de produits alimentaires et indus-
triels agricoles à leurs diverses phases de transformation; 7" concours
de plans de fermes et d'habitations d'ouvriers agricoles; 8° concours
d'arboriculture fruitière et de culture maraîchère sur place entre
166 CHRONIQUE AGRICOLE (3 FÉVRIER 1883).
les instituteurs communaux de la province; 9" concours provin-
cial de ferrure. Ces divisions indicpient suffisamment l'importance
de l'exhibition et doivent engai^er les ai^riculteurs et industriels à y
prendre pari. Une réduction de 50 pour 100 est accordée au transport
des animaux et produits sur tous les chemins de fer de la Belgique.
Tous les renseignements sur le concours seront donnés par M. Michel,
secrétaire de la Société, 4, place du Chapitre, à Namur.
IX. — Sociélé des professeurs déparlementavx d'agriculture.
La Société des professeurs départementaux d'agriculture s'est réu-
nie à Paris, les 27 et 28 janvier, en cession générale annuelle dans
une de.', salles du Palais de l'Industrie, mise à sa disposition par
M. le ministre de l'agriculture. Cette réunion fort nombreuse s'est
livrée à l'étude de questionsprofessionnellesd'unegrandeimportance, au
point de vue du développement des conférences rurales et delà bonne
organisation de l'enseignement de l'agriculture dans les écoles nor-
males; la discussion de ces questions a nécessité trois longues séances
et a amené l'assemblée à émettre plusieurs vœux dont la réalisation
conduirait aux pus heureux résultats. Conformément à ses statuts, la
Société a procédé au renouvellement de son bureau qui se trouve
actuellement composé de MM. Magnien (Côte-d'Or), président; Sau-
vage (Haute-Marne), vice-préside t; Franc (Cher), secrétaire; Siint-
André (Oise), secrétaire-adjoint, et Duplessis (Loiret), trésorier. La
dernière séance de la session s'est terminée par la lecture de notices
nécrologiques sur MM. Boaquillon (Vienne), Gossin (Oise), et Lefebvre
(Aveyron), professeurs départementaux dont les services rendus à la
cause de l'enseignement agricole ne sauraient être oubliés.
Tous les membres présents de la Société ont été unanimes pour
témoigner du bon vouloir et de l'espoir studieux des élèves-maîtres
des écoles normales, et pour affirmer le succès croissant des confé-
rences agricoles, grâce à l'appui de Tadministration et à l'accueil
bienveillant des populations rurales.
X. — Association des anciens élèves de Montpellier.
L'association amicale des anciens élèves de l'école nationale d'agri-
culture de Montpellier vient de publier son Annuaire pour 1883. Fon-
dée en 1881, cette Association compte actuellement 84 membres. Elle
est présidée par M. Couvert, professeur à l'école, et elle a pour pré-
sident d'honneur M. Gustave Foex, directeur de l'école. A côté des
détails sur le fonctionnement de lassociation, V Annuaire renferme
une intéressante étude de M. Chaurit sur l'organisation des labora-
toires de l'école de Montpellier, ainsi qu'un extrait du rapport de
M. Dufour sur l'attribution de la prime d'honneur, dans 1 Ar lèche, en
1882, à M. Fournat de Brézenaud, ancien élève de la Saulsaie.
XL — Le régime des eaux.
La première délibération du projet de loi relatif au régime des eaux
a été achevée, durant cette semaine, au Sénat. Plusieurs articles du projet
ont donné lieu à d'importantes discussions. Ces discussions ont porté
principalement sur des questions relatives à la propriété des sources,
des petits cours d'eau, sur les droits du domaine et des riverains sur
les rivières navigables ou flottables. Il serait trop long de les analyser
ici. Nous publierons le texte des articles des quatre prerait^rs titres du
projet de loi, qui ont été successivement adoptés. J.-A.Barral.
SOCIÉTÉ DES AGRICULTEURS DE FRANGE. 167
SOCIÉTÉ DES AGRICULTEURS DE FRANCE
La quatorzième session de la Société des agriculteurs de France a
été ouverte, le lundi 29 janvier, à l'Hôtel Continental, à Paris. Un
grand noinbre de tnembres assistaient à la première séance. A côté du
pré-ident M. le marquis de Dampierre, on remarquait la présence de
M. Chevreul, Tillustre président •le la Société nationale d'agriculture,
dont les découvertes ont tant contribué, depuis trois quarts de siècle,
aux progrès agricoles.
Au bureau, avaient pris place, en outre, MM. de Bouille, Josseau
et Berlin, vice-président» de la Société; M. Teissonnière, secrétaire
général, et un grand nombre de membres du Conseil d'adminis-
tration.
Le fait principal qui ressort des documents qui ont été mis sous les
yeux de la Société, est que le nombre de ses membres s'est considé-
rablement accru depuis un an. Les adhésions nouvelles lui sont venues,
grâce à une active propagande, au nombre de plus de six cents.
Après avoir remercié aux applaudissements répétés de l'assistance,
M. Chevreul, le seul membre d'honneur français de la Société, d'avoir
répondu à son invitation, M. de Dampierre a ouvert la session par le
discours suivant :
« Messieurs, l'agriculture souffre et elle n'a pas reçu de la représentation
nationale tous les secours ({u'eile était en droit d'en espérer. Gela est certain, et,
pourtant mon intention n'est pas d'insister aujourd'hui sur les côtés douloureux
de cette situation; je crois plus utile de chercher avec vous et en nous les moyens
d'atténuer des souffrances que personne ne nie, car la fermeté en face de l'épreuve
est la meilleure chance de salut des agriculti^urs.
« La vie du cultivateur est une lutte contmuelle contre les infortunes qui lui
viennent et de Dieu et des hommes, et il lui faut taire un incessant appel à son
courage pour le rendre capable de dominer les obstacles qui s'accumulent sous
ses pas. Uu poète du dernier siècle avait dit :
Q<\e l'ait du laboureur est ua art incertain!
Sa fortune dépend d un soir ou d'un matin,
11 voit au gré des vents errer ^es espérances... !l
« Ma S on n'avait pas imaginé dlors que les hommes ajouteraient leurs lois
économiques, leurs impôts exagérés, leurs exigences sociales aux épreuves de la
nature. C'était le contraire qui devait être à présumer du bon sens de la nation.
« Quoi qu'il en soit, c'est un graûd mérite, Messieurs, que de ne se laisser ni
accabler, ni même déconcerter par les périls qui vous environnent, et ce mérite
vous l'avez au plus haut degré. ^ Si des pluies incessantes rendent impossible
l'ensemencement de vos blés ou détruisent ceux que vous aviez déjà faits, vous vous
entourez des plus sages conseils pour reprendre au printemps les travaux man-
ques de l'automne, et vous comprenez que ces blés étrangers, qui ont été pour vous
dans ces dernières années un sujet de si grandes préoccupations, apporteront au
pays ce que vous ne pourrez lui fournir vous-mêmes; vous ne vous inquiétez pas
de cette situation, car vous avez d'autres moyens de mettre vos terres en valeur ;
il ne s'agit, après tout, que de faire de l'argent avec d autres récoltes pour n'avoir
rien à redouter de cette éventualité qui autrefois eût p rté la terreur dans tous les
esprits ; c'est d'ailleurs l'occasion a' expérimenter les conseils qui vous ont été
maintes fois donnés de faire plus de bétail et moins de céréales, et il ne faut
pas la laisser échapper.
« Lorsque vous u obtenez pas les dégrèvements promis et attendus, si même le
budget de l'agriculture se voit retrancher d'utiles ressources, au profit de vues
économiques et sociales qui n'ont pas vos sympathies, vos représentants n en con-
tinuent pas moins à affirmer vos droits, à les faire reconnaître, à les faire respecter
jusque dans leurs échecs; partout et toujours ceux qui portent votre drapeau sont
à la hauteur de leurs devoirs.
168 SOCIÉTÉ DES AGRICULTEURS DE FRANCE.
« C'est là, Messieurs, croyez-moi, une attitude qui fait grand honneur à l'agri-
culture française, et dont vous me permettrez de la louer hautement. Elle ne
connaît, elle, ni les grèves bruyantes, ni les épouvantables épreuves de l'Irlande !
« Notre tâche ici est de nous préoccuper sans cesse, dans les circonstances
difficiles que nous avons à traverser, des points sur lesquels doivent se porter le
plus utilement nos efforts. Je vous remercie, Messieurs, de la rendre si facile
par votre zèle, par vos talents, par un dévouement patriotique qui est vraiment
l'âme de tout ce que vous faites.
« Nous ne sommes pas seuls dans cette voie, j'aime à le reconnaître, bien des
efforts généreux se font à côté de nous en faveur de l'agriculture, et des sociétés
se sont multipliées en proportion des besoins qui se manifestaient. Il faut voir
dans cette émulation, non point de misérables rivalités d'amour-propre ou d'in-
fluence, mais la création d'institutions aui, loin de se nuire, peuvent se com-
pléter utilement, — à l'expresse condition cependant que l'esprit qui les anime à
l'égaril les unes des autres s'inspire de leur commun dévouement au pays, et que
le venin de la politique ne vienne pas en altérer le caractère.
« Nous avons tous les jours sous les yeux l'exemple de ce que peuvent être
pour le bien commun ces rapports que je qualifierais de fraternels, si le respect et
l'admiration qui s'attachent à des maîtres vénérés, chefs en même temps de la
Société nationale d'agri'culiure, n'imposaient à la Société des agriculteurs de
France, bien moins ancienne, un sentiment plus filial encore que fraternel. Vous
apprécierez, Messieurs, combien sont touchantes cette entente et cette union des
deux sociétés par ce fait que, si restreint par ses vieux règlements que soit le
nombre des membres de la Société nationale d'agriculture, — j'allais dire de cette
noble académie de l'agriculture, — nous ne comptons pas dans son sem moins
de cinquante et un de nos associés, dont la moitié à peu près fait partie de notre
bureau et de notre conseil. Nous ressentons autant cl'orgueil que de satisfaction
de cette confraternité, qu'un effort constant cherche à rendre fructueuse ; mais
nous ne le manifestons aussi hautement que parce que l'exemple nous semble bon
à mettre sous tous les yeux. Nous voudrions qu'il put profiter aux sociétés nou-
velles dont je parlais tout à l'heure : les ressources financières dont elles dispo-
sent, grâce à la générosité du gouvernement à leur égard, un zèle incontestable,
pourraient assurément faire beaucoup de bien, si elles se maintenaient dans les
conditions que j'indiquais.
« Quant à nous, messieurs, notre ligne de conduite sera toujours déterminée
Sar les seuls besoins de la cause qui a été confiée à notre sollicitude. Nous avons
emandé aux pouvoirs publics de notre pays, avec une per^:évérante insistance,
ce que nous attendions de leur justice ; nous avons cherché, au prix de travaux
dont on a apprécié le mérite, à montrer les raisons de droit, d'équité et de bonne
politique qui inspiraient nos conseils; nous n'avons obtenu qu'une trop faible
partie de ce que nous voulions, mais nous ne cesserons de dire que l'agriculture
doit recevoir une plus large part que celle qui lui a été faite dans les conseils du
gouvernement; si nous reconnaissons le bien qui a été fait, nous avons surtout
pouriievoir de signaler celui qui reste à faire. — D'une autre pnrt, nous stimu-
lons de tout notre pouvoir les découvertes et les expériences de la science ; nous
veillons à la distribution annuelle la plus équitable des dons généreux que nous ont
faits des bienfaiteurs dont vous n'oublierez jamais les noms; nous cherchons tous
les moyens de fortifier les liens qui doivent unir tous les membres de notre
Société. Ce sont là nos seules préoccupations, mais elles ne laissent pas que d'être
quelquefois bien lourdes : laissez-moi en mettre un exemple sous vos yeux. L'im-
portance que nous avons donnée à l'intervention des sociétés départementales
affiliées, l'action qu'elles exercent par leurs délégués sur les programmes de nos
sessions, ont accru leur nombre au point que 80,0.00 agriculteurs sont ainsigrou-
pés autour de nous Vous jugez quel prix nous attacherions à des rapports directs
avec ce nombre considérable d'hommes qui, par leur seule volonté de faire partie
d'un Comice cantonal ou d'une Société départementale, ont prouve l'intérêt qu'ils
prenaient aux choses de l'agriculture, et ([ui doivent ainsi exercer une influence
sur les méthodes culturales des contrées qu'ils habitent. De là dériverait un
moyen d'action des plus importants pour nous ; mais les difficultés augmentent
en proportion du nombre de nos adhérents, et notre budget est bien restreint en
face de telles aspirations !
« Un signe certain de l'estime dans laquelle on veut bien tenir nos travaux,
c'est le prix que l'on attache à nos modestes récompenses, et nous y voyons un
SOCIÉTÉ DES AGRICULTEURS DE FRANCE. 169
encouragement à rester dans la voie que nous nous sommes tracée sous ce rap-
port. Nous n'avons pas, il me semble, à nous inquiéter beaucoup de quelques
critiques. Si ces critiques sont fondées, elles nous donneront l'occasion de nous
amender ; si elles ne le sont pas, notre bonne volonté et notre désintéressement
suffiront à nous défendre.
a Au milieu des agitations qui fatiguent l'esprit public, le terrain des purs
intérêts de l'agriculture est comme une oasis que tout le monde est iieureux de
rencontrer-, et les témoignages de confiance de M. le ministre de l'agriculture la
générosité des Compagnies des chemins de fer à notre égard, nous mootrent bien
qu'on apprécie à sa valeur une indépendance ferme et respectueuse comme celle
dont nous nous honorons. Gardons-la donc soigneusement malgré les sacrifices
qu'elle nous impose quelquefois, et qu'elle reste le point de départ de tous nos
actes.
« M. le comte de Luçay vous a, l'année dernière, rendu compte, avec un soin
et une méthode qui vous ont vivement intéressés, de l'état de nos travaux. Ce
rôle appai tient aujourd'hui à notre secrétaire général, et M. Teissonniôre va vous
donner un résumé de ce que nous avons fait depuis ua an. L'énoncé seul des
matières qu'il va traiter vous fera comprendre que nous nous sommes occu])és de
toutes les questions qui se rapportent à notre régime économique, à la législation
rurale, à l'enseignement agi-icole, aux relations internationales, aux tarifs des
chemms de fer, au génie rural, aux industries agricoles et à toutes les conditions
techniques des diverses branches de la production nationale. Nous espérons avoir
accompli cette mission avec tout le soin que nous imposait votre confiance- mais
nous ne pouvons nous défendre d'un sentiment d'amère tristesse, il faut vous
l'avouer, en voyant que tant d'efforts, dont on reconnaissait hautement la raison
d'être et la justice, ont si peu obtenu. La lutte est ingrate, mais la cause est
si juste que nous persévérerons cependant sans défaillance.
« Messieurs, de nouveaux deuils bien cruels ont frappé notre Conseil et la
Société elle-même cette année, et vous vous associerez à mon affliction person-
nelle devant les noms si universellement estimés de MM. Bella et le marquis de
Virieu, membres de votre Conseil, devant ceux de quelques-uns de vos plus vaillants
défenseurs dans le Sénat, MM. le vicomte de Forsanz, le général de Cissey, de
Kerjégu et le baron de Larcy ; ceux de collègues aussi dévoués que MM. Juvénal
Dessaignes, Chenu-Laffitte, de Lamballerie, Bodin, le comte de Bonneval, Ance-
lin, Bataille, Jacquet, le marquis de Mallet.
« D'autres noms mériteraient d'êire cités, qui vous feraient mieux apprécier
encore la grandeur de nos pertes, mais il faut s'arrêter et regarder aussi quels
éléments de vie, de force et de prospérité la Providence vous envoie. Beaucoup
de membres nouveaux sont entrés dans nos rangs cette anaée, et si nous avons
perdu 85 sociétaires, 584 les ont remplacés. Nous remercions nos nouveaux collè-
gues de nous apporter cette consolation; puissent-ils se montrer, comme ceux
que nous pleurons, d'utiles, de courageux défenseurs de la cause agricole. »
M. Teissonnière a donné lecture du rapport sur les travaux de la
Société; dans ce rapport, il a principalement insisté sur les réunions
des Commissions et les études auxquelles elles se sont livrées. Ensuite,
M. Jacquemart a présenté le rapport sur la situation financière de la
Société, dont les recettes augmentent avec l'accroissement du nombre
de ses membres.
Avant de se retirer, M. Chevreul a tenu à remercier la Société de
l'accueil enthousiaste qu'elle lui avait fait. Dans une improvisation
éloquente, il a insisté sur les services que la Société des agriculteurs
peut rendre, par son rayonnement dans toute la France, pour réunir
les documents nécessaires pour faire un traité d'agriculture scien-
tifique dont les éléments manquent encore. H faut, en effet, dans les
questions agricoles, se bien garder de faire des généralisations hàlives,
et de tirer des conclusions absolues de faits particuliers et isolés;
M. Chevreul cite, comme exemples, les recherches relatives aux eaux
souterraines et aux engrais complémentaires, improprement appelés
engrais chimiques, dontondoit faire varier l'emploi suivant la nature
170 SOCIÉTÉ DES AGRICULTEURS DE FRANCE.
des terres et celle des récoltes qu'on veut obtenir. Il termine en rappe-
lant une devise de Malebranche qu'il s'estappropriée : tendre toujours
avec effort à l'infaillibilité, sans jamais y prétendre.
Nous rendrons compte des travaux de la session. Mais nous devrons
faire connaître immédiatement les prime** de monte qu'elle a décernées,
pour l'espèce bovine, au concours d'animaux reproducteurs du palais
de l'Industrie. La Commission de classement pour ces primes était
composée comme il suit : M. le marquis de Dampierre, président;
M. le comte de Bouille et M. Boitel, vice-présidents; MM. le comte de
Champigny, Debailly, Desloges, le comte de Diesbach, J. de Felcourt,
Gréa, le marquis de Grossourdy de Samt-Pierre, le marquis de
Montlaur. Les primes ont été décernées comme il suit :
l'"'' Catégorie — Race Durham. — 1'*= Section, (li taureaux âgés de moins d'un
an), brevet n" 1 et prime de 300 fr., Canotier, appartenant à M. Signoret Nièvre) ;
brevet n° 3, Connétable, à M. Signoret (Nièvre). — 2« Section, (10 taureaux âgés
d'un an à deux), brevet n" 1 et prime de 3(i0 fr. , Mutin, à M. Daudier (Mayenne) ;
brevet i." 2 et prime de 200 fr., Apis, à M Grollier (Maine-et-Loire); brevet
ii"3 et prime de .00 fr., Coq-^iu-Village, à M. Signoret (Nièvre) ; brevet n° 4 et
prime de 100 fr., Tudor, à M. Duquénel (Charente-Inférieure). — 3° Section,
(15 taureaux âgés de plus de deux ans), brevet n" 1 et prime de 300 Ir., Vladi-
mir, à M. Gastinel (lUe-et-Viiainei; brevet n° -2 et prime de 200 fr,, Papillon, à
M Rousseau (Mayenne) , brevet n« 3, Avant-Garde, à M. Grrollier (Maine-et-
Loire) ; brevet n*^ 4, Diogè'ie, à M. Tiersonnier Nièvre); brevet n" 5, Novalis,
à M. Aucler (Cher) ; brevet n» 6, Oauphiné III à M. Daudier (Mayenne).
2^ ' alegorie. — Races Gharolaise et Nivernaise. — 1" Sect-on (3 taureaux âgés
de moins d'un an), brevet n» 1 et prime de ."^OO fr., à M. Joyon (Nièvre) ; brevet
n° 2 et prime de 200 fr., à M. Régnier (Nièvre). — 2" Sect'on (8 taureaux â_'és
de plus d'un an), brevet n» 1 et prime de 300 fr . àM. Bourdeau (Nièvre) ; brevet
n** 2 et prime de 200 fr., à M. Régnier (Nièvre) ; brevet n" 3, à M. Joyon (Nièvre) ;
brevet n" 4, à M. Ghaput (Cher); brevet n» 5, à M. Mary-Lépine (Cher); brevet
n» 6, à M Gentil (Cher).
3* Catégorie. — Race Normande (3 taureaux), brf^vet n** 1 et prime de 200 fr.,
à M Géran-Maillard (Manche i ; brevert n" 2 et prime de 2u0 fr. , à M. Geste (Yonne) ;
brevet n° 3, à M. Lhotte (Aisne) .
^^ Catégorie. — Race Limousine. (4 taureaux), brevet n" 1 et prime de 300 fr,,
à M. de Léobardy ^Haute-Vienne) ; brevet n» 2 et prime de 200 fr., à M. Gibot
(Haute- Vienne) ; brevet n" 3, à M. Gaillaud (Haute-Vienne).
5'= Catégorie. — Race de Salers (1 taureau), Drevet n» 1 et prime de 300 fr., à
M. Deltour (Gantai).
6* Catégorie, — Race Garonuaise (1 taureau), brevet n» 2 et prime de 200 fr.,
à M Régimon (Girondp)
7^etii'Catêgi,ri>'s. ~ Races Bazadaise et Parthenaise. Pas d'animaux pi ésentés.
9' Catégorie. ■ — Race Bretonne (4 taureaux), brevet n" 1 et prime de 300 fr., à
M. Lefloch; brevet n° 3, à M. Jozon (Seine-et-Marne); brevet n" 4, à M Henrat
(Morbihan).
10" Cmégorie — Races diverses (6 taureaux), brevet n» 1 et prime de 300 fr.,
Schwtz, à M. Bertrandus (Seine-et-Oise) ; brevet n" 2 et prime de 2.i0 fr., Hol-
landais, à M Loumaye (Ardt^nnesy ; brevet n° 2 et prime de 200 fr. , Schivitz, à
M. Hcrment-Bidant (Marne) ; brevet n" 3, Schwitz, à M. le comte Sapia de Len-
ciey (Seine-et-Oise).
Dans quelques catégories, la Commission n'a pas décerné les primes ;
mais elle a attribué une partie de ces primes disponibles aux jeunes
taureaux â^és de moins d'un au dans les races durham et nivernaise.
Pour tous les animaux, les primes en argent seront détternées aux
éleveurs qui posséderont les animaux primés, au premier janvier
prochain.
Les séances de la session se tiennent tous les jours, jusqu'au mardi
6 février. Henry Sagmer.
LES ANIMAUX AU GONC-OURS DE PARTS. 171
LES ANIMAUX AU CONCOURS DE PARIS EN 1883. — I
Décidément l'Exposition des animaux gras, coïncidant avec l'époque
du carnaval, devient une institution à la mode, el le public parisien,
naturellement peu enclin vers les choses de 1 ajj^riculture, semble
enfin lénieigner un certain empressement pour venir visiter le palais
de rindustrie, et manifester en même temps de la satisfaction, sinon
du plaisir, à contempler les ricliesses agricoles de la France, entassées
avec une profusion caractéristique dans le splendide palais des
Champs-Elysées.
Cet accroissement d'intérêt s'est manifesté, cette fois-ci, de diverses
manières : d'abord la fouie des visiteurs, le samedi, jour où le prix
d'entrée est fixé à cinq francs, était la plus nombreuse qu'on ait encore
vue, et le lendemain, dimanche, l'encombrement égalait presque
celui des concours du club de Smithfîeld, à Londres. — C'est un
symptôme important, car il révèle dans le public parisien un courant
plus sérieux dans sa poursuite du plaisir. Il semble s'apercevoir enfin
que l'agriculture française est autre chose qu'une occupation avilis-
sante, ne convenant qu'à de simples ruraux, rustres, incivdisés, sen-
tant le fumier et le suint des bêtes, parlant patois et portant blouse.
Aujourd'hui les bœufs gras redeviennent à la mode et, au lieu des
noms de bouchers, inscrits comme acq léreurs, au-dessus de la pla-
que des lauréats, on voit celui des magasins de nouveautés les plus
à la mode et celui des grands hôtels. C'est ainsi que le bœuf prix
d'honneur de M. Siguoret, est devenu la propriété des grands maga-
sins du Louvre, qui en offriront sans doute les filets, les entrecôtes
et les gîtes à la noix comme primes à leurs cli nts, après l'avoir
promené en public, comme on le faisait autrefois. Voilà, dans tous
les cas, une bien singulière réclame!
Du reste, il faut bien admettre que cet empressement des visiteurs
avait une cause bien légitime; car, à moins qu'il ne s'agisse de
fêtes nationales, il n'est guère possible d'éialer aux regards du public
un spectacle plus varié, plus attrayant et mieux organisé que celui
qu'offrait, ces jours derniers, le palais dans son enceinte intérieure
et dans se^ alentours immédiats. Jamais un aussi grand nombre d a-
nimaux, dont quelques-uns pouvaient rivaliser avec les meilleurs des
expositions analogues ai l'Angleterre, n'avaient encore rempli ses
travées ; jamais, on peut l'uirirmer, produits plus variés, plus beaux,
mieux réussis, n'avaient encore orné les galeries du premier étage.
Cette exposition des produits, ainsi que celle des volailles, étaient
sans rivales; car moi, qui assiste tous les ans, depuis si longtemps
aux grands concours de l'Angieterre, je puis allirmer n'avoir jamais
vu rien qui approchât de l'Exposition qui vient d'avoir lieu au palais
de l'Industrie, laquelle est incontestablement la plus belle qui ait
encore eu lieu.
Pour donner une idée générale et complète de cette exposition à nos
lecteurs, il faudrait écrire tout un gros volume, ce dont je n'ai ni le loisir,
ni la disposition de.sprii. Je me vois donc forcé, à mon grand regret,
de laisser de côté la splea<lide exposition île machinerie agricole, celle
des produits qui témoignaient, dans leur étal ige muet, mais élo-
quent, de la richesse de notre sol et de l'habileté ae nos cultivateurs,
172 LES ANIMAUX AU CONCOURS DE PARIS.
lesquels peuvent être égalés, mais non surpassés; puis celle non moins
intéressante des ustensiles ingénieux que l'esprit fécond des industriels
met à la portée des cultivateurs comme de précieux auxiliaires de leurs
travaux. Il m'est aussi impossible de traiter de l'exposition des volailles,
ce sont là des tâches que je suis obligé de laisser à des collaborateurs
spéciaux. Je dois uniquement appeler l'attention de nos lecteurs sur le
sujet principal des animaux, lequel est plus spécialement de ma com-
pétence.
Comme on le sait, les animaux d'espèce bovine sont divisés en cinq
classes, subdivisées elles-mêmes en diverses catégories.
La f" classe comprenait les jeunes bœufs sans distinction de races.
Cette classe était divisée en deux, catégories : celle des jeunes animaux
nés depuis le 1 '''"janvier 1880, et celle des bœufs nés depuis le 1*"^ jan-
vier 1879 et avant le l" janvier 1880. Cette classe était naturellement
la plus intéressante, car c'était Texpression topique de la précocité des
races et la solution du problème de la réalisation rapide des anim,iux
de bou(*herie, c'est-à-dire d'une des conditions les plus importantes de
l'agriculture, car c'est la plus avantageuse et la plus lucrative au point
de vue de la production de la viande. La précocité, c'est-à dire la ma-
turité rapide des animaux de boucherie, multiplie la production sans
doaner lieu à une plus grande dépense de nourriture, ni à Temploi
d'un plus grand capital, c'est-à-dire qu'avec une même somme de
nourriture, et par conséquent avec une même dépense, on arrive à
produire le double de viande pour la consommation publique. Ainsi
deux bœufs, mûrs à 24 mois, ne coûteront pas plus et produiront
deux fois plus de viande qu'un bœuf qui n'arrive à maturité qu'à
quatre ans. Ces chiffres sont des extrêmes, sans doute, mais ils sont
suffisamment exacts pour faire comprendre la proposition que je viens
d'émettre, laquelle s'applique avec plus de force encore aux espèc^'s
ovine et porcine, comme nous le verrons plus loin, lorsque je calculerai
les rendements et les augmentations diverses, d'après le système de
calcul que j'ai présenté l'année dernière.
Ces deux catégories de la 1'* classe des animaux d'espèce bovine ne
comprenaient pas moins de 45 têtes, chiffre considérable qui démontre
combien nos éleveurs et engrais&eurs comprennent l'importance de
la précocité.
La 1" catégorie, celle des plus jeunes, comprenait 21 têtes exposées
sur 26 déclarées. Le plus âgé, le bœuf prix d'honneur, exposé par
iM. Signoret, ne pesait pas moins de 940 kilogrammes à l'âge de ;^5 mois
et 25 jours. La 2* catégorie se composait de 29 animaux exposés sur 36
déclarés, dont le plus âgé avait un poids de 836 kilogrammes à l'âge
de 4 ans.
La 2' classe comprenait les bœufs répartis par races, quel que fût
leur âge. (^ette classe était divisée en neuf catégories et trois sous-
catégories dont voici la nomenclature avec le nombre des animaux
exposés :
têtes.
l" Catégorie. Race charolaise et nivernaise lî
2° — Race limousine.. 13
3' — Race f^aronnaise 10
V — Race bazadaise ti
h' — Race de salers 4
6' — Races partheiiaise, clioletaise et nantaise.. ..... ._. 6
7° — Races françaises diverses autres que «elles dési-
gnées ci-dessus, telles que :
LES ANIMAUX AU CONCOURS DE PARIS. 173
.^ 1. Flamande, Normande, Mancclle, Fcnielinc,
Bourbonnaise, Comtoise, etc 8
§ 2. Races Béarnaise, Basquaise, Aubra?,Mezenc,
etc 6
§ 3. Races Bretonne, Tari ne, etc 4
Total des bieufs de races françaises 69
8' catégorie. Races étrangères diverses " 2
9° — Croisements divers
Dont 23 avec le sang Uurham
30
La 3" classe comprenait les femelles nées avant le l"" mai 187'.).
Cette classe était divisée en deux catégories, dont la première était
réservée aux races françaises ou croisées entre elles, et la seconde aux
races étrani^ères et croisements divers autres que ceux de la première
catégorie. Cette première catégorie ne comprenait que 15 têtes sur 25
déclarées, ce qui dénote une trop grande proportion d'abstentions de
la part des exposants. Un accident peut empêcher, sans doute, .l'envoi
d'un animal déclaré; mais, ici, on ne peut supposer que, sur 25 ani-
maux déclarés, il se soit produit 10 empêchements provenant d'une
cause légitimé. En Angleterre, ceux qui, sans motifs bien certifiés,
n'exposent point les animaux déclarés, sont soumis à une amende, et,
en cas de non paiement de cette amende, les récalcitrants sont à l'a-
venir exclus des concours. On remarque, dans les catalogues de nos
expositions, une bien trop grande abstention de la part des exposants,
et je crois qu'il serait opportun d'y remédier par une sanction
sévère.
La seconde catégorie comprenait 10 animaux exposés sur 13 dé-
clarés. Dans la première catégorie, c'est la race limousine qui domi-
nait parmi les absents; sur douze vaches déclarées, cinq seulement
avaient été envoyées par les exposants. Il y a là incontestablement un
abus contre lequel il serait bon de réagir.
La quatrième classe comprenait des bandes de quatre animaux
chacune. Cette classe était divisée en deux catégories, celle des bœufs
répartis en deux sections et celle des vaches. Dans les bandes de bœufs
il n'y avait d'autre restriction, quant à l'âge des animaux, que celle
de la naissance antérieure et postérieure au l'"' janvier 1879, et au
1" janvier 1880 pour les vaches; comme je donnerai mon appréciation
de toutes ces classes dans un second article, je me borne à indiquer
ici le nombre et les races des animaux exposés.
Il y avait, dans la première section des bandes de bœufs, celle com-
prenant les jeunes animaux âgés de quatre ans au plus, sept bandes,
et onze dans la deuxième, celle des animaux âgés, sur quinze bandes
déclarées, ce qui constituait quatre abstentions dont trois de race
limousine; décidément cette race semble craindre la lutte. La catégorie
des bandes de vaches n'en comptait qu'une seule présente sur quatre
déclarées. Là encore les limousins brillaient par leur absence; sur
trois abstentions il y en avait deux appartenant à l'élément limousin.
Je ne dirai rien des veaux gras, car vraiment les déclarations d'âge
variant d'un mois neuf jours à deux mois dix-neuf jours .pour des
veaux évidemment plus âgés, étaient par trop fantaisistes. Cette expo-
sition n'était pas sérieuse. En cela elle n'était égalée que par celle de
l'espèce porcine où les déclarations d'âge dépassaient toutes les bornes
de l'exagération, comme j'aurai lieu de le remarquer plus tard.
L'ensemble de l'exposition de l'espèce bovine comprenait donc
251 têtes, y compris 17 veaux. Maintenant veut-on savoir dans quelle
* *
174 LES ANIMAUX AU CONCOURS DE PARIS.
proportion l'élément Durham entrait dans ce nombre total? Sur
234 bœufs et vaches, il y avait 98 durhams ou croisés durbams; si de
ce nombre total on élimine le nombre appartenant aux catégories
exclusivement consacrées aux races françaises et par conséquent fer-
mées à la race Durham, les chiffres sont comme suit : sur 165 ani-
maux exposés en dehors des catégories des races françaises, il y avait
98 animaux ayant du sang durham.
Parmi les croisements dont il y avait 107 sujets, 89, c'est-à-dire la
totalité moins 18, consistaient en produits de croisements avec le sang
durham.
On a coutume de me tenir pour un partisan aveugle du sang durham.
Il me semble que la plupart des éleveurs de mon pays partagent en
cela ma manière de voir, je n'invente point les chiffres que je viens
de citer. Chacun peut les vérifier sur le catalogue et en tirer la conclu-
sion logique.
Comme élément d'amélioration de nos races, — je dis amélioration,
car pourquoi fait-on des croisements, si ce n'est dans un but d'amé-
lioration? — c'est évidemment le sang durham qui obtient le plus de
faveur. On aura beau dénigrer cette admirable race, les faits parlent
plus haut que la simple expression d'opinions plus ou moins sévères.
Il faut donc considérer avec un intérêt tout patriotique l'innovation
dont nous venons de voir l'inauguration au concours qui vient de se
terminer, c'est-à-dire l'exposition de reproducteurs, car cela peut
devenir un des plus puissants facteurs de la régénération de nos races,
en permettant aux plus humbles éleveurs de faire l'acquisition de tau-
reaux durhams. Si cette annexe réussit dans l'avenir, comme j'en ai
la conviction, surtout si, à partir de l'année prochaine, on l'établit
sur des bases plus libérales, et avec l'institution bien organisée d'une
vente aux enchères, préparée à l'avance et annoncée par la publication
d'un catalogue spécial, comme cela se passe en Angleterre, cette nou-
velle branche de notre concours national sera la source directe d'une
ère de progrès et de prospérité pour notre agriculture nationale dont
il est impossible d'exagérer la portée.
Dans un prochain article, je continuerai l'examen de ce remarqua-
ble concours afin d'en tirer les leçons qu'il comporte, et suggérer les
améliorations que sa future organisation réclame.
(La suite prochainement). F.-R. de la Tréhonnais.
JURISPRUDENCE AGRICOLE
On nous pose la question suivante :
« L'immeuble dotal peut-il être aliéné pour remédier à l'invasion du
phylloxéra ou pour venir en aide aux conjoints ruinés par ce fléau V »
En matière d'immeuble dotal, à moins de la stipulation d'aliénabi-
lité dans le contrai de mariage, Tinaliénabilité est la règle sans varia-
tions.
Pourtant dans certains cas marqués par l'art. 1558, cas exception-
nels, l'aliénation est permise avec l'autorisation de justice et dans la
forme de la vente des biens de mineurs.
Parmi ces cas, on remarque celui oii il s'agit « de faire de grosses
réparations indispensables à la conservation de l'immeuble dotal. »
Mais il est clair que le traitement du phylloxéra ne peut être assi-
JUarSPRUDENGE AGRICOLE. 175
mile à une réparation ; en elîet, les grosses réparations énoncées à
l'art. 606 ne se réfèrent qu'à des poutres, murs, etc., qu'à des con-
structions en un mot.
Mais l'art. 1558 admet encore l'aliénabilité, s'il s'agit » de fournir '
des aliments à la famille dans les cas prévus par les art. 203, 205
et 206, ))
La dette alimentaire est une dette sacrée, qui seule était de nature à
faire suspendre le principe de l'inaliénabilité. De même, si les époux
eux-mêmes sont réduits au dénùment, il est naturel de permettre
l'aliénation, pour venir à leur secours.
Il faut, bien entendu, qu'ils n'aient pas d'autre ressource que l'im-
meuble dotal, et que cet immeuble soit improductif.
En co cas, l'excédent du prix de la vente au-dessus des besoins
reconnus restera dotal, et il en sera fait emploi comme tel au profit
de la femme.
C'est là un système unanimement considéré comme jus:^, et du
reste il est strictement conforme au texte. Eug. Polillet,
Avocat à la cour de Paris.
DE L'AMÉLIORATION DES BATIMENTS RURAUX
EN BRETAGNE. — II
1° La maison d'habitation avec cellier, laiterie, four et buanderie,
doit être assez grande pour loger une famille composée du père, de
la mère et de quatre enfants en moyenne, avec deux domestiques.
Elle doit être élevée au-dessus du sol d'au moins 0"'.50 à 0'".60,
si elle n'est pourvue de caves qui rendent l'habitation plus saine. En
Angleterre, on ne construit pas d'habitation à la campagne sans l'en-
tourer d'un drainage, au résumé peu dispendieux.
L'exposition préférable pour la façade d'une habitation est le Midi,
à tous les points de vue : hygiène, agrément, etc.
Au rez-de-chaussée, que ce soit en moyenne ou en grande ferme,
nous proposerions deux pièces séparées par un vestibule d'entrée dans
lequel doit être ménagé l'escalier qui monte au premier, où sont les
greniers bien aérés.
Le cellier et la laiterie sont deux pièces qu'on peut mettre avec
avantage en contre-bas du sol et sur la même ligne que la maison
d'habitation, afin que ces deux pièces soient le plus possible à proxi-
mité de la fermière qui doit en avoir la surveillance. Le cellier sert à
l'approvisionnement et à la garde des tonneaux qui doivent être ven-
dus, et on peut y loger quelques provisions de ménage : pommes de
terre, garde-manger, etc. La laiterie peut, selon nous, faire suite au
cellier, même se desservir par cette pièce qui doit être autant que pos-
sible tournée vers le nord.
Le four avec boulangerie, contenant un fourneau pour faire la les-
sive et cuire les aliments des porcs, peut être annexé à la cuisine sur
la même ligne et au sud.
Par ailleurs, la disposition en double équerre des autres bâtiments,
avec cour intérieure, nous paraît la meilleure.
2° A droite, bordant la cour, nous établissons la grange, bâtiment^
selon nous, indispensable, même à une exploitation de 25 hectares
Nous y plaçons la machine à battre, sauf le manège qui peut être en
.76 AMKLIORATIOxN DES BATIMENTS RURAUX EiN BRBTAGNE.
dehors avec abri ou sans abri. Le baltage à couvert deviendra de plus
en plus une nécessité. Le peu de soins (ju'on apporte au battage en
plein air, nuit incontestablement" à la qualité marchande des blés
dans l'ouest. Une bascule pouvant peser les bestiaux à l'engrais, et
tout ce qui sort de la ferme ou y entre, doit se trouver dans la grange.
Au bout de cette grange, sous le même toit, se rencontrerait l'écurie
avec fenil au-dessus et séparations entre les chevaux. Il est évident
que les dimensions à donner à l'écurie doivent être en rapport avec les
terres à cultiver ; mais au mininum (pour terres toutes en culture) il
faut compter un bon cheval par 10 hectares, et si l'on emploie des
juments qui, pendant la gestation devront être ménagées, il faudra
compter davant;ige, également aussi si l'on a pour habitude de vendre
les chevaux à l'âge de 5 à 6 ans, pour les remplacer par des poulains
de 2 ans et 2 ans 1/2, dont on aura à faire l'élevage et le dressage au
trait, spéculation qui paraît préférable, dans certains endroits de la
Bretagne, à celle des juments poulinières. Mais, en toute occurrence,
les séparations entre chevaux de trait étant à recommander, il faut
compter au moins r".50 de largeur par chaque cheval. Quant à la
longueur, y compris l'emplacement des râteliers et des mangeoires et
un passage suffisant pour le service, derrière les animaux, et accrocher
les harnais contre le mur, il faut compter de 4'". 50 à 5 mètres.
Un cabinet pour le charretier, cabinet séparé des chevaux, doit être
ménagé dans l'écurie.
3° En face de la maison d'habitation, nous plaçons la vacherie
qui, comme tous les bâtimens de ferme, doit être, autant que possible^
établie sur un sol sec et élevé.
On connaît l'objectif d'une culture intensive à bétail; 1 tête de
500 kilog. par hectare, y compris les porcs, les moutons, les chevaux
et animaux de l'espèce bovine. Les exploitations qui satisfont à
cette condition sont encore très rares; qu'il s'agisse de fermes d'éle-
vage et d'engraissement, ou qu'il s'agisse de la production laitière ;
mais nous n'avons à nous occuper que du logement des animaux et
des conditions hygiéniques qu'ils doivent y rencontrer.
Disons d'abord qu'il faut tenir compte de la grandeur de la race,
qu'on n établit pas en général une séparation entre les animaux de
l'espèce bovine, et que pour les races moyennes un espace de 1"\50
entre chaque animal est suffisant; que la hauteur, sous plancher,
doit être au moins de 3 mètres avec un bon système de ventilation,
que les grands élevages de mouton tendent à disparaître dans l'ouest,
et qu'à ce titre nous ne nous occupons pas des bergeries.
La hauteur d une étable doit être au moins de 3 mètres, avec un bon
système de ventilation et d'aération sur lequel nous ne nous étendrons
pas.
Les vacheries les plus simples et les moins coûteuses, selon nous,
sont les élables à deux rangs, tête à tête, entre lesquelles la nourri-
ture est distribuée aux animaux sans nous dissimuler que, pour une
très rigouseuse propreté, la disposition queue à queue avec couloir de
circulation en ciment, asphalte ou briquetage à plat, à joints cimentés
avec rigole d'écoulement pour chaque rang de bêtes, présente des avan-
tages marqués.
Nous adopterions, pour la largeur intérieure, 1 0 mètres, afin d'avoir
a*sez d'espace derrière les vaches, le long des murs pour y placer les
AMÉLIORATION DES BATIMENTS RURAUX EN BRETAGNE. 177
veaux pendant les premières semaines, jusqu'au jour de leur départ
pour la boucherie, si on ne fait pas l'élevage, auquel cas de petits
parcs pour les jeunes animaux doivent être réservés. La longueur se
déduit de l'espace ci-dessus, 1'".50 réservé pour chaque animal, et
pour 20 vaches, de force moyenne, soit ',]0 mètres.
Nous ne donnons pas ici de prix de revient qui varie forcément, les
propriétaires pouvant fournir parfois soit le bois, soit la pierre, nous
dirons seulement que nous avons vu construire des étables avec toit
en saillie, briques ou ardoises et aération convenable, à 200 par tête
d'animal.
Ces conditions sont à noter; car lorsqu'un propriétaire a fait con-
struire une bonne étable, le fermier ou le métayer ne manquera pas de
la remplir de bons animaux, s'il est intelligent, et si les ressources
fourragères ne lui manquent pas. Ainsi sera assurée la fertilité de la
terre par les engrais de restitution, auxquels pourront s'ajouter les
engrais complémentaires. Cette même doctrine de la restitution nous
conduit à parler de la plate-forme à fumier, et de la citerne à purin,
indispensables chez un cultivateur soucieux de ses intérêts. Les fer-
miers n'ont encore que trop l'habitude de déposer les fumiers en tas,
à proximité des étables, sans avoir égard à l'emplacement, ni au pu-
rin qui, trop souvent, s'écoule daus le ruisseau. Il faut donc qu'une
place soit réservée auprès de l'étable pour y mettre les engrais en tas
rectangulaires, dont la hauteur ne doit pas dépasser l^.ôO, à cause
des diflicullés de main-d'œuvre pour monter plus haut. On admet
en général 10 à 12 mètres cubes de fumier par tête de bétail, soit donc
pour 20 têtes de gros bétail, 200 mètres, dont la moitié peut se trou-
ver réunie sur la plate-forme.
Le purin qui s'écoulera de celte plate-forme et celui des étables, des
écuries, des porcheries même, devra tomber dans une citerne à purin,
munie d'une pompe pour l'arrosage du fumier lui-môme, ou pour y
puiser l'excédent qui devra être conduit au printemps sur les prairies.
La plate-forme à fumier et la citerne seront toujours favorablement
placées à l'est ou au nord de l'étable pour l'hygiène générale. Malheu-
reusement le transport à brouette (remplacé avantageusement dans les
grandes exploitations par une petite voie ferrée) d'une masse de fu-
mier que nous estimons à 200 mètres par an pour une exploitation
comportant 20 vaches, sans compter 3 chevaux et 4 à 5 porcs adultes,
fait que les fumiers restent souvent au milieu de la cour, ou adossés
même aux murs des étables.
4° L'élevage ou l'engraissement du porc est un complément obligé
d'une production laitière se livrant à la fabrication du beurre.
Pour une ferme moyenne de 25 hectares, l'engraissement de 5 porcs
adultes est la proportion qu'il faut adopter, si on consulte les ressour-
ces en lait de beurre que peut produire une étable de 20 mères vaches.
On sait du reste que ces animaux ne peuvent guère vivre en commun,
et que des séparations sont nécessaires dans une porcherie où les
loges peuvent être séparées par des cloisons en planches, mais mieux
encore par des murs de refend.
Séparée nécessairement de la maison d'habitation comme du reste
les étables et les écuries, une porcherie doit être placée au midi,
autant que possible; car il ne faut pas oublier que le porc craint l'hu-
midité et le froid.
178 AMÉLIORATION DES BATIMENTS RURAUX EN BRETAGNE.
D'après M. Bouchard-Huzard, les loges dont la réunion compose
une porcherie^, doivent avoir chacune 2'" sur 3, et un couloir de service
pour distribuer la nourriture est une chose obligée. Une hauteur de
2 mètres sous sablière parait suffisante pour la porcherie.
Il faut autant que possible pouvoir donner la nourriture aux porcs
extérieurement, et le système de trappes mobiles à charnières par
lesquelles on passe des auges en fonte, d'un modèle bien connu et
qui a été importé d'Angleterre, est à recommander; mais le plus simple
est d'encastrer les auges dans les parois des loges de manière à ce
qu'on puisse les remplir du dehors.
On parle beaucoup de la propreté nécessaire aux porcs et de bassins
où ils peuvent aller se raffraîchir; nous ne pouvons qu'approuver
«jette disposition pour une grande porcherie, mais il nous semble suf-
fisant que chaque loge présente une rigole le long du mur le plus éloi-
gné, de façon à ce que la loge reste toujours saine.
Nous avons recherché succinctement ici les conditions nécessaires
aux bâtiments d'une exploitation de 25 hectares dans l'ouest, per
suadé que nous sommes de leur importance au point de vue de la ferti-
lité du sol auquel doivent être rendus les engrais animaux que le
bétail produit. A. de la Morvonnais.
CONCOURS GÉNÉRAUX AGRICOLES DE PARIS
Voici encore une grande et belle solennité dont les agriculteurs ont
certainement le droit d'être fiers, et qui portera des fruits nombreux
au double point de vue de l'extension du progrès agricole et de l'ac-
croissement de la part légitime que l'agriculture a le droit de prendre
dans les préoccupations publiques. En effet, pendant les cinq jours
qu'il a duré, le concours de Paris a attiré une affluence énorme de
visiteurs, la plus grande probablement qui se soit encore donné
rendez-vous aux fêtes agricoles du palais de l'Industrie. Cultivateurs
très nombreux, étudiant avec calme les diverses parties du concours,
citadins empressés, curieux de voir et de sMnstruire des choses de
l'agriculture, formaient une foule véritablement compacte, aussi bien
dans la nef consacrée aux animaux que dans les salles réservées aux
produits ou bien au dehors dans la vaste enceinte remplie par les
machines ; ici, il a fallu souvent braver la pluie ou la boue, à cause
de linclémence de la saison, ce qui n'arrêtait pas les visiteurs. Les
recettes ont dépassé, du 24 au 31 janvier, la somme de 59,000 fr.;
ce sont les plus élevées qui aient encore été réalisées.
Le concours était, d'ailleurs, digne en tous points de cette affluence.
M. Gustave Heuzé, inspecteur général de l'agriculture, assisté de
MM. Philippar, Randoing et H. Vassilière, adjoints à l'inspection
générale, et de MM. Fournat de Brézenaud, Jean Lefèvre, Jean Bignon,
Mesnier, Zedde, Girin, Jolivet, Férouillat, commissaires, en avait
organisé toutes les pnrties avec un soin méticuleux; l'organisation en
était excellente. Le jury, présidé par M. Bazille pour les animaux de
boucherie, par M. Teisserenc de Bort pour les animaux reproducteurs,
par M. Foucher de Careil pour les volailles mortes et les produits, a
accompli sa tâche difficile avec un zèle auquel nous sommes heureux
de rendre hommage, quoique, depuis longtemps, les jurys de nos
concours soient universellement appréciés pour leurs lumières et
CONCOURS GENERAUX AGRICOLES DE PARIS EN 1S83. 179
pour l'impartialité de leurs décisions. Si, dans quelques cas, nous
aurons des observations à présenter, elles tiennent surtout à l'organi-
sation du programme de quelques parties qu'à toute autre cause.
On trouvera plus haut (page 171) un premier article de notre infa>
tigable collaborateur M. de la Tréhonnais, sur les animaux gras; il
poursuivra son étude dans nos prochains numéros. Nous reproduisons
ici les portraits des animaux qui ont remporté les grands prix
d'honneur; nous donnerons, la semaine prochaine, ceux des prix
d'honneur des bandes de bœufs, de moutons et de porcs.
Pour les bœufs, le prix d'honneur a été décerné à M. II. Signoret, éle-
veur à Sermoise (Nièvre), pour un bœuf durham-charolais (fig. 14),
froment, âgé de 35 mois 25 jours, et pesant 940 kilog.; — pour les
vaches, à M. Malivon, à Bannegon (Cher), pour une vache durham-
charolaise (fig, 1 5), blanche et jaune, âgée de 4 ans et 2 mois, pesant
810 kilog.; — pour les moutons, à M. Rasset, éleveur à MonteroUier
(Seine-Inférieure), pour un lot de trois moutons oxfordshiredown-
cauchois (fig. 16), âgés de 21 mois et pesant 322 kilog. ; — pour les
porcs, à M. Chaminade aîné, à Pantin (Seine) ; — pour un porc yorkshire
(fig. 17), blanc, âgé de 9 mois et demi, pesant 262 kilog.; — pour
les animaux de basse-cour, à M. Vallois, à Neuilly (Seine), pour un
lot de coqs et poules delà race de Houdan (fig, 18).
Des articles spéciaux seront consacrés, dans nos colonnes, aux
expositions d'animaux reproducteurs, de produits agricoles, d'ani-
maux de basse-cour; il y aura aussi beaucoup de choses à dire sur
l'exposition des machines. Aujourd'hui, nous nous bornerons à don-
ner la liste complète des récompenses pour les diverses parties de
l'exposition :
I. — Concours général d'animaux gras.
Espèce bovine. ■ — 1'" classe. — Jeunes bœufs.
I" Catégorie. — Animaux nés depuis le l"" janvier 1880. — 1°' prix, M. H. Signoret, à Ser-
moise (Nièvre); 2% M. Armand Daubin. à Magnac- Laval (Haute-Vienne); 3°, M. Gustave Valtau, à
Vindelle (Charente); 4% M. le baron Desgraviers, à Mornac (Charente); 5", M. Emile Petiot, à
Touches (Saône-et-Loire); 6', M. Bellard, à Saint-Aubin-les-Forges (Nièvre); 7", M. le comte Rœde-
rer, à Bois-Rousels (Orne); 8% M. Paul de Vaulx, à Boucé (Allier. — Prix supplémentaire, M. Eu-
gène Deplanch^-jà Fléac (Charente). — Mentions, honorables, M. Tiersonnier, à Gimouille (Nièvre);
M., Pierre Payrebrune, à Saint-Saturnin (Charente).
2* Catég'irie. —Animaux nés depuis le 1" janvier 1879. — 1" prix, M. Nadaud, à Chazelles (Cha-
rente); 2% M. Eugène Deplanche; 3% M Payrebrune; 4% M. Auguste Gaslé, à Vereaux (Cher);
;)", M. Emile Petiot; 6% M. Jean Deplanche, à Bunz^c ( harente); 7% M. Charles Castillon, à
Troarn ((Calvados); 8% M. Tiersonnier, à Gimouille (Nièvre). — Prix supplémentaire, M Jac-
ques Bellard, à Cours-les-Barres (Cher). — Mentions honorables, M. Pierre Cornil, à Saint-Remy-
en-RoUat (Allier); M. Chaumereuil, à Billy-Chevannes (Nièvre).
2" CLASSE. — Prix de races.
V" Catégorie. — Races charolaise et nivernaise. — l" prix, M. Bellard, à Saint-Aubin-les-Forges
(Nièvre) ; 2', M. Chaumereuil, à Billy-Chevannes (Nièvre); 3", M Jean Brossier, à Saiot-Loup (Allier),
— Prix supplémentaires, M. Point, à Vary (Nièvre); M. Magerand, à Conliiaiy (Allier).
2' Catégorie. — Race limousine. — 1" prix, M. Parry, à Limoges (Haute-Vienne); 2', M. Lare-
naudie, à Montbron (Charente); 3*, M. Pierre Dussaux, à Loupiac (Gironde). — Prix supplémen-
taire, M. Jean Jullian, à Hure (Gironde). — Mention honorable, M. Sabourdin, à Vauzan (Cha-
rente).
3" Catégorie. — Race garonnaise. — 1" prix, M. François Bernède, à Meilhan (Lot-et Garonne);
2% M. Pierre Dussaux; 3% M. Simon Martineau), à'Fontet (Gironde), — Mention honorable,
M. Jacques Chambaudet, à Meilhan (Lot-et-Garrnne).
4' Catégorie. — Race bazadaise. — 1" prix, M. Jacques Chambaudet: 2% M. François Bernède;
3% M. Pierre Dussaux. — Mention honomble, M. Arnaud , à Juzix (Lot et-Garonne). '
5" Catégorie. — Race de Salers. — 1" prix, M. Gustave Valtau, à Vindelles (Charente); 2*,
M. du Bousquet de Laurière, à Saint-Adjulory, (Charente).
6' Catégorie. — Races parthenaisc, choletaise et nantaise. — 1" prix, M. André Poinet, au
Léché (Vienne); 2% M. Eugène Deplanche, à Fléac (Charente).
7° Catégorie. — Races françaises diverses. — !■•'• Sous-Cal- gorie. — Races flamande, normande,
mancelle, lemeline, bourbonnaise, comtoise ou analogues. — 1" prix, M. Jacques Bellard, à
Cours-les=Barres (Cher); 2% M. Thonier, à Chareil (Allier); 3% MM. Robert frères, aux Bions (Cher).
— Mentions honorables, M. Rousseau aîné, à Bordeaux (Gironde); M. Auguste Gastc, à Vereaux (Cher).
T Sous-Catégorie. — Races béarnaise, basquaise, aubrac, mezenc ou analogues. — 1" prix,
180
CONCOURS GÉNÉRAUX AGRICOLES DE PARIS EN 1883.
M. Rousseau aîné; 1%'M. L. Langlailo, à l'an (Basses-Pyrénées); 3'', M. Simon Marlineaa'à Fontet.
3° Sous-Calégori<\ — Races bretonne, inrine ou analogues. — 1" prix, M. Jean Brossier, à Saint-
Loup (Allier); 2-, M. Eugène Deplanclie.
S" Catégorie. — Races étrangères diverses. — L'"" pri.v, M. Eugène Deplanche; 2% M. Nadaud,
Dun-le-Palleteau (Creuse).
9^ Catégorie. — Croisements divers. — l'"' prix, M. Arnaud; 'i' M. Charles Bouille, à Mars
(Nièvre); 3", M. Dcrcn-LeRrand, à Armentières (Noid); 4" M. Mativnn, à Bannegon (Cher);
4" M. Jean Bignon, à Mars (Nièvre); 6", M Cyprien Nadaud, à Chazelles (Charente); 7% M. le comte
de Briey, à Magné (Vienne). — Mentions houoralilcs, M. Jean Veaux, à Anais (Charente); M. Ma-
geraud, à Contigny (Allier); M. Cornil, à Saint-Remy-en-RoIiat (Allier).
3° CLASSE. — Prix drti femelles. — 1" Catégorie. — Races françaises pures ou croisées entre
elles. — 1" prix, M. le comte de Bouille, à Villars (Nièvre); 1', M. Bourderonnet, à Saint-Brice
(Haute-Vienne); 3°, M. M. Bénat, à Mars-sur-Allier (Nièvre); 4", M. Bignon fils, à TliRiieuille (Allier).
2" Cntéfjorir. — Races clrangères lures et croisements divers. — 1" prix, M. Mativon ; 2'', M. Tier-
sonnier, à Gimouille (Nièvre); 3°. M. Nadaud; 4'^, M. Langi-ide, à Gelos (Basses-Pyrénées);
4" CLASSE. — Prix des bandes. — 1'" Catégorie. — Bœufs. — 1" Section. — Animaux nés depuis
le l"' janvier 1879. — 1" prix, M. Gustave Vallau; 2", M. Bellard, à Saint-Auhin-les-Forges.
ig. 14. — Lceu*" ciuiii.ini (haioiai^ .igc de 3t mois 2) joui^^ pesant 9 'lO kilog., exposé par
M. H. Signoret, éleveur â bermoise (Nicvrej, i''' prix ue sa catégorie et, prix d'honneur au
Concours général du palais de l'Industrie, à Paris, en 1883.
3», M. Cyprien Nadaud. — Mention honorable, M. le baron Desgraviers, à Mornac (Charente). —
2* Section. — Animaux nés avant le 1" janvier 1S79. — 1" prix, M. le baron Desgraviers;
2', M. Magereau; 3% M. Rousseau aîné; 4", M. Gustave Leclère, à Payzac (Dordogne). — Prix
supplémentaire, M. Auguste Gasté.
2" Catégone. — Femelles de tous âges. — 1" prix, M. Bourderonnet; 2% M. Salvat, à Saint-
Claude (Loir-et-Cher).
5« CLASSE. — Veaux gras. — 1" prix, M Adolphe Dehors, à Dreux; T, M. Lepouzé, à Houdan
3", M. Honoré Léger, à Coudres (Eure). — Mentions honorables, M. Davallet, à Danville (Eure);
Mme Davoust-Periau, à Houdan (Seine-etOise).
Prix d'honneur, objets d'art, MM. Signoret, Mativon, Gustave Valtau.
Espèce ovine. — 1" classe. — Jeunes montons .
P" Catégorie. — Animaux des at;nelages de l'automne ISSl, de l'hiver et du printemps ](S82. —
l" prix, M. Nouette-Delormc, à Ouzouer-de--Champs (Loiret); 2% M. Béglet, à Trappes (Seine-et-
Oise); 3', M. Louis Colas, à Sermoise (Nièvre); 4", M. Dupont-Saviniît, à Piney (Aube). — Prix
supplémentaires, M. Bodin, à Pontlevoy (Loir-et-Cher); M. Waddingion , à Saint-Uemy-sur-Avre
(Eure-et-Loir). — Mention honorable, M. Martine-Lenglot, à Auoigny (Cher).
2" Catégorie. — Animaux des agnelages de l'automne LS80, de l'hiver et du printemps 188| . —
P'' prix, M. Rasset, à Monicrolier (Seine-Inférienre): 2°., M. Noaette-De!orme; 3% M. Tiersoniiier, à
Gimouille (Nièvre); M. Nouette-Delorme; M. Martine-Le'nglet.
2° CLASSE — Prix de race.^. — 1" Catégorie. — Races mérinos et métis-mérinos. — 1" prix,
M. Paul Delamare: 2", M. Conseil-Triboulet, à Oulchy-le-Château (Aisne).
2" Catégorie. — Races étrangères pures, à laine longue. — 1" prix, M. Béglet; 2% M. Tierson-
nier. — Mention honorable, M. Martine-Lenglet.
CONCOURS GÉNÉRAUX AGRICOLES DE PARIS EN 1833.
181
3° Catégorie. — Races étrangères pures, à laine courte. — l" prix, M. le comte de Bouille, à
Villars (Nièvre); 2°, M. Louis Colas.
4° Catégorie. — Races non comprises dans les catégories précédentes. — V prix, M. Jules Nepveu,
à Sainte-Geneviève (Seine-Ini'érieure); 2°, M. Emile Prevet, à Varneville-Bretteville (Seine-Infé-
rieure); S", M. Emile Lefebvre, à Saint-Florent (Loiret).
h' Catégorie. — Croisements de races étrangères à laine longue avec racs françaises diverses.
— 1"' prix, M. Martine-Lenglet; 2', M. Dupont-Saviniat. — Prix supplémentaire, M. Pluchct-
Frissard, à Hoye (Somme).
G° Catégorie. — Croisements de races étrangères à laine courte avec races françaises diverses.
— !•■■ prix, M. Rasset; 2% M. Bodin. — Mention honorable, M. Dubois-Amiot.
3* CLASSR. — Brebis. — 1" Catégorie. — Races françaises pures. — T' prix, M. Conseil Tri-
boulet; 2", M. Textoris, à Cheney (Yonne). — Prix supplémentaires, M. Emile Lefebvre; M. Bataille,
à Passy-en-Valois (Aisne); M. Duval, à Genillé — Mention honorable, M Paul Delamare.
2' Catégorie. — • Races étrangères à laine longue et leurs croisements avec races françaises. —
l"prix, M. Dupont-Saviniat; 2", M. Tiersor.nier. — Mention honorable, M. Pluchet-Fris'sart.
3* Catégorie. — Races étrangères à laine courte et leurs croisements avec races françaises. —
l'^prix, M. Louis Colas; 2", M. Bodin, à Pontlevoy (Loir-et-Cher). — Prix supplémeniaire.
M. Hasset. — Mention honorable, M. Pluchet-Frissart.
4' CLASSK. — Bandes. — 1" Catégorie. — Races françaises. — 1" prix, .M. Paul Delamare;
2", M. Jules Nepveu. — Mention honorable, M. Charles Dumoutier, à Clavi'le (Eure).
.-^ii^**^"
Fig. 15. — Vache durhani-charolaise, âgée de 4 ans et 2 mois, pesant 820 kilog., exposée par
M. Malivon, éleveur à Banncgon (Cher), 1" prix de sa catégorie et prix d'honneur au Concours
général du palais de l'Industrie, à Paris, en 1883.
2" Catégorie. — Races étrangères. — 1" prix, M. le comte de Bouille ; 2°, M. Louis Colas.
3" Catégorie. — Croisements de races étrangères à laine longue avec races françaises diverses.
— Prix unique, M. Martine-Lenglet.
4* Catégorie. — Croisements de races étrangères à laine courte avec races françaises diverses.
— I" prix, M. Waddington; 2", M. Duval; 3', M. Dubois-Amiot; 4", M. Bodin.
Prix d'honneur, objets d'art, M. Rasset; M. Paul Delamarre.
Espèce porcine.
]" Classe. — Races françaises pures ou croisées entre elles. — 1" prix, M. Justin Pau, à Haget-
mau (Landes); 2°, M. Lucien Larrouy, à Aire-sur-l'Adour (Landes): 3', M. Ch. Dumoutier, à Cla-
ville (Eure); 4*, M. Georges Larrouy, au Mas-d'Aire (Landes); h', M. Louis Cascail, à Hagetmau
(Landes); 6*, M. Louis Berger, rue d'Allemagne, n" 94, à Paris; 7*, .M. François Ddssé, au Mas-
d'Aire (Landes). — Mentions honorables, .M. Delage, à Saint- Yrieix (Haute-Vienne); M. Désiré
Camus, à Jumeauville (Seiue-et-Oise); M. Pourfillet, à la Garenrie-de-Golombes (Seine;; M. Fran-
çois Rousseau, à Méral (.Mayenne).
2' Classe. — Races étrangères pures et croisées entre elles. — 1°' prix, M. Chaménade aîné, à
Pantin (Seine); T, M. Louis Berger; 3% M. B^augy, à Chantenay-Saint-Imbert (Nièvre); 4', .M.Jus-
tin Pau; 5% M. Lucien Larrouy, à Aire-sur-l'Adour (Landes); 6', M. Ladelarie, à Montbron (Cha-
rente!; 7', M. Stanislas Paillart, à Quesnoy-le-Montant (Somme). — .Mentions honorables,
M. Beaugy; M. Noblet, à Châteaurenard (Loiret); M. Arthur Henry, à Noyant; M. Louis Parry.
3" Clasxe. — .Vnimaux provenant de croisements entre races étrangères et races françaises. —
182 CONCOURS GÉNÉRAUX AGRICOLES DE PARIS EN 1883.
T'nrir M lucien I arrouy, 2% M. Henry fils aîné, à Noyant (Allier)- 3*, M. Ladelarie- 4% M. Jus-
tin Pau • 5» M idrien Le/oux,' à RRConvll (Seine-el-Oise); 6». M. Emile Petiot, à Touches (Saôre-
Itlonèy î' M%lsK -■ Mentions honorables, M. Cascail; M. Arthur Gohin, a Chateaumeil-
lant?Cher);.M. Chevalier, à AnceaumeviUe (Seine-Inférieure); M. Georges Larrouy; M. Stanislas
Paillart. _ .
4' CLASSE. — Bandes.
V Catéqorie. — Animaux nés depuis le 1" janvier et avant le 1" avril .1882. - 1" prix M Ve-
del, à Noyant (Allier); T, M. Dumoutier; 3», M. Noblet; 4-, M. Guillaumin a Noyant (Alher). -
Mentions honorables, M. Henry fils aîné; M. Adrien Legoux ; M. Em. le Petiot
2- Catégorie. - Animaux nés depuis lel" juillet 1881 et avant le !•; janvier 1882^- l" prix,
M. Ch. Dumoutier: 2», M. Adrien Legoux; 3% M. Beaugy; 4', M. Justin Pau. - Mentions hono-
rables, M. Noblet; M. Emile Petiot. . . „ ,r j i
Prix crhonucur, objets d'art, M. Chaminade aine; M. Vedel.
II. — Concours général d'animaux reproducteurs.
Espèce bovine.
V- Catéqorie. — Race durham. - 1" Section. - Animaux de G mois à 1 an — 1" prix mé-
daille d'or, M. Signoret, à Sermoise (Nièvre); 2=. médaille d'argent M S.gnoret; 3% médaille de
bronze, M. de Villepin, directeur de la ferme-école de la PiUetiere (Sarthe); 4'. médaille de bronze,
M. Constant Auclcrc, à AUichamps (Cher). - 2' Section. - Animaux d un an et a^-defsus -
1" prix, médaille d'or, M. Gastinel, à Gennes-sur-Seiche (U'e-et-Vilaine ; 2, médaille d argent,
M. Daudier, à Craon (Mavenne); 3'. médaille de bronze, M. Rousseau, a Meral (Mayenne); 4% mé-
daille de bronze, M. Grollier, à Durtal (Maine-et-Loire). »ir „^ T..,.An i
2' Cot^gone. — Races charolaise et nivernaise. — 1" prix, médaille d or, M. Alfred Jojon, a
érv^^"^ "^^
Fig. 16. — Lot de moutons o\foidshiicdov\n-cauchois, âges de 21 mois et pesant 322 kilog.,
exposé par M. Rasset, éleveur à Monterollier (Seine-Inférieure), 1" prix de la 2" catégorie des
jeunes moutons et prix d'honneur au Concours général du palais de l'Industrie, à Paris,
en 1883.
Langeron (Nièvre); 2% médaille d'argent, M. Bourdeau, à Saint-Benin-d'Azy (Nièvre); 3% médailles
de bronze, MM. Régnier, à Mars-sur-Allier (Nièvre); 4'. MM. Régnier et fils;.S^ M. Joyon. —
Mentions honorables, M. Chaput, à Germigny (Cher); M. Mary-Lépine, à Précy (Cher).
'i' Catégorie. — Race normande. — l"' prix, médaille dor, M. Cerm-Maillard, à Turqueville
(Manche); 2% médaille d'argent, M. Geste, à Auxerre (Yonne); 3', médaille de bronze, M. Lhotte,à
Laon (Aisne).
4» Catégorie. — Race limousine. — l" prix, médaille d'or. M. de Léobardy, à la Jonchère (Haute-
Vienne); 2", médaille d'argent. M. Cibot, à Limoges (Haute-Vienne); 3% médaille de bronze, M. Cail-
laud, à Châtenet-en-Dognon (Haute-Vienne. — Mention honorable, M. Caillaud.
5° Catégi^rie. — Race le .'^alers. — l-^prix, médaille d'or. M Dellour, à Aurillac (Cantal).
6" Catégorie. — Race garonnaise. — 1" prix, médaille d'or, M. Reginion, à Saint-André-du-
Garn (Gironde).
7' Catégorie. — Race bazadaise. — Pas d'animaux présentés.
8" Catégorie. — Races parthenaise, choletaise, nantaise et vendéenne. — Pas d'animaux pré-
sentés.
9" Catégorie. — Race bretonne. — 1"' prix, méd'iille d'or. M. Lefloch; 2% médaille d'argent,
M. Jozon ; 3', médaille de bronze, M. He.rrat, à Arradon (.Morbihan).
10° Catégorie. — Races françaispsou étrangères diverses autres que cellesdésignées ci-dessus Race
schwitz. — l'' prix, méilaille d'or, M. Berlrandus, à Igny (Seine-el-Oise); 2% médaille d'argent,
M. H( rment-Bidaut, à .lussecourl-Minecourt (Marne); 3', médaille de bronze, M. le comte Safna de
Lanciey, à Angerville (Seine-et-Oise). — Race hollandaise. — 1" prix, médaille d'oc, M. Loumaye,
à Vaux-Champagne (Ardennes). — Race jersiais-alderney. — Médaille d'argent, M. Regnouf de
VainS; à Brix (Manche).
Espèce ovine.
l" Catégorie. — Races mérinos et métis-mérinos. — 1" prix, médaille d'or, M. Bataille, à
Passy-en-Valois (Aisne); 2% médaille d'argent, M. Charles Lefebvre, à Artenay (Loiret); 3%
médaille de bronze, M. Hincelin, à Loupeigne (Aisne). — Mention honorable, M. Teitoris, à Ghe-
ney (Yonne).
CONCOURS GÉNÉRAUX AGRICOLES DE PARIS EN 1883.
183
2" Catégorie. — Races françaises diverses pures. — l" prix, médaille d'or, M. Emile Lefebvre,
à Saint-Florent (Loiret); 2*. médaille d'argent, M. Emile Lefebvre.
3° Catégorie. — Races étrangères pures, à laine lonsrue. — I" prix, médaille d'or, M. Auguste
Massé, à Germigny (Cher); 2", médaille d'argent, M. Signoret, à Sermoise (Nièvre); ;3°, médaille
de bronze, M. Tiersonnier — Mention honorable, M. Céran-Maillard, à Turqueville (Manche).
4' Catégorie. — Races étrangères pures, à laine courte. — 1" prix, M. Nouette-Delorme;
2°, M. Kngrand, à Saint-Ouen-Bertreville (Seine-Inférieure); 3% M. Nouetle-Delorme.
Espèce porcine.
1" Catégorie. — Races françaises pures. — 1"' prix, M. Emile Lefebvre, à Saint-Florent (Loiret);
2", médaille d'argent, M. Bertrandus, à Igny (Seine et-Uise).
2* Catégorie. — Races étrangères pures. — 1" prix, médaille d'or, M. Noblet, à Château-Renard
(Loiret); 2=, médaille d'argent, M. Boyenval, à Bellecour (Loiret); 3% médaille de bronze, M. l'er-
rin, à Bazocbes (Seine-et-uise). — Mention honorable, M. Diiquenel, à Saint-Sorlin-de-Conac.
III. — Concours de volailles vivantes.
1" DIVISION. — Coqs et poules. — Pintades.
1'° Catégorie. — Race de Crèvecœur. — 1" Section. — Coqs. — 1" prix, M. Jean Farcy,
à Foulletourte (Sarlhe); 2% M. Charles -Farcy, à Foulletourte (Sarlhe); 3" M. René Voisin, à la
Suze (Sarlhe) : 4' M. L. Vallois, à Neuilly (Seine) ; 5=, M. F. Voisin, à la Suze (Sartbe). — Mention
honorable, M. Gustave Voitellier, à Mantes (Seine-et-Oise). — 2° Section. — Poules. — 1'^' prix,
M. Jean Farcy ; 2% M. Lemoine, à Crosnes (Seine-et-Oise) ; 3', M. Loyau, à Louplande (Ssrlhe) ;
4", M. René Voisin; 5''; M. F. Voisin. — Mentions honorables, M. L. Vallois ; M. Gustave Voitellier.
Fig. 17. — Porc yorkshire blanc, âgé de 9 mois et demi, pesant 262 kilog., expose pai M. Chami-
nadeaîné, éleveur à Pantin (Seine), l"' prix de la 2= classe et prix d'honneur au Concours général
du palais de l'industrie, à Paris, en 1883.
' Catégorie. — Race de HoudaLTi. — ]" Section. — Coqs.— 1" prix, M. L. Vallois; 2°, M. Ch. Voi-
tellier, à Mantes (Seine-et-Oise); 3*. M. Gustave Voitellier. — Prix supplémentaire, M. Léon Poin-
te'et, à Paris. — Mentions honorables, Mlle Marie Guilly, rue Montholon, n" 13, à Paris; M. In-
froit, rue d'Alésia, n" 145, à Paris; M. Lasseron, rue de l'Ouest, n" UG, à Paris; M. de Romas, à
Noisy-le-Sec (Seine) ; M. Breschet, rue de la Pncession, n" 76, à Paris. — 2' Section — Foules.—
l"prix, M. L. Vallois; 2=, M. Gustave Voitellier; 3'. M. Henri V;h11ois, rue l'erronet. n" 131, à
Neuilly (Seine). — Prix supplémeniaire, M. Breschet. — Mentions honorables, Mme Davoust-
Periot, à Houdan (Seine-et-Oise) ; M. François Guilly, rue Montholon, n" 13, à Paris; M. Lemoine.
3-^ Catégorie. — Race de la Flèche. — l" Section. —Coqs. — I" prix, M. Jean Farcy; 2%
M. René Voisin; 3", M. Loyau. — Mentions honorables, M. Charles Faicy. M. Jules Farcy, à
Foulletourte, (Seine-et-Oise); M. Lemoine; M. Léon Pointelet, M. Gustave Voitellier. —2" Sec-
tion. — Poules. — 1" prix, M. Jean Farcy ; 2% M. René Voisin; 3% M. Jules Farcy. — Mentions
honorables, Mlle Boyenval, à Sainte-Geneviéve-des-Bois (Loiret); M. Lemoine; M. Vallois;
M. François Voisin.
4" Catégorie. — Race du Mans. — 1'" Section. — Coqs. — Prix unique, M. Jean Farcy. —
Prix supplémentaire, M. René Voisin. — Mentiors honorables, M. L. Vallo s ; M. Gustave Voi-
tellier. — 2' Section. — Poules. — Prix unique, M. Jean Farcy. — Mentions honorables,
M, Jean Loyau; M. Gustave Voitellier.
5" Catégorie. — Race de la Bresse. — ]'• Section. — Coqs. — 1" | rix, Mlle Adèle Ferré, à
Thiais (Seine); 2% M. Maurice, à Louhans (Saône-el-Loire). — l'Section. — Poules. — 1°' prix,
M. Maurice; M. Lemoine. — Meitiori Ih nornble, Mlle Adèle Ferré.
6" Catégorie. — Races frc■lncai^es autres que celles dénommées ci-dessus. — 1"" Section —
Coqs. — 1" prix, M. L. Vallois'; 2-, M. Jean Farcy; 3% M. Gustave Voitellier: 4% Mlle Paillart,
à Quesnny-le Montant (Somme). — Mentions honorables, M. Lemoine; M. Jean Loyau. — 2' Sec-
tion. — Poules. — P" prix, M. L. Vallois; 2% M. Gustave Voitellier; 3», M. Jean Farcy; 4* M. Le-
moine. — Mentions honorables, M. Jovinel, boulevard Saint-Germain, n° 118, à Paris; M. Mar-
chand, à Limay (Seine-et-Oise).
184 CONCOURS GÉNÉRAUX AGRICOLES DE PARIS £N-883.
7' Catéqorie — Races cochinchinoiscs. — 1" Sous-Calégnrie. — Variété fauve, — 1'" Section.
_ Coqs. — 1" prix, M. L. Vallois, rue Perronet. n" 131, cà Neuilly (Seine); 2% M. ReyuoMs, à
Montreuil-sous-Bois (Seine). — Menlions honorables, M. Raymond d'Imbleyal, à NesJe-Nor-
mandeuse (Seine-Inlericurc) ; M. Lemojne, à Crosnes (Seinc-et-Oise).— 2" Section. — Poules. —
1" prix, M. LeiL0ine;2% M. Raymond d'Imbleval. — Menlions honorables, M. Achille d Imblcval,
à Npsie-Normandeuse (Seine-Inférieure) ; M. Vallois. — 2" Saus-Calegorie. — Varjctés diverses.
— 1" Section. — Coqs. — 1«' prix, M. L. Vallois; 2% M. Guslave Viutebier, a Manies
(Seiiic-et Oise). — Menlions hono ables, M. Raymond d'Imbleval; M. L. Vallois, à Neuilly. —
2° Section. — Poules.— ]"■ prix, M. Lemoine; 2^, M. Viette, à Neuilly (Seine). - Mentions
honorables, M. Breschef, à Pari^; M. L. Vallois; M. G. Voiiellier.
8* Catégorir. — Race lîrahma-l'outra. — 1" Section. — Coqs. — 1='- prix, M. Charles Giraud,
rue de Vanves, n" 201, à Paris; 2% M. L. Vallois. — Menlions honorables, M. Brunet, avenue de
Neuilly, n" 107 (Seine); M. Lasseron, rue de l'Ouest, n" IIG, à Paris; M. Gustave Voiiellier —
2' Section. —Poules. — ^' prix, M. Lemoine; 2% M. L. Vallois. — Menlions honorables,
M. Brunel: Mme la baronne de Fourment, à Frévent (l'as-de-Cahiis) ; M. Gustave Voitelli'T.
9" Catégorie. - Race Dorking. — 1'" Section. — Coqs. — l"' prix, M. L. Vallois; 2^M. Le-
moine; 3% M, Bieschet. — Mention honorable, MUeCuinct, rue delà l'rocession, n" 7H, à Pans. —
2- Section. — P.iules. — 1" prix, M. Lemoine; 2", M. L. Vallois; 3% M. Breschet. — Mentions
honorables, M. Lagrangc, à Autun (Saône-et-toire) ; M. René Voisin, à la Suze (Sarthe).
10" Catégorie. — Race espagnole. — l" Section. — Coqs. — Prix unique, M. L. Vallois. —
Mentions honorables, M. Cypricn Giraud; M Lemoine. —T .S'ec/io». — Poules. — Prix
unique, M. Lemoine. — Menlions honorables, M. Cyprien Giraud. M. L. Vallois.
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Pig. 18. — Coq et poules de la race de lloudan, exposés par M. Vallois, à Neuilly (Seine), prix
d'honneur au Concours général du palais de llndustric, à Paris, en 1883.
11" Catéqorie. — Race de Padoue. — 1" Section. — Coqs. — l" prix, Mme Lemoine, à Crosnes
(Seine-et-Oise) ; 2^ M. Bre-chet. — Prix supplémentaire, M. Cyprien Giraud. — Menlions hono-
rables, M. Breschet: M. d'Imbleval; M. Lasseron ; M. Leuioine ; M. Monrai, impasse des Hautes-
Formes, n"25, à Paris; M. Gustave Voiiellier. — 2' Section. — Poules. — 1" prix, M. Breschet;
2*, Mme Lemoine. — Prix supplémentaire, M. Cyprien Giraud. — Mentions honorables,
M. Breschet; Mme Lemoine; M. Lemoine; M. Monrat.
12" Catégorie. — Races étrangères diverses, autres désignées cide.«sus. — \^ Sous-Catégorie.
— Grandes races. — Coqs et poules. — 1" prix, M. Lacroix, à Sainl-Trirat (Pas-de-Calais);
2", M. Monral ; 3% Mlle Boyenval , à Sairite-Geneviève-des-Bois (Loiret). — Prix su[iplémentaire,
M. Lemoine. — Menlions honorables, M. Boutellier, à Thiais (Seine-el-Oise) ; M. John>ori, à Chan-
tilly (Oise); M. Lagrange ; M. Lemoine; M. Paul Lemoine, à Crosne (Seine-el Oise); M. Robbe, à
Grunes (Pas-de-Calais) ; M. Vielle. —2' Soui'-Cartf^one. — Petites races. —Coqs et poules. —
1" prix, Mme Lemoine; 2'. M. Lemoine; 3", Mlle Boyenval. — Mentions honorables, M. Balès, rue
de Bellevue, n" 23, à Boulogne (Seine); Mlle Marie Ferré, à Thiais (Seine); M. Johnson; Mme Le-
moine; M. Lesèble, à Neuilh (Seine) ; M. Masson, à Paris; Mlle Mulon, à l'aris; M. G. Voiiellier.
13" Catégorie. — Pintades. — Prix unique, M. Gustave Voiiellier. — Mention honorable,
M. Legoy, à Fléxanville (Seine-et-Oise).
1" DIVISION. — Dindons.
U" — Catégorie. — Variété noire. — 1" Section. — Mâles. — l"'' prix, M. L Vallois; 2% M. Ber-
trandus, à Igny (Oise). — Mention honorable, M.Gustave Voiiellier. — 2' Section. — Femelles.
— l" prix, Mme Lemoine; 2% M. Berirandus; 3», M. L. Vallois.
LS" Catégorie. — Variétés diverses. — 1" Section. — MAIes. — l'^prix. M. L. Vallois; 2",
Mlle Poyenval. — Mentions honorables, M. Brunel; M. Delondre, à Saint-Loup-de-Naud (Seine-
et-Marne ; M. l.a-seron. — 2" Section. — Femelles. — l" Seciion. — M. Lasseron; 2% M. Boyen-
val. — Mentions honorables, M. Lasseron; M. L. Vallois.
CONCOURS GÉNÉRAUX AGRICOLES DE PARIS EN 1883. 185
3" DIVISION. — Oies.
IG" Catégorie. — Oies de Toulouse. — l" Section. — Mâles. — l"prix, M. Lagrange • '2"
Mme I.emoiiie. — Mentions honorahles, M. Duchesne, à Moussy-le-Neuf (Seine-el-Marne) ; M. Gus-
tave Voilelliei-. — 2" Seciion. — Femelles. — l"'' jirix, M. Gustave Voitellier; 2", Mme Lemoine.
— Mentions honorables, M Duchesne ; M Lasscroii; M. Lemoine; M. I,. Vallois.
17» Catéijorie. — Oies diverses. — 1" Sectinn. — Mflles. — 1" prix, M. L. Vallois; 2% M. Boyen-
val. — Mentions honorables, M. Bertrandus ; M.Jean Loyau ; M. (Justavo Voitellier. — 2="Sé>c(Jo/i
— Femelles. — 1" prix, M. L. Vallois; 2% M. .Jean Farcy. — Mentions honorables, M. Bertrandus-
M. Lasseron ; M. Jean Loyau. • '
4* DIVISION. — Canards.
IS» Catégorie. — Canards de Rouen. — 1" prix, M. Lasseron ; 2= , M. D(danoy, à Calais CPas-de-
Calais) ; 3% Mlle Boyenval. — Mentions honorables, Mme André, au Tillay (.Seine-et-Oise)'
Mme la baronne de Fourment; Mme Lemoine. ''
l'ô' Catégorie. —Canards d'Aylesbury. — 1" prix, M. Lemoine; 2% Gustave Voilellier. — Men-
tion honorable, M. Lasseron.
20° Catégorie. — Canards d'Inde ou de Barbarie. —Prix unique, M. Ebeling à Nanterre
Seine-et-Oise). — Mention honorable, M . Voitellier. '
21° Catégorie. — Canards divers. — t"prix, M. Garnot, àAvranches (Manche); 2°, M. Lemoine-
3% M. Raymond d'Imbleval. — Mentions honorables, Mme Garnot, à Avranches CMnnniiP\'
M. Lemoine; M. Robbe; M. L. Vallois. U"anuie;,
b' DIVISION. — Pigeons.
22' Catégorie. — Grosses races comestibles. — 1" Sous-Catégorie. — Romains. — l" prix
médaille d'argent, M. L. Vallois; 2% médadie de bronze. M François Guilly. — Mentions hono'
râbles, M. Brunet; Mlle Maria Ferré; M. Cypricn Giraud; M. L. Vallois. — 2°. Sous-Caténoric'
— Montauban. — 1" prix, mé taille d'argent, M Brunet; 2% médaille de bronze, M François
Guilly. — Mentions honorables, M. François Guilly; M Masson ; M. Vallois.
2'^" Catégorie. — Moyennes races comestibles. — 1" Sous-Catégorie. — Bagadais — 1" prix
médaille d'argent, M. L. Vallois; 2% médaille de bronze, Mlle Marie Guilly, rue°MonthoIon n» 13*
à Paris. — Mentions honorables, M. François Guilly; M. Lasseron. —2" Sous-Caléqorie — 'fiizets'
— r-- prix, médaille d'argent, M. L. Vallois ; 2% médaille de bronze, M. Rivière rue du Gaz
n° 79, à Paris. — Mentions honorables, M. Brunet; M. Martin, à Suresnes (Seine). — :i= Sous-
Catégorie.— Boulants. — 1" prix, médaille d'argent, M. L. Vallois; 2", médaille de bronze
M. Bocquet, avenue d'Ivry, n" 108, à Paris. — Mentions honorables, M. Brunef M Croizet'
à Amiens (Somme); Mme Mulon, rue de Maistre, n''23, à Paris. — 4'' Sous-Catégorie ' — Mon'
dains. — l" prix, médaille d'argeit, M. Vallois ; 2% médaide de bronze, M. Combaret nie Hp*
\fr,„,,„ltr^^ „o /, h Parle Montifinc h ,^n,i r-. Mac AIII„ A„,IX1„ TT. '.,»_. ,, m'aies, l UC UCS
n° 22, à Paris.
24" Catégorie. — Races dites de volière. — V" Sous-Catégorie. — Capucins. — p'prix médaille
d'argent, M. L. Vallois; 2% médaille de bronze M. Brunet. — Mentions honorables M Bresctiet •
M. Jovinel, boulev.rd .Saint-Germain, u° 118, à Paris. — 2" Sous-Catégorie. —' Culbutants —
1" prix, médaille d'argent, M. Rivière; 2", médnllede bronze, M. L. Vallois — Mentions hono-
rables, M. Brunet, M Lef-^bvre. — 3= Sous-Catégorie. — Polonais, — 1" prix, médaille d'argent
M. Brunet; 2% Médaille de bronze, M. L. Vallois. — Mentions honorables, M. Fusil rue du Châ-
teau, n" S2, à Paris; M. Lasst-ron ; M. Lefebvre. — 4' Sous-Catégorie. — Queue 'de Paon —
l" prix, Médaille d'argent, M. Brunet ; 2% Médaille de bronze. M. Infroit. — Mentions hono-
rables, M. Brun-t; M. Cyprien Giraud; M. Infroit; M. Lasseron. — o" Sous-Catéqorir —
Tunisiens. — I"-^ prix, Médaille d'argent, M. L. Vallois; 2^ médaille de bronze, Mlle Corbav à
Trouville(:Manche). — Mentions honorables, M. Jovinel; M. Masson, rue de Maistre, n" 23, à Paris
— 6° SoHS-Catégone. — Races diverses. — l'' prix, médaille d'argent, M. E. Valois, à Neuillv
(Seine); 2% médaille de bronze, .M. Lasseron. — Mentions honorables, M. Lasseron, M. Lefebvre ■
M. Lejeune; M. Masson; M. L. Vallois. '
6° DIVISION. — Lapins et Léporides.
2b* Catégorie. — Lapins, béliers. — 1" prix, M.François Guilly; 2% M. Breschey 3«
M. L. Vallois. — Mentions honorables, M. Breschet, M. Brunet, M. Cardoso, boulevard Bea'usé-
jour, 25, à Paris , M. Lasseron, M. Gustave Voitellier.
26" Catégorie. — Lapins communs. — 1»' prix, M. L. Vallois ; 2°, M. Brunet; 3-= M Lasseron —
Mentions honorables, M. Breschet, M. Fusil, M. Infroit, M. Loyau.
27-= Catégorie. — Lapins russes. — 1" prix, M. Brunet; 2% M. Boutillier ; 3% M. Lasseron —
Mentions honorables, Mlle Artaull, rue de la Roquette, 39, à Paris, M. Lejeune M. Lemoine
M. Marois, à Montrouge (Seine). ' " ' '
28° Catégorie — Lapins à fourrure ou argentés. — I»' prix, M. Breschet ; 2% Mlle Artault •
3°, M. Charles Giraud, rue de Vanves, 201, à Paris. — Mentions honorables, M Lejeune M Ri-
vière, M. Gustave Voitellier. ' '
29° Catégorie. — Lapins angora ou de peigne. — 1°^ prix, M. L. Vallois ; 2', M. Lasseron- 3'
M. Brunet. — Mentions honorables, M. Fusil, M. Lasseron, M. Lemoine, M. L. Vallois ' '
30° Catégorie. — Léporides. — Prix uni [ue . M. L. Vallois. — Prix supplémentaire, M Lasse-
ron. — Mentions honorables, M. Brunet, .M, Lasseron, M. Monrat.
Prix d'honneur, un objet d'art, à M. L. Vallois, pour ses animaux de la race de Houdan.
IV. — Concours de volailles mortes.
Exposants producteurs.
1'° Catégorie. — Race de la Bresse. — 1" Sons-Catégorie. — Variétés de l'arrondissement de
Bourg (Ain). — 1" Seciion. —Chapons. — V prix, M. François Bouveyron. à l'refford (Ain) ;
2°, Mme Mazoyer, à Frontenaud (Saône-et-Loke); 3°, Mme Uny-Rodot, aii Miroir (Saùne-et-Loire)
— Mentions honorable, Mme Ghevalier-Piiat, à Frontenaud (Saône-et-Loire). — 2° Section -^ Pou-
186 CONCOaRS GÉNÉRAUX AGRICOLES DE PARIS EN 1883.
lardes — 1" i)rix, M. François Bouveyron ; 2", Mme Guillet, à Frontenaud (Saône-et-Loire) ; 3",
Mme Uny-Rodot. — 2' Sous-Catégorie. — Variétés de Louhans (Saône-et-Loire). — ]'" Section.
Chapons. — 1" prix, Mme Belay, au Miroir (S;t6ue-et-Loire) ; 2« Mme Grivet, au Miroir
(Saône-el-Loire). — Mention honorable, Mme Domarlin, au Miroir (S lône-et-Loire). — 2" Sec-
tion. — Poulardes. — 1" prix, Mme Chevalier-Pirat; 2% Mme Guillet. — Mention honorable,
Mme Mazoyer.
2' Catégorie. — Race delà Flèche. — 1" Section. — Chapons. — l" prix, M. François Cho-
quet, à Bailleul (Sarthe) ; 2% M. Pierre Toutain, à Bailleul (Sarthe); M. Jo.feph Toutain, à Bail-
leul (Sarlhe); 4% M. Corbin, àViliains-sous-Malicorne (Sarthe).— Mention honorable, Mme veuve
Aillerot jeune, à la Flèche (Sarllie). — 2= Section.— Poulardes.— l"' prix, M. Corbin; 2= M. Pierre
Toutain-, à^, .'A. Choquet. — Mention honorable, M. Joseph Toutain.
3" Catégorie. — Race de Houdau. — 1" prix, M. Gilleron, à Mareil-le-Guyon (Seine-el-OLse) ;
2% M.Houelte, à Bléneau (Yonne); M. Vasseur, à Garnbais (Seine-et-Oise).
4"= Catégorie. — Race de Crèvecœur. — 1" prix, M. Pierre Toutain : 2% M. Joseph Tou-
tain; 3% M. François Choquet. — Mention très honorable, Mme Gohin, à Chàteaumeillant
(Cher).
b' Catégorie. — Races normandes autres que celles de Crèvecœur. — ]=■ prix, M. Giard, à To-
rigny (.Manche) ; 2% M. Miray, à Saint-Ouen-des-Besaces (Ca vados) ; 3% M. Haust, à Torigny
(Manche). — Mention très honorable, M. Mourocq, àTroi.'^gots (Manche).
6° Catégorie. — Races diverses non classées ci-dessus. — 1" prix, M. Jean Douaud, à la
Chevrollière (Loire-Inférieure); 2", M. Houette; 3°, M. Vasseur.
7= Catégorie. — Dindons. — V" Section. — ^' Mâles. — 1"' prix, M. Gilleron ; 2% M. Choquet ;
3% M. Pierre Toutain; 4", M. Vasseur. — Menti n très honorable, M. Félix Douaud, à Ponl-
Rousseau (Loire-Inférieure). — Mention honorable, Mme Gohin. — 2= Section. — Femelles. —
1"" prix, M. Pierre Toutain; 2% M. Gilleron; 3'-, M. Choquet. — Mention très honorable,
M. F'élix Douaud.
8» Catégorie. — Canards. — l"' Sous-Catégorie. — Sujets pour la broche. — 1"' prix,
M. Fé ix Douaud ; 2% M. Boudruet, à Saint-Lubin (Eure-et-Loir) ; S", M. Jean Douaud. — 2'
Sous-Catégorie. — Sujets pour la produciion des foies gras. — 1'' prix, M le marquis de Gon-
taut, au château de Courtalin (Eure-el-Loi ); 2% Mlle Penon, à Barsous (Hautes-Pyrénées).
9= Catégorie- — Oies, — l'" Sous-Catégorie. — Sujets pour la broche. — 1" prix, M. Godfroy,
à Gandelain (Orne); 2', M. le marquis de Gontaut ; 3% Mme Aillerot, à la Flèche (Sarlhe). —
2" Sous-Catégorie. — Sujets pour la produciion des foies gras. — 2° prix, seul décerné,
Mlle Penon.
10° Catégorie. — Pigeons. — 2"' prix, seul décerné, Mme Aillerot.
W" Catégorie. — Pintades et autres animaux de basse-cour. — 1-' prix, M. Joseph Toutain;
2", M. Pierre Toutain ; 3", Mme Gohin.
12' Catégorie. — Lapins et Ipporides. — 1" prix, M. Pierre Toutain; 2'= Lasseron, rue de
l'Ouest, 116, à Paris; 2", Mlle Arlault, rue de la Roquette, 39, à Paris. — Mention honorable,
M. François Choquet.
Prix dlionneur, un objet d'art, à M. François Choquet.
V. — Concours de produits de la laiterie.
Fromages. — Exposants producteurs.
P" DIVISION. — Fromages de consistance molle . — !'• classe. — Fromages frais.
Catégorie m« ''que.— Fromages à la crème ou double crème, Neufchâlel, Boudons, Malakoffs,etc.
— Médaille d'argent grand module, M. Passé, à Gàillet'oniaine (Seine-Iniérieure). — Médailles
d'argent, U. Maùrey, à Croisille (Oise); M. Dominique Morpl. à Montéroluer (Seine-Inférieure).
— Médailles de bronze, M. Paul Dupuis, à Villeau (Seine-lnlérieure); M. Maurey.
2' CLASSE. — Fromages raffinés.
l" Catégorie. — Brie (fromage de ferme). — l"" Sous-Catégorie. — Brie courant. — Médaille
d'or, M. Jules Proffit, à Oissery (Sdine-et-Marne). — 3/édai/Zes d'argcnf, M. Anatole Proffit, à
Bouillancy (Oise); M. Giberi, à Billemont (Aisne). — Médailles de bronze, M. Emile Martin, à
Ois«ery (Se ne-et-Oise); M. Tiénard, à Ermenonville (Oise) — Mentions honorables, Mme Peigné,
à Bailly-Romainvilliers (Seine-et-Marne ; M. Simon Roussel, à la Ferté-sous-Jouarre (Seine-et-
Marne). — 2" Sous-Catégorie. — Brie de saison. — Médaille d'or, M. Louis Petit, à Ozouer-
Lafernère (Seine-etrMarne). — Médaille d'argent, M. Roger, à Nandy (Seine-et-Maine). —
Médaille de bronze, M. Simon Roussel.
2" Catégorie. — Coulommiers. — P" Sous-Catégorie. — Coulnmmiers double crème. — Médaille
d'argent. M Fahy, à Saints (Seine-et-Marne). — Médaille de bronze, Mme Pierre, aux Bordes de-
Beauteuil (Seine-et-Marne). — 2*- Sous-Catégorie. — Coulommiers-Brie. — Médaille d'or,
M. Louis Petit. — Médaille d'argent, M. Desnot, à Chaubuisson (Seine-et-Marne). — Médailles
debronze. .M Alphonse Audru, à Saints (Seine-et-Marne) ; M. Cilon, à Coulommiers (Seine-et-
Marne.
3'' Catégorie. — Façon Brie et façon Coulommiers. — Médaille d'or, M. Alexis Bardin, à
Chouy (Aisne). — Médailles d'argent, M. A. Delhomme, à Crézancy (Aisne). — Médailles de
bronze, M. Jules Boulet, à Sarcy (.Meuse) ; M. Berthault, à Bourges (Cher); M. Camille Haran, à
Oissery (Seine-et-Marne); M. A. Ileurlieu, à Thuiy-en-Valois (Oise).
4'= Catégorie. — Camemberts et façon camemberts. — Médaille d'or, M. Clémence, à Sainte-
Marie-sur-Anglais (Calvados). —Médailles d'argent, M. Adolphe Quétel, à Saint-Côme-du-Mont
(Manche); M. Charles Morice, à Lessart-le-Chêne vCalvados); M. Lepetit, à Vieux-Pont (Calvados).
Médailles de bronze, M. A. Bi«ot, aux Authieux-Papîon (i alvados) ; M Hyacinthe Rosey, à Saint-
Martin-de-la-Lieue (Calvado-j; M. A. Lesenne, à Sainte-Marguerite-des-Viettes (Calvados);
M. J.-A Girandier, à Saint-Fort (Mayenne); M. Champion, à Feins (Ille-et-Vilaine). —Mentions
honorables, M. Amand Bence, à Bonnebosq (Calvados) : M. F. Brossard. aux Cailletots-Maine-
villc (Eure); M. Guérin, à Notre-Dame-d'Kstrées (Calvados); M. Isidore Hue, à Saint-Pierre-des-
Ifs (Calvados); M. E. Machinot, à Mesnil-Simon (Calvados); MM. Malvina, à Hotto-en-Auge
(Calvados).
&' Catégorie. — Bondons, Malakoffs et Gournay dits à tout bien. — Médaille d'or, M. Jules Féret,
à Saumon-la-Poterie (Seine-Inférieure). — Médailles d'argent, M. Duclos (A.), au Thil-Riberpré
CONCOURS GÉNÉRAUX AGRICOLES DE PARIS EN 1883. 187
(Seine-Inférieure) ; M. E. Duclos, à Saint-Saire (Seine-Inférieure). — Médaille de bronze, M.De-
lanef, à Beaussault (Seine-Infcrieure) ; M. Videcoq, à Graveil (Seine-Inferieure) . — Mention ho-
norable, M. Jules Alexandre, à Notre-Dame- 'e-Bourlevilie (Seine-Inférieure).
6' Catégorie. — Mont-Dor, ront-l'Kvèque, Mignot et Port-du-Salut. — Médaille d'or, M. Alphonse
Lepecq, à ront-l'Evèque (Calvados). — Médailles d'argent, M. l'abbé Germain, à Bricquebec,
(Manche); M. Léon Ernic, à Sainl-Etienne-la-ïliillaye (Calvados). — Médailles de bronze,
M. Champion; MM. Goisbault frères, à Bazouges (Mayenne). — Mentions honorables, M. Bertlinult;
M. Jules Boulet; Mme Goudouin, à Fierville-les-Parcs (Calvados); M. Pierre Mauron, à Gray (Haute-
Saône).
7'= Catégorie. — Livarot, Roliot, Marolles, Langres et Void. — Médaille d''or, M. Alfred Jumel, à
Menil-Durand (Calvados). — Médaille d'argent, M. Chevalier, à Lessard-le -Chêne (Calvados). —
Médailles de bronze, M. Morel, à Langres (Haute-Marne): M. Alfred Hotte, à Saintc-Mart,'uerile-de-
Viette (Calvados); Mentions honorables, M. Edouard-Alexandre Roussel, à Ecots (Calvados); M. A.Le-
roy, à Varennes (Oise); M. Auguste Lebourgejis, à Boissey (Calvados); M. Deslandes, à Bellon,
par Fervaques (Calvados) .
X' Catégorie. — Troyes, Saint-Florentin, Olivet, Bourgogne, Macquelines, Thury. — Médaille
d'or, M. Frinault, aux Aydes, commune d Orléans (Loiret). — Médailles d'argent, M. Octave Rivière-
Norguet,à Villiers (Loir-et-Cher); M. A. Heurlier, h Thury-en-Valois (Oise). — Médailles de
bronze, M. Berihaull; M. Philippe Sornicle, à Ingré (Loirei)
9" Catégorie. — Géromé ou Gérardmer, Munster. — Médaille d'argent, M. Mer, à Gérardmer
(Vosges). — Médaille de bronze, M. Jules Boulet.
10' Catégorie. — Fromages divers. — Médaille d'arqcnt, M. Octave Rivicre-Norguet. — Médaille
de bronze, M. Cordier, directeur de l'école pratiiiue d'a2;r culture de Saint-Remy (Haute-Saône).
— Mentions honorables, M. J. Gadret, à Gandelu (Aisne); M. Pierre Mauron; M. Pipgard-Bordier,
à Villiers (Loir-et-Cher); M. Jules Boulet; M. Henri Lalloux, à Saint-Renan (Finistère).
2' DIVISION. — Fromages à pâte ferme. — r° classe. Fromages pressés.
V Catégorie. — Roque''ort. — Médaille d'or, Société anonyme civile des producteurs de fro-
mages de Roquefort (Aveyron).
2' Catégorie. — Façon Roquefort, Septmoncel, Gex, Sassenage, Mont-Cenis. — Médaille d'or,
M. de Laforce, à Trizac (Cantal).
3' Catégorie. — Cantal, Laguiole et autres fromages de l'Auvergne. — Médaille d'or. M. Didaret,
à Saint-Chély-d'Aubrac (Aveyron); Médaille d'argent, M. Adrien Gros, à Aubrac (Aveyron). —
Médaille de bronze, M. G. Chanut, à Trizac (Cantal).
4' Catégorie. — Fromages divers. — Médaille d'argent, M. Pierre Mauron. — Médaille de bronze,
M. Rivière-Norguet.
2' CLASSE. — Fromages cuits et pressés.
1" Catégorie. — Gruyère et façon gruyère. — Médaille d'or, M. Alexis Dedron, à Eronteine-le-
Haut (Jura). — Mention honorable, M. Jules Boulet.
2" Catégorie. — Fromagesdes Pyrénées. — Médaille d'or, M. Lozès, à Barsous (Hautes-Pyrénées).
3' Catégorie. — Fromages divers, pressés ou cuits. — Médaille d'argent, M. deBeguroyre et Cie,
à Maigny-en-Orxois (Aisne). — Médaille de bronze, M. Pierre Mauron.
3'" DIVISION. — Fromages de chèvres et de brebis.
Médaille d'argent, M. Louis Bonnet, à Saint-Marcellin (Isère). — Médaille de broiize, M. Aimé
Guillermond, à Poliénas (Isère).
Prix d'honneur. — Médailles d'or grand module, à M. Alfred Jumcl.
Exposants MARCHANDS. — Médailles d'or, M. Albert Rosel, au marché des Martyrs, à Paris;
M. Joseph Tournadre, rue Quincampoix, n" 36, à Paris. — Médailles d'argent, M. Dedron, rue des
Pêcheurs, à Paris; M. A. Baudoin, rue de Berri, n° 3<S, à Pans; M. P. Chapelle, rue Cambronne,
n" 49, à Paris. — Médailles de bronze. M. Smtarsiero, rue d'ArmaïUé, n° 5, à Paris; M. Drouard,
rue du Faubourg Saint-Antoine, à Paris; M. Nicolas Niguet, à Rozoy (Seine-et-Marne) ; M. Qua-
niaux, à Enghien (Seine-ei-Oise); M. Robillard, rue d'Amsterdam, n" 40, à Paris ; M. Piocbon,
rue des Petits-Champs, n" 5, à Paris. — Mentions honorables, M. Amblard, impasse des Hautes-
Formes, n" 3, à Pans; M. Chardon, rue Croix-des-Petits-Charaps, n° 44, à Pans; M. Chiuffert, rue
du Parc-Royal, n" 9, ù Pari.*; ; M. Foulon, rue Saint-Jacques, n" 53, à Paris; MM. Heuser et Cie,
rue Montorgueil, n" 9, à Pans; M. Thomas, boulevard Poissonnière, n° 28. à Paris.
Concours de beurres. — exposants producteurs.
l" DIVISION. — Beurres frais. — l" classe. — Beurres de Normandie.
V" Catégorie. — Beurres dTsigny et de Bayeux. — Médaille d'or, M. Henri Ygnouf, àVierville-
sur-Mer (Calvados). — Médailles d'argent, M. Philippe Cathrin, à Cardonville (Calvados);
M. Gabriel Duval, à Saint-Pierre-du-Mont (Calvados); Mme veuve l.egros, à Campigny (Calvados).
— Médailles de bronze, M. Jacques Gruel, à Cardonville (Calvados); M.Charles Guilbert, à la
Bazo^ue (Calvados) ; M. Alexandre Follin, à Formigny (Calvados); M. Constant Jehanno, à Blay
(Calvados). — Mentions honorables, M. Louis Adeline, à Crouay (Calvados) ; M. Auguste Chatel, a
Vaucclles (Calvados): M. Pierre Châtel, à Formigny (Calvados); M. Pierre Lecoq, à Gefosse
(Calvados); M. Constant Postrd.à Vacognes (Calvado.s).
2" Catégorie. — Beurres de Gournay. — Médaille d'or, Sébastien Decordc, au Fossé (Seine-
Inférieure). — Médailles d'argent, M. Levasseur aîné, à Mauquenchy (Seine-Inférieure);
M. Alphonse Levasseur, à Rouvray (Seine-Inférieure); M. de Lalonde, à Longuerue (Seine-Infé-
rieure).— Médailles de bronze, M. Benoît Poisson, à la Belliéie (Scine-ln'érieure) ; M. Magloirc
Folliot, à Mauquenchy (Seine-Inférieure); M. Alfred Moiant, au Fossé (Seine-Inférieure). — Men-
tions honorables, M. Edouard Hurpy, à Serqueux (Seine-Inférieure) ; M. Bancc-.Mobert, à Thil-
Riberpré (Seme-Inférieufe) ; M. J.-B. Dubuc, à Thil-rtiberpré (Seine-Inférieure); M. A. Levacher,
à la Fierté-Saint-Samson (Seine-Inférie re) ; M. Maximilien Poisson, à Roncherolles (Seine-Inf.).
3^ Catégorie. — Beurres de provenances normandes diverses. — Médaille d'or, M. Pierre Fortin
à Petite-Ville (Manche). — Médailles d'argent, Mme veuve Artu, à Sainte-Mère-Eglise (Manche);
M. Emile Huault, à Homraet-d'Arthenay (Manche. — Médailles de bronzp, M. A. Lecesne, à
Sainle-Marguerite-de-Vielte (Calvados) ; M. Jules Lecanu, au Désert (Manche); -M. Stephen Cadic,
à Valognes (Manche).
188 CONCOURS GÉNÉRAUX AGRICOLES DE PARIS EN 1883.
2' CLASSE. — Beurres de Bretagne.
Médaille d'or, M. Jules Pinto, à Rennes (llle-et-Vilaine). — Médailles d'argent, M. Champion, à
Feins (Ille-ei-Vilainc). — Médailles de bronze, Mme veuve Rivalan, à Rondage (Morbihan);
M. L. Henrat, à Arradon (Morbihan).— Mention honorable, M. Malhunn Marhin, à Pontivy
(Morbihan).
3^ CLASSE. — Beurres d autres provenances diverses.
1" Catégorie. — Beurres en mottes ou en paniers. — Médaille d'or. M. de Vassal-Montviel, à
Monbadon (Gironde).— Médaille d'argent, M. Paul Genay, à Ghanleheux (Meurthe-et-Moselle). —
Médailles de bronze, M. Henri Castier, à Hazebrouck (Nord); M. J. Devert, à la Vigerie-d'Asnières
(Charente). — Mention honorable. M. Franck-Bonnard. à Valéry. (La;t concentré des Alpes);
M. D. Lavril, à Saint-Aquilin-de-Pacy (Eure); M. le marquis de Poncins, à Feurs (Loire); M. Du-
earet, à Lunel (Hérault); M. Jules Boulet, à Sorcy (Meuse).
2° Catégorie. — Beur;es en livres, dits de ferme. — Médaille d'or, M. Dupuis, a Bessay (Eure-
et-Loir). — Médaille d'argent, .M. Jules Boulet, à Sorcy (Meuse). — Médailles de bronse.
M. Charles Dumontier, à Claville (Eure); M. Paul Ferté, à Vrégny (Aisne). — Mentions honora-
bles, M. D. Lavril; M. Jean Bussienne, k Nancy (Meurthe-et-Moselle); M. Ernest Bourguin, à
Mézières (Ardennes); M. Coucre, à Ozoner-la-Ferrière (Seine-et-Marne).
2= DIVISION. — Beurres demi-sel, salés et fondus de toutes provenances .
Médaille d'argent, M. Henri Maurettc, à Brix (Manche). — Médailles de bronze, M. Henri Cas-
tier, à Hazebroiick (Nord), M. Charles, à Claville (Eure).
Pbix d'honneur, médaille d'or grand module, à M. Henri Ygouf, à Vierville-sur-Mer (Calvados).
Exposants marchands. — Division unique. — Beurres marchands pour l'exportation
ou la vente à l'intérieur.
2° Calégc. .^. ^.
et Grimault, à Rennes (Ille-et-Vilaine).
n* 40, à Paris.
3" Catégorie. — Beurres de provenances diverses, salés, demi-sel ou fondus. — Médailles d ar-
gent, MM. Marseille et Dervailly, à Montargis (Loiret); M. Guéneau, à la Flèche (Sarthe). —
Médaille de bronze, M. Drouard, rue du Faubourg-Saint-Antoine, n" 104, à Paris.
Prix d'honneur. — Médaille d'or/jrand module, MM. Porteu et Grimault, à Rennes (Ille-et-Viiaine)
- • ■ ■ siicres de lait et autres produits de la laiterie non dénommé
VI. — Concours de produits agricoles
Exposants producteurs. — L — Semences de céréales,
l" DIVISION.— Froment.
Médaille d'or, M. Alphonse Hardon, avenue des Champs-Elysées, n" 12?, à Paris. — Médailles
d'argent, M. le baron d'Avène, à Brinche, commune de Villemareuil (Seine-et-Marne); M. Alfred
Migtiot, à Bois-Gauthier (Seine-et-Marne. — Médailles de bronze, M. Cordier, directeur de l'école
pratique d'agriculture de Saint-Remy (Haute-Saône) ; M. Dumontier, à Clavdle (Eure) ; M. Boullant,
à Villejuif (Seine); M. Mayeux, à Villejuif (Seine) ; M. Graudin, à Cocherel (Seine-et-Marne).
3' division. — Avoines.
Médaille d'or, M. Couesnon, à Aulnoy (Seine-et-Marne). — Médaille d'argent, M. Mégret, à
Beton-Pazoches (Seine-et-Marne). —Médailles de bronze, M. le baron d'Avène; M. Mayeux.
4° DIVISION. — I. — Orges.
Médaille d'or, M. Cordicr. — Médaille d'argent, M. Terrand-NicoUe, à Ruffey (Côte-d'Or). —
Médaille de bronze, M. Mayeux.
n. _ Plantes légumiyieuses. — Médaille d'or, M. Dudouy, rue Notre-Darae-des-Victoires, n" 38,
à Paris. — Médaille d'argent, M. Cordier. —Médailles de bronze, M. Guillcux, au Pin (Seine-et-
Marne; M. Terrand-Nicolle.
lY. — Plantes textiles. — Médaille d'or, M. Maizier, au Plessis-Brion (Oise). — Médaille d'ar-
gent, M. Dudouy, rue Notre Dame-des-Victoires, n" 38, à Paris.
VI. —Racines industrielles, fourragères et alimentaires. — 2" Catégorie. — Betteraves, carottes,
rutabagas, choux-raves et navets et autres racines fourragères. — Médaille d'or, M. Cordier. —
Médailles d'argent, yi. Dudouy; M Duqnenel, à Saint-Sorlm-de-Conac (Charente-Inférieure). —
Médaillesde bronze, M. GuiUoux ; M. Pellier, à Jupilles-Fessard (Sarthe); M. GrenierDalbine, rue
de Vaugirard, n" 39, à Paris; M. Boullant. — Mention honorable, M. Lnuras,à Flagy (Saône-et-
Loire) ; M. Nicole Terrand; M. Hardon; M. Jobard-Jobard, à Meursault (Côte-d'Or).
■ VIL — Pommes de terre. — Médaille d'or, M. Mayeux. -Médailles d'argent, M. Dudouy;
M. Boullant. — Médailles de bronze, M. Rigault, à Groslay (Seine-et-Oise) : M. Sévin, à Villejuif
(Seine); M. De'ondre, à la Tour-.;'aint-Loiip-de-Naud (Seine-et-Marne); M. Pellier.
Wlll. — Plantes fourragères. —Médaille d'or, h. M. Dumontier, Claville (Eure). — Médaille
d'argent, M. Dudouy. — Médailles de bronze, M. Hardou; M. Cordier.
JX. — Prairies naturelles. — Médaille d'or, M. Guilloux. — Médaille d'argent, M. Hardon.
X. — Fruits frais. — !"■ Catégorie. — Poires et pommes de table. — Médailles d'or, M. Ber-
trand, à Sceaux (Seine) ; M. ChiiVîlier fils, à Montreuil (Seine) -, M. Bertaut, à Rosny-sous-Bois
(Seine). —j»/edaz7ifs d'org[c»«. M, J, -P. Boucher, avenue d'Italie, n" 164, Paris; M. Jourdain, à
Maurecourt (Seine et-Oise); M. Battut, à Alfort (Seine); M. l'erquier, à Sassetot-)e-Mauconduit
(Seine-Inférieure); M. Hamot, à Asnicrcs (Seine), M. Boullant, à Villejuif (Seine). — Médailles
CONCOURS GÉNÉRAUX AGRICOLES DE PARIS EN 1883. 189
debron2e, M.Anatole Maubant, à Vieux-Port (Calvados); M. Desplnnques, à Saint-Lô (Manche);
M. Guillaume, directeurde l'école d'horticulture des pupilles delà Seine, à Villepreux (S.-et-O.).'
2® Catégorie. — Raisins et fruits conservés. — Médaille d'or, pour raisins et Iruits conservés,
M Etienne Snlomon, à Thomery (Seine-et-Marne).
3" Catégorie. — Amandes à coque tendre et à coque dure. — Médaille d'or, M. Victor Leydet
à Aix (Bouches-du-Rhône). ' '
XIII. — Huiles. — 1" Catégorie. — Huiles d'olive. — Médaille d'or, MM. Anastay et Cie, à
Salon (Bouches-du-Rhône). — Médailles d'argent, M. Jarrein, à Hyères (Var); M. H .uiat à Salon
(Bouches-du-Hhône). — Médaille de bronze, M. Leydet, à Aix (Bouches-du-Rhône).
2* Catégorie. — Huiles diverses. — Médaille dor, M. Grenier-Daibine, rue de Vaugirard n° 30,
à Haris. — Médaille d'argent , M. Cordier. '
XIV. 1" DIVISION. — Miels et cires — l'« Catégorie. — Miels en rayons. — Médaille d'or
M. Fuurnier, à Ornioy-Villers (Oise). — Médaille d'argent. M. Chevereau-Blin, à Briare (Loiret).'
— MédiiiUes de bronze, M. Leroux, à Marines ("eine-et-Oise); M. Asset, à Sèvres (Seine-et-oise).
3" Catégorie. — Miels coulés des pays à prairies aitiflcielles. — Médailles d'argent, M. Fournier,
à Ormoy-Villers (Oise) ; M. Chevereau Blin. — Médailles de bronze, M. Asset, M. Lemux.
A>= Catégorie. — Miels coulés des pays de mont;ignes. — Médaille d'orgeni, M. Leydet.
2= DIVISION. — Cires. — Médaille d'or, M. Leioux. — Médailles d'argent, M. Philippe, à Saint-
Aman 1 (Manche); M. Chevereau-Bhn. — Médailles de bronze, M. Leroy, à Crouttes (Orne);
M.Vi. Troubat et Cie, à Montlu-çon (Allier).
Prix d'honneur, un objet d'art à M. Etienne Salomon, à Thomery (Seine-et-Marne).
Exposants marchands. — Rappel At- diplôme d'honneur à MM. Vilmorin-Andrieux et Cie, pour
l'ensembL' de leur exposition. — Médailles d'or. M. Diiponl, rue d'Aniin, n" 23, à Paris; iM. Gau-
quflin, lue Rossini, n" I, à Paris; M. Albert Gerbout, rue du Faubourg-Saint-Honuré, n» .58, à
Pavis; M. Alfred Dudouy, rue Notre-Darae-d*^s Victoires, n° 38, à Paris; MM. Forgeot et Cie quai
de :A Mégisserie, n" 8, à Paris. — Médailles d'argent, M. F/ançois Baltut, rue Quincampoix,
n° 18, à Pans; M. Louis Huot, rue de la Tour, n° 78, à Paris; M. Eugène Laliaye, à Montreuil-
sous-Bois (Seine); M. Michel, rue Saint-Merry, n» 12, à Paris; M. Thomain, rue Samt-La/.are, ivGs,
à P;uis; M. Lecaron, quai de la Mégisserie, n" 20, à Paris; M. Roche-Papillon, à Chartres (Kure-
et-Loir): M. Delahaye, quai de la Mégisserie, n» 18, à Paris. — Mdailles de bronze, M. Dubos,
grfl rie Vivienne, n° 26, à Paris; Mme veuve Place, rue Saint-Antoine, n" 145, à Paris; M. San-
tarsiero (Vincent), rue d'Armaillé, n" h, à Paris.
L'exposition des produits de laiterie offrait un très grand intérêt.
Les grandes recompenses ont été décernées : pour les fromages, à M. Al-
fred Jumel, à Mesnil-Durand (Calvados), qui avait exposé de très beaux
fromages de Livarot; pour les beurres, à M. Henry Ygouf, à Vier-
ville-sur-Mer (Calvados). Pour la première fois, on a attribué des
récompenses aux laits frais ou conservés ; les principales ont été décer-
nées à M. Nicolas, à Chaumes (Seine-et-Marne); à M. Hardon, à Courque-
taine (Seine-et-Marne) ; à M. Lanquetot, à Paris. Le concours a d'ailleurs
donné la preuve manifeste de l'importance croissante que prend la
production laitière dans beaucoup d'exploitations agricoles.
Henry Sagmer.
SUR LA SURVEILLANCE DES ÉTALONS ET DES JUMENTS
Monsieur le directeur, M. le ministrede l'agriculture vient de présen-
ter au Sénat un projet de loi ayant pour but d'éloigner de la reproduc-
tion les étalons atteints de deux maladies transmissibles nuisibles à
un bon service : le cornage et la fluxion périodique des yeux.
Tout le monde applaudira à cette sage mesure, mais pourquoi ne
concernera- t-elle que les étalons? Pourquoi n'exercera-t-on pis la
même surveillance sur les juments?
Tout le monde sait que le poulain est susceptible d'hériter des mala-
dies de sa mère tout aussi bien que de celles de son père.
Alors, la loi présentée sera absolument imparfaite, car elle ne pro-
duira bien évidemment que la moitié des bons elïets que l'on est en
droit d'en attendre.
Dans une étude sur la Pousse que j'ai, il y a déjà longtemps, publiée
dans votre excellent ./oft/'/ia/ (1882, tome II, 22 avril, n" OSOj, je d isais :
« La pousse est amenée par des causes diverses dont la principale
est la débilité congénitale. Car comme la phtisie chez l homme, elle se
transmet par l'héredidé. On est tout surpris qu'un cheval acheté pou-
190 LA SURVEILLANCE DES ÉTALONS ET DES JUMENTS.
lain dans une foire et ayant toujours présenté l'aspect de la meilleure
santé, tombe tout à coup poussif à l'âge de 4 ou d ans, sans qu'on
pujsse savoir pourquoi.
« Eh bien, c'est tout simplement parce que sa mère était poussive
elle-même. Car c'est une chose mauvaise et parfaitement préjudi-
ciable à notre production chevaline en France que cette habitude que
l'on a de faire naillir les juments poussives.
ce 11 serait cp[>eiidant facile, avec un peu de bon vouloir, de supprimer
cette très importante cause de la pousse du cheval; ce serait tout sim-
plement, dans les dépôt d'étalons de l'Etat, d'exiger de chaque éleveur
un certificat de vétérinaire constatant que les juments présentées ont
été reconnues saines.
M On dira sans doute qu'il y a d'autres propriétaires d'étalons que
l'Etat. C'est parfaitement vrai ; mais alors qui pourrait empêcher de
leur imposer, sous peine d'amende^ la même obligation? On ferait tout
d'abord quelques mécontents, j'en conviens; mais le bien général ne
doit-il pas passer avant de mesquins intérêts particuliers? »
J'ai tout lieu de croire que j'avais raison de parler ainsi; car, après
la publication de cet article, je reçus de nombreuses lettres d éleveurs
distingués qui me donnaient leur complète approbation.
Aussi, je le répète, pourquoi donc se borner à surveiller l'état de
santé des étalons, quand celui des juments, pour arriver à oh enir un
produit sain, a tout autant d importance?
Ce serait vraiment une anomalie fort nuisible à nos intérêts, que
M. le ministre a bien. évidemment tout à cœur de défendre, et je suis
persuadé qu'il aura suffi de la signaler pour la voir disparaître à
l'instant.
J'ai l'honneur, etc. É. Cassé,
Membre de la Société d'agriculture de l'Eure
CONGRES DE MECANIQUE AGRICOLE
Le Congrès de mécanique agricole, organisé par la Société d'encou-
ragement à l'agriculture, a été tenu les 25 et 26 janvier. Beaucoup
d associations agricoles ont voulu se faire représenter à ces réunions
qui ont appelé un grand nombre de mécaniciens et d'agriculteurs.
Nous allons brièvement résumer les principaux travaux du Congrès.
Il faut d'abord signaler le discours par lequel M. Foucher de Careil,
président de la Société, a ouvert les travaux du Congrès, Il a très bien
su exposer le rôle de plus en plus important que la mécanique
agricole est appelée à jouer; incidemment, il a rendu hommage à la
mémoire de Gambetta, à l'initiative de qui revient la création du mi-
nistère spécial de l'agriculture.
La plus grande partie de la première séance a été remplie par un
exposé fait par M. Grandvoinnet, professeur à l'Institut agronomique,
des progrès de la mécanique agricole. 11 démontre que l'adoption
des machines perfectionnées, dans la plupart des fermes, est due moins
à leur valeur propre qu'à l'élévation croissante du prix de la main-
d'œuvre. Il passe en revue les avantages qui résultent de l'emploi des
semoirs et des houes à cheval d'une part, des batteuses d'autre part ;
il insiste sur les difficu'tés spéciales que l'on éprouve à faire adopter
les charrues perfectionnées à la place des anciennes charrues de pays.
Pour M. Grandvoinnet, si l'on a constaté une certaine lenteur dans
CONGRÈS DE MÉCANIQUE AGRICOLE. 191
rextension de Temploi des machines, c'est que beaucoup de cultiva-
teurs manquent d'occasions pour les connaître et les apprécier à leur
juste valeur; les essais qui sont faits dans les concours ne présentent
pas, le plus souvent, les conditions nécessaires pour faire ressortir les
qualités ou les défauts de tels ou tels types de machines. Il pense qu'il
serait beaucoup plus profitable d'établir des stations d'essai, d'une
création peu difficile, dans lesquelles l'étude des machines pourrait
être faite, d'une. manière absolue, avec le matériel approprié, dans des
conditions de rigueur inconnues jusqu'ici ; cette étude présenterait les
meilleurs résultats à la fois pour les mécaniciens et les agriculteurs.
M. Tisserand, directeur de l'agriculture, appuie ce projet ; il donne
des détails intéressants sur le fonctionnement de staiions analogues
dans plusieurs pays, notamment en Autriche, et il invite la Société
d'encouragement à prendre l'initiative de cette institution.
Après quelques observations présentées par MM. Desplanques, Ver-
morei et Menault, le Congrès émet, à l'unanimité, un vœu en faveur
de la création, en France, de stations d'essai spéciales pour les machines
agricoles.
Sur la proposition de M. Liébault, appuyée par MM. Albaret et John
Pilter, le Congrès émet le vœu de la suppression, dans les tarifs des
transports par chemin de ter, de la majoration de tarif qui est appli'
quée aux niasses indivisibles pesant de cinq à dix tonnes m triques.
Un vœu analogue sur les réductions de tarifs dans les transports mari-
times entre l'Algérie et la France est adopté, sur la proposition de
M. Francisque Michel.
Une question des plus importantes s'imposait à l'étude du Congrès :
c'est elle qui est reiativa aux moyens à prendre pour rendre plus rapide
l'adoption des machines perfectionnées par les petits cultivateurs. Il
est certain que la situation des diverses parties de la France est loin
d être la même à cet égard; ici le progrès marche rapidement, tandis
que, ailleurs, il ne s'opère qu'avec lenteur. Il faut dire que ces ditfé-
rences tiennent le plus souvent à la propagande ou à la nonchalance
des associations agricoles locales; il serait important de pousser les
associations à faire des sacrifices pour l'^ichat de bonnes machines,
afin de les répandre autour d'elles. C'est ce que M. de Roys fait res-
sortir avec beaucoup de clarté; il insiste notamment sur les avantages
qui pourraient résulter du dépôt des machines chez quelques cultiva-
teurs éclaires.
M. Leroy, secrétaire général du Comice de Libourne, fait un exposé
de la situation de cette partie du département de la Gironde, relative-
ment à l'emploi des machines; il signale l'élévation des patentes que
doivent payer les agriculteurs qui louent les machines autour d'eux,
les différences de traitement appliqués aux machines françaises et
aux machines étrangères dans les transports sur les voies ferrées.
M. de Lapparent, inspecteur général de l'agriculture, croit que l'un
des meilleurs moyens de propager l'euploi des bonnes machines est de
subventionner des syndicats de cultivateurs créés pour l'achat de ces
machines, comme l'Etat subventionne les syndicats de viticulteurs
formes pour lutter contre 1« phylloxéra. Cette proposition donne lieu
à une discussion à laquelle prennent part MM. Sagnier, Vermorel,
Bretagne, Desplanques, Gaze. Finalement, le Congrès ^idmet trois vœux ;
1" diminution des patentes pour les entrepreneurs de travaux avec les
192 CONGRÈS DE MÉCANIQUE AGRICOLE.
machines agricoles; 2° revision des tarifs internationaux qui créent des
faveurs pour le transport des machines étrangères sur les voies ferrées
françaises; 3° création de subventions spéciales en faveur des syndicats
de cultivateurs créés pour l'emploi des machines; ces subventions
seraient accordées par l'intermédiaire des associations agricoles.
M. Albaret appelle l'attention da Congrès sur une question technique
d'une réelle importance : c'est celle de la réparation des machines. Trojo
souvent, les réparations sont faites par des ouvriers ignorants ou négli-
gents, de telle sorte qu'une bielle, par exemple, qui a été cassée, n'a
plus, après avoir été ressoudée, sa longueur exacte, et que la machine
ne peut plus fonctionner régulièrement. M. Albaret pense qu'un des
moyens d'éviter ces graves inconvénients est d'inviter les constructeurs
à indiquer.en chiffres, sur les bielles et sur les barres d'excentritjue de
leurs machines, les longueurs exactes qui séparent les tourillons. Sa
proposition est adoptée.
M. Liébault expose que le développement de l'enseignement profes-
sionnal mécanique n'est plus en rapport avec le développement de l'in-
dustrie et avec les efforts faits en vue des progrès de l'enseignement
primaire; il pense que cette question doit être étudiée avec soin. Après
des explications présentées par MM. Gallois, Albaret, Deloncle, Dupuy-
Montbrun, Lacroix, le Congrès émet un vœu en faveur du développe-
ment de l'enseignement professionnel mécanique agricole, par la mul-
tiplication des écoles d'arts et métiers, et par la création d'écoles et de
cours spéciaux. Jusqu'ici, les écoles d'arts et métiers ont rendu trop de
services à la mécanique agricole pour que Ton ne souhaite pas de les
voir se multiplier.
La dernière (juestion soulevée devant le Congrès est celle de l'utili-
sation agricole des eaux. M. Cotard expose que les encouragements les
plus considérables ont été donnés jusqu'ici aux créations de voies de
transport et à la navigation, mais que l'on a fait très peu de chose en
faveur des entreprises d'irrigation; ce qui est contraire à l'équité, car
on peut soutenir avec raison que l'eau des fleuves n'appartient pas
seulement aux riverains, mais à tout le bassin. Sur sa demande, le
Congrès émet le vœu que de larges subventions soient données aux
entreprises d'irrigation.
Le congrès a été clos par une excursion aux ateliers de M. Paul
Decauville, à Petit-Bourg. Le progrès de cette grande usine, qui est
aujourd'hui principalement consacrée à la construction des voies
ferrées à voie étroite, est un des faits les plus remarquables des der-
nières années. Les chemins de fer portatifs Decauville circulent aujour-
d'hui dans toutes les parties du monde, et partout avec le plus complet
succès.
Le prochain congrès organisé par la Société d'encouragement à
l'agriculture aura lieu à Nice, au mois de novembre prochain, en
même temps que le concours régional. Il sera international, et con-
sacré à la viticulture.
Le congrès de mécanique agricole a été suivi par un banquet de plus
de 120 couverts, à l'Hôtel-Continental, et par la réunion générale
annuelle de la Société d'encouragement à l-'agriculture. La partie prin-
cipale de celte séance a été le rapport de M. de Lagorsse sur les tra-
vaux de la Société et sur l'extension de son influence. Les élections
du Conseil d'administration se sont terminées par la nomination des
CONGRÈS DE MÉCANIQUE AGRICOLE. 193
anciens membres, auquel a été adjoint M. Lesouef, président de la
Société d'encouragement à l'agriculture d'Yvetot (Seine-Inférieure).
Henry Sagnier.
DESTRUCTION DES LOUPS
Nons avons assuré la disparition des loups dans un temps indéter-
miné, en lui accordant une prime élevée. Et puis nous nous endor-
mons sur nos lauriers. C'est prématuré.
Il n'est pas indifférent de tuer notre dernier loup aujourd'hui ou
dans quinze ans. H y a plusieurs raisons pour nous hâter.
r La raison budgétaire.
Suivant les calculs de l'administration il y a 5,000 loups en France.
Si on les tuait tous instantanément, ce qui est impossible, ils coû-
teraient, à raison de 100 fr. par tête, 500,000 fr.
Si on en tue 1,000 par an, les 4,000 survivants se reproduiront et
éterniserontl'opération. La dépensepeutêtre triplée, sextuplée, décuplée.
Voyons quels sont les moyens de destruction que la France possède.
Nous voyons souvent, en vedette, en tête de nos Premiers Paris.
« La France manque d'hommes. » On ne dit pas pourquoi faire.
Eh bien, c'est probablement pour détruire les loups que la presse
demande des hommes.
C'est par le piège ou le poison que le loup doit être détruit. Or, il
n'y a pas en France 40 habiles piégeurs de loups.
Que font-ils? Chacun d'eux détruit le loup, dans sa commune et
dans 20 communes voisines. C'est ce que nous avons vu arriver dans
la vallée du Grésivaudan et dans l'Autunois situé pourtant en pleine
forêt du Morvan. Après cela, que font les adroits preneurs de loups?
La matière leur manquant, ils se font terrassiers ou casseurs de pierres.
Pourquoi nti pas perm.ettre à ces hommes de se multiplier en se
déplaçant? Aujourd'hui la Dordogne, les Charcutes et 20 autres dépar-
tements sont infestés de loups dont ils ne peuvent se débarrasser; et
à côté, on maintient dans une oisiveté forcée des chasseurs spéciaux
qui ne demandent qu'à les détruire!
Le personnel y est; il s'agirait seulement de le mobiliser.
A côté du chasseur sédentaire et aristocratique qui chasse par passe-
temps et lorsqu'il n'a rien de mieux à faire, il faut créer le chasseur
ambulant et démocratique, suivant le loup dans ses migrations, chas-
sant pour vivre et par métier et par conséquent chassant tous les jours.
Il y a au ministère des demandes de tels chasseurs qui voudraient
se faire breveter. Us ne coûteraient rien à l'État et prétendent vivre lar-
gement de leur chasse (100 francs de primes, 15 ou 20 h^ancs de peau,
soit 12u francs par tête de loup). Ils en prendraient plusieurs par mois.
Voici le brevet qu'il faudrait leur délivrer :
« Le ministre de l'agriculture,
« Vu la demande du sieur***, afin d'obtenir un brevet de piégeur ttâ loups
ambulant, sans fusil;
« Vu l'attestation de la Société d'agriculture de son arrondissement, qu'il est
de bonne vie et mœurs et qu'il a fait ses preuves et pris plusieurs loups au poison
ou au piège, ou au liteau.
« Accorde au sieur *" le brevet de piégeur de loups, ambulant, sans fusil.
a Le dit brevet confère au titulaire le droit de piéger toute l'année et par tous
les temps dans les forêts des communes et celles des particuliers qui lui en accor-
deront l'autorisation.
194 DESTRU^'.TION DES LOUPS.
« Il ne pourra porter dans l'exercice de ses fonctions ni carabine, ni fusil,
mais seulement un revolver dont le canon n'aura pas plus de 0'".24 de long.
« Ses fonctions sont gratuites; il n'a droit qu'à ses primes et au corps des
animaux morts. Il est toujours révocable ».
Là devrait s'arrêter le brevet.
On peut demander pourquoi lui refuser le droit de chasser dans
les forêts de l'Etat. C'est pour le soustraire à l'action des eaux et forêts
qui voudraient intervenir dans les nominations et la reoçlemrîntation.
Or, les eaux et forêts ne considèrent les animaux sauvages qu'au
point de vue de leurs amodiations de chasse, c'est-à dire qu'elles en
désirent non seulement la conservation, mais encore la multiplication.
Ceux qui suivent de loin l'affaire des loups croient qu elle est ter-
minée et que leurs protecteurs ont désarmé.
Il n'en est rien, et sans l'institution des piègeurs brevetés, on fera
traîner la destruction pendant plusieurs années. d'Esterno.
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE
Séance du 31 janvier 1883. — Présidence de M. ChevreuL
M. le président de la Société d'agriculture de la Haute-Garonne
envoie une pétition à M. le ministre de l'agriculture, dont cette Société
a pris l'initiative, sur le mouillage, la fabrication artificielle et les
falsifications des vins en France et à rétrany;er.
M. Leyrisson transmet plusieurs échantillons d'une nouvelle sorte
de greffe en écusson, avec une note explicative.
M. de Poncins fait une communication sur les expériences qu'il a
faites à la ferme des Places (Loire), relativement à la dessiccation des
fourrages par la méthode Neilson. Il insiste sur les résultats qu'il a
obtenus, d'où on peut conclure que ce système rendra de grands ser-
vices. Le Journal publiera cette importante note. A la suite d'obser-
vations présentées par M. Barrai, Boussingault, Chevreul, Bazille, Tier-
sonnier, sur les avantages que cette méthode peut donner, l'examen
de la question est renvoyé à une Commission spéciale.
M. Cornu présente le 5* fascicule de la Herefordshire Ponvma, qui
renferme, avec de belles planches en couleur, la description des variétés
de poires et de pommes cultivées dans cette région de l'Angleterre.
M. Chatin expose que la chute des brindilles des chênes, qu'il avait
constatée l'année précédente, ne s'est pas renouvelée cette année, et
que, par conséquent, on peut considérer cet accident comme tran-
sitoire ; mais dans les forêts, des arbres meurent encore actuellement
des suites du grand hiver 1879-80. MM. Cornu, de Bouille et Gaudin
ajoutent que, dans les départements de la Vienne et de la Nièvre, beau-
coup de noyers qui avaient paru d'abord indemnes de l'action du froid,
succombent actuellement.
MM. Barrai, de Bouille, Tiersonnier, présentent sur les concours
qui viennent d'avoir lieu à Nevers et à Paris, des observations qui
confirment celles données dans ce Journal, Henry Sagnier.
REVUE COMMERCIALE ET PRIX C lURlNT DES DENRÉES AGRICOLES
(3 FÉVHlIiR l 8-i).
1. — Situation générale.
Les marchés agricoles on* î. é peu fréqu ntés durant cette semaine; les affaires
sont calmes pour le plus grand nombre des denrées.
II. — Les grains et les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par quintal MÉTRIQUE,
sur les principaux marchés de la France et de l'étranger :
REVUE GOMMBRCIALE ET PRIX COURANT (3 FÉVRIFR 18H3). 1S5
l" REGION. —
Calvados. Condé
— Caen
Côt.-du-Noi'd. Lannion..
— Ponlrieux..
Finistère. Morlaix
— LaiiJerneau. .
llle-et-Vilainr. fiennes.
— Saint-Malo.
Manches. Avranches. . .
— Ponlorson...
— Villedieu
Mayenne. Laval
— Cliftteau-Gontier.
Mo bihan. Hennebont..
Orne. Suez
— Alençon
Sarthe. Le Mans
— Mamers
NORD
Blé.
fr.
25.00
2't 50
23-25
23.50
2'i.7D
25.00
25.00
2'» . 50
26.50
2G.00
26.50
25.25
25 . 00
28.00
2'i.25
25 50
25.75
25.50
Seigle.
fr.
19 50
16. iO
16.00
)>
16 75
»
18.25
10 25
17.00
17.20
17.00
15.75
Avoine.
fr.
22 00
»
17.25
16.50
14.75
15.00
17.50
17.00
22.00
20.25
20.00
»
17 50
18.50
17.20
17.D0
21.25
17 25
16.91 18.22
fr.
18 50
16.25
15.50
14.00
15.25
15.50
19.50
18.25
18 50
15.25
17.00
19.25
18.20
15.75
17.00
Pri.x moyens 25.21 16.97
2" RÉGION. — NOItI).
.<4isne. Laon. . 23.50 14.75 » 17.25
— Soissons 23.15 15.50 18.25 16.80
— ViUeis-Cotterets. 22.00 14 25 17.00 16.50
Eure. Bernav 23.50 15.i'0 20.00 18.50
— Evreiix .23.70 14 00 19-50 15 25
— Cun hes 23 25 » 19 O» 16 00
Eure-et-Loir (Chartres.. 24.00 16 00 i6 50 17.00
— Auneau 23 50 14.00 18.50 17.50
— Nogent-le-Rotrou. 25 20 » 18.00 17.25
iVord. Cambrai 25.00 15.50 » 16.75
— Lille 27.25 17.75 17.50 18.00
— Valenciennes... . 27.00 i5 50 20.00 »
Oise. Beauvais. 22.50 14.50 16.75 16.50
— ComiJiègne 22.00 la.oo 17.00 18.00
— Senlis 22.50 14.50 » 17.00
Pas-de-Calais. Attas... 21. "ib 16.50 19.75 17.25
— Douliens 25.75 14.50 18.00 16.00
Seine. Pans 25.00 15.35 19.00 18.00
S.-e<-Mor. Dammarlin... 21.50 14.50 17.50 17.00
— M-lun 24.00 15.25 18.50 17. 2S
— Meaux 23.50 » » 18. 00
S.-e<-Otse. Angerville... 23.50 » 16.50 17.50
— Etampes 24.25 16.00 17.00 17.40
— Versailles 22.75 15.50 17.00 17.50
Seine-Inféfieure. Rouen. 23.45 14.35 18.50 19.75
— Dieppe 22.60 14.75 17.50 15.75
— Fécainp 22.75 14.75 » 18-25
Somme. Abbeville 22.00 15.00 17.50 15.25
— .viontdiiier 22.00 14-75 18.00 16.50
— Roye 23.00 14.50 17.75 17.00
Prix moyens 23.67 15.06 17.97 17.48
3" REGION. — NOHD.ESr.
Ardetmes. \ouziers 22.50 14.75
— Sedan 24.00 16.75
Aube. Bar-sur-Aube. ... 22.75 14 50
— Méry-sor-Seine... 23 50 15.25
— Nogent-sur-Seine. 24.00 15 00
Marne. Epernay 23.75 15 50
— Sainle-Menehould. 23.15 15.25
— S zanne 22.50 i4.40
Hte-Marne. Cliaumont. . 24.00 »
Meurtlie-et-Mos. Nancy. 24.00 18.00
— Liinéville 23.50 16 25
— T"ul 23.50 16.00
Meuse. Bar-le-Duc 23.50 16.00
— Verdun. 23.50 15.25
Haute-Saône. Gny 22.40 15.25
Vosges. Mirecourt 22.75 17.00
Epinal 23.50 15.25
— Neufchâteau 2'*. 00 15.00
Prix moyens 23.38 15.61
4' RÉGION.— OUEST.
Charente. Angouléme.,. 26.25 18.00 19.25 20.00
— Ruffec .... 26.00 17.50 » 18.00
C/iar.-/n/e>. Marans.... 24.00 b 17.00 16.50
Deux-Si-vres. Niort 24.25 » 16. 35 17.50
Indre-et-Loire. Bléré.... 24.00 » 19.50 16.50
— Tours 25.50 16.25 18.00 17.50
Loire-M/". Nantes 26.25 » » 17 25
M.-et-Loire. Saumur... 25 50 15 50 17.50 17 75
— Angers 24.50 15.50 20.00 19. nO
Vendée. Lu qon 25.50 » 19.25 1700
— Fonteuay-L-Comte 24. âo » 18. 00 17.25
Tienne. Poitiers 26.00 » 19.75 17.00
— Lonlun 26.00 15.50 18.50 »
Haute-Vienne.. Luvnaea. 26.50 17.75 20 00 18.25
Prix moyens 25.34 16.57 18.63 17.65
16. 50
19 50
17.75
17.00
13.00
17.50
15.25
18.00
15 50
16.50
15.75
15.50
17.25
16.75
15.00
15.75
» 15.80
16.75 15.50
17.00 16.60
15.75
19.75
17-00
17-25
17.75
»
17.25
17.50
17.50
17 00
16.00
16.00
16.50
»
16.00
Cher.
Allier. Montluçon
— La Palisse
SaiiU-Pourjain. .
Bourges
— Graçay
■ — Vierzon
Creuse. Aulmsson
Indre. Chàteauroux . . .
— Issoudim
— La Chaire
Loiret. Montargis
— Gien
— Pilhiviers ,
L.-vt-Cher. Blois ,
— Montoire ,
Nièvre. Nevers
— La Cbarité
Yonne. Brieaon
— Sens
— Tonnerre
. — CliNTHR
Blé.
fr-
24 - 50
24.50
25-00
23.00
24.25
26 . 20
25-50
2'4.25
23-50
23.25
23 00
24 00
23-05
24 . 50
24.00
23.50
2 î . 25
24.00
23.50
22.75
Prix moyens 23.92
6" RÉGION
/lin. Bourg 25.00
— P^nt-de-Vaux.... 24.50
Côle-d'Or. Dijon 21.50
— Beaune 23.50
Doubs. Besançon 23.25
/sere. Grenoble ,. 25 25
— Bourgom 24.00
Jura. Dôle 22.00
Loire. Charlieu 24.25
P.-de-Dô)«e- Issoire 26.00
Rhône. Lyon 24.75
Saône-et-Loire. Autun.. 22.75
— Chalon 24.00
.Satioie. Chambéry 26.00
/ftc-.Sai'oie- Annecy 25.50
Prix moyens 24.15
T RÉGION. — SUD-
Ariège. Foix 26 25
— Pamiers 25 00
Dordogne. Bergerac... 27 00
Hte-Garonne. Toulouse. 27 25
— St-Gaudens 26.00
Gers. Condom 26.00
— Eauze 26.25
— Mirande 25 85
Gironde. Bordeaux 27.50
— Lesparre 27.50
Landes. Dax 28 25
Lot-et-Garonne. Agen. . . 27.00
— Nérac 26 85
B. -Pyrénées. Bayonne.. 27.00
/lies-Pyrénées. Tarhes.. 27.25
Seigle. Orge
fr.
15.50
15.25
16.00
14.25
15.00
15.00
16.75
14.00
14.75
14.50
14 . 50
15.50
14 60
14.25
14.50
fr.
»
18.00
19-20
18.00
18-50
19 (»0
18-50
19.00
18 50
1 9 . 50
17.50
19 25
19.20
18.50
14.50
15.00
15.20
14-00
14.37
EST.
17.00
15.50
15.00
17.25
16.50
17.00
16.00
Avoine.
fr.
18.50
18.25
17.00
17.20
17.00
17.20
18.00
16.50
17.25
17.00
18.50
17.00
17.60
18.50
17.00
16 50
16.50
18.75
17.50
16.25
13.17 17.40
17 50
14.25
15.25
16.00
16.25
14 60
15.50
16.25
17.00
16.50
10.50
16.50
17-50
19.50
20.00
16.50
17.00
15.75
16 25
16.75
18.75
17.25
16.00
18.00
17.00
17.40
16.00
17.00
tS.7i
» » 17.60
15 84 17.08 17.06
OUEST.
B.OO • 18.50
16.75 » 18.75
16 50 18.25 19.00
17.00 18.75 19-25
18.00 18.20 19.00
» » 20. 2&
» » 20.50
» » 19.25
18.50
18.00
17-00
19.00
19.00
18.50
18 25
18-00
18.50
»
18.70
19.00
19.25
lS-50
19 00
Prix moyens 26.73 17.83 18.44 19.13
8* RÉGION. — SUD.
ylude. Carcassonne- . ... 27.50 18-00
— Casteliiandary-. . . 27.70 »
Aveyron. Rodez 26.00 19-50
Can««(. Mauriac 25.65 23-60
Corrcie. Luberzac 26-25 17.75
//éraw(<- Cette 27.25 »
— Montpellier 26 50 »
Z,o<- Cahors 26.50 17.25
Lozère. Mende 27 00 17.50
Pi/rtJiiées-Oc. Perpignan- 27.00 17. 80
rà/'ii- Castres 27.00 17 00
rarn-et-Gor. MontauDan 26.25 18. 00
Prix moyens.. .. 26-72 18.49
9' RÉGION. — SrO-EST.
Basses-Alpes. Manosque 28.00
Hautes-Alpes. Briatiçon. 27-50
^{/jes-A/ofi/ijnes. Cannes 27 .00
^/•dèc/ie. Privas 25.45
B.-du-Rhône. Arles.... 26.50 »
Drdme. Valence 24.75 16.50
Gard. Nîmes 26.00 »
Haute-Loire. Brioude... 24. 50 18.25
Kar. Dragiiignan 27.00 »
Faucfuse. Avignon 26.50 »
Prix moyens 26-32
20.50
19.50
18.00
17.50
17.50
17.75
18.40
»
19.50
20 50
20.00
20.25
21.50
18.25
19.00
18.50
18.20
17.50
27.75
19 20
20.50
18.58 20 09
17.50 »
«7.25 18.00
19.90 17-35
» 17.55
17.00
16.25
19.50
» y>
» 17 25
17.88 17.51 18.68
Moy. de toute la France 25-05 16-51
— de la semaine précéd. 25 - 08 16 61
Sur la semainelHausse.
précédente.. (Baisse..
0.03 0-10 0.07
196 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
Blé. Seigle. Orge. Avoine,
fr. fr. Ir. fr.
,, . . ., ( bic tendre... 27.00
Algérie. Algerj ,_ , , ^^,. ^^ .. ^, ^^ .^^ j . ^^
Angleterre. Londres 20.00 » 19.00 20.25
Belgique. Anvers 22.25 H.iiO 20.50 18 25
— Bruxelles 25.50 16.50 » 17. nO
— Lièp:e 23.50 17.00 20. .50 17.00
— Namur 23.00 15..".() 20 00 1(3.00
Pays-Bas. Anislerdam 23.60 1G.90
Luxembourg. Luxembourg 24.50 18 00 » 17.00
Alsace-Lorraine. Strasbourg 25 30 18 25 17.75 17.75
— iMulliou.se 23.75 18.50 18.00 18.50
— Cohnar 25 00 18.00 18 25 18.00
Allemagne. lierlin 2250 16.85 » »
— Cologne... 23.75 18.75
— Hambourg 22.35 16.35
Suisse. Genève 26 75 » » 2i.00
Italie.' Turin. 24.25 18.50 18.00 18.50
Espagne. Valladolid 25.00
Autriche. Vienne 20.00 15.00 16.50 14.00
Hongrie. liudapeslb 20.50 15 00 17.25 13 50
Russie. S;iinl-l'étersbourg.. 20.25 14.80 » 12.00
Llats-Unis. ^e\v-York 22.65
Blés. — Après quelques jours meilleurs, la situation est redevenue presque
partout mauvaise. Les circonstances météorologiques sont, cette semaine abso-
lument défavorables aux travaux de la culture. Il est de plus en plus probable que
la prochaine campagne se fera difiicilement. Les transactions sont néanmoins
assez di ficiles sur la plupart des marchés; les cours sont fei-raes pour les blés de
bonne qualité, mais ceux de qualité médi icre sont assez offerts, et il en résulte
une faiblesse générale dans les cours qui n'a pas d'autre cause. Les ventes sont
dilficdes, et la situation ne paraît pas devoir s'améliorer seusiblem^nt. — A la
halle de Pans., le mercredi 31 janvier, les affaires ont été calmes; les prix, bien
tenus pour les bonnes qualités, ont été faibles pour les sortes inférieures. On
cotait de 23 fr. 50 à 26 fr. 50 par 100 kilog. suivant les quaiiiés — Au marché
des blés à livrer, on cotait : courant du mois, 25 fr. 75; à 26 r. janvier-février,
25 fr. 75 ; à 26 fr. mars et avril, 26 fr. à 26 fr. 25 ; quatre mois de mars, 26 fr. 25
à 26 fr. 50, quatre mois de mai, 26 fr. 75 à 27 Ir — Au Hnvri'., les prix sont
bien tenus pour les diverses sortes de blés d'Amérique; on les cote de 25 fr, 50
à y? fr. par 100 kilog. suivant les qualités. — A Marseille, les ventes ont
été assez importantes durant la semaine, et les prix aciusent de li fermeté pour
Jes diverses sortes. Les arri âges ont été, pendant la semaine, de 1 5,*. 00 hec-
tolitres; le stock est actuelb ment, dans les docks, de 118.000 quintaux. Au dernier
marché, on cotait par 100 kilog. : Berdianska, 26 fr. 5 ' à 27 Ir. ; Marianopoli,
26 fr. 50; Irka, 26 fr. 50; Bessarabie, 24 fr. à 25 fr. Red-wnter, 27 fr. 50 à
27 Ir. 75; Bur^as, 22 fr. 75 à 23 fr — A Londres, les affaires ont été calmes
durant cette semaine; les prix sont faibles pour les diverses calf'gories. On cote
de 24 fr. 65 à 27 fr. par 10 kilog. suivant les qualités et les provenances.
Farines. — Les affaires sont calmes pour toutes les sortes, et les cours ne
varient pas. On paye à la halle de Paris pour les farines de consommation :
marque de Gorbeil, 61 f r ; marques de choix, 61 à 63 fr.; bonnes marqnes, 58 à
,59 fr.; sortes ordinaires, 56 à 57 tr.; le tout par sac de 159 kilog., toile à rendre,
ou 157 kilog. nei, ce qui correspond aux prix extrêmes de 35 fr. t.5 à 40 fr. 10
par lOu kilog,, ou en moyenne 37 fr. 85, comme le mercredi précédent. — En
ce qui concerne les farines de spéculation, on les cotait à Paris, le mercredi
31 janvier au soir : farines neuf-mai ques^ courant du mois, 58 fr. 50 à 58 fr. 75;
février, 58 fr. 50 à 58 fr. 75; mars et avril, 58 fr. 25; quatre mois de mars,
58 Ir. 25 à 58 fr. 50; quatre mois de mai, 59 IV.; le tout p; r sac de 59 kilog.
toile perdue ou 157 kilog. net. — Tout s ces cotes sont en hausse — Maintien
des cours pour les gruaux, cotés de 47 à 58 fr. et pour les farines deuxièmes qui
valent de 26 à 33 fr.; le tout par 100 kilog.
Seigles. — Les affaires sont peu actives, et les prix sont faibles, de 15 fr. 25
à 1 5 fr, 50 par 100 kilog. Les farines de seigle sont vendues aux cours de 23 à 25 fr.
Orges — Mêmes cours que précédemment avec des ventes faciles On paye à
la halle de Pans, 17 fr. 75 à 20 fr. 75 par quintal métrb^ue. Les escourgeons
valent de J.8 fr. 25 à 18 fr. 50. — A Londres, les cours sont stationuaires, de
17 fr, 80 à 20 fr. 50 par quintal métrique.
Malt. — Les cours offrent peu de variations. On paye à Paris 25 à 32 fr, 50
DES DENRÉES AGRICOLES (3 FÉVRIER 1883). 197
par quintal métrique pour les malts d'orbe, et 28 à 30 fr. pour ceux d'escourgeon.
Avoines. — Lt'S ventes sont peu actives à la halle de Paris. Les avoines
sont cotées de 17 fr. à i9 fr par 100 kilog. suivant les qualités. — A Londres,
il y a peu datkires; on paye comme précédemment, 18 fr. 50 à 21 fr. 70 par
100 kilog.
Sarrasin. — Même cours que précédemment. On paye à la halle de Paris
15fr. 75 à iHfr jjai' 100 kilog. suivant les sortes.
Maïs. — Les prix se maintiennent. Les maïs d'Amérique valent de 18 fr. 50
à 19 fr. par lOU kilog. au Havre. Dans le Midi, les cours sont soutenus de 17
à 20 fr.
Issues. — Même cours que précédemment. On paye à la halle de Paris : gros
son seul 13 Ir. 75 à l^fr.; son trois cases, 12 fr. 5o à 13 fr. ; son fin, 1 1 fr. 50 à
12 fr.; recou{)ettes, 12 fr. 50; remoulages bis, 15 fr. à 16 fr. ; blancs, 17 à 18 fr.,
le tout par 1 0 kilog.
m. — Fourrages, graines fourragères _ pommes de terre.
Fourrages. — Les prix sont fermes sur les divers marchés. On paye par
1,000 kilog. : Gompiègne, foin, BOà 90 fr.; luzerne, 70 à 80 fr.; paille 60 fr. —
Châteauroux, foin, 10 > à 110 fr.; luzerne, 90 fr.; paille, 36 à 40 fr. — Nevers,
foin, 110 Ir , paille, iO fr. — Garcassonne, luzerne, 140 fr.; paille, 50 à 55 fr. —
Vierzoa, fuin, liO fr.; paille, 35 à 40 fr.
Graines fowragères. — Les ventes sont assez calmes, et les prix demeurent
sans-varations.
Pommes de. terre. — On cote à la halle de Paris : hollande communes,
10 à i2 fr. l'hectolitre, ou 14 fr. 30 à 17 fr. 25; par 100 kilog ; jaunes com-
munes, 8 à 9 fr. l'hectolitre ou 11 Ir. 40 à 12 fr. 85 par quintal métrique.
IV. — Fruits et légumes frais.
Fruits. — Dernier cours de la halle : poires, le cent, 10 fr. à 100 fr., le kilog.,
0 fr. 30 à 0 fr. .:0; pommes, le cent, 5 fr. à 100 fr. ; le kilog., û fr. 25 à
0 fr. 45; raisins communs, le kilog., 2 fr. 50 à 10 fr.
Gros léaumes. — On vend à la halle de Paris : betteraves, la manne, 0 fr. 30 à
1 fr. 40; carottes communes, les 100 bottes, 20 à 33 fr ; d'hiver, l'hectolitre, 2 fr. 50à
4fr. 50; de chevaux, les 100 bottes, 12 à i8fr.; choux communs, le cent, 3à 15fr.;
navets communs, les luO bottes, 22 à 5 fr.; de Freneuse, 25 à35 fr. l'hectolitre,
3 fr. à 'i fr. ; oignons en grain, l'hectolitre, 9 à 13 fr.; panais communs, les
100 bottes, 10 à 1^ fr.; poireaux communs, les lO^' bottes, 30 à 65 fr.
V. — Vins, spiritueux, vinaigres, cidres.
Vins. — Dans notre dernier bulletin, nous signalions un mouvement de reprise
assez accentue* dans la plupart des vignobles, et des ventes faites avec activité.
Ce mouvement s'est maintenu durant cette semaine, et nous le constatons avec
joie, d'autant plus qu'il se fait avec une termeté réelle dans les prix des vins nou-
veaux. Nous avons prédit cette fermeté, et nous sommes heureux que les circon-
stances nous donnent raison. — Voici les cours pratiqués actuellement à Paris-
Bercy : Vins rouyes, Auvergne, nouveau, 100 à 110 fr. la pièce; Basse-Bourgogne,
vieux, 16: à 200 fr. le muid; nouveau, 160 à 180 fr.; Blois, nouveau, 1 iO à
140 fr. la pièce; Bordeaux, vieux, 15u à 200 fr.; nouveau, 180 à 200 fr.; Gahors,
nouveau, ItO a 15u fr ; Gher, vieux, 45 à i70 Ir.; nouveau, 14U fr.; Ghinon, vieux,
190 à 220 fr.; G^illac, nouveau, 125 fr. à 130 fr.; Maçonnais et Beaujolais, vieux,
150 à 260 fr.; Montagne, vieux, 42 à 45 fr. l'hectolitre; Narbonne, vieux, 52 à
56 fr.; nouveau, 45 a 60 fr.; Orléans, nouveau, 130 à 140 Fr. la pièce; Roussillon,
vieux, 60 à 75 Ir.; nouveau, 55 à 65 fr.; Selles-sur-Gher, 115 à 30 fr. la pièce;
Touraine, 130 à 135 fr. la pièce ; — Espagne, vieux, 45 à 55 fr. l'hectolitre; nou-
veau, 46 à 55 tr. Portugal, vi'eux, 60 fr.; Itabe, vitaux, 48 à 60 fr. ; nouveau, 48 à
62 fr.; Sicile, vieux, 1^2 à 45 fr. ; nouveau. 42 à 60 fr. — Vins blancs :
Anjou, vieux, 14'» à 16 J fr. la pièce; Basse-Bourgogne, 160 à 190 fr. le muid;
Bergerac, vieux, 160 à 190 fr. la pièce; nouveau, 170 à 1^0 fr.; Ghablis, vieux,
200 à 260 fr. le muid; nouveau, 220 à 240 fr ; Entre-deux-mers, i25 à 130 fr.
la pièce; PouilJy, vieux, 2o0 à 330 fr.; Pouilly-Sancerre, nouveau, 115 à 160 fr.
Sologne nouveau, 80 à 90 fr.; Vouviay, vieux, 190 à 225 fr.; nouveau, 150
à 160 fr.
Spiritueux. — Partout les aflaires présentent beaucoup de calme, et sur les
marchés du Midi, auwsi bien que sur ceux du Nord, les cours n'accusent que des
changements peu importants depuis huit jours. Les stocks sont considérables, et
198 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
les ventes sont difficiles pour toutes les sortes. Sur les marchés du Midi, les
alcools de vins sont cotés : Montpellier, 3/6 bon goût, 103 fr.; marc, 90 tr.; Cette^
105 à 11 fr.; marc, 100 fr.; Bézrers, 3/6 bon goût, l(i3 fr.; marc, 95 fr.; PézenaSy
3/6 bon goût, K 2 fr ; marc, 94 fr. — Dans les Gharentes, les cours des eaux-de-
vie de Cognac se maintiennent avec beaucoup de fermeté, aux taux que nous avons
indiqués il y a huit jours. — A Lille, le 3/6 de betteiaves '16 fr. .^0 par hectolitre,
comme précédemment. — A Paris, on cote : 3/r betteraves, 1''^ qualité, 90 degrés,
disponible, 50 fr. 25 ; février, 50 i'r. '/ 5 ; mars et avril, 51 fr. 75; quatre mois de
mai, 53 fr. Le stock est actuellement de 18,850 pipes, contre 13,975 au 31 jan-
vier 1882.
Ruisins secs — La vente est facile aux taux que nous avons indiqués dans
notre précédente revue.
VinaigrfS. — On cote à Orléans : vinaigre nouveau de vin nouveau, ^0 à 42 fr.;
vinaigre nouveau de vin vieux, 45 à 47 fr.; vinaigre vieux do vin, 55 à 60 fr.
VI. — Sucres. — Mélasses. — Fécules. — Glucoses. — Amidons. — Houblons.
Sucres. — Les offres sont toujours abondantes sur les sucres bruts, et les prix
accusent de la aiblesse pour toutes les sortes On paye à Paris par lO' kilog. :
sucres bruts, 88 degrés saccharimétriques, 50 fr. 50; les 99 degrés, 57 fr. 50;
sucres blancs n° A, 57 fr. 5i) à 5 fr. 75; à Lille, sucres bruts, 49 fr, 50 ; à Saint-
Quenlm, sucres bruts, 49 fr. 75 à 50 fr. 25 ; sucres blancs, 57 tr. 75. Le stock
de l'entrepôt réel des sucres était, au 31 janviei', à Paris, de 847,000 sacs pour
les sucres indigènes, avec une nouvelle augmentation de 25,000 sacs depuis huit
jours. — Les prix sont aussi faiblement tenus en ce qui concerne les sucres raf-
finés ; ceux ci valent de 105 à 106 fr. par 100 kilog. à la consommation, et
63 fr. 75 à 66 tr. pour l'exportation. — Dans les [lorts, les affaires sont calmes
sur les sucres coloniaux, et les cours ne présentent que peu de variations.
Mêla ■se!'.. — Les prix sont soutenus. On cote à Paris par 100 kilog. : mélasses
de fabrique, 12 à 12 25; de raffinerie, 14 fr.
Frculrs. — Les ventes sont peu actives, et les cours varient peu. On paye à
Paris : 39 à 40 fr. par lOu kilog. pour les fécules premières du rayon; à Gom-
piègne, 38 fr. pour celles de l'Oise; à Epinal, 41 fr. 50 pour celles des Vosges.
Glucoses. — Les cours se maintiennent avec peu de variations On cote à Paris
par quintal métrique : sirop de froment, 56 à 57 fr.; sirop massé, 47 L 48 fr.;
sirop liquide, 41 à 42 fr.; de maïs, 49 à 50 ir.
Houblons — Quoique les ventes soient peu importantes, il y a maintien des
anciens prix, parce que les offres sont très restreintes. On cote dans le Nord,
740 à 76o fr. par 00 kilog.; en Alsace, comme précédemment, 900 à lOoO fr. A
Londres, les demandes sont très restreintes pour toutes les sortes, mais les cours
continuent à accuser beaucoup de fermeté.
Vtl. — Huiles et graines oléagineuses, tourteaux.
Huiles. — Il y a une hausse sensible depuis huit jours sur les huiles de colza ;
les ventes sont faciles aux taux que nous indiquons; par 100 kilog. : huiles de
colza en tous fûts, 96 fr.; en tonnes, 98 fr.; épurée en tonnes, 106 fr.; huile de
lin en tout fûts, 5" fr. 50; en tonnes, 60 fr. 50. — Sur les marchés des départe-
ments, on paye les huiles de colza : Gaen, 90 fr. ; Rouen, 92 fr. 50; Cambrai,
83 fr.; Arras, 86 fr.; et pour les autres sortes : huile d' œillette, 108 à \<'9 fr.;
pavot à bouche, 70 fr,; lin, 59 fr. 25 ; cameline, 78 fr. — Les transactions sont
peu importantes dans le Midi, sur les huiles d'olive; les prix ne présentent pas
de variations sensibles depuis huit jou;s.
Graines oiénjineuses. — Les ventes sont assez recherchées, avec des prix fai-
bles. On paie à Cambrai par hectolitre : œillette nouvelle, 25 à 28 fr.; colza,
24 à 2.T fr; cameline, 14 à 16 fr.
Toiirleaiix. — A Marseille, les cours se maintiennent. Dans le Nord, on cote
par lOo kilog. : tourteaux de colza, 16 à 16 fr, 25; de lin, 19 fr. 50; de sésame,
15 fr, 25 : — A Gaen, tourteaux de colza, 16 fr : \ Arras, œillette, 16 fr.; colza,
18 Ir. 50; lin, 23 fr,; cameline, 18 fr 50. — A Cambrai, tourteaux d œillette,
de 18 à 19 fr ; de lin, 20 fr.
Engrais. — Les nitrates de soude sont cotés 31 fr. par li 0 kilog. à Dunkerque.
VIII. — Matières résineuses, colorantes, tannantes.
Matières résineuses. — Les prix sont en baisse. On cote à Dax, 83 fr. par
100 kilog. pour l'essence pure de térébenthine. — A Bazas, les gemmes nou-
velles valent 50 fr. la barrique.
DES DENRÉES, AGRICOLES (3 FÉVRIER 1883). 199
IX. — Textiles.
Lins. — Les ventes sont peu actives. Les prix se muintiennent dans le Pas-de-
Calais, 80 -à 95 fr. par lOU kiiog.
Chanvï'is. — Les transactions son toujours bonnes dans l'Ouest. Lee chanvres
du Maine valent de 52 à 80 fr. par 1' 0 kilog. suivant les qualités.
X. — Produits forestiers.
Bois — On cote au Mans, le gros bois, 8 à 10 fr. le stère ; les fagots 50 à 70 fr.
le cent; les bourrées, 25 à 35 fr. le cent; les pommes de sapin, 9 ir. à 9 fr. 50
le mille.
XI. — Suifs et corps gras.
Suifs. — On paye comme précédemment à Paris, 101 Ir. par 100 kilog. pour
les suifs purs de l'abat de la bouclierie ; /5 fr 75 pour les suils en branches
Soiiidou.j:. — Les cours se maintiennent de 138 à 139 fr. par quintal métrique,
au Havre, pour les saindoux d'Amérique.
XII. — Beurres. — Œu/s. — Fromages. — Volailles.
Beurres. — On a vendu, pendant la semaine, à la halle de Paris, 203, 566 kilog.
de beurres. Au dernier joui-, on [)ayait [)ar kilog. : en demi-kilog., 2 fV. 48 à
4 fr. 12; petits beurres, 1 fr. 38 à 3 fr. 36; Grournay, 2 Ir. 40 à 4 fr. 84 I^igny,
2 fr. 60 à 7 fr. 86
Œufs. — Il a été vendu, depuis huit jours, à la halle de Paris 5,261,340 œufs.
Opaye par mille : choix, 105 a 116 fr.; Oidinaires, 66 à 8 Ir ; petits, 58 à 64 fr.
Fromages. — On cote à la halle de Paris ; par douzaine, Brie, 6 à 8 fr.; Mont-
Ihéry, 15 fr. ; — par cent, Livarot, 42 à lu8 fr.; Mont-Dor, 20 ir. à 28 tr.;
Neufchâtel, 5 fr. à 21 fr.; divers, 7 à 81 fr.; — par 100 kilog.. Gruyère, 120
à 170 ir.
XIII. — Chevaux, bétail, viande.
Chevaux. — Aux marchés des 24 et 27 janvier, à Paris, on comptait 879 che-
vaux; sur ce nombre, 315 ont été vendus comme il suit :
Chevaux de cabriolet..
— de trait
— hors d'âge . . .
— à Fenchère.. .
— de boucherie.
■nenes.
Vendus.
Prix extrêmes.
242
58
200 à 1,025 fr.
278
56
290 à 1,120
2.^2
77
20 à 700
38
55
3u à 350
69
69
20 à 100
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement otficiel du marché aux
bestiaux de la Yillette, du jeudi i5 au lundi 29 janvier :
Poids Prix du kilog. de viairle nette sur
Vendus moven pied au maiche du 29 janvier.
Pour Pour Eu 4 quartiers. l« 2« 3* Prix
Amenés. Paris, l'extérieur, totalité. k\\. quai. quai. quai. moyen.
Bœufs 5,975 3,582 1,778 5,360 341 1.70 1.54 1.34 1.52
Vaches ' 1,898 787 794 1,581 237 1.58 ].3t 1.20 1.39
Taureaux 247 181 36 217 390 1.46 1.32 1.24 1.35
Veaux 3,214 1,756 909 2,665 75 2 34 2.14 1.90 2.05
Moutons 41,666 27 358 10,998 38,356 20 2.22 2 08 188 2.01
Porcs gras ... 6,860 2,381 4,136 6,ol7 79 1.36 1.30 1.24 1.30 '
— maigres. » » » » » » » » »
Quoique les approvisionnements du marché aient été très abondants durant
cette semaine, les ventes ont été actives, et les cours se sont bien maintenus
pour toutes les catégories d'animaux, à rexce|)tion des veaux, pour lesquels nous
devons constater un ceitain mouvement de baisse. Les ventes sont actives sur les
marchés des départements. On cote : Le Mans, bœuf, 1 fr. 65 à 1 fr. 60; vaches,
1 fr. 50 à 1 fr. 55; veaux, 1 fr. 90 à i fr. 95; moutons, 1 fr. 90 à 1 fr. 95; —
Caen, bœufs, 1 fr. 70 à 1 fr. 90; vaches, i fr. 60 à 1 fr. 80; veaux, i fr. 80 à
2 fr. ; mwutons, . fr. 98 à 2 fr 10; porcs, 1 fr. lu à 1 fr. 30; — Nantes, bœuf,
0 fr. 8o à 0 fr. 85 par kilog sur pied; veau, 1 fr. 15 à 1 fr. 20; moutons, 1 fr. o5
à ] fr. 10; — O'iéa s, bœui, Ofr. 65 à 0 fr. 7 veaux, 1 f r 10 à 1 fr. 3ii; mou-
tons, 0 fr. 75 à 0 fr, 05; porcs, 0 tr. 85 à 0 fr. 95 ; — Sedan, bœuf, I fr. bO à
1 fr. 8'^ veau, i fr. 30 à 2 fr.; mouton, 1 fr. 40 à 2 fr. 30; porc, 1 fr. 50 à 2 fr.;
— Niiiicy, Lœuls morts, 90 à 95 fr.; vaches, 70 à 89 fr.; veaux vivants, 60 à ''4 fr.;
moutons, 95 à 10 fr,; porcs, 74 à 7 . f r ; — Dijon, henni, 1 fr, 56 a 1 fr. 74;
vaches, 1 fr. 14 à 1 fr. 66; ve.aux(poids vif), 1 fr, 12 à 1 fr. 24; moutons, 1 fr. '0
à 2 fr. 10, porc (poids vif), 0 !r. 96 à 1 fi. 06; — Hourgoin, bœuf, 64 à 74 fr.
les liO kilog ; vaches, 56 à 66 fr,; moutons, 85 à 95 fr.; porcs, 9j à 100 fr.;
veau, 98 à lu8 fr.; — Aix, bœuts de pays, 1 fr. 40 à 1 fr. 50; moutons de pays,
200 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT (3 FÉVRIER 1883).
1 IV. 90 à 1 fr. 95; brebis, 1 fr. 60; agneaux, 0 fr. 60 à 1 fr. 05; — Nîmes^
bœuf, 1 fr. 20 à 1 fr. 42; taureaux, 1 fr. 30; vaches, 0 fr. 95 à 1 fr. 35; ilou-
tons, 1 fr. 85 à 1 fr. 95; brebis, I fr. 30 à I fr. 80; agneaux de lait, 1 fr. 05 à
1 fr. 10; — Genève, bœuf, 1 fr. 50 à 1 fr. 70; veau (sur piedi, 1 fr. à 1 fr. 15;
mouton, 1 fr. 60 à 1 fr. 70; porc, 1 fr. 45 à 1 fr. 50
A Londres, les bonnes qualités sont très recherchées, les Cfualités inférieures
se sont vendues très dilficilement. Boeuf : 2" qualité, 1 fr. 52 à Ifr. 75; l'"'" qua-
lité, 1 fr. 99 à 2 fr. 16 — Veau : 2 fr. 10 à 2 fr. 45; — Mouton : 2" qualité, 2 fr. 10
à 2 fr. 45 ; 1'^' qualité, 2 fr. 57 à 2 fr. 80. — Porc : 1 fr. 40 à 1 fr 64.
Viande à la criée. — Il a été vendu à la halle de Paris, du 22 au 28 janvier :
Prix du kilog. le 29 janvier.
kilog. 1" quai. 2' quai. 3" quai. Choix. Basse Boucherie.
Bœuf OU vache... 183, .061 1.64à2.00 1.42àl.G2 1.00àl.40 1.70à2.70 0.16àl.80
Veau 17.0,282 1,98 2 86 1.66 1.96 1.36 1.64 1.56 1.G6 »
Mouton 58,882 1.62 2.00 1.40 1.60 0.96 1.38 1.G6 2.90 »
Porc 77,703 Porc frais 1.16 à 1.30; salé, 1.50
495,428 Soitparjour 70,789 kilog.
Les ventes ont été à peu près les mêmes que durant la semaine précédente. —
Les prix sont iérmes sauf pour la viande de mouton.
XIV. — Cours de la viande à Vabattoir de la Yillette du V février (par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Yillette par 50 kilog. : i""* qualité,
67 à 70 fr. ; 2% 60 à 65 fr. ; poids vifs, 45 à 50 fr.
Bœufs. Veaux. Moutons.
jr. 2" 3" 1'° 2' 3° 1" 2" 3'
quai. quai. quai. q al. qii:il. quai. quai. quai. quai.
fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr.
80 72 65 120 100 9J 98 93 87
XV. — Marché aux bestiaux de la Villette du jeudi l'^ février 1883.
Cours des commissionnaireg
Poids Cours oflioiel?. tn hesiiaux.
Animaux gênerai, i" 2" 3'' Prix 1" •^' 3' Prix
ament-s. Invendus. kil. quai. quai. quai, extrêmes. quai. quai. quai. extrêmes.
Bœufs 2.1!I5 7G 345 1.74 ..58 1.34 1.2Sà!.80 1.72 i.56 1.32 1.24àl.78
Vaches 591 24 232 1.62 1.38 122 1.14 1.66 1.60 1.36 1.20 1.12 164
Taureiiux... 94 H 380 (.48 1.32 I 24 1.18 1.52 r 46 i.iO 1.22 1.16 1.50
Veaux t. 264 138 78 2.34 2.14 1.90 1.60 2.50 » » » »
Moutons 16.162 235 19 2 30 2 14 1 94 1 80 2 36 » » » »
Porcs gras.. 4.fi03 « 82 .1 38 1.32 1.26 1.22 1.42 » » » »
— maigres,. » » »»»»»» » » » »
Vente assez active sur toutes les espèces.
XVI. — Résume.
Les prix des céréales accusent un peu de baisse. Pour les produits dos indus-
tries agricoles, il y a peu de changements. Quant aux produits animaux, ils se
vendent en hausse. A. Remy.
BULLETIN FLNANGIER
Semaine de reprise : notre 5 0/0 est revenu à 115,15. Bonne tenue des Sociétés
de crédit; vive reprise à nos chemins de fer.
Cours delà Bourse du 24 ait 31 janvier 1883 (ait comptant).
Principales valeurs françaises
Dernier
cours.
78.25
79.35
109.50
115.25
Plus Plus
bas. haut.
Rente 3 0/0 77.15 7350
Rente 3 o/o amortis 78.10 79.50
Rente 4 1/2 o|o los.lo 109.50
Rente 5 0/0 iri25 115.35 _. ,
Banque de l'rance 5175 00 àJOO.oo 5200.00
Comptoir d'escompte 975.00 990.00 99000
Sotiété générale , 550.00 568.75 568.75
Crédit foncier 1215.00 1200.00 1250.00
Est.. Actions 500 700 00 710.00 710 00
Midi d" 1020 00 1050.00 1045.00
Nord ....d" 1740.00 1800 00 '785.00
Orléans d° 1190.00 I22o.oo 1215.00
Ouest ...d° 760.00 775.00 770 00
Paris-Lyon-Méditerranée d" 1480.00 1520.00 1515.00
Paris 1871 obi. 400 à 3 O/O. 384.00 390.00 388.00
Italien 5 0/0 «5.80 80 60 86 60
Le Gérant : A. BOUCHÉ.
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Consolidés angl. 3 0,'0
5 0)0 autrichien
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6 0/0 égyptien
3 0/0 e.spagnol, exté^^
5 o/oHoii'iurasobl. 3oo
Tabacs ital., obi. 300.
6 0/0 péruvien
5 ■ /o russe
5 0/0 turc
5 0/0 roumain
Bordeaux, 100, 3 0/0.
Lille, 100, 3 0/0
497
00
102
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89.00
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100. OU
Dernier
cours.
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11.33
90.45
105.50
99.50
LETERUIER.
CHRONIQUE AGRICOLE (lo février i8P3).
Les ongrais employés en couverture au printemps. — Questions posées relativement à l'usage du
sulfate d'ammoniaque. — Variations des résultats suivant la nature des terres. — Emploi simul-
tané du sulfate d'ammoniaque et du phosphate de chaux. — Etudes de M. ^'atellier sur l'emploi
des engrais. — Conclusions sur la valeur des ergiais azotés. — Affirmations sur la question de
l'absorption de l'azote de l'air par les plantes. — Décret relatif à la délimitation des territoires
phylloxérés. — Etudes de M. Balhiani sur l'œuf d'hiver du phylloxéra. — Réunions organisées
par la Société d'agriculture de l'Hérault sur les moyens de lutter contre le phylloxéra. Con-
férences sur la grelTe de la vigne dans le département du Rhône. — Prochaine élection d'un
membre associé à la Société nationale d'agriculture. — Concours d'animaux de boucherie à
Chalon et à Rouen. — L'engraissement du bétail dans la Charente. — Concours ouvprts par le
Comité central agricole de la Sologne en 1883. — Prochain congrus sucrier à Amiens. — Nou-
veau journal d'agriculture sucrière. — Les Annales agronomiques. — La falsification des vins
en Allemagne. — Réunion annuelle des fondateurs du Journal de l'agriculture. — Notes de
MM. Nebout, Petit-Lafitte, Trénel, Leyrisson, sur la situation des récoltes dans les départements
de l'Allier, de la Gironde, de l'Isère et de Lot-et-Garonne.
I. — Sur le râle des engrais azotés.
Il est encore nécessaire de revenir sur le rôle que jouent, dans la
végétation et dans les sols arables, les engrais azotés. Il n'est pas de
question sur laquelle on ait émis à priori des idées aussi absolues et
en même temps s'écarlant davantage de ce que permet la saine inter-
prétation des fniis. D'un autre côté, les expériences positives ne sont
pas assez nombreuses pour que l'on puisse en invoquer toujours à
l'appui ou à rencontre des pratiques auxquelles les cultivateurs s'adon
nent. Enfin, les circonstances de l'emploi d'un engrais sont tellement
multiples et peuvent varier de tant de manières qu'il est bien difficile
de se prononcer sur les résultats à obtenir, en présence des phéno-
mènes météorologiques qui peuvent survenir, sans que l'on ait la
possibilité de les prévoir. C'est sous le hénélîce de ces réserves que
nous allons essayer de répondre aux questions qui nous sont posées
par M. Garnier, secret are de la Société départementale d'agriculture
d'IUe-et- Vilaine^ qui s'exprime ainsi :
« Des pluies continues depuis les semailles d'automne, ont délavé nos champs
et entraîné en pure perte les parties les plus assimilables des engrais en terre.
« Pour remédier à ce mal, il est évident qu'il serait très opportun de recourir
aux engrais pulvérulents. Parmi ces engrais, le sulfate d'ammoniaque est particu-
lièrement recommandé; mais ici, l'on est loin d'être d'accord sur le mode préfé-
rable de son emploi.
« Les uns conseillent de le répandre simplement sur le sol, puis de laisser aux
influences atmosphériques le soin de le dissoudre et de le faire pénétrer jusqu'aux
racines des plantes.
« D'autres veulent qu'il soit répandu à la veille du hTsage de la céréale.
« Enfin certains n'admettent l'emploi dans les meilleures conditions du sulfate
d'ammoniaque, que précédé immédiatement d'un premier semis de phosphate
fossile, puis suivi, à quelques jours d'intervalle, d'un deuxième semis du même
phosphate,
« Vous rendriez un véritable service à un grand nombre de cultivateurs, si,
dans le prochain numéro de votre Journal, vous vouliez bien traiter avec détails,
la question du sulfate d'ammoniaque, indiquant notamment le mode préférable de
l'emi loyer dans la circons'.ance, et aussi l'action chimique exercée sur le sulfate
par l'emploi du phosphate fossile répandu simultanément. »
11 est incontestable que les eaux pluviales, quand elles passent à
travers les champs pour se rendre dans les fossés des routes ou dans
les ruisseaux, entraînent en pure perle une partie des matières fertili-
santes du sol traversé. Mais cette action de lavage est bien différente
selon la nature des terrains. Ainsi, des expériences bien faites, notam-
ment en Angleterre, ont démontré que les terres argileuses retiennent
N- 722. — Tome I" de 1883. — 10 Février.
202 CHRONIQUE AGRICOLE (10 FJ'VRIER 1883).
des matières ammoniacales que laissent, au contraire, échapper les
terres sablonneuses. Par conséquent, les eaux pluviales du dernier
automne n'ont pas exercé partout la même influence stérilisante. D'un
autre côlé, il résulte également des mêmes faits qu'en répandant du
sulfate d'ammoniaque dans un champ, ce sel, qui est très soluble,
aura plus ou moins de chance d'être utilisé par la végétation ou de
disparaître s'il survient des pluies après son épandage, selon qu'on
aura affaire à un terrain plus ou moins argileux. Il faut remarquer
encore que si une terre est plus ou moins 'nclinée et a un sous-sol
imperméable, les eaux pluviales qui auront traversé la couche arable
s'enfonceront dans le sous-sol ou bien s'écouleront au loin. Dans le
premier cas, la perte des matières solubles entraînées ne sera pas défi-
nitive pour le propriétaire du champ, car les substances solubles
pourront remonter et remonteront cerainement par capillarité vers
la couche où plongent les racines des plantes cultivées, pour être
à leur disposition. On ne tient pas assez compte de la capillarité des
terres pour expliquer les phénomènes de la production des champs,
et nous avons dû appeler sur ce sujet l'attention du monde agricole
el du monde savant. Ceux qui isolent par la pensée, et dans leurs
expériences, une tranche du sol arable pour la considérer uniquement
comme le théâtre de la végétation, font une hypothèse qui assimile-
rait la culture en grand à la culture en vase clos. Dans la nature, les
choses ne se passent pas ainsi.
Si maintenant on suppose que, en présence du sulfate d'ammonia-
que, il y ait dans le sol du carbonate de chaux, il arrive que, dans
certaines conditions de chaleur, une décomposition se produit, et il se
forme du sulfate de chaux qui reste dans la terre, et du carbonate
d'ammoniaque qui est volatil. Sous l'action de la chaleur solaire, le
phénomène se présente souvent, et si la terre est dégarnie, il peut y
avoir volatilisation dans l'atmosphère du carbonate d'ammoniaque
formé dans le sol. Ainsi, selon des circonstances variables, il peut arri-
ver que la couche arable fasse un gain ou fasse une perte de matières
azotées, sans compter les transformations, nitrification ou dénitrifica-
tion qui se produisent par l'action de l'oxygène en présence de corps
mal connus jusqu'à présent et que l'oi a assimilés à des ferments.
Ces choses posées, on comprendra facilement que les cultivateurs
se trouvent justement divisés sur la meilleure pratique à suivre pour
employer le sulfate d'ammoniaque. Le mieux est, quand on a affaire à
une terre arable contenant de l'argile, de Fincorporer avec cette terre,
au moyen du hersage. Dans les sols sablonneux, on ne doit pas em-
ployer le sulfate d'ammoniaque, si des pluies abondantes sont à
craindre.
Quant à l'emploi simultané de sulfate d'ammoniaque et de phos-
phate fossile de chaux, il ne nous paraît pas devoir présenter d'incon-
vénients; toutefois des expériences comparatives devraient être entre-
prises pour bien résoudre la question ; elles nous paraissent manquer
jusqu'à présent. 11 faudrait surtout tenir compte d'une circonstance à
laquelle on ne prête pas généralement assez d'attention. Nous voulons
parler de laprétence de la magnésie dans la couche arable. La formation
des phosphates ammoniaco-magnésiensy est possible, si Ton introduit à
la fois des phosphates fossiles qui deviennent solubles par l'acide
carbonique du sol, et du sulfate d'ammoniaque. Alors le phosphate
CHRONIQUE AGRICOLE (10 FÉVRIER 1883). 203
ammoniaco-magnésien qui se produit pout empêcher l'action malfai-
sante d'une lexiviation par les eaux pluviales. C'est ainsi que la déper-
dition de l'ammoniaque par l'emploi simultané da phosphate fossile
peut être empêchée.
Ces explications montreront, nous l'espérons, à notre correspondant
et aux cultivateurs combien sont complexes et difficiles les questions
qui nous sont soumises ; elles seront peut-être de nature aussi à mettre
beaucoup de personnes en garde contre des conclusioas hà'ives tirées
d'expériences bonnes en elles-mêmes pour les circonstances particu-
lières où elles sont entreprises, mais qu'il faudrait se garder de géné-
raliser. Telle est la réserve que nous faisons notamment en ce qui con-
cerne la conclusion que M. Gatellier tire des études dont nous avons
déjà rendu compte, au sujet de la culture du blé. Il vient de donner
une nouvelle édition de son travail, et il nous demande d'en repro-
duire la conclusion. Nous le faisons volontiers; mais nous indiquerons
sur quels points il sort de la véritable interprétation permise. M. Ga-
tellier s'exprime ainsi :
« La méthode que je préconise pour la production économique du blé a pour
point de départ la culture normale de notre pays, c'est-à-dire l'emploi du fumier
et des engrais complémentaires. Le fond de la fumure est le fumier de ferme
coûtant le meilleur marché possible. Il doit être obtenu par des animaux d'espèce
variable suivant chaque localité, choisis de façon que leurs dépenses de nourri-
ture et d'entretien soient les moins élevées et que leurs produits soient les plus
rémunérateurs.
« Les engrais complémentaires dépendent de la nature du sol, de la composi-
tion du fumier employé et des récoltes précédentes
« Cette méthode est basée sur deux principes : 1° l'absorption directe ou indi-
recte de l'azote de l'air par les plantes légumineuses; 2" l'équilibre à établir entre
les éléments azotés et minéraux immédiatement assimilables par les plantes, dt
façon à éviter l'excès de Télément azoté qui produit la verse, l'échaudage et mêm;
la rouille du blé.
« L'absorption de l'azote de l'air par les plantes légumineuses est encore con-
testée par quelques théoriciens; mais elle est généralement admise par les prati-
ciens qui savent parfaitement i,ju'après dét'richemeut de luzerne, trètle ou sainfoin,
les plantes subséquentes ont dans le cours de Lmr végétation une coloration d'un
vert foncé qui est l'indice d'un excès d'azote dans le sol.
« L'équilibre nécessaire entre les éléments azotés et minéraux est un fait d'expé-
rience. Les plantes peuvent avoir une composition chimique variable suivant la
nourriture qu'elles puisent dans le sol. Pour les faire parvenir à leur développe-
ment normal et à une maturité convenable, il ne faut pas d'excès de matière
azotée, et l'on peut toujours compenser l'excès d'azote contenu dans le sol par une
addition de matières minérales et surtout de celles qui font défaut à ce sol. »
Les deux premiers alinéas qui précèdent sont exacts. Dans le troi-
sième, M. Gatellier accumule des hypothèses ; il cesse d'être prati-
cien et, par un travers fréquent de l'esprit humain, il reproche avec
ironie à ceux qui ne pensent pas comme lui d'être des théoriciens. Sa
première hypothèse consiste à dire que les plantes légumineuses
absorbent directement ou indirectement l'azote de l'air ; or, cette
absorption n'a jamais été démontrée. Une autre hypothèse qu'il met
en avant, c'est que la verse, l'échaudage et la rouille du blé sont dus
à l'excès seul de l'élément azoté; cela est encore à démontrer expéri-
mentalement. Enfin, de ce qu'il y a quelquefois, comme vient de le
démontrer M. Dehérain, dans le sol couvert par du sainfoin, plus
d'azote qu'antérieurement, cela ne prouve pas le moins du monde que
cet excès d'azote soit le résultat de l'absorption de l'azote de Tair par
les plantes légumineuses. M. Gatellier fait donc de l'hypothèse, de la
204 GHRONIUUE AGRICOLE (lO FÉVRIER 1883).
meilleure foi du monde. Mais il rentre dans la vérité des faits par le
dernier paragraphe de ses conclusions, lequel eût beaucoup gagné à la
suppression des deux précédents, oii il a accumulé des théories erronées
ou au moins non démontrées. En agriculture comme en toute matière
de raisonnement, il faut sagement séparer les faits connus, expéri-
mentalement vérifiables, des interprétations qui peuvent varier à
l'infini et qui, elles-mêmes, ne deviennent des vérités que lorsqu'elles
peuvent se traduire en faits expérimentalement prouvés. Ce court
exposé suffira pour faire comprendre pourquoi nous nous tenons tou-
jours sévèrement en garde contre les conclusions que tant de per-
sonnes sont disposées à tirer d'observations dont les circonstances
sont mal définies.
II. — Le phylloxéra.
Le Journal officiel du 7 février publie un décret sur la délimitation,
en France, des territoires considérés comme phylloxérés. Ce décret,
qui est conforme aux indications que nous avons données dans notre
dernier numéro, est reproduit à la partie officielle de ce numéro
(page 232).
Dans la séance du 15 janvier de l'Académie des sciences, il a été
présenté deux mémoires de Ïargioni-Tozzetti et de M. Bilbiani, sur les
moyens de combattre l'œuf d'hiver du phylloxéra. La question pré-
sente une grande importance; elle sera l'objet d'expériences assez
nombreuses dans quelques semaines. C'est pourquoi nous reprodui-
rons ces deux mémoires dans un prochain numéro.
III. — Le greffage des vignes américaines et les insecticides.
A plusieurs reprises, la Société centrale d'agriculture de l'Hérault
a organisé des réunions publiques pour l'étude des moyens de défense
et de reconstitution des vignes. De nouvelles réunions auront lieu au
mois de mars, à l'Ecole nationale d'agriculture. Le programme en est
exposé dans la note suivante que nous transmet M. Vialla, président
de la Société :
« Le département de l'Hérault fait en ce moment de très grands efforts pour
la défense et pour la reconstitution de ses vignes.
« En présence d'un mouvement agricole si général et si digne d'être encouragé,
la Société centrale d'agriculture de l'Hérault a cru opportun d'organiser, comme
elle l'a fait à diverses époques, notamment en 1880 et en 18S1, des réunions pu-
bliques dans lesquelles tous les viticulteurs, propriétaires, régisseurs et ouvriers
agricoles, pourront faire connaître les résultats de leurs travaux, et s'éclairer
amsi les uns les autres.
« En conséquence, la Société d'agriculture a arrêté ce qui suit :
Article 1". — Des réunions publiques seront organisées le 5, le 6 et le 7 mars,
à l'école d'agriculture de Mont()ellier.
Art. 2. — Elles auront lieu dans l'amphithéâtre de cette école, le matin de
neuf heures à onze heures, le soir de deux heures à quatre heures.
Art 3. — Les trois premières séances seront consacrées à l'étude des questions
concernant le choix des cépages américains, leur addjHation au sol, leur greffage
en vignes françaises; les trois autres seront réservées pour les questions relatives
à Virrigalion appliquée aux vignes françaises, au sulfure di carbone, au sulfo-
carbonate de potassium.
Ar. 4. — Des ateliers de greffage seront organisés dans les salles de l'école d'agri-
culture pour l'enseignement pratique des systèmes de greffes les plus usités.
Art. 5. — Une exposition publique d'outils et d'instruments propres au greffage
des vignes sera installée à l'Ecole d'agriculture, le 5, le 6 et le 7 mars. Une com-
mission nommée par la Société d'agriculture examinera, le 7, les outils et les
CHRONIQUE AGRICOLE (10 FÉVRIER 1883). 205
instruments exposés, et décernera, à ceux qui seront jugés les meilleurs, des
récompenses consistant en médailles de diverses natures,
Art. 6. — Pour être admis aux réunions organisées par la Société d'agriculture,
il suffira de se l'aire inscrire, en entrant, sur un registre tenu par l'agent de cette
Société (chacun devra donner avec soin son nom et son adresse pour l'envoi s'il
y a lieu, du compte rendu de ces réunions).
Art. 7. — Pour être admis à l'exposition des outils et des instruments propres à
greffer, les exposants devront : l» adresser, avant le 25 février prochain, à M. Gui-
chard, agent de la Société d agriculture, rue d'AiguiUerie^ n" 29, à Montpellier
une déclaration indiquant le nombre et la nature des objets exposés; 2" faire par-
venir ces objets, port payé, à ['agent comptable de l'école d'agriculture, avant h
3 mars prochain
Les frais de transport, aller et retour, seront à la charge des exposaots.
Les objets accessoires employés dans les opérations de greffage, tels que les
ligatures, les engluements, etc., seront admis à l'exposition.
Nota. — La Société d'agriculture, voulant avant tout arriver à des résultats
pratiques en recueillant le plus grand nombre possible d'observations et de faits,
a décidé que les mémoires manuscrits ou imprimés ne seront pas lus en séance
publique. Ils pourront être remis au bureau, qui sera chargé de statuer sur ce
qu'on devra faire pour chacun d'eux. Elle a décidé encore qu'aucune communi-
cation orale ne pourra durer plus de dix minutes, afin que chacun ait le temps
de faire connaître ce qu'il a vu ou ce qu'il a fait. Louis Vialla,
Président de la Société centrale d'agricultuie
du département de l'Hérault.
De son côté, la Société de viticulture de Lyon établit des écoles de
greffage sur plusieurs points du département du Rhône. Tous les
dimanches de février et de mars, des membres de la Société appren-
dront aux vignerons à greffer la vigne dans les communes dont les
noms suivent : à Briguais, M. Gaillard, pépiniériste à Brignais; au
Bois-d'Oingt, I\L Sylvestre, au Bois-d'Oingt; à Villefranche, M. Prou-
dhon, régisseur au château de Saint-Trys, dans les ateliers de M. Ver-
morel;à Saint-Lager et Odenas, M. Lagardette, régisseur au château
de Pierraux; à Chénas, M. Colassot, maire à Ghénas; à Villié-Morgon,
M. Verchère, pépiniériste à Viilié Morgon; l'atelier de gceFfage de
Villié-Morgon est ouvert du deuxième dimanche de janvier au deriiier
dimanche de mars. M. Verchère donne, en outre, des leçons tous les
jeudis soirs. Tous ceux qui voudront apprendre à gretfer devront
apporter la quantité de sarments de vignes suffisante pour opérer sous
les yeux du professeur. Ghaque directeur cédera, à ceux qui le dési-
reront, des greffoirs ai prix le plus modéré, A la dernièra séance de
mars, les vignerons qui auront suivi régulièrement les cours, auront
droit à greffer une certaine quantité de boutures de vignes résistantes
offertes gratuitement par la Société.
IV. — Election à la Siciété nationale d'agriculture.
Dans le comité secret de sa séance du 7 février, la Société nationale
d'agriculture a entendu le rapport fait, au nom de la Commission
spéciale, sur les candidats à une place de membre associé national
vacante dans la Section hors cadre. La Gommission présente :
en première ligne, M. Armand Arlès-Dufour, membre du Conseil
supérieur d'agriculture, propriétaire à l'Oued-el-AUeug (Algérie); —
en deuxième ligne et par ordre alphabétique, xM. le duc d'Aven, pro-
priétaire-agriculteur dans S^ne et-0is3; \I. Louis Bastide, président
du Gomice de Bel-Abbès (Algérie); M. Ghamponnois, ingénieur con-
structeur; M. Herran, propriétaire-agriculteur, à Boufarik (Algérie),
lauréat de la prime d'honneur; AL le D"" Paul Marcs, propriétaire-agri-
culteur à Boufarik.
206 CHRONIQUE AGRICOLE (10 FÉVRIER 1883).
Y. — Prochains concours iTanimaux de boucherie.
Nous rappelons que le concours d'animaux gras et de volailles
mortes, organisé pour la région de Test et accompagné d'une exposi- ,
tion d'animaux reproducteurs et d'instruments d'agriculture, se tien-
dra à Chalon-sur-Saône, du 1 6 au 18 mars. Ce concours est tenu au
moyen des fonds provenant des souscriptions des particuliers et des
Sociétés agricoles, des subventions du ministère de l'agriculture et de
celles des conseils généraux du Jura, du Doubs, de la Haute-Saône,
de Saône-et-Loire, de la Côte- d'Or et de la ville de Chalon-sur-Saône.
La Société des agricuteurs de France vient d'accorder une médaille
d'or à la Société centrale d'agriculture de la Seine-Inférieure pour être
attribuée, comme prix d'honneur, au prochain concours d'animaux
gras qui aura lieu à Rouen, les 19 et 20 mars prochain.
YI. — Concours d'animaux de boucherie à Angoulème.
Le concours d'animaux organisé chaque année à Angoulême par la
Société d'agriculture de la Charente, sous la direction de son prési-
sident, M. de Thiac, a eu cette année un succès aussi complet que les
années précédentes. La valeur des engraisseurs de la Charente ressort
d'ailleurs de ce fait qu'ils viennent de remporter au concours général
de Paris, dix-huit prix, dont le prix d'honneur des bandés de bœufs,
ainsi qu'on le verra plus loin. M. de Thiac nous envoie, à ce sujet,
quelques réflexions dont la justesse n'échappera à personne. « Un
fait, dit-il, à l'honneur de la Charente, est frapp3,nt ; c'est la rapide
facilité avec laquelle les Charentais se sont assimilé les procédés
ingénieux de l'engraissement. Ainsi, quatre prix d'honneur ont été
remportés successivement par quatre de nos compatriotes. Il y a là un
mobile qui doit encourager les agriculteurs de notre pays à porter
leur activité et leurs aptitudes sur les bestiaux, comme ils le faisaient
si bien sur les vignes. La Charente n'avait rien exposé dans les repro-
ducteurs des espèces bovine, ovine et porcine. Et pourquoi ? Nous les
ajournons à l'année prochaine. «
YIL — Concours du Comité central de la Sologne en 1883.
Une note de M. Ernest Gaugiran, secrétaire-archiviste, nous apprend
que, en 1883, le Comité central de la Sologne décernera : T un prix d'hon-
neur^ consistant en une médaille et une somme de 1000 francs donnée
par M. le ministre de l'agriculture, à l'agriculteur ou au sylviculteur
dont l'exploitation aura présenté les résultats les plus propres à être
donnés comme exemples. Sont appelés à ce concours les propriétaires
et cultivateurs des communes comprise^ dans la circonscription dite
de LaForté-Saint-Aubin. — 2" Un prix pour la culture de la vigne^ con-
sistant en une médaille d'argent et 500 francs. L'étendue des planta-
tions cultivées à la charrue devra être d'un hectare au moins.
L'étendue des plantations faites pour assurer la boisson de la famille
du domaine pourra être abaissée à 25 ares. Ce concours est ouvert
dans les circonscriptions de Romorantin et de Bracieux. — 3" Un prix
pour Y utilisation des eaux et Y irrigUion des prairies, consistant en
une médaille d'argent et 500 francs. — 4° Un prix de même valeur
pour la création de prairies temporaires, c'est-à-dire de prairies à base
de graminées et de légumineuses, destinées à devenir des pâturages.
L'étendue n'est pas limitée, mais elle devra être dans une bonne pro-
CHRONIQUE AGRICOLE (10 FÉVRIER 1883). 207
portion avec la contenance de l'exploitation et perm3ttre de constater
des résultatset de proposer un exemple. Ces deux derniers concours
sont ouverts dans toute la Sologne. — 5" Une médiille d'or de
100 francs à l'instituteur primaire qui se sera fait distinguer par la
bonne tenue de ses classes, et particulièrement par ses ofTorts pour
répandre parmi ses élèves les notions élémentaires du jardiaago et de
l'agriculture. — 6° Six médailles d'argent pour les élèves das écoles
primaires de la Sologne. — 7° Un prix pour le garde ou le régisseur
qui aura le plus et le mieux contribué au rchoisemfinl de la Sologne
dans la circonscription du concours du priic d'honneur, par les bons
soins de direction et de surveillance donnés à ses semis el plantations.
Ceprix^ offert par M. David Gannon, consiste en une somme de
120 francs et une médaille d'argent. — 8° Six livrets de caisse
d'épargne de 100 francs pour les ouvriers des campagnes ou petits
cultivateurs qui, dans une carrière avancée, auront donna l'exemple
de la bonne conduite^ de la persévérance dans le travail et de l'accom-
plissement des devoirs de la famille. Ces livrets seront distribués dans
la circonscription de La Fer té-Saint- Aubin.
VIII. — Les sucres et betteraves.
La campagne sucrière est achevée partout ; elle a été close, dans la
plupart des départements, au milieu de circonstances aussi défavo-
rables que celles qui ont accompagné les premiers arrachages de bette-
raves. Le Comité central des fabricants organise un congrès sucrier
qui se réunira à Amiens pendant la durée du prochain concours régio •
nal. On sait que la date de ce concours est fixée du 5 au 14 mai pro-
chain : les réunions du Congrès ss tiendront les 9 et 10 mai.
Nous souhaitons la bienvenue à un nouveau journal /»? Cu'livateur
de betteraves, journal d'agriculture sucrière. Ce recueil, dont M. Geor-
ges Dareau est le rédacteur en chef, paraît deux fois par mois, depuis
le mois de décembre 1882; il est spécialement consacré à toutes les
questions qui se rapportent à la culture de la betterave à sucre.
IX. — Annales agronomiques.
Le premier fascicule mensuel des Annales agronomiques pour 1883,
publiées par M. Dehérain, vient de paraître. Ce fascicule renferme
l'important mémoire de MM. Dehérain et Maquenne, sur la réduction
des nitrates dans la terre arable, dont les conclusions ont été présentées
à nos lecteurs; des remarques critiques sur les travaux récents con-
cernant le mouvement de l'eau dans le bois, par M. Vesque; une étude
sur la culture comparée aux engrais chimiques et au fumier de ferme,
par M. Léon Guillaume; et enfi.i une traduction des recherchîs de
M. Godlewski sur la respiration des végétaux.
X. — Falsification des vins en Allemagne.
Les Allemands puritains se plaignent souvent, à grands cris, de la
falsification des denrées alimentaires, et notamment des vins eu
France. Il faut avouer que, dans ces odieuses calomnies, ils sont sou-
vent encouragés par certain laboratoire bien connu. Or, veut-on savoir
comment la falsification s'étale chez eux? La Feuille vinicole de la
Gironde nous apprend qu'un fabricant de Mayence fait annoncer dans
les journaux d'Allemagne et d'Autriche les produ ts suivants : Teinte
devin rouge. — Teinte bordelaise. — Proluit avantagmseinent reconnu
203 CHRONIQUE AGRICOLE (10 FÉVRIER 1883).
inoffensif. Si la fraude existe parfois en France, elle se cache avec soin-,
et elle ne s'étale pas avec impudeur^, comme chez nos voisins de l'autre
rive du Rhin.
XI. — Réunion des fondateurs du Journal de l'agriculture.
La réunion annuelle du Journal de f agriculture a eu lieu le 5 février.
Les comptes de l'exercice 1882 et le budget pour 1883 ont été votés.
Le coupon des actions a été fixé à 3 fr. 75 pour 100, Les conseils de
direction et de surveillance ont été maintenus dans leurs fonctions.
M Henry Sagnier a été élu pour remplir, dans le Conseil de direction,
la place laissée vacante par la mort de M. Bella. Le Conseil de direc •
tion scientifique et agricole du Journal se trouve ainsi composé de
MM. J.-A. Barrai, Gaston Bazille, de Béhague, Gareau, Paul de Gas-
parin, H. Sagnier et A. Vandercolme. La situation prospère de notre
œuvre a été démontrée à nouveau par cette réunion.
Xn. — Nouvelles de Vélat des recolles.
Le temps continue à être plus favorable pour les travaux de la cul-
ture ; aussi on profite partout avec empressement de ces circonstances
meilleures. M. Nebout fils nous envoie d'Arfeuilles (Allier), à la date
du 29 janvier, les renseignements suivants sur la situation de la plu-
part des cultures :
« Novembre et décembre ne se sont pas laissés dépasser de leurs prédécesseurs
en bourrasques de pluie, de neige et de vent violent, qui ont constamment tenu
nos rivières et ruisseaux à plein chantier, rendu nos chemins et routes dans un
état lamentable, converti nos villages en un cloaque de houe. Après tout, contrai-
rement à l'hiver de l'année dernière qui a été excessivement doux et sec, celui de
cette année, s'il est aussi doux, est par contre excessivement humide. Nous avons
eu depuis novembre au 28 janvier, lo journées de neige, qui a couvert le sol de
quelques centimètres à peine quelques heures de la journée. Ci sont les 15, 16,
ly, 20, 21, 22, 28, 29 et 30 novembre; 5, 7 et 23 décembre; 7, 25 et 27 janvier;
2^4 journées de soleil, en novembre les 1, 2, 3, 4, 5, 6 et 7, en décembre les
12, 17, 19, 20, 27, 28 et 29 et en janvier les 1, 2, 4, 12, 14, 20, 21, 23, 24 et
28 ; et 25 journées de pluie, en novembre, les 8, 9, 10, 12, 14, H, 18, 23, 24, 25
et -26 ; en décembre ce sont les 3, 4, 6, 14, 22, 25, 26 et 31 ; enfin janvier a donné
5 journées de pluie, ce sont les 3, 5, 10, Ib et 16; et 16 journées de temps cou-
vert, ce sont en novembre, les 10 et 13 ; en décembre, ce sont les 1, 9, 10, 11,
13, Ib, 16, 21 et 24 ; en janvier, les 5, 9, 11,16 et 18 ; et il est tombé des grésils,
le 27 novembre le vent du sud a soufflé avec violence, les 12, 13, 14, 17, 1^ et
30 décembre, et les 26 et 27 janvier. Enfin nous avons eu 12 journées de gelée; ce
sont en décembre, les 1, 2, 8, 9, 1 1 ; et en janvier, les 4, 9, 10, 19, 20, 21 et 22;
je passe sous silence les quelques journées de gelée blanche que nous ont données
novembre et décembre ; janvier nous a donné b journées de brouillard, ce sont les
8, 17, 19, 22 et 26 ; la journée du 22 janvier a fait le désespoir des vignerons de
DOS parages qui auraient voulu voir celte journée, jour de leur Patron, toute belle,
car suivant leur légende, qui dit : « Si le soleil se montre beau toute la journée,
le 22 janvier, jo;ir de saint Vincent, apprête tes tonnes et barils. »Et malheureu-
sement pour eux, cette journée, le brouillard a caché le visage de l'astre.
« Enfin, dans nos parages, on a pu tant bien que mal achever nos emblavures
d'automne, bien des champs ont été bon gré mal gré semés dans les plus mauvaises
conditions, à tel point que l'on craignait que le grain ne pourrisse et ne puisse
lever. Enfin, heureusement que, sous l'influence du temps doux de cet hiver, ils
ont bien levé et très régulièrement. Les seigles laissent beaucoup à désirer,
comme force et tallage; pour les froments pour le moment, on ne peut pas mieux
demander, les orges et avoines d'hiver se trouvent aussi en bon état.
« Nous avons profité des beaux jours pour préparer nos terres pour nos
emblavures de printemps. Nos prairies naturelles ont été, cette année, irriguées
tc^t naturellement. Aussi sous l'influence d'une pareille température, elles n'ont
presque pas pris leur quartier d'hiver, et déjà, depuis les premiers jours de janvier
CHRONIQUE AGRICOLE (10 FÉVRIER 1883). 209
les emboucheurs de bestiaux maigres parcourent nos foires pour commencer à
garnir leur praires d'embauchés, et nous achètent ces sortes de bestiaux à d'assez
hauts cours, qui, si la température continue, neCeront quo hausser encore.
« Enfin, en général, pour le moment, l'état sanitaire de tous nos bestiaux est
excellent; nosbergeries qui subissent, quand l'hiver est rigoureux, des hécatombes
de victimes, se remplissent celte année, de beaux agneaux. Seules les transactions
sur les grains laissent bien àVdésirer. »
Dans la note qu'il nous envoie, à la date du 3 février, M. Petit-
Lafitte décrit comme il suit la situation actuelle dans le département de
la Gironde :
« Ce qui permet, dans un climat déterminé, la culture d'une plante, au double
rapport de la quantité et de la qualité de son produit, c'est l'accord qui doit régner,
en vue de tels résultats, entre les besoins successifs de cette plante elles actions
météorologiques qui leur sont aussi successivement nécessaires : chaleur et eau.
ce II est également facile de comprendre combien cet accord peut être troublé
suivant les années. Or, oa sait ce qu'ont été les mois d'octobre, novembre et
décembre 1882 cl janvier 1ï83, par rapport à la pluie. Leur régime a ajouté, en
plus, à la couclie d'eau qu'indique leur moyenne sous ce rapport, une nouvelle
couche de 0™,253 d'épaisseur, plus du double.
Bien qu'en did tels temps, la vigne particulièrement se trouve plongée dans la
période annuelle de son existence passive, un ne peut la considérer comme abso-
lument insensible aux circonstances de ce genre, à ce qui pourra en résulter pour
son prochain produit. Heureux cependant s'il y avait en cela une application
naturelle, en grand et sans frais, de l'un des remèdes les plus sûrs, la submersion,
contre la maladie doat elle est atteinte !
« Mais un tort bien positif, c'est celui éprouvé par les céréales; celui qui a
d'abord rendu impossible la préparation des terres à leur consacrer et, plus tard,
celui de ne pouvoir ensemencer qu'une portion plus ou moins restreint^ de ces
terres. En cette partie, on s'est bien empressé de profiter des quelques beaux
jours qu'a pu olYrir janvier, mais il a fallu aussi recourir à des semailles qui ne nous
sont pas habituelles, qui nous offr-rint moins de sécurité, moins d'avantages ; à
des semaillesdites de printemps, pour lesquelles les variétés à employer deviennent
d'autant plus rares et d'autant plus chères. Ainsi commence la prochaine année
agricole; puisse-t-elle mieux finir! car, comme dit le proverbe : Tout est bien
qui finit bien. »
M. Trénel, président du Comice agricole de Vienne (Isère), insiste
surtout dans la note suivante, sur les produits des cultures en I8S2
dans cet arrondissement et sur le commerce des céréales :
« L'ensemble des productions agricoles en 1 882, dans l'arrondissement de Vienne,
a été satisfaisant, sauf celle de la vigne qui disparaît rapidement sous les piqûres
du puceron; la reconstitution sera longue à raison des frais considérables néces-
sités pour cette opération; les mauvaises saisons et la privation du produit de la
vigne ont amené un état de gêne extrême dans nos campagn,es.
« La production moyenne des blés a été de 25 liectolitres à l'hectare ainsi que
celle des méteils, seigles, orges et avoines.
a Les fourrages artificiels et ceux des prairies naturelles ont été abondants,
seulement les dernières coupes qui n'étaient pas enlevées au 15 septembre ont
littéralement pourries sur place ; cette perte a été considérable pour les regains
des prairies natur-lles qui soat utilisés pour l'espèce bovine. _
a Les ensemencements des céréales d'automne se sont généralement faits^ dans
les plus mauvaises conditions avec les pluies qui durent encore et qui empêchent
tout labour ou défoncement pour ceux du ])rintenips.
« En présente de cette situation qui fait prévoir une mauvaise récolte pour 1883,
nos agriculteurs se plaignent amèrement du prix des blés dont la tendance à la
baisse ne peut s'expliquer que pa'- l'énorme introduction en franchise des blés
étrangers; les agitations stériles de nos législateurs viennent encore augmenter
leurs justes alarmes, car nous savons tous que la prospérité de l'agriculture est la
conséquence d'un état stable et pacifique.
« La création dans l'arrondissement de Vienne de deux pépinières de plants
résistants fera, il faut l'espérer, marcher rapidement le travail de reconstitutioa
des vignobles; toutes les boutures seront délivrées gratuitement.
210 CHRONIQUE AGRICOLE (10 FÉVRIER 18&3).
« M. le préfet de Tlsère et le Conseil général se sont empressés de donner cette
satisfaction aux intérêts viticoles si gravement atteints depuis liuit ans dans l'ar-
rondissement de Vienne; on m'annonce que les autres arrondissements de l'Isère
se proposent de demander pareille cri'ation.
« Toutes ces demandes prouvent que la question de l'emploi des c 'pages résis-
tants fait son chemin et que le sulfure de carbone ne sera pas seul à rendre des
services signalés. »
Dans le département de Lot-et-Garonne, la plupart des récoltes en
terre se sont bien trouvées, d'après la note que M. Leyrisson nous
envoie de Tridon, à la date du 27 janvier, de la douceur exception-
nelle de l'hiver :
«c La périorle des inondations semble enfin terminée. Les terres basses ont été
ensemencées deux et même trois fois pour être ensuite inondées de nouveau. On
ne connaît guère, ici, les blés de printemps; aussi, à part l'avoine, on ne sèmera
presque pas de nouvelles céréales Les pluies persistantes ont tellement entraîné
l'engrais dans le sous-sol que bon nombre de tiges de blé n'ont pas tallé. L:s
fèves à'aquedulce qui, ordinairement, me donnent des cosses d'une Lmgueur pro-
digieuse et d'une grande précocité, ne présentent aujourd'hui que des tiges
isolées et très chétives. On espérait que les limaces seraient détruites par les
débordements; malheureusement on en trouve encore en grande quantité dans
les terres plusieurs fois inondées. Par contre, les campar/nols qui depuis deux
ans s'étaient multipUés dans nos prairies d'une manière fort inquiétante se
trouvent avoir disparu même avant le débordement. Qu'est-ce donc qui a pu les
exterminer si radicalement? H y a quelques ans, déjà, nous nous avions posé la
même question à la suite de la disparition merveilleuse des chenilles de printemps,
lesquelles avaient déjà compromis à l'excès, non seulement tous nos fruitiers,
mais même les rustiques haies d'aubépine. Aussi ne manque-t-on pas aujourd'hui
de faire ici, allusion à ce fait, pour légitimer leur inaction en présence des
ravages de plus en plus croissants que nous cau-^e le terrible puceron dans toute
, l'étendue de nos vignes des coteaux. La douce température que nous subisso-ns
est des plus favorables pour la végétation de toutes les récoltes en terre. Les raves
nous ont été d'un grand secours, par exemple une variété demi-longue nouvel-
lement introduite dans le pays, nous a donné des fruits hâtifs et très volumineux,
ce Le béiail se maintient à un prix très élevé. S'il ne survient de trop graves intem-
péries nous espérons sur une très bonne récolte de fruits, car je ne me rappelle
guère avoir autant observé de boutons à fruit en taillant mes arbres que j'en
observe ces jours- ci. »
Les irrégularités de la saison ont amené, dans beaucoup de cir-
constances, une situation extrêmement fâcheuse pour les cultivateurs.
Nous l'avons dit assez souvent pour ne pas y insistera nouveau. Tou-
tefois, il faut ajouter une remarque qui nous est faite d'un grand
nombre de départements, c'est que^ pour les plantes en terre et notam-
ment pour les blés, on ne peut pas affirmer qu'il y ait des dégâts très
considérables dans les emblavures. La végétation se présente, au
contraire, pour le moment, dans de bonnes conditions.
Les préoccupations des agriculteurs se portent partout sur les
semailles de printemps. Il y a beaucoup à faire pour que les retards
éprouvés jusqu'ici soient réparés. Espérons que les circonstances per-
mettront désormais d'achever les travaux avec régularité.
J.-A. Barral.
SUR LES BLES DE PRINTEMPS
Il arrive trop souvent que les cultivateurs qui font dans leurs asso-
lements une large place à la culture de la batterave à sucre, sont
obligés de recourir à l'emploi des blés de printemps pour terminer
leurs ensemencements ou remplacer les blés manques pour cause de
semis tardifs, ou de mauvais temps, comme c'est le cas actuellemeut.
SUR LES BLES DE PRINTEMPS. " 211
Afin de remédier à cet état de choses, j'ai essayé et cultivé compa-
rativement plusieurs variétés de céréales de mars. Celles qui m'ont
donné les meilleurs résultats sont le blé de Noé et le blé dit Précoce
de la famille du Saumur de mars, avec lequel il a une grande res-
semblance.
Mais dans mes terres argileuses, le premier se trouvant atteint
de la rouille et de la maladie du pied ou pourriture, dans les années
humides, je l'ai supprimé et n'ai conservé que le blé Précoce, qui n'a
jamais donné que de la satisfaction sous tous les rapports depuis 1872
que je le connais, et n'a jamais présenté la moindre trace de maladie.
J'ai déjà en 1879 appelé l'attention des lecteurs de ce Journal, sur ce
blé, tome III, pages 1 1 4 et 301 . Depuis que ce blé est connu par ici,
on l'a apprécié à sa juste valeur et il a gagné beaucoup de terrain, car
sa production est très souvent aussi grande que celle des bons blés
d'automne. Comme il est le premier mur, on peut commencer la mois-
son quelques jours plus tôt, ce qui est très avantageux. Le grain est
jaune et la paille blanche, haute. Il me reste environ une centaine de
quintaux que je puis offrir pour semence à prix modéré pour quanti-
tés assez importantes.
L'année dernière, 1882, le blé de Bordeaux n'a pas répondu à mon
attente, quoique très beau jusqu'à la maturité; à cette époque il s'est
trouvé pris par la rouille, et il a donné un fort déficit au battage.
A. QUILLET,
cultivateur à Villerest, par Ecouis (Eure).
SUR LE DOSAGE DS L'ACIDE PHOSPHORIQUE
DANS LES TERRES ARABLES ^
La fabrication des phosphates et des engrais phosphatés a pris un
si grand développement, que les agriculteurs se voient sollicités de
tous côtés à acheter, pour l'amélioration de leurs cultures, les produits
de l'industrie nationale et étrangère. Quant à la valeur intrinsèque
de la marchandise offerte, je n'ai rien de nouveau à dire : il est à
désirer, je le répète, qu'en acceptant le mode de détermination du
titre, loyalement proposé par le vendeur, l'acheteur s'habitue à
réclamer de l'essayeur, comme renseignement, le dosage de l'acide
phosphorique contenu dans la partie de l'engrais proposé solubiedans
l'eau.
Mais il ne suffit pas à l'agriculteur de connaître exactement la valeur
intrinsèque de l'engrais : il faut aussi qu'il en connaisse la valeur
relative pour sa terre, le besoin que sa terre en a, s'il est permis de
s'exprimer ainsi; en d'autres termes, la richesse présente des sols en
acide phosphorique, quand il s'agit de lui en fournir; et il y aurait
véritable incurie à ne pas faire cette vérification, dans la mesure du
possible.
Malheureusement, les procédés de dosage de l'acid-o ; 'losphorique
dans le sol, quoique beaucoup plus certains au point de vue théorique
et môme pratique qu'on. ne l'a quelquefois prétendu, laissent beaucoup
à désirer pour la facilité et la durée des opérations; principalement
dans les sols ariiilo-calcaires, qui formant uue partie si importante des
terres arables, les calcinations entrahient la formation de silicates,
qui, décomposés par la solution acide du produit calcaire, imprègnent
L Commuuicatiua laite à l'Académie des sciences.
212 DOSAGE DE L'AGIDE PHOSPHORIQUE DANS LES TERRES ARABLES.
les liquides d'une quantité considérable de silice à l'état naissant, dont
on ne se débarrasse que par de nouvelles évaporations à siccité, par
de nouvelles solutions acides, fort longues à filtrer, à laver et par con-
séquent à évaporer, pour les ramener à un volume propre à l'affusion
du réactif moiybdique. Ces longueurs dégoûtent les essayeurs et font
renoncer, dans la pratique, à une vérification qui devient de jour en
jour plus nécessaire.
On juge donc au hasard, et, d'après un préjugé cultural ou une expé-
rience souvent bien insuffisante sur la dernière récolte donnée par la
terre, on fait une dépense importante sans utilité, ou bien on renonce
à une dépense nécessaire.
Je me suis, en conséquence, appliqué dans ces derniers temps à
rendre la détermination de l'acide phosphorique, dans les sols arables,
aussi facile et aussi rapide que celle de tous les autres éléments qui les
composent; j'y suis parvenu, comme pourront s'en assurer les ana-
lystes qui voudront bien suivre la mélhode de manipulation que je
soumets à l'Académie.
20 grammes de la terre, finement pulvérisée et passant au tamis de
soie, sont placés dans une capsule de Bayeux, et attaqués par l'acide
chlorhydrique dilué au cinquième, tant qu'il y a effervescence. On
ajoute à ce moment dans la capside une eau régale contenant 3 parties
d'acide chlorhydrique pour 1 partie d'acide azotique à la dose
de 80'^° .
On fait digérer au bain-marie jusqu'à ce que le liquide ait pris
une consistance sirupeuse. On étend d'eau froide distillée, on filtre,
et on lave sur filtre à l'eau bouillante.
Dans le liquide de filtration, on précipite par l'ammoniaque caus-
tique en excès. Le précipité, recueilli et séché, est pulvérisé et calciné
au rouge cerise dans une capsule en platine (il est préférable de ne le
pulvériser qu'après cette calcinatioii). On le reprend alors par de l'acide
azotique très dilué (au ~) et, après digestion à froid, on filtre.
Le liquide de filtration, débarrassé de la chaux, du fer, de la silice,
par les opérations précédentes, contient l'acide phosphorique en tota-
lité. On cohobe ce liquide au bain-marie, pour l'amener au volume
convenable à la précipitation moiybdique : le précipité de phospho-
molybdate d'ammoniaque, n'étant pas souillé par un liquidechargé de
sels de fer, d'alumine et de chaux, et étant absolument purgé de silice,
peut, après un seul lavage, être repris par l'ammoniaque, pour y préci-
piter l'acide phosphorique à l'état de phosphate ammoniaco-magnésien.
Aussi la détermination se trouve ramenée aux opérations les plus
élémentaires du laboratoire, et j'ajouterai, à titre de renseignement,
que mes essais m'ont toujours donné un dosage supérieur à celui de
l'ancienne méthode, qui entraînait des perles : l'acide phosphorique,
après la cohobation du dernier liquide, se trouve en entier à l'état
tribasique, ce qui me donne la conviction que la calcinalion avec un
excès de sesquioxyde de fer et d'alumine, en un mot avec un excès
d'une base quelconque, alcaline, alcalino-terreuse, terreuse, suffit à
amener l'acide phosphorique à la forme tribasique; car je ne peux
attribuer uniquement à une cohobation acide, de peu de durée, l'inté-
grité de l'état tribasique de l'acide phosphorique.
Paul DE Gasparin,
Membre de la Société nationale d'agriculture,
correspondant de rAcadémie des sciences.
CHA-RRUE BISOG DOUBLE DE FONDEUR. 213
CHARRUE BISOG DOUBLE DE FONDEUR
Il y a longtemps que l'utilité des charrues à plusieurs socs est
reconnue. Le mathématicien Jacques Bâsson fit décrire, eu 1578, dans
le théâtre des machines de Béroalde, une charrue à trois socs. Je ne
sais si elle fut jamais construite.
Depuis cette époque, la main-d'œuvre ne cessant d'augmenter, les
constructeurs se sont appliqués à perfectionner ces sortes de charrues
et un grand nombre fonctionnent aujourd'hui à la satisfaction des
cultivateurs.
Il me suffira de citer, en France, les charrues polysocs de Grignon,
de Nancy, de Bajac, Meugniot, Fondeur, Lanz, etc.; à l'étranger,
celles de Howard, Ransomes, Decker et iMot, etc.
Toutes les charrues multiples sont munies d\\n avant-train, qui
sert à régler l'instrument et à le maintenir fixe en terre, tout en en
facilitant la manœuvre, au bout des raies.
Jusqu'ici ces charrues ne renversaient la terre que d'un seul côté, et
ne pouvaient servir que poui- les labours en planches.
Depuis vingt ans, la charrue double, dite improprement Brabant
double, puisqu'elle est à peine connue dans le Brabant, s'est telle-
ment répandue que les labours à plat ont remplacé les planches dans
presque tous les sols. Avec des rigoles d'écoulement et des labours
plus profonds, les grandes pluies ne nuisent pas aux récoltes, même
dans les annéesaussi pluvieuses que celle que nous venons de traverser.
Tous les cultivateurs, qui labourent à plat, ont remarqué que les
cham^<ss en planches offrent une certaine difficulté lorsqu'on veut les
mettre à plat. Les dérayures disparaissent dilTicilement, et la charrue
double fonctionne mal lorsqu'elle les rencontre. C'était un grand
inconvénient. Les charrues multiples ne pouvaient servir que pour les
labours très légers. Il était impossible de donner au sol le labour d'en-
semencement sans le mettre en planches.
En 1881 , le Comice agricole de l'arrondissement de Châtellerault,
ayant, sur la proposition de son honorable président, M. de la Massar-
dière, lauréat de la prime d'honneur de la Vienne, en 1870, organisé
des concours spéciaux d'instruments, comprit dans le programme des
essais de charrues polysocs.
Plusieurs constructeurs ont répondu à cet appel, et quatre instru-
ments ont été essayés.
1° Le trisoc, construit par M. Bajac-Delahaye, à Liancourt (Oise),
est d'une manœuvre facile. Il faisait un bon labour de 0™.83 de lar-
geur et de 0'".15 de profondeur. Il coûte 370 francs.
2" Le trisoc, construit par M. Howard et présenté par M. Pilter, à
Paris, fonctionne très bien ; mais il faut un homme assez fort pour le
tourner et le remettre en place au bout de la raie. Il fait un bon
labour de 0'".75 de largeur et de 0'".15 de profondeur, et il coûte
410 francs.
3" Le trisoc, construit par M. Fondeur, à Viry (Aisne), est très facile
à tourner et n'exige pas une grande force. Il fait un bon labour de
1 mètre de largeur et de 0'".15 de profondeur. Il coûte 325 francs.
Ces trois instruments nécessitent un attelage de six bœufs et deux
conducteurs.
214
CHARRUE BISOG DOUBLE DE FONDEUR.
4" M. Fondeur présentait, pour la première fois dans un concours,
une charrue bisoc double, inventée par lui en 1878, mais qu'il n'a-
vait pas fait connaître avant d'avoir rendu la construction et le travail
irréprochables.
Par suite d'un essai, à l'insu du constructeur, dans un sol couvert
d'une couche de fumier pailleux, la charrue bourra et les contres
furent plies. Il fut donc impossible de juger son travail. Malgré cela,
je fus si frappé de l'utilité de cet instrument pour les labours de se-
mailles que j'en fis l'acquisition au mois de janvier 1882.
J'avais besoin d'une charrue polysoc pour labourer 8 hectares de
vignes en chaintres, et il me fallait un instrument facile à tourner et
n'exigeant pas une grande place au bout de la raie.
Dès le mois de février, j'employais le bisoc pour donner deux
Fig. 19. — Charrue bisoc double de Fondeur.
labours consécutifs à un champ destiné aux betteraves. La charrue,
attelée de quatre bœufs conduits par un homme, faisait un labour de
0"\6b de largeur et de 0"M6 de profondeur. En dix heures elle labou-
rait 1 hectare et le travail était très bon.
Dans les vignes en chaintres, plantées à 6 mètres, la manœuvre
était aussi facile que celle d'une charrue simple. A l'aide de la char-
rue bisoc double, j'ai pu labourer les champ, occupés par le trèfle
incarnat et les vesces, au fur et à mesure de la consommation de ces
fourrages. Bien que la terre ne fût pas meuble, quatre bœufs condui-
saient facilement la charrue.
J'ai semé du trèfle incarnat au mois d'août sur un labour de
0™.06 de profondeur, très régulièrement exécuté par le bisoc, attelé
de trois chevaux ou de deux bœufs.
Les champs destinés aux ensemencements de vesces, d'avoine d'hi-
ver et de froment, ont été labourés avec le bisoc double. La largeur
était de 0'°.65, et la profondeur atteignait 0'".2(). Quatre bœufs exécu-
taient facilement ce labour, même en terre non remuée. Un jeune
homme de seize ans suffisait pour conduire la charrue et les attelages.
Depuis le 1" mars jusqu'au 1" décembre 1882, ma charrue double
bisoc a labouré plus de 60 hectares sans avoir besoin de réparation.
Les socs sont aiguisés, lorsque le besoin s'en fait sentir.
Le prix de cet instrument est de 300 francs.
CHARRUE BISOG DOUBLE DE FONDEUR. 215
Les SOCS, les coutres et les versoirs sont en acier. Le corps de la
charrue, où s'attachent les versoirs et les socs", est en fonte malléable
de première qualité. Un talonnet s'ajoute sous le sep, de façon à pou-
voir être remplacé dès qu'il est usé.
La fig. 19 fait assez bien comprendre les détails de la charrue bisoc
double pour qu'il soit inutile de les décrire. L'avant-train et le régu-
lateur sont ceux que la maison Fon leur adapte à ses charrues doubles,
brevetées dès 1830, sous le nom de charrues à socs alternatifs de
France, dites Universelles-Fondeur.
La construction générale du bisoc ne laisse rien à désirer comme
solidité et facilité de règlement, il résulte des essais que j'ai faits avec
soin, que la charrue bisoc double, attelée de quatre bœufs et conduite
par un homme, fait facilement en dix heures 1 hectare en labour
moyen de 0".18à 0.20 de profondeur. Avec des chevaux on ferait
davantage. La terre ne colle pas aux versoirs et la charrue ne bourre
pas. L'usure des socs n'est pas plus grande qu'avec les autres char-
rues. Ils coûtent 14 francs et les versoirs 34 francs les quatre.
Quand la charrue bisoc double sera mieux connue, elle deviendra
d'un usage général dans les fermes qui labourent à plat. Elle pourra
exécuter tous les labours au-dessous de 20 centimètres de profondeur
avec autant de perfection que les meilleures charrues, et en économi-
sant deux bœufs et deux conducteurs, car elle fait autant de travail
que trois charrues. H. -S. de Larclause,
Directeur de la ferme-école de Montlouis (Vienne).
LES PRODUITS AaRIGOLES AU CONCOURS GÉNÉRAL
DE PARIS
Sont-ce les effets de la création du ministère de l'aorriculture ? ou
o
bien est-ce encore que les agriculteurs sortent de leur indifférence habi-
tuelle à l'égard des expositions? Je ne sais; mais quelle qu'en soit la
cause, l'on ne peut s'empêcher de constater l'éclat exceptionnel du
concours, le nombre sans cesse croissant des exposants de toute
nature. La section des produits agricoles et horticoles a eu, elle
aussi, à bénéficier de cette recrudescence de faveur, si bien qu'une
douzaine des sjrandes salles du Palais de l'industrie se sont trouvées
complètement bondées de produits de toute nature. Il serait donc diffi-
cile de rendre ici un compte exact de tous les lots exposés ou seule-
ment de toutes les récompenses obtenues ; je me contenterai de signaler
ceux qui m'ont semblé mériter une attention spéciale.
Et d'abord le prix d'honneur. Cette année encore, c'est l'horticulture
qui l'a remporté sur sa sœur aînée l'agriculture; ce qui, soit dit en
passant, a fait se plaindre bien fort producteurs et marchands agri-
coles. Et de fait n'y aurait-il pas lieu de séparer ces deux genres de
production qui, dans un concours, ne peuvent que difficilement être
comparés, ne présentant pas des points de similitude suffisante? Pour
qu'un produit agricole puisse être primé, il faut qu'il présente non
seulement des qualités de pureté de race, de forme, et qu'il soit le
résultat d'une bonne culture il est encore de toute nécessité qu'il puisse
être produit à bon marché, qu'il présente des qualités véritablement
économiques. Pour les productions horticoles, il n'en va plus de même.
Ici rentre en ligne de compte un coefficient puissant et qui n'a rien à
216 LES PRODUITS AU CONCOURS GÉNÉRAL DE PARIS.
faire en as^riculture, c'est la question d'œil, de goût, quelquefois même
de vogue momentanée. Que ce produit coûte cher ou non à produire,
cela ne fait rien à l'alfaire; pourvu qu'il réponde à un goût du jour et
qu'il montre l'intelligence et les soins du producteur, ce devront être là
des causes suffisantes pour qu'un jury l'examine avec attention et le
récompense.
Qu'une botte d'asperges par exemple ait coûté 20 ou 30 francs à
produire, qu'importe? pourvu qu'elle se vende 40 ou 50. En agricul-
ture il ne pourra jamais en être ainsi.
Telles sont les raisons qui me semblent militer en faveur d'une
séparation dans la distribution des récompenses entre les produits de
l'agriculture et ceux del'horticulture.
C'est à M. Etienne Salomon, l'habile et intelligent viticulteur de
Thomery, que le grand prix a été offert. M. Salomon est un chercheur ;
il a eu l'idée d'appliquer aux fruits le procédé de conservation par le
froid ; il y a pleinement réussi et au concours général chacun a pu
admirer des paniers de pêches et de poires d'été, le tout encadré de
magnifiques raisins. J'avoue que pour ce qui est des poires d'été :
William, Louise-Bonne, beurré d'Amanlis, etc., cela me laisse froid,
non pas au point de vue de l'expérience qui est très intéressante, mais
au point de vue de la valeur du fruit, lequel est avantageusement
remplacé par toutes nos excellentes poires d'hiver dont la qualité
dépasse certainement celle des fruits à maturation estivale. Il en est
autrement des raisins et surtout des pêches. C'est un véritable triomphe.
Si, en effet, l'on arrive à conserver couramment des pêches jusqu'en
janvier, il y a là toute une branche nouvelle de commerce. L'on re-
proche à ces fruits de ne pas avoir toute la saveur de ceux directement
cueillis sur l'arbre. Franchement, c'est être trop exigeant. D'abord ce
procédé est à sa naissance et il est probable qu'avec le temps il se per-
fectionnera; et puis une pêche en janvier, n'aurait-elle pas toute la
saveur du fruit frais, arrosée d'un vin généreux, constituera encore un
dessert précieux et le jury a été de cet avis puisqu'il leur a décerné
les palmes du prix d'honneur.
Je signalerai encore, sans quitter la salle des fruits, les poires et
pommes hors ligne envoyées par un exposant-marchand, M. Dupont,
de la rue d'Antin : des reinettes et du calville de toute beauté ainsi
que des doyennés d'hiver et des belles Angevines. Ces poires trompent
l'œil, d'une grosseur exagérée. Il y en avait de ces dernières qui
pesaientprès de deux kilogrammes! Une médaille d'or a été décernée
à ce marchand connaisseur. Sait-on ce que deviennent ces fruits de
choix? La presque totalité s'en va à l'étranger, en Angleterre, et surtout
en Kussie où on les paye plus cher que chez nous.
M. Louis Lhérault avait envoyé des asperges très belles assurément,
mais ne valant pas néanmoins celles de l'année dernière; il est vrai de
dire que le concours a eu lieu de meilleure heure que l'année passée,
et quelques jours suffisent pour apporter une notable différence dans
les produits d'un prinieuriste. Aicôté des bottes récoltées sur couche et
des griffes forcées, d'âges différents, il y avait une petite poignée
d'asperges produites par la pleine terre. C'est un résultat très beau que
d'arriver à cueillir, à la fin de janvier, des asperges en plein air. On
serait dans l'erreur si l'on attribuait cette précocité à une exposition
particulièrement chaude de l'aspergerie, ou bien encore à la douceur
LES PRODUITS AU CONCOURS GÉNÉRAL DE PARIS. 217
de cet hiver qui certainement y sont pour bien moins que le clioix
judicieux que M. Lhérault fait de ses porte-graines.
Plusieurs salles de l'exposition étaient occupées par des collections
de pommes de terre, riches d'un nombre énorme de variétés. Parmi
celles-ci, la collection de M. Mayeux, de Villejuif, se faisait particuliè-
rement remarquer par la pureté des variétés, le bon étiquetage et le
parfait état de conservation. Une médaille d'or lui a été décernée. La
médaille d'argent pour le même produit a été remportée par iM. Du-
doiiy; à lui encore ces superbes choux-raves et navets fourragers qui,
bien que d'une très grande beauté, n'ont remporté qu'une récompense
au-dessous de leur mérite. J'en dirai autant des graines de graminées
d'une pureté exceptionnelle qui avaient été présentées par le même
exposant.
Tout le monde sait quels sont les services croissants sans cesse que
rendent à l'alimentation du bétail les fourrages ensilés. M. le vicomle
A. de Chezelles s'est chargé de montrer au public du concours, par
des exemples multipliés d'ensilages pratiqués sur des plantes diverses,
à quels excellents résultats l'on peut arriver. De très belles photogra-
phies ont mis sous les yeux les vues des énormes silos couverts, dans
lesquels la conservation de ces fourrages est pratiquée.
C'est un lot de betteraves ovoïdes des Barres, à M. Cordier, direc-
teur de Fécole de Saint-Remy, qui a obtenu la plus haute récompense
destinée à ce genre de produits. Ces racines bien faites étaient de gros-
seur moyenne. Les betteraves les plus grosses sont loin d'être les
meilleures, à partir d'un certain volume moyen, l'excédent de poids
étant constitué en majeure partie par de l'eau.
Enfin beaucoup de blé, orge et avoine. Le jury a primé les blés
Victoria de M. Hardon et l'avoine noire de Brie de M. Couesnon, à
Auhioy.
C'est encore M. Cordier qui a eu la médaille d'or pour son orge de
Saint-Remy, dont la graine est d'une blancheur vraiment étonnante.
Le jury a fait un rappel de prix d'honneur en faveur de la maison
Vilmorin dont les beaux produits se sont trouvés par cela même hors
concours.
Les coUectinns présentées cette année, comme celles qui ont été
exposées précédemment par la maison Vilmorin, ont été composées
principalement en vue de permettre d'apprécier comparativement les
diverses races de plantes cultivées dans des conditions identiques.
Elles comprenaient d'abord une collection de céréales : blés, avoines,
seigles, orges et maïs, en gerbes ou échantillon à toute paille et en
grains. Dans cette collection il n'y a guère à signaler comme nouveauté
que l'avoine noire d'hiver de Belgique. Cette variété, aussi rustique et
productive qu'aucune autre avoine d'hiver, a l'avantage de donner un
grain noir.
Dans les racines fourragères : betteraves, carottes, navets, panais et
radis, il y a lieu de signaler la carotte rouge longue de Saint- Valéry,
très grosse, longue, extrêmement régulière de forme. On peut, à
cause de son grand rendement, la considérer comme carotte four-
ragère; mais sa qualité la rend tout à fait propre à servir de
légume.
Dans les pommes de terre, présentées seulement au nombre de
50 variétés environ, afm de ne montrer que des races tout à fait recom-
218 LES PRODUITS AU CONCOURS GÉNÉRAL DE PARIS.
mandal)les, les variétés Eléphant et Géante représentaient les nouveau-
tés. Toutes deux conviennent surtout à la grande culture.
La collection des fourrages comprenait la série des graminées,
celle des légumineuses et quelques autres plantes, en échantillons secs
et en graines. Parmi les graminées, le brome inerme, entré depuis deux
ou trois ans dans les cultures, est la seule planferelativement nouvelle.
La collection des choux fourragers, choux-navets et rutabagas,
choux-raves et choux frisés, complétait l'exposition avec les betteraves
à sucre, qui composent, avec les lins et chanvres, la série des plantes
industrielles. Dans les betteraves à sucre, on remarque la gradation
des races, de plus en plus riches en sucre, et en même temps de
moins en moins volumineuses. Elles représentent bien ce qu'on a
cherché à obtenir en les fixant, c'est-à-dire aux divers degrés de l'é-
chelle de rendement agricole, le maximum de richesse saccharine
compatible avec ce rendement.
Enfin, parmi les racines fourragères, nous signalerons les radis
fourragers à grand rendement qui, moins sensibles aux attaques des
insectes que les navets, au moment de la levée, donnent en culture
dérobée de bonnes récoltes de racines nutritives et volumineuses.
Jean Dybowski.
LE TABAC EN ALLEMAGNE
Mes chers lecteurs, beaucoup d'entre vous ont certainement par-
couru l'Allemagne. En arrivant dans la patrie de Hegel et de Klopstock,
ils ont été immédiatement frappés par quelque chose qui ne rappelle
nullement l'objectif et le subjectif, le moi et le non-moi; ils ont senti
une odeur de tabagie qui ne les a plus quittés pendant toute la durée
de leur séjour. L'Allemagne est, en effet, un immense estaminet où tout
le monde boit de la bière et fume. Bien que les institutions aient
encore un certain cachet aristocratique (de simples bourgeois comme
vous et moi ne sont pas hoffàhig, ce qui veut dire digne d'être reçu à
la cour), les mœurs sont démocratiques. L'estaminet ou la kncipe est
fréquenté à Berlin et à Munich par les ministres. Les chefs des diffé-
rents partis parlementaires trouvent parfaitement naturel de convoquer
leurs amis politiques dans une brasserie enfumée, et de discuter leurs
plans de campagne en vidant des pots de grès, et mangeant du pain
de seigle, de la choucroute et du lard. Il n'est donc pas étonnant que
l'Allemagne consomme d'énormes quantités de tabac. La consomma-
tion annuelle s'élève à environ 2 kilog. par tête d'habitant. Je vais
d'abord examiner la culture nationale en 1882.
Parcelles. ^^^^
Nombre de planteurs. Au-dessous de 4 ares. + 4 ures. Total. Superficie .
Prusse
Bavière
Saxe , . . . .
Wurtemberg
Bade
Hesse
Mecklembourg
Thurinfïe
Brunswick
Anhult
Alsace-Lorraine. . . .
124,828
122,635
23,295
145,930
ares.
536,431.4
22,859
5,545
35,143
40,688
530,226.7
125
130
8
138
163.8
3,042
1,821
1,948
3,769
20, .529. 7
37,155
4,665
54,958
59.623
700,555.1
3,755
786
6,427
7,213
97,769.2
947
903
323
1,226
14,/i04.5
1,258
824
1,538
2.362
15,464.8
608
575
104
679
2,919.1
835
255
1,025
1,280
U,432.7
19,6i3
10,890
20,671
31,. 5611
2'-2 ,816.5
215,048
149, 0-29
145,440
294,469
2,225,713.5
LE TABAC EN ALLEMAGNE. 219
La surface plantée en tabac couvre 22,257 hectares, en diminution
de 4,987 hectares sur 1881 . La récolte dépasse 50 millions de kilog.
et produit environ 40 millions de marcs. Le rendement est évalué à
20 ou 22 quintaux métriques par hectare; le prix moyen est estimé à
72 marcs le quintal en 1880-1881, et à G7 marcs 50 en 1881-1882.
Depuis 1881, les droits sur le tabac indigène sont fixés à 30 marcs
par quintal pour la tabac fermenté sec, ce qui équivaut à 24 marcs
pour le tabac brut sec. Je vais examiner maintenant le commerce inter-
national. Les chiffres sont relatifs à 1881.
Importation. Exportation. Excédent Excédent
d'importation. d'exportation.
q. m.
1 Feuilles... 185,081 28,486 106,595
2 Carottes de tabac 20,678 2 20,676
3 Jus 674 74 600
4 Cigares 3,569 3,405 164
5 Cigarettes 253 812 — .559
6 Feuilles préparées... 7 8,219 — 8,212
7 Résidus 1 57 — 56
8 Tabac à priser 147 567 — 420
9 Tabac à chiquer 16.5 95 70
10 Tabac à fumer 4,048 589 a, 459
Les articles 1, 2, 3, paient 85 marcs par 100 kilog.; les articles
4 et 5, 270 marcs, les articles 6, 7, 8, 9 et 10, 180 marcs en vertu de
la dernière loi. Voici comment se répartissent les recettes douanières
perçues d'après ces taxes :
Articles. 1881. Articles. 1881.
marcs. marcs.
1 15,731,6.58 6 1,260
2 1,755,097 7 IhO
3 57,V90 S 26,460
4 960.930 9 29,700
5 68,310 10 728,299
L'importation dépasse le tiers de la production nationale. L'impôt
sur le tabac indigène et étranger rapporte environ 30 millions de
marcs. C'est une somme absolument dérisoire comparativement aux
receltes françaises. J'ai déjà montré, dans ces colonnes, que l'impôt
sur l'alcool et sur la bière est très faible. On se trompe étrangement
quand on parle des embarras financiers de l'Allemagne. Je ne puis
qu'effleurer ici cette question; je renvoie pour l'examen complet les
lecteurs du Journal de l' agriculture aux études sur les finances alle-
mandes, que j'ai publiées dans le Journal des Economistes.
Paul MULLEII.
CONCOURS GËNÉMUX AGRICOLES DE PARIS. — II
Nous donnons aujourd'hui, dans les fig. 20 à 22, la reproduction
des bandes d'animaux, dans les races bovines, ovines et porcines,
auxquelles les prix d'honneur ont été attribués.
Pour les bœufs, le lauréat du prix d'honneur a été M. Gustave
A'altau, éleveur à Yindelle (Charente), qui exposait une bande de
bœufs durham-manceaux (fig. 20). Ces animaux pesaient ensemble
3,181 kilog. ; ce poids se répurtissait comme il suit : un bœuf âgé de
38 mois et 10 jours, pesait 772 kilog. ; le deuxième, âgé de 42 mois,
pesait 772 kilog.; le troisième, âgé de 42 mois et 15 jours, pesait
220
CONCOURS GÉNÉRAUX AGRICOLES DE PARIS EN 1883.
840 kilo^. ; le quatrième, âgé de 44 mois, pesait 797 kilog. — Le
mérite du lauréat, nouveau venu pour cette haute récompense, est
d'autant plus grand qu'il avait à lutter contre quelques-uns des
engraisseurs les plus réputés.
C'est la première l'ois que nous vo^'ons la race mérinos prendre
place dans les grandes boxes d'honneur. La bande qui a valu la coupe
à M. Paul Delamarre, éleveurs à Eprunes (Seine-et-Marne), était com-
posée de 1 5 moutons âgés de 1 7 mois et pesant ensemble 1 ,075 kilog. ;
c'est un poids moyen de près de 72 kilog. par tête. C'est un poids
remarquable, non seulement pour la race mérinos, mais même pour
la plupart des autres races. La feime d'Eprunes est depuis longtemps
Fig. 20. — Bande de bœufs durham-ffianceaux, rouges et blancs, exposés [ar M. Valtau, à
Vindelle (Charente), prix d'honneur au Concours général de Paris, en 1883.
célèbre ; le nouveau laurier qu'elle a conquis vient se joindre aux
nombreux prix: qu'elle a déjà remportés.
En ce (|ui concerne les bandes de porcs, la lutte a été vive entre les
races françaises et les races étrangères. Lo principal champion des
races françaises était M. Ch. Dumontier, l'habile éleveur de Claville
(Euro), qui a exposé plusieurs bandes de porcs normands justement
remarqués. Finalement la victoire est restée aux porcs yorkshire.
Les trois animaux composant cette bande étaient âgés de 11 mois et
25 jours, et pesaient, l'un 206 kilog., le deuxième 212 kilog., et le
troisième 232 kiiog.
Ce n'est pas sans une certaine émotion que le concours a été clos.
M. Heuzé, commissaire général, ayant acquis la preuve que de fausses
déclarations avaient été faites par plusieurs exposants, a mis le
séquestre sur un certain nombre d'aninuiux primés.
Au premier rang des animaux séquestrés, se trouve la bande de
porcs pour laquelle le prix d'honneur a été attribué. L'exposant était
un M. Vedel, à Noyant (Allier). Or, il se trouve que ce M. Vedel est le
domestique de i\I. Henry père, à Noyant (Allier), lequel a exposé
CONCOURS GÉNÉPACX AGRICOLES DE PARIS EN 1883.
221
SOUS quatre noms, le sien, celui de ses deux fils et celui de son
domestique.
Le prix d'honneur, deux autres prix, et deux mentions honorables,
ont été ainsi gagnés frauduleusement.
La même mesure a été prise pour le porc qui a remporté le prix
d'honneur. M. Chaminade, à Pantin (Seine), n'est ni éleveur ni
engraisseur, mais simplement commissionnaire à la Villette. Les ani-
maux qu'il exposait, ainsi que son associé M. Berger, ne leur appar-
tenaient pas depuis le temps prévu parle programme.
Enfin, M. Lucien Larrouy, à Aixe-sur-l'Adour '.Landes), exposait
sous son nom et sous celui de son liis âgé de huit ans. 11 a pu ainsi
obtenir quatre prix et une mention honorable.
Ces faits sont l'objet d'une enquête sévère. On affirme que des
délits semblables ont été commis par des exposants dans l'espèce
bovine.
L'exposition des volailles était extrêmement remarquable. Le fait
capital qui en ressort est celui-ci : c'est que, dans la basse-cour comme
Fig. 21. — Bande de moutons mérinos, âgés de 17 mois, pesant ensemble 1,075 kilog., exposés
par M. Faul Delamarre, à Éprunes (Seine-et-Marne), prix d'honneur au Concours général du
palais de l'Industrie, à Paris, en 188'3.
dans les étables et les bergeries, on s'attache de plus en plus à l'éle-
vage des animaux de race pure. Les races françaises de poules sont de
plus en plus recherchées, en même temps que l'on continue à faire des
efforts persévérants pour les améliorer au point de vue de la produc-
tion de la viande et de la rapidité du développement. On a retrouve
dans la liste des prix, que nous avons publiée la semaine dernière,
les noms de ceux qui se placent à la tête de ce mouvement ; citons
notamment M. Lemoiue, à Crosne (Seine-et-Oise); M. Voitellier, à
Mantes (Seine-et-Oise); MM. Faicy, à Foulietourte (Sarthe), etc. L'im-
portance de leur exposition démontre aue celte belle industrie est en
pleine voie de prospérité.
A cette occasion, nous annonçons avec plaisir que M. Lemoine
va commencer à publier, sous le titre Le Poussin^ une revue heb-
domadaire spéciale aux intérêts de la bassecour; nous lui souhaitons
le plus complet succès.
Après les races gallines, celles des canards sont celles auxquelles
les éleveurs ont fait faire le plus de progrès; c'est ce qui ressort
encore de l'exposition. Des pigeons nous ne dirons rien; le nombre
222 CONCOURS GÉNÉRAUX AGRICOLES DE PARIS EN 1883.
des variétés est devenu tellement élevé qu'il est à peu près impossible
de s'y reconnaître si l'on n'a pas à sa disposition un fil d'Ariane que
nous ne possédons pas.
Les exposants d'animaux de basse-cour se divisent en deux catégo-
ries : ceux qui élèvent, c'est-à-dire les exposants producteurs; ceux
qui achètent pour revendre, c'est-à-dire les exposants simplement
marchands. Dans les autres parties du concours général, qu'il s'agisse
de produits agricoles, de beurres, de fromages, etc., ces deux classes
d'exposants se retrouvent, mais on les fait concourir dans des catégo-
ries séparées. Ici, au contraire, il n'y a aucune distinction; produc-
teurs et marchands sont confondus dans une promiscuité complète.
Cette situation présente des inconvénients sur lesquels il est inutile
d'insister. Nous pensons qu'il y a là une réforme à opérer, réforme
qui serait facile, et pour laquelle il n'y aurait qu'à adopter les erre-
ments qui servent de base à la classification dans les autres parties du
concours.
Un mot, en terminant, sur l'industrie des couveuses artificielles.
Fig. 22. — Bande de porcs yorkshire-middlesex, âgés de 11 mois 25 jours, pesant ensemble
6.50 kilog., ayant remporté le prix d'honneur au Concours général du palais de l'Industrie, à
Paris, en 1883.
Cette industrie continue à être prospère, ainsi que nous l'avons déjà
constaté l'an dernier. Les appareils réellement pratiques étaient nom-
breux à l'exposition. Ce n'est plus que par des détails, souvent même
peu apparents, que ces appareils se distinguent les uns des autres. A
côté des couveuses, les poulaillers, leur petit mobilier, les parcs et les
volières se présentent avec une variété et une bonne construction qui
étaient tout à fait inconnues il y a quelques années seulement.
Henry Sagnier.
PLANTES SANS TERRE ET AVEC TERRE- - V*
LES FLEURS EN HIVER SUR FENÊTRES.
§ L Les plantes en appartemcîit. — Existe-t-il des règles sûres pour
conserver les plantes en appartement?
Je ne crois pas que l'amateur puisse se poser un problème plus
1. Voir le Journal des 23 et .30 septembrej 21 octobre et 2 décembre, pages 494 et 537 du
3' volume, et pages 102 et 339 du 4° volume de 1882.
PLANTES SANS TERRE ET AVEC TERRE. 223
difficile, car il se complique de circonstances, diverses dans cliaque
intérieur, d'exposition, de lumière, d'aération, de soins particuliers.
Pourtant si une pratique peut réussir partout et toujours, elle con-
sisterait à mettre les plantes à l'intérieur dans des conditions aussi
peu différentes que possible de celles qu'elles avaient dans leur précé-
dent habitat. Demander, comme Rozier, que dans les soins à donner
aux plantes l'on ait égard à leur mode de végétation dans les pays
d'origine, ce serait exiger de l'amateur en chambre des notions de
géographie botanique, indispensables au spécialiste, mais encore trop
peu répandues.
Quand il s'agit de végétaux de serre chaude, il est évident que ces
plantes exotiques, étiolées par une culture tout artificielle, le devien-
dront encore plus en ne recevant qu'obliquement la lumière qui leur
arrivait par en haut à travers le vitrage de la serre. Déjà affaiblies, elles
ne pourront supporter une température un peu différente. Mais la
question est moins d'obtenir un certain degré de chaleur que de la
maintenir égale. En effet, ces végétaux n'éprouvent jamais dans leur
pays d'origine les variations auxquelles nous les soumettons. Nul
doute que les perfectionnements dans les systèmes de chauffage, qui
permettent de régler exactement la température des serres, n'ait con-
tribué à l'introduction, considérable en ces derniers temps, des végé-
taux de haut ornement. Mais qu'on voie, après des fêtes officielles,
l'état piteux et dévasté des plantes rares qui sortent des salons, des
escaliers, des vestibules, oi^i elles n'ont fait qu'apparaître, on sera vite
édifié sur la difficulté de les faire vivre dans nos maisons. Est-il
besoin de remarquer que l'habitude d'ouvrir le matin les pièces oii sont
les plantes leur est, surtout en hiver, particulièrement funeste en les
frappant subitement de l'air froid du dehors. Les végétaux de serre
chaude ne supportent pas ces saccades dans la température. Quel-
ques-uns de serre tempérée et un grand nombre de serre froide,
plus résistants, les subissent mais prennent cet aspect terne et triste
qui caractérise partout et comme uniformément les plantes en appar-
tement.
On groupe les plantes à l'intérieur dans les endroits oii elles font le
plus d'effet sans s'inquiéter de leurs besoins. Est-ce donc pour qu'elles
restent immobiles, comme y étaient condamnées les plantes avec terre,
que la mousse fertilisée qu'on peut lui substituer permet de les
déplacer avec la plus grande facilité ? Rien de plus expéditif que de
les disposer d'une façon décorative les jours de réception et de les
reporter les autres jours en pleine lumière dans les embrasures des
croisées.
Il faut le dire surtout, presque toutes les plantes en appartement
meurent d'excès d'arrosements. Quand une plante commence à être
malade, on croit le plus souvent qu'elle a soif, et par l'eau surabon-
dante on introduitdans les terreaux riches en humus une fermentation
putride mortelle aux plantes et nuisible aux personnes délicates et
sédentaires. L'incertitude desavoir si une plante en pot a besoin d'eau
est un des principaux écueils de sa conservation à l'intérieur. Cette
difficulté qui exige beaucoup d'attention, beaucoup de discernement
pour les plantes avec terre, n'existe pour ainsi dire pas pour les plantes
sans terre. La légèreté de la mousse qui entoure les racines indique
avec certitude le besoin d'eau pour compenser l'évaporation produite.
224 PLANTES SANS TERRE ET AVEC TERHE.
D'ailleurs, placées souvent dans des vases ajourés sur les côtés et même
par le fond, elles sont constamment drainées, et, lors même qu'elles
seraient mises dans des vases clos à la base, il suffirait de faire écou-
ler l'eau en penchant le vase pour qu'elle ne restât jamais stagnante.
Les plantes deserre froide supportent le mieux les conditions défec-
tueuses de lumière, d'aération, les inégalités de température dans nos
appartements. Elles sont déjà habituées à la réclusion et admettent
une température qui correspond avec celle do nos maisons, oscillant
entre -f- 20 et 0. Les broméliacées, si décoratives que leurs feuilles
parfois valent des fleurs, sont entre toutes précieuses par leur résis-
tance au mal, leur insouciance des négligences qu'on leur fait subir.
Elles préféreraient même l'absence de soins à des arrosements
intempestifs.
Mais veut-on introduire dans nos maisons les plantes plus rustiques
qui, tant qu'il ne gèle pas, peuvent rester en pleine terre et passent
l'hiver sous châssis froid, ou bien les vivaces qui endurent au jardin
les plus basses températures, ces plantes à l'intérieur deviennent
misérables, s'étiolent, jaunissent et cessent de fleurir. Car il est aussi
préjudiciable aux végétaux de plein air d'être transférés d'un milieu
froid où l'air est renouvelé dans une pièce chauffée oii l'air est raréfié
et chargé de poussière, qu'aux plantes exotiques déjà étiolées dans les
serres de subir des variations subites et multipliées de température.
Pourtant ce sont ces plantes robustes, rendues résistantes par la vie
et les aventures à l'air libre, qui peuvent fournir des ressources encore
inconnues à la décoration florale pour les habitants des villes, et (jui
permettent d'établir des règles assurées d'une nouvelle culture sur
fenêtres.
Quand on rentre en appartement à la fin de l'automne des plantes
cultivées à l'air libre ou qui sous châssis ont été très aérées, il est
essentiel de les placer tout d'abord dans des pièces non chauffées.
Sinon, très vigoureuses quand on les rentre, elles jauniront peu à peu
parce qu'elles auront passé par une transition trop brusque du plein
air à un air raréfié, insuffisamment renouvelé. Les feuilles fonc-
tionnent mal, et de vertes qu'elles étaient elles passent à la couleur
jaune plus ou moins claire suivant le degré de l'altération du paren-
chyme. Deux aralia papyrifera de même force, dont les racines en
pleine terre avaient 0".45 de diamètre, rentrés au 15 novembre du
jardin où ils étaient au coup du vent, furent rempotés en sable et
mousse fertilisée, et placés l'un dans une grande pièce suffisamment
éclairée mais chauffée de 12 à 14 degrés, et l'autre dans une anti-
chambre sans feu, ouverte sur un escalier dont l'air est constamment
renouvelé. Les feuilles du premier fléchirent en quatre jours, et aujour-
d'hui encore, '20 janvier, le second, très bien portant, poursuit sa végé-
tation normale.
Tout ce que les plantes demandent, aux approches de la saison
rigoureuse, c'est un peu d'accalmie contre les pluies, les neiges, les
vents, le gel et le dégel; un peu d'abri, rien de plus. Mais loin de là;
à un excès d'agitation des tiges et des racines, à leur secouement
presque sans trêve par la tourmente des rafales, on remédie par un
excès contraire d'immobilité, d'obscurité, de réclusion. De l'air âpre
mais sain qui rougit les dernières corolles comme lesjoues de l'enfant
après une course rapide, on transporte les plantes dans des pièces sur-
PLANTES SANS TERRE ET AVEC TERRE. 225
chauffées par des poêles ou des calorifères, où elles n'ont qu'une
lumière oblique et diffuse et une ventilation défectueuse. Nous remuons
nous, et incessamment par la marche allons chercher Pair pur dont la
vie sédentaire prive nos poumons. La plante en chambre attend qu'on
lui renouvelle l'air et que l'air la renouvelle — l'agitation de Fair
c'est son mouvement — et on lui prodigue Pétiolement et la phlhisie.
Trop d'arrosements, trop de chaleur, trop de réclusion, sans voir que
l'air qu'elle avait à outrance au dehors et dont on la prive presque
absolument à l'intérieur est pour elle une nécessité qui prime toute
autre. On pourrait dire de la plante qu'elle est surtout un composé
d'air, et l'on expliquerait ainsi pourquoi elle vit si bien sans terre.
En résumé, le séjour des plantes dans nos maisons est un contre-
sens physiologique. Il y a impossibilité pour elles à y vivre bien et
durablement; la destination d'un appartement étant d'être clos, c'est-
à-dire fermé à l'air qui se renouvelle, privé de la lumière de la voûte
du ciel, conditions naturelles indispensables aux plantes. On ne peut
les préserver d'ailleurs de la poussière asphyxiante qui s'y dépose des
murs, des meubles, des tapis, des tentures. Si des plantes exotiques,
qui n'ont chez nous qu'une vie artificielle, qui ontété habituées toutes
jeunes à l'air raréfié d'une serre, paraissent s'accommoder du régime
cellulaire, il faut surtout tenir compte des soins chaque jour mieux
entendus : choix des plantes, aération des racines, lavage des feuilles,
arrosements en rapport avec l'évaporation, exposition à la plus grande
lumière possible, égalisation de température. Mais ces palliatifs plus
ou moins efficaces pour soutenir le semblant de vie d'exilées délicates,
de frileuses anémiques, sont insuffisants pour les exigences d'indigènes
robustes qui ont vécu toujours à l'air libre et demandent l'air avant tout.
La solution pour ces dernières serait, en tournant la difficulté, de les
placer non plus à l'intérieur sans air, mais à l'air sur fenêtres, oii un
peu abritées et soustraites à la fois à l'excès des intempéries du jardin
et à l'atrophie d'une pièce close, elles trouvent l'air et la lumière dont
elles ont besoin.
En mettant sans terre des plantes de jardin qui marquaient fleur à
la fin de l'automne, j'observai bientôt que la floraison s'accomplissait
très bien et durait extraordinairement quand elles étaient protégées
des intempéries. J'ai cru jusqu'à l'automne dernier que ces plantes
devaient être tenues sous bâche ou en appartement, c'est-à-dire
garanties par une vitre. C'était une erreur. A l'air, sur le rebord
extérieur d'une fenêtre, elles sont au hioins aussi durables, et beau-
coup mieux portantes, plus fraîches et plus belles.
Ce sont ces résultats que je vais exposer. Ils me semblent avoir
une portée considérable, car ils s'obtiennent sans chauffage, sans
frais, avec le minimum de soins. Ils changent, simplifient, étendent
la culture sur fenêtres, la seule possible à l'immense majorité des
amateurs de plantes qui n'ont ni serre ni jardin.
(La suite procliainemenl). Alfred Dumesnil.
RÉCOLTE DES POMMES DE TERRE EN 1882 '
M. Berge, cultivateur aux Mossus, donne connaissance de la note
suivante :
1. Discussion au Coniice de Lunévilie.
226 RÉCOLTE DES POMMES DE TERRE EN 1882,
(( Les dix variétés de pommes de terre qui suivent ont été plantées
dans un terrain homogène, sablonneux, graveleux, très perméable, en
très bon état de culture et de fumure. Les tubercules de semences
pesaient 40 grammes l'un ; dans la plantation, les lignes étaient espa-
cées de O'^.TO et les pieds étaient distants de 0"\41 sur la ligne, ce
qui fait que chaque pied occupait une surface de 0"'.287 ; il y avait par
conséquent 34,843 pieds à l'hectare, et les semences employées à
l'hectare pesaient 1,393 kilog. Chaque lot, placé côte à côte, compre-
nait 100 pieds. Dans ces conditions, les résultats ont été les suivants :
Glas- Noms Poids Rendement Pieds
se- des des à man- Observations,
ments variétés. lots. l'iiectare quants.
1 Magnum-bonum 81.0 28,222
2 Champion 79.0 27,525 3 llcilog. de tachées.
3 Van-der-veer(f. t.) 75.0 26,132 q 1 kilog. 5 de tachées.
4 Id (ord.)... 71.0 24,738
5 Earlv roses 65.0 22,647 3
6 Chardon (nouv.) 64.0 22,299
7 — (anc.) 57.0 19,860
8 Rouges tardives 57.0 19,860
9 Red skiimed 54.0- 18,815 3
20 Jeuxey 47.5 16,oo0 1
M. Paul Genay développe ensuite verbalement les observations
résumées dans la note suivante :
« J'ai continué à observer, comme je le fais depuis plusieurs
années, la valeur comparée des quelques variétés de pommes de terre,
qui ont la réputation d'être les plus profitables à l'agriculture.
(( Les observations que j'ai faites depuis 1876, m'ont a mené à faire
sortir du champ d'étude et à introduire en grande culture celles des
variétés qui me paraissaient réunir la plus grande somme des quali-
tés que recherche le cultivateur. On remarquera, heureuse coïncidence
pour l'étude mais pas pour moi, que cette mise en grande culture se
fait dans une année, dont l'été et l'automne ont été très pluvieux, ce qui
est tout à fait défavorable aux pommes de terre, lesquelles sous l'in-
fluence de l'humidité, ont été affectées directement dans la quantité
du produit et aussi par la maladie. Aussi paarra-t-on bien juger de la
résistance de certaines variétés à la maladie et à l'humidité, dans un
sable siliceux compact à sous-sol imperméable mais drainé.
« Le tableau I renferme les résultats obtenus en grande culture :
Noms Produit à l'hectare,
des Surface ' "■— — " ' ■ Maturité,
variétés. cultivée. Saines. Tachées dures.
fi- a. kil. kil.
Van-der-veer 7.20 12,000 5,000 1 octobre.
Magnum Bonum 5.70 14,000 500 5 septembre.
Red-Skinned 3.00 9,000 2,000 25 septembre.
Champion...., 0.46 20,625 1,100 1 octobre.
•leuxey 2.50 11,250 500 1 septembre,
Early rose 0.85 15,000 1,000 15 août.
Merveille d'Amérique > 0.20 7,000 15 septembre.
Van-der-veer. — Les tubercules coupés pour la semence ont donné une mau-
vaise levée, un quart des plans a manqué. —
Les tubercules récoltés avaient une très irrégulière forme, les féculiers se plai-
gnaient de ne pouvoir les laver convenablement et par conséquent de ne pouvoir
faire de belle fécule.
Magnum-Bonum. — Les tubercules coupés pour la semence ont aussi bien
poussé que les non coupés. Tubercules très nombreux, pas très gros, de très belle
forme, lisse, ovoïde. Excellente qualité ordinaire. Les tubercules s'étendent au
loin autour du pied.
Red-Skinned. — Les tubercules coupés pour la semence ont très mal levé, envi-
RÉCOLTE DES POMMES DE TERRE EN 1882. 227
ron un tiers des plants a manqué, ce qui est cause de l'abaissement du produit.
Les tubercules restent groupés autour de la tige, ils sont gros et peu nombreux.
Ils se gardent mal en cave cette année.
Champion. — Les tubercules coupés pour la semence ont bien levé. Les tuber-
cules sont nombreux sous le pied, de forme ronde légèrement aplatie, yeux assez
profonds. De bonne quabté pour la cuisine.
Jeuxey. — Cette variété a, d'une manière générale, peu produit cette année. Les
pommes de terre sont de bonne qualité culinaire.
Early rose. — Plantée dans un sable graveleux sec. Li qualité culinaire est
inférieure cette année.
Merveille d'Amérique. — Une quantité énorme de tubercules étaient entière-
ment pourris à l'arrachage.
« Les observations faites en grande culture sont aussi corroborées
par celles faites au champ d'étude, lequel a été établi au milieu d'une
pièce plantée en pommes de terre. Cliaqne variété, dans ce champ
d'étude, possédait 100 pieds, l'espacement de 0"'.70 sur 0'".40
était le même pour toutes les variétés, le poids des semences |par
pied était de 40 grammes. (Un même poids de semence occupait
donc une même surface de terre.) Les semences étaient des tubercules
entiers.
« Le tableau renferme les résultats donnés par le champ d'expé-
rience :
Valeur
comparée des
Noms Produit Richesse loo kilog.
des à pour 100 de pommes
Variétés. l'iiectare. en fécule verte, de terre.
Van-der-veer ;2.000 21.5 4.95
Magnum-Bonum 15,000 34.0 5.55
Red-Skinned 13,000 215 4.95
Champion 22,000 28.0 (5.55
Jeuxey J0,500 22.5 5.20
Merveille d'Amérique 14,000
■Rouge tardive 11 ,000
Chardon 16,000 16 5 4.45
Le produit renferme les pommes de terre saines et tachées dures ; la récolte a
été faite au fur et à mesure de la maturité, afin de ne pas avoir de tubercules
pourris dont on n'aurait pas pu constater le poids.
Les essais pour la fécule ont été faits, trois fois pour chaque variété, à la
main avec une râpe de ménage, en râpant pour chaque fois la moitié des tuber-
cules d'un poids de 2 kilog. et en ayant soin de râper chaque tubercule dans le
sens de la longueur de la pomme de terre. La pulpe obtenue a été lavée sur un
tamis n» 100. La fécule a été ensuite lavée deux fois sur le même tamis, puis
laissée égouter sur des toiles pendant douze heures.
3. Le prtx de la fécule verte est porté à 24 fr. les 100 kilog. en déduisant
Ofr.25 par chaque 100 kilog. de pommes de terre, somme estimée valoir, avec
les pulpes, les frais de fabrication de la fécule verte.
M. Parmentier dit que dans un bon sol sablonneux et avec la Van-
der-Veer à fortes tiges, dont il a eu la semence chez M. Genay, il a
obtenu 30,000 kil. à l'hectare d'une bonne pomme de terre pas tachée;
il avait planté les tubercules entiers et il n'a pas eu de manque.
M. PoiREL, d'Athienville, a coupé les gros tubercules de Van-der-
veer, il a fait les mômes observations que M. Genay, quant à la levée
et à la maladie, M. Poirson, de Damelevières, parle dans le même
sens. M. André, de Mattevey, confirme les dires précédents au sujet
des Van-der-Veer ; il cultive aussi la Red-Skinned dont il était fort
content jusqu'ici, mais cette année elle a mal levé et les tubercules
se pourrissent à la cave.
M. René Collesson fait observé que son père évite la pourriture en
2*28 RÉCOLTE DES POMMES DE TERRE EN 1882.
Ccave en saupoudrant ses pommes de terre avec de la cliaux au fur et
à mesure de la mise en cave. Cette année, il n'a cultivé que des Ma-
gnum-Bonum, il n'en a pas eu de tachées, mais le rendement laisse à
désirer, il a eu le bas de ses pièces complètement noyé.
M. Berge fait remarquer, au sujet des Van-der-Veer, dont il avait
une grande quantité, que dans les sables doux et secs, la forme des
tubercules a été fort Ijolle; c'est seulement dans les terres fraîches et
plus fortes que l'on a à se plaindre de la forme et de la pourriture.
M. Gena.y sait que chez Al. Suisse, la Van-der-veer sest comportée
comme à Bellevue, tandis que la Red-Skinned a donné une fort belle
levée, très régulière, quoique les tubercules employés comme semence
ait été coupés. La Magnum-Bonum a été à Moncel à peu près indemne
quant à la maladie. M. Genay ajoute que cette dernière observation a
été faite aux Merchines par M. Miilon, et aussi sur un autre point de
la Meuse. Tous les membres présents qui ont cultivé cette variété
conlirment le fait sans exception. M. l'abbé Harmant, directeur de
l'orphelinat agricole de Haroué, a bien voulu communiquer au Comice
les observations qu'il a faites sur les pommes de terre.
Comme rendement, ce sont, pdir ordre, la Red-Skinned, la Magnum-
Bonum, la Yan-der-Vcer (fortes tiges), la Jeuxey, la Chave, le Bailly
rouge et la Séguin qui ont fourni le plus.
La Merveille d'Amérique et la Grampian étaient à peu près indemnes
de pourriture, la Red-Skinned abien résisté aussi atout point de vue;
cette variété semble devoir être préférée à toute autre dans les fortes
terres. Ses produits sont énormes et ce n'est jamais au détriment du
nombre des tubercules; parmi les nouveautés, c'est celle qui de beau-
coup rallie le plus de suffrages, sa qualité n'est qu'ordinaire au niveau
cependant des autres pommes de terres de grande culture.
L'ensemble de ces observations prouve bien une fois de plus, dit
M. Noël, président, combien oa doit être sobre de conclusions en
agriculture; les années ont une influence énorme sur les produits du
sol, en quantité comme en qualité. M. le président remercie les men-
bres du Comice qui ont communiqué à la réunion le précieux résultat
de leurs observations pratiques, sur le terrain.
SESSION DE LA SOCIÉTÉ DES AGRICULTEURS
DE FRANGE. — IL
Après la séance d'ouverture dont nous avons rendu compte, les tra-
vaux delà Session ont commencé.
Séance du 30 janvier. — La plus grande partie de cette séance est
consacrée à la lecture de rapports sur les concours ouverts par la
Société.
Tout d'abord, M. H Vilmorin fait connaître les résultats du concours
ouvert pour la culture du blé dans les départements des Basses-Alpes,
de l'Hérault et delà Vendée. — Dans les Basses-Alpes, trois prix sont
décernés : 600 fr. à M. de Lotts, à Saint-Tulle, qui a obtenu 25 hec-
tolitres à l'hectare; 200 fr. à M. Dherbès, à Manosque, qui a obtenu
22 hectolitres par hectare; 200 fr. à M. Liforest, à la Grande-Bastite,
qui a obtenu le même rendement. — Dans l'Hérault, un prix unique
est attribué à M. Marignan, à Marsillargues, qui a obtenu 25 hecto-
litres par hectare. — Dans la Vendée, quatre prix sont décer-
SESSION DE LA. SOCIÉTÉ DES AGRICULTEURS DE FRANCE. 229
nés : 400 fr. à M. Auguste Vincendeau, à Siint-Philbert; 300 fr.
à M. Bridonneau, àThonarsais ; 200 ff. à M. Charpentier, à Bel-Air;
lOO fr. à M. Pierre Vincendeau, à l'Acheneau.
Sur le rapport de M. de MonicauU, relatif au prix Léonce de
Lavergae, deux médailles d'or sont décernées à Î\I. Nicolas, professeur
départemental d'agriculture à Oran (Algérie), et à M. Dufourc-Bazin,
professeur départemental dans les Landes. — Sur le rapport de
M. Blanchemain, le prix Aultmann est attribué à M. Massé, éleveur à
Germigny (Cher), pour son troupeau de moutons.
Il eàt donné lecture d'un rapport de M. Bordet, sur les griefs de
l'agricnltiire. D'après ce rapport, ces griefs peuvent se résumer dans
les propositions suivantes : 1° l'agriculture n'est pas représentée aussi
bien que l'industrie; les chambres consultatives ne se réunissent pas,
elles sont du reste, à la nomination des préfets; 2° l'agriculture n'a pas
le même crédit que l'industrie, il est urgent que le projet de loi sur le .
crédit agricole mobilier déposé le 20 juillet dernier au Sénat par le
gouvernement soit voté au plus tôt; 3" l'ap^ricullure paye plus que sa
part dans les charges publiques; la propriété rurale paye 24 pour 100
de son revenu, la propriété urbaine 20 pour 100, la propriété mobi-
lière 8 pour 100 ; 4" la terre paye l'impôt même quand elle ne donne
pas de revenu ; la Société des agriculteurs a donc le droit et le devoir
de demander que les corps de ferme vacants et les champs incultes
puissent obtenir des remises ou modérations comme il en est accordé
aux maisons non louées et aux usines en chôma2:e ; 5" l'agriculture
paye à elle seule les-trois quarts des prestations; 6" l'agriculture na
pas l'égalité devant l'enregistrement. En conséquence, la Commission,
propose à l'assemblée d'émettre le vœu : « qu'il soit apporté par les
pouvoirs publics à la législation existant sur les points sus-indiqués
des modifications ayant pour effet de supprimer les inégalités de trai-
ment dont souffre l'agriculture et de la placer au point de vue légal
dans la situation due à la première de nos industries..» Ce vœu est
adopté.
Séance du 31 janvier. — Sur la proposition de la Section d'horli- '
culture et sur le rapport de M. Michelin, une médaille d'or a été altri-
buée à M. DudoLiy pour ses études sur l'application des engrais chi-
miques à l'horticulture.
Sur le rapport de M. Séverin- Leroy, le prix agronomique, pour le
concours ouvert sur la comptabilité agricole est décerné à M. de Sau-
vage.
M. lienry Mares fait un exposé intéressant des efforts qui sont
poursuivis par les viticulteurs dans la lutte contre le phylloxéra. Il
entre dans des détails précis sur les résultats obtenus, d'une part,
par la submersion; d'aulre part, par les insecticides; d'autre part
enfin, par la culture des vignes américaines. Il insiste sur les services
que la création des syndicats de viticulteurs a rendus dans la plupart
des régions atteintes par le fléau. Il conclut en affirmant que la viti-
culture a le droit d'avoir confiance dans l'avenir. Cet exposé, qui est
écoute avec une vive attentio.i, se termine par l'expression de deux
vœux, l'un, sur l'exécution du canal dérivé du Rhône; l'autre, sur
l'exonération d'impôt foncier en faveur des vignobles récemment
reconstitués.
M. de Parieu fait connaître que la Section d'enseignement agri-
230 SESSION DE LA SOCIILTÉ DES AGRICULTEURS DE FRANCE.
cole s'est occupée de la question des écoles d'agriculture, dont le
nombre est trop restreint en France. Dans le centre et dans l'est, le
manque d'écoles d'industrie laitière se fait sentir de plus en plus; il
est temps de revenir au pio^ramme d'instruction agricole posé en
1848 par le ministre Tourret. En conséquence la Section propose le
vœu suivant : « La Société des agriculteurs demande que le gouver-
nement reprenne l'organisation de renseignement régional de l'agri-
culture, d'après la loi du 4 octobre 1848, principalement dans Tinlérêt
du sud-ouest, du centre et de l'est de la France, qui n'ont ni grande
école régionale ni école pratique. Elle fait particulièrement remarquer
que les besoins de la culture pastorale si développée dans les mon-
tagnes du centre manque d'établissements pour l'enseignement pra-
tique et expérimenta] de l'industrie laitière. » Ce vœu est adopté après
quelques observations de M. deMonicault, qui estime qu'il est utile de
réclamer plus vivement la création d'écoles régionales dans toutes les
contrées de la France, et surtout de protester encore une fois contre
les suppressions qui ont été faites autrefois, et notamment contre
celle de l'école de la Saulsaie qu'il lui paraît urgent de réorganiser.
M. F.Vasillière donné les résultats du concours d'enseignement agri-
cole ouvert entre les instituteurs et institutrices des départements des
Ardennes, du Rhône, Haute Loire, Hautes-Pyrénées, Hérault, Manche,
Morbihan, Pas-de-Calais, Seine-et-Marne, Vendée. 58 concurrents dont
deux femmes ont pris part à ce concours. Parmi les lauréats, il faut
citer M. Grimbert, de Dirion (Pas-de-Calais), qui a obtenu une médaille
d'or grand module; M. Carnier, de Courquetai-ne (Seine-et-Marne);
M. Aubril, à Saint-Planchers (Manche); M. AUouchery, à Herbelles
(Pas-de-Calais); M. Galande, de Laran (Hautes-Pyrénées), et M. Ri-
chard , à Quincy (Seine-et-Marne), auxquels il a été attribué des médailles
d'or. Dix médailles d'argent, dix de bronze et huit mentions hono-
rables ont été aussi accordées.
Séance du V février. — La séance a été presque entièrement con-
sacrée à deux graves questions, celles de l'élevage des chevaux et celle
du régime des eaux. Auparavant, M. de Roscoat, présente, au nom de
la section de sylviculture, un rapport sur les pépinières créées par
l'administration en Sologne. Organisées à la suite du grand hiver
1870-80, par l'administration des forêts, ces pépinières, destinées à
approvisionner les propriétaires éprouvés par les désastres, ont rendu
déjà de grands services et sont appelées à en rendre de plus importants
encore dans l'avenir. La Section demande à l'assemblée d'émettre les
vœux suivants : T que l'Etat continue à entretenir les pépinières de
Sologne, et que, dans ce but, les crédits nécessaires soient alloués;
2" que le Conseil transmette les remercîments de la Société aux agents
forestiers qui ont participé à la création de ces pépinières.
M. Meslay, au nom de la Section de production chevaline, s'occupe
des conditions de l'élevaga du cheval de demi-sang comparé à l'élevage
du cheval de trait. Son rapport se termine par les résolutions suivantes :
1" que le gouvernement autorise et prime les étalons de trait dans
tous les départements où le cheval de trait est utile ou avantageux à
l'agriculture ; 2" que le gouvernement augmente le budget des remontes
et autorise ses agents à élever la moyenne du prix des achats, et
que la remonte s'efforce de n'acheter qu'aux éleveurs et agriculteurs
de façon à supprimer l'intermédiaire le plus possible.
SESSION DS LA SOCIÉTÉ DES AGRICULTEURS DE FRANCE. 231
Après une assez longue discussion, à laquelle prennent part
MM. Basserie, de Lavalette, Delacour, le texte de ces vœux est adopté.
M, Duverdy aborde la question du régime des eaux qui, comme l'on
sait, est en ce moment l'objet des délibérations du Sénat. A le suite de
son rapport, les conclusions qui suivent sont adoptées. « 1" La Société
exprime le vœu que l'article 6 du projet du gouvernement sur le régime
des eaux soit maintenu en ajoutant toutefois qu'une dénonciation
devrait être faite aux pro-priétaires du fonds supérieur lors de la con-
struction d'ouvrages apparents sur le fonds inférieur; 2° la Société
exprime le vœu que dans l'article 14 du projet de la Commission du
Sénat il soit dit que les contestations prévues par cet article et que le
règlement des indemnités seront jugés par les tribunaux civils; 3" la
Société exprime le vœu que l'arlicle 'i3 du projet de la Commission
soit modilîé en ce sens qu'on ne puisse jamais révoquer une autorisa-
tion donnée par l'adminislration pour faire des ouvrages sur un cours
d'eau non navigable ni flottable, sans indemnité; 4° la Société exprime
le vœu que dans les déliliérations ultérieures, l'article 45 du projet
de la Commission du Sénat sur la délimitation des fleuves et rivières
du domaine public soit maintenue à la place de la rédaction primitive
du projet du gouvernement.
La séance est terminée par un rapport de M. Brandin sur les modi-
fications à introduire diins les systèmes de culture pour la région du
nord. Nous aurons à revenir sur ce travail important.
Séance du 2 février. — M. Houdaille de Railly expose le résultat de
ses études sur les modifications qu'il conviendrait d'apporter aux
systèmes de culture dans la région du centre. Nons aurons à revenir
sur ce travail, comme sur celui de M. Brandin.
M. Le Breton revient sur les conditions imposées, dans certaines
circonstances, aux adjudications de blé par l'intendance militaire. Il
rappelle les faits qui ont été signalés ici, ainsi que les mesures qui
ont été prises pour en empêcher le retour. Il termine en demandant
à la Société de voter : 1" qu'un décret portant règlement d'adminis-
tration publique enjoigne aux agents de la guerre de donner toujours
la préférence aux blés français, à égalité de prix; 2" que les adjudi-
cations soient fractionnées en lots assez faibles pour que les culti-
vateurs puissent devenir directement adjudicataires. Après quelques
observations présentées par M. Lejeune et par M. le colonel Salvador,
ces vœux sont adoptés.
Sur le rapport de M. Ricard, l'assemblée renouvelle le vœu que la
question de Tutilisation agricole des eaux du Rhône reçoive une
prompte solution.
M. de Calonne propose de décerner une médaille d'or àM.Argonach,
qui est, depuis plus de vingt-cinq ans, professeur libre d'agriculture
à Quimperlé.
Après avoir exposé les conditions actuelles de l'élevage et du com-
merce des chevaux dans le Perche et le Boulonnais, M. d'Aillières
demande à la réunion d'exprimer un double vœu j)Our la création de
primes de monte en faveur des étalons de trait et pour l'organisation
d'un concours général de chevaux de trait qui pourrait être annexé au
concours général agricole de Paris. Ces vœux sont adoptés.
La séance se termine par un exposé fait par M. Ameline de la
Briselainne sur la question de la représentation de l'agriculture. La
232 SESSION DE LA SOCIÉTÉ DES AGRICULTEURS DE FRANCE.
Société des agriculteurs de France renouvelle le vœu, plusieurs fois
exprimé, du retour pur et simple à la loi de 1851 sur la représen-
tation oificielle et élective de l'agriculture.
(La suite prochainemenl). Henry Sagnier.
CONCOURS D'ANIMAUX GRAS DE PAMIERS
Une journée magnifique a permis aux agriculteurs des communes
les plus reculées du département de se rendre au concours d'animaux
de boucherie qui a eu lieu à Pamiers le dimanche 28 janvier.
L'affluence était énorme, et sur l'estrade on voyait au milieu des
membres de la Société d'agriculture, non seulement les autorités
civiles mais le colonel du 59" de ligne avec ses oi'iiciers.
La Société des agriculteurs de France avait envoyé deux médailles
d'argent grand module et deux médailles de bronze. La ville de
Pamiers avait aussi donné une médaille de vermeil et deux médailles
d'argent.
Les sujets de l'espèce bovine au nombre d'^ 64 paires (128 têtes) et
dont le poids variait de 1846 à 1534 kilog., étaient dans un état d'en-
graissement si parfait, que le jury chargé de décerner les primes s'est
trouvé très embarrassé pour faire hes choix et aurait bien désiré, ce
qui n'était pas possible, pouvoir accorder des prix supplémentaires à
des éleveurs qui méritaient bien des encouragements.
L'espèce ovine comprenait 1 6 lots de moutons (ensemble 1 70 têtes)
et dont le poids variait de 80 à 65 kilog.
L'exposition de l'espèce porcine était des plus remarquables :
64 sujets dont le poids variait de 312 à 275 kilog.
Les volailles grasses, chapons, dindons, pintades faisaient l'admi-
ration d'un public nombreux qui se pressait autour de celte appé-
tissante exposition.
Les fromages ont été fort appréciés et celui d'Auzat qui a eu le
premier prix a valu après dégustation les félicitations du jury à
M. Bertrand.
La valeur totale des primes décernées a été de 4,250 francs.
Il faut ajouter que presque tous les animaux se sont vendus à des
prix très rémunérateurs, ce qui non seulement dédommage les éle-
veurs de leurs dépenses et de leurs soins, mais qui nécessite, pour le
remplacement des animaux vendus, de nouveaux achats aux éleveurs
des deux autres arrondissements qui y trouveront aussi leur compte.
A. RlG.VL,
président du Coniice de Pamiers
PARTIE OFFICIELLE
Décret relatif à la déliinitation des territoires pliylloxérés.
Le Président de laRépubliijue française,
Sur le rapport du ministre de l'agriculture;
A^u la loi des 15 juillet 1878 et 2 août 1879 ;
Vu la carte dressée conformémeat à l'article 2, paragraphe 2 de ladite loi ;
Vu le décret du 15 mai 1882, rendaat exécutoires enFrance les dispositions de
la convention de Berne ;
La Commission supérieure du phylloxéra entendue,
Décrète :
Art. V. — Sont déclarés phylloxérés les arrondissements de :
Bourg, Belley, Nantua*, Trévoux (Ain). — Digue, Forcalquier, Sisteron (Basses-
Alpes). — Embrun (Hautes Alpes). — Nice, Grasse, Puget-Théniers* (Alpes-
PARTIE OFFICIELLE. 233
Maritimes). — Privas, Largentière, Touraon (Ardèche). — Foix*, Pamiers
(Ariège). — Garcassonne, Castelnaudary, Liinoux, Narbonne (Aude). — Rodez,
Millau, Saiiit-Affrique, Ville [ranclie-de-Rouergue (Avcyron). — Marseille, Aix,
Arles (Bouches-du-Rliône). — Aurillac* (Gmtal). — Angoulême, Rarl)ezieux,
Cognac, Gonlolens, Ruffec (Gharente). — La Rochelle*, Saint-Jean-d'Angély,
Jonzac, Marennes, Rochefort, Saintes, Oléron (île d') (Gharente-Iriférieure). • —
Bourges* (Gher). — Tulle, Brive (Gorrèze). — Ajaccio, Bastia, Gorte (Gorse). —
Dijon, Beaune (Gôte-d'Or). — Périgueux, Bergerac, Nontron, Ribéia^i, Sarlat
(Dordogne). — Valence, Die, Montélimar, Nyons (Drôme). — Nîmes, Alais,
Uzès, le Vigan (Gard). — Toulouse, Muret*, Saint-Gaudens*, Villefrancbe*
(Haute-Garonne). — Aucb, Çoudom, Lcctoure, Lombez, Mirande (Gers). — Bor-
aeaux, Bazas, Blaye, Libourne, la Réole., Lesparre (Gironde). — Montpellier,
Béziers, Lodève, Saint-Pons (Hérault). — Ghàteauroux, Le Blanc, La Châtre,
Issoudun (Indre). — Tours, Chinon*, Loches* (Indre-et-Loire). — Grenoble,
Saint-Marcellin, la Tour-du-Pio, Vienne (Isère). — Lons-le-Saulnier (Jura). —
Mont-de-Marsan*, Saint-Sever* (Landes). — Blois, Vendôme (Loir-et-Cher. —
Saint-Etienne, Monibrison, Roanne (Loire). — Le Puy, Brioude, Yssingeaux
(Haute-Loire). — Orléans, Montargis*, Pithiviers* (Loiret). — Gahors, Figeac,
Gourdon (Lot). — Agen, Marmande, Néiac. ViUeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne).
— Florac, Marvejols (Lozère). — Clermond-Ferrand (Puy-de-Dôme). — Pau*,
Bayonne* (Basses-Pyrénées). — Tarbes* (Hautes-Pyrénées). — Perpignan, Géret,
Prades (Pyrénées-Orientales). — Lyon, Villefrancbe (Rhône). — Mâcon, Autun,
Chalon-sur-Saône, Louhans* (Saône-et-Loire). — Chambéry (Savoie). — Annecy
(Haute-Savoie). — Niort, Malle, Parthenay* (Deux-Sèvres), — Albi, Gaillac,
Lavaur, Castres (Tarn). — Montauban, Gastelsarrazin, Moissac(Tarn-et-Garonnc).
— Draguignan, Brignoles, Toulon (Var). — Avignon, Apt, Carpentras, Orange
(Vaucluse). — Fontenay-le-Comte (Vendée). — Poitiers, Ghâtellerault, Civray,
Loudun, Montmorillon (Vienne). — Limoges*, Rochechouart* (Haute-Vienne).
— Et le canton de Ghâteau-Landon ^Seine-et-Marne).
Art. 2. — Les vignes étrangères et les vignes quelconques, provenant des
arrondissements phylloxérés, ne peuvent être introduites dans les arrondissements
autres que ceux ci-dessous désignés, qu'en vertu d'un arrêté du ministre de
l'agriculture, pris sur la demande des comités d'études et de vigilance et du
conseil général du département, et sur l'avis conforme de la Commission supé-
rieure du phylloxéra :
Digne, Forcalquier Sisteron (Basses-Alpes). — Gap, Embrun (Hautes-Alpes).
— Privas, Largentière, Tournon (Ardèche). — Garcassonne, Narbonne (Aude).
— Millau, Sain t-Aft"ri que (Aveyron). — Marseille, Aix, Arles (Bouches-du-
Rhône). — Angoulême, Barbezieux, Cognac (Charente). — La Rochelle, Saint-
Jean-d'Angély, Jonzac, Marennes, Rochefort, Saintes (Charente-Inférieure). —
Tulle, Brive (Gorrèze;). — Périgueux, Bergerac, Nontron, Ribérac, Sarlat (Dor-
dogne). — Valenije, Die, Montélimar, Nyons (Drôme). — Nîmes, Alais, Uzès,
Le Vigan (Gard). — Bordeaux, Blaye, Libourne, La Réole, Lesparre (Cironde).
— Montpellier, Béziers, Lodève, Saint-Pons (Hérault). — Vienne (Isère). —
Saint-Etienne, Montbrison (Loire). — Gahors, Figeac (Lot). — Agen, Marmande,
Nérac, ViUeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne). — Florac (Lozère). — Perpignan,
Géret, Prades (Pyrénées-Orientales). — Lyon, Villefrancbe (Rhône). — Màcon
(Saône-et-Loire). — Niort (Deux-Sèvres;. — Albi, Gaillac, Lavaur (Tarn). —
Montauban, Gastelsarrazin, Moissac (Tarn-et-Garonne). — Draguignan, Bri-
gaoles, Toulon (Var). — Avignon, Apt, Carpentras, Orange (Vaucluse). — Poi-
tiers, Chàtellerau t, Civray, Montmorillon (Vienne).
Art. 3. — Les préfets de tous les départements adresseront au ministère de
l'agriculture, avant le P'' octobre de cha jue année, une carte indiquant les progrès
de l'invasion du phylloxéra et destinée à l'établissement de la carte générale pliyl-
loxérique de la France, conformément aux prescriptions de l'article 2 de la loi du
15 juillet 1878.
Art. k. — La carte générale susvisée sera datée à chaque renouvellement
prescrit par la loi et sera tirée à un nombre d'exemplaires sufrisani pour qu'il en
soit distribué dans tous les chefs-lieux de départements et d'arrondissements viti-
coles, suivant les besoins du service.
* Les arron lissements marques d'ua astérisque sont ceux dans lesquels il n'existe qu'un ou
quelques points d'attaque.
1. Sauf l'ile de R6, qui rentre dans la cilégorie des territoires considérés co:nme indemnes.
234 PARTIE OFFICIELLE.
j^Yt. 5. — L'an-êté du 26 janvier 1882, relatif à la délimitation des territoires
phylloxérés, est et demeure rapporté.
j^Yt. 6. — Le ministre de l'agriculture est chargé de l'exécution du présent
décret.
Fait à Paris, le 31 janvier 1883. Jules Grévy.
Par le Président de la République : Le minisire de l'agriculture, de Mahy.
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE
Séance du 7 février 1883. — Présidence de M. Chevreul.
M. Boilel, inspecteur général de l'agriculture, fait hommage d'une
étude qu'il vient de publier sur les prairies naturelles et les plantes
adventices de Test de la France et de la Suisse; — et M. ProsperdeLafitte
envoie le volume qu'il vient de publier sur la lutte contre le phylloxéra.
M. de Retz présente une notice de M. Albert Gourdin, sur ses pépi-
nières de vignes américaines. Celte notice a été récemment publiée
dans le /owr/m/. M. de Retz donne quelques détails sur un nouveau pro-
cédé de greffe-bouture pour la vigne, dû à M. Briet, et qui est actuelle-
ment essayé à l'Ecole nationale d'agriculture de Montpellier.
M. Viet envoie à la Société la bineuse à bras pour les plantes sar-
clées qu'il a inventée.
M. d'Esterno demande à la Société de mettre à son ordre du jour
l'étude de la falsification des engrais commerciaux et des mesures à
prendre pour la réprimer. M. Chevreul fait observer que la Société ne
peut se prononcer que sur des études spéciales, déterminées, qui sont
soumises à son examen.
M. Renou présente le résumé des observations météorologiques
faites pendant le mois de février, à l'observation du parc Saint-Maur.
M. Gayot donne lecture, au nom de la Section d'économie des
animaux, d'un rapport sur un mémoire de M. Morot, relatif à la nature,
l'origine et le rôle des pelotes stomacales chez les léporidés. L'origine
stercorale de ces pelotes ressort des observations et des expériences
nombreuses auxquelles M. Morot s'est livré depuis plusieurs années ;
bien plus, il résulterait de ces expériences que l'ingestion des pelotes
prises à l'anus est un acte indispensable à l'entretien de la vie de ces
animaux.
M. Pi illieux présente, de la part de M. Fréchou, pharmacien à Nérac,
une étude sur le mildew dans le sud-ouest de la France. M. Fréchou
constate que les vignes fiançaises sont violemment atteintes par le
fléau, et que les moyens de défense proposés jasqu'ici se sont trouvés
impuissantiï.
M. Barrai rappelle des expériences auxquelles il s'est livré sur les
causes physiques qui peuvent amener l'enrichissement du sol en azote
ou sa déperdition dans la terre. Les résultats de ces observations sont
indiqués dans la chronique de ce numéro. Henry Sagnier.
REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT DES DENRÉES AGRICOLES
(10 FÉVRIER U83).
I. — Silualion générale.
Les transactions sont peu importantes sur la plupart des marchés agricoli s.
Toute l'aclivité des cultivateurs se concentre actuellement sur les travaux des
laLours.
II. — Les grains e( les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par quintal métrique,
sur les principaux marchés de la France et de l'étranger :
REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT (10 FÉVRIER 1883). 235
1" RÉGION. -
- XORD-OtTEST.
Blé.
Seigle.
Orge.
Avoine.
fr.
fr.
fr.
fr.
Calvados. Condé
23. âO
li 50
18 50
22 . 00
— Vire
25 . iO
»
19.70
21.50
Côt.-du-Nord. Lannioa.
23. -25
»
16.25
17.50
. — Tré^'uier..
22.75
13. EO
15.75
16.75
Finistère. Morlaix
24.50
»
14.00
14.75
— LatiJeriieau.
25.00
16.25
15.25
15.00
llle-el- Vilaine. Hennés.
25.00
»
15.50
17.50
— Reiloa
24.75
15 50
»
19.00
Manches. Avranches...
26.25
.,
19.00
21.50
— Ponloi'soii.. .
2G.00
»
18 25
20.00
— Villedieu
26.50
18.00
18 50
20.25
Mayenne. Laval
25 . -2:,
))
15.50
»
— Cliàteaii-ijontiei'.
25 00
16.25
17.00
17.50
Morbihan, llcnneboiit. .
28.00
17.00
,1
20 . 00
24.25
24 50
!7.20
18.50
19.50
17.25
17.00
— Morlagne
iD.OO
Sarthe. Le Mans
25.25
15.50
16.00
21.25
— iMameis
26.00
»
»
»
.
Prix moyens
25.07
16.72
17.07
18.53
2" RÉGION. — HORD.
Aisne. Laon
23.25
15.00
17.00
17.00
— Château-Thierry
23.25
15.00
»
16.50
— Soissons
23.15
23.50
14.45
14. CO
»
19.50
16.90
Eure. Neubourg
17.00
— Damville. ...
23.75
»
20.50
16.25
— Pacy
23 50
13.75
19.70
18.00
Eure-et-Loir. Chartres..
23.25
14.25
17 00
17.00
23 50
25 . 00
14.00
.18.25
18.00
17.00
— Nogent-le-Roti-oa.
17.25
Nord. Dunkerque
25.00
17.50
21.00
19.00
— Cambrai.
25.50
i>
»
»
— Douai
24.00
22.50
15.50
14.00
18.25
19.25
15. 50
Oise, Beauvais
16.50
— Comp.ègne
22.25
14. SO
»
»
22.00
26.25
14.50
16.50
»
19.25
17.00
Pas-de-Calais. Arras. . .
15.50
— Doullens
26.00
14.50
18.75
15.00
Seine. Paris
25.25
15.50
19.75
18.00
S.-et-Mar. Melun
24 . 00
))
»
16.50
23.50
25.25
15.25
15.00
»
19.50
18.00
— Provins
21.00
S,-ei-Oise. .\ngerville . . .
23.50
»
16.50
17.25
— Pontoise
24.00
16,15
18.00
16.75
— Versailles
23.25
15.50
17.00
17.50
Seine-Inférieure. Rouen
23 35
14.20
18.20
19.75
— Dieppe
23. dO
14.00
»
13.50
22.85
22.50
14.75
14.50
»
17.50
15.00
Somme. Abbeville
15.25
— MontdiJier
22.25
14.50
18.00
16.50
22.75
14.40
18.00
17 50
Prix moyens
23.67
14.85
13.44
17.67
3° RÉGION.
- NOHD-EST
Ardennes. Charleville. .
24.25
15.25
19.50
17.75
— Sedan
23.75
24.00
16.00
15.00
17.00
17.75
19 70
Aube. Troyea
17.00
— Nogeiit-sur-Seine.
24.00
15.50
19.00
18.00
— Mcry-sur-Seine.. .
23 50
15.00
17.25
I6..i0
Marnr. Chalons
23.00
16 00
18.50
16.50
— Epernay
23.75
15.00
» ■
17.50
— Reims
23.75
21. bO
i5.80
»
18.50
17.75
Hie-Marne. Bourbonne..
14 15
Meurlhe-et-Mos. Nancy.
24. 00
18.00
17.50
17.50
23 . 50
23.50
16 00
17.00
17 00
17.00
16 50
— Pont-à-Mousson ..
16.00
Meuse. Bar-le-Duc
23.50
16.00
16 00
17.25
— Verdun
23.50
22.50
15.25
15.25
16.50
»
16.75
Haule-Sadne. Gray
15.50
Vosges. Neufchàteau
22 . 40
li.75
16.50
1 5 . 00
Kpinal
23.00
15.25
i>
15.80
— Mirecourt
22 75
16.50
17.00
15.50
Prix moyens
23.31
15.74
17.50
16.70
4" rég:o:<
. — OUEST.
Charente. .\ngouléme...
26 50
13.50.
»
20.00
— Ruflec
26 . 00
17.50
»
13.00
Chwr.-Injér. La Rochelle
24.00
»
17.00
16.50
Deux-Scvrcs. Niort
24.25
»
16.30
17.50
Indre-et-Loire. Bléré
24.25
15.00
19.00
17.50
— Tours
25.50
16.00
18.00
17.50
Loire-Inf. Nantes
26.00
»
»
17.75
M.-et-Loire. Saumur...
25 50
15.75
17.25
17.75
— Angers
24.25
25.00
15.50
»
20.00
18.25
19.00
Vendée. Luçon
17.50
— Fonteaay-L-Comte
24.50
»
17.50
13.00
Vvemie. Poitiers
26.25
»
19.50
17.00
— Loudun
25.75
14.50
18.75
17.00
Haute- Vienne. .Litvoges.
26.50
18.00
20.25
18.50
Prix moyens
26.73
16.34
18.39
17.82
Allier. Moulins ....
— Montiuçon...
— Gannat
Cher. Bourges
— Graçay
— S,aint.-.\.n)nnd.
Creuse. Aubu^son
Indre. Chàteaurou.x
— Issoudun ....
— Valençay....
Loiret. Orléans
— Gien
— Patay
L.-cl-Cher. Blois,
— Montoire
Nièvre. Nevers
— La Charité
Yonne. Brienon
— Sens
— Saint-Florentin
Prix moyens 24.24 15.04
6" RÉGION. — EST.
.lin. Bourg 25.00
— Pont-de-Vaux 24.50
Côld-d'Or. Dijon 22.00
— Beaune 23.25
Dowbs. Besançon 23.65
/s«re. Grenoble 24 50
— Bourgoin 24.00
Jura. Dole 51.50
Loire. Charlieu 24.00
P.-de-Dô/ne. Issoire 25.50
Rhône. Lyon 24.75
Saône-el- Loire. Chalon. . 23.50
— Màcon ... 24.75'
Lavoie. Caa.mhévy 25.75
Ille-Savoie. Annecy 25 . 50
Prix moyens 24.11
7' RÉGION. — SITD-OUEST
Ariège. Foi.v 27. 'JO
— Pamiers 27 25
Dordogne. Bergerac... 27 20
Hle-Garoane. Toulouse. 23.75
— St-Gaudens 24.50
Gers. Condom 26.50
— Eauze 26.00
— Mirande 25 75
Gironde. Bordeaux 27.50
— -La Réole 26.00
Landes. Dax 28.00
Lot-et-Garonne. k^zn... 27.00
— Nérac 26.85
B. -Pyrénées. Bayonne.. 27.00
Htes-Pyrénées. Tarbes.. 27.25
Prix moyens 26.70
13.20 17.16
16.00
»
17.15
15.50
»
17.00
s
14.00
15.75
»
16.50
16.25
»
»
16.75
16.25
»
21.00
14.25
16.75
17.25
(5.00
16.50
15.75
16.00
19.00
18.25
16.25
19.25
17.00
15 00
18.25
18.25
16.25
18.00
18.00
15.75
»
17.50
»
»
19.00
»
»
18.25
15 63 17.28 17.54
17
75
20
00
17
00
20
50
18
00
19
25
17
00
19
00
19
50
18
00
18
85
21
00
20
19
25
00
»
20
50
18
20
18
75
18
00
t7
25
18
50
19
00
20
00
19
19
eo
50
18
00
18
50
18
25
17
50
19
00
17.65 19.02 19.52
)
19
00
19
50
19
25
)
16
75
22
20
»
22
10
17
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00
13
25
)
20
50
)
17
50
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17
00
17
25
18
00
17
25
17
75
17
50
21
05
25
00
18
40
>
20
25
18
.00
20
50
17
50
19
50
20
0)
8" RÉGION. — SUD.
Aude. Caslelnaudary.. . 27.50
Aucijron. Villefranche.. 25.75
Cantal. Mauriac V5.35
Co/Tc:e. Luberzac 25.25
Hérault. Cette 26.75
— Montpellier 26.50
Lot. Cahors 26.75
Lozère. Mende 27.00
Pyi'âiic'fc's-Oc. Perpignan. 27 . 75
Tarn. Albi 26.05
— Castres 27 . 50
'/'arn-c^6'ar. MontauDan 26.50
Prix moyens 26 64 18.76 19.14 19.15
9' rég:o\. — SUD-EST.
liasses-Alpes. Manosqae 28.00 » » 22.00
llautcs-Alpes. iiv\;mi^o\\. -n .'D'i 13.00 » 18.50
Alpes- Maritimes. C3.n\\ti 27.00 18.25 18.00 19.00
Ardéc/i«. Privas 26.65 19.75 17.55 19.40
B.-du-lihàne. Arles 27.25 » 17.50 18.25
Brome. Romans 24.50 16.50 » 17.50
Gard. Nîmes 26.50 » 17.00 18.00
Haute-Loire. Brioude... 24.50 18.50 19.25 17.50
Far. Dragiiignan 27.50 » » 17.75
KaitcJuse. Avignon 27.00 >> 17.25 18.75
Prixmoyens 26.64 ;8.20 17.76 18.67
Moy. de toute la France 25.24 16.55 18.09
— de la semaine précéd. 25.05 16.51 17. 87
Sur laseraaineillausse. 0.19 0.04 0.22
précédente. .| Baisse.. » )> »
18.02
18.04
236
REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
Algérie-
Angleterre.
Belgique .
Pays-Bas.
Luxembourg.
Alsace-Lorraine.
Allemagne.
Suisse.
Italie.
Espagne.
Autriche.
Hongrie.
Russie.
Elats-Unis.
Blé.
fr.
., ( blé tendre... 26.80
^'^^'( blé dur 2.5.75
Londres 25.9.")
Anvers 25.00
Bruxelles 25 CD
Liège 23.50
Namur 23.00
Amsterdam 24 .00
Luxembourg 24.50
Strasbourg 25 . 35
Colmar 25.00
Mulhouse 23 00
Berlin • 22.85
Cologne 24.35
Hambourg 22.50
Genève. 27 00
Turin 25.00
Valladolid 24.75
Vienne 20.00
Budapeslb 20.50
Saint-Pétersbourg . . 22.05
INew-York 23.35
Seigle.
Orge.
Avoine.
fr.
fr.
fr.
»
16.50
16.00
»
19.35
20.10
17.75
17.75
17.00
16.50
»
16.25
17.00
20.50
17.00
L5..50
20 00
16.00
16.90
»
17.00
18.25
16.75
17. .50
18.00
17.50
18.00
17.00
17.75
18.50
16.60
»
»
18.75
»
»
16.50
»
»
»
»
. 22.00
18.50
■>
18.25
15.25
16.75
14.00
15 00
16.50
14 20
15.00
»
12.25
Blés. — Le temps a continué à se montrer plus favorable, dans un grand
nombre de départements, aux travaux des champs. Les labours et les ti'ansports de
fumier Font poursuivis avec beaucoup d'activité; on essaie de réparer autant que
possible le temps perdu. Il en résulte que les marchés sont peu approvisionnés ;
d'autre part, la meunerie continue à ne faire que des achats restreints sur le plus
grand rombre des marchés. Les prix ne présentent presque partout que des
variations peu importantes. Les exiioitations d'Amérique en Europe, ont été du
]'-' août au 31 janvier, de 27 millions d hectolitres de blé contre 21 millions à la
même date de l'année précédente. — A la halle de Paris, le mercredi 7 février,
les affaires ont été peu importantes; mais il y a plus de fermeté dans les prix.
On cotait de 24 fr. à 26 fr. 50 par 100 kilog. suivant les qualités; le prix moyen
s'est fixé à 25 fr. 25. — Sur le marché des blés à livrer, on paye : courant du
mois, 26 fr. 25 à 26 fr. 50; mars, 26 fr. 50; mars et avril, 26 fr, 50 à 26 fr. 75 ;
quatre mois de mars, 26 fr. 75 à 27 fr.; quatre mois de mai, 27 fr. 50 à 27 Ir 75.
— Au Havre., il y a plus de fermeté dans les cours des blés d'Amérique; les
ventes sont faciles. On paye de 2i à 27 fr. £0 par 100 kilog. — A Marseille, les
ventes ont été assez actives durant cette semaine; les prix sont bien tenus pour
toutes les catégories; les arrivages ont été de 4O,C00 quintaux environ; le stock
est actuelh ment de 135,000 quintaux dans les docks. Au dernier marché, on payait
par 100 kilog. : Red-winter, 27 fr. 50; Berdianska, 26 fr. 50 à 27 fr.; Mariano-
poli, 26 fr. 50 Bessarabie, 24 fr. à 25 fr.; Pologne, 25 fr. à 26 fr. hO; Buri,'as,
23 fr. — A Londres, les importations de blés étrangers ont été de 86,600 quin-
taux depuis huit jours. Les ventes sont actives et les prix sont en hausse. On
cote de 24 fr. 80 à 27 fr. 15 par l* 0 kilog. suivant les qualités et les pi^ovenances.
Farines. — La situation reste la même ; les ventes sont toujours peu impor-
tantes, et les prix ne varient pas. Pour les farines de consommation on cotait
à la halle de Paris le mercredi 7 février : marque de Gorbeil, 61 fr.; marques
de choix, 61 à 63 fr.; premières marques, 59 à 60 fr. ; bonnes marques, 58 à
59 fr.; sortes ordinaires, 55 à 57 fr.; le tout par sac de 59 kilog. toile à rendre ou
157 kilog.net, ce qui correspond aux cours extrêmes de 35 fr. 65 à 40 fr. 10 par
100 kilog., ou enmoyenne 37 fr. 85, comme le mercredi précédent. — En ce qui
concerne les farines de spéculation, on cotait à Paris, le meicredi 7 février au
soir : farine sneuf -marques^ courant du mois, 59 fr. 50; mars, 5 9 fr, 50; mars et
avril, 59 fr. 50; quatre mois de mars, 59 fr. 75; quatre mois de mai, 60 fr.; le
tout psr sac de 159 kilog. toile perdue ou 157 kilog. net. — Pour les farines deuxiè-
mes, les cours demeurent sans changements ; on les paye de 26 à 33 fr, par
100 kilog. à Paris; quant aux gruaux, ils valent de 47 à 58 fr.
Seigles. — Les cours varient peu; ils s'établissent à la halle de Paris, à
15 fr. 50 par 100 kilog. — Les farines de seigle valent de 23 à 25 fr. par quintal.
Orges. — Les atïaires sont toujours calmes; mais il y a beaucoup de fermeté
dans les prix. Ceux-ci sont établis de 18 fr. 75 à 20 fr. 75 par 10 i kilog., suivant
les sortes. — Les escourgeons valent de 18 5o à 19 fr. — A Londres, les impor-
tations d'orges ont été de 2^,000 quintaux depuis huit jours; on les cote de 18 à
20 fr. 65 par 100 kilog., suivant les sortes.
DES DENRÉES AGRICOLES (10 FÉVRIER 1883]. ^^37
Malt. — Maintien des prix. On paye les malts d'orge 25 à 32 fr. par 100 ki-
log. à Paris; ceux d'escourgeon, de 28 à 30 fr.
Avoines. — Il y a des ventes assez nombreuses, et les prix accusent beaucoup
de fermeté. On paye à la halle de Paris de 17 fr. à 19 fr par 100 kilog. suivant
poids, couleur et qualité. — A Londres, les importations d'avoines ont été de
82,000 quintaux depu's huit jours ; les prix se maintiennent. On cote de 18fr. 50 à
21 fr. 70 par 100 kilog, suivant les qualités.
Sarrasin. — Peu d'affaires. On paye à la halle de Paris, 15 fr. 50 à 16fr par
100 kilog.
Maïs. — Les offres en maïs d'Amérique sont toujours faibles. On paye dans
les ports 18 fr. 50 à 19 fr. par 100 kilog.
Issues. — Même cours que précédemment. On cote à Paris : gros son seul
13 fr. 75 à 14 fr.; son trois cases, 12 fr. 75 à 13 fr. ; son fin, Il fr. 50 à 12 fr.;
recoupettes, 12 fr. à 12 fr. 50; remoulages bis, 15 à 16 fr. ; blancs, 17 à 18 fr.,
le tout par liO kilog.
III. — Fourrages, graines fourragères.
Fourrages. — Il y a maintien des prix, avec ventes importantes On paye dans
Paris par 1,000 kilog. : foin, 110 à 128 fr.; luzerne, 112 à 128 fr.; paille de blé,
50 à 68 fr.; paille d'avoine, 50 à 58 fr,
Graines fourragères. — Les ventes sont faciles avec des prix en hausse. On
paye à Patis par quintal métrique : trèfle violet, 155 à 205 fr. ; trèfle blanc,
200 à 250 fr.; luzerne de Provence, 155 à 175 fr.;du Poitou, 125 à 135 fr.; d'Italie,
140 à l'O fr.; minette, 65 à 85 fr.; ray-grass anglais, 62 à 65 fr.; d'Italie,
68 à 70 fr.; sainfoin à une coupe, 27 à 29 fr. ; à deux coupes, 30 à 32 fr.
IV. — Fruits et légumes frais.
Fruits. — Dernier cours de la halle : poires, le cent, 5 fr. à 100 fr., le kilog.,
0 fr. 25 à 0 fr. 45; pommes, le cent, 5 fr. à 100 fr. ; le kilog., 0 fr. 20 à
0 fr. 50; raisins communs, le kilog., 5 à 10 fr.
Gros légumes. — On vend à la halle de Paris : betteraves, la manne, 0 fr. 30 à
1 fr. 30; carottes communes, les 100 bottes, 20 à 30 fr.; d'hiver, l'hectolitre, 3 fr. à
5 fr. ; de chevaux, les 100 bottes, 12 à 18 fr.; choux communs, le cent, 4 à 15 fr.;
navets communs, les 100 bottes, 20 à 30 fr.; de Freneuse, 25 à35 fr. l'hectolitre,
3 fr. à 3 fr. 50; oignons en grain, l'hectoHtre, 9 à 12 fr. ; panais communs, les
lOO bottes, 10 à 15 fr.; poireaux communs, les 100 bottes, 30 à 70 fr.
Pommes de terre. — Hollande communes, l'hectolitre, 14 à 16 fr. ; le quintal,
20 fr. 14 à 22 fr. 85; jaunes communes, l'hectolitre, 10 à 12 fr.: le quintal,
14 fr. 28 à 17 fr. 14; saucisse rouge, l'hectolitre, 12 à 14 fr.; le quintal,
17 fr. 14 à20 fr. 15.
V. — lins, spiritueux, vinaigres, cidres.
Vins. — Nous n'avons pas de changements importants à signaler dans la situa-
tualion depuis huit jours. La reprise dans les transactions que nous avons con-
statées depuis quelques semaines se maintient, mais sans que les affaires soient
très importantes. Ce qui seulement doit être signalé, c'est que les ventes se font,
dans le plus grand nombre des vignobles, avec une réelle fermeté dans les prix,
sauf en ce qui concerne les vins défectueux. Dans presque tous les départements,
les vignerons profitent du temps meilleur qui règne pour procéder aux travaux de
taille de la vigne, aux labours et à toutes les opérations que le mauvais temps
avait entravées. Le bois est généralement bien mûri. Voici les derniers cours,
pour les vins nouveaux de diverses provenances : à Narbonne, les vins nouveaux
valent 24 à 35 fr. l'hectolitre suivant la qualité; à Lézignan, les Aramons sont
cotés 25 à 26 fr.; les petits Montagnes, 30 à 32 fr.; les Montagnes ordinaires,
33 à 35 fr.; les Narbonne, 37 à 45 fr. — A Dijon, les vins de plaine ordinaires
sont cotés 40 à 50 fr. l'hectolitre; ceux des côtes, 50 à 65 fr. — Les vins du Cher
sont cotés de 100 à 110 fr. la pièce; les vins blancs de Sologne, 50 à 75 fr. —
Dans les Charentes, les vins rouges nouveaux sont cotés de 90 à 100 fr. la pièce;
les vins blancs pour la chaudière, 45 à 50 fr. — A Cette, on paye les vins d'Es-
pagne, par hectolitre : Alicante, 37 à 38 fr.; Catalogne, 28 à 30 fr.; Majorque,
26 à 28 fr. Les vins blancs de Catalogne sont vendus de 25 à 30 fr. suivant leur
valeur.
Spiritueux. — Les transactions sont toujours peu importantes sur la plupart
des marchés, et nous devons constater que, pour la plupart des spiritueux, les
cours se maintiennent avec peine. Les stocks continuent à être partout considé-
238 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
râbles. A Paris, il est actuellement de 19,200 pipes, contre 13.900 à la même
date de 1-82. Sur les marchés du Midi, on cote : Nîmes, 3/6 bon goût, 100 fr.;
marc, 9ô fr.; Bézkrs, 3/6 bon goût, Io3 fr.; marc, 95 fr,; Celte, 3/6 bon goût, 105 à
110 fr.; marc, 100 fr.; Pézenas, 3/6 bon goût, 102 fr.; marc, 92 fr. — Dans les
Charentes, les cours des cognacs sont fermement tenus, — Dans le Nord, on paye
à Lille, 48 fr. 50 par hectolitre, pour l'alool de betteraves, V^ qualité. — A Paris,
on cote : 3/n betteraves, 1'" qualité, 90 degrés, disponible, 50 fr.; mars, 50 fr. 50;
mars et avril, 51 fr. 25 à 51 fr. 60; quatre mois de mai, 52 fr. 25. — A Berlin,
les cours des flegmes sont bien tenus à 64 fr. 30.
Vinaigres — Les prix demeurent sans changements à Orléans, aux taux de
notre ])récédente revue : vinaigre nouveau de vin nouveau, 40 à 42 fr. l'hectolitre;
vinaigre nouveau de vin vieux, 45 à 47 fr.; vinaigre vieux, 55 à 60 fr.
RaisiJis secs. — Cours fermes. On paye à Marseille : Gorinthe, 49 à 50 fr,; Thyra,
40 à 42 fr,; raisins noirs, 32 à 36 fr.; Beyrouth, 34 à 35 fr.; Tripoli, 30 à 32 fr.;
Chypre, 39 à 47 fr.; Samos,'^40 à 41 fr. 50; Alexandrettc noirs, 37 à 38 fr.; le tout
par 100 kilog.
YI, — Sucres. — Mélasses. — Fécules. — Glucoses. — Anv'dons. — Ilouhlons.
. Sucres. — Les affaires sont toujaurs difficiles sur les sucres bruts. Les prix
se maintiennent avec beaucoup de peine sur le plus grand nombre des marchés. On
paye à Paris les sucres bruts 88 degrés saccharimétriques, 50 fr, 75; les 99 degrés
57 fr. 75; sucres blancs, 57 fr. 75 à 58 fr. ; — à Lille, sucres bruts, 48 fr. 75
sucres blancs, 56 fr. 50; à Saint-Quentin, sucres bruts, 48 fr. 75 à 49 fr, 25
sucres blancs, 56 fr. 25; à Valenciennes, 48 fr. 25. — Le stock de l'entrepôt
réel des sucres était, au 7 février, à Paris, de 859,000 sacs pour les sucres indi-
gènes, avec une nouvelle augmentation de 12,000 sacs depuis huit jours. — La
faiblesse continue sur les prix des sucres raffinés; ils sont cotés de 104 à 105 fr,
par 100 kilog. à la consommation, et 63 fr. 75 à 65 fr. 75 pour l'exportation.
— 11 y a peu d'affaires dans les ports sur les sucres coloniaux, sans changements
dans les anciens prix.
Mélasses. — Les prix se maintiennent. On paye les mélasses de fabrique 12 fr.
par 100 kilog.; celles de raffinerie, 14 fr.
Fécules. — Peu d'activité dans les transactions, avec maintien des prix. On
cote à Paris par 10 J kilog. : 39 à 40 fr. pour les fécules premières du rayon; à
Gompiègne, 38 fr, pour celles de l'Oise; à Epinal, 40 fr. 41 pour celles des Vosges.
Glucoses. — Les prix sont en baisse. On cote à Paris : sirop de froment, 53 à
55 fr.; massé, 42 à 43 fr.; liquide, 34 à 36 fr.
Houblons. — Dans le Nord, les affaires sont presque nulles ; les houblons sont
d'ailleurs offerts sur les marchés en très faible quantité. On paye actuellement
dans le Nord, de 750 à 775 fr, par 100 kilog. En Angleterre, il y a très peu
d'affaires, avec des prix faibles.
Vtl. — Huiles et graines oléagineuses, tourteaux.
Huiles. — Un fort mouvement de spéculation se produit sur les huiles de colza,
et les prix sont encore en hausse cette semaine. On paye à Paris : huiles de colza
en tous fûts, 110 fr.; en tonnes, 112 fr.; épurée en tonnes, 120 fr.; huile de
lin en tout fûts, 58 fr. 50; entonnes, 60 fr. 50. — Sur les marchés des départe-
ments, on paye les huiles de colza : Rouen, 108 fr. 50; Gaen, 100 fr. ; et pour
les autres sortes, à Cambrai, œillette, 116 fr.; Kn, 56 fr. — La situation reste
sans changements dans le Midi, pour les huiles d'olive.
Graines oléagineuses. — On paye à Arras par hectoKtre : œillette, 25 à 28 fr. ;
hns, 16 à 18 fr. 2ô; cameline, 14 à 18 fr. 50.
Tourleaux. — Les prix sont fermes. On paye à Rouen par 100 kilog. : tourteaux
de colza, 16 à 16 fr. 25; de lin, 19 fr. 50; de sésame, 15 fr. 25 à 15 fr. 50; —
A Marseille, tourteaux de lin, 16 fr. 75; d'arachides en coques, 10 fr. ; décor-
tiguées, 13 fr. 75; sésanne blanc du Levant, 15 fr. ; colza du Danube, 13 fr. 50;
œillette, 12 fr. 50; coton d'Egypte, 12 fr. 55; palmiste naturel, 11 fr. 25;
ricin, 12 fr.
Engrais. — On paye à Dunkerque les nitrates de soude 31 fr. par 100 kilog.
VJII. — Matières résineuses, colorantes, etc.
Matières résineuses. — La baisse se maintient. On paye à Bordeaux 85 fr.
par 100 kilog. pour l'essence pure de térébenthine. — A Dax, 83 fr. Les gemmes
se vendent aux mêmes prix que précédemment.
Gaudts. — Où paye dans le Languedoc, 22 fr , par 100 kilog.
DES DENRÉES AGRICOLES (10 FÉVRIER 1883). 239
Soufre. — AMarseille, les soufres sublimr.'s pour vignes valent 19 fr. 50à20fr.
par lOû kilog. ; les soufres triturés raffinés, 18 fr. 25 à 19 fr. ; bruts, 16 fr. 25
à 16 fi. 75.
IX. — Textiles.
Lins. — Dans le Pas-de -Calais, les lins de pays sont cotés 75 à 90 fr. par 100
kiJog. suivant la qualité.
Chanvns. — Il y a peu d'affaires au Mans. Les prix des chanvres se fixent de
66 à 76 fr. par KO kilog. pour les chanvres blancs, et de 56 à 68 fr. pour les
chanvres gris.
X, — Suifs et corps gras.
Suifs. — Maintien des anciens prix On paye à Paris, 101 fr. par 100 kilog.
pour les suifs purs de l'abat de la boucherie; 75 fr. 75 pour les suils en branches..
Cuirs et peuu-r. — Aux ventes mensuelles delà boucherie à Paris, le 31 janvier.
on cotait par 100 kilog. : bœuf, 8k fr. 90 à 95 fr. 50 ; vaches, 84 fr. 60 à 90 fr. 30 ;
taureaux, 84 fr. 40; veaux,. 130 fr, 70 à UO fr. 60.
XI. — Beurres. — Œu/s. — Fromages. — Volailles.
Beurres. — A la halle de Paris, il a été vendu, pendant la semaine, 203, 566 ki-
log. de beurres. Au dernier marché, on payait par kilog. : en demi-kilog., 2 fr. 80
à 4 fr. 2-2; petits beurres, 2 fr. 02 à 3 fr. 28 ; Gournay, 2 fr. 20 à 4 fr. 90; Isi-
gny, 2 fr. 86 à 8 fr. 14,
CÈufs. — Il a été vendu, depuis huit jours, à Paris 5,835,385 œufs. Au dernier
jour, on cotait par mille : choix, 112 à 1-25 fr.; ordinaires, 74 à 95 fr.; petits,
68 à 70 fr.
Fromages. — Derniers cours de la halle : par douzaine. Brie, 7 à 32 fr.; Mont-
Ihéry, 15 fr. ; — par cent. Livarot, 52 fr. à 108 fr.; Mont-Dor, 12 fr. à 32 fr.;
Neufchâtel, 6 fr. 50 à 18 fr. 50; divers, 9 à 87 fr.; — par 100 kilog., Gruyère,
110 à 170 fr.
Volailles. — On vend à la halle de Paris; agneaux 12 fr. à 23 fr. ; bécasses,
2 fr. 50 à H fr. ; bécassines, 1 fr. à 2 fr. 25; cailles, 0 fr. 45 à 1 fr. 60; canards
barboteurs, 2 fr. 75 à 5 fr. 75; crêtes en lots, 1 fr. à 9 fr. ; dindes gras ou gros,
9 fr. 50 à 19 fr. ; dito communs, 4 fr. 75 à 8 fr. 50; lapins domestiques, I fr. .5
à 5 fr. 75; lapins de garenne, 1 fr. 25 à 5 fr. 75; oies communes, 4 fr. 25 à
11 fr. ; pigeons de volière, 0 fr. 55 à 1 fr. 73; pilets, 1 fr. 50 à 3 fr. ; pluviers,
0 fr. 60 à 1 fr. ; poules ordinaires, 3 fr. à 4 fr. 50; poulets gras, 4 fr. 50 à 12 fr.;
poulets communs, 1 fr. 60 à 2 fr. 50; rouges, 1 fr. 60 à 2 fr. 75; sarcelles,
1 fr. 25 à 2 fr. 80; vanneaux, 0 fr. tO à 1 fr. ; pièces non classées, 0 fr. 25 à 4 fr.
XII. ^ — Cheoaux, bétail, viande.
Chevaux. — Aux marchés des 31 janvier et 3 février, à Paris, on comptait 974 che-
vaux ; sur ce nombre, 319 ont été vendus comme il suit :
Amenés. Vendus. Prix extrêmes.
Chevaux de cabriotet 2G9 49 210 à 98.o fr.
— de trait 299 52 800 à 1,250
— hors d'âge 279 91 20 à 1,000
— à renchère 30 30 20 à 375
— de boucherie 97 97 20 à 105
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement officiel du marché aux
bestiaux de la Villette, du jeudi 1"'' au m-ardi 6 février :
Poids Prix du kilog, de viande relte sur
Vendus moyen pied au marclié du 5 février.
Pour Pour En 4 quartiers. 1" 2*^ 3'^ Prix
Araenés. Paris, l'extérieur, totalité. kil. quai. quai. qaal. moyen.
Bœufs 4,783 3,012 l,.o89 4,601 3.54 1.7C) 1.60 1.34 1.53
Vaches 1,503 779 GG6 1,445 232 1.64 1.42 1.24 1.43
Taureaux 199 155 36 191 386 1.50 1.35 1.25 1.37
Veaux 2,874 1,804 867 2,671 76 2.40 2.20 1.96 2.18
Moulons 32,387 26,077 5,763 31,840 20 2.34 2 18 1.98 2-10
Porcs gras 6,985 2,641 4,344 6,985 83 1.38 1.32 1.26 1.32
— niaigres. » " » » » » » » >•
La vente a été facile pour toutes les catégories d'animaux; les arrivages étaient
d'ailleurs moins nombreux que durant la semaine précédente. Pour toutes les
sortes, n us devons constater de la hausse dans les cours; cette hausse est prin-
cipalement accentuée sur les prix des veaux et des moutons. — Surlaplupirt des
marchés des départements, les prix de toutes les catégories d'animaux de bouche-
rie présentent beaucoup de fermeté.
A Londres, les importations d'animaux étrangers durent la semaine dernière se
240 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT (10 FÉVRIER 1883).
sont composées de 10,924 tètes, dont 14 veaux et 22 moutons venant d'Amster-
dam ; 1,57 2 moutons d'Anvers; 32 i œufs de Boulogne;. 2,859 moutons de Brème ;
68 bœufs de Cherbourg; 92 bœufs et 23 veaux de Gothembourg; 1,772 moutons
d'Hambourg ; 88 bœufs et 29 veaux d'Harlingen ; 60 bœufs du Havre ; 414 bœufs
d'Oporto ; 54 bœufs, 246 moutons et 3,579 moutons de Botterdam. Prix du
kilog. Bœuf : qualité inférieure, 1 fr. 58 à 1 Ir. 75; 2" qualité, 1 fr. 75 à 1 fr. 93 ;
l^-^ qualité, 1 fr. 99 à 2 fr. 16 — Veau : 2' qualité, 2 fr. 10 à 2 fr. 28; 1« qualité,
2 fr. 28 à 2 fr. 45. — Mouton : qualité inférieure, 1 fr. 93 à 2 fr. 10; 2^ qua-
lité, 2 fr. 10 à 2 fr. 45; l'''^ qualité, 2 fr. 57 à 2 fr. 80. — Porc : 2« qualité,
1 fr. 35 à 1 fr. 46; l"-^ qualité, 1 fr. 52 à l fr. 64.
Viande à la criée. — Il a été vendu à la halle de Paris, du 29 janvier au
3 février :
Prix du kilog. le 5 février.
kilog. 1" quai. 2' quai. 3" quai. Choix. Basse Boucherie.
Bœuf OU vache... 162,770 1.62 à 2.00 1.40 à 1.00 1.00 à 1.38 1.60 à 2.80 0.20 à 0.90
Veau 146,691 2,12 2 46 1.80 2.10 1.56 1.78 1.76 2.80 »
Mouton 55,792 1.60 2.02 1.38 1.58 0.94 1.36 1.76 2.46 »
Porc 51,264 Porc frais 1.26àl.50; salé, 1,20
416,517 Soit par jour 69,919 kilog.
Les ventes ont été inférieures de 800 kilog. environ par jour à celles de la
semaine précédente. — Les prix sont soutenus pour la plupart des catégories.
XIII. — Cours de la viande à Vabattoir de la Yillelte du 10 février {par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Villette par 50 kilog. : i" qualité,
70 à 73 fr. ; 2% 65 à 70 fr. ; poids vifs, 45 à 50 fr.
Bœufs. Veaux. Moutons.
1" 2" 3° l" 2' 3° ' l" 2° 3'
quai. quai. quai. q al. quai. quai. quai. quai. quai.
fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr.
80 72 64 123 110 98 98 93 88
XIV. — Marché aux bestiaux de la Villette du jeudi 10 février 1883.
Cours des commissionnaires
Poids Cours officiels. en besliaux.
Animaux général. 1" 2" 3" Prix 1'" T 3' rri.t
amenés. Invendus. kil. quai. quai. quai, extrêmes. quai. quai. quai. extrêmes.
Bœufs 2 721 396 365 1.74 1.58 1.30 1.26àl.78 1.72 1.56 1.30 1.25àl.76
Vaches S05 106 238 1.62 l.'iO 120 1.14 1.65 1.60 1.40 1.20 1.14 1 64
Taureaux... 121 » 375 1 48 1.32 1.22 1.22 1.52 1.48 1.32 1.25 1.22 1.54
Veaux (.138 163 80 2.36 2.16 1.92 1.70 2.56 » » » »
Moutons 18 239 774 - 19 2 30 2.14 1 95 175 2 35 » » » »
Porcs gras.. 4.575 » 82 1.40 1.34 1.28 1.24 1.44 » » » »
— maigres.. 9 » » » » » »* » » » » »
Vente lente sur le gros bétail, assez active sur les autres espèces.
XV. — Résumé.
A l'exception des sucres, les cours de la plupart des denrées agricoles sont
soutenus avec fermeté, durant cette semaine, sur presque tous les marchés.
A. Bemy.
BULLETIN FINANCIER
Semaine de fluctuations, reprise au dernier moment : le 3 0/0 est à 79,35; et
le 5 0/0 à 1 14,85. Bonne tenue des Sociétés de crédit : baisse à nos chemins de fer.
Cours de la Bourse du \ au 1 février 1883 {au comptant).
Principales valeurs françaises :
Plus Plus Dernier
bas. haut, cours.
Rente 3 O/0 73. îo 79 35 79.35
Renie 3 0/0 amortis 79.00 8O.20 80. 20
Rente 4 1/2 0)0 109.00 109.50 109.50
Renie 5 0/0 114 35 115.17 114.85
Banque de France 5200.00 5300.00 5225.00
Comptoir d'efcomple 962.50 987.50 962 50
Société générale 565.00 570.00 570.00
Crédit foncier 1225.00 1270.00 1245.00
Est Actions 500 700 00 710.00 700.00
Midi d° 1035 00 1052.50 1035.00
Nord d" 1765.00 I8OO.OO 1765.00
Orléans d" 1200.06 1220.00 1210.00
Ouest d° 770.00 775.00 775.00
Paris-Lyon-Médilerranée d° ifoo.oo 1535.00 1503.75
Paris 1871 obi. 400 à 3 O/O. 3S9.O0 395.00 389.00
Italien 5 0/0 86.35 86 95 86 85
Le Gérant : A. BOUCHÉ.
Chemins de fer français et étrangers :
Autrichien d"
Lombards d°
Romains d°
Nord de l'Espagne d°
Saragosse à Madrid... d°
Portugais d"
Est oblig. 3 0/0 rembour-
sable à 500 fr d"
Midi d»
Nord d'-
Orléans d°
Paris-Lyon-Méditer — d"
Ouest d"
Nord-Esp. priorité d"
Lombards d"
Plus
PI
JS
Dernier
bas.
haut.
cours.
695
.00
707
50
703
75
291
25
298
75
295
00
I06
00
106
00
500
00
522
50
512
50
'165
10
470
00
4G5
00
565
00
575
00
570
00
356
75
358
CO
356
75
356
00
358
(10
356
00
366
00
367
25
367
00
361
50
364
00
361
50
357
75
362
00
357
75
357
00
360
00
357
25
338
00
345
00
342
00
280
00
289
00
282
00
LETERRIER.
CHRONIQUE AGRICOLE (n février isss).
Tableau relatif au mouvement de la population en France en 1881. — Départements dans lesquels
le nombre des décès est supérieure celui des naissances. — I.e commercej agricole en 1882.
— Importations et exportations des céréales et des farineux alimentaires, du bétail et des pro-
duits animaux. — Le commerce des viandes fraîches et des viandes salées de porc. — Election de
M. Paul Mares comme membre associé de la Société nationale d'agriculture. — Prochaine élec-
tion d'un membre associé dans la Section d'économie des animaux. — Le phylloxéra. — Circu-
laire du ministre de l'agriculture sur l'importation des produits horticoles en Belgique. — Présen-
tation au Sénat du projet de loi sur le phylloxéra en Algérie. — Expériences sur la greffe de la
vigne organisées à Réziers. — Concours d'animaux de boucherie à Rouen. — Exposition et.
vente de béliers faites par la Société d'agriculture de l'Indre. — Exposition d'agriculture à Lis-
bonne. — Le Code rural devant la Chambre des députés. — Rapport de M. Périgois sur la
police des animaux employés d.ins les exploitations rurales. — Les blés de printemps. — Lettre
de M. Boncenne sur le blé Pluie-d'or. — Elude de M. Ernest Baltet sur les semis d'arbres frui-
tiers pour la recherche de nouvelles variétés. — Catalogue de MM. Vilmorin-Andrieux pour le
printemps de 1883.
I. — Le mouvement de la population.
Le Journal officiel vient de publier le tableau du mouvement de la
population en France en 1881 . De ce tableau, il résulte que l'augmen-
tation totale de la population a été, pendant l'année, de 108,229 habi-
tants ; en 1880, l'accroissement de la population n'avait été que de
61,940. Mais ce résultat plus favorable tient plus à la diminution du
nombre des décès qu'à l'accroissement de celui des naissances. En
1880, on a compté, pour toute la France, 828,828 décès, contre
858,237 en 1880; les naissances se sont élevées à 937,057, contre
920,177 l'année précédente. On compte vingt départements dans les-
quels le nombre des décès a été supérieur à celui des naissances; ce
sont les suivants : Aube, Calvados, Côte-d'Or, Drôme, Eure, Eure-et-
Loir, Haute-Garonne, Gers, Hérault, Lot, Lot-et-Garonne,. Maine-et-
Loire, Manche, Haute-Marne, Orne, Sarthe, Seine-et-Oise, Tarn-et-
Garonne, Var, Vaucluse. Le fait constant qui domine la situation, c'est
la lenteur de la natalité en France ; ce fait devient encore plus saillant,
lorsqu'on le compare avec les faits constatés dans la plupart des autres
pays d'Europe.
IL — Le commerce agricole.
L'administration des douanes vient de publier le relevé du com-
merce de la France avec les pays étrangers pendant l'année 1882.
Nous devons en reproduire les chiffres qui se rapportent au commerce
des denrées agricoles. — Voici, d'abord, en ce qui concerne les prin-
cipales céréales et les farineux alimentaires, le mouvement des impor-
tations et des exportations, au commerce spécial, pendant les trois
dernières années :
IMPORTATIONS (quintaux métriques) EXPORTATIONS (quintaux métriques^
1880 1881 1882 1880 1881 1882
Froment 19,999,437 12,852,054 12,936,746 88,941 86,470 65,438
Seigle 382,663 8,660 20,319 995,802 1,754,709 1,058,692
Maïs 3,484,825 3,152,664 1,897,299 152,454 122,132 160,411
Orge 1,244,246 1,024,772 1,473,214 1,054,339 1,680,857 961,115
Avoine 3,629,653 2,673,395 3,177,575 92,704 125,124 149,438
Farine de froment 280,643 235,693 326,057 151,812 166,941 95,899
Pommesde terre 212,028 213,902 151,229 1,637, .527 1,587,092 1,666,152
Légumes secs 864,205 910,010 859,472 257,003 197,919 312,265
De ce tableau, il résulte que, en 1882, il y a eu diminution dans les
importations pour toutes les céréales, mais qu'il y a eu une légère
augmentation dans celle des farines. Quant aux exportations, sauf en
ce qui concerne le seigle et l'avoine, il y a eu diminution.
Le commerce du bétail a donné les résultats suivants :
N" 723. — Tome l" de 1883. — 17 Février.
242 CHRONIQUE AGRICOLE (17 FÉVRIER 1883).
IMPORTATIONS ^EXPORTATIONS
1880 1881 1882 1880 18Sl 1882
têtes. têtes. têtes. têtes. têtes. têtes.
Chevauî entiers 1,953 1,811 1,108 909 2,635 3,178
— hongres 14,662 13,709 13,615 4,735 4,036 4,955
Juments 5,510 3,964 2,902 2,185 2,680 3,432
Poulains 3,589 2,668 2,538 1,799 1,493 1,650
Milles et mulets 492 930 780 17,913 15,658 10,537
Bœufs 68,384 £4,133 77,866 19,956 27,531 39,908
Vaches 65,431 44,093 50,133 22,259 30,455 29,355
Taureaux 1,902 1,794 1,687 953 1,306 1,022
Bouvillons et taurillons... 5,311 2,953 4,279 893 1,064 1,222
Génisses 4,805 2,139 4,':03 4,984 5,058 4,223
Veaux.. 50.681 45,230 56,442 10,262 10,651 8,990
Béliers, brebis et moutons. 2,078,4911,711,964 2,154,964 31,978 31,306 30,484
Porcs.. 164,152 167,611 99,096 41,359 41,050 50,222
Cochons de lait 89,264 81,870 56,466 12,700 15,234 14,682
Les importations de bétail ont été à peu près les mêmes, pour les
principales espèces d'animaux, durant les trois dernières années. Le
fait saillant en ce qui concerne les exportations, est l'accroissement
constant des exportations d'étalons : c'est principalement sur ceux du
Perche et du Boulonnais que porte ce mouvement. Quant au commerce
des viandes fraîches, il se résume comme il suit, à l'importation :
viandes de boucherie fraîches, en 1880, 85,185 quintaux; en 1881,
57,451 quintaux; en 1882, 60,285 quintaux; — viandes salées de
porc, en 1880, 387,133 quintaux métriques; en 1881, 197J62 quia-
taux; en 1882, 32,681 quintaux. L'énorme diminution constatée
depuis deux ans, sur les viandes de porc, est la conséquence du décret
de prohibition sur les viandes de porc d'origine américaine.
IIL — Election à la Société nationale d'agriculture.
La Société nationale d'agriculture a procédé dans sa séance du
iU février, à l'élection d'un membre associé national dans la Section
hors cadre. M. Paul Mares a été élu, au deuxième tour de scrutin, par
26 suffrages contre 10 donnés à M. Arlès-Dufour, 4 à M. le duc d'Ayen
et 1 à M. Champonnois.M. Paul Mares, ancien président de la Société
d'agriculture d'Alger, s'est fait connaître par d'importants travaux
. scientifiques, en même temps qu'il a dirigé et transformé une grande
explo'tation agricole dans la Mitidjah.
Dans le comité secret de la même séance, la Société a entendu le
rapport de la Section d'économie des animaux sur les candidats à une
place de membre associé. La Section présente : en première ligne,
M. Ghabot-Karlen; en deuxième ligne, M. Gréa; en troisième ligne et
par ordre alphabétique, M. Noaette-Delorme, M. Richard (du Cantal),
M. de la Tréhonnais. L'élection aura lieu dans la séance du 21 février.
IV. — Expériences de charrues à Grignon.
La Société nationale d'agriculture a décidé que des expériences
publiques de la charrue-tilbury automatique, importée en France par
M. Rogy, et de la charrue inventée par M. Boreau, auront lieu le ven-
dredi 23 février à l'école nationale d'agriculture de Grignon. Nous rap-
pelons qu'on se rend à Grignon par le chemin de Paris (gare Montpar-
nasse) à Granville, en partant à 9 h. 50 minutes du matin ou à midi
30 minutes. Le retour a lieu à 4 h. 50 minutes du soir.
V. — Le phylloxéra.
A l'occasion de plusieurs difficultés soulevées pour l'exportation des
produits horticoles de France en Belgique, M. le ministre de l'agricul-
ture vient d'adresser aux préfets la circulaire suivante :
CHRONIQUE AGRICOLE (17 FÉVRIER 1883). 243
« Monsieur le préfet, une note insérée dans le Journal officiel du 5 janvier
courant fait connaître, aux horticulteurs français, les conditions auxquelles sont
soumises les expéditions des produits horticoles en Belgique.
« Afin d'éviter les retards préjudiciables que l'ignorance des prescriptions
imposées par la loi belge pourrait causer à nos horticulteurs, j'ai l'honneur de
vous transmettre, ci-dessous, la note en question, en vous invitant à lui faire
donner toute la publicité possible.
« Les plantes, arbustes et tous les végétaux autres que la vigne, non dénommés
à l'article 3, provenant de pépinières, de jardins ou de serres, continueront d'être
admis à l'entrée et au transit, mais ils ne seront introduits que par les bureaux
de douanes d'Anvers, de Bruxelles, de Grand, de Liège et d'Ostende, pour les
importations par eau et parles bureaux placés sur une voie ferrée pour les impor-
tations par les frontières de terre.
« Les conditions suivantes seront observées :
a 1" Ces colis seront présentés dans les conditions usuelles d'emballage de
manière à permettre les constatations nécessaires. ^
« 2" Ils seront accompagnés :
« A. — D'une déclaration signée par l'expéditeur portant : ' /
« a, l'indication du point de réception définitive et l'adresse du destinataire;
« b, la mention que le contenu provient en entier de l'établissement de
l'expéditeur;
ce c, l'affirmation que l'envoi ne renferme aucun pied de vigne;
« d, la mention que les végétaux sont présentés avec ou sans motte de terre.
« B. — D'une déclaration de l'autorité compétente, basée sur Tattestation d'un
expert officiel portant :
« a, que l'envoi provient d'un terrain (plantation ou enclos) séparé de tout
pied de vigne par un espace de 20 mètres au moins ou par un autre obstacle aux
racines jugé suffisant par l'autorité compétente;
a b, que ce terrain ne contient lui-môme, aucun pied de vigne ;
« c, qu'il n'y est fait aucun dépôt de cette plante;
ce d, que, s'il y a eu des ceps phylloxérés, l'extraction radicale, des opérations
toxiques répétées et, pendant trois ans, des investigations ont eu pour eilet d'assu-
rer la destruction complète de l'insecte et des racines. »
ce Vous remarquerez, monsieur le préfet, que la déclaration de l'expéditeur doit
être corroborée par une déclaration de l'autorité compétente basée sur l'attestation
dun expert officiel.
ce II va sans dire, que, dans l'espèce, l'autorité compétente est le maire de là
commune.^ Gomme il n'existe pas, en France, d'expert officiel chargé des constata-
tions énumérées dans les alinéas a, b, c^d, du paragraphe B, cette fonction pourra
être confiée au commissaire de police ou au garde champêtre dans les communes
cil il n'existe pas de commissaire de police.
ce Je vous prie, monsieur le préfet, de vouloir bien m'accuser réception de la pré-
sente circulaire et de me faire connaître les mesures que vous aurez cru devoir
prendre pour porter les prescriptions ci-dessous indiquées à la connaissance
des intéressés.
ce Becevez, etc. Le ministre de V agriculture, de Mahy.
Dans la séance du Sénat du 12 février, M. le ministre de l'an^ricul-
culture a présenté le projet de loi relatif aux mesures à prendre pour
sauvegarder l'Algérie contre l'invasion du phylloxéra. Ce projet de loi
est celui qui a été préparé par la Commission supérieure du phyl-
loxéra, et dont nous avons donné le texte dans une précédente chro-
nique.
VI. — La greffe de la vigne.
Le Comice agricole de Béziers, présidé par M. E. Giret, vient de
décider qu'un concours de greffe de la vigne aura lieu à Béziers (Hé-
rault), les r"" et 2 avril. Le premier jour sera consacré à des conférences
publiques sur toutes les questions qui se rattachent à la gretïe de la
vigne, ainsi qu'à une exposition des outils ou machines à greffer,
ainsi que des instruments servant à l'emploi des substances insecti-
jeides ou à la submersion. Le deuxième jour aura lieu un concours de
244 CHRONIQUE AGRICOLE (17 FÉVRIER 1883).
greffe pratique sur souche dans une vigne de la commune de Béziers,
sous la direction d'une Commission spéciale qui, à la fin de l'été, con-
statera les résultats manifestés à cette époque sur les lots numérotés
des souches assignées à chacun des concurrents ; la Commission
appréciera le mérite des procédés employés, et déterminera les mé-
dailles en or, vermeil, etc., et les primes en argent qui devront être
distribuées aux plus méritants. Dans le but de faire connaître et pro-
pager les modes de greffe de la vigne, autres que celui de greffe
sur place qui fait l'objet principal de ce concours, la Commission
pourra visiter les vignobles où l'on aurait signalé des faits intéressants
obtenus par n'importe quel procédé de greffe. Les personnes qui
voudront prendre part aux conférences théoriques sur le greffage, au
concours pratique ou à l'exposition des outils ou machines, devront
adresser leur demande à M. E. Giret, président du Comice, avant le
20 mars 1883.
VIL' — Concours d'animaux gras à Rouen.
Nous avons déjà annoncé que le concours d'animaux de boucherie,
organisé à Rouen par la Société centrale d'agriculture de la Seine-
ïnférieure, se tiendrait les 19 et 20 mars. Ce concours comprendra
les animaux des races bovines, ovines et porcines, isolés ou par ban-
des ; il est général; les animaux peuvent y être admis, quel que soit le
département dans lequel ils ont été élevés ou engraissés. Nous remar-
quons, dans le programme, que les animaux jeunes sont classés
d'après l'état de la dentition. Pour les bœufs, il y a deux catégories :
la première comprend les animaux ayant au plus six dents de rem-
placement; la seconde, ceux ayant toutes leurs dents de remplace-
ment, mais dont les coins n'ont pas encore rasé. Pour les moutons,
la première catégorie comprend les animaux de toute race ayant
encore toutes leurs dents de lait, ou les pinces seulement fraîchement
tombées.
VIIL — Exposition et vente de béliers.
La Société d'agriculture de l'Indre continue la série des expositions
spéciales qu'elle a organisées. Elle fera, le 9 prochain, à Châteauroux,
une grande exposition de reproducteurs de l'espèce ovine, suivie d'une
vente aux enchères entre les sociétaires. Une somme de quinze cents
francs sera affectée aux frais de l'exposition et de la vente aux enchères.
Tous les animaux, sans distinction d'origine, de race et d'âge, seront
•admis. Des prix et des médailles seront décernés aux meilleurs ani-
maux âgés de 6 à 18 mois. La répartition en sera faite de la manière
suivante : 1""^ catégorie, race berrichonne pure; 2% race dishley;
■3*, race southdown; 4% croisements divers. Dans chaque catégorie,
quatre médailles et une somme de 100 fr. en primes pourront être
décernées.
La vente aux enchères se fera sans désignation d'animal. Lorsqu'un
sociétaire aura été déclaré adjudicataire, il indiquera immédiatement
le bélier qu'il a choisi. La mise en vente sera de 70 pour 100 du prix
arrêté entre la Commission et l'exposant. Les enchères ne seront pas
inférieures à 2 pour 100. La réduction consentie par la Société ne
portera que sur les deux cents premiers francs. L'acquéreur qui choi-
sira un animal d'un prix supérieur, payera intégralement la différence.
Une Commission de six membres décernera les prix et les médailles.
CHRONIQUE AGRICOLE (17 FÉVRIER 1883). 245
Ses décisions ne seront portées à la connaissance des intéressés qu'a-
près la vente aux enchères terminée.
IX. — Exposition d'agriculture en Portugal.
Le gouvernement portugais a décidé l'organisation d'une exposition
nationale d'agriculture qui aura lieu à Lisbonne dans le courant du
mois de mai prochain. Cette exposition est destinée : à réunir les
types authentiques des vins du pays, et à grouper ceux qui sont les
plus aptes à l'exportation ; à établir par des types, les tendances de
l'industrie de l'élevage en Portugal ; à réunir une collection de char-
rues à vigne applicables au sol du Portugal. — Les objets exposés
seront divisés en huit groupes : 1 ° vins, vignobles et dérivés ; 2" pro-
duits alimentaires, industriels et commerciaux ; 3" animaux domesti-
ques; 4" moteurs, machines et instruments agricoles; 5" engrais;
6" constructions rurales, ornementales et hydrauliques ; logements à
bon marché pour journaliers ; 7" culture et exploitation des forêts ;
8° cartes agricoles du pays et comptabilité agricole.
X. — Le Code rural à la Chambre des députés.
Nous avons indiqué, dans notre numéro du 25 février 1882, la dis-
cussion par le Sénat, du projet de loi détaché du Code rural sur la
police des animaux employés à l'exploitation des propriétés rurales.
Ce projet de loi a été transmis à la Chambre des députés. Le rapport
fait, au nom de la Commission, par M. Périgois, vient d'être déposé.
Il conclut à l'adoption du projet de loi avec quelques modifications.
Voici le texte des articles proposés au vote de la Chambre par la Com-
mission :
Section première. — Des bestiaux et des chèvres.
Article premier. — Lorsque des animaux non gardés ou dont le gardien est
inconnu ont causé du dommage, le propriétaire lésé a le droit de les conduire sans
retard au lieu de dépôt désigné par le maire, qui, s'il connaît la personne respon-
sable du dommage, aux termes de l'article 1385 du Gode civil, lui en donnera
immédiatement avis.
Si les animaux ne sont pas réclamés, et si le dommage n'est pas payé dans la
huitaine du jour où il a été commis, il est procédé à la vente sur ordonnance du
juge de paix, qui évalue les dommages.
Cette ordonnance sera affichée sur papier timbré et sans frais à la porte de la
mairie.
Le montant des frais et des dommages sera prélevé sur le produit de la vente.
En ce qui concerne la fixation du dommage, fordonnance ne deviendra défi-
nitive, à l'égard du propriétaire de l'animal, que s'il n'a pas formé opposition par
simple avertissement dans la huitaine de la vente.
Cette opposition sera même recevable après le délai de huitaine, si le juge de
paix reconnaît qu'il y a lieu, en raiaon des circonstances, de relever l'opposant de
la rigueur du délai.
Art. 2. — Les préfets peuvent, après avoir pris l'avis des Conseils généraux
et des Conseils d'arrondissement, déterminer par des arrêtés les conditions sous
lesquelles les chèvres peuvent être conduites et tenues au pâturage.
Art. 3. — Les propriétaires de chèvres conduites en commun sont solidaire-
ment responsables des dommages qu'elles causent.
Section II. — Des animaux de basse-cour, pigeons, abeilles et vers à soie.
Art. 4. — Les volailles et autres animaux de basse-cour qui s'enfuient dans
les propriétés d'autrui ne cessent pas d'appartenir à leur maître, quoiqu'il les ait
perdues de vue.
Néanmoins, celui-ci ne pourra plus les réclamer un mois après la déclaration
qui devra être faite à la mairie par les personnes chez lesquelles ces animaux se
seront enfuis.
Art. 5. — Celui dont les volailles passent sur la propriété d'autrui et y causent
<|46 CHRONIQUE AGRICOLE (17 FÉVRIER 1883).
êes dommages est tenu de réparer ces dommages. Celui qui les a soufferts peut
même tuer les volailles, mais seulement sur le lieu, au moment du dégât, et sans
pouvoir se les approprier.
Il devra, dans les vingt-quatre heures, les faire rémettre ù la mairie, en décla-
rant le nom du propriétaire, s'il le connaît. Au cas où elles ne seraient pas récla-
niées, il en sera disposé au profit des hôpitaux ou des pauvres de la commune,
Art 6. — Les préfets, après avis des Conseils généraux, déterminent chaque
année, pour tout le département, ou séparément pour chaque commune, s'il y a
lieu, l'époque de l'ouverture et de la clôture des colombiers.
Art. 7. — Pendant le temps de la clôture des colombiers, les propriétaires et
fermiers peuvent tuer et s'approprier les pigeons qui seraient trouvés sur leurs
Tonds, indépendamment des dommages-intérêts et des peines de police encourues
par les propriétaires des pigeons.
Sont applicables, en tout autre temps, aux pigeons, les dispositions de l'art. 5
cirdessus.
Art. 8. — Les préfets déterminent, après avis des Conseils généraux, la dis-
tance à observer entre les ruches d'abeilles et les propriétés voisines ou la voie
publique, sauf, en tout cas, l'action en dommage, s'il y a lieu.
Alt. 9. — Le propriétaire d'un essaim a le droit de le réclamer et de s'en
ressaisir, tant qu'il n'a point cessé de le suivre ; autrement l'essaim appartient au
propriétaire du terrain sur lecruel il s'est fixé.
Art. 10. — Dans le cas où les ruches à miel pourraient être saisies séparément
du fond auquel elles sont attachées, elles ne peuvent être déplacées que pendant
les mois de décembre, janvier et février.
Art. 11. — Les vers à soie ne peuvent être saisis pendant leur travail. Il en
est de même des feuilles de mûrier qui leur sont nécessaires durant le cours de
cette même période.
Nous ferons connaître les résultats des discussions de la Chambre
SUT ce projet de loi.
XL — Les blés de printemps.
A l'occasion des variétés de blé qui peuvent être avantageusement
semées au printemps, nous recevons de notre collaborateur, M. Bon-
cenne fils, de Fontenay-le-Comte (Vendée), la lettre suivante :
« Monsieur et cher directeur, permettez-moi d'emprunter la voie de votre
excellent Journal pour informer les nombreux agriculteurs qui m'ont demandé du
tlé Pluie-d'or lorsque ma provision était déjà épuisée, que cette intéressante
variété est cultivée sur une grande échelle à l'abbaye de Notre-Dame-de-la-Trappe,
à Forges, près Chimay (lîelgique).
« L'économe de ce couvent, le frère Benoit, m'écrit qu'il dispose encore d'une
centaine de sacs qu'il céderait à raison de 40 francs les 100 kilog., sur wagon,
en gare de Chimay. « C'est en 1872, ajoule-t-il, que M. de Biseau m'a remis un
litre de ce précieux froment et depuis nous en avons semé tous les ans. Nous
cultivons un terrain bien ingrat qui ne produit qu'à force de soins et d'engrais.
Son altitude est de 327 mètres au-dessus du niveau de la mer. Ce pays s'appelait,
avant le déboisement, la Sibérie de la Belgique. Eh bien, dans ce triste terrain, le
ilé Pluie-d'or rapporte en moyenne 1,900 à 2,000 kilog. à l'hectare et de la paille
en abondance Nous avons eu des années de 2,100 et 2,300 kilog., et il me
semble que dans les bonnes terres, ce froment pourrait bien rapporter 3,000 kilog.
à l'hectare.
« La nature du sol et du climat nous obligent à semer très tardivement, le plus
souvent du 12 au 2u mars. En 1867, nous n'avons pu commencer nos semailles
que le 10 avril, et le produit a été encore de 2,100 kilog. En 1874, une petite
pièce ensemencée le 5 mai, a été récoltée le 31 août. En 1876, un autre carré
ensemeïicé le 17 mai a pu être moissonné le 15 septembre.
« Nous sulfatons nos niés de mars comme nos blés d'hiver. »
• ' « Cette lettre qui m'a paru assez intéressante pour être en grande partie repro-
duite, était accompagnée d'un échantillon de grain très propre et exempt de tout
mélange.
« Du reste, en Belgique comme dans nos départements de l'ouest, l'année 1882
a été très défavorable aux céréales. La rentrée des gerbes et les battages se sont
©pérés dans de fâcheuses conditions.
CHRONIQUE AGRICOLE (17 FÉVRIER 1883). 247
« La température s'améliore depuis quelques jours et se montre plus favorable
aux travaux des champs. Les labours et les transports d'engrais se poursuivent
avec beaucoup d'activité, on fait de tous côtés de grands eilorts pour réparer le
temps perdu.
« Veuillez agréer, etc. E. Boncenne fils.
Les intéressants renseignements que renferme cette lettre pourront
encore être utiles à un grand nombre d'agriculteurs.
XII. — Les semis d'arbres fruitiers.
La multiplication du nombre de bonnes variétés d'arbres fruitiers
est principalement obtenue par semis. Les amateurs d'arboriculture
sa livrent avec passion aux semis; mais un certain nombre manquent
souvent de guide pour ce travail. C'est pourquoi nous croyons utile
de signaler l'excellente notice que M. Ernest Baltet, horticulteur à
Troyes (Aube), vient de publier sous le titre Semis d'arbres fruitiers
pour la recherche de nouvelles variétés. Dans cette notice, on trouve
des indications pratiques sur le choix et la préparation des graines,
sur leur mise en terre, sur la plantation en pleine terre, les soins de
, culture, la fructification, la propagation des bons fruits. En terminant,
M. Ernest Baltet donne quelques indications sur l'origine des meil-
leures variétés de fruits : presque tous les bons raisins sont nés ea
France, les meilleures poires en Belgique et en France, quelques-unes
en Amérique; les bonnes pommes appartiennent aussi bien à FAmé-
rique du nord qu'à l'Allemagne, aux Pays-Bas, à l'Angleterre et à la
France; les bonnes cerises viennent un peu de partout; les pêches
fondantes sont originaires de la France centrale, des Etats-Unis, de
l'Angleterre, tandis que les persèques, les pavies et les pêches à chair
plus ou moins ferme sont naturalisées dans le midi de la France.
XIIL — Plantes potagères, florales, etc.
La maison Vilmorin-Andrieux vient de publier son catalogue géné-
ral de graines, fraisiers, oignons à fleurs, pour le printemps 1883. lî
ne compte pas, moins de 192 pages et il comprend six parties : plantes
potagères, plantes officinales, plantes céréales , fourragères et écono-
miques, graines d'arbres et graines de vignes d'Amérique et d'Asie,
graines de fleurs, oignons à fleurs. Un supplément au catalogue com-
prend 64 nouvelles variétés de plantes florales et 31 nouvelles variétés
de légumes et de plantes fourragères. Parmi ces dernières, nous signa-
lerons deux nouvelles variétés de pommes de terre : la Géante, variété
allemande, à tubercule long, jaune panaché de rouge, yeux enfoncés;
chair jaune; à maturité tardive; recommandée par sa très grande pro-
duction; et la pomme de terre Prince-de-Galles qui paraît être une
variation de la P. de T. Royal ash-leaved Kidney^ mais elle est beau-
coup plus productive et à peu| près de la même précocité; ses tuber-
cules sont un peu irréguliers, tantôt en forme d'amande ou de poire,
tan;ôt presque complètement ronds; la chair jaune est de qualité
excellente. J.-A. Barral.
SOCIETE NATIONALE D'AGRICULTURE
Séance du 14 février 1883. — Présidence de M. Clwvreul.
M. le ministre de l'instruction publique envoie le programme du
Congrès des Sociétés savantes qui se réunira à la Sorbonne au mois de
mars prochain.
248 CHRONIQUE AGRICOLE (17 FÉVRIER 1883).
M. Palluat de Besset, agriculteur à Nervieux (Loire), lauréat de la
prime d'honneur, écrit pour poser sa candidature à une place de membre
associé national. '
M. de Thiac, président de la Société d'agriculture de la Charente,
envoie le compte rendu des expériences de vaccination charbonneuse
qui ont eu lieu sous la direction de cette Société.
M. Arnaudeau, ingénieur civil, envoie un projet de colonisation au
Sénégal.
M. Ernest Baltet envoie une notice sur les semis d'arbres fruitiers ;
MM. Vilmorin-Andrieux, leur nouveau catalogue de graines ;
M. Quéhen-Mallet, un traité sur la culture des pommes de terre.
M. Baudrillart fait hommage de la 5'' édition de son Manuel d'éco-
nomie politique qui vient de paraître.
M. Chatin présente, de la part de M. Tétreau, conseiller d'Etat, un
volume intitulé Commentaire de la loi du 4 avril 188i sur la restaura-
tion et la conservation des terrains en montagne.
M. Bouquet de la Grye fait connaître que, de l'examen de la note
de M. Maréchal sur la présence de la fécule dans les tiges ligneuses,
il résulte que les expériences faites ne sont pas assez précises pour
qu'on puisse en tirer des conclusions pratiques.
M. Maxime Cornu présente quelques observations sur un cham-
pignon du pin qui exerce des ravages dans plusieurs parties de la
Sologne, notamment sur les jeunes plantations et surtout dans les
terres humides.
M. Barrai donne lecture d'une note sur l'influence de l'humidité
souterrraine et de la capillarité du sol sur la végétation des vignes.
Cette note est reproduite dans ce numéro.
La Société procède à l'élection d'un membre associé dans la Section
hors cadre. M. Paul Mares est élu. — Elle décide que des expériences
de charrues auront lieu le 23 février à Grignon. Henry Sagmer.
INFLUENCE DE L'HUMIDITÉ SOUTERRAINE
ET DE LA GAPILLARITii DU SOL SUR LA VÉGÉTATION DES VIGNES'.
L'immunité des vignes contre les atteintes du phylloxéra dans les
sables d'Aigues-Mortes, est un fait bien constaté. On l'explique par
cette considération que l'insecte dévastateur ne peut pas se mouvoir
facilement dans les sables très fins et qu'il s'y déplaît. Cela paraît
d'autant plus plausible que dans quelques endroits du territoire
d'Aigues-Mortes, où l'on trouve un peu d'argile mélangée au sable,
soit naturellement soit accidentellement, l'insecte apparaît sur les
vignes et y exerce son action dévastatrice, à ce point que j'ai pu voir
sur un même cep des phylloxéras dévorer des racines plongeant dans
de l'argile, tandis que des racines poussées dans le sable restaient
parfaitement indemnes et soutenaient la végétation du pied de vigne.
Mais l'analyse du sable d'Aigues-Mortes, pris dans la couche supé-
rieure, jusqu'à un mètre de profondeur, et dans les champs considé-
rés comme les plus fertiles, ne permet pas d'expliquer la fécondité
qu'y trouve la vigne. On y récolte très souvent entre 150 et 200 hec-
tolitres de vin par hectare; les vendanges s'y élèvent même parfois
au delà de 300 hectolitres de vin avec le cépage Aramon. Or, la matière
organique du sol desséché à 100 degrés ne s'élève pas à plus de
1. Note lue à l'Académie des sciences le 12 février 1883.
INFLUENCE DE L'HUMIDITi?! SOUTERRAINE SUR LES VIGNES. 249
2 pour 100, tandis que la matière minérale est formée d'un sable cal-
caire dosant 75 pour 100 de silice, 20 à 22 pour 100 de carbonate
de chaux, moins de 1 pour 100 de silicate d'alumine et de potasse,
0.25 de sesquioxyde de fer, 0.03 d'acide phosphorique. Les matières
azotées, il est vrai, dans les parties les plus ferciles, s'élèvent à 0.82
pour 100 (0.13 d'azote); c'est que là on emploie jusqu'à 100 mètres
cubes de fumier que l'on va chercher à Cette par bateau, et que l'on
amène à Aigues-Mortes par le Grau du Roi et par le canal de Beau-
caire à la mer. Ce fumier est, il est vrai, très riche; j'y ai trouvé
11 pour 100 de matières azotées après l'avoir desséché, ou 6.16 à l'état
normal, de telle sorte que, peu après avoir donné la fumure, on trouve
des quantités d'ammoniaque considérables dans le sable fécondé; mais
le fumier y est vite dévoré sous l'ardeur du soleil. Les pluies sont
rares; dans la plupart des années, il ne tombe presque pas d'eau,
entre avril et septembre, ce qui n'empêche d'avoir de magnifiques ven-
danges. Dans ces conditions, il m'a paru qu'on ne pouvait pas expli-
quer la résistance et la fécondité du vignoble d'Aigues-Mortes par le
seul examen de la superficie de son sol, et j3 résolus de le parcourir
la sonde à la main pour en étudier par comparaison le sol et le
sous-sol.
Je fus accompagné dans mon expédition, entre autres personnes,
par l'ingénieur en chef des ponts et chaussées des Bouches-du-Rhône,
M. Stœcklin, par l'inspecteur général d'agriculture de la région,
M. du Peyrat, par le maire d'Aigues-Mortes membre du Conseil géné-
ral du Gard, et par M. Bayle, agriculteur à Aigues-Mortes, à qui l'on
doit d'avoir révélé la résistance des vignes plantées dans les sables,
au milieu d'une région où toutes les autres vignes avaient succombé
sous l'invasion phylloxérique. Avec le concours de M. Bayle, j'ai pu
tout d'abord circonscrire la précieuse immunité ; elle s'étend des
environs des Saintes-Mariés jusqu'à Palavas; Aigues-Mortes en est à
peu près le centre; elle embrasse environ 6,000 hectares; elle est
teintée en bleu sur la carte de l'état-major que je présente à l'Acadé-
mie; on peut voir qu'elle n'est pas absolument continue, mais qu'elle
est entrecoupée par des étangs et par des terres dites des salants qui
sont improductives et ne portent que des plantes salicornes. Les son-
dages ont révélé cette circonstance caractéristique qu'alors qu'il n'était
pas tombé de pluie depuis plus de trois mois (nous étions à la fin de
juin), on ne trouvait que moins de 1 pour 100 d eau dans la première
couche à 0™.20 de profondeur, de 6 à 12 selon les lieux à 1 mètre de
profondeur, de 18 à 21 pour 100 entre 2 mètres et 2'°. 25. Dans
tous les sables fertiles delà région d'Aigues-Mortes, ce fait est constant;
quant au sel, il ne s'est trouvé nulle part en proportion dépassant
5 dix-millièmes à 1 mètre de profondeur et 1 pour 100 à 2 mètres,
tandis que les terrains salés voisins en renfermaient à la surface envi-
ron un demi pour 100 alors qu'il n'y poussait plus que des plantes
salicornes; j'ai constaté jusqu'à 10 pour 100 de sel dans les parties
tout à fait impropres à la végétation; dès que plus de 1 pour 100 de
sel existe dans le sol, la stérilité commence.
Les terrains salés sont plus bas que les sables fertiles, mais la hau-
teur de ceux-ci est souvent de moins de 2 mètres. La présence con-
stante d'un sable aquilère mouillé par de l'eau douce au point d'être
fluide, me paraît être la eu use de la vigueur de la végétation du
250 INFLUENCE DE l'HUMIDITÉ SOUTERRAINE SUR LES VIGNES.
vignoble d'Aigues-Mortes^; la capillarité dç toute la couche sableuse
fournit aux racines de la vigne l'humidité nécessaire à la plante, à
son beau feuillage^ à raisins, malgré l'absence de la pluie.
J'ai d'ailleurs voulu vérifier le fait dans le laboratoire, en comparant
sous le point de vue de la capillarité, le sable d'Aigues-Mortes à un
autre sable pris dans les landes de Gascogne par M. de Darapierre,
sur la propriété de Léon, commune de Messanges, arrondissement de
Dax; ce sable est de même finesse, mais nullement calcaire et entiè-
rement siliceux (98 pour 100 de silice, 0.5 d'argile); il se distingue
d'ailleurs par ce fait qu'il est à réaction acide, tandis que le sable
d'Aigues-Mortes est à réaction alcaline.
J'ai pris trois tubes de verre de 0'".020 de diamètre intérieur et
de 0"'.024 de diamètre extérieur et de 1 mètre de hauteur, plus un
quatrième tube capillaire (O^.OOG de diamètre extérieur et 0"'.004
de diamètre intérieur); j'ai rempli les tubes n° 1 et n" 2 avec du sable
d'Aigues-Mortes pris en deux places différentes, le tube n" 3 avec du
sable des Landes, le tube n" 4 (capillaire) avec le même sable d'Aigues-
Mortes que le n° 1 . Ces tubes sont fermés à la base par un morceau de
toile fine; ils plongent de 0".05 dans un vase rempli d'eau que l'on
entretient continuellement au même niveau; à côté se trouve un tube
capillaire de même diamètre que le n" 4 et dans lequel on constate
que le niveau de l'eau reste à une hauteur constante de 0'".005 et
demi. L'expérience démontre qu'il a fallu à l'eau : dans le tube n° I ,
10 jours pour s'élever à 0°'.474; — dans le tube n" 2, 1 1 jours pour
s'élever à 0'".479; — dans le tube n° 3, 149 jours pour s'élever à
O'-.^^S; — dans le tube n° 4, 7 jours pour s'élever à 0°.486. —
L'expérience démontre aussi que, du 1 0 août au 1 4 novembre 1 882
(97 jours), l'eau s'est élevée à 0'°.781 dans le tube n" 1 ; à 0"\758
dans le tube n" 2; à 0"'.392 dans le tube n" 3 ; à r.05 dans le n°'A.
— Enfin le 8 janvier, l'eau avait atteint 0™.853 dans le n" 1; 0'".837
dans le n° 2; 0'".478 seulement dans le n" 3. La hauteur totale du
tube était atteinte dans le n" 4. J'ai installé, pour continuer les expé-
riences, des tubes de 2"\25 de hauteur et O^.Od de diamètre inté-
rieur, afin d'écarter toute influence provenant de l'action attractive du
verre. Je veux chercher à quelle hauteur maximum l'eau peut s'élever
capillairement dans le sable; comparer le sable calcaire d'Aigues-
Mortes avec le même sable dépouillé de son calcaire par le lavage
avec une eau acide; essayer de mesurer en outre l'ascension capillaire
dans un sable portant supérieurement une culture; je pourrai ainsi
mesurer la quantité totale d'eau nécessaire à une récolte tant pour la
production du vin que pour la pousse des sarments et des feuilles, et
des besoins de l'évaporation. En attendant, il demeure acquis que l'eau
monte très rapidement par capillarité dans le sable d'Aigues-xMortes,
très lentement dans le sable des Landes.
La capillarité qui amène du fond dans les vignes l'eau souterraine,
1. Dans son livre La région du bas-Rhône, M. Charles Lenihéric, ingénieur en chef des ponts et
chaussées, a déjà signalé le rôle de la couche inférieure d'eau douce, mais sans soupçonner l'impor-
tance qu'elle pourrait avoir pour la végétation de la vigne. « Ces longues lignes de dunes, dit-il. et les
bas-fonds raarécageux qui les séparent sont caractérisés par des flores tout à fait distinctes. Les pins
d'Alep, le peuplier blanc, les allantes, les pins-parasol, demandent pour vivre que leurs racines
pénètrent dans un sol imprégné d'eau douce ; et la pluie qui filtre à travers les dunes depuis long-
temps dessalées entretient, à quelques mètres au-dessous de la surface, une humidité favorable
à la végétation arborescente. L'eau des bas-fonds, au contraire, est saumàtre et quelquefois salée;
et la flore très pauvre de ces anciennes lagunes desséchées ne présente que des joncs, des sali-
cornîSj des soudes au feuillage terne, aux ileurs indécises, à l'aspect maladif et étiolé. ».
INFLUENCE DE L'HUMIDITÉ SOUTERRAINE SUR LES VIGNES. 251
est-elle réellement cause de la vigueur des ceps? L'expérience suivante
le prouve. Un wagon rempli de sable d'Aigues-Mortes a été expédié,
sur l'oidre de M. Talabot, par la Compagnie de Paris-Lyon-Méditer-
ranée, au cap Pinède, à Marseille, où le sablea été placé par M. Marion
dans une fosse de 2 mètres de largeur sur 6 mètres de longueur, à sol
argileux, au milieu de vignes phylloxérées traitées par le sulfure de
carbone. Les pieds de vigne plantés dans la couche de sable, n'ont
pas eu le phylloxéra, quoique non traités, mais ils ont végété sans
prendre l'aspect luxuriant des vignes d'Aigues-Mortes; ils souffraient
de l'absence d'humidité que le sable ne pouvait emprunter au sous-sol
resté presque sec. Je conclus que les vignes dans les sables, en pays
et en temps de sécheresse, ont besoin de l'eau souterraine qui leur
arrive par capillarité, et je crois pouvoir dire que d'une manière géné-
rale les vignes ne donnent d'abondantes vendanges que lorsqu'il y a
dans le sol une réserve d'eau suffisante. Les cépages très productifs
tels que l'aramon ne donnent que 30 à ^0 hectolitres par hectare dans
(les coteaux secs, tandis que j'ai vu des vendanges de 400 hectolitres
dans des plaines oii ily avait un sous-sol fournissant l'humidité néces-
saire. On doit étudier le sous-sol avant de planter des vignes. Dans
tous les cas les cultures dans les sables ne réussissent bien que si ces
sables ont une capillarité très grande et reposent sur une couche
aquifère.
Au point de vue particulier de la formation des sables d'Aigues-
Mortes, on doit considérer que les terrains de cette côte résultent des
alluvions du Rhône modifiées par l'action de la mer et sont relativement
modernes. D'une manière générale, les terrains transportés par le Rhône
et déposés dans la région de son embouchure, sont argileux ; mais il a
existé à l'époque du dépôt de ces alluvions, et il existe encore aujour-
d'hui des crues déposant des sables avec plus ou moins d'abondance,
suivant la force et la direction des courants. A l'époque où la mer
venait battre la chaîne de collines s'étendant de Saint-Gilles à Beau-
caire, les alluvions successives du Rhône ont reculé peu à peu la
plage, et, dans toutes les dépressions, le séjour des eaux de mer a dû
fortement imprégner le sol de sel. Il paraît probable qu'il a dû se
former alors des cuvettes remplies d'eau de mer à la suite des tempê-
tes du large qui poussaient les vagues sur la plage ; par le fait de
l'évaporation suivie d'un nouvel apport d'eau de mer, la salure du sol
a dû augmenter successivement.
D'un autre côté, la présence d'une humidité constante dans le sous-
sol provoque la remontée du sel à la surface, par un effet de capilla-
rité qui se manifeste avec d'autant plus d'énergie que l'évaporation à
la surface du sol est plus active, sous la double action d'une chaleur
intense et de vents violents.
Le salant se constate toujours à son maximum dans les cuvettes,
dans les endroits bas et argileux ; il est moindre sur les mamelons
dessalés par les eaux de pluie qui ont entraîné le sel dans les bas-
fonds; Dans les sables qui retiennent le sel avec beaucoup moinsd'énergie
que l'argile, on retrouve peu ou pas de salant suivant le relief du
terrain.
Quant aux cordons littoraux, c'est-à-dire aux petites dunes de sable
qu'on remarque sur le littoral (à Aigues-Mortes, il y en a quatre bien
visibles), leur formation paraît résulter de la double action des
2b2 INFLUENCE DE L'HUMIDITE SOUTERRAINE SUR LES VIGNES.
dépôts sablonneux du Rhône et des dépôts marins amenés par
les courants qui, du large, viennent toujours lécher les côtes. Ces
sables marins mélangés aux sables du Rhône, triturés et amoncelés
par le travail des vagues, ont formé les cordons de dunes d'Aigues-
Mortes.
Du reste, des formations identiques se remarquent sur tout le litto-
ral français de la Méditerranée, à toutes les embouchures des fleuves
ou des cours d'eau. Sur des surfaces moindres on rencontre des ter-
rains analogues aux embouchures de l'Aude et de l'Hérault.
D'après des observations qui m'ont été transmises par M . de Clermont-
Ganneau, ancien vice-consul de France à Jafîa en Palestine (32° lati-
tude N. et32°*23' longitudeE.), il existe dans celte localité des cultures
admirables d'orangers, de citronniers et de vignes faites dans des sables
situés au bord de la mer. La vigne est plantée très profondément et
fournit d'abondantes récolles vendues surtout pour la consommation
du raisin et expédiées à Port-Saïd. Le sable présente une couche
aquifère à une petite distance de la surface. On y constate les mêmes
. faits qu'à Aigues-Mortes.
Je me propose de présenter à l'Académie la suite des expériences
que je poursuis depuis longtemps, particulièrement sur les vignobles
soumis à la submersion; elles m'ont semblé mériter surtout l'attention
par ce point particulier que la capillarité des terrains exerce sur la
végétation des vignes et de toutes les -plantes une action qu'on ne
saurait négliger. Ces résultats sont d'ailleurs une confirmation des
doctrines que M. Chevreul professe depuis longtemps relativement à
l'influence des eaux souterraines en agricullure.
En 1873, lorsque M. Bayle signala le caractère des sables d'Aigues-
Mortes, au point de vue de la résistance au phylloxéra, les 6,000 hec-
tares de terres sablonneuses se répartissaient comme il suit : 500 hec-
tares en vignes, 500 en pins-pignons, 800 en cultures diverses, et
4,200 en terres hernies, couvertes de mauvais pâturages. En 1882,
après moins de dix ans, on comptait 4,000 hectares plantés en vignes,
dont 3,000 en production. La valeur de ces terres s'est élevée, de 500
à 1,000 francs par hectare en 1873, à 5,000 francs et 10,000 francs
en 1882. La ville d'Aigues-Mortes et son port, qui étaient ruinés,
renaissent à une nouvelle prospérité. Ce mouvement se manifeste
déjà par un accroissement de population de 400 habitants environ,
constaté par le recensement de 1881 sur celui de 1876, et par un
nombre remarquable de constructions nouvelles. Mais, dans ce pays
jusqu'ici déshérité, les chemins manquent encore; les anciens chemius
de terre ont été complètement défoncés par les charrois que nécessite
la plantation d'une si grande étendue de vignes, appelées, par leur
énorme production, à rendre la richesse à la contrée.
En résumé, les abondantes vendanges proviennent du réservoir
d'eau existant dans le sous-sol et montant vers les racines par
capillarité; celle-ci est différente selon la nature des sables en ce qui
concerne les cultures dans les terres sablonneuses que j'ai particu-
lièrement étudiées dans cette note. Pour se rendre compte de la pro-
duction des récoltes, il convient toujours de chercher quels échanges
peuvent se produire entre la couche arable et les sols voisins ainsi que
le sous-sol. Le fait de l'action de l'eau souterraine est manifeste dans
le vignoble d'Aigues-Mortes. J.-A.Barral.
LES BLÉS DE PRINTEMPS. 253
LES BLES DE PRINTEMPS
Il y a quelques semaines j'appelais ici même l'attention des agri-
culteurs sur les meilleurs moyens de suppléer aux semis d'automne,
empêchés en bien des endroits par l'excès d'humidité. C'était à la fin
de décembre, et j'insistais particulièrement sur la possibilité de semer
des blés de février, desquels on pouvait attendre encore des rende-
ments presque équivalents à ceux des blés d'automne.
Malheureusement l'espoir d'amélioi;ation du temps que donnait alors
une série de jours secs, sans gelée, a été déçu, au moins dans la plu-
part des départements du centre et du nord ; les pluies sont revenues,
les terres ne se sont pas égouttées suffisamment pour être emblavées
dans de bonnes conditions, et, aujourd'hui , la saison s'avançant, on
voit en bien des endroits qu'il faudra se rabattre sur les blés de mars
proprement dits pour les ensemencements non encore faits.
Il devient intéressant, dans ces circonstances, d'examiner les mé-
rites et les aptitudes spéciales des diverses races de blés de mars avant
l'arrivée de la saison oi^i les plus précoces d'entre elles peuvent seules
être semées utilement.
La distinction, en effet, n'est pas absolument tranchée entre les blés
de février et les blés de mars. Ces désignations répondent à l'emploi
cultural habituel des diverses variétés, emploi qui est fondé sur leur
plus ou moins grande rapidité de végétation, mais qui peut être mo-
difié par l'influence du sol ou de l'exposition. Tel blé de février réussit
parfaitement fait en mars dans une terre saine et riche, tandis qu'ail-
leurs, tel blé de mars ne donne jamais de si beaux rendements que
quand il est fait en février.
Ainsi, pour prendre des exemples, le blé rouge de Saint-Laud et le
blé red chaff Dantzick ont souvent, à ma connaissance, donné des ré-
sultats satisfaisants lorsqu'ils ont été semés dans de bonnes terres
saines au commencement de mars. Cependant, je considère comme
prudent d'en cesser les semis vers le 20 février. Passé cette date, il
me paraît sage de donner la préférence aux blés qui sont franche-
ment blés de février et de mars, ou aux blés de printemps proprement
dits.
Les blés qui conviennent bien à la fois aux semis de février et de
mars (blés qui, soit dit en passant, sont aussi des blés d'automne)
sont au nombre de cinq ou six, parmi lesquels il faut surtout recom-
mander les trois suivants :
1° Blé de Noé ou blé bleu, si connu et si répandu qu'il est à peine
utile d'en rappeler les caractères. Fait tardivement, il est encore plus
court de paille que semé en automne et en hiver ; mais l'épi reste
beau et contraste par sa longueur avec le peu de hauteur de la paille.
Le grain est plus rougeâtre et moins plein dans les semis de mars que
dans ceux d'automne, mais il donne encore un produit considérable
et de bonne qualité.
Plus que pour les autres blés, il faut éviter, pour celui-ci, les fu-
mures trop azotées qui le rendent plus accessible aux attaques de la
rouille.
2" Le blé de Bordeaux ou rouge inver sable, plus haut de paille que
le blé de Noé, rustique, vigoureux, convenant bien à toutes les terres
254 LES BLÉS DE PRINTEMPS.
moyennes et ne redoutant pas un sol fort et argileux. Ce blé donne,
iriênie s'il est fait assez tard en saison, un bon produit en paille et un
jïrain assez gros et assez plein. 11 peut se semer utilement jusqu'au
^5 mars.
t'^" Le blé Hérisson barbu^ fin, menu, pas très productif en paille, ne
payant pas de mine. Ce blé a l'avantage de donner presque toujours
un produit assuré. Le grain en est petit, mais lourd et de qualité su-
périeure. L'épi est barbu, ce qui fera rejeter ce blé par beaucoup de
cultivateurs.
Plus ces blés seront semés tard, plus on verra diminuer leur supé-
riorité sur les blés de mars proprement dits, et à partir du 10 ou du
15 mars, c'est à ces derniers qu'il faudra donner la préférence. Le
nombre en est assez grand, mais il en est deux qui l'emportent telle-
ment sur les autres, par l'ensemble de leurs qualités, qu'ils doivent
être cités et recommandés en première ligne.
C'est d'abord le blé Chiddarn blanc de marsj obtenu par M. Garnot,
de Yillaroclie, un des doyens et des maîtres de 1 agriculture dans le
département de Seine-et-Marne. Cette excellente variété demande à
être semée dans uns terre riche et bien travaillée, mais aussi elle donne
un produit considérable en grain et en paille. Celle-ci est fine, assez
haute, bien blanche ainsi que l'épi. Le grain fin et très blanc, bien
plein, prend dans les bonnes terres et les saisons favorables un déve-
loppement qui le rapproche complètement des bons blés d'automne.
C'est là le blé qu'on doit recommander pour les terres en bon état de
culture que les circonstances forceront à ensemencer tardivement. Ce
blé a rendu d'immenses services en 1871 : semé après la fin de la
guerre, il a donné dans certaines fermes une récolte équivalente à
celle des blés de saison dans une année moyenne.
A côté du blé Chiddam blanc de mars et non pas au-dessous de lui
il faut indiquer le blé de Saumur de mars ou blé de mars de Brie.
Celui-ci a le grain jaune d'or, arrondi, bien plein. Il rend presque
autant que le Chiddam de mars dans les très bonnes terres et s'accom-
mode mieux que lui des sols un peu secs, calcaires, ou de qualité
médiocre. Il supporte aussi d'être semé plus tardivement et peut être
mis en terre jusqu'au 1^' avril, tandis qu il vaut mieux ne pas semer
le Chiddam de mars après le 20 mars. Son produit en paille est d'au-
tant meilleur que le semis a été fait plus tôt.
Après ces deux excellents blés de mars, on peut citer encore, mais
en second ordre :
La Richelle blanche de Naples^ beau blé blanc à gros grain, admi-
rable quand il réussit bien, m.ais un peu délicat et redoutant les excès
de sécheresse et d'humidité. 11 est excellent pour les terres fraîches
des pays à climat chaud.
Le blé Talavera de Bellevue et le blé Rousselin se rapprochent beau-
coup de la Richelle de Naples par leurs aptitudes. Le premier est un
peu plus tardif, le second a l'épi rouge; tous deux tout à grain blanc.
Les blés Victoria de mars et de mars barbu ordmairë sont de bons
blés rustiques mais pas très productifs, et puis ils sont barbus, ce qui
déplaît en général aux cultivateurs.
Les blés de mars rouye barbu ou blé de mai et carré de Sicile ont
leurs avantages, surtout pour les semis très tardifs.
Les blés durs de printemps, Trimenia, Xérès, Belatourka, Médéali,
LES BLÉS DE PRINTEMPS. 255
sont à recommander pour le Midi, mais non pas pour les régions du
Centre et du xNord auquelles s'appliquent plus particulièrement toutes
les indications ci-dessus.
En résumé, il me semble que l'on devra considérer dans une dizaine
de jours la saison comme passée pour les semis des blés de féviier.
Comme transition entre ceux-ci et les blés de mars proprement dits
on pourra encore semer utilement les blés de Bordeaux, de Noé et
Hérisson barbu, jusque dans la première quinzaine de mars.
Avant d'en arriver à l'époque oij les trois blés ci-dessus ne peuvent
plus se semer, il convient de commencer les semis des bl's de mars
proprement dits, et en particulier du'Saumur de mars pour les terres
moyennes et du Chiddam blanc de mars pour les très bonnes terres.
Ce dernier p3Ut se semer déjà avec profit dans la fin de février.
Enfin,. les divers blés de mars barbus pourraient servir aux semis
tout à fait tardifs, mais alors se pose la question de savoir s'il y a
bien réellement avantage à faire du blé dans les terres qui n'auraient
pas été ensemencées au l*"" avril par exemple. Pour ma part, je crois
que l'orge ou l'avoine y donneraient presque toujours un meilleur
produit. — Afin de ne pas allonger outre mesure cet article, je remets
à une autre fois l'examen et l'étude comparative des céréales de prin-
temps autres que le blé. H. Vilmorin.
LES ANIMAUX AU CONCOURS DE PARIS EN 1883- — II
N'étant pas membre de la Commission du rendement à l'abattoir
des animaux primés, je ne sais point d'une manière officielle les résul-
tats des observations faites par les zélés et consciencieux scrutateurs
faisant partie de cette Commission, mais j'ai assez d'expérience et de
coup d'œil, fruits de ma longue carrière d'éleveur, pour prédire à
l'avance le caractère de ces résultats. Ainsi, lorsque l'année dernière,
je prédisais le rendement détestable du bœuf lauréat du prix d'hon-
neur, le rapport officiel, publié au commencement du catalogue de
l'exposition dernière, a confirmé en tous points mon appréciation de
l'animal si njalheureusement choisi. Aujourd'hui, je n'hésite nulle-
ment à prédire de bien meilleurs rendements. Le bœuf de M. Signoret,
sans être parfait, présentait toutes les qualités qui manquaient en
totalité à son. prédécesseur de l'année dernière, y compris et surtout
celle de la jeunesse. Mais je crois que le bœuf n° 40, présenté par
M. Nadaud, et premier prix de la seconde catégorie, donnera des ren-
dements exceptionnels. Ce n'est que dans les concours du club de
Smilhfield à Londres, que j'ai pu admirer un engraissement aussi par-
fait que celui de ce bœuf, dont j'ai rarement vu l'égal et plus rarement
encore le su})érieur. Si ce n'avait été la question de précocité, c'est
bien à celui-là que nous aurions donné le prix d'honneur; maison pré-
sence du bœuf de M. Signoret, tout aussi parfait de formes, et ayant
pour lui l'avantage d'un poids presque égal avec un âge bien moins
avancé," nous avons du, avec l'assentiment de la grande majorité de nos
collègues des jurys réunis, accorder la palme à la jeunesse, c'est-à-dire à
la précocité. Cette décision, d'ailleurs, motivée par cette considération,
n'ôteriyn au mérite remarquable du bœuf de M. Nadaud, lequel faisait
autant d'honneur à l'admirable croisement dont il était un si parfait
spécimen, qu'à l'habileté maintenant si solidement établie de son émi-
nent engraisseur et exposant.
256 LES ANIMAUX AU CONCOURS DE PARIS.
Quant aa succès de M. Si^noret, il a eu le mérile de n'être contesté
par aucun appréciateur sérieux, et ce mérite est encore rehaussé, en
ce qui regarde l'iiabile exposant, par le fait que celui-ci était à la fois
l'éleveur et l'cngraisseur du lauréat. Un homme ayant la connaissance
esthétique du bœuf peut choisir chez les éleveurs im animal de formes
irréprochables et l'engraisser avec une habileté dont personne ne songe
à contester le mérite. Mais l'exposant qui combine, comme M. Signo-
ret, riiabilelé de l'éleveur avec le savoir-faire de l'cngraisseur, pos-
sède inconstablement un double mérite qui doit influencer le verdict
du jury dans une certaine mesure. Je crois donc que la décision du
jury est à la fois judicieuse, rationnelle et juste, et qu'on peut dire
du bœuf de M. Signoret : Palmam qui meruil ferai.
Du reste, toute cette première classe de jeunes bœufs était, en tous
points, la plus belle du concours. Les races françaises et surtout les
charolais et les nivernais rivalisaient avec les croisés durhams en
perfection et en précocité. Jamais je n'avais encore vu une manifesta-
tion si concluante et si absolue de l'heureuse influence de l'introduc-
tion en France de la race durham, soit comme élément type d'amélio-
tion par le croisement, soit comme perfection proposée à l'émulation
des éleveurs de nos races françaises et comme modèle à imiter. Sur
ce point, il ne saurait se produire aujourd'hui une contradiction
sérieuse. C'est une vérité qui s'impose à tous avec l'autorité la plus
absolue.
La classe des bandes de bœufs était décidément inférieure à celles
que nous avons vues dans plusieurs concours antérieurs. Toutefois, le
prix d'honneur, à part son caractère peu homogène, avait un mérite
exceptionnel qui lui a légitimement valu l'honneur qu'il a obtenu.
La classe des vaches était médiocre, nous avons vu beaucoup mieux.
Et, ici, la question de Li réadmission de la classe des génisses surgit
• naturellement. J'ai été naguère partisan de l'élimination de cette classe
dans nos concours; mais devant les exigences de la consommation,
il faut bien reconnaître qu'il n'y a pas plus d'anomalie dans l'engrais-
sement des génisses que dans celui des veaux. La viande de génisse
est d'une qualité incontestable, elle vaut celle des meilleurs bœufs
comme qualité de saveur et de nutrition, et en y réfléchissant, on ne
peut s'empêcher d'admettre qu'il n'y a rien d'anormal .à ce que les
génisses qui, par une cause ou une autre, sont stériles, soient engrais-
sées pour la boucherie, ce qui, du reste, est le seul moyen d'en tirer
parti. Si la classe des femelles comprenait, comme autrefois, une ou
deux catégories de génisses, nul doute que cette mesure n'ouvrît à la
classe des femelles une porte par laquelle entreraient de jeunes ani-
maux dont la perfection et le nombre rehausseraient, dans une
notable mesure, le caractère ostentiblement inférieur de la classe des
femelles. C'est une considération que je recommande à la direction de
l'agriculture, à la tète de laquelle se trouve heureusement aujourd'hui
l'homme si intelligent que tout le monde agricole entoure d'une estime
si méritée.
La classe des races françaises témoignait, j'aime à le constater, tout
le progrès dont elles sont capables. C'est peu, je l'avoue, mais au moins
on aperçoit déjà les heureux effets d'une meilleure nourriture pendant
la période de croissance et de développement, et de soins plus intel-
ligents de la part des éleveurs; ces effets portent surtout sur la préco-
LES ANIMAUX AU CONCOURS DE 'PARIS. 257
cité. Malheureusement, je ne puis dire que les formes se modifient
au même degré. Nos races sont toujours ce qu'elles étaient autrefois,
comme aspect extérieur et comme manque d'équilibre et de symétrie.
Sur ce point je ne puis constater aucun progrès. Les races charolaise
et nivernaise seules présentent, à cet égard, un progrès qui s'accentue
chaque année. Mais ici, la cause est manifeste et je n'ai pas besoin de
la préciser.
Je n'ai pas pu examiner avec un soin assez particulier les classes
de l'espèce ovine; le temps m'a manqué pour le faire. Seulement,
malgré le mérite incontestable du groupe auquel on a donné le prix
d'honneur des bandes, je ne puis approuver cette préférence. Cette
bande de mérinos était sans doute bien engraissée; mais elle manquait
non seulement d'homogénéité dans son extérieur, mais un grand
nombre parmi ces 15 moutons étaient très défectueux. Quelques-uns
avaient le cou long, plat, maigre et plissé par d'affreux fanons. On a
voulu sans doute, comme pour le prix d'honneur des bœufs de l'année
dernière, favoriser et honorer une race française, tout simplement
parce que c'était une race française, et non parce que c'était le lot le
plus parfait. On comprend ce sentiment, mais on ne saurait l'approu-
ver dans un concours où les conditions du mérite doivent être égales
pour tous les animaux exposés quelle que soit leur race. 11 ne m'appar-
tient pas de désigner les lots qui, selon mon humble opinion, étaient
de beaucoup supérieurs à ces mérinos; je me contente de dire que
cette bande n'était pas la plus belle malgré son mérite plutôt relatif
qu'absolu.
Voilà, en effet, 1 5 moutons de dix-sept mois pesant en moyenne
chacun 70 kilog., ce qui donne pour cinq -cent-vingt jours une augmen-
tation à raison d'un peu plus de 134 grammes par jour. C'est maigre
en comparaison des southdow^ns de M. Colas et de M. le comte
de Bouille, lesquels étaient incomparablement supérieurs comme
formes, comme symétrie, comme équilibre et comme engraissement.
La bande de M, Colas, âgée de huit mois, pesait en moyenne
53 kilog., ce qui donne une augmentation de poids à raison d'environ
222 grammes par jour. Ceux de M. le comte de Bouille présentaient
une augmentation à raison de 224 grammes par jour.
J'ai beaucoup remarqué le lot de southdowns exposé par M. Nouette-
Delorme dans la catéicorie des ac-nelaees de l'automne 1880 et de
l'hiver et du printemps de 1881. Ce lot, d'une perfection presque
incomparable, était composé de 3 animaux pesant ensemble 294 kilog.
soit en moyenne 98 kilog., ce qui constitue un taux d'accroissement
à raison de près de 160 grammes par jour, ce qui est énorme pour
des moutons de cet âge-là. Je dois dire que ce qui m'a le plus frappé
dans ce lot, c'est la qualité et la symétrie parfaite des animaux qui le
composaient, car je. ne suis pas partisan de moutons aussi âgés.
A quatorze mois, engraissé pour la boucherie, un mouton doit être
réalisé ou bien son entretien n'offre plus aucun bénéfice, pour ne pas
dire qu'il laisse l'engraisseur en perte. Aussi je préfère beaucoup le
lot du même exposant portant le n" 373, pesant à huit mois et quinze
jours, cest-à-dire deux-cent-soixante jours environ, 6(j kilog., ce qui
donne une augmentation à raison de 254 grammes par jour. Voilà un
véritable tour de force qui mérite les plus grands éloges et les hon-
neurs d'un concours.
258 LES ANIMAUX AU CONCOURS DE PARIS.
J'ai déjà eu l'occasion d'admirer dans plusieurs concours précédents
les heureux résultats du croisement oxtbrdshiredown-caiichois, prati-
qué par M. Rasset, de Monterolier (Seine-Jnférieure). C'est de mieux en
mieux réussi. Comme qualité de viande, perfection d'engraissement et
précocité de développement, c'est un véritable succès dont j'aime à
féliciter l'habile exposant.
Je ne dirai rien des porcs. J'ai déjà remarqué le côté fantaisiste de
la déclaration des âges. Les erreurs manifestes de ces déclarations
deviennent un véritable abus qu'on devrait chercher à corriger à
l'avenir. En Angleterre, on trouve bien le moyen d'examiner la denti-
tion des porcs dans les concours, pour contrôler les déclarations d'âge.
Pourquoi n'en ferait-on pas autant dans nos concours français? Parmi
les lots exposés, j'ai beaucoup remarqué celui de M.Noblet, exposé
sous les n"' 538, 539, 540. C'était bien là ce qu'il y avait de plus
parfait dans tout le concours, et je m'étonne qu'on n'ait donné à cette
bande admirable qu'un 3^ prix. Il n'y avait rien de supérieur dans
l'exposition porcine. ' -,
J'arrive maintenant à la partie, pour moi, la plus întére'ssante du
concours, car c'était bien la plus importante,' non seulement au point
de vue de son actualité, mais surtout à celui de riofiovation qu'elle
constituait par sa présence à l'exposition du palais de l'Industrie, et
surtout par la promesse qu'elle consacrait pour l'avenir,' Je fais allu-
sion ici à la classe des reproducteurs, qui reparaissait pour la pre-
mière fois depuis plusieurs années, pendant lesquelles on avait dû
l'abandonner.
Cette exposition était, cette année, plus intéressante par ses pror
messes et par son principe que par son mérite particulier. Comme
ensemble, c'était plus que médiocre. A part quelques jeunes
taureaux exposés par M. Signoret, et un ou deux taureaux âgés, la
race durham était mal représentée. Mais c'était un commencement,
la prise de possession d'une position nouvelle que plusieurs parmi
nos principaux éleveurs avaient chaudement préconisée et poursuivie
avec persévérance et conviction. Je ne veux donc point la critiquer,
car ce serait tirer sur mes amis et sur moi-même. Seulement
qu'on me permette de déclarer de nouveau que le concours des ani-
maux gras tenu en plein hiver, dans un but s]>écial et dans des
conditions particulières, n'ofîre point le lieu, ni l'époque, ni lasso-
ciation d'idées qui conviennent à une exposition d'animaux reptoduc-
teurs suivie de vente. Je ne crois pas que, malgré les médailles offertes
par le gouvernement et les primes données par la Société des agricul-
teurs de France, cette innovation intempestive puisse donner les résul-
tats satisfaisants que nous en attendons tous. Il y a, dans toutes les
institutions, une logique de corrélation impitoyable, qu'il est impossible
de froi&ser sans qu'il en résulte un déraillement plus ou moins
funeste. Une combinaison quelconque ne peut réussir que lorqu'il
existe entre ses éléments une harmonie complète : ceci est une vérité
pratique qui s'impose tout d'abord à l'esprit, plutôt qu'une thèse pou-
vant se démontrer par des arguments précis. Le fait qu'il y a incom-
patibilité entre une exposition à la fois d'animaux gras et d'animaux
reproducteurs, échappe peut-être à toute démonstration logique, mais
cela surgit tout d'abord au sens commun comme une impression
instinctive, difïïcile à définir, si l'on veut, mais néanmoins irrésis-
LES ANIMAUX AU CONCOURS DE PARTS. 259
tible. Combien ne serait-il pas naturel de tenir, comme autrefois, ces
beaux concours périodiques de reproducteurs, sinon avec la même
ampleur de compréhension, sinon avec un caractère international
aussi étendu, mais avec admission de certaines races pour attirer les
-éleveurs étrangers, et du moins permettre à l'élevage français d'éta-
ler ses richesses, en solliciter le placement, et en disséminer près et
•loin les éléments améiiorateurs. Ne serait-il pas possible, avec un
peu de dévouement de la part des éleveurs et des Sociétés agricoles,
de faciliter au gouvernement la réalisation de cette féconde insti-
tution ? Ne serait-il pas possible d'économiser à cet effet sur les
dépenses presque inutiles des petits concours locaux qui n'otîrent que
peu de termes de comparaison, presque toujours les mêmes, pour con-
centrer dans un grand concours général, tenu tantôt dans un grand
centre, tantôt dans un autre, tous les éléments d'amélioration, dans
le but d'en faire connaître et apprécier les mérites et d'en encourager
l'échange et la dissémination. Voilà ce qu'il faudrait instituer pour
déterminer le courant de progrès dont notre agriculture a un si pressant
besoin. L'élevage, c'est-à-dire la production du lait et de la viande,
est à peu près la seule branche de l'industrie agricole en France qui se
trouve tant soit peu protégée contre la concurrence étrangère, par
le coût et les difficultés des transports et les besoins immédiats de ta
consommation locale. Il importe donc à un gouvernement, ayant à
cœur, je ne dirai pas la prospérité, car aujourd'hui cela semble bien
problématique, mais le maintien décent de notre industrie, la plus
indispensable au bien-être de la nation, de donner enfin des encoura-
gements dignes d'une nation comme la France et dignes d'une grande
agriculture comme la nôtre; ce serait, certes, de l'argent bien placé.
A cette exposition générale, il faudrait annexer une vente auûr- enchè-
res. Cette partie du programme pourrait être entreprise par une société
particulière organisée à ce dessein, laquelle, comme à Birmingham,
se chargerait de tous les détails, et tiendrait cette vente sous sa res-
ponsabilité. Nous ne demanderions au gouvernement que la faveur de
tenir les enchères dans l'enceinte du concours, par un commissaire-pri-
seur spécial, toujours le même, qui pourrait ainsi se mettre au cou-
rant des généalogies, afin d'en faire valoir le plus ou moins de mérite;
car dans une vente de reproducteurs, ce n'est pas seulement l'indi-
vidu que l'on offre aux acheteurs, mais c'est principalement son
mérite de sang et d'origine. Il importe donc que le commissaire-
priseur connaisse l'histoire de la race en général et celle des familles
en particulier.
Ce n'est point ici le lieu ni l'occasion d'examiner cette question sous
tous ses aspects. S'il y a lieu, je me réserve de la développer avec
ma plume et avec ma parole, lorsque le moment opportun sera venu.
Je me contente aujourd hui de l'émettre pour que chacun puisse
l'examiner et y réfléchir; mais ce que je recommande, c'est qu'on
s'en occupe sérieusement, car si on laisse cette exposition dans
les conditions actuelles, avec ces primes ridicules et inutiles aux-
quelles s'est bornée l'action de la Société des agriculteurs de France,
ces médailles sans valeur accordées à la médiocrité la plus flagrante,
cette annexion fatale à un concours d'animaux gras, laquelle enlève à
celui des reproducteurs tout intérêt, toute spécialité, tout prestige, on
n'obtiendra que les résultats négatifs du malheureux essai déjà expé-
rimenté et par suite abandonné. F.-R. DE LA TrÉHOÎsNAIS.
260 DESSICATION DES FOURRAGES PAR LES TEMPS HUMIDES.
DESSICCATION DES FOURRAGES
PAR LES TEMPS HUMIDES'
Après avoir trouvé dans le Journol de V agriculture quelques indi-
cations sommaires sur le procédé Neilson pour le séchage des foins,
j'ai été frappé de l'utilité qu'il pourrait avoir pour notre agriculture.
En effet, les agriculteurs ont tous remarqué, comme je l'ai remar-
qué moi-môme, la différence énorme qui existe entre les foins ramas-
sés après un séchage complet et rapide, et les foins qui ont été récoltés
dans des conditions moins bonnes ; les premiers ont une couleur
verte qui, au lieu de s'atténuer dans les granges, s'accentue chaque
jour davantage; les seconds, au contraire, paraissent verts au sortir de
la prairie, mais prennent une teinte pâle dès qu'ils sont en magasin
et, quand on les remue, ils laissent échapper une poussière malsaine,
accompagnée d'une odeur de moisissure. La valeur nutritive de ces
fourrages se trouve naturellement proportionnée aux apparences plus
ou moins favorables que je signale.
De ces observations on doit conclure que, pour avoir du foin vert
et nourrissant, il faudrait toujours le sécher rapidement, et le rentrer
absolument sec.
Mais les années où le temps reste au beau fixe sont rares, et même
ces années-là, il est impossible d'espérer qu'une récolte entière puisse se
faire sans changement de température ; il y a donc lieu d'admettre que
nous devons toujours compter sur certaines intempéries dont les pro-
portions sont plus ou moins grandes suivant les saisons. De plus le
foin, pour arriver à un état de siccité complet, doit rester au minimum
trois jours sur la prairie; pendant ce séjour il est étalé puis ramassé
chaque soir, les parties qui touchent le sol sont imprégnées chaque
nuit par l'humidité, et les parties qui sont en couverture reçoivent la
pluie ou la rosée; si l'on calcule la surface totale soumise à ces funes-
tes influences, et si l'on considère que chaque jour cette surface est
renouvelée par le fait de l'épandage et du nouveau ramassage, on
comprendra que la masse presque entière du foin arrive à en être
affectée; que sera-ce alors si la température prolonge pendant huit ou
quinze jours le séjour du foin sur la prairie?
Pendant ces délais une main-d'œuvre ruineuse devient nécessaire,
et presque toujours le dernier résultat est l'emmagasinage d'un foin
non seulement déjà détérioré, mais rentré dans des conditions de sic-
cité absolument insuffisantes.
Le procédé Neilson, en permettant de sécher le foin récolté à demi
sec, offre donc, s'il est pratique, les plus grands avantages.
Le principe formulé par l'inventeur est de laisser le foin étalé sur
la prairie pendant un jour ou deux; puis de l'entasser dans des meules
couvertes où le séchage se termine à l'aide d'un ventilateur; ce ven-
tilateur fonctionne par aspiration et non par refoulement.
A mesure que le vide se fait dans la chambre intérieure de la
meule, ce vide est comblé par l'air ambiant, qui se précipite du
dehors au dedans en traversant la masse entière et en rafraîchissant
tout ce qui se trouve sur son passage.
Yoiei In description de mes premiers essais. Ces essais ne sont encore
1. Communication à la Société nationale d'agriculture.
RÉCOLTE DES FOURRAGES PAR LES TEMPS HUMIDES. 261
qu'une étude absolument insuffisante, mais ils peuvent être utiles pour
servir de base à de nouvelles expériences.
Sous un vaste hangar servant de magasin à fourrage, j'ai placé
une locomobile à vapeur et un ventilateur ; ce ventilateur commu-
nique par un tuyau de tôle avec une petite chambre de distribution
construite en béton, de laquelle partent d'autres tuyaux se dirigeant
chacun vers le centre d'une des meules à sécher; sur ce point une
nouvelle chambre en béton est construite et communi(|ue avec celle
qui sera ménagée dans le foin; chaque chambre a une ouverture de
0'".30 carrés; tous les tuyaux sont remblayés enterre, et les joints
sont faits simplement avec des bourrelets de terre glaise; au moment
de construire la meule, on place une caisse de bois sur l'orifice de la
chambre bétonnée, et à mesure que la meule s'élève on retire cette
caisse jusqu'à ce que l'on dépasse le milieu de la hauteur que l'on
veut lui donner ; à ce moment on supprime la caisse, on place quelques
morceaux de bois sur le trou pour empêcher le foin de tomber dans
la chambre intérieure qui doit rester vide, et on termine la meule
comme à l'ordinaire.
Cette édification achevée, on enfonce dans le foin un tube en fer blanc
ou autre métal et on le fait pénétrer jusque près du centre; ce tube
reçoit ensuite un thermomètre qui devient le guide de toutes les
opérations.
Aussitôt que la température atteint 30 ou 40 degrés centigrades, on
met le ventilateur en marche, et on le laisse fonctionner jusqu'à ce
que la température descende à 15 ou 20*"; on arrête alors la machine,
et on attend que le thermomètre indique une nouvelle élévation de
température.
Si l'on a plusieurs meules en communication avec le même ventila-
teur, il est facile de régler le soufflage de chacune d'elles; pour cela on
ouvre la chambre de distribution, qui est couverte par une simple
planche mastiquée, et on tamponne la naissance des tuyaux que l'on
ne veut pas faire fonctionner.
Mes expériences ont porté cette année sur six meules seulement ; je
tiens à votre disposition le journal de chaque opération, dont voici
le résumé.
La première meule a été construite le 6 juin avec du foin demi-sec;
du 8 au 15 du mois, c'est-à-dire pendant sept jours, le foin a été
soufflé tous les jours, à l'exception du dimanche; chaque jour la durée
du soufflage a été d'environ deux heures ; la température s'est élevée
à 25 et 35 degrés centigrades avant le soufflage, et elle a été ramenée
par le ventilateur à 20°. Croyant l'opération terminée, j'ai démoli cette
première meule, et j'ai trouvé à l'intérieur des endroits où le thermo-
mètre marquait 32° ; de plus, le foin laissait échapper de la poussière
et il était facile de constater que le séchage était insuffisant et inachevé.
La seconde meule construite le 8 juin, a été faite avec du foin coupé
et chargé par une pluie battante ; c'était une expérience fantaisiste ;
elle a eu pour seul résultat de prouver que le ventilateur peut main-
nir à une température de 20° les fourrages les plus mouillés. Au bout
de six jours j'ai interrompu cette expérience qui aurait pu se prolonger
longtemps, et qui absorbait le local dont j'avais besoin pour des
études plus pratiques.
La troisième meule a été construite le 17 juin et rafraîchie jusqu'au
262 RÉCOLTE DES FOURRAGES PAR LES TEMPS HUMIDES.
29, c'est-à-dire pendant douze jours ; la température est montée sur
certains points jusqu'àôG" pendant que sur d'autres elle restait à 20°.
J'ai constaté alors que le courant d'air s'établissait d'une façon irré-
gulière, et que cela devait tenir à ce que la meule était formée avec du
foin de prairie dans le fond, pendant que le sommet ne contenait que
du foin de trèfle; ce dernier fourrage se tassant par sa nature moins
que l'autre, le courant d'air frais s'est établi là où la résistance était
moins grande et le foin de prairie n'a reçu que peu ou point de
rafraîchissement; quoi qu'il en soit, l'opération était mauvaise.
La quatrième meule a été construite, le 22 juin, avec du foin demi-
sec, et rafraîchie jusqu'au 5 août, soit pendant 44 jours; durant ce
laps de temps le thermomètre est monté jusqu'à 40 degrés, et a été
ramené par le soufflage à 20 ou 25 ; mais il y a eu des jours nom-
breux où la chaleur est restée au-dessous de la cote qui nécessite le
rafraîchissement ; aussi sur 44 jours de séchage, les appareils sont
restés sans fonctionner pendant 1 8 jours.
Une remarque très curieuse et fort importante a été faite : c'est que
pendant le rafraîchissement il y a des moments où le thermomètre
monte tout à coup de plusieurs degrés; d'après l'avis d'un savant
ingénieur, cette élévation de température tient à une combustion qui
s'établit chimiquement au moment où l'air extérieur vient se combi-
ner avec le gaz que contient la chambre intérieure.
Le même phénomène a été constaté sur la meule n° 5.
La meule dont nous nous occupons, est restée en l'état jusqu'au mois
de janvier ; quand elle a été ouverte, on a trouvé le foin dans de bonnes
conditions ; l'opération avait donc été beaucoup mieux conduite que les
précédentes.
La cinquième meule a été construite avec du foin demi-sec, et sur-
veillée du 13 juillet au 29, soit pendant 16 jours; le rafraîchissement
n'a été opéré que onze fois.
Cette meule était composée pour partie de bon foin et pour partie de
foin avarié ; l'un et Tautre ont été séchés, mais en gardant la diffé-
rence de qualité qu'ils avaient en entrant au magasin; ce foin n'est pas
arrivé par le traitement Neilson à une qualité supérieure, mais il s'est
bien consommé; tandis qu'il aurait été probablement perdu, vu l'état
de la température, s'il était resté dehors.
Nous constatons sur le sommet de quelques chambres, une partie de
foin moisie; cette particularité doit être notée et étudiée.
La sixième meule construite avec du foin qui ne paraissait cependant
pas sec, n'est jamais arrivée à une température qui motivât le rafraî-
chissement; elle a été soufflée seulement deux fois; et par suite
aucune observation intéressante n'a pu être relevée.
Comme conclusion à tirer de ces premières expériences, voici celle
que je formule :
Les meules traitées par la méthode Neilson n'ont pas fourni un
foin de qualité supérieure, mais elles ont fourni un foin qui a été
consommé convenablement. Donc le principe de séchage préconisé
par M. Neilson doit être vrai, et sera probablement employé avec suc-
cès le jour où son application aura été suffisamment étudiée.
L'expérience faite sur du foin complètement mouillé, a démontré
qu'il est possible, à l'aide du ventilateur aspirant, de mainteair, à
une température de 20 degrés, du foin entassé dans des conditions
RÉCOLTE DES FOURRAGES PAR LES TEMPS HUMIDES. 263
d'humidité les plus extrêmes ; il est toutefois probable^ comme le dit
M. Neilson, qu'une opération de ce genre ne présentera pas d'avan-
tage au point de vue pratique.
Les observations relevées sur mon journal ont permis de constater
dans mon installation plusieurs côtés défectueux; les voici : au lieu
de tuyaux de 1 5 cent, de diamètre, il faudrait, je crois, employer des
tuyaux de 25 ou 30 centimètres ; le ventilateur n'a marché qu'à mille
tours par minute, il devrait marcher à deux mille tours au moins, et
peut-être même dépasser cette vitesse; en effet, en augmentant le
débit des tuyaux, et en précipitant le départ de l'air cîiaud aspiré parle
ventilateur, on doit augmenter la rapidité du courant d'air froid appelé
à traverser le foin, cette augmentation du courant d'air froid éteindra
probablement en peu d'instants la combustion constatée pendant la
marche du ventilateur, et sans doute elle empêchera la moisissure
remarquée autour des chambres intérieures ; dans tous les cas, elle
, abrégera le rafraîchissement et diminuera la durée du temps où la
force motrice est employée.. >
Je ne parle pas de la nécessité d'établir des registres à la place de
mes tempons provisoires, lesquels seraient très gênants pour une
marche régulière.
Sous le rapport du prix de revient, le séchage Neilson est, comme
on l'a vu tout à l'heure, très peu coûteux; il comporte seulement l'in-
stallation de quelques tuyaux, l'emploi d'un ventilateur bon marché,
et une force motrice dont toutes les grandes fermes disposent sous une
.forme ou sous une autre. Si donc, comme l'affirnient les Anglais,
chaque rafraîchissement peut être obtenu en moins d'une heure, le
service d'un magasin à fourrages, même considérable, se réaliserait
avec une très faible dépense.
La grande difficulté à vaincre est tout entière dans la surveillance
et la direction des opérations; M. Neilson la signale énergiquement;
et vous voyez, par le journal de mes premières expériences, combien
la marche de chaque opération a été variable. Je crois donc. Messieurs,
que dans l'état oia se trouve l'étude de la découverte faite par M. Neil-
son, il y aurait lieu pour nous de nommer une commission qui en
examinerait les détails, et provoquerait de nouvelles expériences.
Cette commission réunirait, soit en Angleterre, soit en France, tous
les renseignements qui peuvent nous éclairer, et elle serait probable-
ment en mesure de faire, avant la fin de la saison, un rapport des plus
intéressants. Marquis de Poncins,
membre de la Société nationale d'agriculture.
UNE LAITERIE DANOISE A VESLY
La production laitière est devenue, depuis quelques années, une
des principales préoccupations d'un grand nombre d'agriculteurs
français. Augmenter le rendement de la laiterie, en accroître la qua-
lité, tels sont les deux buts que l'on cherche principalement à
atteindre. Les exemples donnés par les pays septentrionaux, notam-
ment par le Danemark, sont étudiés, et l'on se demande sil ne con-
viendrait pas d'en importeries pratiques chez nous. Ces praticpies se
résument en deux caractères principaux : accélération du travail,
propreté méticuleuse dans toutes les opérations. Pour obtenir ce
264
LA LAITERIE DANOISE DE VESLY.
double résultat, un matériel approprié a été construit; la description
en a déjà été donnée à nos lecteurs, notamment par M. Pouriau et
par M. de La Tréhonnais, à l'occasion des concours de laiterie ouverts
tant en Allemagne qu'en An-
gleterre. Mais jusqu'ici au-
cune application complète
n'en avait été faite en France.
Aujourd'hui la laiterie da-
noise existe dans notre pays ;
chacun peut la visiter et faire
à nouveau l'excursion agréa-
ble et instructive que nous
avons faite le 23 janvier, en
compagnie de M. Barrai, et
que nous allons raconter ra-
pidement à ceux de nos lec-
teurs qui voudront bien nous
suivre.
Nous quittons à Gisors la
ligne du chemin de fer de Paris
àDieppe;nousytrouvonsune
voiture qui doit nous mener
à destination. Après avoir
traversé la pittoresque capi-
tale du Vexin français, nous
suivons la route qui mène à
Vesly. La distance est courte,
1 0 kilomètres à peine, et les
amateurs de chevaux de course peuvent visiter, en passant, le célèbre
haras de Dangu. Dans les bâtiments d'une ancienne abbaye, est ins-
tallée à Vesly la ferme de M. Baquet, but de notre voyage.
Les terres de la ferme ont une étendue de 90 hectares environ ; elles
sont cultivées avec beaucoup
de soin. Après une visite rapide
aux étables qui renferment une
trentaine de vaches normandes,
nous arrivons àla laiterie. Celle-
ci comprend deux salles : la
première consacrée à l'écrémage
du lait, la deuxième à la fabri-
cation du beurre. Avant de faire
l'installation, M. Baquet a voulu
aller en Danemark visiter les
laiteries du pays, afm.de se rendre compte de toutes les conditions du
travail; il a pu y prendre les modèles les plus parfaits pour toutes
les parties de la fabrication du beurre. Disons, en outre, une fois
pour toutes, que les appareils lui ont été fournis par la maison Pilter
qui, en France, représente les fabricants danois.
L'écrémage se fait au moyen de l'écrémeuse de Laval, mue par une
machine à vapeur locomobile qui met également en mouvement la
baratte et un moulin à farine. La vapeur de la machine sert, en outre,
à chauffer l'eau de lavage des vases, ainsi que la fromagerie. La des-
Fig. 23. — Baratte danoise.
Fig. 24. — Auge à beurre.
LA I,AITERIE DANOISE DE VESLY.
265
cription de l'écrémeuse centrifiicje de Laval a été donnée plusieurs fois
dans nos colonnes, et récemment encore par M. de la Trélionnais ; nous
n'y reviendrons pas. Nous dirons seulementquel'on compte aujourd'hui
environ 140 appareils de ce système dans les exploitations françaises.
Fig. 25. — Malaxeur rotatif.
Celui qui fonctionne chez M. Baquet, écréme environ 250 litres à
l'heure; c'est dire que le lait de son étable n'est pas en quantité suf-
fisante pour le travail de l'appareil; aussi il en achète à ses voisins,
Fiff. 2G. — Petit malaxeur rotatif.
de telle sorte qu'il peut avoir à sa disposition environ 800 litres de
lait par jour. Il paye 14 centimes le litre en hiver, et 12 centimes
en été. Le rendement moyen est de 12 à 15 pour 100 de crème;
on peut d'ailleurs augmenter ou diminuer cette proportion, suivant la
vitesse de rotation. L'important est de ne pas laisser de crème dans le
lait; qu'il y ait du lait dans la crème, cela ne présente aucun incon-
vénient. La crème est reçue, au sortir de l'écrémeuse, dans des vases
qui sont portés à la cave où ils passent vin^t-quatre heures. Quant
266 LA LAITERIE DANOISE DE VESLY.
au lait écrémé, il tombe dans un grand bassin en bois d'où un sys-
tème du tuyautage le conduit à la fromagerie.
• L'écréinage mécanique présente de très grands avantages ; il fait dis-
paraître tout l'ancien matériel de vases à écrémer qui prennit beaucoup
de place; il fait disparaître aussi tous les dangers d'accidents entre le
moment de la traite et la montée de la crème. Aussi s'est-il propagé
rapidement en Danemark, oii il se substitue d'une manière presque
générale à l'écrémage par le système du refroidissement d'après le
procédé Schwarz.
La salle de fabrication du beurre, chez M. Baquet, est d'une grande
simplicité ; elle comprend cinq appareils, la baratte, une auge, une
table en bois, un malaxeur et un moule à beurre.
La baratte danoise (jQg. 23) affecte la forme d'un tronc de cône;
elle est munie d'un couvercle à travers lequel passe un axe tournant
muni de palettes. C'est par ces palettes que la crème est battue pour
être transformée en beurre. Les barattes petit modèle peuvent être
mues à bras. Chez M. Baquet, le mouvement est donné par la machine
à vapeur. La baratte est posée, vers son milieu, sur deux tourillons
sur lesquels elle peut basculer. Celle qui est installée à Vesly a une
dimension de 140 litres; la crème est versée dans la baratte, à la tem-
pérature de 14 à 16 degrés; par les temps froids, un poêle permet de
donner cette température. Le barattage dure environ 45 minutes. On
surveille l'opération en soulevant légèrement le couvercle.
Dès que le barattage est achevé, on injecte un peu de petit-lait sur
les parois de la baratte, pour faire tomber les petits morceaux de
beurre qui s'y sont attachés; puis, en faisant basculer la baratte, on
fait tomber le beurre dans un tamis placé au-dessus d'un seau. Avec
le tamis, on porte le beurre dans une auge (fig. 24), où l'opération
doit se continuer. D'après la méthode généralement adoptée en France,
le beurre sorti de la baratte est lavé à grande eau;, la méthode danoise,
au contraire, exclut complètement l'eau de tout le travail. Quel est le
meilleur des deux procédés ? Des expériences bien faites pourront
seules décider la question. Quoi qu'il en soit, Tauge dans laquelle on
jette le beurre est une auge allongée en bois de hêtre, dont le fond
est muni d'une ouverture pour la sortie du petit-lait. C'est là que se
fait le premier égoultage. Mais le contact des mains de la fermière est
absolument proscrit. Dans l'auge, elle pétrit le beurre à l'aide de deux
spatules en buis légèrement cannelées, et elle en fait des boules de la
grosseur des deux poings environ, qu'elle aligne sur une table placée
près de l'auge. Cette table est munie de rebords afin d'empêcher
toute chute des boules. Là, le beurre se raffermit avant de passer au
malaxeur. Lorsque le beurre est suffisamment raffermi, ce qui ne de-
mande généralement que quelques minutes, on réunit plusieurs petites
boules pour en faire des mottes de 2 ou 3 kilog.
Le malaxeur sur lequel sont portée ces mottes consiste (fig. 25)
en une table circulaire en hêtre, tournant sur son axe sous l'action
d'une manivelle qui engrène une couronne dentée fixée sur la circon-
férence de la table. Cette manivelle agit en même temps sur un levier
à ailettes fixé sur la table. Pendant qu'une servante tourne la mani elles
la fermière jette une motte de beurre sur la table; cette motte, sou,
l'action des ailettes est comprimée et aplatie, en même temps que le
petit-lait sort et tombe, par une gouttière, dans un seau placé sous la
LA LAITERIE DANOISE DE VESLY.
267
table. On fait ainsi passer la motte une vingtaine de fois jusqu'à ce
qu'il ne sorte plus de petit-lait; en frappant sur le beurre avec les
spatules en buis, on constate qu'il n'y a plus trace de petit-lait.
Le travail est achevé, et il n'y a plus qu'à metttre le beurre en
moule pour faire la motte qui en sort enveloppée de la mousseline
protectrice.
Il y a différents modèles de malaxeurs; nous citerons notamment le
petit modèle de malaxeur circulaire (ûg. 26), et le malaxeur rectan-
gulaire (fig. 27), où la table est fixe.
Le petit-lait qui sort de la baratte, sert, comme celui qui sort du
beurre, à la nourriture des pores. M. Baquet entretient une porcherie
de 40 porcs environ, de race normande; il les achète pesant 50 kilog.,
et il les revend quand ils ont atteint le poids de 120 kilog. Avec le
petit-lait, qui serait une nourriture insuffisante, il leur donne de la
tarine qu'il prépare avec un moulin qu'actionne sa machine à vapeur.
La deuxième annexe de la laiterie est la fromaçjerie. Avec le lait
écrémé, M. Baquet fait des fromages far-on Mont-d'Or. Le lait_, aussitôt
Fig. 27- — Malaxeur rectangulaire.
écrémé, est mis en présure; le caillé est immédiatement moulé, et
après salaison, le fromage est porté au séchoir, où il reste environ un
mois. Il faut 2 litres et demi à 3 litres de lait écrémé pour faire un
fromage pesant 260 grammes. Les fromages sont vendus à la halle
de Paris, de 25 à 30 fr. le cent en hiver, mais beaucoup moins cher
en été.
Quel est le résultat de l'entreprise? Avec les données que nous avons
résumées, il est facile de le calculer. L'ensemble des appareils de la
laiterie coûte 2,000 fr. environ; il y a, en outre, les frais d'installa-
tion qui peuvent être plus ou moins élevés, suivant les circonstances.
M. Baquet vend son beurre à Paris, avec une prime de 20 à 25 pour I 00
sur tous les beurres du pays; les prix qu'il atteint sont de 4 fr. 50 à
4 fr. 90 par kilog. en hiver; il ne compte pas sur plus de 3 fr. en été.
Ses voisins trouvent plus avantageux de lui vendre le lait de leurs
vaches aux prix que nous avons indiqués, que de faire et de vendre
leur beurre. L'opération est donc bonne, et M. Baquet a eu raison
d'inscrire, dans sa laiterie, ces deux dates qui seront mémorables
pour lui : « Ecrémeuse centrifuge, 18 janvier 1880; — beurre da.iois,
17 octobre 1882 ».
Mais, pour qu'une semblable opération réussisse, il faut qu'elle tra-
vaille de grandes quantités de lait. L'association permet de résoudre
cette difficulté. C'est d'ailleurs ce qui se pratiijue en Danemark où les
petits cultivateurs qui n'ont pas assez de lait pour une ecrémeuse cen-
268 * LA LAITERIE DANOISE DE VESLY.
trifuge, s'associent pour faire leur beurre en commun. La fromagerie
nous a donné de nombreux exemples de succès par les associations
dans les fruitières de la Franche-Comté, des Alpes et plus récemment
des Pyrénées. L'association pour la fabrication du beurre donnera
certainement des résultats aussi heureux.
Dans tous les cas, le fait aujourd'hui constant, c'est que les Danois,
avec des pâturages qui ne valent pas les nôtres, vendent plus cher
leurs produits, il est certain, en outre, que si l'on peut se passer d'eau
dans la fabrication du beurre, et tout prouve qu'il peut en être ainsi,
cela sera un grand avantage pour les régions dans lesquelles l'eau
manque ou est de mauvaise qualité. Sans rien préjuger, on peut dire
dès aujourd'hui, que l'écrémage et le malaxage mécaniques sont deux
progrès qui s'imposeront à tous les producteurs de beurre.
Henry Sagnier.
UNE PLANTE A SUCCESSION
Il existe des tantes, des oncles à succession, nous savons tous cela;
mais, ce qu'on ignore assez généralement, c'est qu'il existe aussi une
plante à succession, et cette plante, c'est la vigne.
Le paysan, si attentif aux choses de la terre, en a fait le premier la
remarque. Chaque fois qu'il énumère les qualités du précieux arbuste
auquel nous devons le vin, il ne manque jamais d'ajouter : «Et puis la
vigne fait hériter» ; voular.t dire par là que, lorsqu'un vignoble est en
pleine production, l'afflux d'argent qui en découle est si ;fort que,
pour l'heureux propriétaire, c'est véritablement comme 3'il héritait.
Et, en effet, 100 hectares complantés en vignes, qui rapportent
cent, deux cent mille francs l'an (cela se voit), n'est-ce pas là une
rentrée qui ressemble plus au produit d'une succession qu'au produit
d'une pièce de terre?
Ah! la vigne est l'enrichisseur par excellence ! Le docteur Guyot,
de si sympathique mémoire, qui nous l'a tant et tant répété, que ne
dirait-il pas aujourd'hui, où le prix du vin est quasiment le triple de
ce qu'il était de son temps ?
Aussi, voyez quel appauvrissement dans une famille de possesseurs
de vignes, quand, sous les puUulations d'un invisible insecte, ces
vignes se mettent à disparaître ! C'est, de tout point, comparable à ce
qui a lieu dans la maison d'un avocat en renom, d'un médecin en vo-
gue, quand ce médecin, cet avocat, dont le travail était la source des
plus gros revenus, viennent à mourir. La veuve, les orphelins tombent,
en un jour, de l'opulence brillante dans la misère noire ; ainsi fait la
vigne à l'égard de ses détenteurs, quand elle périt.
Le désastre, par bonheur, en ce qui a trait à la vigne, n'est pas
irréparable. La vigne peut sortir de son tombeau; elle peut revivre I
La submersion, les insecticides, le greffage opèrent à l'envi ce mira-
cle. Quand on a trois instruments de salut en mains, on n'est pas trop
à plaindre. Reste seulement l'embarras du choix ; et c'est bien quelque
chose en si grosse aventure.
Quant à moi, si me citer m'est permis, mon choix est fait : je suis
pour le greffage sur plants résistants, et voici mes raisons :
r Des trois moyens de salut, le greffage est le moins dispendieux.
On peut commencer avec un franc, on peut commencer avec rien, en
acceptant, d'un ami ou d'un voisin, le premier porte-greffe;
UNE PLANTE A SUCCESSION. 269
2° Le greffage me paraît compter moins d'insuccès que la submer-
sion et que les insecticides;
3" Des trois traitements, le greffage est le seul qui augmente la
fructilicalion : la submersion, en provoquant la coulure, les insecti-
cides par leur action délétère, tendraient plutôt à la restreindre ;
4° Le greffage est le seul traitement qu'on ait à n'appliquer qu'une
fois en la vie du vignoble et du vigneron.
Les opposants au greffage ne manquent pas d'alléguer que cette
opération, pour être adoptée en toute sécurité, aurait besoin de là
sanction du temps. Mais la submersion, les insecticides, n'auraient-ils
pas besoin de cette même sanction? Qui saurait nous dire l'effet
qu'aura produit, dans vingt ans, sur nos vignobles, le régime conti-
nué des gaz toxiques et de l'hydrothérapie? Ces deux médications ne
violentent-elles pas la nature? Quant au greffage, c'est la plus natu-
relle des opérations, puisque le végétal agit là sur lui-même. Le gref-
fage est une opération moins critique même que la transplantation ;
toutes les plantes s'accommodant d'être greffées, et beaucoup ne s'ac-
commodant pas d'être replantées.
Une seule considération, dans le principe, a pu détourner de recou-
rir au greffage, c'est la difficulté de le pratiquer sur la vigne, à cause
du filandreux des écorces et de l'exubérance des sucs séveux, qui
tendent à noyer le greffon. Mais, aujourd'hui, grâce à un apprentissage
obstiné, et à un assortiment d'outils ad hoc, on n'a guère plus de mal
à enter la vigne qu'à enter le cognassier.
C'est là une heureuse conquête, une conquête justifiant le proverbe :
à quelque chose malheur est bon ; car la vigne qui, de toutes les
plantes ligneuses, avait été la seule jusqu'ici à ne pas bénéficier de
la greffe, va, rentrant dans le concert de tous les arbres à fruits, pro-
filer, avec eux, et comme eux de cette transfusion d'une sève dans l'au-
tre, qui ajoute à la beauté et à la bonté des produits. Si bien que si,
par impossible, disparaissait le phylloxéra, un viticulteur, soigneux
de ses intérêts, devrait encore recourir au greffage pour le greffage
lui-même, c'est-à-dire pour l'amélioration de ses souches et de leurs
vinées.
Da la greffe, de la façon de greffer, on a beaucoup discouru, trop,
peut-être. Je me garderai d'ajouter à ce trop-plein. Surlier deux scions,
incisés en sens contraire, voilà toute la greffe et toutes les greffes.
Pourtant, qu'il me soit permis de risquer un conseil, lequel, je crois,
n'a pas été donné : ce serait de ne faire procéder au greffage rien que
par des femmes.
Pour ce délicat assemblage, la main gourde du paysan ne vaudra
jamais celle plus déliée de sa femme ou de sa fille. Il y a, dans tout
greff'age, une ligature qu'un manouvrier ne saurait mener à bien. La
femme a, plus que l'homme, le goût de soigner son ouvrage, de le
réussir, de le parer. Pourvu qu'elle soit jeune (car il y faut des yeux),
c'est plaisir de lui voir enchâsser une languette, rapprocher deux écor-
ces, les faire s'affleurer. Elle y va comme après un ourlet.
La paysanne fait mieux que le paysan, et elle fait plus vite : ne
laissons donc s'asseoir que des femmes autour de la table où l'on
greffe.
Comme porte-greffe, le Riparia s'impose. De tous les cépages, venus
à travers l'Atlantique, à notre aide, voilà le vrai sauveteur. Pour la soli-
270 UNE PLANTE A SUCCESSION.
dite, nul plant n'égaie ce sauvageon, toujours prêt à bien faire, et qui,
avec de la santé à revendre, verdoie au milieu de nos vignobles en proie
aux maladies et à la mort.
Les cépages américains sont, à vrai dire, tous résistants, plus ou
moins, même le Concord, même l'Isabelle; mais, pas plus que nos
cépages indigènes, ils ne s'aiment dans tous les sols. Combien de
plants exotiques, qu'on dit avoir succombé sous la piqûre de l'in-
secte, n'ont succombé en réalité qu'à la nature du terrain. Nous agis-
sons nécessairement en empiriques à l'égard de ces plants nouveaux,
ne connaissant encore ni la taille qui serait à leur avantage, ni le sol
qui serait à leur convenance.
Donc, qu'on ne se décourage pas en présence de quelques défaillan-
ces mal interprétées, qu'on ne se décourage pas surtout en ce qui est
du Clinton. Le Riparia excepté, c'est au Clinton que je donnerais la
première place, en mon terrain, bien entendu. Il m'a donné cette année
un vin riche en couleur et en chair, et, à ma grande surprise, foxé à
peine, autant dire pas foxé du tout. Evidemment le goût chafouin, chez
le Clinton, doit dépendre pour beaucoup de l'habitat. Tel sol, tel vin.
Cultivez un Cabernet dans les plaines du Bazadais, vous obtiendrez
un gros vin entaché d'un affreux goût de terroir; cultivez ce même
Cabernet dans les Graves du Médoc, et rien n'approchera du suave
arôme, du bouquet de son clairet.
Le Clinton est à essayer. Il existe, dans le Jardin de botanique de la
ville de Bordeaux, un pied de Clinton porteur d'un écriteau ainsi conçu :
Aux prises avec le phylloxéra depuis 1875, ce qui n'empêche pas ledit
Clinton de se porter fort bien, à preuve que cette année il émerveillait,
les promeneurs avec les 635 raisins suspendus à ses pampres. 635 rai-
sins sur une seule souche !
Le Clinton est à essayer, non point dans les crus à vins fins, mais
dans les régions où l'on n'a pas à compter avec la qualité, et où
l'abondance est la seule loi !
L'abondance, mot magique et presque dérisoire en ces temps de
viticulture souffrante. L'abondance, n'est-ce pas le vœu qui ressort de
cette triste série d'automnes sans vendanges, qui, nous mettant sans
revenus, ne nous laisse que la satisfaction de nous dire : ruinés le
plus honnêtement du monde.
Tous les ruinés ne sauraient en dire autant.
Soyons donc sans abattement, puisque, en cette infortune, nous som-
mes sans reproches. Travaillons avec entrain à nous remettre de ce
iîjrand revers. L'importance de l'entreprise doit nous refaire le cœur.
Disons-nous bien que nos vignes peuvent renaître plus productives
que devant. On rebâtit toujours plus belle la maison écroulée. L'oï-
dium, en doublant le prix des vins, nous a fait du bien, le phylloxéra
nous en fera davantage, parce qu'il frappe bien plus fort. Craindrions-
nous de trop attendre de la plante qui fait hériter, qui fait liériler
tous les ans : bien supérieure en cela aux tantes, aux oncles des
familles, qui, quelque bon vouloir qu'ils y mettent, ne sauraient faire
s'ouvrir leur succession qu'une fois en leur vie.
Et, admirable compensation ! la vigne semble faite exprès pour
donner à hériter à la trop nombreuse catégorie des personnes qui se
voient dénuées de tous collatéraux en perspective successible.
J'insiste sur cette propriété alléchante, faire hériter; car il faut
UNE PLANTE A SUCCESSION. 271
redonner courage; il faut redonner courage, il y va du salut de plu-
sieurs, comme de l'intérêt de tous.
Ah! dans dix, vingt ans d'ici, quelle ère de prçspérité nouvelle
pour notre viticulture, quand la France, s'étant recouverte de tous ses
vignobles, se trouvera en présence de besoins commerciaux déjà bien
grands, mais qui alors seront indéfinis !
Cour.)ge donc, et utilisons cet antique greffage, qui fut d'abord
pratiqué pour l'amélioration des végétaux, et qui va l'être pour leur
conservation. Que la vigne guérisse par la vigne, comme un bon
organisme guérit avec les seules ressources de sa vitalité propre.
Honoré Sclafeu,
à Sallebœuf (Gironde).
PLANTES SANS TERRE ET AVEC TERRE- - VI
^ II. Culture nouvelle en hiver sur fenêtres. — Je prendrai
quelques exemples que j'ai sous les yeux, en entrant dans des détails
minutieux; car ces faits, que je sache, n'ont pas encore été observés.
Ainsi le rosier dont j'ai parlé dans le n" du 23 septembre du Jour-
nal de l'agriculture, page 498, est un hybride remontant qui appartient
à la variété Souvenir de Romain Desprez. Rempoté après floraison, fin
juillet, en sable et mousse fertilisée, je l'ai retrouvé au 15 septembre,
après un voyage, couvert de nouveaux boutons. Mis sans terre le
20 octobre et placé sur une fenêtre au nord-est, lorsque la première
rose allait s'ouvrir, il était, à la fin de décembre, encore en floraison.
La première rose a duré plus de cinq semaines — c'est ce que je n'ai
jamais vu dans ma pratique horticole, — et dans une beauté qui
aurait plutôt surpassé la floraison d'été que j'ai essayé de décrire.
J'ajoute que la défloraison s'est, faite comme en juillet, les pétales
tombant après la fécondation dans un état d'intégrité parfaite.
Combien l'air pur et constamment renouvelé est nécessaire aux
plantes, ce même rosier m'en a donné une preuve. Ayant eu besoin de le
rentrer dans unepièce pourle faire servir à unedécoration florale, deux
boutons qui ouvrirent sous cette influence ne durèrent pas plus de
douze jours; et pourtant ils étaient aussi bien conformés que le pre-
mier qui dura en fleur plus de cinq semaines. Depuis, j'ai remis le
rosier a l'air sur la fenêtre, et les autres boutons ont ouvert successi-
vement et duré jusqu'à la fin de décembre. Une seconde floraison d'au-
tomne qui se maintient plus de deux mois chez un hybride remontant
de deux ans à peine, que peut-on demander de plus ! On sait que les
hybrides remontants sous notre climat n'ont qu'une très belle florai-
son en juin et juillet; celle d'automne, à quelques exceptions près,
est rare et assez pauvre — ceci en culture ordinaire — car depuis
que j'applique la mousse fertilisée en couverture à ces rosiers en
pleine terre, ils fleurissent pour aiasi dire constamment. J'ai pu
cueillir encore le 12 décembre, en pleine gelée, un gros bouquet de
roses presque ouvertes, laissant quantité déboutons qui, dès que la
température s'adoucit, s'éclairent de la velléité de fleurir. Les rosiers
thé qui fleurissent abondamment à i'arrière-saison sont naturelle-
ment indiqués pour cette culture sur fenêtre. Il y aurait à essayer les
variétés florifères. L'horticulture française a tellement enrichi le "enrc
rosier qu'il peut, avec ce procédé, réjouir presque toute l'année ceux
qui n'ont point de jardin pour le cultiver.
272 PLANTES S\NS TERRE ET AVEC TERRE.
Quelques détails complémentaires marqueront davantage encore la
durée en cette saison hivernale de la floraison sur fenêtres des plantes
sans terre, La plaque de mousse où se trouve le rosier dont je viens
de parler en contient deux autres, dont l'un appartenant à la variété
la France m'a donné en novembre des plus belles roses que j 'aie vues de
cette variété, et dont un autre de coloration pourpre noir en gros
boutons prêts à s'ouvrir ne fleurira qu'en janvier. Voilà donc un petit
groupe de trois rosiers dont la floraison successive aura duré plus de
trois mois! Ils sont accompagnés, toujours dans la même plaque de
mousse, de deux géraniums blanc et rouge, qui, mis sans terre en
octobre en pleine floraison, la maintiennent même en janvier avec une
incroyable persistance. Et cependant ces géraniums avaient déjà fleuri
sans terre tout l'été. Rempotés ensuite en sable et mousse fertilisée,
ils semblent y avoir puisé pour cet automne la plus pure et la plus
durable floraison que j'aie encore constatée dans un géranium. Ce
n'est point un fait isolé, car il en est de même de quatre autres géra-
niums de variétés différentes réunis en contraste de couleurs dans une
même plaque de mousse. Depuis deux mois et plus qu'elles ont été
mises sans terre, il semble que ces plantes soient arrêtées dans l'état
qu'on voudrait tant fixer pour la fraîcheur du feuillage et le premier
épanouissement des fleurs, réalisant ce vœu de Gœthe devant de belles
fleurs : « Comme je souhaiterais d'enchaîner le bonheur dont mes
yeux sont éblouis ! »
Cette sorte d'engourdissement, par l'égalisation d'une température
basse (en moyenne de 0 à -|- 5), de plantes dans une floraison quasi
printanière est un des phénomènes les plus curieux qu'on puisse
observer. J'avoue que je n'en puis lasser mes yeux. On dirait que le
temps ne marche plus pour ces plantes. Les mêmes corolles ouvertes
il y a deux mois sont toujours aussi fraîches et aussi intenses de
coloration, et les boutons raides et gonflés prêts à s'ouvrir paraissent
pouvoir attendre indéfiniment sans se flétrir qu'il leur vienne un peu
plus de chaleur pour se dilater.
Mais cette immobilisation n'est qu'apparente. Les fonctions s'opèrent
régulières et normales, bien que la circulation de la sève soit consi-
dérablement ralentie. Les feuilles, d'un vert gai, s'étalent avides à la
lumière diffuse et, à y bien regarder, de jeunes ont poussé pour sup-
pléer à de plus anciennes, à mesure que les racines ont percé la plaque
de mousse.
A quel point ces plantes restent impressionnables, bien que leur
développement paraisse insensible, je puis mieux l'observer dans des
anémones de Caen groupées sur la même fenêtre. Semées en juin, elles
ont été repiquées en août, en pleine terre avec mousse fertilisée. On ne
sait pas assez combien les anémones ainsi cultivées sont précieuses
en hiver. Pour peu que les premières gelées ne soient pas trop
intenses et trop durables, les hampes florales poussent aussitôt qu'il
y a quelque intermittence dans l'abaissement de température. Et
comme les fleurs, en s'ouvrant au jardin, se flétriraient par les intem-
péries, on les relève dès que la coloration des fleurs est suffisamment
marquée. On lave les racines avec soin, sans offenser les radicelles,
et on les groupe par 6 ou 8 assorties de couleurs dans une même
plaque de mousse ou dans une assiette, en étendant les racines dans
un peu de mousse fertilisée.
PLANTES SANS TERRE ET AVEC TERRE. 273
Tant que les anémones demeurent sur les rebords extérieurs des
fenêtres, si la température est basse, elles restent dix ou quinze jours
sans s'ouvrir, comme enveloppées dans leur beauté discrète et ne mar-
quant qu'un insensible progrès dans la véi2;étation. Mais à peine
veut-on, tant ce mystère attire, les rentrer pour les dessiner ou les
peindre à la lampe qu'elles s'ouvrent toutes grandes. Ou bien il suffit
que le thermomètre tende à monter au-dessus de 5 ou 6 degrés pour
que, même au nord sans soleil, elles s'entrouvrent un peu, mais à
peine baisse-t-il ou la nuit vient-elle qu'elles se rencapuchonnent. Si,
par un des rares jours de décembre oii le soleil brille sous notre cli-
mat brumeux, on les transporte sur une fenêtre au midi, il importe
que la motte de mousse soit bien humectée pour compenser l'évapora-
tion qui a lieu. L'action directe des rayons solaires est tellement éner-
gique sur les plantes sans terre, qu'une lumière diffuse est préférable,
même dans le nord, même en hiver. Les hellébores, aux racines
fibreuses, dures, volumineuses, aux feuilles glabres, un peu coriaces,
supportent bien le soleil.
Le développement de ces anémones, bien qu'excessivement lent,
n'est pas moins incessant. Depuis un mois qu'elles sont sur ma fenêtre,
je constate que les corolles ont grandi du double, que les hampes se
sont également allongées et ont grossi.
Il importe que les plantes, surtout les délicates, soient soustraites
à l'humidité du sol. Ce que j'obtiens sur le rebord d'une fenêtre au
premier étage, je l'obtiendrais moins au rez-de-chaussée et sans doute
pas du tout au niveau du sol. J'ai éprouvé que les gelées blanclies,
désastreuses pour les plantes sur terre, se font à peine sentir à une
hauteur de 5 ou G mètres dans une situation un peu abritée par le
renfoncement d'une croisée. Ainsi j'y ai laissé des géraniums, des
cyclamens de Perse, lorsque le thermomètre marquait un degré Réau-
mur au-dessous de zéro. Ces plantes n'ont accusé aucune souffrance,
aucune altération ultérieure dans la beauté de leur floraison. Pourtant
chez les anémones, les hampes florales s'inclinaient, les feuilles se
crispaient et prenaient une teinte sale; mais, reportées dans une
chambre froide, elles sont revenues également. La rose supporte
impunément une plus froide température. Sur une fenêtre au rez-de-
chaussée au nord, après une nuit qu'il avait gelé à glace, une rose
presque à son plein épanouissement était absolument intacte, bien que
la motte de mousse fût entièrement gelée. Qaoi qu'il en soit, je ne
conseillerais pas de laisser les plantes sur fenêtre alors que le ther-
momètre est au-dessous de zéro. Les fleurs, sans paraître tout d'abord
en souffrir, pourraient moins durer.
Ces expériences sont d'autant plus susceptibles de généralisation
que je leur ai laissé un caractère particulier au lieu que j'habite, un
des plus froids de la Normandie, à cause des courants d'air de deux
vallées s'ouvrant au nord et au nord-ouest et par la situation près du
confluent de trois cours d'eau. Ce que j'obtiens dans ces conditions
défavorables par les brumes et les humidités froides, que craignent
surtout les plantes en hiver, on l'obtiendra vraisemblablement dans
tout le nord de la France. Mais en allant vers le sud et vers l'ouest
où la température est moins variable dans ses écarts, la flore des
plantes à cultiver sur fenêtre serait considérablement étendue.
J'ai pris à dessein comme exemples topiques, pour la culture sur
274 PLANTES SANS TERRE ET AVEC TERRE.
fenêtre, trois plantes qui réussissent mal en appartement. Il y ea
aurait nombre d'autres. Les plantes hivernales, hellébores, tussilage
odorant, anémones hépatiques, cultivés ainsi, ont une durée pour ainsi
dire indéfinie, de trois mois environ, et je ne crois pas qu'aucune
planto d'été surpasse les roses de Noël en mousse sur fenêtre, pour
l'abondance et l'éclat de la floraison. Il en est de même des plantes
printanières, primevères, violettes, pensées, saxifrage de Sibérie,
etc., etc. Seulement, pour qu'elles fleurissent sur fenêtre tout l'hiver,
il faut que leur floraison soit déjà lancée à l'air libre lorsqu'on les
met sans terre, c'est-à-dire (jue la première fleur commence à ouvrir.
Et quand dès maintenant en janvier, un peu plus tôt sans doute que
d'ordinaire, parTelTet de la température humide et relativement douce
de l'hiver jusqu'à présent, on voit blanchir et s'allonger les boutons
des perce-neiges, pointer les crocus, les premières jacinthes, pousser
en aigrettes, puis s'étaler vivement, les feuilles des anémones fulgens,
il est évident que le problème des plus modestes fenêtres fleuries tout
l'hiver est résolu \
Il suffira pour passer les grands froids, sils viennent, de rentrer
ces plantes dans une chambre éclairée mais où la température au-
dessus de zéro soit aussi peu élevée que possible, et, chaque fois
qu'il ne gèlera pas, de les remettre à l'air sur les fenêtres, au sud
ou au sud-ouest, bien entendu, dès qu'à l'approche du printemps
souffleront les vents de nord et d'est.
[La suite prochainement). Alfred Dumesnil.
MÉTÉOROLOGIE DU MOIS DE JANVIER 1883
Voici le résumé des observations météorologiques faites à l'observa-
toire du parc de Saint-Maur en janvier 1883 :
Moyenne barométrique à raidi, 753'""\35. Minimum le 13, à 2 heures du soir,
739™"\04. Maximum le 23, à 9 heures et 10 heures du matin, 774™'". 03.
Moijennes tliermométriques : des miniina 1".75; des maxima 6o.92; du mois
4*.33! Moyenne vraie des 24 he'ires, 3°. 95. Minimum le 23 au lever du soleil, — L".3-
(il y avait un niinimum de — 4". 6 le 9 à la môme heure). Maximum le 1" dans la
journée, 14". 8.
Huriiidilé relative : moyenne, 89; la moindre, 52 le 30 à 4 heures du soir; la
plus grande, 100, s'est présentéb en 9 jours.
Tension de la vapeur : moyenne S'"'». 48; la moindre 2°"". 4 le 8 à 9 heures du
soir, et 2""". 5 le 9 à 6 heures du matin; la plus grande, 10'"'". 8, le l'^"" à 1 heure
du matin.
Température moyenne de h Marne, 5°.29. Elle a varié de 2°.2 le 13 à 3 h. 30
du soir à 10°. 0 le 2 à la même heure. Elle a débordé le 3 en s'élevant à l'altitude
de 36'". 87 au-dessus du niveau de la mer (6"". 87 de l'échelle du Parc). Le 25 elle
n'était jtlus qu'à 3'". 46 de réchelle.
Pluie, 45'""'. 0 en 70 heures, réparties en 14 jours.
Deux jours de neige, insi;^ni fiante le 9 dans la journée. Le 25, 0"\0Q de neige
sur le sol; elle n'a fondu que le lendemain au soir.
NébiUosilé moyenne, Ç>6.
Il y a eu 9 jours de gelée à glace et 8 jours de gelée blanche.
Six jours de brouillard dont un seul notable celui du 18 janvier.
Veiits faibles tout le mois; ils n'ont pris un peu de force que dans les derniers
1. Cda-étailccnLau oamuie icumeiU.de janvier. Ea corn^^uani l'épreuve le 20, jecoa.sUte qu'avec
le retour d'un peu plus de lumière toutes les [ilanles dontj'yi parlé, sans cesser d'être durables,
se sont embellies encore sur fenêtres. D'autrc's s'y sont ajoulécs : perce-neiges, crocus, violettes
de Parme, pâquerettes, géraniums tirés de châssis en boutons prêts à ouvrir, etc. A voir b beauté
qu'y acquiert cette modeste fleur, la perce nei^e, on peut se figurer ce que seront le mois prochain,
les narcisses à bouquets, les jacinthes de Hollande et un peu plus tard les lulipes. D'une demeure
ensevelie dans les brumes du Nord on rêve aux splendeurs llorales queperaiettraient, sur fenêtres-
en hiver, dans les contrées méridionales, un ciel plus lumineux, un a,r plus tiède.
MÉTÉOROLOGIE DU MOIS DE JANVIER 1883.
275
jours; ils ont été très dominants du sud à l'ouest, puis de l'est-nord-est à l'est-
sud -est.
Le mois de janvier 1883 est moins nuageux que d'ordinaire et
de 2". 5 plus chaud que la normale. Les deux premiers jours ont été
remarquablement chauds, plus que certains jours de juillet : le 1", le
minimum a été 9°. 9 et le maximum IV. 8; la moyenne de la journée
12°. 6. Janvier 1877 a présenté des excès encore plus grands.
On peut faire remarquer que pendant ce mois le temps a été couvert
avec le baromètre élevé, et beau avec le baromètre bas; en général les
pronostics ont été presque toujours en défaut.
L'excès de température de 2° 1/2 que présente le mois de janvier
est fréquent; mais en général, les mois d'hiver chauds sont plus cou-
verts que d'habitude, tandis que janvier de la présente année est un
mois relativement assez clair. L'insolation et la lumière, plus grandes
que d'ordinaire, bien plus que la douceur de la température, ont
influé sur la végétation; beaucoup de plantes en ont donné des signes
sensibles, surtout le sureau commun, la spirée à feuilles de saule, la
symphorine, le fusain du Japon, Le 20 janvier, un mahonia à feuille
de houx commençait à fleurir; depuis, j'en ai aperçu d'autres. Il y a
aussi de nombreuses pensées et des véroniques en pleine fleur,
E. Rendu,
Membre de la Société nationale d'agriculture
REYUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT DES DENRÉES AGRICOLES
(17 FÉVRIER 1883).
I. — Situation générale.
Les ventes continuent à être peu actives sur le plus grand nombre des marchés
agricoles. Les offres des cultivateurs sont restreintes pour la plupart des denrées,
et il n'y a que des transactions peu importantes, sans changements sensibles dans
les prix.
II. — Les grains et les farines.
Un fait général domine le commerce des grains et exerce une influence notable
sur les prix dans un grand nombre de marchés. Nous l'avons déjà signalé, mais
nous devons y revenir. C'est la qualité faible de beaucoup de blés qui ont été
récoltés dans de mauvaises conditions; il en résulte de plus grands écarts entre
les prix extrêmes des premières et des dernières qualités, que dans les années
ordinaires.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par quintal métrique,
sur les principaux marchés de la France et de l'étranger :
Algérie.
Angleterre.
Belgiqiu:.
Pays-Bas.
Luxembourg.
A Isace-Lorraine.
Allemagne.
Suisse.
Italie.
Espagne.
Autriche.
Hongrie.
Russie.
Etats-Unis.
Blé.
fr.
., (blé tendre... 27.00
^^^'1 blé dur 24.75
Londres 2G.25
Anvers 2Ô.50
Bruxelles 23.75
Liège 23.50
Namur 23.00
Amsterdam 24.00
Luxembourg 23.25
Strasbourg 25.20
Colmar 25.00
Mulhouse 23 50
Berlin 22.35
Cologne 24.35
Hambourg 22.85
Genève. 27 00
Milan 23.80
Valladolid 24.50
Vienne 20.00
Budapeslh 20.50
Saint-Pétersbourg.. 22.00
New-York „ 23.50
Seigle.
Orge.
Avoine.
fr.
Ir.
fr.
n
«
»
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17. 2S
16.00
»
19.50
20.00
17.75
17.75
17.00
16.25
»
17.00
17.00
20.50
15.00
15.50
20.00
»
16.75
»
»
»
»
17.00
18 25
1G.75
17.50
18.00
17.50
18.00
17.25
17.75
18.25
17.10
»
»
18.75
>
»
16.60
»
»
s
a
22.00
18.75
•
17.50
15.25
16.70
14.25
15.00
16.50
13.75
15.00
»
12.50
276
REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
1" RÉGION. —
NORD-OITEST
Blé. Seigl
16.50
16.00
15.00
18.00
16 00
15.00
(6.25
15.00
fr. fr.
Calvados. Cor\ dé 2'2.75 14,00
_ caen 23.50
Côl.-du-Nord. Pontrieux 23 . 50
— Lannion.. 23.25
Finistère. Qmmpev 23.50
— Landerneau.. 26.00
llle-el- Vilaine. Rennes. 25.00
— Fougères... 24.75
Manches. Avranches... 26.00
— Pontorson.. . . 26.25
— Villedieu 26.00
Mayenne. Laval 25 . 50
— Château-Gontier. 25.00
Morbihan. Hennebont.. 23.50
Orne. Seez 24.50
— Vimoutiers 25 00
Sarthe. Le Mans 23.75
— Mameis 26.00 »
Prix moyens 24.76 15.75
2* RÉGION. — XORD.
.4isjie. Soissons 23.20 15.30
— Saint-Quentin... 23.65 »
— Villers-Colterets. 22.00 (4.25
Eure, Evreux 24.50 i4.00
— Les Andelys 21.65 14.50
— Conches 23 25 14.50
Eure-el-Loir. Chartres.. 24.00 14.75
— Auneau 22 50 14.00
— Nogent-le-Rotrou. 24.50 »
Nord. Cambrai 25.20 15.50
— Douai 25.00 15.50
— Valenciennes 25.50 i5.50
Oise. Beauvais 21.50 14.50
— Compiègne 22.00 14.2!)
•_ Noyon 24.75 15.25
Pas-de-Calais. AttUlS... 26.50 15.75
— Doullens 25.50 14.50
Seine. Paris 25.25 15.35
S.-ei-Mar. Meaux 24.00 »
— Dammartin 21.75 14.50
— Nemours 23.75 15.80
S.-et-Oise. Angerville ... 23 . 50 »
— Pontoise 24.00 16.00
— Versailles 23.25 15.50
Seme-MféHeitre. Rouen. 23 65 13.85
— Fécamp 23.00 14.50
— Yvetot 22.50 »
Somme. Abbeville 22. bO 14.75
— Monldidicr 22.50 »
_ Roye 22.75 14.50
Pris moyens 23.53 14.84
fr.
17 50
18.30
15.50
16.50
16.00
16.50
15.75
18.50
18,75
18 50
15.50
16.75
19.00
18.50
15.75
Avoine.
fr.
18.50
20.00
16.50
17.00
16.00
15.00
17.25
17.00
21.25
20.50
20.25
»
17.50
20.00
17.25
17.50
21.75
17.16 18.33
17.00
20.25
16.50
19.20
17.00
18.50
18.00
18.75
18.50
20.25
18.75
17.00
»
19.25
18.70
19.75
»
17,50
17.00
17.00
18.00
17.00
18.35
18.00
16.50
17.50
18.00
18.00
16.25
15.50
16.50
16.25
16.80
17.00
17.25
16.00
17.25
17.50
16.00
17.00
17.00
16.00
15.25
18.25
18.00
17.00
17.00
18.00
16.75
17.50
19.50
20.00
16.75
15.25
16.75
17.25
18.02 16.90
3' RÉGION. — NORD-EST.
Ardennes. Charleville. . 24.00 15.25 20.50 19.00
_ Sedan 23.25 16.25 19.00 19.25
Aube. Bar-sur-Aube 22.75 14.50 17.50 17.50
— Méry-sur-Seine... 24.20 15.50 17.25 16.25
— Nogent-sur-Seine. 24 25 15.00 18.50 18.00
Af orne. G halons 23.15 15 85 18.25 17.00
— Epernay 23.75 15.00 » 17.50
— Sainte-.Menehould. 22.75 i5.25 17.40 15.50
Hle-Marne. Sl-Dizier... 23.00 14.50 16.75 16 50
Meurlhe-et-Mos. Nancy. 23.25 16.00 16.50 17.00
— Lunéville 23.50 16 25 17.00 16.50
_ Toul 23.85 16.00 16.00 15.50
A/euse. Bar-ie-Duc 23.50 15.00 17.00 17.25
— Verdun 23.50 15.25 16.50 16.75
Haule-tàaône. Gray 22.50 15.00 16.00 15.25
Kosges. Epinal 24. «0 16.00 » 15.50
— Neufchàteau 23.15 15.00 17.00 15.15
— Mirecourt 22.75 16.50 16. 80 15.50
Prix moyens 23.39 15.45 17.37 16.77
4* RÉGION. — OUEST.
C/iarenie. Angoulème... 26.25
— Ruffec 26.00
C/iar.-/Hfé?'. LaRochelle 24.50
Deux-Sfvres. Niort..... 24.50
Indre-et-Loire. Bléré.... 24.50
— Tours . 25.50
Loire-/n/". Nantes 25.50
M.-et-Loire. Saumur... 26.00
— Angers 24.50
Vendée. Luçon 25.00
— Fontenay-l.-Comte 24.50
Fienne. Chatellerault... 25.00
— Poitiers.... 26.25
Haute- Vienne. .lÀwog&i. 26.00
Prix moyens 25.29 ^6.31 18.52 17.76
18
50
)
19
25
17
75
«
18
00
»
17
00
16
50
17
50
18
00
15
.50
19
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17
50
16
.00
18
00
18
00
15
25
19
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17
50
15
25
17
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17
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15
00
19
00
18
25
17
50
0
18
50
17
.25
15
.50
19
50
17
00
19
00
17
00
18
00
20
00
18
50
- CENTRE.
Blé. Seigle.
Cher.
Allier. Montiuçon....
— Gannat ,
La Palisse
Bourges
— Graçay ,
— Saint-Amand.. .
Creuse. Aubusson...,
Indre. Chàteauroux . .
— Issoudun
— Valençay
Loiret. Orléans
— Patay
— Gien
L.-et-Cher. Blois ,
— Montoire
Nièvre. Nevers ,
— La Charité
Yonne. Brienon
— Sens
— Tonnerre
fr.
24.25
24.50
24.00
24.00
25.20
24.50
25.20
23.75
25.00
25.00
23 50
23.50
24.25
24.50
23.50
23.00
23.25
24.00
24.75
22.50
fr.
15.00
15.25
15.00
15.00
15.50
16.25
14.50
15.50
17.80
»
15.00
15 50
14.50
14.50
15.25
15.00
15.00
14.00
fr.
18.50
19.00
17.25
18.75
19.25
19.25
»
16.00
18.50
20 00
17.25
18 75
20.00
18,25
17.00
16.50
17.50
16.00
ATûine.
fr.
17.00
17.20
17.25
16.00
17.00
16.50
18.00
15.50
17.25
17.50
*
17,50
16.75
20.35
17.00
16.50
16.75
18.75
18.00
16.25
Prix moyens 24.12 15.24
6' RÉGION. — EST.
^in. Bourg 25.00
— Pont-de-Vaux... . 24.50
Côle-d'Or. Dijon 22.00
— Beaune 23.50
Z)otf6s. Besançon 23.50
/sèce. Bourgom 24.00
— Vienne 24.25
Jura. Dûle 22 . 00
Loire. Montbrison 24.00
P. -de-Dôme. Cl.-Ferrand 25.75
Rhône. Lyon 24.50
Saône-et- Loire. Chalon.. 24.75
— Louhans 25.25
6a«oie. Chambéry.. .., 25.75
Ilte-Savoie. Annecy 25.50
Prix moyens 24.23
7' RÉGION. — SUD-pUEST
Ariège. Pamiers 27.t)0
— Foix 27 20
Dordogne. Bergerac... 27 00
Ilte-Garoiine. Toulouse. 27.50
— St-Gaudens 24.75
Gers. Condom 27.00
— Eauze 26.00
— Mirande 25.50
Gironde. Bordeaux 27.25
— La Réole 27.00
Landes. Dax 28.50
Lot-et-Garonne. Agen... 27.00
— Nérac 27.75
B. -Pyrénées. Bsiyonne.. 28.50
Iltes-Pyrénées. T&rhes.. 28.00
Prix moyens 27.06
18.10 17.21
15
25
y
18
00
15
50
»
17
50
»
)
16
50
16
50
16
50
»
16
75
14
25
16
75
17
25
17
00
15
00
18
00
16
00
15
50
17
50
17
00
16
00
17
13
18
00
15
75
17
00
17
80
16
25
16
50
17
25
17
00
18
00
10
25
»
»
19
00
»
18
00
15 83 17.31 17.45
18
00
>
20
25
17
50
)
20
00
17
20
17
80
20
00
17
00
17
50
19
00
18
00
18
25
20
50
20
25
»
»
19
50
»
)
21
50
18
50
)
18
25
)
18
00
9
19
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»
17
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00
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)
19
00
21
00
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50
18
75
19
90
>
18
50
18.36 18.33 19.55
8" RÉGION. — SCD.
ylude. Castelnaudary.. . 27.25 »
— Carcassonne 27.50 18.50
ylt'eyron. Villefranche.. 25.75 19.00
Cantal. Ma.\ir\a.c 25.35 22.20
Coî-rèze. Luberzac 25.50 17.75
//érau^L Montpellier.... 26.25 »
— Béziers 26.50 »
loi. Cahors 27.00 17.00
Lozère. Mende 27.25 17.50
Piyré?wes-0)'. Perpignan. 27.75 21.05
Jarn. Castres 27.25 18.00
'farn-e<-Gar. MontauDan 26.75 17.50
Prix moyens 26.69 17.61
18.00
17.50
17.25
17.75
25.00
19.25
19.03
9' REGION.
Basses-Alpes. Manosque
Hautes-.ilpes. Briançon.
Alpes-Maritimes. Ca.naes
Ardèche. Privas
B.-du-Hliône. Arles....
Drame. Romans
Gard. Nîmes
Haute-Loire. Brioude...
Var. Saint-Maximin
Vauduse. Avignon
— SUD-EST.
28.00 »
17.50
18.00
19.45
Prix moyens.
Moy. de toute la France
— de la semaine précéd.
Sur la semainejHausse.
précédente . . 1 Baisse. .
18.15
25.10 16.36
25.24 16.55
18.25
17.40
17.25
»
17.00
20.00
))
17.25
17.86
17.97
18.09
19 25
19.00
17.00
22.10
13.50
18.00
»
18,25
17.50
18.40
20.25
20.10
18.93
22.00
18.25
18.75
19.00
18.00
17.50
18.00
16.50
19.00
18.75
18.57
17.94
18.02
0.14 0.19 0.12 0.08
DES DENRÉES AGRICOLES (17 FÉVRIER 1883] 277
Blés. — Les marchés aux blés sont toujours peu fréquentés par les agricul-
teurs. Les travaux des champs Font poursuivis avec beaucoup d'activité; la meu-
nerie ne manifeste d'ailleurs que des besoins relativement restreints. Ce qui
domine la situation, ainsi que nous avons eu déjà plusieurs fois l'occasion de le
dire, c'est la grande différence dans les prix des blés suivant leur qualité, sur un
même marché. Les bons blés sont recherchés avec des prix fermes, tandis que les
blés de qualité inférieure, parfois trop nombreux, sont délaissés par le commerce.
Ce sont ces différences de qualité qui sont la principale cause de faiblesse des
prix moyens. — A la halle de Paris, le mercredi 14 lévrier, il n'y a eu que très
peu d'affaires; les cours se sont maintenus aux taux de la semaine précédente.
On cotait de 24 fr. à 26 fr. 50 par 100 kilog. suivant les qualités; le prix moyen
s'est fixé à 25 fr. 25, comme le mercredi précédent. — Au Havre, les offres sont
restreintes en blés d'Amérique, et les prix sont en hausse. On cote de 2'i à
28 fr. 25 par 100 kilog. suivant les qualités; c'est la conséquence de la hausse
constatée en Amérique. — A Marseille, les ventes ont été peu importantes durant
cette semaine, mais les prix se soutiennent avec beaucoup de fermeté. Les arri-
vages de la semaine ont été de 106,000 quintaux environ; le stock est actuelle-
ment de 178,000 quintaux dans les docks. Au dernier jour, on cotait : Berdianska,
26 fr. 75 à 27 fr.; MarianopoH, 26 fr. 50; Red-winter, 27 fr. 50; Bessarabie,
24 fr. à 25 fr.; Pologne, 25 fr. à 26 fr. 50; le tout par 100 kilog. — A Londres^
les importations de blés étrangers ont été de 78,600 quintaux depuis huit jours.
Le marché présente beaucoup d'activité et les prix sont en hausse. On cote de
25 à 27 fr. 50 par liO kilog. suivant les qualités et les provenances.
Farines. — Le commerce est très calme, mais il y a de la fermeté dans les prix.
Pour les farines de consommation, les demandes de la boulangerie se bornent
aux besoins de la consommation. On cotait à la halle de Paris, le mercredi
14 février : marque de Gorbeil, 61 fr.; marques de choix, 61 à 63 fr.; premières
marques, 59 à 60 fr.; bonnes marques, 58 à 59 fr.; sortes ordinaires, 55 à 57 fr.;
le tout par sac de 159 kilog. toile à rendre ou 157 kilog. net, ce qui correspond aux
prix extrêmes de 35 fr. 05 à 40 fr. 10 par 100 kilog. ou en moyenne 37 fr. 60,
comme le mercredi précédent. — En ce cjui concerne les farines de spéculation,
on cotait à Paris, le mercredi 14 février au soir : farines neuf-marques, courant
du mois, 60 fr. ; mars, 60 fr. 25; mars-avril, 60 fr. 25 à 60 fr. 50; quatre mois de
mars, 60 fr. 25 à 60 fr. 50; quatre mois de mai, 60 fr. 75 à 61 fr.; le tout par
sac de 159 kilog. toile perdue ou 157 kilog. net. — Les cours sont sans change-
ments pour les farines deuxièmes, qui valent de 26 à 33 fr. par quintal métrique,
et pour les gruaux, que l'on cote de 47 à 58 fr.
Seigles. — Les affaires sont lentes. Les prix se fixent à la halle de Paris, de
15 fr. 25 à 15 fr. 50 par 100 kilog. suivant les qualités. Les farines de seigle
sont cotéts de 23 à 25 fr.
Orges — Peu d'offres, et par suite maintien des cours. On vend, à la halle de
Paris, de .18 fr. 75 à 20 fr. 75 par lOU kilog., suivant les quahtés. — Quant aux
escourgeons, les prix se maintiennent de 18 fr. 25 à 18 fr. 50. — A Londres,
les importations d'orges étrangères sont très restreintes, les prix accusent beau-
coup de fermeté. On paye de 18 à 20 fr. 70 par 100 kilog., suivant les quahtés.
Avoines. — Les belles qualités d'avoine sont recherchées, et par suite les prix
accusent plus de fermeté. On paye à la halle de Paris de 17 à 19 fr ^0 par
100 kilog. suivant poids, couleur et qualité. — A Londres, il a été importé
123,000 quintaux d'avoine depuis huit jours ; les prix accusent une très grande fer-
meté. On paye de 18fr. 50 à 21 fr. 70 par 100 kilog. suivant les qualités.
Sarrasin. — Les offres sont toujours restreintes. On paye à la halle de Paris,
15 fr. 50 à 16 fr par 100 kilog. suivant les sortes.
Maïs. — Mêmes cours que précédemment dans les ports pour les maïs d'Amé-
rique. On les cote de 18 fr. 50 à 19 fr. par 100 kilog. au Havre.
Issues. — Les prix sont sans variation. On paye à la halle de Paris : gros
son seul, 13 fr. 75 à 14 fr.; son trois cases, 12 fr. 75 à 13 fr.; son fin, 11 fr. 50
à 12 fr.; recoupettes, 12 fr. à 12 fr. 50; remoulages bis, 15 à 16 fr. ; blancs,
1 7 à 1 8 fr. , le tout par 1 1 0 kilog.
III. — l-ourrages, graines fourragères.
Fourrages. — Les ventes sont peu importantes, et les prix accusent beaucoup
de fermeté sur la plupart des marchés.
Graines fourragères. — Les prix sont encore en hausse, principalement pour
278 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
les trèfles. Les trèfles violets sont cotés de 170 à 220 fr. par iOO kilog.; les autres
graines aux mêmes cours que la semaine dernière.
IV. — Fruits et légumes frais.
Fruits. — On vend à la halle de Paris : poires, le cent, 5 fr. à 100 fr., le kilog.,
0 fr. 25 à 0 fr. tO; pommes, le cent, 5 fr. à 100 fr. ; le kilog., 0 fr. 20 à
0 fr. 45; raisins communs, le kilog., 3 à 12 fr.
Gros légumes. — Dernier cours de la halle : betteraves, la manne, 0 fr. 30 à
1 fr. 30; carottes communes, les 100 bottes, 20 à 30 fr.; d'hiver, l'hectolitre, 3 fr. à
5 fr. ; de chevaux, les 100 Lottes, 13 à 19 fr.; choux communs, le cent, 4 à 15 fr.;
navets communs, les 100 bottes, 20 à 30 fr.; de Freneuse, 25 à 35 fr. l'hectolitre,
3 fr. à 4 fr. ; oignons en grain, l'hectolitre, 10 à 14 fr.; panais communs, les
100 bottes, 12 à 16 fr.; poireaux communs, les 100 bottes, 35 à 65 fr.
Pommes de terre. — Hollande communes, l'hectolitre, 12 à 15 fr.; le quintal,
17 fr. 14 à 21 fr. 42; jaunes communes, l'hectolitre, 9 à 10 fr.: le quintal,
12 fr. 85 à 14 fr. 28; saucisse rouge, l'hectolitre, 10 à 13 fr.; le quintal,
17 fr. 28 à 18 fr. 57.
V. — Vins, spiritueux, vinaigres, cidres.
Vins. — La situation du commerce des vins ne varie pas beaucoup. Les affaires
présentent une physionomie absolument difîerente suivant les régions. Ici elles
sont assez calmes, tandis qu'ailleurs elles ont plus d'activité. Mais ce qui domine
la situation, c'est que les vin^ nouveaux se relèvent peu à peu de la détestable
situation qui leur a été faite. Les viticulteurs maintiennent partout les prix, et ils
s'en trouvent bien. Quant aux travaux de la vigne, ils sont poussés partout avec
vigueur; on craint, en effet, qu'en raison de la douceur de l'hiver qui va bientôt
prendre fin, la végétation parle rapidement avec vigueur. Dans ces circonstances,
on a toujours beaucoup à craindre de» gelées printanières. — Nous ne donnons
pas de cours cette semaine ; car nous ne pourrions que répéter ceux que nous
avons donnés dans nos précédents n-uméros.
Spiritueux. — Le commerce des alcools est dans le calme le plus complet. Que
ce soit dans le Midi ou dans le Nord, les ventes sont peu importantes, et les
prix demeurent sans changements et sans même que l'on puisse prévoir qu'ils se
relèvent bientôt. On cote à Paris : 3/6 betteraves, 90 degrés, V" qualité, dispo-
nible, 50 fr.; mars, 50 fr. 75 ; mars et avril, 51 fr. 50; quatre mois de mai, 52 fr.50
à 52 fr. 75 ; le tout par hectolitre.
VI. — Sucres. — Mêlasses. — Fécules. — Glucoses. — Amidorvs. — Houblons.
Sucres. — C'est de la baisse que nous devons signaler dans les prix. Les affaires
sont très lentes, et les prix sont faibles'. On cote à Paris par 100 kdog. : sucres
bruts 88 degrés saccharimétriques, 49 fr. 75; les 99 degrés, 57 fr. ; sucres blancs,
n** 3, 57 fr. à, 57 fr. 25; — à Lille, sucres bruts, 49 fr. 50; sucres blancs,
57 fr. 25; — à Saint-Quentin, sucres bruts, 49 fr. 25 à 49 fr. 50; sucres
blancs, 57 fr. 50; à Valenciennes, sucres bruts 49 fr. 50. — A Paris, le stock
de l'entrepôt réel des sucres e'tait, au 14 février, de 877,000 sacs, avec
une augmentation de 18,000 sacs depuis huit jours. — Pour les sucres
raffinés, ils valent de 105 à 106 fr. par 100 kilog, à la consommation, et
de 64 fr. 75 à 67 fr. ; pour l'exportation. — Dans les ports les prix sont sans
changements pour les sucres coloniaux.
Fécules. — Les cours ne varient pas. On paye à Paris 39 à 40 fr. par 100 kilog.
pour les fécules premières du rayon ; à Compiègne, 38 fr. pour celles de l'Oise.
Amidons. — Prix faibles pour toutes les sortes. On paye à Paris : amidons de
pur froment, 66 à 68 fr. ; amidons de province, 64 à 66 fr. ; amidons de maïs,
5.4 à 56 fr.; le tout par quintal métrique.
Houblons. — Les offres des cultivateurs sont partout extrêmement restreintes,
par suite de la diminution des stocks. Les prix se maintiennent bien sur tous les
marchés. On paye dans le Nord, 740 à 760 fr. par :00 kilog.; à Dijon, 900 à
1,000 fr. ; en Alsace, jusqu'à 1,100. En Angleterre, les atïairessont extrêmement
calmes.
VII. — Huiles et graines oléagineuses, tourteaux.
Huiles. — Au mouvement de spéculation qui avait entraîné les prix des huiles
de colza a succédé une réaction en baisse. Les prix s'établissent comme il suit,
à Paris : huiles de colza en tous fûts, 107 fr. 50; en tonnes, 109 fr. 50; épurée en
tonnes, ) 17 fr. 50; huile de lin en tous fûts, 58 fr. 50; en tonnes, 60 fr. 50. —
Sur les marchés des départements, on paye les huiles de colza : Rouen, 104 fr. ;
DES DENRÉES AGRICOLES (17 FÉVRIER 1883]. 279
Caen, 104 fr. 50; Arras, 108 fr. ; et pour les autres sortes, lin, 59 fr. 25 ; pavot,
72 fr.; œillette, 107 fr. — A Marseille, les huiles d'olive sont en hausse; Aix
surfine, 180 à 200 fr. ; fine, 150 à 160 fr. ; Tiari, 150 à 155 fr. ; Var surfine, 135 à
140 fr. , fines, 115 à 125 fr.
Graines oléagineuses. — Les cours varient peu dans le Nord. On paye par hec-
tohlre : œillette, 25 fr. 50 à 27 fr. 75; cameline, 14 fr. à 18 fr. 50.
Tourteaux. — H y a beaucoup de fermeté dans les prix. On paye à Arras, par
100 kilo.if. : tourteaux d'œillette, 16 à 16 fr. 50; de colza, 18 fr. 50 ; de lin, 23 fr. ;
de cameline, 19 fr.; à Caen, tourteaux de colza, 16 fr.
VIII. — Matières résineuses, colorantes, etc.
Matières résineuses. — Les prix sont plus fermes. On paye à Bordeaux 90 fr.
par 100 kilog. pour l'essence pure de térébenthine.
Gatides. — Mêmes prix que précédemment, dans le Languedoc, à 22 fr. par
100 kilog.
Soufres. — Les prix des soufres sont très fermes. On cote à Marseille 16 fr. 50
à 19 fr. par 100 kilog. pour les soufres triturés.
IX. — f réduits forestiers.
Bois. — Les ventes sont assez difficiles, principalement pour les bois de feu.
Ces derniers sont payés à Paris, par décastère : bois de flot, 110 à 120 fr.; tra-
verses, 110 à 120 fr.; bois pelard, 105 à 115 fr.; bois neufs durs, 110 à 120 fr.;
bois blanc, 90 à ,100 fr.; bois de pin gelé, 55 à 75 fr.; non gelé, 90 à 100 fr.; —
falourdes de pin, 55 à HO fr. le cent.
Ecorces. — Les écorces sont cotés 180 à 190 fr. les 104 bottes de 18 à 20 kilog.
à Glaraecy.
X. — Sxiifs et corps gras.
Suifs. — Il y a baisse dans les prix. On paye à Paris, 99 fr. par 100 kilog.
pour les suifs purs de l'abat de la boucherie; 74 fr. 15 pour les suils en branches.
Saindoux. — Les saindoux d'Amérique se vendent aux mêmes cours que précé-
demment au Havre.
XI. — Beurres. — Œufs. — Fromages.
Beurres. — Il a été vendu, pendant la semaine, à la halle de Paris, 181,824 ki-
log. de beurres. Au dernier marché, on payait par kilog. : en demi-kilog., 2 fr. 50
à 3 fr. 90 ; petits beurres, 2 fr. à 3 fr. 24; Gournay, 2 fr. 20 à 4 fr. 80; Isigny,
2 fr. 70 à 8 fr. 40.
Œufs. — Les ventes ont été de 5,382,127 œufs pendant la semaine à la halle
de Paris. Au dernier jour, on paye par mille : choix, 112 à 123 fr.; ordinaires,
75 à 94 fr.; petits, 68 à 72 fr.
Fromages. — Derniers cours de la halle : par douzaine, Brie, 6 à 28 fr.; Mont-
Ihéry, 15 fr. ; — par cent. Livarot, 44 à 110 fr.; Mont-Dor, 14 à 26 fr.: Neuf-
châtel, 4 fr. 50 à 25 fr. 50; divers, 6 à 86 fr.; — par 100 kilog.. Gruyère, 110
à 170 fr.
XII. — Chevaux, bétail, viande.
Chevaux. — Aux marchés des 6 et 9 février, à Paris, on comptait 862 chevaux ;
sur ce nombre, 328 ont été vendus comme il suit :
Amenés. Vendus. Prix extrêmes.
Chevaux de cabriolet 202 3r, 200 à 1,050 fr.
— de trait 292 To 270 à 1,200
— hors d'âge 244 93 20 à S75
— à l'enchère 45 45 30 à 410
— de boucherie 79 79 20 à 100
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement officiel du marché aux
bestiaux de la Villette, du jeudi 8 au mardi 13 février :
Poids Prix dii kilog. de viande nette sur
Vendus moyen pied au marclié. du 12 février.
Pour Pour En 4 quartiers. 1" 2= S"-" Prix
Amenés. Paris, l'extérieur, totalité. kil. quai. quai. quai. moyen.
Bœufs 5,823 3,2r)8 1,G49 4,917 344 1.70 1.54 1.30 1.51
Vaches 1,8«1 1.026 632 1,658 234 1.58 1.35 1.18 1.37
Taureaux 301 216 46 262 386 1.46 1.2S 1.20 1.33
Veaux 3,015 2,068 531 2,599 75 2.40 2.20 1.96 2.18
Moulons....... 37,733 27,610 8,321 25,931 20 2.30 2 14 2.00 2.08
Porcs gras 7,390 2,601 4,684 7,285 83 1.32 1.28 1.20 1.27
— maigres. » » » » »» » »»
A Londres, les importations d'animaux étrangers durant la semaine dernière se
sont composés de 11,938 têtes, dont 4 bœufs, 135 veaux et 89 moutons venant
280
REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT 117 FÉVRIER 1883).
d'Amsterdam; 2,425 moutons d'Anvers ; 2,7 78 moutons de Brème ; 266 i œufs de
Boulogne; 1?.8 bœufs, 12 veaux et 17 moutons de Gothembourg; 1,540 moutons
d'Hambourg ; 92 bœufs, 40 veaux et 20 moutons d'Harlingen ; 65 bœufs et
40 moutons du Havre; 74 bœufs, 137 veaux et 3,916 moutons de Rotterdam;
160 bœufs d'Oporto. Prix du kilog. Bœuf : qualité inférieure, 1 fr. 52 à 1 tr. 75;
2« qualité, 1 fr. 75 à 1 fr. 93; 1" qualité, 1 fr. 99 à 2 fr. 16 — Veau: 2« qualité,
2 fr. 10 à2 fr. 21; V qualité, 2 fr. 28 à 2 fr. 45. — Mouton : qualité inférieure,
2 fr. 10 à 2 fr. 28 ; 2'^ qualité, 2 fr. 28 à 2 fr. 63 ; l"-« qualité, 2 fr. 69 à 2 fr. 86.—
Porc : 2« qualité, 1 fr. 35 à 1 fr. 52; V' qualité, 1 fr. 52 à l fr 64.
Viande à la criée.
kilog.
Bœuf on vache... 161,755
Veau 157,714
Mouton 5:^,278
Porc 75,359
Il a été vendu à la halle de Paris du 6 au 1 1 février
Prix du kilog. le 12 février.
1" quai. 2' quai. ' 3° quai.
1.54 à 1.90 1.32 à 1.5-2 0.94 à 1.30
2.02 2.40 1.70 2.00 1.46 1.68
1.62 2.04 1.40 1.60 1.00 1.38
Choix. Basse Boucherie.
1.66 à 2.70 0.20 à 0.90
1.56 2.60 »
1.70 2.46 »
salé, 1,50
Porc frais 1 .16 à 1.34;
4b3,90r, Soitparjour 74,844 kilog.
Les ventes ont été supérieures de 5,000 kilog. par jour à celles de la semaine
précédente. Les prix accusent de la faiblesse pour les diverses sortes.
XIII. — Cours de la viande à V abattoir de la Villelte du 17 février {par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Villette par 50 kilog. : y^ qualité,
70 à 73 fr. ; 2% 65 à 70 fr. ; poids vits, 45 à 50 fr.
Bœufs. Veaux. Moutons. •
1"
quai,
fr.
78
2°
quai,
fr.
71
3-
quai,
fr.
62
q al.
fr.
120
2'
quai.
fr.
110
3"
quai.
fr.
100
quai,
fr.
97
2"
quai.
fr.
92
3°
quai.
fr.
XI V. — Marché aux bestiaux de la Villette du jeudi 17 février 1883.
Poids
moyen
Animaux gênerai,
amenés. Invendus. kil.
Bœufs 2.4G'i lO'i 365
Vaches S57 187 234
Taureaux... 13 t il 38o
Veaux i.36i I2't 79
Moutons 17.690 323 -'0
Porcs gras. . 4. 388 131 81
— maigres.. » » »
Vente assez active sur toutes les espèces.
Cours officiels.
Cours des commissionnaires
en bestiaux.
1" 2' 3'
quai. quai. quai.
1.72 i.â4 1.28
1.58 1.36
1.28
2.20
2 16
1.34
< 46
2.40
2.34
1-40
t 18
1.20
1.96
2 02
1.28
Prix
extrêmes.
l.2oài.76
l.io < 62
1" 2° 3'
quai. quai. quai.
1.14
1.76
l 80
1.24
t. 50
2 60
2 40
1.44
1.70
l . 55
1.40
1 .d2
132
1.30
1.2;
1. 15
Frix
extrêmes.
1.20àl.72
1.10 1 60
1.10 1.50
.\V.
Résume.
A l'exception des sucres, des huiles et des suifs les cours de la plupart des
denrées afjricoles ont été bien soutenus durant cette semaine. A. Remy.
BULLETIN FINANCIER
Maintien des cours de la semaine dernière : le 3 0/0 à 79,25 perd 0,10; le 5 0/0
à 114,90, gagne i',05. Fermeté à nos Sociétés de crédit : vive reprise à nos che-
mins de fer.
Cours de la Bourse du 7 au 14 février 1883 (au comptant).
Valeurs Diverses
Plus
Principales valeurs françaises
Plus
Plus
haut.
79 60
81.10
110.00
115.20
bas.
Rente 3 0/0 79.05
Rente 3 o/o amortis 79.85
Rente 4 1/2 o|o 109.50
Rente 5 0/0 114 52
Banque de France 5225.00 5300.00
Comptoir d'escompte 965.00 970.00
Société générale 560.00 570.00
Crédit foncier 1230.00 1250.00
Est Actions .500 705.00 710.00
Midi d" 1030 ou 1055.00
Nord d" 1750.00 1790.00
Orléans d" 1205.00 1230.00
Ouest d° 775.00 780.00
Paris-Lyon-Méditerranée d° 1487. ;o 1530.00
Paris 1871 obi. 400 à 3 0/0. 390.00 391.50
Italien 5 0/0..... 86.50 36 95
Dernier
cours.
79. -^5
80.00
109.80
114.90
5240.00
970 00
565.00
1240.00
710.00
1055.00
1782.50
12JD.00
775.00
1530.00
39 1 . 50
80 90
Le Gérant : A. BOUCHE,
Plus
haut.
505.00
530.01)
440.00
940.00
690.00
681.25
552.50
325.00
Dern
cou
505
530
440
935
685
681
546
325
bas.
Créd. fonc. obi. 500 4 O/o 500.00
d" d" d" d° 3 0/0. 525.00
d° obi. c" d° 3 0/0. 435 00
Bque de Paris act, 500.... 930.00
Crédit ind. et corn. 500 685.00
Dépôts et cptes cts. 500. .. . 680.00
Crédit lyonnais d" 537.50
Crédit mobilier 315.00
Cie parisienne du gaz 250 ri82.50 1487.50 1487
Cie génér. transatl 5U0 385.00 415.00 415
Messag. maritimes d". 70000 710.00 707
Canal de Suez d\ 2155.00 21S5.00 2155
d" délégation d°. 1190.00 1200.00 1195
d" obli. 5 0/0 d°. 557.00 565.00 : 60
Créd. fonc. Autrich 500 740.00 750.00 740
Créd. mob. Espagnol 322.50 347.50 347
Créd. fonc. Russe 357.00 378.00 357
LETEIUUER.
ler
rs.
.00
.00
.00
.00
.00
.25
25
.00
.50
.00
.50
.00
.00
.00
.00
.50
.50
CHRONIQUE AGRICOLE (24 février i883).
Persistance des conditions météorologiques défavorables. — Inconvénients de l'excès d'immidité.
— Réformes urgentes à efïectucr. — Kftels déplorables de la lenteur des réformes. — Election
d'un membre associé à la Société nationale d'agriculture. — Nécro.logie. — M. Pierre Muller.
— Proposition de loi relative aux prises d'eau dans les rivières navigables et flottables. — Les
nouveaux projets des tarifs de chemins de fer. — Rapports présentés sur ce sujet par M. Galel-
lier à la Société d'agriculture de Meaux et par M. Ducosà la Société d'agriculture de Vaucluse.
— Etude de M. Delattre sur les gisaments de phosphate de chaux. — Le phylloxéra. — Situa-
tion réelle des vignobles du Midi. — Travaux du Comité central de l'Aveyron et de celui de la
Charente-Inférieure, — La greffe des vignes. — Programme détaillé de l'exposition agricole de
Lisbonne. — Concours du Comice de Saintes en 1883. — Discours des récompenses du concours
ouvert à Rouperroux pour la plantation des arbres à fruits à cidre. — Discours de M. Carré.
— Réunion de l'association amicale des anciens élèves de l'école d'agriculture de Montpellier.
— Exposition et Congrès d'insectologie à Paris en 1883. — Programme des questions qui y seront
traitées. — Catalogue de plantes potagères de M. Jacquemet-Bonnefond. — Les joncs des fossés
et les terres des routes. — Lettre de M. Dumont. — La production du sucre en France en 18H2-83.
— Situation prospère de l'industrie sucrière allemande. — La crise politique. — Nomination de
M. Méliue comme ministre de l'agriculture en remplacement de M. de Mahy.
I. — La situation.
Lus nouvelles que nous recevons d'une grande partie de la France,
et particulièrement de l'ouest et du centre, ne sont pas rassurantes.
Les retards considérables des travaux d'automne n'ont pas été récu-
pérés ; la saison continue à être défavorable à l'exécution des labours,
de telle sorte que les semailles des blés, telles que celles du blé bleu
ou du blé Chiddam, qui ont été conseillées comme pouvant se faire
tardivement afin de remplacer les blés automnaux, n'ont pas pu
généralement être effectuées. Dans beaucoup de champs, il est impos-
sible de faire entrer les animaux de labour. L'inquiétude est donc
grande dans beaucoup de campagnes. Il ne restera bientôt plus d'espoir
que dans les semailles de mars qui rarement donnent de très bons
résultats. Une seule chose heureuse s'est produite durant cet hiver,
c'est la vente du bétail à des prix avantageux. C'est encore de ce côté
qu'il faudra porter tous ses soins. Quant aux cultures des plantes
industrielles, c'est à peine si on les commence. L'année a été mau-
vaise pour notre industrie sucrière qui traverse une crise de plus en
plus douloureuse, alors que, de l'autre côté de nos frontières, notam-
ment en Allemagne, la même industrie est chaque jour plus prospère.
11 n'est pas douteux pour nous, et c'est l'opinion que nous soutenons
depuis quarante ans, que le régime fiscal auquel est assujettie la pro-
duction du sucre est la cause de notre infériorité. Le principe de la
loi est mauvais; il faudrait une réforme radicale. INos législateurs ne
paraissent pas s'en douter; ils croient avoir fait une réponse sans
réplique quand ils ont dit : « L'état des finances publiques ne permet
pas ie moindre changement, car on ne peut pas toucher à l'équiliLre
budgétaire. » On sera vraiment bien avancé quand, après avoir con-
tinué pendant quelques années d'user de ce régime, on aura rendu la
ruine de notre agriculture absolument irrémédiable ; les finances publi-
ques s'en porteront plus mal encore. C'est comme pour le régime des
octrois ; on ne l'a pas aboli alors qu'il eût été possible de le remplacer ;
et maintenant on demande comment trouver ailleurs pour les villes les
centaines de millions que les octrois produisent. Des réponses analogues
sont faites lorsqu'on veut toucher à l'impôt foncier, à l'abus des cen-
times additionnels départementaux ou communaux, à l'impôt excessif
des droits de mutation et à tant d'autres abus. On ne réforme rien
sous prétexte que les réformes sont difficiles ; nos parlements passent
leur temps à des discussions stériles, où les ambitions personnelles
prennent le pas sur les questions d'intérêt public. C'est ainsi qu'on a
N" 724. — Tome 1" de 1883. — 24 Février.
282 CHRONIQUE AGRICOLE (24 FÉVRIER 1883).
de mauvaises finances et une mauvaise agriculture. Et cependant il y
tant de ressort dans notre pays, tant de ressources dans notre sol, tant
d'énergie dans nos populations rurales, que si on veut bien s'arrêter
sur la pente fatale où l'on se laisse glisser, on pourra encore remonter
le courant et faire renaître la prospérité. Mais il est temps de s'y
mettre sérieusement, avant que la patrie soit agonisante.
II. — Election à la Société nationale d'agriculture.
Dans sa séance du 21 février, la Société nationale d'agriculture a
procédé à Télection d'un membre associé dans la Section d'économie
des animaux. Sur 50 suffrages exprimés, M. Chabot-Karlen a été élu
par 45 voix. Nos lecteurs connaissent, depuis de nombreuses années,
les importants travaux de M. Chabot-Karlen sur la pisciculture; ils
savent que, depuis deux ans, il a été chargé d'une mission spéciale
pour l'organisation de la pisciculture dans les établissements d'ensei-
gnement agricole et que, dans cette œuvre, il a donné de nouvelles
preuves d'un dévouement et d'un zèle absolus à la cause du progrès
agricole.
III. — Nécrologie.
Nous apprenonsque M. Pierre Muller vient de mouriràSchiltigheim.
près de Strasbourg, âgé de soixante treize ans. Tous ceux qui s'inté-
ressent à la production delà bière connaissent son excellent y)/a«Me/
des brasseurs qui renferme les documents les plus précis sur la fabri-
cation de toutes les sortes de bières.
IV — Les prises d'eaux dans les rivières navigables.
Les viticulteurs savent que, à plusieurs reprises, l'administration
des finances a tenté d'imposer une taxe proportionnelle aux propriétaires
qui demandent, l'autorisation de puiser, dans les fleuves dont ils sont
riverains, l'eau qui leur est indispensable pour submerger les vignes
phylloxérées. D'autre part, des difficultés de même genre ont été sou-
levées contre plusieurs villes relativement à l'usage des eaux des
rivières. Pour faire disparaître les inconvénients qui résultent de ces
difficultés, M. Belle, député, a présenté une proposition de loi appelant
l'attention de la Chambre sur cette question. La Commission d'initiative
vient, sur le rapport de M. Roudier, de proposer de prendre cette pro-
position en considération, en émettant l'espoir que la Commission
spéciale rédigera un projet complet en vue de régler les droits de l'État
dans la question des redevances à percevoir pour les concessions tem-
poraires sur les cours d'eau qui lui appartiennent.
V. — Les transports par voie ferrée.
La question des tarifs de transport sur les chemins de fer préoccupe
vivement les agriculteurs dont le plus ardent désir est que ces tarifs
soient enfin simplifiés, et que les classifications trop souvent bizarres
adoptées jusqu'ici soient remplacées par des classifications qui
répondent aux besoins actuels des transactions soit de l'agriculture,
soit de rindustrie. Deux Compagnies de chemins de fer, celle de l'Est
et celle de Paris-Lyon-Méditerranée, ont préparé ensemble un nouveau
projet de tarifs spéciaux qui sont actuellement soumis à l'homologation
du gouvernement. Sur ces projets de nouveaux -tarifs, deux Sociétés
d'agriculture ont jusqu'ici émis leur opinion : la Société d'agriculture
CHRONIQUE AGRICOLE (24 FÉVRIER 1883). 283
de Meaux, par l'organe de son président M. Gatellier; la Société d'agri-
culture de Vaucluse, par l'organe de M. Ducos. Les conclusions aux-
quelles ces deux rapports arrivent, sont exactement les mômes ; c'est
que les nouveaux tarifs, basés sur les parcours kilométriques,
n'augmentent jamais les prix actuels de transports pour les pro-
duits industriels, tandis que, pour les produits agricoles, ils ne
diminuent les prix actuels que pour les grandes distances, en augmen-
tant souvent ceux payés pour les petites distances. Des deux côtés, à
l'Est comme dans le Midi, on constate que le nouveau projet favorise
toujours les transports des produits agricoles étrangers, au détriment
des produits français. Ce sont là des faits sur lesquels on ne saurait
trop insister : les agriculteurs français considéreront la simplification
et l'unification des tarifs de chemins de fer comme un bienfait, mais à
une condition, c'est que cette opération n'aggrave pas les prix actuels
de transport, et qu'au contraire elle permette de les diminuer.
YI. — Les gisements de phosphate de chaux en France.
Les recherches faites sur les gisements de phosphate de chaux qui
existent en France sont aujourd'hui nombreuses; mais peu d'obser-
vations d'ensemble ont été réunies. Un jeune chimiste, M. Charles
Delattre, vient de se livrer à ud travail complet sur les phosphates
français. Dans un mémoire publié sous ce titre : Elude sur les gise-
ments français de phosphate de chaux^ il passe en revue successivement
les gisements qui ont été constatés dans près de 50 départements;
ces observations sont accompagnées d'analyses d'échantillons des
principaux gisements. Il y a donc là le résumé d'un travail conscien-
cieux, donnant des indications qui peuvent être très utiles pour l'agri-
culture. Celte étude est suivie d'une note sur la décomposition du
phosphate bicalcique par l'eau; M. Delattre arrive à cette conclusion
que la décomposition du phosphate bicalcique, incomplète sous
l'influence de l'eau bouillante, ne devient complète que dans les disso-
lutions faites à froid.
YIL — Le phylloxéra.
Nous n'avons pas l'habitude de relever les nombreuses erreurs que
nous rencontrons souvent dans beaucoup de journaux sur l'extension
du phylloxéra et sur les procédés employés pour le détruire. Toute-
fois, quand ces journaux ont quelque caractère agricole, cette réserve
doit cesser. Ainsi, dans un des récents numéros de VEcho agricole,
nous lisons ce qui suit : « Il est certain que la plupart des vignes
phylloxérées de l'Hérault sont aujourd'hui traitées par le sulfocarbo-
nate, et qu'elles ont ainsi trouvé le modus vivendi avec leur mortel
ennemi ». 11 est impossible de montrer une plus complète ignorance
de l'état réel des choses. Il serait bien désirable qu'il fût vrai que la
plupart des vignes de l'Hérault sont traitées avec succès par le sulfo-
carbonate de potassium; malheureusement, il n'y a que quelques
rares domaines faciles à compter, couvrant quelques centaines d'hec-
tares, qui soient dans cette situation heureuse; tandis que c'est
par dizaines de milliers dhectares que l'on compte les vignes qui
ont succombé ou qui succombent encore sous les atteintes du fléau.
Trop souvent on prend ses désirs pour des réalités; le fait aujourd'hui
malheureusement constant, c'est que si l'on compare le nombre des
propriétaires qui sont atteints au nombre de ceux qui luttent, on trouve
284 CHRONIQUE AGRICOLE (24 FÉVRIER 1883).
la proportion de ces derniers d'une faiblesse qui serait vraiment
décourageante, si Texemple des deux dernières années ne permettait
d'entrevoir un avenir meilleur.
Le Comité de vigilance du département de l'Aveyron vient, sur le
rapport de son secrétaire M. Rouqueyrol, d'inviter les Comices à dési-
gner des ouvriers assez intelligents pour profiter des leçons de greffe
de la vigne qui seront faites à l'école nationale d'agriculture de Mont-
pellier du 5 au 7 mars prochain. La plantation de nombreuses pépi-
nières de vignes américaines est organisée dans ce département, sur
l'initiative du même Comité qui vient de faire venir de grandes quan-
tités de graines, directement d'Amérique.
Le Comité central d'études et de vigilance de la Charente-Inférieure,
s'est réuni le 1 5 février sous la présidence de M. le D"" Menudier. Dans
cette réunion, le Comité a décidé : V que la pépinière d'élevage située
à Saintes, serait de nouveau pourvue de plants; 2" que les plants
racines de la pépinière allaient être répartis entre les arrondissements,
qui en distribueraient gratuitement la moitié, tandis que l'autre sui-
vant le vœu dii Conseil général serait vendue à prix réduit, au prix
de 50 fr. le millier, aux viticulteurs du département. Ces plants con-
sistent en Solonis, Riparias, Viallas et Jacquez. En présence du défaut
d'habitude des vignerons du pays pour la greffe, le Comité, sur la pro-
position de M. Menudier, a arrêté qu'une brigade de greffeurs du Midi
serait amenée à ses frais dans le département, et mise à la disposition
des propriétaires.
YIIL — Exposition agricole de Lisbonne.
Dans notre dernier numéro (page 245), nous avons annoncé l'orga-
nisation d'une exposition agricole à Lisbonne. Nous recevons de la
Commission executive de cette exposition une note sur les principales
parties qui la composeront; nous croyons utile de publier cette note,
dont voici le texte :
Sous le haut patronage de Sa Majesté le roi de Portugal, D. Louis I", et la
présidence d'honneur de Sa Majesté D. Fernando (père du roi actuel), aura lieu
cette année (1883) une exposition agricole, ayant pour but principal de réunir
une collection complète de types authentiques de tous nos vins, et en outre de
choisir une charrue vigneronne qui puisse satisfaire aux besoins de nos terrains.
Mais en dehors de cela, toutes les autres machines agricoles et industrielles
agricoles, nationales et étrangères seront acceptées, de même que tous les pro-
duits agricoles portugais et leurs dérivés, comme bétail, beune, fromage, etc.
Cette exposition est faite par le Conseil général du département, d'accord avec
la Société royale et centrale d'agriculture portugaise, qui a la direction, et avec
l'appui du gouvernement.
L'exposition sera organisée dans un parc royal (parc d'Ajuda), tout près de
Lisbonne, dans des bâtiments construits tout exprès à cet effet.
L'exposition sera ouverte le 20 mai 1883, et close le 31 juillet suivant.
Les objets seront divisés en 8 groupes, savoir :
1" groupe, vignes exotiques et instruments destinés au greffage; vins et autres
produits fermentes et leurs dérivés. — 2'= groupe, substances alimentaires agri-
coles ; conserves à l'huile et à l'alcool, légumes, semences, fleurs, fruits secs et
verts, etc.. — 3'' groupe, basse-cour, volailles engraissées, gros et petit bétail,
ruches, vers à soie, etc., produits de laiterie et fromagerie. — 4'' groupe, machines
agricoles, instruments aratoires, matériel de transport, etc. — b*" groupe, engrais
concentrés pour la vigne et pour autres cultures. — 6'' groupe, types d'habitations
rurales, ornementation des parcs et des jardins. — 7"^ groupe, culture et exploi-
tation des forêts. — 8'' groupe, instruction agricole, mémoires et brochures sur
les questions du prix de revient, comptabilité agricole, phylloxéra, vignes améri-
caines, cartes agricoles, etc.
CHRONIQUE AGRICOLE (24 FÉVRIER '1883). 285
Pour assurer à cette exposition son caractère pratique et utile, on fera des essais
publiques pour le chauffage, collage et filtrage des vins, on pratiquera Ja fabri-
cation du beurre et du fromage, on fera aussi des expériences suivies sur les
charrues vigneronnes et autres instruments aratoires, sur les machines agricoles
de tout genre, et on accompagnera les essais et les expériences de conférences
pratiques sur ces mêmes objets pour ceux qui ne sont pas versés dans ces matières.
Pour que les représentants du commerce étranger puissent apprécier les qua-
lités de nos vins naturels, il sera établi un pavillon de dégustation dans lequel on
pourra se rendre compte de la valeur réelle des produits exposés, et on pourra
obtenir tous les renseignements sur les moyens de faire l'acquisition des produits
qu'on aura choisis.
Il sera accordé aux exposants désignés par le jury des mentions honorables, des
médailles et des prix en argent.
Ceux qui voudront concourir avec leurs machines et instruments aratoires, etc-,
devront adresser leur déclaration jusqu'au 20 mars 1883 à M. A. d'Aguiar,
président de la Commission executive de l'exposition, ou à M. Antoine Batalha
Reis, secrétaire de la même Commission, à Lisbonne, ministère des travaux publics.
Cette déclaration contiendra :
Le nom, la qualité et la résidence de l'exposant.
Le nom de la machine ou de l'instrument, et son usage.
L'espace que doit occuper la machine ou l'instrument.
On doit aussi déclarer si les objets qu'on destine à l'exposition devront être
placés avec leurs similaires dans l'exposition générale ou figurer dans des instal-
lations spéciales.
Dans ce dernier cas, les dépenses pour ces installations seront à la charge de
l'exposant, qui fera accompagner la demande d'un devis et d'une description, pour
que la Commission puisse se rendre compte de l'intention de l'exposant et per-
mettre l'édification.
Il ne faut pas oublier de faire connaître à la Commission executive l'arrivée des
objets, afin d'obtenir l'exemption temporaire des droits d'entrée.
Les appareils et les machines qui seront consignées à la Commission de l'expo-
sition agricole portugaise de 1883, jouiront de l'avantage d'être transportés gratis
de Bordeaux, du Havre et d'Anvers jusqu'à Lisbonne, de même que pour le retour
jusqu'au port dont ils seront partis. Antonio Batalha Reis.
Nous appelons particulièrement l'attention sur la dernière dispo-
sition dont les avantages n'échappent à personne.
IX. — Comice agricole de Saintes.
Le Comice agricole de l'arrondissement de Saintes s est réuni
le 11 févr-er sous la présidence de M. le D"" Menudier. Après le
compte rendu de la situation financière, laissant disponible sur l'exer-
cice 1882, un reliquat de 1,400 francs, il a été décidé que le concours
de 1883 aurait lieu à Saintes : 1° au mois d'avril, tous les greffeurs
du département seront admis à concourir, qu'ils soient vignerons ou
horticulteurs; de nombreux prix seront décernés; — 2" un concours
de semoirs a été arrêté pour l'automne prochain; — 3" les con-
ducteurs, propriétaires ou non de machines à moissonner, seront
appelés à concourir, si le champ promis présente une récolte sufiisante.
La réélection du bureau d'arrondissement, composé de MM. Lemercier,
Menudier, Albert Verneuil et Chausserouge, a eu lieu à l'unanimité.
MM. Huvet père et Fromaget ont été élus vice-président et secrétaire
pour les cantons de Saintes.
X. — Concours de planlations d'arbres à cidre.
Dans notre chronique du 23 avril 1881 (tome II de 1881), nous
avons signalé le premier concours communal pour l'amélioration des
arbres à fruits à cidre, organisé par le Conseil municipal de Rouperrons
(Sarthe). Un deuxième concours vient d'avoir lieu; la distribution des
2ft6 CHRONIQUE AGRICOLE (24 FÉVRIER 1883).
récompenseg a été faite le 11 février. Dans cette solennité, M. Charles
Carré; organisateur du concours, maire de Rouperroux, a prononcé
un discours plein d'entrain qui montre bien l'esprit et l'utilité de ce
concours. Voici le texte des paroles qu'il a prononcées :
« Nous fêtons aujourd'hui le quatrième anniversaire de notre concours com-
munal pour les cidres et les plantations d'arbres à fruits à cidre; notre confiance
dans sa vitalité n'a donc pas été déçue.
« J'ai encore présentes à la mémoire les paroles que j'ai prononcées eu son
honneur dans cette salle. Tout a pu être dit sur notre concours; néanmoins, Mes-
sieurs et amis, j'éprouve en ce jour le besoin de vous entretenir à nouveau de son
origine, de ses etîets et de son avenr.
« Notre institution, dois-je vous le rappeler, a eu pour berceau la conuexité
des intérêts du producteur et du consommateur, et pour drapeau le principe du
bien-être général; elle peut donc, sans aucun doute et à juste titre, être fière de
son origine et de son blason.
« Quant aux effets généreux de cette institution, ils sont indéniables, et,
voudrait-on les mettre en doute, que leur évidence pourrait au besoin ressortir
de l'idée même que' comporte notre cérémonie des récompenses; car en venant,
en votre nom et au mien, distribuer ces prix et décerner ces médailles à nos cul-
tivateurs laborieux et intelligents pour les soins apportés à la plantation et à la
culture des arbres à fruits à cidre, je souhaite implicitement la bienvenue à une
source future de revenus et de i ien-être. En effet, l'arbre étant aux fruits ce que
l'engrais esta la semence, plus il sera robuste et vigoureux, plus le fruit sera suc-
culent et susceptible de fournir aux classes laborieuses une boisson abondante
et bienfaisante. Et en outre, comme le produit est en raison de sa demande, plus
la qualité de votre boisson aura été appréciée, plus elle sera recherchée, et soa
prix subissant la loi de l'offre et de la demande devra dès lors s'élever et consti-
tuer de la sorte une plus-value à la juste rémunération de vos labeurs.
ce Et maintenant, jetons nos regards vers l'horizon, interrogeons l'avenir. Que
voyons-nous? Une consommation progressive, aiguillonnant chaque jour la pro-
duction des cidres. Aviez-vous jamais pu espérer un levier plus puissant pour la
réalisation de vos voeux? Je ne le pense pas, Messieurs. Aussi, confiant dans la
puissance du nerf de la rivalité, je n'hésite pas un instant à vous déclarer, que,
soutenus par votre noble ambition de bien faire, non seulement vous rattraperez,
mais distancerez bientôt vos confrères des départements voisins : la Sarthe, à ma
grande confusion, je le confesse, ne tenant que le onzième rang parmi ses congé-
nères producteurs de cidres. Est-ce là la place que vous devez occuper? Non,
vous dis-je, Messieurs. La générosité de voire sol vous assigne le quatrième ou
le cinquième rang ; à vous de marcher et de répondre à de si justes aspirations.
« A l'œuvre donc. Messieurs et amis, continuons sans relâche la tâche que nous
nous sommes imposée. L'idée que nous avons émise est bonne, elle fait son chemin
et, semblable à la tache d'huile, elle se répand, j'en prends à témoin la Société
pomologique de Saint-Lô qui a daigné mhonorer de sa bienveillante attention.
a Dédaignons tous ces sarcasmes qui visent l'initiative privée, celle-ci n'aurait-
elle d'autre mérite que faire marcher les gouvernement un tant soit peu àra\ant,
qu'elle mériterait déjà bien de la France et de la RépubUque.
« J'ai fini, Messieiirs, et, en votre nom et au mien, je bois à la santé de nos
lauréats et à la prospérité de l'agriculture par le travail et la liberté commerciale. »
Les lauréats du concours de plantations ont été MM. Blot, Beaufils,
Gommard et Mme VveBenoist. — La Société pomologique de Saint-Lô,
en décernant à M. Charles Carré une médaille de vermeil, a reconnu,
de son côté, la haute utilité de l'initiative qu'il a prise à Houperroux.
XI. — École nationale d'agriculture de Monlpelliei .
L'association amicale des anciens élèves de l'école d'agriculture de
Montpellier tiendra sa prochaine assemblée générale le mercredi
7 mars, à cinq heures du soir, dans une des salles de l'école d'agri-
culture. Cette assemblée aura lieu immédiatement après la clôture des
réunions publiques que se propose d'organiser, à l'école, la Société
GHRONIOUE AGRICOLE (24 FÉVRIER 1883). 28T
centrale d'agriculture de l'Hérault, pour l'étude en commun des
questions de viticulture qui intéressent si vivement l'agriculture
méridionale.
XII. — Exposition d'insectes en 1883.
Du r' au 22 juillet 1883, aura lieu à Paris, au palais de l'Industrie,
par les soins de la Société centrale d'apiculture et d'insectolo^-ie une
exposition : V des insectes utiles ; 2° de leurs produits bruts et en
premières transformations ; 3° des appareils et instruments employés
à la préparation de ces produits; V des insectes nuisibles, ainsi que
des divers procédés de destruction; 5" de tout ce qui a trait à l'insec-
tologie. Les exposants des colonies et des pays étrangers seront admis.
Ils pourront se faire représenter, ainsi que les exposants français. Les
personnes qui désirent prendre part à cette Exposition devront en
faire la déclaration avant le 15 juin prochain. Cette déclaration sera
adressée franco^ au secrétariat de la Société, rue Monge, 67 à Paris.
Pendant cette exposition auront lieu deux congrès : un congrès
insectologique qui se tiendra le 13 juillet; un congrès apicole dont
les séances auront lieu le 1 5 et le 1 6. Voici le programme des questions
qui y seront traitées :
Congrès insectologique. — Quelles sont la nature et l'importance des dégâts
causés aux diverses cultures par les insectes nuisibles? — Quels sont les moyens
employés ou à employer pour les détruire? — Quel est en réalité le rôle de cer-
taines espèces pour la destruction des insectes et autres petits animaux nuisibles?
— Quels sont les moyens les plus efficaces de conserver et de propao-er les
oiseaux réellement utiles.'' — Quels sont les meilleurs modèles de nichoirs artifi-
ciels pour la propagation et la conservation de ces oiseaux? — Quels sont les
reptiles et les batraciens qui rendent le plus de services à l'agriculture?
A quel point en est la question du phylloxéra? Quels sont les moyens les plus
efficaces et les plus pratiques de le combattre?
Questions séricicoles. — Quels sont les meilleurs moyens de combattre les maladies
des vers à soie? Et quels sont les causes présumées de ces maladies. Quels
sont les vers à soie auxiliaires qui peuvent s'acclimater et nous rendre service.
Insister principalement sur le ver à soie du chêne {Attacus pernyi).
Congrès apicole. — Quels sont les principaux facteurs ou éléments de l'api-
culture rationnelle? — Quelle est la qualité essentielle de toute ruche? Dans
quelles circonstances faut-il provoquer l'essaimage? En quelles circonstances con-
vient-il de le supprimer? — Quel est le moyen le plus simple d'empêcher l'es-
saimage ? — Quel est le meilleur procédé de faire les essaims artificiels ?
Etablir la différence d'emmagasinement de miel dans une cire vide (bâtisse natu-
relle), et dans une cire gaufrée (bâtisse rudimentaire). — A quel point en est la
question de la loque? — Quelles observations importantes ont été faites sur
l'accouplement et la ponte? — Quels sont les moyens d'augmenter la production
du miel en France, partant de faire progresser l'apiculture nationale?
Enfin des primes et des médailles seront données aux instituteurs
qui enseignent l'apiculture et l'insectologie et qui enverront les meil-
leurs travaux d'élèves sur la matière.
XIII. — Plantes j)Otagèrôs, fourragères ^ etc.
Nous devons signaler le nouveau catalogue de MM. Jacquemet-Bonne-
fond, propriétaires-horticulteurs à Annonay (Ardèche). Ce catalogue est
spécial aux graines de plantes potagères, céréales, fourragères, etc. On y
trouve un grand nombre de variétés, principalement recommandables
pour les départements du centreetdu midi de la France. M. Jacquemet-
bonnefont a été, pour ses remarquables pépinières, lauréat de l'un
des prix culturaux décernés, ea 1 882, au concours régional d'Aubenas.
2S8 CHRONIQUE AGRICOLE (24 FÉVRIER 1883).
XIV. — Les joncs des fessés des chemins.
Uu agriculteur du département de l'Eure nous adresse la réclama-
tion suivante que nous publions volontiers :
« Jusqu'à ce jour, les joncs marins qui croissent sur les talus des chemins vici-
naux avaient été laissés aux propriétaires riverains. Vous n'ignorez pas, monsieur,
combien cette plante d'une facile décomposition est précieuse pour la plantation
du pommier à cidre, grande ressource aujourd'hui de notre culture si éprouvée.
Mais voilà qu'un certain nombre d'entre nous ont reçu de M. l'agent voyer du
canton avis qu'en enlevant ces joncs marins, nous avons commis une contraven-
tion à la loi du iO août 1871, et que ladite contravention était également prévue
par les articles 10 et :i02 de l'Instruction générale du 6 décembre 1870, ladite
instruction déclarant les talus partie intégrante des chemins vicinaux.
« Remarquez, monsieur, que la plupart de ces chemins ont subi lors de leur
construction, un élargissement sur nos terres riveraines, que nous avons donné le
terrain pour l'élargissement, que nous payons encore l'impôt foncier de la partie
abandonnée et l'on nous dépouille des quelques bottes de joncs marins qui crois-
sent sur les talus. Aujourd'hui, grâce à la plantation considérable du pommier à
cidre, ces joncs marins ont acquis un prix lort élevé et l'on ne se les procure que
dilficileracnt; on nous enlève alors ceux qui semblent nous appartenir et qui
seraient pour nous d'un utile secours.
« Il en est de même pour les terres provenant desdiis chemins; les cantonniers
semblent élever la prétention de les distribuer à qui bon leur semble, tandis q'uil
paraîtrait juste qu'elles appartinssent aux propriétaires riverains qui seraient
tenus de les enlever dans un délai fixé, car ces terres mises en tas constituent un
excellent compost pour nos herbages.
« Nous osons espérer que vous voudrez bien, monsieur, vous faire l'interprète
de nos intérêts qui tont ceux de cultivateurs luttant contre la mauvaise fortune
qui s'acharne contre notre malheureuse agriculture.
« Agréez, etc., L. Dumont,
Cultivateur ».
Nous partageons complètement, sur les deux points traités dans
cette lettre, l'avis de notre correspondant. En admettant même que ce
soit purement par bienveillance que les joncs des fossés et les terres
des chemins soient abandonnés aux cultivateurs^, il est évident qu'il
est facile de prendre des mesures pour l'enlèvement de ces joncs et
de ces terres, qui permettraient aux propriétaires et aux fermiers live-
rains d'en profiter, sans que cela portât aucun préjudice. Les vexations
sont toujours des abus, et une bonne administration doit en éviter
jusqu'à l'ombre.' Il y a d'ailleurs, dans le cas particulier qui nous oc-
cupe, une question de justice qui ne doit pas être oubliée.
XV. — Sacres et betteraves.
Le Journal officiel vient de publier le tableau de la production et du
mouvement des sucres indigènes depuis l'ouverture de la campagne
jusqu'à la fm du mois de janvier. De ce tableau, il résulte que la pro-
duction atteignait, au 31 janvier, un total de 330 millions de kitog.
en sucre raffiné, avec une augmentation de 32 millions de kilog. envi-
ron sur la campagne précédente. Ce résultat est dû au rendement plus
favorable de la récolte.
On se préoccupe beaucoup, avec raison, de l'avenir de la prochaine
campagne. Notre excellent confrère, M. Bureau, constate deux faits sur
lesquels il convient d'appeler spécialement l'attention. Le premier,
c'est que le rendement des betteraves à l'hectare s'est accru régulière-
ment depuis dix ans en Allemagne, et que ce pays est aujourd hui en
possession de méthodes do culture oii le poids sd concilie avec la qualité
d'une manière normale. Le deuxième, c'est que l'Allemagne a extrait,
CHRONIQUE AGRICOLE (27 FÉVRIER 1883). 289
durant cette campagne, environ 80,000 tonnes de sucre de ses mélasses,
et cela avec des procédés dont la plupart sont des inventions d'origine
française, qu'il est impossible d'appliquer en France par suite des
exigences du fisc.
XVI. — Le ministère de ragricuUiirc,
La crise politique que nous venons de traverser s'est dénouée par
la formation d'un nouveau ministère sous la présidence de M. Jules
Ferry. L'agriculture voit avec regret la retraite de M. de Mahy ; elle
eût désiré la stabilité au ministère de l'agriculture. M. de Mahy, pen-
dant l'année entière qu'il a passée au ministère de l'agriculture, s'est
montré bienveillant, conciliant et très laborieux; il avait beaucoup
étudié les questions de son administration, afin de donner des solu-
tions satisfaisantes aux intérêts agricoles en souffrance. Il est déplo-
rable que tant de travail soit perdu. M. Méline, appelé à la succession
de M. de Mahy, est un homme encore jeune, qui. occupe dans le parti
républicain une place considérable à cause de son caractère. Il repré-
sente l'arrondissement de Remiremont, dans les Vosges, arrondisse-
ment essentiellement agricole. Puisse-t-il être assez heureux pour
avoir le temps d'aider l'agriculture à traverser les circonstances diffi-
ciles que font craindre les phénomènes météorologiques qui ont sévi
depuis quelques mois.
J.-A. Bakral.
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE
Séance du 21 février 1883. — Présidence de M. Clievreul.
M. le ministrejde ragriculturetransmetl'ampliation du décret qui ap-
prouve l'élection de M. le docteur Paul Mares comme membre associé.
M. le président de l'Association horticole de Marseille envoie le pro-
gramme de l'exposition horticole qui aura lieu dans cette ville du 1 7
au 21 mai.
M. Grandvoinnet fait. hommage du travail qu'il a récemment publié
sur le travail moteur dépensé par le labour. Ce travail renferme le
résultat d'un grand nombre d'expériences déterminant les différences
detraction que présentent les charrues suivant le mode de construction,
suivant la profondeur du labour, l'état de la terre, le poids de la
charrue, la pente du sol, etc.
M. d'Esterno donne lecture des conclusions d'un rapport sur la
falsification des engrais.
M. de Luçay présente le rapport qu'il a soumis à la Société des agri-
culteurs de France sur la question des octrois. Les conclusions de ce
rapport sont reproduites dans ce numéro (page 309).
M. Bouley présente, de la part de M. Léonce Potier, plusieurs tra-
vaux sur l'emploi des instruments aratoires à l'île de la Réunion ,
— et de la part de M. Joannès ('hatin un volume sur la trichine et la
trichinoise. Ce volume est principalement consacré à l'étude de la
description et des mœurs des trichines, ainsi qu'aux mesures de pré-
caution à prendre contre les dangers qui résultent de l'usage des
viandes trichinées.
M. Barrai présente et analyse une note de M. Lawes, membre étran-
ger sur la récolte du blé en Angleterre en 1882. Cette note est insérée
dans ce numéro.
290 SESSION DE LA. SOCIÉTÉ DES AGRICULTEURS DE FRANGE.
M. Gayot donne lecture d'un rapport sur le procédé de M. le colonel
Basserie pour le drainage des écuries et des étables. On sait que ce
système a pour but d'assainir les écuries, tout en donnant aux chevaux
une aire horizontale sur laquelle ils se fatiguent beaucoup moins que
sur un sol incliné.
La Société procède à l'élection d'un membre associé dans la Section
d'économie des animaux. M. Ghabot-Karlen est élu.
Henry Sagnier.
SITUATION AGRICOLE DANS LA DORDOGNE
Le mois de janvier nous a donné sept jours de beau ciel et vingt-quatre de
temps plus ou moins couvert, ayant fourui : dix jours de pluie (3, 6, 10, 13, 15,
26, 27, 28, 30, 31); sept de brouillard (5, 9, U, 16, 17, 18, 32); trois de gelée
blanche (8, 17, 19) ; sept de forte gelée (7, 20, 21, 22,23, 24, 25); un d'orage,le'
26. Dans cette période, il est tombé 0'".093 d'eau; l'averse la plus considérable,
celle du 26, a donné 21,75'"'". La température la plus élevée, -]- 1 6 degrés centi -
grades, a été observée le 13; la plus basse, — 6°, le 24; la moyenne générale du
mois a été de + 6", 41. La pression barométrique la plus forte, 755.70, s'est pro-
duite les 6, 19, 20, 22, 23; la plus faible 725.38, le 13; la pression moyenne a
été de 748.39. Le vent a soufflé sept jours du nord ; deux du 'nord-est; un de
l'est; un du sud-est; deux du sud-ouest; dix de louest ; six du nord-ouest.
La saison marche, mais le beau temps n'arrive pas! Il faudrait transporter les
fumiers pour la céréale de printemps, commencer de semer fèves et pois, impos-
sible d'aborder les champs, où les véhicules s'embourbent jusqu'aux moyeux. Les
derniers blés mis en terre, toujours battus par les pluies, ont germé irrégulière-
ment ; ils sont généralemeent clairs, leur aspect filiforme n'annonce rien de bon,
beaucoup devront être ressemés. La taille de la vigne est commencée ; le bois est
mauvais, mal aoûté, noirci par l'antrachnose, sur beaucoup de pieds aux trois
quarts sec. De loin en loin quelques cépages rustiques, comme l'enrageat noir,
offrent encore, au milieu de leurs congénères appauvris, l'aspect de la plus saine,
de la plus luxuriante végétation; on se demande pourquoi les viticulteurs ne les
recueillent pas avec soin pour en peupler spécialement leurs vignobles ; ces
cépages sont évidemment résistants, du moins aux affections cryptogamiques.
La vigne américaine occupe toujours les esprits; après longue discussion, la
Commission des pépinières a renoncé à son premier projet de répartition par arron-
dissement; les 40,000 francs alloués seront affectés à la formation et à l'entretien
d'une pépinière unique aux portes de Périgueux. Le concours de trufficulture,
organisé par la Société départementale d'agriculture avec les fonds votés par le
Conseil général, a donné des résultats inattendus pour un début, 16 concurrents
très sérieux sont entrés en lice. C'est un trufficulteur de la commune de Sorges,
M Desvergnes, qui a obtenu le premier prix consis!ant en une médaille d'or et
300 francs. E. De Lentiliiac.
ORGES ET AVOINES DE PRINTEMPS
Etant donné que les circonstances atmosphériques ou autres n'ont
pas permis d'emblaver avant le premier avril des terres destinées dans
le principe à porter du blé d'automne, est-ce bien en blé de printemps
qu'il y a le plus d'avantage à les ensemencer? Telle est la question que
je posais à la fin d'un précédant article, et je me hâte de dire que_, pour
ma part, je ne suis pas de cet avis.
De quoi s'agit-il en effet? De tirer parti des élémetits de fertilité
accumulés dans le sol pour en obtenir un produit aussi rémunérateur
que possible. Ceci posé, est ce bien avec les blés de mars qu'on obtien-
dra le meilleur rendement en argent de terres qui devaient porter du
blé d'automne? C'est au moins douteux, car les blés de printemps se
vendent à peu près constamment moins cher que les blés de saison et
le prix de ceux-ci, même des meilleurs, n'est presque jamais le double
ORGES ET AVOINES DE PRINTEMPS. 291
de celui des orges ou des avoines, tandis que les orges et avoines
donnent facilement un produit en poids double de celui des blés de
printemps, surtout de ceux qui sont faits vers le premier avril.
Voilà une raison pour faire les semis tardifs en orge ou en avoine plu-
tôt qu'en blé de printemps, mais il y en a une autre. C'est que les terres
dont il est question, celles qui étaient destinées à porter du blé d'au-
tomne et qui ne se trouvent vacantes après l'hiver que par un accident,
sont vraisemblablement pourvues des éléments de fertilité nécessaires
pour un blé d'automne, et par conséquent trop fumées pour un blé de
printemps, lequel demande pour réussir un sol bien pourvu d'éléments
minéraux, mais peu riche en azote, sous peine de rester vert trop
longtemps, d'être attaqué par les maladies et de se laisser surprendre
par les chaleurs avant d'avoir formé et rempli son grain. Or les
variétés vigoureuses et hâtives d'orges et d'avoines sont plus aptes que
les blés à s'accommoder d'une terre dans les conditions que j'ai indi-
quées et elles en tireront de grosses récoltes en grain si les circonstances
atmosphériques ne sont pas absolument contraires.
L'emploi de ces céréales paraît donc se recommander pour les semis
tardifs de préférence à celui des blés de printemps.
Mais quelles races choisir parmi les orges et les avoines?
Pour les orges, la réponse est facile : Y orge Chevallier est à la fois
la meilleure des orges de printemps et celle qu'il est le plus facile de
se procurer. Le grain en est très beau, gros et plein; la paille haute
et forte, la végétation rapide. Semée aux premiers jours d'avril, mieux
encore en mars, cette orée donnera dans toutes les terres saines et
propres un produit en argent presque certamement supérieur a celui
d'aucun blé de printemps. Le grain, quand il est bien plein et bien
blanc, est extrêmement recherché pour la brasserie par les Anglais
qui ont établi, en Beauce et dans le Maine, des maisons de commis-
sion pour leurs achats. Les races désignées sous les noms de MM. Ri-
chardson, Scholey, Hallett, sont toutes de bonnes sélections de l'orge
Chevallier, recommandables pour la grande culture alors surtout
qu'elles ont été cultivées en France un an ou deux. Des essais nom-
breux faits dans ces dernières années ont démontré que les cultures
d'orge Chevallier donnent des résultats d'autant meilleurs que le
semis a été fait plus tôt en saison.
Pour les avoines, le choix est un peu plus embarrassant. D'abord le
cultivateur doit tenir compte des habitudes et des préférences des
acheteurs auxquels il devra livrer sa récolte. Dans certains pays les
avoines blanches sont plus recherchées et mieux payées à poids égal
que les avoines noires. A Paris, c'est l'opposé. U y a tout profit évi-
demment à se régler sur les préférences locales.
Parmi les avoines noires, on doit citer en première ligne Yavoine
de Brie et sa variété de surchoix, Yavoine de Coulommiers. Ce sont
celles qui conviennent le mieux aux bonnes terres riches et aux cli-
mats tempérés. Leur grain très noir, gros et bien plein, est le plus
estimé sur les marchés de Paris et des environs. On en récolte aisé-
ment 40 hectolitres à l'hectare. Le produit en paille est également
considérable.
Pour les terres plus chaudes oi^i la maturation se fait plus rapide-
ment et où l'avoine de Brie risquerait d'être échaudée, on doit préférer
Yavoine hâtive d'Elampes ou Yavoine Joanelte, toutes deux précoces, à
292 ORGES ET AVOINES DE PRINTEMPS.
paille fine, bien productives en grain et presque aussi noires, quoique
moins grosses que l'avoine de Brie.
V avoine de Iloudan, à grain d'un gris très foncé, est une excellente
variété rustique, hâtive et fertile, qu'on peut à bon droit classer parmi
les avoines noires, et qu'on ne saurait trop recommander pour les terres
moyennes.
Enfin, ïavoine noire de Hongrie, ou avoine à grappe, occupe le der-
nier rang par le poids spécifique de son grain, mais non par sa pro-
duction qui est très considérable. La paille en est grosse, et forte, l'épi
serré, compact et très garni. Ce n'est point une variété à dédaigner,
quoique le grain n'en soit que de seconde qualité, car elle rachète ce
défaut par une vigueur et une rusticité à toute épreuve. Les noms
d'avoine de Tartarie, avoine prolifiquede Californie, avoine d'Ecosse,
avoine Prunier sont synonymes d'avoine noire de Hongrie, et s'appli-
quent à la même plante.
Parmi les avoines blanches, une des plus précoces et en même
temps des plus productives, est Vavoiiie blanche de Pologne, à paille
forle et à grain gros, blanc, court et très renflé. Ce serait incontesta-
blement la meilleure des avoines blanches si elle n'avait l'écorce un
peu dure et ne prenait facilement le charbon. Cependant, malgré ces
inconvénients, elle reste une des plus recommandables. C'est de toutes
les avoines celle qui donne le grain le plus lourd.
Vavoine de Géorgie et Y avoine blanche de Sibérie, légèrement moins
hâtives, conviennent bien aux terres moyennes. Elles ont le grain
blanc, eftilé.
Pour les terres riches, fraîches, oi^i la maturation peut se faire lente-
tement, sans que les coups de chaleur soient à craindre, Y avoine jaune
de Flandre ou avoine des Salines convient parfaitement. Avec cette variété,
les rendements supérieurs à 50 hectolitres par hectare sont presque
ordinaires ei courants. Le produit en paille est aussi très considérable,
mais cette avoine craint la sécheresse et les vents violents.
Pour plus de clarté, je résume en quelques lignes les indications
données au cours de cet article.
Semer l'orge Chevallier le plus tôt possible et préférer comme
semence celle qui est déjà acclimatée par un an ou deux de culture en
France.
Pour les avoines. — Semer dans les terres riches l'avoine noire de
Brie et celle de Coulommiersou l'avoine jaune de Flandre.
Dans les terres moyennes, l'avoine hâtive d'Etampes, l'avoine noire
de Hono-rie ou l'avoine grise de Houdan pour avoir du grain noir ou
presque noir, et l'avoine blanche de Pologne, de Géorgie ou de Sibérie
là où les grains blancs sont préférés.
Enfin pour les terres les plus sèches ou les plus calcaires, l'avoine
Joanette, à grain noir, la plus hâtive de toutes les variétés.
A dessein, je n'ai pas parlé des seigles de printemps parce que la
culture en est peu répandue et que les circonstances exceptionnelles
qui font semer cette année tant de blés de mars n'existent pas pour les
seif^les, dont le semis a pu se faire en général avant les grandes pluies.
A ceux pourtant qui auraient à semer encore un peu de seigle, je
recommanderais le seigle d'été de Saxe, bien plus haut de paille que le
seigle de mars ordinaire et aussi plus productif en grain.
Henry V^ilmorin.
LES MACHINES AU CONCOURS GÉNÉRAL DE PARIS.
293
LES MACHINES AU CONCOURS GÉNÉRAL DE PARIS- — IV
Nous allons continuer l'examen des machines qui ont figuré au con-
cours général de Paris, en signalant les principales nouveautés ou
modifications que nous avons remarquées.
Il y a quinze jours, M. de Larclause, directeur de la ferme-école de
Montlouis (Vienne), donnait à nos lecteurs la description de la nou-
velle charrue bisoc double de M. Fondeur, constructeur à Viry (Aisne).
Nous voulons aussi signaler la nouvelle charrue double tbuilleuse
(fig. 28) du même mécanicien. Elle est construite de la même
manière que la grande charrue double dite universelle de France ; elle
en diffère en ce que l'un des côtés est muni d'un appareil fouilleur.
Fig, 28. — Charrue fouilleuse double de Fondeur.
Cet appareil consiste en trois dents : l'une est placée en avant du sep,
la deuxième latéralement, la troisième remplace le sep de la cliarrue.
Ces dents forment ainsi un triangle qui prend toute la largeur de la
bande ouverte précédemment par le soc et le versoir. Au moyen
d'étriers qui attachent ces dents sur le bâti, on peut les faire descendre
plus ou moins profondément. Le mécanisme de l'appareil n'échappera
à personne. En allant, on ouvre la raie avec le soc et le versoir ; en
revenant, on fouille le sous-sol de la même raie à une profondeur de
0". 10 à 0"". 30 suivant la nature du terrain et la force de l'attelage.
On comprend qu'avec le même attelage, on peut faire des labours beau-
coup plus profonds, sans mélanger la terre du sous-sol avec la partie
supérieure. On augmente ainsi très avantageusement la profondeur de
la couche arable.
Parmi les instruments absolument nouveaux qui ont paru au con-
1. Voir le Journal du 27 janvier, page 151 de ce volume.
294
LES MACHINES AU CONCOURS GÉNÉRAL DE PARIS.
courS;, il faut signaler la bineuse à bras, construite par M. Viet, agri-
culteur à Rougeville, par Saacy, dans l'arrondissement de Meaux
(Seine-et-Marne). Cet instrument, que représente lafig. 29, peut servir
pour la plupart des plantes cultivées en lignes. Il consiste en un bâti
léger monté sur deux petites roues et se terminant par deux man-
cherons que l'ouvrier soutient, tandis qu'il appuie avec le corps, pour
avancer, sur une courroie en cuir qui relie les deux extrémités des
manches. Le bâti porte trois petites lames ou rasettes qui doivent cou-
per les mauvaises herbes et émietter la croûte superficielle du sol.
Latéralement à ces lames,
deux ailettes métalliques ser-
vent à protéger les plantes
cultivées, quand elles sont
jeunes, contre l'action des
lames.
On peut disposer la bineu-
se à bras de diverses ma-
nières, suivant le travail qu'il
s'agit d'exécuter. Si l'on a af-
faireà uneplanteàtigeélevée,
à l'œillette par exemple, on
travaille sur le côté de la li-
gne; avec les plantes à tige
basse, on peut travailler en
passant au-dessus de la li-
gne, une lame agissant de
chaque côté, et les ailettes
protectrices empêchant la
ligne d'être atteinte. La ma-
nière de procéder doit d'ail-
leurs varier suivant l'écarte-
ment des lignes.
Fig 29. — Bineuse à bras de M. Viet.
Avec cette bineuse, la vi-
tesse de l'ouvrierne doitguère
dépasser 3 kilomètres à l'heu-
re; avec une vitesse de A kilomètres, la terre soulevée par les lames
est projetée à distance ; les chocs que reçoit l'instrument le font
dévier de la ligne, le travail est imparfait et "devient trop fatigant. La
bande de travail peut varier de 0'".12 à 0'"..30; si l'on voulait prendre
une largeur supérieure à 0'".30, dans certains terrains la force de
l'homme serait insuffisante. Ainsi, dans des carottes en lignes espa-
cées à O^.SO, on fait une ligne à la fois; avec une vitesse de 3 kilomè-
tres, on obtient 9 ares à l'heure. Dans des betteraves espacées de 0.'"/i5,
il faut passer deux fois pour une ligne (une fois sur la ligne, l'autre
fois entre); on n'obtient alors que' 6 à 7 ares à l'heure, mais le tra-
vail est plus doux. Un enfant ne faisant que 2 kilomètres à l'heure et
ne travaillant qu'avec un soc, fait encore près du double d'un ouvrier
ordinaire, et il fait mieux. Carie travail de la bineuse est non seulement
plus rapide, mais encore meilleur que le travail à bras, exécuté dans
les conditions ordinaires.
M. Viet, l'inventeur de cette bineuse, est un cultivateur de grande
énergie. Dans son concours de 1881, la Société d'agriculture de Meaux
LES MACHINES AU CONCOURS GENERAL DE PARIS.
295
lui décernait une médaille d'or, sur le rapport de M. S. Brandin, qui
s'exprimait dans les termes suivants :
« M. Viet, ancien sous-officier du génie, fixe dans son village natal, y consacre
sa laborieuse retraite aux travaux agricoles. En pénétrant dans ses clos si soignés,
en voyant cette maison bâtie sans doute sur ses propres plans, les souvenirs clas-
siques des illustres soldats laborieux revenaient à l'esprit de chacun de nous. Ce
ne sont pas des laitues comme Dioclétien, ou des œillets comme Gatinat, mais des
oignons et des fruits que cultive principalement M. Yiet.
« Tandis que la plupart des petits cultivateurs, pour obtenir plus de produits,
s'efforcent d'accroître l'étendue de leur exploitation, M. Viet, pour atteindre le
même but, a pris un moyen tout différent. Concentrer sur une petite surface ses
soins, ses avances, son travail, afin d'en obtenir le maximum de production, tel
est le problème qu'il s'est posé et qu'il a résolu par la pratique des cultures pota-
gères et arbustives.
« Les chimistes, préoccupés surtout des plantes de grande culture, se sont
jusqu'à ce jour peu occupés des plantes potagères. M. Viet, par des essais répétés,
est arrivé à trouver les dominantes de plusieurs d'entre elles.
« Cette année, un champ d'un hactare et demi est ensemencé en oignons. Il a
reçu par hectare 120 kilog. d'azote et 300 kilog. de phosphate précipité. Dans une
bonne année, un hectare peut produire 500 quintaux, au prix moyen de 10 francs,
soit 5,000 francs.
Fig. 30. — Distributeur d'engrais de Decker et Mot.
« Trois jours et demi ont suffi à M. Viet pour biner lui-même entre ces lignes
ce champ de 1 hectare et demi. C'est qu'il se sert d'un ingénieux instrument, dont
il est l'inventeur et le constructeur en même temps. Cet outil, que l'on pousse
devant soi, ressemble assez à une brouette de grenier. Il se compose d'un axe
porté à ses doux extrémités sur deux petites roues. Au milieu de cet axe, deux
ailettes en zinc forment une espèce de gorge profonde dans laquelle doit passer
chaque ligne d'oignons. Entre les ailettes et les roues, deux lames sont fixées sous
un angle convenable. Lorsqu'elles travaillent, la terre qu'elles soulèvent se
trouvant arrêtée par les ailettes, ne peut être rejetée sur les plantes, et le rayon
sort intact de cette opération.
« 1,200 poiriers ont été plantés dans les clos et autour des murs de la pro-
priété. Un clos d'un hectare, de sept ans de plantation, renferme 900 quenouilles
des espèces Beurré magnifique. Duchesse et Louise-Bonne.
« Les arbres sont plantés en quinconce à 3"'. 35 les uns des autres. Cet écar-
tement permet de donner, avec une charrue à un cheval des labours qui ne
laissent plus à exécuter à la main que le pied des arbres.
« Un autre clos de quinze ans de plantation était en plein rapport et pouvait
donner par hectare de 3 à 5,000 francs par an. Malheureusement, la moindre
résistance de la Duchesse à la gelée y a laissé des vides. Une nouvelle espèce, le
Doyenné Boussoch, est fort appréciée par M. Viet. Il en possède quelques pieds
extraordinaires comme vigueur et comme fructification.
« De tous les arbres fruitiers, celui qui, selon M. Viet, donne le produit le plus
2Ô6
LÈS MACHINES AU CONCOURS GÉNÉRAL DE PARIS.
assuré, c'est le prunier. Dix-sept ares de reine-Glaude ont donné, l'an passé,
400 fï'ancs, à raison de 55 francs les 100 kilog. pris sur place.
« Tous ces produits sont, au fur et à mesure de leur maturité, expédiés à
Paris, où une grande maison de commission les vend pour le compte de M. Viet.
« Indépendamment de ses clos, celui-ci possède encore des petits champs qui
lui donnent de la prairie, des racines et des céréales, pour l'entretien de 4 vaches,
1 cheval et 2 porcs.
« Un de ces champs nous a particulièrement intéressés, car il offre à la grande
culture un enseignement important. Il avait été divisé l'an dernier en plusieurs
parties qui avaient respectivement porté du maïs, des carottes, des betteraves,
des pommes de terre saucisses et chardons. Chaque parcelle avait reçu l'engrais
approprié à la plante qu'elle devait porter. Cette année, tout le morceau est
ensemencé en blé et le même engrais lui a été donné sur toute la surface. Selon
la culture précédente nous avons trouvé au blé des aspects très différents. Ainsi
c'est après les carottes qu'il est le moins bon; il se relève après le maïs. Après la
betterave il est meilleur encore et enfin, nous l'avons trouvé supérieur après les
pommes de terre. Mais ce qu'il y a de plus curieux, c'est la différence très sen-
Fig. 31 . — Râteau à cheval automatique de Ransome.
sîble qui existe entre la parcelle oià ont été récoltées les pommes de terre saucisses
et les pommes de terre chardon. Cette dernière variété a beaucoup moins épuisé
le sol que l'autre. »
Revenons au concours du palais de l'Industrie.
Parmi les appareils encore peu connus exposés par MM. Decker et
Mot, nous citerons d'abord le chariot distributeur de fumier et
d'engrais que montre la fig. 30. Ce chariot, qui est d'origine amé-
ricaine, consiste en une caisse allongée, à fond mobile, portée sur
deux roues assez grandes. Le fond mobile est tendu sur deux rouleaux
placés en avant et en arrière; ces rouleaux tournent sur leur axe sous
l'action d'engrenages sur lesquels les roues du chariot agissent. Il en
résulte que le fond passe sur ces rouleaux comme une toile sans fin.
L'engrais à distribuer est placé dans le chariot. Lorsque l'attelage
avance, le fond glisse en arrière et entraîne l'engrais sur le rouleau pos-
térieur. Un peigne à dents, placé parallèlement à ce rouleau et au-dessus,
sert à régulariser l'épandage de l'engrais. Le prix de cet appareil est
de 1,000 francs.
Depuis longtemps, le râteau à cheval de Ransome est apprécié par
LES MAGHINE>3 AU CONCOURS GÉNÉRAL DE PARIS. 297
les agriculteurs d'Angleterre et du continent. C'est certainement un des
meilleurs modèles d'instruments de ce genre. Afin d'augmenter la
rapidité du travail, les constructeurs l'ont muni d'un siège, et ils ont
cherché le moyen le plus simple de lui donner un mouvement auto-
matique. A cet effet, une petite pédale est placée à gauche du siège
(fîg. 31). Il suffit au conducteur d'appuyer avec le pied sur cette
pédale pour que les dents se soulèvent et qu'elles déposent leur
charge ; elles reprennent leur position dès que la pression sur la pédale
a cessé. On peut ainsi maintenir les dents en l'air, soit pour tourner,
soit pour une autre raison. On peut faire exécuter la même manœuvre
par un homme marchant derrière le râteau, au moyen d'un levier à
poignée. Les dents, solides et légères, sont en acier; elles sont com-
plètement indépendantes les unes des autres. Nous ajouterons que,
pour le transport du râteau sur les roules, il suffit au conducteur sur
le siège, pour tenir les dents relevées, de pousser une cheville avec le
pied droit pendant qu'il pèse avec le pied gauche sur la pédale. Le
râteau automatique à 24 dents coûte 370 francs; avec 28 dents il
coûte 390 francs.
[La suite prochainement). Henry Sagnier.
LE BLÉ PRÉCOCE DE PRINTEMPS
Pour répondre à plusieurs lettres me demandant un supplément de
renseignements sur le blé de printemps, appelé ici blé précoce, je dois
ajouter que je le sème jusqu'au 15 mars avec pleine réussite; on peut
même réussir jusqu'au T"" avril, mais c'est moins certain, si la séche-
resse vient à se produire.
Ce blé, comme tous les blés de printemps, tallant peu, demande
une semence garnie; il faut de 300 à 350 litres à l'hectare. Il est très
rustique, c'est le blé des terres médiocres ou maigres et sa végétation
herbacée ressemble à celle du seigle. Le grain étant très lourd est
recherché par la meunerie. Je puis offrir 100 quintaux de blé propre,
pur et passé au trieur et bien récolté. A. Quillet,
à Villerest, par Écouis (Eure).
A PROPOS DU CONCOURS GÉNÉRAL DE PARIS
Il y a eu, cette année, au concours général agricole du palais de
l'Industrie, non pas tout à fait une innovation, car des tentatives ana-
logues avaient été déjà faites au moins à deux reprises, à notre
connaissance, mais un élément ajouté à ceux des années précédentes.
En outre des animaux gras, on y a admis les reproducteurs mâles,
taureaux, béliers et verrats. Antérieurement, il ne s'agissait que d'une
exposition de ces animaux, exposition un peu sacrifiée, à vrai dire.
Cette fois, c'était un véritable concours, où des médailles étaient
offertes aux concurrents. A ces médailles, une société privée avaitjoint
des prix. Qu'en est-il advenu? C'est ce que nous voulons examiner
d'abord, en constant les faits, au lieu de nous en tenir à des appré-
ciations d'ensemble, plus ou moins impartiales.
L'exposition des taureaux comptait en tout 68 individus, depuis
l'âge de moins d'une année. C'est évidemment bien peu, étant donnée
l'importance de la population bovine française. Le dernier concours de
Nevers, qui n'admet que les taureaux nés dans le département de la
298 A PROPOS DU CONCOURS GÉNÉRAL DE PARIS.
Nièvre, en avait à lui seul beaucoup plus. De la valeur de ces indi-
vidus, nous n'avons pas à nous occuper. C'était affaire au jury de les
apprécier, et il ne nous conviendrait nullement de contrôler ses déci-
sions. Le but avoué par les promoteurs de l'institution était d'ailleurs
de trouver des acheteurs. Les visiteurs, heureusement nombreux, ont
pu juger s'il était atteint. Il nous paraît utile de rechercher seulement
si l'exhibition dont il s'agit pourrait donner à ses visiteurs, et surtout
aux étrangers qui en liront les comptes rendus, une idée même approxi-
mative de nos richesses bovines nationales.
Sur les 68 individus exposés, 36, plus de la moitié, sont inscrits au
Herd Book français, comme étant des « animaux de pur sang de la
race bovine courte-corne améliorée dite race de durham. » En
termes plus simples et plus scientifiques, ils appartiennent à la variété
anglaise de la race des Pays-Bas. Les 32 autres se partagent entre ce
que le catalogue appelle les races charolaise et nivernaise, normande,
limousine, de Salers, garonnaise, bretonne, et les races françaises ou
étrangères diverses autres que celles désignées ci-dessus.
Il y avait 1 1 charolais et nivernais, 4 normands, 6 limousins,
2 auvergnats, 1 garonnais, 2 bretons, 3 suisses de la race brune des
Alpes, 1 hollandais et 2 jersiais-alderney.
D'après cela, on voit clairement d'abord que plusieurs de nos prin-
cipales variétés bovines n'étaient pas du tout représentées, et ensuite que
les autres l'étaient d'une façon absolument impropre à les faire appré-
cier avec quelque justesse. Quelle ne serait pas la grandeur de l'erreur,
si l'on considérait un tel concours comme donnant, en petit, l'image
de notre population bovine? Même en ne visant que la variété qui en
formait la plus forte proportion, on n'arriverait point à une apprécia-
tion juste, pour ce qui la concerne.
En effet, les 36 sujets appartenant à cette variété étaient exposés
par 13 éleveurs en tout, dont 2 pour le Cher, 2 pour la Nièvre,
2 pour la Mayenne, et 1 seulement pour chacun des départements de la
Sarthe, de la Loire, de la Charente-Inférieure, de Maine-et-Loire,
d'IUe-et-Vilaine, de Loir-et-Cher et du Loiret.
Nous avons fait connaître dernièrement le nombre total des agri-
culteurs qui, en France, s'occupent de la production des animaux de
durham. Personne, parmi ceux qui sont au courant de l'état des
choses, n'admettra que cette production, quelque restreinte qu'elle
soit en réalité, par rapport à celle de nos races indigènes, puisse être
exactement représentée par 13 éleveurs seulement, fussent-ils choisis
parmi les plus habiles.
Il est donc, croyons-nous, aussi juste que dans l'intérêt du pays de.
conclure, d'après les nombres constatés, à l'insuffisance complète du
concours général de reproducteurs mâles des espèces bovines, qui vient
d'avoir lieu. Nous nous garderons toutefois bien, pour notre compte,
de demander sa suppression. Tout ce qui fournit le moyen de faciliter
les études en rassemblant des faits est utile. Pourvu que toutes les races
et toutes les variétés y soient admises sur le pied de l'égalité de traite-
ment, nous n'avons pas d'objection à opposer à son maintien. Nous
nous réservons seulement la faculté d'apprécier ses résultats en toute
liberté, et de contribuer, dans la mesure de nos connaissances spéciales,
à éviter qu'ils puissent être mal interprétés par ceux qui s'en tien-
draient aux seules apparences.
A PROPOS DU CONCOURS GÉNÉRAL DE PARIS. 299
Les réflexions précédentes s'appliquent encore bien mieux aux ovi-
dés. En ce qui les concerne, général aussi en droit, le concours Ta été
très peu en fait.
60 béliers ont été exposés, dont 31 mérinos, tous ou presque tous
delà variété précoce. Ces 31 béliers mérinos appartenaient à 9 éleveurs,
dont 2 de l'Aisne, 2 de Seine-et-Marne, et 1 de chacun des départe-
ments de l'Eure, du Loiret, de la Marne, de l'Orne et de l'Yonne.
Rien de la Côte-d^Or. La plupart de nos éleveurs de mérinos les plus
distingués manquaient à l'appel. La concurrence n'était en vérité pas
sérieuse. Gela, bien entendu, n'enlève rien, dans notre pensée, au mérite
absolu des lauréats.
Les 29 autres béliers appartenaient pour 20 aux dishleys ou pré-
tendus tels, car plusieurs sont de véritables New-Kent. Les 9 restant
étaient 6 southdowns et 3 oxfordshiredowns.
Si l'on en concluait que dans notre beau pays de France les trou-
peaux de moutons anglais à laine longue sont à ceux de mérinos dans
la proportion de 20 à 31, on se tromperait fort. Il y avait 5 exposants
de dishleys et 2 de downs.
Des verrats, il y en avait 2 seulement de français sur un nombre
total de 23 ; tous les autres étaient anglais. Aucun éleveur de la
Mayenne, ni de la Sarthe, ni de Maine-et-Loire, ni de la Normandie,
n'avait exposé. On ne manquera pas d'en conclure quelque part qu'ils
n'ont pas osé se mesurer avec les yorkshires, qui ont maintenant
décidément les préférences des anglomanes, mais pas du tout celles des
charcutiers ni de leurs clients.
Passons aux animaux gras, qui forment de beaucoup la partie prin-
cipale du concours, et sur l'appréciation générale de laquelle on n'a
aussi que trop de tendance à s'égarer.
Les uns, ne voyant que le côté pratique immédiat des choses,
s*élèvent avec plus ou moins de véhémence contre l'engraissement
exagéré de ces animaux et contre les frais énormes qu'il faut faire
pour les obtenir, comme s'ils étaient présentés au palais de l'Indus-
trie dans des vues industrielles ! Les autres, toujours empressés
de faire tourner tout à l'appui de leurs opinions, s'imaginent, ou
peut-être bien veulent faire croire seulement que la statistique du con-
cours peut témoigner à l'égard de la répartition des races animales
dans notre pays. De ce que, par exemple, les durhams et leurs métis
occupent une grande place au concours, ils en conclueraient volontiers
qu'il en doit nécessairement être de même dans les étables de nos
cultivateurs et conséquemment sur les marchés d'approvisionnement
de la viande.
Cela n'est pas sérieux. Le concours général d'animaux gras est une
chose qui a son utilité particulière, sur laquelle nous ne nous éten-
drons pas ici ; les opérations d'engraissement pour le commerce et
pour la consommation en sont une autre, et celle-ci n'a qu'un rapport
indirect avec la première. Les points de vue sont différents. On les
confond trop facilement. Quelle idée fausse ne se ferait-on pas, par
exemple, de la part que prennent à l'approvisionnement de Paris les
animaux de la race vendéenne, si l'on en jugeait par la place qu'occupe
d'ordinaire cette race au concours. Cette année, elle n'y comptait pas
plus de sept représentants. Le durham et ses métis en avaient cer-
tainement au delà de dix fois autant. Ceux qui suivent le marché de
300 A PROPOS DU CONCOURS GÉNÉRAL DE PARIS.
la Villette savent si cela correspond à la réalité pratique. Et de même
pour plusieurs autres, pour la variété normande notamment.
La question si souvent débattue de la sincérité des déclarations,
au sujet de l'âge des animaux principalement, s'est posée cette fois
d'une manière plus instante. Des mesures graves ont dû être prises,
paraît-il. On ne peut que féliciter le commissaire général de la fermeté
dont il a fait preuve. Mais en ce qui concerne l'âge, dans l'état où se
trouve l'opinion du personnel des concours, membres du jury et expo-
sants, il y a là une grosse difficulté. On peut dire que le moyen de
contrôle reconnu certain et accepté comme tel par les intéressés, de
part et d'autre, manque complètement.
Je n'entends pas dire, à coup sûr, qu'il n'existe point en lui-même.
L'état actuel de la science nous permet, au contaire, de déterminer
d'une manière précise, chez les Bovidés, le temps écoulé depuis leur
naissance. Pour quiconque est susceptible de se laisser convaincre par
une démonstration scientifique, cela ne peut pas faire l'ombre d'un
doute. Mais ce serait se faire une bien grande illusion de croire au
crédit de la science auprès de la plupart de nos agriculteurs, si enti-
chés, en général, de leurs connaissances de praticiens. Si l'on dit,
par aventure, devant eux qu'un animal ne peut pas être exactement
qualifié de jeune s'il ne lui reste plus aucune dent de lait, mais que
toutefois un autre pourvu de la totalité de ses dents permanentes, et
par conséquent ayant passé la période de jeunesse, peut cependant
être né après lui et ainsi être moins âgé, il y a toutes les chances pos'
sibles pour que la proposition soit contestée, au moins à l'égard de la
qualification. Si l'on insiste, l'argument de la pratique opposée à la
science viendra infailliblement.
Je ne veux pas discuter l'utilité de la catégorie des jeunes bœufs,
comprise ou non dans le sens véritable, comme elle l'a été cette année.
La polémique n'est ni dans mon rôle ni dans mes intentions. 11 con-
vient de s'en tenir aux questions de faits comme celle de la lecture
du chronomètre dentaire. Que n'a-t-on pas dit, l'an passé, à propos
de l'âge du bœuf basquais dont la présence dans le parc du prix d'hon-
neur a soulevé tant de protestations? N'est-on pas allé jusqu'à opposer
aux déterminations scientifiques, fondées sur l'examen de sa denti-
tion, je ne sais quelle appréciation de bouchers se guidant d'après
l'aspect de la viande?
La dentition de ce bœuf, qui a été conservée, a été reconnue par
les hommes les plus compétents absolument semblable à celle de la
vache de Durham qui, deux ans auparavant, avait valu, elle aussi, à
son propriétaire le prix d'honneur; et les déclarations des deux expo-
sants, qui certes ne s'étaient point concertés, concordaient parfaite-
ment. Les deux sujets avaient été l'un et l'autre déclarés comme ayant
cinquante-quatre mois ou quatre ans et demi. On n'aura garde toute-
fois d'accepter pour valable la démonstration. Oh! s'il s'agissait d'un
animal d'origine anglaise, à la bonne heure!
Puisque nous avons été amené à parler de ce bœuf, nous allons
examiner, à l'aide des documents recueillis par la Commission de ren-
dement et publiés comme d'habitude en tête du catalogue de cette
année, sa valeur réelle, comparativement avec celle du prix d'honneur
de l'année précédente.
Il pesait à l'abattoir 855 kilog.; il a rendu 564 kilog. de viande
A PROPOS DU CONCOURS GÉNÉRAL DE PARIS. 301
nette, soit G5.965 pour 100. Sur ces 564 kilog. de viande nette, il y
en avait 118 de 3" catégorie, soit 1 :4.77; 230 de 1" catégorie, ou
1 :2.45, et 171 de 2« catégorie, ou 1 :3.3
Le bœuf nivernais auquel nous le comparons avait rendu 68.77
pour 100; mais chez lui, la proportion de viande de 3' catégorie était
1 :3.21 , celle de viande de 1" catégorie, de 1 : 2.70, et celle de viande
de 2^ catégorie, de 1 : 3.16.
Sous le rapport delà viande nette totale, le basquais était donc infé-
rieur au nivernais dans la proportion de 2.80 pour 1 00 ; mais il lui était
supérieur par de plus fortes proportions en viande de 1 ■■" et de 2^ caté-
gorie. On peut voir en effet que dans les deux cas, les relations
sont moins écartées. Ce qui est évident surtout, c'est la proportion
beaucoup plus faible (1 :4.77 contre 1 : 3.21) de viande de 3' catégorie,
ce qui est le meilleur critérium pratique de la valeur d'un bœuf de
boucherie.
Comparons-les maintenant pour la qualité intrinsèque de la viande,
telle qu'elle est indiquée par la méthode analytique inaugurée il y a
trois ans par la Commission de rendement et acceptée, soit dit en pas-
sant, à l'étranger depuis l'an passé.
Le morceau de pointe de culotte analysé a laissé, pour le basquais,
un déchet de 2''. 662 pour un poids total de 4\715, soit 1 : 1 .77. Dans
ce déchet, il y avait 1''.959 de graise et 0''.308 de chair. Pour le
nivernais, le déchet n'avait été que de 1''.285 pour 5''.290 ou 1 : 4.11 ,
avec 0^.950 de graisse. L'infériorité du basquais est ici notoire. Sa
viande contenait, en moyenne des deux analyses faites avec le mor-
ceau de collier et celui de pointe de culotte, 42.66 pour 1 00 de matière
sèche, dont 20.48 de matière azotée et 22.18 de graisse. Il était évi-
demment, d'après cela, engraissé à l'excès, comme le sont toujours
tous les prix d'honneur. Le nivernais n'avait fourni que 30.950 de
matière sèche, dont 22.058 de matière azotée et 8.900 de graisse.
Sa viande avait donc une richesse inférieure de 11.71 pour 100.
En définitive, tout compensé, il est facile de voir que le bœuf en
question n'avait contre lui, pour expliquer les appréciations si défa-
vorables dont il a été l'objet, que de ne point appartenir à la sorte des
animaux qui fournissent habituellement les lauréats. Ce n'est évidem-
ment pas assez pour les justifier aux yeux des juges impartiaux.
Un événement du même genre s'est de nouveau produit cette année,
et peut-être pourrait-on dire qu'il a fait quelque peu scandale. On a
vu pour la première fois, dans le parc des prix d'honneur, une bande
de mérinos précoces âgés de dix-sept mois. Il y a lieu d'espérer que
l'avenir fournira le moyen infaillible de s'y habituer. Et pourtant,
avons-nous entendu dire, les mérinos ne sont point des animaux de
boucherie! C'est affaire de définition. Toujours est-il que quand on va
au marché de la Villette, il arrive le plus souvent d'y rencontrer, sur
un total de 1 5 à 20,000 moutons en vente, environ 8 à 1 0,000 mérinos
de provenance française ou étrangère. Et si l'on songe à la composition
des populations ovines de l'Europe, on se l'explique parfaitement.
Mais pour certaines personnes, mouton de boucherie, cela veut
dire mouton anglais. Détense aux autres de prétendre au perfection-
nement. Il est heureux que notre vieux bon sens français ne soit pas
encore près de périr. A. Sanson,
Professeur de zoologie et zootechnie à TEcole nationale de Crignoa
et à l'Institut national agronomique.
302 LA. VIGNE DE CALIFORNIE.
SUR LA VIGNE DE CALIFORNIE
Monsieur le directeur, dans le numéro du 30 décembre dernier,
le Journal de l" agriculture a publié une lettre de M. Laliman, à l'occa-
sion du rapport de John Wheller, sur le phylloxéra en Californie. Ce
document a paru dans vos colonnes le 21 octobre.
Aux observations et critiques du viticulteur girondin, que j'avais
communiquées à M. Charles Wetmore, chef de l'exécutif à la Commis-
sion viticole de Californie, j'ai l'honneur de vous adresser, avec prière
de l'insérer dans votre impartial Journal^ la réponse que je viens de
recevoir de cette éminente autorité.
Désirant être fixé sur d'autres questions d'intérêt général pour la
viticulture, précédemment soulevées par M. Laliman, et qui étaient
restées pendantes, telle que celle de l'emploi de 500,000 cubes Rohart,
qu'il assurait avoir été achetés par le gouvernement américain, dans
le but de combattre le fléau ; ainsi que celle de la valeurqu'on devait
accorder à l'opinion émise par M. E. Schutze de la Géorgie, sur le peu
de durée des vignes américaines, et celle encore de la situation actuelle
des vignobles dans l'est de 1' « Union »; afin d'obtenir la lumière sur
ces points importants, j'ai, en même temps que M. Wetmore, consulté
M. Geo. W. Campbell, de l'Ohio, bien connu du monde viticole, et
délégué des Etats-Unis à l'Exposition internationale en 1878. Je joins
ses informations à celles du représentant, non moins distingué, de
l'extrême ouest, avec l'espoir qu'elles seront appréciées en France, et
qu'elles apporteront de nouveaux éléments considérables, sinon con-
cluants, à l'enquête que M. Laliman avait sollicitée.
Agréez, etc., G. Morlot.
Lettre de M. Wetmore.
San-Francisco, 15 janvier 1883.
M. Morlot. — « La Californica, dans notre climat, n'est pas affectée par le
mildew, excepté près des côtes de la mer où les brouillards se répandent. Mais
quelle objection pourrait-on lui opposer dans le cas où cette vigne serait utilisée
pour la greffe?
« J'ai toujours considéré M. Laliman comme une personne privilégiée dont
les remarques ne méritaient pas de réponse. Est-ce que ses assertions ont réelle-
ment captivé l'attention en France?
« J'ai lu ce qu'il a publié jusqu'à ce jour et, pour ce qui a trait à l'Amérique
particulièrement, et à la Californie, on rencontre rarement un seul mot exprimant
la vérité.
« Les vignes de Californie (cultivées) sont des « Vitis vinifera » obtenues en
Europe ; nous commençons seulement à faire l'expérience des vignes américaines.
Nos vignobles ne sont pas dévastés parle phylloxéra. Une petite vallée (Sonoma),
où le sol est très pauvre et peu profond, a perdu environ 1000 acres de vignes
(400 hectares), alors que dans la même vallée il y a des vignes de variétés fran-
çaises et allemandes, qui ont été attaquées depuis au moins vingt ans. et qui ne
sont pas encore détruites.
a Nous avons fait des recherches dans d'autres endroits et avons trouvé des
traces de la maladie ; elle gagne sans doute du terrain, mais très lentement, com-
parée à ses progrès en France. Pourquoi? Nous croyons seulement que la cause
en doit être attribuée à la fo rme ailée de l'insecte qui ne paraît pas se propager ici
en grand nombre, et aussi parce que nos vignes sont plantées dans un sol vierge.
Nous commençons maintenant à planter des stocks résistants dans les places en
danger d'être attaquées ; mais sur environ 75,000 acres plantés pendant les trois
dernières années, la saison présente comprise, plus de 800 acres n'ont pas été
plantés en cépages résistants. Il est vrai que nous insistons pour recommander
de planter des vignes à ceux qui sont en danger et que nous conseillons à tous de
LA VIGNE DE CALIFORNIE. 303
faire des essais avec les différentes filasses et variétés, afin d'être préparés à choi-
sir les meilleures ([uand cela sera nécessaire. Nous suivons généralement les
procédés de l'Ecole d'agriculture de Montpellier, et le manuel du professeur Foex
a été traduit et placé dans les mains de tous les viticulteurs. En même temps
nous expérimentons la « Californica », ainsi que 1' « Arizonica », lesquelles certai-
nement surpasssent en vigueur, pour le développement des racines, toutes les
autres variétés que nous avons essayées, et elles sont, chez elles « at home »
dans notre climat. Je crois qu'elles réussiront sur les côtes de la Méditerranée, et
partout OLi les étés sont secs.
« Notre Etat n'a jamais acheté de cubes Rohart ou autres insecticides, excepté
ce que notre Commission de viticulture a fait récemment, sous mon contrôle
exécutif, en essayant de démontrer les procédés français pour l'emploi du sul-
fure du carbone et du sulfocarbonate. Notre champ d'opération a été limité à une
vigne de trois hectares, et nous avons partiellement réussi.
« L'histoire relative aux 500,000 cubes Rohart, en 1878, a été une affaire d'an-
nonce de marchand, ayant pour objet de faire croire, en France, que les cubes
Rohart étaient plus appréciés qu'ils ne le sont. La vérité est que j'ai acheté de
M. Rohart, en 1878, 10,000 de ces cubes que j'ai envoyés en Californie (j'étais
alors à Paris), à quelques-uns de mes amis, pour en faire l'essai. C'est tout ce que
cette transaction a comporté.
<v Je crois qu'en tout réunissant, 20,000 de ces cubes ont pu être vus en Californie.
Nous avons ici une fabrique de sulfure de carbone, mais ses produits sont à peu près
entièrement employés à la destruction des écureuils et d'autres petits animaux;
(ces écureuils, qui mfestent différentes parties du pays font des trous dans le sol).
« Nous ne pouvons rien vous dire de certain d'après notre expérience du 67m-
ton ou d'autres variétés américaines. Des essais tentés en terrains peu profonds
et secs, prouvent jusqu'à présent que les ainsi nommés Riparia : Clinton, Taylor,
Elvira, hybrides avec Labrusca, ont échoué. En bon terrain, nous avons quelques
exemples de résistance de l'Isabelle, mais l'essai est encore trop récent. Notre
stock favori est maintenant, comme en France (grâce aux recommandations fran-
çaises), les Riparia sauvages. On en plante plus que toutes autres variétés. Le
Lenoir commence à être recherché comme stock, il produit un vin de couleur
utilisé pour les coupages. Signé : Ch. Wetmore ».
Lettre de M. Campbell, du 27 décembre 1882.
« M. Morlot. — Je n'ai pas le temps de répondre maintenant à M. Laliman, mais
je veux dire, enrépliqueaux assertions formulées par M. E. Schutze, qu'elles sont
dénuées de fondement k non sensé ». Le phylloxéra ne s'étend nulle part en nombre
ni en désastre sur les vignes américaines, autant que je sache. Certainement il
diminue ici. La présence de la peste est moins évidente qu'il y a dix ou vingt
ans. Il est très rare maintenant de l'apercevoir sur les feuilles ou sur les racines des
vignes cultivées dans cette région. Je suis allé l'automne dernier parmi les plus
grands vignobles du Nord et sur les îles, ce sont les plus anciennes de l'état.
Elles produisent encore et offrent de larges bénéfices à leurs propriétaires, après
vingt ou vingt-cinq années de plantation. J'ai visité aussi les vignes de la
partie sud de l'Etat plantées il y a vingt ans, et je les ai trouvé encore lourdement
chargées de fruits et pleines de santé dans les variétés Ives et Concord (Labrusca)
et Elvira (Riparia), etc.
« M. Lahman semble être un homme étrange. Il cite M. Rerckmans pour
prouver que le phylloxéra n'est pas en Géorgie, et aussi M. Schutze pour prouver
que le phylloxéra détruit les vignes en Gréorgie. Je ne crois pas avoir jamais écrit
à M. Laliman. Je n'ai certainement jamais dit que je pensais que l'insecte des
galles était américain et que celui des racines était européen. Mais j'ai dit et je
pense encore qu'il est douteux qu'ils soient identiquement le même insecte. Je crois
qu'ils forment probablement deux espèces : l'insecte des galles infestant les
leuilles seulement, et celui des racines seulement les racines.
Lettre du même du V^ janvier 1883.
« Quant aux assertions de M. Laliman, je vous informerai qu'il n'y a de vérité
quelconque dans l'assurance que le phylloxéra détruit nos vignes indigènes. Je
puis répondre pour cette partie du pays que les ravages de l'insecte sont beaucoup
moindres qu'il y a dix ans. Le mal diminue et nous le regardons maintenant ici
sans crainte ni appréhension et s'il n'a aucun effet, il est si peu important que
personne ne le remarque.
304 LA VIGNE DE CALIFORNIE.
« Les « Vinifera » souffrent autant ici qu'en France, ainsi que les expériences
faites en Californie et ailleurs le démontrent.
a J'ai écrit à Washington pour savoir la vérité sur les cubes Rohart.
Lettre du même M. Campbell du 19 janvier 1883.
« J'ai fait des recherches au sujet des achats par notre gouvernement de
cubes Rohart, ceci est entièrement controuvé. Jamais le gouvernement américain
n'a acheté et n'a eu besoin d'aucun de ces cubes.
« Quant à l'action du phylloxéra sur les vignes américaines, je crois qu'elle
s'amoindrit chaque année, et nous le considérons simplement comme étant sans
conséquence. Nous ne prenons et n'avons besoin de prendre aucune précaution
contre lui. Signé : (jeo. W. Campbell. »
POMMIERS EN GORDON HORIZONTAL
Parmi les nombreuses formes que l'amateur d'arboriculture peut
donner à ses arbres fruitiers, plusieurs sont souvent plus agréables à
l'œil que productives ou faciles à établir.
Une des formes qui m'a toujours donné de la peine à réussir, et
dont il est très difficile de bien équilibrer la sève, est celle du pom-
mier en cordon horizontal.
Dans les nombreuses plantations qu'il m'a été donné de voir, j'ai
toujours remarqué que la sève produit vers le commencement de la
branche charpentière beaucoup de branches gourmandes, poussant
perpendiculairement, que l'on a de la peine à faire transformer en
branches à fruits. Dans les sujets très vigoureux, pendant plusieurs
années, les fruits sont presque nuls, et la plus grande partie de la
sève se transforme en branches gourmandes s'étendant tout le long de
la branche charpentière.
Frappé de cet inconvénient pour le pommier surtout, j'ai eu l'idée,
au lieu d'en arrêter le développement par la taille comme cela se
fait ordinairement, de laisser pousser la tige autant qu'elle le vou-
drait sans jamais rien y retrancher, en ayant le soin de tenir l'extré-
mité de la branche charpentière relevée par une baguette à laquelle
elle est attachée à mesure qu'elle pousse.
Pour pouvoir arriver à une grande longueur de branche charpentière
sans inconvénient pour la solidité de l'arbre et des fruits, tout en con-
tinuant de planter les pommiers à 1".50 les uns des autres le long
des allées, où est employé ordinairement le cordon horizontal, je laisse
courir la tige sur des fils de fer tendus à 0"'.20 de distance entre eux.
A mesure que la branche s'allonge et arrive au pommier suivant,
elle se relève d'un étage, comme l'indique la figure 32, qui montre en B
des cordons achevés, et en Aies cordons en formation. On arrive ainsi
à avoir une branche charpentière ayant 7"'. 50 de long, développement
suffisant pour utiliser la sève des variétés les plus vigoureuses, n'ayant
pas plus de 1 mètre de hauteur au-dessus du sol.
Le cordon, une fois fini, ressemble à des marches d'escalier; par
suite de cette disposition, la sève est toujours sollicitée à se porter vers
la partie supérieure de l'arbre, au lieu de s'arrêter à la naissance de
la branche charpentière, comme cela a lieu dans le cordon horizontal
ordinaire.
En espaçant davantage les pommiers, on peut arriver au même
résultat avec de grandes longueurs et seulement 2 ou 3 rangs de cor-
dons, ce qui équivaut alors à l'ancien cordon horizontal sans en avoir
les inconvénients.
POMMIERS EN CORDON HORIZONTAL.
305
Si l'on a le soin de planter des variétés d'égale vigueur, on arrive à
former ainsi de très jolies petites haies, faciles à tailler, et donnant
des fruits abondants.
Pour que le commencement du rang soit aussi bien garni que le
reste, on prend sur les premiers pommiers autant de cordons que l'on
compte en donner à la palissade. Par cette forme il y a utilisation
complète de la sève, suppression des branches gourmandes difficiles à
mettre à fruit, et grande facilité pour la taille, mise à la portée de
tout le monde. La seule chose essentielle est de tenir la tige bien
dirigée afin de la plier au moment voulu pour les changements
d'étage, et de tenir toujours l'extrémité bien relevée pour y attirer la
sève. Une fois les arbres formés, on peut les relier les uns aux autres
et se passer de fil de fer.
N'ayant jamais vu cette forme, qui me donne de très bons résultats,
>c7^.-7^ i^.
Fig. 32. — Pommiers en cordon horizontal.
être agréable
aux amateurs d'arboriculture en la leur
1 ai pense
indiquant.
Le poirier poussant moins vigoureusement, ne réussit pas aussi bien
sous cette forme que le pommier. L.-F. de Brezenaud.
SESSION DE LA SOCIETE DES AGRICULTEURS
DE FRANCE. — III.
Séance du 3 février. — En constatant le succès réel obtenu par le
premier essai sérieux de l'annexion d'un concours d'animaux repro-
ducteurs au concours général agricole de Paris, M. de Poncins fait
remarquer qu'il y aurait plusieurs mesures à prendre pour accroître
l'importance de cette exposition. Voici le texte de son rapport :
« Vous avez voté mardi dernier le principe du maintien du concours d'animaux
reproducteurs; aujourd'hui votre deuxième section présente à votre sanction une
série de vœux, dont l'objet est d'assurer le développement de ce concours.
« Pour l'observateur superficiel, rien de ce qui vient de se passer aux Champs-
Elysées ne semble très important ; le gouvernement a fait un appel aux éleveurs ;
les éleveurs ont répondu à cet appel avec un zèle plus ou moins restreint, et ils
ont reçu des médailles que beaucoup de personnes ont trouve insuffisantes ; de
son côté la Société des agriculteurs de France, joignant son action à celle du
ministère de l'agriculture, a décerné des brevets de monte, dont le gros du pu-
blic ignore absolument la signification, et peu de gens s'expliquent l'agitation
qu'a causée l'organisation du concours des repro-'hicteurs.
« Cependant, messieurs, le lait qui nous occupe est gros de conséquences, et
ces conséquences n'échappent nia l'agriculteur qui attend avec anxiété la restau-
ration de nos anciennes richesses, ni au philosophe qui cherche sous les voiles
obscurs du présent, la clarté de nouveaux horizons.
306 SOCIÉTÉ DES AGRICULTEURS DE FRANGE.
« En effet, une nécessité absolue pour toute industrie, et pour l'industrie agri-
cole comme pour les autres, c'est d'avoir des lieux de transaction où viennent se
réunir, le vendeur qui livre ses produits et l'acheteur qui doit utiliser ces mêmes
produits; des lieux, en un mot, où l'offre et la demande sont mises en face l'une
de l'autre. Ge point de réunion manquait à notre commerce de bestiaux, et l'objet
du concours général a été de le créer.
« Ce concours est donc appelé à devenir un élément de premier ordre dans le
commerce agricole, et ce sera pour notre Société un précieux titre de gloire, d'avoir
la première évoqué cette affaire, et pris depuis de longues années, une initiative
qui est devenue la cause du succès.
« Une autre déduction non moins heureuse à tirer des faits auxquels vous avez
assisté, c'est de considérer les résultats féconds qui seront obtenus en France,
chaque fois que l'agriculture officielle unira ses efforts à ceux de l'initiative pri-
vée ; l'expérience de cette année a démontré aux plus incrédules combien de
sources de progrès résident dans ce concert harmonieux, et elle a prouvé de plus
que si l'auiorilé ne perd rien de ses droits, en faisant appel aux forces vives de
la nation, les sociétés libres ne compromettent pas non plus leur indépendance
en prêtant leur concours à une œuvre qui devient commune.
« Avant d'entrer dans l'étude des questions présentées à votre approbation par
la Section d'économie du bétail, il est nécessaire, messieurs, que vous jetiez un
coup d'œil rapide sur la situation économique de notre agriculture, et que vous
inspiriez vos esprits des considérations qui nous ont amenés à formuler les vœux
dont vous entendrez tout à l'heure la lecture.
« En effet, messieurs, ce sont les désastres lamentables, sous lesquels reste
écrasée notre plus grande richesse nationale qui doivent être, chez vous, le motif
particulier de réaliser les plus grands efforts, alors même que pour quelques-uns,
ces efforts paraissent exagérés.
ce Abstraction faite des intempéries et autres fléaux dont la Providence reste la
maîtresse souveraine, l'état de notre agriculture est aujourd'hui mauvais, et même
des plus mauvais; personne ne le conteste; mais le point sur lequel on réfléchit
trop peu, c'est celui de rechercher les causes supérieures de nos malheurs, et
d'examiner comment on peut, sinon les conjurer, au moins atténuer leurs funestes
ravages.
« Ces causes doivent, si je ne me trompe, se diviser en deux catégories; les
premières ont un caractère général, et affectent non seulement la France, mais
encore les autres nations; les secondes sont particulières à notre pays. Gomme
cause générale ou internationale de nos ruines, celle qui domine et absorbe toutes
les autres, c'est la confusion faite de nos jours, entre la vraie production et le
simple mouvement de l'argent.
« La vraie production, c'est l'agriculture qui multiplie les êtres vivants, et
qui demande chaque année au retour des saisons de nouvelles richesses ; c'est
aussi l'industrie qui transforme les matières premières, crée les voies de transport,
et va jusque dans les entrailles de la terre découvrir les plus précieux trésors;
mais ce n'est pas la spéculation, qui tout en rendant certains services secondaires,
ne peut, et ne pourra jamais être la source d'une véritable production; la spécu-
lation prend l'argent dans une cassette, le passe à un second détenteur, puis à un
troisième, et ainsi de suite, sans que ce mouvement considéré en lui-même accroisse
la fortune ni des uns ni des autres.
« Le caractère de la vraie production et ceux de la spéculation sont tellement
différents, qu'aucune confusion ne devrait être possible entre des opérations aussi
distinctes; cependant le mirage trompeur qui couvre la spéculation est si sédui-
sant, que nous avons vu peuples et gouvernements se laisser entraîner par ce cou
rant dévastateur.
« L'agriculture elle-même est tombée dans le piège comme les autres classes
de la société; personne n'a su résister à la tentation d'essayer les placements
avec gros intérêts, au plaisir d'habiter des salons dorés, et surtout à l'espoir de
rencontrer une occasion favorable pour saisir au passage un de ces millions qui
circulent sans jamais s'arrêter.
« Les emprunts à grands fracas ont alors drainé toutes les épargnes ; les pla-
cements sûrs, mais à petits intérêts, ont été délaissés, et il n'a plus été possible
de penser ni aux creusements de canaux, ni aux dessèchements de marais, ni aux
reboisements des montagnes, ni à aucune autre des opérations qui seraient pour
nous la garantie de l'avenir; la baisse de la propriété toncière s'est manifestée
de toute part, le dépeuplement des campagnes s'est accentué, les fermes sont
SOCIÉTÉ DES AGRICULTEURS DE FRANCE. 307
restées quelquefois sans exploitants, et la misère agricole a pris les proportions
les plus effrayantes.
« A ces causes de ruine qui seraient bien suffisantes pour anéantir tout effort
de prospérité, il faut en ajouter d'autres, qui tiennent particulièrement à notre
pays, et qui sont aussi funestes que les précédentes.
« Ces dernières tiennent à l'application chez nous de ce principe économique
absolument faux, en vertu duquel les charges nationales, au lieu d'être réparties
également sur les produits de toute provenance, écrasent d'une façon particulière
les produits français; ce n'est aujourd'hui, messieurs, ni le lieu ni le moment
d'entrer dans une discussion douanière; je me contente d'énoncer les faits, et je
m'empresse de vous montrer l'influence qu'ils exercent sur la question qui nous
occupe aujourd'hui, c'est-à-dire sur le prix de nos bestiaux.
« Vous savez que pendant un certain nombrs d'années, la viande était arrivée
en France à un prix suffisamment rémunérateur, pour que l'agriculture ait pu
considérer ces années-là, comme une période de prospérité. Malheureusement
l'élévation des cours, en favorisant notre commerce national, devenait en même
temps une otîre de prime. pour l'étranger; celui-ci n'a pas laissé échapper l'occa-
sion offerte, et nos marchés envahis par lui ont été promptement engorgés; la
baisse s'est aussitôt établie, et les cours moyens sont tombés de 100 francs et
plus par 100 kilog., à moins de 80 francs; inutile de vous dire que le consomma-
teur n'a profité en rien de cet effondrement.
« Quoi qu'il en soit, le producteur français, atteint dans la meilleure source de
ses revenus, a dû. ralentir ses opérations, et même souvent cesser son élevage;
l'importateur étranger privé de sa prime a disparu à son tour de nos marchés, et
comme conséquence, les prix se sont raffermis; devons-nous considérer cette
situation comme une garantie pour l'avenir? Je réponds non, et mon affirmation
est basée sur la perspective de deux alternatives également funestes ; si les prix
restent ce qu'ils sont, nous continuerons à être ruinés comme nous l'avons été
ces dernières années; s'ils s'élèvent, l'étranger retrouvera sa prime, et viendra de
nouveau nous écraser.
« La situation est donc loin de donner place à des espérances heureuses, et votre
devoir est de contribuer, par tous les moyens possibles, au relèvement de l'indus-
trie agricole.
« Dans vos retraites paisibles, vous n'avez chacun qu'une action isolée, mais
cette action s'étend autour de vous par des rameaux nombreux, et quand elle est
muhipliée par des chiffres mille fois répétés elle prend une importance que per-
sonne ne saurait méconnaître; usez donc de cette action.
« Vous n'êtes pas non plus législateurs, et cependant l'illustre M. Pouyer-
Quertier vous disait il y a deux ans dans cette même enceinte, que vos décisions
pèsent d'un grand poids sur les décisions du législateur français; usez donc de
cette influence législative et administrative.
ce Enfin, et c'est sur ce dernier point que je dois insister aujourd'hui, ne négligez
aucun des moyens de détail qui sont en votre pouvoir, pour apporter votre part
de secours aux détresses de l'agriculture française.
« Parmi les éléments dont vous disposez, vous devez placer au premier rang
le développement du concours des reproducteurs.
« Les concours généraux ont fait la gloire de la grande société anglaise, ils doi-
vent devenir aussi celle de la société française ; votre Section a du limiter son étude
actuelle dans cette grave aftàire à des réglementations absolument générales, par
ce motif qu'il est impossible de savoir aujourd'hui dans quelles conditions se
présentera l'année prochaine l'organisation du concours général ; il était donc sage
de laisser à votre Commission de permanence le soin d'apprécier de quelle façon
vos vœux pourront être réalisés.
« Passons aux détails :
« Sous le rapport des conditions d'âge, votre Section a pensé que la méthode
la plus simple à adopter serait de suivre jusqu'à nouvel ordre les catégories en
usage dans les concours régionaux.
« Relativement aux espèces, une grave lacune existait dans le programme de
vos brevets de monte; c'était l'absence de toute récompense pour les animaux des
espèces ovines et porcines; votre Commission n'avait exclu ces deux espèces que
par suite de l'insuffisance de vos ressources; mais elle admet qu'elles ont leur
place toute marquée dans les concours de reproducteurs.
« La question des races est beaucoup plus délicate ; vous savez, Messieurs,
qu'un reproducteur, pour présenter des garanties sérieuses, doit porter avec lui
308 SOCIÉTÉ DES AGRICULTEURS DE FRANCE.
un titre d'hérédité, et que ce titre ne peut être constaté avec certitude que par
des registres généalogiques; votre Section, tout en admettant ce principe, et tout
en restant décidée à provoquer rétablissement des livres généalogiques, a pensé
qu'actucUament, la question devait être tranchée dans le sens le plus large ; elle
vous propose de conserver en les complétant les catégories de races, adoptées cette
année par le gouvernement.
« Elle vous propose encore plusieurs autres améliorations de détail sur les-
quelles vous allez avoir à voter.
« Mais, Messieurs, ce qui importe par-dessus toute autre chose, c'est de ne pas
laisser languir une institution qui est à peine fondée, et pour cela de ne pas
oublier que vous devez chercher à grossir le budget de votre Société. Votre bureau
a montré, dans ses dernières résclutions, qu'il est décidé à supprimer dans vos
dépenses ce qui serait superflu; pour les recettes, c'est à vous et non pas à lui de
les multiplier; la grande Société anglaise compte, nous dit-on, plus de 30,000 mem-
bres ; la Société française n'en compte pas encore cinq mille ; cependant, Mes-
sieurs, ce qui manque en France, ce n'est ni l'argent nécessaire pour payer des
cotisations de 20 francs, ni la sympathie accordée à l'agriculture ; ce qui manque
simplement, c'est cette initiative par laquelle chacun de vous, s'adressant à ses
amis, leur dirait : il existe une Société des agriculteurs de France, cette Société
remplit une grande mission, acceptez d'en faire partie. Le jour où vous prendrez
tous à cœur ce faible mandat, vous verrez les souscriptions affluer, et votre budget
grossir par enchantement.
« Messieurs, nous lisons dans un livre fameux que l'esprit du mal interrogé
sur son nom, répondait ce mot terrible : « Je me nomme légion ». Eh bien, nous qui
sommes appelés à devenir pour la France les génies du bien, serrons nos rangs
et prenons cette devise.
« L'agriculture a déjà pansé bien des plaies, payé bien des milliards, donné
bien des lois le sang de ses enfants; jamais on ne lui en a tenu compte; malgré
cela restons sans défaillance et poursuivons courageusement notre route ; conser-
vons précieusement nos légendes d'union et de paix, et défendons avec vigueur
les prmcipes tutélaires sous lesquels nous avons toujours été abrités; un jour
viendra ou la société reculera devant les ruines qu'elle accumule sur ses pas, et ce
iour-là elle demandera du secours. Nous prendrons alors le paisible drapeau de
l'agriculture si longtemps méconnu, et le montrant aux populations effrayées,
nous pourrons leur dire avec un légitime orgueil, rassurez-vous, nous sommes
légion. Marquis de Poncins,
Président de la deuxième Section des agriculteurs de France,
membre de la Société nationale.
Voici le texte des vœux présentés à l'assemblée générale :
1"'' vœu. — Que les producteurs mâles des espèces bovines, ovines et porcines
soient admis au concours général de Paris.
2" vœu. — Que la classification générale des races adoptée cette année par le
ministre soit conservée et complétée en y ajoutant le nom de certaines races omises,
notamment celui des races flamandes et d'Aubrac ; que le nombre des récompenses
soit mis en rapport avec celui des animaux présentés.
3* vœu. — Que les divisions d'âge admises dans les concours régionaux soient
appliquées aux concours d'animaux reproducteurs.
4*= vœu. — Que le gouvernement ajoute des primes en argent aux médailles
décernées dans le concours de reproducteurs.
5* vœu. — Que les animaux continuent à être classés par ordre de mérite et
sans qu'il soit tenu compte du nombre de médailles, qui se trouve revenir à
chaque propriétaire.
6« vœu. — Que les animaux achetés à l'étranger, mais possédés par des pro-
priétaires français, soient admis au concours de reproducteurs.
1" vœu. — Que les animaux vendus pendant le concours général de Paris res-
tent quahliés pour les concours régionaux, alors même que la date réglementaire
du 1" février serait passée quand ils entreront dans l'écurie de leur nouveau pro-
priétaire.
8" vœu. — Que les propriétaires, en déclarant leurs animaux, soient tenus
d'indiquer s'ils sont à vendre, et que le catalogue porte la mention à Vendre, pour
tous ceux qui ne sont pas réservés.
9'^ vœu. — Qu'une vente facultative aux enchères publiques soit organisée à là
fin du concours.
SOCIÉTÉ DES AGRICULTEURS DE FRANCE. 309
10'' vœu, — Que le Conseil de la Société des agriculteurs de France transmette
les vœux ci-dessus, d'une part au ministère de l'agriculture, et d'autre part à la
Commission de permanence de sa 2* Section.
Ces vœux, mis aux voix, sont adoptés àrunanimité.
Sur le rapport de M. Boucher d'Argis, la Société émet un vœu en
faveur du maintien du décret du 18 février 1881, sur la proliibition
d'importation des viandes de porc d'origine américaine. Cette dis-
cussion donne lieu aune intéressante communication de M. H. Bouley.
L'honorable inspecteur général des écoles vétérinaires rappelle que la
trichinose a jusqu'ici fait plus de peur que de mal en France; nous
sommes préservés contre ses atteintes par nos habitudes culinaires
qui sont le meilleur préservatif. L'inspection microscopique de toutes
les viandes importées est un problème insoluble. M. Bouley rappelle,
en outre, les expériences qu'il poursuit relativement à l'action du froid
sur les trichines, et dont les premiers résultats permettent d'espérer
qu'on y trouvera une nouvelle méthode de préservation.
L'industrie sucrière n'a pas pu ou su profiter du large dégrèvement
des sucres opéré en 1881, qui a presque tout entier profité au com-
merce étranger. C'est un fait douloureux qu'il faut constater, sans
espérer que les relèvements de tarifs douaniers y apporteraient un
remède. C'est cependant cette dernière solution que M. Jacquemart
propose à la Société des agriculteurs de France; elle est d'ailleurs
accueillie favorablement. Après une discussion à laquelle prennent
part MM. Fernand-Raoul Duval, Amelinede la Briselainne, Delacour,
de Roys, deux vœux sont adoptés : 1" que le gouvernement veuille
bien porter son attention sur la situation de la sucrerie indigène et
coloniale qui est très menacée, et sur les moyens d'y remédier; 2" que
la surtaxe douanière sur le sucre brut soit portée à 7 francs par quintal
métriqua.
Séance du 5 février. — Une longue discussion à laquelle prennent
part MM. Dudoiiy, de Salvandy, Jules Maistre, etc., s'engage sur les
tarifs de chemins de fer. Elle se termine par un vœu tendant à demander
l'adoption, sur tous les réseaux, des nouveaux tarifs proposés par les
compagnies de Lyon et de l'Est, sous la réserve toutefois qu'il n'en
résultera aucun relèvement dans les prix de transport des denrées
agricoles ou utiles à l'agriculture.
Sur le rapport de M. d'Aillières, une médaille d'or est décernée
à M. le colonel Basserie pour son système de drainage des écuries et
des élables, que le Journal a précédemment signalé.
M. le comte de Luçay donne lecture d'un rapport sur la question
des octrois. Les conclusions de ce rapport, qui sont adoptées, sont les
suivantes :
« La Société des agriculteurs de France, saisie de l'examen de la question des
octrois, sans méconnaître les avantages que l'agriculture pourrait retirer dans une
certaine mesure de leur suppression, estime que, conformément à l'opinion
exprimée par la Commission supérieure de l'enquête agricole, dans sa séance du
10 décembre 1869, il ne saurait y avoir lieu, dans l'état de notre système admi-
nistratif et financier, de demander au gouvernement la suppression des octrois
municipaux. Elle serait portée à craindre, en effet, que le remplacement des
254 mihions net que les droits sur les consommations locales produisent actuel-
lement aux 1,536 communes qui les perçoivent, ne fût pas susceptible d'être
complètement opéré à l'aide de taxes directes ou autres, portant exclusivement
sur les habitants des lieux soumis à l'octroi, mais dut être également demandé
pour une large part à un prélèvement sur les impôts généraux qui frappent
310 SOCIÉTÉ DES AGRICULTEURS DE FRANCE.
Tensemble des consommateurs français. Elle ne saurait d'ailleurs perdre de vue
que la proposition de loi soumise le 22 janvier 1880 à la Chambre des députés, et
tendant à autoriser les communes à transformer leurs octrois en taxes directes,
a pour but avoué, d'après ses auteurs, de provoquer, à Paris notamment, un
afilux de population et un développement de fabrication énormes. Elle considère
toutefois que te double intérêt du producteur et du consommiiteur exige que la
taxe d'octroi ne soit qu'une fraction minime du prix de la denrée assujettie; que la
stricte équité réclame eu outre que l'industrie agricole se trouve traitée d'après
les mêmes principes que toutes autres devant cette taxe.
« En conséquence, elle croit devoir signaler à l'attention du gouvernement et
"des Chambres la regrettable progression des octrois dans la dernière période décen-
nale, progression (|ui a été supérieure à 25 pour 100, en même temps q'je la
nécessité, pour y porter remède, d'une réforme législative qui aurait pour objet :
« 1" De conférer aux maxima inscrits au tarif général de 1870 un caractère
désormais obligatoire, et de retirer ainsi à une simple délibération de Conseil
général le pouvoir qui lui appartient actuellement en fait, d'autoriser une Com-
mune, soit à dépasser ces maxima, soit même à assujettir à la taxe une denrée
qui ne se trouve pas inscrite au tarif général ;
a 2'^ De déclarer ledit tarif applicable à la ville de Paris.
a 3" Et de décider qu'aucune création d'octroi ne sera autorisée qu'autant que
les frais de perception de cet octroi ne dépasseraient pas le cinquième de son
produit.
« Elle insiste également pour que les dépendances rurales, détachées de ^'agglo-
mération principale, ne puissent jamais être englobées dans le périmètre de l'octroi.
Cette exclusion en faveur de lagriculture, déjà édictée autrefois par l'ordonnance
réglementaire du 9 décembre 181^, a fait l'objet d'un vœu spécial de la com-
mission supérieure de l'enquête agricole et de la Société des agriculteurs de France
elle-même dans ses deux dernières sessions. »
Séance du 6 février. — Sur la proposition de M. Dudoiiy, la Société,
revenant sur la question de chemins de fer, émet le vœu que tous les
produits chimiques pouvant servir à la fertilisation du sol, expédiés
séparément ou à l'état de mélange, soient classés sur tous les réseaux
dans la catégorie des engrais, et jouissent des abaissements de tarifs
accordés aux engrais dénommés.
Après un rapport de M. de Lavalette sur un concours d'apiculture,
M. de Salis rend compte des expériences de hache-maïs qui ont eu lieu
à Sainte-Menehould. Nous avons décrit ces expériences, et no us n'avons
pas à y revenir aujourd'hui.
Les vœux relatifs aux dégrèvements viennent ensuite en discussion.
Sur le rapport de M. Josseau, les résolutions suivantes sont votées :
« La Société, considérant que, quelque soit l'état de nos fmances, elle
a le devoir impérieux, en présence de la législation douanière de ne
jamais perdre de vue les légitimes réclamations de l'agriculture pour
obtenir le dégrèvement des charges qui élèvent le prix de revient des
denrées alimentaires, renouvelle ses demandes antérieures : V dégrè-
vement de l'impôt foncier en faveur de la propriété non bâtie;
2" réduction à 2 pour 1 00 du taux des droits sur les ventes mobilières,
des droits de mutation entre vifs pour les immeubles à titre onéreux.
3° réduction des droits d'enregistrement. Ces dernières demandes
seront complétées par un dernier vœu : que le gouvernement ne pro-
pose aux Chambres aucune réduction d'impôt avant d'avoir obtenu les
dégrèvements qui précèdent. »
La session se termine par le renouvellement de plusieurs vœux sur
la suppression des surtaxes dont sont frappés les transports des pro-
duits iigrieoles en grande vitesse, sur la culture du tabac et sur la
répression des fraudes dans le commerce des engrais.
Au cours de la session, il a été donné lecture du résultat des
SOniI^:TÉ DES AGRICULTEURS DE FRANCE. 311
élections pour la nomination du bureau et du Conseil d'administration.
Les anciens membres ont été réélus, et pour remplir deux places
vacantes dans le Conseil, les suffrages se sont portés sur M. de laMas-
sardière, président du Comice de Châtellerault (Vienne), et sur M. Gréa,
de Rotalier (Jura), l'un et l'autre lauréats de la prime d'honneur.
Henry Sagnier.
LA RECOLTE DU BLÉ EN ANGLETERRE EN 1882
Peu de personnes penseraient que le rendement de certains lots
d'expériences sur la culture continue du blé pourrait fournir des
résultats permettant d'établir le rendement moyen de la récolte en
Angleterre. C'est cependant sur cette base que, depuis vingt ans_, j'ai
estimé et publié chaque année le rendement moyen du blé et la quan-
tité de blés étrangers dont aurait besoin la consommation du pays.
Nous devons au major Cragie, secrétaire de la Chambre centrale
d'agriculture, d'avoir établi au moyen de 800 réponses que le rende-
ment du blé en 1882, en Angleterre, était de 24 hectolitres par hectare.
Or, l'automne dernier, d'après le produit de cinq expériences faites à
Rothamsted, j'ai publié que le rendement du blé en Angleterre était
de 23''. 89 par hectare. Mon approximation est plus près de la vérité
que je n'aurais osé le dire.
D'après cela, notre récolte de blé nous fournira de 26 à 29 millions
d'hectolitres de blé pour la consommation de l'Angleterre jusqu'au
31 août prochain. L'étranger aura à nous fournir 43 millions d'hecto-
litres. Mais si les importations continuent sur la même échelle que
pendant la fin de l'année 1882, nous recevrons plus de 60 millions
d'hectolitres. Aussi, il faut supposer que le prix des blés ne haussera
point.
Aussitôt que le temps va le permettre, les fermiers vont considérer
quelles céréales ils vont semer. Bien qu'à l'automne l'humidité
continue ait empêché de semer autant de blés qu'il aurait pu être
désirable, il ne faut pas oublier que les blés de printemps sont très
précaires, que pour leur ensemenceme.it la terre doit être dans de
meilleures conditions qu'à l'automne. En effet, la période de quatre à
cinq mois, entre la semaille des blés à l'automne et celle des blés de
printemps, a été employée par la plante d'automne à étendre ses
racines dans diverses directions du sol. Par ce travail, la récolte
prend une nourriture qui la rend moins dépendante des engrais pro-
venant des sources extérieures. J,-B. L.4.wes,
Membre étranger de l;i Socicté nationale d'agriculture.
PISCICULTURE
LE PISCICULTEUR PRINCE DE BISMARK.
Le fait suivant reproduit dans la chronique scientifique de V Indus-
trie ZeitHng,ïu.n des journaux de pisciculture de la Prusse, confirmera
dans toute son actualité la profonde vérité de cette parole que : pré-
voir, c'est savoir.
Lorsque dans le n" 160 du t. II de 1872, nous faisions part de nos
tristesses aux lecteurs du Journal en leur apprenant le sort que nos
malheurs venaient de faire subir à notre établissement de pisciculture
de Huningue, nous étions loin de nous douter que, à si bref délai, la
justice nous ferait un devoir de constater de pareils résultats.
312 PISCICULTURE.
Nos voyages en Allemagne nous avaient bien mis à même de sui-
vre, jusque dans l'enseignement de la pisciculture, les progrès qui s'y
faisaient sous cette entliousiaste pression partant d'en haut, et les
splendeurs de l'exposition de Berlin dans cette partie de la piscicul-
ture appliquée, ne nous surprirent qu'à demi ; mais le but atteint,
avouons franchement qu'il a dépassé nos prévisions, et que, quelle
que soit l'amertume de nos souvenirs personnels, ils ne sauraient
être trop mis en lumière.
On sait qu'après le traité de Francfort, M. de Bismark, dans l'orga-
nisation administrative de la nouvelle Reichsland, prit tout spéciale-
ment dans sa chancellerie notre ancien établissement de pisciculture
qui devint, dès ce moment : Die Kaiserliche Fischzacht Deulchlands.
Un personnel scientifique et pratique lui fut donné, et l'on reprit
l'idée où, malheureusement, Coste, en 1862, l'avait abandonnée,
c'est-à-dire à coté de la vulgarisation par l'œuf, sur la plus grande
échelle, celle de l'introduction des espèces exotiques.
Dans le n''532 et suivants du Journal en 1879, nous avons mis les
amis des poissons au courant des magnifiques résultats qu'on y obte-
nait avec le Quinnat et le Fontinalis, résultats qui ont eu depuis un si
grand et légitime retentissement dans toute notre Europe.
Le tout puissant homme d'Etat ne dédaigna pas d'y mêler même ses
consuls, et ce fut par un envoi d'œufs de celui de San-Francisco, que
s'y firent les premiers essais dont nous venons de parler.
Cette sympathie si subite de nos voisins pour la pisciculture, n'avait
d'abord eu à nos yeux que l'honneur d'une succession facile à re-
cueillir. Nous ne reviendrons pas sur des poins tant de fois, ici même,
traités par nous : cause plaidée, jugée, laissons-la au passé, et regar-
dons le présent, ce vrai semeur de l'avenir 1
Or quel est ce présent ?
Il est tel que, dans tel district des bords du Rhin, dont nous avons
parlé, l'application de la-pisciculture, jointe à son enseignement, y a
plus que vingtuplé le produit des eaux.
Pour du général passer au spécial, voici le fait auquel nous avons
plus haut fait allusion, et dans lequel M. de Bismark nous prouve qu'il
n'a pas cru déroger, en plaçant le profit à côté de l'honneur.
On traitait devant lui de l'application des forces électriques à la
navigation des ileuves et les systèmes de MM. Reckenzaum, Sellon,
W. Siemens étaient critiqués ou approuvés tour à tour. Dans toutes
les marines, il se fait en ce momient de grandes études pour la direc-
tion des torpilles par les savants dont nous venons de citer les noms,
incident qui nous expliquerait peut-être le double intérêt que portait à
cette direction le chancellier allemand.
Par un de ces mots à l'emporte-pièce qui lui sont si familiers dans
ce langage à tair bonhomme et sans façon, le chancelier mettait tout le
monde d'accord en disant comment il comprenait cette question du
régime et de l'utilisation des eaux dont partout on parlait tant.
Avant 1870, les eaux de ses domaines ne lui rapportaient que quel
qnes cents mark; aujourd'hui elles lui en rapportent, grâce à la pisci-
culture, plus de 50,000; soit environ 60,000 francs ! Comme Voltaire
avait deviné et nous avait bien peint ce monde d'outre-Rliin, à com-
mencer par son illustre ami, le philosophe couronné!
Ciiabot-Kaulen.
l'agriculture en ALSACE EN 1882. 313
L'AGRICULTURE EN ALSACE EN 1882^
Si de l'état de développement de l'œuvre de propagande que nous avons entre-
prise il y a huit ans et que depuis ce moment nous ne cessons de soutenir et
d'encourager, l'on voulait juger par le nombre des concurrents que vous voyez
aujourd'hui réunis dans cette enceinte, on aurait une idée peu favorable des
résultats que nous avons déjà obtenus ainsi que de ceux que nous réserve l'ave-
nir. En etîet, si vous comparez l'aflluence des cultivateurs qui dans les années
1877, 1878 et 1879 sont venus en rangs serrés assister à nos assemblées géné-
rales pour recevoir les primes que leur ont values leurs belles cultures d'orge
Chevallier et écouter les instructions sur les meilleurs procédés culturaux, avec
le nombre extrêmement limité de lots que nous avons pu admettre au concours,
vous croiriez plutôt à un recul qu'à une marche en avant. Mais, rassurez-vous,
messieurs, l'arrêt n'est qu'apparent et la modestie bien réelle de notre concours
d'aujourd'hui tient à des causes exceptionnelles.
Vous, messieurs de la campagne, qui pratiquez la culture, qui suivez et diri-
gez constamment les travaux des champs, mieux que personne vous savez quelle
influence l'été froid et pluvieux a exercée sur tous les produits de la terre, mais
en particulier sur les céréales, les pommes de terre et le raisin. Cette influence
a été tellement pernicieuse pour 1 orge, que la Commission a dû se demander
si, en conscience, elle pourrait ouvrir le concours; et ce n'est qu'après s'être fait
présenter des échantillons et s'être convaincue par cette expertise préalable qu il
a été récolté néanmoins des orges de qualité, qu'elle s'est décidée à inviter les
propriétaires d'un certain nombre de lots à soumettre leur récolte à un examen
approfondi. Des expérimentateurs de la première heure, des cultivateurs qui figu-
raient régulièrement aux premiers rangs de nos listes de prix, des praticiens qui
connaissent et appliquent parfaitement les procédés de culture que réclame
l'orge Chevallier n'ont pas osé affronter la lutte, ne voulant pas apporter un grain
de qualité inférieure à ce qu'ils nous présentaient tous les ans. Noblesse oblige !
D'un autre côté, ladécision qu'a prise la Commission l'année dernière, et qui, en
élevant le poids minimum de chaque lot de SOI» à 600 kilog. a pour objet de
pousser à la culture en grand en admettant la quantité comme facteur donnant
droit à prime, a aussi écarté un certain nombre de concurrents de petite et de
moyenne culture. Enfin, un certain nombre de grands cultivateurs et de chefs
d'exploitation, qui, depuis plusieurs années, cultivent l'orge Chevalher à l'exclu-
sion de l'orge du pays, nous envoient leur grain coramme marchandise commerciale,
mais ne prennent plus part au concours.
Malgré l'infériorité en nombre du concours de 1882, il porte néanmoins un
enseignement et un enseignement de haute valeur : c'est que, toutes choses égales
d'ailleurs, l'orge Chevallier est supérieure en qualité à l'orge du pays. Aussi la
Commission du concours, loin de se décourager, a résolu d'imprimer une nouvelle
impulsion au mouvement de propagande de la culture de l'orge Chevallier en fai-
sant venir directement de l'Angleterre du grain de première qualité, pour l'oflVir
comme semence aux cultivateurs; et afin de rendre ce renouvellement de la
semence accessible à la petite et à la moyenne culture, la Commission cédera la
semence, à ceux qui en feront la demande, contre un engagement dûment con-
tracté de nous livrer, après la récolte, un poids de grains bien conformés et bien
nettoyés égal à celui que nous aurons nous-mêmes fourni. La Commission prend à
sa charge la différence, qui pourra être fort importante, entre le prix des deux
marchandises. Je ne puis aujourd'hui qu'annoncer la résolution, les détails de
Texécution ne devant être réglés qu'après la réception de l'orge anglaise.
L'hiver relativement doux de 1881-1882 avait fait naître les plus belles espé-
rances pour les produits de l'année. Les travaux de l'automne et ceux du printemps
avaient été exécutés dans des conditions normales et les blés d'biver avaient
partout bonne apparence. On entendait, il est vrai, par-ci par-là quelques
plaintes :'chez les uns les campagnols et les mulots continuaient leurs ravages et
menaçaient de compromettre les récoltes; chez les autres, une sécheresse persis-
tante avait tari grand nombre de sources et causait de vives inquiétudes en ajou-
tant aux difficultés créées par la pénurie du fourrage. Ces dernières craintes
étaientsérieuses et fondées. En eftet, les trois premiers mois de l'année 1882 ne
nous ont donné qu'une quantité insignifiante de 31'"'". 35 d'eau de pluie, contri
1. Rapport présenté à la Société d'agriculture de la liasse-Alsace, le 11 décembre 1882'
314 L'AGBIGULTURE EN ALSACE EN 1882.
une moyenne générale de 0'".200. La vigne et les arbres fruitiers promettaient
beaucoup : les vides causés par le froid rigoureux de l'hiver 1879-1880 étaient en
partie comblés ; les sarments fructifères de la vigne étaient bien aoûtés et les
branches fruitières de nos vergers, de nos espaliers et contre-espaliers, couvertes
d'abondants boutons. Ces heureuses dispositions se sont maintenues jusque vers
la mi-avril, qui nous a apporté une série de cruelles déceptions. Dans la matinée
du 12 avril 1882, la campagne était englobée dans un épais brouillard, avec un
froid de — 6". 4. Quelle triste mine faisaient ce jour les arbres en pleine iloraison !
La vigne n'avait pas encore débourré et paraissait moins atteinte ; mais pen-
dant quatre nuits consécutives, le thermomètre est descendu au-dessous de zéro,
et, dans les bonnes expositions, les boutons étaient déjà assez gonflés pour faire
naître de légitimes craintes. Mais c'est surtout l'abaissement de température qui
s'est produit vers la mi-mai qui a causé un dommage sérieux à un grand nombre
de vignes de nos jardins et même à celles qui recouvrent nos coteaux. Enfin, à
partir du 18 mai, la température s'est relevée, lentement il est vrai, mais d'une
manière continue. Nous n'avons plus eu de gelée blanche. On pouvait dès lors
mesurer l'étendue du mal occasionné par les froids tardifs. La production frui-
tière s'est trouvée anéantie d'une manière complète dans bon nombre de localités ;
ailleurs, grâce à des abris naturels, elle a échappé partiellement au désastre ; enfin,
les essences à floraison tardive, les pommiers, les quetschiers portaient des fruits
noués et bien sains. Les noyers, à quelques exceptions près, ont eu leur&
premières pousses complètement atteintes et ne montraient plus vestige de fruits.
Quant à la vigne, tout espoir n'était pas perdu : elle pouvait encore donner une
récolte assez lucrative. Malheureusement avec la fin du mois de mai nous
sommes entrés dans une période où les conditions climatériques les plus défavo-
rables se sont réunies pour compromettre les produits divers et détruire une à
une les belles espérances que le réveil de la végétation avait fait naître au com-
mencement du printemps. La sécheresse de l'hiver a cédé la place à un temps
humide et froid. La floraison de la vigne s'est effectuée lentement et dans de
mauvaises conditions ; de là la covilure et l'avortement d'un grand nombre de
grains. Les autres cultures ont également subi l'influence de cette situation.
Les températures moyennes calculées sur une longue série d'observations sont
pour les mois delétéà Strasbourg : juin, lb".0 ; juillet, 19". 5; août, 18". 7. Celles
déduites des observations de 1882 s'établissent comme suit : juin, 15". 7 ; juillet,
17". 87 ; août, 16". 68, avec des différences en moins de 2". 28 pour juin, de J"G7 pour
juillet, et de 1".92 pour août.
Les moyennes des hauteurs d'eau qui tombent à Strasbourg pendant les
mêmes mois sont: juin, 76""".4; juillet, 82'""". 4; août, 74'"'". 3; ensemble, 233'""M.
En 1882 on a consiaté pendant les mêmes mois Âes hauteurs suivantes : en juin,
120""". 30; en iuillet, 143'"'".35 ; en août, 80'""'. 45; total, 344'"'". 10 ; soit une
différence en plus de 113™"\ Il n'est donc pas étonnant que les récoltes prin-
cipales aient souff'ert d'un concours de circonstances aussi peu favorables à leur
production. Parmi ces récoltes, les pommes de terre et le raisin ont peut-être le
plus souff'ert : grâce à l'excès d'humidité, la maladie de la pomme de terre s'est
développée d'une manière effrayante ; un grand nombre de tubercules ont pourri
en terre et ceux qui ont échappé à l'altération morbide sont de mauvaise qualité.
Pour la vigne, le résultat n'est pas meilleur : jamais on n'a vu autant de fléaux
divers s'abattre sur la plante que cette année : oïdium, anthracnose, mildew, etc.
Les fruits mêmes n'ont pas pu acquérir le parfum, la saveur qui leur sont ha-
bituels et les variétés d'automne el d'hiver se conservent moins bien que les
autres années. Tel est, grosso modo, le bilan de la production de l'année, bilan
peu réjouissant et qui imprimera aux récoltes de l'année 1882 un cachet de
funeste mémoire. Wagner,
(La suilu pruchaniciiwril). secrétaire de la Société d'agriculture de la Basse-Alsace.
REYUE COIBIERCIALE ET PRIX COURANT DES DENRÉES AGRICOLES
(24 FÉVRIER 1883).
I. — Situation générale.
Depuis huit jours, les ventes ont été assez actives sur la plupart des marchés.
Les offres sont abondantes pour le plus grand nombre des denrées agricoles.
■ II. — Les grains et les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par quintal métrique,
sur les principaux marchés de la France et de l'étranger :
REVUE COMMERCIALE ET PRIX r.OQRANT (24 FÉVRIER 1883). 315
1" nÉoioN. -
- NORD. OUEST.
Blé.
fr.
23.00
Seigle.
Orge.
fr.
17 50
Avoine.
fr.
18 00
Calvados. Condé
t i.25
— Caen
2:î.50
»
18.25
19.50
Côl.-du-Nord. Pontrieux
23 50
16. SO
15.7»
16.50
— Tréguier
23.25
20.00
15. 2i
l(i.75
Finistère. Morlaix
25.50
»
l'i.OO
H. 75
— Ouimper
23.50
16.00
16.25
16.00
lUe-et- Vilaine. Kennes.
25.50
»
15.50
17.50
— Fougères...
2't.25
II
))
16.50
Manches. Avranches...
26,00
»
18.50
20 . 50
— Pontorson
26.25
»
18.25
20.00
— Villedieu
26.00
18.25
18 50
20.25
Mayenne. Laval
25.75
»
15. 50
»
— Chiteau-Goutier.
25.00
16 00
16.50
17.25
Morbihan. Hennebont..
23.00
!6.25
,)
20.00
25.50
2 i 7 5
16.50
16.50
17.50
IS.OO
19.25
— Séez
'17.50
Sarthe. Le Mans
25.60
15.75
16.50
21.00
— Mamers
25.50
»
17.50
17 00
Prix moyens 24. 7i 16.60
2" RÉGION. — NOUD.
Aisne. Soissons 23.00 tô.25
— Saint-Quentin... 2i.00 »
— Château-Thierry. 22.50 15.25
Eure. Evreux 23.70 i4.00
-7- Bernay. 24.20 14.75
— Neubourg 23 50 14.00
Eure-et-Loir. Chartres.. 24.25 16 00
— Auneau 23.20 14-00
— Nogent-Ie-Rotrou. 26.00 »
Nord. Cambrai 25.00 15.50
— Douai 24.00 15.50
— Valenciennes 27.00 16. 50
Oise. Beauvais 23.00 14.25
— Compiègne 22.00 15.50
— Noyon 24.25 15.00
Pas-de-Calais. Ama... 26.50 15.50
— Douilens 25.75 14.70
Seine. Paris 25.35 15.35
S.-el-Mar. Meaux 23 . 50 »
-- Danamartin 22.00
— Provins 25.00
S.-et-Oise. Etàmpes 23.75
— Pontoise 23.50
— Versailles 23.00
Seine-Inférieure. Rouen. 24 . 25
— Dieppe 24.00
— Yvelot 22.25
Somme, .\miens 26. 00
— Péronne 22.75
— Roye 22.50
Prix moyens 23.94
16.83 18.37
14.50
15.50
17.00
15.20
15.50
14.00
14.00
14.00
15.00
18.49 17.26
V RÉGION.
Ardennes. Charleville. .
— Sedan
Aube. Bar-sur-Aube
— Troyes
— Nogent-sur-Seine.
Marne. Chalons
— Sezanne
— Reims
Ilte-Marae. St-Dizier...
.\feurlhe-cl-Mos. Nancy.
— Lunéville
— Toul
Meuse. Bar-le-Duc ... ..
— Verdun
Haute-Saône. Gray
— Vesoul
Vosges. Kpinal
— Mirecourt
NOBD-EST.
24.25
23.25
22.75
23.80
24 00
23.00
23 . 00
22.75
23.00
24.00
23.50
23.50
23.15
23.00
23.00
23.00
24 . 00
23.25
15.25
16.25
14.50
15.50
15.00
15 85
15.00
15.25
14.50
16.00
16 2i
16.00
15.00
15.25
15.00
16.00
15.00
16.50
17.00
Prix moyens 23.34 15.65 17.31 16.91
4° RÉGION.
CVtarenie. Angouléme. . . '.
— Ruffec :
CImr.-Infér. LaRockelie :
JJeux-Shvres. N'iorl
Indre-et-Loire, hlévé.. .. '
— Tours . :
Loire-Inf. Nantes ;
M.-et-Loire. Saumur. .. '.
— Angers •
Vendée. Luçon ■,
— Fonteniy-I. -Comte '.
Vienne. Poitiers ;
— Chatellerault ;
/yau<e-Kie/ine. Liu'oges.. '.
OUEST.
Prix moyens.
.30 16.72 13.47 17.67
Allie
Cher.
•■ Montlugon 24.00
Gannat 25.75
Saint-Pourçain.. . 26.00
Rourges •.>3.75
— Oraçay 25.20
— Vierzon 21;. 00
Creuse. Auhaisou 25.00
Indre. ChAteauroux 25.00
— Issoudun 25.00
— Valençay 24.25
Loiret. Orléans 25 00
— Montargis 24. 00
— Pithiviers 24.25
L.-el-Chcr. Montoire..,. 24.25
— Rotnoranlin 24.50
Nièvre. Nevers 23. 50
— La Charité 21.25
Vonne. Erieaon 24.00
— Tonnerre 22.25
— Sens 2i.oo
- tE.\TRF.
Blé. Seigle.
fr.
15.00
16.00
14.25
15.50
15 00
16.50
14.50
14.50
16.75
15 6U
14.50
14.50
»
15.50
14.25
13.25
15.00
Orge.
fr.
18.50
19.00
18.00
18.75
19.25
18.75
18.25
18.00
I!) 25
17.50
17 65
19.00
17 00
16.60
16.00
16.75
Avoine.
fr.
17.25
1 7 . 20
17.00
16.00
15.80
17.25
18.00
17.50
16.75'
17.50
»
17,20
18.35
17.50
17.50
17.00
16.75
18.50
16.25
17.00
U.02 17.20
16.50
»
17.59
15.50
1)
17.50
15.50
17.00
16.00
16.25
»
»
16.75
a
»
13.75
14.25
16.75
17.50
14.85
16.00
16.00
»
18.S5
i>
16.00
17.50
18.00
15.25
18.10
18.50
16.00
16.50
17.50
17.00
18.00
18.25
»
»
18.75
»
»
18.50
17.31 17.55
Prix moyens 24.34 14.97
6' RÉGION. — EST.
Ain. Bourg 05.00
— Pont-de-Vaux. . . . 25.00
Côle-d'Or. Dijon 22.00
— Beaune 2'i.09
Doube. Besançon 23.85
Isère. Grenoble 25.00
— Bourgoin 24.25
Jura. DôIe 23.00
Loire. Roanne 24.50
P. -de-Dôme. Cl.-Ferrand 25.50
Rhône. Lyon 24.75
Saône-el- Loire. Chalon.. 24.50
— Louhans. ....... . 25.25
^■avoie. Chambéry 25.75
//^«-.Sayoie. Annecy 26.50
Prix moyens 24.59 15.62
7' RÉGIO.N. — SUn-OUEST.
Ariège. Pamiers 27. 25
— Foix 27 20
Z)ordog(ie. Bergerac 27.50
///e-Garo«ne. Toulouse. 27.75
— St-Gaudens 25.75
Gers. Condom 27.00
— Eauzé 26.20
— Mirande 25 75
Gironde. Bordeaux 23.00
— La Réole 26.50
Landes. Dax 28.50
Lot-et-Garonne. Agen... 27.25
— Nérac 27.50
B. -Pyrénées. Rayonne.. 28.25
IKes-Pyrénées. Tirbes.. 28.00
Prix moyens 27.23 18.23 18.93 19.58
8' RÉGION. — SUD.
,4u(i(). Carcassonne 27.00
— Casteinaudary 27.25
Aoeyron. Villefranche., 25.50
Cantal. Mànnuc 25.35
f'o/'>'c;e. Luberzac 25.50
Hérault. Cette 27 . 00
— Montpellier 27.00
Lot. Cahors 26.50
Lozère. Mende 27.25
P(/j'en«es-Oc. Perpignan. 27.75 20.00 25.00
7'arn. Castres 27.25 18.00 »
Varw-e^-^a»-. MontauDan 26.85 17.00 19.50
17
.00
20
.00
17
.25
19
75
17
50
18
50
19
.50
17
00
19
15
19
.00
16
80
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00
50
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»
21
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»
13
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00
19
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18
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19
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21
00
19
50
19
50
18
75
18.50
22.20
18.00
17. 'J
17.50
2). 00
18.75
18.25
17.50
17.50
18.50
19 00
18.50
17.00
22.10
18.50
»
18.00
18.20
17.50
18.40
20.50
20-25
Prix moyens 26.69 18.56 19.38 18 90
9' RÉGION. — SUD-EST.
Basses-Alpes. Manosque 28.00 »
Hautes- Alpes. Briançon. 27.90 17.75
Alpe.s-Maritimes. Ca.nnis 27.50 18.00
/l>'d('c/ie. Privas 26.80 19.45
B.-du-Rhône. Arles.... 28.25 »
Z)c(iMe. Montélimar 24.50 18.00
Gard. Alais 28.25 »
Haute-Loire. Brioude... 25.00 18.75
Kac. Saint-Maximin 2-Î.50 ■)
Kai(ciu«e. Avignon 26.00 »
Prix moyens 27.07 18.39
Moy. de toute la France 25.25 16.63 18.11
— de la semaine précéd. 25. 10 16.36 17.97
Sur la semainejHausse. 0.15 0.27 0.14
précédente..) Baisse.. » » »
18.50
17.40
16.85
17.75
18.20
22.00
18.25
18.75
19-00
18.00
20.00
20.25
17.00
19.00
18.75
19.10
18.06
17-94
0.12
316 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
Blé. Seigle. Orge. Avoine,
fr. fr. fr. fr.
,, . . ., < blé tendre... 27.25
Algérie. ^'g^'] blé dur 2.^. .50 » 17.00 16. bO
Angleterre. Londres 26.50 >> 19.50 20.00
Belgique. Anvers 24.00 17.75
— Bruxelles 24 05 16.25 » »
— Liè^e 24.25 17.00 19.25 17.25
— Nanuir 23.00 15.50 20.00 15.00
Pays-Bas. Amsterdam 24.15 17.10 » »
Luxembourg. Luxembourg 24.50 19.00 » 17.25
Alsace-Lorraine. Strasbourg 25.25 18.25 1G.75 17.25
— Mulhouse 23.25 10.25 17.00 18.00
— (Jolmar 24 55 18.00 17.50 1G.75
Allemagne. Berlin - 23.50 17.10 » »
— Cologne 24.35 18.10
— Hambourg 22.85 1(3.60
Suisse. Genève 27 25 » » 22.50
Italie. Milan 24.00 18.50 » 17.50
Espagne. Valladolid 24 . 50 » »
Autriche. Vienne ... 20.00 15.25 16.50 14.00
Hongrie. Budapesth 20.50 15.00 16.25 13 75
Russie. Saint-Pétersbourg.. 20.00 15.25 » 12.50
Etats-Unis. INew-York 24 . 35 » » »
Blés. — Il y a eu, depuis huit jours, des affaires plus actives sur les plus
grand nombre des marchés. Les offres en blés indigènes continuent à être assez
abondantes ; les prix présentent, dans la plus grande partie des départements, une
plus grande fermeté, principalement pour les belles qualités. Ce fait tient surtout
à ce que les cultivateurs commencent à éprouver des craintes sérieuses sur l'avenir
des prochaines récoltes ; les semailles n'ont pu s'effectuer que dans des proportions
limitées-, la levée a été entravée dans beaucoup de localités par les mauvais temps,
et l'on commence à craindre que les semailles de blé de printemps ne puissent
s'effectuer dans de bonnes conditions. — A la halle de Paris, le mercredi 21 février,
les ventes ont été comme précédemment, assez calmes ; mais il y a beaucoup de
fermeté dans les prix. On cotait de 24 fr. 25 à 26 fr. 50 par 100 kilog. suivant les
qualités; le prix moyen s'est fixé à 25 fr. 35. Sur le marché des blés à livrer, on
cote : courant du mois, 26 fr. 25 à 26 fr. 50; mars, 26 fr. 25 à 26 fr, 50; mars
et avril, 26 fr. 50 à 26 fr. 75; quatre mois de mars, 27 fr. à 27 fr. 75; quatre mois
de mai, 27 fr. 75 à 28 Ir. — Au Havre., les prix accusent beaucoup de fermeté
pour les blés exotiques; on les paye de 2^^ à 28 fr. 50 par 100 kilog. suivant les
qualités. — A Marseille, les ventes ont été assez actives depuis huit jours, et les
prix accusent beaucoup de fermeté. Les arrivages de la semaine ont été de
133, COO quintaux environ; le stock est actuellement de 24 1,000 quintaux dans les
docks. Oq paye par 100 kilog. : Red-winter, 28 fr. 25 à 28 fr. 50; Berdianska,
27 fr. 50; Marianopoli, 26 fr. 50; Bessarabie, 24 fr. 50 à 25 fr. 50; Pologne,
24 fr. 50 à 26 fr. 25; Azima, 24 à 26 fr. — A Londres, les importations de blés
étrangers ont été de 92,600 quintaux depuis huit jours; il y a peu d'affaires,
mais les prix sont en hausse. On cote de 25 fr. 35 à 28 fr. par 100 kilog. suivant
les qualités et les provenances.
Farines. — Il y a plus de fermeté dans les prix des farines de diverses sortes,
surtout pour les farines de consommation, pour lesquelles les demandes sont
plus actives. On paye ces dernières à Paris : marque de Gorbell, 62 fr.; marques
de choix, 62 à 64 fr.; bonnes marques, 58 à 60 fr.; sortes ordinaires, 56 à 57 fr.,
le tout par sac de 159 kilog. toile perdue ou 157 kilog. net, ce qui correspond aux
prix extrêmes de 35 fr. 65 à 40 fr. 75 par 100 kilog. ou en moyenne 38 fr. avec
une hai'sse de 0 fr. 40 sur le prix moyen du mercredi précédent. Pour les farines
de spéculation, on cotait à Paris, le" mercredi 21 février au soir : farines neuf-
marqnes, courant du mois, 59 fr. 75 à 60 fr.; mars, 60 fr.; mars-avril, 60 fr.
à 60 fr. 25; quatre mois de mars, 60 fr. 25 à 60 fr. 50; quatre mois de mai,
61 fr.; le tout par sac de 159 kilog. toile perdue ou 157 kilog. Mêmes cours que
précédemment pour les autres sortes. On paye les gruaux, 47 à 58 fr. par 100 kilog.;
les farines deuxièmes, 26 à 33 fr.; le tout par 100 kilog.
Seigles. — Les affaires sont toujours calmes. Oa paye à la halle de Paris,
15 fr. 25 à 15 fr. 50 par 100 kilog. suivant les qualités. Les farines de seigle
sont vendues aux prix de 23 à 25 fr. par quintal métrique.
Orges. — Les sortes ordinaires sont un peu délaissées. Les prix se fixent à la
halle Paris, de 18 fr. 25 à 20 fr. 75 par lOu kilog., suivant les quaUtés. — Les
escourgeons sont vendus aux prix de 18 fr. 25 à 18 fr. 50. — A Londres, il
DES DENRÉES AGRICOLES (24 FKVRIER 1883). 317
a été importé 36,000 quintaux d'orges étrangères depuis huit jours; les prix sont
fermes aux taux de 18 fr. à 20 fr. 75 par 100 kilog.
Malt. — On paye à Paris 24 fr. 50 à 31 fr. par 100 kilog. pour les malts d'orge;
27 à 29 fr. pour ceux d'escourgeon.
Avoines. — H y a toujours des demandes assez actives, et les prix sont, tenus
avec fermeté. On paye à la halle de Paris de 17 à 19 fr. 50 par 100 kilog.,
suivant les qualités. — A Londres, il a été importé 40,000 quintaux d'avoines
étaangères depuis huit jours ; les prix accusent beaucoup de iérmeté. On paye
delSfr. 50à2l fr. 70 par 100 kilog., suivant les sortes.
Sarrasin. — Les cours ne varient pas. On paye à la halle de Paris, 15 fr. 50 à
16 fr. par 100 kilog. suivant les provenances.
Maïs. — Il y a peu d'affaires. Dans les ports, les maïs d'Amérique sont cotés
de 18 fr. 50 à 19 fr, par quintal métrique. Les prix accusent beaucoup de
fermeté.
Issues. — Les cours se maintiennent bien. On paye à la halle de Paris. :
gros son seul, 13 fr. 75 à 14 fr.; son trois cases, 12 fr. 50 à 13 fr.; son fin. Il fr.
50 à 12 fr.; recoupettes, 12 fr. à 12 fr. 50; remoulages 6w,- 15 à 16 fr. ; re-
moulages blancs, 17 à 18 fr.,
III — Fruits et légumes frais.
Fruits. — On vend à la halle de Paris : poires, le cent, 5 fr. à 100 fr., le kilog.,
G fr. 25 à 0 fr. 50; pommes, le cent, 5 fr. à 100 fr. ; le kilog., 0 fr. 20 à
0 fr. 45; raisins communs, le kilog., 4 à 10 fr.
Gros légumes. — Dernier cours de la halle : asperges de châssis, la botte, de
14 à 25 fr.; aux petits pois, la botte 2 à 5 fr.; betteraves, la manne, 0 fr. 30 à
1 fr. 30; carottes communes, les 100 bottes, 16 à 28 fr.; d'hiver, l'hectolitre, 3 fr. à
4 fr. ; de chevaux, les 100 bottes, 12 à 19 fr.; choux communs, le cent, 3 à 14 fr.;
navets communs, les 100 bottes, 18 à 30 fr.; de Freneuse, 30 à35 fr. l'hectoUtre,
3 fr. à 3 fr. 50; oignons en grain, l'hectolitre, 9 à 12 fr. ; panais communs, les
100 bottes, 10 à 15 fr.; poireaux communs, les 100 bottes, 25 à 60 fr.
Pommes de terre. — Hollande communes, l'hectolitre, 14 à 16 fr.; le quintal,
20 fr. 14 à 22 fr. 85; jaunes communes, l'hectolitre, 8 à 10 fr.; le quintal,
11 fr. 42 à 14 fr. 28; saucisse rouge, l'hectolitre, 10 à 12 fr.; le quintal,
14 fr. 28 à 17 fr. 14.
Menus légumes, — On vend à la halle de Paris : ail, le paquet de 25 bottes,
3 fr. à 5 fr.; appétits, la botte, 0 fr. 10 à 0 fr. 20; barbe de capucin, la botte,
0 fr. 15 à 0 fr. 30; cardon, la botte, 2 fr. à 5 fr. ; céleri, la botte, 0 fr. 45 à
0 fr. 60; rave, la pièce, 0 fr. 15 à 0 fr. 20 ; cerfeuil, la botte, 0 fr. 30 à 0 (r. 45;
champignons, le kilog., 1 fr. à 1 fr. 60; chicorée frisée, le cent, 10 à 13 fr.;
choux-fleurs de Bretagne, le cent, 12 à 40 fr.; choux de Bruxelles, le litre, 0 fr. 30
à 0 fr. 40; ciboules, fa botte, 0 fr. 10 à 0 fr. 20; cresson, la botte de 12
bottes, 0 fr. 35 à 1 fr. 35 ; échalottes, la botte, 0 fr. 30 à 0 fr. 40; épinards,
le paquet, 0 fr. 40 à 0 fr, 50; escarolle, le cent, 12 à 16 fr.; laitue, le cent,
5 à ) 2 fr.; mâches, le kilog., 0 fr. 20 à 0 fr. 25; oseille, le paquet, 0 fr. 55 à 0 fr. 70;
persil, la botte, 0 fr. 30à 0 fr 40; pissenlits, le kilog., 0 fr. 30 à 0 fr.80; potirons,
la pièce, 0 fr. 50 à 5 fr. ; radis roses, la botte, 0 fr. 45 à 0 fr, 60; noirs, ]e cent,
5 à 15 fr,; romaine, la botte de 4 têtes, 1 fr. 20 à 1 fr. 80; salsifis, la botte,
0 fr. 50 à 0 fr. 60 ; thym, la botte, 0 fr. 10 à 0 fr. 20.
IV. — lins, spiritueux, vinaigres, cidres.
Vins. — Il y a eu, depuis quelques jours, une plus grande acti\ité dans les
transactions dans la plupart des centres viticoles. Les vignerons continuent à
maintenir leurs prix, et le commerce dont les approvisionnements sont restreints,
est obligé d'y acquiescer. Il faut d' ailleurs ajouter que les vins nouveaux sont
presque partout supérieurs à la détestable réputation qu'on leur avait faite avec
beauc(^up trop de facilité; sans doute, ils n'ont rien des vins d'une grande année,
mais ils sont bien supérieurs aux piquettes affreuses dont on nous menaçait il y
a quelques mois. Les travaux des vignes se poursuivent avec activité ; ou profite
du temps relativement beau qui règne, pour les pousser avec beaucoup d'activité.
On constate généralement que le bois se présente dans de bonnes conditions. —
Voici les derniers cours sur quelques points : dans l'Aude, on cote par hectolitre :
Aramon, 25 à 26 fr.; petits Montagnes, 30 à 32 fr.; Montagne et Lézignan, 33 à
35 fr,; Narbonne, 37 à 45 fr. suivant la qualité; — à Dijon, vins ordinaires, 75 à
80 fr. la pièce; choix, 90 à 95 fr.; supérieur, 100 à 110 fr.; — en Sologne, vins
318 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
blancs, 60 à 65 fr. la pièce; Gamay, 65 à 70 fr,; gros noir, 105 à 120 i'r.; — à
Orléans, les vins de pays, 90 à 115 fr. la pièce; — à Cette, les vins d'Espagne
sont payés comme il suit par hectolitre : Catalogne, 28 à 30 fr.; Alicante, 38 à
42 fr. Les vins d'Italie non plâtrés valent 30 à 42 fr. suivant la qualité.
Spiritueux. — Le commerce des alcools est toujours dans la même situation
de marasme. Les prix se soutiei.nent avec peine, et les ventes sont peu impor-
tantes. On paye dans le Midi : Nîmes, 3/6 devin, 100 fr.; de marc, 95 Ir.; Dézicrs,
3/6 bon goût, 103 fr.; marc, 95 fr.; Celte, 3/6 bon goût, 105 à 110 fr.; 3/6 marc,
100 fr. — Dans les Charcutes, les demandes sont assez restreintes. On paye à
Cognac pour les eaux-de-vie 1878 à 1880 : Borderies, 220 à 255 fr.; fins bois,
210 à 220 fr. ; bons bois, 200 à 210 fr. ; bois éloignés, 180 à 200 ir. — Dans le
Nord, on paye à Lille, 48 fr. 50 par 100 kilog. pour le 3/6 de betteraves. — A Paris,,
on paye : 3/6 betteraves, 1™ qualité, 90 degrés, disponible, 50 fr. 25 à 50 fr. 50;
mars, 50 fr. 75 à 51 fr.; mars et avril, 51 fr. 25; quatre mois de mai, 52 fr. 75 à
53 fr. Au 21 février, le stock était de 13,675 pipes, contre 13,925 en 1882.
Cidres. — Les affaires sont assez calmes. Les prix des bonnes qualités sont
soutenus avec beaucoup de lermeté.
Raisins secs. — On cote à Marseille par 100 kilog.: Corinthe, 50 fr. 25 à 50 fr.50;
Thyra, 41 à 42 fr.; raisins noirs, 35 à 36 fr.; Tripoli, 30 à 31 fr.; Samos noirs,
41 à 42 fr.; blonds, 37 à 38 ir.; Alexandrette, 39 à 40 fr.; Candie noirs, 39 à
40 fr.
V. — Sucres. — Mêlasses. — Fécules. — Glucoses. — Amidons. — Houblons.
Sucres. — La situation n'a pas beaucoup varié de|iuis huit jours, mais la baisse
n'a pas fait de nouveaux progrès. Les affaires continuent à être assez difficiles.
Pour les sucres bruts, on paye à Paris : sucres bruts 88 degrés saccharimétriques,
50 fr.; les 99 degrés, 57 fr. 50; sucres n" 3, 57 fr. 75 à 57 fr. 50. — Sur les
marchés des départements, on paye : Saint-Quentin, sucres bruts, 49 fr. 50;
sucres blancs, 6i fr. 75; à 62 fr.; à Valenciennes, sucres bruts 49 fr.; à Lille,
sucres bruts 49 fr. 50 — A Paris, le stock de l'entrepôt réel des sucres était,
au 21 février, de 887,000 sacs, avec une augmentation de 10,000 sacs depuis
huit jours. — Pour les sucres raffinés, les prix sont les mêmes que précédem-
ment, de 105 à 106 fr. par 100 kilog. à la consommation; pour l'exportation,
on cote de 62 fr. 75 à 65 fr. 75 par 100 kilog. suivant les sortes. — Dans les
ports les affaires sont toujours calmes siu" les sucres coloniaux.
Mélasses. — On paye à Paris 12 fr. par 100 kilog. pour les mélasses de
fabrique; 14 fr. pour celles de raffinerie.
Fécules. — Les prix accusent beaucoup de fermeté. On cote à Paris 39 à 40 fr.
par 100 kilog. pour les fécules premières du rayon; à Gompiègne, 38 fr. 50 pour
celles de l'Oise.
Glucoses. — Les cours des sirops sont fermes. On paye par 100 kilog. : sirop
de froment, 53 à 55 fr. ; sirop massé, 42 à 43 fr. ; sirop liquide, 34 à 36 fr.; le
tout par 100 kilog.
Amidons. — Les prix se maintiennent, pour toutes les catégories, sans chan-
gements.
Vt. — Huiles et graines oléagineuses, tourteaux.
Huiles. — Il y a encore eu depuis huit jours un léger mouvement de baisse
dans les prix des huiles de colza, tandis que les prix des huiles de lin présentent
plus de fermeté. On cote à Paris par 100 kilog. : huiles de colza en tous fûts,
106 fr, 75; en tonnes, 108 fr. 75; épurée en tonnes, J16 fr. 75; huile de lin en
tous fûts, 59 fr. 50; en tonnes, 61 fr. 50. — Sur les marchés des départements^
on paye les huiles de colza : Caen, 103 fr. ; Lille, 102 à 102 fr. 50; Arras, 106 fr. ;
Rouen, 103 fr. 50; et pour les autres sortes, lin, 59 à 60 fr. ; arachides, 75 fr.
— A Marseille, les prix des huiles d'olive se maintiennent aux taux de noire
dernière revue.
Graines oléagineuses. — Prix soutenus. On paye par hectolitre à Arras : œillette,
25 fr. 50 à 28 fr. 50; colza, 25 à 27 fr. 50; lin, 19 fr. ; cameline, 15 à 19 fr.
Tourteaux. — Dans le Nord les prix sont ceux de la semaine dernière. A Mar-
seille, on cote par 100 kilog. : tourteaux de lin, 17 fr. ; d'arachides en coques,
9 ir. 75; décortiquées, 13 fr. 75; de sésame du Levant, 15 fr.; de coprats, 12 iV.;
de colza du Danube, 12 fr. 50; d'œillette, 12 fr. 75; de coton, 12 fr. 75 ; de pal-
miste naturel, 10 fr. 50; de ricin, 11 fr. 75; de ravison, 12 fr. 50.
Engrais. — Les nitrates de soude sont payés àDunkerque 31 fr. par 100 kilog.
DES DENRÉES AGRICOLES (24 FÉVRIER 1883).
319
VJI. — Matières rdnineusen, colorantes , etc.
Matières résineuses. — Les prix accusent un peu de hausse. On paye à Bor-
-deaux 91 fr. par 100 kilog. pour l'essence pure de térébenthine.
VIII. —Textiles.
Chanvres. — Au Mans, les premières qualités sont cotées 80 Ir. par 100 kilog ;
les autres sortes sont vendues aux prix de 66 à 76 fr. qar quintal métrique.
Lins. — Dans le Pas-de-Calais, les lins de pays valent 80 à 90 fr. par 100
kilog.
IX. — Suifs et corps gras.
Suifs. — On paye comme la semaine précédente à Paris, 99 ir, par 100 kilog.
ipour les suifs purs de l'abat de la boucherie ; 74 fr. 75 pour les suils en branches.
X. — Beurres. — Œufs. — Fromages.
Beurres. — Pendant la semaine, il a été vendu, à la halle de Paris, 222,785 ki-
log. de beurres. Au dernier marché, on payait par kilog. : endemi-kilog., 2 fr. 30
à 4 fr. 20; petits beurres, 1 fr. 80 à 3 fr. 45 ; Gournay, 2 fr. 60 à 4 fr. 90; Isigny,
2 fr. 75 à 8 fr. 05.
Œufs. — Depuis huit jours, il a été vendu à la halle de Paris, 7,202,485 œufs.
Au dernier jour, on cotait par mille : choix, 105 à 115 fr.; ordinaires, 78 à 90 fr.;
petits, 64 à 70 fr.
Fromages. — On vend à la halle de Paris : par douzaine, Brie, 5 fr. 50 à
26 fr. 50; Montlhéry, 15 fr.; — par cent, Livarot, 55 à 105 fr.; Mont-Dor, Il à
23 fr.; Neufchâtel, 4 fr. 50 à 24 fr. 50; divers, 8 à 86 fr.; — par tOO kilog.
Gruyère, 110 à 170 fr.
XI. — Chevaux, bétail, viande.
Chevaux. — Aux marchés des 14 et 17 février, à Paris, on comptait 953 che-
vaux; sur ce nombre, 312 ont été vendus comme il suit :
Chevaux de cabriolet. .
— de trait
— hors d'âge . . .
— à renchère.. .
— de boucherie.
Amenés.
Vendus.
Prix extrêmes.
189
39
200 à 1,050 fr
299
58
270 à 1,215
337
87
20 à 985
32
32
25 à 315
m
96
20 à 120
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement du marché aux bestiaux de
la Villette, du jeudi 15 au mardi 20 février :
Vendus
Pour
Poids
moyen
des
Prix du kilog. de viande nette sur
pied au marché du 19 février.
l'extérieur, totalité.
4 quartiers. 1'
kil.
345
237
386
78
20
80
quai.
1.74
1.60
1.48
2.36
2.30
1.36
2<=
quai.
1.58
1.38
1.32
2.16
2 14
1.30
3»
quai.
1.32
1.22
1.24
1.88
2.02
1.24
Prix
moyen.
1 .54
1.37
1.34
2.08
2.06
1.30
Bœufs. 5,143 3,339 1,564 4,903
Vaches 1,818 844 802 1 ,646
Taureaux 264 206 39 245
Veaux 3,334 2,080 821 2,901
Moutons 38, ^81 27,993 7,879 35,872
Porcs gras 6 , 7('.:j 2 , 565 3 , 976 6 , 54 1
— maigres. » » » « ■> » » » ».
Les ventes ont été assez faciles pour le plus grand nombre des animaux mis en
vente, et c'est une véritable fermeté que nous devons signaler dans les prix, pour
toutes les catégories d'animaux. Sur les marchés des départements, on cote : Caen,
bœuf, 1 fr. 80 à 2 fr. par kilog. de viande nette sur pied ; vache, 1 fr. 60 à I fr. 80;
veau, 1 fr. 80 à 2 fr. ; mouton, l fr. 90 à 2 fr. 10; porc, 1 fr. 10 à 1 fr. 30; —
Le Mans, vaches, 1 fr. 55 à 1 fr. 65; veau, 1 fr. 80 à 1 fr. 90; mouton, 2 fr. à
2 fr. 15 ; — Nantes, bœuf, 0 fr. 80 à 0 fr. 85 par kilog. sur pied; veau, 1 fr. 05;
mouton, 1 fr. 10; — Nancy, bœufs, 88 à 93 fr.; vaches, 70 à 90 fr,; moutons, 100
à liO fr.; veaux (vivants), 55 à 65 fr.; porcs, 70 à 75 fr.; — Dijon, bœufs,
1 fr. 56 à 1 fr. 76 ; vaches, 1 fr. 46 à 1 fr. 66 ; veau (poids vif), 1 fr. 02 à 1 fr. 10';
moutons, 1 fr. 80 à 2 fr. 10; Charolles, bœuf, 80 à 90 fr.; les 100 kilog. sur pied ;
vaches, 70 à 80 fr.; veau, 100 à 105 fr.; mouton, 70 à 95 fr.; porcs, 90 à 100 fr.
— Lyon, bœuf, 70 à 81 fr,; veaux, ICO à 120 fr.; moutons, 90 à lOO fr.; porc,
104 à 124 fr.; — Bourgoin, bœuf, 64 à 74 fr.; vaches, 56 à 66 fr.; veau, 90 à
100 fr.; moutons, 85 à 95 fr.; porcs, 86 à 90 fr.; — Genève, bœufs, 1 fr. 45
à 1 fr. 62; veau (sur pied), 0 fr. 90 à 1 fr. 05; mouton, i fr. 90 à 1 fr. t5; porc,
1 fr. 45 à 1 fr. 50.
A Londres, les importations d'animaux étrangers durant la semaine dernière se
sont composées de 16,145 tètes, dont 48 veaux et 158 moutons venant d'Ams-
terdam; 2,306 moutons d'Anvers; 144 bœufs de Boulogne; 4,118 moutons de
320 REVUE COMMERCIALE ET PRIX GOURANT (24 FÉVRIER 1883).
Brème; i^go bœufs de Corunna; 106 bœufs de Gothembourg; 12 veaux et
2 531 moutons d'Hambourg; 27 bœufs, 41 veaux et 142 moutons d'Harlingen ;
36 bœufs et 100 moutons du Havre; 578 bœufs et 808 moutons de New-Nork;
36 bœuls, 137 veaux et 4,504 moutons de Rotterdam. Prix du kilog. Bœuf :
qualité inférieure, 1 fr. 52 à 1 fr. 75; 2" qualité, 1 fr. 75 à 1 fr. 93; 1" qualité,
1 fr. 99 à 2fr. 16 — Veau: 2'' qualité, 2 fr. 10 à 2 fr. 28; l'« qualité, 2 fr. 28
à 2 fr. 45. — Mouton qualité inférieure, 2 fr. 10 à 2 fr, 28; 2^ qualité, 2 fr. 28 à
2 fr. 63 ; l""*" qualité, 2 fr. 69 à 2 fr. 86. — Porc : 2'^ qualité, 1 fr. 35 à 1 fr. 46 ;
V^ qualité, 1 fr. 52 à 1 fr. 64.
Viande à la criée. — On a vendu à la balle de Paris du 11 au 17 février :
Prix du kilog. le 19 février. ^
kilog. 1" quai. 2" quai. 3' quai. Choix. Basse Boucherie.
Bœufou vache... 186,917 1.56 à 1.96 1.34àl..54 0.90 à 1.32 1.60 à 2. 7G 0.20 à 0.80
Veau 186,538 2.04 240 1.72 2.02 1.40 1.70 1.50 2.66 »
Mouton 54,^92 1.64 2.06 1.42 1.62 1.00 1.40 1.66 2.50 •
Porc 73,594 Porc frais 1.30 à 1.40; salé,
t)02,04I Soit par jour 71 ,435 kilog.
Les ventes ont été inférieures de 3,000 kilog. par jour à celles de la semaine
précédente. Les prix sont très fermes pour toutes les catégories.
XII. — Cours de la viande à rabattoir de la Villelte du 22 février (par bO kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Villette par 50 kilog. : i" qualité,
70 à 74 fr. ; 2% 65 à 70 fr. ; poids vifs, 48 à 52 fr.
Bœufs. Veaux. Moutons.
1" 2* 3* 1" 2* 3" 1" 2' 3*
quai. quai. quai. quai. quai. quai. quai. quai. quai.
fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr.
80 73 66 120 110 100 97 92 87
XIII. — Marché aux bestiaux de la Villette du jeudi 22 février 1883.
Cours des commissionnaires
Poids Cours officiels. en bestiaux^
Animaux général. 1" 2° 3* Prix 1" 2* 3* Prix
amenés. Invendus. kil. quai. quai. quai, extrêmes. quai. quai. quai, extrêmes.
Bœufs 2 219 15 375 1.76 J.60 1.35 1.30iil.8l> 1.74 t. 58 1.34 1.28àl7«
Vaches 667 lO 238 1.64 1.4) 1 24 1.18 1.68 1.62 1.38 1.22 1.16 1 66
Taureaux... 96 » 390 1.48 1.34 1.26 1.20 1.52 1.46 1.32 1.24 1.18 1 50
Veaux 1.2*5 234 80 2.30 2.10 1.80 1.50 2.50 » >> » »
Moutons 18.977 230 19 2.32 2 14 2 02 1.80 2.36 » » » »
Porcs gras.. 4 270 106 82 1.40 1.34 1.28 1.24 1.44 » » » »
— maigres.. » » » » » nu » » « » »
Vente très active sur toutes les espèces.
XIV. — Résumé.
H y a très peu de changements dans les prix, mais fermeté pour la plupart des
denrées agricoles. A. Remy.
BULLETIN FINANCIER
La bourse s'est bien tirée de nos embarras politiques : nous retrouvons nos
fonds publics en hausse; le 3 0/0 à 79 fr. 90 gagnant 0,60 et le 5 0/0 à 115,35,
gagnant 0,50.
Nouvelle hausse à nos chemins de fer, bonne tenue des Sociétés de crédit.
Cours de la Bourse du 14 au 21 février 1883 (au comptant).
Principales valeur» françaises :
Plus Plus Dernier
bas. haut, cours.
Rente 3 0/0 79.05 7990 79.90
Rente 3 0/0 amortis 79.35 80.95 80.95
Rente 4 1/2 o/o I09.8O 111.00 Ht. 00
Rente 5 0/0 114 75 115.35 115.35
Banque de France 5180. 00 5250.00 5190.00
Comptoir d'escompte 965.00 972.50 965 00
Société générale 505. 00 530.00 575.00
Crédit foncier 1240.00 1265.00 1265.00
Est Actions 500 7U.25 715.00 715 00
Midi d° 1060 00 1087.50 1-287.50
Nord d" 1775.00 I800.00 1790.00
Orléans d° 1222.50 1250.00 1240.00
Ouest d° 782.50 790.00 785.00
Paris-Lyon-Méditerranée d° 1526.50 1562.50 i562.50
Paris 1871 obi. 400 à 3 0/0. 390.00 391.50 391.50
Italien 5 0/0 87.05 83 35 88 35
Le Gérant: A. BOUCHE.
Fonds publics et
emprunts français et
étrangers :
Plus
Plus
Dernier
bas.
haut.
cours.
Obligations du Trésor
»
»
)t
rerab. à 5co 4 0/0...
501.00
501.50
501 .00
Consolidés angl. 3 0/0
103. 1/4
103.1/4
103.1/4
5 0/0 autrichien
66.1/8
66.1/2
66.1/2
4 0/0 belge
105 60
105.85
105.85
6 0/0 égyptien
360.00
365.00
365.00
3 0/0 espagnol, extér''.
»
»
»
5 0/OHondurasobl.300
))
»
»
Tabacs ital., obi. 300.
502.50
503.75
503.75
6 0/0 péruvien
»
))
»
5 0/0 russe
84.1/8
11.82
92.00
84.1/2
12.20
92.00
84.1/8
12.20
5 0/0 roumain
92.00
Bordeaux, 100, 3 0/0.
99.00
106.00
99.00
Lille, 100, 3 0/0
103.00
105.00
103.00
LETERRIER.
CHRONIQUE AGRICOLE (3 mars i883).
Sur le choix et l'emploi des bons engrais. — Conférence faite par M. Baron à Rozoy-en-Brie. —
Les engrais d'origine organique et les engrais minéraux. — Ce que l'on sait de positif sur le
rôle des engrais dans la nutrition des plantes. — Prochaine élection à la Société nationale
d'agriculture. — Expériences de machines agricoles à l'école nationale d'agriculturede Grignon.
— Expériences organisées à Rouen. — Concours de la Société d'agriculture de la Haute-Garonne,
en 1883, dans l'arrondissement de Toulouse. — Les blés de printemps. — Lettre de M. André.
— Note de M. Viron. — Le phylloxéra. — Extrait du rapport de M. Tisserand sur l'organisation
des syndicats de lutte et sur les efîorts'de l'administration — Répartition des traitements dans
les départements phylloxérés. — Condamnation en Algérie pour introduction frauduleuse de
vignes. — Les concours agricoles en Angleterre en 1883. — Sucres et betteraves — Leg analyses
administratives de sucres. — Proposition de loi de M. Robert. — Travaux de la station agricole
du Pas-de-Calais. — Calendrier de l'agriculteur. — La basse-cour. — Lettre de M. Gagnai re. —
Précautions à prendre contre le choléra des poules. — Conférences horticoles faites à Paris par
M. Dybowski. — Expositions d'horticulture à Marseille et à Gand. — Les laines du midi et leur
emploi pour la fabrication des draps de troupe.
I. — Les bons engrais.
Faut-il^ pour entretenir la fertilité des terres arables, avoir recours
exclusivement à des engrais minéraux auxquels on a donné impro-
prement le nom d'engrais chimiques, ou bien doit-on se servir plus
avantageusement de ce que l'on appelle des engrais organiques, c'est-
à-dire de fumier de ferme et de débris de végétaux ou d'animaux,
matières ayant appartenu à des êtres qui ont vécu? Cette question
vient d'être traitée à Rozoy-en-Brie, dans une conférence faite le 20 jan-
vier par M. Baron, professeur à l'école vétérinaire d'Alfort. Une solu-
tion satisfaisante et définitive a-t-elle été donnée? Cela est difficile à
dire. Le professeur croit, avec raison, que la chimie n'est pas seule à
intervenir dans la nutrition des végétaux; mais il ne donne pas des
preuves suffisantes de la vérité de son opinion qui est entièrement
favorable à l'emploi de la matière organique et du fumier : « Je jetterai
toujours mon dévolu, dit-il, sur les substances déjà assouplies au
métier difficile de la vie par un long stage dans les organismes vivants
de notre époque ou des époques passées. Voilà pourquoi j'ai voulu
que cette conférence fût intitulée l'engrais organique, et non pas le
fumier. L'engrais organique, c'est-à-dire toutes les dépouilles végé-
tales ou animales : sang, chair musculaire, corne, poils, plumes,
colombine, poulaille, guano, excrément humain et excréments de
toutes nos industries, laines, chiffons, paperasses, boues, immondices
des villes, suies, noir animal des raffineries, etc.; en un mot, tout
ce qui, à un moment donné, s'est trouvé pris dans l'engrenage
physiologique ou économique. Remarquez bien que tout cela ne
vaudra déjà plus le fumier de ferme, lequel, en effet, agit sur les
terres à titre de véritable amendement et qui, par la lenteur de sa
décomposition, donne progressivement la becquée aux jeunes végétaux,
au fur et à mesure qu'ils la réclament ». L'expérience a prouvé que
toutes les matières énumérées par M. Baron produisent de bons effets
quand elles ont été introduites dans le sein de la terre, en ce sens
qu'elles augmentent le rendement des récoltes. Mais on peut en dire
autant du phosphate de chaux minéral pulvérisé, du sulfate d'ammo-
niaque, du nitrate de chaux, des divers sels de potasse, du phosphate
ammoniaco-magnésien et autres sels minéraux. Ce n'est que par des
expériences comparatives nombreuses et variées, longtemps répétées,
que l'on pourrait arriver à savoir si les dernières substances, en
l'absence de toute matière organique en décomposition, pourraient
remplacer absolument le fumier ou les matières homologues. Dans le
N° nh. — Tome l"-- de 1883. — 3 Mars.
322 CHRONIQUE AGRICOLE (3 MARS 1883).
cas de l'affirmation théorique, il resterait encore à résoudre la question
pratique du profit, que l'agriculteur doit nécessairement se poser. Tout
ce qu'il est permis de dire aujourd'hui, c'est qu'il faut, dans la couche
arable, un mélange très complexe qui subit diverses transformations
sous l'action des météores et des forces qui amènent la décomposition
et la transformation des corps, pour assurer l'alimentation des plantes.
Comment celles-ci se nourrissent-elles; comment se produisent les
principes immédiats que l'on rencontre dans presque tous les végé-
taux, tels que les matières amylacées, le sucre, les matières albumi-
neuses, la cellulose, ou bien les principes immédiats spéciaux que
certaines plantes seules peuvent élaborer, comme la nicotine dans le
tabac, les huiles essentielles dans un grand nombre de plantes odori-
férantes, la quinine dans le quinquina, l'acide citrique dans le citron-
nier, l'acide malique dans les pommes ou les poires, nul ne le sait
aujourd'hui. Le plus sage est donc d'avouer l'ignorance dans laquelle
on se trouve et de continuer, pour fertiliser la terre et pour lui resti-
tuer les principes enlevés par les récoltes, à avoir recours à la fois au
fumier et aux débris organiques, et aux différents sels (phosphates, azo-
tates, sulfates, sels ammoniacaux et potassiques) que l'industrie peut
fournir. On met plus ou moins soit des uns, soit des autres, selon l'état
de la terre, selon les récoltes qu'on désire faire. Pas d'exclusion, un
choix judicieux , des calculs prévoyants, voilà les seuls conseils à donner.
II. — Prochaine élection à la Société nationale d'agriculture.
Dans le Comité secret de sa séance du 28 février, la Société nationale
d'agriculture a entendu le rapport fait au nom de la Section de grande
culture sur les candidats à la place de membre titulaire vacante dans
la Section de grande culture par la mort de M. F. Bella. La Section
présente la liste de candidats suivante : en première ligne, M. Boitel,
inspecteur général de l'agriculture; en deuxième ligne, M. H. Besnard,
lauréat de la prime d'honneur, président du Comice agricole de Seine-
et-Oise; et M. Charles Petit, ancien agriculteur à Champagne (Seine-
et-Marne). Les titres des candidats ont été discutés. L'élection aura
lieu dans la séance du 7 mars.
III. — Expériences de machines agricoles.
Les expériences de deux charrues soumises à l'examen de la Société
nationale d'agriculture ont eu lieu, ainsi que nous l'avons annoncé,
à l'école nationale d'agriculture de Grignon, le vendredi 23 février.
La charrue-tilbury automatique et la charrue de M. Boreau ont fonc-
tionné avec régularité dans des terres assez difficiles ; il a été décidé
que de nouvelles expériences auraient lieu dans quelques semaines.
Le Journal publiera, dans son prochain numéro, la description des
instruments qui ont fonctionné. On a aussi expérimenté la bineuse de
M. Viet. Aujourd'hui nous devons constater que les nombreuses per-
sonnes qui ont assisté aux essais en sont revenus avec la conviction
que l'école de Grignon se maintient avec éclat à la haute situation
qu'elle a conquise. Plusieurs améliorations sont à signaler. Le salon
d'honneur a été transformé en une belle et vaste bibliothèque ouverte
aux élèves; un nouveau laboratoire de botanique a été construit dans
une serre aménagée à cet effet ; de plus nombreux moyens d'étude ont
été mis ainsi à la disposition des professeurs et des élèves. C'est une
CHRONIQUE AGRICOLE (3 MARS 1883). 323
heureuse innovation dont on ne peut que féliciter M. Dubost, directeur
de l'Ecole, qui s'est consacré à son œuvre avec un dévouement complet.
La Société centrale d'agriculture de la Seine-Inférieure a or^^anisé
des expériences publiques de la charrue-tilbury automatique et du
distributeur mécanique de fumier. Ces expériences ont lieu le vendredi
2 mars sur la ferme de Mme Denis, au mont Saint-Aignan, dans la
banlieue de Rouen.
IV. — Concours de la Sociale d'agriculture de la Haute-Garonne.
Plusieurs concours sont organisés, en 1883, par la Société d'agricul-
ture de la Haute-Garonne, dans l'arrondissement de Toulouse. Un
concours sera ouvert entre les propriétaires ou fermiers de domaines
d'une étendue de 19 hectares au moins; il y aura aussi un concours
spécial de viticulture pour les vignobles d'une contenance de G hec-
tares au moins, un concours de nettoyage et de taille de la vigne, un
concours d'irrigations sur une étendue de 3 hectares au moins.
jEnfin, le 1"mai,aura lieu sur le domaine de Périole, chez M. Théron
de Montaugé, un concours d'instruments agricoles, pour les tombe-
reaux et autres instruments de transport perfectionnés, présentant une
innovation notable au point de vue du chargement, du décharge-
ment ou du mode de traction, et pour les tarares, ventilateurs ou
trieurs.
V. — Les blés de printemps.
Voici encore une lettre que nous recevons au sujet des semailles de
blés de printemps :
« Monsieur le directeur, j'ai l'honneur de prévenir les cultivateurs qui ont
l'intention de semer du blé de mars, que j'en tiens à leur disposition 50 hecto-
litres de très belle qualité et d'un grand rendement tant en paille qu'en grain. Ce
blé peut se semer avec succès jusqu'à la fin de mars.
« Je pourrai le livrer au prix de 30 francs les 100 kilogrammes toile perdue en
gare de Séry-les-Mézières, près Saint-Quentin.
« Agréez, etc. André,
cultivateur à Séry-les-Mézières, par Ribemont (Aisne).
M. A. Yiron, négociant à Corbeil (Seine-et-Oise), nous prie
d'annoncer qu'il tient à la disposition des agriculteurs des blés de
semence de printemps, rouges et blancs, au prix de 30 francs les
100 kilog. toile à rendre, en gare de Corbeil ; il en enverra des échan-
tillons aux personnes qui lui en feront la demande.
VI. — Le phylloxéra.
Nous avons dit que, dans sa dernière session, la Commission supé-
rieure du phylloxéra avait entendu avec un vif intérêt le rapport pré-
senté par M. Tisserand, directeur de l'agriculture, sur les efforts pour-
suivis par l'administration, en 1882, dans lalutte contre le phylloxéra.
C'est surtout dans la formation dus syndicats de défense et dans les
subventions qui lui sont allouées que ces efforts se manifestent. Aussi,
nous pensons qu'on lira avec intérêt les détails que donne M. Tisse-
rand sur leur organisation :
Il convient de remarquer que c'est surtout dans les départements où le phyl-
loxéra exerce ses ravages depuis longtemps et où son œuvre de destruction est la
plus considérable, que s'accentue le mouvement d'organisation des syndicats ; on
sent alors combien il importe de lutter pour sauver ce qui reste du vignoble.
J'ajouterai que l'examen de la liste des départements dans lesquels se consti-
tuent ces associations révèle un fait de bon augure et démontre de nouveau le
324 CHRONIQUE AGRICOLE {3 MARS 1883).
revirement qui s'est produit dans les esprits des vignerons, si réfractaires autre-
fois aux efforts faits par l'administration pour les protéger.
En effet, parmi les départements dans lesquels le mouvement des syndicats s'est
manifesté avec le plus d'entrain, figurent, cette année, la Côte-d'Or et la Savoie.
Or, il est bon de rappeler à ce propos qu'il y a deux ou trois ans, alors que les
traitements administratifs étaient exécutés dans ' ces départements, des menaces
étaient proférées contre les agents chargés de l'exécution des arrêtés, des procès
intentés à l'Etat et les barils de sulfure de carbone étaient défoncés et jetés dans
les cours d'eau.
Ces iaits suffisent pour faire l'éloge des traitements entrepris et, en démon-
ttrant que les exemples sont plus utiles que les conseils, prouvent l'utilité de l'in-
cervention de l'Etat qui, dès le début, indiquent aux populations la possibilité de
onserver les vignobles.
La section permanente, qui examine avec le plus grand soin tous les syndicats
qui lui sont soumis, s'est montrée souvent sévère et n'a proposé d'accorder les
subventions de l'Etat que lorsque les encouragements lui ont paru complètement
justifiés. C'est ainsi qu'elle a cru devoir rejeter des demandes présentées par des
syndicats de submersion, en raison des avantages considérables qu'en avaient re-
tirés leurs membres.
Il lui a_ semblé que toutes les fois que l'opération était certaine et présentait
les garanties d'une large rémunération, l'Etat ne lui devait pas son concours
et qu'il devait réserver ses crédits, d'ailleurs limités, pour un emploi mieux
justifié.
L'économie que l'administration et la section permanente ont apportée dans
l'utilisation des fonds votés par le Parlement pour la défense des vignes phyl-
loxérées ressort de l'examen au montant des subventions accordées. En même
temps que le nombre des hectares syndiqués croissait dans les proportions que
je viens de vous indiquer, le quantum des subventions accoraées par hectare
allait en diminuant. Ainsi, en 1879, la moyenne des subventions par hectare
était de 120 fr. 35 ; en 1880, elle n'était que de 76 fr. 46 ; en 1881, de 67 fr. 91,
pour tomber, en 1882, à 33 fr. 20.
En terminant ce que j'avais à vous exposer concernant le traitement des vignes
par les insecticides, il convient de rappeler le concours que les compagnies de
chemins de fer, et notamment la Compagnie de Paris à Lyon et à la Méditerra-
née, n'ont cessé de donner à l'Etat et aux viticulteurs dans la lutte organisée
contre le phylloxéra. Ce n'est que justice de leur adresser en ce moment des re-
mercîments.
Tandis qu'elle encourageait les viticulteurs à défendre leurs vignobles encore
débout, l'administration s'efforçait de faciliter aux départements ruinés par le
phylloxéra les moyens de reconstituer leurs vignobles détruits.
De nombreuses subventions ont été accordées pour aidera la création et à l'ex-
tension de pépinières de vignes américaines et, toutes les fois que l'administra-
tion a cru répondre à un désir exprimé par la généralité des viticulteurs d'un dé-
partement, elle ne leur a pas marchandé ses subventions.
La Section permanente a été animée du même esprit, et les nombreuses auto-
risations qu'elle a proposé de donner aux arrondissements qui réclamaient la
libre importation des cépages étrangers le prouve avec évidence.
Ces autorisations ont élé accordées aux dix-huit arrondissements suivants :
Montauban, Gastelsarrazin, Figeac, Brive, Tulle, Poitiers, Givray, Montmoril-
lon, Niort, Garcassonne, Narbonne, Perpignan, Géret, Embrun, Saint-Etienne,
Montbrison, Saint-Affrique et Milhau.
L'Ecole de Montpellier a continué ses études et ses recherches ; elle a planté ou
semé de nombreux cépages étrangers, venant des différentes parties du monde :
vignes de Galifornie, de la Chine, du Japon, de Kaschmyr, etc. ; ces expériences
sont encore trop nouvelles pour qu'on puisse en apprécier les résultats. Des essais
démultiplication et de greffage sont aussi poursuivis dans cet établissement,
vous en trouverez le détail dans le rapport du directeur de cet établissement,
publié dans les annexes de ce compte rendu. Gomme les années précédentes,
l'Ecole de Montpel'iir procède en ce moment à une large distribution de
boutures et contrihde ainsi, dans une forte proportion, à l'œuvre importante qui
est poursuivie.
Le fléau a atteint aujourd'hui 51 déparlements. On n'y compte plus que
1,995, 290 hectares de vignes contre 2,41 5, 986 hectares avanti'apparition
CHRONIQUE AGRICOLE (3 MARS 1883). 325
du phylloxéra. La superficie des vignes détruites est de 763,799 hec-
tares, et il y a 642,978 hectares envahis qui n'ont pas encore succomhé.
L'enquête administrative qui vient d'être laite permet de se rendre
compte de la proportion dans laquelle on lutte contre le iléau. Le tableau
suivant résume, pour chacun des départements, la situation en 1882 :
vignobles Vignobles Vignobles Vignobles
soumis traités par traités par replantés avec
Déparlements. à la le sulfure les sul- des cépages
submersion. de carbone, focarbonates. américains.
Hectares. Ileciares. Hectares. Hectares.
Ain » ]41
Alpes (liasses-] 36 25 10 ISO
Alpes (Hautes-) » 22 » 6
Alpes-Marilimes ■> 227 21 »
Ardèche 10 101 » 230
Ariège « 9 » „
Aude 978 879 780
Aveyron » 180 » 180
BoJches-du-Rhône 3,291 481 242 478
Charente » 130 79 31
Charente-Inférieure » 12 9 393
Cher » 12 » »
Corrèze » > i »
Corse » 26 1 »
Côte-d'Or » 128 » »
Dordogne » 303 12 21
Drôme 106 128 17 117
Gard 1,625 111 145 2,198
Garonne (Haute-) » 99 »
Gers . 336
Gironde 3,504 2,711 768
Hérault 2,283 3,541 751 10,928
Indre » 10 » >>
Indre-et-Loire » » » >
Isère 7 179' 42 31
Jura » 1 1 »
Landes » 5 » »
Loir-et-Cher » 25 » »
Loire » 50 » »
Loire (Haute-) » 15 » »
Loiret » 40 « »,
Lot » 48 » 26
Lot-et-Garonne » 155 20 300
Lozère » 6 » 1
Puy-de-Dôme » 43 4 "
Pyrénées (Basses-) » 18 » »
Pyrénées (Hautes-) » . 2 » »
Pyrénées-Orientales 30 1,473 111 »
Rhône 1 4,403 A 115
Saône-et-Loire » 243 2 8
Savoie » 8 » »
Savoie (Haute-) » 36 » »
Sèvres (Deux-) 35 3 2 12
Tarn » VoO » 8
Tarn-et-Garonne » 150 2 1
Var 96 210 10 1,206
Vaucluse 541 35 9 626
Veniiée « » » »
Vienne » 91 1 »
Vienne (Haute-) » » » »
Totaux 12,543 17,121 3,033 17,096
On continue à exercer la surveillance la plus active en Algérie pour
empêcher l'apparition du fléau dans la colonie. Récemment, nous avons
signalé la condamnation sévère prononcée contre un Espagnol qui avait
tenté d'introduire des plants d'Espagne. Aujourd'hui nous devons
annoncer que, par arrêt de la Cour d'Alger en date du 25 janvier, le
sieur Godeberge (Victor-Florent), instituteur public à Lodi, a été con-
damné à un mois d'emprisonnement et à 50 francs d'amende pour
introduction frauduleuse de plants de vignes.
YIL — Les vignes atnéricaines dans VHérault.
M. G. Foex, directeur et professeur de viticulture à l'école nationale
326 CHRONIQUE AGRICOLE (3 MARS 1883).
d'agriculture de Montpellier, continue à propager avec ardeur les bonnes
méthodes de culture des vignes américaines dans le Midi, en vue de
reconstituer les vignobles détruits par le phylloxéra. Sur la demande
du Conseil général de l'Hérault, il vient de publier le premier fascicule
de conseils aux viticulteurs sur l'emploi des vignes américaines. Ce
fascicule comprend ce qui est relatif au choix des cépages, à la meil-
leure époque pour effectuer les plantations, à la taille et à la conser-
vation des boutures, à la préparation du sol et à la plantation. 11 se
termine par deux notes sur l'Othello et le Triumph, et par une étude
de M. P. Viala, répétiteur à l'école de Montpellier, sur l'anthracnose.
Il sera lu avec profit par les viticulteurs qui se proposent de faire des
plantations de cépages américains.
VIII. — Concours agricoles en Angleterre.
Les journaux agricoles anglais publient la liste des expositions et
concours d'agriculture qui auront lieu en 1883 dans le Royaume-Uni.
On n'en compte pas moins de 100, présentant une importance plus
grande que la plupart des concours français. C'est la preuve d'une acti-
vité agricole considérable, qui peut servir d'exemple aux autres pays.
Rappelons à cette occasion que Je concours de la Société royale d'agri-
culture d'Angleterre se tiendra à York du 16 au 20 juillet, qu'il est
international pour les machines agricoles, et que les déclarations des
exposants pour cette catégorie doivent être adressées avant le l**" avril
au siège de la Société royale, 12, Hanover-Square, à Londres.
4 IX. Sucres et betteraves.
La crise que traverse l'industrie sucrière préoccupe à juste titre les
esprits qui s'inquiètent de l'avenir de notre agriculture. Il est certain
que la situation est grave, et qu'elle demande un prompt et énergique
remède. A plusieurs reprises, nous avons exprimé notre opinion à cet
égard. A côté des questions d'ordre général, il en est quelques-unes
d'ordfje plus spécial, sur lesquelles on doit aussi appuyer. Nous cite- ,
rons notamment les différences dans les méthodes appliquées par l'ad-
ministration pour l'analyse des sucres français et des sucres étrangers
en vue d'établir la quotité des droits à payer. Une méthode rigoureuse est
appliquée par l'administration des contributions indirectes, tandis
qu'une méthode approximative seulement est adoptée par l'adminis-
tration des douanes. C'est ce que vient de rappeler M. Edouard Robert,
dans Fexposé des motifs d'une proposition de loi qu'il a présenté à la
Chambre des députés le 17 février. « On sait, dit-il, que la richesse
saccharine est la base de la perception de l'impôt sur les sucres et que
la richesse est établie par une analyse faite administrativement. Or, il
paraît certain que l'analyse des sucres étrangers se fait de manière à
procurer aux expéditeurs une remise indirecte de tout ou partie de la
taxe d'entrée, tandis que celle des sucres français se fait d'après les
seules données de la science, ce qui constitue pour nos fabricants une
nouvelle infériorité par rapport aux Allemands. Enfin, l'analyse admi-
nistrative servant de base pour le calcul de l'impôt et le prix de vente
étant réglée d'après les résultats d'une analyse qui est traitée selon
d'autres méthodes essentiellement différentes, il arrive chaque jour
que nos fabricants payent l'impôt pour des sucres dont ils ne touchent
pas le prix. Un pareil état de choses, s'il était plus longtemps toléré,
serait la négation môme du principe d'égalité sur lequel repose notre
CHRONIQUE AGRICOLE (3 MARS 1883]. 327
système d'impôts. » En conséquence, M. Robert a présenté la propo-
sition de loi suivante :
Article premier. — Le droit de douane sur les sucres étrangers est élevé de
3 à 10 francs.
Art. 2. — L'analyse officielle des sucres français et étrangers sera feite d'après
les mêmes principes et sous le contrôle du même service. La richesse saccharine
qui, d'après cette analyse, sert de base pour le calcul de l'impôt, servira également
de hase pour le règlement du prix entre acheteurs et vendeurs. Chacune des parties
conserve le droit de recourir à l'expertise légale.
Si nous approuvons le deuxième article de cette proposition, nous
ne pouvons nous rallier au premier. Les surtaxes n'ont jamais produit
d'effet réellement utile. C'est la réforme complète de notre législation
fiscale sur les sucres qui donnera la solution des difficultés actuelles.
X. — Station agricole du Pas-de-Calais.
Le Bulletin de la station agricole du Pas-de-Calais pour 1882 vient
d'être publié. Ce bulletin est rédigé par M. Pagnoul, directeur de la
station, avec le concours de M. Lavoisier, chimiste-adjoint. Le bulletin
pour 1 882 renferme un résumé des travaux de la Station depuis son
origine, ainsi qu'une étude sur les moyens de provoquer et d'assurer
l'amélioration de la betterave à sucre. Les travaux de M. Pagnoul sur
la culture de la betterave ont établi qu'on peut obtenir dans le Pas-de-
Calais, des racines d'une richesse élevée. Le bulletin de 1882 renferme,
en outre, des courbes indiquant les variations de la densité du jus, de
la teneur en sucre et en sels de la betterave pendant sa végétation. Il
se termine par la météorologie du Pas-de-Calais du l^' décembre 1881
au 30 novembre 1882.
XL — Calendrier de l'agriculteur.
M. Bringuier, à Béziers (Hérault), vient de publier sous le titre :
Calendrier de V agriculteur (prix : 1 fr.), une petite brochure qui peut
être utile principalement dans la région méridionale. En effet, après
quelques indications sur les travaux agricoles des différents mois,
elle renferme des notices bien faites sur le traitement par le sulfure de
carbone ou par le sulfocarbonate de potassium, des vignes phylloxé-
rées, ainsi que des indications sur la reconstitution des vignes au
moyen des cépages américains résistants.
XIL — La basse-cour.
Nous recevons de M. Gagnaire, à Bauliac, près Bordeaux, une lettre
que nous croyons utile de publier :
« J'ai ici une basse-cour qui est des mieux comme collection de volaille, car
M. Louit, mon propriétaire, est un grand amateur. J'ai donc comme tète de race,
les Langharas, les Dorkings, les Houdans et quelques races bâtardes qui ne sont pas
moins ijelles et de bons rapports, et en canards, j'ai les Duclos et les Rouen, deux
races excellentes.
« Une épidémie sévit avec des progrès très rapides; ma basse-cour me cause
chaque jour des pertes assez sérieuses; mes volailles sont en très bon état et ne
sont point malades, et cependant elles meurent tout d'un coup et foudroyées.
« Voici comment ça les prend; elles jettent un petit cri et font un petit saut,
leurs pattes se tordent et elles tombent instantanément et foudroyées, sans donner
aucun signe de vie ; tout ça dans moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire.
« Le vétérinaire qui vient ici en a lait l'autopsie et nous avons trouvé entre les
chairs, et complètement détachées de la viande aux chairs, de petits globules
ressemblant par leur forme à un petit haricot, tout jaunes, et le foie plein
d'autres globules très foncés; la volaille devient toute noire dans la partie de la
tête ainsi que du foie, toutes les autres parties du corps restent très intactes. Le
328 GHRONIOUE AGRICOLE (3 MARS 1883).
vétérinaire prétend que toutes mes volailles périront : pigeons, paons et di ndons
compris, car il prétend que c'est le choléra.
« Comme vous le voyez, c'est peu rassurant. C'est pourquoi je viens vous prier
de voir et de me faire savoir au plus tôt si vous êtes de l'avis du vétérinaire et si
vous pouvez me donner un moyen préventif, car le vétérinaire prétend qu'il n'y a
pas de remède. »
« Je viens de perdre aujourd'hui un coq et une poule Langhams, jeunes bêtes
de l'an dernier, pesant ensemble 8 kilog. »
Il n'y a pas d'autre moyen préventif que la vaccination, suivant la
méthode de M. Pasteur; notre correspondant trouvera auprès de
M. Boutroux, rue Vauquelin, 22, à Paris, les indications nécessaires
sur la marche à suivre, ainsi que le vaccin convenable. Toutefois, nous
devons ajouter que lorsque la maladie se déclare dans une basse-cour,
il faut faire sortir les animaux du poulailler et les isoler les uns des
autres, en enlever le fumier et laver le poulailler avec une eau légère-
ment acidulée; au bout d'une dizaine de jours, on peut réunir de nou-
veau les poules, en prenant le soin de vérifier qu'elleis sont en bon état
de santé et en écartant toutes celles qui présenteraient quelques symp-
tômes alarmants.
XIII. — Conférences horticoles.
On se souvient que, pendant l'hiver dernier, M. J. Dybowski,
chargé de conférences à l'école nationale d'agriculture de Grignon, a
fait, à Paris, des conférences horticoles qui ont obtenu un légitime
succès. Il reprend_, le samedi 3 mars et les samedis suivants, à
8 heures un quart du soir, la série de ces conférences qui se feront
rue de Grenelle, 84, sous le patronage de la Société d'encouragement
à l'agriculture.
XIV. — Expositions d'horticulture à Marseille et à Gand.
La Société d'horticulture de Marseille organise, sous la direction
de son président M. R. de Saint-Foix, une exposition internationale
de plantes, fleurs, fruits et légumes, et d'oLjets d'art et d'industrie
horticoles. Cette exposition s'ouvrira le 19 mai, et comprendra
87 concours dans neuf sections. Les demandes d'admission doivent
être adressées au secrétaire général de la Société avant le 30 avril
prochain.
Nous devons annoncer aussi que la Société royale d'agriculture et
de botanique de Gand prépare sa onzième exposition internationale
d'horticulture qui se tiendra à Gand du 15 au 22 avril. Tous les ama-
teurs et horticulteurs, les artistes et fabricants, les établissements
publics de botanique et d'horticulture, tant de Belgique que des pays
étrangers, sont invités à y prendre part. L'exposition comprendra
292 concours. Les demandes d'admission doivent être adressées au
secrétaire de la Société, à Gand, avant le 30 mars.
XV. — Les laines.
Nous apprenons que l'administration de la guerre aurait l'intention
de modifier le type des laines destinées aux draps de troupe dans des
conditions telles que les laines du Midi, employées jusqu'ici, seraient
à l'avenir fatalement exclues de la fabrication de ces draps. Nous
aimons à espérer que cette nouvelle est fausse, mais il serait bon
qu'elle fût démentie. La Société d'agriculture de l'Hérault s'en est
émue, et s'apprête à discuter cette importante question.
J.-A. Barral.
LES LÉGUMES DE GRANDE CULTURE EN BRETAGNE. 329
LES LÉGUMES DE GRANDE CULTURE EN BRETAGNE
Après une longue période de défrichement, disait dernièrement
M. J. Rieffel au concours de Cliâteaubriant, la Bretagne est entrée
dans la période fourragère. En effet, l'élément calcaire qui fait défaut
à son sol granitique, y a pénétré par le canal de Nantes à Brest, les
voies ferrées, et celles de communication avec le littoral qui forme,
grâce aux engrais de mer, sa ceinture dorée, et a permis la culture du
trèfle, des légumineuses et, partant, celle du froment dans des sols
qui n'avaient porté jusque-là que de la bruyère, du seigle et du sar-
rasin parfois. Les phosphates de chaux qui trouvent dans l'acidité
même de certaines eaux du sol et du sous-sol une condition d'assi-
milation, ont ajouté le complément nécessaire à certains terrains. Enfin
la loi du 6 décembre 1850 spéciale à la Bretagne, et qui a dû être
prorogée plusieurs fois, a permis, par une procédure plus aisée, le
partage de nombreuses terres vaines et vagues sur lesquelles les habi-
tants de diverses communes possédaient des droits de propriété sou-
vent mal définis, tandis que d'un autre côté, dans certains arrondis
sements, un véritable éraiettement du sol, contraire à toute culture
rationnelle, appelle une loi facilitant les échanges de parcelles.
Telles sont les causes et les conditions générales du progrès qui
s'est accompli depuis cinquante ans en Bretagne. Elles ont modifié
l'économie rurale en certains points; l'élevage du mouton notamment
a presque disparu avec la vaine pâture, et la spéculation s'est portée
sur l'espècebovine, tant au point de vue de la boucherie qu'à celui du
lait et de ses dérivés. Par ailleurs, la production chevaline a donné,
dans le Finistère et les Côtes-du-Nord,de grands avantages aux éleveurs
depuis quelques années.
C'est dans ces conditions qu'on veut bien s'adresser à nous pour
nous demander quels sont les meilleurs légumes de grande culture,
au point de vue de l'engraissement du bétail en Bretagne?
La question est complexe; la pomme de terre, la betterave, le
chou, le topinambour, la rutabaga, la navette, etc., sont à recom-
mander; mais il s'agit de les cultiver dans les sols et les condtions
qui leur conviennent.
Quoi qu'il en soit, nous ne parlerons pas de la pomme de terre ni de
la betterave fourragère dont les conditions de culture et les variétés sont
connues. D'ailleurs ces cultures ne sont pas spéciales à la Bretagne.
Rappelons ici les équivalents nutritifs généralement adoptés, sans
y ajouter une foi entière; car dans l'espèce bovuie comme dans l'espèce
humaine, on ne peut remplir tous les estomacs par des moyennes.
La ration d'un animal à l'engrais doit être au moins de 1^CG de foin
par 100 kilog. de son poids, et 30 kilog. de betteraves, 40 de choux,
30 de topinambours, etc., équivalent [à 10 kilog. de bon foin; en
outre, la nourriture mélangée est une nécessité notamment pour les
feuilles de choux qui, données en grande quantité, météorisent
promptement les ruminants. Aussi lorsque le hachage qui procure
une économie de près d'un quart, n'est pas pratiqué dans les petites
exploitations, voit-on les cultivateurs ne donner les choux aux animaux
qu'après avoir fait une petite distribution de foin.
Le chou pommé n'est guère cultivé en grande culture que sur uce
330 LES LÉGUMES DE GRANDE CULTURE EN BRETAGNE.
partie du littoral du Morbihan, oi^i bien que servant à l'alimentation du
bétail, il est exporté en outre comme produit maraîcher.
Dans son livre, si consciencieusement fait, l'honorable M. G. Heuzé
qui, il y a plus de trente ans, dirigeait comme fermier et sous-direc-
teur à la fois la ferme de Grand-Jouan, une distinction se remarque
d'abord entre les choux non pommés servant à la nourriture du bétail :
ceux dont les feuilles seules sont données aux animaux, et ceux dont
les feuilles et la tige remplie de moelle peuvent contribuer à leur
nourriture. Disons seulement à propos de ces derniers, qui se divisent
en choux moelliers blancs ou rouges, qu'ils ne sont guère cultivés
que dans les contrées de la Bretagne où la betterave ne réussit pas,
où du moins la culture n'est pas assez avancée /pour lui donner les
façons et les engrais suffisants. On y effeuille au printemps les choux
moelliers, leur laissant seulement la dernière tige, et on rentre les
troncs qui pourriraient sur pied en hiver, ou seraient atteints par les
gelées, et on les donne coupées et tranchées aux bestiaux. Le chou
moellier est en effet bien autrement sensible au froid que le chou
cavalier, le chou branchu du Poitou et le chou polo ou à mille têtes.
Nous donnerons la préférence au chou branchu du Poitou sur
le chou cavalier et sur le chou polo ou à mille têtes.
Le chou cavalier est peut-être plus rustique que les deux autres,
mais il est moins productif.
Le chou branchu du Poitou, planté à 0™.75 en tous sens, nous adonné
13,300 têtes de choux qui, au poids de 3''. 50 (sur une moyenne de
1 0 choux pesés), nous a donné en définitive 46,500 kilog. à l'hectare; le
chou polo ou à mille têtes sur la même pesée n'a donné qu'un poids
moyen de 3 kilog. sur 13,300 têtes, soit 39,900 kilog. par hectare;
différence : 6,600 kilog.
C'est un peu moins que les rendements indiqués par M. Heuzé.
Nous ne parlerons pas de fumure autre que celle du fumier de
ferme stratifié avec du phosphate bien pulvérisé, et d'un bon dosage
d'acide phosphorique soluble dans l'eau.
Quant aux soins après la transplantation, nous indiquerons un ou
deux buttages.
On sait par ailleurs que l'hybridation est fréquente entre les cru-
cifères; aussi si l'on veut récolter des graines, il faut choisir les
pieds qui représentent le mieux les caractères de la variété à laquelle
ils appartiennent, et les laisser en place.
M. Rieffel s'est fort applaudi de la culture du topinambour, lors
de l'hiver rigoureux et prématuré de 1879. Il est très vrai que le
topinambour ne redoute ni les chaleurs vives de l'été, ni des froids
de — 1 0° à — 16° et végète sur tous les terrains excepté sur les sols
humides ou à sous-sol imperméable, et c'est en quoi le rutabaga lui
est préférable dans beaucoup de terres de la Bretagne. Ses tuber-
cules se conservant mal à cause de leur tissu spongieux, on est presque
forcé de les arracher au fur et à mesure des besoins, ou d'arracher seu-
lement la quantité que l'on peut utiliser pendant quelques jours.
Ce tubercule, dit M. Heuzé, ne convient pas aux animaux à l'engrais,
tout en reconnaissant qu'il est mangé avec avidité par les bêtes à
cornes, surtout à la fin de l'hiver, et qu'en outre les fanes sont
mangées avec plaisir par les vaches, les bœufs et les moutons. Ce qui
est évident, c'est que le topinambour seul ne peut convenir à Ten-
LES LÉGUMES DE GRANDE CULTURE EN BRETAGNE. 331
graissement, pas plus que le chou, le rutabaga, le panais lui-même.
M. Boussingault a récollé plusieurs fois en Alsace 4-'iO hectolitres
de tubercules sur un hectare et 14 à 15,000 kilog. de feuilles.
Il n'existe point de terrains crayeux en Bretagne; mais les terrains
schisteux, quelques terrains argilo-siliceux, les dunes de la mer,
peuvent convenir à la culture du topinambour.
Nous avons donné ci-dessus l'équivalent nutritif du topinambour.
Le rutabaga, dit avec raison M. Ileuzé, est moins difficile sur la
nature du sol que la betterave et la carotte blanche à collet vert; il
réussit sur les sols couverts de bruyère et d'ajoncs qui sont souvent
acides et que le roc perce parfois. Ce sont les religieux de la Meilleraie
qui l'ont introduit dans l'ouest, ainsi que la carotte blanche; MM. Rieffel
et Heuzé à Grand-Jouan en ont propagé la culture qui pénètre au
centre de la Bretagne encouragée par les Comices de Quintin et un
agriculteur très habile, M. Limon, président de ce Comice. C'est par files
de. charrettes qu'au temps de la plantation les cultivateurs des Côtes-
du-Nord et du Finistère viennent demander le plant nécessaire à
leurs cultures, tant à la propriété de M. Limon, à Quintin, qu'au péni-
tencier de Langonnet, situés l'une et l'autre près des points les plus
élevés de montagnes d'Arrèze.
La culture du rutabaga par transplantation en mai ou juin est seule
usitée en Bretagne; les semis en place ne paraissent réussir que
lorsqu'on les fait sur des terres de bonne qualité. Aussi les agriculteurs,
comme M. Limon, qui font la spéculation du plant pour les culti-
vateurs environnants, ont-ils le soin d'amender leurs terres, notamment
par des engrais de mer qui donnent l'élément calcaire et l'acide phos-
phorique. Au résumé, de tous les crucifères, c'est le rutabaga qui est
le moins exigeant sous ce rapport.
Le rutabaga, dit avec juste raison M. Ileuzé, convient à tous les
ruminants. Le beurre provenant des vaches nourries au rutabaga et au
foin est plus gras et plus coloré que le beurre fourni par les vaches qui
ont reçu des betteraves ou même des navets et des choux. Il convient
parfaitement aux animaux à l'engrais, et c'est ce qui le rend précieux
dans le centre de la Bretagne.
Le rutabaga, cultivé sans engrais, a donné souvent 30 à 40,000 kilog.
de racines par hectare. Quoi qu'il en soit, une forte fumure de fumier
de ferme stratifié avec du phosphate peut presque doubler cette pro-
duction, et la fumure reste acquise à la céréale qui suit.
Lorsque l'automne et l'hiver ne sont pas très humides, on peut
laisser le rutabaga en terre : ajoutons que ses feuilles sont aussi nutri-
tives que celles du chou.
D'après M. Heuzé, le foin de prairie étant représenté par 100, le
rutabaga aurait pour équivalent 340. 11 est à nos yeux préférable à la^
betterave.
La carotte à collet vert est cultivée depuis 1840 dans l'Ule-et-
Vilaine et la Loire-Inférieure, etc. Elle est plus exigeante que le ruta-
baga, et nécessite des soins d'entretien lorsqu'elle est envahie par les
herbes. C'est ce qui la fait cultiver en billons espacés de O^.GO à
O'^.TS, de manière à y passer la houe à cheval, sarcler, et éclaircir
les rangs.
La carotte donnée aux vaches leur fait donner un beurre coloré et
de bon goût; les chevaux mêmes, et surtout les poulains la mangent
332 LES LKGCIAIES DE GRANDE CULTURE EN BRETAGNE.
bien et acquièrent un poil luisant comme avec le panais. La carotte, du
reste, contient du sucre et vaut mieux que la betterave; les terres que
l'on consacre à sa culture exigent les mêmes soins.
Pour obtenir de 30 ,000 à 40,000 kilog. de carottes par hectare, il faut
de 20,000 à 25,000 kilog. de bon fumier stratifié avec du phosphate.
i.a carotte blanche est plus nutritive que la carotte rouge, et surtout
la betterave. D'après M. Boussingault, le foin de prairie étant représenté
par 100, la carotte blanche aurait pour équivalent 273.
Le panais est cultivé dans le nord du Finistère où il fait la principale
nourriture des chevaux, juments et poulains. On considère à Je<\sey
et Guernesey que le panais que l'on donne en grande abondaince aux
vaches si renommées de ces îles, rend la crème plus abondante, et
donne au beurre un goût agréable et une belle couleur. On sait du reste
que c'est sous l'étiquette de beurre de Jersey qu'on tenta l'envoi de
nos premiers beurres de Bretagne en Angleterre, et qu'ils y ont conquis
une place très honorable malgré quelques mélanges et des fraudes
mêmes qui ont porté coup un instant à notre production,
A Jersey et dans le nord -Finistère, le panais rencontre le climat
maritime, et en outre les engrais de mer qui renferment des sels de
soude et de potasse favorables à sa culture. Les goémons de rive et de
fond servent en effet à la fabrication de la soude.
On connaît la tentative si désintéressée de Thonorable M. Le Bian,
vice-président de la Société d'agriculture de Brest, pour propager dans
l'intérieur de la France la culture du panais qu'il considère comme
une manne pour les arrondissements de Morlaix, Brest, etc. Elle a eu
quelque succès tout d'abord ; mais la non-réussite de la propagation
qu'ilespérait, tient à l'absence des conditions climatériques spéciales, et
à celles du sol et des engrais appliqués aux panais tant dans le nord-
Finistère qu'aux îles de Jersey et de Guernesey.
L'î panais est plus exigeant, on le voit, sous le rapport du sol et de
la fumure que la carotte, la betterave et le rutabaga.
Nous n'avons pas l'équivalent nutritif du panais ; mais undociiment
commercial nous l'apprend. Dans les environs deSaint-Pol, de Morlaix
et de Brest même, les 1,000 kilog.de racines de panais valent 25 fr.,
la moitié du foin.
Nous avons voulu donner des renseignements précis sur les légumes
de grande culture les plus favorables à l'engraissement ,du bétail en
Bretagne, et nous nous sommes abstenu de parler de ceux qui sont
communs à la culture générale en France. A. de la Morvonnais.
SUR LES CAUSES CAPABLES D'INFLUER
SUR LA TENEUR EN AMMONIAQUE DES EAUX PLUVIALES
. On sait que la première notion sur la véritable composition des
eaux de pluie nous a été fournie en France par M. Barrai dans son im-
portant travail de 1851-1852, dont les résultats généraux furent con-
firmés plus tard par M. Boussingault à l'aide de méthodes plus simples
et plus sensibles. Malgré cela, nos connaissances sur l'origine et la
véritable teneur de l'un des principes constituants de ces eaux, l'am-
moniaque, sont loin d'être complètes. On admet généralement que ces
eaux: météoriques empruntent l'alcali volatil à l'atmosphère qui le
contiendrait probablement à l'état de matière saline. C'est un sujet
TENEUR EN AMMONIAQUE DES EAUX PLUVIALES. 333
dont je m'occupe. Mais on n'est pas plus d'accord sur la proportion
même d'ammoniaque que ces eaux renferment. Chaque auteur donne
des cliifYres différents.
Dernièrement, il m'a été expédié d'Algérie des eaux de plaie dans
lesquelles il m*a été impossible de déceler la moindre trace d'ammo-
niaque, alors qu'en IHÔ'J, j'avais trouvé dans l'eau du Nil prise à
différentes époques de sa crue de {)"^^.07 à 1 '"'''. 2 d'ammoniaque par
litre*. Ce serait cependant une erreur de conclure que ces eaux mé-
téoriques d'Algérie n'ont jamais été ammoniacales, puisque j'ai fait
voir dans un travail antérieur-, avec quelle rapidité les eaux perdent
ce principe sous l'influence de la lumière du soleil. De sorte que le
temps écoulé entre le moment de la prise deau et celui oii l'analyse
a été faite, est un facteur important dans le résultat obtenu-
On en trouvera un exemple dans les dosages que j'opère régulière-
ment depuis six ans sur des échantillons d'eau de pluie tombée à
Rouen, représentant une fraction moyenne de la pluie totale recueillie
chaque mois par M. Ludovic Gully.
Teneur en ammoniaque des eaux de pluie de Rouen (partie Haute-Est) conservées
pendant un mois (1877 à 1882).
JANVIER FKVRIKR MARS AVRIL MAI JUIN
.. - -S.i 1^ •- -2 .S „ -2 -S § n £ -2.S « S -^.§ „
ANNEES -';: f , - '= ^ . -5'= Ô, . ° - T,— S-p.
s Z '^ S s ~ < â 3° < a 3= <n g- <n 3^ <
mill. mill. nill. mill. mill. mill.
1S77 ...69.30 0.1 73.OÔO.U 84.75 0.L5 49.00 0.03 6SJ5 0.35 hIM 0.00
1878 46. .50 0.30 17. .')0 0.70 (•.1.40 O.I.t 91.85 0.00 Hfi.80 0.00 .58.65 0-10
1879 59.15 0.20 73.35 0.20 26.05 0.6? 65.10 0.26 43.75 0.20 77.15 0.25
1880 13. .50 0.3? 58. V5 0.24? 19.7 0.32 37 00 0.00 1.35 0.21 79.7 0.23
1881 47.80 0.95 48. .50 0.61 23.0 0.80 17.00 0.40 19.25 0.10 23. .35 0.60
1882 21.60 0.57 44. .50 0:4? 4'i.75 0.22 45.50 0.00 77.00 0.10 .52.75 0.00
Moyenne mensuelle
des 6 années 0.39 0.38 0.37 OU 0.16 0-19
JUILLET AuUT SEPTEMBRi: OCTOBIli; .NOVICMBRE DICCEMRRE
ANNÉES |i 5| ^1 5| 2-| J.r II Jl S| J,^ £| ?.-
yS ^, ô ^O ,^Z tjV ""Ùj-
mill. mill. mill. mill. mill. mill.
1877 65.05 0.00 49.5 0.00 34.75 0.05 63.4 0.20 123.0;; O.CO 78.3 0.40
1878 33.95 0.00 95.75 0.00 41.05 0.10 102. ;iO 0.00 142.00 0.15 45.75 0.20
1879 71. .50 0.00 84.0 0.12 33.00 0.15 44.25 0.00 13.00 0.28 35,75 C.22
1880 IIJG.73 0.00 84.50 0.11 84.50 0.00 109. io 0.30 39.75 0.20 82.60 0.11
1881 43.00 0.00 105.73 0.00 111.73 0.00 41.3 0 11 53 5 0.00 49.4 0.50
1882 80.75 0.00 92.85 0.00 83.50 0.00 92.75 0.00 llil.lO 0.00 104.5 0.05
Moyenne mensuelle
des 6 années 0-00 0.04 0.05 0.10 0.10 0.25
Moyenne annuelle : 0"''".17 d'ammoniaque dans un lilrc d'eau conservée pendant un mois.
L'udomètre étant à l'abri du soleil, du moins le récipient où se rend
l'eau, on verra que la chaleur agit comme la lumière, ce que j'ai
d'ailleurs démontré directement dans mon travail de 1S7G.
Pendant six ans et sans exception, les eaux recueillies en totalité
pendant le mois le plus chaud de l'année — le mois de juillet — n'ont
offert, pas plus à ma méthode qu'au procédé de M. Boussingault, la
moindre trace d'ammoniaque. J'attribue l'absence de cet alcali, non
1. A. Ho'jzeau. Sur la cuinj)Osition du limon el de l'eau du Nil considcrée au point de vue
aijricule. Comptes rendus, t. 68, page 612.
2. A. Houzeau. Recherches sur la disparition de Vanimoniaquc contenue dans les cauj:,C. R.,
septembre 1876.
* *
334
TENEUR EN AMMONIAQUE DES EAUX PLUVIALES
pas à sa volatilisation, mais à son absorption, du moins en partie, par
la matière organique que ces eaux renferment. Une autre cause qui
influe considérablemenl aussi sur la teneur en ammoniaque de l'eau
pluviale, est la quantité d'eau tombée mensuellement. C'est ce qui
résulte d'une façon générale de l'inspection du tableau qui précède,
A part certains cas exceptionnels dont je rechercbe la cause, on voit
que moins il tombe de pluie, plus celle-ci est riche en ammoniaque.
Auguste HouzEAU.
LES MACHINES AU CONCOURS GÉNÉRAL DE PARIS- -IIU
Il y a eu, depuis plusieurs années, peu de modifications importantes
à signaler dans la construction des machines à battre. Les ingénieurs,
aujourd'hui nombreux, qui se livrent à ia fabrication de ces engins,
se sont surtout préoccupés des moyens à adopter pour obtenir un plus
parfait nettoyage du grain battu, sans chercher, d'une manière spéciale,
à réaliser des simplifications dans les transmissions de mouvement
Fig. 33. — Batteuse ordinaire de M. Cumming.
aux divers organes de la batteuse et, par suite, à diminuer le prix de
revient.
L'exposition de Paris nous a apporté, à cet égard, une disposition
absolument nouvelle. Elle est due à M. J. Cumming, ingénieur-con-
structeur à Orléans, dont le nom est connu des agriculteurs depuis
près de trente ans, et dont les machines sont répandues dans un très
grand nombre d'exploitations agricoles. Simplifier les organes des
mouvements de la machine à battre, sans diminuer le travail obtenu,
tel est le problème qu'il s'est posé, et dont il a obtenu une solution
qui frappera l'esprit de tous les agriculteurs.
Dans les batteuses du système Cumming, comme dans celles qui
sortent de la plupart des ateliers anglais et français, It; mouvement est
donné au batteur, au secoueur, aux tarares, à l'élévateur, etc., par des
arbres distincts, entraînant, par suite, un nombre considérable de
coussinets et des frottements nombreux par les courroies ; on doit les
surveiller sans relâche, les graisser souvent, pour en assurer U fonc*
tionnement. Dans la nouvelle batteuse Cumminof, le nombre des arbres
est réduit au strict nécessaire, et par des combinaisons ingénieuses,
on obtient le même travail. Il n'y a plus que deux arbres, celui du
1. Voir le Journal, du 27 janvier et du 24 février, page loi et 293 de ce volume.
LES MAClilNES AU CONCOUHS GKNKl-'AJ. DE PARIS.
335
batteur, celui du secoueur; par conséquent, il n'y a que quatre cous-
sinets à graisser; il en résulte que l'on a moins de dépense de main-
d'œuvre et d'huile pour le graissage.
La comparaison de la f1g. 33 qui montre l'ancienne iDatteuse du
système Cumming, et de la fig. .'j'i qui en représente le nouveau
Fi;
iNuuvelle batteuse de M. Cumiauiy.
modèle, montre déjà comment celte simplification est apparente à
Textérienr. Afin de faire saisir le mécanisme de ce nouveau type, la
fig. 35 en montre la coupe intérieure. B est l'arbre qui donne le mou-
vement au batteur, (le batteur est en fer, de même que le contre-
balteur; sa largeur est de P.GO, de sorte que l'on peut engrener les
Fig. 35. — Coupe de la nouvelle batteuse de M. Cuinniing.
tiges les plus longues. En A, b l'autre extrémité de la machine, est
l'arbre coudé des secoueurs SS ; les secoueurs sont à persiennes, et
leur longueur est de 2"'. 70. Le même arbre donne le mouvement aux
augets TT'. Au-dessous, en G sont les grilles des trémies sur lesquelles
souffle le ventilateur placé latéralement. Le grain vanné tombe en V,
pour sortir par une buse où il est recueilli en sac. Quant aux déchets,
balles, otons, etc., le tout sort au-dessus des trémies, par le large
.336 LES MACHINES AU CONCOURS GÉNÉRAL DE PARIS.
orifice que la fif]çure 34 montre derrière la roue. Ainsi, le grain sort
en arrière de la machine; la paille, purgée de tout grain, en avant; les
déchets, latéralement. A la partie inférieure de la machine, il n'y a
aucune ouverture.
La simplification apportée dans les transmissions de mouvement
])résente une première conséquence, c'est que, pour faire ni môme
travail, il ne sera pas nécessaire de dépenser une force aussi considé-
rables. A côté de l'économie de main-d'œuvre et d'huile de i^raissac-e,
il faut donc inscrire une nouvelle économie, celle du charbon brûlé.
Il en est encore une autre que nous ne devons pas omettre de signaler,
c'est qu'une machine de ce genre peut être vendue moias cher; au lieu
de 2,100 francs que coûtait la batteuse de M. Cumming, le nouveau
modèle, pour la même force, ne coûte que 1 ,700 francs. Il y a donc
là un ensemble de circonstances qui sont de nature à appeler vive-
ment l'attention de tous les agriculteurs. Obtenir le même résultat
avec moins de dépense, tel est un des principaux avantages que pré-
sente l'emploi des bonnes machines.
[La suite prochainement) , Henry Sagmer.
LE CONCOURS HIPPIQUE DE BORDEAUX
Le concours que la Société hippique française organise chaque
année à Bordeaux pour encourager la production du cheval de service
a eu lieu du 1 1 au 18 février.
Comme les années précédentes, les chevaux originaires de la circon-
scription du midi, c'est-à-dire des départements de l'Ariège, del'Aude,
de l'Aveyron, de la Charente, de la Charente-Inférieure, de la Corrèze,
de la Creuse, de la Dordogne, de la Haute-Garonne, du Gers, de la
Gironde, de l'Hérault, des Landes, du Lot, de Lot-et-Garonne, des
Basses-Pyrénées, des Hautes-Pyrénées, des Pyrénées -Orientales, du
Tarn, de Tarn-et-Garonne et de la Haute- Vienne ont seuls été admis à
concourir.
L'hippodrome placé au centre de la ville, sur l'esplanade des Quin-
conces, offrait les meilleures conditions pour une bonne réussite.
Malheureusement le mauvais temps est venu contrarier cette fête
pendant la majeure partie de la semaine.
Les inscriptions au catalogue du concours s'élevaient à 190 têtes ;
l'année dernière ce même chiffre ne dépassait pas 169 déclarations.
Cet effectif considérable était réparti en cinq classes et en diverses
catégories de spécialités. Dans les cinq classes se trouvaient rangés :
les grands carrossiers, les carrossiers légers, les chevaux de victorias
ou de tilburys, les chevaux de selle et enfin les poneys de 5 à 6 ans.
Les catégories de spécialités comprenaient, au contraire, les poulains
et pouliches de 3 ans non dressés, les courses au trot monté, les chevaux
sautant les obstacles, parmi lesquels figuraient des chevaux appartenant
à l'armée, présentés par des oiliciers ou des sous-officiers en uniforme,
les juments poulinières, les équipages et chevaux de maître, et, en
dernier lieu, les épreuves de dressage et de manège.
Le programme des récompenses, qui a été augmenté cette année,
contenait 260 prix représentant ensemble une somme de 48,21 2 francs.
Il avait été mis, en outre, à la disposition du jury, une coupe d'une
valeur de 1 ,000 francs, destinée à être offerte au cavalier ayant fourni
LE CONCOURS HIPPIQUE DE BORDEAUX. 337
la meilleure course d'obstacles. Dans des concours semblables succes-
sivement tenus à Nantes, à Lille, à Lyon et à Paris, il sera distribué
cette année, comme les années précédentes, une somme d'environ
300,000 francs par la Société bippique. Ce sont là des efforts dignes
d'être signalés et dignes aussi de la reconnaissance des éleveurs.
Et, nous n'en doutons pas, c'est grâce à de tels encouragements et
grâce également aux importantes récompenses distribuées cbaque
année par l'administration des haras que la population bippique de la
France s'est accrue, depuis le recensement de 1878, de plus de
100,000 tèles. C'est surtout dans la région du midi, peu adonnée
jusqu'à présent à l'élève du clieval et oii toute tradition et toute notion
spéciale faisaient défaut, que les progrès ont été le plus sensibles.
La partie la plus remarquable du concours comme exposition était
les groupes de chevaux présentés par les écoles de dressage de
Rochefort, Bordeaux et Tarbes, placées sous l'habile direction de
MM. de Cugnac, du Parc et Hourguès. Ces utiles auxiliaires viennent
cependant, nousa-t-on assuré, d'être gravement atteints dans leur exis-
tence. Al'avenir, ilsnerecevrontplusla subvenlionde 40,000 Irancs qui
leur était annuellement allouée par l'Etat. C'est là une mesure fâcheuse
en ce que ces établissements avaient largement rontribuéaux progrès
réalisés par la propagation des meilleures méthodes d'éducation pour
le cheval.
La Section des poulains hongres et des pouliches non dressés ren-
fermait au concours de cette année des sujets de forme élégante, ayant
en général des aplombs irréprochables, mais ils ont paru manquer de
taille. Il en a été de même pour la Section des grands carrossiers
de V".G3 et au-dessus. Aussi le jury n"a-t-il pu distribuer toutes les
récompenses réservées à cette dernière division.
Citons néanmoins parmi la magnifique collection de chevaux
exposés : Kytouçhay à M. de Guillhemanson, Juliette à M. d'Ar-
changue, Bète-à-chagrinàM. Champagne, Bonne à M. Muillier, Layrisse
à M. Saint-Blancat, Caprice à M. Montouroy, Bail à M. Autant, Bril-
lante à M. Targé, Pompon à M. Roques, Vagabond à M. Labordette,
Féerie à M. Boutayon, Nina à M. Latour, Pélican à M. de Mauvezin,
Kali à M. Dérat, Jouste et Bayard à M. Gacon, Artiste à M. Targé,
Rigodon à M. de Sèvin, Rosette à M. Capdeville. qui ont chacun obtenu
le premier prix de leur section.
Le concours des équipages consiste en un défdé auquel peuvent
prendre part toutes les écuries. Il s'agit de s'y distinguer à la fois
par la race des chevaux, la coupe de la voiture, le style du cocher.
Cette partie du concours a été fort brillante à Bordeaux. On a vu
figuier dans l'enceinte de l'hippodrome des curricles, voitures anglaises
à deux roues encore peu répandues en France, des landaus, des
phaetons, des coupés élégamment tournés, pourvus d'organes souples
et garnis des capitons les plus moelleux, des tilburys avec des sus-
pensions aériennes et des roues à pattes d'araignées. A ces élégants
véhicules étaient attelés des chevaux finement iiarnachés, au poitrail
développé, aux membres puissants et souples, portant haut le front,
à la fois impatients et disciplines.
Le succès de la journée a été pour les magnifiques équipages de
MM. Carayon-Latour, Piganeau et Lawton de Bordeaux.
L'épreuve des chevaux montés a fait ressortir le mérite comme
338
LE CONCOURS HIPPIQUE DE BOR0E.\.UX.
écuyer de M. le baron Fleury, lieutenant au 15'"° dragons. Ce brillant
cavalier a gagné le prix de la coupe réservé à la meilleure course
d'obslacles. MM. d'Arcliangues, du Peyrat, Pérès, Pouydebat, de Gra-
raont, officiers de cavalerie^, Montuuroy, Daniel Bert, sporlmen distin-
gués, ont obtenu, après une brillante course, les principales récom-
penses de cette section.
Toutes les opérations du concours se sont passées dans un ordre
parfait. Cette magnilique fêle dirigée par les membres de la Société
hippique formant le (-omité du midi, qui est lui-même présidé par
M, Carayon-Latour, u'a rien laissé à désirer.
En résumé, le concours dont nous venons de donner un rapide
aperçu, atteste un progrès notable dans la production chevaline, et il
témoigne en outre, nous sommes heureux de le reconnaître, que le
goût noble du cheval est resté vivant parmi nos populations méri-
dionales. Louis BllUGUlÈRE.
CHARRUE FORESTIÈRE
La charrue forestière construite aujourd'hui dans les ateliers Bruel
et Brunat, à Moulins, fonctionne avec grand succès dans les forêts de
TElat et les forêts pariiculières de M. Darblay aux environs de Châ-
tellerault. Elle a été éprouvée sous tous les aspects de force, d'utilité,
de facilité de manœuvre, d'économie, enfin sous le rapport des
résultats qu'on en obtient. Au dire des personnes compétentes qui les
ont vus, les semis exécutés dans le département de Loir-el-Cher, à
Fig. 36. — Charrue forestière de M. Bruel.
l'aide de la charrue forestière, sont plus complets, plus vigoureux que
ceux obtenus jusqu'à ce jour par les procédés ordinaires de culture à
la houe, ou au moyen de la cliarrue agricole. La raison en est que les
graines, déposées dans la partie superficielle et la plus riche du ter-
rain, sont recouvertes d'humus, de feuilles, de débris végétaux de
toute nature, très favorables à la végétation.
La charrue forestière (fig. 36) est entièrement en fer de première
qualité; elle remue effectivement la superficie du terrain ' à ense-
mencer, sans le défoncer et surtout sans ramener à la surface, les
terres du fond. Elle rompt l'adhérence superficielle depuis 3 jusqu'à
10 centimètres, et plus si l'on veut, de profondeur; et elle ameublit
les terrains les plus résistants, en même temps qu'elle opère le recou-
vrement des foraines.
CHARRUE FORESTIÈRE. 339
Elle a pour objet de faciliter les semis de toute espèce^ et principa-
lement d'utiliser les glandées qui se produisent le plus souvent sans
résultat, comme le constatent les faits constatés dans les annales
forestières. Elle manœuvre avec une extrêmi? facilité au milieu des
réserves, des coupes d'ensemencement; elle manœuvrerait de même
à travers les cépées d'un taillis appauvri. Les racines des arbres, les
étocs, les bruyères^ le gazonnement le plus prononcé, ne sont pas des
obstacles à son passage; un ouvrier vigoureux peut, d'une seule main,
à l'aide du levier cintré E, replacer l'instrument sur ses roues pour lui
faire franchir les obstacles et le remettre en travail sans arrêter l'atte-
lage. Ce levier sert effectivement, par un mouvement de soulèvement
et de recul, facile et simple, à dégager la charrue des obstacles qu'elle
rencontre.
Dans les terrains forestiers, tels qu'on les trouve sous le couvert
des arbres, deux chevaux suffisent pour conduire la charrue fores-
tière et parcourent facilement par jour une étendue moyenne d'un
hectare et demi. Dans les terrains découverts, encombrés de bruyères,
d'ajoncs, ou fortement gazonnés, dans les sols d'une ténacité excep-
tionnelle, on attelera trois ou môme quatre chevaux, qui laboureront
par jour la même étendue. Un inspecteur des forêts de Blois, pays
dans lequel cette charrue fonctionne depuis fort longtemps, évalue de
7fr. 50 à 35 francs les frais de labour par hectare. L. de Sardriac.
LES ANIMAUX AU CONCOURS DE PARIS EN 1883.-111
L'adjonction d'une exposition de reproducteurs à celle des animaux
gras, comme nous l'avons vu, n'est point une innovation absolue.
Cette adjonction avait été essayée déjà, mais sans succès, à tel point
qu'on fut obligé de la discontinuer. Toutefois cette année il y avait
déjà un changement radical dans les conditions de cette annexe,
lequel en modifiait sérieusement l'économie. H y a quelques années,
lorsqu'on admit les étalons reproducteurs, on se contenta de leur
ouvrir les portes du palais, puis on les relégua dans un coin obscur
et on ne s'en occupa point autrement. Point de concours, partant point
de jury, point de récompenses distinctives; en un mot, c'était tout
simplement une bande d'animaux alignés et offerts aux acheteurs,
comme dans une foire, ni plus ni moins. Cette fois-ci, il faut l'admettre,
les choses ont été faites un peu plus dignement. On a assigné à cette
annexe de rexpositioû un emplacement réservé plus clair, plus en vue
et surtout plus accessible. Seulement la saison inopportune que l'on
a choisie exigeait l'enveloppement des animaux exposés avec des
couvertures, de sorte que l'inspection et l'appréciation pour le public
général en étaient pour ainsi dire impossibles. C'était pratiquement
une exposition fermée, et cet inconvénient n'était pas un des moindres
«le ce malheureux choix d'une saison si intempestive et si peu adaptée
à une exposition de reproducteurs, lesquels sont sensés ne pas avoir,
pour les garantir du froid, cette couche de graisse qui est le propre des
animaux préparés pour la boiicherie. En outre d'une installation plus
convenable, il y avait au moins un concours sanctionné par une distri-
bution de médailles. Les prix en espèces sonnantes auraient bien mieux
fait l'atîaire des exposants. iMais, après tout, ces distinctions, purement
honorifiques, avaient leur raison d'être, et témoignent dans une juste
340 LKS ANIMAUX AU CONCOURS DE PARIS.
mesure de la sollicitude de l'administration. En conscience, il n'eût
pas été raisonnable de réclamer davantage. Le but ostensible de cette
exposition était la vente des animaux exposés. Cette vente, sans aucun
doute, était surtout l'afYaire et l'intérêt des exposants; mais au-dessus
de cette considération terre à terre, il ne faut pas perdre de vue celle, bien
supérieure, de la dissémination de ces éléments de progrès, de la faci-
lité ainsi créée pour les éleveurs, de choisir et d'acheter, dans des con-
ditions abordables, les étalons dont ils ont besoin. Il faut aussi consi-
dérer la création d'une occasion unique de faire connaître et apprécier
au public les qualités des reproducteurs dont lintluence amélioratrice
a produit ces magnifiques animaux gras remplissant les travées voi-
sines. Si ce n'était l'inconvénient de la saison froide de janvier et de
février, si funeste à la santé de reproducteurs, généralement tenus en
stabulation permanente et qu'on fait ainsi voyager par une saison
presque toujours rigoureuse, cette juxtaposition des reproducteurs et
des produits pourrait donner lieu à un très utile enseignement. Mais
en somme. Je crois que les inconvénients de la saison contrebalancent,
et bien au delà, l'avantage qui pourrait découler d'un semblable rap-
prochement. Dans tous les cas, offrant des médailles, le gouvernement
a, tout fait ce qu'il pouvait faire, ce qui ne mempêche pas de dire que
je crois cette générosité absolument inutile, car elle n'ajoute aucune
sanction sérieuse au verdict du jury. C'est de l'argent on ne peut plus
inutilement employé. Ces médailles n'ont aucune raison d'être. Il faut
qu'une récompense soit la sanction d'un mérite absolu et non celle d'un
mérite relatif. Voilà une exposition composée d'un nombre très res-
treint de reproducteurs, tous d'une flagrante médiocrité; on donne
une médaille d'or au moins mauvais; je demande quelle recommanda-
tion pratique et réelle cette distinction donne-t-elle à cet animal comme
reproducteur? Quelle valeur additionnelle cet animal acquiert-il?
En cas de vente, à qui revient la médaille? à l'acheteur? ou bien reste-
t-elle au vendeur? En un mot, la récompense est-elle accordée à
l'animal pour établir sa valeur comme reproducteur, ou bien à l'expo-
sant comme appoint de sa spéculation, ou bien à l'éleveur comme
récompense de son habileté? C'est ce qui ne ressort pas bien claire-
ment du programme, et cependant tout cela est indispensable à savoir.
Le fait est que la chose a été décidée trop à la hâte. On a senti le
besoin de faire quelque chose dans le sens indiqué par l'expression des
vœux formulés par les éleveurs. L'exposition ébauchée était devenue
une nécessité, mais le temps a manqué pour mi^u^ir l'idée et en
établir l'exécution sur des bases rationnelles et pratiques. Dans tous
les cas, il n'y a aucun reproche à faire au gouvernement qui a fait ce
qu'il a pu faire, et qui, il faut l'espérer, a pu acquérir assez d'expé-
rience par cet essai peu réussi, pour organiser à l'avenir cette nou-
velle institution d'une manière plus solide et plus efficace.
Mais que dire de l'idée de la Société des agriculteurs de France
d'off'rir aux taureaux lauréats des primes de saillie, comme on en
donne aux étalons approuvés du gouvernement ou du département?
Voyez-vous ces taureaux, allant de foire en foire, démarchés en
marchés, de chefs-lieux en chefs-lieux, leur carte de prime attachée
aux cornes ou à la queue, avec des faveurs bleues, jaunes ou violettes
selon le degré de la distinction, et attirant les vaches du pays par un
boniment quelconque.
LES ANIMAUX AU CONCOURS DE PARIS. 341
Ces primes de reproducteurs, si elles ont une signification quel-
conque, ne peuvent avoir que celle-là, car on les a assimilées à celles
des chevaux entiers qui t'ont la monte dans les campagnes. On a
voulu, et on l'a dit, l'aire pour les taureaux, ce qu'on fait pour les
étalons rouleurs. Risum teneatis amiril Esl-il possible de rien conce-
voir de plus saugrenu, et comme je l'ai dit dans mon dernier article, de
plus ridicule? Mais en admettant que les propriétaires de taureaux
munis de leur pancarte attestant la prime de perfection, ne soient pas
tenus de les faire circuler en quête de vaches à saillir, ils doivent sans
doute être soumis à quelques obligations en retour des 300 francs ou
200 francs qu'on leur attribue. Seront-ils obligés de faire saillir toutes
les vaches qu'on leur amènera? ou bien leur accorde-t-on une cer-
taine latitude d'éclectisme? La saillie est-elle limitée au pur sang, ou
bien sera-t-on obligé d'admettre des vaches d'autres races, ou déjà
croisées? Le prix de la saillie est-il facultatif au gré du propriétaire de
l'animal ou bien y aura-t-il un tarif fixé à l'avance? Il est possible que
tout cela soit prévu et arrêté, mais j'avoue n'avoir vu nulle part la
solution de ces questions. Comme tout cela est impraticable!
Supposons que j'aie un voisin dont l'étable est fort inférieure à la
mienne. Il a mené ses taureaux au concours d'étalons, moi j'ai gardé
les miens pour une raison ou pour une autre. Ses taureaux reviennent
avec des cartes de prime dont il se fait naturelhmient une réclame. Les
animaux ont facilement triomphé sur un ensemble de médiocrité. Un
troisième voisin arrive avec une vache à faire saillir; il dédaigne naturel-
lement mes taureaux, bien qu'ils soient infiniment supérieurs à ceux de
mon voisin, parce que celui-ci am-a fixé à sa porte le signe de la prime
qu'il aura gagnée. Quelle valeur absolue peut-on attribuer à un animal
qui triomphe dans une classe remplie de médiocrités ? Et il ne faut
pas se le dissimuler, tant qu'on n'offrira pas de bons prix bien
substantiels aux exposants, ces concours gratuits n'attireront jamais
que des animaux inférieurs, et l'objet qu'on a en vue sera fatalement
déjoué.
Tous les éleveurs savent fort bien que si l'on donne à saillir à un
mâle pur sang une femelle d'une race différente de la sienne, ayant
des traits caractéristiques qui diffèrent de ceux de la race à laquelle
il appartient, il arrive souvent que ce mâle communique aux femelles
de sa race les traits distinctifs, et même certaines difformités de la
femelle hétérogène qu'il aura précédemment saillie. Avec un semblable
phénomène, comment osera-l-on prescrire au propriétaire d'un repro-
ducteur mâle primé une obligation quelconque d'admettre à la saillie
de son étalon toutes les femelles qu'on lui amènera? S'il y a une res-
triction, où est-elle indiquée? et s'il n'y a aucune obligation, à quoi
bon la prime?
D'un autre côté, comme la prime peut être, laute de bons concur-
rents, ou par erreur de jugement de la part du jury, attribuée à
un animal défectueux, voilà le goût des jeunes éleveurs tout à fait
dévoyé. L'animal primé sera naturellement considéré comme un type
de perfection qu'on viendra admirer et étudier. A quelque point de
vue qu'on se place, il est impossible de ne pas être frappé de l'ano-
malie d'un pareil système et de son inanité. Si encore le jury était
assez sévère pour n'accorder cette magnifique prime de 300 francs
qu'à des animaux d'élite, et la refuser irupitoyablement, dans le
342 LES ANIMAUX AU CONCOURS DE PARIS.
cas où les accidents de ces expositions n'offriraient aucun animal
digne de cette distinction, le principe serait sauf, mais il n'y aurait
plus d'exposants. Le vice radical de ce mode de distinction, c'est le
risque d'attribuer à un animal médiocre une prééminence continue,
qu'il peut ne devoir qu'à une concurrence restreinte comme nombre
et comme qualité. Le véritable principe d'un concours semblable est
de se suffire à lui-même; la véritable sanction du mérite d'un animal,
c'est l'enchère. Donnez des prix, cela est essentiel; mais que ces
récompenses n'aillent pas au delà du concours. Un animal gagne le
premier prix, mais ce premier prix n'a qu'une valeur relative, c'est-
à-dire que l'animal qui l'a remporté a été le plus beau de ceux avec
lesquels il concourait. Mais là s'arrête la distinction. Avec ce système
de primes d'étalons, vous donnez une valeur continue à un animal,
laquelle tend à lui donner une prééminence même sur ceux qui ne
concouraient pas avec lui. C'est un principe faux dont l'application
peut aller à Tencontre de nos intentions à tous, c'est-à-dire l'encou-
ragement au progrès.
11 ne m'est guère possible de quitter le sujet de la splendide exposition
qui vient d'avoir lieu sans exprimer l'impression favorable que j'en
ai ressentie. Tout y était à admirer. C'était une des choses en ce
genre les plus complètes et les mieux organisées que j'aie jamais vues.
On avait tout sous la main, quelques pas en avant ou en arrière
vous mettaient en contact presque immédiat avec ce que vous vouliez
voir, sans compter ces spectacles imprévus qui attiraient l'attention et
excitaient l'admiration.
En terminant, il n'est que juste de féliciter M. l'inspecteur général
Heuzé de la réussite éclatante de ses soins organisateurs. Il nous a
donné la plus belle exposition qui ait encore eu lieu dans cette
magnifique enceinte du palais de l'Industrie depuis celle de 1856.
J'aime aussi à rendre justice à son aménité et à sa complaisance, ainsi
qu'à sa fermeté. C'est évidemment un homme qui se possède. Cepen-
dant, j'ai une critique à faire. On n'aurait pas dû donner aux membres
du jury des catalogues avec les noms des exposants. Je sais bien que
les membres des jurys sont des hommes des plus honorables, et que
la connaissance des noms des exposants n'a point influencé leur
jugement. Quant à moi, tout entier à l'examen des animaux, je n'ai
pas même lu le nom des exposants. Mais de même qu'il ne faut pas
que la femme de César soit soupçonnée, il convient aussi de mettre
la responsabilité des membres du jury sous la sauvegarde d'une
mesure aussi simple que celle dont il s'agit.
F.-R. DE LA TuÉHOlSNAIS.
PLANTES SANS TERRE ET AVEC TERRE- - VU
LES FLEURS EN HIVER SUR FENÊTRES {Suite)
Les expériences que j'ai exposées' permettent de tracer des règles
pratiques et raisonnées de cette nouvelle culture sur fenêtres à l'arrière-
saison.
Toute plante convient, pourvu qu'elle puisse fleurir à la fin de
Tautooine. Peu importe qu'elle ait fleuri au printemps ou en été, si
elle peut refleurir.
1 . Voir le Journal, du 17 février dernier.
PLANTES SA-NS TERRE ET AVEC TERRE. 343
J'ai constaté qu'aucune préparation n'assure aux plantes une végé-
tation plus claire et plus brillante, une floraison plus belle et plus
durable pour se prolonger en hiver, qu'un rempotage en sable d'allii-
vion et mousse fertilisée, opéré vers la fin de juillet, qu'il s'agisse de
plantes annuelles en repiquage, de boutures reprises ou de plantes
vivaces ou ligneuses.
Puis on tient la plante à une exposition éclairée et aérée, celle, en
un mot, qui convient le mieux à sa nature, mais sans précautions exa-
gérées, car il s'agit surtout de la rendre résistante, de développer en
elle les énergies vitales et l'endurance qui seront mises à profit plus
tard. Si elle vent fleurir trop tôt, on supprime les boutons à Heur, au
besoin même on pratique quelques pincementb qui ont pour but de
refouler la sève jusqu'à ce qu'il convienne de lui laisser son cours.
Quand la première tleur va s'ouvrir, on met la plante sans terre, ou,
s'il agrée mieux, on la laisse empotée, car, des deux manières, les
racines se trouvant dans un milieu perméable, la floraison sera égale-
ment belle et durable. Mais la mise sans terre a l'avantage de sup-
primer les pots encombrants, de parer aux accidents trop fréquents
qu'ils occasionnent sur fenêtre, et surtout de permettre de réunir
dans le même espace plusieurs plantes diverses dont la floraison suc-
cessive durera des mois entiers.
Il ne faut pas compliquer. Ce rempotage en sable d'alluvion et
mousse fertilisée est à recommander pour les [)lantes cultivées en pots
ou de transplantation diflicile. Mais, tout excellent qu'il soit pour
celles de pleine terre, il suffit qu'elles aient eu, préalablement avant
la mise sans terre, un ou deux repiquages qui ont pour effet, on le
sait, démultiplier le chevelu. Plus la plante en est ])Ourvue et moins
les radicelles sont offensées dans l'arrachage et le lavage des racines,
plus les résultats seront satisfaisants.
Que la plante, ainsi préparée, commence à fleurir en octobre, en
novembre et même en décembre, voici ce qui arrive : toutes les éner-
gies virtuelles qu'elle aura amassées à l'air libre au jardin se trouve-
ront comme retenues par le ralentissement de la sève en cette saison,
et s'utiliseront pour la durée de la floraison, surtout si la plante est
placée à l'air sur une fenêtre, à une température basse qui viendra
retarder encore la véi^étation. Alors la floraison dure indéfiniment, la
force évolutive du végétal étant à la fois considérable par son accu-
mulation antérieure et se trouvant ralentie dans son expansion par
deux influences naturelles, la saison du repos des plantes et la tempé-
rature basse du milieu ambiant.
Dans ce jeu de forces naturelles en équilibre, le végétal se montre
impressionnable au moindre abri. Voici quelques exemples de l'in-
fluence eflicace que la plus sim])le protection contre les intempéries,
même dispensée avec une parcimonieuse sollicitude, peut avoir sur
des plantes dans ces conditions.
Sur un assez grand nombre de boutures de rosiers, élevées d'après
le procédé que j'ai exposé, et laissées au jardin aux rigueurs de la
température, il en est qui, malgré tout, conservent leurs boutons
sans pourrir, tant la force de résistance est grande chez des plantes
rempotées en sable et mousse fertilisée. Il suiïit de mettre ces rosiers
sur le rebord extérieur d'une fenêtre, dans une situation tant soit peu
abritée en comparaison de celle qu'ils avaient au jardin, pour que le
344 PLANTES SANS TERRE ET AVEC TERRE.
bouton s'ouvre peu à peu et devienne une rose admirable. En cultivant
ainsi à la fin de l'automne les rosiers à fleurs pourpres, si vite brû-
lées par le soleil en été, on obtient des roses durables et d'une richesse
de nuances indéfinissable : les colorations rouge, pourpre, violet,
orange, rose, s'accentuant davantage à l'arrière-saison.
Et pourtant la température que ces rosiers ont sur la fenêtre, don-
nant sur le jardin, est la môme qu'ils ont à l'air libre. Du moins c'est
le même degré au thermomètre. Mais l'exposition, un peu garantie
des courants d'air et des intempéries, suffit pour que la floraison,
impossible au jardin, s'etfectue sur la fenêtre.
La douceur des derniers jours de la fin de décembre a fait pousser
au jardin les hampes florales des primevères. Mais pas une fleur ne
s'ouvre sans être flétrie en quelques heures ; tandis que ces fleurs sur
fenêtre ont une durée pour ainsi dire illimitée, en gardant une fraîcheur
printanière.
Des géraniums, il ne peut être question que sous châssis. Bien qu'y re-
cevant la lumière par en haut, et qu'aucun rayon de soleil ne brille sans
les atteindre, je constate que les fleurs sous verre sont beaucoup moins
durables que celles sur une fenêtre au nord, à l'air, en plaques de
mousse. Serait-ce qu'en raison des pluies persistantes les châssis ont
dû être souvent fermés, qu'ils le sont avant ia nuit, dans la crainte des
gelées inopinées ? Cette différence tient évidemment à l'intermittence
dans l'aération et à des variations de température. Chose remarquable,
les fleurs des géraniums sur fenêtre, au premier étage, au nord, sont
plus durablement fraîches en décembre qu'elles ne l'étaient en sep-
tembre, sur un perron au rez-de-chaussée, lorque ces plantes se trou-
vaient exposées aux rosées nocturnes d'une vallée humide, aux écarts
de température entre la nuit et le jour. Un abri contre les intempéries,
une aération continue, une température ]ieu variable sont donc des
conditions prépondérantes pour maintenir la floraison, et peuvent,
jusqu'à un certain point, suppléer à une lumière moins vive.
Ainsi on peut expliquer comment des géraniums en fleur sur fenê-
tre, au nord, supportent une température aussi basse. Justement parce
qu'elle varie peu, comme cela a lieu en hiver tant que le thermomètre
est au-dessus de 0, elle maintient très lente, mais régulière, la circu-
lation déjà faible de la sève. Pourvu que la plante ne gèle pus, elle
s'accommode mieux sur fenêtre d'une température basse, mais qui ne
change guère^ que sous verre des écarts entre la chaleur du soleil qui
sollicite la végétation et les courants subits d'air froid, quand on ouvre
les châssis qui l'interrompent.
Ai-je besoin de faire remarquer que toute plante, déjà étiolée, qui
aurait poussé par la chaleur artificielle, réussirait mal sur fenêtre, à
l'air presque glacé qui y règne. C'est à des plantes déjà aguerries au
froid, qui ont toujours été baignées d'air, qu'on peut impunément
faire supporter un tel abaissement de température. Si les plantes de
serre vivent moins mal que les rustiques en appartement, cette culture
sur fenêtre demande des plantes robustes.
Ce que j'ai dit de la quantité minime d'engrais, c'est-à-dire de
mousse fertilisante, utile aux plantes sans terre, dangereuse et même
mortelle dès qu'on l'augmente inconsidérément, peut se dire égale-
ment de la protection contre les intempéries pendant la saison rigou-
reuse. En effet, on s'aperçoit que pour bien nourrir un végétal, il
PLANTES SANS TERRE ET AVEC TERRE. 345
s'agit moins de lui prodiguer une nourriture intensive que de le
mettre à même, par l'aération des racines, d'élaborer parfaitement les
moindres quantités de cetle nourriture, comme pour accroître sa résis-
tance vitale, le moindre abri suffit quand la plante s'aide elle même.
Ce n'est pas un paradoxe de dire que l'ei'reur en culture est de traiter
les plantes comme des êtres passifs. Le principe fécond est de les ren-
dre complices du jardinier. On les sature d'engrais comme si elles
étaient insatiables, on les pourrit de couvertures, sans voir que ces
créatures de l'air ne sont avides que d'air, à ce point que le meilleur
préservatif de la partie aérienne est l'aération des racines. Comme tout
ce qui vit, les plantes sont impressionnables au bien-être, mais avec
une sensibilité exquise, car il ne leur profite qu'à petite dose.
J'ai remarqué précédemment combien un peu plus de lumière que
ramène janvier se fait sentir aux plantes sur fenêtres pour les embellir.
Il serait intéressant, à ce point de vue, de faire succéder les anémones
aux anémones, les primevères aux primevères, etc., etc., depuis
octobre jusqu'en avril. On pourrait ainsi comparer l'influence de la
lumière décroissante et de la lumière croissante sur des plantes de
même sorte, et constater la durée de la floraison suivant la variabilité
dans la température à l'arrière-saison et au renouveau.
Les expériences que j'ai sous les yeux semblent mettre ceci en évi-
dence : que la coloration de la corolle est due principalement à la
sève, et que cette coloration est d'autant plus réussie que la sève est
élaborée par une aération plus continue du végétal. Quant au rôle de
la lumière, au moment même de la floraison, elle n'aurait qu'une
influence indirecte sur la coloration de la corolle, qui serait pour ainsi
dire tout acquise avant que la fleur épanouisse. La lumière agissant
surtout sur les feuilles contribuerait puissamment à la santé^enérale
du végétal. Voilà pourquoi sur une fenêtre au nord ou au nord-est, oii
le soleil n'arrive pas en hiver, des plantes placées au moment de leur
floraison, qui ont été élevées préalablement à l'air libre et à toute la
lumière désirable, des géraniums, des anémones aux brillants coloris,
gardent en fleurissant tout l'éclat de leurs fleurs. Et je remarque que
chez ces mêmes géraniums qui sont sur cette fenêtre depuis octobre,
les feuilles ont reçu du très faible accroissement de lumière en jan-
vier une vitalité nouvelle.
Il n'est pas jusqu'aux arrosements qui n'accusent, selon le mode
d'opérer, l'excitabilité des plantes sur fenêtres. Pour compenser la faible
évaporalion qui se produit, en hiver, à l'air le plus souvent humide
sous notre climat brumeux, il suffit, de temps à autre, démettre un peu
d'eau dans l'assiette où repose la motte de mousse, ou de faire tomber
l'eau goutte à goutte d'une éponge mouillée sur la superficie. Mais si
l'on dirige sur la mousse et un peu sur les feuilles, sans atteindre
les fleurs, le jet d'un petit arrosoir vaporisateur, la plante s'avive
comme à vue d'œil. J'hésitais à employer les vaporisations sur une
fenêtre au nord, lorsque le thermomètre marquait -\- 3 degrés. Bien à
tort, à voir la physionomie de santé qui éclaira les plantes. C'est ainsi
qu'elles sont le plus heureusement disposées pour servir dans leur
fraîcheur et dans leur éclat à des décorations florales temporaires à
l'intérieur, ou bien à une figuration artistique, saisissables dans leur
liberté de port, dans leur vérité d'aspect, comme à l'étude du savant
qui avec une loupe observerait le mouvement de la vie dans les feuilles.
346 PLANTAS SANS TERRE ET AVEC TERRE
la fleur et dans les radicelles. Car il suffit d'écarter quelques brins de
mousse pour voir, sans le troubler, le mystérieux travail des racines
caché jusqu'ici dans la terre.
On sait que les racines ne sont jamais inactives en liiver^ et que
comme dans la germination d'une graine la radicule pousse avant la
gemmule ou petite tige, chez les arbres fruitiers, dans la saison du
repos apparent de la végétation, les radicelles puisent à l'avance la
sève nourricière du bourgeon qui deviendra rameau et se couvrira de
feuilles, de fleurs et plus tard de fruits. J'observe ce travail prélimi-
naire sur un [)elit framboisier en mousse dont les feuilles, grâce à la
mise sans terre, ne sont tombées que le 20 décembre, et déjà en jan-
vier, les radicelles s'évertuent à gonfler les bourgeons qui vont suc-
céder aux feuilles.
Mais voici qui me paraît bien digne d'attention. Chez un petit rosier
franc de pied mis sans terre le 20 octobre, qui avait alors deux boutons
à fleur peu développés, la marche de la végétation a été si lente que
les deux boulons, au 20 janvier, ne sont pas encore pleinement ouverts,
bien que très sains et ayant touj(»urs grossi peu à peu en avivant leur
coloration pourpre. Et pendant ce temps de nouveaux bourgeons ont
poussé, qui ont des feuilles et dont une des extrémités a même un
bouton à fleur. De sorte que sur ce rosier la végétation ininterrompue
dans la partie aérienne présente ce singulier spectacle, de feuilles et
d'une fleur naissantes de l'année qui vient poussant simultanément
avec des feuilles et des fleurs encore à fleurir de l'année écoulée. Et
comme cela se passe sur une fenêtre au nord-est, à une température
moyenne de 0 à -j- 5 degrés Iléaumur, on entrevoit ce que sous un
climat meilleur on pourra obtenir par l'aération des racines. Et com-
bien prête à l'observation cette culture sur fenêtres, qui dans la réclu-
sion de l'hiver permet de suivre à travers une vitre, commodément à
portée de l'œil, les moindres incidents de l'évolution des plantes. Le
champ des expériences peut être aussi vaste qu'on voudra, car il n'y
a qu'à les varier sous différents climats pour que des plantes de toute
sorte puissent être ainsi observées.
Aussi, encouragé pir ces premiers résultats, ai-je peu à peu garni
toutes mes fenêtres de plantes fleuries. Elles en sont maintenant encom-
brées. Rien de plus agréable à voir de ma table à écrire que cette
plate-bande verdoyante égayée de corolles de toutes formes et de toutes
couleurs servant de premier plan à un paysage austère — c'est Thiver
vu à travers avril. Ajoutez que ces plantes se trouvant à l'air, c'est-à-
dire heureuses et fraîches dans leur élément naturel, réjouissent les
yeux sans être gênées ni gênantes comme elles le sont toujours en
appartement.
Aussitôt que le soleil luit, les abeilles se succèdent sur les plantes
fleuries qui garnissent le rebord extérieur des croisées. Et c'est un
intéressant spectacle pour l'amateur d'insectes qui sans les troubler
observe à l'aise derrière la vitre. Il serait possible d'hybrider des
plantes en réunissant sur une même fenêtre celles qu'on voudrait
croiser entre elles. Les mouches se chargeraient de porter le pollen de
l'une à l'autre, sans adultération possible, lorsque des plantes de
même sorte ne sont pas fleuries au jardin.
Qu'une gelée un peu prolongée survienne, alors on apprécie les
plaisirs imprévus que tient en réserve cette culture sur fenêtres. Dans
PLANTES SANS TERRE ET AVEC TERRE. 3^7
l'era brasure de croisée d'une anticharabra sans feu, sur une table d'un
mètre carré environ recouverte de toile cirée," une centaine de plantes
en mousse trouveront place, formant hu éblouissant parterre : hellé-
bores naines, pâquerettes variées, saxifrage liueti, primevères des jar-
dins doubles et simples, cyclamens de Perse, anémones de toutes cou-
leurs, violettes de Parme et le czar, perce-neige, primevères du J;ipon
prolongées d'automne, etc., etc., — pendant qu'à une autre fenêtre des
plantes plus hautes et plus ^brtes, rosiers, géraniums, roses de Noël,
héliotropes d'hiver, composent un épais buisson lïeuri. Ces tables
encadrées de poirées gigantesques, daralia, d'abutilon, d'eulalia, pré-
cieuse en hiver où les graminées sont rares, de férule du Japon, très
recommandable par ses feuilles d'un beau vert élégamment découpées
et qui a le mérite d'être en végétation d'octobre à juin. Notez que ces
plantes, isolées ou groupées selon leur dimension par 4, 6, ou plus, en
plaques de mousse ou en vases, déplaçables à volonté, se prêtent à
toutes les combinaisons qui plaisent.
J'indique les plantes que j'ai sous les yeux (25 janvier), mais rfue
d'autres pourraient y être ajoutées ! Ainsi réunies, c'est un charmant
spectacle en contraste avec la désolation du dehors que la végétation
saine, la verdure intense, l'éclat des fleurs qu'ont seuls les végétaux
qui vivent à l'air et qui, en pleine santé, peuvent attendre tout le temps
que dureront les gelées pour revenir sur les fenêtres. Pendant que les
plantes restent rentrées, quelques vaporisations à l'arrosoir-vaporisa-
teur les entretiennent dans leur fraîcheur.
Cette faculté de maintenir la végétation en laissant la plante à l'air
tout en la soustrayant à l'excès des intempéries, cette possibilité de
conserver en hiver la floraison commencée à l'automne, a une por-
tée qui n'échappera à personne. Elle permet, à l'arrièrc-saison, à
l'époque où nous sommes privés des fleurs au jardin, de les avoir
durables sur fenêtres, d'en jouir' et de les étudier peut-être mieux que
dans leur évolution rapide en pleine sève. Il y a là des ressources inat-
tendues pour prolonger les jouissances florales des personnes vouées
dans les villes aux travaux sédentaires. J'avoue que j'ai ressenti une
des plus pures joies à voir ce que j'essaie à dire. Que de fois, le matin,
au réveil ou dans la journée, en me relevant de mon papier, j'ai
regardé à travers les vitres si mes plantes ne s'étaient pas dédites ! et
toujours elles m'assuraient que leur floraison inaltérée était la réalite
et que mon doute était l'illusion. Cela est certain; voilà trois mois
que je l'observe sans relâche : la facilité de cette culture, qui la rend
possible sur le rebord d'une mansarde abritée, comme sur tout appui
extérieur de fenêtre dans une situation un peu garantie des pluies et
des vents ; la durée, pour ainsi dire enchantée, des plantes fleuries qui
permet aux reclus du travail, aux solitaires du cœur et de la pensée,
aux moins fortunés, de jouir avec intensité, et dans la sécurité d'un
lendemain, du spectacle toujours nouveau, toujours imprévu, du beau
dans la fleur.
La nature n'est que forces, et par conséquent recèle des virtualités
inépuisables qu'il suffit, aussitôt qu'on est sur une piste, de rappro-
cher, de combiner, d'équilibrer pour obtenir des résultats inespérés.
1. « Cesl aujo .rd'hiii seuleuiuiu qti on apinécie un bouton de rose, inijourd'hiii que la saison
des roses est passée (Gœthe). » Kii parlant des (leurs et surtout de la rose on serait loujours tenté
de citer Gœthe. l\ aobservé les plantes en poète, en jardinier, en décoiivreur. Il a dit : « La rose
semble toujours impossible », et a trouvé pourTexpliquer ce sursiim corda i «< Courage! l'impé-
rissable est l'éternelle loi selon laquelle fleurissent le lis et la rose. "
348 PLANTES SANS TERRE ET AVEC TERRE.
L'expansion de la vapeur d'eau a pu être utilisée comme force impul-
sive dès que dans la chaudière où elle se condense elle a rencontré pour
sortir un obstacle à vaincre qui, à peine vaincu, se représente toujours.
Par une sorte d'analon;ie, il est possible d'accumuler la force évolutive
d'un végétal par la culture à l'air libre, de l'aviver, de la régénérer par
une aération continue (l'air faisant l'office de charbon, et le milieu
perméable oii sont les racines de générateur pour l'élaboration de la
sève). Par ces effets, le végétal acquiert une résistance assez grande
pour que les influences de contre-saison, de diminution de lumière,
d'abaissement de température, qui ordinairement suspendent la végé-
tation et empêchent la floraison, n'agissent plus que pour ralentir
l'évolution vitale en la maintenant au profit de la végétation per-
sistante et de la floraison durable. Une faculté nouvelle se trouve
ainsi au pouvoir de la culture, car il arrive que la plante réalise d'elle-
même, docile sous l'empire de circonstances complexes, qu'on peut
faire coïncider à volonté, ce que le jardinier n'a jamais pu conquérir
par artifice, à grand renfort d'abris de charbon et de soins, la durée
indéfinie de la Heur.
N'en est-ce pas une manifestation éclatante qu'en l'absence du
soleil, dans nos froides brumes, la rose puisse rester fleurie cinq
semaines sur une fenêtre, en hiver, sans chaleur artificielle !
Alfred Dumesnil.
L^ENSILAGE DES FOURRAGES VERTS EN AMÉRIQUE
Il faut toujours demander aux années de sanctionner les progrès
agricoles ; lorsque des expériences répétées ont démontré la valeur d'un
système, il entre dans les habitudes des cultivateurs, et ce qui avait
d'abord paru exagéré semble ensuite tout naturel. Il y a bientôt dix ans
que M. Auguste Goffart a fait connaître le système d'ensilage des
fourrages verts qu'il avait trouvé, et les résultats qu'il en avait obtenus.
Les imitateurs devinrent bientôt nombreux, non seulement en France,
mais dans les autres parties de l'Europe et jusqu'en Amérique; le nom
de l'inventeur devint populaire dans les deux inondes. Les Américains,
avec le sens pratique qui les distingue, eurent bientôt compris l'impor-
tance du nouveau procédé de conservation des fourrages; dans un
grand nombre de fermes, surtout dans les Etats de l'est, on construsit
des silos, et les agriculteurs se piquèrent d'émulation dans la nouvelle
voie. En 1882, sur l'initiative de M. Brown, un congrès de fermiers
pratiquant l'ensilage fut organisé à New-York ; un deuxième congrès
vient de se réunir en janvier 1883. U American cuUivator de Boston
donne, sur les discussions de ce congrès, un compte rendu détaillé
dont nous plaçons la traduction sous les yeux de nos lecteurs :
D'après les invitations faites par M. J.-B. Brown, une grande réunion de
fermiers et d'autres personnes s'intéressant au système de l'ensilage a eu lieu,
55, Beckman-street, à New-York, les 25 et 26 janvier 1883.
L'organisation s'est etï'ectuée en nommant pour président M. Francis Morris,
de Baltimore, le premier qui a construit un silo ou récipient pour la conservation
du fourrage, et M. Brown pour secrétaire.
M. Brown qui l'ut aussi le secrétaire du premier congrès, fît le premier discours
à peu près comme il suit : Ceci est un pas en avant vers celte grande étude et de
nombreuses et importantes lettres nous ont été adressées du Maine et de la Cali-
fornie de la part de ceux qui ne peuvent assister en personne à la séance.
^; 11 était évident que, peu de temps après notre premier congrès, un second
L'ENSILAGE DES FOURRAGES VERTS EN AMÉRIQUE. 349
était nécessaire afin de corriî^er certains malentendus qui s'étaient élevés au sujet
de l'ensilage; bien des questions non abordées à cette époque devaient être plus
tard discutées et si possible résolues; nous sommes bien plus compétents pour le
faire maintenant que nous ne l'étions alors. Nous nous sommes réunis l'année
dernière dans un espèce d'ébahissement, de ce qu'un si grand nombre avait réussi;
nous sommes maintenant ensemble curieux de savoir si aucun n'a failli.
Pour apprécier la valeur de ce système ou de tout autre, il faut comparer le prix
du labeur requis pour produire les mêmes résultats. Si nous avons appris à dimi-
nuer le prix de revient, en produisant la récolte, ou en préparant le silo, ou en le
remplissant avec moins de hâte, nous avons augmenté la valeur du système.
Presque tous les premiers silos furent construits par des hommes qui ne
devaient pas ne pas réussir, et ils coûtaient tant que cela décourageait les voisins
pauvres qui croyaient qu'ils devaient être tous construits en maçonnerie. Plus de
la moitié des 400 millions de fermes des Etats-Unis ont 100 acres ou moins
d'étendue. Ce congrès de l'ensilage enverra dire à ces petits fermiers qu'ils pour-
ront prendre leur part dans les avantages de ce système qui était suoposé réservé
aux capitalistes ou aux fermiers qui possédaient des revenus provenant d'autres
sources que de celles de leurs fermes. Voici un échantillon d'ensilage d'un silo qui
n'a coiité que 50 francs et contient 10 tonnes, et c'est même un très bon ensilage.
Nous pouvons dire à l'Angleterre et à l'Ecosse : N'attendez pas après le temps !
rentrez vos fourrages quand ils sont mouillés.
Nous pouvons dire à la nouvelle Angleterre : N'abandonnez pas vos fermes, mais
gardez tous vos rayons de soleil en conservant les jus (l'essence) de vos récoltes.
M. Brown remarque que la valeur de l'ensilage a été la découverte d'hommes
d'affaires expérimentés tandis que la science la contemplait avec un air de doute.
M. Brown lit une lettre d'Eugénia Groffart, belle-sœur d'Auguste Groffart, offrant
le buste de l'inventeur au Congrès pour lui, et il en enlève la couverture.
L'orateur suivant a été M. Alfred-A. Reid, fermier à Warwick, B. S. un fervent
disciple de l'ensilage. Pendant la dernière année, en nourrissant son bétail, ses
veaux se sont bien développés; sjs vaches ont donné une égale quantité de lait
et elle n'a pas diminué en hiver comme cela avait lieu habituellement, ses porcs
étaient en bonne condition, et ses bœufs ont augmenté de poids, sans aucun cas
de maladie parmi le stock vivant.
Il a nourri ses animaux avec tout l'ensilage qu'ils désiraient trois fois par
jour, donnant aux vaches laitières un supplément de trois quarts de son, à ses
bœufs deux quarts, mais rien à son jeune bétail.
En ensilant du seigle, il a remarqué deux fois en deux semaines, un léger goiàt
au lait. 11 a pensé que l'ensilage était resté trop longtemps exposé à l'air, et que
la fermentation était exagérée. Il a lu un extrait du journal quotidien de sa ferme
sur le coiàt et revient de l'ensilage de 4 acres. Lci. prix total de 66 tonnes
dans le champ est de ê 159. 57 et la dépense depuis le champ jusqu'au silo était
£ 69 37 de sorte que la dépense totale était de € 228.9 i ou ê 3.'i5 par tonne.
M. Reid dit qu'il a ensilé du trelle, du seigle de même que du maïs, mais son
expérience l'a convaincu que le maïs faisait le meilleur ensilage.
Le révérend D"" William Ormiston cite ensuite son expérience. Il a construit un
silo, et il montre le produit de l'ensilage de sa ferme située à Whitby, sur le lac
Ontario à Farento. Même les plus intelligents de ses amis, dit-il, se sont moqués
de lui lorsqu'il s'est proposé (l'essayer de l'ensilage mais il avait foi dans le sys-
tème et persévéra en dépit des railleries de ses amis. Il construisit un silo de
.50 pieds de long et de 20 pieds de largeur, mura les côtés en pierres de 20 pouces
d'épaisseur et ensila du trèfle, du maïs et même de mauvaises herbes (weeds)
Ses 12 acres de terre avaient produit un avoir de 12 tonnes et demi chaque d'ensi-
lage. La dépense pour chercher la récolte depuis le champ et l'avoir tassée dans
le silo était environ £ 1.20 par tonne ,et le fourrage quand le silo fut ouvert la pre-
mière semaine de janvier, fut trouvé aussi vert et succulent que le premier jour où
il fut recueilli.
Les chevaux, vaches et porcs le mansjeaient avec avidité. Il avait cultivé une
seconde récolte de trèlle, il l'avait ajoutée au maïs, ainsi que des pommes empilées
sur le tout. Le bétail préfère l'ensilage aux navets et à la nourriture sèche, et la
qualité du lait s'améliore sensible nent sans aucun doute par la nouvelle nourri-
ture. La seule question pour lui maintenant est de savoir si elle fera du bon
bomf (bonne viande) et ^'est ce dont il va s'occuper; il est heureux de voir que l'on
peut construire les silos à bon marché.
350 l'ensilage DES FOURRAGES VERTS EN AMÉRIQUE.
Une lettre de M. E.-W. Steward recommande très chaudement de mettre dans
les silos du très bon fourrage pour obtenir de la bonne viande. Il a trouvé que le
mélange du maïs et du trèfle avait produit autant et d'aussi bon lait que le four-
rage vert.
La question de savoir si les silos en bois sont aussi bons que ceux en pierres
ou en béton (concrète) a occupé leur sérieuse attention. M. Moore, du pays de
Rochlande, et M. Persey, de Ghatham des Etats-Unis, ont raconté leurs essais
avec les silos de bois et se sont prononcés en leur faveur, déclarant qu'ils avaient
réussi à. conserver de l'excellent ensilage dedans, et que le fourrage était presque
aussi protégé contre la gelée que dans ceux qui étaient maçonnés. M. Moore
constate qu'il a construit un silo dans la grange et un autre dans la terre avec
des planches goudronnées. Dans la terre, l'ensilage était pourri dans l'espace de
6 pouces tout autour; dans la grange, l'ensilage était aussi sain autour des planches
qu'au centre. Quand c'était gelé, il en a nourri son bétail quand même et il
paraissait le savourer.
M. Charles F. Cromwel, de Eye N.-Y. , ditqu'ila bâti son silo beaucoup plus dispen-
dieusement que cela n'était nécessaire. L'année dernière, il avait semé son maïs
tardivement. Il leva, etavec lui tant de mauvaises herbes qu'ilne put être cultivé;
il ensila le tout ensemble comme cela poussa. Dent de cheval, maïs du Midi, fait
le meilleur ensilage selon lui; les avoines font mieux que le seigle
M. W.-A. Strong, de Golden Spring's (sources d'or), N.-Y., montre du maïs
qu'il a ensilé sans le couper en petits morceaux, il a trouvé que c'était plus facile
de laisser les tiges de cette façon et que son bétail s'en régalait aussi bien que
celui qui était coupé. Il est heureux de ce que ce soit une erreur de croire qu'il
est nécessaire d'exclure complètement l'air des silos pour conserver le fourrage.
La seule ^chose nécessaire est une pression suffisante. Gela ne lui a coûté que
2 cents et demi par jour pour nourrir une vache avec l'ensilage, et à cela il a
mêlé un peu de graines de brasserie. La question du montant total de la pression
nécessaire pour conserver l'ensilage fut discutée pendant quelque temps. Il avait
obtenu 65 tonnes de maïs sur 6 acres de terre au prix de £ I.2Û par tonne,
à raison de £ 2.50 par jour. Il commença par nourrir 14 vaches (SI décembre); à
ce moment elles donnaient 3 bidons de lait; maintenant elles donnent 4 bidons.
M. Smith, de Syracuse, N.-Y., grand éleveur de bestiaux du Holstein, dit qu'il
élève ces précieux animaux presque entièrement avec l'ensilage, et dit que le pre-
mier silo qu'il a construit était en briques et qu'il a employé une pression de
300 livres au pied carré. Le résultat fut que lesilo éclata. Le D"" Orraiston dit
qu'il a employé une pression de 100 livres au pied carré, mais il croit que c'est
trop, il en emploiera moins. M. Reid de la Providence dit que sur un de ses
silos, il a employé quatre vis pour obtenir la pression convenable, et sur un
autre, 15,950 kilog. de pierres, ce qui équivaut environ 66 livres au pied carré et il
a trouvé que cette pression était ce qu'il fallait pour s'assurer d'un bon
ensilage.
M. J.-Y. Smith, de Doylestown, P. A., pense que le fourrage doit être coupé
avant d'être mis dans le silo et qu'avec sa machine il peut couper et tasser son
maïs à meilleur compte que M. Strong peut lier et tasser son maïs non coupé.
Il est enthousiaste en ses éloges de l'ensilage pour la nourriture des bestiaux et
déclare qu'il fait d'aussi bonne viande que celle produite en Angleterre ou ailleurs.
M J.-W. Walcott, de Ganton-Massa, dit que l'entier coût de son ensilage
avec lequel il a nourri 104 vaches était d'environ £2 par tonne. Il vendait par se-
maine 1,000 livres de beurre d'ensilage au prix de 65 cents par livre.
Un silo que vous pouvez remphr dans un jour, dit M. Walcott, est la grandeur
la plus commode. Le plus tôt vous pouvez le remplir et y ajouter la pression,, le
mieux ce sera pour votre ensilage. En matière de silos, il est indifférent que cela
coûte € 25 ou £ 25,000. L'un conservera votre ensilage aussi bien que l'autre.
La seule chose nécessaire est une pression continue. Je crois qu'une pile de
maïs en plein air peut être parfaitement conservée, si l'on met sur le dessus un
poids suffisant pour en expulser l'oxygène. J'emploie environ 130 livres de poids
au pied carré et je ne découvre aucune partie de mon silo avant que je n'aie besoin
d'employer mon ensilage. Le coût de la récolte selon lui, était moins que 44 cents
la tonne, et le total du tassement dans le silo environ € 2. Il a employé le seigle
en ensilage pendant quatre ans et n'en a jamais eu de mauvais résultats, mais le
seigle doit être coupé plus tôt,
A ses vaches laitières, il avait donné depuis le 20 novembre .le maïs ensilé
L'ENSILAGE DES FOURRAGES VERTS EN AMÉRIQUE. 351
mélangé de 3 pintes de maïs alimentaire et 3 pintes de coton alimentaire par jour.
Au bétail plus jeune l'ensilage seulement.
Le prix de revient de l'ensilage a soulevé de grandes discussions, et il y avait
des différences notables pour le coût.
M. J. M. BruglerdeNew Brunswick, N.-J., a lu un rapport constatant qu'il avait
obtenu un rendement de 353 tonnes et 1,930 livres d'ensilage sur 36 acres au prix
de £ 6.25 par tonne,
M. C. T. Benedict, de Holyoke Map., dit que l'ensilage lui coûte une bagatelle,
moins que € 5 par tonne.
LeD"" W. B, Eagcx, jadis à New-York maintenant à West-Point, dit qu'il emploie
encore l'ensilage et qu'il l'aime mieux que jamais. Il nourrit 330 vaches; il pré-
fère le maïs au seigle, il trouve cela plus nourrissant, le maïs donne plus de
lait. En 1881, il a dépensé 90 cents pour le cultiver et le mettre dans les silos.
M. B. Cannon qui a pratiqué ce nouveau mode d'alimentation dans ses grandes
fermes près Burlington, dit que son expérience de l'ensilage était pour ainsi dire
limitée et se bornait presqu'exclusiveraent à cet effet d'engraisser les animaux.
En vue de déterminer l'économie relative de la nourriture de l'ensilage et foin il
acheta l'année dernière un troupeau ds 19 bêtes de iShorthorn, il les sépara en
trois groupes. Le premier groupe fut traité comme le fermier de New-England
traite son bétail; en hiver, il le plaça dans la cour de ferme à l'air libre sous son
hangar et lui donna journellement 20 livres de paille et foin et 3 livres de
gi'ains; il tint le second lot dans des étables, le nourrit avec 20 livres de foin et
un picotin de mangel, espèce de betterave. Le troisième groupe fut aussi tenu
dans des étables, et nourri avec l'ensilage et 3 livres de grains. Il pesa toute la
nourriture el pesa aussi les animaux une fois par mois. Fixant le coût du foin à
£ 10 par tonne, son transport à £ 1 en sus, il a trouvé que le coût relatif de la
nourriture des 3 lots était comme suit pour six mois. Le premier lot, É 19,20;
le second lot, £ 23,40; le troisième lot, € 14,^*0. L'ensilage était évalué à
8 cents par jour. L'économie de l'ensilage sur le foin était de è 4.80, ou 2 -> pour
100; de l'ensilage sur foin et racines, € 9 ou 39 pour 100. Le gain en poids des
animaux était : 1" lot, 5 pour 100; 2'' lot, 9 et demi pour 100; 3'' lot, II et demi
pour 100.
Le gain en qualité était à peu près le même dans le second et le troisième lot.
Il vendit ces deux lots sur pied à la ferme pour l'exportation, pour 6 cents la livre;
mais pour le premier lot, il ne put obtenir qu'une otîre de 5 cents. Le gain total
en faveur de l'ensilage était 5 et demi pour 100. La température normale de la
famille bovine est 102 et l'orateur a trouvé que la température du bétail nourri
par l'ensilage était uniforme durant tout l'hiver, tandis que pour l'autre il y avait
continuellement variation. M. Cannon dit qu'il est pleinement satisfait des résul-
tats de son ensilage et se propose de le continuer cette année.
M. Orlahdo B. Potter dit que son essai de l'anné'i dernière a été répété celle-ci
dans sa ferme de Sing-Sing, N,-Y. et il n'a fait aucun changement à ses expéri-
mentations sinon d'avoir augmenté son ensilage et diminué la quantité de grains
donné à son bétail.
Gomme auparavant ses vaches préféraient cette nourriture et étaient en meilleures
conditions quand elles étaient nourries par l'ensilage au lieu de l'ancien système.
Il fit l'année dernière un essai qui lui fut suggéré par M. Goffart, lequel était
d'avoir de 10 à 20 pour 100 de vieux foin coupé et joint au maïs et mis dans
le silo.
IL a trouvé que quand on mettait plus de 10 pour 100 l'ensilage était endom-
magé; l'année prochaine, il en mettra très peu puisque l'expérience a prouvé que
l'ensilage n'en a pas bénéficié. Il a trouvé que les silos sous terre conservaient
l'ensilage mieux que tout autre.
Il est aussi convaincu que la meilleure et la plus économique couverture du silo
doit être la terre, mettant dessus quelques pouces de paille (chaume).
Il a trouvé qu'en général une couverture de 8 à 12 pouces suffisait. En réponse
aux questions adressées, M. Potier dit que l'ensilage de deux ans est aussi bon
que celui d'un an et qu'il l'emploie en nourriture tant qu'il y en a.
M. Benedict, de-Holyoke-Mass, certifie de l'adaptibilité de l'ensilage pour les
porcs. Il nourrit 65 porcsavecson fourrage conservé; ils le savourent et engraissent
rapidement. M. Power, en réponse à la question qui lui est faite, «si l'ens'lage
convient aux chevaux», répond qu'il a nourri ses cinq chevaux avec le maïs ensilé
avec foin et grain. A l'exception d'un seul, tous l'aiment, el celui qui semble ne
3b2 l'ensilage des FOURRAGES VERTS EN AMÉRIQUE.
Faimer qu'à peu près s'arrange de manière à manger toute sa ration dans la
iournée. « Mes chevaux n'ont jamais paru mieux », dit l'orateur.
M. W. Meiriam, de Sommerville, N.-Y., dit que le professeur Cooke du New-
Jersey, collège d'agriculture, proclame que les tiges sèches, convenablement pré-
parées' produisent une aussi bonne nourriture que l'ensilage. L'orateur n'est pas
de l'avis du professeur. Il place un lourd poids de pierres sur son silo et il en
sort un produit ensilé aussi beau que possible.
M. Lmsley, de Morris (comté de) N.-Y., a exhibé un échantillon de beurre fail
avec la crème du lait des vaches.qui avaient été nourries par l'ensilage. Le lait
avait augmenté de 15à20pour 100, etmême en qualité en une semaine. M. W.Trus-
low qui a mis 1 ,400 tonnes d'ensilage sur sa nouvelle ferme de Samuel Reming-
ston, à Gazanna,'N.-Y., dit que le sorgho fait du bon ensilage, mais que le pro-
duit'était si (^rossier et si aigu que les bestiaux en perdaient beaucoup. Il a essayé
de tout et il trouve que rien ne remplace le maïs.
Son expérience lui a appris que le silo doit être rempli dans la journée, et qu'en
général trop de pression est employée. Le grand point est de couper le maïs quand
il est en bonne condition, et on pense qu'il l'est quand l'épi est formé, la soie
est apparue et que quelques épis grillés puissent être cueillis. C'est une grande
faute de le couper trop vert. D'autres orateurs disent avoir obtenu un bon ensilage,
même quand les tiges de maïs avaient été un peu gelées. M. Truslow pense que
le trèfle contient trop d'azote pour faire du bon ensilage ; il sort l'ensilage
du silo 18 heures avant de le donner à manger, le mélange avec du grain, puis le
plonge dans de l'eau chaude avant de le donner au bétail. Le moha de Hongrie, dit
M. Truslow, fait de l'excellent ensilage. M. Gol-Weigh, d'Atlantic-Gi'y, est a ac-
cord avec M. Truslow, et dit qu'il n'a jamais coupé un champ de maïs pour en-
siler avant qu'il n'y eiit quelques épis pleinement développés.
M. Francis Morris, de Baltimore, dit qu'il a toujours employé des silos en terre,
et n'importe quel fermier peut en faire en creusant un trou, en le remplissant de
fourrao-e et en le couvrant de terre. C'est le meilleur silo, parce que c'est lé moins
cher. . , ,. •
M. John B. Kennetz a employé des chevaux pour tasser son ensilage, les laip
sant partir du bord extérieur et les faisant travailler vers le centre. Le coiît pour
lui de ."bOO tonnes de maïs ensilé sur 40 acres, estimant cette quantité sur la base
de 50 livres au pied cubique et l'entassage, fut de 81.38 par tonne.
Le D'' Ormisson dit qu'il y a quarante-cinq ans quand il était dans la ferme de
son père, en Ecosse, c'é ait l'usage de nourrir le bétail avec des feuilles.
Des médecins de New-York ont constaté que bien des maladies des enfants
provenaient de la nourriture non mûre que les fermiers donnaient à leurs vaches.
M. Potter dit qu'un des grands avantages de l'ensilage du trèfle était qu'il
ne surissait pas et que les veaux qui le mangeaient quand ils quittaient les
pâturages, continuaient agrandir aussi vite ([ue quand ils étaient aux prés.
Le congrès était unanime dans l'opinion que l'ensilage est un grand succès.
Une résolution fut adoptée exprimant l'appréciation de la grande valeur du
système de l'ensilage découvert et introduit par M. Goffart de France et recom-
mandant aux fermiers des Etats-Unis de l'adopter comme étant la meilleure
méthode la plus économique pour conserver les récoltes de fourrage. Le congrès
adopte la résolution de remercier M. Brown pour le zèle qu'il a apporté à intro-
duire le système de M. Goftart dans ce pays et à établir le congrès de l'ensilage
de cette année et de l'année dernière.
Le président du congres, M. Francis Morris, de Maryland, et M. Brown sont
autorisés à former un plan pour une organisation permanente et à faire un
rapport qui sera imprimé.
C'est avec une légitime fierté que nous pouvons constater l'accueil
qui a été fait en Amérique à une découverte française ainsi que le
parti qu'on a su en tirer : le fait n'est pas fréquent, et c'est pourquoi
il doit être enregistré. Il y a d'ailleurs là un exemple; si la découverte
de M. Goffart provoque de tels enthousiasmes que ceux qui viennent
d'être constatés, il importe que les cultivateurs français ne se laissent
pas distancer par les étrangers dans son application et, par suite, dans
les avantages qu'elle peut procurer.
Henry Sagnier.
MOYENS d'améliorer LA SITUATION DE L'AGRICULTURE. 353
SUR LES MOYENS D'AMÉLIORER LA SITUATION
DE L'AGRICULTURE
Dans une série d'articles, récemment publiés dans le Journal de l'agri-
culture, M. Duroselle, après avoir exposé la situation précaire dans la-
quelle se trouve l'agriculture française, propose un mode de culture
du blé comme moyen d'améliorer cette fâcheuse situation.
Je ne contesterai point la valeur du conseil de M. Duroselle au point
de vue cultural ; mais pour le cas dont il s'agit, il me semble que le
remède préconisé par l'écrivain a bien peu de portée et de valeur. Tous
les cultivateurs ne sont pas agriculteurs, plusieurs sont viticulteurs,
sériciculteurs, etc., et n'ont rien à voir dans la culture du blé. En outre
il n'y a pas que les agriculteurs qui aient à se plaindre de la situation
actuelle ; on peut entendre des plaintes plus ou moins vives et plus ou
moins fondées, à tous les degrés de l'échelle sociale. Il ne s'agit donc
point de quelques hectolitres de blé déplus ou de moins, mais de causes
diverses et d'une importance capitale.
Quand le navire n'avance plus, il ne s'agit point de divaguer sur la
couleur des voiles, ou sur le mécanisme du gouvernail; mais bien de
savoir si cela dépend du vent ou de la marée. Il est bien évident que
notre régime économique laisse beaucoup à désirer, et c'est sur ce point
que je veux appeler l'attention de mes lecteurs.
Pour bien finir, il faut bien commencer; et pour bien commencer il
faut commencer les choses par leur commencement. Or, pour moi le
commencement en fait d'économie sociale, c'est une logique et équi-
table répartition des impôts; et, à mon avis nos impôts ne sont point
répartis, ils sont jetés comme attràppe qui pourra. Celui-ci paiera
parce qu'il est bancroche, celui-là parce qu'il est bancal, celui ci parce
qu'il est bossu, celui-là parce que peut-être il le deviendra. Mais, pour
quel motif et d'après quel principe, Je n'en sais rien, ni d'autres non
plus.
La contribution foncière a bien été une fois répartie d'après le prin-
cipe ou assiette du revenu net, mais depuis cinquante ans bien des
choses ont changé. Dans certains cas, la propriété a doublé, quadruplé,
décuplé de valeur, quand par ailleurs la valeur n'a presque pas varié,
et l'impôt n'a point été modifié en conséquence. En sorte qu'il n'y a plus
ni équité ni harmonie, mais une telle disproportion dont on sera fort
étonné quand on en aura connaissance, et qu'on s'étonnera à bon droit
qu'une telle anomalie ait pu durer aussi longtemps. Il faut donc
nécessairement en venir à une nouvelle et équitable répartition des
impôts.
L'impôt, basé sur l'assiette du revenu net est bien le système le
plus équitable, mais je ne dis point le plus logique, car il faut qu'il
soit possible d'arriver à la connaissance exacte de ce revenu net. Or,
chacun sait qu'il est très difdcile de connaître le revenu net d'une pro-
priété et que cela est matériellement et mathématiquement impossible
quand il s'agit d'une parcelle, le revenu pouvant varier à l'infini avec
le temps, le mode de culture et une foule de circonstances qu'il est natu-
rellement impossible de prévoir.
A mon avis il serait bien plus simple et plus logique de baser la
contribution foncière sur la valeur vénale de la propriété, ce qu'il est
354 MOYENS D'AMÉLIORER LA SITUATION DE L'AGRIGULTDRE.
toujours facile de savoir et de connaître^ ce qui prête peu à l'arbitraire
et ce qui est bien la meilleure expression dont on puisse se servir pour
déterminer la richesse réelle.
Emile Josse.
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE
Séance du 28 février 1883. — Présidence de M. Chevreul.
M. Vandercolme envoie à la Société une note sur les résultats qu'il
a obtenus pour la transformation des fosses à fumier vicieuses. Avec
une très faible dépende, ainsi que le savent les lecteurs du Journal^
on obtient une plus grande quantité de fumier de meilleure qualité.
M. Daviau, vétérinaire à Patay (Loiret), transmet une conférence
qu'il a faite sur la vaccination préventive des moutons contre le char-
bon, d'après la méthode de M. Pasteur.
M. Plonquet envoie le compte rendu du congrès agricole de Chau-
mont en 1882; — M. Eugène Lahaye, une étude sur l'unification des
tarifs de chemins de fer; — M. le baron de Galonné, un volume qu'il
vient de publier sur la vie agricole sous l'ancien régime en Picardie
et en Artois; — M. Doumet-Adanson, une notice sur la fédération des
Sociétés d'horticulture en France; — M. Gaetoni Cantoni, une bro-
chure sur l'année agricole 1882 en Italie.
M. Gayot, après avoir présenté plusieurs pelotes stomacales de
Léporidés, dont il a précédemment parlé à la Société, fait une commu-
nication sur des expériences ordonnées par le ministre de la guerre
sur l'alimentation du cheval de troupe au moyen de la ration ordi-
naire comparativement avec unei ration dans laquelle entre la farine
de cocotier. Il paraît résulter de ces expériences que l'intervention de
la farine de cocotier dans la ration a produit d'excellents résultats.
M. Prillieux présente quelques détails sur les expériences auxquelles
s'est livré M. Jensen relativement au Peronospora de la pomme de
terre. M. Jensen, après avoir cultivé ce champignon dans divers états
de température, a constaté qu'à partir de 25", le mycélium ne produit
plus de spores; il pense que cette circonstance est peut-être la cause
pour laquelle la maladie des pommes de terre ne se développe pas
dans quelques régions. M. Peligot cite, à cette occasion, des expé-
riences dont il a été témoin, d'où il paraît résulter que le plâtre
empêche les progrès de la maladie. M. Boussingault constate que, sur les
plateaux des Andes, on a bien constaté la maladie des pommes de
terre, mais qu'on s'en inquiète peu, parce que la maladie ne peut pas
être propagée par les tubercules conservés, l'habitude étant d'arracher
ces tubercules au fur et à mesure des besoins de la consommation.
Henry Sagnier.
REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT DES DENRÉES AGRICOLES
(3 MARS lb83).
I. — Situation générale.
Les cultivateurs, occupés aux travaux des champs, fréquentent peu les marches.
Il en résulte que les transactions sont calmes pour la plupart des denrées agricoles.
IL — Les grains et les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par quintal métrique,
sur les principaux marchés de la France et de l'étranger :
REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT (3 MARS 1883).
355
16. bO
17.00
NORD.OITEST.
Calvados. Condé t
— Lisieux 5
Côt.-du-Nord. LAnn'ion.. Q
— Pontrieux 2
Finistùrc. Quimpcr î
— Morlaix Ij.'io »
lUe-el-Vilai7ie. Rennes., 'ih.bo »
— Redon '2'i.7d 17.20
Manches. Avraiiches. .. 26.00 »
— Pontorson... . 26.25 »
— Villedieu 25.75 10. oo
Mayenne. Laval 25.80 »
— Châteaii-Oonlier. 25.00 16 25
A/or6t7ian. Hennebont.. 23.50 17.50
Orne. Seez 24.23 17.00
— Vimoutiers 2'i.00 »
Sori/ve. Le Mans 26.00 15.75
— Sablé .. 25.75 »
Prix moyens 24.78 16.52
2" RÉGION. — NORD.
Aisne. Soissons 24.00 H. 95
— Saint-Quentin... 24.25 t6.0O
— Villers-Cotlerets. 22.75 14.25
Eure. Bernay 24.25 »
— Damville 23.75 15.00
— Neiibourg 23 75 14.00
Eure-et-Loir. Cliartres.. 23.25 13.85
— Auneau 23.75 14.60
— Nogent-le-Rotrou. 25.50 »
JVord. Cambrai 25.70 15.50
— Douai 27.00 »
— Valenciennes 25.00 15.50
Oise. Beauvais.. 22.25 14.40
— Compiègne 22.50 15.25
— Noyon 24.00 15. 1 5
Pas-de-Calais. Avràs... 27.25 15.50
— Donllrins 25.20 14.20
Seine. Paris 25.50 15.50
S.-el-Mar. Meiun 24.00 14.76
— Dammarlin 22.00 14.50
— Provins 23.50 16.00
S.-elrOise. Elsimpes 23.85 14.70
^ — Pontoise 23.00 15.50
— Versailles 23.00 1450
Sem6-/n/erie(tr'e. Rouen. 24. 05 14.00
— Dieppe 23.50 14.50
— Fécamp 23.05 14.75
Somme. Amiens 23.25 14.50
— Péronne 22.75 »
— Roye 22.50 14.35
Prix moyens 23.89 14.78
16.50 17.00
» 19 00
18.50 16.50
20.00 20.50
16.00 21.50
15.75 »
17.20 18.7!)
18.00
17.00
19.75
19.75
19.00
17.50
18.25
18.60
19.00
»
19.00
18.50
19.50
18.50
17.50
19.00
17.50
18.00
17.00
18.60
18.25
3* RÉGION
Ardennes. Charleville. .
— Vouziers
Aube. Troyes
, — Mery-sar-Seine . . .
— Nogent-sur-Seine.
Marne. Clialons
— Reims
— Sezanne
Hte-Marne. St-Dizier...
Meurlhe-et-Mos. Nancy.
— Pont-à-Mousson. .
— Toul
Meuse. Bar-le-Duc
— Verdun
Haule-Saône. Gray
— Neufchàieau
Vosges. Epinal
— Raonl'Ktape
Prix moyens
4" RÉGION
Charente. Angoulème. . .
— Ruffec
Char.-Infér. La Rochelle
Deux-Scvres. Niort....'.
Indre-et-Loire. Bléré. . . .
— Château-Renault..
Loire-Inf. Nantes
M.-el-Loir- saumur
— Angers
Fenrf'ie.Fontenay-l.-Com
— La Roche-sur-Yon.
• Vienne. Chalelierault. .
— Loudun
Haute- Vienne. Limoges. .
Prix moyens
NORD.EST
23.36 15.39
26.50
26.25
24.00
24 . 50
25.50
25.00
26 25
26 00
25.50
2'.. 75
26.25
25.00
25.80
26.00
18.25
17.50
20 . 00
18.25
17.00
18.00
19.00
13.25
17.50
17.75
17.50
17.00
18.25
17.00
17.50
18.50
1G.17 18.55 17.96
15.00
15.00
16.50
16 00
16.50
»
17.00
17.50
20.00
18.50
20.00
17.50
19.00
18.50
Allier. Montluçon
— Gannat....
— La Palisse
Cher. Bourges ....
— Saint-Amand
— Vierzon
Creuse. Aubusson..
hïdre. Chàteauroux
— • Issoudun ....
— Valençay....
Loiret. Orléans
— Montargis
— (iien
L.-et-Cher. Blois. ..
— Montoire
Nièvre. Nevers
— La Charité...
Yonne. Brienon....
— Tonnerre....
— Sens
Prix moyens 24.29 15.24
6' RÉGION. — EST.
Ain. Bourg 25 . 60
— Pont-de-Vaux.... 25.00
Côte-d'Or. Dijon 21.50
— Semur 22.00
/)ou6s. Besançon 23.00
Isère. Grenoble 26. 00
— Bouigoin..-. 24.50
Jura. Dole 23.00
Loire. Montbrison 24.00
P.-de-Dôme. Cl.-Ferrand 25.30
Rhône. Lyon 24.75
Saônè-et-Loire. Autun.. 23.50
— Chalon 25.00
Cavoie. Chambéry 25 . 50
Hte-Savoie. Annecy 25.75
Prix moyens 24.29
7* RÉGION. — SITU-OUEST
Ariège. Foix <.. 25 80 13.00
— Pamiers 25 00
Dordogne. Bergeinc. . .. 27. 70
Hte-Garonne. Toulouse. 27.50
— St-Gaudens 26.00
Gers. Condom. 27.00
— Eauze 26.25
— Mirande 25 75
Gironde. Bordeaux 28.00
— La Réole 26.75
Landes. Dax 29.00
Lot-et-Garonne. Agea. . . 27.00
— Nérac 27.50
B.-Pyrénées. Bayonne.. 28.00
//<es-Pî/rértées. Tarbes.. 28.25
Prix moyens 27.03
13.14 17.57
»
1)
17.00
15.75
II
17.25
16.00
17.00
15.75
15.50
»
»
16.75
14.75
»
17.50
14.25
16.75
17.75
15.00
17.00
16.50
15.50
17.50
17.00
16.00
17.25
18.00
15.75
17.50
18.25
16.50
))
16.50
16.25
18.00
20.00
16.50
»
18.25
»
»
18.50
15.66 17.29 17.37
19.25
19.00
18.80
19.25
20.25
20.00
19.50
20.50
20.50
19.00
20.75
18.00
19.00
»
20.50
19.25
19.50
18 50
18.13 18.36 19.61
16.00
16.85
17.00
17.00
18.00
18 50
19.50
18.75
18.50
20 25
19.25
8* REGION. •
SUD.
20.25
19.50
ylitde. Carcassonne 27.25
— Castelnaudary.... 27.75
Aveijron. Villefranche.. 25.80
Cantal. Mauriac 25.65
Corrèze. Luberzac 25.50
Hérault, cette 27.25
— Béziers 28.25
Lot. Cdhoi-s 26.50
Lozère. Mende 24.05
Pi/redées-Or. Perpignan. 27.75 20.00 25.00
rai-n,. Castres 27.50 18.00 »
Tarn-et-Gaf. MontauDan 27.00 17.25 19.50
18.25
22.90
18.25
20.50
17.00
17.35
26.15
18.50
»
20.50
17.50
18.20
19 50
20.25
17.00
20.95
18.25
21.00
21.25
18.20
17.75
18.40
20.25
20.00
Prix moyens 26. 68 18.84
9' RÉGION. — SITD-EST
Basses-Alpes. Manosque 28.00
Hautes-.Alpes. Briançon. 27.75
Alpes- Maritimes. Csinnei 27.50
Ardcche. Privas 26.80
B.-du-Rhône. Arles 27.25
Drame. Valence 25.25
Gard. Alais 26.00
Haute-Loire. Brioude... 24 75
Tar. Samt-Maximin.... 25.00
Faitciitse. Avignon 26.75
Prix moyens 26.61
Moy. de toute la France 25. 16
— de la semaine précéd. 25.25 16 63
Sur la seniaineillausse.
précédente..) Baisse..
20.57 19.40
»
11
22
00
17
80
18
50
18
00
18
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45
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19
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17
00
1)
16
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17
50
,)
20
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00
00
17
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18
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18
05
18
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97
16
53
18
23
18
20
16
63
18
11
18
OS
0.12 0.14
0.09 0.10
356 ' REVUE COMMERCIALE ET PRIX GOURANT
Blé. Seigle. Orge. Avoine,
fr. fr. fr. fr.
., ( blé tendre... 27.25
Algérie. Alger| ^j . ^^^. 25.75 >- 17.00 16.25
Angleterre. Londres 26.25 » 19.35 19.80
Belgique. Anvers 25.75 17.75 18.00 16.75
— Bruxelles 25 50 16.00 » 17.00
— Liège 23.50 17.00 20.50 17.00
— Namur 23.00 15.75 20.00 15.50
Pays-Bas. Amsterdam 23.80 17.10 » •
Luxembourg. Luxembourg 24.25 » » 17.00
Alsace-Lorraine. Metz 23.60 17.75 17.50 18.00
— Strasbourg 25.00 18.00 16.75 17.25
_ Mulhouse 22.25 16.50 17.00 17.75
Allemagne. Berlin ■ 23.10 17.10
— Cologne 24.35 18.10
— Hambourg 22.50 16.35
Suisse. Genève 27 00 19.25 20.00 19.75
Italie. Vienne 25.00 19.00 » 18.50 .
Espagne. Valladolid 24.50 » .. »
Autriche. Vienne 20.. 50 15.00 16.00 14.25
Hongrie. Budapeslh 20.75 15.20 15.75 13 80
Bussie. Saint-Pétersbourg.. 22.30 15.30 » 12.25
Etats-Unis. New-York 24.05 » » »
Blès. — Le temp.s qui a régné depuis huit jours dans la plus grande partie de
la France est tout à l'ait favorable aux travaux de la culture. On en profite pour
reprendre partout les travaux interrompus, et pour achever la préparation des
terres destinées aux semailles de printemps. Celles-ci sont poursuivies avec
ardeur dans un grand nombre de localités, et les cultivateurs, plus favorisés,
reprennent un peu d'espoir. Ces circonstances sont d'ailleurs également bonnes
pour les terres emblavées, qui commencent à se ressuyer et dans lesquelles la
végétation reprend avec vigueur. Les transactions continuent à présenter assez
de calme sur la plupart des marchés; les cours ne subissent pas de variations
importantes. — A la halle de Paris., le mercredi 28 février, les affaires ont été
restreintes, avec un peu plus de fermeté dans les cours. On payait de 24 fr. 50
à 26 fr. 50 par 100 kilog. suivant les sortes; le prix moyen s'est fixé à 25 fr. 50.
— Au marché des blés à livrer, on cotait: disponible, 26 fr. 25 à 26 fr. 50; mars,
26 fr. à 26 fr. 25; mars et avril, 26 fr. 25 à 28 fr. 50; quatre mois de mars,
26 fr. 50; quatre mois de mai, 27 fr. 50 à 27 Ir 75 — Au Havre., les ventes sont
peu actives en blés d'Amérique, aux cours de 2^ fr, 50 à 28 fr. par 100 kilog.
sans changements importants — A Marseille, quoique les ventes soient relati-
vement peu considérables, les prix accusent beaucoup de fermeté. Les arriages
de la semaine ont été de 95,000 quintaux; le stock est actuellement de
265,000 quintaux dans les docks. Les ventes se font à des prix fermes. On cote
suivant les sortes par 100 kilog. : Red-winter, 29 fr. ; Berdianska, 27 fr. 50;
Marianopoli, 26 fr. 75; Varna, 22 fr. 50 à 2:j Ir.; Danube, 22 à 24 fr.;
Pologne, 26 fr. à 26 fr. 50. — A Londres^ les importations ont été de 92,600 quin-,
taux métriques depuis huit jours. Les prix se maintiennent ave ; peine. On cote
de 25 fr. à 27 fr. 50 par llO kilog. suivant les qualités et les provenances.
Farines. — Depuis quelques jours, les prix des farines de consommation sont
plus faibles. On paye suivant' les sortes, le mercredi 28 février à la halle de Paris :
marque de Gorbeil, 61 fr. ; marques de choix, 62 à 64 fr.; premières marques,
59 à 60 fr,? bonnes marques, 58 à 59 fr.; sortes ordinaires, 56 à 57 fr.; le tout
par sac de 159 kilog. toile perdue ou 157 kilog. net, ce qui correspond aux prix
extrêmes de 35 fr. 65 à 40 fr. 10 par 100 kilog., ou en moyenne 37 fr. 85 soit
0 fr. 15 de baisse sur le prix moyen du mercredi précédent. Quant aux farines
de spéculation, on cotait à Paris, le mercredi 28 février au soir : farines neuf-
marques, courant du mois, 59 fr. à 59 fr. 25; mars, 59 fr. 25; mars-avril, 58 fr. 25
à 59 fr. 50; quatre mois de mars, 59 fr. 50; quatre mois de mai, 60 fr. 25 à
60 fr. 50; le tout par sac de 159 kilog. toile perdue ou 157 kilog. net. — Les
gruaux sont vendus aux mêmes cours que précédemment, de 47 à 58 fr. par
100 kilog.; les farines deuxièmes, de 26 à 33 fr.
1% Seigles. — Les ventes sont toujours calmes. Oa paye à la halle de Paris, 1 5 fr. 25
à 15 fr. 75 par 100 kilog. suivant les sortes. Les prix des farines de seigle se fixent
de 23 à 25 ir.
Orges. — H y a maintien des anciens prix pour les orges à la halle Paris. On
les paye de ]7 fr. 75 à 20 fr. 75 par IOj kilog., suivant les qualités. Les escour-
geons sont vendus aux prix de 18 fr. 25 à 18 fr. 50. — A Londres, les importa-
DES DENRÉES AGRICOLES (3 MARS 1883). 357
lions d'orges ont été de 35,000 Cfuintaux depuis huit jours. On paie de 18 fr. à
20 fr 70 par 100 kilog, suivant les sortes.
Malt. — Les prix se soutiennent. On paye à Paris, 27 à 31 fr. par 100 kilog.
pour les malts d orge; 27 à 29 fr. pour ceux d'escourgeon,
Avomes. — Les affaires sont peu importantes, mais les prix se maintiennent.
On cote à la halle de Paris, de 17 à 19 fr. 50 par 100 kilog., suivant poids*
couleur et qualité. — A Londres, il a été importé 80,000 quintaux d'avoines
depuis huit jours. Les prix se fixent de 17 fr. 95 à 21 fr. 70 par 100 kilog., sui-
vant les sortes.
Sarrasin. — Cours sans changements, de 15 fr. 75 à 16 fr. par 100 kilo"-, à la
halle de Paris.
Maïs. — Dans les ports, les maïs d'Amérique se vendent facilement aux cours
de 18 fr. 50 à 19 fr. par 100 kilog. suivant les sortes.
Issues. — Quoique les offres soient assez abondantes, les prix se soutiennent.
On paye à la halle de Paris : gros son seul, 13 fr. 75 à 14 fr.; son trois cases,
12 fr. 50 à 13 fr.; sons fins. Il fr. 50 à 12 fr.; recoupettes, 12 à 12 fr. 50; remou-
lages, 15 à 18 fr. suivant les qualités; le tout par 100 kilo"-,
ni. — Fourrages, graines fourragères.
Fourrages. — Les prix sont fermes sur la plupart des marchés. On cote par
1,000 kilog. : Beauvais, luzerne. 70 fr.; paille, 50 à 60 fr.; — Gharleville, foin,
80 à 85 fr.: paille, 50 à 55 fr.; — Rambouillet, foin, 84 à 100 fr.; paille, 56 à
70 fr.; — Toulouse, foin, 105 à 115 fr.; sainfoin, 95 à 115 fr.; paille, 50 à 55 fr.
Graines fourragères. — Les demandes sont assez actives, avec des prix fermes.
On paye à Paris par 100 kilog. : trèfle violet, 155 à 205 fr.; trèfle blanc, 200 à
250 fr.; luzerne de Provence, i55 à 175 fr.; de Poitou, 115 à 135 fr.; d'Italie,
140 à 150 fr.; minette, 60 à 75 fr.; ray-grass, 65 à 70 fr.; vesces, 27 à 29 fr.;
sainfoin, 25 à 32 fr.
IV. — Fruits et légumes frais.
Fruits. — On vend à la halle de Paris : poires, le cent, 5 fr. à 100 fr.,le kilog.,
G fr. 25 à 0 fr. 50; pommes, le cent, 5 fr. à 100 fr. ; le kilog., 0 fr. 20 à
0 fr. 40; raisins communs, le kilog., 4à 10 fr.
Gros légumes. — Dernier cours de la halle : asperges de châssis, la botte, de
15 à 25 fr.; aux petits pois, la botte, 2 à 5 fr.; betteraves, la manne, 0 fr. 30 à
1 fr. 40; carottes communes, les 100 bottes, 18à 28 fr.; d'hiver, l'hectolitre, 2 fr. à
4fr. 25; de chevaux, les 100 bottes, 12 à20fr.; choux communs, le cent, 3 à 15 fr.;
navets communs, les 100 bottes, 20 à 30 fr.; de Freneuse, 25 à35 fr. l'hectohtre,
3 fr. à 4 fr. ; oignons en grain, l'hectohtre, 10 à 13 f i\ ; panais communs, les
100 bottes, 12 à 15 fr.; poireaux communs, les 100 bottes, 25 à 60 fr.
Pommes de terre. — Hollande communes, l'hectolitre, 14 à 17 fr.; le quintal,
20 fr. 14 à 24 fr. 28; jaunes communes, l'hectolitre, 9 à 10 fr.: le quintal,
12 fr. 85 à 14 fr. 28.
V. — Vins, spiritueux, vinaigres, cidres.
Vins. — Le commerce des vins continue à présenter le plus grand calme ; les
ventes, dans la plupart des centres viticoles, sont toujours peu importantes, mais
il y a beaucoup de fermeté dans les prix, surtout lorsqu'il s'agit des vins de
qualité supérieure, et même pour les vins ordinaires. D'autre part, le commerce
est dans une situation qui ne varie pas. Les transactions, sur toutes les sortes de
vins, sont peu importantes; il ne faut faire d'exception véritable que pour le com-
merce d'exportation qui présente beaucoup plus d'activité que pendant l'année
précédente ; Bordeaux est toujours le principal centre de cette activité. Il est d'ail-
leurs, de plus en plus certain que, quoi qu'on en ait dit, les vins de 1882 ont une
qualité qui est supérieure à la détestable réputation qui leur avait été faite au
moment des vendanges. Entre lés petits vins dont la conservation est douteuse,
et ceux qui ont un corns suffisant pour se conserver parfaitement, la dilférence
des prix est de près ae moitié dans les celliers des vignerons. Ainsi, dans la
Dordogne, tandis que les bons vins ordinaires valent de 450 à 500 fr. la pièce,
ceux des mêmes vignobles qui sont de qualité inférieure, ne valent pas plus de
300 à 400 fr. Dans le Midi, les prix sont cotés aux taux que nous avons précé-
demment indiqués, tant pour les vins de pays que pour ceux d'Espagne. — Dans
les vignes, le temps plus favorable qui règne depuis quelques semaines, permet
de continuer les travaux de taille ; le bois se présente presque partout dans de
bonnes conditions de maturité.
358 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
Spiritueux. — Pendant que, sur les marchés du Midi, les alcools de vins se
vendent toujours aux mêmes prix que précédemment, on peut constater sur quel-
ques marchés du Nord une hausse sensible due à quelques affaires de spéculation
])lus actives; c'est surtout à Paris que ce mouvement est accentué. Dans le Midi,
on cote suivant les marchés : Cette, 3/6 bon goût, 105 à 110 fr.; marc, 100 fr.;
Pézenas, 3/6 bon goût, 102 fr. par hectolitre; marc, 94 fr.; Montpellier^ 3/6 bon
goût, 100 fr.; marc, 90 fr. — Dans les Gharentes, les affaires sont calmes. Les
eaux-de-vie de 1878 à 1880 valent à Cognac par hectolitre : Borderies, 220 à225fr.;
fins bois, 210 à 220 fr.; bons bois, 200 à 210 fr.; bois éloignés, 190 à 210 fr. —
A Bordeaux, on cote les Armagnacs, Itb à 190 h\ par hectoUtre suivant la qualité.
— A Lille, les 3/6 betteraves sont payés 51 fr. — A Paris, on cote : 3/6 bettera-
ves, 90 degrés, 1''^ qualité, disponible, 52 fr. 75 ; mars, 52 fr. 75 à 53 fr. 25; mars
et avril, 53 fr. 25; quatre mois de mai, 53 fr. 75. — Le stock était, au 28 février,
de 19,300 pipes, contre 13,800 en 1882.
Vinaigres. — Les cours varient peu. On paye à Orléans par hectolitre : vinaigre
nouveau de vin nouveau, 40 à 42 fr.; vinaigre nouveau de vin vieux, 45 à 47 fr.;
vinaigre vieux, 55 à 60 fr.
Raisins secs. — Vente active, avec prix soutenus, sur les divers marchés du
Midi. A Marseille, on cote par 100 kilog. suivant les sortes : Gorinthe, 51 fr. à
51 fr. 50; Thyra, 40 fr. 50 à 41 fr.; Beyrouth, 34 à 35 fr.; Tripoh, 30 à 32 fr.;
Chypre, 50 à 51 fr.; Samos, 43 à 45 fr.; Candie, 41 à 42 fr.; Alexandrette, 42 fr.
à 43 fr.
VI. — Sucres. — Hélasses. — Fécules. — Glucoses. — Houblons.
'^Sucres. — Les affaires sont toujours aussi difficiles, et les prix ne varient pas*
On paye les sucres bruts suivant les marchés : à Paris : sucres bruts 88 degrés
saccharimétriques, 50 fr. à 50 fr. 25; les 99 degrés, 57 fr. 50; sucres blancs n" 3,
57 fr. 75; à Lille, sucres bruts, 51 fr. 25 ; sucres blancs, 56 fr. 25 à 56 fr. 75;
à Péronne, sucres bruts, 49 fr. 25; blancs, 57 fr. ; à Saint-Quenlin, sucres
bruts, 49 fr. 25 ; blancs, 57 fr. 25. Le stock de l'entrepôt réel des sucres était,
au 28 février, à Paris, de 887,000 sacs pour les sucres indigènes, comme la
semaine précédente. Les prix de sucres raffinés se maintiennent de 104 fr. 50
à 105 fr. 50 par 100 kilog. à la consommation; et de 62 fr. 75 à 65 fr. 75 pour
l'exportation.
Mélasses. — On cote à Paris par 100 kilog, : mélasses de fabrique, 12 fr. ;
de raifinerie, 13 fr. 50 à 14 fr.
Fécules. — Prix soutenus. Les fécules premières valent à Paris et à Compiègne
39 fr. par 100 kilog. ; dans les Vosges, 40 fr. 50.
Glucoses. — Maintien des anciens cours. _
Amidons. — On paye par 100 kilog. à Paris: amidons de pur froment en
paquets, 66 à 68 fr. ; de province, 64 à 66 fr. ; de maïs, 54 à 56 fr.
Vtl. — Huiles et graines oléagineuses, tourteaux.
Huiles. — Les cours des huiles de colza sont encore en baisse depuis huit jours.
On paye à Paris par 100 kilog. : huiles de colza en tous fûts, 102 fr. ; en
tonnes, 104 fr.; épurée en tonnes, J12 fr.; huile de lin en tous fûts, 60 fr. ; en
tonnes, 62 fr. — Sur les marchés des départements, on paye les huiles de colza :
Lille, 98 fr. ; Rouen, 101 fr. ; Gaen, 101 fr. ; Arras, 106 fr. ; et pour les autres
sortes, œillette, 99 fr. ; hn, 61 fr. 50; cameline, 87 fr. — Dans le Midi, les prix
des huiles d'olive sont bien soutenus.
Graines oléagineuses. — On cote par hectolitre à Arras : œillette, 25 fr. 50 à 28 fr. ;
colza, 25 à 27 fr. 50; lin, 18 fr. 50 ; cameline, 16 à 20 fr.; — à Cambrai, 27 à
28 fr.; cameline, 16 fr.
Tourteaux. — Maintien des anciens prix dans le Midi. A Cambrai, on cote par
100 kilog. : tourteaux de colza, 17 à 17 fr. 50; d'œillette, 18 fr.; de lin, 20 à 22 fr.;
— à Rouen, tourteaux de colza, 16 fr.; de lin, 19 tr. 25; de sésame, 15 à 15 fr. 50.
Engrais. — Les nitrates de soude sont cotés àDunkerque 31 l'r. bu par luO kilog.
VIII. — Matières résineuses, colorantes, etc.
Les sulfates d'ammoniaque valent 50 à 52 fr. Quant aux phosphates, leurs prix
restent stationnaires.
Matières résineuses. — On paye à Bordeaux 91 Ir.; à Dax, 86 fr. par 100 kilog.
pour l'essence pure de térébenthine.
Crème de tartre. — A Bordeaux, les crèmes de tartre sont cotées 260 à 280 fr.;
les tartres bruts, 230 à 235 fr.
Ecorces. — Les ventes sont assez difficiles sur les lieux de production, et les
DES DENRÉES AGRICOLES (3 MARS 1883). 359
cours accusent de la baisse presque partout sur ceux de l'année précédente. A
Vierzon, on paye les écorces nouvelles, 130 f'r. les 1,000 kilog.
IX. — Textiles.
Chanvres. — Les aflaires sont calmes sur les marchés de l'Ouest. On paye au
Mans, 66 à 80 Ir. par 100 kilog. sui>ant la qualité.
Lins. — Mêmes cours de 80 à 90 fr. par 100 kilog. pour les lins du Pas-de-
€alais .
X. — Suifs et corps gras.
Suifs. — Les prix sont sans changements. On paye à Paris, 99 ir. par 100 kilog.
pour les suifs purs de l'abat de la boucherie; 74 fr. 25 pour les suifs en branches.
Cuirs et peaux. — Aux ventes mensuelles de la boucherie de Paris, on payait
le 28 février par 50 kilog. : gros bœufs, 49 fr. 42; bœufs moyens, 48 fr. 67;
petits bœufs, 43 fr. 77; vaches laitières, 43 fr. 65; vaches de bandes, 45 fr. 43 ;
taureaux, 44 f'r. 10; gros veaux, 70 fr. 40; petits veaux, 77 fr. 50.
XI. — Beurres. — Œufs. — Fromages.
Beurres. — Il a été vendu, pendant la semaine, à la halle de Paris, 226,617 ki-
log. de beurres. Au dernier jour, on payait par kilog. : en demi-kilog., 2 fr. 20 à
4 fr. 28; petits beurres, 1 fr. 64 à 3 fr. 60 ; Gournay, 2 fr. 20 à 4 fr. 60; Isigny,
2 fr. 70 à 8 fr. 76.
Œufs. — Depuis huit jours, on a vendu à la halle de Paris, 8,365,325 œufs.
On cote par mille : choix, 98 à 105 fr.; ordinaires, 68 à 80 fr.; petits, 58 à 66 fr.
Fromages. — On vend à la halle de Paris : par douzaine, Brie, o fr. à 29 fr.;
Montlhéry, 15 fr.; — par cent. Livarot, 45 à 111 fr.; Mont-Dor, 13 à 30 fr.;
Neufchâtel, 5 fr. 50 à 26 fr. 50; divers, 7 à 99 fr.; — par 100 kilog. G-ruyère,
110 à 170 fr.
XII. — Chevaux, bétail, viande.
Chevaux. — Aux marchés des 21 et 24 février, à Paris, on comptait 930 che-
vaux; sur ce nombre, 3'iO ont été vendus comme il suit :
Chevaux de cabriolet
— de trait .,
— liors d'âge
— à l'enclière ,
— de boucherie
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement officiel du marché aux bes-
tiaux de la Yillette, du jeudi 22 au mardi 27 février :
Poids Prix du kilog. de viande nelle sur
Vendus moyen pied au marché du 2t) février.
Pour Pour En 4 quartiers. !■■« 2"= 3"= Prix
Amenés. Paris, l'extérieur, totalité. " kil. quai. quai. quai. moyen.
Bœufs 5,428 3,357 1,574 4,931 347 1.74 1.56 1.34 1.52
Vaches 1,720 934 616 1,550 230 1.62 1.38 1.20 1.38
Taureaux 212 172 32 204 378 1.48 1.32 1.22 1.34
Veaux 3,442 1,793 888 2,681 76 2.22 2.02 1.72 1.93
Moutons 37,357 28,557 7,494 36,051 20 2.32 2 15 2.00 2.07
Porcs gras ... . 7,078 2,502 4,282 6,784 8t 1.32 1.26 1.20 1.26
— maigres. » » » • .. »»» »
Les prix accusent assez de fermeté pour les diverses catégories d'animaux ; la
vente est d'ailleurs facile, ainsi que sur la plupart des marchés des départements.
— On cote suivant les localités : Bouen, bœuf, 1 fr. 65 à 1 fr. 95 par kilog. de
viande nette sur pied ; vaches, 1 fr. 60 à 1 fr. 80; veaux, 2 fr. 05 à 2 fr. 40; mou-
tons, 2 fr. 10 à 2 fr. 30; porcs, 1 fr. 05 à 1 fr. 35; — Caen, bœufs, 1 fr. 70 à
1 fr. 90; vachss, 1 fr. 60 à 1 fr. 80; veaux, 1 fr. 80 à 2 fr. ; moutons, 1 fr. 80 à
2 fr.; porcs, 1 fr. 10 à 1 fr. 30; — Nantes, bœuf, 0 fr. 80 à 0 fr. 85 par kilog.
brut sur pied; veau, 0 fr. 95 à 1 fr.;mouton, ] fr. 10; — Le Mans, bœuts, 1 fr. 65
à 1 fr. 75; vaches, 1 fr. 60 à 1 fr. 70; veau, 1 fr. 80 à 1 fr, 90; moutons, 2 fr. 05
à 2 fr. 15; — Nancy, bœufs, 87 à 91 fr. par 100 kilog. sur pied; vaches, 65 à
88 fr.; veaux, 55 à 62 fr.; moutons, 100 à 120 fr.; porcs, 66 à 70 fr.; — Bourg,
bœufs, 64 à 80 fr.; veaux, 75 à 100 fr.; porcs, 85 à 104 fr.; petits porcs, 15 à
30 fr. la pièce; bœuf de travail, 640 à 8S0 fr. la paire; vaches, 175 à 300 fr. la
pièce; — Lyon, bœuf, 70 à 83 fr.; veaux, 100 à 110 fr.; moutons, 95 à 105 fr.;
porcs, 110 à 124 fr.; — Bourgoin, bœuf, 64 à 74 fr.; vaches, 56 à 66 fr.; mou-
tons, 85 à 95 fr.; porcs, 86 à 90 fr.; veaux, 88 à98fr.; — Genève, bœufs, 1 fr. 45
à 1 fr. 62; veau (sur pied), 0 fr. 90 à 1 fr. 05; mouton, 1 fr. 90 à 1 fr. 95; porc,
1 fr. 45 à 1 fr. 50.
Amenés.
vendus.
Prix extrêmes.
239
48
2.50 à 1,050 fr
288
69
285 à 1,300
379
99
20 à 1,040
26
26
50 à 390
98
98
25 à 100
360
REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT (3 MARS 1883).
A Londres, les importations d'animaux étrangers durant la semaine dernière se
sont composées de 15,607 têtes, dont 6 bœufs, 67 veaux et 136 moutons venant
d'Amsterdam; 2,269 moutons d'Anvers; 179 hœufs de Boulogne; 5,274 moutons
de Brème; 17 bœufs et 9 veaux de Gothembourg; 3,778 moutons d'Hambourg;
47 bœufs, 39 veaux et 2 porcs d'Harlingen ; 72 bœufs du Havre ; 702 bœufs de
New-York; 85 bœufs, 149 veaux et 2,616 moutons de Rotterdam. Prix du kilog-
Bœuf : qualité inférieure, 1 fr. 52 à 1 tr. 75; 2'', 1 l'r. 75 à 1 fr. 93; 1'% 1 fr. 99
à 2 fr. 16 — Veau : 2« qualité, 2 fr. 10 à 2 fr. 28; 1'% 2 fr. 28 à 2 fr. 45. —
Mouton qualité inférieure, 2 fr. 28 à 2 fr. 45 ; 2% 2 fr. 45 à 2 fr. 63 ; 1'% 2 fr. 63
à 2 fr. 75. — Porc : 2% 1 fr. 35 à 1 fr. 46 ; 1'", 1 fr. 52 à 1 fr. 64.
Viande à la criée. — Il a été vendu à la halle de Paris du 20 au 26 février :
Prix du kilog. le 26 février.
kilog.
Bœuf OU vache... 167, 145
Veau 199,0.52
Mouton .57,089
Porc 83,472
1'" quai.
1.54 à 1.90
1.82 2.30
1.62 2.00
2* quai.
1.32 à 1.52
1.50 1,80
1.40 1.60
3' quai,
0.96 à 1.30
1.20 1.48
0.96 1.38
Choix. Basse Boucherie.
1.60 à 2.80 0.20 à 1.20
1.46 2.56 »
1.70 2.40 »
salé,
506,758
Porc frais 1 .20 à 1.30;
Soit par jour 72,395 kilog.
Les ventes ont été supérieures de 900 kilog. par jour à celles de la semaine
dernière. Les cours sont un peu faibles pour les diverses catégories.
XIII. — Cours de la viande à l'ahattoir de la Villelte du 1" mars (par bO kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Yillette par 50 kilog. : V qualité,
72 à 75 fr. ; 2«, 65 à 70 fr. ; poids vifs, 48 à 53 fr.
Bœufs. Veaux.
Moutons.
1"
quai,
fr.
78
2°
quai.
fr.
72
3-
quai.
fr.
66
1"
q 'al.
fr.
115
2'
quai.
fr.
103
3» 1" 2°
quai. quai. quai.
fr. fr. fr.
98 100 96
3°
quai.
fr.
90
XIV. — Marché aux bestiaux de la Villette du jeudi P' mars 1883,
Invendus.
96
154
90
Poids
moyen
gênerai,
kil.
365
237
390
80
19
81
Cours ofliciels.
Cours des commissionnaires
en bestiaux.
1- 2° 3'
quai. quai. quai.
1.72
1.60
1 48
2 30
2. 34
1.36
1. 55
1.36
1.32
2.16
2 13
1.30
,32
1 H
1.24
1.80
2 06
1.24
Prix
extrêmes.
1.26 à 1.78
1.10 1.64
1" 2'
quai. quai.
1.72 1.52
1.18
i..S6
1.80
1.20
t. 52
2.50
2.40
1.40
1.58
1.48
1.35
1.35
3°
quai.
1.30
1.20
1.25
Prix
extrêmes,
1.25 à 1.75
i.lO 1 62
1.20 1 55
Animaux
amenés.
Bœufs 2.678
Vaches 647
Taureaux... io7
Veaux 1.074
Moutons 15.205
Porcs pras. . 4.087
— maigres.. » » )>»»»»»»»»»
Vente assez active sur toutes les espèces.
XV. — Bésumé.
Les cours de la plupart des denrées agricoles se sont bien maintenus durant
;ette semaine; c'est surtout sur ceux des produits animaux que la lérmeté est
accentuée. A. Remy.
BULLETIN FINANCIER
Continuation de la hausse : la rente 3 0/0 est à 80,70 et le 5 0/0 à 115,30.
Très grande fermeté à nos Sociétés de crédit : nouvelle et vive reprise à nos
chemins de fer.
Cours de la Bourse du 28 février 1883 {au comptant).
Principales valeurs françaises :
Plus Plus Dernier
bas. haut, cours.
Rente 3 O/0 80.05 80 70 80.70
Rente 3 o/o amortis 81.00 81.60 81.25
Rente 4 1/2 o|o lu. 00 112.00 112. oo
Rente 5 0/0 115 10 115.30 11530
Banque de France 5150.00 5290.00 5290.00
Comptoir descompte 970.00 980. oo 975 00
Société ginérale 575.00 587.50 587.50
Crédit foncier 1270.00 1330. oo 1330.00
Est.. Actions 500 715.00 733.75 733.75
Midi d° 1035 00 1130.00 1130.00
Nord d' 1795.00 1880 00 <872.50
Orléans d° 1265. oo 1295.00 1272.50
Ouest d' 736.25 800.00 800.00
Paris-Lyon-Méditerranée d" 1575.00 leio.uo ibio.oo
Paris 1871 obi. 400 à 3 O/O. 391.00 392.50 392.50
Italien 5 0/0 88.25 8s 75 88 7o
Le Gérant: A. BOUCHÉ.
Chemins de fer français et étrangers :
Autrichien d"
Lombards d*
Romains d*
Nord de l'Espagne d°
Saiagosse à Madrid.. .d*
Portugais d'
Est oblig. ,s o|o rembour-
sable à 500 fr d*
Midi d*
Nord d°
Orléans d°
Paris-Lyon-Mediter. . . . d*
Ouest d°
Xord-Esp. priorité d*
Lombards d"
Plus
bas.
707.50
302.50
118.75
537.50
'i90.«0
562.50
»
349.00
356.00
366.75
360.00
363.00
357.00
346.00
283.00
Plus
haut.
722.50
312.00
120.00
545.00
492.50
565.00
359. CO
357.50
367.50
367.50
365.00
358.75
350.00
286.50
Dernier
cours.
721.25
310.00
120.00
541.25
490.00
562.50
»
349.00
357 00
367.50
367.50
364.00
358.50
230.00
286.50
LETERRIER.
CHRONIQUE AGRICOLE (lo mars im).
La crise de l'industrie sucrière. — Note de ?J. Jacquemart sur les effets du dégrèvement des
sucres op^ré en 1880. — Influence du régime fiscal allemand sur le progrès de l'induslrle
sucrière dans ce pays. — Election de M. Boitel comme membre titulaire de la Société nationale
d'agriculture. — Recherches de M. Chauveau sur l'atténuation des virus charbonneux parla
chaleur. — Influence de la chaleur sur l'atténuation des cultures virulentes. — La question des
laines pour la fourniture des draps de troupe. — Le phylloxéra. — Réunion de la Section per-
manente de la Oimmisiion. supérieure. — Subventions accordées à des associations syndicales.
— Notice de M. MuUé sur un voyage dans le midi de la France. — Réunion viticole à Bordeaux
pour la greffe de U vigne. — Concours de culture dans le département de la Nièvre. — Kcole
pratique d'agriculture en Algérie. — Achat de taureaux par la vacherie nationale de Gorbon. —
Concours d'animaux gras au Puy. — Concours d'animaux reproducteurs à Rodez. — Société
nationale d'encouragement à l'agriculture. — Nomination du président et constitution du bureau
pour l'année 1883. — Exposition de printemps ouverte à Paris par la Société centrale d'horti-
culture de France. — Les roses, r- Catalogue des roses cultivées au dix-neuvième siècle.
1. — La consommation du sucre et les dégrèvements.
Notre confrère de la Société nationale d^agriculture, M. Frédéric
Jacquemart, vient d'appeler l'attention sur les résultats obtenus par
le dégrèvement d^'s sucres, opéré en 1880. Parla comparaison des
chiffres de la consommation du sucre en France, pendant les dernières
années qui ont précédé ce dégrèvement et pendant les deux années
qui l'ont suivi, il arrive à cette conclusion que, grâce au dégrèvement,
la consommation annuelle a augmenté de 122,000 tonnes. Malheureu-
sement, les bienfaits de cette mesure ont été à peu près perdus pour
notre sucrerie, et par suite pour notre agriculture, en ce sens que
la plus grande partie des sucres nécessaires à cet accroissement de
la consommation a été fournie par le commerce des sucres étran-
gers, tandis que la fabrication française est demeurée stationnaire.
La crise que traversait l'industrie sucrière avant le dégrèvement,
n'est pas devenue moins aiguë; elle s'accentue, au contraire, de plus
en plus. Ce fait tient à ce que les sucres étrangers, et surtout les
sucres allemands, arrivent sur nos marchés à des prix plus bas que
ceux auxquels nos propres fabricants peuvent avantageusement vendre
leurs produits. On propose de frapper d'une surtaxe élevée les sucres
étrangers, en développant en même temps le marché intérieur par
ce nouveau dégrèvement. Ce ne serait qu'un mauvais palliatif, car
un nouveau dégrèvement, accompagné d'une surtaxe douanière, ne
pourrait pas donner à l'accélération de la consommation, le coup de
fouet que le premier dégrèvement a opéré. Il est beaucoup plus logique
et plus rationnel de s'attaquer aux causes directes du mal. Or, quelles
sont-elles? Tout d'abord et en première ligne, le régime fiscal français;
en deuxième ligne, il faut le dire, l'outillage de la plupart de nos
usines. Si le régime fiscal adopté en Allemagne est reconnu comme
la véritable cause de la prospérité inouïe de l'industrie sucrière de ce
pays, pourquoi s'obstiner à repousser l'impôt sur la betterave en
France; un système serait-il bon d'un côté d'une frontière, et fatale-
ment mauvais de l'autre côté? Il y a longtemps que nous avons
réclamé la réforme des lois sucrières; il ne faut pas se dissimuler que
là est le salut. Car non seulement celte réforme rétablira l'équilibre au-
jourd'hui rompue en notre défaveur, mais elle entraînera la transfor-
mation de l'ouiillage de nos fabriques. L'industrie sucrière française
a été à la tête de l'industrie sucrière européenne; elle est aujourd'hui
pour ainsi dire à la queue. Prenons à nos adversaires les armes qui
N» nG. — Tome 1" de 1883. — 10 Mars.
362 CHRONIQUE AGRICOLE (10 MA.RS 1883).
leur ont donné ce triomphe, qui ne doit, qui ne peut être que momen-
tané. Il n'est pas trop tard pour aviser; mais chaque année de plus
qui s'écoulera sans apporter la solution, sera une année perdue.
IL — Election à la Société nationale d'agriculture.
Dans sa séance du 7 mars, la Société nationale d'agriculture a pro-
cédé à l'élection d'un membre titulaire dans la Section de grande
culture, en remplacement de M. F. Bella. Sur 41 votants, M. Boitel a
été élu par 35 suffrages, contre 5 donnés à M. H. Besnard et 1 à M. Petit
(de Champagne). Ancien professeur à l'Institut agronomique de Ver-
sailles, inspecteur général de l'agriculture, agriculteur à Mondoubleau
(Loir-et-Cher), M. Boitel est trop connu des agriculteurs pour que
nous ayons à rappeler ses titres. Il apportera dans les discussions de
la Société nationale le fruit de nombreuses observations et d'une longue
carrière consacrée à l'agriculture,
IIL — Atléhuation du virus charbonneux.
Les recherchés de M, Toussaint d'une part, de M. Pasteur d'autre
part, ont, démontré que le chauffage du sang charbonneux est suscep-
tible d'atténuer considérablement la virulence des bactéridies qui y
sont contenues; on sait aussi, après les travaux de M. Chauveau,
directeur de l'école vétérinaire de Lyon, que cette atténuation peutêtre
graduée, à volonté pour ainsi dire, en variant les conditions du chauf-
fage. Dans une nouvelle note qu'il vient de présenter à l'Académie des
sciences, dans la séance du 20 février, IM. Chauveau fait connaître le
résultat d'expériences auxquelles il s'est livré relativement à l'elfet du
chauffage sur les liquides de culture artificielle servant, d'après la
méthode de M. Pasteur, à la préparation des vaccins. Ces expériences
ont porté sur un grand nombre de cultures ; tous les résultats sont
concordants, et peuvent se résumer dans ce fait que l'atténuation des
cultures peut être graduée à volonté, en donnant au chauffage une
durée proportionnelle au degré d'atténuation qu'on veut obtenir. Ainsi
un liquide très actif, qui, avant le chauffage, tue rapidement des
cobayes, les tuera moins vite s'il a été chauffé à la température de
47 degrés pendant une heure, moins vite encore et en épargnera une
partie, s'il a été maintenu à cette température, pendant deux heures;
il sera absolument inoffensif, s'il a été chauffé pendant trois heures. Un
chauffage à la température de 47 degrés pendant trois heures est donc
suffisant pour transformer en agents inoffensifs pour le cobaye les
filaments et bâtonnets de cultures qui étaient primitivement très viru-
lentes. Le chauffage ne modifie d'ailleurs d'aucune manière l'aspect
extérieur des cultures, non plus que leurs facultés prolifiques. La
conclusion de M. Chauveau apparaît dès lors nettement, c'est que le
chauffage est un excellent moyen d'atténuer presque instantanément
les cultures virulentes. On cornprend que la constatation de ce fait
peut avoir des conséquences pratiques très importantes au point de
vue de la méthode de la vaccination préventive contre les maladies
chaibonneuses.
IV. — Les laines pour les fournitures militaires.
Nous rappelons la question que nous avons signalée dans notre
dernière chronique fpage 328). On sait que le ministère de la guerre
est sur le point de renouveler les marchés de draps pour l'habillement
CHRONIQUE AGRIGOLK (10 MARS 1883). 363
de l'armée. Depuis plusieurs mois, des modèles- type de drap avaient
été demandés à divers industriels du territoire. Les modèles-tvpe sou-
mis aux commissions militaires étaient de deux sortes; les uns fabri-
qués entièrement avec des laines françaises, les autres fabriqués
moitié avec des laines françaises, et moitié avee des laines importéas
d'Amérique. Or, est-il vrai que ce soient ces derniers qui aient été
choisis à l'exclusion des premiers? S'il en était ainsi, notre agriculture
recevrait un coup fuueste. Nous appelons, sur ce point, l'attention des
ministres de l'agriculture et de la guerre.
V. — Le phylloxéra.
Dans sa réunion du 23 février, la Section permanente de la Com-
mission supérieure du phylloxéra a donné un avis favorable à Texé-
cution du traitement administratif sur plusieurs taches des arrondis-
sements de Chinon et de Loches, dans Indre-et-Loire, ainsi que dans les
Basses-Pyrénées; elle a approuvé l'introduction des vignes américaines
dans les arrondissements de Gourdon (Lot) et de Melle (Deux-Sèvres).
Elle a décidé ensuite que des subventions pourraiesit être accordées à
des associations syndicales, comme il suit : P ijrénées-Orientales , syn-
dicat départemental comprenant 1 3 propriétaires pour 1 1 3 hectares ; —
Lot-el-Garonne^ deux syndicats à Buzet, comptant 9 propriétaires pour
65 hectares, et à Damazan, comptant 21 propriétaires pour 31 hec-
tares;—- Tar, un syndicat à Montauroux, comptant 5 propriétaires
pour 14 hectares; — Rhône, trente-trois syndicats anciens ou nou-
veaux à l'Arbresle, Charnay, Saint-Jean-de-Toulas, Saint-Maurice-sur-
Dargoire, Saint-Laurent, Taluyers, La Tour-de-Salvagny, Tarare, Eme-
ringer, Darcizé, Chamelet, Bibots, Ancy, Sain-Clément- sur- Valzonne,
Gleizé-Chervinge , Saint-Laurent-d'Agny , Saint-Julien-sur-Bibost ,
Saint-Georges-de-Reneins, Saint-Etienne-la-Varenne, Pontcharra, Mil-
lery, iMarcy-l'Etoile, Lozanne, Limonest, Bessenay, Thurnis, Ville-
sur-Jarnioux, Saint-Cyr-au-Mont-d'Or, Juliénas, comptant ensemble
ensemble 41 5 propriétaires, pour traiter 45-'i hectares par le sulfure de
carbone; — ladre, un syndicat de 15 propriétaires à Issoudun, pour
traiter 26 hectares ; — Cfiarent'% deux syndicats à Châteauneuf, Co-
gnac et Jarnac, comptant ensemble 25 propriétaires pour traiter 31 hec-
tares ; — Dordogne, un syndicat de 6 propriétaires à Saussignac, pour
traiter 65 hectares; — Côte-d'Or, deux syndicats de recherches, à Cha-
rey et à Nuits-sur-Beaune, comptant 1 04 propriétaires pour 236 iiec-
hectares; — Drôme, un syndicat de 15 propriétaires à Bellières, pour
traiter 9 hectares; — Lrir-et-Cher^ un syndicat de recherches à Mer,
comptant 178 propriétaires pour 240 hectares; — Indre-et-Loire, un
syndicat de recherches à Amboise, comptant 1 ,030 propriétaires pour
1,500 hectares; — Hautes-Alpes^ un syndicat à Poët, comptant 14 pro-
priétaires pour 7 hectares ; — Saône-et- Loire, cinq syndicats, à Châ-
teau, Sancé, Saint- Jeande-Prêche, Laize, Romanèciie-Thorins, comptant
125 propriétaires pour 109 hectares; — Gard, cinq syndicats, à Lo-
grian, Sommières, Anduze, Aiguesvives, Vauvert, comptant 101 pro-
priétaires pour traiter 212 hectares; — Aveyron, un syndicat de
10 propriétaires, à Millau, pour traiter 16 hectares ; — Anicrhe, deux
syndicats, à Beaucliastel et à Bourg-Saint-Andiol, comptant 44 pro-
priétaires pour traiter 28 hectares; — Gironde^ deux syndicats de sub-
mersionnistes, à Moullon et à Beautirau, comptant 9 propriétaires
364 CHRONIQUE AGRICOLE (10 MARS 1883).
pour 84 hectares, et trois syndicats, à Saint-Loubès et Montussant,
Boniielan, Berson, comptant 36 projjriétaires pour traiter 212 hec-
tares par les insecticides; — Ain, sept s^yndicats, à Albergement de
Varey, Villebois, Saint-Maurice-de-Beynost, Lagnien, Beynost, Miribel
et Neyron, comptant 169 propriétaires pour traiter 39 hectares ; —
Gers^ cinq syndicats de recherches, à Ligardes^ Saint-Gemme, Panas-
sac, Bézues-Bayon et Gimont, comptant 105 propriétaires pour
175 hectares; — Savoie, trois syndicats, à Cruet, Saint-Baldolph,
comptant 14 propriétaires pour traiter 15 hectares. Enfin la création
d'une pépinière de vignes américaines a été autorisée dans le depa
r-
tement de la Haute-Garonne.
M. le D"" iMullé vient de publier dans la Revue phylloxérique inter-
nationale, rédigée par M. le professeur Roesler, avec le concours de
M. Aimé Champin, une notice sur une tournée dans le midi de la
France. Dans cette notice, faite principalement en vue de servir de
guide pour la défense des vignobles en Autriche, M. MuUé passe en
revue les systèmes essayés en France. Sa conclusion est que le salut
de la viticulture est seulement dans la submersion des vignes dune
part, et dans la culture des vignes américaines d'autre part. On sait
que cette conclusion pessimiste n'est pas la nôtre; mais il est de notre
devoir de signaler les travaux publiés par les hommes qui cherchent
la vérité. Il faut arriver à réduire les fra;s de traitement, en diminuant
surtout la main-d'œuvre actuellement nécessaire, et par suite permettre
la pratique des traitements insecticides dans les vignes qui ne donnent
que de faibles rendements et dans celles qui produisent des vins d'une
qua'-ité secondaire. C'est dans cette voie que nous croyons que sera le
salut de la viticulture non seulement française, mais européenne ; c'est
pourquoi il faut encourager vivement toutes les tentatives faites dans
ce sens, sans jeter prématurément le manche après la cognée.
VI. — Réunion vilicok à Bordeaux.
Aux réunions viticoles que nous avons déjà signalées, il faut ajouter
celle qu'organise la Société d'agriculture de la Gironde pour les 10 et
11 mars, sous la direction de M. Plumeau, son président. Les ques-
tions qui y seront traitées sont résumées dans le programme suivant:
Première partie. — Greffage des vignes françaises sur vignes américaines. —
1. Quels sont les meilleurs porte-greftes? — Résistance. — Adaptation au sol. —
Relations dt?s porte-grelïes avec les cépages de la Gironde.
2. Systèmes de greffes. — Greffe anglaise, en fente, etc., etc.
3. Ligatures et engluments.
4. Soins à donner aux greffons, aux porte-greffes.
Deuxième partie. — Reconstitution des vignobles par les vignes américaines
greffées. — 1. Greffage sur place. — En plein champ. — En pépinière. — Epoque
où il faut greffer. — Age du porte-greffe. — Espacement.
2- Greffage à l'atelier des plants enracinés et des boutures. — Mise en place
immédiate. — Culture préalable en pépinière. — Epoque du greffage à l'atelier.
— Plantation. — Soins à donner aux greiîes. — Moyens d'assurer la reprise et
d'éviter les accidents dus aux intempéries.
3. Production directe. — Choix des reproducteurs. — Résistance. — Adap-
tation.
Troisième partie. — Emploi des insef-.ticides. — Sulfure de carbone, — Sulfo-
carbonate de potassium. — Submersion et autres systèmes de traitement.
Quatrième partie. — Démonstration pratique des procédés de greffages et des
instruments f)ropres à les exécuter.
L'es ateliers de greffes seront organisés le dimanche 11 mars,
CHRONIQUE AGRICOLE (10 MARS 1883). 365
pour la démonstration pratique des Hivers systèmes de greffes et des
instruments propres à les exécuter. Une Commission nommée par la
Société d'agriculture examinera les outils et instruments présentés, et
fera un rapport qui sera publié.
VIL — Primes de culture dam la Nièvre.
La Société départementale d'anjriculture de la Nièvre, présidée par
notre confrère M. le comte de Bouille, a décidé que deux prix de cul-
ture, consistant chacun en un objet d'art de 400 Francs et une somme
de 600 francs dont 100 francs pour les domestiques du domaine
priméj seraient décernés : l'un en 1883 dans l'arrondissement de
Gosne, et l'autre en 1884 dans l'arrondissement de Ghâteau-Chinon.
— Tous les agriculteurs, propriétaires, fermiers, métayers de l'arron-
dissement de Gosne sont invités à concourir pour la prime de culture
qui sera décernée en 1883. Un jury, nommé par le Comice de Gosne,
visitera les exploitations des concurrents.
VIII. — Ecole pratique d" agriculture en Algérie.
L'école pratique d'agriculture créée à la Rouïba, près d'Alger, est
aujourd'hui en plein fonctionnement. Les premiers examens d'admis-
sion ont eu lieu le 15 décembre dernier. 15 candidats avaient affronté
les épreuves; 12 ont été admis par le Comité de surveillance de l'école.
Ce sont : MM. Desclaux, Klein, Trémoulet, Maneut, d'Alger ; Pellizari,
de Birtouta ; Barreyre, de Renault; Pharaon, de Paris; Berjon, de
Tipaza; Pons, de Rouïba; Bodin, d'Alger; Megy, de la Réghaïa, et
Davin.
IX. — Vacherie nationale de Corbon,
On annonce que le ministre de l'agriculture vient de donner l'ordre
d'acheter en Angleterre deux taureaux, du prix de 20,000 francs,
pour la vacherie nationale de Corbon. Cette vacherie fait l'élevage des
reproducteurs de la race de Durham et elle les tient à la disposi-
tion des éleveurs français à des prix qu'ils ne pourraient pas obtenir
sur les lieux d'origine. C'est pour renforcer le troupeau de race pure
qu'il y entretient à l'abri des croisements que TEtat va acheter en
Angleterre ces deux taureaux.
X. — Concours d'animaux gras.
Un concours départemental d'animaux gras, organisé par la Société
agricole de la Haute-Loire et par le Comice agricole du Puy, se tiemlra
au Puy le 13 mars. Il comprendra les bœufs, les vaches et génisses,
les moutons et les porcs. Outre les agriculteurs du département, ceux
des communes limitrophes du département de la Haute-Loire sont
également admis à concourir.
Un concours d'animaux gras entre les bouchers de la ville de Rodez
(Aveyron) aura lieu dans celte ville le 20 mars. En même temps se
tiendra un concours d'animaux reproducteurs. A ce concours seront
admis : 1" les taureaux de la race d'Aubrac, à la condition d être
employés à faire la monte; 2" les génisses de la même race, dites
doublonnes, à la condition d'être nées et élevées chez le propriétaire
qui les présentera; 3" les taureaux et les génisses provenant iki croi-
sement des races françaises et étrangères avec la race d'Aubrac ; 4" les
béliers âgés de moins de quatre ans révolus; 5" les brebis acc()in()a-
gnées de leurs agn'^aux; 6" les antenaises ou bassives ; 7° les verrats ;
366 CHRONIQUE AGRICOLE (10 MARS 1883).
8° les truies suitées. Pourront aussi obtenir des primes et des médailles
les propriétaires qui, en sus des béliers et antenais nécessaires à la
fjconJation de leurs troupeaux, présenteraient de beaux groupes d'an-
tenais propres à la reproduction et destinés à la vente. Pour être admis
à concourir, les animaux devront appartenir à des éleveurs des can-
tons de Rodez, de Bozouls, du Porit-de-Salars ou du plateau calcaire
du canton deMarcillac.
XL — Société d'encouragement à l'agriculture.
Le Conseil d'administration d3 la Société d'encouragement à l'agri-
culture a procédé, dans sa séance du mercredi 28 février, au renou-
vellement de son bureau. Le journal de la Société donne le com})te
rendu suivant de cette séance :
M. Foucher de Gareil, en ouvrant la séance, a donné lecture de Fart. 16 des
statuts ainsi conçu : « Le Président de la Société ne peut être réélu que deux fois
de suite. Il n'est pas rééligible pendant les deux années qui suivent l'expiration
de son mandat. »
Jl invite, en conséquence, le Conseil à nommer un nouveau président pour
l'année 1883, en exprimant le désir que ce choix portât sur un membre delà
Chambre des députés.
MM. de Roys, Lasserre, Danelle Bernardin ont successivement pris la parole
et, sur leur proposition, des remercîments ont été votés par acclamation à M. Fou-
cher de Careil et à M. de Lagorsse, secrétaire général qui, par leur dévouement
et leur activité, ont amené la Société au degré de prospérité où elle se trouve. "Un
grand nombre de membres ont prié M, Foucher de Careil de vouloir bien accepter
une candidature à une des vice-présidences vacante par le décès du regretté
M. Fourot.
Le Président sortant a répondu qu'il serait toujours heureux de rester au bureau
de la Société au milieu de ses chers amis et collaborateurs pour servir à son rang
l'œuvre commune.
Il a été procédé ensuite au scrutin pour la nomination du bureau. Ont été élus :
Président, M. Récipon^ député des Alpes-Maritimes, a été élu président par
23 voix sur 26 votants.
YiCR-PRÉsi DENTS, MM. Fouchev de Careil, sénateur; — Caze, député, ancien
sous-secrétaire d'Etat au ministère de l'agriculture ; — Chertenips, agriculteur ; —
Gaston Bazille, sénateur; — Grandeau^ directeur de la Station agronomique de
l'Est; — Hervé Mangon, député, membre de l'Institut; — Lasserre, député; —
Ronna^ ingénieur; — marquis de Roys, déj.uté.
Secrétaire général, M. J.-M. de Lagorsse.^ membre du Conseil supérieur de
l'agriculture.
Secrétaires, MM. Bornot^ propriétaire agriculteur; — Aristide Couteaux, pro-
priétaire agriculteur; — Jules Godefroy, propriétaire agriculteur; ' — Rossignol,
médecin-vétérinaire; — Victor de Stoarte, trésorier- payeur général des Ardennes ;
— de Verninac, sénateur.
Trésorier, M. Raphaël Bischoffsheim, député.
Trésorier-adjoint, M. A. Bêrenger, propriétaire-agriculteur.
Bibliothécaire-archiviste, M. Rampon-L'chin, sénateur.
M. Récipon, en prenant place au fauteuil, remercie la réunion de l'honneur
qu'elle lui fait en le nommant président de la Société nationale d'encourage-
ment à l'agriculture. Il ne se dissimule pas que la direction d'une association
aussi considérable par l'extension qu'elle a prise et les intérêts qu'elle représente,
constitue pour lui un lourd fardeau. Mais ce qu'il peut promettre, c'est un dévoû-
ment absolu à cette œuvre si patriotique. Il s'attachera à marcher sur les traces de
son éminent prédécesseur et à maintenir la Société dans la voie qui lui a été si
bien tracée.
Le Conseil s'est ensuite occupé de la représentation de la Société dans les douze
prochains concours régionaux. M. de Lagorsse, secrétaire général, a fourni au
Conseil des renseignements sur le rôle que la Société y jouera par ses réunions
et par ses récompenses.
Il a été décidé que le prochain congrès international organisé par la Société, à
CHRONIQUE AGRICOLE (10 MARS 1883). 367
Nice, en novembre prochain, serait consacre non seulement à la viticulture, mais
aussi aux cultures arbustives, à cause de l'importance de ces dernières productions
dans toute la zone de la Méditerranée.
Il a été enfin décidé que le Conseil de la Société se rendrait prochainement
auprès du nouveau ministre de l'agriculture, M. Méline, pour lui exprimer son
respectueux dévoûment et lui soumettre les vœux de la Société.
La Société compte actuellement 2,000 membres titulaires e^
12,000 membres. Son nouveau président, M. Récipon, est, en même
temps qu'un des plus grands propriétaires fonciers de France, un
agriculteur distingué dans le département des Alpes Maritimes.
XII. — Exposition d'horticulture à Paris.
On sait que la Société nationale et centrale d'horticulture de France
présidée par notre confrère M. A. Lavallée, fait chaque année trois
expositions à Paris.
La première exposition de 1883 aura lieu du 28 mars au 1" avril
inclusivement, dans le pavillon de la Ville, aux Champs-Elysées, à
Paris. Les fleurs et les plantes fleuries seront seules acceptées à cette
exposition, ainsi que les légumes forcés (primeurs) et les arbres
fruitiers forcés, présentés en pots. Les conifères et les plantes à feuil-
lage persistant seront aussi admis à concourir. Tous les horticulteurs
et amateurs français et étrangers sont invités à prendre à cette expo-
sition la plus grande part possible. Les végétaux ne seront admis à
l'exposition que s'ils sont lisiblement et correctement étiquetés. Les
plantes, fleurs, ainsi que les arbres fruitiers et légumes qui doivent
figurera cetteexpositionserontreçusaulocal de l'exposition, le 26 mars,
toute la journée, et le 27 jusqu'à trois heures du soir, terme de rigueur.
Les récompenses consisteront en médailles d'or, dont deux d'honneur;
de vermeil (grand et petit module) ; d'argent (grand et petit module) ;
de bronze, et en mentions honorables, que le jury attribuera selon les
indications portées au programme du concours. Dans chaque concours,
le jury ne pourra attribuer que les récompenses inscrites à ce con-
cours ; il aura néanmoins la faculté d'abaisser la valeur des récompenses
indiquées. Dans le concours de collections, il ne sera accepté qu'un
spécimen de chaque variété.
Les horticulteurs et amateurs qui voudront prendre part à cette
exposition, devront adresser, avant le 17 mars 1883, terme de rigueur,
à M. le président de la Société, rue de Grenelle, 84, une deraande
écrite d'admission, accompagnée : 1° de la liste des objets qu'ils
désirent présenter ; 2" de l'indication de l'espace superficiel qu'ils
peuvent occuper; 3° des concours auxquels ils désirent prendre part.
XIII. — Les roses.
Peu de plantes sont cultivées aussi généralement que les roses, et
il en est peu pour lesquelles la culture ait obtenu un si grand nombre
de variétés. Sous le titre les roses du dix-neavieni". siècle, M. Shirley
Hibberd, membre de la Société royale d'horticulture de Londres, vient
de publier un catalogue annoté des roses mises en culture pendant
les cinquante dernières années ; M. Edouard Morren en a fait la tra-
duction en français. Ce catalogue renferma 1,476 variétés, et M. Morren
ajoute qu'il est probablement incom^jlet. Le classement e^t fait par
ordre alphabétique, avec le nom sous lequel les variétés sont le plus
généralement cultivées, que ce no:n soit franciis, anglais, allemand
ou autre. Pour chaque variété, on donne laraoe à laquelle elle appar-
368 CHRONIQUE AGRICOLE (10 MARS 1883).
tient, le nom du premier producteur^ l'année de la production, la
couleur de la ileur, ses dimensions et Ja taille de l'arbuste. Des indi-
cations sont, en outre, données sur les variétés à cultiver pour les
expositions de fleurs, et celles qui sont recommandées pour l'ornement
des jardins. On voit que ce catalogue en renferme un grand nombre d'un
réel intérêt pour les amateurs de belles fleurs. J.-A. Barral.
MÉTÉOROLOGIE DU MOIS DE FÉVRIER 1883
Voici le résumé des observations météorologiques faites à l'observa-
toire du parc de Saint-Maur en février 1 883 :
Moyenne barométrique à midi, 763'"'". 5 7. Minimum le 1", à 1 heure du matin
74Qmm_80. Maximum le 23, à 11 heures du matin, 779""". 71.
Moyennes thermométriques : des minima 1".8-; des maxiraa 9". 14; du mois
5°. 49. Moyenne vraie des 24 heures, 5°. 04. Minimum le 17 entre 6 heures et
7 heures du matin, 3°.l Maximum le 8, vers 2 heures du soir, IS^-l ; autre
maximum de 13".0 le 22 à 1 heure du soir.
Humidité relative : moyenne, 87; la moindre, 40 le 12 à 3 heures du soir; la
plus grande, 100, en 19 jours.
Tension de la vapeur : moyenne 5""". 74; la moindre le 7 à 10 heures du matin
3""". 7 ; une tension égale à 3"'"'.8 se rencontre les 17, 24 et 29 au matin. Maxi-
mum le 8 à 2 heures du soir, 9'"'". 4.
Température moyenne de li Marne^ 6''. 22; elle avarié de 5". 00 le 6 au matin à
7°. 42 le 28 à 3 heures et demie du soir. Contrairement à ce qui avait eu lieu les
mois précédents, son niveau a peu varié; elle a descendu presque régulièrement
de 3"'. 87 le 1^"", à 3'", 23 le 28; sa transparence, quia varié de 0'".19 le 22 à
0".58 le 20, a été 0'".40, en moyenne.
Nébulosité moyenne^ 60.
Il est tombé 29""'". 5 de pluie en 61 heures, réparties en 14 jours; un peu de
grésil le 18 entre 2 heures et 3 heures du soir; pas trace de neige.
Il y a eu 10 jours de gelée à glace et 2 jours de gelée blanche.
Neuf jours de brouillard général et un jour de brouillard sur la Marne seule-
ment : parmi ces brouillards généraux, 4 ont été forts : ce sont ceux des 17, 24,
25 et 27; ce dernier cachait les objets à 50""., c'était un brouillard extrêmement
épais.
Vents dominants du S. à l'O.-N.-O.
Le mois de février, relativement aux éléments ordinaires, a présenté :
Une hauteur du baromètre plus grande de 0'"'".5.
Une température plus forte de l^.ô.
Une nébulosité un peu moindre, c'est-à-direun ciel plus clair.
La pluie n'a rien présenté de remarquable; aucune n'a été forte.
Il n'y a eu de vent fort que le 2 du mois; il soufflait très fort du S.-S.-O. de
10 heures du matin à 8 heures du soir.
L'ensemble des trois mois d'biver forme une saison de T plus
chaude que d'ordinaire; elle reste bien en arrière de la saison corres-
pondante de 1 877 qui offrait un excès de plus de 4" sur la moyenne
normale ; ce dernier hiver est le plus chaud qu'on connaisse.
La pluie, très abondante en automne et au commencement de l'hiver,
est rentrée dans Icj hauteurs normales à la fin; les rivières, la Seine
et la Marne, sont à la fin de l'hiver au-dessous de la moyenne annuelle,
ce qui est très bas pour l'époque de l'année et annonce très probable-
ment des basses eaux pendant tout l'été.
La végétation est avancée : sans parler de quelques petites plantes
dont la floraison est peu importante à constater, Draba verna, Capsella
bursa pastoris, Bellis perennis, Taraxacum leontodan, je ne trouve
guère à signaler que le Tussilago forfora qui a ouvert quelques fleurs
dès le 28 février. E. Renou,
Membre de la Société nationale d'agriculture.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 369
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE
Nous devons signaler plusieurs publications récentes qui, à divers
points de vue, sont intéressantes pour les agriculteurs.
M. le baron de Galonné vient de publier, sous le titre : La vie agri-
cole sous l'ancien régime en Picardie et en Artois (librairie Guillaumin,
14, rue Richelieu, à Paris; prix, 6 francs), une excellente élude histo-
rique sur l'état de l'agriculture dans ces deux provinces pendant les
dix-septième et dix-huitième siècles. Pratiques agricoles et existence
du cultivateur, telles sont les deux faces sous lesquelles il envisage
la question. C'est un livre qui a demandé beaucoup de travail, c:ir il a
été presque uniquement composé avec les documents inédits épars
dans les archives des villes d'Artois ou de Picardie ; il est donc abso-
lument original. Il est d'ailleurs écrit dans un style chaud et coloré qui
donne une grande vie à l'œuvre. Ceux qui le liront constateront que
beaucoup de progrès réalisés dans notre siècle étaient déjà en germe
dans l'agriculture du siècle précédent.
M. Hippolyte Hemmer, propriétaire à Rodemack (Lorraine) a intro-
duit dans l'est la culture de la vigne en chaintres ; les résultats qu'il a
obtenus ont été excellents, ce qui l'a engagé à propager cette méthode.
Sous le titre La vigne en chaintres, nouvelle culture simple, rapide et
lucrative (librairie Le Chevallier, à Nancy), il publie un excellent petiî;
livre qui peut servir de guide à tous ceux qui voudront essayer cette
méthode; il suffira de suivre pas à pas les indications qu il donne
pour ne pas errer dans l'application de la pratique de la culture de la
vigne en chaintres.
La librairie agricole (26, rue Jacob, à Paris) publie la 6^ édition de
la Chimie agricole d'Isidore Pierre (2 vol. in-18; prix: 7 francs). Depuis
trop longtemps, les travaux d Isidore Pierre sont hautement appréciés,
pour qu'il soit utile de revenir sur la valeur de cet ouvrage. Le premier
volume est consacré à l'atmosphère, l'ejiu, le sol et les plantes, les
amendements et les assolements ; le deuxième volume aux engrais.
A la môme librairie, paraît la 3^ édition d'un livre connu aussi
depuis nombreuses années : La connaissance pratique du cheval^ par le
lieutenant-colonel Vial (1 vol. in-18; prix : 3 fr. 50). Ce traité d'hip-
pologie traite successivement de la constitution et de l'examen pratique
du cheval, des races, de l'élevage et des maladies ; il est orné de 72 gra-
vures. C'est un livre spécialement fait au point de vue des théories
admises dans l'armée^ parfois même des préjugés qui y ont cours depuis
trop longtemps.
SoMsle iilve Culture et exploitation des arbres (I vol. in-8de450 pages),
M. Rousset publie, à la môme librairie, un véritable traité de sylvicul-
ture dans lequel il passe successivement en revue les lois naturelles
relatives aux végétaux, leur activité vitale, les terrains et les climats
qui leur conviennent, la culture dos arbres isolés ou en massifs, l'amé-
nagement des forêts.
M. Lecouteux, professeur à l'Institut agrononomique, membre delà
Société nationale d'agriculture, vient de faire paraître, à la môme
librairie, sous le titre Le blé (un vol. in-1 8 ; prix : 3 fr. 50, avec
60 gravures), un livre dans lequel il envisage la proiuction et le com-
merce du blé sous les différents aspects que ces {questions compor-
370 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
tent : structure du blé, culture extensive ou intensive, rendement,
j>;éographie du blé, terres à blé, engrais propres au blé, place du blé
dans les assolements, procédés de culture, moisson, battage et con-
servation des grains, utilisation de la paille et des balles, moulins
agricoles, production du blé dans les systèmes du fermage et du
métayage, par la grande ou la petite culture, prix de revie.it, com-
merce du blé, régime des céréales. Dans leur livre sur les meilleurs
blés publié en 1881, MM. Vilmoriu-Andrieux se sont surtout appli-
qués à faire la monographie des principales variétés de blé; dans le
sien, M. Lecouteux s'occupe surtout de la production et des change-
ments qu'elle a successivement subis. Nous aimons à constater que
la conclusion à laquelle il arrive est puissamment encourageante pour
l'agriculture. A ses yeux, la culture du blé est loin d'être condamnée
pour la vieille Europe; il y a encore pour elle un grand avenir, comme
d'ailleurs M. Dubost l'a naguèn^ démontré à nos lecteurs. Au point de
vue économique, M. Lecouteux conclut que l'avenir est au système de
l'égalité douanière dans la liberté commerciale; c'est encore une con-
clusion qu'il faut enregistrer.
Le Traité élémentaire des constructions rurales (2 vol. in- 18 avec
306 figures; prix : 2 fr. 50), que M. Grandvoinnet, professeur à
l'Institut agronomique, membre de la Société nationale d'agriculture,
publie à la librairie agricole, est un ouvrage que nous n'avons pas à
louer. Il suffira de le signaler à nos lecteurs ; la grande compétence
de M. Grandvoinnet dans toutes les questions de mécanique est trop
connue pour qu'il soit nécessaire que nous insistions.
Depuis vingt-six ans, M. L. Figuier publie à la librairie Hachette
VAfinée scientifique et industrielle {] vol. in-18 ; prix : 3 fr. 50). C'est
un exposé annuel des travaux scientifiques, des inventions et de leurs
applications. Dans le volume consacré à l'année 1882, l'agriculture
tient sa place. C'est d'ailleurs un livre que doivent lire tous ceux qui
tiennent à être nu courant du mouvement scientifique et intellectuel.
L'Annuaire de V observatoire de Montsouris pour 1883 (1 vol. in-18,
chez Gautlîier-Villars, 55, quai des.Augustins ; prix : 2 fr.) doit aussi
être signalé. Au point de vue de l'agriculture, il contient une série de
tableaux à l'usage des agriculteurs; des Notices sur divers éléments
climatériques qui influent sur la marche des cultures, l'époque des
récoltes et leur rendement, et l'indication des instruments simples
qu'il importe d'observer pour arriver à la prévision des dates et de la
valeur de ces récoltes ; les tableaux résumés des observations météo-
rologiques de 1882, comparés aux résultats économiques de l'année
agricole écoulée; enfin, le résultat des études continuées depuis plu-
sieurs années dans le but de mesurer la somme des éléments de fertilité
que l'atmosphère et les pluies fournissent aux cultures, et le volume
d'eau que ces dernières peuvent consommer utilement.
Voici encore un nouvel ouvrage sur la vigne. M. P. Renard publie
un Questionnaire sur la mani'ère de cultiver la vigne à vin et raisins de
table (chez l'auteur, 15, rue de la Paix, à Paris ; prix : 3 fr.). Ce livre
est fait par demandes et par réponses, et il est spécialement destiné
aux écoles, M. Renard, qui est viticulteur en Bourgogne et à Tho-
mery, y fait une guerre absolue aux vignes américaines, et il provoque
la création d'un syndicat général pour lutter contre le phylloxéra.
Henry Sagnier.
L'AGRICULTtJRE EN ALSACE EN 1882. 371
L'AGRICULTURE EN ALSACE EN 1882- — 11
Voici maintenant quelques chiffres sur la statistique agricole de Tannée, tels
qu'ils se déduisent des documents qui m'ont été transmis par un certain nombre
de membres ordinaires et de membres correspondants.
A. Gérkales. — Rendement moyen par hectare en 1882 ; Froment, 1,669 ki-
log.; seigle, 1,635 kilog.; orge du pays, 2,065 kilog.; avoine ordinaire, 1,860 kilog.;
fèvos, 2,178 kilog.
L'hectolitre pesant en moyenne : froment, 75''. 473; seigle 68''. 893; orge du
pays, 63''. 363; avoine ordinaire, 45''. 967 ; fèves, 79''. 333.
L'année dernière, les chiffres correspondants étaient : froment, 1,500 kilog.;
seigle, 1,373 kilog.; orge du pays, 2,158 kilog.; avoine ordinaire, 1,903 kil.;
fèves, 1,794 kilog.
L'hectolitre pesant en moyenne : froment, 77''. 45; seigle, 71''. 57; orge du
pays, 60''. 55; avoine ordine, 45''. 25; lèves, 82'', 50.
Pour l'orge Chevallier, le rendement moyen par hectare s'est élevé à 2,4 18 kilog.,
avec un poids moyen de 67''. 750 par hectohtre; et pour l'avoine prolihiue de
Californie, dont la Société a également patronné la culture, le rendement a atteint
le chiffre remarquable de 3,172 kilog., avec un poids moyen de 50'f^.667. Devant
ces chiffres, dont l'éloquence est indiscutable, tout cultivateur intelligent tâchera
d'introduire dans ses cultures une variété qui, à un rendement extraordinaire en
grains et en paille, joint encore la supériorité du poids des grains.
La comparaison des rendements de 1881 et de 1882 serait en faveur de Tannée
courante, si la qualité de la récolte n'était pas inférieure, circoi^stance qui amène
forcément une dépréciation au point de vue de la valeur indu&ffielle et commer-
ciale. Ainsi, pour ne parler que de l'orge, le grain est généralement de couleur
terne, foncée ; l'odeur est rarement franche ; le grain est maigre et allongé et la
germination s'effectue d'une manière fort inégale.
Comme, par suite des pluies persistantes des derniers mois et des nombreuses
inon iations qui en ont été la conséquence, les semailles d'automne n'ont pas pu
s'effectuer dans beaucoup de localités, j'emprunte au Casino, organe agricole de
la Suisse romande, un conseil cultural dont pourront peut-être profiter un certain
nombre de cultivateurs de TAlsace :
ce Les cultivateurs s'affligent, dit cette Revue, l'esprit public s'inquiète, la
boulangerie elle-même se préoccupe de la situation pénible que la température
actuelle fait à l'agriculture. Nous voilà en décembre, époque à laquelle les ense-
mencements sont habituellement presque totalement effectués et, cette année, il
reste encore énormément à faire. Les terres détrempées sont presque inabordables
pour les attelages. On attend et on désespère presque.
« A notre avis, on a tort. Il faut attendre avec confiance, et lorsque le sol sera
suffisamment égoutté, assaini, à quelque époque que ce soit, on changera sim-
plement la nature des semences en recourant au blé de Noë, dit aussi blé bleu.
« Pei sonne n'ignore, en effet, que cette céréale semée en décembre, même en
janvier, lève facilement sous la neige, et, à défaut de neige, perce le sol, aj5rès les
grands froids, et donne d'excellents résultats.
« Le blé de Noë peut être semé à la fin de février en profitant des quelques
beaux jours qui surviennent habituellement dès cette époque.
a Deux recommandations seulement sont à faire : enterrer profondément,
au besoin à la charrue, carie blé de Noë redoute la gelée, et couper avant la com-
plète maturité pour éviter Tfgrenage, sauf à laisser les gerbes en tas dans le
champ, jusqu'à ce que le grain soit mûr à point.
A ces renseignements j'ajouterai qu'un de nos collègues, M. North, de Hoh-
frankenheim, cultive cette variété de froment depuis plusieurs années et en
obtient les résultats les plus satisfaisants. Ainsi dans les notes qu'il me fournit
sur les récoltes de l'année, je trouve les chilfres suivants : rendement moyen par
hectare du froment du pays, 20 hectol.; rendement moyen par hectare du lilé de
Noë, 3b hectol.; différence en plus, 15 hectol. — L'échantillon de blé de Noë que
M. North a mis sous les yeux de la Société, à la séance de novembre, a fait voir
un grain rond, bombé, de première qualité,
B. Plantes industrielles. — Rendement moyen par hectare en 1882. —
Colza, 877''.500; pavot, 1,200''; tabac, 2,390"; chanvre, 1,Û97''.50; houblon,
794''.50.
372 l'agriculture EN ALSACE EN 1882.
En 1881, les chiffres correspondants étaient: colza, 2,045''; tabac, 2,583'';
chanvre, l,000''s; houblon, l,285''e.
Il ne ra'a pas été possible d'établir, comme je le désirais, une comparaison
pour le rendement du houblon entre les diiférents modes de culture ou de pahs-
sat^e. Ce sera pour plus tard, quand la Commission spéciale se sera entourée de
tous les documents nécessaires au parallèle projeté.
Le rapport de 1881 assignait à la vigne un produit moyen par hectare de
47 hectol. 25. Cette année la récolte est descendue à 26 hectol. 40, et, de plus,
la qualité est de beaucoup inférieure à celle de Tannée dernière. Dans la plupart
des localités de l'Alsace, il a fallu recourir au sucrage pour rendre le produit
potable.
G. Racines et fourrages. — Voici les rendements moyens par hectare :
En 18S2. En 1881.
kilog. kilog.
Pommes de terre 8,6.-.8 19,100
Betteraves fourragères 61,090 4'4,700
Trille sec 6,831 4,718
Luzerne 6,9.i5 —
Foin des prairies naturelles 3,802 3,312 GO
Regain 2,271 1,586 80
Maïs-fourrage 36,500 33,750
Comme on le voit, les chiffres relatifs à 1882 sont généralement supérieurs à
ceux de 1881. Cela se comprend pour les plantes herbicées, qui ont pris un déve-
loppement inusité. Seulement la qualité laisse à désirer. La pomme de terre a un
actif des plus rrédiocres en quantité comme en qualité. Le regain aussi a eu à
souffrir de l'inclémence du temps; il a été généralement rentré dans les conditions
les plus déplorables, à tel point que dans beaucoup de localités il a perdu toute
valeur nutrit.ve et qu'on ne pourra guère l'utihser que comme litière. Même le
maïs-fourrage a subi l'inQuence de l'exxès d'humidité, et n'a pas donné les rende-
ments splendides qu'il atteint dans les bonnes années chaudes.
Notons encore les oignons, qui ont produit beaucoup, mais d'une conservation
diflicile. Quant aux choux à choucroute et aux carottes champêtres, ils ont donné
des récoltes exceptionnelles.
Les renseignements donnés plus haut sur les vicissitudes auxquelles a été
sujette la floraison de nos arbres fruitiers laissent deviner une production peu
satisfaisante. Nulle dms beaucoup de localités, passable dans quelques-unes et
abondante dans quelques expositions privilégiée^, tel est en résumé le bilan de
cette partie de notre production horti-agricole. Du reste, la production fruitière
souffiiraencorependantquelque^annéesdes atteinte^ causées par l'hiver de 1-^79-80,
et dussent même les arbres que le froid a fait périr être généralement remplacés,
jes jeunes sujets ne seront en plein rapport que dans quatre ou cinq ans; d'un
autre côté, beaucoup d'arbres qui ont survécu au désastre sont trop fatigués pour
pouvoir produire et raiàrir une pleine récolte.
J'arrive maintenant aux faits particuUers qui ressortent de l'examen des lots
d'orge Chevallier qui ont été admis au concours.
26 lots appartenant à 22 propriétaires ont été déclarés admissibles, et ont passé
par toutes les phases de l'expertise Ces 26 lots présentent un poids total de
18,938 kilog., avec un poids moyen de 67''.?50 à l'hectolitre.
Parmi les caractères extérieurs sur lesquels porte l'examen du jury, c'est la cou-
leur et l'odeur qui ont laissé le plus à désirer. Presque partout le temps froid et
humide joint à un ciel couvei't a donné aux grains une couleur fortement foncée.
La maturation s'est produite dans des conditions défectueuses, et fort souvent la
verse est venue compromettre les résultats d'un développement normal. Partout
oià l'aération convenable a fait défaut, le grain a contracté une odeur de mau-
vais aloi.
A quelques exceptions près, la conformation du grain des 26 lots a été reconnue
ass3z bonne. La forme-type de l'orge C levaller s'est conservée intacte. Quelques-
uns des plus beaux lots pourront en toute confiance être employés comme semence.
Si, ici, le résultat constaté est satisfaisant, c'est, qu'à l'examen préliminaire la
Commission a cru devoir écarter les lots composés de grains mal conformés.
Quant au nettoyage, il a été généralement exécute d'une manière satisfai-
sante.
Voici maintenant comment s'élabhssent les moyennes des chiffres par lesquels
le jury a l'habitude d'apprécier les caractères extérieurs :
l'agriculture en ALSACE EN 1882. 373
Déchets p. 100. Couleur. Odeur. Confonuation. Graines étrangères.
1882 1.170 2.72 2.87 2.95 3.20
1881 1.337 3.9Ô 4.23 3,88 3 92
Les différences entre les deux séries de chiffres trouvent leur justification dans
les considérations que nous avons données plus haut.
Notons encore que le poids le plus élevé qui ait été constaté cette année est de
70"^. 500 par hectolitre. 11 s'applique au lot de M. David ZoUer, propriétaire à
Westhofeu. Bien que relativement beau pour une récolte de cette année, il est de
beaucoup inférieur aux résultats que nous ont fournis les concours des années
précédentes, où il n'était pas rare de rencontrer des poids de 72 et 73 kilog. à
l'hectolitre, où même il nous a été permis d'enregistrer un poids exceptionnel de
76 kilog. à l'hectolitre.
Espérons que la nouvelle campagne qui va s'ouvrir nous apportera des résul-
tats meilleurs et que producteurs et consommateurs trouveront dans une bonne et
abondante récolte, ample compensation des tribulations que nous ont infligées les
températures froides, humides et capricieuses de l'année 1882.
Voici pour le imitième concours d'orge Chevalier, en 1882, la liste des lauréats:
1. MM. Antoine Ulrich, propriétaire à Sœssolsheim, 100 fr.; 2. David ZoUer,
propriétaire à Westhofen, 100 fr.; 3. Florent Sattler, propriétaire à Scharrach-
bergheim, 100 fr.; 4. M. Reysz fils, propriétaire à Scharrachbergheim, 50 fr.;
5. Henri Lutz, propriétaire à Groxwiller, 50 fr.; 6. David Pfeiffer, propriétaire à
Scharrachbergheim, 50 fr.; 7. Jean Haug, propriétaire à GoxwiUer, 50 fr. ;
8. E. Hess, propriétaire à G-oxwiller, 50 fr.; 9. M. Reysz père, propriétaire à
Scharrachbergheim, 50 fr.; 10, Ed. Heim, propriétaire à Westhofen, 50 fr.; 11.
Ch. Scha^ffer, propriétaire à Treenheim, 50 fr.; 12. Veuve Wentz, propriétaire à
Wangen, 50 fr.; 13. J. Fritsch fils, propriétaire à Groxwiller, 50 fr.; 14. Fréd.
Reyss fils, propriétaire à Scharrachbergheim, 50 fr.; 15. Nicolas Brumter, pro-
priétaire à Schwindratzheim, 25 fr.; 16. J. Hess, propriétaire à Goxwiller, 25 fr.;
17 J. Wagner, propriétaire à Westhofen, 25 fr.; 18. Gh. Heim, propriétaire à
Westhofen, 25 fr.; 19. J. Fritsch père, propriétaire à Goxwiller, 25 fr.;20. J, Pfeif-
fer, propriétaire à Scharrachbergheim, 25 fr.; 21. Ed. Fritsch, propriétaire à
Goxwiller, 25 fr. Wagner,
Secrétaire de la Société d'agriculture de la Basse-Alsace.
SUR LE CONCOURS DE PARIS EN 1883
Mon cher directeur, vous avez publié dans votre excellent Journal,
en date des 3, 1 7 et 24 février, un article du à la plume élégante et facile
de M. R. de laTréhonnais. Je n'ai rien à contester touchant les opinions
de l'éminent écrivain agricole sur la partie concernant l'exposition
des animaux gras, mais il n'en est pas de même au sujet du concours
d'animaux reproducteurs.
M. de laTréhonnais commence par en approuver le principe, quoi-
qu'un peu plus loin il souhaite qu'on lui substitue autre chose; il en
blâme le lieu et l'époque et critique sévèrement l'intervention de la
Société des ai^riculteurs de France et la valeur des taureaux exposés.
N'en déplaise à M. de la Tréhonnais, la section d'économie du
bétail delà Société des agriculteurs de France, composée des éleveurs
les plus autorisés, après avoir discuté cette question d'une manière
approfondie, a été d'avis unanime qu'une exposition annuelle de
taureaux destinés à la vente serait un bienfait pour l'élevage et qu'elle
ne pouvait être mieux placée qu'au moment du concours d'animaux
de boucherie. Ce concours a été exceptionnellement tôt cette année, sa
date étant subordonnée aux fêtes mobiles de Pâques. Mais quelque-
fois il arrive à la fin de février ou au commencement de mars.
Or le concours analogue institué à Birmingham a lieu le 14 mars ;
les ventes périodiques de Gorbon se font à peu près à la même époque.
Enfin la vieille et indiscutable expérience du concours de Ncvers
374 SUR LE CONCOURS DE PARIS EN 1883.
consacrée par le succès le plus éclatant, nous enseigne que c'est le
moment le plus favorable pour acheter les taureaux, puisque, à Nevers,
il s'en vend plus de deux cents chaque année à des prix très rémuné-
rateurs.
M. de la Tréhonni^is affirme qu'il y a incompatibilité entre une expo-
sition simultanée d'animaux gras et d'animaux reproducteurs, impres-
sion qui, dit-il, échappe peut-être à « toute démonstration logique,
« dii'licile à définir, mais est néanmoins irrésistible. » Je demande
à M. de la Trehonnais la permission de définir son impression. Il est
parfaiLement vrai que les taureaux exposés près des animaux en état
d'engraissement de concours ont à soutîrir de la comparaison. ]^Iais si
les visiteurs superficiels ou indifférents trouvent que les taureaux
sont moins rebondis que leurs obèses voisins, il n'est pas un éleveur
sérieux qui ne se rende compte de la différence qui doit exister entre
eux et soit empêché de les apprécier les uns et les autres à leur juste
valeur.
J'en reviens au concours de Nevers, où depuis longues années les
taureaux sont exposés auprès des animaux gras, sans que personne
n'ait jamais songé à s'en plaindre; en supposant môme qu'il y ait un
inconvénient, combien d'avantages le compensent, l'admirable empla-
cement du palais de l'Industrie, le coup d'œil qu'il présente, la foule
des visiteurs qui s'est accrue cette année dans des proportions inusi-
tées, la facilité pour les étrangers de se rendre à Paris qui les attire
toujours. N'est-il pas permis d'espérer que si un marché régulier de
beaux reproducteurs était établi dans d'aussi bonnes conditions, nous
pourrions dériver au profit de notre élevage les nombreux achats qui
se font en Angleterre pour le compte de la Belgique, de l'Allemagne
et du Piémont?
M. de la ïréhonnais parle de remplac^er cette exposition par « les
beaux concours périodiques d'animaux reproducteurs comme il y en
a eu autrefois ». Il y a là deux ordres d'idées différentes. S'il s'agit
d'un concours général, le gouvernement eso arrêté par une difficulté
budgétaire : les frais d'un semblable concours s'élevant à près ou
plus d'un million.
L'Elat doit en faire de temps en temps, à d'assez longues périodes,
pour donner à notre élevage un enseignement, des termes de compa-
raisons, une sorte d'inventaire de nos richesses, comme on le fait
pour l'industrie au moyen des expositions universelles.
Mais s'il s'agit d'un concours annuel avec vente de taureaux, comme
celui de Birmingham, de Nevers, où celui que nous désirons voir éta-
blir à Paris, qui peut se faire sans dépenses appréciables, à quelle
autre époque pourriez-vous le placer uiilement? Plus tard, au prin-
temps, vous vous trouvez en présence des concours régionaux qui se
suivent étroitement, dont quelques-uns sont même simultanés, que
vous ne pouvez songer à retarder sans porter préjudice à l'élevage et
encore moins à supprimer, attendu qu'ils rendent les plus sérieux ser-
vices, sont très populaires, portent les luttes et les récompenses à
domicile el sont une satisfaction donnée à Tesprit de décentra' isation.
Placerez-vous ces concours de taureaux à la fin de juillet, alors que
les foins ne sont pas terminés, où la moisson commence, alors que la
monte est faite? Pensez-vous que les éleveurs se déplaceront à ce mo-
ment pour vendre ou acheter des taureaux ?
SUR LE CONCOURS DE PARIS EN 1883. 375
Tandis qu'au palais de l'Industrie, il ne faut pas perdre de vue que
la plupart des éleveurs sont exposants d'animaux gras, qu'ils se sont
déplacés eux et lours hommes de service, qu'il n'en coûte pas beau-
coup plus de compléter le wagon qui amène les bœufs engraissés en y
joignant un ou deux: taureaux. Enfin, si un exposant a touché une
prime importante et vendu son ou ses bœufs deux ou trois fois leur
valeur réelle parce qu'ils ont été primés, il me semble qu'il sera dans
les meilleures conditions possibles pour acheter un beau reproducteur,
afin de continuer ou d'améliorer ses fructueuses opérations.
A ce propos, je veux repondre en passant à une objection (qui n'est
pas de M. de la Tréhonnais;. Vous nuirez, m'a-t-on dit, aux ventes de
Corbon ! Je crois que c'est une erreur complète. Gorbon dispose de la
bourse de l'Eiat, il peut et doit faire mieux que les particuliers, et si
ce bel établissement reste à la hauteur de sa mission (ce dont je ne
doute pas), c'est toujours là que nous irons nous remonter plutôt qu'en
Angleterre oii les prix, frais de voyage, etc., sont excessifs, et nous
serons d'autant plus disposés à payer chéries quelques animaux d'élite
fournis chaque année par Corbon que nous aurons plus facilement
trouvé à nous défaire des nôtres.
iM. de la Tréhonnais en parlant des primes offertes par la Société
des agriculteurs de France dit qu'elles étaient « ridicules et inutiles ».
Les décisions du conseil de la Société sont généralement accueilies
avec plus de bienveillance.
Je n'en veux pour preuve que la popularité croissante de cette
Société, l'élévation incessante du chiffre de ses adhérents qui sont près
de 5 000 actuellement, chiffre qui sera bientôt atteint et par consé-
quent dépassé.
Pour faire apprécier le motif de cette décision, je demande à faire
brièvement l'historique de la question.
Il y a quelques années, pour répondre aux vœux des éleveurs, le
ministère de l'agriculture avait accordé un semblable concours, mais
sans rien faire pour assurer la réussite d'une idée dont il n'avait pas
eu l'initiative. Les animaux avaient été relégués dans un emplacement
obscur, il ne leur était offert ni primes, ni médailles, ni argent.
L'échec était prévu, il fut complet.
Cette année, devant le renouvellement des mêmes vœux, le ministère
a recommencé la tentative. 11 a accordé ce dont nous devons vivement
le remercier, un excellent emplacement et des médailles mais il n'avait
pas cru devoir classer les taureaux par catégories d'âge.
De façon qu'un veau de six mois pouvait être appelé à concourir
avec un taureau de six ans, et pas d'argent en primes. Dans ces con-
ditions un second échec était inévitable; les éleveurs se sont émus,
ont sollicité le conseil de la Société des agriculteurs de France, qui n'a
pas hésité à voter généreusement une somme de 5,000 francs à dis-
tribuer en prix ; l'administration s'est alors décidée à faire des
catégories
Les animaux sont venus en assez grand nombre et le concours a été
préservé d'un nouvel échec. Cette intervention n'a donc été ni ridicule,
ni inutile.
Qu'il y ait une certaine anomalie à voir une Société particulière
intervenant dans les actes du gouvernement. D'accord, tout le monde
l'a senti; mais grâce à l'extrême courtoisie de M. do Mahy, ministre
376 SUR LE CONCOURS DE PARIS EN 1883.
de l'agriculture, au bon vouloir de M. Tisserand l'intelligent et sym-
pathique directeur général, toutes les difficultés se sont aplanies faci-
lement.
De son côté, la Société des agriculteurs de France a apporté une
réserve extrême dans ses agissements, a offert des primes en argent
sous une forme nouvelle et détournée et s'est contentée, en désignant
les lauréats, de ratifier les choix du jury officiel soit que tous ses juge-
ments fussent irréprochables, soit par un sentiment de tact et de
convenance qui a été apprécié de tous côtés.
Il appartient au gouvernement, maintenant que l'épreuve a été faite
et bien faite et qu'elle aété suivie d'un succès relatif mais incontestable,
de continuer une œuvre aussi utile, désirée par les éleveurs, en laisant
le concours à la même place, à la même époque, en distribuant, outre
les médailles, des primes en argent; enfin en divisant les animaux par
catégorie d'âges, trois au moins, comme dans les concours régionaux
(à Birmingham ily en a 12, età Nevers 8). Qu'on y ajoute une vente aux
enchères, rien de mieux, quoique je doive dire qu'à Nevers ce mode
d'opérer n'ait pas eu beaucoup de succès.
Avant de terminer, il me reste à répondre à la dernière critique de
M. de la Tréhonnais, qui affirme que sauf quelques jeunes taureaux et
un ou deux âgés, la race durham était fort mal représentée; il ajoute
même plus loin « de la médiocrité la plus flagrante. » Je ne partage
pas du tout cetavis; qu'il y eût quelques médiocrités, c'est inévitable;
mais la plus grande partie des animaux exposés étaient excellents et
faisaient le plus graud honneur à nos éleveurs. Ils représentaient la bonne
moyenne de nos concours régionaux et ceux-là même qui avaient
produit ces magnifiques bœufs gras excitant l'admiration générale;
presque tous ces taureaux avaient des généalogies irréprochables qui
ne se trouvent pas chez tous les animaux exposés en Angleterre où les
nôtres eussent pu figurer avec honneur.
J'ai été souvent en Angleterre; j'ai vu plusieurs grands concours,
j'ai visité quelques étables célèbres; j'ai trouvé des prix inabordables,
une réclame savamment organisée, l'art de mettre en relief certaines
généalogies, et comme animaux, à fort peu d'exceptions près, rien qui
lut bien supérieur à ce que nous possédons nous-mêmes.
A force d'entendre louer l'Angleterre à notre détriment, nos éle-
veurs ont fini par se former un idéal qui leur donnera toujours des
déceptions.
Quand un taureau importé arrive à Corbon, fût-il le Duke of Nor-
mandy, payé au capitaine Gunter 12,500 fr. à trois mois, fût-ce le
Duke of Rowley, ou The Earl of Worcester, de la plus pure souche
Bâtes, de la tribu Wild Ëyes, dont le père, Duke of Geneva, a coûté
42 000 fr., fussent les taureaux de pur sang Booth choisis en dernier
lieu par M. Lefebvre de Sainte-Marie, avec cette compétence que per-
sonne ne lui conteste, tous sont discutés, critiqués, ils ne sont pas
meilleurs que les vaches, etc., etc. ; enfin, on s'attend toujours à voir
mieux. Il est certainement utile qu'un établissement comme Corbon
aille de temps en temps en remonte en Angleterre pour éviter
la consanguinité qui résulterait d'alliances répétées entre les
mômes familles, mais sans s'attendre à trouver mieux que ce qu'il
possède déjà. Ace sujet, je fais appel aux souvenirs des éleveurs et à
iïmmense désappointement qu'ils ont éprouvé en voyant l'exposition
SUR LE CONCOURS DE PARIS EN 1883-5 377
des Durliams anglais au Concours international de l'Esplanade des
Invalides en 1878. Tandis qu'au contraire les Anglais ont été absolu-
ment stupéfaits de la beauté de notre propre exposition.
Que les animaux anglais fussent moins nombreux que les nôtres, il
n'en pouvait être autrement ; mais le petit nombre qu'ils avaient pré-
senté était-il de nature à écraser les nôtres? Je ne le pense pas. Ils
n'avaient pas un bon taureau et, sauf une vache appartenant à S. M.
la reine d'Angleterre, et une autre au marquis d'Exeter, que j'ai re-
trouvées parmi les premiers prix du Concours de Kilburn-Londres,
deux ans après, tout le reste était sans grande valeur apparente. Il y
avait cependant plusieurs spécimens de familles célèbres. Le comte de
Bective avait exposé une Grande Duchess, par 2" Duke of Tregunter
et Grande Duchess d'Oxford 18*; M. Fox, dont l'étable est très renom-
mée, « Baron Australian » d'une excelleute liguée des Duchess Bâtes.
Lady Pigot avait une génisse et un taureau du plus pur sang Booth,,
ce dernier par Royal Commander et Victoria Gloriosa, de la tribu des
Montalini, la crème de la crème de l'élevage Booth. Lady Pigot m'a
sollicité de l'acheter, me disant fort aimablement qu'en ma faveur
elle abaisserait son prix à 12,500 fr. Mais ce précieux animal était si
décousu, si cassé derrière les épaules, que m'eût-il été offert à un prix
plus dans nos habitudes françaises, que je me serais bien gardé de le
prendre et encore plus de lui livrer mes vaches.
Il y a là un sentiment de patriotisme auquel je fais appel et que
nous oublions trop souvent en France, c'est de moins admirer ce qui
se fait à l'étranger, et 'de rendre plus de justice à nos propres mérites
et à notre cher et beau pays.
Veuillez agréer, etc. Alph. Tiersonnier,
Membre de la Société Nationale d'Agriculture,
Membre du Conseil de la Société des Agriculteurs de France,
Président du Comice agricole de l'arrondissement de Nevers.
SUR L'ŒUF D'HIVER DU PHYLLOXERA *
Dans la séance du 13 janvier 1882, la Commission supérieure du phylloxéra
en France émettait le vœu suivant :
« Considérant l'importance du rôle que joue l'œuf d'hiver dans l'évolution du
« phylloxéra, puisqu'il entretient sans cesse la vitalité des colonies souterraines
« et que tout foyer phylloxérique a pour origine un œuf d'hiver; que, dès lors,
« sa destruction est d'un intérêt pratique évident, émet le vœu que des expériences
« méthodiques soient instituées non seulement dans le laboratoire, mais en grande
« culture, pour déterminer quels sont les moyens à employer pour arriver à la
« destruction certaine de l'œuf d'hiver. »
Par cette proposition on affirme, ni plus ni moins :
P A quelle cause est due la vitalité des colonies agames des racines, c'est-à-
dire la puissance de perpétuation et d'accroissement de ces colonies;
2° Quelle est l'origine de chaque centre nouveau d'infection;
3° lie que doit faire la pratique pour arrêter les colonies existantes et empêcher
la formation de colonies nouvelles ; on laisse seulement à des recherches ulté-
rieures et à de nouvelles expériences le soin de déterminer los moyens qui devront
satisfaire à ces deux indications.
Puis, M. Balbiani, promoteur autorisé du vœu, dans une lettre adressée au
ministre de l'agriculture, et communiquée par celui-ci au secrétaire perpétuel
de l'Académie des sciences, expose les raisons de ces affirmations et de ces pro-
positions.
Pour lui, la fécondité des génératrices agames des racines est limitée et cir-
conscrite dans une courte période, et cesserait peut-être au bout de peu de géné-
rations, dans la même année, puisque, en fait, de 20 à -24 gaines ovigères qu'a la
1. Gommiinications adressées à l'Acaclémie des sciences.
378 SUR l'œuf D'hiver du ppiylloxera.
première, les générations successives sont réduites à n'en avoir seulement que
de 10-12, 6-7, 2-3, et elles finiraient par devenir stériles si, par une nouvelle
activité, il ne^e formait pas de nouveaux germes dans les mêmes gaines ou d'au-
tres gaines, entre celles qui sont déjà épuisées; aussi, avec ces suppléments, les
générations agaraes peuvent durer quatre ou cinq ans.
Puis les ailés, agames eux anssi, portent en eux-mêmes les signes d'une plus
grande dégradation réduits qu'ils sont à n'avoir au plus que quatre gaines ovi-
gères; leurs œufs donnent des produits encore plus amoindris, c'est-à-dire que
les mâles et les femelles, incapables, par leur imperfection, d'engendrer encore,
sont bons cependant à se compléter réciproquement et à rouvrir le cycle des géné-
rations normales.
Je me suis permis autrefois, dans nos actes et autre part, de contester que
la diminution au nombre des gaines ovariques, arrivée au maximum dans les der-
nières générations automnales, représente directement la diminution de la [luis-
sance génératrice et en soit le témoignage ou la preuve en particulier; voyant dans
le fait même, non l'épuisement de cette force oud'uneautre contenue dans l'orga-
nisme, mais une preuve sensible de l'équilibre qui s'établit entre l'organisme
jïiême et la vie à un moment donné, et les conditions extérieures directement ou
indirectement défavorables pour celle-ci ou pour celui-là; équilibre prompt à se
changer en termes différents, à la bonne saison, quand la nouvelle végétation de
la vigne fournit une source plus copieuse d'aliments à son parasite ; ce qui, d'autre
part, prouve les effets bienfaisants de la température et des autres conditions renou-
velées par elle.
C'est ainsi, et non autrempnt, que les hibernants, après avoir fait leur mue,
deviennent des génératrices printanières, aux ovaires riches en gaines et remplis
de germes; il serait à voir, avant d'affirmer, si les germes sont et combien ils
sont capables de se régénérer dans les mêmes gaines; de la même manière, avant
de l'affirmer, il faudrait examiner comment et combien aux gaines épuisées en
succèdent d'autres de nouvelle formation. D'ailleurs, dans tous les cas, ces faits
devraient être regardés comme le résultat des actions de la vie nutritive, tantôt
plus, tantôt moins énergique.
Ce fait étant considéré comme vérifié dans la succession 'de l'automne, de
l'hiver et du printemps, on ne voit pas pourquoi il ne devrait pas se répéter à chaque
retour de succession semblable et un nombre de fois plutôt qu'un autre. Appli-
quer à une échéance fixe, et d'une manière absolue, au cas spécial, une conception
abstraite comme celle de k nécessité de la péi-iode dans les générations alternantes,
paraît hâtif et prématuré.
Une autre conception plus originale, mais entièrement spéculative aussi,
serait que les ailés représentassent un nouvel état de dégradation et les sexués
eux-mêmes un état plus avancé encore que ce dernier. Les sexués présenteraient
en outre ceci de singulier que, amoindris d'une puissance qui ne leur reste plus
qu'en partie, ils la retrouveraient entièrement dans l'acte sexuel et transmettraient
à leur produit ce qu'ils n'ont pas eux-mêmes.
La seconde proposition du vœu de la Commission réduit strictement à l'œuf
d'hiver l'origine de tout nouveau centre d'infection ; mais, prise ainsi sans réserve,
la proposition annule d'un trait les observations les mieux fondées et très connues
de la dissémination, non seulement par les ailés, mais aussi par les aptères, et
les renseignements les plus certains sur les nouveaux foyers, malheureusement
formés presque toujours par le transport de plants infestés, non d'œufs d'hiver
assurément, mais de colonies radicicoles de phylloxéra, lors même qu'on ne vou-
drait pas parler de l'origine de la première arrivée du phylloxéra en Europe,
la pratique se détournant d'un de ses plus importants et plus siàrs fondements.
Pour en venir à l'œuf d'hiver, tandis que les observations de l'œuf dià aux
générations sexuelles hypogées n'ont encore été ni reprises ni suivies, selon
M. Balbiani lui-même,' les premières observations de M. Boiteau sur l'œuf de
la génération sexuelle aérienne provenant du phylloxéra ailé restent aussi isolées
et presque exceptionnelles, puisqu'elles n'ont pas réussi à d'autres, ou ont
réussi seulement relativement à l'œuf d'hiver du phylloxéra des vignes améri-
caines. Celui-ci, aussi bien que la lénération qui le précède et celle qui en pro-
vient, semble, d'après les observations mêmes, en rapport très étroit avec la
génération gallicole et la formation des galles, qui manquent d'une manière géné-
rale chez les phylloxéras des vignes communes.
Maintenant, conclure des faits du phylloxéra des vignes américaines à ceux
SUR I/ŒUF d'hiver DQ PHYLLOXERA. 379
du phylloxéra dos vignes ordinaires, sans le secours d'observations positives,
tandis ([ue le cours de la vie chez le premier et chez le second est profondément
difterent, c'est aussi aç^ir avec trop de précipitation et pas assez de mesure.
Donc, dans les conditions actuelles, le vœu de la Commission française,
corrigé dans ses prémisses, devrait s'appuyer sur cet autre préliminaire : Insti-
tueî' des trcherches pour trouver et démontrer l'œuf dliiver du phylloxéra sur les
vignes indigènes^ Targioni-Tozzetti.
Réponse à la note précédente de M. Targioni-Tozzetti.
Dans la note qu'on vient de lire, M. Targioni-Tozzetti s'appuie, pour criti-
quer ma proposition d'arrêter l'extension du phylloxéra par la destruction des
œufs d'hiver, sur un certain nombre d'arguments qu'on peut résumer ainsi
qu'il suit :
1° Le principe fondamental sur lequel se base cette proposition, savoir :
l'extinction des colonies souterraines par la destruction de la source à laquelle
celles-ci s'alimentent, c'est-à-dire les œufs d'hiver, n'a pas encore reçu une
démonstration scientifique suffisante. La diminution de la puissance génésique
des femelles agames des racines avec le nombre des générations issues les unes
des autres n'est fias un phénomène absolu en soi; cette diminution est en relation
avec la décroissance des conditions extérieures, principalement de température et
de nutrition, qui agissent sur ces insectes dans la succession de"s saisons. Les
femelles, arrivées au minimum de leur faculté reproductrice en automne, récu-
pèrent toute leur fécondité au printemps avec le retour d'une température plus
élevée et d'une alimentation plus substantielle.
2° Les œufs d'hiver n'ont été rencontrés jusqu'ici que sur les vignes améri-
caines; ils n'ont pas encore été trouvés sur les vignes indigènes (européennes) :
par consé((uent, rien ne démo itre que les moyens proposés pour leur destruction
sur ces dernières vignes atteignent leur but et soient avantageux pour arrêter la
propagation du phylloxéra.
3" Une autre différence que présentent les vignes américaines et les vignes
indigènes est l'existence, sur les premières, de générations gallicoles du phylloxéra
et leur absence sur les dernières; tous ces faits démontrent une ditïérence pro-
fonde des mœurs de l'insecte des vignes américaines et de l'insecte des vignes
indigènes,
4" Les œufs d'hiver ne sont pas l'unique ni même la principale source de
l'invasion phylloxérique; il n'est pas tenu compte des faits nombreux el bien
connus qui prouvent la propagation du phylloxéra par le transport et l'importa-
tion de plants, principalement de vignes américaines, servant de véhicule aux
colonies radicicoles.
5" Enfin, nos connaissances concernant l'œuf fécondé des générations sexuelles
hypogées sont encore très incomplètes. Cette proposition contient implicitement,
bien qu'elle ne soit pas énoncée par l'auteur, cette conséquence que la destruc-
tion des œufs d'hiver aériens n'empêcherait pas la régénération des colonies radi-
cicoles par les œufs d'hiver souterrains ^.
Aucun des arguments résumés dans les lignes qui précèdent n'est nouveau,
et j'ai déjà eu plusieurs fois l'occasion de les réfuter dans mes précédentes publi-
cations sur le phylloxéra. Je vais les examiner encore une fois dans l'ordre où je
viens de lus énumérer.
Et d'abord, je dois faire remarquer que M. Targioni-Tozzetti ne tient aucun
compte, dans ses critiques, des deux faces sous lesi|uelles j'ai toujours envisagé
l'utilité et les conséquences de la de>truction des œufs d'hiver, et que je faisais
encore ressortir avec soin dans ma lettre, en date du 23 février 1882, adressée à
M. le ministre de l'agriculture, ainsi que cela résulte du passage suivant de cetSe
lettre ; « En résumé, la question de la destruction de i'œut d'hiver se présente
« sous deux aspects différents, ainsi que je l'indiquais déjà en 1875 : 1" comme
« traitement curatif, en amenant par voie indirecte la disparition des colonies
« établies sur les racines ; 2" comme moyen préventif, en conjurant le danger de
« l'invasion des vignobles indemnes par les œufs d'hiver déposés sur les ceps. »
Sous le dernier point de vue, je me suis prononcé très affirmativement sur
les avantat:es de cette opération, en me basant sur nos connaissances les plus
certaines et les mieux établies des mœurs du phylloxéra, principalement de sa
1. Note lue à la Société eiitnm ilogi(|ue italienne dans la séance du 28 m li 1S82.
2. Celte conclusion est expiunée d'une manière plus catégorique dans une autre notice de
M. Targioni-Tozzetti (Bullettino délia Soc. entomot. ilaliana, anno XIII, 1881).
380 SUR l'œuf d'hiver DU PHYLLOXERA.
génération ailée chargée de fonder à distance de nouvelles colonies. Les ailés
donnant naissance à la génération sexuée, qui, elle-même, produit l'œuf d'hiver,
n'est-il pas évident que la destruction de ce dernier équivaut à celle des ailés,
réclamée de tout temps et pour laquelle on a proposé une foule de moyens, tels
que le tassement du sol pour empêcher leur sortie de terre, la plantation de végé-
taux agglutinants destinés à les arrêter au passage, etc., tous procédés qui se
sont montrés ou inefficaces ou irréalisables dans la grande pratique. Rien de plus
facile, au contraire, que d'atteindre l'œuf d'hiver par des moyens culturaux ou
chimiques pendant les quatre ou cinq mois qu'il reste à notre portée, dans la
période la plus propice aux travaux agricoles. M. Targioni-Tozzetti, qui semble
attribuer lui-même aux ailés un rôle important dans la dissémination du phyl-
loxéra, voudrait-il restreindre ce rôle seulement aux vignes américaines et trou-
ver une autre explication à la propagation du parasite sur les vignes indigènes?
Nous reviendrons plus loin sur ce point des opinions du savant naturahste de
Florence.
Autant j'ai été affirmatif sur les avantages pratiques de la destruction de
l'œuf d'hiver comme moyen propre à enrayer la marche de phylloxéra, autant j'ai
mis de réserve à tirer les conséquences que cette opération peut avoir pour les
colonies radicicoles. Ici, je n'ai exprimé que comme une simple probabihté, une
hypothèse, Topinion que ces conséquences pourraient être la disparition de ces
colonies par la destruction des germes où elles puisent sans cesse une vitalité
nouvelle. Ce n'est pas une supposition gratuite, mais une présomption fondée sur
des études biologiques attentives de la reproduction du phylloxéra. Ce sont les
conclusions pratiques déduites de ces études que M. Targioni-Tozzetti a cru pou-
voir attaquer dans sa note placée en tête de ce travail. Avant de répondre aux
objections de M. Targioni, j'ai cru bon de rappeler la distinction que j'ai toujours
faite entre les deux résultats que j'attribuais à la destruction de l'œuf d'hiver :
l'un, assuré, lorsqu'on l'emploie comme traitement préventif; l'autre, possible,
probable môme, mais non certain, méritant toutefois d'être essayé, lorsque cette
opération est faite à titre de moyen curatif. Gela posé, je passe maintenant à l'exa-
men des objections de M. Targioni-Tozzetti.
M. Targioni m'oppose d'abord ce fait que la diminution de la fécondité des
femelles agames des racines, dans les générations qui se succèdent du printemps
à l'automne, n'est pas, comme je l'admets, l'épuisement graduel d'une force con-
tenue dans l'organisme même, mais la manifestation de l'influence décroissante
des conditions extérieures favorables, principalement de température et de nutri-
tion, qui agissent sur ces femelles dans le cours des saisons. M. Targioni ne s'est
sans doute pas aperçu que cette opinion est une simplehypothèsedesapart, àl'appui
de laquelle il n'apporte ni observations ni expériences directes. Je vais montrer,
au contraire, que les observations et les expériences conduisent à une conclusion
absolument opposée à la sienne.
Chez le phylloxéra du chêne*, le nombre des gaines ovigères est de 26 à 32
chez les femelles aptères de la première génération, issue en avril de l'œuf fécondé
de l'année précédente ou œuf d'hiver. Dès la deuxième et la troisième génération,
l'ovaire se trouve réduit à 10 ou 12 gaines (en mai et juin), et dans les générations
suivantes (de juillet à septembre) on n'en compte plus que de 4 à 6 en tout. Le
décroissance du nombre des tubes ovariques est tout aussi rapide chez les aptères
radicicoles du phylloxéra de la vigne, en prenantpour point de départ l'insecte issu
de l'œuf d'hiver, qui a de 24 à 28 tubes ovariques. A mon arrivée à Montpellier,
en 1874, ma première observation fut l'examen des gaines ogivères chez un grand
nombre de femelles aptères fixées sur les renflements des radicelles d'un pied de
vigne au début de l'invasion. Chez les dix premières femelles examinées, le
nombre des gaines est exprimée par les chiffres suivants : 17, 18, 16, 13, 16 à 18,
16, 20, 18, 16, 15. En octobre de la même année, ce nombre, chez dix autres
femelles, n'était respectivement plus que de 5, 5, 2, 4, 2, 2, 5, 3, 6, 7^ Les
observations faites par M. Boiteau dans une autre région delà France (environs
de Libourne) ont montré la même décroissance rapide du nombre des gaines ogi-
vères du printemps à l'automne [Comptes rendus, 14 août 1876).
Ces faits ne laissent donc aucun doute sur la diminution successive de la
fécondité chez les phylloxéras des racines par l'avortement graduel de leur appareil
1. Il s'agit ici de l'espèce comimine sur les chênes des environs de Paris et du nord de la France
c'est le phylloxéra coccinea de Heyden et autres auteurs.
2. Ces femelles étaient prises un peu partout : les résultats étaient sensiblemen les mêmes
dans tous les vignobles.
SUR L'ŒUF D'HIVER DU PHYLLOXERA. 381
reproducteur dans le cours d'une même année. Mais on peut se demander si ce
f)hénomène n'a pas une liaison intime avec les modifications qui surviennent dans
es conditions extérieures que les générations traversent dans le cours de leur évo-
lution annuelle. L'influence de la température doit être immédiatement écartée :
nous venons, en effet, de voir que c'est au printemps, c'est-à-dire dans une saison
qui n'est pas celle où la température moyenne atteint son chiffre le plus élevé,
quels nombre d-s gaines de l'ovaire présente son maximum, et que ce nombre
aiminue rapidement dans les mois plus chauds de l'été et en automne. L'influence
de l'alimentation ne doit pas être mise davantage en ligne de compte; car, au
commencement du printemps, les feuilles du ciiène, comme les radicelles de la
vigne, contiennent une sève plus aqueuse, moins riche et moins élaborée que
celle qui y circule à une période plus avancée de la végétation. Toutes choses égales
d'ailleurs, je n'ai pis observé de différence, chez le phylloxéra du chêne, dans le
nombre des tubes de l'ovaire chez les femelles fixées sur des feuilles molles et
tendres et celles établies sur des l'euilles dures et coriaces. De même, chez le phyl-
loxéra de la vigne, les insectes des radicelles ne paraissent pas mieux pourvus
sous ce rapport que leurs congénères, placés sur les grosses racines ligneuses.
L'expérience se joint à l'observation pour confirmer ce résultat. En trans-
portant les insectes ou leurs œufs des racines épuisées sur des racines fraîches,
on n'observe pas d'augmentation dans le nombre des gaines ovariques chez ces
individus ouïes générations qui en proviennent ; tout ce que l'on constate, c'est
une recrudescence dans l'activité fonctionnelle de la glande, se manifestant par
des pontes plus abondantes et plus nombreuses. La température exerce une
influence du même genre.
Tous ces faits sont donc loin de plaider en faveur de l'hypothèse de M. Tar-
gioni-Tozzetti touchant l'mflucncc des conditions extérieures sur la constitution
anatomique de l'appareil reproducteur du phylloxéra. On arriverait plutôt à une
conclusion opposée si l'on examine les conditions dans lesquelles se manifeste de
la manière la plus prononcée et la plus prompte la dégénération de cet appareil.
Je veux parler des métamorphoses de l'insecte aboutissant à la génération sexuée.
Ces métamorphoses consistent, ainsi qu'on le sait, d'abord dans la production de
la forme ailée, laquelle à son tour, donne naissance à la génération des sexués
mâles et femelles. Or, chez la première, l'ovaire n'est plus composé que de deux
à cinq gaines, et chez la femelle sexuée cette réduction arrive à son dernier
terme, c'est-à-dire à un ovaire formé d'une uni'jue gaine produisant en tout et
pour tout un seul œuf infécond par lui-même. La stérilité est donc devenue presque
complète au point de vue anatomique, et complète au point de vue [)hysiologique ;
l'espèce, menacée dans son existence, périrait, si l'accouplement ne venait rendre
soudain la fertilité à cet élément arrivé à l'extrême épuisement '.
[La suite prochainement.) Balbiani,
Professeur au collège de France.
LES MACHINES AU CONCOURS GÉNÉRAL DE PARIS - IV '
Les herses construites par M. Emile Puzenat, à BourboQ-Lancy
(Saôue-et-Loire), sont hautement appréciées par tous les agriculteurs
qui les connaissent. A diverses reprises, nous les avons signalées
aux lecteurs du Journal. Au concours du palais de l'Industrie, nous
avons remarqué une nouvelle herse qui nous a paru digne d'appeler
à nouveau l'attention. Le système général de construction de cette
herse (fîg. 37) est le même que celui des herses déjà connues de
M. Puzenat; mais ce nouveau modèle se distingue par un mode
d'ajustage des dents dont le but est de supprimer les é-rous, les bou-
lons et les vis de pression dont l'usure est toujours assez rapide. La
figure 38 montre une dent montée, et la figure 39 donne la forme de
toutes les pièces de l'ajustage. Dans le bâti en fer A sont encastrées,
de chaque coté de la dent 1), deux pièces B qui déterminent lesdimen-
1. (JcUe dégénération oi'g.uiKine ne se borne [)a.s aux organes générateurs : elle se nianileste
aussi |)ar i'alropiiie complète de l'appareil digestif et 4uel({uerois de plusieurs des articles des
antennes ou des pattes.
2. Voir le Journal du 27 janvier, du 24 février et du 3 mars, p. 1.51, 293 e 334 de ce volume.
382
LES MACHINES AU CONCOURS GÉNÉPAL DE PARIS,
sions de l'ouverlure dans laquelle elle entre. La dent, introduite
par dessous, pénètre dans cette ouverture, de même calibre qu'elle,
jusqu'au talon E, qui forme point d'arrêt. La tête de la dent, qui
dépasse le bâti, est garnie d'un œil dans lequel on fait pénétrer, à
Fig. 37. — Nouvelle herse de M. Emile Puzenat.
frottement dur, une clavette munie d'une platine de sûreté, F et C. La
dent est ainsi fixée solidement, sans qu il y ait danger qu'elle se
déplace; toutes ses parties ont la même force, de telle sorte qu'elle
Fig. 38. — Dent de la herse, montée.
Fi<?. 39. — Parties de rasssemblage de la dent.
présente une grande résistance. Pour démonter les dents de la herse,
il suffit d'un marteau.
Chaque compartiment de la herse comporte 15 dents; M. Puzenat
en construit à 2, à 3 et à 4 compartiments, pour la force d'un cheval
à celle de trois chevaux : ces herses ont réciproquement 30, 45 ou
60 dents. Elles sont vendues au tarif uniforme de 1 fr. 10 par kdog.
Dans le Journal du 23 septembre dernier, nous avons donné la
LES ANIMAUX AU CONCOURS DE PARIS.
383
description de la première charrue sulfureuse pour le traitement des
vignes [)liylloxérées, construite par M. Gastine.. Un nouveau modèle de
cet injecteur à traction figurait au paliisde l'Industrie; il est repré-
senté par les figures 40 et /i 1 . Il diffère sensiblement par la forme
extérieure du premier modèle; mais les organes fondamentaux sont
restés les mêmes. Ce sont : le couteaU;, le rouleau compresseur et
moteur, la pompe injectrice et le réservoir. Ces divers organes sont
disposés sur un bâti suivant un mode de groupement qui permet le
jeu des pièces de l'instrument ou la suspension de ce jeu à la volonté
de l'opérateur, par l'effet d'une manœuvre simple et unique.
Le bâti A est divisé en trois parties : l'avant-train, le support du
couteau et du rouleau, les mancherons. L'avant-train ressemble assez
à celui d'une petite charrue. Il est formé d'une pièce de fer portant à
son extrémité antérieure une mortaise dans laquelle passe une barre
B qui sert à soutenir à la hauteur convenable la chaîne de traction.
A l'aide d'une griffe on maintient de la même manière, par une vis
de pression, la tige D du porte-galet qui sert à régler le degré d'en-
Fig. 40. — Injecteur de sulfure de carbone, à traction, de M. Gastine.
*
trure du couteau. Enfin cette même partie du bâti soutient encore un
réservoir cylindrique E contenant la provision de sulfure de carbone.
La partie médiane du bâti fait corp-< avec l'avant-train sur lequel
elle est assemblée par plusieurs boulons. Elle forme une sorte de
cadre dans lequel se trouve fixé le rouleau compresseur et moteur R
qui tourne sur un axe fixe dont les extrémités sont prises de chaque
côté du bâti en J. Avant de se bifurquer, le bâti forme en dessous
une assise F sur laquelle on boulonne un couteau en fonte. En dessus,
cette même partie du bâti sert de console à la petite pompe injec-
trice G et au levier M qui en comm:inde le piston. Enfin en arrière, les
deux branches du bâti se réunissent de nouveau en une seule partiel
qui se relève verticalement sous forme d'arc. Chacune des extré-
mités de cet arc est perc e horizontalement d'un trou î, i, servant à
enclencher les mancherons dans deux positions différentes.
Les mancherons K qui terminent l'appareil en arrière s'attachent,
en dehors du bâti en fonte, sur les extrémités de l'axe du rouleau
autour duquel ils peuvent pivoter. Le levier d'enclenchement L disposé
contre la poignée droite de l'un des mancherons permet de fixer ces
derniers en haut ou en bas à volonté.
384 LES MACHINES AU CONCOURS GÉNÉRAL DE PARIS.
Lorsque les mancherons sont dressés (fig. 41) et que le levier
d'enclenchement a pris, dans le trou supérieur, ou est dans la position
de travail, le couteau étant enfoncé dans le sol et le rouleau portant
sur ce dernier. Si l'appareil est soumis à un effort de traction, le cou-
teau trace dans le sol une fente ou sillon que le rouleau vient aussitôt
fermer. En tournant sur le sol, le rouleau entraîne le mouvement de la
pompe au moyen d'un excentrique calé sur son axe, excentrique
dont la tige agit sur un levier arqué communiquant à l'aide d'une
petite bielle Nie mouvement au piston de la pompe. Cette disposition
de renvoi de mouvement a pour but de permettre le changement des
doses à volonté. En effet, la tige de l'excentrique est munie à son
extrémité d'une chape qui peut glisser à frottement doux sur toute
l'étendue du levier arqué. Une vis de pression permet de fixer la chape
au point correspondant à la dose choisie pour l'opération. Lorsque la
chape est fixée vers l'extrémité libre du levier arqué, la dose est
minimum et la course du piston est extrêmement réduite. Au con-
Fig. 41. — Injecteur avec le couteau enfoncé dans le sol.
traire, si Ton fixe la tige de l'excentrique vers le point de pivotement du
levier arqué, le mouvement transmis prend sa plus grande amplitude
et le piston effectue sa course maxima. Les deux divisions extrêmes du
levier arqué (qui est désigné sous le nom de règle du dosage) per-
mettent de distribuer 5 grammes ou 50 grammes de sulfure de car-
bone par mètre parcouru par l'appareil. A l'aide des graduations
intermédiaires, on peut distribuer des doses variables de 5 en
5 grammes, depuis 10 jusqu'à 45 grammes par mètre.
Lorsqu'on abaisse les mancherons en enclenchant le levier dans le
trou inférieur (fig. 40) l'opérateur peut faire porter l'appareil sur la
petite roue de devant et retirer le couteau hors du sol pour tourner au
bout des lignes. Dans cette position, le rouleau soutenu en l'air n'ac-
tionne plus la pompe, et le mécanisme injecteur se trouve automati-
quement arrêté.
Les communications entre le réservoir et la pompe, la pompe et le
couteau, sont établies dans l'intérieur du bâti sans qu'il soit nécessaire
d'employer aucun tube ni joint extérieur. Ce sont les brides de fixa-
tion des différents organes, qui servent ainsi simultanément à ratta-
LES MACHINES AU CONCOURS GÉNÉRAL DE PARIS.' 385
cher ces pièces au bâti, tout en formaat des joints étanches. Toutes ces
brides sont furniéos de parties qui se rejoignent par le serrage de bou-
lons faciles à remplacer en cas de perte ou de bris.
La sortie du sulfure de carbone a lieu à la base du couteau dans le
point le plus profond du sillon qu'il trace.
Sur le fond postérieur du récipient de sulfure, se trouve disposée dans
une garniture étanche une petite cloche en verre e formant hernie sur
le couvercle. Cette cloche permet à l'opérateur de s'assurer si le réci-
pient contient toujours du liquide. Elle évite les malfaçons qui résul-
teraient d'un traitement à blanc.
L'instrument fonctionne sous l'effort de traction développé par un
cheval ordinaire. La vitesse de progression est la même que celle
d'une petite charrue. Le rouleau ferme très exactement la fente. En
même temps sa rotation se produit régulièrement, et comme elle
dépend toujours directement de la vitesse de marche de l'appareil,
il s'ensuit (juc le débit de la pompe reste constamment proportion-
nel au chemin parcouru. La petite pompe est à double effet, de sorte
que l'émission du sulfure de carbone est continue, sans intermittence
aucune, et que toute l'étendue de la fente tracée par le couteau se
trouve utilisée. Les essais qui ont été faits dans les Bouches-du-Rhône
et dans le Var, ont démontré que l'appareil pouvait traiter 1 hec-
tare 1/2 à 2 hectares par jour dans des terrains de nature variée,
même très caillouteux.
Le réglage en hauteur de l'avant-train permet de tracer la fente à
des profondeurs variant de 0™. 15 jusqu'à 0.30. En moyenne on adopte
la profondeur de 0'".20 à 0".22.
{La suite prochainement.) Henry Sagnier.
SUR LA SURVEILLANCE DES ETALONS
ET DES JUMENTS POULINIÈRES. — II.
Le bon accueil fait à ma dernière note sur la surveillance des éta-
lons et des juments poulinières, et les lettres qui m'ont été adressées
par des personnages éminents et des agronomes distingués me prouvent
surabondamment que je suis dans le vrai et au cœur d'une question
d'un intérêt majeur pour l'amélioration de notre production che-
valine.
On me dit cependant avec raison, je ne suis pas sans le savoir, que
les maladies de poitrine (pousse, cornage^ etc.), ne sont pas toujours
dues à la naissance, mais qu'elles ont souvent d'autres origines.
Ceci est parfaitement vrai, et j'avoue même que les causes acci-
dentelles qui les produisent en deliors de l'hérédité sont nombreuses
aussi.
N'en ai-je pas, du reste, indiqué les principales dans mon étude
sur la pousse dont j'ai déjà parlé?
Mais je souiiens absolument que la mauvaise santé des jeunes che-
vaux, qui n'ont pas été soumis à un travail exagéré ou à des mauvais
traitements, ne peut pas avoir d'autres causes que les maladies de
leurs ascendants.
C'est pourquoi je pense qu'en écartant de la reproduction les ani-
maux atteints de maladies transmissibles, on aura beaucoup fait pour
l'amélioration de nos chevaux, ce que l'on ne sera pas longtemps à
385 L.\ SURVEILLANCE DES ETALONS ET DES JUMENTS.
reconnaître assurément. Je le répète, avec un peu de bon vouloir la
chose est facile.
Notre agriculture, si éprouvée depuis quelques années, ne peut plus
songer, momentanément du moins, à regarder comme as^ez rémunéra-
trice sa production de céréales, et c'est bien évidemment dans l'éle-
vage des animaux de bonnes races et dans des plantations fruitières
qu elle doit aujourd'hui rechercher la planche de salut sur laquelle
il lui faudra se maintenir en attendant des temps meilleurs.
Je Tai déjà dit plusieurs fois, je ne saurais trop le répéter, il est ab-
solument juste que le bien général passe avant des intérêts particu-
liers, quand bien même ils seraient respectables, ce qui n'a pas lieu
dans ce cas-là, il faut en convenir!
Je sais que quelques cultivateurs trouvent des avantages à faire re-
produire leurs juments poussives, mais c'est là tout simplement une
fraude et une source de profits de mauvais abi tout au plus excusable
chez de pauvres gens qui, par ces temps de gêne, se voient forcés de
faire flèche de tout bois. Mallieureusement, il arrive chaque jour à
notre connaissance que des propriétaires aisés ne se font également
aucun scrupule de ré andre dans le commerce des chevaux issus de
leurs vieilles juments devenues poussives et iinpropres à tout service
autre que la reproduction.
Et puis, sur les marchés, quand il sera admis dans les usages de
demander au propriétaire d'un poulain mis en vente une carte consta-
tant qu'il est né d'une mère exempte de vices trammissibles, le culti-
vateur qui n'en sera pas muni, n'arrivant plus à vendre ses produits
qu après les autres et difficilement^ finira avec le temps par renoncer à
ses vieilles habitudes, au grand avantage de tout le monde.
Nos chevaux français sont estimés partout. On a déjà fait beaucoup
pour eux, j'en conviens, mais il reste encore beaucoup à faire, tout Je
monde le sait, pour arriver à la perfection, que je ne crois pas impos-
sible cependant avec les éléments que nous avons déjà.
Réunissons donc nos efforts, laissons de côté la routine, travail-
lons avec intelligence, n'hésitons pas à accomplir les réformes né-
cessaires et nous arriverons, j'en ai l'assurance, à trouver dans notre
production chevaline, qui sera bientôt la première du monde, des res-
sources qui Viendront largement en aide à notre agriculture.
Il se produira bien quelques résistances et quelques mécontente-
ments au début, cela ne fait pas de doute ; mais on sera sûr, dans tous
les cas, de voir les honnêtes gens, 7nême momentanément lésés, ap-
plaudir à cette sage mesure, et ce sera largement suffisant, je pense.
É. Cassé,
Membre de la Société d'agriculture de l'Eure.
PISCICULTURE. - LE POISSON DEFENDU
Le 28 février, on écrivait au Journal de Genève :
« La convention entre la Suisse et la France arrêtant des dispositions uniformes
sur la pêche dans les eaux frontières du 28 décembre 18h0 ^signée Kern et Bar-
thélemy-Saint-Hilaire) dit à son art. 8 :
<>. La iJC'Che de la fera est inlerclile en février; » et à son arl. 9 : « La défense
« pêcher comporte celle d'exporter le poisson provenant du lac, de le colporter,
« de^ l'exjioser ea vente ou de l'acheter. Toutefois dans l'intérêt de la pisciculture
« et sous RÉSERVE d'un CONTROLE SUFFISANT, l'autorité comfétcntti de chaque
PISCICULTURE. 387
« Etat, pourra donnei', en temps prohibé, des autorisations spéciales pour la
« pêi'.he et la vente du poisson, après que les clé'aents de reproduction auront été
a urUisés. »
« C'est catéj^orique ; or ces jours l'on voit dans -les rues circuler des écriteaux
portant cet avis : « Fera à bun marché! » Les hiiles de l'Ile et de Rive sont rem-
plies de feras : il suffit d'en ouvrir quelques-unes pour voir qu'elles sont pleines
d'œufs !
« La convention est-elle ainsi respectée? A quoi sert-elle? Où est le contrôle?
L'autoriié compétente a-t-elle donné des autorisations à tous ces vendeurs, après
s'être assurée que IfS éléments de reproduction ont été utilisés. »
La police ferait bien de faire respecter les conventions internatio-
nales, de mettre obstacle au dépeuplement du lac ; il appartenait à
Genève, la cité des grandes traditions scientifiques, de signaler un
abus qui n'est pas seulement une ehontée violation des lois, mais une
énormité économique. Les seuls coupables sont ils en Suisse?
Il n'est jamais inutile de signaler ces abus, d'y revenir même
avec insistance, de meitre la défense en un mot à la hauteur de l'atta-
que. Depuis nos premières protestations dans le Journal^ à la suite des
arrêtés de M. de Freycinet (voir la collection du Journal, n"^ 662, 5 no-
vembre 1879 17 septeiibre lïsSi , 21 janvier 1882) sur ce qui se pas-
sait alors au Carreau de Paris, nous avons eu la joie de voir, en le
constatant aussitôt, que là au moins si le mal n'avait entièrement
disparu, grâce à la vigilance des agents de l'administration, il était
obligé de se cacher.
Espérons que la publicité donnée à la plainte ci-dessus mettra en
éveil nos administrateurs de la Savoie et arrêtera un vandalisme aussi
imprévoyant qu'ignorant.
La première condition de tout succès dans cette importante question
du repeuplement de nos eaux doit être avant tout de savoir se servir
des moyens qu'on a eu tant de peine à mettre entre les mains de l'au-
torité et, quelque incomplets qu'ils soient, en tirer le meilleur parti
possible, comme l'ont si bien su faire M>L les préfets du Doubs, de la
Marne, de la Somme, etc.
Cette fera, savaret, bondelle, bangfisch palœa, bref ce Coregonus
albus, sur lequel on a fait trente ans durant de six beaux rêves à l'Hu-
ningue français, ne nous intéresse que médiocrement au point de vue
de la pisciculture artificielle.
Depuis plus de trente ans, nous demandons à voir un adulte de ce
si délicat poisson, produit authentique d'une fécondation.
Malgré le bruit qu en ce moment même on fait en Amérique autour
de lui, où on vient de lui consacrer au Canada un établissement spécial
d'élevage dans des eaux et conditions évidemment spéciales ; malgré
les Fnjes que nous vîmes vivants à l'exposition de pisciculture d'Elini-
bourg provenant de Nikolsky, nous pers^istons à croire qu'au point de
vue pratique nous avons mieux à faire qu'à nous attarder dans une
direction que le laboratoire piscicole éclairera peut-être prochaine-
ment, mais dans laquelle, à ce jour, rien de sérieux et d'utile n'est
sorti de ce que nous avons fait.
Le Coregonus albus des Américains, le fry des Russes sont ils fera,
savaret, etc., l'agoni et le withbait sont-ils harengs, sardines, aloses?
Sont-ils dieu, marbre ou cuvette? Ce que nous savons, c'est qu'à ce
jour les coregones de nos eaux sont à étudier comme il y a vingt-cinq
ans.
Les Américains qui nous ont envoyé le Quinnat réussi, nous
388 PISCICULTURE.
adresseront-ils bientôt une fera domestiquée enfin; espérons-le, mais
en attendant ne nous attardons pas, au point de vue pratique, à une
espèce qui ne nous a pas livré le secret de son éducation comme ses
plus proches parents, les salmonidés.
Protégeons-la dans ses milieux naturels comme le demande le bon
citoyen dont nous commentons la plainte ci-dessus^ mais espérons de
plus efficaces et radicaux moyens de punir la fraude, en ne perdant
jamais de l'œil le fils de l'ignorance ou du vice : le braconnier I
Chabot-Kaulen,
Membre de la Société nationale d'agriculture.
LA BOULANaERIE A PARIS
On a souvent remarqué que le prix du pain a constamment monté
à Paris depuis vingt ans, tandis que le prix du blé n'a subi que des
variations insignifiante^. Le pain livré aujourd'hui à la consommation
parisienne est excellent ; il se compose pour plus de la moitié de pain
de fantaisie et de pain de luxe. La boulangerie est presque une indus-
trie luxueuse comme la pâtisserie ; elle est installée dans de beaux
magasins où on ne voit que des tables de marbre. On comprendrait
à la rigueur que dans les quartiers riches le pain se vendit plus cher
que dans les autres, parce que les boulangers y ont des frais généraux
plus élevés; et cependant ii ne faut pas oublier que cet excédent de
dépenses doit être compensé par le prix de vente du pain de fantaisie
et du pain de luxe qu'on y consomme spécialement et sur lesquels
les bénéfices sont plus considérables. Quelles sont les causes de ce
renchérissement du pain? C'est ce que nous allons examiner. Nous
nous servirons des données qu'a publiées un ingénieur bien connu,
M. Armengaud aîné, dans une intéressante brochure Meunerie et
Boulangerie^ .
La boulangerie est encore aujourd'hui une industrie fort arriérée
Tandis qu'on emploie partout les moyens mécaniques, elle travaille
avec les mains pour pétrir la pâte, avec les fours primitifs pour la
cuire. Autrefois on attribuait cette infériorité à la réglementation.
L'année 1863 a vu naître la liberté de la boulangerie. On croyait alors
que l'industrie appliquerait des procédés perfectionnés permettant de
réaliser des bénéfices qui profiteraient au consommateur. Au bout de
vingt ans, le progrès est nul. On répète encore le vieux dicton : <f La
mécanique ne vaut rien pour fabriquer le pain ; il n'y a que les bras
qui puissent le faire. » On dit surtout que l'application des machines
n'est pas facile, que les locaux sont trop petits, etc. Autant de mots,
autant d'erreurs. Cette objection aurait pu être soulevée, lorsque le
boulanger était à la fois son propre gindre et son patron, pétrissait,
cuisait et vendait sa marchandise avec l'aide de sa femme, ainsi que
cela se fait dans les villages. Mais aujourd'hui que le patron ne travaille
plus de ses mains, et est suffisamment occupé par l'achat, la vente et
la surveillance, elle n'a pas la moindre portée. Le personnel d'un
fournil de moyenne importance comprend trois ouvriers ; le servi ce de
la vente se fait par le maître et sa femme secondés par une porleuse.
Un pétrin mécanique n'exige pas plus d'emplacement que le pétrin
ordinaire à bras, et aujourd'hui on possède des petits moteurs qui se
logent dans un coin. Les fours devraient être disposés de manière à ne
1. Librairie technologique Armeugaud, 45, rue Saiut-SébasUen. Pans.
LA. BOULANGERIE A PARIS. 389
brûler que de la houille et du coke. Il est ridicule de chauffer en 1883
les fours par l'intérieur, ce qui force l'ouvrier à chaque cuisson de les
réchauffer et de les nettoyer, et produit d'énormes perles de temps et
de combustible.
Ce ne sont pas les inventeurs qui ont fait défaut. Depuis l'expo-
sition de 1 867 on connaît des appareils dont on peut affirmer la supé-
riorité. Plusieurs établissements, entre autres les manutentions mili-
taires, se servent avec succès de ces engins perfectionnés. La fabrication
du pain faite mécaniquement est plus avantageuse et plus propre que
la fabrication à la main. Voilà un fait acquis.
Depuis 1863 le nombre des boulangers a augmenté ; chaque atelier
ayant moins de travail répartit ses dépenses sur moins de produits.
Le prix du blé n'augmente pas, et le prix du pain augmente toujours.
Ce renchérissement cessera le jour oii la boulangerie réalisera des
économies sur la main-d'œuvre et le combustible.
Donnons quelques chiffres relatifs au nombre des boulangers. Un
décret de 1854 fixa le nombre des boulangers à 601 pour Paris ; on
admettait un boulanger par 1,800 âmes. Après l'annexion de la ban-
lieue, le nombre des boulangers fut élevé à 907. Au moment où on
établit la liberté, Paris comptait encore 907 boulangeries; le chiffre
monte à 1,400 en 1874, à 1,523 en 1878, à 1,586 en 1880. Comme
la population parisienne n'a pas augmenté dans la même proportion,
la moyenne des quantités de farine élaborées par chaque fournil est
notablement réduite. On compte aujourd'hui 1,300 bouches par bou-
langerie. La quantité moyenue de farine employée par chaque atelier
n'est p!us que de 430 à 450 kilog. au lieu de 600 à 640.
Chaque boulanger est grevé en moyenne, d'après les calculs de M. Ar-
mengaud, de la somme de 30 francs par jour de frais générnux fixes.
A ces frais généraux, il faut ajouter '20 francs de frais de fabrication.
Les frais d'une boulangerie moyenne opérant sur 400 kilog. de farine
atteignent donc 50 francs, qui, répartis sur une fabrication de 530 kilog.
de pain, représentent 9 centimes et demi par kilog. M, Armengaud établit
(page 38) que dans les huit derniers mois de 1877 et les six premiers
mois de 1878, le consommateur a payé en moyenne 0 fr. /i5 le kilo-
gramme de pain réglementaire, tandis que sous le régime de la taxe,
avant 1863, il ne l'aurait payé que 0 fr. 38. Ces chiffres sont
irréfutables.
Qiie conclure? Qu'il faut revenir à la taxe ? Non, raille fois non;
nous sommes trop partisans de la liberté pour prêcher une hérésie éco-
nomique. Nous prétendons qu'on doit changer les conditions indus-
trielles. Aux petits ateliers écrasés par les frais généraux, substituons
de grands ateliers économisant sur la main-d'œuvre, le combustible, etc. ;
créons des boulangeries industrielles travaillant à bon marché. L'éta-
blissement de maisons importantes n'empêcherait nullement le fonc-
tionnement de boulangeries moyennes fabriquant surtout le pain de
luxe. Paul MuLLER.
SUR LE CONCOURS DE REPRODUCTEURS DE PARIS
Monsieur le directeur et cher confrère, vous avez publié dans votre
Journal, différents articles de>L de la Tréhonnais, relatifs au concours
général de Paris.
390 CONCOURS DE REPRODUCTEURS DE PARIS.
Dans ces articles je remarque plusieurs assertions auxquelles je tiens
à répondre.
M. de la Tréhonnais constate d'abord la magnificence du concours
des Champs-Elysées; il montre l'extension croissante de cette grande
exhibition, il signale le nombre absolument inusité de visiteurs qui
l'ont parcourue, et il rend un hommage bien mérité au ministère de
l'agriculture, organisateur de ce concours. Sur tous ces points nous
sommes avec lui en parfaite communauté d'idées, mais où nos diver-
gences commencent, c'est quand votre correspondant formule ses
idées, sur l'organisation des futurs concours généraux, et quand il
apprécie le rôle joué par la Société des agriculteurs de France dans
celui qui vient de finir.
M. de la Tréhonnais soutient que la date du carnaval n'est pas
favorable à l'exhibition des animaux reproducteurs, et il ajoute que
l'annexion de cette exhibition à celle des animaux gras est une mau-
vaise mesure.
Je ne m'arrêterai pas à discuter les difficultés que présente, d'après
M. de la Tréhonnais, le transport des animaux en hiver, et Tobliga-
tion oii l'on peut se trouver de leur mettre des couvertures dans
l'enceinte du palais; nous ne sommes pas heureusement en Sibérie,
et avec l'état actuel de nos transports, il n'est pas douteux qu'il sera
toujours possible de conduire des animaux jusqu'à Paris. La seule
question à étudier est de savoir si l'époque du carnaval est une date
favorable pour la vente des reproducteurs.
Sur ce point, il me semble que les usages de l'élevage français ne
laissent aucun doute; c'est presque toujours en hiver que nos agricul-
teurs font leurs achats d'étalons, et c'est pour se conformer à leurs
habitudes, que les ventes de reproducteurs des vacheries de l'état,
soit au Pin, soit à Corbon, ont toujours eu lieu avant le printemps.
Un autre argument non moins concluant à donner en faveur de la
date choisie par le ministère de l'agriculture, c'est le succès merveil-
leux du concours-vente, organisé par la Société d'agriculture de la
Nièvre. Tout le monde sait que le concours de cette Société, créé sur
l'initiative et par les soins de son président le comte de Bouille, a lieu
au mois de janvier, et qu'il est devenu le marché le plus important de
reproducteurs qui existe à ce jour en France. Pourquoi semblable
succès ne serait-il pas réservé au concours général de Paris?
Même réponse à donner relativement à la connexité du concours
des animaux gras, avec celui des animaux reproducteurs; à Nevers,
les deux exhibitions sont simultanées, et il a toujours été admis que
cette simultanéité était une des causes principales de leur succès.
En effet l'étude des animaux de boucherie comparée à celle des repro-
ducteurs, donne les plus utiles enseignements, et ces enseignements,
nous en avons besoin pour guider les opérations de notre élevage.
Un autre motif non moins important à signaler en faveur de la con-
centration des concours, c'est l'avantage de réunir sur un seul point,
et à une môme époque des hommes qui ont besoin de ménager leur
temps et leur argent, mais qui doivent rechercher toutes les occasions
de se mettre en contact les uns avec les autres. Rien ne peut être plus
favorable à la réalisation de cette nécessité professionnelle, que
l'attraction de trois concours, jointe à celle des grands congrès agri-
coles toujours convoqués pour cette même date.
CONCOURS DS REPRODUCTEURS DE PARIS. 391
Puis enfin si l'on veut tenir compte de la nécessité d'appeler un
public nombreux dans l'enceinte de nos solennités agricoles, on com-
prendra qu'au lieu de multiplier ces solennités, il faut les développer
et chercher à séduire les foules par l'aspect d'un spectacle attrayant,
à l'aide duquel on captive les nouveaux adhérents^ tout en créant les
grosses recettes.
J'arrive maintenant au jugement porté par M. de la Tréhonnais sur
Tintervenlion de la Société des agriculteurs de France dans la création
du concours des reproducteurs, et sur la forme que cette Société a
donné aux encouragements distribués par elle.
M. de la Tréhonnais s'exprime ainsi, en parlant des primes de
monte :
(Journal de V agriculture, n" du 3 mars 1883, page 341) : « Est-il
« possible de rien concevoir de plus saugrenu, et comme je l'ai
« dit dans mon dernier article;, de plus ridicule? etc. », que ces
primes.
Je ne veux pas qualifier les termes dont se sert M. de la Tréhonnais,
mais je suppose que mes lecteurs estiment comme moi qu'ils sont
peu conformes à ceux que les usages de la politesse la plus vulgaire
permettent d'employer en pareille circonstance. La Société des agri-
culteurs de France est la plus importante de nos Sociétés agricoles;
elle se compose de près de 5,000 membres, elle compte dans ses
rangs les plus grandes illustrations, comment admettre qu'un de ses
membres vienne de sa propre autorité traiter de saugrenues et de ridi-
cules, des opérations étudiées avec soin, arrêtées par le grand conseil
et votées par l'assemblée générale.
Quoi qu'il en soit, M. de la Tréhonnais continue son argumentation
et il ajoute (même page 341) : « Supposons que j'aie un voisin dont
(f l'étable est fort inférieure à la mienne. Il a mené ses taureaux au
t< concours d'étalons, moi j'ai gardé les miens pour une raison ou
(c pour une autre. Ses taureaux reviennent avec des cartes de primes,
« dont il se fait naturellement une réclame; les animaux ont facile-
« ment triomphé sur un ensemble de médiocrité. Un troisième voisin
« arrive avec une vache à saillir; il dédaigne naturellement mes tau-
« reaux, bien qu'ils soient infiniment supérieurs à ceux de mon
ce voisin, parce que celui-ci aura fixé à sa porte le signe de la prime
(c qu'il aura gagnée ».
Quelle conclusion peut-on tirer de cet exemple? Une seule : c'est
que le cas visé par M. de la Tréhonnais, s'il venait à se réaliser, serait
désagréable pour lui, mais qu'il ne compromettrait en rien l'élevage
français. En effet, de ce qu'un étalon est inférieur à un autre, il ne
s'ensuit pas que ce dernier soit forcément mauvais. Pareilles situations
se rencontrent à chaque instant dans les stations de chevaux ; un éta-
lon de grand ordre est déplacé; cet étalon n'est pas toujours approuvé ;
s'il est approuvé, son titre devient nul par le fait du déplacement ;
il arrive dans une localité où des étalons approuvés, d'un ordre infé-
rieur au sien, font la monte; personne ne se préoccupe de cette ano-
malie et surtout personne n'a l'idée d'en tirer une argumentation con-
tre le régime de l'approbation, qui a rendu et rend tous les jours à
l'élevage des services absolument incontestés.
L'application aux taureaux du système des primes de monte adopté
pour les chevaux, loin d'être critiqué par les agriculteurs, est au con-
392 CONCOURS DE REPRODUCTEURS DE PARIS.
traire vivement désiré par beaucoup d'entre eux. Nombre de Sociétés
d'agricullure s'en occupent ; je puis citer ici un exemple, pris dans
mon voisinage, celui de la Société d'agriculture de Montbrison.
Sur la proposition de M. de la Plagne, agriculteur aux Penauds,
cette Société, présidée par M. de Qiiirielle, a arrêté dès l'année der-
nière, et avant de connaître le concours ouvert par la Société des agri-
culteurs de France, que toutes les primes anciennes, attribuées par
elle aux reproducteurs mâles, seraient à l'avenir supprimées^ et rem-
placées par des primes de monte. La première application de cette
mesure doit être faite cette année.
De tout ce qui précède, je tire les conclusions suivantes :
I ° Il est à désirer que le ministère de l'agriculture maintienne le prin-
cipe du concours annuel d'animaux reproducteurs, qu'il développe ce
concours le plus possible, et qu'il le laisse joint aux concours d'ani-
maux gras et de machines tenus, chaque année, à Paris, pendant le
carnaval.
2° Il est à désirer que la Société des agriculteurs de France et toutes
les Sociétés locales d'agriculture de France adoptent le système des
primes de monte, et arrivent à multiplier le nombre de ces primes, de
façon à répondre à l'un des besoins les plus pressants de notre élevage.
3° Il est à désirer que le gouvernement, d'un côté, et les Sociétés
d'agriculture, d'un autre, provoquent partout oii il y a des types de
races à conserver, la création des livres généalogiques appelés herd-
book, et excluent de leurs primes de reproducteurs, tous les animaux
qui ne seront pas inscrits autlientiquement comme appartenant à une
race pure.
Veuillez agréer, Marquis de Poncins,
Membre de la Société nationale d'agriculture.
M. LALIMAN Eï LE PHYLLOXERA
Depuis quelque temps on a pu lire dans différents journaux, notam-
ment dans la Chronique vinicote universelle, des articles signés par
M. Laliman, sur la prétendue importation du phylloxéra en Hongrie
et en Italie par des plants racines de vignes américaines ; mon nom
y a été mêlé, et si je n'ai pas répondu plus tôt aux assertions plus
qu'erronées de M. Laliman, c'est que j'avais la certitude que personne
ne prendrait au sérieux les affirmations du viticulteur du château de
la Tourrate.
Une lettre que je reçois d'FiSpagne d'un ami de M. Laliman m'oblige
à rompre le silence qui a pu étonner quelques-uns de mes amis.
Cette lettre contient le passage suivant : « J'ai ouï dire que vous avez
vendu réellement 2,000 racines de Taylor à M. Cavazza... » (M. Lali-
man dans son premier article parlait même de 20,000 plants racines).
Je déclare donc qu^il est faux que j'ai envoyé à M. Cavazza des
Taylor racines. Cet envoi fait à Monte-Cristo se réduit à 4,000 simples
boutures desquelles on avait éloigné tout le vieux bois, et qui ont été
emballées le jour même où on les a coupées.
// est faux aussi que j'ai envoyé à M. le D' Horvath des plants
racines de divers cépages. Les plants expédiés en Hongrie étaient de
simples boutures soigneusement triées et sans la moindre parcelle de
vieux bois. Ces boutures, emballées dans du marc de raisin décom-
posé^ sont restées près de trois mois en route par suite d'une erreur
M. LALIMAN ET LE PHYLLOXERA. ^ 393
de la douane autrichienne à Trieste. A leur arrivée à Budapesth,
beaucoup de ces boutures étaient mortes, mais un certain nombre
qui se trouvaient à côté d'un sac de sable d'Aigues-Mortcs et dont le
contenu s'était répandj dans la caisse, avaient poussé des racines
sous l'influence de l'humidité de l'emballage. Le sable avait été cal-
ciné auparavant pour en éloigner toute trace du phylloxéra, et il n'est
pas admissible qu'il s'en trouvait dans le marc de raisin. Il me semble
qu'il devait donc être hors de doute pour tout le monde, excepté pour
M. Laliman peut-être, que les phylloxéras trouvés sur les radicslles
qui s'étaient formées dans la caisse provenaient de simples boutures.
Mais pour éviter le moindre doute à ce sujet, j'ai fait l'expérience
suivante qu'on pourra répéter même au château de la Tourrate.
Cette expérience consiste tout simplement dans la réédition de mon
envoi fait au D"" Horvath; seulement, pour tenir compte du tait que
la température joué un grand rôle dans l'éclosion des insectes, j'ai
emballé des boutures dans deux différentes caisses, dont l'une a été
déposée à un endroit chaud oi!i la température n'est jamais descendue
au-dessous de 12 degrés, tandis que l'autre est restée sous l'influence
de la température extérieure. Au bout de trois mois, j'ai ouvert les
deux caisses : dans celle restée en plein air les boutures étaient assez
bien conservées et ne montraient pas la moindre trace de radicelles,
mais dans l'autre la plupart des boutures étaient moisies et celles
seulement qui touchaient le sable (dont l'enveloppe était pourrie) se
trouvaient en bon état de conservation et avaient poussé des radicelles
couvertes de phylloxéra et de nodosités. Tous les cépages ne déve-
loppent pas avec la même facilité des radicelles, et tandis qu'il y en
avait beaucoup sur les Elvira, Taylor et hybrides de Roger, on en
trouvait point sur les Jacquez, Herbemont et Neosho ; je crois aussi
que l'écorce lisse des œstivalis se prête moins au transport du phyl-
loxéra que celle plus rugueuse d'autres cépages.
J'ai la conviction que le phylloxéra peut être transporté d'un pays
à un autre par de simples boutures, et il est plus que probable qu'il
a été importé d'Amérique de cette manière, quoi qu'en dise M. Lali-
man, qui a des raisons toutes particulières pour soutenir le contraire.
Louis Reich.
SITUATION AaPJGOLE DANS LA GIRONDE
Le rang qu'occupe le mois de février, dans l'année agricole : sa courte durée,
l'état encore passif de la végétation, son rôle de transition entre deux importantes
saisons, l'hiver et le printemps, enfin sa participation trop complète à celle qui
finit ou à celle qui commence, tout cela ne laisse pas que de lui donner parfois
une certaine influence et de préoccuper les cultivateurs. Ainsi qu'on a pu le remir-
quer cette année, cette préoccupation a été d'abord vive et n'a cessé que le 19,
premier jour du beau temps qui a occupé le reste de ce mois.
On comprend eifectivement combien eût été dangereuse la continuation du
régime pluvieux des mois précédents : juillet, août, septembre, octobre, novembre,
décembre et même janvier. G'eiit été la continuation de l'impossibilité de préparer
les terres destinées aux céréales, la continuation de cet important travail. Heu-
reusement, tout cola a pu être repris et continué et sera, sur la plus grande
échelle, la tentative d'une manière d'opérer qui n'est ni de notre climat, ni dans
nos habitU'ies.
La taille de la vigne est aussi un travail auquel il couvenait de songer. Le
retour du beau temps et sa coutiQuation, jus ju'au moment où nous écrivons ces
lignes, l'a rendu possible et facile. Espérons (fu'il n'agira pas trop énergiquement
sur sa tendance déjà remarquée en précocité. Aug. Petit-Lafitte.
394 SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRIGULTQRE DE FRANCE.
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE
Séance du 7 mars 1883. — ■ Présidence de M. Chevreul.
M. le ministre de l'agriculture envoie l'ampliation du décret qui
approuve Télection de M. Ghabot-Karlen comme membre associé.
Celui-ci adresse ses remercîments pour son élection.
M. Sacc, correspondant, adresse de Buenos-Ayres une note sur le
maïs blanc des Incas cultivé en Bolivie, sur les troupeaux d'alpacas,
et sur la production de l'aracacha.
M. P. Renard adresse le questionnaire sur la culture de la vigne
qu'il vient de publier^ et M. Maynard envoie une note sur son sys-
tème de reconstitution des vignes françaises phylloxérées.
M. Renou présente le résumé des observations météorologiques
faites au parc Saint-Maur pendant le mois de février.
M, Muret fait une communication sur les résultats des vaccinations
opérées d'après le système de M. Pasteur sur sa ferme de Noyen
(Seine-et-Marne) Il résulte de ses observations que 407 moutons et
brebis, vaccinés au mois d'août 1881, ont conservé jusqu'ici l'immu-
nité que la vaccination leur avait fait acquérir contre le sang de rate.
M. Muret cite aussi les nombreuses vaccinations opérées par M. Huot,
vétérinaire à Trénel (Aube) ; ces vaccinations ont porté sur 8,000 mou-
tons environ et 1,000 bêtes à cornes; elles ont été couronnées
d'un complet succès. A cette occasion, M. Barrai demande que la
Société prenne l'initiative d'une vaste enquête sur les résultats des
nombreuses expériences qui ont été faites depuis deux ans, dans
beaucoup de départements. M. Pasteur fait observer que la durée de
l'immunité dépend beaucoup des individus, et qu'il serait imprudent
de formuler une loi absolue applicable à tous les animaux d'une même
race; il croit d'ailleurs qu'il n'y a que profit à adopter le projet sug-
géré par M. Barrai.
M. Pasteur donne ensuite quelques détails sur les recherches aux-
quelles il se livre sur la rage. Dans ces études, la grande difficulté
était d obtenir un procédé qui permît d'inoculer à coup sûr la rage et
d'en provoquer le développement rapide. M. Pasteur a trouvé que le
moyen certain est de trépaner les animaux et d'introduire sous la
dure-mère, qui est, comme l'on sait, une des enveloppes du cerveau,
le virus rabique à l'état de grande pureté. La salive des animaux
atteints de la rage ne fournit pas un virus suffisamment pur; il faut
prendre le virus dans les cavités des glandes et à la partie périphé-
rique des nerfs. M. Pasteur espère que les études auxquelles il se livre
auront pour résultat de donner le moyen de préserver les chiens de la
rage, et par conséquent d'empêcher cette maladie de se développer.
La Société procède à l'élection d'un membre titulaire dans la Sec-
tion de grande culture. M. Boitel est élu. Henry Sagnier.
REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT DES DENRÉES AGRICOLES
(10 MARS lb83).
I. — Situation générale.
Il y a un grand calme dans les transactions sur la plupart des marchés agri-
coles. Les olïres de la culture sont peu importantes, comme la semaine précédente.
II. — Les grains et les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par quintal métrique,
sur les principaux marchés de la France et de l'étranger :
REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT (10 MARS 1883).
Calvados. Con dé 'iâ .
— Caen 23.
Côt.-da-I\'ord. Lannion.. 23.
— Tréguier. 23.
Finislcrc. Morl.ux 24 .
— Quimper 23.
llle-el-Vilaine. Hennés.. 24.
— Fougères . . 23.
Manches. Avranclies. .. 20.
— Pontoison.. . . 28.
— Villedieu 2S.
Mayenne. Laval 'ib.
— Châteaii-Gontier. 25.
Morbihan. Hennebont,. 24.
Oï'ne. A lençon 2G.
— Fiers 24.
Sarthe. Le Mans 2G.
— Mamers 26.
Prix moyens 25.:
2° nÉGION. —
Aisne. Soissons 24.
— Saint-Quentin... 24.
— Villers-Cotterets. 22.
Eure. Bernay. 24.
— Damville 23.
— Nenbourg 23
Eure-et-Loir. Chartres.. 23.
— Anneau 24
— Nogent-le-Rotrou. 25
Nord. Ciiiibrai 25
— Lille 27.
Valeneiennes 25.
Beauvais 22.
— Compiègne 21.
— Noyon 23.
Pas-de-Calais. Arras... 27.
— Donllens 24.
Seine. Pans 25.
S.-et-Mar. Welun 25.
— Montereau 24.
— Provins 24
S.-ei-Oise. EUmpes 24
— Pontoise 23
— Versailles 23
Seine-Inférieure. Rouen. 23
— Dieppe 23
— Fécamo 23
So(n?)ifi. Amiens 23
— Péronne 23
— Roye 22
Prix moyens 24.
NOnO. OUEST.
Blé. Seigle. Orge.
fr. fr. fr.
25.00 10.50 18 50
25 . 50 » »
23.25 » 14.75
23.50 18.00 16.00
24.25 » l5.50
23.50 17.00 10.00
24.75 » 15.50
21.00
»
16 50
17.25
17.00
13.20
15.50
»
18.50
19 00
18.75
15.30
16.25
18.75
19.00
15.50
Avoine.
fr.
21.00
18.75
16.75
15.75
10.00
17.50
16.50
20.00
21.00
22.00
17.00
20.00
20.50
17.50
21.25
12 17. 4 i 16.93 18.76
Oise.
15.50
16. 1)0
14.75
14.00
13 85
14.70
»
15.50
17.25
15.50
14.25
14.00
15.00
15.00
14.25
15.50
14.76
14.75
16.00
15.80
16.25
14.50
14.20
14.25
14.50
14.50
14.35
18. 00
18.00
20.00
20.00
19.00
17 25
18 50
19.20
18.75
17.75
»
16.25
18.50
»
19.25
18.75
19.40
19.00
»
19.00
16.75
18. 00
17.00
18.75
»
18.00
18.50
17.50
13.33
17.50
17.00
17.25
18.50
16.50
18.50
17.75
17.25
18.50
16.50
17.25
17.50
16.00
16 00
15.00
16.50
16.00
18.25
18.00
17.25
19.00
18.50
17.25
18.75
19.80
18.50
20.00
18.25
16.00
17.00
17.51
3° RÉGION. -
Ardennes. Charleville. .
— Sedan
Aube. M ery-sur-Seine . . .
— Nogeiit-sur-Seine.
— Truyes
Marne. Clialons
— Epernay
— Se?.anne
Hte-Marne. r.iiaumont. .
Meurlhc-el-Mos. Nancy.
— Pont-à-.Mousson . .
— Tonl
Meuse. Bar-le-Duc
— Verdun
Haute-Snôiie. Gray
— Mireco irt
Vosges. .^aon-l'Elape... .
— Epinal
Prix moyens
4° RÉGION
Charente. Angouléme. ..
— Hulïec
Char.-In/ér. La Rochelle
Deu3C-Sivres. Thénezay.
Indre-el- Loire. Bleré....
— Tours
Loire-hif. Nantes
M.-et-Lo^r—, Saunmr....
— Angers
Vendée . Luçon
— Fontenay-le-Comte
Vienne. Poitiers
— Chalellerault
Haute- Vienne. Liaioges. .
KonD-Esr.
23.50 15.50
23.25 10.25
23.50 15 00
24.00 15.50
24.00 16.25
23 15 15 75
23.25 14.50
23.00 i4.25
25.00 »
23.00 15.75
23.50 16 00
23 . 25 »
23.00 »
24.00 »
22.00 15.00
23.25 »
24.30 16.00
23.25 16.50
23.52 15.56 17.44 16.65
. — OUEST.
20.00
20.00
17.25
19.00
17.50
18.50
17.50
16.50
17 00
16.00
16 00
16.50
15.50
17.00
18.00
18.25
16.85
18.25
16.25
17.25
18. 00
18.25
17.00
15.75
16.00
15.25
17.00
15.00
14.75
15.75
! = . 50
5" RÉGION. — CE.^'TKB.
26.50
26.25
24.25
24.50
24.50
25.85
26 40
26- 00
25.50
25.20
24.75
25.50
25.00
26.00
18.50
17.75
17.50
15.00
16.00
15.75
15.25
15.00
15.50
17.50
-»
16.50
18.00
20.00
18.00
19.00
17.35
20.50
19.00
18.50
18.25
19.25
19. 00
20.00
18.50
17.50
17.00
17.00
13.25
17.25
17.65
19.00
17.25
17.25
17.00
17.00
13.50
Clier.
Allier. Moulins
— Montluyon
Saint-Pourçain . .
Bourges
— Aubigny
— Graçay
Creuse. Aubusson
Indre. Châteauroux . . . .
— Issoudun
— Vatan
Loiret. Orléans
— Montargis
— Pithiviers
L.-et-Ckcr. Blois
— Montoire
Nièvre. Nevers
— La Charité
Yonne. Brienon
— Sens
— Tonnerre
Blé.
fr.
25.25
24.20
26.00
23.75
24.00
26.00
25.00
25.50
25.75
26.50
24 00
24.25
23.15
25.00
24.50
23.50
23.75
24.00
24.00
22.50
fr.
15.50
»
14.75
15.00
15.50
15.25
16.75
15.00
14.00
16.50
14.75
17.00
15.00
15.20
15.50
15.00
13.50
15-00
Orge.
fr.
18.50
18.50
18.00
19.00
19.00
18.75
))
19.00
18.25
»
16.75
17.50
17 65
21.00
18.75
17.00
16. 50
16.75
17.00
i95
Avoine.
fr.
17.25
17.00
17.00
18.50
16.75
17.00
18.00
18.25
18.00
18.50
17.50
17.75
19.10
22.00
17.00
17.00
16.00
18.50
17.00
16.40
Prix moyens 25.44 16.38 18.61 17.79
Prix moyens 24.53 15.17
6* RÉGION. — EST.
Ain. Bourg 25.25
— Pont-de-Vaux 25.00
Côle-d'Or. Dijon 21.50
— Semur 22.50
Dowbs. Besançon 24.00
Isère. Grenoble 26.00
— Bourgoin 24.50
Jura. Dôle 22.00
Loire. Monibrison 24.00
P. -de-Dôme. Cl.-Ferrand 25.30
Rhône. Lyon 25.00
Saône-et- Loire. Autun.. 23.50
— Chalon 25.20
Cawoie. Chambéry 25.50
//ie-6'auotc. Annecy 25.75
Prix moyens 24.33 16.05
7° REGION. — SUD-OUEST
Ariège. Foix 26.50 13.00
— Pamiers 25.25 16.00
Ilordogne. Bergerac. ... 27 50 16.85
Hle-Garonne. Toulouse. 27.50 17.00
— St-Gaudens 26.25
Gers. Condom 28.00
— Eauze 26.50
— Miiande 26 25
GtVofirfe. Bordeaux 27.50
— Bazas 26.00
Landes. Dax 28.50
Lot-et-Garonne. Kg&n... 27.00
— Nérac 27.85
B. -Pyrénées. Rayonne.. 28.00
Illes-Pyrénées. Tarbes.. 28.25
13.11 17.72
19 00
»
18.00
15.50
»
17.00
15.00
»
16.75
15.75
15.50
»
r>
16.50
17.50
»
19.00
14.25
16.75
17.75
15.00
16.50
16.50
15.75
17.25
17.00
16.00
17.20
18.00
15.75
17.25
18.00
16.25
»
17.00
16.50
»
18.50
n
»
18.50
»
»
18.25
16.95 17.42
18.00
13.25
19. 00
19.00
18.50
»
20.00
19.25
»
19.25
»
20.00
19.00
19.00
19.25
20.00
»
21.00
»
20.50
»
19.25
»
21.00
13.50
18.85
»
21.00
»
»
18.25
19.00
»
19.50
»
19.25
»
18.75
)
20
00
19
50
19
50
20
00
18
25
21
00
19
00
22
90
26
15
20
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18
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21
00
20
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20
00
17
70
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75
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17
35
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17
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13
40
25
00
18
45
18
.25
)
19
,50
17
.50
19
50
20
.00
20.61 19.24
Prix moyens 27.27 18.21 18.75 19.74
8" RÉGION. — SUD.
.4ude. Carcassonne 27.25
— Castelnaadary.... 27.50
Aveyron . KoAez 24.00
Cantal. Mauriac 25.65
Corrèze. Luberzac 25.50
Hérault. ■ ette 28.00
— Béziers 28.00
Lo<. Cahors 26.75
Lozère. Rlende 24.05
Pyrénées-Or. P&T^ï^nz.lx. 21 .la
ï'arn. Castres 27.75
rorn-ei-Gnr. MontauDan 27.25
Prix moyens 26.62 18.84
9° RÉGION. — SUD-EST
Basses-Alpes. Manosque 28.65
llaulcs-.Upes. Briançon. 27.75
Alpes-Maritimes. Ciii\\\t% 27.50
ylrdêc/ie. Privas 26.65
B.-du-Rhône. Arles.... 27.50
Drôme. Valence 25.50
Gard. ALiis 27.50
Haute-Loire. Brioude... 25. 00
Foc. Saint-Maximin.... 25.20 »
Kaitciuse. .Avignon 27.00 »
Prixmoyens 26.83 18.19
Moy. de toute la France 25.31 16.75
— de la semaine précéd. 25.16 16.53
Sur lasemainejHausse. 0.15 0.22
précédente..) Baisse.. » »
396 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
Blé. Seigle. Orge. Avoine,
fr. fr. fr. fr.
.... ., ( blé Sendre... 27.00
Algérie. ^'§«'1 blé dur 2.^.7.^ .. 17.00 lo.hO
Angleterre. Londres 26. .^0 » 19.25 19. 7.^
Belgique. Anvers 2.S.50 17. .50 18.25 16.75
— Bruxelles 2,^), 00 16.25
— Liesse 23.f)0 17.00 19.00 17.00
— Nanuir 23.00 15.75 20.00 15.50
Pays-Bas. Amsterdam 23.25 16.90
Luxembourg. Luxembourg 24.50 » » 17.00
Alsace-Lorraine. Strasbourg 25. 00 17. 75 16.75 17.25
— Metz : 24.00 17.50 17.75 18.00
— Mulhouse 23 00 16.25 17.00 17.50
Allemagne. Berlin 23.00 17.25 »
— Cologne 24.35 18.10
— Hambourg 22.85 16.60
Suisse. Genève. 27 25 » » 21.75
Italie. Turin 25.00 19.00 » 18.25
Espagne. Valladolid 24.75 » » »
Autriche. Vienne 20.50 15.00 15.90 14.25
Hongrie. Budapeslh 20.75 15.00 15.80 14 00
Bussie. Saint-Pétersbourg.. 22.50 15.25 » 12.50
Etats-Unis. Kew-York 23 . 65 »
Blés. — Après quelques jours de temps favorable aux travaux agricoles, nous
subissons un refroidissement subit, accompagné de tourmentes de neige, qui
jette de nouveau le désarroi dans les calculs des cultivateurs. Les marchés sont
peu fréquentés, et les affaires sont toujours restreintes; néanmoins nous devons
signaler une grande fermeté dans les cours des blés sur le plus grand nombre
des marchés; en même temps que l'incertitude de la prochaine campagne, les
cours élevés pratiqués sur les marchés américains influent beaucoup sur la tenue
des prix. Depuis longtemps, les prix n'avaient pas été aussi élevés à New-York
que depuis quelques semaines. Les importations de blés d'Amérique en Europe
ont été du 1'''' août au commencement de mars, de '29 millions d'hectolitres,
contre 23 millions à la même date de 1882. — A la halle de Paris, le mercredi
7 mars, les ventes ont été peu importantes; les prix se sont maintenus aux taux
de la semaine précédente. On cotait de 24 fr. 50 à 26 fr. 50 par 100 kilog. suivant
les qualités. — Sur le marché des blés à livrer, on cote : courant du mois,
25 fr. 50; avril, 26 fr. à 26 fr. 25; mai et juin, 26 fr. 75 à 27 fr. ; quatre mois
de mai, 27 fr. 50 à 27 Ir. 75 — Au Havre., les blés d'Amérique se vendent à peu
près aux mêmes taux que la semaine précédente, de 2i fr. tO à 28 fr. par
100 kilog. suivant les qualités et les provenances. — A 3Iarseille, il y a eu peu
d'affaires depuis huit jours; les cours sont nominaux, aux mêmes taux que pré-
cédemment. — A Londres, les importations de blés étrangers ont été, durant la
semaine dernière, de 51,600 quintaux métriques; les ventes sont peu considé-
rables; les prix se fixent de 24 fr. 60 à 27 fr. 75 par luO kilog. suivant les qualités
et les provenances.
Farines. — Les ventes sont toujours bornées aux besoins immédiats de la con-
sommation, pour les farines de consommation dont les prix sont assez faibles. On
cotait le mercredi 7 mars à la halle de Paris : marque de Gorbeil, 61 fr. ; marques
de choix, 61 à 63 fr.; bonnes marques, 58 à 5yfr.; sortes ordinaires et courantes,
56 à 57 fr.; le tout par sac de 159 kilog. toile perdue ou 157 kilog. net, ce qui
correspond aux prix extrêmes de 35 fr. 65 à 40 fr. 10 par 100 kilog., ou en
moyenne 37 fr. 85, comme le mercredi précédent. — Pour les farines de spécu-
lation, on les payait à Paris, le mercredi 7 mars au soir : farines neuf-marques^
courant du mois, 57 fr. 75; avril, 58 fr. 25 à 58 fr. 50; mai et juin, 59 à 59 fr. 25;
quatre mois de mai, 60 fr. à 60 fr. 25; le tout par sac de 159 kilog. toile perdue
ou 157 kilog. net. — Mêmes cours que précédemment, pour les gruaux; on les
cote de 47 à 58 fr. par 100 kilog.; les farines deuxièmes, valent de 26 à 33 fr.
Seigles. — Les affaires sont peu importantes. On cote cà la halle de Paris, I5fr. 25
à 15 fr. 75 par 100 kilog. suivant les quahtés. Quant aux i'arines de seigle, elles
sont vendues de 23 à 25 fr.
Orges. — Les ventes sont plus actives, et il y a plus de fermeté dans les prix.
On paye à la halle de Paris, de 18 fr. à 20 fr. 75 par 10 J kilog., suivant les qua-
lités. Quant aux escourge(»ns, ilsse vendent difficilement, de 17 fr. 50 à 18 fr. 50.
— A Londres, les importations d'orges étrangères ont été de 27,000 quintaui
depuis huit jours; les prix demeurent sans changements, aux taux de 18 fr. à
20 fr. 70 par 100 kilog. ...^ ::;
DES DENRÉES AGRICOLES (10 MARS 1883). 397
Malt. — Prix peu variables. On paye à la halle de Paris, 24 fr. 50 à 31 fr. par
100 kilog. pour les malts d'orge, 27 à 29 fr. pour ceux d'escourgeon.
Avoines. — Les ventes sont calmes, et les prix se maintiennent. On vend à la
halle de Paris, de 17 à 19 fr. 50 par 100 kilog., suivant poids, couleur et
qualité. — A Londres, il a été importé 15,000 quintaux d'avoines depuis huit
jours. Les prix accusent beaucoup de fermeté; on paye de 18 fr. 50 à 21 fr. 70
par 100 kilog., suivant les sortes.
Sarrasin. — Mêmes prix que précédemment à la halle de Paris. On cote de
15 fr. 75 à 16 fr. par 100 kilog.
3Iaïs. — Les prix sont les mêmes. On paye au Havre 18 fr. 50 à 19 fr, par
100 kilog. pour le maïs d'Amérique.
Issues. — Les ventes sont assez difficiles. On paye à la halle de Paris par
100 kilog. : gros son seul, 13 fr. 75 à 14 fr. ; son trois cases, 12 fr. 50 à 13 fr.;
fins, Il fr. 50 à 12 fr.; recoupettes, 12 à 12 fr. 50; remoulages blancs, 17 à 18 fr.;
remoulage bis, 15 à 16 fr.
III. — Fourrages, graines fourragères, légumes secs.
Fourrages. — Il y a un peu de tendance à la baisse, mais les prix dis belles
qualités se maintiennent toujours. On paye à Paris par 1,000 kilog. : foin, 118 à
126 fr.; luzerne, 112 fr. à 124 fr.; paille de blé, 60 à 76 fr.; paille de seigle, 54
à 62 fr.; paille d'avoine, 44 à 52 fr.; regain, 56 à 100 fr. Dans les départe-
ments, les cours se maintiennent.
Graines fourragères. — Les bonnes qualités sont recherchées à des prix plus
fermes. On paye à Paris par 100 kilog. : trèfle violet, 155 à 210 fr.; trèfle blanc,
200 à 250 fr.; luzerne de Provence, 155 à 175 fr.; de Poitou, 115 à 135 fr.;
d'Italie, 140 à 150 fr.; minette, 65 à 80 fr.; ray-grass, 65 à 70 fr.; vesce de
printemps, 27 à 29 fr.; sainfoin à une" coupe, 25 à 28 fr.; sainfoin à deux coupes,
29 à 32 fr.
IV. — Fruits et légumes frais.
Fruits. — On vend à la halle de Paris : poires, le cent, 5 fr. à 100 fr., le kilog.,
0 fr. 25 à_ 0 fr. 50; pommes, le cent, 5 fr. à 100 fr. ; le kilog., 0 fr. 20 à
0 fr. 40; raisins communs, le kilog., 4- à 10 fr.
Gros légumes. — Dernier cours de la halle : asperges de châssis, la botte, de
15 à 30 fr.; aux petits pois, la botte, 1 à 2 fr.; betteraves, la manne, 0 fr. 30 à
1 fr. ^0; carottes communes, les 100 bottes, 18 à 30 fr.; d'hiver, l'hectolitre, 3 fr. à
4 fr. ; de chevaux, les 100 bottes, 14 à 20 fr.; choux communs, le cent, 3 à 15 fr,;
Davets communs, les 100 bottes, 18 à 28 fr.; de Freneuse, le paquet 30 à 40 fr. l'hec-
tohtre, 3 fr. à 4 fr.; oignons en grain, l'hectolitre, 10 à 1 5 fr.; panais communs, les
100 bottes, 10 à 14 fr.; poireaux communs, les 100 bottes, 30 à 60 fr.
Pommes de terre. — Hollande communes, l'hectolitre, 15 à 17 fr.; le quintal,
21 fr. 42 à 24 fr. 28; jaunes communes, l'hectolitre, 8 à 10 fr.; le quintal,
11 Ir. 42 à 14 fr. 28.
Menus légumes. — On vend à la halle de Paris : ail, le paquet de 25 bottes,
3 fr. à 5 fr.; appétits, la botte, 0 fr. 10 à 0 fr. 20 ; barbe de capucin, la botte,
0 fr. 15 à 0 fr. 30; cardon, la botte, 2 fr. à 4 fr. 50; céleri, la botte, 0 fr. 50 à
0 fr. 60 ; rave, la pièce, 0 fr. 15 à 0 fr. 20 ; cerfeuil, la botte, 0 fr. 30 à 0 ir. 50;
champignons, le kilog., 1 fr. à 1 fr. 80; chicorée frisée, le cent, 8 à 15 fr.;
choux-fleurs de Bretagne, le cent, 16 à 40 fr.; choux de Bruxelles, le litre, 0 fr. 25
à 0 fr. 40; ciboules, la botte, 0 fr. 10 à 0 fr. 20; cresson, la botte de 12
bottes, 0 fr. 77 à 1 fr. 25; échalottes, la botte, 0 fr. 30 à 0 fr. 40; épinards,
le paquet, 0 fr. 40 à 0 fr. 50; escarolle, le cent, 10 à 17 fr.; laitue, le cent,
5 à I 2 fr.; mâches, le calais, 0 fr. 25 à 0 fr, 30; oseille, le paquet, 0 fr. 60 à 0 fr. 80;
persil, la botte, 0 fr. 30à 0 f r 45; pissenlits, le kilog., 0 fr. 30 à 0 fr.'îO; potirons,
la pièce, 0 fr. 50 à 5 fr. ; radis roses, la botte, 0 fr. 50 à 0 fr. 70; noirs, le cent,
5 à 15 fr. ; romaine, la botte de 4 têtes, 1 fr. 40 à 2 fr.; salsifis, la botte, 0 fr. 50
à 0 fr, 60 ; thym, la botte, 0 fr. 10 à 0 fr. 20.
V. — Vins, spiritueux, vinaigres, cidres.
Yins. — Il est assez difficile de saisir la vérité exacte au milieu des affirma-
tions contradictoires qui se produisent dans les centres même les plus rapprochés.
Les uns affirment que les ventes sont devenues plus importantes depuis quelques
semaines, les autres que les affaires n'ont jamais été aussi calmes ; ici, on affirme
une baisse fatale, là-bas on pronostique le maintien des cours. Le commerce fait
des eflbrts moins pour provoquer un recul important dans les cours, au détri-
398 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
ment des vignerons; la meilleure preuve qu'il réussit peu, c'est la mauvaise
humeur qu'il témoigne. Pour nous, nous ne cesserons de répéter que la baisse
qui s'est produite au mois de décembre, est la limite des concessions qu'il pou-
vait espérer, et les faits donnent absolument raison à cette opinion. Dans la
Dordogne, les vins nouveaux sont cotés actuellement de 120 à 130 fr. la pièce;
dans Saône-et-Loire, les vins nouveaux sont cotés 90 à 105 fr.; en Sologne. 50 à
60 fr.; les gamays rouges, 55 à 65 fr,; gros noirs, 80 à 90 fr.; les vins blancs,
48 à 50 fr.; les vins du Cher valent 75 à 100 fr. sur place ; dans le Midi, on cote
à Narbonne, beaux vins, 40 à 42 fr. l'hectolitre; Montagne, 32 à 34 fr. ; vins
légers. 25 à 28 fr.; à Béziers, Aramont, 27 à 28 fr. En Algérie, les vins de pays
ordinaires valent de 25 à 30 Ir. par hectolitre. — Dans les vignes, on a continué
à profiter du temps plus favorable pour faire les travaux de taille, de transport
de fumier, de labours ; ces travaux sont poussés avec assez d'activité, à raison de
la précocité de l'année, la végétation paraissant devoir partir avec rapidité.
Spiritueux. — Tandis que, dans le Midi, les affaires présentent toujours le plus
grand calme, la spéculation est active sur les marchés du Nord, et elle amène
un mouvement de hausse qui s'accentue de plus en plus. C'est surtout à Paris
que ce mouvement s'accentue. Ou paie les 3/d betteraves, 1™ quaUté, 90 degrés,
disponible : courant du mois, 55 fr. ; avril, 5^ fr. 75 à 55 fr. ; quatre mois de mai,
54 fr. 25; quatre derniers mois, 52 fr. 75 à 53 fr. — Dans les Charcutes, les
cours des cognacs se soutiennent sans variations sensibles. Quant aux marchés
méridionaux, on cote : Pézenas, 3/6 bon goût, 102 fr.; marc, 94 fr.; Cette, 3/6 bon
goût, 105 fr.; Montpellier^ 3/6 bon goût, 100 fr.; marc, 90 fr.; Béziers, 3/6 bon
goût, 103 fr.; marc, 95 fr. — A Pans, le stock était, au 7 mars, de 19,500 pipes,
contre 14,100 en 1882.
Raisins secs. — Les prix sont toujours soutenus avec fermeté. On paye à Cette,
par 100 kilog. : Corinthe, 53 à 54 Ir.; Thyra, 43 à 44 fr.; Saraos, 34 à 3^ fr.;
Vourlas, 45 à 48 fr.; rouges, 40 à 4] fr.; figues d'Espagne, 23 à 24 fr.; figues,
12 à 13 fr.
Vinaigres. — Les ventes sont assez régulières, avec maintien des cours de la
semaine précédente.
VI. — Sucres. — Mélasses. — Fécules. — Glucoses. — Amidons. — Houblons.
Sucres. — La situation du marché des sucres s'est un peu améliorée depui^
huit jours ; il y a plus de fermeté dans les prix. On paye par 100 kilog, : à Parisi
sucres bruts 88 degrés saccharitnétriques, 51 fr. 50 à 51 fr. 75; les 99 degrés,
59 fr. 50; sucres blancs, 59 fr. 50 à 59 fr. 75; à Valenciennes, sucres bruts,
49 fr. 50; à Lille, sucres bruts, 49 fr. 25; sucres blancs, 47 fr. le stock de
l'entrepôt réel des sacres à Paris, e'tait, au 7 mars, de 877,000 sacs avec une
diminution de 10,000 sacs depuis huit jours. Pour les sucres raffinés il y a un
peu plus de fermeté; on les paye de 105 à 106 fr. 50 par 100 kilog. à la consom-
mation. Pour l'exportation, ils valent de 63 fr. 75 à 66 fr. 75. Dans les ports,
les affaires sur les sucres coloniaux sont toujours peu importantes, avec maintien
des cours.
Mélasses. — Prix fermes : mélasses de fabrique, 12 fr.; par 100 kilog.: de
raffinerie, 14 fr.
Fi'cides. — Maintien des prix. On paye à Paris 39 fr. par 100 kilog.; pour la
fécule première rayon; à Compiègne, 39 fr. pour celles de l'Oise.
Glucoses et amidom. — Les ventes sont calmes, et les prix sans variations.
Houbhns. — Les ventes chez les cultivateurs sont devenues presque nulles.
Les prix sont fermes daas le Nord, ainsi qu'en Alsace. Mais en Angleterre, on
signale une baisse assez notable sur les cours très élevés que cette marchandise
avait atteints.
vu. — Huiles et graines oléagineuses, tourteaux.
Huiles. — La spéculation est toujours active sur les huiles de colza. Cette
semaine, elle entraîne une hausse assez notable dans les prix. On cote à Paris,
le mercredi 7 mars : huiles de colza en tous fûts, 107 fr. ; en tonnes, 109 fr.;
épurée en tonnes, ) 17 fr.; huile de hn en tous fûts, 60 fr. ; en tonnes, 62 fr. —
Sur les marchés des départements, on paye les huiles de colza : Rouen, 102 fr. ;
Gaen, 103 fr. ; Arras, 108 fr. ; et pour les autres sortes, œillette, 111 à 112 fr.;
pavot, 81 fr. ; lin, 61 fr. ; cameline, 85 fr. — Dans le Midi, sur les huiles d'olive,
aux mêmes prix que préiiédeininent.
Graines oléagineuses. — H y a beaucoup de fermeté dans les prix. On cote par
DES DENRÉES AGRICOLES (10 MARS 1883). 399
hectolitre à Arras : œillette, 25 fr. 50 à 28 l'r. 75; colza, 17 à 19 fr. 50; lin, 15 à
19 fr. 50 ; cameline, 14 à 18 fr. 50.
Tourteaux. — Dans le Nord, les prix des tourteaux se soutiennent avec beau-
coup de i'3rmeté. On paye par 100 kilog. à Marseille : tourteaux de lin, 17 fr. 50;
d'arachide en coque, 10 fr. ; décortiquées, 15 fr. 25; de sésame du Levant,
15 fr.; de coprats, 12 fr. ; de colza du Danube, 12 fr, 50; d'oeillette, 12 fr. 25;
de coton, 12 fr. 75; de palmiste naturel, 10 fr. 50; de ricin, 11 fr. 75; de
ravison, 12 fr 75.
Engrais. — Les nitrates de soude valent 31 fr. 75 par 100 kilog. à Dunkerque.
VIII. — Matières résineuses, colorantes , etc.
Matières résineuses. — Les prix sont en hausse. On paye à Bordeaux 94 fr. par
100 kilog. pour l'essence pure de térébenthine; à Dax, 88 fr.
Tartres. — On paye à Bordeaux, 26 J à 280 fr. pour les crèmes de tartre, 230
à 235 fr. pour les tartres bruts.
IX. — Textiles. — Suifs.
Textihs. — Les ventes sont toujours assez faciles sur les chanvres dans les
marchés du Sud-Ouest. On paye actuellement au Mans, 68 à 80 Ir. par 100 kilog.
suivant les sortes.
Suifs. — Maintien des cours. On paye à Paris, 99 fr. par 100 kilog. pour les
suifs purs de l'abat de la boucherie; 74 fr. 25 pour les suils en branches.
X. — Beurres. — Œufs. — Fromages.
Beurres. — Il a été vendu, pendant la semaine, à la halle de Paris, 217,142 ki-
log. de beurres. Au dernier jour, on cotait par kilog. : en demi-kilog., 2 fr. 12 à
4 fr. 28; petits beurres, 1 fr. 78 à 3 fr. 42; Gournay, 2 fr. 40 à 3 fr. 80; Isigny,
2 fr. 70 à 8 fr. 58.
Œufs. — Pendant la semaine, on a vendu à la halle de Paris, 8,546,045 œufs.
Au dernier jour, on cotait par mille : choix, 84 à 95 fr.; o dinaires, 62 à 72 fr.;
petits, 50 à 58 fr.
Fromages. — Derniers cours de la halle de Paris : par douzaine. Brie, 4 fr. ^0
à 19 fr. 50; Montlhéry, 15 fr.; — par cent, Livarot, 34 à 108 fr.; Mont-Dor,
12 à 26 fr.; Neufchàtel, 3 fr. bO à 25 fr. 50; divers, 5 à 69 fr.
XI. — Chevaux, bétail, viande.
Chevaux. — Aux marchés des 28 février et 3 mars, à Paris, on comptait
801 chevaux; sur ce nombre. 311 ont été vendus comme il suit :
Chevaux de cabriolet. .
— de trait
— hors d'âge. . .
— à l'enclière.. .
— de boucherie.
Amenés.
Vendus.
Prix extrêmes.
183
48
200 à 1,080 fr
260
59
270 à 1,200
'Ibb
101
20 à 1,000
17
17
hO à 280
86
86
22 à 85
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement officiel du marché aux bes-
tiaux de la Yillette, du jeudi 1" au mardi 6 mars :
Poids Prix du kilog. de viande nette sur
Vendus moyen pied au marché du 5 mars.
Pour Pour En 4 quartiers, l'" 2" 3" Prix
Amenés. Paris, l'extérieur, totalité. liil. quai. quai. quai. moyen.
Bœufs. .5,772 3,621 1,.534 5,155 3-50 1.72 1.54 1.32 1.52
Vaches 1,621 840 633 1,473 226 1.62 1.38 1.18 1.39
Taureaux 241 187 33 220 385 1.48 1.34 1.25 1.36
Veaux 2,849 1,770 772 2,542 74 2.30 2.16 1.80 2.03
Moulons....... 34,871 26,906 6,301 33,207 19 2.32 2 16 2.04 2.08
Porcs gras 7,004 2,402 4,163 6, .565 84 1.32 1.26 1.20 1.26
— maigres. » » » » » » » » »
Fermeté dans les prix pour la plupart des catégories, principalement pour les
veaux et pour les moutons. Sur les marchés des départements, on cote : Rouen,
bœuf, 1 fr. 60 à 1 fr. 90; vaches, 1 fr. 55 à 1 fr. 75; veaux, 2 fr. 05 à 2 fr. 40;
moutons, 2 fr. 10 à 2 fr. 40; porcs, 1 fr. 05 à 1 fr. 35; — Le Mans, bœufs, 1 fr. 65
à 1 fr. 75; vaches, 1 fr. 50 à 1 fr. 60; veau, 1 fr. 80 à 1 fr. 90; moutons, 2 fr. à
à 2 fr. 10; — Nantes, bœufs, 0 fr. 85 à 0 fr. 90 par kilog. brut, veaux, 0 fr. 95 à
1 fr.; moutons, l fr. 15; — Nancy, bœufs, 88 à 94 fr. les 100 kilog. bruts;
vaches, 65 à 89 fr.; veaux, 114 à 120 fr.; moutons, 100 à 120 fr.; porcs, 66 à
70 fr ; — Dijon, bœufs, 1 fr, 56 à 1 fr. 75; vaches, 1 fr. 10; à 1 fr. 66; veaux,
(poids vif), 0 fr. 94 à 1 fr. 06; mouton, ] fr. 80 a 2 fr. 10; porcs (poids vif), 1 fr.
à 1 fr. 08; — L^/o/i, bœuf, 70 à 82 fr.; veaux, 9Ô à 112 fr.; moutons, 90 à
400 REVUE COMMERCIALE ET PRIX GOURANT (10 MARS 1883).
105 fr.; porcs, 110 à 122fr.; — Bourgoin, bœuf, 64 à 74 fr.; vaches, 56 à 66 fr. ;
moutons, 85 à 95 fr.; porcs, 86 à 90 fr.; veaux, 80 à 90 fr.; — Genève^ bœufs|
1 fr. 45 à 1 fr. 65; veau (poids vif), 0 fr. 90 à 1 fr. 05 ; mouton, 1 fr. 90 à 1 fr. 55 •
porc, 1 fr. 45 à 1 fr. 50.
A Londres, les importations d'animaux étrangers durant la semaine dernière se
sont composées de 12,415 tètes, dont 266 bœufs et 300 moutons de New- York.
— Prix du kilog. Bœuf: qualité inférieure, 1 fr. 52 à 1 Ir. 64; 2^ 1 fr. 70 à
1 fr. 81 ; 1", 1 fr. 99 à 2 fr. 16 — Veau : 2'' quaUté, 2 fr. 10 à 2 fr. 28; V% 2 fr. 28
à 2 fr. 45. — Mouton : qualité inférieure, 2 fr. 22 à 2 fr. 34 ; 2% 2 fr. 40 à 2 fr. 57;
1'% 2 fr. 03 à 2 fr. 75. — Porc : 2% 1 fr. 35 à 1 fr. 46 ; P", 1 fr. 52 à l fr. 64.
Viande à la criée. — Il a été vendu à la halle de Paris du 20 au 26 février :
_^^^^ Prix du kilog. le 5 mars.
kilog. 1" quai. 2' quai. 3° quai. Choix. Basse Boucherie.
Bœuf on vache... 143,189 1.54 à 1.94 1.30àl..'i2 0.90 à 1.28 1.86 à 3.00 0.26 à 1.26
Veau 169,395 1.86 2 36 1.60 1.84 1.20 1.62 1.46 2.56 »
Mouton 58,338 1.62 2.06 1.48 1.60 1.04 1.46 1.60 2.46 »
Porc 60,490 Porc frais I.20àl.30; salé,
431,412 Soitparjour 71,902 kilog.
Les ventes ont été inférieures de 'jOO kilog. environ par jour à celles de la
semaine précédente. Les prix accusent de la fermeté pour toutes les sortes.
XII. — Cours de la viande à Vabattoir de la Villelte du 8 mars {par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Villette par 50 kilog. : V^ qualité,
70 à 75 fr. ; 2% 65 à 70 fr, ; poids vifs, 50 à 55 fr.
^__^^ Bœufs.^ Veaux. Moutons.
1" 2° 3" 1" 2° S" l'« 2" 3-
quai. quai. quai. qial. quai. quai. quai. quai. quai.
fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr.
77 71 65 114 102 97 100 95 90
XIII. — Marché aux bestiaux de la Villette du jeudi 8 mars 1883.
Cours des commissionnaires
Poids Cours officiels. en bestiaux.
Animaux général. 1" 2° 3" Prix 1" 2"" 3* Prix
amenés. Invendus. kil. quai. quai. quai, extrêmes. quai. quai. quai, extrêmes.
Bœufs 2.499 >I7 360 1.74 1.56 1.34 1.26àl.80 1.72 1.54 1.32 1.24àl.78
Vaches G87 43 235 1.62 1.38 120 I.IO 1.66 1.60 1.36 1.18 LOS 1.64
Taureaux... 127 7 375 1.48 1.34 1.24 1.20 1.52 1.46 1.32 1.22 1.18 1.50
Veaux l.iso 151 80 230 2.16 1.80 1..56 2.50 « » » »
Moutons 17 896 449 19 2.36 2 18 2 06 t . 80 2.40 » » » »
Porcs sras.. 4.220 » 82 1.36 l.3o 1.24 1.20 1.40 » » »
— maigres.. » » » » » » » i> » » » »
Vente très active sur toutes les espèces.
XIV. — Résume.
Les prix des céréales, ceux des spiritueux, des sucres et des produits animaux
accusent beaucoup de fermeté depuis huit jours. A. Remy.
BULLETIN FINANCIER
Nos fonds publics ont fait de nouveaux progrès; nous avons notre 3 0/0 à
81,95 et notre 5 0/u à 115,95. Fermeté à nos Sociétés de crédit : nouvelle hausse
à nos chemins de fer.
Cours de la Bourse du 3 au 10 mars 1883 (au comptant).
Principales valeurs françaises
Plus ' Plus
bas.
Rente 3 o/o 80.75
Rente 3 o|o amortis 82.20
Rente 4 1/2 o/o miào
Rente 5 0/0 115 45
Banque de France 5270.00 5435.00
Comptoir d'escompte 980.00 982.50
Société g inérale 587'.5o 595!oo
Crédit foncier 1320.00 1375.00
Est Actions 500 727.50 735.00
Midi d' 1115 00 H47.50
Nord d° 1875.00 1925.00
Orléans d" 1270.00 1280.00
Ouest d" 800.00 805.00
Paris-Lyon-Méditerranée d° I600.00 1635.00
Paris 1871 obi. 400 à 3 O/O. 392.00 394.00
Italien 5 0/0
haut.
82 50
82.85
112.25
115.95
88.80 90.00
Dernier
cours.
81.95
82.60
111.50
115.95
5425.00
989 00
587.50
1375.00
735,00
1147.50
1900.00
1275.00
805.00
1610.00
394.00
89 50
Le Gérant : A. BOUCHÉ.
Valeurs Diverses
Plus
Plus
Dernier
bas.
haut.
cours.
Créd. fonc. obi. 500 4 O/o
505.00
509.00
506.00
d° d" d° d" 3 0/0.
530.00
540.01)
540.00
d° obi. c d° 3 0/0.
440 -00
444.00
440.00
Rque de Paris act. 500....
1030.00
1070.00
1070.00
Crédit ind. et com. 500
690.00
715.00
715.00
Dépôts et cptes cts. 500. . . .
680.00
681.25
631.25
Crédit lyonnais d°
575.00
585.00
578.75
396.25
1485.00
425.00
1540.00
405.00
Oie parisienne du gaz 250
1537.50
Cie génér. Iransatl 500
455.00
465.00
455.00
Wessag. maritimes d".
705.00
705.00
715.00
Canal de Suez d".
2305.00
2350.00
2340.00
d" délégation d°.
1255.00
1270.00
1265.00
d° obli. 5 0/0 d°.
570.00
575.00
675.00
Créd. fonc. Autrich 50O
780.00
785.00
780.00
Créd. mob. Espagnol
385.00
420.00
385.00
360.00 385.00
LETEUUIER
360.00
CHRONIQUE AGRICOLE m mars i883).
Phénomènes météorologiques du mois de mars. — Chutes de neige et froid anorma'. — Consé-
quence de ces faits dans les départements méridionaux. — Exemples antérieurs de faits analo-
i gués. — Réceptions au ministère de Tagricullure. — Vœux exprimés ,par la Société des agri-
culteurs de France et par la i-ociété d'encouragement à l'agriculture. — Formation d'un Comité
pour l'érection d'un monument en l'honneur de Léonce de Lavergne. — Appel aux souscripteurs.
— Composition du Comité. — Première liste de souscription. — Présentation du proejt de budget
pour 1884. — Analyse succincte du budget de l'agriculture. — Le phylloxéra. — Vote du projet
de loi sur les mesures à prendre contre l'invasion et la propagation du phylloxéra en Algérie. —
Création d'une vigne d'expériences dans l'Hérault. — Note de M. Culeron sur l'emploi du sulfo-
carbonate de potassium. — Réunion viticole de Montpellier. — L'ensilage des fourrages verts.
— Propa-'ation de la méthode de M. Goffart. — Les congrès d'ensileurs en Amérique. — Tableau
de la proluction et du mouvement des sucres indigènes. — Prochaine vente d'animaux de race
durham pure à Corbon. — Les concours régionaux hippiques. — Nécrologie. — M. de Vialar.
— Concours pour des emplois d'inspecteur de la boucherie à Paris. — Exposition ornithologique
à Vienne. — Analyse du programme. — Les machines agricoles de Marshall en France. — Réunion
du Conseil supérieur de l'analyse. — Conclusions du rapport fait par M. Jametel au nom de la
Commission des voies de communication.
I. — Vhiver au mois de mars.
Les perturbations survenues depuis une dizaine de jours, dans les
phénomènes météorologiques, ont vivement préoccupé les agriculteurs.
Le temps s'est refroidi subitement, la neige est tombée en abondance
pendant plusieurs jours dans presque toute la France. Le ther-
momètre est descendu à — 6" et à — 7"; ce sont les températures les
plus basses que l'on ait eu à enregistrer depuis le commencement de
l'hiver. Dans le centre et dans le nord du pays, ces phénomènes n'ont
pas eu d'autre effet que de retarder le mouvement de la végétation ;
dans le Midi, il en a été autrement. Les arbres fruitiers étaient en
fleurs, les cultures des primeurs étaient très avancées, la vigne avait
épanoui ses bourgeons dans beaucoup de localités; là, le froid a
exercé une action néfaste, en tuant fleurs et jeunes pousses, et en
amenant ce phénomène de répercussion de la sève que tous les agri-
culteurs redoutent à juste titre. Il est encore difficile d'apprécier les
résultats de ce fléau, mais il est à craindre qu'ils soient considé-
rables. Toutefois, il ne faudrait pas croire que les phénomènes
qui viennent de se produire soient sans exemple. On a vu souvent
l'hiver se prolonger jusqu'en mars; on a vu aussi les températures
les plus basses de l'année se produire, comme cette année, dans ce
mois. Nous en trouvons la preuve dans la table des températures
absolues les plus basses constatées chaque année dans un certain
nombre de localités, que nous avons dressée pour les œuvres de Fran-
çois Arago. Nous trouvons dans cette table pour Paris, des minima
de — 10°.9 le 1" mars 1785; de —3°. 4 le 12 mars 1806; pour
Bruxelles, de — 6».3 le 22 mars 1837, et de — 10°.3 le 11 mars
1847; pour Genève, de — 10M le 4 mars 1851, et de — 13°.2 le
5 mars 1853; pour Metz, de —7' le 4 mars 1843; pour Avignon, de
— 8\8 le 2 mars 1803; pour Hyères, de 0°.3 le 25 mars 1840. Pour
n'être pas absolument sans précédents, les phénomènes qui viennent
de se produire n'en sont pas moins à déplorer pour les agriculteurs.
II. — Réceptions officielles au ministère de f agriculture.
M. Méline, ministre de l'agriculture, a tenu, dès son arrivée aux
affaires, à se mettre en rapport avec les corps constitués près de son
ministère. Le 7 mars, il a reçu la Société nationale d'agriculture, et
le 8 mars le Conseil supérieur de l'agriculture. Dans cette réunion,
M. Méline a fait connaître son intention d'avoir souvent recours au
Conseil supérieur, et il s'est enquis de l'état des travaux sur les ques-
N» 797. _ Tome 1" de 1883. — 17 Mars.
402 CHRONIQUE AGRICOLE (17 MARS 1883),
lions qui lui ont été précédemment soumises. Le rapport de M. Jametel
sur les voies de communications et sur les dégrèvements étant préparé,
il a été décidé que le conseil supérieur serait réuoi pour le discuter.
M. le ministre- de l'agriculture a reçu, d'un autre côté, les Conseils
d'administration de la Société d'encouragement à l'agriculture et de la
Société des agriculteurs de France.
Après avoir remercié la Société d'encouragement du concours qu'elle
donne au gouvernement, M. Méline lui a demandé de signaler les
questions qu'elle désirerait voir mettre à l'étude, M. Récipon, pré-
sident, a insisté sur l'urgence d'une bonne organisation des concours
hippiques. M. Jobard a demandé que le concours général agricole de
Paris fût sous la direction exclusive du ministère de l'agriculture.
M. Foucher de Careil a insisté sur la création du crédit agricole.
M. Danelle-Bernardin a parlé de l'utilité qu'il y aurait pour l'agricul-
ture à porter de quinze jours à vingt-huit la durée des congés qu'il est
d'usage d'accorder aux militaires pour les travauîi de la moisson.
La délégation de la Société des agriculteurs de France qui a élé
reçuepar M. leministrede l'agriculture était composée de MM. de Dam-
pierre, président; Bertin, Josseau et de Monicault, vice-présidents:
de Luçay, Blanchemain, Ameline de la Briselainne, secrétaires;
de Galonné, archiviste, et Johanet, administrateur. M. Méline a dit, en
substance, que l'agriculture avait beaucoup de sympathies dans les
Chambres, qu'il était d'accord avec la plupart des membres du Par-
lement pour reconnaître qu'il était temps que les questions pendantes
devant les pouvoirs fussent vidées. De ce nombre sont les projets
relatifs au Code rural et notamment au régime des eaux et au Crédit
agricole; il serait très désirable que ce dernier projet fût discuté, au
moins par le Sénat qui en est saisi, pendant la session d'été. L'idée
d'un retour à la loi de 1851 sur la représentation légale de l'agricul-
ture a été sympathiqueœent accueillie par le ministre. L'entretien a
roulé, à la fin, sur l'enseignement pratique proprement dit de l'agri-
culture, qui s'adresse à la culture moyenne.
III. — Monument en V honneur de Léonce de Lavergne.
Parmi les hommes dont le souvenir restera vivace et dont les leçons
se propageront de plus en plus parmi les agriculteurs, Léonce de
Lavergne occupe un des premiers rangs. Son nom se place, pour ne
parler que du passé, à côté de ceux de Mathieu de Dombasle et du
comte de Gasparin. L'agriculture voudra lui rendre le même hommage
qu'elle a rendu à ses deux devanciers. Pour répondre à cette pensée,
un Comité vient de se former sous la présidence de M. Dumas, notre
illustre président de la Société nationale d'agriculture; tous ceux à qui
l'on s'est adressé ont répondu avec empressement à la pensée des
promoteurs de cette œuvre. Après s'être constitué, le Comité a décidé
que la souscription serait publique, et il a rédigé l'appel suivant,
qui résume les titres de Léonce de Lavergne à la reconnaissance
publique :
Le Conseil général de la Creuse, se rappelant que Léonce de Lavergne a été
un des maîtres de l'agriculture et qu'il a représenté ce département dans les
assemblées politiques, a pris l'initiative d'ouvrir une souscription pour lui élever
un raonument. En conséquence, un comité a été formé, afin de consacrer la recon-
naissance de l'agriculture et de la science pour les grands services que Léonce de
-Lavergne a rendus.
CHRONIQUE AGRICOLE (17 MARS 1883). 4C3
Agriculteur, économiste, historien, homme d'Etat, Léonce de Lavergne a laissé,
dans toute les voies qui se sont ouvertes devant lui, la trace inefTaçablo de son
passage. [1 a posé avec une telle sûreté les bases de l'économie rurale que tous
ceux qui sont venus après lui se glorifient d'être ses élèves. Traduits dans toutes
les langues des pays civilisés, ses ouvrages ont exercé partout la plus légitime
autorité. L'agriculture s'honorera en rendant hommage à une vie consacrée tout
entière à l'étude de ses intérêts et à Jeur défense.
Le nom de Léonce de Lavergne est indissolublement uni au souvenir de l'Ins-
titut agronomique de Versailles, qui, dans sa trop courte durée, a exercé une si
grande influence sur l'agriculture française. Il est lié à toutes les œuvres de
progrès qui ont été si fécondes dans les quarante dernières années.
Ce n'est pas seulement aux agriculteurs que nous nous adressons.
Léonce de Lavergne a été membre de l'Académie des sciences morales et poli-
tiques, membre de la Société nationale d'agriculture, membre de la Société des
agriculteurs de France, membre de la Société d'économie politique, membre de
la Société de statistique. Les associations agricoles des deux mondes ont voulu lui
donner un témoignage d'estime et de reconnaissance en lui décernant leurs titres
les plus élevés.
A tous les hommes d'étude, à tous ceux qui s'intéressent au développement de
la richesse des nations, nous rappellerons les leçons que Léonce de Lavergne a
données sur la création et le développement des institutions libérales; — devant
tous les Français, nous évoquerons les souvenirs de l'Assemblée nationale et du
Sénat, où sa grande autorité et son patriotisme ont suggéré souvent la solution
de questions difficiles; — aux agriculteurs de tous les pays, nous signalerons le
profit qu'ils ont tiré de ses leçons.
Par ses œuvre'i, Léonce de Lavergne est entré dans l'histoire. Un monument
élevé par la reconnaissance publique prouvera une fois de plus que la France n'est
jamais ingrate envers les hommes qui l'ont illustrée.
Président du Comilè :
Dumas (J.-B.), de l'Académie française, secrétaire perpétuel de l'Académie
des sciences, président de la Société nationale d'agriculture.
Vice- présidents :
YuiTRY, membre de l'Institut;
Sày (Léon), membre de l'Institut et de la Société nationale d'agriculture, pré-
sident de la Sociéié d'économie politique, sénateur;
QuATREFAGEs (de), membre de l'Institut et de la Société nationale d'agriculture;
Fàyolle, sénateur de la Creuse;
Nadaud (Martin), député de la Creuse :
Barral (J.-A.), secrétaire perpétuel de la Société nationale d'agriculture;
Tisserand, conseiller d'Etat, directeur de l'agriculture au ministère de l'agri-
culture, membre de la Société nationale d'agriculture;
Dampierre (de), président de la Société des agriculteurs de France, membre de
la Société nationale d'agriculture.
GiiEYssoN, directeur au ministère des travaux publics, président de la Société de
statistique ;
FoiJCHER DE Gareil, premier président de la Société nalioaale^d'encouragement à
l'agi iculture, sénateur;
Lecouteux, membre de la Société nationale d'agriculture, professeur à l'Institut
national agronomicjue;
RiSLER,_ membre de la Société nationale d'agriculture, directeur de l'Institut
national agronomique.
Trésorier :
Cartier (Ernest), avocat à la Cour de Paris.
Secrétaires :
Cabaret (Paul), chef de bureau au ministère de l'agriculture;
Sagnier (Henry), secrétaire delà rédaction du Journal de Cagriculiurt.
Membres :
Arlès-Dufour (Armand), membre du Conseil supérieur de l'agriculture, agri-
culteur à Oued-el-Alleug (Algérie);
Baudrillart, membre de l'Institut et de la Société nationale d'agriculture ;
Bazille (Gaston), membre de la Société nationale d'agriculture, sénateur;
404 CHRONIQUE AGRICOLE (17 MARS 1883).
BesnArt» (H.J, président du Comice agricole de Seine-et-Oise;
Block (Maurice), membre de l'Institut;
BuLOZ, directeur de la Revue des Deiix-Mon-'es ;
Gaird (James), membre du Parlement anglais;
Gaze (Edmond), député, vice-président de la Société nationale d'encouragement
à l'agriculture ;
Courcelle-Seneuil, membre de l'Institut;
Dailly, membre de la Société nationale d'agriculture;
Deslandes (V.), directeur de l'imprimerie royale, à Lisbonne (Portugal);
DoNiOL, directeur de l'Imprimerie nationale, correspondant de l'Institut ;
DuBOST, directeur de l'Ecole nationale d'agriculture de Grignon ;
Esterno (d'), membre de la Société nationale d'agriculture;
FoEX (G-.), directeur de TEcole nationale d'agriculture de Montpellier;
GrASPARiN (Paul de), membre de la Société nationale d'agriculture, correspondant
Gaudry (Alb-rt), membre de l'Institut;
Jenkins, secrétaire de la Société royale d'agriculture d'Angleterre ;
Laboulaye (Edouard), membre de l'Institut, sénateur ;
Lavallée, membre de la Société nationale d'agriculture, président de la Société
centrale d'borticulture ;
Laveleye (E. de), membre de l'Académie royale de Belgique;
Lefranc (Victor), sénateur, professeur à l'Institut national agronomique;
LevasseuR; membre de l'Institut ;
Mares (Henry), membre de la Société nationale d'agriculture;
l'Institut ;
MiRAGLiA (N.), directeur de l'agriculture au ministère de l'agriculture et des
travaux publics, à Rome (Italie);
MoLiNARi {Gr. de), rédacteur en chef du Journal des économistes ^ correspondant
de l'Institut ;
Neumann-Spallart (F. de), professeur à l'Ecole supérieure d'agriculture de
Vienne (Autriche) ;
Parieu (de), membre de l'Institut et de la Société d'agriculture, sénateur;
Parry, député, vice-président du Conseil général de la Creuse ;
Passy (Frédéric), membre de l'Institut, député;
Passy (Louis), membre de la Société nationale d'agriculture, député;
RÉciPON, député, président de la Société d'encouragement à l'agriculture;
Bémusat (Paul de), sénateur;
RisCAL (marquis de), à Madrid (Espagne);
Simon (Jules), secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences morales et poli-
tiques, sénateur;
Teisserenc de Bort, membre de la Société nationale d'agriculture, sénateur;
Vassillière (F.), directeur de l'Ecole nationale d'agriculture de Grand-Jouan;
ViLSON (John), professeur d'agriculture à l'Université d'Edimbourg (iicosse ;
WoLOWSKi (Féhx), correspondant de la Société nationale d'agriculture (Pologne).
Les souscriptions doivent être adressées à la Société générale (bureau N, rue du
Faubourg-Saint-Honoré, 91, à Paris) au compte'deM. Ernest Cartier, trésorier
du Comité; — ou bien, au siège de la Société nationale d'agriculture, 18, rue de
Bellechasse; — ou bien, dans les bureaux des journaux agricoles et économiques.
Les noms des souscripteurs seront publiés .
La première liste de souscription a été rapidement couverte; elle
atteint la somme de 3,840 francs, comme il suit :
Société nationale d'agriculture 500 francs.
Société des agriculteurs de Franc &00 —
MM. Vuitry, vice-président du Comité . 50 —
Quatrefages (de) , — oO —
Tisserand, — 50 —
Barrai (J.-A.), — 50 —
Dampierre (de) . — 100 —
Nadaud (Martin), — 50 —
Lecouteux, — 50 —
■ Risler, — • 50 —
Cheysson, — 50 —
Cartier (Ernest), trésorier du Comité 1,000 —
Cabaret (Paul) , secrétaire du Comité 50 —
Sagnier (Henry) , — 50 —
Baudrillart, membre du Comité 50 —
Bazille (Gaston), — 50 —
CHRONIQUE AGRICOLE (17 MARS 1883). 405
Besnard (H) , — 50 —
Dailly (Adolphe), — : 50 —
Duliost, — 50 —
Gasparin (Paul de), — 200 —
Gaudry (Albert), — 200 —
Laboulaye (Edouard), — 50 —
LavaUée (Alphonse), -r 50 —
Molinari (G. de), — 25 —
Parieu (de), - 50 —
Pas>y (Frédéric), — 50 —
VassiHière, — 50 —
Journal de l'agriculture 100 —
Journal d'agriculture pratique 100 —
MM. Bouché (A.) 20 —
Chabot-Karlen 25 —
Goffart (Auguste) 60 —
Bruguière (Louis) 10 —
Gobin (H.) 10 —
Total de la première liste 3 , 840 francs.
La souscription est ouverte dans les bureaux du Journal de Vogri-
cultare. Nous publierons chaque semaine les listes de souscription.
Les associations agricoles, les établissements d'enseignement agricoIe_,
les agriculteurs, tous ceux qui savent combien Léonce de Lavergne a
été un défenseur infatigable des intérêts de l'agriculture, voudront par-
ticiper à l'hommage qui lui est rendu.
IV. — Le budget de l^ agriculture.
Le projet de loi portant fixation du budget général de l'exercice 1884
a été présenté par le gouvernement à la Chambre des députés dans sa
séance du 3 mars. D'après ce projet, les crédits demandés pour les ser-
vices généraux du ministère de l'agriculture s'élèvent à '25, 760,640 fr.,
en augmentation de 1,109,890 francs sur les crédits de 1883. Cette
augmentation se répartit comme il suit : personnel, 55,700 francs, ;
matériel, 11,600 francs; impressions, 8,500 francs; personnel des
écoles vétérinaires, 42, 1 95 francs ; service des épizooties, 62,00 J francs ,
indemnités pour abatage d'animaux, 100,000 francs; personnel de
l'enseignement agricole, 70,420 francs; subventions à diverses insti-
tutions agricoles, 88,000 fr. ; encouragements à l'agriculture et au
drainage, 75, 000 fr. ; primes pour la destruction des loups, 1 00,000 fr. ;
personnel des haras et des dépôts d'étalons, 20,600 francs; matériel
(les haras et dépôts d'étalons, 113,360 francs; remonte des haras,
50,000 francs; garantie d'intérêts aux compagnies concessionnaires
de grandes entreprises d'amélioration agricole, 100,000 francs; encou-
ragements à l'industrie chevaline en Algérie, 13,000 francs; travaux
hydrauliques en Algérie, 300,000 francs. D'un autre côté, il y a une
diminution de 42,195 francs sur le matériel des écoles vétérinaires,
(le 34,190 francs sur le matériel de l'enseignement agricole, de
25,000 francs, sur la statistique agricole décennale de 1882. Les
frais de régie et de perception scmt inscrits pour une somme de
18,378,598 francs dans le projet du budget, avec une augmentation
de 2,212,981 francs portant principalement sur le service des
forestiers, dont la nouvelle organisatiim entraîne des dépenses consi-
dérables, tant pour le personnel que pour les travaux à entreprendre.
V. — Le phylloxéra.
Dans sa séance du 10 mars, le Sénat a adopté, après en avoir voté
l'urgence, le projet de loi sur les mesures à pr^n Ire contre l invasion
et la propagation du phylloxéra en Algérie. Le texte de ce projet a été
406 CHRONIQUE AGRICOLE (17 MARS 1883).
adopté à l'unanimité, après quelques observations intéressantes
échancjées entre M. Gaston Bazille, le rapporteur de M. Parent, et
M. Mcline, ministre de l'agriculture, sur la manière dont sera inter-
prétée la défense de pénétrer dans le périmètre des lieux infectés. I.e
projet de loi a été immmédiatement transmis à la Chambre des dépu-
tés, qui l'a adopté dans sa séance du 13 mars.
Le Messager agricole du Midi annonce, dans les termas suivants,
la création d'une nouvelle vigne d'expérience dans les environs de
Montpellier :
ce Nous avons une bonne uouvelle à donner à nos lecteurs : M. le ministre de
l'agriculture a bien voulu confier à la Commission départementale de l'Hérault
pour l'étude du phylloxéra le soin de créer une vigne expérimentale dans des
terrains de coteau, afin de voir comment s'y comporteraient les principaux plants
américains qui doivent servir à la recon>titution de nos vignobles. La Commission
a déjà fait choix d'une terre d'un hectare qui avait été préparée par le propriétaire
pour être plantée cette année môme, et elle est eu train de procéder à la planta-
tion de la plus grande partie de cette terre. Les cépages reconnus les plus résis-
tants parmi les producteurs et les porte-greffes entreront pour la plus grande
part dans la composition de cette vigne d'étude, mais on fera également une place
pour les cépagds nouveaux obtenus par les semis et par les hybridations. Les
sommes qui seront mises à la disposition de la Commission pir le ministère de
l'agriculture permettront de faire de cette vigne une vigne modèle, qui fournira à
tous les vignerons des sujets d'étude des plus intéressants. Nous devons remercier
le gouvernement de cette nouvelle preuve d'intérêt qu'il donne à nos populations ;
les vignes américaines, autrefois dédaignées et pour lesquelles on préparait des
projets de loi d'expulsion et de bannissement, reçoivent aujourd'hui leurs grandes
lettres de naturalisation, et elles jouiront désormais des mêmes droits et des mêmes
faveurs que nos vignes françaises. »
M, Culeron vient de faire connaître à l'Académie des sciences les
résultats de lemploi pratique du sulfocarbonate de potassium contre
le phylloxéra, auquel il a eu recours, depuis plus de cinq ans, dans le
midi de bi France. Le système qu'ilpréconise consiste à taire, au pied
de chaque cep, une cuvette pour contenir la solution toxique, sans
mettre les premières racines à découvert; à opérer de novembre en
avril, en employant de 90 à 100 grammes de sulfocarbonate par
souche (70 grammes pour les jeunes vignes), sans a|0uter d'eau pura
après la dissolution sulfocarbonatée. Dans les traitements de juillet et
d'août, il conseille de réduire d'un tiers le sulfocarbonate, et enfin,
pour les taches découvertes en été, de faire deux traitements à huit
ou dix jours de distance et à dose réduite d'un tiers, le second étant
destiné à faire périr les insectes provenant des œufs épargnés par le
premier traitement.
VI. — Réunions viticoles de Montpellier.
Nous recevons la note suivante sur les réunions qui viennent d'avoir
lieu à Montpellier :
« L'école d agriculture de Montpellier ne s'occupe pas seulement des que.stions
générales qui intéressent l'exploitation du sol; c'est encore une école spéciale de
viticulture. La Société centrale d'agriculture de l'Hérault ne pouvait trouver de
meilleur endroit pour l'organisation des réunions viticoles qu elle reprend avec
profit chaque année. Les dernières viennent de s'y tenir avec un plein succès, les
5, 6, et 7 mars dernier Leur but avait été indiqué avec précision daps le pro-
gramme qui en avait été arrêté. On avait eu soin d'en bannir les discussions géné-
rales sur lesquelles il avait semblé inutile d'insister en ce moment, après tous
les Co igrès qui se sont succédé, pour se borner à l'examen des laiis acquis à
la pratique. Le plan adopté a été suivi dans toute sa rigueur. Sous la présidence
de M. L. Yialbi^ rassemblée réunie dans le grand amphithéâtre de l'école, qui
CHRONIQUE AGRICOLE (17 MARS 1883). 407
s'e'-t trouvé beaucoup trop petit pour la circonstance, a étudié successivement
toutes les qviestions qui lui ont été soumises. Sur chaque point spécial, les assis-
tants ont été excités à dire ce qu'ils avaient vu et observé; les réponses ont éié
nombreuses; il n'y a pas eu un seul discours, et le public n'a pas moins suivi
toutes les séances avec la plus grande assiduité sans manifester le moindi»e signe
de fatigue. On a procédé ainsi à une enquête complète et minutieuse qui portera
ses fruits.
« Les propriétaires de l'Hérault étaient nombreux, et les départements étran-
gers avaient égalemeni envoyé, à Montpellier, beaucoup de leurs représentants.
Mme Ponsol et M. Piola s'y étaient rendus de la Gironde; Mme la duchesse de
Fitz-Jaraes, du Gard; MM. Viiicey et Gaillard, du Rhône; M. Goste, de l'Aude;
M. Reich, des Bouches-du-Rhône ; M, Dupuy-Montbrun, du Tarn; M. P. du
Mortillet, de Pau, etc., etc. Les hommes du métier, les ouvriers vignerons s'y
trouvaient aussi en grande masse, et ils ont pris une part active ar.x travaux.
« Les vignes américaines ont eu les honneurs de la réunion; c'est de leur situa-
tion et de leur avenir qu'on s'est principalement occupé. Il ne pouvait en être
autrement dans un milieu où nos vieilles plantations françaises ont complètement
disparu. Des cépages qui ont été introduits depuis ces derniè es années, ceux
qui ont définitivement confirmé leur valeur sont le Jacquez, comme plant de pro-
duction directe ; les Riparias, les Rupestris et l'York-Madeira comme porte-greffes.
Les avis qui sont à peu près unanimes p(?ur constater le uiérite de ces variétés
sont au contraire assez partagés au sujet du Taylor, du Clinton, de l'Heibemont,
de rOporto, du Guningham et de beaucoup d'autres espèces dont la réussite
dépend de certaines conditions que l'on ne trouve pas réunies dans les circon-
stances oriinaires. L'opinion s'est montrée bien plus indécise encore à l'égard
de rOthello qui a profité d'une vogue exagérée; ses boutures ont atteint, en 1882
et 1883, des prix qu'on aurait peine à croire, et cependant sa résistance n'est
rien moins que sérieusement constatée.
« La gretie se vulgarise; ce n'est plus que dans ses détails qu'elle demande les
perfectionnements. Son apprentissage exige un peu d'attention, mais il n'est ni
long, ni difficile. Quelques opérateurs exécutent la fente anglaise, d'autres don-
nent la préférence à la fente entière ou à la fente simple, suivant la grosseur des
sujets ; l'un ou l'autre de ces systèmes peut être plus avantageux, mais tous réus-
sissent.
ce Trois séances des réunions ont été réservées à l'étude des insecticides et les
irrigations d'été. Les propriétaires de Montpellier ne pouvaient qu'écouter, ils
ont appris avec plaisir que le sulfure de carbone donnait d'excellents résultats
dans la Gironde et dans le Beaujolais ; ils auraient voulu avoir des renseigne-
ments plus complets sur le sulfocarbonate de potassium et les arrosages, mais
ils savent maintenant que les moyens de défense se perfectionnent, et c'est une
indication dont ils tiendront un bon compte.
« L'école d'agriculture a eu sa part des succès des réunions de la Société de
l'Hérault; ses anciens élèves qui tit^nnent déjà une place importante dans le
monde des cultivateurs, ont apporté de sérieux éléments aux discussions qui
ont eu lieu. Avant de se quitter, ils ont vou'u se réunir dans un banquet amical;
les anciens élèves des autres écoles se sont joints à eux, et des relations aussi utiles
(fu'agréables se sont ainsi déveloopées au profit des uns et des autres. C'est un
des avantages spéciaux, qu'il nous semble bon de signaler, de ces grandes
réunions que d'en provoquer d'autres, plus limitées, qui ont aussi leur
importance.
'< L'école d'agriculture de Montpellier ne néglige rien du reste pour rester en
communication directe avec les agriculteurs. Son influence m peut s'accroître
([u'au contact des cultivateurs; ses excursions tendent à l'assurer. Après avoir
visité le Midi, elle organise en ce moment une course plus éloignée en Algérie;
ses élèves en rapporteront certainement d'utiles renseignements. »
On trouvei^a plus loin dans ce numéro (page 428) un premier
article spécial sur les questions agitées dans les réunions viticoles de
l'école de Montpellier.
VIL — L'ensilage des fourrages verts.
La conservation des fourrages à l'état vert, et particulièrement du
maïs-lourrage, est une méthode adoptée aujourd'hui dans un grand
408 CHRONIQUE AGRICOLE (17 MARS 1883).
nombre d'exploitations rurales, en France et dans beaucoup de
pays étrangers. Les faits qui se sont produits partout pendant les
dernières années, et notamment ceux qui ont été mis en lumière par
1 enquête de la Société des agriculteurs de France, ont démontré qu'il
n'y a qu'un moyen de réussir à coup sûr, c'est de suivre les prescrip-
tions que M. Goffart a données il y a bientôt dix ans. Si l'on s'ea
écarte, on perd une partie de la récolte ensilée, partie plus ou moins
grande suivant la saison et suivant la nature des fourrages. Mais si
l'on obéit fidèlement aux règles indiquées, on retire des silos la quan-
tité de fourrage qu'on y a mise, dans un état de conservation absolue.
La forme, les dimensions, la nature des silos peuvent varier suivant
les ressources du cultivateur et suivant les circonstances dans les-
quelles il se trouve placé; mais ce qui est essentiel, c'est que la récolte
mise en silo soit comprimée par un poids suffisant pour chasser pro-
gressivement l'air qu'elle renferme. Nous n'insisterons pas autre-
ment, renvoyant nos lecteurs à l'excellent traité que M. Goffart a publié
à la librairie de G. Masson. *
Si la pratique de l'ensilage a trouvé de nombreux adhérents dans
notre pays, si elle a permis d'élever, dans beaucoup de fermes, une
plus grande proportion de bétail, double profit pour les cultivateurs
au point de vue des produits directs de ces animaux et de leur fumier,
le bruit légitime qui s'est fait de 1873 à 1876 autour de cette heu-
reuse invention, s'est apaisé; c'est dans un véritable calme qu'elle
gagne de plus en plus du terrain, comme toutes les pratiques profita-
bles, une fois qu'ellesont fait leurs preuves. Citons aussi l'Angleterre,
011 la méthode Goffart a trouvé de nombreux adeptes, ainsi que noua
en trouvions récemment la preuve dans une intéressante brochure que
M. Thomas Christy vient de publier à Londres sur ce sujet.
En Amérique, les choses ne se passent pas de la même manière.
Les agriculteurs américains mettent une grande expansion dans
l'expression de leurs sentiments et nous nous garderons bien de les
en blâmer, lorsque ces sentiments s'adressent à un agriculteur fran-
çais, et que leur manifestation a pour but de faire ressortir le service
qu'il a rendu aux cultivateurs de tous les pays. Ainsi que nos lecteurs
le savent, deux congrès d'ensileurs ont eu lieu à New- York, en jan-
vier 1882 et en janvier 1883. Le compte rendu de cette dernière
réunion a récemment paru dans nos colonnes. Elle s'est terminée par
la résolution suivante qui doit être reproduite textuellement : « Le
congrès des fermiers pratiquant l'ensilage, réuni à New York le 25 jan-
vier 1883, tient à exprimer à M. Auguste Goffart, de France, son
appréciation sur la grande valeur du système de l'ensilage dont on lui
doit la découverte et la vulgarisation. Jl recommande aux fermiers des
Etats-Unis son adoption universelle, comme la meilleure méthode de
conservation des récoltes fourragères. » Tous les agriculteurs français
seront heureux de cet hommage rendu à l'un des leurs ; la consécration
de cette découverte, universellement admise dans les deux mondes,
est un nouveau fleuron pour la couronne de la France agricole. C'est
la juste récompense de vingt années de recherches ininterrompues,
du désintéressement et du dévouement avec lesquels M. Goffart, dès
qu'il a été certain du succès, a voulu propager la méthode qui pourra
recevoir encore des applications nouvelles, mais dont le principe lui
appartient tout entier.
CHRONIQUE AGRICOLE (17 MARS 1883). 409
VIII. — Production des sucres.
Le Journal officiel du 13 mars publie le tableau de la production et
du mouvement des sucres indigènes depuis l'ouverture de la campa-
gne jusqu'à la fin du mois du mois de février. A cette époque, les
travaux de défécation étaient achevés dans 492 fabriques, sur 496 qui
ont travaillé pendant cette campagne. Les quantités de jus déféqués
ont été de 79,441,000 hectolitres, avec une augmentation de
1 i ,236,000 hectolitres sur la campagne précédente ; le degré moyen
des jus a été de 3.5, soit 0.1 de moins qu'en 1881-82. Les charges
exprimées en sucre raffiné se sont élevées à 356,197,000 kilog. soit
28,848,000 kilog. de plus qu'à la même date de 1882. Quant aux
décharges, elles ont été de 273,067,000 kilog. De ces renseignements,
résulte une fois de plus la vérification de ce que nous avons dit déjà
plusieurs fois, c'est que ce n'est pas l'industrie française qui profite de
l'accroissement de la consommation du sucre, amené par la réduction
d'impôt effectuée en 1880. 11 est de la plus haute importance quelarévi
sion de notre système fiscal sôit faite à bref délai, afin de faire cesser une
situation aussi préjudiciable à notre agriculture qu'à notre industrie.
IX. — Vente d'animaux de race durham à Corbon.
La vente annuelle d'animaux de la race durham pure, provenant de
la vacherie nationale de Corbon, aura lieu le 24 avril prochain à Corbon.
Cette vente comprendra 13 taureaux et 4 vaches ou génisses. Nous
rappelons que la vacherie nationale de Corbon est située sur la route
nationale de Paris à Cherbourg, à 11 kilomètres de la gare de Mé-
zidon et à 19 kilomètres de la gare de Lizieux. Tous les trains venant
de Paris, de Caen ou du Mans, s'arrêtent à ces stations.
X. — Les concours régionaux hippiques.
On commence à publier les programmes des concours hippiques
qui seront adjoints aux prochains concours régionaux. Nous avons
sous les yeux les programmes des concours de Blois et de Bourg. Nous
devons constater qu'ils sont rédigés sur le même plan. Les étalons et
les juments y sont répartis en trois catégories : animaux de pur sang
anglais, arabe et anglo-arabe; animaux de demi-sang; animaux dd
trait léger. Dans l'un et l'autre concours, les chevaux de gros trait,
qui constituent une des branches importantes de la production, sont
exclus. C'est une mesure que nous regrettons.
XI. — Nécrologie.
Nous avons le regret d'annoncer la mort de M. Maximin de Vialar,
propriétaire du domaine de Bonrepos, à Saint-Nauphary (ïarn-el-
Garonne), décédé à l'âge de soixante-treize ans. M. de Vialar a été lauréat
de la prime d'honneur au concours régional de Montauban en 1869;
il avait consacré plus de trente années à transformer ce domaine d'une
étendue de près de 40() hectares, par la création de cultures remar-
quables, d'étables très bien aménagées. Après avoir mis son fils à la
tête de son exploitation, il a entrepris avec succès en Algérie la
création d'importantes cultures.
XII. — Inspection de la boucherie à Paris.
Un concours pour l'admission à cinq emplois d'inspecteur de la
boucherie à Paris, au traitement par an de 3,000 à 4,000 francs, aura
^10 CHRONIQUE AGRICOLE (17 MARS 1883).
lieu à la Préfecture de police le mercredi 16 mai prochain à dix heures
et demie du malin. Il comprendra une épreuve écrite sur un sujet de
la compétence des vétérinaires et une épreuve pratique à l'abattoir de
la Villetle. Les candidats devront se faire inscrire par avance au secré-
tariat général de la Préfecture de Police, bureau du personnel, en jus-
tiiiant parleur acte de naissance qu'ils n'ont pas plus de cinquante ans
d'âge et en produisant en outre : 1° un extrait de leur cahier judi-
ciaire ; 2" leur diplôme de vétérinaire; 3" des pièces établissant leur
situation au point de vue militaire.
XIII. — Exposition orniihologique à Vienne.
Nous recevons le programme d'une exposition qui sera ouverte à
Vienne (Autriche), du 7 au 15 avril, par la Société d'ornithologie, sous
le patronage de l'archiduc Rodolphe. Cette exposition comprendra cinq
catégories, comme il suit :
« a) Les oiseaux vivants de toutes espèces soit en exemplaires seuls, soit en
eoilections; cependant il ne peut être admis qu'une race de la volaille de basse-
cour de chaque exposant et seulement celle de la qualité la plus préférable.
« b) Tout ce qui concerne l'entretien et la protection des oiseaux, comme cages,
piliers, vait-seaux à boire, à manger, à baigner, nids, cabanes, mangeaille, médi-
caments, etc.; appareils à couver, pour la chasse, jjour la prise et pour le trans-
port, etc., etc.; anciennes et nouvelles armes de chasse, objets de lauconnerie
ou autres relatifs au transport; enfin les appeaux, serinelies, etc.
« c) Cabanes et volières, pour l'emplacement desquelles il faut donner la mesure
d'avance et en même temps que l'annonce relative de la place.
t' d) Les volailles engraissées mortes ou vivantes.
« e) Les objets scientifiques, tels que ceux de Tyrt et de l'industrie du monde
des oiseaux, ou qui sont relatifs à ceux-ci, comme livres, brochures et journaux,
traités ornithologiques, sculpture, lithographie, typographie ou photographie;
moyens d'instruction, etc.
Les récompenses consisteront en diplômes d'honneur, médailles d'or^
d'argent et de bronze.. Les déclarations des personnes qui désirent
prendre part à cette exposition, doivent être envoy-^es le plus tôt pos-
sible à M. Gustave de Hayek, secrétaire du Comité de l'exposition, à
Vienne.
XIV. — Machines agricoles.
M. Rigault, entrepositaire de machines agricoles (141, quai Valmy,
à Paris), nous prie d'annoncer qu'il est le représentant à Paris, de
l'importante maison Marshall et C°, de Gainsborougb, pour ses loco-
mobiles et batteuses; à ce titre, il se met à la disposition des pro-
priétaires de ces macbines pour la fourniture des pièces de rechange
dont ils pourraient avoir besoin. Par suite de la disparition de la
maison Waite Burnell, ancien représentant, à Paris, de M. Marshall,
beaucoup de propriétaires ne savaient plus où s'adretser pour avoir
ces pièces.
XV. — Conseil supérieur de V agriculture .
Le Conseil supérieur de l'agriculture s'est réuni le 14 et le 15 mars
sous la présidence de M. Méline, ministre de l'agriculture. Après
avoir souhaité la bienvenue aux membres du Conseil, M. le ministre
de l'agriculture a annoncé son intention de les réunir périodique-
ment, afin d'arriver à une solution rapide des questions soumises à
l'examen du Conseil. Parmi les questions nouvelles qu'il désire lui voir
étudier, M. Méline a signalé celles de la représentation de l'agriculture
CHRONIQUE AGRICOLE (17 MARS 1883). 411
dans les départements, des réductions à apporter dans les tarifs de
transport des denrées agricoles par chemins de fer, des moyens d'as-
surer la répression de la fraude sur les engrais. Il a demandé au
Conseil d'examiner les rapports présentés, au nom de la Commission
de viticulture, par M. Dumas, M. Faucon et M. Vialla. Le rapport de
M. Jamciel, au nom de la Commission des voies de communication, a
été mis en délibération. Voici les propositions dans lesquelles ce rap-
port se résume :
Article premier. — Il sera créé, dans chaque département, un réseau unifié de
chemins vicinaux départementaux comprenant les routes départementales, les
chemins de grande communication et ceux des chemins vicinaux ordinaires con-
fectionnés ou non, dont l'importance justifierait le classement.
Une révision générale des classements actuels et la constitution du nouveau
réseau seraient opérés sous le contrôle de l'Etat.
Les chemins de moyenne communication et Içs chemins vicinaux classés
deviendraient la jiropriété des dépirteraents, sauf les plantations existantes, qui,
jusqu'à leur maturité, resteraient acquises aux communes.
Art. 2. — Les départements seraient tenus d'assurer, chacun sur leur terri-
toire, l'entretien des réseaux ainsi constitués.
L'Etat allouerait une somme fixe de 30 millions au minimum, qui serait votée
et répartie annuellement entre les départements, à titre de subvention, ]iour
concourir à cet entretien au prorata des dépenses dûment justifiées de chacun
d'eux.
Les communes intéressées seraient appelées à contribuer à cet entretien dans
la proportion de leur intérêt, mais seulement jusqu'à la concurrence de la valeur
d'une journée de prestation à fournir soit en argent, soit en nature.
Les centimes ordinaires spéciaux de la vicinalité votés dans chaque commune
lui demeureraient expressément réservés.
La prestation effectuée en nature ne pourrait être employée que sur le terri-
toire de la commune.
Art. 3. — Dans chaque département, il serait opéré par le Conseil général une
révision des tarifs de prestations sur des bases uniformes, calculée, d'après la
moyenne des prix réels des journées salariées, et dans la proportion des deux tiers
de cette valeur.
Sur l'avis du Conseil général, dans chaque département, l'administration aurait
la faculté de convertir les prestations en nature, non rachetées en argent, en tâches
consistant soit en fournitures de matériaux, soit en charrois ou en travaux de
terrassements, etc. etc , selon les cire instances.
Art. ti. — Une révision du réseau ou des tarifs pourrait avoir lieu après une
période de cinq ans.
Art. 5. — La loi de 1836 serait maintenue et ses dispositions appliquées au
nouveau réseau vicinal départemental, sauf les modifications indiquées ci-dessus.
Nous ferons connaître le résultat des délibérations de cette réunion
du Conseil supérieur.
J.-A. Barral.
LES PRIMES D'ÉTALONNAGE AU CONCOURS DE PARIS
Mon cher directeur, un mot encore sur les primes de monte à l'es-
pèce bovine. C est par erreur que vous m'avez fait viser l'article en
date du ;i mars de M. de la Tréhonnais, le mien étant sous presse à
ce moment.
Dans ses précédents articles, M. de la Tréhonnais avait traité de
ridicules les primes d'étalonnage, dans le dernier il accentue sa pensée,
la déveUpp.i et cberche à la justifier, en supposant « les taure lUX
allant de foire en foire, de marchés en marchés, de chefs-lieux en
chefs- lieux, avec leurs cartes de primes attachées aux cornes ou à la
queue avec des faveurs bleues, jaunes ou violettes, selon le degré de
412 LES PRIMES DÉTALONNAGE AU CONCOURS DE PARIS.
la distinction, et attirant les vaches du pays par un boniment quel-
conque )) 11 ajoute : « Ces primes de reproducteurs, si elles ont une
signification quelconque^ ne peuvent avoir que celles-là, car on les a
assimilées à celles des chevaux entiers qui font la monte dans les
campagnes. On a voulu et on l'a dit : faire pour les taureaux ce qu'on
fait pour les étalons rouleurs. Rimm lenealis amicil est-il possible de
rien concevoir de plus saugrenu, et comme je l'ai dit, de plus ridi-
cule, etc , etc. » (lien a toute une grande page dans le même style).
Je supposais que M. de la Tréhonnais devait savoir qu'en général
les taureaux, et particulièrement les durhams ne sont pas faits pour
la marche, que la chaleur des vaches est intermittente et fugitive,
et qu'elles ne sont pas prêtes à recevoir un étalon rouleur, comme le
sont les juments, etc., J'écris dans un journal agricole lu par im public
spécial d'hommes versés dans leur métier, et je suis presque confus
d'avoir à discuter de semblables allégations, il suffit de les signaler
pour en faire justice.
Au lieu de se donner la peine d'imaginer tant de suppositions
bizarres et fantaisistes, M. de la Tréhonnais eut fait plus sagement
de se procurer, soit au siège de la Société, soit au concours où ils ont
été distribués à profuaion, les programmes contenant les conditions de
ce concours, dont le résumé consiste à distribuer immédiatement des
brevets d'étalonna.;e, et au V janvier 1884, les primes en argent y
atl'érentes, à charge de justifier que les taureaux ont servi au moins
vingt vaches. Tout ceci est très sage, très pratique, et non seulement
ne prête pas à la critique, mais améliore même les conditions des con-
cours régionaux qui exigent, au bout de six mois, un certificat d'exis-
tence pour les animaux primés; tandis que nous demandons un délai
plus grand et un certificat de bons et réels services.
Ensuite M. de la Tréhonnais s'inquiète beaucoup de savoir si ces
taureaux serviront des vaches de toutes races. Evidemment oui. Les
étables de pur sang sont encore très clairsemées en France. Des tau-
reaux de têle font le service de ces établissements, mais tout le monde
sait que l'énorine majorité des taureaux durhams est consacrées à faire
des croisements qui sont en train de devenir une de nos richesses
agricoles, témoin l'exposition des animaux gras.
M. de la Tréhonnais parle encore de la médiocrité flagrante des ani-
maux exposés ; il est très possible qu'ils fussent loin d'approcher ceux
qu'il importe d'Angleterre, ou qu'il élève dans son domaine de Saron ;
mais dans ce cas, je regrette vivement (et ce sentiment sera, j'en suis
certain, partagé par tous les intéressés) que M. de la Tréhonnais n'ait
pas exposé lui-même quelques-uns de ces magnifiques spécimens qui
lui donnent le droit de critiquer ceux des autres d'une manière si
absolue. Quelle utile leçon pour l élevage français qui aurait vu alors
ce qu'il fallait faire et comment il fallait le faire.
M. de la Tréhonnais vend des animaux, il fait même fréquemment
insérer dans le Journal de ^agriculture des annonces qui se terminent
de la mention « œuvre de propagande ». Le triomphe éclatant
d'animaux présentés par M. de la Tréhonnais eût été, ce me semble,
mieux qu'une annonce de journal, une œuvre de propagande par
excellence, d'après ce principe que s'il est bon d'enseigner les hom-
mrs par la plume et la parole, il est encore mieux de les enseigner
par l'exempie. Alphonse Tiersoknier.
SUR LE COMMERCE DES ENGRAIS. 413
SUR LE COMMERCE DES EiNCRAIS
Monsieur le secrétaire perpétuel, j'estime qu'on ne doit jamais
intervenir dans les relations commerciales sans en avoir reçu mission
expresse, et malgré le puissant intérêt qui s'attache au commerce des
engrais complémentaires qui a pris dans ces dernières années un
énorme développement, je crois qu'il faut se garder de mettre en
cause les entreprises industrielles qui s'appliquent à la production
de ces engrais, d'autant plus que lorsque nous sommes appelés par
les agriculteurs à leur donner notre avis sur la valeur de tel ou tel
produit, les échantillons qu'ils nous soumettent ont déjà passé du
fabricant au déposant, du déposant à l'acheteur, peuvent avoir subi
des altérations de plus d'une nature et ne sauraient nous donner le
droit de traduire une raison commerciale devant le tribunal de la
publicité. D'un autre côté, les acheteurs ont des moyens de contrôle;
il dépend d'eux d'en user, et cette liberté est, en théorie au moins, le
meilleur remède aux abus de l'esprit d'entreprise.
J'ai dit en théorie : en effet, dans la pratique il n'en va pas ainsi.
Les grands propriétaires qui achètent les engrais complémentaires en
grandes masses s'adressent directement aux entrepôts des fabricants,
acceptent un mode de vérification et en usent. Quant aux petits culti-
vateurs qui forment la grande masse, dans notre région au moins,
sans doute ils s'associent quelquefois et ces associations, vous 1^ savez,
n'ont pas toujours un but avouable; mais dans la plupart des cas ils
achètent les engrais complémentaires à des sous-traitants, chacun
pour son compte, et les frais de voyage et d'une analyse qu'il
faut aller chercher à vingt lieues de leur résidence les arrêtent toujours;
ils vont donc un peu au hasard suivant leur inclination et le plus ou
moins de savoir-faire d'un cDurtier en engrais. Il en résulte des erreurs
ruineuses pour l'agriculteur et un encouragement à prodiguer les pro-
messes les plus fallacieuses.
J'ai la confiance de quelques voisins, et mes relations agricoles sont
avec eux assez étroites pour qu'ils m'apportent, avant d'acheter, des
échantillons des merveilles qu'on leur propose; quand mes travaux
me le permettent, je les analyse avec la plus rigoureuse exactitude.
Il y a huit jours, on m'a apporté un superphosphate très pulvérulent,
presque sans odeur, facile à répandre à la volée et qui était vendu au
prix doux de 9 fr.50 les 100 kilog.
Je l'ai fait digérer dans l'acide azotique dilué, et en voici l'analyse
très rigoureuse :
Inattaquable par l'acid o azotique dilué 27 . 60
Acide sulfurique anhydre 22.00
Alumine souillée d'un peu de sesquioxyde de l'er 18.00
Chaux , 5.50
Acide phosphori(iue anhydre 7.70
Eau .' 19.20
Total 100.00
Acide phosphorique solublc dans l'eiu 6 .40
C'est la première fois que l'on me soumet un superphosphate à base
d'alumine, et je remarquerai en passant que la solution dans l'eau
distillée se troublait avec une grande rapidité par la formation d'un
phosphate insoluble d'alumine, ce qu'on appelle improprement du
I. Communication à la Société naliona'e d'agriculture.
* *
414 SUR LE COMMERCE DES ENGRAIS.
phosphate rétrogradé, lequel se redissolvait facilement par une addition
d'acide azotique.
Quoi qu'il en soit, si l'on prend le dosage d'acide phosphorique
total, il est livré à 1 fr. 23 le kilog., et si l'on prend le dosage de
l'acide phosphorique soluble immédiatement dans l'eau, il est livré à
peu près à 1 fr. 50 le kilog. L'acide phosphorique soluble dans l'eau
du phosphate Chilton est vendu à Marseille à 0 fr. 80 le kilog. S'il
nous est interdit de nous mêler des combinaisons commerciales, nous
avons, d'autre part, le devoir de signaler à l'agriculture des écarts
aussi considérables, et de lui inspirer, si cela est possible, une pru-
dence légitime. Si cela n'est pas possible, il nous sera permis de
déplorer ces obstacles à un progrès nécessaire.
Agréez, etc. P. de Gasparin,
Membre de la Société nationale d'agriculture.
SUR L^ŒUF D^HJYER DU PHYLLOXERA- —IV
Toute celte phase sexuelle de la vie de l'insecte, chez le phylloxéra du chêne
comme chez le phylloxéra de la vigne, a pour époque la période .Je l'année qui cor-
respond à la température moyenne la plus élevét', c'est-à-dire, pour la première
espèce, de fin juin à fin juillet (sous le climat de Paris) ^, et pour la deuxième,
de juillet à septembre (sous le climat de Montpellier). Lorsque les chaleurs sont
précoces, la période sexuelle subit une avance plus ou moins considérable, comme
cela eut lieu en 1876, où les ailés ont déjà été vus en grande quantité dès le 25 juil-
let, sous le climat relativement septentrional de la Bourgogne^.
C'est .tout aussi peu sous l'influence d'une alimentation appauvrie que se
produisent les générations d'ailés et de .sexués, aux ovaires considéraijlement
réduits, puisque tous les observateurs sont unanimes à signaler les radicelles
(recherchées surtout par l'insecte pour sa nourriture et où il prospère le mieux)
comme le siège de ses transformations les plus précoces et les plus abondantes
(Planchon et Lichtenstein, Max. Cornu, Boiteau, Balbiani, etc.). Tous ont
remarqué aussi la rareté de ces transformations après que le phylloxéra, chassé
par la destruction des radicelles, s'est réfugié sur les grosses racines et y conti-
nue ses reproductions parthénogénésiques.
Dans ces conditions nouvelles, la diminution du nombre de gaines ovigères
dans les générations aptères est beaucoup moins brusque que dans la série des
ailés et des sexués.
Des faits entièrement comparables s'observent aussi chez les pucerons ordi-
naires qui vivent sur les parties aériennes de nos plantes annuelles ou vivaces,
On sait que chez ceux-ci la reproduction a lieu pendant toute la belle saison par
des femelles agames et vivipares, et que, dans l'arrière-saison et l'automne, elle
s'opère par des œufs fécondés et pondus, qui hivernent et n'éclosent que le prin-
temps suivant. Cette transformation du mode de reproduction est généralement
attribuée à l'influence directe de l'abaissement de température et des changements
qui surviennent dans les sucs des plantes dont ces insectes se nourrissent. J'ai
fait des observations qui ne mi^ portent pas à croire à cette influence, mais à con-
sidérer la reproduction par œufs fécondés destinés à hiverner et à conserver
l'espèce pendant la disparition de son aliment comme en relation avec les causes
de destruction qui la menacent à l'approche de l'hiver (froid et arrêt de la végé-
tation), et n'ayant par conséquent qu'un rapport indirect et éloigné avec les con-
ditions extérieures *. Je partage complètement à cet égard les vues développées par
1. Voir le Journal du 10 mars, p. 377 de ce volume.
2. Sur le littoral de la iNorniaiidie, la période des ailés et des sexués du phylloxéra du cliène
tombe fïénéralenient en juillel-août.
3. A Mancey (Saône-et Ivoire), par M. Ronimier {Comptes rendus, 7 août 1876). La même année,
M. Boiteau, dans le Libournais, observait les ailés le 31 juillet, et les sexués le 3 août.
4. On sait d'ailleurs que la période sexuelle ne toniije pas en automne pour tous les pucerons :
tel est celui du saule [Aphis salicis) , où de (ïeer et Kyber ont observé dés le mois de juin des
mâles et des accouplements. Kyber attribuait l'apparition précoce des mâles dans cette espèce au
durcissement prématuré îles leuilles du saule et prétendait qu'on pouvait la retarder en plaçant
les femelles nt;ames sur des pousses jeunes et fraîches de cette plante. Cette explication est rejetée
par Kaltciibach ; elle est aussi en contradiction avec mes observations et mes expériences faites
chez plusieurs espèces de pucerons.
SUR l'œuf D'HIVKK du PHYLLOXERA. 415
M. le prolesseur Weismann, dans ses belles études Liologiques surlesdaphnoides,
relativement aux causes qui déterminent l'alternance des reproductions par par-
thénogenèse et par génération sexuelle dans les colonies formées par ces petits
crustacés : Weisinann a montré, par un grand nombre d'observations et d'expé-
riences, que l'apparition des individus sexués mâles et femelles ne dépendait pas
des conditions extérieures (température, nourriture, quantité ou qualité de l'eau)
auxquelles les colonies se trouvent momentanément soumises, mais ([u'elle était
liée à certaines générations déterminées quant au rang qu'elles occupent dans
le cycle d'évolution de ces animaux. Cette génération sexuée est tantôt la deuxième
ou la troisième, tantôt la dixième, la douzième ou même la vingtième du cycle,
d'un genre ou d'une espèce à l'autre. Le seul caractère commun du cycle généra-
teur chez tous les daphnoïdes, c'est l'absence de mâles et d'œufs fécondés dans'la
première génération de la colonie*.
J'ai observé chez les pucerons des faits analogues qu'il serait trop long
d'exposer ici ; il me suffira de dire que, pas mieux que AVeismann chez les petits
crustacés qu'il observait, je n'ai réussi à transformer le mode de reproduction de
ces insectes par des changements déterminés artificiellement dans la température
ambiante et la qualité de la nourriture. Chez eux aussi, l'apparition des mâles et
des femelles est liée à certaines générations déterminées dans la descendance de
l'œuf d'hiver. Chez le phylloxéra du chêne, les ailés et leur progéniture sexuée
font toujours défaut dans les deux premières générations issues de l'œuf d'hiver,
et c'est dans la troisième seulement qu'ils commencent à se montrer pour devenir
graduellement plus nombreux dans les générations suivantes. On est moins bien
renseigné sur la génération qui fournit les premiers ailés et les premiers sexués
chez le phylloxéra de la vigne, des observations directes et précises manquant
jusqu'ici; mais, si l'on se rappelle que les ailés se développent principalement sur
les renflements radiculaires et que ceux-ci caractérisent la première année de
l'invasion (Max. Cornu), on sera porté à admettre que les premiers sexués, dans
cette espèce, appartiennent aussi à une génération peu éloignée de l'œuf d'hiver*.
Je crois inutile d'insister plus longuement sur ces faits, qui répondent à une
des principales objections de M. Targioni-Tozzetti contre mes vues sur la cause
de l'épuisement progressif de la fécondité chez les femelles agames des colonies
radicicoles du phylloxéra. Cette cause a bien son siège dans l'organisme même, et
n'a aucune relation, au moins directe, avec les conditions extérieures de tempéra-
ture et de nutrition. Elle est de même nature que celle en vertu de laquelle toutes
les fonctions de l'économie diminuent d'énergie par le fait même de leur durée et
de leur exercice prolongé. Mais quel est le temps nécessaire pour que la puissance
de reproduction agame du phylloxéra arrive à sa dernière limite, en d'autres termes,
dans quel délai les colonies radicicoles soustraites à l'influence régénératrice de
l'œuf fécondé disparaissent-elles par épuisement total? C'est ce que nous ne
savons pas encore, et c'est pour éclairer cette question, qui intéresse également
la science et la pratique, que j'ai proposé les expériences sur la destruction des
œufs d'hiver.
Je passe maintenant aux autres objections de M- Targioni-Tozzetti. Je m'y
arrêterai beaucoup moins longuement que sur la précédente, car il ne s'agit plus
ici d'une question de principe, mais de simples faits d'observation sur lesquels, je
1. Weisinann distingue parmi les daplinoides des espèces polycyciiques, nionocycliques et
acycliques, suivant que la génération sexuelle vient interrompre plusieurs ou une seule fois par an
la série des générations parthénogénésiques ou fait complètement défaut dans les pliénomènes
démultiplication de ces animaux. Ces diverses formes du cycle reproducteur se sont développées,
suivant \\ eismann, par sélection naturelle en relation avec le retour périodique annuel plus ou
moins fréquent des causes de destruction des colonies formées par les da|)linoïdes. Si nous appli-
quons ces vues au piiylloxera, nous pouvons considérer le parasite de la vigne comme une espèce
monoc\cli(iu(', c'est-à-dire n'ayant qu'une seule période sexuelle dans le cours de son évolution
annuelle, et l'apparition de la génération sexuée et des œufs d'hiver comme en relation avec le
danger que fait courir aux colonies la destruction des radicelles de la vigne. Ceci nous explique
pourquoi la formation des ailés est abondante surtout sur les radicelles cl précède de peu de temps
la destruction des renllenients sur lesquels se tiennent les individus destmés à subir cette
transformation.
2. Tour élucider expérimentalement cette question, il faudrait suivre toutes les générations issues
les unes des autres à partir d'un même œuf d'hiver et placées sur des racines de vignes en pleine
végiHation. Les observations faites chez des insectes conservés en captivité sur des fragments de
racines mis en vase clos n'ont qu'une valeur très relative. C'est ainsi que Itiley dit avoir constaté
qu'il se passe au moins cinq générations de radicicoles, depuis la forme hivernante, avant l'appa-
rition des premiers ailés (Sixtli Annual Report of the State Entomologistof Missouri, p. 66; 1874)
et que, d'après les observations plus récentes de M. Boiteau, ceux-ci ne conmicnceraient à se
montrer que dans la deuxième année du cycle d'évolution de l'insecte sorti de l'œuf d'hiver
(Comptes rendus, 11 décembre 188'2).
416 SUR l'œuf d'hiver DU PHYLLOXERA.
crois, M. Targioni ne s'est pas suffisamment renseigné. C'est ainsi qu'il soutient
que les œufs d'hiver n'ont encore été rencontrés que sur des vignes américaines
et que les recherches faites jusqu'à ce jour n'ont pas réussi à démontrer leur pré-
sence sur les vignes indigènes.
M. Targioni en conclut que les mœurs de l'insecte ne sont pas les mêmes
suivant qu'il habite l'une ou l'autre sorte de cépages. Il faut que mon savant con-
tradicteur ait oublié tout ce qui se rapporte à la découverte de lœuf d'hiver,
autrement il se fût souvenu que c'est précisément sur des vignes indigènes que
cette découverte a été faite pour la première fois en septembre 1875.
Et ce n'est pas en minime quantité que ces œufs y ont été trouvés, comme il
pourra s'en assurer par mes notes publiées aux Comptes rendus (numéros du
k octobre 1875 et du 10 avril 1876). Depuis cette époque, M. Boiteau, dans la
propriété duquel cette constatation fut d'abord faite, a continué presque chaque
année à signaler leur présence sur ces mêmes cépages.
Il est vrai que dans les autres régions de la France les explorateurs ont été
moins heureux, mais leur insuccès s'explique d'abord par leur petit nombre,
ensuite par la difficulté de ces recherches, vu la petitesse des œufs d'hiver et leur
rareté généralement grande sur le bois des ceps.
Il taut ajouter que leur constatation demande une certaine habitude, les œufs
d'hiver différant sensiblement des autres sortes d'œafs du phylloxéra et pouvant
être facilement confondus avec les œufs d'autres animaux (Acariens, etc.) vivant
sous les écorces des ceps. Sur les vigces américaines, les recherches ont été
beaucoup plus fructueuses, et c'est par centaines aujourd'hui que les œufs d'hiver
y ont été trouvés dans le sud-est et le sud-ouest de la Fran:e. Quelques personnes
ont voulu tirer de cette différence les plus singulières conséquences, relativement
aux mœurs du phylloxéra, qui, suivant elles, accommodait son genre de vie à Ja
nature du cépage ; d'autres ont prétendu que ses habitudes variaient avec les
climats qu'il rencontre dans notre pays, etc.
M. Targioni s'est fait lui-même l'écho de cette manière de voir lorsqu'il
soutient que le cours de la vie chez le phylloxéra des vignes américaines et chez le
phylloxéra des vignes ordinaires est profondément différent^ donnant presque à
entendre qu'il s'agit de deux insectes distincts.
Cette différence ne résulterait pas seulement de la présence des œufs d'hiver
sur les vignes américaines et de leur absence sur les vignes indigènes, mais
aussi de ce que les premières seules présentent des générations gallicoles de
parasites, tandis que celles-ci feraient défaut sur les dernières. Toutes ces asser-
tions sont beaucoup trop absolues. Nous venons de le voir pour l'œut d'hiver,
dont la présence a éié constatée aussi bien sur les vignes américaines que sur
les vignes européennes. Quant aux générations gallicoles, s'il est indiscutable
qu'elles se rencontrent beaucoup plus fréquemment sur les cépages américains
que sur ceux de notre pays, elles ne font cependant pas absolument défaut chez
ceux-ci, comme le prouvent les observations de MM. Laliman, Planchon,
Max. Cornu, Boiteau, de Lafitte, Henneguy, etc. ; et, inversement, des vignobles
tout entiers de vignes américaines, taylor, clinton, riparia. etc., dont les racines
sont couvertes de légions de phylloxéras, ne présentent parfois aucune galle sur
les feuilles pendant plusieurs années consécutives. Les observations spéciales de
M. Henneguy ne laissent aucun doute à cet égard. Il faut conclure de ces faits que
les générations aériennes d'aptères ne représentent pas dans le cycle biologique
du parasite une phase nécessaire et constante, mais ne sont qu'un simple
accident, un épiphénomène de son évolution normale et régulière. Telle est
aussi l'opinion de M. Riley, l'observateur américain qui a si profondément étudié
les mœurs du phylloxéra dans son pays d'origine. Riley considère les générations
gallicoles comme une forme estivale passagère, sans signification essentielle pour
la perpétuation de l'espèce*.
1. i. It is but a Irausient summer state, iiot at ail esseutial to the perpétuation ot' ttie species ».
En Amérique même, au rapport de Riley, beaucoup de variétés de cépages [Labrusca, etc.), qui
présentent des phylloxéras aux racines, ne montrent jamais une galle sur b?s l'euilles (Sîx^/i
annual Report, p. 36; 1874). Les générations gallicoles avaient probablement, à une époque
reculée, une signification plus importante que de nos jours dans le cycle évolutif du phylloxéra.
Il est à présumer que les ancêtres de nos phylloxéras actuels accomplissaient toutes les phases
de leur existence sur les parties aériennes de la vigne et ne sont devenus radicicoles que par
adaptation à un genre de vie nouveau. Les générations gallicoles actuelles ne seraient, dans cette
hypothèse, qu'un vestige de cet état île choses primitif, et il est, dès lors, facile de comprendre
pourquoi elles se rencontrent surtout sur les vignes du nouveau monde, berceau primitif de
l'espèce. J'ai montré que l'on pouvait rendre aux radicicoles leur ancien genre de vie foUicole
par une transition graduelle de la vie souterraine à la vie aérienne.
SUR l'œuf .d'hiver du PHYLLOXERA. 417
J'en dirai autant de la génération sexuée hypogée dont j'ai fait connaître
l'existence en 1874. Je supposais à cette époffue que cetle génération hypogée
constituait dans la série des développeoaents de l'insecte une phase aussi néces-
saire que la génération sexuée épigée, bien que je n'eusse observé que des
femelles et vu ni mâles ni accouplement {Comptes rendus, 2 novembre 1874).
Depuis, ni moi ni d'autres n'avons revu ces femelles, malgré des recherches spé-
ciales, attentives, faites dans des localités diverses'. Leur rencontre isolée est
donc un fait aussi exceptionnel que celle de la forme gallicole ailée signalée par
quelques observateurs. Dans tons les cas, ces formes accidentelles sont trop
rares pour exercer une influence appréciable sur les phénomènes de propagation
du phylloxéra, et la pratique a parfaitement le droit de les négliger dans ses pré-
ceptes. Elle n'est, d'ailleurs, pas désarmée contre les sexués souterrains, puisque
ceux-ci ou leur progéniture peuvent être attaqués au moyen des insecticides intro-
duits dans le sol, au même titre que les aptères agames formant la population
ordinaire des racines.
Il ne me reste plus qu'à examiner un dernier point de vue auquel s'est placé
M. Targioni-Tozzetti pour critiquer l'utilité des opérations dirigées contre l'œuf
d'hiver. Suivant lui, cette destruction, quel qu'en soit le résultat, n'en laisserait
pas moins subsister les autres sources d'infection phylloxérique, notamment celle
qui a eu lieu par importation deplants américains. M. Targioni pense que les
agents de cette infection sont toujours les aptères ou leurs œufs qui couvrent les
racines de ces plants, et non les œufs d'hiver que ceux-ci pourraient également
receler. Il rappelle à cette occasion l'origine de l'introduction première en Europe
du phylloxéra, qu'il suppose y avoir été apporté par des plants enracinés. Je ne
puis mieux faire que de lui opposer l'opinion d'un homme dont on ne contestera
pas la compétence en la matière, et qui exprime sa manière de voir avec le désin-
téressement du vrai savant; c'est celle de Riley lui-même, qui parle dans les
termes suivants de l'introduction en Europe du parasite avec les vignes améri-
caines : « En réalité, dit-il, comme l'expédition des plants en racine est rare, je
« crois fermement que le phylloxéra a été importé d'Amérique en Europe k
« l'état d'œufs d'hiver Cet œut peut se trouver sur le bois d'un an, je l'y ai
trouvé. » Ailleurs, pour justifier la prohibition de l'importation des boutures de
vignes américaines, adoptée par plusieurs Etats de l'Europe, Riley dit : « Gomme
« le fait que cet œuf d'hiver peut se rencontrer sur toutes les parties de la plante
'■• au-dessus du sol, particulièrement sur l'écorce soulevée du bois de deux ans,
« comme ce fait, dis-je, rend tout à fait possible le transport de l'insecte sur
« des boutures, à cet ét'it d'œuf d'hiver, la prohibition de l'importation de ces
« boutures aussi bien que des plants enracinés, de quelque pays que ce soit où
« l'insecte est connu, se trouve entièrement justifiée-. »
Ainsi, de quelque façon qu'en envisage la question de la propagation du
phylloxéra, qu'on se place au point de vue des lois naturelles de sa multiplica-
tion, ou sous celui de sa dissémination par le fait de l'homme, toujours nous
voyons l'œuf d'hiver jouer un rôle prépondérant dans cette question. Il eût déjà
sutfi, pour arriver à cette conviction, de considérer l'existence si répandue de cet
élément génésique chez tout ce groupe d'insectes, les phylloxéras aussi bien que
les autres aphidiens. M. Targioni-Tozzetti, qui a publié d'importants travaux sur
une famille voisine, celle des coccides^, doit connaître mieux que personne l'im-
portance de l'œuf fécondé dans les phénomènes d'^ reproduction et de dissémina-
tion de ces insectes, si nuisibles aussi à une foule de nos plantes cultivées. Il la
méconnaît si peu qu'un de ses principaux arguments contre ma proposition de
combattre le phylloxéra par la destruction de cet œuf consiste à dire qu'il n'a pas
encore été démontré sur nos vignes indigènes, assertion dont nous avons prouvé
1. 11 s'ai-'il ICI des observations faites en France. A i'éiranger, M. V. Fatio, eu Suisse, et
M. Roesler, en Autriche, auraient vu ces sexués hy[)Ogés ; mais n'ayant pas sous la ma n leurs
-Mémoires, que je ne connais que par des citation*, j'ignore les détails de leurs observations.
2. Riley, Sur le pInjUoxera et les lois destinées à empêcher son nitroduction dans (**• localités
non infestées {The American Naluralist, vol. V, p. 186, 1881). Un fait récent vient apporter une
Confirmation complète à l'opinion de Riley: des boutures de vignes américaines qui, par
une erreur de destination, étaient restées enfermées pendant trois mois dans leur caisse d'em-
balkige, se sont montrées couvertes de phylloxéras à l'état de mères pondeuses, d'œuls et de
jeunes individus fixés sur les racidelles émises par ces boutures pendant leur long séjour dans la
caisse. Un ne peut expliquer l'origine d- ces insectes que par l'éclosion des œufs d'hiver que
recelaient les boutures au moment oii elles ont été placées dans la caisse. (Voir le Rapport adressé
à M. le ministre de ra;,'ricullure, du commerce et de l'industrie en Hongrie, par M. Horvath
directeur de laStaiion phylloxérique hongroise, année I, 1881. Budapesth, |8S'2.)
.'1. T Rf, 0Ni-To7./.!;iTi, Sliil'sidli- Cci-'iiiiijlie , !S'jT-!S(',f'.
418 SUR l'œuf d'hiver DU PHYLLOXERA.
l'inexactitude. D'ailleurs, d'autres naturalistes et savants éminents se sont pro-
noncés en faveur de cette pratique, et les viticulteurs qui y ont eu recours en
attestent l'efficacité par le bon état de leurs vignobles et le rendement de leurs
récoltes ^ Toutes ces raisons ruaintiennent rna confiance dans les opérations que
je recommande et me font espérer qu'un jour leur utilité sera reconnue de ceux-là
mêmes qui la contestent aujourd'hui.
Balbiani,
Professeur au collège de France.
L'AIL EN GRANDE CULTURE DANS LE PAYS-BAS
DES GHARENTES
Il est peu de culture donnant un revenu aussi considérable que
celle de l'ail, ce légume si sain et d'un emploi si général dans nos
cuisines de campagne.
Dans beaucoup de conti-ées, on se contente de faire u le petite planche
d'ail dans le jardin potager. On en consomme la plus grande partie en
vert, et on économise — c'est le mot — le reste pour avoir du plant
pour l'année suivante. Dans notre vieux Pays-Bas, la consommation
annuelle de beaucoup de familles dépasse mille têtes, et, n'en
déplaise aux odorats délicats, la morue, les moules frites, les petits
poissons ne sauraient se manger chez nous sans ail. L'ail cuit dans
son enveloppe, sous la cendre ou au four, et mangé au beurre, est
délicieux. L'ail assaisonne champignons, haricots, ragoûts et gigots ;
l'ail est partout, tous les jours il faut de l'ail et personne ne s'en plaint :
nos gens se portent à merveille, et l'on sait que l'ail cuit n'a aucune
odeur désagréable. L'ail occupe donc une place dans l'alimentation, et
beaucoup de ménages en consommeraient davantage s'ils n'en man-
quaient pas. Pourquoi, au lieu de se priver d'un légume si salutaire,
ne le cultiverait-on pas plus généralement dans les champs ; on ren-
drait ainsi service à Talimentation publique, et l'on ferait en même
temps de forts beaux bénéfices.
L'ail vient dans tous les terrains, mais il affectionne plus particu-
lièrement les terrains argilo-siliceux. On doit éviter les terrains trop
secs où il ne développe pas assez, et les terrains trop humides où il
pousse tout en tige et ne tête pas. Les terrains nouvellement défrichés
ou sur lesquels on a roulé des sables de démolition donnent le plus
bel ail; là il ne pourrit jamais. Il pourrit presque toujours, au con-
traire, si l'on est moins de dix ans à le retourner sur le même terrain.
Nous plantons l'ail en novembre et décembre, sur terrain bien pré-
paré ; c'est la meilleure saison, mais on peut au besoin et par excep-
tion planter jusqu'en mars. Les personnes qui voudraient essayer la
culture de l'ail auraient même intérêt à commencer aussitôt, malgré
la saison avancée, à cause du bas prix actuel de ce légume.
Les gousses sont enfoncées à la main, et espacées de 0".20 sur des
1. M. Emile Blanchard, professeur au Muséum d'histoire naturelle, a plusieurs fois pris la
parole au sein de FAcadémie des sciences, en faveur de cette pratique. De son côté, M. Bou-
chardat, professeur à la Faculté de médecine de Paris, membre de la Société nationale d'agri-
culture, en a parlé dans les termes suivants : « Parmi les moyens préconisés pour s'opposer aux
ravages du phylloxéra, aucun ne s'appuie sur des études biologiques plus attentives que ceux qui
ont pour but la destruction des œufs d'hiver, placés sous l'écorce des ceps ou par le hadigeon-
nage avec des mélanges goudronneux insecticides. » Après avoir ra[)pelé les raisons par lesquelles
M. Planchon a cru pouvoir contester l'utilité de la destruction de l'œuf d'hiver, M. Bouchardat
ajoute : « Malgré les excellentes objections de M. Planchon, je conseillerais, sans hésiter, de
recourir au raclage et au badigeonnage des ceps dans les localités où des taches commencent
seulement à se manifester. » [Annuaire de Thérapeutique pour 1879. Appendice sur les vignes
phyiloxérées). Voir aussi le Rapport de M. Bouchardat sur le Mémoire de M. Sahaté relatif à sa
méthode de traitement des vignes phylloxérées (Bulletin de la Société nationale d'agriculture,
séance du 18 janvier 1882 )
h" AIL EiSr GRANDE CULTURE. 419
lignes distantes de O'^'.M) à O^'.SO, ce qui donne de 10 à 12 plants par
mètre carré. De février à fin avril, l'ail est sarclé trois fois. Aussitôt
le dernier sarclaoe, nous faisons entre chaque lio;ne d'ail une ligne de
carottes, de panais, de betteraves ou de haricots. Ces cultures ne
nuisent aucunement à l'ail, qui s'arrache à mi-juin, au moment de
leur donner un premier sarclage. Nous avons ainsi deux récoltes dans
une année, et notre terrain est admirablement préparé pour un blé
d'automne.
Voici le revenu donné à l'hectare :
Fr. Fr.
liécoltc : 100,000 têtes d'ail à 1 fr. 50 le 100 1 .."lOO ( „ ,^
— 50,000 kilog. de carottes à 1 fr. 12 les 1000 kilog. (500 \ ^'^""
Frais : 18,000 tètes d'ail pour plant àl fr. 50 1e 100 270 1
— 1/2 de la fumure à raison de 30 mètres cubes à 1 fr. 150 ', COO
— Labours, sarclages , frais divers 1 80 |.
Bénéfice net 1 ,bUO
Ces résultats, qui sont ceux de notre dernière récolte, ont été obtenus
dans un bon terrain argilo-siliceux, labouré à sillons distants de
0'".90 ; nous avions mis un rang d'ail de chaque côté du billon et un
rang de carottes sur la tête du billon, ce qui fait qu'il n'y avait qu'un
rang de carottes pour deux rangs d'ail. Cette disposition permet de
donner facilement un premier labour au champ sans déranger les
carottes, qu'on peut n'arracher qu'au moment de faire le blé.
On remarquera que carottes et ail valent souvent le double des
prix portés dans nos calculs ; mais même avec nos données la culture
de l'ail n'est pas à dédaigner.
Nous serions heureux que ces quelques lignes décidassent quelques
agriculteurs à essayer la culture de l'ail; nous nous mettons avec plai-
sir à la disposition de ceux qui voudraient de plus amples renseigne-
ments sur cette partie intéressante de l'agriculture.
P.-E. Benuraud,
Propriétaire, instituteur à Chives (Chai-ente-Inférieure).
LES MACHINES AU CONCOURS GÉNÉRAL DE PARIS - Y '
Les charrues nouvelles étaient assez nombreuses au palais de
l'Industrie. Nous avons déjà signalé la charrue double bisoc de
M. Fondeur, et le brybant fouilleur du même constructeur. Nous
insisterons particulièrement aujourd'hui sur la charrue imaginée par
M. Boreau, chef de pratique de l'Ecole nationale d'agriculture de Gri-
gnon, et à laquelle il a donné le nom de charrue de l'avenir. Cette
charrue a fonctionné avec beaucoup de régularité aux expériences
organisées à Grignon, par la Société nationale d'agriculture.
La charrue de M. Boreau est représentée par la figure -42. Elle a
été construite pour fonctionner soit en charrue brabant, soit en charrue
fixe, soit en araire ou sans avant-train. C'est une charrue tout en fer,
du poids de 165 à 170 kilog. L'âge, légèrement cintré à sa partie
postérieure, est porté en avant par un avant-train; un régulateur 1
sert à régler la lar<j;eur du labour, tandis que la profondeur est déter-
minée au moyen d'une vis sans fin, comme dans beaucoup de charrues
du même genre. La chaîne de tirage s'attache au boulon 9 derrière les
roues de l'avant-train. A peu près au même point, sont fixées verti-
calement des rasettes J qui entament le sol; au moyen du levier K,
1. Voir le Journal du 27 janvier, du 2'i février, du 6 et du 10 mars, pages 151, 293, 334 çt
381 de. ce volume.
420
LIiS MACHINES AU CONr,<.>URS GÉN1^:RAL DE PARIS.
on peut faire tourner ces rasettes, suivant le travail à effectuer.
Derrière les rasettes se trouve le contre P, mobile dans son pivot o,
mais maintenu pendant le travail par un fort ressort Z. Ce contre se
termine, en haut, en levier; si l'on appuie sur ce levier pour
le faire tourner dans le sens indiqué par la flëchev il déclenche la
pièce y, et il en résulte que le corps de la charrue devient libre pour
tourner à l'extrémité des lignes.
Derrière le contre, se trouve le corps de charrue D. Il est muni de
deux, versoirs M et N, dont l'un sert pour renverser la terre à droite,
et l'autre pour la renverser à gauche. Tl est relié à l'âge par la plaque
dormante R. A sa partie supérieure, il est muni d'une deuxième
plaque S, qui fait corps avec lui et qui est reliée à la plaque R par un
fort boulon; cette deuxième plaque est tournante. Pour faire tourner
Fig. 42. — Charrue de M. Boreau, dite l'Avenir.
le corps de charrue, on se sert de la poignée C. Derrière le corps de
charrue, se trouvent les mancherons A, que Ton peut élever ou abais-
ser suivant la taille du laboureur, au moyen de trois trous ménagés à
leur partie inférieure B.
Lorsque la charrue est montée comme charrue fixe, un rochet C, à
la partie antérieure de l'avant-train, est engagé dans un cran, et il
sert à donner une stabilité absolue à l'âge. Si l'on abaisse le levier de
débrayage E pour le fa're entrer dans l'œil F sur le mancheron, ce
levier agit sur la tige coudée 4, 5, et fait sortir le rochet du cran dans
lequel il est engagé; l'âge est dégagé et la charrue devient mobile
entre les mains du conducteur. Si, au contraire, ou décroche le levier
F, le rochet G obéit à un ressort I qui agit sur sa base, et il rentre dans
l'un des crans, de telle sorte que la charrue redevient fixe.
La charrue, étant munie de deux versoirs, peut travailler en brabant.
A cet effet, au bout de la raie, le conducteur après avoir nettoyé son
versoir, soulève la charrue en la prenant par la base des mancherons
au point 0, par la main gauche; il tire sur le levier P du contre, afin
de rendre libre le corps de charrue; il pousse avec le pied le versoir,
et achève le demi-tour, en se servant du levier C. S'il n'a pas la force
LES MACHINES AU CONCOURS GÉNÉRAL DE PARIS.
421
suffisante pour soutenir le corps de charrue, il peut appuyer les man-
cherons sur son curoir qui fait office de tuteur.
Pour rendre fixe le corps de charrue, il suffit d'eno;an;er la plaque
mobile S dans la mâchoire y et de serrer le bouton w. Toutes les pièces
du corps de charrue sont alors solidement rattachées à l'âge.
Enfin, ^^i l'on veut transformer la charrue en araire, il suflit
d'enlever les boulons 1 et 2 qui retiennent l'avant-train à 1 âge,
ainsi que la tringle 4 qui agit sur le rocliet G, d'enlever les rasettes,
et de porter au point 10 le boulon 9 auquel s'attache la chaîne de
tirage.
La charrue Boreau donne, comme on le voit, la preuve d'un esprit
ingénieux et chercheur. Elle pput travailler dans toutes les natures de
Fig. 43. — Charrue tilbury automatique de Rogy.
terrain, car on peut lui appliquer des versoirs des formes les plus
variées. Le prix de cet instrument est de 250 fr.
Aux mômes expériences de Grignon, de même qu'au palais de
l'Industrie, nous avons retrouvé la charrue tilbury automatique de
M. Rogy, dont nous avons déjà donné la description à nos lecteurs.
Les essais ont confirmé ce que nous en avions auguré. Afin de mieux
faire apprécier cet instrument, la figure 43 le représente dans des
dimensions plus grandes que les dessins que nous avons déjà publiés.
Les agriculteurs émérites devant lesquels cet instrument a fonctionné
ont été unanimes à reconnaître qu'il est tout à fait de nature à fixer
l'attention. La combinaison ingéuieuse par laquelle, comme le montre
le dessin, le versoirest relevé à chaque bout de raie, sans aucun effort
422
LES MACHINES AU CONGOQRS GÉiNÉRAL DE PARIS.
de la part du conducteur, a particulièrement frappé tous ceux qui l'ont
vu fonctionner. La seule objection un peu sérieuse que nous ayons
entendue contre la charrue tilbury, est le haut prix auquel elle est
vendue, puisque ce prix est de 500 fr. A cette objection, il est facile
de répondre que si la charrue tilbury permet de faire le même travail
en moins de temps et avec une dépense de main-d'œuvre plus faible, on
aura rapidement regagné, dann les exploitations où elle sera adoptée,
l'excès de prix qu'elle aura coûté sur les charrues ordinaires. Diminuer
les frais de labour est une question très importante pour toutes les
exploitations rurales, grandes ou petites.
Parmi les constructeurs de machines agricoles, il est peu d'hommes
qui soient sur la brèche depuis aussi longtemps que M. Merlin, à
Vierzon (Cher). Depuis 1853 jusqu'en 1879, il a été l'actif collabo-
rateur de M. Gérard ; depuis quatre ans, il dirige avec succès les
importants aleliers de fabrication qu'il a créés. C'est surtout à la con-
struction des machines à vapeur et des batteuses au'il s'adonne. Parmi
LKS MACHINES AU CONCOURS GKNÉHAL DE PARIS.
423
les machines qui figuraient, au concours du palais de l'Industrie, il
en est deux que nous signalerons d'une manière spéciale.
La première est une machine à battre pour la moyenne culture
(fig. 44). Cette batteuse est montée sur quatre roues et mise à la voie ;
la largeur intérieure du batteur est de l^'.eO, ce qui permet d'engrener
en travers sans froisser les pailles ; le batteur et le contre-battour sont
42^1 LES MACHINES AU CONCOURS GÉNÉRAL DE PARIS.
en fer et à jour; les tourillons roulent sur des coussinets en bronze;
le secouage des pailles se fait sur des seeoueurs du même système que
dans les grandes batteuses; le grain n'est pas cassé; les pailles, bien
battues, sont secouées et vannées. Les pailles battues tombent sur le
devant de la batteuse et les balles à l'arrière. On peut battre environ
60 à 80 hectolitres en 10 heures en employant six personnes. La force
motrice employée pour faire ce travail est de 3 chevaux-vapeur. Le
poids de la batteuse est de 1 ,500 kilog. ; son prix est de 1 ,G()0 francs.
M. Merlin construit également une locomobile à vapeur de la force
de 2 à 3 chevaux, système horizontal, tubulaire, montée sur 4 roues.
Cette machine disposée, avec régulateur de vitesse, simple et solide,
suffit amplement à faire mouvoir la batteuse qui vient d'être décrite avec
une dépense de charbon très minime (1 hectolitre et demi par jour).
Elle coûte seule 2,600 francs; son poids est de 1 ,300 kilog. Le matériel
complet, composé de la batteuse et de la locomobile, coûte 4,200 francs.
La fig. 45 représente la nouvelle batteuse combinée de M. Merlin,
pour les graines fourragères. Jusqu'à ce jour, on a construit des bat-
teuses qui nettoient et égrènent les graines fourragères, mais il fallait
avoir recours à deux machines séparées : Tune séparant les pailles de
la bourre (cette opération se nomme l'ébossage), l'autre enlevant les
graines de la bourre. La machine combinée a pour objet une disposition
permettant d'exécuter les deux opérations sur la même machine par la
combinaison de deux batteuses sur un seul bâti. Les pailles sont
passées dans un batteur ordinaire, tombent sur des seeoueurs où
s^effectue la séparation de la bourre et des menues pailles en passsnt
sur une grande grille. A cette première opération, les menues pailles,
les bourres, les grandes pailles et la graine sont déjà parfaitement
séparées et divisées en avant de la batteuse. Les ouvriers recueillent
la bourre dans des paniers ou des sacs et la remontent à la partie supé-
rieure de la machine, où se trouve le batteur spécial à hélice qui
enlève les graines de leur enveloppe; celle-ci est conduite sur des
séries de grilles et ventilée d'une façon complète, les balles et otons
sont parfaitement séparés et les graines nettoyées ei prêtes à être livrées
au commerce. Sept personnes suffisent pour alimenter celte machine.
Une locomobile de la force de 5 à 6 chevaux peut faire le travail. Il y a
un grand avantage à se servir de cette machine, en ce sens qu'il ne faut
qu'une batteuse au lieu d'en avoir deux; les deux opérations peuvent
se faire à la fois, car le batteur ébossant fournit parfaitement et au-
delà l'autre engreneur. Le prix de cette machine est de 3,000 francs.
Au concours spécial de batteuses de graines fourragères organisé
récemment par la Société d'agriculture de l'Indre, M. Merlin a rem-
porté le premier prix.
Parmi les cultivateurs qui viennent à Paris, il en est peu qui n'aient
pas visité les vastes magasins de M. Peltier jeune, où l'on trouve, non
seulement les modèles d'instruments de culture, de machines d'inté-
rieur, mais jusqu'aux petits outils à main qu'on est souvent obligé de
chercher avec peine dans les magasins spéciaux. La maison eslaujour
d'hui dirigée par M. Huré-Martine, jeune ingénieur qui s'est consacré
avec ardeur à sa prospérité. Au concours du palais de l'Industrie, on
pouvait constater que l'outillage de toutes les parties de cette grande
maison se tient à la hauteur des perfectionnements que les années ne
cessent d'apporter dans la mécanique agricole. Henry Sagnier.
LA RAGE BOVINE DE SALERS. 425
LA RAGE BOVJNE DE SALERS '
Depuis l'institution du prix agronomique, les races flamande, nor-
mande pure et charalaise-nivernaise ont été successivement appelées à
concourir. Dans sa séance du 20 février 1882, votre 2" section
décida que ce prix serait attribué eu 1882 à la race de Salers et
chargea la Commission de permanence de s'entendre avec les Comices
d'Aurillac, de Mauriac et de Salers pour l'organisation du concours.
C'est d'un commun accord que le programme fut arrêté.
Conformément à ce programme et au règlement d'organisation, le
jury, composé MM. Maisonobe, vice-président de la Société d'agricul-
ture du Cantal, Pontenay de Fontette, de Laforce et Aujollet, s'est
successivement transporté, du 19 au 22 octobre, à Aurillac, à
Anglards de Salers et à Trizac, où avaient été amenées plus de
t)0() têtes de bétail inscrites pour concourir.
La race de Salers, ancienne comme la ville du treizième siècle qui
lui a donné son nom, se distingue entre toutes par sa pureté, sa
constance et son homogénéité. Elle est race laitière, race de boucherie
et race de travail. Elle est éminemment, mais elle n'est pas exclusi-
vement l'une et l'autre; cependant on peut affirmer qu'elle est la
seule chez laquelle cette triple aptitude se trouve réunie à un degré
remarquable.
Nos belles races françaises ont toutes leur mérite propre et parfai-
tement caractérisé. Il n'entre pas dans mon plan d'établir ici aucun
parallèle. Du reste, le pourrait-on i* Tant que les conditions de milieu,
de climat et de nourriture ne seront pas identiques, il sera toujours
très difficile de dégager le coefficient du rendement. Or, généralement,
ces éléments de comparaison font défaut et les appréciations vagues
sont la source de discussions sans fin et sans profit. Combien il est
préférable d'exciter l'émulation chez tous nos éleveurs indistinctement,
de leur enseigner le progrès, de les encourager dans leurs efforts,
de multiplier les concours, ces écoles de Télevage, oi^i chacun peut
faire une étude comparative de chaque race, en apprécier les qualités,
en reconnaître les défauts et s'inspirer de tous les bons exemples.
C'est dans cette voie, Messieurs, que vous êtes entrés, et je suis
l'interprète des éleveurs du Cantal en vous exprimant aujourd'hui
toute leur gratitude pour le concours que vous leur, avez offert.
Les principes d'élevage ne sauraient être absolus. Le croisement et
la spécialisation ont produit chez un grand nombre de races les
meilleurs résultats ; mais appliqués à celle de Salers, ils en auraient
détruit toute l'économie et lui auraient fait perdre ses caractères
propres et distinctifs. C'est un des grands mérites des éleveurs de
cette race d'avoir résisté à l'entraînement général et d'avoir cherché le
perfectionnement dans la séleclion, voie la plus lente peut-être, mais
incontestablement la plus sûre et la plus naturelle.
C'est par une sélection intelligente et sévère, surtout dans le choix
des reproducteurs mâles, c'est aussi par les conseils éclairés de
M. Tyssandier d'Escous, le zélé président du Comice agricole de
Salers, que les éleveurs ont réussi à produire des animaux plus
parfaits.
1. Rapport adopté par la Société des agriculteur.s de France dans sa dernière session.
4-26 LA BACE BOVINE DE SALERS.
Ils se sont attachés principalement à amoindrir l'ossature, à
augmenter la finesse de la tête et des tissus cellulaires, à développer
la circonférence thoracique et le volume des hanches et des cuisses,
à améliorer les aplombs, à diminuer la longueur des membres, à
réduire l'ampleur du fanon et l'élévation de la queue et surtout à
développer les facultés laitières; car, il ne faut pas l'oublier, c'est
principalement comme laitière que la race de Salers est exploitée.
En réalisant ces progrès qui ne sauraient être contestés, cette race
n'a rifn perdu de ses anciennes qualités. Elle est restée la race vigou-
reuse, docile, intelligente, sobre et rustique; toujours remarquable par
la régularité des lignes, la largeur du poitrail, la profondeur de la
poitrine, la souplesse de la peau, par son poil rouge vif, parfois frisé,
son regard fixe, son front large, ses cornes assez grosses, bien ouvertes
et gracieusement contournées, le rein fort et le dos horizontal.
Les vaches de celte race sont à la fois exploitées comme laitières et
comme mères. Généralement on ne conserve qu'un veau par deux
vaches; les autres sont vendus au boucher quelques jours après leur
naissance. Quand elles sont convenablement nourries, la durée de la
période de lactation est de 300 jours et le rendement en lait,
exceptionnellement supérieur à 2,400 litres^ descend rarement au-
dessous de 1,800 litres par an. C'est, dans le premier cas, une
moyenne de 8 litres par jour et de 6 litres dans le second.
Ce lait est employé : un sixième pour les besoins de l'exploitation
et la nourriture du veau et cinq sixièmes pour la fabrication du
fromage. Ces cinq sixièmes produisent, à raison de 10 litres de lait
pour 1 kilog. de fromage fait, 200 kilog. de fromage dans le premier
cas et 150 kilog. dans' le second, plus de 6 à 7 kilog. de beurre de
mauvaise qualité provenant de l'écrémage opéré sur le petit-lait.
Pendant les dix dernières années, le prix moyen du fromage du
Cantal a été de 120 francs les 100 kilog. Si, à ce produit, on ajoute la
valeur du beurre et la part contributive de chaque vache à la nour-
rif.ure du personnel de l'exploitation, à l'allaitement du veau et à l'en-
graissement des porcs, le tout pouvant être évalué à raison de 3.50
pour 100 du rendement total en lait, on verra que les vaches donnant
2,400 litres de lait produisent par an un revenu brut de 324 francs
(non compris la valeur du veau), et que celles qui donnent 1 .800 litres
de lait produisent un revenu brut de 243 francs. C'est à raison de
13 centimes et demi le litre, comme dans les principales fruitières de
la Suisse.
L'honorable M. de Parieu, sénateur et président de la Société
d'agriculture du Cantal, toujours attentif aux intérêts de son dépar-
tement, a fait mettre à l'étude la question de savoir s'il n'y aurait pas
possibilité et avantage de substituer, dans une certaine mesure, l'in-
dustrie beurrière à Tindustrie fromagère. Des essais ont été faits; ils
promettent une augmentation de 5 centimes par litre de lait; mais ils
ne sont encore ni a'ssez nombreux ni assez probants pour résoudre une
question économique aussi importante et aussi complexe.
Considérée comme race de boucherie, la race de Salers, souvent
discutée, a fini par prendre dans les concours un rang très honorable.
Nulle viande n'est plus recherchée par les bouchers, parce que nulle
autre n'offre moins de déchets culinaires. Le savant professeur de
l'école de Grignon, M. Sanson, a pu constater, après le dernier con-
I.A RAGK BOVINE DE SALERS. 42 7
cours général, que les bœufs de Salers tenaient la tête au point de vue
de la proportion existant entre la viande de 1 '"'' catégorie et celle de
2" et 3" catégorie, et qu'ils devaient être classés en seconde ligne sur
le tableau de rendement en viande digestible. Ce témoignage peut
nous suffire.
On lui a reproché son défaut de précocité. 11 y a du vrai; mais on a
pris pour un défaut de nature ce qui n'est que l'effet d'un régime
défectueux. Les bêtes bovines de Salers, mal nourries dans leur jeune
âge, sont livrées de bonne heure aux travaux des champs ou à la pro-
duction du lait. Généralement, leur engraissement ne commence que
lorsqu'elles sont épuisées par le travail ou la lactation : mais aussitôt
qu'avec le repos elles trouvent une nourriture plus abondante, elles
font preuve d'une faculté d'assimilation remarquable et d'un engrais-
sement aussi prompt que facile.
Je ne parlerai ni de la rare aptitude de cette race au travail, ni de
sd grande fécondité, ni de ses dispositions naturelles à l'acclimate-
ment, ni de son commerce de plus en plus actif et de son exportation
toujours croissante. Sur ces divers points tout le monde est d'accord.
Ma tâche serait terminée si je n'avais à appeler l'attention et les
efforts des éle eurs sur quelques progrès qu'il leur reste à réaliser.
L'allaitement des veaux est réellement insuffisant. Ils ne commen-
cent à prendre leur développement que la seconde année, au moment
de l'envoi au pacage. L'application constante du principe d'hérédité
ne suffit pas; pour qu'il produise son effet, il faut qu'il soit allié à un
bon régime ; le succès de l'amélioration est à ce prix.
Les veaux mâles qui ne sont pas destinés à la reproduction sont
soumis trop tard à la castration et trop tôt au travail ; leur dévelop-
pement est par conséquent plus lent et peut-être moins complet.
Il serait à désirer que les éleveurs n'employassent que des repro-
ducteurs de quinze à dix-huit mois. L'expérience a prouvé que les
femelles sont plus sûrement et non moins avantageusement fécondées
par les jeunes taureaux.
Les saillies ont lieu en liberté et, par leur fréquence désordonnée,
elles deviennent une cause d'épuisement. Les mâles qui ne sont pas
réformés après une première année de monte perdent de leurs qua-
lités : les jambes s'affaiblissent, le dos fléchit et l'arrière -train
s'amoindrit.
Pendant les six mois de stabulation, les soins hygiéniques sont trop
négligés, les étables mal tenues, la litière nulle ou insuffisante, les
distributions de sel faites avec trop de parcimonie, les animaux rare-
ment étrillés et plus rarement brossés; enfin, la ration d'entretien
est trop souvent incomplète, surtout à partir du moment où les vaches
sont taries. Quel qu'ait été le résultat de la récolte, c'est à peu près
toujours le même nombre d'animaux qui, l'hiver, se la partagent.
C'est s'exposer à des mécomptes que de méconnaître ce principe d'éco-
nomie du bétail : Moins nourrir pour mieux nourrir.
Je vous ai présenté, telle qu'elle s'est révélée dans le dernier con-
cours, la belle et bonne race d'Auvergne, pour employer les termes de
M. le marquis de Dampierre, le sympathique et judicieux président
de notre Société. Il me reste à vous faire connaître les noms des
lauréats.
Plus de 600 têtes de bétail, non compris les veaux, rivalisant par
428 LA RACE BOVINE DE SALEHS.
la beauté des formes et la pureté du sang, ont été présentées au con-
cours. C'est le produit de 21 vacheries sur 35 qui avaient été inscriles
dans les délais utiles. Le jury les a classées dans l'ordre suivant :
Prix agronomiijve. — Objet d'art à M. Jean Ramond, fermier au
Bara, près Aurillac^ l'éleveur intelligent et bien connu qui ne compte
plus les récompenses obtenues dans les divers concours régionaux.
Deua^ médailles (Vor ex œquo: l'une à M. Jacques Raoux, propriétaire
à Chavaroche, commune de Trizac; l'autre à M. Claude Cliavanon,
fermier à Chapsière, commune d'Anglards de Salers.
Une médaille d'argent (grand module) à M. Georges Pouderoux,
fermier àTougouse, commune de Saint-Bonnet.
V médaille d'argent (petit module) à M. Pierre Couderc, fermier à
la Marque, commune de Giou-de-Mamou; — 2% à M. Jean-Baptiste
Pebrel, fermier au Breuil, commune d'Anglards de Salers.
r' médaille de bronze^ à M. Marcelin Duc, propriétaire au Fayet,
commune de Trizac; — 2% à M. Antoine Couderc, fermier à Veyraguet,
commune d'Aurillac; — 3*, à M. Pierre Vidal, propriétaire à Menet;
— 4% à M. le baron d'Auzers, propriétaire au château d'Auzers.
Le jury est d'avis qu'il y a lieu d'accorder une mention honorable
aux éleveurs ci-après dont les vacheries, moins parfaites dans leur
ensemble que celles qui viennent d'être primées, renferment cepen-
dant plusieurs animaux remarquables : MM. Delpuech, à Monteilly ;
de Fontette fils, au Bousquet; Bouyssou, au Clau; Labro, à Lavergne ;
Faure, à la Margovie; Bergeron, à Anglards de Salers et Colombie, à
Laborie. Auollet,
Rapporteur du jury.
RÉUNIONS VITIGOLES DE MONTPELLIER
La Société d'agriculture de l'Hérault continue son œuvre; elle veut
répandre de tous côtés les notions nécessaires à la reconstitution du
vignoble français. Ce n'est point, comme le disait hier un de ses
membres, aux applaudissements de la réunion, sur le département
sur lequel s'étend sa juridiction, si je puis ainsi dire, qu'elle veut
étendre les bienfaits de son enseignement : c'est à la région entière de
la vigne qu'elle s'adresse, c'est pour tous les vignerons qu'elle veut
faciliter la reconstitution des vignobles; elle n'a point d'exclusion;
elle ouvre une large place à tous ceux qui par tous les moyens, chan-
gements de cépages, insecticides de toutes compositions, submersion,
irrigation, veulent coopérer à l'œuvre commune.
Un immense public accourt de tous côtés, l'amphithéâtre de l'école
d'agriculture est insuffisant pour contenir ceux que le désir, le besoin
d'apprendre a fait accourir à l'école de la Gaillarde. Il est vrai que tout
est combiné à souhait pour attirer chaque année une foule plus nom-
breuse de viticulteurs; est-il permis d'oublier, est-il possible de ne
pas avoir sans cesse présent à l'esprit la manière aussi bienveillante
qu'éclairée, suivie par M. Vialla, président de la Société d'agriculture
de l'Hérault, président de ce Congrès, car ces réunions sont un vrai
Congrès, pour diriger les débats, mettre en lumière les points obscurs
de ce vaste labeur que des causes nombreuses imposent aux agricul-
teurs de la région de la vigne. Malgré son infatigable dévouement à
cette belle cause : maintenir la richesse agricole de la France,
M. Vialla éprouverait quelque difficulté, s'il ne rencontrait dans
RÉUNIONS VITICOLES DE MONTPELLIER. 429
M. Foex, directeur de l'école, dans tout le personnel de la Gaillarde
un sympalique dévouement. Nous, qui pour le porter, le diffuser plus
au loin, nous faisons un devoir de visiter souvent l'école, d'assister
aux leçons qu'on y donne, nous ne savons si c'est le sympathique
accueil que nous y recevons ou le lot de notions utiles que nous en
rapportons qui nous y appellent sans cesse, toujoure est-il que le
souvenir des réunions qui se terminent demain augmentera singu-
lièrement le charme.
On connaît le programme de l'enquête viticole, le questionnaire sur
lequel chacun avait à répondre.
La première question était celle-ci : étant donné la nécessité de
reconstituer le vignoble français (plus tard, j'ai hâte de le dire, on
devait étudier les procédés, les modes possibles de maintien), quels
sont les cépages à l'aide desquels une nouvelle production est possible,
quelles sont les conditions de succès, les espérances de réussite que
l'on doit avoir en plantant en Riparia telle surface donnée? En un mot
le Riparia a-t-il fait ses preuves de résistance au phylloxéra? M. X. prend
la parole et annonce qu'il a des Riparias plantés dans une vigne
détruite par le phylloxéra; ce cépage ne reçoit pas le parasite ou
du moins sa végétation n'en reçoit aucune atteinte. L'assertion de
M. X. est contredite, on essaie d'expliquer cette contradiction par des
renseignements multiples. Force du sol à conserver l'humidité, nature
du terrain, adaptation du cépage au milieu souterrain comme au milieu
aérien, !aits de résistance absolue ou relative, tout est passé au crible
d'une discussion non préparée, et où l'adversaire ne ménage pas tou-
jours celui qui n'a pas dans sa pratique conformité d'assertions à
émettre.
Sans doute, il faut et recherche et étude, pour trouver la note utile,
prolitable, entre les faits multiples discordants qui se produisent.
Parmi les cultivateurs, quelques-uns au moins ignorent les conditions
d'une expérience agricole bien conduite, les difficultés d'une attestation.
Pour qui sait lire à travers certaines hésitations, certaines inexactitudes,
la vérité apparaît, la ligne est tracée pour le viticulteur qui a com-
mencé son œuvre; bien des tâtonnements, des retards lui sont évités.
Je n'essayerai pas de dire tout ce que le dossier des Riparias, des
Solonis, Rupestris, Vialas, Clintons, etc., a reçu dans le casier bon et
dans le casi'^r mal; le pointage est facile, il suffit de placer ses notes
quelques volumineuses qu'elles soient pour donner une notion
attendue.
L'enquête ouverte se poursuivra sur les greffes et les multiples
questions toutes nouvelles que ces immenses surfaces à greffer entraî-
nent après. L'intérêt sera très grand d'entendre les viticulteurs, si
multiples, t^i variés dans leurs opinions sur la valeur de l'Othello,
par exemple, appréciant la valeur de ces greffes si variées qui deman-
dent tant de dextérité dans leur exécution.
Nous aurons aussi la lutte entre les partisans des insecticides et les
adversaires, on nous promet une série de faits très propres à dérouter
l'agriculteur.
Le congrès de Montpellier nous offre un fait remarquable; M. le
président du congrès le signalait, dès le salut qu il adressait à ses
nombreux invités, c'est le rôle de la femme dans ce dofuainc des
choses des champs d'oii elle semblait s'éloigner, o ^lle est chez elle.
430 RÉUNIONS VITIGOLES DE MONTPELLIER.
Les réunions de l'école de la Gaillarde nous montrent l'utilité, l'éclat
avec lequel elles peuvent y paraître.
Tous les viticulteurs connaissent les noms de Mme la duchesse de
Fitz -James, de Mme Ponsot, de Mme Fabre, trop peu auront eu l'heu-
reuse fortune d'entendre Mme la duchesse de Fitz-James apporter sa
note dans les débats viticoles. Quelle netteté, quelle précision dans
les avis qu'elle donnait, dans les renseignements qu'on lui demandait.
Son vole était toujours accueillie avec sympathie, comme la note,
la conclusion au débat.
Au congrès phylloxérique de Bordeaux, nous qui ne connaissions
que par des écrits les vignerons de Saint-Benezet, nous attendions
longtemps une communication annoncée; elle ne vint pas, une lettre
d'explication nous fut lue et le taceat mulier de quelque philosophe
latin nous fut donné comme la cause de ce silence, on se pliait à la
règle. Ce philosophe romain se trompe. Tous ceux qui ont entendu
Mme la duchesse de Fitz-James, Mme Ponsot, qui elle aussi, nous
dirait en deux mots ce que nous avions intérêt à savoir, à connaître,
regretteraient vivement que le précepte de Rome fût suivi à Mont-
pellier. Si l'une nous renseignait sur les conditions viticoles de la
Gironde, l'autre apportait son expérience des exigences du climat
du Midi. A. de Puy-Montbrun.
MOYENS PRATIQUES D'AMÉLIORER LA SITUATION
DE l'agriculture FRANÇAISE.
Le malaise de l'agriculture est incontestable, mais on n'est d'accord
ni sur les causes de ce malaise, ni sur les moyens à employer pour y
mettre fin.
J'ai établi précédemment que si la concurrence de l'étranger est
quelquefois un obstacle au progrès parce qu'elle décourage plutôt
<|u'elle ne stimule quand elle paraît trop redoutable, celle des indus-
tries diverses qui attirent les ouvriers des champs à qui elles sont en
mesure d'offrir des salaires élevés devient une source de difficultés
pour l'agriculture, parce que celle ci ne saurait suivre la voie du progrès
avec la même rapidité que ses rivales.
Les chevaux et les bœufs qu'elle emploie, comparés à la vapeur,
surtout dans les exploitations où le génie de la France impose le mor-
oellementdu sol, sont comme la démonstration vivante de l'impuissance
où elle se trouve de lutter, soit de vitesse, soit de richesse avec des
associations de capitalistes fondées avant tout sur une force irré-
sistible, et de plus pouvant choisir les situations en se postant sur des
cours d'eau, auprès des grandes villes, à côté d'une usine, là enfin où
le succès est assuré d'avance.
En agriculture ce serait une calamité que cette concentration des
forces sur tel ou tel point particulier; mais le fait de l'abandon d'une
partie du sol arable est certain. Il n'y a plus assez de bras pour suf-
fire à toutes les exploitations.
C'est que tout vole à ces merveilleuses splendeurs de la civilisation
moderne, à ces millions d'étoiles qui illuminent les grandes cités
durant les nuits aussi brillantes que les plus beaux jours éclairés par les
feux du soleil.
Dans les campagnes au contraire, tandis que le succès repose sur
MOYENS PRATIQUES D'AMÉLIORER LA SITUATION DE L'AGRICULTURE. 431
les bons soins donnés au tas de fiunier, l'ouvrier n'a plus durant les
longs hivers la ressource du battage en grange ; on n'y trouve plus
de forêts à exploiter, plus de travaux manuels pour les jeunes lilles
auxquelles les tissages mécaniques et les filatures ont enlevé leurs
dernières ressources. Elles partent pour Paris. Quand en reviendront-
elles? Si encore elles doivent en revenir.
Mais les jeunes gens, les plus intelligents comme les plus entre-
prenants, grâce au développement du réseau des chemins de Ter, au
grand nombre d'employés que réclame le commerce, aux attraits des
villes que le service militaire leur apprend à connaître et à l'emploi
facile des connaissances acquises au moyen d'une instruction nouvelle,
s'éloignent du village, de la ferme, et la terre reste stérile.
Les instruments d'agriculture, les machines sans doute remplacent
bien des bras ou leur viennent en aide ; mais outre qu'il faut qu'on les
dirige, un double effet se produit aussi dont on doit reconnaître le
mauvais comme le bon côté.
En effet, le char du Progrès doit avancer, puis avancer encore,,
mais ce n'est pas sans écraser bien des victimes ; et si l'agriculture
ne trouvait pas le moyen de payer les bras aussi cher que les autres
industries ou de fournir aux ouvriers des avantages qui compensent
ceux qui leur sont fournis ailleurs, elle devrait baisser pavillon devant
ses rivales et laisser se déprécier le sol national qui est celui delà patrie
elle-même. Et, si la hausse des salaires entraîne les ouvriers du côté
des centres industriels en les enlevant aux campagnes, le fermier doni
les bénéfices ne s'élèveraient pas d'une manière sulïisante ne manque-
rait pas de demander une diminution de fermage, d'oi^i résulterait, er»
dernière analyse, la baisse de la valeur du sol.
C'est ce qui se produit déjà d'une manière assez générale, puisque
rien ne retenant le cultivateur à l'expiration de son bail, s'il ne trouve
pas alors de compensation à l'augmentation des frais qu'il lui faudra
subir, il se tourne lui aussi du côté de la Bourse oii le sollicitent des
avantages bien entraînants et où il va placer son épargne sans paraître
se douter que là aussi quelque orage peut survenir pour enlever les
(diiffons que l'étranger lui offre en échange du fruit de ses labeurs.
Cependant, et pour tout dire, il faut reconnaître que les exigences
des populations industrielles et urbaines deviennent chaque jour plus
grandes, que même dans les campagnes la consommation de la viande
se répand avec rapidité, que certains grains, tels que l'avoine, ren-
chérissent par suite d'une plus grande circulation des marchandises,
et qu'il y a là une compensation à la hausse du prix des salaires.
Aussi dans les fermes d'un seul contexte, où l'agriculteur libre d'a-
dopter un bon assolement fait prédominer les plantes fourragères, le
mal ne sévit pas avec autant d'intensité que dans celles où l'assole-
ment triennal domine par suite du morcellement du sol. Là il sutïîL
d'éviter l'épuisement de la terre et de s'attacher à la loi de restitution.
Si l'achat d'engrais dont le renchérissement progressif n'offre plus de
bénéfices suffisants fait reculer le cultivateur, une bonne administra-
tion peut encore assurer des résultats avantageux. Le bétail devient
partout une sauvegarde pour l'homme qui sait éviter l'écueil des grandes
récoltes exportables. S'il veut tuer la poule aux œufs d'or, il changera
en friche le sol arable que généralement on ne sait pas remettre en
état sans faire de srrands frais.
432 MOYENS PRATIQUES D'AMÉLIORER LA SITUATION DE L'AGRICULTURE.
En agriculture la fortune ne peut venir que lentement et progressi-
/Tient avec l'amélioration du sol, par suite de l'adoption de méthodes
conservatrices, utiles à la fois au propriétaire et au fermier, car il n'est
guère possible de séparer les intérêts de l'un et de l'autre.
Mais n'abandonnons pas le point de vue qui nous a occupé tout à
l'heure, celui du prix, de la main-d'œuvre, puisqu'en 1800 Paris ne
comptait que 546,000 habitants, et qu'aujourd'hui la population s'y
élève au chiffre de 2,300,000. Songeons que les villages perdent leurs
familles laborieuses et que beaucoup des plus petits disparaissent.
lï semble que l'on voie dans l'espace de petits nuages flottants que
les chauds rayons du soleil dissipent peu à peu, tandis que d'autres
s'étendent et noircissent à l'horizon, prêts à lancer la foudre. Les petils
nuages, ce sont les hameaux qui se perdent, tandis que les orages se
préparent au sein des grandes cités, ces mères folles des révolutions.
Telle est limage exacte de ce qui se passe autour de nous, et pour
mieux voir encore, il suffit de pénétrer dans la demeure de l'ouvrier
des campagnes. Qu'y rencontrons-nous? Des vieillards que leurs en-
fants ont abandonnés pour aller plus loin chercher fortune. Le père
et la mère se regardent tristement ; ils se taisent, mais quelle élo-
quence dans leur silence! Et quand ces vieillards ne seront plus, sur
qui pourra-t-on compter pour les travaux des champs?
Il faut donc trouver le moyen de conserver l'ouvrier dans le village
pour que le travail féconde la terre. 11 faut que le capital y revienne
pour que la main-d'œuvre soit suffisamment rémunérée ; il faut que
le fermier trouve sous sa main ces deux leviers indispensables, et de
plus, qu'il soit assuré de réaliser un bénéfice pour qu'il ne déserte
pas à son tour en laissant derrière lui la propriété foncière discréditée
et improductive.
Or cette propriété foncière, c'est l'épargne, le fruit du travail, et
rien n'est plus respectable, car si la rémunération du travail est l'ex-
pression de la justice, et si le travail est un mérite, l'épargne consa-
crée à l'acquisition du sol est le couronnement de l'édifice social.
Oui, c'est le propriétaire foncier qui subira, en dernière analyse, les
conséquences de l'abandon de la terre par les ouvriers et les fermiers,
parce que si ces derniers sont libres, lui se trouve comme rivé au
fonds qu'il i.e saurait exploiter lui-même et dont il ne saurait se dé-
faire sans subir une perte considérable. Dans nos départements de
l'est, bien des fermes ont perdu presque toute leur valeur, puisqu'elles
sont offertes pour un prix inférieur à ce qu'ont coûté les bâtiments
construits pour en tirer parti.
Dès lors on peut s'étonner que Ton aille chercher au delà des mers
des terres nouvelles et que les ouvriers se laissent entraîner si loin
quand on a, en France, tant besoin de leurs services. Les capitaux qu'on
appelle en Amérique trouveraient aussi, dès à présent, un emploi
avanlageux dans le pays même, et l'on ne saurait trop leur montrer
la voie où ils doivent entrer, sauf à indiquer les méthodes de culture
qui seront les plus rémunératrices, dans les situations réputées mau-
vaises, où il y a pourtant des bénéfices considérables à réaliser.
11 est certain qu'en dernière analyse, c'est à ces méthodes qu'il fau-
dra aboutir pour que le travail agricole donne des résultats avanta-
geux. Il est évident aussi que, dans la plupart des situations, les
moyens à employer devront être simples et peu coûteux, puisque les
MOYENS PRATIQUES D'AMÉLIORER LA SITUATION DE L'AGRICULTURE. 433
fermes de peu de valeur ne sont pas exploitées par des capitalistes ou
par de riches cultivateurs.
On ne peut donner à la masse des exploitants les résultats présentés
dans les concours dont le progrès est merveilleux; mais il n'est pas
impossible de relever le courage des plus mal placés d'entre les
hommes qui travaillent la terre ; et cette œuvre doit marcher parallè-
lement avec celle qui consiste à montrer ce que l'on peut réaliser
quand on dispose de ressources importantes, et que l'on est aux
abords d'une grande ville, oii le laitage, par exemple, est une source
assurée de bénéfices. E. Duroselle.
COURRIER DU SUD-OUEST
Le retour du beau temps, après une période hivernale dépourvue de froids et
sans cesse tourmentée par les bourrasques du vent et de la pluie n'a jamais été
accueilli avec plus de joie de la part de nos populations rurales.
La persistance de l'intempérie a fatigué les hommes et les choses et laissé un
certain désarroi dans le domaine agricole. L'état hygiénique de la région a été
bien moins salubre et les maladies ont sensiblement décimé plusieurs sections de
la zone du sud-ouest. Cette aggravation de mortalité paraît d'autant plus triste
que depuis 1846, les recensements accusent une diminution constante dans le
chiffre des habitants du sud-ouest.
Chez nous, la continence dans les mariages et non l'émigration provoque cet
affaiblissement des forces vives du pays. En revanche, la longévité y est plus
marquée que partout ailleurs. Est-ce une compensation? nous ne le pensons pas.
Pendant que cette sorte de révolution s'opère au sein de nos familles méri-
dionales, un accroissement considérable de la population bovine, chevaline et
porcine, se manifeste sur tous les points
Depuis 1860, date de l'avènement des principes du libre-échange, la multiplica
lion du bétail n'a cessé de grandir, au point de fournir un élément de plus en
plus important à l'exportation de la viande et à sa consommation sur les lieux
même de production. Les expositions régionales témoignent de ce progrès que
rien n'arrête et que la médiocrité des récoltes n'a point ralenti.
Si les rendements de la vigne à laquelle trop de terrains ont été peut-être con-
sacrés au détriment de la sylviculture, n'ont pas répondu aux efforts et aux
sacrifices qui ont été consentis, il n'y a pas lieu de désespérer de l'équilibre des
revenus fonciers. La plantation des cépages n'excédait-elie pas depuis quelque
temps les véritables conditions climatériques du Midi?
La disparition des forêts a eu pour conséquence la suppression des sources et
dans nos terrains tertiaires si peu perméables, la stérilité des prairies dans les
vallées et la gêne dans les ménages pour l'alimentation des individus et du bétail.
Ces causes d'insalubrité ont réagi notablement dans les cantons déboisés, où la
vigne domine, tandis que dans les Landes, où la sylviculture gagne du terrain, les
habitants sont loin d'être aussi contaminés par les maladies.
Ces considérations tendent à démontrer l'u'âlité de modérer dans le Midi l'élan
de la viticulture, et à reconstituer les grands rideaux boisés qui arrêtent le cou-
rant désordonné des orages trop souvent chargés de grêle, et qui favorisent spé-
cialement la formation des nappes d'eau souterraines. Jules Serret.
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE
Séance du \k mars 1883. — Présidence de M. Chevreul.
M. le ministre de l'agriculture envoie l'ampliation du décret qui
approuve l'élection de M. Boitel comme membre titulaire.
M. Paul de Gasparin adresse une note relative à l'analyse d'un
superphosphate dont il signale la composition anormale. Cette note est
insérée dans ce numéro.
M. Alfred Dupont, correspondant, envoie une note sur la propo-
sition de loi relative à la responsabilité des patrons dans les accidents
qui peuvent atteindre leurs ouvriers, en signalant les graves incon-
434 SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRIGULTQRE DE FRANCE.
vénients de plusieurs dispositions de cette proposition. — Renvoi à la
Section d'économie et de législation agricoles.
M. Albert Nadiner, ingénieur à Brnnn (Autriche), transmet une
note relative au traitement de la peste bovine.
M. Jean Gaudet, lauréat de la prime d'honneur dans le département
de la Loire, envoie une lettre relative à sa candidature comme membre
associé dans la Section de grande culture.
M. Brown envoie le compte rendu du congrès des fermiers pra-
tiquant Tensilage qui a eu lieu à New- York les 24 et 25 janvier 1883.
M. Daubrée présente, de la part de M. Carnot, ingénieur en chef
des mines, deux rapports faits au nom de la Commission d'assainis-
sement des cimetières à Paris.
M. Peligot analyse une note de M. de Gasparin sur le dosage de
l'acide phosphorique dans les terres arables (voir le Journal du
10 février, p. 211 de ce volume). A cette occasion, M. Chevreul insiste
sur l'importance de l'étude des réactions qui se produisent entre le
sol et les engrais, au point de vue de la nutrition des végétaux.
M. Léon Say, au nom de la Section d'économie, de statistique et de
législation, invite la Société à se faire représenter au Congrès des
Sociétés savantes à la Sorbonne. Sur sa proposition et après quelques
observations présentées par MM. Barrai, Chatin et de Dampierre, il
est décidé que la liste des membres qui désirent prendre part à ce
Congrès sera adressée à M. le ministre de l'instruction publique.
M. Bouquet de la Grye présente un rapport sur deux vœux exprimés
par M. de Thiac relativement à des questions forestières. Il fait res-
sortir que l'école des gardes, établie aux Barres-Vilmorin, donne satis-
faction au vœu de M. de Thiac sur l'enseignement pour les gardes par-
ticuliers. Quant au deuxième vœu, relatif à l'ouverture à la libre
circulation des chemins de vidange établis dans les forêts de l'Etat, il
fait observer qu'il n'y a qu'à les classer dans les conditions de la loi
de 1836, pour obtenir ce résultat, si les intérêts de la contrée exigent
que ces voies ne soient pas interdites au public.
M. Barrai présente, de la part de M. Reiset, une note sur ses recher-
ches relatives à l'exhalation de l'azote à l'état de gaz, pendant la res-
piration des animaux. A cetLeoccasion, M. Boussingault rappelle que les
travaux de M. Reiset ont confirmé ceux qu'il avait faits sur le même sujet.
M. Gaston Bazille présente un rapport sur une note de M. Fréchou
sur le mildew dans les vignes de Lot et-Garonne. Il insiste sur l'intérêt
que présentent les observations de M. Fréchou.
M. Barrai fait une communication sur des analyses de terres, de four-
rages et d'eaux d'irrigation dans l'Aveyron qu'il a exécutées récem-
ment. Les eaux présentent un résidu sec très faible (60 milligr. par
litre); les fourrages sont de bonne qualité, mais pauvres en matières
azotées, en acide phosphorique et en calcaire. Henry Sagnier.
REVUE COMMERCIALE ET PRIX GOURANT DES DEiNRÉES AGRICOLES
(17 MARS lfc8J).
I. — Situation générale.
Les affaires continuent à présenter beaucoup de calme sur les marchés agri-
coles. Pour la plupart des denrées, les ventes sont peu importantes.
II. — Les grains et les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par quintal métrique,
sur les principaux marchés de la France et de l'étranger :
REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT (17 MARS 1883).
435
NORD.OITEST
Calvados. Contlé
— Caeji
Côl.-du,-Nord. Dnin..
— Ti'oguier
Finislcre. Morlux
— Onimper
fUe-el- Vilaine. Hennés.
— Foirnères .
Manches. Avranches. .
— PonLorson...
— Villedieu.. . .
Mayenne. Laval. . ....
— Mayenne
Morbihan. Hennebont.
■Orne. Alençnn
— Viraonticrs
Sai'lhe. Le Mans
— Sablé
Prix moyens 'iô.OO 17.37 17.29
2' niJGlON. — >'»KD.
Ais7ie. Soissons
— Saint-Quentin . . .
— Villers-Cotterets.
Eure. Evreux
— Bernay
— LesAnde'ys
Eure-et-Loir. i,liarlres..
— Anneau
— Nogent-le-Rotrou .
Nord. Gunbiai
— Douai
— Valeni'.jennes
Oise. Beau vais
— Compiègne
— Noyon
Pas-de-Calais. Arras. . .
— Doullcjns
Seine. Paris
S.-el-Mar. Melon
— Daminartin
— Provins
S. -c^Oise. Etampes. . .
— Pontoise
— Versailles
Seine-Inférieure. Rouen.
— Diepfie
— Yvetot
Somme. .Amiens
-•- Montdidier
— Roye
Prix moyens
3° RKGION. -
Ardennes. Chaileville. .
— Sedan
Aube. Mery-sur-Seii e. . .
— Nogent-sur-Seiiie.
— Troyes...
Marne. Chalons
— Epernay
— Reiras
/Ile-Marne. Bourbonne. .
Meurthe-et-Mos. Nancy.
— Pont-à-Mousson . .
— Toul
Meuse. Bar-le-Duc
— Verdun
Haute-Saône. Gray
— VesoQl
Vosges. Neufchâieau
— Epinal
Prix moyens
4* RKG;ON
Charente. Angouléine.. .
— Ruffec
Char.-Infér. Marans. . . .
Deux-Scvres Ni )rt. ...
Indre-el- Loire. Tours...
— Bléré
Loirc-Inf. Nantes
M-'et-Loir". '5;i.L:ni'jr
— Angers
Vendée . Luço n
— Fontenay-le-Conite
Vienne. Poitier--
— Chatelieranlt
Haute- Vienne. Liinoies. .
23.73 14 92 18.23 17.45
- NOHD.ESr.
23. 50
23 00
23.80
23 . 2i
24.00
23 15
23 50
24 . 00
22.00
23 25
23.50
23.50
23.00
23.75
22.00
23.00
23.15
24 60
15.75
«6.00
15 20
15.85
la 25
15 25
14.50
1550
16.25
16 00
19.00
lS.50
17.25
19.25
17.50
13.15
»
18.60
n
17.25
16.75
16.00
16 00
16.50
15.50
»
17.15
18 60
19.25
17.00
18. bO
16.25
17.25
13. 00
17.75
14.25
16.00
16.25
15.50
17.25
15.00
16.65
•6.00
23.33 15.48 17.38 16-84
Prix moyens.
Allier. La Palisse
— Oannai
— Saint-Pourçain
C/ier. Bourges
— Giaçay
— Vierzun
Creuse. Aubu^son. .
Indre. Ch;\teauroux
— tssoudun
— Valençay
Loiret. Orléans
— Monlargis
— Patay.. ..
L.-el-Cher. Blois
— Montoire
Nièvre. Nevers
— La Charité
Yonne. Brienon
— Saint-Florentin
— Tonnerre
25.46 16.18 18.58 17.85
Prix moyens 24.63
RÉGION. —
^ùl. Bourg 25.25
— P.nl-de-Vaux 24.75
Côte-d'Or. Dijon 2?. 00
— Beaune 23.75
Doubs. Besançon 23.50
Isère. Grenoble 24 75
— Bouigoin 24.50
Jura. Dole 22.25
Loire. Charlieu 24.75
P.-de-Dôme. Cl.-Ferrand 25.75
Rhône. Lyon 25.00
Sawie-el- Loire. Chalon. . 24.50
— Louhans 25.75
ïCoooie. Chambéry 25.75
Ille-Savoio. .\naecy 25.75
Prix moyens 24.53
7" RÉGION. — SUD-
Ariège. Foix 26 25
— P^miers 27 75
Dordogne. Bergerac 27 00
W/e-Gaconne. Toulouse. 27.80
— Sl-Gaudens 27.50
Ge/'s. Condom 27.50
— Eauze 27.25
— Mirande 36 oo
Gironde. Bordeaux 27.25
— Bazas 26.25
Landes. Dax .' 29 00
Lot-et-Garonne. Kge.n... 27.25
— Nérac 28.00
i?.-Pj/ré/tce.s. Bayonne. . 27.70
//ies-Pî/rénées. Tarbes.. 28.00
15.75
16.00
17.00
16.50
15 38 17.81 17.75
OUEST.
13.00
16.50
17 00
17 25
18.00
18.50
1!) 15
19.50
18.25
19 00
19.00
18.75
18.50
19 75
19 50
19.25
20.110
19.00
19.75
19 511
20.25
22.50
21 .00
18.75
21.00
»
19.00
19.50
19.25
13 75
Prix moyens 27.37 18.29 19.13 19. 8J
8' RÉGION. — SU!>.
Aude. Ca^cassonne
— Caslelnandary
Aveyron. Viilefranclie..
Cantal. Mauriac
Corrèze. Liiberzac
Hérault. Montpellier...
— Béziers
Lot. Cahor.-»
Lozère. Mende
P(/réîitfes-Or. Perpignan.
Tarn. Castres
Tarn-et-Gar. Montauoan
18.50
20.50
20 50
18.70
20.25
19.50
18.75
»
16.50
2i.90
26.15
20 . 95
1.1.00
18.25
13.25
»
17 . 50
18.50
21.00
20 . -iô
20. 00
17.50
il . 50
18.25
17 35
18.20
17.80
13.40
25 . 00
18.45
18.25
»
19 50
17.25
19.50
20.0'
Prix moyens 26 81 18.7*
9' RÉGION. — SITI)-KST.
Basse.i-Alpes. Manosque 28.65
Hautes-. llijes. Briançon. 27.3»
Alpes-Maritimes. Canada 27 . 50
Ardeclie. Privas 26.65
B.-da-Iîhàne. .Vrles 27.70
Drame. Montêliraar 25.50
Gard. Nîmes 27.50
Haute-Loire. LePuy.... 25 5'i
Kaf. S iint M iximin.. . . 25.25
Fauciuse. Avignon 26.75
Prix moyens 26.83
Moy. de toute la France 25.30
— de la semaine précéd. 25.31 16 75
Sur la semaineiHau^se. » »
précédente.. ibaisse.. 0.01 0.03
20.31 19 02
»
»
25.00
18.00
H
18.25
18. .=-0
18.25
19.00
19.35
17 85
19.20
»
17.50
18.50
»
19.00
20.00
»
1 7 . 25
18.00
18.00
19.50
16.25
»
»
19.00
»
17 25
18.75
;8.45
18.09
19.20
10.72
18.34
13.29
16 75
18 23
18.23
436 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
Blé.
fr.
., . , „ I blé tendre... 29.25
Algérie. ^"^[blédur 26.00
Angleterre. Londres 26.00
Belgique. Anvers 25.25
— Bruxelles 24 . 75
— Liège 23.25
— Nannir 23.00
Amsterdam 23.35
Luxembourg 24.50
Strasbourg 24 75
Metz 24.50
Mulhouse 22 50
Berlin ■ 22.85
Cologne 24.35
Hambourg 23.00
Genùve 27 00
Turin 25.25
Valladolid 25.00
Vienne 20.25
Budapesth 20.65
Saint-Pétersbourg.. 21.75
New-York 23.35
Pays-Bas.
Luxembourg.
Alsace-Lorraine.
Allemagne.
Suisse.
Italie.
Espagne.
Autriche.
Hongrie.
Bussie.
Etats-Unis.
Sei|
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Orge.
Avoine.
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17.00
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1-7.
50
17.
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16
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17.50
14 00
15.
,00
»
12
.75
Blés. — Le mauvais temps a continué à régner depuis huit jours. Les tour-
mentes de neige se sont succédé, et les communications sont devenues difficiles.
Il en résulte que le plus grand nombre des marchés ont été délaissés, et que les
affaires ont été presque partout absolument calmes. Dans cette situation, les prix
demeurent à peu près stationnaires aux taux que nous avons précédemment indi-
qués. Les cultivateurs n'ont plus d'ailleurs que des quantités de blé relativement
restreintes à vendre. Quant aux emblavures, on ne signale pas de changements
sensibles dans leur situation; les semailles de mars sont de nouveau arrêtées.
— A la halle de Paris, le mercredi 14 mars, il y avait peu d'affaires; les ventes
ont été laites avec facilité aux taux de la semaine précédente. On cotait de
24 fr. 50 à 26 fr. 50 par 100 kilog. suivant les qualités, ou en moyenne 25 fr. 50
comme le mercredi précédent. — Au marché des blés à livrer, on cote : courant
du mois, 25 fr. 25 à 25 fr. 50; avril, 25 fr. 50 à 25 fr. 75; mai et juin, 26 fr. 25
à 26 fr. 50; quatre mois de mai, 27 fr. à 27 Ir. 25. — Au Havre, les offres sont
restreintes pour les blés d'Amérique ; les prix sont soutenus. On cote de 26 fr. 50
à 28 fr. par 100 kilog. suivant les qualités. — A Marseille, les arrivages en blés
de la semaine ont été de 60,000 quintaux environ; le stock est actuellement dans
les docks, de 280,000 quintaux. Il y a eu très peu d'activité dans les affaires
depuis huit jours. Oo cote suivant les sortes : Red-winter, 29 fr. ; [Berdianska,
27 fr.; Marionopoli, 26 fr. 50 à '^7 fr.; Pologne, 26 fr. 50; Danube, 21 à 23 fr. —
A Londres, les importations de blés étrangers ont été de 61,000 quintaux depuis
huit jours; les affaires présentent plus d'activité; mais les prix demeurent sans
changements. On cote de 24 fr. 60 à 27 fr. 25 par It 0 kilog. suivant les qualités.
Farines. — Les affaires sont toujours peu importantes, et les prix se main-
tiennent sans changements. Les farines de consommation sont cotées à la halle de
Paris: marque de Gorbeil, 61 fr,; marques de choix, 61 à 63 fr.; premières
marques, 59 à 60 fr.; bonnes marques, 58 à 59 fr.; sortes ordinaires, 56 à 57 fr.;
le tout par sac de 159 kilog. toile à rendre ou 157 kilog. net, ce qui correspond
aux prix extrêmes de 35 fr. 65 à 40 fr. 10 par 100 kilog., ou en moyenne
37 fr. 85, sans modifications depuis huit jours. — Les farines de spéculation
se vendent aux mêmes cours que précédemment. On cote à Paris, le mercredi
14 mars au soir : farines neaf -marques^ courant du mois, 57 fr. 25 à 57 fr. 50;
avril, 57 fr. 75 à 58 fr. ; mai et juin, 58 fr. 75; quatre mois de mai, 59 fr. 25;
le tout par sac de 159 kilog. toile perdue ou 157 kilog. net. — Les cours sont
sans changements pour les gruaux que l'on vend de 47 à 58 fr. par 100 kilog.
et pour les farines deuxièmes, cotées de 26 à 33 fr.
Seigles. — H y a plus de fermeté dans les prix. On paye à la halle de Paris,
de 15 fr. 75 à 16 fr. par 100 kilog. Les farines de seigle valent de 23 à 25 fr.
suivant les qualités.
Orges. — H y a peu d'offres, mais les prix ne varient pas à la halle de Pari?.
On paye de 18 fr. à 20 fr. 75 par lOo kilog., suivant les sortes. Les escourgeons
valent de 18 à 18 fr. 50. — A Londres, les importations d'orges ont été de
12,000 quintaux depuis huit jours; on paye de 18 fr. à 20 fr. 70 par 100 kilog.
suivant les sortes.
DES DENRÉES AGRICOLES (17 MARS 1883). 437
Malt. — Les affaires sont assez actives aux mêmes prix que précédemment. Les
malts d'orge, valent de 25 à 31 i'r. par lOOkilog, ; ceux d'escourgeon, 27 à 29 fr.
Avoines. — Les ventes sont faciles, sans changements dans les prix. On paye
à la halle de Paris, de 17 à 19 fr. 50 par 100 kilog., suivant poids, couleur
et qualité. Les importations d'avoines ont été, à Londres, de 90,000 quintaux
depuis huit jours ; on paye de 18 fr. 50 à 21 fr. 70 par 100 kilog., suivant les
sortes.
Sarrasin. — Les prix sont sans changements. On paye à la halle de Paris, de
15 fr. 75 à 16 fr. par 100 kilog.
Maïs. — Peu d'affaires sur les maïs étrangers. On cote de 18 fr. 50 à 19 fr.
par 100 kilog. suivant les qualités, pour les maïs d'Amérique, au Havre.
Issues. — Il y a plus de fermeté dans les cours. On paye à Paris : gros son
seul, 14 à 14 fr. 25; son trois cases, 12 fr. 75 à 13 fr.; sons fins, Il fr. 50 à
12 fr. 25; recoupettes, 12 à 12 fr. 50; remoulages blancs, 17 à 18 fr. ; remou-
lage bis, 15 à 16 fr. ; le tout par 100 kilog.
III. — Fourrages , graines fourragères.
Fourrages. — Les prix sont assez fermes. On paye par 1,000 kilog. : à Mont-
pellier, luzerne, 125 à 130 fr.; foin, 125 à 130 fr. ; paille, 75 à 80 fr. — A Tou-
louse, foin, 105 à 115 fr. ; sainfoin, 100 à 115 fr. ; paille, 45 à 50 fr. ; à Nîmes,
foin, 90 fr. ; luzerne, 100 fr.
Graines fourragères. — Les offres sont assez nombreuses. On paye par
iOO kilog. à Paris : trèfle violet, 150 à 190 fr.; trèfle blanc, 200 à 250 fr.; luzerne
de Provence, 155 à 175 fr.; de Poitou, 125 à 135 fr. ; d'Italie, 140 à 150 fr.;
minette, 65 à 75 fr.; ray-grass anglais, 65 à 70 fr.; ray-grass d'Italie, 68 à
70 fr.; sainfoin, 26 à 32 fr.
IV. — Fruits et légumes frais.
Fruits. — On vend à la halle de Paris : poires, le cent, 25 fr. à 140 fr., pommes,
le cent, 20 fr. à 130 fr. ; le kilog., 0 fr. 25 à 0 fr. 50; raisins, chasselas de
serres, le kilog., 4 à 14 fr.
Gros légumes. — Dernier cours de la halle : asperges de châssis, la botte, de
20 à 35 fr.; aux petits pois, la botte, 1 à 2 tr.; betteraves, la manne, 0 fr. 40 à
I fr. 40; carottes communes, les 100 bottes, 20 à 35 fr.; d'hiver, l'hectolitre, 3 fr. à
5 fr. ; de chevaux, les 100 bottes, 15 à 22 fr.; choux communs, le cent, 5 à 15 fr.;
navets communs, les 100 bottes, 20 à 33 fr.; de Freneuse, le paquet, 35 à 40 fr. l'hec-
tolitre, 3 fr. à 4 fr.; oignons en grain, l'hectoUtre, 9 à 12 fr.; panais communs, les
100 bottes, 12 à 15 fr.; poireaux communs, les 100 bottes, 30 à 65 fr.
Pommes de terre. — Hollande communes, l'hectolitre, 14 à 16 fr.; le quintal,
20 fr. 14 à 22 fr. 85 ; jaunes communes, l'hectolitre, 8 à 9 fr.; le quintal,
II fr. 42 à 12 fr. 85.
Menus légumes. — On vend à la halle de Paris : ail, le paquet de 25 bottes,
3 fr, à 4 fr. 50; appétits, la botte, 0 fr. 10 à 0 fr. 20 ; barbe de capucin, la botte,
G fr. 15 à 0 fr. 30; cardon, la botte, 2 fr. à 4 fr. ; céleri, la botte, 0 fr. 50 à
G fr. 60; rave, la pièce, 0 fr. 15 à 0 fr. 20 ; cerfeuil, la botte, 0 fr. 30 à 0 Ir. 60;
champignons, le kilog., 1 fr. à 1 fr. 60; chicorée frisée, le cent, 12 à 17 fr.;
choux-fleurs de Bretagne, le cent, 25 à 50 fr.; choux dé Bruxelles, le litre, 0 fr. 30
à 0 fr. 40 î ciboules, la botte, 0 fr. 15 à 0 fr. 20; cresson, la botte de 12
bottes, 0 fr 90 à 1 fr. 70; échalottes, la botte, 0 fr. 25 à 0 fr. 40; épinards,
le paquet, 0 fr. 40 à 0 fr. 50; escaroile, le cent, 14 à 20 fr.; laitue, le cent,
6 à 14 fr.; mâches, le calais, 0 fr. 20 à U fr. 30; oseille, le paquet, 0 fr. 60 à 0 fr. 90;
persil, la botte, 0 fr. 40à 0 f r 50; pissenlits, le kilog., Ofr. 30 à 0 fr.70; potirons,
la pièce, 1 fr. à 5 fr. ; radis roses, la botte, 0 fr. 50 à 0 fr. 70; noirs, le cent,
5 à 20 fr.; romaine, la botte de 4 têtes, 1 fr. 60 à 2 fr. 40; salsifis, la botte, Ofr. 50
à 0 fr. 60 ; thym, la botte, 0 fr. 10 à 0 fr. 20.
V. — Vins, spiritueux, vinaigres, cidres.
Vins. — Le grand fait de la semaine, c'est le retour inopiné du froid, retour
tel que la neige est tombée avec abondance dans la plus grande partie de la
France, et que, dans un grand nombre de localités, on signale des vignes gra-
vement atteintes par la gelée. Heureusement, dans la plus grande jjartie des
vignobles, les bourgeons ne s'étaient [)as encore épanouis, de telle sorte que là
le mal ne paraît pas considérable pour le moment. Mais dans la Provence, l'Hé-
rault, le Roussillon, beaucoup de pousses nouvelles étaient sorties, et elles ont
été profondément atteintes par des froids de — 5 à — 6 degrés que l'on a dû.
438 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
constater prepque partout, au grand désespoir des vignerons Que sera-ce, en
définitive, de ce cruel phénomène? Il est encore bien diflicile de le dire S'il
s'était p'oduit une juinzaine de jours plus tard, on aurait eu certainement beau-
coup plus de mal à déplorer; dans l'état actuel des choses, il est à présumer
que, si le froid ne persiste pas, la prochaine récolte ne sera compromise nulle
part par ces phénomènes. Les mêmes faits se sont produits dans les vi^^nobles
d'Algérie et d'Espagne, sans que l'on ait non plus beaucoup de 'mal sérieux à
redouter pour le moment. Au point de vue commercial, on se plaint i)eaucoup,
dans le Midi, de l'importation en grandes quantités de piquettes d'Espagne
introduites sous le nom de vins à l^ degrés d'alcool, et qui se vendent de 15 à
18 l'r. l'hectolitre sur les marchés des Pyrénées-Orientales et de l'Aude; ce ne
sont, en réalité, que des liquides alcooliques n'ayant du vin que le nom.
Spiritueux. — La situation est à peu près la même que la semaine précédente
sur les marchés du Midi : très peu d'aflaires avec des cours stationnaires. Dans
le Nord, au contraire, et principalement à Paris, la hausse que nous avons déjà
signalée se maintient et elle prend de nouvelles pr.ipoitions. — A Montpellier^
on cote par hectolitre : 3/6 bon goût, 100 fr.; marc, 90 Ir.; à Celle^ 3/6 bongoijt,
105 fr.; à Béziers, 3/6 bon goijt, 103 fr.; marc, 95 fr. — A Bordeaux, les eaux-
de-vie nouvelles d'Armagnac, valent : haut Armagnac, 150 à 155 fr.; Ténarèze,
158 à 160 fr.; bas Armagnac, 190 à 200 fr. — A Paris, on cote : 3/6 betteraves,
1'" qualité, 90 degrés, disponible, 54 fr. 50 à 55 fr. ; avril, 5'4 fr. 75; quatre mois
de mai, 5o fr. 50 à 53 fr. 75; quatre derniers mois, 52 fr. 50 à 52 fr. 75. — Le
stock est actuellement de 1P,9''5 pipes, contre 13,825 en 1882.
Raisins sea. — Il y a toujours de la fermeté dans les cours. Les prix se inain-
tiennent dan '. le Midi aux taux que nous avons précédemment indiqués.
Vinaigres. — Les prix sont sans changements. On paye à Orléans par hectolitre :
vinaigre nouveau de vin nouveau, 40 à kl fr.; vinaigre nouveau de vin vieux, 45 à
47 fr.; vinaigre vieux de vin, , 55 à 60 fr.
^' 1. — Sucres. — Mélasses. — Fécules. — Glucoses. — Amidons. — Houblons.
Sucres. — Les affaires sont toujours difficiles, et les prix se maintiennent avec
peine sur toutes les sortes. On paye à Paris, par 100 kilog, : sucres bruts 88 de-
grés saccharimétriques, 51 fr.; les 99 degrés, 58 fr. 55; sucres blanc<, 59 fr.; à
Lille, sucres bruts, 50 fr ; à Péronne, sucres blancs, .57 fr. 75; sucres bruts,
50 fr. 25; à Saint-Quentin, sucres bruts, 49 fr. 75 à LO fr.; à Valenciennes, sucres
bruts, 5U fr. 25. — Le stock de l'entrepôt réel des sucres était, au 14 mars, à
Paris, de 869,000 sacs pour les sucres indigènes, avec une diminution de
8,000 sacs depuis huit jours. Il n'y a pas de changements dans les prix des
sucres ralfinés; on les paye de 105 à 106 ir. 50 par lOOkilog. à la consommation,
et de 63 fr. 75 à 66 fr. 75 pour l'exjjortation.
Mélasses. — Prix fermes. On paye à Paris 12 fr. par 100 kilog. pour les mé-
lasses de fabrique, 13 fr. 50 à 14 fr. pour celles de ralfinerie.
Fécul'S. — Les cours sont plus fermes depuis huit jours. On cote à Paris
39 fr. 50 à 40 fr. par 100 kilog.; pour les fécules piemières du rayon; à Com-
piègne, 39 fr. 50 pour celles de l'Oise, à Epinal 40 tr. 50 pour celles des Vosges.
Glucoses. — Il y a moins de fermeté dans les prix. On cote à Paris par 100 kilog.:
sirop de froment, 53 à 55 fr.; sirop massé, 42 à 43 fr.; sirop liquide, 34 à 36 fr;
sirop de maïs, 47 à 48 fr.
Amidons. — Maintien des prix. On paye à Paris : amidons de pur froment,
66 à 68 fr ; de province, 64 à 66 fr.; de maïs, 54 à 56 fr.
Houblons. — Les affaires sont peu importantes; les prix demeurent sans chan
gements sur le plus grand nombre des marchés.
vu. — Huiles et graines oléagineuses, tourteaux.
Huiles. — Les affaires ont été moins actives depuis huit jours sur les huiles
de graines, et les prix accusent un peu de baisse. On paye à Paris, par 103 kilog.,
huiles de colza en tous fûts, 105 fr. 25; en tonnes, 107' fr. 25; épurée en tonnes,
115 fr. 25; huile de lin en tous fats, 59 fr. 75; en lin, 61 fr. 75. — Sur les
marchés des départements, on paye les huiles de colza : Caen, 102 fr. ; Rouen,
100 fr. 50; Cambrai, 99 fr. ; et pour les autres sortes, œillette, 110 fr. ; lin,58fr.
— Dans le Midi, il y a un peu plus d activité dans les transactions sur les huiles
d'olive.
Graines olèogineuses. — Les cours ont peu varié depuis huit jours. On paye
par hectolitre dans le Nord : œillette, 26 fr. à 28 fr. ; lin, 13 à 16 fr.
DES DENRÉES AGRICOLES (17 MARS 1883). 439
Tourteaux. — Les prix se maintiennent bien. On paye par 100 kilot?. : à
Cambrai, tourteaux d'œillettes, 17 fr. 50; de colza 17 fr. 50 à 19 fr. 50; de lin,
20 fr. 50 à 22 fr. ; de cameline, 20 fr. ; — à Rouen, tourteaux de lin, 19 fr. 50;
de sésame, 15 fr. 50.
VJII. — Matières résineuses, colorantes et tannantes.
Matières résineuses. — Les prix sont en bausse. On ])aye à Dax, 90 fr. par
100 kilog. pour l'essence pure de térébenthine.
Venkts. — Les verdets marchands valent : en pains, 135 fr. ; en boules,
130 fr. par 100 kilog.
Soufres. — Les ventes sont importantes dans le Midi. Les soufres triturés
valent de 16 fr. 50 à 17 fr. 50 par 100 kilog. suivant les marques.
IX. — Suifs et corps gras.
Suifs. — Les prix sont en hausse sensible. On paye à Paris, 102 fr. par 100 ki-
log. pour les suifs purs de l'abat de la boucherie; 75 fr. 50 pour les suils en bran-
ches.
Saindoux. — Au Havre, les saindoux d'Amérique sont payés actuellement de
138 à 140 fr. par 100 kilog.
X. — Beurres. — Œufs. — Fromages.
Beurres. — Il a été vendu, pendant la semaine, à la halle de Paris, 215,89 J ki-
log. de beurres. Au dernier marché on payait par kilog. : en demi-kilog., 2 fr. 96
à 4 fr. 42; petits beurres, 1 fr. 84 à 3 fr. 42; Gournay, 2 fr. 50 à 5 fr. 56; ; Isi-
gny,2 fr. 86 à 8 fr. 40
(Eufs. — Depuis huit jours, on a vendu à la halle de Paris, 8,547,695 œufs.
Au dernier marché, on paye par mille : chuix, 80 à 92 fr.; ordinaires, 60 à 75 fr.;
petits, 50 à 58 fr.
Fromages. — On vend à la halle de Paris : par douzaine. Brie, 5 à 31 ir.;
Montlhéry, 15 fr.; — par cent. Livarot, 50 à 110 fr.; Mont-Dor, 1 1 à 27 f r ;
Neufchâtel, 5 à 25 fr.; divers, 6 à 78 fr.; — par 100 kilog., gruyère, 120 à
1 70 fr.
Xt. — Chevaux, hétail, viande.
Chevaux. — Aux marchés des 7 et 10 mars, à Paris, on comptait 642 chevaux;
sur ce nombre, 176 ont été vendus comme il suit :
Chevaux de cabriolet
— de trait
— hors d'âge
— à l'enchère
— de boucherie
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement officiel du marché aux bes-
tiaux de la Villette, du jeudi 8 au mardi 13 mars :
Poids Prix du kilog. de viande nette sur
Vendus nioyen pied au marche du 12 mars.
Pour Pour En 4 quartiers, l'^ 2« 3= Prix
Amenés. Paris, l'extérieur, totalité. kil. quai. quai. quai. moyen.
Bœufs. 5,2'42 3,598 1,463 5,(W1 353 1.76 1.58 1.36 1.^6
Vaches 1,480 8-27 585 1,412 234 l.(V2 1.40 1.20 1.39
Taureaux 286 222 46 268 384 1.48 1.35 1.25 1.36
Veaux 2.920 1,740 869 2,(09 76 2 30 2.14 1.80 2.01
Moulons....... 38,902 28,796 7,919 36,715 20 2.34 2 18 2 04 2.10
Porcs gras ... . 5,848 2,102 3,746 5,848 80 1.50 1.38 1.33 1.44
— maigres. » » » » »»i>i> »
La vente a été facile pour toutes les catégories, et les cours accusent beaucoup
de fermeté. Sur les marchés des départements, on cote : Rouen, bœuf, 1 fr. 65 à
1 fr. 95 par kilog. de viande nette sur pied; vaches, 1 fr. 50 à 1 fr. tO; veaux,
2 fr. 05 à 2 fr. sO; moutons, 2 fr. 15 à 2 fr. 45; porcs, 1 fr. 05 à 1 fr. 40; —
Amiens, vaches, 1 fr. 50 à 1 fr. 78; veaux, 1 fr. 80 à 2 fr.; porc, 1 fr. 25 à 1 fr. 35;
— Nanctj, bœufs, 89 à 95 fr. le^ 100 kilog. bruts; vaches, 65 à 90 fr.; veaux,
116 à 124 fr.; moutons, 10.) à 120 fr.; porcs, 68 à 74 fr.; — Lyon, IxEaf.
75 à 82 fr.; veaux, 106 à 120 fr.; moutons, 90 à 100 fr.; porcs, 110 à 120 fr.;
— Bourgoin, bœuf, 64 à 74 fr.; vaches, 56 à 66 fr. ; moutons, 85 à 95 fr.; porcs,
86 à 90 fr.; veaux, 80 à 90 fr.; — Genève^ bœufs, I fr. 60 à 2 fr. par kilog. de
viande nette; veau (sur pied), 0 fr. 95 à 1 fr. 10; mouton, 1 fr. 80 à 1 fr. *:5; porcs,
1 Ir. 55 à 1 fr. 70.
A Londres, les importations d'animaux étrangers durant la semaine dernière se
sont corn posées de 10.172 têtes, dont 4 bœufs, 95 veaux et 284 moutons venant
Amenés.
Vendus.
Prix extrêmes.
188
31
200 à 740 fr
205
31
200 à 1,050
179
44
20 à 695
11
11
30 à 200
59
59
20 à 90
440 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT (17 MARS 1883).
d'Amsterdam; 404 moutons d'Anvers; 3,958 moutons de Brème; 164 bœufs de
Ganil; 145 bœufs, 34 veaux et un mouton de Gothembourg; 1,693 moutons
d'Hambourg; 19 bœufs, 14 veaux et 9 moutons d'Harlingen ; 31 bœufs du Havre ;
348 bœufs et 1,081 moutons de New- York; 1 bœuf, 2k veaux et 1,723 moutons
de Rotterdam; 140 bœufs de Vigo, — Prix du kilog. Bœuf : qualité inférieure,
1 fr. 52 à 1 fr. 75; 2% 1 fr. 75 à 1 fr. 93; i'% 1 fr. 99 à 2 fr. 16. — Veau :
2% 2 fr. 10 à 2 fr. 22; 1'% 2 fr. 28 à 2 fr. kO. — Mouton : qualité i;iférieure, 2 fr. 28
à 2 fr. 45 ; 2% 2 fr. 45 à 2 fr. 63; 1'", 2 fr. 03 à 2 fr. 75. — Porc : 2% 1 fr. 35 à
1 fr. 46 ; 1'% 1 fr. 52 à 1 fr. 64.
Viande à la criée. — Il a été vendu à la halle de Paris du 4 au 10 mars :
Prix du kilog. le 12 mars.
kilog. 1" quai. 2* quai. 3* quai. Choix. Basse Boucherie.
Bœuf on vache... 168,963 1.56 à 1. 90 1.34 à 1.54 0.96 à 1.32 1.70 à 3.06 0.20 à 1.26
Veau 179,084 1.88 2 30 1.66 1.86 1.20 1.64 1.84 2.54 »
Mouton 61,940 1.66 2.08 1.44 1.64 0.96 1.42 1.76 2.60 »
Porc 69,187 Porc frais 1.20 à 1.40; salé,
479,174 Soitparjour 69,853 kilog.
Les ventes ont été inférieures de 2,000 kilog. par jour à celles de la semaine
précédente. Les cours se maintiennent bien.
XII. — Cours de la viande à Vabattoir de la Villelte du la mars (par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Villette par 50 kilog. : 1" qualité,
78 à 83 fr. ; 2% 70 à 75 fr. ; poids vifs, 50 à 55 fr.
Bœufs. Veaux. Moutons.
!"■ 2* 3* 1" 2* 3" !'• 2' 3*
quai. quai. quai. q^al. quai. quai. quai. quai. quai.
fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr.
81 74 68 jll3 100 96 98 93 87
XIII. — Marché aux bestiaux de la Yillette du jeudi 15 mars 1883.
Cours des commissionnaires
Poids Cours officiels. en bestiaux.
Animaux général. 1" 2° 3" Prix 1'" T 3* Prix
amenés. Invendus. kil. quai. quai. quai, extrêmes. quai. quai. quai. extrêmes.
Bœufs 2.162 45 365 1.76 i . 58 1.36 1.30àl.82 1.74 1.56 1.34 128àl.8»
Vaches 629 35 232 1.62 1.40 l 22 1.14 1.68 1.62 1.38 1.20 1.12 1.64
Taureaux... 132 » 385 1 50 1.38 1.28 î.24 1.55 1.48 1.36 1.26 1.22 1.54
Veaux 1.163 202 79 2.26 2.14 1.80 1.56 2.46 » » » »
Moutons 18.757 260 20 2.34 2 18 2 06 1.80 2.40 » » » »
Porcs gras.. 4.025 » 82 1.54 1.48 1.42 1.33 1.58 » » »
— maigres.. » » » » » » » » » » » »
Vente très active sur toutes les espèces. Ë^l
XIV. —Résumé.
Maintien des cours pour la plupart des denrées, sauf pour les huiles et les
sucres, tel est le bilan de la semaine. A. Remy.
BULLETIN FINANCIER
Le marché est en réaction : la rente 3 0/0 fait 81,60, perdant 0,35, la rente
5 0/0 est à 115 fr. 30 perdant 0,60. Ce mouvement de baisse atteint nos chemins
de fer et nos Sociétés de crédit.
Cours de la Bourse du 7 au 14 mars 1883 (au comptant).
Principales valeurs françaises :
Plus Plus
bas.
81.40
82.10
109.30
Rente 3 o/O
Rente 3 o|o amortis.. .
Rente 4 l'2 o|0
Rente 5 0/0 1 15 30
Banque de France 5360 00 5400. oo 54oo.oo
Comptoir d'escompte 970. oo 980.00 972 50
Société générale 57o.oo 575.00 570.00
Crédit foncier 1330.00 1375.00 1337.50
haut.
82 45
82.30
110.00
115.95
Dernier
cours. ■
81.60
82.25
110.00
115.30
Est Actions 500
Midi d°
Nord d°
Orléans d"
Ouest .d"
Paris-Lyon-Méditerranée d'
Paris 1871 obi. 400 à 3 O/O.
Italien 5 o/o.
720.00 733.75 720.00
1090 00 1135.00 1095.00
1840.00 1915.00 1845.00
1260.00 1276.25 1260.00
790.00 800.00 790.00
1575.00 1620.00 1581.50
393.00 395.00 393.00
89.20 89.60 . 89 20
Le Gérant: A. BOUCHE.
Fonds publics et emprunts français et
étrangers :
Plus Plus Dernier
bas. haut, cours.
obligations du Trésor »
remb. à 5C0 4 o/o... 503.00
Consolidés angl. 3 o/o 103 00
5 o|o autrichien 66.1/4
4 o/o belge 106 00
6 o/o égyptien 375.00
3 O/o espagnol, extér''. »
5 0/0Hondurasobl.300
Tabacs ital., obi. 300.
6 o/o péruvien »
5 i/o russe 91.25
5 o/o turc 12.15
5 o/o roumain 92.00
Bordeaux, 100, 3 O/o. lOl.oo
508.00
103.00
66.1/2
106.30
377.50
508.00
103.00
66.1/2
106.25
377.60
502.50 503.75 503.75
Lille, 100, 3 0/0 103.50
91.95
12.45
102.00
101.00
104.50
91.25
12.15
92.00
101.00
104.50
LETERRIER.
CHRONIQUE AGRICOLE (24 mars ih83).
Les conditions de la nouirilure des plantes et des animaux. — nechorches de MM. Rcgnault
et Reisetsur i exhalai ion de l'azote |iend;int la rcspiralion des animaux. — Les engrais azotés.
— Les sources de suilale d'ammoniaque. — Ed'oris tentés pour accroître la production du
sulfate d'ammoniaque. — La meunerie française et la meunerie clraugf're. — Formation
d'une commis-ion d'examen dés divers systèmes de montures adoptés dans les minoteries. —
Importance des expériences à organiser. — Circulaire du ministre de la guerre relative à des
sursis d'appel en faveur des cultivateurs appartenant à l'armée territoriale. — Deuxième liste
de souscri[)teNrs pour le monument à Léonce de Lavergne. — Réunion de la Section i)crma-
nenle de la Commission supérieure du phylloxéra. — Traitements anministratifs dan- le Loiret
et le Tarn. Subventions à des associations syndicales. — Mesures prises par la Compagnie
des chemins ''e fer Paris-Lyon-Méditenanée pour la vente du sulfure de carbone. — Concours
de greffage des vignes à Saintes. — Publicîition du Bulletin du minisiôie de ragricuUu"e. —
Vente d'animaux durham à Corbon. — La péripneumonie en E.spagne. — La production des
alcools en France. — Comparaison de la produciion et du mouvement des sucres de 1876 à
1881.— Concours d'animaux gras au Puy. — Concours d'appareils de laiterie annexé au
prochain concours régional de Troyes.
I. — Sur le râle des matières azotées en agriculture.
Nul être vivant, végétal ou animal, ne peut exister qu'à la condition
Je consommer et de s'assimiler une certaine quantité de substances
azotées. Les plantes prennent les aliments dont elles ont besoin dans le
sein de la terre, parleurs racines; elles peuvent aussi, probablement, for-
merdes principes iuDuédiats azotés dans quelques-uns de leurs organes
au moyen des composés ammoniacaux avec lesquels leurs feuilles sont
en contact. C'est dans les matières azotées que les plantes se sont assi-
milées, que les animaux trouvent les principes qui It^ursont indispen-
sables. Les aliments qui pénètrent dans leurs organismes peuvent être
considérés comme se partageant en trois parties : une certaine quan-
tité est assimilée et augmente le poids des individus ; une autre partie,
beaucoup plus considérable, est rejetée dans les déjections après
diverses transformations opérées dans l'organisme et après avoir fourni
à la nécessité constante de la perpétuelle mutation des tissus; enfin,
une dernière partie est exhalée dans la respiration et la perspiration.
Les travaux de MM. Boussingault, Regnault et Reiset ont mis en évi-
dence cette dernière perte d'azote par les animaux, et nous croyons
avoir ajouté quelques faits démonstratifs à l'appui de cette doctrine,
contestée par des auteurs allemands. M. Reiseï vient de reprendre la
défense des travaux qu'il a magistralement exécutés avec Regnault,
dont la mort a été une cruelle perle pour la science moderne. Nous
publions, dans ce numéro (p. 449), la note de notre confrère
M. Reiset.
Il résulte de là que, dans le circulus de la vie à la surface de la
terre, une certaine quantité d'azote isolé revient à l'atmosphère, tandis
que, sous l'action incessante des décharges électriques qui traversent
l'océan aérien, 1 azote se recombine afin de pouvoir devenir un aliment
pour la véj,étation. Il appartient à l'agriculture de cherchera accroître
la restitution nécessaire des matières azotées pour activer la végétat'on
et augmenter le rendement de ses récoltes. C'est ce qu'il fut en s'effor-
çant de se procurer, partout où il peut en trouver, des matières azotées
susceptibles de former des engrais pour le sol arable. Toutefois, les
sources auxquelles il est possible d'avoir recours pour se procurer des
matières fertilisantes azotées ne sont pas très nombreuses. En dehors
des déjections et des détritus des animaux, en dehors des végétaux en
décomposition, on ne trouve guère dans la nature ou dans l'industrie
que le nitrate de soude extrait des terres de quelques pays privilégiés,
et le sulfate d'ammoniaque que l'on prépare avec les matières des
N. 798. — Tome ^-^ de 1883. — 2i Mars.
4i2 CHRONIQUE AGRICOLE (2i MARS 1883).
vidantes ou bien en condensant les produits de la distillation de la
houille. On sait que, quand on calcine la houille en vase clos, pour
former d'une part du gaz d'éclairage^ et d'autre part du coke, on peut
arriver à fabriquer, avec les eaux condensées, 9 à 10 kilog. de sulfate
d'ammoniaque par tonne de charbon de terre. Aujourd'hui presque
toutes les usines à gaz recueillent leurs eaux ammoniacales pour per-
mettre de fabriquer du sulfate d'ammoniaque ; mais les besoins de la
consommation ont progressé plus vite que la fabrication, de telle sorte
que le sulfate d'ammoniaque qui ne coûtait que 25 fr. les 100 kilog.,
il y a quarante ans, lorsque nous avons commencé à en conseiller
l'emploi aux agriculteurs, a atteint un cours qui dépasse 50 fr. Les
demandes de l'agriculture n'en sont pas moins constamment croissantes.
D'un autre côté, l'industrie de la fabrication delà soude qui, autrefois,
se faisait tout entière par le procédé Leblanc qui avait recours à la
chaux, repose aujourd'hui en grande partie sur le procédé Solway qui
a recours à l'ammoniaque. La nécessité d'accroître la source de la pro-
duction du sulfate d'ammoniaque se fait donc de plus en plus sentir.
Aussi se fait-il une certaine agitation dans les pays de mines de char-
bon de terre pour arriver à ne plus laisser perdre les produits de la.
distillation dans la calcination de la houille avec laquelle on fait le
coke sur le carreau des mines. On voudrait aussi que, dans les éta-
blissements métallurgiques, au lieu de brûler de la houille, ce qui
entraîne la perte des matières azotées, on n'eiit recours qu'au coke
fabriqué en vase clos avec des appareils de condensation. On pourrait
ainsi certainement fabriquer chaque année des ciizaines de millions de
kilogrammes de sulfate d'ammoniaque et par conséquent mieux pour-
voir aux besoins de l'agriculture et de l'industrie. Toutefois il n'y a pas
là une nouvelle source d'azote pour l'agriculture, comme le disent
quelques journaux agricoles, soit français, soit étrangers, en traitant la
question ; il y a seulement le développement de pratiques industrielles
qui sont déjà en usage. Le haut prix atteint par le sulfate d'ammo-
niaque encourage la fabrication du coke en vase clos, mais il n'y aura
de véritable solution de la question que lorsque l'on aura trouvé le
moyen de faire entrer économiquement l'azole aérien dans des com-
binaisons ammoniacales ou nitriques. Ce problème n'est pas inso-
luble, quoique, jusqu'à présent, on en ait en vain cherché la solution.
' II, — Des prcgrès de la meunerie étrangère.
Il est certain que, depuis quelques années, en Angleterre, en Bel-
gique, en Amérique et surtout en Hongrie, la meunerie a fait de très
grand progrès dans son outillage et dans les systèmes de mouture
employés. Pendant ce temps, la meunerie française, qui naguère était
à la tête de l'industrie et n'avait de rivale nulle part, paraît être restée
stationnaire, de telle sorte qu3 sur les marchés étrangers les farines
françaises ont peu à peu perdu leur réputation de supériorité jadis
incontestée. Cette situation a ému le syndicat des grains et farines de
Paris, qui a nommé, le 14 février dernier, une Commission chargée
d'organiser des expériences sur les différents systèmes de mouture,
anciens et nouveaux, dans le but d'indiquer à l'industrie meunière
française les nouveaux progrès qu'elle devrait accomplir. Les membres
de la Commission sont MM. Gateilier, meunier à La Ferté-sous-Jouarre,
président ; — Renoult, meunier à Verneuil ; — Lejards, meunier à Main-
CHRONIQUE AXiRIGOLE (24 MARS 1883). 443
tenon; — Samuel Marofc, meunier à Troyes ; — Truffaut, meunier à
Maintenon; — Vinciennes, mçunier à Vitry-le-François. La Commis-
sion a jui^é qu'il y a lieu de faire des expériences comparatives dans
les usines où sont établis les divers systèmes de mouture, de manière
à obtenir, pour chaque système, des notions sur le rendement, la qua-
lité des produits et la Ibrce motrice employée. Les adhésions des con-
currents doivent être adressées, avant le V mai, au secrétariat de la
Chambre syndicale des grains et farines, 40, rue Jean-Jacques-Rous-
seau, à Paris. Ces expériences de mouture n'auront lieu que si les
ressources obtenues par une souscription pour en couvrir les frais
sont jugées suffisantes. Nous espérons qu'il en sera ainsi, car il s'agit
de la prospérité d'une des plus grandes industries agricoles de la
France, que nous ne saurions voir, sans un vrai désespoir, dépossé-
dée du premier rang qu'elle avait justement conquis. C'est une question
qui mérite d'appeler l'attention du gouvernement et de tous ceux qui
sont animés de sentiments patriotiques. Quant au point particulier de
savoir si, comme l'avancent quelques-uns, li quantité de ginteu con-
tenue dans les farines a réellement diminué, elle ne nous parai r, pas
le moins du monde résolue. Dans une pareille matière, les assertions
ne prouvent rien, il faut avoir recours à des expériences positives.
IlL — Sursis d'appel pour les cultivateurs.
M. le ministre de la guerre vient d'adresser aux généraux com-
mandant les corps d'armées, la circulaire suivante au sujet des sursis
à accorderaux cultivateurs convoqués au printemps dans Tannée terri-
toriale :
Paris, le 19 mars 1883.
« Mon cher général, j'ai décidé qu'il serait accordé cette année, dans une assez
large proportion, des sursis d'appel aux hommes exerçant la profession de culti-
vateur et qui appartiennent aux classes de l'armée territoriale convoquées au
printemps prochain.
« En raison de la proximité de l'appel, les demandes d'ajournement pourront
vous être adressées directement par les maires.
« Le ministre de la guerre, Thibaudin. »
La mesure indiquée par lettre circulaire sera accueillie ave^ faveur
dans toutes les communes rurales.
IV. — Souscription pour élever un monument à Léonce de Lavergnc.
Voici la deuxième liste de la souscription ouverte pour élever un
monument en l'honneur de Léonce de Lavergne :
Report de la première liste 3,840 francs.
Société nationale d'encowagement à l'agriculture^ 100 —
MM. Dumas, président de la Société nationale (^agriculture, pré-
sident du Comité 100 —
Foucher de Careil, sénateur, vice-président du Comité 100 —
Say (L'Jon), sénateur, vice-président du Comité 100 —
Doniol,directeurdel'imprimerieiiationale,membredu.Comité. 30 —
Esterno (d'), membre de la Société nationale u'agriculture,
membre du Comité 25U
Récipon, député, président de la Société d'encouragement à
l'agriculture, membre du Comité 100 —
Rémusat (Paul de), sénateur, membre du Comité 50 —
Simon (Jules), de l'Institut, s.natcur, membre du Comité.... 20 —
Bétolaud, ancien bâtonnier du barreau de Paris 20 —
Tommy-Martin, avocat à la Cour de Paris 10 —
Martegoute, vice-président delà Société d'agriculture de la
Haute-Garonne F)0 —
E. L 10 —
Poisson, ancien directeur de la ferme-école du Cher ô —
Gallard 100 —
Duvert (Gustave), membre de la Société d'économie politique. 20 —
Gasté (de), ancien député 10 ■ —
444 CHRONIQUE AGRICOLE (24 MARS 1883).
MM. Johanet, administrateur de la Société des agriculteurs de
France 20 —
Buloz (Ch.), directeur de la iîeyxe des Dcuiy-Mondes 200
Hérissant, directeur de la ferme-école lies Trois-Croix 10 —
Vandercome, correspondant de la Siciété nationale d'agri-
culture, président honoraire de la Société d'agriculture de
Dunkerque 50 —
Passy (Louis), membre de la Société nationale d'agriculture,
député, membre du Comité 50 —
Clavé, membre de la Société nationale d'agriculture 50 —
Barbie du* Bocage, — — — 50 —
Bouquet de la Grye . — — — -50 —
Bouley, membre de l'Institut et delà Société nationale d'agri-
culture 25 —
Boussingault, membre de l'Institut et de la Société nationale
d'agriculture 25 —
Pasteur, membre de l'Institut et de la Société nationale d'agri-
culture 10 —
Bignon, membre de la Société nationale d'agriculture 25 —
Gaudin , — — — — ....:. 25 —
Cornu (Max), — — — 25 —
Hardy, — — — 20 —
Retz (comte de), — — — 10 —
Becquerel, membre de l'Institut et de la Société nationale
û'agriculluie 10 —
Renou, membre de la Société nationale d'agriculture 10 —
Panier, — — — 20 —
Berlin, — — — 10 —
Pluchet, — — — 10 —
Luçay (comte de), — — — 10 —
Marie (Eugène), — — — 10 —
Gareau, — — — 10 —
Gayot, — — — 10 —
Aumale (duc d'), — — — 100 —
Duvai (F.-RaouJ), — — — 50 —
Bouchardat, — — — 10 —
Saint-Victor (de), — — — 20 —
Chambrelent, — — — 10 —
Chatin, membre de l'Institut et de la Société nationale d'agri-
culture 10 —
Peligot, membre de l'Institut et de la Société nationale d'agri-
culture 10 —
Teisserenc de Bort, membre de la Société nationale d'agricul-
ture, sénateur, membre du Comité 100 —
Total de la deuxième liste 5,970 francs.
Nous rappelons que nous transmettrons au Comité toutes les sous-
criptions qui nous seront adressées. — A la liste des membres du
Comité publiée dans notre dernier numéro, il faut ajouter le nom de
M', de Lugorsse, secrétaire général de la Société d'encouragement à
l'agriculture.
V. — Le phylloxéra.
La Section permanente de la Commission supérieure du phylloxéra
s'est réunie le 20 mars pour examiner plusieurs questions qui lui
étaient soumises par l'administration de l'agriculture. Elle a donné
un avis favorableautraiteraenf^admimistratif de deux taches phylloxé-
riques constatées dans les communes de Saint-Jean-La-Ruelle et do
Corbeilles-en-Gâtinais (Loiret), et de sept taches, comprenant une
surface de 52 hectares, dans les communes de Castres, Sonal, Roque-
courbe, Labourbène, Lautrec, Peyregoux, Navès, Verdalle, Semalens,
dans le département du Tarn. Elle a décile ensuite que des subven-
tions pourraient être accordées à des associations syndicales comme
il suit: Gers, trois syndicats de recherches, comptant 218 proprié-
taires pour 625 hectares à l'Ue-Bouzon, Marciac et Gimont; — Rhône,
six syndicats comptant 45 propriétaires, pour traiter 29 hectares parle
sulfure de carbone, à Lissien, Echalas, Saint-Genis-les-Ollières, Saint-
Genis-Laval, Fleurieux-sui^-i'Arbresle, Taluyers ; — Côte-d.Or, un
syndicat de 36 propriétaires^ à Brésigny, pour traiter 3 hec-
CHRONIQUE AGRICOLE (24 MARS 1883). 445
tares par le sulfure de carbone ; — Loire, sept syndicats , comp-
tant 130 propriétaires pour traiter 92 hectares par le sulfure de
carbone à Savigneux, Sury-le-Cotntal, Saint-Michel et Vérin, Saint-
Martin-la-Plaine, Boysset-Saint-Priest, Rive-de-Gier et Château-
neuf, Pélussins; — ^m, trois syndicats à Ambulrix, Montluel, La
Boisse, comptant 26 propriétaires pour traiter 8 hect;ires par le
sulfure de carbone; — Saône-et-Loire^ un syndicat de 19 propriétaires à
la Chapelle-de-Guinchay, pour traiter 16 hectares par le sulfure de
carbone; — Savoie, un syndicat de G propriétaires à Saint- Jean-de-la-
Porte, pour traiter 4 hectares par le suliure de carbone; — Tarn-et-
Garorwe, deux syndicats comptant 35 propriétaires à Beaumont-de-
Lamagne etMontauban, pour traiter 86 hectares par le sulfure de car-
bone ; — Dordogne, un syndicat de 1 1 propriétaires à RoufTignac-de-
Rlontignac, pourtraiter21 hectares parle sulfure de carbone ; — Drôme^
un syndicat de 8 propriétaires, à Crozes, pour traiter 6 hectares par
le sulfure; — Gard, un syndicat de 19 propriétaires, au Cailar, pour
traiter 12 hectares par le sulfure de carbone, le sulfocarbonate de
potassium ou la submersion; — Gironde, deux syndicats, comptant
63 propriétaires à Saint-Michel-la-Rivière, pour traiter 74 hectares par
la submersion. — Enfin, une adjonction nouvelle de 14 proprié-
taires pour 114 hectares à traiter par le sulfure de carbone ou
le sulfocarbonate de potassium, vient d'être faite au syndicat départe-
mental des Pyrénées-Orientales ; cette association compte actuelle-
ment 192 propriétaires, et la surface syndiquée est de 3,026 hecta-
res. La nomenclature qu'on vient de lire démontre, une fois de plus,
combien est actif le mouvement qui porte les petits vignerons à s'as-
socier pour lutter contre le phylloxéra; il est permis d'espérer que,
grâce à ces efforts, le fléau sera enfin enrayé.
M. Félix, inspecteur délégué de la Compagnie des chemins de fer de
Paris-Lyon-Méditerranée, nous envoie la note suivante que nous nous
empressons de publier :
« La Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée a
l'honneur d'inlormer le public que, cédant aux nombreuses sollicitations qui lui
ont été adressées, pour qu'elle continue aux viticulteurs les fournitures de sulfure
de carbone et de chlorure de potassium pour combattre le phylloxéra, elle s'est
décidée à faire encore, pour la campagne prochaine, des livraisons de ces deux
substances, aux prix et conditions ci-dessous :
^rix par loo kilo^.
Chlorure
Sulfure de potassium
de carbone. à 80°.
fr. IV.
Pour les parcours jusqu'à 200 kilomètres 40 00 25 00
— au-dessus de 200 kilom. jusqu'à 300. 41 00 26 00
— — 300 - 400. 42 00 27 00
— — 400 — .lOO. 43 00 28 00
— — 500 - 700. 44 00 29 00
au delà de 700 45 00 30 00
« Le retour des barils et des boîtes d'accessoires à la gare de Marseille, sera
eSectué gratuitement par la Compagnie.
« Des moniteurs ex|iérimentés seront également rais gratuitement par la Com-
pagnie, à la disposition des propiiét;iiies pour reconnaître la présence du phyl-
loxéra, indiquer le mode de traitement à employer, et pour diriger, s'il y a lieu,
les opérations pendant les tiois ou quatre premiers jours d'un premier
traitement.
« L'intervention delà Compagnie P.-L.-M. se bornera désormais à ce qui vient
d'être dit. Elle renoncera, à partir du V juillet prochain, à fournir les pals
446 CHRONIQUE AGRICOLE ;24 MARS 1683).
iûjecteurs, avant-pals et pièces accessoires, laissant aux viticulteurs le soin de se
pourvoir de ces instruments.
a Les commandes et demandes de renseignements devront être adressées à
M. Félix, inspecteur délégué, gare de Marseille.
« La Compagnie n'accorde la franchise de ces sortes de transport que sur son
réseau seulement. »
Nous constatons avec une vive satisfaction que la compagnie de
Paris-Lyon-Méditerranée continue à donner son concours à la viti-
culture dans la lutte contre le phylloxéra. Les sacrifices qu'elle s'est
imposée sont très considérables, mais elle a acquis des droits impé-
rissables à la reconnaissance des agriculteurs.
VL — Concours de greffage des vignes.
Le concours de greffage de vignes françaises sur vignes américaines
organisé par le Comice agricole de Saintes, aura lieu le dimanche
1 5 avril, à midi précis, sur une vigne appartenant à M. Fromaget, et
située derrière les bâtiments de l'ancienne Société vinicole, à Saintes.
Tous les propriétaires, cultivateurs, vignerons, pépiniéristes et jar-
diniers des deux départements des Charentes, seront admis à con-
courir. Chaque concurrent exécutera : 10 greffes sur des plants
âgés de 2 ans et en place; 10 greffes avec boutures sur boutures;
10 greffes avec boutures sur racines américains. Les 20 dernières
greffes seront opérées par la méthode dite sur table. Les boutures et
racines seront fournis par le Comice. Les récompenses consistant en
médailles de vermeil, d'argent et de bronze ne seront attribuées
qu'après constatation, à la fin de l'été, des résultats obtenus. Les
concurrents doivent se faire inscrire soit personnellement, soit par
lettres, au plus tard le 10 avril, chez M. Fromaget, secrétaire des
cantons de Saintes, rue Saint-Eutrope, à Saintes.
VIT. — Bulletin du ministère de l'agriculture.
Le premier fascicule du Bulletin du ministère de l'agriculture pour
1883 vient d'être publié. Il renferme un grand nombre de documents
très intéressants. A la suite des décrets et circulaires émanant de
l'administration depuis le mois de novembre, et de plusieurs rapports
consLilaires sur les résultats des récoltes en 1882 dans diverses parties
de l'Europe, nous devons citer un rapport de M. Maxime Cornu, sur
le dépérissement et la mort du mûrier; un nouveau travail de
M. Prillieux sur le mildew; un rapport de M. Muntz sur les procédés
propres à reconnaître la falsification des huiles d'olive; un rapport de
M. Brocchi sur l'industrie ostréicole; deux rapports sur la sériciculture,
l'un de M. Coste, professeur d'agriculture de l'Aude, l'autre de l'union
des filateurs d'Aubenas; un rapport de la Société d'agriculture du
Doubs sur l'industrie laitière et les fromageries modèles dans ce dépar-
tement, et enfin un rapport de M. Chabot-Karlen sur la pisciculture
dans le Royaume-Uni, la Belgique^, le grand-duché de Luxembourg,
l'Allemagne et la Hollande. Ce dernier rapport a été rédigé à la suite
d'une mission, donnée à M. Chabot-Karlen à l'exposition internationale
d'Edimbourg; notre excellent collaborateur a visité les nombreux éta-
blissements de pisciculture établis dans tous ces pays; il en constate; le
succès, qui varie suivant les circonstances locales, et il insiste spé-
cialement sur les excellents résultats obtenus par l'enseignement de
la pisciculture en Allemagne.
CHRONIQUE AGRICOLE (24 MARS 1883). 447
YIIl. — Vente d'animaux clurham à Corbon.
Dans notre dernière chronique (page ^i09), nous avons annoncé que
la vente annuelle d'animaux de race durham pure aurait lieu à la
vacherie nationale de Corbon, le mardi 24 avril, sous la direction de
M. Lépine, directeur de la vacherie. La vente se fera aux enchères.
Elle comprendra les animaux dont les noms suivent :
Anîmaux MALES : Guider, rouge et blanc, né le 18 mars 1881 ; — Waldos,
rouan, né le 24 mars 1881 ; — King, rouge et blanc, né le 17 avril 1881 ; —
Cliandor,ro\ia.n léger, néle 24 juin 1881 ; — Aga, rouan, ne le 13 novemhrd 18 U ; —
Forster, rouge et blanc, né le 13 février 1882; — Tliijmelus, rouan, né le 14 février
1882; — Vampire, blanc, né le 10 mars 1882; — Wood, rouan léger, né le
30 mars 1882 ; — Rabelais, rouan, né le 15 mai 1882 ; — WUfril, rouge et b'anc,
né le 4 avril 1881 ; — Voïd, rouge et blanc, né le 14 juin 1882; — WiU rouge
et blanc, né le 14 juin 1882.
Femelles : Queen, rouge et blanche, née le 5 avril 188 1 ; — Volna, rouanne^
née le 8 mars 1882; — Rasade, rouge et blanche, née le 10 avril 1882; — Vilena^
rouge et blanche, née le 6 mai 1882.
Tous ces animaux sont de sang Booth. Le pedigree de chaque
animal sera rerais à l'acquéreur, immédiatement après l'adjudication.
IX. — Maladies contagieuses du bétail.
Le Journal officiel annonce que des cas de péripneumonie conta-
gieuse du gros bétail ayant été récemment constatés dans le val d'Aran
(Espagne), un arrêté du ministre de l'agriculture, en d te du 10 mars
courant, vient d'interdire l'introduction en France des animaux de
l'espèce bovine par le bureau de douane de Fos (Haute-Garonne).
X. — La production des alcools.
Les tableaux officiels relatifs à la production des alcools pendant les
cinq premiers mois de la campagne actuelle (1" octobre 1882 au
28 février 1883) constatent un ralentissement assez marqué dans
l'industrie de la distillation, par rapport à la campagne précédente. On
en jugera par le tableau suivant :
CincT premiers mois de la campagne.
1882-33 188l-8:>
hectolitres. hectolitres.
Alcools de vins ... . ' 8,7û5 17,078
— de substances farjaeuses ■2113.681 171,07.'j
— de betteraves 529', 748 3:n .077
— démêlasses 221,973 241,556
— d'autres substances.. 6.863 8,809
Totaux pour les disLillatears de professioa. 970, 'J 70 ' 97/ ,595
Si le total de la production ne diffère pas sensiblement de celui de
la dernière campagne, cela tient uniquement à l'accroissemBiit de la
production des alcools de grains; pour toutes les autres sortes, il y a
une diminution, qui est parfois notable. Quant aux bouilleurs de cru,
dont la production est devenue très restreinte depuis quelques années,
elle s'est encore ralentie dans la campagne actuelle, ce qu'il était
d'ailleurs facile de prévoir.
XL — Sucres et betteraves.
A diverses reprises, nous avons signalé la situation précaire de
l'industrie sucrière, et nous avons fait ressortir que ledégrèvem -nt de
l'impôt du sucre avait surtoit profité au commer-e des sucres étran-
gers. A l'appui de ces déclarations, nous reproduironsletabloau réca-
pitulatif de la production et du commerce des sucres, pendant les six
^48 Ciï'ùONIQUE AGRICOLE (22 MARS 1883).
dernières années, que vient de publier le Bulletin de statistique et de
lécxislation comparée du ministère des financés. Les chiffres que ren-
fenne le tableau suivant donnent une démonstration complète de la
réalité de ce fait :
Qaanti.és Quantités soun^ises aux droits^ ^ '^^^^S' deSoH^ne
de sucres bruts .-- c„p,-p<! — Sucres ■„ , directement exportes après
&méis. indigènes .Sucres ^^,Z\IL étran'e?s ^°'''"^- exportés. 'raffinage,
fabriques. indigènes coloniaux. eiranç^eib. ^ f_ _
,;> ™»« nj!|.«s ^jII» «g«« .j/:ï|.- «j|.o. ,3^,3.
î«7y 321,548,A05 82,499,623 &7 00,m 50,26-, bb -^«".^bi i u ^^^^ ^_^, 1.^9,425,663
r--:: 3^8:S;g9 ^o?:JoS S:^il:S4 lâ^m:^ m^^^>. 27,433:319 i3i,075,D7s
Ce qu'ilfautsurtoutretenir, c'est que, de 1877 à 1881, les impor-
tations de sucres étrangers ont doublé, en même temps que les expor-
tations de sucres français, bruts ou raffinés, ont sensiblemeat diminue.
En 1882 la situation a présenté les mêmes caractères. Le marche
français est devenu le point de mire de l'industrie européenne, et la
production élrangèi-e y prend chaque jour une place plus grande.
Il est profondément re-rettable que l'industrie française, qui devrait
et pourrait être prospère, ne profite pas des avantages que 1 accrois-
sement des débouchés, dans le pays même, devait lui procurer.
XII. — Concours d'animaux gras.
Le concours départemental organisé au Pay (Haute-Loire) a été
couronné par un succès complet. Il était dirigé par M Mauras, pré-
sident du Comice, assisté de MM. Couderchet et Nicolas, vice-presi-
dents Malgré le mauvais temps et les rafales de neige, les éleveurs de
Mézenc étaient venus en grand nombre : on comptait plus de cent têtes
de l'espèce bovine et 150 moutons répartis en douze lots. L ensemble
des animaux était suivi, sans présenter ces disparates qui gâtent par-
fois les solennités de ce genre ; la catégorie la plus remarquable était
celle des bœufs âgés de moins de quatre ans. La conformation des ani-
maux de la race de Mézenc se transforme d'une manière très sensible.
Les principales récompenses ont été attribuées : PO';!^ f s bœuts a
M Cvprien Rochette, à M. Michel, à M. Eyraud et a M. Alexandre
Descours, tous éleveurs aux Estables ; pour les vaches, aux mêmes
agriculteurs; pour les moutons, à MM. Meunier, Bonhomme et Bar-
thél'^my, à Bains; pour l'espèce porcine, à M. Baptiste Vey, a bamt-
Germain-Laprade et à M. Pierre Gras, à Saint Marcel. L. concours a
donné une nouvelle preuve de la prospérité de la production du bétail.
XIII. — Concours régional de Troyes.
Au concours régional qui s'ouvrira prochainement à Troyes, le Co-
mice a^^ricole départemental de l'Aube organisera une exposition col-
lective des produits et des matières utiles à l'agriculture, pour laquelle
il décernera des récompenses à ceux de s-s membres qui y prendront
part II y joindra un concours spécial et général de matériel de laite-
rie • ce concours comprendra les ustensiles à l'usage des laiteries, les
vases pour la conservation du lait, les appareils de transport, les ba-
rattes, les appareils pour le délaitement et le pétrissage du beurre, les
appareils divers, les types d'installation de laiteries, de tromage-
ries/etc. les déclarations pour ce concours doivent ^tro nrlressees au
président du Comice avant le r' avril. J--A. B.arral.
EXHA.LATION DE L'AZOTE PENDANT LA RESPIRATION DES ANIMAUX. 449
EXHALATION DE L'AZOTE A LTTAT DE GAZ
PENDANT LA RESPIRATION DES ANIMAUX
Pour rechercher les pertes d'azote qui peuvent se produire pendant
Li respiration des animaux, on peut suivre la méthode direcle on la
méthode indirecte.
J'ai publié^ en 1863, mes Recherches sur la respiration des animaux
d^une ferme. Dans ces expériences, j'ai suivi la méthode directe que
nous avions adoptée, avec M. Regnault, pour notre grand travail sur
la respiration des animaux des diverses classes.
Les dimensions du nouvel appareil m'ont permis alors d'opérer sur
des moutons adultes, sur des veaux, sur des animaux de l'espèce por-
cine, sur de grosses volailles de la ferme, dindons et oies; et j'ai pu
établir quelles sont les variations de composition que ces divers ani-
maux ont fait subir à l'air atmosphérique, dans un espace confiné.
Mes expériences, sur les veaux et sur les moutons, ont montré que,
chez ces ruminants, le phénomène de la respiration s'accomplit avec une
exhalation d'azote et un dégagement considérable d'hydrogène proto-
carboné ; lapresque totalité de l'oxygène disparu se retrouve dans l'acide
carbonique produit.
Chez les animaux de l'espèce porcine, les produits de la respiration
sont très différents; on trouve peu ou point d'azote exhalé; la propor-
tion d'hydrogène protocarboné devient presque nulle. Les résultats que
nous avions obtenus avec les poules se trouvent confirmés en opérant
sur les dindons et sur les oies : il y a eu exhalation d'azote; l'hydro-
gène libre et l'hydrogène protocarboné ont complètement disparu.
•Cherchant à confirmer la conclusion générale déduites de nos pre-
mières recherches, savoir que les produits de la respiration dépendent
bien plus de la nature des aliments que de f espèce animale., j'ai fait une
étude comparative de la respiration des veaux élevés au pâturage et des
veaux nourris au lait^
J'ai trouvé que, chez les veaux ne buvant que du lait pur ou du lait
caillé, la nature des produits gazeux delaperspiration se rapproche de
ceux qui sont exhalés par les carnivores. La production de l'hydrogène
protocarboné devient absolument nulle, mais lliexhalation de f azote
est presque doublée.
En suivant la méthode i?idirecte qui consiste à établir, par l'analyse,
le bilan de l'azote, entre les aliments et les excréments, j'ai trouvé
que l'azote exhalé à l'état gazeux par la respiration serait de
2025 grammes pour deux moutons pendant cent soixante-huit jours,
soit 12 grammes en vingt-quatre heures, ou 6 grammes en vingt-
quatre heures pour un mouton soumis à un régime très riche en
matières azotées.
Je rappellerai que dans un 3Iémoire sur la respiration, publié en
1849^ nous avons démontré, M. Regnault et moi, que les animaux
des diverses classes dégagent constamment de l'azote, quand ils sont
à l'état d'entretien : la proportion de ce gaz exhalé est aussi considé-
rable que celle qui vient d être déduite par la méthode indirecte.
D'ailleurs, pour ne laisser aucun doute sur ce fait, j'ai entrepris nn3
1. Annalea de chimie et a'e pky<ique, 3° série, t. LXIX, p. 129.
2. Comptes rendus, t. LXVl, p. 172.
3. Annales de chimie et d^physique, 3" série, t. XWI.
450 EXHALATION DE L'AZOTE PENDANT LA RESPIRATION DES ANIMAUX.
série d'expériences, dans le but d'étudier directement la respiration de
divers animaux de la ferme. Je me bornerai à dire que j'ai trouvé
5s./|. d'azote exhalé en vingt-quatre heures pour une brebis à la ration
d'entretien, et 4^.3 pour un mouton dans les mêmes conditions. Je
tenais à signaler la concordance remarquable des résultats obtenus par
deux méthodes d'observation tout à fait différentes.
M. Boussingault avait déjà reconnu ce fait intéressant, que les ani-
îïiaux exhalent parla respiration une portion de l'azote contenu dans
les aliments : en soumettant pendant plusieurs jours une vache et un
cheval à une alimentation réi;lée, dont il connaissait rigoureusement
la quantité et la composition chimique, en pesant et analysant avec
le plus grand soin toutes les déjections solides ou liquides, ce savant
observateur a trouvé 23 grammes d'azote exhalé en vingt- quatre
heures par le cheval, et 27 grammes dans le même temps parla vache \
Un porc de neuf mois a exhalé 4^.4 d'azote en vingt-quatre heures.
Dans une expérience faite sur le mouton, un savant danois, M. Jor-
gensen, a trouvé 1^3 d'azote exhalé en vingt-quatre heures.
Cette dernière proportion me paraît faible, mais elle peut tenir au
régime ou à l'aptitude particulière de l'animal.
De son côté, M. Barrai a fait, en juillet 1849, trois expériences sur
le mouton^. En suivant la méthode de M. Boussingault, il a trouvé
successivement 2°. 89, 9^.38 et 6^.19 d'azote exhalé en vingt-quatre
heures pour un animal dont les aliments et les excréments ont été
exactement pesés et analysés pendant un espace de temps qui a varié
de quatre à cinq jours.
Je résume les autres faits consignés dans mes recherches.
Pour 100 d'azote mis en circulation par les aliments :
13.7 se retrouvent dans les produits fixes, viande, suif, toison.
.^8 3 se retrouvent dans les excréments.
2.S.0 sont exhalés par la respiration.
100.0
Ces chiffres représentent les moyennes obtenues pendant la durée
de l'alimentation, pour les deux moulons en expérience.
Dans la première période de, l'alimentation, on a retrouvé dans les
excréments les 72 centièmes de l'azote contenu dans les aliments.
Dans la deuxième période, les excréments ne contiennent plus que
les 57.7 centièmes de l'azote des aliments.
Dans la troisième période, la proportion se fixe à 56.67, pour
arriver à 49.47 dans la quatrième période.
La force de l'assimilation, quant à l'azote, a donc augmenté très
notablement et d'une manière progressive dans les. trois dernières
périodes.
Le tableau suivant présente la proportion d'azote et la valeur en
argent des excréments mixtes fournis pendant vingt-quatre heures
par un mouton à l'engrais :
Excrémaats
mixtes Azote Valeur
en 24 heures. émis, en argent.
gr. gr.
fr.
Première période ' 910 6.70 0.018
Deuxième période 1871 12.96 0.034
Troisième période 2377 15.00 0.039
Quatrième période 2503 12.70 0-033
1. boussingault, £'conomie ruraic, 2" édition, t. II, p. 383.
2. Statique chimique des animaux, publiée en 1850, p. 311.
EXHALATION DE L'AZOTE PENDANT LA RESPIRATION DES ANIMAUX. 451
Les résultats de ce long et persévérant travail ont été très vivement
critiqués par M. Pettenkoffer. Pour en donner une idée, je cite quelques
lignes de sa note :
a Les expériences faites en Allemagne ne sont pas favorables aux idées émises
par Regnault et Reiset :
« Plusieurs expérimentateurs s'accordent à trouver que tout l'azote de la nour-
riture, ni plus ni moins, est éliminé par les reins et l'intestin. Voit, auquel
revient sans contestation le mérite principal pour ce qui concerne la solution de
cette question, a montré plus récemment qu'un pigeon qui avait été nourri,
pendant des mois, avec une proportion déterminée de pois, avait éliminé par
les excréments, des reins et des intestins, tout l'azote de la nourriture ni plus ni
moins.
« De tels faits doivent être pris en considération et ne peuvent plus être passés
sous silence.
« Il eût été du devoir de Reisetd'y conformer sa prétendue élimination d'azote.
Au lieu de cela, il a exposé de nouveau son ancienne méthode, avec ses résultats
connus, sans examiner les travaux allemands. »
J'avais résolu de laisser sans réponse la note de M. Pettenkoffer,
lorsque j'ai reçu communication d'un travail important publié, à
Vienne, par MM. Seegen etNowak^; ce travail a pour titre : Essais sur
V excrétion et azote gazeux formé aux dépens des substances albuminoïdes
transformées dans le corps.
Les auteurs discutent et critiquent la métliode expérimentale, indi-
recte, adoptée par MM. Pettenkoffer et Voit; ils signaient plusieurs
causes d'erreurs graves et déclarent que Vappareil de Pettenlcoffer est
tout à fait impropre à mettre en évidence la totalité des facteurs de
réchange des éléments à tétai gazeux, et particulièrement X élimination
de t azote.
MM. Seegen et Nowak ont cherché à perfectionner nos méthodes :
employant un appareil qui nous semble établi dans les meilleures con-
ditions, ils ont entrepris une série d'expériences, dont les résultats ont
été résumés par eux de la manière suivante :
« 1'^ Dans toutes nos recherches, il y a eu élimination d'azote gazeux du corps
de l'animal; ce résultat démontre d'une manière indubitable que l'organisme
animal peut éliminer sous forme de gaz une partie de l'azote devenu libre par
suite de la transformation des substances albuminoïdes.
« 2° L'élimination de l'azote est, pour le même animal, et dans des limites
assez étroites, proportionnelle à la durée de l'expérience et au poids de l'animal.
« 3" Dans nos expériences, les lapins ont fourni l'élimination d'azote la plus
faible : elle varie entre 0^.004 et 0^.005 par heure et par kilog. du poids de
l'animal; pour les autres animaux, l'élimination d'azote varie entre Ls.007 et
0^^.009 par heure et par kilog. du poids de l'animai.
« 4'' La proportion de l'azote total éliminé était assez forte dans certains essais.
La quantité la plus forte que nous ayons obtenue (pour cinq lapins en quatre-
vingt-dix-huit heures) était de 4«.7.
Tableau des expériences faites sur la respiration, par MM. Seegen et Nowak.
Azote éliminé
par heure
etpar kilogramme.
Numéros Durée de Animaux Poids de du poids Azote total
de rexpérience soumis à l'animal de l'animal éliminé
rexpérience. en heures. re.\périence. en grammes, en grammes, en grammes.
1 Ih 1 lapin. 2,010 0.0038 0.17(5
2 36 Le même animaL y 0.0064 0.465
3 29 1 coq. 1,950 0.00'J 0.;V2.-)
4 23 1 coq. 1,800 0.007 0.283
5 16 4 pigeons. 1,500 0.0077 0.187
6 55 Les mêmes animaux. » 0.007 0.583
7 72 2 poules. 2,011 0-007 1.004
8 12 1 chien. 4,10') 0-008 0.396
1. Archives de Physiolojie de PjltXjer, t. XIX. Bonn, 1879.
452 EXHALATION DE L'AZOTE PENDANT LA RESPIRATION DES ANIMAUX.
q 17 Le même animal. » 0 008 0.551
10 "24 » » 0.00X1 0.804
11 ■ . f,0 » » 0.0081 1 997
12 ' . 40 4 lapins. 7 .900 O.OO.S 1.59S
13 18 » » 0 00.3 0 028
I4 . î5 1 poule. l.ftîO 0.009 0.351
15 . . 10 5 poules. ô,ri00 O.OOUD 0779
16 {i-2 1 chien. 4, '200 0.009 2.384
n"' 60 4 poules. 4,400 0.0084 2.200
IS 72 3 poules. 3,-500 0.0387 2.197
19 4(1 8 pi-eons. 3,600 0 009 1.532
'in .' 70 1 chien. 3,500 0.0085 2.085
ni fiO » » 0.0081 1.726
;<) ■ 56 1 lapin. 2,0.50 0.004 0.435
^3 ; 60 1 poule. 1,000 0.008 0.515
94 108 » •• 0.0083 1.995
^5 . 48 1 poule. 1,3.50 0,008 0.52T
'Se .... 43 3 pigeons. 1,300 0.0077 0.432
27 . 96 1 lapin. 2,200 0.0053 1.130
')8 ; ■■. ' 110 1 lapin. 2,800 0.006 2.896
^g" 32 1 cliien. 6,500 0.0076 1.585
5o . 68 » » 0.0063 2 868
31 ... 98 5 lapins. 10,400 0.0047 4.767
h'.y.'.'.'. .'.'.... . 70 5 poules. 6,000 0.0078 3.300
Quant à l'expérience, dite fondamentale, qui consistait à nourrir un
pigeon pendant plusieurs mois avec des pois, régulièrement analysés,
elle semblerait bien ébranlée sur sa base. En effet, le bilan de l'azote,
établi par M. Voit, se trouverait inexact. Ce chimiste avait fait les déter-
minations d'azote par combustion de la matière avec la chaux sodée.
Mais voici que MM. Seegen et Nowak démontrent qu'on ne peut pas
obtenir tout Tazote d> s substances albuminoides en opérant ainsi, ils
ont déterminé l'azote dans un grand nombre de ces substances, soit à
l'état d'ammoniaque, par la chaux sodée, soit volumétriquemont par
la combustion avec l'oxyde de cuivre. La différence des résultats obte-
nus, comparativement, par les deux modes opératoires, n'est pas la
même pour tous les corps aJbuminoïdes, mais on peut admettre
qu'elle est à peu près égale à 10 pour 100 de la proportion totale de
l'azote. Pour la légiitnine, en particulier, MM. Seegen et iNowak ont
trouvé 14.30 d'azo'^le parla chaux sodée et 1(3.5 par l'oxyde de cuivre,
soit une différence de 15 pour 100 de l'azote total.
De pareilles déclarations devaient être nécessairement combattues et
contredites : cependant plusieurs des adversaires ont fini par admettr -.
avec Seegen et Nowak, que le procédé de M. Damas donne seul des résul-
tats exacts et précis.
Cette dernière conclusion est trop absolue et ne peut être admis(;
sans réserves. En ce qui concerne l'analyse des blés, je dois rappeler
que, dans un Mémoire sur la valeur des grains alimentaires (Annale.^
de Chimie et de Physique, 3' série, t. XXXIX, p. 35), j'ai dosé compa-
rativement l'azote par les deux méthodes, et j'ai signalé la concor-
dance rigoureuse des résultats numériques obtenus.
En résumé, nous considérons les critiques de MM. Pettenkoffer et
Voit comme mal fondées et inadmissibles. La méthode indirecte a
donné, entre leurs mains des résultats incomplets ou inexacts ; suivant
MM. Seegen et Nowak, la célèbre expérience de M. Voit, qui devait
prouver l'impossibilité d'une élimination d'azote, à l'étal gazeux, dé-
montrerait simplement que cette élimination a eu lieu.
Il y aurait justice à revenir aux travaux de M. Bjussingault, sacri-
fiés, ainsi que les nôtres, avec trop d'empressement {Journal d'agri-
culture pratique, t. P'", p. 1 18 et 119; 1876).
Invoquant l'autorité de mon collaborateur, M. Regnault, et son
EXHALATION DE L'AZOTE PENDANT LA RESPIRATION DES ANIMAUX. 453
souvenir qui m'est si cher, j'ai considéré comme un devoir de main-
tenir, devant l'Académie des sciences et la Société d'agriculture, la com-
plète exactitude des conclusions de nos travaux, confirmée par les expé-
riences, plus récentes, de MM. See^en et Nowak. J. Rkiset,
Membre de la Société nationale d'agriculture,
Correspondant de l'Académie des sciences.
AFFUTAGE DES SCIES DES FAUCHEUSES
ET DES MOISSONNEUSES
Au concours spécial de moissonneuses, à Albi, en 1882, le premier
prix, consistant en une médaille d'or, pour les appareils à aiguiser
les scies des faucheuses et des moissonneuses, a été décerné à
M. Bussereau, constructeur à Paris (22, rue de Picardie). La fig. 46
représente la meule et
son appareil d'aiguisage.
Cet appareil, qui peut
d'ailleurs être adopté à
toutes les meules, con-
siste en un support en
fer qui est monté sur
l'auge de la meule. Ce
support est articulé, et
muni, à sa partie supé-
rieure, d'une vis de pres-
sion pour recevoir et ser-
rer la scie. Un levier
permet de l'abaisser jus-
qu'au point oii la scie est
en contact avec la meule ;
l'adhérence est assurée
au moyen de deux res-
sorts, et à l'aide d'un lo-
queteau et de deux en-
tailles sur le support, on
peut incliner la scie à
droite et à gauche suivant
le côté que l'on veut ai-
guiser.
Les deux colonnetles
qui soutiennent le sup-
port peuvent être plus ou
moins montées dans les
douilles munies de vis
de pression, où entre
leur partie inférieure. On peut, grâce à cette disposition, des-
cendre la scie lorsque la meule vient à s'user, en même temps qu'on
règle l'inclinaison suivant laquelle la dent se présente sur la meule.
Pour aiguiser avec justesse, il est important de s'assurer que
l'appareil e.^t réglé régulièrement, de telle sorte que l'angle de la meule
corresponde bien entre les deux dents de scie. Si l'on veut s'assurer
de la marche du travail, on renverse la scie en arrière grâce au levier
à main, sans rien desserrer, et on peut, si le travail n'est pas achevé,
Fig, 46. — Meule de M. Bussereau pour aiguiser les scies
des laucheuses et des moissonneuses.
454 AFFUTAGE DES SCIES DES FAUCHEUSES ET DES MOISSONNEUSES.
la remettre exactement dans la position qu'elle occupait, sans déranger
en rien la marche de l'opération.
Le mouvement est donné à la meule, soit au moyen d'une manivelle
à main, soit au moyen d'une pédale. La meule, munie d'une mani-
velle, coûte 40 francs; avec une pédale, elle coûte 48 francs. Le prix
de l'appareil à aiguiser les scies des faucheuses et des moissonneuses
est de 30 francs. Henry Sagnier.
ENQUETE SUR LES VIGNES DE CALIFORNIE
Réponse à MM. Wetmore et Campbell.
Dans votre Journal du 30 décembre dernier, j'ai, avec la plus grande conve-
nance, demandé quelques détails plus précis sur la biologie du phylloxéra en Cali>
fornie, à M. le professeur J. Wheller. Le cycle phylloxérique, qui fait partie de
notre instruction obligatoire, me parait un syllabus suranné à côté des décla-
rations des naturalistes américains et surtout californiens, qui disent : « Nous
n'avons jamais pu trouver un seul œuf d'hiver, encore moins trouvons-nous dans
l'Eldorado une galle phylloxérique. Quant à l'insecte ailé, nous le soupçonnons tout
au plus. »
J ai de plus ajouté quelques sages conseils au sujet du vitis californica que,
selon moi, l'on recommande, avant la lettre, aux viticulteurs, comme résistant
au phylloxéra, alors que j'avais en main le Courrier de San Francisco du 1" jan-
vier 1882, qui me dit, par la bouche d'un éminent viticulteur californien, M. I)ré-
sol, qu'il se montrait contraire à l'emploi « des vignes sauvages de la Californie *,
« parce qu'il niait leurs qualités antiphylloxériques, et parce qu'elles n'ont pas été
assez étudiées. »
Il paraît que mes timides observations méritaient un châtiment au lieu d'une
réponse de M. Wheller. L'on m'opjiose deux américains, à qui je n'avais pas
adressé un traître mot, qui m'accablent de leurs imprécations mutuelles, si bien
senties, que l'on jurerait qu'elles ont été élaborées dans l'une de> têtes du Gérion
qui semble diriger les débats, et transmis UUco par le fil transatlantique en
Amérique.
Vous voudrez donc, je l'espère, M. le rédacteur, me permettre de répondre à
ces trois personnes qui paraissent ne faire qu'une seule et même personne.
Le prélude de l'article du 24 février auquel je réponds, est ornementé du pro-
logue écrit par M. Morlot qui, très adroitement, prend la parole afin d'éluder
les réponses sur les doux points capitaux ci-dessus; et afin de pouvoir faire le
silence sur ces deux questions, uniques objets de mon article du 30 octobre. Il
cingle, en passant, le savant chimiste M. Rohart, lequel, laisse-t-il entendre,
n'est pas sincère pour avoir écrit qu'il aurait envoyé 500,000 cubes aux Améri- ■
Gains. Enfin M. Morlot annonce qu'il s'agit d'une enquête, non sur les deux
points déjà déterminés, mais sur le fléau en Amérique et sur la résistance de toutes
les vignes américaines dans le Nouveau-Monde; puis M. Morlot cède la parole
au célèbre [armer caUfornien, M. Wetmore, qui débute ainsi '^ :
« Le V il is californica, dans notre climat, n'est pas affecté par le mildeiv, excepté
près de la mer. n Mais quelle raison pourrait-on lui opposer dans le cas où cette
vigne serait utilisée pour ia gretfe? M. Drésol, son compatriote, a déjà répondu
pour moi. Cette vigne n'a pas fait ses preuves contre le phylloxéra, et quant au
mildew, M. Wetmore n'est pas plus heureux, car j'ouvre la Gaceta agricola du
ministère d'agriculture de l'Espagne, du 16 lévrier 1883, et je lis ce qui suit :
« On nous écrit du Portugal : toutes les vignes de vitis californica sont ici atta-
quées par le mildew, et ont communiqué cette maladie à leurs voisines, les vignes
américaines et européennes. »
S'il y avait spéculation, ce que je ne veux pas admettre, les vitis californica
et arizonica ne seraient pas heureux dans leurs débuts. Donc j'avais raison de
dire : prudence; étudiez encore avant de présenter ces intruses à nos vignerons,
comme de nouveaux sauveteurs.
1. Les vignes sauvages de ce pays sont le vilis Californica el arizonica.
2. M. Wetmore passe pour démolir à San p'rancisco les produiis viticoles français; nos eanx-de-
vie ne sont que des trois-six de Berlin ; nos vins sont frelatés. C'est la Californie qui doit fournir
les vins à la France et à l'univers, comme ses vitis Californica doivent nous sauver du naufrage
phylloxérique. Le patriotisme est parfois égoïste.
ENQUÊTE SUR LES VIGNES DE CALIFORNIE. 455
J'ignore d'où viennent les inspirations de M. Wetmore; toujours est-il que
M. le chef exécutif vous exécute un adversaire dans un style extra[iitnenté, sur-
tout quand cet adversaire met en doute un objet ou un article calilornien quel-
conque.
« J'ai toujours, dit-il, considéré. M. Laliman comme une personne privilégiée
« dont les remarques ne méritaient pas de rf'ponse (et c'est pour cela qu'd en fait
« une). Est-ce que ces assertions ont réellement captivé l'attention en France?
« (Ces cajoleries rurales sont d'une naïveté exquise).
« J'ai lu ce qu'il a publié jusqu'à ce jour, et ce qui a trait à l'Amérique parti-
ce culièreraent et à la Californie: on rencontre raiement rm seul mot ex[)rimant
« la vérité ». Ce serait peut-être le chs ici d'imiter Alithonse Karr faisint son
procès à la modestie Qui diable dira du bien de vous si vous n'en dites pas vous-
même? seraient-ce vos adversaires californiens, par hasard?
Je ne me per.tettrai qu'une courte observation :
Etudiez, M. le chef de l'exécutif de la Commission viticole de la Cali-
fornie, étudiez d'abord le caliiornica, comme l'arizonica, comme vous avez déjà
étudié le cliutnn, le taylor, les elviia et les hybrides de lahrusca qui, dites-vous,
ont échoué chez vousM Si vous aviez un peu plus îu, vous sauriez que li dif-
férence qui a existé quelquefois entre l'école de Montpellier et la mienne,
gît uniquement dans ces mortalités que vous signalez vous-même, et que j'avais
signalées chez moi avant 1869. Vous auriez donc moins perdu votre temps en
m'écoutant. Lisez la page 7 du livre fonda' eur de l'école américaine, écrit par le
savant M. Planchon, intitulé : les Vignes américaines . vous y trouverez ces paroles
écrites cette fois par un noble adversaire : « La firemière mention de la résis-
« tance de certains cépages américains est due à M. Laliman Ce fut à Be.iune
c< qu'il communiqua, en i8o9. au Congrès des agriculteurs de France, l'itnmunité
« de ces vignes. Il en saisit les conséquences pratiques en montrant daus ces
« vignes exotiques dédaignées les remplaçants futurs de nos vignes indigènes.
a Accueilli par l'indifl'érence des uns, par l'incrédulité des autres, cet espoir fut
« saisi par les quelques hommes qui savent voir les choses de loin. » Dès lors fut
créée l'école de Montpellier, à laquelle M. Wetmore rend hommage, ne se
doutant même pas que j'ai contribué comme initiateur à sa fondation.
M. Wetmore répond fort peu à mes questions biologiques. L'on voit qu'il est
gêné de parler des infiniment petits. Avec le temps, il apprendra, espérons-le, ces
mystères de la nature, et nous saurons plus tard si déiinitivement le phylloxéra
des feuilles, si l'œuf d'hiver et si le phylloxéra ailé continuent à être invisibles
en Californie, malgré le progrès de la maladie que les Californiens de Bordeaux
m'assurent augmenter, autant que le mildew, le peronospora, et tulli quanti dans
cette région.
M. Vetmora continue en s'insurgeant contre le mot dévastation que j'ai appli-
qué à Ja Californie, il prétend que le fléau est anodin^. Mais- alors pourquoi
avoue-t-il que l'on a employé non seulement 2u,000 cubes Rohart en Californie?
que 74,000 acres de vignes ont été naguère plantées en vignes résistantes? Pour-
quoi ne pas continuer à replanter en cépages européens, si le danger n'est pas
sérieux? Je consulte encore le journal le Courrier de San-Francisco de 1882, et
j'emprunte à un M. Morel, spécialiste émérite, ces paroles qui réfuteront son
indignation.
« Il suffit de faire un tour à travers les vignobles californiens pour se convain-
« cre que le phylluxera a ravagé les vignes ! Les vignobles de Buenavista, celui
« du général William, du général Muray, etc., sont entièrement détruits. Les
« ravages du terrible insecte su fisent pour conveitir d'immenses et beaux vigno-
a blés en terres improductives et sans valeur! »
Après cela, que M. Wetmore s'ingénie a inventer les charmantes histoires, à
savoir : que ce n'est pas contre le phylloxéra que l'on emploiele sulfure en Cali-
fi)rnie, mais contre les écureuils! cela met en relief sa riche imagination; car au
moins, aurait-il pu me concéder qu'il e-t employé contre le phylloxéra et l'espiègle
rongeur! Les raillions votés par le Parlement de Washington pour combattre le
phylloxéra, qui incommode et les vignes exotiques et les vignes européennes, dans
le nord-Améri(fue, sont destinés à ia chnsse aux écureuils?
L Si quelqu'un a mi^ en garde le public contre les concords, les cluiton et cenains hyliridcs,
c'est, je crois, l'auteur de cet article.
2. Les Américains veulent encoie moins que les Français convenir que leurs vignohlcs souffrent
parce que à la dépréciation de leur sol je, joindiais la mévente de leurs vignes indigènes, qui, à
cause de moi, leur produisent des trésors, et nie valent des uionceaux d'injures.
456 ENQUÊTE SUR LES VIGNES EN CALIFORNIE.
Que va dire notre Académie à cette découverte inattendue qui ferait pouffer de rire
même le dernier des Fakirs 1
Après celte leltre figurent dans votre journal deux lettres de M. Campbell;
celle du 27 octobre 1882 reflète mes assertions au sujet de la mortalité des
vignes exotiques. J'avais écrit que je possédais plusieurs lettres du doc-
teur Schutze, qui prouvait que les vignes américaines étaient tuées par le phyl-
loxéra dans le nord-Amérique. Puisqu'il m'écrivait avoir perdu son vignoble !
M. Campbell qui, dans sa première enquête, avait confondu ledit docteur avec
un M. Jacquet, aussi intiouvable qu'inconnu en Géorgie, M. Campbell, dis-je,
non seulement ne convient pas ni n'explique pas cette première eireur, mais s'ex-
prime ainsi : « M. Laliman semble être un homme étrange; il cite M. Beikraans
pour prouver que le phylloxéra n'est pas en Géorgie, et aussi M. Schutze, pour
prouver que le phylloxéra détruit les vignes en Géorgie! »
D'abord le phylloxéra pour; ait être chez le docteur Schutze, et ne pas être chez
M. Berkmans, la Géorgie étant aussi grande que le quart de la France, et jus-
tement cette inégalité prouverait une fois de plus que j'ai raison ; c'est-à-dire que
le phylloxéra n'est pas partout en Amérique, ces inégalités nous arrivent même
dans la Gironde. Si donc M. Campbell a vu cette année dernière, dans les îles de
rOhio et dans le Sud, les vignes chargées de raisins' c'est qu'il ne s'est pas
informé si elles étaient inondées ou traitées au sullure ; les énormes subsides votés
par le gouvernement américain passent sans aucun doute à faire quelques remè-
des, et la vigueur des elviia qu'il signale, alors que M. Wetmore déclare qu'ils
sont déjà ti'.és en Caliornie, prouve ou que les localités qu'il a visiiées ne
sont pas envahies, ou depuis peu sont envahies, ou bien que l'on pratique des
remèdes, puisque M. Planchon a vu ces aiêmes viyncs, composées de catawa
en généial, dans un état jjitoyable. Ce sont des réflexions de casuistes, voilà tout;
mais les vignes améiicaines du docteur Schutze sont-elles mortes tuées par le
phylloxéra? C'est ce qu'évite avec une dextéiiié extrême de dire M. Campbell, et
c'est là tout l'intérêt de nos controverses. Les lettres qu'il m'a adressées sont-elles
l'œuvre d'un faussaire, oui ou non? En voici une en tout cas que ne contestera
pas mon éminent antagoniste :
« Westpoint, 13 juin 1881 (Etats-Unis).
« Monsieur Laliman, ce printemps, mes vignes meurent encore plus rapide-
ment que le^ années précédentes. Le Clinton est le premier tué par le phylloxéra,
puis le Coucord, le Harfort, rinwa et les espèces similaires des Labrusca. Je
n'ai que quelques variétés d'ÇEstivalis, et la plupart sont morts chez moi, comme
le Lenoir, le Northon's Virginia, l'Eumelan.
« Je suis convaincu que la plupart de nos variétés de vignes américaines seront
détruites dans peu d'années.
« Votre tout dévoué, D"" E. Schutze. »
Il faudrait prendre nos viticulteurs pour des ignorants, pour continuer ces néga-
tions, peut-être aussi intéressées qu'agaçantes; ce parti pris vise évidemment à
protéger l'exportation de certaines vignes, ou plutôt de toutes les vignes exoti-
ques; mais le jour approche où l'on verra si c'est M. Laliman qui invente leur
mortalité en Amérique. En attendant, je fixerai l'attention de mon zélé contra-
dicteur sur un document olficiel oméricain\ qu'il ne pourra récuser, puisqu'il est
signé Mac-Mulrie et Le Duc, directeur du mmistère de l'agriculture des Etats-
Unis, Governemetit Printlug office.
Il y verra que si l'on a prié M. le D"" Schutze de se taire en cette occurrence,
M. David, de Jacksonville, M. Hatwey, M. Laise de l'IUinois, M. Kelloy du
Miconsin ont parlé, et déclarent dans cette enquête offiidle que leurs clinton,
leurs concords et autres Labrusca sont depuis quelques années tués chez eux par
le phylloxéra; depuis quelques années, cela mérite toute l'attention des phylloxéri-
culieurs. L'on dirait vraiment qu'il s'agit ici d'un sport entre la vérité et 1 erreur,
et que la bonne pâte des lecteurs commence d'aider à sortir du cruel embarras,
le rédacteur de ces lignes; car M. Campbell semble oublier bien des cnoses : les
déclarations de M. Keech, de Sanduski, celles du docteur Cahin, de M. Turk,
de M. Crubb, de M, Husman, de M, Munch, etc., qui ne laissent aucun doute
sur la mortalité en question; il oublie même avoir déclaré que le phylloxéra des
galles était américain, et celui des racines européen*. Par exemple, il n'oublie
1. lif^port upon statislic of grappe culture and vine in llie United states 1881.
2. Lire le Compte rendu des contérences tenues au 'Irocadéro pendant l'exposition universelle
de Paris.
ENQUÊTE SUR LES VIGNES EN CAriFORNlE. 457
pas aussi d'écrire que les affirmations de M. Rohart sur l'envoi de ces cubes, en
Amérique, sont entièrement controuvées. Gomme j'ai en main le document im-
piiraé par M. Rohart, je le maintiens comme exact; c'est à l'émincnt chimiste à
prouver si j'ai tort d'avoir confiance en son bon droit.
En donnant un méli-méio d'enquête faite par les soins d'un homme qui vit du
courtage des vignes américaines, comme l'honorable M. Morlot, 1 on fait un rébus
déplus et pas autre chose. Mais, encore une fois, l'on n'a pas répondu aux points
d'interrogation que j'avais adressés autant sur les mœurs du vasiatrix en Califor-
nie que sur la résistance du vilis californica, et même du vitis arizonica. Pour
moi, ces vignes pourraient bien jouer en France le triste rôle qu'ont joué les si
vantés cépages : les clintons, les concords, les scupèrnon^. Il appartenait au pre-
mier initiateur dans la question de la résistance de certaines vignes américaines
de remplir ce devoir, afin d'éviter les nouveaux sarcasmes des vignerons,
qui sont systématiquement hostiles à toutes les vignes américaines sans excep-
tion ! ce qui ferait reculer de dix ans encore le salut de nos vignobles, par les
bonnes et vraies vignes exotiques^, qui comptent vingt ans de luttes victorieuses
contre leur insatiable ravageur. C'est pourquoi j'ai écrit cette réponse. 1
L. Laliman.
LE SUCRE EN ALLEMAGNE
Les lecteurs du Journal de f agriculture connaissent l'importance de
la production sucrière en Allemagne. Pans sa Chronique agricole du
24 lévrier, notre rédacteur en chef a signalé la question et a rappelé
que, durant la dernière campagne, l'Allemagne a extrait environ
80,000 tonnes de sucre de ses mélasses. Nous allons aujourd'hui
examiner la production dans ses détails. Les chiffres sont relatifs à
l'exercice 1881-1882. Comme le Luxembourg fait partie du Zolloerein^
il figure dans nos tableaux :
Betteraves. Droits. Sucre brut.
quint, métr. marcs. quint, métr.
Prusse 50,.^29,I6S 80,846,667 4,81i,-242
Bavière 246,890 39.i,()24 25.502
Wurtemberg 912,172 1,459,474 74,307
Bade 198,350 317,360 19,5.52
Mecklemhourg 249,424 399,078 26.651
Thuringe 894,826 1,431.722 90,167
Brunswick 5,121,482 8,194,372 515, ,356
Anhalt 4,466,229 7,145,966 421,005
Luxembourg.... 10[),938 161.500 10,400
62,719,479 100,351,163 5.997,222
L'Allemagne compte 357 sucreries et 59 raffineries ; 324 fabriques
emploient la diffusion. Le système de la diffusion donne 0.57 pour
100 de sucre, les autres systèmes 8.98 pour 100.
100 kilog. de betteraves ont produit en moyenne 9^56 de sucre
et 2^40 de mélasse. Dans l'évaluation de la production du sucre, nous
nous n'avons pas fait figurer le sucre tiré de la mélasse.
L'impôt est perçu d'après une loi impériale. Le quintal de bette-
raves paie 1". 60. Le principe est celui-ci : 12.5 de betteraves donnent
1 de sucre et le quintal métrique de sucre doit payer 20 marcs ou
25 francs. En fait, l'impôt perçu dans les cinq ou six dernières années
n'a pas dépassé 18 marcs, et il est même inférieur à ce chiffre si l'on
tient compte de la quantité considérable de sucre extrait des mélasses.
Les receltes fiscales perçues sur la production indigène ont atteint
100,351,163 marcs. Les droits d'entrée sont fixés à 30 marcs par
100 kilog, pour le sucre raffiné, 24 pour le sucre brut, 15 pour la
1. La réunion des gretleurs qui vient d'avoir lieu à Bordeaux, a recommandé uniquement les
cépages que j'avais reioramandes comme résistants au con.:rès de Beaune en 1869 : le riparia
Solonis, le Vialla, le York. — Les Clintons, les Californica, les Concords. etc., ont été mis au panier.
La vérité finit toujours par se faire jour.
458 LE SUCRE EN ALLEMAGNE.
mélasse. On a importé 22,016 quintaux métriques de sucre raffiné,
15,049 de sucre brut, 33,1 <i9 de mélasse. Les droits d'entrée ont rap-
porté 1,518,056 marcs.
Le trésor restitue à la sortie 23 marcs par 100 kilog. au sucre candi
et en pains, 21™. 60 au sucre raffiné, et 18™. 80 au sucre brut. Les
reslilutions ont dans 1 année 1881-1X82 atteint 43,41 2,561 marcs.
Ainsi, nous trouvons pour' les droits de fabrication 100,361,163
marcs, pour les droits d'entrée 1,518,056 marcs, et pour les resti-
tutions à la sortie 43,412,561 marcs. Les recettes nettes se chiffrent
donc par 58,456,658.
La consommation est évaluée officiellement à 2,879,813 quintaux
métriques. Elle n'a guère augmenté depuis À'ix ans. Elle est montée
de 2,715,203 quintaux métriques en 1872-1873 à 2,879,813 quin-
taux métriques en 1881-1882; elle ne dépasse pas 6\4 par tête et
par année.
Le revenu net a aussi peu varié. Evalué à environ 55 millions de
marcs en 1872-1873, il atteint aujourd'hui 58,456,658 marcs, ce qui
fait 1™. 29 par tête.
Les droits d'entrée se sont abaissés de 7,127,469 marcs en 1872-
1873, à 1,518,056 marcs en 1881-1882. Voici quelques chiffres pour
l'importation depuis dix ans :
Sucre raffiné. Sucre brut.
quint, métr. quint, métr.
1872-1873 124,886 97,562
1876-1877 77,097 10,172
1881-1882 .. 22,016 1b,0i9
Les restitutions à la sortie atteignent aujourd'hui un chiffre réelle-
ment colossal. L3ur importance est la meilleure preuve de la prospé-
rité de l'industrie sucrière. Ces restitutions, ainsi que le montre la
différence entre le droit de fabricition et le droit bonifié à la sortie,
constituent une belle prime d'exportation. Elles se sont élevées de
3,'201,150 marcs en 1872-1873 à 43,412,561 marcs en 1881*-1882.
Les chiffres que nous allons citer font ressortir le développement
graduel de l'exportation dans une série de dix ans :
Candi et pains. Sucre raffiné. Sucre brut.
quint, métr. quint, n^iétr. quint, métr.
1872-1873 :. 51,331 28,472 81,7/7
1876-1877 -3,935 43,423 462,189
188!-1882.... 399,160 144,130 2,539,310
Ces nombres se passent de commentaires.
L'année 1881-1882 a été fort bonne; d'après les données actuelles,
l'année ^^82-1883 sera également favorable. La récolte de la betterave
est estimée à 85 millions, au lieu d'environ 63 millions de quintaux
en 1881-1882. Paul Muller.
DESTRUCTION DES TAUPINIERES
11 est mutile d'insister sur l'importance de détruire les taupinières
dans les prairies naturelles ou artificielles. Ce n'est pas à dire que cette
opération, de même que celle des nivellements des monticules déterre
formés par les fourmis, soit entrée, dune manière générale, dans les
habitudes agricoles. Trop souvent, les taupinières d*^meurent intactes
dans les prés, et au moment delafauchaison elles entravent le travail
DESTRUCTION DES TAUPINIÈRES. ^59
des faucheurs. Etaupiner à bras n'est pas un travail difficile; mais
c'est une opération qui demande beaucoup de temps, et qui, par suite
revient assez cher. C'est pourquoi, depuis longtemps, on a construit
des étaupinoirs ou étaupinières à traction ; sans remonter au rabot des
prés deSchwerz, il a été fait beaucoup de modèles de ces appareils.
Au dernier concours régional de Chaumont, en 1882, nous avons
remarqué l'étaupinière niveleuse, exposée par M. Royer, à Luzy, près
Chaumont (Haute-Marne). Cet appareil (fig. 4) est formé par un cadre
formant traîneau, et pouvant se retourner pour le transport sur les
routes. Pour l'atteler, on emploie deux crochets fixés à la première
traverse supérieure; un cheval suffit pour traîner l'appareil.
A la première traverse sont fixés une dizaine de couteaux verticaux
dont les lames se dédoublent à l'extrémité inférieure. Ces couteaux B,
Fig. 47. — Élaupinière-niveleuse de M. Roger.
tranchant de toutes parts et rejetés en arrière, sont entre-croisés ; ils
traversent et divisent facilement les taupinières gazonnées, sans rien
entraîner. Leur élévation a été calculée de façon que la machine puisse
être employée dans les prairies artificielles sans que le collet de la
plante soit jamais endommagé. Le fer cornière A qui vient derrière les
couteaux, trouve la terre éparpillée sur le sol, en commence l'écrase-
ment et l'émiettage; le travail est achevé par une tôle cintrée formant
l'arrière du bâli; poussant les mottes en avant, elle les oblige à se loger
dans les inégalités du sol. Le nivellement étant alors complet, la faux
et la faucheuse peuvent fonctionner sans aucun obstacle. On peut
substituer avec facilité un rouleau niveleur à la pièce cintrée, si l'acheteur
en fait la demande.
Le prix de Tétaupinière niveleuse est del 25 francs, en gare de Chau-
mont (Haute-Marne). Henry Sagnier.
SITUATION AGRICOLE DANS LA MARNE
Le mois de mars a ramené de brusques variations de température. Nous avons
eu successivement pluie, soleil, brouillard, grésil, neige et gelée. Des gelées de 3,
4, 6 et 9 degrés au-dessous de zéro, ont arrêté la végéiation activée par la douceur
du mois de lévrier. Ces gelées ne jiaraissent pas avoir fait de mal aux récoltes en
terre, les vides que l'on remarque dans les emblavures résukent du mauvais état
du sol au moment de la semaille. Il existe toujours quelques campagnols, leur
petit nombre n'inspire aucune crainte pour la moisson de 1883.
460
SITUATION AGRICOLE DANS LA MARNE.
L'état des seigles et méteils est satisfaisant ; les terres à blé qui n'ont pu être
ensemencées en octobre produiront de l'orge. Les semailles d'avoines ont été
commencées dans d'excellentes conditions, il est bien regrettable (|u'un retour
d'hiver aussi dur soit venu les interrompre. Les irrigations naturelles n'ont pas
manqué aux prairies, il y a donc lieu de compter sur une production fourragère
au-dessus de la moyenne. Signalons les bienfaits, en temps d'inondations, d'un
service de i enseignements organisé [)ar M. A. Delasalle, préfet de la Marne; grâce
à ces renseignements portés à la connaissance des intéressés, jiar le télégraphe
et la gendarmerie, les particuliers et les communes ont })u préserver quantités
d'objets, et même sauver des chemins vicinaux qui étaient m* nacés d'une des-
truction complète. Les travaux d'extérieur ont été peu nombreux cet hiver, ils se
résument en transport des engrais, taille préparatoire, puis définitive de la vigne,
3pelques lal)ours, plantage etbutfage de jeunes sapins, plantaire de la vigne, taille
es arbres fruitiers, réparation des clôtures, des chemins d'ex,doitation. L'état
sanitaire du bétail est excellent, les nombreux cas de fièvre aphteuse ont complè-
tement disparu; les moutons ont fait quelques sorties en février; actuellement
c'est la venue des agneaux qui occupe beaucoup nos éleveurs.
Les Chambres consultatives d'agriculture fonctionnent très régulièrement; elles
ont de bons rapports avec l'administration, parce que celle- ci, loin de vouloir leur
enlever leur indépendance, facilite leurs travaux par tous les moyens qui sont en
son pouvoir. L.-G. Maurice,
Vice-président de la Commission de stalist'que agricole.
Secrétaire de la Chambre consultative d'agriculture de Vitry-le-trançois (Marne).
NOUVELLE FAUCHEUSE OSBORNE
Parmi les faucheuses et moissonneuses de la maison D. M. Osborne
et Cie, à Paris, il faut citer spécialement deux nouvelles macliines :
la faucheuse n" 5 et la moissonneuse n° 8. Cette dernière (qui se vend
à un ou deux chevaux), a déjà fait ses preuves, en France, en 1882 ;
rig 48 — Nouvelle faucheuse système Osbcne
on en a constaté partout l'exti^ême légèreté jointe à une jurande solidité
et à un bon travail. Une ingénieuse combinaison pareille à celle de la
machine combinée Wheeler, de la même maison, permet de contrôler
les râteaux avec une grande facilité et avec sûreté au moyen de gou-
pilles. Comme dans toutes les moissonneuses de la maison Osborne, le
tablier se relève facilement.
NOUVELLE FAUCHEUSE OSBORNE. 461
La nouvelle faucheuse Osborne n" 5 {{i<y. 48) plaît beaucoup par
une apparence simple et exempte de toute complication. Les roues
motrices sont sans eiif/renages et la barre coupeuse est en arrière. Les
deux machines sont bâties entièrement en fer forgé et fonte malléable.
Outre ces nouveaux systèmes, la maison Osborne exposait au palais
de l'Industrie ses autres machines bien connues en France, tels que
la faucheuse Kirby n" 1 , la moissonneuse n° 3, à grand travail, etc.
L. LE Saudriac.
CONFÉRENCES HORTICOLES A PARIS
Ainsi que le Journal l'a précédemment annoncé, M. J. Dybowski,
chargé de conférences à l'école nationale d'agriculture de Grignon, a
repris, à Paris, le samedi 3 mars, les conférences qu'il avait inaugu-
rées l'année dernière sous le patronage de la Société d'encouragement
à Taiïriculture.
Ces conférences sont spécialement destinées aux personnes qui
aiment la culture des fleurs et des plantes, mais qui n'ont pas acquis
les connaissances botaniques et horticoles nécessaires pour se guider
elles-mêmes. C'est dire que c'est une œuvre de vulgarisation, dans le
meilleur sens de ce mot, trop souvent mal appliqué.
Les conférences de M. Dybowski seront utiles à un grand nombre
d'amateurs qui y trouveront à la fois instruction et véritable agré-
ment. Aussi n'est-il pas surprenant qu'un public assidu se rende dans
la grande salle de la Société centrale d'horticullure (8i, rue de Gre-
nelle), afin de les suivre. La parole claire et attrayante du conférencier
est écoutée avec attention. Ce sont de véritables élevés qui veulent s'in-
struire ; nous avons vu des jeunes dames prendre des notes avec zèle.
Il y a là la meilleure preuve que cet enseignement volontaire portera
des fruits. Henry Sagnier.
FAUCHEUSES ET MOISSONNEUSES
Dans le compte rendu du congrès de mécanique agricole, tenu par
la Société d'encouragement à l'agriculture, j'ai lu que l'un de nos
plus grands constructeurs d'instruments agricoles, M. Albaret, avait
dit qu'il y avait la plus grande importance à savoir ce que devenait
un instrument, lorsqu'il était sorti de la fabrique, ce qu'il coûtait de
réparations et quelle pouvait en être la durée.
Je crois être utile aux agriculteurs en publiant le résultat de mes
observations sur deux instruments, aujourd'hui bien répandus, la
faucheuse et la moissonneuse.
J'ai acheté en 1875, à M. Pilter, une faucbeuse Wood, modèle de
1874, avec 4 scies et 3 bielles.
J'ai coupé avec cette machine en 1875, 1876, 1877 et 1878,
189 hectares de prairies artificielles. L'entretien, les réparations et le
remplacement des pièces usées et cassées ont nécessité pendant ces
quatre années une dépense de 101 francs.
Depuis 1878, j'ai conservé les mémoires des diverses dépenses
occasionnées par l'usage de la faucbeuse et j(; vais les établir, année
par année, en mentionnant la nature et le prix de chaque réparation
et de chaque acquisition de pièces de rechange.
462 FAUCHEUSES ET MOISSONNEUSES.
En 1879, la machine a coupé 32 hectares de luzerne et a coûté :
francs.
Réparation de l'arbre du premier mouvement 1 j 00
Un plateau de cliquet 4 00
Un pignon de l'arbre du volant 4 00
Deux guides de la bielle. , 2 85
Réparations à une roue et i)oulons 3 50
00 sections de lames et rivets 20 00
4 têtes de scie 1 1 00
Dépense en 1879 60 30
En 1880, la faucTieuse a coupé 36 hectares de luzerne et a coûté :
3 têtes de scie et boulons ■ 15 50
4 doigts et 4 guides 13 00
Réparations diverses 15 00
9 bielles soudées 6 *5
2 scies soudées 3 00
25 sections de lames et rivets 10 00
Dépense en 1880 63 25 '
En 1881, la faucheuse a coupé 55. hectares de luzerne et trèfle, et
a nécessité les dépenses suivantes :
12 boulons des guides 3 00
4 doigts 9 00
4 têtes de scie 11 00
1 levier et une fourche d'embrayage 9 50
2 guides de la lame 3 00
8 bielles soudées C 00
Réparations diverses .■ 2 50
40 sections de lamos et rivets 14 00
Dépense en 1881 58 00
La rupture fréquente de la scie et de la bielle était une cause con-
tinuelle d'arrêts, de perte de temps et de dépense. J'ai reconnu qu'elle
était due à l'usure du grand sabot. En 1882, j'ai fait ajouter à celte
pièce, au moyen de rivets, une plaque d'acier, et j'ai pu faire, sans
accidents, la première coupe des luzernes; mais, cette plaque s'étant
usée, le jeu existant a de nouveau fait casser les bielles et les scies.
Je me suis décidé à remplacer le grand et le petit sabot, malgré la
fijrosse dépense que nécessitait cette réparation. J'ai pu faire placer ces
deux pièces sans avoir recours à un maréchal. Depuis j'ai fait 'aucher
9 hectares de deuxième et 4 hectares de troisième coupe de luzerne,
sans la moindre avarie.
La faucheuse a coupé en 1882 40 hectares de luzerne et nécessité
les dépenses suivantes :
4 doigts 9 00
Petite roue du sabot et sa vis • ' .^ ^'9
Grand sabot et son support .">2 75
Petit sabot 14 50
Réparations diverses 5 00
5 bielles soudées 3 75
5 scies soudées 6 25
40 sections de lame et rivets 20 00
Dépense en 1882 115 Ih
En récapitulant les détails qui précèdent, la faucheuse a coupé en
huit années 352 hectares de luzerne, trèfle et sainfoin, et a occasionné
une dépense de 398 fr. 35, soit par an une dépense de 49 fr. 80 et
par hectare de 1 fr. 13.
L'état de ma faucheuse est encore bon. Aucune pièce n'est usée, et
le bruit qu'elle produit en marche est le même que celui que produi-
rait une machine neuve. Je suis certain qu'elle fera encore plusieurs
c impagnes, avant d'être hors de service. On peut estimer qu'une fau-
cheuse peut couper 450 hectares au moins, avant d'être usée. Quant
FAUCHEUSES ET MOISSONNEUSES. 463
au nombre d'années qu'elle peut durer, il varie naturellement suivant
le nombre d'hectares coupés chaque année.
D'après les chiffres précédents, en admettant qu'une faucheuse dure .
dix ans et coupe 450 hectares, chaque hectare aura à supporter pour
l'amortissement, 1 entrelien et les réparations, une dépense de 3 fr. 11.
Des observations que j'ai faites en surveillant la marche de la fau-
cheuse Wood et en la réparant, il résulte :
V Que les. doifi;ts devraient être fixés sur la barre par deux boulons,
au lieu d'un, comme dans la faucheuse Aultman, par exemple. Us
remuent souvent, et, si la scie ne brise pas, la machine est arrêtée, et
les sections de la lame sont ébréchées ;
2° La barre devrait être réunie au grand sabot par deux boulons
pour là rendre plus fixe. Cette amélioration a été apportée au nouveau
modèle de la faucheuse Wood, dile Favorite;
3" Le jTuide de la bielle s'use rapidement; son remplacement n'exige
qu'une dépense de 1 fr. 50. Je ne puis me prononcer sur le nouveau
guide employé, n'en connaissant pas l'usage;
4° La partie du grand sabot sur laquelle passe la scie devrait être
munie d'une plaque d'acier, fixée par des rivets, et pouvant être faci-
lement remplacée quand elle est usée. Son usure est une cause fré-
quente de la rupture de la bielle ou de la scie.
En terminant les résultats du travail de la faucheuse Wood, je dois
dire qu'il ne faudrait pas conclure de la dépense occasionnée par
cette machine, que son usage est plus onéreux que celui des autres
faucheuses, auxquelles je n'ai pu la comparer. Je la considère toujours
comme une des meilleures. Je désire que des agriculteurs fournissent
des renseignements sur l'emploi des faucheuses des autres systèmes ;
c'est alors seulement qu'il sera possible de les comparer au point de
vue pratique. Toutes ou presque toutes fonctionnent très. bien la pre-
mière année; mais beaucoup sont promptement hors d'usage.
Voici maintenant les résultais de l'emploi de la moissonneuse.
J'ai acheté en 1875, de M. Piller, la moissonneuse Samuelson, dite
Omnium. N'ayant reçu cet instrument qu'à la fin de la campagne, il
n'a coupé que 3 hectares. En 1874 et 1875, j'avais fait la mois.-on à
l'aide de la moissonneuse Samuelson, dile Royale. Depuis 185G je cou-
pais les céréales avec la moissonneuse Mac-Corinick.
L'Omnium a coupé en 1 876, 1 877 et 1 878, 1 1 4 hectares de céréales
et a coulé pendant ce laps de temps 80 francs d'enlretien et de répa-
rations. Cette dépense a été occasionnée par le remplacement des
pièces suivantes :
12 sections de la lame , , 12 00
Support de l'essieu de la roue de côté • 10 00
Un essieu et boulons , • 4 90
2 supports de la vis de la roue de côté 10 00
Bras des râteaux 25 00
Arbre et pignon de la crémaillère 8 00
2 guides, 3 doigts et boulons 10 10
Total de la dépense en 3 ans. , . . , 80 00
Depuis 1878 je puis établir, année par année, les diverses dépenses
occasionnées par l'usage de la moissonneuse Omnium.
En 18; 9, elle a coupé 39 heclares de céréales et nécessité une
dépense de 2 fr. 50 pour réparation au support de Tessieu de la roue
de côté,
464 FAUCHEUSES ET MOISSONNEUSES.
En 1880, elle a coupé 28 hectares. La dépense a été de 14 fr. 80
pour acquisition de 4 doigts et de 12 boulons pour les fixer.
En 1881, la machine a coupé 38 hectares et n'a rien coûté.
En 1882 4le a coupé 29 hectares de céréales et nécessité une
dépense de 1 0 fr. 25 pour remplacer l'arbre et le support de la roue
de côté.
En sept ans la moissonneuse a donc coupé 248 hectares de céréales
et nécessité une dépense de 107 fr. 55, soit par an 1 5 fr. 35, et par
hectare 0 fr. 43.
Aujourd'hui la moissonneuse est en état parfait et aucune pièce n'est
à remplacer. Elle estpresqu'aussi bonne qu'une neuve. Changeant les
sections de la scie de la faucheuse dès qu'elles commencent à être
pointues, je les emploie pour remplacer celles de la scie de la moisson-
neuse qui cassent.
Les résultats, consignés ci-dessus, pourront surprendre bien des
agriculteurs et des fabricants qui n'ont pas recherché ce que coûte
l'entretien des instruments qu'ils emploient ou qu'ils livrent à l'agri-
culture.
Ce compte aurait cependant une grande importance; il donnerait
sur l'entretien et la durée d'une machine des notions qui manquent,
et que ne peuvent fournir les essais faits dans les concours, quelque
longs qu'ils soient„
Si une solution favorable est donnée au vœu, émis par le Congrès
de mécanique agricole, pour la création de stations d'essais d'instru-
ments agricoles, Tagricullure sera promptement éclairée sur la valeur
réelle d'une machine.
Cette création de stations d'essais peut être faite, sans frais, dans
les établissements d'enseignement agricole pratique. Les constructeurs
n'hésiteront pas à obtenir la sanction de l'expérience pour les instru-
ments qu'ils fabriquent, et à mettre à la disposition des directeurs de
ces établissements les machines qu'ils seront chargés d'essayer.
Deux faits à l'appui.
En 1874' j'ai organisé des essais publics de moissonneuses.
Quatre constructeurs m'ont envoyé leurs machines, et c'est de ce
momentquedate l'introductiondans ledépartement des moissonneuses.
On les compte aujourd'hui par centaines.
Chargé par le Conseil général de la Vienne d'établir, à la ferme-
école, une pépinière de cépages américains et une école de greiïage,
j'ai fait appel aux divers constructeurs de machines à grefTer, dont je
connaissais les noms, et tous, ou presque tous m'ont répondu par
l'envoi gratuit de la machine de leur invention.
Le besoin d'ouvriers forgerons capables de réparer les instruments
se fait peut-être moins sentir qu'autrefois, parce que les constructeurs
sont arrivés à faire des pièces de rechange parfaitement calibrées, que
tout conducteur de machines peut poser sans peine.
D'un autre côté les diverses écoles d'ensei^rnement anrricole four-
nissent des hommes familiarisés avec l'emploi des machines, et
capables de faire exécuter, sous leur direction, par le premier forge-
ron de village, les réparations qu'elles nécessitent.
H. -S. DE Larclause,
D'recteur de la ferme-école de MonUouis (Vienne).
1. Journal cU l'ayricuUiire du 15 août 1874.
LE TOURTEAU- DE COTON. 465
LE TOURTEAU DE COTON DËGOPJTQUÉ
SON EMPLOI ET SA VALEUR DANS L'ALLMENTATION DES VACHES
DE LAITERIE
L'emploi des tourteaux oléagineux dans l'alimentation du bétail a
pris, dans l'économie de la ferme, une importance incommensurable.
Ce que l'af^riculture dépense en tourteaux se chiffre par des centaines
de millions par an. Aussi le commerce de ces denrées, de même que
celui des engrais artificiels, a pris un développement dont les statis-
tiques oflicielles seules, si elles étaient comp êtes, pourraient donner
une idée exacte. Comme toujours, malheureusement, la fraude s'est
mise à la suite du commerce et l'a même envahi. Le cultivateur
achète de confiance, et comme il n'a pas le temps de vérifier la mar-
chandise qu'on lui livre, il offre une surface facile d'exploitation aux
commerçants malhonnêtes pour lesquels un gain illicite, ou plutôt un
vol organisé, n'est point un obstacle.
Mon but dans le présent travail n'est point de dévoiler ces fraudes.
Cela ne servirait à rien. Ce but est tout simplement d'étudier la valeur
nutritive d'un tourteau peu connu en France, mais employé en Angle-
terre sur une échelle énorme. Je veux parler du tourteau de graine
de coton décortiquée d'Amérique. Nous avons bien à Marseille, le
tourteau de coton 'dit décortiqué d'Egypte, mais il y a entre ces
deux produits une différence si considérable, qu'aucune comparaison
n'est possible. D'abord le tourteau d'Egypte est très imparfaitement
décortiqué, ce qui lui donne une proportion notable de matière indi-
geste, sans valeur nutritive. La présence de cette écorce dans le tourteau
d'Egypte le rend absolument impropre à l'alimentation des jeunes
animaux. Pour les agneaux et les veaux, c'est un véritable poison, car
chez ces jeunes ruminants dont l'appareil digestif est encore à l'état
rudimenlaire, les écorces non extraites du tourteau étant rebelles à
l'action dige-stive, s'accumulent entre les feuillets de l'estomac et, par
leur décomposition, finissent par tuer le jeune animal. Combien de
fois ai-je pu constater chez les éleveurs de ces accidents, pour eux
incompréhensibles, et combien de fois m'est-il arrivé de demander
aux éleveurs atterrés s'ils avaient donné à leurs agneaux ou à leurs
veaux du tourteau de coton d'Egypte, et trouvé dans leur réponse
affirmative l'explication des accidents qu'ils déploraient ! Le tourteau
de coton d'Egypte est à bon marché, c'est pourquoi les éleveurs sont
enclins à l'acheter de préférence. Mais c'est un mauvais calcul, car
cette prétendue économie est plus apparente que réelle. Dans le tour-
teau de coton d'Amérique, au contraire, les écorces indigestes sont
complètement éliminées, et il ne reste plus que la pulpe oléagineuse,
dont la matière grasse est sans doute absente, dans une grande
mesure, ce qui le rend inférieur au tourteau de lin, par exemple, mais
qui contient dans une plus forte proportion l'azote et les autres prin-
cipes nutritifs, qui non seulement donnent à ce tourteau une haute
valeur comme alimentation, mais donnent aussi aux déjections des
animaux qui le consomment, une valeur fertilisante bien supérieure à
celle de tout autre aliment.
Un des grands avantages du tourteau de graine de coton décortiqué
d'Amérique, c'est qu'il prête moins que le tourteau de lin à la falsifi-
466 LE TOURTEAU DE COTON.
cation. Il est ev effet plus facile de mélanger des graines hétérogènes
avec la graine de lin qu'avec la graine de coton, dont la couleur et la
texture ont un caractère sut generis qu'il est difficile, sinon impossible
de falsifier.
Il n'existe peut-être pas de tourteau qui se prête mieux à la fraude
que celui de graine de lin, fraude de la part du fabricant et fraude
de la part du commerçant. Autrefois on vendait le tourteau de lin
garanti fait avec la graine importée^ mais ce n'était qu'une garantie
sans valeur, car la graine importée, lorsqu'elle n'est point criblée,
contient presque toujours une notable proportion de graines adven-
tices sans aucune valeur nutritive. Dans les contrées de l'Orient,
où le lin est cultivé sur de grandes surfaces, l'agriculture est encore
à l'état primitif, et les terres sont fort mal nettoyées. Il arrive qu'une
multitude de mauvaises herbes croissent et mûrissent avec le lin et
les cultivateurs manquant absolument d'outils de nettoyage, ou ne
voulant pas se donner la peine de cribler leur récolte, l'expédient telle
quelle sur les marchés de lOccident, où elle est vendue et livrée aux
fabricants d'huile qui, vendant les tourteaux à l'agriculture au prix
normal de la marchandise pure, y trouvent un large profit en se pré-
valant de la garantie qu'ils alfichent, que le tourteau est fabriqué avec
la graine telle qu'elle est importée.
Pour donner une idée de la valeur de cette garantie fictive, il me
suffira de citer le D"^ Vœlcker, qui déclare avoir trouvé jusqu'à
25 espèces de graines hétérogènes dans un échantillon de graine de
lin du commerce. Le D"" Niobe, savant botaniste aile nand, en a trouvé
jusqu'à 41. Dans la plupart des échantillons examinés par M. Francis
Sutton, chimiste consultant de la Chambre d'agriculture du Norfolk,
il y en avait 20. La moyenne normale ne devrait pas dépasser
4 pour 100.
Un autre mode de fraude est la proportion d'eau contenue dans les
tourteaux. En 1849, le professeur Way fit des analyses de tourteaux
de différentes provenances, et voici le résultat moyen de ses recherches
en ce qui concerne la proportion d'eau : '^
8 spécimens de tourteaux français - 7.60 pour 100
7 — — améri:ains 7.60 —
9 — — anglais 8.60 —
2 — — russes 8.8J —
3 — — allemands 7.98 —
2 — — italiens 9.03 —
2 — — siciliens 9.46 —
Ce qui donne une moyenne au-dessous de 10 pour 100, qu'on
s'accorde à admettre comme proportion normale. Mais aujourd'hui il
arrive souvent que cette proportion monte jusqu'à 13 et 14 pour 100
à l'avantage du fabricant, mais au grand désavantage du nourrisseur.
Ainsi, il est permis de soupçonner que certains commerçants font
absorber aux tourteaux avant de les livrer à la consommation, une
certaine quantité d'eau, ce qui constitue un bénéfice illicite et frau-
duleux. Il y a d'autres fabricants qui obtiennent d'abord un rapport
favorable d'un chimiste à qui ils ont envoyé un échantillon d'une
grande pureté, et qui, spéculant sur ce certificat, n'hésitent pointu
livrer des tourteaux de qualité inférieure.
Pour donner une idée de ce que devrait être la composition d'un
tourteau de lin, de valeur normale, je donne le tableau suivant :
LE TOURTEAU DE COTON- 467
Humidité .10
Matières azotées 29
Huile 10
Mucilage, sucre, etc 32
Fibre ligneuse et matière minérale •. 19
lUO
il faut aussi remarquer que la présence d'une proportion considé-
rable de graines hétérogènes dans la graine de lin, non seulement
amoindrit la valeur du tourteau, mais le rend plus susceptible de
moisissure, et moins appétissant aux animaux qui le mangent avec un
certain degré de répugnance. La plupart de ces graines adventices
appartiennent à la série des crucifères, c'est-à-dire le colza sauvage,
le radis, la moutarde, la navette, ainsi que d'autres herbes sauvages
dont les graines donnent au tourteau un goût amer non seulement
désagréable au goût, mais encore positivement pernicieux à la santé
de l'animal.
En général, le cultivateur n'a point le temps de se livrer aux ana-
lyses des substances auxiliaires qu'il achète comme nourriture et
comme engrais. Cependant, voici un moyen bien simple de se rendre
compte de la présence d'une quantité anormale et frauduleuse de
graines hétérogènes, c'est-à-dire autres que celles de lin dans le tour-
teau que le commerce livre au cultivateur comme étant pur. C'est à
l'aide du microscope que l'on peut découvrir cette fraude. A cet eiîet,
on prend un échantillon moyen de tourteau, on en pulvérise assez
fin environ 30 grammes que l'on dissout dans de l'eau froide, on ajoute
un réactif quelconque qui dissout la partie farineuse intérieure des
graines, de manière à n'en laisser que les écailles. On lave ensuite à
grande eau jusqu'à ce qu'il ne reste plus que les écailles. On décante
ensuite ce qui reste d'eau, de manière à laisser les écailles à sec, puis
on les mélange bien ensemble et on en met une petite quantité sur
des bandes de verre, pour les examiner au microscope. C'est alors
que l'on voit distinctement les écailles diverses, chacune indiquant
une espèce différente de graines, et on peut se rendre compte, approxi-
mativement il est vrai, mais d'une manière exacte, de la pro|)ortion
de ces graines en comparaison de celles de lin. On peut répéter cet
examen de manière à obtenir une moyenne suffisamment exacte.
Avec le tourteau de coton décortiqué d'Amérique, les risques de
falsification sont moindres, parce que, comme je l'ai déjà dit, la
graine de coton diffère de toutes les graines adventices, et le mélange
serait facilement découvert. D'ailleurs la culture que subit la plante
de coton l'isole à peu près complètement des herbes parasites. Néan-
moins, il existe une assez grande différence entre les qualités nutri-
tives des lourteaux faits avec cette graine, et l'analyse chimique seule
peut déterminer ces qualités. Les grands consommateurs doivent donc
se prémunir contre les risques de la fraude en achetant sur analyse et
se réservant le droit de faire analyser un ou plusieurs échantillons. Les
négociants consciencieux et Dieu merci! il y en a beaucoup, vendent
toujours avec cette garantie et supportent les frais de l'analyse qui, du
reste, lorsqu'on est membre d'une Société d'agriculture quelconque,
sont insignifiants. Mais, après tout, la probité consciencieuse du mar-
chand est encore la meilleure garantie contre la fraude. La bonne
renommée et le crédit d'un négociant reposent directement sur sa
probité et sur la satisfaction qu'il donne à ses clients. Il a donc intérêt
468 LE TOURTEAU DE COTON.
à ce que la marchandise qu'il livre soit absolument telle qu'il la repré-
sente. La moindre erreur, si elle venait à être découverte, quand iDien
même elle aurait été inconsciente ou accidentelle, lui porterait un
préjudice trop grand pour qu'il n'ait à cœur d'en empêcher même la
possibilité. Voilà la véritable garantie du consommateur!
Le tourteau de coton décortiqué d'Amérique, que je regarde comme
le plus précieux auxiliaire de l'éleveur et de l'engraisseur, est d'un
usage encore fort restreint en France où il n'existe que peu ou point
d'importateurs directs. Comme je l'ai dit en commençant ce travail,
l'emploi de ce tourteau a pris, dans ces dernières années, une exten-
sion extraordinaire en Angleterre. Les recherches de JMM. Lawes et
Gilbert ont démontré la valeur fertilisante du fumier. Ainsi la valeur
fertilisante du fumier provenant de la consommation de 10U0 kilog.
de tourteau de lin étant de 118 francs, est pour la même quantité de
tourteau de coton décortiqué d'Amérique de 165 francs. Ces chiffres
suffisent pour donner une idée de la valeur relative des deux espèces
de tourteau. Voici du reste la composition chimique des tourteaux de
coton de bonne qualité :
Eau 9 •
Matières grasses (huile) 14.31
Matières azotées 42 »
Sucre, mucilage, etc 21.69
Cellulose, fibre ligneuse, matière minérale, etc. ... 14 »
100.00
En comparant cette analyse avec celle des tourteaux de lin, on voit
immédiatement la supériorité nutritive du tourteau de coton.
En présence d'une aussi forte quantité d'azote dans la composition
du tourteau de coton d'Amérique, on arrive naturellement à la con-
clusion qu'aucune substance ahmentaire n'est comparable à ce tour-
teau pour l'alimentation du bétail. Seulement, comme dans cet aliment
il y a une proportion très forte de substances azotées qui pourraient
causer des inconvénients par leur extrême richesse nutritive, il ressort
de l'expérience des nourrisseurs et engraisseurs qu'il convient de mé"
langer le tourteau de coton avec une autre substance moins riche en
azote, mais contenant une plus forte proportion de matières grasses.
De toutes les substances nutritives mises par le commerce à la portée
des agriculteurs, nulle n'est plus propre à ce mélange avec le tourteau
de coton décortiqué, que le maïs réduit en farine. Le maïs, à poids
égal, et quand il s'agit d'engraissement seulement, est même plus
avantageux que le tourteau de coton décortiqué. Ainsi, toutes choses
égales d'ailleurs, un lot de moutons recevant 250 grammes par jour de
tourteau de colon comme nourriture auxiliaire, donnera un rendement
moins satisfaisant comme "engraissement, qu'avec la même quantité
de farine de maïs. Mais pour le nourrisseur de vaches laitières et pour
l'éleveur, ces deux substances mélangées en parties égales donnent un
rendement des plus satisfaisants.
Au mois de novembre de l'année 1879, le D" Vœlcker, au cours
d'expérience sur la valeur fertilisante de fumiers produits par la con-
sommation de diverses substances alimentaires par 8 bœufs choisis
à cet effet, eut l'idée de continuer son expérience sur les effets des
trois substances nutritives dont il s'était servi ; c'est-à-dire le tourteau
de coton décortiqué d'Amérique mélangé avec de la farine de maïs,
et le tourteau de liii tout seul. A la lin de l'expérience pour le fumier,
LE TOURTEAU DE COTON. 469
les 8 bœufs furent replacés dans leurs boxes le 9 novembre 1879, étant
déjà en bonne condition d'embonpoint, mais non parvenus à leur
maximum d'engraissement. Le but de la nouvelle expérience fut de
savoir s'il est plus avantageux de donner aux animaux à l'engrais, du
tourteau de lin, qu'un mélange de tourteau de coton décortiqué avec,
de la farine de maïs, comme nourriture auxiliaire, ajoutée aux
rations ordinaires de racines et de paille hacliée.
{La suite prochainement). F.-R. de la ïréhonmais.
CONSEIL SUPÉRIEUR DE L'AGRICULTURE'
Le Conseil supérieur de ragri'-.ulture s'est réuni, le mercredi [14 mars couranl.
sous la présidence de M. le ministre de l'agriculture.
En ouvrant la séance, M. Méline a remercié le Conseil du concours qu'il vou-
lait bien lui prêter; il a ajouté qu'il était dans l'intention de lui soumettre de;
nombreuses et très importantes questions qui exigeront de sa part beaucoup de
travail ; mais il est convaincu que le Conseil est trop pénétré de la grandeur de
sa mission pour ne pas accorder au gouvernement son concours le plus actif et le
empressé. Il rendra ainsi à l'agriculture les services qu'elle est en droit d'attendre
d'une aussi éminente représentation. M, le ministre a signalé ensuite au Cmseil
trois sujets importants d'étude qui pourraient utilement faire l'objet de ses plus
prochaines délibérations.
Le premier consiste à rechercher les moyens d'instituer dans chaque départe-
ment une représentation permanente des intérêts agricoles.
La seconde proposition a pour objet de faire étudier par le Conseil supérieur
les qupstio s relatives à la revision des tarifs de chemins de fer qui intéressent à
un si haut degré l'agriculture française.
Le troisième projet dont le ministre a entretenu le Conseil a pour but la répres-
sion des fraudes apportées dans le commerce des engrais.
M. le ministre a ajouté que toutes ces questions^ quoique très importantes,
ne devaient cependant pas, dans sa pensée, être un obstacle à l'examen et à la
discussion immédiate des projets déjà étudiés par le Conseil, et dont plusieurs
ont fait l'objet des rapports spéciaux qui peuvent être placés immédiatement en
tête de l'ordre du jour de ses séances, tels que les projets de la Commission de
viticulture, de la Commission des voies de communication et de la Commission du
dégrèvement des impôts fonciers.
Le Conseil a décidé, conformément à cet ordre d'idées, de placer en tête de Tor-
dre du jour de sa prochaine réunion l'examen des propositions de la Commission
de viticulture, que nous résumons ci-après :
1" Développement de l'enseignement agricole ;
2° Revision de l'impôt sur les boissons ;
3" Réduction des prix des transports des vins sur les chemins de fer ;
4° Réduction des droits de douane dont sont frappées les matières premières
nécessaires à la viticulture ;
5" Etablissement, dans le plus bret délai, de nombreux travaux d'irrigation ;
6° Demande que des encouragements soient accordés à tous ceux qui, à un titre
quelconque auront rendu des services à la viticulture dans la question du phylloxéra ;
7° Demande d'extension aux vignobles français des avantages assurés par la loi
aux terrams susceptibles d'être soumis aux opérations du drainage.
M. Jametel, député, a donné ensuite leqture du remarquable rapport qu'il a
a préparé au nom de la Commission des voies de communication, et qui renferme
les propositions suivantes :
Gréer dans chaque département un réseau unifié de chemins vicinaux départemen-
taux, comprenant les routes départementales, les chemins de grande communication
et ceux des chemins vicinaux ordinaires dont l'imijortance justifierait le classement.
Une revision générale des classements actuels et la constitution du nouveau
réseau seraient opérées sous le contrôle de l'Etat,
Les chemins de moyenne communication et les chemins vicinaux classés devien-
draient la propriété des départements, sauf les plantations existantes qui, jusqu'à
leur maturité, resteraient acquises aux communes.
I. Compte rendu publié pur le Journal Officiel du 17 mars.
470 CONSEIL SUPÉRIEUR DE L'AGRICULTURE.
Les départements seraient tenus d'assurer l'entretien des réseaux ainsi consti-
tués. Pour concourir à cet entretien, l'Etat allouerait une somme de 30 millions
au minimum à répartir entre les départements. Les communes intéressées con-
tribueraient à cet entretien, dans la proportion de \ew intérêt, mais seulement
jusqu'à concurrence de la valeur d'une journée de prestation.
Les centimes ordinaires spéciaux delà vicinalité, votés dans chaque commune
lui demeureraient expressément réservés.
La prestation efïcctuée en nature ne pourrait être employée que sur le territoire
de la commune.
Dans chaque département, il serait opéré par le Conseil général une revision
des tariis de prestation sur des bases uniformes.
Sur l'avis du Conseil général, dans chaque département, l'administration aurait
la faculté de convertir les prestations en nature, non rachetées en argent, en
tâches consistant en fournitures de matériaux ou en charrois, travaux de terras-
sement, etc.
Une revision du réseau ou des tarifs pourrait avoir lieu après une période de
cinq ans.
La loi de 18J6 serait maintenue et appliquée au nouveau réseau vicinal, sauf les
modifications indiquées ci-dessus.
Le rapport de M. Jametel constate, en terminant, que les mesures proposées
parla Commission nécessiteraient, pour l'entretien du nouveau réseau, une somme
d'environ 82 millions de francs.
La Commission estime qu'il pourrait y être pourvu à l'aide des ressources
suivantes :
Subvention de l'Elat 30,000,000
Une journée de prestation des communes 20,000,000
La dotation actuelle des rouies départementales 14,810,000
La somme représentant le concours actuel des départements
à l'entretien des chemins de grande et de moyenne
communication '. 17,000,000
Toial ix peu près égal 81,810,000
Après la lecture du rapport de M. Jametel Je Conseil supérieur a décidé qu'avant
de le mettre en discussion, il y avait lieu de l'adresser à tous les Conseils géné-
raux de France, pour avoir leur avis sur les propositions qui y sont contenues.
M. Girerd a rendu compte également des travaux de ia Coumission des dégrè-
vements des impôts fonciers, dont il est le président.
Cette Commission, après examen et discussion, a écarté la réduction du princi-
pal de l'impôt foncier.
Elle a ajourné toute réduction nouvelle sur :
Les sucres ; les alcools ; le sel.
Elle a retenu, pour les examiner ultérieurement, les sujets d'études ci-après :
La déduction des dettes dans la fixation des droits de succession;
Une modification aux droits perçus sur les mutations d'usufruit et de nue pro-
priété ;
La suppression du double décime dans toutes les mutations.
Enfin, elle a préparé un projet sur les échanges d'immeubles ruraux non bâtis
et a émis un vœu relatif à l'élargissement, dans une mesure prudente, de la facul-
té de déclarer command.
M. Lyon-Caen, rapporteur de cette Commission, a donné lecture au conseil du
rapport préparé par lui sur le projet relatif aux échanges d'immeubles ruraux
non bâtis.
Ce rapport constate que la Chambre des députés est saisie d'un projet qui donne
une complète satisfaction aux désirs de la Commission, dont la tâche se trouve
ainsi simplifiée.
Le Conseil a ensuite procédé à la nomination des trois commissions chargées de
l'étude des questions relatives : 1° à la revision des tarifs de chemins de fer ;
2° aux moyens d'assurer à l'agriculture une représentation officielle dans chaque
département ; 3° et à la repression des fraudes commises dans le commerce des
engrais.
Le conseil s'est ensuite ajourné après les vacances de Pâques ;mais il a, au
préalable, assuré à ses réunions une périodicité régulière, en décidant qu'il tien-
drait séance tous les quinze jours, le vendredi.
SITUATION AGRICOLE EN ANJOU. 471
SITUATION AGRICOLE EN ANJOU
Nous avons eu un hiver très humide, et au mois de février une
série de beau temps ensoleillé, qui avait hâté le départ des premiers
bourgeons; mais, avec mars, le mauvais temps nous est revenu , et la
froidure aussi.
Le 6 avec de la neige le thermomètre est descendu à — 5°, le 7, à
— 7°, le 8 à — 1" également. La conséquence de ce refroidissement
subit a été la perte de beaucoup de bouquets floraux, chez les poiriers,
les pêchers, les abricotiers et les pruniers.
Les jardins ont aussi beaucoup souffert et les longues pousses de
clématites Jakmani ont été brûlées par la gelée ; les pivoines, les roses,
les lilas, et nombre d'autres arbustes ont également souffert.
Les emblavures d'hiver sont en bon état; les blés sont drus,
verts et bien piqués. Elles ont pu en grande partie être faites à
l'automne, il n'en restait guère qu'un cinquième en souffrance. Cela
provient de ce que nos vendanges ont été presque nulles en 1882,
comme quantité j'entends, car la qualité des vins rouges et blancs
est moyenne, elle semble même se relever un peu à la suite des pre-
miers soutirages.
Les choux ont été légèrement frappés par les dernières gelées. Cela
est sans grande importance, car ils louchent à leur fin.
Les semailles de printemps qui restent à faire, se font tant bien que
mal, à ti'avers le fort temps qui nous est revenu. Cependant, je crois
qu'elles touchent à leur fin, parce que les fermiers se sont hâtés de
mettre à profit les beaux jours du mois de février.
Au milieu de tous ces contretemps, les fourrages n'ont fort heu-
reusement pas manqué aux animaux de rente. Aussi les marchés de
l'Anjou sont-ils bien garnis; jusqu'aux premiers jours de mars, les
prix ont été très avantageux, et les bêtes grasses s'enlevaient preste-
ment; mais sur les derniers marchés, les vendeurs ont trouvé une
détente sérieuse qui, je l'espère, ne sera que passagère.
En résumé, noire culture n'est pas dans de trop mauvaises condi-
tions, elle serait même dans de très bonnes, si le blé se vendait mieux;
et si la viande reprenait son cours d'il y a quinze jours. La préférence
donnée par l'intendance de Bretagne aux blés étrangers, a contribué
singulièrement à enrayer les cours du blé sur les marchés de l'Anjou.
Cela est très malheureux. A. Bouchard.
PANIQUES EN FOIRE- — CAUSE, PRÉSERVATIF
Les paniquesen foire deviennentfréquentes. On en cherche la cause
qu'on a d'abord attribuée à la mouche hippobosque, dite mouche
plate; mais, comme ces paniques sévissent aussi bien en hiver qu'en
été, en hiver, où pas un moucheron ne bourdonne, cette explication
a dû être abandonnée.
Puis, en vertu du penchant, inné dans les multitudes surtout, de
mettre toute mésaventure sur le compte de la malveillance, on a vu,
dans ces alertes subites, la main des pick-pockets, qui, pour voler
plus à l'aise, provoqueraient ces débandades désordonnées, au moyen
de quelque composition d'eux seuls connue.
472 PANIQUES EN FOIRE. — CAUSE, PRÉSERVATIF.
Si celte dernière raison était la vraie, les paniques séviraient de
préférence sur les marchés des grandes villes, où les voleurs sont plus
nombreux, et les porte-monnaies mieux garnis, or c'est le contraire
qui arrive : plus une localité est pauvre, plus ses foires sont sous le
coup de ces affolements redoutables.
Mais, sans recourir aux drogues répandues à mauvaise fin, n'y
a-t-il pas, dans la nature, une matière ayant la propriété d'affoler le
bétail? Le sang versé ne produit-il pas cet effet? Nous savons tous
que la senteur du sang, sa couleur seule, rend furieuses les bêtes
aumaiiles. Qu'un troupeau de vaches, une bande de bœufs, vienne à
passer sur un terrain où, une saignée ayant été pratiquée, la place s'est
imprégnée de sang, on voit soudain un de ces animaux émettre un
beuglement sourd et prolongé, lequel est à l'instant répété par toute
la troupe, qui, entrant en furie, s'entreprend des cornes et commence
à se battre avec rage.
Nous avons là une représentation fidèle de ce qui se passe en un
foi rail, quand une terreur panique y fait explosion.
Or, ces émanations du sang versé, qui irritent jusqu'à la frénésie
le bétail, elles se retrouvent dans toutes les foires, non plus en se
dégageant du sol, mais en se dégageant des mains et des vêtements
des nombreux bouchers, qui ne manquent pas d'y, venir palper, en
un examen des plus minutieux et des plus topiques, les animaux
qu'ils veulent acheter. Comment ce ruminant, qu'une tache de sang
horripile, n'entrerait-il pas en folie furieuse au toucher de ces mains,
au frôlement de ces habits, tant de fois ensanglantés, qui sont mis en
contact avec ses naseaux !
Les. bouchers de campagne, soit dit sans les froisser, ne sont pas en
général d'une propreté irréprochable : on en voit, et souvent, venir
sur le foirail en tenue de travail. Chacun de nous, en approchant de
ces très utiles préparateurs, n'a pu qu'être frappé de l'odeur de bou-
cherie qu'exhale toute leur personne. Si cette senteur nous affecte,
combien plus elle doit affecter un animal dont l'odorat dépasse si fort
le nôtre en finesse et en portée ?
Il y avait jadis moins de paniques en foire, parce qu'il y avait
moins de bouchers. A présent, chaque village a le sien, qui tue en sa
maison et y met en quartiers.
Si les paniques ne sévissent jamais sur les marchés des grandes
villes, cela tient à ceci : que messieurs les bouchers de ville sont plus
propres sur eux que leurs confrères les ruraux. Et puis, les bouchers
de ville n'abattent ni ne dépècent eux-mêmes ; ils ont pour ces grosses
besognes des aides qui ne quittent guère l'abattoir.
A})rès cela, loin de moi la pensée de songer à faire interdire aux
bouchers l'entrée de ces foires, dont ils sont, je ne dirai pas le plus
bel ornement, mais l'organe le plus nécessaire. Leur recommander,
d'autre part, d'échanger, avant de se rendre au marché, leur linge
souillé contre du linge frais, comme aussi de se laver les mains
jusques aux coudes, selon le précepte musulman, tout cela serait évi-
demment peine perdue et, au surplus, n'aboutirait pas à grand'chose,
vu que les émanations dont ils sont imprégnés adhèrent à tout leur
individu, barbe et cheveux compris.
Mais, sansrecourir à la moindre contrainte, leremède, Dieu merci,
est des plus simples et des plus faciles.
PANIQUES EN FOIRE-. — CAUSE, PRÉSERVATIF. 473
Il y suffirait (Vua arrêté municipal, obligeant toute b'îte bovine,
sitôt arrivée sur le champ de foire, à être solidement attachée aux
barrières, bornes, anneaux qui sont disposés ou qu'on disposerait
à cette fin.
Un bon licou, une solide attache, et l'on n'entendra plus parler de
ces alertes qui nuisent aux transactions, en mettant en fuite vendeurs
et acheteurs, quand elles ne vont pas jusqu'à les estropier.
Honoré Sclafer.
LES ENGRAIS A LA FERME
Monsieur le directeur, depuis les d-îux dernières communications que j'ai eu
l'honneur de vous adresser en novembre et décembre dernier, j'ai reçu un assez
grand nombre de lettres me demandant avec raison la suite que j'ai promise alors,
et les réclamations ne cessent de m'arriver.
Je n'ai pu continuer comme je l'espérais. Je viens m'en excuser et m'en
expliquer auprès de vous et auprès de vos bienveillants lecteurs qui ont attendu
avec beaucoup d'indulgence, mais qui s'impatientent tout en accentuant l'utilité
qui ressort, pour raj;riculture en général, de la question soulevée, et surtout de
la solution pratique à lui donner pour la faire aboutir.
Ici, tout le monde a raison, car c'est ce dernier point qui est le plus important,
et c'est là précisém3nt ce qui m'a arrêté net le jour où j'ai entrevu qu'une heu-
reuse et sérieuse combinaison pouvait permettre de réaliser pratiquement ce que
je n'avais pu que laisser entrevoir, et de donner bientôt satisfaction à tous les
intéressés.
C'est donc à la faveur de ces arrangements que l'agriculture pourra disposer
prochainement du réactif dont il est question, qui possède tant de propriétés
remar juables, et dont l'étude et les applications durent depuis deux ans, sansque
le sujet soit encore épuisé.
Voilà mon excuse, et chacun jugera sans doute qu'il valait mieux aller droit au
but et à la conclusion que de s'en tenir à l'énoncé des moyens.
Le projet dont je parle va recevoir son exécution, et alors, je l'espère, je pourrai
reprendre et achever le travail de longue haleine que j'ai en vue, qui embrasse
véritablement un ensemble, un tout d'un réel intérêt pour l'agriculture et pour
différentes industries qui s'y rattachent directement.
Je n'oublierai rien de ce que j'ai promis volontairement, mais je sollicite de
vos lecteurs, si bienveillants toujours, comme je viens de le voir à nouveau, et si
indulgents dans leur imoatience, un peu de patience encore, en prenant de mon
côté l'engagement formel de donner satisfaction à chacun, sur chacun des points
que j'ai énoncés, et qui se résument en ceci : Nouvelle production abondante et
économique d'engrais à la ferme, à l'aide de moyens entièrement nouveaux, et
qui devront se traduire assez rapidementparplusieurs milliers de tonnes par mois.
Tout cela prend beaucoup de temps, plus qu'on ne pense, et au fond je n'ai là
qu'un apport de bonne voloaté. Mais si le malheur m'a terrassé et cruellement
meurtri en Norvège, tout en privant notre agriculture de-< ressources impor-
tantes que j'avais entrevues pour elle, et desquelles toute l'Europe a su profiter
excepté nous, je vais du moins pouvoir prendre ici une glorieuse revanche, bien
que mon action soit limitée désormais à une simple mais active coopération.
Je ne suis et ne veux être marchand de rien du tout, et ne réclame donc que
la paisible et utile liberté de faire encore le bien. Mais puisque l'occasion s'en
présente, et que je retrouve l'hospitalité chez vous, permettez-moi, cher M )n3ieur,
de le dire bien haut : Peu d'hommes, hélas! ont l'honneur de comprendre cela
aussi largement et aussi libéralement que vous, ainsi que j'ai pu le constater pen-
dant trente ans, dans plusieurs circonstances mémorables quf^ je n'ai pis oubliées.
Veullez agréer, etc. F. Rouart,
r. Charles-Laflilte, 71, Neuilly-Paris.
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE
Séance du 21 mirs 1883. — Présidence de M. Chevreul.
M. Vallerand, agriculteur à Moulïliye (Aisne), correspondant de la
Société, envoie une notice sur si célèbre charrue dite la Révolution.
474 SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE DE FRANCE.
M. Bouchard, secrétaire de la Société industrielle et agricole de
Maine-et-Loire, fait hommage d'une notice sur le dosage de l'alcool et
de l'extrait dans les vins d'Anjou.
M. Pierre Dufour, directeur de la ferme-école du Lot, envoie le
compte rendu de celte ferme pour 1882; — M. Briot, inspecteur des
forêts, une étude sur l'économie pastorale des Hautes-Alpes; —
M. Léo d'Ounous,le compte rendu de l'Orphelinat agricole deSaverdun
(Ariège).
M. Barrai analyse le premier fascicule pour 1883 du Bulletin du
ministère de l'agriculture.
M. Bouley donne lecture d'un rapport sur un travail de M. Gsell
relatif aux épanchements pleuraux. Il signale l'importance des
essais de traitement qui doivent être renouvelés pour asseoir la méthode
que l'auteur préconise.
M. Chabot-Karlen présente les conférences piscicoles et les instruc-
tions pratiques qu'il vient de publier pour l'enseignement de la ^pisci-
culture; il insisie sur la part qui revient à M. de Tillancourt, ancien
membre de la Société, dans l'organisation &d cet enseignement. 11
présente ensuite plusieurs études sur la pisciculture en eaux salées et
sur la pisciculture d'eau douce, dues à M. Gobin, professeur départe-
mental d'agriculture du Jura ; ce manuscrit est renvoyé à la Section
d'économie des animaux.
Sur la demande transmise par M. Dumas, empêché d'assister à la
séance, la Société décide l'ajournement de la discussion du rapport
de M. d'Esterno sur les fraudes dans le commerce des engrais.
M. Gareau demande que la Société déclare la vacance pour une
place de membre étranger dans la Section d'économie des animaux.
M. Prillieux présente des renseignements qui lui ont été transmis
par M. Grosjean sur certains cryptogames parasites de la vigne en
Amérique. Une discussion s'engage entre M. Prillieux et M. 3iax-Cornu
relativement à l'identité de forme entre l'anthracnose des viarnes en Amé-
rique et l'anthracnose des vignes en France. M, Cornu soutient cette
identité, en s'appuyant sur les observations de M. Planchoa.
M. Barrai présente, au nom de M. Dumas, une étude de M. Guleron,
sur l'emploi pratique du sulfocarbonate de potassium contre le phyl-
loxéra dans le midi de la France. Il insiste sur l'importance des expé-
riences auxquelles M. Culeron s'est livré sur les meilleures conditions
de l'emploi de cet insecticide.
M. Ëug. Thiac fait une communication sur les vœux qu'il a
exprimés relativement à la création d'un enseignement spécial pour
les gardes forestiers parti^^uliers, ainsi que sur l'ouverture de la circu-
lation dans les chemins de vidange des forêts de l'Etat; il insiste pour
que ces vœux soient de nouveau soumis à l'examen de la Section de
sylviculture. Henry Sagkier.
REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT DES DENRÉES AGRICOLES
(24 MARS 1883).
I. — Situation générale.
Les marchés agricoles ont été peu iVéquentés durant cette semaine. Pour la
plupart des denrées, les transactions ne présentent qu'une faible importance.
II. — Les grains et les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par quintal métrique,
su.' les principaux marchés de la France et de l'étranger :
REVQE COMMERCIALE ET PRIX COURANT (24 MARS 1883).
475
1" REGION. — NORD-OITEST.
fr.
23.20
2'i.00
23.75
23.25
2'i.50
23.75
2'i.50
25.00
26 . 00
26.50
26. JS
25. 'lO
25 . 50
24.00
25.00
24,75
25.50
25.75
Seigle.
fr.
t6.50
»
18.50
»
17.00
»
»
19.50
»
17.00
17.50
16.00
15.00
— NORD.
i.OO 15.50
i.65 16. UO
14.50
15.00
14.00
14.50
13.70
14.25
Calvados. Caen
— Lisieux
Côt.-du-Nord. r.atinion
— Treguier
Finistère. Morlaix
— Ouitnpcr
Ule-et-Vilainc. Hennés.
— Fougères .
Manches. Avranclies. .
— Pontorson...
— Villedieu
Mayenne. Laval
— ChiUeau-Gontier.
Morbihan. Hennebont..
Orne. Alençon
— Mortagne
Sarthe. Le Mans
— Sablé ,.
Prix moyens 24
2° RÉGION
Aisne. Soissons 24
— Saint-Quentin... 24
— Chàteau-Tliierry. 23
Eure. Bernay 24
— Louviers 24
— Neuhourg 23
Eure-et-Loir. Chartres.. 24
— Auneau 2^
— Nogent-Ie-Roti-QU. 25
Nord. Cambrai 25.
— Lille 27
— Valeniîiennes 26
Oise. Beauvais 22
— Gompiègne 22,
— Noyon 24.
Pas-de-Calais. Arras. . . "26.
— Doallens 25.
Seine. Paris 25.
S.-et-Mar. .Meaux 24
— Melun 26.
— Nemours 24.
S.-e<-Oise. Etampes 25.
— Pontoise 24
— Versailles 24 ,
Seine-Inférieure. Konen. 24.
— Dieppe 24.
— Fécamp 23.
Somme, .\miens 23.
— Péronne 24.
— Roye
Prix moyens 24.35 14.92
3* E!;giON. — NORD-EST
Ardennes. Charleville. .
— Sedan
Aube. Troyes
— Bar-sur-Aube. . . ..
— Nogent-sur-Seine.
Marne. Epernay
— Reims
— Sézanne
I/te-Marne. St-Dizier...
Meurlhe-el-Mos. Nancy.
— Lunéville
— Tool
Meuse. Bar-le-Duc
— Verdun
Haute-Saône. Gray
— Vesoul
Vosges. Neufchâteau. . . .
— Epinal
fr.
18 50
19.00
i5.25
17.50
14.50
15.75
16.00
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20.50
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18.25
18.75
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19.50
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18.90
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Avoine.
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16.50
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18.00
18.00
17.00
18.50
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19.60
19.00
18.00
19.00
17.00
16.50
17.68
18. 50
19.25
17.00
18.00
18.50
17.75
17.25
18.00
16. 50
16.50
16.00
17.25
16.75
«6.00
Prix moyens 23.36 15.17 17.36 17.26
4° RÉGION. — OUEST.
Charente. .\ngoulôme... 26.25
— Rufïec 26.00
Char.-Infér. Marans 24.00
Deux-S:-i'ri:s. Niort 24.50
Indre-et-Loire. Bléré 25.50
— l.iiàteau-Renault. . 25.20
ioire-M/". Nantes 26.50
M.-et-Loif': saunitir 26 00
— Angers 24.75
Fendée. Luçon 25.00
— Fontenay-le-Comte 25.20
Vienne. Chalellerault. . . 25.20
— PoitJerr- 25.50
Haute-Vienne. Luvoges.. 26.75
17.25
17.50
15.00
15.00
15.75
15.75
15.00
18.75
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19.50
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19.00
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13.5 I
18.75
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17.25
17.50
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17.65
21.00
17.20
17.00
17.25
16.75
13.75
5' RÉGION. — CEXÏRE.
Allier. Monthiçon
— Gannat
— Saint-Pourçain
Cher. Graçay
— Aubigny
— Vierzon
Creuse. Aubusson
Indre. Chàteauroux
— Issoudun ....
— Valençay....
Loiret. Montargis
— Gien
— Pithiviers
L.-et-Cher. Blois
— Montoire
A'ièvre. Nevers
— La Charité... .
Yonne. Brienon
— Saint-Florentin
— Tonnerre
15.04
EST.
17.23
15.70
15.50
14.25
15.00
16.00
1 6 . 25
15.00
15.50
16.00
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15.66
OUEST
13.00
17.00
17.80
17.50
18.00
16.75
18.50
19.50
20.00
18.00
16.50
18.50
19.25
19 00 19.25
Prix moyens 25.45 16.00 18.47 17.94 I
Prix moyens 24.75
6* RÉGION. —
-lin. Bourg 25.60
— Pont-dc-Vaux 24.75
Côle-d'Or. Dijon 22.00
— Beaunc 24.00
/>oît6s. Besançon 23.50
Isère. Grenoble 26.50
— Bourgoin 24.50
Jura. Dùle 22.00
Loire. St-Etieniie 25.00
P. -de-Dôme. Issoire 25 . 50
lihùne. Lyon 25.15
Saôae-el- Loire. Autun.. 23.50
— Chalon 24.75
r.fflDoie. Cliambéry 25.75
//ie-Saî)oie. Annecy 26.00
Prix moyens 24.57
7° RÉGION. — SUD-
Ariège. Foix ,.. 26 50
— Pamiers.... 27.75
Z)o/-dog)ie. Bergerac 27.50
IIle-Garonne. Toulouse. 28.00
— St-Gaudens 26.50
Gers. Condom 27.25
— Eauze 27.50
— Mirande 26.75
Gifoiide. Bordeaux 28.00
— Bazas 20.25
Landes. Dax 28.50
Lot-et-Garonne. ,\gen... 27.25
— Murmande 27.50
fl.-Pi/r««ées. Rayonne. . 28 50
Htes-Pyrénées. Tarbes.. 28.00
Prix moyens 27.45 18.48 19. oo
8° RÉGION. — SUD.
.4udt;. Carcassonne 28.00 »
— Castelnaudary 27.80 18.70
Aveyron. Villefranche.. :.(,.0Q 18.50
CanioL Mauriac 25.65 22.90
Corrâse. Luberzac 25.50 is.oo
Hérault. Cette 28.50 »
— Béziers 28.50 20.50
Lot. Ca-hovi 27.00 17.75
Lozère. Uanàe 24.05 17.35
P(/r«née.s-Oc. Perpignan. 27.75 13.40
ra?'rt. Castres 27.25 13.00
7a>'n-e<-'ja»'. Montauoan 28.25 17.25
Prix moyens 27.00 13.74
9* nÉGioN. — srn-EST.
Basses-Alpes. Manosque 28.65
Hautes-Alpes. Briançon. 23.00
Alpes-Maritimes. Cannes 27.50
Ardrche. Privas 27.05
D.-du-Iihône. Arles 27.50
Drôme. Montélimar .... 25 . 75
Gard. Alais 27.80
Haute-Loire. Brioude... 25.20
Frtc. Saint-Maximin 27.25
Vaucluse. Avignon 27.00
Prix moyens 27.17 18.77
Moy. de toute la France 25.45 16.66
— de la semaine précéd. 25.30 16.72
Sur la semaineiHausse. 0.15 »
- précédente. .) baisse.. » O.06
13.67 17.72
18.00
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17.75
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18.00
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19.00
18.50
19.25
19.50
21.00
19.00
19.75
21.00
20.50
22.00
21.25
18.50
21.00
20.50
13 50
20.21
20- 00
19.50
16.75
20.95
13.50
21.00
20.50
13.25
17.80
18.45
22.00
20.00
19 43
25.00
18.25
1 9 . 00
19.00
18.. '5
20.00
20.50
15.80
18.00
18.75
19.26
0.07 0.15
476 REVUE COMMERCIALE ET PBIX COURANT
Blé. Seigle. Orge. Avoine,
fr. fr. fr. fr.
. ., ( blé tendre... 29.00
Algérie. ^^"^'"I blé dur 26.00 » 17.00 16.5a
Angleterre. Londres 26.00 » 19.00 20 25
Belgique. Anvers 25.25 17.25 17.25 16 50
— Bruxelles 24.75 16.00 21.00 17.00
— Liège 23.25 1G.60 20. .50 17.00
— Nanuir 23.00 15.75 20.00 15.50
Pays-Bas. Amsterdam 23.75 17.00 » »
Luxembourg. Luxembourg 24.75 19.00 20.00 17.50
Alsace-Lorraine. Strasbourg 24 40 14 75 17.50 17.25
— Mulhouse 22.50 16.50 17.00 17.85
— Colmar 24 85 18.25 18.50 16.75
Allemagne. Berlin - 22.85 17.10
— Cologne . 24.35 18.10
— Hambourg 22.85 16.60
Suisse. Genève 26 75 » » 20.00
Italie. Turin 25. .50 19.00 » 18.50
Espagne. Valladolid 25.00 » » »
Aulriche. Vienne 20.50 15.25 17.. 50 13.50
Hongrie. Budapeslb 20.70 15. .50 17.50 14 25
Bussie. Saint-Pétersbourg.. 21. .50 15.00 » 13.00
Etats-Unis. New-York 23 . 40
Blés. — Il y a eu, depuis notre dernière revue, une amélioration sensible dans
les conditions météorologiques, de telle sorte que les travaux ont pu être repris,
et que le relard que l'on pouvait craindre ne sera pas aussi considérable que l'on
redoutait dans quelques régions. Quant au commerce des grains, il présente le
plus grand calme; les offres de la culture sont devenues partout très restreintes,
d'autant plus qu'elle n'a désormais que de faibles quantités encore à vendre. Les
cours varient peu, et les fluctuations qu'ils éprouvent tiennent aux variations que
présentent IfS approvisionnements des marchés. — A la halle de Pa/ù, le mer-
credi 21 mars, les transactions ont été, comrae précédemment, peu importantes;
les prix ont peu varié. On cotait de 24 à 26 fr. par 100 kilog. suivant les qualités.
— Au marché des blés à livrer, on cote par 100 kilog. : courant du mois, 25 à
25 fr. 25; avril, 25 fr. 25 à 25 fr. tO; mai et juin, '26 fr. 25; quatre mois de mai,
27 fr.< 75 à 27 (r. — Au Havre^ les ventes continuent à être assez actives; on cote
de 26 fr. 25 à 27 fr. 50 par 100 kilog. suivant les qualités pour les blés d'Amé-
rique. — A Marseille., les ventes sont peu actives. Les arrivages ont été pendant
la semaine de 24,000 quiutaux; le stock est actuellement dans les docks, de
275,000 quintaux, Ou cote par 100 kilog. : Berdian>ka, 27 fr. 50; Red-winter,
19 fr. ; Marionopoli, 26 fr. 75; Pologne, 26 fr. 25 à zl fr. ; Bessarabie, -24 fr. 50
à 27 fr. ; Azima, 25 à 25 fr. 50. — A Londres, les importations de blés ont été de
42,000 quintaux depuis huit jours; les ventes sont peu importantes; les cours se
maintiennent; on cote de 24 fr. 60 à 27 fr. 25 par luO kilog.
Farines. — Les ventes sont assez difficiles, et les prix sont plus faibles. On
payait à la halle de Paris le mercredi 21 mars pour les farines de consommation :
marque de Gorbeil, 60 fr. ; marques de choix, 60 à 62 fr,; premières marques^
58 à 59 fr.; bonnes marques, 57 à 58 fr.; sortes ordinaires, 54 à 56 fr.; le tout
par sac de 159 kilog. toile à rendre ou 157 kilog. net, ce qui correspond aux
prix extrêmes de 34 fr. 40 à 39 fr. 50 par 100 kilog., ou eu moyenne 36 fr. 95,
avec une baisse de 0 fr. 90 sur le prix moyen du mercredi précédent. Quant aux
farines de spéculation, les transactions sont très calmes ; les prix se maintiennent
avec peine. On cotait le mercredi 21 mars au soir : farines neuf-ina'ques, cou-
rant du mois, 56 fr. 50 à 56 fr. 75; avril, 57 fr. ; mai et juin, 58 fr ; quatre
mois de mai, 58 fr. 50 à 58 fr. 75; le tout par sac de 159 kilog. toile perdue ou
157 kilog. net. — Maintien des cours pour les farines de gruaux qui valent de
47 à 58 fr. par 100 kilog. ; et pour les farines deuxièmes, qui sont cotées de
26 à 33 fr.
Seigles. — Les offres sont restreintes, elles prix présentent beaucoup de fer-
meté. 0 I paye à la halle de Paris, de 15 fr. 75 à 16 fr. par 100 kilog. suivaniles
sortes. — Les farines de seigle ont des prix faibles de 23 à 25 fr. par quintal
métiique.
Uryts — Il y a fermeté dans les cours. On paye à la halle de Paris, de 18 fr. 50
à 20 fr. 50 par IOj kilog., suivant les sortes. Les escourgeons se vendent facile-
ment aux cours de 18 à 18 fr. 50. — A Londies, il a été importé depuis huit
jours 25,000 quintaux d'oiges étrangères; les piix sont très fermes. Ou paye de
18 fr. à 20 fr. 70 par 100 kilog, suivant les qualités.
DES DENRÉES AGRICOLES (24 MARS 18S3). 477
3IaU. — Les prix varient, peu. On cote à Paris de 25 à 32 fr. par 100 kilog.
pour les malts d'orge, 27 à 30 fr. pour ceux d'escourgeon.
Avoines. — ^ Il y a peu d'affaires, mais les prix sont très ferrass. On paye à la
halle de Paris, de 17 à 19 fr. 50 par 100 kilog., suivant poids, couleur et qualité.
Les offres sont restreintes en avoines étrangères. — A Londres, les arrivages ont
été de 67,000 quintaux depuis huit jours. Les prix sont faibles de 18 fr. 40 à
21 fr. 55 par 100 kilog.
Sarrasin. — Peu d'affaires. — On vend à la halle de Paris, de 15 fr. 75 à
16 fr. par 100 kilog.
}Iaïs. — Les offres sont assez actives, et les prix sont plus faibles. On paye
de 17 à 18 fr. fr. 50 par 100 kilog. dans les ports pour les maïs d'Ainér-.que.
Issues. — La fermeté des prix se maintient On paye à la halle de Paris :
gros son seul, 14 à 14 fr. 25; son trois cases, 12 fr. 75 à 13 fr.; sons hns, 12 fr.
12 fr. 50; recoupettes, 12 à 12 fr. 50; remoulages bis, 15 à 16 fr. ; remoulages
blancs, 16 à 17 fr.; le tout par 100 kilog.
III. — Fourrages, graines fourragères.
J^ourrages. — Les cours varient peu. Par arrêté du préfet de la Seine, les prix
des fourrages destinés aux marchés aux bestiaux de La Villette sont fixés jus-
qu'au 30 juin comme il suit, par 1,000 kilog. : foin, 138 fr.; luzerne, l2o fr. ;
regain de luzerne, 1 18 ; saintoiu, 110 fr.; trèfle, 1 14 fr.; paille de froment, 70 fr.;
de seigle, 68 fr.; d'avoine, 64 fr.
Graines fourragères. — Même prix que précédemment. On paye, à Paris, par
100 kilog. : trèfle violet, 150 à 190 fr.; trèfle blanc, 200 à 250 fr.; hybride, 200
à 250 fr.; luzernede Provence, 155 à 175 fr.; de Poitou, 13 • à 135 fr. ; d'Italie,
140 à 145 fr.; minette, 60 à 70 fr.; ray-grass, 60 à 70 fr.; sainfoin, 26 à 32 fr.
IV. — Fruits et légumes frais.
Fruits. — On vend à la halle de Paris : fraises de châssis, le pot, 0 fr. 75 à
1 fr. 75; poires, le cent, 5 fr. à 100 fr. ; le kilog., 0 fr. 16 à 0 fr. 48; pommes,
le cent, lOfr. à 100 fr.; le kilog., 0 fr. 25 à 0 fr. 4a; raisins, chasselas de serres,
le kilog., 5à 14 fr.
Gros léaumes. — Dernier cours de la halle : asperges de châssis, la botte, de
18 à 35 fr.; aux petits pois, la botte, 1 à 2 fr.; betteraves, la manne, 0 fr. 20 à
1 fr. 20; carottes communes, les 100 bottes, 20 à 32 fr.; d'hiver, l'hectolitre, 3 fr. à
5 fr. ; de chevaux, les 100 bottes, 13 à 23 fr.; choux communs, le cent, ^t à 18 fr.;
navets communs, les 100 bottes, 20 à 30 fr.; de Freneuse, le paquet, 35 à 45 fr. l'hec-
tolitre, 3 fr. à 4 fr.; oignons en grain, l'hectohtre, 9 à 13 fr.; panais communs, les
100 bottes, 12 à 16 fr.; poireaux communs, les 100 bottes, 35 à 60 fr.
Pommes de terre. — Hollande communes, l'hectolitre, 14 à 16 fr.; le quintal,
20 fr. 14 à ï2 fr. 85; jaunes communes, l'hectolitre, 9 à 10 fr.; le quintal,
12 fr. 85 à 14 fr. 28.
V. — Vins, spiritueux, vinaigres, cidres.
Vins. — Les nouvelles qui, depuis la semaine dernière, nous sont parvenues
des différentes parties du vignoble français, sont loin d'être concordantes relati-
vement aux effets que le refroide.ssement subit et la neige ont produit sur les
vignes. D'après les uns, le mal serait considérable dans le Midi; d'après les
autres, il aurait été co sidérablement exagéré par l'influence de la panique que
ces désordres atmosphériques ont amenée partout; il faut donc attendre, pour se
renseigner d'une manière exacte; ce n'est d'ailleurs qu'à la reprise de la végéta-
tion qu'on pourra apprécier d'une manière positive les effets du froid. En atten-
dant, les affaires présentent beaucoup de calme ; les ventes sont peu importantes
dans la plupart des c-lliers, mais les prix ne paraissent pas devoir fléchir. A Paris-
Bercy, on cote actuellement ; Vins rouges^ Auvergne, 100 à 110 fr. la pièce;
Basse-Bouigogne, vieux, 16^ à 200 fr.; nouveau, 110 à 200 fr. ; Blois, noirs nou-
veaux, 130 à 140 fr. la pièce; Bordeaux, vieux, 150 à 200 fr.; nouveau, isO à
200 fr.; Gahors, nouveau, 140 à 15) f r ; Cher, vieux, 50 à 190 fr.; nouveau,
lOOà 150fr.;CI)inoii, vieux, 190 à 220 fr,; Graillac, nouveau, I2f) fr. à l^Ofr ; Maçon-
nais et Beaujolais, vieux, 160 à 25(» fr.; nouveau, 16 ) à 250 fr. Montagne, vieux
ou nouveau, uô à ^48 fr. l'hectolitre; Narbonne, vieux, 50 à 58 fr l'hecoiitre ;
nouveau, 48 à 60 fr. ; Orléans, nouveau, 130 à 140 fr. la pièce; Roussillon,
vieux, 60 à 75 fr. l'hectolitre ; nouveau. 57 à 65 fr.; Selles-sur-Gher, vieux, 125 à
130 fr. la pièce; nouveau, 115 à 120 fr.; Touraine, nouveau, 95 à 120 fr. —
Vins blancs: Anjou, vieux, 140 à 160 fr. la pièce; Basse-Bourgogne, vieux.
478 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
150 à 190 fr. le muid; nouveau, 135 à 145 fr.; Bergerac, vieux, 155 à 190 fr. la
pièce; nouveau, 160 à 195 fr.; Chablis, vieux, 200 à 300 fr. le muid ; nouveau,
200 à 3 0 fr.; Entre-deux-mers, vieux, 125 à 130 fr, la pièce; nouveau 115 à
125 fr.; Pouilly, vieux, 200 à 330 fr. la pièce; Sancerre, nouveau, 115 à 165 fr.
la pièce ; Sologne nouveau, 80 à 90 fr.; Vouvray, 185 à 225 fr. — Vins
étranger.^ : Italie, 50 à 65 fr. l'hectolitre ; Espagne, 48 à 65 fr. ; Portugal, 65 à
70 l'r.; iSicile vieux, 43 à 47 fr.; nouveau, 43 à 70 fr.
Spiriiueux. — Datis le Midi, les prix demeurent stationnaires, tandis que, dans
le Nord, il y a continuation de la hausse sur les prix des alcools. On cote à Nimes,
3/6 bon goût, 100 fr.; mars, 95 fr — A Montpellier, 3/6 bon goût, 100 fr.;
marc, 90 tr.; à Béziers^ 3/6 bon goût, 103 fr.; marc, 95 fr. Dans les Gharentes,
le prix des eaux-de-vie de Cognac sonttoujours très fermes pour toutes les sortes.
A Paris, on cote par hectolitre : 3/6 betteraves, 1'''= qualité, disponible, cou-
rant du mois, 54 fr. 25 à 54 fr. 75 ; avril, 54 fr. 25; quatre mois de mai, 52 fr.
75; quatre derniers mois, 52 fr. à 52 fr. 25. — Le stock est actuellement de
20, ''50 pipes, contre 13,800 en 1882.
Vinaigres. — Maintien des cours à Orléans pour toutes les catégories.
Raisins secs. — H y a toujours fermeté dans les prix. On cote par 100 kilog.,
à Marseille : Corinthe, 51 fr. 50 à 53 fr. ; Thyra purs, 41 à 43 fr.; Raisins noirs,
30 à 48 fr. ; Chypre, 43 à 48 fr.; Chypre bouillis, 43 fr.; Damas noirs, 46 fr.;
Messine, 40 fr.; Alexandrette noirs, 43 fr.
VI. — Sucres. — Mélasses. — Fécules. — Glucoses. — Amidons. — Houblons.
Sucres. — Les affaires sont plus actives, et il y a plus de fermeté dans les
prix. On paye à Paris : sucres bruts 88 degrés saccharimétriques, 52 fr.; les
99 degrés, 59 fr. 50; sucres blancs, 59 fr. 75; à Lille, sucres bruts, 50 fr 75;
à Péronne, sucres bruts, 51 fr. 50; sucres blancs, 59 fr. 50; à Valenciennes,
sucres bruts, 51 fr. — Le stock de l'entrepôt réel des sucres était, au 21 mars,
à Paris, de 862,000 sacs pour les sucres indigènes, avec une diminution de
7,000 sacs depuis huit jours. — Les prix sont plus fermes aussi pour les sucres
raffinés; ou les paye actuellement de 106 à 107 fr. par 100 kilog. à la consomma-
tion, et de 65 à 68 fr. pour l'exportation.
Mélasses. — Les varient peu. On paye à Paris par 100 kilog. : mélasses de
fabrique, 12 fr. ; de raffinerie, 13 fr. 50 à 14 fr.
Feculi's. — Grande fermeté dans les prix. On paye à Paris, 40 fr. par 100 kilog.
pour les fécules premières du rayon; à Gompiègne, 39 fr. 50 à 40 fr. pour celles
de l'Oise, à Epinal, 40 fr. 50 pour celles des Vosges.
Glucoses. — Très peu de ventes. On cote à Paris par 100 kilog. : sirop de fro-
ment, 53 à 55 fr.; massé, 42 à 43 fr.; liquide, 34 à 36 fr.
Amidons. — Les prix sont très fermes. On paye par quintal métrique : amidons
de pur froment, 66 à 68 fr. ; de province, 64 à 65 fr.; de maïs, 54 à 56 fr.
Houblons. — Il n'y a que très peu d'affaires sur les principaux marchés de
production. Pour toutes les catégories, les prix sont faiblement tenus.
VII. — Huiles et graines oléagineuses, tourteaux.
Huiles. — Les ventes sont assez actives, et il y a plus de fermeté dans les
prix. On cote à Paris, par 100 kilog. : huiles de colza en tous fûts, 106 fr. 25; en
tonnes, 108 fr. 25; épurée en tonnes, ) 16 fr. 25; huile de lin en tous fûts, 59 fr. 25;
en tonnes, 61 fr. 25. — Sur les marchés des départements, les prix accusent de
la fermeté. On paye les huiles de colza : Lille, 85 fr. par 100 kilog.; Gaen,
100 fr. 50 à 101; Rouen, 103 fr. ; et pour les autres sortes, Hn, 60 fr. 25 à
68 fr. 50; arachides, 75 fr. — A Grasse, il n"y a que des affaires assez calmes sur
les huiles d'olive; celles de première qualité sont payées 130 à 150 ir. par
100 kilog.
Graines oléagineuses. — Les prix se maintiennent. On cote à Cambrai par
hectolitre : graines d'oeillette, 26 à 27 fr. 75; cameline, 16 à 17 fr. 50.
Tourteaux. — Dans le Nord, les cours sont sans variations. A Marseille, on
cote par 100 kilog. : tourteaux de lin, 19 fr. 50; d'arachides en coques, 10 fr. ;
décortiquées, 15 fr. 25; sésame blanc, 15 fr.; colza du Danube, f 12 fr. 50;
œillette, 12fr. 25; coton d'Egypte, 12 fr. 75; palmiste naturel, 10 fr. 50.
Engrais. — Les nitrates de soude valent à Dunkerque, 31 fr. 75 par 100 kilog.
VIII. — Matières résineuses, colorantes, tannantes.
Matières résineuses. — Les cours se maintiennent. On paye à Dax, comme la
semaine dernière, 90 Ir. par 100 kilog. pour l'essence pure de térébenthine.
DES DENRÉES AGRICOLES (23 MARS 1883). 479
Gaudes. — Dans le Languedoc, on paye 23 fr. ; par 100 kilog.
Verdets. — Maintien des prix. Les verdets marchands en boules sont payés
130 fr. par quintal métrique; en pains, l:-5 fr.
Soufres. — Peu de changements. On paye à Marseille 16 fr. 50 à 17 fr. 50 par
100 kilog. pour les soufres triturés.
IX. — Suifs et corps /jras.
Suifs. — Les prix sont toujours en hausse. On cote à Paris, 103 fr. par 100 kilog.
pour les suifs purs de l'abat de la boucherie; 77 fr. 25 pour les suifs en branches.
Cuirs et peaux. — Quoique les ventes soient peu importantes, les prix des
saindoux d'Amérique sont bien tenus. Oa paye au Havre 141 à ^3 fr. parrjuintal
métrique.
X. — Beurres. — Œufs. — Frornufjes. — l'^olaiUes.
Beurres. — On paye à la halle de Paris suivant, les sortes par kilog. : en demi-
kilog., 3 fr. 36 à 4 fr. 18; petits beurres, 2 fr. 20 à 3 fr. 52; Gournay, 2 fr. Oô à
4 fr. 48; ; Isigny, 2 fr. 80 à 8 fr. 52.
Fromiges. — On vend à la halle de Paris : par douzaine, Ikie, 5 à 27 fr.;
Montlhéry, 15 fr.; — par cent, Livarot, 48 à 110 fr.; Mont-Dor, 14 à 30 fr.
Neufchâtel, 6 fr. 50 à 17 fr. 50; divers, 12 à 78 ïw; — par 100 kilog.. Gruyère,
120 à 170 fr.
Volailles. — Derniers cours de la halle : agneaux, 12 à 25 fr.; bécasses, 3 à
8 fr.; bécassines, l fr. 15 à 2 fr. 50; canards l)arboteurs, 3 fr. à 5 fr. 50;
chevreaux, 2 à 4 fr. ; crêtes eu lots, 1 à 5 fr.; dindes gras ou gros, 9 fr. 50 à
12 fr.; dito communs, 3 à 9 fr. lapins domestiques, 1 fr. 55 à 4 fr.; lapins de
garenne, 1 fr. 10 à 1 fr. 60; oies communes, 2 fr. 80 à 6 fr. 50; pigeons de
volière, 0 fr. 45 à 1 fr. 60; pilets, 1 fr. 15 à 2 fr. 50; pluviers 0 fr. 60 à Ifr. 10;
poules ordinaires, 3 fr. 50 à 4 fr. 50; poulets gras, 4 fr. 50 à 9 fr.; poulets
communs, 1 fr. 80 à 2 fr. 95; rouges, 2 fr. à 3 l'r. 50; sarcelles, 0 fr. 85 à 2 fr.;
vanneaux, 0 fr, 35 à 1 fr. 25 ; pièces non classées, u fr. 25 à 10 fr.
XI. — Clievavx, bétail, viande.
Chevaux. — Aux marchés des 14 et 17 mars, à Paris, on comptait 781 chevaux;
sur ce nombre, 235 ont été vendus comme il suit :
Chevaux de cabrio'et.
— de trait
— hors d'ài,^'. .
— à PenclièrH. .
— do lionchoriij
menés.
Vendus.
Prix extrêmes.
196
33
195 à 800 fr.
223
4fi
210 à 1,170
277
77
15 à 850
18
18
20 à 400
Cl
(■)1
20 à 115
Bétail. — Le tableau -Msivant résume le mouve.ment du marché aux bestiaux de
la Villette, le lundi 19 mus :
Poids Prix du kilog. de viande nette sur
Vendus moyen pied au marché du 19 mars.
Pour Pour En 4 quartiers, f^ 2' 3= Prix
Amenés. Paris, l'extérieur, totalité. kil. qnal. quai. quai. moyen.
Bœufs. 3,224 1,550 1,2.52 2,802 344 1.7(; 1.58 1.34 1.56
Vaches 1,030 466 513 979 2:i5 1.62 1.38 1.20 1.40
Taureau.v 117 88 19 107 .38; 1.50 1.38 1.26 1.38
Veaux 905 452 240 692 78 2 23 2.14 1.80 2.01
Moulons 21,850 13,394 6.817 20,211 19 2.32 2.16 2.06 2.09
Porcs gras ... . 3,368 821 2,06') 2,890 84 1.42 1.36 1.30 1.36
— maigres. » » » » » >. » » »
Les ventes ont été faciles, et pour toutes les catégories, les prix accusent
beaucoup de fermeté. Sur les marchés des départements, on cote : Le Mans, bœuf,
1 fr. 85 à 1 fr. 90 par kilog. de viande nette sur pied ; vaches, 1 fr. 60 à 1 fr. 70
veaux, 1 fr. 65 à 1 fr. 75; moutons, 2 fr. 20 à 2 fr. 30; — Nancy, bœufs
89 à 95 fr. les 100 kilog. bruts; vaches, 85 à 90 fr.; veaux, 116 à 12S fr.
moutons, 100 à 120 fr.; porcs, 126 à 1^8 fr,; — ChoroUes, hœuï, 85àG2fr.
vaches, 76 à 80 fr. ; veaux, 90 à 110 fr. ; moutons, 95 à 105 fr.; porcs, 75 à 90 fr.
Lyon, bœuf, 75 à 82 fr.; veaux. 100 à 116 fr.; moutons, 90 à ICO fr,; porcs
116 à 126 fr.; — Bourgoin, bœuf, 64 à 74 fr.; vaches, 56 à 66 fr. ; moutons, 85 à
95 fr.; porcs, 86 à 90 fr.; veaux, 76 à 86 fr.; — Gmèue, bœufs, 1 fr. bu à 1 fr. 70
par kilog. de viande nette; mouton, 1 fr, 70 à 1 fr. tO; porcs, 1 fr. 14 à 1 fr. 20.
A Londres, les importations d'animaux étrangers durant la semainejdernière se
sont composées de 12,486 tètes, dont 2 bœufs, 21 veaux et 13 moutons venant
480
REV[IE COMMERCIALE ET PRIX GOURANT (24 MARS 1883).
d'Amsterdam; 475 moutons d'Anvers; 2,653 moutons de Brème; 42 ! œufs de
Dunkerque; 3,277 moutons de Geestemumde; 216 bœufs et 37 veaux de Gothem-
bourg; 1,103 moutons d'Hambourg ; 5 bœufs et 7 veaux d'Harlingen ; 33 bœufs
et 7 veaux du Havre; 299 bœufs de New- York; 653 bœufs d'Oporlo; 4-2 bœufs,
134 veaux et3,413 moutons de Rotterdam. Prix du kilog. Bœufs :. qualité infé-
rieure, 1 fr. 52 à 1 fr. 75; 2% 1 'r. 75 à 1 fr. 93; 1'-% 1 fr. 9^ à 2 fr. 10. —
Kea.t : ■^% 2 fr. 05 à 2 fr. 22; l''% 2 fr. 2» à 2 fr. 40. — J/ou/on. Qualité
inférieure : 2 Ir. 28 à 2 fr.- 45; 2% 2 fr. 45 à 2 fr. 63 ; 1'% 2 fr. H3 à 2 fr. 75.
— ■ Agneau : 3 fr. 15 à 3 fr. 50 — Porc : 2% 1 fr. 46 à 1 ,fr. 5S ; 1'% 1 fr. 64 à
1 fr. 75.
Viande à la criée. — Il a été vendu à la halle de Paris du 16 au 22 mars :
Bœuf ou vache...
Veau
Mouton . .
Porc
Prix du kilog. le 19 mars.
kilog. 1" quai. 2' quai. 3° quai. Choix. Basse Boucherie.
1.56 à 1.90 1.34 à l..i4 0.90 à 1.32 l.hd à 3.00 0.20 à 1.20
1.82 2 26 1.60 1.80 1.14 1..58 1.40 2..^0 "
1.62 2.06 1.40 1.60 0.96 1.38 1.80 2.56 •
>< Porc frais 1 .22 à 1.46; salé.
Les prix accusent un peu de faiblesse depuis huit jours.
XII. — Cours de la viande à Vabatloir de la Villelte du 22 mors (par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Viilette par 50 kilog. : l^" qualité,
70 à 76 fr, ; 2% 65 à 70 fr. ; poids vifs, 50 à 55 fr.
Bœufs. Veaux. Moutons.
1"
2°
3°
["
2"
3' 1""
2'
3'
quai
quai
quai.
q al
qiial.
quai. quai
quai.
quai.
fr.
fr.
fr.
fr.
fr.
fr. fr.
fr.
fr.
80
73
68
115
100
94 95
88
82
XIII. -
- Marché
aux bestiaux de la Viilette du jeudi 22
mars 1883.
Cours des commissionnaires
Poids
Cours officiels.
en
besiiaux.
moyen
,«-" ~^ ^
— ^— ^.-
— —
— > ~^
/animaux
gf-neral.
1"
2' 3"
Prix
1" i"
3"
Frix
amenés.
Invendus.
kil.
quai.
quai, quîil.
extrêmes.
quai. quai.
quai.
extrêmes.
Bœufs
2 272
399
370
1.75
1.58 :.34
1.30 à 1.80
.72 i 56
1.32
1 28àl.78
Vaches ...
579
180
2'iO
1.62
1.38 1 20
1.14 1 65
.60 1.36
1 18
1.12 1.62
Taureaux..
82
»
380
1.48
1.38 1.26
1.24 1.52
.46 1.36
1.24
1.22 1.50
Veaux
1.365
2'i7
79
2.30
2.14 1.80
1.56 2.50
» »
»
»
Moutons. . .
15 89'i
2.003
19
2 32
2 16 2 06
1.80 2 40
» »
»
»
Porcs sras.
. 4.871
656
81
1.36
1.30 1.24
1.20 1.40
» u
>>
— maigres.
»
»
»
»
» »
» »
» »
»
»
Vente lente sur toutes les espèces.
XIV. — Résumé.
Les prix des céréales, des fourrnges, des alcools, des sucres, et de la plupart
des dénués agricoles se sont maintenus avec une grande fermeté depuis huit
jours. A. Remy.
BULLETIN FINANCIER
Faibless'î à nos rentes : le 3 0/0 à 81,20 perd 0,40 et le 5 0/0 à 114,85 perd
0,45. Reprise à nos chemins de fer et aux Sociétés de crédit.
Cours de la Bourse du 14 au 21 mars 1883 [au comptant).
Principales valeurs françaises :
Plus
bas.
Rente 3 o/o 8i. o
Rente 3 o|o amortis . 82.10
Rente 4 1/2 o|o Uo.oo
Rente 5 ofo 1 14 85
Banque de France 5380 00 5440.00 5440.00
Comptoir d'etci^mpie 965.00 980.00 975 00
Société g nérale 5()5.00 575.00 572.50
Crédit lonuier 1330.00 1377.50 1377.50
Est Actions 500 72000 730.00 727,50
Midi d" 1107 05 1260.00 1135.00
Plus
Dernier
liant.
cours.
82 05
81.20
82.85
82.55
111.00
111.00
115.30
114.85
Nord d
Orléans d
Ouest d
Paris-Lyon-Méditerranée d
Paris 1871 obi. 400 à 3 o/O
Italien 5 0|o 89.00 90 15 90 1
Le Gérant : A. BOUCHÉ.
1855.00 187S 00 '865.00
12' 0.00 1270.00 1270.00
790.00 795.00 795.00
1540 00 ICdO.dO 1545.00
391.00 394.00 391.00
Chemins de fer français et étrangers :
Autrichien d°
Lombards d"
Romains d°
Nord de l'Espagne d"
Saiagosse a Madrid... d"
Portugais d"
Est oblig. 3 O/o rembour-
sable à 50u fr d"
Midi ri-
Nord d"
Orlrans d"
Paris-Lyon-Méditer d°
Ouest d°
No'd-Esp. priorité d°
Lombards. d*
Plus
bas.
720.00
306.25
120 00
517.50
475.' 0
555.00
350.50
358.25
365.50
362.50
360.00
357.00
347.00
287.00
Plus
haut.
730.00
312.50
121.25
535 00
492.50
560.00
»
3G0.(0
358.50
366.75
363.50
367.50
358.00
349 00
290.00
Dernier
cours.
730.00
312.50
121.25
525.00
492.50
557.50
»
351.00
358.25
366.25-
362.50
363.00
358.00
249.00
290.00
LETERRIER.
CHRONIQUE AGRICOLE (31 mars 1883).
Le retour de l'hiver et ses elTels sur la végiitalion des planlt;s cultivées. — Les effets des jiluies
de l'hiver. — Emploi des cnn^rais en couverture. — Sur la piolongalioti des cons^és en liveur
des militaires mis à la dispo-ilii)ii des cultivateurs. — Excursion des élèves di; l'Rcole nationale
d'agriculture de Montpellier. — Troisième liste de souscription pour le monument à élever
en l'honneur de Léonce de Lavergne. — Nécroloirie. — M. Adolphe Cordier, M. !e hiron de Du-
mast, M. de la Tour du Pin. — Concours pour des prix agronomiques, ouverts par la Société
des agriculteurs de France. — Le phylloxéra. — l'ixtension de l'emploi ilu sulfocarbonale de
potassium dans les vignes phylloxérées. — Système d'irrigations insecticides i)ropo-!é par
M. Duponchel. — Les eaux d'irrigation du Rhône. — Réserves à élalilir dans les lacs su[)é-
rieurs. — L'ensilage des fourrages verts en Amérique. — Nouvel extrait du rapport du
congrès de New-York. — Pétition du Comice île Bétliune. — La question des alcools alle-
mands — Concours d'animaux gras à Rouen. — Discours de M. Portier. — Exposition d'horti-
culture à Epernay. — Programme d'un meeting d'hoiticuilure à Ganl. — Les discussions sur
le concours d'animaux gras à Paris. — Notes de MM. Jacquot, Boncenne fils, Nebout, de Len-
tilhac, sur la situation des récoites dans les départements des Vosges, de la Vendée, de
l'Allier, de la Dordogne.
I. — La slar/nation en agriculture.
Le mois de mars qui s'achève au moment où paraîtra cette chro-
nique, a été froid, pluvieux ou neigeux, et en li^énéral défavorable à
toute végétation. Aura-t-il fait un grand mal, ou bien son effet définitif
sera-t-il de retarder assez le mouvement de la sève, pour que les
pousses nouvelles des plantes n'arrivent à voir le jour qu'après que
tout danger des gelées printanières aura disparu? Il serait aujourd'hui
impossible de prononcer un jugement. La seule chose certaine et
fâcheuse, c'est que la production des primeurs a été presque ruinée
pour l'année. On ne pourra pas remplacer les cultures détruites. Tout
un commerce agricole généralement très florissant a été gravement
atteint. Mais ce n'est pas là la grosse affaire de l'agriculture qui
demeure en présence d'un inconnu encore insondable. De grands
efforts couronnés de succès ont été faits pour ensemencer les terres
qui n'avaient pu être mises en état de culture à l'automne. O.i doit
attendre maintenant les résultats pour se prononcer sur l'étendue du
mal causé par le long hiver pluvieux que nous avons traversé.
Y aura-t-il lieu de venir en aide à une végétation débile, par l'emploi
d'engrais en couverture? Peut-être cela sera-t-il nétiessaire dans la
première quinzaine d'avril. Mais, dans ce cas, nous conseillerons de
toujours faire suivre Tépandage par un bon coup de herse, afin que
la matière fertilisante ne reste pas à la surface et puisse pénétrer au
moins dans la première couche du sol. Nous avons vu souvent l'en-
grais en couverture rester inutile, parce que cette précaution n'avait
pas été prise. .Mais c'est surtout au mornent de la levée et pendant les
premiers temps qui s'écoulent après que les plantes commencent à
prendre de la vigueur que l'observation du cultivateur expérimenté est
nécessaire, soit pour donner des sarclages, soit quelquefois pour
plomber la terre ; l'agriculteur habile n'attend pas que ses récoltes
poussent, il fait chaque jour la tournée de ses champs pour com-
mander ici ou là quelque travail supplémentaire, et ce soin qu'il prend
n'est jamais perdu. S'il y a stagnation, attente à certaines époques de
l'année, pour savoir comment les choses tourneront, il ne pi3ut pas y
avoir de repos absolu pour le cultivateur. Son attentif n doit toujours
être en éveil; tous les soins qu'il prend sont féconds.
IL — Militaires mis à la disposition des cultivateurs.
Dans notre dernière chronique, nous avons reproduit (page 4i3)
une circulaire de M. le ministrd de la guerre relative aux sursis
N« 729. — Tome I"- de 1883. — 3l Mars.
482 CHRONIQUE AGRICOLE (31 MARS 1883).
d'appel pour les cultivateura appartenant à l'armée territoriale. On
annonce que M. le ministre de l'agriculture vient de saisir son co)-
lèo-ue de la guerre d'une autre question qui intéresse les populations
des campagnes. On sait que, pour augmenter la main-d'œuvre au
moment des grands travaux ai^ricoles, l'usages'est introduitde mettre
chaque année, à l'époque des récoltes, un certain nombre de soldats
à la disposition des cultivateurs. Ces soldats jouissaient de congés
accordés en général pour une durée de quinze jours au maximum.
M. Méline, voulant donner à l'agriculture une plus large satisfaction,
a fait une démarche auprès de M. le ministre de la guerre pour obtenir
de lui qu'à l'avenir le temps accordé aux soldats fût porté de quinze
' à vingt-cinq et même à vingt-huit jours. Il a insisté aussi pour qu'on
fît coïncider autant que possible la plupart des congés avec l'époque
des travaux de la campagne. On assure que M. le ministre de la
guerre a immédiatement fait consulter les chefs de corps sur la
possibilité et les moyens pratiques de répondre aux vœux de son
collègue.
III. — Ecole nationale d'agriculture de Montpellier.
Les élèves de Técole d'agriculture de Montpellier vont faire, sous la
conduite de leurs professeurs, une excursion d'études en Algérie : ils
visiteront successivement les prpvinces d'Alger et d'Oran et se rendront
en dernier lieu au concours régional de Sidi-Bel-Abbès.
IV. — Souscription pour élever un monument à Léonce de Lavergne.
La pensée d'élever un monument à Léonce de Lavergne a été
accueillie partout avec faveur. Nous publions aujourd'hui la troisième
liste de souscription :
Report de la deuxième liste 5,970 francs.
Société de statistique de Paris 100 —
MM. Randoing, inspecteur g-^néral adjoint de l'agriculture. , 2b —
Rieffel , membre de la Société nationale d'agriculture 20 —
Mares (Henry), membre de la Société nationale d'agriculture,
membre du Comité 50 —
Mirai (Du), directeur de la ferme-école de la Creuse 25 —
Lefèvre (Jean), sous-directeur de la bergerie nationale de
Rambouillet 20 —
Couanon (G.), délégué régional du minis'ère de l'agriculture.. 10 —
Clamageran , sénateur 20 —
Carron (Jules), ancien c .nsul général 10 —
vSalomon père et (ils, ferme-école de la Nièvre 10 —
Philippe, directeur de l'hydraulique agricole au ministère de
l'agriculture -0 —
Vilraorin-Andrieux et Cie. à Paris 50 —
No<il, constructeur à Pans 50 —
Martin (L. de), corresponiant de la Société nationale d'agri-
culture 20
Monllaur (marquis de), agriculteur, lauréat de la prime d'hon-
neur 10
Josseau, membre de la Société nationale d'agiicullure 10 —
Milip, — — — 10 —
Dufour, directeur de la ferme-école du Montât (Lot) 2o —
GazeUe des campagnes H' ■
Total de la troisième liste H, 46.) francs.
La Société des agriculteurs a tenu à donner son concours à l'œuvre
du Comité; nous en remercions vivement son Bureau. - Nous rappe-
lons que nos lecteurs peuvent adresser leur souscription à M: ïlenry
Sagnier, secrétaire du Comité, aux bureaux du Journal de l' agriculture.
V. — Nécrologie.
Nous avons le regret d'annoncer la mort d'un des agriculteurs les
plus distingués de l'Algérie, M. Adolphe Cordier. Il était âgé de
GtlRONKJUli AGHinOLK (31 M.VllS 1883). 483
soixante-huit ans; il a été un des premiers pionniers de notre colonie,
puisqu'il s'établit en 1839 à la Maison-Carrée, non loin d'Alger, pour
consacrer quarante années à ragriculluro et à la colonisation. On lui
doit d'importants travaux exécutés p )ur l'assainissement d'une con-
trée e\trôineinent insalubre. Il avait acquis une grande autorité,
et il a été l'un des vice présidents de la Société d'agriculture d'Alger.
Ses succès ont été nombreux dans tous les concours agricoles ; il avait
été nommé, en I8(i5, cbovalier de la Légion d'honneur.
iM. le baron Guerrier de Uumast, correspondant de l'Institut, vient
de mourir à Nancy à l'âge de quatre-vingt-sept ans. Il a été, pendant
de nombreuses années, un de nos collaborateurs assidus ; au milieu
des labeurs d'une vie consacrée au travail, il suivait avec passion les
progrès de l'agriculture, à l'histoire desquels il a consacré plusieurs
études importantes.
Nous devons enfin annoncer la mort de M. le marquis de La Tour
du Pin, propriétaire du domaine d'Arrancy (Aisne). Il a été pendant
longtemps président du Comice agricole de Laon.
VI. — Concours de la Société des açjriouUeurs de France.
Voici le programme des concours ouverts par la Société des agricul-
teurs de France, pour lesquels elle décernera des prix agronomiques
dans sa prochaine session, en 1884 :
1° A l'auteur du meilleur mémoire sur l'utilisation de la chaux. — Etudier le
rôle physique et chimique de la chaux. Importance, utilisation et effet des chau-
lages dans les diOérentes natures de sol. Action de la chau.x combinée soit avec
les fumiers, soit avec les engrais chimiques. — Les mémoires doivent être
envoyés à la Société, 1, rue Le Peletier, avant le P"" décembre 1883.
2" A l'auteur du meilleur mémoire sur l'industrie laitière en France. — Le
travail devra consister, s^oit dans l'étude de la production et de l'utilisation du lait
dans une région de la France, soit dans une monogra[)hie détaillée d'une exploi-
tation laitière. Les mémoires doivent être eavoyés à la Société avant le I" décem-
bre 1883.
3" A l'auteur du meilleur mémoire sur les maladies souterraines végétales qui
peuvent atteindre la vigne. — Les mémoires doivent être parvenus à la Société
au plus tard le 1" janvier 1884.
4" A l'auteur du meilleur mémoire sur les procédés divers de Iti multiplication
des végétaux ligneux. — Les mémoires devront être adressés au siège de la Société
avant le 1" novembre 1883.
5° Pour les essais spéciaux d'une catégorie déterminée d'instruments agricoles
à grand travail ; ce (concours sera organisé par une Société ou un Comice agricole
de province sous les auspices de la Société des agriculteurs de France, à la con-
dition de se contormer pour le |)rogramme, la formation du jury, la' durée des
épreuves. -elc , aux indications fournies par la Commission de permanen;îe de la
Section du génie rural. Les Sociétés ou les C «raices qui désireraient organiser
un concours dans ces conditions doivent en informer, dans le plus bref délai, le
secrétaire général, et indiquer la catégorie d'instruments sur laquelle a porté
leur choix, ainsi que l'époque approximative du concours.
6" A l'inventeur d'un appareil, système, ou moyen de fabrication, apportant un
progrès ré^là l'une des trois industries agricoles suivantes : sucrerie — distillerie
-- léculerie : — ou à un procédé ouvrant ou développant sensiblement un emploi,
un débouché nouveau, à un produit [)rovenant d'une des industries précitées. —
Les concurrents devront se faire inscrire au siège de la Société avant le
l"aoùt 1883.
7" A l'auteur du meilleur travail sur les méthodes rationnelles d'apiculture. —
L'auteur devra faire connaître etcomparer entre elles les diverses méthodes usitées
soit en France, soit à l'étianger, et indipierlcs inodilicatioiis ou améliorations
dont elles lui paraîtraient susceptibles. — Les mémoires devront être envoyés au
siège de la Société avant le 1" janvier 1884.
liSk CHRONIQUE AGRICOLE (31 MARS 1883).
8° A l'auteur du meilleur njiéraoire sur les moyens de retenir à la campagne
les ouvriers agricoles. — Les mémoires devront être remis au siège de la Société
avant le 1" janvier 188 '4.
90 A l'auteur d'un traité de comptabilité agricole en partie double qui, au point
de vue théorique et pratique, sera le mieux approprié aux besoins de l'agricul-
ture. — Les traités doivent être parvenus au siège de la Société au plus tard le
1" décembre 1883.
10" A l'auteur d'un mémoire sur les débouchés commerciaux à ouvrir à l'agri-
culture française. — Les mémoires doivent être envoyés à la Société avant le
l" janvier 1884.
Nous appelons spécialement l'attention des associations agricoles sur
le cinquième concours relatif aux essais de machines ou instruments
d'agriculture.
VIL — Le phylloxéra.
Nous recevons le rapport de M. Mouillefert sur le traitement des
vignes phylloxérées, par le sulfocarbonate de potassium, en 1882. Ce
rapport démontre que l'emploi de cet agent contre le phylloxéra prend
heureusement des proportions croissantes. Voici comment M. Mouille-
fert présente le résumé des opérations faites en 1882 :
« La campagne de 1882 a, comme les précédentes, affirmé en l'accentuant le
succès du sultocarbonate de potassium pour combattre le phylloxéra. La super-
ficie traitée a été beaucoup plus importante que les années antérieures, et le
nombre des adhérents de ce remède a augmenté dans des proportions considé-
rables. Pour ne parler que dr.s opérations que nous avons plus particulièrement
suivies, la Société nationale contre le phylloxéra a traité avec ses appareils méca-
niques (système Félix Hembert et P. Mouillefert), environ 2,225 hectares
répartis entre 385 propriétés, et fourni du sulfocarbonate à 150 viticulteurs qui
ont traité eux-mêmes environ 175 hectares; c'est donc un total de 2,^100 hectares
traités par l'intermédiaire de la Société, répartis entre 535 propriétaires, en pro-
portion presque égale entre le Sud-Ouest et le Midi.
« Cette superficie a exigé l'emploi de 821,317 kilog. de sulfocarbonate. La
quantité par souche a varié dans le Sud-Ouest de 50 à 120 grammes, suivant le
mode de plantation, et dans le Midi, de 75 à 120 grammes, suivant le degré de
maladie, soit par hectare traité dans le Sud-Ouest une moyenne de 385 kilog.
et 323 kilog. pour le traitement du Midi, et une moyenne générale de 350 kilog.
« Le prix a varié pour le Sud-Ouest à cause des nombreux modes de culture,
de 5 à 9 centimes la souche ou, par hectare de 220 à 450 francs. Dans la région
du Midi, le prix a été en moyenne de 7 cent. 5 par souche et par hectare
de 307 francs.
« Les distances auxquelles on a eu à envoyer l'eau pour former la solution
sulfocarbonatée a souvent dépassé plusieurs kilomètres et atteint, dans quelques
cas, 4,500 à 5 000 mètres et même 6,000 et 6,500 mètres pour des altitudes
quelquefois considérables, 180 à 200 mètres mesurés par la pression exercée sur
les pistons de la pompe foulaat(5. Les quantités d'eau ont varié de 15 litres à
40 litres par suuche ou 120 à 150 mètres cubes par hectare.
« Gomme on le voit par ces chiffres, grâce aux appareils mécaniques de la
Société nationale contre le phylloxéra, l'application du remède du savant
M. J.-B. Dumas est donc aujourd'hui d'un emf)loi partout facile et économque
en même temps qu'elle devient de plus en plus en faveur auprès des viti-
culteurs. »
M. Duponchel, ingénieur en chef des ponts et chaussées à Mont-
pellier, vient de publier une intéressante brochure que nous devons
signaler aux. viticulteurs. Sous le titre Les irrigations inseclicides, il
préconise l'emploi de dilutions de sulfure de carbone, basé sur ce fait
que l'eau peut diluer environ un 500* de son poids de sulfure de car-
bone. Il estime que, dans 100 mètres cubes d'eau répartis par hectare
dans des cuvettes creusées par un déchaussage ordinaire au pied des
souches, et communiquant par d'étroites rigoles de déversement, on
CHRONIQUE AGRICOLE (31 MARS 1883). 485
peut donner à la vigne à la fois l'eau utile à la végétation et la quantité
de sulfure de carbone nécessaire pour tuer le phylloxéra. Le sulfure serait
dissous dans des bassins formés au point culminant des vignes, et on
pourrait, en même temps, y diluer les engrais à donner à la vigne. Le
système proposé par M. Duponchel est propre à appeler l'atlentioa
des viticulteurs; M. Duponchel se met d'ailleurs à la disposition des
propriétaires ou des associations qui voudraient en faire l'expérience.
VIIL — Les eaux d'irrigation du Rhône.
M. Aristide Dumont, qui ne se laisse pas décourager par les péri-
péties qu'a traversées le projet de canal d'irrigation du Rhône, vient de
présentera l'Académie des sciences une note sur la possibilité d'aug-
menter les eaux d'irrigation de ce fleuve, à l'aide de réserves à établir
dans les lacs de Genève, du Bourget et d'Annecy. Ce projet rappelle
celui présenté par M. Vallée en 1843, qji se bornait au lac de Genève.
M. Dumont démontre que des travaux relativement peu coûteux exé-
cutés à la sortie du lac de Genève permettraient d'augmenter de
200 mètres d'eau par seconde le volume d'étiage entre Lyon et Avi-
gnon, et que par conséquent le prélèvement d'un volume de 60 mètres
cubes à la hauteur de Condrieu ne pourrait plus soulever l'ombre d'une
objection. En dehors du lac de Genève, une réserve de 70 millions
de mètres cubes pourrait être créée sur les lacs d'Annecy et du
Bourget, laquelle, répartie sur les deux mois de pénurie du Rhône
représenterait un volume constant de plus de 13 mètres cubes par
seconde. Il y a donc là un moyen suprême de concilier d'une manière
définitive les intérêts de l'agriculture avec ceux de la navigation.
IX. — L! ensilage dfs fourrages verts.
Dans notre chronique du 17 mars, nous avons signalé l'enthou-
siasme qui s'est manifesté pendant le congrès des fermiers pratiquant
l'ensilage, à New- York, au mois de janvier dernier. Nous aimons à
revenir sur ce sujet, parce que ces hommages tournent à l'honneur de
l'agriculture française. C'est pourquoi nous reproduisons encore un
passage du compte rendu de ce congrès, relatif à l'historique de l'in-
troduciion de la méthode de l'ensilage des fourrages verts aux Etats-
Unis d'Amérique :
« Quelle admirable découverte est celle de l'ensilage! Il y a un an, M. John
Whiton, ce ^'rand manufacturier de Wintsorvihe-Mapt, vint dans sa voiture à ma
porte et monta les escaliers pour me parler de son silo. Il me dit :« Dans ma
« longue vie de quatre-vingt années, je n'ai rien vu qui m'ait autant impressionné
« par sa grandeur que la découverte de l'ensilage. Le seul regret que j'éprouve,
« par rapport à mon âge avancé, est que je ne vivrai pas assez pour voir ses
« merveilleux résultats pour le peuple de la nouvelle Angleterre. » 11 mourut l'été
suivant.
« Vous qui avez éprouvé une nerveuse anxiété en ouvrant pour la première fois
votre premier silo, en face d'ouvriers et de voisins ricanant, qui vous avaient
appelé stupide ou peut-être même fou, quelques-uns ayant peut-être même pré-
maturément offert d'en acheter le contenu pour en faire du lumier ou de le jeter
sur votre tas de fumier, vous pouvez apprécier la persévérance et le courage du
grand homine qui, pendant vingt ans, ciierchait un meilleur moyen de conserver
ses fourrages que celui de les sécher; et, finalement, trancha la question |ar la
grande découverte de la conservation par la pression continue. Voyez ce qu'il a osé
bâtir !
« Ces immenses silos, là oiî jamais aucun n'avait été construit. Puis, quand
il fut assuré qu'il avait réussi, que ce ne fut pas un accident mais une certitude,
un fait « écrit sur le roc » , sa bienveillance s'étendit sur le monde. Auguste
486 OHRONKJUE AGRICOLE (31 MARS 1883).
Goffart est un philantrope ; il n'a pas cherché à breveter son invention, mais à
la faire connaître à ses risques, à ses frais, de la manière la plus généreuse. Il y
avait là, en France, ceux qui voulaient lui ravir le mérite de la chose, sachant que
c'était une personne paisible et vivant dans la retraite; mais il résista et leur fit
reconnaître publiquement qu'en lui f-eul était la source de cette découverte. En
1875, le gouvernement français accorda à M. Groffrirt, pour sa découverte, la croix
de la Légion d'honneur. Voyez comme cela prend du temps, malgré les meilleurs
efforts, pour lancer une bonne chose. Notre commissaire à i'ExpOsit on de Paris,
le capable, l'énergique M. Edouard Fringht, me dit qu'en 1878 il visita, avec le
ministre de l'agriculture, plusieurs des plus fameuses fermes de France; il n'en-
tendit pas prononcer un mot au sujet de l'ensilage ; ce ne fut qu'à son retour
dans cette ville, en 1879. Il ne connaissait seulement pas la signification de ce
mot. Il en devint plus enthousiaste plus tard et construisit un silo, l'été dernier,
à Ohio. H fut l'aueur du Mechanical Diclionary et éditeur de beaucoup de vo-
lumes concernant son département. Il se proposait d'assister au Congrès, mais
j'apprends avec douleur qu'il est mort avant-hier dans la force d'i l'âge et d'une
utile carrière C'est par les efforts d'un bon et bienveillant homme qui, heureu-
sement, entendit parler de l'ensilage par un petit-fils qu'il avait en France, que
la découverte de M. Goffart fut révélée de bonne heure dans cette contrée.
«M, Francis Marris, de Maryland, commença à écrire au< journaux en 1877,
après avoir bâti un large silo en ] - 76, et c'est, je crois, le premier considérable
effort qui a témoigné de la découverte de M. Gotfart dans notre pays.
«L'ensilage est la découverte d'un homme d'affaires et a été adopté d'abord par
des fermiers entreprenants et pratiquants, tandis que la science prudente et incré-
dule attendait et observait. M. Gotlart ne réclame pas comme ayant été le premier
à conserver le fourrage vert; il dit : « La nécessité a si longtemps excité les efforts
«de l'humanité, que des précédents peuvent être trouvés dans chaque signe de
« perfectionnement. 35 C'est la pression continue qui est le fruit de son invention.
La pression sur les tiges vertes, c'est d'une pratique universelle et d'un succès
uniforme pour tous les climats et toutes les saisons. Ceci a été sa grande d'^couverte.
« M. Goffart supposait d'abord que le système exigeant de grandes dépenses comme
maçonnerie et outillage, serait adopté seulement par de riches lermiers ou par
association. Il sera content d'apprendre que l'expérience américaine constate que
le système réussit aussi bien d'une manière très peu coiiteuse. »
II faut faire une observation sur le passage qu'on vient de lire.
L'ensilasje était loin d'êti'e inconnu en France en 1878, et les visites
qu'un grand nombre d'agriculteurs étrangers firent alors dans notre
pays, servirent puissamment à propager cette méthode dans la plu-
part des pays civilisés.
X. — Pétition du Comice de Béthune.
M. Delory, vice-président du Comice agricole de Béthune (Pas-de-
Calais), nous fait parvenir le texte d'une pétition pour laquelle cette
association demande l'adhésion de toutes les Sociétés d'ugri;ulture.
La question qui y est soulevée est d'un très grand intérêt pour l'agri-
culture, réserve faite en ce qui concerne plusieurs exagérations et des
demandes qui ne peuvent pas obtenir de satisfaction dans le sens
indiqué. Voici le texte de la pétition :
« A Messieurs les députés. — Lessoussignés, agriculteurs français, considérant :
Que des motifs d'intérêt général, et tout spécialement le soin des intérêts com-
promis de l'agriculture, ont fait porter à 30 fr. par hectolitre le droit d'entrée des
alcools étrangers importés en France;
« Que cette mesure ne produit pas, et ne pourra pas produire les résultats satis-
faisants qu'on en attendait, pour deux motifs qui sont : 1" l'entrée en franchise
des matières premières étrangères, servant à la distillation, telles que graines,
mélasses, etc.; 2° l'entrée en franchise du droit d'alcool jusqu'à 15», des vins
étrangers etnotarament des vins espagnols, vinés à grand renfort d'alcools allemands;
« Qu'à l'égard des matières premières de provenance étrangère, il ne serait que
juste de les frapper d un dr it d'entrée proportionnel à celui que paient les
alcools de même origine, soit 8 fr. les 100 kilog. et que l'exercice permanent, par
CHRONIQUE AGRICOLE (31 MARS 1883). 487
la régie, des distilleries industrielles, rendrait la perception de cette taxe aussi
facile que peu coûteuse;
« Que par ce moyen, l'eftct de la surtaxe profiterait réellement à l'agriculture
française, au lieu de favoriser l'agriculteur américain, dans ses exportations de
maïs, ou Tagiiculteur allemand, dans les exportations de mélasses des fabricants
de ce pays;
« Qu'à l'égard de l'entrée en franchise des vins étrangers, si le gouvernement
français est lié par des traités de commerce dont il ne dépend plus de lui de chan-
ger la teneur, il peut tout au moins en faire interpréter les clauses par l'admi-
nistration de façon à ce que l'entrée en franchise ne soit accordée qu'à des vins
naturels exempts de toute addition d'alcool et représentant les produits naturels du
sol espagnol et non un mélange d'eau et d'alcool allemand, ce que l'administration
des douanes pourrait constater facilement;
« Que depuis l'invasion du phylloxéra, la consommation des vins en France
dépassant de beaucoup leur production, si l'importation en franchise des vins
étrangers a s'a raison d'être, le sucrage et le vinage en franchise de nos vins fran-
çais inférieurs produiront les mêmes avantages, sans avoir l'inconvénient de favo-
riser le cultivateur étranger au détriment de l'agriculteur français : ce ne serait,
dans tous les cas, que l'égalité de l'alcool français et de l'alcool étranger, devant
le vinage ;
« Qu'un pays agricole, ne pouvant maintenir sa prospérité que par l'expor-
tation des produits de son sol, une prime à l'exportation des sucres et des alcools
français équivalente à celle dont jouissent les alcools allemands, rétablirait un juste
équilibre entre l'agriculture française et l'agriculture étrangère.
« Yu la situation épouvantable et sans précédent dans laquelle se trouve
actuellement l'agriculture française, les soussignés agriculteurs français ont
l'honneur de venir demander aux chambres de la manière la plus pressante :
« 1°. — Qu'un droit de 8 fr. les 100 kilog. soit appliqué à toutes les matières
premières d'origine étrangère livrées à la distillation en France.
<c 2" — Que l'entrée en franchise des droits d'alcool des vins étrangers ne soit
accordée qu à des vins naturels exempts de toute addition d'alcool.
« 3" — Que le sucrage et le vinage soient admis en franchise de droits.
ce 4° — Qu'une prime à l'exportation de 15 fr. par hectolitre d'alcool, et 7 fr.
par sac de sucre soit accordée aux produits français exportés.
« 5" — Que, comme mesure complémentaire, destinée à protéger l'industrie
agricole et nationale de la distillerie, on fasse cesser la faculté du dédoublage en
entrepôt de douanes, qui a pour conséquences de faire profiter les alcools étran-
gers de la réputation de nos cognacs, au grand détriment du producteur français
et sans que rien ne motive une semblable tolérance.
« Les soussignés espèrent que les chambres voudront bien venir en aide à
leur situation réellement précaire, en leur donnant le moyen de soutenir la con-
currence de-; produits étrangers, au moins à armes égales; la vitalité de l'agri-
culture française dépend de leur décision. »
L'introduction, sous le nom de vins, de piquettes espagnoles a
vivement ému les agriculteurs du Midi ; elle se fait, en efYet, aujour-
d'hui sur une échelle considérable. Il est certain que jamais il n'est
entré dans l'esprit des législateurs de donner une sanction à ce com-
merce né d'une situation économique qu'une bonne année de ven-
danges fait disparaître. Quant au sucrage et au vinage avec exemption
de droits, ce sont des questions qui doivent être aussi résolues dans
un sens favorable aux intérêts de l'agriculture, qui sont également
ceux du Trsor public; mais les dispositions fiscales proposées seraient
d'une application à peu près impossible.
XL — Concours d'animaux gras de Rouen.
Le concours d'animaux gras organisé à Rouen par la Société cen-
trale d'agriculture de la Sdine-lnférieure a eu lieu les 19 et 20 mars.
Ce concours a présenté une réelle importance. Il avait amené Ci- con-
currents app;irLenant, pour la plupart, au département; 184 animaux
ont été présentés, savoir : 101 tètes de l'espèce bovine, 70 de l'espèce
488 CHRONIQUE AGRICOLE (31 MARS 1883).
ovine et 13 de l'espèce porcine. A la distribution des récompenses,
M. Forlier, président de la Société d'agriculture, a prononcé un discours
qui sera lu avec intérêt par nos lecteurs. En voici le texte :
« Messieurs, il y a quatorze ans, la Société centrale d'agriculture de la Seine-
Inftrieure instituait à Rouen son premier concours d'animaux de boucherie ; son
succès a été très grand, et ceux qui ont suivi ont également permis d'apprécier
les progrès importants qui ont été réalisés dans l'engraissement des bestiaux.
« Il me semble bien dilficilo d'ajouter aux éloges qu'en ont faits mes hono-
rables prédécesseurs; avec autant d'éloaueHCO que d'autorité, ils se sont attachés
à iaire ressortir les avantages de ces exhibitions qui mettent en lumière le mérite
des exposants et fournissent à tous les éleveurs des renseignements utiles et
précieux.
« Je n'aurai donc pas à mettre votre patience à une bien longue épreuve, et je
me bornerai à quelques courtes observations sur les motifs qui, la faisant renon-
cer à sa tentative de l'année dernière, ont déterminé la Société centrale à fixer à
nouveau pour la tenue de son concours les lundi et mardi de la semaine sainte.
« Les considérations sur lesquelles on s'était appuyé pour demander que tous
les concours de boucherie tenus en province précédassent celui de Paris, méri-
taient certes, et méritent encore aujourd'hui une très sérieuse attention; la possi-
bilité de réunir et comparer entre eux des animaux de races comme de caractères
tout à fait différents, primés sur divers points de la li'rance, présente certaine-
ment assez d'intérêt pour justifier l'application générale de cette mesure, il ne pa-
raissait pas tout d'abord qu'elle pût rencontrer de difficulté, et le résultat du
concours de 1882 était de nature à nous encourager à persévérer dans cette voie.
« Nous avons été heureux, en effet, de constater que des moutons, sortis des
bergeries de l'un de nos éleveurs les plus distingués, l'honorable M. Rasset,
avaient, après deux premiers prix obtenus à Rouen, figuré au concours géuéral
de Paris et été jugés dignes de la prime d'honneur.
« Le temps et l'expérience ont cependant révélé des obstacles presque insur-
montables; ainsi nous eussions été obligés, cette année, de fixer notre réunion au
15 janvier, c'est-à-dire à une époque oij, sous notre climat, on est fondé à redou-
ter une chute déneige, ou tout au moins des froids très rigoureux; sans la pos-
sibilité de chautïer le local de l'exposition, il devenait évident que le concours ne
saurait avoir lieu; puis, de leur côté, les cultivateurs soutenaient que le temps
leur ferait défaut pour amener leurs bestiaux à un engraissement complet.
« 11 est en outre des usages plus que séculaires qui, s'imposant pour ainsi dire,
aussi bien dans les villes que dans les campagnes, semblent défier toute tenta-
tive de les modifier ; les marchés fleuris, la promenade et l'exposition des ani-
maux primés rentrent dans cette catégorie. Or, dans notre région, ces marchés se
tiennent, depuis un temps immémorial, quelques jours avant ou pendant la
semaine sainte, et loin de diminuer, leur nombre s'accroît chaque année. A nulle
époijue, et surtout lorsqu'une fête locale ne vient point exciter l'émulation ou pro-
voquer l'amour-propie de la boucherie, on ne pourrait tirer un parti aussi avan-
tageux de ces magnifiques animaux, engraissés avec tant de soin, de peines, et
quelquefois aussi d'argent; en tt;m[)S ordinaire, on n'en trouverait pas aussi facile-
ment le débit, à cause de la prodigieuse quantité dégraisse qui, si elle prouve le
talent de ceux qui les ont nourris, est loin de flatter le goiàt du consommateur.
« A ce propos, et pour terminer, je vous demande, messieurs, la permission de
vous exposer une appréciation qui m est toute personnelle.
a II m'est arrivé, dans des expositions de beaux-arts, d'admirer les œuvres de
grands peintres qui se sont illustiés en retraçant des scènes champêtres dans les-
quelles des animaux occupaient le premier plan; ces sujets, admirablement
traites, ne reproduisaient pourtant pas avec une exactitude rigoureuse les bestiaux
que nous voyons tous les jours dans nos fermes, ils leurs étaient de beaucoup
supérieurs en beauté. Je me demande comment nous pourrions rester indifférents
en f xe de chets-d'œuvre tout aussi diificiles à réaliser et dont nous trouvons
souvent de nombreux e emples dans les concours aj^ricoles? N'y voyons-nous pas
figurer des animaux tellement remarquables de formes et d'engraissement qu'ils
touchent la perfection"/ Mais que de patientes recherches, que d études attentives,
que desoins persévérants, que de sacrifices même l'éleveur n'a-t-ilpas diis'impo-.
ser! Que d'écueils à éviter, que d'essais à renouveler, que de dilficultés de toute
sorte à vaincre
CHRONIQUE AGRiaOLE (31 MARS 1833). 489
« lia fallu d'abor.1 donner la préférence à une race, puis choisir les sujets les
meilleurs et néanmoins recourir pirfois encore à des croisements judicieux afin
de pouvoir élever ou abaisser la taille, grossir ou diminuer certaines parties du
corps, en un mot pour les modifier et les façonner pour ainsi dire à sa volonté,
ou suivant les besoins; ne pouvons-nous pas considérer comme un véritab'e
artiste l'éleveur qui a réalisé ce que le peintre avait idéalisé, et comme celui-ci,
n'a-t-il pas le droit à notre admiration et à nos applaudissements?
cv Toutefois, dans les concours de boucherie, la question économique se trouve
Quelque peu sacrifiée à l'art; produire beaucoup de viande économiquement et
ans le moins de temps possible est un problème très important, mais ijui n'a
pas encore reçu de solution, bien qu'il soit digne de fixer l'attention des culti-
vateurs.
« Evidemment c'est beaucoup que d'avoir diminué cette énorme charpente
osseuse qui fournissait aux bouchers l'occasion de combler leur clientèle de
<c réjouissance» ; le service que l'on rendrait à l'agriculture et àla consommation
ne serait pas moins grand si, par une alimentation spéciale et raisonnée, on
pouvait arriver à produire de la viande de qualité supérieure, mais exempte de
cette masse de graisse qui, délaissée ou repoussée par le consommateur, se
trouve, en fin de compte, destinée au fondoir. Nos voisins les Anglais peuvent
développer l'engraissement de leurs bestiaux jusqu'à l'excès, ils aiment le gras et
le mangent avec plaisir. Le goût français est tout autre, aussi nos efforts devraient-
ils tendre à produire prompement et écoiiomiqu3ment la viande recherchée et
préférée par la consommation locale.
« J'aurais fini, messieurs, si je ne tenais à exprimer nos sentiments de profonde
gratitude à tous ceux qui ont bien voulu nous seconder dans notre tâche, à M. le
préfet de la Seine-Inférieure, à iM. le maire de Rouen, dont nous regrettons vive-
ment l'absence, et à la gracieuse intervention desquels nous devons d'avoir pu
obtenir d'importantes allocations du gouvernement et de la ville; à la Société des
agriculteurs de France, à M. l'inspecteur général de l'agriculture, et à toutes les
personnes qui, en honorant cette fête de leur présence, nous apportent un pré-
cieux témoignage d'intéièt. d'estime et de sympathie; enfin aux commissaires et
aux membres du Jury qui ont, comme toujours, rempli leur mission difficile et
délicate avec autant d'indépendance que de dévouement. »
Le prix d'honneur du concours de Rouen a été remporté par
M. Jourdois, agriculteur à Gharleval (Eure), pour un bœuf normand
cotenlin, pesant 1,010 kilog.
XII. — ExpjsilLOii d horticulture à Épernay.
La Société d'horticulture de l'arrondissement d' Epernay (Marne)
organise une exposition de plantes en fleurs et de fleurs coupées qui
aura lieu sur la promenade du Jard, à Epernay, du 23 au 25 juin
1883 inclus. Les membres de la Société ont seuls le droit d'exposer.
Le jury sera choisi parmi les Sociétés correspondantes. Des médailles
d'or, vermeil, argent, bronze et des mentions honorables seront
décernées aux exposants les plus méritants.
XIII. — Meeting d'horticulture à Gand.
La chambre syndicale des horticulteurs belges organise à Gand un
meeting international d'horticulture, dont la date du 15 avril procbain
coïncide avec l'ouverture de l'exposition quinquennale due à l'iniiia-
tive de la Société royale d'agriculture et de botanique. Ce meetin > a
pour but d'offrir aux horticulteurs de tous pays une occasion d'étudier
en commun quelques-unes des questions qui se rattachent au déve-
loppement de leur industrie et à l'extension de leurs relations com-
merciales. Ces questions seront d'ordre purement commercial et
industriel ; c'est la seule limite tracée aux orateurs qui, dans l'exposé
de leurs théories et dans l'expression de leurs vœux, jouiront de la
liberté la plus large. Deux questions principales sont dès aujourd'hui
490 CHRONIQUE AGRICOLE (31 MARS 1883).
inscrites à l'ordre du jour ; elles se rapportent, l'une à la situation faite
à i'horliculture par la convention phylloxérique de Berne, l'autre à la
nécessité d'une action commune des horticulteurs dans tous les pays
du monde en vue d'obtenir pour l'industrie horticole la protection et
les avantages auxquels elle a léojitimement droit. Les adhésions
doivent être adressées sans retard à M. le président delà chambre syn-
dicale des horticulteurs beli>;es, à Gand.
XIV. — Les concours de reproducteurs de Paris.
Notre collaborateur, M. de la Tréhonnais était en Ani2;leterre lorsque
les observations de MM. Tiersonnier et de Poncins, relativement à son
compte rendu du concours d'animaux reproducteurs de Paris, ont paru
dans nos colonnes (n"' des 10 et 17 mars). M. de la Tréhonnais nous
a envoyé une réponse qui paraîtra dans notre prochain numéro.
XV. — Nouvelles de Vétat des récoltes en terre,
La plupart des notes de nos correspondants signalent la recrudes-
cence de l'hiver. Voici la lettre que M. Jacquot nous adresse de
Chèvreroche (Vosges), à la date du 25 mars :
a Nous n'en sommes pas encore à vous parler des récoltes en terre, encore
moins des travaux de culture du printemps; c'est l'hiver, l'hiver rigoureux qui
domine. Les tempêtes de neige qui en ont amoncelé des quantités considérables
sur nos montagnes ont été précédées, accompagnées et suivies de froids rigoureux
dont le maximum a atteint — 10". Aujourd'hui le cielgris et la température froide
semblent encore indiquer la neige. y>
Sur la situation dans la Vendée, M. Boncenne fils nous adresse, de
Fontenay-le-Comte, la note suivante à la date du 23 mars :
« Le mois de mars a commencé par des journées chaudes c^ui ont permis à la
culture de reprendre les labours et les ensemencements; mais à partir du 7, le
temps a subi une modification complète. L'air est tout à coup devenu très froid,
la neige est tombée en petite quantité d'abord, puis en flocons plus épais et a
couvert la terre pendant près de vingt-quatre heures. Nous avons relevé, le 7
et le 8, des minima de 2 et 3 degrés centigrades au-dessous de zéro. Le 9, le
thermomètre est descendu à — 7", le 10 à — 5", le 1 1 à — 6", et le 12 à — 6"
degrés. Cette température rigoureuse n'a pas été trop préjudiciable aux blés en
terre. Les colzas seuls ont souffert. Les arbres dont la floraison est précoce,
amandiers, pêchers, cerisiers, ont, en divers points, leur récolte sérieusement
compromise. Actuellement les gelées ont cessé, mais la pluie est revenue et les
travaux des champs sont encore une fois suspendus. Les semailles d'orge et
d'avoine sont peu avancées, dans nos contrées, et l'on craint que ce nouveau
retard n'ait de graves conséquences pour la récolte prochaine.
« Les transactions sont calmes sur la plupart des marchés. Les avoines de choix
sont demandées, et par suite 'les cours accusent plus de fermeté. Les veaux et
les porcelets sont en baisse. Les jeunes bœufs se vendent assez facilement. Les
vaches et les génisses, moins recherchées que le mois dernier, se placent encore
à des prix raisonnables. «
La situation das récoltes s'est peu modifiée depuis quelques
semaines dans l'Allier. M. Nebout nous adresse les renseignements
suivants d'Arteuilles :
«L'état de nos recettes ne s'améliore pas; jamais l'on n'avait vu le seigle avoir
un si triste aspect à cette saison, et c'est la ])rmcipale récolte de nos montagnes;
fort heureusement nous en avons cette année beaucoup diminué l'étendue, pour
le remplacer par le froment; celui-ci est bien meilleur-^ mais il est infesté de
chiendent, surtout celui qui a été fait sur défrichement de prairies artificielles,
que fon n'a pu extirper, vu l'état lamentable de l'automne dernier, et encore
depuis quelques jours il ne fait que geler les nuits, et le milieu de la journée est
assez doux, ce qui est très défavorable à nos récoltes en terre; aussi elles sem-
blent rentrer sous terre, et cependant malgré ces tristes apparences les prix
CHRONIO JE AGRICOLE (31 MARS18S3). 491
restent toujours bien bas, surtout pour le seigle, qui ne nous est nullement demandé.
Par contre, cet état atmosphérique est très favorable à la récolte arbuslive, en
ce qu'il retarde l'essor de la végétation et de la floraison, qui avaient fait de
grand progrès en janvier dernier. Nos semences de printemps, avoine, oro^e. et
prairies artificielles sont commencées, suivant les différents climats c'est-à-dire
se terminent où le climat est plus doux, et commencent où il est un peu plus rigou-
reux. Nos poiriers dans ces parages ont c ttn année peu de boutons à fruits, ie
crois que l'on doit l'attribuer à l'automne si extraordinaire de 1882.
« Nous commençons dans nos parages à tailler et provigner nos vignes. L'année
dernière, elles ont poussé avec vi^jucur, mais leur bois est noir, et leurs bouts secs
malgré l'excessive douceur de cet hiver; cela tient à ce qu'elles n'ont pu bien
aoûtcr leurs pousses à l'automne dernier. Mon vignoble est en majeure partie planté
de cépages, dit Nicolas, plant très fertile, très rustii|ue et précoce, produisant
dès la deuxième année de sa plantation, et l'autre partie de Lyonnais, plant
moins vigoureux que le premier et tout aussi fertile; ces deux espèces de cépages
sont à raisins noirs; l'Allier jusqu'ici est indemne du phylloxéra; pour venir en
aide à mes confrères en viticulture, je leur ofï"re des boutures de ces deux
excellentes variétés à 20 francs les I,OOJ boutures rendus en gare cmballafe com-
pris. Ces deux variétés prennent facilement racines même dans les terrains les
plus ingrats, comme ceux de ma contrée; leur maturité est assez hâtive (septembre).
.T'ai aussi le cépage blanc, dit Saint-Pierre, excellente variété de l'Allier, et le
teinturier, dont généralement nous plantons 200 ou 300 ceps par hectare, pour
donner plus de couleur au vin rouge. »
Les principaux phénomènes constatés -pendant le mois de février
dans le déparlement de la Dardogne, sont résumés comme il suit par
M. de Leatilhac, dans la note qu'il nous envoie de Saint-Jean-d'Ataux,
à la date du 1 5 mars :
« Deux phases bien distinctes ont caractérisé février; celle des pluies avec
température relativement douce durant la première quinzaine, celle des vents de
hâle avec gelée blanche le matin durant ie reste du mois. Les cultivateurs ont
mis à proht cette dernière période pour herser les blés, travail assez mal exécuté
du reste, vu l'état^ de dureté de la couche superficielle du sol et de plasticité de
la coucue inférieure. Les labours pour avoines et pommes de terre sont com-
mencés, mais à part quelques légumes, aucune semence n'a été confiée au sol,
encore trop saturé d'eau. — La taille de la vigne, en pleine activité, est des plus
difficiles; ie sarment mal aoùté, attaqué par l'antrachnose, presque aux trois
quarts sec, ne se prête pas à la vergue ; encore doit-il être choisi avec soin pour
établir le courson. — Les livraisons des tabacs de la dernière récolte ont été
effectu-'es aux divers magasins de la régie; les prix généralement bas ne sont
pas un encouragement pour l'extension de cette culture, il est vrai de dire que les
produits manquaient de qualité, ayant eu beaucoup à souffrir de l'humidité, tant
au sé''hoir que dans le cours de leur végétation — Quant aux cultures en terre,
la situation peut se résumer ainsi : seigle-fourrage, jarosse, farouch, bien
réussis; seigle pour grain et froment, défectueux, surtout les blés semés en
mouWcres sur la fia de novembi-e; les premiers et les derniers semés sont les
meilleurs, pour le moment du inoins. »
Le phénomène le plus remarquable de presque tout le mois de mars
est le refroidissement subit de la température, refroidissement tel qy
les jours les plus froids de l'hiver ont été presque partout ceux que
nou venons de traverser. Ce refroidissement a été accompagné de
fréquentes chutes de neige. C'est surtout dans le Midi que ces intem-
péries ont creusé des perles cruelles; car les arbres fruitiers étaient en
tleurs, les cultures de primeurs étaient en pleine activité Les vignes
n'ont pas été épargnées, mais elles ont été atteintes dans des pro-
portions très variables, et il est difficile de faire une évaluation,
même approximative, du dommage qui a pu leur être causé. Dans
les régions plus septentrionales, c'est surtout au point de vue du nou-
veau retard apporté aux travaux des champs, que le refroidissement
de la température a été funeste. J.-A. Baural.
492 SOCIÉTÉ NATIONALE D'aGRIGULTURE DE FRANGE.
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE
Séance du 28 mars 1883. — Présidence de M. Chevreul.
M. le secrétaire perpétuel présente V Annuaire du la Société pour
1883 qui vient d'être publié.
M. Duponchel, ingénieur en chef des ponts et chaussées^ envoie
une notice sur les irrigations insecticides, en vue de lutter contre le
phylloxéra ; — M. de Lapparent envoie une notice biographique sur
M. Delesse; — M. Ch. Delattre, une étude sur les gisenaents français
de phosphate de chaux.
M. le président du Comice de Béthune (Pas-de-Calais) transmet le
texte d'une pétition qui est reproduite dans la chronique de ce numéro.
M. Gatellier, président de la Société d'agriculture de Meaux, envoie
une notice sur les dispositions prises par cette Société pour contrôler
le commerce des engrais, et un rapport sur les réformes à apporter,
au point de vue de la réduction et de l'unification, dans les tarifs de
chemins de fer.
M. Chabot donne lecture, au nom de la Section d'économie des ani-
maux, d'un rapport sur les conférences piscicoles de M. Gobin, profes-
seur départemental d'agriculture du Jura. Ilinsiste d'abord surl'impor-
tance des travaux qui ont pour but d'accroître le rendement des eaux
douces en poissons, et sur les heureux résultats que l'on peut retirer
aussi de l'organisation de la pisciculture marine sur toute l'étendue
des côtes. Il montre d'ailleurs comment lindustrie de la pêche est la
meilleure école de formation des marins de l'Etat et de ceux du
commerce.
M. Barrai appelle l'attention delà Société sur l'organisation d'essais
qui vont être faits par une Comxmission de la Chambre syndicale des
grains et farines sous la présidence de M. Gatellier, sur la valeur com-
parée de la mouture par les meules et par les cylindres suivant le
procédé hongrois. Il croit que l'attention des agriculteurs doit se p jrter
sur la qualité des grains qu'ils produisent, au point de vue de la pro-
portion de gluten que ces grains renferment; car c'est la plus grande
richesse en gluten qui donne au,ourd'hui aux farines hongroises et amé-
ricaines la supériorité sur les farines françaises. Quelques observations
sont ensuite présentées sur ce sujet par M.M. Pluchet, Heuzé, Peligot et
Chevreul. M. Heuzé rappelle que les gruaux hongrois sont spéciale-
ment recherchés par la boulangerie, parce qu'ils donnent un pain
d'une blancheur remarquable; il pense que c'est là que se trouve le
secret de leur succès. M. Peligot annonce qu'il se propoc>e de faire
connaître à la Société le résultat d'analyse d'un grand nombre de blés
et de farines, faites dans un laboratoire spécial, et qui montrent les
différences sensibles qui se présentent dans la richesse en gluten.
M. Chevreul insiste sur l'i.Tiportance, pour comparer les systèmes de
mouture, de soumettre aux différents systèmes \ des blés de même
variété et de même origine, se présentait dans les mêmes conditions
au point de vue de leurs qualités; les expériences faites dans des con-
ditions identiques pouvant seules donner des conclusions.
Sur la proposition de la Section d'économie des animaux, la
Société déclare l'ouverture d'une vacance pour une place de membre
associé dans cette Section. Henry Sagnier.
OBSERVATIONS SUR LE LAIT BLEU. .493
OBSERVATIONS SUR LE LAIT BLEU
PREMIÈRE PARTIE
Cette singulière altération appelée vulgairement lait bleu s'est
déclarée, pour la première fois, sur les produits de ma laiterie dans le
courant du mois d'août 1877 : j'étais absent, lorsque l'on m'apprit
que des taches bleues, souvent très larges, envahissaient la surface
du lait conservé dans les terrines pour la préparation du beurre. On
me taisait parvenir, en même temps, un échantillon du beurre obtenu
avec cette crème bleue; quoique tout nouvellement battu, ce beurre
avait une odeur butyrique forte et désagréable ; sa couleur verdâtre le
rendait encore plus repoussant. L'altération était donc très grave.
Cependant, au moment de la traite, le lait de toutes les vaches avait
sa couleur naturelle, il supportait parfaitement l'ébullition sans se
coaguler et conservait sa saveur ordinaire. En effet, les taches bleues ne
se produisaient qu'à la surface de la crème environ après 36 heures
de séjour à l'air.
Me trouvant à Motteville, près d'Yvetot, dans une partie du pays de
Caux, où la maladie du lait bleu règne assez fréquemment, je pris des
informationsauprèsdeplusieurs cultivateurs, espéranttrou/er quelques
conseils, ou indications pratiques. Mais, à mon grand étonnement, on
paraissait fort alarmé d'avoir à me répondre sur un sujet si délicat ;
on se contentait de me plaindre, en me faisant comprendre qu'un
pareil malheur ne peut être conjuré que par ceux qui ont pouvoir de
faire le mal. A les entendre, je devais me trouver sous le coup d'un
maléfice : il fallait combattre. Je me mis donc à l'œuvre.
Mon premier soin fut d'établir un service pour recueillir et examiner
séparément les produits des sept vaches qui donnaient du lait. Ces
vaches étaient nourries en liberté, au pâturage dans nos herbages
plantés de pommiers, elle paraissaient toutes en très bon état et
plutôt trop grasses. Leur rendement en lait était régulier; les analyses
donnaient en moyenne pour 100 de lait : 13, 15 de résidu sec, dont
4. 24 de matière grasse. Les animaux semblaient être dans un état
normal; cependant, j'avais plusieurs fois constaté quelelait présentait
toujours une réaction très nettement acide.
Du 25 août au 10 septembre, le produit des traites a été examiné
séparément. En consultant le tableau qui indique l'intensité des taches
bleues observées, on trouve que le lait fourni par chacune des sept
vaches a été, plus ou moins, envahi par la moisissure bleue; il n'y a
pas lieu d'attribuer à l'un des animaux plutôt qu'à l'autre, une sécrétion
anormale ou pathologique.
La moisissure bleue, à la surface de la crème, se présente sous les
formes et les aspects les plus variés; souvent une bande bleue frangée
de 0^.010 à 0'".020 de largeur se développe en cercle contre les
parois du vase; quelques taches isolées peuvent se trouver vers le
centre ; plus souvent encore après 40 ou 60 heures de séjour à l'air,
l'aspect de la crème serait assez bien figuré par la coupe d'un savon
de Marseille fortement veiné de bleu, car la coloration bleue est aussi
intense que celle de l'indigo ou du bleu de Prusse ; parfois la crème
apparaît comme saupoudrée avec une poussière d'indigo à grains de
grosseur diverse. Dans certains cas les points bleus restent sans déve-
494 OBSERVATIONS SUR LE LAIT BLEU.
loppement ; parfois, au contraire, ces points se développent rapidement,
de proche en proche, ils deviennent confluents : en quelques heures
l'envahissement est complet, et la pellicule bleue recouvre alors toute
la surface de la crème.
J'ai constaté que la pellicule bleue, mycodermique, pouvait facile-
ment se reproduire par voie d'ensemencement. En voici un exemple :
quelques parcelles de cette pellicule, d'un beau bleu, recueillies comme
semence, furent délayées dans un demi-litre de laitplacé au laboratoire
dans un cristallisoir en verre. Après vingt heures le mycoderme semé
apparaissait déjà sous forme de taches bleues isolées; le développe-
ment faisait de rapides progrès d'heure en heure ; enfin la surface de la
crème était entièrement envahie après vingt-cinq heures. Plusieurs
récoltes successives pouvaient être ainsi obtenues en cultivant dans du
lait la semence recueillie sur de nouveaux ensemencements; cependant
il faut dire aussi que ces semences restaient parfois stériles ; une moi-
sissure blanche se développait sur la crème, en même temps, ou plus
rapidement que la pellicule bleue qui se trouvait alors anéantie.
On comprend que la reproduction facile du mycoderme doit prolon-
ger l'altération survenue dans lesproduits d'une laiterie; souvent faute
d'indications précises la pauvre fermière se voit pour longtemps
obligée de renoncer à la fabrication et à la vente du beurre.
J'avais pris en main l'exploitation de ma ferme au mois d'octobre
1 850 et, comme je l'ai indiqué sommairement, la maladie du lait bleu
avait été observée pour la première fois sur les produits de la laiterie
au mois d'août 1877; quelques taches bleues étaient en effet signalées
dès le 11 de ce* mois. La maladie dans son intensité, du 20 août au
7 septembre, se terminait heureusement le 15 septembre. Pendant cette
période, nos Tableaux météorologiques indiquent plusieurs orages et
une température généralement élevée.
Aucune modification n'avait été apportée dans les dispositions delà
laiterie depuis 1850, la nourriture des vaches au pâturage restait la
même, et je dois faire remarquer que pendant ving-sept années la moi-
sissure bleue de la crème nous était restée inconnue.
Le 28 juin 1878 nous avons eu à signaler une nouvelle apparition de
la moisissure; mais tout était terminé le 22 juillet, après un traitement
spécial du lait, dont j'aurai à parler.
Le 15 juin 1879, j'observe encore quelques taches restées d'ailleurs
sans gravité, cependant on note une récidive les 2, 11 et 21 juillet de
cette même année; plusieurs terrines (2 sur 13) présentent la pellicule
bleue.
Au mois d'août 1 880, la fièvre aphteuse se déclarait sur les moutons
et sur les vaches de la ferme, aucune tache bleue ne s'est développée
sur le lait pendant cette année.
Enfin la dernière apparition du lait bleu avait lieu d'une manière
surprenante le 21 juin 1881 ; on avait coulé dans quatre terrines
28 kilog. du lait recueilli le 19 juin à midi : le 21 juin à six heures du
matin la surface de la crème dans ces terrines était complètement
envahie par la pellicule bleue; cependant ce même jour, 19 juin, le
lait obtenu dans la traite de six heures du matin était resté irrépro-
chable aussi bien que le lait de la traite du soir. Ajoutons qu'un
ensemencement du mycoderme apparu si brusquement est resté stérile
et sans développement.
OBSERVATIONS SUR LE LAIT BLEU. 495
Pendant la première période de la maladie, en août 1877, j'avais
chaque jour sous les yeux 20 ou 30 terrines de lait plus ou moins
gravement altéré : ce spectacle, fort intéressant, sans doute, pour l'ob-
servateur, ne laissait pas que d'avoir un côté assez pénible pour le
fermier et son personnel de service. Il fallait chercher sérieusement
un remède au mal. Sur le conseil du vétérinaire, on avait saigné plu-
sieurs vaches trop grasses ; le sang fut trouvé très épais et manquant
de sérosité; la réaction acide du lait m'apparut alors comme un symp-
tôme pathologique, d'autant que le plus grand nombre des auteurs
s'accorde à déclarer que le lait de vache a toujours une réaction fai-
blement alcaline. M'appuyant sur cette donnée, je résolus de faire
subir à mes vaches un traitement rafraîchissant et alcalin : chacune
des 7 vaches reçut donc journellement un breuvage contenant du sulfate
et du bicarbonate de soude. Au bout d'une semaine, on dut inter-
rompre ce traitement ; les vaches devenaient furieuses au moment où
on leur administrait de force le breuvage; en outre la moisissure bleue
se développait sur la crème avec plus d'intensité que jamais. A partir
de ce moment, je laissai les pauvres bêtes en repos et je fis quelques
essais pour traiter directement le lait.
Voici le procédé qui a donné les meilleurs résultats : j'ajoutais au
lait, au moment même où il était coulé dans les terrines, après la
traite, une proportion bien déterminée d'acide acétique préparé au
centième. Pour 10 litres de lait on employait 500 centimètres cubes
de cet acide soit: C°^500 acide acétique eristallisable par litre de lait.
Cette proportion d'acide ne caille pas ordinairement le lait; la montée
de la matière grasse paraît même particulièrement facilitée, et le beurre
obtenu conserve tout son arôme,
Sous l'influence du traitement acide, la moisissure bleue a disparu
comme par enchantement, tandis que le lait non soumis au traitement
et conservé pour un examen comparatif, continuait à présenter des
taches bleues sur la crème. L'expérience paraît concluante.
Je termine donc en divulguant mon secret pour conjurer le maléfice :
1 ° Exiger que tous les vases qui doivent contenir du lait à écrémer
soient plongés, pendant 5 minutes au moins, dans l'eau bouillante;
défendre l'emploi de brosses ou linges, dont la propreté est presque
toujours douteuse;
2° En cas d'invasion grave et persistante, traiter le lait par l'acide
acétique au centième comme je viens de l'indiquer, en employant la
dose de 0^^50^ d'acide eristallisable par litre de lait.
J'exposerai dans une deuxième partie les résultats fournis par l'exa-
men microscopique de la pellicule mycodermique et de son orga-
nisme; je reviendrai aussi, avec quelques détails, sur la véritable réac-
tion du lait dans son état naturel. J. Reiset,
Membre de la Société nationale d'agriculture,
Correspondant de l'Académie des sciences.
CHARRUE SULFUREUSE OU INJECTEUR A TRACTION
DE M. LOUIS PAIR AUBE*
I. — La Société d'agriculture du Gard, qui s'intéresse d'une
manière toute particulière à l'œuvre commune de la reconstitution des
vignobles français, qui veut apporter sa pierre à l'édifice viticole que
l. Rapport présenté à la Société d'agriculture du Gard, le 25 février 1883.
496 CHARRUE SULFUREUSE OU INJEGTEUR A TRACTION.
l'on reconstruit en ce moment et qui suit avec le plus grand zèle et la
plus grande activité tous les procédés imaginés dans ce but, avait
organisé, au mois d'octobre dernier, un concours de charrues sulfu-
reuses.
L'essai eut lieu chez M. P. Gastelnau, sur son domaine du grand
Mazet, près Saint-Laurent-d'Aigouze, et on fut assez satisfait, d'une
manière générale, du fonctionnement des appareils que MM. Gastine
et Fallières avaient bien voulu exposer. Toutefois, on reconnut unani-
mement que l'idée était bonne, mais que des perfectionnements
devaient être apportés à ces injecteurs tant sous le rapport de la sim-
plicité du mécanisme que de leur bonne marche dans les diverses
natures du sol. Aujourd hui, paraît-il, ces lacunes ont été comblées et
ces charrues spéciales possèdent ces qualités si précieuses qui ouvrent
la porte des fermes à tous les instruments agricoles.
Mais un propriétaire de Vàuvert, M. Louis Pairaube, qui avait
assisté aux essais de Saint-Laurent-d'Aigouze, voulut, lui aussi, ima-
giner un injecteur encore plus simple et plus pratique. Et nous nous
empressons de dire que, sauf quelques modilications d'ordre secon-
daire qui seront apportées ultérieurement, M. Pairaube a pleinement
réussi ^
La Société d'agriculture s'est transportée le 21 février dernier, à
Beauvoisin (Gard), chez M. Mauberna, pour examiner le mécanisme de
ce nouvel injecteur et le faire fonctionner ensuite sous ses yeux; ayant
assisté à ces essais, nous pouvons en donner la description et fournir
quelques détails pratiques sur son fonctionnement.
IL — Cet instrument, aussi simple qu'ingénieux, consiste essen-
tiellement en une pompe à double effet qui est mise en mouvement à
l'aide d'un vilebrequin fixé à l'essieu des roues. Les roues, au nombre
de deux, transmettent donc la force motrice et l'essieu qui les réunit
présente un coude vers son milieu sur lequel est adaptée une bielle qui
va se fixer sur le balancier de la pompe.
Ce balancier porte une graduation correspondant à des qualités
déterminées de sulfure; c'est ainsi, par exemple, que si on fixe la
bielle du vilebrequin à l'extrémité du balancier on répand 6 grammes
d'insecticide par mètre courant, et 24 grammes au contraire si on la
fixe très près des pompes, puisque dans ce dernier cas on augmente
la course des pistons. C'est là que résideV idée-mere de l'instrument, car
on peut à l'aide de ce balancier et de la bielle qui y glisse à frottement
doux, régler très simplement la dose de sulfure à répandre par mètre
de sillon ou par hectare.
Le mouvement peut être transmis aux pompes à volonté par l'une
ou l'autre roue, mais c'est toujours la roue située en contre-bas qui est
choisie pour opérer cette transmission, et dans ce cas cette dernière
est embrayée ou calée avant la marche et l'autre rendue folle. Cette
manœuvre est des plus simples. Nous voyons par conséquent que le
nombre de coups de piston est subordonné au nombre de tours que
fait la roue motrice; or, cette roue ayant l'".75 de circonférence, il y a
nécessairement un coup de piston donné toutes les fois que la machine
parcourt une distance de 1™.75.
Au devant de l'appareil, et placé exactement au-dessus des roues,
se trouve un réservoir en tôle pouvant contenir 25 kilog. de sulfure de
1. Il est regrettable que l'invenleur n'ait encore rien publié sur son instrument.
CHARRUE SULFUREUSE OU INJEGTEUR A TRACTION. 497
carbone et qui porte sur le derrière un tube de niveau et une gra-
duation afin qu'on puisse savoir à tout instant et la quantité d'insec-
ticide employée et celle qui se trouve dans le réservoir.
Ce réservoir communique avec la pompe à l'aide d'un tuyau en
cuivre sur le parcours duquel se trouve un robinet qui permet d'inter-
rompre la communication. L'instrument étant en marche, la pompe
aspire le liquide et le projette ensuite dan» le tuyau de refoulement
qui glisse sous le bâti et débouche, en suivant une gouttière pratiquée
derrière le contre, au fond du sillon. Mais ce tuyau de refoulement
possède vers son milieu un robinet à trois voies que l'ouvrier peut
fermer aisément à l'aide d'un petit levier, de sorte que ce levier étant
abaissé sur le devant et la pompe fonctionnant, le liquide n'est pas
projeté sur Je sol, mais gagne le réservoir. En effet, une voie de ce
robinet communique avec le réservoir, une autre avec la pompe et la
troisième conduit l'insecticide dans le sillon, et, par suite de la
manœuvre que l'on peut faire exécuter au levier, on ferme soit les
deux dernières voies, soit la première.
Ce petit levier est très précieux; il contribue pour une large part au
mérite que l'instrument inventé par M. Pairaubenous paraît présenter.
C'est lui qui permet, une fois arrivé au bout de la raie, d'effectuer les
tournées sans perte d'insecticide et de pouvoir, sans inconvénient aucun,
s'arrêter au milieu de la rangée de souches, lorsqu'un obstacle se
présente.
Quant au couteau, qui est destiné à tracer le sillon dans lequel le
sulfure se déverse, il présente une forme ordinaire et possède à son
extrémité un petit soc qu'on peut renouveler. Il pénètre dans le sol à
une profondeur pouvant varier de 0'".r2 à 0'".25, mais qu'on pourrait
facilement augmenter si on reconnaissait qu'il y a avantage à creuser un
sillon plus profond.
Derrière le couteau se trouve le rouleau compresseur qui est fixé à
Fage et qu'on peut élever ou abaissera l'aide d'une crémaillère. Quand
l'injecteur est au repos, on abaisse le rouleau et le couteau ne touche
pas le sol; on peut ainsi déplacer l'instrument avec la plus grande
commodité. Ce rouleau, par son poids, recouvre le sillon, mais il nous
a paru un peu léger; d'ailleurs, hâtons-nous de dire que M. Pairaube
se propose de le m.odifier.
Enfin, l'appareil se termine par un mancheron en fer.
IIL — Cette charrue sulfureuse, qui a fonctionné devant nous, est
très légère et d'une conduite facile; une seule bête la traîne aisément
et deux ouvriers dont l'un dirige la bête et l'autre surveille l'injecteur
suffisent largement pour pratiquer un bon traitement insecticide. Elle
est aussi très simple et un ouvrier est mis immédiatement au courant
de son mécanisme. En notre présence, la charrue a répandue 10^.9 de
sulfure par mètre courant ou 37^.1 par souche, ou 140 kilog. par hec-
tare comme du reste nous avons pu nous en convaincre en considé-
rant le volume du liquide dans le réservoir avant et après le traitement
d'un certain nombre de ceps.
Cet instrumenta travaille dans un sol silico-argileux^ et passait deux
fois dans l'intervalle de l'^.SO qui séparait deux rangées de souches.
Le sillon était tracé à O'^-rSo ou U'".40 du pied du cep, de sorte que la
1. Dans les grès, le soc produit des étincelles qui déleriuinent une si-rie de détonations sans
importance.
498 CHARRUE SULFUREUSE OU INJECTEUR A TRACTION.
couche arable recevait les vapeurs sulfocarboniques à l'aide de sillons
distants de O^.TS environ. Grâce à la pompe à double effet que possède
l'appareil, le jet de sulfure de carbone est presque continu et, par
suite, sa diffusion est plus régulière et son efficacité plus grande.
Dans un sol non tassé, son travail est irréprochable et on peut alors
traiter de 3000 à 4000 pieds de vigne par jour. Le coût de l'opération
dans ce ca^ atteint donc à peine le chiffre de 100 francs par hectare ^
Mais parviendra-t on à détruire, en appliquant le sulfure de carbone
à l'aide de cet injecteur, tous les phylloxéras qui vivent sur les racines
des cépages français? M. Pairaube répond à cette question en citant
l'expérience suivante. Un mois environ après l'application du sulfure
sur une vigne dont les racines étaient couvertes d'insectes, il examina
soigneusement avec un microscope un très grand nombre de radicelles
provenant des ceps traités et il lui fut absolument impossible de décou-
vrir la présence d'un seul phylloxéra vivant, il ne vit que des cadavres.
Probablement le sol se prêtait admirablement à la diffusion de l'in-
secticide et le traitement avait été fait en temps opportun. Dans toutes
les situations on n'arrivera pas au même résultat ; là où le terrain sera
compact, argileux, imparfaitement ressuyé, les effets du sulfure, appli-
qué même avec l'injecteur Pairaube, ne seront pas aussi encourageants.
Le jour de notre visite, la charrue sulfureuse travaillait dans un ter-
rain d'alluvion riche, profond, meuble, où la richesse en sable est
certainement supérieure à 50 pour 100. Or, on sait depuis longtemps
que la prédominance du sable dans une terre est, pour la vigne fran-
çaise, une cause de résistance au- phylloxéra. Dans ces conditions, il
est vrai, l'immunité de la vigne n'est pas absolue, mais sa résistance
relative est incontestablement très grande, comme l'attestent, du reste,
les vignes situées dans le voisinage et qui donnent des récoltes, quoique
ne recevant aucun traitement insecticide. L'expérience faite sur ce ter-
rain, quels qu'en soient les résultats, ne sera donc pas concluante.
Toutefois, elle nous^ fournit l'occasion d'ajouter que, dans les sols plus
ou moins sableux, le traitement au sulfure est particulièrement recom-
mandable : il diminue le nombre d'insectes et permet, par suite, à la
vigne de donner une récolte plus abondante.
Quoi qu'il en soit, M. Pairaube vient de rendre un grand service à la
viticulture en mettant à sa disposition un injecteur aussi bien conçu.
Mais cet appareil, quelque parfait qu'il soit, ne résoud que le côté éco-
nomique du problème posé par le sulfure de carbone. Il pourra bien
uniformiser, jusqu'à un certain point, la diffusion de l'insecticide,
mais il ne modifiera pas la nature du sol, ni les propriétés physiques
et chimiques du sulfure de carbone.
En terminant, qu'il nous soit permis de remercier MM. Mauberna
père et fils, d'avoir mis si obligeamment leur champ d'expérience à la
disposition de la Société et d'adresser également nos remercîments à ,
M. Pairaube pour le désintéressement avec lequel il nous a expliqué son
système. Nous devons aussi des compliments à l'inventeur pour le
résultat auquel il est arrivé à force de labeur et de persévérance.
Après les essais, une réception des plus cordiales nous attendait.
La Société en est fière et elle en gardera longtemps le meilleur souvenir.
B. Chauzit,
Professeur départemental d'agriculture du Gard.
1. Mais au point de vue de la destruction de l'insecte, l'injecteur à traction sera-t-il supérieur
au pal ?
POMPES A CHAPELET DE M. DAVID.
499
POMPES A CHAPELET DE M- DAVID
On emploie, depuis un certain nombre d'années, sur une assez
grande échelle, les pompes à chapelet, soit dans les exploitations
agricoles, soit dans les communes rurales, dans beaucoup de circon-
stances. Ces pompes donnent, en effet, d'excellents résultats, quand il
s'agit d'élever des eaux ou des purins d'une profondeur qui ne dépasse
pas une dizaine de mètres. Les progrès réalisés dans la fabrication
des tubes en cuivre et l'emploi du caoutchouc ont permis d'avoir des
rendements sensiblement supérieurs à ceux que l'on obtenait naguère.
Parmi les bons fabricants de pompes à chapelet, nous devons signa-
ler particulièrement M. Henri David, constructeur à Orléans, qui a
Fig. 49. — Pompe à chapelet, à manège.
imaginé des combinaisons très ingénieuses, suivant l'emploi que l'on
veut faire de ces pompes.
Nous citerons tout d'abord la pompe à chapelet mue directement par
un manège, que représente la fig. 49. Comme le montre le dessin,
la couronne du manège engrène directement sur un pignon dont l'axe
porte une roue dentée, commandant un deuxième pignon porté à l'ex-
trémité de l'arbre de la pompe. Le tout est monté sur la margelle du
puits, de manière à n'occuper que très peu déplace. Autour du puits
on peut établir un réservoir circulaire, analogue à celui figuré dans
le dessin; ou bien on peut diriger l'eau dans un conduit qui la mène
sur tel point que l'on désire. Les dimensions de l'ensemble de l'appareil
sont calculées de telle sorte que l'eau sort de la pompe à une hauteur de
80 centimètres environ au-dessus du sol. Le diamètre des tubes dans
lesquels l'eau monte peut varier de 50 à 70 millimètres. Les rondelles
qui élèvent l'eau sont en caoutchouc, et on les ajuste de telle sorte
qu'elles sont d'un remplacement facile, lorsqu'elles sont usées. Le débit
de la pompe varie dans de très grandes proportions, suivant le diamè-
500
POMPES A CHAPELET DE M. DAVID.
tre des tubes, et suivant qu'on en emploie un ou deux, c'est-à-dire
que la pompe est simple ou double. 11 peut varier depuis 7,500 litres
à l'heure avec un seul tube de 50 centimètres, jusqu'à 30,000 litres
avec deux tubes de 70 millimètres. Quant aux prix, ils varient de
490 fr. pour l'appareil, et I4fr. par mètre de profondeur du puits,
dans le premier cas, à 625 fr. pour l'en-
semble de l'appareil, et 44 fr. par mètre
de profondeur dans le dernier cas.
La fig. 50 montre une pompe à cha-
pelet montée sur colonnes en fonte
servant au passage de l'eau, et ren-
fermée dans une enveloppe métallique,
cette enveloppe protège la pompe contre
les accidents qui peuvent provenir de
chocs, de jets de cailloux, etc. C'est un
système qui convient spécialement pour
les places publiques des communes ru-
rales, pour les écoles, etc. M. David en
construit deux modèles de dimensions
différentes. Le prix du grand modèle
disposé pour être fixé sur le sol varie de
230 à 240 francs suivant le diamètre des tubes qui peut être de 40, 50
ou 60 millimètres. Le prix du petit. modèle varie de 175 à 180 francs
suivant que le diamètre des tubes est de 40 ou de 50 millimètres. 11
faut ajouter à ce prix 1 2 à 1 7 francs par mètre de tube, dont le nombre
Fig 50. — Pomp° a chapelet avec
enveloppe métallique.
varie suivant la profondeur du puits.
Henry Sagnier.
L'ASSURANCE ET LE CREDIT AGRICOLE EN BRETAGNE
Après la diffusion de l'enseignement agricole populaire, que nous
considérons comme le premier de nos besoins, et comme celui qu'il
est le plus indispensable de satisfaire à bref délai, V assurance contre
la mortalité du bétail, ou pour mieux dire, l'assurance contre les effets
de la mortalité s'impose impérieusement à notre attention et à notre
active sollicitude.
Nous considérons l'instruction agricole comme le moyen le plus sûr
et le plus efficace à employer contre la désertion des campagnes,
parce que, à nos yeux, c'est le seul qui puisse rendre la vie rurale
plus attrayante et plus agréable, en faisant le travail agricole plus
lucratif.
Quant à l'assurance, elle procurera au cultivateur, comme nous
l'avons déjà dit souvent, l'un des biens les plus précieux auxquels il
puisse aspirer, puisqu'elle lui garantira la sécurité du lendemain.
Bien plus, nous entrevoyons dans la création de l'assurance, suivant
les principes et d'après le système que nous méditons, la possibilité
de parvenir du même coup à la solution d'un problème social resté
fermé jusqu'ici, nous voulons parler de l'établissement du Crédit
agricole.
C'est ce que nous essaierons de démontrer à la suite de ce travail, à
titre de conclusion définitive, destinée à justifier le titre que nous avons
inscrit ci-dessus.
l'assurance et le crédit agricole en BRETAGNE. 501
Pour le moment, nous allons nous occuper d'abord d'exposer le
système d'ass irance agricole que nous regardons comme le meilleur,
comme le seul pratique, dans notre pays, et afin d'aller vite en besogne,
nous entrerons immédiatement au cœur de la question.
Remarquons d'abord ceci; c'est que chez nous, si grand que soit
l'intérêt de la question, cet intérêt se borne et se circonscrit de
lui-même à un point unique, Vassurance contre la mortalité du bétail.
En effet, nous n'avons guère à redouter ici, ni les intempéries
excessives, ni les grands cataclysmes que l'on voit ailleurs sévir d'une
façon si désastreuse sur les biens de la terre, tels que la grêle, l'inon-
dation, l'ouragan, les tremblements de terre, etc.
Sous ce rapport, le seul mal que nous ayons à craindre, c'est l'exces-
sive humidité de notre climat océanien qui nous donne, à la vérité,
dés pluies trop fréquentes et des gelées tardives des plus meurtrières,
contre lesquelles d'ailleurs tout système quelconque d'assurance serait
sans effet et sans but.
Mais en revanche, la mortalité du bétail exerce dans nos écuries et
dans nos étables des ravages tels que la statistique officielle de 1866
évaluait à plus de quatre millions de francs le chiffre annuel des pertes
éprouvées, par cette cause, dans les trois départements bas-bretons des
Côtes-du-Nord. du Finistère et du Morbihan.
Frappé de l'énormité de ces pertes, nous nous sommes préoccupé
depuis bien des années de la recherche des moyens propres à en
atténuer les effets désastreux, — Dans cet ordre d'idées, nous ne pou-
vions manquer d'aboutir, comme nous l'avons fait, à l'examen et à
l'étude des questions d'assurances agricoles.
Voici bientôt vingt-cinq ans que nous nous sommes adonné à cette
besogne des plus scabreuses et des plus ardues, il faut bien le dire. —
Or, quels qu'aient été nos déceptions et nos déboires, nous n'avons
cessé de tenir notre pensée attachée à ce grand œuvre, et nos regards
tournés vers ce but qui a été et qui restera l'objet de nos plus ardentes
aspirations.
Nous ne pouvons parler que pour mémoire des nombreux essais
qui ont été tentés à diverses reprises, dans notre pays, et auxquels
nous nous sommes trouvé mêlé. — Ces essais ont tous abouti à des
échecs; tous, sans exception, ont eu des résultats malheureux. Inutile
donc d'en parler plus longuement; il vaut mieux, pensons-nous,
résumer en quelques mots les leçons et les principes tirées de la longue
expérience qu'il nous a été donné d'acquérir sur ce point.
Qu'on nous permette de les formuler sommairement ici.
1" Il ne faut pas songer à établir, en Bretagne, du moins dans
la partie du pays breton qui forme la circonscription des trois dépar-
tements sus-indiqués, l'assurance à prime fixe, par voie d'association
financière. L'insuccès est d'avance assuré à tout essai de ce genre.
2" L'assurance mutuelle à primes fixes et à circonscription limitée
à la commune et tout au plus au canton, pourra seule réussir dans
certaines conditions à déterminer ultérieurement.
3" Les circonstances spéciales du milieu économique dans les-
quelles l'industrie rurale se meut chez nous, doivent surtout être
consultées, si l'on veut faire œuvre solide et durable, autant qu'utile
et profitable à tous.
Ainsi, par exemple, voici une circonstance qu'il ne faut jamais
502 l'assurance ET LE CRÉDIT AGRICOLE EN BRETAGNE.
perdre de vue dans nos entreprises d'assurances^ en Bretagne, sous
peine de se condamner à un échec certain, c'est que, dans le régime de
notre économie rurale, le bétail doit être considéré comme un capital
de roulement toujours en mouvement perpétuel, et occasionnant ainsi
des mutations incessantes parmi la population de nos étables et de nos
écuries.
Ce fait constitue à lui seul le principal obstacle contre lequel sont
venus se heurter inutilement les hommes de bonne volonté qui ont
voulu tenter l'entreprise difficile entre toutes, mais excellente aussi
entre toutes, qui fait l'objet de nos constantes préoccupations.
Nous avons, pour notre part, passé par ces épreuves, et parmi les
causes qui nous ont empêché jusqu'ici de parvenir à notre but, nous
avons constamment rencontré celle-ci au premier rang. C'est pourquoi
nous avons dv appliquer tous nos efforts à tourner l'obstacle que
nous ne pouvions supprimer; ce qui nous a conduit à adopter le sys-
tème d'assurance dont nous allons exposer maintenant l'économie
générale.
Nous avons déjà dit que ce système repose sur le principe de la
mutualité à primes fixes. Ajoutons que ces primes, dont le quantum
sera toujours proportionnel à la valeur totale du mobilier-bétail
assuré, serviront exclusivement à constituer la caisse d'assurance où
l'on ira puiser les indemnités qui seront dues aux seuls associés ou
adhérents ayant éprouvé des sinistres.
Ajoutons encore ceci, c'est que l'assurance se fera en bloc^ c'est-à-
dire que, en raison de Fimpossibilité absolue, dans la plupart des cas
tout au moins, d'appliquer à chaque animal le principe de la prime
individuelle, il sera fait un total de la valeur du cheptel, dans chaque
ferme assurée, et que chacun des adhérents à l'association aura à
payer une quotité de primes proportionnelle à la valeur de son cheptel
considéré en bloc.
Pour mieux faire saisir notre pensée, que l'on veuille bien nous
permettre de prendre un exemple très simple : voici trois proprié-
taires-fermiers qui possèdent respectivement, en bétail, mobilier, toute
défalcation faite des non-valeurs (chose que nous aurons à prévoir
tout à l'heure), le premier 500 fr., le deuxième 1,000 fr., le troisième
1,500 fr.
Admettons que la prime à payer, ou plutôt à verser, soit 5 pour 1 00;
nous voyons que la quotité annuelle de chaque prime d'assurance,
sera, dans le premier cas, de 25 fr.; dans le deuxième cas, de 50 fr.,
et enfin dans le troisième cas, de 75 fr,
En un mot, la prime s'appliquera à un capital moyen toujours fixe,
quels que soient les changements ou mutations opérés dans les étables
ou écuries, à la condition toutefois que ces changea ents ou mutations
n'amèneront pas un écart trop sensible entre les risques à courir au
moment où l'assurance se fait, et ceux qui résulteront de l'introduc-
tion d'éléments nouveaux dans la ferme, en remplacement des produits
qui auront été écoulés au dehors.
Au surplus, il est, à ce propos, une règle à établir qui devra tou-
jours être suivie rigoureusement, si Ton veut éloigner les chances de
mécomptes et les occasions de litige, c'est de fixer un minimum et un
maximum de valeur à assurer, en dehors desquels l'assurance ne sera
plus applicable, soit, si l'on veut, 100 fr. pour le chiffre en dessous,
l'assurance et le crédit agricole en BRETAGNE. 503
1,bOO francs pour le chiffres en-dessus. Les animaux dont la valeur
serait inférieure à 100 francs^ ne pourraient être admis à l'assu-
rance, et ceux dont la valeur serait supérieure à 1,500 francs, n'y
seraient admis que jusqu'à concurrence de celte dernière somme.
D'autre part, nous devrons aussi maintenir le principe de la res-
ponsabilité du propriétaire assuré vis-à-vis de l'association, en lui
attribuant une part de perte qui pourra être du quart, ou môme du
tiers de la quotité assurée. Cette réserve, quoi qu'on en ait pu dire, est
absolument nécessaire à stipuler, et cela pour des motifs qu'il est
beaucoup plus facile d'expliquer verbalement, qu'il n'est aisé de les
exprimer par voie de publicité. Du reste, nous pensons que les lecteurs
intelligents qui voudront bien lire ces lignes, ne se feront pas faute
de se rendre compte d'eux-mêmes de la nature de ces motifs, sans que
nous ayons besoin d'y insister autrement.
Il nous reste encore, pour compléter cet exposé, à déterminer deux
points principaux d'une importance capitale en l'espèce, et qui sont
relatifs : 1° au mode de fixation de la quotité des primes d'assurance;
T au règlement des indemnités en cas de pertes.
Comment et par qui ces deux questions seront-elles résolues?
Très simplement, par voie d'expertise, les experts étant toujours
choisis exclusivement parmi les associés, c'est-à-dire parmi ceux qui
ont le plus d'intérêt à bien faire, à agir suivant les règles du droit, de-
la justice et de l'équité.
Les experts devront toujours être au nombre de deux, à moins que
les parties en cause ne s'accordent sur le choix d'un seul, mais encore
une fois, en aucun cas, ils ne devront être pris en dehors de l'asso-
ciation.
Un vétérinaire, également agréé par les parties, s'adjoindra aux
experts, et son intervention inéluctable, basée sur sa fonction technique,
aura pour objet de faire connaître aux experts l'état physiologique
intérieur et extérieur des animaux vivants, soumis à l'expertise avant
d'être déclarés admissibles à l'assurance, ainsi que les causes proba-
bles de la mort, dans le cas d'estimation de la valeur de l'animal qui
aura péri.
De plus, il pourra être constitué en juge-arbitre, s'il y a dissenti-
ment prononcé entre les experts, et alors son avis sera nécessairement
prépondérant.
Tel est, dans son ensemble, et bien entendu, en laissant de côté
toutes les questions de détail qui se pressent sous notre plume, mais
que nous devons négliger dans un exposé sommaire comme celui-
ci ; tel est, disons-nous, le système d'assurance que nous nous pro-
posons d'établir dans notre pays, dès que les circonstances nous per-
mettront de reprendre à nouveau ce projet qui n'a cessé, depuis des
années, de tenir une place considérable dans nos préoccupations, en
raison de l'importance capitale qui s'y rattache, au point de vue de
l'intérêt général.
Avant de clore ce travail, et afin de faire saisir d'une manière plus
nette, plus précise, le but que nous poursuivons, nous voulons essayer
de faire une application tout au moins théorique, des prémisses que
nous avons posées plus haut.
Il y a quelques années, nous fîmes un premier essai d'organisation
d'assurance mutuelle locale dans la commune de Plouëdern, au can-
bOli L'ASSURANCE ET LE CRÉDIT AGRICOLE EN BRETAGNE.
toft de Landerneau. Cet essai ne put aboutir, pour des causes que
nous n'avons pas à rappeler en ce moment, — mais il fut l'occasion
de quelques travaux de statistique dont les chiffres sont restés dans
nos notes^ — ce qui nous permet de nous en servir pour aider à la
démonstration que nous voulons faire.
La commune de Plouedern possédait, en ce moment-là, une valeur
de près de 200,000 francs en bétail mobilier, et d'après une moyenne
tirée d'évaluations portant sur les dix années précédentes, nous
avions reconnu que la perte annuelle par suite de la mortalité, était
de 4,000 francs.
C'était donc à un chiffre assez insignifiant à première vue, de
2 pour 100, que s'élevait la perle annuelle de la commune de
Plouedern, à l'époque dont nous parlons, et si cette perte avait pu se
répartir également entre tous les ayants cause, il est clair qu'il y aurait
à peine eu lieu d'en tenir compte, du moins par rapport à la fortune
privée de chacun, tant elle aurait paru minime à tous.
Mais nous savons bien que ce n'est pas ainsi que les choses se
passent; nous savons aussi pour l'avoir vu bien des fois, trop souvent
même, quelles graves perturbations apporte, dans un ménage breton,
la mort d'un animal de travail ou de vente, même chez les cultiva-
teurs qui peuvent le mieux supporter cette perte, sans risquer de voir
pour cela l'équilibre de leur budget trop dérangé par cet accident.
Or, partant de ce point de vue qui n'est pas le seul à considérer,
puisqu'il y a encore, à côté, et même au-dessus, celui de la fortune
publique dont l'intérêt est naturellement affecté par ces sinistres, nous
nous demandons ce qui adviendrait de la commune de Plouedern, le
jour où chacun de ses habitants viendrait faire acte d'adhésion à
l'établissement de l'assurance.
Supposons, comme nous l'avons déjà fait, que la taxe de 5 pour 100
soit appliquée ici. Il en résultera, pour la caisse de l'assurance, un
fonds commun de 1 0,000 francs mis en réserve pour couvrir une perte
de 4,000 francs, dont un quart restera à la charge du propriétaire
sinistré, ce qui réduit par conséquent à 3,000 francs la quote-part à
solder par l'association.
Il est vrai que nous devons prévoir les frais d'administration, et
qu'en les portant au chiffre relativement considérable de 1 ,000 franc?,
nous revenons au total de dépenses de 4,000 francs; mais, il ne nous
en reste pas moins 6,000 francs en caisse; 6,000 francs qui appar-
tiennent bel et bien aux déposants, et dont seuls ils peuvent disposer
à leur gré.
Vous pouvez bien nous dire sans doute : « Mais pourquoi porter à
5 pour 1 00 la taxe d'assurance, puisque 2 et demi suffiraient pour
pourvoir largement à toutes les éventualités, en laissant même encore
un reliquat de 1,000 francs par an, au moins? »
Ah ! pourquoi? eh bien ! nous allons vous le dire, car c'est ici que
l'affaire change d'aspect, et qu'elle entre dans une phase nouvelle.
Voici donc une somme de 6,000" francs qui nous reste en caisse,
à nous assureurs et assurés, qu'allons-nous en faire?
Oh ! mon Dieu, c'est bien simple, nous allons en faire une caisse de
prêt pour les associés de l'assurance, c'est-à-dire que nous allons
créer, ipso facto, et sans autres cérémonies, ce grand Crédit agricole à
la recherche duquel tout le monde selance^ et que personne n'a encore
l'assurance et le crédit agricole en BRETAGNE. 505
pu découvrir. Nous nous arrêterons ici, n'ayant pas Taudace de nous
aventurer plus loin, sur ce terrain brûlant d'oi^i notre (iéfaut complet
d'aptitudes en matières financières nous exclut forcément.
Mais en nous éloignant, qu'il nous soit au moins permis de donner
notre idée pour ce qu'elle vaut. Et, en la livrant ainsi à la pleine et
entière discrétion du public, qu'on nous laisse la faculté d'appeler,
sur notre travail, l'attention indulgente des gens de bien, amis du
progrès agricole, ainsi que la critique bienveillante des spécialistes,
qui tout en redressant nos erreurs d'appréciations, voudront bien sans
doute nous laisser l'illusion de croire que nous n'avons pas fait œuvre
tout à fait inutile. H. -M. Tanguy,
PARTIE OFFICIELLE
Loi sur les mesures à prendre contre l'invasion et la propagation du phylloxéra
en Algérie.
Le Sénat et la Chambre des députés ont adopté,
Le président de la République promulgue la loi dont la teneur suit :
Titre premier. — dispositions générales.
Article premier. — Tout propriétaire, toute personne ayant, à quelque titre
que ce soit, la charge de la culture ou la garde d'une vigne, est tenu de signaler
immédiatement au maire de sa commune tout fait de dépérissement ou même
tout symptôme maladif qui se seront manifestés dans ladite vigne.
Une semblable déclaration est obligatoire pour les pépinières ou jardins dans
lesquels il existe des pieds de vignes.
Le maire prévient immédiatement le sous-préfet ou le préfet.
Art. 2. — Le maire de chaque commune est tenu de faire visiter par un expert,
une fois par an, et plus souvent s'il est jugé nécessaire, les vignes comprises
dans le territoire de sa commune. Il rend 'compte immédiatement au sous-préfet
ou au préfet du résultat de cette visite.
Art. 3. — Le préfet fera visiter sans délai les vignes, pépinières ou jardins pour
lesquels il aura reçu la déclaration prévue par les articles 1 et 2, ou dans lesquels
il jugera une inspection nécessaire. Son délégué est investi du pouvoir de péné-
trer dans ces propriétés et d'y faire toutes les recherches et travaux d'investiga-
tion jugés nécessaires.
Cette visite sera étendue aux vignes environnantes. Le délégué transmet sans
délai son rapport au préfet.
Art. 4. — Lorsque l'existence du phylloxéra a été reconnue, le gouverneur géné-
ral prend un arrêté portant déclaration d'infection de la vigne malade, des pépi-
nières et jardins, et des vignes environnantes. Cette déclaration d'infection indique
le périmètre auquel elle s'étend.
Ce périmètre comprend les vignes reconnues malades ou suspectes et une zone
de protection.
La déclaration d'infection entraîne les mesures suivantes :
I. — Dans les vignes malades ou suspectes :
1" La destruction par le feu des ceps, tuteurs, échalas, feuilles, sarments et
autres objets pouvant servir de véhicule au phylloxéra;
2" La désinfection du sol ;
3" L'interdiction de toute nouvelle plantation de vignes pendant un temps qui
ne pourra pas dépasser cinq années.
IL — Dans la zone de protection :
Le traitement préventif des vignes qui s'y trouvent.
III. — Dans le périmètre total des lieux déclarés infectés :
1" La défense de pénétrer, si ce n'est avec une autorisation du délégué ;
2" L'interdiction de sortie des terres, feuilles, plants et tous objets pouvant
servir à propager le phylloxéra.
Art. 5. — Toute plantation faite à l'aide de plants introduits frauduleusement
sera détruite par ordre de l'autorité administrative, sans préjudice des poursuites
à exercer contre les délinquants.
506 PARTJE OFFICIELLE.
Art. 6. — Il est interdit d'introduire, de détenir et de transporter à l'état vivant
le phylloxéra, ses œufs, larves et nymphes.
Art. 7. — Dans les territoires soumis à l'autorité militaire, les dispositions des
articles qui précèdent sont appliquées par l'autorité chargée de l'administration.
Art. 8. — Les Irais résultant des opérations prescrites aux articles 3 et 4 sont à
la charge de l'Etat.
lies frais de visites ordonnées par l'article 2 sont supportés par la commune.
Ces dépenses sont obligatoires. •
Titre II. — indemnités.
Art. 9. — Le propriétaire dont la vigne aura été détruite en exécution de la
présente loi aura droit à une indemnité qui sera à la charge du Trésor.
Cette indemnité ne pourra dépasser la valeur du produit net de trois récoltes
moyennes que ladite vigne aurait pu donner, déduction faite des frais de culture,
de main-d'œuvre et autres que le propriétaire ou le vigneron aurait eu à faire pour
l'obtenir.
Les autres dommages causés pour le traitement de la vigne infectée ou suspecte
donneront lieu également à une indemnité correspondant au préjudice causé.
Dans les deux cas, l'évaluation de l'indemnité est faite par le délégué du préfet
et un expert désigné par la partie. ,
Le procès-verbal d'expertise est visé par le maire, qui donne son avis.
Le ministre peut ordonner la revision des évaluations par une commission
dont il nomme les membres.
L'indemnité est fixée par le ministre, sauf recours au conseil d'Etat.
Art. 10. — Il n'est alloué aucune indemnité à tout détenteur de vignes, à un
tilre quelconque, qui aura contrevenu aux dispositions de la présente loi ou aura
introduit chez lui des plants ou produits agricoles ou horticoles dont l'introduction
est prohibée.
Titre III. — pénalités.
Art. H. — Sans préjudice de la déchéance prévue par l'article 10 et des res-
ponsabilités inscrites dans les articles 1382 et suivants du code civil, les contre-
venants aux dispositions qui précèdent, aux décrets et aux arrêtés rendus pour
l'exécution de la présente loi seront passibles des peines édictées par les articles
12, 13, 14 et 15 de la loi des 15 juillet 1878 et 2 aoi^U 1879.
Art, 12. — Toutes les dispositions inscrites dans les lois des 15 juillet 1878 et
2 aoiÀt 1879, en ce qu'elles ne sont pas contraires à la présente loi, restent appli-
cables à l'Algérie.
^ La présente loi, délibérée et adoptée par le Sénat et par la Chambre des dépu-
tés, sera exécutée comme loi de l'Etat.
' Fait à Paris, le 2J mars 1883. Jules Grévy.
Par le président de la République : Le ministre de V agriculture, J. Méline.
COMMERCE INTERNATIONAL DES DENRÉES AGRICOLES
EN ALLEMAGNE.
H Economiste français du 1 0 mars 1 883 a publié un article sur les
droits de douane et le prix des céréales où nous avons montré qu'en
Allemagne la production est insuffisante pour les besoins de la con-
sommation en céréales, et que l'importation de blé, seigle, etc., est
absolument nécessaire. Nous allons aujourd'hui mettre sous les yeux
des lecteurs du Journal de l'agriculture les données relatives au com-
merce international des denrées agricoles en Allemagne. Les chiffres
que nous citons se rapportent à l'année 1882. Nous nous abstenons de
parler du sucre et du tabac, parce que nous avons étudié récemment
ces deux questions dans ces colonnes.
Tarif douanier
par lOO kilog. Importation. Exportation.
marcs
quint, métr. quint, raétr.
1 Blé 6,837,082 625,021
O.oO Seigle .^,588,071 157,554
1 Avoine 2,748,577 257,786
0.50 Orge 3,726,316 791,324
COMMERCE DES DENRÉES AGRICOLES EN ALLEMAGNE. 507
0.50 Maïs 966,220 21,838
0 50 Sarrasin 142,778 4,260
1.20 Malt . 49S,642 73,546
1.30 Colza 681,044 115,090
0 Graines de lin ... 764,720 288 ,.598
0 Graines de trcfle 143, .547 73,609
0 Pommes de teire 264,358 2,330,651
0 Fruit.,s Irais 364,603 239,215
20 Houblons 16,175 120,922
4 Bière • 127,608 1,285,475
48 Alcool 5,627 909,632
48 Rhum et Cognac 35,583 2,722
24 Vin en fûts .509,207 104,571'
48 r.liauiposne . . . 29, .525 13,890
48 Vin en Ijouteilles .8 ,.501 51,083
20 Beurre naturel et artificiel 46,641 116,584
12 Viande fraîche 74, .536 59,227
24 Raisins secs 148,484 10
20 Fromage 38,103 42,011
2 Farine 445,608 926,043
8 Huile d'olive 102,215 4.447
20 Kuile de lin 359,566 1,572
8 Huile de colza 3,602 88,775
10 Saindoux 2.58,703 270
3 Œufs 148,408 19,758
L'examen des chiffres du tarif général montre que l'Allemagne a
songé à favoriser principalement l'industrie. Les droits sur la farine
et le malt ne sont pas proportionnels aux droits sur les céréales et
l'orge. Le droit d'entrée sur l'orge est assez lourd pour un pays comme
l'Allemagne qui exporte d'énormes quantités de bière. Quant au droit
sur le malt, il est bien trop lourd. Les droits sur les raisins secs sont
trop élevés pour permettre la fabrication du vin avec l'emploi exclusif
des raisins secs. Les fabricants de vins sont en Allemagne de vrais
chimistes se servant de raisins secs, alcool, sucre, acide tartrique,
tartre, etc. Pour le blé, l'importation amène de Russie 2,1 63,846 quin-
taux métriques, d'Autriche-Hongrie 2,598,700 q. m., d'Amérique
744,159 q. m. Ce n'est donc pas l'Amérique qui fournit principale-
ment le blé au marché allemand. Pour le seigle, l'importation fait venir
de Russie 3,484,927 q. m.,' d'Autriche-Hongrie 753,611 q. m., de
France 635,909 q. m. Quant à l'avoine, la Russie livre 1,736,581 q.
m., l'Autriche-Hongrie 517,960 q. m. L'Autriche-Hongrie fournit à
l'Allemagne 2,545,631 q. m. d'orge.
Le pays oi^i l'Allemagne envoie la plus grande quantité de houblons
est l'Angleterre qui reçoit 43,541 q. m. La France achète 12,092 quin-
taux.
Les exportations de bière sont importantes. La France reçoit
531,868 q. m. La France achète 95,402 q. m. d'alcool. Elle fournit à
l'Allemagne 266,482 q. m. de vin.
Le tableau suivant indique les importations, les exportations du
bétail par tête, et les droits d'entrée par tête.
Tarif douanier
par tête. Importation. Exportation.
marcs.
10 Chevaux 64,981 18-,225
6 Taureaux .... 644 8,064
fi ■ Vaches 89.083 54,120
20 . Bœufs 25,197 70,340
4 Taurillons et génisses 5(),126 52,166
2 Veaux 43,436 56,757
2.50 Porcs 1,039,136 294,792
1 Moutons.... 59,058 1,430,106
L'exportation n'offre une importance réelle que pour les moutons.
L'excédent de l'importation sur l'exportation se chiffre pour les laines
508 COMMERCE DES DENRF^^ES AGRICOLES EN ALLEMAGNE.
par 750 mille quintaux. Nous indiquons encore quelques denrées
a<*ricoles ou pour mieux dire d'un emploi agricole qui entrent libre-
ment en Allemagne.
Importation. Exportation.
quint, métr. quint, métr.
Guano 1.063, If.O ■ 1G,298
Superphosphate 2')8,787 66,852
Salpêtre du Chili 1,269,184 21,363
Paul MULLER.
BINEUSE A BRAS YIET
Monsieur le directeur, pour répondre à plusieurs questions qui
m'ont été adressées, notamment par M. Gambon, propriétaire à Nîmes,
je viens vous donner quelques explications sur le travail de ma bineuse
à bras, qui serviront de complément à la description donnée dans le
numéro du 24 février dernier du Journal de V agriculture.
L'agriculture est éprouvée, la main-d"œuvre est fort chère et le dé-
peuplement des campagnes augmente rapidement, dit M. Cambon ;
grave est la situation, surtout dans le Midi, où, à cause du phylloxéra,
les splendides récoltes que donnait la culture de la vigne sont rem-
placées par les maigres résultats que donne la culture ordinaire, celle
du blé surtout.
Pour arriver à la fin de l'année à voir les recettes dépasser les dé-
penses, on recherche avidement tout ce qui peut aider à atteindre ce
but. M. Cambon, qui était un des grands producteurs de vins, cultive
maintenant, à la place de ses vignes, le blé, les fourrages, un peu de
maïs, la betterave et l'absinthe, et s'efforce de faire faire, dans son
pays, des progrès à l'agriculture dont la position est tellement pré-
caire que, dans bien des localités, les propriétaires ne trouvent pas
toujours des fermiers, en abandonnant leurs terres pour le payement
des contributions.
A cause de cette position et dans l'intention de renseigner les cul-
tivateurs de sa contrée, M. Cambon me demande de faire connaître si
la bineuse à bras dont il a été parlé dans le Journal de f agriculture (nu-
méro du 24 février 1883) peut fonctionner ailleurs que dans des ter-
rains légers et sablonneux ; si dans la riche plaine de Nîmes, sur les
bords du Vistre, où le sol humifère argileux est fort et compact , ce
nouvel instrument pourrait être employé ; s'il serait préférable aux
araires du pays ; si, dans les plantiers jeunes, on ne pourrait pas s'en
servir, quitte à passer plusieurs fois dans l'intervalle des souches qui
est de l'^.ôO.
Tout d'abord il faut s'entendre. Chaque instrument a sa spécialité
en agriculture : la charrue remue le sol profondément; la herse le di-
vise^ l'émiette; mon instrument, fort léger, ne peut servir qu'à
détruire les herbes; il ne doit guère pénétrer dans le sol que de 0^.05;
avec plus de profondeur, un homme ne pourrait plus le manœuvrer,
et les pièces qui le composent ne résisteraient pas. D'ailleurs, pour
bien détruire les herbes, il ne faut les couper que peu au-dessous du
collet, autrement il leur reste des racines qui, en cas de pluie , les
font reprendre.
Quant à la question de savoir si l'instrument pourrait fonctionner
dans la plaine de Nîmes que j'ai vue, mais où je n'ai pas cultivé, je
BINEUSE A BRAS VIET. b09
réponds : oui. En Seine-et-Marne où le sol est argileux, compact,
nous donnons aux lames une largeur de 0'".115; avec les trois, on
fait une bande de travail de (P. 30 ; dans un sol sablonneux, très
doux, on peut donner 0'".ir) et cultiver ainsi ()'".40 de largeur. Si le
terrain est rude, on peut réduire les lames à 0™.10 et même 0'".8, on
n'a plus alors qu'un travail d'une largeur de ()"'.22 à 0"'.25.
Mais toujours ainsi, l'instrument reste pratique et, l'économie est la
même, car si un sol est rude pour une machine à bras, il l'est de
même pour un outil à main. Seuls, les terrains caillouteux sont inac-
cessibles à ma bineuse, les pierres rencontrées par les lames étant
poussées horizontalement ne cèdent pas, les chocs répétés fatiguent
l'ouvrier et les lames sont vite émoussées. Dans nos vignobles, les
ceps sont si rapprochés, la terre si bosselée de trous et de bult^rs occa-
sionnés par le provignage, qu'on ne peut cultiver qu'avec des outils à
main. Quand les vignes sont en terrain plat ou en pente douce et que
les ceps sont à une bonne distance, l'emploi de la bineuse à bras pour
la culture superficielle offre une économie considérable.
L. VlET.
SITUATION AGRICOLE DANS L^AUDE
On n'est pas encore tout à fait revenu de l'émotion causée par les effets des
dernières gelées qui ont l'ait assez de mal partout. Une hausse sur les vins en
est résultée, arrêtée un peu par les exigences des vendeurs, peu nombreux en ce
qui regarde les viticulteurs.
On se hâte de terminer l'enfouissement des engrais et on ne voit que charrettes
charriant ici des tourteaux, là des crottins de mouton, ailleurs des engrais chi-
miques. On est entré largement dans la voie rationnelle d'une bonne restitution
au sol, et l'emploi complémentaire des phosphates et des sels de potasse est
devenu élémentaire.
On a submergé de larges, surfaces et on pourra voir l'effet produit sur le phyl-
loxéra. Déjà certain enseignement sur la nature des terrains inférieurs a montré
que les craintes d'une perméabilité trop forte n'étaient pas fondées, alors
qu'ailleurs on a été surpris de la porosité trop grande des terres ne gardant pas
l'eau. Une fumure annuelle parait ici indispensable vu qu'i) vaut mieux donner
chaque année un peu moins que de fumer tous les trois ans, l'eau enlevant les
réserves du sol sur lesquelles on ne doit pas compter.
On a planté beaucoup de cépages américains, non peut-être pas comme surface,
mais c jmme dispersion des points plantés. Toutes les communes ont certai-
nement essayé les cépages en divers points de leurs territoires. Le riparia et le
jacquez sont les favoris, ce dernier souvent avec l'espoir d'une productiou directe
raisonnable, réuni à la plus-value du vin comme alcool et surtout comme robe ou
source à couleurs. Toutefois cette extension est limitée, car on avait planté de
cépages français tout ce qu'on avait pu et ce n'est que dans les communes
déjà assez dévastées par le phylloxéra que la grande culture des vignes améri-
caines pourra se développer.
L'heureux résultat des insecticides en fait continuer l'emploi qui, malheureu-
sement, est arrêté par la difficulté que l'on a de se procurer du sulfure de carbone
ou par le manque d'eau pour les sulfocarbonates. Qu'on nous fasse des canaux ! 1
Louis DE Martin,
à Lésignan (Audei.
REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT DES DENRÉES AGRICOLES
(31 MAllS U8>i).
I. — Situation générale.
Les marchés agricoles sont peu fréquentés, et les ventes sont peu importantes
pour la plupart des denrées.
II. — Les grains et les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par quintal métrique,
sur les principaux marchés de la France et de l'étranger :
610
REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
l" nEGION.
Calvados. Condé
— Or.jec
Côl.-du-Nord. Pontrieux
— Lannioii..
Finistère. Quiraper
— Morlaix
lUe-et-Vilaine. Redon...
— Fougères . .
Manches. Avranches. . .
— Pontorson...
— Villedieu
Mayenne. Laval
— Mayenne
Morbihan. Hennebont..
Orne. Bellème
— Vimoutiers."
Sarthe. Le Mans
— Sablé
Prix [noyens
2' nÉGio
Aisne. Soissons
— Chatean-Thierry.
— Saint-Quentin...
Eure. Damville
— Beriiay
— Neiihuurg :.
Eure-et-Loir. Chartres..
— Auneau
— Nogent-le-Rotrou.
Nord. Cambrai
— Douai
— Valencieanes
Oise. Beauvais.
— Compiègne
— Senlis
Pas-de-Calais. Arras. . .
— Douliens
Seine. Pans
S.-et-Mar. Damniartin. . .
— Meaux
— Provins
S.-et-Oise. Duurdan
— Etampes
— Versailles
Seine-Inférieure. Romn.
— Dieppe
— Yvetol
Somme, .\miens
— Péroiine
— Boye
Prix moyens
3' RÉGION. -
Ardennes. Charleville. .
— Sedan
Aube. Troyes..
— Barsar-Aube. . ..
— Nogerit-sur-Seine.
Marne. Chalons
— Eptrnay
— Beims
Jlte-Marne. Sl-Dizier. ..
Meurltie-el-Mos. Nancy.
— Lunéville
— Ton)
Meuse. Bar-le-Duc
— Verdun
Haute-Saône. Gray
Vosges. Neafchàleau.. . .
— Epinal
— Mirecourt
l'i.sO 18 aO
NORD. OUEST.
Blé. Seigle. Orge.
fr. fr. fr.
2'i.50
2 f 25
23.50
23.75
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19.50
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18.25
18. 00
17.00
17.00
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18.00
17.50
18.25
18.50
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18.00
16.25
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16.50
16.25
16.00
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18.25
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16.50
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17.50
17.50
Prix moyens
4° nicGiON
Charente. Angouléine. ..
— RufTec
Char.-hxfér. La Rochelle
Deux-Scvres . Niort. . . . .
Indre-el-l.oire. Bléré....
— ( h;\leaii-Renault. .
Loire-Inf. Nantes
M.-el-Lo'^-. Saum'jr
— Angers
Vendée. Luçon
— Foatenay-le-Comle
Vienne. Poitiers
— Loudun
Haute- Vienne. Lin^oges. .
23.50 17.25 18.00 18.50
23.25 16.25 18.50 18.75
24.00 15 25 17.75 17.25
23.00 14.50 17.00 18.00
24.50 15 20 18.50 18.25
23 50 15 50 18.00 17.00
22.50 14.50 n 17.75
22.75 i4.75 16.75 17.25
22.50 14.50 17.25 16 50,
23.50 15.50 17.85 16.75
24.00 » » »
24.00 16.50 16.00 16.25
23.00 16 25 16 50 17.25
23.75 » 16.50 »
23.00 » » 16.00
23.25 15.50 17.75 16.50
24.50 16.50 » !6.50
24.00 » 8 »
23.53 15.57 17.40 17.20
18.75
18.00
15 00
15.00
14.75
17.00
18.75
17.00
17.50
19.50
18.50
19.00
17.35
20.50
18 25
13.5 I
18.75
18.50
18 Oi)
20.00
16.75
17.50
18.00
18.00
19.00
17 40
17.75
20.50
17.00
17.25
»
17.00
18.25
Allier. Monlljçon
— Gannai ,
— Saint-Pourçain . ,
Cher. Bourges
— Giaçay
— Vierzon ,
Creuse. Aubusson
Indre. Chàteauroux. . . . ,
— Issoiidun
— La Châtre
Loiret. Gien
— Patay
— Pithiviers
L.-el-Cher. Blois
— Montoire
Nièvre. Nevers
— La Charité
Vonne. Brienon
— Saint-Fiorentin. . .
— Sens
— CENTRE.
Blé. Seigle.
fr. fr.
24 . 75
2'i.50
25 . 75
24.00
25.50
26.00
25.75
25.20
26.25
26.50
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24.00
23.60
25.00
24.50
24 . 00
24 . 20
24 . 00
24.00
24.75
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14.00
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13.50
15.20
Orge.
fr.
20,50
19.00
20 . 00
16.50
19.20'
19. UO
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19. 00
20.75
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17.65
20 . 00
18.50
Prixinoyens 25.53 16.19 18.39 18.03
16.00
15.25
»
1 6 . 00
17.50
14.25
14.20
14.75
17.00
15.00
15.50
16.50
12.30
16.75
16.50
16.75
18.25
17.75
15.50
18.00
»
18.00
Prix moyens 24.85 14.93
6* REGION. — EST.
Ain. Bourg 25.25 !8 00
— ■Pont-de-Vaux 24.50
Cote-d'Or. Dijon 22.50
— Beaune 2t. oo
Z)ou6s. Besançon 23.40
Isère. Grenoble .. 26 25
— Bourgoin 24.50
Jura. Dôle 22.50
Loire. Roan;ie 24.75
P.-de-/Jô/)ie. Clermont-F. 27.00
Rhône. Lyon 25.00
Saône-et- Loire . Autun.. 23.50
— Chïlon 25.00
£.aî)oie. Chambéry 26.00
//<e-Sauoie. Annecy 25.80
Prix moyens 24.66 15.94
7° RÉGION. — SITD-OUEST
Ariége. Foix ,.. 26 50 13.00
— Pamiers 27 75 16.50
Dordojyne. Bergerac. . .. 27.50 17.25
Ilte-Garonne. Toulouse. 27.75 17-00
— St-Gaudens 26.50 18.00
Gers. Condom 27.25 » »
— Eauze 27.00 » »
— Miiande 26.75 » »
Gironde. Bordeaux 28.00 12 50 19.25
— Bazas 26.75 » »
Landes. Dax 28.25
Lol-el-Garonne. Agea. . . 27.20
— Nérac 27.85
R. -Pyrénées. Rayonne.. 28.50
lltes-Pyrénées. Tarbes.. 28.00
Prix moyens 27.50 18.32 19. 09
8" RÉGION. — SUD.
^4ude. Carcassonne 27.75 » 20.50
— Casleliiandary.... 28.00 18.50 20.25
Amyron. Wnàez ■.'4.00 18.20 21.50
Ca/UaL Mauriac 24.65 22.20 »
Cor;-èr«. Lnberzac 25.50 18.00 13.50
Hérault. Montpellier... 27.85 » »
— Cette 28.25 20.25 20.50
A.OL Cahors '^7.50 17.80 17.50
Lozère. Mende 2'i.05 17.35 18.2'»
Pf/j'énées-Or. Perpignan. 27.75 i3.lO 20.00
Tarn. k\h'\ 27.00 » »
Tarn-e<-Ga)'. MontauDan 27.00 17.25 19.50
Avoine.
fr.
17.00
17.25
16.50
16.75
16.50
18.00
21.00
18.00
18.50
18.75
17.00
17.50
19.10
20.50
17.5"
17. 00
16.50
18.75
18.00
18.25
13.64 17.92
17.00
16.50
18.00
19.25
19.50
19.25
19 00
19.25
18.50
19.00
18.70
19.25
21.00
19.50
20.00
21.00
20.50
22.25
21.50
18.70
20.50
19.75
2U.00
18 50
20.19
20 00
19.50
•9.00
21.50
1S.75
20.00
18.25
17.80
25.00
17.50
20.00
Prix moyens 26.61 18.63 19. 6i I9.7fi
9* RÉGION. — SUD-EST.
Rasses-Alpes. Manosque 28.50 » »
Hautes-Alpes. Briançon. 23.00 18.00 19.00
Alpes-Maritimes.Ca.nn6S 27.50 17.85 18.50
^rd(!c/i«. Privas 27.05 19.60 17 80
R.-du-Rhàne. Arles 28.25 » 17.00
Drùme. Montélimar 26.00 » 19.00
Gard. Nîmes 27.85 » »
/Mi<<e-/.oJre. Brioude... 2520 13.50 19.00
Kar. Dra^uiiJnan 28.00 » »
Kauc/t(se. Avignon 27.00
Prix moyens 27.34 18.49
17 50
18.26
Moy. de toute la France
— de la semaine précéd.
Sur la semainelH<iiisse.
précédente. . j baisse. .
25.41 16.63
25.45 16.66
;S
18.57
18.44
0.04 0;03 0.10
DES DENRÉES AGRICOLES (31 MARS 1883). 511
Blé. Seigle. Orge. Avoine.
fr. fr. fr. fr.
( blé Iciidic. .. 28.75
. Algérie. A^S'^'I blé dur 26.00 » in.T.V lf...SO
Angleterre. Londres 2G.00 » 19.00 20.00
Deiuique. Anvers 25.00 17-25 17.00 1(1.25
_ Bruxelles 24.50 15.75 - 1G.50
_ Lièsc 23.15 If.. HO 20. .îO 17.00
_ Nanuir 22.50 15. .SO 20.00 15.00
Pays-Bas. Anislerdam 24.00 17.10
Luxembourg. Luxembourg 24.75 19.00 » 17.50
Alsace-Lorraine. Strasbourg 24 50 15 00 17.50 17.25
— Metz 24.00
_ Mnlliouse 22 25 16. .50 17 00 IS.OO
AUemague. l-!erlin 23. .50 17.10
— Cologne 24.35 18.10 .. •
— Hambourg 23.00 16.75
Suisse. Genève 27 25 » » 20.. 50
Italie. Turin 25.50 19.00 ■• 18.25
Espagne. Valladolid 25.20 » » »
Autriche. Vienne..." 20.25 15.00 17.-50 14.25
Hongrie. Budapeslh 20.50 16 25 17.25 14.50
Russie. Saint-Pétersbourg.. 21.00 14.75 » 13.25
Etats-Unis. New-York 23.25 » » »
BUs. — La situation est la même sur le plus grand nombre des marchés, tan^
en France que dans les principaux pays d'Europe. Les marchés présentent 1^
plus grand calme, et les offres des cultivateurs sont extrêmement restreintes. C_
fait tient à deux causes : d'une part, à la période de le tes que nous venons de tra
verser; d'autre part, à la réduction de plus en plus grande des réserves chez le^
ciiltivateurs. Quant aux conditions climatériques, elles ne peuvent influer actuel-
lement que dans de faibles proportions sur les cours des blés. La végétation est
retardée, et il est impossible de présumer les résultats qu'elle donnera. A la
halle de Paiis, le mercredi 28 mars, nous n'avons à enregistrer que des affaires
très calmes ; les cours sont ceux de la semaine dernière. On cote de 24 à
26 fr. 50 par 100 kilog. suivant les qualités.— Au marché des blés à livrer, il y
a peu d'affaires. On cote : courant du mois, 25 fr. 25 à 25 fr. 50 ; avril, 25 fr. 25
à 25 fr. 10; mai et juin, 26 fr. 25 à 26 fr. 50; quatre mois de mai, 26 fr. 75 à
27 Ir. — Au Havre., il n'y a que peu d'affaires sur les blés d'Amérique ; on les
paye de 26 fr. à 27 fr. 5u par 100 kilog. suivant les qualités — A Marseille, il y
a une certaine activité dans les transactions ; les prix se maintiennent pour les
diverses catégories; les arrivages ont été pendant semaine de 84,U00 quintaux;
le stock est actuellement de 25y,000 quintaux dans les docks. On paye par
100 kilog. : Red-winter, 28 fr. 50 à 29 fr, ; Berdianska, 27 fr.. 50; Mariano-
poU, 26 fr. 50 à 27 fr. ; Pologne, 26 fr. à 27 fr. ; Azima, 24 fr. 50 à 2d fr. 50.;
Salbnique. 2iJ fr. 50 à 23 fr. — A Londres, les affaires sont très calmes; il y a
peu de changements dans les prix ; on cote actuellement de 24 fr. 60 à 27 fr. 20'
par KO kilog. t^uivant les qualités et les provenances.
Farines. — H y a beaucoup de calme dans les transactions et les prix sont sans
changements. On paye les farines de consommation à la halle de Paris : marque
de Gorbeil, 60 fr.; marques de choix, 60 à 62- fr.; premières marques, 58 à
59 fr.; bonnes marques, 57 à 58 fr.; sortes ordinaires, 54 à 56 fr.; le tout par
sac de 159 kilog. toile à rendre ou 157 kilog. net, ce qui correspond aux prix
extrêmes de 34 tV. 40 à 39 fr. 50 par 100 kilog., ou en moyenne 36 fr. 95,.
comme le mercredi précédent. Quant aux farines de spéculation, il n'y a pas de
changements dans les prix. Ou cotait le mercredi 28 mars au soir : farines neuf-
marques, courant du mois, 56 fr. 50; avril, 56 fr. 50; mai et juin, 57 fr. 75 à
58 fr. ; quatre mois de mai, 58 fr. 50; le tout par sac de 159 kilog. toile perdue
ou 157 kilog. net. — On paye comme précédemment 47 à 58 fr. par 100 kilog. ;
et pour les farines de gruau ; 26 à 33 fr. pour les farines deuxièmes.
Seigles. — H y a peu d'aft'aires. O.i paye à la halle de Paris, 5 0 fr. 75 à
16 fr. [)ar 100 kilog. suivant les sortes. — Les farines de seigle sont vendues au
prix de 23 à 25 fr.
Orges. — Les prix &e maintiennent. On vend à la halle de Paris, de 18 fr. 50 à
20 fr. 50 par IOj kilog., suivant les sortes. Quant aux escourgedus, ils sont cotés
aux prix de i8 à 18 fr. 50. — A Londres, les ventes sont restreintes, et les prix
se maintiennent sans changements, de IS fr. à 20 fr. 70 par 100 kilog.
MalL — Mômes cours que précédemment. On cote de 25 à 32 fr. par 100 kilog.
pour les malts d'orge, 27 à 30 fr. pour ceux d'escourgeon.
bl2 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
Avoines. — Peu d'offres; les ventes sont restreintes à la halle de Paris. On
cote de 17 à 19 fr. 50 par 100 kiloj^., suivant poids, couleur et qualité. — A
Londres, les ventes sont peu importantes; on paye de 18 fr. 40 à 21 fr. 50 par
quintal métrique.
Sarrasin. — Peu d'affaires sur ce grain. Les sarrasins de Bretagne valent de
15 fr. 75 à 16 fr. par 100 kilog. à la halle de Paris.
Maïs. — Les prix soni toujours moins fermes pour les maïs d'Amérique. On
paye au Havre de 17 à 18 fr. 100 kilog. suivant les sortes.
Jssues. — Les ventes sont plus actives, et les prix plus fermes à la halle de
Paris. On paye par 100 kilog. : gros son seul, 1^ fr. -Àb à l^ fr. 50; son trois
cases, 13 fr. 25 à 13 fr. 50; sons lins, 12 fr. 5l) à 13 fr.; recoupettes, 12 fr. 50 à
13 fr.; remoulages bis, 1^ fr. à 14 fr, 50; remoulages blancs, 15 à 16 fr.
III. — Fruits et légumes frais.
. Fruits. — On vend à la halle de Paris : fraises de châssis, le pot, 0 fr. 80 à
2 fr. 20; poires, le cent, 10 fr. à 100 fr. ; pommes, le cent, 10 fr. à 100 fr. ; le
kilog., 0 fr. 2j à 0 fr. 45; raisins, chasselas de serres, le kilog., 5 à 15 fr.
Gros Uaurnes. — Dernier cours de la halle : asperges de châssis, la botte, de
15 à 35 fr.; aux petits pois, la botte, 1 à 2 Ir.; carottes communes, les 100 bottes,
20 à 35 fr.; d'hiver, l'iiectolitre, 3 fr. 50 à 5 fr. ; de chevaux, les 100 bottes,
14 à 22 fr.; choux communs, le cent, 5 à 20 fr.; navets communs, les 100 bottes,
20 à 33 fr.; l'hectolitre, 3 fr. à 4 fr. 50; oignons en grain, l'hectohtre, 9 à 13 fr.;
panais communs, les 100 bottes, 12 à lô fr.; poireaux communs, les 100 bottes,
25 à 60 fr.
Pommes de terre. — Hollande communes, l'hectolitre, 14 à 17 fr.; le quintal,
20 fr. 14 à ^4 fr. 28; jaunes communes, l'hectolitre, 10 à 12 fr.; le quintal,
14 fr. 28 à 17 fr. 14.
Menus légumes. — On vend à la halle de Paris : ail, le paquet de 25 bottes,
2 fr. 50 à 5 fr.; appétits, la botte, 0 fr. 15 à 0 fr. 20 ; barbe de capucin, la botte,
0 fr. 20 à 0 fr. 30; cardon, la botte, 2 fr. à 4 fr. ; céleri, la botte, 0 fr. 50 à
0 fr. 70; rave, la pièce, 0 fr. 15 à 0 fr. 20 ; cerfeuil, la botte, 0 fr. 50 à 0 Ir. 70;
champignons, le kilog., 1 fr. 20 à 2 fr 20; chicorée frisée, le cent, 10 à 18 fr.;
choux-ffeurs de Bretagne, le cent, 20 à 50 fr.; choux de Bruxelles, le litre, 0 fr. 25
à 0 fr. 40; ciboules, la botte, 0 fr. 15 à 0 fr. 20; cresson, la botte de i2
bottes, 0 fr 25 à 1 fr. 60; échalottes, la botte, 0 fr. 40 à 0 fr. 50; épinards,
le paqut-t, 0 fr. 45 à 0 fr, 55; escarolle, le cent, 13 à 20 fr.; laitue, le cent,
7 à 1 3 fr.; mâches, le calais, 0 fr. 20 à 0 fr. 30; oseille, le paquet, 0 fr. 70 à 1 fr. ;
persil, la botte, 0 fr. 50à 0 fr 60; pissenlits, le kilog., 0 fr. 30 à 0 fr. 60; potirons,
la pièce, 2 fr. à 7 fr. ; radis roses, la botte, 0 fr, 15 à 0 fr. 20; noirs. Je cent,
5 à 15 fr.; romaine, la botte de 4 tètes, l fr. 40 à -1 fr. 40; salsifis, la botte, ûfr. 50
à 0 fr. 60 ; thym, la botte, 0 fr. 10 à 0 fr. 20.
IV. — Vins,spirilueuc, vinaigres, cidres.
Vins. — Le plus grand calme règne dans les transactions sur les vins ; la situa-
tion que nous avons signalée dans nos précédents bulletins se maintinent pi-es-
que partout. La cause principale en est dans les fêtes de Pâques; il faut ajouter
aussi que l'on attend avec une certaine impatience que les circonstances aient,
complètement hxé les esprits sur les résultats des gelées du mois de mars, il
paraît à peu près certain que, en ce qui concerne la vigne, on avait sur le mo-
ment beaucoup exagéré le mal dû à ces gelées; mais les jours dangereux sont
encore loin d'être passés, et il faudra encore (juelques semaines pour se rendre
compte de ce que pourra être la végétation. Les travaux de taille sont partout
achevés : on a constaté généralement que le bois est bon, sain et vigoureux et
que l'on peut compter sur unn bonne préparation. Il y a peu de chose à changer
aux cours que nous avons indiqués dans nos derniers bulletins. Dans le Narbon-
nais, on paye par hectolitre : Aramon, 25 à 26 fr, ; petits Montagne, 30 à 32 fr.;
Montagne et Lézignan, 33 à 35 fr. ; Narbonne et Lézignan, 37 à 38 fr. ; Nar-
bonne. premier choix, 42 à45fr. Dans le Maçonnais, les vins ordinaires de 1882
valent 60 à 65 fr. la pièce de 215 litres. Dans la Loire-Inlérieure, les vins du
pays valent 70 à 72 fr. la pièce. Les arrivages de vins étrangers, et surtout de
vins espagnols, continuent à être très abondants. A Cette, on les paye de 30 à
40 par hectolitre, suivant les qualités et les provenances.
Spiritueux. — Dans le Midi, les affaires sont peu importantes, et les prix ne
varient pas. On paye à Pézenas 3/6 bon goiàt, 102 fr. marc, 94 fr. A Cognac, les
DES DSNRÉES AGRICOLES (3i MARS 1883). 513
ventes sont peu importantes ; les prix sont les suivants pour les eaux-de-vie de
1878 à 1880 : Borderies, 220à 225 fr. ; fins bois, 210 à 220 ir.; bons bois, 200 à
210 fr. ; bois éloignés, i 90 à 200 fr. Dans le Nord, au contraire, la hausse que
nous avons déjà indiquée sur les alcools de betterives continue à se ])roduire,
et il y a des ventes assez importantes. — On cote à Paris, par hectolitre : 3/6
betteraves, 1™ qualité, 90 degrés, l'hectolitre, disponible, 55 fr. ; avril, 5'4 fr. 50
à 55 fr. ; quatre mois de mai, 52 fr. 25 à 53 fr. 50; quatre derniers mois, 52 fr. 50.
— Le stock est actuellement de 21,150 pipes contre 1^1,175 en 1882.
Vinaigres. — Ventes peu importantes, avec maintien des anciens cours.
Raisins ser.s. — Les arrivages sont partout peu importants, et il y a beaucoup
de fermeté dans les prix. On cote à Marseille, par 100 kilog. : Gorimhe, 52 fr. 50
à 53 fr.; Thyra, 43 à kk fr,; raisins noirs, 40 à 41 fr.; Chypre bleutés, 52 fr.; Sa-
mos, 46 à 47 fr.; Garamanie, 44 à 45 fr.; Alexandrette, 43 à 44 fr.; Vourlay, 43 à
45 fr. ; Constantinople, 39 à 40 fr.
V. — Sucres. — Mélasses. — Fécules. — Glucoses. — .imidons.
Sucres. — Quoique les affaires soient toujours assez calmes, il y a plus de fer-
meté dans les prix. On paye sur les principaux marchés pour les sucres bruts :
à Paris : sucres bruts 88 degrés, 52 fr. 50 ; les 99 degrés, 60 fr. 50 ; sucres
blancs, 61 fr. ; à Lille, sucres bruts, 51 f r ; à Valenciennes, 51 fr. 50. — Le
stock de l'entrepôt réel des sucres à Paris, était, au 25 mars, de 855,000 sacs
pour les sucres indigènes, avec une diminution de 7,000 sacs depuis huit jours.
— Il y a plus de fermeté dans les prix des sucrés raffinés; on les cote de 106 à
107 fr. 50 par 100 kilog. à la consommation, soit de 65 fr, 50 à 63 fr. 50 pour
l'exportation.
Mélasses. — Maintien des cours. On paye à Paris : mélasses de fabrique, 12 fr.
par 100 kilog.; de raffinerie, 13 fr, 50.
Fécules. — Les cours sont stationnaires. On cote à Paris : fécules premières
39 à 40 fr. ; — à Gompiègne, fécules de l'Oise, 39 fr. 50; à Epinal, fécules des
Vosges, 41 fr.
Glucoses et amidons. — Les ventes sont peu importantes ; les prix sont sans
variations.
Houblons. — Les affaires sont très restreintes; il y a peu d'offres de la part de
la culture. On cote en Alsace 700 à 875 fr. par 100 kilog. suivant les sortes. En
Angleterre, on signale une plus grande activité dans les transactions.
Vt. — Huiles et graines oléagineuses, tourteaux.
Huiles. — Depuis huit jours la hausse a tait de nouveaux progrès sur les
huiles de graines. On cote à Paris, par lOD kilog. : huiles de colza en tous fûts,
108 fr. ; en tonnes, 110 ^\; épurée en tannes, 1 18 fr. ; huile de lin en tous fats,
59 fr. 50; en tonnes, 61 fr. 50. — Sur les marchés des départements, on cote les
huiles de colza : Lille, 98 fr. ; Rouen, 102 fr. ; Gaen, 104 fr. 50 ; Cambrai, 99 fr. ;
et pour les autres sortes, lin, 57 fr. ; œillettes, 114 à 115 fr. — A Nice, les prix
des huiles d'olive, soutenus avec btiaucoup de fermeté. On cote : extra, 2J0 à
215 fr. ; surfines, 180 à 190 fr.; fines, 130 a ,145 fr. ; Bari, 155 à 165 fr. le tout
par 100 kilog.
Graines oléafjineuses. — Les cours se maintiennent On paye à Arras par
hectolitre : œillette, 26 à 28 fr.; colza, 25 à 26 fr. ; Un. 16 à l-s fr. 50 ; cameline,
16 à 18 fr. 50.
Tourleaux. — Prix fermes. On cote à Cambrai par 100 kilog. : tourteaux
d'œillelte, 17 fr. ; de colza, 18 fr. 50 à 20 fr. ; de Un, 21 fr. 50 à 23 fr.
VU. — Matières résineuses, colorantes et tannantes.
Matières résineuses. — Les prix sont en hausse. On paye à Dax, 90 fr. par
100 kilog. pour l'essence pure de térébenthine.
T 'Tires. — Dans le Languedoc, les cristaux de tartre sont cotés 280 à 290 fr.
par 100 kilog.
Suifs. — On paye à Paris, 104 fr. par 100 kilog. pour h's suifs purs de l'abat
de la boucherie; 78 fr. pour les suifs en branches. L^s prix sont en hausse.
VIII. — Beurres. — Œufs. — Fromages.
Beurres. — Il a été vendu pendant la semaine à la halle de Paris 287,346 kilog.
de beurre. Au dernier jour, on payait par kilog. : en demi-kilog, 2 fr. 90 à
4 fr. 40; petits beurres, 2 fr. 08 à 3 fr. 48; Gournay, 2 fr. 84 à 4 fr. 93; Isigny,
2 fr. 90 à 8 fr. 56.
Œwfs. — Du 20 au 26 mars, on a vendu à la halle de Paris, 8,548,248 œufs
514
REVUE GOMxMERCIALE ET PRIX GOURANT
On payait par mille : choix, 86 à lOt' fr.; ordinaires, 58 à 78 l'r.; petits, 45 à
54 fr.
Fromages. — On vend à la halle de Paris : par douzaine, Brie, ^ à 36 fr.;
Montlhéry, 15 fr.; — par cent, Livarot, 53 à 115 fr.; Mont-Dor, 15 à 31 fr.;
Neufchâtel, 5 à 23 fr.; divers, 7 à 95 fr.; —par 100 kilog., Gruyère 110 à 176 fr.
IX. — Chevaux, bétail, viande.
Chevaux. — Aux marchés des 21 et 24 mars, à Paris, on comptait 842 chevaux ;
sur ce nombre, 275 ont été vendus comme il suit :
Chevaux de cabriolet
— de trait
— hors d'âge.
— à l'enchère ,
— de boucherie
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement officiel du marché aux bes-
tiaux de la Villette, du jeudi 22 au mardi 27 mars :
Poids Prix du kilog. de vianie nette sur
Amenés.
Vendus.
Prix extrêmes.
221
II.)
['JO à 85U l'r
214
51
200 cà 1,125
294
7«
2û à 700
32
:i2
:50 à 390
81
81
15 à 175
Bœufs
Vaches
Taureaux
Veaux
Moutons
Porcs gras ....
— maigres.
Amenés.
4,905
1,512
148
2,897
34,495
7,174
Pour
Paris.
2,344
748
113
1,755
21,314
2,344
Vendus
Pour
En
l'extérieur, totalité.
moyen
des
k quartiers
pied au marché du 20 mars.
1,7.56
479
31
788
9,502
4,133
4,100
1,227
144
2,543
30,816
6,477
kil.
341
232
383
74
20
88
quai.
1.74
1..58
1.46
2 2'i
2.28
1.36
2e
quai.
1.56
1.35
1.34
2.10
2 14
1.30
3^
quai.
1.32
1.20
1.24
1.70
2.02
1.24
Prix
moyen.
1.53
1.38
1.35
1.98
2.07
1.30
Les prix ont été un peu faibles durant cette semaine; si on les compare à ceux
de la semaine précédente, on constate une légère baisse sur la plupart des caté-
gories — Dans les départements, les prix se maintiennent sur la plupart des
marchés aux taux des semaines précédentes.
A Londres, les importations d'animaux étrangers durant la semaine dernière se
sont composées de 19,048 têtes. Prix du kilog. Bœuf: qualité ordinaire, l'fr. 52
à 1 fr. 75 • 2% 1 ir. 75 à 1 fr. 93; 1'% 1 fr. 9.i à 2 ir. 10. — Kea,t:2'», 2 fr. 10
a , .
à 2 Ir. 22 ; V% 2 fr. 28 ^à 2 fr. 40. — Mouton. ^Qualité inférieure : 2 Ir.
2 fr. 45; 2% 2 fr. 45 à 2 fr. 57; 1'% 2 fr. 63 à 2 fr. 75. —Agneau : 2 fr.
3 fr. 50 — Porc : 2% 1 fr. 40 à 1 fr. 58; F% 1 fr. 58 à 1 fr. 70.
Viande à la criée. — n a été vendu à la halle de Paris du 19 au 25 mars :
Prix du kilog. le 26 mars.
22 a
93 à
kilog.
Bœuf 011 vache... 1.58,260
Veau 183,620
Mouton 56,537
Porc 76,793
' 1" quai. 2" quai. 3" quai.
1.60 à 1.95 1.38 à 1,58 1.00 à 1.36
1.86 2 40 1.64 l.Si 1.10 1.62
1.62 2.04 1.40 1.60 0.96 1.38
Porc frais 1 .20 à 1.38;
Soit par jour 67,889 kilo;
Choix. Basse Boucherie.
1.46 à 3.00 0.20 à 1.30
1.40 2 62 »
1.70 3.42 »
salé, 1 .54 à 1.60
475,210
Les ventes accusent de la hausse .pour toutes les sortes, sauf pour la viande de
mouton.
X. _ Cours de la viande à Vabatloir de la Villelte du 29 mars (par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Villette par 50 kilog. : 1" qualité,
67 à 70 fr. ; 2% 63 à 67 fr. ; poids vifs, 46 à 50 fr.
Bœufs.
Veaux.
Moutons.
1"
quai,
fr.
78
3'
quai,
fr.
65
jr.
q_al.
2'
quai.
fr.
100
3*
quai,
fr.
95
quai,
fr.
93
2°
quai,
fr.
88
3"
quai.
fr.
80
2"
quai.
fr. "fr. fr.
71 65 115
XI. — Marché aux bestiaux de la Villette du jeudi 29 mars 1883.
Cours des commissionnaires
Cours ofliciels.
Animaux
amenés.
Bœufs 2 549
Vaches 589
Taureaux... 119
Veaux I.2i2
Moulons 17.801
Porcs gras. . 4.694
^maigres.. » » »
Vente assez active sur toutes les espèces
Invendus.
83
76
121
448
457
Poids
moyen
gf neral.
kil.
3'.o
23.>
380
78
20
80
en besliau
DES DENRÉES AGRICOLES (31 MARS 1883)
XII. — Résume.
515
Maintien des cours sur les céréales, les fourrages, les vins; hausse sur les
sucres, les huiles et les autres produits des industries agricoles, tel est le bilan
de la semaine.
A. Remy.
BULLETIN FINANCIER
Gonlinuation de la baisse à nos rentes : le 3 0/0 à 8), 45 perd 0,75 et le 5 0/0
à 114,6J, perd 0,15. Même faiblesse à nos Sociétés de crédit et à nos chemins de
de fer.
Cours de la Bourse du "21 au "2.S mars 1883 (au comptant).
Principales valeurs françaises :
Plus Plus
bas. liant.
80.40 81 •20
«l.7i 82.75
Rente'* i/.' o(o ilo.oo ii'i.oo
ll'i 30 fl'i.85
Rente 3 0/0
Renie 3 o/o amortis.
Rente h 0|0
Banque de France 5425 00 5470.00
Comptoir d"escompie flfio.OO 980.00
Société générale 560.00 572.50
Crédit lonoier U52.50 1377.50
Est Actions 500 722.50 735.00
Midi d" 1120 00 1140.00
Nord d° 1845.00 1855.00
Orléans d» 12^7.50 1275.00
•Ouest d" 790.00 795.00
paris-Lvon-Méditerranée d" 1545.00 1.563. 75
Paris 1871 obi. 400 à 3 O/O. 392.7» 394.00
Italien 5 o/o 90.15 90.50
Dernier
cours.
80.45
81.80
112.00
114.60
5425.00
960 00
568.50
1360.00
782 75
1125.00
1850.00
1267,50
790.00
1553.75
393.00
90 30
Valeurs Diverses
Plus
Le Gérant • A. BOUCHE.
Plus Dernier
liaut. cours.
510.00 507.00
530.00 527.00
438.50 438.50
1040.00 1057.50 1040.00
7 I 0 . 00 7 1 5 . 00 7 1 0 . 00
680.00 681.25 631.50
565.00 575.00 570.00
bas.
506.00
527.00
435.00
Créd. fonc. obi. 500 4 o/o
d" d" d" d» 3 0/0.
d" obi. c«» d° 3 o/o.
Kque de Paris act. 500....
Crédit iiid. et corn, .ioo
Dépôts et cples cts. 500. . . .
Crédit lyonnais d"
Crédit mobilier 385 00 400.00 385.00
Cie parisienne du gaz 250 1500.00 1535.00 1500.00
Cie génér. transall 5110 430.00 457.50 457.50
Messag. maritunes d". 700.00 710.00 705.00
Canal de Suez d". 3495.00 2572.00 2572.50
d° délégation d". 1280.00 1300.00 1300.00
d" obli. 5 0/0 d°. 565.00 570.00 rô5.00
Créd. fonc. Auliich 500 770.00 780.00 780.00
Créd. mob. Espagnol 370.00 385.00 373.75
Créd. lonc Ku^se 356.50 365.00 365.00
LETEUUIEU.
TABLE ALPHABETIQUE DES AUTEURS
DU PREMIER VOLUME DE 1883
ANDRÉ. — Sur les blés de printemps, 323.
AiTJOLLCT. — La race bovine de Salers, klb.
BAILI.EAU. — Sur le rétablissement des primes
en favi'ur des juments poulinières, 7.
BALBiAm. — Sur l'œuf d'hiver du phylloxéra,
379, 'il4.
BARBAL (J.-A). — Chronique agricole du 6 jan-
vier, 5; — du 13 janvier, 41 ; — du 20 jan-
vier, m : — du 27 ianvier, 121 ; — du 3 fé-
vrier, 161; —du 10 février, 201; — du 17
févri-r, 2'tl ; —.du 24 février, 281 ; — du
3 mars, ."Vil ; — du 10 mars, 361 ; — du 17
mars, 401 ; — du 24 mars, 441 : — du 31 mars,
481. —Influence de Thmiiiiité souterraine et
de la cap'lariié du sol sur la végélaiion des
vipn'-s, 2t8.
rATALHA-REis. — Programme de l'exposition
agricole de'Lii-bonne, 284.
bekahd (.lulos). — Le drainage dans Seine-et-
Mar e, 20
BEMURAiTD. — L'ail en grande culture dans le
pav.s bas lies Charentes, 418.
BXELicR. — Sui la sélection, 28, 59, 9t, 139.
BO^CENNC CE.). — Sur le blé Pluie d'or, 246.
— Nouvelles de l'état des récoltes dans la
Vendue. 490.
BOUCHARD. — Situation agricole en Anjou,
471.
BRÉz.NATTD C^onrnat de). — Nouvelles de l'état
des récollei dans l'Ardèche, 88. — Pom-
mif-rs en conlon horizontal, 304.
BRUGTi^RE. — Le concours hippique de Bor-
deaii,x, 336.
CAnii>Bi:i.L. — Sur la : viorne de Californie. 303.
CARRÉ (Ch.). — Discours prononcé au concours
de l'iantalioiis d'arbres à fruits à cidre à Rou-
perroui, 286.
CASSÉ. — Labours et semailles de printemps,
18. — Sur la surveillance des étalons et des
juments, 189, 385.
CHABOT-RARLEN. — Pisciculture : le prince de
Bismark pisciculteur, 311. — Le poisson dé-
fen'lu, 386
CHAMPiN (Aimé). — La navigation du Rhône,
12.
CHANDOBA. — Le drainage dans Seine-et-
Marne, 71.
CHAUZiT. — Charrue sulfureuse ou injecteur
à traction de M. Louis Pairaube, 495.
COSSE. — Herse Chambonnièro à dents sans
écron, 16.
DAMPiERRE (île). — Discours prononcé à la
se:-sion de la Société des agriculteurs de
France, 167.
DARBiAT (Louis). — Sur la valeur nutritive des
pulpes de dill'usion, 8.
OESPREZ (F.). — Sur la culture du blé, 99,
132.
DESTREMX. — Sur une culture de vignes amé-
ri-.aine<, 126.
DUMESMIL. — Plantes sans terre et avec terre,
222, 271, 3»2.
DTJMONT. — Sur la récolte des joncs croissant
dans les fossés des routes, 288.
DTTPUT-MONTBR0N. — Réunions viticoles de
Montpellier, 428.
DUROSELLE- — Moyens pratiques d'améliorer
la situation de l'agricultuie française, 68,
146, 430.
DTBOWSKï. — Les produits agricoles au con-
cours général de Paris, 2Lî.
est£Rm6 {>[']. — Destiu:tion des loups, 193.
PORTIER. — Discours prononcé au concours
d'animaux gras de Rouen, 488.
516
TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS.
FRANC. —Concours d'animaux gras à Bourges,
113
OAONAiRE. — Sur le choléra des poules, 327.
GAHIN. — Nouvelles de l'état des récoltes dans
l'Ain, 87.
OASFABiN (Paul de). — Sur le dosage de
l'aciiJe pliospliorique dans les terres arables,
211. — Sur le commerce des engrais, 41.3.
GATELLiER. — Conclusion?, d'une élude sur la
prodiicliori économique du l>lé, 203.
OAUDIM. - Sur la création d'un privilège en
faveur des vendeurs d'engrais, 104.
OBNAT (Paul). — Sur la récolte des pommes
de terre en 1882, 226.
6IRARDIN. — Lutte contre le phylloxéra dans
les Clinrentes, 30.
GOURDIN. — Rapport sur les pépinières de
vignes américaines, 127.
GRisoN. — ^ Sur son système de sécheries ag-ri-
coles, 95.
CROSSET. — Situation agricole dans l'arrondis-
sement de Luudèac (Côtes-du-Xord), 62.
GVI2.I.ATTMONT. — Essai de lutte contre le phyl-
lux^'ra, 73.
HIRAVI.T. — Le syndicat d'Issoudun- Saint -
Georges, 63.
HOUZEAU. — Sur les causes capables d'influer
sur la teneur en ammoniaque des eaux plu-
viales, 332.
JAQVOT. — Nouvelles de l'état des récoltes dans
les Vosges, 490.
JOLY (Gliarles). — Exposition d'horticulture de
Genève, 25.
JOSSE. — Sur les moyens d'améliorer la situa-
tion lie l'agriculture, 3.Ô3.
LALIMAN. — Enquête sur les vignes de Califor-
nie, 4ôi.
LA niORVONNAis (de). — Sur l'amélioration
des bàiimiMits ruraux en Bretagne, 135, 175.
— Les légumes de grande culture en Bre-
tagne, 32i).
ZARCLAUZE (de). — Charruc bisoc double de
Fondeur, 213. — Faucheuses et raoïsson-
iieu'^es, 4ol.
lARZAT (E.). — Sur le classement dans les
concDurs li'animauv gras, 93.
LA TREHOMNAis (de). — Les animaux au con-
cours de Paris en 1883, 171, 25.5, 339. — ■ Le
tourteau de coton décortique, 465.
XAWES. — La récolte du blé en Angleterre en
1882, 311.
LENTILHAC (de). — Nouvelles de l'état des ré-
coltes dans la Dordogne, .29, 491. — Situa-
lion agricole dans la Dordogne, 290.
Z.ETERRI&R. — Bulletin financier du G janvier,
40; _,iu 13 janvier, 80; — du 20 janvier,
120; — du 27 janvier, 150; —du 3 février,
200; — du 10 février, 2'i0; — du 17 février,
• 280 ; — du 24 février, 320; — du 3 mars,
360; — du 10 mars, 400; — du 17 mars, 440;
du 24 mars, 480;— du 31 mars, 514.
ZETRissoN. — Nouvelles de l'étal des lécoltes
daiis L'»t-ei-Garoniie, 210.
LOUET (A. et C.). — Le syndicat d'Isioudun-
Saint-G'^orges (Indre), 69.
MADET (V"). — Lettre relative au blé bleu, 49.
MAHY(de). — Circulaire sur le commerce des
produits horticoles avec la Belgique, 2'i3.
MARTIN ( L de) . — situation agricole dans
l'Aude. 509.
MAURICE. — Situation agricole dans la Marne,
459.
MOHI.OT. — Sur la vigne de Californie, 302.
MULLEti (Pa^^ilj. — La bière en Allemagne, 110.
— L'alcool en Allemagne, 150. — Le tabac
en Allf^raagne, 218. — La boulangerie à Pa-
rs. 3^8. — Le sucre en Allemagne, 457. —
Commerce international des denrées agricoles
en Adem.jgne, 506.
NEBOUT. Nouvelles de l'état des récolles dans
l'Allier, 208, 490.
Partieo//icie/ie.— Décrets relatifs à l'application
de la loi sur la police sanitaire dans plusieurs
départements, 33. — Décret relatif à la dé-
limitation des territoires phylloxérés, 232.
Conseil supérieur de l'agriculture, 469.
Loi sur les mesures à prendre contre l'invasion
et la propagation du phylloxeraen Algérie, 505.
FETIT-LAFITTE — Nouvelles de l'état des ré-
coltes dans la Gironde, 87, 209. — Situation
agricole dans la Gironde, 393.
FONCiNS (marquis de). — Sur la réduction des
tarifs pour les transports d'animaux destinés
aux concours, 82. — Dessiccation des four-
rages par les temps humides, 260. —Rapport
sur les moyens à adopter pour accroître l'im-
portance des concours d'animaux reproduc-
teurs à Paris. 305. — Sur le concours de re-
producteurs de Paris, 389.
POUiLLET (Eug.). — Jurisprudence agricole,
174.
QUiLLET. — Sur les blés de printemps, 210, —
Le blé précoce de printemps 297.
RAVoux. — LarécoUe des olives et les semailles
dans la Drôme, 33.
REicH (Louis). — M. Laliman et le phylloxéra,
392.
reiset. — Exhalation de l'azote à l'état de
gaz pendant la respiration des ^animaux, 449.
— Observations sur le lait bleu, 493.
REMT. — Revue commerciale et prix courant
des denrées agricoles : du 6 janvier, 34 ; — du
13 janvier, 75; — du 20 janvier, 114; — du
27 janvier, 154; — du 3 février, 194 ; — du 10
février, 234; — du 17 février, 274 ; — du 24
février, 314; — du 3 mars, 354; — da 10 mars,
304; — du 17 mars, 434; — du 24 mars, 474 ;
— du 31 mars, 509.
RENDU. — Météorologie du mois de décembre
1882, 55; —du mois de janvier 1883, 274; —
d'J mois de février, 368.
RiSAL. — Concours d'animaux gras de Pamiers,
232.
ROHART (F.). — Les engrais à la ferme, 473.
SAGNIER (Henry.) — Séances hebdomadaires
de la Société nationale d'agriculture, 34, 74,
114, 154, 194. 234, 247, 289, 354, 394, 433,
473, 492. — Bibliographie agricole. 70, 369.
— Sécheries agricoles du système Grison, 94.
— Le vignoble de Cadarsac, 101. — Charrue
tilbury automatique, 111, 152. — Concours
de Ncvers, 129. — La récolte des fourrages
par les temps humides, 137. — Concours gé-
néraux agricoles de Pari-;, 151, 178, 219. —
Société des agriculteurs de France, 167, 228,
305. — Congrès de mécanique agricole, 190,
— Une laiterie danoise à Vesly, 263. — Les
machuit'S au concours général de Paris, 293.
334, 381, 419. — L'ensilage des fourrages
verts en Amérique. 348. — Affûtage des scies
des faucheuses et des moissonneuses, 453. —
Destruction des tauoinières, 458.] — Confé-
rences horticoles à Paris, 461. — Pompes à
chapelet de M. David, 499.
SANSON (A.). La propriété excitante de l'avoine,
51. — A propos du concours général de Paris,
297.
SARDRIAC (L. de). — Vidanges d'après le sys-
tème Mouras. 56. — Charrue forestière, 338.
— Nouvelle faucheuse Osborne, 460.
SCLAFER (Honoré). — Une plante à succession,
268. — Paniques en foire; causes, préserva-
tif, 471.
SERBET. — Courrier du Sud-Ouest, 433.
TANGUï. — L'assur.nce et le crédit agricole
eu Bretagne, 500.
TAROIDNI-TOZZETTI. — Sur l'œuf d'hiver du
phylloxéra, 37 1 .
TIERSONNIER (A.). -Sur le concours de Pans
en 1883, 373. — Les primes d'étalonnage au
concours de Paiis, 41 1.
TISSERAND. — Rapport sur les mesures prises
par l'adminisliation, en 1882, dans la lutte
contre le phylloxéra, 323.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS.
517
TRÉNBL. — Nouvelles de l'état des récoltes
dans l'Isère, 209.
VALiN (P.). — Essais vilicoles, 7 2.
VEBMOREL. — Sur la charrue tilbury automa-
tique, lh3.
VERNEUIL. — Sur la reconslituliiin des vignes
dans les Cliarentes, 122.
VIArui (L.). — Programme des réunions viti-
coles de Montpellier en ISKH, 204.
VIET. — Rineuse à bras, iO^.
VILLIERS DE t'ISLE- ADAM (de). — NoUVellcS
de l'état dps récoltes dans la Sarthe, 86.
VILMORIN (H.). — I.es Mes de printi'mps, 253.
— Orges et avoines de printemps, 2S0.
VIVIEN (\ ). — Sur l'épuisement des betterctves
en sucre, 89, 143.
WAGNER. — L'agriculture en Alsace en 1882,
313, 371.
WETMORE. — Sur les vignes de Californie,
302.
ZVNDEL. — Les maladies épizootiques en Alsace ,
124.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES GRAVURES NOIRES
Auge à beurre, 264.
Bande debœufs durham-manceaux appartenant
à M. Valtau, prix d'honneur au concours de
Paris en 1883, 220.
Bande de moutons .mérinos, appartenant à
M. Delamarre, prix d'honneur au concours
de Paris en 1881, 2 il.
Bande de porcs yorlcshire-middlesex, prix
d'donneur au concours de Paris en 1883, 222.
Baratte danoise, 264.
Batteuse ordinaire de M. Cumming, 334. —
Nouvelle batteuse de M. Cumming, 335. —
Coupe de la nouvelle batteuse de M. Cumming,
335.
Batteuse de M. Merlin pour la moyenne culture,
422. Batteuse combinée de graines
fourragères, 423.
Bineuse à bras de M. Viet, 294.
Bœuf durham-charolais, apppartenant à M. Si-
gnorel, prix d'honneur au concours de Paris
180.
Charrue de M. Boreau, dite de l'Avenir, 420.
Charrue-tilbury automatique système Rogy,
112,421. — Charrue tilbury en travad, 152.
Charrue bisoc double de Fondeur, 214.
Charrue forestière de Bruel, 338.
Charrue fouiUeuse double de Fondeur, 293.
Coq et poules de la race de Houdan, appar-
tenant à M. Vallois, prix d'honneur au con-
cours de Paris en 1883, 184.
Distributeur d'engrais de Decker et Mot, 295.
Étaupinière-niveleuse de M. Royer, 459.
Exposition d'horticulture de Genève; plan, 2 6.
Faucheuse système Osborne, 460.
Herse Chambonnière, 17. — Assemblage des
dents de !a herse, 17.
Herse à barres moisées de M. Emile Puzenat,
382. — Dent montée et dent démontée de la
herse, 382.
Injecteur à sulfure de carbone à traction, de
M. G. Gasline, 383, 384.
Malaxeur rotatif pour les beurres, 245. — Petit
malaxeur rotatif, 265. — Malaxeur rectan-
gulaire, 267 .
Meule de M. Bussereau pour aiguiser les scies
des faucheuses et des moissonneuses, 453.
Meules de fourrages desséchées par le système
Neilson, 138.
Moutons oxford-hiredowns-cauchois, appar-
tenant à M. Basset, prix d'honneur au con-
cours de Paris en 1883, 182.
Pommiers en cordons horizontaux, 305.
Pompe à chapelet avec manège, construite par
M. David, 499. — Pompe à chapelet munie
d'une enveloppe métallique, 500.
Porc yorkshire blanc, prix d honneur au con-
cours général de Paris en 1883, 183.
Râteau à cheval automatique de Ransome, 296.
Sécherie agricole système Grisou, 95. — Plan
de la sécherie, 95. — Vue latérale de la sé-
cherie ville, 96.
Vache durham-charolaise, appartenant à M. Ma-
tivon, prix d'honneur au concours de Paris,
181.
Vidange automatique du système Mouras, 56.
— Vidangeuse munie d'un tonneau de
décharge, 57. — Ancienne fosse transformée,
TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES
Alcool. — Production et consommation de l'al-
cool en Allemagne, 150. — Production des
alcools en France, 447.
Algérie. — Concours pour la nomination d'un
adjoint à l'inspection générale de l'agricul-
ture, 47. — Condamnations pour infractions
aux règlements contre le phylloxéra, 84,325 —
Loi sur les mesures à prendre contre l'inva-
sion et la propagation du phylloxéra en Al-
gérie, 122, 162, 405, 505. — Ouverture de
l'école pratique d'agriculiure de la Rouïba,
365.
Allemagne. — Production et consomm;ition
de la bière, 110; — de l'alcool, 150; —
du tabac, 218 ; — du sucre, 457. — Com-
merce international des denrées agricoles,
506.
Alsace — L'agriculture en Alsace en 1882,
313. 371.
Amérique. — Renseignements sur les résul-
tats des récoltes en 1882, 49. — Congrès
d'ensilage des fourrages \erls en Amérique,
348, 407.
Angleterre. — Le rendement des récoltes en
1882, 74. — La récolte du blé en 1882, 311.
— Les concours agricole- en Angleterre, 32G.
Animaux reproducteurs. — Vente de béliers à
Châteauroux, 244. — Vente de durham \
Corbon, 409, 447'.
Apiculture. — Exposition et Congrès à Paris
en 1883, 287.
Arboriculture. — Les semis d'arbre? fruitiers,
247. — Concours ouvert à R uperrou.x pour
la plantation d'arbres à fruiis à cidre, 285.
— Culture des pommiers encordonshorizon-
taux, 304.
Architecture rurale. — Résultats du concours
ouvert par l'Académie de Metz, 85. — Amé-
lioration de^ bâtiments ruraux en Bretagne,
135, 175.
Armée. — Sursis d'appel pour l'armée terri-
toriale accordés aux cultivateurs, 443. —
Congés pour les travaux agricoles, 482.
Assurance. — L'assurance et le crédit agricole
en Bretagne, 500.
Avoine. — Recherches de M. Sanson sur la
propriété excitante de l'avoine, 51. — Les
avoines de printemps 291.
Azote. — Exhalation de l'azote à l'élnt de gaz
pendant la respiraiion des animaux, 44'».
Passe-cour- — Note su rie choléra des poules, 327.
Batteuses. — Batteuse Pécard, 152. — Batteuses
de M. Cum i ing, 334
Betteraves. — Elude sur réi)uisement des bet-
518
TABLE ANALYTIUUE DES MATIÈRES.
teraves en sucre, H9. I4:i. — Le Journal des
cultnateurs de betteraves 207.
Bibliographie. — Action du fro'd sur les vé-
ffélaux, par M. Charles Ballet. 11. — Les
plantes potagères, par MVî. Vilinorin-.'Vii-
drieuXj 70. — Quatre ans de luttes pour nos
vignes et nos vins de France, par M. Prosper
de Lafitte, 8'4. — Ampélmjraphie américaine,
par M. G. Foex, 8i. — Lf's Annales agrono-
miques, par M. Dehérain, l'25, 207. — Bul-
letin du ministère de Vagriculture, 164,446.
— Semit! d'arhrps fruitiers pour la recherche
de nouvelles variétés, par M. Ernest Ballet,
247. — Calendrier de Vogriculleur, 327. —
La vie agricole sous l'ancien véijirne en Pi-
cardie et rn Artois, par M. le )),iron de Ga-
lonné, 369. — La vigne en chamtres, par
M. Hcinmer, 31)9- — Chimie agricole, par Isi-
dore Pierre, 369. — La connaissance pra-
tique du cheval, par M. Vial , 369. — Culture
et exploitation des arbres, pur M. Roussel,
369. — Le blé, par M. Lecoiiteux, 37i). —
Traite élémentaire des constructions rurales ,
par M. Grandvoinnet, 370. — Vonné.o scien^
tifique, par M. Figuier, 37S. — Annuaire de
l observatoire de Montsouris, 370. : — Ques-
tionna'vesur la manière decuil/vcr la vigne,
par M. Renard, 370
Bière. — Produclion et consommation en Alle-
magne, no.
Bineuse à bras, de M. Viet, 294, 50«.
Blé. — Résultats de la culture du blé en lignes,
34. — onVcs de bh de printemps pour
semences, 49, 129, 323. — Eiinle sur la
culture du blé à Cappelle (Nord). 99, 132. —
Expériences à Calèves sur la culture du blé,
114. — Les blés qui donnent les meilleurs
résultats. 146. — Le blé dit précoce, 210.
297. — Résultats du concours ouveri. par la
Société des agriculteurs de France, 22K. —
. Les aiijudicalinns militaires de blé. 231. —
Le blé Pluie d"or, 246. — Principales varié-
tés de blé df^ printemps. 2.'>3. — Expériences
sur les qualifiés des blés et les procédés de
moulure, 443, 492.
Boucherie. — Concours pour des emplois
d'mspecteurs de la bnucheric à Paris, 409.
Boulangerie. — La boulangerte à Pa is, 3SS.
Bourse. — Bulletin linancier du ts janvier. 40;
— du 13 janvier, 80: — lîu 'iO jinvier, 120;
— du 27 janvier, 160: — du 3 février, 200:
du 10 féviier, 240; — du \1 février, 280; —
du 24 février, 320: — du 3 mars, .360; — du
10 mars, 400: — du 17 mars, 440: — du
24 mars, 480; — du 31 mars ,')14.
Budget de l'agriculture. — Projet de budget
pour 1884, 40a.
Canaux. — La navigation du Rhône et les ca-
naux dérivés, 12.
Carotte. — Culture des carottes fourraaèrcs
331.
Charbon. — Etude de M. Jules Chambrelent
sur les maladies charbonneuses, 8i. — Atu--
nuation des virus charbonneux parla chaleui
362.
Charrues. — Charrue-tilburv autonuUique dr
.M. Rogy, ni, InS, 421."— Charrue bisoc
double d-. Fondeur, 213; — charrue double
Ibuilleusc. 293. — Expériences de charrues à
Gngnon. 242, 322. — Charrue forestière de
Brael, 338. — Charru ; de M. Boicau .
41 'I.
Chasse. — Uale de la b'nii'.ture en 18S3, 83.
Chevaux. — La jjroduction et la vente des
étalons percherons. 7. — Projet de loi relaiif
à la surveillance des étalons, 82. 124. — La
production clievaiine en Autriche, 164. —
Concours hippique h Bourg, 16.'). — Obser-
vations sur Id surveillance des étalons et des
juments, 189, 38.5. — Vœux de la Société
des agriculteurs sur la production chevaline,
230, 231. — Concours hip[iique à Bordeaux,
336. — Les concours régionaux hippiques,^
409.
Chimie agricole. — Création d'une station de
chimie végétale à Meudon, 124. — Sur le
rôle des cngi-ais azotés, 201. — Dosage de
l'acide pliosphorique dans les terres arables,
211. — Sur 1 s causes capables d'influer sur
la teneur en animoiiiaipie des eaux pluviales,
332. — Sur le lôle des matières azoïées en
agiicullure, 441. — E.xhalalion de l'azote à
l'état de gazeux, pendant la respiration des
animaux, 4'j9
Chou. — Cullure des variétés de choux foiirra-
gers, 330.
Chronique agricole du 6 janvier, h; — du 13
jaiiviei-, 41: — du 20jaiivier, 81; — du 27
janvier, 121 ; — du 3 février, 161 ; — du 10^
février, 201 : — du 17 février. 2'(l ; — du 24
février, 281; — du 3 mars 321; — du 10
mars. 361 ; — du 17 mars. 401 ; — du 24
mars, 441 ; — du 31 mars, ^81 ,
Cidres. — Evaluation officielle de la production
en 1882,46. — Concours à Rouperroux pour
la plantation d'arbres à fruits i\ cidre, 28,5.
Code rural. — Rapport sur le pro et relitif à la
police de' animaux employés à l'exploitation
dos propriétés rurales, 24.5.
Commerce agricole. — Revue commerciale et
prix courant des denrées agricoles du 6 jan-
vier, 3'i ; — d.i 13 janvier. 74; — du 20 jan-
vier, 114; — du 27 j mvier, 1.54; — du 3
février. 194; — du 10 février, 234; — du 17
février, 274: — du 24 février, 314; — du 3
mars, 3.54; — du 10 mars, 394; — du 17
mars, 434; — du 24 mars, 474; — du 31
mars, .599. — Commerce d s denrées agricoles
en 1882, 242. — Commerce des denrées agri-
coles m Allemagne. aOô.
Comptabilité agricole. — Nomination d'un
maître de conférences à l'Institut agrono-
mique, 1 1.
Concoure généraux agricoles de Paris en 1883.
— Relevé des déclarations des exposants, 47.
— Sur le classement des jeunes animaux
d'après U denlitien, 93. — Compte rendu du
concours, 161. 171, 178, 219, 25.5. 293, 334.
339, 381,419. — Récompenses et discussions
sur le concours d'animaux repioducleurs de
Paris, 170, 258. 297, 339, 373. 389,411.—
Liste générale des récompenses. 179. — Les
[iroduils agricoles au concoiirs de Paris, 215.
— Poursiiiies exercées conlre plusieurs expo-
sants, 220. — Vœi;x de la Socii'ué des agri-
culteurs de Francis sur le concours d'animaux
re()ro'!u leurs, 3U.5.
Concours d'animaux de boucherie. — Concours
de Limoges, 12", — de Bourses, 113; — de
Nevers, i29 ; — de Chalon, 206; —de Rouen,.
206, 487 ; — de Pamiers. 232 ; — du Puy
36.5, 448: —de Rodez, 365.
Concours divers. — i.oncours départemental
de la Côle-d'Or à Beaiine,8.5. — Programme
de l'exiio.sition d:; Namur, 165. — Concoursdu
Comité agricole de la Sulogne en 1883, 206;
— du Comice de Saintes, '28.5 : — de la So-
ciété iragriciillure delà Hauie-tiaronne. 323.
— Pfimes de culture dins la Nièvre, 365.
Congrès agricoles. — .Vnalyse des travaux du
Cong .'s de Chaumonl. 9. — Congrès de mé-
can que agricole à Paris. 48. 190.
Conseil supérieur de ragriculiure. — Réunion
et di.-^cussions, 410,461.
Crédit agricole. — 1, 'assurance et le crédit agri-
cole en Bretagne, 50 I.
Dentition. — Examen de la dentition pour ser-
vir à classer les animaux jeunes dans les con-
* cours, 93.
distributeur d'engrais de M.M. Decker et Mot,
296.
Drainage. — Pratique et progrès du drainage
dans le dé]iartemenl de Seine-et-Marne, 20,
71.
TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES.
519
Droit rural. — Question relative à l'aliénation
d'un immeuble dotal, 174.
Durham. — Achat de taureaux durham en An-
gleterre pour le compte de l'Etat. 3fô. —
Vente d'animaux de la vacherie de Corbon,
409, 447.
Eaux. — Analy&e du projet de loi sur le ré-
gime des eaux, 41 . — Discussion de ce
projet de loi au Sénat, 124. 166. — Vœux de
la Société des agriculteurs de France sur le
régime des eaux, 231. — Les prises d'eaux
dans les rivières navigables, 282. — Sur les
causes capables d'influer sur la teneur en
ammoniaque des eaux pluviales, 3'12.
Ecoles nationales d'agriculture. — Association
amicale des anciens élèves de Montpellier,
166, 286, ''i07. — Expériences des charrues
à Grif-'non, 242, 322.
Economie rurale. — Rapport de M. Bordet à la
Société des agriculteurs de France sur les
griefs de l'agriculture, 229.
Engrais. — Ha|)port à la Société nationale
d'agriculture sur la création d'un privilège
en laveur des vendeurs d'engrais, 104. —
Sur le rôle des engrais azotés, 201, 442. —
La valeur des engrais, 321. — Sur le com-
merce des entrais, 413. — Les engrais fa-
briqués à la f?rme, 473. — i^es engrais appli-
qués en couverture, 481.
Enseignement agricole. — Association despro-
fesseurs départementaux d'agriculture, 11,
166. — Création d'une école d'agriculture à
Andrinople, 125. — Vœux de la Société des
agriculteur^ de France, 230. — Concours
entre les instiiuteurs, 230. — Ecole pratique
d'agriculture de la lîouïba, 36.5.
Ensilage des fourrages verts en Amérique.
• 348, 407, 485.
Faucheuses. — Nouvelle faucheuse Osborn.
460. — Frais d'entretien des faucheuses, 462.
Fermes. — Sur les règles à suivre dans l'admi-
nistration des fermes, 68.
Foires. — Cause et préservatif des paniques
qui s'y produisent, 471.
•Forêts. — Vole d'une proposition de loi sur le
partage des bois d'affouage, 124. — Sur la
chute des biindiUes de chênes, 194. — Les
pépinières de Sologne, 230. — Charrue fo-
restière de Bruel, 338. — L'enseignement
forestier et les chemins de vidange pour les
forêts de l'Etat, 434, 474.
Fourrages. — Sécheriesdu système Grison, 94
Procédé Neilson pour la récolte des four-
rages par las temps humides, 137, 260. —
Ensihipe des fourrages verts en Amérique,
348, 407, 485.
Fruits. — Leur commerce en Amérique, 60-
Greffe. — E:oles de greffes de la vigne dans
le département du Rhône, 205. — Concours
de greffe de la vigne à Réziers. 243; — à
Sanites, 4'(6. — Succès de la greffe des
vignes américaines, 268.
Herse Chambonnière à dents sans écrou, 16.
— Herse à barres moisées de M. Emile
Puzenat . 382-
Horticulture. — Exposition d'horticulture à
Genève, 25 — Exposition de printemps à
Paris, 49, 367. — Exposition à Gand, 125,
328; — à Troyes, 165. — Fiantes sans terre
et avec terre; culture des fleurs en hiver
sur fenêtre, 222, 271, 342. — Catalogues de
Elantes potagères, 247, 287. — : Conférences
orticoles de M. Dybowski, 328, 462. —
Exposition d'horticulture à Mar.-eille, 328.
— Les roses du dix-neuvième siècle, 367. —
Exposition d horticulture à Lpernay, 489. —
Meeting d'horticulture à Gand, 487.
Houblon.' — Le commerce et les hauts prix
du houblon, .50.
Impôts. — Vœux sur les dégrèvements à opérer
en faveur de l'agriculture, 310. — Sur la
réforme des impôts en France, 3.53, 430.
Injecteur de sulfure à carbone à traction, de
M. Gasline. 383. — Injecteur de M. l'airaube,
495.
Inondations. — Dégâts causés dans plusieurs
régions, 12.
In.sectoiogie. — Exposition à Paris en 1883, 287.
Irrigations. — La navigation du Rhône et la
construction des canaux, 12. — Projet de
création de bassins de réserve pour les eaux
du Rhône, 485.
Joncs. — Sur le droit d'enlever les joncs des
fossés des routes, 2X9.
Journal de l'ogrkuHure. — Réunion annuelle
des fondateurs, 86, 208.
Labours. — Les labours de printemps, 18.
Laines. — Les laines pour les fournitures mi-
litaires, 328, 362.
Laiterie. — Etablissement d'une laiterie da-
noise à Vesly, 154, 263 — Concours de lai-
terie A Troyes, 44S. — Observations et expé-
riences sur le lait bleu, 493.
Légion d'honneur. — Promotions et nomina-
tions pour services rendus à l'agriculture, 42.
Légumes. — Les légumes de grande culture
en Bretagne, 329.
Loups. — Fi'ojet relatif à la création d'un corps
de piHgeursde loups, 193.
Mécanique agricole. — Herse Chambonnière
à dents sans écrou, 16. — Congrès de méca-
nique agricole à Paris, 48, 190- — Charrue-
tilbury automatique, 111, 153, 421. — Pro-
grès de la mécanique agricole, 121- — Les
machines au concours g-néial de Paris, 151,
293, 334, 381, 419. — Batteuse Pécard , 151.
— Moissonneuse-lieuse Hornsby, 15'2 —
Charrue bisoc double de Fondeur, 213. —
Charrue double fouilleuse, 293. — Bineuseà
brasdeM Viet, 294,508. — Distributeur d'en-
grais de MM. Decker et Mot, 296. — Râteau
à cheval automatique de Ransome, 297. —
Batteuses de M. Cumming, 324. — Herse de
M. Emile Puzenat, 382. — Charrue de
M. Borean, 419. — Batteuses de M. Merlin
pour la moyenne culture et pour les graines
fourragères, 422. — Meule de M. Bussereau
pour aiguiser les scies des faucheuses et
des moissonneuses, 453. — Etaupinière ni-
veleuse de M. Royer, 459. — Pompes à
chap'let d'e M.David, 499.
Météorologie. — Phénomènes météorologiques
du mois de décembre 1882, 55; — du mois
de janvier 1883, 274 ; — du mois de février,
368. — L'hiver au mois de mars, 401, 481,
491.
Meules. — Meule de M. Bussereau pour ai-
guiser les scies des faucheuses et des mois-
sonneus?s, 453.'
Meunerie. — Commission formée pour étudier
les progrès de U meunerie française et
étrangère, 443, 492.
Ministère de l'agriculture. — Nomination de
M. Méline comme ministre de l'agriculture
en n mplacement de M. de Mahy, 289. —
Réceptions olficitlles au mini.-tère de l'agri-
culture, 401.
Moissonneuse-lieuse de Horasby, 1.52. — Frais
d'entretien des moissonneuses, 463.
Nécrologie. — Le général Chanzy, 41. — M. Pa-
gezy, M. Ciert, 43. — M. Pierre Muller. 282.
— M. de Vialar, 409. — M. Cordier, 482. —
yi. de Dumast, .Vl. de la Tour-du-l'in, 483.
Octrois. — Soippression des droits d'octroi sur
les issues de veau et de porc à Parjs, 50. —
Vœux de la Société' des agriculteurs de
France relativement aux octrois, 309.
Oiseaux. — Arrêt relatif à la destruction des
oiseaux pillards, 85.
Olives. — Récolte dans le département de la
Drôme, 33.
Orges. — Note sur la culture des orges de
printemps, 290. — Concours d'orge Chevallier
en Alsace, 371.
520
TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES.
Ornithologie. — Exposition ornithologique à
Vienne, 410.
Ptjospliatos fossiles. — Etude sur les gisements
de phosphatés de chaux en France, '283.
Phylloxéra vastatrix. — Lutte contre le phyl-
loxéra dans les Charente^, 30- — Mesures
prises pour le commerce des denrées horti-
coles en Belgique, 48, 242. — Travaux du
syndicat d'bsoudun-Saint-Georges. 63. —
Engrais insecticide de M. GuiUaumont, 73-
— Traitement préventif et curatif de M. Sa-
haté, 102. — Session de la Commission su-
périeuredu phylloxéra, 121, 161. — Surlaces
traitées en 1882, 162, 325. — Discussion re-
lative à l'œuf d'hiver, 204, 377, 414. —
Décret relatif à la délimitation ««es terri-
toires phylloxérés, 232. — Réunions viticoles
de Montpellier, 204, 406, 428; —de Bor-
deaux, 364. — Efforts poursuivis en 1882 par
l'administration dans la lutte contre le phyl-
loxéra, 323. — Subventions à des associa-
tions syndicales de viticulteurs, 363, 444. —
Il jecteur à traction de M. Gastine pour le
sulfure de carbone, 383. — Injecteur à trac-
tion de M. Fairaube, 495. — Le transport du
phy loxera par les boutures, 393. — He-
cherches de M. Culeron sur l'emploi du sul-
focarbonjite de potassium, 406. — Vente de
sulfure de carbone par la Compa^'nie des
chemins de 1er Paris-Lyon-Méditerranée,
445. — Loi pour protéger l'Algérie contre le
phylloxéra, 505. — Extension de l'emploi du
sulfocarbonate, 484. — Sysième de M. Dupon-
chel pour les irrigations insecticules. 484
Pisciculture. — Le prince de Bismarck pisci-
culteur, 311. — Le poisson défendu, 386. —
Conférences piscicoles de M, Gobin, 492.
Police sanitaire des animaux. — Décret relatif
à l'ajournement de la loi dans plusieurs
départements, 6, 33. — La fièvre aphteuse
dans Meurlhe-et-Moselie, 6. — Les épizooljes
en Allemagne. 124. — La péripneumonie
dans le val d'Aran, 447.
Pommes de terre. — Observations sur la culture
et 1j récolte en Lorraine en 1882, 226. Etudes
iur la maladie des jiommes de terre, 354.
Pommiers. — Leur culture en cordons horizon-
taux, 304.
Pompe-» à chapelet de M. David, 4'^9.
Population. — La population agricole de la
France d'après le recensement de 1881, 86.
— Mouvement de la population en France
en 1881, 241.
Poitugal. — Exposition d'agriculture à Lis-
bonne, 245, 284.
Pulpes. — Valeur alimentaire de la pulpe de
difl'usion, 8.
Rage. — Etudes de M. Pasteur sur l'atténua-
tion de la rage, 39i.
Râteau à cheval automatique de Ransome, 297.
Récoltes en terre. — Nouvelles de l'état des
récoltes en terre, 50, 86, 129, 2U8, 290, 393,
433, 459, 473,490. — Situation agiicole dans
l'arrondissement de Loudéac, 62. — Situa-
tion agricole dans l'Aude, .■)09.
Revuede l'année i882 au pointde vueagricole,6.
Rutabaga. — Sa culture en Bretagne, 331.
Salers. — La race bovine de Salers, 425.
Sécherie agricole pour les cêiéales et les four-
rages, du système Grison, 94.
Semailles. — Les semailles de printemps, 18.
Semoirs. — Résultats du concours international
de Saint-Uuentin, 164.
Société nationale d'agriculture. — Comptes
rendus des séances hebdomadaires, 34, 73,
114, 15'i, 194, 234, 247, 289, 35'., 394, 433,
473, 492. — Election de M. l'aul Mares comme
membre associé, 205, 242. — Election de
M. Chahot-Karlen comme membre associé,
242, 282. — Election de M. Boitel comme
membre titulaire, 322, 362.
Société des agriculteurs de France. — Date de
la session de 1883, 83. — Ouverture de la
session, 167. — Compte rendu de la session,
228, 305. — Election des membres du Con-
seil, 311. — Concours pour des prix agrono-
miques ouverts en 1883, 483.
Société d'encouragement à l'agriculture. —
Congrès de mécanique agricole ;\ Paiis, 48,
190. — Réunion générale annuelle, 192. —
Formation du bureau pour 1883, 366.
Souscription pour élever un monument à
Léonce de Lavergne. — P^onnation du
Comité et appel aux souscripteurs, 402. —
Première liste de souscription, 40'., 443, 482.
Stations agronomiqiif s. — Travaux de la
station du Pas-de-Calais, 327.
Sucres. — Tableaux officiels de la production
et du mouvement des sucres en France, 83,
288, 409. — Etude sur l'épuisempnt des bet-
teraves en sucre, 89, 143. — Crise de l'in-
dustrie sucrière en France, 281, 288, 309,
326, 361, 409, 448. — Proposition de loi de
M. Edmond Robert sur les sucres, 327. — La
consommation du sucre et les dégrèvements,
361. — Production et commerce des sucres
de 1876 à 1881, 448. — Production du sucre
en Allemagne, 457.
Tabac. — Production et commerce en Alle-
magne, 218.
Taupinières. — Destruction au moyen de l'étau-
pinière de M. Roger, 459.
Tourteaux. — Eipériences sur l'emploi du
tourteau de coton décortiqué, 465.
Transport. — Sur la réduction des tarifs de
tran-port pour les animaux destinés aux con-
cours, 82, 164. — Nécessité de la revision
des tarifs de transport, 282.
Turipiie. — Création d'une école d'agriculture
à Andrinople, 125.
Vaccinations. — Résultat des vaccinations
charbonneuses et durée de l'immunité, 394.
Ventes .ngricoles. — Vente de béliers à Chà-
teauroux, 242. — Vente de durhams à Cor-
bon, 409, 447.
Viandes. — Sur la prohibition des viandes de
porc d'origine américaine, 309.
Vidanges. — Descrifition du système Mouras
pour l'ulilisalioii des vidanges, 56.
Vignes. — Protestation contre la culture des
vignes américaines dans les Landes, 10. —
Autorisation de culture des vignes améri-
caines dans plusieurs arrondissements, 49,
162, 363, 444. — Culture des vignes améri-
caines dans le Lyonnais, 72. — Le vignoble
de Cadarsac, 101. — Sur la reconstitution
des vignes dans la Charente, 122; — dans
l'Ardèclie, 126. — Les pépinières de vignes
américaines dans le Gard, 126. — Le Rupes-
tris, 154. — Influence de l'humidité souter-
raine et de la capillarité du sol sur la végé-
tation des vignes, 248. — Pépinière dépar-
tementale de la Charenle-lnferieure, 284. —
La vigne de Californie. 302, 454. — Lei vignes
améiicaines dans l'Hérault, 326. — Création
d'une vigne d'e.xpérieuces aux environs de
Montpellier, 406. — Voir Phylloxéra.
Vins. — Evaluation officielle des vendanges e»
1882,43. — Falsification des vins eu Alle-
magne, 207.
Volailles. — Concours de volailles grasses à
Louhan, 11.
Zootechnie. — La sélection dans les races
bovines, 28, 59, 97, 139- — Rendement des
animaux primés au concours de Pans. 301. —
La race novine de Salers, 425.
FIN DE LA TABLE DU PREMIER VOLUME DE 1883.
JOURNAL
DE
L'AGRICULTURE
ANNÉE 1883, TOME DEUXIÈME
(avril a juin)
Le JOURNAL DE L'AGRICULTURE, fondé le 20 juillet 1866, a
successivement fusionné avec le Journal de la Ferme et des Maisons
DE campagne et avec la Revue de l'Horticulture. Il s'occupe de toutes
les questions de pratique et de science agricoles, de législation rurale,
d'économie politique ou sociale dans ses rapports avec la vie rurale,
enfin il donne tous les développements nécessaires aux progrès de
la viticulture, de l'horticulture, de l'arboriculture et de la culture
maraîchère; il traite aussi bien de la production des jardins que de
celle des champs.
Il appartient à une Société composée de 840 agriculteurs ou agro-
Qomes groupés autour de M. J.-A. Barrai.
JOURNAL
DE
L'AGRICULTURE
DE LA. FERME ET DES MUSONS DE CAMPAGNE
DE LA VITICULTURE, DE L'HORTICULTURE
DE L'ÉCONOMIE RURALE ET DES INTÉRÊTS DE LA PROPRIÉTÉ
rOIBDÉ ET DIRIGÉ FAR
J.-A. BARRAL
SECRÉTAIRE PERPÉTUEL DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aGRICULTURE DE FRANCE
Membre du Conseil général de la Moselle jusqu'en 1871 ;
Ancien élève et ancien répétiteur de chimie de l'Ecole polytechnique ;
Membre du Conseil d'administration de la Société nationale d'encouragement à l'agriculture et de la Société
des agriculteurs de France ;
Lauréat de l'Académie des sciences en 1863, pour le prix de Siorogiies, décerné à l'ouvrage ayant fait faire
le plus grand progrés à l'agriculture en France;
Commandeur de la Légion d'honneur; de I Ordre ottoman du Medjidié, de celui des Saints Maurice et Lazare d'Italie;
de celui d'Isabelle la Catholique d'Espagne; Chevalier des Ordres de Léopold de Belgique,
de Notre-Dame de la Conception de Portugal;
Membre de la Société philomatique et du Conseil de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale ;
Membre honoraire de la Société royale d'agriculture d'Angleierre ;
Membre honoraire de l'Académie de Metz, de la Société centrale d'agriculuire de Belgique, de la Société royale d'agriculture d«
Portugal, de la Société des agriculteurs italiens,
des Sociétés d'Agriculture du grand-duché de Luxembourg, de Moscou, de Varsovie, de Spolato,
des Géorgoliles de Florence, de Grosseto, de Turin, de Saint-Pétersbourg, de Pesaro, du Chili, de Hongrie, de l'Uruguay J;
Correspondant de l'Institut genevois, de l'Institut égyptien, de la Société des sciences naturelles de Milan;
des Sociétés d'Agriculture, de Viticulture ou d'Horticulture de Pans, d'Arras, de l'Aube, de Bayeux, des Bouches-du-Rhflne,
de Compiègne, de Caen, de Clerinont, du Nord, de la Seine-Inférieure, de Mayenne, de la Haute-Garonne, de la Côte-d'Or;
de Joigny, de Libourne, de Lyon, de Mirecourt, de Nancy, du Pas-de-Calais, de Poitiers, de Poligny, de Senlis, de Vaucluse
des Comices agricoles d'Agen, de Lille, de Meaux, de Metz, de Brantclme, de la Société des Amis de la paix
de Valence (Espagne), des Sociétés d Agriculture deGand,de Nevf-York, devienne (Autriche), de la GueUre (Hollande), de Hongrie
du CercFe agricole et horticole du grand-duché du Luxembourg;
Associé étranger de l'Académie royale de Suède, etc . etc.
Conseil de direction Scienti&que, Politique et Agricole :
MM. J.-A, BARRAL, GASTON BAZILLE, DE BÉHAGUE,
GAREAU, P. DE GASPARIN, HENRY SAGNIER, A. VANDERCOLME
ANNÉE 1883, TOME DEUXIÈME
(avril a juin]
3)3115
PARIS
AUX BllREVlX DU JOURWL DE L'AGRICULTURE
Chez M, G. MAS S ON, libraire-éditeur, 120, boulevard Saint-Germain
ET
A Bruxelles, chez M. Henri MANGEAUX, libraire-éditeur, 8; rue des Trois-Tôtes
1883
Le Journal de l'Agricnlture paraît tous les samedis en une livraison de 52 à
68 pages, avec de nombreuses gravures noires intercalées dans le texte et des
planches noires ou coloriées hors texte. — Il forme par au quatre volumes de
500 à 600 pages chacun.
PRIX DE L'ABONNEMENT :
FRANGE : un an, 20 fr. ; — six mois, 11 fr. ; — trois mois, 6 fr. — Un numéro, 50 centimes
Pour tous les pays de l'Union postale : un an, 22 fr.
Pour tous les autres pays, le port en sus.
LES PAYS FAISANT PARTIE DE l'UnION POSTALE SONT :
Allemagne — Autriche — Belgique — Danemark — Espagne — Etats-Unis — Grande-Bretagne — Grèce
H?ngrie — Italie — Luxembourg — Monténégro — Norvège — Pays-Bas — Portugal
Hounmnie — Russie — Serbie — Suède — Suisse — Turquie — Egypte — Tanger et Tunis
Pers — Brésil — République argentine — Pérou — Colonies françaises)
Lajplupart des colonies étrangères.
JOURNAL
DE
L'AGRICULTURE
CHRONIQUE AGRICOLE (7 avril i883).
Sur la possibilité dn réaliser les dégrèvements promis à l'agnculture. — Les excédents budgé-
taires et la conversion de la rente, — Discours prononcés par M. Léon Say à la Chambre de
commerce de Lyon.. — Importance des travaux de vicinalité et de l'organisation de meilleures
subventions. — Quatrième liste delà souscription ouverte pour élever un monument à Léonce
de Lavergne. — Nécrologie. — M. Peltier jeune et M. Léon Féret. — Association des anciens
élèves de Grignon. — La ferme-école du Lot. — Publication du compte rendu des Iravaux du
service du phylloxéra en 1882. — Les pépinières communales de vignes américaines. — Note
de M. de Brézenaud sur la pépinière de Bourg-Saint-Andéol. — Les irrigations insecticides
d'après le procédé de M. Duponchel. — Récompenses décernées par la Société d'encoura-
gement pour l'industrie nationale. — Proposition de loi relative aux bouilleurs de cru. —
Etude de M. Xambeu sur les eaux de l'arrondissement de Saintes, — Nomination de M. Nicolas
comme adjoint à l'inspection de l'agriculture en Algérie. — Vente de béliers à la bergerie
nationale de Grignon. — Préparation des terres pour les semailles de betteraves. — La situa-
tion agricole en Suisse. — Notes de MM. de la .Morvonnais, d'Ounous, Naudin sur la situation
des récoltes dans les départements d'Ilie-et-Vilaine, de l'Ariège et des Alpes-Maritimes.
I. — Dégrèvement de l'agriculture et conversion.
Des dégrèvements ont été promis à l'agriculture que tout le monde
s'accorde à regarder comme trop chargée d'impôts, ce qui lui rend
plus difficile qu'au commerce et à l'industrie de supporter des crises
toujo-urs éventuelles. Une échéance avait été indiquée pour le com-
mencement des dégrèvements ; malheureusement elle n'était pas à
terme fixe, elle était subordonnée à la continuation des excédents bud-
gétaires, c'est-à-dire à l'accroissement continu de la prospérité publi-
que. Or, les excédents budgétaires se sont changés en déficit, et la
prospérité publique a subi une éclipse. En conséquence, les promes-
ses faites à l'agriculture paraissent encore ajournées. Cependant,
on ne saurait admettre que la situation actuelle puisse se prolonger
indéfiniment. Dans un discours magistral, prononcé le 28 mars à la
Chambre de commerce de Lyon, M. Léon Say a dit que si les Ghan*
bres et le gouvernement empêchent les agitations politiques de se
reproduire, on reverra les excédents de recettes et l'équilibre du bud-
get revenir très facilement, et alors il faudra saisir l'occasion pour
tenir envers l'agriculture les engagements qu'on a contractés. Ce ne
devra pas être au détriment de l'industrie et du commerce ; aucune
branche de l'activité nationale ne doit souffrir des avantages que l'on
recherche pour l'une d'elles; ces avantages ne sont certains et durables
qu'autant que la prospérité est générale. Au moment de cette prospé-
rité, on devra faire, d'après M. Léon Say, la conversion de la rente,
et cette conversion donnera les ressources nécessaires pour effectuer
les dégrèvements promis. Mais par où devra-t-on commencer et com-
ment devrait-on s'y prendre? Il est intéressant de connaître et le plan
de conduite que devra tenir le gouvernement et les premiers dégrève-
vements dont l'agriculture profitera? M. Léon Say s'est exprimé en ces
termes :
« L'industrie a besoin de s'allier avec l'agriculture ; il faut que
N° -30. — Tome II de 1883. — 7 Avril.
6 CHRONIQUE AGRICOLE (7 AVRIL 1883).
les intérêts de l'industrie et de l'agriculture deviennent connexes,
parce qu'ils sont identiques; on n'a peut-être pas assez fait jusqu'ici
pour amener l'entente entre l'industrie libérale et l'agriculture ; il faut
ramener l'agriculture à nous ; il n'y a pas dans ce pays de prospérité
si l'agriculture n'est pas prospère ; il faudra donc employer cette pé-
riode de prospérité;, que je prévois, à dégrever l'agriculture ; il ne faut
pas que nous nous jetions sur ces excédents lorsqu'ils se produiront;
il faut que nous les abandonnions sans regret et tout entiers à l'agri-
culture.
« On a déjà étudié ce qu'on pourrait faire pour elle. Plusieurs solu-
tions ont été proposées; vous savez d'ailleurs qu'il y a dans les budgets
des réserves. A l'époque où j'étais ministre des finances, en présentant
mon dernier budget, j'ai dit à l'agriculture : nous avons des réserves qui
consistent à diminuer l'intérêt de la dette quand on pourra le faire
par la conversion de la rente 5 pour 100. Eh bien, c'est à l'agriculture
qu'il faudra donner ces réserves ; le jour où l'importante opération de
la conversion pourra se réaliser, il ne faudra pas s'en servir comme
d'un expédient pour équiliber le budget ou le gaspiller dans des cré-
dits supplémentaires, mais il faudra tenir la parole que nous avons
donnée à l'agriculture.
(( On pourra se demander s'il faut dégreyer d'abord les droits de
transmission et d'enregistrement, car ce sont là des impôts qui frappent
très lourdement l'agriculture ; il faut qu'on puisse acheter et vendre
pour se constituer une propriété sans payer les droits exorbitants que
vous connaissez. On peut aussi se demander s'il n'y a pas lieu de
diminuer dans tous les départements l'impôt foncier et de faire faire
un pas à la péréquation eu dégrevant en sus et spécialement certains
départements surimposés. On peut encore, et je crois savoir que c'est
de ce côté aue les agriculteurs se tournent avec le plus de force, étudier
les moyens d'entretenir les chemins vicinaux, en allégeant le budgert
des départements et des communes de dépenses à porter sur le budget
de l'Etat, de manière à pouvoir consacrer plus de fonds à cet usage.
On peut nous abandonner une somme importante prise sur le budget
pour faire une dotation supplémentaire au budget d'entretien des che-
mins vicinaux. »
L'établissement et le perfectionnement de la vîcinalité ont été le
plus grand service qui, depuis un demi-siècle, ait été rendu à ragrî-
culture; on l'a ainsi dotée de l'instrument le plus|indispeiisable à tous
les progrès. Mais, si de grands efforts ont été faits pour créer des routes
et des chemins nouveaux, si les subventions ont été utilement
employées à cette création, et si l'établissement de la caisse des chemins
vicinaux y a fortement contribué, on se trouve aujourd'hui devant une
très grande difficulté, c'est que les ressources pour l'entretien de la
vicinalité sont insuffisantes, de telle sorte que, sous peine de voiries
routes se détériorer et les chemins retomber dans la barbarie, on est
obligé de songer ou bien à créer un impôt nouveau ou bien à imagi-
ner quelque combinaison qui permette d'entretenir les chemins en bon
état sans demander à l'agriculture des sacrifices supplémentaires.
Nous espérons que, au lieu d'imposer à l'agriculture de nouvelles
charges pour l'entretien de ses chemins, on trouvera dans les excédents
dus à la conversion heureusement accomplie, tout l'argent nécessaire
pour assurer la conservation d'une bonne viabilité. C'est pourquoi nous
CHRONIQUE AGRICOLE (7 AVRIL 1883). 7
insistons sur la fin des considérations présentées à Lyon par M. Léon
Say. Puissent les Conseils généraux bien comprendre la question^ et
demander au gouvernement que la solution que nous indiquons, avec
une Commission du Conseil supérieur de l'agriculture et avec M. Léon
Say, soit adoptée.
II. — Souscription pour élever un monument à Léonce de Lavergne.
Nous publions la quatrième liste de la souscription ouverte pour
élever un monument à Léonce de Lavergne :
Fr.
Repiirt de la troisième liste 6,465 00
MM. Monicault (de); prési(JeQt du Comice agricole de Trévoux (Ain). 25 00
Teissonnière, secrétaire général de la Société des agriculteurs
de France 25 00
Pioche, membre de la Société des agriculteurs de France. ... 5 00
Capestrang 5 OQ
Villepin (de), directeur de la ferme-école de la Pilletière
(Sarthe) 20 00
Leven (D' M.), ancien élève de l'Institut agronomique de Ver-
sailles 25 00
Mlle Marie C, à Paris 0 50
MM. Bofdet (H.), ancien député 25 00
Gérard, ancien constructeur à Vierzon (Cher) 50 00
Noailles, duc d'Ayea 40 OQ
Mlle Léon Faucher, à Paris 20 00
MM. "VVolowski (Félix), correspondant de la Société nationale
d'agriculture 50 00
Cars (comte des), membre de la Société nationale d'agriculture. 10 00
Muret (H.) — _ _ _ .^0 00
Masson (0.), libraire-éditeur, à Paris 10 00
Total de la quatrième liste , ti , 825 50
Pour répondre à plusieurs questions qui lui ont été adressées, le
Comité nous prie d'annoncer qu'il n'a fixé aucun minimum pour les
souscriptions et qu'il acceptera avec reconnaissance toutes les sommes
qu'on lui enverra, quelque minimes qu'elles soient.
III. — Nécrologie.
M. Gélestin Peltier jeune, aneien constructeur de machines agri-
coles, est décédé à Paris, le 2 avril, dans sa 79* année. La maison
qu'il a créée, il y a plus de trente ans, s'est constamment tenue au.
courant des proj;rès de la mécanique agricole, et l'on doit à M. Peltier
la propagation de plusieurs excellentes machines. Il avait été nommé
chevalier de la Légion d'honneur en 1870.
Nous devons annoncer aussi la mort de M. Léon Féret, décédé
récemment à l'âge de cinquante-six ans seulenient. M. Féret a été l'un
des correspondants du Journal, de fagriciillure, et nos colonnes
renferment plusieurs études intéressantes dues à son esprit d'obser-
vation. Il était correspondant de la Société nationale d'agriculture.
IV. — Association des anciens élèves de Grignon.
Le Bulleiin pour 1882 de l'Association des anciens élèves de Grignon
vient d'être publié. La plus grande partie de ce bulletin est consacrée
aux hommages rendus à la mémoire des deux anciens directeurs,
M. François Bella et M. Dutertre, que la mort a enlevés depuis un an.
Nous y trouvons que la souscription ouverte pour élever un monument
sur la tombe de M. Dutertre, dans le cimetière deïhiverval, a produit
une somme de G, 947 t'r. 50. Nous souhaitons que ce témoignage de
respect et de sympathie adoucisse l'amère douleur de la digne veuve de
l'ancien directeur de Grignon.
8 CHRONIQUE AGRICOLE (7 AVRIL 1883).
V. — La ferme~scole du Lot.
A diverses reprises, nous avons eu à signaler la prospérité de la
ferme-école du Montât (Lot), dirigée par M. Pierre Dufour, Nous trou-
vons une nouvelle preuve de cette prospérité dans le dernier compte
rendu que nous venons de recevoir. Nous y constatons qu'aux der-
niers examens de sortie 1 7 élèves sont sortis avec leur certificat d'in-
struction. Le recrutement de la ferme-école se fait toujours facilement.
30 candidats, dont plusieurs étaient porteurs de certificats d'études
primaires, ont pris part au concours d'entrée, qui a été des plus satis-
faisants, et la Commission a pu faire un bon choix parmi eux. La plu-
part de ces jeunes gens , fils de petits propriétaires ou de fermiers
aisés, viennent de communes qui ont déjà envoyé des élèves, et quel-
ques-uns ont été précédés à la ferme-école par un ou plusieurs de leurs
frères. 34 apprentis titulaires et 2 supplémentaires sont .présents à
l'école. Le meilleur esprit règne parmi eux ; ils comprennent les avan-
tages qu'ils peuvent retirer de leur séjour au Montât, et ils répondent
par une application soutenue aux leçons du personnel enseignant. Em-
ployés tour à tour aux champs ou aux étables, ils se trouvent fami-
liarisés, au moment de leur sortie, avec le maniement des divers
instruments, les différentes opérations de la culture et les soins à
donner au bétail.
YL — Le phylloxéra.
Le ministère de l'agriculture vient de publier le compte rendu des
travaux du service du phylloxéra en 1882. Ce compte rendu forme un
fort volume de 600 pages, renfermant un grand nombre de documents
importants. A la suite des procès-verbaux de la session annuelle de
la Commission supérieure, nous trouvons le rapport de M. Tisserand,
directeur de l'agriculture, dont nous avons récemment présenté une
analyse à nos lecteurs, les rapports des délégués régionaux, MM. Gas-
tine, Catta et George Couanon, plusieurs rapports sur les expériences
de viticulture entreprises à l'Ecole nationale d'agriculture de Mont-
pellier; l'école a distribué en 1882, une grande quantité de boutures et
de graines de vignes américaines : 1 18,000 boutures et un peu plus de
13 kilog. de graines. Il faut citer encore les études de M. Balbiani sur
les moyens de détruire l'œuf d'hiver du phylloxéra, et les instructions
rédigées par M. Foex sur l'établissement des pépinières de vignes
américaines. Le volume se termine par 36 rapports de Comités d'études
et de vigilance, et par 1 08 rapports sur le fonctionnement des syndicats
de défense. Il est d'ailleurs accompagné de la carte dressée confor-
mément au décret du 31 janvier dernier; cette carte ne comporte plus
que deux teintes, l'une pour les arrondissements phylloxérés, l'autre
pour ceux dans lesquels on a autorisé la culture des vignes amé-
ricaines.
On a recommandé avec raison la formation de pépinières canto-
nales ou communales de vignes américaines. M. L.-V. de Frézenaud,
délégué départemental de l'Ardèche, fait connaître une excellente ini-
tiative prise par une commune de ce département ; il s'exprime dans
les termes qui suivent ;
« La possibilité de reconstituer aujourd'hui nos vignobles détruits par le phyl-
loxéra au moyen des plants américains, pourvu qu'on ait le soin de Lien choisir
les variétés qui conviennent au sol et au climat oi\ l'on veut refaire de la vigne,
CHRONIQUE AGRICOLE (7 AVRIL 1883). 9
étaHt un lait certain et prouvé par les nombreuses plantations qui existent dans
nos départements méridionaux, nous ne saurions passer sous silence le bon
exemple donné par la commune du Bourg-Saint-Andéol (Ardèche).
« Depuis plusieurs années, la vigne qui y donnait du très bon vin est totale-
ment disparue des cultures de cette comtnune.
« La municipalité actuelle, désireuse de ramener la prospérité et l'aisance que
possédait jadis le Bourg-Saint-Andéol, quand la vigne y était florissante, après
avoir étudié ce qui se passe dans les départements voisins, vient d'établir une
pépinière communale d'environ 13,000 mètres carrés, où se trouve une belle
source qui permet d'arroser les boutures en été, le tout clos de murs, avec une
habitation au milieu servant de logement au gardien de la pépinière.
ce Un bail de dix ans a été passé avec le propriétaire de l'immeuble, et 100,000
boutures des espèces suivantes, ont été achetées et plantées pour être distribuées
l'année prochaine aux agriculteurs et vignerons de cette commune, savoir : 50,000
Riparias, 31,000 Jacquez, 1,500 Solonis, 7,000 Herberaonts, 1,500 Cuninghams,
1,000 Rupestris, 2,000 York, 2^000 Viallas, 2,000 Norton Virginias, 1,000 Taylor
et 1,000 Elviras.
« En agissant ainsi, la municipalité donne aux vignerons la facilité de se rendre
compte, sans sortir de chez eux, comment s'y comportent les diverses variétés
plantées dans la pépinière et de pouvoir choisir parmi elles, celles qui leur paraî-
tront les plus avantageuses pour la reconstitution de leurs vignes.
« Il n'est pas douteux que si beaucoup de municipalités suivaient l'exemple de
celle du Bourg-Saint Andéol, nous verrions dans peu d'années le vignoble fran-
çais aussi florissant qu'ill'était avant l'invasion du phylloxéra. »
Dans notre dernière chronique (p. 484), nous avons signalé une
étude de M. Duponchel, ingénieur en chef des ponts et chaussées, à
iMontpellier, surîes irrigations artificielles insecticides. Une faute d'im-
pression s'est glissée dans cette note, et nous devons la réparer. Ce
n'est pas 100 mètres d'eau par hectare, comme il a été imprimé, mais
une quantité de 1,000 mètres cubes qti'exigerait une irrigation insec-
ticide, faite dans de bonnes conditions.
VII. — Concours de la Société d'agriculture de Clermonî
Le concours annuel d'arrondissement de la Société d'agriculture de
Clermont (Oise) se tiendra dans cette ville le dimanche 17 juin pro-
chain. Il comprendra un concours entre les exploitations les mieux
dirigées du canton de Clermont, un concours pour la plantation des
pommiers à cidre, offrant les meilleurs exemples, soit pour le mode
de plantation, le choix des sujets et du terrain, soit pour l'entretien
ou la régénération d'anciennes plantations; des concours d'instru-
ments agricoles, de bétail, de labourage, de serviteurs ruraux, de ma-
réchalerie, de bergers.
VIII. — Société d'encouragement pour l'industrie nationale.
Parmi les récompenses décernées par la Société d'encouragement
pour rindustrie nationale dans sa dernière séance publique, plusieurs
se rapportent à des travaux agricoles ; nous devons les signaler. La
Société a décerné des médailles d'or : sur le i^apport de M. Chatin, à
M. Capgrand-Mothes, pour sa culture perfectionnée du chène-liége;
sur le rapport de M. Boitel, à M. Jus, pour ses recherches de l'eau dans
le sahara de Constanline; sur le rapport de M. Dailly, à M. Del perler
pour son système de ferrure à glace des chevaux ; sur le rapport de
M. Hisler, à M. Muntz, pour ses recherches sur l'alimentation des
chevaux de trait; — un rappel de médaille d'or, sur le rapport de
i>L Tisserand, à M. Betz-Perrot, pour sa mouture perfectionnée du blé
dur et du maïs; — des médailles de platine : su rie rapport de M. Girard,
10 CHRONIQUE AGRICOLE (7 AVRIL 1883).
à M. Gallois, pour son système d'épuisement des pulpes des sucreries ;
sur le rapport de M. Risler, à M. Maistre, pour sa méthode de culture
des vignes phylloxérées ; sur le rapport de M. Risler, à M. de Savignon,
pour une étude sur la production de la laine en Australie.
IX. — Les bouilleurs de cru.
Afin de faire cesser les réclamations nombreuses auxquelles donnent
lieu les exigences de l'administration des contributions indirectes
vis-à-vis des bouilleurs de cru, M. Noirot et plusieurs députés
ont présenté récemment à la Chambre une proposition de loi tendant à
établir que les manquants qui ressortent des comptes ouverts aux
bouilleurs de cru qui font transporter les produits de leur distillation
dans des caves ou magasins séparés de la brûlerie, ne seront imposables
que sous une réduction de vingt livres d'alcool pur par année, indépen-
damment de l'allocation réglementaire pour déchets, coulage, évapo-
ration, etc. Toutefois cette réduction exceptionnelle ne serait allouée
que lorsque le transport de la brûlerie aux caves ou magasins est
effectué dans les limites du territoire de la commune, et il devra
toujours être fait sous le lien d'un acquit à caution dont le coût sera
de 0 fr. 50.
X. — Les eaux de ï arrondissement de Saintes.
Le dernier bulletin du Comice de l'arrondissement de Saintes (Cha-
rente-Inférieure) renferme une excellente étude de M. Xambeu sur les
eaux de cet arrondissement. M. Xambeu s'est donné pour tâche de
connaître la nature, la composition des eaux, et le profit que l'on en
peut tirer pour l'alimentation, pour l'industrie et pour l'agriculture.
Il a présenté une série d'analyses des eaux de pluie, des eaux des fon-
taines naturelles, de celles des puits creusés, ainsi que des indications
sur les nappes souterraines. Cet ensemble de documents sera certai-
nement consulté avec profit en vue du parti à tirer de ces eaux pour
les irrigations qui doivent principalement être faites dans cette contrée,
pour augmenter la production fourragère.
XI. — Inspection générale de l'agriculture.
A la suite du concours qui a eu lieu récemment à Paris, M. Nicolas
a été nommé adjoint à l'inspectioti générale de l'agriculture pour
i'Al""érie. — M. J. Godefroy a été nommé professeur départemental
d'agriculture à Oran, en remplacement de M. Nicolas.
XII. — Vente de béliers à Grignon.
La vente annuelle de béliers provenant de la bergerie de l'école
nationale d'agriculture de Grignon, aura lieu le 7 mai prochain à
une heure et demie. Cette vente comprendra des béliers dishley, des
béliers dishley-mérinos et des béliers southdown. Nous rappelons que
la gare de Grignon est située sur la ligne de Granville (chemin de fer
de l'Ouest), et que le départ de Paris (gare Montparnasse) a lieu à
9 heures 55 du matin.
XIII. — Sucres et betteraves.
Le temps est redevenu favorable aux travaux des labours. Le retard
que les mauvaises conditions météorologiques avaient occasionné sera
réparé, si le temps se maintient au beau pendant la première quin-
zaine du mois. Néanmoins, il est maintenant à peu près certain que
CHRONIQUE AGRICOLE (7 AVRIL 1883). 11
les semailles se feront plus tard qu'en 1882; mais ce n'est pas une
raison pour craindre que le rendement de la récolte soit faible. — La
situation de la sucrerie est toujoui's critique; ce n'est pas en quelques
semaines que la révolution peut se faire. Toutefois, il est permis
d'espérer qu'un grand nombre de fabricants de sucre comprendront de
plus en plus qu'ils doivent faire tendre tous leurs efforts vers la pro-
duction d'une betterave riche en sucre, et qu'ils sauront enfin s'en-
tendre avec les cultivateurs pour prendre les mesures propres à assurer
ce résultat-
XIV. — Situation agricole en Suisse.
Depuis quelques années, le rendement des récoltes a été peu satis-
faisant dans plusieurs cantons de la Suisse, notamment dans ceux, de
Berne et de Zuricli ; il en est résulté un état de gêne considérable chez
beaucoup de cultivateurs. Le blé n'a pas donné, en 1881 et 1882,
pour l'ensemble du pays, plus d'un million d'hectolitres, soit à peu
près le cinquième de ce qui est nécessaire à la consommation. La ré-
colte des pommes de terre a été faible aussi, et les importations de tu-
jbercules se sont sensiblement élevées. Cette situation a été la cause
d'un accroissement considérable des dettes hypothécaires. Les cantons
de la Suisse française sont dans une situation moins défavorable.
XV. — Nouvelles de l'état des récoltes en terre.
Les noies de nos correspondants signalent les effets du refroidisse-
ment du mois de mars sur les principales plantes. M. de la Morvon-
nais nous adresse la lettre suivante, de Bruz (Ille-et-Vilaine), à la date
du 25 mars :
« La première quinzaine-de mars a été favorable aux labours; le vent sec du nord
avait ressuyé les terres. Les blés d'hiver, car on ne fait guère ici de blés de prin-
temps qui en définitive réussissent peu et pèsent moins, paraissent un peu
maigres surtout dans les endroits restés iiumides; mais tout n'est pas dit, si le
mois d'avril est favorable. D'ailleurs on pourra, on devra même recourir cette année
aux engrais en couverture.
a Beaucoup de cultivateurs craignant de ne pas réussir par l'emploi des engrais
en couverture au printemps, préfèrent les donner à l'automne avant de semer le
blé. Ils auraient mal opéré pour cette année, au moins pour les sels azotés et les
sels de potasse, qui sont très solubles dans l'eau, et auraient été entraînés parles
pluies de l'automne et de l'hiver.
« Les gelées des 10 et 11 mars ont fait rougir les avoines d'hiver et les prairies;
mais cela peut se rattraper aisément. Quelques fleurs de pêchers et surtout d'abri-
cotiers, ont été atteintes dans nos jardins.
« En somme, il y a eu quelque diminution dans les emblavuresen blés d'hiver,
et depuis Paris jusqu'ici on peut compter presque un quart en moins pour ces
assolements.
« Les pommiers et poiriers promettent encore, les années humides ont été favo-
rables à leur végétation. 2)
Dans la note qu'il nous adresse de Saverdun (Ariège), à la date du
20 mars, M. Léod'Ounous insiste sur l'importance des irrigations pour
cette région :
« Les fermes qui entourent notre établissement ont donné de bons produits, et
celles qui sont affermées le sont à de bonnes conditions. La vigne taillée et cul-
tivée par mes orphelins, venus des départements de l'Hérault et du Gard, est
jusqu'à présent à l'abri des ravages du phylloxéra, de l'anthracnoseet du mildew.
« Voilà plus de vingt-cinq ans ([uen^us demandons la canalisation de laBasse-
Ariège; ce que l'on a fait dans la Haute-Garonne n'est presque rien à côté de ce
qu'il reste à faire, et pourtant presque tous vos correspondants du Midi, et vous-
même, ne cessez de prouver qu'une batellerie du Rhône, coûte deux ou trois fois
plu-s qu'elle ne rapporte.
12 CHRONIQUE AGRICOLE (7 AVRIL 1883).
« Nous avons obtenu cet automne de magnifiques produits de nos gros maïs
blancs, je vous en envoie quelques épis. Je ne saurais trop en conseiller la culture
à partir du grand bassin de la Loire, grâce aux qualités spéciales qu'il donne; aux
produits de nos basses-cours, nos deux départements de la Haute-Garonne et de
l'Ariègc, fournissent aux besoins de 'i à 5 départements du Midi, jadis si riches,
et presque ruinés depuis bien des années. «
Dans la note suivante qu'il nous adresse d'Antibes (Alpes-Mari-
tinies), notre confrère M. Naudin signale des désastreux effets du froid
dans le Roussillon et en Provence.
« A Port-Vendres (Pyrénées-Orientales), j'ai trouvé les vignes ruinées par le
phylloxéra et complètement gelées par le froid intense survenu inopinément aux
premiers jours de mars. Tout le vignoble roussillonnais est ou détruit ou très
menacé; c'est une désolation universelle, at bien des vignerons émigrent.
(c La Provence a aussi été très maltraitée par le froid et la neige. Notre jardin
de la villa Thuret a perdu beaucoup d'arbres, totalement mis en pièces par le poids
de la neige, et beaucoup de plantes exotiques par la gelée quia suivi. De mémoire
de Provençal, on n'avait rien vu de semblable en ce pays. »
Pendant les derniers jours de mars et depuis le commencement
d'avril, le temps est i edevenu printanier. La végétation arbustive qui
avait été retardée a pris un vigoureux essor. Les travaux s'achèvent
avec activité, et il est permis d'espérer que la plus grande partie du
retard éprouvé sera réparée. Quant aux emblavures d'automne, elles
présentent un aspect très variable suivant lesrégions, et il est impossible
encore de se faire une opinion quelconque sur le résukat que peut
donner la récolle. J.-A. Barral.
LE EOLE DES FORETS EN ALGERIE
J'ai passé un mois dans les provinces d'Alger et d'Oran, et j'ai
trouvé là, chez divers particuliers, chez M, Cordier notamment,
d'admirables collections d'Eucalyptus. J'ai vu, en outre, nombre de
plantations de ces arbres, qui y réussissent merveilleusement, et je
suis plus convaincu que jamais qu'ils seront, dans un prochain avenir,
une précieuse ressource forestière et indusirielle pour notre colonie
qui ferait, je n'hésite pas à le dire, un des plus beaux et des plus pro-
ductifs pays de la terre si elle était mieux boisée.
Le sentiment universel, parmi les colons raisonnables et soucieux
de l'avenir, est qu'un des premiers efforts du gouvernement doit être
de protéger ce qui y reste de forêts et d'encourager partons les moyens
le reboisement d'une immense étendue de terres actuellement livrées au
pacage des troupeaux. On sait assez, aujourd'hui, l'heureuse influence
des forêts sur les climats, pour qu'il n'y ait pas à le répéter. Mieux
couverte d'arbres, l'Algérie serait moins exposée à ces terribles séche-
resses qui, irop souvent, ruinent l'espoir des cultivateurs, et cela lui
vaudrait mieux que la fameuse mer Saharienne dont il est tant question
depuis quelques années.
Avec quoi reboiser ? Avec les arbres indigènes (chênes du pays,
châtaigniers, lentisque de l'Atlas, etc.) sur les sols en pente; avec les
Eucalyptus dans la plaine. Les arbres indigènes croissent lentement,
mais les Eucalyptus grandissent avec une étonnante rapidité, et, bien
avant les premiers, ils fourniraient à l'Algérie, outre des ombrages,
tout le bois dont elle pourrait avoir besoin.
Ch. Naudin,
Msn bre de l'institut et de la Sucieie nationale d'agricjlture.
OBSERVATIONS SUR LE LAIT BLEU. 13
OBSERVATIONS SUR LE LAIT BLEU. — ir
Réaction du lail de vache. — Dans la première partie démon travail,
j'ai expliqué comment j'avais été amené à considérer la réaction très
nettement acide du lait comme un symptôme pathologique. Il est vrai
que, au moment où je constatai ce fait sur le lait produit par les vaches
de ma ferme, la moisissure bleue faisait en même temps son apparition
sur la crème.
En consultant les meilleurs ouvrages classiques, je lisais que la
réaction du lait est toujours alcaline^ Seul M. Chevreul;, dans ses
Leçons de chimie {t. II, p. 257; 1830) disait, en parlant du lait : « Il
rougit sensiblement le tournesol. » Cependant je ne restai pas con-
vaincu, et j'ai poursuivi l'étude pendant plusieurs années, non seule-
ment sur mes vaches, mais encore, dans mon voisinage, sur 30 ou 40
bêtes.
La réaction du lait était constatée, à la sortie du pis de la vache, sui
le. papier de tournesol bleu et surle papier rouge très sensible. Dans les
conditions les plus diverses, j'ai toujours trouvé les mêmes résultats.
Le papier bleu passait très nettement au rouge, persistant après des-
siccation; le papier rouge, sensible, prenait une teinte d'un bleu pâle,
qui disparaissait peu à peu après l'évaporation du liquide.
j'étais donc disposé à déclarer que, dans son état normal, le lait
de vache présente une réaction acide très nette. Mais il y avait lieu de
tenir compte de l'opinion d'un observateur aussi compétent que M. le
professeur Duclaux; il a traité la question dans un mémoire fort
remarquable 5ur le lait^. Voici comment il s'exprime :
ce Le lait n'est ni acide ni alcalin; dans son état naturel, dès la sortie du pis de
la vache, il bleuit le papier rouge et rougit le papier bleu d'une façon très sen-
sible. C'est là une réaction sur laquelle on a beaucoup écrit dès qu'on l'a eu con-
statée chez le lait et qui ne lui est pourtant pas spéciale, attendu qu'elle est com-
mune à un grand nombre de liquides, neutres par saturation réciproque de deux
éléments de réactions contraires . >>
Une conclusion pratique se déduit des faits qui précèdent : quand
on veut examiner la réaction du lait, il est indispensable de faire un
essai simultané sur le papier bleu de tournesol et sur le papier rouge
sensible. Il ne peut être question ici que de lait naturel, au moment
même de la traite.
On sait, en effet, que, sous prétexte d'améliorer et de conserver le
produit alimentaire destiné aux habitants de la ville, le lait, avant son
transport, subit, le plus ordinairement, un véritable traitement : il
reçoit une proportion notable de bicarbonate de soude, ou même un
mélange composé de borax et d'acide borique.
Dans ces conditions, la réaction du tournesol ne donnerait aucune
indication utile.
Analyse microscopique. — La pellicule mycodermique, mère du pig-
ment, peut être enlevée assez facilement, à la surface de la crème, au
moyen d'une mince spatule de platine ; il faut, autant que possible,
choisir les taches d'une coloration bleue, luisante et sans duvet de
moisissure blanche. Un petit fragment de la pellicule, placé sous l'objec-
1. Voir le Journal du 31 mars, tome l" de 1883, page 493.
2. BoussiNGAULT, Ëconomie rurale, t. II, p. 420; 1851. — Regnault, Cours de chimie, l. IV,
p. 522; 1860. — Wurtz, Dictionnaire de chimie, t. JI, p. 192.
3. Annales de l'Institut national agronomique, n" 5; année 1879-18S0.
14 OBSERVATIONS SUR LE LAIT BLEU.
lif^ entre les deux lamelles de verre, sans autre préparation, se pré-
sente sous forme d'un tissu membraneux, composé de matière grasse
et de bactéries rondes, globuleuses, immobiles. Les plaques un peu
épaisses ont un reflet bleuâtre.
Quand la tache bleue est d'origine récente, on ne trouve avec elle
'dans l'échantillon examiné, aucun tube mycélien en développement:
mais on observe presque toujours, dans la masse, une cristallisation
en feuillets transparents, striés et frangés, se réunissant vers un centre
commun. Le dessin d'une violette aplatie rend assez fidèlement la
figure de ce groupement. Cette cristallisation, toujours la même,
signalée très fréquemment dans nos notes, est sans aucun doute pro-
duite par un acide gras.
Ces observations et les suivantes ont été faites avec un microscope
de Nachet.
Dans certains cas, pour éliminer la plus grande partie de la ma-
tière grasse, j'ai traité par l'eau distillée la pellicule mycodermique-
qui devait être examinée au microscope. Les fragments de la pellicule,
réunis dans une petite capsule, étaient délayés avec quelques gouttes
d'eau distillée, puis on décantait l'émulsion grasse; les parcelles bleues
du tissu se réunissaient au fond du vase et se laissaient diviser et
laver, tout en conservant leur coloration bleue, à la condition cepen-
dant de ne pas trop prolonder le lavage.
Ainsi préparé, l'échantillon se montre moins empâté ; les bactéries
rondes apparaissent plus nettes, toujours immobiles. La cristallisa-
tion de l'acide gras se trouve altérée, on ne rencontre que feuillets
épars, mais de nombreux microbes s'agitent ordinairement dans les
parties liquides.
J'ai dit qu'une moisissure blanche se développait sur la surface de
la crème en même temps et quelquefois plus rapidement que la
pellicule bleue. Cette inucorée., en tubes rameux et cloisonnés, n'a au-
cun rapport avec le pigment bleu; dans ce milieu acide, sa végétation
est des plus actives; en quelques jours, elle forme un treillis serré;
cependant les articles rameux se terminent presque toujours comme
le tube fermé de nos laboratoires, et jamais je n'ai remarqué que la
fructification de cette mucorée, tandis que, après soixante heures de
séjour à l'air, la crème, ne présentant aucune inoissure bleue, servait
parfois de terrain fertile et de remarquables végétations. Les tubes
soyeux du Mucor racemosus pouvaient atteindre déjà 0"'.010 de hau-
teur ; un petit renflement noirâtre terminait la tige ; cette tête, capsu-
laire, comme celle d'un pavot, s'écrasait sous les lamelles de verre et
laissait échapper de nombreuses spores, en olives. Sur ce même par-
terre, en végétation, j'ai aussi récolté un beau 'pénicillium^ resté blanc,
en pleine fructification.
J'ai fait de très nombreuses observations microscopiques sur la
pe-llicule obtenue, par voie d'ensemencement, de la membrane bleue,
dans le lait : toujours j'ai retrouvé le même enchevêtrement de bac-
téries et de matière grasse, sans tubes mycéliens, quand la tache
bleue analysée était récente ou se conservait luisante.
Cependant mes observations restaient incomplètes, en ce qui con-
cerne la culture et l'isolement du microbe qui doit sécréter le pigment
bleu du lait : la nature même de cette matière colorante m'est encore
inconnue. Afin de me tenir prêt pour la plus prochaine occasion, je
OBSERVATIONS SUR LE LAIT BLEU. 15
me mis à étudier les méthodes. Notre confrère, M. Van Tieghem,
accueillit mes communications avec une complaisance tout aimable
et voulut bien me faire connaître des expériences de Schroeter et de
Cohn qui pouvaient jeter quelque lumière sur la question.
Schroeter, en 1870, observa de petites cellules elliptiques, immobi-
les, sur des tranches de pommes de terre bouillies, qu'elles coloraient
en bleu intense; il les a désignées sous le nom de liacteridium cya-
neuin. Le pigment, bleu foncé, soluble dans l'eau, virait au rouge par
les acides, pour repasser au bleu par les alcalis.
M. Cohn, en 187.2, reproduisit ce pigment bleu, par ensemencement
dans un liquide nourricier approprié ; il obtint une pellicule myco-
dermique, composée de bactéries rondes : cette pellicule jouait le rôle
de mère d'un pigment bleu, comparable au tournesol; le microbe fut
alors désigné par M. Cohn sous le nom de Micrococcus cyaneus. Sa
description pouvait s'appliquer aux bactéries de la pellicule mycoder-
mique qui constitue le lait bleu.
Je croyais- aussi trouver d'utiles rapprochements à faire entre le
pigment du lait bleu et la matière colorante des suppurations bleues,
la pyocyanine, découverte par Fordos en 1851 et isolée, par lui, en
cristaux d'un bleu foncé rappelant l'indig'o^ La pyocyanine joue le
rôle d'un -ilcaloïde.; elle forme, avec les acides, des composés cristal-
lins. La réaction caractéristique de la pyocyanine est le passage du
bleu au rouge par les acides, non le rouge pelure d'oignon du tourne-
sol, mais un rouge carmin, rouge cerise. (Jn alcali ramène la couleur
primitive.
En 1882, M. Carie Gessard reprenait avec grand succès l'étude des
pansements bleus et de la pyocyanine^ ; il se mettait à rechercher, par
la méthode des cultures de M. Pasteur, le microbe qui secrète la pyo-
cyanine. Après un grand nombe, d'ensemencements successifs, M. Ges-
sard paraît avoir isolé un organisme qui se montre constant dans sa
forme et dans sa réaction physiologique : la production de pigment
pour les différents liquides de cultures. Cet organisme se développe
dans 1 urine neutralisée, la décoction de carottes, la salive, la sueur,
les liquides albumineux.
Cependant, M. Gessard déclare n avoir pas réiisai à cultiver le microbe
de la pyocianine dans le lait qui^ suivant lui, serait coloré en bleu par
un autre organisme''.
Pour appuyer encore cette conclusion, d'ailleurs très précise, je
citerai quelques lignes d'une note de Braconnot, qui avait eu l'occasion
d'examiner le lait bleu\ Il reconnut de suite que la coloration bleue
n'était pas due à l'indigo, ainsi que le pensait Klaproth. Ensuite Bra-
connot ajoutait : « Si'l'on compare cette matière colorante bleue avec
toutes celles qui ont été reconnues jusqu'à présent dans le règne
végétal, on n'en voit aucune qui lui ressemble par ses propriétés,
puisque généralement elles rougissent par les acides et verdissent avec
les alcalis, tandis que la matière colorante bleue du lait n''est point
affectée par les acides et prend un beau rouge sous f influence des alcalis. »
Cetie remarque si intéressante, due à un expérimentateur habile,
vint trop tard à ma connaissance : je n'ai pu moi-même constater la
réaction si inattendue produite, par les alcalis, sur le pigment bleu
1. Comptes rendus X. Ll, p. 2l.b, et t. LVI,p. 1128.
2. Comptes rendus, t. XCIV, p. 536.
3. Thèse sur la pyoqianine, p. .53; 18H2.
4. Journal de Chimie médicale, t. II, 2'^ série, p. 625.
16 OBSERVATIONS SUR LE LAIT BLEU.
du lait. Mais je puis affirmer, de mon côlé, que les acides développés
dans le lait restent sans réaction sur la matière colorante bleue. Tandis
que la crème conserve sa couleur jaune normale, au-dessous de la
pellicule bleue, le sérum et le caséum sont le plus souvent fortement
colorés en bleu, si les taches se présentent nombreuses.
Ces réactions sont absolument contraires k- celles qui carac-
térisent la pyocyanine et le pigment bleu décrit par MM. Schroeter et
Colin.
La proportion des acides libres contenus dans le sérum a été déter-
minée par la méthode alcalimétrique. En moyenne, d'après mes ana-
lyses, cette proportion d'acide, représentée par A, serait équiva-
lente à 1*^'.620 acide sulfurique monohydraté, pour 1 litre de sérum.
Quelques auteurs ont signalé la coloration bleue du lait des brebis
yAnnales de Chimie et de Physique, t. III, 1830, p. 269) : c'est un fait
que je n'ai pas eu l'occasion de constater ; mais j'ai pu étudier cette
moisissure sur le lait d'une chèvre. Voici dans quelles circonstances :
le 15 septembre 1877, au moment où l'état normal se rétablissait dans
mon étable, j'appris qu'une chèvre, en bon état de santé, fournissait
depuis quelques jours du lait bleu. Cette chèvre se trouvait assez loin
de mon habitation, dans la vallée; elle n'avait aucune communication
avec les animaux de ma ferme. On m'apporta une. jatte de lait, dont
la crème présentait deux taches bleues de belles dimensions, mais
circonscrites et ne tendant pas à se développer. L'analyse par le
microscope donnait les mêmes résultats que pour la pellicule bleue du
lait des vaches; les tubes mycéliens apparaissaient déjà très nombreux,
attendu que la crème datait de plusieurs jours. La cristallisation de
l'acide gras se produisait avec sa forme habituelle.
On voit que le microbe, au pigment bleu, se développe facilement
sur le lait, sans distinction des espèces. Ajoutons, comme dernière
observation générale, que ce développement est d'autant plus -intense
et rapide que la température est plus élevée : vingt-quatre heures suf-
fisent, dans l'atmosphère d'une cuisine ; mais soixante heures
deviennent nécessaires dans une cave froide, pour obtenir les mêmes
effets sur le lait contaminé.
Dans un très bon livre sur V Agriculture du pays de Caux ,
M. Eugène Marchand devait parler du lait bleu. Suivant lui, cette alté-
ration, assez fréquente dans la contrée qu'il habite, serait due à l'une
des trois causes suivantes : malpropreté de la laiterie et des vases;
nourriture trop substantielle; pauvreté, en principes calcaires, du sol
sur lequel les vaches sont entretenues au pâturage, M. Marchand
considère cette dernière cause comme très active : pour y porter remède,
il conseille d'administrer aux vaches, pendant une huitaine de jours,
50^'' environ de carbonate de chaux par jour.
Je n'ai pas essayé ce traitement, mais je rappellerai seulement qu'une
médication alcaline avait fort mal réussi à mes vaches. C'est alors que
j'ai cherché les moyens de guérir directement le lait.
Sur les plateaux du pays de Caux, les vaches sont plus souvent
mises au pâturage dans les herbages ou masures qui entourent les
fermes : à mon avis, la fumure de ces herbages est trop fréquente, trop
animalisée.
L'eau des mares qui sert à abreuver les bestiaux est très ammonia-
cale et très chargée d'organismes, surtout pendant la saison chaude :
OBSERVATIONS SUR LE r. AIT BLEU. 17
on comprend facilement que le lait sécrété dans de pareilles conditions
de nourriture devienne un milieu très favorable au développement des
microbes.
Ainsi que je l'ai indiqué précédemment, quelques dix-millièmes
d'acide acétique, ajoutés au lait destiné à la fabrication du beurre,
suffisent pour modifier heureusement cette disposition pathologique.
A l'appui de mon observation, sur l'influence de l'eau des mares,
je communiquerai cette remarque : la maladie du lait bleu est rarement
signalée dans les vallées et les herbages qui se trouvent traversés par
un bon cours d'eau. J. Reiset,
Membre de la Société nationale d'agricultur
Correspondant de l'Académie des sciences.
SUR Li RAGE BOVINE AUVERGNATE
A propos de l'intéressant rapport de M. AujoUet sur les bêtes bovines
des montagnes du Cantal, inséré dans l'un des derniers numéros du
Journal^ je crois utile de présenter quelques observations.
Il y a lieud'abord de remarquer que la race à laquelle appartiennent
ces bêtes nest à aucun titre bien désignée sous le nom de race de
Salers. Elle peuple l'Auvergne tout entière, à l'exception du seul arron-
dissement de Saint-Flour. Si Tarrondissement de Mauriac, et en par-
ticulier les environs de la charmante petite ville de Salers, présentent
eu général les meilleurs sujets, ce n'est pas une raison suffisante, en
vérité, pour donner à leur race un nom si restrictif. Les rédacteurs des
catalogues ou des programmes des premiers concours ont donc eu
évidemment tort de l'adopter, au lieu de celui de race auvergnate qui,
pour tout le monde, la désignait auparavant et avait l'avantage de
donner une égale satisfaction à tous les éleveurs du Cantal. En fait, le
• bétail rouge qui se produit sur les pâturages d'Auvergne, n'est pas
autre chose que Tune des variétés (la meilleure sans contredit) de la
race auvergnate, dont les caractères spécifiques sont bien déterminés.
C'est la variété du Cantal de cette race.
Cette question de nomenclature vidée, avec peu de chances, je le
reconnais, de rien changer à l'usage officiel malheureusement établi,
arrivons aux observations plus immédiatement pratiques.
Ce qui s'oppose le plus à l'amélioration générale et plus prompte
qu'on ne la croit possible de cette variété remarquable à bien des
égards, ne concerne point surtout sa reproduction. 11 est reçu que ce
qu'on- appelle sélection est une méthode lente dans ses effets. L'his-
toire des perfectionnements du bétail est remplie de faits qui prouvent
le contraire; mais n'importe, les préjugés ne sont nulle part faciles à
déraciner. Ce n'est pas de cela qu'il s'agit ici. L'obstacle au progrès,
dans la production des sujets améliorés, se trouve simplement dans
l'erreur économique consistant à croire qu'il y a profit à envisager
avant tout le bétail du Cantal comme producteur de fromages, et à
l'exploiter de préférence en vue de la laiterie.
Il suit de là que l'allaitement des veaux est sacrifié pour obtenir une
plus forte quantité de fromage. M. AujoUet évalue à un sixième de la
quantité du lait produit par la vache ce qui est employé pour la nour-
riture du veau. Ceux qui ne sont pas au courant de ce qui se passe
pourraient croire que celui-ci consomme, durant la période normale,
400 litres de lait, par exemple, lorsque sa mère est capable d'en
18 SUR LA RACE BOVINE AUVERGNATE.
fournir 2,400 d'un vêlage à Tautre. Il n'en est pas ainsi. On sait
d'abord que chaque veau est allaité (je ne dis pas nourri) par deux
vaches. Remarquons aussi que les vaches auvergnates, qui donnent
cette quantité de lait ne sont pas communes.
Une vacherie de 40 vaches donne, durant la première période, qui
est celle de l'allaitement, 400 litres de lait par jour, à raison de
10 litres par vache. Les cinq sixièmes de ces 400 litres étant prélevés
pour la fabrication du fromage, il n'en reste plus que 66 pour les
20 veaux, c'est-à-dire un peu plus de 3 litres par veau. Quelle que
soit la durée de l'allaitement, il n"est pas difficile de se représenter ce
que peut être l'accroissement d'un veau qui ne consomme que 3 litres
de lait par jour durant les 3 ou 4 premiers mois de sa vie, quelque
supplément que puisse lui fournir le pâturage, à cette période de son
existence. Aussi, quiconque a visité les burons d'Auvergne n'a pu
manquer d'être frappé, comme nous, de l'état misérable dans lequel
se trouvent, vers le milieu de l'été, les malheureux animaux dont il
s'agit. Maigres, efflanqués, le plus souvent la peau couverte de para-
sites, ils font pitié à voir.
Le contraste est fort instructif lo^rsque, parmi eux, il y en a un ou
plusieurs qui, étant élevés en vue de quelque concours, ont été allaités
à satiété. A distance ils se distinguent tout de suite par la nuance
vive de leur poil, par le développement de leur corps, par la correc-
tion de leurs formes.
Un simple calcul montre jusqu'à quel point la déplorable coutume
admise dans les vacheries d'Auvergne est contraire au véritable intérêt
des exploitants.
En prenant pour base la valeur qui, d'après M. Aujollet, est donnée
au lait par sa transformation en fromage, et qui paraîtra peut-être un
peu exagérée à 0 fr. 135, on arrive à établir qu'un allaitement double-
en intensité de celui qu'il reçoit augmenterait d'une valeur de 54 francs
les frais de production du veau. Il consommerait ainsi, en effet, durant
son allaitement, 800 litres de lait, au lieu de 400. Or, 400 XO.135
= 54.
Quiconque a suivi, sur les foires où ils se vendent, au commen-
cement de l'automne, les prix courants des bourrets d'Auvergne, sait
fort bien que l'écart entre le maximum et le minimum de ces prix
dépasse le plus souvent celte valeur. On sait aussi que la tendance à
la hausse est considérablement plus accentuée du côté du jeune bétail
que du côté des fromages. On peut douter, en outre, étant donnée la
qualité du lait d'Auvergne et les mœurs de la population auvergnate,
qu'il y ait quelque espoir fondé de meilleur rendement en substituant
l'industrie beurrière à l'industrie fromagère. Ce qui n'est pas douteux,
parce que l'expérience l'a déjà démontré bien des fois, c'est que des
veaux de la race auvergnate qui consommeraient, durant les 100 pre-
miers jours de leur existence, une moyenne de huit litres de lait par
jour, arriveraient, au moment de la vente, à une valeur supérieure,
dans la plupart des cas, à 150 francs par tête, qui payerait ainsi cer-
tainement le lait consommé à raison de plus de 0 fr. 135 le litre.
Laissant de côté la question de l'amélioration de la variété, sous le
rapport de ses formes et de ses aptitudes, question qui va de soi, on
voit clairement que les éleveurs auraient un intérêt évident à ne pas
diriger, d'une manière si exclusive, leur attention vers l'industrie fro-
SUR LA RACE BOVINE AUVERGNATE. 19
magère ou beurrière, et à considérer au contraire la production du
jeune bétail comme l'objet principal de leur exploitation.
Les débouchés ouverts à ce jeune bétail auvergnat vont sans cesse
grandissant. Sur la manière dont il est traité dans les départements
de la Charente de la Charente-Inférieure^ des Deux-Sèvres et de la
Vienne, où il est de plus en plus estimé et recherché, M. Aujollet ne
me paraît pas suffisamment bien renseigné. Il adresse en passant aux
cultivateurs de ces départements des reproches qu'ils ne méritent
point. Les qualités incontestables que les juges impartiaux recon-
naissent aux bœufs auvergnats, comme travailleurs et comme produc-
teurs de viande^ sont dues à leurs soins, pour la plus grande partie.
Les défauts, sans exception, sont l'œuvre des éleveurs auvergnats.
On ne trouverait plus, à l'heure présente, un seul de ces bœufs qui,
dans l'ouest, ne fût point pourvu de sa dentition permanente complète
avant sa quatrième année révolue. Leur précocité est conséquemment
constante, non pas dans ie sens qui est accordé au terme par ceux qui
prennent le durham pour le type absolu de la précocité, mais bien
dans le sens vrai.
C'est qu'une fois entre les mains des petits cultivateurs, proprié-
taires ou métayers de l'ouest qui les exploitent, les jeunes animaux venus
d'Auvergne sont nourris et traités avec une sollicitude complète,
dont on peut prendre une idée en constatant ce que nous avons vu se
produire sous nos yeux, qu'ayant été achetés à leur arrivée 250 fr.
la paire, par exemple, ils se vendent l'automme suivant, c'est-à-dire
une année après, 500 fr. Ils ont ainsi doublé de valeur.
Notre auteur croit quils sont trop tôt soumis au travail. Je me per-
mettrai de lui faire observer qu'il se trompe. Son opinion à cet égard
n'est sans doute pas fondée sur la connaissance exacte de ce qui se
passe dans la région où se développent les jeunes bœufs auvergnats.
Les efforts qu'on exige d'eux, au moment de leur dressage, vers l'âge
de dix-huit mois, et durant les deux à trois années suivantes, restent
toujours de beaucoup en dessous de ceux qu'ils pourraient déployer
sans inconvénient. La raison principale en est que les exploitants n'ont
besoin que d'une faible traction, et qu'ils se préoccupent avant tout
de bénéficier de leur plus-value. La règle est qu'ils changent de mains
chaque année, passant de celles d'un plus petit dans celles d'un moins
petit cultivateur. Tous les nourrissent au maximum et les font tra-
vailler le moins possible. L'excès ou la trop grande hâtivité du travail
ne peuvent donc point entrer en ligne de compte. Les bœufs auver-
gnats créent, entre les mains des agriculteurs poitevins ou sainton-
geois, sans compter les services qu'ils rendent pour la traction, une
valeur qui n'est pas moindre, en moyenne, de 1200 fr. par paire,
soit 600 fr. par tête. Cette valeur s'obtient en Irois années environ, ce
qui fait 200 fr. par année. J'attends qu'on me montre en France, par
une comptabilité exacte et non point par de pures affirmations de rai-
sonnement théorique, une exploitation de bœufs de durham qui donne
de tels résultats.
C'est en me fondant sur ces résultats, suivis et constates par moi
depuis ma jeunesse, que je me suis efforcé depuis si longtemps de
mettre en évidence Terreur de la doctrine anglaise de la spécialisation,
pour lui substituer la doctrine de la fonction prédominante, appelée
fonction créatrice de capital. Dans la région de la France dont il
20 SUR LA RACE BOVINE AUVERGNATE.
s'agit, les cultivateurs se conforment inconsciemment à cette dernière
doctrine de temps pour ainsi dire immémorial, avec la race dont nous
nous occupons, avec la variété poitevine de la race vendéenne, et
avec la variété limousine de la race d'Aquitaine. On les considérera
sans doute comme moins avancés que leurs voisins du nord, qui
exploitent des bœufs d'origine anglaise; mais ce qui est bien certain
et ce que nous avons vérifié en faisant les comptes respectifs, c'est
qu'ils gagnent plus d'argent qu'eux avec leur bétail. En industrie, je
ne pense pas que le progrès puisse s'affirmer autrement. Il ne se
constate point par des phrases seulement.
En définitive, il faut conclure que l'amélioration réelle du bétail
auvergnat, nommément de la variété du Cantal de la race auvergnate,
dépend principalement, sinon uniquement, des éleveurs des monta-
gnes qui, pour la réaliser, n'ont qu'à se préoccuper moins de fabri-
quer beaucoup de fromages et davantage d'assurer à leurs veaux un
allaitement suffisant. Il n'est pas indifïérent, certes, de soigner la
sélection des reproducteurs ; mais là n'est point, en Auvergne, la
nécessité pratique la plus urgente. Les plus beaux reproducteurs,
comme ceux qu'on voit chez les éleveurs auxquels la Société au nom
de laquelle M. Aujollet a rédigé son excellent rapport, et dont la plu-
part nous sont connus, resteront sans efficacité pour l'amélioration
des produits aussi longtemps que ceux-ci seront allaités avec la par-
cimonie qu'un faux calcul a fait adopter généralement.
Les idées qui viennent d'être indiquées sommairement ne sont pas
nouveMes. Elles sont exposées en détail dans le Traité de zootechnie^
et j'y reviens dans mon enseignement chaque fois que j'ai à décrire la
race bovine auvergnate. Il m'a semblé néamoins, en lisant le rapport
dans lequel M. Aujollet a bien voulu me faire l'honneur d'invoquer
mon témoignage en faveur des bœufs auvergnats, comme producteurs
de viande, qu'il ne serait pas inutile de les rappeler. Je souhaite
qu'elles attirent l'attention des lecteurs qui, par situation, s'intéressent
particulièrement à l'amélioration de la population bovine du Cantal,
et qu'elles aient pour effet de diriger leur propagande dans le sens qui,
seul, à mon avis, peut être véritablement efficace, à cause à la fois
de son exactitude et de sa précision. A. Satnson,
Professeur de zoologie et zootechnie a l'Ecole nationale de Gri-
gnon et à l'Institut national agronomique.
L'ASPHODÈLE, CULTURE ET PRODUITS^
L'asphodèle est un genre de plante de la famille des Liliacées, dont
on a voulu faire une famille spéciale sous le nom d'Aspliodélées. Ce
sont des herbes vivaces originaires du midi de l'Europe, et qu'on ren-
contre aussi fréquemment en Algérie. Leurs racines sont fibreuses,
fasciculées, quelquefois tubéreuses. Les tiges sont simples; elles por-
tent des feuilles alternes, linéaires ou triquêtres, ensiformes, subulées,
rectinerves; elles se terminent par des fleurs hermaphrodites, dis-
posées en grappes simples ou ramifiées. Le fruit est une capsule à trois
loges renfermant un petit nombre de graines anguleuses. On en
connaît environ 20 espèces, parmi lesquelles il faut citer :
1° L'asphodèle rameux {Asphodelus ramosus), appelé aussi asphodèle
mâle, asphodèle blanc, lusson, nunon, nunu, bâton royal. Son port,
1. Extrait da Diriiormaire de Variri culture, actiielletnent sons prosse à la libr;iirie HacliPtle ol Cii>.
L'ASPHODÈLE, CULTURE ET PRODUITS. 21
assez remarquable, et ses jolies fleurs, rendent cette plante propre à
rornementation des pelouses, des plates-bandes et des perspectives.
Les feuilles lancéolées, étalées, d'un vert sombre, ont près de 0'".65
de longueur. Les tiges, droites, nues, glabres, peu rameuses, s'élèvent
d'environ 1 mètre, portant en mai plusieurs épis de fleurs nom-
breuses, blanches, ouvertes en étoile, dont les divisions sont marquées
de lignes roussâtres. Le fruit est globuleux, vert, luisant et de la
grosseur d'une cerise. Les racines, tuberculeuses (fig. 1), sont gorgées
d'une substance amyloïde analogue à l'inuline, qui est assez abon-
dante, de telle sorte qu'on a proposé de cultiver cette plante pour la
production de l'alcool. D'après une expérience faite en Algérie, le
poids moyen d'un pied serait de 3^.5; par le râpage et la pression des
tubercules frais; on obtiendrait 86 peur 100 de jus et 14 pour 100 de
pulpe. Le jus fermenterait facilement, et, par la distillation, fournirait
Fig. 1. — Racines de l'asphodèle tubéreux.
une quantité d'alcool à 100 degrés correspondante à 4 litres 68 par
100 kilog. de tubercules. L'auteur de l'expérience ne dit pas s'il a dû
transformer en sucre la substance amyloïde par une action chimique
préalable. Dans tous les cas, les résultats ne sont plus les mêmes
quand on examine les racines qui ont vieilli; elles donnent alors, si
on les pulvérise, une farine que l'on utilise pour une faire une sorte
de pain, et qui peut aussi servir à faire une colle presque aussi bonne,
dit-on, que celle faite avec de la farine de céréales. Les racines fraî-
ches contiennent un principe acre qui disparaît par la dessiccation ; les;
anciens s'en servaient en tisanes contre la toux, contre les convul-
sions, et comme diurétiques et euiménagogues. Tous les terrains
sains, mais surtout les terrains calcaires, lui conviennent. On sème
d'avril en juin en pots; on repique le plant en pots, et on le met en
place au printemps. Mais par ce système, il faut plusieurs années
pour que les plantes soient en état de fleurir; aussi en fait-on le plu^
souvent la multiplication par œilletons munis de racines que l'on
sépare au printemps de vieilles souches et que l'on plante avec un
écartement de 0"\50.
22 L'ASPHODÈLE, CULTURE ET PRODUITS.
2° L'asphodèle jaune (Affphodelus /w^ews), appelé aussi bâton de Jacob
et asphodéline, est une très belle plante pour la décoration desjardins.
La tige en est très feuillée. s'élève environ à I mètre. « Les feuilles,
réfléchies au sommet, disent MM. Vilmorin-Andrieux, sont jonci-
formes, trigones, sillonnées, dilatées à la base en une membrane
mince qui embrasse la tige, les radicales réunies en touffe. Les fleurs,
jaunes, géminées à l'aisselle de bractées fauves, plus longues que les
pédicelles, forment un épi assez serré, long de G''\20 àC".40; elles
paraissent en mai-juin. Cette plante vient à peu près sans soin dans
presque toutes les natures de sol ; ses toufi'es, qui ne font qu'augmenter
en beauté à mesure qu'elles vieillissent, peuvent rester plusieurs années
à la même place sans avoir besoin d'être renouvelées. » On la cultive
comme la précédente. L'horticulture a obtenu une variété à fleurs
pleines, qui est jolie et a d'ailleurs les mêmes propriétés que l'espèce
d'où elle dérive ; mais elle ne donne pas de graines et ne peut se repro-
duire que par la division des souches. — Les traditions populaires
ont, dès l'antiquité, regardé l'asphodèle comme une plante dont on
devait entourer les tombeaux, les mânes des morts devant «e nourrir
de ses racines. J.-A. Barual,
EMPLOI DU SIILFOCARBONATE CONTRE LE PHYLLOXERA
La puissance du sulfocarbonate de potassium pour combattre le
phylloxéra ressort de plus en plus avec le temps. Ses qualités, à tous
égards, deviennent déplus en plus évidentes, et au lieu d'être, comme
on l'a légèrement avancé, une cause de stérilisation du sol, c'est, au
contraire, une substance d'une très grande fertilité et d'une extrême
puissance sur la végétation, qui peut non seulement combattre effica-
cement la maladie à tous ses degrés et ramener les vignes les plus
épuisées à la prospérité et les y maintenir ensuite, mais qui exerce
encore une action fort remarquable sur la fructification de la vigne
qui est plus abondante, moins exposée à la coulure et donne finale-
ment des raisins plus gros et mieux nourris.
Ces faits, qui sont le fruit de près de dix années d'observations de
notre part, doivent être considérés comme assez bien établis pour
([ue l'on prenne de plus en plus confiances dans ce remède dont la
découverte ne peut être considérée autrement que comm.e un trait de
génie de la part de son promoteur, M, J.-B. Dumas, tant il possède
les qualités voulues pour ce à quoi il est destiné., lesquelles qualités
lui assurent de beaucoup le premier rang parmi tous les remèdes
proposés pour combattre la terrible maladie de la vigne.
C'est aussi ce que comprennent tous les viticulteurs du Médoc qui
en ont aujourd'hui adopté définitivement l'emploi, pour ainsi dire
à l'exclusion de tous autres, et ce que commencent à faire également
les viticulteurs du Midi auxquels il convient encore mieux par la
nature du climat, les conséquences de son emploi et les hauts revenus
de la vigne dans cette région.
Néanmoins, en présence de la puissante action du phylloxéra sur
la vigne, la culture de celle-ci devra être désormais intensive, c'est-
à-dire à gros revenus, afin de pouvoir supporter des frais de traite-
ment et de culture de toutes sortes, et être faite dans les sols les plus
fertiles et les plus aptes à la défense, tels que sol frais profond, et
EMPLOI DU SULFOCARBONATE CONTRE LE PHYLLOXER A. 23
autant que possible de nature siliceuse. Les traitements au sulfocar-
bonate, quoique parfaitement efficaces, sont cependant avantageuse-
ment secondés par les fumures riches et rapidement assimilables.
Dès que l'on se voit directement menacé de l'invasion phylloxérique,
ou tout au moins dès que l'insecte a été rencontré, par des recherches,
ou que ses moindres effets se sont manifestés, il ne faut pas hésiter,
il faut immédiatement soumettre le vignoble à un traitement régulier
et intégral. Il ne faut jamais perdre de vue que lorsque le mal apparaît
extérieurement, c'est quil est fait.
En agissant ainsi : on retardera l'invasion générale du vignoble, le
prix du traitement sera le plus faible possible, il ny aura pas d' interrup-
tion dans la récolte., qui sera même plus belle ^ et l'on aura des revenus
pour payer le remède ; tandis que si l'on attend pour commencer les
opérations de défense, que tout le vignoble soit envahi, tout parsemé
dé taches, ou même uniformément affaibli, les traitements coûteront
plus cher, parce quil faudra plus de mlfocarbonate^^plus d^ engrais., plus
de soins, et peut-être deux opéralions dans Vannée ; il y aura interrup-
tion dans la récolte et pas de revenu ouun revenu insuffisant pour couvrir
les frais.
Le procédé qui consiste à ne traiter que les taches, au fur et à mesure
qu'elles apparaissent, est aussi on ne peut plus funeste parce que l'on
s'expose sûrement à laisser tomber le vignoble et à dépenser beaucoup
en pure perte ; c'est vouloir toujours courir après le mal au lieu de
lui couper chemin, ou vouloir poursuivre son ombre.
Les effets du fléau étant rapidement devenus désastreux, il faut
savoir prendre une résolution assez à temps et ne pas malheureuse-
ment, comme beaucoup de propriétaires le font, vouloir voir trop
longtemps; il faut s'informer et agir et se dire qu'il est préférable
de tenter quelque chose que d'avoir plus tard le regret de n'avoir
rien fait, ce qui est finalement bien plus coûteux que plusieurs sulfo-
carbonatages.
D'ailleurs, grâce au prix élevé du vin, la culture de la vigne étant
très rémunératrice et le sulfocarbonate étant un remède d'une effica-
cité certaine, ce serait vouloir se laisser ruiner bénévolement que
d'abandonner son vignoble sans y porter secours.
P. MOUILLEFERT,
Professeur à l'École nationale d'agriculture de Grignon
ALAMBICS DU SYSTÈiME VALYN
Le travail de la distillation dans les habitations, pour les faibles
quantités de boissons alcooliques, pour les essences de plantes, etc.,
se fait assez difficilement, parce que les appareils que Ton peut em-
ployer sont de trop petite dimension, ou qu'ils coûtent trop cher, aus-
sitôt que les quantités qu'ils peuvent travailler atteignent quelques
litres.
Les alambics du système Valyn, qui sont vendus par M. Broquet,
constructeur à Paris, sont des appareils qui peuvent satisfaire à ce
besoin. Ces alambics sont construits d'après les mêmes principes que
ceux qui servent aux grandes distillations; ils contiennent les mêmes
organes, disposés de manière à occuper peu de place et à ne pas exi-
ger de grandes dépenses de matériel.
24
ALAMBir.S DU SYSTÈME VALYN.
Le petit modèle est représenté par la fig. 2; il coûte 50 fr. On voit
qu'il est chauffé par une petite lampe à essence ou à alcool. La chau-
dière est naturellement placée au-dessus, et les vapeurs s'échappent
par un tuyau qui les conduit dans le serpentin réfrigérant placé au-
dessous de la lampe.
Dans le grand modèle, dont la chaudière doit être placée sur' un
fourneau, la disposition ne peut plus être la même ; le serpentin do-
Felil modèle de ralainbic Vaiyn.
Grand modèle de l'alambic Valyn.
mine l'appareil, ainsi que le montre la fig. 3. Avec cet appareil, on
peut distiller à feu nu ou au bain-marie ; il peut contenir 1 2 à 15 litres
du liquide à distiller. Le prix varie depuis 75 jusquà 150 fr. et au-
dessus, suivant les dimensions qu'on lui donne. L. de Sardriac.
LES REPRODUCTEURS AU CONCOURS DE PARIS
Réponse à M. A. Tiersonnier et à M. le marquis de Poncins.
Je viens, un peu tardivement, répondre à quelques points des
articles publiés dans les numéros du 10 et du 17 mars de ce Journal^
par nos honorables amis MM. Tiersonnier et de Poncins, articles atta-
quant non seulement mes opinions, mais j'ai le regret de le constater,
mon humble personne. Tout ce qui se produit en public est sujet à la
critique, et moi, homme déplume, je serais bien mal venu de me for-
maliser des contradictions que mes opinions peuvent soulever. Au con-
traire, c'est de la discussion que jaillit la lumière ; mais la discussion
ne peut être salutaire et féconde qu'à une seule condition, c'est que les
discutants se renferment strictement dans le sujet et n'aient point
recours aux personnalités. J'arrive d'un long voyage en Angleterre, et
ce n'est qu'il y a deux jours que j'ai pu prendre connaissance des
articles en question. Ceci expliquera le délai dans ma réponse.
A M. le marquis de Poncins qui a développé ses arguments avec
beaucoup de mesure, je n'ai qu'un reproche à faire, c'est qu'il ait
jugé à propos de me donner une leçon de politesse la plus vulgaire,
dont rien ne saurait justifier ni l'opportunité ni la convenance. M. de
Poncins semble ignorer que la politesse est un acte extérieur qui ne
LES ANIMAUX REPRODUCTEUBS AU CONCOURS DE PARIS. 25
s'adresse qu'aux individus et non au\ sociétés, aux cprps constitués et
aux assemblées publiques. Il y a bien ce que l'on appelle le langage
parlementaire, mais ceci, non plus, ne s'applique qu'aux individus
préopinant's et non à l'assemblée tout entière. En disant que la trou-
vaille de la Société des agriculteurs de France au sujet des primes
d'étalonnage est absurde, ridicule et inutile, ces épithètes ne s'appli-
quaient qu'à la mesure que mes contradicteurs semblent considérer
comme un trait de génie, et que je m'obstine à regarder comme
absurde, ridicule et inutile. En vérité, j'étais bien loin de penser qu'il
pût entrer dans l'esprit de personne que j'appliquais ces qualificatifs,
soit à la Société en général, soit aux personnes dignes d'égards et de
respect qui la composent. Certes M. le marquis de Poncins n'a pas
sans doute la prétention d'affirmer que la Société des agriculteurs de
France, ni même son Conseil et ses Commissions soient investis de la
prérogative de l'infaillibilité, et cependant il l'insinue, en parlant de
ses délibérations, faites par des gens sérieux et de l'adhésion de l'as-
semblée générale, etc. Vous êtes trop absolu dans votre confiance,
Monsieur le marquis. Les assemblées d'hommes, même les plus res-
pectables, ne sont point à l'abri des erreurs ni des fausses mesures.
Le D*" Desprez nous dénonce même un phénomène de l'insanité, qu'il
nomme la folie du nombre, et constate que des hommes qui, pris indi-
viduellement, jouissent de toutes leurs facultés mentales, de toutes les
prérogatives de leur intelligence et de leur jugement, et qui peuvent
fort bien, une fois réunis en assemblée, être atteints de cette aberration
dont il parle et promulguer les choses les plus stupéfiantes. L'histoire
même la plus contemporaine ne nous offre-t-elle pas de nombreux
exemples de cette insanité du nombre'^ Loin de moi la pensée d'appli-
quer cette observation à la Société des agriculteurs de France. Je suis
l'un des plus anciens membres-fondateurs de cette Société, à laquelle
j'ai l'honneur d'appartenir depuis sa fondation, et certes je ne lô cède à
personne pour le respect, les égards et la considération que m'inspirent
le caractère, la position de la plupart de ses membres, et la haute intel-
ligence qui les distingue; je ne rappelle la théorie du D*" Desprez que
pour prouver que les assemblées humaines n'ont point la prérogative
d'infaillibilité que M. le marquis de Poncins prête si complaisamment
à la Société des agriculteurs de France. L'accusation de manque de
politesse 7nêine la plus vulgaire qu'il me lance si injustement n'est
donc qu'un trait inoffensif, teluin imbelle^ qui tombe à mes pieds sans
m'atteindre.
Mais, nous dit M. de Poncins, le Comice de Montbrison, et à ce sujet
il cite les noms les plus respectables et les plus justement respectés, —
a décidé qu'il donnerait des primes d'étalonnage. Ce n'est point là
un argument. A ce compte, nous pourrons apprendre demain que le
Comice de Concarneau en a fait autant, et alors nous n'aurons plus qu'à
nous prosterner et à adorer en silence : les oracles auront parlé et la
critique n'est plus permise. Quant à moi, je déclare que je n'éprouve
point ce fétichisme pour les délibérations des Sociétés quelles qu'elles
soient, bien que j'aie le plus grand respect pour tout ce qui est res-
pectable ici-bas. Qu'un Comice, restreint dans son action par les limites
étroites de sa circonscription, offre ces primes à ses sociétaires comme
moyen d'encouragement, cela se conçoit ; mais qu'une grande Société,
comme celle des agriculteurs de France, voulant manifester son
26 LES ANIMAUX REPRODUCTEURS AU CONCOURS DE PARIS.
influence en frappant un grand coup, aboutisse à l'application de cette
mesure puérile, à l'élevage de la France entière^ j'avoue que cela me
semble stupéfiant et je persiste à penser, sans être coupable du
manque de la politesse la plus vulgaire envers les membres de cette
excellente institution, qu'elle a manqué une belle occasion de s'abstenir
et de rester dans l'inaction qui semble être une des conditions de son
existence.
Maintenant j'arrive à M. Tiersonnier que je croyais plus calme et
moins sujet à s'emporter. Je laisse de côté la partie de ses articles qui
traitent du sujet en discussion. De même que M. de Poncins et presque
dans les mômes termes, il développe ses idées avec beaucoup de force
et de logique. A cela je n'ai rien à dire. Le public a sous les yeux les
deux côtés de la question et il est à même de juger. Mais lorsque
M. Tiersonnier, sortant de ce terrain de discussion légitime, s'oublie
au point de m'attaquer personnellement en m'attribuant de la façon
la plus gratuite des prétentions que je n'ai point et que je n'ai jamais
eues, il dépasse les bornes d'une discussion loyale et aboutit à des
insinuations contre un bomme qui ne lui a jamais témoigné autre
chose que la plus haute estime et les sentiments les p]us affectueux.
M. Tiersonnier, se formalisant de l'opinion que j'ai franchement
formulée, que les taureaux durham, exposés au dernier concours,
étaient fort médiocres, à quelques exceptions près, — ce qui est
parfaitement vrai, et je maintiens mon dire de la façon la plus abso-
lue, — s'écrie avec une pointe de sarcasme et de perfidie dont je
n'aurais jamais cru capable un homme aussi naturellement bon, bien-
veillant et serviable que M. Tiersonnier : « Il est très possible qu'ils
(les taureaux exposés) fussent loin d'approcher ceux qu'il (M. de la
Tréhonnais) importe d'Angleterre, ou qu'il élève dans son domaine de
Saron ; mais dans ce cas, je regrette vivement (et ce sentiment sera,
j'en suis sûr, partagé par tous les intéressés) que M. de la Tréhonnais
n'ait pas exposé lui-même quelques-uns de ces magnifiques spécimens
qui lui donnent le droit de critiquer ceux des autres d'une manière
absolue. Quelle utile leçon pour l'élevage français qui aurait vu
alors ce qu'il fallait faire et comment il fallait le faire! » Puis M. Tier-
sonnier, toujours sur le môme ton d'ironie et de sarcasme, continue :
« M. de la Tréhonnais, dit-il, vend des animaux, il fait même fréquem-
ment insérer dans le Journal de l'agriculture des annonces qui se ter-
minent par la mention « œuvre ^e propagande. » Le triomphe écla-
tant d'animaux présentés par M. de la Tréhonnais eût été, ce me
semble, mieux qu'une annonce de journal, une œuvre de propagande
par excellence, d'après ce principe, que s'il est bon d'enseigner les
hommes par la plume et la parole, il est encore mieux de les ensei-
gner par l'exemple. »
Yoilà comment se termine cette aimable communication. In caudâ
veneîium. Pour que tout ce beau raisonnement ei'it quelque valeur, il fau-
drait j cher monsieur Tiersonnier, que vous puissiez citer une seule parole
de mes conversations^ un seul mot de mes écrits, pouvant établir clai-
rement et succinctement la position de détracteurjaloux et d'instructeur
que vous m'attribuez si gratuitement. Où, quand et comment ai-je jamais
prétendu que mes animaux soit importés d'Angleterre, soit élevés à
Saron, sont supérieurs à ceux de qui que ce soit? C'est tout simple-
ment une supposition sur laquelle vous avez voulu asseoir votre argu-
LES ANIMAUX REPRODUCTEURS AU CONCOURS DE PARIïi, !27
menium ad hominem, au moyen duquel vous avez voulu m'accabler.
Vous dites que vous regrettez vivement que je n'expose pas mes ani-
maux dans les concours. Comme votre étonneinent me parait naturel,
je vais tout à l'heure vous expliquer pourquoi je n'expose jamais. Il
est bon qu'on sache la raison de mon attitude d'abstention, car s'il
fallait en croire vos insinuations, on pourrait soupçonner que c'est
par crainte d insuccès et par conscience d'infériorité que je n'expose
pas dans les concours.
M. Tiersonnier fait une allusion sarcaslique aux annonces que je
publie dans ce Journal, et il l'ail remarquer, entre guillemets, que
ces annonces se terminent en disant que mon but est une « œuvre de
propagande. » Nous allons voir, par simple rapprochement, comment
M. Tiersonnier et moi comprenons cette œuvre de propagande, car lui,
M. Tiersonnier, a toujours eu recours au moyen qu'il veut bien me
recommander, c'est-à-dire au système des concours. Or, voici quelle est
l'économie de ce système que M. Tiersonnier a pratiqué depuis qu'il
s'occupe d'élevage et d'agriculture. Ce système consiste tout simple-
ment à choisir quelques beaux durhams, à les engraisser outre me-
sure, c'est-à-dire à détruire leur vitalité productive et à les présenter
dans les concours. C'est toute une science que la pratique raisonnée
de ce système. On étudie les programmes de tous les concours régio-
naux, et, comme les règlements permettent de présenter des durhams
dans toutes les circonscriptions, on calcule avec soin quels sont les
concours où il y aura chance de trouver le moins de concurrents, et
quelles sont les catégories qui offrent le moins de risques d'une con-
currence quelconque. Or comme les concours, dans certaines régions,
ont lieu à des intervalles qui varient de quelques jours à un mois, on
a tout le temps de se rendre à plusieurs concours dans la même
année. De cette manière, quand les calculs sont exacts et les mesures
bien prises, on a chance de remporter des honneurs pour flatter sa
vanité, de bonnes et solides primes en argent pour remplir sa bourse,
des médailles d'or, d'argent et de bronze pour orner le médailler du
salon, efdes plaques pour appendre, comme de glorieux trophées, aux
parois des étables. Voilà l'œuvre de propagande que M. Tiersonnier
me conseille et qu'il s'étonne de ne pas me voir adopter, de préférence
à l'annonce dans un journal, {)arce que c'est le. seul qu'il ait suivi lui-
même et que, paraît-il, il s'en est très bien trouvé. Sachez bien, mon-
sieur Tiersonn^ier, que ce n'est point un reproche que je vous fais, encore
moins un blâme que je vous inflige, c'est tout simplement un fait que
je constate. De même que je ne vous conteste pas la liberté de suivre
en cela votre système, je pense que vous ne contesterez pas non plus
la mienne d'en suivre un autre qui me semble, à tort ou à raison, bien
mieux adapté à mon œuvre de propagande. Moi, je n'expose jamais,
et cela pour les raisons suivantes :
1° C'est un moyen de réclame fort coûteux dont je n'ai pas besoin,
et, à ce propos, malgré nos sarcasmes sur mes durhams de Saron, je
puis vous dire que si je me décidais jamais à courir les expositions, je
suis à même de le faire avec au moins autant de succès que les plus
heureux; 2° je tiens trop à obtenir des produits de mes reproducteurs
mâles et femelles pour sacrifier les plus beaux et les meilleurs en vue
des concours; 3° parce qu'en produisant beaucoup de veaux, cela me
permet de poursuivre cette œuvre de propagande dont vous semblez
28 LES ANIMAUX REPRODUGTEUHS AU CONCOURS DE PARIS.
VOUS moquer, laquelle consiste à pouvoir livrer au\ Comices et aux
cultivateurs peu aisés, de bOxTS reproducteurs, à des prix abordables
pour leurs moyens pécuniaires.
11 n'y a guère que cinq ans que j'ai commencé la fondation de mon
troupeau actuel où je me suis efforcé de réunir les meilleures vaches
laitières de la race duriiam, en achetant, à n'importe quel prix, les
vaches primées dans les concours laitiers. 11 ne m'est donc pas encore
possible de produire des résultats bien frappants du succès de mon
oeuvre de propagande. Ma»s en dehors des ventes nombreuses que j'ai
faites à l'exportation, j'ai pu livrer à plusieurs Comices et à un assez
grand nombre de cultivateurs, et cela à des prix minimes, des repro-
ducteurs dont ils sont on ne peut plus satisfaits. Je puis assurer
M. Tiersonnier que j'estime les témoignages de satisfaction que je
reçois dès à présent de tous mes clients, bien au-dessus des récom-
penses que, si je le voulais, je pourrais obtenir dans les concours.
Voilà comment je comprends mon œuvre de propagande. M. Tierson-
nier peut montrer à ses amis un médailler bien garni et ses écuries
tapissées de plaques indiquant les prix qu'il a obtenus. Moi, je puis
montrer les nombreuses lettres que je reçois de ceux à qui j'ai fourni
des reproducteurs. Pour l'édifier à cet égard, je prends la liberté d'en
transcrire une ici, non parce que 'c'est la plus satisfaisante, mais parce
que c'est la plus récente. Cette lettre est datée du 19 mars, et je l'ai
reçue avant hier seulement; elle est écrite par un éleveur alsacien qui,
il y a quelque temps, m'avait envoyé son frère, ne pouvant venir lui-
même, m'acheter deux jeunes génisses et un jeune taureau.
Le 19 mars 1883.
« Cher monsieur et ami, j'ai, à mon grand plaisir, à vous donner les meil-
leures nouvelles des animaux de pure race durham que vous m'avez cédés.
La génisse Nymphe de Saron a vêlé il y a trois mois ; elle a donné pendant le
premier mois 14 litres de lait par jour (à son premier veau), et après trois mois,
elle en donna 12 et demi. J'ai quelques bêtes pures aussi Jjonnes, aucune
supérieure.
ce Vous me connaissez ; vous avez vu. Je ne suis pas un faiseur comme certains
qui écrivent que les durhams ne donnent pas de lait. Souvent ces gens-là n'en
ont pas vu de durhams.
a Le taureau Prince de Saron est d'une grande finesse, d'une santé splendide,
très prolifique. Quant à Princesse de Saron, vous l'avez dit : c'est une perle; elle
devient chaque jour plus -belle. Elle vêlera d'ici à trois mois et demi. Mon
frère et moi, nous tenons soixante têtes de bétail; nous éliminons tout ce qui
n'est pas pur durham. Nous avons le lait pour objectif et le vendons 0 fr. 20 le
litre.
« Mes bœufs durhams purs travaillent tous les jours douze heures, et sont
gras à pleine peau. A Gumbach, nous avons des hollandaises splendides.
« Depuis qu'il y a des durhams, voici ce que me dit le vacher : les durhams
mangent bien moins, donnent presque autant de lait qui est bien meilleur. De
plus, les durhams ne deviennent, bien que donnant beaucoup de lait, jamais
aussi maigres; je n'en désire d'autres que des durhams.
« A la iiâte,etbien à vous d'estime affectueuse, X. »
Je ne nomme pas notre correspondant parce que je n'ai point sa
permission. Mais je n'ai pu résister à publier sa lettre, laquelle
démontre, par des faits, la nature et l'objet de mon œuvre de pro-
pagande.
Dernièrement j'ai livré un assez grand nombre de taureaux dans mes
environs, dans le centre, le sud-est et le midi de la France, à des
prix forts réduits, et je ne reçois que des lettres dans le genre de celles
LES ANIMAUX REPRODUCTEURS AU CONCOURS DE PARIS, 29
que je vitjns do transcrire. Voilà comment je comprends mon rôle de
propaj^ateur et comment je l'accomplis. D'ailleurs mes animaux sont
accessibles à tous ceux qui me font l'honneur de me visiter à Saron,
et les visiteurs sont nombreux ; il en vient de l'étranger et de toutes
les parties de la France. Mon ami, M. Tiersonnier lui-même, m'a
promis de venir me voir ce printemps, et je compte biea sur sa visite.
Il verra si mon triomphe, bien qu'il ne se produise pas au grand jour
des expositions publiques, n'en est pas moins éclatant et surtout
utile, ce qui est préférable.
Dans une autre partie de son article, M. Tiersonnier parle de
patriotisme, qui, selon lui, consiste à faire croire aux éleveurs fran-
çais que tout ce qu'ils possèdent et tout ce qu'ils font est ce qu'il y
"a de mieux dans le meilleur des mondes possibles. Pour moi, cette
espèce de patriotisme est tout simplement un chauvinisme trompeur
et funeste. C'est comme cela qu'on arrête le progrès. M. Tiersonnier,
qui a voyagé en Angleterre, visité les grandes écuries et les grandes
étables, prétend que nos durhams français valent mieux que ceux
qu'on voit en Angleterre; alors, monsieur Tiersonnier, dites-nous
donc d'oi^i viennent les durhams que nous avons en France ? et si les
nôtres sont si supérieurs, pourquoi les acheteurs s'obstinent-ils à aller
en Angleterre pour acheter des animaux d'élite? Le vrai patriotisme
est une force, et ce que vous préconisez est une faiblesse.
F.-R. DE LA TrÉHONiNAIS.
BIBLIOGRAPHIE AGRICOLE
La lutte contre le phylloxéra^ par J.-A. Barral, secrétaire perpétuel de la Société nationale
d'agriculture. — Un fort volume in- 18 avec 87 gravures intercalées dans le texte. — Librairie
Marpon et Flammarion, rue Racine, 26, à Paris. — Prix : 5 fr.
Nos lecteurs n'ont pas perdu le souvenir de l'éloquente conférence
faite par M. Barrai le 1" avril 1882, à la Société d'encouragement
pour l'industrie nationale, sur le phylloxéra, ses mœurs et les moyens
employés pour lutter contre l'extension de ses ravages. Cette confé-
rence a eu un légitime retentissement; en quelques semaines, la bro-
chure qui en renfermait le texte a été complètement épuisée. Pour
répondre à des désirs réitérés, on a demandé à M. Barral d'en publier
une nouvelle édition, en y ajoutant l'exposé des faits nouveaux et un
grand nombre de documents auxquels il n'avait pu être donné place
dans le cadre restreint d'une conférence. Telle est l'origine du livre
que nous présentons aujourd'hui à nos lecteurs.
La viticulture, on peut même dire l'agriculture, n'a jamais eu à
lutter contre un fléau aussi redoutable que celui qui s'est abattu sur
nos vignobles. De véritables montagnes de papier ont été noircies pour
exposer au monde stupéfait à la fois les malheurs croissants chaque
jour, et les multiples efforts de l'imagination humaine pour les
enrayer, n'aboutissant souvent, hélas ! qu'aux plus amères déceptions.
Mais il n'existait pas encore de livre donnant à la fois des indications
précises sur les mœurs de l'insecte, sur les progrès que son invasion
a réalisés, sur les procédés divers employés avec succès soit pour le
détruire, soit pour reconstituer les vignobles disparus. C'est à ce
point de vue que le livre de M. Barral peut être considère comme
une œuvre absolument nouvelle, condensant pour les viticulteurs les
résultats des études si nombreuses qui ont été laites sur ce sujet depuis
30 BIBLIOGRAPHIE AGRICOLE.
tantôt quinze ans que M. Paul de Gasparin jeta le premier cr? d'alarme
sur la mort des vignes dans le déparlement de Vaucluse. Le journal,
dans son oeuvre incessamment renouvelée, esl obligé de marcher en
accumulant les documents nouveaux; le livre a l'avantage de pouvoir
résumer les faits recueillis et d'en présenter à l'esprit l'enchaînement
et la masse harmonique, de former un corps de doctrine où rien n'est
plus laissé à l'influence du jour.
La première partie du livre de M. Barrai est la reproduction de la
conférence faite à la Société d'encouragement pour l'industrie natio-
nale; nos lecteurs en ont eu le texte sous les yeux; nous n'insisterons
donc pas. Quant à la deuxième partie, d'une étendue aussi considé-
rable que la première, elle est remplie d'un grand nombre de docu-
ments nouveaux. Nous citerons des notes sur la propagation du
phylloxéra en 1882, sur l'action administrative dans la lutte contre
le fléau, sur Torganisation des syndicats, sur la destruction de
l'œuf d'hiver par les badigeonnages, sur les conditions pratiques dé
l'établissement de la submersion des vignes, sur l'emploi économique
du sulfure de carbone et les charrues sulfureuses, sur le progrès de
l'emploi des sulfocarbonates, sur la greffe de la vigne, sur les pépi-
nières et les plantations de cépages américains, etc. On voit que tous
les cotés de la question vitale pour la viticulture nationale sont
abordés. Quant à la manière dont ils sont traités, à la méthode et à
l'exposition, on comprendra que nous n'ayons pas à insister ici; le
directeur du Journal de l'agriculture est trop connu et trop aimé de
tous ses lecteurs, pour que nous prenions la liberté de le leur pré-
senter et d'apprécier l'autorité avec laquelle il leur parle.
Souvent, nous avons entendu émettre le regret qu'il n'y eût pas
de livre écrit spécialement en vue des viticulteurs, pour leur faire
connaître le phylloxéra et les phases de la lutte soutenue contre ses
ravages, se tenant en dehors à la fois des discussions scientifiques
abstraites et des polémiques irritantes, exposant les faits avec clarté,
propre, en un mot, à servir de guide dans la pratique. Nous estimons
que le livre de M. Barrai comble cette lacune, et c'est pourquoi on lui
sera reconnaissant de le donner au public intéressé, dont le nombre
s'accroît malheureusement chaque jour. Henry Sagnier.
EXPOSITION PRINTANIERE DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE
D'HORTICULTURE
Que de monde la semaine dernière à l'exposition des Charaps-Ëly-
Bées î C'est un véritable succès, et l'on est heureux de voir que l'œuvre
de vulgarisation entreprise par la Société centrale suit une marche
progressive du meilleur augure. Il n'y a pas à dire, le goût est aux
fleurs, il est à l'horticulture tout entière, et c'est à l'heureuse inlluence
de la Société, c'est au talent et à l'activité de son éminent président
M. Lavallée, et aussi à son administration qu'on le doit.
Dès que mercredi 28 mars, le pavillon eut ouvert ses portes, une
foule compacte n'a cessé de visiter cette attrayante exposition et avec
tant d'empressement qu'il fallait faire queue pour pouvoir entrer. En
vérité, la foule avait bien raison, car tout était charmant dans ce
temple de l'horticulture. Quel contraste avec le dehors où les gelées
obstinées continuent à empêcher les arbres de montrer la moindre
EXPOSITION d'horticulture DE PARIS. 31
feuille sans qu'elle devienne victime du froid. A l'intérieur tout est en
fleur, et l'on ne se douterait pas que nous venons de traverser l'hiver
le plus désagréable qu'il soit possible d'imaginer. Depuis plusieurs
jours, les organisateurs de l'exposition étaient sous l'empire de craintes
vives, car les dernières gelées survenues si inopinément faisaient appré-
hender des défections nombreuses; mais celles-ci restèrent rares et les
grands établissements ont malgré tout envoyé de beaux produits.
La disposition adoptée avait été celle d'une sorte de jardin paysager
avec des pelouses vallonnées toutes couvertes de corbeilles de dimen-
sions variables, occupées par les fleurs. Ce qui frappait dès l'entrée,
c'était la masse fleurie des azalées et des rhododendrons. Trois grandes
maisons de Versailles, Truffaut, Moser et Royer, se sont partagé les
récompenses décernées à ces plantes aussi intéressantes par leur flori-
bundité remarquable que par la diversité extrême de leur coloris.
En dehors de ces Azalées de l'Inde dont je viens de parler, la maison
Moser avait réuni en une grande corbeille toute une collection des
Azalea mollis, plante des plus charmantes dans laquelle on commence
à distinguer des colorations fort agréables. Encore un peu, et cette
intéressante espèce, qui jouit de l'avantage précieux de résister à nos
hivers sans abri, sera représentée par une diversité de coloris sem-
blable à celle des Azalées de serre. Il faut signaler parmi ces plantes
de plein air, V Alazea amama au port trapu, compact, et aux fleurs
excessivement abondantes d'un rose éclatant.
La maison Vilmorin a envoyé beaucoup de bien belles plantes. Et
d'abord des Cinéraires d'une perfection absolue : port correct, coloris
vif et net, dimension énorme des fleurs, tout se trouve réuni chez ces
plantes dignes des plus grands éloges. Pais des Calcéolaires hybrides;
ce sont des primeurs en cette saison, et cependant les individus pré-
sentés étaient d'une correction parfaite. Enfin une collection fort
belle de Jacinthes en cent variétés dans laquelle les meilleurs coloris
étaient représentés. La coloration la plus nouvelle, et par suite la plus
recherchée, c'est le rouge violacé de tons divers.
Un petit lot composé d'une soixantaine de plantes au plus, attirait
dès l'entrée l'attention des visiteurs qui ne manquaient pas tous, les
uns après les autres, d'aller lui rendre visite : c'étaient des Orchidées
présentées par M. Bleu qui, seul, avait osé sortir ces plantes si aimées
du public des serres chaudes où elles avaient été cultivées. C'est du
dévouement de la part de M. Bleu, car ces plantes représentent
une somme d'argent considérable, et le froid de la semaine dernière
aurait bien pu les faire souffrir, et c'eût été dommage, car toutes
étaient couvertes de ces fleurs charmantes et bizarres dont cette famille
nous présente tant d'exemples.
Je citerai encore, parmi les lots nombreux qui remplissaient l'expo-
sition, ceux de M. Lévêque qui, bien qu il soit hors concours, ne cesse
néanmoins d'envoyer un nombre prodigieux de plantes; c est à lui
qu'appartenaient les deux magnifiques corbeilles de roses forcées,
placées près de l'entrée, et plusieurs grands massifs de camélias.
On ne saurait trop savoir gré à cet intelligent horticulteur de contri-
buer ainsi, pour une aussi large part, à l'éclat des expositions de la
Société.
Les légumes, eux aussi, étaient admis à ce concours, mais l'on
n'en comptait qu'un nombre fort restreint de lots. Les horticulteurs
32 EXPOSITION D HORTICULTJRE DE PARIS.
maraîchers aiment peu à exposer, et cela s'explique en partie; d'abord
leurs produits, en cette saison, coûtent fort cher, et quelques jours
passés à l'exposition suffisent pour en détruire toute la qualité et les
rendre invendables, d'où perte sèche qui ne peut même être compen-
sée par la récompense accordée, puisque les premiers prix sont des
tinés à des lots variés de légumes et non à un seul, quelque bien
cultivé qu'il soit; or il est rare que les maraîchers de profession cul-
tivent plus de deux ou trois sortes de légumes en même temps. Et puis
enfin, une des raisons principales, c'est que l'Algérie et le Midi com-
mencent, grâce aux chemins de fer, à créer aux jardiniers des envi-
rons de Pans une concurrence énorme. Ils ne peuvent plus, quand il
leur faut payer leur fumier de couche 4 et 5 fr. le mètre cube, four-
nir des légumes capables de rivaliser avec les produits algériens.
Est-ce à dire pour cela que la culture maraîchère soit amenée fatale-
ment à disparaître? Je ne le pense pas; car les maraîchers se préoc-
cupent chaque jour davantage de l'adaption du thermosiphon à leur
culture.
C'est là que se trouve l'avenir de la culture maraîchère des environs
de Paris; pour ce qui est de la culture sur couche, elle ne pourra
plus être pratiquée que par les producteurs de fumiers eux-mêmes.
Je me réserve de revenir un jour rsur ce sujet, et de montrer comme
quoi les agriculteurs en viendront forcément à faire passer leurs
fumiers par les couches où toute la chaleur sera utilisée, et où le
fumier acquiert la même richesse que mis en plate-forme.
.Malgré tout, il y avait au concours quelquas lots dont il convient
de dire un mot. C'étaient d'abord de très belles fraises d'une culture
hors ligne, envoyées par M. Dubois, à Châtenay (Saine), puis un lot
de légumes forcés, présentés par M. Dagneau, à Nogent-sur-Seine,
composé de pommes de terre nouvelles, de haricots et de salades
d'une très belle venue.
En somme, malgré le temps qui lui a été si contraire, cette exposi-
tion qui, pour la première ibis, a lieu au pavillon de la Ville, a été
accueillie avec une grande faveur par le public parisien. C'est un en-
couragement pour l'avenir; aux proportions que tendent à prendre
désormais ces fêtes de l'horticulture, nous pouvons nous atleadre à
avoir, au mois de mai, un concours des plus éclatants.
J. Dybowski.
CULTURES DANS LE TARN ET LA HAUTE-GARONNE
Nous traversons une année à données climatériques extrêmes. Cet excès est
défavorable aux productions du sol , soit à celles qui déjà y ont pris place, soit au
bon ensemencement de celles que nous ne lui confions qu'au retour du beau temps.
Nos blés sont dans d'assez bonnes conditions, dans les sols bien assainis, pro-
fondément labourés, et dans les terres calcaires, même légères.
Il y a eu cependant, cesjours passés, un léger désappointement chez quelques
cultivateurs. Pendant nos mois de pluies non discontinues, on voyait nos embla-
vures verdir, le tapis vég-étal très uniforme satisfaisait l'œil. Lorsque vers la mi-
février la chaleur, le soleil etle vent eurent desséché nos champs, quelques ])ieds de
blé jaunirent, et disparurent; ils s'étaient soutenus jusque-là dans cet état de vie
apparente, grâce à l'atmosphère tiède et humide qui les avait baignés, mais ils
étaient sans racines ou à peu près; il a suffi du hàle de quelques jours pour nous
faire connaître leur peu de vigueur. Les survivants seront-ils plus robustes dans
ces terres lavées à l'excès, comment le tallagc pourra-il s'effectuer dans ces con-
ditions de sol appauvri?
CULTURES DANS LE TARN ET LA HAUTE-GARONNE. 33
Ceux qui ont leurs emblaves de blé efl'ectuées sont très fortunés. Il y a des
contrées à sols argileux, qui n'ont reçu que de lointains marnages, ou chaulages,
pas drainés, légèrement labourés. Là le mal est grand, irréparable; les blés semés
croupissent dans l'eau, leur végétation n'a pas fait un pas, l'eau ruisselle à la
surface ; à peine a-t-elle disparu qu'une chute nouvelle vient de nouveau arrêter
tout effort de végétation. Les herbes nuisibles seules, qui ne redoutent pas cet état
marécageux, prennent possession du sol. Il sera difficile de les déloger.
A côté de ces emblaves à rendement incertain, il y a des champs qui ne
purent recevoir la semence ; le bouvier fut chassé du champ par la pluie; il n'a pu
y rentrer.
On a beaucoup parlé de blés de printemps ; leur réussite est très rare dans nos
contrées; nous passons sans transition dune température diurne de 15" à celle
de 25° et 28° ; les blés à l'état laiteux ne résistent pas à cette insolation.
Il est des céréales, l'orge surtout, et une variété plus rapide que les autres, qui
eîit pu réparer le mal, qui le pourrait encore à la condition toutelois d'aller cher-
cher la semence dans les régions où la rigueur du climat contraint la céréale
à une rapidité d'allure végétale qu'elle conserve dans son habitat nouveau pendant
un ou deux ans.
Des expériences curieuses, utiles, racontées dans un mémoire de M. Tisserand,
directeur de l'agriculture, tracent la marche à suivre pour tout agriculteur, sou-
cieux d'utiliser son sol, de montrer son adresse à lutter contre l'inclémence du
temps.
Cette activité, cette sagacité manque peut-être un peu dans nos régions. Jai vu
des cultivateurs acheter 10 kilog. de cette céréale à véajétation rapide dans l'espoir
d'avoir dans quelques années la quantité de graines voulue pour faire une emblave.
Ils sont plus en retard que leurs cultures.
A côté de ces travaux exceptionnels, difficiles à exécuter, nous trouvons encore
mêmes embarras pour nos cultures courantes : nos terres à maïs, à pommes de
terre, à légumes divers, labourées avec un sol à moitié ressuyé, sont sans cesse
arrosées. Gomment compter sur une récolte confiée à des champs qui sont à
l'état boueux depuis novembre! Que de données favorables ne faut-il pas accu-
muler sur ces cultures pour en attendre un rendement rémunérateur .
Les travaux sont si en retard que nos bœufs de travail se vendent bien, mal-
gré le vide de nos granges ; il est à craindre que nos foires et marchés ne
perdent bientôt cette animation qui nousfait unmoment illusion sur notre situation
agricole. Dupuy-Montbrun,
Professeur d'agriculture du Tarn.
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE
Séance du 4 avril 1883. — • Présidence de M. Dumas.
M. Gréa, lauréat de la prime d'honneur du Jura, écrit pour poser sa
candidature à une place de membre associé dans la Section d'écono-
mie des animaux.
M. Naudin, membre de la Société, envoie une note sur l'importance
de la création de forêts en Algérie, et sur les essences qui peuvent ser-
vir dans ce but, tant pour la montagne que pour la plaine,
M. le secrétaire perpétuel annonce la mort de M. Léon Féret, cor-
respcmdant de la Société.
M. Léo d'Ounous, correspondant, envoie une note sur les plantations
forestières qu'il a effectuées durant Thiver dernier dans î'Ariège.
M. Mouillefert transmet son rapport sur l'application du sulfocarbo-
nate de potassium au traitement des vignes phylloxérées pendant
l'année 1882.
M. Renou fait une communication sur la météoi^ologie du mois de
mars ; il insiste spécialement sur les caractères du refroidissement
qui s'est produit du 10 au 20, et qui s'est étendu sur de vastes sur-
faces, dans la plus grande partie de l'Europe. Cette note sera publiée .
dans h Journal.
3,4 SOCIETE NATIONALE D'AGRIGULTaRE DE FRANGE.
M. de Luçay donne lecture d'un rapport sur une note de M. Alfred
Durand-Claye relative à l'accroissement de la population dans le dépar-
tement de la Seine et dans les parties limitrophes du département de
Seine-et-Oise. A cette occasion, M. Bouley croit utile de faire remarquer
raceroissement de 34 pour 100, constaté par la commune de Genne-
villiers, et il pense qu'une partie notable de cet accroissement doit
être atti'ibuéeà la pratique des irrigations avec les eaux d'égout qui, sans
nuire à l'hygiène de la localité, lui a apporté de grands éléments de
prospérité. M.Raoul Duval, tout en constatant l'importance et la valeur
de ces irrigations, pense que la plus grande part de cet accroissement
est due, au contraire, aux plus grandes facilités de communication
avec Paris et à l'extension de l'industrie à Gennevilliers.
Des observations sont ensuite échangées entre MM. Gareau, Chatin,
Barrai, Chevreul et Dumas, sur l'emploi des eauxd'égout en agriculture.
M. Barrai fait remarquer que le projet qui consiste à déverser toutes
les eaux d'égout de Pa^is sur une étendue de 1 ,400 hectares, dans la
presqu'île de Saint-Germain, ne pourrapas donner les résultats qu'on
en attend, parce qu'il faudrait une surface plus que décuple pour
absorber les 300,000 mètres cubes de liquide qui sortent chaque jour
des égouts de Paris. M. Chevreul insiste sur la lenteur de la destruc-
tion des matières organiques dans le sol, et, rappelant les observa-
tions qu'il a eu l'occasion de faire sur ce sujet, il exprime l'opinion
qu'il faudrait faire de nombreuses expériences afin de se rendre compte
des résultats des infiltrations dans le sol àxts eaux des égouts.
M. Bouquet de la Gruye maintient, au nom de la Section de syl-
viculture, les conclusions du rapport qu'il avait fait précédemment
relativement à une communication de M. de Thiac. M. Boitel fait
remarquer que, dans beaucoup de régions, notamment dans celles
oij les forêts occupent la plus vaste étendue, on pourrait organiser
dans les fermes-écoles et dans les écoles pratiques d'agriculture un
enseignement de sylviculture qui serait fructueux pour la formation
de gardes aptes à rendre des services aux propriétaires de bois.
Après quelques explications données par MM. Chatin et Heuzé pour
appuyer ce que M. Boitel vient de dire sur la difficulté, pour les
propriétaires de bois, de se procurer des gardes, et sur les avantages
que présenterait l'introduction de la sylviculture dans l'enseignement
de quelques fermes-écoles, la Société décide, sur la proposition de
M. Barrai, que le rapport est renvoyé à la Section. M. Dumas fait
observer que, d'une manière générale, le recrutement des établisse-
ments d'enseignement est d'autant plus 'facile que les élèves trou-
vent, à la sortie de ces établissements, une carrière assurée.
Henry Sagnier.
REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT DES DENRÉES AGRICOLES
(7 AVRIL 1883).
I. — Siluation générale.
Les cuitivateurs, que les travaux de la saison retiennenl dans leurs fermes,
fréquentent peu les marchés. Les aSaires sont calmes pour la plupart des denrées
agricoles.
IL — Les grains et les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par quintal métrique,
sur les principaux marchés de la France et de l'étranger :
REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT (7 AVRIL 1883).
1" REGION. — NORD.
Calvados. Condc
— Caen
Côl.-du-Nord. Pontrieux
— ïréguier..
Finistère. MorhUx
— Ouimper
tlle-et-Vilaine. Rennes..
— Hedon
Manches. Avranches...
— Pontorson.. . .
— Villedieu
Mayenne. Laval
— <"h;Uenii-Gonlier..
Morbihan. Hennebont..
Orne. Bellème
— Vinioutiers
Sarlhe. Le Mans
— Sablé .
15.75
17.50
•23.50 » 18. Î5
24 25 ■» 17.50
25. -25 17.25 15.50
"iG.OO » 17.00
Prix moyens 24.64 17.22 n.l'ô
2* RÉGION. — NORD.
Aisne. Soissons 23.70 » »
— Saint-Quentin... 24.00 16.00 »
V llers-Cotterets. 22
Eure. Bernay 25,
— Evreux 23.
— Louviers 23
(Bure-et-Loir. Chartres.. 24.
— Auneau 23.
— Nogent-le-Rotrou. 2(5,
Tford. Cambrai 25.
— Lille 27.
— Valenciennes 26,
Oise. Beauvais 23
— Compiègne 22.
— Senlia 22,
Pas-de-Calnis. Arras. . . 26,
— Doiillens 24,
Seine. Pans 25
'S.-el-Mnr. Mennx 23
— Nemours 23
— Provins 24
S.-et-Oise. Etampes 24
— Pontoise 23,
— Versailles 23,
Seine-Inférieure. Rouen. 24
— Diepi»e 25,
— Fecarap 22,
Sotnme. Amiens 25,
— Péronne 23.
— Roje 22.
Prix moyens 24.
18.00
19.25
19.00
18 00
20.00
18.50
17.50
20.25
19.50
18.00
»
19.00
18.75
19.25
17.25
19.00
17.00
16.50
18.00
18.65
18.50
18.00
17. 50
02 15.04 18.38
SO 14.25
3" RÉGION
Ardennes. Charleville. .
— Sedan
Aube. Troyes
— Méry-sur-Seine . . .
— "Noseiit-snr-Seine.
Marne. Clialons
— Ept-rnay
— Reims
Hie-Marne. St-Dizier...
Meurthe-cl-Mos. Nancy.
— Lunéville
— Toul
Meuse. Bar-le-Duc
— Verdun
Haute-Saône . Gray
Vosges. Neufciiâleau.. . .
— Mirecourt
— « Epinal
Prix moyens
4° RÉGION
Charente. Angouléme...
— RufTec
Char.-Infér. La Rochelle
Deux-Si-wns . Niort
Indre-el- Loire. Bléré
— < hàtoaii-Renault..
Loire-Inf. Nantes
M.-et-Lo^y-. Saumur
— Angers
Vendée. Luçon
— Fofitenay-le-Comte
Vienne. Poitiers
— Cliàtel'erault .'
Haute- Vienne. Lin^oges. .
Prix moyens
— NORD-EST.
23.25 15.00 20.25
23.00 15.50 18.50 :
23.70 14. 80 17.50
23.25 15.20 17.25
24.50 15.00 19.50
23 75 15 75 18.35
2300 15.00 »
22, «0 i4.75 16.75
22.75 14.50 16.50
23.25 15.00 17.50
24.00 15.75 »
23.50 16.00 16.25
23.00 15 00 16.00
23 .50 » 16. 50
23.00 15.00 15.50
23.25 16.00 »
23.50 15.00 17.00 16.50
24.50 16.50 » !6.50
23.42 15.28 17.38 17.28
26.25
26 . 00
2't.OO
24 . 50
25.00
25 00
25.75
25 50
24.75
25.00
24.50
25.50
25.00
26.75
18.50
18.00
15.00
15-50
15.00
14.75
15.25
17.00
18.50
17.00
17.50
19.50
18.50
19.25
17.35
20.00
18 00
13.5 >
18.85
18.50
17 75
20.00
17.2S
17.50
18.00
17.50
19.00
17.50
17.75
19.50
17. 2d
17 00
17.00
1 7 . (K)
19.00
25.25 16.13 18.40 17.94
Allier. Montliiçon.. ..
— Saint-Pourçain ,
— Gannat ,
Cher. Bourges
— Graçay
— Vierzon
Creuse. Aubusson....
Indre. Chàteauroux . .
— Issoudun
— La Châtre
Loiret. Montargis
— Gien
— Pithiviers
L.-el-Cher. Blois
— Montoire
Nièvre. Nevers
— La Charité
Vanne. Brienon
— Tonnerre
— Sens
CENTRE.
lié. Seigle.
fr.
.25 17.00
.00 17.25
.50 »
.00 (11. 50
.25 15.50
.50 15.00
.75 15.20
.20 1 5 . 00
.50 14.50
.55 15.25
.50 15 00
75 15.50
.30 14.60
.25 15.50
.00 15.20
.85 I)
.20 14.25
.00 15.50
.75 13.50
.00 15.00
Prix moyens 24.59 15.07
6" RÉGION. — EST.
.4m. Bourg 25.25 17 00
— Pont-de-Vaux 24.25 16.50
Côle-d'Or. Dijon 22.00 15.00
— Semur 22.00 14.50
Z)ou6s. Besançon 23.50 »
Isère. Bourgom 24.50 14.25
— Vienne 24.25 .16.00
Jura. Dole 22.00 15.15
Loij-e. Monlbrison 24.50 15.50
/*.-de-£>(3me. Clermont-F. 27.00 I7 00
Rhône. Lyon 25.15 14.75
Saône-el- Loire. Chalon . 25.00 16.50
— Autun 23.50 15.50
^ai'o?e. ChGmbéry 26.25 »
Ille-Savoie. Annecy 25.80 »
Prix moyens 24.33 15.64
7' RÉGION. — SUD-OUEST.
Ariège. Foix 26 25 13.00
— Pamiers 24 40 16.30
Dordog7ie. BergerSiC 27.90 17.50
///e-Garoune. Toulouse. 24.25 17.00
— St-Gaudens 25.75 18.00
Gers. Condom 27.25 »
— Eauze 27.00 »
— Mirande 26 50 »
Gtroude. Bordeaux 27.50 »
— Bazas 26.00 18.25
Landes. Dax 28.75 19.00
Lot-et-Garonne. Agen... 27.00 19.25
— Nérac 27.00 19 00
D. -Pyrénées. Ba.yonne.. 28.25 18.70
Htes-Pyrénées. Tarbes.. 27.00 19.00
Prix ;noyens 26.67 18.18
8" RÉGION. — SUD.
Aude. Carcassonne 28.25
— Castelnaudary 28.00
Aveyron. Rodez 24.50
Canlal. Ma.\ina.c 24.65
Corrèie. Luberzac 25.75
Hérault. Bézlers 26.00
— Cette 28.25
/Lo/. C.ihors 27.50
Lozci'c. .\rende 24.05
Pi/réiiees-Of. Perpignan. 27.75
Tara. Castres 27.50
Tarn-et-CVo)\ MontauDan 27.25
Orge.
fr.
1 .S , 00
19.20
17.00
19.25
19.00
19.25
19.00
18.60
18.00
18.50
19 50
17.65
21.00
19.50
16. 80
16.00
18.00
35
Avoine.
fr.
17.00
17.50
18.00
20.50
16.75
19.00
17.50
17.50
17.25
17.50
18.75
18.25
19.10
22.00
17.50
17.25
16.50
18.50
16.75
18.00
13.48 18.06
16.75
19.75
16.75
17.50
15.50
18.00
17.75
18.00
17.25
16.25
15.50
16.75
18.00
17.50
17.25
17.50
»
18.75
18.50
16.75
17.38 17.38
18.00
19.
19.00
19.25
21.00
19.50
20.00
21.00
20.50
22.25
21.50
18.70
20'. 50
»
19.75
20.00
18.94 19.90
18
25
20.50
22 00
18
00
20.00
19.75
17
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21.25
19.00
22
20
»
21.50
18
25
18.25
1S.50
21
00
20.50
29.75
20
00
20.25
20.00
17
80
17.75
18.25
17
35
16.20
17.80
18
10
20.00
25.00
19
75
19-00
19.50
17
.50
19.50
20.00
Prix moyens 26.79 18.8 i
9" RÉGION. — SUD-EST.
Basses-Alpes. Manosque 28.50
Hautes-. Ûpes. Briançon. 23.00 18.25
Alpes-Maritimes. CaMwti 27 . 50
Ardèche. Privas 27 .05
B.-du-Rhône. Arles 28.25
Drôme. Romans 25 . 00
Gard. Nîmes 27.85
Haute-Loire. Brioude... 24. 80
Far. Dra^uignan 28.00
Faucîtise. Carpentras... 27.25
Prix moyens 27.22
Moy. de toute la France 25.21
— de la semaine précéd. 25. 4 1
Sur la semainejHausse. »
précédente.. [Baisse.. 0.20
19.56 20 17
)i
24
00
18
25
19
00
20
75
17
75
18
25
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20
19
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19
00
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18
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16
53
18
W
18
56
16
63
18
31
18
57
0.10 0.02 O.Ol
36 ' REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
Blé. Seigle. Orge. Avoine
fr. fr. fr. fr.
.... »i i blé tendre... 28.50
Algérie. Alger ,,, , nr -,r i^ e« ,„ r«
^ " ( ble dur 2.5. 7.t » 16.50 16.50
Angleterre. Londres 26.00 » 18.75 20.00
Belgique. Anvers 25.00 17.25 17.00 16.25
— Bruxelles 24.75 15.75 » »
— Liège 23.75 16.75 20.50 17.00
— Namur 22.50 15. .^0 20.00 15.00
Pays-Bas. Anislerdam 24.15 16.70 » »
Luxembourg. Luxembourg 24.25 19.00 » 17.25
Alsace-Lorraine. Strasbourg 24.. 50 17.75 17.50 17.25
— Melz 24.00 16. .50 » 17.50
— Mulhouse 22 50 16.25 17.00 17.80
Allemagne. Berlin 23. .50 17.25
— Cologne 24.35 18.10
— Hambourg 23 . 25 16 . 85
Suisse. Genève ; 27 25 » » 21 . 50
Italie. Turin 25.50 19.00 » 18.25
Espagne. Valladolid 25.00 » »
Autriche. Vienne 20.50 • 15.25 15.50 14.50
Hongrie. Budapeslh 21.00 15.50 15.70 14.00
Russie. Sainl-Pétersbourg.. 20.75 14. .50 » 13.25
Etats-Unis. ISew-York 23.95 » » »
Nous sommes dans une période de calme qui se reproduit chaque année à la
même date. Depuis le commencement de mars jusqu'au moment de la moisson,
les marchés sont peu approvisionnés, les cultivateurs n'ayant plus de ventes impor-
tantes à faire; les offres sont donc restreintes partout, et les cours varient dans de
très faibles proportions, à moins qu'il ne survienne des circonstances qui paraissent
devoir influer sur le lésultat définitif de la récolte. Pour le moment, il n'en est
pas ainsi ; les cours se soutiennent sans variations importantes sur le plus g.-'and
nombre des marcliés. Du 1"' août au 31 mars, les Etats-Unis ont expédié en Eu-
rope 31 millions d'hectolitres de blé, dont 22 millions environ pour l'Angleterre;
au 31 mars 1882, il avait été expédié 25 millions d'hectolitres. — A la halle de
Paris, le mercredi 4 avril, il y a eu peu d'affaires ; les prix se sont soutenus aux
taux de la semaine dernière; on cotait de 24 à 26 fr. 50 par 100 kilog. suivant
les qualités, comme précédemment. Au marché des blés à livrer, on cotait :
courant du mois, 25 fr. à 25 fr. 25 ; mai, 25 fr. 50 à 25 fr. 75; juin, 26 fr.; quatre
mois de mai, 26 fr. 25 à 26 Ir. 50 ; juillet et août, 26 fr, 75. — Au Havre., les
blés d'Amérique se vendent facilement de 26 fr. à 27 fr. par quintal métrique
suivant les qualités — A Marseille, les arrivages, très faibles, n'ont été que de
28,000 quintaux depuis huit jours; les ventes sont peu animées ; le stock est de
239,000 quintaux dans les docks. Au dernier jour, on paye : Red-winter,
28 fr. 50 à 28 fr. 75; Berdianska, 27 fr. 50; Marianopoli, 26 fr. 50 à 27 fr. ;
Pologne, 26 fr. à 26 fr. 75; Bessarabie, 24 fr. 50 à 26 fr. ; Salonique, 22 fr. 50
à 23 fr. — A Londres .^ les importations de blés étrangers ont été, depuis huit
Jours, de 93,000 quintaux; il y a peu d'affaires, et les prix demeurent station-
naires. On cote de 24 fr. 60 à 27 fr. 20 par IlO kilog. suivant les qualités et les
provenances.
Farines. — Les ventes sont toujours assez restreintes, et sont limtées aux
stricts besoins de la Jjoulangerie. Eu ce qui concerne les farines de consomma-
tion, on cotait, à Paris, le mercredi 4 avril: marque de Gorbeil, 59 fr. ; marques
de choix, 59 à 61 fr.; premières marques, 57 à 58 fr.; bonnes marques, 56 à
57 fr.; sortes ordinaires, 54 à 55 fr.; le tout par sac de 159 kilog. toile à ren-
dre ou 157 kilog. net, ce qui correspond aux prix extrêmes de 34 fr. 40 à
38 fr. 85 par 100 kilog., ou en moyenne 36 fr. 65. — Pour les farines de spécu-
lation, les prix sont faibles. On cotait à Paris, le mercredi 4 avril au soir : fari-
nes neuf -marques, courant du mois, 55 fr. 75 à 56 fr.; mai 56 fr. 50 à 56 fr. 75 ;
juin, 57 fr. 25 à 57 fr 50; quatre mois de mai 57 fr. 50 à 57 fr. 75; juillet et
août 58 à 58 fr. 25; le tout par sac de 159 kilog. toile perdue ou. 157 kilog. net.
Les cours des farines deuxièmes demeurent fixés de 26 à 33 fr.; ceux des gruaux
de 45 à 58 fr.; le tout par 100 kilog.
Seigles. — H y a peu de vente. On paye à la halle de Paris de 15 fr. 50 à
15 fr. 75, par 100 kilog. — Les farines sont vendues facilement au cours de 23
à 25 fr.
Orges. — Mêmes prix que précédemment, saul pour les qualités secondaires
qui accusent un peu de baisse. On cote à la halle de Paris, de ,18 à 20 fr. 50 par
100 kilog., suivant les sortes. Les escourgeons se vendent facilement de 17 fr. 50
DES DENRÉES AGRICOLES (7 AVRIL 1883). 37
à 18 fr. 50. — A Londres, il y a seulement 12,000 quintaux d'orge importé depuis
huit jours ; les ventes sont actives; on paye de 18 à 20 fr. 70 par 100 kilog.,
suivant les qualités.
Malt, — Les prix ne varient pas. On cote, à Paris : malts d'orge, 25 à 32 fr.,
d'escourgeon, 27 à 30 fr.; le tout par 100 kilog..
Avoines. — Les belles qualités soat recherchées avec des offres restreintes. On
paye à la halle de Paris, de 17 à 19 fr. 50 par 100 kilog., suivant poids, couleur
et qualité. — A Londres, il a été importé 48,000 quintaux d'avoines depuis huit
jours ; les prix accusent beaucoup de fermeté; on paye de 18 fr. 40 à 21 fr. 50
par 100 k'iog. suivant les sortes.
Sarrasin. — Les prix varient peu. On paye à Paris de 16 fr. à 16 fr. 25 par
100 kilog.
Maïs. — Les cours sont toujours plus faibles. On paye au Havre de 17 à 18 fr,
par 100 kilog. pour les maïs d'Amérique.
Issues. — Il y a beaucoup de fermeté dans les prix. On paye à Paris par
100 kilog. : gros son seul, 14 fr. 50 à 14 fr. 75; son trois cases, 13 fr. 75 à
14 Ir. ; sons fins, 13 fr. à 13 fr. 25; recoupettes, 13 fr. à 13 fr. 25; remoulages
bis, 14 fr, à 14 fr. 50; remoulages blancs, 15 à 16 fr.
III. — Fruits et légumes frais.
Fruits. — Cours de k halle de Paris : fraises de châssis, le pot, 1 fr. 50 à
5 fr. ; poires, le cent, 10 fr. à 100 fr.; le kilog., 0 fr, 35 àO fr. 55 ; pommes, le cent,
10 fr. à 100 fr.; le kilog., 0 fr. 30 à 0 fr. 50; raisins, chasselas de serres, le
kilog., 7 à 16 fr.
Gros légumes. — On vend à la halle de Paris : asperges de châssis, la botte, de
15 à 30 fr.; aux petits pois, la botte, 1 à 2 fr.; carottes nouvelles, les 100 bottes,
100 à 125 fr.; carottes communes, les 100 bottes, 20 à 50 fr.; d'hiver, l'hecto-
litre, 3 à 4 fr. ; de chevaux, les 100 bottes, 15 à 25 fr,; choux communs, le cent,
5 à 20 fr.; navets nouveaux, les 100 bottes, 100 à 150 fr,; communs, les 100 bottes,
20 à 30 tr,; de Freneuse, les 100 bottes 35 à 40 fr.; l'hectolitre, 3 fr. à 4 fr. 50;
oignons en grain, l'hectolitre, 9 à 12 fr. ; panais communs, les 100 bottes, 30 à
à 60 fr.
Pommes de terre. — Hollande communes, l'hectolitre, 16 à 19 fr.; le quintal,
22 fr. 85 à 27 fr. 14; jaunes communes, l'hectolitre, 10 à 12 fr.; le quintal,
14 fr. 28 à 17 fr. 14.
Menus légumes. — Dernier cours de la halle : ail, le paquet de 25 bottes,
3 fr. à 5 fr.; appétits, la botte, 0 fr. 10 à 0 fr. 20 ; barbe de capucin, la botte,
G fr. 15 à 0 fr. 30; cardon, la botte, 2 fr. à 5 fr. ; céleri, la botte, 0 fr. 50 à
0 fr. 75 ; rave, la pièce, 0 fr. 15 à 0 fr, 20 ; cerfeuil, la botte, 0 fr. 40 à 0 fr. 50;
champignons, le kilog., 1 fr. 20 à 2 fr. 30; chicorée frisée, le cent, 12 à 18 fr.;
choux-fleurs de Bretagne, le cent, 25 à 45 fr.; choux de Bruxelles, le litre, 0 fr. 25
à 0 fr, 40; ciboules, la botte, 0 fr. 10 à 0 fr. 20; cresson, la botte de 12
bottes, 0 fr 67 à 1 fr. 70; échalottes, la botte, 0 fr. 30 à 0 fr, 40; épinards,
le paquet, 0 fr, 50 à 0 fr. 60; escaroile, le cent, 12 à 22 fr.; laitue, le cent,
7 à 14 fr.; mâches, le calais, 0 fr. 20 à 0 fr. 30; oseille, le paquet, 0 fr. 70 à Ofr. 90;
persil, la botte, 0 fr. 40 à 0 fr, 50; pissenlits, le kilog,, 0 fr, 30 à 0 fr. 60; radis
roses, la botte, 0 fr. 15 à 0 fr, 25; noirs, le cent, 5 à 15 fr,; romaine, la botte
de 4 têtes, 1 fr. 40 à 2 fr.; salsifis, la botte, Ofr. 50 à 0 fr, 60 ; thym, la botte,
0 fr. 10 à 0 fr. 20.
IV. — Vins, spiritueux, vinaigres, cidres.
Vins. — Voici l'époque de l'année où l'on commence à se préoccuper de l'ave-
nir des vignes. Grâce au temps favorable qui règne depuis quelque temps dans
presque toutes les parties de la France, on poursuit avec activité les travaux que
la persistance de l'hiver avait retardés. On achève la taille, on procède aux la-
bours, on fait la toilette des vignes. Les travaux ne chôment pas; mais ils se font
allègrement, parce que les viticulteurs sont généralement contents de l'aspect du
bois qui fait l'espoir de la prochaine récolte. Malheureusement, si tel est l'état
des choses dans les parties du vignoble qui n'ont pas été atteintes jusqu'ici par
le phylloxéra, dans les départements envahis il n'en est pas de même ; là on con-
state de nouveaux manquants, on signale des vides plus nombreux et une exten-
sion croissante du fléau. Quant aux effets des gelées du mois de mars, ils n'ont
été sérieux que dans les parties les plus méridionales du pays. Les soutirages se
font activement dans les caves, et l'on constate que la quahté s'est améliorée sen-
38 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
siblement depuis les vendanges; décidément les vins nouveaux sont supérieurs à
la réputation qui leur avait été faite. Aussi, comme les quantités dispotiibles se
font rares, les prix se maintiennent, malgré les efforts du commerce pour amener
la baisse. Les prix restent stationnaires dans la plupart des centres. Au Havre
on cote les vins étrangers, par hectolitre : vins roages d'Espagne, 42 à 53 £r. ;
vins rouges de Portugal, 45 à 54 iV. ; Madère, 150 à 240 fr. ; Madère d'Espagne,
105 à 250 fr. ; Porto, 150 à 400 fr. ; Pajarète, Constance, 175 à 450 fr. ; Marsaia,
110 à 180 fr.
Spiritueux. — Il n'y a pas une grande activité à signaler dans les transactions,
mais les prix se maintiennent pour toutes les catégories avec beaucoup de fer-
meté. Dans le Midi, les cours des alcools de vins sont ceux que nous avon-s pré-
cédemment indiqués; on paye à Cette .••3/6 bon goût, 105 à 110 fr. 1 hectolitre*
3/6 marc, 100 fr. Dans le Gers, les eaux-de-vie nouvelles sont vendues : Haut-
Armagnac, 150 à 15-2 fr. 50; Ténarise, 157 fr. 50 à 160 fr.; Bas-Armagnac, 190 fr.
Dans les Charentes, on cote, pour les eaux-de-vie de 1875 à 1878 : bons bois oi-
dinaires, 2:20 à 255 fr.; très bons bois, 225 à 280 fr.; Borderie, 235 à 270 fr.;
petite Cbampagne, 240 à 280 fr.; fine Champagne, 265 à 310 fr. A Lille, les al-
cools de betteraves se cotent 52 fr. 50 l'hectolitre nu. A Paris, on paye : 3/6 befe^-
teraves, T'^ qualité, 90 degrés, disponible, 53 fr. 75; mai, 52 fr. 75 à 53 fr.;
quatre mois de mai, 52 fr. 75; quatre derniers mois, 51 fr. 75 à 52 fr. Le stock
était, au 4 avril, 21,625 pipes contre 14,3,25 en 1882.
Vinaigres. — Prix soutenus. On cote à Orléans, par hectolitre : vinaigre nou-
veau de vin nouveau, 40 à 42 fr.; vinaigre nouveau de vin vieux, 50 à 60 fr. ; vi-
naigre vieux de vin, 50 à 60 fr.
Raisins sees. — Il y a beaucoup de fermeté dans les prix. On paye à Cette, par
100 kilog. : Corinthe, 52 à 54 fr.; Thyra, 45 à 47 fr.; Meninas, 49 à 50 fr.; Samos
noirs, 40 à 42. fr.; Samos muscats, 34 à 36 fr.; Yourlay, par graines, 46 à 48 fr.;
Beyrou'thy 37 à 38 fr.; figues d'Espagne, 24 à 25 fr.; caroubes, 13 fr.
V\ — Sucres. — Mélasses. — Fécules. — Glucoses. — Amidons. — Houblons.
Sucres. — Depuis huit jours, les affaires sur les sucres ont présenté beaucoup
de calme ; les prix demeurent stationnaires sur la plupart des marchés. On cote
à Paris par 100 kilog. : sucres bruts 88 degrés saccharimétriques, 58 fr. 5Q;
les 99 degrés,. 60 fr.; sucres blancs, 60 fr. 25; à Valenciennes, sucres bruts,
52 fr. 25 ; à Saint- Quentin, 51 fr. 75 à 52 fr. ; sucres blancs. 60 à 60 fr. 25;
à Péronne, sucres bruts, 52 fr. 25; sucres blancs, 60 fr. 25. — Le stock de l'en-
trepôt réel des sucres, à Paris, était, le 4 avril, de 838,000 sacs pour les sucres
indigènes, avec une diminution de 17,000 sacs depuis huit jours. La fermeté
dans les prix se maintient dans les sucres raffinés qui valent de 106 à 107 fr. 50
par 100 kilog. à la consommation et 65 fr. 50 à 68 fr. 50 pour l'exportation. —
Très peu d'affaires dans les ports sur les sucres coloniaux.
Mélasses. — Les prix se maintiennent. On cote à Paris : mélasses de fabrique,
12 fr. par 100 kilog. ; de raffinerie, 13 fr. 50 à 14 fr.
Fécules. — Il y a une grande fermeté dans les prix. On paye à Paris 40 fr. j
par 100 kilog. pour la fécule première du rayoa; à Compiègne, 39 fr. 50 à
40 fr. pour celle de l'Oise ; à Epinal, 40 fr. 50 pour celle des Vosges.
Glucoses. Les prix restent dans les mêmes proportions. On cote à Paris :
siropde froment, 53 à 55 fr. par 100 kilog.;, sirop massé,. 42 à 43 fr. ; sirop
liquide, 34 à 36 fr. ; le tout par 100 kilog.
Amidons. — H y a beaucoup de fermeté dans les prix. On paye par quintal
métrique : amidon de pur froment, 66 à 68 fr. ; de province, 64 à 66 fr.; de
maïs, 54 à 56 fr.
Houblons. — Les transactions sont presque nulles ; les cultivateurs ont à peu
près complètement vendu leur récolte.
VI. — Huiles et graines oléagineuses, tourteaux.
Huiles. — Les cours sont moins fermes que la semaine précédente pour leS
huiles de graines. On paye à Paris, par lOD kilog. : huiles de colza en tous fûts,
106 fr. 50; en tonnes, 108 fr. 50; épurée en tonnes, J 16 fr. 50; huile de lin en
tous fûts, 58 fr. 25; en tonnes, 60 fr. 25. — Sur les marchés des dépnrtements,
on cote les huiles de colza : Lille, 95 à 96 fr. ; Gaen, 103 fr. 50; Cambrai, 99 fr. ;
Rouen, 99 fr. ; et pour les autres sortes : lin, 59 fr. 50; arachides, 74 à 77 fr. —
Dans le Midi, les cours de& huiles d'olive sont ceux que nous avons indiqués dans
notre précédente revue.
DES DENRÉES AGRICOLES (7 AVRIL |1 883). 39
Graines oléagineuses. — H y a peu d'affaires sur les marchés du Nord. On paye
à Cambrai par hectolitre : œillette, 25 à 27 it. 25; cameline, 16 à 17 fr.
Tourteaux. — Grande fermeté dans pinx. On cote à Arras par 100 kilog. :
tourteaux d'œiUctte, 26 fr. ; de colza, 19 fr. ; de lin, 24 fr.; de cameline, 19; —
A Marseille, lin, 17 fr. 50; arachides en coques, 10 fr..;- arachides décortiquées,
15 fr.; sésame blanc, U^ fr.; colza du Danube, 12 fr, 50; œillettes, 12 fr. 2?;
coton d'Egypte, 12 fr. 75; palmiste naturel, 18 fr. 50; ricin, 11 fr. 7 5.
Engrais. — A Dunkerque, les nitrates de soude valent 31 fr. 75 par 100 kilog.
VII. — Matières résineuses, colorantes et tannantes.
Matières résineuses. — Les prix sont fortement en baisse. On paye à Bordeaux,
95 fr. par ICO kilog. pour l'essence pure de térébenthine; à Dax, 84 Ir.
Verckts. — A Marseille, les verdets en pains valent 220 à 225 fr. par 100 kilog.
Tartres. — Dans le Languedoc, on paie les cristaux de tartre 280 à 290 fr.
par 100 kilog.; l'acide tartrique, 440 à 450 fr.
VIII. — Suifs et corps f/ras.
Suifs. — Prix en hausse. On paye à Paris 105 fr. par 100 kilog. pour les suifs purs
de l'abat de la boucherie ; 78 fr. 75 pour les suils en branches.
Cuirs et peaux. — Aux ventes mensuelles de la boucherie, le 31 mars, on cotait
par 100 kilog. : bœuf, 85 à 101 fr., suivant la taille; vaches, 89 fr. 25 à 91 fr. 80;
taureaux, 90 fr. 20; veaux, 144 à 161 fr.
IX. — Beurres. — Œufs. — 'Fromages.
Beurres. — Pendant la semaine, il a été vendu à la halle de Paris 204,740 kilo*^.
de beurre. Au dernier jour, on payait par kilog. : en demi-kilog., 2 fr. 80
à 4 fr. 92 ; petits beurres, 2 fr. 38 à 3 fr. 10; Gournay, 2 fr. 26 à 4 fr. 60; Isi-
gny, 2 fr. 90 à 8 fr. 52.
Œufs. — Du 26 au 31 mars, on a vendu à Paris, 6,290,274 œufs. Au dernier
marché, on cotait par mille : choix, 94 à 106 fr. ; ordinaires, 02 à 82 fr.; petits,
45 à 57 fr..
Fromages. — On vend à la halle de Paris, par douzaine : Brie, 8 à 36 fr.;
Montlhéry, 15 fr., — par cent, livarot, 71 à 121 fr.; Mont-Dor, 15 à 37 fr.;
Neufchâtel, 6 à24fr.; divers, 9 à 85 fr.; par 100 kilog.; Gruyère, 110 à 170 fr.
X. — Chevaux, bétail, viande.
Chevaux. — Aux marchés des 28 et 31 mars, à Paris, on comptait 854 chevaux ;
sur ce nombre, 304 ont été vendus comme il suit :
Chevaux de cabriolet..
— de trait
— hors d'âge. . .
— à renchère.. .
— de boucherie.
Amenés.
Vendus.
Prix extrêmes.
193
39
200 à 1,050 fr.
289
61
270 à 1,125
265
97
30 à 1,020
27
27
30 à 300
80
80
25 à 160
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement officiel du marché aux bes-
tiaux de la Yillette, du jeudi 29 mars au mardi 3 avril :
Poids Prix du kilog. de viande nette sur
moyen pied au marche du 2 avril.
Pour
Amenés. Paris.
5,051 3,290
1,42] 744
248 203
3,168 2,018
Moulons 39,900 25,239
Porcs gras 8,555 2^433
— maigres. » »
Bœufs
Vaches . .
Taureaux.
Veaux . . .
Vendus
Pour
l'extérieur.
1,460
547
38
787
11,145
3,865
En
totalité.
4,750
1,291
241
2,805
36,384
6,298
kil.
354
238
388
78
20
^2
quai.
1.74
1.58
1.45
2 20
2.20
.1.42
2e
quai.
1.54
1.36
1.34
2.04
2 08
1.36
3»
quai.
1.30
1.20
Prix
moyen.
1.52
1.38
1.33
1.95
2.03
1.36
Les approvisionnements du marché ont été très abondants; il en est résulté
une certaine difficulté dans les ventes, et un léger mouvement de baisse pour la
plupait des catégoiies d'animaux. — Surles marchés des départements, on paye :
Bouin, bœuf, 1 fr. 60 à 1 fr. 90 par kilog. de viande nette sur pied; vaches,
1 fr, 45 à 1 fr. 75; veaux, 1 fr. 95 à 2 fr. 30; moutons, 2 . f r. 15 à 2 fr. 45;
porcs, 1 fr. C5 à 1 fr. 40; — Nancy, bœufs morts, 94 à 101 fr. les 100 kilog.;
vaches, ^0 à 98 fr. ; veaux, 130 à 144 fr.; moutons, 105 à 120 fr.; porcs,
65 à 70 fr.; — Dijon, bœuf, 1 fr. 60 à 1 fr. 80 ; taureaux, 1 fr. 10 à 1 fr. 50;
vaches, 1 fr. 20 à 1 fr. 70; veaux (poids vif) 1 fr. à 1 fr. 16 ; moutons, 1 fr. 80 à
2 fr. 20; porc (poids vif), 1 fr. à 1 fr. 06; — Lxjon, bœuf, 75 à 85 fr. les
100 kilog. bruts; veau, 110 à 120 fr.; moutons, 90 à. ICO fr.; — Bourgoin^
bœuf, 67 à 74 fr.; vaches, 56 à 66 fr.; moutons, 85 à 95 fr.; porcs, 86 à 90 fr.;
40
RE VITE COMMERCIALE ET PRIX GOURANT (7 AVRIL 1883).
veaux, 70 à 80 fr.; — Genève, bœuf, 1 fr. 50 à 1 fr. 70; veau (poids vif), o fr. 95 à
1 fr. 10 ; mouton, 1 fr. 80 à 1 fr. ÇO ; porc, 1 ir. 45 à 1 fr. 50.
A Londres, les importations d'animaux étrangers durant la semaine dernière se
sont composées de 14,834 têtes, dont 11 bœufs du Havre; 209 bœufs et 300 mou-
tons de New-York; 13. bœufs, 95 veaux, 1^827 moutons et 13 porcs de Rotter-
dam ; 58 bœufs de Vigo. Prix du kilog. Bœuf : qualité inférieure 1 fr. 52 à
1 fr. 75 ; 2% 1 fr. 75 à 1 fr. 93; 1'% 1 fr. 93 à 2 fr. 05. — Veau : i% 1 fr. 93
à 2 fr. 10; V% 2 fr. 10 à 2 fr. 34. —Mouton. Qualité inférieure : 2 fr. 10 à
2 fr. 2» ; 2% 2 fr. 28 à 2 fr. 45 ; l"', 2 fr. 45 à 2 fr. 57. — Porc : 2% \ fr. 52 à
1 fr. 64; 1«, 1 fr. 64 à 1 fr. 75.
Viande à la criée. — Il a été vendu à la halle de Paris du 26 mars au 1" avril :
Prix da kilog. le 2 avril.
kilog.
Bœuf ou vache... 188,163
Veau 207,G9.Î
Mouton 8:3,972
Porc G9,144
1" quai.
1.56 à 1.92
1.78 2.28
1.52 1.90
Pon
2° quai.
1.34 à 1..54
1..56 1.76
1.30 1..50
; frais.
3° quai.
0.96 à 1.32
1.06 1..54
0.86 1.28
1 .24 à 1.36;
78,425 kiloo
Choix
1.36 à 2,
Basse Boucherie.
76 0.20 à 1.24
1.40
1.76
salé.
2.52
2.66
1.60 à
o4.s,y74 Soit par jour 78,425 kilog.
Les ventes ont été importantes. Les prix sont faibles pour toutes les catégories.
XL — Cours de la viande à rahatioir de la Villette du 5 avril (par 50 kilog.
Cours de la charcuterie. — On vend à la Villette par 50 kilog. : T'*
72 à 75 fr. ; 2% 65 à 70 fr. ; poids vifs, 48 à 52 fr.
Bœufs. Veaux. Moutons.
qualité,
1"
quai,
fr.
76
2°
quai.
fr.
70
3«
quai,
fr.
62
1"
qcal.
fr.
105
2'
quai,
fr.
98
3'
quai,
fr.
90
quai.
fr.
95
2" 3-
quai. quai.
fr. fc.
90 83
XII. — Marché aux bestiaux de la Villette du jeudi 5 avril 1883.
Animaux
amenés. Invendus.
Bœufs 2.103 126
Vaches à09 50
Taureaux... lis 16
Veaux LSOÇi 221
Moutons 14 256 1.922
Porcs gras.. ^ 264 120
— maigres.. » »
Vente lente sur toutes les espèces
Poids
moyen
général.
kil.
332
376
380
80
I9
Cours officiels.
Cours des commissionnaires
en bestiaux.
1" 2" 3"
quai. quai. quai.
72
(.58
1.46
2.20
2.20
1.42
52
1.36
1.35
2.00
2 08
1.36
.30
1 20
1.22
1.60
1 98
1.30
Prix
extrêmes.
1.26 à 1.76
1.14 1 62
1" 2" 3"
quai. quai. quai.
1.18
1.44
1.80
1.26
1.50
2.40
2.30
1.46
1.70
1.56
1.44
1.50
1.34
1.32
Prix
extrêmes.
1.24 à 1.74
1.12 1 60
1.16 1 48
XIII. — Résumé.
Depuis huit jours, les prix accusent beaucoup de fermeté pour la plupart des
produits, notamment pour les céréales, les vins, les fourrages, et les produits
animaux. A. Remy.
BULLETIN FINANCIER
Faiblesse à nos fonds publics : le 3 0/0 à 80,25 perd 0,20, le 5 0/0 à 114,35
perd 0,25. Faiblesse également à nos Sociétés de crédit; reprise à nos chemins
de fer.
Cours de la Bourse du 28 mars au 4 avril 1883 [au comptant).
Principales valeurs françaises :
Plus Plus Dernier
bas. haut, cours.
Rente 3 0/0 ■ so.io 80 45 80.25
Rente 3 o/o amortis . 81.00 82.00 81.35
Rente 4 1/2 o|o iio.50 112.00 lio.eo
Rente 5 0/0 114 10 114.60 114.35
Banque de France 5340.00 54!0.oo 5340.00
Comptoir d'escompte 960.00 985.00 980 00
Société générale 555.00 562.50 557.50
Crédit foncier 1335.00 1360.00 1335.00
Est.. Actions 500 722.50 732.50 730.00
Midi d° 1125.00 1135.00 H30.00
Nord d" 1860.00 1885.00 1885.00
Orléans d» 1267.50 1271.50 1271.25
Ouest d° 7â5.00 790.00 785.00
Paris-Lyon-Méditerranée d° 1553.75 1570.00 1570.00
Paris 1871 obi. 400 à 3 O/O. 394.00 394.75 394.00
Italien 5 o/o 90. 3o 9i.40 9140
Le Gérant : A. BOUCHÉ.
Fonds publics et emprunts français et
étrangers :
Plus Plus Dernier
bas. haut, cours,
obligations du Trésor » » »
remb. à 5C0 4 0/0... 502.00 508.00 508.00
Consolidés angl. 3 0/0 102.7/8 103.00 102.7/8
5 0|0 autrichien 67.1/16 67.1/4 67.1/4
4 0/0 belge 105 35 106.25 106.25
6 0/0 égyptien 378.75 382.00 378.75
3 0/0 espagnol, extér'. » d »
5 0/0 Honduras obi. 300 » •> >■
Tabacs ital., obi. 300. 5!0.00 510.00 510.00
6 0/0 péruvien » » >>
5 i/o russe 91.50 92.50 92.50
5 0/0 turc 12.35 12.50 12.20
5 0/0 roumain 93.00 93.00 93-00
Bordeaux, 100, 3 0/0. 101.25 102.00 101.25
Lille, 100, 3 0/0 100.00 102.00 100.00
LETERRIER.
CHRONIQUE AGRICOLE (u avril i883).
Visite de M. .Méline à Remireiiiont. — Les souffrances de l'agriculUire et les moyens d'y
ren ciiier. — Discours de M. le ministre de ragricullurc. — Li's projel.s de loi agricoles à
l'étude devant le Parlement. — L'enseignement agricole el ses ell'ots en Amé"iquo. — Projet de
création d'une école pratique d'agriculture dans les Vosges. — Prix décernés par l'Acadcmic
des sciences. — Cinquième liste de sousciiption pour élever un monument à Léonce de Lavergne.
— Mécrologie. — M. de Lavèvre et M. Henri Hact. — Kcolo pratique d'aiiriculture à Andri-
nople. — Concours ouvert par le Comité central de la Sologne pour un traité de la plantation
des pins — Pétition de krSociélé d'agriculiure de la Giroiide relativement au comm -rce des
piquettes espagnoles. — Publication du 6" fascicule des Annales de l'Institut ugfonomiijue.
Les prociKiins concours régionaux. — Relevé des déclarations pour les concours d'Amiens de
Bourg et de Foix.' — Vente de machines agricoles dans le Tarn. — Vente di^ taureaux et de
béliers à Neuvy-Saiut-Sépuicre. — Concours de la Société d'agriculture de l'Indre. — Concours
d'animaux reproducteurs à Quillan et à Saissac (Au le). — Concours de poulic;hes de trait dans
la Seine-Inférieure. — Les animaux rejiro lucteurs au concours général de Paris. — Lettre de
M. le marquis de Poncins. — Vente du domaine d'Agassac dans le Médoc. — Compte rendu du
•encours d'animaux gras de Chalon-sur-Saône. — Catalogue des arbustes et arbrisseaux de la
maison Vilmorin.
I. — Les remèdes aaïc souffrances de l'agriml Litre..
Le 4 avril, dans Un banquet qui lui était offert à Remiremont par
ses concitoyens des Vosges et les électeurs de l'arrondissement dont il
est le député, M. Méline^ ministre de l'agriculture, a prononcé un dis-
cours qui est en quelque sorte le programme de la direction qu'il se
propose d'imprimer aux affaires agricoles. M. le ministre n'a rien
dissimulé des souffrances prolongées de l'agriculture française; en en
cherchant les remèdes, il a, dit-il, tout de suite pensé à deux moyens :
l'un, bien difficile selon nous, et qui consisterdt à atténuer les vides
que le manque de bras laisse dans les rangs des ouvriers agricoles;
l'autre, qui pourrait immédiatement donner des résultats, s'il est pos-
sible d'amener les compagnies de chemins de fer à atténuer le^ tarifs
de transport. Il a ensuite émis l'espoir que le code rural serait terminé
dans un court délai et qu'une bonne loi serait bientôt faite sur le crédit
agricole. Mais il a surtout insisté sur les avantages que l'agriculture
retirera du développement de l'enseignement agricole. Tout cela est
certainement excellent et l'on ne fera guère qu'une objection, c'est que
les résultats exigés ont du temps pour se produire; or il y a des souf-
frances qui auraient besoin de remèdes d'une efficacité immédiate. Des
mesures dans ce sens devront être prises. En attendant, le discours
de M. Méline doit être médité par les agriculteurs ; nous plaçons sous
leurs yeux toute la partie relative aux intérêts agricoles :
« Le ministre de l'agriculture n'a pas la tâche la moins lourde : le malheur des
temps, les souffrances cruelles et prolongées de notre agriculture, lui ont imposé
de grands et pressants devoirs.
« Je n'ai pas besoin de vous dire dans quel esprit je les accepte et avec quelle
ardeur convaincue je prends en main la grande et noble tâche qui m'est confiée.
Je me trouve replacé sur le terrain même où depuis cinq ans j'ai fixé mes tra-
vaux et ma vie; je reviens à ces grandes questions de production nationale qui
sont pour notre pays des questions vitales, des questions capitales. Oui, plus
j'avance dans la vie politique, plus je suis tenté de prendre en pitié certains de
nos débats retentissants qui sont bien peu de chose en comparaison de ces redou-
tables problèmes.
« Malheureusement, il ne suffit pas de la bonne volonté des gouvernements
pour faire une agriculture heureuse et prospère. Le principal remède aux maux
dont elle souffre échappe à la volonté humaine : personne n'est le maître des
saisons, et il ne dépend de personne de décréter une succession de bonnes ré-
coltes. Mais si le gouvernement n'a pas à sa disposition de panacée infaillible
pour guérir radicalement les maux de l'agriculture, je suis convaincu qu'il peut
beaucoup pour la soulager, l'aider et lui rendre le courage. Il le peut par un
ensemble de mesures convergeant toutes vers le même but et de nature à
produire, dans l'ensemble de notre situation, une considérable amélioration.
N° -31. — Tome II de 1883. — 14 Avril.
42 CHRONIQUE ÀGllIGOLE (14 AVRIL 1883!.
ce Ces mesures sont de premier ordre : il y a d'abord les mesures adiiaiaistra-
ÙYes, qui consistent dans un bon emploi des ressources importantes qui sont
mises à la disposition du département de l'agriculture pour secourir, encourager
et slimuler la production agricole. Je n'hésite pas à dire que cette partie de sa
tâche est remplie avec un soin sci'upuleux et un véritable dévouement aux
intérêts agricoles.
ce A côté de ces mesures qu'on pourrait appeler d'assistance agricole, il en est
d'autres qui, sous une forme indirecte et détournée, pourraient rendre à l'agri-
culture d'immenses services, soit eu atténuant les vides que le manque de bras
laisse dans les rangs des ouvriers agricoles, soit en favorisant, par des abaisse-
ments de tarifs, la circulation dts amendements et des matières premières néces-
saires à la production.
ce De pareilles mesures équivaudraient à de véritables dégrèvements ; aussi
est-ce sur elles crue je concentre en ce moment tous mes efforts. J'ai lieu d'espé-
rer qu'ils ne seront pas infructueux et qu'il me sera possible avant peu de vous
annoncer des résultats satisfaisants dont notre agriculture n'aurait qu'à se ré-
jouir.
« Après les mesures d'ordre purement administratif, il y a les bonnes lois à
faire, et ce. n'est pas la moindre partie du programnie que j'ai à remplir.' Il y a
}!rès d'un demi-siècle que l'agriculture française les attend ; plusieurs sont mdis-
pensables à son développement normal et régulier. Il faut placer en première
ligne le code rural qui doit mettre la propriété foncière en harmoaie avec les
besoins économiques de notre époque. C'est une œuvre difficile, souvent reprise,
toujours abandonnée et jamais terminée. Le Sénat vient de l'aborder avec un grand
eourage ; il en a fait l'étude la plus approfondie, et on |)eut prévoir qu'avant pe»
il aura mis la dernière main à un monument qui sera, je n'hésite pas à le dire,
riionneur de cette législature. La Chambre est déjà ^:aisie de la première partie
de ce grand travail qui pourra, je l'espère, être mené à fin dans une des prochai-
nes sessions.
ce Le Parlement pourra en même temps aborder la seconde des grandes lois
que l'agriculture attend depuis si longtemps, la loi sur le Crédit agricole. Elle four-
nira à notre agriculture le levier dont elle a absolument besoin pour réaliser tous
les progrès qui s'imposent à elle. Il n'y a plus d'illusion à se faire aujourd'hui, il
faut que le cultivateur améliore sans cesse la terre et perfectionne son outillage,
s'il veut obtenir une véritable rémunération de son travail. Mais pour cela il faut
que le capital vienne à lui, et l'on doit reconn àtre que notre législation semble
1 éloigner de la terre au lieu de l'attirer. Le Sénat s'applique en ce moment à la
corriger : il examine un projet du gouvernement qu'on pourra certainement per-
fectionner, mais qui constituerait certainement un progrès immense sur la situa-
tion actuelle. Je ierai tous mes efforts pour que la solution d'une question aussi
importante ne se fasse pas trop longtemps attendre.
ce Mais il ne suffit pas de faciliter au cultivateur les moyens de se procurer le
capital. Il faut qu'il sache en comprendre l'utilité et surtout qu'il puisse en faire
un bon emploi . Or, il est nécessaire pour cela de lui donner ce qui Uii manque
encore dans la plus grande partie de la France, une véritable instruction profes-
sionnelle. C'est ainsi que, dans toutes les branches de l'activité humaine, on est
toujours ramené par la logique à ce point de départ fondamental de l'instruction
et de l'enseignement.
ce II est peut-être plus essentiel en agriculture qu'en toute autre matière :
aujourd'hui, l'exploitation de la terre n'est plus une routine, c'est une science, et
une science très complexe. Malheur à ceux qui ne s'en doutent pas et qui s'attar-
dent quand tout marche autour d'eux ! Ils sont condamnés d'avance à une ruine
irrémédiable.
cv Cette vérité a été comprise et mise en pratique par toutes les nations qui
marchent aujourd'hui à la tête du progrès eu agriculture. La plus étonnante de
toutes, celle qui en quelques années est devenue la première puissance agricole de
l'univers, et qui fait trembler avec raison tous ses concurrents, même les blus
favorisés, l'Amérique, nous a donné l'exemple de ce que peut la science appliifuée.
à l'agriculture. On est porté à croire, quand on examine superficiellement cette
prodigieuse fortune d'une nation, qu'elle doit tout aux richesses naturelles de son
sol, et qu'elle n'a eu qu'à se baisser pour les ramasser. Ce qu'on ne sait pas, c'est
que ce prodigieux développement a été le plus raisonné, le plus scientifique qui
existe au moude.
CHRONIQUE AGRICOLE (I4 AVRIL 1883). : 43
« G'ttait au lencleiùain de cette terrible guerre de la sécession qui lui avait
coûté près de -25 milliards. Pour réparer tant de ruines accuinuLées, le gouverne-
ment américain avait admirablement compris qu'il fallait de tuuie" nécessité
donner la plus vive impulsion à toutes les branches de la production nationale, et
surtout à la jilus téconde de toutes, u l'agriculture. Pour y parvenir, que lait le
Congrès? U décide (|ue des écoles il'agricuiture seront créées dans chaque ttat de
l'union, et ps ur encourager les états à faire les sacriiices nécessaiies, il lècide que
chacun d'eux lecevra autant de t'ois 12,500 ares fjue cet état a de représentants:
si bien qu'un état comme le Texas recevait pour ^a part 7,000 hectares, et consa-
crait plus d'un million à la fondation de sou école d'agriculture.
« A l'heure où je parle, tous ies états de l'union sont dotés d'écoles agrono-
miques ijui jouissent en moyenne d'un revenu assuré de 70,000 à 80,000 fr.
Ces écoles exploitent une suilace à peu près grande comme la moitié de la France
et représentent en constructions une valeur de plus de 50 millions.
« Et maintenant étonnez-vous que l'Auiérique soit aujourd'hui le premier pays
agricole du monde, et que ce soit d'Amérique que nous viennent la plupart de ces
mea'veilleuses machines (pii attestent le plus haut degré de culiure scientilique.
« Mais revenons à la France pour constater tout ce qui lui reste à faire, je ne
dis pas pour suivre l'Amérique, mais simplement pour se rapprocher d'autr-.'s na-
tions beaucoup plus modestes. U faut savoir dire la vi rite et confesser que dans beau-
coup de parties de la B\ance, l'instruction agricole fait encore absolument défaut.
« Il serait injuste cependant de ne pas reconnaître ijue dans ces dernières
années on a fait d'immenses etï'orts pour doter la France d'un enseignement iorte-
ment organisé.
« C'est ainsi qu'on a reconstitué l'Institut agronomique, cette école de l'ensei-
gnement supérieur agricole, qui nous pn''[»are pour l'avenu une pépinière de pro-
fesseurs d'élite.
« Nos trois grandes écoles nationales ont été développées sur les bases les plus
larges et l'enseignement qu'on y donne est aussi complet que possible.
ft Au-dessous d'elles, à l'autre extrémité de l'échelle, se trouvent nos fermes-
écoles qui sont surtout destinées à former des ouvriers agricoles ; elles rendent de
très grands services et je suis loin de les dédaigner.
« Mais entre nos écoles régionales qui donnent l'enseignement général et nos
fermes-écoles qui se bornent a un enseignetuent nécessairement re>treint, il y
avait une lacune, et une. lacune des plus fâcheuses. 11 nous manquait des écoles
locales, donnant un enseignement presque aussi étendu que nos écoles régionales,
mais le donnant à un point de vue particulier, au point de vue de la culture
spéciale à chaque dépaitemeut et des besoins qu'elle fait naître. Ce genre d'ensei-
gnement était surtout nécessaire pour la moyenne et la petite culture.
« C'est de Cette idée qu'est sortie l'institution des écoles pratiques d'agriculture ;
elles sont de création récente, on n'en compte guère à cette heure que 7 ou 8,
mais elles feront le tour de la France.
« En arrivantau ministère, j'ai tout de suite pensé qu'il était digne d'un dépar-
tement comme le nôtre, où l'esprit d'initiative est si développé et où l'on s'éprend
si généreusement de tout ce qui touche au développement de l'instruction publique,
de donner le bon exemple à tous les autres départements en créant une de ces
écoles pour y donner l'enseignement qui convient à nos cultures préférées.
« J'ai communiqué mon idée à votre honorable sénateur, et, comme avec lui la
bonne semence lève d'elle-même, il s'est mis à l'œuvre, a réuni quelqxies amis et
jeté les premières bases de l'opération. Pour la simplifier, il a trouvé un moyea
excellent, c'est d'otfrir gratuitement au département, pour une durée de quinze
années, un domaine qui lui appartient. Le Conseil général qui n'est jamais en
retard quand il s'agit de l'agriculture, a acclamé la proposition et voté un premier
fonds annuel de 4,000 francs destiné à l'amortissement du capital de premier éta-
blissement et au service des bourses. Bientôt, si l'emplacement proposé est
accepté par l'administration, il ne manquera plus pour réaliser cette œuvre patrio-
tique que la signature du ministre, et je n'ai pas besoin de vous dire qu'elle ne
se fera pas longtemps attendre.
« On peut donc cunsidérer l'école comme à peu près fondée : elle s'ajoutera
à tant d'autres œuvres d'utilité publique qui se sont élevées comme par euchau-
tement dans notre département. Et maintenant, messiL-urs, je vous ajOurne à
quelques années seulement pour juger des résultats, et pour comprendre la révo-
lution agricole qui doit sortir de cette modeste et féconde création.
44 CHRONIQUE AGRICOLE (14 AVRIL 18S3).
« Ne croyez pas du reste que je n'attende du développement de l'enseignement
agricole que des avantages matériels et positifs, une meilleure exploitation de la
terre et des bénéfices assurés pour le cultivateur; j'en espère des avantages d'un
ordre moral beaucoup plus élevé.
« Je compte surtout sur lui pour faire renaître partout le goût de la vie des
champs qui s'affaiblit et tend à disparaître, en faisant mieux apprécier au cultiva-
teur la beauté et la dignité de sa noble profession. Quand il comprendra tout ce
qu'il y a d'attrayant dans l'étude des phénomènes de la nature, dans l'application
des fxiences à ce qu'il voit, à ce qu'il touche tous les jours, il ne voudra plus
quitter la campagne. On ne le verra plus se porter en aveugle vers les villes à la
poursuite de gros salaires : de gros salaires qu'il achète trop souvent au prix de sa
santé, de chômages douloureux et d'une foule de misères inconnues. Il en viendra
à se dire qu'après tout, la rude et saine existence des travailleurs agricoles
est encore celle qui offre à l'homme la plus large moyenne de satisfaction et de
bonheur.
« J'espère que cette réaction salutaire est proche; elle s'annonce déjà à de cer-
tains symptômes qui n'échappent pas à c^ux qui observent attentivement le mou-
vement économique de notre époque. Quand elle se sera accentuée davantage,
quand le cultivateur sera revenu avec amour à la terre, l'agriculture sera sauvée.
C'est parce que je crois à cette résurrection prochaine que je me refuse à déses-
pérer de l'avenir, et que je bois avec une pleine confiance au relèvement et à la
prospérité de l'agriculture française. »
L'organisation d'une école pratique d'agriculture dans les Vosges, à
laquelle M. Méline fait allusion dans le discours qu'on vient de lire,
est aujourd'hui en bonne voie. M.Claude, sénateur, a offert au dépar-
tement, pour une période de quinze ans, son domaine de Rupt-de-
Bâmont, à Saulxures, dans l'arrondissement de Remiremont; dans la
session qui vient d'être close, le Conseil général a voté une rente
annuelle de 4,000 francs pour le service de cette école. Le départe-
ment des Vosges sera ainsi doté d'un établissement d'enseignement
agricole approprié aux besoins de cette région montagneuse.
IL — Académie des sciences.
L'Académie des sciences a tenu le lundi 2 avril, sa séance publique
annuelle de distribution des récompenses. Parmi les prix qu'elle a
décernés, nous devons signaler spécialement ceux qui se rapportent à
l'agriculture. Le prix Vaillant a été attribué à M. Toussaint, professeur
à l'école vétérinaire de Toulouse, pour son mémoire sur l'inoculatoin
comme moyen prophylactique contre le charbon; on sait que M. Tous-
saint est l'auteur d'une méthode spéciale d'atténuation des virus des
maladies charbonneuses. Le prix Bréant a été décerné à MM. Arloing,
Cornevin et Thomas, pour leurs recherches sur le charbon symptoma-
tique. Le prix Jérôme Ponti a été remporté par M. Muntz, chef des
travaux chimiques à ITnstitut agronomique, pour ses recherches sur
la fermentation et sur la physiologie végétale.
III. — Souscription pour élever un monument à Léonce de Lavergne.
Voici la cinquième liste de la souscription ouverte pour élever un
monument à Léonce de Lavergne :
Fr.
Report de la quatrième liste 6,82a 60
Société départementale d'agricuHiiie de la Mètre 100 00
MM. Bouille (de), memlire de la Société nationale d'agriculture... 25 00
* Stœcklin (A.), père, à Colmar (Alsace) 20 00
Billette, Lconomisie ; 10 00
Laveleye (Emile de), crrespondanl de l'Institut, à Liège.... -lO 00
Digneite (Emile), à Liège (Be!gi(]ue) 10 00
Borguet (Louis), à Liège (Belgique) 10 00
Jricques (Gustave), à Liège (Belgique) â 00
Macorps (Joseph), à Liège (Belgique) 5 00
CHRONIQUE AGRICOLE (U AVRIL 1883). 45
Première liste de l'Institut national agronomique.
MM . Boitel, membre de la Société nationale d'agriculture. . 30
Prillieux, memlire de la Société nationale d'agriculture. 30
Regnurd (D'), professeur à l'Institut agronoiuique. .. . 20
lleuzé, membre de la Société nationale U'agricrllure,
professeur à l'Jastitut agronomique.. .,.. 25 ^ 135 00
Vuaillet, chef des travaux à l'Institut agronomique . . 10
Moreigne, inspecteur principal à riîistitut agronomique. lO
Sauvage (de) maître de conférences à l'Institut agro-
nomique 10
Roosmalen (de), sous-directeur de l'Kcole nationale d'agricul-
ture de Grignon 20 00
Lontreuil (A.), à Moscou (Russie) 50 00
Coche, ancien directeur de la ferme-école de La Bâtie (Isère). 10 00
Haut (Marc de), président du Comice de Melun 10 00
MuUer (i'aul), membre de la Société d'économie politique,
correspondant de la Société nationale d'agriculture 10 00
Gallard (Léon) , avocat à la Cour de Paris 20 00
Gévelot, député 10 00
Comice agricole de Lunéville 20 00
MM. Cantoni (G.), directeur de l'école supérieure d'agriculture de
Milan 10 00
La Morvonnais (de), agriculteur, au manoir de Bruz (lUe-et-
Vilai(ie) 10 00
Joubert, directeur de l'Académie nationale, à Paris 20 00
Vidalin (Félix), ingénieur en retraite 20 00
Damourette (Emile), agriculteur dans l'Indre 25 00
Joigneaux (P.), député 10 00
Aureliano, correspondant de la Société nationale d'agriculture
à Bucharest (Roumanie) 50 00
Roussille, fabricant de produits chimiques 5 00
Yarax (Jules de) 5 00
Total de la cinquième liste 7 , 500 50
Nous rappelons à nos lecteurs qu'ils peuvent adresser leurs sous-
criptions à M. Henry Sagnier, secrétaire du Comité, aux bureaux du
Journal de V agriculture.
IV. — Nécrologie.
Nous avons le regret d'annoncer la mort de M. de Lavèvre, agriculteur
à Bussy, dans le canton de Dun-le-Roi (Cher), décédé le 3 avril, à
l'âge soixante-deux ans seulement. Il avait acquis une grande notoriété
par l'habile direction qu'il a donnée au domaine de Bassy, et par ses
succès dans l'élevage des moutons. Il était, depuis dix ans environ,
président de la Société d'agriculture du Cher.
Nous apprenons aussi avec peine la mort de M. Henri Ract, proprié-
taire à Montmereillaz, commune de Sainte-Hélène-du-Lac (Savoie),
M. Ract était un des agriculteurs les plus distingués de la Savoie ; il
a remporté la prime d'honneur au concours régional de Chambéry, en
1863. Il a introduit dans cette province la distillerie agricole.
V. — Ecole d'agriculture à Andrinople.
Dans un précédent numéro, nous avons annoncé la création d'une
école d'agriculture à Andrinople (Turquie). Cette école, qui porte le
nom d'Ecole pratique d'agriculture Hamidiée, a été créée par l'initia-
tive de Kadry-pacha, gouverneur du Vilayet. Elle a pour directeur
M. Ovaghim C. Eram-Effendi, inspecteur général d'agriculture, ancien
élève de Grignon. Le programme adopté est celui des écoles pratiques
d'agriculture de France, avec des modifications exigées par des con-
ditions d'existence différentes. L'école possède des instruments euro-
péens, et on y a complètement changé le système d'assolement du
pays. L'étendue de la ferme est de 800 hectares, dont 200 de très
bonne qualité ; elle a un lac et elle est traversée par une rivière.
L'Ecole, qui est à proximité de la ville d'Andrinople, se trouve donc
dans d'excellentes conditions; elle compte actuellement 80 élèves.
46 CHRONIQUE AGRICOLE (14 AVRIL 1883).
VI. — Culture des pins en Sologne.
Le Comité central agricole de la Sologne vient de décider qu'il
décernera une médaille d'or (grand module) à l'auteur du meilleur
mémoire sur la culture des pins en Sologne. — Ce mémoire devra,
sous une forme très simple, résumer les meilleurs conseils donnés par
l'expérience sur le choix des terrains et des essences de pins, les mo-
des de culture, semis, plantations, aération, éclaircies, elagage. Il
devra indiquer les moyens de défense contre les maladies, les gelées,
les insectes, d'aménagement et d'exploitation, d'utilisation des menus
bois et écorces, etc. Le Comité se réserve le droit d'éditer sous forme
de petit livre et sous le titre de Planteur de pins en Sologne^ le
mémoire couronné, et de le distribuer gratuitement; la propriété et le
droit de l'éditer ultérieurement étant réservés à l'auteur. — Les ma-
nuscrits devront être adressés le 1" septembre 1883, dernier délai, à
M. Ernest Gaugiran, secrétaire-archiviste du Comité, à Lamotte-Beu-
vron. — - Un billet cacheté renfermant les noms et adresse de l'auteur
sera joint à chaque manuscrit.
YII. — Le commerce des vins.
La Société d'agriculture de la Gironde vient d'adresser à M. Je
ministre de l'agriculture la lettre suivante :
« Monsieur le ministre, la Société d'agriculture de la Gironde s'est émue du
résultat déplorable que ne peut manquer d'avoir, pour les intérêts de la viticul-
ture, du commerce honnête et de la consommation, l'introduction en France des
nombreux liquides qui, sous le nom de vins, et sous le bénéfice des tarifs avanta-
f^eux des traités de commerce, nous arrivent journellement de l'étranger, surtout
de la frontière espagnole.
a Plusieurs de ces liquides ne sont qu'un composé d'eau, d'alcool et d'une
matière colorante quelconque; les analyses officielles prati [uées sur l'ordre
de la douane en font loi. D'autres, tout en se rapprochant de la composition
du vin naturel, sont artificiellement alcoolisés a-vant leur entrée .en Fiance, afin
de pouvoir être mouillés ultérieurement, et, pour cet usage, on se sert d'alcools
de grains ou de betterave qui rendent tous ces liquides plus ou moins nuisibles
à la santé publique.
« Après leur entrée en France, l'administration des contributions indirectes
leur applique les mêmes droits qu'aux produits naturels de la vigne, ce qui per-
met à l'alcool aveclejuel ils ont étévinés d'échapper à la taxe intérieure de i56fr.
par hectolitre.
«< La Société d'agriculture pense qu'en acceptant, au droit de 2 fr par hecto-
litre les vins espagnols ayant jusqu'à l3 degrés d'alcool, dans le but, sans
doute, de ne pas entraver l'importation de quelques rares produits de la Pénin-
sule qui atteignent naturellement ce degré de richesse, le gouvernement fiançais
n'a pu autoriser, par le fait du traité de commerce conclu avec l'Espagne, que
l'entrée eu France de vrais vins, produit naturel de la vigne, et non c lie de bois-
sons falsifiées, qui sont en dehors de ces dispositions.
a Elle croit que leur admission ne peut être ({ue le résultat d'une surprise
ou d'une fausse inlerpr tation des conventions intervenues entre les parties con-
tractantes.
« Elle sait, du reste, que les agriculteurs espagnols souffrent et se plaignent,
eux aussi, de cette déloyale concurrence.
« Si elle accepte, dans l'intéi^êt de la consommation et des affaires, l'introduc-
tion en France, à un droit réduit, de vins naturels, il n'en saui-ait être de même
pour des baissons qui, en définitive, n'ont du vin que le nom
Cl Elle constate- en même temps, avec regret, que ces pseudo-vins, après avoir
trompé la vigilance des autorités, viennent inonder les débits, et portent ainsi ua
grave préjudice à la santé des classes laborieuses.
« En conséquence : la Société d'agriculture de la Gironde, au nom de la viti-
eultuie. au nom du commerce honnête, au iiom de la santé publique gravement
CHRONIQUE AGRICOLE (14 AVRIL 1883). 47
menacée, et dans l'intérêt du Trésor, proteste contre une fausse application
du larif, ([uand il traile comnae vin un produit qui n'alï'ecte d'en prendre les
allures et réti([uctte qne pour franchir notre frontière aux iiiêmes conditions que
ce dernier, pour obtenir un permis de consommation qui devrait lui êire rigou-
reusement refusé;
« Elle appelle l'attention du gouvernement sur la nécessité d'une application
plus sévère et plus exacte des lois existantes pour empêcher l'entrée en Fi'ance des
vins non naturels, lesquels contiennent le plus souvent des substances nuisibles à
la santé;
« Elle demande, en outre, que l'administration des contributions indirectes
soit obligée de frapper de la taxe intérieure qui grève les alcools tout liquide
reconnu par la douane comme étant constitué par un mélange d'alcool, d'eau, ■îtc.
« Nous avons l'honneur d'être, etc.
Le Secrétaire général^ S. Gojpérie. Le Président, A. Plumeau.
Nous espérons qu'il sera donné suite à ce vœu qui est celui de tous
les viticulteurs. La Société d'asrriculture de la Haute-Garonne et la
Société centrale d'agriculture de l'Aude ont exprimé des vœux dans ïc
même sens.
VIII. — Annales de l'Institut iiational agronomique.
Le sixième fascicule des annales de l'Institut agronomique a paru
récemment. Ce volume est complètement consacré à la publication
d'un rapport de M. Albert Hérisson, élève diplômé de l'Institut, sur
les irrigations de la vallée du Pô. Après une description de cette vallée
et l'exposé des principes généraux observés dans la construction des
canaux, l'auteui* fait une monographie spéciale du canal Cavour et de
quelques autres canaux, il donne des détails sur la pratique des irri-
gations, et il en expose les résultats. Sans méconnaître l'intérêt de celte
étude, il est permis de regretter que l'auteur n'ait pas suffisamment
rendu justice aux résultats obtenus par les irrigations dans une partie
de la Provence. H y a encore d'immenses travaux à exécuter pour le
midi de la France, aussi bien dans le bassin du Rhône que dans ceux
de la Garonne et de l'Adour. Nous ne cessons de le répéter, et nous
sommes heureux qu'une importante étude sur les irrigations de )a
Lombardie et du Piémont vienne s'ajouter aux observations nom-
breuses qui ont démontré Furgence de ces travaux.
IX. — Les concours régionaux.
La période des concours régionaux de 1883 est maintenant ouverte.
Durant cette semaine, se tient le concours de l'Algérie, sous la direc-
tion de M. du Peyrat, inspecteur général de l'agriculture. Notre excel-
lent correspondant M. Bastide, président du Comice de Sidi-bel-Abbès,
rendra couiple de cette solennité à nos lecteurs. — Durant les mois
de mai et de juin se tiendront les concours suivants : Amiens, Bourj
et Foix, du 5 au 14 mai ; Vannes, du \'2 au 20 mai; Digne et Troyes,
du 19 au 27 mai; Blois et Rochefort, du 26 mai au 3 juin; Caen, du
9 au 17 juin; Aurillac, du 16 au 24 juin. Enfin deux concours auront
lieu à des époques plus tardives : celui de Mende, du l""" au 9 sep-
tembre, et celui de Nice, du 17 au 25 novembre.
Voici le relevé des déclarations adressées au ministère de l'agri-
culture pour les concours d'Amiens, de Bourg et de Foix :
Produits.
lots.
463
386
2i.S
Espèce
bovine.
Kspèce
oviiie.
Espèce
porcine.
Animau.v
de basse •(
de
:our.
Machines et
instruments.
Amiens
IJoury
têtes.
2;i9
310
lots.'
97
'J4
têtes.
49
37
72
lots.
347
40
136
1,844
836
Foix
218
769
48 GHRONIOLIK AGRICOLE (It AViUL 1883).
Le concours d'Amiens sera diricjé par M. Randoing, inspecteur gé-
néral adjoint de l'agriculture; celui de Bourg par M. Boitel, inspec-
teur général; celui de Foix par M. H. Vassillière; inspecteur général
adjoint.
X. — Vente de machines agricoles dans le Tarn.
La Société d'agriculture du Tarn a décidé que, pour faciliter aux
agriculteurs l'acquisition d'instruments perfectionnés propres à éco-
nomiser la main-d'œuvre, elle fournirait 20 pour 100 du prix d'achat.
Les instruments qu'elle subventionnera sont les suivants : la mois-
sonneuse, la faucheuse-moissonneuse, le râteau à cheval, la faneuse,
le hache-paille, le semoir à la volée, les greffoirs pour la vigne La
Société lait un appel aux constructeurs dont les instruments ont fait
leurs preuves et les invite à faire connaître les prix ordinaires, la
remise qu'ils accorderont à la Société et le délai de payement. Les
offres des constructeurs et les demandes d'achat seront transmises soit
à M. le D"" Delbosc, rue d'Amboise, à Albi, soit à M. Guyot, rue do la
Mairie, à Albi, secrétaires de la Société d'agriculture, qui donneront
les renseignements nécessaires et feront envoyer directement aux des-
tinataires l'instrument de leur choix. L'acquéreur devra s'engager à
s'en servir sur son exploitation ou à le louer pendant deux ans au
moins.
XL — Vente de taureaux et de béliers.
La vente de taureaux, fondée par la Société d'agriculture de l'Indre
en 1878, auraUeu à Neuvy-Saint-Sépulchre, le 16 avril prochain. Il
y est annexé une vente de béliers. Seront admis à cette vente les tau-
reaux et les béliers de toutes races et de toutes provenances, sans qu'il
soit tenu compte de la durée de possession. Les taureaux, pour être
admis dans l'enceinte réservée à l'exhibition, seront soumis à un droit
d'entrée de 5 francs. Ils devront être pourvus d'un anneau nasal ou
mouchette. Il sera décerné aux animaux qui seront reconnus les
meilleurs par le jury des médailles de la Société d'agriculture, et des
[)rix en argent offerts par la commune de Neuvy.
XIL — Concours de la Socié{é d'agriculture de l'Indre.
Le concours d'animaux reproducteurs, d'instruments et de machines
agricoles, fondé par la Société d'agriculture de l'Indre, se tiendra les
14 et 15 mai, au Blanc. Ce concours comprendra les animaux repro-
ducteurs des races chevalines, bovines, ovines, porcines et de basse-
cour, les instruments et machines agricoles de tous genres, les fleurs,
fruits, légumes, beurres, fromages, etc. Des prix spéciaux seront
décernés pour les exploitations les mieux tenues, pour les cultures
lourragères et pour la viticulture.
A l'occasion du concours, des essais de charrues et spécialement de
r.harrues fouilleuses, auront lieu le 1 4 mai. Une vente aux enchères
de ces instruments sera faite le lendemain par les soins de la Société.
XIIL — Société d'agriculture de l'Aude.
La Société centrale d'agriculture de l'Aude organise deux concqurs
d'animaux reproducteurs qui auront lieu : le premier le 4 mai,
à Quillan pour les cantons d'Axat, de BelcaireetdeQuillan; le deuxième
13 iO mai, à Sais.sac, pour les cantons d'Alzonne, de Saissac et de
CHRONIQUE AGRICOLE (l4 AVRIL 1883). 49
Castelnaudary-iiord, Ces concours comprendront les taureaux et les
génisses, les béliers et les brebis. — En outre, pour encourager la
production dans l'arrondissement de Limoux, la Société offre aux cul-
tivateurs des taureaux de la race tarentaise, dont ils deviendront pro-
priétaires sous les conditions démettre pendant deux ans ces taureaux
à la disposition du public pour la monte et de ne toucher par saillie
qu'une rétribution inférieure à celle des habitudes locales. Aux éleveurs
des cantons d'Alzonne, du Mas-Cabardès et de Saissac, elle offre deux
béliers des races anglaises new-kent et southdown, dont ils deviendront
propriétaires sous la condition de inettre pendant quatre ans ces béliers
à la disposition du public pour faire la monte.
XIV. — Produclion des chevaux dans la Seine-Inférieure.
La Société centrale d'agriculture de la Seine-Inférieure a décidé
qu'elle annexerait à ses concours de pouliches, en 1883, un concours
spécial pour pouliches de trait, âgées du 3 ans, et saillies par un éta-
lon de trait.
XV. — Les animaux reproducteurs au Concours de Paris.
A l'occasion de l'article de M. de la Tréhonnais inséré dans notre
dernier numéro (page 2*), notre confrère, M. le marquis de Poncins,
nous adresse la lettre suivante :
« 9 avril 1883.
« Monsieur le rédacteur en chef et cher confrère, je viens de lire dans le der-
nier numéro de votre Journal, une note de M. de la Tréhonnais, répondant à la
note que je vous avais adressée au sujet du Concours de reproducteurs de Paris.
« Ce dernier article de M. de la Tréhonnais ne modifie en rien la question de
fond, et donne à la discussion un caractère de personnalité que je ne veux pas
accepter. Je viens donc vous avertir, que je maintiens tout ce que j'ai écrit en
faveur du Concours général de Paris^ mais que je ne veux pas continuer une polé-
mique dont le résultat ne servirait en rien les intérêts agricoles dont nous sommes
les représentants.
« Agréez, etc. Marquis de Poncins,
Président de la T section de la Société des agriculteurs de France,
Membre de la Société nationale d'agriculture.
Nos lecteurs ont eu sous les yeux tous les arguments de nos honora-
bles correspondants; ils peuvent juger en pleine connaissance de cause.
XVI. — Un grand domaine du Mcdoc.
Nous appelons l'attention de nos lecteurs sur une vente importante
qui aura lieu le 24 avril courant, devant le tribunal de Bordeaux. Le
domaine d'Agassac, à Ludon,sera mis en adjudication, par suite du
décès de son propriétaire M. Emile Richier, ancien député, qui, pour
son beau vignoble et pour ses belles cultures, a remporté la prime
d'honneur au concours régional de Bordeaux en 1860.
XVII. — Concours d'animaux gras à Chalon-sur-Saâne.
Le concours régional d'animaux gras, qui a eu lieu du 16 au
18 mars, à Chalon-sur-Saône, a marqué une nouvelle étape dans le
succès de ces solennités dont la création revient, en grande partie, à
l'activité et au zèle de M. J^nmanuel Gréa. Les animaux de l'espèce
bovine formaient la principale partie de l'exposition; on en comptait
76, au lieu de 43 en 1882. Le Progrès de Saône-ei-Loire donne sur les
diverses parties du concours, des détails qu'on lira avec intérêt :
« La race pure Durham reste toujours le type le plus parfait par l'exagération
ai la graisse, la petitesse de la tète, l'absence de collet, la charpente osseuse peu
volumineuse, la peau mince et souple, etc. Li coiffure, seule laisse toujours
50 CHRONIQUE AGRICOLE [\k AVRIL 1883).
à désirer : une des grandes qualités du durharn est sa précocité, qu'il transmet
si facilement et avec tant d'avantages à ses croisements divers.
« Nous retrouvons les mêmes qualités dans les charolais ou nivernais, nous
n'osons dire les charolnis purs : la race pure de tout mélange devient de plus en
plus rare, demandez plus tôt aux éleveurs nivernais. Tous ont plus ou moins de
sang durharn dans les veines : mais le type charolais, malgré la graisse et la roton-
dité des formes, domine toujours et se distingue par sa taille plus élevée, sa petite
lête si bien coiffée, et son beau pelage blanc ou légèrement Iromentin.
«De|)lus, le bœuf charolais est un excellent travailleur : c'est la bête de charrue
par excellence; puis à l'âge de 5 ou 6 ans, il s'engraisse facilement soit dans les
étables, soit dans nos plantureuses prairies ou embouche:', et produit les aniinaux
exposés par paires que chacun a pu admirer cette année. Ces qualités manquent
en partie au durharn.
ce Aussi, pour notre part, préférons-nous, et de beaucoup, le durham-charolais à
à tous les durhams purs les plus distingués, même au point de vue de la vérita-
ble et bonne viande de boucherie. Qu'ils restent les types destinés à l'améliora
tien de nos belles races françaises. C'est un mérite bien sutiisant.
« Le jury l'a bien compris cette année, en accordant le grand prix d'honneur aux
durham-nivernais de MM. Marc frères (Côte-d'Or), heureux de récompenser les
progrès et les merveilleux résultats de ces vaillants fermiers éleveurs dont l'ex-
position était vraiment admirable.
« En dehors de MM. Marc Irères et Petiot, nous citerons rapidement les splen-
dides animaux primés de MM. Grillot, Magnin, Bacquelot, Griveaud, Bernard et
autres dont les noms nous échappent.
« Nous accorderons une mention spéciale au taureau charolais de M. Duverne
fils, de Monceau-le-Mines, qui a obtenu le premier pnx dans sa catégorie. En-
core nn jeune agriculteur instruit, plein de feu sacré pour le progrès agricole,
qui se fera jour et arrivera au premier rang.
« Espèce^ ovine. — L'espèce ovine, représentée par onze ou douze lots, ne ?e dis-
tinguait que par les trois présentés par M. Marc frères et Kœhrer, southdowns-
solognots et berrichons, d'une finesse remarquable, admirables de forme et de
graisse. Puis venait à une distance considérable les dishley-bourbonnais de
M. Grriveaud. Les deux lots de M. Gorneloup, de Cbalon, avec moins de hauteur
de jambes, et mieux gigoté^, auraient pu mériter une récompense.
« Espèce porcine. — Le Yorkshire (toujours les Anglais!) représente les du-
rhams dans l'espèce porcine. Il donne à nos races si appréciées de la Bresse et du
Charolais la précocité et une aptitude des plus sérieuses à l'engraissement ra-
pide. Ces animaux sont trop connus dans nos concours pour nous étendre sur les
avantages que peuvent en tirer les éleveurs. Aussi cette précieuse race se propage-t-
elle rapidement. Le premier prix a été enlevé, haut la main, par M. Bacquelot.
« Le deuxième prix, charolais pur, à M. Lardet, quoique m )ins gras, n'était
pas sans mérite. A. Soûlas. »
Le concours ne comptait qu'un petit nombre d'exposants pour les
volailles grasses, ainsi que pour les machines agricoles.
XVIIL — Arbres et, arbustes d'ornement.
MM. Vilmorin Andrieux el Cie viennent de publier leur catalogue
pour 1883 des graines d'arbres et d'arbtistes qu'ils mettent dans le
commerce. Ce catalogue est divisé en deux catégories : arbres et
arbustes de pleine terre, arbres et arbustes d'orangerie et de serre.
Dans l'une et l'autre, on trouve le plus grand nombre des variétés de
végélciuv d'ornement qui sont aujourd'hui cultivées. Nous signalerons
particulièrement une importante collection de graines de vignes ; elle
comprend des variétés de toutes provenances : vignes d'Amérique
(47 variétés), vignes d'Asie, vignes de la Kabylie, vignes françaises
sauvages du Gliei". Pour les fameuses vignes de Cochinchine à racine
tubéreuse, MM. Vilmorin Andrieux ont soin de rappelerquMs ne croient
pas que celte espèce puisse être cultivée avec succès en F'raoce ni en
Europe, et qu'elle ne présente un véritable intérêt que pour les con-
trées situées dans les régions chaudes du globe. J.-A. Barral.
PLANTATION DS LA VIGNE DANS LES SABLES. 51
PLANTATION DE LA VIGNE DANS LES SABLES
Dans une circulaire récente adressée à M. le préfet du Gard,
M. de Mahy, ministre de l'agriculture, justement préoccupé de l'état
désastreux du viiiçnoble français et frappé des merveilleux, succès de la
plantation de la vigne dans les sables d'Aigues-Vlortes, manifeste le
désir de favoriser la multiplication des vignobles de cette nature et
prescrit, en vue de ce résultat, les moyens de faire passer dans les
mains de l'industrie privée tous les sables du département du Gard
propres à la plantation des vignes et qui restent aujourd'hui impro-
ductifs dans les mains de l'Etat,
Jl n'est personne qui n'ait applaudi à cette excellente pensée, personne
qui ne demande au ministre qui a succédé à M. de Mahy d'en presser
l'exécution. Mais on veut aller plus loin, on se demande hautement,
dans les départements de la Gironde et des Landes, par exemple, si la
mesure prise à l'égard du département du Gard ne devrait pas
s'appliquer à toutes les contrées sablonneuses du Sud-Ouest dont le
climat est favorable à la culture de la vigne, et la chronique agricole
du Journal d'agriculture pratique du 8 mars, après avoir transcrit la
circulaire de M. de Mahy ajoute ; « Cette mesure ne pourrait-elle pas
« êtreétendueàd'autresdépartements?C'estaux viticulteurs d'examiner
la question. j> Cette invitation m'a frappé; je considère qu'il y a dans
l'entraînement que l'on est exposé à subir, par suite des succès des
plantations des sables d'Aigues-Mortes, des périls très grands pour
des conlrées qui me sont chères à bien des titres; déjà je vois t^e faire
des plantations considérables dans les Landes; il est à craindre que
ceux qui les entreprennent n'aient pas pris toutes les précautions
nécessaires en pareilles circonstances, et s'exposent à de cruelles
déceptions; c'est plus qu'il n'en faut pour me déterminer à présenter,
sur ce sujet délicat, quelques observations.
6,000 hectares de dunes sablonneuses des environs d'Aigues-Mortes
se sont couverts de vignes depuis dix ans seulement. C'est en 1873
que M. Bayle signala pour la première fois le caractère des sables
d'Aigues-Mortes au point de vue de la résistance au phylloxéra, et.
depuis, la valeur des ter^^es de cette nature a décuplé, centuplé quel-
quefois, une activité comparable à celle qui préside à la fondation des
colonies les plus prospères s'est manifestée sous toutes les formes,
Aigues-Mortes et ses environs se sont transformés. Mais la science n'a
pas encore dit d'une manière formelle quelle est la cause de l'immu-
nité de ces sables et celle de la merveilleuse végétation de la vigne
dans un sol qui, en général, n'avait porté jusque-là que des tamaris
ou une végétation herbacée des plus misérables. — Nous restons donc
dans une profonde admiration des résultats, sans nous rendre un
compte assez exact de ses causes pour pouvoir affirmer qu'il serait
possible d'étendie à d'.jutres contrées, d'une manière fructueuse, les
plantations d'Aigues-Mortes.
Voici cependant un trait de lumière qu'il faut recueillir précieu-
sement et recommander à l'attention du monde viticole : M. Barrai a
lu à l'Academ.ie des sciences, dans sa séance du 12 février, et à la
Société naiionale d'agri.-ult ire, dans celle du 14 février, une note inti-
tulée : « Influence de Cliiunidité souterraine el de la capillarité du sol sur la
52 ■ PLANTATION DE LA VIGNE DANS LES SABLES.
végétation des vignes^ » qui nous révèle des diversités telles dans les
sables comparés, que tous ceux que la question intéresse liront cette
savante étude avec grande attention\ L'analyse de ces sables, les degrés
si différents de leur capillarité constituent comme un solennel aver-
tissement pour ceux qui peut-être n'avaient pas procédé encore à ces
indispensables préliminaires de toute fondation agricole.
Les mamelons sablonneux qui entourent Aigues-Mortes ont été for-
més parles alluvions argileuses du Rhône, modifiées par l'action de l'eau
de mer qui les mélange de sable à des degrés divers, et là où la mer a
séjourné, dans les creux de terrains, elle a laissé de profondes et dan-
gereuses couches de sel que l'action du soleil bridant tend toujours y
ramener à la surface. Le sel n'existe que dans une infime quantité dans
les magnifiques vignobles dont parle M. Barrai, mais il n'en existe pas
moins et constitue le grand danger de tous les sables du littoral médi-
terranéen. Quand on trouve 1 pour 100 dans ces sables, la stérilité
commence et M. Barrai en a constaté jusqu'à 10 pour 100, dans des
terrains qui, alors, sont impropres à toute espèce de végétation.
Le fléau du sel, combattu énergiquement dans le sud -est par des
hommes d'élite qui cherchent à neutraliser ses effets et à augmenter
ainsi les qualités des terres propres à la plantation de la vigne, n'est
pas à redouter pour les sables des Landes de Gascogne ; mais les diffi-
cultés d'autres sortes n'en sont pas moins nombreuses là néanmoins,
et les analyses que vient de faire M. Barrai rendent si douteux le succès
des plantations sur le littoral de l'Océan, qu'il y a lieu d'examiner avec
soin celte question. — Quelles sont ces difficultés?
1" La composition siliceuse de ces sables (98 pour 100 de silice) et
leur défaut de capillarité;
2° L'absence des eaux douces souterraines;
3° La couche d'alios qui arrête toute communication des couches
supérieures du sol avec les couches inférieures ;
4° Un climat moins égal que celui des bords de la Méditerranée, et
le danger des gelées inconnu à Aigues-Mortes ;
5° Les difficultés de transport pour les engrais;
6° Un état général des choses qui amènerait fatalement cette conclu-
sion que la culture de la vigne serait, dans les Landes de Gascogne,
aussi coûteuse et beaucoup moins fructueuse que dans les sables
d'Aigues-Mortes.
Examinons chacun de ces points.
11 n'y a pas à insister de nouveau sur les conclusions à tirer de la note
de M. Barrai quant aux deux premiers obstacles. Elle établit de la
manière la plus claire que la composition des sables qu'il a comparés
est absolument différente de tous points ; que la capillarité est très puis-
sante dans les sables d'Aigues-Mortes, très lente dans ceux des landes
de Gascogne; et que «les cultures ne réussissent bien que si les sables
ont une capillarité très grande et reposent sur une couche aquifère. »
C'est un point indiscutable désormais à mes yeux, et la théorie repose
sur des faits trop probants, sur des analyses trop scriipuleuses, pour
qu'on ne l'accepte pas.
Mais cette couche aquifère vient-elle au moins apporter lentement
son appoint indispensable? Non, assurément, V alios esilk, d'une épais-
seur qui varie de 0'".30 à 0".50, et qui empêche toute communication
1. Ce mémoire a été publié dans le Journal, de l'agriculture du 17 lévrier 1863.
PLANTATION DE LA VIGNE DANS LES SABLES. 53
des nappes d'eau inférieures avec la surface du sol. On va en juger aisé-
ment par ce qui suit.
Le vaste plateau des landes de Gascogne, qui comprend 800,000 hec-
tares, tant dans la Gironde que dans les Landes, est placé à une hau-
teur-moyenne de 100 mètres au-dessus du niveau de la mer; pur une
pente faible, mais suffisante, qui a été constatée par les travaux de
M. l'ingénieur Chambrelent, la plus grande partie de ses eaux s'écoulent
dans les grands étangs qui bordent le littoral, étangs qui sont eux-
mêmes à une élévation assez grande au-dessus du niveau de l'océan,
vers lequel leur trop plein se dirige par de grands courants. Ces étangs
ont été formés par les eaux pluviales que les dunes ont arrêtées dans
leur écoulement vers la mer; ce n'est qu'arrivées à une certaine hau-
teur que ces eaux ont pu se créer une issue, et elles ont ainsi formé des
lacs intérieurs, parfois très profonds et qui couvrent une surface de plus
de 17,000 hectares, des marais d'un assainissement difficile, d'une
contenance de 6 à 7,000 hectares.
Tel est l'aspect général de cette contrée. Maintenant, voici ce qui la
caractérise : il n'existe aucune communication entre la couche supé-
rieure du sol et le sous-sol; les eaux souterraines ne peuvent jamais
remonter à la surface, et c'est tout au plus si, à' travers les fissures
qui se produisent dans le tuf inriperméable du terrible alios, il pénètre
de loin en loin quelques parties de l'eau de la surface dans le sous-sol,
où elle forme, à une profondeur de i'^.SO environ, une" nappe jau-
nâtre, presque putride, qu'aucune aération n'a pu purifier, et impos-
sible à boire par conséquent. Les pluies d'hiver forment à la surface
une couche aqueuse énorme, que le soleil brûlant de l'été pompe
ensuite, et il est facile de s'imaginer ce que six mois de pluie et six
mois de sécheresse, avec un sous sol imperméable, doivent apporter
d'infertilité et même d'insalubrité dans ces contrées. Cette situation a
été heureusement modifiée depuis quelques années au point de vue de
la salubrité et de l'écoulement des eaux, par les fossés nombreux dont
M. l'ingénieur Chambrelent a donné le précepte et l'exemple dès
l'année 1849, mais ils n'ont pu ni approfondir la couche arable,
ni lui donner aucune communication avec le sous-sol.
Lorsqu'on parcourt, parallèlement à la mer, telle partie que ce soit
des 250 kilomètres qui s'étendent de la pointe du Médoc à l'embou-
chure de l'Adour, à la vue, tantôt de magnifiques pins maritimes, de
chênes liège vigoureux, tantôt de landes dénudées, le plus souvent
de pins d'une venue médiocre, on devine aisément la proximité plus
ou moins grande de Y alios ^ ou son absence, on peut juger de son
action décisive sur la végétation. On comprendra aisément après cela,
combien, en dehors des dunes du littoral, la plantation de la vigne
doit être aléatoire dans de tels terrains, et comment des plantations
qui peuvent bien végéter pendant les premières années sont destinées,
lorsque les racines de la plante rencontreront le terrible obstacle, à
subir un arrêt fatal dans leur développement. On pourra bien délivrer
la vigne des trop grandes quantités des eaux de la surface par des
fossés d'écoulement, mais elle ne profitera pas pendant l'été des eaux
souterraines et restera à la merci des excès de sécheresse ou de cha-
leur qu'aucun engrais ne pourra jamais compenser.
Voici en quels termes M. Chambellant, inspecteur général de Fagri-
culturCj parlait du département des Landes en 1865 :
54 PLANTATION DE LA VIGNE DANS LES SABLES.
<x Le terrain des Landes est humide en hiver, brûlant en été, parce qu'il repose,
à 60 ou 80 centimètres de profondeur, sur un sous-sol imperméable appelé alios
ou arios. Ce sous-sol alioticfue est formé par un ciment de couleur rousse ou noi-
râtre; ce sont des matières organiques, qui unissent les particules siliceuses, ainsi
■que l'a démontré M. Joly, en 1834; au-dessous de cette sorte de grès ferrugineux
assez dur, et dont l'épaisseur varie de 30 à 40 centimètres, on trouve un banc
d'argile souvent très puissant...
« Valios ou terre-bouc renferme les matières suivantes :
Sable 80 à 90 p. 100
Argile 1 à 2 p. 100
Fer 2 à 3 p. 100
Magnésie, 0.25 à 1 p. 100
Matières organiques 2 à 4 p. 100
Eau 2 à 3 p. 100
« En général, le sol des Landes n'offre aucune source, aucune trace d'eau pen-
dant l'été; il n'en est pas ainsi pendant l'hiver. Pendant celte saison, les eaux
pluviales y restent stagnantes jusqu'à ce qu'elles aient été dissipées par les cha-
leurs de l'été. Yoilà pourquoi la lande, dans la Gruyenne, est inondée ou humide
durant l'hiver, et sèche et aride depuis la fin de mai jusqu'en novembre. Ces
deux états, si dissemblables l'un de l'autre, ont por.r cause unique l'imperméabi-
lité du sous-sol et l'horizontalité de la couche arable. »
Le régime des eaux dans les Landes de Gascogne, on le voit, est
dominé par une pa-rlicularité unique peut-être dans le monde, l'exis-
tence souterraine de Valios, le grès maudit., la. pierre de fer des Landais^
tuf imperméable d'une telle dureté qu'aucun instrument de culture ne
saurait le briser, et que la dynamite seule parviendrait à le détruire si
son emploi n'en était pas trop coûteux. Valios s'étend à 0™.40 ou
0™.50 de profondeur, sur la presque totalité du plateau des Landes ; on
n'en peut excepter réellement que les dunes du littoral, qui n'ont
qu'une largeur moyenne de 6 kilomètres.
Nous ne rencontrons pas en effet les mêmes obstacles dans ces dunes
élevées du bord de la mer. Là, l'altitude atténue singulièrement l'uti-
lité des nappes d'eau souterraines, mais Valios n'y existe pas; aussi
les pins et les chênes-liège, les corsiers comme on les appelle dans le
Marancin, y sont-ils d'une végétation puissante, mais la vigne, qui
ne peut aller aussi profondément que les arbres dont je parle chercher
l'humidité des couches inférieures, y rencontre dans les 2 ou 3 mètres
de la surface qu'occupent ses racines une sécheresse, une aridité, qui
sont un obstacle à une production abondante, même en supposant de
riches fumures, la préservation coûteuse des terribles vents qui vien-
nent de l'Ouest, et toutes les précautions inspirées par une étude atten-
tive de cette culture.
Aussi bien pour les sables des dunes que pour ceux du plateau cen-
tral, on se trouvera encore en présence des difficultés que Tabsence de
routes, de chemins de fer, de canaux, présente pour le transport des
engrais nécessaires, si on cultive sérieusement la vigne, — en pré-
sence de la solution d'un problème économique difficile créé par cette
absence désastreuse de voies de communications et que la sagesse de
chacun devra peser. Il ne s'agit plus là, pour nous, en outre, d'utili-
ser des terres incultes, mais de détruire, pour y substituer la vigne,
des pins maritimes et des chênes-liège d'un rapport assuré et d'une
venue magnifique. Je veux bien admettre que le sable des Landes
agira sur le phylloxéra à l'égal de celui d'Aigues-Mortes, sa ténuité
étant la même; mais qui me dit cependant que l'action simultanée
d'une puissante capillarité, que la végétation luxuriante, qui en est
PLANTATION DE LA VIGNE DANS LES SABLES. 55
la conséquence, ne sont pas pour quelque chose, pour une large part
peut-être, dans l'immunité des sables, et ne faudrait-il pas, au moins,
être assuré qu'une culture fructueuse compensera les sacrifices de
toutes sortes que l'on aura à faire, avant de détruire ce qui existe?
On nous parle de produits de 200 à 400 hectolitres de vin par hec-
tare dans le bas Languedoc ou sur le bord de la Méditerranée, et on
comprend que, dans ces conditions, les plus énormes dépenses seront
couvertes; mais croit-on que jamais notre climat, plus froid, moins
égal surtout, nous permettra d'espérer, par n'importe quel luxe de cul-
ture, une production pareille? Ce serait s'abuser étrangement que
d'avoir un tel espoir, et il nous faudra compter, en outre, avec des
fléaux que ne connaissent pas nos compatriotes du Gard, de l'Hérault
et de l'Aude, les gelées et les maladies cryptogamiques qui ont déjà
porté dans le Sud-Ouest leurs ravages, avec le terrible peronospora
viticola, le mildew des Américains.
J'ai crnsidéré comme un devoir de livrer ces réflexions aux viticul-
teurs du Sud-Ouest et j'en dirai les raisons. J'ai été, comme ils le sont
eux-mêmes peut-être, tenté par les exemples que je trouvais dans ma
propre famille de succès merveilleux obtenus par la plantation de la
vigne dans les sables d'Aigues-Mortes ; j'ai mesuré de mes propres
mains des sarments de 0'".08 de tour à la base et provenant de jeurïes
plantiers à leur troisième feuille seulement : l'épreuve de ce côté ne
laissait rien à désirer. Propriétaire de domaines dans les Landes, où la
vigne a déjà été cultivée, et dont les vins avaient au siècle dernier une
célébrité, la tentation était grande d'imiter les merveilles que j'avais
sous les yeux ; il m'a fallu examiner bien à fond la question pour en
arrivera me convaincre que de cruelles déceptions succéderaient bien-
tôt à mes espérances, et pour me faire renoncer à toute entreprise de
cette sorte. •
Je conseille le même examen, je conseille la même réserve, et je
conclus sans hésitation en disant : Les Landes de Gascogne n'ont rien
de mieux à faire que de multiplier leur richesse forestière, et, en ce
qui concerne la culture de la vigne, de se contenter d'essais prudents
sur le littoral, d'un meilleur entretien des vignes encore existantes,
— et surtout de se garder de planter partout où Valios existe à une
profondeur moindre de 0™.80 à O^.OO. E. de Dampiekre,
Membre de la Société n.itionale d'agricultuie,
Président de la Société des agriculteurs de France.
MÉTÉOROLOGIE DU MOIS DE MARS 1883
Voici le résumé des observations météorologiques du parc de Saint-
Maur en mars 1 883 :
Moyenne barométrique à midi, 754™'". 66. Minimum le 26 à midi, 739""°. 52.
Maximum le 3 à 11 heures du soir, 773™"'. 67.
Moyennes thermomc triques : des minima — 1^09; des maxima 7°. 8.^; du mois
3°. 37. Moyenne vraie des 24 heures, 2^71. Minimum le 11 vers 6 heures du
matin, — 7". 2. Maximum le 30 entre I heure et 2 heures du soir, 17». 4.
Humidité relative : moyenne, 74; la moindre, 26 le 13 à 2 heures du soir
(27 les 5 et 24 dans la journée) ; la plus grande, 100, en 12 jours.
Tension de la vapeur : moyenne ^'^''^IB; la moindre 1""".9 le 23 à 3 heures du
soir; la plus grande 9""". 8 le 30 à 6 heures du soir.
Température moyenne de li Marne, 5°. 3; elle a varié de 2''.75 le 13 à 7°. 80 les
1 et 2. Sa hauteur n'a oscillé que de 2'". 84 à 3'"*47; elle a été en moyenne de
o , 1 Z .
56 MÉTÉOROLOGIE DU MOIS DE MARS 1883. '
Pluie, 2'è"'"'.9 en 68 heures réparties en 12 jours; il n'y a eu qu'une seule
journée qui ait donné une hauteur d'eau un peu considérable, 13 millimètres.
Il est tombé un peu de neige les 6, 7, 8, 10, 11, 15 et 27. Il y en avait quel-
ques centimètres sur le sol du 6 au 9.
Il y a eu 20 jours de gelée et 2 jours de gelée blanche.
Il n'y a eu de brouillard général que le 6; le 29 un peu de brouillard bas, par
places dans la vallée de la Marne.
Nébulosité moyenne du ciel 54.
Vents dominants du N. à l'E.-N.-E, puis du S. àl'O.-S.-O.
Il y a peu de remarques à faire sur la végétation qui a été presque entièrement
arrêtée pendant tout le mois.
Relativement aux moyennes normales : la pression barométrique
est plus basae de 2"'°/j0; la température moyenne moindre de 1°.9.
Le ciel a été plus clair, la pluie peu différente de ce qu'elle est d'ha-
bitude.
Le mois de mars 1 883 offre une particularité remarquable, c'est
que c'est le mois le plus froid de l'hiver : quoique ce fait se soit
présenté en 1877;, il est fort rare; car je n'en trouve, depuis 1753,
qu'un autre exemple en 1 764.
Il n'est guère plus commun de voir le minimum absolu de la saison
froide arriver en mars; il est tombé cette année le 11, comme nous
l'avons vu; en 1877 le 12, ainsi presque à la même date. Cette
échéance du 12 mars est d'ailleurs habituelle; on en citerait plusieurs
exemples : c'est à cette date en 1847 que j'ai vu le thermomètre des-
cendre à Vendôme à — 1 8".
Les froids de mars 1883 se sont étendus sur une très grande sur-
face; voici quelques-unes des températures observées en Europe vers
7 heures du matin.
10 mars Pic du Midi (M. de. Nansouty) — 24".5
H — Gharleville (Ecole normale) — 8". 5
Marl^'-le-Roi (.M. Raymond) — 8".0
Parc de Saint-Maur (observatoire) — "".2
12 — Gap (Ecole normale) -. — n".2
13 — Vendôme (journal Le Loir) — 7". 4
20 — Moskou — 24".2
21 — Arkhanguelslv , — 33".2
• Ainsi ce sont les stations méridionales qui ont éprouvé le minimum
de froid les premières, ainsi que cela se présente de temps en temps,
comme M. Barrai nous le faisait remarquer l'an passé.
E. Renou,
Membre de la Société nationale d'agriculture.
LA PRIME D'HONNEUR DE L'INDRE EN 1882'
Messieurs, le jury chargé par M. le ministre de l'agriculture de visiter les
exploitations du département de l'Indre, dont les propriétaires ou -fermiers étaient
admis à concourir pour la prime d'honneur, les prix culturaux et les médailles de
spécialité, était composé de :
MM- Lembezat, inspecteur général de l'agriculture, président;
Legave-Joly, lauréat de la prime d'honneur d'Indre-et-Loire;
Bardin, agriculteur, à Chevenon (Nièvre) ;
Nouette-Delorme, lauréat de la prime d'honneur du Loiret ;
Bignon, lauréat de la prime d'honneur de l'Allier;
Lefèvre, sous-directeur de la bergerie de Rambouillet, secrétaire;
Franc, professeur départemental d'agriculture du Cher, rapporteur.
C'est le 14 juin 1881 que le jury s'est réuni pour remplir la haute et délicate
1. Rapport sur les exploitations agricoles du département de l'Indre, ayant concouru pour la
prime d'honneur, les prix culturaux et les médailles de spécialité, à l'occasion du concours
régional, tenu à Châteauroux du 6 au 15 mai 1882.
LA PRIME d'honneur DE L'INDRE. 57
mission qui lui était confiée. Les exploitations agricoles qu'il avait à visiter étaient
au nombre de quatre. La première, la ferme de Gungy, commune de Valençay,
avait été déjà l'objet de la prime d'honneur en 1874, lors du dernier concours
régional, et, par consé([ucnt, n'avait point à prendre part à la lutte ; cependant,
sur l'invitation de M. le ministre de l'agriculture, le jury avait à la visiter à
nouveau.
Les trois autres exploitations, concourant, soit pour la prime d'honneur, soit
pour les prix culturaux et les médailles de spécialité, sont les domaines de Ville-
bussière, commune de Vigoux ; de G-latigny, commune de Saiut-Ghristophe-en-
Bazelle et du château de Bouesse, commune de Bouesse.
Nous avons vivement regretté que, dans un département aussi agricole et aussi
progressif que l'Indre, un plus grand nombre de concurrents ne se soient pas
mis sur les rangs.
En 1857, époque du premier concours régional, 21 propriétaires ou fermiers
s'étaient présentés pour disputer la prime d'honneur, les prix culturaux et les
médailles de spécialité; en 1866, ce nombre s'était réduit à 12, et en 1874, ce
n'est encore que 13 agriculteurs qui ont osé se présenter dans la lice.^
Mais à ces diverses époques, les commissions qui nous ont précédés avaient
lieu de se féliciter d'être en présence d'un pareil nombre de concurrents, qui fai-
saient le plus grand honneur au département.
Faut-il en conclure que le norabre restreint de fermes que nous avions à visiter
soit un signe de découragement parmi les champions du progrès agricole? Non,
messieurs, penser ainsi, serait mal juger de notre temps et de nos mœurs. Nous
devons espérer qu'il n'y a eu ni découragement, ni ralentissement, mais sinaple-
ment jugement et appréciation de forces respectives, et peut-être, seTait-il juste
de faire intervenir la crainte et la timidité pour quelques bons agriculteurs. Les
modestes et les timorés se sont abstenus, mais, nous aimons à le croire, ils n'ont
pas abdiqué.
Quoi qu'il en soit, ces abstentions sont regrettables, car s'il est glorieux de
remporter des palmes, il est au moins -honorable d'avoir combattu en si bonne
compagnie.
Pour la quatrième fois depuis son institution, la grande prime d'honneur de
l'agriculture va être décernée dans le département de l'Indre. De nouveaux noms
vont enrichir les annales du Berry et grossir le nombre de ces hommes d'élite qui
savent consacrer leur intelligence et leur vie à la prospérité nationale et au bien
de l'humanité.
Avant devons faire connaître les impressions et les décisions du jury sur cha-
cune des exploitations qu'il a été appelé à visiter, laissez-moi vous entretenir
quelques instants de cet intéressant département où se tiennent en ce moment
les assises agricoles de la région du centre de la France.
Formé aux dépens des anciennes provinces du Berry, de l'Orléanais, de la
Marche et de la Touraine, le département de l'Indre' emprunte son nom à la
char.mante rivière qui le traverse entièrement du sud-est au nord-ouest. Il est
limité par six autres départements avec lesquels il a des analogies sous le rapport
du climat, du sol et de la production.
, Au point de vue du climat, l'Indre doit être rangé parmi les régions tempérées,
quoique certaines parties soient sujettes à des variations brusques, mais peu
sensibles. L'arbousier, le tamarix, le laurier et le figuier végètent en pleine terre
dans les lieux abrités des vents du nord.
La température, moyenne de l'année est de + 12°, celle de l'été +20°, et celle
de l'hiver -|-5". La chaleur la plus élevée varie entre -|-28" et -1-34°, et la tempé-
rature la plus basse entre — 6" et — 14°.
L'été est ordinairement plus sec qu'humide. Les vents dominants sont ceux du
nord-ouest et du sud-ouest.
Le sol de ce département offre de grandes variations ; suivant les régions, on
trouve les terrains primitifs, de transition, secondaires, tertiaires et quaternaires.
Grâce, d'une part, au climat, qui, comme on le voit, est assez tempéré : pas
de froids extraordinaires, pas de chaleurs excessives, et d'autre part, grâce aussi
à la diversité des terrains, la production agricole est des plus variées; elle com-
prend, en effet, toutes les céréales et toutes les plantes fourragères de la culture
française. La vigne occupe également dans l'Indre une large place.
Au point de vue spécial des céréales, il est à remarquer qu'il y a une trentaine
d'années à peine la culture du seigle était la plus étendue et fournissait seule le
58 LA PRIME d'honneur DE L'INDRE.
pain aux populations rurales. Depuis cette époque, quoique peu éloignée, une
grande amélioration s'est produite. Aujourd'hui, ce département ensemence cinq
fois plus de froment que de seigle, et il en est résulté un bien-être qui s'est fait
particulièrement sentir sur l'alimentation des travailleurs des campagnes et sur
ceux des villes.
Les spéculations animales comprennent la production de tous les animaux
domestiques de notre continent. L'éducation des chevaux fait chaque année de
notables progrès; ces animaux, pour la plupart de races légères, ne manquent
pas de fond ni d'énergie. La statistique porte le chiffre de la population cheva-
line de l'Indre à 30 mille.
Les bêtes bovines, au nombre de 122 mille, appartiennent à la race parthenaise
et à la race limousine; leur conformation et leur développement laissent générale-
ment beaucoup à désirer; cependant on rencontre quelques étables où par une
alimentation abondante, une sélection et des soins bien entendus, on a avanta-
geusement modifié la taille et les formes de ces animaux. Ce résultat indique évi-
demment la voie que doivent suivre les agriculteurs pour atteindre le même but.
L'espèce ovine_, représentée par 8^0,000 individus, fait l'objet d'une spéculation
très importante, elle est même pour l'Indre, comme du reste, pour tout le Berry
et toute la Sologne, la principale ressource. Les bêtes à laine de ces régions
appartiennent à différentes races qui sont la berrichonne^ la solognote et la Grevant.
Le mouton mérinos et les produits du croisement mérinos avec les races locales
se rencontrent assez fréquemment.
Les moutons berrichons sont les plus répandus; ils sont réputés pour la déli-
catesse de leur chair et la finesse de leur laine.
L'espèce porcine est représentée par des animaux appartenant à diverses races,
souvent mélangées. Ces animaux sont généralement trop élevés sur jambes.
Toujours d'après la statistique, les bêtes porcines de l'Indre sont au nombre de
24,000.
Les animaux de basse-cour sont représentés par plus de 700,000 têtes. Les oies
et les dindons particulièrement donnent lieu à un commerce très important.
L'Indre est un pays riche en métaux et en minéraux. Le minerai de fer se
rencontre dans plus de 30 communes. Le plomb argentilère, la plombagine et
même le manganèse y sont exploités sur différents points.
La pierre lithographique des environs de Ghâteauroux jouit d'une grande
renommée et donne lieu à une industrie et à un commerce considérables. La
pierre meulière et la terre à gazette font aussi l'objet d'une exploitation assez
importante.
Sans, vouloir énumérer toutes les industries, nous en signalerons cependant
quelques-unes ; d'abord, la briqueterie de Verneuil, la fabrique de draps, la
manufacture de tabacs, les ateliers de construction de machines de M. Hidien, à
Ghâteauroux; ensuite la .fabrique de raidisseurs et de clôtures métalliques de
MM. Louet, à Issoudun, les tanneries, les mégisseries, les corroieries, les impri-
meries, les parchemineries, les minoteries, etc., d'Argenlon, du Blanc, de Buzan-
çais, de Ghâteauroux et de la Ghâtre. Quelques-uns de ces établissements, entre
autres ceux de M. Hidien et ceux de MM. Louet, rendent de très grands services
à l'agriculture.
Ajoutons, enfin, que des gisements importants de phosphates de chaux, depuis
peu découverts dans ce département, promettent à l'agriculture de la région des
engrais dont la nécessité se fait de plus en plus sentir.
Ainsi, par ses produits minéraux, aussi bien que par ses produits végétaux et
animaux, l'Indre est un des départements des mieux favorisés au point de vue
industriel et agricole.
Agriculture, industrie et commerce ne sont point antagonistes, mais alliés et se
prêtent un mutuel concours si l'on sait concilier leurs intérêts, en apparence
opposés. Mines et usines enlèvent, il est vrai, des travailleurs à la culture des
champs, mais elles lui forment des consommateurs qui peuvent payer à un plus
haut prix les produits animaux et les produits végétaux.
En absorbant la main-d'œuvre, les usines et les ateliers obligent l'agriculture
à entrer dans la nouvelle voie économique : exploitation du sol par les fourrages
et le bétail; adoption des instruments perfectionnés, mus par les animaux ou la
vapeur, afin de remplacer les bras de l'homme le plus souvent possible; pratique
des fumures combinées avec les engrais commerciaux, etc.
La solution d'un des plus grands problèmes agricoles du moment, consiste
LA PRIME d'honneur DANS L'INDRE. 59
surtout, en effet, à réduire par tous les moyens, le besoin de la main-d'œuvre et
la surtace des terres arables. Beaucoup d'agriculteurs de l'Indre ont déjà compris
depuis quelque temps toute l'importance de cette grave question, mais le nombre
n'en est malheureusement pas encore assez grand.
Ce beau département, où se trouvent des ressources si variées et qui est si
intéressant à visiter au point de vue rainéralogiquc, géologique et af^ricole est
l'un des plus étendus de i^'rancc. Sa superficie dépasse 688,850 hectares; mai's sa
population n'est pas des plus denses, elle n'est que 277,850, ou en moyenne de
41 habitants par kilomètre carré. Il est donc au nombre des moins favorisés sous
le rapport de la population, et cetle infériorité porte particulièrement sur la popu-
lation rurale. Il n'est pas non plus des mieux partagés sous le rapport des voies
de communications : il n'a encore que deux lignes de chemins de fer, dont l'une
a été inaugurée, il y a à peine quelques mois; six routes nationales, 23 routes
départementales, 38 chemins vicinaux de grande communication et 57 chemins
d'intérêt commun. Les voies de navigation lui font complètement défaut, mais
tout fait espérer que la sollicitude de l'Etat comblera bientôt celte lacune.
Divisions. — La nature du sol divise nettement le département de l'Indre
en trois régions, qui sont, par ordre d'étendue, le Boischaut, la Brenne et la
Champagne.
Le Boischaut^ presque deux fois plus vaste que les deux autres régions réunies,
occupe plus de 500,000 hectares, _ qui forment l'arrondissement de la Châtre et
une portion de trois autres arrondissements.
Dans cette région, on rencontre de grandes forêts, telles que celles de Château-
roux (5,li4 hectares), celles de Bommiers (5,061 hectares), de Chœurs, de la
Luzeraize, de Bélâbre, etc. Les landes couvertes de bruyères, les étangs et les
mares y occupent aussi une vaste étendue.
Le sol est de nature très variée; les terrains qu'on rencontre le plus fréquem-
ment sont les granits sous forme de cailloux et de sables plus ou moins divisés,
les schistes, les trias, les lias, et les calcaires oolithiques.
Ce pays est également assez varié par ses cultures et par ses aspects ; il offre
des vallons profonds et de jolies petites rivières. Ce n'est pas la partie la moins
fertile du territoire de l'Indre. L'agriculture y a fait de grands progrès depuis
une trentaine d'années, grâce aux hommes d'initiative qui ont su donner l'élan
et le bon exemple par la mise en valeur des terres incultes, l'emploi des amende-
ments calcaires et des engrais commerciaux.
Le Boischaut élève et engraisse des bêtes à cornes ; il produit aussi de bons
chevaux et compte un grand nombre de petites exploitations, qui rendent la pro-
priété très morcelée.
La succession de culture adoptée dans cette région est triennale et est géné-
ralement ainsi combinée : jachère, blé ou seigle, avoine ou orge.
La Brenne, comprise dans l'arrondissement du Blanc, est cinq fois moins éten-
due que le Boischaut. Elle est formée par une suite de dépressions peu profondes,
séparées par des plateaux d'une faible élévation. C'est une des rares contrées de
la France connues surtout par le grand nombre de leurs étangs. Elle ressemble à
laDombequi domine le Jura, et à la Sologne dont elle n'est séparée que par quel-
ques dizaines de kilomètres. Son étendue est d'environ 80,000 hectares, dont plus
d'un dixième est occupé par des étangs et des marais. Cette contrée est quelquefois
appelée Peiile Sologne ou Sologne de Berry.
Comme dans la Dombe et comme en Sologne, ces marécages engendrent des
miasmes dangereux. Presque toute l'année, après le lever et avant le coucher du
soleil, on voit s'élever des étangs et des marais des brouillards qui voilent le ciel
et exhalent des odeurs dont l'effet insalubre se fait sentir sur un grand rayon.
Avant qu'on eût commencé à dessécher les marais et les étangs les plus nui-
sibles, il y a un peu plus d'un demi-siècle, la vie moyenne n'était que de vino't-
trois ans dans la Brenne, tandis que dans certains départements, elle s'élevait de
trente-six à trente-huit ans. C'était une des régions des plus malsaines de la
France; on y comptait encore, il y a à peine une trentaine d'années, 8,330 hec-
tares d'étangs; mais depuis ce nombre a diminué beaucoup, et nous constatons
qu'il se réduit tous les ans. Dans presque toutes les communes, on pratique le
dessèchement et le reboisement sur une grande échelle; on ouvre des routes,
des canaux et on met les landes en culture. Les bruyères et les étangs se trans-
forment en prairies et en champs couverts de belles récoltes. La salubrité arrive
1. Boischaut, de Boschelum, mot de basse latinité, qui signifie bosquet, bois.
60 LA PRIME D'HONNEUR DANS L'INDRE.
avec le progrès agricole; la moyenne de la durée de la vie humaine s'est presque
élevée au chiffre des contrées voisines.
En général, le sol végétal de la Brenne est une terre de bruyère , c'est-à-dire
un sable très fin dépourvu de cohésion, d'une faible épaisseur, riche parfois en
débris organiques qui lui communiquent une teinte noire.
Sur beaucoup de points, le sous-sol de cette contrée renferme les éléments
essentiels qui manquent à la couche végétale : la chaux et l'argile. Les marnes
argileuses s'y rencontrent fréquemment à une faible profondeur. Dans quelques
endroits de bons labours pourraient la mélanger avec la couche arable et suffi-
raient pour obtenir une prompte et complète transformation du sol.
La Brenne possède aujourd'hui des pâturages d'n:-'^ez honne qualité pour que
les cultivateurs puissent se livrer avec succès, non seulement à l'élevage, mais
à l'engraissement des bêtes ovines. La race de moutons la plus répandue est la
solognote.
Les assolements suivis dans la Brenne appartiennent à la culture pastorale
mixte.
Voici l'assolement qui est généralement adopté :
l" année Jachère fumée.
2° année Blé ou seigle.
3' année ... Orge.
4° année ; Avoine.
5° année Friche.
6° année Friche.
La Champagne de l'Indre est une vaste plaine calcaire, unie, sèche, dépourvue
de forêts et de plantations; elle s'étend sur 81,000 hectares et renferme les deux
tiers de l'arrondis-'^ement d'Issoudun et une petite portion de celui de Château-
roux. Son sol, parfois assez profond, repose tantôt sur des bancs de calcaire ju-
rassique, tantôt sur des bancs argilo- calcaires ou argilo-siliceux.
La Champagne rappelle, par son aspect dénudé, les grandes plaines de la
Beauce. Les lieux habités sont séparés par de longs espaces et on y rencontre de
grandes exploitations. Malgré son extrême nudité et la rareté des sources et des
cours d'eau, elle est assez fertile. Le sainfoin y végète bien et les belles mois-
sons n'y sont pas connues; la principale production agricole de la Champagne
est le mouton berrichon, si estimé, comme on le sait, sur tous les marchés fran-
çais où on le rencontre.
L'assolement le plus répandu est à peu près le même que celui de la Brenne.
Depuis quelques années, dans les terrains pierreux de la Champagne, où le
"mouton ne trouvait qu'un maigre pâturage, on a planté de grandes étendues de
vignes, qui y prospèrent admirablement et y produisent de bons vins. Le Bois-
chaut et la Brenne ont aussi de nombreux endroits où la réussite de la vigne a
été parfaite jusqu'à ces dernières années ; mais le terrible fléau qui s'est abattu
sur les vignobles du Midi s'étend aujourd'hui sur le centre de la France et a déjà
fait de nombreuses victimes dans ce département, où la vigne occupe 33,000 hec-
tares et dont les vins de différentes localités jouissent, dans le commerce, d'une
juste réputation.
Les plus estimés sont les vins rouges d'Issoudun, de Concrémiers, de Paudy,
de la Tour-du-Breuil, de Saint-Hilaire, de Valençay et les vins blancs de
Reuilly.
En somme, malgré le chiffre peu élevé de sa population rurale, malgré sa situa-
tion peu favorable à divers points de vue, le département de l'Indre, de même
que toute la Sologne et tout le Berry, a réalisé des progrès considérables.
Plus de 85,000 hectares de landes ont été défrichés depuis moins de trente
ans ; un grand nombre d'étangs et de marais ont été desséchés et transformés en
pâturages, en prairies magnifiques ou en superbes champs de blé.
Le reboisement entrepris par quelques grands propriétaires s'étend sur plus de
10.000 hectares.
Par les perfectionnements apportés dans le matériel agricole, et par suite, dans
les façons données à la terre, le rendement des céréales et des autres cultures s'est
notablement élevé. Il ne faut pas oublier non plus que l'emploi judicieusement
fait des engrais commerciaux, de la chaux et de la marne a largement contribué
à l'accroissement des produits du sol.
Avant 1840 le blé produisait à peine en moyenne 10 hectolitres. Actuellement
ce chiffre est élevé à 14 et à 15 et les fermes où le rendement du blé dépasse
30 hectolitres ne sont pas très rares.
LA Prime d'honneur de l'indre.
61
Sous le rapport de la rotation des cultures il s'est produit également une grande
amélioration. L'assolement triennal domine encore, mais il est avec prairies arti-
ficielles annuelles ou temporaires.
La culture des plantes fourragères a pris dans ces dernières années un grand
développement qui a eu pour conséquence l'amélioration et l'accroissement du
bétail. La luzerne est venue se joindre au trèHe rouge et au trèfle incarnat; à la
vesce de printemps et d'hiver sont venues s'ajouter les racines fourragères,
auxquelles la petite culture, comme la grande, consacrent les meilleures terres.
En môme temps, la culture à gros capitaux et à gros rendements a été coura-
geusement entreprise, avec le plus grand succès, par plusieurs propriétaires et
fermiers. La culture de la betterave a amené la création des distilleries de Saint-
Maur, de Treuillant, de Lancosne, d'Entraigue, de la Brosse, de Saint-Sébas-
tien, etc.
Après ces quelques indications générales, arrivons à l'examen des exploiiations
visitées par le jury. Mais avant de passer en revue les travaux des concurrenis
actuels, j'ai à vous faire part de nos impressions sur le domaine de Gungy, oiî
nous avait convié M. le ministre de l'agriculture sur la demande de MM. Lecor-
beiller et Jolivet, lauréats de la prime d'honneur de 1874.
(La suite procliainemenl) . Franc,
Professeur départemental d'agriculture du Cher.
NOUVELLES MACHINES CONSTRUITES PAR M- ALBARET
Parmi Tes nouvelles machines que M, Alharet, l'habile constructeur
de Liancourt (Oise), exposait au palais de Tinduslrie, au mois de
Fig 4 — 1 n'tnoii i uiuis système Alharet.
janvier dernier, il en est deux que nous voulons spécialement signaler
à nos lecteurs.
La première est l'égrenoir à maïs que représente Ja fig. 4. Les
agriculteurs recherchent les bonnes machines égreneuses, et il n'y en
a malheureusement qu'un petit nombre, car il est assez difficile
62
NOUVELLES MACHINES DE M. ALBARET.
d'obtenir un mouvement régulier qui sépare bien les grains de la
rafle ; cette difficulté est d'ailleurs accrue par les grandes différences
que présente souvent le volume des épis. M. Albaret a su arriver à un
excellent résultat. Les épis jetés dans une trémie à la partie supérieure
de l'appareil, sont complètement égrenés; les grains sont rejeiés d'un
côté, et les rafles de l'autre. Il ne reste pas de grain dans la rafle, et il
n'y a pas de grains écrasés. La râfle^ une fois desséchée, peut servir de
Fig. 5. — Hache-maïs Albaret, muni de son élévateur.
combustible, et constituer ce que, dans le Midi, on appelle le charbon
blanc. L'égrenoir possède un tarare pour nettoyer le grain, qui sort
de l'appareil parfaitement propre. Le grand modèle exposé au palais
de l'Industrie peut donner, par jour, 400 hectolitres de grain nettoyé.
Son prix est de 1,450 francs.
Déjà en 1882, à la suite du concours spécial de hache-maïs de
Sainte-Menehouid (Marne), nous avons signalé à nos lecteurs, le hache-
maïs de M. Albaret, muni d'un élévateur. La régularité du travail de
cet appareil avait vivement frappé tous les visiteurs du concours. On
NOUVELLES MACHINES DE M. ALBARET 63
voit dans la fig. 5 un type de son installation; nous n'avons presque
qu'à répéter ce que nous disions il y a quelque mois.
Le hache-maïs de M. Albaret se recommande à la fois par sa soli-
dité et par la régularité de son fonctionnement. Celte régularité est
assurée par ce fait que tout le mécanisme dépend de l'action d'un seul
organe, grâce. à la combinaison d'engrenages différentiels adoptée par
M. Albaret. Celte combinaison consiste en la juxtaposition de séries
de roues dentées semblables sur deux arbres parallèles disposés de telle
sorte que le premier engrenage de l'un de ces arbres et le dernier de
l'autre étant calés sur leurs axes, on obtient, sous un très petit volume,
de très grandes et faciles modifications de vitesse. On peut, grâce à
ce système, faire varier la longueur de la coupe du maïs, par un
embrayage d'une extrême simplicité^ obéissant avec la plus rigoureuse
exactitude.
Dans la plupart des exploitations où l'on ensile du maïs ou d'autres
fourrages verts, une grande difficulté est de trouver, sur les bords du
silo, une place convenable pour l'installation de l'appareil de hachage.
Tantôt on le place sur la crête du mur, et alors la difiiculté est d'élever
les charges des voitures à cette hauteur ; tantôt on le laisse sur le sol,
et alors il faut monter les fourrages hachés. Pour obvier à ces incon-
vénients, M. Albaret a adapté à ses hache-maïs un élévateur qui com-
plète le travail de ces utiles instruments, comme on le voit dans le
dessin qui accompagne cet article. Le fourrage haché tombe dans un
tambour oi^i l'élévateur le saisit pour l'entraîner au-dessus d'un mur
de deux ou trois mètres de hauteur et le faire retomber de l'autre côté.
C'est par des augets en bois que le fourrage vert est enlevé dans le
tambour. Les mouvements du hache-maïs et ceux de l'élévateur
sont combinés avec une justesse remarquable; nous nous rappelons
l'ébahissement avec lequel les visiteurs du concours de Sainte-
Menehould ont vu débiter, pendant des heures, d'énormes quantités
de fourrages, sans qu'il se produisît, à aucun moment, le moindre
engorgement. Cet élévateur trouvera sa place dans toutes les exploi-
tations 01^1 les fourrages à ensiler sont cultivés sur une assez orande
échelle.
Ajoutons que le hache-maïs est muni d'un engreneur mécanique
ou automatique. Le prix de l'appareil complet, tel que le dessin le
montre, est de 1 ,800 francs. Henry Sagnier.
CULTURE DU BLÉ DANS LE NORD '
J'ai présenté à la Société des agriculteurs de France pour le concours
relatif au prix de revient minimum du blé au quintal métrique,
l'étude sur le blé dont une partie a paru dans les numéros des 20 et
27 janvier du Journal de f agriculture.
Pour ne pas être trop long, je ne vous rappellerai pas les questions
du programme que j'ai dû traiter dans mon mémoire : T la nature
du sol; 2" les engrais employés ; 3" Tassolement; 4° le mode de cul-
ture ; 5° la variété des blés employés.
Mais je crois, avant d'entrer en matière, devoir vous dire :
1° Qu'en traitant une question mise au concours par la Société des
agriculteurs de France, je n'avais nullement l'intention de nuire à
1. Rapport fait à la Société des agriculteurs du Nord.
64
CULTURE DU BLÉ DANS LE NORD.
l'agriculture, comme a paru le croire le Comice agricole de Lille, en
faisant à ce sujet insérer une note dans les journaux ; mais je voulais
répondre à l'appel d'une grande Société dont l'intention évidente était
d'éclairer une question qui est depuis longtemps controversée.
Je puis du reste vous assurer que j'ai pris les soins les plus minu-=
tieux pour que les chiffres produits soient de la plus grande exactitude;
2" Que je croyais que mon mémoire était suffisamment clair; sans
cela, je l'aurais fait accompagner d'explications qui en auraient com-
plété certains passages.
Ces explications vous étant données, j'aborde mon sujet :
Ma récolte de blé, en 1882, sur 65 hectares, 10 ares en quatre
variétés a été :
De 195,885 kilog. de grains, soit, 3;009 kilog. à l'hpctare, ou
37 hectol. 62 litres, réglés à 80 kilog., de 492,351 kilog. de paille,
soit à l'hectare 7,563 kilog.
Les dépenses à l'hectare ont été de 712 fr. 18, dont il convient de
déduire la valeur ds la paille, soit 7,563 kilog. à 30 fr. les 1,000 kilog.,
226 fr. 89 ; il reste 485 fr. 89 formant les dépenses à répartir entre
3,009 kilog. de grains obtenus à l'hectare, ce qui met le prix de re-
vient à 16fr. 12 c. le quintal, d'après ma comptabilité, et à 17 fr.
60, d'après l'estimation des engrais enlevés par la récolte.
Je reproduis les tableaux de ma comptabilité :
Rende- Rendj- Rende- Rende- Prix de Valeur Prix de Valeur
Nombres ments ment ment ment vente du vente delà Valeur Valeur Recettes
Variétés d'hec- en total en total du grain grain de la paille totale du totale de à
tares, grains en paille à en pour à paille par à grain la paille l'hectare.
àThect. grains riiectare paille loo kilog. l'hect. looo kilog. l'hect.
kilog. kilog. kilog. kilog. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr.
Blé d'Australie 3.00 3,72.t 11,175 8,2LS 24,645 24.00 894.00 30.00 246.45 2,682.00 739.35 1,140.45
BléblancdeFlandre.. 27.42 2,855 78,284 8,110 222,376 29.50 842.22 30.03 243.30 23,093.78 6,671.28 1,085.52
i5lé blanc Chiddam à
paille rouge 20.64 3,365 69,453 6,715 138,597 28.65 964.07 30.00 201.45 19,898.28 4,157.92 1,165. .52
Blé blaii^Hallett.... 14.04 2,633 36,973 7,608 106,733 28.78 757.78 30.00 228.24 10,6'42.87 3,204.48 986.02
Rendements moyens 3,009 kilog
7,563 kilog.
Variétés
Prix de revient
diaprés notre comptabilité
Prix de
revient
Dépenses Valeur de la Dépense
par lisct. paille à déduire restantes
Prix de revient d'après la valeur des
engrais enlevés par la récolte
Dépenses Valeurdela Dépenses Prix d e
par hect. paille à déduire restantes revient
Blé d'Australie 712.18
BléblancdeFlandre. 712.18
Blé blanc Chiddam à
paille rouge 712.18
Blé blanc Halletl 712.18
fr.
246.45
243.30
201.45
228.24
fr.
465.73
468.88
510.73
483.94
fr.
12.50
16.42
15 18
18.36
16.12
fr.
802 34
755.74
763.78
736.37
fr.
246.45
243.30
201.45
228.24
fr.
655.89
512.44
.562.33
508.13
14.92
17.94
16.71
19.29
fr.
17.60
Dépenses faites à l'hectare.
Francs.
Engrais 215.19
Labours et main-d'csuvre 138.14
Semence, .58 kilog. à 32 fr. les 100 kilog 18.76
Location 120.25
Frais généraux comprenant : traitement des employés, imposition,
assurances, entrelien des bâtiments, chemins et divers 137.29
Rente du capital d'exploitation 82 5?)
Total 712.18
Dont il convient de distraire la valeur de la paille estimée à 30 fr. les
1,000 kilog. 7,563 kilog. à 30 fr. les 1 ,000 kilog 226.89
Reste 48.J.29
Formant les dépenses à reporter entre 3,009 kilog. de blé oblenus
à l'hectare, ce qui met le prix de revient à 1 6 fr. 12 le quintal.
71 .75
CULTURE DU BLÉ DANS LE NORD. 65
Détail du compte intitulé : Labours et main-d'œuvre. — Dépenses à l'hectare.
Travaux des chevaux :
Préparation de la terre avant le laljuur ([ui précèile l'ense-
mencement ■ 17.50
Labour pour l'ensemencement 17 .50
Préparaiion de la terre pour recevoir la semence 10.00
Semailles au semoir : o.CO
Roulage de la terre avant et après le binage. . .' 'A. Ta
Binage 3 75
Hersage '..... 3.75
Moissonneuse 5 . 50
Transport des récoltes 5 . 00
Travaux des hommes :
Un gamin suivant le semoir 0.40
Sarclage ou binage à la main 1 1 . 00
Liage des gerbes et mise en moyettes U . 50 v " '{ Qft
Chargement de la récolte sur voitures et déchargement '
aux meules ou h la batteuse 9 00
Main-d'œuvre à la machine à battre et au nettoyage du blé. 22.00
Location de la machine à battre 12.. 50
Total 138.15
Je compte le travail des chevaux à 5 francs du collier par jour,
compris le gage de leur conducteur et l'usure des instruments dont ils
se servent.
Il y a dans mes écritures des comptes aux chevaux et aux transports
qui, en appliquant ce système, se balancent presque toujours à peu
de chose près; la différence est portée à profits et pertes.
La quantité de grains et de paille, obtenue chez moi celte année, ne
représente certainement pas la moyenne de la récolte dans le départe-
ment du Nord, mais elle a pourtant été produite plusieurs fois dans
les bonnes cultures de notre département.
Si, au lieu d'appliquer les chiffres dune très bonne récolte, en pre-
nant pour base les dépenses que j'ai faites à l'hectare pour la produc-
tion du blé, je prends :
1° Ceux d'une bonne récolte dans les cultures soignées du départe-
ment du Nord, récolte que j'estime à 2,7'20 kilog. de grains à l'hectare
(soit 34 hectolitres réglés à 80 kilog.) et à 5,625 kilog. de paille ;son
prix de revient est de IV) fr. 98, en employant ma méthode de comp-
tabilité, et de 20 fr. 07 en me servant de celle de la valeur des
engrais enlevés par la récolte.
2" Ceux d'une récolte moyenne du département du Nord, de
2,250 kilog. de grains à l'hectare (soit 28 hectolitres réglés à 80 ki-
log.), et de 4,000 kilog. de paille, le prix de revient est, en employant
ma méthode de comptabilité, de 26 francs 32 c. au quintal, et en
employant celle de la valeur des engrais enlevés par la récolte de
24fr. 15.
3° Ceux d'une récolte petite moyenne du département du Nord, de
2,000 kilog. de grains à l'hectare (soit 25 hectolitres réglés à 80 kilog.)
et de 4,000 kilog. de paille, le prix de revient est de 29 fr. 61, d'a-
près ma comptabilité, et de 26 francs 80, d'après celle de la valeur
des engrais enlevés par la récolte.
Je crois inutile de vous faire remarquer que ma méthode de comp-
tabilité et celle de la valeur des engrais enlevés par la récolte donnent
les mêmes chiffres lorsque l'on obtient 34 hectolitres à l'hectare, et
qu'elles diffèrent lorsqu'il y a augmentation ou diminution dans la
production.
Je conclus : 1 ° que pour produire du blé à bon marché, il faut faire
66 CULTURE DU BLÉ DANS LE NORD.
de très fortes récoltes ; que pour obtenir ces très bonnes récoltes^ il est
nécessaire d'avoir un capital d'exploitation montant au moins à
1,500 francs l'hectare, chiffre qu'il est souvent dangereux d'atteindre,
à moins que d'être propriétaire du sol ou d'avoir un bail avec des
clauses exceptionnelles relatives aux amendements,, amendies et
engrais.
2° Que le cultivateur qui ne récolte que 2,250 kilog. de grains el
■4,000 kilog. de paille à l'hectare (et c'est certainement « la bonne
moyenne du département du Nord), ne peut produire le blé à moins
de 26 fr. 32 le quintal, ou 24 fr. 15, et qu'à ce prix, il n'ob-
tient aucune rémunération de ses risques, s'il fait les mômes dépenses
que moi. F. Desi'rez,
Agriculteur à Cappelle (Nord).
RÉUNIONS VITIGOLES DE MONTPELLIER. — II
J'ai dit que l'enseignement que poursuit la Société d'agriculture de
l'Hérault s'étend sur tous les problèmes que soulève la reconstitution
du vignoble.
La vigne disparaît sous la morsure d'un insecte dont les entomo-
logistes ignoraient presque le nom il y a quelques années. Il signale
sa présence par des ravages ; sa biologie est l'objet de quelques doutes,
non son énergie destructrice.
Existe-t-il dans les Ampelidées, une variété résistante au poison que
secrète le puceron? Nous avons vu par les dépositions, les témoignages
produits qu'il existe des vitis qui résistent. On les a placés dans un
sol infesté, avec cépages à côté alimentant, maintenant l'infection ;
elles n'ont point succombé.
La solution n'est pas complète, môme après cette constatation. On
voit à quels cruels mécomptes ont été exposés les viticulteurs qui ont
voulu transporter d'une région dans une autre telle variété de vigne.
Son produit abondant, les qualités du liquide que donnait son fruit
les avaient séduits; ils plantèrent, attendirent en vain rendement et
qualité. Le facteur sol et climat avait été oublié.
A côté de la l'^sistance, il faut avoir facilité d'adaptation; sans nul
doute l'enquôte dont nous parlons n'est pas suffisante pour mettre tous
les viticulteurs français sur la voie d'un bon encépagement.
Il y a à étudier climat, composition, structure de la couche arable,
il faut tenir compte des modifications que tel climat, chaud, sec,
humide, apporte à telle terr-e, calcaire, siliceuse, profonde ou non.
Il serait vivement à souhaiter que l'exemple donné par la Société
d'agriculture de l'Hérault fût suivi par les autres contrées viticolesque
des conditions météorologiques et telluriques différentes obligent à des
compléments d'informations.
Ainsi le Lot-et-Garonne, placé sur la route de l'Hérault à la Gironde,
serait un point on ne peut mieux choisi pour une nouvelle information.
On connaît les travaux du Comice d'Agen, la sollicitude qu'il déploie
depuis l'invasion phylloxérique pour arrêter le mal, conserver aux
productions françaises une de ses principales richesses. Son président,
dont nul n'ignore l'activité et le dévouement, dirigerait les débuts avec
une sagacité qui lèverait bien des doutes. Son livre récent : Quatre ans
de luttes pour nos vignes et nos vins, nous est un sûr garant.
L'Aveyron, le Lot près de nous, la Charente sont, nous semble, des
RÉUNIONS VITIGOLES DE MONTPELLIER. 67
points d'instruction tout indiqués. Ces enquêtes ont une valeur
d'autant plus grande que les déposants sont plus nombreux. Les
déplacements sont onéreux, il est urgent d'étudier les moyens de les
amoindrir. Une réforme, ou mieux une innovation à introduire, c'est
la sollicitation adressée à ceux qui, malgré l'extrême bienveillance du
président, n'osent prendre la parole, d'envoyer chaque soir par écrit
leur note signée. L'agriculture et les pratiques qui en dérivent ne se
fixent dans l'esprit que par la vue des choses.
On sait qu'entre les cépages nouveaux , il en est qui donnent du vin;
d'autres au contraire qui ne peuvent servir que de porte-greffes.
Les jacquez, l'herbemont ont été étudiés. Le jacquez donne du vin
riche en couleur, alcoolique, propre au coupage. Sa production est
abondante. Le cépage a une aire assez restreinte. Quelques infirmités
spéciales viennent rendre sa culture moins facile.
Pour l'herbemont, le problème est encore à l'étude. On est passé à
la question du greffage. On voit que l'avenir de notre vignoTile, de la
majorité de nos vignes, se base sur la plantation d'une vigne qui sans
adjonction d'un cépage différent, ne donnerait nul produit.
Par contre, il a été reconnu que les cépages dont nous avons con-
staté la résistance, dont l'adaptation au soi demande à être étudiée sur
une aire plus étendue, acceptent la greffe avec facilité.
D'une manière générale, il est constaté que la greffe hâte la fructi-
fication, la rend plus abondante, en améliore la qualité. Les arbori-
culteurs ne sont nullement étonnés de ce résultat. Il leur est facde de
constater ces faits dans leurs essais.
Questions en suspens : la durée de la vigne sera-t-elle la même?
Y aura-t-il longue et perpétuelle sympathie dans ce ménage végétal?
On peut assurer qu'après dix ans, il ne se manifeste aucun trouble,
aucun désordre.
Il est à peu près reconnu, malgré deux protestations très impor-
tantes, que la couleur des baies n'est pas un obstacle à la fécon-
dité du mariage. On peut greffer raisins à jus rouge sur cépages à jus
blanc.
Quel est le système de greffe qui semble avoir réuni la majorité des
suffrages !
On sait que l'une des appréhensions des viticulteurs était le travail
de la greffe, pratiqué sur des bois ayant un très faible diamètre.
Plusieurs méthodes ont été tour à tour préconisées. Une de celles qui
dès le début parut adoptée, fut la greffe dite anglaise qui mutilait un
peu le sujet et le greffon à l'effet de multiplier les surfaces de
contact. Il fallait une certaine adresse pour l'exécuter, surtout vers la
fin d'une journée de travail.
Des appareils furent imaginés qui simplifiaient l'œuvre, ils peuvent
rendre de grands services. Cependant, il semble adopté qu'un couteau
à greffer, une bonne serpette, qui est facile à affûter, est encore le
meilleur engin entre les mains d'un bon ouvrier.
La greffe en fente simple ordinaire a été reconnue la meilleure.
Il paraît que lorsque l'on a de très grandes quantités de plants à
greffer, ce qu'il y aurait de mieux, ce serait de greffer sur table, à
l'atelier. De nombreux avantages se groupent autour de ce mode de
faire. Il est facile de conserver soit boutures à greiîer, soit greffons en
état d'humidité tel que leur vitalité ne soit pas atteinte ; l'opération
68 RÉUNIONS VITIGOLES DE MONTPELLIER.
terminée, on stratifié dans du sable à 10 pour 100 d'humidité, on
peut attendre la mise en place. La réussite par ce procédé est moindre
que par la greffe sur place.
Ce qui est le mieux, c'est planter bouture simple: riparia^ solonis,
rupestris, greffer sur place à la deuxième année de la vigne; on affirme
que par ce moyen, on arrive à 85 pour 100 de greffes. Il y en a qui
après la première année trouvent assez de vigueur dans le sujet pour
opérer.
Ce qui importe, c'est que l'état de végétation soit en relation entre les
deux sujets que l'on joint, que le plus tôt possible la sève voyage
de l'un à l'autre pour opérer la soudure. Cette soudure a-t-elle besoin,
pour être assurée, de ligature, d'englument? D'après quelques-uns, le
raphia non sulfaté et ficelle non tendue se valent pour cette opération.
Le danger est l'étranglement qu'une pression trop forte peut entraîner.
Il faudrait que la ligature cédât à mesure de l'accroissement du sujet.
L'englument avec la terre glaise n'est pas suffisant, il ne donne pas
assez de solidité au greffon.
La profondeur à laquelle on greffe pourrait dispenser et de la liga-
ture et de l'engluement. Cependant les opinions sont variées touchant la
profondeur à laquelle il convient de greffer; les uns demandent 2 ou
3 centimètres, ce sont les viticulteurs du Midi; les autres plus pro-
fondément.
Ce qu'il importe, c'est de pouvoir surveiller le greffon, de pouvoir
aisément détruire les racines qu'il peut émettre ; s'il s'affranchit, tout
est perdu. C'est pourquoi nous ne saurions trop rappeler qu'il est
indispensable de visiter, jusqu'en septembre, les petites buttes et de
détruire les racines qui, dans un sol humide, poussent avec rapidité;
cette opération n'est jamais omise par le viticulteur soigneux.
A ce soin incessant de surveillance se joint celui de réduire par le
pinçage les pousses trop vigoureuses qui, offrant une large part au
vent, décollent les greffes dont le travail de soudure n'est pas encore
accompli.
Un vignoble, après la greffe, doit être incessamment visité : soit
pour arrêter le travail d'affranchissement, soit pour prévenir les effets
des coups de vent; les piquets essayés en quelques points ont été aban-
donnés.
Cette opération de la greffe, objet d'effroi pour quelques viticulteurs,
n'est plus redoutée par les praticiens éclairés qui ont pris la parole
dans ces discussions. J'ai même entendu émettre cette opinion : la
greffe ne serait-elle pas indispensable pour utiliser nos vignes exoti-
tiques et stériles, je la pratiquerais sur plants français entre eux, tant
elle semble riche en promesses pour l'amélioration de nos vins. Tel
cépage précieux comme couleur, comme degré d'alcool dans telle
région, perd ses qualités, ses avantages quand il est déplacé, les con-
serve si c'est par la greffe qu'il arrive dans la contrée nouvelle, si ce
sont des racines du pays qui viennent aider son travail de fructifica-
tion, et si je puis ainsi dire, d'aromatisation. Ce sont autant de ques-
tions qu'il importe de bien étudier sur place.
Les dernières séances ont été consacrées à l'étude des effets obtenus
par le sulfate de fer contre l'anthracnose, et ce sera l'objet du dernier
article. A. Dlpuy-Mombrun,
Professeur départemental du Tarn.
LE HOUBLOiN EN EUROPE. 69
LE HOUBLOxN EN EUROPE
Les hauts prix atteints par le lioublon dans ces derniers temps ont
ramené l'attention des agriculteurs sur cette denrée agricole. La hausse
a été fantastique en quelques mois. En juillet on vendait le houblon à
iivrer300francs, au commencement de septembre 450 francs. Les 1 00 ki-
log. dépassaient le prix de G50 francs vers le 1 5 octobre, atteignaient
800 francs nu commencement de novembre, 900 francs fin décembre;
au commencement de mars 1883, ils se négocient aux environs de
800 francs. L'élévation de ces prix ne peut enthousiasmer que les
badauds. Les cultivateurs sensés savent depuis longtemps que le hou-
blon est soumis à des oscillations énormes, parce qu'il doit être
consommé dans l'année et qu'on ne possède donc pas de stocks comme
pour les autres denrées. Comme exemple de variations de prix, nous
citerons quelques années consécutives. Les 100 kilog. se vendent
80 francs en 1 845, 490 francs en 1 84G ; 1 50 francs en 1 850, 800 francs
en 1851 ; 100 francs en 1853, 460 francs en 1854. Et nunc erudi-
mini 1 Un agronome fort distmgué dont les études sont citées par
Léonce de Lavergne dans V Economie rurale de la France, M. Opper-
mann, évalue à 188 francs le prix de revient de 100 kilog. de hou-
blon pour un rendement de 950 kilog. par hectare. En dix ans on peut
admettre trois années bonnes, trois mauvaises, quatre moyennes.
Voilà les points qu'il ne faut pas oublier. La hausse de la fin de 1882
a été provoquée surtout par les demandes de l'Angleterre qui a fait
une récolte à peu près nulle. Dans le tableau suivant nous indiquons
la récolte du houblon en 1881, 1882 et la récolte moyenne en Europe.
Nous employons le quintal de 50 kilog. L'examen de ces chiffres
montre que la récolte de 1882 représente un tiers de la récolte
moyenne.
Récolte moyenne. 1881. 1882.
quintaux. quintaux. qnintauz.
Prusse 100,000 50,0(0 30,000
Bavière 300,000 186,000 125,000
Wurtemberg 100,000 48,000 30,000
Bade 50,000 21,01)0 15,000
Alsace-Lorraine 150,000 100,000 45,000
Hesse 600 , 482 300
Saxe 600 358 200
Autres provinces 1,200 98'+ 600
Empire allemand 702 ,400 ' 406,824' 246,100
Récolte moyenne. 1881. 1882.
quintauï. quintaux quintaux.
Bohême., 150,000 73,900 90,000
Styrie 10,000 7,480 4,000
Haute-Autriche 25,000 14,000 10,000
Gallicie 13,000 6,000 3,800
Hongrie, etc 4.000 2,000 1,2II0
Autriche-Hongrie 202,000 103,380 109,000
L^écolte moyenne. 1881. 1882.
quintaux. quintaux. quintajx.
Belgique et Hollande 200,000 110,000 50,000
France 60,000 48,000 30,000
Grande-Bretagne 800.000 480. QuO^ 160.000
Europe 1,964,000 1,148,2U4' 5l'5,l00
Année moyenne, la Grande-Bretagne produit presque la moitié de
la récolte européenne; en 1882, elle n'a. eu que le cinquième d'une
70 LE HOUBLON EN EUROPE.
récolte moyenne, et la récolte européenne n'a atteint que le tiers d'une
moyenne. Est-il étonnant que la hausse ait pris une allure quasi
désordonnée? Nous félicitons les planteurs qui ont su prévoir ce mou-
vement et qui ont attendu le mois de décembre pour la vente; nous
nous garderons bien de leur donner le conseil d'augmenter l'étendue
deh'urs plantations. Dans une année normale^, la production dépasse
les besoins de la consommation. Paul Muller.
SUR LES CONCURRENTS AU PRIX DE 300,000 FRANCS
POUR LA DESTRUCTION DU PHYLLOXERA'.
Votre Sous-Commission, en présence des demandes nombreuses qui
ont été soumises à son examen par des concurrents, ignorant presque
tous les conditions nécessaires pour être admis à concourir, vous pro-
pose de reproduire en tête de son rapport la loi du 22 juillet 1874,
créant un prix de 300,000 francs au profit de linventeur d'un moyen
eiïïcace pour détruire le phylloxéra.
Article premier. — Un prix de 300,000 francs, auxquels pourront venir s'ajouter
des souscriptions volontaires des départements, des communes, des Compagnies
et des particuliers, sera accordé par l'Etat à l'inventeur d'un moyen efficace et
économiquement applicable, dans la généralité des terrains, pour détruire le
phylloxéra ou en empêcher les ravages.
Art. 2. — Une Commission nommée par le ministre de l'agriculture et du com-
merce sera chargée : 1" de déterminer les conditions à remplir pour con-
courir au prix ; 2" de décider s'il y a lieu de décerner le prix et à qui il doit être
attribué.
Votre Sous-Commission avait à examiner, cette année, 185 procédés
/en vue de l'obtention du prix de 300,000 francs, mais cette abon-
dance, disons-le bien vite, n'est pas la richesse, vous en jugerez tout
à l'heure.
Le ministère, au lieu de les soumettre à votre examen, aurait pu les
écarter tous par la question préalable; car aucun d'eux ne se pré-
sente avec des expériences réalisées et une pratique concluante et
authentique.
Après avoir passé en revue les 185 procédés proposés, la Sous-
Commission n'a pu, malgré son bon vouloir, reconnaître chez aucun
d'eux, ni le mérite de la nouveauté, ni même celui d'une application
plus heureuse d'un insecticide déjà connu.
Comme les années précédentes, les substances le plus souvent
recommandées sont : le sel, la chaux, la suie, les cendres ; or, le sel
n'a jamais produit que de mauvais effets sur la vigne, la chaux peu de
chose, la suie et les cendres ne sont que des adjuvants du traitement
par les insecticides.
Le mercure et ses sels, tels que le cyanure, le deuto-chlorure, puis
l'arsenic, sont prônés, sans se préoccuper du danger qu'offrirait
l'emploi de ces dernières substances vénéneuses, mises entre les mains
des vignerons
Les végétaux sur lesquels l'attention de la Commission est appelée
sont nombreux ; le chanvre, le pyrèthre. le tabac, le quassia amara,
le brou de noix, essayés déjà, n'ont pas découragé les postulants par
leurs insuccès.
La plantation de fraisiers dans les vignes revient à nouveau, comme
si ces plants de fraisiers, en expérience depuis quatre ans à Las-Sorrès,
]. Kujipoit tidoiite pai- Id Coni'uissiuii sujicr.eure tlu phylloxéra Uaus sa session de janvier 1883-
SUR LES CONCURaENTS AU PRIX DE 300,000 FRANCS. 71
n'étaient pas là pour accuser, par le dépérissement des vignes, l'inef-
ficacité de ce moyen.
La greffe de la vigne sur la ronce, le bouleau, le sureau, opération
qui n'a jamais pu être obtenue sur ces végétaux, est mise au nombre
des moyens de reconstitution des vignobles par quelques prétendants..
L'électricité, puis la dynamite qui ne pouvait, en ce temps, manquer
de paraître, est offerte comme un moyen infaillible de tuer le phylloxéra,
et peut-être bien la vigne.
Les prièi'es et conjurations dans toutes les commîmes phylloxérées,
et suivies de processions, sont vivement recommandées par l'un des
concurrents.
Le sulfocarbonate de calcium se représente cette fois-ci, assure-t-on,
avec le titre de 10 à 15 pour 100 de sulfure de carbone; ce serait une
bonne recommandation, s'il était bien démontré que des expériences
authentiques ont été faites avec cet agent, dosé d'abord, car on ne
saurait oublier que les traitements opérés avec cet insecticide au Mas
de Las-Sorrès et dans la Charente-Inférieure ont été négatifs. Cependant
il fiiut ajouter que la teneur du sulfure de carbone était alors beaucoup
plus faible.
Un autre mémoire vous est adressé en vue du prix de 300,000 fr.,
dans lequel on cherche à démontrer que par l'emploi du sulfocarbonate
de potassium, le sol est dépouillé par la potasse des matières azotées
qu'il contient et qu'il doit, par suite, arriver fatalement à la stérilité,
ce qui est bien loin d'être prouvé. Pour le contester, nous nous appuie-
rions, au besoin, sur la pratique d'un de nos collègues, qui répand
depuis longtemps de la potasse dans ses vignes avec un succès qui
ne s'est jamais démenti.
Les divers moyens .que nous avons exposés, sans être appuyés
d'expériences positives authentiques, condition absolument indispen-
sable pour concourir au prix de 300,000 francs, devront-ils modifier
les conclusions prises par vous en 1882, nous ne le pensons pas et
nous espérons que vous voudrez bien les maintenir.
L'an dernier, la question de l'œuf d'hiver a été, avec juste raison,
remise sur le tapis et, confiants dans les prévisions de notre éminent
collègue M. Balbiani, nous lui demanderons de poursuivre, sur divers
points, les expérience-* commencées, en attendant les résultats que la
science nous laisse entrevoir.
Parmi les moyens de réparer en partie les ravages du phylloxéra,
se présentent les cépages américains résistants, et les faits" assez
nombreux qui, sous des climats très différents, militent en leur faveur,
méritent l'attention sérieuse des viticulteurs.
Les bons effets de la submersion étant acceptés par tous, nous nous
bornerons à les mentionner.
Devons-nous terminer ce rapport sans indiquer les quelques points
noirs qui existent dans la question des insecticides et des vignes
américaines, tel n'est pas noire avis ; car c'est rendre un véritable
service aux viticulteurs que de leur signaler, par un court résumé, les
résultats pratiques constates jusqu'à ce jour.
Les insecticides ne sont pas applicables dans tous les cas; ainsi les
terrains maigres et superficiels se présentent rarement à leur ei ploi
qui, au contraire, est souvent efficace dans lessolsayant une coudie
végétale profonde de 0"\30 au moins et perméable.
72 SUR LES CONCURRENTS AU PRIX DE ?00,000 FRANCS.
Quant aux cépages américains, leur succès est assez souvent assuré
dans les terres profondes, mais ils laissent à désirer dans les sols
légers et superficiels.
Après cet exposé, la Sous-Commission vous propose les conclusions
suivantes :
1" Le prix de 300,000 francs est réservé et maintenu avec la pensée
que, si le problème posé est difficile à résoudre, il n'est pas absolu-
ment insoluble;
2" Les moyens recommandés par la Commission supérieure pour
lutter contre le phylloxéra seront, en 1883 : la submersion, le sul-
fure de carbone, le sulfocarbonate de potassium.
Menl'dier,
Membre de la Commission supérieure du phylloxéra.
EXPERIENCES SUR LE TOURTEAU DE COTON — II
Les 8 bœufs reçurent absolument la même quantité de racines
(turneps) et de paille hachée. En outre, 4 d'entre eux reçurent du
tourteau de lin, et les 4 autres un mélange de parties égales de tour-
teau de coton et de farine de maïs. Les 8 animaux furent soigneuse-
ment pesés au commencement de l'expérience, le 9 novembre. Ils
furent de nouveau pesés le 17 décembre suivant et finalement le
17 janvier 1880. Entre ces deux dates extrêmes, c'est-à-dire du
9 novembre 1879 au 17 janvier 1880, le 1"" lot de 4 bœufs consomma
la quantité de nourriture suivante :
kilog.
Paille hachée 840
Navets 4 ,935
Tourteau de lin 1 , 745
7,520
L'autre lot consomma en même temps les quantités suivantes :
kilos.
Paille hachée 840
Racines 4,915
Tourteau de colon 947.500
Farine de mais 9(J1.500
1,909
Total 7,664
Le tableau analytique suivant indique la composition des trois
substances alimentaires employées dans l'expérience dont il s'agit.
Tourteau de Tourteau de Farine
coton décortiqué lin de
américain américain maïs
Eau 8.58 10.89 15.01
Huile 14.86 9.8n 1.88
Matières albumineuses 43.06 29.87 8.60
Mucilage, sucre, amidon 16.32 34.33 71.20
Cellulose (fibre ligneuse) 9.60 S. 25 1.56
Matières minérales (cendres) 7.58 6.80 1 -75
100.00 100.00 100.00
Azote 6.89 4,78 1.37
Maintenant voyons les résultats. Le tableau suivant indique le poids
respectif de chaque animal au commencement de l'expérience, le
9 novembre 1879, et celui de la dernière pesée le 17 janvier 18S0.
Lots
N» 1
Poids des bœufs
Poids
des bœufs
Augmentation
au
au
da poids
9 novembre 1879
17 janver 1880
va
kilogrammes
kilogrammes
kilogrammes
516
590
74
515
592
77
■482
541
59
539
615
76
Bœufs nourris \ n"' 1
avec I 2
du tourteau j 3
de lin ! 'i
Poids total de 4 bœufs 2,052 2,538 '^ 286
LE TOUIITEAU Dli COTON. 73
•
/Bœufs nourris\
l avec le mé-i n°' 1 480 5ô3 73
., _) lange de tour-: 2 484 591 107
'^° -^ ) teau de coton [ 3 54ô 598 53
/ et farine de 4 496 552 56
\ maïs- / ^
Poids total de 4 bœufs -. . 2,005 2,294 289
La seule différence que l'on constate entre l'augnientation des deux
lots, c'est 3 kilog. On peut donc conclure de cette expérience qu'il y
a égalité de valeur nutritive entre le tourteau de lin décortiqué seul et
le mélange en parties égales du tourteau de coton décortiqué et la
farine de maïs. Mais il reste à déterminer le coût de ces deux espèces
de nourriture, car là gît 1 intérêt pratique de l'expérience.
Le premier lot, au cours de l'expérience, a consommé 1 ,745 kilog. de
tourteau de lin qui, au taux de 238 fr. 50 la tonne, fait un total de
410 francs.
Le deuxième Iota consommé 947^.500 de tourteau de coton qui, à
195 fr. la tonne, fait 183 fr. 50, plus 961\500 farine de maïs, à
167 fr., 160 fr. 50, en tout 3/i4 fr. : différence, 66 fr. Ainsi avec le
tourteau de lin seul le kilog. d'augmentation a coûté 1 fr. 30, et avec le
tourteau de coton décortiqué mélangé de farine de maïs le kilog.
d'augmentation n'a coûté que 1 fr. 19.
On voit tout de suite l'avantage, à tous les points de vue, d'employer,
même pour l'engraissement, le mélange de tourteau de colon décor-
tiqué avec de la farine de maïs, si l'on peut se procurer ces deux den-
rées à un prix raisonnable comme on peut le faire en Angleterre. Mais
c'est pour les vaches laitières que ce mélange forme, sans aucun doute,
l'aliment le plus convenable qu'on puisse leur donner. La farine de
maïs corrige, par sa composition, ce que le tourteau de coton contient
en excès de matières azotées, et donne à celui-ci ce qui lui manque en
substances amylacées, de sorte que le mélange forme une nourriture
complète qui augmentera, à un degré dont on ne saurait exagérer la
puissance, la sécrétion laitière, et la présence du beurre dans le lait.
Je disais en commençant que, jusqu'à présent, on n'avait importé
en France directement d'Amérique que peu ou point de tourteau de
coton. Je dois dire que M. Pilter, à qui l'agriculture française est
redevable de l'introduction de tant de machines et d'instruments agri-
coles les plus pratiques, d'engrais si efficaces et si recommandables
par leur pureté et leur efficacité, et tout cela avec la première garantie
d'une loyauté et d'une probité que tous reconnaissent chez ce négo-
ciant infatigable et entreprenant, M. Pilter, dis-je, a récemment
importé directement d'Amérique au Havre, ce précieux tourteau de
coton décortiqué. En ce moment, je l'essaie dans ma vacherie, et déjà,
j'ai pu constater une augmentation notable dans le rendement de mes
vaches laitières. Je n'hésite donc pas à recommander fortement l'emploi
du tourteau de coton d'Amérique^ pourvu que le prix n'en soit point
trop élevé, en le mélangeant avec la farine de maïs.
F.-R. DE LA TrÉHONJNAIS.
. SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE
Séance du 11 avtil, 1883. — Présidence de M. Dumas.
M. le ministre de l'agriculture transmet une note de M. Bruwaert,
consul de France à Chicago, sur la culture du sorgho.
74 SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE DE FRANCE.
•
M. le ministre de l'instruction publique demande à la Société de lui
indiquer les questions qu'elle jugerait utiles d'introduire dans le pro-
gramme du congrès des Sociétés savantes pour 1884.
M. de Saint-Aignan, correspondant de la Société, envoie une note
sur l'emploi du fumier pour protéger les vignes contre les gelées prin-
tannières.
M. Tanguy, médecin-vétérinaire à Lariderneau (Finistère), envoie
plusieurs notes sur la production chevaline en Bretagne.
M. E. Fléchey, membre de la Société de statistique de Paris, fait
hommage d'une notice sur l'alimentation de Paris en viande de bou-
cherie, de 1879 à 1881. Dans cette note, M. Fléchey fait ressortir
l'accroissement constant de la consommation de la viande, à l'aide de
tableaux sur le mouvement des marchés et des abattoirs de la capitale.
M. Baudi^Uart présente le volume qu'il vient de publier sous le titre
Rapports de l'économie politique avec la morale, et M. Reiset présente
une brochure renfermant ses observations sur le lait bleu, qui ont été
publiées dans les deux précédents numéros du Journal.
M. des Cars donne lecture d'une étude relative à l'action de la gelée
sur les végétaux. A cette occasion, M. Becquerel rappelle lés observa-
tions qu'il a eu l'occasion de faire sur la collection d'orangers qu'il
cultive à Châtiilon-sur-Loing (Loiret), et MM. Chevreul et Chatin pré-
sentent des considérations sur les odeurs spéciales exhalées par les
plantes gelées.
M. d Esterno rappelle la question qu'il a soumise à la Société rela-
tivement aux falsifications dans le commerce des engrais. M. Damas
et M. Barrai font remarquer que la question est extrêmement com-
plexe, et qu'il est important de ne laisser, dans un problème de ce
genre, aucun point dans l'obscurité, en même temps qu'il faut se gar-
der de préconiser des mesures qui seraient de nature à entraver le
commerce loyal des matières fertilisantes; la composition des engrais
n'est pas le seul facteur de Femploi avantageux de ces substances. Sur
la demande de M. d'Esterno, la Société décide que le rapport est ren-
voyé à la Section d'économie, de statistique et de législation agricoles.
M. Baudrdlart donne lecture d'un rapport sur l'ouvrage de MM. Pi-
geonneau et de Foville, intitulé : V administration de Vagriculture au
contrôle général des finances (1785-1787). M. Baudrillart entre, à cette
occasion, dans des considérations historiques sur l'organisation de
l'administration de l'agriculture dans les dernières années de l'ancien
régime et sur le rôle que joua, à celte époque, la Société d'agriculture
de Paris.
La Société procède à l'élection d'une commission chargée de prépa-
rer une liste de candidats pour une place de membre étranger dans la
Section hors cadre. Henry Sagnier.
REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT DES DENRÉES AGRICOLES
(14 AVRIL l>-83).
I. — Situation générale.
Il y a toujours beaucoup de calme sur la plupart des marchés. Le plus grand
nombre des denrées ne donnent lieu qu'à de faibles transactions.
II. — Les grains et les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par quintal métrique,
sur les principaux marchés de la France et de l'étranger :
HKVQE COMMERCIALE ET PRIX COURANT (14 AVRIL 1883). 75.
1'° RÉGION. — NORD. OUEST.
Blé. Seigle. Orge.
fr. fr. l'r.
Calvados. Condé î'i.oo i'i.5o 18 23
— Caen' 2'i 25 » »
Côl.-du-Nord. Laiînion, 23 2.> » i(i.50
— rontrieux 23.30 16. ào lâ.jo
Finislere. Morliiix 2i . 00 n 1 '1 . Ou
— Ouimper 23.50 17.00 17.50
lUe-el- Vilaine. t\ei\nes.. 2'i.75 » 15.50
— Bedon 2'i.50 17.0 1 »
Manches. Avraiiches. . . 2'i.50 » 20.00
— Ponlorson... 25.75 » l'J.OO
— Villedieu 26.00 18.75 19 25
Mayenne. Laval 25.20 » 16 50
— ' luUe.iu-Gonlier.. 25 ."iO » 17.00
Morbihan. Hennebont.. 23.75 16.25 »
Orne. Bellème 23.50 » is.oo
— Viinoutiers 24 25 » 17.50
Sarlhe. Le Mans 26.00 16.00 18 25
— Sablé 25.75 » 16.50
Prix moyens 24.59 16 57 17.28
2' RÉGION. — i\OltD.
.<4isne. Soissons 22.35 15.10 »
— Saint-Quentin... 23.35 » »
— V llers-Collei-ets. 22.00 14.25 18.00
Eure. Bernay 24.00 14.25 19.75
^ Concbes 23.70 14.25 »
— Louviers... 2^ OÔ 14.00 18.50
Eure-et-Loir. (Chartres.. 23 75 13.65 16 50
— Auneau 23. .".O 14.50 20 00
— Nogent-le-Rotrou. 24.50 » 18.70
A^ord. Lille 2600 16.75 17.40
— Duuai 24.00 15.70 18.50
— Valenciennes 25.75 15.50 20.25
Oise. Beauvais 20 50 14.^5 16.25
— ClertuoDt 22.95 14.50 17.95
— Noyon 23.00 15.25 »
Pas-de-Calais. Avias... 25.50 17.00 19.25
— Doiillens 24. 0« (5.20 18.75
Seine. Pans 25.25 15.85 19.25
S. -et-M ar. Me\un 25.75 15.50 19.50
— Nemours 24.25 16.00 17.25
— Provins 24.00 16.00 19.00
S.-et-Oise. Etampes 24.00 15.20 17.50
— Pontoise 23.50 16.50 20.00
— Versailles 23.50 1450 17. ùo
Seine-Inférieure. Rouen: 24 20 15.15 20.10
— Dieppe 24.50 i
— Fecamp 23.00 1
Somme. .Amiens 24.80 ;
— Péronne 23.25
— Boye 22.00 1
23 . 64 1
Prix moyens. . . .
3' REGION. — NOHn.ESr.
Ardennes. Charleville. . 23.25 15.25
— Vouzieis 22 00 15.25
/lufae. Troyes 22.50 15.00
— Méry-snr-Seine . . 22.85 14. 80
— Nogent-sur-Seiiie. 24.50 15.80
Marw. Clvdiuns 23 00 15 50
— Epernay 23 25 14.50
— Reiras 22.50 i4.75
Hte-Marne. Chaumonl.. 21.50 «
Meurthe-el-Mos. Nancy. 23.25 15.50
— Lunéville 23.25 16.00
— ToijJ 23. 25 »
Meuse. Bar-le-Duc 23.00 »
— Verdun 23.50 »
Haute-Saône. CiTny 22.25 15.00
Vosges. Neafchàleau.. . . 23.25 15.50
— Epinal 2i 25 16.50
— Mirecoui't 23.50 15.25
19.00 20.00
18.50 19.25
17.75 17.50
17.00 17.00
18.52 17.8J
17.00
17 00
Prix moyens '.
k' RÉGION.
Charente. Angoulême...
— RntTec
Char.-Injér. Marans. . . .
Deux-Sivr'S Ni'irt
Indre-et-Loire. Bbiré. . . .
— I hàt.ean-Reiiault. .
Loire-Inf. .Nantes
ili .-et-LoiV ■■. sa;:injr
— Angers
Vendée. Lnçon
— La Roche-sur- Yoii.
Vienne. Cliàtelleraiilt. . .
— Lou lun
Haute- Vlcnae. Limoges. .
P .a. u'^vens
.06 15.33 17.14 16.82
18.25
19.00
15.20
15.25
16.75
19.25
17.00
17.50
19.25
18.50
))
16.85
19.25
18 75
18.00
18.75
17 50
20. 00
17.2,
17.50
18.00
17.20
19.25
17 50
17 35
19.00
17. dO
18 00
17.25
IS.i'O
18. 5")
.02 15.96 18.24 13 02
Allier. Moulins
— Monll.içoQ
— Saint-Poiirçain.
Citer, liourg'is
— Giaçay.
— Vierzon
Creuse. Aubu<son....
Indre. Cliàteauroux . .
— Issouiiun
— Valençay
Loiret. Orléans
— Monlargis
— Pithiviers
L.-et-Clier. Blois
— Montoire
Nièvre. Nevers
— La Charité
Vonne. Brienon
— Tonnerre
— Sens
. — CK
Blé.
fr.
2'i.75
24.00
25.50
23.25
24.25
24 . 50
2'i.25
24.50
25.75
2 4.00
23 50
23 40
24 . 50
24.00
23.50
23.75
24 . 00
21.50
24.25
Prix moyens 24.09
6° RÉGION
Ain. Bourg 25.50
— P'.nt-de-Vaux 24.25
Càle-d'Or. Dijon 22.00
— Beaune 23.75
Doubs. Besançon 23.40
Isère. Bouigoin 24.50
— Vienne 24.50
Jura, ûùle 22.00
Loire. Montbnson 24.50
P.-de-Z>ô»ie. Clerniont.F. 26.85
Rhône. Lyon 25.00
Saône-et- Loire. Chalon . 24.00
— Autun 23.00
iOToie. Chanabéry.. ... 26.50
//<e-Sai'oie. Annecy 25.75
Prix moyens 24.37
7° REGION. — SUD
Ari'ege. Foix 96 00
— Paraiers 26 50
Dordogne. Bergerac 25 85
Hte-Garonne. Toulouse. 25. 0
— St-Gaudens 25.20
Gei's. Condom , 26.50
— Eauze 26.25
— Mirande 26 50
Girortde. Bordeaux 27.00
— Bazas 26.00
Landes. Dax 2» oo
Lot-et-Garonne. Agea... 26.50
— Marmande 27.00
B. -Pyrénées. Bayonne.. 27 50
Hles-Pyrénées. TarhàS.. 27.00
Prix moyens 26.46
XTRB.
Seigle.
fr.
15.00
16.50
»
14.50
15.00
15 50
15.25
14^0
15.00
16.25
14 85
14.25
14.6'
15.50
16.50
15.00
13.50
15.00
14.86
E.ST.
15 75
Orge.
fr.
18.00
i».50
19.00
18.60
19.25
19.50
19.70
18.50
20.00
18.00
18 50
17.03
19.00
19.50
17 30
16.25
17.50
15.00 17.00
14.25 16.75
15.25
15.50
17 00
15.5,0
16-50
15.50
17.50
15.78
OUEST
IS.OO
16.50
17.00
17.25
18.00
16.50
17.00
15.75
18 25
16.00
18.25
19.00
18.75
18.00
»
»
19.00
Avoine.
IV.
18.00
17.00
1 8 . 00
18.75
15.75
18.50
17.50
18.75
1.8.25
18.00
19.50
10.25
:9.10
19.50
18.00,
16 50
17 75
10.50
16.50
17.25
18.06
17.50
19.50
16.75
16 50
16.50
18.00
17.75
17.00
17.25
18.50
19.00
16.50
18.00
17.59
19.50
21.00
19.25
20.25
21 00
20.25
19.50
20.00
18.75
18.25
19.00
19 00
18 50
18 25
18.50
18.13 18.69 19.77
19.50
20.00
18.75
18 70
20.50 22 00
18.25 20.00
20.70 20.50
» 24.40
18.25 18.50
» 21 00
» 21.00
18.25
17 80
25.00
19.50
20.00
19. 10 20 66
17.50
18.20
20.00
19 25
19.25
8° RÉGIiiN. — SUD.
^ude. Carcassonne 27.50 18.25
— Cast.elnandary 27.25 »
Aveyron. Rfidez 23.50 17.00
Canto/. Mauriac 25.35 21. x5
Cor>-èse. Liiberzac 25.50 18.00
Hérault. Beziers 28.00 17.00
— Cette 27.50 »
Lot. CahoTs 27.00 17.75
Lozère. Mende 24 05 17.35
Pijrénées-Or. Perpignan. 27. To 18.40
7'arn. Castres 27.25 19 00
Tarn-et-Gar. MontauDan 26.00 16.50
Pri.x moyens 2639 18.11.
9° RÉGION. — SUD-EST.
Basses-Alpes. Manosque 28.50 »
Hautes-. Alpes. Briançon. 27.80. 18.25
.Ulies-MainHmes.Qa.w\\è% 27.75 17.75
/lrd(;c/i«. Privas 27.05 19.60
B.-du-lthône. Arles 28.00 »
Drôme. Valunce 24.25 16. 50
Gard. Nîmes 25.50 »
Haute-Loire. Brioude... 25 75 18.75
Far. Dra.;uii;n;tn 27.50 »
Fouci«se. Avignon 26.05 »
Prix moyens 2o.88 18.17
Moy. de toute la France 24.94 16.44
— de la semaine précéd. 25. 2 1 16 53
Sur la semaine) Hausse .
p'récédeiite. .ibiusie. . 0.27 0.09 0.24 0.0
»
24.00
19.00
20 . 50
18.25
19.00
18 20
18.80
17.75
18.75
II
18.00
16.25
18.75-
20.0.1
17.00
19 23
1 9 . 00
1 7 . 25
18.75
18.24.
19.26
18.05
18 54
13.29
18.56
76 REVUE COMMERCIALE ET PRIX GOURANT
Blé. Seigle. Orge. Avoine
fr. fr. tr. fr.
,, . . .1 (blé fendre... 27. .50 » »
Algene. ^Igerj j^, , ^^_^. ^.5.0^) >. 16.25 IG.oO
Angleterre. Londres 2.5.50 » 18.50 19.25
Bel'jique. Anvers 24.75 17.75 17.00 16.00
— Bruxelles 24.75 16.25 . 15.75
— Liège 24 00 17.00 20. .50 17.00
— Namur 22.75 15.75 20.00 15.00
Pays-Bas. Amsterdam 24.00 16.50 » »
Luxembourg. Luxembourg 23. SQ 19.00 » 18.50
Alsace-Lorraine. Strasbourg 24.00 17.51) 17.50 17.25
— Melz 24 00 16. .50 » 17.25
— Mulhouse 23 00 16 75 17.00 17.00
Allemagne. Berlin 23.60 17.50
— Cologne 24.35 18.10
— Hambourg 23.25 16.85
Suisse. Genève. 27 25 » » 21.50
Italie. Turin 25.00 19.00 » 18.25
Espagne. Vailadolid 25.20 » »
Autriche. Vienne 20.50 15.C0 15.25 14.00
Hongrie. Budapeslh 20.75 15.25 15. .50 14 25
R^^ssle. Saint-Pétersbourg.. 20.50 14.75 » 13.50
Etats-Unis. New-York 23.00 » » »
BhJs. — Nous n'avons pas de changements notables à signaler, durant cette
semaine, dans la physionomie des marchés, et, comme nous le disions la semaine
dernière, il est probable qu'il en sera ainsi jusqu'au moment de la moisson, à
moins que les circonstances météorologiques ne deviennent tout à fait défavo-
rables. Pour le moment, il n'en est pas ainsi ; à une période d'humidité excessive
a succédé une période de jours secs; les champs reprennent leur aspect normal.
Mais nous avons encore tant de semaines à passer jusqu'au moment de la
moisson, qu'il est absolument impossible de préjuger ce qu'elle sera. — A la halle
de Paris, le mercredi 1 1 avril, les ventes ont été très peu importantes ; les prix
sont demeurés stationnaires pour toutes les sortes. On cotait de 24 à 26 fr, 50
par 100 kilog. suivant les sortes, sans variations depuis huit jours. Au marché
des blés à livrer, on cotait : courant du mois, 25 fr. à 25 fr. 25; mai, 25 fr. tO
à 25 fr. 75; juin, 26 fr. 25 ; quatre mois de mai, 26 fr. 25 à 26 (r 50 ; juillet et
août, 26 fr. 75 à 27 fr. — Au Havi^e, il y a maintien des prix pour les blés
d'Amérique ; on paye ceux-ci de 26 fr. à 27 fr. 25 par 100 kilog. suivant les
qualités. — A Marseille., les arrivages, ont été importants depuis huit jours; ils
ont été de 129,000 quintaux environ; le stock est actuellement de 213,000 quin-
taux dans les docks. Les ventes sont peu actives pour toutes les catégories. On
cote par 100 kilog. : Red-winter, 28 fr. 25 à 28 fr. 50; Berdianska, 27 fr. 50;
Pologne, 26 fr. à 26 fr. 75; Bessarabie, 24 fr. 50 à 26 fr. ; Burgos, 23 fr. 25 à
23 fr. 50; Danube, 22 fr. 50 à 23 fr. — A Londres, les importations de blés
étrangers ont été de 126,000 quintaux depuis huit jours, les prix des diverses
sortes sont en baisse. On cote de 24 fr. à 26 fr. 65 par IGO kilog. suivant les
qualités et les provenances.
Farines. — Les ventes sont toujours très calmes, et les prix restent sans
variations pour les farines de consommation. On les paye, à la halle de Paris, le
mercredi 11 avril: marque de Gorbeil, 59 fr.; marques de choix, 59 à 61 fr.;
premières marques, 57 à 58 fr.; bonnes marques, 56 à 57 fr.; marques ordinaires,
54 à 55 fr.; le tout par sac de 159 kilog. toile à rendre ou 157 kilog. net, ce
qui correspond aux prix extrêmes de 34 fr. 40 à 38 fr. 85 par 100 kilog.,
ou en moyenne 36 fr. 65 comme le mercredi précédent. — En ce qui concerne les
farines de spéculation, les cours sant faiblement tenus. On payait à Paris, le
mercredi 11 avril au soir : farines neuf -marques^ courant du mois, 55 fr. 50 à
55 fr. 75; mai 56 fr. 60; juin, 57 fr. 25 à 57 fr 50; quatre mois de mai, 57 fr. 50
à 57 fr. 75; juillet et août 58 à 58 fr. 25; le tout par sac de 159 kilog. toile
perdue ou 157 kilog. net. — Pour les gruaux, les prix sont sans changements, de
45 à 58 fr. par 100 kilog.; qujint aux iarines deuxièmes, elles valent de 26 à 32 fr.
Seigles. — Il y a plus de fermeté dans les cours. Oa paye à la halle de Paris
15 fr. 75 à 16 fr. par 100 kilog. suivant les sortes. Quant aux farines de seigle,
elles valent de 23 à 25 fr.
Orges. — Peu d'affaires sur ce grain. On paye à la halle de Paris,' de 18 à
20 fr. 50 par quintal métrique. Quant aux escourgeons, ils sont cotés de 17 fr 75
à 18 fr. 50. — A Londres, il a été importé 31,000 quintaux d'orge depuis huit
jours; les prix se fixent de 18 à 20 fr. 70 par 100 kilog.
DES D3NRÉE3 AGRICOLES (14 AVRIL 1883). 77
3IaU. — Mêmes prix : 25 à 32 fr. 'par 100 kilog. .pour les malts d'orge ; 27 à
30 fr. pour ceux d'escourgeon. ; • .
Avoines. — L'i-s offres sont peu importantes, et les prix accusent Beaucoup de
fermeté. Ou paye à Paris, de 17 fr. 25 à 20 fr par 100 kilog., suivant poids,
couleur et qualité. — A Londres, il a été importé 98,000 quintaux d'orge depuis
huit jours ; les prix sont stationnaires, avec peu d'affaires, aux taux de 18 fr. 40
à 21 fr. 50 par quintal métrique.
Sarrasin. — Très peu d'affaires. On vend à la halle de Paris de 16 fr. à
16 fr. 50 par 100 kilog. pour les honnes qualilés.
Maïs. — Les prix des maïs étrangers, dans les ports, sont toujours faihles. Au
Havre, les maïs d'Amérique sont cotés de 17 à 17 fr. 50 par quintal métrique.
Issues. — Grrande fermeté dans les prix. On paye à Paris par 100 kdog. :
gros son seul, 15 fr. 25 à 15 fr. 50; son trois cases, 14 fr. ■2b à 14 fr. 50; sons
fins, 13 fr. 25 à 14 fr.; recoupettes, 13 fr. 50 à 14 fr.; remoulages his, 14 fr. à
14 fr. 50; remoulages hlancs, 15 à 17 fr.
IIL — Fourrages, graines fourragères.
Fourrages. — Les prix sont fermes sur la plupart des marchés. A Nancy, on
cote par 1,000 kilog. : foin, 76 à 84 fr.; paille, 40 à 44 fr.; — dans l'Isère, foin,
65 à 75 fr.; paille, 27 Ir. 50 à 35 fr.; — à Cette, luzerne de Vaucluse, 125 fr.;
foin, 115 à 130 fr.; paille de blé, 65 à 70 fr.; d'avoine, 60 à 65 fr.
Graines fourragères. — Les ventes sont assez nombreuses et les prix accusent
beaucoup de fermeté. On paye, à Paris, par 100 kilog, : trèfle violet, 175 à 200 fr.;
trèfle blanc, 200 à 250 fr.; luzernede Provence, 155 à 170 fr.; de Poitou, 115 à
135 fr. ; d'Italie, 140 à 150 fr.; minette, 45 à 65 fr.; ray-grass anglais, 60 à
65 fr.; d'Italie, 63 à 65 fr.; vesce de printemps, 26 à 27 fr.; sainfoin, 27 à 32 fr.
IV. — Fruits et légumes frais.
Amandes. — On les paye dans le Languedoc, 105 à 110 fr. par 100 kilog.
Fruits. — Dernier cours de la halle : fraises de châssis, le pot, 0 fr. 50 à
1 fr. 60 ; poires, le cent, lOfr. àl25fr.; pommes, le cent, 10 fr. à 120 fr.; le kilog.,
0 fr. 25 à 0 fr. 50; raisins, chasselas de serres, le kilog., 10 à 16fr.
Gros légumes. — On vend à la halle de Paris : asperges de châssis, la botte, de
15 à 35 fr.; aux petits pois, la botte, 1 à 2 fr.; carottes nouvelles, les 100 bottes,
100 à 150 fr.; carottes communes, les 100 bottes, 20 à 30 fr.; d'hiver, l'hecto-
litre, 3 à 5 fr. ; de chevaux, les 100 bottes, 15 à 23 fr.; choux communs, le cent,
5 à 20 fr.; navets nouveaux, les 100 bottes, 100 à 150 fr.; communs, les 100 bottes,
20 à 30 tr.; oignons en grain, l'hectoUtre, 9 à 12 fr. ; panais communs, les 100 .
bottes, 12 à à 18 fr.; poireaux communs, les bottes, 30 à 60 fr.
Pommes de terre. — Hollande communes, l'hectolitre, 18 à 20 fr,; le quintal,
25 fr, 71 à 28 fr. 57; jaunes communes, l'hectolitre, 9 à 11 fr,; le quintal,
12 fr, 85 à 15 fr. 71.
V. — Vins, spiritueux, vinaigres, cidres.
Vins. — La température continue à être favorable aux travaux des vignes ; ils
se font d'ailleurs partout avec une grande activité, ainsi que nous le disions dans
notre précédent bulletin. Les terres sont absolument ressuyées, et les vignes
sont partout accessibles. Il faut cependant noter que, dans le Languedoc, on
commence àredouter la persistance delà sécheresse, par suite de laquelle la vé-
gétation ne suit pas la marche sur laquelle on comptait pour réparer les malheu-
reux effets des gelées du mois de mars. Là aussi, on se plaint énergiquement de
la concurrence réellement déloyale faite par les piquettes espagnoles introduites
en France sous le nom fallacieux de vins; il est temps que l'administration fran-
çaise mette enfin bon ordre à ce déplorable état de choses. Dans tous les vi-
gnobles, les vins jeunes se présentent bien; ils se sont sensiblement améliorés,
et ils sont loin d'être aussi détestables qu'on le disait sur tous les tons. Les prix
de vente varient peu; les affaires suivent un cours normal, sans grande activité,
mais sans ces soubresauts qui ont caractérisé le commencement de l'hiver. Les
arrivages de vins d'Italie et surtout d Espagne sont toujours abondants. A Cette,
on cote les vins rouges diEspagne, par hectolitre : Alicante, 40 à 43 fr.; Aragon,
30 à 32 fr.; Tarragon, 35 à 4.3 fr.; Mayorque, 28 à 30 fr.; quant aux vins blancs
d'Alicante, ils valent de 33 à 35 fr. Dans l'Aude, on cote : Aramon, 25 à 26 fr.;
petits montagnes, 30 à 32 fr.; montagnes ordinaires, 33 à 35 ir.; Narbonne
premier choix, 37 à 38 fr. En Sologne, les petits vins rouges valent 45 à 50 fr.
la pièce, le gamay, 55 à65fr,; le gros noir, 80 à 100 fr.; ceux du Cher, 75 àlOOfr.
78 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
Spiritueux. — Les affaires f»i>nt toujours trè«' calmes sur tous les marchés : les
■ prix demeurent à peu près staiionnaircs. L'augmentation tUi stock, notamment
à Pans, ne paraît pas d'ailleurs être de nature à donner une grande activité aux
transactions. Dans le Midi, on paye par hectolitre, suivant les marchés : Mont-
pellier 3/6 bon goût, 200 fr.; marc, 90 fr,; à Cette : 3/6 bon goût, 105 à ] 10 fr.;
marc, 10 • fr.; Beziers 3/6 bon goût, 103 fr.; marc, 95 fr.; à Bordeaux, 3/6 lin
Languedoc, 113 fr Les cours des eaux-de-vie, dans l'Armagnac ainsi (fue dans
les Gharen^tes demeurent absolument stationnaires. Dans le Nord, on psye à
Lille 52 fr. 50 par hectolitre pour le 3/6 betterave première qualité. A Paris, on
cote : 3/n betteraves, P" qualité, SO degrés ; courant du mois, 54 fr. 25; mai,
53 fr. 75 à 53 fr. 25; quatre mois de mai, 52 fr. 75 à 53 fr.; quatre derniers
mois, 51 fr. 75 à 52 fr. Le stock de i'enlrepôtà Paris, était, au 11 avril, 21,900
pipes contre l'j,375"en 18"2.
Vinaigres. — L^^s prix demeurent stationnaires aux taux que nous avons indi
qués dans notre précédente revue.
Raisins sers. — Les anivrges sont abondants dans tous les ports. Les ventes
sont actives, avec des prix fermes. On paye à Cette : Corinthe, 52 à 54 fr.; Thyra,
45 à 47 fr.; Samos noirs, 40 à 42 fr.; Saraos muscats, 3^ à 36 fr. ; Vourlas, 4*3 à
48 fr.; Beyrouth, 37 à 38 fr., le tout par 100 kilog.
Cidres. — Il y a peu de ventes, avec fermeté dans les prix.
Vl. — Sucres. — Mélasses. — Fécules. — Glucoses. — Amidons. — Houblons.
Sucres. • — Les ventes ont été plus faciles depuis huit jours, pour toutes les
sortes, et les cours accusent de la fermeté. On paye par 100 kilog. à Paris :
sucTes bruts 88 degrés saccharimétriques, 53 fr.; les 99 degrés, 60 fr. 25 à 60 fr. 50;
sucres blanc>j, 60 fr. 50; à Valenciennes, sucres bruts, 51 fr. 50 à 51 Fr. 75;
à Lille, sucres bruts, 51 fr. 50; à Saint Quentin, sucres bruts, 52 fr. 50; sucres
blancs, à 60 fr. 5 . — Le stock de l'entrepôt réel des sucres, était, à Paris, le
11 avril, de 81«,000 sacs pour les sucres indigènes, avec une diminution de
20, ('00 sacs depuis huit jouis. — Il y a fermeté dans les prix des sucres raffinés
on les cote de de 106 à 107 fr. par 100 kilog. à la consommation et 65 fr. 50 à
68 ir. 50 pour l'exportation. — Dans les ports, les affaires sont toujours calmes
sur les sucres coloniaux.
Mélasses. — Maintien des cours, On paye à Paris : mélasses de fabrique,
12 fr. ; de raffinerie, 13 fr. 50 à 1'^ fr.
F'xul'S. — Les prix accusent toujours beaucoup de fermeté. On paye les fécules
première du rayon, à Paris, 39 à 40 fr.; celles de l'Oise, à Gompiègne, 39 fr. 50 à
40 fr.; celles des Vosges, à Epinal, 41 t'r,
Gl icosf.s. — Maintien des cours pour les sirops. On cote par 100 kilog. à Paris :
sirop de froment, 53 à 55 fr. ; sirop massé, 42 à 43 fr. ; sirop liquide, 34 à 36 fr.;
sirop de maïs, 47 à 48 fr.
Amidons. — Même prix que précédemment. On cote à Paris : amidons de fro-
ment, 66 à 68 fr. ; de province, 64 à 66 fr.; de maïs, 54 à 56 fr par rpiiutal
métrique.
Honb'ons. — Le calme que nous signalions la semaine précédente se maintient
dans les cours. Il n'y a que très peu de transactions.
VIT. — Huiles et graines oléagineuses, tourteaux.
Huiles. — Les ventes sont assez faciles, tt il y a plus de fermeté dans les prix
des huiles de graines. On cote à Paris, par 100 kilog. : huile de colza en tous fûts,
107 fr. ; en tonnes, 109 fr.; épurée en tonnes, i 17 fr. ; huile de lin, en tous fûts,
59 fr. 25; en tonnes, 61 ir. 25. — Sur les marchés des dépnrteaients, on paye
les huiles de colza : Caen, 104 fr. ; Lille, 98 fr. ; Arras. 107 fr. ; Rouen, 96 fr. ; et
pour les autres sortes: lin, 59 Ir. 25; arachides, 77 fr. — Dans le Midi, les
affaires présentent peu d'activ!lc-en ce qui concerne les huiles d'olive; les cours
demeurent sans variations.
G'aines oiéai/ineuses. — Les affaires sont assez faciles, avec des prix fermes.
On paye à Arras : œillette, 26 à 28 fr. 25; colza, 25 à 26 fr. ; lin, 17 à 18 fr. 50 ,
cameline, 16 à 17 fr. 50; le tout par hectohtre.
Tonrleatix. — Les ventes sont moins actives. On cote par ICO kilog. : Rouen,
tourteaux de Hn, 19 fr. 50; de sésame 15 fr.; — Arras, tourteaux d'œillette,
17 fr. ; de colza, 19 fr.; de lin, 24 fr.; de cameline, 18 fr. 50.
VIII. — Matières résineuses, colorâmes et taniKintes.
Matières résineuses. — A.êmes prix que la semaine dernière. On paye à Bor-
deaux, 95 fr. par 100 kilog. pour l'essence pure de térébenthine.
VerdHs.
en pains
DES DENRÉES AGRICOLES (14 AVRIL 1883). 79
— On paye à Marseille, 220 à 225 fr. par 100 kilog. pour les verdets
rr IX. — Textiles. — Suifs.
— Dans le Pas-de-Calais, on cote 65 à 90 tV. par 100 kilof^r. pour les
Textiles
lins du pays.
Chanvres. — A Mans, les chanvres se vendent doucement. Ou cote les pre-
mières qualités : 64 à 76 ir. par 100 kilop;r.; les deuxièmes qualités, 52 à 62 fr.-
les sortes inférieures, 42 à 50 fr.
Suifs. —Hausse dans les prix. On cote à Paris 107 fr. par 100 kilog. pour les
suifs purs de l'abat de la boucherie; 80 iV. 25 pour les suils eu branches
X. — Beurres. — Œufs. — Fromages.
Beurres. — Il a été vendu, pendant la semaine, à la halle de Paris, 225,02'-t kilo?,
de beurre. Au dernier marché, on cotait par kilog. : en demi-kilog., i fr. 50 à
4 fr. 40 ; petits beurres, 1 fr. 72 à 3 fr, 24; Grournay, 1 fr. 88 à 4 fr. 50: Isi-
gny, 2 fr. 66 à 7 fr. 78.
Œufs. — Du 2 au 8 avril, on a vendu à la halle de Paris, 8,772,427 œufs. Au
derni-r marché, on cotait par mille : choix, 88 à 106 fr. ; ordinaires, 58 à 80 fr.;
petits, 49 à 52 fr.
Fro'Huges. — Dernier cours de la halle de Paris, par douzaine : Brie, 7 à 33 fr. •
Montlhéry, 15 fr., — par cent, livarot, 59 à 115 fr.; Mont-Dor, 10 à 34 fr.;
Neufchâtel, 5 à 17 fr.; divers, 6 à ^jS fr.; par 100 kilog.; Gruyère, 110 à 170 fr.
X . — Chevaux, bétail, viande.
Chevaux. — Aux marchés des 4 et 7 avril, à Paris, on comptait 897 chevaux ;
355 ont été vendus comme il suit :
Chevaux de cabriolet..
— de trait
— hors d'âge. . .
— à Tenclière.. .
— de boucherie.
Amenés.
Vendus.
Prix extrêmes.
202
46
200 à 1,070 fr.
234
65
285 à 1,300
351
134
30 à 8.b0
28
28
40 à 390
8)
82
30 à 120
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement officiel du marché aux bes-
tiaux de la Villette, du jeudi 5 au mardi 10 avril :
Amenés.
4,391
1,187
314
3,172
36,186
6,705
Vendus
Pour
Poids Prix du kilog. de viande nette sur
moyen pied au marché du 9 avril.
Pour
Paris, l'extérieur, totalité.
des
4 quartiers, i'
2,933
647
257
1,967
23,263
2,410
1,290
416
36
955
9,786
4,175
4,223
1,1-23
293
2 ,922
33,049
6 , 585
kil.
349
238
372
80
20
82
quai.
1.78
1.65
1.50
2 30
2.24
1.42
quai.
1.58
1.40
1.38
2.12
2 12
1.36
3"
quai.
1.38
1.25
1.26
1.70
l 96
1.30
Prix
moyen.
1.57
1.45
1.38
2.02
2.06
1.3t>
Bœufs ... .
Vaches
Taureaux . . .
Veaux
Moulons ....
Porcs gras. .
— maigres. » » » » »»»» «
Les ventes ont été faciles pour toutes les catégories d'animaux; les cours;
accusent pour toutes les sortes une grande fermeté. — Sur les marchés des dépar-
tements, on cote : Rouen, 1 fr. 55 à 1 fr. 75 par kilog. de viande nette sur pied
vaches, 1 fr, 40 à 1 fr. 70; veaux, 1 fr. 95 à 2 fr. 30; moutons, 2 fr. à 2 fr. 30;
porcs, 1 tr. 05 à 1 fr, 40; — Caen, bœuf, 1 fr. 6(i à 1 fr. ^0; vaches, 1 fr. 45 à
1 fr. 65; veaux, 1 fr. 70 à 1 fr. 80; moutons, 1 fr. 80 à 2 fr.; porc, 1 fr. 10 à
1 fr. 30; — Le Mans, bœuf, 1 fr. 60 à 1 fr. 70; vaches, l fr. 50 à 1 ir. 60 ; veaux,
1 fr. 58 à 1 fr. 68; mouton, 2 fr. 10 à 2 fr. 20; — Orléans, bœnifs, 0 fr. 65 à
0 fr. '5 par kilog. brut; vaches, 0 fr. 65 à 0 fr. 75; veaux, 0 fr. 90 à 1 fr. 10;
moutons, 0 fr. 75 à 0 fr. 93; porcs, 0 fr. 86 à 0 fr. 95 ; — Bordeaux, veaux,
0 fr. 75 à 0 fr. 95; — Nancy, bœuf, 92 à 97 fr. les lOO kilog. bruts; vaches,
65 à 93 fr.; veau, 120 à 130 ifr.; moutons, 110 à 125 fr.; porcs, 124 à 130 fr.; —
Dijon, bœuf, 1 fr. 56 à 1 fr. 74; vaches, 1 fr. 14 à l fr. 6^; veaux (poids vif)
0 fr, 94 à 1 fr. 16 ; moutons, 1 fr. 70à 2 fr. 10; porc (poids vif), Ofr. 96 à 1 fr. 04;
— Bourgoin, l)œuf, 66 à 76 fr.; les 100 kilog.* vaches, 58 à 68 fr.; moutons,
90 à 98 fr.; porcs, 86 à 90 fr.; veaux, 75 à 85 fr,; — Genève, bœuf, 1 fr. 50 à
1 fr. 65 veau (poids vif), 0 fr. 90 à 1 fr, 10 ; mouton, 1 fr, 70 à 1 fr, 80 ; porc,
1 fr. kh à 1 fr, 50.
A Londres, les importations d'animaux étrangers durant la semaine dernière se
sont composées de 17,949 têtes, dont 11 bœufs, 257 veaux, 276 moutons et
7 porcs venant d'Amsterdam ; 316 moutons d'Anvers; 4,746 moutons de Brème;
80 REVUE COxMMERCIALE ET PRIX GOURANT (14 AVRIL 1883).
50 bœufs de Garril; 14 Jiœufs de Dunkerque; 7.224 moutons de Gcesteraunde ;
20 bœufs de Guernesey ; 1,42 i moutons d'Hambourg; 35 bœufs, 29 veaux, 2 mou-
tons et 1 porc d'Harlingen ; 30 bœufs du liavre ; 2-i7 bœufs de New-York;
1 bœuf, 17b veaux, 3004 moutons et 78 porcs de Rotterdam. Prix du kilog. Bœuf:
qualité inférieure 1 fr. 52 à 1 fr. 75 ; 2% 1 ir. 75 à I fr. 87 ; V", 1 fr. 87 à 2 fr. 05.
— Veau : i% 1 tr. 93 à 2 (r. 10; V% 2 fr. 10 à 2 fr. ^^8. ~ Moulon. Qualité
inférieure : 1 (r. 93 à 2 fr. 10; 2% 2 fr. 10 à 2 fr. 28 ; l'", 2 fr. 40 à 2 fr. 57. —
Porc: 2\ 1 fr. ^6 à 1 fr. 58; l'% 1 fr. 5^ à l fr 70.
Viande à la criée. — Il a été vendu à la lialle de Paris du 2 au 8 avril :
^^ Prix du kilog. le !) avril.
kilog. i" quai. 2° quai. 3° quai. Choix. Basse Boucherie.
Bœuf on vache... 1.03,470 1..58àl.96 1.3(1 à 1. .16 0.90 à 1.34 1.50 à 2.80 O.20àl.2f)
Veau 223,9.-.7 1 .81) 2 20 1.58 1.78 I.IO 1.56 1.40 2 50 »
Moulon 78,974 1.62 2.02 1.40 1.60 1.00 1.38 1.70 2.G6 »
Porc 58 , 930 Porc frais 1.22 à 1.34; salé,
515,331 Soit par jour 73,619 kilog.
Les ventes sont inférieures de 5,000 kilog. par jour à celles de la semaine pré-
cédente. Les prix accusent ]je lucoup de fermeté.
XII. — Cours de la viande à rabattoir de la Villelte du 12 ai^ril (par bO kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Villette par 50 kilog. : 1"'^ qualité,
75 à 77 fr. ; 2% 70 à 75 fr. ; poids vifs, 50 à 55 fr.
Bœufs. Veaux. Moutons.
1" 2° 3' 1" 2° 3- ' l" %' 3°
quai. quai. quai. quai. quai. quai. quai. quai. quai.
fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr.
85 77 70 105 100 92 100 93 88
XIII. — Marché aux hesliaux de la Villette du jeudi 12 avril 1883.
Cours des commissionnaires
Poids Cours officiels. en bestiaux.
Animaux gênerai. 1'° 2" 3° Prix 1" 2' 3* Frix
amenés. Invendus. kil. quai. quai. quai, extrêmes. quai. quai. quai. extrêmes.
Bœufs./ 2 095 5 360 t . 80 1.64 !.42 1.34àl.86 1.78 1.62 t. 40 1.32àl 84
Vaches 547 » 234 (.68 1.46 130 1.26 1.72 1.66 1.44 1.28 1.24 1.70
Taureaux... 165 104 385 ( 56 1.45 1.34 1.30 1.60 1.54 1.43 1.32 1.28 158
Veaux 1.362 97 84 2 34 2.16 1.76 1.54 2.54 » » » »
Moutons..-.. 13 704 » I9 2 26 2 12 1 98 l »0 2.34 » » » »
Porcs gras.. 3 912 » 79 1.46 l.'iO 1.34 1.20 1.50 » » »
— maigres.. » » » »»»»«))» » »
Vente assez active sur toutes les espèces.
XIV. — Résumé.
Il y a de la faiblesse dans les cours des céréales ; mais beaucoup de fermeté
pour la plupart des autres denrées, notamment pour les fourrages, les vins et les
produits animaux. A. Remy.
BULLETIN FINANCIER
Détachement du coupon au 3 0/0 ; continuation de baisse à nos fonds publics :
le 5 0/0 à 113,05, perd 0,70. Fermeté à nos Sociétés de crédit; vive reprise à nos
chemins de fer.
Cours de la Bourse du k au 11 avril 1883 {au comptant).
Principales valeurs françaises :
Plus Plus Dernier
bas. haut, cours.
Rente 3 0/0 79.05 go 35 79 25
Renie :î 0/0 amortis 80.32 81.50 80.32
Rente 4 1/2 o|o 110.05 110.60 110.05
Rente 5 0/0 Ii3 45 (14.45 113. 6i
Banque de France 5360.00 5400.00 5395.00
Comptoir d'escompte 975.00 980.00 980 00
Société générale 545.00 557. 5H 550.00
Crédit lonciei 1330.00 1355.00 I3'i0.oo
Est.. .\cli<'nj --,00 730 00 735.00 733 75
Midi d° 1105 00 ii'io.oo 1105.00
Nord d» 1885.00 1935 00 1890.00
Orléans ■ d" 1220.00 1275.00 1235 00
Ouest d° 765.00 790.00 765.00
Paris-Lyon-Medrterranée d° 1557.50 1578.75 1560.00
Paris 1871 obi. 400 à 3 O/O. 392.00 395.00 394.00
Italien 5 0/0 91.20 9150 9125
Le Gérant : A. BOUCHÉ.
Chemins de fer français et étrangers :
.autrichien d"
Lombards d°
Romains d°
Plus
bas.
722.00
320.00
1 1 5 . 00
Plus Dernier
haut, cours.
727.50 725.00
328.50 322.50
118.75 118.00
Nord de l'Espagne d° 515.00 522.50 517.50
Saragosse à Madrid... d" 485.(0 488.75 485.00
Portugais d° 540.00 555.00 540.00
Est oblig. 3 0|o rembOLir- » » »
sable à 50U fr d" 361.50 363. co 361.25
Midi d" 358.75 359.(^0 359 Ou
Nord d" 366.00 366.50 366.25
Orléans d" 386.00 369.00 366.00
Paris-Lyon-Méditer d° 363.00 363.25 363.00
Ouest d° 358.00 359.00 358.25
Nord-Esp. priorité .d° 345.00 347.00 246.00
Lombards d° 294.00 295.50 294.25
LETERRIER.
CHRONIQUE AGRICOLE (21 avril i883).
Recherches de M. Duponcliel sur la l'erlilisalion des terres par les alluvions arlificielles. — Exposé
des procédés proposés pour transformer les landes de Gascogne. — Evaluation des prix et des
résultais des travaux. — La peste bovine en Allemagne. — Prochame élection d'un membre
étranger à la Soci té nationale d'agriculture. — Nécrologie. — M. Vion. — Sixième liste de la
souscriplion pour élever un monument à la mémoire de Lé^nca do Lavergne. — Les vacci-
nations charb')niieu-es dans le Cantal. — Concours départemental à Agen. — Concours
d'animaux rT^producleurs dans la Haute-Vienne. — Concours annuel de la Société dépariemen-
tale d'agriculture de l'Allier. — Vente de béliers et do brebis sûuthdovvn chez M. Nouettc-
Delorme. — Création d'un laboratoire agricole à Nevers. -- Note de M. Cimbon sur l'ensei-
gnement élémentaire de l'agricultuie. — Concours pour des in-;pecteurs de la boucherie à Paris,
— L'arboretum de Segrez. — Exposition internationale d'horticulture à Lille. — Estais sur la
culture des tabacs de la Havane dans le sud-oue.>t. — Les prochains concours régionaux. —
Relevé des déclarations pour les concours de Vannes, Digne et Troyes. — Vœu du Conseil
général de l'Ai-ne sur la réforme de la législation des sucres. — Notes de MM. BeauviUiers,
Petii-Lafitte, Leyrisson, Raibaud-Lange, sur l'elat des récoltes dans les départements de l'Aube,
de la Giionde, de Lot-et-Garonne et des Basses-Alpes.
I. — Sur la fertilisation des terres par les allubuions artificielles.
Un ingénieur agronome, d'un mérite incontestable, et qui se dis-
tingue surtout par lu hardiesse de ses conc8ptions, M. Duponcliel, vient
de publier à. la librairie Hachette, sous le titre de Théorie des alluvions
artificielles, un livre remarquable dans lequel il expose une théorie
générale de la fertilisation des terres arides ou peu fertiles, qui occu-
pent une trop grande partie de la France ; il fait ensuite une applica-
tion spéciale de sa théorie à la fertilisation des landes de Gascogne,
fertilisation pour laquelle il serait nécessaire de créer, dans la région
des Pyrénées, des réservoirs d'aménagement des eaux de crue, et des
canaux pour la distribution de ces eaux, après qu'elles se seraient
chargées des matières fertilisantes pour transformer les sols stériles
en sols féconds. Le projet est grandiose, car il s'agit d'opérer sur des
centaines de milliers d'hectares.
Le but que poursuit M. Duponchel, est de constituer une terre émi-
nemment fertile sur tous les points où la fertilité naturelle ou acquise
fait défaut; les moyens consisteront à créer un torrent artificiel, réali-
sant sur un point déterminé le phénomène produit parles alluvions natu-
relles. « La terre végétale, ajoute-t-il, se compose d'une matière inerte
qui ne joue qu'un rôle purement physique, telle que le sable quarlzeux,
et d'un mélange en proportions convenables de deux éléments minéraux
essentiels, l'argile et le calcaire, à l'état de limons compîètement désa-
grégés. Toutes les fois que la matière inerte se trouvera sur place, que
l'on aura affaire à un sol déjà meuble, nous devrons en tenir compte.
L'alluvion artilicielie ne sera donc pas le sol végétal lui-même, mais le
complément de ce sol, l'amendement nécessaire pour le constituer par
son mélange minéral avec le terrain naturel. Sur le sable des Landes
et dq^la Sologne, il nous suffira d'apporter un limon argilo-marneux ;
sur la craie de la Champagne, ua limon argileux et peut-être une cer-
taine proportion de sable quartzeux; et ainsi de même partout ailleurs.
La terre végétale fabriquée de toutes pièces ne serait rigoureusement
nécessaire que sur les sols à surface de roche résistante, inattaquables
par l'outil du travailleur. Le torrent artificiel devra reproduire les
divisions principales du torrent naturel; comme lui, il devra pré-
senter : un bassin récepteur ou centre de désagrégation, un goulet ou
chenal régulier servant à la fois à la trituration, au mélange et au
transport des matières minérales, un cône de déjection comprenant la
surface entière sur laquelle les limons fécondants et convenablement
élaborés pourront être distribués et répandus. Le point de départ de
toute création d'un torrent artificiel sera l'approvisionnement de la
N" 732. — Tome II de 18S3. — 21 Avril.
82 CHRONIQUE AGRICOLE (21 AVRIL 18S3j.
masse d'eau nécessaire peur alimenter ce torrent et produire le qua-
druple travail de désagrégation, de trituration, de transport et de
répandage des limons, auquel il devra suffire. )>
Une fois qu'un vaste réservoir aura été créé et rempli d'eau, il sera
possible d'en faire sortir une rivière que l'on concentrera dans une
conduite pour la diriger en jet puissant contre le pied d'une colline
constituée par des terrains ayant la composition désirée pour compléter
la nature de la terre à fertiliser. Si ces terrains sont susceptibles de
devenir meubles peu à peu. ils seront disloqués, détachés, réduits en
une sorte de bouillie que la rivière entraînera. Il n'y aura plus qu'à
diri2;er cette rivière dans un nombre suffisant de canaux destinés à
porter l'eau sur tous les points d'une plaine. Celte eau aura entraîné la
colline, et on en aura répandu la terre, par une sorte de colmatage, sur
toute la surface de la plaine. C'est ainsi que la nature a séculairement
opéré; c'est ainsi que se propose d'agir M. Duponchel, notamment
pour les landes du sud-ouest delà France dont le sol n'est guère sus-
ceptible jusqu'à présent que de porter des forêts, tandis que si l'on
se servait à droite des eaux, de la Neste, à gauche des eaux du Gave, on
pourrait chaque année compter sur le travail mécanique de 1 80 millions
de mètres cubes d'eau qui, entraînant un dixième au moins de leur
volume de limons, pourraient produire et répandre à la surface des
Landes un cube de 18 millions d'alluvions artificielles, suffisant à la
régénération d'une superficie de 18,000 hectares, à raison d'une couche
moyenne de 10 centimètres d'épaisseur.
M. Duponihel est entré dans tous les détails de son projet ; il indique
les endroits où il faut créer les réservoirs, puis le tracé des canaux de
décharge pour la préparation da limon, et enfin les canaux de colma-
tage. Dans une carte jointe à son livre, les emplacements de tous ces
grands travaux sont indiqués. Il aborde de front toutes les objections
qui peuvent être faites à l'exécution de son projet. Il en calcule les
dépenses, et il suppute l'importance des résultats à obtenir. Pour 25 mil-
lions de frais de premi'^r établissement et pour des charges annuelles
de 2 millions, il estime pouvoir régénérer par année 10,000 hectares.
Le prix de revient, par conséquent, ne dépasserait pas, selon lui,
200 francs par hectare. Un sol infertile serait ainsi amené à pro-
duire, affirme-t-il, 25 à 30 hectolitres de blé et de 1 5,000 à 2l^000 ki-
logrammes de fourrages par hectare. On comprend immédiatement
combien serait considérable la plus-value acquise par les terrains
ainsi transformés. Une compagnie pourrait se charger de l'exécution,
et M. Duponchel estime que les résultats seraient tels que le capital
employé trouverait comme rémunération un intérêt de plus de
30 pour 100. Il étudie d'ailleurs le système de culture, culture pasto-
rale simple, culture pastorale mitigée, culture intensive régulière,
qu'il pourrait convenir d'adopter.
a Dans l'état actuel, dit-il, les Landes, bois compris, ne valent pas
500 fr. l'hectare, ce qui, pour la région totale, comptée au chiffre rond
d'un million d'hectares, représente un capital foncier de 5n0 millions
au plus. Par le fait de l'opération que je propose, cette terre, qui ne
vaut aujourd'hui que 5,00 fr. , amenée progressivement à avoir les mêmeg
propriétés productives que celle qui se vend ailleurs 5,000 ou 6,000 fr.,
■yaudra certainement ce prix tôt ou tard. Admettons que la transfor-
mation complète doive demander un siècle, à raison de 10,000 hec-
CHRONIQUE AGRICOLE (21 AVRIL 18*83). 83
tares par an, ia plus-value totale répartie sur cette période représen-
tera un i>;ain annuel de 50 millions. » Tout cela est certainement gran-
diose et doit frapper l'imagination.
Sommé de nous «X-pliquer sur la question de savoir si l'entreprise
est possible, nous n'hésitons pas à répondre affirmativement; mais
nous n'oserions pas dire que des difficultés ne se présenteraient pas
dans l'exécution. Ce n'«st pas impunément que l'on m.et en mouve-
ment de grandes masses liquides et solides pour couvrir d'immenses
étendues de terrain. Tous les colmjtasres effecîués sur une grande
échelle ont toujours donné lieu, avant qu'une végétation complète se
soit emparée des terrains, à des maladies endémiques dont on ne peut
triompher que si les surfaces ne sont pas trop considérables. La gran-
deur des résultats poursuivis nous paraît donc être la principale objec
tion à faire aux projets de M. Duponchel, ce qui n'empêclie pas de
rendre justice à tout ce qu'il y a de nouveau, de hardi et de bien com-
biné dans le système qu'il préconise pour imiter la nature et tâcher de
faire mieux et plus vite.
II. — La peste bovuie en Allemagne.
Nous apprenons que la peste bovine vient d'éclater en Silésie; le
gouvernement allemand a pris des mesures énergiques po.ur isoler les
foyers de la maladie et en enrayer la propagation. Néanmoins nous
espérons que le ministère de l'agriculture fera exécuter, en France, les
règlements qu'il a toujours pris, dans des circonstances semblables,
pour empêcher l'introduction du fléau sur notre frontière : une sur-
veillance rigoureuse à la frontière ft nne prohibition absolue contre
toutes les provenances d'origine suspecte.
, III. — Prochaine èlecllon à la Société nationale d'agriculture.
Dans le comité secret de sa séance du 18 avril, la Société nationale
d'agriculture a entendu le rappport tait, au .nom de la Section de
grande culture, sur les candidats à une place de membre étranger. La
Section présente la liste de candidats suivante : en première ligne,
M. Robert, agriculteur et fabricant de sucre à Seelowit^, province de
Moravie (Autriche); en deuxième ligne, M. Fouquet, ancien directeur
de l'Institut agricole de l'Etat, à Gembloux (Belgique). Les titres des
candidats ont été discutés. L'élection aura lieu dans la séance du.
25 avril.
IV. — Nécrologie.
Vn des agriculteurs les plus distingués de la région da Nord,
M. Vion, vice-président du Comité central des fabricants de -sucfe,
vient de mourir. Il dirigeait, depuis 1847, la grande ferme de Lœuilly,
à Viilers-Faucon, canton de Roisel (Soaime), avec une habileté et un
succès qui lui ont valu de remporter la grande prime d'honneur en
1875. En 1857, il y créait une sucrerie qui est devenue une des plus
importantes de la contrée. En même temps que le souvenir d'un agri-
culteur très habile et d'un défenseur énergique de tous les intérêts
agiricoles, M. Vion laisse derrière lui l'exemple d'un homme de bien.
Il n'était âgé que de soixante-trois ans.
V. — Souscription pour élever un monument à Léonce de Lavergne.
Voici la sixième liste de la souscription ouverte pour élever un
monument à Léonce de Lavergne :
84 CHRONIQUE AGRICOLE (21 AVRIL 1883).
Fr.
Report de la cinquième liste 7 50O 50
Société départementale d'agriculture du Duubs .... ' .50 00
MM. Armand (André) 25 00
Thannberger, agent comptable à l'Ecole nationale d'agricul-
ture de Grand-Jouan *. 5 00
Sensarric, ancien agent comptable à l'Ecole de Grand-Jouan. 5 00
Reclus, secrétaire de la direction à l'Ecole de Grand-Jouan. 5 00
Pichot, chef de culture à l'Ecole de Grand-Jouan 2 00
Moral d'Arleux, notaire à Paris 30 00
Paris (comte de) .... 100 00
Freschi (comte), président de la Société agricole du Frioul
(Iialie) 10 00
Larcade, surveillant-comptab'e à la ferme-école de Puilboreau
(Charente-Inférieure) 1 00
Comice agricole de Roquefort {Landes) 10 00
Comire agricole central de la Loire-Inférieure 20 («0
Gilbert (Victor), agriculteur à Videville (Seine-et-Oise) 10 00
Reynal 10 00
Blanchemain (Paul), secrétaire de la Société des agriculteurs
de France 10 00
Neef (Jules) président de la Société royale agricole de Test de
la Belgique 30 00
Fontbaré de Fumale (baron du) , vice-président, etc .5 00
Menault (Ernest), membre du Conseil général de Scine-et-Oise. 10 00
Laverrière (Jules), correspondant de la Société d'agriculture. 10 00
Gréa (E.). correspondant de la Société d'agriculture 20 00
Ecole pratique d'agriculture de Saint-Bon (Haute-Marne) .... 2ô 00
Total de la sixième liste , 7,893 50
Nous rappelons à nos lecteurs qu'ils peuvent adresser leurs sous-
criptions à M. Henry Sagnier, secrétaire du Comité, aux bureaux du
Journal de V agriculture.
VI. — Vaccinations charbonneuses.
M, Deron, préfet du Gantai, vient d'adresser aux maires et aux agri-
culteurs de ce département une circulaire relative aux vaccinations
charbonneuses. Il rappelle d'abord que, en 1882, M. Duclaux a procédé,
dans ce département, à des expériences de vaccination dont les résultats
sont désormais acquis malgré l'époque désavantageuse à laquelle
eurent lieu les opérations, en juillet, août et septembre. Dans cette
période, en effet, lorsque les bestiaux ont déjà pâturé sur la montagne,
la vaccination se fait dans des conditions défectueuses, les animaux
pouvant avoir déjà contracté le germe de la confygion. Il est donc
utile de vacginer, autant que possible, avant la montée, entre le
15 avril et le 10 mai, mais en ayant soin de ne pas procéder à l'opé-
ration dans le mois qui précède la mise bas ou dans la quinzaine qui
la suit. M. Deron fait appel au dévouement des vétérinaires qui tien-
dront à honneur de marcher dans la voie que M. Duclaux leur a
ouverte avec tant de succès. Des primes ou des médailles pourront
être décernées par le Conseil général à ceux d'entre eux qui se seraient
particulièrement distingués.
YII. — Concours départemental à Agen.
La Société d'encouragement à l'agriculture de Lot-et-Garonne aura
à Agen son deuxième concours, du 17 au 29 août prochain. Ce
concours sera départemental pour les races chevaline, bovine, porcine,
comme pour les produits agricoles, et général pour les machines et
instruments de ferme, ainsi que pour les animaux de la race canine.
Les demandes doivent être adressées avant le l^"" juin à M. Emile
Gaussen, secrétaire général de la Société, ou à M. le maire d'Agen.
VIII. — Concours d'animaux reproducteurs.
La Société d'agriculture de la Haute-Vienne tiendra à Limoges,
le mercredi 25 avril, un concours spécial d'animaux reproducteurs
CHRONIQUE AGRICOLE (21 AVRIL 1883). 85
de la race bovine limousine. A ce concours seront admis les taureaux,
les jeunes veaux de moins d'un an, les génisses ayant leurs dents de
lait. Pour concourir, les taureaux devront être âgés d'un an au moins,
et le propriétaire présentant un animal devra justifier qu'il est depuis
deux mois en sa possession. Les propriétaires de taureaux primés
devront s'engager à les conserver pendant six mois dans l'arrondisse-
ment 011 ils auront été primés, et à les livrer à la saillie moyennant
une rétribution qui ne pourra excéder 1 fr. 25; les primes des tau-
reaux ne seront décernées qu'au mois de novembre.
Le Comice agricole du canton de Dorât, dans le même département,
fera, le 6 mai, sous la direction de son président, M. de Mascureau,
un concours cantonal d'animaux reproducteurs des races bovines,
ovines et porcines.
IX. — Concours départemental dans V Alliez.
La Société d'ao;riculture de l'Allier tiendra son concours annuel
départemental d'animaux reproducteurs, d'instruments et de produits
agricoles de 1883, à Saint-Pourçain, au mois de septembre prochain.
Elle a inscrit à son programme des primes de culture à décerner aux
métayers à moitié fruits ou fermiers-laboureurs de V arrondissement de
Gannat dont les exploitations seront jugées les mieux tenues. Les
exploitations seront divisées en deux catégories : les exploitations d'une
étendue supérieure à 20 hectares concourront pour les prix de grande
culture; celles de 20 hectares et au-dessous ne pourront être présentées
que pour les primes de petite culture. Deux primes seront aussi
réservées aux vignerons, fermiers-vignerons ou propriétaires cultivant
par eux-mêmes, de l'arrondissement de Gannat, dont les vignobles
seront les mieux tenus.
X. — Vente d'animaux reprodiicleurs.
M. Nouette-Delorme, l'éleveur bien connu des agriculteurs, met en
vente, à partir du 29 avril, 50 béliers et 50 brebis d'un an, de la race
pure southdown, à son domaine de La Manderie, pour lequel il a rem-
porté la prime d'honneur au dernier concours régional d'Orléans. La
propriété de la Manderie est située à 4 kilomètres de la station de
.Nogent-sur-Vernisson (Loiret), sur la ligne de Paris à Lyon ^ar le
Bourbonnais.
XL — Laboratoires agricoles.
Un laboratoire agricole créé à Nevers, par le Conseil général du
département de la Nièvre^ a été inauguré le samedi \ 'i avril. Ce labo-
ratoire édifié aux frais du département, pourra également rendre des
services aux agriculteurs des départements voisins. Allier, Cher,
Loiret, etc. Il a été placé sous la direction de M. Mancheron, professeur
départemental d'agriculture de la Nièvre.
M. Victor Cambon, ingénieur des arts et manufactures, a présenté
récemment à la Société d'économie politique de Lyon un intéressant
rapport sur l'enseignement élémentaire de l'agriculture. Il a princi-
palement insisté sur les services que rend le professorat départemental,
créé par la loi de 1879. A la suite de ce rapport, M. Vincey a fait
remarquer avec raison que la création d'un laboratoire agricole à Lyon
serait d'une haute utilité pour les cultivateurs de la région.
86 . CHRONIQUE AGRICOLE (21 AVRIL 1883).
XII. — Inspection de la boucherie à Paris.
Un concours pour l'aduiissiorï à cinq emplois d'inspecteur de la bou-
cherie à Parisj au traitement variant de 3,000 à 4,000 IVancs, aura
lieu à la Préfecture de police, le mercredi 16 mai prochain à 10 heures
et demie précises du matin. Il comprendra une épreuve éitrite sur un
sujet de la compétence des vétérinaires, et une épreuve pratique à
l'abattoir de la Villette. — Les candidats devront se faire inscrire par
avance au secrétariat général de la Préfecture de police, bureau du per-
sonnel, en justifiant par leur acte de naissance qu'ils n'ont pas plus
de cinquante ans d'âge et en produisant, en outre : 1° un extrait de
leur casier judiciaire; 2° leur diplôme de vétérinaire; 3° des pièces
établissant leur situation au point de vue militaire.
XIII. — Uarboretum de Segrez.
Notre confrère M. A. Lavaliée, président de la Société nationale et
centrale d'horticulture de France, vient de faire paraître la cinquième
livraison de son grand ouvrage consacré à la description des er-pèces
nouvelles ou rares qui figurent dans son àrboretum d(î Segrez (Seine-
et-Oise). Cette livraison est consacrée à la description des espèces
suivantes : Actinidia volubilis^ Schizandra chinemis, Akcbia quinata^
Clematis oricnlalis^ Cratœgus nigra. Des planches gravées avec le plus
grand soin accompagnent la description de chaque variété. L'ouvrage
formera deux volumes in-Zi" comprenant 60 planches.
XIV. — Expositmn d'horticulture.
Le Cercle horticole dn Nord organise une exposition internationale
d'horticulture qui aura lieu à Lille, au palais Rameau, du 1*'"au 9 sep-
tembre. Cette exposition comprendra 185 concours. Tous les amateurs
horticulteurs, jardiniers, etc., du pays et de l'étranger, sans aucune
exception, sont invités à y prendre part. Il est créé deux catégories
d'exposants : première catégorie, amateurs et jardiniers d'amateurs ;
deuxième catégorie, horticulteurs, marchands, jardiniers, cmstruc-
leurs et fahricants d'outils ou appareils se rapportant à l'horticulture.
XV. — Cullure du tobac.
Le iourvtnl La ppfile Gironde nous apporte des détails sur des essais de •
culture du tabac qui sont faits, sous !a direction de l'adminisèralion
des finances, dans plusieurs Wc-alitésde la région du Sud-Ouest. Voici
cette note qu'on lira certainement avec intérêt :
« Nous apprenons que !a régie des tabacs fait procéder clans notre déj;arteiuent
à des expériences très intéressantes, promettant d'ores et déjà des retraitais très
importants pour le pays-.
« Ce n'est plus un mystère qu'à la Havane la qualité' des récoltes va en dn'mi-
B«9Hi,t, tandis que i aug^ynentation dies prix va toujourti ciToissant, principalement
dans les es èces ordinaires, qui seront bi^eniôt inabordables. Cette situation alar-
mante a déterminé l'administration à faire étudier à fond les procédés de la
production havanaise, et à entreprendre de les appliquer en France.
« Elle a rencontré entre la Garonne et les Pyrénées des terrains saI)lonneux
ressemblant entièrement à ceux qui produisent les tabacs les plus aromatiques de
la Havane. La plante n'a d'ailleurs nullement besoin, ainsi qu'on estporti à le
croire, d'une chaleur excessive. Aux Antilles, elle n'est cultivée qu'en hiver, sai-
son dont la température n'est pas plus élevée que celle de l'été à Bordeaux. Notre
contrée est, en conséquence, tout à fait privilégiée à cet égard.
« En 1882, malgré un temps froid et pluvieux, les essais de culture ont eu des
CHRONIQUE AGRICOLE (21 AVRIL 1883). 87
résultats tellement satisfaisants, ([ue radministration les fait continuer actuelle-
ment sur une grande échelle. Elle vient de distribuer à un certain nombre de
planteurs de l'arrondissement de Bazas des semences de havane récoltées en 1882
à Langon, d'auties semences venant directement du pays d'origine, et enfin des
graines provenant d'une hybridation artificielle du havane avec l'espèce locale.
Tout permet d'espérer que la nouvelle campagne d'essais fera déhnitivemenl
apprécier les tabacs récoltés dans nos sables. Traités convenablement, ils suppor-
teront aisément la comparaison avec les provenances exotiques.
ce Nous savons qu'en même temps la régie fait expérimenter, à la manufacture
de Bordeaux, les préparations spéciales auxquelles le cigare havanais doit, en
grande partie, sa supériorité. La réussite de ces expériences n'est pas douteuse,
puisqu'il s'agit de manipulations qui sont pratiquées à l'intérieur de salles
lerm'es, et que rien n'empêche de ks pratiquer exactement dans les conditions
voulues.
« Au- moment où l'agriculture est éprouvée de toutes les façons, il faut savoir
gré à la régie des efforts qu'elle fente en sa faveur. On voit que le but est de
trouver en France ce qu'elle achète i'ort cher à l'étranger. Elle est en voie d'y
arriver, en choisissant les sols sablonneux, aujourd'hui peu productifs, où la
vigne est exposée aux gelées, et où les céréales ne rapportent plus qu'un produit
dérisoire. Dans ces ttfi'res légères le tabac ne donne pas non plus un fort rende-
ment en poids; mais, par contre, il peut y acquérir les propriétés qui sont par-
ticulièrement recherchées, et qui augmenteront considérablement sa valeur.
« Si les plus estimées d'entre les variétés exotiaues peuvc^nt être implantées
avec succès dans les terres sablonneuses du Sud-Ouest, à plus forte raison y
fera-t-on prospérer les espèces communes importées d'Amérique, et dont la répu-
tation décline tous les ans.
« Les départements de la Gironde, des Hautes-Pyrénées, des Landes et de Lot-
et-Garonne seraient ainsi appelés à lournir la majeure partie des feuilles achetées
jusqu'à présent au loin, au prix d'un nombre respectable de millions. Il n'en
résultera que des avantages pour tout le monde. La régie udus vendra à bon
compte un meilleur cigare; elle déboursera moins pour l'achat des matières pre-
mières; et, c^u lieu de prélever une grosse part de ses bém fîces au profit des
fournisseurs étrangers, elle procurera à nos campagnes une nouvelle et précieuse
source de revenus.
« Nous engageons vivement nos représentants des Chambres et des Conseils
généraux à encourager par tous les moyens dont ils disposent cette entreprise
vraiment patriotique. »
Il est important de suivra avec attention les résultats des essais dont
il est question dans la note qu'on vient de lire. Si les espéi'ances que
les premières plantations ont fait naître se réalisent, il y aura là une
véritable bonne fortune pour les aoriculleurs.
XVL — Les prochains concours régionaux.
Voici le relevé des déclarations adressées au ministère de l'ai^ricul-
tare pour les trois concours régionaux de Vannes, Digne et Troves :
Produits.
Ifits.
>anncs ^03 .M ÔO 225 861 322
Di.'^nc 165 (9 40 25 295 '^21
Troyes 244 112 G7 90 1,591 C2(3
il y aura, on outre, à Vannes, 59 lots d'ostréiculture et 43 lots
d'engrais. — Le concours régional de Vannes sera dirigé par M. de
Lapparent, inspecteur général de l'agriculture; celui de Digne, par
.M. du Peyrat, inspecteur général; celui de Troyes, par M. Vassillière,
inspecteur général adjoint.
XVII. — Sucres et betteraves.
Dans sa dernière session, le Conseil général de l'Aisne a renouvelé
le vœu qu'il avait déjà formé relativement à la réforme du régime
Espèce
Espèce
Espèce
Animaux de
Machines et
bovine.
ovine.
porcine.
de basse
cour.
instruments.
tètes.
lots.
têtes.
lot».
403
:>i
50
225
861
165
(9
40
25
295
244
112
67
90
1,591
88 CHRONIQUE AGRICOLE (21 AVRIL 1883).
fiscal auquel est soumise notre industrie suerière. Ce vote a été émis
sur un rapport de M. Fouquet, qui a rappelé éloquemment Ja crise
pénible que subit cette industrie, et qui ressort clairement lorsque l'on
compare la production du sucre de betteraves en Franco et dans les
autres pays. «En 1878 79, dit M. Fouquet, la France produisait
433 millions de kilogrammes de sucre, l'Autriche 405, rAllem;igne.
4"2()- en 1882-83, la France produira 410 millions de kilogrammes,
l'Autriche 500, TAllemagne 850. » Le rapprochement de ces chifîres
n'est-il pas suffisant?
XVITI. — Nouvelles de Vétal des récoltes.
Les notes que nos correspondants nous transmettent signalent un \
amélioration sensible dans les conditions apportées par le temps aux.
travaux de la culture. M. Maxime Beauvilliers nous adresse les ren-
seignements suivants de Marciliy-le-llayer (Aube) , à la date du
1 1 avril :
« Les froids survenus en mars dernier ont eu pour résultat favorable d'arrêter
la sève des arbres fruitiers, et en cela ils sont survenus à temps. D'un autre côté,
la rigueur de la tempéi^ature a retardé les ensemencements des avoines, qu'il a
fallu reporter en partie dans le mois d'avril. On les achève en ce moment. On se
prépare à semer les orges.
« Les seigles ne font pas une aussi belle levée que l'année dernière. Ils sont
moins serrés, moins drus, moins hauts qu'en 1882 à pareille époque. Il faudra
que la température s'adoucisse beaucoup, pour que, suivant le dicton, « avril ne
se passe pas sans épi ». Le mois de septembre ayant été humide, au lieu d'être
sec, telle est la cause pour laquelle les seigles laissent à désirer en ce moment,
car, à l'automne de 1882, les seigles n'ont pu être faits dans la poussière comme
cela est recommandé. »
M. Petit-Laffitte, dans la note qu'il nous envoie de Bordeaux, à la
date du 8 avril, constate que le mois de mars a été, dans la Gironde,
absolument défavorable aux travaux agricoles :
« Bien que le mois de février se fût montré principalement sous l'influence de
l'hiver, celui de mars l'a de beaucoup dépas-é sous cette même influence ; d'abord,
par une période de froids sérieux, du 5 au 14, puis parles pluies qui ont terminé
sa durée. Aussi a-t-il été possible de lui adresser les mêmes reproches, sous le
triple rapport des travaux à terminer, des semailles à faire et du tort causé déjà
à ces irafiortantes opérations.
ce Une autre crainte, dont les appréhensions ne peuvent être encore complètement
dissipées, c'est celle de l'effet qu'auront pu produire, sur la vigne taillée, les froids
qui ont atteint, en macs, du 5 au 16, jusqu'à — 6 degrés. Déjà l'on avait eu, dans
les sept derniers jours d-. février, du 22 au 28, des températures ayant donné une
moyenne de -f 13^.7 et dont l'action et la durée avaient pu mettre tm mouvement
la sève de cette plante, la disposer aux changements du printemps, et aussi l'ex-
poser à une influence complètement opposée et d'autant plus dangereuse, des
froids tardifs et relativement aigus de mars.
« Enfin, on nous permettra de rappeler, à l'appui de ce que nous disions après
les dernières vendanges, touchant l'influence avantageuse que pouvaient encore
procurer aux vins en provenant, Taclion du temps et des soutirages auxquels on
les soumet en mars, ces paroles extraites de l'un des organes de publicité les
mieux placés pour apprécier de tels résultats : « Les soutirages de mars se font
« dans d'excellentes conditions et révèlent une bonification réelle de la récolte de
« 1882. »
Dans le département de Lot-et-Garonne, on commence à subir la
sécheresse; c'est ce que M. Leyrisson signale dans la note qu'il nous
envoie de Tridon, à la date du 1 5 avril :
« Nous voici bien à bonne heure envahis par la sécheresse, et surtout par les
matinées de glace qui influent désastreu-sement sur tous nos fourrages, dont le
. CHRONIQUE AGRICOLE (21 AVRIL 1883). 89
retard produit un malaise général sur noLre bétail ; les blés d'automne jau-
nissent dans les terrains de médiocre qualité, et les céréales de printemps semées
dans des sols excessivement tassés, demanderaient aujourd'hui quelques bonnes
pluies pour bien fixer leurs racines ; toutefois, bon nombre de cultivateurs met-
tent à profit ce temps de sécheresse pour le sarclage des blés et l'extirpation des
agrostis ou traînasses qui, cette année-ci, menacent d'envahir les vignes, consé-
ouence de l'excessive humidité de l'année dernière, et on |)eut ajouter de l'insuf-
fisance culturale. On réussit à merveille au moyen des raclages ou labours extra-
su})erliciels. Les labours ordinaires des vignes et des champs se font bien.
« Malgré les gelées persistants, les fleurs de nos fruitiers ne sont nullement
atteintes; il y en a d'épanouies. Quant aux fruits, nous en parlerons plus tard. ■»
M. Raibaud-Lange, dans la note suivante qu'il nous adresse de
Paillerols (Basses-Alpes), à la date du 1 1 avril, résume les effets des
gelées de mai s sur les cultures arbustives :
ce Les gelées de mars ont fait beaucoup de mal dans le Midi ; tous les fruits
ont disparu. Les bourgeons de mûriers ont été gelés avant leur éclosion ; les vers
à soie en souffriront; la récolte des cocons ne peut qu'être mauvaise. Avec cela,
la soie baisse toujours ; la concurrence de la Chine et du Japon, où la main-d'œu-
vre est abondante et bon marché, nous écrase, n
La première quinzaine d'avril s'est montrée plus clémente que Iq6 '
semaines précédentes; les cultivateurs en ont profité pour poursuivre
et achever les travaux qui avaient subi de longs retards. La végétation
est peu avancée^ et de ce fait elle est moins sujette à souffrir des
gelées printanières qui peuvent encore survenir. ■ — D'après les nou-
velles que nous recevons d'Algérie, la pluie a été abondante pendant
l'hiver et au commencement du printemps, de telle sorte que la oiu-
par', des cultures se présentent dans de bonnes conditioiis. La région
des plateaux qui souffrait d'une sécheresse persistante depuis plu-
sieurs années, a désormais assez d'eau pour avoir des pâturages plan-
tureux et des récoltes abondantes; les troupeaux pourront être recon-
stitués^ au moins en pirtie. J.-A. Bakral.
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE
Séance du 18 avi^U 1883. — Présidence de M. Dam.a'i.
M. Sacc, correspondant, envoie de Buenos-Ayres, le récit de ses
voyages en Amérique, de 1876 à 1882, et une note sur la sécheresse
qui désole la République argentine.
M. Aureggio, vétérinaire militaire, fait hommage d'une étude sur
les affections farcino-morveuses du cheval et de l'homme, suivie de
l'historique d'une épizoot'ie de morve.
AL Barrai présente le deuxième volume des notions d" agriculture et
dlwriiculture à l'usage des école primaires, rédigées avec M. Henry
Sagnier, et publiées à la librairie Hachette. Il présente aussi le volume
qu'il vient de publier sur la lutte contre le phylloxéra.
iM. d'Esterno demande à la Société, au nom de le Section d'écono-
mie, de statistique et de législation agricoles, d'émettre le vœu sui-
vant : que iM. le ministre de l'agriculture veuille bien s'entendre avec
son collègue, M. le ministre de la Justice, pour faire connaître quelle
application a reçue, depuis la circulaire du 23 mars 1875, la loi du
27 juillet 1867 relative à la répression des fraudes eu matière d'en-
grais. Ce vœu est adopté.
M. d'Esterno, abordant la question du crédit agricole, demande à
la Société de renouveler le vœu qu'elle a précédemment émis en faveur
90 SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE DE FRANCE.
de la liberté du cheptel. — Renvoi à la Section d'économie, de statis-
tique et de législation agricoles.
M. Mille fait une communication sur les résultats acquis à Genne-
villiers par l'emploi des eaux d'égout en irrigation. 11 fait connaître
que 100,000 mètres cubes de ces eaux sont employés aujourd'hui pour
arroser 550 hv'clares, et que les denrées produites sont d'excellente
qualité, depuis les légumes jusqu'au lait des vaclies nourries avec
les fourrages provenant de ces irrigations. M. Mille donne aussi des
détails sur les produits multiples que l'industrie peut ùrer des dépôts
qui se forment dans les réservoirs où l'on fait reposer les eaux.
La Société se forme en comité secret. Henry Sagnier.
DES TERRAINS SALANTS DU SUD-EST
Pcmerol (liouches-du-Uhôae), 17 ayril 1883.
Mon cher directeur, si vous insérez ma note sur les terrains salants
dans le Journal de Vagricxdlure, je vous serai obligé d'y joindre ces
quelques lignes, pour lever une équivoque qui n'existe pas dans ma
communication à l'Académie, mais qui, à ce qu'il paraît, s'est élevée
dans l'esprit de quelques-uns des lecteurs.
Je n'ai jamais entendu dire que votre opinion, et encore moins votre
action, qui sont l'une et l'autre d'un si grand poids, fussent pour rien
dans les entreprises de dessalement des terrains salants de la Méditer-
ranée; votre communication à l'Académie sur les dunes d'Aigues-
Mortes est plutôt, par la mention qu'elle fait des terrains salants de
ce canton, un motif de découragement que d'encouragement.
J'avais en vue des personnes pleines de talent, de courage et d'ini-
tiative, qui ont mis la main à l'œuvre et dont l'insuccès serait pour
tous les agronomes, et pour moi en particulier, un véritable chagrin.
Vous savez qu'il arrive souvent que les initiateurs et les hommes de
progrès ne sont pas récompensés matériellement des exemples et des
leçons qu'ils nous donnent.
Je voulais aussi détourner un certain nombre d'agriculteurs, dont
quelques-uns m'ont consulté, de suivre un exemple dont le succès,
qui est possible et que je souhaite, me paraît avoir quelque analogie
avec celui d'un gain dans les jeux de hasard, avec cette différence,
toutefois, que tout est noble et grand dans ces entreprises agricoles,
et qu'on ne peut leur opposer que l'excès de hardiesse.
Veuillez agréer, etc. . P. de Gaspari?,'.
Note adressée à l'Académie des sciences le 9 avril 1883.
Dans une communication récente à l'Académie, M. Barrai, secrétaire
perpétuel de la Société nationale d'agricullure de France, en exposant
dans une étude très intéressante les causes du succès des plantations
de vignes sur les sables du cordon littoral d'Aiguës -Mortes, signale, à
côté de ces dunes dessalées, des terrains d'un niveau inférieur
imprégnés de sel, et attribue leur état à un phénomène naturel; ces
terrains seraient d'anciens étangs en communication intermittente avec
la mer qui, successivement évaporés et remplis, auraient formé des
salines naturelles d'après une méthode analogue à celle qu'on suit pour
les salines artificielles du littoral de la Méditerranée ou de l'étang de
Berre.
Cette explication est très rationnelle pour les cas spéciaux dont
CES TERRAINS SALANTS DU SUD-EST. 91
s'occupait le savant secrétaire" perpétuel ; mais, cette opin'on, trop
généralisée, peut entraîner et entraîne en effet des conséquences pra-
tiques dansjereuses, en faisant croire aux agriculteurs qu'ils n'ont
affaire qu'à des dépôts salins limités en puissance et en étendue, en
sorte que l'emploi de moyens combinés de submersion par l'eau douce,
et d'écoulement ou d'épuisement des terrains salants qui ne commu-
niquent plus depuis longtemps avec la mer, suffirait, au bout d'un
petit nombre d'aîinées, pour rendre ces terrains stériles à la culture et
spécialement à la viliculture.
Tout en admirant le courage, Tesprit d'entreprise et les moyens
ingénieux employés par ceux qui ont tenté le dessalement de ce qu'on
appelle dans le Sud-Est des sansouïres, j'ai cru nécessaire d'appeler
Taltention des agronomes sur les conditions du problème à résoudre,
afin d'inspirer aux praticiens de laprudence dans l'emploi de leur temps
et de leurs capitaux.
Les belles études de M. Peligot nous ont appris en effet que, dans
les polders de la mer du Nord, une fois la communication entre la mer
et les terrains interceptée, au bout d'un petit nombre d'années, par le
simple épuisement des eaux météoriques, les polders sont dessalés et
propres à toutes les cultures que comportent le climat et le sol.
Il n'y a pas de comparaison possible entre les polders et les terrains
salants de la basse vallée du Rhône. Dej)uis bien des années pour un
certain nombre, depuis des siècles pour la plupart, depuis les âges
géologiques pour quelques-uns d'entre eux, la communication avec la
mer n'existe plus. Ils ont subi constamment l'action des eaux météo-
riques, du débordement des rivières, d'écoulement par des canaux, ds
dessèchement sans communication directe avec des eaux salées, et
cependant leur condition ne s'est pas modifiée; ils ont toujours été
terrains salants et le sont encore, et ne portent que la végétation carac-
téristique de ces terrains.
La première conclusion à tirer de cette observation générale est
celle-ci : tout au moins l'entreprise de dessalement d'un terrain salant,
tout au rebours de la création d'un polder, est un problème indéter-
miné. Que le dépôt de sel qui, par les eaux souterraines, entretient la
salure soit voisin ou éloigné, on ignore sa puissance, et par consé-
on ne sait si c'est en dix, vingt ou trente années de submersion et de
drainage ou d'épuisement qu'on en viendra k. bout. Sans doute des
combinaisons rationnelles multiplient les années, et peuvent faire
dans un temps limité ce que les siècles n'ont pas fait, à cause r'*» l'im-
perfection des écoulements qui n'étaient souvent que des écoulements
de surface et n'agissaient que dans une faible mesure. Mais le pro-
blème n'en reste pas moins indéterminé, et les accidents inévitables
et connus sont bien assez redoutables pour l'agriculteur, sans y joindre
les déceptions de l'inconnu, la poursuite d'une chance heureuse.
La deuxième conclusion est qu'en tout cas on ne doit jamais tenter
le dessalement de terrains depuis longtemps sans communication avec
la mer à un niveau de plus de 7 mètres au-dessus de l'étiage de la
Méditerranée et pourvu depuis longtemps d'écoulements invariables ;
on ne peut raisonnablement tenter d'improviser ce qu3 les siècles n'ont
pas fait, quand on ne peut augmenter que faiblement par des sub-
mersions temporaires l'effet des eaux douces sur les terrains salants.
La troisième conclusion, tirée de l'examen du bassin géologique et
92 DES TERRAINS SALANTS DU SUD-EST.
conforme à l'opinion d'Emilien Dumas, de Sommières, géologue très
distingué, et du comte de Gasparin, est celle-ci. Puisqu'on trouve
encore des terrains salants à des altitudes de plus de 100 mètres au-
dessus du niveau de la Méditerranée; puisqu'une vaste formation
gypseuse s'étend de Sainte-Victoire, près d'Aix, jusqu'à Malaucène, au
pied du mont VentouX;, puisque toutes les sources qui émergent dans
la basse vallée contiennent en des proportions variées du sel marin,
quoique venant à eau courante delà vallée de la Durance; puisque les
dépôts de sel gemme sont souvent les associés des formations gypseuses,
n'est-il pas permis de craindre que les sources salées qui entretiennent
la salure d'une partie des sansouïres ne viennent de dépôts éloignés
et indéfinis en étendue, en sorte que l'assainissement de ces terrains
serait pour cette partie-là un problème insoluble?
En tous cas, j'ai cru nécessaire, en raison du mouvement agricole
dont je suis le témoin, d'appeler de nouveau l'attention sur cette
question importante. Paul de Gaspaf.tiv,
Membre de la Société nationale d'agriculture, correspond ant
de l'Académie des sciences. ,
DOSAGE DE L'ALCOOL ET DE L'EXTRAIT
DANS LES VINS D'ANJOU
L'exposition générale des vins, qui a eu lieu à Bordeaux en 1882,
et où figurait une importante collection des vins d'Anjou, qui a été
récompensée de l'un des deux grands diplômes d'honneur décernés
aux vins de France, nous a donné l'idée de doser V alcool et Yextrait
de ces vins, c'est-à-dire les deux principaux éléments constitutifs dont
la teneur préoccupe plus particulièrement le commerçant.
Nous n'avions pas de grande route tracée devant nous pour éclairer
notre marche, puisque çà et là seulement et à des intervalles très
éloignés déjà, quelques rares jalons avaient été plantés, par M. Sebille-
Auger de Saumur et par M. le docteur Edouard Laroche d'Angers, et
encore leurs observations ne portaient-elles que sur quelques essais du
vin au point de vue du titre alcoolique. Nous avons donc dû faire
appel à la bonne volonlé des producteurs, pour nous procurer un
nombre d'échantillons suffisant, qui nous permette de donner des titres
définitifs. Nous ne saurions trop remercier ceux qui ont bien voulu
répondre à notre appel. Grâce à leur concours, nous avons pu traiter
1 8 tvpes devins blancs des coteaux de la Loire, un égal nombre de vins
de la côte du Layon et enfin 18 échantillons de vins rouges de diffé-
rentes provenances.
La réputation de nos vins ne date pas 'd'aujourd'hui. L'origine
authentique du vignoble angevin remonte certainement avant Charles
le Chauve, puisque l'une de ses chartes, datée du 25 octobre 845,
institue une donation de vigneàBessé, enfaveurde l'abbaye de Saint-
Maur.
Lorsque les Plantagenets montèrent surletrôned'Angleterre(1153),
les vins du comté d'Anjou étaient servis sur leur table concurremment
avec les vins de la Guyenne. Les comptes du chancelier de l'Echiquier,
souslerèsne de Henri IIÏ (1246), nous fournissent encore la preuve du
goût que l'on avait à la cour d'Angleterre pour les vins de nos coteaux.
Au temps de Louis XIII les seigneurs avaient en haute estime le
vin d'Anjou, et sous la tente à rarinée et au cabaret pendant la paix,
DOSAGE DE L'ALGOOT. ET DE L'ëXTKAIT DANS LKS VINS D'ANJOU- 93
ils aimaient à le voir pétiller dans leurs verres, et grâce à lui, trouvaient
moins longue la veillée des armes et faisaient leurs nuits plus joyeuses.
Pendant le dix-septième siècle la Compagnie française des Indes
Orientales faisait entrer pour une partie importante dans ses approvi-
sionnements, les bons vins d'Anjou et ils étaient parfaitement appréciés
dans ses comptoirs les plus éloignés.
les Antilles et plus particulièrement Saint-Domingue en consom-
maient de nombreux tonneaux. Les vins des coteaux supportaient
parfaitement ces longs voyages et résistaient aux changements de
climat sans en souffrir.
Il est encore un autre peuple qui a toujours eu pour le jus de nos raisins
une prédilection marquée, c'est le peuple Hollandais. Longtemps avant
la Révolution, les Hollandais venaient acheter nos vins. Et la Compagnie
hollandaise des Indes, qui avait reconnu qu'ils gagnaient en qualité en
traversant les mers, vint elle aussi, à l'exemple de la Compagnie des
Indes Orientales, emprunter aux celliers de l'Anjou les meilleurs vins
pour les distribuer dans ses innombrables comptoirs. Ceux du Saumu-
rois descendaient la Loire en bateau jusqu'aux Ponts-de-Cé, à un
bureau que l'on appelait Y embargo, qui a disparu comme tant d'autres
souvenirs du temps passé. Là les tonneaux étaient transbordés sur de
grands chalands qui les conduisaient à Nantes. La flotte s'arrêtait à
Chalonnes-sur-Loire pour recevoir les vins de la côte du Layon, qui
arrivaient par cette rivière, appelée alors canal de Monsieur, dans des
barques h fond plat.
La Hollande et la Belgique sont restées fidèles à la tradition, et
chaque année, rx\njou envoie dans ces deux pays de nombreux ton-
neaux. Nous n'oserions affirmer, par exemple, que les vins d'Anjou y
soient toujours livrés avec un état civil parfaitement en règle. Nous
sommes même convaincu que souvent on les baptise, non pas avec
de l'eau mais bien d'un autre nom. M. Guillory aîné rapporte dans
ses mémoires que dans un voyage qu'il fit en Belgique en 1828, on
lui servit du vin d'Anjou dans un restaurant, sous le nom de vin de
Jurançon. Le propriétaire de l'établissement lui avoua d'ailleurs sa
supercherie sans détours.
Les poètes aussi ont chanté les vins d'Anjou, Ronsard, Joachim du
Bellay et d'autres leur ont consacré des vers charmants.
Nous nous souvenons encore d'avoir entendu les crieurs du vin
nouveau annonçant au lendemain de la vendange « Si a bon vin frais
et novel, » en faisant toutes sortes de facéties qui mettaient le vin à
la bouche du passant et le faisaient entrer chez leur patron. La corpo-
ration des crieurs de vin dans les rues d'Angers était très ancienne,
ses droits lui avaient été confirmés en 1445 parle roi Charles Vil.
Du reste, il était d'usage, dit M. A. de Soland, dans le Bullelin histo-
,rique et monumental de C Anjou, qu'un seigneur possédant des vignes
sur son fief fît vendre son vin par le crieur.
Il nous a donc semblé intéressant d'attirer à nouveau l'attention sur un
produit qui a joui non seulementdune grande réputation dans le passé,
mais qui, encore aujourd'hui, demeure très apprécié par le commerce
étranger. Longtemps dédaigné par les commerçants de l'entrepôt de
Paris, il semble, depuis quelques années, reprendre de la faveur
auprès d'eux, et nous voyons maintenant de nombreux chargements
de vins se faire à la destination de Paris. Cette reprise du marché
94 DOSAGF: de l'alcool et de l'extrait dans les VL\S 1)\\N.I0U.
parisien ne nous étonne d'ailleurs aucunement, car les tableaux qui
vont suivre vont mettre à tnême d'apprécier la qualité et la solidité
des vins de Maine-et-Loire; après en avoir pris connaissance, on com-
prendra tout de suite que ie commerce trouvera dans leur emploi de
nombreux avantages.
Tableau n" ] . — Vins blancs de la cote du Layon.
Années. Provenances. Nom du cépage. Al<:ool"/„ Hxtraitp. l,o(i(i Dunsiléà LS'"
l,S8t Chalonnes-sLir-Loiie Chenin blanc' U).9 30.7 1.004
1881 Rochelort-sur-Loii-e — 12.;) 37.!) 1.00;".
1871 .Saint-Aubiii-de-Liiigné. — Ui.'.» '23.!) 0.994
1881 Fave — 1(;.9 l'3 !• 0 99'v
1881 Thouarcé-Boniii'zejiux . . — 1.).!) 37. '2 1.004
1881 Beaulieu — 13. (» 33.2 0.998
1874 Thouarcé-llonnezcaux . . -^ 15.0 27.0 (J.997
1874 Faye — 13 0 41.2 I.OO4
1873 Faye — lô.O 45.,', 1.006
1873 Saint-Aubin-de-'.uigiie . — 12.9 24.!» 0.994
1871 Faye ! — 12. .3 39.1 0.995
1870 Saint-Aubin-de-Luit;né . — 14.5 43.5 1.011
1870 Thouarcé — 16.5 46.0 1013
7870 lieaiillcn — 17. 0 45.5 1.020
1870 Beaulieu — 16.0 46.2 18009
1869 laye — 14.5 43.5 1003
18G9 Thouarcé — 17.5 29.0 0.988
1864 Thouarcé — 13.5 41 2 1.010
Moyennes •. 14.80 36.06
Tableau n" 2. — Vins blancs des coteaux de la Loire.
Années. Provenances. Nom du cépage. Alcool"/, Extrait p. 1. 000 Densité à 15°
1881 Ingrandes-siir-Loire Chenin blanc. 12.3 27.0 0.976
1881 Sainl-Germain-des-Prés. — 11.5 37.9 1.003
1881 Saint-Georges-sur-LoMe. — 12.0 30.7 0.995
1881 Bouchemiuie — 12 0 38.!) 0.998
1081 Savcnnières (co..iée de Serrant). — 16.3 29.0 0.997
1875 Ingraiules-sur-Loire.... — 12.0 26.0 0.986
1874 La Meiguanne ' — J2.9 17.5 0.980
1871 Bouchem;iine ■ — 10.0 34.2 1.004
1870 Saint-Barthélémy — 16.0 36.1 1.010
1870 Sainl-Barthélemy — 15.5 30.0 1.020
1870 8aint-Barihé!emy — 15.3 2.S.0 0 988
1870 La Possoniiière — 17.1 37.0 0.997
1869 Champtocé — 15.4 23.!) 0.990
1868 La l'ossonnière — 13.9 21. s 0.991
I8u5 Savennières — 15.2 33.2 0.995
I860 Saint-Barthélemv — 16.0 29.5 1.009
1864 Ingrandes-sur-Loire — 13.7 23.0 0.988
1,S5S Savennières.. — 16.5 32.0 0 986
Moyennes 14.094 29.913
Tableau n" 3. — Vins rouges.
Années. Provenances. Nom du cépage. Alcool"/„ Extrait p. l.cioo Detisitoà l.i"
1881 Gennes Grcslot. 10.3 22.0 0.996
1881 Chalonnes-snr-Loire . . . . Gamay. 9 0 1!).6 0.994
1881 Thouarcé — 10.4 2 't. 9 0.997
1881 Saint-Barthélémy — 11.0 21.2 0.995
1881 Le l'uy-Notre-Dame Côt roage. 8 0 16.9 0.990
1878 Sousay (Champigny) Carbenet. 10.2 23.1 0.996
1877 Chacé (Champigny). ... — 10.5 24.1 0.'J1)7
1877 La l'ossonnière ...' — 10 0 23 9 O.W97
1874 Montsoreau Chenin noir. 11.5 27.6 0.996
1874 La Fossonniére Carbenet. 10.5 26.2 0.996
1873 ltocheforl-.?ur-Loire.... Gamav. 12.2 2!) 0 0.998
1872 Saint-Aubin.... Chenin noir. 12.0 24.8 0.995
1870 Le Puv-Notre-Dame — 13^.2 20.8 0.993
1870 La l'ossonnière Carbenet. 12.5 21.6 0.'J9h
1865 Thouarcé.. Chenin noir. 11.2 22.5' 0.996
1865 Saint-Barthélemv — 12.0 25.5 0.997
1858 La Possonnière.!! Carbenet. 13.0 26.8 0.999
185S La Possonnière — 10.0 20.8 0.v,'95
Moyennes 10.. S8 22.29
1. rsous restituons dans ces laljieaux au cépage qui comptante le viguobie du département de
Maine-et-Loire son véritable nom de chenin.. car c'est improprement qu'on le désigne sous le
nom de pineau, dont il n'a aucun des caractères botaniques.
nosACrE DE L'alcool et de lextrait dans les vins d'anjou. f5
1. — Dosage de f alcool. — Pour doser l'alcool dans les vins que
nous avions à examiner, nous avons employé l'alambic de Salleron et
l'ébulliscope iMalligan, et nous avons déduit les titres que nous pré-
sentons dans les tableaux \ , 2 et 3 en contrôlant les épreuves qui nous
ont été accusées par ces deux appareils.
Mais en raison môme delà coutume démettre en bouteilles les vins
blancs du département de Maine-et-Loire, dès le mois de février et de
mars qui suivent les vendanges, nous nous sommes trouvé, dans un
certain nombre d'échantillons de vins vieux, en présence de sucre de
glucose qui n'avait pas été atteint par les germes du ferment, soit
qu'ils aient été neutralisés par l'alcool produit ou par Tacide carbo-
nique provenant de la fermentation dans la bouteille.
Pour rendre à ces vins leur valeur effective en alcool, nous avons
dû doser la glucose au moyen de la liqueur cupro-potassique de
Fehling, et en appliquant la formule C R'' 0'- = 4 Co"-]- 2 G* H' 0\
nous avons rendu à ces vins leur titre alcoolique réel, en retranchant
toutefois le poids de la glycérine et de l'acide succinique qui se pro-
duisent au cours de la fermentation, et aussi la perte subie par la
matière organique qui sert à la nourriture du ferment.
Au cours des distillations que nous avons faites pour titrer les vins
blancs, nous avons été frappé du fait suivant : dans les trente-six
alcools que nous avons recueillis, nous avons observé que chacun
possédait un bouquet différent et très distinct. Le caractère du bouquet
œnantique s'accusait surtout dans les vins comptant plusieurs années
de bouteille. D'après cela, il semble donc évident, qu'au fur et à
mesure que le vin avance en âge, il s'opère dans ses principes consti-
tuants des transformations intimes que la science ne nous a pas encore
révélées.
La quantité de sucre de glucose que nous avons trouvée dans les vins
que nous présentons avec les titres de 1 5 à 1 7 pour 1 00 d'alcool, varie
de 10 à 15 grammes pour 1000. La présence constante du sucre
dans les vins blancs d'Anjou, alliée au bouquet œnantique qu'ils pos-
sèdent, nous fournit la raison pour laquelle ils sont recherchés par les
gourmets. Du reste, Olivier de Serres, dans son Théâtre de l' agriculture,
ne dit-il pas que les vins d'Anjou sont « précieux et délicats. » Notre
chroniqueur Bourdigné, pour apprécier justement les vins de son pays,
ne trouve rien de mieux à faire que d'emprunter à Pline les épilhètes
dont il se sert pour définir les qualités des vins. Ils sont, dit Bour-
digné, formosa, fortia, fragranlia.
IL — Dosage de l'extrait. — Le dosage de l'extrait a pour but de
déterminer la quantité des matières fixes et minérales renfermées dans
un vin et de faire connaître la proportion de l'eau, de l'alcool et de la
glycérine.
Pour doser l'extrait, on évapore une quantité déterminée de vin en
la maintenant dans une étûve à 100 degrés, pendant quatre heures, ou
en la desséchant dans le vide à la température ordinaire : nous avons
dû nous borner au premier procédé qui est du reste plus pratique.
L'eau et l'alcool s'évaporent d'abord au courant de la manipulation,
mais la glycérine est plus difficile à chasser. Il faut, pour en détermi-
ner le poids, chauffer à nouveau l'extrait pendant huit heures, et on
reconnaît que le résidu est réellement sec, c'est-à-dire débarrassé de
la glycérine, quand après deux pesées concordantes son poids reste
96 DOSAGE DE L'ALCOOL ET DE L'EXTRAIT DANS LES VINS o'AN.IOU.
le même. Cependant, bien que ce procédé donne ordinairement une
garantie suffisante, nous avons cru devoir mettre les extraits, après les
avoir fait refroidir, au-dessus d'un vase contenant de l'acide sulfurique
concentré, afin de les dessécher complètement. C'est après cette épreuve
que nous avons fait les pesées de contrôle.
Nous avons dosé la glycérine dans trois vins blancs des coteaux de
la Loire et dans trois vins blancs de la côte de Layon, et nous avons
trouvé une moyenne de 0.49 pour 100, soit 4.00 par litre. Nos
recherches de la glycérine dans un même nombre de vins rouges nous
ont conduit aune moyenne de 0.38 pour 100, soit 3.80 par litre.
IH. — Délerminalion de la densité, — Il nous restait à déterminer
la densité des vins d'Anjou. Nous nous sommes arrêté à la méthode
du flacon. On prend un llacon à large ouverture, on le pèse vide, puis
successivement plei'n d'eau distillée et plein du vin dont on cherche la
densité. Retranchant des deux dernières pesées le poids du llacon, on
a pour reste le poids de l'eau et le poids du vin sous le même volume.
Si donc on divise le second poids par le premier, le quotient sera la
densité cherchée.
Il nous a semblé intéressant de rechercher la densité des vins
d'Anjou : d'abord parce que ce travail n'avait pas été fait et ensuite
parce que nous voulions poursuivre notre comparaison entre les vins
des autres vignobles et ceux du département de Maine-et-Loire, même
sur ce terrain-là. Il résulte de nos observations que les densités des
vins du département de Maine-et-Loire sont sensiblement voisines des
densités des vins de Madère, de Champagne, deBeigerac, deSauterne,
de Beaune, du Rhin, de Porto, etc., qui sont de 0.995, de 1.020, de
1 .095, de 0.993, de 0.993, de 0.995 et de 0.998.
Le tableau n° 1 , Vins blancs de la côte de Layon, indique pour les
crus de ce vignoble une moyenne pour 100 de 14.80 d'alcool, et en
extrait une moyenne de 36.66 pour 1000.
Le tableau n° 2, Vins blancs des coteaux de la Loire, nous donne une
moyenne de 14.09 pour 100 d'alcool, et en extrait 29.91 pour 1000.
Nous ferons observer que le titre très élevé d'extrait que possèdent
les vins blancs de la Loire et du Layon doit être attribué au sucre de
glucose qui reste dans le vin ainsi que nous l'avons fait remarquer
plus haut.
Les vins rouges du tableau n° 3 sont moins riches en alcool que les
vins blancs de la Loire et du Layon, puisqu'ils ne nous présentent
qu'une moyenne de 10.88 pour 100 en alcool, et une moyenne de
22.29 pour 1000 en extrait. Mais il ne faut pas croire pour ceJa qu'ils
soient entachés d'infériorité; au contraire, leurs titres en alcool et en
extrait prouvent péremptoirement qu'ils ont toutes les qualités recher-
chées dans un bon vin de consommation.
Si l'on compare les vins rouges des vignobles angevins avec les vins
du Bordelais et les vins de la Bourgogne, on voit que, par leur titre
alcoolique, ils en sont très voisins, puisqu'on donne aux vins du
Médoc des moyennes de 9 et de 11 pour 1 00, et à ceux de la Bour-
gogne des moyennes de 10 et de 12 pour 100.
Il y a un point sur lequel j'appellerai l'attention. Les différentes
variétés de Gamay qui occupent une large place dans le vignoble rouge
créé depuis trente ans dans Maine-el-Loire et qui nous sont venues
du Beaif)olais, sous le patronage de M. Guillory aîné, sont ici un peu
DOSAGE DE L'ALGOOL ET DE L'EXTRAIT DANS LES VINS D'aNJOU. 97
plus riches en alcool que dans leurs pays d'origine. En effet, alors
qu'en Anjou ils titrent 10 et 1.1 pour 100 d'alcool, dans le Beaujolais,
leur teneur ne dépasse pas 9, 9.40 et 9. GO pour 100. Ceci esta noter.
Quanta nos vins blancs, ils sont incomparablement plus riches en
alcool que les vins de la Bourgogne et du Bordelais. En etîet, les grands
Sauterne titrent 11 et 15 pour 100 et les premiers crus de la Bour-
gogne ne dépassent pas 13.25 pour 100.
Considérés au point de vue de l'extrait, les vins de Maine-et-Loire
tiennent également un très bon rang, car si on les compare aux prin-
cipaux vins du commerce, nous trouvons que les vins du Cher con-
tiennent 18.4 pour 1000 d'extrait, ceux du Roussillon 26.84 et ceux
de l'Hérault 20.68.
Les vins d'Anjou, lorsqu'ils sont fabriqués avec tous les soins qu'ils
méritent, sont donc dans les nieilleures conditions pour être recher-
chés par le commerce. C'est ce que nous nous proposions de démon-
trer : nous croyons avoir atteint notre but. A. Bouchard,
Secrétaire de la Société industrielle et agricole d'Angers,
UNE FERME FRUITIÈRE
SOUVENIR DE MON DERNIER VOYAGE EN ANGLETERRE (MARS 1883)
Au cours de l'excursion que je viens de faire en Angleterre, je me
trouvais dans le comté de Glocester que je traversais alors en tout
sens pour visiter les éleveurs de durhams, très nombreux dans ce
comté essentiellement pastoral et dont le climat toujours doux,
même dans les hivers les plus rigoureux, se prête admirablement à
l'élevage des bêtes à cornes et à la culture des fruits. Je passais à côté
de Toddington, propriété ancestrale des lords Sudeley. Je fus surpris
de voir une très grande étendue de terres disposées en immenses ver-
gers et complantées d'arbres fruitiers de diverses espèces, dont l'âge
témoignait d'une plantation toute récente. C'est la ferme fruitière de
de lord Sudeley, fut-il répondu à la question qui jaillit de mes lèvres,
tant ma curiosité était excitée. J'avais en effet, devant lès yeux,
une étendue de plus de 200 hectares plantés d'arbres fruitiers, qu'on
me dit avoir été transformés en vergers par le noble propriétaire, afin
d'en tirer un parti lucratif, le fermier précédent ayant abandonné cette
ferme, laquelle, faute de cultivateurs à bail, était restée entre les mains
de lord Sudeley. Ainsi je voyais un des effets les plus remarquables
delà crise agricole qui sévit aujourd'hui par toute l'Angleterre, c'est-
à-dire la' transformation radicale d'une ferme abandonnée, comme on
en voit maintenant un si grand nombre dans tous les comtés.
Le noble propriétaire, ayant à sa disposition de gros capitaux, ne
pouvait naturellement se résoudre à cultiver lui-même, d'après la
méthode ordinaire, cette ferme, pour laquelle il n'avait pu trouver un
fermier convenable. Alors il s'était imaginé de la convertir en vergers,
afin d'en tirer un profit adéquate à la mise de fonds considérable
que cette transformation devait nécessiter. Le commerce et la pro-
duction des fruits dans les comtés du Sud et du Sud-Ouest de l'An-
gleterre, où la proximité de la mer, échauffée par le passage du
courant des Florides, maintient une température très douce, même en
hiver, a toujours été considérable. Les comtés du Nord, où le fruit ne
vient que dans des étés exceptionnellement chauds, ce qui est très
rare, dépendent pour leur approvisionnement de fruits et de conserves
98 UNE FERME FRUITIERE.
de fruits, de confitures, etc., de ces comtés privilégiés, dont le climat
est si favorable, même aux primeurs,. à tel point que pendant cette
recrudescence d'hiver que nous avons subie pendant presque tout le
mois de mars, j'ai vu dans les gares des chemins de fer du West
Cornioall, aux environs de Penzanze, d'immenses chargements de
magnifiques choux-fleurs, emballés dans de légers paniers, qu'on
expédiait sur Londres et sur les grandes villes du Centre et du Nord
de l'Angleterre, lesquels avaient été cultivés en plein air, et sans abri
d'aucune sorte, dans les nombreux jardins maraîchers qui couvrent
cette partie de la Cornouaille anglaise.
A mon retour à Londres, je trouvai justement, dans le Journal of
horticulture^ la description de cette ferme fruitière de lord Sudeley,
que, à mon grand regret, je n'avais pas eu le temps de visiter. C'est
dans cette description, publiée par un correspondant très compétent,
que je puise les détails suivants qui intéresseront, j'en suis convaincu,
les lecteurs du Journal de V agriculture.
Cette ferme fruitière de lord Sudeley est, sans contredit, la plus
étendue qui existe en Angleterre, et j'allais dire en Europe, car je
ne pense pas qu'il y ait nulle part d'aussi vastes vergers. Les planta-
tions consistent en rangées d'arbres de haute tige, tels que poiriers,
pommiers, pruniers, cerisiers, et ces rangées sont assez espacées pour
que les intervalles soient utilisés par la plantation et la culture de
groseilliers, de framboisiers, de noisetiers, etc., qui existent à pro-
fusion tant que les arbres de haute tige n'auront pas atteint leur déve-
loppement normal.
Ces arbres lors de mon passage n'avaient guère que deux ans de
plantation, mais les buissons fruitiers avaient déjà atteint de bonnes
proportions et paraissaient devoir déjà donner une bonne récolte de
fruits dès cette année. Quand on songe qu'il y a deux cents hectares
plantés, on arrive difficilement à se faire une idée du nombre immense
des arbres qui couvrent ce grand espace. Un correspondant du Journal
of horticulture nous en fournit la statistique et la nomenclature. C'est
tout simplement merveilleux.
Les arbres à haute tige, tels que poiriers, pommiers, pruniers et
cerisiers, sont plantés à une distance d'au moins 5 mètres en tous sens
et en rangées régulières, lesquelles, dans certains endroits, s'étendent
sur une longueur de plus de deux kilomètres. Comme je l'ai dit plus
haut, les intervalles entre les rangs sont plantés de buissons fruitiers.
Il y a, en outre, une étendue de 16 hectares plantés de fraisiers, et lors
de mon passage on était occupé à défricher une vieille pâture d'une
étendue encore plus grande, destinée à la même culture, ce qui fera
environ 40 hectares de fraisiers.
On a déjà planté 852 poiriers comprenant les espèces suivantes :
Beurré (Tamanlis, Louise-bonne de Jersey^ Jarqonelle^ Beurré de Capiau-
mont, Beurré de Pâques^ Bishops Nu?nb et Doyenné d'été. Ces espèces
comprennent à peu près la moitié des poiriers plantés. Je n'ai pu me
procurer les noms des autres espèces, mais la nomenclature ci-dessus
donne une idée suffisante de la formation de ces vastes vergers.
Il y a en outre environ 3,000 pommiers plantés, comprenant
700 pommiers de haute tige de l'espèce connue sous le nom de
Lord Suffîeld, 300 Coœs orange pippin, et 1 00 de chacune des espèces
suivantes : King of the pippins, Keswick Codlin, Grenadier, Cellini et
UNE FERME FRUITIERE. 99
Warner S King. Ces espèces sont bien connues en Angleterre où elles
jouissent d'une réputation méritée. Sur ces 3,000 pommiers 1,383
sont en pyramides, les autres sont do haute tige,
11 y a en outre 20,000 pruniers coni[)renant 44 variétés, dont les
principales sont comme suit : 'i,9J9 Vicloria; 1,054 Diamond;
1,650 Orléins hàtivs; 1,500 Pcarod^s Seedllng; 1,382 Reine-Claude \
T;)3 Prolifique hâtive \ 825 pranea d'Orhkms ancien et 800 Compoie d'au-
loinne. On a planté en outre 8,845 pruniers de Damas; 3,2G() pruniers
d'Agen; 700 de y//-a?ie//edont leCruit est très estimé en Angleterre pour
faire des tartes. Les cerisiers comprennent 9 variétés divisées en
532 arbres de haute tige. Parmi ces variétés il y a 109 Bigarreau Napo-
léon, 100 Cœur noir, 50 Frognwre hàtioe, 50 bigarreau noir, etc.
Toutes les espèces sont les plus estimées en Angleterre.
Les buissons fruitiers comptent un nombre immense de sujets. Il
n'y a pas moins do 167,000 plants de cassis, dont le produit dans un
temps rapproché sera immense. Les groseilliers à- grappes comptent
100.000 plants. Les framboisiers sont plantés au nombre de 5,000.
Quant aux groseilles à maquereaux, si chères aux Anglais pour faire
des tartes de fruits verts, il y en a 93,000 plantées, divisées en
50 variétés.
Ainsi que je Tai dit en commençant, il y a déjà 16 hectares
plantés en fraisiers, et on s'occupe activement de transformer un an-
cien pâturage, d'une plus grande surface, pour y faire dje nouvelles
plantations. La plus grande partie de cette vaste culture est destinée
à la production de fruits pour faire des conserves et des confitures.
Les variétés cultivées comprennent les fruits les plus estimés et les
plus propres à la table, soit comme fruits de table, soit comme fruits
à confitures. On a dernièrement reçu , à Toddinglon, 20,000 kilog.
de sarments de fraisiers d'une espèce connue sous le nom de Ameri-
can scarlet (Ecarlate d'Amérique;. Les fruits de cette variété sont
petits, mais d'une grosseur régulière et d'une couleur ecarlate très
brillante, couleur qui se maintient dans les confitures, et dont la
saveur est à la fois riche et très sucrée.
100 noisetiers, 190 sapins d'Ecosse et 10,000 peupliers plantés
pour former des abris, complètent le total général de 338,400 arbres
plantés depuis deux ans dans cette propriété.
L'espace, bien que comprenant 200 hectares, a été économisé
comme pour un jardin maraîcher. Ainsi que je l'ai déjà dit, les arbres
de haut e tige sont espacés à 5 mètres en tous sens, et les intervalles
sont occupés pour les buissons fruitieî's. Les -pruniers, dont le
nombre est considérable, comme on l'a vu, occupent toute la partie
occidentale de la ferme, comprenant 77 hectares. Entre chaque arbre,
dans l'alignement, on a planté deux gro-ciiliers ou autres buissons
fruitiers. Dans les intervalles, entre les rangées, se trouve le môme
nombre de buissons. Dans certains endroits favorables, on a même
planté des framboisiers entrb les groseilliers ; mais cette plantation
n'est que temporaire, car à mesure que les plantes permanentes se
développeront, on enlèvera ces plantes additionnelles destinées seule-
ment à utiliser le plus grand espace laissé par les buissons récemment
plantés et encore peu développés. Sur un terrain plus élevé, au-des-
sus de cette partie occidentale de 77 hectares, il y a un espace
d'une surface d'environ 15 iiectares, que l'on a réservée pour la
100 UNE FERME -FRUITIÈRE.
plantation des pruniers de Damas, et c'est là qu'on a planté, dans les
intervalles, les plants de cassis, entremêlés de framboisiers, et où l'on
a ménagé des bandes non complantées d'arbres fruitiers pour la culture
des fraisiers. Les intervalles entre les poirierS' et les pommiers sont
remplis par des groseilliers à grappes, de sorte que pas un mètre de
terrain ne reste inoccupé. Il est évident que cette culture intensive
ne pourra se maintenir, et qu'on sera obligé d'éclaircir les plantations
à mesure que les arbres et les buissons fruitiers se développeront;
mais en attendant qu'on en soit arrivé à cette mesure, on pourra récol-
ter, sur cette multitude pressée, une quantité très considérable de
fruits.
La question qui se pose naturellement en présence de cette création,
d'un caractère si nouveau, et de ce moyen insolite de tirer parti d'une
ferme abandonnée, c'est de savoir s'il existera un débouché suffisant
pour absorber des quantités si considérables de fruits, provenant de
cette immense plantation de près de 300,000 arbres fruitiers.
Cette question a dû naturellement préoccuper le noble propriétaire
qui a eu l'idée de cette création et le courage de l'exécuter. Dans quel-
ques années, en effet, la production sera prodigieuse et il faudra
nécessairement trouver des marchés pour l'écouler. C'est un pro-
blème, qu'en homme pratique, lord Sudeley a résolu en passant un
marché avec un industriel également entreprenant, M. P. W. Beack,
de Londres^ qui s'est engagé à prendre chaque année toute la récolte
de ces 200 hectares de vergers, soit pour la vente comme fruits de
table, soit pour la fabrication de conserves, de confitures et de confi-
series. M. Beack possède une longue expérience comme producteur
de fruits et comme fabricant de conserves. Il sait donc bien que,
quelle que soit la quantité de fruits que lord Sudeley pourra lui livrer
chaque année, il en trouvera le placement, surtout avec cette considé-
ration que ces fruits seront de la meilleure qualité et exempts de toute
falsification.
A ce propos, le correspondant du Journal dC horticulture de Londres
observe qu'il existe des fabriques où l'on produit avec un mélange de
navets, des confitures dites de fruits dont la saveur et la couleur sont
dues à des extraits de goudron de gaz et autres ingrédients également
nuisibles à la santé des consommateurs. Devant une fraude aussi
éhontée, laquelle trouve, paraît-il, des acheteurs, on est en droit de
conclure que les conserves faites avec des fruits frais et sains ne man-
queront pas de nombreux amateurs.
Envoyant cette, étrange transformation d'une ferme qui menaçait
de ne plus rien produire à son propriétaire, je me suis demandé si
l'idée originale de lord Sudeley ne pourrait pas être adoptée par les
propriétaires de nos vignes phylloxérées et cela avec des chances infi-
' niment plus grandes de succès; notre- climat convenant beaucoup
mieux à cette culture d'urbres fruitiers, que même le Gloucestershire.
L'adaptation des bâtiments d'exploitation aux exigences de cette
nouvelle culture est d'ailleurs facile et peu dispendieuse. Lord Sudeley
s'occupe actuellement de transformer les bâtiments de la ferme en
question, pour en faire une usine à conserve. Il y a naturellement un
grand avantage à traiter les fruits au lieu môme de leur production.
On évite ainsi de grands risques de détérioration et de grands frais de
transport. F.-R. de la TMÉllo^?^AIs.
EMPLOI DQ SULPOGARBONATE DE POTASSIUM. 101
EMPLOI DU SULFOGARBONATE DE POTASSIUM
CONTRE LE PHYLLOXERA DANS LE MIDI DE LA FRANGE
Depuis plus de cinq années que j'emploie le suUbcarbonate de
potassium, avec beaucoup de succès dans le Midi, il m'a été permis de
faire un grand nombre d'essais comparatifs et, après m'être rendu un
compte exact des résultats obtenus, dans tous les sols de notre région,
je crois pouvoir indiquer le meilleur mode d'emploi de cet excellent
insecticide.
Pour la région du Midi, où les souches sont très espacées les unes
des autres et dont le système radicu-aire est très développé, on doit
faire au pied de chaque cep une cuvette pour contenir la solution toxique,
sans mettre les premières racines à découvert.
Dans chaque cuvette, on verse 40 litres d'une solution sulfo-
carbonatée, renfermant 100 grammes de sulfocarbonate de potassium
dosant :
Ib pour 100 de sulfure de carbone
22 » » de potasse (KO).
Si les ceps ont moins de trois ans, on ne met que 70 grammes de
sulfocarbonate, dans 30 litres d'eau, soit 30 litres de solution.
Les doses indiquées ci-dessus sont très elïicaces sur les insectes :
mais, elles ne le sont pas autant sur les œufs. Or, du mois de
novembre à la fin d'avril, il n'y a que des jeunes plxylloxeras sur les
racines, et de fin avril à la fin d'octobre, elles sont couvertes d'insectes
et d'œufs. L'époque du traitement est donc tout indiquée : c'est
pendant cette période d'hibernation du phylloxéra qu'il faut l'attaquer.
On peut affirmer que tout traitement qui sera fait avant ou après ces
deux dates, ne remplira pas le double but qu'on se propose en
employant cet insecticide : détruire r insecte sans nuire aux racines.
Un grand nombre d'œufs étant épargnés, on aura, étant donnée la
faculté prodigieuse de reproduction du puceron, de nombreux phyl-
loxéras sur les racines, quelques jours après l'opération. L'effet insec-
ticide sera donc presque nul. On aura seulement les bénéfices
d'un maigre arrosage à l'eau sulfocarbonatée, très avantageuse-
ment remplacé par un copieux arrosage à l'eau pure, coûtant bien
moins cher.
Pour ceux qui n'auront pas pu entreprendre le sulfocarbonatage de
leurs vignes l'hiver, et qui ont l'intention de le pratiquer l'hiver sui-
vant, je conseille, dans ce but, d'amoindrir les effets désastreux de la
réinvasion estivale par l'emploi du sulfocarbonate au mois de juillet
ou d'août ; seulement, il faudra diminuer de ~ la dose du sulfocarbonate ;
autrement on s'exposerait à griller les souches traitées.
Jusqu'à ce jour, on s'est contenté de préparer la solution sulfo-
carbonatée, dans de grands réservoirs en métal ou en bois et de puiser
la solution, après avoir eu soin d'agiter convenablement, avec des
seaux ou des arrosoirs, pour la porter aux pieds des souches; puis,
dans le but de faire enfoncer plus profondément la solution dans le sol,
on arrose à l'eau pure le fond des cuvettes, après imbibition complète
de la solution sulfocarbonatée. On voit de suite que les résultats de
l'opération sont subordonnés à l'attention de l'ouvrier, qui pourra
oublier, soit de remuer, pour assurer un mélange intime du sulfo-
102
EMPLOI DU SULFOGAKBONATE DE POTASSIUM.
carbonate avec l'eau, les deux liquides n'ayant pas la même densité,
soit de remplir les mesures, ce qui donnera des dosages complètement
dilïerenls; une partie des souches recevra une dose suili santé et d'autres
souches une dose trop forte.
On se trouvera très bien d'employer un bidon doseur a\ec lequel on
dose exactement l'eau et le sulfocarbonale à mettre par chaque cep.
Ce bidon (figures 6 à 10) se compose tout simplement d'un seau
cylindrique A' en tôle galvanisé, muni d'une anse B'; sur le bord
supérieur est fixé un petit mesureur en plomb, K, qui se meut autour
Fie-. 6. — Bidon doseur de M. (^uleroii'.
Fig. 7. — Coupe verticale suivant la ligne AB.
d'une tige G, fixée au bord par une petite chape I. Ce mesureur con-
tient juste la dose à mettre par souche. On le remplit de sulfocarbonale
à l'aide d'une cafelière renfermant le liquide^; une fois plein, on n'a
plus qu'à la faire basculer à l'aide d'une clef à T, qui est fixée à l'ex-
trémité de la tige G, pour faire déverser le contenu dans le bac A' que
^^ l'on remplit d'eau. La solution ainsi formée est
versée au pied de la souche, et ainsi de suite
pour celles que l'on veut traiter.
Je ne verso pas de l'eau claire dans les cu-
vettes, après imbibition de la solution, parce
que j'ai reconnu qu'en agissant ainsi on épar-
gnait un grand nombre de pucerons qui se trou-
vent sur les racines superficielles, et que, pour
que l'insecte fut tué, il fallait que la solution
sulfocarbonalée restât en contact avec lui.
Après imbibition complète de la solution, on
applique les engrais et on recouvre les cuvettes en
pig. 8. — Coupe horizontale l'amenant la terre au pied de chaque"souche traitée.
Le sulfocarbonate de potassium est un excel-
lent insecticide, et, grâce à lui nous pourrons conserver une grande
partie de notre beau vignoble.
Depuis que je m'occupe du traitement des vignes phylloxérées par
le sulfocarbonate de potassium, j'ai fait un grand nombre d'essais
1. L'appareil doseur de la ligure 6 fonciionne par un mouvement oscillant de droite à gauche,
au moyen d'un té, et revient toujours à la position verticale.
1. Je fais construire en ce moment un autre bidon (fig. 9) afln de supprimer la cafetière ren-
fermant le sulfocarbonate pour le bidon (fi^'. fi).
EMPLOI DU SULFOCARBONATE DE POTASSIUM. 103
comparatifs. J'ai conservé mon vignoble^ et mes tonneaux sont pleins
de vin comme avawt la maladie, tandis que mes voisins, qui n'ont pas
traité, ont perdu et arraché la plus grande partie de leurs vignes.
Première année. — Dans cette première année, je me suis contenté de
suivre avec beaucoup d'attention tous les traitements au sulfocarbonate
qui ont été entrepris, sur une assez grande surface, dans les arron-
dissements de Béziers et de Montpellier. Je me suis vite aperçu que
les résultats étaient variés.
Les traitements faits avec une dose de sulfocarbonate de 50 à
75 grammes dissous dans 20 litres d'eau, plus 5 litres d'eau claire
versés par-dessus, ont donné des résultats très irréguliers. Les vignes
traitées étaient relativement belles; mais en examinant les souches
séparément, on constatait des différences très grandes.
Les traitements faits avec des doses d'eau et de sulfocarbonate plus
Fis. 9. — Deuxième forme du bidon doseur'.
Fig. 10. — Coupe verticale du bidon doseur.
fortes présentaient également de grandes irrégularités, et souvent
môme on constatait la mort de quelques souches.
Deuxième année. — L'année suivante, je divisai par parties égales
plusieurs de mes vignes, et je fis verser moi-même, dans les cuvettes
pratiquées au pied de chaque cep, des doses d'eau et de sulfocarbonate
différentes.
J'employai de 50 à 150 grammes de sulfocarbonate et de 20 à
50 litres par souche.
Jusqu'à la dose de 100 grammes de sulfocarbonate, je n'ai pas eu à
enregistrer un seul cas de mort; mais, avec des doses variant de 100
à 150 grammes, j'ai grillé un assez grand nombre de souches, surtout
en traitant après le mois d'avril. Les doses qui m'ont donné les
résultats les plus réguliers, sont celles de 90 à 100 grammes de sul-
focarbonate dilué dans 30 litres d'eau, plus 10 litres d'eau pure. Avec
1. L'appareil doseur de la fi^'ure 9 foni^liLiane par un mouvement de pression sur la tige verti-
cale A, qui ouvre le fond du ;iodet doseur c quand il est rempli de liquide. Un robinet D est dis-
posé, à cet effet, sous le récipient de sulfocurLonate B.
104 EMPLOI DQ SULFOGARBONATE DE POTASSIUM.
ces doses je n'ai pas compromis le système radiculaire et l'effet insecti-
cide a été aussi satisfaisant qu'avec des doses plus fortes. Seulement, sur
toutes les racines superficielles je trouvais,, quelques jours après l'opé-
ration, un assez grand nombre d'insectes vivants, et, au mois de
juillet, en faisant des fouilles nouvelles, je trouvais toutes les racines
couvertes d'insectes, ce qui annulait les bons effets produits par mes
traitements. C'est alors que je fis sur quelques souches un deuxième
traitement avec 75 grammes de sulfocarbonate dilué dans 30 litres
d'eau, plus 10 litres d'eau claire, en même temps que sur un petit
nombre d'autres souches j'employais des doses plus fortes. Les fouilles
faites quelques jours après l'opération prouvèrent que ces solutions
n'avaient pas détruit tous les œufs et que les insectes des racines
supérieures avaient même été épargnés.
En résumé, il résulte des traitements de cette deuxième année
d'expériences : que les doses de 50 à 75 grammes de sulfocarbonate,
dilués dans 20 litres d'eau, soit 20 litres de solution, plus 5 litres
d'eau claire, ne sont pas suffisantes, pour débarrasser complètement
la souche de tous les pucerons ; qu'avec des doses trop fortes, on com-
promet une grande partie des racines et que souvent même on tue les
souches; tandis qu'en employant de 90 à 100 grammes de sulfocai'-
bonate, dans 30 litres d'eau, plus 10 litres comme eau de lavage, on
débarrasse les racines inférieures du phylloxéra, lorsque l'on opère
avant la ponte des insectes, c'est-à-dire, lorsque les traitements sont
faits avant la fin d'avril.
Troisième année. — Les traitements ont été pratiqués du 15 janvier
au 20 avril. Seulement, comme dans mes précédents traitements, je
trouvais toujours quelques jours après l'opération, des phylloxéras
vivants sur les racines superficielles, j'ai pensé que cela pouvait être
dû à l'eau claire versée dans les cuvettes, après imbibition de la solu-
tion sulfocarbonatée.
Pour savoir si j'étais dans le vrai, j'ai choisi deux vignes, complè-
tement envahies par le phylloxéra :
La première, A, de 1220 souches, dans un terrain, silico-argileux ;
l'autre, B, de 1780 souches, dans un terrain caillouteux et argileux.
L Voici les résultats constatés dans la première :
Vigne A. Carré n" 1 a reçu 90 grammes de sulfocarbonate dilué dans 40 litres d'eau,
n» 2 — 90 — — 30 4-10
n" 3 — 90 — — 20 + 20
L'opération a été faite du 1 5 au 19 mars. Le 1 5 avril je fis les fouilles
au pied de presque toutes les souches traitées. Voici ce que j'ai observé :
Carré n° \ . — Pas un seul puceron sur les racines, partout où la
solution avait pénétré.
Carré n" 2. — Quelques pucerons sur les racines, les plus rappro-
chées du fond des cuvettes.
Carré n° 3. — Les racines supérieures étaient couvertes d'insectes
vivants, comme avant l'opération.
IL Dans la vigne B les effets ont été absolument les mêmes; on avait
employé 1 00 grammes de sulfocarbonate par souche, dose par consé-
quent trop élevée. Les phylloxéras que l'on trouvait vivants sur les
racines superficielles des souches traitées quelques jours après l'opé-
ration, avaient donc bien été épargnés par l'intervention de l'eau pure
versée par-dessus la solution.
EMPLOI OU SULF0CARJ50NATE DE POTASSIUM. 105
En résuin'i : opérer de novembre à avril; employer de 90 à 100
grammes de sulfocarbonate par souche et réduire à 70 grammes pour
les vignes jeunes; ne point ajouter d eau pure après la dissolution sul-
focarbonatée ; pour les taches découvertes en été, faire deux traitements
à huit ou dix jours de distance et à dose réduite d'un tiers, le second
étant destiné à faire périr les insectes provenant des œufs épargnés par
le premier. Culeron,
proprielairo à tBéziers (Héraul)
L^ÉGHANGE DES PARCELLES DE TERRAIN
Tout le monde l'avoue : aucune des promesses faites à l'agriculture
n'a été tenue jusqu'ici. Dans le Nord, la situation très compromise de
la sucrerie française appelle ou une réforme de la base de l'impôt sur
le sucre indigène, ou une élévation des droits sur les sucres étrangers.
Dans le Midi, on réclame ou le vinage à prix réduit, ou également une
élévation des droits de douane sur les alcools allemands introduits
sous forme de vins par nos frontières d'Espagne et d'Italie; on y
demande en vain l'exécution du canal du Rhône pour le développe-
ment des irrigations. Quant à la réduction de l'impôt foncier, on
semble perdre tout espoir à ce sujet. Nos législateurs, tout en regret-
tant qu'aucune de ces questions d'un intérêt majeur ne puisse aboutir,
se rejettent sur l'état de nos finances, sur le maintien obligatoire de
l'équilibre du budget, équilibre qui est cependant l'objet d'un doute
pour beaucoup de monde. Mais enfin l'agriculture se ruine, et on
sera bien avancé, disait il y a quelque temps M. Barrai dans ce Journal,
lorsqu'on aura rendu sa ruine irrémédiable? les hnances s'en por-
teront-elles mieux ?
Cependant on annonce que le grand conseil de l'agriculture créé
sous un précédent ministère, vient de se réunir, que des commissions
ont été nommées et que des mesures législatives et administratives
vont être prises. Ce conseil a entendu du reste le rapport de M. Jametel
sur la proposition de laisser aux communes deux journées de presta-
tion sur trois, pour la confection et l'entretien de leurs chemins vici-
naux et ruraux. On sait en effet qu'il est des communes oîi par les
exigences des chemins de grande communication et d'intérêt commun,
une seule journée sur trois peut seule être réservée aux chemins vici-
naux et ruraux. On ne peut qu'applaudir à cette proposition, et si de
plus le principe de la prestation était maintenu et qu'administrative-
ment le ministre de l'intérieur voulût bien recommander, par l'entre-
mise des préfets, lemploi des prestations, de manière à ce qu'elles
soient appliquées, autant que possible, sur les portions de chemins
les plus voisines de la demeure de ceux qui les exécutent, la voirie
communale n'aurait, selon nous, plus rien à demander. Mais enfin
une pareille mesure toucherait gravement aux finances des dépar-
tements.
Il en est une autre au contraire proposée à la Chambre par
MM. A. Girard et Jametel, qui a été l'objet d'un rapport favorable au
nom de la Commission chargée de l'examiner, et qui occasionnerait
peu de sacrifices à l'Etat, En effet, on parle d^une somme de 800,000 fr.,
chiffre qui n'est qu'une illusion en face d'un budget de 3 milliards.
Celte mesure qui est du reste réclamée depuis longtemps par Tagri-
106 r/ÉCIfANGK DHS PAUOKf.LES DE TERRAIN.
culture, c'est l'échange sans droits ou à des droits très minimes des
parcelles de terre contiguës ou même non contiguës, mais situées dans
la même commune. La proposition de M. Jametel qui paraît connaître
la campagne et ses besoins immédiats, n'est pas aussi large, nous
devons le reconnaître ; l'honorable député demande seulement une
modification à l'article 4 de la loi du 27 juillet 1870 et un droit fixe
d'un franc sur les échanges des immeubles ruraux non bâtis, situés
dans le même canton ou dans les cantons limitrophes.
Ce n'est pas d'aujourd'hui que sont signalés les inconvénients de
l'extrême division du sol. Dans l'est, ce mouvement est arrivé à son
extrême limite, les parcelles de 6, 8 et 10 ares y dominent. On y a
cherché du reste à remédier à cet état de choses par des abornements
volontaires, et on a même demandé une loi qui les rendit obligatoires
dans la même commune. Mais il faudrait alors que les opérations de
bornage, la création des chemins d'exploitation, la rectification des
parcelles soient au nombre des travaux considérés par la loi du 21 juin
1865 comme pouvant faire l'objet d'associations syndicales. Dans le
centre, le morcellement est signalé comme le principal obstacle au
progrès de la petite culture. Qu'attendre même sous ce rapport d'une
petite exploitation, où un bétail peu nombreux, de mauvaise qualité
et pauvrement nourri sur des pâturages comme la lande ou la bruyère,
ne donne que des fumures insuffisantes et de mauvaise qualité?
l'exploitant vit, il est vrai, lui et sa famille; mais quelle existence !
Dans l'ouest il existe quelques arrondissements où les fermes et les
métairies ont pour ainsi dire disparu et nous citerons notamment
celui de Redon, Est-ce un indice de progrès? Assurément non. Le
démon de la propriété a poussé le petit cultivateur à sacrifier tout au
désir d'acheter un lopin de terre. Séduits par les hauts prix que pou-
vait leur procurer la division de leurs biens, prix qui sont sans
rapport avec leur valeur locative réelle, les propriétaires ont vendu
leurs fermes et les acquéreurs les ont revendues par fractions de par-
celles. Le paysan est déshonoré quand il n'a pas acheté à la fin de
l'année quelquessillonsde terre (le sillon de 1"'. 60). — Il en résulte que
la moitié des parcelles reste en friche : elles sont tellement petites qu'il
y aurait désavantage souvent à aller cultiver, engraisser, labourer,
herser, récolter des parcelles de 2 à 3 ares souvent éloignées de 2 et
3 kilomètres. Le paysan devenu propriétaire, souvent au moyen d'un
emprunt ruineux pour lui, n'a plus il est vrai de loyer à payer, ni de
nouveaux besoins; il vit comme par le passé, sans faire d efîort pour
progresser.
Le contrôleur des contributions directes de Redon avait, il y a
vingt ans, 14,000 parcelles de mutations par an, c'est à-dire 14,000
numéros du cadastre changeant de propriétaires par successions,
donations, partages, ventes et actes translatifs de propriété; il en a
aujourd'hui le double. Que dire d'un pareil état de chose, si ce n'est
qu'il conduit à l'abandon forcé de toute culture rationnelle, de toute
production de quelque valeur et finalement à l'égalité dans la misère?
Une disposition législative permettant l'échange sans droits de por-
tions contiguës ou non contiguës dans la même commune, ou même
avec un droit de 1 pour 100 comme le demandent M.M. A. Girard et
Jametel dans leur proposition soumise à la Chambre, pourrait atté-
nuer une pareille situation géodésique, qui se reproduit dans maints
l'échange des parcelles de TEIIRAIX. 107
arrondissements, en dehors des pays vignobles où le parcelletnent
n'offre pas, il est vrai, d'aussi tristes inconvénients.
Ce qn'il y a de sini^ulier, c'est que le même esprit de partage favo-
risé peut-être par la fausse application faite par les tribunaux, et à
leur suite les hommes d'affaires, des articles 826, 827, 83;î du Code
civil, qui ne se sont pas montrés toujours éclaires au point de vue de
Féconoraie rurale, se retrouve pour la propriété bâtie dans l'arron-
dissement en question qui jouit pourtant d'.un député et d'un sous-
préfet. On y partage une maison à 2 ouvertures (souvent la porte et
une fenêtre) entre 2 et 3 enfants que laisse le défunt. Chacun jouit
divisément de sa pirt de l'appartement commun, portion délimitée
par une raie à la craie ou des points de repère conventionnels. Mais
là le remède paraît venir de l'excès du mal, les querelles sont si fré-
quentes entre les cohabitants, amoureux de l'égalité lors du partage,
que les plus pauvres veulent aujourd'hui posséder, tout au moins
habiter, une maison ou une masure à eux.
Qu'y a-t-il d'étonnant si la pulvérisation du sol, dans maintes
contrées de la France, a frappé M. Jenkins, secrétaire de la Société
royale d'Angleterre, dans un voyage qu'il a fait dans le Nord de la
France, la Bretagne et la Normandie? Il se livre du reste à ce propos
à quelques considérations morales sur l'esprit d'insouciance avec
lequel le désir immodéré de la propriété fait contracter des emprunts
ruineux au petit cultivateur français.
L'extrême division du sol en France avait frappé avant lui Arthur
Young; et François de Neufchâleau disait plus tard, après ce célèbre
voyageur anglais, que par un meilleur arrangement de la surface de
la propriété on pourrait doubler la surface consacrée à l'agriculture.
On doit donc applaudir à toute mesure qui pourra atténuer l'état de
choses que nous signalons. A. de la Morvonnais.
PHYSALIS EDULIS [Alkekenge)
Parmi les questions si sérieuses et si utiles, traitées dans le Journal
de f agriculture, voulez-vous me permettre, cher et savant directeur,
de rappeler l'attention de vos nombreux lecteurs sur les avantages
que nous retirons de l'introduction, qu'a faite M. Balcarce, ministre
plénipotentiaire de la République Argentine, du Physalis EdiUts, ap-
pelé aussi coqueret comestible.
Ce petit fruit, peu difficile à obtenir, vient sur de jolies touffes
agréables à la vue, et ne demande pas de soins particuliers; les ser-
vices qu'il rend doivent engager à sa propagation.
• A la fin de mars ou dans le mois d'avril, on sème les graines sur
couche chaude, sous châssis, puis, on repique le plant à bonne expo-
sition aussitôt que les gelées ne sont plus à craindre. Chaque pied
doit être espacé d'environ 0"'.60. 11 faut avoir soin, aussitôt que les
tiges ont atteint une certaine hauteur, de les attacher à des tuteurs, ou
mieux tendre des fils de fer pour les soutenir; car les tiges sont très
vigoureuses, fines et forment un véritable buisson de l^.oO de haut.
Il est bon de couvrir la terre d'un fort paillis, qui conserve l'humidité
convenable à cette plante. Lorsque les tiges ont atteint tout leur déve-
loppement, il faut en pincer l'extrémité. Après la floraison, succèdent
les fruits qui sont portés sur des pédoncules minces, flexibles, laissant
108 PHYSALIS EDULIS.
pendre la baie ou fruit; aussitôt qu'il grossit, le calice, violacé jusqu'à
la moitié environ de son développement, couvre presque entièrement le
fruit, et il ne se déchire que lorsque celui-ci arrive à maturité. Le
fruit est d'un jaune très pâle et verdâtre, lisse, couvert d'une matière
visqueuse', dégageant un peu l'odeur de la tomate; il est rond; la peau
qui recouvre le fruit est extrêmement fine; elle contient une partie
grasse et mucilagineuse, très serrée, qui renferme de nombreuses
semences plates, lisses, jaune pâle; la faiblesse du pédoncule et le
poids des baies font détacher ces dernières instantanément de la tige,
si on ne les récolte pas assez vite. Il est donc important de les sur-
veiller, si on ne veut pas les perdre.
Ces petites tomates sont très apéritives et diurétiques.
Ce qui fait surtout le mérite de ces petites tomates,, c'est qu'elles
servent à faire un sirop, qui est en grand usage au Mexique dans les
maladies des voies respiratoires et les bronchites.
Voici la recette du sirop de Phy salis Edulis.
Prendre 210 grammes de fruits bien mûrs coupés en plusieurs mor-
ceaux; faire bouillir dans un litre d'eau, jusqu'à réduction de moitié ;
presser dans un linge fin, bien blanc, en serrant un peu ; joindre à ce
jus 500 grammes de sucre et faire cuire à consistance de sirop.
Quant aux fruits qui n'arrivent pas à maturité, on les prépare au
vinaigre, comme les cornichons ; beaucoup de personnes les préfèrent
à ces derniers. ^ E. Vavin.
SUR LES CHANGEMENTS A INTRODUIRE
DANS LA CULTURE DU NORD^
Nous sommes unanimes à reconnaître que la situation pénible de l'agriculture,
dans la région du Nord particulièrement, n'a pas pour unique cause l'inclémence
passagère des saisons, mais que le trouble dont souffre notre industrie a au con-
contraire de profondes racines dans les révolutions économiques, qui insensible
ment d'abord et complètement aujourd'hui, ont changé les conditions du travail et
de la production agricoles.
Il serait étrange qu'un malaise dont se plaint la classe de la nation la plus nom-
breuse encore, malgré les pertes qu'elle ne cesse de subir, n'attirât pas l'attention
des pouvoirs publics. Mais, sans méconnaître l'utilité et l'efficacité des mesures
législatives que nous réclamions bien avant le régime actuel et que nous attendons
toujours, malgré les promesse données, il est impossible de voir dans leur réa-
lisation antre chose qu'un encouragement et qu'un palliatif incapable d'assurer à
lui seul le retour de la prospérité.
C'est donc aux ressources intimes de notre art qu'il faut principalement deman-
der les moyens de surmonter les difficultés de la situation.
On a d'abord cherché le remède dans un abaissement des prix de revient des
principaux produits agricoles, et l'on s'est demandé si l'on pouvait obtenir ce
résultat, soit en produisant davantage, soit en diminuant les frais de culture^
soit en ayant recours à ces|deux moyens à la fois.
Il est incontestable que les diverses applications à notre art des découvertes
scientifiques nous donnent les moyens d'obtenir du sol des récoltes plus abon-
dantes.
La chimie, par exemple, en nous faisant connaître avec précision les lois de
la nutrition des végétaux et en nous indiquant les vertus fertilisantes de certains
produits naturels ou labriqués, est de toutes les sciences celle qui aura le plus con-
tribué au progrès, au soulagement de l'agriculture, et nous ne devons laisser passer
aucune occasion de lui rendre justice. C'est elle qui nous donne le moyen le plus
siir et le plus puissant d'augmenter notre production. Bien que cette science nous
ait appris qu'il fallait le plus souvent demander à des formules bien raisonnées
plutôt qu'à de fortes doses d'engrais les meilleurs résultats, il n'en est pas moins
[. Rapport lu à la Société des agriculteurs de France.
CHANGEMENTS A INTRODUIRE DANS LA CULTURE DU NORD. 109
vrai qu'en généraf un emploi d'engrais plus considérable serait nécessaire pour
augmenter les rendements. Mais peut-on demander dans ce sens un grand effort
immédiat à une agriculture appauvrie et inquiète pour l'avenir? Il lui faudrait,
dès aujourd'hui, d'importants capitaux, et ce n'est que progressivement et avec le
concours indispensable de quelques bonnes années que cetto amélioration pourrait
être obtenue.
Si, pour augmenter notre production, il est nécessaire d'employer plus d'en-
grais, il n'est pas moins indispensable de donner à la préparation du sol et à
l'entretien des récoltes en terre des soins plus grands encore qu'auparavant. Il ne
faut donc pas songer à diminuer le nombre ou la qualité des façons de culture, et
sur ce point encore nous nous trouvons conduits à dépenser davantage.
Peut-on cependant, tout en multipliant et en perfectionnant les soins de culture,
les pratiquer à moins de frais? Pressés par une nécessité plus impérieuse, le
manque de bras, nous avons fait sous ce rapport de plus grands progrès que dans
l'emploi des engrais, et la Société naiionale d'agriculture nous a rendu justice
dans un rapport présenté au ministre, en disant que, depuis quelques années,
l'outillage agricole avait été en France complètement transformé.
On se tromperait cependant si l'on pensait que l'usage des machines perfection-
nées a produit toute l'économie annoncée par les théoriciens. Dans un travail
fort intéressant publié cette année par un de nos collègues, M. Gratellier, il est dit
que, sur les frais de moisson, l'économie obtenue par l'emploi des moissonneuses
ne s'élève pas à plus de 10 francs par hectare. Toutes les personnes qui, dans le
rayon de Paris, se servent régulièrement de ces machines, souscriront à l'opinion
de M. Gatellier, et il suffira, pour laire cesser l'étonnement que cette déclaration
pourrait faire naître dans quelques esprits, de comparer la faculté qu'offrent au
fonctionnement des machines les faibles récoltes d'Amérique dont on sacrifie la
paille, aux difficultés qu'elles rencontrent dans nos céréales plus épaisses, plus
longues, et dont la pailh est un produit trop précieux pour n'être pas recueilli
pour ainsi dire jusqu'aux racines. Avec les appareils à vapeur, on exécute, il est
vrai, des travaux considérables tju'il serait difficile d'obtenir des animaux ; mais,
au dire des praticiens, les opérations ordinaires de la culture ne reviennent pas
moins cher par ce procédé que par les attelages. L'emploi de certains instruments,
les semoirs, les houes à cheval, les faneuses, les râteleuses ont bien réalisé cer-
taines économies, mais la possession de toutes les machines perfectionnées repré-
sente un capital considérable dont l'intérêt et l'amortissement ne laissent pas de
tenir une place importante dans la comptabilité d une ferme. Ainsi, tout en appré-
ciant les services incontestables rendus par les constructeurs et les importateurs
de. machines agricoles, et tout en reconnaissant que nos travaux peuvent, dans
certains cas, être désormais exécutés avec plus de célérité, est-il juste de faire
observer que les applications delà mécanique à notre art nous ont surtout permis
de suppl er à la main-d'œuvre qui nous faisait défaut, et de mettre un frein à ses
exigences toujours croissantes; mais qu'elles nont pas amené en réalité une
diminution des frais de culture et de récolte assez considérable pour changer la
situation.
En somme, l'application au système de culture en vigueur des procédés scien-
tifiques dont nous disposons amènerait incontestablement une plus grande pro-
duction et, par conséquent, un certain abaissement dans nos prix de revient,
mais elle exigerait une augmentation de capital ; et si ce remède est à la portée
de quelques-uns, le plus grand nombre ne peut en disposer.
L'industrie, avant l'agriculture et sous la pression des mêmes circonstances,
a du modifier son outillage et ses procédés, mais ces translormations coiàteuses
ne furent réalisables que pour un petit nombre de riches particuliers ou d'asso-
ciations, et l'on vit peu à peu diminuer le nombre de petits ateliers incapables
de se reformer promptement et, par suite, de soutenir la concurrence de leurs
puissants voisins. Le travail manufacturier s'est ainsi trouvé centralisé dans un
petit nombre de grandes usines, et c'est fatalement- le spectacle que donnerait
bientôt l'agriculture du Nord si, pour toute réforme, elle appliquait aux systèmes
de culture qui dominent chez elle tous les moyens scientifiques que notre époque
a découverts, et dont Dieu nous garde cependant de médire.
L'agriculture de la région du Nord ne peut-elle donc obtenir une diminution
de ses prix de revient que par des procédés coûteux, inaccessibles au plus grand
nombre, et cette économie dans les frais de culture que nous indi([uons comme le
second moyen d'abaisser nos prix de revient, serait-elle impossible?
110 CHANGEMENTS A INTRODUIRK DANS La CULTURE DU NORD.
Quand on considère la culture de chaque plante en particulier, il est certain
crue l'on ne voit guère de moyens delà laire plus éconoraiquen'ent sans s'expo-
ser à abaisser les rendements de la récolte. Mais si l'on réfléchit que selon l'ordre
dans lequel elles se succèdent, les diverses plantes n'-^xigent ni les mêmes frais
de préparation, ni les mêmes quantités, ni la même nature d'engrais, le problème
t hange de face, et la question des assolements nous paraît satisfaisante pour la
majorité des cultivateurs.
Quelles sont donc les réformes que comporte la pratique des assolements?
De toutes les lois qui les régissent, les lois climatériques sont celles qui pré-
sentent le plus de fixité. Certains climats favorisent la production des herbages,
d'autres celle des céréales. Chaque plante industrielle a le sien propre. Tel cli-
mat convient bien aux forêts et aux pâturages, tel autre aux cultures arbustives.
L'expérience leur a depuis longtemps assigné leurs limites, et il serait téméraire
d'y rien changer.
Il y aussi des lois physiologiques dérivant de la nature du sol, de la nécessité
de l'ameublir et de le nettoyer, et de l'obligation de l'entretenir clans un état de
fertilité suffisant, si l'on veut que les diverses cultures y puissent prospérer. Nos
pères, cjui n'avaient comme moyen de restitution que le fumier et c[uelques dé-
chets industriels, et qui ne'possédaient, pour la préparation de leurs terres,
que des instruments imparfaits, attachaient, à l'observation de ces lois, une
grande importance, et l'ordre dans lequel, pour y satisfaire, les plantes devaient
se succéder sur le même terrain, avait fait l'objet des travaux des plus grands
agronomes
Mais aujourd'hui nous connaissons le secret des prétendues sympathie ou an-
tipathies de spbntes les unes pour les autres, nous savons avec une approximation
suthsante quelle nature d'aliment convient à chacune d'elles sur un sol d une
composition donnée et cfuelle cjuantité de nourriture elle exige. Nous pouvons
nous procurer des produits minéraux et des produits chimiques capables, à dé-
faut de fumier, de satisfaire aux besoins de toutes nos cultures. Nous ne crai-
gnons plus de faire succéder les unes aux autres des cultures dites épuisantes,
pane C[ue nnus connaissons exactement les causes de cet épuisement et c[ue nous
avons généralement les moyens d'y remédier. Nous pouvons désormais , sans
dommage, faire succéder une céiéale à une autre, parce cju'il nous est possible de
satisfaire à leur grande exigence en azote, et les légumineuses, qui ne pouvaient
plus revenir sur le même terrain qu'à de lont;s intervalles, y réu^^siront comme
autrefois, c[iiand nous serons parvenus à rendre aussi bien aux couches inférieures
du sol qu'aux couches supérieures les éléments minéraux qu'elles n'y trouvent
plus et dont elles sont avides.
Nous avons aussi des instruments plus puissants et mieux construits pour
ameublir nos terres et les préparer sans 1^ secours de la jachère, et nous pouvons
désormais débarrasser des plantes adventices les céréales elles-mêmes, presque
aussi bien que les plantes Srirclées.
Quand on peut acheter des engrais autant qu'il est besoin et à des prix conve-
nables, disait M. de Gasparin, l'assolement, sous le rapport de la nutrition des
plantes, est entièrement libre. Aussi ces lois physiologiques des assolements
autrefois si sévères sont-tlles aujourd'hui bien souvent transgressées et jouissons-
nous, pour nos successions de culture, d'une liberté que bien peu de nos devan-
ciers ont connue. Cette liberté peut même être poussée jusc^u'aux dernières li-
m ites, puisque l'Angleterre nous lournit l'exemple d'une ferme cultivée avec succès
depuis vingt ans, presque uniquement eu céréales, sans fumier, et avec le seul
concours des engrais chimiques. Des savants ont même certifié c{ue ce système,
C[ui eût jadis, avec les moyens dont on disposait, passé à bon droit pour imprati-
cable, n'avait diminué en rien la fertilité primilive du sol. Dans certaines fermes
industrielles, l'assolement est aussi d'une simplicité extrême, betteraves et blé,
et donne également de bons résultats. M. Vandercolme, avec sa succession trien-
nale, herbe, betterave, blé, produit assez de fumier pour se dispenser d'acheter
des engrais, et déclare avoir augmenté tous ses rendements. On voit donc cju'en
réalité, les assolements les plus dissemblables donnent au|0urd'hui, lorsqu'on a
soin d'observer les lois chimiques de la nutrition des plantes, des récoltes égale -
ment bonnes
Mais si les plantes peuvent désormais se succéder, grâce aux notions exactes
cjue nous avons de 'eurs exigences chimic[ues, dans un ordre à peu près indiffé-
rent, il y aura toujours des cultures plus ou moins dispendieuses. Aussi les asso-
CHANGEMENTS A INTRODUIRE DANS LA CULTURE DU NORD. 111
lements, dans lesquels entrent en grande proportion les prairies permanentes ou
temporaires, exigent certainement moins de frais de culture, moins de main-
d'o'uvre, et des engrais moins azotés que ceux où dominent les plantes indus-
trielles, et ils peuvent, avec autant de succès que ces derniers, servir de base à
la culture des céréales. Les premiers sont tout indi (ués pocr les contrées où la
main-d'œuvre est rare et les capitaux pou abondants, les seconds s'appliquent
mieux aux pays riches et populeux. Dans quelle mesure l'agriculture du Nord
deviait-elle recourir aux cultures lourragères pour diminuer ses ('rais d'exploita-
tion? C'est une question ([ui demande une sérieuse étude et qui ne peut être que
signalée pour le moment.
De tons temps, les considérations d'ordre économique, le capital dont on dis
pose, les avances exi^'ées par les diverses culture:^, les ressources du pays en
main-d'œuvre, les débouchés et la valeur des produits ont exercé une grande in-
iluence sur le choix des assolements, mais elles n'ont jamais été aussi prépondé-
rantes qu'aujourd'hui. C'est pour n'en avoir pas tenu un compte suffisant que
bien des cultivateurs ont éprouvé des déceptions. Séduits par les excellents résul-
tats que ci'itains systèmes de culture donnaient dans d'autres pays ou ciiez leurs
voisins mômes, ils ont adopté des assolements semblables sans réfléchir qu'ils se
trouvaient dans des conditions de capital, de main-d'œuvre et de débouchés toutes
différentes. Ainsi n'est-ce pas avec un entraînement souvent regrettable que la culture
de la betteiave à sucre, sur une très grande échelle, a été adoptée dans certaines
fermes delà région du Nord ? On a cru que cette culture, qui avait autrefois donne
une si grande prospérité à la Flandre et aux i égions voisines, devait produire par-
tout et toujours les mêmes effets. Pour alimenter l'industrie sucnère qui quittait
son pays natal parce qu'elle s'y trouvait déjà en souffrance, et qui se présentait
avec la liste séduisante des bienfaits dont elle disait le Nord redevable envers elle
augmentation des salaires, des loyers, des recettes du Trésor, production plus
grande de blé et de viande, on a augmenté le capital de culture, créé un matériel
d'un amollissement très lourd, recherché un personnel plus nombreux dans des
pays où la dépopulation allait croissant. A quel résultat ont conduit trop sou-
vent tous ces efforts? A donner un produit de peu de valeur sous un poids con-
sidérable, un produit qui doit être utilisé dans l'espace de trois mois, et dont la
récolte est souvent difficile parce qu'elle se fait dans une mauvaise saison, à obte-
nir enfin une marchandise dont le transport est excessivement coûteux et qui,
par suite, ne peut se vendre que dans un rayon restreint, et un petit nombie
d'acheteurs. C'est alors que le mirage d'un produit brut plus élevé a disparu de-
vant la réalité d'un bénéfice presque toujours négatif.
Quand, au contraire, la culture de la betterave a été faite pour alimenter des
usines existant dans les fermes mêmes, des distilleries, par exemple, les résultats
ont été bien différents En convertissant sa betterave en alcool, le cultivateur a
donné à un j roduit immédiat de sa culture un prix plus élevé, une forme plus
négociable et accessible à un plus grand nombre de consommateurs. Il a diminué
ses frais de transpoit, il a enfin recueilli une certaine partie des bénéfices que
prélèvent les industries iotermédiaires entre le producteur et le marchand.
Ainsi les cultures industtielles, qui exigent en général de gros capitaux, ne
sont profitables qu'aux agriculteurs qui peuvent manufacturer eux-mêmes leurs
produits ou ;u'à ceux auquels le voisinage immédiat des usines donne des avan-
tages particuliers. Pour les cultivateurs ([ui ne se trouvent pas dans ces condi-
tions, c'est à la culture de plantes moins exigeantes en engrais et en main-d'œuvre
qu'ils doivent avoir recours; en un mot, c'est une plus grande place qu'ils doi-
vent donner dans leurs assolements aux plantes fourragères.
Quant à la culture des céréales, que l'on peut aussi bien combiner avec celles des
plantes fourragères, nous n'en projjoserons pour la région du Nord ni l'abandon
ni même une importante diminution.
Si une région, en France, se prête bien en effet à cette culture sous tous les
points de vue, c'est celle-là. Le sol, dans la plupart des cas argilo-siliceux, y
donne d'excellentes récoltes de blé avec des appoits d'azote modérés Les éléments
minéraux, acide phosphorique, potasse, chaux, n'y sont pas généralement en
quantité suffisante, mais ce sont les engrais hs moins chers, et il est bien rare
que tous les trois y fassent défaut à la fois. Le climat n'en est pas en hiver aussi
dur que celui de l'Est, ni aussi humide que celui de l'Ouest. Le terrain peu acci-
dente et la couche végétale suffisamment profonde se prêtent bien à l'aclioii des
instruments puissants et perfectionnés.
112 CHANGEMENTS A INTRODUIRE DANS LA CULTURE DU NORD.
Qiian 1 une région produit en moyenne de 22 à 25 hectolitres de blé à l'hectare,
lorsque le rendement de toute la France n'est que de 14 ou 15, ses aptitudes à la
culture du blé sojit bien évidentes, et il est permis de penser qu'il suffirait de
(juelques efforts pour élever encore sa production.
Autour de Pans, et depuis la capitale jusqu'aux frontières du Nord et de l'Est
se trouvent concentrées, pour la défense du territoire, de grandes masses de cava-
lerie. La paille, produit important des céréales, trouve donc dans cette région des
marchés plus nombreux que dans celles du Centre. Le blé d'ailleurs est encore un
des produits agricoles dont le prix spécifique est le plus élevé et dont la conser-
vation présente le moins de dilfi culte.
Mais, pour que la culture du blé soit profitable, il faut l'associera d'autres cul-
tures qui viennent prendre leur part des frais généraux si considérables dans les
fermes et qui soient elles-mêmes rémunératrices. Quand la culture du blé avait
pour base la jachère pure, la récolte de cette céréale devait supporter les frais
généraux de deux années. C'est pour y remédier que la jachère fut remplacée par
des cultures diverses qui prirent leur part de frais généraux pi'oportionuellement
à leur étendue, et qui souhigèrent d'autant le compte du blé. Ces cultures inter-
calaires, qui donnaient autrefois des profits, se trouvent aujoui'dhui, par suite
de circonstances diverses, ne pas payer leurs frais. Le déficit est donc reporté au
compte du blé, sous prétexte que cette céréale profite des grandes dépenses d'en-
gi'ais et de façons que les cultures précédentes ont exigées. Faire que les cultures
intercalaires, industrielles ou fourragères, donnent par elles-mêmes des bénéfices,
telle est la situation économique de la question du blé. Or, comment obtenir ces
bénéfices?
Les produits immédiats du sol ne sont, dans la plupart des cas, guère avan-
tageux en eux-mêmes. Ils ont peu de valeur sous un poids considérable, et ils ne
peuvent en acquérir qu'en subissant plusieurs ti^ansformations et qu'en passant
par les mains d'un certain nombre d'intermédiaires. Mais l'agriculteur r[ui, au
moyen d'un, procédé industriel, donne lui-même à ses principaux produits une
forme recherchée par une plus grande quantité d'acheteurs élargit son marché, il
profite des bénéfices que doit donner une fabincation bien conduite et conserve
tous les déchets et produits accessoires dont beaucoup ont comme engrais ou
nourriture du bétail une valeur importante.
Les cultures fourragères, qui, dans la situation actuelle, conviennent au plus
grand nombre d'agriculteurs parce qu'elles exigent des moyens moins coûteux,
ne seraient pas plus avantageuses que les cultures dites industrielles, si elles
n'avaient pour but que la production des fourrages en eux-mêmes. La vente
directe des produits fourragers n'est en etïet possible que dans des conditions par-
ticulières de proximité de certains contres de consommation, et, pour que, dans
la plupart des cas, ces produits deviennent rémunérateurs, il faut leur donner,
au moyen des animaux, la forme de viande ou de lait.
Mais tandis que la viande peut s'expédier à d'assez grandes distances sous
forme d'animal vivant, le lait, matière d'une conservation locale, ne sulfil pas
à son écoulement, et le cultivateur est obligé pour le placer de recourir à des
intermédiaires. C'est alors que la fabrication du beurre ou du fromage vient
s'imposer.
Ce n'est donc pas seulement dans une production plus gr-ande ou plus écono-
mique qu'il faut chercher le soulagement aux souffrances de l'agriculture, mais
c'est surtout dans une meilleure utilisation de ses produits au moyen de transfor-
mations industrielles réalisées par les cultivateurs eux-mêmes et non par d'autres.
Les résultats de la culture proprement dite sont devenus, sous l'influence de la
concurrence universelle, tellement aléatoires aujoui'd'hui, que le cultivateur, pour
rendre sa situation moins précaire, se trouve conduit à pratiquer des industries
annexes dont la prospérité dépende de causes plus coerxibles.
Messieurs, s'il est facile d'indiquer le sens général des réformes à accomplir,
leur application prescrite au contraire de grandes difficultés. Aucun art n'est pra-
tiqué dans des conditions économiques plus variées que l'art agricole, et aucun
ne demande par suite plus de variété dans les procédés. Ce ne sont donc pas des
théories qui peuvent donner la solution d'un problème aussi complexe, mais c'est
de la connaissance et de la discussion des tentatives de réforme, heureuses ou
malheureuses, faites par nos contemporains, que l'on doit tirer un enseignement
profitable.
L'application des réformes les plus séduisantes et les plus justes en théorie est
CHANGEMENTS A INTRODUIRE DANS LA CULTURE DU NORD. 113
toujours hasardeuse quand aucune expérience préalable ne guide ceux qui les
entreprennent.
Afin de sortir d'une position pénible et inquiétante, des agriculteurs plus actifs
et plus hardis que les autres ont en France comme à l'étranger essayé de trans-
former leur système de culture en leur donnant pour but des spéculations indus-
trielles on commerciales déjà connues, ou tout à fait nouvelles. Quidquns-unes de
ces tentativesont déjà été signalées au mondi agricole, mnu le p'.m grand nombre,
f;iit:es par d'obscurs pionniers du progrès, reste encore inconnu.
Nous pensons qu'il y aurait un intérêt capital à ce qu'elles fusscnf recherchées
et signalées plus activement. Nous voudrions que la Section d'agricnUure prît sur
ce point l'initiative d'une enquête semblable à celle qui adonni de si heureux
résultats touchant les prairies temporaires à base de graminées, et nous voudrions
que cette enquête ïùt permanente.
Dans ce dossier qui devait rester toujours ouvert, parce qu3 chaque jour
apporte des faits nouveaux, chacun viendrait puiser ses iuspiration-;, reconnaître
les réformes les plus facilement a[iplicables et les plus avantageuses dan^ la situa-
tion où il se trouve, et l'expérience de quelques-uns servirait à éclairer le plus
grand nombre.
C'est pourquoi nous proposons à la Section de commencer le plus tôt qu'il sera
possible une enquête sur les transformations nouvelles subies par les divers sys-
tèmes de culture dans la région du Nord, afin de réunir les éléments d'une
discussion qui pourrait alors être mise à l'ordre du jour de la session de 1884.
A. Brandin.
LA YiaNE ET LA SÉCHERESSE
Monsieur le rédacteur, j'ai lu, dans votre Journal du 17 mars,
deux cirticles, l'un sur la réunion qui vient d'avoir lieu à l'Ecole d'a-
i^riciiliure de Montpellier, où l'on assure que le seul moyen de salut
pour le Midi consiste à planter des vignes américaines.
L'autre, de M. Jules Serret, où il est dit : « La disparition des forêts
a eu pour conséquence la suppression des sources, et, dans nos ter-
rains tertiaires, si peu perméables, la stérilité des prairies dans les
vallées, et ia gêne dans les m^naiiçâs, po;ir ralim3ntation des indi-
vidus et du bétail. Ces causes d'insalubrité ont réagi notablement
dans les cantons déboisés où la vigne domine. »
Le premier conseil indique la plantation des vignes américaines
comme étant le meilleur remède.
Le deuxième indique, au contraire, le déboisement et l'exagération
delà culture de la vigne comme* ayant amené la maladie, la dépopu-
lation et l'infertilité du sol.
Je crois que l'auteur du deuxième est entièrement dans le Vrai.
Ne serait-il pas possible de donner à nos cultivateurs des idées plus
arrêtées sur ce qu'il convient de faire?
Ne pourrions-nous pas leur conseiller de se laisser moins séduire
par ceux qui subissent ou acceptent l'inlluence de la mode, même
dans les questions agricoles?
C'est être victime d'un engou3ment passager et frivole dans les ques-
tions agricoles, que d'abandoimer les règles les meilleures et les plus
fondamentales de toute bonne agriculture pour se lancer brusquement
dans des innovations qui n'ont pas fait leurs preuves.
Que penser d'un peuple qui, vivant dans un pays sec où l'eau
est un des premiers éléments de fertilité, au lieu de chercher à s'en
procurer, travaille à déboiser les montagnes, et, au lieu de couvrir
les plaines et les collines d'une belle végétation, fait tout le contraire.
La vigne n'a une belle végétation qu'en été, c'est-à-dire à une
époque de l'année où les pluies ne tombent pas.
114 LA VIGNE ET LA SÉCHERESSE.
En automne, en hiver et au printemps, la vigne ne couvre pas
le sol, et alors les rares pluies qui tombent sont vite enlevées par le
vent et le soleil. Ce sont là des vérités qu'il faudrait connaître, et on
ne veut pas se donner la peine de les étudier.
La spéculation se glisse aujourd'hui dans les questions agricoles
aussi bien que dans les questions industrielles.
Nous croyons être très pratiques en cherchant à obtenir vite du sol
la plus grande somme de produits. Mais ceux qui agissent ainsi se»pré
occupent-ils de l'avenir? Nous ne le pensons pas.
Nous devrions voir plus haut et nous devrions comprendre que le
sol n'est pas inépuisable, et que c'est reculer, au lieu de progresser,
quand, par suite d'une sécheresse qui s'aggrave, nous sommes amenés
a remplacer momentanément la vigne indigène parla vigne étrangère.
En résumé, il faut demander au gouvernement une enquête sérieuse.
L'administration supérieure devrait former une Commission dans
laquelle on prierait des Espagnols et des Italiens d'entrer, car la ques-
tion qui nous occupe a également le même intérêt pour l'Espagne, pour
l'Italie et pour tous les pays qui entourent le bassin de la Méditerranée.
Cette Commission aurait pour mission de savjir si cette fameuse
maladie de la vigne n'a pas pour point de départ le manque d'eau,
et subsidiairement de rechercher, si avec de l'eau appliquée environ
tous les quinze jours, il n'est pas possible de faire vivre la vigne
malgré la présence du phylloxéra.
Déjà dans le Congrès qui vient de se tenir à Montpellier, on a
reconnu que dans les jardins potagers il était aussi facile défaire vivre
la vigne française, qu'il était facile de faire vivre des légumes quand
on se donne la peine de les arroser. Ce résultat, aussi vulgaire que
pratique, a une très grande importance.
Dès lors, il ne s'agit plus que de faire une enquête pour savoir si la
diminution de la richesse a^-ricole de notre région doit être attribuée à
la diminution de la pluie : nous disons richesse agricole, puisque dans
le Midi, on veut que viticole soit synonyme d'agricole.
Si cette cause est la véritable, il convient d'indiquer la manière de
rendre la pluie plus abondante. Après les essais concluants obtenus
depuis six ans à Villeneuvette, nous n'avons pas à prouver que la vigne
peut être sauvée par l'eau, le problème que nous avons à résoudre et
sur lequel nous ne saurions trop insister est celui-ci : Prendre les dis-
positions les plus sûres et les plus pratiques, pour augmenter le régime
de la pluie, dans la région du midi de la France, par des reboisements
et des irrigations; et comme conséquence combattre la tendance de nos
viticulteurs qui ne cherchent le retour à la richesse que par la plan-
tation exagérée de la vigne.
Je crois que c'est là la solution que nous devons demander.
Veuillez agréer, etc. Jules Maistre.
REVUE COMIIERGIALE ET PRIX GOURANT DES DENRÉES AGRICOLES
(21 AVRIL 1883).
l. — Situation générale.
Les transactions présentent toujouis beaucoup de calme sur les marchés ; gri-
coles ; ceux-ci sont peu fréquentés par les agriculleurs que retiennent les travaux
des champs.
II. — Les grains el les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par quintal métrique,
sur les principaux marchés de la France et de l'étranger :
KKVUE GOMiYiSHCIALE ET PRIX COURANT (21 AVRIL 1883).
1'° IIÉGION. — N<HU)-OlîEST.
Biii. Seijle. Orge.
18 50
■2 1.10
lô .75
17.00
l'i.-25
17.25
15.50
Calvados. Cotadé
— Vire
Côl.-du-Nord. Lannion.
— Trégmer.
Finistère. Morlaix ,
— O^JiniP"^'' .; . . .
(Ue-et- Vilaine, l-ieimes. .
— nedon
Manches. Avraiiclies. . .
— Pontorson...
— Villutlieu
Mayenne. L:iv:i\
— • li;\te lU-Gontier..
Mo-bihan. Hcnnebont..
Ociie. Si Bz
— .4lençon
Sarthe. Lo Mans
— Sablé
Prix moyens
2' RÉGION
Aisne. Soissons
— Saint-Quentin...
— V llers-Cotterets.
Eure. Bernaj'
— Conches. .......'..
— Pacy
Eure-et-Loir. Cliarlres. .
— . A Hieau
— Nogent-le-Rotrou.
Nord. Canbrai
— Lille
— Valenciennes. . . ,.
Oise. Bc.LUvais
— Goinpiègne
— Noyon
Pas-de-Calais, .\rras...
— Boulltins
Seine. Paris
S.-et-Mar. Melun
— Diimra.u'tia
— Me lUX
S.-ci-Oisc. Etanip'is
— Pontoise
— Versailles
Seine-Inférieure. Rouen.
— Dieppe
— Yvetol,
Somme. Amiens
— Péronne
— Boye
Prix moyens
Avoine.
fr.
22 00
23.15
18.75
19.00 17.00 17.75
15.75
17.00 17.25 17.00
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17.25 » 20.00
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17.00
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19.00
18.50
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13.80
3" Ri:gion. — NORD-EST
Ardennes. Charleville. . 23.25 15.25
— Sedan 23.30 16.2.i
Aube. Troyes 23.75 15.00
— Méry-sar-Seine . . . 23.50 15.25
— Noi^eiit-sur-Seine. 24.75 15.50
^/a»'»ie. ChaloNS 23 50 15 50
— Reims 23.75 16.00
— Sainte-Menehould. 22.7.5 14.50
llLe-Marne. Ghauinonl. . 23.00 »
Meurlhe-el-Mos. Nancy. 23 25 15.50
— Toul 23.25 15.50
— Pou t-à- Mousson.. 23.25 16.00
Meuse. Bar-le-Duc 23.25 16 15
— Verdun 23.50 »
l/aule-Saône. Gray 23.00 15.75
Vosges. Neufchiteau 23.50 15.25
— Epinal 24 00 16.00
— Mirecourt 23.50 15.50
19.00
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Indre-et-Loire. Bléré....
— Tours
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— Angers
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— La Hoche-sur-Yon.
Viawie. Poitiers
— Lou luD
Haute- Vienn" Liwo-^es. .
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Loiret. .Moutargis
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— Pithiviers
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— La Charité
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— Saint-Florentin.
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6° RÉGION. — EST.
y^l in. Bourg 25.50
— Pont-de-Vaox.. . . 24.75
Côio-d'Or. Dition 21.50
— Beanne 23.50
Doubs. Besançon 23. no
Isère. Grand-uemps. .. 24 60
— Sourgo'tl.. ...... . 24.50
Jur'i. Dote 22.00
Loire. Gbarlieu, 24,00/
P. -de-Dôme. Clermont-F. 26.75
Rhône. Lyon 24.50
Saùnerel- Loire. Ch,*lon . Vi.bO
— Autun 22.50
.Caiioi». Chambéry 25.75
Ille-Savoie. Annecy...... 25.80
Prix moyens 24.20.
7' HÉGIO.N. — SITID.-OVEST
Ariège. Foix 26 00
— Pamiers 27 50
Dordogne. Bergerac... 25.70
Hte-Garonne. Toulouse. 25.2 >
— St-Gandens 25.00
Gers. Condora 26.00
— Eauze 26;. 85
— Mirande 25 85
Gironde. Bordaaux 26.00
— La R(-ole 25.85
Landes. Dax •. 26.50
Lol-el-Garonne. Agen.. . 26.80
— Nér.ic .>
D. -Pyrénées. Bayonne.
lltes-Pyrénées. Tarbes.,
Prix moyens
18.54 17.92
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26.46 17.92 18.67
8" REGION.
Aude. Carcassontie: 27.
Avcyron. V.illefrantthe. . 25,
Cantal. Mauriac 25 ,
Correze. Luherznc 25.
Hérault. Beziers 28
— Cette 27
Lot. Caliors 27
Lozère. Mende 24
Pï/renécs-O)'. Perpignan. 27
Tarn. Castres 27
Tarn-el-Gar. Montaunan 26
— Moissac 25
Prix moyens 26.40 18.39 19-02 20 3»
9' RÉGION- — SITI)-EST.
Basses-Alpes. Manosque 28.50
Hautes-Alpes. Briaoçon. 27.50
Alpes-Maritimes.C?iXi\\&& 27 .25,
ArrfBC/ie. Privas 27.05
n.-dv.-Rhàne. Arles 26.50
Drame. Montelimar 25.50
Ga/'d. Mais 27.00
Haute-Loire. Brioude... 25.50
Fac. Dr,i^uignan 27.20
Vaucluse. Avignon 26.50
Prix moyens 25.35
Moy. de toute la France 25.04 16.61
— de la semaine précéd. 24.94 16. 4i
Sur lasemainekHaiiisss. a. 10 O.U 0-22 O.tl
précédente.. (Baisse.. » » » »
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2'i
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«>9
18
54
116 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
Blé. Seigle. Orge. Avoine
fr. fr. fr. fr.
Algérie. ^^S^'^f blé dur 26.00 » IG.OO 15.50
Angleterre. Londres 25.35 » 19.25 30.10
Belgique. Anvers 24.25 17. .50 16.75 16.25
— Bruxelles 24.7.b 16. .iO
— Liège 24.00 17.00 20.50 17.50
— Nanuir 22.75 15.75 20.00 15.00
Pays-Bas. Amsterdam 23.75 16. SO » »
Luxembourg. Luxembourg 24.20 19.00 21.50 18.50
Alsace-Lorraine. Strasbourg.. 24.75 17 75 17.75 17.25
— Altkrich 23 50 15.50 17.80 16. .50
— Mulhouse 22.50 16.25 17 00 18.00
Allemagne. Berlin 23-75 17.35 » »
— Cologne 25.00 18.10
— Hambourg 23. .50 17.00
Suisse. Genève.." 27 00 » » 21-75
Italie. Turin 26.00 19.25 » 18.50
Espagne. Valladoiid 25.50 » » »
Autriche. Vienne 20.75 15.C0 15.50 14.00
Hongrie. Budapesth 21.50 16 50 16.00 13 75
Russie. Saint-Pétersbourg.. 21.00 14.80 » 13.75
Liais- Unis. INew-York 23.25 » » »
Blés. — Le temps est redevenu favorable aux champs; les blés qui avaient
souffert de la persistance de l'humidité et de la prolongation de l'hiver, présentent
presque partout un excellent aspect. Il est, pour le moment, permis de dire qu'une
grande partie des retards causés par la mauvaise saison est reparée, et que l'avenir
s'ouvre devant les agriculteurs dans de bonnes conditions. Quant aux marchés,
ild présentent, comme toujours à cette époque de l'année, le plus grand calme;
les ventes sont peu importantes, les offres de la culture sont d'ailleurs presque
nulles. Il est probable que cette situation va persister, au moins pendant quelques
semaines. — A la halle de Paris., le mercredi 18 avril, il y a eu très peu
d'affaires; on cotait, suivant les sortes, de 24 à 26 fr. 50 par 100 kilog., comme le
mercredi précédent. Sur le marché des blés à livrer, on cote : courant du mois,
25 fr. 25 ; mai, 25 fr. tO à 25 fr. 75 ; juin, 26 fr. 25 ; quatre mois de mai, 26 fr. 50 ;
juillet et août, 26 fr. 75 à 27 fr. — Au Havre^ les ventes en blés d'Amérique sont
très faibles; les prix se soutiennent. On cote de 25 fr. 5'J à 27 fr. par 100 kilog.
suivant les sortes. — A Marseille, les arrivages de la semaine ont été de 22,û0u
quintaux; le stock est actuellement de 211,000 quintaux dans les docks. Les
affaires sont assez difficiles. Oo paye par 100 kilog. : Red-winter, 28 fr. 25 à
28 fr. 50; Berdiant^ka, 27 fr. 50 ; Bessarabie, 24 fr. 50 à 25 fr. 10 ; Danube, 21 à
23 fr. ; Pologne, i5 fr, 50 à 26 fr. 50. — A Londres.^ les importations de blés
étrangers ont été de 167, OuO quintaux depuis huit jours, le marché présente beau-
coup de calme, et les prix demeurent sans changements. Au dernier jour, on
cotait de 24 à 26 fr. 65 par L 0 kilog. suivant les (jualités et les provenances.
Farines. — Les affaires sont lentes, et les prix sont faibles pour toutes les
sortes de farines. En ce qui concerne les farines de consommation, on payait le
mercredi 18 ;iviil, à la halle de Paris : marque de Gorbeil, 59 fr. ; marques de
choix, 59 à 61 fr.,; bonnes marques, 57 à 58 fr.; sortes ordinaires, 53 à 55 fr. ;
le tout par ^ac de 159 kilog. toile à rendre ou 157 kilog. net, ce qui correspond
aux prix extrêmes de 33 fr. 75 à 38 fr. 85 par 100 kilog., ou en moyenne 36 fr. 10,
avec une baisse de 55 centimes sur le prix moyen du mercredi précédent. — Pour
les farines de s[)éculation, on les cotait à Paris, le mercredi 18 avril au soir :
farines neuf -marques, courant du mois, 56 fr. 50 à 56 fr. 75; mai, 57 fr. à
57 fr. 25; juin, 57 fr, 75; quatre mois de mai, 58 à 58 fr. 25; juillet et août,
58 fr. 75 à 59 fr. ; le tout ptir sac de i59 kilog. toile perdue ou 157 kilog. net. —
Pour les farines de gruau, on cote, comme précédemment, de 47 à 58 fr. par
100 kilog.; les iarines deuxièmes se vendent en baisse de 23 à 28 fr.
Seigles. — Peu d'affaiies, mais prix fermes. On cote à la halle de Paris,
15 fr. 75 à 16 fr. 25 par 100 kilog. Les farines de seigle se vendent de 23 à
25 fr. par quintal métrique.
Orges. — Mêmes cours que précédemment. On paye à la halle de Paris, 18 à
20 fr. 50 par 100 kilog. suivant les sortes et les provenances. Les escourgeons
valent de 17 fr 75 à 18 fr. 50. — A Londres, il a été importé 22,000 quintaux
d'orge depuis huit jours; les prix sont faibles. On paye 18 à 20 fr. tO par lOu kilog.
Malt. — On côtelés malts d'orge 25 à 32 fr. par iOO kilog. ; ceux d'escourgeon,
27[|i 30 fr. Il n'y a pas de changements depuis huit jours.
DES DENRÉES AGRICOLES (21 AVRIL 1883). 117
Avoines. — Peu d'affaires sur les avoines; les prix se maintiennent avec fer-
meté. On paye de 17 fr. 50 à 20 fr. 50 par 100 kilog., suivant poids, couleur
et qualité à la halle de Paris. — A Londres, les importations d'avoines ont été de
55,000 quintaux depuis huit jours, L<^s ventes sont peu considérables. Les prix se
fixent de 18 fr. 40 à 21 fr. 50 par 100 kilog.
Sarrasin. — Le prix reste soutenu de 16 fr. à 16 fr. 25 par 100 kilog. à la
halle de Paris.
]^fais. — On paye les maïs d'Amérique, au Havre, 16 fr. 50 à 17 fr, par 100 kilog.
11 y a d'ailleurs peu d'affaires.
Issues. — Il y a grande fermeté dans les cours. On paye à Paris par 100 kilog. :
gros son seul, 15 fr. 25 à 15 fr. 50; son trois cases, 14 fr. 50 à 14 fr. 75; sons
fins, 14 fr. à 14 fr. 25; recoupettes, 14 fr. à 14 fr. 25; remoulages bis, 14 fr. à
14 fr. 50; remoulages blancs, 15 à 17 fr.
m. — Fourrages, graines fourragères.
Fourrages. — Les cours accusent toujours beaucoup de fermeté. On paye par
1,000 kilog.: à Paris, foin, 112 à 1 26 fr.; luzerne, 112 à 128 fr.; regain, 86 à 100 fr.;
paille de blé, 58 à 72 fr.; paille de seigle, 52 à 60 fr.; paille d'avoine, 44 à 52 fr.
Graines fourragères. — Les prix sont en hausse. On paye, à Paris, par 100 kilog. :
trèfle violet, 160 à 200 fr.; trèfle blanc, 200 à 250 fr.; trèfle d'Amérique 165 fr. à
175 fr.; luzerne de Provence, 155 à 170 fr.; de Poitou, 125 à 135 fr. ; d'Italie,
140 à 150 fr.; minette, 45 à 65 fr.; ray-grass, 60 à 65 fr.; sainfoin, 25 à 32 fr.
IV. — Fruits et légumes frais.
Fruits. — Dernier cours de la halle : fraises de châssis, le pot, 0 fr, 40 à
• 1 fr. 50 ; poires, le cent, 10 fr, à 120 fr ; pommes, le cent, 5 fr. à 100 fr, ; le kilog.,
Q fr. 30 à 0 fr. 50; raisins, chasselas de serres, le kilog., 8 à 16fr,
Gros légumes. — On vend à la halle de Paris : asperges de châssis, la botte, de
12 à 35 fr.; aux petits pois, la botte, 1 à 2 fr.; carottes nouvelles, les lUO bottes,
80 à 160 fr,; carottes communes, les 100 bottes, 20 à 2-5 fr.; d'hiver, l'hecto-
litre, 3 à 5 fr. ; de chevaux, les 100 bottes, 14 à 22 fr.; choux communs, le cent,
5 à 20 fr.; navets nouveaux, les 100 bottes, lOuà 150 fr,; communs, les 100 bottes,
20 à 32 fr.; oignons en grain, l'hectolitre, 9 à 12 fr. ; panais communs, les 100
bottes, 15 à à 20 fr.; poireaux communs, les bottes, 20 à 60 fr.
Pommes de terre. — Hollande communes, l'hectolitre, 17 à 19 fr.; le quintal,
24 fr, 28à 27 fr. 85; jaunes communes, l'hectolitre, 10 à 11 fr.; le quintal,
14 fr. 28 à 15 fr. 71.
V. — Vins, spiritueux, vinaigres, cidres.
Vins. — Les viticulteurs dorment mal pendant la période que nous traversons*
Chaque jour leur amène de nouvelles craintes, principalement lorsque le temp^
est clair, ainsi qu'il arrive presque partout en ce moment Les terreurs des gelée^
blanches hantent leurs cervaux anxieux, et ils redoutent de voir chaque matin le^
bourgeons, la veille pleins de promesses, réduits à néant. Heureusement jusqu'ic^
les choses se sont bien passées; d'ailleurs la végétation de la vigne est presque
partout peu avancée; mais nous ne sommes pas encore sortis de la période .les
nuits froides et la chaleur du jour avance rapidement le travail des bourgeons.
Le commerce est dans un calme assez grand; les ventes se fout couramiuent, et
les prix se soutiennent ; la bonne influence de l'hiver sur les vins des dernières
vendanges s'accentue de plus en plus. Voici les prix pratiqués sur quelques mar-
chés. Dans les Bouches-du-Rhône, les vins de lu plaine valent de 26 à 28 fr. pour
les bonnes q'ualités ; 24 à 25 fr, pour les sortes ordinaires. Dans la Loire-Infé-
rieure, on paye : Muscadets vieux, 130 à 14u fr,; nouveau, 75 à 85 fr. ; gros plants
de 1881, 70 à 72 fr.; gros plants nouveaux, 40 à 45 fr. Les vins de l'Orléanais
sont vendus à Orléans : vins rouges de [tays, 90 à 125 fr. le poinçon ; blancs, 60
à 65 fr.; vins blnncs du Poitou, 51 à 53 fr. la pièce ; de Blois, 55 à .8 fr. — A
Bordeaux, les vins d'Espagne valent 300 à 475 fr, le tonneau de 9u5 litres ; à Cette,
on paye j»ar hectolitre : Alicante, 42 à 43 fr.; Aragon, 30 à 32 fr ; Tarragone, 25
à 43 fr. ; Majorque, 28 à 30 fr.; vins blancs d'Alicante, 33 à 35 fr. — Au Havre,
on cote : vins d Espagne, rouges, 42 à 53 fr. l'hectolitre; rouges de Portugal, 45
à 54 fi- pour les quahtés ordinaires.
Spiri'ueux. — Les transactions sont peu importantes, et les prix subissent peu
de fluctuations, sauf sur les marohés du Nord, où nous avons un nouveau mou-
vement de baisse à signaler. Dans le Midi, on cote par hectolitre : Cette : 3/6
bon goîit, 100 à l05 fr.; marc, 95 fr.;Beziers 3/6 bon goût, 103 fr.; marc, 95 fr.;
118 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COUllANT
Bans les Cliareiates, les prix demeiarent aux taux que nous avons précédemment
indiqués. A Paris, on paye, par hectolitre : 3/6 betteraves, l''« qualité, SO de-
grés disponible, 50 fr. 25 à ôi'fr. 50 ; mai, 50 fr, 50; quatre mois de mai, 50 fr. 75
à 51 fr.; quatre derniers mois, 51 fr. Le stock était, au 18 avril, de 21,500 pipes,
contre 14*250 en 1882.
Vinaigres. — On paye à Orléau'S : vinaigre nouveau, 40 à 42 fr. par hecto-
litre; vinaigre vieux, 50 à 60 fr.
. Raisins secs. — Les prix sont fermes. On paye à Marseille, par 100 hectolitres :
Goiinthe, 54 à 55 fr.; Thyra, 45 à 46 fr.; raisins noirs, m2 à 44 fr,; Beyrouth, 43
à 44 fr.; Samos, 48 à 49 fr. 50; Candie, 44 à 45 fr.; Alexandrette , 41 à 45 fr.;
Vourlas, 44 à 45 fr.
Crème de tartre. — On paye à Lyon 315 à 'ÀZO fr. par 100 kilog.
yer<lels. — Les verdets nuirchand valent, à Marseille, 220 à 2i:5 ir. par quintal
métri ;ue.
Soufres. — On cote, dans l'Hérault, p;ir 100 kilog , soufre subhmé, 19 à fr. 50;
trituré, 16 fr. 75 à i9 fr. ; en canons, 17 fr. 75 à 18 fr. 25.
VI. — Sucres. — Celasses. — Fendes. — Glucoses. — Amidons. — Houhlmis.
Sucres. — Les ventes sont peu importantes, mais les piix se maintiennen ''
pour toutes les sortes. On paye par 100 kilog.; à Paris, sucres brute '88 degré^
saccharimétriques, 53 fr. 75 ; les '99 degrés, 60 fr, 50 ; sucres blanc'^, 60 fr. 50 *,
à Saint- Quentin, «^cres bruts, 53 fr. ; sucres blancs, 60 à 61 fr. 5 ; — Valen-
ciennes, sucres bruts, 52 fr. 25 à 52 fr. 50; — -à Péronne, sucres bruts,
51 fr. 75; sucres blancs, 60 fr. —Le stock de l'entrepôt réel des sucres, à
Paris était, au 18 avril, de 782,000 sacs pour les sucres indigènes, avec une.
diminution de 36,000 sacs depuis hurt jours. — Pour les sucres raffinés, on
paye de 105 fr. 50 à 106 fr. 50 par 100 kilog. à la consommation, et de 64 fr. 50
à 67 Ir. .^0 pour TexportaLion.
Mélasses. — Prix sans changements : mélasses de fabrique, 12 fr. ; de raffi-
nerie, 13 fr, 50 à l'-i fr. ; le 'tout par 100 kilog.
FfciUfS. — Les ventes sont plus actives, avec des prix en hausse. On cote à
Paris, 41 fr. pour les fécules premières du rayon; à Gompiègne, 40 fr. pour celles
de l'Oise; à Epinal, 41 ir, pour celles des Vosges.
Glucoses. — Il y a plus de fermeté dans les prix. On paye àPai-is : par 100 kilog. ;
siiop de froment, 54 à 56 fr. ; massé, 43 à 44 fr. ; sirop de maïs, 48 à 49 fr..
Amidons. — Mêmes cours que précédemment pour toutes les sortes.
'Houblons. — Les affaires sont presque nulles; les prix se maintiennent avec
peine. On paye dans le Nord, 600 fr. par 100 kilog. En Alsace, les ventes sont
achevées.
V[I. — Huiles et graines oléagineuses, tourteaux.
Huiles. — La grande spéculation à la hausse a pris lin par la mort du prin-
cipal agent de ce mouvement; les cours se sont effondrés. On paye à Paiis, par
100 kilog. : huile de colza en tous fiits, 96 fr. ; en tonnes, 98 fr.; épurée en
tonnes, ) 06 fr. ; huile de lin en tous fats, 59 fr. ; eu tonnes, 61 Ir. Sur les marchés
des départements, on paye les huiles de colza : Gaen, 87 fr. Rouen, 88 fr. ;et pour
les autres sortes : lin, 59 fr. ; arachide, 77 fr. — Dans le Midi, les affaires
sont calmes sur les marchés des huiles ; on constate que les dernières gelées ont
fait beaucoup de mal aux oliviers.
Graines oléagineuses. — Les prix se maintiennent bien. On paye à Arras : œillette,
26 à 28 ir. 25; colza, 24 à 25 fr. ; lin, 17 à 18 fr 50, cameliue, 16 à'iSfr.
Tourteaux. — Cours fermes. Ou cote à Marseille, par 110 kilog. : tourteaux
de lin, 17 fr. 50; d'arachides en coques, 10 fr.; décortiquées, 14 fr. 75; sésame
blanc du Levant, 14 fr. 75; sésame brun de l'Inde, 12 fr. 50; coprets, 12 fr. 50;
colza du Dauhbe, 12 fr. 50, œillette, 12 fr. 25; coton d'Egypte, 12 fr, 50 ; pal-
miste naturel, 10 fr. 50; ricin, 11 fr. 75; ravison, 12 fr. Dans le Nord les prix
sont sans changements.
Engrais. — A Dunkerque, les nitrates de soude sont cotés 31 fr. 50 par
,10 ('kilog.
YIII. — Matières résineuses, colorantes. — Bois.
Matières résineuses. — Les prix sont en baisse. On paye à Dax, 80 fr, par
100 l\ilog. pour l'essence pure de térébenthine.'
Bois. — Au Mans, on cote : gros bois, 8 à 10 fr. le stère; fagots, 45 à 70 fr.
le cent; bouirées, 25 à 35 fr, le cent; pommes de sapins, 7 à 7 fr. le mille.
DES DENRÉES AGRICOLES (21 AVRIL 1883).
119
IX. — Suifs et corpx gras.
Suifs. — Prix encore en hausse. On paye à Paris 108 fr. par 100 kilog. pour
les suifs purs de l'abat, de la boucherie, 81 fr. pour les suifs en branches,
Snindniur. — Au Havre, on cote l'iO à 142 fr. par 100 kilog. pour les saindoux
d'Amérique.
X. — Beurres. — Œufs. — Fromages.
Beurres. — Il a été vendu, pendant la semaine, à la halle de Paris, 145,907 kiloo^.
de beurres. Au dernier marché, on cotait par kilog. : en demi-kilog., 2 fr. 60 à
4 fr. 60 ; petits beurres, 2 fr. à 3 fr. 60; Gournay, 2 fr. 98 à 4 fr. 76; Isigny,
2 fr. 92 à 8 fr. 44.
Œufs. — Du 9 au 15 avril, on a vendu à la halle de Paris, 7,'435,018 œufs.
Au dernier marché, on paye par mille : choix, 82 à 100 fr.; ordinaires, 5fi à
76 fc; petits, 42 à 52 fr.
Fromages'. — Dernier cours de la halle de Paris, par douzaine : Brie, 8 à 46 fr,;
Montlhéry, 15 fr., — par cent, livarot, 69 à 115 fr.; Mont-Dor, 31 à 33 fr.;
divers, 14 à 68 Jv.- par 100 kilog.; Gruyère, 110 à 170 fr.
XI. — Chevatix, bétail, viande.
Chevaux. — Aux marchés des 11 et 14 avril, à Paris, on comptait 8 96 chevaux ;
sur ce nombre, 334 ont été vendus comme il suit :
Chevaux de cabriolet
Amenés.
217
Vendus.
51
64
88
33
98
Prix extrêmes.
200 à 1 .050 fr.
— de trait
. . . 271
290 à 1,200
— hors d'âa^e
277
40 à 910
— à l'enchère , . . .
33
25 à 380
— de boucherie
98
20 à 100
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement officiel du marché aux bes-
tiaux de la Villette, du jeudi 12 au mardi 17 avril :
Amenés.
4,863
1,376
308
3,6îO
38, 9 H
6,143
Pour
Paris.
3,158
913
261
2,375
29,150
2,443
Vendus
Pour
En
l'extérieur, totalité.
1,436
419
41
1,004
8,519
3,700
4,594
1,332
302
3,879
37,669
6,143
Poids
moyen
des
quartier
kil.
348
233
383
74
19
81
Prix du
pied
s. !'■'-■
quai.
1.78
1.68
1 .56
2,26
2.24
1.50
ki
au m
quai.
1.62
1.45
1.46
2.10
2 10
1.44
de viande
arche du 1
3«
quai.
1.40
1.30
1.34
1.70
1 .96
1.38
nette sur
6 avril.
Prix
moyen.
1.58
1.47
1.45
2.00
2.05
1.44
Bœufs
Vaciies
Taureaux .....
Veaux
Moutons
Porcs gras. . . ,
— maigres. » » • » »>. »» »
Les prix se maintiennent avec fermeté pour toutes les catégories; les ventes
sont d'ailleurs faciles pour toutes les sortes. — Sur les marchés de&départements,
on cote : Bown, 1 fr. 60 à 1 fr. 90 par kilog, de viande nette sur pied; vaches,
1 fr. 45 à 1 fr. 75; veaux, 1 fr. 95 à 2 fr. 30; moutons, 2 fr. à 2 fr. 30; porcs,
1 fr. à 1 fr 35; — Le Mans, bœuf, 1 fr. 60 à 1 fr. 70 ; vaches, 1 fr. 52 à 1 fr. 62;
veaux, 1 fr. 55 à 1 fr- 75; mouton, 2 fr. 10 à 2 Ir. 20; agneaux, 2 fr. 15 à
2 fr. 25; — Cnen, bœuf, 1 fr. 6(i à 1 \x. ^Q\ vaches, 1 fr. 50 à 1 fr. 70; veaux,
1 fr. 70 à. 1 fr. 90; moutons, 1 fr. 8D à 2 fr.; porc, 1 fr. 10 à 1 fr 30; —
Nantes, bœufs, 0 fr. 85 à 0 fr. 90 par kilog. brut; vache, 0 fr. 80; veau, 1 fr.;
mouton, 1 fr, à 1 ir. 0'^ ; — Orléans, bœufs, 0 fr. 70 à 0 fr. 80; vaches, n fr. 70
à 0 fr. 80 ; veaux, 1 fr. à 1 fr. 20 ; moutons, 0 fr. 75 à 0 Ir. 95 : porcs, 0 fr. 70
à 1 fr. ; — Sed'in, bœuf, 1 fr. 60 à 1 fr. 80; veau, 1 fr. 50 à 1 fr. 90; mouton,
2 fr, 20 à 1 fr. 30.; porQ, 1 fr, 50 à 1 fr. 90 ; — Nancy, bœufs, 93 à 97 fr. les
100 kilog. bruts; vaches, 60 à 93 fr.; veaux, 116 à 1.30 fr.; mouton, 110 à 125 fr.;
porc, 136 à 14^ fr. ; — Dijon, bœuf, 1 Ir. 56 à ) fr. 76; vaches, I fr. 1& à
l fr. 66 ; veaux (poids vif) 1 fr. 02 à 1 fr. 14 ; moutons, I fr. 80 à 2 fr. 10; porcs
(poids vif), 0 fr. 90 à 1 fr. 02; — Lyon, bœufs, 85 à 90 fr. les 100 kilog. ; veaux,
110 à 120 fr. ; moutons, 90 à 100 ir. ; porcs, 108 à 1 16 fr. ; — Bourgoin, bœufs,
66 à 76 fr.; vaches, 58 à 68 fr.; moutons, 90 à 98 fr.; porc, 86 à 90 fr.; veau,
82 à 92 fr. ; — Genève, bœuf, 1 fr. 50 à 1 fr. 65 veau (sur pie'd), 0 fr. 90 à 1 fr. 10 ;
mouton, I fr. 70 à 1 fr. 80 ; porc, 1 fr. 45 à l fr. 50.
A Londres, les importations d'animaux étrangers durent la semaine dernièTese
sont composées de 16,898 tètes, dont 6 bœufs, 238 veaux, 49 moulons, et
4 1 "porcs venant d'Amsterdam; 470 moutons d'Anvers; 4 moutons de Bombay;
1400 moutons de Boston; 3, COI moutons de Brème; 50 bœufs de Garril ;
120 REVUE COMMERCIALE ET PRIX GOURANT (21 AVRIL rS-^Sj.
122 bœufs de Christiania; 6,179 moutons de Geestemunde; 239 bœufs, G2 veaux
et 3 moutons de Golhembourg; 955 moutons d'Iiambourg; 18 biBuCs, 52 veaux,
18 moutons et 1 porc d'Harlingen ; 846 bœufs de New-York; 300 l^œufs
d'Oporto; 1\ bœufs, 99 veaux, 3061 moutons et Ibl porcs de Rjtterdam. Prix du
kilog. Bœuf: qualité inférieure 1 fr. 52 à I fr, 75 ; "i", 1 ir. 75 à 1 fr. 93; qualité
supérieure, 1 fr. 93 à 2 tr. 05. — Vea.t : 2*, 1 fr. 93 à 2 Ir. 10; l''', 2 fr. 10
à 2 fr. 22. — Mouton. Qualité inférieure : 1 Ir. 87 à 1 fr. 99 ; 2% 1 fr. 99 à
2fr. 10; 1'-'', 2 fr. 10 à 2 fr. 22. — A'iaeau : 2 fr. 80 à 3 fr. 15. — Porc : 'i",
1 fr. kO à 1 fr. 58; V'\ 1 Ir. 5^ à l fr 75.
Viande à la criée. — Du 9 au 15 avril, il a été vendu à la halle de Paris :
Prix du kilog. le 16 avril.
kilog. 1'" quai. V i\[ia.l. 3° qaal. Choix. Bdsse Boucherie.
Bœuf on vache... 174,123 l.()2àl.96 1.40 à 1. Ri 0.96 à 1.38 l.G0à3.00 0.20 à 1.30
Veau 2h6,7M 1.8') 2 n ' l.hS 1.78 1.14 l.ô6 1.40 2..b8 »
Mouton 91,510 1.62 2.(l2 1.40 1.60 0.96 1.38 1.66 3.30' «
Porc. > 40,34 1 Porc IVals 1 .26 à 1.40; salé,
062,727 Soit par jour 80,389 kilog.
Les ventes ont été supérieures de 7,000 kilog. par jour à celles de la semaine
précédente. Les prix demeurent sans variations, •
XII. — Cours de la viande à Vahalloir de la Villelte du 19 avril (par ôQkilng.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la A^illette par 50 kilog. : 1" qualité,
70 à 73 fr. ; 2% (',5 à 70 fr. ; poids vifs, 45 à 50 fr.
Bœufs. Veaux. Moi:tons.
(,. 2° 3" l'° T 3' l" 2° 3'
quai. quai. quai. q^'al. quai. quai. quai. quai. quai,
fr. ■ fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr.
80 115 98 73 100 93 66 95 87
XIII. — Marché aux bestiaux de la Villelte du jeudi 19 avril 1883.
Cours des commissionnaires
Poids Cours officiels. en besiiaux.
Animaux • gf^ntral. 1" 2' 3° Prix ' l" U" S° Frix
amenés. Invendus. kil. quai. quai. quai, extrêmes. quai. quai. qnal. extrêmes.
Bœufs 2.290 3'i5 365 i . 74 l.oS :.36 1.30ài.78 1.72 1.56 1.33 1 30àl.74
Vaches 497 41 234 1.64 t. 44 1 26 1.20 \ 66 1.62 i.40 t 24 i.20 1.64
Taureaux... 120 6 390 l 50 1.38 i .26 ! . 22 1.52 1.43 1.35 1.30 1.20 1.50
Veaux 1.348 146 80 2 26 2.10 1.70 1.50 2 40 » » » »
Moutons..... 1,< 695 1.573 19 2 20 2 06 1 88 1.78 2.30 » » » »
Porc.^gras.. 4.806 257 82 1.42 1.36 1.30 1.30 1.46 » » »
— =. maigres.. » » » » » » n » » » » »
Vente assez active sur toutes les espèces.
XIV. — licsumc.
Maintien des cours pour les céréales, les farines, les fourrages, les produits
animaux, mais baisse sensible sur les prix des huiles, tel est le résumé de la
semaine. A. Remy.
BULLETIN FINANCIER
La Bourse est toujours très mo'iveraentée : on parle bien d'une conversion mais
en termes si vagues que je n'ose pas en parler.
Cours de la Bourse du 11 au 18 avril 1883 i,au comptant).
Principalos valeurs françaises :
Plus Plus
bas. haut.
Rente 3 0/0 79.25 79 90
Rente 3 o/o amortis 80.39 80.85
Rente 4 1/2 ojo 110.15 111.85
Rente 5 0/0 113 00 lt3.80
Banque de France 5380 00 5400.00
Comptoir d'escompte 973.75 980.00
Société générale 545.00 550.00
Crédit foncier 1330.00 1350.00
Est .\ctions 500 732.50 738.75
Midi d° 1105 00 1130.00
Nord d° 1885.00 1920 00
Orléans d° 1235.00 1267.50
Ouest d" 7d5.00 775.00
Paris-Lyon-Méditerranée d° 1560.00 1575.00
Paris 1871 obi. 400 à 3 O/O. 383.00 392.25
Italien 5 0/0 90.90 91.35
Dernier
cours.
79 45
80.70
110.75
113.15
5390.00
977 50
550.00
1350.00
732 50
1115.00
'920.00
1250 00
772.50
1575.00
388.50
91 50
Le Gérant : A. BOUCHÉ.
Valeurs diverses
Plus
Plus
Dernier
bas.
haut.
cours.
Créd. fonc. obi. 500 4 O/o
507.50
50S1.00
507.50
d" d" d" d° 3 0/0.
530.00
540. OiJ
530.00
d° obi. c=* d" 3 0/0.
438 00
443.00
4 £3. 00
Tique de Paris act. 500
1050.00
1060.00
1060.00
Crédit ind. et com. 500. .. .
710.00
710.00
710.00
Dépôts et cples cts. 500. . . .
680.00
681 25
631.25
Crédit lyonnais d°
550.00
565.00
552.60
360 00
1445.00
367.50
1457.50
360.00
Cie parisleime du gaz 250
1455.00
Cie ^'énér. transatl 5110
452.50
455.00
455.00
Messag. maritimes d°.
705 00
■710.00
705.00
Canal de Suez d".
2500.00
2590.00
2525.00
d° délégation d°.
1290.00
1302.50
1300.00
d° obli. 5 0/0 .d°.
560.25
5b3.75
563. 70
Créd. fonc. Autrich 500
775.00
780.00
775.00
Gred. mob. Espagnol
340.00
355.00
355.00
370.00 375.00
LETERltlER
375.00
CHRONIQUE AGRICOLE (28 avril i883).
Discussion à la Chambre des députés sur la conversion des renies .'> pnur 100. — Discussion de
plusieurs amendemenls relatifs à l'aiiplicalion des ressources disporiiitles à des dégrèvements
agricoles. — Le budget de l'ag iculluie pour 1884. — Projet d'annexion d'un concours
internaiional de laiterie au procLain concours général de Pans. — Demande de crédit pour la
création de primes d'honneur en faveur de la peiiie culture et de l'iiurliculture. — Valeur
et importance de celle innovation. — Septième liste de sous:ription pour le niomimcntà élever
à Léonce de Lavergne. — Les mesures prises en Italie coiilre la propa^-'atioa du phylloxéra. —
Concours de greffe de la vigne organisé i)ar la Société d'agriculture de la Savoie. — Compte
rendu du concours de greffe de la vigne à Saii tes. — L'ensilage «es fourrages verts. — Lettre
adressée par M. Goffart à M. le pré^ident de la Société des agriculteurs de France. — Liste
des élèves diplômi s des écoles nationales d'agricullure. — Excursion des élèves de Mont-
pellier en Algérie. — Vente d'animaux reproducieurs de la race Schwyz à Wassy. — Ajour-
nement de l'exposition d'horticulture de Moscou. — Tentatives pour l'extension de la culture
de la ramie dans le Midi. — Les fêtes du concours légional de Troyes. — Exposition générale
de chiens. — Les étrangers et les concours régionaux. — C-.mcours du Comice agricole de
Seine-et-Oise et du Comice d'encoura'-ement -à l'agriculture dans Seine-et-Oise. — Concours du
Comice de Melun, Fontaiii' bleau et Provins. — Brochu e de M. Pellet sur le laboratoire muni-
cipal de Paris et ses agissements. — La culture du pai'ais comme plante fourragère. — Lettre
de M. Le Bian. — Election de M. J. Robert comme membre étranger de la Société nationale
d'agriculture.
I. — Les dégrèvements en faveur de l'agriculture.
La loi de la conversion des rentes de l'Etat 5 pour 100 en rentes de
4 et demi, a été votée, par la Chambre des députés, le 24 avril, après
une double séance de jour et de nuit. On calcule que cette mesure
équivaut à une réduction de 35 millions de francs dans les intérêts
que l'Etat a à payer annuellement aux possesseurs de rentes 5 pour 1 00.
C'est une économie annuelle dont, à maintes reprises, on avait pro-
mis de faire profiler l'agriculturB. 11 est bien à craindre que cette pro-
messe ne soit pas tenue. Dans le cours de la longue discussion de la
loi sur la conversion, elle a été rappelée avec instance par plusieurs
orateurs, et la Chambre des députés a été presque sur le point de la
sanctionner de nouveau, en adoptant un des amendements qui lui
étaient proposés. Tout d'abord notre confrère de la Société d'agricul-
ture, M. Gandin, a longuement et bien défendu un article ainsi conçu :
« Les ressources provenant de la conversion seront atîectées, annuel-
lement, jusqu'à concurrence de 20 millions au moins, au dégrève-
ment de l'impôt foncier sur les propriétés rurales non bâties. » Le
sombre tableau qu'il a fait des souffrances de l'agriculture n'a pu
réunir à sa proposition qu'une honnête minorité. M. Jametel a
manqué être plus heureux; on se souvient que, en 1881, un article
additionnel à la loi du budget a décidé que tous les excédents libres qui
se produiraient seraient inscrits à un compte spécial de dégrèvements
en faveur de l'agriculture. Au lieu d'excédents, il y a eu des déficits.
L'article de loi a été une vaine manifestation. Aussi M. Jametel a-l-il
voulu qu'on revînt sur une situation aussi fâcheuse, et que la Chambre
n'eût pas l'air d'abandonner la ferme volonté qu'elle avait toujours eue
d'apporter réellement des dégrèvements aux charges pesant sur l'agri-
culture. Dans ce but, il a proposé trois articles additionnels ayant
pour but de prendre, dès cette année, 8,500,000 francs sur les pro-
duits de la conversion, et d'assurer, pour les années subséquentes, la
totalité de l'économie aux dégrèvements agricoles. La Chambre s'est
trouvée ébranlée et prête à voter la proposition de M. Jametel, lorsque
M. le président du Conseil est monté à la tribune pour demander que
la question lut réservée jusqu'au moment où l'on volera le budget de
1884. C'est à une faible majorité que la Chambre s'est ralliée à cette
manière de voir. La question se trouve donc laissée sans solution défi-
nitive. Puisse la cause de l'agriculture triompher enfin dans quelques
mois, lorsque la discussion du budget viendra à l'ordre du jour.
N" 733. — Tome II de 1883. — 28 Avril.
122 CHRONIQUE AGRICOLE (28 AVRIL 1883].
II. — Le budget de ï agriculture pour 1884.
Dans notre chronique du 17 mars (pan;e 405 du tome P de 1883),
nous avons annoncé que le p:ouvernement avait présenté à la Chambee
des députés le projet de budget pour 1884, et nous avons indiqué les
principales différences que ce projet de budget présente, en ce qui
concerne les services agricoles, avec le budget de 1883. L'exposé des
motifs que nous avons aujourd'hui sous les yeux nous permet de
donner quelques détails complémentaires sur des mesures que les
agriculteurs accueilleront avec faveur.
Le chapitre des encouragements à l'agriculture et au drainage s'élève
au total de 1 ,999,900 fr. avec une augmentation de 7h,000 fr. qui se
décompose comme il suit : concours d'animaux de boucherie, 1 5,000 fr. ;
primes d'honneur et prix culturaux, 50,000 fr.; frais de mission en
France et à l'étranger, 10.000 fr.
L'augmentation de 15,000 fr. pour les concours d'animaux de
boucherie a pour but l'annexion d'un concours général et international
de laiterie au concours général de Paris qui aura lieu en 1884. « Les
progrès effectués dans toutes les parties du monde, dit l'exposé des
motifs, l'utilité de conserver à nos produits leur rang sur les marchés
étrantrers. rendent cette exposition internationale urgente. Il importe
que les agriculteurs français puissent voir les progrès réalisables et le
matériel perfectionné en usage dans le nord de l'Europe et aux Etats-
Unis. » Il est certain qu'une exposition internationale de laiterie,
ajoutée aux concours généraux du palais de l'Industrie, serait assurée
du succès le plus complet; nous faisons des vœux pour sa réalisation.
La deuxième innovation, qui consiste à ajouter une somme de
50,000 {'r. au budget des primes d'honneur et des prix culturaux,
nous paraît beaucoup plus importante. Elle a pour objet de créer des
p^'imes d'honneur pour la petite culture et pour l'horticulture. « L'in-
stitution des primes d'honneur de la petite culture, dit l'exposé des
motifs, a pour but de faire participer aux encouragements de l'Etat la
classe des petits cultivateurs qui exploitent leurs biens avec leurs bras
et ceux de leurs enfants et qui, quoique comptant pour 75 à 80 pour
100 dans la population agricole de la France, n'ont pas eu jusqu'à ce
jour une catégorie spéciale de récompenses. Le crédit demandé per-
mettra de combler cette lacune. » On ne saurait mieux dire : il est seu-
lement permis de regi^tter que le crédit ne soit pas plus élevé ; mais on
peut le considérer comme une première étape, en espérant qu'il sera
augmenté plus tard. Lorsque l'institution de la prime d'honneur fut
créée, il y a près de trente ans, le programme ne comportait qu'une
seule grande récompense. La création des prix culturaux, appliquée
pour la première fois vîn 1870, fut un progrès. Mais tous les cultivateurs
exploitant des fermes d'une étendue inférieure à cinq hectares, ont été
jusqu'ici exclus des concours des prix culturaux, et dans quelques
départements, ils forment l'immense majorité; il y a donc là une
injustice à réparer. Créer une catégorie spéciale de récompenses pour
la petite culture, lui ouvrir l'accès des grandes récompenses agricoles,
de celles qui restent comme un titre d'honneur envié et qui se per-
pétue dans la famille avec un légitime orgueil, c'est faire œuvre véri-
table de progrès Nous espérons donc que le Parlement entrera dans
ces vues, et qu'il adoptera avec empressement la demande de crédit
qui lui est adressée; la dépense est peu considérable, mais elle peut
CHRONIQUE AGRICOLE (28 AVRIL 1883). 123
porter de grands fruits, créer une émulation nouvelle parmi les plus
obscurs représentants de l'agricullure française, faire faire de virils
efforts qui profiteront au pays dans une mesure qu'il est impossiblede
chitTrer exactement, mais qui atteindra certainement de très grandes
proportions. En proposant et en poursuivant la création de ces nou-
veaux prix, le ministre de l'agriculture fait œuvre vraiment féconde.
m. Souscription pour élever un monument à Léonce de Lavergne.
Voici la septième liste de la souscription ouverte pour élever un
monument à Léonce de Lavergne :
MM.
MM.
M.
Ucport de la sixième liste
Li.slc de VInslilut agricole de Gembloux {Belgique)
Fouquct. directeur émérile 10 00
Leyder, professeur a 00
Damseaux, — ^00
Chevron, — » 00
Piret, - 500
Pyro, — 5 00
Parisel, - 5 00
Delcour, agent complable o uu
Droixhe, chargé (iG, cours ^00
Gillekens, répéliteur 3 00
Los élèves fie la troisième section .••■ • 6 00
Les élèves de la première section 10 75
Mira^lia. directeur de l'agriculture au ministère de l'agricul-
ture, de l'industrie etdu commerce, à Rome (Italie)
Joly(Ch.), vice- président de la Société centrale d'iiorticulture.
Duroselle, agriculteur à Malzéville (Meui thc-et-Mo^elle)
Nicolas, directeur de la ferme-école de Nolhac (Haute-Loire)..
Comice agricole de l'arrondissement de Reims (Marne)
Cercle agricole du Pas-de-Calais • • •
Bruchard (Anatole de), directeur de la ferme-école de Cha-
vai^nac (Haute-Vienne)
Les élèves présents à la ferme-école de Cliavaignac
Levi (Docteur A.), membre étranger de la Société nationale
d'agriculîure • •
Plisia (Charles), membre de la Société des agriculteurs de
France • •• •
Meurinne, membre de la Société des agriculteurs de France...
Cartier (Charles), conseiller à la Cour de Paris
Robin (Jules), notaire, à Paris
Société vétérinaire de la Marne
Comice agricole de Vdleneuve-sur-Lot (Lot-et -Garonne "i
Comice de Brantôme (Dordogne)
Lovasseur, membre de l'Institut •.
Gilbert, lauréat de la prime d'honneur dans Seine-et-Oise
Liste de Vécole pratique d'agriculture d' Ecully (Rhône).
Deville, directeur 5 00
Magnien, professeur ' • 3 00
Cornevin (Ch.), professeur 5 00
Revol, répétiteur -^00
Loisillon 100
tiuépy OoO
Labrosse 0 .on
Claude 0^0
Galandras 0 50
Pagebin j 00
Dumoulin ' .X
Beau ';;0
( ;harlin } 00
Seyve l 00
D'-uguet 0 ^0
Brun 1 OU
Douspis 100
Barsus : 0 oO
Gaismard 0 l'>
Morier : 0 oO
Norgelet l 00
Favel 0 50
Thibon ] 00
Lemailre [ 00
Micliault • } OU
Meneault »
Fr.
,893 50
LO
65 75
50 00
10 00
5 00
6 00
50 00
50 00
20 00
25 00
60 00
5 00
10 00
50 00
50 00
10 00
10 00
5 00
20 00
10 00
31 75
Total de la septième liste , 8,426 00
124 CHRONIQ'E AGRICOLE (28 AVRIL 1883).
Nous rappelons à nos lecteurs qu'ils peuvent envoyer leurs sous-
criptions à M. Henry Sagnier, secrétaire du Comité, aux bureaux du
Journal de l'agriculture.
IV. — Le Phylloxéra.
A diverses reprises, nous avons signalé la découverte de points d'at-
taque du phylloxéra dans plusieurs provinces d'Italie, et nous avons
fait connaître les mesures, souvent énergiques, prises par le gouver-
nement pour arrêter les progrès du fléau. Récemment une loi spéciale
sur ce sujet a été présentée au Parlement. Dans sa séance du 21 avril,
la Chambre des députés en a achevé la discussion. D après ce projet,
le ministère de l'agriculture décidera, en cas d'infection, s'il faut em-
ployer la méthode de destruction de la vigne ou recourir aux moyens
curatifs ; dans l'un et l'autre cas, des indemnités seront allouées aux
propriétaires de vignes. Une commission de six membres est chargée
de présenter au Parlement italien, avant le 1 5 mars 1884, un rapport
sur les ravages du phylloxéra en Italie.
V. — La greffe de la vigne.
Les efforts pour la reconstitution des vignes par la greffe des ce-
pages français sur cépages résistant au phylloxéra, deviennent de plus
en plus énergiques dans un grand nombre de départements. Aux con-
cours de greffe qui ont eu lieu déjà en 1883, il faut en ajouter un qui
est organisé par la Société centrale d'agriculture de la Savoie. Sur ce
sujet, nous recevons de son président, M. Pierre Tochon, la note sui-
vante :
« Un concours de greffe de vignes, organisé par la Société centrale d'agriculture
du département de la Savoie, aura lieu le dimanche 20 avril^ à midi, sur une
vigne mise à la disposition de la Société par le D'' Dénarié. Ce concours sera pré-
cédé d'une conférence de M. le baron Perrier de la Bâtliie, eur les divers systèmes
de greffes préconisés, sur cell 'S qu'il faut préférer, sur la manière d'opéi'er pour
en assurer la réussite; enfin, sur Ravaleur et l'application des diverses machines à
greffer dont on fera l'application pratique.
« Seront admis à concourir tous les propriétaires-cultivateurs, vignerons et
jardiniers du département qui en auront fait la demande au président de la So-
ciété, avant le 28 avril.
« Chaque concurrent exécutera, après la conférence, avec des greffons améri-
cains, de 10 à 20 greffes boutures à la greffe anglaise, pratiquées à la m.ain ou
avec les machines mises à leur disposition. Les boutures et les greffons seront
fournis par la Société, ainsi que le raphia pour ligatures.
« Les concurrents se muniront de leurs instruments à main; ils seront admis
à appliquer, hors concours, d'autres systèmes de greffe que ceux ci-dessus indi-
qués.
« LaSociélé d'agriculture distribuera deux espèces de récompenses : l'une con-
siste en greffons des plants américains les plus recommandés et aura lieu immé-
diatement après le concours; la distribution eu sera faite à tous les concurrents
qui en feront la demande; l'autre consiste en primes en argent, variant de 5 à
15 francs; la prime sera remise aux concurrents les plus méritants, lorsque le
jury aura pu s'assurer de la proportion de réussite de leurs greffes. »
V Indépendant de la Charente-Inférieure rend compte, dans l^s termes
suivants, du concours de greffe de la vigne, organisé par le Comice
agricole de Saintes, qui a eu lieu le 15 avril :
« Le jury était composé de : 1" M. Boisgiraud, vice-président du Goiuice pour
le canton de Gemoznc, nommé président; 2° M Boudet fil^, délégué de la Société
d'agriculture dAngoulême; 3" M. Boulin (Victor), horticulteur à Saintes;
4» M. Fromaget, conducteur des ponts et chaussées à Saintes; 5" M. Ghausserouge,
propriétaire, trésorier du Comice, à Colombiers, nommé secrétaire rapporteur j
6° M. Frédéric Bouyer, propriétaire viticulteur à Burie.
CHRONIQUE AGRICOLE (28 AVRIL 1883). 125
« Trente concurrents s'étaient rendus à l'appel de cette Société; après avoir tiré
au sort leurs numéros d'ordre, ils se sontiangés devant de grandes tables, instal-
lées dans les magasins de l'ancienne Société viticole, puis sous la surveillance
des membres du jury qui notaient le mode de greffage, de ligature et d'englu-
ment, l'outil (serpette ou machine), et le temps employé par chaque concurrent;
ils ont fait les 20 greffes sur table (10 sur simples boutures, 10 sur racines) exi-
gées par le programme. Ces greffes ont été réunies par paquets numérotés et
confiées aux soins de M. Boutin, qui a dû les faire planter dès le lendemain avec
tous les soins désirables.
« On s'est alors rendu à la plantation américaine des cantons de Saintes, située
tout près, et chaque concurrent y a greffé dix ceps ayant un an de plantation. Un
public nombreux et attentif a suivi les différentes opérations du concours, chaque
greffeur était le centre d'un groupe de curieux désireux d'a[)prendre. Il y avait là
des viticulteurs et des propriétaires des deux Gharentes et de la Vienne ; nous y
avons rencontré M. le sous-préfet de Cognac, grand propriétaire dans le Lot; il
se faisait donner une leçon de greffe par le brigadier, chef des quatre greffeurs
que le Comité central a fait venir dans notre département.
« Le Comice agricole les avait envoyée au concours pour les faire professer pra-
tiquement et publiiiuement, ce qu'ils taisaient de leur mieux dans un coin de la
plantation. Ils ont été la great aUraction de la fête. Somme toute, bonne journée
pour les agriculteurs charentais; ils ont pu se convaincre que la greffe n'était
pas une opération compliquée, et qu'il n'y avait pas là un empêchement pour la
reconstitution de nos vignobles sur souches américaines.
a Dacs quelque années tous nos vignerons saïu'ont greffer, alors on replantera
hardiment et nous pourrons revoir nos coteaux couverts de verdure et, ce qui sera
non moins agréable mais plus positif, nos cuves se remplir; nous saurons gré
alors aux sociétés agricoles des efforts qu'elles auront faits pour hâter cette
époque. Souhaitons que toutes celles de notre département remplissent aussi vaiL
lammenc leur lâche que notre Comice. Depuis longtemps il est sur la brècne : il
a déjà créé des pépinières américaines dans les cantons de Saintes, Pons, Gemo-
zac, Cozes et Saujon, et nous espérons bien, l'an prochain, en voir à Burie 'et h
Saint-Porchaire. Si son exemple avait été suivi, la grosse question de l'adaptatiiii
serait déjà en partie résolue, c'est le seul point encore un peu obscur et qui eu
fait hésiter beaucoup. »
Nous sommes heut-eux^ poarnotre part, de rendre justice aux efforts
du Comice de Saintes qui, depuis de nombreuses années, travaille
avec ardeur à l'étude de taus les moyens propres à enrayer la mardi ;>
du fléau.
VI. — U ensilage clts fourrages verts.
Il a été, de nouveau, question de l'ensilage des fourrages verts dans
la Section d'agriculture, pendant la dernière session de la Société des
agriculteurs de France. Des observations intéressantes ont été apportées
par plusieurs agriculteurs, notamment par MiVI. de Gbezelles et Tar-
neaudqui pratiquent aujourd'hui cette méthode de conservation des
fourrages sur une grande échelle, La publication des procès-verbaux
de ces séances ayant été faite dans les derniers Bulletins de la Société,
M. Goffart a jugé utile d'adresser à M. le marquis de Dampierre, pré-
sident de la Société, une lettre dont il nous communique le texte. Nos
lecteurs liront cette lettre avec intérêt :
« Monsieur le président, l'état de ma santé m'ayant empêché de prendre pan
aux travaux de la dernière se^sion, je n'ai pii assister aux séances de la Sectiou
d'agriculture ; mais j'en trouve le compte rendu dans le BuHeiin, page 206,
n° du V' avril, et j'y lis cette assertion que la pratique del'ensilHge des lourrages
verts, employée en Autriche, nous a été révélée par M. Vilmorin en 1870, et
que les personnes qui, par leurs travaux pratiques ou leurs publications, ont
ouvert la voie en Fiance, sont MM. Lecouteux, Guffart, comte Rœderer, etc.
« Je viens vous demander la permission de rétablir l'histoire réelle des phases
par lesquelles est passée cette invention que je crois avoir le droit de revendiquer
complètement pour moi.
126 CHRONIQUE AGRICOLE (28 AVRIL 1883).
ce Sans nier les efforts qui ont été faits en Autriche, pour arriver à conserver
les fourrages verts, je dois d'abord, rappeler que j'ai .commencé dès 1852 sur ma
ferme de Burtin, en Sologne, à attaquer le problème et à en chercher la solution,,
Les méthodes autrichiennes et les premières méthodes que j'ai emfdojées ne
donnaient que des résultats incomplets; une partie du fourrage était détériorée et
était incapable de servir de nourr ture au bétail.
ce Le problème de la conservation complète et absolue des fourrages verts n'a
été résolu que le jour où je suis arrivé à hacher le maïs et les autres fourrages et
à les soumettre dans le silo à une pression continue, à l'aide de pierres, de
madriers, ou de tous autres matériaux lourds. C'est l'application de cette métkode
seule quia permis la propagation rapide de l'ensilage en France et dans les autres
pays. Or, cette découverte m'appartient complètement. Elle n'a pas été pratiquée
en Autriche avant moi, et personne n'en avait eu l'idée, en France. C'est ce que
M. Lecouteux a d'ailleurs reconnu dans le n" du 24 décembre 1874, du Journal
d'agriculluie pratique :
« Je crois dit-il, que M. Goffart est le premier, en France, qui soit entré réso-
« lument dans la voie du hachage du maïs. Il était organisé pour cela. Cette
« année, il n'avait pas hésité, faute d'eau pour sa turbine, à louer une machine
« à vapeur pour faire son hachage sur le Lord du silo. J'ai vu ses gigantesques
« maïs sur pied. J'ai assisté à l'un des repas de ses vaches. J^i puis attester que le
« maïs ensilé est un grand régal pour elles. J'ajoute que M. Goffart, avant d'enta-
« mer ses silos, a fait consommer, jusqu'au 15 décembre courant, c'est-à-dire
« jusqu'après les gelées, du maïs laissé à cet eflet sur pied en plein champ et
« coupé au jour le jour pour le besoin de ses étables. »
a Plusieurs revendications ont été élevées contre cette invention, mais elles ont
àù s'arrêter devant l'évidence des faits. J'aiiçais pu, pendant nombre d'années,
faire successivement connaître les tentatives auxquelles je m3 livrais; mais je m'en
suis bien gardé, et je n'ai parlé que lorsque j'ai été en possession d'u'je méthode
sûre, applicable partout, et aujourd'hui partout appliquée, ainsi que les faits le .
prouvent tous les jours. Sans doute, tout est perfectible, et plusieurs agriculteurs
distingués rnt travaillé à perfectionner les procédés d'ensilage et aies généraliser;
mais, les principes fondamentaux restent ceux que j'ai posés et que j'ai rappelés
plus haut.
« Ce n'est pas, Monsieur le président, mix par un sentiment de vaine gloriole
que je parle ainsi. Mais je tiens à cœur à ce qu'il soit démontré que la pratique
rationnelle de l'ensilage est une métiiode française, livrée de toutes pièces à tous
ses conlrères par un agriculteur français. C'est ce que reconnaissent aujourd'hui
les agriculteurs de tous les pays.
« Vous avez probablement lu récemment dans le Journal de Vagrlculture le
compte rendu du Congrès des agriculteurs pratiquant l'ensilage, qui a été tenu à
New-York, et vous y avez vu avec quelle chaleur ils expriment leur reconnaissance
envers l'agriculteur français auquel est due cette méthode. Les mêmes sentiments
ont été exprimés plus récemment à Chicago, dans un autre Congrès. Le rapport
officiel du délégué américain, D'' Edward Knight, membre du jury de la classe 76
à l'Exposition universelle de 1878, rend hommage à ma découverte.
ce Faut-il citer aussi les publications faites en Angleterre, où un grand mouve-
ment se produit aujourd'hui en faveur de l'ensilage? Les revues agricoles, les
grands journaux politiques, les sociétés agricoles, les sociétés savantes, agitent
la question, et presque chaque jour je reçois de nouveaux témoignages de sym-
pathie et de reconnaissance. Je n'en suis fier que parce que j'y trouve un hommage
rendu à 1 agriculture française.
« Veuillez agréer, etc. A. Goffart. »
Nous ne croyons pas utile d'ajouter de nouvelles réflex^ions à celles
qui ont paru dans nos numéros des 3/17 et 31 mars dernier. La
valeur pratique de la méthode n'est plus discutée nulle part; son
succès s'affirme de plus en plus dans tous les pays où elle est appli-
quée. Récemment, en Angleterre, M. Rogers a donné, devant la Société
des arts, un exposé complet des excellents résultats obtenus en Amé-
rique; cette note et une publication de M. Th. Christy ont été le point
de départ d'une agitation qui s'est propagée dans toutes les îles Bri-
tanniques et qui continue actuellement. Dans un prochain numéro,
CHRONIQUE AGRICOLE (28 AVRIL 1883). 127
nous publirons une traduction du Times, de Dublin, en date du 3 avril,
qui montre combien la question est aujourd'hui vivace chez nos voi-
sins de l'autre côlé de la Manche.
VII. — Ecoles nationales d'agriculture.
Le Journal officiel publie la liste suivante des élèves sortis à la suite
des examens de I8S3, des écoles nationales d'agriculture, après avoir
obtenu le diplôme de fin d'études :
I. — Grandjouan, mm. Thibault (Lazare-Louis-Marie-Simon) ; — Belbeoc'h
(Pierre-Hyaci[ithe) ; — Plantureux (Clément); — Huet (Josepli-Alain-^Jarie) ; —
Berry (Alexis-Alpxandre-Ernest) ; — Lévêque (Bernard); — Jacob (Grustave-Marie-
Eraest); — Le Dain (Joseph-Marie); — Gras (Léon-Emile).
IL — Grignon, mm. Duclert ^Lucien-Gustave) ; — Passy (Pierre-Félix) ; —
Stratigopoulos (Traxibule) ; — Zolki Daniel-Bernard) ; — Didier (Marc-Edmond);
Brocard (Paul-Emile); — Agilhon (Yervant); — Waternau (Hyppolite-Louis) ;
— Guerrapain (Edmond-Achille); — Perrier (Charles-Eugène); — Larba-
létrier (Philippe-Albert); — Lion (Henri-Ferdinand); — • Brayer (Eugène-Ni-
colas);— Djeraal (Ahmed); — Anselmier (Jean-Paul); — Querette (Emile-
Charles) ; — Criaon (Jules-Emile); — Meunier (Jacques-Victor); — Brouhot
(Georges-Ferdinand); — Sempé (Antoine-Louis-Joseph); — Michaël (Georges-
Amédée-Nicolas) ; Mote (Paul-Alexandre).
III. — Montpellier, MM. Bayle (Jean-Baptiste) ; — Ravaz (Etienne-Louis) ; —
Tchérast^i (Aaron) ; — Cadoret (Adolphe-Gustave) ; — Dumont (Louis-Jean-
Ernest) ; — Torkomian (Kévork) ; — Gamerre (Léopold-Frédéric) ; — Car (Ma-
rius-Gui-'tave); — Peltier (Philibert-Georges); — Drfuias (E umanuel) ; —
Goulimis (Georges) ; — Ferrand (Henri-Eugène-Adolphe) • — Farrenc (Léonce-
Germain-Gésar) ; Roulet (François- Louis-Félix) ; — Pérez (Ernest-Antoine) ; —
Bézard (Elodio) ; — Marigaan (Jean-Jacques-Samuel).
Cette liste comprend 48 noms, dont 9 pour l'Ecole de Grandjouan,
22 pour celle de Grignon, et 17 pour celle de Montpellier.
A'III. — Excursion des élèves de Montpeilier en Algérie.
M. Foëx, directeur de l'Ecole d'agriculture de Montpellier, vient de
faire, comme nous l'avons annoncé, avec deux professeurs et trente-
deux élèves, une excursion en Algérie.
Partis de ^Montpellier le samedi 24 mars, les excursionnistes ont
débarqué à Alger. Après avoir parcouru les environs immédiats de
cette ville et le Sabël, ils ont visité les principaux points de la Métidja
et de la vallée du Chéliff, puis divers centres agricoles de la province
d'Oran : Relizane, Saint-Denis-du-Sig, Debrousseville, Perrégaux, les
environs d'Oran et enfin Sidi-bel-Abbès, dont ils ont vu le concours
agricole; ils sont rentrés en France le samedi 14 avril.
Ce voyage, fort intéressant par lui-même, a été rendu on ne peut
plus agréable par l'accueil très sympathique qui a été fait à l'Ecole de
Montpellier par les colons des localités traversées. Aucun accident,
aucune indisposition ne- sont venus troubler cette belle excursion que
les relations continuelles qu'entretient notre école méridionale avec
l'Algérie rendaient nécessaire. Le directeur et les professeurs qui l'ac-
compagnaient publieront prochainement leurs notes de voyage.
IX. — Vente d'animaux reproducteurs.
Dans sa séance du 15 avril, le Comice du canton de ^Yassy (Haute-
Marne) a décidé qu'il serait acheté pour son compte, 2 taureaux et
7 génisses de race Schwyz. Ces animaux seront revendus aux enchères,
aussitôt leur arrivée, sur une mise à prix inférieure de 30 pour 100 à
leur prix de revient rendus à AYassy. Les personnes qui désireraient
128 CHRONIQUE AGRICOLE (28 AVRIL 1883).
devenir concessionnaires de ces animaux doivent en informer M. Col-
îin, secrétaire du Comice, avant le 25 avril. Tous les éleveurs du
canton de Wassy peuvent devenir concessionnaires ; mais ceux qui
ne sont pas encore membres du Comice devront, pour être admis à
surenchérir, prendre l'engagement de faire partie de cette association.
X. — Exposition d'horticulture en Russie.
Le Journal officiel annonce que l'ambassadeur de Russie à Paris
vient d'informer le gouvernement de la République que l'exposition
d horticulture et le congrès botanique qui devaient avoir lieu, à Saint-
Pétersbourg, au mois de mai prochain, ont été ajournés au mois de
mai 1884."
XL — Culture de la ramie.
Les efforts faits^i pour propager la culture de la ramie dans le raidi de
la France, se multiplient. On sait que jusqu'ici on n'a pas pu consa-
crer de grandes surfaces à cette excellente plante textile, parce que l'on
n'était pas en possession de procédés pratiques pour séparer économi-
quement la filasse des liges. M. Favier, de Villefranche (Rhône), paraît
avoir résolu ce problème par l'invention d'une machine à décortiquer
qui fonctionne régulièrement. Il s'est mis à la tête d'une société, la
« Ramie française >), cfui s'occupe avec ardeur de la propagation de la cul-
ture de cette plante. Dans une conférence faite le 15 avril à Perpignan,
M. Favier a exposé les avantages que les agriculteurs pourraient retirer
de la culture de la ramie dans beaucoup de localités du Roussillon,
notamment dans les terres franches, susceptibles d'être irriguées. La
société qu'il dirige s'eng.ige à procurer des plants aux agriculteurs et
à acheter les récoltes au prix de 12 fr. les 100 kilog. de tiges sèches.
Dans ces conditions, la culture de la ramie donnerait, dans beaucoup
de circonstances, un produit en argent supérieur à celui de la plupart
des autres plantes, à l'exception de la vigne. Les essais de culture
faits jusqu'ici sur plusieurs points du département des Pyrénées -Orien-
tales, ont d'ailleurs donné d'excellents résultats.
XIL — Concours régional de Troyes.
Le concours régional agricole de Troyes qui se tiendra du 1 7 au 27
mai, sera l'objet defôtes agricoles et horticoles importantes : Exposition
de la Société horticole, vigneronne et forestière (Pavillon de la Conser-
vation des forêts); exposition delà Société d'apiculture; exposition géné-
rule de laiterie, appareils et produits; conférences par M, Marcel Dupont,
professeur départemental d'agriculture; concours régional de marécha-
lei'ie par le Comice agricole; exposition de l'espèce canine organisée
par la Société vétérinaire de l'Aube; conférence sur le phylloxéra par
i\l. Couanon, délégué régional; conférence sur l'hygiène rurale par
jM. le D'' Hector George (le vendredi 25 mai); expériences aux abattoirs
sur la transformation du sans; des animaux en enorrais.
En même temps, la ville de Troyes et des sociétés locales ont orga-
nisé une exposition industrielle, une exposition scolaire, une exposition
des beaux-arts, un concours de pompes à incendie, un concours de
tir, etc. La distribution des prix aura lieu le dimanche 27 mai. On
annonce que M. le ministre de l'agriculture a promis d'assister àcette
fête et la présidera.
CHRONIQUE AGRICOLE (28 AVRIL 1883). 129
XIII. — Exposition canine à Troyes.
A l'occasion du concours régional de Troyes, l'administration mu-
nicipale, d'accord avec le Comice agricole et la Société vétérinaire
do l'Aube, organise du 23 ou 27 mai prochain, une exposition géné-
rale de l'espèce canine de toutes races et de toute provenance. Des
médailles d'or, de vermeil, d'argent et de bronze seront décernées
par un jury spécial. Les inscriptions seront reçues jusqu'au 10 mai
au secrétariat de la mairie, à ïroyes. — Los personnes qui ne pourront
faire nourrir leurs chiens auront à verser, au moment de l'inscription,
cinq francs pour chaque sujet; l'administration du concours s'en
chargera. On peut s'adresser au secrétariat de la mairie de Troyes
pour le programme du concours.
XIV. — Les concours régionaux.
Un de nos lecteurs nous pose les questions suivantes :
« 1» Peut-on admettre un étranger pour être membre du jury dans les concours
régionaux?
« 2° Un étranger a-t-il le droit de concourir pour la prima d'honneur ou autres
récompenses que le gouvernement décerne, lors même que, pour soustraire ses
fils au service militaire en France, il réclame sa qualité d'étranger? »
A la première question nous pouvons répondre affirmativement; en
fait, il y a eu des étrangers qui ont été membres du jury dans de pré-
cédents concours régionaux.
Quant à la deuxième question, il nous est absolument impossible
de répondre. Tout ce que nous pouvons dire, c'est que les règlements
relatifs aux concours de la prime d'honneur et des prix culturaux
n'ont pas prévu le cas. Toutefois, nous pensons qu'il serait bon que
la question fût résolue; elle est posée par notre correspondant; nous
ferons connaître la solution qui sera donnée.
XV. — Concours agricoles dans Seine-et-Olse.
Le concours annuel du Comice agricole de Seine-et-Oise, fondé
en 1834, aura lieu cette année, sous la direction de son président,
M. H. Besnard, le dimanche 10 juin, à Puiseux-lès-Louvres, canton
d'Ecouen, arrondissement de Pontoise, sur les terres de la ferme de
Puiseux-lès-Louvres, cultivées par M. Boisseaux, membre du Comice.
On pourra s'y rendre par le chemin de fer du Nord, station de Louvres
(ligne fie Paris à Creil) . Les demandes à concourir doivent être adressées
à M. Barthéleni} Cuinet, secrétaire-adjoint du Comice, à Neauphle-le-
Château, pour les concours donnant lieu à des visites, avant le 1 5 mai ;
pour les prix de moralité, avant le 24 mai; pour le labourage, les
animaux, les produits agricoles et horticoles, les instruments, les
déclarations seront reçues jusqu'au 10 juin, avant dix heures du
matin, sur le champ du concours.
Le Comice d'encouragement à l'agriculture de Seine-et-Oise tiendra
son concours annuel à Houdan le 8 juillet. Le champ mis à la dis-
position du Comice par la municipalité est à peine à 200 mètres de la
gare de HouJan. Une exposition d'animaux de basse-cour et de tous
les appareils d'incubation et d'élevage sera annexée au concours. De
nombreuses récompenses seront accordées à cette industrie qui a une
si grande importance dans cette partie du département. Le prix d'hon-
neur, consistant en un objet d'art, est offert par la Société nationale
d'encouragement à l'agriculture.
130 CHRONIQUE AGRICOLE (28 AVRIL 1883).
XVI. — Concours du Comice de Seine-et-Marne.
Le concours annuel du Comice des arrondissements de Melun,
Fontainebleau et Provins aura lieu le 3 juin prochain. C'est dans ce
concours que sera décerné le prix d'honneur départemental consistant
en un objet d'art de la valeur de 1 ,000 francs et une prime de 500 fr.
Ce prix sera décerné dans l'arrondissement de Provins. Les agri-
culteurs de cet arrondissement qui désirent concourir doivent en aviser
M. Georges Pierrotet, secrétaire général des concours. En outre, un
prix pour moyenne culture, consistant en un objet d'art d'une valeur
de 250 francs et une somme de 500 francs, sera décerné aux agri-
culteurs dirigeant une exploitation de 10 à 40 hectares. Tous les cul-
tivateurs de l'arrondissement de Provins, membres du Comice ou non,
peuvent concourir pour le prix d'honneur départemental et pour le
prix destiné à la moyenne culture. Les déclarations devront être
adressées avant le 18 mai.
XVn. — Le laboratoire municipal de Paris.
A plusieurs reprises, nous avons dû signaler les dangers résultant
de la publication des bulletins du laboratoire municipal de Paris,
bulletins rédigés avec une telle légèreté qu'ils font peser sur l'ensemble
du commerce français des doutes injurieux, et dont nos rivaux des
antres pays ont su s'emparer avec habileté. Nous avons dû également
protester hautement contre la prétention sortie de ce laboratoire rela-
tivement à l'emploi de la drèche dans la nourriture des vaches lai-
tières. Aujourd'hui nous devons signaler une étude approfondie de
M. H- Peliet, chimiste, sur les travaux du laboratoire municipal. La
première partie est exclusivement consacrée à la question de la drèche;
la deuxième partie, aux principales denrées alimentaires, et notam-
ment aux vins. M. Peliet démontre que la plupart des allégations du
laboratoire municipal de Paris ne reposent sur aucun fait scientifique.
On peut se procurer la brochure de M. Peliet, chez l'auteur, 5, rue
Fénelon, à Paris ^
XVIIL— La culture du panais.
A l'occasion d'un article de notre collaborateur, M. de La Mor-
vonnais, sur les légumes de grande culture en Bretagne, nous recevons
de M. Le Bian, agriculteur à Lambézellec, près Brest (Finistère), la
lettre suivante :
« Monsieur le directeur, je viens de lire avec toute l'attention qu'il mérite,
l'article que M. de La Morvonnais a consacré aux légumes de grande culture en
Bretagne^ dans le n° 725 (mars 1883) de votre estimable Journo/.
« Tout en rendant justice au talent de l'écrivam et tout en lui sachant gré d'avoir
parlé enicxcellents termes, de la tentative désintéressée de ma propagande en
faveur de la culture du panais, je proteste de toutes mes forces contre ce qu'il'
appelle (et cela sans preuves) la non-rémsite de ma propagation, qui, suivant lui
tient à l'absence des conditions climatériques spéciales et à celles du sol et des
engrais appliqués aux panais tant dans le Nord-Finistère qu'aux îles deJersnj et de
Guernesey. Ce sont là des assertions bien témérairement hasardées et auxquelles il
manque une démonstration; pour les infirmer, pour répondre péremptoirement
aux erreurs qu'elles contiennent, il suffit de jeter un coup d'œil sur la 15*^ édition
de ma bi ochure consacrée à la culture des panais et dont je me fais un devoir et
nn véritable plaisir de vous envoyer un exemplaire. Il contient, comme vous
pouvez le voir, de nombreux rapports qui donnent un démenti formel aux asser-
tions de M. de La Morvonnais.
a Inutile de vous faire remarquer que je me serais fait un crime de n'y avoir
pas inséré les rapports inédits et nouveaux beaucoup plus nombreux encore que
CHRONIQUE AGRICOLE (28 AVRIL 1883). 131
ceux qui sont déjà livrés à la publicité, et dans tous on y chercherait vainement
quelques documents pour appuyer les erreurs de M. de La Morvonnais.
« Agréez, etc. Le Bian. »
Nous rappellerons que, de 1874 à 1879, M. Le Bian a répondu à
5,070 demandes de graines de panais, et que la culture de cette
plante a été essayée dans tous les départements français et dans une
dizaine de pays étrangers; *i30 rapports adressés à cet ardent propa-
gateur sur la récolte de 1 878 ont constaté la réussite de cette plante
fourragère dans le plus grand nombre des circonstances.
XIX. — Élection à la Société nationale d'agricalture.
Dans sa séance du 25 avril, la Société nationale d'agriculture a pro-
cédé à l'élection d'un membre étranger dans la Section de grande
culture. Sur 43 votants, M. Julius Robert a été élu par 42 suffrages.
Agriculteur et fabricant de sucre à Seelowitz, M. Robert est l'inven-
teur du procédé de la fabrication du sucre par la' diffusion, procédé
auquel la sucrerie doit la plus grande part des progrès qu'elle a
réalisés dans toute l'Europe depuis près de vingt ans. La vaste exploi-
tation qu'il dirige est une des plus remarquables et des plus produc-
tives de l'Autriche; elle est considérée à juste titre comme un des plus
beaux modèles de l'agriculture moderne. J.-A. Barral.
CONSEIL SUPÉRIEUR DE L'AGRICULTURE
SÉANCE DQ 20 AVRIL 1883. — Extrait du Journal officieL
Le conseil supérieur de l'agriculture s'est réuni le vendredi 20 avril courant, à
4 heures de l'après-midi, sous la présidence de M. Méline, ministre de l'agriculture.
M. Méline a ouvert la séance en demandant à MM. les présidents des com-
missions nommées dans la dernière séance du conseil supérieur de vouloir bien
donner un aperçu de l'état de leurs travaux. M. le ministre a fait savoir au con-
seil qu'une de ces commissions, la commission des tarifs de chemins de fer, s'est
livrée à une étude approfonlie des tarifs intéressant l'agriculture, et lui a remis
sur cette question un travail très important qu'il a communiqué à son collègue des
travaux publics. M. Méline a ajouté que l'agriculture pouvait être assurée de
trouver dans son collègue des travaux publics un avocat convaincu, auprès des com-
pagnies de chemins de fer, avec lesquelles il négocie en ce moment; il s'est plu à
reconnaître, du reste, que les compagnies paraissaient disposées à tenir compte des
légi^mes revendications qui leur étaient soumises. Il n'y a encore là, a dit M. Méline,
que des espérances, mais j'ai pensé que vous les eûregistreriez avec plaisir.
MM. Teisserenc de Bort et Boussingault ont ensuite rendu • successivement
compte des travaux de la commission de représentation des intérêts agricoles dans
les départements et de la commission de répression des fraudes commises dans le
commerce des engrais.
Sur la proposition de M. le ministre, le conseil a procédé ensuite à l'élection
de k vice-présidents. — Ont été élus : MM.-Teisserenc de Bort, sénateur; Dumas,
membre de l'Institut; Paul Devès, député; Foucher de Gareil, seDateur.
Le conseil a abordé l'examen des rapports de la commission de viticulture.
Le premier de ces rapports, celui sur lequel la discussion s'est ouverte immé-
diatement, avait trait, d'une part, à l'utilité plus ou moins grande du maintien du
prix de 3(j0,l00 francs otîert par la loi à l'inventeur d'un procédé de destruction
du phylloxéra, et, d'autre part, tendait à démontrer la nécessité d'étendre aux
vignobles français les avantages réservés par la loi aux terrains susceptibles d'êLre
soumis aux opérations de drainage. M. Dumas, président de la commission de
viticulture, a soutenu devant le conseil les conclusions de ce rapport.
Il a fait remarquer, en ce qui concerne le prix de 300,000 francs, que cette
récompense n'avait jusqu'ici produit aucun résultat utile et n'a eu d'autre effet que
d'éveiller les convoitises de milliers de personnes qui, sans études préalables, sans
expériences préliminaires, envoient à l'administration des procédés dont elles
ignorent encore la valeur, et qui, dans le plus grand nombre des cas, démontrent
que les auteurs ne connaissent ni le phylloxéra ni la vigne.
132 CONSEIL SUPÉRIEUR DE L'AGRICULTURE.
D'un autre côté, a dit M. Dumas, il faut, pour obtenir ce prix, satisfaire à des
conditions tellement absolues qu il n'est pas permis d'en distraire la moindre partie
pour l'attribuer comme récompense ou à titre d'encouragement aux personnes
qui ont réalisé un progrès certain et indiscutable dans la question du phylloxéra.
Cependant, a ajouté M. Dumas, bien que le prix de 3 0,000 francs soit proba-
Llement exposé à n'avoir jamais de destinataire, la commission de viticu ture n'a
pas pensé qu'il convînt de le supprimer. Il a semblé à la commission que la sup-
pression de ce prix impliquerait cette conséquence qu'un procédé de destruction
complète du phylloxéra était chose impossible à trouver; or, rien ne prouve qu'on
ne puisse pas découvrir un remède propre à mettre la vigne absolument à l'abri
du phylloxéra. Dans ces conditions, la commission a pensé qu'il convenait de
maintenir le prix dont il s'agit pour cette bonne fortune inespérée.
Mais, comme l'expérience démontre qu'on peut, chaque jour, avancer d'un pas
vers la solution définitive de la question, la commission a pensé qu'il importait
que chaifue étape parcourue fût signalét^ et devînt l'objet d'une marque publique
de la reconnaissance du pays; dans ce but, elle propose qu'un crédit annuel de
30 à 4u,00o francs environ soit inscrit au budget pour être distribué à toutes les
personnes qui, à un titre quelconque, auront rendu des services à la viticulture
sur la questio I du phylloxeia.
En second lieu, M. Dumas a exposé les vues et les desiderata de la commission
de viiicultuie, au sujet de la situation des populations méridionales éprouvées par
la destruction de leurs vignobles. Les souffiances énormes des populations viti-
coles (lu Midi sont attestées, dit M. Dumas, par une émigration inquiétante. Et,
cependant, il faut reconnaître que le découragement qui, pendant les premières
années avait atteint les vignerons, a (ait place, dans ces derniers temps, à un
sentiment plus viril. Mais les propriétaires de vignobles n'ont plus, en général,
le moyen de faire les avance> d'argent nécessaires, soit pour pratirpier l'inonda-
tion de leurs vignes malades, soit pour reconstituer leurs vignes perdues.
Pour remédier, en partie tout au moins, à un état de chose si déplorable,
la Commission a pensé que l'Etat pourrait, au grand avantage de la viticulture,
et ainsi que cela se pratique pour les opérations du drainage, faire des avances
aux pro[>riétaires qui désireraient reconstituer leurs vignobles détruits.
Eu un mot, la Commission propose d'étendre aux vignobles français les avan
tages promis par la loi aux terrains susceptibles d être drainés.
Après cet exposé de M. Dumas, et à la suite d'un très court é hange d'obser-
vations, le Conseil, à l'unanimité, a voté la prise en considération des propositions
de la Commission de viticulture" et les lui a renvoyées pour l'étude et la prépara-
tion d'un texte législatif.
M. le ministre a entietenu ensuite l'assemblée des projets concernant les ca-
naux dérivés du Rhône, dont il désire saisir le Conseil supérieur. Il lui a demandé,
à cet effet, de nommer une Commis*;ion chargée, non pas précisément de reviser
le projet déjà étudié et. préparé sur cette importante question par 'a Commission
permanente de 1 hydraulit[ue agrico'e, mais de l'examiner plus i_ articulièrement
au point de vue parlementaire.
Le Conseil a procédé à la nomination de cette Commission, qui est ainsi composée :
MM. Tei^serenc de Bort. sénateur; — Devès, député; — Gaston Bazille, séna-
teur; — Gruyot, sénateur; — Cuvinot, sénateur; — Hervé Mapgon, député; —
Mir, défiuté; — Baïhaut, député; —Tisserand, conseiller d'Etat, directeur de
l'agricultuie ; — Philippe, directeur de l'hydraulique agricole ; — Chambraient,
ins| ecteur général des ponts et chaussées; — Croizette-Desnoyers, inspecteur gé-
néral des ponts et chaussées ; — de Fourcy, inspecteur général des ponts et
chaussées; — Gosselin, insi eceur général des ponts et chaussées; — Voisin-Bey,
inspecteur général des ponts et chaussées; — Pascal, inspecteur général des
ponts et chaussés; — Perrier, inspecteur général des ponts et chaussées; —
Lan, ingénieur en chef des mines; — Dumont, ingénieur en chef des ponts et
chaussées; — Fournie, ingénieur en chef des ponts et clraussées ; — Cotard, in-
génieur;— Bédel, inspecteur général des forêts; — Clément de G-randpré, in-
specteur général des forêts; — Boitel, inspecteur général de l'agriculture; —
Barrai, secrétaire perpétuel de la Société nationale d'agriculture ; — Rouget,
inspecteur général des finances ; — Ronna, ingénieur civil.
Le Conseil s'est ensuite ajourné au vendredi 4 mai, pour la discussion du pro-
jet de la Commission des voies de communication qui doit avoir pour effet de
rendre aux communes rurales la disposition de ressources considérables.
LA PRIME D HONNEUR DE L'INDRE. 133
LA PRIME D'HONNEUR DE L'INDRE EN 1882- - II
MM. Le Corbeiller et Jolivet. Ferme de Cungy, commune de Valençay. — Je
n'ai point ici à refaire l'historique de la terre de Gungy; il a été fait, il y a sept
ans, par une voix plus autorisée que la mienne ; mais je dois vous exposer les
améliorations importantes qui ont été réalisées depuis celte époque.
Tout d'abord, laissez -moi vous dire que ce n'est pas sans un légitime senti-
ment de curiosité que les membres du jury, tous étrangers à ce département, se
présentèrent à Gungy.
Nous savions tous qu'il y avait là, dans cette vaste propriété, le travail accu-
mulé, depuis longtemps, de deux agriculteurs hors ligne. MM. Le Corbeiller et
Jolivet ne possèdent pas seulement l'art de bien cultiver, ils possèdent aussi la
science agronomique qui les a si sûrement guidés dans toutes leurs opérations
pratiques. Ce sont deux savants qui, en 1857, quittèrent l'enseignement profes-
sionnel pour s'associer et devenir fermiers, à prix d'argent, du domaine de Gungy,
d'une étendue de 203 hectares, et dépendant de la terre de Valençay.
Ces deux agriculteurs ont eu, dans leur entreprise, de grandes difficultés à
surmonter. Le sol de Gungy, de nature argilo-siliceuse sur la plus grande partie
et reposant sur un sous- sol imperméable, était extrêmement rebelle aux amélio-
rations, et l'ensemble de ia propriété était dans de mauvaises conditions : les
cultures produisaient des rendements très médiocres, le bétail était peu nom-
breux et le matériel d'exploitation tout à fait insuffisant.
Cependant, grâce au savoir et à l'énergie des deux fermiers, de grandes trans-
formations ne tardèrent pas à se produire. Dès leur début, ces messieurs n'hési-
tèrent pas à faire l'acquisition, souvent coûteuse, de machines et d'instruments
perfectionnés. Tous les appareils qui caractérisent le vrai progrès agricole, et qui
permettent de réduire la main-d'œuvre, furent introduits à Gungy.
Des étangs, des landes et de mauvais bois furent convertis en bonnes terres
arables. De grands travaux d'assainissement furent exécutés au milieu de diffi-
cultés fort nombreuses. Le chaulage et le marnage, judicieusement combinés
avec les fumiers de ferme et les engrais de commerce, accrurent la fertilité des
terres, et il s'en suivit des récoltes abondantes en céréales et en fourrages.
Les étables se garnirent d'un magnifique bétail, et la bergerie fut bientôt
insuffisante pour contenir le superbe troupeau obtenu par un heureux mélange
des races berrichonne, charmoise et southdown.
Les fumiers de ferme furent Tobjet d'une véritable perfection agricole; nulle
part nous n'avons encore vu une plate-forme et une fosse à purin dont l'installa-
tion donne des résultats plus satisfaisants.
Après quinze années d'un travail opiniâtre et persévérant, les deux fermiers
avaient réalisé de grandes améliorations et se trouvaient prêts pour entrer dans
la licé avec les concurrents à la prime d'honneur. Cette haute récompense leur
fut décernée à l'unanimité par la Commission de 1874.
Depuis, MM. Le Corbeiller et Jolivet paraissent avoir redoublé d'ardeur et de
courage pour pousser plus avant le perfectionnement de leur œuvre. Les amélio-
rations nouvelles que nous avons constatées à Gungy ont laissé, en effet, bien loin
derrière elles celles qui existaient à l'époque du dernier concours régional.
Ce qui frappe, en visitant Gungy, c'est l'esprit d'ordre et de régularité. C'est
toujours la propreté qui règne partout, dans les étables comme dans les magasins,
dans les cours comme dans les champs.
Cette impression, très vivement ressentie par toute la Commission, est aussi,
nous le savons, celle de toutes les personnes qui, à des moments fort divers, y
sont appelées, soit pour leurs affaires, soit par le sentiment de légitime curiosité
qu'inspire toute exploitation agricole bien tenue.
M.Vi. Jolivet et Le Corbeiller ont puisé une grande partie de leurs connaissances
agronomiques dans nos meilleures écoles d'agriculture. Ils y ont probablement
puisé aussi cet esprit d'ordre et de méthode qui s'observe dans toutes leurs opé-
rations et qui est parfois trop rare chez l'homme des champs, et cependant si né-
cessaire à tout agriculteur.
_ En s'associant, ces messieurs ont su prendre d'un commun accord des déci-
sions importantes desquelles devait dépendre le succès de leur entreprise. Ils se
sont répartis le travail suivant leurs goûts et leurs aptitudes personnelles. M. Le
Corbeiller dirige les ouvriers et les travaux extérieurs. M. Jolivet s'occupe parti-
134 LA PRIME D'HONNEUR DE L'INDRE.
culièrement de la comptabilité, de la surveillance des magasins, des rationnements
des animaux et opérations diverses pour lesquelles il est habilement secondé par
Mme Jolivet qui, en même temps, consacre ses soins entendus à la laiterie, à la
basse-cour, à la porcherie et à tout ce qui est du ressort habituel de la maîtresse
de maison. Mme Jolivet s'est fait une véritable renommée par la fabrication de
l'excellent fromage qui |>orte son nom.
L'assolement adopté à Gungy est quadriennal et mérite d'être connu en raison
des avantages qu'il présente; il commence et finit par des plantes fourragères :
racines et fourrages verts au début, prairies artificielles à la fin ; entre deux une
céréale d'hiver et une de printemps. Cet assolement, soutenu par des champs de
luzerne et de sainfoin, hors sole, par des prairies naturelles et par de forts achats
d'engrais de commerce, est approprié à la nature du sol et aux diverses spécula-
tions animales.
A Cungy les labours et tous les travaux d'ameublissement et de nettoiement
du sol sont exécutés avec un soin extrême, et les cultures sont toujours dans un
état de propreté remarquable. L'emploi de la charrue fouilleuse, qui ameublit le
sol jusqu'à 40 et 50 centimètres de profondeur, explique la réussite de la luzerne
sur les terres argilo-siliceuses de cette propriété. Le trèfle rouge associé avec le
ray-grass y occupe une grande place et y prospère à merveille. Les betteraves,
les carottes et les pommes de terre y sont également cultivées sur une vaste
étendue, et rien n'est négligé pour assurer leur complète réussite; aussi ces cul-
tures donnent-elles d'une manière constante les rendements les plus élevés.
Toutes les céréales sont semées en lignes à l'aide d'un excellent semoir. C'est
encore là un exemple de progrès qu'on ne saurait trop faire connaître.
Les produits en racines, fourrages verts et secs, sont tous consommés dans
la ferme ; et c'est ici que se manifestent tout particulièrement les habitudes d'ordre
et de régularité que ces messieurs ont su imprimer autour d'eux. Les magasins
de racines, de pailles, de fourrages et les greniers sont admirablement bien
tenus. Les rations des animaux sont consignées toutes les semaines sur un
tableau. L'âge de chaque animal, son entrée et sa sortie sont soigneusement
enregistrés.
Si nous sommes entré dans tous ces détails, c'est parce que nous avons tenu
à bien faire connaître cette importante exploitation, où se manifeste depuis plus
de vingt-cinq ans le principe fécond de l'entente et de l'association; c'est parce que
l'ensemble comme les détails de ce grand mouvement agricole sont irréprochables,
et que non seulement sous le rapport de l'ordre qui règne dans tous les services,
de l'organisation des divers travaux, des améliorations réalisées, mais encore à
tous les points de vue, Cungy mérite d'être connu. C'est une véritable ferme
modèle qui fait le plus grand honneur aux deux intelligents agriculteurs qui
l'exploitent avec tant d'habileté et de savoir.
En présence de tant d'exemples si dignes d'être imités, le jury de 1882 s'est
fait un devoir de signaler de nouveau à M. le ministre de l'agriculture là ferme
de Cungy, non pas seulement comme étant restée toujours digne de la haute
récompense qu'elle a obtenue en 1874, mais comme ayant continué à marcher
dans la voie des améliorations et du progrès.
En félicitant publiquement MM, Le Corbeiller et Jolivet, nous sommes heu-
reux de faire connaître que par une décision exceptionnelle M. le ministre leur
accorde un rappel de prime d'honneur.
M. Texier. Firme de Villebussière, commune de Vigoux. — Depuis 1879,
M. Texier exploite comme fermier, à l'aide de domestiques à gages fixes, le domaine
de Yillebussière, situé dans la commune de Vigoux, canton de Saint-Benoît-du-
Sault, sur les limites des départements de l'Indre et de la Creuse.
Cette ferme, d'une étendue de 116 hectares, comprend 45 hectares de terres
arables, 21 hectares de prairies naturelles irrigables, 25 hectares de bois taillis et
de haute futaie, 12 hectares de taillis et de landes en voie de défrichement, 10 hec-
tares 50 ares en pâturages et terres vagues, et enfin 2 hectares 50 ares sont occupés
par'lfis bâtiments, les cours et le jardin potager.
La propriété de Yillebussière est placée sur les bords de la rivière de l'Abloux.
Sa surface accidentée est exposée en partie au sud et en partie au nord. Le sol
est de nature très variée. La portion qui longe l'Abloux, d'une étendue de 14 hec-
tares, est granitique et présente une })ente rapide.
Le reste du domaine est argilo-siliceux, et n'a qu'une faible couche de terre
végétale reposant sur un sous-sol formé de gravier granitique et d'argile. Ce sous-
LA PRÏiME D'HONNEUR DE L'iNDRE. 135
sol se laisse facilement fouiller par la charrue et M.Texier sait en tirer parti en
l'attaquant par de forts labours pour le mélanger à la couche végétale. Ce clélbn-
cement augmente, sans grande dépense, la profondeur du sol et rend ainsi la
terre propre à la culture des plantes fourragères et de la betterave. Cette amélio-
ration foncière est complétée par des chaulages accompagnés de fortes fumures.
A Yillebussière, les fumiers ne sont pas toujours assez abondants. M. Texier
a alors recours aux engrais de commerce. Il achète surtout du phospho-guano,
qu'il emploie sur les blés d'automne à raison de 500 kilogrammes à l'hectare.
Les bâtiments du domaine se composent d'un château habité par le fermier
et de deux étables, dont l'une est en mauvais état et de construction très ancienne,
et dont l'autre a été construite en 1879 par M. Texier et peut contenir 60 têtes
de bétail. Elle est bien aménagée, le renouvellement de l'air s'y obtient aisé-
ment, les mangeoires sont en ciment, disposées en deux rangées dans le sens de
la longueur de i'étable et séparées par un couloir placé au milieu. Cette heureuse
disposition facilite beaucoup la distribution des aliments.
Les fumiers sont enlevés par un autre couloir ménagé derrière les animaux.
Un caniveau conduit les purins dans des aqueducs établis dans le sol et débou-
chant à la partie supérieure d'une prairie naturelle.
Les bêtes bovines sont au nombre de 35, dont 10 bœufs de travail, 8 vaches
laitières pleines ou suitées, 1 taureau reproducteur et 16 jeunes animaux, tels que
bœufs, génisses et veaux. Tous ces animaux sont en assez bon état et appartien-
nent aux races parthenaise et limousine.
L'espèce chevaline est représentée par deux juments de labour et le troupeau
compte 98 tètes de races diverses : crevant, berrichonne et charmoise.
M. Texier a présenté au jury différeats projets appelés à transformer com-
plètement la terre de Yillebussière. Quelques-uns de ces projets sont en cours
d'exécution. Le défrichement d'un bois taillis de 12 hectares destiné à être converti
en [trairie naturelle est dans ce cas. L'irrigation de cette prairie fait déjà l'objet
des préoccupations de M. Texier, qui se propose de bien utiliser une source
abondante située à la partie supérieure du teirain. Il a assaini par le drainage
3 hectares d'une terre nouvellement défrichée et il continuera cette opération sur
d'autres points.
Ces grands travaux d'amélioration seront longs et pénibles, mais il y aura un
grand mérite de les avoir obtenus.
Actuellement, l'assolement de cette ferme est triennal pour certaines cultures
et irrégulier pour d'autres; il ne sera définitivement réglé et exactement suivi
qu'après la transformation en prairie naturelle de 6 hectares de terre arable et
des 12 hectares de bois taillis en voie de défrichement.
Le jury a examiné avec la plus grande attention la comptabilité de Villebus-
sière; elle est régulièrement tenuCj mais on ne peut suivre les résultats financiers
que pendant deux ans puisque les premiers comptes ne datent que de 1879.
M. Texier est un homme plein de courage et d'énergie, tout fait espérer qu'il
mènera abonne fin ces grandes entreprises.
Une œuvre aussi considérable et pour ainsi dire à son début, ne pourra être
terminée que dans quelques années. Dans ces conditious le jury regrette de ne
pouvoir accorder une récompense à M. Texier, mais il le félicite du travail déjà
fait et l'engage vivement à continuer, afin d'être prêt pour affronter la lutte avec
chance de succès, à l'époque du premier concours régional qui se tiendra à
Chàteauroux.
M. Cauchois. Ferme de Glatigny, commune de Saint-Christophe-en-Bazelle.
— M. Cauchois exploite comme fermier, depuis vingt-cinq années, le domaine
de Glatigny, d'une contenance de 138 hectares et situé à peu de distance de
Saint-Christophe-en-Bazelle.
Cette terre est fortement argileuse et d'un ameublissement difficile. Sur
une grande partie de la ferme le sous-sol est calcaire. Quand cet élément, dont
l'absence rend le sol infertile, se trouve immédiatement après une couche végé-
tale de nature argileuse, c'est toujours une bonne fortune pour le cultivateur qui
sait en tirer parti. M. Cauchois qui, dans toutes ses opérations agricoles, montre
une grande habileté, n'a pas manqué d'exploiter cette source de richesse, par des
labours profonds. Il a ainsi augmenté l'épaisseur de la couche arable sur une vaste
étendue. De plus, par ce travail, il a avantageusement modifié les propriétés phy-
siques de la terre en la rendant plus perméable et moins compacte. C'est une
véritable amélioration foncière.
136 LA PRIME D'HONNEUR [DE L'iNÛRE.
Depuis quelques années, de grands travaux de drainage ont été exécutés à
Glatigny, aux frais du propriétaire, mais le fermier y a pris une large part en
fournissant les ouvriers et les attelages pour le transport des matériaux, et main-
tenant il entretient le fonctionnement des drains d'une manière digne d'une men-
tion élogieuse.
L'assolement adopté par M. Cauchois est bien combiné : les plantes fourra-
gères de la famille des Légumineuses et les plantes sarclées y tiennent une large
place et elles alternent avec diverses céréales.
Le jury a constaté avec satisfaction que, malgré la sécheresse extrême de
l'année, toutes les récoltes étaient remarquablement belles.
Les fumures abondantes, les soins minutieux apportés à tous les travaux
d'ameublissemcnt du sol et la propreté avec laquelle les champs sont tenus, per-
mettent à chaque culture de donner son maximum de rendement. Le blé produit
34 hectolitres par hectare; le seigle, 36 hectolitres; l'avoine, 48 hectolitres; les
pommes déterre, 35,00(jkilog. ; les betteraves, 46,000 kilog.; le trèfle ordinaire,
7,000 kilog. de foin en deux coupes et la luzerne, 8,500 kilog. à l'état sec et en
deux coupes également. Après la seconde coupe, la luzerne repousse encore, mais
ce regain est généralement consommé sur place.
L'outillage agricole est très complet; il comprend des machines et des ins-
truments perfectionnés et variés. Le matériel aratoire est parfaitement approprié
à la nature des terres.
Les étables et les bergerieis de Glatigny, quoique vastes, sont pleines d'ani-
maux de choix, dont le bon état indique qu'ils reçoivent une alimentation abon-
dante et substantielle.
La vacherie est fort bien tenue et l'ensemble des bêtes bovines est d'un grand
rapport pour M, Cauchois qui est un conuaisseur hors ligne en bétail. Dans ses
achats, son coup d'œil le guide sûrement pour le choix des sujets les plus avan-
tageux; dans ses ventes, son talent n'est pas moindre et la réputation qu'il s'est
faite autour de lui de savoir gagner de l'argent avec ses animaux, est jusîtement
méritée. Les bêtes à laines sont aussi pour lui l'objet d'une spéculation très impor-
tante et très lucrative. La bergerie de Glatigny ne comprend pas moins de 450
têtes delà race southdown.
La basse-cour représente également un produit considérable; elle est peuplée
par près de 6û0 volailles diverses qui sont l'objet des soins intelligents et assidus
de Mme Cauchois.
Les animaux de la ferme étant nombreux et copieusement nourris, les fumiers
ne peuvent manquer d'être abondants ; ils le sont, en effet, et leur état physique
et les conditions dans lesquelles ils sont placés indiquent clairement que leur
bonne préparation fait la constante préoccupation du fermier. Leur installation
seule dénote en M. Cauchois un homme d'ordre et de progrès.
Disons encore que bien rarement on rencontre dans les fermes un jardin
potager mieux tenu et mieux cultivé que celui de Glatigny. Ce jardin offre en tout
temps par ses abondants légumes des ressources considérables pour l'alimenta-
tion du personnel de la ferme.
Le mérite de ce potager et des cultures qui y sont faites est d'autant plus
grand que généralement, dans les exploitations agricoles, l'horticulture est malheu-
reusement très négligée et très mal comprise.
La comptabilité de M. Cauchois est en partie simple, mais parfaitement tenue ;
elle accuse des bénéfices s' élevant d'année en année.
Au début de l'entreprise, le capital d'exploitation n'était que de 12,000 francs;
aujourd'hui ce môme capital dépasse 50,000 francs.
Le jury, à l'unanimité, félicite M. Cauchois et lui accorde le prix cultural de
la deuxième catégorie, consistant en un objet d'art, pour la bonne tenue de la
ferme de Glatigny et pour les excellents résultats financiers réalisés dans l'admi-
nistration de ce domaine. Franc,
{La suite prochainement] . Professeur départemental d'agriculture du Cher.
LES ARROSAGES PAR LES NORIAS EN ESPAGNE '
Après le jardin de Madrid vient celui de Valence qu'on peut consi-
dérer comme le centre des principales cultures de l'Espagne, sur cette
côte fertile qui s'étend à l'est, depuis Gerona jusqu'à Alicante.
1 . ExtraiL ifuiie noiice sur l'honicullure en Espagne et eu l'orlugui.
LES ARROSAGES PAR LES NORLVS EN ESPAGNE.
137
La plaine de Valence n'est qu'un immense jardin renfermant tous
les produits et toutes les cultures, depuis les rizières du lac de l'Al-
buféra jusqu'aux fruits les plus variés des tropiques. Ce qui frappe
surtout, c'est un admirable système d'irrigation qui date du temps
des Maures et qui s'est continué en s'améliorant jusqu'à présent. Il ne
faut pas oublier que là, depuis des siècles, on sait recueillir avec le
plus grand soin les poussières des chemins, les immondices des rues,
et le curage des canaux et des égouts pour en faire des composts. Il
existe dans la ville un vaste système d'égouls réglés, curés, entrete-
nus périodiquement par des chasses d'eau et avec des règlements que,
en 1882, nous sommes encore à discuter ici.
Quand les nombreux canaux qui sont répandus à profusion ne suf-
fisent pas aux irrigations, on a recours aux anciennes norias déjà usi-
tées en Egypte, importées par les Maures en Espagne et employées
Fig. 11. — Noria espagnole.
encore aux environs d'Alger, à Hussein-Dey par les Mahonais qui y
font de vastes cultures maraîchères. La fig. 1 1 donne une idée de ces
lourdes et barbares machines; un cheval attelé à une branche d'arbre,
fait tourner une poutre verticale munie d'un double cercle formant
pignon ; dans les crans de ce pignon entrent des bâtons auxquels sont
attachés des godets en terre cuite qui plongent dans la couche d'eau
inférieure et remontent l'eau à une faible hauteur, dans une auge d'oii
elle va alimenter les rieoles.
Au dernier Comice agricole d'Alger, oii notre collègue Beaume
exposait ses pompes modernes à chapelet, je ne pouvais m'empêcher
de sourire en comparant l'appareil de la vieille Egypte avec ceux de la
France moderne : et cependant les paysans algériens gardaient les
leurs, parce que, me disaient-il, ils les font et les réparent eux-mêmes.
Ch. JOLY,
Vice-présiilent delà Société centrale d'horticulture de France.
LE TRAVAIL DANS LES FERMES
Monsieur le directeur, au nombre des récompenses que la Société des
agriculteurs de France se propose de décerner dans sa session de 1884,
138 LE TRAVAIL DANS LES FERMES.
se trouve un prix pour l'auteur du meilleur mémoire sur les moyens
de retenir à la campagne les ouvriers agricoles.
C'est une idée excellente, et, dès maintenant, nous pouvons prédire
un succès à l'homme éminent qui parviendra à résoudre ce grand pro-
blème à la solution duquel se rattachent tant d'intérêts de premier
ordre.
Nous disions dernièrement ici que, à notre avis, ce qu'il y a encore
de plus redoutable que la cherté de la main-d'œuvre dont la culture se
plaint cependant si amèrement, c'est le cas que nous prévoyons très
prochain, dans lequel nous allons nous trouver, de ne plus pouvoir,
faute de bras disponibles, faire exécuter, en saison, les travaux urgents
dans nos fermes.
Nous manquons déjà depuis longtemps de travailleurs sérieux, c'est-
à-dire d'ouvriers forts et intelligents disposés à abandonner la routine
•qui ne mène à rien qu'à la misère, pour entrer résolument dans la
voie du progrès qui, en présence des efforts faits chaque jour dans les
pays voisins, s'impose à nous d'une manière absolue.
Les jeunes sont soldats et si, après leur libération, ils rentrent au
village, ce n'est souvent que pour peu de temps, car beaucoup d'entre
eux, détournés de la culture par leurs familles elles-mêmes, tâchent de
se caser dans les villes comme domestiques ou ouvriers d'abord, pour
arriver ensuite, s'ils le peuvent, à faire un commerce à leur compte.
Que nous reste-t-il alors pour exécuter les rudes travaux des
champs ?
Il nous reste les enfants, les vieillards, les infirmes et les femmes,
avec quelques bons et solides ouvriers, il est vrai, mais en trop petit
nombre.
Et comment veut-on sérieusement qu'on puisse ainsi relever l'agri-
culture à laquelle il faudrait, tout le monde en convient, de si éner-
giques soutiens pour redevenir prospère?
Présentement, c'est contre la cherté de la main-d'œuvre que j'en-
tends les plaintes s'accumuler davantage, et, à mon avis, c'est à tort,
car il suffit de réfléchir un peu et d'examiner loyalement la question
pour se convaincre qu'il est difficile, impossible môme, de réduire le
salaire de nos ouvriers des champs, en présence surtout du prix fort
élevé des subsistances.
En effet, sauf le pain, tout est cher aujourd'hui : la viande, le
beurre, le vin, le cidre môme, le cidre, cette boisson indispensable à
l'ouvrier normand, qu'il est habitué à trouver sur la table de la ferme
où il travaille, mais qui, dans ces temps de quasi-disette, fait souvent
défaut dans son ménage, où femme et enfants sont bien forcés de boire
de l'eau.
De la Toussaint à la Saint-Jean, pendant huit mois de l'annçe, nous
payons nos journaliers de 1 fr. 25 à 1 fr. 75 par jour. C'est donc 9 fr.
en moyenne, mais sans compter les chômages, qu'un ouvrier rapporte
chez lui chaque semaine pour payer le loyer, nourrir, habiller et
chauffer sa faAiille et vivre lui-même les dimanches et fêtes (soixante
jours par an), car le petit gain qu'a pu faire la femme restée à la
maison, surtout si elle a plusieurs enfants à élever, est, tout le
monde le sait, de si peu d'importance qu'il ne mérite guère d'en-
trer en ligne de compte, et suffit à peine à couvrir les dépenses im-
prévues.
LE TRAVAIL DANS LES FERMES. 139
Il est vraiment aisé d'apprécier cette situation et de voir que, rai-
sonnablement, il ne faut pas songer un seul instant à rogner sur le
salaire de ce père de famille, qui n'arrive pas toujours à joindre les
deux bouts et qui, s'il y arrive, ne peut le faire qu'à force de travail,
d'économie et de privations!
Ce ne sera pas, du reste, nous en sommes certains, par un sem-
blable moyen que l'on clierchera à apporter au mal un remède effi-
cace. On tâchera, au contraire, il n'est pas permis d'en douter, d'in-
diquer les réformes capables d'améliorer d'abord le sort du cultiva-
teur afin de le mettre à même, par des avantages nouveaux, de dé-
tourner l'ouvrier de l'idée de quitter son village, eu lui donnant la
certitude d'un travail plus rémunérateur qui puisse lui permettre de
réaliser quelques économies pour l'heure oii sonnera la retraite.
Car, nous le savons parfaitement, ils sont aussi absolument dans le
vrai, ces fermiers qui viennent chaque jour nous dire de la meilleure
foi du monde :
« Vos appréciations au sujet de la question des salaires sont rai-
sonnables ; nous pensons comme vous, mais nous sommes, malgré
cela, forcés de déclarer, à notre grand regret, qu'en présence des
charges multiples qui nous accablent et des pertes que nous procure,
depuis longtemps déjà, la culture des céréales, il ne nous sera pas
possible de toujours payer une main-d'œuvre aussi élevée. »
Que répondre à cela ?
Tout simplement que des deux côtés les plaintes sont justes, et
qu'il est d'une incontestable nécessité de trouver le plus vite possible
des moyens de concilier ces intérêts absolument solidaires au fond,
bien qu'au premier abord ils puissent paraître parfois assez opposés.
Il y a trois puissances en culture qu'il faut absolument utiliser sans
retard : le savoir, le capital et les bras. Le propriétaire possède le
capital; qu'il se donne la peine d'acquérir le savoir et le fasse appli-
quer par les bras dont il disppse. Avant peu, la fertilité de notre sol
sera revenue et la richesse de la France aura doublé; mais il faut d'a-
bord faire exécuter soi-même et montrer le résultat. C'est la question
sine qua non !
J'aurai l'honneur, monsieur le directeur, de vous soumettre prochai-
nement une étude sur la main-d'œuvre dans nos fermes normandes.
Ce sera la relation très exacte et consciencieuse des observations qu'il
m'est donné défaire chaque jour dans mes rapports avec nos ouvriers
agricoles.
Agréez, etc. E. Cassé,
membre de la Société d'agriculture de TEure.
CONCOURS RÉGIONAL DE SÏDÏ-BEL-ABBÈS
LISTE COMPLÈTE DES RÉCOMPENSES.
Prix culturaux.
1'° Catégorie. — Propriétaires exploitant directement ou par réiïisseurs, des domaines de pins
de 50 hectares. (l'rix consistant en un objet d'art de 500 fr. et une somme de 2,000 fr.) : M. Louis
Tabouriech, propriétaire à Rivoli, arrondissement de Mostaganem.
2° Catégorie. — Fermiers, cultivateurs-propriétaires tenant à ferme une partie de leurs terres
en culture; métayers isnlcs exploitant des domaines de plus de 50 hectares. Pas de concurrents.
3'^^ Catégorie. — Propriétaires, fermiers ou métayers isolés de domaines de 50 hectares au plus
et de 5 hectares au moins. (Prix consistant en un objet d'art de 500 fr. et une somme de 600 fr.) :
M. Jules Cauquil, propriétaire à Rivoli, arrondissement de Mostaganem.
Prime d'honneur, non décernée.
Prix des spécialités. — î'"' Catégorie. Irrigations : 1° sur des contenances de 6 hectares et au-
dessus. — 1'"' prix, mcdaillo d'or et 1000 fr., M. Victor Ratte, propriétaire à Saint-Aimé, commune
mixte d'Inkermann; — 2°, sur des contenances de moins de (i hectares. Pas de concurrents,
140 ■ CONCOURS RÉGIONAL DE SiDI-BEL-ABBÈS.
2' Catégorie. — Améliorations diverses. — Médailles d'or grand module, MM. Carrafang,
propriétaire à Sainl-André de Mascara, pour défrichements de terres incultes, établissement
de luzernièics à l'arrosage, et entretien de vaches et brebis laitières; Garcia Delolmo, proprié-
taire à Mascara, pour plantation d'arbres fruitiers, de vignes à raisins de table et établissement
de norias.
3° Catégorie. — Agents et ouvriers des exploitations primées. — Médailles d'argent et 150 fr.,
MM. Pierre Marc, chef de culture chez M. Tabouriech; Joseph Manuel, mécanicien et distillateur
chez M. Tabouriech. — Médailles d'aroent et 100 fr., MM. Mohamed ben Rached, chef d'attelages
chez M. Cauqiiil; Osman Takarli, tailleur de vignes chez M. Cauquil; Bertrand Luc, domestique
chez M. Carrafang, depuis 23 ans.
Animaux reproducteurs. — Espèce bovine.
V" Catégorie. — Race de Guehna et variétés nord-africaines des plaines. — Mâles. — Taureaux
de 1 à 4 ans. 1" prix, M. Arlès-Dufour, à Oued-el-Alleug (Alger); 2% Compagnie Franco-Algé-
rienne, à la plaine de l'Habra (Oran). — Femelles. — Génisses de plus de 1 an et vaches. 1" prix,
M. Arlès-Dufour; 2', Compagnie Franco-Algérienne. Mentions honorables, M. François Vignon, à
fîl-Romri (Oran); la Compagnie Franco-Algérienne.
2" Catégorie. — Races nord-africaines, variétés de montagnes. — Mâles. — Taureaux de 1 à 4 ans.
1" prix, Compagnie-H'ranco-Algérienne. Mention honorable, la Compagnie Franco-Algérienne. —
Femelles. Génisses de plus de 1 an et vaches. 2" prix, M. Calixte Snandeau, à Aïn-Trid (Oran) ;
3", la Compagnie Franco-Algérienne.
'i" Catégorie. — Races d'Europe et croisements divers. — 1"" Sous-Catégorie. — Races propres
au travail et à la viande. — Mâles. — Taureaux de 1 à 4 ans. 1"'' prix, M. Arlès-Dufour; 2'', la
Compagnie Franco-Algérienne, —P. S., M. Varange, à Boti-Kanéfis (Oran). Mentions honorables,
MM. Arlès-Dufour ; Boniface Maine, à Aïn-Khemis. — Femelles. — Génisses de 1 à 3 ans, \" prix,
M. Arlès-Dufour; 2% M. Marty, à Aïn-Trid (Oran) ; 3% M. tjabriel Michaud, à Sidi-bel-Abbès.
P. S., MM. Fischer, à Sahouria; Rossignol, à Aïn-Khemis (Oran). Mentions honorables, la Com-
pagnie Franco-Algérienne ; MM. Marty; Kou^ki Strubie, à Aln-Sefra (Oran). — 2° Sous-Cotégorie.
— Races laitières. — Mâles. — Taureaux de 1 à 4 ans. l"prix, M. Arlès-Dufuur ; T, M. Poisson,
à Sidi-bel-Abbès. Mention honorable, M. Rossignol. — Femelles. — Génisses de 1 à 3 ans.
l"prix, M. Gustave Rada, à Sidi-bel-Abbès; 2% M. Arlès-Dufour; 3% M. Poisson. Mention hono-
rable, M. Poisson.
Espèce ovine.
V" Catégorie. — Races mérinos et métis-mérinos d'Europe. — Mâles, l" prix, M. Antoine
Cousin, à Sidi-Daho (Oran) ; 2% M. Pedro Fernandez, à Sioi-bel-Abhès. — Femelles, l'"^ prix,
M. Pedro Fernandez; 2", M. le directeur de l'orphelinat agricole de Saint-Denis-du-Sig.
2= Catégorie. — Races des Hauts-Plateaux et du Sud, à face brune et à face blanche. — Mâles.
1" prix, M. Calixte Snandeau, à Aïn-Trid (Oran); 2", M. Abdelkader ben Medjahed, à Sidi-bel -
Abbès. — Femelles, l'"' prix, la Compagnie Franco-Algérienne, à la plaine de l'Habra; 2", M. Abra-
ham Aknin, à l'Oued-Sarno (Oran).
'à' -Catégorie. — Croisements entre mérinos et races algériennes. — Mâles. 1" prix, M. Car-
rafang, à Saint-André de Mascara (Oran) ; 2'", la Compagnie Franco-Algérienne. — Femelles.
1" prix, M. Antonio Crémadès, à Sidi-bel-Abbès; 3% M. Carrafang.
4' Catégorie. — Races pures et croisements non dénommés ci-dessus. — Mâles. ]" prix, M. Arlès-
Dufour, à rOued-el-AUeug (Alger). — Femelles. 1" prix, M. Arlès-Dufour.
Espèce porcine.
1" Catégorie. — Races étrangères pures ou croisées entre elles. — Mâles. 2", prix, M. Jean
Despaux, au Kocher (Oran); 3", M. d'Aurelles de Paladines, à Boufank (Alger). — Femelles.
l'''pnx, M. d'Aurelles de Paladines ; 2", M. Despaux; 3". M. Suandeau.
2° Catégorie. — Races françaises pures ou croisées. — Mâles. 3° prix, M. Ferdinand Poisson,
à Sidi-bel-Abbès. — Femelles. 1" prix, M. Poisson ; M, Joseph Martinez, à Hennaya (Oran) ;
3% M. Philipe Vidal, à Saint-Louis (Oran).
Espèce caméUne; autruches. — Pas d'animaux présentés.
Animaux de basse-cour.
Médailles d'argent, MM. d'Aurelles de Paladines; Hippolyte Coulon, à Zarouela (Oran) ; Philippe
Fabas. à Mascara (Oran); Vicente Navarre, à Sidi-bel-Abbes; Suandeau; Vidal ; Joseph Collin, à
Aïn-Khemis (Oran). — Médailles de bronze, MM. Joseph Collin: Pedro Fernandez; Frahenpaher,
àSidi-Ali-ben-Youb (Oran); Adolphe Gourdon, au Tessalah (Oran); Boniface Maine, à Aïn-Khemis;
Gabriel Michaud, à Sidi-bel-Abbès ; Auguste Chapuis, aux Ouled-Ali (Oran); Frahenpaher ; Suan-
deau; Navarro.
Animaux gras.
V' Section. — Bœufs. 1" prix, la Compagnie Franco-Algérienne ; 3", M. Antoine Bedos, à
Zarouela (Mekerra). Mention honorable, la Compagnie Franco-Algérienne.
2' Section. — Vaches. l"prix, la Compagnie Franco-Algérienne. Mention honorable, M. Frahen-
paher.
3° Section. — Moutons. 1" prix, M. Arlès-Dufour; 2=, la Compagnie Franco-Algérienne; 3°,
M. Fabas.
4° Section. — Porcs. 1" prix, M. Louis-Henri Nicolas, à Sidi-bel-Abbès; 2", M. Antoine Martin,
à Sidi-bel-Abbès; 3% M. Joseph Martinez.
5'' Section. — Bande de bœufs, p"" prix, la Compagnie Franco-Algérienne; 2% M. Gavillon, à
rOued-Sarno (Oran); 3% M. Cousin, a Sidi-Daho (Oran). P. S., M. Samacoït, à l'Oued-Sarno
(Oran). Mention honorable, la Compagnie Franco-Algérienne.
6'= Section. — Bandes de moutons. — 1<"- prix, M. Arlès-Dufour; 2'', la Compagnie Franco-Algé-
rienne; 3% M. Cousin.
Machines et instruments agricoles.
Instruments d'extérieur de ferme. — l" Catégorie. — Faucheuses, l-'-prix, M. Julien Billiard,
à Alger, pour sa faucheuse Favorite ; 2^ M. Plissonnier fils, à Lyon, pour sa faucheuse Diamant.
— Mention honorable, M. Plissonnier, pour sa faucheuse Paragon.
CONGOUHS RKGIONALDE SIUI-BEL-ABBÈS. 141
'J- Catégorie. — Charrues défonceuses. 1" prix, M. Bergougnoux. à Sidi-bel-AbWs, pour sa
défonceuse; 2^ M. Julien Billiard, pour sa charrue ; 3», M. Mougeot, Sidi-bel-Abijes pour sa delon-
oeuse. P. S. (par'viremenO, M. Souron, aux Trembles (arrondissemenl de Bi;l-Abbôs), pour sa
dél'onceuse. Mention honoral/lo, M. i'iissonnierj pour sa charrue.
S'' Catcr/orie. — Scarificateurs et exlirpateurs. l" prix, M. Plis=onnier ; 2-, M. Bergougnoux;
â", M. B. Billiard, pour le scarilicatourDonibasle. /^ ■> .
V Caicgone. — Herses pour grande culture, l" prix, M.Michel, a Boarbon-Lancy (Saone-et
Loire), pour sa herse; 2'-, MxM. Thioliier et Cie, à Alger, pour leur herse. Mentions honorables,
MM. .lulien Billiard ; Bergougnoux ; Plissonnier.
b'' Catégorie. — Rouleaux brise-mottes, p'prix, M. Plissonnier; ", M. Julien Billiard. Mentions
honorables, MM. Bergougnoux: Michel. .
Instruments d'intérieur de ferme. — V" Catégorie. — Pressoirs. 1" pru,M. iAienne i iquet,
à Sartrouville (Seine-et-Oise) ; 2", (par virement), M. Mabile, à Amboise (Indre-et-Loire);
3°, M. Vigouroux, à Nîmes (Gard) ; 4^ MM. Champion et UUagnier, à Tours. Mention honorable,
M. Mabille. ' ., _,,.
2° Catégorie. — Pompes à vins, l" prix, M. Vigouroux; 2-, (par virement), M. Plissonnier,
à Lyon (Rhône); 3% M Beaume, â Boulogne-sur-Seine ; P. S., xM.Noël, à Paris.
3" Catégorie. — Filtres à vin. l"'' prix, M. Vigouroux; T, M. RouheLte, à Paris.
4= Catégorie. — Appareils propres au nettoyage des graines de semences. — Pas de prix
décGniGs
Catégorit^. — Hache-paille à grand travail. \" prix, M. Plissonnier ; 2% M. Julien Billiard,
Réco)npen:<i's accordées aux conducteurs de machines, contremaîtres et ouvriers.
— Art. 1 1 de
Douera (département d'Alger), pour vin rouge ae i.^^i ,
in), pour vin rouge de 1882 ; Delouca, à Mascara (depar-
Î80; l'albroy, à Médéah (département d'Alger), pour vin
léparlement d'Oran), pour vin blanc de 1882 ; Henry, à
l'arrêté ministériel. —Médaille d'argent, et 10) Ir. ; M. Leroy, contremaître chez M. ' ,"1'-'|^''
à Sartrouville (Seine-et-Oise) ; M. Louis Pnech, contremaître chez M. Vigouroux, à Nîmes (^^r'') '■<
iM. Sandra, contremaUre chez M. Be-gougnoux, a Bel- Ahhhs. — Médaille de bronse et 40 Ir.;
M. Jules Payen, conducteur de charrues, chez M. Mougeot, à Bel-Abbès ; M. Etienne l'^^'^'''"''
conducteur de machines chez M. Billiard, à Alger. — Médaille de bronze et 30 l'r. ; M. INicuias
Moine, conducteur de machines chez M. Plissonnier, à Lyon; M. Louis Griselin, conducteur ae
machines chez M. Billiard; M. Jean LebastarJ, contremaître chez M. Mougeot; M. Aicarao,
contremaître chez M. Thioliier, à Alger.
Produits agricoles, horticoles et matières utiles à l'agriculture.
Médailles d'or, MM. Noelinger, à Douera (département d'Alger), pour vin rouge de 1882 ;
Tirion, à Aïn-Trid (département d'r>ran)
tement d'Oran), pour vin rouge de 1880
rouge de 1879; Ripoud, à Nazereg .(déparlement d'Oran), po... -
Médéah (dépanement d'Alger) pour vin blanc de 1882 : Razès, h Médéah (département d'Alger),
pour vin blanc vieux; Soulailié, à Mouzaïa-les-Mines (département d'Alger), pour huile d'olive ;
Samson, à Sidi-Mabrouk (département de Constanline), pour graines oléagineuses; Auguste Nou-
zille, au Tessalah (département d'Oran), pour blé tendre tuzelle ; Gandoin, à Aïn-Sofra (dépar-
tement d'Oran). pour blé du;-; Bastide, à Sidi-bel-Abbès, pour l'ensemble de son exposition;
d'Aurelles de Paladines. à Boufarik. (département d'Alger), pour fruits frais.
Médaille d'argent grand module, MM. Dessort, à Mascara (département d'Oran). pour vin rouge
de 1882; Antoine, au Tessalah, département d'Oran). pour vin rouge de 1882; Figarol, à Médeati
(département d'Alger), pour vin rouge de 1881; Sambet. Chcragas (dépirtement d'Alger), pour
vins rouges; Thiedey, à Sidi-bel-Abbès, pour vin blanc de 1882 ; Bastide, précité, pour vin
blanc doux; Jean Perret, à Sidi-bel-Abbès, pour eau-de-vie; Chancogne, à Tlemcen, pour huile;
Rouire, à Mascara (département d'Oran), pour huile ; Maisonnasse, à Pélissier (département
d'Oran), pour vin blanc de 1878 ; d'Aurelles de Paladines, pour tabac ; Cadiergues, à Sidi-bel-
Abbés, pour blé tendre tuzelle ; Vuillemin, à Aïn-Oumata (département d'Oran), pour blé dur;
Benaouda ben Rezag, du douar-commune des Oulad-Razzi, commune mixte de la Mekerra
(département d'Oran), pour orge; Ciavaldini, à Sidibel-Abbès, pour fruits frais.
Médailles cVaryml, MM. Fernandez Antonio (du Comice du Sig), pour vin rouge de 1882;
Pélissier. a Thiersville (département d'Oran), pour vin rouge de 1882 ; Calmet, à Médéah (dépar-
tement d'Alger), pour vin rouge de 1880; Régler, à Médéah (défiartement d'Alger), pour vin blanc
de 1881; Lépiney, à Thibharine (département d'Alger), pour vin blanc de 1878; Massot, à
'llemcèn, pour huile d'olive ; d'Aurelles de Paladines,"pour collection de vignes ; Costerisan, à
Oran, pour filasses; Foucqueleau, à Berroua^ihia (déparlement d'Alger), pour laines brutes;
Sosl, â Berrouaghia, pour peaux de chèvre angora; Mme Vve Dupuis Delaveau, à Saint-Cloud
(département d'Oran), pour cocons; MM. Merlo fils, Sidi-bel-Abbès, pour blé tendre; Merlo
tils, pour blé dur; Suandeau, à Aïn-Trid (département d'Oran), pour seigle; Auguste NouziUe, au
Tessalah (département d Oran), pour orge; Fabas, à Mascara (départea ent d'Oran), peur orge ;
Samson, pour avoine noire ; Rossignol et Barraud, au Tessalah (département d'Oran),
pour avoine ; Dubreuil, à Sidi-Brahim (département d'Oran), pour mais ; Décrion, à Sidi-bel-
Abbès, pour légumineuses; Frahenpaher, à Sidi-Ali-ben-Youb (département d'Oran), pour
l'ensemble de son exposition ; Vuillemin, pour fruits frais ; Lagarde, à Sétif, pour carlou-écran
protecteur pour vignes; la Commune mixte de Saint-Lucien, pour graines et plant d'acacia
cyanopbylla.
Médailles de bronze, MM. Rousset, à Oran, pour vins rouges de 1882; Sady, à Médéah, pour yin
rouge de 1882 ; Dupré de Saint-Maur, à M'silah (département d'Oran), pour vin rouge de 1882;
Robin, à Damiette (département d'Alger) , pour vin rouge de 1882 ; la commune mixte de Saint-
Lucien, pour vin rouge de 1882; M.VI. Mauhoura,à Oran, pour vin rouge de 1882; Bouchon, à
Kleurus (département d'Oran). pour vin rouge de 1881 ; tlhancogne. pour vin rouge de 1881 ; Mar-
tinez, à HeunaNa (dépanement d'Oran), pour vin rouge de 1880, Mme Selve, à l'Oued-lmbeit
(département d"Oranj, pour vin roug;e de 1879; MM, l'hivaud, à Médéah (département d'Alger),
pour vin blanc de. 1882; Seller, à Sidi-Lasshen (département d'Oran), pour vin blanc de dessert;
Bdzet, à Mascara (département d'Oran), pour vin blanc doux; Calmet, à Alger, pour madère;
Cabassot, à Mascara, pour vin de Malaga; Antiielme Perret, à Sidi-bel-\bbès. pour eau-de-vie;
Blesson, à Bouguirat -département d'Oran), pour cépages; Lall'aye, à Sidi-bel-Abnès, pour crin
végétal; l'Union du Sig, pour cocons; MM. Sost, pour blé dur; Si hou Médien bou Aricha, à
Tireuat (déparlement d'Oran), pour blé dur ; Rossignol et Barraud, pour seigle; Suandeau, pour
orge; Cadi bel Abed, douar-commune des Oulad-Razzi, commune mixte de la Mekerra, pour
142 CONCOURS RÉGIONAL DE SIDI-BEL-ABBÉS.
orge; Auguste Nouzille, pour avoine; Suandeau, pour avoine ; Marty, à Aïn-Trid (département
d'Oran), pour avoine ; Fabas, pour avoine ; Razès, pour maïs : Souladié, pour maïs ; Colin, à Aïn-
Khemis (département d'Oran), pour légumineuses; Tur, su Tessalah, pour légumineuses; Marty,
pour légumineuses; Suandeau, pour légumineuses; Sost, pour sorgho; Arthus, à Sidi-Ali-
Tenyeret (département d'Alger), pour pommes de terre; Razès, pour pommes de terre; Rosfel-
der, pour pommes de terre; Souladié. pour pommes de terre; Rada, à Sidi-bel-Ablîès. pour
betteraves; Samson, pour confitures; Boulet, à Sidi-bel-Abbès, pour semoules; Dubreuil, pour
semoules; Navaro, à Sidi-bel-Abbès, pour farines; Rivnire, à Sidi-bel-Abbès, pour semoules;
Merlo fils, pour farines ; Seller, pour farines ; Grasso, à Sidi-bel-Abliès, pour semoule; Abdelicader
ben Yamina, au douar Remis, commune mixte de Ténès (département d'Alger), pour l'ensemble
de son exposition; Ciavaidini, pour légumes; Martinez, pour noix sèches et raisins frais.
Mentions honorahies, MM Géaud, à Berrouaghia, pour sarments; Buisson, à J'Oued-Imbert,
pourcrin végétal ; Samson, pour laines; Fouqueteau, pour orge; Décrion, pour maïs.
Expositions scolaires. — 1" Section. — Matériel d'enseignement agricole (colleclions, dessins
de cours, etc.), \" prix, M. Garnier, à Beni-Saf (département d'Oran), pour sa carte agronomique
du territoire de Nazereg, commune de Saïda (département d'Oran) ; 2', M. Bouty, à Oran, pour sa
carte agronomique; 3% M. Leroux, à Mustapha-Alger, pour plans et dessins de caves, fermes et
canaux d'irrigaiion; 4", M. Brunel, à Mascara (département d'Oran), pour sa carte agronomique
en relief du territoire de Mascara — 2' Section. — Travaux spéciaux et objets d'enseignement agri-
cole présentés par les professeurs, les instituteurs et les élèves des écoles primaires. Pas de
prix décernés.
Expositions collectives faites par les Sociétés d'agriculture et d'horticulture. — 1" prix, le
Comice agricole de Sidi-bel-Abbès ; 2% le Comice agricole de Médéah ; 3", le Comice agricole de
Saint-Denis-du-Sig; 4% le Comice agricole de Midariah.
Prix décernés au nom de la Société d'encouragement à l'agriculture de France. — Mi^daille d'or,
à M. Julien Billiard d'Alger, introduction de machines agricoles en Algérie.— Médaille de vermeil,
à Mo E. Perry, travaux appliqués à la viticulture. — Médaille d'argent 'du. Comice de Bel-Abés,pour
ses efforts persévérants et la part importante prise au concours régional. — Médaille de bronze
à M. Fabriès, pour la part q':i lui revient dans. le succès agricole de son fermier.
Prix décernés au nom de la Société des agriculteurs de France. — Objet d'art à M. Boulet père,
pour ses plantations et travaux de grande culture. — Médaille d'or à M. Gendre, pour ses succès
agricoles. — Médailles d'argent à M. J. Nouzille, pourses travaux de grande culture; à M. Poisson,
pour l'infroduction d'une race bovine exotique. — Médaille de bronze à M. A. Chrétien, pour
l'excellent parti qu'il tire de sa propriété ; à M. Achar, pour ses travaux de petite culture ;
M. Ar. Dubreuil, pour son reboisement.
Prix décernés au nom du Comice d'Alger. — 1" prix, à M. P. Hopis, pour les résultats obtenus
sur son petit vignoble ; 2", à M. Jioramée Rabba, pour la bonne tenue de son petit vignoble.
Prix décernés au nom de la Ligue de reboisement d'Alger. — 1" prix à M. Bastide; 2°, à
M. Courtot; 3% à M. Nouzille, pour leurs plantations. — Mentions très honorables à la Voirie dépar-
tementale; au service des ponts et chaussées. — Mentions honorables à M. Alfred Leplusjà
M. Marty du Tessalah ; à M. Gourdon, pour leurs plantations.
Concours hippique.
Race BARBE. — l'" Section. — Chevaux entiers de 2 ans et au-dessus, l""" prix, M. Boniche, Moïse,
Alger; 2', M. Abdelkader ben Guedra, à Bou-Hadjar (Oran); 3% M. Abdelkader ben Abdallah, à
Oran; 4% M. Ben Aouda ben Rezzag, à Oran ; 5", El Hadj Mohamed ben Larbi, aux Beni-Ghome-
riane (Alger) ; 6°, M. Victorino Canicio, à Relizane (Oran); 7% M. Mebarek ben el Haoussin, aux
Beni-Ahmed (Alger). — Mentions jointes à une somme de 50 fr. : Compagnie franco-algérienne,
à Debrousseville (Oran) ; M. François Olivier, à Duperré (Alger) ; M. Joseph Navarro, à Mostaga-
nem (Oran); M. Bouzian ben Msabih , à Guerdjoum (Oran) ; M. Abdallah ben Tami, aux Nemaicha
(Oran); M. Mohamed ben Msabih, à Sidi ben Moussa (Oran) ; M. Augustin Aymé, à Tlemcen (Oran);
M. Henni ben El Hadj ben Zian, aux M'zila (Oran); M. El Hadj ben Mokhiar, à Sidi Daho (Oran);
M. Si el Hadj Ahmed be Abdallah, aux Béni Snouss (Oran). — 2*= Section. — Pouliches de 3 ans.
l"prix, M. Mahi Eddin ben Missoum, à Duperré (Alger) , 2°, la Compagnie Franco-Algérienne ;
'i", M. Djeloul ould El Hadj Menouar, à Zammorah (Oran). — 3*' Section. — Juments et poulières de
4 ans et au-dessus, l" prix, la Compagnie Franco-Algérienne, à Debrousseville (Oran) ; 2° M. Henri
Le Sage, à Selidou (Oran) ; 3% M . Morard, à Mostaganem (Oran) ; 4% Compagnie Franco-Algérienne ;
.^'■, M. Mahi Eddin bel Hadj Mi.ssoum, à Duperré (Alger); 6°, M. Navarro, à Sidi-bel-Abbès;
7^M, Rlnieri, à Sainte-Barbe-du-Tlélat; 8%M.Lagache, à Oran; 9% M. Embarek ould Kadda, à
Tircine (Oran); 10% M. Boulanger, à Mascara.
Race orientale et ses dérivés. — P" Section. — Chevaux entiers de 3 ans et au-dessus,
l" prix, M. Graillât aîné, à Perrégaux ; 2', M. Marin, à Oran. — Mention honorable, M. Ollagne, à
Sidi-bel-Abbès. — 2'^ Section. Pouliches de 3 ans. — Les prix n'ont pas été décernés. — d" Section.
Juments et poulinières de 4 ans et au-dessus. 1" prix, M. ben Septi ben Alton, à Zemmorah;
2% M. Georges Gendre, au Tessalah (Oran); 3", Compagnie Franco-Algérienne; 4% M. Joseph Navarro,
à Mostaganem.
Races de toutes provenances et croisements divers. — 1" Section. — Chevaux entiers de 3 ans
et au-dessus. 2° prix. M. Antoine Cousin, à Sidi-bel-Abbès. — 2" Section. — Juments de 3 ans et
au-dessus. P'' prix, M. Arsène Colin, à Sidi-Ali-ben-Youb (Oran); 2% M. Joseph Thirion, à Aïn-
Trid (Oran); 3", M. Jean-Baptiste Bouchard, à Aïn-Tnd (Oran).
Baiulets. — 1" prix, M. Rainisio, à Sidi-bel-Abbès; 2% M. Calixte Suandeau, au Tessalah,
Objet d'art pour le plus bel ensemble de chevaux, à la Compagnie Franco-Algérienne.
PISCICULTURE. — LE SAUMON DE CALIFORNIE
Les Comptes rendus de racadémie des sciences publient la note
suivante de MM. Raveret-Waltel et Bartet :
« Le 25 octobre 1878, l'aquarium du Trocadéro recevait de la Société natio-
nale d'acclimatation un millier d'œuf« de Baumon de Californie iOncorhyhclikii
PISCICULTURE. 143
quinnat), provenant d'un envoi fait par M. Spencer F. Baird, commissaire des
pêcheries des Etats-Unis. Ces œufs, chez lesquels l'évolution embryonnaire était
très avancés, ne tardèrent pas à éclore. Les alevins étaient très vigoureux et leur
développement fut rapide, au moins à partir de l'époque (!''' janvier 1879) où
l'aquarium ayant été remis à l'administration municipale et coniié à la direction
d'un ingénieur du service des promenades et plantations de la ville de Paris, des
soins furent régulièrement donnés aux différents fjoissons qui peuplaient les lacs,
« Abondamment nourris de chair de poisson blanc hachée, les jeunes saumons
atteignirent, en l'espace d'une année, un poids moyen de 250 grammes. Presque
tous, à cette époque, quittaient la livrée du premier âge, pour se parer des beaux
rellets argentés des smolts ; mais ils ne manifestaient pas cette agitation qui
s'observe en général chez le saumon commun de même âge, tenu en captivité. Ils
supportaient facilement leur élevage en stabulation, et les pertes étaient relative-
ment insignifiantes.
« Deux ans plus tard, les saumonneaux étaient devenus de très beaux poissons.
Quelques-uns pesaient jusqu'à 2 kilog. En octobre 1881, plusieurs sujets don-
naient des signes évidents défraye. Des fécondations artificielles furent essayées;
mais les œufs récoltés paraissaient mal développés et ne donnèrent aucun résultat.
D'ailleurs tous ou presque tous, mâles et femelles, qui avaient paru disposés à
frayer moururent.
« L'année suivante, 1882, au mois d'octobre également, le désir de frayer se
manifesta de nouveau chez ces poissons, et le 24 octobre, plusieurs femelles don-
naient environ 1,500 œufs que l'on essayait de féconder avec de la laitance de
truite, faute de saumons mâles mûrs à ce point. L'opération ne réussit pas; mais,
peu de jours après, les sujets des deux sexes étaient en pleine fraye, et l'on pou-
vait récolter et féconder, en l'espace de cinq semaines, près de 30,000 œufs.
« Environ 1,500 alevins très vigoureux ont pu être obtenus et sont actuelle-
ment en parlait état. Ils suffisent pour démontrer la possibilité d'élever et de
faire reproduire le saumon de Californie dans des conditions de captivité tout à
fait exceptionnelles. Le fait semble d'autant plus intéressant qu'il s'agit d'une
espèce étrangère, essentiellement m'igratrice, qui s'est ainsi pliée à la fois à un
nouveau climat et à un changement complet dans les habitudes. L'acquisition de
cette espèce paraît donc facilement réahsable, et elle serait particulièrement utile
au point de vue de l'empoissonnement des cours d'eau tributaires de la Méditer-
ranée, dans lesquels le saumon ordinaire est inconnu, et ne réussirait probable-
ment pas; tandis que le saumon de Californie, qui se montre en Amérique jus-
qu'au 35'' degré de latitude (c'est-à-dire beaucoup plus au sud que le salmo salar),
pourrait vraisemblablement s'acclimater dans le Rhône, l'Aude, l'Hérault, etc. »
Cette note lue par notre savant confrère M. Bouley prouve quoi? que
le quinnat vit et se reproduit dans les eaux fermées. Le n" 523 (1879)
n'entretenait-il pas déjà les lecteurs du Journal de ce même fait obtenu
avec les œufs expédiés à l'Huningue allemand par le consul de San-
Francisco, les premiers arrivés en Europe, 1878, croyons-nous.
Ce fait intéressant, au point de vue de l'acclimatation de cette pré-
cieuse espèce, et sur laquelle, dès ces temps, nous appelions l'atten-
tion des amis des poissons pour notre bassin du Rhône, ne nous sur-
prend pas autrement.
L'empoissonnement du bois de Boulogne en 1854, les belles expé-
riences de Saint-Cucufa, en 1858, avaient, avec les faits signalés par
Coste, à l'Académie, dès ces temps lointains, faits obtenus dans son
aquarium du collège de France, vidé à fond cette question de l'élève
des salmones en eau fermée et celle de leur reproduction.
Il y avait donc, dès cette époque, des faits acquis à la pratique pis-
cicole, qui furent vingt fois répétés depuis, notamment à la Girotte,
au lac Pavin, en Norvège surtout.
Mais où la note de M. Raveret mérite une attention spéciale, c'est
sur le fait de la croissance. 250 grammes à un an, et 2 kilogrammes
deiidô ans plus tard, donc à trois ans, si nous avons bien compris.
Seul avec le HiipJi, on avait encore obtenu de pareils résultats, Il y
14(t PISCICULTURE.
aurait donc, dans celte direction de nouvelles études à entreprendre,
et des faits nouveaux à nous donner, faits qui auraient une impor-
tance extrême au point de vue de la pisciculture intensive ou indus-
trielle, objectif unique de l'art du pisciculteur dans l'état actuel des
connaissances acquises. Nul ne serait mieux placé pour les entreprendre
et nous les faire connaître que le zélé et compétent secrétaire de la
Société d'acclimatation, dont les amis des poissons suivent avec le plus
vif intérêt les si consciencieux travaux.
La pisciculture vient encore de perdre un de ses plus nobles vété-
rans. Mardi 3 courant, nous passions notre raatinée avec notre ami
de plus de trente ans, M. Carbonnier, que nous laissions à Paris, plein
de vie et d'entrain. Le 9, on nous annonçait sa mort!
Cette vie honnête, utile, si bien remplie, ayant droit à un autre sou-
venir, nous n'y faillirons pas aussitôt que nous aurons reçu les docu-
ments qui nous sont annoncés. Chabot,
Membre de la Société nationale d'agriculture.
L^ABIES BPiAGTEATA EN ANJOU
VAbies bracteata, originaire de la Californie, et introduit en Europe,
si ma mémoire est fidèle, il y a environ trente ans par Lobb, a donné
des cônes l'année dernière, dans le parc de M. Guynoiseau, amateur
très distingué de notre Anjou. Les graines semées ont parfaitement
germé, et en ce moment M. Guynoiseau possède près de 300 jeunes
Abies bracteata de semis.
Le pied mère, qui a au moins 7 mètres de haut, est très vigoureux,
et sa flèche n'a pas été pincée par les froids de l'hiver 1879-1880.
Ce fait de germination est intéressant à signaler, parce que je crois
que c'est la première fois que VAbies bracteata donne dans notre pays
des graines douées de propriétés germinatives réelles. BorcHARD,
secrétaire de la Société agricole
de Maine-et-Loire.
PRESSE A FOURRAGES DU SYSTÈME ALBARET
La presse à fourrages continue représentée par la fig. 12 a une cer-
taine analogie avec celle que construit, déjà depuis plusieurs années,
la maison Albaret. Elle en diffère cependant quant au mécanisme, au
mode de commande et à la dimension.
Dans cette machine, tous les engrenages sont supprimés; les deux
chevaux agissent sur un long levier qui, par l'intermédiaire d'une
bielle et de quelques autres organes très simples, commande le
piston.
Le piston agit dans une caisse parallélipipédique comme dans la
machine à engrenages, et la compression a lieu par couche. Cette dis-
position simplifiée permet de bien utiliser la force motrice. Les cha-
vaux agissent alternativement dans un sens et dans l'autre en faisant
à chaque fois un peu moins d'un demi-tour, et à chaque demi-révolu-
tion une couche de fourrage est comprimée. Lorsque le piston est
arrivé à la fin de sa course, il est abandonné par le mécanisme et il
revient cà son point de départ par la réaction de la matière pressée.
L'alimentation de la presse se fait par une trémie que l'on voit à la
partie supérieure. Cette presse est continue, et comme elle comprime
une certaine épaisseur de fourrages à chaque demi-révolution, son
PRESSE A FOURRAGES DU SYSTÈME ALBARET
145
travail est relativement important. La ligature des balles se fait avec
3 liens en fil Je fer faciles à poser. Les balles ont 0'".49 d'épaisseur,
0'".61 de largeur et une longueur Variable qui est en moyenne de
r".05 à r'.lb ; elles pèsent de 100 à 150 kil.
Cette presse établie cnlièrcmcnt en chêne pour le bois, est de la
146 PRESSE A FOURRAGES DU SYSTÈME ALBARET.
plus grande solidité. Elle coûte 3,200 francs montée sur roues et peut
comprimer environ 6 à 7,000 kilopj. de fourrages en 10 heures à une
densité de 0.20 à 0.30, soit 200 à 300 kilog. au mètre cube.
Henry Sagnier.
MOYENS PRATIQUES DE VENIR EN AIDE
A l'agriculture française. — (SUITE).
La situation de l'agriculture française ayant été établie de tous
côtés et reconnue mauvaise par les pouvoirs publics eux-mêmes qui
commencent enfin à s'en préoccuper, il s'agit d'aller droit à la source
du mal, puisque c'est seulement ainsi que l'on pourra en faire dis-
paraître les fâcheux effets.
Il a été dit précédemment qu'il y a des moyens généraux et spéciaux
de venir en aide à notre grande industrie nationale qui devrait avoir
la première place devant l'opinion, par cela seul qu'aucune autre ne
représente aussi bien qu'elle le travail moralisateur et productif, la
seule base solide et inébranlable de la société; et, au moment où il,
s'agissait de la semaille des blés de mars, j'ai tracé quelques lignes
auxquelles M. Josse a répondu en parlant des peines que subissent les
propriétaires de vignes.
Mais il n'est guère possible à un seul homme de résoudre tous les
problèmes qui inquiètent les populations rurales, et je n'ai pas cette pré-
tention. Avec le calme et l'impartialité qui conviennent à la défense des
grands intérêts du peuple, que les amis sincères de l'agriculture se
donnent la main, et de cette généreuse association sortira certainement
le bien cherché par eux avec l'ardeur et la persévérance qui conduisent
toujours au succès.
Du choc des opinions jaillit l'étincelle de la vérité; c'est pourquoi je
regarde comme un devoir de faire bon accueil à toutes les objections
et d'y répondre avec convenance. Mais il est des tléaux tels que les
intempéries des saisons et l'invasion du phylloxéra, il est des diffi-
cultés comme la concurrence de l'étranger et des industries riches ou
privilégiées, qui réclament cette union intime de tous les membres
d'une grande nation combinant leurs efforts pour repousser le danger
qui menace la propriété foncière prise dans son ensemble, ceux qui la
détiennent comme ceux qui l'exploitent, et sans contredit le vignoble
aussi bien que la ferme.
Dans nos départements du Nord-Est où le phylloxéra n'a pas encore
fait son apparition, les vignerons se plaignent de ne plus obtenir de
récoltes suffisantes; et dans bien des cas je ne connais guère d'autre
réponse à leurs doléances que celle-ci ; Lorsqu'il vous sera bien
démontré que les raisins ne sont pas en temps ordinaire assez abon-
dants pour payer la main-d'œuvre et la rente du fonds, arrachez et
semez de la luzerne. Vous aurez ainsi des récoltes peu coûteuses et
rémunératrices pour longtemps, car les produits du bétail priment tous
les autres aujourd'hui. Les circonstances deviendront sans doute plus
favorables et vous pourrez patienter. Ce sera la solution du moment,
puisqu'il faut vivre au jour le jour et savoir attendre la fin d'une crise
que l'on s'efforce de conjurer. N'est-ce pas aussi une dure nécessité
que celle de remplacer nos anciens cépages par ceux que l'on emprunte
à l'Amérique en tâtonnant et en s'exposant à répandre le phylloxéra
MOYENS PRA.TIQU>]S D'A.MÉLI0RER LA. SITUATION DE L'AGRICULTURE. 147
partout en fournissant à l'ennemi de nouveaux aliments destinés à l'en-
tretenir; et n'est-ce, pas là un de ces palliatifs que l'on se rési^çne à
subir parce que l'on est plus faible que le o oucheron et que le culti-
vateur ne peut souvent que s'incliner sous la volonté inflexible de la
Providence, dont les desseins impénétrables veulent toujours la lutte
avant le triomphe?
Quoi qu'il en soit, que la division et les petites jalousies disparaissent ;
car par l'entente tout est possible, et dans les grandes circonstances la
France n'a jamais manqué sous ce rapport au devoir qui lui incombait.
Bien d'autres moyens sont proposés : entre autres celui des dégrè-
vements. Certes ce sera justice que la propriété foncière soit soulagée,
car elle est écrasée sous un fardeau qui pourrait et qui devrait être
plus équitablement réparti. Mais est-ce là une solution complète?
Il est permis d'en douter, car en admettant que l'on puisse dégrever
de quarante ou cinquante millions notre agriculture, qui supportera le
poids de notre lourd budget? Ne reprendra-t-on pas d'une main ce que
l'on aura donné de l'autre? Chaque hectare, de terre se trouvera allégé
d'une somme annuelle d'un franc peut-être, mais s'il faut que cet hec-
tare, pour satisfaire ceux qui l'exploitent, donne 50 ou seulement
25 francs de plus, le dernier mot aura-t-il été prononcé?
Ne nous berçons donc pas dévalues illusions; et, puisque l'habitant
des villes se plaint de la cherté au moment oii le cultivateur souffre
lui-même, il faut arriver à produire à la fois beaucoup et à bon marché.
Il faut que les populations urbaines comme les populations rurales
trouvent dans l'exploitation profitable et largement développée du sol
national la satisfaction légitime qu'elles attendent, les unes en deman-
dent à être rémunérées de leurs peines, les autres en espérant que les
subsistances ne renchériront pas. C'est là que l'on rencontre un nœud
en apparence inextricable qu'il ne s'agit pas de trancher, mais de
délier.
Dès lors il sera nécessaire d'énoncer des moyens pratiques de
donner aux représentants de l'agriculture la confiance et les ressources
qui encouragent et fécondent le savoir sans lequel la terre ne saurait
produire. Est-ce la science enfin qui nous sortira d'embarras ? Mais
il ne suffit pas de savoir, il faut pouvoir, et plus souvent qu!on ne le
suppose, l'homme qui exploite le sol sait ce qu'il faut y faire. Il vou-
drait bien appliquer telle ou telle méthode dont il reconnaît la valeur,
mais il ne le peut.
La main-d'œuvre restera donc chère et il faudra que l'agriculture
puisse la payer en même temps qu'elle saura y trouver avantage.
Si le taux du salaire s'élève, les subsistances hausseront d'autant,
malgré l'apport de l'étranger, ou bien la propriété foncière qui est le
sol même de la patrie devra perdre de sa valeur à mesure que les frais
d'exploitation s'élèveront davantage. Le mal cherchera quelque part
ses victimes. On ne saurait trop le redire pour appeler l'attention de ceux
qui veulent le conjurer. Chaque fois qu'un plateau de la balance
s'élève, l'autre s'abaisse. Que l'on fasse donc un effort pour maintenir
l'équilibre sans sacrifier personne.
Mais puisqu'il a été établi précédemment que l'émigration de
l'ouvrier entraîne celle du cultivateur, puis vient frapper le propriétaire,
il est évident que la première chose à faire, c'est de retenir le travailleur
dans les campagnes. Disons plus, c'est la famille agricole tout entière
148 MOYENS PRATIQUES D'AMÉLIORER LA SITUATION DE L'AGRICULTURE.
qu'il importe d'y conserver honorée, soutenue, récompensée. C'est le
pay.san, l'homme du pays, autour duquel doivent rester les jeunes
gens qu'attire le soleil de la civilisation moderrfe appelée à pénétrer
jusqu'au fond du plus pauvre village sous ses formes les plus respectables
et les plus dignes.
Ce n'est pas seulement l'assistance; c'est la bienfaisance éclairée,
avec toutes ses institutions qui doit s'étendre des grandes villes aux
moindres hameaux. Les cafés et les cabarets n'y t'ont point défaut,
mais les bureaux de bienfaisance, qui au moyen d'une faible allocation
servant de première mise de fonds seraient créés facilement, l'organi-
sation complète de la médecine cantonale et tant d'autres preuves sem-
blables d'intérêt données à l'ouvrier des campagnes serviraient à lui
laire comprendre qu'il n'est pas oublié, qu'il peut attendre et se -tenir à
son poste, que d'en haut l'on veille sur lui, qu'en un mot là où il
se trouve il est aussi bien que partout ailleurs.
Et tout cela est plus facile à réaliser qu'on ne saurait le croire; car
il est des communes rurales oii l'on ne trouve pas un seul nécessiteux,
et la Société d'encouragement etde bienfaisance pour les campagnes que
j'ai réussi à fonder en 1877, dans le département de Meurthe-et-
Moselle, est toujours au large, à la fin d'une année d'exercice, malgré
ses faibles ressources quand elle les a distribuées aux familles pauvres
qui lui ont été recommandées.
L'effort demandé aux villes qui y trouveraient un intérêt considé-
rable ne seiaitpassi important qu'elles ne puissent chercher à donner
satisfaction à des réclamations timides auxquelles on répondrait facile-
ment au moyen d'un diplôme d'honneur, d'une médaille ou de quelque
récompense pécuniaire qui relèverait le courage des populations rurales
en leur faisant voir qu'elles ne sont ni méconnnues, ni oubliées, et
que l'ère nouvelle de la justice sociale reposant sur la rémunération
du travail agricole, est enfin arrivée. Certes il n'y aurait là aucune fai-
blesse, puisque le vrai mérite serait seul honoré et récompensé, et qui-
conque est soucieux du développement de la richesse nationale, de la
tranquillité publique et des intérêts de l'agriculture, applaudirait aux
institutions qui se formeraient pour le travailleur des champs.
Il est facile de voir quels avantages trouverait l'Etat lui-même à
accorder son appui à des Sociétés départementales, ayant un centre
à Paris et s'entraidant pour étendre leur main tutélairesur la vieillesse
comme sur l'enfance afin d'arrêter l'émigration qui entraine vers les
villes toutes les forces vives de la nation.
Voilà en quelques mots le plan qu'il s'agirait d'appliquer en faveur
du premier et du plus humble des représentants de l'agriculture.
Mais cela ne suffirait pas pour rendre à celle-ci la situation prospère
qu'elle a perdue.
Il s'agit pour y parvenir de s'occuper aussi de son second repré-
sentant, de celui qui consacre à l'exploitation du sol tout son temps,
toutes ses ressources, et qui, déjà plus que l'ouvrier, se sent menacé
avec sa famille, si dans le cours de son bail il voit ses ressources dis-
paraître peu à peu sans qu'il lui soit permis de trouver aucun moyen
d'échapper à la ruine qui le menace.
Certes, cet liouime mérite toute la sollicitude de ceux qui peuvent
lui venir en aide; et ce n'est pas assez de lui parler de science et de
progrès puisque des difficultés sans nombre s'opposent le plus souvent
MOYENS PRATIQUES D' AMÉLIORER- LA SITUATION DE L'ArjRIGULTQRE. 149
à l'application des bonnes méthodes qu'il connaît beaucoup mieux
qu'on ne paraît le croire, mais qu'il ne peut mettre en pratique.
Il suffit d'établir que l'assolement triennal est maintenu dans la plu-
part des situations par le génie même de la France qui divise le sol
à l'infini, pour faire comprendre l'état d'infériorité dans lequel se
trouvent ses cultivateurs en face de ceux du nouveau monde. Il faut
partout le remembrement delà propriété, les échanges de parcelles, la
création des chemins d'exploitation, et déjà l'on est entré courageu-
sement dans cette voie; mais ilfaudra aussi de longues années pour
que la réforme soit complète; et en attendant, on ne saurait trop le
répéter, ce qui est nécessaire avant tout pour le fermier, c'est l'insti-
tution du crédit agricole au moyen duquel le cultivateur pourra pro-
fiter des occasions favorables qui se présentent pour acheter du bétail,
pour se procurer de bonnes semences, des instruments bien construits,
des engrais. C'est ainsi qu'il sera en mesure de payer l'ouvrier, de créer
des prau'ies, de modifier les méthodes mauvaises et de les remplacer
par les plus fructueuses. Là est sa force. Là il trouvera le moyen de
mettre en pratique tout ce qui autrement resterait dans le domaine
de la théorie Mais si c'est la question qui intéresse le plus aujourd'hui
le second représentant de l'agriculture, il suffit de constater cette vérité,
puisque déjà l'institution en elle-mêmea été étudiée longuement, et;
nous arrivons dès lors au propriétaire dont les intérêts sont peut-être
menacés autant que ceux de qui que ce soit, parce qu'il est pour ainsi
dire rivé au sol dont il voit la dépréciation se faire sans qu'il puisse
bien souvent en tirer parti. E. Duroselle.
CAUSE VÉRITABLE DE L'APPAUVRISSEMENT
EN TARTRE DES VINS PLÂTRÉS.
Dosage rapide de la crème de tartre
L'étude des actions mutuelles des divers éléments du vin plâiré
conduit à des faits dont la plupart ont échappé aux auteurs qui ont
traité du plâtrage. Nous résumons les plus intéressants'.
Dans une solution aqueuse ou alcoolique saturée de bitartrate de
potasse et renfermant du bisulfate de potasse, de l'acide tartrique libre
peut mettre en liberté une portion de l'acide du bisulfate ne dépassant
pas le i4 de la quantité d'acide sulfurique total.
Dans une solution aqueuse ou alcoolique saturée de bitartrate avec
excès, de l'acide sulfurique libre ou du bisulfate de potasse dissolvent une
certaine quantité du bitartrate en excès, la même, à dose égale d'acide
sulfurique libre ou en excès.
Dans une solution aqueuse ou alcoolique saturée de bitartrate de
potasse, le sulfate de potasse et le chlorure de potassium déplacent et
précipitent du bitartrate de potasse; les quantités déplacées augmentent
avec les doses de sels potassiques. Le chlorure agit à cet égard plus
énergiquement quoique un peu plus lentement que le sulfate. La pré-
cipitation est complète, lorsque la quantité de sulfate atteint le point
de saturation; elle a lieu avant ce terme avec le chlorure. Cette pro-
priété fournit un moyen de doser rapidement le tartre contenu dans les
vins ordinaires, non plâtrés.
Le chlorure de sodium ne précipite pas le bitartrate de potasse dans
les mêmes conditions.
1. Comptes reaUus Ue 1 Académie des sciences. 19 mars 1883.
150 CAUSE DE L'APPAUVRISSEMENT EN TARTRE DES VINS PLÂTRÉS.
Le salage des vins avec le sel marin ou l'eau de mer ne paraît
pas appauvrir le vin en tartre.
Le tartrate de chaux est moins soluble dans les solutions aqueuse
et alcoolique, saLurées de bitartrate de potasse que dans les mêmes
solutions dépourvues de tartre.
Dans une solution aqueuse ou alcoolique, l'acide sulfurique libre,
ou en excès à l'état de bisulfate, dissout, à dose égale, la même quantité
de tartrate de chaux.
Dans une solution alcoolique saturée de bitartrate de potasse avec
excès et renfermant du bisulfate de potasse, l'addilion de tartrate de
chaux en excès ramène une partie du bisulfate en sulfate de potasse
et donne lieu à un dépôt de tartre.
L'application ae ces données au plâtrage fournit l'explication des
faits qui s'y passent quand on ne considère que l'action du bitartrate
sur le sulfate de chaux.
La véritable cause de l'appauvrissement en tartre du vin plâtré à
la cuve n'est pas dans la transformation du bitartrate qui y est toujours
en grand excès, mais dans l'impossibilité où est ce sel de saturer une
liqueur renfermant une certaine dose de sulfate de potasse.
Dosage rapide du bitartrate de potasse dans les vins non plâtrés. —
La propriété que possède le sulfate de potasse de précipiter le
bitartrate de potasse fournit un moyen de doser cet élément important
du vin. La présence de l'acide tartrique libre serait un obstacle, parce
qu'il décompose le sulfate de potasse en donnant lieu à du bisulfate et
à un dépôt de bitartrate. Aussi le procédé n'est-il pas applicable aux
vins plâtrés qui renferment toujours de l'acide tartrique libre, mais il
convient parfaitement pour les vins ordinaires non plâtrés qui n'en
renferment qu'exceptionnellement de. petites quantités.
Les acides malique, succinique et autres acides du vin ne nuisent
en rien à l'exactitude du procédé.
On prend 100*^ de vin. On additionne de 3 à 10 grammes de
sulfate de potasse pulvérisé, suivant le degré alcoolique, d'autaut
moins que le degré est plus élevé; 6 à 7 grammes suffisent pour les
vins de consommation courante.
On agite à plusieurs reprises pendant une heure ou deux; on laisse
déposer 2 à 3 heures.
On filtre; tout le bitartrate reste dans le dépôt. On prend le titre
acide de la liqueur filtrée avec de l'eau de chaux.
La même opération est faite sur le vin même. La différence de titre
delà deuxième à la première opération correspond au bitartrate déposé.
Par un simple calcul, on déduit, connaissant le titre de la liqueur de
chaux, le poids de bitartrate contenu dans un litre de vin.
Si l'eau de chaux renferme 1*500 de chaux pure par litre, on est
dispensé de tout calcul. En eft'et 10" de cette liqueur neutralisent OMO
de bitartrate. Le titre acide trouvé est de 270'" d'eau de chaux; le vin
contiendra 2*70 de bitartrate par litre.
Une eau de chaux ayant cette teneur en chaux se prépare facilement
en faisant digérer de la chaux provenant d'un calcaire pur dans de Feau
distillée, à basse température (10 à 12", température d'une cave). On
agite pendant deux ou trois jours, on filtre; la liqueur filtrée se con-
serve bien dans un vase hermétiquement bouché. P. Pichard,
Directeur de la station agronomiqu«
de Vauciuse.
EMPLOI PRATIQUE DQ SULPOCARBONATE DE POTASSIUM. 151
EMPLOI PRATIQUE DU SULFOGARBONATE DE POTASSIUM
Monsieur le directeur, dans votre dernier numéro, vous repro-
duisez la communication fuite par M. Culeron, le 5 mars, à l'Aca-
démie des sciences, sur l'emploi " du sulfocarbonaLe de potassium
aux vignes phylloxérées. J'ai le regret de porter à la connais-
sance de vos nombreux lecteurs que les observations relatées dans
la communication en question ne concordent nullement avec celles
que j'ai été amené à faire moi-même depuis une dizaine d'années
que j'étudie et que j'applique le sulfocarbonate sur des milliers d'hec-
tares, to'js les ans, dans toutes les parties de la France phylloxérées.
La vulgarisation des bons procédés est déjà malheureusement si lente
à se faire qu'il n'est pas nécessaire de venir encore, par un change-
ment de méthode, porter l'incertitude dans les esprits, surtout quand
le besoin ne s'en fait nullement sentir. Je suis d'autant plus étonné
d'une pareille communication que M. Culeron, ancien agent de la
Société nationale contre le phylloxéra, placé sous mes ordres, pour le
traitement du Midi, jusqu'à l'été dernier, n'ignore pas que les bons
résultats qu'il signale chez Mme Théron, sa belle-mère, et ailleurs
dans la région, ont été obtenus par notre Société, c'est-à-dire suivant
mes instructions.
Je croirais manquer à mon devoir si je ne venais pas réfuter les
erreurs ou les fausses interprétations contenues dans la communication
dont il s'agit.
Je ne dirai rien de la dose de 100 grammes de sulfocarbonate avec
40 litres d'eau pour les souches de plein rapport : c'est une des doses
que nous recommandons dans la plupart des cas, et que nous em-
ployons journellement. Mais je n'admets pas sans réserve la dose de
70 grammes indiquée pour les jeunes plants de moins de trois ans,
avec 30 litres d'eau; elle donne une solution trop concentrée (1/210)
qui est dangereuse dans les applications d'été ainsi que dans les cas
de sol compact où l'absorption se fait mal. Il faut, en général, de 50
à 00 grammes de sulfocarbonate dilués dans 20, plus 5 ou 10 litres
d'eau, soit une solution au titre de 1/333 à 1/400, qui est très efiicacc
et sans danger dans toutes les circonstances.
Il n'est pas exact non plus de dire que les doses ci-dessus de 70,
90 et 100 grammes avec 30 et 40 litres d'eau, ne sont pas suffisam-
ment efficaces sur les œufs, car un bon sulfocarbonate a encore ses
solutions au 1/400 et même 1/500 parfaitement capables de les dé-
truire où elle passe.
En principe, ce ne sont pas les fortes doses de sulfocarbonate qui
sont nuisibles, mais bien le titre de la solution que l'on emploie.
L'expérience nous a appris que les solutions au dessous de 1/300
étaient dangereuses dans les cas de non-absorption au boat de quel-
ques heures, ou en été, et inefficaces au delà de 1/500, sans, bien
entendu, qu'il n'y ait rien d'absolu à cet égard; d'où il suit que le
rapport entre la quantité de sulfocarbonate à employer et son eau de
dilution doit donc être pris comme le seul guide dans les traitements,
et non pas telles ou telles quantités de ces deux liquides considérés
isolément; et cela est si vrai que l'on peut mettre jusqu'à I kilog.
de sulfocarbonate par souche, sans lui nuire, si la quantité d'eau de
152 EMPLOI PRATIQUE DU SULFOGARBONATE DE POTASSIUM.
dissolution est suffisante, et qu'au contraire avec 50 grammes on peut
tuer invariablement les souches les plus vigoureuses, si la quantité
ti'eau est trop faible. Je le répète, les meilleures doses doivent être,
d'une manière générale, comprises en poids entre 1/300 et 1/400. Au-
dessus et au-dessous de ces titres, il peut y avoir des inconvénients
dans un sens ou dans un autre pour des personnes qui ne seraient
pas parfaitement familiarisées avec la nature du sol, sa perméabilité,
sa sécheresse, ou qui ne sauraient pas suffisamment tenir compte de
fâge de la vigne et de l'influence de la saison, toutes influences que
j'ai signalées dans mes instructions, et ici dans ce Journal.
Ajoutons que, avec le système des l)acs et des arrosoirs employé
jusqu'à ce jour pour former et distribuer la solution sulfocarbonatée,
les choses se pas^^ent autrement qu'elles sont rapportées, et qu'il fau-
drait le vouloir pour mal opérer. D'un autre côté, on fera difficilement
croire que c'est en multipliant les raesurages comme cela existe dans
le moyen que l'on propose en remplacement des bacs que l'on obtien-
dra plus de garantie en ce qui concerne le dosage du sulfocarbonate ;
c'est tout à fait contraire aux règles admises.
Pour ce qui est de la mise de l'eau claire après l'absorption de la
solution sulfocarbonatée, j'alfirme de nouveau sa nécessité par les
raisons suivantes :
r Elle empêche le dégagement en pure perte dans l'atmosphère
d'une certaine quantité de vapeurs insecticides;
2° Elle chasse plus profondément dans le sol la solution antiphyllo-
xérique qui désinfecte ainsi un plus grand volume de terre et une plus
grande quantité de racines;
3" Dans le cas de non- absorption ou d'absorption incomplète, elle
protè^ue les racines supérieures qui pourraient être affectées par la
solution;
4" Elle est indispensable surtout dans le Midi pour empêcher les
émanations de sulfure de carbone et d'hydrogène sulfuré qui ne man-
queraient pas de griller les feuilles inférieures du cep ainsi que les
raisins ;
5" Indépendamment de ces avantages, l'eau claire ne nuit en rien
à l'efficacité du remède par la raison que les vapeurs antiphylloxé-
riques tendent toujours à s'élever, à arriver dans les couches superfi-
cielles du sol et à se dégager dans Tatmosphère, d'oii il s'ensuit
qu'elles tuent les insectes des racines supérieures. Dans le cas où les
couches superficielles du sol seraient humides, le sulfure de carbone
étant soluble dans l'eau dans la proportion de 2 grammes par litre
environ, en outre de l'hydrogène sulfuré qui est très soluble, il en
résulte une solution que dans nos études nous avons toujours
reconnue comme très insecticide. En deux mots, que le sol soit per-
méable ou humide, il n'y a donc aucune crainte de ce côté, toutes les
racines superficielles seront débarrassées de leurs phylloxéras. Mais
lorsque l'on ne ramène pas la terre autour du cep presque aussitôt
après le traitement, il arrive parfois que l'on a sorti, en faisant les
cuvettes, des fragments de racines ou du chevelu portant des phyl-
loxéras qui ne reçoivent pas l'action du sulfocarbonate et qui sont
rapportés au pied de la souche, lorsque la solution sulfocarbonatée a
terminé son action; c'est une des causes les plus fréquentes de la
réinvasion et non la mise de l'eau claire.
EMPLOI PRATIQUE DU SULFOGARBONATE DE POTASSIUM. 153
Eafin, je le répète, les bons résultats que nous avons obtenus dans
nos traitements depuis 1874, et ils sont nombreux, l'ont été avec le
procédé de l'eaiî claire que j'ai été amené, pour la plupart des cas, à
adopter de préférence à tout autre mode de procéder. On se trouve donc
ici en présence de faits précis et non vis-à-vis de quelques observa-
tions isolées qui peuvent être voilées par certaines circonstances restées
inaperçues ou mal interprétées.
Quant à l'époque et à la fréquence des traitements, je l'ai dit depuis
lon2;temps, rationnellement il en faudrait deux dans le Midi : l'un du
mois de novembre à la fin d'avril pour détruire les phylloxéras qui
ont hiberné, et un. autre de fin mai au 15 juillet, pour détruire les
individus issus de l'œuf d'hiver et de ceux épargnés lors de la pre-
mière opération. Ces deux traitements produisent le meilleu" effet sur
la véo;étation de la vienne et sa fruclification, car en outre de l'action
insecticide, le traitement d'été avec ses 40 litres d'eau par souche fait
le plus grand bien. Mais pour ce qui est de deux opérations en été à
huit ou dix jours d'intervalle, comme le recommande l'auteur de la
communication, outre que leur nécessité ne se justifie pas si la pre-
mière a été bien faite, il est facile de se rendre compte combien serait
peu pratique une semblable manière de faire et je doute fort qu'elle
trouve jamais beaucoup de partisans.
Veuillez a^rréer, etc. P. Mouillefert.
SITUATION AGRICOLE DANS LE PÉRIGORD
Mars nous a fourni un spécimen de toutes les températures : neige, pluie,
brouillard, rosée, gelée blanche, grésil, orages, temps sombre et beau ciel, ce der-
nier état le plus rare (7 jours). C'est assez dire que les travaux déjà si en retard
ont encore été ajournés. On a Cf^pendaat utilisé les rares éclaircies qui se sont
produites pour ensemencer pommes de terre, pois, fèv s et donner pour la sole
de printemps quelques labours de préparation. Ces derniers travaux s'exécutent
péniblement et dans de mauvaises conditions à cause du tassement dû aux pluies
hivernales et de l'état encore partiellement humide de beaucoup de nos champs.
13 jours de fortes gelées avec une baisse thermométrique de — 8° ne pouvaient
passer sans laisser de traces. Les arbres fruitiers précoces, bon nombre de
plantes maraîchères et arbustes ont été atteints. La vigne cependant ne paraît
pas avoir souffert, son bourgeon n'ayant pas encore débourré. On ne se plaint pas
de Ctt état des choses, car le retour tardif du froid après le réveil de la végéta-
tion, si fréquent dans nos contrées, occasionne invariablement des dégâts incal-
culables. E. DE Lentilhac.
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE
Séance du 25 avril 1883. — Présidence de M. Dumas.
M. Dietz-Monnin, président de la Chambre de commerce de Paris,
fait connaître que le consul du Mexique, à Saint-Nazaire, désirait rece-
voir, pour les transmettre à son gouvernement, les catalogues et prix
courants des constructeurs de machines et instruments agricoles, des
marchands de graines et de plantes, ainsi que des éleveurs des meil-
leures races d animaux de ferme et de basse-cour.
M. Léo d'Ounous, correspondant, envoie une note sur l'élagage des
arbres et arbrisseaux. — Renvoi à la section de sylviculture.
M. Grandeau, correspondant, fait hommage de la deuxième édition
de son Traité de l'analyse des madères agricoles, qu'il vient de publier.
M. Barrai analyse une note de M. Chevron, professeur à Gembloux
(Belgique), sur la nature inflammable des gaz dégagés dans la diffu-
154 SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE DE FRANCE.
sion des betteraves. Il résulte des expériences de M. Chevron que
l'hydrogène entre pour une forte part dans la composition de ces gaz,
et que sa présence est due à l'attaque de la tôle des diffuseurs par les
sucs acides de betteraves.
M. d Esterno fait une nouvelle communication relative aux moyens
de prévenir la fraude dans le commerce des engrais. Cette communi-
cation est renvoyée aux sections des sciences physico-chimiques et
d'économie, de statistique et de législation agricoles.
M. Lavallée fait une communication sur la récente exposition inter-
nationale d'horticulture de Gand, en signalant la grande place que
les horticulteurs français y ont prise. A cette occasion, M. Chevreul
insiste sur les nombreuses expériences qui l'on doit aux horticulteurs
de notre pays; il rappelle les faits positifs qu'ils ont mis en lumière,
notamment sur Thybridation des plmtes et sur les limites dans les-
quelles on peut faire varier les plantes cultivées.
M. Lecouteux donne lecture d'une lettre de M. Houette, qui demande
à la Société de bien établir si la cuisson et l'ingestion de la viande d'ani-
maux atteints de maladies Infectieuses, détruisent les germes de l'in-
fection. M. Bouley ra ppelle qu'il est parfaitement prouvé que la cuisson
des animaux morts est le meilleur moyen de détruire les germes des
maladies infectieuses; que ce moyen, d'une efficacité supérieure à
celle de l'enfouissement, permet d'utiliser les viandes pour la nourri-
ture d'animaux carnivores, tels que les porcs, sans qu'il en résulte de
dangers pour les hommes qui consommeront ensuite la viande de ces
porcs; toutefois, il y a une question de proportion à établir dans cette
alimentation, au point ne vue de la sapidité de ces viandes. MM. Pluchet
et Heuzé rappellent des faits dont ils ont élé les témoins et qui viennent
à l'appui de ces affirmations.
M.. Gayot fait observer que la viande des porcs nourris exclusivement
avec des produits d'équarrissage, est de qualité médiocre, et que si ces
produits peuvent entrer dans des rations d'élevage, il faut se garder
de les introduire dans des rations d'engraissement. 31. Chevreul insiste
sur l'importance d'étudier les transformations en espèces chimiques
qui se produisent dans la cuisson des matières animales. M. Gareau
ajoute qu'il y a une différence à établir entre la consommation de la
viande crue et celle de la viande cuite. M. Dumas rappelle les expé-
riences faites jadis par M. Payen sur l'emploi des produits d'équarris-
sage dans l'alimentation des porcs. — • Après ces diverses observations,
la question est renvoyée, sur la proposition de M. Barrai, à la Section
d'économie des animaux, afin qu'elle prépare un rapport.
La Société procède à l'élection d'un membre étranger dans la Section
de grande culture. M. Julien Robert, de Seeiowitz (Autriche), est élu.
Henry Sagnier.
REYUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT DES DENRÉES AGRICOLES
(28 AVRIL U83).
I. — Situation générale.
Les marchés agricoles ont été encore très peu suivis pendant cette semaine.
Pour la plupart des denrées agricoles, les transactions présentent du calme.
IL — Les grains et les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par quin-tal métrique,
sur les principaux marchés de la France et de l'étranger :
HEVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT (28 AVRIL 1883).
1" RÉGION. — NORD.OITEST.
Calvados. Condé
— Lisieax
Côl.-du-Nord. Ponirieux
— Tréguier.
Finistère. Morlnix
— Quirop'^''
lUe-ct- Vilaine. Bonnes..
— Fougères...
Manches. Avraiiches. ..
— Ponlorson.. , .
— Villedieu
Mayenne. Laval
— rh;\te.iu-Gonlier..
Morbihan. Hennebont
Orne. Seez
— Alençon
Sarlhe. Le Mans
— Sablé
Blé.
fr.
23. '25
■2\.b0
23.50
23.50
2'i.(0
23. Sa
2'i.50
2'i.V>ô
24 . 50
26.00
26.25
25.00
25.50
23.00
25.00
25 00
26.00
25.50
fr.
19.50
16. 25
16.50
16.50
10.75
17.00
Ofge.
fr.
18 50
21.50
15.50
17.00
14.00
17.25
15.75
))
19.00
19.50
20 25
16 80
17.00
20.25
18.50
17.15
16.75
Avoine.
fr.
22 00
2'i . 00
17.00
17.50
15.50
17.00
17.20
19.00
19.25
22.50
24.25
18.50
21.00
19.00 .
19.75
20.00
Prix riioyens 24.59 16.97
2" RÉGION. — NOKD.
^isne. Soissons 24.05 14.80
— Chùteau-Th erry . 22.75
— Srint-Quentin ... 23.00
Eure. Damville 24.25
— Louviers 23.50
— Neiibou''g 23 25
Eure-et-Loir. Chartres.. 23 75
— Auneau 24.00
— Nogent-le-RotroLi. 25.00
Nord. Lille 26.00
— Douai 25.00
— , Valenciennes 25.50
Oise. Beauvais.. 23 00
— Compiègne 22.00
— Senlis 22.00
Pas-de-Calais. ATTàs. . . 25.50
— Doiillens 24.50
Seine. Paris 25.50
S.-et-Mar. Meaux 23 . 00
— Dammartin.... ... 22.00
— ITovins 24.25
S.-ct-Qise. Angerville.. . 23.00
— Pontoise 23.25
— Versailles... 23.00
Seine-Inférieure. Rou en. 24 20
— Fecamp 24.65
— Dieppe 23.25
So7n?ne. .\miens 23.00
— Abbeville 22.50
— Boye 22.00
Prix moyens 23.62
14.50
16.00
»
13.30
11.25
14.00
14.70
»
16.75
15.50
16.00
15 00
14.75
15.00
16.25
15.25
14.50
14.50
15.00
16.25
14.50
14.85
14.75
14.50
15.00
14.25
14.50
17.79 19.59
17.30
17.2.5
17.00
17.00
19.50
19.00
18.50
18.25
20.50
18.25
16.25
18.75
17.00
18.00
16.50
16.25
16.25
19.00
18.00
17.00
19.00
13 50
16.50
20.00
20.50
20.00
18.00
21.00
16.25
17.50
20.25
21.00
17.26
20.70
20.25
15.75
18.50
20.00
19.50
18.50
19.00
18.75
19.25
»
17.50
20.25
17.20
20.00
19.00
20.20
, 13
14.92 18.90 18.08
3" RÉGION.
Ardennes. Charleville. .
— Sedan
Aube. Troyes
— Méry-sur-Seine .. .
— Nogent-sur-Seine.
Marne. Chaloos
— Epernay
— Keiras
llte-Marne. Bourbonne.
Meurthe-el-Mos. Nancy.
— Lunéville
— Pont-a-.Mousson. .
Meuse. Bar-le-Duc
— Verdun
Haule-Saône. Vesoul....
— Gray
Vosges. Epinal
— Mirecourt
Prix moyens
4° RÉGION
Charente. Angoulême...
— Ruffec
Char.-Jnfér. Marans. . . .
Deux-Si-vrcs. Niort
Indre-et-Loire. Bléré....
— Toi.rs
Loire-lnf. Nantes
M.-et-Lo^'y'. Saumur. . . .
— Angers
Vendée. Luçon
— Fonteriav-ie-Comte
Vienne. Ctiàte'llerauU.. .
— Poitiers
Haute-Vienne. Linjoges..
Prix moyens
— NOREt-EST.
23.25
23.30
24.25
23.00
24.00
24 00
23 00
23.75
22.00
23.75
24.00
23.25
23.25
23.00
23.50
23.00
24.50
23 . 50
15.50
16.75
15.75
15 00
16 00
16.00
14.50
16.25
16.00
16.00
16.00
»
16 00
16.50
15.75
17.00
16.00
18.50
18.75
17.50
17.80
18.2.i
18.50
19.50
17.75
/»
17.50
17.00
17 00
16 00
16.00
16.50
17 80
19.50
17.25
17.75
19.20
15.00
18.50
17.75
15.25
17.75
15.50
16.00
17.50
16.50
16.^5
15.50
16.50
!(i.75
23.47 15.94 17.57 17.21
. — OUEST.
37 16.44 18.29 13.00
5" RÉGION.
— CENTRE.
Blé. Sekle.
Allier. Montiuçon
— Saint-Pourçain..
— Oanriat
Cher. L'ourges
— Saint-Amand
— Vierzon
Creuse. Aul)Usson
Indre. Chàleauroux . . .
— Issoudun
— Valtinçay
Loiret. Orléans
— Montargis
— Patay
L.-et-Cher. Blois
— Montoire
Nièvre. Nevers
— La Charité
Yonne. Brienon
— Saint-Florentin..
— Sens.. .
fr.
. 23.50
. 25.50
. 24.70
. 23.00.
25.00
25.50
24.00
24.25
23.50
25.20
. 24.00
24 00
24 25
24.75
24 . 00
23.50
23.50
23.75
24.00
24.50
fr.
17.00
»
14.25
15.00
15 .25
15.50
14.50
16.25
Orje.
fr.
19.00
18.00
18.00
18.50
19.76
20.25
»
18.50
19.00
20.00
»
18 50
18.50
20.25
19.50
17.00
17.25
16.50
17.75
15J
Avoine.
fr.
19.00
18.00
1 9 . 00
18.25
18.00
17.50
17.00
18.50
17.75
18.50
»
18.50
19.00
20.50
18.50
10 50
18 25
19.50
18.50
19.25
Prix moyens 24.22 15.30
6' RÉGION. — EST.
Ain. Bourg 05.50 »
— Punt-de-Vaiix 24.75 »
Côle-d'Or. Dijon 22.00
— Beaurie 23.75
/)om6s. Besançon 23.15
Isère. Vienne 24.50
— Bourgo!n '. 24.50
Jura. Dôle." 22.00
Loire. Montbrison 24.75
P.-de-/>ô/He. ciermont.F. 26.50
Hkàne. Lyon 25.00
Saône-el- Loire. Chalon . 24.50
— Louhdns 24.50
Cat'oi«. Chambéry 26.50
llle-Savoie. Annecy 24 . 70
Prix moyens 24.40 15 97
T RÉGION. — SUD-OUEST
Ariège. Foix 26 00 17.25
— Pamiers 27 00
Dordogne. Bergerac 24 25
Hie-Garonne. Toulouse. 34.5 1
— St-Gaudens 24.00
Gers. Condom 26.25
— Eauze 26.50
— Mirande 25 70
Gironde. Bordeaux 26.00
— Bazas 25.80
Landes. Dax 25.75
Lot-et-Garonne. Agen. . . 25 . 90
— Nérac 26.25
B. -Pyrénées. Bayonne.. 26.75
Iltes-Pyrénées. Tarhes.. 26.80
13.60 18.42
14.75 17.00
16.75
16.50
18.75
1 9 . 00
17.00
17.50
16.10
18.15
18.25
17.75
18.50
»
18.75
19.75
19.00
» 17.00
» 18.75
17.46 18.16
16.50
18.00
20.00
16.25
16.80
17.00
18.50
18.10
19.50
la. 75
18.25
18.50
18.70
18.50
1S.25
18.85
19.50
20.25
20.50
20.00
21.00
20.25
21.00
20.75
18.50
21.00
»
19.75
19.50
18.75
18.50
Prix moyens 25.96 17.89
8" RÉGION. — SUD.
Aude. Gasteinaudary.. . 26 00 »
— Carcassonne 27.25
Aveyron. Rodez 2i.00
C«n/o/. Mauriac 25.35
Correze. Luberzac 2.ï . 20
Hérault. Beziers 27.50
— Cette 27.00
Z,o/. Cahcrs. 27.25
Lozère. Mende 23.10 .,.„„
P(/réji6es-0r. Perpignan. 27.75 18.40
rarn. Caslrts 27.50 18.25
7'ar»x-et-Ga)\ Montauoan 25.00 17.00
— Moissac 25.50 18.00
18.57 19.94
17.00
18.60
21. »5
18.00
21.00
17.50
17.30
18.00
20.00
20.75
»
18.15
20.50
17.75
17.40
20.00
19 25
19.50
20.00
Prix moyens 26.03 18.44 19.21
9° RÉGION. — SUD-EST.
Basses-Alpes. Manosque 28.75 » »
Hautes-. \lpes. Briançon. 27.50 18.00 18.25
Alpes-Mariliines.Ca.m'm 27.00 17.25 18.00
.lcd(-c/ir,'. Privas 26.70 19.25
B.-du-Hhône. Arles 28.25 »
Drame. Romans 24.75 15.50
Gard. Nîmes 27.,SO »
Haute-Loire. Brioude... 25 50 18.70
Far. Dr.i^uignan 26.85 »
Fttuciwse. Carpentras... 26.50 »
Prix moyens 26.93 17.74
Moy. de toute la France 24.89 16.62 18.31
— de la semaine précéd. 25.04 16.61 18.27
Sur la semaineiHausse. » o.Ol 0.04
précédente. .1 Baisse.. 0.15 » >
It
18.00
18.00
20 . 00
18.50
18.00
18.36
20.00
22.00
20.25
24.40
18.25
23.00
»
18.25
17.70
25.00
19.50
20.00
23.00
20. 95
24.00
20.00
18.50
19.00
18.25
t7.50
19.25
17.00
19.25
18.00
19.08
18.82
18.65
0.17
156 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
Blé. Seigle. Orge. Avoine
fr. fr. fr. fr.
.... ., < blé tendre... 27.00 » » „
Algérie, ^^^'"'"l blé dur 2.5.50 » 16.00 15. .50
Angleterre. Londres 25.35 » 19.15 20. CO
Belgique. Anvers 25.. Sd » 19.25 20.10
— Bruxelles 24.7.5 10. .50
— Liège 24 00 17.00 20. .50 17.50
— Namur 22.75 15.75 20.00 15.00
Pays-Bas. Amslerdani 23.95 16.90 » »
Luxembourg. Luxembourg 23.50 15.00 » 17.50
Alsace-Lorraine. Strasbourg 24.75 17.75 17. .50 17.25
— Mulhouse 23 00 16.. 50 17.00 18.00
— Colmar 24. HO 18 00 18.75 16.00
Allemagne. Berlin 23.85 17.()0 » »
— Cologne... 25.60 18.10
— Hambourg 23.75 17.25 »
Suisse. Genève..!" 27 00 » » 21.75
Italie. Turin 25.75 20.00 » 18.75
Espagne. Valladolid 24.75 » » .
Autriche. Vienne 20.75 15.25 17.50 14.00
Hongrie. Budapeslli 20.50 15 3.5 15.75 13 75
Russie. Sainl-Pétersbourg. . 21.85 15.35 » 12.00
Etats-Unis. New-York 23. 75 » » »
Blés. — Jusqu'ici les Liés se présentent presque partout dans de bonnes con-
ditions; après un hiver prolongé, les premières'semaines du mois d'avril leur ont
été favorables; sous l'iblluence d'une douce chaleur, la plante a pris de la vigueur,
puis quelques pluies sont venues activer la pousse ; quant au reiroidissement
subit qui vient de se prodnir<-, il n'aura probablement p;.s eu d'autre effet que
d'arrêter un peu le mouvement de la plante, sans le contrarier outre mesure. Sur
le plus grand nombre des marchés, les affaires sont calmes, il y a toujours peu
d'offres de la part de la culture, et les prix demeurent statii nnaires; mais il y a
une certaine tendance générale à la fermeté. — A la halle de Paris, le mer-
credi 25 avril, les affaires ont été calmes ; on cotait, suivant les cjualilés, de
24 ir, 50 à 26 fr. 50 par 100 kilog. ou en ujoyenne 25 fr. 50. Au marché des blés
à livrer, on cotait par 100 kilog. : courant du mois, 25 fr. bO\ mai, 25 fr. 75;
juin, 26 fr. 25 ; quatre mois de mai, 26 fr. 25 à 26 fr. 50 ; juillet et août, 26 fr. 7")
à 27 fr. — Au Havre, on signale plus de fermeté dans les prix des bonnes qua-
lités ; on cote actuellement de 25 fr. 5u à 27 fr. par 100 kilog. suivant les sortes.
— A Marseille, les affaires présentent plus d'activité, et les cours accusent beau-
coup de fermeté. On cote suivant les sortes : Red-winter, 28 à 28 fr. 25; Ber-
dianska, 27 fr. 50 ; Pologne, i5 fr. 50 à 26 fr. 50 ; Bessarabie, 25 fr. 50 ; Azima,
24 à 24 fr. 50; Irka, ?6 à 26 fr; 25 ; Danube, 22 à 23 fr. ; le tout par 100 kilog.
Les arrivages de la semaine ont été de 65,000 quintaux environ. - - A Londres.
il a été importé depuis huit jours près de 175, OuO quintaux de blés étrangers;
les ventes sont faciles. On cote de 24 à 26 fr. 70 par ICO kilog. s-uivaiit les qualités.
Farines. — On signale un peu plus d'activité dans les affaires. Pour les farines
de consommation, les cours sont plus fermes; on payait le 25 aviil, à la halle de
Paris : marque de Gorbeil, 60 fr ; marques de choix, 60 à 62 fr. ; bonnes marques,
57 à 58 tr.; sortes ordinaires, 54 à 56 fr. ; le tout par sac de 15^ kilog. toile à
rendre ou 157 kilog. net, ce qui correspond aux prix extrêmes de 3i fr. 40 à
39 fr. 40 par 100 kilog., ou en moyenne 39 fr. 90; c'est une hausse de 80 centimes
sur le prix moyen du mercredi précédent. — Quant aux farines de S[/éculation, on
les cotait à Paris, le mercredi 25 avril au soir : farines neuf -marques, courant
du mois, 56 fr. 25 à 56 fr. 50; mai, 57 fr, ; juin, 57 fr. 75; quatre mois de mai,
58 à 58 fr. 25; juillet et aoiit, 58 fr. 75 à 59 fr. ; le tout par sac de 159 kilog.,
toile perdue ou i57 kilog. net. — Pour les farines deuxiènies, les prix sont sans
variations, de 23 à 28 fr. par 100 kilog. ; on cote les gruaux de 47 à 58 fr.
Seigles. — H y a plus de fermeté dans les prix. Oa paye à Paris, de 16 à
16 fr. 50 par 100 kilog. Les faiiues de seigle restent aux cours de 23 à 25 fr.
— La prochaine récolte du seigle s'annonce assez mal.
Orges. — Très peu d'a;ffaires, aux mêmes cours que précédemment. On paye
à Paris, de 18 à 20 fr. 5u par lOù kilog. suivant les sortes. Les escourgeons se
vendent aux prix de 17 fr 50 à 18 fr. 25. — A Londres, les importations d'orges
ont été de 29,000 quintaux depuis huit jours; les affaires sont calmes aux prix de
18 à 20 fr. 50 par 1 Ou kilog.
iMaU. — Cours sans changements. On paye par 100 kilog. : malts d'orge, 25 à
32 fr. ; malts d'escourgeon, 27 à 30 fr.
I>ES D3NRÉE3 AGRICOLES (28 AVi IL 188S). 157
Avoines. — Les ventes sont peu importantes; les prix accusent une certaine
fermeté. On cote à la halle de Pa^is, de 17 fr. 50 à 20 fr 50 par 100 kilog. sui-
vant poids, couleur et qualité. — A Londres, les importations d'avoines ont été
de 67,000 quintaux depuis huit jours ; le marché accuseiit des prix fermes, de
18 fr. 40 à 21 fr. 50 par 100 kilog.
Sarrasin. — Grande fermeté dans les prix. On paye à la halle de Paris, 16 fr. 50
à 17 fr par 100 kilog.
Maïs. — Les cours varient peu. On cote au Havre, 16 fr. 50 à 17 fr. par quinta
métrique pour les maïs d'Amérique.
Issues. — Les prix se maintiennent bien. On cote par 100 kilog. à Paris : gros
son seul, 15 fr. 25 à 15 fr. 50; son trois cases, 14 fr. 25 à 14 fr. 50; sons tins,
ISfr. 50 à 1^ l'r.; recoupettes, 13 fr. à 13 fr. 50; remoulages bis, 14 fr. à 14fr. 50;
remoulages blancs, 15 à 16 fr.
III. — Fourrages , graines fourragères.
Fourrages. — Les prix accusent sur la plupart des marchés beaucoup de fer-
meté. On cote par 1,0U0 kilog.: à Paris, foin, 1 10 à 124 fr.; luzerne, 112 à 126 fr.;
paille de blé, 58 à 70 fr.; paille d'avoine, 46 à 52 fr.; — à Nancy : foin, 76 à 83 fr.;
paille, 40 à 45 fr.
Graines fourragères. — Les cours sont bien maintenus pour toutes les sortes et
il y a peu d'oftres. Onpaye à Toulouse : trôfle, 165 à 170 fr.; luzerne, 1 10 à 1 15 fr.
IV. — Fruits et légumes frais,
Fruils. — On vend à la halle de Paris : fraises de châssis, le pot, 0 fr. 50 à
1 fr. 70; poires, le cent, 5 fr. à 100 fr; pommes, le cent, lOfr. à llOfr.; le kilog.,
0 fr. 40 à 0 fr. 60; raisins, chasselas de serres, le kilog., 10 à 16 fr.
Gros légumes. — Dernier cours de la halle : asperges de châssis, la botte, de
3 à 2ô fr.; aux petits pois, la botte, 1 à 3 tr.; carottes nouvelles, les 100 bottes,
75 à 125 fr.; carottes communes, les 100 bottes, 20 à :i2 fr.; d'hiver, l'hecto-
litre, 3 à 5 fr. ; de chevaux, les 100 bottes, 14 à 23 fr.; choux communs, le cent,
5 à 20 fr.; haricots verts, le kilog. 5 à 12 fr.; navets nouveaux, les 100 bottes,
100 à UO fr.; communs, les 100 bottes, 20 à 32 tr.; l'hectolitre, 3 à 4 fr.; oignons
nouveaux, les 100 bottes, 50 à 100 fr.;en grain, l'hectolitre, 8 à 10 fr.; panais
communs, les 100 bottes, 10 à 18 fr.; poireaux communs, les bottes, 20 à 60 fr.
Pommes de terre. — Hollande communes, l'hectolitre, 18 à 20 fr.; le quiatal,
25 fr. 71 à 28 fr. 67; jaunes communes, l'hectolitre, 9 à 10 fr. quintal,
12 fr. 85 à 14 fr. 28.
V. — Vins, spiritueur, vinaigres, cidres.
Vins. — Les premières semaines da mois d'avril avaient été assez favorables aux
travaux de la vign?, en même temps qu'à la végétation de la plante. A ces condi-
tions dont on n'avait qu'à se louer, en ont succédé tout à coup d'autres beaucouo
moins avantageuses. La température s'est abaissée rapidement, et elle est descen-
due au-des'sous de zéro dans un grand nombre de localités du Centre, de FOaest
et du Sud-Ouest ; h pluie est tombée en assez grande abondance, accompagnée
parfois de raffales de neige. Ces circonstances sont peu favorables aux vignes ; il
est encore difficile d'apprécier l'influence que ces intempéries auront exercée sur
leur végétation, mais il est certain qu'elles ne peuvent lui avoir été avantageuses.
Chaque année, la période que nous traverosas actuellement est la plus critique ;
les phénomènes contraires qui se sont produits trop généralement durant les an-
nées antérieures ont été la cause principale de la faiblesse des récoltes. Malheu-
reusement, le vigneron ne peut rien sur ces phénomènes ; tout ce qui est en son
pouvoir, c'est d'es>ayer d'en alténuer les effets par des iuesures de précautioa,
trop peu répandues encore dans la plupart des régions viticoles; ces mesures de-
mandent souvent beaucoup de main-d'œuvre, et c'est ce qui en rend l'application
difficile. En ce moment, les affaires sur les vins sont peu importantes; beaucoup
de livraisons s'elîectumt dans les celliers, mais il y a peu de vantes nouvelijis,
La période actuelle de cûva'i ne cessera probablement que lorsque les gelées ne se-
ront plus à redouter dans les vignobles.
Spiri'aeax. — Les affaires sur les alcools de toutes sortes sont, comme précé-
demment, très peu importantes, et c'est une nouvelle baisse que nous devons si-
gnaler dans les prix des alcools de betterave. Dins le Midi, on paye, suivant les
marchés : Cette, 3/6 bon goût, 105 fr.; marc, 100 fr.; Baziers, 3/6 bon goût, 103fr.;
marc, 95 fr. MontpeUier, 3/6 bon goût, 100 fr.; mire, 90 fr. Pézenas, 3/6 bon
goût, 102 fr.; marc, 9ï fr. Dans le Griirs, on paye les eaux-de-vie d'Armagnac :
158 REVUE COMMERCIALE ET PKIX COURANT
Haut-Armagnac, 150 fr.; Tenarèze, 152 fr. 50; Bas-Armagnac, l'^'' cru, 200 à
205 fr.' — A Paris, on paye les alcools du Nord : 3/d betteraves, 90 degrés, l''« qua-
lité disponible, 59 fr. 25; mai, 49 fr. 75 à 50 fr. ; quatre mois de mai, 50 fr. 75;
quatre derniers mois, 51 fr. 25. Le stock était, au 25 avril, de 21,375 pipes, contre
14,600 en 1882.
Vinaigres. — Les prix sont sans variation. On paye, par hectolitre, à Orléans :
vinaigre nouveau de vin nouveau, 40 à 42 fr.; vinaigre vieux, 50 à 60 fr.
Cidres. — Pas d'affaires, à raison de la mauvaise qualité d'une trop grande
proportion dç cidres nouveaux.
Rnisins sers. — Il y a |)eu de vente, mais les prix accusent beaucoup de fermeté.
On paye à Marseille, par 100 kilog. : Gorinthe, 54 à 55 fr. 50; Thyra, 47 à48 fr.;
raisins noirs, 43 fr. 50 à 44 fr.; Beyrouth, 45 fr,; Chypre, 48 à 56 fr.; Samos
noirs, 50 à 51 fr.; Vourlas rouges, 45 à 47 fr.
Crème de tartre. — Prix en hausse. On paye à Lyon 325 à 3^0 fr. par 100 kilog.
Soufres. — On cote, par 100 kilog., à Montpellier, soufre sublimé, 19 fr. 50;
rituré, 16 fr. 75 à i9 fr. ; en canons, 17 fr. 75 à 18 fr. 25.
VI. — Sucres. — Mélasses. — Fécules. — Glucoses. — Amidons. — Houblons.
Sucres. — Nous n'avons pas une grande activité à signaler dans les affaires sur
les sucres. Pour toutes les sortes, les prix sont ceux de la semaine précédente.
On paye par 100 kilog. suivant les marchés : à Paris, sucres bruts 88 degrés
saccharimétriques, 53 fr. à 53 fr. 25 ; les 99 degrés, 60 fr. 25 ; sucres blancs,
60 fr. 25 ; — à Lille, sucres bruts, 52 fr. 50 ; blancs, 59 fr. 75 ; — à Valenciennes,
sucres bruts, 52 fr. à 52 fr. 25; — à Saint Quentin, sucres bruts, 52 fr. ;
sucres blancs, 59 Ir. 75 à 60 fr. — Le stock de l'entrepôt réel des sucres, à
Paris, était, au 25 avril, de 757,000 sacs pour les sucres indigènes, avec une
diminution de 25,000 sacs depuis huit jours. — Les prix demeurent sans chan-
getiients pour les sucres raffinés. On les paye de 105 fr. 50 à 106 fr. 50 par
100 kilog. à la consommation, et de 64 fr. à 67 fr. pour l'exportation. — Dans
les ports, ventes restreintes pour les sucres coloniaux.
Mélasses. — Prix soutenus. On coteà Paris par 100 kilog. : mélasses de fabrique,
Il fr. 50 à 12 fr. ; de raffinerie, 13 fr. 50 à 14 fr.
Fécules. — Mêmes cours que précédemment. On paye à Paris par 100 kilog.
41 fr. pour les fécules premières du rayon; à Compiègne 40 fr. pour celles de
l'Oise; à Epinal, 41 fr. pour celles des Vosges. ,
Glucoses. — Prix fermes pour les sirops. On paye par 100 kilog.; sirop de
froment, 54 à 56 fr. ; sirop massé, 43 à 44 fr. ; sirop liquide 35 à 37 fr..
Amidons. — Il n'y a pas de changements dans les prix. On cote par 100 kilog. :
amidons de pur froment, 66 à 68 fr. ; amidons de province, 64 à 66 fr. ; de maïs,
54 à 56 fr.
Houblons. — Il y a toujours le plus calme dans les transactions ; très peu de
ventes aux prix des précédentes semaines. En Lorraine, on cote actuellement de
600 à 700 fr. par 100 kilog. suivant les sortes.
VII. — Huiles et graines oléagineuses, tourteaux.
Huiles. — Les affaires sont toujours très difficiles sur les huiles de colza ;
quant aux autres sortes, les prix se soutiennent. On cote à Paris, par lOD kilog. :
huile de colza en tous fûts, 96 fr. ; en tonnes, 98 fr. ; épurée en tonnes, 106 fr. ;
huile de lin en tous fûts, 58' fr. ; en tonnes, 60 fr. Sur les marchés des départements,
on paye les huiles de colza : Rouen, 97 fr. ; Gaen, 93 fr. 50; Arras, 92 fr.; et pour
les autres sortes : pavot, 76 à 80 fr.; lin, 59 fr. 25. — A Marseille, les affaires
sont assez actives sur les huiles de graines, avec grande fermeté dans les cours.
A Grrasse, il y a beaucoup de fermeté dans les cours des huiles d'olives nou-
velles; les premières qualités valent 190 fr. par 100 kilog.; les bonnes sortes,
150 fr.; les huiles communes, 105 fr.
Graines oléagineuses. — Les cours se maintiennent assez bien sur les marchés
du Nord. On paye par hectolitre à Arras : œillette, 25 fr. 50 à 28 fr. 25; lin, 17 à
18 fr. 75, cameline, 15. à 18 fr.; — à Douai, colza, 22 fr. à 23 fr. 50; cameline,
13 à 16 fr.; œillette, 26 fr. 50 à 27 fr.; Hn, 17 à 20 fr.
Tourteaux. — Prix soutenus pour toutes les catégories. A Marseille, les prix
sont ceux de notre dernière revue. Dans le Nord, on cote : à Arras, tourteaux
d'œillettes, 16 fr.; de colza, 18 fr. 50 ; deHn, 23 fr.; de cameline, 18 fr.; à Rouen,
tourteaux de sésame, 15 fr.; de lin, 19 fr. 50; — à Gaen, tourteaux de colza, 17 fr.
VIII. — Matières résineuses, et tannantes.
Matières résineuses. — Les prix sont encore en baisse dans le Sud-Ouest
DES DENRÉES AGRICOLES (28 AVRIL 1883). 159
pour l'essence de térébenthine. — ABordeux, on cotç 82 à 83 fr. par 100 kilog. î
— à Dax, 73 fr. Peu d'atTaires sur les autres produits.
Gaiules. — On cote nominaleraeut dans le Languedoc à 25 fr. par 100 kilog.
Ecorces. — La faiblesse des cours que nous avons signalée précédemment, est
la même dans tous les centres de jiroduction.
IX. — Textiles.
Chanvres. — Les ventes sont jieu importantes dans l'Ouest, et les prix sans
changements.
Lins. — Dans le Pas-df^-Calais, à Doullens^ les lins du pays valent 67 fr. 50 à
95 fr. par quintal métrique.
Laines. — Dans les ports, les affaires continuent à être assez actives sur les
laines. — Au Havre, on cote les laines à Buenos-Ayres, suivant la qualité, de
1 fr. 70 à 2 fr. par kilog.
X. — Suifs et corps gras.
Suifs. — Prix encore en hausse. On paye à Paris 110 fr. par 100 kilog. pour
les suii's purs de l'abat de la boucherie ; 82 fr. 50 pour les suits en branches.
Saindoux. — Prix soutenus au Havre. On y cote les saindoux d'Amérique, 142
à 143 fr. par 100 kilog.
XI. — Beurres. — Œufs. — Fromages. — Volailles.
Beurres. — Il a été vendu, pendant la semaine, à la halle de Paris, 236,750 k" og.
de beurres. Au dernier jour, on payait par kilog. : en demi-kilog., 2 fr. 40 à
4 fr. 24 ; petits beurres, 1 fr. 90 à 3 fr. 04; Gournay, 2 fr. 22 à 4 fr. 54; Isi-
gny, 2 fr. 62 à 8 fr. 30.
Œufs. — Du 16 au 22 avril, on a vendu à la halle de Paris, 8,7 24,509 œufs.
Au dernier marché, on cotait par mille : choiîJ, 8J à 90 fr. ; ordinaires, 50 à
70 fr.; petits, 44 à 48 fr.
Fro'nages. — Derniers cours de la halle de Paris, par douzaine : Brie, 7 à 33 fr.;
Montlhéry, 15 fr. ; — par cent, livarot, 54 à 122 fr.; Mont-Dor, 1 1 à 33 fr.;
divers, 8 à 62 fr. ; par 100 kilog.; Gruyère," 110 à 180 fr.
XII. — Chevaux, bétail, viande.
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement officiel du marché aux bes-
tiaux de la Villette, du jeudi 19 au mardi 24 avril :
Poids Prix du kilog. de viande nette sur
Vendus moyen pied au marché du 23 avril.
Pour Pour En 4 quartiers, f'^ 2« 3' Prix
Amenés. Paris, l'extérieur, totalité. kil. quai. quai. quai. moyen.
Bœufs 4,984 » - 4,324 352 1.74 1.58 1.36 1.54
Vaches 1,285 » '• 1,194 240 1.64 1.44 1.26 1.43
Taureaux 268 •- » 228 386 1.50 1.38 1.26 1.37
Veaux 3,341 » » 3,288 78 2 26 2.10 1.70 1.85
Moutons 40, .344 » » 34,837 20 2.20 2 06 1.88 2.00
Porcs gras.... 6,640 » » 9,098 80 1.42 1.36 1.30 1.36
— maigres. » » » " » » » ■> »
Les approvisionnements du marché ont été très considérables durant cette
semaine. Les affaires ont été assez difficiles pour toutes les sortes d'animaux, et
les prix accusent un peu de baisse comparativement aux cours de la semaine pré-
cédente. — Sur les marchés des départements, on cote : Rouoi, bœuf 1 fr. 60 à
1 fr. 90 par kilog. de viande nette sur pied ; vaches, 1 fr. 45 à 1 fr. 7.5 ; mou-
tons 2 fr. à 2 fr. 30; — Le Mans, vaches, 1 fr. 56 à 1 fr. 66; veaux, 1 fr. 60
à 1 fr, 70; mouton, 2 fr. 10 à 2 fr. 22; agneaux, 2 fr. 30 à 2 fr. 50; —
Nantes, bœufs, 0 fr. 90par kilog. brut sur pied; veau, 0 fr. 90 ; mouton, 1 fr. 10;
— Sedan, bœuf, 1 fr. 60 à 1 fr. 80; veau, 1 fr. 40 à 1 fr. 90; mouton, 2 fr. 20
à 2 fr. 30; porc, 1 fr. 50 à 1 Ir. 90 ; — Nancy, bœuls morts, 91 à 98 fr.;
vaches, 65 à 94 fr.; veaux, 116à 130fr.; mouton; 110 à 125 fr.; porcs, 136 à
144 fr. ; le tout par 100 kilog.;— Dijon, bœuf, 1 fr. 56 à 1 fr. 78; vaches,
1 fr. 16 à 1 fr. 58 ; veau (poids vif) 0 fr. 96 à 1 fr. 12 ; moutons, 1 fr. 80à 2 fr. 10;
— Lyon, bœufs, 85 à 92 fr. 50 les 100 kilog.; veaux, 110 à 120 fr. ; moutons,
70 à 105 fr.; — Boargoin, bœufs, 66 à 76 fr.; vaches, 58 à 68 fr.; moutons,
90 à 98 fr.; porc, 86 à 90 fr.; veaux, 85 à 95 fr. ; — yl/rr (Bou.ches-du-Rhône),
bœufs, 1 fr. 50 à 1 fr. 65 ; vaches, 1 fr. 40 à 1 fr. 60 ; moutons de pays, 2 fr. à
2 fr. 10; moutons de Gap, 1 fr. 90 à 2 fr. ; brebis, 1 fr. 70 à 1 fr. 90 ; agneaux,
1 fr. 05; — Genève, bœuf, 1 fr. 50 à 1 fr. 65; veau (poids vif), 0 fr. 90 à 1 fr. 10 ;
mouton, 1 fr. 90 à 1 fr. 95 ; porc, 1 fr. 45 à 1 fr. 50.
160 REVUE COMMERCIALE ET PRIX GOURANT (28 AVRIL 1883).
A Londres, les importations d'animaux étrangers durant la semaine dernière se
sont composées de 15, 20 têtes, dont 4 bœufs, 291 veaux, 32 moutons et
46 porcs venant d'Amsterdam ; 62 1 moutons d'Anvers ; 2743 moutons de Brème ;
5514 moutons de Geestemunde; 239 bœufs et 54 veaux de Gothembourg;
356 moutons d'Hambourg; 17 bœufs, 37 veaux, 31 moutons et 8 porcs d'Harlin-
gen ; 956 bœufs de New- York; 127 bœufs d'Oporto ; ;-6 bœufs, 210 veaux,
27'i8 moutons et 110 porcs de Rotterdam; 110 bœufs de Vigo. Prix du kilog.
Bœuf: qualité inférieure, 1 fr. 40 à 1 fr. 95 ; 2% 1 Ir. 85 à 1 fr. 75; l""" 1 fr. 87 à
2 fr. 05. — Veau : ^«, 2 Ir. 05 à 2 fr. 16 ; 1«, 2 fr. 16 à 2 fr. 40. — Mouloni
qualité inférieure, ]l ir. 75 à 1 fr. 93; 2% 1 fr. 93 à 2 fr. 10; i'% 2 fr. 10 à
2 fr. 28. —Agneau : 2 fr. 63 à 2 fr. 80. — Porc : 2", 1 fr. 52 à 1 fr. 64; 1'%
1 fr. 64 à 1 fr. 75.
Viande à la criée. — On a vendu à la halle de Paris du 16 au 22 avril :
Prix du kilog. le 23 avril.
kilog. l" quai. 2° quai. 3" quai. Choix. Basse Boucherie.
Bœufouvaclie... 171,022 1.60 à 1.96 1.46 à l. 08 0.90 à 1.44 1.. 56 à. 3. 06 0.20 à 1.36
Veau 214,76.1 1.88 2 26 1.66 1.86 1-16 1.64 1-36 2.54 »
Mouton 83,306 1.60 1.96 1.38 1.58 0.90 1.36 1.80 3.66 »
Porc 55,345 Porc frais I .20 à 1.40; salé,
.524,438 Soit par jour 74,919 kilog.
Les ventes ont été inférieures de 5,000 kilog. par jour à celles de la semaine
précédente. Les cours se maintiennent sans variations.
XIIL — Cours de la viande à l'ahattoir de la Villelte du 26 avril {par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Viilette par 50 kilog. : P* qualité,
80 à 83 fr. ; 2% 75 à 80 fr. ; poids vifs, 48 à 56 fr.
Bœufs. Veaux. Moutons.
1" 2° 3" l" 2' 3' 1'" . 2" 3"
quai. quai. quai. q lal. quai. quai. quai. quai. quai.
fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr.
83 77 70 117 108 100 100 94 86
XIV. — Marché aux bestiaux de la Viilette du jeudi 26 avril 1883.
Cours des commissionnaires
Poids Cours officiels. en besiiaux^
Animaux gênerai. 1" 2° 3' Prix 1" i' 3' Prix
amenés. Invendus. kil. quai. quai. quai, extrêmes. quai. quai. quai. extrêmes.
Bœufs 1.687 » 345 1.84 1.68 1.44 1.40ài.92 1.82 1.66 1.42 1.38àl 90
Vaches 416 » 235 1.70 1.52 134 1.26 1.74 1.68 1.50 1.32 1.24 1.72
Taureaux... 116 » 375 1 58 1.46 t. 36 130 1.64 1.56 1.44 1.34 1.28 1.62
Veaux (.402 80 79 2 30 2.16 176 1.56 2 50 » » » »
Moutons 19 235 443 l9 2.10 2 00 1 80 1 60 2.18 » » » »
Porcs gras.. 4 361 » 81 1.52 1-46 1.40 1.34 1.56 » » »
— maigres.. » » » » • » » » » » » »
^^Vente très active sur toutes les espèces.
XV. — Résumé.
Nous n'avons cette semaine que de la fermeté à signaler sur les cours de la
plupart des denrées agricoles. A. Remy.
BULLETIN FINANCIER
La Bourse n'est pas en désordre, voilà tout ce qu'on peut en dire.
Cours de la Bourse du 25 au 27 avril 1883 {au comptant).
Principales valeurs françaises :
Plus Plus Dernier
bas. haut, cours.
Rente 3 o/0 79.30 79 50 79 50
Rente 3 o/o amortis 80.40 80.90 80.90
Rente 4 1/2 0)0 109.75 111.00 lo9.75
Rente 5 0/0 lit 20 113.15 111.20
Banque de France 5390 00 5400.00 5390.00
Comptoir d'escompte 977.50 980.00 980 00
Société générale 540.00 5,i0.oo 545.00
Crédit foncier Io40.00 1350.00 1345.00
Est Actions .500 730 00 733.75 733,75
Midi d° 1115 00 1135.00 1130.00
Nord d° 1900.00 1925 00 ■925.00
Orléans d° 1250.00 1255.00 1253.00
Ouest d° 770.00 773.75 773,75
Paris-Lyon-Méditerranée d" 1567. 50 1555.00 1585.00
Paris 1871 obi. 400 à 3 O/O. 388.50 390.00 387.50
Italien 5 O/0 91.25 9t 70 9170
Le Gérant • A. BOUCHÉ.
Fonds publics et emprunts français et
étrangers :
Plus Plus Dernier
bas. haut, cours.
Obligations du Trésor
remb. à 5C0 4 o/o...
Consolidés angl. 3 o/o
5 ojo autrichien
4 o/o belge Iii5 20
6 o/o égyptien 381.25
3 o/o espagnol, exter''. »
5 O/o Honduras obi, 300 »
Tabacs ital., obi. 300.
6 O/o péruvien
5 ' /o russe
5 o/o turc
5 o/o roumain
Bordeaux, 100 3 0/0.
Lille, 100, 3 o/o
510.00
102 00
67.3/4
508.75
515.00
103.1/»
-67.3/4
106.30
386-50
515.00
103.1/8
67.3/4
106.20
86.00
92.00 87.1/2
11.85
12.05 11.85
92.00
103.1/2 103.1/2
101.00
105.00 104.00
101.75
103. OU 101.75
LETERHIER.
CHRONIQUE AGRICOLE (5 mai .883).
Projet de loi ayant pour but. de porter à 25,000 fr. la pension annuelle de M. Pasteur. — Le^
droits du géiiie aux récompenses nationales. — Discii^.'^ions relatives au cri'Miit agricole nnobi-
lier. — Travaux de la Commission du Sénat. — La question du privilège en faveur des vendeurs
d'engrais. — La rt''0[ganisation du cheptel. — La Banque de France et l'agriculture. — Nécro-
logie. — MM. Duvivier, de Lauraguel, dzalet, Pervinqui're, Lotenier. — Huitième liste de la
souscripticm ouverte pour élever un monument à Léonce de Lavergne. — La claveléc des mou-
tons en Espagne. — Sucres et betteraves. — Programme du prochain Congrès sucrier d'Amiens.
— La question de l'impôt sur l,i betterave. — Brochure de M. Mazuriez. — Vœu du Comité
sucrier des arrondissements de Laon, Vervins, Soissons et Ghàteau-Thierry. — Le phylloxéra. —
Réunion ce la Section permanente de la commission permanente. — Subventions à des asso-
ciations syndicales. — Le phylloxéra en Crimée et en Italie. — Procédé de destruction pro-
posé par M. Cramoisy. — Concour.-- de chevaux de trait à Paris. — Concours de la Société d'agri-
culture d'^ la Gironde et de la Société d'agriculture de Chalon-sur-Saône. — Concours en Italie
pour de machines à travailler le chanvre. — La question de l'introduction des viandes de
porc d'Amérique. — Lettre de M. l'eyrusson. — Les éducations de v::rs à soie. — Notes de
MM. Boncenne et Nebout sur l'état des récoltes dans les départements de la Vendée et de l'Allier.
I. — Ri'Ciimpense national' à M. Payeur.
Nous publions plus loin (page 1 69) l'exposé des motifs d'un projet de
loi que le gouvernement vient de soumettre au Parlement, et qui a pour
but de porter de 12,000 à 25,000 francs la pension nationale annuelle
votée en 1874, en faveur de M. Pasteur, Tous les agriculteurs approu-
veront l'initiative que prend le gouvernement. C'est un hommage
à la science; c'est une reconnaissance de grands services rendus. Les
travaux de M. Pasteur ont déjà fait gagner au pays, ce n'est pas assez
dire, à l'humanité tout entière, à l'agriculture de toutes les parties du
monde, des sommes considérables. Le chiffre de la pension qui va lui
être faite ne représente qu'une minime fraction des intérêts des
bénéfices dont il a enrichi non seulement les cultivateurs français,
mais encore ceux de toutes les autres nations. Si nous avions une
objection à faire, ce serait contre la modicité même de la récompense.
Les traitements qu'on accorde aux grands hommes de guerre devraient
être aussi ceux des grands hommes de science. Si la France faisait
une position exceptionnelle à quelques-uns de ceux qui l'illustrent
dans les sciences et dans les lettres, ce ne serait pas un acte de prodi-
galité; ce serait, au contraire, une preuve de haute prévoyance. Le
génie, dans une nation civilisée, doit occuper le premier rang.
IL — Le cf'édù agricole mobilier.
Un de nos confrères de la presse agricole critique les travaux de la
Commissio:! sénatoriale chargée d'étudier le projet de loi sur le crédit
agricole mobilier présenté par M. le ministre de l'agriculture, et il
exprime des craintes sur l'efficacité des mesures qui paraissent devoir
sortir des délibérations de cette Commission. Ces critiques peuvent se
résumer dans les points suivants : T la Commission n'a pas encore
mis son rapport en état d'être déposé sur le bureau du Sénat dès les
premiers jours de la rentrée afin de le faire venir immédiatement en
discussion; 2° la Commission et le gouvernement n'ont pas jugé qu'il
fût nécessaire d'ajouter un nouveau monopole à ceux qui existent
déjà, ni de faire assumer par l'Etat une responsabilité quelconque dans
la distribution du crédit aux agriculteurs; 3" la Commission, en s'ap-
puyant sur Lavis de la Société nationale d'agriculture de France, a
refusé de créer un privilège en faveur des vendeurs dengrais ; 4" elle
n'a pas jugé opportun d'introduire dans un projet de loi sur le crédit
agricole un projet de réorganisation du cheptel ; 5" enfin la Banque de
France a déclaré qu'elle n'entendait pas se charger de faire l'éducation
commerciale du paysan français,
N» 734. — Tome n de 1883. — s Mai.
162 CHRONIQUE AGRICOLE (5 MAI 1883).
Il nous est difficile de nous associer à ces critiques. Sans doute nous
eussions été heureux d'une solution plus prompte, mais convient-il de
rendre la Commission sénatoriale seule responsable des retards que
nous déplorons? Ne serait-il pas juste d'en attribuer la plus grande
part aux contre-projets et amendements que la Commission a dû dis-
cuter avant de les adopter ou de les écarter?
Nous ne saurions pas davantao;e trouver un moiif de blâme dans la
sage résolution d'éviter la création d'un nouveau monopole, et d'épar-
gner à l'Etat la responsabilité morale et matérielle qui pourrait résulter
de son immixtion dans la distribution du crédit. Le rôle de l'Elat, en
cette matière, doit se borner à supprimer les obstacles qui gênent la
liberté légitime des particuliers; c'est à l'initiative individuelle ou
collective de ceux-ci qu'il appartient de tirer le meilleur parti possible
de cette liberté, et nous croyons qu'elle saura le faire. Il est parfaite-
ment exact que la Société nationale d'agriculture de France, consultée
sur l'utilité qu'il y aurait à établir un privilège spécial en faveur du
vendeur d'engrais, s'est prononcée contre cette innovation ; nous avons
publié dans ce Journal le rapport fait sur cette question par M. Gaudin.
Mais nous ne croyons pas qu'il faille, pour cela, ranger la Société
nationale parmi les adversaires du crédit à l'agriculture; nous esti-
mons au contraire qu en se prononçant comme elle l'a fait, elle a rendu
un véritable service à l'agriculture, parce que rien n'est plus préjudi-
ciable au crédit que les privilèges établis par la loi. D'où résulte le
crédit? 11 résulte de l'appréciation faite par le tiers de la situation
apparente d'un individu, tant au point de vue moral qu'au point de
vue matériel. Donc tout ce qui tend à mettre en défaut cette app)'écia-
tion de la situation apparente, est un obstacle pu crédit. Les privi-
lèges ayant incontestablement ce résultat, la Société nationale d'agri-
culture de France est restée fidèle à sa mission en déconseillant la
création d'un nouveau privilège.
En ce qui concerne la reorganisation du cheptel proposée par
M. d'Esterno, nous ne croyons pas que la Commission s'y soit montrée
défavorable; elle a pensé que cette réforme serait mieux à sa place
dans le Code rural que dans une loi sur le crédit agricole. Nous ne
pouvons blâmer cette résolution qui nous paraît dictée par le bon sens.
Enfin, de ce que la Banque de France refuse de se charger de faire
l'éducation commerciale du paysan français, faut-il conclure qu'elle
verrait avec regret les agriculteurs participer aux bienfaits du crédit?
Ce qu'il faut à l'agriculture, ce n'est pas seulement le crédit dans les
conditions usuelles du commerce et de l'industrie; c'est le crédit dans
des conditions appropriées à sa situation exceptionaielle que personne
ne peut modifier, parce qu'elle est imposée par les lois mêmes delà
nature. En d'autres termes l'agriculture ne peut pas se contenter, pour
ses opérations courantes, d'un crédit de quatre-vingt dix jours. Il
faudra souvent que la longueur de ce crédit soit doublée et même tri-
plée, parce que c'est s:^ulement parla réalisation de sa récoke que le
cultivateur peut être en mesure de faire honneur à ses engagements.
La Banque de France fait bien de ne pas consentira entrer dans cette
voie nouvelle qui pourrait la conduire à des mécomptes et compro-
mettre les services qu'elle rend aujourd'hui.
En résumé, nous ne partageons point les craintes manifestées par
notre confrère; nous continuons à espérer au contraire, que la question
CHRONIQUE AGRICOLE (5 MAI 1883). 163
du crédit agricole recevra, pendant le cours de la session actuelle, une
solution favorable par le vole d'une loi régularisant la commercia-
lisation des engagements des cultivateurs, et facilitant la pratique du
nantissement pour les produits de leur industrie. Gela fait, le légis-
lateur aura rempli son rôle; le reste de la tâche doit être réservé à
l'initiative privée ; c'est à celle-ci qu'il conviendra de s'en acquitter,
sans demander au Trésor public ou aux Caisses d'épargue un service
que la prudence déconseille. Elle aura à donner aux cultivateurs les
moyens de pouvoir acheter à crédit les matières premières de leur
industrie. Le crédit agricole sera alors réellement créé.
III. — Nécrologie.
Nous avons le regret d'annoncer la mort de M. Duvivier, secrétaire
général de la Société nationale et centrale d'horticulture de France. Il
remplissait depuis plusieurs années avec distinction ces fonctions, et il
était permis d'espérer qu'il les conserverait pendant longtemps encore.
Il n'était âgé que de cinquante-trois ans.
La Société d'agriculture de la Haute-Garonne a perdu récemment
un de ses membres, M. le comte dAuriol de Lauraguel. Il était un
des agriculteurs les plus habiles du canton de Garaman, et il avait
remporté en 1870 le prix d'honneur départemental pour ses cultures.
Un de nos confrères de la presse anglaise, M. Edward Cazalet, un
des propriétaires du Journal agricole The Mark lane express, vient de
mourir à Gonstantinople à l'âge de cinquante-six ans seulement. Il
possédait des propriétés consi'lérables sur lesquelles il avait introduit
les meilleures méthodes de culture.
Ui agriculteur distingué de la Vendée vient aussi de disparaître.
M. Henri Pervinquière a succombé le 21 avril, à l'âge de soixante ans.
Il élevait dans sa propriété de Bazoges en Pareds, de belles vaches de
race parthenaise qui ont souvent figuré dans les concours de la région
de ruuest et lui ont valu plusieurs récompenses. Il possédait aussi un
réel talent comme peintre et dessinateur d'animaux.
Un de nos collaborateurs vient aussi de disparaître. M. Leterrier est
mort le 30 avril à l'âge de 52 ans. Il rédigeait depuis 1871 le bulletin
financier du Journal.
IV- — Souscription pour élever un monument à Léonce de Lavergne.
Voici la huitième liste de la souscription ouverte pour élever un
monument à Léonce de Lavergne.
Fr.
Report de la septième liste 8 , 426 00
Société d'agriculture et de commerce de Caen ,.. . . 50 00
Lard Walsingham, à Londres 50 50
Coniire agricole de Lassay (Mayenne) • 20 00
Comice agricole de Nérac (Lot-et-Garonne) 100 00
Société centrale d'agriculture de Meurtheel-Moselle 25 00
Société d'agriculture de [a Haute- Vienne 20 09
Société ■igricole et induslri"lle du Lot 50 CD
Comice agricole de Sancoins, Laguerche et Nérondt's (Clier) 20 00
Comice viticole de Perpignan (Pyrénées-Orientales) 2''> 00
MM. de la Tréhonnais, au château de Saron (Marne) 10 00
Boncenne fils, à Fontenay-le-Gomte (Vendée) 5 00
Alicot, député 10 00
Ferme-école de la Roche (Doubs): MM. Faucompré, directeur, '5 fr. ;
— Tardy, sous-ilirecteur, 3 fr. ; — Tardy fils, chef de pratique,
2 fr.; — Larmet, vétérinaire. 2 fr. — Total 12 00
M. le vicomte de Charnacé, memlire de la Société des agricul-
teurs de France 10 00
Société d'agriculture de la Uantr-Gnronne 100 00
Comice agricole de Béziers (Hérault) 50 00
Total de la huiticnoe liste «,983 50
164 CHRONIQUE AGRICOLE (5 MAI 1883).
Nous rappelons à nos lecteurs qu'ils peuvent envoyer leurs souscrip-
tions à M. Henry Sagnier, secrétaire du Comité, aux bureaux du Jour-
nal de l'agricu'lure.
V. — La clavelée en Espagne.
Une note insérée par le ministère de l'agriculture au Journal officiel
fait connaître que lépizootie de clavelée qui sévissait dans la région
espagnole limitrophe du département des Pyrénées-Orientales, a cessé
d'exibter. — En conséquence, le ministre de l'agriculture a décidé,
par arrêté du 25 avril, qu'à partir du T' mai, l'importation des bêtes
ovines et caprines, qui avait été interdite temporairement par les bu-
reaux de douane de Saint-Laurent-de-Cerdans, Prats-de-Molo, Estavar,
Saillagouse, Osséja, Bourg-Madame et la Tour-de-Carol, pourrait de
nouveau s'effectuer par ces bureaux.
VI. ~ Sucres et betteraves.
Nous avons fait connaître que le Comité central des fabricants de
sucre organisait un congrès sucrier qui aura lieu à Amiens pendant le
prochain concours régional. Les séances de ce Congrès se tiendront lo
9 et le 10 mai. Voici le programme des questions qui y seront dis-
cutées :
9 mai. — Question unique. Des changements à apporter au régime des sucres
français pour les mettre en mesure de soutenir la concurrence des sucres étrangers
primas. — Rapporteurs : MM. F. Jacquemart et J.-B. Mariage.
10 mai. — V question. Des subventions industrielles. — Rapporteur : M. Del-
lisse.
2* question. La dernière campagne sucrière a-t-elle confirmé les bons effets des
turbines Weinrich? — Rapporteur : M. Têtard.
3* question. De l'analyse commerciale et de l'échantillonnage des sucres. —
Rapporteur : M Hallette.
4^ question. Des progrès à réaliser dans l'épuratio;) les jus par la conduite de
la carbonatation. — Rapporteur : M. Vivien.
5* question. Des progrès à réaliser dans le travail par l'osmoe. — Rapporteur :
M. Druelle.
6* question. Du transporteur hydraulique Reidinger, pour conduire les bette-
raves du silo à Téévateur. — Rapporteur : M. Vivien.
On voit que ce programme comporte à la fois des questions écono-
miques et des questions techniques qui sont d'un très grand intérêt
pour la sucrerie indigène. Il est probable que la transformation de
l'assiette de l'impôt du sucre donnera lieu à des discussions impor-
tantes. Récemment, nous avons reçu une intéressante brochure de
M. Mazuriez, fabricant de sucre à Pouilly (Aisne), qui arrive à des
conclusions analogues à celles que nous avons récemment exposées
sur la nécessité de réformer complètement la base de l'impôt. Sur ce
sujet, le Comité sucrier des arrondissements de Laon, Vervins, Sois-
sons et Château-Thierry (Aisne) a pris, à la date du 25 avril, la déli-
bération suivante :
Le Comité sucrier des arrondissements de Laon, Vervins, Soissons et Château-
Thierry, considérant,
1" Que l'industrie sucrière agricole française e^t en péril; et qu'elle va dispa-
raître si l'on ne se hâte de prendre les mesures les plus énergiques pour parer
les coups que lui porte la fabrication étrangère, notamment la fabrication
allemande;
2° Que les agriculteurs et les fabricants de sucre des pays étrangers sont en
pleine prospérité, grâce à des législations inspirées par cette pensée : que le
meilleur moyen d'assurer la richesse publique e t de favoriser la proiuciion du
sol ;
CHRONIQUE AGHIGOLE (5 MAI 1883). 165
3" Que les législations sucrières des pays étrangers ont toutes pour base
l'impôt sur la matière première;
4° Que les pays allemands surtout, avec leur impôt sur la betterave, ont triplé
leur production depuis dix ans; qu'ils ont déjà envahi tous les marchés de l'Eu-
rope; et qu'ils vent acc.iparer le marché français;
5" Que la France sucrière, avec son impôt sur le sucre fabriqué, est en pleine
décadence; que sa production diminue rapidement; que son exportation est deve-
nue impossible; et qu'elle va sombrer inévitablement sous la concurrence de ses
rivaux ;
6" Que la culture française subit, et subira davantage encore, le contre-coup de
la situation fatale qui est faite à la sucrerie;
Considérant en outre :
1° Que le seul moyen de tenir tête aux concurrents étrangers, se trouve dans
l'adoption de celui des systèmes d'impôt qui a le mieux contribué à leur
prospérité ;
z" Qu'il est reconnu que ce moyen réside dans l'impôt sur la betterave ;
3" Que si l'impôt sur la betterave ne conduisait pas au résultat extrêmement
désirable de l'égalité pour tous, il aurait l'immense avantage d'assurer un relève-
ment général, en ravivant des principes de vitalité qui s'éteignent avec une rapi-
dité désespérante ;
4° Que, dans l'état actuel des choses, toute législation qui ne comporterait
qu'une demi-mesure serait plus dangereuse que le siala quo, car elle supprime-
rait toute réclamation pour un temps plus ou moins long, pendant lequel les
concurrents étrangers mettraient la sucrerie française dans une position
irrémédiable;
5" Que néanmoins, le Comité est d'avis qu'il est indispensable de recourir à
une mesure de préservation partielle et provisoire, en relevant la surtaxe à l'entrée
des sucres étrangers du continent, attendu que l'impôt sur la betterave ne peut
êtie appliqué que pour la fabrication 1884-85, à cause des moyens de préparation
à prendre par les cultivateurs, les fabricants et l'administration des finances;
Emet les vœ'ix suivants :
« p Que dans le plus bref délai, la surtaxe de compensation soit élevée de 3 à
4 francs par IOj kilog. pour les sucres bruts de tous les pays d'Europe;
« 2° Qiie l'impôt sur la betterave soit voté d'ici au mois de septemb e prochain,
pour être appliqué lors de la fabrication 1S84-85 sur les bases prin'^ipales suivantes :
« 2 ) francs par 1,00U kilog. de betteraves; — 5 pour 100 de sucre rafli ,é pour
le rendement légal; — sucre extrait des mélasses inde one de droits ; — et 40 fr.
par 100 kilog. pour le remboursement ou drawback à l'exportation.
Le président, Le vice-président, Le secrétaire,
C. Leroux. Bazin aîné. • J. Lecat.
La question de la réforme fiscale s'impose aujourd liui, d une ma-
nière inéluctable; il faut la résoudre, si l'on veut que la sucrerie fran-
çaise retrouve la prospérité dont elle a joui pendant longtemps.
VIL — Le phylloxéra.
La Section permanente de la Commission supérieure du phylloxéra
s'est réunie le 27 avril, sous la présidence de M. Dumas. Elle a d'abord
décidé que l'introduction des vignes américaines dans l'île d'Oléron
sérail autorisée, mais à la condition que les importateurs désinfecte- .
raient les plants et boutures introduits dans l'île. Elle a donné un
avis favorable à des traitements administratifs de taches phylîoxé-
riques dans 11 communes du département du Jura : Beaufort,
Césancy, Orbagna, Vercia, Névy-sur-Seiile, Thonarette, Nanc, S dnt-
Jean-d'Etreux, Villechantria, Périgny et Goubièges; sur 6 hectares dans
les communes de Moaastieret de Chirac (Lozère); à Beaumont (Haute-'
Loire), et sur 4 hectares à Cangey (Indre-et-Loire). Elle a ensuite
décidé que des subventions pourraient être accordées à des syndicats
comme il suit ; Aveyron, un syndicat à Saint-Aubin, comptant
1 20 propriétaires pour traiter 90 hectares par le sulfure de carbone ;
166 CHRONIQUE AGRICOLE (5 MAI 1883).
Ain, un syndicat à Rossillon, comptant 19 propriétaires pour traiter
7 hectares ; — Charente-Inférieure , un syndicat à Saint-Germain du-
Seudre, comptant 14 propriétaires pour traiter 10 hectares; — Cole-
d'Or^ deux syndicats à Norges-le-Haut et à Pulligny-Montrachet, comp-
tant ensemble 34 propriétaires pour traiter 8G hectares; — Dordogne,
un syndicat à Bergerac, comptant 35 propriétaires pour traiter
240 hectares par le sulfure de carbone et le sulfocarbonate ; — Drôme^
un syndicat à Larnaye, comptant 13 propriétaires pour traiter 6 hec-
tares ; — Gard, un syndicat à Margueritte, comptant 3 propriétaires
pour traiter 4 hectares ; — Gers, 3 syndicats de recherclies à Saint-
Puy, Gimont et Montfort, pour 374 hectares; — Haute- Garonne^
4 syndicats de recherches à Noé, Muret, Léguevin et Martres, comp-
tant 309 propriétaires pour 1 ,525 hectares ; — Gironde^ un syndicat
à Saint-Estèphe, comptant 4 propriétaires pour traiter 8 hectares par
le sulfure de carbone et le sulfocarbonate; — Lot, un syndicat à
Albas, comptant 3 propriétaires pour traiter 16 hectares; — Rhône,
deux syndicats i Ancy et à Sainte-Colombe, comptant 1 5 propriétaires
pour traiter 10 hectares ; — Saône- et- Loire, un syndicat à la Vineuse,
comptant 44 propriétaires pour traiter 5 hectares ; — Tarn et-Garonne,
un syndicat aux Dunes, comptant 10 propriétaires pour traiter 45 hec-
tares. On voit que la plupart des associations syndicales ont toujours
recours à l'emploi du sulfure de carbone. — M. Tisserand, directeur de
l'agriculture, a donné connaissance de deux rapports des consuls
français sur la situation en Crimée et en Italie. En Crimée, les taches
phylloxériques sont traitées par le sulfure de carbone à dose d'extinc-
tion, suivant les procédés préconisés par M. Victor Fatio et adoptés
en Suisse depuis plusieurs années. — En Italie, les taches phylloxé-
riques sont disséminées dans plusieurs provinces ; mais elles n'ont
qu'une étendue restreinte; elles n'atteignent pas plus d'une cimtaine
d'hectares ; le fléau n'a donc pas exercé une action réelle sur la production
italienne; on y compte, en effet, aujourd'hui près de 2 millions d'hec-
tares de vignes qui ont donné 30 millions d'hectolitres de vin en 1882.
Dans une note qu'il vient de nous adresser, M. le D"^ Cramoisy, phar-
macien, frappé des ressemblances qui existent entre le phylloxéra de
la vigne et le puceron lanigère du pommier, propose d'employer contre
le phylloxéra, surtout pour assurer la destruction de l'œuf d'hiver, une
dissolution d'acide pyroligneux qui lui a donné d'excellents résultats
contre le puceron lanigère. On l'emploierait en en badigeonnant toutes
les parties extérieures du cep, et en la versant dans des cuvettes creusées
au pied des vignes, en vue de détruire les insectes souterrains. Voici
le mélange qu'il préconise : acide pyroligneux rectifié à 7 ou 8 degrés,
un litre; acide salycilique, 2 grammes; oxyde rouge de mercure,
1 gramme : fuschine, 0^^25. Il serait employé pur pour badi-
geonner les ceps pendant l'hiver, et dilué dans l'eau au 30* ou au
20** pour les arrosages dans les cuvettes au pied des vignes.
VIII. — Concours de chevaux de irait à Paris.
La villede Paris a organisé, pour la première fois, les 26 et 27 avril,
un concours de chevaux de trait qui a eu un succès complet, quoiqu'il
ait été annoncé seulement peu de temps avant d'avoir lieu. Il s'est tenu
au marché aux chevaux (boulevard Saint-Marcel), et il a réuni 163 che-
vaux. Sur ce total, 108 chevaux ont subi les épreuves au trot, et 47 ont
CHRONIQUE AGRICOLE (5 MAI 1883). 167
été admis aux épreuves attelées. Les récompenses qui consistaient en
médailles d'or, d'argent et de bronze, ont été réparties comme il suit :
Médaillp d'or. -^ M. Salvator Ernoult, à Paris : jumeni ^ris truite.
Médailles d'argent. — MM. Menicr, haras de Noisiel : cheval entier bai;
Hinard (Laurent), à Gharcnton : jument grise; Masson (Alphonse), à Vin-
cenn s, hougre bai; Salvator Ernoult : jument grise.
MéddiUps de. hronz'', : MM. Salvator Ernoult : jument grise et hongre bai;
Hinard (Laurent) : jument grise et hongre bai ; Lieux (B.), à Paris : poney bai ;
Salvator Ernoult : jument gri>se ; Masson (Alphonse) : cheval entier gris ; Boc-
quot (Aimable), à Paris, jument bai; Sacristain, à Paris, cheval entier noir;
Camus et Alliot, à Paris, cheval entier gris.
Un concours semblable est annoncé pour 1884. Nous pensons qu'un
grand nombre d'agriculteurs et d éleveurs voudront y prendre part;
car ce concours offre un excellent débouché pour la vente des animaux
que l'on y envoie.
IX, — Concours de la Société d'agriculture de la Gironde.
La Société d'agriculture de la Gironde, présidée par M. Plumeau,
tiendra son concours annuel le dimanche 2 septembre, dans l'arron-
dissement'de Lesparre. Dans cette solennité, elle distribuera les primes
de culture, de viticulture, de sylviculture, de greffage, de constructions
rurales, de comptabilité, etc. Le concours spécial pour les troupeaux
de bêtes à laine aura lieu cette année dans les arrondissements de
Bazas, de Bordf^aux (rive gauche) et de Lesparre; deux primes, l'une
de 250 francs, l'autre de 1 50 francs seront affectées à chacune des deux
catégories, grandes races et petites races. Les déclarations des concur-
rents doivent être adressées, avant le 1*"" juin, au siège de la Société,
à Bordeaux. Quanta la date du concours départemental pour les espèces
bovine, ovine et porcine, qui a lieu généralement à l'automne, elle sera
fixée ultérieurement.
X. — Société d'agriculture de ChdlOn-sur-Saôm.
Le concours annuel de la Société d'agriculture de Chalon-sur-Saône
(Saône-et-Loire), présidée par M. Petiot, se tiendra, cette année, dans
le courant du mois d'aoiit, à Ghagny. Le prix d'honneur, les prixcul-
turaux et les récompenses destinées aux instituteurs, aux valets et
servantes de ferme, ainsi qu'aux meilleures cultures de vignes, sont
réservés aux cantons de Ghagny et de Givry. Les créations de prairies,
les irrigations et autres améliorations agricoles sont admises au
concours. Pour concourir au prix d'honneur, les conditions suivantes
sont exigées : 1" pour les exploitations agricoles, 12 hectares de super-
ficie et six années de culture par les mêmes mains; 2" pour les exploi-
tations viticoles, 2 hectares de contenance. Les agriculteurs et viticul-
teurs qui désirent concourir devront en faire la déclaration avant le
15 mai.
XL — Machines pour le travail du chanvre.
Le ministre de l'agricullure vient de recevoir le programme d'un
concours international de machines propres à la préparation du
chanvre, que le Comice agricole de Bologne (Italie) doit ouvrir dans
cette ville, du 18 au 25 août 188.3. Il sera décerné un seul prix de
4,000 francs pour la meilleure machine nouvelle et complète, capable
d'opérer complètement le teillage du chanvre roui, en produisant au
moms 2 quintaux de filasse commerciale par heure avec une dépense
168 CHRONIQUE AGRICOLE 6 MAI l«83).
totale de travail qui ne dépasse pas 6 fr, par quintal. Il sera décerné
un seul prix de 1,000 fr. à la nouvelle machine, ou briseuse {sca-
vezzatrice) ou broyeuse {maciallalrice) ou démêleuse [spatolalrice) du
chanvre roui, qui sera jugée avoir réalisé le perfectionnement le plus
important dans la construction de ce genre de machines. Dans le cas
où aucun des deux prix précédents ne pourrait être décerné, la somme
qui restera pourra être répartie totalement ou partiellement en prix
secondaires pour les machines présentées au concours, qui seront
jugées être celles qui se seront le plus rapprochées de la solution des
problèmes à résoudre.
XII. — Les viandea de porc d'Amérique.
Les négociants en saindoux et salaisons de nos principaux ports de
commerce, notamment du Havre et de Bordeaux, font actuellement de
grands efforts pour obtenir le rappel du décret du 18 février 1881 , re-
lativement à l'importation des viandes de porc d'Amérique. A ce sujet,
on nous prie d'insérer la lettre suivante dans laquelle on revient sur
le danger qui pourrait en résulter pour l'élevage du porc en France :
« Monsieur le rédacteur, que les chambres de commerce de Marseille, du Havre
et de Bordeaux, qui n'ont à se préoccuper ni de la santé publique ni de l'élevage
du porc, fassent primer le côté commercial, cela se comprend : il y a dans ces
ports quantité d'armateurs et de négociants qui gagnent des sommes énormes sur
les salaisons américaines qu'ils vendent 0 fr, 60 et 0 fr. 70 le kilog., alors qu'ils
les achètent 0 fr. 35 et 0 fr. 40; mais que la nation française laisse introduire
librement chez elle un fléau comme la trichine, qui implantera dans le pays une
maladie mortelle et qui détruira l'espèce porcine aussi sûrement que le phylloxéra
américain a détruit nos vignes, voilà ce qui ne peut se comprendre.
« En France, on fait jeter à la voirie, tous les ans, 5 ou 6 millions de kilog. de
viande déclarée insalubre, produite par nos agriculteurs, et il se trouve des per-
sonnes pour réclamer l'entrée libre d'une égale quantité de viande américaine,
qui est au moins aussi dangereuse pour la santé pubhque.
« On peut tenir pour certain, en eifet, que le moyen proposé par l'Académie de
médecine, pour rendre cette viande inoffensive, en la soumettant à une ébullition
prolongée, serait tout aussi efficace pour les viandes charbonneuses et autres que
Von fait jeter. Ce serait, on en conviendra, un étrange encouragement à notre
agriculture que d'accepter des Américains ce qu'on n'accepte pas des éleveurs
français.
c< Prétendre qu'il ne faut pas priver les classes ouvrières de cet aliment à bon
marché est faire acte de philanthropie bien écruivoque, puisque cBlte viande peut
être mortelle si elle ne cuit pas pendant six heures, et de plus, pourquoi alors
ne pas utiliser aussi les viandes françaises qui ne sont pas plus dangereuses?
M Quant à croire que l'introduction des salaisons américaines fera baisser la
main-d'œuvre en France, c'est de la pure fantaisie. La pétition présentée à
M. le ministre du commerce prétend aussi que les Américains considèrent les
mesures adoptées en France comme vexatoircs, et qu'ils ne seront pas disposés
à bais'^cr leurs droits sur les articles français tant que ces mesures ne seront pas
rapportées. La chose paraît plus que douteuse, car, d'unepart, presque toutes les
autres nations agissent comme la France, et, d'autre i art les Américains sont
assez intelligents et assez sages pour ne se laisser guider, dans l'établisse-
ment de leurs droits, que par les besoins d'exportation de leur industrie, dimi-
nuant CCS droits sur les articles qu'ils produisent dans de bonnes conditions,
et les augmentant sur ceux qu'ils ne produisent pas encore et qu'ils veulent
développer.
«D'après tout ce quia été dit en France sur ce sujet, on croirait vraiment que
le danger n'est pas sérieux et il est peut-être bon de rappeler qu'en Allemagne
où la trichinose est implantée depuis longtemps, il y a 17,000 employés spécia-
lement chargés d'examiner la viande de porc pour empêcher l'extension de cette
maladie; on peut se demander d'après cela ce qui se passera chez nous, où aucun
contrôle n'est installé, lorsque le mal pourra se répandre librement.
CHRONIQCE AGRICOIE (5 MAI 18S3). 169
« Et dire que les hygiénistes réclament un examen plus sévère des viandes
de boucherie, et que pas un n'hésiterait — et n'hésitera jamais — à déclarer que
la chair des animaux trichines doit être non pas enterrée comme en Allemagne
— la mesure paraît insuflisante — mais complètement détruite. Ne serait-ce
doucpas le comble de l'inconséquence que d'accepter les salaisons américaines
sans aucun contrôle, comme le demandent les chambres de commerce des ports.
« Agréez, etc. E. Peyrusson.
Nous pensons, pour notre part, que l'on doit prendre les mesures
que réclame le maintien de la santé publique. On doit exercer la
même surveillance sur les viandes étranj^ères que sur les viandes
d'origine française; c'est une question de salubrité que l'on ne doit
pas oublier.
XIII. — Les éducations de vers à soie.
Les éducateurs de vers à soie ont commencé à mettre leurs graines
à l'incubation. Cette période, quoique déjà relardée, a coïncidé, notam-
ment dans les Cévennes, avec un refroidissement brusque de la tem-
pérature. On craint, avec raison, que lorsque l'éclosion viendra, on
n'ait pas une quantité suffisante de feuilles de mûrier pour alimenter
les vers. La nouvelle campagne séricicole s'ouvre donc sous des aus-
pices qui sont jusqu'ici peu favorables.
XIV. — Nouvelles de l'étal des récoltes.
Les notes que nos correspondants nous envoient signalent générale-
ment un état assez satisfaisant pour la plupart des cultures. C'est ce
qui ressort notamment de la note que M. Boncenne fils nous envoie de
Fontenay-le-Comte (Vendée), à la date du 29 avril :
« Le mois de mars a été humide et froid dans nos contrées ; les gelées blan-
ches ont grillé les luzernes et retardé la pousse des prairies. Au commencemen
d'avril, les pluies ont cessé, et la température est devenue plus chaude, mais à
partir du 10, l'air s'es.t de nouveau refroidi, un vent sec a soufflé pendant plu-
sieurs jours et la végétation s'est encore une fois ralentie.
« Enfin le 18, un orage a éclaté vers 9 heures du soir et a versé sur nos cam-
pagnes une pluie bienfaisante.
« Nos semis de betteraves ont pu se faire dans de bonnes conditions, et les
céréales de printemps, dont l'aspect était jusqu'ici peu satisfaisant, ont repris une
nouvelle vigueur. On compte peu sur les colzas qui sont maigres et ne donneront
qu'un faible produit; quant aux blés d'hiver, ils sont généralement beaux; le
temps doux qui règne en ce moment favorise le tallage, et nous pourrons encore,
malgré le déficit qui existe, cette année, dans les ensemencements, conserver
l'espoir d'une assez bonne récolte.
« Le 25, une gelée blanche a légèrement atteint quelques vignes et quelques
champs de pommes de terre; mnis si la lune rousse se passe sans autre accident,
nous en serons quittes à bon marché.
a La période que nous traversons actuellement est la plus critique, et les phé-
nomènes contraires à la végétation qui se sont produits trop généralement durant
les années antérieures, ont été la cause principale de la faiblesse des récoltes.
Nos cultivateurs sont donc sur le qui-vive; mais il n'y a rien jusqu'à présent de
sérieusement compromis. »
Dans le département de l'Allier, on a souffert de la prolongation de
l'hiver, ainsi que le constate M. Nebout, dans la note suivante qu'il
nous adresse d'Arfeuilles, à la date du 24 avril :
« Si bs mois qui sont dits d'hiver et des frimas, ont été doux et humides,
en revanche, ceux dits du printemps, nous ont donné la neige et les frimas des
premiers, car dans les montagnes de no s parages, jamais l'on avait vu le sol
recouvert d'une telle épaisseur de neige, à un tel point que les pauvres lièvres se
laissaient prendre à coups de trique, et les habitants d3 ces parages ont été
séquestrés près d'un mois ; ce malheureux temps nous a fait, et surtout dans ces
locaUtés, des hécatombes de victimes de pauvres agneaux qui, étaient cependant
170 CHRONIQUE AGRICOLE (5 MAI 1883).
avant bien beaux; mais les pauvres mères brebis étant séquestrées à la bergerie,
ne recevant la plupart du temps qu'un peu d^ paille pour nourriture, leurs
mamelles ayant tari, bon gré mal gré, le pauvre petit a dû périr. Là où le sol
est moins élevé et le climat un peu plus doux, la neige nous a pris le 6 mars
et nous a quittés le 18, mais depuis nous avons eu un temps sec et des gelées arides,
qui ont annulé nos primeurs, fait un tort considérable aux seigles en les em|)ê-
chant de taller, car plusieurs champs auront bien de la peine de rendre leurs
semences. Jamais on ne les a vu taire si triste figure à cette époque de la saison
ainsi que les emblavures de printemps; seuls les froments donnent de bonnes
espérances.
« Malgré le retard excessif de la végétation, nos arbres fruitiers se couvrent peu
à peu d'un beau manteau de fleurs, nos vignes ont à peine gonflé leurs bouigeons,
cependant la gelée d'hier en a grillé quelques-uns; les fleurs des arbies fruitiers
n'ont pas encore pris de mal pour le moment.
« Nos prairies naturelles et artificielles ont encore peu pouss'é et cela se
comprend avec une pareille température; et malgré cela les bestiaux d'embouche
sont hors de prix, ainsi que les moutons; seuls les cochons sont délai>sés. Par
suite de la mauvaise qualité des fourrages d*- l'année dernière, les bouviers se
f)laignent que leurs animaux sont plus ou moins atteints d'une toux sèche et ont
e cuir échauffé. Le régime vert auquel ils vont être bientôt soumis remédiera à
tous les maux. »
Sans être absolument satisfaisante, la situation générale peut être
con idérée comme assez bonne. La plupart des travaux en retard ont
été exeiutés dans des conditions assez favorables; on a fait sans encombre
les semailles de printemps, ainsi que les travaux des vignes. Les blés
d'hiver se présentent ^Généralement bien ; mais on ne peut pas en dire
autant des seigles, qui trop souvent sont chétifs et ont une épiaison
précaire. Quant aux plantes fourragères, elles se sont développées len-
tement. J.-A. Barral,
LA LUTTE CONTRE LE PHYLLOXER.V
PAR J.-A. BARRAL
Au risque de blesser la modestie du savant directeur du Journal de
V agriculture , et profitant de mon titre purement honorifique à l'ordi-
naire, de membre du conseil de rédaction de ce recueil, j'ai demandé
le privilège de rendre compte à ses lecteurs du nouvel et important
ouvrage de M. Barral. Sans doute, tous ceux qui portent quelque
amour à l'agriculture, tous ceux qui se préoccupent de la crise désas-
treuse dans laquelle se débat la viticulture, ont suivi avec un intérêt
soutenu les leçons si lucides, si complètes que le secrétaire perpétuel
de la Société nationale d'agriculture de France n'a cessé de nousdunner
depuis Torigitie du fléau. Sa marche suivait celle de la maladie; tou-
jours au courant de tous les incidents de la lutte, il les portait à la
connaissance des savants et du public par tous les moyens de la
publicité, élaguant toutes ces innombrables expériences sans portée,
toutes les allégations légères, appliquant à ce grand intérêt celte par-
faite connaissance de tous les éléments de la question, cette per.-^évé-
rance inftitigahle, et celte puissance de travail qui fait l'élonnement
des travailleurs.
Cette œuvre était si multiple, si considérable et si consciencieuse à
la fois, qu'on était exposé à perdre de vue l'ensemble en suivaat
l'étude du moment; et cependant il importait de ne rieu perdre. Il
fallait donc rassembler ces membres épars, en former un corps, c était
presque un devoir vis-à-vis des viticulteurs elTarés par les controverses
presque autant que fiar les proi^rès du mal, et qui sentaient li néces-
1. Paris. Marpon et Flaiumanon, 26, rue Racine. •
LA LUTTE CONTRE LE PHYLLOXERA. 171
site absolue d'un manuel donnant la vérité, toute la vérité; la vérité
sur la nature et les progrès du fléau, la vérité sur tous les moyens
employés pour le combattre, la vérité sur les conditions économiques
de la lutte.
M. Barrai ne pouvait choisir un moment plus favorable pour publier
ce manuel. Pour tous les observateurs la preuve est faite en ce qui
concerne les armes à notre portée. On peut encore éclairer quelques
détails ; beaucoup d'études sont à faire sur l'adaptation des terrains à
telle ou telle variété de ceps, à telle ou telle méthode pour arrêter les
progrès de l'invasion ; mais ces études ne peuvent être que l'œuvre du
temps, et M. Barrai en donne lui même à la fin de son livre un exemple
dont on ne saurait méconnaître l'importance en discutant les causes de
l'immunité des sables d'Aigues-Mortes. Il n'en est pas moins certain
que la question est bien éclaircie, grâce aux efforts des agronomes et
des agriculteurs parmi lesquels figurent en première ligne les savants
qui, comme M. J.-B. Dumas, ont créé de toutes pièces des moyens pro-
phylactiques, et les praticiens comme M. Faucon qui ont montré par
l'exemple comment au moyen de l'eau employée annuellement aux
submersions hivernales on pouvait conserver la pleine production d'un
vignoble, enfin les naturalistes éminents comme M. Planchon qui ont
cherché et trouvé dans les variétés des vignes américaines des types
résistant aux morsures de l'insecte.
La liste de toutes les personnes distinguées qui ont consacré leur
intelligence et leurs forces à cette lutte serait trop longue : mais prenez
le livre de M. Barrai; aucun effort sérieux, aucune contribution effi-
cace à la lutte contre le phylloxéra n'y sont oubliés. Une simple ana-
lyse ne fait qu'annoncer, c'est une promesse que le livre tiendra.
La première partie de l'ouvrage est la reproduction de l'admirable
conférence faite par M. Barrai en avril 1882 à la Société d'encourage-
ment. En lisant cet exposé si lumineux, si complet, ne laissant dans
l'ombre aucun des côtés delà question, l'histoire naturelle de l'insecte
dans tous ses détails avec des planches représentant toutes les phases
de son existence; sa propagation en France, avec des cartes qui la
font suivre par année; les circonstances diverses de la résistance;
l'immunité relative des sables et en particulier l'exemple de ceux
d'Aigues-Mortes; la défense par !a submersion avec les plans des
propriétés principales traitées par ce moyen; la destruction de l'insecte
par le sulfure de carbone et les sult'ocarbonates avec les procédés opé-
ratoires; la poursuite de lœuf d'hiver du phylloxéra par le nettoyao-e
des souches ; la résistance de certaines variétés de vignes importées
d'Amérique, la raison physiologique de cette résistance et l'utilisation
de ces plants américains comme porte-greffes ; enfin le concours de
l'Etat aux efforts si variés des défenseurs de l'une des principales
branches de notre richesse nationale. Enlisant, dis-je, tous ces détails
présentés dans cette belle langue à la fois claire' et pénétrante dont
M. B irral possède les secrets, on se prend à douter qu'un homme,
quelle que soit sa puissance, ait fourni une telle carrière en une seule
journée le premier avril 1882, comme le dit le texte, et on est tenté de
croire à des développements dont, en tout cas, nous devons rendre
grâces à l'auteur.
La deuxième partie du livre qui sera nouvelle pour la plupart des
lecteurs n'est pas la moins importante. Elle vient en aide aux viti-
172 LA LUTTE CONTRE LE PHYLLOXERA.
culteurs en leur montrant dans tous les détails, les principes d'orga-
nisation collective pour la lutte par les syndicats, après une exposition
des règlements administratifs, relatifs à la question; un véritable
traité de la submersion des vignes, avec l'indication détaillée des
moyens mécaniques à employer et des prix de revient; renseignements
qui, en raison de l'extension énorme qu'a prise la submersion dans
ces deux dernières années, sont un document du plus» haut prix pour
les viticulteurs. Du reste M. Barrai traite la submersion avec amour;
on sent que s'il n'en est pas le père, il en est tout au moins le par-
rain, et il l'a suivie jour par jour depuis les premiers essais de
M. Louis Faucon, aujourd'hui notre collègue à la Société nationale
d'agriculture. Du reste les inclinations de M. Barrai ne portent ni sur
son jugement, ni sur son impartialité, et l'emploi du sulfure de car-
bone et des sulfocarbonates avec tous les détails d'application n'est pas
présenté moins complètement que celui de l'inondation des vignes.
Enfin ce beau livre est terminé dignement par une élude scienti-
fique sur les causes du magnifique développement pris par la culture
de la vigne dans les dunes sablonneuses d'Aiguës -Mortes. M. Barrai
montre que ce succès est dû à la fois à la nature calcaire du sable et à
une nappe d'eau douce coulant au-dessous et entretenant par l'ascension
capillaire un mouvement dans la couche sablonneuse qui lui permet
d'utiliser les engrais apportés, et alimente ainsi une végétation luxu-
riante. Appliquait à cette observation les procédés de la science, il a
montré par l'ascension de l'eau dans des tubes remplis de ce sable
calcaire ou de sable siliceux l'énorme avantage des sables calcaires
pour la rapidité de l'ascension, avantage qui deviendrait une ruine
sans la présence constante des eaux souterraines, qui alimt^,ntent ce
mouvement hâté par l'évaporation de la surface. C'est dans l'ouvrage
qu'il faut lire les détails de ces expériences et la promesse de les con-
tinuer et de les compléter, promesse que nous rappellerons à l'auteur,
car on nous permettra de dire en terminant cet article que nous y
sommes personnellement intéressé, ayant déjà écrit en 1872 dans notre
Traité de la détermination des terres arables, entre autres passages
relatifs au mouvement de l'eau dans les sols calcaires, à la page 32:
a Les phénomènes de capillarité ne sont pas les mêmes dans un sable
siliceux et un sable calcaire... deux caisses identiques remplies l'une
de sable siliceux, l'autre de sable calcaire, imbibées de la même quan-
tité d'eau, et prises au bout d'un temps déterminé, accusent par la
différence de poids la rapidité plus grande d'évaporation du sable
calcaire. » Et à la page 34, j'explique par une nappe d'eau souterraine
à une profondeur variant de 1 à 2 mèlres au-dessous de la surface la
fécondité et la haute valeur locative des terrains crayeux dits Paluds
du comtat venaissin.
On me pardonnera cette constatation d'un accord d'observations qui
est un honneur pour moi, en raison de l'intérêt que l'approfon-
dissement de celte question du mouvement de l'eau dans les terrains
suivant leur nature présente à tous ceux déjà nombreux qui lluttent
avec l'eau contre le fléau, et je terminerai en souhaitant avec M. Barrai
que des résolutions intelligentes viennent en centupler le nombre en
mettant l'eau de nos fleuves à la disposition des agriculteurs.
P. DE Gasparin,
Membre de la Société nationale d'agriculture.
CONCOURS RÉGIONAL AGRICOLE DE SIDI-BEL-ABBÉS. 173
CONCOURS RÉGIONAL DE SIDI-BEL-ABBÈS EN 1883
I. Organisation du concours. — Bel-Abbès est la première des petites villes
de l'Algérie qui ait eu l'honneur d'être le siège du concours régional annuelle-
ment organise dans la colonie. C'est assez dire qu'il a iallu étudier à nouveau
chaque détail d'organisation, et que l'expérience du passé n'a pu être utilisée que
d'une façon restreinte.
Il est permis d'affirmer aujourd'hui que la municipalité s'en est tirée à son
honneur, et d'ajouter que toutes les recherches et études auxquelles on s'est livré
ne seront pas perdues pour les localités de môme importance auxquelles elles
faciliteront la tâche en pareille circonstance.
Depuis longtemps déjà le Comice agricole de cette région, soucieux des inté-
rêts qui lui sont confiés, avait émis plusieurs vœux pour solliciter cette création
en Algérie, sentant bien qu'après Alger, Oran, Constantine et Bône, il serait dif-
ficile de trouver un endroit mieux choisi pour faire cette expérience. Mais la
municipalité, certainement préoccupée des conséquences financières de l'entre-
prise, était hésitante, ce qui aurait pu amener un ajournement de cette question,
si la population entière n'avait vivement sollicité sa mise en pratique, forçant
ainsi toute hésitation à céder devant le courant d'opinion nettement favorable
qui s'accentuait chaque jour davantage.
Dans ces conditions, la proposition qui devait servir de point de départ, fut
bientôt transmise à l'autorité supérieure, et dès le 14 septembre 1882, un arrêté
ministériel faisait connaître à tous les intéressés que le concours général d'ani-
maux reproducteurs, d'animaux gras, d'instruments et de produits agricoles de
l'Algérie se tiendrait, en 1883, dans la ville de Bel-Abbès, du 7 au 16 aviil.
Il semble qu'au début on ait été un peu étourdi de ce résultat, comme si l'on
n'avait pas eu la certitude qu'il fût possible de l'obtenir, et chacun, pendant un
certain temps, nous devons le dire, se prépara à coopérer à l'œuvre générale d'une
façon isolée, sans se prêter un mutuel concours, sans que l'on réunît tous ces
efl'orts pour leur donner une plus grande impulsion.
C'est ainsi que le Comice agricole se mit résolument à l'œuvre, grâce au dévoue-
ment de tous ses membres qui, considérant le concours agricole un peu comme
leur chose propre, travaillèrent comme les abeilles d'une ruclie, en vue d'un succès
dont une bonne partie leur revient, si nous en croyons l'appréciation du gouver-
neur général et du commissaire général, comme nous le verrons plus loin.
De son côté la municipalité, contrairement à ce qui s'était fait en 1880, à Oran,
oià tous les bons vouloirs et toutes les aptitudes avaient été réclamées, avait
nommé, le 10 novembre 1882, une Commission restreinte de treize membres,
dite d'initiative, chargée, à l'aide de sous-commissions, d'étudier tout oe qui con-
cernait l'installation du concours, les moyens de publicité, les fêtes, les loge-
ments nécessaires aux visiteurs que l'on attendait.
Nous avons tellement la conviction que l'école que vient de faire en ce moment
notre contrée doit être utile aux centres de même importance qui ne pourraient,
à ce point de vue, tirer aucun enseignement utile du passé légué par les grandes
villes de la colonie, que nous n'hésitons pas à donner quelques détails sur tout
ce qui s'est fait, tout en les résumant le plus possible pour ne pas abuser de la
bienveillance de nos lecteurs.
Nous relevons donc à l'avoir de cette période : le marché de gré à gré passé le
30 novembre 1882 avec M. Bice, de la maison Duéret de Lyon, pour tout ce qui
concerne la construction des baraquements du concours; l'étude des aménage-
ments à faire, travaux particuliers incombant à la ville, éclairage, sentinelles,
pompiers, fournitures de litière; publicité à faire par la voie des journaux et à
l'aide des placards ; fêtes à organiser pour agrémenter le concours ; logements à
préparer pour les visiteurs ayant un caractère officiel.
Pendant ce temps la population entière, s'intéressant chaque jour davantage à
la grande œuvre, ne manquait pas une occasion de manifester ses regrets de voir
tenues à l'écart plusieurs personnes ([ui auraient pu prêter le concours de leur
expérience, et le 11 décembre 1882, la Commission d'initiative s'étant dissoute,
le conseil municipal fit appel au bon vouloir de tous, et nomma une grande com-
mission, dite d'exécution, et comprenant les membres du premier Comité, seize
rnembres du comice agricole, les maires, les administrateurs et plusieurs notabi-
lités de l'arrondissement.
174 CONCOURS RÉGIONAL AGRICOLE DE SIDI-BEL-ABBÈS.
Désormais les faits vont passer du domaine de l'étude dans celui de la pratique,
et un élan irrésistible s'empare de tous ceux qui n'hésitent pas à mettre de côté
leurs petites préférences personnelles pour atteindre loyalement et à coup sûr le
but poursuivi : la prospérité de notre ville, appelée pendant quelques jours à
être la capitale de l'Algérie.
La Commission d'exécution se réunit pour la première fois le II janvier 1883,
sous la présidence de droit du maire, me fit l'honneur de me désigner comme
premier vice-président, et nomma cinq sous-commissions chargées de conduire à
bien l'exécution des projets précédemment étudiés, et d'organiser une exposition
industrielle et scolaire annexée au concours sur notre proposition.
Il n'entre pas dans notre pensée de suivre tous ces intéressés à l'œuvre, et de
décrire la tâche qu'ils ont laborieusement accoaiplie. Cet examen serait excessif
et dépasserait les limites du compte rendu qui nous a été confié par la direction
de ce journal, si l'on se rappelle que ces commissions ont été en permanence
pendant quatre longs mois, se réunissant plusieurs fois dans la journée, souvent
même pendant la nuit, et amoncelant à côté de faits pratiques de tous les instants,
des milliers de documents élaborés avec le plus grand som.
Du reste la municipalité de cette ville ne laissera pas son œuvre inachevée, et
tiendra à honneur de publier les efforts de tous ses collaborateurs, les difficultés
surmontées par eux, l'enseignement à tirer de cet essai important.
Il nous suffira de rappeler que tous ont été à la hauteur de leur tâche et qu'ils
ont rempli leur devoir avec le zèle et le dévouement le plus louables. Nous vou-
drions les citer tous, parce qu'ils ont tous été à la peine, et que le résultat final
n'a été obtenu que grâce à leur bienveillante coopération, mais puisqu'il faut
nous restreindre et que nous sommes forcément limité, nous signalerons en parti-
culier dans la commission générale, M. Yiviani, deuxième vice-président; en ce
3ui concerne l'aménagement de l'emplacement choisi : surveillants, conduites
'eau, ornementation et décoration du jardin, MM. Pastre, agent voyer départe-
mental, le capitaine Perret, le D'' Fabriès ; pour la publicité des p>us étendues :
MM. le D'' Fabriès, Maréchal, Perrin, élève diplômé de Montpellier; pour les
logements,- MM. Oliva, Thiédey, Bédoc; pour l'exposition industrielle, scolaire
et ; canine , MM. André, adjoint au maire, Bernard, entrepreneur, Clerc, ingé-
nieur, Ciavaldini, procureur de la République; de Baudéan, vétérinaire militaire.
Parmi les nombreux faits qui intéressent le sujet que nous traitons et que nous
nous voyons dans la nécessité de laisser dans l'ombre, bien qu'à regret, nous le
répétons, il en est deux cependant que nous devons plus particulièrement signa-
ler comme ayant eu une grande influence sur le succès de l'œuvre.
C'est, en premier lieu, la recherche des moyens propres à obvier à la pénurie
des logements à mettre à la disposition des visiteurs. Cette vive préoccupation
avait fait naître des craintes réelles dès le début de l'entreprise, et ce n'est qu'au
prix de sacrifices importants de la part de la municipalité et d'un dévouement à
toute épreuve de la commission spéciale, qu'il a été possible de vaincre une des
plus grandes difficultés qu'aient à surmonter, en semblables circonstances, les
petites villes de l'Algérie.
Ajoutons que, grâce à l'obligeance de l'administration militaire, de l'inspection
académique, du service des lits militaires et de plusieurs propriétaires, les écoles,
une partie de la caserne de cavalerie, et de nombreux particuliers ont pu être
pourvus de lits, mis en partie gracieusement à la disposition de tous ceux qui
avaient un caractère officiel, et dont un très grand nombre ont été loués, suppri-
mant ainsi un des écueuils qui étaient le plus à craindre.
L'emplacement à choisir pour le concours offrait une solution d'une réelle im-
portance; et l'on comprend que chacun ait témoigné ses préférences à ce sujet.
Un bon emplacement doit remplir plusieurs conditions parmi lesquelles on peut
tout d'abord citer : la proximité du lieu où la population se trouve agglomérée,
l'étendue assez vaste pour réunir les diverses expositions, la possibilité de clore
l'enceinte pour ne permettre, à un moment donné, l'entrée du concours qu'à des
conditions déterminées, un paysage intéressant orné de nombreuses plantations
anciennes ou préparées pour la circonstance, des bâtiments bien appropriés au
but poursuivi, la facilité pour tous de tirer un profit réel do l'examen des produits
exposés tout en trouvant le moyen de se récréer, de se promener dans les allées
bien aménagées, la certitude de pouvoir assurer les divers services de l'exposition,
notamment en ce qui concerne l'arrivée et le départ des objets de toute nature,
l'alimentation en eau pour les animaux, etc.
CONCOURS RÉGIONAL AGRICOLE DE SIDI-BEL-ABBES.
175
C'est après un examen des plus sérieux que, contrairement à l'avis de la muni-
cipalité, mais conformément au vœu de la grande majorité de la population,
M. Du Peyrat, commissaire général, s'est prononcé en faveur d'un ancien jardin
public créé par les soins de la Légion étrangère, sous les murs mêmes de la ville.
Ce choix a eu certainement une grande influence sur le succès que la presse
algérienne enregistre en ce moment.
Get endroit spacieux, facilement fermé, assez prêt de la ville pour offrir le but
d'une promenade sans fatigue, était des mieux disposés pour recevoir dans d'excel-
lentes conditions tous les services du concours agricole.
Un bâtiment central avait été élevé pour les produits près de la grande avenue
plantée de platanes, tandis que de nombreuses installations pour les animaux et
les divers services, placées de tous côtés dans les massifs, les contre-allées, les
petits bois agrémentaient l'ensemble, tout en permettant aux visiteurs de voir suc-
cessivement ces diverses parties, sans lassitude, à leur heure, et d'une manière très
avantageuse à l'étude comparée que chacun désirait entreprendre.
Nui autre emplacement n'aurait pu offrir un accès meilleur, puisqu'il était
Fig. 13. — Plan du Concou r sapSidi-bel-Abbès.
facile d'y aboutir de tous les points de la ville et de la banlieue en même temps
que de la gare. Cet endroit, qui a toujours été considéré comme préférable à
tout autre, en raison du magnifique paysage que l'on y trouve et de la beauté du
parc où sont réunis en très grande quantité de fort beaux arbres, est devenu un
lieu délicieux, décoré d'une manière ravissante par un jeune soldat qui a tiré un
excellent parti de cette situation déjà fort belle.
Il nous reste à constater, avant de poursuivre notre étude, que les frais néces-
sités par ces améliorations ne seront pas perdus, puisqu'ils serviront à rendre plus
belle encore une de nos rares mais ravissantes promenades que n'abandonnera
plus notre population qui se rappelle toujours avec plaisir les beaux jours du
passé, où l'excellente musique de Ja Légion étrangère l'attirait deux fois par
semaine sous ces bosquets, et qui ne saurait oublier les fêtes données à la ville,
en cet endroit, le 29 août 1857, par le regretté colonel Chabrière, à l'occasion
d'un anniversaire glorieux pour son régiment.
IL Te7iue du concours. — Gomme toujours nous devons enregistrer un peu de
1. Légende du plan : A. produits agricoles; B, expositions industrielle et scolaire; C, machines
industrielles; D, espèce bovine; E, espèce chevaline; F. espèce asine; F', animaux de basse-cour;
G, machines agricoles; I à T, bureaux de l'administration du Concours.
176 CONCOURS RÉGIONAL AGRICOLE DE SIDI-BEL-ABBÈS.
retard à l'occasion de l'ouverture du concours régional de Bel-Abbès et ajouter
qu'ici, de même que partout ailleurs, on n'était pas entièrement prêt à l'heure
dite; mais cela tientà des considérations que nous reprendrons bientôtpour mon-
trer ce qu'il y aurait à faire de ce côté.
Nous ne signalons le fait à cette heure que pour en tirer cette conséquence que
si nous n'avons pas eu beaucoup d'étrangers pendant la période du concours, cela
tient un peu à la déception des premiers venus qui n'ont pas craint, en manifes-
tant leur appréciation d'une manière trop vive, de ralentir l'élan qui s'était pro-
duit dès les premiers jours.
Nous avons pu constater qu'une grande afiluence de monde s'était donné rendez-
vous chez nous, mais nous devons dire qu'il s'agissait surtout d'amis des habi-
tants de notre ville qui ont eu à exercer largement les devoirs de l'hospitalité, et
que les étrangers, attirés d'ordinaire par les fêtes ou par l'attraction qu'otîre tou-
jours l'inconnu, étaient relativement peu nombreux.
Aussi les fêtes magnifiques données parla municipalité notamment avec l'inten-
tion d'attirer un nombreux public et de fournir ainsi une occasion de faire faire
des dépenses qui restent dans le pays, n'ont atteint le but qu'en partie. Il y a là
un enseignement réel pour les villes de second ordre de la colonie qui éviteront
certainement à l'avenir de tomber dans cet excès.
Le peu d'étrangers arrivés chez nous, les nombreuses cartes de faveur distri-
buées, l'indécision du début que nous venons de signaler, la pluie bienfaisante
tombée à diverses reprises, l'ouverture gratuite accordée les deux derniers jours
dans un intérêt louable, mais précisément au moment oià il s'est présenté le plus
de monde, sont les principales raisons pour lesquelles les entrées n'ont produit
que 3,600 fr. environ, bien que le concours ait été largement visité par tous ceux
qui y avaient un intérêt quelconque.
Ce chiffre est bien faible si on le compare à celui de 15,000 fr. obtenu au con-
cours régional d'Oran en 1880, et surtout aux sacrifices considérables que s'est
imposés la municipalité de Bel-Abbès.
En ce qui concerne plus particulièrement le concours régional, le retard n'a
pour ainsi dire pas existé, puisque conformément au programme les produits
ont été reçus dès le samedi 7 avril, tandis que les animaux ont été successivement
admis aux jours indiqués. D'ailleurs, aucune ouverture officielle, aucun discours,
pas un acte de nature à rappeler que la grande période est ouverte, et que tout le
monde est convié à venir juger les divers mérites, ou bien à prendre part aux
réjouissances préparées à cet effet.
Les fêtes ont été cependant nombreuses et fort belles ; nous allons en parler
dans un moment, mais nous devons dire dès maintenant qu'elles ont été bien
ordonnées, parfaitement exécutées, et agencées dételle sorte qu'elles devaient peu
détourner les intéressés du concours; les principales d'entre elles s'étaient pro-
duites les premiers jours, ou bien encore aux heures voulues pour ne pas créer de
difficultés, par une concurrence, à l'exposition elle-même.
Nous ne saunons donner une idée plus exacte de cette période qu'en résumant
les principaux faits qui se sont produits chaque jour ; c'est d'ailleurs remplir un
devoir de reconnaissance envers la municipalité et les commissions d'organisation,
que de signaler leurs efforts et d'en constater le succès.
Le concours a été ouvert le 7 avril par une salve d'artillerie et par la réception
des machines, des instruments, ainsi que des produits, leur classement et instal-
lation, la réception des objets de l'exposition industrielle et scolaire. — Les
dimanche et lundi 8 et 9 avril, tandis que l'on continuait à recevoir les diverses
productions des exposants, et que le jury des produits et des instruments com-
mençait ses opérations, la Société de Bel-Abbès offrait à la population et aux
nombreux étrangers le spectacle de courses variées parmi lesquelles, en dehors
des courses plates, d'obstacles, de gentlemen et même d'amazones, qui ont sur-
tout un but de curiosité, nous devons plus particulièrement citer les courses au
trot attelé et au trot monté, encouragées par la Société d'agriculture de la contrée.
Ces essais, qui se multiplient dans la colonie, olïrent un attrait réel, et c'est
avec une véritable satisfaction que nous les signalons, rappelant que les trotteurs
attelés ont parcouru 3,100 mètres en sept minutes dix-sept secondes, les trotteurs
montés ayant fait le même parcours en six minutes dix secondes. C'est encore Malvu
qui est sorti vainqueur de cette lutte ; cet excellent cheval a d'ailleurs lait souvent
ses preuves sur notre hippodrome, et tout le monde se souvient qu'en 1880 et iSSl
il remportait les mêmes prix à Oran et Bel-Abbès, parcourant 3,100 mètres en
CONCOURS RÉGIONAL AGRICOLE DE SIDI-BEL-ABBÉS. 177
six minutes trois secondes. Ses succès constants révèlent des qualités sérieuses
que le monde du sport ne saurait trop apprécier.
Mais la fête indii^ène du parc est celle qui a attiré le plus de monde sur
.'hippodrome, en raison de l'inconnu qu'elle offrait à beaucoup, et de l'attrait
particulier de ces réunions. Les organisateurs avaient Lien fait les choses et rien
n'y a manqué : fantasia exécutée par 500 cavaliers arabes, musique indigène,
danse des aimées, luttes entre deux champions qui ont le pouvoir de fortement
émotionner tous les spectateurs, diffa splendide, avec 60 moutons cuits en entier,
le couscous traditionnel, et la vue de toute une population faisant particulièrement
honneur à cette dernière partie du programme de la Commission.
Pour nous cette journée a été bien autrement remplie par la visite de l'école
d'agriculture de Montpellier, dont 30 élèves accompagnés du directeur et de
quelques professeurs, ont successivement visité le concours, la ferme Bastide, le
vignoble Pcray, recueillant partout les notes les plus intéressantes sur la culture
de la contrée, et laissant dans le pays le meilleur souvenir. Une collation offerte
le soir par les membres du Comice nous a fourni l'occasion de faire une page
d'histoire sur ce beau territoire, et d'entendre la parole autorisée du sympathique
directeur de l'école.
Le mercredi le concours acquiert une réelle importance par la réception des
animaux de diverses espèces, après la visite faite par M. Pers, vétérinaire de la
commune, et de celle des chevaux, classés par les soins de MM. de Saint-Pern,
officier des haras, et Bauguil, commissaire-adjoint. Dès le jeudi le concours se
trouve au complet, les produits à leur place, les boxes et stalles remplis des ani-
maux les plus variés, l'exposition industrielle et scolaire parfaitement installée,
les machines et instruments en plein travail.
A partir de ce moment le programme des fêtes laisse une grande latitude au
visiteur sérieux, s'appliquant à ne pas le détourner des études et des examens
qui semblent le réclamer de tous côtés, le récréant seulement à des heures bien
choisies par les meilleurs morceaux du répertoire de l'excellente musique de la
Légion étrangère, et appelant quelques personnes à certaines conférences, qui
malheureusement n'ont pu être organisées avec tout le soin désirable par suite des
préoccupations si diverses des membres chargés de cette partie trop négUgée d'or-
dinaire, bien qu'elle soit une des plus importantes de ces réunions.
Les opérations des divers jurys des animaux utiles à l'agriculteur, des chevaux
et de l'espèce canine, remplissent les journées du vendredi et du samedi, en même
temps que le tir à la cible et les représentations gratuites du cirque et du théâtre
attiraient un public particulier.
C'est aussi le vendredi à dix heures du matin qu'a eu lieu à l'hôtel de ville sous
la présidence de M. Du Peyrat la réunion des délégués des associations agricoles,
des membres du jury, et des exposants pour proposer les modifications qu'il con-
viendrait d'apporter à l'arrêté des concours de l'Algérie.
Trente personnes environ composaient cette assemblée qui n'a pas eu l'impor-
tance de celles des années précédentes. Des vœux importants y ont été émis
notamment sur les animaux reproducteurs, sur la nécessité d'encourager les con-
structeurs de la colonie pour nous préparer de bons ouvriers indispensables pour
iaciliterici l'introduction des machines perfectionnées, sur l'admission des farines
dans la catégorie des produits alimentaires ; mais tout le monde a compris qu'il
fallait réserver ses remarques et ses demandes pour une autre situation, à la suite
d'une observation de M. le D'" Fabriès qui a provoqué de la part du président de
la réunion une communication tendant à rappeler qu'un inspecteur général-
adjoint ayant été récemment nommé pour l'Algérie, à l'avenir toutes ces questions
d'un haut intérêt pourraient être traitées sur place par les intéressés eux-mêmes,
de manière à arrêter les modifications les plus utiles pour placer nos concours
régionaux dans les meilleures conditions possibles de succès.
Le dimanche a été plus particulièrement le jour heureux de tous nos braves
colons qui ont obtenu une pluie abondante, si nécessaire à leurs cultures, et si
bien faite pour porter la joie dans tous les cœurs. Le concours de labours organisé
par le Comice de Bel-Abbès et auquel devaient prendre part 5C Européens ou indi-
gènes n'a pu avoir lieu pour cette raison, mais personne ne s'en est plaint et
chacun a tenu, au contraire, à montrer que cette journée constituait la vraie fête
du travail.
Le gouverneur général, arrivé par le train de dix heures, a du interrompre un
moment sa visite au concours, par suite d'une ondée dont il conservera une bonne
178 CONCOURS RÉGIONAL AGRICOLE DE SIDI-BEL-ABBÈS.
impression, car elle lui a valu les chaleureux applaudissements de la popula-
tion lorsqu'il y a fait allusion dans le discours que nous allons analyser dans un
moment.
Au punch du soir le gouverneur général, le sénateur et les députés du dépar-
tement ont successivement pris la parole pour porter des toasts au président de
la République, à l'Algérie, au colonel Négrier, à l'armée française, au relèvement
de la France par l'union de tous les républicains. Mais la consécration de tous
ces efforts a eu lieu le lundi matin à 9 heures précises dans la salle du théâtre,
convertie en salle de distribution des prix, dans l'impossibilité d'utiliser, par
suite de la pluie, l'installation préparée à cet effet sur une des promenades de
la ville.
Un public nombreux où briUent un grand nombre de dames, assiste à cette
solennité, présidée par le gouverneur général entouré sur l'estrade de MM. Jacques,
sénateur, Etienne et Dessoliers, députés du département d'Oran, Feutrier, député,
venu en mission à Saint-Denis-du-Sig, des trois commissaires généraux du
concours agricole, du concours hippique et de l'exposition industrielle, et enfin
de tous les jurés.
Le premier fonctionnaire de la colonie prononce tout d'abord un éloquent dis-
cours que nous tenons à résumer, d;ms l'impossibilité de le reproduire in extenso :
M. Tirman félicite la municipalité, les exposants, le jury, les inspecteurs
généraux et le Comice agricole du succès que tout le monde a pu constater. Rien
n'y a manqué, pas même la pluie, qui n'a jamais gâté en Algérie une fête agri-
cole. C'est une nouvelle affirmation de l'union étroite qui relie les trois provinces
algériennes, aussi n'est-ce pas seulement la fête de Bel-Abbès que nous célébrons,
mais bien la fête de l'Algérie tout entière. Au nom du gouvernement de la Répu-
bhque il tient à exprimer sa profonde gratitude à tous ceux qui ont préparé ce
succès. Il entre dans d'intéressants détails sur l'intérêt qu'offrent dans tous les
pays ces fêtes agricoles, et sur les avantages particuliers qu'elles ont dans un pays
neuf comme l'Algérie, aussi bien pour les Européens que pour les indigènes. Il
s'appesantit longuement sur la nécessité d'arrêter un programme général de
l'aménagement des eaux, et sur l'exemple fourni par Bel-Abbès de ce que peut
l'initiative individuelle, secondée par l'Etat ; aussi pense-t-il, en présence de la
prospérité de cette contrée, qu'il est permis de revendiquer pour la France l'hon-
neur de ne pas avoir été inférieure à ses devanciers. Après avoir rappelé que
bientôt viendra devant le Parlement la question de l'œuvre complémentaire de
colonisation, il termine par ces mots couverts d'applaudissements unanimes : « La
réunion de ce Comice, les résultats qu'il a produits nous aideront puissamment à
prouver qu'en demandant un dernier sacrifice, ce n'est pas une Irlande que nous
préparons à la France, mais un grenier d'abondance, une colonie prospère et
tranquille, qui restera étroitement unie à la mère patrie. »
M. Du Peyrat a ensuite prononcé le discours d'usage, recueillant des applau-
dissements répétés pour ses paroles d'un sentiment élevé, montrant la part qui
revient à chacun dans l'œuvre, et citant au nombre de ces initiateurs le Comice
agricole de Bel-Abbès qui a su grouper autour de lui tant d'adhésions sans .les-
quelles l'exposition eîit été incomplète.
De son côté, M. Bordet, président de la Société d'agriculture d'Alger, a lu son
excellent rapport sur la prime d'honneur, document que nous examinerons avec
soin dans un prochain article, et les lauréats ont été successivement appelés, aux
applaudissements de la salle, par MM. Couvert pour le concours régional, de
Saint-Pern pour le concours hippique, Mathin pour l'exposition industrielle et
scolaire, Letèvre au nom de la Société d'encouragement à l'agriculture, Fabriès
pour la Société des aofriculteurs de France, le Comice d'Alger, la Ligue de reboi-
sement de la même ville.
Nous manquerions à tous nos devoirs si nous ne rappelions en terminant la
charmante soirée préparée à l'hôtel d'Orient par les soins des membres de l'Asso-
ciation algérienne des anciens élèves des écoles d'agriculture, qui au nombre
de 30 environ, s'étaient groupés pour échanger l'expression des sentiments de
solidarité et de confraternité qui les animent tous, invitant à cette réunion tout
intime, le commissaire général du concours agricole, le maire et le président du
Comice de Bel-Abbès.
L'illumination magnifique des grandes artères de la ville, de la place des Quin-
conces, de la grande avenue conduisant extérieurement au pont d'Oran; un bal
très animé et un splendide feu d'artifice tiré sur le plateau, dit du village nègre,
CONCOURS RÉGIONAL AGRICOLE DE SIDI-BEL-ABBÈS. 179
ont complété la série des réjouissances offertes par Bel-Abbès à ses hôtes.
En chronicfueur dévoué nous avons voulu revoir le mardi matin ces lieux, hier
encore si animés et si intéressants, vers lesquels nous nous sentions d'ailleurs
porté comme vers l'objet qui vous a coûté beaucoup de peine, tout en vous pro-
diguant une grande joie. Hélas, tout était morne et silencieux, et nous ne parle-
rons de ce lendemain que pour rappeler que le concours était bien fini.
Oui, le concours est bien mort extérieurement, mais pour nous qui voyons avant
tout les effets et non la cause, le but et non l'action du moment, nous nous
écrierons avec conviction : son souvenir au moins existera encore longtemps dans
la pensée de tous ceux qui l'ont visité avec soin, de tous ceux qui ont admiré les
magnifiques objets et les beaux animaux réunis dans cet endroit, de ceux qui ont
assisté aux fêtes dues à une large et bienveillante hospitalité; il survivra aussi
dans l'esprit de ceux qui voient dans ces assises autre chose qu'une vulgaire
réunion d'objets variés, mais qui y recherchent les moyens de consolider les sen-
timents de solidarité et d'humanité qui animent toutes nos populations agricoles :
il restera impérissable enfin chez tous ceux qui aiment notre belle colonie et qui
trouvent dans sa prospérité un avantage de plus pour la mère patrie.
{La suite prochainement) . L. Bastide,
Président du Comice de Bel-Abbès.
LA SITUATION DANS LES ALPE-SMARITIMES
Mon cher directeur, Nizza la hella a été cette année au-dessous de
sa vieille réputation; l'hiver a été détestable dans le pays où fleurit
l'oranger. Nous avons eu de la pluie, des bourrasques et de la neige;
oui de la neige et par trois fois : fin décembre et en mars. Il n'était
pas tombé de neige dans la contrée pendant le mois de mars depuis
1836, c'est-à-dire depuis quarante-sept ans, et cette année nous avons
vu une légère nappe blanche le 13 et le 23. Le 14 avril, il est tombé
de la grêle et depuis samedi la pluie n'a pas discontinué, ce matin
(24 avril) entre 5 et 7 heures le tonnerre a grondé. Dans les environs
de Nice, les orangers et les palmiers ont peu souffert, mais dans les
environs de Grasse la plupart des orangers ont péri, ainsi que les
jasmins et les héliotropes, qu'on palisse contre les murs et qui sont
vivaces, comme vous savez.
Le Golfe-Juan a beaucoup souffert ; toutes les belles plantes ont leurs
feuilles brûlées, parce que la neige tombée en assez grande quantité
pendant la nuit du 23 mars a été transformée en glace par un fort
mistral; en somme la récolte des fleurs d'orangers, des primeurs,
fèves, petits pois, etc., est perdue. A Fréjus, la neige a atteint le
14 mars 0"'.30 de hauteur, aussi la plaine qui s'étend de Roquebrune
à la mer en passant par Puget et Saint-Raphaël, cette vaste plaine
toute-blanche présentait un aspect tout à fait nouveau, d'autant qu'un
beau soleil dans un ciel pur et sans nuages éclairait ce magnifique
paysage.
A Draguignan, à Riam et à Grasse, la neige a atteint 0™.35 de
hauteur.
Avant de clore ma lettre, je vous dirai quelques mots de l'exposi-
tion internationale qui aura lieu cet hiver à l'époque et à l'occasion du
concours régional.
Les travaux de l'édifice qu'on nomme déjà le Palan de V exposition
sont bien en train.
Le monument sera élevé sur le vaste plateau qui domine les plaines
de Saint-Philippe et de Saint-Etienne. De ce point, l'œil du curieux,
du visiteur de l'exposition verra un splendide panorama, c'est-à-dire
la vallée qui s'étend du Mont-Boron au fleuve du Var, puis la baie
180 SITUATION AGRICOLE DANS LES ALPES MARITIMES.
des Anges, à droite le cap d'Antibes et Jusqu'aux forêts de l'Estérel.
Le monument comprend deux immenses nefs séparées par une sorte
do large portique formant atrium, en avant duquel se trouve une porte
monumentale. De chaque côté l'édifice est flanqué d'une tour très
élevée desservie par deux ascenseurs; au centre de l'atrium et lui
servant de péristyle, il existe une nef centrale d'une grande capacité;
enfin des galeries latérales, enveloppant toutes ces nefs^ et un prome-
noir de 6 mètres desserviront toutes les galeries.
Pour compléter cet ensemble^ on construira en avant de l'édifice
une grande cascade qui sera alimentée par les eaux de la Vésubie si
impatiemment attendues par la population, parce qu'elle aura pour
30 francs par an 1 ,000 litres d'eau par jour, ce qu'elle paye aujourd'hui
100 francs.
De chaque côté de la cascade, deux escalierS grandioses donneront
accès à l'édifice.
Des annexes extérieures, chalets, pavillons édicules, colonnes, hé-
micycles et autres constructions compléteront l'ensemble de l'exposi-
tion dont le parc sera peuplé de superbes plantes. Ernest Bosc,
Architecte, ancien inspecteur des travaux de l'Etat.
LA PRIME D'HONNEUR DE LINDRE EN 1882- - III
M. Thimel. Ferme de Bouesse^ commune de Bouesse. — La terre de Bouesse
est située dans la commune de ce nom et sur les confins de la Brenne et du
Boischault; elle participe inégalement aux conditions climatériques et géologiques
de ces deux contrées. Sa surface est de 205 hectares d'un seul tenant. Le sol est
pour la plus grande partie de nature siliceuse, et argilo-siliceuse sur le reste. Le
sous-sol est partout formé d'une argile plus ou moins compacte, mais complète-
ment imperméable. L'élément calcaire ne se montre sur aucun point de la
propriété. •
Entreprendre d'améliorer des terres pauvres couvertes de landes et de marais
est une œuvre difficile et de longue haleine; pour la terminer, il faut souvent la
vie d'un homme et même parfois le travail de plusieurs générations de cultivateurs.
Et encore, la réussite n'est possible qu'à ceux qui possèdent, non seulement des
capitaux, mais une grande énergie physique et morale et des connaissances pro-
fondes des choses agricoles.
Nous avons en ce moment sous les yeux un de ces hommes rares qui réunissent
toutes ces conditions. M. Thimel, le propriétaire de Bouesse, s'est consacré pen-
dant vingt-sept ans à la mise en valeur d'une terre restée pauvre et presque stérile
jusqu'à l'époque à laquelle il en eut la possession.
Né et élevé au milieu des travaux agricoles, qu'il a toujours aimés, M. Thimel
descend d'une très honorable famille de la Bourgogne. Dans sa jeunesse, les cir-
constances lui firent quitter l'agriculture pour occuper dans le commerce parisien
une position qu'il sut rendre fort lucrative par son travail. Sa fortune faite et
sentant ses premiers penchants reprendre leur empire, il parcourut différentes
régions de la France pour trouver un sol moins cher, relativement à son étendue,
que ne l'est celui de son .pays natal. Une terre couverte en majeure partie de
bruyères, de ronces, de joncs, de marais et même d'étangs insalubres, ne l'effraya
fias. Ce fut précisément au milieu de ces conditions peu séduisantes qu'il choisit
e domaine sur lequel il devait définitivement se fixer et élever sa famille. Un fonds
de cette nature ne pouvait manquer d'être rebelle aux améliorations.
C'est en 1855 que M. Thimel se rendit acquéreur du château et de la ferme de
Bouesse et qu'il en prit l'exploitation directe par domestiques.
Sans se dissimuler les difficultés à surmonter, les résistances à vaincre, il se
mit courageusement et résolument à l'œuvre.
Pour compléter ce que nous venons de dire sur l'état de la propriété, jetons
encore un coup d'œil rapide et rétrospectif sur ce qu'étaient les cultures, le ma-
tériel agricole et les animaux de la ferme lors de la prise en possession.
A cette époque l'exploitation de Bouesse ne comprenait que 7 hectares de mau-
vaises prairies et environ 60 hectares de terres arables dans un déplorable état de
LA PRIME D'HONNEUR DE L'INDRE. 181
culture, se refusant à produire du blé et ne donnant par hectare que 7 à 8 hec-
tolitres d'un seigle médiocre. Les landes et les marais- occupaient près de
120 hectares.
Le matériel d'exploitation, tout à l'ait insuffisant, était pour ainsi dire sans
valeur; il n'a été d'aucune utilité à M. Thimel qui dès son entrée a dû le renou-
veler entièrement.
Les animaux entretenus sur la ferme étaient peu nombreux et ne comprenaient
que des bêtes à cornes sans race et sans formes déterminées et des moutons de
petite taille; vivant presque toute l'année dehors, ils passaient misérablement
l'hiver faute de fourrage et ne produisaient conséqueminent que fort peu de
fumier.
Dans cette propriété à demi sauvage et n'offrant aucun point d'appui pour
asseoir les améliorations futures, tout était à créer. Pas de fumure en terre, pas
de fumier en tas, pas de fourrage pour en produire. C'était un délabrement
pénible à voir.
Disons d'abord que M. Thimel ne chercha pas longtemps la voie qu'il devait
suivre pour atteindre son but, et malgré les nombreux obstacles qu'il rencontra,
ses tentatives produisirent dès le début les résultats les plus encourageants.
L'œuvre de Bouesse s'est accomplie en deux périodes bien distinctes.
Dans la première se trouvent le défrichement et les autres améliorations fon-
cières, et dans la seconde nous voyons là création des prairies, l'augmentation et
l'amélioration des animaux de la ferme.
Les landes défrichées, à l'aide de puissantes charrues, reçurent de fortes doses
de noir animal et de phosphate de chaux. L'amélioration des vieilles terres fut
obtenue par des cultures soignées et par l'achat de fumier et d'engrais industriels.
Le drainage avec tuyaux en terre cuite dut être appliqué à une grande partie
des terres déjà en culture et à presque toutes celles qui furent défrichées.
Dans cette période, il fallut acheter également des fourrages pour nourrir les
nombreux attelages que nécessitaient les pénibles travaux de défrichement.
Le calcaire faisant défaut dans toutes les terres, l'acquisition de la chaux devint
indispensable, et elle fut employée, concurremment avec de fortes^fumures, à raison
de 12 à 15 mètres cubes à l'hectare.
A mesure que la progression des défrichements éloignait les cultures des
bâtiments d'exploitation, les chemins d'accès étaient construits et s'avançaient
suivant un plan d'ensembh préalablement arrêté.
Ces chetnins, tracés avec art, bordés de fossés bien entretenus et même par
endroits de belles plantations d'arbres, ont aujourd'hui une apparence de grandes
routes et un développement de plus de 3,000 mètres.
Défricher les landes n'est pas le problème agricole le plus difficile pour mettre
ces terres en valeur, c'est de les entretenir ensuite en culture, de les améliorer
tout en leur faisant produire une récolte rémunératrice tous les ans. M. Thimel a
toujours su y parvenir. Dans sa marche en avant, chaque parcelle nouvellement
attaquée par la charrue était pour lui une position définitivement acquise. La
terre restait en culture non interrompue. Après trois ou quatre ans de récolte au
noir animal ou au phosphate fossile, elle était drainée et chaulée, et rentrait enfin
dans l'assolement régulier pour porter sa part de production et contribuer à l'ac-
croissement simultané des fourrages, du bétail et des fumiers produits.
Le manque de fourrage fut au début une des plus grandes difficultés dans la
mise en valeur des brandes de Bouesse. Le propriétaire se préoccupa, aussitôt que
cela fut possible, de remédier à cet état de choses ; il sut tirer très heureusement
parti des eaux pluviales et de drainage en les amenant par des fossés, suivant la
pente naturelle, sur de vastes surfaces de terrains transformés en prairies natu-
relles. M. Thimel ne néfffifrea rien dans la création de ces prairies; elle ne furent
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ensemencées qu après six ou sept ans de cultures suivies. La graine employée
l'ut bien choisie et parfaitement appropriée à la nature du sol. Les eaux de cours
mêlées aux eaux de pluie et de drainage furent distribuées par des irrigations
admirablement bien comprises.
Toutes les prairies, comme du reste toutes les terres arables de Bouesse, sont
actuellement en plein rapport et les 205 hectares dont se compose le domaine se
trouvent ainsi répartis :
132 hectares en terres arables,
56 — en prairies
14 — en bois,
3 sont occupés par les bâtiments, les cours, les jarJins et les routes.
182 LA PRIME D'HONNEUR DE L'INDRE.
L'assolement adopté est triennal et repose sur le principe de l'alternat. Chaque
sole fournit annuellement une récolte. Les plantes nettoyantes succèdent aux
plantt^s qui favorisent la croissance des mauvaises heibes. En outre, la surface
accordée aux céréales est restreinte relativement à celle occupée par les fourrages
artificiels et les cultures sarclées.
Les plantes cultivées sur la ferme de Bouesse sont nombreuses. Comme cé-
réales nous y trouvons le Lié, le seigle, l'orge et l'avoine; comme plantes fourra-
gères, ]a luzerne, le trèfle ordinaire, le trèfle incarnat, la minette, la vesce, le
maïs, le raoha, etc.; comme plantes à racines alimentaires, la betterave, la carotte,
la pomme de terre et le topinambour; comme plantes industrielles, le colza et
quelquefois la navette.
Le mode de culture suivi et la combinaison adoptée dans la succession des
récoltes donnent les résultats les plus satisfaisants. Ainsi, le blé dont la culture
était impossible avant 18t5 a donné en 1881 un rendement de 30 hectolitres à
l'hectare et, malgré la sécheresse extrême de l'été, la luzerne a produit 8,000 kilog.
de foin; le trèfle 7,500 kilog. ; la pomme de terre 22,000 kilog. de tubercules
et la betterave 44,000 kilog. de racines.
Telles sont les principales améliorations commencées dans la première période
de transformation et continuées dans la seconde, qui est particulièrement carac-
térisée par l'extension donnée aux prairies et l'augmentation et l'amélioration des
animaux de la ferme.
Le bétail a été la grande préoccupation de M. Thimel pendant ces 27 années
de travail opiniâtre. Après avoir accru la production fourragère, il consacra tous
ses soins à l'amélioration des animaux et principalement aux bêtes bovines. Mais
ici, quelle voie devait-il suivre? Devait-il d'un seul coup importer une race per-
fectionnée et plus développée que la race locale ou bien seulement de bons repro-
ducteurs pour les croiser avec les animaux du pays ?
L'importation d'une rac plus forte et par conséquent plus exigeante sous le
rapport de la nourriture, eût été, surtout dans le commencement de cette période,
une faute grave que M. Thimel se garda bien de commettre. Quoique la produc-
tion fourragère se fiât considérablement augmentée, elle n'eût peut-être pas tou-
jours été assez abondante pour des animaux à grande t'aille.
Dans ces circonstances, le croisement qui aurait pu se faire par l'introduction
dans la ferme de reproducteurs perlectionnés, ne pouvait donner non plus un
résultat certain.
Ces deux procédés éliminés, il ne restait plus f[ue la sélection. Et c'est en effet
ce moyen que le propriétaire de Bouesse employa.
Il acheta dans la contrée quelcjues bons reproducteurs de la race parthenaise,
assez répandue dans le pays, et guidé par les ouvrages de Baudement, de Dom-
basle, de Magne, de Villeroy, etc., qui recommandent l'amélioration progressive,
il obtint, après un certain nombre de générations, les résultats les plus heureux.
Alors, l'abondance de la nourriture aidant, il poussa plus loin le perfectionne-
ment de son bétail, en infusant pendant plusieurs générations le sang de la racé
limousine dans les sujets les plus parfaits de sa vacherie. Il a continué ensuite
son œuvre parla sélection la mieux entendue. Aujourd'hui la vacherie de Bouesse
est nombreuse et superbe; elle représente pour ainsi dire une race nouvelle et
unique dans le pays. Les caractères qui la distinguent sont une grande régularité
dans les formes, un corps allongé, la légèreté et l'élégance dans la marche et la
couleur grise, si estimée dans les foires de l'Indre. De plus, elle est rustique et
très apte au travail et à l'engraissement. La fixité de ces caractères est maintenant
une chose acquise.
Le perfectionnement du troupeau fut aussi sérieusement étudié et conduit sui-
vant les meilleurs principes de la zootechnie.
Avant l'assainissement et le chaulage des terres, le mouton ne réussissait pas à
Bouesse, surtout pendant les années humides. La cachexie aqueuse, cette terrible
maladie de l'espèce ovine, entraînait alors fréquemment une grande mortalité.
Mais l'action du drainage et de la chaux vint détruire les influences funestes
inhérentes à la nature du sol.
M. Thimel améliora la race berrichonne en la croisant avec la race southdown.
Ce croisement a toujours donné d'excellents produits. Les moutons de Bouesse
sont recherchés par les engraisseurs et par la boucherie du pa}s; ils sont parti-
culièrement remarquables par l'ampleur et la régularité des formes, par la finesse de
l'ossature, le développement musculaire et aussi par la rusticité de leur constitution.
LA PRIME D'honneur de l'indre. 183
La J3ergerie de M, Thimel comprend, suivant l'époque de l'année, de 400 à
500 bètes et est pour lui une source importante do bénéfices.
Les bâtiments de la ferme sont c^énéralement bien appropriés pour un bon ser-
vice, mais rien n'a été concédé au luxe. Le propriétaire s'est fait une loi sévère de
loger ses animaux de la façon la plus économique, tout en tenant le plus grand
compte des préceptes de l'hygiène. Les anciens locaux, modifiés intérieurement,
sont encore utilisés ; cependant, depuis longtemps déjà, ils sont devenus insuffi-
sants, l'augmentation du bétail a nécessité de nouvelles constructions, dans l'une
se trouve installée la vacherie. Cette étable est bien construite, on voit que les
règles du génie rural ont présidé à son aménagement; elle est spacieuse, élevée
et le renouvellement de l'air s'y obtient facilement et dans les meilleures
conditions.
Il est encore à Bouesse une infinité de choses imporiantes et très dignes d'être
connues, mais à regret nous les passerons sous silence pour ne pas donner à ce
rappoît une longueur démesurée.
En résumé, M. Thimel s'est consacré pendant vingt-sept ans, avec une énergie
et une persévérance rares, à la mise en valeur d'une ferme prise dans un état de
délabrement, et dont la plus grande surface était couverte de brandes et de
marais. Smi activité intelligente, ses habitudes de travail, d'ordre et d'économie
s'ajoutant aux ressources pécuniaires disponibles que lui laissait l'acquisition d'un
domaine important, il a vu ses efforts couronnés d'un plein succès. Tous ses
grands travaux d'amélioration sont en effet terminés, h s terres ont été amenées à
un état de fécondité exceptionnel et les récoltes sont d'une beauté remarquable.
Le perfectionnement des animaux de la ferme est arrivé à un degré des plus
satisfaisants.
Les grands travaux d'assainissement et de défrichement exécutés à Bouesse
ont eu des résultats considérables au point de vue matériel et l'effet moral n'a pas
été moindre sur l'esprit et la santé des habitants.
Un autre grand mérite de M. Thimel, c'est d'avoir formé dans sa région des
travailleurs agricoles, qui manquaient avant son arrivée.
Pour le jury, comme pour tous ceux qui connaissent le propriétaire de Bouesse,
cet agriculteur émérite est une preuve de ce que peuvent produire l'amour de la
propriété foncière et le travail opiniâtre guidé par le bon sens, l'observation pa-
tiente et aussi par la lecture des meilleurs livres agricoles, auxquels il doit une
large part de son savoir et de son succès. Que de propriétés incultes seraient
amenées à cet état de fécondité et de prospérité profitable à tous si, dans toute la
France, de pareils exemples étaient suivis !
Nous ne pouvons clore ce rapport sans rappeler ici la part considérable qu'à
prise à la transformation de l'exploitation de Bouesse M, Emile Thimel, qui pen-
dant longtemps a été le collaborateur aussi intelligent que dévoué de son père.
Durant la première période d'amélioration, se chargeant de la partie qui exigeait
les connaissances et l'art de l'ingénieur, il dressait les plans des chemins, des
drainages et des iriigations et en surveillait l'exécution; il présidait à la construc-
tion et à l'aménagement des bâtiments, à l'installation et au l'onctionneraent des
machines et des instruments perfectionnés employés tant à l'intérieur qu'à l'exté-
rieur de la ferme.
Les personnes qui ont visité Bouesse se rappellent avec quelle ardeur M. Emile
Thimel s'adonnait à ces occupations auxquelles ses goûts et ses études l'avaient
si bien préparé.
Prenant également part aux travaux agricoles de l'exploitation, il a été pour
son père un auxiliaire constant et précieux. Malgré les soins assidus qu'exige
son exploitation particulière, il n'a pas cessé de prêter son concours à l'œuvre
paternelle.
Après avoir examiné longuement les remarquables travaux qui ont si heureu-
sement transformé )a ferme de Bouesse, le jury ne pouvait douter que tant d'amé-
liorations n'aboutissent à des résultats financiers largement rémunérateurs. C'est,
en effet, ce qu'il a constaté avec une véritable satisfaction, en faisant l'examen de
la comptabilité, tenue en partie simple, mais très régulièrement. Toutes les opé-
rations sont soigneusement enregistrées. Par l'examen des divers livres tenus par
M. Thimel on peut à tout instant être exactement renseigné sur la situation des
diverses branches de l'exploitation et constater leur bénéfice.
En présence des résultats acquis aussi considérables, d'une valeur aussi incon-
testable, le jury est heureux de décerner à M. Thimel la prime d'honneur du
184
LA PRIME D'HONNEUR DE L'INDRE.
concours régional de Ghâteauroux de 1882, pour avoir réalisé, sur son exploitation
de Bouesse, les améliorations les plus utiles et les plus propres à être offertes
comme exemple. Franc,
Professeur départemental d'agrici;lture du Cher.
BONDE AUTOMATIQUE DU SYSTÈME SERRE
Parmi les appareils de l'oulillage vinicole qui figuraient à la grande
exposition de Bordeaux, en 1882, il faut signaler la bonde fixe et
automatique du système Serre que représentent les fig. 14 et 15. Cette
bonde peut rendre de grands services dans les celliers et dans les
caves.
La bonde automatique est une serrure qui se ferme elle-même dès
que le robinet est retiré et met, de cette façon, le liquide contenu dans
le fût à l'abri de la malveillance ou de la maladresse. Un seul robinet
peut servir pour tous les fûts munis d'une bonde automatique d'un
P'ig. 14. — Bonde automatique ouverte.
calibre correspondant à celui de ce robinet. Le robinet étant retiré, un
bouchon, par surcroît de sûreté, se visse sur la bonde et peut être
scellé ou cadenassé pour complément de sécurité.
La bonde ne dépasse pas le jable; par conséquent, les fûts peuvent
aisément être manœuvres et voyager sans risques de bris. Tous les
systèmes de robinets peuvent s'adapter à la bonde automatique et les
anciens robinets peuvent être utilisés moyennant une petite dépense
d'ajustage.
La bonde se visse dans le fond D et s'y fixe au moyen de vis
ménagées dans la bride B. Un joint C en caoutchouc ou en mastic
complète l'étanchement; s'il s'agit d'un récipient en tôle, la bonde se
soude ou se rive.
La bonde étant au repos, le bouchon X (fig. 15) est vissé sur la
partie V, le ressort N se trouve détendu et la soupape P ferme hermé-
tiquement la communication entre le liquide et l'espace ambiant.
Veut-on soutirer? On desserre et on enlève le bouchon, puis, à
sa place on met le robinet A, dont la tige se visse dans la bonde. Au
turet à mesure que cette tige avance, le tampon R recule et entraîne la
tige M et sa soupape P. L'écoulement commence.
Le liquide entre dans la bonde par les trous 0 percés dans l'extré-
BONDE AUTOMATIQUE DU SYSTÈME SERRE. 185
mité de celle-ci, passe par l'orifice S, puis autour et par des trous
percés dans le tampon R et s'écoule par le robinet si la clef de celui-ci
a été ouverte.
Quand le soutirage est fini, on enlève le robinet, le tampon R suit le
mouvement, sollicité qu'il est par le ressort N, et la soupape P vient s'ap-
puyer sur son siège S et supprime toute com-
munication de l'intérieur avec l'extérieur.
Pour les voyages, ou par mesure de sû-
reté, on peut taire venir sur la bonde une
petite chape B, et sur le bouchon un petit
bossage K.
Un taquet Z pris dans la chape B se
rabat sur le bossage K. qui, ainsi que le
taquet, porte un trou. Ces deux trous se
correspondent et permettent de passer un
petit cadenas ou une ficelle dont on réunit
les extrémités par un sceau.
Cette bonde automatique fait partie du
matériel vinicole qui est en vente chez
M. Kehrig, 45, rue Notre-Dame, à Bor- pig. 15. — Bonde automatique fermée.
deaux. Le prix de la bonde sans robinet
varie de 6 à 13 fr.; avec le robinet, elle coûte de 9 fr. 50 à 18 fr.,
suivant les dimensions. L. deSARDRiAC.
LA SITUATION AGRICOLE EN NORMANDIE
Saint-Aubin-de-SceUon (Eure), 2j avril 1883.
J'ai parcouru depuis deux jours de grandes étendues de plaines, et
voici ce que j'ai constaté :
Les colzas, très fortement atteints par l'humidité et par ces der-
nières gelées, viennent d'être tout à coup envahis par des myriades
de pucerons qui vont finir de les étioler complètement.
Il n'est plus permis de se faire la moindre illusion sur leur rende-
ment. De l'avis de tous, il ne parviendra pas toujours à couvrir les
frais de main-d'œuvre, encore moins à payer la rente de la terre.
J'ai remarqué de bons blés sur les plateaux, mais d'autres, en plus
grand nombre^ très inférieurs dans les vallées où les terres, durcies par
les haies qui ont succédé aux pluies, ne paraissent pas capables de
laisser à la plante la possibilité de taller d'une manière satisfaisante.
C'est avec surprise, je dirai avec peine, que je ne vois pas ici, au
printemps, l'usage du hersage des céréales et des légumineuses, plus
généralement répandu. Quelques cultivateurs, qui en ont fait l'essai
et reconnu les bons effets, se gardent bien de le négliger; mais c'est le
petit nombre, et ils ne trouvent que de craintifs imitateurs.
11 faut, cependant, bien noter ceci, c'est que plus l'emblavure paraît
faible après l'hiver, plus il est nécessaire de la soumettre à un her-
sage énergique qui très souvent ne demande que quelques jours pour
produire les meilleurs effets, et pour remplacer par une splendide
végétation un étiolement qui ne pouvait faire présager qu'une récolte
défectueuse avec addition de plantes adventices de la plus mauvaise
nature.
Comme bien des lettres que j'ai l'honneur de posséder me prouvent
que vos lecteurs ont trouvé quelquefois avantage à suivre mes con-
186 LA SITUATION AGRICOLE EN NORMANDIE.
seils, je me permets encore cette fois de leur indiquer les moyens que
j'emploie en pareil cas et qui me donnent toujours pleine satisfaction :
Sur une céréale d'hiver, qui me paraît trop faible au printemps, je
fais semer une légère dose de sulfate d'ammoniaque (150 kilog. à
l'hectare, 150 kilog. de sel marin et 300 kilog. de plâtre) que j'enterre
au moyen d'un hersage énergique avec mes herses articulées d'Emile
Puzenat, et que je fais suivre d'un bon roulage.
Sur mes légumineuses (trèfles,^ luzernes, etc.), je fais opérer éga-
lement un épandage de plâtre de 1 ,000 kilog. à l'hectare, avec un
hersage semblable au précédent, qui ouvre la terre et débarrasse le
pied de la plante des herbes desséchées qui ne font que la priver de
l'air et de la lumière dont elle a absolument besoin pour végéter.
On commence à semer les lins, récolte excellente autrefois dans
notre région, mais qui, depuis plusieurs années déjà, a cessé aussi,
à l'exemple du colza, d'être convenablement rémunératrice, en raison
surtout des fraie" élevés que sa culture nécessite.
Les terres destinées à recevoir les racines fourragères préparées de
longue main sont, il me semble, dans de bonnes conditions. Je vois
partout semer betteraves et carottes champêtres.
Nos pommiers, très chargés de bourgeons, semblent attendre un
temps plus doux pour fleurir. C'est heureux, vraiment, par ces nuits
glaciales où nous constatons souvent de 2 à 3 degrés de froid, avec
une épaisse couche de gelée blanche sur nos prairies, chaque matin.
E. Cassé,
membre de la Société d'agriculture de TEure.
SUR LES CHANGEMENTS A INTRODUIRE
DANS LA CULTURE DU CENTRE*
« On ne peut pas douter que pi le quart des terres arables qu'on sème main-
tenant en grains était convenablement rais tn prairies pour la nourriture du
bétail jusqu'à ce qu'il redevienne propre à produire d'abondantes récoltes de
grains, il n'en résultât de très grands avantages et pour le cultivateur et pour
le public, attendu que les trois autres quarts mieux amendés et cultivés à moins
de frais produiraient pour la consommation autant de denrées que le tout en
produit aujourd'hui.» Ainsi s'exprimait, il y a près d'un siècle, un célèbre agro-
nome anglais, sir John Sinclair, et, c'est sous l'empire de cette pensée qu'est née
cette grande préoccupation de l'agriculture anglaise — la production du bétail et
par conséquent la production fourragère.
L'étendue totale du Royaume-Um est de 30,520,000 hectares ^ dont près de
19 millions en terres cultivées, prairies ou pâturages.
Il est intéressant de rechercher quelle est l'étendue de chaque espèce de culture
en 1877 et en 1851. Nous rapprocherons les chiffres énoncés p ir M. James Gaird
dans le volume de l'agriculture de l\i)iglcterie, édite par les soins de notre Société
lors du congrès international de 1878, de ceux énoncés, par Léonce de Lavergne,
dans VEconomie rurale de l'Angleterre, et émanant du même auteur [Lettres sur
l'agriculture anglaise en 1850 et 1851).
Blé
Orge
Avoine
Pommes de terre
et autres récoltes fourragères
Lin, houblon, etc
Jachères
Herbes en assolement
Prairies permanentes et pâturages permanents..
Totaux
hectares.
hectares.
1,800,000
1,328,400
1 ,000,000
1,060,800
2,500,000
1,690,600
,<
5.0 7, 200
2,000,000
1,426,400
200,000
80,000
500,000
253,000
3,000,000
2,576,000
8,000,000
9.600,000
19,000,000
18,577,400
1. Rapport présenté à la Société des agriculteurs de France.
2. 1,000,000 hectares en bois, 10,500,000 hectares incultes.
CHANGEMENTS A INTRODUIRE DANS LA CULTURE DU CENTRE. 187
Nous voyons en vingt-six ans la surface consacrée aux céréales diminuer de
1,100,000 hectares, et celles des herbes fourragères permanentes et assolées
augmenter du même chiffre.
Le sol cultivé est divisé :
1/4 en céréales;
1/8 en cultures fourragères assolées ;
1/8 en herbes assolées;
1/2 en prairies et pâturages permanents.
Nous trouvons donc près de 15,000,000 d'hectares consacrés à la nourriture du
bétail. Ce bétail, comment est-il réparti? Et quelle est la charge à l'hectare? Nous
avons trouvé, toujours dans ce remarquable ouvrage de l'Agriculture de l'Angle-
terre, les éléments de nos calculs, et nous avons chiffré la charge en tête et en
poids vif à l'hectare ; comme renseignements, nous avons ajouté les chiffres relatis
à quelques pays étrangers.
charge à l'hectare par têtes. Charge totale
Pays. Espèces. ^_____ à l'hectare.
Bovine. Ovine. Chevaline. Poids vif '.
Royaume-Uni 0 527 1.7 0.1 2Ô0 kilog.
France ... 0.3o5 0.848 0.10.')'-' li'.O —
HoUande 0.735 0.467 0.125 270 —
Danemark 0.525 0.72 0.i;V2 209 —
Belgique 0.G:i7 0.:) 0,145 241 —
Bavière .. O.G72 0.205 0 077 232 —
Suède 0.4.52 0.337 8.095 172 —
Prusse 0.512 1.192 0.130 224 —
On voit par ce tableau que, sauf la Hollande, contrée qui se trouve dans des
conditions particulières, l'Angleterre est le pays où la charge en bétail à l'hectare
est le plus élevée.
Le rendement moyen en blé à l'hectare est de 24 hect. 33, d'après les
calculs faits à Rothamsted pendant la période de 1852 à 1867; celui en avoine,
de 38 hectolitres.
Voyons maintenant la situation du domaine agricole français. En 1851, sur
53 millions d'hectares, nous avions 11 millions d'hectares incultes comme
l'Angleterre.
Les 42 millions restant se décomposaient ainsi :
Prairies naturelles 4,000.000 d'hectares.
Prairies artificielles • . 3,000,000 —
Racines 2,000,000 —
Avoine.. 3,000,000 —
Jachères 5,000,000 —
Blé 6,000,000 —
Seigle, orge, maïs, sarrasin ' 6,000,000 —
Cultures diverses 3,000,000 —
32,000,000 —
auxquels il faut ajouter :
Vignes 2,000,000 —
Bois 8,000,000 —
Total 42,000,000 —
La moitié était consacrée aux céréales ; un peu plus d'un quart aux cultures
fourragères, et le surplus se trouvait en jachères et en cultures non dénom-
mées. Nous voyons en 1873 un progrès s'accomplir. L'étendue emblavée en cé-
réales est restée la même, mais les terrains incultes ou affectés à d'autres
usages que ceux agricoles ne figurent plus dans la statistique que pour
8,300,000 hectares. Les jachères semblent aussi avoir diminué. L'accrois-
sement porte d'abord pour plus de 900,000 hectares sur les terrains plantés
en vignes et en bois ; ensuite pour plus de 4 millions d'hectares sur les cultures
fourragères.
Les diverses cultures se répartissent de la manière suivante :
Blé 6,966,419)
Seigle et méteil 2,415,779/
Avoine .- 3,182,456> 15,015)328 céréales.
Orge ],117,07]\
Sarrasin, mais, miliet 1 ,333,003)
1. Nous avons admis comme poids vif moyen : espèce bovine, 300 kilog. ; espèce ovine,
25kilog.; espèce chevaline, 300 kilog.
2. Y compris 800,000 àneS, mules et mulets.
188 CHANGEMENTS A INTRODUIRE DANS LA CULTURE DU CENTRE.
Cultures potagères, maraîchères, i yn- ^-j)
Légumes secs., .' i ' > 826,028 cultures diverses
Tabac, houblon, etc 29,286)
Farineux... 1 ,(iô8 ,743
Graines oléagineuses &40,C26l „ n-c oi/- u <•
■ Betteraves à sucre 253;38ô^ 2, 9o6, 32b cuit, fourragères
Fourrages annuels / ^^g t -«i annuelles
Herbacés, légumineux et racineux i >• I
Prriiries artificielles 1 ^ ^sfi 392 2,583 ,392 Herbes en assol-
Trèfle, sainfoin, luzerne, ray-grass > ~' ' lement.
Prairies naturelles 4,224, 103\
Pâturages et pacages 3,131,243' ",3)5,346 Prairies. ,
Jachères et cultures non dénommées. 4,863,222 4,863,222 Jachères.
Total 33, 605, 642 hectares.
Auxquels il faut ajouter :
Vignes 2,582,716
Bois et forêts • 8 , 407 , .547 •
Terrains incultes et autres 8,309,069
Total 52,904,974
Soit 15 millions d heciares en céréales, et près de 13 millions en récoltes four-
ragères de toute nature.
Ce qui amène le sol cultivé à être ainsi divisé :
1/2 en céréales;
1/8 en cultures fourragères assolées;
1/8 en jachères et cultures non dénommées;
1/4 en herbes permanentes et pâturages.
La situation de la culture française s'est donc bien améliorée pendant la
période de 1851 à 1873. Nous pouvons voir que la production fourragère occupe
les 3[8 de la surface du territoire cultivé, soit une augmentation de 4 millions
d'hectares. Nous sommes, aussi, loin d'approcher des magnifiques rendements
de l'Angleterre, où les 3/4 de la surface sont consacrés à l'alimentation du
bétail. Les nôtres ne sont que de 14 hectolitres 95 pour le blé, et de 22 hect 09
pour l'avoine.
Nous résumons dans le tableau ci-dessous la situation comparative de l'agri-
culture anglaise et de l'agriculture française :
Étendue en . Rendement moyen. Charge à l'hectare en têtes. Espèces.
Cultures
Cé- fourragères Herbes Prai- Che- Por- Poids
réaies, assolées, assolées, ries. Blé. Avoine. Bovine. Ovine. valine. cine. vif.
heclol. hectol. kilog.
Angleterre.. 1/4 1/8 1/8 1/2 24.39 38 0..527 1.7 0.1 0.2 250
France 1/2 1/16 1/16 1/4 15,95 22.09 0.355 0.848 0.105 0.174 ICO
De ces chiffres ressort toute la différence entre les deux agricultures.
Etudier les moyens de remédier à notre infériorité, c'est donc toujours étu-
dier nos maîtres dans la culture pastorale, les Anglais. Nous avons vu les
résultats de cette magnifique culture, grande production fourragère, soit perma-
nente, soit assolée, nombreux bétail et bétail de choix, fort rendement en
céréales. Dans les fourrages assolés figurent une grande quantité de racines des-
tinées à l'hivernage. On tait peu de foin en Angleterre. La nourriture d'îr'ver est
surtout demandée aux fourrages annuels, aux racines, même aux céréales et
aux tourteaux.
« Rien de plus simple que la pratique de la culture anglaise Beaucoup de
prairies soit naturelles, soit artificielles (mélange de graminées et de légumi-
neuses), pour les trois quarts utilisées par le pâturage ; deux racines, la
pomme de terre et le turneps; deux céréales de printemps, l'orge et l'avoine,
et une seule céréale d'hiver, le blé ; toutes ces plantes enchaînées entre elles
par un assolement alterne, c'est-à-dire par l'intercalation réguUère des céréales
dites récoltes blanches, white cioops, avec les plantes fourragères dites récoltes
vertes, green croops, et débutant par des racines ou plantes sarclées pour finir
par le blé. » C'est en ces quelques mots que Léonce de Lavergne résumait l'agri-
culture anglaise.
Aujourd'hui il est bien avéré que dans l'état de crise que nous traversons, c'est
de nous-mêmes que viendra le salut. Malgré les promesses qui nous sont faites,
CHANGEMENTS A INTRODUJRE DANS LA CULTURE D[J CENTRE. 189
nous ne voyons rien venir. Elevons toujours la voix, portons haut nos revendica
lions, peut-être un jour seront-elles écoutées, mais jusque là travaillons à nous
sauver nous*raêmes en cherchant à améliorer nos raé hodes.
C'est, inspirée par ces considérations, que la Commission permanente de la
Section d'agriculture a résolu d'étudier d'une façon générale les transformations
possibles de notre régime agricole dans le centre de la France. Cette étude* n'est
que la continuation de celles que nous avons entreprises depuis plusieurs années
sur les améliorations à apporter à notre production fourragère. Les maïs-fourrage,
les prairies temporaires à bases de graminées, les pommes de terre, les proc dés
de récolte et de conservation ont été l'objet de travaux spéciaux que tous n'avez
point oubliés.
(La suite procfiainement). Houdaille de Railly.
PROJET DE LOI
Relatif a raugmentation de la récompense nationale accordée par la loi
du 18 juillet 1874 à M. Pasteur, membre de l'Académie des sciences et
de l'Académie française.
Exposé des motifs. — Messieurs, en 1874, sur l'initiative du gou-
Yernement, l'Assemblée nationale accordait, à titre de récompense
nationale, à M. Pasteur, membre de l'Institut de France, une pension
annuelle et viagère de 12,000 francs, réversible par moitié sur sa
veuve.
Ce témoignage de reconnaissance publique était justifié par des tra-
vaux de science pure et surtout par les applications industrielles ou
agricoles que l'illustre savant avait lui-même tirées de sa doctrine. Ses
découvertes avaient eu pour notre production nationale des consé-
quences considérables et le pays tout entier avait bénéficié, dans ses
intérêts matériels, des résultats obtenus par les laborieuses et patientes
recherches de l'homme de génie.
L'industrie de la soie, la fabrication des vinaigres et de la bière, le
commerce des vins en avaient tiré un immense profit et ces grandes
industries demandaient au gouvernement d'acquitter leur dette vis-à-
vis de l'homme qui avait tant fait pour elles. Il était d'autant plus
juste de l'acquitter que M. Pasteur, avec le noble désintéressement qui
caractérise le vrai savant, ne s'est jamais réservé la propriété de ses
découvertes et qu'il est le seul à n'en pas profiter pendant que d'autres
s'enrichissenten les mettant en pratique.
L'Assemblée nationale a donc accompli, en 1874, un acte de haute
justice qui a rencontré l'assentiment unanime de tous ceux qui
pensent qu'un pays shonore en récompensant ses bienfaiteurs.
La pension de 12,000 francs accordée à M. Pasteur ne représentait
guère que les émoluments de la chaire de la Sorbonne que les
fatigues engendrées par l'excès de travail ne lui ont pas permis de
conserver.
Mais la commission de l'assemblée nationale avait soin de dire, par
l'organe de son rapporteur, Ihonorable M. Paul Bert : « Cette somme
de 12,000 francs est bien modique, à coup s\iv, lorsqu'on la compare
surtout à la valeur des services rendus. Votre commission regrette que
l'état de vos finances ne lui permette pas d'en élever le chiffre; mais
elle pense, avec le savant rapporteur de la commission instituée par
le gouvernement, que les résultats économiques et hygiéniques des
découvertes de M. Pasteur seront prochainement si considérables que
1. Dans celle étude nous n'avons en vue que la culture da Centre, et toutes les fois que nous
emploierons les mots culture française et d'autres analogues, c'est à !a région centrale de la France
que s'appliqueront ces expressions.
i90 PROJET DE LOI.
la nation française trouvera juste d'augmenter, plus tard, le témoi-
gnage de sa reconnaissance envers lui et envers la science dont il est
l'un des plus glorieux représentants. »
La prophétie contenue dans ces lignes ne devait pas tarder à se réa-
liser. M. Pasteur a appliqué sa méthode générale aux maladies les plus
ruineuses des animaux et en a tiré de merveilleux résultats. Grâce à
ses admirables travaux sur le choléra des poules et sur la maladie du
bétail appelée fièvre charbonneuse, il est arrivé, par une suite de dé-
ductions rigoureuses, à arrêter le développement de ces fléaux qui
coûtent si cher à notre agriculture. Pour l'une ou pour l'autre, il a
découvert un vaccin qui, en donnant la maladie sous une forme bé-
nigne, préserve de la maladie sous sa forme dangereuse.
Ce que M. Pasteur a fait pour le charbon, il est en train de le réali-
ser pour une autre maladie également très préjudiciable à notre agri-
culture, et qui sévit sur l'espèce porcine, le mal rouge ou rouget. 11 a
découvert le microbe qui le cause, l'a cultivé dans un liquide appro-
prié et est parvenu, en le transformant en vaccin, à mettre le porc,
par l'inoculation de ce vaccin, à l'abri de la maladie.
Des expériences sur la rage, courageusement poursuivies depuis
plus d'une année, dans le laboratoire de la rue d'Ulm, ont déjà donné
les plus belles espérances. Le siège de la rage a été découvert et l'on
est sur la voie de l'atténuation du virus de cette redoutable maladie.
Il y a actuellement, dans le laboratoire de M. Pasteur, plusieurs chiens
inoculés — qui sont absolument rét'ractaires aux inoculations les plus
virulentes.
Il est donc permis d'espérer, dès maintenant, que la méthode géné-
rale de l'atténuation des virus découverte par le génie de M. Pasteur,
pourra un jour être appliquée à toutes les maladies contagieuses et
qu'elle aura raison de la diphtérie, du choléra, de la fièvre jaui\e, de
la fièvre typhoïde, etc., etc.
Pour le moment, il nous suffit de constater le profit immédiat et
matériel que le pays a retiré et retire tous les jours de cette grande
révolution scientifique.
L'agriculture française paye, chaque année, un lourd tribut à la
fièvre charbonneuse et, dans certains départements, la crainte de ce
fléau s'oppose à une extension de l'élevage du bétail. Les évaluations
qui portent de 15 à 25 millions de francs, suivant les années, les
pertes causées par cette maladie ne sont peut-être pas exagérées. C'est
cette richesse que le procédé Pasteur va mettre à Tabri de la destruc-
tion, pour la plus forte partie du moins, rendant ainsi la confiance au
cultivateur, assurant l'accroissement et la reconstitution des trou-
peaux avec leurs conséquences favorables sur la production agricole.
M. Pasteur n'a pas voulu se réserver la propriété exclusive de sa
nouvelle découverte; comme toujours, il a divulgué ses procédés en
les livrant sans réserve au public.
Aux titres anciens de M. Pasteur à une récompense nationale, titres
si bien exposés par la Commission de l'Assemblée nationale, sont donc
venus s'en ajouter de nouveaux et de plus considérables. Il nous a
paru, messieurs, que cette situation nous imposait de nouveaux de-
voirs ; ncHis avons le ferme espoir que vous partagerez ce sentiment.
En cons-équence, nous avons l'honneur de soumettre à vos délibé-
rations le projet de loi dont la teneur suit :
PROJET DE LOI. 191
Projet de loi, — Le président de la République française décrète : le projet
de loi dont la teneur suit sera présenté à la 01i;inibre des députés par le président
du Conseil, ministre de l'instruction publique et des beaux-arts, par le ministre
de l'agriculture et par le ministre des finances, qui sont chargés d'en exposer les
motifs et d'en soutenir la discussion.
Article premier. — La pension annuelle et viagère accordée à M. Louis Pas-
teur, de l'Académie Irançaise et de l'Académie des sciences, parla loi du 18 juil-
let 1874, à titre de récompense nationale, est portée à vingt-cinq mille francs
(25,00 ' fr.).
Art. 2. — Cette pension sera inscrite au livre des pensions civiles du Trésor
public, avec jouissance à partir du jour de la promulgation de la présente loi ; elle
ne sera pas sujette aux lois particulières du cumul; elle sera réversible en tota-
lité sur la veuve d'abord et ensuite sur les enfants de M. Pasteur.
Fait à Paris, le 26 avril 1883. Le Président de la République, Jules Grévy.
Par le président de la République : Le président du Conseil, ministre de l'in-
struction publique et des beaux arts, Jules Ferry; — Le ministre de l'agri-
culture, J. Meline; — Le ministre des finances, P. Tirard.
LA SITUATION AGRICOLE EN GRÈGE
Ici pendant le commencement du mois de mars nous avons eu un
temps assez froid, mais le thermomètre n'a pas montré à Athènes une
température plus basse que — 1°; dans des endroits plus élevés il a
nei^é beaucoup, mais il n'a pas gelé.
Dans les plaines et les vallées pendant tout le mois de mars il a
beaucoup plu; par conséquent nos semences (céréales, légumes) sont
pour le moment en fort bon état.
Nos vignobles sont dans la même situation, mais je crains beaucoup
qiie ces pluies ne favorisent le développement de Tanthracnose, de
l'oïdium et du péronospora; c'est le commencement de mai qui va en
décider. Gennadius,
Inspecteur de l'agi iculture à Athènes.
LA GONSOUDE RUGUEUSE DU CAUCASE
Je suis toujours très satisfait de la consoude du Caucase. Cette pré-
cieuse plante fourragère a été deux fois couverte par les eaux dans le
courant de l'hiver et a parfaitement résisté à la submersion. Elle donne
en ce moment sa première coupe.
Les chevaux, les vaches et les moutons mangent avec avidité la con-
soude verte. Je ne l'ai pas employée en sec, mais il paraît que les tiges
et les feuilles une fois sèches et réunies en bottes se conservent
indéfiniment.
C'est principalement en été que les Anglais donnent la consoude aux
chevauxr tenua à l'écurie, ils sont très friands de cette nourriture qui
les engraisse et les rafraîchit. La ration, pour un cheval, est d'environ
4 kih)g. par jour. On a aussi remarqué, dans plusieurs étables, parti-
culièrement dans la mienne, que les vaches nourries avec cette plante,
donnaient un lait meilleur et plus abondant. E. Boncenne fils,
A Fontenay-le-Comte (Vendée)
SITUATION AGRICOLE DANS LE PÉRIGORD
Périgueux, le 12 avril 1883.
Notre Société départementale d'agriculture de la Dordogne est, depuis quelque
temps, bien éprouvée par le sort. La mort moissonne largement chez ede, plus
heureuse que les propriétaires dans leurs cb.ira[)S. Après nous avoir enlevé succes-
sivemeut deux de nos vices-présidents, MM. Durand de Gorbiac, lauréat de la
192 SITUATION AGRICOLE DANS LE PÉRIGORD.
prime d'honneur régionale en 1864 et M. le marquis de Campagne qui aurait pu,
sans crainte, aspirer à l'être à son tour ; elle en a frappé brusquement un troisième,
M. le marquis de Malet, qui se trouvait à la tête de sa section nontronaisc
comme les deux autres l'étaient, le premier, dans l'arrondissement de Bergerac,
le second dans celui de Sarlat. MM. Durand de Gorbiac et de Campagne ont été
remplacés par voie "d'élection, depuis plusieurs mois déjà. Le poste de l'un est rem-
pli maintenant par M. Camille Gouzot, d'un de nos praticiens les plus distingués,
celui de l'autre est actuellement occupé par M. du Périer de Larsan, préssidentdu
Comice de Sarlat. Le successeur de M. de Malet est encore à nommer, et le vide que
laisse après lui l'honorable défunt, homme actif, intelligent, riche, influent à bon
droit, véritable restaurateur agricole de son pays, sera difficile à combler.
Ces pertes si cruelles ne sont pas les seules que nous ayons à déplorer. Nous
avons en outre perdu depuis quelques mois à peine M. Loubignac, l'un de nos
anciens, longtemps maire du chef-lieu de canton de Saint-Pierre, M. l'abbé
Coœbrouse, curé-doyen deCarlux, homme de zèle et de bien, etM.le D' Veyssière
auquel le comice de Vergt doit sa résurrection, fondateur des prix d'encourage-
ment au marnage, aimé, respecté de tous et qui, par testament, a laissé une rente
destinée à venir au secours des cultivateurs nécessiteux du canton qu'il habitait.
Malgré tout notre vaillante corporation ne faiblit pas. Elle est toujours sur la
brèche et, grâce à elle, le progrès continue victorieusement à s'affirmer dans nos
campagnes. Elle vient d'instituer un concours annuel de trufficulture, lequel a donné
lieu dans le courant de janvier dernier à une lutte sérieuse sur différents points
du département. L'élan est donné sous ce rapport et la province qui fournit et
fournira toujours les truffes les meilleures connues est en voie d'en produire des
3uantités de plus en plus grandes. Cette année, sans compter celles entrant
ans la confection des pâtés et des conserves dont il se fait à JPérigueux un com-
merce des plus considérables, il en est parti de cette ville seule, en nature, à des-
tination de difierents points, non seulement de France et d'Europe, mais du monde
entier, pour une valeur de trois millions de francs environ. Sarlat aussi en a
grandement approvisionné le commerce. Nos viticulteurs des coteaux calcaires
trouvent ainsi quelque compensation aux pertes énormes que leur causent le phyl-
loxéra et les diverses maladies aifligeant la vigne et dont le nombre se multiplie
de jour en jour.
La production de la truffe n'est pas la seule flèche que nos vignerons mettent
à leur arc pour tâcher de remédier à la situation fâcheuse qui leur est faite par les
circonstances. Les uns, dans les terrains les plus secs, plantent des genévriers
dont le fruit est maintenant de plus en plus recherché pour faire des boissons fer-
meniées économiques, et se paie jusqu'à 20 fr. le sac, d'autres distillentles topi-
nambours, bon nombre recourent aux cépages américains, en faveur desquels une
vaste pépinière vient d'être créée aux portes de Périgueux par les soins du Conseil
général et au moyen d'une subvention de l'Etat, plusieurs enfin, réunis en syn-
dicats ou bien isolés, emploient les insecticides non sans succès. Partout on tra-
vaille avec courage et persévérance. Puisse-t-on atteindre le succès!
D'un autre côté nos engraisseurs redoublent d'efforts et arrivent à des résultats
forts 1 emarquables, tout en ayant le tort de négliger un peu trop l'occasion de
montrer leur valeur et leur incontestable mérite dans les concours de bestiaux
gras, ou quelques-uns d'entre eux, à peine, font des envois, mais non sans réussir
ainsi que l'ont prouvé les concours de Limoges, on les bêtes à cornes mdigènes ont
battu complètement et haut la main les durhams et leurs dérivés, du Dorât, de
Bcrdeaux, et de Paris II est admis en principe que le tournoi de ce genre qui
chaque année a lieu à Périgueux deviendra dès l'année'prochaine régional. L'amour-
propre de nos compatriotes, on l'espère, sera très heureusement stimulé par cette
institution.
Comme partout, d'ailleurs, plus qu'ailleurs peut-être, les circonstances atmosphé-
riques ne nous ont pas favorisés depuis près d'un an. Des orages affreux, de lon-
gues pluies qui nous ont copieusement abreuvés de juillet à la fin du mois dernier
ont grandement nui tant aux récoltes qu'à la préparation des champs. Mars s'est
signalé par un froid extraordinaire à cette époque de l'année dans nos contrées et
auquel a succédé une humidité nouvelle, remplacée maintenant par un vent sec
et glacial du Nord qui retarde toute végétation, et dont souffre le bétail, tandis que
les rigueurs du mois dernier ont détruit nos primeurs. Mais nos jardiniers ne
désespèrent pas. Lturart est, dans laDordogne, en progrès marqué, de telle sorte
que l'norticulture périgourdine est au premier rang de celle du sud-ouest, comme l'a
SITUATION AGRICOLE DANS LE PÉRIGORD. 193
prouvé l'automne dernier la grande exposition bordelaise, où notre Société dépar-
tementale d'horticulture a vaincu ses rivaux avec une incontestable supériorité
par ses collections de fruits, melons et légumes. L. de Lamotiie.
LES FROIDS TARDIFS DANS LE MIDI
La neige, accompagnée d'un froid qui a fait descendre le thermomètre à
9 degrés au-dessous de zéro, est venue à deux repHses ditférentes désoler notre
campagne, et détruire en grande partie nos récoltes. Le 9 mars surtout, le froid a
été le plus intense et a fait beaucoup de mal à nos oliviers qui, pour la plupart
se dépouillent de leurs feuilles. Gomme l'hiver avait été doux et que les arbres
n'avaient point eu de fruit l'année dernière, ils poussaient déjà avec vigueur, quand
le froid tardif est arrivé. Le mal est bien grand ; dans plusieurs quartiers, on sera
obliger de saper les branches raz du tronc, car elles sont eniièrement mortes :
qui sait même si le pied n'aura pas souffert? ce qui le ferait croire, c'est que
Deaucoup de branches ont été fendues par la gelée. Notre pays est vraiment bien
affligé. Deux années de suite, ce manque de récolte ne fera qu'augmenter la misère
hélas! bien grande déjà. Des amandiers, inutile d'en parler, il n'y aura pas une
amande dans le pays. Les pêchers ont subi le même sort que ces derniers et cer-
tains poiriers ont eu aussi leurs fleurs noircies par ce froid insolite.
Les poiriers même ont beaucoup soutîert et ont eu toutes leurs nouvelles
pousses flétries et qui sont mortes ; il en est de même des luzernes et des trèfles.
En somme, le mal est bien grand, puisqu'il a compromis en grande partie nos
principales récoltes, et qu'il a complètement détruit nos fruits.
Les mûriers ne seront peut-être pas entièrement morts, mais ils ont beau-
coup de mal, et les feuilles, au lieu de se montrer aux branches nouvelles, sortent
sur le tronc, tout autour des branches ; on ce peut encore déterminer d'une ma-
nière précise tout le mal qu'a éprouvé cet arbre si productif dans nos contrées.
Ravoux,
A Buis-les-Baronnies {Drôme).
SOCIETE NATIONALE D'AGRICULTURE
Séance du 2 mai 1883. — Présidence de M. Dumas.
M. le secrétaire perpétuel annonce la mort de M. Bonvié, corres-
pondant dans la Section d'économie, de statistique et de législation.
M. Meugy, ingénieur en chef de mines, fait hommage de la carte
agronomique de l'arrondissement de Rocroi (Ardennes), à l'échelle du
40,000* qu'il vient de publier. Déjà M. Meugy a publié antérieure-
ment les caries des arrondissements de Vouziers et de Rethel.
M. Jos. H. Reall envoie le compte rendu du troisième congrès natio-
nal de l'association agricole américaine .qui a eu lieu à Chicago le
12 décembre 1882.
i\l. Barrai fait hommage, au nom de M. Sanson, du mémoire renfer-
mant ses recherches expérimentales sur la propriété excitante de
l'avoine. Nos lecteurs savent que le savant professeur, en épuisant
l'avoine par l'alcool, a isolé un corps spécial pour lequel il propose le
nom d'avénine, qui existe en proportions variables dans les différentes
sortes d'avoine, et qui agit sur le système neuro-musculaire du cheval,
en l'excitant temporairement. C'est dans le péricarpe de l'avoine que
l'on rencontre cette substance.
M. Barrai présente une traduction anglaise, imprimée à Boston, de
la V édition du Traité d élagatje des arbres, de M. des Cars. A cette
occasion, M. des Cars insiste sur la tendance qui se manifeste aujour-
d'hui dans une partie de l'Amérique, en faveur des études de sylvicul-
ture qui avaient été à peu près complètement négligées jusqu'ici.
Une discussion s'engage surles questions qui pourraient figurer sur
le programme du congrès des Sociétés savantes en 1884. — M. de Retz
propose d'y placer l'étude de la situation de la sériciculture. — M. Henzé
194 SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE DE FRANGE.
propose la question suivante : l'épine-vinette occasionne-t elle la rouille
sur les feuilles des céréales et principalement sur celles du froment.
MM. Ghatin, Boitel et Heuzé expriment des opinions contradictoires
relativement à l'identité du cryptogame qui attaque Fépine-vineite et
de celui qui est la cause de la rouille des céréales. — Enfin, M. N.iudin
propose l'étude de la question du reboisement en Algérie ; il fait res-
sortir l'irrégularité du régime des eaux dans notre colonie, et il exprime
l'opinion que le reboisement des pentes aujourd'hui dénudées, exerce-
rait la plus grande influence tant sur le climat que sur la régularité
du débit des rivières et des fleuves.
M. Renou présente le résumé des observations météorologiques
faites au parc Saint-Maur pendant le mois d'avril.
M. Heuzé présente deux volumes qu'il vient de publier: l'un est
le premier volume d'une étude sur les plantes fourragères ; le deuxième
porte le titre: Les pâturages, les prairies naturelles et les herbages. Ces
deux volumes font partie de la collection des ouvrages de M. Heuzé
dont il réimprime actuellement plusieurs volumes.
M. Ghatin analyse une note de M. Léo d Ounous relativement au
développement du gui sur plusieurs arbres exotiques, notamment sur
des peupliers cendrés, des pacaniers, des érables de Virginie. A cette
occasion, M. Ghatin signale l'envahissement de plus en plus grand des
pommiers à cidre par le gui.
M. de Molon fait une communication sur plusieurs fraudes commises
actuellement dans le commerce des engrais dans l'ouest de la France.
La première est la vente, sous le nom de phosphate, d'un schiste ardoi-
sier qu'on exploite en grande quantité aux environs de Redon; ce
schiste ne renferme pas trace de phosphate de chaux, mais il est très
riche en silicate d'alumine; comme la méthode d'analyse diie com-
merciale a pour effet de précipiter 1 alumine comme le phosphc^te,
lorsque cette substance est analysée par cette méthode, elle paraît
riche en phosphate ; ce qui entraîne une erreur absolue chez le culti-
vateur. La deuxième fraude est l'emploi d'une chaux d'usines à gaz, qui
non seulement ne vaut rien, mais se montre nuisible à la végétation.
A cette occasion, M. Dumas montre l'importance que présenterait
une enquête faite par la Société sur l'état actuel du commerce des en-
grais ; il lui paraît d'une urgence absolue que les cultivateurs soient
bien fixés sur la valeur des substances qui leur sont offertes.
M. Ghevreul insiste sur les confusions qui existent trop souvent
dans les dénominations données aux engrais, et sur les erreurs qui
résultent de la rpauvaise direction donnée aux études sur cette ques-
tion ; il rappelle ses longues recherches sur le guano, et il montre
combien il est important que l'on s'occupe non seulement de la com-
position élémentaire des substances fertilisantes, mais de la nature des
principes immédiats qui les constituent. Henry Sagnier.
REVUE COMMERCIALE ET PRIX COUMT DES DENRÉES AGRICOLES
{5 MAI 1^83).
I. — Situation générale.
Les marchés agricoles sont toujours peu fréquentés. Pour la plupart des den-
rées, les transactions sont peu importantes.
II. — Lex grains et les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par quintal m^trïqu^,
sur les principaux marchés de la France et de l'étranger :
REVQE COMMERCIALE ET PRIX COURANT (5 MAI 1883).
195
1" RÉGION. — NORD.OUEST.
fr.
Calvados. Condé 24.00
— Lisieax 24.00
Côt.-du-Nord.PonlTieviX 23.50
— Tréguier. 23.25
Finistère. Morlaix 24.00
— Ouirope'" 23.00
llle-el-Viiaine. Rennes.. 24.25
— Redon 24.20
Manches. Avraiiches. .. 25.75
— Pontorson 24.50
— Villedieu 25.50
Afaj/enne. Laval 24.75
— Mayenne 25.50
Morbihan. Hennebont.. 23.50
Orne. Seez 24.75
— Alençon 25 00
Sori/»€. Le Mans 23.75
— Sablé . 25.85
Prix moyens 24.
2* RÉGION. -
Aisne. Laon 23.
— Boissons 24.
— Château-Thierry. 23.
Eure. Bernay 24.
— Evreux 23.
— Les Aodelys 22
Eure-et-Loir. Chartres.. 23.
— Auneau 23.
— Nogent-le-Rotrou. 24.
Nord, ambrai 24.
— Douai 25.
— Valenciennes 24.
Oise. Beauvais 21.
— Corapiègne 22.
— Senhs 22.
Pas-de-Calais. Arras.. . 25.
— Doiillens 24.
Seine. Paris 25.
S.-et-Mar. Melun 26.
— Meaux 23.
— Provins 24.
S.-et-Oise. Etampes 23.
— Pontoise 23.
— Versailles 23,
Seine-Inférieur e.'Ko\x&n. 23.
— Dieppe 23.
— Fécamp 24.
Somme, .\nniens 22.
— Abbeville 22.
— Roye 22.
Prix moyens 23.
Seigle.
fr.
19.50
16.00
16.50
18.00
»
17.50
fr.
) 22.00
) 23 . 50
) 17.50
) 13.25
) 15.50
) 16.50
) 17.01)
20.00
» 2H.00
) 25.00
i 23.00
i »
) 19.00
20.00
) 20.25
) 20.50
) 21.50
) 20.00
50 16.71 IS.OO 20.32
16.50
15.50
16.50
17.25
14.80
14.75
14.50
14.00
l'*.25
15.00
14.50
15.50
16.00
16.35
14.25
15.25
15.50
15.50
15.25
16 35
15.50
16.00
15.00
16.00
14.50
14.60
»
14.50
15.00
14.25
14.75
17.25
18.00
18.00
20.00
19.50
20.00
17.25
20.50
20.25
18.75
18.75
16.25
17.00
19.50
18.75
19.40
19.00
19.25
16.75
20.00
19.50
20.40
19.00
»
18.00
17.00 18
IS.OO
t7.:.0
17.50
20.50
18.00
18.50
18.50
18.25
20.70
16.00
15.80
17.75
17.50
18.00
17.00
16.25
16.50
19.00
18.00
18.00
ly.50
13 50
17.25
19.00
20.15
18.50
20.00
16.50
16.25
18
36 15.02 18.69 17.99
3" RÉGION
Ardennes. Charleville. .
— Sedan
Aube. Bar-sur-Seine
— Méry-sur-Seine .. .
— Nogent-sur-Seine.
Ma/rn^'. Chalons
— Epernay
— Samte-Menehould.
Hte-Marne. Bourboane.
Meurlhe-el-Mos. Nancy.
— Lunéville
— Toul
Meuse. Bar-le-Duc
— Verdun
Haute-Saône. Vesoul.. ..
— Gray
Vosges. Neufchâteau
— Epinal
Prix moyens
4* RÉGION
Charente. Angouléme. . .
— Ruffec
Char.-Infér. Marans....
DetisCrSfvres. Niort
Indre-et-Loire. Tours...
— Châieau-Renault .
Loire-Inf. Nantes
M.-et-Lo^^'. Saumur. ...
— A'ngers
Ventiée. Luçon
— Fonteiiav-lé-Comte
Kwflhte. Châtellei-aull...
— Loudun
Harute-Vienne. Limoges..
Prix moyens
— NORD.EST.
23.25
23.75
22.50
23.00
24 . 50
23 75
23.50
23.00
22.25
23.50
24.00
23.75
23.75
23.00
23.50
23.00
22.75
24.00
15.50
16.75
15 00
16 00
15.75
15.50
15.00
17.50
16.00
16.50
15 00
15.75
16.00
14.75
15.00
17.00
18.25
20.00
20 . 00
18.25
19.50
18.00
18 50
17.50
»
17.50
17.00
16 50
16.00
16.00
16.25
15.00
17. 25
17 75
19.00
19.25
17.50
19.25
17.75
19.50
17.00
15. 5o
17.7-
15.7
16.2.
17. 5o
16. 5(,
16. 7^
16.6^
16.5'
23.37 15.81 17.59
'0
;o
"o
17.39
24. 50
25.00
25.20
24.33 15.93 17.98 13.25
Cher
Allier. Monlliiçon. . ..
— Saint-Poursain.
Gannat
liourges
— Graçay
— Vierzon
Creuse. Aubusson
Indre. Chàteauroux
— Issoudun
— Valençay
Loiret. Orléans
— Gien
— Palay
L.-et-Cher. Blois
— Montoire
Nièvre. Nevers
— La Charité
Yonne. Brienon
— Saint-Florentin
— Sens...,
Prix moyens 24.18 15.42 13.46 18.22
16.25
15.50
16.50
14.75
15.50
15.70
15.50
15.50
16.50
17.25
18.25
6* REGION. — EST,
yltn. Bourg 25.75
— Pont-de-Vaux.... 24.50
Cole-d'Or. Dijon 21.80
— Beaune 23.50
Z)ou6«. Besançon 22.50
/sèi'e. Grenoble 26.50
— Bourgoîn 24.75
Jura. Dole 22.00
Loire. Montbrison 24.50
P.-de-Ûôme. Clermont.F. 25.50
Rhône. Lyon 25.00
Saône-et- Loire. Chalon . 25.50
— Louhans . . .. ... 24.25
Catioie. Chambéry 25.75
lUe-Savoie. Annecy 26.20
Prix moyens. ... . 24.53
7' RÉGION. — SUD-OCEST
Ariège. Foix 25.00
— Pamiers 25.25
Dofdogne. Bergerac. .. . 24.50
Hte-Garonne. Toulouse. 24.75
— St-Gaudens 25.70
Gers. Condom 25 . 80
— Eauze 26.50
— Mirande 25 40
Gironde. Bordeaux 25.60
— Bazas 25.50
Landes. Dax 25.50
Loi-et- Garonne. Agen.. . 25.70
— Nérac 26.25
fi.-P(/ré«ées. Bayonne. . 26.50
Jltes-Pifrénées. Tirhes.. 26.50
Prix moyens 25.95 17.97
8" RÉGION. — SUD.
Aude. Castelnaudary... 26.00
— Carcassonne 26.50
Aveyron. ï^odez 23.50
Caniai. Mauriac 25.00
Corrèze. Luberzac 25.00
Hérault. Béziers 27.00
— Cette 27.25
Lot. CdhoTs 27.00
Lozère. Mende 23.10
Pi/ré?iées-Or. Perpignan. 27.75
Tarn. Aibi 27.00
rorn-et-f/ar. MontauDan 25.75
19.50
20.25
17.50
17.25
17.50
19.50
19.00
17.50
18.25
»
19.50
19.75
19.00
19.50
» » 19.50
16.11 17.46 18.82
16.75
17.25
18.00
19 25
18.00
»
21.00
16.00
»
19.25
»
18.00
20.00
17.00
18.50
20.50
18.00
13.25
20. 1i
»
»
20.50
»
»
21.00
»
»
22.00
»
18.75
19.25
18. 0
»
20.25
19.25
»
»
19.00
18.25
20.00
I)
»
20.50
18.00
»
18.50
18.50
»
18 70
18.35 20.16
17.00
20.00
20 75
18.00
25.55
13.00
22.25
21.00
18.00
17.70
25.00
19.50
20.00
Prix moyens 25.90 13.33 13.50 20.47
17.85
18.75
26.00
18.25
20.25
»
17.75
17.40
20.00
19.25
19.50
9° RÉGION.
Basses-Alpes, \fanosque
Hautes-Alpes. Briançon.
Alpcs-Marilimes. Cannes
Ardeche. Privas
B.-du-Rhàne. Arles. . . .
Drôme. Valence
Gard. Nîmes
Haute-Loire. Brioude...
Var . Draguignan
Vauciuse. Carpenlras.. .
Prix moyens
Moy. de toute la France
— de la semaine précéd.
Sur la semainejHausse.
précédente. .JBaisse..
— SFO-EST.
28.75 »
27.00
26.75
26.65
28.00
24.75
27.50
25 50
26.75
27.00
13.00
17.20
1-3.60
18.25
17.85
18 . 00
17.50
»
17.00
20.00
13.25
24.00
20.00
18.50
19.40
18.50
19.00
18.75
17.00
19.25
18.00
26.86 18.08 18.12 19.24
24.84
24.89
16.61
16.62
18.13
18.31
18.98
18.82
0.05 O.Ol O.iS
196 REVUE GOMxMEKGlALE ET PRIX GOURANT
Blé. Seigle. Orge. Avoine
fr. fr. tr. fr.
Algérie. A^-^"^! blé dur 2r,.5a » 1G.25 15.50
Angleterre. Londres 25.50 » 19.00 20.25
Belgique. Anvers 24.50 17.75 17.50 16.25
— Bruxelles 25.00 17.75
— Liège 24.25 17.75 20.50 17.50
— Nanuir 22.75 16.25 20.00 15.75
Pays-Bas. Amsterdam 23.85 16.90 » »
Luxembourg. Luxembourg 23.75 20.00 » 18.50
Alsace-Lorraine. Strasbourg 25.20 17 75 17.75 17.2.»
— Mulhouse 22.25 16.25 17.00 18.00
— * Colmar 24 00 17 80 18 00 16.50
Allemagne.. Berlin 24.00 17.85 » ■
— Cologne 25.60 18.50
— Hambourg 23.75 17.25
Suisse. Genève 27 00 » » 21.7.»
Italie. Turin 25.50 20.00 » 18.50
Espagne. Valladoiid 24.50 • » •
Aulric.ke. Vienne 20.25 15.25 17.50 13 75
Hongrie. Budapeslb 20.50 15.70 15.80 13.50
Russie. Saint-Pétersbourg.. 21.70 15.50 » li.25
Etats-Unis. New-York 23. 80 » •
Blés. ■=— Depuis huit jours ia température est devenue plus printanière, et il
paraît enfin que nous sommes sortis des désordres atmosphériques qui ont sévi
pendant les deux derniers mois. Ces phénomènes, quoique peu favorables à la
végétât on, ne paraissent pas avoir jus [u'ici exercé une influence néfaste sur les
champs de blé; ils se présentent, d'une manière générale, dans de bonnes condi-
tions; la plante a bien tallé, et son apparence est bonne. Quant aux marchés, ils
présente actuellement le plus grand calme; les prix se soutiennent, mais les
affairent sont peu importantes. Du 1" août 18S2au l'''" mai 1883, il a été importé
en Europe 32 millions d'hectolitres de blé d'Amérique, contre 27 millions à la
même date de 1882. — A la halle de Paris^ le mercredi 2 mai, il y a eu peu de
ventes ; les prix se sont maintenus ; on cotait de 24 fr. 50 à 26 fr. 50 par 100 kilog.
ou en moyenne 25 fr. 50. Sur le marché des blés à livrer, on paye : courant du
mois, 25 fr. 75 juin, 26 à 26 fr. 25 ; juillet et août, 26 fr. 75 à 27 fr.; quatre der-
niers mois, 27 à 27 fr. 25. — Au Havre, les prix sont bien tenus pour les blés
étrangers ; on paye de 25 fr. 5 ' à 27 fr. 50 par 100 kilog. suivant les qualités. —
A Marseille, les ventes sont assez faciles, avec des prix bien tenus. Les arrivages
de 1h semaine ont été de 68,000 quintaux environ; le stock est actuellement de
169,0i0 quintaux dans les docks; on cote par 100 kilog. : Red-winter, 28 à
28 fr. 25 ; Berdianska, 27 fr. 50 ; Pologne, 25 fr. 50 à 26 fr. 25 Azima, 25 fr. 25'
à 25 fr. 50; Be.'^sarabie, 25 fr. 50 à 25 fr. 75; Lka, 25 fr. 75 à 26 fr. 25. —
A Londres, les importations de blés étrangers ont été de 174,000 quintaux mé-
triques depuis huit jours ; les affaire."- sont actives, avec des cours sans variations ;
on cote de 24 à 2b fr. 70 par UO kilog. suivant les qualités et les provenances.
Farines. — Peu d'affaiies pour la plupart des sortes avec maintien des anciens
cours. En ce qui concerne les farines de consommation, on payait à la halle de
Paris : le mercredi 2 mai : marque de Gorbeil, 60 fr. ; marques de choix, 60 à
62 fr. ; premières marques, 58 à 59 fr ; bonnes marques, 57 à 58 fr.; sortes
ordinaires, 54 à 56 fr. ; le tout par sac de 159 kilog. toile à rendre ou 157 kilog.
net, ce qui correspond aux prix extrêmes de 3 4 fr. 40 à 33 fr. 20 par 100 kilog.,
ou en moyenne 36 fr. 30; c'est une baisse de 60 centimes sur le prix moyen du
mercredi précédent. — Pour les farines de spéculation, on les cotait à Paris, le
mercredi 2 mai au soir : farines neuf -marques, courant du mois, 56 fr. 50 à
56 fr. 75; juin, 57 fr. 25 à 57 fr. 50; juillet et août, 58 fr. 50; quatre derniers
mois, 59 fr. 50; le tout par sac de 159 kilog., toile perdue ou 157 kilog. net. —
Pour les farines deuxièmes, on paye à Pans, 23 à 30 fr, par 100 kilog. suivant
les qualités, et pour les gruaux 46 à 47 fr.
Seigles. — Il y a toujours peu d'offres, et les prix sont très fermes. -Oi paye
à la halle de Paris, 16 fr. 25 à 16 fr. 50 par 100 kilog. Les farines de seigle sont
vendues aux cours de 24 à 26 fr.
Orges. — Peu d'affaires, mais maintien des cours. On c )te à la halle de Paris,
de 18 fr. 25 à 20 fr. 50 par 100 kilog. suivant les qualités. — Les escourgeons .
valent de 17 fr 50 à 18 l'r. 25. — A Londres, il a été importé 7,600 quintaux
d'orges depuis huit jours. Les affaires sont assez faciles aux cours de 1 8 à 20 fr. 40
par 100 kilog.
à
I>ES DENRÉES AGRICOLES (5 MAI 188S). 197
Avoines. — Les transactions sont un peu plus actives, et les affaires sont faciles.
On paye ù la halle de Paris de 17 fr. 50 à 20 fr 50 par 100 kilog. suivant poids,
couleur et qualité. — A Londres, les im[)ortations d'avoines ont été, durant la
semaine, de 33,000 quintaux. Les prix sont en hausse; on vend de 18 fr. 50 à
21 fr. 75 par quintal métrique.
Sarr^asin. — Très peu d'affaires. On vend à la halle de Paris, 16 fr. 75 à 17 fr.
par 100 kilog.
Maïs. -^ Les transactions sont calmes. On cote dans les ports, de 16 fr. 50 à
17 fr. 50 par 100 kilog. pour les maïs d'Amérique.
Issues. — Il y a beaucoup de fermeté dans les prix. On paye par 100 kilog. à la
halle de Paris : gros son seul, 15 fr. 7 5 à 15 fr.; son trois cases, 14 fr. 75 à
15 fr.; sons fins, 13 fr. 5U à \k fr. 50; recoupettes, 13 fr. à 13 fr. 50; remoulages
bis, 14 fr. à I4fr. 50; remoulages blancs, 15 à 16 fr.
]II. — Fourrages, graines fourragères.
Fourrages. — Les ventes sont assez faciles avec des prix fermes. On paye à
Paris, par 1,000 kilog.: foin, liO à 1-26 fr.; luzerne, 112 à 126 fr.; paille de blé,
58 à 70 fr.; paille d'avoine, 46 à 52 fr.
Graines fourragères. — La hausse se maintient pour toutes les sortes. On paye
à Paris par 100 ki'og. : trèfle violet, 200 à 225 fr.; trèfle blanc, 200 à 2 50 Ir.;
luzerne de Provence, 150 à 160 fr.; de Poitou, 125 à 135 fr.; d'Italie, 135 à
IiiO fr.; minette, 45 à 65 fr.; ray-gra^s, 60 à 70 fr.; vesce de printemps, 26 à
27 fr.; pois gris, 25 à 26 fr.; sainfoin, 25 à 31 fr.; maïs dent de cheval 21 à i2 fr.
IV. — Fruits et légumes frais.
Fruits. — On vend à la halle de Paris : fraises de châssis, le pot, 0 fr. 25 à
l fr. 40 ; poires, le cent, 10 fr. à 100 fr ; pommes, le cent, 15 fr. à 120 fr.; raisins,
chasselas de serres, le kilog., 10 à 16f'r.
Gros légumes. — Dernier cours de la halle : asperges aux petits pois, la botte,
0 fr. 75 à 3 fr.; carottes nouvelles, les li 0 bottes, 75 à 125 fr.; carottes com-
munes, les 100 bottes, 20 à :^0 fr.; d'hiver, l'hectolitre, 3 à 5 fr. ; de chevaux,
les 100 bottes, 14 à 20 fr.; choux nouveaux, le cent, 7 à 15 fr.; choux communs,
le cent, 5 à 20 fr ; haricots verts, le kilog. 3 à 5 fr.; navets nouveaux, les
100 bottes, 75 à 125 fr.; communs, les 100 bottes, 20 à 30 fr.; l'hectolitre, 4 à
5 fr.; oignons nouveaux, les 100 bottes, 50 à 75 fr.; en grain, l'hectoHtre, 9 à 13 fr.;
panais communs, les 100 bottes, 15 à 20 fr.; poireaux communs, les l08 bottes,
20 à 45 fr.
Pommes de terre. — Hollande communes, l'hectolitre, 17 à 20 fr.; le quintal,
24 fr. 28 à i8 fr. 57 ; jaunes communes, l'hectolitre, 9 à 10 fr., le <Juintal,
12 fr. 85 à 14 fr. 28.
V. — Vins, spiritueux, vinaigres, cidres.
Vins. — Les circonstances météorologiques continuent à être assez favorables
f>our la vigne. Il est vrai que la prolongation des froids a sensiblement retardé
e départ de la végétation., et que celle-ci est beaucoup moins avancée que dans
les années ordinaires à la même date. Mais il n'y a pas lieu à s'en plaindre, si le
temps permet que ce retard soit regagné d'ici au moment de la floraison. Dans
l'état actuel des choses on a moins à redouter l'effet des gelées printanières qui
pourraient venir à se produire. Dans le Midi, le refroidissement qui sest produit
pendant la dernière semaine d'avril ne paraît pas avoir exercé d'effets fâcheux
pour la vigne. En Algérie, la vigne se développe actuellement au milieu de cir-
constances tout à fait favorables. — Quant au commerce des vins, il continue à
présenter beaucoup de calme, les ventes sont peu actives, les cours se main-
tiennent dans les mêmes conditions que précédemment. Dans le Midi, on signale
quelques ventes assez asctives. On cote actuellement à Lézigran (Aude) : Aramon,
25 à 26 fr.; petits Montagnes, 30 à 32 fr.; Montagnes ordinaires, 33 à 35 (r.;
Narbonne, 37 à 45 fr. suivant la qualité; — A Cette, on paye les vins d'Espagne,
par hectolitre : Alicante, 4'4 à 45 fr.; Catalogne, 33à35 fr.; Manche, 30 à 32 fr ;
Mayorue, 28 à 30 fr. — En Sologne, on cote : vins blancs de la côte, 48 à 50 fr.
la pièce; gamay rouge, 55 à 65 fr. gros noir, 105 à 120 fr.; — Selles, 70 à
90 fr.; Cher, 75 à 100 fr. les 250 litres. — Dans l'Orléanais, on paye : vins
rouges du pays, 85 à 1 10 fr.; vin blanc nantais, 44 à 47 fr.; vin blanc de Poitou,
60 à 62 fr.; vin blanc de Blois, 55 à 60 fr. — En Algérie, les vins nouveaux
ordinaires valent 20 à 25 fr. l'hectolitre, sans fùls, suivant les qualités.
Spiritueux. — Les transactions sont toujours peu importantes sur bs alcools
198 REVUE COMMERCIALE ET PRIX GOURANT
de toutes sortes. Les cours ne présentent pas de variations sensibles depuis huit
— Dans les Gharentes, on cote les eaux-de-vie de 1875 à 1878 : bons bois ordi-
naires, 215 à 235 fr.; très bons bois, 220 à 240 fr. ; fins bois, 235 à 260 fr.; petite
Champagne, 245 à 280 fr.; fine Champagne, 265 à 305 fr. — Dans le Nord, les
ventes sont calmes sur les alcools de betteraves. On cote à Paris, par hectolitre :
3/n betteraves, 1''' qualité, 90 degrés, disponible, 48 fr. 75; mai, 49 fr. 25 à
49 fr. 50 ; juin, 50 fr. 25 ; juillet et août, 51 à 51 fr. 25 ; quatre derniers mois,
51 fr.,Le stock est actuellement de 21,500 pipes, contre 14,650 en 1882.
Vinaigres. — Prix soutenus. On cote à Orléans, par hectolitre : vinaigre nou-
veau de vin vieux, 40 à 42 fr.; vinaigre vieux de vin, 50 à 60 fr.
Raisins secs. — H y a peu d'affaires sur les marchés du Midi, mais les prix
continuent à accuser beaucoup de fermeté. On paye à Marseille, par 100 kilog. :
. Corinthe, 54 à 55 fr.; Thyra, 4'5 fr. 50 à 47 fr.; raisins noirs, 43 fr. 50 à 44 fr.;
Beyrouth, 45 fr.; Chypre, 56 fr.; Samos noirs, 51 à 52 fr.; Samos blonds, 43 à
43 fr. 50; Vourlas rouges, 45 fr.
Crème de tartre. — On paye à Lyon les crèmes de tartre 310 à 335 fr. par
100 kilog.; à Marseille, 305 fr
Verdets. — Les verdets en pains secs valent, à Marseille, 200 à 225 fr. par quin-
tal métrique, suivant les sortes.
VI. — Sucres. — Mélasses. — Fécules, — Glucoses. — Amidons. — Houblons.
Sucres. — Les affaires sont calmes sur la plupart des marchés, aussi bien pour
les sucres roux que pour les sucres blancs. Les cours se maintiennent à peu près
sans changements. On cote à Paris par 100 kilog. : sucres bruts 88 degrés
saccharimétriques, 53 fr. à 53 fr. 25 ; les 99 degrés, 60 fr. 25 ; sucres blancs,
60 fr. 50; — à Valenciennes, sucres bruts, 52 fr ; — à Lille, sucres bruts,
52 fr. blancs, 59 fr. à 5'-» fr. 50; — à Saint- Quentin, sucres bruts, 52 fr. 25 à
25 fr. 50; Le stock de l'entrepôt réel des sucres était, au 2 mai, à Paris de
731,000 sacs pour les sucres indigènes, avec une diminution de 26,000 sacs
depuis huit jours. Il y a un peu de faiblesse dans les cours des sucres raffinés;
on les paye de 105 à 106 fr. 50 par 100 kilog. à la consommation, et de
63 fr. 50 à 66 fr. 50 pour l'exportation. Il y a toujours beeaucoup de calmes sur
les sucres coloniaux : à Nantes, on cote 53 fr. par 100 kilog. pour les 8H degrés
disponibles.
Mélasses. — Les prix sont faibles. On cote à Paris 10 fr. par 100 kilog. pour
les mélasses de fabrique, 13 fr. pour celles de raffinerie.
Ffcul'S. — Il y a toujours grande fermeté dans les prix. On cote à Paris 41 fr.
par 100 kilog. pour les técules premières du rayon; à Compiègne, 40 fr. pour
celles de l'Oise; à Epinal, 41 fr. pour celles des Vosges.
Glucoses. — Les prix se maintiennent. On cote par 100 kilog. ; sirop de froment,
54 à 56 fr. ; sirop massé, 43 à 44 fr. ; sirop liquide, 35 à 37 fr..
Amidons. — Il n'y a pas de variations dans les cours. A Paris, on paye par
100 kilog. : amidons de pur froment, 66 à 68 fr.; amidons de province, 64 à 66 fr.;
de maïs, 54 à 56 fr.
Houblons. ~ Les transactions sur les houblons sont très peu actives sur tous
les marchés. Il y a eu quelques ventes surles marchés du Nord, aux cours de 650 fr.
par 100 kilog. En Bohême, quelques houblons de Saaz ont été vendus de 550 fr. à
600 fr.
VIL — Huiles et graines oléagineuses, tourteaux.
Huiles. — Le mouvement de reprise sur les huiles de colza a continué depuis
huit jours. Les affaires sont toujours peu i nportantes. On cote à Paris, par
lOD kilog. : huile de colza en tous fûts, 98 fr. ; en tonnes, 100 fr.; épurée en
tonnes, )08 fr. ; huile de lin en tous fûts, 58 fr. ; en tonnes, 60 fr. Sur les marchés
des départements, on cote par kilog. pour les huiles de colza : Caen, 94 fr. ;
Rouen, 91 fr. 50; Cambrai, 95 à 77 fr,; et pour les autres sortes : œillette,
115 fr.; lin, 59 fr. — A Marseille, les prix des huiles d'olives sont soutenus
avec une grande fermeté; on cote les diverses variétés : Aix surfine, 18i» à 2; 0 fr.;
fine, 150 à 160 fr.; Bari, 150 à 115 f- ; Var, surfine, 135 à 140 fr.; fine, 115 à
120 fr.; Espagne, 120 fr.; Sicile, 110 à 115 fr.
Graines oléagineuses. — Il y a peu d'affaires sur les marchés du Nord. On paye
à Cambrai par hectolitre : œillette, 24 à 27 fr. 50; cameline, 13 fr. 50 à 17 ir.; à
DES DENRÉES AGRICOLES (5 MAI 1883). 199
Gaen, colza, 29 fr.; à Orchies, colza, 25 à 27 fr.; lin, 21 à 22 fr.; cameline, 17 à
19 fr.
Tourteaux. — Prix fermes. On paye par 100 kilog. à Cambrai, tourteaux
d'oeillette, 17 fr. 50 ; de colza, 17 à i9 fr. 50; de lin, 20 à 22 fr.; de cameline,
19 Ir. 50 à 20 fr. — A Marseille, tourteaux de lin, 17 fr. 50; d'arachides en
coque, 9 tr, 75 ; décortiqués, 14 fr. 25 à 14 fr. 50 ; sésame blanc, 14 fr. 25; coka
du Danube, 13 fr. 25 ; coton d'Egypte, 12 fr. 50; palmiste naturel, 10 fr. 50;
ricin, 10 fr. 50; ravison, 11 fr. 50.
VIII. — Matières résineuses, et tannantes.
3Iatières résineuses. — H y a reprise dans les cours. On paye à Bordeaux 84 à
85 fr. I ar 100 kilog. pour l'essence pure de térébenthine; à Dax, 75 fr.
Ècorces. — On paie actuellement par 100 kilog. : tan de Normandie, 160 à
170 fr.; du Berry, 145 à 150 fr.; de la Nièvre, 125 à 135 fr.; du Gàtinais, 125 à
135; du Jura, 110 à 120 fr.; écorce de chêne vert, 160 fr.; châtaignier, 75 à 80 fr.;
sapin, 110 fr.
IX. —Textiles.
Chanvres. — Les ventes sont peu importantes sur les marchés de l'Ouest, On
cote à Angers et au Mans, 60 à 76 fr. par 100 kilog. suivant les qualités.
Lins. — Maintien des prix sur les marchés du Nord. On paye dans le Pas-de-
Calais, 67 fr. 50 à 75 fr. par 100 kilog. pour les lins du pays. .
Laines. — Au Havre, on a payé cette semaine les laines de Buenos-Ayres à 1 fr. 75
par kilog. — A Bordeaux, on cote : Buenos -Ayrcs, 1 fr. 75 à 1 fr. 80; Monte-
video, 1 fr. 35 à 1 fr. 70; laines de diverses sortes^ 1 fr. 10 à 1 fr. 55.
X. — Suifs et corps, gras.
Suifs. — Il y a un peu de faiblesse dans les cours. On paye à Paris, 109 fr.
par 100 kilog. pour les suifs purs de l'abat de la boucherie; 81 fr. 75 pour les
suils en branches.
Cuirs fl peaux. — Aux ventes mensuelles de la boucherie, le 30 avril, on cotait
par 50 kilog. à Paris : gros bœufs, 50 fr. 45; moyens bœufs, 45 fr. 22; petits
bœufs, 4 i fr. 14: vaches laitières, 45 fr. 75; vaches de bandes, 46 fr. 23; tau-
reaux, 44 fr. 31; gros veaux, 72 fr. 08; petits veaux, 79 fr. 03.
XI. — Beurres. — Œufs. — Fromages. — Volailles.
Beurres. — Pendant la semaine, il a été vendu, à la halle de Paris, 257,361 kilog.
de beurres. Au dernier marché, on payait par kilog. : en demi-kilog., 2 fr. 10
à 4 fr. 20; petits beurres, 1 fr. 3^ à 1 fr. 74; Gournay, 2 fr. 20 à 4 fr. 40; Isi-
gny, 2 fr. 74 à 7 fr. 88.
Œufs. — Du 23 au 28 avril, on a vendu à la halle de Paris, 7,830,149 œufs.
Au dernier marché, on cotait par mille : choix, 84 à 95 fr.; ordinaires, 58 à
74 fr.; petits, 50 à 56 fr.
XII. — Chevaux, bétail, viande.
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement officiel du marché aux bes-
tiaux de la Villette, du jeudi 26 avril au mardi 1" mai :
Poids Prix du kilog. de viande nette sar
Vendus moyen pied au marché du 30 aYnl.
Pour Pour En 4 quartiers. 1" 2« 3« Prix
Amenés. Paris, l'extérieur, totalité. kil. quai. quai. quai. moyen.
Bœufs 4,160 2,H24 1,316 3,940 349 1.80 1.67 1.42 1.62
Vaches 1,297 781 427 1,208 23h 1.68 1.50 1.34 1.4T
Taureaux SU 269 36 303 385 1.56 1.45 1.36 1.4â
Veaux 3,592 2,414 1,020 3,434 73 2.30 2.16 1.76 Î.Oii
Moulons 39,563 27,888 10,243 38,131 19 2.10 2.00 1.78 1.88
Porcs gras 6,778 2,740 3,948 6,688 83 1.42 1.36 1.30 1.35
— maigres. » a > » »»«» »
La vente a été facile pour toutes les sortes d'animaux, et les prix ont accusé une
grande fermeté, principalement en ce qui concerne les gros animaux. — Sur les
marchés des départements, on cote : — Le Mans, vaches, 1 fr. 80 à J fr. 90
par kilog. de viande nette; veaux, 1 fr. 60 à 1 fr. 70; mouton, 2 fr. 10 à
2 Ir. 20; agneaux, 2 fr. 25 à 2 fr. 35; —Nantes, bœufs, 0 Fr. 95 par kilog.
brut ; veau, 1 fr. ; mouton, 1 fr. 05 ; — Orléans, bœuf, 0 fr. 70 à C fr. 80 ; vache,
0 Ir. 70 à 0 Ir. ^0 ; veau, 1 fr. 05 à 1 fr. 25 ; mouton, 0 fr. 75 à 0 fr. 95 ; porc,
0 fr. 8 ' à 0 fr. 95; — Sed<nu bœuf, 1 fr. 60 à 1 fr. 80 ; veau, 1 fr. 40 à 1 fr. 90 ;
mouton, 2 fr. 20 à 2 fr. 30; porc, 1 fr. 50 à 1 fr. 90 ; — Naticy, bœufs morts,
92 à 95 fr.; vaches, 65 à 92 fr.; veaux, 110 à 130 fr.; mouton, 110 à 125 fr.;
200 REVUE COMMERCIALE ET PRIX GOURANT (5 MAI I8b3).
porcs, 70 à 75 fr. ; — Dijon, bœuf, 1 fr. 60 à ] fr. 78; vaches, 1 fr. 16 à
1 fr. 68 ; veau (poids vit), 1 fr. 02 à 1 fr. U ; moutons, 1 fr. 80 à 2 fr. 10; porc,
0 ff. 90 à 1 fr. 04 ; — Ckdlon- sur -Saône, bœufs gras, 86 fr. les luO kilog. ; bœufs
de trait, 350 à 80Ct ir. la paire; vaches grasses, 78 à 80 fr. les ICO kilog. ;
veau 100 à 105 fr.; porc, 92 à 97 Ir. — Lyon, bœuf, 80 à 90 fr. les 100 kilog.;
veaux, 116 à 130 fr. ; moutons, 85 à 100 fr.; — Bourgoin, bœufs, 66 à 76 fr..;
vaches, 58 à 68 fr.; veau, 90 à 100 fr. ; moutons, 90 à 98 fr.; porc, 86 à 90 fr. ;
— Genève, bœuf, 1 fr. 50 à 1 fr. 70; veau (sur pied), G fr. 90 à 1 fr. 10 ; mouton,
1 fr. 90 à 1 fr. 95 ; porc, 1 ir. 45 à 1 fr. 50.
A Londres, les importations d'animaux étrangers durant la semaine dernière se
sont composées de i0,d48 têtes, dont 5 bœufs, 355 veaux, 45 mouionset 46 porcs
venant d'Amsterdam ; 3 i9 moutons d'Anvers; 5,948 moutons de Brème; 175 bœufs
et 1 moutons de Christiana; 6,4:- 2 moutons de Geestemunde; 257 bœufs el
63 veaux de Gothembourg; 1,785 moutons et 578 porcs d'Hambourg; 6 bœufs,
35 veaux, 376 moutons et 17 porcs d'Harlingen ; 177 bœufs et 379 moutons de
New-York; 177 bœufs d'Oporto ; 18 bœufs, 87 veaux, 2,994 moutons et 292 porcs
de Rotterdam; 134 bœufs de Vigo. Prix du kilog. Bœuf : qualité inférieure,
1 fr. 40 à 1 fr. 58 ; 2% 1 Ir. 58 à 1 fr. 75; V' 1 fr. 87 à 2 fr. 05. — Veau :
2«, 2 fr. 10 à 2 fr. 22; V% 2 fr. 22 à 2 fr. 34. — Moulon : qualité inférieure,
:l'lr 75 à 1 fr. 93; 2% 1 fr 93 à 2 fr. 10; 1'% 2 fr. 10 à 2 fr. 22. — Agneau :
2 fr. 80 à 3 fr. 15. — Porc : 2% 1 fr. 52 à 1 fr. 64; r% 1 fr. 64 à 1 fr. 75.
Viande à la criée. — On a vendu à la halle de Paris du 22 au 29 avril :
Prix du kilog. le 30 avril.
kilog. 1" quai. 2" quai. 3' quai. Choi.v. Basse Boucherie.
Bœufou vache... 167.7 3S 1.58 à 1.90 1.36 à 1.56 1.00 à 1.34 1.56 à 3.00 0.20 à 1.26
Veau 225,129 l.Si) 2 26 1.58 1.78 1.10 1.56 1.46 2.60 -
Mouton.!.!..... 80,683 1.58 2.00 1.36 1.56 0.90 1.34 1.74 3.30 »
Porc 45,036 Porc frais 1.20 à 1.56; salé,
518,586 Soit par jour 74,084 kilog.
Les ventes ont été inférieures de 800 kilog. par jour à celles de la semaine pré-
cédente. — Les prix se maintiennent bien pour les diverses catégories.
XIII. — Marché de la Villette du 3 mai.
Les nécessités du tirage de ce numéro, à raison des fêtes de l'Ascension, nous
empêchent de publier les derniers cours de la Villette.
XIV. — Résume.
Pour la plupart des denrées, les cours se sont maintenus à peu près sans chan-
gements depuis huit jours. A. Remy.
BULLETIN FINANCIER
La grande affaire de la semaine a été encore la conversion de la rente 5 pour 100;
elle sera achevée dans quelques jours. En effet, les porteurs de rentes doivent
opter entre le remboursement au pair ou du titre 4 1/2 pour 100, dans les délais
suivants : pour la France, du 1" au 10 mai; pour la Corse, du 3 au 12 mai; pour
pour l'Algérie, du 4 au 13 mai.
Cette opération n'amène d'ailleurs aucune perturbation dans les cours. On cote
actuellement les fonds français : 3 pour 100, 80 fr. 10 au comptant; — 3 pour 100
amortissable, 81 fr. 80 ; - 4 1/2 pour 100, 110 fr. 25 ; — 5 pour 100, 109 tr. 90.
Le plus grand nombre des valeurs accusent une grande fermeté. Les actions
de la Banque de France sont à 5,370 francs; celles du Crédit foncier, à
1,335 francs; celles du Comptoir d'escompte, à 980 francs; celles du Crédit indus-
triel et commercial, à 720 francs. — Il y a aussi beaucoup de fermeté sur les
actions des chemins de fer; les préoccupations que faisait naître l'élaboration
des conventions entre l'Etat et les grandes Compagnies, disparaissent peu à peu
devant la conviction presque générale, que, dans peu de temps, ces conventions
aboutiront d'une manière définitive. Le Nord vaut 1,940 francs; l'Orléans,
1,260 francs; le Paris-Lyon Méditerranée, 1,595 francs ; l'Est, 740 francs ; l'Ouest,
77Ô francs; le Midi, 1,197 fr. 50; le tout au comptant.
Bonne tenue sur les obligations de la Ville de Paris et sur celles du Crédit
foncier. E. Féron.
Le gérant, A. Bouché.
CHRONIQUE AGRICOLE (12 mai i883).
Les récoltes en terre. — Retard de la végétation. — Les fourrages hâtifs à semer. — L'espoir des
venrlan.^es et des récoltes fruiiières. — Les concours réïionaux. — Relevé des déclarations
faites pour les concours de Hlois, Rochefort, Ci^-n et Aurilhc. — Concours de laiterie à Au-
riliac et à Caen. — Conseil supérieur de l'agriculture. — Séance du k mai. — Discus-:oa sur
les voies de communication et sur l'alcoolisation des vins étrangers introduits en France. —
Les juments de cavilerie mises à la disposition des cultivatems. — Vente d'animaux de race
durham puie a la vacherie nationale de Carbon. — Vente de béliers à la ber>;erie n;it onale de
Grignon. — Neuvième liste de la souscription ouverte pour élever un monument à Léonce de
Lavergae. — Nécrologie. — Lord Vernon. — Venle de la bibliothèque de M. D^caisne. — Les
travau.x de reboisement. — Conditions des subventions accordées aux propriétaires et aux
communes. — Concours international de marécbalerie à Caen. — Concours du Comice ;igri-
cole de Seiirre. — Arboriculture fruitière, livre de M. Henry. — Sucres et betteraves. — Traité
d'analyse de> m'Hières sucrées prir M. H. Leplay. — Le commerce des vins. — Pétition adressée
au ministre de l'a^Ticulture par le Comice de Marcillac. — L'ag iculture au Canada. — Com-
merce du bétail; — exploitation des gisements de phosphaie de chaux. — Notes sur la situation
des récoltes dans les déparlements de la Charente-Inférieure et de la Gironde.
I. — La situation agricole.\
Coiniiient vont les récoltes? c'est une question qui nous est adressée
plusieurs fois chaque jour. Qa^ répondre, si ce n'est que, comma les
afTaires en général, elles vont douceiuant. A peu près partout, la
végétation est en retard d'une dizaine de jours ; le temps maussade qui
règne ne la hâte pas, mais lavenir agricole de Tannée ne nous en
semble pas assombri. Jusqu'à présent, il n'y a guère de mA produit,
si ce n'est en un petit nombre de loi^alités. Dans le Midi, la production
des arbres à fruits sera médiocre. Les champs de seigle, presque par-
tout, sont loin de présenter la vigueur qu'on est habitué de leur voira
celte épo(|ue de Tannée; cependant aucun mal définitif n'est signalé.
Dans quelques départements de TOaest, on n'a pas pu faire toutes les
semailles en retard ; on signale une assez grande quantité de champs
qui n'ont pu être ensemencés. Il sera peut-être bon d'y semer des
fourrages hâtifs, tels que le mélange auquel Dezeimeris a donné son
nom. Les fourrages, en effet, n'ayant pas encore pris la pousse qu'ils
ont d'ordinaire dans les premiers jours de mai, donneront probable-
ment des coupes en déficit. L'hiver s'est achevé alors que Ton com-
mençait à être obligé de ménager les rations du bétail, et comme les
fourrages verts sont loin d'offrir de la précocité, tous ceux, qui
entretiennent des animaux domestiques se trouvent gênés, et les bêtes
commencent à souffrir. Aussi les marchéssont-ils plus garnis qu'ilsne
devraient l'être, et en présence d'offres plus nombreuses sans demandes
plus considérables, il y a baisse dans les cours. Mais rien n'est irré-
parable quant à présent, et la venue d'un temps propice pourrait faire
espérer encore des temps prospères. La vigne peut doimer de meilleures
vendanges que les années précédentes; les arbres fruitiers de toute la
région du Centre et du Nord sont riches de promesses. Les céréales ont
un aspect satisfaisant. Toutes les plantations ou semailles du printemps
ont réussi, ou du moins donnent de belles espérances. Nous sommes
dans une saison critique; il n'y a guère qu'une chose à faire, attendre.
Seulement, toujours attendre impatiente. Les transactions languissent;
on ne se décide pas, par exemple, à acheter des machines alors qu'on
ne sait pas comment les récoltes tourneront; mais il peut suffire de
quelques jours pour tout mettre en état. Cette situation s'est souvent
présentée, avec un dénouement favorable. Les agriculteurs ont un peu
de loisir; ils peuvent se rendre aux concours régionaux, qui com-
mencent cette semaine à Amiens, Bourg et Foix. Avant la fin du mois,
il y aura encore ceux de Vannes, Digne, Troyes, Blois et Rochefort. Les
N° 735. — Tome II de 1883. — 12 Mai.
202 CHRONIQUE AGRICOLE (12 MAI 1883).
autres solennités du même o;enre auront lieu en juin, pour Caen et
Aurillac, en septembre pour Mende, et en novembre pour Nice. Puisse
d'ici là le ciel s'être éclairci, et nous avoir déversé en temps utile une
chaleur assez bienfaisante pour nous donner de riches moissons et
d'abondantes vendanges.
II. — Les prochains concours "êgionaux.
Voici les relevés des déclarations adressées au ministère de Tagri-
culture pour les quatre concours régionaux de Blois, Rochefort, Caen
et Aurillac.
Espèce Espèce Espèce Animaux Macliines et
) ovine. ovine. porcine, debasse-oour. instrui.n-nts. Produits.
Têtes. Lots. Tètes. Lots. Lots.
Blois 1% 12.T 30 84 1,180 380
Rochefort 422 T.") ^0 187 l,2(iO 3.i0
Caen 34o 101 ni 191 l,:i'30 270
Aurillac 246 103 09 134 744 265
Le concours spécial de laiterie de Caen comprendra 230 instruments,
et 149 lots de produits; celui dAurillac comptera 110 instruments et
A6 lots de produits. — Le concours régional de Blois sera dirigé par
M. Randoing, adjoint à l'inspection générale de l'agriculture; celui de
Rochefort, par M. Philippar, adjoint à l'inspection; celui de Caen, par
M. de Lapparent, inspecteur général; celui d'Aurillac, par M. Heuzé,
inspecteur général.
m. — Conseil supérieur de V agriculture.
Le Conseil supérieur de l'agriculture s'est réuni, à nouveau, le
vendredi 4 mai, sous la présidence de M. Méline, ministre de l'agri-
culture. Voici le résumé des discussions de cette séance :
Le Conseil a abordé l'examen du rapport de la Commission des voies de com-
munications dont les travaux avaient eu pour but la recherche des moyens per-
mettant : 1" De procurer un dégrèvement à l'agriculture; 2'' d'assurer le bon et
complet entretien des chemins confectionnés existants; 3" de facihter 'a confection
des chemins nouveaux, vicinaux et ruraux dont l'agriculture est appelée à profiter.
M. Jametel, député, et rapporteur de la Commission, a soutenu devant le
Conseil supérieur les conclusions de son rapport qui sont ainsi formulées :
Créer dans chaque département un réseau unifié de chemins vicinaux dépar-
tementaux, comprenant les routes départementales, les chemins de grande com-
munication et ceux des chemins vicinaux ordinaires dont l'importance justifierait
le classement.
Les chemins de moyenne communication et les chemins vicinaux classés
deviendraient la propriété des départements, sauf les plantations existantes qui,
jusqu'à leur maturité, resteraient acquises aux communes.
Les départements seraient tenus d assurer l'entretien des réseaux ainsi con-
stitués et pour lesquels l'Etat allouerait une subvention d'environ 30 millions à
répartir entre les départements. Les communes intéressées contribueraient à cet
entretien dans la proportion de leur intérêt, mais seulement jusqu'à concurrence
de la valeur d'une journée de prestation.
Aucune observation ne s'est produite sur le principe môme de ces propo-
sitions, dont le Conseil supérieur a reconnu unanimement l'utilité et l'urgence;
mais une discussion s'est élevée sur la difficulté de trouver immédiatement les
Tessources nécessaires à la constitution et à l'entretien du réseau projeté.
M. Jametel a rappelé, en effet, qu'à l'époque où la Commission réglait le pro-
gramme de ses travaux et fixait l'objectif qu'elle désirait atteiiidie, elle croyai-t
pouvoir compter, d'après les assurances les plus autorisées qui lui avaient été
données, que l'agriculture bénéficierait de la totalité du produit de la conversion.
Malheureusement, il n'est pas certain que cet espoir se réalise, et le Conseil a
été ainsi amené à examiner dans quelle mesure les propositions de la Commission
des voies de communications pouvaient être adoptées.
CHRONIQUE AGRICOLE (12 MAI 1883). 203
A cet égard, MM. Foucher de Careil et Jametel ont déclari; que, rfuelle que
soit la somme qui sera affectée à l'agricultuiv, le projet de la Goiumissioa des
voies de communications avait cet avantage de pouvoir être appliqué dans sa plus
grande partie, sinon complètement, soi, en n'exécutant (jue la ])arlie du pro-
gramme comprenant les chemins de grande et moyenne commun icdtion, laissant
ainsi provisoirement de côté l'exécution de ce qui est relatif aux cliemins vicinaux
ordinaires, soit en réduisant d'une demi-journée seulement les deux journées de
prestation dont on voulait laisser l'entière disposition aux communes.
Après quelques observations de M. le ministre qui a l'ait remarquer que le
Conseil pourrait laisser de côté les questions de détail et se prononcer uniquement
sur le principe même des propositions en discussion, les conclusions du rapport
de M. Jametel ont été mises aux voix et adoptées à l'unanimité.
Les rapports de la Commission de viticulture sont venus ensuite à l'ordre
du jour.
M. Guichard a appelé l'attention du Conseil sur l'application qui est faite à la
frontière de la loi sur le tarif général des douanes, en ce qui concerne l'entrée des
vins étrangers en France.
Il a fait remarquer que la réduction des droits qui avait été consentie par les
traités de commerce ne devait s'appliquer qu'aux vins naturels, et qu'une très
grande quantité de boissons alcolisées entraient en France aux mêmes conditions
que les vins naturels et portaient ainsi un préjudice considérable à nos vins et à
notre production viticole. Il a demandé, en conséquence, que le Conseil prît des
mesures pour remédier à un état de choses aussi déplorable.
MM. Devès eL Bernard Lavergne, tout; en regrettant aussi vivement que
M. Guichard les fraudes qui se commettaient, ont fait remarquer qu'elles n'étaient
pas toujours faciles à constater. Ils ont ajouté que dans le Midi les vins naturels
sont très riches en alcool, et qu'à leur avis le mal vient bien plus des obstacles
que rencontre le vinage en France dans l'élévation des droits sur l'alcool que de
l'application mal entendue des tarifs.
MM. Dumas et Boussingault ont fourni au Conseil sur ce sujet des explications
scientifiques très intéressantes, desquelles il résulte que s'il est impossible de
constater la fraude lorsqu'elle porte sur 1 pour 100 d'alcool, il est facile de con-
stater lorsqu'elle porte sur 4 ou 5 pour 100, et à plus forte raison peut-On l'éta-
blir, quand elle est pratiquée avec des boissons alcoolisées dans lesquelles il
n'entre pas de jus de raisin.
A la suite de ces observations et sur la proposition de M. le ministre et de
M. Dumas, le Conseil a décidé de renvoyer à l'examen de la Commission de viti-
culture cette importante question du vinage et de la fraude sur les vins.
La date de la prochaine réunion du Conseil supérieur a été fixée au
vendredi 18 mai.
IV. — Les juments de cavalerie.
M. le ministre a décidé que des juments de cavalerie seraient, à
l'avenir, placées gratuitement en dépôt chez des éleveurs pour être
consacrées à la production. Les cultivateurs qui auraient le désir de
concourir à cette concession, doivent en adresser la demande par
écrit au commandant du dépôt de remonte dont dépend leur
département. La livraison sera faite au dépôt aux éleveurs, sous la
condition d'entretenir les juments en bon état, de ne les employer
qu'aux travaux légers de l'agriculture et de les faire saillir chaque
année par les étalons de l'Etat ou par les étalons approuvés. Les pro-
duits resteront la propriété des détenteurs qui sont tenus de déclarer les
naissances au commandant du dépôt de remonte sur les contrôles
duquel la jument est inscrite. Quant aux juments qui auront été
reconnues, après trois années de possession, impropres à la reproduc-
tion, elles seront reprises aux frais de l'Etat.
.V. — Vente d'animaux de race durharn à Corhon.
La vente annuelle des animaux de race durharn pure a eu lieu le
204 CHRONIQUE AGRICOLE {12 MAI 1883).
24 avril, sous la direction de M. Lépine, à la vacherie nationale de
Corbon. Voici les résultats de cette vente :
Taureaux
Golder ■. né
Waldos -
King
Chandor -
Aga
Forster , . . —
Thymelus —
Vampire —
Wood
Rabelais
WillVid
Woid
Witt
Isaac
Windsor Vice Roi ....
15 mars. .
24 mars. .
17 avril ..
24 juin.. .
13 octobre
13 février
14 lévrier
10 mars . .
30 mars. .
15 mai. . .
4 juin.. .
14 juin 1882
14 juin 1882
14 jHin 1882
Hé l'orme
1881 adjugé à M. Serantès pour la Plata.
1S81
J88I
1X81
1881
1882
1 882
1882
1882
1882
1882
francs.
900
2,200
2,550
2,550
1,105
820
1.400
900
955
625
1,620
1,810
1,460
1.340
1,070
Total 21,305
à la Société d'agriculture, S.-Inf.
à M. Petiot (Saône-et-Loire)
à M. Serantès, pour lu Plata ...
au (lomice de Gray
au Comice de (iray
à la Société d'agriculture, S.-Inf.
à M. Sùubigon (Fini>lt'rp)
au Comice de Meslé (Mayenne).. .
à l'Ecole d'agr. de St-Remy
à M. de Clercq (Pas-de-Calais)...
au Comice de Gray.
à la Seine-Inférieure
à M. de la Rochequairie
à la boucherie
Oueen née le 3 avril ,
Volna — 8 mars.
Rasade — 10 avril..
Vilena — 6 mai...
Génisses
.1881 —
.1882 —
1882 —
,1882 —
à M. de la Rochequairie.
à l'Ecole de Saint-Remy..
à M. de Clercq. . ,
à M. de la Rochequairie.,
Total
francs.
720
610
680
680
... 2,690
En résumé 15 taureaux, dont 3 veaux de dix mois et un animal
vendu à la boucheriepour cause de réforme, ont produit 2l,30ô francs
auxquels il convient d'ajouter 5 pour 100 en sus de l'enchère, soit
un total de 22,370 francs, ou une moyenne de 1,490 francs environ
par taureau. Les 4 génisses, en y comprenant 5 pour 100, ont donné
2,824 francs, soit une moyenne de 706 francs.
Tous ces prix sont très satisfaisants et prouvent la faveur de plus
en plus marquée qui s'attache à la race Durham, et particulièrement
aux beaux animaux élevés à Corbon. L'année dernière une soie-neuse
o
épuration faite par l'intelligent directeur actuel a laissé un choix de
vaches irréprochables qui ont été admirées sans réserve par les visi-
teurs dont le seul regret a été de ne pas trouver un taureau d'élite
digne du beau troupeau qui existe maintenant dans la vacherie
de'TEtat.
VL — Venie de hclicrs de Grignon.
La vente annuelle de béliers provenant de la bergerie nationale de
Griiïnon a eu lieu le 7 mai, et avait attiré un srrand nombre d'aG;ri-
culteurs. Les enchères ont été très animées.
42 béliers des rac-es dishley, dishley-mérinos et southdown ont été
adjugés dans les conditions suivantes :
fr.
1 5 béliers dishley ont été adjugés 5,.-i35 00
fr.
Le plus cher 6i;i .^1
Le moins cher 220 50
Moyenne 357 00
1 2 béliers dishley-mérinos ont été vendus 6 ,'982 50
Le plus cher 1 ..^65 00
. le moins cher 231 00
Moyenne 581 85
45 béliers southdown oi t été adjugés 4,903 50
Le plus cher 430 50
Le moins cher, 252 50
Moyenne 326 90
42 Total général 17;241 00
Moyenne générale de la vente : 410 fr. 50
GHR jNIQL'K A RI'.OI.K (12 .MAI 1883). 205
Les acquéreurs ont été : MM. Chauvet (Aisne) : — Faniel-Pilavoine
(Aube) ; Société d'agriculture (Aude) ; Demoge (Doubs) ; Allorge (Eure) ;
Chasles, Lepage, Morizé, Boyneau (Eure-et-Loir); Voisin, Nouvellon
(Indre), Héau, NizeroUe (Loiret); Colson (Meuse), le baron de Laittre
(Cher); Gonnet (Oise); Legros (Seine-Intérieure); Daulier, Demars,
Bariquand, Gilbert, Guignard, Poulrel (Seine-et-Oise ; Bailly, Cleb-
sattell, Duchesne, Martin, Pelletier (Seine-et Marne) ; Cordier (Haute-
Saône) ; Thierry (Yonne). — On remarquait, en outre, dans l'assis-
lance, MM. Barrai, secrétaire perpétuel de la Société nationale d'agri-
culture; Tiersonnier, Raoul Duval, membres de la Société nationale
d'agriculture; Gilbert (Victor), agriculteur-éleveur; Henry Sagnier.
VIL — SouscripLlon pour éleuer un monument à Léonce de Laver gne.
Nous publions la neuvième liste de la souscription ouverte pour
élever un monument à Léonce de Lavergne :
Fr.
Report de la huitième liste 8 , 983 50
Société française d'encouragement à l'industrie laitière 50 00
Snciété d' agriculture de Wassg (Haute-Marne) 15 00
Société d'agricuUure de Beauvaia (Oise) 2S OO
MM. Couvert, professeur à l'Ecole d'agriculture de Montpellier. ... 10 00
Tresca, professeur à l'Institut national agronomique 20 00
Du Breuil, — — — — 5 00
Larombière, président à la Cour de cassation, menabre de
l'Institut 10 03
Du Peyrat, inspecteur général de l'agriculture, membre de
l'Institut 20 00
Sourdeaux (Eugène) , à Gouyas (Dordogoe) 5 00
Jaubert (Gabriel), directeur de la lerme-écol'î de Royat
(Ariège) 10 00
Comice agricole de la Double (Dordogne) 10 00
MM. A. Rouvière, à M^izamet (Tarn) 10 00
P. Toussaint, à Beaune (Côte-d'Or) 10 00
Total de la neuvième liste 9,183 5L)
Nous rappelons à nos lecteurs qu'ils peuvent envoyer leurs sous-
criptions à M. Henry Sagnier, secrétaire du Comité, aux. bureaux du
Journal de f agriculture.
VIIL — Nécrologie.
Nous avons le regret d'annoncer la mort de lord Vernon, ancien
président de la Société royale d'agriculture d'Angleterre. Les agri-
culteurs français doivent un témoignage particulier d'estime et de sym-
pathie à sa mémoire; car il était, en 1871 , à la tête du Comité anglais
formé pour venir en aide aux cultivateurs français éprouvés par la
guerre et pour leur founiir les graines nécessaires aux semailles.
IX. — Vente de la bibliothèque de M. Decaisne.
On annonce pour le 4 juin prochain la vente des livres de feu
M. Decaisne, professeur au Muséum d'histoire naturelle, membre de
l'Institut et de la Société nationale d'agriculture. Cette bibliothèque est
de la plus haute importance au point de vue de la botanique, de l'horti-
culture, du jardinage, de la floriculture, de l'agriculture et des sciences
naturelles et physiques en général; les raretés qu'elle contient per-
mettent de la considérer comme unique dans son genre. Le catalogue
est précédé d'une biographie par M. le D"" E. Bornet; il a été classé
scientifiquement par M. Vesque, aide-naturaliste de feu M. Decaisne,
et revu par plusieurs savants. Le nom de M, Decaisne est tellement
connu en France et à l'étranger que ce catalogue sera accueilli avec
empressement par tous les botanistes, horticulteurs, amateurs et natu-
206 CHRONIQUE AGRICOLE (12 MAI 1883).
ralistes en général. Il est en distribution gratuite chez Madame veuve
Labitte (librairie de la Bibliothèque nationale), 4, rue de Lille, à Paris,
chargée de la vente publique de la Bibliothèque.
X. — Les travaux de reboisement.
On sait que l'article 5 de la loi du 4 avril 1 882, sur la restauration
et la conservation des terrains en montagne, est ainsi conçu : « Dans
les pays de montagne des subventions continueront à être accordées
aux communes, aux associations pastorales, aux fruitières, auv éta-
blissements publics, aux particuliers, à raison des travaux entrepris
par eux pour l'amélioration , la consolidation du sol et la mise en valeur
des pâturages. Ces subventions consisteront soit en délivrance d«
graines ou planls, soit en argent, soit en travaux. » Ces subventions,
de quelque nature qu'elles soient, sont accordées par le ministre de
l'agriculture.
Les propriétaires qui désirent y prendre part, doivent adresser avant
le 15 juillet, leur demande au conservateur des forêts de leur région
sur des imprimés spéciaux mis à leur disposition dans les bureaux des
accents forestiers. Ces demandes doivent être revêtues d'un timbre de
0 fr. 60. Le conservateur des forêts fait procéder à l'instruction néces-
saire sur ces demandes et les propriétaires sont tenus de fournir les
réponses à un questionnaire permettant d'apprécier si les terrains qu'il
s'aiïit de reboiser se trouvent dans la catégorie de ceux visés par l'article
de la loi rappelée ci -dessus et s'il y a lieu de refuser ou d'accorder en
totalité ou en partie la subvention sollicitée.
S'il s'agit d'une commune, d'une association pastorale, d'une
fruitière ou d'un établissement public, la demande doit être adressée
au préfet du département qui la transmet au conservateur des forêts
avec son avis motivé.
XL — Concours international de maréchalerie.
Un concours international de maréchalerie aura lieu à Caen du
13 au 17 juin prochain, en même temps que le concours régional
hippique. Ce concours sera divisé en deux sections; la première com-
prendra : 1° une exposition des produits de la maréchalerie : collections
de fers ordinaires et pathologiques, pieds ferrés, instruments de fer-
rure, etc.; 2" un examen pratique passé devant un jury spécial; chaque
concurrent devra lui-même forger les fers, les ajuster, parer les
pieds, etc.; 3° un examen théorique comprenant l'anatomieclu pied, ses
maladies, ses défectuosités, les aplombs, les irrégularités et les accidents
de la marche. La deuxième section comprendra un simple concours de
forge et de ferrage. Les concurrents opéreront devant le jury ; des forges
mobiles seront mises à la disposition des concurrents qui seront seu-
lement tenus de se munir d'outils. Seront admis dans la première sec-
tion tous les maréchaux français et étrangers ; dans la seconde section
les ouvriers maréchaux domiciliés dans l'un des départements de la
région. Les récompenses consisteront en médailles et en sommes
d'argent de 50 à 500 fr. Les concurrents devront adresser leurs décla-
rations avant le 1" juin, à la préfecture du Calvados, à Caen.
XII. — Concours du Comice agricole de Seurre.
Le concours annuel du Comice agricole de Seurre (Côte-d'Or) se
tiendra dans cette ville le dimanche 27 mai. Il comprendra les animaux
CHRONIQUE AGRICOLE (12 MAI 1883). 207
reproducteurs des races chevalines, bovines, ovines et porcines, les
animaux de basse-cour, les instruments agricoles et les objets divers
se rattachant à l'agriculture. Ce concours sera dirigé par M. Delimoges^
président du Comice. Des récompenses spéciales seront réservées aux
instruments construits ou perfectionnés dans le canton de Seurre.
XIII. — Arboricullure fruitière.
Le Cercle d'arboriculture de Belgique ayant ouvert un concours pour
le meilleur Traité élémentaire d'arboriculture fruitière destiné aux
écoles pri T aires, a reçu cinq manuscrits, dont quatre en français et
un en ilamand. Le premier prix, consistant en une médaille d'or de
300 francs, a été gagné par M. Henry, professeur d'horticulture à
l'école Mathieu de Dombasle, près Nancy, ancien élève distingué de
FEcole nationale d'horticulture de Versailles, travailleur infatigable. U
a fait ensuite un stage à l'établissement Baltet frères, à ïroyes. —
Nos sincères compliments à notre jeune compatriote.
XIV. — Sucres et betleraves.
M. Hippolyte Leplay, chimiste à Paris, vient de publier le premier
volume d'un grand ouvrage sur la chimie théorique et pratique des
industries du sucre ; ce volume est consacré à l'étude des procédés
d'analyse des matières sucrées. L'auteur, dont la compétence dans ces
questions délicates est connue depuis longtemps, passe en revue les
procédés analytiques, suivant l'ordre chronologique dans lequel ils ont
été présentés, au point de vue des progrès réalisés et à réaliser dans
la fabrication et le raffinage des sucres de betteraves et de cannes. Il
donne ensuite la description d'un nouveau procédé d'analyse chimi-
que industrielle des matières sucrées. Tous les chimistes et tous ceux
qui s'occupent des questions de fabrication du sucre, étudieront avec
profit le livre de M. Leplay, qui est édité par la librairie Baudoin,
30, rue Dauphine, à Paris, au prix de 8 fr.
XV. — Le commerce des vins.
Nous avons signalé déjà plusieurs pétitions d'associations agricoles,
qui appellent l'attention sur 1 introduction abusive, par les frontières
d'Espagne, de grandes quantités de vins falsifiés, et de mélanges
d'eau, d'alcool et de matières colorantes. Sur ce sujet, le Comice
agricole de Marcillac (Aveyron) vient d'adresser à M. le ministre de
l'agriculture la pétition dont le texte suit :
"" « Marcillac, 22 avril 1883.
ce Monsieur le ministre, un grand nombre de Comices viticoles et de Sociétés
d'agriculture du Midi vous ont signalé, au nom des populations au milieu des-
quelles elles vivent et dont les intérêts sont les leurs, la situation fâcheuse de la
viticulture. Le Comice de Marsilbic vient à son tour vous exposer ses doléances,
non pour la vaine satisfaction de faire entendre d'inutiles plaintes, mais parce
qu'il est convaincu qu'une partie des causes de la crise peuvent être supprimées
ou grandement atténuées par une énergique intervention de l'autorité administra-
tive, dont le bon vouloir ne saurait nous faire défaut.
« En même temps que le phylloxéra, l'oïdium, le mildew, l'antrachnose et
bien d'autres maladies frappent les vignes avec une intensité dont l'histoire de
la viticulture n'offre pas d'exemple, les intempéries des saisons viennent, depuis
plusieurs années, apporter leur triste contingent de misère et de ruine à un état
de choses véritablement in((uiétant; de telle sorte que même dans les contrées
les ftioins atteintes, les dernières récoltes ont été notoirement insuflisantes pour
payer le labeur du vigneron et que les plus robustes courages se prennent à
désespérer de l'avenir d'une culture naguère si florissante et relativement facile.
208 CHRONIQUE AGRICOLE (12 MAI 1883).
« Cependant d'autres causes encore, dont les désastreux effets grandissent tous
les jours, se sont jointes aux premières et augmentent dans une regrettable
mesure les difficultés contre lesquelles nous luttons. Les derniers traités de com-
merce ont abaissé les tarifs douaniers qui concernent les vins espagnols, et créé
pour ces vins le bénéfice d'une teneur alcoolique exagéiée qui leur permet d'en-
trer en France et d'y circuler sans supplément de prix, alors même qu'ils portent
15 pour .100 d'alcool Nous avons déjà protesté contre cette faveur exorbitante
faite à des concurrents étrangers au détriment des producteurs nationaux et dont
une des premières conséquences a été l'établissement fwii' la Compagnie du che-
min de fer du Midi de tarifs de transport, exceptionnellement avantageux pour les
vins venus d'Espagne; si bien qne la combinaison des droits privilégiés de douane
et de ces tarifs de transport amène les négociants français du Roussillon à expé-
dier, par l'Espagne, leurs vins liquoreux à destination de l'intérieur de la France;
et en effet les vins qui obtiennent ainsi la naturalisation étrangère reçoivent à la
douane et sur la voie ferrée un traitement si favorable, comitarativement aux vins
de France, que le négociant réalise un important bénéfice à faire subira ses expé-
ditions un allongement de parcours considérable, et le double droit d'entrée en
Espagne au sortir de France, et d'entrée en France au retour. Nous n'avous
d'ailleurs qu'à nous incliner devant le tiaité de commerce. En attendant l'échéance
où il pourra être modifié, nous nous bornons à constater qu'une convention ne
saurait être bonne qui donne des résultats aussi étonnants, que ceux que nous
venons de signaler. Mais si nous- sommes impuissants à changer actuellement la
loi, au moins pouvons-nous demander qu'el'e soit exécutée avec le seul cortège
d'abus qui est dans sa nature, et qu'il ne soit pas permis d'organiser sous sa
protection un immense système de fraude, démoralisant pour le commerce des
vins, menaçant pour la santé publique, et aussi funeste aux intérêts du trésor
qu'à ceux de la viticulture française.
a Que les vins d'Esyagne qui titrent 15 pour 100 d'alcool entrent en France à
prix réduits, qu'ils y soient transportés à des tarifs de faveur, que les forts vins
du Roussillon aillent se débarrasser par un voyage en Espagne de leur onéreuse
nationalité et y acquièrent pour rentrer en France le bénéfice de l'estampille
espagnole, il n'y a là que l'extension déjà abusive, mais peut-être inévitable, d'une
loi consentie en un moment d'erreur. Mais qu'au lieu de vins d'Espagne ou de
France dénationalisés on inonde le pays de mélanges frauduleux d'alcools alle-
mands et de petits vins ou d'eau colorée, il y a là un excès que l'administration
française a le droit de réprimer. Il est de notoriété publique ([ue la plus grande
partie des liquides qui, sous le nom devins, franchissent la frontière^ n'ont rien de
commun avec le vin vrai, naturel, avec le vin sans autre épithète. Ils entrent
cependant sous ce nom usurpé; et de notables quantités d'alcool sont ainsi admises
à circuler en France, indemnes des droits considérables, 156 francs par hecto-
litre, qui frappent à l'intérieur, au profit du Trésor, les alcools nationaux. Puis
ces produits, soient qu'ils aient reçu une coloration suffisante de l'autre côté des
Pyrénées, soit qu'ils en reçoivent le comjilément à destination, sont dédoublés et
livrés au consommateur, sans que le commerce peu scrupuleux se préoccupe des
dangers qui en résultent pour la santé publique. L'opération de la coloration arti-
ficielle des vins ou liquides vendus pour tels, a pris depuis quelques années un
développement dont on a le droit (!e s'étonner; car cette opération a toujours pour
but et pour effet de tromper l'acheteur en modifiant à son insu et à son préjudice
l'état naturel de la chose vendue. Partout cependant on met en vente et avec la
publicité la plus absolue des colorants, prétendus inoff'ensifs, et qui, le seraient-
ils, n'en ont pas moins pour objet délictueux de faire croire à l'existence d'une
qualité aui n'est point 1p résultat de la fabrication loyale du vin.
« Cette pratique contraire à la loi. n'a d'ailleurs qu'une application. très peu fré-
quente au vin naturel; si elle s'est vulgarisée au point de devenir une sorte de
'véritable industrie spéciale, cela vient évidemment de la nécessité de donner à
les mélanges sans nom l'apparence et la couleur du vin, et l'abondance déplo-
rable avec laquelle ces mélanges nous viennent d'Espagne peut être considérée
comme la cause réelle et l'origine de sa propagation
a Ces abus étranges qui procèdent d'une fausse interprétation du traité de com-
merce peuvent, ce semble, être rendus impossibles si l'on tient la main à ce que
l'application de la convention internationale soit désormais restreinte à l'objet
qu'elle a eu en vue, c'est-à-dire au vin produit réel et loyal des vignes espa-
gnoles ; une active surveillance soigneusement exercée arrêterait à la frontière ces
nHRONIUQK AGRICOLE (12 MAI 1883). 209
produits adultérés qui trop longtemps ont profité duae tolérance qui ne leur était
point due.
« Ainsi cesseraient une concurrence déloyale pour la production indigène, une
perte sérieuse pour le Trésor, et un appel incessant aux falsifications nuisibles
à la santé publique et à l'honnêteté commerciale.
« Nous vous sup(ilions, Monsieur le ministre, u^ant des pouvoirs qui sont en
vos mains, d'a[)porter au mal un remède efficace.
« Agréez, eto- Pour le Comice viticole de Marcillac :
Vergnes, prrsiilenl; Saules, vice-président;
Maisonabe, secrélaire; Lviîaussie, vice-secrétaire; Barre, trésorier \ Périé.
Un grand nombre do viti(3iilleurs du département de la Loire-Inférieure
viennent d'adresser au Comice central de ce département, une lettre
relative aux dédoublements que certains commerçants font subir aux
vins, et à la fabrication des piquettes. Nous en publierons le texte dans
un prochain numéro.
XVI. — L'agriculture au Canada.
Le rapport annuel du département de l'agriculture, au Canada,
pour l'année 1882, a été distribué récemment à la Chambre des repré-
sentants. La Minerve, de Montréal, nous donne sur les documents qu'il
renferme, une analyse qui sera lue avec intérêt :
« Le nombre des animaux de race importés l'année dernière a dépassé consi-
dérablement celui de toute autre année. Ainsi, sur une importation générale de
1,215 têtes de bétail et de 1,124 moutons, le Canada compte pour 574 têtes de
bétail, dont 323 PoUed Angus et Aberdeen, et 998 moutons, outre 22 porcs. Les
Etats-Unis n'ont importé (jue 640 Lôtes de bétail et 126 moutons. C'est à bon droit
que le rapport dit qu'il est difficile de calculer la valeur d'une importation aussi
considérable d'animaux de race et l'amélioration qu'elle est de nature à produire.
« L'exportation du bétail accuse une diminution. Elle a été de 35,738 l'année
dernière contre 45,535 en 1881. L'exportation des moutons a été de 75,905 contre
62,404 en 1881. Le rapport fait voir que cette diminution dans le commerce d'ex-
portation en Angleterre n'implique pas une réduction considérable dans le com-
merce de bétail du Canada, car les rapports des douanes jusqu'au 30 juin dernier
constatent que 16,145 tètes de bétail ont été exportées aux Etats-Unis ainsi que
233,602 moutons contre 7,558 têtes de bétail et 264,910 moutons en 1881.
« La qualité du bétail s'améliore tous les ans, et M. Dyke, de Liverpool, le
constate dans son rapport en termes qui font honneur au commerce canadien, car
il va jusqu'à comparer, en fait d'élevage et de qualité, les animaux canadiens à ceux
des meilleurs districts anglais.
« L'exportation des moutons prend de si grandes proportions qu'elle sera bientôt
l'une des principales ressources du cultivateur. Le nombre des moutons expédiés
en Europe l'année dernière a été de 75,905, d'une valeur d'environ 50,000 dol-
lars; et aux Etats-Unis, de 233, 6i 0, d'une valeur de 900,000 dollars sn chiffres
ronds, soit un total de 1 ,400,000 dollars pour le commerce d'exportation de l'année.
« L'honorable- M. Pope, qui est lui-même un éleveur et qui a déjà beaucoup
fait pour améliorer les races canadienne-^, recommande aux éleveurs la nécessité
de l'améUoration de leurs races par l'importation d'animaux de pures races et par
les soins intelligents qu'il convient de leur donner.
« En ce qui regarde l'exploitation des phosphates, une industrie qui a pris un
développement tout pariculier dans la région de l'Ottawa, voici [uelques chiffres
qui en font voir le mouvement. Les exportations, pendant la dernière année fis-
cale, se sont élevées à 17,181 tonnes, d'une valeur de 1,327,667 dollars, contre
15,601 tonnes, d'une valeur de 239,493 dollars l'année précédente. Voici les quan-
tités expédiées dans les différents pays : Angleterre, 13,197 tonnes; Etats-Unis,
2,180 tonnes; Allemagne, 1,469 tonnes; Danemark, 435 tonnes. »
L'industrie de l'extraction des phosphates tend à prendre une grande
importance au Canada, où les gisements sont nombreux. La produc-
tion a été de 3;,70l tonnes, en 1878, de 4,927 tonnes en 1879, de
7,974 tonnes en 1880, de 15,G01 tonnes en 1881 , de 17, 181 tonnes en
210 CHRONIQUE AGRICOLE (12 MAI 1883).
1882; elle a quintuplé en cinq ans, et plus que doublé dans les deux
dernières années.
XVII. — JSouvclles de l'état des récoltes.
Les derniers jours ont été favorables^ comme les semaines précé-
dentes, à la plupart des plantes, notamment aux céréales d'hiver et
aux plantes sarclées de printemps qui ont bien levé. Toutefois, les
retards apportés par les conditions défavorables de l'automne n'ont
pas été réparés partout; c'est ce qui résulte notamment de la note sui-
vante qu'un de nos correspondants nous adresse de Rochefort (Charente-
Inférieure), à la date du 27 avril :
« Je voudrais vous donner de bonnes nouvelles des récoltes de notre région,
mais je n'ose
« Les semailles d'automne n'ont pas été possibles partout; les pluies ont en-
rayé les travaux de plus des deux tiers de nos laborieux cultivateurs.
« Les premières emblavures, malgré la pluie battante qui les a suivies, sont
passables jusqu'à présent, mais celles qui ont été tentées plus tard — malgré
l'eau — sont nulles. Beaucoup comptaient sur le printemps; là encore, peu de
satis.'action. En résumé, je crois bien que nous n'avons pas beaucoup plus du
tiers des terrains qui se cultivaient habituellement, emblavé en semailles nous
donnant quelque espoir de récolte. ,
« C'est peu assurément pour une contrée comme la nôtre.
« La température froide que nous subissons depuis plus d'un mois et qui me-
nace de se prolonger encore, a arrêté les prairies et les vignes.
« Malgré la pluie qui est tombée récemment, l'herbe ne sera pas abondante.
Les ioins seront bons, mais menacent de venir en petite cpiantité, surtout dans
notre vaste bassin du Bocage. — Ce que nous appelons ici la prime ne sera pas
aussi satisfaisante que d'habitude.
« Quant à nos vignes, elles poussent lentement, ce qui est heureux, car la
lune rousse nous aurait encore joué le tour de gelées intempestives. Nous espé-
rons que le retard de végétation se rattrappera dans de bonnes conditions le
mois prochain. Ce qui est certain, c'est que sur plusieurs points, lors de la taille,
le bois a été- reconnu meilleur que les années précédentes. De vieux vignerons
croient que les pluies abondantes de cet hiver ont fait beaucoup de bien à la terre
et qu'il en résultera, cette année, une grande amélioration, non seulement pour les
vignes, mais encore pour les arbres fruitiers qui étaient aussi malades que les vignes.
« Dans l'île d'Ohron et la Saline, on s'occupe en ce moment à biner les fèves
dont plusieurs champs sont en fleurs.
« Le vaillant saunier s'apprête à nettoyer les marais aussitôt qu'il aura ter-
miné ses cultures ordinaires, retardées beaucoup cette année par les temps plu-
vieux que nous avons subis.
« La campagne, dans son ensemble, n'est pas satisfaite : elle redoute de sé-
rieuses difticultés et bien des épreuves pour l'hiver prochain.
« Je ne terminerai pas sans vous dire un mot de notre prochain concours
régional dont Rochefort est le siège cette année.
« Nos éleveurs se préparent à y faii-e bonne figure; les inscriptions sont nom-
breuses ; les sujets seront remarquables aussi bien à la section hippique que dans
les autres. La section des croisés durhams aurait été autrement nombreuse, bien
qu'elle promette d'être brillante, si le programme avait compris des récom-
penses en rapport avec l'importance de cette race dans l'élevage de notre arron-
dissement. Pour arriver à combler un )ieu cette lacune regrettable. les Sociétés agri-
coles du département de la Charente-Inférieure se sont cotisées et pourront oflnr
un objet d'art et trois prix an argent. De son côté la ville, prenant en considéra-
tion la demande des éleveurs, est disposée à oflVir uns somme de plus de 2,000 fr.
qui serait également distribuée en prix.
« Tout le monde, vous le voyez, se rend compte des difficultés de toutes sortes
à la charge de notre industrie, et fait ses efforts pour éviter le découragement
parmi une population laborieuse, économe, mais sérieusement éprouvée dans ses
intérêts pécuniaires !
« De tels efforts ne peuvent que faire songer à nos gouvernants combien il
importe de ne pas trop dédaigner notre première industrie nationale et de se
CHRONIQUE AGRICOLE (12 MAI 1883). 211
rendre J3ien compte que sa prospérité est certainement la prospérité de toutes les
autres. »
Sur la situation dans le département de la Gironde, M. Petit-Lafitte
nous envoie la note qui suit, à la date du r*" mai :
« Pas plus que le mois de mars, avril ne s'est comporté franchement en mois
printanier; l'un comme l'autre nous ont donné le rej^rettable spectacle tiré d'une
lutte opiniâtre du régime qui nous quittait avec celui sous lequel nous devions
passer. Jusqu'au 17, cependant, on avait eu plus à se louer qu'à se jdaindre
d'avril. Bien qu'en retard, la végétation se présentait bien, tant pour les céréales
que pour la vigne. Et, de part et d'autre, l'on pouvait s'occuper tant des travaux
commencés que d« ceux que commandait la saison, et constater des dispositions
favorables. Mais, à partir du 18 avril, ce furent des retours de pluies et des tem-
pératures plus ou moins anormales, sinon tout à fait contraires au régime du
moment, au moins à celui qui devait suivre et qu'il était urgent de voir bientôt
s'établir.
« Un autre désavantage à redouter, c'était celui de la lune rousse, arrivée le
7 avril, pour fonctionner encore jusqu'au 6 mai. Or, on sait ce que peut être pen-
dant la période de cet astre, son action sous des températures comme celle du 25 avril
par exemple (2") ; alors qu'il lui est possible d'épurer, d'éclairer la nuit la voiîte
céleste, d'aider ainsi les plantes, dans la tendance que leur donnent déjà de basses
températures, d'ajouter au froid par le rayonnement nocturne, jusqu'au point de
subir l'action des selées plus ou moins désastreuses, eirconstance heureusement
qui ne s'est point présentée en avril grâce, comme l'explique François Arago dans
st;s Notices scientifiques publiées sous la direction de M. J.-A. Barrai (tome Y,
page 1201, à l'impuissance oii a été la lune de pouvoir dissiper les brouillards,
les nuages, etc., qui ont, jusqu'ici, voilé le ciel d avril durant les nuits. »
Le temps doux et humide qui règne, d'une manière générale, permet
d'espérei' que les refroidissements nocturnes ne se feront pas sentir
cette année en mai et qu'ils n'exerceront pas les ravages que l'on a trop
souvent à constater. La végétation est, suivant les dépactements, en
retard de dix à quinze jours sur les années moyennes. Dans le centre
et dans l'est, les ai^riculteurs se réjouissent dé l'humidité actuelle qui
met fin à la sécheresse dont les effets commençaient à répandre
l'inquiétude. J.-A. Barral.
SUR LES CHANGEMENTS A INTRODUIRE
DANS LA CULTURE DU CENTRE. — II
L — « Toute culture a pour but de créer la plus grande quantité ^îossible
d'alimentation humaine sur une surface donnée de terrain ; pour arriver à ce but
commun on peut suivre des voies très ditférentes. En France, les cultivateurs se
sont surtout préoccupés de la production des céréales, parce que les céréales servent
immédiatement à la nourriture de l'homme. En Angleterre, au contraire, on a été
amené, d'abord par la nature du climat, ensuite par la réflexion, à prendre un
chemin détourné qui ne conduit aux céréales qu'après avoir passé par d'autres
cultures, et il s'est trouvé que le chemin indirect était le meilleur. Les céréales
ont un grand inconvénient qui n'a pas assez frappé le cultivateur français : elles
épuisent le sol qui les porte. »
Malgré que depuis l'époque où Léonce de Lavergne écrivait ces lignes, des
progrès aient été réalisés, — nous les avons constatés par les statistiques citées
plus haut, elles sont toujours vraies. Ils n'ont pas été généraux, et se sont loca-
lisés dans certaines régions. Mais, disons de suite, à la décharge de nos cultiva-
teurs, que les conditions économiques de notre pays ne se prêtaient pas au rapide
développement de ces pro.,n'ès. Les débouchés, voilà le plus grand, le plus pres-
sant besoin de toute agriculture.
En Angleterre, la période de prospérité agiicole commence avec la grande
extension du commerce et de l'industrie favorisée par l'application de la vapeur.
Le nombre des habitants a rapidement augmenté; dans la Grande-Bretagne seule,
en cinquante ans, il a passé de 10 à 20 millions d'habitants. Les villes se peu-
plèrent, des centres nouveaux se créèrent. Cette population industrielle était labo-
212 CHANGEMENTS A INTRODUIRE DANS LA GQLTUHE DU CENTRE.
rieuse et active; les salaires élevés qu'elle gac^nait lui permettaient de satisfaire
aux exigences d'une nourriture substantielle. Le débouché était trouvé et comme
les voies de communicaiion de toute nature s'étaient multipliées et améliorées,
les cultivateurs trouvèrent de suite un écoulement facile et rapide de leurs pro-
duits* s'ils se sont attachés avant tout à produire delà viande, c'est que l'ouvrier
anglais en est un fort consommateur. A des besoins nombreux, la culture a
répondu par des produits nombreux. La France ne s'est pas trouvée dans les
mêmes conditions économiques. L'industrie s'est développée lentement. Les centres
industriels sont peu nombreux et éloignés les uns des autres. La région du Nord
présentant l'agglomération industrielle la plus forte, se transforma rapidement,
et produisit industriellement la viande et le lait. La cultuie delà betterave à sucre
fut un des principaux moyen d'action. Mais il n'en était pas de même r)ourlaplus
grande partie de la France. Le G nlre surtout était le moins favorisé. Eloigné des
centres importants de consommation, il ne possédait pas de moyens de transport
rapides à bon marché.
Plus tard s'il fut en quelques points de son territoire traversé par deux grandes
voies ferrées, leur éloignement l'une de l'autre et le manque de routes l'empê-
chèrent d'en ressentir les effets. Le cultivateur était obligé de se livrer à une culture
d'autant plus restreinte et d'autant plus ingrate qu'il était plus éloigné d'un
centre de population ; il n'avait d'autre ressource qu'une consommation locale peu
active et ne cheichait le plus souvent à produire (|ue les choses nér.essaires à son
entretien et à celui de sa famille. Le peu d'argent qu'il obtenait de la vente de
quelques produits servait à payer les impôts. Qu'il fut propriétaire, fermier ou
métayer, sa situation était la même, il luttait pour la vie. Ce n'était donc point
par mauvais vouloir, mais par néces'^ité ((u'il était routinier. A peu de besoins, il
répondait par peu de [iroduits — Aujourd'hui il n'en est plus de même; les voies
ferrées ont pénétré profondément dans le Centre; les voies ordinaires se sont
accrues et améliorées. Le cultivateur se trouve rapproché du consommateur. De
iour en jour des débouchés plus nombreux se présentent à lui, et ses produits ont
un écoulement de plus en plus facile.
Mais à cette situation nouvelle, n'a pas correspondu un esprit agricole nouveau.
Plusieurs causes entravent la rapide diffusion du progrès : d'abord, le défaut
d'instruction technique; mais les efforts du gouvernement et des assemblées
départementales, l'influence des sociétés agricoles et l'exemple des cultivateurs
plus instruits tendent à faire diminuer cette cause d'infériorité; puis, et surtout
pour la petite culture, le morcellement, obstacle aux améliorations qu'il sei a presque
impossible de faire disparaître ; enfin le capital insufhsant dont disposent; la plu-
part de nos cultivateurs. Qu'ils appartiennent à la grande, moyenne ou petite
culture, il en est, d'une façon relative, de même pour tous. Fermiers, métayers
ou propriétaires, les procédés de culture sont identiques, mais les résultats varient
suivant que l'exploitant possède ou ne possède pas un capital suffisant. Dans le
premier cas on fait au bétail une large part dans la ferme. Dans le second les
céréales y occupent la plus grande place. D'oiî la division naturelle de notre
étude en deux parties : 1° Culture avec un capital insufrisant. 2" Guture avec un
capital suffisant. _ • ^
II. — Culture avec un capital insuffisant. Ces exploitations sont en général
soumises au régime le plus exteusif. Peu de prairies, quelques terres en pâturage
sauvage, beaucoup de jachères, des céréales, dans lesquels le seigle souvent rem-
place le blé. Le bétail est peu nombreux, de mauvaise qualité et pauvrement nourri,
il ne représente guère (|u'un poids vif de 120 kilog. à l'hectare. Les fumures s'en
ressentent, et en quantité et en qualité : 7,n00 à 8,000 kilog. à l'hectare, pour
une période de trois années, ne donnent qu'un faible rendement, 9 à 1 1 hectolitres.
Les prix de revient sont élevés, parce que chaque année la moitié de la ferme est
eu labours. Si les bénéfices ne sont pas grands pour l'expliitant, il vit lui, sa
famille et ses domestiques sur le domaine ; l'année est-elle bonne, il y a quelque
argent de reste; est- elle mauvaise, il se trouve très à court, et souvent empêché
de payer son propriétaire s'il est fermier. Si l'exploitant persiste dans cette voie,
il ne faut pas s'en prendre à la routine, mais au manque de capital. Propriétaire,
il peut progresser plus rapidement que le fermier; il a commencé par laisser
s'eno-azonner une plus grande étendue de terrain, il a un peu augmenté sa culture
de trèfle ; il a pu ainsi entretenir quelques têtes de bétail de plus, parce que, moins
pressé d'argent que le fermier, il aura eu la possibilité de se passer de la vente
d'une partie de ses produits animaux. Donnant à ses terres une moins faible
CHANGEMENTS A INTRODUIRE DANS LA CULTURE DU CENTRE. 213
tumure, et la chaux aidant, il a obtenu des récoltes plus rémunératrices, tandis
que d'un autre côté il faisait plus d'argent par un bétail plus nombreux ou plus
souvent renouvelé. S'il est fermier, la situation est autre; il ne peut >^e mouvoir
le plus souvent que dans les limites de son bail, qui lui impose l'étendue de terre
à emblaver, à laisser en pacage et en jachères; il peut, il est vrai, créer des prai-
ries, même temporaires, mais pour augmenter son bétail, le logement lui manque,
et le propriétaire regarde à deux fois avant d'avancer un capital, s'il n'a pas confiance
dans l'homme, et s'il ne croit pas (jue le travail et l'intelligence du métier viennent
compenser le manque d'argent du fermier.
La petite culture est celle qui souffre le moins, môme dans les mauvaises
années, parce que, employant ses propres bras, la moindre récolte la constitue .
presque toujours en bénéfice.
Nous voyons cette situation se modifier si les exploitants possèdent un capital
suffisant.
Les uns, dans la grande et moyenne culture, se font emboucheurs et trans-
forment en prairies pâturées la plus grande partie de leurs terres; d'autres, dans
la moyenne et petite culture, se livrent au commerce du bétail ; la charrue ne
joue qu'un rôle secondaire dans ces exploitations, qui sont toutes dirigées vers
l'engraissement ou l'élevage d'un bétail le plus souvent de bonne qualité.
Mais la plupart des exploitations n'ont pu suivre cette voie, et si elles remplissent
dans l'industrie du bétail un rôle moins remuant, il en est le plus important,
puisqu'elles produisent la matière première, l'animal. Près de la moitié de la
superficie est consacrée à la nourriture du bétail qui représente 160 kilog. de poids
vif à l'hectare. La chaux est employée à la dose de 60 hectolitres pour six ans, et
15 à 16,000 kilog. de fumier assurent un rendement moyen de 15 à 17 hectolitres
à l'hectare. Le bétail le plus souvent d'une bonne qualité courante vit en été sur
les pâturages naturels, terres que dans l'assolement on a laissées s'engazonner afin
de leur accorder un repos bien gagné par des récoltes épuisantes de céréales oîi le
blé a primé le seigle. Les prix de revient ont diminué, l'exploitant jusqu'à ce jour
a vécu dans l'aisance.
IIL — Les améliorations et les modifications à introduire dans toute culture
ont pour but d'abaisser les prix de revient non d'un objet particulier, mais de
tout l'ensemble de l'exploitation. Demander cet abaissement à la simple diminution
des dépenses ou des frais de culture pourrait être séduisant, mais aussi dangereux
que de tenter de l'obtenir par la seule augmentation des recettes ou des produits
récoltés. L'usage des machines peut souvent réduire les frais, mais la conformation
de notre région du Centre ne permet pas de l'étendre. Notre honorable collègue,
M. Brandin, vous a exposé d'une façon remarquable cette question et le rôle qu^elle
peut j'ouer dans la constitution économique d'une exploitation. Augmenter les
recettes par l'emploi des engrais chimiques est peu possible pour la généralité de
nos cultivateurs; ils ne sont pas encore assez avancés dans leur instruciion agri-
cole pour s'en servir d'une manière rationr.elle et sans inconvénients. Quelques-
uns seuls ont pu les employer dans des conditions favorables, et les essais tentés
pourront être continués par la partie non pas seulement intelligente, mais encore
instruite. Mais ces moyens de réforme, s'ils apportent par l'augmentation des
produits et la diminution parfois minime, des frais de récolte, une bilance de
profits supérieure, exigent une avance de capital que beaucoup de cultivateurs ne
peuvent supporter. Gomment devront-ils opérer pour lutter contre la cherté et la
rareté de la main-d'œuvre, la diminution des prix de vente, et surtout contre
l'appauvrissement de leur sol? C'est l'étude rapide d'un système de culture que
. nous allons entreprendre.
En le faisant nous n'avons point la prétention d'en indiquer un q^ui devrait être
appliqué dans tout le Centre. Nous parlerons pour les pays de culture semi-pas-
torale, en les engageant à persévérer dans cette voie et les poussant du côté de la
culture semi-pastorale progressive C'est ainsi que notre savant collègue, M. Heuzé,
désigne la culture pastorale améliorée. Le cultivateur ne devra jamais perdre de
vue qu'en agriculture il faut s'appliquer à produire ce qui donne le produit net le
plus élevé, et ce sont les conditions économiques du milieu dans lequel on se
trouve placé qui imposent tel ou tel système de culture.
Cette réserve faite, nous conseillerons à la culture du Centre de prendre, tout en
tenant compte des milieux cliraatériques, pour modèle l'Angleterre, d'utiliser par
le j)àturage la plus grande quantité de ses herbages permanents et temporaires,
et de transformer en fourrages annuels une partie de ses terres à labour; elle doit
214 CHANGEMENTS A INTRODUIRE DANS LA CULTURE DU CENTRE.
arriver à produire, en dehors des herbages, une quantité suffisante de nourriture
pour l'alimentation d'hiver du bétail. Les prairies temporaires à base de graminées
devront être le pivot, la cheville ouvrière de cette transformation et tenir une grande
place dans le nouveau système de culture qui nous semble devoir être pratiqué par
le Centre. Leur rôle est immense et comme production fourragère et comme amé-
lioration du sol. Elles permettent, en diminuant l'étendue des terres livrées à la
charrue, de concentrer les efforts en main-d'œuvre, attelages, fumiers, sur des
surfaces plus restreintes; les façons seront plus soignées, l'ameublissement et le
nettoiement du sol meilleurs. Les frais fixes de location, labours, semence, mois-
son sont les mêmes, que la récolte soit courte ou abondante. Si le rendement est
augmenté, par suite des meilleures fumures, le prix de revient sera abaissé. La
prairie temporaire, je parle surtout de celle livrée au pâturage permanent jour et
nuit, laisse les éléments minéraux se reconstituer par capillarité dans la couche
arable, accumule l'azote, empêche l'effritement du sol, en un mot, repose la terre.
Remise en culture, au terme de sa durée, elle donnera de bonnes céréales dont le
prix de revient sera peu élevé. Lorsque toutes les terres du domaine, ou du moins
les plus favorables, auront passé par cette pratique, elles se seront amendées,
sans presque aucune avance faite.
Le cultivateur sans capital éprouvera d'abord quelques difficultés à acheter son
ensemencement, il pourra commencer, en diminuant l'étendue de ses erablavures,
à transformer en herbages temporaires soit les meilleures terres, soit les plus
éloignées. La méthode de l'engazonnement naturel est trop barbare; il pourra
employer ses graines de fenil, auxquelles il ajoutera du trèfle violet, du trèfle
blanc, de la minette, du ray-grass, du fromental, de la houlque laineuse; avec
une dépense de 20 à 25 fr. par hectare, la quantité de semence sera suffisante
pour assurer une prairie qu'on pourra faucher l'année qui suivra, le semis, puis
faire pâturer. La production fourragère augmentant, il pourra tenir un bétail plus
nombreux, mieux nourri. Il produira une plus grande quantité d'engrais et comme
il portera ses forces sur l'autre partie de sa propriété, les rendements s'élèveront.
Il améliorera ainsi successivement chacune de ses parcelles. Plus tard, quand sa
terre sera plus avancée dans la culture fourragère, il pouria chercher dans quekfues
fourrages annuels un précieux complément de nourriture, et il pouria améhorer
son bétail qui, en général, est peu précoce. Il se procurera de bons reproducteurs
que son peu de ressources l'empêchait jusque-là d'acquérir et recherchera des ani-
maux qui, croissant plus vite, lui donneront un bénéfice plus rapide. Mais il
devra, s'il est fermier, trouver aide et soutien chez son propriétaire, surtout pour
tout ce qui touche aux clôtures. Il devra pouvoir faire entrer librement la prairie
dans son assolement, et, alors la rompre et profiter du capital engrais qu'il aura
laissé s'accumuler dans le sol. Il n'y aura donc pas dans son bail de clauses l'em-
pêchant de casser une prairie qu'il aura créée. Mais cette classe de fermiers sans
capital tend à diminuer : les uns parce qu'ayant des baux à bas prix, ils ont pu
profiter des débouchés quand ils se sont créés et exploiter dans ce but leurs ter-
rains depuis longtemps incultes; ils se sont ainsi constitué un capital et ont
entrepris alors le commerce ou l'élevage du bétail ; les autres, parce que l'éléva-
tion du fermage les a obhgés de prendre des fermes d'une étendue moindre, et
sur lesquelles ils ont mieux su employer leur travail; leur capital insuffisant
autrefois semble aujourdhui suffisant. Puis on voit des petits propriétaires pos-
sédant déjà des terres assez bien aménagées rechercher les fermes qui les
avoisiuent afin de se livrer à l'élevage ou plutôt au commerce, au maquignonage
du bétail.
Nous arrivons à la classe du vrai cultivateur travaillant sur des domaines d'une
étendue et d'une fcrtihté moyennes, avec un capital permettant une culture mieux
entendue. Si, en général, son exploitation a donné des bénéfices, sa situation a
été fort compromise par l'augmentation du prix de la main-d'œuvre, et l'abaisse-
ment des prix de vente. De plus, par le fait de certaines années sèches, les four-
rages en foin venant à manquer, le bétail est souvent obligé d'être vendu à des
prix inférieurs, et les récoltes suivantes s'en ressentent, par suite de la diminution
des fumures. Cette classe de la moyenne culture a une grande importance dans
le centre de la France. C'est elle qui est l'usine où se fabrique cette grande quan-
tité de bœufs qui vont à l'automne dans la région du Nord consommer les pulpes
de betteraves. La prairie temporaire lui sera d'un grand secours dans son élevage.
Le cultivateur devra seulement apporter plus de soins à la créer. Il abandonnera
l'emploi des graines de fenil, qui n'assurent point un produit assez abondant. Il
CHANGEMENTS A INTRODUIRE DANS LA CULTURE DU CENTRE. 215
pourra semer le mélange suivant qui, dans le massif granitique du Morvand, m'a
donné dans des terres de moyenne lertilité un bon résultat et au point de vue du
fauchage et au point de vue du pâturage : f'romcntal 10 kilog., houlque laineuse 5,
dactyle 8, fléolc 5, ray-grass anglais 10, minette 5, trèfle blanc 3, trèlle hybride 3,
trèfle violet 4, soit 60 kilog. Le prix était de 70 francs, mais la dépense pourrait
être abaissée en diminuant les chitTres de la formule, et ramonée à 50 francs.
Elle coûte donc peu à créer, et son bas prix d'établissement la met à la portée de
tous les cultivateurs, qu'ils soient fermiers ou propriétaires. Certains résistent et
trouvent les graines trop chères, sans réfléchir que la dépense excède à peine la
valeur d'une semence de blé, et que si le produit brut argent est moins élevé, le
produit net argent est plus certain et plus haut.
Mais si la prairie temporaire a son rôle marqué dans toute culture améliorée,
elle ne peut servir de panacée universelle. Le régime le plus en rapport avec le
proo;rès consisterait à cultiver conjointement en fourrages annuels — trèfle violet,
trèfle incarnat, vesces, maïs, betteraves, pommes de terre, — quelques-unes des
terres précédant soit la céréale tête de l'assolement, et qui est en général le blé,
soit la prairie tem])oraire. La luzerne devra trouver aussi sa place, partout où elle
le pourra. Le rôle des fourrages verts s'est bien agrandi par le fait de l'ensilage,
/[ui permet de les récolter à un prix de revient moindre que le fanage. De plus,
leur valeur nutritive est supérieure à celle des mêmes fourrages secs. Les récoltes
sarclées présentent en donnant des produits parfois supérieurs — toujours pour
le maïs — aux autres plantes fourragères, l'avantage de nettoyer le sol, de l'ameu-
blir, et de faciliter la nitrification des matières organiques.
Notre conclusion est la suivante :
Utiliser par le pâturage la plw; grande partie des herbages soit permanents soit
temporaires, et demander f alimentation d'hiner aux fourrages annuels assolés.
Parvenus au terme de notre étude, nous ne voulons point laisser sans l'etfleurer
une question qui peut avoir dans le Centre une grande influence sur l'abaissement
des prix de revient, c'est la question de l'exploitation du laitage. Certains dépar-
tements s'y sont adonnés avec profit, mais en général le cultivateur du Centre ne
sait point traiter le laitage, qui est la plupart du temps consommé à l'état brut
par le personnel. Un grand mouvement de ce côté se dessine en France, mais
surtout à l'étranger. Les Anglais se demandent, à l'heure actuelle, s'il vaut mieux
faire de la viande ou du lait, et ils entrent à grands pas dans cette voie qui est
peut-être celle où l'animal utilisant le mieux la nourriture donne le plus de pro-
duit net, et livre le fumier à meilleur compte. La petite culture particulièrement
tirerait un grand profit de l'industrie laitière.
Nous avons essayé de tracer une rapide esquisse du régime agricole de la région
du centre, où, depuis l'ouverture des débouchés, des proj^rès ont été certes réa-
lisés, mais ils ont 'été lents, et surtout ne pourront se continuer sans épuiser la
richesse naturelle d'un sol longtemps cultivé d'une façon trop extensive. Nous
avons aussi tenté d'indiquer à grands traits les modifications à y apporter. C'est
tout ce que nous avons pu faire, le sujet était trop vaste, trop élevé pour être
traité d'une façon aussi rapide. Mais nous avons pu nous rendre compte de l'in-
térêt immense qu'il y aurait à avoir une étude plus complète sur la culture du
Centre. Aussi croyons-nous qu'il serait utile que cette question fût étudiée par les
sociétés agricoles locales. Nous ne doutons pas que, de leurs travaux, nous ne
puissions tirer les éléments d'une étude intéressante qui viendrait combler un vide
existant dans l'histoire de l'agriculture française.
Situation en 1882 de trois exploitations du centre. Moyenne culture 85 hectares.
Poidsvif Hm hptail P^'"" ^"''■'"^ Fourra- BecUres Knmier
Catégorie Valçur ^;^^iua^^^iijiujjLutu^ Prairies rages tfmpo- ges an- consacrés produit
Exploitation loca- à l'hec- nalu- sau- rairesgra- nuels au à
à tive. Total. tare. relies, vages. minées, assolés bétail, l'étable.
Fr. liil. hect. hect. hect. hect. hect. liect. kilog
Capital insuffisant.. 2,300 10,200 120 LS 10 » 7 40= 90 000
Capital suffisant.... 4,000 1.5,000 160 28 10 « S 48 140 000
Améliorée G, 500 29,000 350 39 » Il 8» 65 300,000
HOUDAILLE DE RaILLY.
1. Dont 4 hectares portèrent double récolte fourragères ; vesces | choux-navets.
I sarrasin.
2. Dans cette colonne sont compris les grains employés à l'alimentation du bétail et de la
basse-cour.
216 LOI SUR LA POLICE DELA CHASSE EN ALSACE-LORRAINE.
LA LOI SUR LA POLICE DE LA CHASSE
EN ALSACE-LORRAINE
Monsieur le directeur, dans un livre remarquable devenu une rareté
bibliographique, Tristia, que l'auteur appelle lui-même une lamen-
tation et une oraison funèbre, Toussenel disait en 1863 : « La législa-
tion du 3 mai 1844 a conduit le France à un abîme. » C'était évidem-
ment une manière fort exagérée de constater la décadence de la chasse
en France. Depuis 1863, le mal n'a fait qu'empirer, et bientôt les
lièvres et les perdreaux seront aussi rares dans tout le pays que dans
la plaine de Saint-Denis. C'est la loi de 1844 qui a amené ce lamen-
table état de choses. Toutes les propositions émises jusqu'ici me
paraissent sans portée. Ce qu'il faut établir, c'est une loi analogue à
la loi d'Alsace-Lorraine calquée elle-même sur la loi du grand-duché
de Bade. Malheureusement, on apporte dans ces questions un faux^
esprit démocratique et on écrit des phrases ronflantes sur le droit de
propriété. En 1882, je vis à l'ordre du jour de la Section d'économie
rurale pendant la session de la Société des agriculteurs de France la
question de la chasse. Je me rendis à la séance et j'entendis le comte
de Couronnel conclure : 1" que la louveterie soit maintenue; 2" que les
peines édictées par la loi contre les délits de chasse et la vente du
gibier en temps prohibé soient appliquées et que les acheteurs soient
considérés comme complices. Je demandai la parole et déclarai que
la loi de 1844 est insuffisante, qu'il faut copier la législation de
l'Alsace-Lorraine. On ne se pique pas en général d'être démocrate à la
Société des agriculteurs, et cependant ma proposition ne rencontra
pas le moindre écho; on me réfuta en parlant de l'atteinte au droit de
propriété. Votre regretté correspondant, le D"" Schneider, ne songeait
pas plus que celui qui écrit ces lignes au rétablissement des droits
seigneuriaux, et pourtant il approuvait tout comme moi la loi
d'Alsace-Lorraine. Je vous ai fait connaître cette loi dans le Journal du
22 mai 1880. Je n'y reviendrai donc pas. Aujourd'hui je veux exposer
à \os lecteurs une loi complémentaire, relative à la police de la chasse.
Cette loi a été adoptée récemment par le Landesausschuss; elle sera
probablement votée dans les mêmes termes par le Bimdesrath et
deviendra alors une loi définitive. Voici les principales dispositions :
Il est défendu de poursuivre le gibier blessé sur une autre chasse,
ou de s'emparer du gibier tombé dans une autre chasse, sans la per-
mission du fermier de celte chasse,
La destruction des animaux nuisibles par les propriétaires, usufrui-
tiers ou fermiers, sur leurs terres, n'est pas considérée comme exercice
de la chasse.
Le ministère détermine : 1" quels animaux sont réputés nuisibles;
2° par quels moyens et dans quelles conditions la destruction est
permise.
Dans l'intervalle du 2 février au 23 août la chasse au gibier est
prohibée. Sont exceptés de cette disposition : les bêtes noires, les cerfs,
les chevreuils, les coqs de bruyère, les oiseaux de passage, les lapins
et les animaux nuisibles. La chasse de ces espèces de gibier, à l'excep-
tion des coqs de bruyère et des oiseaux de passage, avec des chiens,
est prohibée du 2 février au 23 août. La chasse au chevreuil est
LA. LOI SUR LA POLICE DE LA CHASSE EN ALSACE-LORRAINE. 217
défendue du 2 février au 31 mai. La chasse aux oiseaux d'eau et de
marais, à l'exception des oies sauvages et des hérons, et celle des
oiseaux de passage, sont défendues du 1" avril au -iO juin. La chasse
du gibier à plumes peut être interdite dans des circonstances extraor-
dinaires, dans les champs pour un temps ne se prolongeant pas au
delà de quinze jours après la clôture de la chasse.
L'enlèvement des petits du gibier à plumes et des œufs est interdit.
En temps prohibé, et depuis le quatorzième jour après la clôture
delà chasse, il est défendu d offrir en vente, de vendre, d'aclieter, de
transporter du gibier dont la chasse est défendue, ou de le colporter
pour le vendre. Cette défense ne s'applique pas au transport ou à la
vente du gibi'^r ordonné par l'autorité.
En temps prohibé, le kreisdirektor peut autoriser la chasse et le
transport du gibier vivant dans le but de le conserver ou d'en pro-
voquer la multiplication.
Lorsqu'il y a lieu de craindre que le gibier ne fasse trop de dom-
mages, le kreisdirektor, à la demande des propriétaires, peut, même en
temps prohibé, charnier le fermier de la chasse de réduire le gibier. Si
le fermier ne se conforme pas à cette injonction, le préfet est autorisé
à prendre les mesures nécessaires. Il peut donner aux propriétaires
des terres la permission de détruire le gibier et ordonner des battues
sous la direction de la police. Ces battues faites sous la direction de la
police ne peuvent avoir lieu pour la destruction des lièvres et des che-
vreuils. Le gibier ainsi tué est donné au fermier de la chasse ou vendu
à son profit. Les frais de la battue sont supportés par le fermier.
Le ministre désigne les oiseaux réputés utiles.
La chasse dans les champs est interdite pendant la nuit. Est désigné
temps de nuit l'intervalle depuis une heure après le coucher du soleil
jusqu'à une heure avant le lever.
L'usage des lacets n'est permis que pour les grives. Le gibier pris
dans les lacets, à l'exception des grives, ne peut être mis en vente,
vendu', acheté, transporté ou colporté.
L'exercice de la chasse n'est permis qu'après l'obtention d'un permis
de chasse. N'ont pas besoin d'un permis : 1" les personnes chassant sur
des terres contiguës à une habitation et séparées par une clôture non
interrompue des terres voisines; 2" les agents forestiers qui, dans
l'exercice de leurs fonctions, tuent le gibier dans les chasses adminis-
trées de leur circonscription forestière.
Sera puni d'une amende jusqu'à 100 marks, ou d'un emprisonne-
ment jusqu'à trois semaine? : \° tout individu qui chasse au moyen
d'engins prohibés; 'i^'.tout propriétaire, usufruitier ou fermier qui
détruit les animaux nuisibles pai' des moyens non autorisés.
Sera puni d'une amende jusqu'à 60 marks ou d'un emprisonnement
jusqu'à quatorze jours tout contrevenant aux dispositions de cette loi,
en tant qu'il n'y aura pas lieu d'appliquer d'autres dispositions
pénales.
Sera puni d'une amende jusqu'à 60 marks : 1° quiconque chasse
sans permis; 2" quiconque omet d'empêcher les chiens courants ou
autres dont il a la surveillance, de faire lever ou poursuivre le gibier
dans les chasses d'autrui sans la permission du fermier de cette chasse.
La présente loi entrera en vigueur le i" juillet 1883.
Agréez, etc. ' Paul Mulleu.
218 MÉTÉOROLOGIE DU MOIS D'AVRIL 1883.
MÉTÉOROLOGIE DU MOIS D'AVRIL 1883
Voici le résumé des observations météorologiques au parc de Saint-
Maur pendant le mois d'avril 1 883 :
Moyenne barométrique à midi, 757™'". 14. Minimum le 28 à 5 heures du soir
742""". 00. Maximum le 7 à 8 heures du matin, 770'""\87.
Moyennes thermomélriques : des minima 3". 83; des maxima 15°. 5); du mois
9°. 67. Moyenne vraie des 24 heures, 9".2H. Minimum les 11 et 13 — 0°.7.
Maximum le 18 dans la journée 22°. 5 ; il y avait eu déjà un maximum de 22". 0 le 3.
Humidité relative : moyenne, 66; la moindre, le 18 à midi, 22; la plus grande
100, où la saturation s'est présentée quatre lois, les 3, 23, 25, 26.
Tension de la vapeur : moyenne 5'"'".64; la moindre le 8 à 4 heures du soir,
2"'"'. 8 ; la plus grande le 28 à 6 heures du soir, 9""". 8
Température moyenne de la Marne, 10°. 72. Elle s'est élevée d'une manière
presque uniforme de 7°. 6 le 1, à 12°. 67 le 30; son niveau s'est abaissé presque
aussi régulièrement de 3'". 21, les 1 et 4, à 2'". 69, le 28 (2"\71 le 30).
- Pluie, 22"""M en 62 heures réparties en 10 jours du 18 au 29. Il n'avait pas
plu du 30 mars au 18 avril et depuis le 19 mars il n'était tombé que deux petites
averses, les 27 et 30. Le 24 avril il y avait un peu de neige, mêlée à la pluie; le
lendemain de même et depuis un peu de grêle.
La nébulosilé 7noyenne a été 49.
Il y a eu 5 juurs de petite gelée et 9 jours de gelée blanche, 3 jours de brouillard
peu importants. Vents de N. à E.-N.-E dominants.
Relativement aux moyennes normales, le mois d'avril 1883 pré-
sente les résultats suivants : pression atmosphérique plus élevée
de i"''".1 ; température de l'air plus basse de 0".2; ciel plus clair,
temps beaucoup plus sec; aucun coup de vent; aucune pluie forte. Ni
tonnerre^, ni éclairs. Marne plus basse et plus claire.
Voici mes principales observations sur la végétation :
2 avril, on entend le pic-vert. Première fleur de prunier de Monsieur.
8 avril. Prunier de reine-claude commence à fleurir. Poirier de
Cœuré commence à fleurir.
12 avril. Hirondelles dans les champs et sur la Marne.
17 avril. Quelques rares hannetons.
26 avril. Hirondelles assez abondantes et depuis on en voit con-
stamment, quoiqu'elles soient peu nombreuses. Du 1 2 au 26, on n'avait
aperçu que deux ou trois fois des hirondelles de passage.
21 avril. Cerisier anglais en pleine fleur. Sureau à bouquet en pleine
fleur. ^
28 avril. Les lilas communs commencent généralement à fleurir. Je
les estime de 10 jours, au moins^ en retard. Jusqu'ici j'avais vu les
lilas fleurir à une époque presque fixe du 1 5 au 18. Ce retard est dti
sans doute au moins autant à la sécheresse d'avril qu'à la basse tem-
pérature de mars.
30 avril. Les hannetons deviennent tout à coup très abondants, on
sait que l'année dernière ils étaient extraordinairement rares.
L'année, qui était avancée à la fin de l'hiver, se trouve en définitive
retardée à la fin d'avril. E. Renou,
Membre de la Société nationale d'agriculture
LES PUITS INSTANTANÉS ET LA POMPE DOUGLAS
Le forage des puits instantanés est une opération qui^ depuis
quelques années, est devenue usuelle dans un grand nombre de pays.
1. 25 avril. Quelques marronniers commencent à iL'unr.
SABLEUSC AQUircpr
LES PUITS INSTANTANÉS ET LA POMPE DOUGLAS. 219
C'est une opération toujours facile, à la condition que la couche aaui-
fère ne soit pas au-dessous du niveau
d'aspiration de la pompe, c'est-à-dire
qu'elle ne dépasse pas une profondeur
de 8 mètres, et à la condition aussi
que l'on n'ait pas à traverser de roche
très dure avant d'arriver à cette cou-
che. La fig. 16 représente une coupe
théorique d'un terrain dans lequel on
peut établir un de ces puits. Le tuyau
du puits a traversé successivement la
terre d'alluvion, une couche sableuse,
une couche d'argile, avant d'arriver à
la nappe suffisamment abondante pour
alimenter le puits.
Les puits instantanés se composent
uniquement de tuyaux en fer et d'une
pointe spécialeen acier dont l'ouverture
est recouverte de plusieurs toiles métal-
liques très fines, permettant le passage
de l'eau, mais empêchant le sable de pé-
nétrer. Ces puits sont installés de pré-
férence aux puits creusés ordinaires,
dans tous les cas où la nappe d'eau n'est
pas à une profondeur plus grande que
8 mètres. Les avantages qu'assure ce
système sont : une installation moins
coûteuse et de l'eau toujours propre.
Le forage du puits instantané exige
un travail assez énergique. On est sou-
vent obligé d'avoir recours à des appa- ARGILE
reils d'une grande puissance, afin de
faire pénétrer les tuyaux dans des cou-
ches compactes, durcies par la séche-
resse. Il est donc important que ces
tuyaux soient construits avec le plus
grand soin, et que Ion n'emploie que
des matériaux de choix.
Dans le sud de l'Algérie, on a établi
depuis quelques années un grand nom-
bre de puits instantanés qui fonction-
nent sans difficultés réelles.
On connaît la simplicité et le fonc-
tionnement régulier de la pompe Dou-
glas que vend la maison Piller. Cette
pompe peut parfaitement convenir
pour la création d'un puits instantané.
M. Pilter se charge d'ailleurs de
l'installation de ces puits. Le prix du
tuyau d'aspiration varie de 3 fr. 30 à
8 fr. 70 le mètre, suivant la force de la pompe. Le prix de la pointe
varie, dans les mêmes conditions, de 24 à 55 francs. Henry Sagnier.
U'.
•^î^iïOND rocheux:
Fig. 16. — Pompe Douy;las fonctionnaut
sur un puits instantané.
220 LE POMMIER EN BRETAGNE.
LE POMMIER EN BRETAGNE
A M. LANGE, A FAUVILLE (SEINE-INFÉRIEURE).
J'ai déjà dit ici, même autrefois, quand je trouvais encore quelques
loisirs, un mot du pommier, peut-être aussi de la Bretagne. L'avenir
de la Bretagne et l'avenir du pommier se manifestent en même temps
par un développement de production qui dépasse de beaucoup le
mouvement moyen de l'agriculture.
La production du cidre s'est élevée en Bretagne, en 1881, à
7,473,000 hectolitres, et en Normandie, à 7,01 1,000.
Cette production s'est réduite, en 1 882, en Bretagne, à 3,432,000 hec-
tolitres, et en Normandie, à 3,275,000.
La Bretagne surpasse donc la Normandie, à l'heure actuelle, dans la
production du cidre, tandis que nous avons vu longtemps cette rude
Armorique, arriérée dans ses fermes, engourdie dans une séculaire
immobilité. — Sans écoles et sans chemins, ses ressources demeuraient
inexploitées.
Depuis vingt ans les routes ont animé la robuste contrée. Depuis dix
ans les écoles ont réveillé le fier esprit de ses habitants. Le mouvement
imprimé fera désormais surgir de ce sol du blé, des animaux, du
cidre...., et des hommes de notre démocratie.
Tous les propriétaires aperçoivent aujourd'hui les avantages du
pommier. Les défrichements et les plantations occupent les cultiva-
teurs avancés. Les parages boisés, à l'abri des grands vents de la mer,
se couronnent de pommiers.
Les cantons de Concarneau et de Touesnant, près de Quimper, pré-
sentent des vues pleines de ravissement par TOcéan au loin couvert
de bateaux de pêche, et par des champs garnis de pommiers. Le
chêne antique des Vénètes protège le pommier, le cerisier et le prunier.
J'ai planté et je conseille de planter le pommier en faisant des trous
de 1 mètre carré d'ouverture et d'une égale profondeur.
Le fond des trous est garni des premières terres de la surface. Dans
les terres argileuses, une couche d'ajonc placée sous ces premières
terres, rend divers services appréciés en Normandie, et je recommande,
moi-même, cette pratique. L'ajonc est un diviseur, et c'est un agent de
fertilité.
En plantant, 2 ou 3 kilog. de phosphate de chaux par sujet,
répandu avec la terre sur les racines, constituent une bonne opération.
C'est une faible dépense : vingt à vingt-cinq centimes par pommier.
Nos terres siluriennes et granitiques manquent de calcaire. Le phos-
phate fossile de chaux agit sur ces terres avec énergie. Il se manifeste
par un accroissement de récolte, soit répandu sur les cultures arables,
soit employé sur les prairies. Son effet, sur les jeunes plantes, est de
même sorte, s'il est directement employé dans la plantation. — Dans
les récents défrichements, une brouettée de fumier de ferme par sujet
forme en outre un apport d'aliments que je considère de première
nécessité pour le jeune plant.
Voilà ce que je conseille dans la plantation.
La distance des plants peut varier de 7 à 10 mètres : en bordure
7 mètres; en quinconce, 10 mètres. J'ai fait des plantations en bor-
dure à 6 mètres, mais en terrains secs.
LE POMMIER EN BRETAGNE. 221
La meilleure hauteur des sujets est de r"70 à 2 mètres. Une tête
plus basse est incouimode. — Dans la taille des premières années, il
convient de former des branches se dressant à la circonférence.
La défense du jeune pommier en place constitue une stricte obliga-
tion. Vous me signalez, monsieur, cette défense. Elle est une charge
assez lourde dans les localités peu boisées.
Une bonne armature se fait, dans les fermes boisées, au moyen de
trois ou quatre pieux solides, de la hauteur d'un homme, reliés par
des taquets. Quatre pieux sont beaucoup plus sûrs que trois.
Les garnitures en tôle remplacent les pieux dans les localités peu
boisées, mais sans les valoir, quoique peu coûteuses.
Dois-je terminer ma réponse par un mot encore sur l'avenir du
pommier, et n'en ai-je point assez dit plus haut?
En septembre 1881, dans un voyage en Normandie, j'admirais par-
tout la charge de fruits recouvrant les vergers. Chez un de mes amis,
M. Emile Lafosse, maire de Saint-Samson-de- Bon-Fossé (Manche), un
verger de 30 à 35 ares, planté de trente-cinq arbres, a dû fournir 350
à 400 hectolitres de pommes, au prix de quatre francs au moins.
Cela constitue un produit de 1,400 francs. Supposant un rendement
biennal, selon la production normale observée, le revenu moyen du ver-
ger se traduit par la somme annuelle de 700 fr. Je ne compte pas ici
l'herbe récoltée ; je la laisse en surcroît de profit.
Ce verger n'est pas seul, mais réunissant de moitié ce résultat men-
tionné, on trouve encore 350 francs de revenu annuel pour trente-cinq
arbres sur moins de 35 ares, soit 10 francs par are et par arbre.
Il n'est pas difficile de prévoir l'avenir du pommier quand de sem-
blables résultats sont vus partout le monde. La seule chose nécessaire,
c'est de bien dégager ces résultats et de bien y porter l'attention pu-
blique.
La Normandie est préparée à l'accroissement de ses plantations. Je
viens encore d'y passer trois semaines, et j'ai vu comment le pommier
y gagne d'espace.
La Bretagne, qui a plus à faire, qui a commencé plus tard, se
monlre poussée par la même clairvoyance. Je vous ai donné plus haut
le rendement de ses vergers.
Vous me dites que vous voyez avec regret les cidres de Bretagne se
vendre moins cher sur la place de Paris que les cidres d'Alençon :
1 6 à 1 8 francs, au lieu de 24 à 25.
Cela tient d'abord au grand nombre de pommes acides de nos ver-
gers. Cela dépend ensuite de la fabrication. Enfin, cela vient aussi de
la conservation en fûts trop petits, de 2 hectolitres à 6 hectolitres.
Les nouvelles plantations corrigeront la qualité des fruits, en pro-
scrivant les pommes acides. Les jeunes cultivateurs amélioreront la
fabrication du cidre, par Tétude de cette fabrication dans les ouvrages
spéciaux. La conservation deviendra meilleure à son tour par un
changement progressif du matériel de nos celliers, en se procurant de
plus grands fûts.
Laissons encore un peu agir le temps. La République nous donne
les écoles. Attendons les résultats, en demandant seulement à ceux
qui ont achevé leurs études par l'école, le livre et la pratique, de
contribuer à ce résultat par leurs exemples et leurs conseils.
Pierre Méheust.
222 CONSEILS AUX JEUNES ELEVEURS.
SIMPLES CONSEILS PRATIQUES AUX JEUNES ELEVEURS
Je ne suis point professeur, et ce ne sont pas des leçons que je veux
donner dans cette petite série d'articles ; ce sont tout simplement
quelques faits observés dans ma longue carrière d'éleveur, dont je tiens
à faire profiter ceux qui viendront après moi et que je crois utile
d'enregistrer avant de quitter ce monde pour l'éternité. Je n'ai formé
aucun plan, je ne suivrai aucune méthode; ce sera une causerie à
bâtons rompus, tantôt sur un sujet, tantôt sur un autre; tantôt sur un
principe, tantôt sur son application pratique; tantôt sur une espèce,
tantôt sur une autre, mais en me renfermant toujours et exclusivement
dans la pratique, ses petits secrets, ses moyens et ses observations.
Voilà ma préface, elle est encore trop longue, mais pour, qu'on ne se
méprenne pas sur mon but, je ne puis guère être plus bref.
Nécessairement je parlerai surtout de la race durham. Je ne connais
que celle-là et ne veux pas en connaître d'autres. Je suis trop vieux
maintenant pour m'occuper des autres races, lesquelles sont toutes
inférieures, et de beaucoup, à celle qui est devenue, du consentement
unanime des agriculteurs sérieux et intelligent, la seule qui vaille
la peine d'être cultivée, soit pour elle-même dans toute sa pureté,
soit comme élément essentiellement améliorateur par le croisement.
On a beau regimber, on a beau faire vibrer la corde chauvine d'un
patriotisme frelaté et poussif, la race durham est incontestablement la
meilleure qui existe au monde, c'est la reine de toutes les races bovines,
celle dont on recherche toujours les éléments reproducteurs dans le
monde entier, soit pour régénérer les vieilles races locales, soit pour les
remplacer absolument. C'est la race de l'avenir, la seule dont la cul-
ture peut donner des bénéfices. C'est celle qui réunit, à un degré
incomparable, toutesles qualités que comporte l'espèce bovine. C'est elle
qui donne les rendements les plus abondants en lait et en viande, et
celle qui, au point de vue esthétique, offre la symétrie la plus pure et
la plus parfaite, l'équilibre le plus complet, le développement des
formes le plus harmonieux et l'ensemble le plus agréable au regard.
C'est cette race qui, pour la précocité, la qualité moelleuse de sa chair
et de son toucher, s'adapte avec le plus de facilité, soit à la sécrétion
laitière pour l'herbager, soit à la production prompte, facile et peu
dispendieuse de la viande, c'est-à-dire du muscle et de la graisse pour
l'engraisseur. Il ne s'agit point ici d'un parti pris, d'un enthousiasme
exclusif, il s'agit encore moins de l'engouement irréfléchi d'un ama-
teur aveugle et maniaque, il ne s'agit point d'un défi jeté par esprit de
contradiction, aux adhérents des autres races, il s'agit d'une conviction
profonde basée sur de longues études comparatives, et sur une pratique
de plus d'un demi-siècle. Ma sincérité n'est donc pas douteuse, et je
n'ai jamais eu d'autre ambition que celle de convertir à cette convic-
tion, le plus grand nombre d'éleveurs possible, et d'étendre de plus
en plus la sphère d'élevage de la race durham, non seulement en
France mais dans le monde entier.
Le succès a, daps ces dernières années, donné un grand élan à ma
propagande. Mon zèle pour cette puissante cause de progrès s'est
rajeuni, et, au moment où j'allais songer à la retraite, laissant la car-,
rière à des hommes plus jeunes et plus robustes, sinon plus zélés et
CONSEILS AUX JEUNES ÉLEVEURS. 223
plus convaincus, les attaques de mes adversaires d'un côté, et de
l'autre, le succès de plus en plus accentué qui récompense et encou-
rage mes efforts, m'ont relancé dans la vie active du propagateur, et
j'irai ainsi jusqu'à ce que la mort vienne y mettre un terme absolu.
Mais, mon œuvre me survivra, mon nom pourra même disparaître
dans l'oubli, mais le triomphe final de la race durham en Franco n'en
sera pas moins assuré, ni moms fermement établi. D'ailleurs, les
laits sont bien autrement éloquents que mes faibles paroles. Leur logique
est, en faveur de ma thèse, d'une force irrésistible. Voyez ce qui se
passe dans l'univers entier. Voyez ces chargements de reproducteurs
Durhams qui, chaque jour, pour ainsi dire, partent de Liverpool, de
Birkenhead, de Glascov^, de Southarapton et de Londres, à destination
de toutes les parties du monde et des climats les plus les plus divers*.
Est-ce là une simple fantaisie de vogue ? iNon, car voilà bien des années
déjà que ces expéditions se suivent sans interruption, et comme elles
exigent de grands sacrifices d'argent, on ne peut éviter de conclure
que l'expérience est faite, et que le succès de ces importations est si
éclatant, que, malgré la dépense énorme qu'elles occasionnent, on sent
partout la nécessité et l'opportunité de les continuer, car elles assurent
à ces lointains pays, des éléments de progrès et de richesse, qui com-
pensent, et bien au delà, les sacrifices que l'on s'impose. Mais sans
aller si loin, jetons les regards autour de nous, dans nos concours,
dans nos etables même. N'entendons-nous pas dire, quand on aperçoit
un animal montrant des qualités qui n'appartiennent point à sa race
primitive : ce n'est pas étonnant, il a du sang durham? Est-ce que
dans nos expositions, les plus beaux animaux ne sont pas, soit pur
sang Durham, soit croisés Durhams? Je l'ai maintes fois constaté, dans
les concours d animaux gras du palais de l'industrie, n'est-ce pas
l'élément durham qui invariablement rehausse l'éclat des expositions
et par le nombre et par la qualité? Il faut être volontairement aveugle
pour ne pas voir tout cela.
Maintenant ramenons cette énonciation d'un principe basé sur des
faits aussi patents, aussi clairs, aussi incontestables, à la pratique
agricole et voyons l'application qu'il faut en faire, sous peine de rester
en arrière, dans la routine, c'est-à-dire dans l'impuissance.
Ce qui suit est le résumé succinct d'une correspondance que je sou-
tiens depuis longtemps déjà avec des agriculteurs jeunes et vieux qui
me font Ihonneur de m'écrire de tous les points de la France et de
l'étranger. « Je lis avec attention et intérêt, me disent-ils, les articles
que vous publiez dans le Journal de f agriculture, sur la race durham;
je suis enfin convaincu que vous avez raison, mais cela coûte si cher,
que nous autres pauvres cultivateurs n'avons guère le moyen d'acheter
des Durhams, etc., etc. m C'est toujours la même histoire. On est
convaincu, mais la question d'argent se met en travers et on ne se
décide point. Voici ce que je réponds : Vous avez un troupeau de
vaches, il vous en faut en agriculture, car, la production du fumier est
une condition sine qua non de la culture lucrative du sol. Il y a des gens
qui croient possible de se passer de fumier, pour n'employer que des
1. Au moment où j'écris ces lignes, un bateau à vapeur ciiinois le Kian(i-Yu embarque à
Greenoclc pour la Chine, un cbargement de 50 reproducteurs do la race durham. N'est-il pas
étrange que ces imporlaleurs ne sont pas vonus en France nous demander, de préférence, un
chargement de noire race d'Aquitaine, mais, n'est-il pas plutôt proliable que ces bons chinois
partagent mon ignorance, au sujet de cette fameuse race dont l'existence est pour moi un mythe'
absolu.
224 CONSEILS AUX JEUNES ÉLEVEURS.
engrais artificiels ; j'en connais même qui ont vendu toutes leurs bêtes
à cornes sous prétexte que c'étaient des machines à faire du fjmier,
trop dispendieuses, et que l'engrais, ainsi produit, était trop cher, etc.
Je reviendrai sur cette question plus tard. A ces gens-là je crie qu'ils
se trompent, que la culture sans fumier avec l'aide exclusif des engrais
artificiels, est peut-être possible dans des terres fortes et profon les et
naturellement très fertiles, à condition, comme à Loïs-Weedon, qu'elles
soient profondément cultivées et soigneusement jachérées, mais que la
généralité des terres ne comporte point cette condition. Il faut donc
du bétail non seulement pour produire du fumier mais surtout pour
produire du lait, du beurre et du fromage, puis finalement et fatalement
de la viande. Seulement, il s'agit de bien choisir la race la mieux
appropriée à ces productions, car avec une race ingrate, dure, lente à
se développer, peu ou point laitière, grossière de membres, coriace de
peau, dont la charpente osseuse n'est point recouverte de muscles,
ayant peu ou point d'aptitude à l'engraissement, que la moindre
sécrétion laitière, même la moins abondante, fait maigrir à un degré
anormal, avec des hanches et des reins étroits, des épaules saillantes,
des côtes plates, une échine décharnée, des cuisses maigres et fuyantes,
une attache de queue fixée au milieu du dos, un cou dégagé,
maigre et plat, une tête allongée, un cornage menaçant le ciel et
des pattes longues et grossières, une poitrine étriquée, un flanc
retroussé, etc., etc.; et qui ne reconnaît dans ce portrait le misérable
bétail que nous voyons presque partout dans nos campagnes? avec
tout cela, dis-je, un troupeau, ainsi caractérisé, ne peut être qu'un far-
deau ruineux pour un agriculteur Mais, si malgré ces défecluosiiés
flagrantes, au lieu du taureau de même acabit, qui sert à féconder ces
tristes épaves , on se décidait à faire l'acquisition d'un taureau
durham très pur de sang, avec une généalogie inscrite au Herd-book,
comme garantie, d'une lignée suffisamment établie, et provenant d'une
famille laitière, la baguette d'un magicien n'est pas plus puissante que
l'emploi de ce taureau durham dans ce troupeau, à opérer une ti*ans-
• formation radicale, qui se manifestera dès les premiers produits, par
les qualités contraires aux défauts que je viens d'énumérer.
Il ne s'agit donc pas. tout d'abord, pour utiliser l'aliment améliora-
teur durham, de dépenser de grosses sommes pour acquérir un trou-
peau d'élite, et se mettre à fabriquer des taureaux purs, car j'admets'
que cela coûte cher, mais tout simplement de faire l'acquisition d'un
jeune taureau durham, bien choisi, laquelle n'entraînera qu'un sacri-
fice de tout au plus un millier de francs. Certes ce sacrifice n'est pas
exhorbitanten comparaison du prix des taureaux normands; flamands,
solognots, auvergnats, etc., etc., dont on ne craint pas de se servir dans
les campagnes. Ces taureaux se paient souvent aussi cher qu'un taureau
durham. Dans tous les cas la différence du prix, quand on la rapproche
des résultats, est plus qu'insignifiante, et je n'hésite jamais à conseiller
à mes correspondants, de se mettre enroule pour venir voir mon Irou-
peau. C'est un petit voyage facile et peu coûteux qui ne demande ni
beaucoup de temps, ni beaucoup d'arçrent, et que ceux qui se décident
à suivre mon conseil, se félicitent toujours d'avoir accompli. Si je n'ai
pas les animaux qui leur conviennent, ce qui arrive souvent, car la
demande de taureaux excède de beaucoup ma production, je puis tou-
jours, au moins faire voir à mes visiteurs des types convenables, et à
' CONSEILS AUX JEUNES ÉLEVEURS. 225
la première occasion, il m'est facile de leur trouver en Angleterre,
à des prix très modérés, les reproducteurs ([ui leur conviennent.
Mon conseil aux jeunes éleveurs est donc de se procurer., avant tout,
un bon taureau durhani. Mais il importe de le bien choisir et pour cela
il faut non seulement examiner ses formes extérieures, sa symétrie,
l'équilibre de ses lignes, la qualité de sa peau et l'élasticité de ses.
muscles; il faut surtout étudier son pedigree, et c'est sur ce point
que je vais offrir maintenant quelques considérations pratiques qui
permettront, même à ceux qui sont le moins initiés à la science héral-
dique du lIerd-book,de pouvoir apprécier d'un coup d'œil, la valeur
des généalogies.
Les généalogies des Durhams modernes se décomposent en deux par-
ties distinctes ; celle, la plus ancienne, qui comprend les ancêtres de
la race, à partir de leur enregistrement historique, lesquels sont com-
muns à toutes les familles pures, puisque ce sont avec ces anciens
reproducteurs que les grands éleveurs de la fin du siècle dernier et du
commencement du présent, ont pu former, en race distincte, par les
soins rigoureux d'une sélection judicieuse, sous le nom de race courtes-
cornes^ les éléments de la race de ïeeswater ou de Holderness, lesquels
étaient épars et disséminés dans le nord de l'Angleterre et surtout sur
des bords de la rivière Tees, aux environs de Darlington, et dans la
partie centrale des deux divisions du comté d'York. La seconde partie
des généalogies comprend les taureaux des familles distinctes créées par
les grands éleveurs, tels que les Booth et Bâtes. Ces deux éleveurs
éminents ont pu, dès le commencement du siècle actuel, combiner les
éléments que leur avaient fournis les frères Colling, Mason, Major
Bower, Stephenson, Whitaker, Jolly, Hunter, Whelherell, Waistell,
Penny man, Hutchinson, Marlerman, Major Rudd, Coates, Champion,
lord Spencer, sir Charles Kinghtley, Jobling, sir H.-V. Tempest, etc.
Voilà les principaux éleveurs qui ont fourni les premiers éléments de
la race améliorée, et la plus ancienne partie de toutes les généalogies
remonte aux troupeaux de ces premiers fondateurs de -la race amé-
liorée de Teeswater^ maintenant la race courtes cornes, ainsi nommée
pour la distinguer de la race longues cornes, dont Bakeweil avait entre-
pris 1 ingrate amélioration, à peu près à la même époque.
A côté de ces généalogies qui remontent directement à. une origine
tracée "et inscrite dans les premiers volumes du Herd-book, il y en a
d'autres, dont les ancêtres inscrits ont une date plus récente, mais dont
la pureté de sang n'est pas moins authentique. A l'époque où le pre-
mier volume du flerd-book fut publié en 1822, il s'en fallut de beau-
coup que les noms de tous les reproducteurs de la race durham fussent
envoyés au rédacteur, M. Coates, pour être inscrits dans son registre.
Un grand nombre d'éleveurs ne furent pas tout d'abord convaincus de
l'utilité d'un semblable recueil, et ce n'est que plus taid, à partir du
sixième volume, que l'inscription enfin reconnue comme indispensable
à Tauthenticilé de la pureté de sang chez les reproducteurs de la race
durham devint plus générale. C'est ce qui explique les généalogies
relativement courtes de certains animau:^ dont l'inscription fut plus
tardive, mais dont le sang n'est pas moins pur ni moins distingué.
Pour ces généalogies c'est le nom de l'éleveur des premières généra-
tions qui devient la garantie de leur pureté de sang. D'un autre côté
les directeurs du Herd-book n'ont jamais exigé plus de quatre généra-
226 CONSEILS AUX JEUNES ELEVEURS.
tions d'ascendants inscrits, pour l'admission à l'inscription. L'assi-
milation absolue des produits aux traits caractéristiques de la race,
étant une preuve que les premiers facteurs, sans être inscrits, possé-
daient une dose suffisante de sang pur, pour être reconnus comme appar-
tenant à la race. Quoi qu'il en soit, il est bon de ne pas trop se fier à
ces courtes généa]oii;ies, et même, à mérite individuel inférieur, préférer
des animaux dont l'origine remonte d'une manière authentique à une
longue lignée d'ascendants appartenant à une même famille, car là est
la plus sûre garantie d'une transmission infaillible et continue, des
qualités qui distinguent cette famille, et qui l'ont fixée dans l'estime
des éleveurs, en lui donnant une renommée spéciale et reconnue.
Dans les derniers temps, la coutume s'est établie d'indiquer dans
les catalogues privés le nom des éleveurs de chaque ascendant, et c'est
une excellente innovation, car le mérite de l'éleveur s'attache à l'ani-
mal et contribue dans une large mesure, à lui douner de la valeur.
Ainsi quand on voit qu'un animai a été élevé par tel ou tel éleveur, par
exemple Robert et Charles CoUing, Bâtes, les frères Boolh, Mason, lord.
Spencer dans les anciens temps, et dans les temps modernes, Jonas
Webb, lord Bective, lord Donmore, le duc de Devonshire, le colonel
Kingscote, les frères Slratton, lord Fitzhardinge, Hugh Aylmer, Leney,
Kennard, lord Penrhyn, Georges Fox, Ashburner^ Fawkes, le colonel
Towneleg, Eas wood, sir Charles Tempest, lord Ducie, Ambler, lord
Feversliam, Loder, sir Henry Alsopp et plusieurs autres également
illustres, on peut conclure que la généalogie est d'une pureté incon-
testable. Mais dans les anciens cataloo;ues et dans le Herd-book lui-
même, le nom des éleveurs n'est pas cité, et il faut pour les connaître
avoir recours au Herd-book lui même, ce qui n'est point pratique,
car cet ouvrage qui ne compte pas moins de 29 volumes, n'existe en
France, surtout, que chez quelques éleveurs et est par conséquent dif-
ficile d'accès et de plus très dispendieux.
Pour guider les recherches de ceux qui ne possèdent pas ces
volumes, je* vais citer quelques taureaux dont les noms, figurant
à l'origine des généalogies, sont une garantie, non seulement de pureté
de sang, mais de grande distinction. Je citerai ensuite les généalogies
des familles les plus laitières, de manière à guider, autant que possible,
le choix des jeunes éleveurs. Ceci fait, je traiterai de la seconde par-
tie des généalogies, c'est-à-dire celle qui comprend les ascendants
modernes.
[La suite prochainement). F.-R. de la. Tréhoninais.
SCARIFICATEUR-CULTIVATEUR DURAND
On a beaucoup remarqué, dans les dernières expositions d'instru-
ments agricoles, le scarificateur-cultivateur dû à lAI. Durand, construc-
teur à Montereau (Seine-et-Marne). Cet instrument est représenté par
la fig. 17. 11 est tout en fer, soigneusement construit et parfaitement
adapté pour les labours de déchaumage, les labours superficiels dans
toutes les natures de terres, fortes ou légères.
L'avant-train est constitué pur deux petites roues dont l'essieu porte
une tige verticale dans laquelle glisse un anneau auquel est relié le
crochet d'attelage, et auquel est fixée la partie antérieure du bâti, de
telle sorte qu'en le faisant monter ou descendre, on règle sans diffi-
CULTIVATEUR-SCARIFICATEUR DE M. DURAND.
227
culte la profondeur du labour. Le bâti, qui affecte la forme triangu-
laire, porte sept lames ou couteaux: dont l'action est indépendante, et
donl la pointe recourbée en avant forme une dent qui brise facilement
la couche superficielle du sol.
A la partie postérieure, deux roues d'un plus grand diamètre sup-
portent le bâli. A chaque roue est relié un levier agissant sur un
arc denté pour faire descendre ou relever les dents latérales. Au milieu
un troisième levier permet de relever ou d'abaisser les dents de la
Fig. 17. — Scarificateur-cultivateur de M. Durand.
partie centrale. Il est donc possible de faire un travail régulier, quelles
que soient les inégalités que présente le terrain sur lequel on opère,
et qu'il s'agisse de planches ou de billons. L. de Sardriag.
CONCOURS REaiONAL DE SIDI-BEL-ABBES EN 1883. -II
m. Animaux reproducteurs. —Le tableau suivant des animaux présentés aux
divers concours régionaux de l'Algérie donnera une idée exacte de l'importance
numérique de chacun d'eux et permettra au lecteur d'établir du môme coup une
première comparaison.
Siège Espèce Espèce Espèce Oiseaux de Au- Espèce Animaux
du concours. bovine. ovine, porcine, basse-coar, truches. cameline. gras.
lots. lots. lots. lots.
Bône, 1879 84 38 6- 43
Oran, 1880 68 19 4 10 45
Alger, 1881 60 42 15 44 6 8 12
Constanline, 1SS2 l.')0 58 24 37 2 35
Bel-Abi)ès, 1883 90 102 22 69 31
Pour bien comparer entre eux les chiffres qui précèdent, il est nécessaire de se
rappeler que les bandes d'animaux gras de l'espèce bovine ont été admis à partir
de l'année 1881, et de savoir que dans la seule contrée de Bel-Abbès, quarante
magnifiques vaches exotiques, suisses, espagnoles, du Jura, ont été éhminées, le
programme ministériel n'admettant dans la catégorie des bêtes de travail et des
races laitières que les génisses de deux ans au plus.
Si l'on tient compte de ce tait que la génisse ne peut donner que des probabilités
228 CONCOURS RÉGIONAL DE SIDI-BEL-ABBÈS.
de bonne laitière, et que la certitude ne saurait être acquise que d'après le produit
obtenu de la bête adulte, et si l'on se souvient que les vacnes indigènes sont en
même temps admises sans limite d'âge, on reconnaîtra qu'il exisle dans le pro-
gramme une lacune regrettable, qu'il faut faire disparaître à l'avenir, et qui cette
année a enlevé à notre concours un appoint sérieux.
Sans tirer une conséquence exagérée de l'examen des chiffres qui précèdent, on
peut néanmoins avancer sans crainte de se tromper que Bel-Abbès a tenu digne-
ment sa place dans la série de ces luttes pacifiques.
Signalons aussi en passant la difficulté qui naît de la centralisation à Paris des
déclarations des exposants, procédé contre lequel ne cessent de réclamer les inté-
ressés. Les demandes d'admission pour les différentes espèces d'animaux repro-
ducteurs sont en général assez difficiles à établir soit à cause des nombreux rensei-
gnements qu'il faut fournir, soit aussi parce que cette division du programme est
celle qui renferme le plus do catégories avec des conditions souvent très opposées
d'une section à l'autre; nous venons d'en voir un exemple important.
Si les déclarations étaient simplement adressées aux préfectures de l'Algérie,
elles y seraient examinées avec soin, dès leur envoi, par le chef de bureau qui
pourrait signaler les irrégularités assez à temps pour y porter remède. Tandis que
ces pièces sont envoyées de Paris à la Préfecture quelques jours avant l'ouverture
du concours pour l'impression du catalogue, et il n'est plus permis à ce moment
que d'éliminer toute déclaration qui n'est pas conforme au programme.
Plusieurs demandes d'admission sont ainsi rejetées alors qu'on aurait pu les
faire rectifier en temps opportun, et dans tous les cas cela produit un très mauvais
effet auprès de certaines personnes qui, au dernier moment, ne se rendant pas bien
compte du motif de leur exclusion, sont tentées du même coup de ne plus rien
présenter au concours. Nous avons eu de nombreux exemples de ce fait cette
année, et il nous a fallu user de toute notre influence pour éviter un décourage-
ment sérieux.
L'examen d'ensemble du concours régional d'animaux reproducteurs nous montre
encore qu'il y avait en présence trois grandes expositions dont nous dirons rruelques
mots avant d'aborder les détails qu'elles comportent : celles de M. Arles Dufour,
de la Compagnie Franco-Algérienne, et de divers éleveurs de l'arrondissement de
Bel-Abbès présentant des sujets dérivés en général de la race importée par
M. Poisson,
M, Arlès-Dufour jouit, comme éleveur et comme agronome, d'une réputation
algérienne des mieux justifiées et qui vient de s'affirmer de nouveau àana notre
ville où il a remporté, dans cette seule division, 5 premiers prix, 1 second prix et
1 mention honorable. On peut dire que cet exposant contribue pour une grande
part au succès de nos concours régionaux de l'Algérie, car nous le voyons luttant
à Oran contre MM. Galmels, Somier, Gayraud et Brunet, à Alger avec
MM. Sainte-Marie, Holden, de Bonand, à Gonstantine avec M^' Laredan,
MM. Samson, Rirnbert, à Bel-Abbès contre la Compagnie Franco-Algérienne et
MM, Poisson et Marty,
M, Arlès-Dufour a fait sur sa propriété, depuis l'année 1-868, de nombreux
essais appliqués successivement à l'améhoratiun des vacJies de Gruelma, à leur
croisement avec un taureau charolais, à l'introduction très coûteuse de l'espèce
Durham, essais qui ont été entrepris en cherchant à modifier autant que possible
les conditions de vie du nouveau milieu où se sont trouvés les animaux importés,
pour les identifier à celles de la région d'où ils ont été tirés, « C'est ce qu'a fait
M. Arlès-Dufour, nous dit M. Lecq, dans sa remarquable étude du domaine des
Sources, qui, par des constructions savamment aménagées, a pu dans une certaine
mesure soustraire ses animaux importés aux influences fâcheuses du climat, en
même temps que, par des ensilages de maïs, il pourvoyait à la disette des fourrages.
M. Lecq ajoute que ce système, c'est-à-dire l'exploitation des races étrangères
mieux douées au point de vue des aptiiudes, ne pourrait jamais donner des résul-
tats économiques satisfaisants qu'entre les mains d'agriculteurs éclairés pouvant
disposer de capitaux considérables et qui font marcher du même pas l'amélioration
de leur culture et celle de leur bétail; mais que pour la généralité des cultivateurs,
la méthode la plus sûre sera toujours l'exploitation des animaux indigèues amé-
liorés pour la sélection, car seuls ils peuvent supporter, sans lutte pour la vie,
les conditions du milieu où ils se trouvent, tandis qu'ils tireront le plus grand
profit des améliorations a[)portées dans la culture et des modifications favorables
introduites dans leur régime. »
CONCOURS REGIONAL DE SIDI-BEL-ABBES. 229
La Compagnie Franco-Algérienne venue en Algérie dans le but de tirer parti
de certains avantages faits par l'Etat en échange de grands travaux publics qui
lui étaient imposés, a successivement construit un grand barrage près de Perre-
gaux, un chemin de fer à voie étroite, d'abord d'Arzew à Saïda, puis à Mecheria,
et a organisé l'exploitation des alfas sur une vaste partie des Hauts Plateaux.
Notre rôle aujourd'hui, laissant de côté l'examen de ces diverses opérations,
consiste simplement à signaler qu'elle est entrée dans une nouvelle voie depuis
quelques années, en plantant, ?:ous l'habile direction de M. Dejean, plusieurs
centaines d'hectares de vignes, en abordant résolument l'élevage du cheval, du
bœuf et l'engraissement des animaux de boucherie.
Quant aux efforts produits dans l'an'ondissement de Bel-Abbès et que nous
;ivons inscrits à l'avoir de M. Poisson, ils remontent à plus de vingt-six ans, et
s'appliquent à l'introduction sur ce territoire des deux sous-variétés, la femeline
et la tourache, de la race comtoise, dont la première est de beaucoup la plus
estimée. Ces animaux se sont répandus dans toute la contrée où ils donnent de
très bons résultats, à la condition de rafraîchir le sang à certaines époijues. Cet
essai heureux a été récompensé d'une médaille spéciale décernée par les soins de
la délégation de la Société de-! agriculteurs de France.
L'ensemble du concours a d'ailleurs mis une fois de plus en lumière quelques
principes généraux que nous rappellerons une dernière fois dans l'examen que
nous allons faire des diverses sections.
fia première et la deuxième catégories, affectées aux races nord-africaines, avaient
quelques beaux spécimens, bien faits pour mettre en évidence les qualités de
notre race indigène qui s'assimile facilement touie nourriture pour la convertir
prompteraent en viande dans les parties préférées de l'animal, qui peut vivre sur
nos sols les plus arides ou proliter des plantes les plus grossières, dont l'aptitude
au travail est bien appréciée et qui résiste merveilleusement aux grandes intempé-
ries, à l'excès de chaleur ou d'humidité, précieux mérites qu'il est facile d'augmen-
ter encore avec quelques soins intelligents.
A côté de ces exemples on est frappé de voir le petit nombre de concurrents
indigènes et surtout leur insuccès, pas un seul d'entre eux n'ayant été distingué
par le jury. Cet état de choses ne laisse pas que de donner de vives inquiétudes,
sachant qu'il est provoqué par de nombreuses raisons que nous avons énumérées
trop souvent pour y levenir, mais qui montrent bien que l'élevage, qui est entre
les mains des indigènes, ne fait que péricliter chaque année davantage.
L'épuisement de nos terres par une culture peu raisonnée, en nous mettant dans
l'obligation de chercher les moyens propres à les améliorer par d'abondantes fu-
mures, et l'impossibilité oi!i l'on va se trouver désormais d'alimenter l'industrie
européenne qui consiste à engraisser le bétail tout à la fois aux champs et à
l'étable, font un impérieux devoir à tous nos colons d'aborder résolument cette
partie importante de l'économie rurale.
Les sujets, présentés sous la dénomination de race de Guelma, variété nord-
africaine des plaines, étaient généralement bons, plus forts de taille que ceux du
reste de la colonie, avec la tète fine, et les cornes petites; le premier prix, quoique
rie conformation médiocre et un peu sanglé, reproduisait d'une façon remarquable
le type que nous venons de décrire.
Les animaux nord-africains des variétés de montagne étaient tous plus petits,
courts, en général fauves, le cou peu développé, la tête forte, les yeux à fleur de
tète. A part quelques beaux spécimens, de bonne coniormatioa, bien entretenus
et ayant bien les caractères des bœufs de l'ouest de l'Algérie, cette collection était
gt^néralement médiocre; aussi n'a-t-il pas été permis de décerner le second prix des
mâles et le premier des femelles, bien que le nombre des animaux présentés fût
de 25.
Mais à côté des qualités que nous reconnaissons à notre race indigène, nous
ne saurions oublier qu'elle est petite de taille et mauvaise laitière, aussi n'est-il
pas surprenant que l'agriculture ait cherché de tout temps à obtenir plus vite la
viande et le lait nécessaires à la consommation par l'introduction de diverses races
exotiques et à l'aide de certains croisements.
Le mélange un peu incohérent de ces divers essais qu'il est possible d'examiner
dans nos concours de l'Algérie, n'est p;is encore propre à montrer la véritable voie
à suivre sous ce rapport.
La nature des cultures de la colonie, la grande suparficie des propriétés qui
réclament de la célérité dins les façons, l'étendue de plus en plus considérable
230 CONCOURS RÉGIONAL DE SIDI-BEL-ABBÉS.
der- plantations de vignes, ont fait abandonner depuis longtemps déjà le bœuf
comme élémentde travail en y substituant le cheval et le mulet au furet à mesure
de la suppression des prairies naturelles, déjà fort rares dès les débuts de la
conquête.
Dans ces conditions on s'est tout d'abord appliqué à produire de la viande,
aliment de première nécessité réclamé d'autant ])lus vivement que l'élément euro-
péen étendait davantage son action sur le pays. Chacun a demandé la solution du
problème à l'introduction des races qui lui étaient plus particuhèrement connues
ou qui lui paraissaient devoir donner une production économique, à peu de frais
et abondante. C'est ainsi que nous avons successivement assisté à l'importation
des races suisses de Fribourg, ou de Schwytz, du durham, du piémontais, de l'es-
pagnol et de nos diverses races françaises : le charolais, le breton, le comtois, etc.,
suivant les diverses situations topographiques ou les conditions agronomiques
imposées à chaque expérimentateur. Quels que soient les résultats obtenus de la
sorte, nous constatons en ce moment une tendance à faire de nouveaux essais
motivés par la nécessité de se porter du côté de la production du lait, sollicitée
par l'accroissement considérable de notre population, ce qui rendrait, par suite,
cette opération lucrative entre toutes. L'opinion à peu près générale cette fois,
étant qu'il faut tenter cette expérience avec la race tarentait^e, nous croyons utile
de reproduire l'appréciation suivante de M. Ad. Bénion, vétérinaire, membre cor-
respondant de la Société d'agriculture de France : <r La tarentaise est remarquable
de formes, sobre, rustique, grande marcheuse, forte, travailleuse, excellente pro-
ductrice de lait, douce et facile à conduire et à manier, réunissant à un kaut
point presque toutes les quabtés désirables dans les pays chauds, aecs et à agri-
culture peu développée. »
Les vaches de moyenne et de petite taille donnent, lorsqu'elles sont bien nourries,
de 15 à 18 Ktres de lait, souvent 12 ou Ik et jamais moins de y à 10. M. Graston
Bazille, qui depuis 1856 n'a pas manqué une occasion de la faire apprécier, a
toujours déclaré que cette race avait le plus grand avenir dans le Midi, et M. Barrai,
avec l'autorité qui s'attache à son nom, a rappelé combieu elle était appropriée aux
besoins de l'agriculture méditerranéenne. Voilà bien des raisons pour que chacun
de nous essaie ces animaux que les éleveurs tarentais ont perfectionnée par la con-
sanguinité et la sélection et dont les agriculteurs les plus distingués du centre-
Est, du Sud et du Sud-Est, ajoute M. Bénion, exaltent le mérite vraiment excep-
tionnel, reconnaissant la pureté et l'ancienneté de cette race, la rusticité native
accrue par le régime naturel et la vie au grand air, la'vigueur, la sobriété, l'apti-
tude au travail, l'excellence de la chair et les qualités laUières isurprenantes.
_ Les Durham-Gruelma de M. Arlès-Dufour ont été très remarqués ; leurs traits
distinctifs étaient une grande régularité, avec la ligne du dessus parfaitement sou-
tenue, les hanches larges, les cuisses bien descendues, la croupe forte, une excel-
lente conlormation, oiïrant bien le quadrilatère du bœuf de boucherie.
Les sujets de la Compagnie Franco-Algérienne étaient également satisfaisants ;
le n" 62, indigène-tarentais, qui doit être un des principaux reproducteurs de es
troupeau, se faisait remarquer par une ligne du dessus bien soutenue, des hanches
larges, les aplombs et les membres bien faits, une tête expressive et belle, les
oreilles petites, les cornes moyennes.
Parmi les bêtes du pays appartenant à la race comtoise, dont nous avons déjà
parlé, on ne saurait omettre de citer la génisse de M. Marty, très belle, pure, bien
réussie, très bien conformée et bien nourrie. Cet éleveur obtiendrait certainement
les meilleurs résultats, eu égard aux exigences du pays sous ie rapport du climat
et de la nourriture, en la livrant à un beau taureau arabe pur.
Quel([ues autres animaux, notamment le n" 81 bis^ ont paru médiocrement con-
formés, trop gros et trop forts; ils ne peuvent être utilisés que pour les vaches de
la même race, et ne pourraient servir au croisement de la petite espèce de cette
région.
L'espèce ovine était représentée par quelques beaux spécimens, mais l'ensemble
de cette catégorie ne répond pas, selon nous, à l'importance de la production indi-
gène qui est réelle, et aux résultats cfue l'on peut obtenir en élevant le mouton
pour la viande et sa laine.
Les mérinos présentés à nos expositions, quoique en très bon état, n'ont pas
encore donné des résultats tels que l'on puisse les otlrir en exemples. A Bel-Abbès
se sont particulièrement distingués, dans cette catégorie, MM. Antonin Cousin,
Pedro Fernandez, et le directeur de l'orphelinat agricole du Sig.
à
CONCOURS RÉGIONAL DE SIDI-BEL-ABBÈS. 231
Mais la race la plus importante est celle dite des Hauts-Plateaux et du Sud à
face brune et à face blanche, couleurs qui descendit jusque sous la gorge et les
membres ; son crâne est très court à diarfiètre transversal ; les cornes au nombre
de cinq sont droites, la queue très longue, la taille moyenne, la conformation très
belle.
Gomme le bœuf du pays, ce mouton est ru-<tique, supporte les privations, les
changements de climat, les longues courses, Son œil est vif; il est lui-même très
éveillé, tandis que la femelle très féconde produit abondamment agneaux et iait.
Sa laine est cependant très médiocre et peu estimée, le plus souvent droite, sèche,
dure et sans suint, ([uelquelbis au contraire plus courte mais roulée, soyeuse avec
assez de suint pour être travaillée.
Ces désavantages sont aggravés par la mauvaise coutume indigène qui consiste
à enlever la laine à l'a de d'une faucille, ce qui fait perdre une notable partie
de ce produit, abime la peau et tortui'e l'animal, victime de ce grossier procédé.
On sait, d'après les belles expériences publiées par M. Ghauveau, que le mouton
algéiica joint à ses qualités le mérite d'être rebelle aux inoculations du virus
charbonneux.
L'indigène abandonne presque complètement le mouton aux soins de la nature,
et ce n'est qu'entre les mains de l'européen qu'il est entretenu comme l'exige
1 industrie de l'engraissement à laquelle se livre plus particulièrement le colon
français.
Dans les races pures et croisements autres que ceux indiqués ci-dessus,
M. Arlès-Dufour seul a présenté les sujets qu'il obtient en croisant les brebis de
Tiarct avec un bélier de race anglaise à rendement en viande considérable, le
shropshire, et en soumettant les agneaux ainsi obtenus à un régime de stabulation
mixte, grâce auquel le poids net du mouton à onze mois est porté à 25 kilog,,
tandis que celui de l'agneau indigène n'est que de 15 kilog.
L'espèce porcine est exclusivement élevée par les Européens qui en détiennent
deux races bien distinctes; la première, à longues jamljes, corps assez étendu,
pelage noir et soies longues, est la plus répandue et s'accommode le mieux de nos
pâturages ordinaires; l'autre, plus ramassée, à jambes courtes, aux oreilles droites,
au pelage blanc, s'engraisse très rapidement, mais exige une alimentation spéciale
à la porcherie et des soins plus indispensables.
Ont été particulièrement remarqués, parmi les races étrangères, deux beaux
yorkshire à M d'Aurelle de Paladines, et, parmi les races françaises, deux magni-
fiques sujets de la Bresse appartenant à M. Poisson,
Les nombreux lots d'oiseaux de basse-cour étaient des plus variés, puisque l'on
y trouvait des poules de la Bresse, Brahma-Poutra, indigènes, espagnoles,
anglaises croisées, japonaises, italiennes, cochinchinoises, des dindes, oies, ca-
nards, pintades, des pigeons de diverses espèces, des paons et à côté d'eux quel-
ques couples de lapins ordinaires, d'angoras et de léporides. ,
Les récompenses accordées ont surtout mis en évidence le lot de poules Brahma-
Poutra, les poules indigènes très bonnes couveuses, et les poules espagnoles excel-
lentes sous tous les rapports.
Aucun animal n'a été présenté dans l'espèce camebne ni dans la section des
autruches, et l'on sait cependant les bons résultats obtenus par M. Gréput dans
l'établissement important qu'il a créé à Minerghin, près d'Oran, où l'élevage de
ces dernières, parfaitement entendu, lui procure de beaux bénétices annuels.
Nous attachons ici un intérêt tel aux concours d'animaux gras que le Gomice de
Bel-Abbès récompense cSaque année ceux qui se distinguent dans ce genre d'in-
dustrie d'une si grande importance pour l'alimentation publique.
Aussi applaudirons-nous vivement aux succès de la Gompagnie Franco-Algé-
rienne qui dans cette seule division a remporté 7 récompenses dont 3 premiers
prix, pour des sujets en très bon état, finement engraissés et offrant des points
de maniement bien accentués, résultats qui n'ont pu être obtenus seulement pour
les besoins du concours, mais qui dénotent des etforts soutenus et des soins
assidus.
Le lot n" 30 '4 à M. Gousin de Sidi-Daho, très bien réussi, a principalement
montré les aptitudes de la race indigène à prendre facilement la graisse.
Li'S premiers prix pour les moutons gras ont été décernés aux Tiaret-Sbrosphire
de M. Arlès-Dufour, et ceux des porcs à trois industriels de Bel-Abbès pour de
magnifiques sujets de races indigène et française,
L, Bastide,
Président du Comice de Sidi-Bel-.\bbès
232 PARTIE OFFICIELLE.
PARTIR QFFICIELLK
I. — Décret relatif aux bureaux de douane ouverts à rimportation et au transit
du bétail.
Le président de la République françuise,
Sur le rapport du ministre de Tagriculture, du ministre des finances et du
ministre du commerce;
Yu la loi du 21 juillet 1881, sur la police sanitaire des animaux;
Vu le décret du 22 juin 1882, portant règlement d'administration publique,
pour l'exécution de ladite loi ;
Vu l'article 4 de la loi du 5 juillet 1836 ;
Vu la loi de finances du 9 avril 1878;
Vu le décret du 2 août 1878 ;
Vu l'avis du comité consultatif des épizooties, Décrète :
Article premier. — L'importation et le transit des animaux des espèces cheva-
line, asine, boviue, ovine, caprine et porcine, admissibles en France, après véri-
fication de leur état sanitaire, ne pourront avoir lieu que par les bureaux de douane
ci-après dénommés :
Dunkerque,Gliyvelde (route et station), Hondschoote, Oost-Cappel, Stenwoorde,
Boëschêjie, Bailhul, Le Seau, Le Bizet, Pont-Rouge, Wervicq-sud, Halluin,
Kiscontout, Tourcoing, Wattrelos, Toulflers, Raisieux, Mouchin, Naulde, Her-
gnies, Le Coq, Blanc-Misseron, Bry, Malplaquet, Hestrud, Ohain, Jeumout,
Onor, Hirson.
Gué-d'Hossus, Givet, Hargnies, Gespunsart, La Chapelle, Mogues, Margny,
Ecouviez.
Longwy, Mont-Saint-Martin (route), Hussigny, Beuvillers, Audun-le-Roman,
Batilly, Pagny, Les Ménils, Létricourt, Moncel (station), Arracourt, Emberménil
(station), Igney, Blamont.
La Grande-Fosse, Provenchères, Vissembach, Plainfaing, Ventron.
Vauthiermont, la Ghapelle-sous-Rougemont, Petit-Croix, Délie, Courtelevant.
Abéville, Villars-lès-Blamont, Vautrey, Indevillers, B'essevillers, Damprichard,
Blancheroche, Le Villers, Mont-le-Bon, Les Gras, Pontarlier, Les Fourgs, Les
Verrières, Jougne, Mouthe, la Chaux-Neuve.
Bois-d'Amont, les Rousses.
Mijoux, Forens, Bellegarde.
Saint-Julien, Annemasse.
Séez et Petit-Saint-Bernard, Lans-le-Villard, Lans-le-Bourg, Modane.
Mont-Genèvre, Abriès, Larche.
Isola, Saint-Sauveur, Saint-Martin-de-Lantosque, Fontan, Vintimille, Nice.
Marseille, Cette.
Port-Vendres, Cerbère, LePerthus, Saint-Laureut-de-Cerdans, Prats-de-Mollo,
Estavar, Saillagouse, Osséja, Bourg-Madame, La Tour-de-Carol.
L'Hospitalet, Auzat, Conilans, Lascoux, Fos, Bagnères-de-Luchon, Saiut-Lary.
Gabas, Laruns, Urdos, Arnéguy, Saint-Jean-Pied-de-Port, Les Aldudes,
Baïgorry, Ainhoa, Sare, Olette, Béhobie, Hendaye, Saint-Jean-de-Luz, Bayonne.
Bordeaux, Nantes, Granville, Cherbourg, Le Havre, Dieppe, Boulogne, Gilais.
Ajaccio, Bastia, Bonifacio.
Art. 2. — Les jours et heures d'admission des animaux réglés par arrêtés pré-
fectoraux approuvés par le ministre de l'agriculture. •
Art, 3. — Lorsqu'un service d'inspection vétérinaire existera auprès des
bureaux de douane dénommés en l'article premier, les çlroits sanitaires suivants
seront payés par les importateurs, savoir :
Chevaux, ânes, mulets, taureaux, bsufs, vaches, génissses, taurillons et bou-
villons, par tête 0 fr. 30
Veaux, par tête 0 fr. 15
Moutons, agneaux et chèvrres, par tête 0 fr. 05
Porcs et cochons de lait, par tête 0 Ir. 10
Ces droits seront acquittés à la caisse du receveur des douanes.
Art. 4. — A défaut de service d'inspection vétérinaire local, il sera suppléé à la
visite par la production d'un certificat d'origine et de santé indiquant le nombre
et le signalement des animaux.
i
PARTIE OFFICIELLE. 233
Ce ceiiincat ('rnanera d'un vétérinaire, dont la sii^'-nature sera légalisée par
l'autorité du lieu d'où viennent les animaux, laquelle attestera que, dans la localité,
il n'existe et n'a existé, pendant les six semaines précédentes, aucune maladie
contagieuse sur les animaux de l'espèce ; ledit certificat ne sera valable que pour
trois jours et sera rerais entie les mains des agents des douanes.
Art. 5. — Les restrictions d'entrée et de transit résultant de l'article premier,
ne feront pas obstacle à la circulation des animaux de travail et de service dans
le rayon frontière, ni à la circulation des chevaux et autres bêtes de somme attelés
ou montés, servant aux voyageurs et voituriers.
Toutefois, les couducteurs d animaux afléctés à un service public devront tou-
jours être porteurs d'un certificat semblable à celui qui est indiqué à Tarticle
précédent, et n'ayant pas plus d'un mois de date. Nonobstant la possession de ce
certificat, les animaux pourront toujours être soumis à l'inspection des vétérinaires
préposés à la visite sanitaire.
Art. 6. — Les animaux venant au pâturage en France pourront entrer par tous
les bureaux de douane indistinctement, sous réserve de production du certificat
d'origine et de santé mentionné à l'article 4; mais, dans ce cas particulier, la
période de validité du certificat est portée à buit jours
Les animaux appartenant aux régnicoles, qui ont été pacager de l'autre côté de
la frontière, pourront rentrer en France, par le bureau de douane de sortie, sous
la même condition.
Art. 7. — Si le bureau de douane par lequel passent les animaux introduits en
vue du pacage ou ceux revenant du pacage à l'étranger, est l'un de ceux qui sont
mentionnés à l'article premier, et possède un service d'inspection vétérinaire, la
production du certificat ne sera pas exigée; les animaux seront soumis, sans frais,
à la vérificatioVî sanitaire.
Sont également exemptés des droits sanitaires déterminés par l'article 3 :
1" Les animaux des zones neutralisées du pays de Grex et de la Haute-Savoie;
2" Les animaux sortis temporairement, pour être conduits à des foires et marchés
en pays étranger.
Art. 8. — Il n'est en rien dérogé, par les dispositions du présent décret, aux
interdictions temporaires d'entrée et de transit, par certains des bureaux dédouane
ci-dessus désignés, qui n'ont pas été levées jusqu'à ce jour.
Art. 9. — Le décret du 2 aoiit 187i», ci-dessus visé, est et demeure rapporté.
Art. 10. — Le ministre de l'agriculture, le ministre des finances et le ministre
du commerce sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du pré-
sent décret.
Fait à Paris, le 6 avril 1883. Jules Grévy.
Par le président de la République : Le minîslre des travaux publics,
Le rninistre de l'agriculture, chargé de l'iittérim du ministère des finances^
J. Méline. Raynal.
Le ministre du commerce^ Hérisson.
II. — Décret relatif aux ports de mer ouverts à l'exportation du bétail.
Le président de la République française,
Sur le rapport du ministre de l'agriculture, du ministre dos finances et du
ministre du commerce ;
Vu la loi du 21 juillet 1881, sur la police sanitaire des animaux ;
Vu le décret du -z^juin 1882, portant règlement d'administration publique, pour
l'exécution de ladite loi;
Vu l'article 4 de la loi du 5 juillet 1836 ;
Vu l'avis du comité consultatif des épizooties, Décrète :
Article premier. — L'exportation par mer des animaux des espèces chevaline,
asine bovine, ovine, caprine et porcine, ne peut avoir lieu que par les ports de
Dunkerque, Calais, Rculogne, Dieppe, le Havre, Cherbourg, Cranville, Saint-
Malo, Saint-Servan, le Légué, Binic, Portrieux, Nantes, Bordeaux, Bayonne,
Port-Vendres, Cette, Marseille, Nice, Ajaccio, Bastia et Bonifacio.
Art. 2. — Le ministre de l'agriculture, le ministre des finances et le ministre
du commerce sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du pré-
sent décret.
Fait à Paris, le 6 avril 1883. Jules Grévy.
Par le président de la République : Le ministre des travaux publics,
Le m^inistre de l'agriculture, Raynal.
J. Méline. Le ministre du commerce, Hérisson.
234 SOCIÉTÉ NATIONALE DA'GRICULTURE DE FRANGE.
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE
Séance du 9 mai 1883. — Présidence de M. Dumas.
M. le ministre de l'agriculture transmet l'ampliation du décret
approuvant l'élection de M. Julius Robert comme membre étranger.
iM. d Esterno déclare qu'il retire la [)roposition qu'il avait faite à la
Société de renouveler son avis sur la question du cheptel.
J\I. Gaillard, professeur d'agriculture, envoie à laSociété des myria-
podes qui détruisent les haricots aux environs de Périgueux,
M. Chamberland envoie le volume qu'il vient de publier sur le
charbon et la vaccination charbonneuse, d'après les travaux de M. Pas-
teur; — M. H. Leplay, un volume sur les procédés d'analyse des
matières sucrées; — M. Lavalard, son rapport sur les opérations du
service de la cavalerie et des fourrages, en 1882, à la Compai.ïnie des
omnibus; — M. Angot, une Etude sur le climat de l'Algérie; —
M. Pionquet, une brochure sur des excursions horticoles dans la mon-
tagne de Keirns ; — M. Brame, des notes sur le pralinage des semences
par la potasse caustique et sur la litière-fumier.
La discussion s'engage sur les questions à proposer au ministre de
l'instrucLion publique pour le programme du congrès des Sociétés
savantes en 1884. Après des observations présentées par MM. Dumas,
Prillieux, Heuzé, Barrai, de Retz, Paul Mares, Bertin, GauJin, G. Ba-
zille, la Société adopte les questions suivantes :
Souffrances de l'industrie sérigène en France ; causes de ces souffrances.
De la nécessité et des moyens de reboiser l'Algérie, — Etudes des anciens
barrages et création de nouveaux.
Etudier l'organisation officielle de l'agriculture tant en France qu'à l'étranger,
et notamment aux Etats Unis, et indiquer les mesures à prendre pour 'assurer à
la première, de nos industries nationales une représentation élective de ses intérêts.
Déterminer l'action que la législation a pu exercer sur la situation actuelle de
l'agriculture irançaise.
Rechercher : 1" Quelle était au commencement du siècle, et quelle est aujour-
d'hui la division de la propriété rurale dans les diverses régions de la France'
2" quelle est la proportion actuelle entre la grande, la moyenne et la petite cul-
ture; :-i" et quelle influence ces modes d'exploitation ont exercé sur la production.
Maintien au programme de 188'4 de deux questions qui figurent déjà au pro-
gramme de 1883, et qui sont relatives, l'nne aux changements survenus depuis
1850 dans le taux des sa'aires agricoles et industriels, — l'autre aux variations
qu'ont subies depuis 1800, les prix de vente et de fermage des propriétés rurales.
De la question du livret pour les ouvriers agricoles.
De la péréquation de l'impôt foncier sur les propriétés non bâties.
M. Bouley présente de la part de M. Bi^ousse, un résumé des opé-
rations de vaccination charbonneuse faites dans la Lozère.
M. de Retz donne des détails sur les premières phases de la cam-
pagne séricicole dans les départements du Gard et de l'Ardèche. Le
développement lent de la feuille du mûrier inquiète les éducateurs qui
cherchent à retarder l'éclosion des vers; ce retard ne peut manquer
d'être préjudiciable à la production. Henry Sagnier.
REVUE COMMERCIiLE ET PRIX COURANT DES DENRÉES AGRICOLES
(12 MAI 1683).
I. — Les grains et les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par quintal métrique,
sur les principaux marchés de la France et de l'étranger :
REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT (12 MAI 1883).
l'° REGION. — NORD.
fr.
24.25
2'4.UO
23.50
23.25
24.25
23.50
24.25
24.50
25.50
24.75
25.20
25.00
25.20
26.00
24.50
25 00
26.00
25.75
Calvados. Condé
— Lisieux
Côt.-dii-Nord. Lunnion..
— Troguier.
Finistère. Morlaix
— Quiraper
tlle-el- Vilaine. Rennes.,
— Fougères...
Manches. Avranches...
— Pontorson.. . .
— Villedieu
Mayenne. Laval
— Mayenne
Morbihan. Hennebont..
Orne. Fiers
— Alençon
Sarthe. Le Mans
— Sabl(
Prix njoyens 24.
2" RÉGION. -
Aisne. Soissons 24.
— Saint-Quentin.,. 23.
— Chàteau-Th:erry . 23.
Eure. Neubourg 23.
— Pacy 23.
— Damville 24.
Eure-el-Loir. Chartres.. 24
— Auneau 24.
— Nogeat-le-Reirou. 24.
Hord. LiU» î6.
— rambrai 24.
— Valenciennes 24.
Oise. Beauvais 22.
— S«nlis 22.
— Noyon 23.
Pas-de-Calais. Arras. . . 24.
— Doullens 23.
Seine. Paris 25.
S.-et-Mar. Meaux 24 .
— Montereau 25.
— l'rovins 24.
S.-et-Oise. Angerville. . . 24.
— Pontoise 23.
— Versailles 23.
Seine-Inférieure. Rouen. 23 •
— Fecamp 23.
— Dieppe 24.
Somme. Amiens 22.
— Monldidier 22.
— Roye 22.
Prix moyens 23.
OITK
Seigle.
fr.
15.50
16.00
17.00
»
17.00
ST.
Orge.
fr.
19 00
20.50
17.25
16.50
18.00
17.75
15.80
»
21.00
20 . 50
20.25
17.00
18.25
Avoine.
fr.
22 . 00
22.50
18.50
13.25
16.50
16.50
17. OU
19.00
20.50
24.00
23.00
19.00
68 16.69 18.44 20.02
16.25
16.00
15.00
14.00
14.00
14.75
»
17.25
15.50
16.75
14.50
15.50
16.00
16.25
15.20
16.75
15.50
16.25
16.50
15.80
16.00
14.50
14.90
14.50
20.50
20.75
19.20
16.50
20.00
19.50
17.75
18.75
16.50
{«.50
18.75
ï)
19.00
16.50
18.50
19.00
19.95
18.50
15.25 18.00
15.00 17.00
15.46 18.82
17.75
17.00
17.75
20.25
17. ÎO
13.25
19.15
18.50
20.70
18.25
16.25
17.75
17.00
17.00
17.25
17.00
16.75
19.50
19.00
20.00
19.25
19.00
17.50
20.25
20.40
20.50
19.00
16.75
17.75
13.34
NORD-EST.
3' RÉGION. -
Ardennes. Charleville. .
— Sedan
Aube. Bar-sur-Aube . . ..
— Méry-sur-Seine .. .
— Troyes
Uet/rnc. Clialons
— Epernay
— Beims
Hle-Marne. St-Dizier...
Meurthe-et-Mos. Nancy.
— LunéviUe
— Toul ...
Meuse. Bar-le-Duc
— Verdun
Haute-Saône. Gray
Vosges. Neufchàteau
— Raon-1'Elape
— Mirecourt
Prix moyens 23.43 15.63 17.37 17.46
4' RÉGtON. — OUEST.
C/iaren/c. Angoulême... 25.20
— RufTec 25.00
C/iar.-/rt/ér. Marans. . . . 24.00
Deuas-Scurfs. Niort 24.50
Indre-el- Loire. Bléré 24 . 00
— Châleau-Henault . 24.25
iotre-M/". Nantes 24.50
M .-el-Loife . Sauiiiur 25-50
— Angers 24.50
Vendée . Luço n 24.00
— Fontenay-le-Comte 23.80
Vienne, l'oitièrs 24.75
— Châtellerault... , 24.00
Haute-Vienne. Liiroges.. 25.00
18.20
13.00
15.50
15.00
16.00
15.50
15.50
15.75
16.25
19.50
17.00
17.25
19.25
18.25
»
17.00
20.25
18.25
18.00
19.15
18.75
21.00
19.75
18.00
17.50
18.00
18.00
19.00
18.75
18.25
21.00
18. 7o
17.25
17.00
17.50
19.00
Prix moyens 24,50 16.19 18.04 18.41
CENTRE.
Cher
Allier. Moulins ,
— Monlluçon
Gannat
. Bourges
— Graçay
— Vierzon
Creuse. Aubusson
Indre. Chàteauroux . . .
■^ Issoudun
— Valençay
Loiret. Orléans
— Montargis
— Gien ,
L.-el-Cher. Blois ,
— Montoire
Nièvre. Nevers
— La Charité
Yonne. Brienon
— Saint-Florentin..
— Sens ,
Blé.
fr.
24.25
23 . 50
24.20
23.25
24 . 50
25 . 00
24.25
24.25
25.00
24.00
23.85
24 75
23.80
25.00
24 . 50
23.75
23.50
2 4.00
24.00
24.50
Seigle.
fr.
15.50
15.25
»
15.00
15.00
15.25
16.50
15.00
15.75
15.75
16.00
15.50
14.70
15.00
))
14.50
15.75
14.75
15.50
Orge.
fr.
18.50
19.00
18.00
10.75
18.50
19.50
20.75
19.00
19.50
17.00
17 50
19.00
20.75
20.00
»
17.00
16.50
16.50
17.75
Avoine.
fr.
18.75
18.85
19.00
18.75
16.75
18.50
18.00
18.50
18.25
17.25
19.50
18.75
17.50
20.70
20.50
16.50
18.00
20.00
18.50
19.00
15.33 13.59 18.57
Prix moyens 24.19
6° RÉGION. -— EST.
^tn. Bourg 25.50 » »
— Pont-de-Vaux.... 25.00 16.25 »
Cote-d'Or. Dijon 22.00 15.50 18.00
— Beaune 23.25 » »
Doubs. Besunçoa 23.15 » 19.00
/sère. Grenoble 2650 17 oo »
— Bourgoin 24.75 14.75 16.80
Jura: Dôle 22.00 16.00 17.25
Loire. Charlieu 23.50 15.25 m 50
P.-de-Z>ô»ie. Clermont.F. 25.50 I5.50 is.OO
Rhùae. Lyon 25.00 15.50 »
Saône-et-Loire. Autun.. 22.50 15.50 »
— Chalon 25.00 17.00 17.50
ioi'oie. Chambéry 25.75 18.25 20.50
nte-Savoie. Annecy 27.00 19.50 17.25
Prix moyens 24.43 16 33 18.20 18.49
7" RÉGION'. — srD-OUEST.
Ariège. Foix 25.20 18.25 »
— Pamiers 25 .'.0 16.00 »
Dorrfogue. Bergerac. .. . 25 00 18.50 18.75
//^e-Garo/mB. Toulouse. 24.50 18.50 18.50
— St-Gaudens 25.00 19.00 is.50
Gei's. Condom 25.80 » »
— Eauze 26.25 » »
— Mirande 25 50 » »
Giroîide. Bordeaux 26.00 18.50 is.50
— Bazas 25.90 18. '0 »
Lapides. Dax 28.00 20.00 »
Lot-et-Garonne. Agen... 25.85 19.00 »
— Nérac 26.50 » »
S. -Pi/re«pes. Bayonne.. 26 00 18.00 18.25
ntes-Pijrénées. Ttirhes.. 26.20 18.25 »
Prix moyens 25.81
8° RÉGION. — SUD
^urfe. Castelnaudary.. . 26 20 <
— Garcassonne 27.25 «
Aveyron. Rodez 24.00
Cantal. Ma.anàc 25.00
Correze. Luberzac 25.20
Hérault. Béziers 27.50
— Cette 27.25 »
Lot. Càhors 27.00 17.25
Lozi're. Mende 23.10 17.30
Pyrénées-Or.Perpignan. 27.75 25.00
ï'ai'rt. Lavaur 26.25 21.00
Tarn-elGar. M.onlz.M'oSin 25.20 18.50
— ■ Rloissac 25. 00 »
Prix moyens 25.90 19,84
9' RÉGION. — SUD-EST.
Basses-Alpes. Manosque 28.75
Ilautes-Alprs. Briançon. 27.00
At/jrs-Mariliines.Cunaes 26.50
Ardcchc. Privas 26.65
B.-du-lihône. Arles 27.50
Drôine. Montélimar . . . . 24.75
Gard. Alais 20.50
Haute-Loire. Brioudo... 25.00
Far. Draguignan 26.50
Fttuciuse. Carpentras.. . 27.00
Prix moyens
Moy. de toute la France
— de la semaine précéd.
Sur la scmaine|Hausse.
précédente. .(Baisse. .
19.25
20.00
17.75
17.50
16.40
19.50
18.75
14.59
18.25
19.25
»
16.50
18.75
19.59
19.00
20.50
19.25
20.50
20.75
22.25
20.25
21.00
22.00
18.75
21.00
20.25
20.50
18.50
18.50
18.39 18.50 20.28
18.60
21. S5
18.00
21.00
17.75
17.25
13.60
236 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COUHANT
Blé. Seigle. Orge. Avoine
fr. fr. fr. fr.
., . . ,, ( blé fendre... 26.50
Algérie. Alger ,,, , ^r nr ic o^ i' ^'
^ ° ( ble dur 2.5.25 » 16. 2o Io.T.t
Angleterre. Londres 2.5.35 » 19.25 20.15
Belgique. Anvers 24.50 17.75 17.50 16.25
— Bruxelles 25.50 18. 'i5 • 18. .50
— Lièf?e 24. 75 18.50 20.50 18. nO
— Namur 22.75 16.75 20.00 15. 7o
Pays-Bas. Amsierdam 24 . 00 17.10
Luxembourg. Luxembourg..'..... 24.25 19.00 21.50 18.25
Alsace-Lorraine Strasbourg 25.25 17 75 17.50 17.50
— Mulhou.se 23.25 17. .50 16. .50 17.50
— Colmar 24.00 18 Oi) 18 00 16.75
Allemagne. Berlin 24.10 18.50 » •>
— Cologne 2(i.25 18. .50
— Hambourg 24.(10 17.75
Suisse. Genève 27 00 » » 21. -25
Italie. Turin 25. .50 20.00 » 18.50
Espagne. ■ Vailadolid 24.75 » » »
Autriche. Vienne ... 20. .'^O 15.25 ie.50 13 85
Hongrie. Budapeslh 20.25 15.50 1G.15 14.00
Russie. Sainl-Fétersbourg. . 22.25 15.65 » 12.75
Etats-Unis. New-York 24.00
BUs. — Le temps humide règne dans la plus grande partie de la France ; ces
conditions météorologiques ne sont pas faites pour amener la disparition du retard
dans la végétation que l'on constate partout, mais elles n'ont pas lieu d'inquiéter
non plus outre mesure, à raison même du retard. Les cu'tivateurs sont dans
l'attente; rien ne peut faire prévoir encore que la prochaine récolte soit compro-
mise par les conditions actuelles. Quant aux marchés, ils présentent partout le
]»lus grand calme, comme le.s semaines précédentes; les offres de la culture sont
toujours très restreintes, et les prix se maintiennent sans grandes variations. —
A la halle de Paris, le mercredi 9 mai, il n'y a eu que des affaires peu impor-
tantes; les prix se sont soutenus pour toutes les sortes; on cotait de 24 fr. 50 à
26 fr, 50 par 100 kilog. suivant les qualités. Sur le marché des blés à livrer, on
paye : courant du mois, 26 à 26 fr. 25 ; 26 fr. 50 ; juillet et aoiit, 27 fr. à 27 fr. 25 ;
quatre derniers mois, 27 Ir. 50 à 27 fr. 75. -- KnUiwre, les prix des blés d'Amé-
rique sont soutenus avec beaucoup de fermeté ; on les cote de 2^ fr. 75 à 27 ir. 50
par 100 kilog. suivant les sortes. — A Marseille, on signale plus d'activité dans
les transactions. Les arrivages de le. semaine ont été faibles; ils ont été seule-
ment de 44,000 quintaux; le stock est actuellement de 148,300 quintaux dans les
docks. Les prix sont fermes. On paye par 100 kilog. : Red-winter. 28 à 28 fr. 25 ;
Berdianska, 27 fr. 50; Pologne, i:6 à 26 fr. 1 0 ; Bessarabie, 25 fr. 50 à 26 ir. ;
Irka Danube, 23 à 23 fr. 50. - A Londres, les arrivages de blés étrangers ont
été de 86,0u0 quintaux depuis huit jours; le marché accuse beaucoup de ler-
meté ; les prix sont sans changements, de 24 à 2o fr. 70 par 100 kilog. suivant les
(jualités et les provenances.
Farines. — Les affaires présentent toujours la même physionomie. Les ventes
sont restreintes aux besoins de la boulangerie. — Pour les farines de consom-
mation, on cote à Paris : marque de Corbeil, 60 fr. ; marques de choix, 60 à
62 fr. ; premières marques, 58 à 19 fr. ; bonnes marques, 57 à 58 Ir.; sortes
ordinaires, 54 à 56 fr. ; le tout par sac de 159 kilog. toile à rendre' ou 157 kilog.
net, ce qui correspond aux prix extrêmes de 34 fr, 40 à 39 fr. 50 par 100 kilog.,
ou en moyenne 36 fr. 95; avec une hausse de 65 centimes depuis huit jours. —
Quant aux farines de sf)éculation, on les cotait à Paris, le mercredi 9 mai au
soir: farines neuf -marques^ courant du mois, 57 fr. 25; juin, 5" fr. 75;
juillet et août, 58 fr. 75 à 59 fr. ; quatre derniers mois, 59 fr. 75 à 60 fr. ; le
tout par sac de 159 kilog., toile perdue ou 157 kilog. net. — Les prix des farines
deuxièmes restent fixés de 26 à 30 fr. par 100 kilog. ; ceux des gruaux de 46 à 57 fr.
Seigles. — Les prix accusent beaucoup de fermeté. O.i paye les seigles à la
halle de Paris, de 16 fr. 50 à 17 fr. par 100 kilog. Les farines de seigle valent de
2^ à 26 fr.
Orges — H y a beaucoup de fermeté dans les prix. On paye à la halle de Paris,
de 18 fr. 50 à 20 fr. 50 par 100 kilog. suivant les sortes. — Peu d'affaires sur
les escourgeons, aux prix de 18 à 18 fr. 50. — A Londres, les prix accusent
beaucoup de fermeté, de 18 à 20 fr. par quintal métrique.
]\]aU. — On paye les malts d'orge 25 à32fr. par 10 J kilog. ; ceux d'escourgeons,
de 27 à 30 fr.
DES DENRÉES AGRICOLES (12 MAI 1883). 237
Avoines. — Les demandes sont actives, et les prix sont fermes. — On cote ;i la
halle de Paris de 18 à 21 fr par 100 kilog. suivant poids, couleur et qualité. —
A Londres, il a été importé 39,000 (juintaux d'avoines depuis huit jouis; le
marché est actif; on cote de 18 fr. 50 à "-Zl fr. 85 par 100 kilog. suivant les
qualités.
:Sarrasi.n. — Peu d'alTaires. On cote à la halle de Paris, 16 fr. 50 à 17 fr. par
100 kilog.
3Iaïs. — Il y 'i toujours des offres actives. On vend de 16 fr. 50 à 17 fr. par
100 kdog. au Havre pour les maïs d'Amérique.
Issues. — Les prix varient peu. On paye par 100 kilog. à la halle de Paris :,
gros son seul, 15 fr. 75 à 16 fr.; son trois cases, 14 fr. 50 à 15 fr.; sons tins,
13fr. 50 à 14 ir. 25; recoupettes, 13 fr. 50 à 14 fr.; remoulages bis, 14 fr. à 14fr. 50;
reœoulages blancs, 15 à 16 fr.
II. — Fourrages, graines fourragères.
Fourrages. — Les prix sont tenus, principalement pour les belles qualités que
k consommation recherche. On paye par 1,UUU kilog, i'i Pans, : foin, 84 à 1U6 fr.;
luzerne, 80 à 102 fr.; paille de blé, k8 à 54 fr.; paille de se,igle,58 à 70 fr.; paille
d'avoine, 34 à 40 fr.
Graines /uwragètes. — Les ventes sont peu nombreuses, mais les prix accusent
beaucoup de fermeté. On cote à Paris par 100 kilog. : luzerne de Provence,
14 5 à 160 fr.; de Poitou, 120 à I30 fr.; d'Italie, 132 à 145 fr.; pois gris,
25 à 26 fr.; sainfoin à une coupe, 26 à 27 fr.; à deux coupes, 31 à 32 fr.; maïs
dent de cheval 21 à '2.2 fr.; maïs jaunes des Landes, 25 à 26 fr.
III. — Fruits et légumes
Amandes. — Dans le Languedoc, on les cote 110 fr. par 100 kilog.
FriiiLs. — On vend à la halle de Paris : fraises de châssis, le pot, 0 fr. 15 à
1 fr. 10; pommes, le cent, lOfr. à 150 fr.; raisins, chasselas de serres, le kilog.,
10 à 16fr.
Gros légumes. — Dernier cours de la halle : asperges aux petits pois, la botte,
î fr. à 2 Ir.; carottes nouvelles, les KO bottes, 75 à 125 fr.; carottes d'hiver,
l'hectolitre, 3 à* 5 fr. ; de chevaux, les 100 bottes, 14 à 20 fr.; choux nouveaux.,
le cent, 8 à 16 fr.; choux communs, le cent, 5 à 20 fr.; haricots verts, le kilog.,
2 à 4 fr.; navets nouveaux, les 100 bottes, 100 à 130 fr.; l'hectolitre, 4à5 fr.;
oignons nouveaux, les 100 bottes, 50 à 75 fr.; en grain, l'hectohtre, 8 à 14 fr.;,
panais communs, les 100 bottes, 10 à 18 fr.; poireaux communs, les 100 bottes,
20 à 55 fr.
Pommes de terre. — Nouvelles, le panier, 4 à 5 fr.; hollande communes,
l'hectolitre, 20 à 33 fr.; le quintal, 28 fr. 57 à 32 fr. 8^, jaunes communes,
l'hectolitre, 9 à 11 fr.. le quintal, 12 Ir. 85 à 15 fr. 7 1 .
IV. — Vins, spiritueux, vinaigres, cidres.
Vins. — Le temps qui règne actuellement n'est pas favorable à la végétation
de la vigne. La pluie est devenue persistante dans un grand nombre de départe-
ments ; il y a, de ee fait, un retard de plus en plus en plus sensible dans la végé-
tation. Mais, d'un autre côté, les dangers des gelées printanières paraissent s'écar-
ter de plus en plus ; les saints de glace vont passer sans laisser probablement de
trace. Les vigneions n'ont qu'à s'en louer, et ils n'y manqueront pas; rien encore
n^e compromet sérieusement les prochaines vendanges, et il est permis d'espérer
que nous sommes eulin sortis ue la période des mauvaises années. Les transac-
tions commerciales sont calmes pour le moment dans la plupart des centres.' —
A Paris-Bercy, on cote : Vins rouges : Basse-Bourgogne vieux, 175 à 200 fr. le muid ;
nouveau, llu à 300 fr.; Blois, vins noirs nouveaux, 110 à 140 fr.; Bordeaux, 150
à 200 fr.; Galiors nouveau, 140 à 150 fr.; Cher vieux, 155 à 190 tr.; nouveau,
140 fr.; Chinon vieux, 190 à 220 fr ; nouveau, 165 à 175 fr.; Graillac nouveau,
125 à 130 fr.; Maçonnais et. Beaujolais, 160 à 2c0 fr.; Montagne vieux, 40 à4H tr.
Thectolitre; nouveau, 40 à 40 fr.; Narbonne, 50 à tO Ir. h pièce; Orléans nou-
veau, 115 à 135 fr.; Roussillon vieux, CO à 75 fr. l'hectoUtre; nouveau, 55 à
65 fr.; Sancerre nouveau, 100 à 1)0 fr. la pièce; Touraine, 25 à 100 fr. — Vins
6toî?cs .• Anjou vieux, 140 à 170 fr. la pièce; Basse-Bourgogne vieux, 150 à 190 ir.
le muid; nouveau, 135 à 1185 fr.; Bergerac et Sainte-Foy vieux, 155 à 190 fr.;
nouveau, 160 à 195 fr.; Ghabhs vieux, 200 à 300 fr.; nouveau, 170 à 250 fr.;
Entre-deux-mers vieux, 124 à 130 fr.; nouveau, 115 à 125 fr. ; Pouilly vieux,
210 à 230 fr.i Piquepoul, 60 à 62 fr. l'hectolitre; Pouilly-Sancerre, 160 à 170 fr.
238 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT
la pièce; A'ouvray vieux, 160 à 225 fr. — Vins étrangers rouges : Espagne vieux,
40 à 56 fr. l'hectolitre ; nouveau, 40 à 55 fr.; Portugal nouveau, 48 à 55 fr.; Sicile,
45 à 55 fr.; Italie, 50 à 65 fr.; Dalmatie, nouveau 50 à 58 fr.; Turquie, nouveau,
50 à 56 ir. — Vins étrangers blancs : Espagne, 40 à 45 fr ; Hongrie, 40 à ^45 fr.
Spiritueux. — H y a plus d'activité dans les affaires sur les spiritueux, et sur
la plupart des marchés les cours accusent beaucoup de fermeté, principalement
dans le Nord. — Pour les 3/6 du Midi, on paye, à Cette : 3/6 bon goût, 105 à
110 fr.; marc, 100 fr.; — à Beziers, 3/6bongoùt, 103 fr.;marc, 95 fr.; à Pézenas,
3/6 bon goût, 102 fr. ; marc, 95 fr. — Dans les Gharentes, les affaires sont assez
calmes avec des prix soutenus pour toutes les catégories — Dans le Nord, les prix
des alcools de betteraves sont (ermes. On paye à Paris : 3/6 betteraves, 90 de-
grés, 1'" qualité, disponible, 49 fr. 50, juin, 49 fr. 75 à 50 fr. 25; juillet-août,
50 fr. 50 ; quatre derniers mois, 50 fr. 75 à 51 fr. Le stock est un peu plus faible,
de 20,975 pipes, contre 14,700 en 1882.
Vinaigres. — Les prix se soutiennent. On paye à Orléans, par hectolitre : vi-
naigre nouveau de vin vieux, 40 à 42 fr.; vinaigre vieux de vin, 50 à 60 fr.
Raisins secs. — Les affaires sont toujours actives sur les marchés du Midi. Les
bonnes qualités sont recherchées. Il y a, pour toutes les sortes, une grande fer-
BQeté dans les prix.
V. — Sucres. — Mêlasses, — Fécules. — Glucoses. — Amidons. — Houblons.
Sucres. — Les transactions continuent à ne présenter que peu d'importance ;
mais les prix se soutiennent pour toutes les catégories. On cote à Paris : sucres
bruts 88 degrés saccharimétriques, 53 fr. 50 par 100 kilog. ; les 99 degrés,
60 fr. 50; sucres blancs, n° 3, 60 fr. 50; sur les marchés des départements, —
à Valenciennes, sucres bruts, 52 fr. 50; — à Lille, 52 fr. 25 à 52 i'r. 50; sucres,
n" 3, 60 fr. ; — à Péronne, sucres roux. 52 fr. 75; sucres blancs, 59 fr. 75 à
60 fr. Le stock de l'entrepôt réel des sucres était, à Paris, le 9 mai, de 703,000
sacs, avec une diminution de 28,000 sacs depuis huit jours. — En ce qui con-
cerne les sucres raffinés, il y a maintien des cours ; on les paye de 105 à 106fr. 50
par 100 kilog. à la consommation, à Paris; pour l'exportation, on les cote de
64 à 67 fr. Dans les ports, les transactions sont toujours peu actives pour les
sucres coloniaux.
Mélasses. — Les prix sont toujours faibles. On paye à Paris, mélasses de fabrique,
10 fr. par 100 kilog.; de raffinerie, 12 fr.
Fccuhs. — Maintien des cours avec peu de ventes. On cote à Paris, fécules pre-
mières du rayon, 41 fr. ; à Gompiègne, fécules de l'Oise, 40 fr.; dans les Vosges,
41 à 42 fr.
Glucoses, Amidons. — Maintien des cours au mêmes taux que précédemment
pour les diverses sortes.
Houblons. — Les affaires sont presque nulles sur tous les marchés des centres
de production. Il serait difficile qu'il en liât autrement. L'intérêt se porte sur les
houblonnières, dont la végétation est généralement bonne, quoiqu'elle soit en
retard.
VI. — Huiles et graines oléagineuses, tourteaux, engrais.
Huiles. — G'est encore un mouvement de hausse que nous devons constater
sur les huiles de colza. On paye par 103 kilog., à Paris : huile de colza en tous
fiÀts, 99 fr. 25; en tonnes, 101 fr. 25; épurée en tonnes, 109 fr. 25; huile de lin
en tous fûts, 56 fr. ; en tonnes, 58 ir. Sur les marchés des départements, on. paye
les huiles de colza : Rouen, 98 fr. ; Gaen, 96 fr. ; Lille, 96 fr. 50 ; Arras, ^5fr.;
et pour les autres sortes, pavot, 80 fr. ; lin, 60 fr.; cameline, 80 fr. — A Mar-
seille, il y a toujours une grande fermeté dans les prix des huile d'olive; quant
aux huiles de graines, il y a une bonne tenue dans les cours; o paye les huiles
de sésame à fabrique, 105 à 108 fr. par quintal métrique.
Graines oléagineuses — H y a fermeté dans les prix. On paye à Arras par hec-
tolitre : graine d'œillette, 25 fr. 50 à 28 fr. 25; lin, 17 à 19 fr.; camehne; 16 à
18,fr.
Tourteaux. — Les prix sont toujours fermes. On paye dans le Nord, à Arras,
par 100 kilog. : tourteaux d'œillette, 16 fr. 50 ; de colza, 18 Ir. 50 ; dehn, 23 fr.;
de cameline, 18 fr. — A Marseille, les cours sont sans changements.
Engrais. — A Dunkerque, les nitrates de soude valent 30 fr. 50 par 100 kilog.
VII. — Matières résineuses, et tannantes.
MatVeres résineuses. — H y a baisse cette semaine. A Dax, on cote 72 fr. par
100 kilog. pour l'essence pure de térébenthine.
DES DENRÉES AGRICOLES (12 MAI 1883). 239
Gaudes. — Les cours sont fermes, dans le Languedoc, à 30 fr. par 100 kiloç,
VI II. — Textiles.
Chanvres. — Il y a toujours peu d'affaires dans l'Ouest. A Saumur, les chanvres
de pays valent de 70 à 80 fr. par quintal métrique.
Lins. — Les prix accusent beaucoup de fermeté. On cote, en hausse, dans le
Pas-d'-Calais, 65 à 95 fr. par 100 kilog. pour les lins de pays.
Laines, —r Le commerce commence à s'inquiéter des laines nouvelles!; les
approvisionnements de l'industrie sont partout très restreints, et il est probable
que les cours débuteront en hausse. Dans la Brie, on offre actuellement 2 fr. 10
à 2 ir. i5 par kilog. en suint pour les laines nouvelles.
IX. — Suifs et corps gras.
Siiifs. — Les cours se soutiennent. On paye à Paris, 110 fr. par 100 kilog.
pour les suils purs de l'abat de la boucherie; 82 fr. 50 pour les sui!s en
branches.
Saindoux. — Au Havre, on cote 142 à 143 fr. par 100 kilog. pour les saindoux
d'Amérique.
X. — Beurres. — Œufs. — Fromages.
Beurres. — On vend suivant les qualités à la halle de Paris, en derai-kilog.,
1 fr. 96 à 4 fr. 52; petits beurres, 1 fr. 92 à 2 fr. 26 ; Gournay, 2 fr. 20 à 4 fr. 54 ;
Isigny, -l fr. 30 à 7 fr. 50.
Œufs. — Il a été vendu pendant la semaine à la halle de Paris, 6,389,868 œufs.
Au dernit-r mar(;hé, on cotait par mille : choix, 83 à 95 fr.; ordinaires, 58 à
74 fr.; ])etits, 50 à 55 ir.
Fro'nages. — Derniers cours delà halle de Paris, par douzaine : Brie, 8 à 38 fr. ;
Montlbéry, 15 fr. ; — par cent, Livarot, 40 à 128 fr.; Mont-Dor, 29 à 37 IV., Neuf-
cbâtel, 7 fr. 50 à 28 fr. 50; divers, 15 à 79 fr. ; par 100 kilog.; Gruyère, 140
à 170 fr.
XI. — Chevaux, bétail, viande.
Chevaux. — Aux marchés des 2 et 5 mai, à Paris, on comptait 1,021 chevaux;
sur ce nombre, 362 ont été vendus comme il suit :
Amenés. Vendus. Prix extrêmes.
Clievaux de cabriolet 208 hl 200 à 1 ,070 fr.
— de trait 2fi2 74 300 à 1,250
— hors d'âge 436 116 2.Tàl,090
— à l'enclière 30 30 25 à 370
— de bouclicrie 85 85 20 à 110
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement officiel du marché aux bes-
tiaux de la Villette, du jeudi 3 au mardi 8 mai :
Poids Prix du kilog. de viande nette sur
Vendus moyen pied au marcliè du 7 mai.
Pour Pour En 4 quartiers, l" 2<= 3" Prix
Amenés. Paris, l'extérieur, totalité. kil. quai. quai. quai. moyen.
Bœufs 4,151 2,940 1,106 4,046 348 1.88 1.74 1.50 1.67
Vaches ... 1,520 897 576 1,473 232 1.74 1..52 1.38 1.55
Taureaux 310 266 39 305 377 1.60 1.48 1.40 1.51
Veaux 3,476 2,262 949 3,211 69 2 34 2.20 1.80 2.05
Moulons 38,s:!l 25,204 10,888 36,092 19 2.10 2.00 1.80 1.93
Porcs gras 6,816 2,820 3,996 6,816 84 1.42 1.36 1.30 1.35
— maigres. » » » » »»»» »
Le marché a été bien approvisionné, comme les semaines précédentes Les
ventes ont été faciles pour toutes les sortes d'animaux, à l'exception toutefois des
moutons sur les prix desquels nous devons constaté un peu de baisse. — Sur les
marchés des départements, on cote : — Rouen., bœufs, 1 fr. 65 à 2 fr. 05 par
kilog. de viande nette sur pied; vaches, 1 fr. 60 à 2 fr.; moutons, 1 fr. 90 à
2 fr. 30; — Bordeaux, bœuf, 0 fr. 76 à 0 Ir. 96 par kilog. brut; vaches, 0 fr. 65
à 0 fr. 85; veaux, 0 fr. 85 à 1 fr.05; moutons, 0 fr. 85 à 1 ir. 05; — Sedan, hœuï,
1 fr. 60 à 1 fr. 80; veau, 1 fr. 40 à 1 fr. 80; mouton, J fr. 20 à 2 fr. 30; pore,
1 fr. 50 à 1 Ir. 90; — Nancy, bœuf. 95 à 99 fr.; vaches, 70 à 95 fr.; veaux,
120 à 130 fr.; mouton, 110 à 125 fr.; porcs, 70 à 76 fr. ; — Lyon, bœuf,
85 à 92 fr. par 100 kilog. bruts; veaux, 112 à 126 fr. ; moutons, 90 à 105 fr.;
— Lourgoin, bœufs, 66 à 76 fr. ; vaches, 58 à 68 fr.; veau, 9û à 102 fr. ;
moutons, 90 à 98 ir.; porc, 86 à 90 fr. ; — Genève., bœuf, 1 fr. 50 à 1 fr. 70; veau
(sur pied), 0 fr. 90 à 1 fr. 10; mouton, 1 fr. 90 à 1 fr. 95; porc, 1 ir. 45 à
]lr. 50.
A Londres, les importations d'animaux étrangers durant la semaine dernière se
240
REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT (12 MAI 1883).
sont composées de 22,2 i8 lêtes, dont5 bœufs, 415 veaux, 21 moutons et 116 porcs
venant d'Amsterdam; 114 moutons d'Anvers ; 5,5^3 moutons de Brème ; 7,972 mou-
moutons et 317 porcs de Rotterdam; 51 bœufs de Vigo. Prix du kilog. Bœuf:
qualité inférieure, 1 fr. 40 à 1 fr. 58; 2% 1 !r. 58 à I fr. 75; 1" 1 fr. 93 à
2 fr. 10. — Veau : £*, 1 fr. 93 à 2 fr. 10 ; V% ■> fr. 10 à 2 fr. 2^. — Mouton :
qualité inférieure, 1 h. 75 à 1 fr. 93; 2% 1 fr. 93 à 2 fr. 10; i''", 2 fr. 16 à
2 fr. 28.
Viande à la criée. — Il a été vendu à la balle de Paris du :?.0 au 6 mai :
Prix du kilog. le 7 mai.
kilog. 1" quai. 2" quai. 3" quai. Choix. Basse Boucherie.
Bœuf on vache... 16i,931 1.6G à 2.08 1.44 à 1.64 1.04 à 1.42 l.iitj à .3.16 0.20 à 1.36
Veau 230, .597 1.88 2 32 1.66 1.86 1.16 1.64 1.56 2.68 »
Mouton . 89,991 1.58 1.98 1.36 1.56 0.94 1.34 1.76 2.60 »
Porc 60,Si)0 Tore frais 1.28 à 1.52; salé,
546,319 Soitparjour 78,045 kilog.
Les ventes ont été supérieures de 4,000 kilog. par jour à celles de la semaine
précédente. Les pri.x accusent beaucoup de fermeté.
XII. — Cours de la viande à l'abattoir de la Villelte du 10 mai {par bOkilng.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Villette par 50' kilog. : V quabté,
80 à 83 fr. ; 2% 75 à 80 fr. ; poids vifs, 51 à 56 fr.
Bœufs. Veaux. Moutons.
1" r 3° l- 2" 3' 1" 2* 3°
quai. quai. quai. qial. quai. quai. quai. quai. quai.
fr. ir. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr.
88 82 77 120 110 100 95 89 80
XIII. — Marché aux bestiaux de la Villette du jeudi 10 ï)ini 1883.
Cours des commissionnaires
Poids Cours officiels. en bestiaux.
Animaux général. 1" 2* 3* Prix V V 3° Prix
amenés. Invendus. kil. quai. quai. quai, extrêmes. quai. quai. quai. extrêmes.
Bœufs 2,035 40 360 1.86 t. 72 1.50 l.i'iàl.Di 1.8'4 i . 70 1.48 1.42àl.90
Vaches 603 1D 232 (.72 i . ÔO 1 38 1.30 1.78 1.70 1.47 1.3G 4.28 1.76
Taureaux... 153 » 385 ( 60 1.50 1.40 < . 3tj 1.68 ' 58 (.48 1.38 1.34 1 66
Veaux 1.409 96 80 2 30 2.20 1 84 1 . (»0 2.56 » » » »
Moutons 21.029 1.373 I9 2.10 1.98 1 80 1.60 2.14 » » » »
Porcs gras.. 4 144 » 83 l .52 1 46 1 .40 l .34 l .56 » » »
— maigres.. » » »»»»»»»»»»
Vente assez active sur toutes les espèces.
XIV. — Résumé.
Il y a eu, depuis huit jours, grande fermeté dans les cours de la plupart des
denrées; tel est le résumé de la semaine. A. Remy.
BULLETIN FINANCIER
La conversion se poursuit au milieu du plus grand calme. Mais peadan t cette
semaine les affaires ont présenté une réelle insignifi ince; il eiit été diflicile qu'il
en fût autrement. Il faut attendre pour se rendre compte des résultats définitifs
de l'opération. Les cours de toutes les valeurs se maintiennent avec fermeté;
c'est tout ce que l'on peut demander dans lapériode de transition de cette semaine.
Pour les fonds français, on cote : 3 pour 100, 79 fr. 80; — 3 pour 100 amor-
tissable, 81 fr. 30; — 4etdemipour 100, 110 fr.; — 5 pour 100, 109 fr. 20. C'est à
ce taux que va s'achever la conversion.
La Banque de France est cotée à 5,420 fr., en hausse depuis hu t jours. Le
Crédit foncier vaut 1,335 fr. sans changements. Il y a de la faiblesse sur le
Comptoir d'escompte, coté à 975 fr.
Les titres des chemins de fer sont un peu délaissés. On trouve que les conven-
tions entre l'Etat et les Compagnies se prolongent plus que l'on ne pensait, et
quoique l'on soit à peu près certain du résultat tinal, les baissiers ont le dessus.
On cote : le Nord à 1,93- fr.; Orléans, 1,255 fr.; le I^aris-Lyon-Méditerranée,
1,505 fr.; l'Est, 720 fr.; l'Ouest, 785 fr.; le Midi, 1,17.) fr.
Malgré ses difficultés avec la Ville de Paris, les actions de la Compagnie pari-
sienne du gaz sont bien tenues à 1,380 fr. E. Eéro.\.
Le gérant, A. Bouché.
. CHRONIQUE AGRICOLE (19 mai
1883).
Les premiers concours régionaux. — Organisation de ces solennités. — Les lauréats des prin-
cipales récompenses de culture dans les départements de la Somme, de l'Ain et de l'Ariège. —
Nécessité de faire revivre l'émulation chez les cultivateurs. — Heureuse influence du revirement
de la température. — Nomination de membres du Conseil supérieur de l'agriculture. — Le
service sanitaire du bétail. — Instructions relatives aux visites des animaux dans les ports
d'embarquement. — Projet de création d'un herd-book de la race bovine normande. — Nécro-
logie. — M. le comte d'Esterno. — Dixième liste de la souscription ouverte pour élever un
monument à Léonce de Lavergne. — Inauguration du monument de M. Dulertre h Grignon. —
Circulaire du ministre de la guerre relativement aux militaires mis à la disposition des culti-
vateurs. — Concours pour deux emplois de professeurs dans les écoles nationales d'agriculture.
— Concours en Sardaigne pour les machines propres à élever l'eau. — Concours ouvert par la
Société d'agriculture de Meaux pour la préparation et la conservation des fumiers. — Prochaine
exposition générale d'horticulture à Paris. — Organi.sation d'une exposition d'horticulture à
Nice. — Concours international de laiterie à Liège. — Le commerce des vins. — Lettre
adressée au Comice central agricole de la Loire-Inférieure sur les fabrications des vins. — La
question de l'analyse des vins falsifiés. — Opinion du Comité consultatif des arts et manufac-
tures. — Lettre de M. Beaume sur les résultats du concours spécial de pompes à vin au concours
agricole de Sidi-Bel-Abbès.
I. — Les solennités agricoles.
La période des concours régionaux est aujourd'hui ouverte. Trois
concours ont eu lieu la semaine dernière : à Amiens, à Bourg et à Foix.
Partout ces solennités ont été remarquables à la fois par la quantité
et la valeur des animaux et des produits qui y figuraient; c'est d'un
bon augure pour les autres concours qui vont désormais se succéder
sans interruption jusqu'à la lin du mois de juin; toutefois une partie
de l'éclat du concours d'Amiens a été grâtée par un temps affreux qui
a régné pendant la plus grande partie de la semaine. M. Méline, mi-
nistre de l'agriculture, accompagné de M. Tisserand, directeur de
l'agriculture, a visité cette solennité, et il a donné la preuve de son
vif désir d'arriver rapidement à la solution des graves problèmes qui
sont aujourd'hui en suspens pour assurer la marche du progrès agri-
cole. Les grandes récompenses agricoles, prix culturaux et prime
d'honneur, étaient offertes aux agriculteurs des départements de la
Somme, de l'Ain et de l'Ariège. Dans le département de la Somme, le
jury n'a décerné aucun prix cultural; nous ne pouvons que déplorer
ce résultat dans un département qui était considéré jusqu'ici comme
un de ceux oii l'agriculture est le mieux pratiquée. Dans le départe-
ment de l'Ain, la prime d'honneur a été remportée par M. Desvignes-
Bérard, propriétaire-agriculteur à Marlieux; un objet d'art de spécia-
lité a été attribué à M. de Monicault, à Versailleux, pour son ensilage
de maïs, la belle installation de sa laiterie et son élevage très remar-
quable de bétail. Dans le département de l'Ariège, M. Jean Estèbe,
cultivateur à Vernajoul (arrondissement de Foix), a été lauréat du prix
cultural des domaines au-dessous de 20 hectares ; un objet d'art de
spécialité a été décerné à M. Jaubert, directeur de la ferme-école de
Royat, pour la création d'un vignoble de 25 hectares et la bonne tenue
de l'ensemble de ses vignes. Dans le même département, des prix
pour les irrigations ont été attribués à M. Rigal, à Pamiers, et à
M. Sicre Tarride, à Mérens. Les récompenses ont été peu nombreuses;
ce n'est pas que les concurrents aient manqué, mais les commissions
se sont montrées sévères. Nous n'avons pas à les en blâmer, quoique
nous soyons de ceux qui estiment que la bienveillance] doit surtout
présider aux jugements. Une innovation importante est proposée,
comme nos lecteurs le savent, aux programmes des concours pour 1 884 ;
M. le ministre de l'agriculture a demandé qu'une somme de 50,000 fr.
fût mise à sa disposition pour la création de primes spéciales en
N« 736. — Tome II de 1883. — 19 Mai.
242 CHRONIQUE AGRICOLE (19 MAI 1883).
faveur de la petite culture. Nous espérons que cette mesure sera
adoptée, et qu'elle donnera un nouvel élan à une émulation un peu
fatiguée, mais à laquelle les agriculteurs ne doivent pas renoncer.
II, — Le retour du beau temps.
Depuis quelques jours, le temps chaud, impatiemment attendu par
les cultivateurs, règne dans toute la f'rance. Lépais rideau de nuages
qui obscurcissait le ciel s'est dissipé, et le so'eil brille avec éclat.
Toutes les plantes profilent de cet heureux revirement; les craintes
de gelées tardives s'évanouissent; le retard de la végétation sera bien-
tôt réparé. Le cultivateur peut espérer que de bonnes récolles le récom-
penseront de ses soins. Les magnaniers, que des froids prolongés
avaient inquiétés, comptent désormais sur un développement normal
de la feuille des mûriers et une marche régulière dans les éducations
des vers à soie.
III. — Conseil supérieur cle V agriculture.
Le Journal officiel annonce que, par décret en date du 8 mai, rendu
sur la proposition du ministre de l'agriculLure, ont été nommés
membres du Conseil supérieur de l'agriculture: IMM. Casimir-Périer,
député, ancien sous-secrétaire d'Etat au ministère de l'instruction
publique et des beaux-arts; Edmond Gaze, député, ancien sous-secré-
taire d'Etat au ministère de l'agriculture ; Lecouteux, professeur d'éco-
nomie rurale à l'Institut national agronomique. — En outre, par un
arrêté du ministre de l'agriculture, en date du 10 mai, M. Delestrac,
inspecteur général des ponts et chaussées en retraite, a été nommé
membre de la Commission permanente de l'hydraulique agricole, et
chargé des fonctions d'inspecteur général de l'hydraulique agricole,
près cette Commission.
IV. — Service sanitaire du bétail.
Dans notre dernier numéro, nous avons publié (page 232) deux dé-
crets relatifs, le premier aux bureaux de douane ouverts à l'importa-
tion et au transit du bétail, le second aux ports de mer ouverts à
l'exportation. Des vétérinaires sont commissionnés, dans les ports,
pour la visite des animaux destinés à l'exportation ; un arrêté de M. le
ministre de l'agriculture a décidé que leurs honoraires seraient fixés
de 30 à GO centimes par tête pour le gros bétail, et de 10 à 20 cen-
times pour les moutons, chèvres, porcs, suivant le nombre d'ani-
maux soumis à leur examen. Pour la méthode à suivre dans cette
visite sanitaire, les instructions suivantes devront être observées
ponctuellement :
Aux termes du décret du 22 juin 1 882, portant règlement d'administration publi-
que pour l'exécution de la loi du 21 juillet 1881, les animaux exportés par mer ne
peuvent être expédiés que par certains ports spécialement déterminés par décret
et sur la présentation d un ci-rificat de santé délivré par un vétérinaire.
Pour l'exécution de ces prescriptions, un décret du 6 avril dernier a dcsigné les
ports ouverts à la sortie des animaux.
Dans chacun d'eux le permis d'embarquement n'est délivré qu'après l'accomplis-
sement de mesures sanitaires ayant pour objet de sauvegarder les intérêts de
notre commerce, en prévenant l'envoi à l'étranger de tout animal atteint ou sus-
pect de maladie contagieuse.
Dans les ports où les circonstances permettent l'organisation d'un service sani-
taire, la visite des animaux destinés à l'exportation s'eliectuera sur le quai même
d'embarquement et seulement de jour.
CHRONIQUE AGRICOLE (19 MAI 1883). 243
Elle portera sur clinique animal individuellement, et le certificat de santé ne
pourra être délivré qu'après l'inspection de tous les animaux. présents sur le quai.
Le véléi inaire devra s'assurer 'le la salubrité du navire eraj)l»yé au transport et
constater le bon état de propreté des parties destinées à recevoir les animaux, des
pontons et passerelies, et en général de tous les objets servant à l'embarquement.
Si, pendant l'examen d'un troupeau, un cas de maladie contagieuse est constaté,
le certificat de santé sera rigoureusement refusé, non seulem-'nt pour l'animal
malade, mais pour tous les animaux susceptibles de contracter la mè(ne maladie
soit qu'ils fassent partie du même troupeau, soit qu'ils aient été trouvés en con-
tact avec les animaux atteints.
De plus, les uns et les autres seront immédiatement isolés, les malades sépa-
rés de ceux simplement suspects et les au'orités de police averties.
Enfin, les quais et les emplacements où les animaux auront stationné seront
désinlectés après chaque départ.
Par ces mesures, l'organisation du service sanitaire des animaux
est absolument complète en France, aussi complète que dans tout
autre pays. La suspicion, d'ailleurs peu légitime, que l'on entretient
avec complaisance dans quelques contrées, notamment en Angleterre,
contre notre commerce d'exportation du bétail, devra disparaître. Les
satisfactions les plus complètes sont données à toutes les exigences. Il
en est, d'ailleurs, de même à l'intérieur; le service sanitaire fonctionne
aujourd'hui avec régularité dans la plupart des départements, au grand
bénéiîce des agriculteurs et du commerce du bétail.
Y. — Herd-book de la race normande.
Depuis plusieurs années, on se préoccupe activemetit de la création
d'un herd-book spécial pour la race bovine normande. La réalisation
de ce progrès important paraît être sur le point d'aboutir. En effet,
une Commission spéciale a été récemment créée pour organiser un
livre généalogique de la race bovine normande dans les quatre dépar-
tements du Calvados, de l'Eure, de la Manche et de la Seine-Infé-
rieure. Sur ce herd-book seront inscrits les animaux reproducteurs de
race pure, qualifiés au point de vue des formes et des aptitudes, ainsi
que les animaux issus de père et de mère déjà inscrits. Les éleveurs
doivent envoyer les demandes d'inscription, à la préfecture du Cal-
vados : ces demandes sont reçues depuis le 1" mai jusqu'au 15 sep-
tembre 1b83 pour les animaux appartenant aux départements du Cal-
vados et de l'Eure, et jusqu'au 15 mars ISS't pour les animaux
des départements de la Manche et de la Seine-Inférieure.
VL — Nécrologie.
Nous avons le vif regret d'annoncer la mort de notre confrère de la
Société nationale d'agriculture, M. le com.te d'Esterno. Il était âgé de
soixante-dix-huit ans, et sa longue carrière a été tout entière vouée à
la défense des intérêts agricoles. Il fut, en 1844, un des membres les
plus actifs du Congrès central d'agriculture dont il a été secrétaire;
il fut aussi un des fondateurs de la Société d'économie p ilitique. On
lui doit plusieurs ouvrages importants, écrits avec verve et talent, sur
les privilèges dont souffre l'agriculture et sur le crédit agricole. Dans
ces dernières années, il s'était voué avec une ardeur vraiment juvénile
à la destruction des loups; nos lecteurs se souviennent certainement
des articles intéressants qu'il a publiés dans nos colonnes. Il possé-
dait à la Vesvre, près d'Autun (Saône-et- Loire), un grand domaine
sur lequel il avait exécuté d'importants travaux de reboisement et
d'irrigations.
20 00
2h 00
20 00
2 00
2 00
20 00
10 00
20 00
70 00
Î44 CHRONIQUE AGRICOLE (19 MAI 1883).
VII. — Souscription pour élever un monument à Léonce de Lavergne.
Voici la dixième liste de la souscription ouverte pour élever un
monument à Léonce de Laver£:ne :
Fr.
Report de la neuvième, liste: 9,183 50
Liste de V Ecole Mathieu de Dombasle, à Nancy.
MM. Thiry, directeur de l'Ecole 5 00 \
Berb'ain , directeur de l'abattoir de Nancy, professeur \
de zootechnie 5 00 1
Bichat, piofesseur de physique à la Faculté des
sciences de Nancy 5 00
Crépey, surveillant 2 00
Dapp, professeur d'allemand 5 00
Grandeau, doyen de la Faculté des sciences, profes-
seur de chimie agricole 5 00 \ 63 00
Guillaume, surveillant général 2 00 (
Henry, professeur d'horticulture et d'arboriculture. 2 00 l
Lapointe, ingénieur civil, professeur de génie rural. 5 00 \
Pargon, professeur départemental d'agriculture,
directeur des études ' 5 00
Puton, directeur de l'Ecole forestière de Nancy, pro-
fesseur à l'Ecole 5 00
Les élèves de l'Kcolc 17 00 /
Comice agricole de Samt-A\Qnan sur Iloé (Mayenne)
Sociéi é d'agriculture de Verdun (Meuse)
MM. Java!, ingénieur *
Lemoine (Victor)
Lemoine (Emile)
Meurinne, conseiller général de l'Oise
Naurois j de)
Comice agricole de Toul (Meurthe-et-Moselle)
Société d'agriculture de Compiègne (Oise) 25 00 )
Collecte faite parmi ses membres à la séance de mai. . . 45 00 \
Total de la neuvième liste 9,i3o 50^
Nous rappelons à nos lecteurs qu'ils peuvent envoyer leurs sous-
criptions à M. Henry Sagnier, secrétaire du Comité, aux bureaux du
Journal de t agriculture.
Vin. — Monument élevé à M. Dutertre.
Nos lecteurs savent qu'une souscription a été ouverte pour élever
un monument sur la tombe de M. Dutertre, ancien directeur de l'école
nationale de Grignon, dans le cimetière de Thiverval. L'inauguration
du monument aura lieu le jeudi 24 mai. Le Comité d'honneur qui
dirigera cette cérémonie a pour président d'honneur M. Dumas, pré-
sident de la Société nationale d'agriculture, et pour président M. Boi-
tel, inspecteur général de l'agriculture, président actuel de l'asso-
ciation amicale des anciens élèves deGrignon. Le départ de Paris aura
lieu le 24 mai, à midi et demi, par la gare Montparnasse.
IX. — Militaires mis à la disposition des cultivateurs.
M. le ministre de la guerre a adressé, à la date du 30 avril, la cir-
culaire suivante à tous les généraux commandant les corps d'armée :
« Mon cher général, j'ai décidé que des travailleurs militaires seront mis cette
année, comme les années précédentes, à la disposition des cultivateurs pour les
travaux des récoltes, en tenant compte des besoins des diverses contrées.
« A cet effet, des permissions de trente ou de vingt jours, suivant le cas, pour-
ront être accordées aux militaires qui en feront la demande, dans les conditions
déterminées par les circulaires ministérielles des 5 juillet 1877, 24 juin 1878,
12 août 1879, et les lettres collectives des 28 mai 1881 et 25 mars 18'<2.
« Je vous prie de donner les ordres et avis en conséquence, dans l'étendue de
votre commandement.
_ « MM. les ministres de l'intérieur et de l'agriculture sont informés de la déci-
sion dont il s'agit.
Le minisire de la guerre^ Thibaudin. »
Il est à souhaiter que tous les militaires qui seront mis à la dispo-
CHRONIQUE AGRICOLE (19 MAI 1883). 245
sition des cultivateurs pour les travaux des récolles, jouissent de congés
de trente jours, comme le fait espérer la circulaire que l'on vient de
lire. Ainsi se trouverait réalisé un des vœux que les agriculteurs ont
le plus souvent exprimé depuis quelques années.
X. — Concours pour des chaires dans les écoles d'agriculture.
Deux chaires sont vacantes actuellement dans les écoles nationales
d'agriculture, et des concours seront ouverts prochainement pour la
nomination des titulaires.
Un concours sera ouvert à Paris, le lundi 20 août 1883, pour la
nomination à un emploi de professeur de physique, chimie, minéra-
logie et géologie appliquées, dans les écoles nationales d'agriculture.
Un concours sera ouvert à Paris, à l'Institut national agronomique
(Conservatoire des arts et métiers), le lundi 6 aoijt 1883, pour la nomi-
nation d'un titulaire à la chaire de génie rural de l'école nationale
d'agriculture de Grignon (Seine-et-Oise) .
Le programme de ces concours est adressé aux personnes qui en font
la demande au ministre de l'agriculture.
XL — Machines propres aux irrigations.
Une exposition internationale de machines et appareils élévateurs
des eaux pour l'irrigation des terres et pour l'abreuvage des ani-
maux, sera ouvert à Gagliari (Sardaigne), à partir du l" juin 1883.
Les demandes d'admission seront reçues par le Comité directeur jus-
qu'au 15 mai prochain. On distribue le programme de cette exposi-
tion, au ministère de l'agriculture, bureau des encouragements, boule-
vard Saint-Germain, 244.
Xn. — Préparation des fumiers.
La Société d'agriculture de l'arrondissement de Meaux, présidée par
par M. Gatellier, ouvre un concours entre les cultivateurs du canton
de Grécy pour la fabrication, la conservation et l'emploi des fumiers de
ferme. La Société considère, à juste titre, que parmi les progrès à
réaliser dans l'intérêt de l'agriculture, figurent au premier rang ceux
relatifs à la bonne fabrication des fumiers de ferme, et à l'application
des procédés les meilleurs pour empêcher l'évaporation des principes
fertilisants qu'ils contiennent. Le jury aura à examiner les procédés
employés pour la bonne composition et la conservation des fumiers de
ferme, les mesures prises pour recueillir et utiliser les purins, déjections
humaines, déchets divers; le tassement soigné des fumiers; les abris,
procédés mécaniques ou chimiques pour arrêter l'évaporation des gaz
fertilisants ; les appareils pour le transport; les méthodes pour l'em-
ploi des fumiers dans les champs. Les concurrents devront s'inscrire
au secrétariat de la Société, à l'hôtel de ville de Meaux, avant le
1*"" juin 1883. Il pourra être attribué par le jury, pour la moyenne
et pour la petite culture, une médaille d'or, une médaille de vermeil
et une médaille d'argent. De plus, pour la petite culture, une somme
de 1 00 fr, est mise à la disposition du jury.
XIIL — Exposition d' horticulture à Paris.
La grande exposition annuelle de la Société nationale et centrale
d'horticulture de France s'ouvrira à Paris le mardi 22 mai, dans le
pavillon de la ville de Paris, derrière le palais de l'Industrie, aux
^Mt CHRONIQUE AGRICOLE (19 MAI 1883).
Champa-Élysées. On sait que cette exposition est <<énérale. Sous
l'habile direction de M. La\allée, président de la Société, et de ses
collaborateurs, elle a pris depuis quelques années une grande impor-
tance; elle peut rivaliser aujourd'hui avec les plus belles solennités
florales de la Belgique et de l'Angleterre,
XIV. — Exposition d'horticulture à Nice.
A l'occasion du concours régional agricole qui aura lieu à Nice du
17 au 25 novembre 1883, la Société centrale d'agricullure de Nice
donnera un concours floral les 19, 21 et 23 novembre. Toutes les
sociétés florales, horticoles^ industrielles, tous les horticulteurs, et
tous les amateurs des départements des Alpes-Maritimes, de l'Aude,,
des Bouches-du-Rhône, de la Corse, du Gard, de l'Hérault, des Pyré-
nées Orientales et du Var sont invités à prendre part à ce concours. Le
concours floral durera trois jours : le 19, pour les arbustes, plantes
fleuries et fleurs coupées ; le 21 pour les bouquets divers en fleurs
naturelles ; le 23 pour les corbeilles de table, jardinières, guirlandes,
couronnes, coitïures de bal, boutonnières, etc., en fleurs naturelles.
Les demandes devront être adressées au secrétariat de la Société,
avenue de la Gare, 32, avant le 5 octobre.
XV. — Concours agricoles en Belgique.
La Société royale agricolede l'est de la Belgique tiendra son concours
central, du 7 au 10 juillet, à Liège, sous la direction de M. Jules Ncef,
président de la Société. A celte solennité sera joint un concours inter-
national de laiterie ; des catégories spéciales sont ouvertes aux réfi-igé-
rants, aux machines servant à séparer la crème du lait, aux barattes,
aux presses à fromages, aux machines et appareils pour le transport
du lait, aux instruments scientifiques à l'usage des laiteries, aux
installations les plus complètes et les plus perfectionnées de laiterie et
de fromagerie, aux modèles, plans, figures et autres moyens d'instruc-
tion. Tous les appareils présentés à ce concours seront expérimentés.
XVI. — Le commerce des vins.
Ainsi que nos lecteurs l'ont vu par nos précédentes chroniques, la
question de l'alcoolisation à outrance des vins importés, et notamment
des vins espagnols, et celle de la circulation des piquettes alcoolisées,
préoccupent vivement les viticulteurs. Sur ces deux questions, voici
le texte d'une lettre qu'un grand nombre de producteurs du départe-
ment delà Loiro-In!érieure ont adressée récemment au (>omice agri-
cole central de ce département, et qui a été couverte de 3,400 signatures :
« Nantes, le 2S avril 1883:
« Les soussignés, propriétaires et cultivateurs de vigne, commissionnaires et
négociants faii-ant le coranaerce des vins de la Loire-lnlérieure, ont l'iionneur
d'appeler votre attention sur: la situation difficile où se trouve réduite la. viticul-
ture de notre département.
« Ce fâcheux état de choses provient, pour une grande partie, de causes natu-
relles trop cotmues jiour que nous ayons à les rappeler en détail. Gelées d'une
excessive rigutur, violents orages de grêle, absence de chaleur et jduies conti-
nuelles pendant les saiVons d'été, rien n'a manqué, depuis cinq ans, pour détruire:
et endommager g avement nos récoltes et faire succéder la gêue et l-i soulîiance à
la proi^périte qu'- la culture de la vigne avait napuère développée parmi nous.
« De plus, i<timulé par la rareté de nos produits et les besoins de la consom-
mation, te commeice- est venu, de tous les côtés, suppléer à la faiblesse des,
approvisi nnemeuts et peser aiiui constamment sur les prix qui auraient pu, dans'
uaeicertaineaaesure, atténuer pour nous l'insulfibance des récultes.
CHRONIQUE AGRICOLE (19 MAI 1883). 2*4 7
« Hâtons-nous de dire qu'en indiquant ces deux causes, l'une de force majeure,
l'autre résultant de l'intervention légitime et nécessaire du commerce, nous ne
songeons nullement à nous en plaindre. Mais nous avons du moins le droit d'exiger
qu'une situniion si pénible ne soit pas encore aggravée par les agis^ernents d'une
concurrence qui n'est ni loyale ni juste, parce qu'elle n'obtient la faveur du public
qu'en le trompant sui- la nature et la qualité réelle de la marchandise.
<c Sans doute, la fraude a toujours existé, et de tout temps une avidité sans
scrupule a exploité l'insouciance et l'ignorance du consommateur en altérant de
mille manières les objets de consommation. Mais, en ce qui concerne le vin, nous
ne croyons pas que jamais l'art des falsilications et des multiplications indéfinies
se soit exercé sur une aussi vaste échelle et à l'aide de moyens aussi variés.
« Pour ne citer que quelques-uns de ceux qui sont communément employés :
« Des vins chargés de couleur sont dédoublés avec de l'eau et renforcés ensuite
d'alcool si le degré reste trop faible;
« Ou fabrique des piquettes avec de l'eau sucrée qu'on met à fermenter sur les-
marcs de vendange;
« Ou bien les piquettes sont faites simplement avec de l'eau jetée sur le marc,
et ensuite fortement alcoolisées ;
« Des vins sont fabriqué-? avec des raisins secs, de l'eau et de l'alcool»
<v Puis, comme ces créations trahiraient trop aisément leur origine, on s'efforce
de masquer le tiavail opéré par l'emploi de diverses substances ayant pour but
d'imiter le mieux possible la couleur, le goiît et le bouquet du vin, et dont l'inno-
cuité est souvent très contestable.
« Quelquefois même il se fait, de toutes pièces, de soi-disant vins dans lesquels
le jus des cépages n'entre i)as ou n'entre que pour une part extrêmement faible.
« Est-il besoin d'ajouter que, surtout au détail, ces compositions se vendent
comme produits authentiques de la vigne, et que presque jamais l'acheteur
n'est rais à même d'apprécier le vrai motif du bon marché qui détermine ses-
préférences? j
« En rappelant que les vins artificiels cherchent leur débouché principal dans
la grande consommation des classes laborieuses, nous pourrions faire ressortir les
inconvénirnts et les dangers qui en résultent pour la santé publique ; mais malgré
la gravité de cette consid ration, nous nous bornons à l'indiquer brièvement, et
nous croyons qu'il nous appartient de fonder plus spécialement nos réclamations
sur le préjudice causé à une branche importante de la production, sur l'atteinte
direct-^ et injustifiable portée à nos intérêts les plus essent els.
« Puisque le Goraice agricole de la Loire-Inférieure a pour mission de soutenir
et de défendre l'agriculture d''partementale, nous venons, Messieurs, vous prier
respectueusement d'intervenir auprès de la justice et de l'administration, afin
qu'elles usent de^ moyens que la loi met à leur disposition j)Our nous protéger
efficacement contre la concurrence abusive que nous prenons la liberté de vous
signaler.
« Si parmi les procédés mentionnés plus haut, il s'en trouvait dont l'emploi
pariât pouvoir être toléré, nous demanderions du moins que le vendeur en gros
ou en détail fût rigoureuse nent tenu, sous les peines de droit, de vendre la mar-
chandise pour ce iiu'elle est, en indiquant exactement sa nature et sa composition,
et que )a désigr ation de vin sans é\ ithète fût exclusivement réservée aux produits
purs et naturels de la vigne. Ainsi l'aclieteur, convenablement renseigné, fixerait
son choix en peine connaissance de cause etn'aurùt à s'en prendre qu'à lui-même
des déc ptions aux juelles il se serait volontairement exposé.
« Nous pro'estons, en terminant, que nous sommes loin de vouloir donner à
nos récriminations un caractère injuste de généralité; et nous reconnaissons sans
peine qu'on citerait bien des négociants et des détnillants dont la probité com-
merciale pourrait défier tous les reprnclies et tous les soupçons, et qui tiennent
à honneur de ne servir à leur clientèle qu'une marchandise parfaitement loyale.
Nous sommes c invaincus qu'ils se joindront à nous pour demander la répression
d'un abus dont ils se trouvent eux-mêmes victimes. »
Dans la dernière réunion du Conseil supérieur de l'agriculture, sur
la proposition de M. Dumas, la question du vinage et de la fraude sur
les vins a été renvoyée à la Section de vilicultuie. M. Dumas a fait
observer que l'on peut reconnaître facilement un vin contenant natu-
rellement 10 pour 100 d'alcool et dont , on aurait élevé la teneur
248 CHRONIQL'E A'3RIC0LE (19 MAI 1883).
alcoolique à 15 pour 100; à plus forte raison, reconnaîtra-t-on de
simples boissons alcoolisées dans lesquelles il n'entre pas de jus de
raisin. — De son côté, le Comité consultatif des arts et manufactures
a exprimé l'avis que Talcool existant dans les vins de fabrication arti-
ficielle entrant en France, devrait être estimé et imposé au tarif de
l'alcool pour le droit de douane et pour le droit intérieur.
XVII. — Le concours de pompes de Sidi-bel-Abbès.
Dans notre numéro du 28 avril, nous avons publié la liste des
récompenses décernées au concours agricole de Sidi-bel-A^bbès (Al-
gérie). A cette occasion, nous recevons de M. Beaume, constructeur-
hydraulicien à Boulogne-sur-Seine, près Paris, la lettre suivante :
« Monsieur le directeur, en rentrant du concours de Bol-Abbès, je vois dans
votre Journal du 28 avril, la publication de la liste des récompenses décernées à
ce concours.
<c Je jpae permets de vous envoyer le tableau avec ch'ffres, des expériences faites
sur les pompes à vins par le jury des instruments d'intérieur; ces chiffres sont
ceux relevés par les personnes présentes aux essais et par votre serviteur; ils sont
du reste en rapport avec ceux des jurés.
u Je vous serais très reconnaissant de bien vouloir publier ce tableau dans
voire Journal très autorisé et très répandu, atin de renseigner vos nombreux lec-
teurs sur les résultats obtenus.
a Bien entendu, je m'abstiens de toute observation; laissant à votre sage appré-
ciation la différence notoire qui existe entre le classement imposé par les chiffres
et celui du jury, il vous sera facile de remarquer qu'il y a inversion complète dans
ces deux classements.
« Je ne vous étonnerai pas, en vous annonçant que la généralité des exposants et
du public connaisseur Bel-Abbèsien a été stupéfait à l'annonce de leur jugement.
« Toutes les branches d'industrie ont eu à enregistrer des faits semblables ;
pour vous citer un exemple,- sachez qu'un pressoir absolument brisé pendant les
expériences a pu obtenir un troisième prix, alors qu'un autre ayant tenu jusqu'à la
fin sans la moindre égratigaure n'a obtenu qu'un quatrième, ceci dit non pour
avantager l'un des deux appareils, mais pour la rareté du fait.
« Pour ce qui concerne les pompes, j'ajoute que malgré les sages conseils de
MM. les commissaires aucun diamètre ni course de piston n'a été relevé, le terme
de comparaison employé étant le temps.
« Espérant que dans l'intérêt général vous voudrez bien accéder à ma demande,
je vous prie d'agréer, etc. BeaUme, fils.
Ingénieur hydraulicien.
Voici le tableau dont M. Beaume nous demande l'insertion dans la
lettre qu'on vient de lire :
L'expérience consistait à faire élever par chaque pompe une quantité de liquide
égale, à une hauteur de 3'". 70. Le temps employé était pris comme terme de
comparaison.
Nom Prix Classement Classement
des de Force Temps d'après le temps du
exposants. vente. employée. employé. employé. jni'y-
[ 160 fr. 1 homme 4 min. 56 sec. V 2 3' prix
\ -22.1 — 3 — 08 — N» 3
Beaume 250 — 6 — 24 — . N° 7
I 205 — 7 — 30 — N° 8
( 365 — 4 _ 29 — NM
Noël 320 — 5 — 32 — N" 4 4« —
Plissonnier 240 — 5 — 58 — N" 5 2= —
Vigoureux 250 — 6 — 01 — M" 6 1" —
Nous ne pouvons ajouter qu'une seule observation, c'est qu'une
expérience consistant à faire élever par des pompes de calibre différent,
une certaine quantité d'eau, en ne tenant compte que du temps, est
absolument insuffisante pour se rendre compte de la valeur de ces
pompes. J.-A. B.^rral.
CAUSES DE LA DIMINUTION DE LA CULTURE DU LIN. 249
CAUSES DE LA DIMINUTION DE LA CULTURE DU LIN
DANS LE NORD
Pour établir la décroissance rapide que subit la culture du lin en
France, il suffit de jeter les yeux sur le tableau suivant qui résume
les principaux résultats des statistiques agricoles faites depuis plu-
sieurs années sur cette production, par les soins du gouvernement.
Voici ce tableau :
Nomlire Production Valeur totale
Années. d'hectares en renseignements fournis
ensemencés. filasse. par la Coni°" des valeurs.
kilog. francs
IS40 9K,241 80,820,401 57,507,216 •
1852 80,336 36,82=), 900 31,755,865
1862 105,455 52,311,040 65,690,799
1871 79,721 41 ,697, .500 .53,925,378
Depuis lors aucune statistique officielle n'a été faite ; mais d'après
les divers relevés effectués dans chaque département, par les soins
des commissions cantonales de statistique, des Sociétés d'agriculture
et Comices, il faut compter actuellement sur une surface cultivée en
lin de 60 à 65.000 hectares seulement.
Comme on le voit dans le tableau ci-dessus, c'est en l'année 1802
que la surface culturale est la plus étendue. Ce fait tient à une cause
spéciale : c'était en ce moment qu'avait lieu la guerre de sécession e^
Amérique: le coton subit une hausse de 300 à 400 pour cent ; on se
rejeta sur le lin qui se trouvait, par suite de cette circonstance, à bien
meilleur marché, et les cultivateurs firent des semis bien plus étendus
que d'habitude.
A quoi tient la diminution que nous constatons aujourd'hui ?
A plusieurs causes que nous allons examiner brièvement.
1" Tout d'abord, il faut faire entrer en ligne de compte la grande
consommation que l'on fait en France des tissus de coton qui sont en
règle générale à très bas prix. En présence de cette concurrence, le
lin tend de plus en plus à être regardé comme un article de luxe. On
en jugera facilement par l'examen du tableau suivant :
Dépense moyenne par individu en tissu de
Époques. Lin et chanvre. Coton. Laine. Soie. Totaur.
fr. fr. fr. fr. fr
1780 10 3 10 4 27
1812 10 3 10 3 28
1850 10 7 10 3 31
1880 10 10 20 10 50
Il résulte de ce tableau que la consommation du lin qui en 1780
était trois fois plus forte que celle du coton est devenue, après un
siècle, égale à celle de ce textile, c'est-à-dire qu'elle a perdu du terrain,
la consommation de tous les autres textiles ayant doublé. Il y a en
outre ici deux fibres, lin et chanvre, opposées à une seule : coton,
laine ou soie, ce qui augmente encore l'infériorité des premiers à
l'égard des seconds.
2° Les changements apportés dans l'industrie de la filature ont eu
aussi leur intluenco sensible sur la culture proprement dite. Les tarifs
de 1860 ont permis aux Anglais d'inonder la France de n" de fils de
lin fins : les filateurs français ont été obligés de se rejeter sur les gros
n"'. Ceux-ci sont alors devenus la base de la production française, et
S5,0 CAUSES DE LA DIMINUTION DE LA CULTURE DU LIN.
comme ils ne peuvent être fabriqués avec les bons lins du pays, trop
chers pour cette profJuclion, les tilateurs ont dû forcément faire. venir
de diverses provenances des quantités considérables de lin à bas prix,
au grand détriment de l'agriculiure nationale.
Les importations de lins étrangers sont donc devenues énormes et
ont jeté le trouble dans la pr^oduclion agricole. Voici quelles ont été les
importations annuelles de lin en France durant une période de deux
années, de 1876 à 1878 :
RusMe 35, A 15, 752 kilog.
An^'leterie 1,47-2,495 —
Bel^iique 18,r)S0,-?9O —
Allema!,'ne 1,301,664 —
Autres pays 1,084 792 —
Total 07,693,993 kilog. "
Il faut remarquer que ces chiffres ne représentent qu'une moyenne.
Pour la Prusse, par exemple, l'exportation de 1875 a été de
40,731,818 kilog., et celle de 1877 s'est élevée à 52,034/120 kilog.
En se plaçant au point de vue exclusivement agricole, la culture du
lin mérite-t-elle d'attirer l'attention?
On en acquerra le certitude par les chiffres suivants, qui montrent
que c'est une de celles qui sont le plus rémunératrices en cas de réussite
et qui nécessitentplus quetouteautre une circulation d'argent continue.
Les engrais valent en moyenne... 250 l'r. par heclare.
Les graines de Riga pour semence. 120 —
La m^iii-cJ'œuvre de culluie 240 — »
Le rouissage et le leiliage . 345 —
Total 1 ,220 fr.
Or le produit de la vente de la graine récoltée par hectare est de
200 francs environ, et la quantité moyenne de lin récollé sur un hec-
tare e:ït de 970 kilog. La dépense totale pour cultiver un hectare de
lin, déduction faite de la graine récoltée, est donc de 1 ,020 fr,, ce qui,
pour 970 kilog. à l'hectare, établit le prix de revient du lin à I fr. 50
le ki'.og. Or la base de venle des lins de Riga importés cette année en
France est de 0 fr. 70 le kilog.
On voit donc que le cultivateur ne peut retirer de bénéfice de sa cul-
ture que si toutes les circonstances ont, été favorables pour lui, s'il a
récollé du lin fin et s'il a pu faire bien rouir et teiller ses pailles.
Mais si la saison est mauvaise, si le lin m.inque, il perd une partie
de son capital. On pourrait remédier à la situation lâcheui-e que lui crée
la concurrence des lins russes en mettant sur ceux-ci, à leur entrée
en France, des droits suffisamment élevés pour compenser linégalité
des charges qui pèsent sur la [)roduction agricole indigène et étrangère.
Le teillage du lin est une indu^trie agricole qui occuj)e, pendant
1 hiver surtout, un grand nombre d'ouvriers des campagnes_, et qui, à
ce ti're, doit être également encouragée.
3" Une troisième cause de la diminution de la culture du lin en
France réside dans Faccroissement de la culture de la betterave depuis
1860 jusqu'en I870environ. Beaucoup de cultivateurs ont prélVré les
résultats à peu près constants et connus à l'avance de la production
betleravière aux chances si aléatoires de celle du lin.
Mais, il est de notre devoir de le faire remarquer, cette industrie
également souffre beaucoup en ce moment de la concurrence que lui
font les sucres belges, allemands ^ et autrichiens; les alcools s'en
ressentent également.
CAUSES DE LA DIMINUTION DE LA CULTURE DU LIN. 251
Un grand nombre de sucreries et de distilleries sont déjà tombées,
beaucoup d'autres sont sur le point de disparaître, et si l'on ne veut
pas accorder à cette industrie, qui est une des principales branches de
la vitalité de l'agriculture française, la protection qui lui est néces-
saire pour lutter contre les produits similaires de l'étranger, il faut
s'attendre à la voir prochainement sombrer complètement.
h° Les tarifs exagérés des chemins de fer appliqués aux proluils
français voyageant sur notre territoire, sont encore une des princi-
pales causes de dépérissement du lin et de sa production en France.
Les produits étrangers, au contraire, jouissent des tarifs les plus bas.
Le taux kilométrique qui leur est appliqué est parfois le tiers de celui
que l'on fait subir aux nôtres. Dounons-en quelques exemples :
Du mois de mai au mois de novembre, pendant la période de la
navigation libre, c'est-à-dire à l'époque où il arrive ie plus de lins de
la Russie, le transport de Riga à L'unkerque n'est que de 4 fr. 50 à 5 fr.
le quintal, tandis que pour faire venir des lins des Basses-Pyrénées à
Lille, par exemple, le coût du transport est en moyenne de 10 fr. De
Marseille, il coûte 12 fr. !
Par contre, lorsque l'on fait venir des lins de Russie par voie ferrée,
le transport coûte en moyenne de 12 à 15fr. le quintal, c'est-à-dire
sensiblement le même prix, pour une distance quadruple!
Tout ce que nous venons de dire s'applique au lin en filasse.
Une entente entre MM. les ministres de l'agriculture et des travaux
publics amènerait peut-être une modification à ce fâcheux état de choses
en contraignant les Compagnies de chemins de fer à abaisser leurs tarifs.
5° Nous proposerons le môme remède à la situation encore plus
funeste dans laquelle se trouvent les lins en pailles. En effet, il n'existe
pas de wagons spéciaux pour ces marchandises légères et encom-
brantes. Quel que soit le prix d'un chargement, la taxe est toujours
perçue pour 4,U00 kilog. par wagon sur la ligne du Nord, tandis que
le matériel mis à la disposition du cultivateur n'en peut contenir que
2,000 en* moyenne. Sur les autres lignes, la taxe est appliquée pour
5,000 kilog. par wagon complet. La Compagnie de Paris-Lyon-MédiLer-
ranée pourrait donner des wagons assez grands pour contenir effecti-
vement cette quantité, mais il faudrait une autorisation spéciale pour
faire transiter ces wagons sur la ligne du Nord.
Celle situation cause nécessairement à l'agriculture un préjudice
permanent, et on pourrait cependant le supprimer en exigeant des
Comp;ignies que la taxe ne fût appliquée que sur le poids réel des
chargements, ou bien qu'elles fournissent des wagons assez grands
pour contenir le poids sur lequel la taxe est ap^)liquée.
6° On doit, signaler aussi l'état de dépérissement dans lequel se
trouve actuellement l'industrie de la filature du lin, dont la vitalité
exerce une si grande influence sur la consommation de ce textile. Sans
examiner s'il est vrai, comme le disent généralement les hommes du
métier, que ce dépérissement est dû au régime commercial consacré
par les traités de 18G0, je crois néanmoins devoir attirer l'attention
sur la relation qui existe entre celte industrie et la culture proprement
dite. Peut être un acquiesce tuent sérieux aux réclamations de l'industrie
aurait-elle à ce point de vue une heureuse influence sur l'agriculture.
V La graine employée à l'ensemencement du lin exerce une in-
fluence considérable sur la réussite de cette culture.
252 CAUSES DE LA DIMINUTION DE LA CULTURE DU LIN.
Comme on est obligé d'employer dans ce but exclusivement les
graines de lin russe venant de Riga, ou celles qui proviennent de leur
première culture, les cultivateurs doivent s'adresser, pour se procurer
ces semences, à des revendeurs qui seuls peuvent les leur céder par
faibles quantités. Or, ils sont souvent trompés, soit parce que les
revendeurs achètent une graine falsifiée, soit parce qu'ils la falsifient
eux-mêmes, avec des graines de deuxième ou troisième année, qui
ne sont plus propres à la culture et ne servent qu'à la production de
l'huile.
Dans ce cas, les fermiers trompés abandonnent la culture du lin
qui ue leur donne pas de résultats rémunérateurs et s'imaginent que
leurs terres ne peuvent plus convenir à cette production.
Les graines russes sont renfermées dans des barils qui sont parfois
défoncés à Anvers ou ailleurs, et remplis avec de mauvaises graines
du pays, revendues comme graines d'origine russe. Ces faits révol-
tants n'ayant jamais lieu en France^ les cultivateurs éviteraient cette
chance d'insuccès en n'achetant que des graines de Riga importées di-
rectement dans les ports français.
Le gouvernement, de son côté, pourrait peut-être mettre un droit
sur les barils de graines en transit ou exiger des négociants des certifi-
cats d'origine collectifs, av3c des coupons correspondant à chaque baril.
En outre, Fauteur de cette note ayant reconnu par de très nom-
breuses analyses que les graines d'origine russe présentent une com-
position chimique très constante et toute différente de celle des autres
provenances impropres aux semailles, on pourrait engager les culti-
vateurs à envoyer les échantillons de leurs graines de semences à
l'analyse. Je m'offre à faire gratuitement ce travail pour tous les agri-
culteurs qui me le demanderont, moyennai.t une augmentation annuelle
de mille francs, de la subvention qui m'est accordée par le ministre de
l'aiîriculture.
Cette proposition mente d être sérieusement examinée et prise en
considération, l'importance du service ainsi rendu à la culture étant
hors de toute proportion avec la faible dépense qui en résulterait pour
le budget.
8° Le cultivateur ne pouvant, en général, rouir et teiîler lui-même
son lin, doit, pour en tirer parti, le vendre à un homme du métier;
beaucoup d'entre eux ont dû renoncer à cette culture, parce qu'ils ne
pouvaient trouver à vendre leurs produits à des rouisseurs et teilleurs
habitant des contrées que ceux ci ne fréquentaient pas.
Un comité linier, dit national, s'est formé à Paris, sous la présidence
de M. Féray, sénateur; ce comité a pour but principal de mettre en
rapport les producteurs de lin avec les acheteurs de ce textile, et de
faciliter ainsi aux cultivateurs la vente des lins en paille qu'ils ont
produits. Ce but est louable, il est utile au relèvement de la culture
linière et ce comité mérite des encouragements pécuniaires qui lui sont
nécessaires pour mener son œuvre à bien : j'appelle sur ce point la
bienveillante attention de M. le ministre.
9" Enfin depuis quelques années, les champs de lin ont été assez
souvent victimes d'une maladie bizarre désignée par la culture sous le
nom de brûlure ou froid-feu.
Cette maladie, qui s'attaque toujours à la plante aux débuts de sa
croissance, détruisait en quelques heures tout un champ.
CAUSES DE LA DIMINUTION DE LA CULTURE DU LIN. 253
Quand les cultivateurs l'avaient éprouvée à plusieurs reprises, ils
se décourageaient et renonçaient à celte production : c'est encore là une
des grandes, une des principales causes de la décroissanci3 de la cul-
ture du lin. Aujourd'hui, grâce aux travaux et aux études entrepris
sur cette intéressante question par l'auteur, on sait que cette terrible
maladie est due aux attaques d'un petit insecte, et on connaît les
moyens de la combattre efficacement.
Le mémoire que j^ai publié sur cette question a été récompensé par
une médaille d'or que m'a décernée la Société industrielle d'Amiens.
Voilà quels sont les résultats de l'enquête à laquelle je me suis livré
sur les causes de la décroissance de la culture du lin en France et sur
les moyens propres à y obvier. Si je ne les ai point toutes reconnues,
j'ai du moins la certitude d'avoir énuméré les principales et d'avoir
proposé les remèdes les plus sûrs et les plus iaciles à appliquer.
A. Ladi]iu::.\i,
directeur de la Station agronomique du Nord.
LES ARBRES GÉANTS DE LA CALIFORNIE
Depuis quelques années, tout ce qui touche aux Etats-Unis attire
vivement l'attention du public européen; on comprend enfin, chez nous
(on y a mis le temps), que la nature a comblé ce bienheureux pays de
tous ses dons : pas de voisins gênants, pas de question romaine, pas
de question d'Orient, l'uniformité de langue, de monnaies et d'usages
commerciaux, une incroyable variété de sols et de climats, des mines
d'or, d'argent, de cuivre, etc. de la plus grande richesse, des char-
bons de terre, de l'anthracite, du pétrole en quantités immenses, des
fleuves, des lacs et des ports merveilleux : au milieu de cela, une
race intelligente et laborieuse à laquelle viennent chaque année
s'ajouter environ cinq cent mille émigrants allant à la conquête du
« Great west », et n'étant pas comme certaine race Européenne,
occupée à tout démolir, depuis quatre vingt ans, sans mettre à la
place rien de durable; on compren Ira alors que toutes les nations
occidentales suivent, avec le plus vif intérêt, le problème social qui
se déroule de l'autre côlé de l'Atlantique.
La population augmente là, dans des proportions énormes : quand
j'abordai pour la première fois à Nev^^-York, il y a quelque cinquante
ans, il n'y avait pas 300,000 habitants : aujourd hui il y en a plus
de deux millions ; que sera-ce dans quelques siècles, lorsqu'on étudie
la disposition des lieux qui se prêtent bien mieux que Londres, Paris
ou Canton à une grande agglomération d'hommes? Pour résumer ma
pensée, je dirai que, en Europe, la table est mise pour quinze per-
sonnes et l'on est vingt pour s'y asseoir : cinq sont en révolte cons-
tante contre l'état social et, à tort ou à raison, visent à son renversement.
Aux Etats-Unis, on est vingt à table, mais il y a de quoi nourrir
vin2;t-cinq convives et ce sera longtemps encore ainsi.
De toutes les parties des Etats-Unis, la plus intéressante, la mieux
partagée par la nature, c'est encore la Californie, depuis le 32""'
jusqu'au Ai'"^ degré de latitude. Quand après avoir parcouru, dans
les fameux « Pullman Cars », les immenses plaines qui s'étendent
depuis Omaha jusqu'à la Sierra Nevada, sur une longueur de 1,800
milles, on arrive par le « Great Pacifie Rail-Road » jusqu'à Sommit,
qui est la station la plus élevée, on est à 7,000 pieds au-dessus du
254 • LES ARBRES GÉANTS DE LA CALIFORNIE.
niveau de la mer et, dans le très court trajet qui vous rapproche de
San Francisco, on jouit de vues délicieuses qui vous annoncent qu'on
entre dans un pays exceptionnel. Gela rappelle un peu l'émotion
qu'on éprouve quand on quitte les sommets neigeux des Alpes,
pour descendre vers les lacs enchanteurs du nord de l'Italie. En etîet,
la Sierra Nevada à l'est et le « Coast range » ou les montagnes qui
bordent le Pacific, donnent naissance à des cours d'eau infinis qui se
rejoignent, du nord au sud, dans la rivière Sacramento, et du sud au
nord, dans la rivière San Joachim, pour aller ensemble se jeter à la
mer par la baie de San Francisco et la fameuse « Golden Ga-te » ou
porte dorée.
11 y a là, en fait de lacs, de cours d'eau, de rochers pittoresques, de
sources deaux minérales et de curiosités naturelles, deux ou trois
Suisses tout entières. Je ne dois m'occuper ici que d'horticulture et
je me hâte de dire que les mines d'or et d'argent, qui, dès l'abord,
avaient attiré tant d'émigrants sont aujourd'hui sur le second plan.
L'agriculture, on le comprend, là bas comme ici, est la source de la
richesse vraie, durable et sans cesse renouvelée. Déjà on se préoccupe
ici, non pas seulement des récoltes du centre de l'Amérique, mais
aussi de celles des états du Pacifique qui, grâce aux perfectionnements
des voies maritimes, envoient en Europe une portion de leurs produits.
Dans quinze ou vingt ans, il en sera de môme pour leurs vins, qu'on
n'estime pas aujourd'hui, mais dont la production s'améliore et aug-
mente dans d'immenses proportions, parce que le sol et le climat
leur conviennent admirablement. J'ai donné précédemment quelques
notes sur la production fruitière qui prend un développement extra-
ordinaire; aujourd'hui, je me propose de visiter avec mes lecteurs,
l'une des plus grandes curiosités botaniques du monde : je veux
parler des Séquoia gigantea des districts de Calaveras et de Mari posa.
La carte ci-jointe (fig. 18) indique les routes qui y conduisent.
Jusqu'à présent, on compte huit groupes remarquables de Séquoia,
mais il y en a deu'x principaux qui attirent l'attention des touristes :
ce sont les seuls que nous décrirons ici.
Le premier et le plus anciennement découvert, celui qui est le plus
aisément accessible est le groupe de Calaveras situé à l'est de San
Francisco, près du Stanislaus River et non loin du « Silver mountain
Pass, » sur le versant occidental de la Sierra-Nevada. Pour le visiter,
on prend le chemin de fer jusqu'à Stockton et Milton; de là une dili-
gence vous conduit, par une bonne route de 45 milles, par Murphj's,
jusqu'à Calaveras. Le groupe des Séquoia occupe là une surface de
3,200 pieds sur une largeur de 700 pieds; il renferme une centaine
d'arbres principaux. L'un d'eux est dépouillé de son écorce jusqu'à
une hauteur de 116 pieds : on l'a montrée comme curiosité aux Etats-
Unis, et, finalement, on l'a installée sur une armature en fer, à l'expo-
sition de Londres, à Hyde-Park, en 1855; ce curieux spécimen,
replacé au palais de Sydenham, a été brûlé lors de l'incendie d'une des
ailes du palais. Actuellement, l'arbre le plus élevé à Calaveras est le
« Keystone state » qui a 325 pieds de haut et 45 pieds de diamètre. On
en compte 30 autres dont le diamètre varie de 27 à 52 pieds et la
hauteur de 230 à 320 pieds : leur âge est évalué diversement de
douze à quinze cents ans. Le « Father of the forest, » maintenant
abattu, mesurait 450 pieds de long et 120 pieds de tour. Tout ce
I.i:S ARBRES GÉANTS DE LA CALIFORNIE. 255
groupe se trouve à une altitude de 4,735 pieds au-dessus du Pacifique.
Une route passable communique maintenant de Calaveras à la fameuse
vallée de Yosemite, par « Big Oak Fiat. »
Disons maintenant quelques mots de cette merveille qui attire ajuste
titre tous les touristes de la Californie.
C'est en 1850 qu'elle fut découverte pour la première fois par une
compagnie de soldats, sous la conduite du capitaine Boling, chargé
de poursuivre les Indiens qui en avaient fait un refuge après leurs
déprédations. On lut alors très incrédule sur ces merveilles de la
nature, et ce ne fut guère qu'en 1855 que M. Hutching fit une explo-
256 LES ARBRES GÉANTS DE LA CALIFORNIE.
ration sérieuse au point de vue du touriste. On commença, dès ce
moment, à y bâtir des hôtels et, aujourd'hui, les voyageurs trouvent
là toutes les ressources nécessaires pour parcourir le pays avec confort
et sécurité.
Une mesure des plus sages fut prise par le Congrès des Etats-Unis
Fig. 19. — Vue du Gri::zly Giant, dans le Mariposa Grove, en Californie. ■
et par l'état de Californie dès 1864. Pour conserver à la science et à
l'admiration des voyageurs les merveilles végétales du pays, une loi,
en date du 30 juin, faisait abandon à l'Etat d'un lot de 15 milles de
long environ sur un mille de large à partir de la crête des montagnes,
à la condition que « cette portion du sol national serait réservée pour
l'usage et le plaisir du public et qu'elle serait inaliénable à perpétuité.
L'Etat pourrait autoriser la location de certaines portions du sol pen-
LES ARBRES GÉANTS DE LA CALIFORNIE. 257
dant dix ans au plus, à la condition que le prix de cette location serait
appliqué à la conservation et aux euibellissemenls des lieux, ainsi
qu'à la création et à l'entretien des routes qui y conduisent. »
Il y a, en ce moment, trois routes qui s'offrent au choix des tou-
ristes : On prend le « Central pacifie Uail Road » jusqu'à Merced,
151 milles, puis une diligence par Snelling et Coulterville.
La deuxième route de diligence part aussi de Merced et traverse Mari-
posa : elle a 95 milles de long.
Enfin, la troisième route, la plus suivie aujourd'hui, part de la station
de Madera, à I 85 milles de San Francisco, puis par une nouvelle route
Fig. 20. — Vue de la base du Grizzli) Gianl.
carrossable, en traversant Clark's point, on est à peu de distance ^^
groupe dit « Fresno grove » et du « Mariposa grove » avant d'arriver
à la vallée de Yosemite.
Cette vallée merveilleuse est située au sud-est de San Francisco, à
une distance de 155 milles en ligne directe. Elle est presque horizon-
tale sur une longueur de 6 milles et une largeur de 1/2 à 1 mille.
Le « Merced river », qui la traverse dans toute sa longueur, reçoit
plusieurs cours d'eau tombant des montagnes qui l'entourent. Ce qui
distingue surtout cette vallée des autres, c'est d'abord la hauteur des
rochers qui l'enserrent presque verticalement, à des hauteurs variant
de 3 à (5,(100 pieds, presque sans talus à' la base : en outre, elle offre
à l'admiration des voyageurs des chutes d'eau et des cascades excep-
tionnelles, parmi lesquelles la ])lus importante est celle du \osemite
qui s'élance d'une hauteur de 2,G00 pieds. La première chute verticale
a 1,500 pieds, puis l'eau s'écoule en cascade sur une hauteur de
626 pieds, pour retomber dans la vallée par une chute de 400 pieds.
258
LES ARBRES GÉANTS DE LA CALIFORNIE.
La largeur du cours d'eau, en été, est en moyenne de 20 pieds sur une
épaisseur de 2 pieds.
Une excellente description des Conifères qui couvrent les flancs de
la Sierra-Nevada a été publiée; je dois donc me borner ici aux Séquoia
gùiantea. C'est en 1853 que le London Allicnœum et le Gardeners Gliro-
nicle en ont parlé pour la première fois en Europe, sous le nom de
TFellingtonia giganlea. En 1854, M. Decaisne en présenta deux spé-
cimens à la Société botanique et rétablit leur nom de Séquoia. A partir
de cette époque, on fit des envois considérables de semences dans toute
l'Europe.
Après le groupe de Calaveras, le plus important est sans contredit
celui de Mariposa qui offre, en outre, l'attrait du voisinage de la vallée
Fig, 21. — Vue de la base du Dead Gian'.
du Yosemite, près de Clark's Rancb, à une altitude de 6,500 pieds. 11
se trouve dans une petite vallée où coule la rivière Merced : là, le Con-
grès des Etats-Unis a réservé un espace de deux milles carrés environ
qui renferment deux groupes distincts. On y voit 365 arbres dont les
dimensions et la position exacte ont été soigneusement étudiées, puis
marquées sur des plans officiels. Le feu y a fait déjà de grand s ravages,
mais il reste encore plus de 125 arbres de plus de 40 pieds de tour.
Dans le groupe du bas, se trouve le « Grizzly Giant » qui a 300 pieds
de haut, 90 pieds de circonférence à la base et 64 pieds, à 12 pieds du
sol. Quelques-unes de ses branches ont plus de 6 pieds de diamètre.
Des deux figures 19 et 20, la première représente l'arbre tout entier,
tel que le feu l'a laissé; la deuxième figure donne une excellente idée
de l'arbre, tel qu'il existe près du sol.
LES ARBRES GÉANTS DE LA CALIFORNIE. 259
Une troisième figure (fig. 21) représente le « Dead Giant » qui a
été. percé à la base, et dont l'étrange ouverture sert de passage à la
diligence.
Comme on le voit, l'arbre le plus large à la base, mais sans une
hauteur proportionnée, est le Baobab du Sénégal [Adamonia digilala L.) ;
l'arbre le plus élevé que l'on ait signalé est V Eucalyptus amygdalina
d'Australie^ si nous en croyons le baron Von Mueyer ; mais, comme
proportion et comme forme, le Séquoia gigantea de la Californie semble
être jusqu'à présent, dans le règne végétal, le roi de la création.
Ch. JOLY,
vice-président delà Société centrale d'horticulture de France.
LE BOUTURAGE EN FOSSÉS
Je suis bien en retard, cette année, pour la mise en terre de mes
boutures et je suppose que beaucoup de mes confrères en viticulture
ont été, comme moi, gênés et retardés par le mauvais temps. Je ne
m'en inquiète guère et leur conseille de faire comme moi, car les
derniers bouturages sont presque toujours les meilleurs. Quand la
chaleur atmosphérique a pénétré assez profondément dans le sol pour
imprégner une couche de 0".25 à 0™.30, c'est le moment le plus favo-
rable pour y placer les boutures. Dans ce milieu chaud et humide, la
sève se met rapidement en mouvement et se partage en deux courants ;
l'un qui s'élève vers l'atmosphère, sf Uicité par les rayons du soleil et
qui produit les premières feudles; l'autre, plus important et plus
difficile à obtenir, qui se dirige vers le sol pour donner naissance aux
racines. Ce dernier courant ne se prononce que s'il est sollicité par
une chaleur inférieure suffisante pour contrebalancer l'appel de sève
produit par la chaleur supérieure.
Il se produit, dans chaque bouture, une véritable lutte entre deux
tendances, l'une centripète, l'autre centrifuge. Si la première est assez
forte pour décider une portion de la sève à descendre et à se trans-
former en racines, le bouturage réussit; si la seconde agit seule, si
toute la sève monte pour ne produire que des feuilles et de petites
branches, la bouture ne tardera guère à avoir dépensé en pure perte
tout ce qu'elle contenait, et, comme elle n'aura point émis de racines
pour renouveler sa provision, elle finira par se dessécher, et le bou-
turage aura complètement manqué.
La force qui attire la sève en haut ou en bas, c'est la chaleur,
accompagnée ^d'une certaine quantité d'humidité, plus considérable
pour l'émission des racines que pour celle des feuilles et des branches.
La répartition de cette chaleur et de celte humidité constitue la science
du bouturage et tous les procédés qu'on a inventés ne poursuivent que
ce seul but.
Ce qui complique la question, c'est la prodigieuse différence oui
existe entre les diverses variétés de vignes au point de vue du boutu-
rage. Les unes reprennent comme du chiendent, c'est-à-dire qu'il leur
suffit d'un pende chaleur et d'humidité à leur partie inférieure pour
que la sève y descende et se transforme en racines ; telles sont les
vignes européennes, les Labrusca, les Riparia, les Rupestris, et leurs
innombrables hybrides.
D'autres sont un peu plus rebelles; il leur faut plus de chaleur
inférieure, pour décider leur sève à descendre, plus quelques grattages
260 LE BOUTURAGE EN FOSSÉS.
au talon, une courbure se rapprochant de la ligne horizontale et autres
petits moyens destinés à faciliter l'émission des racines. C'est dans
celte classe que se rangent la plupart des variétés les plus répandues
sous le nom d'jF.stivalis : Jack^ Ilerbfimoîit^ Black-July, Cunningham,
Louisiafia-Rulandc-r ^ Elsinburg, etc. Au bout de cette catégorie et for-
mant le passage avec la suivante, nous trouvons le Cynlhiana^ le
Norton s Virginia^ puis V ne7inann el le Ilarlioood, et enfin le /Veo.s/jo ou
Racine, qui ne sont point encore rétifs au bouturage, mais qui s'éche-
lonnent graduellement sur la voie de la rétivité. A côté de cette liste,
nous pouvons placer les Cinerea et les Candicam qui sont suffisam-
ment rebelles, et les Cordifolia qui sont presque rétifs.
Je dois dire, en passant, que les espèces et les variétés les plus
rebelles au bouturage reprennent de marcotte avec une merveilleuse
facilité.
La rétivité absolue au bouturage n'existe, je crois, que dans une
espèce, celle des Rolundifolia, qu'on a classée, je ne sais pourquoi,
parmi les vignes. Mais comme toutes les variétés qui la composent ne
sont bonnes à rien dans notre région, nous n'avons pas à nous en
inquiéter. Parmi les vignes que je possède, celle qui se rapproche le
plus de la rélivité absolue, c'est Y /Estivalis sauvage, que je crois être
le type de l'espèce des jEsHvalis. Sur celte rétivité du type et la faci-
lité relative de certaines variétés faisant partie des /Estivalis, on pour-
rait établir une échelle oii l'on verrait la rétivité diminuer d'une
variété à l'aulre à mesure qu'elle s'éloigne plus du type primitif par
suite d'hybridations accumulées ; nous obtiendrions ainsi une série
descendante et divergente commençant par le Neosho, \ Hermann, le
Norton s Virginia et finissant par le Cunningham, Y Herbemont et le
Jack ou Jaquet.
Il n'y a pas de rétivité qui puisse résister aux procédés perfectionnés
de bouturage qu'on applique dans les serres chaudes ou même sous
des bâches et des châssis. En chauffant la partie inférieure d'une bou-
ture autant et même plus que la partie supérieure, on arrive forcé-
ment à entraîner une partie de la sève du côté de l'émission des
racines. Même en pleine terre, et sur de certaines étendues, on peut
augmenter la chaleur intérieure du sol, en enterrant un lit de O^'.IO
à 0'°.20 de fumier d'écurie sous une couche de 0™.20 à 0'°.25 de ter-
reau dans laquelle on plante des boutures courtes qui s'enracinent
admirablement.
Mais, pour la grande culture, pour les grandes quantités et pour un
travail rapide, le système qui m'a donné les meilleurs résultats est la
plantation en petits fossés, que je vais expliquer de mon mieux.
Ouvrir des fossés parallèles d'une lochetée de large (0™.20 à 0"'.25)
sur 0'".25 à 0™.30 de profondeur. Il est bon de les creuser quelques
jours d'avance, pour permettre à la chaleur solaire de pénétrer et de
s'en^magasiner aussi profond que possible dans les couches inférieures
du sol. Ces fossés valent de 0 fr. 70 à 1 franc les 100 mètres, suivant
la nature du terrain, et un ouvrier peut en faire de 200 à 300 mètres
par jour et même plus.
Une fois le fossé creusé et le cordeau enlevé, on rabat les bords en
chanfrein, comme disent les menuisiers, en faisant courir le long de
ces bords, le côté tranchant de la bêche ou d'une pelle, de manière à
enlever une tranche triangulaire de 0'".05 à 0".07 d'épaisseur. La
LE BOUTURAGE EN FOSSÉS. 261
terre retombe au fond et diminue d'autant la profondeur du petit fossé
qui est à environ ()'",20, et le fossé prend une forme évasée qui se rap-
proche du demi-cercle et aune largeur de 0"'.30 à 0'".35.
Entre chaque fossé, on réserve une distance de 0"\50 à 0'".45 qui
facilite, d'abord, le placement delà terre, puis la plantation, puis les
façons intercalaires de sarclage et de piochage, et enfin l'arrachage
des racines.
Pour planter, on place un rang de boutures de chaque côté, en en
mettant une à- droite, l'autre à gauche, avec une distance entre cha-
cune de 0'".10 sur chaque bord où on laisse un œil au-dessus du sol,
et de 0'".05 au fond du fossé, où on les entre-croise en les maintenant
avec le pied, pendant qu'un autre ouvrier les recouvre de quelques
centimètres de terre friable que le planteur serre avec ses pieds pour
que son tassement maintienne les plants solides et bien à l'abri de tout
contact de l'air, dans leur partie inférieure.
Sur cette première couche de terre, on sème l'engrais chimique dont
on a pu déjà semer une minime portion avant de placer les boutures.
La quantité et le dosage de cet engrais varient suivant la richesse et la
composition du sol. 11 doit toujours contenir une bonne proportion
d'acide phosphorique, car je constate, chaque année de plus en plus,
l'influence spéciale des phosphates sur l'émission et le développement
du système radiculaire. L'azote et la potasse ne viennent qu'en seconde
et troisième lii^ne dans la question du bouturage, parce que l'un con-
tribue surtout au développement des branches qui sontdestinées àêtre
supprimées, et que l'autre a pour fonction principale la fructification
dont il ne peut être question pendant cette première année.
La dépense de cet qngrais ne s'écarte guère, pour les terrains riches
qui forment généralement les pépinières, d'une moyenne de 1 fr. 50 par
mille boutures. Le prix: des engrais chimiques varie de 15 à 30 fr. les
100 kiiog. La quantité à employer, qui est généralement en raison
inverse du prix, peut varier de 1 à 2 hectog. par mètre, soit de 5 à
10 kilog. pour les 50 mètres du fossé qui contiennent 1000 boutures.
Que vousen mettiez 5 kilog., de 30 fr. les 100 kilog, ou 6 kilog. de25fr.,
ou 7". 500 de 20 fr., ou 10 kilog. de 15 fr., vous êtes restés dans la
moyenne de 1 fr. 50 par millier de boutures, mais vous pouvez, sui-
vant la nature de votre sol, diminuer un peu ce prix, ou mieux encore,
l'augmenter dans une certaine proportion.
Après avoir semé cet engrais, que la première ondée ou la simple
absorption du sol humide feront bien vite arriver jusqu'aux boutures,
vous achevez de combler le fossé, en tassant fortement la terre avec
les pieds et en égalisant au besoin, dans les deux rangs de boutures
latérales, celles qui auraient été trop dérangées par ces diverses
opérations.
Si l'on a un canal d'arrosage, et c'est une condition bien désirable
et presque indispensable pour une pépinière de bouturage, il va sans
dire que tous les petits fossés doivent venir aboutir à ce canal, par des
parallèles s'éloignant ou se rapprochant de la perpendiculaire, suivant
que le terrain est plus ou moins incliné, de manière à obtenir une
pente très douce qui empêchera les ravinements quand on mettra un
petit filet d'eau, soit dans les fossés eux-mêmes, soit dans le large
espace laissé libre entre eux.
Cet espace libre, après avoir facilité tous les autres travaux, facili-
262 LE BOUTURAGE EN FOSSES.
tera l'arrachage. Il faut, pour que celui-ci soit bien et promptement
exécuté, que deux iiommes, un droitier et un gaucher', se placenta
gauche et à droite du fossé. Avec une bêche américaine, dont les dents
arrondies ne déchirent pas les racines, ils soulèvent en même temps
les deux rangs de plants qui sont enchevêtrés au fond du fossé. Quand
le sol est ébranlé et désagrégé à droite et h gauche assez profondé-
ment, les plants, saisis avec la main aussi bas que possible, viennent
assez facilement. S'il y a résistance, provenant de quelques racines
plus longues ou plus serrées par le sol, l'ouvrier qui tient le plant
indique à l'autre le côté d'oi^i vient la résistance et celui-ci ébranle et
soulève la terre de ce côté. On trouve dès la premièreannée des racines
américaines qui ont un mètre, deux mètres et même plus de longueur,
et qui sont aussi solides que les meilleures ficelles. Si, sans avoir
dégagé la racine, on tire 1^ plant avec trop de force, la racine ne se
cassera, ni à son milieu, ni même à son extrémité, mais c'est à son
point de départ qu'elle se séparera du plant, en laissant à celui-ci une
pluie et une ccorchure qui achèvent de le détériorer, outre la perte de
sa plus*belle racine. Il faut donc, quand une racine résiste, que
l'ouvrier la saisisse elle môme aussi loin que possible du plant et que
ce soit sur elle qu'il tire, soit pour l'arracher, soit pour la casser, s'il
ne préfère la couper quand il la tient à une longueur suffisante.
Je viens de mettre quelque peu la charrue avant les bœufs en parlant
d'arrachage avant d'avoir îini la plantation ; mais, comme on ne plante
les boutures que pour les arracher, on me pardonnera ces explications
anticipées qui m'entraînent tout naturellement à une autre question et
à une autre digression.
Vaut-il mieux élever les boutures en pépinière ou les planter à
demeure dans la place définitive qu'elles doivent garder? Le second
système a des partisans nombreux et, s'ils s'en trouvent bien, ils n'ont
qu'à s'y tenir. Quant à moi, influencé peut-être par la nature de mes
terrains qui sont généralement rebelles aux bouturages, je suis déplus
en plus partisan de l'élevage en pépinière et je ne mets en place que
des plants bien racines. Il y a avantage et bénéfice à planter en pépi-
nière parce que le nombre des reprises y est toujours beaucoup plus
élevé, parce que les soins à donner sont plus faciles et plus économiques,
et enfin, parce que, en ne mettant en place que des racines dont la
reprise est assurée, on ne s'expose point aux aléas qui menacent tou-
jours un bouturage sur une grande étendue et qui forcent parfois à
remplacer des manquants pendant deux ou trois ans de suite, sans
arriver jamais à égaliser complètement l'ensemble de la plan-
tation.
Supposons, par exemple, que je veuille planter 10 hectares à
5,000 souches par hectare. J'aurais à faire enraciner 50,000 boutures
éparpillées sur une superficie de 100,000 mèl»-es carrés. Il me faudra
piocher et sarcler trois ou quatre fois cette immense surface, car les
boutures ne craignent rien plus que les mauvaises herbes si ce n'est
la sécheresse. Et en cas de sécheresse tant soit peu exceptionnelle,
combien y a-t-il de vignes de 10 hectares qu'on puisse faire arroser
en été ?
1. On appelle droitier celui qui met son pied gauche sur la bêche, et gaucher celui qui y met
le pied droit; c'est probablement à cause de la main opposée qui tient la poignée et de la place
qu'occupe l'outil par rapport à celui qui le tient. Il y a, parmi les ouvriers, à peu près autant des
uns que des autres.
LE BOUTURAGE EN FOSSÉS. 203
En pépinière,, ces 50,000 boutures, à raison de 25 par mètre carré \
ne m'occuperont qu'une superficie de 2,000 mètres, cinquante fois
moins grande que la pleine terre. Jq, pourrai leur faire donner en
quelques heures, et chaque fois qu'elles en auront besoin, toutes les
façons qui demanderaient une semaine de travail. Par sage précaution
et pour parer à toutes les éventualités, je planterai quelques mil-
liers de boutures en sus, surtout pour les variétés dont la reprise est
moins facile, et il ne me faudra pour cela que quelques centaines
de mètres carrés en sus des 2,000, et sans grande augmentation
de frais.
Pour établir cette petite pépinière, je trouverai toujours, fut-ce même
chez un voisin, un petit coin de terrain propice et arrosable qui me
donnera des plants bien vigoureux et pourvus de belles racines.
Pendant ce temps-là je pourrai prendre sur mes 10 hectares une
récolte qui couvrira mes frais de pépinière et de transplantation. Autre
avantage : au lieu d'être obligé de mettre en place mes 50,000 bou-
tures pendant une période assez courte du prinlemps, je pourrai com-
mencer dès le milieu de l'automne ma plantation de racmé» et pro-
fiter de toutes les belles journées qui se présenteront depuis la fin
d'octobre jusqu'au commencement de mai.
Il me reste à finir par où j'aurais dû commencer : la conservation
des boutures. 11 faut, pour que cette conservation soit parfaite et indé-
finiment prolongée, mettre les boutures complètement à l'abri de l'air,
de la chaleur et surtout de l'humidité. L'air les dessèche, la chaleur
met leur sève en mouvement avant l'heure choisie par le boutureur;
l'humidité fait pourrir les bourgeons ou leur donne un développement
qui absorbe la sève en pure perte, et elle amène ou la pourriture ou
la dessiccation.
Placez, aussitôt après les avoir taillées, vos boutures dans un local
fermé, frais et aussi sec que possible; recouvrez-les d'un sable aussi
sec que possible, et, en outre, assez fin et assez coulant pour pénétrer
dans les moindres interstices des paquets. Dans ces conditions, vous
conserverez vos boutures et vos greffons, non seulement jusqu'à la fin
du printemps, mais au besoin jusqu'à l'année suivante, et vous les
trouverez toujours aussi frais et aussi tranquilles qu'ils l'étaient au
moment où vous les avez coupés.
Je pourrjis ajouter qu'en les sortant de cette stratification il n'y a
pas de danger qu'on puisse jamais trouver un phylloxéra sur ces bou-
tures ; mais je ne veux pas parler de choux à propos de raves et mê-
ler une question brûlante à la pacifique et agréable question du bou-
turage.
J'engage mes confrères à essayer mes petits fossés aux bords
desquels il n'y a jamais de culbute.
/■*. S. Je n'ai pas parlé des divers autres systèmes de bouturage : à
la fente d'une large bêche, au pal de fer, à la cheville, etc., parce
qu'ils ne m'ont jamais donné d'aussi bons résultats que les fossés. Je
continue toutefois à employer le bouturage à la cheville pour les
boutures très courtes qui ne peuvent guère se planter autrement.
Aimé Champin,
viticulteur.
1. Avec des fossés de 0™.30 de Inrge et un vide de O^.ÔO ou de 0"'.3.') avec 0"'.45 de vide, on a
sur 4 mètres de large, .'j fossés de 20 boutures par mètre ou 10 rangs de 10 boutures par mètre,
soit 100 boutures sur 4 mètres carnés =25 par mètre et 250,000 par hectare.
264 JURISPRUDENCE RURALE.
JURISPRUDENCE RURALE
On nous pose les questions suivantes :
Œ Un chemin rural, dit cul-de-sac, n'ayant pour but que le desservissement
des champs dune même propriété dans laquelle il est enclavé sur toute sa lon-
gueur, peut-il 'être considéré par le propriétaire comme lui appartenant, quels
que puissent avoir été ses aboutissants et services antérieurs? Ou, au contraire, ce
chemin peut-il être revendiqué par la commune?
« La jouissance des fruits, ou l'écornage des arbres plantés sur une propriété
communale , peuvent-ils être des titres sulfisants à la possession des arbres eux-
mêmes par ceux qui ont joui de ces avantages depuis longues années par tolé-
rance ou incurie? »
Voici notre réponse :
I. — Un chemin qui n'a d'autre but que de desservir les champs
d'une ou plusieurs propriétés particulières, est, en l'absence de titre
présumé, censé faire partie de cette propriété; mais ce n'est qu'une
présomption pouvant être combattue par la preuve contraire, et le che-
min^ possédant la qualité de chemin rural, qui vient à être enclavé
entre une ou plusieurs propriétés particulières, et qui cesse ainsi
d'être utile à tous, ne devient pa&, par ce fait, la propriété des rive-
rains (voir la loi du 20 août 1881 , art. 33 et 17). Ces derniers, toute-
fois, ont pu l'acquérir, notamment par prescription. A la différence
des chemins vicinaux, en effet, les chemins ruraux, jusqu'à la loi du
20 août 1881, étaient déclarés prescriptibles par la jurisprudence
(Cass., 3 juillet 1850, D. 1850, I, 178), et encore l'imjDrescriptibilité
ne porte-t-elle aujourd'hui que sur ceux-là qui ont été l'objet d'un
arrêté de reconnaissance pris par la Commission départementale (loi
du 20 août 1881, art. 6). Si donc les propriétaires riverains ont traité ce
chemin comme leur bien personnel, l'entretenant à leurs frais et en
disposant à leur gré pendant trente années, sans contrôle ni réclama-
mations de la commune, celle-ci n'a plus aucune prétention à élever
sur sa propriété.
IL — La possession des arbres plantés sur une propriété communale,
et caractérisée par leur écornage et la jouissance des fruits, peut égale-
ment conduire à la prescription; la jurisprudence s'est prononcée en
ce sens à maintes reprises, et elle accorde couramment aux posses-
seurs Ips actions possessoires ; peu importerait même que le sol sur
lesquels les arbres sont plantés tût imprescriptible (Cass., 23déc. 1861.
Dalîoz, 18G2, I, 129 et les renvois). 11 y a plus : pour les arbres plantés
sur les chemins vicinaux, biens communaux imprescriptibles, la pré-
somption de propriété est en faveur des riverains, et, en cas de contes-
tation, ce serait à la commune à justifier qu'elle en a acquis la pro-
priété par titre ou possession (voir décret du 9 nivôse an XUJ, art. 3).
Eug. POUILLET,
avocat à la Cour de Paris.
CONCOURS REGIONAL DE SIDI-BEL-ABBÈS EN 1883. — III
IV. Prime d'honneur. — L'arrêté ministériel du l^» septembre 1882 portait, à
l'article 2, que des prix et une prime d'honneur seraient décernés aux agriculteurs
de la circonscription otientale d« la province dOran, dont les exploitations en
seraient jugéc'^ dignes après la visite d'une Commission spéciale.
Cette circonscription comprend les communes de plein exercice d'AïQ-Boudinar,
Aïn-Nouissy, Aïn-Tedelès, Blad Taouria, Bouguirat, la Stidia, Mazagran, Mos-
CONCOURS RÉGIONAL DE SIDI-BEL-ABBÈS. 265
taganem, Pelissier, Pont-du-Glieliff, Relizane, Rivoli, Sourk-el-Mitou, Tounin,
Tiaret, Mascara, Suïola, Palik^iq, et les comiaunes mixtes de Mascara, Gassaigne,
Saïda, Inkennann, Relizane, Zeramorah.
On ne saurait croire comme les petites causes peuvent avoir de grands effets,
vérité dont, nous trouvons une nouvelle preuve dans ce fait que la détermination
de la circonscription que nous venons de décrire, a failli avoir des conséquences
malheureuses pour l'issue du concours qui vient de prendre fin.
Depuis longtemps déjà les agriculteurs de notre arrondissement et de l'ouest
du département d'Oran, sentant que Rel-Abbès renfermait le mieux toutes les
conditions nécessaires au succès d'un concours régional : centre agricole des plus
importants, forte population européenne, culture très développée, et surtout voie
lerrée, s'étaient préparés en vue de concourir pour les prix de spécialités.
L'arrêté ministériel, en détruisant ces espérances, a, pour un moment au moins,
arrêté l'élan spontané de nos populations, et nous avons du employer toute notre
influence pour détruire les mauvais effets qu'il avait produits. C'est au point, il
faut le dire, que Temoucheu crut devoir refuser sa coopération à la municipalité
de Bel-Abbès qui la loi demandait, en s'appuyant uniquement sur le fait de l'éli-
mination de la région de l'ouest, du concours ouvert pour la prime d'honneur.
Cette décision a non seulement déçu les colons de notre territoire, mais elle a,
du rnême coup et pour les mêmes raisons, surpris ceux de la circonscription orien-
tale qui, n'ayant aucun motif de penser qu'ils seraient appelés à concourir, ne
s'étaient pas préparés à la lutte. C'est ce que constate le rapport qui se plaint du
petit nombre de candidats, alors que la Commission a eu l'occasion de visiter sur
son passage, dans chaque arrondissement, d'autres propriétés où elle a remarqué
de belles cultures et d'importantes améliorations agricoles qui auraient parfaite-
ment pu être présentées à son examen.
Cet état de choses a d'ailleurs éié l'objet de protestations, dès le début, de la
part du Comice et du conseil municipal de Bel-Abbès ainsi que du Comice agricole
d'Oran, mais pour la haute administration de l'agriculture le roulement établi lors
de la création des concours régionaux en Algérie désignait le territoire de Mos-
taganem pour cette solennité en 1883, et si notre ville en a été le siège, c'est que
plus que tout autre elle ofirait un accès facile, que seule elle était desservie par
une voie ferrée, et qu'aucun centre ne remplissait ces conditions dans la circon-
scription orientale.
Nous regrettons d'autant plus cette solution, que les mêmes difficultés devront
se présenter aux organisateurs du concours régional de 1836, époque à laquelle
la prime d'honneur sera lorcément décernée aux cultivateurs de l'ouest du dépar-
tement d'Oran, tandis que l'exposition elle-même se tiendra dans une des villes
de l'est.
Quoi qu'il en soit, la circonscription orientale comprend les deux arrondisse-
ments administratifs de Mostaganem et de Mascara ; si nous nous reportons à
l'arrêté ministériel du 10 mai 1880, qui dit que la circonscription du concours la
prime d'honneur de cette époque embrassait le territoire compris entre la Médi-
terranée et une ligne partant de l'embouchure de la Tafna, englobant la plaine
de la Nléta, passant par le Tlélat pour suivre ensuite la limite méridionale des
communes mixtes traversées par le chemin de fer Paris-Lyon-Méditerranée jus-
qu'à la limite d'Alger, nous en concluons que la circonscription occidentale,
appelée à concourir en 1886, comprendra les arrondissements de Tlemcen et de
Bel-Abbès ainsi que la partie du territoire d'Oran où se trouve la ville d'A'in-
Temouchent.
Cette division de l'Algérie en neuf circonscriptions pour la prime d'honneur,
dont trois par département, est encore trop récente pour que chacun de nous
n'hésite pas à remplir un devoir en signalant les moyens de l'améliorer. Nous
rappellerons pour notre compte que les deux modes mis en avant pour atteindre
le but offrent tour à tour des avantages et des inconvénients, car si l'on se borne
à couper le département, en trois, par des limites à peu près perpendiculaires à
la mer, on obtient un bon résultat au point de vue de la topographie naturellement
indiquée par la direction de nos cours d'eau, mais on mélange les diverses cul-
tures qui caractérisent successivement les divers territoires qui de la mer s'élèvent
par gradins jusqu'aux hauts plateaux, tandis que si l'on établit ces trois régions
parallèlement an littoral on tient un compte bien plus grand de la nature du sol,
des procédé-s de culture et d'élevage, toutes considérations qui placent les expo-
sants dans des conditions égales pour l'obtention de la prime d'honneur.
^i66 CONCOURS RÉGIONAL DE SIDI-BEL-ABBÉS.
Cette division du territoire doit donc être transformée pour répondre aux exigences
d'un concours aussi sérieux que celui qui nous préoccupe, et il appartient au
nouvel inspecteur-général adjoint, aidé de l'expérience des Sociétés agricoles, de
rechercher la véritable solution pratique donnant satisfaction à tous les intérêts.
La circonscription orientale du département d'Oran comportait, en effet, cette
année les situations agricoles les plus variées, mettant en parallèle des cultures
très opposées, ce qui n'aurait pas manqué d'embarrasser le jury et de rendre diffi-
cile son appréciation si de nombreux concurrents étaient venus soumettre à son
Jugement, d'une façon simultanée, les magnifiques jardins et les importantes
céréales du Httoral de Mostaganem, les vignohles justement réputés de Mascara
et de Saïda, les belles irrigations de Relizane qui ont fait un moment la richesse
de toute cette contrée alors que le coton était très demandé par suite des diffi-
cultés de l'importer d'Amérique pendant la guerre de sécession, les grandes pro-
priétés enfin qui doivent se créer autour de Tiaret pour l'élevage du mouton et du
cheval qui donne en cet endroit des résultats dil'ficiles à obtenir aileurs.
Cette circonscription forme, comme le reste de la colonie, différents étages par-
tant du niveau de la mer, et qu'il faut gravir successivement pour se rendre
dans l'intérieur, chacun de ces échelons se terminant ou comprenant dans ses
parties irrégulières des plateaux et des plaines livrées à une colonisation très
florissante. On y remarque les 3 bassins hydrographiques de TOued-el-Hammam,
de la Mina, et du bas Cnéliff avec ses affluents la Djidiona et le Riou ; le Dahra
est une des principales masses de son système orographique, et la voie ferrée
d'Arzeu à Saïda la traverse dans toute la longueur de sa partie ouest.
Nous devons citer d'une manière toute particulière parmi les nombreux centres
qui font de cette contrée une des plus prospères de la colonie : la ville de Mosla-
ganeiiiy chef-lieu d'arrondi>-seraent qui n'attend, pour retrouver son ancienne
splendeur, que l'achèvement de son port et la création du chemin de fer de Tiaret;
Mazagran auquel s'attache le souvenir impérissable de haut fait d'armes de la
petite troupe commandée par le capitaine Lelièvre, en 1840; — la ville arabe de
Mazouna^ ancienne capitale du Dahra ; — Relizane.^ chef-lieu de canton, au pied
de la fertile plaine de la Mina: — Tiaret^ sur un point très important et un ter-
ritoire très riche, appelé à un réel avenir; — Mascara, chef-lieu d'arrondissement,
construit par les Berbères sur le lieu d'une colonie romaine, et surtout célèbre
par la préférence que lui accorda comme résidence l'émir Abd-el-Kader; — Saïda,
théâtre des effroyables massacres de la dernière insurrection, lieu d'échange entre
les producteurs du Tell et du Sahara; — non loin de là, Aïn-el-Hadjar, vaste
entrepôt de la Compagnie qui exploite les alfas de toute cette région.
C'est dans cette magnifique contrée que nous pouvons suivre le jury de la prime
d'honneur, grâce au remarquable rapport de M. Bordet, président de la Société
d'agriculture, que nous allons résumer pour signaler les mérites des trop rar
concurrents, ce qui a forcé la Commission a retenir, bien qu'à regret, de nom-
breuses médailles, des prix importants, et même une haute distinction dont elle
avait la disposition, bien que les états de service des colons de cette province ne
le cèdent en rien à ceux de leurs confrères des circonscriptions administratives
voisines.
M. Halte, colon de Saint-Aimé, en pleine vallée du Chéliff, est un concession-
naire de 1873 qui possède une centaine d'hectares sur les deux rives de la
Djidioua. Son mérite réel est d'avoir su utiliser, en les élevant jusqu'au niveau
du sol, des eaux souterraines qui lui permettent d'arroser 66 hectares de blé.
Deux arrosages suffisent, au moment de-, semailles et au mois d'avril, pour assu-
rer la récolte, à la condition, ajouterons-nous, de maintenir l'accroissement de la
ertilité du sol à l'aide d'abondantes fumures. Le premier de ces arrosages exiger
l,bOO mètres cubes d'eau par hectare, le second 800, volume qui est élevé en
16 heures à l'aide dune pompe à vapeur, exigeant ainsi une somme de 60 fr. par
hectare pour frais de toutes natures.
En attendant la construction de barrages que réclament vivement tous les colons,
l'emploi dos eaux du cours inférieur de nos fleuves algériens, qui le plus souvent
se perdent inutilement dans la mer, est trop important pour que lejury ne se'soil
empressé de distinguer l'exemple qui lui était ainsi offert de ce que l'on peut
obtenir dans ce pays avec le concours des irrigations.
M. Anl07iio Ga7-cia Delolmo a aménagé à 4 kilomètres de Mascara, une propriété
de 9 hectares 75 ares qu'il a transformée en verger, jardin maraîcher et vignes.
Le terrain bien nivelé est arrosé grâce à deux norias et à une prise d'eau établie
CONCOURS RÉGIONAL DE SIDI-BEL^ABBÉS. 267
sur un ruisseau. On y remarque particulièrement des plantations de grenadiers,
d'orangers, mandariniers et vignes, des pépinières d'arbres fruitiers divers, et de
belles tonnelles de muscats pour raisins de table. L'écononie de l'exploitation
consiste à tirer un très bon parti des avantages offerts par la proximité d'une
importante ville de consoramalion..
M. Jean-Pierre Carra fang possède 149 hectares dans la magnifique plaine
d'Eghris, à 6 kilomètres de Mascara, sur la route de Saïda, propriété exploitée par
un fermier, tandis que le candidat ne s'est réservé que l'industrie des vaches et
brebis laitières, l'élevage des chevaux et la culture de la vigne.
Le troupeau comporte 56 bètes à cornes, croisées espagnoles-marocaines, et
200 biebis laitières; le lait, vendii à l'hôpital de Mascara, rapporte 6,000 fr. par anj
La vigne conduite très haut par la taille pour éviter les effets de gelées de prin-
temps n'a pas paru répondre à cette attente si l'on tient compte de l'ofiinion du
jury, qui a surtout apprécié les défrichements, l'établissement de belles luzernières,
les arrosages, et l'eiitreiien des vaches et brebis laitères.
M. Caar/ai/ a acheté, près de Mostaganem, en 1878, au prix de 1,200 francs un
domaine de 35 hectares, dont 31 hect. 50 ares sont aujourd'hui plantés en vignes
espacées de 1"'.75 en tous sens.
Les terres y sont très légères, calcaires, sablonneuses et entrecoupées de rochers ;
les cépages corn|)rennent la grenache, le mocastel, le carignan, le grenache de
Milan; la vigne est bien s agnée, les bâtiments bien distribués, le cellier, vaste
et élevé, le matériel vinaire bien approprié aux besoins de l'exploitation ; l'hectare
de trois à quatre ans, qui revient tout fiais cjmpris à 3,400 francs, rapporte déjà
46 hectolitres.
Mais le trait distinctif de cette propriété pour la Commission, c'est qu'elle a été
mise en valeur et qu'elle est cultivée uniquement par des indigènes, sous la direc-
tion du propriétaire. Sans vouloir tirer une conclusion outrée de ces faits, elle se
plaît à reconnaître que l'union, par le travail, des Français et des indigènes leur
est mutuellement avantageuse; aussi souhaite-t-elle dans l'intérêt de la République,
comme au point de vue politique, de voir le mélange des deux races s'effectuer
pi-omptement par l'extension rapide de la colonisation.
M. Tabourkch^ lauréat du I'"' prix cultural de la première catégorie, possède à
4 kilomètres de Mostaganem et depuis 1^77, 125 hectares de terres dont 70 en
vignes, 20 en culture de céréales, 28 en jachères labourées, et 7 encore en brous-
sailles. Le but est de créer un beau vignoble et d'y annexer une distillerie de
grains, et hâtons-nous d'ajouter qu'il sera promptement atteint si nous tenons
compte des résultats suivants qu'il est possible de relever dès maintenant à l'avoir
de chacune de ces industries.
Les plantations de vignes ont été faites avec le mourastel et le carignan, après
un défrichement et plusieurs labours de nettoiement et de défoncemeut. 40 hect.
de vignes âgées de trois à cinq ans ont produit, l'année dernière, près de 60 hec-
tolitres à 1 hectare d'un vin de bonne qualité, dont la moitié a été livrée à l'admi-
nistration militaire au prix de 28 fr. 50 l'hectolitre. Le cellier, élevé, frais et sur-
monté d'un plancher isolateur, est garni de grands foudres reliés aux cuves en
maçonnerie par un tuyau métallique.
Le produit brut de la propriété étant déjà de 62,000 francs et les frais de cul-
ture n'ayant pas atteint 20,000 francs, on obtient 42,000 francs d'excédant de re-
cettes avec les ijh seulement de la surface de la vigne en rapport. Bien que l'on
admette que les frais annuels, y compris les engrais achetés au dehors, les frais de
direction et autres frais généraux, s'élèvent à 12,000 francs, il y a de sérieuses pro-
babilités pour que l'opération présente, après prélèvement des intérêts et de
l'amortissement du capital, un bénéfice remarquable.
La distillerie doit être plus particulièrement considérée comme une affaire indus-
trielle, aussi nous bornerons-nous à faire remarquer que la matière utilisée est
avant tout le maïs de la colonie, et à son défaut les riz exotiques. M. Tabouriech,
tout en étant utile à l'Algérie, dans cette circonstance, a trouvé le moyen de
créer une œuvre qui, après le prélèvement de l'intérêt à 6 pour 100 de ses capitaux
(120,000 fiancs de mise de fonds, et 200,000 francs de roulement), et de l'amor-
tissement à 10 pour loO de son usine, lui donne encore 33,000 francs de bénéfice,
en vendant 90 francs l'hectolitre de trois-six qu3 la production étrangère faisait
payer 110 francs autrefois.
Prime d honneur. — Ces exploitations si remarquables qu'elles soient ont été
jugées encore incomplètes et dans la période de création, par le jui'y qui, s'appuyant
26^ CONCOURS RÉGIONAL DE SIDI-BEL-ABBÈS ,
sur le vœu de l'arrêté miaistériel exigeant des résultats acquis, certains, incon-
testables qui puissent être offerts en exemple, réserve la prime d honneur qu'i.
regrette de ne pouvoir décerner.
Nous ne saurions en aucune façon examiner de plus près cette situation, aussi
nous bornerons-nous à constater que ces conclusions infirment celles qui avaient
été adoptées à Oran en 1880, et qu'elles donnent com[)lètement raison à la ma-
nière de voir que nous exprimions alors à cette même place dans les termes sui- .
vants : « Il s'agit, avant tout, selon nous, de mettre en relief des travaux de
longue date, ayant produit des effets heureux pouvant être olferts comme exemple.
Or ne faut-il pas, dans ce but, remonter au point de départ, voir les procédés de
culture utilisés à cette époque, le colon luttant' contre les dilficultés de toutes
sortes : sol non défriché, indécisions sur les récoltes à entreprendre, maladies,
défaut de sécurité, mauvais instruments, puis à force de patience, de courage et
d'énergie, arrivant à modifier ces causes défavorables, ces motifs d'insuccès, en
créant des cultures prospères, en adoptant un matériel perPeciionné, en montrant
comme résultat final un beau domaine dont les revenus certains sont la preuve
que le propriétaire a suivi la bonne voie, celle qui enrichit par un travail incessant.
De tels exemples, et ih ne sont pas rares, en étant de véritables stimulants
pour les Européens, aident aussi au progrès des indigènes, en les habituant peu à
peu à l'usage de nos instruments pertectionnés, en leur donnant de bonnes notions
de culture, en les initiant enfin aux mille détails de la vie ordinaire du colon
laborieux. » L. Bastide,
Président du Comice de Sidi-Bel-Abbès
CONCOURS RÉGIONAL D'AMIENS
Le concours qui vient de se tenir à Amiens, pour la région du Nord, sous la
direction de M. Randoing, adjoint à l'inspection générale de l'agriculture, présen-
tait tous les éléments nécessaires pour une solennité importante : bétail nombreux-
et varié, produits en quantité suffisante, matériel présentant le plus haut intérêt.
Malheureusement tout cela a été gâté par le mauvais temps, et sauf pendant les
deux derniers jours, le concours présenîait l'aspect d'une immense mer de boue,
dont quelques parties absolument inabordables,
La viile d'Amiens est très hère de ses boulevards, et pour le concours elle avait
offert une de ses plus belles promenades, celle de la Hotoie, tracée sur une ancienne
prairie marécageuse. Sur cette prairie, une large avenue bordée de beaux arbres ,
longue de 1,100 mètres, forme une chaussée empierrée sur laquelle les boxes du
bétail s'alignaient avec ordre. La prairie était réservée aux produits et aux
machines; elle est encaissée entre la chaussée et un canal qui la dominent de deux
mètres; elle était couverte d'un assez maigre gazon cachant les perhdiesde son sol.
En été, ou quand la sécheresse a régné pendant quelques semaines, la croûte super-
fuielle présente peut-être quelque résistance; mais dans les conditions météoro-
logiques actuelles, c'était un affreux cloaque sur lequel la plupart des machines ne
se soutenaient qu'à grand renfort de planches et de madriers, dans lequel elles
enfonçaient périodiquement heure par heure, et où le visiteur égaré ne songeait
qu'à chercher sa route, sans pouvoir rien étudier, enlisé lui-même peu à peu, s'il
restait à la même place. Conclusion pratique : si la municipalité d'Amiens veut
faire le prochain concours à la Hotoie, qu'elle commande au ciel un mois de
sécheresse. Mais la première quinz.iine de mai n'est presque jamais une quinzaine
de beau soleil dans la région du Nord ; on doit donc savoir prendre ses mesures en
conséquence. La chose est d'autant plus déplorable que les visiteurs du concours
ont été nombreux, que l'exposition des machines était fort intéressante, et que
les constructeurs et les agriculteurs ont perdu, les uns et les autres, une excellente
occasion de se mettre en rapport.
Heureusement le dimanche et le lundi, le ciel s'est éclairci : le soleil a brillé
de tout son éclat, et il y a eu quelque compensation aux déboires des jours pré-
cédents. Mais chacun sait que ces derniers jours sont surtout, dans la plupart
des villes, des jours de iêtes foraines, et que l'attention générale se détourne des
choses agricoles. Amiens n'a pas mantiué à la tradition : il y a eu un concours
international de fanfares et d'orphéons, un concours de pompes à incendie, etc.
Le lundi, M. Méline, ministre de l'agriculture, a visité le concours, accompagné
de M. Tisserand, directeur de l'agriculture, et de la plupart des sénateurs et des
députés de la région. Il a présidé la distribution solennelle des récompenses,
CONCOURS RÉGIONAL D'AMIENSJ 269
et il y a prononcé un discours que nous reproduirons dans notre prochain numéro.
Revenons naaintenant à l'étude des diverses parties du concours. Le concours
réo;ional d'Amiens, en 1883, est la quatrième solennité du même genre dont la
ville a été le siège ; les années 1860, 1867, 1876, 1883, sont les quatre étapes
qui devraient servir à marquer la marche du progrès dans le département. A cet
égard, le concours de la prime d'honneur est vraiment navrant. Aux trois précé-
dentes solennités, la prime d'honneur a été chaudement disputée et remportée
par des agriculteurs d'un mérite universellement reconnu : en 1850, M. Bertin,
à Roye ; en J867, M. Triboulet, à Assamvillers ; en 18 75, M. Vion, à Lœuilly,
enlevé récemment par une mort prématurée. En 1883, quoiqu'un certain nombre
de concurrents se soient mis sur les rangs, le. jury n'a pu trouver à décerner ni
la prime d'honneur, ni même un seul prix cuUural : troi ; médailles de spécialité,
un prix d'irrigation, voilà le maigre butin distribué entre les concurrents. Q:i 'est-ce
à dire? Rien autre chose, si ce n'est que !e département de la Somme est un de
ceux qui ont été le plus éprouvés par les dernières aonées, et qu'il traverse une
période pénible dont une des conséquences a été d'éloigner les concurrents.
Toute'ois, la même abstention ne se retrouve pas dans l'exposition des ani-
maux. Ici nous ne retrouvons plus les mêmes causes, car le concours est ouvert
entre tous les éleveurs de la région qui comprend les huit départements de l'Aisne,
du Nord, de l'Oise, du Pas-de-Calais, de la Seine, de Seine-et-Marne, de Seine-
et-Oise et de la Somme. Eu ce qui concerne l'exposition des animaux des races
bovines, nous constatons un nombre d'animaux à peu près égal à celui qui fif^u-
rait au précédent concours d'Amiens. Les races du Nord, flamande et hollandaise,
la race cotentine tiennent ici le premier rang. Dans chacune de ces races, la col-
lection des animaux est très remarquable, plus nombreuse seulement pour la race
flamande que pour les autres. C'est à cette dernière qu'échoit le prix d'ensemble
qui est décerné à M. Fetel-Longueval, éleveur à Loon (Nord); il y avait aussi un
très beau lot d'animaux de race hollandaise, exposés par M. Tiers, à Roubaix
(Nord) ; un objet d'art lui a été attribué par la Société des agriculteurs de France.
Mme veuve Ancelin, MM. Boyenval et Leroy, sont les principaux expo-
sants dans la race normande, et ils ont envoyé de très beaux animaux; Mme An-
celin soutient avec une grande énergie la haute réputation de l'étable de la ferme
de Balleux. — En ce qui concerne la race durham, elle est ici comme partout
localisée entre les mains de quelques grands éleveurs; les principaux exposants
sont MM. Boyenval, de Clercq, de Lavaublau' he, Debailly ; c'est à celui-ci qu'est
décerné le prix d'ensemble pour cette race. Dans la catégorie des croisements
nous avons surtout remarqué les quelques animaux durham-flamands exposés par
M. S. Paillart, à Quesnoy-le-Montant (Somme); par M. Stevenoot, à Armbouts-
Cappel (Nord); et par M. le vicomte Marcotte de Noyelles, à Blaodecques (Pas-
de-Calais). En résumé, l'exposition des races bovines était surtout remarquable
par un nombre considérable de très belles vaches laitières, qui formaient un
ensemble harmonieux, bien soutenu, sans animaux disparates; on sent que, chez
la plupart des exposants, la connaissance du bon bétail, est approfondie et qu'elle
sert de guide dans la production.
Nous arrivons à l'espèce ovine. Ici, comme dans tous les concours delà réo'ion
deux classes bien distinctes: d'une part, la race mérinos; d'autre part, les races
anglaises et leurs croisements.
Pour les mérinos, le Soissonnais règne en maître absolu; l'industrie de la pro-
duction des béliers est toujours excellente, mais le nombre des éleveurs qui
figurent au concours n'augmente pas ; quelques-uns même paraissent s'en éloigner,
et une bergerie célèbre a été dispersée par la mort de son propriétaire M. Paul
Bataille. Nous retrouvons ici en présence MM. Conseil-Triboulet, d'Oulchy-le-
Ghâteau; M. Delisy, de Montémafroy; M Duclert, d'Edrolles. Si nous ajoutons
les noms de M. Camus-Viéville, à Pontruet (Ai-sne), et de M. Albert Haran à
Verneuil (Seine-et-Marne), nous avons la liste complète des exposants dans cette
catégorie. La plupart des animaux qu'Us ont envoyés au concours sont très beaux.
Le prix d'ensemble échoit à M. Duclert, dont nos lec'eurs connaissent la grande
réputation en France et à l'étranger, et les succès antérieurs.
Les exposants de dishley-mérinos ne sont pas beiucoup plus nombreux; nous
en comptons six dont la plupart appartiennent au département de l'Aisne. La
bergerie de M. M.irtine-Lenglet, à Aubigay (.\isne), soutient la grande répu-
tation qu'elle a acquise. A côté, celle de MM. Emile Pluchet et Frissard, à Raye
(Somme), se tient au premier rang,
27a (Concours régional d'amiens.
Pour les races étrangères, la grande bataille se livre, comme toujours, entre
disljky et Fouihdown. C'est à cette dernière race que le prix d'ensemble échoit •
lè fait a été jusqu'ici assez raie clans la légion. Le lauréat est M. le vicomte
de Cbezelles, exploitant le domaine deBoulleaume, à Lierville (Oise). M. Béglet,
à Trapi.es, et M. Céian Maillard, à TurqueviUe (Manche), exposent de lions
dishley, et ce nest pas sans lutte que M. de Chézellts leinporte son objet d'art.
Les porcs sont ce qu'ils sont désormais dans toutes les solennités du môme
genre : peu d'animaux de race pure, mais beaucoup de croisements, la plu[iart heu-
reux au point de vue de la rapidité du développement ; puisse-t-on en dire autant
sous le rapport de la qualité de la viande ! Les [lorcs anglais, qui donnent plus de
graisse que de viande, tiennent ici le premier rang, ainsi que leurs croisements
avec le porc Ihimand. Le piix d'ensemble est remporté par un éleveur émérite,
M. Boyenval, dont les porcheiies ont déjà obtenu de nombreux succès.
Des volailles et des autres animaux de basse-cour, il n'y a qu'une chose à dire,
c'est que le nombre des maichands est plus considérable que celui des éleveurs.
La pluj)art des récompenses sont pour les premiers; nous devons cependant citer
les succès obtenus par Mlle Paillait, pour ses poules et ses canards.
Yoici la liste générale des récompenses décernées dans les diverses parties du
concours :
Prix culturaux.
Prime d'honneur, non décernée.
Rapiielx df prime d'hnnneur. — MM. Berlin, à Roye, arrondissement de Montdiiier, lauréat de
la prime d'iioiiiieuf en IStiO; T/i boulet, à Assainvilliers. arronlissemeat de Monttiidier, lauié^lde
la prime d'honneur en 1867 i Vioii, à Lœiiiliy, arrondissement d'Amiens» lauiéal, de la prime
d't'Oniieuren l87o.
Prix d"irrigation. — l™ Catégorie. — Propriétés contenant plus de 6 hectares de terres arrosées.
— ]"■ prix, mtdnllv; d'or et luOO fr., M. Gédéon Feuiiioy, à Ssnarpont, canton de Oisemont,
arrondi-semenl d'Amiens^
2" Caictjoiie. — Propriétés ayant 6 liectares et au-dessous soumis à l'irrigation. — Pas de prix
décernt'S.
Médailles DE spécialités. — Médailles d'or grand module, MM. Perret, à Saint-Gilles com-
mune de Roye, aiiondissement de Monldidier, pour ses cultures liien entendues de b.-tteiaves ;
Beaudelol, a Aizecourt-le-tlaut, arrondis eajent de Pcroni.e, pour résultats (iiioncier.'~ obtenus sur
l'ensemble de son exploitation. — Médailles d'urgent, M. Débité Poillon, à Saleux, arron(liss^^^lent
d'Amiens, pour ses éludes sur l'apiculture et les perfectionnements apportés dans la constiuction
des rnclie>.
Prit aux agents emplcyés spécialement aux travaux d'irrigation des exploitations primées. —
Médaille d'argent, M. François Villerel, agent employé aux travaux d'irrigation de M. Feuilluy.
Animaux reproducteurs. — Espèce bovine.'
V° Catégorie. — I^ace llamaniie p ire. — Mâles. — 1'" Seclion. — Arrimaux de 1 à 2 ans, nés
depuis le 1" mai 1881 et avant le 1" mai 1882. — l" prix, M Péionne (Somme); 2*,
M. de W^izières, à Fùuliin-RKanielz.(Pas-de Cakii); 3', M. Reumaux, à Weamers-Cappel (Nord).
Prix .'Uppltm maires, MM. P'etel-Lunguevai, à Looii (Nord); Jules Bacy, à Strazeele (Nord). —
2" Seclwn. — Animaux de 2 à 4 ans, nés depuis le 1«' n ai 1879 et avantle 1=' mai 1881 — l"prix,
M. Felel-Longneval; 2', M. Rancy, a Hoflland-Hazebrouck (Nord); 3', M. DfClemy-lîoulanger, à
Peuplin^'UPs (l'as-dt-Ca ais). — Femelles. — l'" Section — Génisses de 1 à 2 an<, nets ilepuis le
l""niai 1881 et avant le 1" mai 1882. — l""' prix, M. Fetel-Lcngueval j 2°, M. Charles Lel<-u. à
Hatlencuurt Somme); 3", M. Dcclemy-Boulanger. Prix supplémeniaiie, M. le vicomte Marcotie de
INoy^ile-, à Biandec,i|uts (l'asde-CalaiS'. Meniion hoiioialile, M. Fetel-Lon;.'ue^al (aru le 8 de
l'arrêté du coiic< urs). — 2" Seclioti. — Génisses de 2 à 3 lins, nées depuis le 1" 1880 et av.iulle
1" mai 1881, pleines ou à lait. — l" prix, M. de beauvais, à Rnbempré (.Somme); 2', M. le
vicomte Mr^^rcotle de Noyelles; 3', M. Jules Baey, à Sirazeele (Nord). Piix supplémentHire,
M. Uniaere, à Hazebiouck (Nord). — 3" Section. — Vaches de plus de 3 ans, nées avant le
1" mai ItSJ, pleines ou à lait. — 1'"' prix, M. de Beauvais; rappel du 2= prix, M. Dcclemy-Bou-
langer; 2'; M. Vermond; 3', M. Fetel-Longueval.
2" Catégorie. — Race norraynde. — Mâles. — l'" Sec ion. — Animaux de 1 à 2 ans, nés depuis
le pMnai ],'-8l et avant le 1" mai 1882. — l"piix^ M. Bovenval, àNeuville-Copppgueule (Somme);
2^ M. Ncircisse Uupny, à Grandvilliers (Oise). — 2' SKlioii. — Animaux de 2 à 4 ans, né dtpu s
l''' mai 1879 et avant le l^' mai 1881. — \" prix, M. Leroy, à Nangis (Seiue-et-Mai ne);
2"^, M. Boyenval. — Feme les. — \"'Sicnon. — Génisses de 1 à 2 ans, nées 'lepuis ke 1" mai 1880
et avant Je 1" mai 1882. — 1" prix, M. Boyen\al ; 2". M. Leroy; 3°, M. Si-yeux. à Artliies (>eine-
et-Oise). -- 2' Sedion. — Géni.--ses de 2 à 3 ans, nées depuis le 1" mai 1880 et avant le V mai
ItSl,. pleines ou à lait. — l"" prix, M.me. Vve Anrelin, à Lachape,le-sous-Gerberoy (Oise);
2°; M. Bo\tnval; o", M. Vavasseur, à Ferrieres en Brie (Seine-ei-Marne) ; 4", M. Aarci.-se Dupuy.
— 3' Scition. — Vaciies de plus de 2 an<, né s avan l le l" mai 1880, pleines ou à lait. —
l"^prix, Mme Vve Ancelin; 2', M. Vavasseur; y, M. Floury, à Hieux-Tille (OLse) ; 4=, M. Leroy.
'à" CaK'goiie. — Raie Holiand<iise. — Mâles — l'" Secnon. — An m lux de 1 à 2 ans, nés
depuis le \" mai U.81 et avant le 1" mai 1882. — l'"' prix, M. Tiers, à Ronbaix (Ni-r 1) ;
2', M. Catheux, à l'o elle (Nordj. — 2' Sect on. — Animaux de 2 à 4 ans, nés depuis le l" mai
1879 et avant le 1'^' n ai 1881. — i" ,.rix, M. Tiers: 2% Mme Vve Warambourg, à Mmcelcave
(Somme) i'iixsupp!enientiiire, M. fâcheux. — Femelles. — 1'* Section. — Génisses de 1 à 2 ans,
nées depuis le l" niai i 881 et avant le l^-- mai 1882. — ]" prix, M. Tiers.; 2", M. Chnst^ Ile, à
Brunoy (S.-;ine-et-Ois-). — 2" Section — Géni ses d-; 2 à 3 ans, nées depuis le l"' mat 1880 et
avc.ni le 1" n.ai 1881 , pbines ou à la t. — l-^'- prix, M. Tiers; 2°, M. Gliristufle. Piix suppltmen-
taire, WM. Lagèze et Nouvion,à Belhoniville (Marne). — 3^ Section. — Vaches de plus de 3 ans,
CONCOURS RÉGIONAL D'AMIENS. 271-
nées avnnt le 1" mai 1880, pleines ou àlait. — 1" prix, M. Christofle; 2", MM. Lagèze etNouvion;
3% M. TÏTs.
Pris d'ensemble à attribuer au meilJRur lot d'animaux des P'', 2'' et 3'" catégories. — Un objet
d'an (Il cerné à M. Ki"iel-Lijn;.'ucval, pour ses animaux de rnce flamande.
4'-" Cat('(jorie. — Race Duiliam. — Mâles — l'" Section. — Animtux de 6 mois à 1 an, nés
depuis le l'^'' mai 1882 et avant le 1" novembre 1882. — Prix uni(jiie, M. de Lavaublanche, à
Lai>ro>e (Oise). — 2" Section. — An ma^ix de 1 a 2 ans, nés 'lepus le l'^^'' mai Ls81 et avant le
1" mui 1882. — h'^prix, M. de Lavaublanche; 2°, M.Boyenval. Meuiions honorab e-,MM. Debailly,
à Mézières (Somme); Ku^'t"mc Seyeu', à Artli es ( eine-et-Oise). — 3" Seciion. — Animaux de
2 à 4'aiis, nés depuis le 1""" mai 1.S79, et avint le 1" mai 1881. — 1" prix, M. de Clercq, à
Oigmes 'Pas-de-Cnla s) ; 2°, M Boyerival; 3°, M. le vicomte Marcotte de No/elles. — Femelies.
— r° Seitiim. — Génisses de 6 mois à uu an, nées depuis le 1" mai 1882 et avant le
!<"■ novembre 1882. — l"" prix, M. Eugène Seyeux. Prix supplémentaire, M. Debailly. Menlioa
■honur.dile. M. lioyenva!. — 2» Seciion. — Géni^.-es de 1 à 2 ans, nées depuis le l^^mai 1881, et
avant le l^raai 1S82. — 1" prix, M. de Lavanldanclie; T\ M. Eugène Seyeux. Mentions honorables,
MM. Deliailly, le vicomte Maicolle de Noyelles. — '.i" Section. — Génisses de 2 à 3 ans, néesdepuis
le h' mai ISiSl), et avant le l" mai 1881, ]ileine-; ou à laii. — I" prix, M. Debailly. Mention hono-
rable, M. Debailly. — 4° Se'tion. — Vaclie> de p u> de 3 ans, nées avant le 1°'' mai 1880, pleines
ou a lail. — l"pMx, M de Lavaublanche; 2", M. Debailly; 3», M. Boyenval. Prix supplémentaire,
M. Seyeux. Menlion bo oraiile, M. Debailly.
5" Caiéiorie. — Croisements Durhum. — Mâles. — 1" Section. — Animaux de 6 mois à 1 an,
nés ile|)uis le 1°' mai 1882 ei avant le P' nov^nibr^ 1883. P/ix unique, M. Lavoine, à 1,'nancourt
(Somme). — Mention honiTable, M. de Girsgdes, à Beaufori (Somme). — 2'" Section.—-
Animaux de 1 à 2 ai s, n'^s de[iuisle l'ornai 1881, et avant le l'"' mai 1^8.'. — l"prix, M. Paillart,
à Oue<iioy-le-M>intaiit (Somme) ; 2", M. Felel-Longuevd. Prix supplémentaire, M. Stevenoot, à
Armbout.>-Cappel (.Nor.l). — 3'' Seciion. — Animaux de 2 à 3 ans, nés depuis le l"' mai 1K8U et
ava t le 1" mai IHSl. 1" prix, M. Declemy-Boulauger. — Femelles. — 1'° Section. — Génisses de
6 mois à 1 an, né 's depuis le l" mai 1SS2 et avant le 1 '■''novembre 18f'2. — l^prix, M. le vicomte
Marcotte de Noyelles ; 2°, M. Felel-Lon^ueval. — Mention honorable, M. Stevenoot — V Seciion.
— Génisses de l ?i 2 an-, ntes depuis le P' mai 1881, et avant le l" mai 1882. — 1" prix, M. Fetel-
Longueval ; 2", M. Seyeux. Prix supplé;n jiitaire, .\1. Deb.idy. — Mention honoral)le, M. de Gar-
signies — 3" Section. — Génisses île 2 à3 an-^, né^s d'^puis le 1°' rfiai 188 ', etavantle l'"' mai !88I,
pleines ou àlail. — 2" p'i<, M. le vico ute Marcotte de Noyelles. — k' Section. — Vaches de plus
de 3 ans, nées av^uit le 1°'' mai 18.'^0, pleine- ou à. lait. — V prix, M. le vicomte Marcotte de
Noyelles; 2°, M. de Clercq; 3% M. de Seyeux.
b" Catégorie. — Races françaises ou étrangères autres que celles ci-dessus et croisements divers
autres que c ux de la .->* catéttorie. — Mâles. — 1" Section. — Animaux de 1 à 2 ans, nés
depuis le 1" nui 1581 et avant le l"' mai 1882 — l" prix, M. Jules Baey ; 2°, le fière B -rtraudus,
— Prix sufiplemeniiiire, M. Vermond. — .Vlention honorable, M. Macarez, à Capelle (Nord). — .
2" S'ction. —Animaux de 2 à 3 ans, nés depuis le l"" mai 188) et avant le l"'' mai 1881. —
t°' priK . M. Cdonne, à Rmescjre (Nord). Prix supplémentaire, M Dalleux, à Jab ines (Seine-
et-Marne). — Feme les. — !■•" S'Ctinn. — Gi^nisses de 1 à 2 ans, nées depuis le i" mii 1881 et
av^nt le l"mMi 188.'. — 1" pri\, M. Fetel-Longueval ; 2% M. de Garsignies. Prix supplémen-
taire, MM. Antoine Décleray, à Zouafi[ues (Pas-de-Calais), iJer.m, à tlazebrouck (Nord). —
2" Section. — Génisses de 2 à 3 ans, nées depuis le 1" mai I8S.J et nvant le ["' mai I8S1, pleines
ou à lait. — \" prix, Mlle .huTot, à Amiens (S mime); 2", M. Declemy-BoulnDger. — Mention
honorable. M. Vermond. — 3'= Sec ton. — Viclies de plus de 3 ans, nées avant le 1" mai 1,S80,
pleines ou à laii. — p'' prix, M. Bonduel, à Werv-ck-Sud (.Nord) ; 2", M. Narcisse Dupuy. — Men-
tion honorab'e, M Bass^z, à Grèvecœur (Nord).
Prix d^nsemblc à attribuer au meilleur loi d'animaux des 4", 5% et 6° catégories. ■ — Un objet
d'art décerné à M. Dib lilly, pour ses animaux de race Durham.
Bandes de vaches lailiéies {en laii). — 2° prix, M. Déclemy Boulanger.
Espèce ovine.
1" Catéoorie. — Races mérinos et métis-mérinos — P= Section. — Animaux de 18 mois au
plus. — Mal s. — 1" prix, M. Conseil-T ilioulel, à Ou.chy 1"-Cliàleau (Aisne); 2% M. Duclert, à
Edrolles, (Aisne); 3% M. Delizy, à Monléinalroy (Aisne). —Femelles. — l'-'prix, M. Duclert; 2%
M. Delizy; 3°, M. llaran, à Verneu 1, (Sdue-et- warne). Prix supplément liie, M. G msril-Tri-
boulet. — 2' Section. — Anira luxde (dus le 18 mois. — Mâles. — l" prix, M. Duclert; 2', M. Camus-
Vii^ville, à Pontriiet (Aisne); 3% M. Delizy l'rix s pplémentaire, vi . Hinci lin, à Loupeigne,
(Aisne). — F melles. — 1" prix, M. Duclert; 2", M. Deluy ; 3% M. Hincelin. Prix supplémentaire,
M. C(jnseil-Tiiboulet.
Prix iïcnsnnt)le à attribuer au meilleur lot d'animaux de la l™ catégorie. — Un objet d'art
décerné à M. Duclert.
2" Catégorie. — K'ices françaises diverses et croisements divers. — Mâles. — 1" prix, M. Martine-
Lenglet, a.Aubigny (Aisne); 2% M.M. Emile Pluchet et Fnssard, à Roye (Somme); 3", MM. Sa-
razin et Lagni-r, à Aumencouri (Aisne). — Femelles. — l"' prix, M. Martine-Lcngiet; 2% MM. Plu-
chet et F' issard.
3° Ca'éj'irie. — Races élraufjèresà laine longue — Mâles. — 1""" prix, M. Géran-Maillard, à
Turquevilie (Manche); 2% .VI. B^ght, à Trappes (Seine-et-Oise) ; 3% M. Martine-Louglei. — Mention
très honorable. M-. Beglei. — Feui-lles. — P" prix, .\I. B '.^'let.
4= Calé lorie. — Kaces étrangères à laine courte. — M;\les. — 1" prix, M. le vicomte de Che-
zell-s, à LierviUe (Ois--) ; 2% M. Gaston .Martine, à Aub.gny (Aisne). — Femelles. — 1" prix,
M. le viromte 'le Ch"zeilt-s; 2", M. Gaston Martine.
Prir d'ensemb'e à aitnbuer au muihiur loid' anim.iux de la 2% 3« et 4° catégories. — Un objet
d'art décerné à M. le vicomte de Cliezehes, pour ses animaux de race soulhdawn.
Espèce porcine.
V Catégorie. — Races indigènes pures ou crois-i-'s entre elles. — Mâles. — t" prix, M. Stewe-
noji, a Ariubjiits Ga.jpel (Nord); 2% .\I. Riacy, à Hjfiland-ilazehrouck(NorJ). — Pemelies. — 2'-' prix
M. Cacheux, à Poieile (Nord).
272 CONCOURS RÉGIONAL D'AMIENS.
2' Catégorie. — Races étrangères, pures ou croisées entre elles — Mâles. — 1" prix, M. Albert
Perrin, à Bazoches (Seine-et Oise) ; 2% M. Boye ival, à N^uville-Coppegueule (Somme); 3"', le
l'rère Bertrandus, à Igny (Seine-et-Oise). — Femelles. — 1" prix, M. Boyenval ; 2", M. Paillard,
àQuesnoy-le-Montant (Somme); 3% M. Albert Perrin. — Prix supplémentaire. — MM. de Lavau-
blanche et Fouquier d'Hérouel, à Vaux-sous-Laon (Aisne).
y Caténorie. — Croisements divers entre races étrangères et races françaises. — Mâles. —
l'^prix, M. Boyenval. — Femellei. — l'-'prix, M. Boyenval; 2", M. Albert Pernn.
Pr/x d'f^nse'i'ib/c à attribuer au meilleur lot d'animaux de l'epèce porcine. — Un objet d'art,
décerné à M. Boyenval, pour ses animaux de race croisée Yorkshire-Essex.
Animaux de basse-cour.
1" Catégorie. — Coq et poules. — l" Section. — Rice de Crève-Cœur. .— 1" prix, M. Valois, à
Neuilly sur-Seine (Seine); M. Masseron, à Paris. — 2» S"ction. — Race de La Flèche. — 1" prix,
M. Valois ■ 2", M. Co jrcDUt, à Amiens. — 3'' Si'dion. — Race de Houdao. — 1" prix, M. Valois. —
k' Section. — Races françaises diverses. — !"■ prix, M. Valois; 2", Mlle Paillard, à Quesnoy-le-
Montant (Somme); 3", M. Courcout. — 5" Section. — Races étrangères diverses — l"" prix, M. Va-
lois • 2*^, M. Charles Croizet, à Amiens; 3- M. Dacatel, à Amiens. — Prix supplémentaire,
M. Feuilloy, à Senarpont(Somme). — Mentions honorabltis, M.M. Joseph Herpin, à Amiens; Charles
Croizet ; l.a>-seron.
2« Catégorie — Dindons. — l" prix, M. Valois; 2", M. Pépin, à Neuville-Coppegueuele (Somme).
;}" Catéi/orie. — Oies. — I"prix, M. Courcour; 2", M. Valois.
4'= Catégorie. — Canards. — 1" prix, M. Valois ; 2% M. Feuilloy ; 3', Mlle Paillard, Mention
honorable, M. Feuilloy.
5« Cntégorie. — Pintades, r- l'"'prix, M. Gustave Croizet, à Amiens ; 2% M, Lasseron.
Q'- Catégorie. — Pigeons. — l" prix, M.Valois; 2% M. Lasseron. Mention très honorable
M.Ernest Lavoye, à Corbie (Somme). Mentions honorables, MM. Croizet; Lasseron ; Valois.
't Catégorie. — Lapins et léporides. — 1" prix, -M. Joseph Arpin; 2", M. Valois. Mention
honorable, M. La.seron.
Prix d'ensemble, à attribuer au plus bel ensemble des lots d animaux de base-cour. Un objet
d'art décerné à M. Valois, à Neuilly-sur-Seine (Seine).
Jtécowvfy^ses aux servih'iirsf ruraux pour soins donnés aux animaux primés. — Médaille
d'argent et 60 fr à Paul Ouillot, bouvier chez M. Fetel-Lougueval ; à Pécourt. bouvier chez
M. Debailly; et 50 fr. à Leroux, berger chfz M. Duclerc ; à Eugène Sanier, berger chez M. le
vicomte de Chezelles; à Pillard, bouvier chez M. Boyenval. — Médailles de bronze et 30 fr. à
Martin chez M.Valois; à Alexandre Noël, bouvier chezM. de Lavaublanche ; et 20 fr. àGaulhier,
ijouvier chez M. le vicomte Marcotte de Noyelles ; à Jean Villi, bouvier chez M. Seyeux; à Fran-
çois Hède , bouvier chez M. Déclemy-Boulanger; à Victor Humbord, bouvier chez M. Christofle;
et lô fr. à Paradis, bouvier chez Mme veuve Ancelin; à Désiré Jacquard, bouvier chez M. Leroy;
15 fr. à Daniel Joye, bouvier chez M. de Clercq ; à Cyprien Avisse, bouvier chez M Paillard ;à
Adolphe Souris, bouvier chez M Cacheux; à Frédéric Vigneux, porcher chez M. Perrin.
Récompenses aux conducteurs de machines et contre maîtres des constructeurs de machines. —
Médailles d argent et 60 francs, MM. F. Langlet, ouvrier mécanicien, depuis 18 ans, chez M.Albaret;
Hébert, contre maître depuis 10 ans, chez M. Pilter; Gh. Desbrosse, conducteur de machines,
depuis' l.T ans, chez M Merbn; Guènette père, chauffeur depuis lo ans, chez M. Cumming. —
Médoilles de bronze et 50 francs, MM. Lanî-^lois, contre maître depuis 5 ans, chez M. Pilter; Leroy,
ouvrier monteur depuis 32 ans, chez M. Albaret; J. Wallard, ouvrier mécanicien depuis 9 ans,
chez MM. Decker et Mot.
Produits agricoles et matières utiles à lagriculture.
Concours spéciaux. — 1'" Catégorie. — Lins en tiges. — l" prix, M. .Maizierj à Plessis-Brion
(Oise) ; 3% M. Sievenoot, à Armbouts Cappel (Nord).
2" Catégorie. — L^ns teilles. — 1" prix, M- Maizier; 2«, M. Stevenoot.
3' Catégorie. — Graines de b tteraves à sucre. — Pas de prix décerné.
4« Catégorie. — Semences de froment. — I" prix, M. Stevenoot; 3', M. Boullant, à Villejuif.
h" Catégorie. — Avoines de semences. — 2^ prix, M. Couesnon, à Aulnoy (Seiue-et-Marne) ;
3% M. Stevenoot.
go Catégorie. — Laines en toison! — 1" prix, M. Gamus-Viéville, a Pontruet (Aisne); 2", M. Con-
seil-Trboulet, à Ojlchy-le-Chàteau (Aisne); 3% M. Delizy, à Montemafroy (Aisne).
7' Catégorie. — Produits maraîchers, — 2*^ prix, M. Joly, à Saint-Sauveur-lès-Arras (Pas-de-
Calais) ; 3% M. Boux, à N^nterre (Seine).
8' Catégorie. — Expositions scolaires. — 1" Section. — Matériel d'enseignement agricole, col-
lections, »ie»sins, objets de cours, etc. — Pas de jirix décerné. — 2*= Section. — Travaux spéciaux
et objets d'enseignement agricole présentés par les professeurs, les instituteurs et les élèves des
écoles primaires. — 1" prix, M. Hien, instituteur à Châleau-l'Abbaye (Nord); 2% M. Faucheux,
à SaintQuenlin (Aisne) ; 3% M. Duringer, instituteur à Beauquesue (Somme).
9" Catégorie. — Expositions collectives faites par des Adcuinistrations publiques, les'Sociétés et
Comices agricoles et horticoles. — Médaille d'or, à la Société d'apiculture de la Somme.
10' Catégorie. — Produits divers non compris dans les catégories précédentes. — Médailles d' or .,
MM. Laurent-Mouchon, à Orchies (Nord), pour sa collection de hlés; Forgect, à Paris, pour sa col-
lection de racines fourragères; Dalahaye, à Paris, pour ses graines de prairies naturelles ; Vilmorin,
■ Andrieux et C'e, à Paris, pour leur collection de betteraves à sucre ; Samin , à Looslez-Lille (Nord),
pour ses bières; Chivot et Cie, à .\miens (Somme), pour leurs huiles et tourteaux; M. Walter, a
Paris pour ses biscuits dits de luxe; Arlatte et Cie, à Cambrai (Nord), pour leur chicorée. —
MédaUles d'argent, MM. Laurent-Mouchon, pour ses betteraves à sucre ; Oudoire à Corbie (Somme),
pour sa chicorée: Mugnier, à Dijon (Côte-d'Or), pour son cassis; Bonvaisl, à Abbev.Ue, pour sa
bière • à la Compagnie française des levures à Amiens, pour ses levures, alcools de grains ; Poillon,
à Sale'ux (Somme), pour son miel; Besançon, à Péronne (Somme), pour ses fromages de RoUot;
Deslandes à Bellou (Calvados), pour ses fromages; Bull, à Paris, pour sa présure; Huloux, à Lille
(Nord) pour sa graisse I our voilures et mécaniques; du Castel, à Amiens, pour ses échantillons
d'essences forestières; Chaudora, à Moissy-Crameyel (Seine-et-Marne), pour ses plans dedrainage;
Vandescal, à Meaux (Seine-et-Oise), pour ses plans de drainage. — Médailles de bronze, MM. Deneui
CONCOURS RÉGIONAL D'AMIENS. 273
Souvaux, à Amiens, pour ses colorants pour bière; Gauthier, à Bhnzac (Charente), pour ses eaux-
dervie; Colmant, à Sainl-Emilion (Gironde), pour ses vins; Mugnier, pour ses apéritifs; Robillard,
il Paris, pour ses fromages; Pascal, à Amiens, pour sa charcuterie: Lidon, à Amiens, pour sa
charcuterie.
Il y avait un très beau concours hippique, placé sous la direction de l'admi-
nistration des haras, qui l'avait organisé avec beaucoup de soin. Le premier
rang appartient ici, et pour le nombre et pour la qualité, à la race bomlonnaise,
qui est d'ailleurs dans son centre d'élevage. Il y avait plus de cent animaux,
étalons et poulains, juments et pouliches, d'une valeur réelle; ils laissaient loiiî
derrière eux la catégorie des demi-sang. Des ventes importantes ont eu lieu, à des
prix élevés; on nous citait un étalon boulonnais qui a été payé 6000 francs pour
le compte de l'administration des haras. Les efforts que l'ont les associations agri-
coles des centres d'élevage pour assurer la pureté de la race boulonnaise sont
couronnés de succès; il est à souhaiter qu'ils ne soient entravés par aucune
influence étrangère.
Dans un deuxième article, nous parlerons de l'exposition des machines, ainsi
que de l'important congrès sucrier tenu pendant le concours régional.
Henry Sagnier.
LORD VERNON
Mon cher directeur, vous avez annoncé dans le dernier numéro du
Journal de r agriculture, la nouvelle de la mort de lord Vernon, Per-
mettez-moi de vous envoyer une petite note sur cette personnalité qui
s'était acquise tant de droits aux sympathies de la France.
Lord Vernon, comme vous le savez, a été l'un des promoteurs les
plus actifs du Comité de secours qui s'est formé en Angleterre, immé-
diatement après la guerre de 1870-71. Grâce à ses efforts, nos agri-
culteurs, plongés à cette époque dans une détresse affreuse, privés de
ressources pour se remettre à l'œuvre dans leurs champs dévastés,
ont reçu des semences, des vivres, des outils, en un mot la plupart
des choses les plus indispensables pour commencer à réparer leurs
désastres. Si beaucoup d'entre eux ont échappé à la ruine et au déses-
poir, c'est au Comité de secours dont lord Vernon faisait partie, qu ils
en sont redevables.
En passant, je rappellerai aussi la noble conduite de lord Vernon
lors de la visite que lit, en 1871 , la troupe du Théâtre-Français à Lon-
dres. Quand nos artistes allaient donner une série de représentations
chez nos voisins, afin de réparer les pertes subies par notre première
scène lyrique, ils rencontrèrent dans lord Vernon le plus généreux, le
plus délicat des protecteurs. Entraînée par lui, toute la noblesse an-
glaise s'empressa de s'inscrire sur la liste des abonnements, et de
venir applaudir nos chefs-d'œuvre classiques et leurs incomparables
interprètes. Dans un banquet mémorable, présidé par lord Vernon, et
oi^i l'on vit pour la première fois toutes les illustrations de l'aristocratie
d'Angleterre s'asseoir aux côtés de nos illustrations dramatiques,
celui-ci, dans un discours en français le plus pur, rendit à la France,
aux efforts héroïques qu'elle venait de faire dans une lutte inégale, à
son histoire, à. sa littérature, à ses vaillants artistes, un hommage
dont nous autres Français nous devons lui être reconnaissants.
Cet homme de bien, cet ami de la France, vient de mourir subite-
ment avant l'âge. Ses funérailles ont eu lieu le 5 mai dernier, à Sud-
bury, dans le comté de Derby, en présence de sa famille, du duc de
Westminster, de lord Edward Cavendish, du colonel Kingscote, de
M. G. B. Pitman, de M. Jenkins, secrétaire de la Société royale d'agri-
culture d'Angleterre, et de ses nombreux tenanciers qui perdent en lui
un guide et un ami difficile à remplacer, J. LwEiiRiiiRE. •
274 SOCIÉTÉ NATIONALE DA'GRIGULTURE DE FRANGE.
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE
Séance du 16 mai 1883. — Présidence de M. Dumas,
M. le secrétaire perpétuel annonce la mort de M. le comte d'Esterno,
membre associé national, et celle de M. Duprat, un des plus anciens
correspondants de la Société.
M. Ch. Whitehead envoie une note sur la maladie du houblon, en
Angleterre, en 1882; — M. Auieggio, une étude siir les affections far-
cino-raorveuses du cheval et de l'homme ; — M. le colonel Basserie, une
nouvelle édition de son étude sur le drainage des écuries; — M. de
Préaudau, des observations sur les cours d'eau et la pluie, en 1881,
dans le bassin de la Seine; — M. le ministre de l'agriculture le 2* fasci-
cule pour 1683 du Bulletin de son ministère, consacré aux questions
forestières.
M. Heuzé appelle l'attention de la Société sur les falsifications des
graines de luzerne avec de la graine de luzerne annuelle de l'Amérique
méridionale, provenant du nettoiement des laines de Buenos-Ayres et
de Montevideo. Cette falsification, signalée à nos lecteurs, doit être
connue des agriculteurs, pour qu'ils se tiennent en garde. En effet,
il arrive que, lorsque ces graines sont mélangées à de la graine de
luzerne indi<iène, il y a rapidement, dans les luzern»ères ainsi créées,
des manques d'autant plus considérables que la proportion de graines
de luzerne d'Amérique, connue sous le nom de luzerne de Chili, est
plus forte. Ces manques se font sentir dès la deuxième coupe de la
première année, et ils sont tout à fait manifestes à la deuxième année
de la luzernière.
M. Blanchard fait connaître que les myriapodes renvoyés à son
examen comme attaquant les semailles de haricots, appartiennent au
genre Blaniulus guUulalus, connu jusqu'ici pour les ravages qu'il
exerce sur les fraisiers. Le meilleur procédé de destruction lui paraît
être l'incinération.
M. de Relz donne des détails sur les éducations de vers à soie qui
marchent lentement; mais les conditions météorologiques actuelles
sont favorables à la végétation des mûriers et à la marche régulière
des éducations.
M. Barbie du Bocage donne lecture d'une note relative à l'influence
des bois sur la culture des terres arables; il insiste sur les avantages
que des reboisements bien exécutés présenteraient pour la régularité
des récoltes dans les contrées reboisées.
Sur la proposition de M. Bouquet de la Grye, la Société déclare
la vacance pour une place de correspondant étranger dans la Section
de sylviculture. Henry Sagnier.
REYUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT DES DENRÉES AGRICOLES
(19 MAI U83).
I. — Situation générale.
Le calme sur les marchés agricoles a coatinué durant toute cette semaine. Il y
a très peu d'offres pour la plupart des denrées.
II. — Les grains et les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par quintal métrique,
sur les principaux marchés de la France et de l'étranger :
REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT (19 MAI 1883).
1" RÉGION. — NORD.OTIEST.
Calvados. Co^dé
— Li>ifux
Côl.-du-Nord. L^nnion..
— Trpgmer.
Finistère. Morl.nx
— 0"'"iP'^''
ille-et-Vilaine. ne nés..
— Fo:gèies. ..
Manches. Avranches. . .
— POIllOISOII.. .
— Villedieu
Mayenne. Laval
— Mayenne
Mo-bihan. Heiitiebont. .
Orne. Alenço i
— Moit.itsne
Sarlhe. Le Mans
— Sablé ,
Blé. Seigle. Orge.
fr. fr. fr.
2'i.00
'ik ^ (10
23 50
23. '^5
2'i.25
23.50
2'i.ll0
23.. 'iO
25.20
25 50
25.40
25 00
27.00
25.20
2.'i 75
26. "0
55.00
20.00
16. 50
16.50
18 00
14.50
19 00
20.50
17.50
17.25
18.00
17.50
15.75
»
20.50'
19.50
20 00
16 50
18.25
20 00
20.50
17.50
19.25
Oise.
Prix moyens 24
2 'RÉGION. -
Aisne. Soissons 24
— Suiiit-Qupntin ... 2'£
— Vilers-CoUerels. 23
Eure. Damviiie 23
Evretix 23.
— Pacy 23
Eiire-el-Lnir. Chartres.. 25
— Auneau 24
— Nogent-le-Rotrou 24.
Nord, tille :.. 26.
— Orchies 25
Valeni-.ieniies 25.
Béarnais Î2
— romoiègrie 23.
— Senhs 22.
Pâs-de-Calai.t. ^r^■ds. . . 25
— Sa n'-Ouier 25.
Seine. Pars 25.
S.-et-A/ar. Diinmartin... il
— .Me lUX 23.
— l'roviics 24.
S.-et-Oise. Angerville. . 24
— Pontois-» 23.
— Versailles '^3.
Seine-Inférieure. Rouen. 24
— Dieppe 22.
— Fecainp 23.
Somme. Doullens 24.
— Ptro.'ine 23.
— Roye 22.
Prix moyens 'ij
77 17. i4 18.59
.00 15.25 19.00
50 » »
50
14.00
13.50
15 00
15.25
0 18.00
0 18 75
0 16. 00
0 14 75
0 16.25
5 15.50
0 18. 00
17.50
16 50
15.50
16.50
16.50
16.00
14 50
15.00
14.50
15 25
20.25
20 00
18 75
20 00
19. 25
17.00
20.50
16.50
18.00
19.00
17.50
»
18.75
19 75
18.00
19.50
20 20
n
18.00
19 00
17.50
18.83
Avoine,
fr.
22 00
21.75
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18.75
16,75
16.50
17.0'>
21.00
20-25
23.00
22.50
18. 75
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21.75
20 . 40
»
23.00
19.93
18.15
17.00
17.75
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17. ;o
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17.00
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17.00
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19.00
17 50
19.00
20.85
19.00
20.25
16.30
17.00
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13.17
.\<»HD.RSr.
15.50
16.0'»
14. 50
16 50
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16 00
15 75
15.75
15.00
18 50
16.50
16.50
15 15
15.75
16 00
23.00
24 (10
22.75
23.00
24.00
24.00
23 60
21.25
23.00
24 00
24.00
23.75
23.75
23.25
22.50
23.25
23 85
24.00
23.49 16.11 17.17 17.67
, — OrESTu
16 25
17.50
17.25
15.S0
17. 25
18.00
19 50
17.50
16.50
17.50
17.00
16.00
16 75
16.00
3° RRGION. -
Ardennes. Vouziers .. .
— Sedan
Aube. Bar-sur-Aahe . . . .
— Méry-s'ii-Seine . .
— Troyes
Marni'. Clialoiis
— Eperiia>.
— Sainle-Menphnuld.
Hle-Marne. Si-D z er. . .
ileurthe-i't-Mos. Nancy.
— Luiiev,l:e
— Toui
Meuse. Bar-le-Diic
— Ver.liin .
Haute- Saô lie. Gray
Vosges: Mi'econrt
— Raiiitierv llinr^
— Raonl'Klape
Prix moyens
4" RÉGION
Charente. Angouléme...
— HiifTe-:
Char.-Infér. La Rochelle
Deux-S'Vri's Ni'irt
Jndre-et-f.nire Bler;....
— Criâ ean-Keiiault .
Loire-Inf. Nantes
M.-el-Lo'i^\ Saii.'irjr... .
— Angers
Vendée . Lngon
— Fonteiiav-le-Cointe
Vienne. Cii;ilellerauU.. .
— 1.0 idiin
Haute-Vienne. Liipo.'es..
Prix moyens 24.59 16.60 18.54 13.45
16.50
21 00
19.00
17.75
17 50
18.00
20 . 00
17.50
17 7.^
18 25
15.75
17.00
18.0)
16.50
17.1b
17...0
16 30
! 6.. 75
Allier. .Moulins
— Moniljçon
— ?aint- ourçain.
Cher. Bourges
— A b .;iiy
— Graç^ay
Creuse. Auliu-son. . . .
Indre. Cli:Ueauioux . .
— Issoudun
— Val-iiiçay
Loiret Orléans
— Mont.ir^is
— P.tjy
L.-cl-Cher. Blois
— .\iontoire
Nièvre. Neveis
— La Charité
Yonne. Hnenon
— Saidi-Florentin.
— Tonnerre
Blé.
fr.
24.25
24.00
25.00
23.50
2 '1.00
24.25
24 . 00
24.25
23.80
24 . 00
24.00
24 75
24 50
2 1 , 00
23.50
23.75
23.80
24 00
23.80
22.75
Seigle.
fr.
14.50
16.00
16.00
14.75
15 25
ig;oo
14 25
16.50
»
!6 25
15.01
15.40
15.25
15.80
15.00
14.75
Orge.
fr.
18 50
18 00
18.00
«
18.75
19. 50
19.00
19.25
17 50
18.00
20 . 25
20.00
17.00
»
t7.50
275
Avoine.
fr.
18.00
19.00
18.00
16.50
1 7 25
17.50
18.00
18.25
17.50
17.75
»
18.75
19.50
21.00
19.00
16 50
18 00
19.80
19.00
18.00
Prix moyens 23.99 15.38 13.55 18.28
6" RÉGION. — EST.
ylin. Bourg 25.25
— P .nt-de-Vaiix 24.75
Côle-d'Or. Dijon 23.00
— Bea'iiie 23.50
Doubs. Besançon 23 . 1 5
Isère. Gr 'od-Lemps. .. 25 00
— Bourgoin 24.75
Jnra. Dole 22.25
Loire. Ctiarliau 23.50
P.-de-Dô/;ie. Clermont-F. 25.50
Rhi'me. Lyon 25.00 14.50
Saône-el- Loire. Chilon. 24.50 14.50
— LOuhans 26.75 18.00
£.rtuot«. 'harnbéry 25.75 »
Hle-tiavoie. Annecy 28 50 19.25
Prix moyens 24.61 16 00
7' REGION. — Sl'Il-OrEST
Ariège. Foix 25.00 18. nO
— Pdmiers 24 7.
Dordogne. Bergeiac... 25. 20.
IIle-Garonne. Toulouse.. 24.. 50
— Sl-Gandeiis 25.50
Ge/s. Coiidoin 25.00
— EaiJze 26.50
— Miiande 25 70
Gfcoiide: Boideaux. . . . . 25.85
— La Reoie 26. Oi)
Landes. Dax 28 00
Lot-el-GaronneiA^tt... 28^50 19 00
— Nér.ic 26.50
B. -Pyrénées. Bayoïiae.. 26 00
Htes-Pyrénées: Tarbes.. 26.25
Prix moyens 25-88 18.09 18^37 20.32
8" RÉGinN; — SUI*j
Aude. Ca^telnaudary... 27 15 » 20 00
— Caicassiinne 27.00 » 20 ai)
Aveyron. Wnàez 23.50 1S.20 »
Canlal. Mauriac 'jS.OO 21. >5 »
Ciirreze. LiiberzdC 2i.50 18.50 18.25
Hérau'.l. Cette 27.25 » 16.50
— B-'ziers 2750 20.5» 20 25
Lot. Caliois 27 00 17.50 17.80
Lozère Mende 23.10 17 3o 17.4ii
P;/réu«es-Or.Perpignan. 27.75 25.00 17.80
7'ar)i. L.iVrtiir 2625 20.50 »
Tarn-el Cîar. Montaunan 26 00 18:50 19.25
20.25
20 50
20 00'
25.55
1S.20
20 00:
21.00
«8.25
17 70
18. 10'
20 . 25.
20.50
Pri.t moyens
9' RÉGION.
Dassea- Alpes. Manosiiue
Hautes- Alpes. BriançDn.
Aljies- Maritimes. C'Mines
Ardechf. Priv is
B.-du-lihone. Arles....
Dri'ime. Monléliniar . . . .
Gard. Nîmes
Haute-f.oire. Hrioude...
Var. Dr.u'uiunaii
Vauciase. Citrpeniras.. .
Piix moyensi ....
Moy. de loiiie la France
— de la semaine préuéd.
Sur la seinaiiie^Hausse.
précédente. .JBaisse..
26 09 19.76 18.64 20 02
— srn-KsT.
28.75 »
27.00
26.50
26. 65
28 . 25
24.50
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27: 00
17.50
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18.00-'
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18.00
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24.001
19.75
18.50
19.40
18.50
17. 75
20.50.
17.80
18.50
18.20
26.6e 17.67 18i.29> 19.29
24.88) le-.UBi 18.30'
24.81 16 82 18. Il
0.07 0.16 0.17
18' 98
19i 02.
276 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
Blé. Seigle. Orge. Ayoino
fr. fr. fr. fr.
.... ., ( blé tendre... 26.00
Algérie. ^^-^'f blé dur 24.80 » 16.00 15.80
Angleterre. Londres 26.40 » 19. .oO 20.00
Belgique. Anvers 24.50 18.00 17.00 17.75
— Bruxelles 26.00 18.00 21.50
— Liège 24.75 18.50 20.50 18.00
— . Namur 23.00 17.00 20.00 15.50
Pays-Bas. Amsterdam 24.00 17.10 » »
Luxembourg. Luxembourg 24.00 19.00 » 18.50
Alsace-Lorraine. Strasbourg 25.25 17.75 17.50 17.7.i
— Mulhouse 22.50 » 17.00 16.50
— Colmar 24 85 18.25 18 50 17.25
Allemagne. Berlin 24.50 19.00 . »
— Cologne 26.25 18. -jO
— Hambourg 24.00 17.75 » »
Suisse. Genève 27 00 » » 21.25
Italie. Turin 25.00 19.75 ». 18.50
Espagne. Valladolid 24.25 » » •
Autriche. Vienne ... 20.75 15.00 16.25 14 25
Hongrie. Budapeslb 2!. 50 15 40 15.75 14.00
Russie. Saint-Pétersbourg.. 22.25 15.50 » 13.00
Etats-Unis. New-York 24.20 » • »
Blés. — Il y a eu depuis huit jours un revirement complet dans la température.
Le temps s'est remis partout au beau, et une chaleur intense règne dans toutes
les parties du pays. Il n'y a qu'à s'en louer; après le froid per.eistant et la pluie
des dernières semaines, la végétation était partout retardée, et l'on commençait à
éprouver des inquiétudes sérieuses pour le développement des blés en terre.
Aujourd'hui ces craintes s'évanouissent avec les nuages qui les avaient fait naître ;
l'avenir apparaît sous des couleurs plus gaies, et il est permis de compter qu'il
donnera de bonnes récoltes. Quant aux transactions, elles présentent le plus grand
calme sur tous les marchés ; les ventes sont peu importantes et les prix sont sta-
tionnaires. — A la halle de Paris, le mercredi 16 mai, il n'y a eu que peu
d'affaires; les prix sont encore demeurés sans changements; on cotait de 2^ fr. 50
à 26 fr. 50 par 100 kilog. suivant les qualités. Au marché des blés à livrer, on
paye : courant du mois, 26 à 26 fr. 25; juillet-août, 26 fr. 75 à 27 fr. ; quatre der-
niers mois, 27 fr. 25 à 27 fr. 50. — Au Havre, il y a peu d'affaires sur les blés
d'Amérique; on les cote, suivant les qualités, de 26 fr. 25 à 27 fr. 50 par quintal
métrique. — A Marseille, les ventes ont été assez actives duraut cette semaine,
avec des prix soutenus. Les arrivages de blé ont été de 79,000 quintaux environ;
le stock est actuellement, dans les docks, de 125,000 quintaux. On paye par
quintal métrique : Red-winter, 28 à 28 fr. 25 ; Berdianska, 27 fr. 50; Pologne,
26 à 26 fr. 50; Bessarabie, 25 fr. 50 à 26 fr. ; Irka Danube, 23 à 23 fr. 50;
Irka Nicolaïefl', 26 à 26 fr. 50 — A Londres, les affaires sont calmes, avec des prix
stationnaires ; les prix se fixent de 24 à 26 fr. 70 par 100 kilog. suivant les qua-
lités et les provenances.
Farines. — Les affaires sont très restreintes et les prix ne présentent pas de
variations. — Pour les farines de consommation, on cotait à la halle de Paris le
mercredi 16 mai : marque de Gorbeil, 60 fr. ; marques de choix, 60 à 62 fr.;
premières marques, 58 à 59 fr. ; bonnes marques, 57 à 58 fr.; sortes ordi-
naires, 54 à 56 fr. ; le tout par sac de 159 kilog. toile à rendre ou 157 kilog.
net, ce qui correspond aux prix extrêmes de 40 fr. S-i à 39 fr. 50 par 100 kilog.,
ou en moyenne 36 fr. 95; comme le mercredi précédent. — Les cours des farines
de spéculation s'établissaient comme il suit le mercredi )6 mai au soir : farines
neuf -marques, courant du mois, 56 fr. 75; juin, 57 fr. 25; juillet et aoiàt, 58 fr. 25;
quatre derniers mois, 59 fr. 50; le tout par sac de 159 kilog., toile perdue ou
157 kilog. net. — Les prix des farines deuxièmes se maintiennent de 26 à 30 fr.
par 100 kilog. ; ceux des gruaux de 46 à 57 fr.
Seigles. — H y a toujours beaucoup de fermeté. On paye les seigles à la
halle de Paris, 16 fr. 50 par 100 kilog. Les farines de seigle valent de 24 à
26 fr. avec des ventes assez nombreuses.
Orges. — Très peu de ventes, aux cours de 18 à 20 fr, par 100 kilog. à la halle
de Paris. Les escourgeons valent de 17 fr. 50 à 18 fr. 50 suivant la provenance.
— A Londres, il y a maintien des cours, de 18 à 20 fr. 50 par 100 kilog.
Mail. — Les prix se soutiennent bien. On paye à Paris les malts d'orge 26 à
33 fr. par 100 kilog. ; ceux d'escourgeon, de 27 à 32 fr.
Avoines. — Il y a plus de fermeté dans les prix pour les belles qualités, — On
DES DENRÉES AGRICOLES (19 MAI 1883). , 277
cote à la halle de Paris de 18 fr. 50 à 21 fr. 25 par 100 kilog. suivant poids,
couleur et qualité. — A Londres, les affaires sont restreintes; on paye de 18 fr. 50
à 21 fr. 85 par quintal métrique, suivant les sortes.
Sarrasin. — La hausse se maintient à la halle de Paris. On paye de 16 fr. 50
à 17 fr. par 100 kilog. suivant les qualités.
Maïs. — Les affaires sont restreintes sur les maïs d'Amérique dans les ports.
On les cote de 16 fr. 75 à 17 fr. par 100 kilog., comme la semaine précédente.
Issues. — Il y a un peu de faiblesse dans les cours ; les demandes sont d'ailleurs
calmes' pour toutes les sortes. On paye par 100 kilog. à la halle de Paris :
gros son seul, 15 fr. 50 à 15 fr. 75 ; son trois cases, 14 fr. 25 à 14 fr. 75;
sons fins, 13 fr. 52 à 14 fr. ; recoupettes, 13 fr. 25 à 13 fr. 75; reraoulages bis,
14 fr. à 14fr. 50; remoulages blancs, 14 fr. 50 à 15 fr. 50 ; le tout par 100 kilog.
III. — Fourrages, graines fourragères.
Fourrages. — Les affaires sont devenues plus faciles depuis le retour du beau
temps. On cote actuellement par 1,000 kilog. à Paris, : foin, 110 à 130 fr.; luzerne,
112 à 126 fr.; paille de blé, 60 à 72 fr.; paille d'avoine, 46 à 52 fr.
Graines fourragères. — Les ventes sont assez calmes, mais les prix sont sou-
tenus. On paye par 100 kilog. à la halle de Paris : trèfle incarnat, 35 à 40 fr.;
luzerne de Provence, 140 à 160 fr.; du Poitou, 120 à 130 fr.; minette, 50 à
65 fr. ; poisjarras, 22 à 24 fr.; pois gris, 24 â 25 fr.; sainfoin à une coupe, 25 à
28 fr.; à deux coupes, 30 à 32 fr.; maïs dent de cheval, 21 à 22 fr.; maïs jaunes
des Landes, 25 à 26 fr.
IV. — Fruits et légumes frais.
Amandes. — Dans le Midi on paye les amandes à la dame 1 10 fr. par lOÔ kilog.
Fruits. — Dernier cours de la halle de Paris : fraises de châssis, le pot,
0 fr. 20 à 1 fr. 25; pommes, le cent, lOfr. à 150 fr.; raisins, chasselas de serres,
le kilog., 10 à 16 fr.
Gros légumes. — On vend à la halle de Paris : asperges aux petits pois, la botte,
0 fr. 75 à 2 fr.; communes, la botte, 2 fr. 50 à 25 fr.; carottes nouvelles, les
100 bottes, 70 à 100 fr.; d'hiver, l'hectolitre, 3 à 5 fr. ; de chevaux, les 100
bottes, 15 à 22 fr.; choux nouveaux, le cent, 6 à 16 fr.; communs, le cent,
5 à 20 fr.; haricots verts, le kilog., 1 fr. 50 à 4 fr.; navets nouveaux, les 100
bottes, 60 à 100 fr.; l'hectolitre, 4 à 5 fr.; oignons nouveaux, les 100 bottes,
25 à 50 fr.; en grain, l'hectolitre, 9 à 13 fr.; panais communs, les 100 bottes,
12 à 18 fr.; poireaux communs, les 100 bottes, 15 à 45 fr.
Pommes de terre. — Nouvelles, le panier, 4 à 5 fr.; hollande nouvelle,
l'hectolitre. 0 fr. ^0 à 1 fr. 50; communes, l'hectolitre, 20 à 33 fr.; le quintal,
28 fr. 57 à c<2 fr. 85; jaunes communes, l'hectolitre, 9 à 12 fr., le quintal,
12 fr. 85 à 17 fr. 14.
V. — Vins, spiritueux, vinaigres, cidres.
Vins. — Voici que la quinzaine de mai parait devoir réparer, nous ne dirons
pas le mal, mais le retard considérable qui s'était produit dans la végétation des
vignes. Après une longue période de jours froids et pluvieux, mais sans gelées
néfastes, la végétation languissait, et partout elle présentait une apparence qui
était loin d'encourager les vignerons. Mais tout d'un coup les choses changent,
l'épais rideau de nuages qui obscurcissait le ciel est déchiré, le soleil brille de
toute sa vigueur. La saison actuelle est bonne; elle paraît devoir se prolonger pen-
dant quelques jours au moins; l'avenir sourit, et pour peu que le régime des pluies
ne reprenne pas avec une persistance trop souvent répétée, la floraison se fera
bien, sans danger résultant de gelées désormais bien peu probables, et la condi-
tion d'une bonne récolte sera remplie. — En attendant, les transactions sur les
vins suivent leur courant habituel, sans grande hâte, sauf dans quelques parties
du Midi, et notamment dans le Narbonnais; à Cette, on cite des affaires assez
importantes, principalement sur les vins d'Espagne. A Bordeaux, voici quelques
résultats d'une vente publique qui vient d'avoir lieu dans les chais d'un commis-
sionnaire : Sainte-Foy, 1882, 36u fr. le tonneau; Gahors 1882, 480 fr.; Lot-et-
Garonne 1882, 345 fr.; Saint-Macaire 1882, 420 à 425 fr.; Minervois 1881,
420 fr.; Côtes de Nérac 1881, 445 fr.; Blaye 1881, 490 à 500 fr,; Palus Longoiran
1880, 490 fr.; Roussillon, V choix 1879, 595 fr.; lioussillon 1878,585 à L90 fr.;
Cantenac Médoc 1879, 615 à 620 fr.; Saint-Estèphe 1878, 885 fr., Pauillac 1878,
800 fr.; pour des vins, il a été payé : Entre-deux-mers 1879, 385 fr.; La Réole
1879, b40 à 350 fr. — A Celte, les vins de fabrication se cotent actuellement de
1 fr. 70 à 1 fr. 80 le decrré.
278 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT
Spirilneux. — La situafion est toujours la même; très peu d'affaires sur les
alcools, de quelque provenance qu'ils soient, et prix à peu |irès statioanaires.
D'ins le Midi, on paye, : Cette 3/6 boa goût, i05 à 110 fr.; marc, 100 fr.; —
Béziers, 3/6 bon ^oùt, 103 fr.; marc, 95 fr.; — Pézenas. 3/6 bon goiat, 102 fr.;
marc, 94 fr. — Dms les GliareiitHs, les eaux-de-vie 1875 à 1878 valent : bons
bois, 215 à 235 fr.; fias boi-*, 2 5 à 260 fr • petite Gha opag^ie, 245 à 280 fr.;
fine Champagne, 265 à 305 fr. — A Lille, on piye les alcools de betteraves 49 fr.
par hectolitre; — à Paris, on cote : 3/^ betteraves, r«' qualité 90 degrés, dispo-
nible, 49 fr.; juin, 49 fr. 25 ; juillet et août, 50 fr.; quatre derniers mois, 50 fr. 75.
— Au 1'. mai, le stock était de 20,7i0 pipes, contre 14,750 en 18H2.
Vinaigres. — Prix sans variations. On cote à Orléans, par hectolitre : vinaigre
nouveau de vin vieux, 40 à 42 fr.; vinaigre vieux de vin, 50 à 60 Ir.
Riiisins sers. — Les offres sont restr 'inles et les prix se soutiennent avec beau-
coup de fermeté. On p'^ye à Marseille, par 100 kilog. : Corinthe, 53 à 55 fr.;
Thyra, 47 à ^^S fr. ; Beyrouth, m5 fr.; Chypre bleutés, 56 fr.; Chypre secon-
daires, 47 à 48 fr.; Samos noirs, 51 à 52 fr.; blonds, (i4 fr ; Alexanclrette, 49 à
51 fr.; Vouila rouges, 45 à 46 fr.
VI. — Sucres. — Mélasses. — Fécules. — Glucoses. — Amidons. — Houblons.
Sucres. — Les affaires sont assez restreintes, mais les prix accu-<ent beaucoup
de fermeté aussi bien à Paris que sur les autres marchés du Nord. On cote à
Paris : sucies bruts 88 degrés saccharimélriques, 53 fr. 25 ; les 99 degrés,
60 fr. 50; sucres blanc-:, n" 3, 60 fr. 50 à 60 Ir. 75; — à Valenciennes, sucres
bruts, 5i fr 25; — à Lille, sucres bruts, 52 à 52 fr. 25; sucres blancs, 60 fr. ;
— à Saint-Queniin, sucres bruts. 52 fr 50 à 53 fr. ; sucres blancs, 60 fr. Le
stock de l'entrepôt réel des sucres à Paris, était, au 16 mai, de 672,000 sacs,
avec une augmentation de 31,(i00 sacs depuis huit jours. — Les prix des sucres
raffinés, se maintiennent de 105 à 106 fr. par 100 kilog. à la consommation, et
de 64 à 67 Ir. pour l'exportation. Dans les ports, affaires calmes sur les sucres
coloniaux, sans variations dans les prix.
Mêlasses. — [.es prix sont faibles. On cote par 100 kilog. : mélasses de fabrique,
10 fr. ; de ralfinerie. 12 fr.
Fécut s. — Les affaires sont calmes, avec des prix fermes. On cote à Paris :
fécules prenaières du rayon, 41 fr. ; à Gompiègne, fécules de l'Oise, 40 fr. ; à
Epinal, lécules des Vosges, 41 à 42 Ir.
6'/ icosrs el amidons. — Les ventes sont assez actives, avec beaucoup de fermeté
dans les prix.
Honb'ons. — Les ventes sont toujours aussi peu importaate=!, mais les prix
accusent beaucoup de fermeté pour toutes les catégories. Dans le NorJ, on paye
650 fr. par 100 kilog. ; en Bourgogne, 800 à 850 ir. La vég'^tation des houblon-
nières, continue à présenter un aspect généralement satisfaisant.
VU. — Huiles et graines oléagineuses.
Huiles. — Les affaires sont calmes sur les huiles de graines ; les prix sont
ceux que nous avons indiqué dans notre précédente revue. Oaco.e à Paris : huile
de colza en tous fûts, 99 fr. 25; en tonnes, 101 fr. 25; épurée en t )nnes,
J09 fr. 25; huile de lin en tous fûts, 55 fr. 25 ; en tonnes, 57 fr. 25. Sur les mar-
chés des départements, on paye les huiles de colza : Arias, 93 fr ; Lille, 96 fr. ;
Rouen, 98 fr. ; et pour les autres sortes; lin, 58 fr.; arachides, 78 fr. — Sur
les marchés du Midi, les ventes sont assez actives sur les huiles d'olive, avec
maintien des prix pour toutes les d verses sor:es.
Graines olêa'iineuses — Les bonnes qualités sont recherchées avec des prix
fermes. On paye par hectolitre à Atras : graine d'œillette, 24 fr. à 28 fr. 25 ; de
lin, 16 fr. 5u à 19 fr ; cameline, 15 à 18 fr.
Tourleaux. — Les prix sont toujours fermes. On cote à Rouen par 100 kilog. ;
tourteaux de sésame, 15 fr. ; de lin, 19 fr. ôO; — A Marseille, tourteaux de lin,
17 fr. 50 ; arachide eu co |ue, 9 fr. 75 ; sésame blanc du Danube, 14 Ir. ; coprats,
12 fr. '^5: col/.a du Dinube, 13 fr. 25; œillette exoti fue, H fr. 25; coton
d'Egypte, 12 fr. 25; palmiste naturel, 10 fr. 50; ravison, 11 fr. 25.
VIII. — Matières résineuses, colorantes el tannantes.
Matières résineuses. — Les cours varient peu. L'essence pure de térébenthine
est payée à Bordeaux 80 fr. par 100 kilog.; — A Dax, 73 fr.
Gaudes. — Prix faibles, à 2o fr. par 100 kilog. dans le Languedoc.
DES DENRÉES AGRICOLES (19 MAI 1883). 279:
IX. — Textiles.
Laines. — Quelques ventes ont été faites durant cette semaine au Havre, en
laines exotiques, aux cours de 1 fr. 50 à 1 fr. 95 par kilo^s;' , suivant les sortes.
Chanvres. — Les aH'aiies sont toujou's cnlmes. Dans l'Anjou, les chanvres de
pays se payent de 70 à 80 fr. par 100 kilog., suivant les qualités.
Lina. — Maintien des cours. Dans la Somme, on cote 65 à 95 fr. par quintal
métrique pour les lins de pays.
X. — Suifs et corps gras.
Suifs. — Les prix se soutiennent sans changenients. On cote à Paris, 110 fr.
{)ar 100 kilofT. pour les suifs purs de l'abat de ia boucherie; 82 fr. 50 pour
es suils en branches.
Saindiux. — II n'y a pas de changements dans les prix. On paye au Havre 1 42 à
143 fr. par 100 kilog. pour les saindoux d'Amérique.
X!. — Beurres. — Œu/s. — Fromages.
Beurres. — On a vendu, pendant la semaine, à la halle de Paris, 265,527 kilog.
de beurres. Au dernier jour, on vendait par kilog.; en demi-kilog., 2 fr. 02 à
4 fr. 60; petits beurres, 1 fr. 80 à 3 fr. 04; Gournay, 2 fr. 04 à 4 fr. 02 ; Isigny,
2 fr. 60 à 7 fr. 64.
Œufs. — Du 7 au 12 mai, il a été vendu à la halle de Paris, 7,73*^,362 œufs.
Au derni-^r manhé, on payait par mille : choix, 86 à 100 fr.; ordinaires, 57 à
72 fr.; petits, 50 à 56 fr.
Fromages. — On vend à la halle de Paris, par douzaine : Brie, 7 à 33 fr.; Mont-
Ihéry, 15 fr. ; par cent, Livarot, 55 à 127 fi.; Neufchâtel, 5 fr. 50 à 28 fr. 50;
diveis, 6 à 72 fr. ; par 100 kilog.. Gruyère, 140 à 180 fr.
Xtl. — Chevaux, bétail, viande.
Chevaux. — Aux marchés des 9 et 12 mai, à Paris, on comptait 924 chevaux;
sur ce nombre, 326 ont été vendus comme il suit :
Chevaux de cabriolet. .
— de trait
— tiors d'âge. ..
— à Tenclière.. .
— de bouclierie.
Amenés.
Vendus.
Prix extrêmes.
2-.'9
bO
185 à 1.0.^0 fr
276
59
190 à 1,180
296
&4
20 à 900
30
35
35 à 420
88
88
30 à 100
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement officiel du marché aux bes-
tiaux de la Viliette, du jeudi 10 au mardi 15 mai :
Poids Prix du kilog. de viande nette sur
Vendus moven pied au marche du 14 mai.
Pour Pour En 4 quartiers. 1« 2« 3» Prix
Amenés. Paris, l'extérieur, totalité. kil. quai. quai. quai. moyen.
Bœufs 4, .539 2,734 1,369 4,103 353 1.82 1.70 1.A8 1.64
Vaches 1,362 779 354 1,133 232 1.70 1.48 1.34 1.50
Taureaux 312 248 46 294 385 1.60 1.48 1.38 1.48
Veaux 3,616 2,240 1,122 3,362 71 2 2J 2.10 1.76 1.95
Moulons 42,136 25,937 12,7.55 3«,692 50 2.06 1.9i 1 72 1.84
Porcs gras.... 6,840 2,755 3,8^5 6,600 82 1.42 1.36 1.30 1.35
— maigres. » • » » »»»■. »
Les approvisionnements du marché ont été abondants : mais par suite, à la
fois, des lêtes de la Pentecôte et de l'arrivée des chaleurs, les ventes ont étéassez
difficiles, et pour toutes les catégories nous devous enregistrer un mouvement de
baisse. — Sur les marchés des départements, on cote actuellement : — Riaen.,
bœuf, 1 fr. 70 à 2 fr, par kilog. de via.nde nette sur pied; vaches, 1 fi. 65 à
1 fr. 95; veaux, 1 fi. 85 à 2 fr. 20; moutons, 1 tr. 9 • à 2 fr, 25; porcs, 1 fr, 10
à 1 fr, 45 ; — Nuhtes^ bœuf, 0 fr. 90 à 0 Ir. 95 par kilog. brut; veau, 0 fr. 92;
mouton, 0 fr. 92; — Arras, vaches raaigras, 0 Ir. 6u àO fr. 70 le kilog. brut;
taureaux raaigies, 0 fr. 65 à 0 fr. 75; taureaux gras, 0 fr. 75 à 0 fr. 85; vaches
grasses, 0 tr. 80 à 0 ir. 90; — Nancy, bœuls morts, 85 à 99 fr. par 100 kilog.
bruts; vaches, 0 fr. 70 à 0 fr. 95; veaux, 60 à 70 fr.; mouton, 110 à 125 fr.;
porcs, 70 a 7b. fr. ; — Dijon, bœuf, 1 fr. 60 à 1 fr. 80; vaches, l'fr. 16 à 1 ir. 68;
veau (poids vif), 1 fr, 08 à 1 fr, 16; mouton, 1 fr. 80 à 2 fr. 10; pore, 1 fr. à
l.fr. 26 ; — iVirecourl, bœuf, 1 fr. 80; veau, l fr. 80; mouton, 2 fr. à 2 fr. 20;
porc, 2 Ir.; — Lyon, bœuf, 80 à 93 fr.; veau (poids vil), 60 à 66 fr.; moutons,
80 à 100 Ir, ; — bourgoin, bœufs, 66 à 76 IV.; vaches, 58 à 68 fr.; moar-
tODS, 90 à 98 fr,; porc, 8b à 90 fr. ; veau, 90 à 106 fr. ; — Rudez, bœufs, 75 fr.
vaches et génisses, 65 fr.; mouton et brebis, 80 fr,; veau, 90 Ir.; — Genève^ bœuf,
280 REVUE COMMERCIALE ET PRIX GOURANT (19 MAI 1883).
1 fr. 50 à 1 fr. 70; veau (sur pied), 0 fr. 90 à 1 fr. 10; mouton, 1 fr. 90 à
1 fr. 95 ; porc, 1 Ir. 45 à Ir. 50.
A Londres, il a été importé durant la semaine 7,800 têtes ; le lundi de la Pen-
tecôte il n'y a point eu de marché. Les agneaux onl été très demandés. Prix du
kilog. Bœuf: qualité inférieure, 1 fr. 52; 2% 1 Ir. 93; l'^^ 2 fr. 05. — Veau :
qualité inférieure, 1 fr. 93 ; 2% 2 fr, 10; l'^ 2 fr. 28. — Mouton : qualité infé-
rieure, 1 Ir. 93 ; 2% 2 fr. 10 ; r% 2 fr. 22. — Agneaux : 2", 2 fr. 69 ; 1^"3 fr. 04.
— Porc : qualité inférieure, 1 fr. 52 ; 2'', 1 fr. 64; 1«, 1 fr. 75.
Viande à la criée. — Il a été vendu à la halle de Paris du 8 au 14 mai :
' Prix du kilog. le i i mai.
kilog. 1" quai. 2' quai. 3* quai. Choix." Basse Boucherie.
Bœuf ou vache... 183,481 1.58 à 2.00 1.36 à l.M 0.90 à 1.34 1.50 à 3.00 0.20 à 1.30
Veau 251,945 1.62 2 20 1.40 1,60 0.80 1.38 1.20 2.56 »
Mouton 83,027 1.48 1.86 1.26 1.46 0.86 1.24 1.60 3.00 .
Porc , 42,057 Porc frais 1.20àl,56; salé,
.560,510 Soitparjour 80,073 kilog.
Les ventes ont été supérieures de 2,000 kilog. par jour à celles de la semaine
précédente. Les prix sont faibles pour toutes les sortes.
XIII. — Cours de la viande à Vabattoir de la Villelte du 17 mai (par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Villette par 50 kilog. : 1" qualité,
73 à 75 fr. ; 2% 68 à 70 fr. ; poids vifs, 48 à 53 fr.
Bœufs. Veaux. Moutons,
1" 2" 3* 1" 2' 3" 1" 2° 3°
quai. quai. quai. q^al. quai. quai. quai. quai. quai.
fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr,
82 76 ip 120 110 100 93 87 80
XIV. — Marché aux bestiaux de la Villette du jeudi 17 mai 1883.
Cours des commissionnaires
Poids Cours officiels. en bestiaux.
Animaux gênerai. 1" 2" 3" Prix 1" 2* 3* Prix
amenés. Invendus. kil. quai. quai. quai, extrêmes. quai. quai. quai. extrêmes.
Bœufs 2 099 377 350 i.73 1.66 !.46 1.38àl.85 1.76 i.64 1.44 1.36àl 82
Vaches 564 117 23> 1.66 1.44 1 30 1.22 1.70 J.64 1,42 1.28 1.20 1.68
Taureaux... 140 27 380 l 54 t. 40 t. 32 1.26 1.60 1.52 1.38 1.30 1.24 1 58
Veaux 1.781 478 75 2.I0 1.96 1.60 1.40 2.25 » « » »
Moutons 16,924 3.261 20 2 O'i 1.90 1 70 1.52 2.08 » » » »
Porcs gras.. 4.808 464 8? 1,14 1.33 1.32 1.26 1.4S » » »
- maigres.. » » »»»» »»»»»»
Vente difficile sur toutes les espèces.
.W. — Résumé.
Les cours de la plupart des denrées agricoles se sont maintenus sans variation
depuis huit jours. A. Remy.
BULLETIN FINANCIER
La conversion est achevée ; elle s'est faite dans des conditions de régularité
absolue, ce qu'il était d'ailleurs facile de prévoir. Les demandes de rembourse-
ment ont été presque nulles ; les détenteurs de titres ont accepté sans restriction
la situation nouvelle. Quant à la Bourse, elle présente peu d'animation : peu
d'affaires sérieuses, mais beaucoup de bruits plus ou moins gros d'événements,
qui ne se réalisent jamais. De la lutte constante entre le? haussiers et lesbaissiers
résultent des mouvements d'oscillation des cours san^ importance réelle.
Les fonds français, sont cotés actuellement . 3 pour 100, 79 fr. 65; — 3 pour
100 amortissable, 81 fr.; — 4 et demi pour 100, lit) fr. On voit que ces taux sont
ceux de la semaine précédente.
La Banque de France vaut 5,410 fr,,; le Crédit foncier, 1,340 fr.; le Comptoir
d'escompte, 975 fr.; la Banque de Paris et des Pays-Bas, 1,065 fr.
Il y a reprise sur la plupart des titres des chemins de fer français. Ils sont
cotés actuellement : Nord 1,935 fr.; Orléans, 1,250 fr.; Ouest, 780 fr.; Est,
720 fr,; Paris-Lyon-Méditerranée, l,6i0 fr,; Midi, 1,180 fr. Les demandes sont
assez actives
Les actions de la Compagnie parisienne du gaz valent 1,360 fr.; c'est une
baisse de 20 ir. depuis huit jours, due surtout aux difficultés de la Compagnie
avec la Ville.
Le canal de Suez vaut 2,315 fr.; les délégations, 1,285 fr.
Le gérant^ A. Bouché. E. Féron.
CHRONIQUE AGRICOLE (26 mai m^y
Hommage rendu à M. Pasteur par les universités britanniques. — Démonstrations de respect
données à M. Chevreul par plusieurs (grandes Académies. — L'agriculture française à l'expo-
sition internationale de Boston. — Banquet du 19 mai. — Les emprunts mutuels de l'agri-
culture européenne et de l'agriculture américaine. — Toast porté à leur union. — Nouvelle
liste de souscription pour le monument de Léonce de Lavergne. — Le phylloxéra. — Note de
MM. Couvert et DegruUy sur la plantation de vignes dans les terrains sablonneux en Algérie. —
Mise en vente du volume renfermant le coinjite rendu du service du phylloxéra en 1882. — Le
commerce des vins et la suralcoolisation des vins étrangers introduits en France. — Pétition
adressée à la Chambre des députés par 22 associations a^Ticoles de France et d'Algérie. —
Mesures proposées en faveur de la viticulture. — Proposition de loi de M. Bernard-Lavergne
sur le vinageà prix réduit des vins de la récolte de 1882. — Programme de l'exposition dépar-
tementale agricole de Beaune. — Modifications au programme des concours spéciaux d'instru-
ments au concours régional de Mende. — Concours international d'animaux agricoles à
Hambourg. — Ajournement de l'exposition agricole de Lisbonne. — Prochain concours du
Comice départemental de ?eine-et-Marne. — Lettre de M. de La Morvonnais sur la culture du
panais comme plante fourragère.
I. — La science française à l'étranger.
Tandis que quelques savants allemands ou 'italiens, peut-être même
français^ se montrant jaloux des services rendus aux sciences et à
l'agriculture par M. Pasteur, cherchent à en abaisser la valeur, et
même à lui contester l'honneur de ses découvertes, on est heureux de
voir que justice lui est pleinement rendue par les plus hautes asso-
ciations scientifiques de l'Angleterre. C'est ainsi que des diplômes de
docteur viennent de lui être décernés par des universités britanniques.
Du reste, M. Pasteur n'hésite pas à répondre nettement à ses contra-
dicteurs, et c'est toujours sur le terrain expérimental qu'il les appelle,
voulant répondre par des faits tandis qu'ils se réfugient dans des
phrases. On apprendra d'ailleurs avec satisfaction que la Commission
de lu Chambre des députés, chargée de l'examen du projet de loi sur
l'augmentation delà récompense nationale décernée à l'illustre savant,
s'est prononcée favorablement à l'unanimité.
Ce n'est pas seulement M. Pasteur qui est aujourd'hui l'objet des
démonstrations de respect et de reconnaissance des savants du monde
entier; M. Ghevreul reçoit aussi sa part des respects universels. Dans
le courant du mois de mai, l'Académie des sciences de New-York lui
a décerné le titre de membre honoraire, et l'Académie des sciences de
Washington l'a nommé associé étranger. Déjà, ce titre, au mois de
mai 1833, lui avait été décerné par l'Académie des sciences de
Copenhague, une des plus anciennes et des plus célèbres de l'Europe ;
cette Académie n'a pas voulu laisser passer le cinquantième anniver-
saire de son élection sans lui adresser l'hommage de ses félicitations.
La Société d'ethnographie de Paris vieat de le nommer membre libre.
La Société d'encouragement au bien lui a décerné une couronne civique,
et Fa invité à venir la recevoir dans sa séance publique du 27 mai.
En remerciant cette Société de l'honneur qu'elle voulait lui faire, l'il
lustre vieillard a décliné l'invitation; il a fait finement remarquer qu'à
l'âge de près de cent ans, on ne pouvait pas être sûr du lendemain
il ne voudrait pas qu'un accident qu'il faut toujours désormais pré-
voir, pût venir attrister une séance publique.
IL — L'ayricuUure à Boston.
Nos lecteurs savent qu'une Commission a été nommée en France,
dans le but de faire prendre part notre industrie, nos arts et notre
agriculture à la grande exposition que l'Etat deMassachussets a décidé
d'ouvrir à Boston, au mois de septembre prochain. Cette Commission,
sous la présidence de M. de Lesseps, a donné un banquet le 19 mai.
N» 737. — Tome II de 1883. — 26 Mai.
•282 CHRONIQUE AGRICOLE (26 MAI 1883).
Etaient présents : l'ainbassadeur des Etats-Unis, M. Morton, ainsi que
M. Hérisson, ministre du commerce, M. Cochery, ministre dès postes
et télégraplies, M. Oustry, préfet de la Seine, et un grand nombre de
savants, d'arlistes et d'industriels. Invité à prendre? la parole, nous nous
sommes à peu près exprimé en ces termes :
« Vous voulez, Messieurs, entendre quelques instants parler d'agriculture. J'ai
passé toute ma vie à envisager toutes les choses au poi nt de vue du rapport qu'elles
peuvent avoir &vec les intérêts agricoles. C'est ainsi que j'ai considéré la grande
exposition que l'Amérique va ouvrir à Boston, en commémoration du centième
anniversaire de la signature du traité de paix qui a consacré l'indépendance de la
république américaine.
a J'ai vu le temps où les agriculteurs travaillaient au grand jour pour le progrès
commun, sans songer à se jalouser les uns les autres ; c'était à qui ferait le mieux,
chacun disant S'is observations et ses découvertes, tous étant beureux do se voir
imités quand ils avaient fait le bien. G mment se fait-il que cela ait changé,
qu'on ait tait peur à ceux-ci de l'habileté de ceux-là, et que l'on ait pu poser en
rivales enn mies les agricultures de deux grands pays? Je n'ai pas à traiter cette
question , mais je crois utile de montrer en quelques mots que l'agriculture fran-
çaise et l'agriculture américaine font encore des échanges utiles, et peuvent réci-
proquement se donner des leçons avantageuses pour toutes deux. Je le prouve par
des exemples.
a Nous avons emprunté avec succès et avantage aux Américains leurs machines
à moissonner et à faucher, et nous avons pu ainsi diminuer les frais que nous
coràtent la moisson et la fenaison. Peut-ê're sommes-nous à la veille d'apprendre
d'eux les moyens de diminuer dans une forte proportion, nos Irais de labour, afin
de pouvoir lutter avec eux dans la production à bon marché.
a Quant aux cultivateurs américains, ils n'hésitent pas non plus à nous emprunter
nos meilleures méthodes et nos inventions : exemple, la découverte de l'ensilage
du maïs en vert par M. Goffart; des congrès, des couférences se font maintenant
en Amérique pour y propager les méthodes de notre concitoyen,' qu'on y proclame
un des bieufiiteurs de l'agriculture. Les Américains viennent aussi chez nous,
dans nos pays de grande production chevaline ou de grande pr-oduction laitière,
acheter à des prix élevés nos étalons d'él.te de la race chevaline et de la race
bovine. Sils nous fournissent souvent de la laine, nous leur vendons des béliers.
Quant à nos fruits, nos beurres, nos fromages, nos vins, nos fleurs, ils gagnent
chaque jour en renommée de l'autre côté de l'Atlantique, et leur réputation peut
s'y accroître encore.
« Nous trouverons de grands avantages à ce que nos agriculteurs se rendent à
Boston, ou y envoient leurs produits. Pour mieux faire chez soi, il faut apprendre
comment les autres s'y prennent. Une ditïérence entre l'Amérique et nous, c'est
que là-bas l'agriculture paie moins d'impôts; mais nos agriculteurs qui s'y ren-
dront y apprendront peut-être comment il doivent s'y prendre pour faiie diminuer
les charges qui nous accablent. Multiplier les échanges, c'est assurer l'augmen-
tation des profits. Est-ce que l'illustre perceur d isthmes qui préside cette séance
n'est pas à la fois l'homme des deux mondes? est-ce qu'il n'est pas éc^alement
accueilli par des sentiments de respect et de reconnaissance en Amérique et en
Europe, tout à Ibeure en Afrique?
« Je porte donc un toast à l'union nouvelle de l'agriculture française et de
l'agriculture américaine, pour qu'elles fraternisent à Boston et y commencent une
nouvelle ère de progrès commun ! »
Un vif accueil a été fait à ce vœu. Il nous reste à souhaiter qu'il ne
demeure pas stérile; car c'est en faisant des efforts énergiques qu'on
sort des mauvaises situations. La victoire appartient à ceux qui entre-
prennent de grandes choses, et aux peuples qui cherchent de l'expan-
sion. L'agriculture française a des hommes et des méthodes qui peuvent
s'imposer.
III. — Souscription pour élever un monument à Léonce de Lavergne.
Voici la onzième liste de la souscription ouverte pour élever un
monument à Léonce de Lavergne :
GHROISIIQUJi: AGRICOLE (26 MAI 1883). 283
Fr.
Report de la linte 'précédente 9,435 î>0
Comice agricole de ïïoyan et lu in-mblade (Charente-Inférieure).. 3i) 00
Société d aijricuUure (!•' Tarn-ci-G'irnnne 30 00
Comice des dent cantons de Moiuaiiban 20 00
MM. l'cinsar (Adolphe), de la Nièvie h 00
I^ochequ lirie (marquis ii(^) 50 00
Buniiabsieux (Piene), architecte au.\ archives nationales .S 00
Total de la onzième liste , 9,575 50
Nous rappelons que nos lecteurs peuvent envoyer leurs souscrip-
tions ù M. Henry Sagnier_, secrétaire du Comité, aux bureaux du
Journal de V AgricuUure,
lY. — Le phylloxéra.
Dans une note qu'ils viennent de présenter à l'Acadénaie des scien-
ces, MM. Gonvert et Degrully, professeurs à l'école nationale d'agri-
culture de Montpellier, appellent l'atlention sur les ressources que
présenterait la culiure de la vigne dans les sables en Algérie, [l existe
dans notre colonie africaine, de vastes surfaces, notamment dans les
environs d'Alger, de Mostaganem et d'Oran, couvertes de sables que
les auteurs de la note considèrent comme analogues à ceux de la région
d'Aigues-Mortes; quoi qu'il en soit, les plantations de vignes qui y ont
été faites sont d'une vigueur remarquable. Les auteurs de la note que
nous signalons ont raison d'insister sur les avantages que les viticul-
teurs trouveraient dans ces sables, dans le cas oij le phylloxéra vien-
drait à envahir l'Algérie.
Il y a quelques semaines, nous avons annoncé la publication, par le
ministère de l'agriculture, du compte rendu du service du phylloxéra
pour l'année 1882. Ce volume est mis en vente, à l'imprimerie natio-
nale, rue Vieille- du-Temple, à Paris, au prix de 3 fr.
V. — Le, commerce des vins.
A plusieurs reprises, nous avons reproduit les vœux exprimés par
plusieurs associations agricoles sur les moyens d'obvier aux inconvé-
nients qi.i résultent de l'alcoolisation à outrance des vins étrangers
qui pénètrent en France. A ce sujet, vingt-deux associatioas agri-
coles de France et d'Algérie se sont concertées et ont rédigé une péti-
tion dont nous devons reproduire le texte :
« Messieurs les députés, la viticullure est notre- plus riche industrie, la plus
grande ressource de l'agriculture frai çaise.
« Elle seule peut relever la valeur du sol dépréciée par la concurrence des blés
étrangers, c'e&t elle qui donne le travail en abondance et accumule les popu-
lations.
a Uq grand fl^au est venu l'atteindre, il n'est pas irrémédiable, mais il élève le
prix de revient des produits.
« Dans les circonstances critiques que nous traversons, pouvons-nous douter que
la voix des représentants de cette grande industrie ne trouve auprès de vous un
facile accès.
« C'est le motif qui nous détermine à vous exposer notre situation et nos
besoins.
« Nous ne vous demanderons rien qui ne soit d'accord avec l'intérêt général,
nous n'avons d'autre but que de préserver la pui'eté de nos produits et de leur
maintenir des cours normaux, à l'abri des influences favorables à une concurrence
déloyale.
«Les traités de commerce passés avec l'Esnagne et l'Italie nous sont contraires,
non pas tant à cause de la réduction des tarifs, que par la protection accordée aux
vins alcoolisés d'origine étrangère.
« Tandis que le de<?ré moyen des vins français n'est que de 10 à 11 degrés, les
vins espagnols et italiens peuvent être introduits en France à 15 degrés 9 dixiè-
mes sans payer de droits supplémentaires.
284 CHRONIQUE AGRICOLE (26 MAI 1883).
« Ces stipulations internationales amèneront les résultats suivants si vous n'y
mettez bon ordre.
« Le commerce des vins en France trouve de grands profits à se munir de vins
alcoolisés, dont l'unité de volume ne paie en transports et en droits ni plus ni
moins que les vins moins riches d'alcool, quoiqu'ils présentent l'immense avan-
tage de pouvoir s'étendre par des mélanges.
« Ces composés sont la plupart du temps artificiels, et s'obtiennent en ajoutant
de l'alcool à des vins purs ou additionnés d'eau.
« Par suite des traités, notre commerce trouve donc en dehors ce qu'il ne trouve
pas en France, et il va s'y pourvoir à notre détriment.
« Une prime a donc été établie en faveur des vins exotiques, un encouragement
a été donné à la concurrence qu'ils nous font.
« Comme les vignobles d'Espagne et d'Italie sont moins atteints que les nôtres
fiar le phylloxéra ; que le prix du travail et de l'impôt y sont moins élevés et' que
es traités leur accordent indirectement le privilège du vinage, tout porte à croire
que la richesse qui en ce moment afflue dans les pays de culture vinicole française,
sera transj-ortée là où se cultivent les vignes espagnoles et italiennes
« C'est pour remédiera ce malheur public, messieurs, que nous nous adressons
à vous.
« L'adoption d'une proposition de loi de vinage à prix réduit, semblerait, il est
vrai, devoir apporter un correctif à cet état de choses; on ne peut nier, en effet,
qu'elle ne supprimât la prime dont jouissent les vins alcoolisés à l'étranger, mais
elle présenterait un autre inconvénient fort grave, elle favoriserait la généralisation
du vinage en vue du dédoublement.
« Or, il n'est pas possible à la viticulture de faire de l'alcool au même prix que
les fabricants allemands.
o D'autre part, les vins alcoolisés et dédoublés ne présentent pas, au point de
vue de la salubrité, les mêmes garanties que les vins naturels.
« Il y aurait donc intérêt pour tous à ce que l'alcool et le vin restassent deux pro-
duits séparés.
ce Le moyen d'arriver à maintenir cette distinction, c'est de conserver les droits
élevés qui pèsent sur les alcools, même sur ceux employés au vinage, mais en les
faisant peser aussi sur les vins étrangers à titre alcoolique élevé.
o Pour atteindre les vins vinés quelle que soit leur origine, sans préjudice des
clauses stipulées en faveur des vins étrangers, il y aurait un moyen simple :
ce II consisterait à établir un régime intérieur en vertu duquel tout vin circulant en
France^ devrait acquiiter pour tout degré alcoolique excédant 12°9, h;s droits qui
pèsent sur l'cdcool.
« C'est ce régime que nous venons vous demander d'établir au lieu de celui qui
résulterait de l'adoption de la loi du vinage à prix réduit.
« En outre, il conviendrait que la loi nouvelle contînt des dispositions propres à
faciliter la distinction entre les vins purs et les vins provenant de fabrication arti-
ficielle, particulièrement celle des raisins secs.
ce Toutes CCS compositions peu hygiénic[ues et quelquefois insalubres, ont pour
base des additions d'eau et d'alcool. On peut les produire à un bon marché
ruineux pour la viticulture. Il faut du moins que le public ne les confonde pas avec
des produits plus chers, mais d'une valeur très différente au point de vue de
l'action physiologique : c'est l'intérêt de la viticulture française en même temps que
des consommateurs.
ce L'action de la justice est insuflîsante dans l'état de notre législation pour
empêcher la confusion que la fraude a tant d'intérêt à maintenir, nous avons besoin
de dispositions législatives qui -*"acilitent cette distinction en imposant de rigou-
reuses obligations.
ce Nousesfiérons, messieurs, que nos revendications vous paraîtront bien fondées
et que, en y faisant droit, vous aiderez puissamment à la conservation et à la res-
tauration de la -viticulture française gravement menacée.
(t Pour la Société d'agriculture de Toul (Meurthe-et-Moselle) : le prési-
dent, AUBRY.
ee Pour la Société centrale d'agriculture de l'Yonne et le Comice viticole de
l'Yonne : le délégué, Ch. Flandin.
ce Pour la Société d'agriculture de Joigny (Yonne) : le délégué, Absac
ce Pour la Société centrale du département de la Savoie : le président,
Pierre Tochon.
CHRONIQUE AGRICOLE (26 MAI 1883). 285
« Pour la Société départementale des Bouches-du-Rhône : le président,
J. DE ROUGEMONT.
« Pour la Société d'agriculture de l'arrondissement de Grrenoble (Isère) :
le président, Dalmas.
« Pour le Comice agricole de Brioude (Haute-Loire) : le président,
E. Faure.
« Pour la Société d'agriculture de la Gironde : le vice-président, Froidefond.
« Piiur le Comice agricole d'Agen (Lot-et-Garonne) : le président,
DE Drème.
« Pour le Comice agricole de Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne) : le
vice-président, Abel Ducoudier.
« Pour le Comice agricole de Nérac (Lot-et-Garonne) : le président,
L. DE MoNTESQUlOU.
« Pour la Société départementale d'agriculture et d'horticulture du Gers :
le vice-président autorisé en service, J. Grabias.
«Pour la Société d'agriculture de Mirande (Gers) : le président, A, Mieus-
san ; le secrétaire, J. Seillan.
ce Pour la Société d'agriculture de la Haute-Garonne : le président, Joseph
d'André.
u Pour le Comice agricoh d'Albi (Tarn) : le président, E. Guyot.
« Pour la Société centrale d'agriculture de l'Aude : le président, A. Cornet- -
Peyrusse.
« Pour le Comice agricole de Narbonne (Aude) : le délégué, de Beaux-
HOSTES.
« Pour le Comice de Béziers (Hérault) : les délégués, de Puisségur, Paul
Sabatier, Jules Farret.
« Pour la Société d'agriculture du Gard : le vice président autorisé,
MOLINES.
« Pour la Société d'agriculture, de commerce et d'industrie du Var : pour
le président, le secrétaire autorisé, Ose. Gantillon de Lacouture.
« Pour le Comice agricole d'Oran (Algérie) : le président, A. Galmels ;
les vice-présidents : Jarsaillon, A. Lamur.
« Pour le Comice agricole de Tlemcen (Algérie) : le président, Ayme.
Nous pensons que cette manifestation doit recevoir des pouvoirs
publics l'accueil le plus sympathique; les vœux qui sont exprimés
ici n'ont rien que d'absolument légitime. Une délégation spéciale pré-
sidée par M. Beauxhostes, a été envoyée à Paris pour plaider la cause
de la viticulture devant la Chambre des députés; il faut qu'elle soit
entendue et que l'on prenne d3s mesures pour donner satisfaction à
des vœux exprimés avec l'autorité qui s'attache à la réunion de 22 asso-
ciations appartenant à toutes les régions du pays.
M. Bernard Lavergne et plusieurs autres députés viennent de
présenter à la Chambre une proposition de loi dont le but est d'auto-
riser exceptionnellement et temporairement, jusqu'au l" septembre
prochain, à verser de l'alcool sur les vins de la récoite de 1882, moyen-
nant un droit de 20 francs en principal par hectolitre d'alcool. Cette
proposition a été faite dans le but de prévenir la perle d'une assez
grande quantité de vins, que les auteurs de la proposition estiment
à plusieurs millions d'hectolitres, qui ont été fabriqués avec des
raisins qui n'étaient pas parvenus à maturité.
VL — Exposition départementale à Beaune.
Dans sa réunion du 2 décembre 18S2, le Comité central d'agricul-
ture de la Côte-d'Or, présidé par M. de Vergnette-Laraotte, a décidé,
sur la projjosition du Comité d'agriculture de l'arrondissement de
Beaune, que le prochain concours départemental aurait lieu à Beaune
les 1" et 2 septembre 1883. Des primes en argent et des médailles, le
tout d'une valeur de plus de 0,000 fr., seront attribuées aux exposants
286 ■ CHRONIQUE AGRICOLE (26 MAI 1883).
de ce concours. Y seront admis : les animaux reproducteurs des espèces
chevaline, bovine, ovine, porcine et i;alline, provenant du départe-
ment de la Côle-d'Or. Le concours comprendra aussi la viticulture,
l'horticulture, les produits agricoles, la sylviculture, les travaux sco-
laires, les machines agricoles, les vins vieux et les appareils destinés
à la défense des vignes contre le phylloxéra. Enfin des récompenses
seront altribuées aux serviteurs ruraux.
VIL — Concours régional de MmUe.
Nous avons publié (n" du 21 octobre 1882) l'analyse du programme
du concours régional qui se tiendra à Mende, du 1" au 9 septembre.
Un arrêté de M. le ministre de l'agriculture, en date du 17 mai,
modifié, dans les termes suivants, le programme des concours spéciaux
d'instruments. Voici cet arrêté :
Le ministre de l'agriculture, vu rsrrêté du l'4 septembre I8S2, réglant les dis-
positions du concours régional agricole q^'i se tiendra à Mende du 1*'' au 9 septem-
bre 1883, et Dotaairnent Tarlicle 13 relatit aux concours spéciaux d'instruments;
Vu l'avis de M. Heuzé, inspecteur général de l'agriculture, du 12 avril 1883;
Sur la.proposit on du conseiller d Etat, directeur de l'agricuilure, arrête ;
Art. 1". - L'article 13 de l'arrêté du U septembre 1882, relatif au concours
de Mende, est mod fié de la façon suivante :
Instruments d'extérieur de ferme. — 1" Catégorie. — Charrues tourne-
oreilles pour labour de terrains en pente. — T' prix, médaille d'or et 150 fr. ;
2", médaille d'argent et 100 fr.; 3% médaille de bronze et 75 Ir.
2^ Cafégo'ie. — Instruments pour le greflage de la vigne. — 1" prix, médaille
d'argent (grand module) et ICO fr. ; 2% médaille d'argent et 60 fr. ; 3% médaille
de bronze et 40 fr.
Instruments d'intérieur de ferme. — P^ Catégorie. — Coupe-racines. —
l^' prix, médaille d'argent (grand module) et 150 fr. ; 2^, médaille d'argent et
100 fr. ; 3% médaille de bronze et 75 fr.
2^ Catrgorie. — Tarares à bras. — 1" prix, médaille d'arge.it (grand module)
et 150 fr. ; 2% médaille d'argent et 100 fr. ; 3% médaille de bronze < t 75 fr,
A^rt. 2. — Le conseiller d'Etat, directeur de l'agi iculture, est chargé de l'exécu-
tion du présent arrêté. J. Méliine.
Ce programn e diffère du précédent, en ce que des sommes d'argent
d'une valeur de 40 à 150 fr., sont ajoutées aux médailles qui consti-
tuaient les différents prix pour chaque concours spécial.
VIII. — Concours international à Hambourg.
L'exposition internationale d'animaux ruraux qui aura lieu à Ham-
bourg, en 1883, ouvrira le mardi 3 juillet et sera close le mercredi 11
du même mois. Les personnes qui désireraient y prendre part sont
prévenues qu'elles trouveront des exemplaires du programme de cette
exposition, ainsi que des feuilles d'inscription y relatives, au minis-
tère de l'agriculture, 244, boulevard Saint- Germain (Direction de
l'agricuilure^ bureau des encouragements à l'agriculture).
IX. — Exposition agricole à Lisbonne.
Le Journol offc el fait connaître que, par un avis transmis par le
ministre de Poriugal, l'exposition agricole qui devait s'ouvrir, à Lis-
bonne, au mois de juin, est ajournée au mois de septembre prochain.
X. — Comice agricole de Seine-et-Marne.
Nous rappelons que le Comice agricole départemental de Seine-et-
Marne, présidé par M. Marc de Haut, tiendra son concours annuel le
dimanebe 3 juin prochain. Ce concours aura lieu à I\h)ntigny-Lencoup,
canton de Donnemaiie-en-Monlois, arrondissement de Provins, sur les
terres de M. Xavier Macquin, cultivées par M. Georges Cothias. — Le
CHRONIQUE AGKICOLE {26 MAI 1883). 287
jeudi 31 mai, aura lieu un concours spécial de faucheuses, de faneuses,
de râteleases, de chargeuses et de toutes les machines se rapportant à
la récolte des foins; les récompenses consisteront en médaille, d'or
grand module, médaille d'or et médailles d'argent. — Montigny Len-
coup est à 5 kilomètres de la station de Ghâtenay, sur la ligne de
Montereau à Flamboin.
XI. — La ciUlure du panais.
Notre collaborateur, M. de la Morvonnais, nous envoie la lettre sui-
vante, pour répondre à celle de M. Le Bian, que nous avons insérée
dans noire chronique du 28 avril, relativement à la culture du panais
comme plante fourragère :
« Mon cher directeur, dans la lettre que vous avez publiée dans votre chronique
du 28 avril, l'honorable M. Le Bian s'élève viveaieiit contre la pensée que le
panais ne réussit pas partout comme plante fourragère. Il a la foi d'un apôtre, ou
tout au moins celle qu'avait Parmentier d-ins la propagation de la plante humani-
taire, et prouve justement par là cette ferme volonté qui la fait réussir en plus
d'un genre, l'élevage du cheval, l'arborisation fruitière, etc.
a II reste certain, après tout, que le panais, d'ailleurs connu comme plante
potagère, est préférable à la carotte, à la betterave et au rutabaga, comme légume
de grande culture, et qu'il n'est pas cultivé autant qu'il pourrait l'être, et que,
par conséquent, M. Le Bian rend un très grand service à l'agriculture en propa-
geant, de la manière la plus désintéressée, une plante ijui convient éminemment
à la nourriture des espèces chevaline, bovine, etc. Je n'en demeure pas moins
convaincu que le sol meuble des îles de Jersey et Guernesey, et de la côte nord
du Finistère, joint aux engrais de mer où la soude remplace la p >tasse, et dont on
use si abondamment dans ces contrées, présentent pour le panais les conditions
les plus favorables pour son succès. Je ne parle pas du climat; car ces plantes
résistent à des froids rigoureux, ce qui permet de les laisser longtemps en terre.
« Mais enfin, dans des terres compactes, le panais devient malgré tout, racineux
et souvent fourchu, et c'est ce que nous avons éprouvé, M. Bodin et moi, lors
d'un envoi de graines de M. Le Bian; c'est peut-être ma faute, et quoi' qu'il soit
un peu tard pour semer, je viens de prier M. Le Bian de m'envoyer d'autres
graines, ce qu'il s'empressera de faire, j'en suis persuadé,
A. DE LA Morvonnais.
C'est seulement par des expériences faites dans des conditions variées,
au double point de vue du sol et du climat, que l'on peut se rendre
compte de la valeur des plantes, de quelque nature qu'elles soient.
J,-A. Baiuial.
DISCOURS DE M- MELINE MINISTRE DE L'AGRICULTURE
Au concours régional d'Amiens, le 14 mai 1883.
I. — Discours à la diUribution des récompenses.
C'est une bonne fortune pour le ministre de l'agriculture que de
pouvoir inaugurer la série des concours régionaux de France en prési-
dant une fête comme celle-ci, et en venant constater, de ses propres
yeux, les- merveilleux progrès réalisés chaque jour dans cette admira-
ble région du nord de la France.
Je savais depuis longtemps que c'est ici que l'initiative individuelle
s'est montrée la plus hardie et la plus féconde dans toutes les bran-
ches de la production et du travail. Mais je me demandais avec
inquiétude si le malheur des temps et les cruelles épreuves de ces der-
nières années ne l'avait pas découragée et arrêté sa marche en avant.
Personne n'aurait à coup sûr le droit de s'étonner que la lassitude ait
pu conduire nos populations rurales à une sorte d'abattement et d'à-
288 DISCOURS DE M. MÉLINE AU CONCOURS D'AMIENS.
bandon d'elles-mêmes que les luttes prolongées rendent si souvent
excusables et explicables.
Grâce au ciel, nous n'avons pas à déplorer de pareilles défaillances,
il semble, au contraire, que la dureté des temps ait redoublé le cou-
rage du cultivateur français et qu'il mette aujourd'hui une sorte
d'amour-propre à triompher de toutes les mauvaises chances coalisées
contre lui. Je parle, bien entendu, du vrai cultivateur, de celui qui
aime réellement sa noble profession, et qui ne l'abandonne pas à la
légère parce qu'elle ne réalise pas toutes les espérances sur lesquelles
il se croyait en droit de compter, de celui qui s'attache d'autant plus
à elle, que les efforts qu'elle lui impose sont plus grands et le succès
plus difficile.
Remercions, messieurs, ces hommes de cœur, ces bons Français,
de ne pas désespérer de l'avenir de notre agriculture, car ce sont eux
qui la sauveront. Oui, messieurs, ils la sauveront, j'en ai la conviction
profonde, en dépit de tous les obstacles, de toutes les difficultés de
l'heure présente. Je dirais presque en dépit de la nature elle-même
qu'ils ont presque vaincue à force de patience et de science.
Est-ce que j'avance là une proposition téméraire? est-ce que je me
berce d'une illusion et prends mes rêves pour une réalité? Non, mes-
sieurs, et il suffit de suivre avec un peu d'attention l'évolution agri-
cole qui s'accomplit pour se convaincre qu'une telle appréciation ne
procède pas d'un optimisme exagéré.
A quelle époque, je vous le demande, a-t-on vu un pareil mouve-
ment d'idées, une pareille concentration d'elTorts? Quand a-t-on étudié
et approfondi les méthodes de culture et les perfectionnements de toutes
sortes dont elles sont susceptibles avec autant d'ardeur et de ténacité ?
A quelle époque a-t-on su approprier à un égal degré la production
agricole au sol, au capital disponible et même jusqu'aux variations de
la température?
Les mauvais jours auront une fin, il faut bien l'espérer; mais
les découvertes resteront comme la semence fécondante de l'avenir.
Pour m'en tenir à ce coin de la France où je suis aujourd'hui, est-ce
que les brillants résultats de ce brillant concours auquel nous assis-
tons ne m'autorisent pas à parler comme je le fais.
Si nous voulons en tirer la leçon et le profit, il ne suffit pas d'en
prendre les résultats en eux-mêmes, si satisfaisants qu'ils soient, il
faut regarder en arrière, et comparer, non pas à une année, mais à dix
ans de distance. Si on embrasse attentivement une période de cette
étendue, on aperçoit tout de suite une série de progrès et de transfor-
mations qui attestent au plus haut degré la puissante vitalité et l'éner
gie de noire race agricole. Forcée de renoncer pour des causes diverses
t>u à peu près à la culture du méteil, à celle du colza et de l'œillette,
qui avait été pour elle pendant longtemps une source de profits assu-
i'és, elle ne perd pas courage et se porte avec une ardeur sans pareille
vers le froment et la betterave.
De 1860 à 1882 dans votre seul département, plus de 20,000 hec-
tares nouveaux sont livrés à la culture du froment. Quant à la bette-
rave, il ne faut pas oublier, si on veut se rendre un compte exact de
sa production, qu'elle était, en 186i, réduite à 12,518 hectares, et
qu'en 1882 elle cultive sur plus de 33,000 hectares.
Sans doute il semble qu'en ce moment ce genre de culture, si mer-
DISCOURS DE M. MÉLINE AU CONCOURS D' AMIENS . 289
veilleusement approprié à notre sol et si profitable de toutes les ma-
nières à la richesse du pays, marque comme un temps d'arrêt, et je
sais tout ce qu'il y a d'inquiétude dans vos esprits sur l'avenir qui
lui est réservé.
Les causes qui atteignent et ralentissent cette magifique production,
sont trop nombreuses, trop diverses, trop compliquées pour que je
puisse traiter ici un sujet aussi vaste; mais je puis vous affirmer que
je l'étudié avec un grand soin, avec une profonde sollicitude, et que
je n'attends que d'être bien fixé sur les mesures possibles qui peuvent
être prises dans votre intérêt pour les appuyer auprès du gouverne-
ment et des pouvoirs publics.
Et maintenant, messieurs, un mot de votre concours, que je parais
oublier en portant mes vues si haut et si loin. Je ne suis que l'écho
du sentiment général des hommes les plus compétents en déclarant
qu'il fait le plus grand honneur à votre région.
Il atteste dans toutes les branches de la production agricole un puis-
sant développement. L'élevage du bétail, cette source de richesse qui
compense aujourd'hui pour le cultivateur tant de risques ruineux,
prend des proportions chaque jour plus considérables dont on ne peut
que se féliciter. Ce qui est plus digne d'éloges encore, c'est le perfec-
tionnement des races, qui s'atteste d'une façon si éclatante dans le
magnifique spécimen de race flamande, que M, Longueval nous a per-
mis d'admirer tout à l'heure. J'en dirai autant des espèces ovine et
porcine, dont les magnifiques échantillons provoquent une admiration
bien méritée.
Je ne saurais, messieurs, passer sous silence le très remarquable
concours hippique qui a permis de constater que notre superbe race
boulonnaise se perfectionne et s'augm^^nte chaque jour. J'ai appris avec
une profonde satisfaction que les étalons de trait, qui n'étaient repré-
sentés au concours de l'année dernière que par 78 têtes, comptaient
au concours de cette année pour 125 têtes, et les demi-sang pour
55 têles au lieu de 36.
Je n'ai qu'un regret à exprimer, c'est qu'il n'ait pas été possible de
délivrer la prime d'honneur pour le concours cultural. Je le regrette
d'autant plus, que je sais, à n'en pas douter, que le jury n'aurait dû
avoir que l'embarras du choix. Malheureusement, beaucoup de culti-
vatéui's refusent de s'inscrire et d'entrer en ligne, les uns par excès de
modestie, les autres par excès d'amour-propre.
Je suis plein d'indulgence pour les premiers, mais je serais tenté de
me montrer plus sévère pour les seconds, qui ne voudraient concourir
qu'avec la certitude du succès, et qui oublient trop que, dans ces sortes
de luttes pacifiques du travail, on peut être vaincu sans déshonneur.
Bientôt, du reste, messieurs, nous n'aurons plus à regrelter, dans
nos concours, de fâcheuses lacunes. J'ai demandé cette année aux
Chambres de m'allouer un crédit nouveau qui, j'en suis convaincu,
ne me sera pas refusé et qui me permettra d'instituer des prix d'hon-
neur pour la petite culture, pour l'horticulture qui s'y rattache aujour-
d'ui si étroitement, et enfin, messieurs, pour ces vaillants et modestes
auxiliaires qu'on appelle les ouvriers agricoles.
Justice sera aussi rendue à ces pays de moyenne et petite culture
comme le vôtre qui embrassent la plus grosse fraction du territoire
et qui méritent à tant de titres d'être soutenus et encouragés. Je ne
290 DISCOURS DE M. MÉLINE AU CONCOURS D'AMIENS.
sais pas de progrès qui soit plus conforme à l'intérêt véritable de l'agri-
culture au-si bien qu'à l'esprit démocratique de nos institutions.
Pour moi, messieurs, c'est sous cette l'orme que je comprends l'ac-
tion sociale du gouvernement républicain ; c'est en encourageant par
tous les moyens en son pouvoir la production et le travail national,
qu'il prouvera aux masses qu il est véritablement le gouvernement
de tous et qu'il a le souci constant des grands intérêts qui lui sont
confiés.
IL — Discours prononcé au banquet.
Messieurs, je suis très touché des paroles de bienvenue trop flat-
teuses et si cordiales que votre lionorable maire veut bien m'adresser
en votre nom; je puis vous assurer que, si vous éprouvez quelque
plaisir à me recevoir, je ressens à mon tour une profonde salist'aclion
à me trouver au milieu de ces vaillantes populations de votre région,
si profondément attachées à toutes les idées qui me sont chères.
Ma visite n'est, du resle^ que l'acnuiltement d'une dette déjà ancienne.
Elle était résolue il y a quelques années, quand des événements indé-
pendants de ma volonté m'ont forcé à y renoncer; mais je m'étais
bien promis de répondre un jour au désir des amis bienveillants qui
m'appelaient ici, et aujourd'hui je tiens parole.
YoLis savez quel était alors le but de mon voyage. Je devais venir ici
pour étudier de près l'état de vos gran les industries, rechercher scru-
puleusement les causes de leurs souffrances et en découvrir, s'il était
possible, le remèle. Hélas ! messieurs, je n'ai pas pu faire beaucoup
pour elles et je suis véritablement confus des témoignages de reconnais-
sance dont j'ai été accablé aujourd'hui et que j'ai si peu mérités.
Aujourd'hui, je viens ici, p:ir le devoir de ma fonction, pour con-
stater la situation de votre agriculture, pour voir de plus près ses
représentants, les écouter, recueillir leurs conseils et chercher de
bonne foi avec eux. ce que le gouvernement pourrait faire pour soulager
des souffrances incontestables.
Ma mission n'a pas changé et je re4e placé sur le même terrain.
Car la question industrielle et la question agricole ne sont pas des
questions différentes, ce sont des questions identiques ou plutôt les
deux faces de la môine question, celle de la production nationale^ qui
les résume toutes deux.
Cette vérité est de tous les temps, mai^ elle n'a jamais éclaté avec
autant d'évidence qu'à notre épopie. Jamais il n'a été mieux, démontré
• que l'agriculture et l'industiie sont étroitement liées et qu'on ne peut
sacrifier l'une à l'autre sans les sacrifier toutes deux, de même qu'on
ne saurait travailler à la défense de Tune sans servir les intérêts de
l'autre. Non, il n est pas po-sible que l'industrie souffre et que l'agri-
culture ne s'en ressente pas, pas p us qu'il n'est possible que l'indus-
trie soit heureu.-e quand l'agriculture e.-t en détresse.
Nous ne voyons que tro[) aujourd'hui combien la solidarité qui les
rive l'une à l'autre est étroite. Une crise, peut-être sans précédent
dans notre histoire économifpie, s'est abattue à la fois sur l'industrie
et sur l'agriculture : pendant que la concurrence étrangère, devenue
chaque jour plus pressante, étreint le travail manufacturier, des
fléaux de toutes sortes sont venus fondre sur notre malheureuse agri-
culture.
DISCOURS DE M. MÉLINE AU CONCOURS D'AMIENS. 291
Cependant, je n'hésite pas à dire que c'est dans Tagriculture que le
mal est le plus aigu en ce moment, et je trouve là une des causes du
malaise de l'industrie.
Je suis malheureusement trop bien placé pour m'en rendre compte.
Quand je suis, par exemple, sur la carie, les ravages de ce pstit insecte
qui conlinue sa marche impitoyable, qui a déjà envahi vingt de nos
départements les plus riches et les plus florissants autrefois; quand je
vois, dans ces départements, toutes les fortunes anéanties et les popu-
lations des campagnes, saisies de désespoir, émigrer en masse dans
toutes les directions, laissant le désert derrière elles; quand je chitTre
ce désastre et que je trouve ainsi dans la fortune de la France une
trouée annuelle de près d'un milliard, je comprends alors que la con-
sommation générale du pays se soit ralentie et que les magasins de
nos industriels regorgent de produits qui cherchent en vain des ache-
teurs; je comprends que les prix s abaissent et que les plus-values de
nos impôts s'arrêtent comme par enchantement. Une seule chose
m'étonne, c'est que la France ait assez de vitalité, d'énergie et de
génie pour résistar à ces coups redoublés et supporter sans succomber
de pareils assauts.
JMaintenant, que nous reste-il à faire dans une situation si doulou-
reuse, sinon pour la conjurer, au moins pour l'atténuer?
Il laut d'abord lutter sans nous déco irager, et nous luttons. Nous
luttons en ce moment avec une prodigieuse patience contre ce terrible
fléau du phylloxéra, et j'espère bien que nous en aurons raison. La
science lui livre pied à pied une bataille d'une grandeur saisissante,
et dans cette lutte en apparence inégale, soyez convaincus que ce sera
la scienre qui aura le dernier mot.
Mais je reconnais qu'une pareille entreprise n'est pas l'œuvre d'un
jour et qu'il faudra quelques années avant que le mal soit réparé et
nos vignes reconstituées.
En attendant, il faut aviser, et je ne vois, je l'avoue, qu'un moyen,
un seul, de compenser dans une large mesure les pertes qui nous sont
infligées : c'est de développer dans les plus larges proportions les
branches de production qui nous restent.
Pour cela, il faut faire de l'agriculture une véritable industrie en lui
appliquant les méthodes et les procédés de l'industrie; c'est ici que
reparaît avec plus de force encore l'assimilation nécessaire de cesdeux
branches de production. Oui, il faut que l'agriculture emprunteaujour-
d'iiui à l'industrie le principe supérieur sur lequel elle repose, qui
consiste à produire beaucoup et au meilleur marché possible. C'est là
une nécessité de premierordrepourragriculture, plus pressante aujour-
d'hui qu'elle ne l'a jamais été.
11 n'est pas diflicile de le démontrer.
Nous vivons dans un pays où la terre est chère, bien qu'elle se
vende dilïicilement; elle est plus chère que dans la plupart des autres
pays, et je ne songe pas à m'en plaindre, car, après tout, c'est cette
cherté qui augmente la valeur du capital national.
Ce n'est pas seulement la terre qui est chère, les salaises sont aussi
à un taux très élevé, plus élevé que ceux de bsaucoup de nos com'.ar-
renls et je ne songerais pas à m'en plaindre si noire marché n'était pas
solidaire de tous les autres. Je déclare, en tous cas, qu'il ne faut pas
songer à les abaisser, parce qu'après tout^ ils sont réduits pour les
292 DISCOURS DE M. MÉLINE AU CONCOURS D'AMIENS.
ouvriers des campages au strict nécessaire. Il vaut mieux en prendre
son parti et régler notre production en conséquence.
Or, c'est un principe reconnu par tous les économistes que, lorsque
l'outil de travail est cher, lorsque la main-d'œuvre qui le met en œuvre
est élevée, il ne reste qu'une ressource pour pouvoir produire dans des
conditions avantageuses : c'est de produire beaucoup et de réduire ses
frais généraux.
Il faut donc que l'agriculture produise beaucoup, il faut que l'hec-
tare de terre donne son maximum de rendement. Il ne suffit pas, par
conséquent, quand on fait des céréales, d'obtenir un maigre rende-
ment de 1 6 hectolitres, ce qui constitue malheureusement la moyenne
de notre pays; il faut, à l'imitation des pays voisins, arriver au moins
à 22 ou 25 hectolitres. Sans cela, l'opération est désavantageuse, et il
n'est pas surprenant que le cultivateur finisse par y renoncer.
J'en dirai autant de la production de la betterave, cette magnifique
production si merveilleusement appropriée à notre sol et qui est des-
tinée à un si grand avenir. 11 ne suffit pas de la pousser aux gros ren-
dements en poids qui ne sont qu'une apparence ; ce qui importe,, c'est
le rendement en sucre, le seul vrai, le seul profitable.
Un mot maintenant de la réduction des frais généraux. Ce sont les
salaires qui en constituent le plus gros chapitre. J'ai dit qu'on ne
pouvait pas, à mon avis, les diminuer; mais si on ne peut pas le
diminuer, on peut les économiser en ne faisant du travail humain que
l'emploi strictement nécessaire. Partout où on le peut, il faut le rem-
placer par ces admirables machines que nous avons vues aujourd'hui
et qui représentent des milliers de bras.
C'est là une vérité qui n'a pas besoin de démonstration, et cepen-
dant j'ai le regret de dire qu'elle est encore loin d'être comprise et
appliquée partout.
Je suis d'autant plus à mon aise pour le déplorer que ce n'est pas à
vous que le reproche s'adresse. C'est dans le nord de la France que les
progrès dont je parle ont été les premiers réalisés : c'est vous qui, les
premiers, avez élevé le rendement des céréales jusqu'à la moyenne de
20 hectolitres par hectare. En 1882, vous avez même atteint le chiffre
de 22 hectolitres, et je voyais aujourd'hui même sur l'estrade de votre
concours un homme qui fait le plus grand honneur à votre région,
M. Desprez, qui est parvenu jusqu'à 35 hectolitres.
Pour la culture de la betterave, vous êtes en train d'opérer une
véritable révolution, en substituant au calcul au poids le calcul à la
densité.
Je ne puis donc, messieurs, que vous féliciter et vous engager à
marcher sans relâche dans la voie où vous vous êtes engagés. Ne vous
arrêtez pas un instant; car aujourd hui celui qui s'arrête est bientôt
dépassé et vaincu. Les luttes de la production, il ne faut pas nous le
dissimuler, seront chaque jour plus difficiles et il n'y aura que les
races fortes qui pourront les livrer avec avantage. Vous êtes de celles-
là, et rien ne le prouve mieux que le brillant concours auquel nous
venons d'assister.
Je termine en vous remerciant, au nom du gouvernement et du pays,
du magnifique spectacle que vous nous avez offert et en buvant à
l'avenir agricole de votre beau département et de toute la région du
Nord.
VALEUR NUTRITIVE DES MARCS DE RAISINS SECS. 293
VALEUR NUTRITIVE DES MARCS DE RAISINS SECS
Il se fabrique maintenant des quantités considérables de vins avec
des raisins secs importés de Grèce et des autres lieux des mêmes
parages. Ce que valent ces vins pour la consommation ne nous con-
cerne pas autrement qu'en notre qualité de simple consommateur, et
il ne nous appartiendrait à aucun titre d'en parler ici. JMais leur fabri-
cation laisse disponibles des quantités également considérables de
résidus, dont il convient de se préoccuper au point de vue de l'utilité
qu'ils peuvent avoir pour l'alimentation des animaux.
Il n'est pas douteux que toute matière végétale quelconque, pouvant
être employée comme aliment des machines animales, — et toutes sont
dans ce cas, pourvu qu'elles ne contiennent point de principe toxique,
— crée ainsi plus devaleur qu'en retournant directement au sol sous
forme d'engrais. L'expérience prolongée et étendue a prouvé, dans le
Midi de la France, que les marcs de raisins, en particulier, sont très
bien utilisés, notamment pour Tengraissement des moutons. Ceux de
raisins secs, provenant d'autres cépages, n'en peuvent évidemment
différer que par leur richesse en matières nutritives, non point par
leurs propriétés générales. Il m'a donc paru bon d'en entreprendre
l'étude, à l'aide des oioyens que la science met à notre disposition, et de
faire connaître les résultats auxquels cette étude a conduit.
D'abord M. Pol Marchai, chimiste assistant de la Station agrono-
mique de l'école de Grignon, a bien voulu, sur mes indications, en
faire l'analyse. Il n'est pas à ma connaissance qu'il en ait été publié
d'autre jusqu'à présent, Nous en possédons plusieurs qui se rapportent
à des marcs de raisins du Midi; mais elles ont le défaut de n'avoir
pas été conduites d'après les bases indiquées par l'expérimentation
physiologique ; en telle sorte qu'elles peuvent difiicilement servir pour
la discussion de la valeur nutritive probable.
Et c'est une occasion de faire remarquer aux chimistes qui ana-
lysent des substances alimentaires, qu'il importe beaucoup, pour faire
acquérir aux renseignements qu'ils nous fournissent toute leur efiica-
cité, et aussi pour qu ils s'épargnent souvent une peine inutile, de se
conformer au programme des recherches expérimentales. Il leur
arrive de se donner beaucoup de mal pour doser des principes immé-
diats dont la connaissance quantitative n'a aucun intérêt pour nous,
tandis qu'ils négligent d'en isoler d'autres qui mettraient à notre dis-
position l'éclaircissement le plus précieux. Il ne paraît pas jusqu'à
présent physiologiquement intéressant, par exemple, de distinguer les
matières pectiques, des gommes et des amidons qui se montrent expé-
rimentalement comme ayant le même rôle nutritif et la même valeur.
Il l'ett au contraire à un haut degré d'en distinguer la cellulose brute,
la cellulose qui résiste à l'attaque des acides étendus comme ils se
trouvent dans les sucs digestifs.
C'est pourquoi je parle des indications données pour les analyses
dont il s'agit ici dé discuter les résultats, afin d'en tirer les consé-
quences pratiques. Ces analyses ont été répétées trois fois avec tout le
soin possible, afin de les contrôler et d'en prandre la moyenne. Elles
ont porté, comme de coutume, sur la matière chimiquement sèche,
dont nous allons faire connaître la composition, mais qui, à notre
294 VALEUR NUTRITIVE DES MARCS DE RAISINS SECS.
point de vue, n'a qu'une valeur purement théorique, à laquelle on
s'est trop exclusivement attaché dans les discussions auxquelles a
donné lieu, par exemple, la valeur nutritive des pulpes de diffusion.
C'est assurément la base d'oià il faut partir. S'y tenir est insuffisant
pour la clarté du sujet.
Voici donc la composition centésimale de la matière sèche du marc
de raisins secs analysé par M. Marchai :
Matières solubles Extracfifs Cellulose
Protéine. dans l'étlier. non azotés. brute. Cendres.
8 43 6.24 56.95 . 21.38 7.00
Les extractifs non azotés ont été dosés par différence, la composition
du groupe de principes immédiats ainsi nommé n'important point dans
l'état actuel de la science.
D'après les nombres qu'on vient de voir, la relation nutritive du
marc de raisins secs est sensiblement= 1 :7.5. En tant qu'elle dépende
de cette relation, sa digestibilité serait inférieure à celte de plusieurs
des aliments grossiers usuels. On ne pourrait guère compter sur un
coefficient probable de plus de 0.50. Celte digestibilité serait toutefois
plus grande que celle de la pulpe de betterave pressée. Mais il n'est
pas douteux que l'effet de la digestibilité relative est ici corrigé par
celui de la digestibilité absolue, plus grande dans le marc de raisins,
à cause de la plus forte teneur en matières solubleS dans Téther et
d'autres considérations encore, tirées des principes aromatiques non
dosables. Il paraît donc certain qu'à poids égal de matière sèche, le
marc de raisins secs aurait une valeur nutritive supérieure à celle de
la pulpe de betterave pressée, à laquelle il convient le mieux de le
comparer.
Examinons-le maintenant dans l'état où il se présente normalement
et tel qu'il est possible de le faire consommer par les animaux. Nous
pourrons ainsi faire la comparaison d'une façon pratique. Les données
que nous venons de voir sont des matériaux de laboratoire. Elles ont,
ainsi que nous l'avons déjà dit, une valeur purement théorique, ou
pour mieux dire de science pure, il ne serait pas possible, pour en
tirer parti, de les rapprocher sans longs calculs de celles qui sont
consignées dans les tables de composition des aliments mises à la
disposition des praticiens.
Les échantillons analysés ont été pris dans une masse séchée à l'air
après avoir été extraite du fût dans lequel s'était produite la fermenta-
tion, pour la fabrication du vin. En cet état, ils contenaient encore,
n'ayant pas été pressés, 42.5 pour 100 d'eau. Il est probable qu'en
grande masse et malgré la pression, les marcs de raisins secs fournis
par l'industrie tiendraient une moins forte proportion de matière
sèche. En tout cas, le degré de dessiccation auquel il conviendrait de
les laisser arriver avant de les faire consommer, dépendrait du
genre des consommateurs. Les ruminants les recevraient plus humides,
et les autres moins.
Voici la composition de nos échantillons à 42. 5 pour 100 d'eau :
Substance Matières solubles Extractifs Cellulose
sèche totale. Protéine. dans l'éther. non azotés. brute. Cendres.
57.5 4.85 3,56 32.80 12.29 4.00
Dans ces conditions, le résidu dont il s'agit est plus riche que tous
ceux auxquels on pourrait le comparer. Il contient plus de protéine
VALEUR NUTRITIVE DES MARCS DE RAISINS SECS. 295
brute et moins d'exiractifs. Celui de féculerie pressé, par exemple,
avec 7i 6. 5 pour 100 de substance sèche totale, ne dose que 2.3 de
protéine, moins de la moilié, et avec cela 36.4 d'extraclifs non azotés.
Celui de dislillerie de seigle, avec 2 seulement de protéine, dose 32.1
d'extractifs et 35.1 de cellulose brute. La pulpe de betterave pressée,
avec 29.7 de substance sècho totale, dose 1 .9 de protéine en moyenne
et 18.3 d'exiractifs non azotés. Celle de diffusion seule paraîtrait rela-
tivement plus nutritive, à proportion égale de substance sèche, car
pour 1.08 de protéine elle ne dose que G. 13 d'extractifs non azotés et
0.08 de matières solables dans l'éther; sa relation est conséquemment
=r:]:5.7 au lieu de 1:7.5 comme celle du marc de raisins secs. Elle
est donc moins large.
Saisissons encore une fois l'occasion de faire remarquer aux agricul-
teurs et aux chimistes qui discutent sur la valeur des aliments, et
surtout sur celle des résidus de fabrique de sucre, d'amidon ou d'al-
cool, qu'ils se trompent lorsqu'ils tirent argument, en faveur de ces'
aliments, de la présence du sucre, de l'amidon ou de tout autre extrac-
tif non azoté en forte proportion. Loin de les enrichir, cette présence
les appauvrit au contraire. Sans doute, ainsi qu'ils le pensent, ces
substances, considérées absolument, contribuent à l'alimentation. Ce
ne sont point, comme on le répèle sans cesse, après Liebig, des ali-
ments respiratoires, pas plus que les matières azotées ne sont exclusive-
ment plastiques. Pas plus que les autres, ils ne sont brûlés ou oxydés
dans l'organisme, ainsi que je l'ai démontré expérimentalement. Et
d'ailleurs ils dégagent, en contribuant à la nutrition, moins d'énergie
que les albuminoïdes.
Mais en fùt-il autrement, cela ne changerait rien au problème posé.
L'organisme ne peut en digérer et conséquemment en utiliser qu'une
certaine proportion. Lorsque, dans la ration alimentaire, celte propor-
tion est dépassée, l'excédent se retrouve dans les déjections. Les ali-
ments en général en contiennent un excès par rapport à l'aptitude
digeslive des animaux. Seuls quelques aliments fortement concentrés,
comme certains tourteaux oléagineux et certaines graines légumineu-
ses, font exception. Dans les aliments non concentrés ou grossiers, à
relation nutritive toujours trop large, les amidons et les sucres ont
donc une valeur en grande partie négative. Ceux qui en contiennent
le moins, conséquemment les résidus les plus épuisés, sont les
meilleurs. D'où ils suit que les procédés industriels les plus perfec-
tionnés, au point de vue du rendement, ne sont pas les plus avanta-
geux^ seulement pour les fabricants ; ils le sont aussi pour les agri-
culteurs qui utilisent les résidus de fabrication pour leurs bestiaux.
A ce litre, les marcs de raisins secs -se placent sur un bon rang.
Leur caractéristique essentielle, comme aliment non concentré, se
tire de leur richesse relative en protéine, mais surtout en matières
solubles dans l'élher, parmi lesquelles sans doute l'huile contenue
dans les graines ou pépins forme la plus forte proportion. La relation
entre la matière grasse et la protéine y est plus étroite que 1:2
(3.56 : /i.85). Cela doit influer favorablement sur la digestibilité de la
protéine et élever beaucoup son coeflicient. Il resterait à faire, pour la
vérifier, des expériences précises, mais dont toutefois les résultats des
observations recueillies, dans 1 Hérault notamment, sur les moutons
engraissés avec des marcs, peuvent à la rigueur nous dispenser.
296 VALEUR NUTRITIVE DES MARCS DE RAISINS SECS
De ce qui précède, on peut hardiment conclure que les agriculteui's
trouveront dans les résidus des fabriques de vins de raisins secs, une
source abondante de matières alimentaires, qu'ils auraient tort de ne
pas utiliser. L'intérêt public est de n'en négliger aucune, et leur inté-
rêt particulier est en parfait accord avec lui dans ces sortes de choses.
Nous avons déjà dit que la matière animale se vend toujours plus
cher que son équivalent de matière végétale ou que sa matière pre-
mière.
Mais ils nous demanderont sans doute quelle peut être la valeur com-
merciale des résidus dont nous nous occupons. C'est à quoi nous nous
garderions de répondre publiquement. On ne serait certes pas embar-
rassé pour résoudre, avec la méthode que nous passédons et qui a été
exposée ici même, la question de savoir quel prix pourrait être payé,
au maximum, sans faire une mauvaise affaire. Mais ce n'est point notre
rôle d'apprendre aux vendeurs jusqu'oi^i peuvent aller leurs exigences.
L'acheteur doit viser toujours à obtenir la marchandise au plus bas
prix possible. Les comparaisons établies plus haut le guideront suffi-
samment, et en tout cas ce n'est pas pour les fabricants de vins de rai-
sins secs que nous écrivons, mais bien pour les agriculteurs auxquels
nous n'avons jamais refusé nos conseils, quand ils nous ont fait l'hon-
neur de nous les demander pour des cas particuliers, sur les objets de
notre compétence spéciale.
Les marcs de raisins s'emploient dans l'alimentation comme les
autres résidus de même ordre, comme les pulpes notamment. Ils for-
ment la base de la ration, et les animaux les mangent volontiers dès
le début de leur distribution. Si, par exception, il en était autrement
pour certains individus, un mélange avec leur aliment habiiuel, en
proportion graduellement croissante jusqu'à complète substitution, les
y préparerait sûrement. En ce genre les animaux s'habituent à tout.
Ce ne serait en aucun cas toutefois un bon moyen de les utiliser,
que d'en former exclusivement la ration, surtout pour alimenter de
jeunes animaux, mais même des adultes. En outre de la nécesssité
d'assurer à ceux-ci leur aliment essentiel d'entretien, qui est l'herbe
ou le foin pour les herbivores, il convient d'ajouter au marc un ali-
ment concentré pour enrichir la ration en protéine et ramener ainsi sa
relation aux limites entre lesquelles la digestibilité atteint le maxi-
mum. Pour les ruminants, par exemple, qui en sont, comme on l'a
déjà dit, les meilleurs consommateurs, il y faut joindre un tourteau
quelconque dans la proportion suffisante pour rétrécir la relation
nutritive jusqu'à 1 :4 au moins. S'il s'agissait de jeune bétail dans la
deuxième annnée de son âge, pour tirer de l'aliment le meilleur parti,
l'on ne devrait pas dépasser 1 :3, et par conséquent renforcer la pro-
portion de protéine par une plus grande addition de tourteau.
A. Sanson,
Professeur de zoologie et zootechnie à l'Ecole nationale de Grignon et à
l'Institut national agronomique.
CONCOURS REGIONAL DE BOURG
Le mois de mai est bien certainement la meilleure saison pour tenir les con-
cours agricoles. C'est d'abord la plus agréable pour ceux qui les fréquentent, et
c'est l'époque la plus favorable pour le déplacement des agriculteurs dont les
semailles de printemps sont finies, et qui ont enco're quelque temps de loisir avant
la récolte des foins.
CONCOURS RÉGIONAL DE BOURG. 297
Le concours régional de Bourg avait pour nous un attrait tout particulier.
Bourg est la capitale des Bombes dont la verte plaine autrefois si insalubre, si
abandonnée de D;eu et des hommes, aujourd'hui si fertile, si plantureuse, s'étale
comme un océan de verdure aussi loin que le regard peut atteindre, depuis les
premiers contreforts des montagnes du Jura, auxquels la ville de Bourg est
adossée, jusqu'aux silhouettes vaporeuses des collines lyonnaises qui, vers le midi,
limitent l'horizon.
Bourg est le centre d'une région éminemment agricole. Au nord, c'est le Jura, un
peu âpre de nature, mais admirablement adaplé à l'élevage du bétail et à l'engrais-
sement du mouton, dans ses fertiles vallées et aux flancs rocheux de ses monta-
gnes calcaires, lesquels se couvrent à celte saison de l'année, d'une herbe succu-
lente, ainsi que sur ses plateaux, où s'étalent de magnifiques pâturages. Les bords
de la Saône et les vastes plaines qui s'étendent dans la large vallée que traverse
cette rivière, au limon fertilisani qu'elle répand sur son parcours par ses fréquentes
inondations, sont d'une fertilité extraordinaire, et devraient être exclusivement
convertis en prairies ; car les inondations en rendent la culture difficile, sinon
impraticable. Tout près se trouve le département de Saoue-et-Loire, l'un des plus
avancés de la France pour l'élevage du bétail, et, à portés piaLicable du centre
Bressan fixé pour le concours, voilà le pays des races Gharolaise et Nivernaise,
dont l'exposition, comme nous allons le voir tout à l'heure, était très remarquable
et par le nombre des sujets exposés et par leur mérite.
Bourg est en outre le centre des districts où régnent la race Fémeline, et celle de
Montbéliard, dont les qualités laitières sont, pour ces pays de production fro-
magère, une précieuse source de richesse. Le concours de Bourg où se sont agglo-
mérés tous ces éléments agricoles et où se sont réunis un si grand nombre de
vaillants cultivateurs accourus de tous les districts de cette intéressante région,
avait donc pour moi un attrait peu ordinaire. J'espérais trouver des traits origi-
naux tout à fait en dehors de cette banalité générale qui fait trop souvent la déso-
lation et l'ennui de nos concours régionaux. Puis je tenais aussi à visiter un peu
la vallée de l'Ain, et pénétrer dans quelques-unes des vallées latérales pour y étu-
dier la valeur et l'étendue des pâturages et des cultures. C'est donc avec empres-
sement que j'ai accepté la gracieuse invitation dont M. le ministre de l'agriculture
m'avait honoré, de faire partie du jury, et je me suis mis en route de bonne heure
afin de pouvoir faire mes excursions avant le concours.
J'ai d abord revu les Bombes que j'avais visitées il y a bien des années déjà, et
que je n'ai plus reconnues. Là où régnaient autrefois la désolation et la peste
fiévreuse, j'ai aperçu des campagnes bien cultivées, et des visages sains et joyeux,
J'ai dit en commençant que cette plaine des Bombes, paraissait autrefois aban-
donnée de Bieu et des hommes tant la désolation était profonde. Mais Bieu y est
entté dans les plis de la robe de bure des saints et vaillants moines de la Trappe,
les hommes ont suivi.
Mon excursion dans les montagnes s'est accomplie par un temps superbe. Parti
à 8 heures 50 du matin avec M. Joseph f oignet de Lyon, l'un des associés de la
grande maison si honorablement connue comme fabricants d'engiais phosphatés,
dont j'ai pu, cette année, constater la valeur fertilisante et la sincérité de compo-
sition, nous arrivâmes à la gare de'Cize Bolozon, après avoir traversé un pays très
Lien cultivé, et couvert de cultures de trèfle dont la végétation épaisse et robuste
témoignait de la parlaite adaptation du sol, émiLcmment calcaire, à la croissance
du fourrage et à l'élevage des bêtes à cornes. Cependant la pente des cultivateurs
semLle incliner vers la culture du blé. Cela m'étonne, car, soit faute d'engrais,
soit pauvreté naturelle du sol, tous les blés que j'ai vu m'ont paru bien chétifs et
Jjicn maigres à côté des trèfles cultivés et des herbages naturels. L'agriculture de
ce-pays m'a semblé tourner dans un cercle vicieux, peu ou point de bétail, et par-
tant, peu ou point de fumier d'étanle et absence absolue d'engrais artificiels. Puis,
avec ces mauvaises conditions, une inclination obstinée à la culture du blé, laquelle
ne peut donner que des résultats absolument nuls. M. Coignet, accompagné de sa
Jeune et gracieuse femme, elle-même fleur native de ces montagnes, me fit les
honneurs de sa ferme qui est en train de se transformer sous l'inspiration éclai-
rée de ce jeune et zélé agriculteur. J'y remarquai un excellent troupeau de vaches,
choisies avec un grand discernement, parmi les l'aces plus ou moins distinctes du
pays. Ces vaches dont quelques-unes paraissaient bonnes laitières, croisées avec
un excellent taureau durham, très pur de race, sorti de ma vacherie, ne man-
queront pas de donner des produits améliorés. Toutes les vaches étaient diîjà
298 CONCOURS ÎIÉGIONAL DE BOURG,
pleines de ce taureau. M. Goignet possède en outre un bon noyau de troupeau
de Jirebis auxquelles il a eu la bonne idée rie donner un bélier remarquable, lequel
du reste a obtenu une récompense au concours de Bourg. De cette ferme qui
deviendra, j'en ai )a conviction, un foyer de progrès dans cette partie de la vallée
de l'Ain, nous nous rendîmes par un cbemin ravissant de fraîcheur et de sur-
prises pittor(sques, bordant la rive droite de la rivière, jusqu'à un vieux château
tort, placé comme une sentinelle au confluent d'une joyeuse rivière se jetant à
gros bouillons dans l'Ain, et juché sur un monticule rocheux dont les pentes
aoruptes sont ensevelies sous la verdure. Après un plantureux déjeuner rendu
plus succulent par l'appéiit que produit l'air vif de la montagne, n ms repariîmes
pour visiter une vallée latérale où la fertilité des pâturages le dispute en intérêt à
la variété pittoresque des paysages que chaque tournant d'une route accidentée
déroulait à nos regards. Au bout d'une longue course nous arrivâmes enfin au
but de noire excursion qui était de visiter le beau château féodal d'un autre de mes
amis, M. Platon. Si ce n'était le caractère antique de cette belle résidence, le
contraste entre la nature sévère des rnontHgnes au sein desquelles elle se cache
et le luxe élégant et princier qui la modernise et lui donne un aspect de haute
civilisation, ce contraste, dis-jp, semblerait étrange. Mais je ne crois p^s qu'il soit
possible de combiner plus heureusement l'aspect sévère et la masse grandiose de
cette immense construction féodale du moyen-âge, avec les exigences raffinées
du luxe et du confort modernes. Il a fallu un grand courage ou un amour bien
profond de l'isolement; et de la solitude pour venir habiter ce palais somptueux,
si étrano'ement perdu dans ces montagnes austères. Mais aux alentours, l'herbe
pousse vigoureusement, et partout les prairies ont participé au coup de baguette
magique qui a rajeuni le vieux donjon, ses tours, ses voiîtes et ses galeries.
Ces belles et vastes prairies semblent fières de leur récente création et elles
étendent au loin, tout autour du vieux château rajeuni, leur fraîche verdure et leur
luxuriante végétation. Il n'y manque plus que la présence de belles vacbes
Durhara, lesquelles, se prélassant dans ces gras pâturages ou ruminant sous ces
beaux ombrages, seraient pour les hôtes privilégiés de cette splendide résidence,
un spectacle superbe et une source de satisfaction et de jouissance, compensant,
et bien au-delà, l'ennui de la sohtule et de l'isolement. En contemplant cette
magnificence, je me suis pris à envier ces conditions d'élevage du durhara que
je suis loin de posséder dans mon domaine de Saron, conditions si favorables
et que je trouvais étalées à profusion autour de cette somptueuse demeure des
montagnes du Jura, oiî il m'a paru qu'on n'était pas encore en mesure d'en profiter,
bien que déjà un bon commencement ait été fait.
Mnis il est temps de retourner au concours de Bourg car mes fonctions m'y
appellent, et comme membre du jury et comme écrivain rapporteur du Journal
de ragriculture.
En examinant le catalogue, on voit que la race dominante, c'est la race locale
femeline ou plutôt Bressane, laquelle ne compte pas moins de 80 représentants.
Puis vient la race Gharolaise qui compte 69 sujets. La race Durham est repré-
sentée par 39 animaux, et les croisements avec l'élément Durham ne comptent pas
moins de 28 animaux, de sorte que l'élémentDurham comprend 67 sujets Ce nom-
bre est bien plus élevé que je ne m'y attendais, car les districts dont Bourg est
le centre ne brillent guère par l'élevage de cette race d'élite à laquelle la luxu-
l'iance des cultures fourragères et la richesse des prairies naturelles semblent si
bien convenir. Les autres races diverses, y incluses les bandes de vaches laitières,
telles que la race de Montbeliard d'origine suisse, celles de la Suisse proprement
dites, la race normande, la race hollandaise et les croisements entre ces races,
comptaient ensemble 95 animaux, ce qui fait un total de 311 sujets d'espèce bovine.
Voilà, certes, un respectable contin-ent, et les termes de comparaison, on peut le
dire., ne manquaient point à l'étude des races diverses qui le composaient, et
c'est cette étude comparative qui rendait le concours spécialement intéressant.
La race femeline venait naturellement du pays Bressan et des environs immé-
diats ori elle fleurit près pie exclusivement, c'est-à-dire des départements de l'Ain,
de la Haute-Saône et du Jura. C'est une race qui possède un certain cachet local,
lequel convient sans doute aux goi^its et aux exigences des éleveurs de ces loca-
htés. Ses traits distinctil's sont foitement caiactérisés, car le type est assez
constant et parfaitement homogène. Mais à part cette particularité qui est un
mérite, je ne vois rien dans celte race qui puisse généralement la recommander.
La peau est mince, la poitrine étroite, les, épaules mal placées, le cou aminci,
CONCOURS RÉGIONAL DE BOURG. 299
la tête longue et maigre, les hanches étroites, la queue accrochée très haut sur
l'échiné, ce qui laisse peu d'espace entre les hanches et la cuisse. L'hs côtes sont
en ogive prononcée, et les pattes longues. Evidemment ce n'est point une race à
viande, et j'en ai remarqué un bien petit nombre offrant des indices bien caracté-
risés de qualités laitières Cependantj le corps est assez massif et le (lanc est droit
et descendu. C'est une race qui me semble susceptible d une certaine améhoration
malgré sa couleur froment pâle, 'indécise et lavée, indice d'un tempérament
peu énergique et effacé. Le principal mérite de cette race, à mes yeux, est un type
local bien fixé et bien caractérisé, ce qui vaut mieux que ces produits indécis,
n'ayant aucun caractère de race distincte, provenant d'une confusion de sangs
divers. Cette race, en outre, par sa conformation et son aspect, dénote des apti-
tudes laitières qui, par une soigneuse sélection, et une alimentation généreuse des
veaux, pourraient grandement s'améliorer. Je crois aussi qu'en choisissant un bon
reproducteur de sang pur durham, on pourrait arriver beaucoup plus vite que par
la sélection, à une rénovation complète de cette race et à son amélioration perma-
nente au point de vue du lait dont les principes féconds abondent dans sa nature,
et à celui de l'aptitude à l'engraissement qui luimanque absolument. Je sais d'ail-
leurs, que les expériences se font sous les soins d'éleveurs habiles et intelligents,
parmi lesquels ii me plaît de citer M. Gréa qui nous a présenté dans les caté^-.ories
des croisements Durham, des produits Durham-Bressan admirablement réussis.
Je sais aussi que d'autres se préparent à suivre l'exemple de cet habile agricul-
teur, qui possède à si un haut degré b zèle et la science du propagateur de la bonne
doctrine et de la bonne pratique. Que les récompenses que nous lui avons décernées
soient pour lui un encouragement à continuer sa patriotique entreprise, et puissent-
elles dans un concours prochain lui susciter de nombreux concurrents! Il est à
remarquer que M. Gréa, à l'exception d'un autre exposant, M, de la Pérouse de
Bourg, dont il faut louer aussi la judicieuse initiative, est le seul exposant de ce
croisement Durham-Bressan. Tous les autres produits croisés Durham appartien-
nent à la combinaison Durham-Gharolais. J'éprouve donc le plus grand plaisir à
constater les heureux effets de ce croisement Durham-Fe.nelin, dont les spécimens
exposés ont révélé, d'une manière éclatante, le succès incontestable et absolu.
Voici la liste complète des récompenses décernées :
Pbime d'honnefir, un objet d'art, pour l'exploitai ion da département de l'Ain, ayant obtenu
l'un des jirix culturaux et réalisé les amélioralions les plus utiles et les plus propres à être
ofTcrtes cofiime exemple, décernée à M. Desvignes-Bérard, à Marlieux.
Prix de spécialités. — Un objet d'art spécial, M. de Monica dt, à Versailleux, pour son ensilage
de maïs, la belle installation de si laiterie, son élevage très remarquable de bétail. — Médailles
d'or grand module, MM. Picquet, à Grossiat, pour sa cullnfe maraîclière. ses défrichements et la
création de ses prairies; Marme, à Challes, commune de Bourg, pour dessèchements d'étangs et
tratislormalion de terres labouiables en prairies naturelles; Revel. à Pont-de-Veyle, pour son
élevage de bêtes à cornes. — Médaills dor, MM. Guicharl, à Reyssouze, po ir sa culture
d'asperges; Goy, à la Balme et Cerdon. pour la création de ses chemins et l'amplioration de ses
h'rbages. — Médailles d'argent grand modide , MM. Morel, à Lent, pour ses pvairies naturelles;
Robin, à Marboz, pour la bonne tenue de sa terme. — Médailles d'argent, MM. Pnget, à Pont-
de-Vaux, pour sa forte proportion de bétail et le judicieux emploi île son engrais de ferme ; Dubiez,
à Saint-Vnlbas, pour une fosse à purin établie dans d'excelbntes conditio'*s.
Ppix ij'iRRiGATioNS. — l" Catégorie. — Propriétés contenant plus de 6 hectares de terres
arrosées. — T prix, médadle d'argent grand moilule, M. Louis-Amédéa Micliaud, à Thoiry;'
3% mpdaïUe d'argent, M. Jean-Bapti^te Benoit, à Bouliqueux.
2"" Calégori>'. — Propriéiés ayant 6 hectares et au-dessous soumis à l'irrigation. — 2" r""'^'
rrédaiile d'argent, M. Isaac Collet, à Saint-Nizier-le-Désert; 3°, médaille de bronze, M. Francisque
Montillet, à Belmont.
Récompensi s aux agents de l'exploitation qui a obtenu la prime d'honneur. — Médailles d'argent,
MM. Henry, di' François Gullaumin, maître-valet; Benoît Thévenot, comptable; Mme Antoinette
Henry, ménagère. — Médailles de bronze, Mme Marie Datant, femine de basse-cour; MM. Claude
Paucot, maîire-vacher ; François Dutant, premier charretier.
Espèce bovine.
l"" Catégorie. — Race cha-olaise. — M;\ies. — 1'" Section. — Animaux de 6 mois à 1 an. —
1" prix, M. le comte Henri de Laferriùre, à Bierra-los-Semur (Côte-d'Or) , 2", M. Jean Bicquelot,
à Monchanin-les-.Mines (Saône-et-Loire) ; 3% M. Ltuis B rnard. à Bourbon-Lan -.y (Saone-et-Loii-e).
— -2" Section . — Animaux de 1 à 2 ans. — I'''' prix, M Emile Petiot, à Touches (Saône-ei-Loire);
2% M. Claude .Mor-^au, à "Vic-sous-Thil (Côie-rrur) ; 3% M. Antoine Triper, à Venarey-les-Laumes
(Côte-d'Or). — 3° Section. — Animaux de 2 à 3 ans. — p'"' prix, M. Antoine Tripier; 2^ M. Louis
Bernard; 3'', M. Clurles Ballot, à Chenevrcy (Uauie-Saône). — Femelles. — P" Seciinn. —
Génisses de 6 mois à 1 an. — P' prix, M. le c nntc Henri de Laferrièrp; 2", M. Claude .Moreau;
3", M. Antoine Tripier. — 2'^' Section. — Génisses de 1 à 2 ans. — 1" prix, M. Clauie Moreau;
2", M. le comte Henri de Lafcrrière; 3", M. Emile Peiiot ; 4°, M. Louis Bernard. — 3'-" Section. —
Génisses de 2 à 3 ans. — P" prix, M. Louis Bernard; 2°, M. le comte Henri deLafeTiôre;
3", M. Claude Moreau ; 4", M. Emile Petiot. — 4" Section. — Vaches de plus de 3 ans. — p''' prix,
M. Claude Moreau; 2% M. Emile Petiot; 3", M. le comte Henri de Laferrière; 4°, M. Damien Des-
vignes, àla Chapolle-dc-Guinchay (Saône-et-Loire).
300 CONCOURS RÉGIONAL DE BOURG.
Prix d'ensemble au meilleur lo*. d'animaux de la \" catégorie. — Un objet d'art, M. Claude
Morpau.
2= Catégorie. — Ra^e D irham. — Mâles. — 1" Section. — Animaux de 6 mois à 1 an. —
]«■■ prix, M. Emile Pciiot; 2% M. ElieLarzat. à Germigny-l'Exempt (Clier) ; 3% M. Emmanuel Gréa,
à RotaÙer (Jura). — 2" Section. — Animaux de 1 à 2 ans. — l" prix, M. Emile Petiot; 2% M. le
marquis de marquis de Monllanr, à Cot<nat-Lyonno (Allier); 3^ M. Elie Larzat. — '.]" Section. —
Animaux de 2 à 4 ans. — 1" prix, M. le marquis de Marquis de Montlaiir ; 2", M. Alexandre
Lacour, à Saint-Fargeau (Yonne) ; 3% M. Emile Petiot. — Femelles. — !■■" Section — Génisses
de 6 mois à 1 an. — 1" prix, M. Elie Larzat; 2°, M. !e marquis de Montiaur; 3°. M. Alexandre
Laconr. — 2'' Section. — Génisses de 1 à 2 ans. — l'"' prix, M. le marquis de Morithur ;
.2'', M. Elie Larzat; y, Alexandre Lacour. — S"' Section. — Génisses de 2 à 3 ans. — l" prix,
M. Klie Larzat; 2% M. le marquis de Montiaur; 3% M. Emile Petiot. — A"" Section. — Vaches
lie plus de 3 ans. — 1" prix. M. le marquis de Montiaur ; 2*, M. Elie Larzat; 3", M. Alexandre
Lacour.
3'= Catéqorie. — Croisements Durliam. — Mâles. — 1"" Section. — Animaux de 6 mois à 1 an. —
]" prix. M. Alexandre Lacour ; 2", M. Emmanuel Gréa. — 2" Section — Animaux de 1 à 2 ans.
— l" prix, M. Emile Petit t; 2^ M. Alexandre Lacour. — Femelles. — 1"' Section. — Génisses
de 6 mois à 1 an. — 1" prix, M. Emile Petiot; 2. M. Alexandre Lacour. — 2" Section. — Génisses
de 1 à 2 ans. — V piix, M. Alexandre Lacour; 2", M. Emile Peliot. — 3'^ Section. — Génisses de
2 à 3 ans. — l^prix, M. Emile Petiot; 2°, M. Alexandre Lacour. — 4" Section. — Vaches de
plus de 3 ans. — l"' prix, M. Antoine Tripier; 2', M. Claude Moreau; 3°, M. Alexandre Lacour.
4" Catéqorie. — Race femeline ou Ire-sane. — N aies. — l" Section. — Animaux de 1 à 2 ans.
— 1" prix, M. Eu'-èiic Chamhaud, à Péronnas (Ain); 2% M. Anatole Marie, à Arc-le-Gray (Haute-
Saône) ; 3°, M. Charles Ballot ; 4'^. M. Augustin Parcheminfy, àArchenoncourt (Haute-Saône). —
Mentions honornblcs. MM. Eugène Chamhaud ; Chambaud père. — 2" Section. — Animaux de 2 à
3 ans. — 1"' prix, M. Anatole Marie; 2°, M. .lantod, à Auirry (Haute-Saône); 3% M. Fugène
Chambaud; 4% M. Claude-Joseph Monnot, à Cugney (Haute-Saône). Mentions honorables,
MM. Augustin Parcheniinez ; Damien De- vignes. — Femelles. — 1" Section. — Génisses de 1 à
2 ans. — 1" prix, M. Antoine Banloiix. à Dôle (Jura); 2'' prix, M. Auguste Ballot, à Chancey
Haute- Saôn''); S"", M. Eugène Chambaud ; 4'', M. Damien Desvignes. Meniion honorable. M.Charles
Ballol. — 2'" Section. — Génisses de 2 à 3 ans. — 1" prix, M. Charles Ballot : 2", M. François
Revel, à Pont-de-Veyle (Ain); 3'', M. Augustin Parcheminey ; 4', M. Arthur Marlet, à Villoveiile-
les-Choye (Hauie-SaOne). Meniions honorables, MM. Eugène Chambaud; Augusie Ballot. —
3° Section. — Vaches de plus de 3 ans. — l'"^ prix. M. Eugène Chambaud; 2*, M. Emile Chauvin,
à Poiit-d'Héry (Juia): 3°, M. Charles Ballot; 4", M. Antoine Bardoux. Mentions honorables.
MM. Damien Desvignes; C;hambaud père.,
5"^ Catégorie. — Races françaises diverses de Montbéliard, normande, etc. — Mâles. — l" Sec-
tion. — An'raaux de l à2 ans. — !"■■ prix, MM. Théodore Geste, à Auxerre (Yonne); 2% Marc
frères, à Chevigny-Saint-Sauveur (Côte-d'Or). — 2' Section. — Animaux de 2 à 3 ans. — Prix
unique, M JosephGraber, à Coutenans (Haute-Saône). — Femelle . — ]'" Sect'on. — (bénisses de
de I a 2 ans. — i"prix, M. Isuiore Fonel, à Marsangy (Yonne); 2", MM. Marc frères. — Mention
honorabb, M. Théodore Gesie. — 2° Section. — Génisses d-i 2 à 3 ans. — l" prix, M. Isidore
Fouet; 2% M. Théo lore Geste. — 3= Section. — Vaches de plus de 3 ans. — 1" prix, M. Théodore
Geste; 2° M. Martin-[-$oyer, à Sainl-Appollinaire (l'.ôie-d'Or); 3" MM. Marc frères.
6° Catégorie. — Races étrangères Uiiières, à l'exclusion des races ayant une catégorie spéciale.
— Sous-Catégorie. — Races d" grande taille (bernoise ou l'ribourgeoise, hollandaise et analogues).
— Mâles. — l'" Section. — Animaux de 1 à 2 ans. — Prix unique, M Joseph Grab°r. — 2" Sec-
tion. — Animaux de 2 à 3 ans. — Prix unique, M. Ttiéodore Geste. — Femelles. — 1" Section. —
Génisses de 1 à 2 ans. — Prix unique, M. Joseph Graber. — Memi m honorable, M. Jean deThoisy,
à Joudes (Saône-et-Loire). — 2° SeHion. — Génisses di^ 2 à 3 ans. — Prix unique, M. Théodore
Gest-. — 3° Section. — Vaches de plus de 3 ans. — Prix unique, M. Théodore Geste. — Mention
honorable, Mvl. Marc frères. — Sous-Caiéqorie. — Race de moyenne et de petite taille (Scliwitz,
arpenzell et analogues). — Mâles. — ]'" Sec'ion. — Animaux de I à 2 ans. — 1" prix, M. Gustave
Hugard,à ChâtiUon-sur-Seine (Côte-dOr) ; 2% M. Léon Japiot, à Cii:\lillon-sar-Seine (Côte-d'Orl;
3», M. Joseph Graber. —7 Ment'on honorible, M. Beau, à Sambourg (Y^onne). — 2" Section. — Ani-
maux de 2 à3 ans. — 1" prix, M. Jean Keynauld, à Avignon (Van lus»') ; 2°, M. Narcisse Minan-
goin, à Esnon (Yonne). — Mention honorable, Mme Jo ez, .à Villers-sous-Chalançon (Doubs). —
Femelles. — \" Section. — Génissps de 1 à 2 ans. — l"' prix, M. Narcisse Minangoin;
2'' M. Ali^xnidre Courtet, à File (Vaiicluse). — Mention honoralde, M. Terrillon-Lemoine, à Châ-
tillon-sur-Seine (Côte-d'Or) — 2" Sertion. — Génisses de 2 à 3 ans. — 1" prix, M. Léon Japiot;
2% M Charles liugard, à Châtillon-sur-Seine (Côte-d'Or); 3% Mme Jobez. — Mention honorable,
M. Joseuh Graber. — 3' Section. — Vaches de plus de 3 ans. — !" prix, .M. Alexandre Courtet;
2°, M. Jean Reynauld; 3", M. Narcisse Minangon; 4', M. Joseph Graber.
Prix d'ensi-mb e, au meilleur loi d'animaux de î'tspèce bo\ine des 2% 3", 4', .5' et 6° catégories.
— Un objet d'art â M. Eugène Chambaud, pour ses animaux de race feaieline.
Bande? de vaches laitières (en lait). — V prix, MM. Marc frères; 2% M. Eugène Chambaud.
Espèce ovine.
l" Catégorie. — Races mérinos et raétis-m;rinos. — l" Section. — Animiux âgés de 18 mois
au plus.— Mâles. — 1" prix, M. Hypcolyie Texloris, à Cheney (Yonne); 2% M. Léon Japiot, à
Châtillon-sur-Seine (Côte-d'Or) ; 3', M. Alexis Boulay, à Jonvelle (Haute-Saône). — Prix supplé-
mentaire, M. Charles Hugard, à Châtillon-sur-Seine (Côte d'Or). — Mention honor-ble, M. Lemoine-
TerriHon, à Ma sey-sur-Ource (Côie-d'Oij. — Femelles. — P'prix, M. Léon Japiot; 2% M. Hyppo-
lite Textori-; 3, M. Teirillnn-Lemoine, à Chàtill n-sur-Seine (Côte-d'Or) — 2' Sect on. —
Animaux âgés de plus de 18 mois. — Mâles. — 1"" pmx, M. Hyi'polyte Textoris ; 2% M. Léon
Japiot; 3% M. L-moine-Terrillon. — Piix supplémentaire, M. Terr'llon-Lemoine. — Femelle*. —
l" prix, M. Léon Japiot, 2% M. Hyppolyte Textoris; 3% M. Lemoine-Terrillon. — Mention hono-
rable, M. Terrillon-Lemoine.
3* Catérjurie. — Races françaises diverses. — Mâles. — 1" prix, M. Alexis Boulay. — Femelles.
— 1" prix, M. Alexis Boulay.
3' Catégorie. — Races étrangères à laine longue (dishley ou leicester, hollandaise et analogues).
— Mâles. — 1*'^ prix, M. Alphonse Tiersonnier, à Gimouille (Nièvre); 2% M. Auguste Massé, à
CONCOQRS RÉGIONAL DE BOURG. 301
Germigny-l'Exempt (Cher), — Femelles. — l"'' prix. M, Alphonse Tiersonnier; 2", M. Auguste
Massé.
4' Catégorie. — Races étrangères à laine courte (southdown et analogues!. — Mâles. — l"prix,
M. le comte de Bouille, â Villars (Nièvre) ; 2", M. le comte Henri de LHlerrièrp, à Bierre-lès-Semur
(Côle-d'Or). — l'nx supplémentaire, M. Joseph Coignet, h Sainl-Maurice-d'Kchazeau (Ain), —
Femelles. — 1" prix, M. le comie Henri de Lal'erriiTe ; '!'', M, le comte de Bouille.
ii" Catégorie. — Croisements divers. — Mâles. — 1"' i)rix, M. le comte Henri de I.aferrière;
T, M. Terrillon-LemoiiiH ; 3", M. Juste Thomas, à Oessia (lura). — Femelles. — 1" prix, M. An-
toine Rouj, à Prissey (Côte-d'Oi) ; 2'', M, le comte Henri de Laferrière; 3", M. Juste Thomas.
Prix d'ensemble, au meilleur lot d'animaux d'espèce ovine. — Un objet d'art à M Léon Japiot,
pour ses animaux de race mérinos.
Espèce porcine.
1" Catégorie. — Races indiffènes pures ou croisées entre elles. — MAles. — l"' prix, M. le mar-
quis de Lénoncourt, à Bui'Sières (Hauie-Saoue) ; T, M. Chambaud père, à Perronnas (Ain) ; i",
M. Terrillon-Lemoine. — Mention honorable. M le marquis de Lénoncourt. — Femelles. —
l" prix, M. le marquis de Lénoncourt; 2% M. Desvignes-Bérard, à Marlieux (Ain); 3°, M. Ter-
rillon-Lemoinp.
2' Catégorie. — Races étrangères pures ou croisées entre elles. — Mâles. — 1" prix, M. Lemoine-
Terrillon ; 2% M. le marquis de Lénoncouit. — Mention honorable, M. le marquis de Lénoncourt,
— Femelles — l"" prix, M, le marquis de Lénoncourt; 2", M. TerrillonLemoine ; 4* M. Jean Mo-
rand, à Bény (Ain). — Mentions honorables. M, le marquis de Lénoncourt.
3" Catégorie. — Croisements divers entre races étrangères et races fiançaises. — Mâles. — •
2' prix. M, de Lénoncourt. — Femelles. — 1" piix. M, le marquis de Lénoncourt ; 2% .M. Claude-
Joseph Monnot, à Cugney (Haute-Saône) ; 3% M. Kmile Petiot, a Touches (Saône-et-Loire).
Vrix d'ensemble au meilleur lot d'animaux d'espèce porcines. — Un objet d'art, M. le marquis
de Lénoncourt, pour ses animaux de race Yorkshire.
Animaux de basse-cour.
V" Catégorie. — Coqs et poules. — V Section. — Race de la Bresse. — 2% prix, M. Cham-
baud père; a*, M. Chambaud fils, à Pèronnas (Ain). — .Mention honorable, M. Jean de Thoisy, à
Joudes (.Saône-el-Loire). — 2'^^ Section. — Raceh françaises diverses. — 1'^^'' prix, M. Jean de Toisy ;
2% M. Isidore Fouet, à Marsangy (Yonne). — Mention honorable. M. Isidore Fouet.
2° Catégorie. — Dindons. — 1*^' prix, M. Isidore Fouet; 2". M. Desvignes-Bérard, à Mar-
lieux (Ain).
3'' Catégorie. — Oies. — 2'' prix, M. Jean Morand, à Beny (Ain),
4= Catégorie. — Canards. — V prix, M. Desvignes-Bérard ; 2% M. Emmanuel Gréa, à Rotalier
(Jura); 3', M. Isidore Fouet.
.5" Catégorie. — 1 intades. — 2'' prix, M. Isidore Fouet.
6° Catégorie. — Pigeons. — 1" prix, M. Jean Morand; 2% M. Isidore Fouet.
Récompenses aux serviteurs ruraux ])Our les soins intelligents donnés aux animaux primés. —
Espèce bovine, ovine et porcine. — Médailles dargent, MM. Hyppolite Geindrey, chpz M. Claude
Moreau ; Hyppolite Chabot, chez M. Eugène Chambaud; Constant i ichet. chez M. Léon Japiot;
François Noti, chez M. le marquis de Lénoncourt ; Parot, chez M. Emile Petiot. — Médailles de
hronse, M.M. Joseph Roeser, chez M. Théodore Geste; Dominique Martin, chez M. le marquis
de Monliaur ; Louis Receveur, chez M. Graber ; Louis Normand, chez M. Lacour; Julien Thomas,
chez M. Elle Larzat ; Apollinaire Quin, chez M. Textoris ; Claude Heliot, chez M, Tripier; Mme Vir-
ginie Moutardier, chez M, Isidore Fouet.
Récompenses a.ux conducteurs de machines admises aux démonstrations publiques, aux contre-
maîtres et ouvriers des constructeurs desdites machines. — Médailles d'argent, MM. Alfred
Transon, ouvrier monteur, chez M. Cumming; Hippolyte Lavezard, conducteur de machines à la
Sociéié française de matériel agricole: Nicohs Moine, maître-ouvrier chez M. Plissonnier fils;
Brissaud, maître-ouvrier chfz M. Pli'^sonnier fils ; Pierre Lurier, conducteur de machines chez
M. Breloux. — Médailles de bronze, MM. Rudolph Hartemann, maître-mécanicien chez M. Giraud;
Désiré Leclaire, contre-maîire mécanicien chez MM, Decker et Mot; François Ducker, mécanicien
chez M. Daujat; Louis Corié, contre-maître mécanicien chez MM, Decker et Mot.
Produits agricoles et matières utiles à l'agriculture, — Concours spéciaux,
1™ Catégorie. — Stmences de froment. — 1" prix, médaille d'or, MVI. Vilmorin-Andrieux
pt Cie, 4, quai de la Mégisserie, à Paris ; 3% médaille de bronze, M, François Puget, à Pont-de-
Vaux (Ain).
2* Catégorie. — Graines fourragères pour prairies temporaires.. — 1" prix, médaille d'or,
MM. Vilmorin-Andrieux et Cie. Prix s ipplémentaire par virement; médaille d'argent grand mo-
dule, M. CeuzinJacob, à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire); 2", médaille d'argent, MM. Fichot
frères, à Toulon-sur-Arroux (.Saône-et-Loire) ; 3", médaille de bronze, M. Gobet, horticulteur à
Bourg (Ain).
3° Catégorie. — Pommes de terre de grande culture. — 1" prix, médaille d'or, M, Pierre
(irand, à i3oz (Ain) ; 3°, médaille ds bronze, M. François Dubiez, à Saint-Vulbas (.\in).
4' Caiéoorie. — Fromages de Gruyère. -^ 1" prix, médaille d'or, M. Victor Barsu, â Meil-
lonnas (Ain); 2% méd ille d'argent. M, Joseph-Marins Genêt, à Corlier (Ain ; 3°. médaille de
bronze. M. Pierre Mauron, à Gray (Haute-Saône) ; 4° et .5°, non décernés,
5" Catégorie. — Fromages de Gex. — Non décernés.
6° Catégorie. — Beurres de Fruitières. — I"'' prix non décerné; 2', médaille d'argent, M. Char-
les Bole, à Chantrnns (Duubs) ; 3°, nuidaille de bronze, M. Piere Mouron,
7° Catégorie. — Vin du déiartement de l'Ain. — 1" frix, médaille d"or, Mme veuve Zeandet,
à Nattages (Ain) ; 2' et 3», non décernés ; 4", médaille de bronze, M. Claude Orcel, à Pezouges (Ain) ;
h' 6= et 7% non décernés.
8» Catégorie. — Produits de l'horticulture. — 1" prix, médaille d'or, M. Gobet, pour l'ensemble
de son exposition; 2*, médaille d'argent, M. Pi rre Grand; 3°, non décerné.
9° Catégorie. — Expositions scolaires. — 2° Section. — Travaux spéciaux et objets de l'ensei-
gnement agricole présentés par les professeurs, les instituteurs et les élèves des écoles primaires;
3° prix, médaille d'argent, M. François Chalumeau, à Vérizet (Saône-et-Loire); [>% médaille de
302 CONCOURS RÉGIONAL DE BOURG.
bronze, M. Claudel Vepnochet, à Epervans (Saône-et-Loire); 5% médaille de bronze, M. Victor
Roblin, instiluleur à Flrigey-les-Auxonne (Côte-d Or).
W' Ca'égorie. - l'roluils divers non compris dans les catégories précédentes. — Médailles d'or,
MM. Julien Guillemot, place Saint-l'ierre, h, à D:jon (Côte-d'Or) pour ses vins; Ceu/in-Jacob,
pour ses racines fourragf'res ; Guichard-iirand, à ïleyssou/e (Ain), pour l'ensemble de son expo-
sition. — Midaille d'arnent grand module par rirerneiit, M. Gaulhier, à Blanz ic (Gharenle), pour
son eau-ile-vie de Cognac. — Stédadles d'argent, MM. Hiuiri Alb;in-1, à Saint-Just (Ain), [ourson
exposition de vins du Beuijolais; Léon Japiot, à Chàlillon-sur-SeinR (Côte-d'Or, pour ^a toison
mérinos; Damien D9svi;,'nes, à la Ch ipelle-du-Gunichay (Saône-el- Loire), pour son vin, ré-
colle 186r); André BiMin, à Montracol (Ain), pour ses beiteraves et graines de betteraves ; Caucal-
Lavrand, à Samt-Germain-du Bois (S;iône-et-Loire), pour cas-is et prunt-lle; Josepli-Bernard Fa-
br'', rue de la H^ie-O'q, à Auberulliers (Seine), pour s^n extrait de présure; Au:usie Picquet,
à Groissiat (Ain), pour le pian d'irrigilion — MrduiUes de bronze, MM. F.rncst Colmant, à Saint-
Ernilion (Gironde), pour ses vins de Saint-Emil'on; Charles Hugard, à Châ'illon-sur-Seine (Côte-
d'Or), pour sa toison de laine métis tnérinos ; Théouore Ravailler, à Bourg (Ain), pour l'ensemble
de son e\DOsition; Thibauiiier, rue des Maronniers, 9, à Lyon (Hhône), pour l'ensemble de son
exposition; Mme veuve Constance .lalamion, rue Hippolyte-Flamlrin, 18, à Lyon, pour l'ensemble
de son exposition; Tony Ravet, à B uric (Ain), pour son huile île noix; Be sede, boulevard de la
Corderie, à Marseille (Bouches-du-Bhône), pour ses liqueurs 'liverses; .lean-Marie-PHul Prouvèze,
à Marceuil (Côte-d'Or), pour son extrait d plantes, dit le « Trésor de la Fermière » ; Pierre Perrier,
à Laquenille (Puy-de-Dôme), pour .ses fromages imi alion Roiiuelorl; Jean Moine, à Bourg (Ain) ,
p'iur ses liqueurs diverses; Joseï h Germain, cà Vieugy (Haute-Savoie), pour son miel; Edmond
Cuénin, à Besançon (Doubs), pour son extrait de Coca; Julien Guillemot, pour son eau-de-vie
de marc.
{La suite procliainemenl) . F.-R. de la Tréhonnais.
BIBLIOGRAPHIE AGRICOLE
Les pâhirages, les prairies naturel'es et les herbages, par M. Gustave Heuzé. membre de la Sociétf^
nationale d'agriculture, iiispecteur génpral de l'agriculture. — ; Un volume in-l8 de 360 pages,
orné de 47 gravures. — Librairie agricole, 26, rue Jacob, à Paris. — Prix : 3 fr. 50.
L'importance que l'on doit attacher à la production fourragère dans
la plupart des exploitations an^ricoles, ressort de plus en plus des faits
qui se df^roulent sans interruption sous nos yeux. La valeur croissante
de la viande et des produits animaux, qui assure au cultivateur habile
une large rémunération de ses peines, alors que beaucoup d'aulrespro-
duits deviennent aléatoires, est un gage assuré de l'avenir de la production
fourragère, non plus laissée, comme jadis, au hasard des circonstances
et des saisons, mais faite rationnellement et en suivant des règles
précises qui assurent le succès. Ces règles sont variables suivant qu'il
s'agit de la production sur les terres consacrées, pendant un nombre
d'années plus ou moins long, à la production de l'herbe, ou sur les
terres arables auxquelles on confie des plantes fourragères annuelles
de diverse nature. Rappeler les règles qui s'appliquent à la production
herbagère, tel est le but du nouveau volume que M. Heuzé a publié
récemment.
Toutes les fois que le sol se couvre d'herbe naturellement, et qu'un
gazon plus ou moins épais se maintient à la surface, on est en pré-
sence d'une prairie, qui reçoit des noms variables suivant la manière
dont elle est exploitée. Si l'on en fauche l'herbe pour la convertir en
foin qui sera consommé à l'étable, on a alTaire à une prairie propre-
ment dite; si le bétail y est mis à pâturer dès le printemps et y est
entretenu à demeure pendant une partie de l'été, on est en présence
d'un pâturage; enfin, si l'herbe est de qualité supérieure et pousse
avec assez d'intensité pour assurer l'engraissement du bétail qui la
pâture, on est en face d'un herbage, pâture grasse, etc., dénoiijna-
tions variables suivant les localités. Aux diverses espèces de prairies
correspondent des spéculations différentes; ici on élève le mouton,
ailleurs le bœuf; ailleurs encore, le cultivateur trouve profita engrais-
ser le bétail. C'est à ces diverses catégories que correspondent les
parties de l'ouvrage de M. Heuzé; dans trois livres distincts, il passe
en revue les pâturages, les prairies, les herbages.
BIBLIOGRAPHIE AGRICOLE.
303
• La partie la plus étendue est consacrée aux prairies proprement
dites; ce sont, en effet, celles que l'on rencontre presque partout, les
pâturages et les herbages étant limitée à des situations et à des clioiats
spéciaux. Quand on étudie les prairies, il faut considérer les sols qui
leur conviennent le mieux, les plantes qui y entrent, les travaux de
création, d'entretien, de récolte, les rendements et la valeur des pro-
duits ; si l'eau est insuffisante pour des récoltes abondantes, on se
304 BIBLIOGRAPHIE AGRICOLE.
préoccupe de la leur fournir régulièrement par les travaux d'irrigation ;
si, dans les bas-fonds, l'eau est en excès, il faut l'enlever par des tra-
vaux d'assainissement. Tous ces côtés de la question sont étudiés avec
le plus grand soin par M. Heuzé. Nous sicçnalerons particulièrement
les détails dans lesquels il entre sur la flore des prairies ; car chacun
sait que la qualité des plantes fourragères est extrêmement variable;
il en est de bonnes, de passables, de médiocres, d'inutiles, enfin de
mauvaises.
Des détails de même nature sont donnés sur les pâturages et sur les
herbages. L'opération est ici beaucoup moins complexe; mais il
faut tenir com[)te des soins d'entretien que l'on ne doit pas négliger, si
l'on veut en maintenir la production.
Parmi les moyens d'accroître la production, fourragère, la création
de pâturages d'une durée limitée composés de plantes légumineuses ou
de graminées est en faveur auprès d'un grand nombre d'agriculteurs,
surtout depuis quelques années. Suivant la nature du sol et le climat,
on peut les faire durer deux, trois ou quatre années. M. Vandercolmea
fait connaître, à diverses reprises, les excellents résultats qu'il a obtenus
avec des pâturages de cette nature, qu'il ne fait même durer qu'une
année. On intercale la prairie temporaire entre les cultures de céréales
et celles de plantes sarclées. On crée aussi des prairies temporaires
©©
Fig. 23. — Ronce artificielle de M. Louet, à Issoudun.
jouant, en dehors des assolements, un rôle analogue à celui des luzer-
nières. Dans l'un et l'autre cas, on suit dans la création de ces pâtu-
rages, des règles qui varient suivant les localités les climats et la
durée que l'on veut donner à la production de l'herbe. M. Heuzé indique
avec soin ces règles, avec des détails sur la nature des plantes qui doi-
venty entrer, sur les caractères des sols qui leur conviennent le mieux.
Dans la création des pâturages, une des préoccupations de l'agri-
culture est le choix de la clôture qu'il doit préférer. En dehors des
haies, les clôtures en fil de fer monté sur des poteaux placés de dis-
tance en distance sont à juste titre très appréciées; les fils de fer sim-
ples sont remplacés avec avantage par la ronce artificielle, dont les
piquants arrêtent les animaux et protègent la clôture contre leurs
atteintes. On fabrique aujourd'hui plusieurs sortes de ronces artifi-
cielles; elles sont formées toujours par plusieurs fils tordus, entre
lesquels sont disposées des pointes aiguës. La fig. 22 représente une
clôture en ronce artificielle de M. Pilter, à Paris; dans la fig. 23, on
voit le modèle de la ronce artificielle de ^l. Louet, constructeur à
Issoudun (fndre). L'emploi de ces clôtures devient partout de plus en
plus fréquent.
En résumé, le but de M. Heuzé a été d'exposer les règles avec les-
quelles on obtient en abondance de bon foin, c'est-à-dire du foin qui
nourrisse bien le bétail. Tous ceux qui le liront seront convaincus que
l'auteur a atteint ce but. Henry Sagnier.
CONCOURS DES PRIX CULTURÂUX DANS L'ARIÉGE. 305
CONCOURS DES PRIX CULTURA.UX DANS L'ARIÈCE
Nous commencerons le compte rendu du concours de Foix par un
extrait du rapport fait par M. Courregeiongue, propriétaire à lîazas,
secrétaire de la Société d'agriculture de la Gironde, au nom de la
Commission, chargée de décerner les prix culturaux et d'irrigation
dansl'Ariège en 1882. Il a donné lecture de son travail à la distri-
bution publique des récompenses qui a eu lieu le dimanche 13 mai, à
Foix.
PREMIÈRE CATÉGORIE. — Six propriétaires, exploitant leurs domaines directe-
ment, avaient demandé à concourir pour le prix cultural de Ja première catégorie.
E cploiiatlon de Saial-Paakt. — Sans offrir, au point de vue cultural proprement
dit, un intérêt spécial, ce domaine appartenant à M. Piquemal, qui le dirige, pré-
sente certains travaux conçus et exécutés avec soin ; le propriéiaii'e a converti en
prairies deux hectares de pâture, en enlevant les ronceà et en favorisant l'écoule-
ment des eaux.
Il a également utilisé les terrains en pente pierreux et incultes en construisant
une série de murs de soutènement qui permettent d'y cultiver la vigne et les
céréales.
Ces efforts ont paru à la Commission mériter un encouragement, et elle lui a
accordé une médaille d'argent grand module.
Exploitation, de VidaUt. — Ce domaine, d'une contenance de 67 hectares, situé
dans la commune de Labatut, arrondissement de Pamiers, a été acheté par
M. Séré en 1869, après avoir été pendant longtemps à un fermier qui l'avait
complètement épuisé par une série non interrompue de cultures de céréales.
Quand M. Séré en prit la direction, en IS73, les terres étaient envahies par les
plantes parasites et ne produisait presque plus ni récoltes ni fourrages. Après
avoir créé un vignoble de 21 hectares plantés avec le plus grand soin, il consacra
fiendant quel({U3s années le reste du domaine aux cultuies fourragères, il choisit
es plantes qui non seulement enrichissent le sol de leurs débris, mais qui vont
aussi chercher leur nourriture dans les profondeurs du sol, trèfle, sainfoin, luzerne ;
celle culture occupe 16 hectares. On cultive encore, au Vidalet, 8 hectares de
fourrages annuels pour une production totale de 8 hectares de céréales de toutes
sortes; ce système de culture améliorante lui permet, dès aujourd'hui, d'entrete-
nir de nombreux animaux et d'obtenir beaucoup de fumier.
La Commission félicite M. S^ré d'avoir su utiliser ainsi ces forces naturelles ;
l'état très satisfaisant de ses blés semés sur défrichement de luzerne témoignent
de l'excellence de la méthode, et justifient pleinement la médaille d'or ({u'elle
accorde à M. Casimir Séré pour la reconstitution par les cultures fourragères d'un
sol épuisé.
Exploitation de la Prèboste. — Cette propriété, située dans la commune de
Pamiers, est cultivée par M. Vie, avec l'aide de sa famille; elle serait assez com-
plète dans son ensemble si elle n'était pas aussi morcelée, et si certains champs
ne sd trouvaient à une distance considérable de l'exploitation.
D une contenance de 22 hectares, M. Vie reçut ce domaine par héritage. Il est
soumis à un assolement biennal i-outenu par une importante production fourragère.
Si les céréales occupent 10 hectares, la culture des sainfoin, luzerne, vesces,
pommes de terre, betteraves, s'étend sur une surface plus grande encore.
Le blé, le méteil, l'avoine sont beaux; les terres, bien préparées, reçoivent jusqu'à
trois labours; les prairies artificielles sont très belles, et les betteraves, semées
en lignes cultivées à la charrue, sont vigoureuses et bien cultivées. Aussi on
trouve dans les étables des bètes nombreuses et en parfait état d'embonpoint.
C'est là un des principaux revenus de M. Vie, qui engrais^se tous les ans 10 bœufs,
35 moutons lauraguais, q l'il renouvelle cinq fois dans le courant di l'année.
L'engraissement des bœufs dure six mois environ, et pendant ce temps, ils
reçoivent à l'étable, avec les fourrages de la ferme, quelques tourteaux et des fari-
neux. Le troupeau est toujours entretenu sur les dépaissances quand le temps le
permet. Dans la bergerie, il consomme des fèves et quelques fourrages secs.
L'élevage du cheval. est aussi une source de revenus pour la ferme de la Prè-
boste : une pouliche de trois ans et deux poulinières de la race de Tarbes ont été
306 CONCOURS DES PRIX CULTURAUX DANS L ARIÉGE.
préscnt''es. Les produits sont vendus au sevrage de 350 à 400 francs. Il y a
encore tous les ans 3 porcs et 20 oies.
Le jury a été surtout rra[)pé di bon état des animaux qui, d'après la comptabi-
lité, lui donnent en moyenne un revenu annuel de 4,000 francs.
Eq somme, la Commission est convaincue que le système de culture de la Pré-
boste esi améliorant, et que tout est bien organisé sur cette propriété. Les bâti-
ments sont néanmoins un peu défectueux ; la confection des fumiers laisse à dési-
rer , et la comptabilité est très incomplète.
Néanmoins, reconnaissant l'intelligente organisation de M. Vie, pour la culture
de son domaine et ses profits sur les animaux, la Commission lui accorde une
médaille d'or grand module.
Exploitaiion du Véniel. — Le joli domaine du Vernet appartient à M. Paris,
banquier à Pamiers.
En 1859, époque à laquelle il fut acheté, ce n'était pour ainsi dire qu'un maré-
cage, traversé par un chemin profond, im[)raticable, où les eaux s'écoulaient diffi-
cilement, et recouvraient les récoltes pendant les années pluvieuses.
Les rares prairies qui existaient alors produisaient un foin de très mauvaise
qualité, et spffisaient à peine, avec des pâtures couvertes de joncs, à l'entretien de
deux paires de bœuls de travail et d'un troupeau de quarante têtes.
Le nouveau propriétaire a réuni entre elles les parcelles trop petites pour être
cultivées, les a nivelées au moyen de transports de terre, assainies par des tranchées
pleines de pierres et entourées de fossés pour les égouter; plus de 3 kilomètres de
drainage ainsi exécutés ont fourni d'excellentes eaux qui ont servi à l'irrigation
de piairies naturelles.
Ce domaine de kO hectares contient maintenant 27 hectares de terres arables,
4 hectares de prairies irriguées, 2 hectares de prairies artificielles et 5 hectares
de vignes.
En présence d'opérations si bien conduites et poursuivies avec autant d'intelli-
gence et d'espdt de suite, la Commission a accordée à M. Paris une médaille d'or
grand module pour la mise en culture de terrains marécageux.
Exploitation du Conté. — La Commission de la prime d'honneur qui visita
l'Ariège en 1875 accordait à M. Azema, propriétaire au Conté, commune de
Mazères, arrondissement de Pamiers, une médaille d'or pour ses succès agricoles
obtenus à l'aide des engrais chimiques.
Depuis cette époque, M. Azema a acheté annuellement pour 1,800 francs d'en-
grais chimiques. Il a reconnu par la pratique que les sulfates d'ammoniaque et de
potasse étaient les éléments qui convenaient le mieux à son sol. L'ex[)ioitation du
Conté a été trouvée par la Commission couverte de magnifi |ues récoltes de blé,
d'avoine et de vesces. Un ch'-'mp ensemencé d'un mélange de blé et d'avoine était
dans un état lemarquable de végétation. M. Azema assure que ce mélange lui
donne des résultats bien supérieurs à ceux de la culture isolée du blé et de l'avoine
et il ajoute qu'il évite ainsi la verse à laquelle le froment est toujours sujet lors-
qu'on le sème sur défrichement de trèfle.
Mais si sur le domaine du Conté les blés, les avoines, etc., occurent une place
considérable, la culture des fourrages de toute sorte y est relativement restreinte
et ne sulfit environ qu'à l'entretien de 18,000 kilogrammes de poids vivant d'ani-
maux pour une étendue totale cultivée de 73 heciares. Aussi la vente du bétail no
produit-elle annuellement que 3,700 francs, tandis que celle des céréales atteint
le chiffre de l-^^l^b francs.
Malgré les soins donnés aux fumiers, l'apport annuel de 360 hectolitres de
chaux et l'achat pour 1,800 francs d'engrais chimiques, la Commission ne croit
pas que le système de culture de M. Azema soit améliorant; d'ailleurs les terres
du Conté étant tiès tenaces et d'un travail difficile, M. Azema devrait s'attacher
à augmenter le fumier de ferme qui pourrait vaincre la cohésion du sol, et à donner
plus d'importance aux cultures fourragères.
Ces réserves faites, la Commission félicite M. Azema de l'état remarquabh de
ses récoltes et de la tenue générale de son domaine; ell^^ lui attribue à l'unaaimité
une médaille d'or grand module pour sa belle sole de froment.
Exploiialion de Ikvirolhs. — M. Causson obtenait en 1875 à l'occasion du
concours régional agricole le prix cultural de première catégorie. L'état remar-
quable des céréales et des plantes sarclées, la bonne conlec ion des labours, l'ap-
propriation intelligente des bâtiments et la tenue générale du domaine, justifiaient
pleinement la récompense accordée au propriétaire de RevîroUes.
CONCOURS DES PRIX CULTQRAUX DANS L'ARIÈGE. 307
Mais depuis cette époque, M. Gausson s'est aperçu que le climat fro'd, les
gelées, etc., corapromeltaient souvent l'avenir de ses récoltes et il a modifié son
système de culture.
A cette époque, les prairies naturelles ou artificielles s'étendaient sur 17 hec-
tares seulement; elles en occupent aujourd'hui '-i9 et produisent 12S,000 kilog. de
fourrages au lieu de 75,000. Les terres labourables, de 28 hectares au lieu de 34,
sont toujours soumises à l'assolement alterne et biennal, selon qu'elles sont argi-
leuses ou siliceuses.
L'extension donnée à la production fourragère a amené une augmentation
notable du cheptel vivant qui se compose de 18 animaux de l'espèce bovine et de
24 de l'espèce chevaline, représentant un poids total de 17,H75 kilo^. et une
valeur de 2i,000 francs. L'idevage du cheval et de la mule constitue la partie la
plus importante de l'exploitation de ReviroUes. M. Gausson attend les meilleurs
résultats de l'installation a'un haras composé de 2 étalons approuvés par l'Eiat et
de 3 baudets espagr ois.
Depuis 1875, il a planté un petit vignoble de 2 hectares, il a défriché plusieurs
parcelles de terre, créé des chemins, approprié des bâtiments pour le logement de
ses juments et de ses étalons; il achète tous les ans pour 900 francs d'engrais
chimiques.
Le jury apprécie et approuve toutes ces modifications. Vu le climat et la situa-
tion topographique de Lavelanet, l'installation d'un haras rendra de grands ser-
vices, mais l'œuvre de M. Giusson est encore dans la période de transformation
et les grandes l^gumineiises de ses nouvelles prairies sont souvent envahies par
des plantes qui nuisent à leur végétation. De leur côté, les céréales laissent à
désirer en certains endroits, les plantes parasites qu'on y trouve et qui tiennent
à la nature du sol et au climat pourraient disparaître au moyen d'un assolement
mieux entendu.
Les prairies qui s'étendent sur les bords de la Touyre sont de belle venue,
mais inégalement irriguées; dans certaines parties, le bétail d'espèce bovine
appartient à la race Ghdrolaise, il est bien choisi et bien entretenu.
On voit que l'installation du haras de M. Gausson est encore à son début, le
type mulassier est mal défini et peu fixé ; ses étalons, bien choisis, sont trop élevés
sur jambes, ils sont trop tenus en stabulation.
Mais néanmoins l'exploitation n'a pas démérité, et son propriétaire a su la
maintenir dans un état de prospérité justifiée par une comptabilité très précise et
très complète qui accuse une augmentation constante des bénéfices.
Aujourd hui, comme -en 1875, la Gommission juge le domaine de ReviroUes
digne du prix cultural d.e la première catégorie.
En regrettant les imperfections qui accompagnent toujours les transformations
culturales et qui ne lui permettent pas d'acôorder à M. Gausson la plus haute
distinction que M. le ministre met à sa disposition, la G )mmission éprouve une
vive satisfaction de lui accorder un rappel de prix cultural obtenu au dernier
concours régional.
2'" GvTÉGORiK. — Orphelinat agricole de la Galiaase. — L'exploitation agricole
de Saint- Joseph établie depuis deux ans sur la ferme delà Galiasse près de Lave-
lanet, dirigée par M. l'abbé Glanet, fut ouverte en 1870 sur le domaine de
Queille. A la suite d'un p ocès malheureux, l'orphelinat dut quitter ce domaine où il
avait élevé de vastes constructions, établi des drainages considérables et lait d'im-
portantes plantations M. l'abbé Glanet vient poursuivre sans découragement sur
la ferme de la Galiasse son œuvre qui a pour but de recueillir les orphelins et les
enfants pauvres ou abandonnés pour les moraliser, les instruire et leur donner
les premières notions d'agriculture.
Les terres de l'orphelinat d'une étendue de 46 hectares sont de nature argilo-
siliceuse et argilo-calcaire. Elles sont généralement profondes et bien groupées
autour d'un mamelon que couronnent les bâtiments d exploitation. M. Glanet
paye à M. Giusson, propriétaire de la Galiasse, une redevance de 1,500 francs qu'il
acquitte en travail fourni par les enfants sur le domaine de Riverolles. L'orphe-
linat est donc livré à ses propres ressources et constitue une véiitable ferme dans
les conditions ordinaires. Gonsidéré à ce point de vue, il présente encore de nom-
breuses imperfections (|ui sont la conséquence de son organisation trop récente.
Mais on ne peut s'empêcher de constater avec quelle rapidité s'opèrent les trans-
formations, avec quel esprit de méthode et quelle aciiviié on procède aux diffé-
rentes appropriations nécessitées par la nature même de l'établissement.
308 CONCOURS DES PRIX CULTQRAUX DANS L'ARIÈGE.
Sans parler de l'appropriation des bâtiments et des constructions nouvelles
qui ont nécessité une dépease de 5,000 francs, ni de la création d'un chemin de
800 mètres et de drainages étendue, l'orphelinat a déTriché depuis 1880 4 hec-
tares de terrains vacants et rendu à la culture deux champs abindannés.
Ces derniers travaux exécutés avec la main-d'œuvre et les ressources de réta-
blissement, ont permis dès la deuxième année d'aui^meater la somme des céréales
et de pourvoir a.nsi plus abondamment à l'alimentation du personnel.
Les belles récoltes qui recouvrent actuellement les terrains défrichés et défoncés
avec soin rémunèrent largement l'orphelinat de ses sacrifices.
La Commission accorde à M. l'abbé Glanet une médaille d'or pour mise en cul-
ture de terrains abandonnés. Elle se plaît à constater en même temps que non
seulement les enfants sont entourés de tous les soins matériels désirables, mais
qu'ils reçoivent encore une instruction agricole sérieuse et pratique.
4*^ Catégorie. — Exploilalion de l'Hosié. — M. Estebe est un ancien métayer
arrivé à l'aisance par une culture intelligente et à force d'ordre et de travail.
C'est en 1866 que M. Estebe prit à son propre compte la métairie de l'Hosté
pour la somme de 44,000 francs. Les terres situées sur le plateau accidenté de
Vernagoul, à 3 kilomètres de Foix, sont argileuses, argilo-calcaires et silico-
argileuses; elles se divisent en 14 hectares de terres arables, 3 hectares de
prairies naturelles, 47 ares de jardins, 88 ares de vignes ; des bois et des pâtures
éloignés occupent environ 19 hectares. C'est la culture du pays avec les céréales
Eour base; toutefois, on alterne les cultures et les prairies naturelles ou arti-
cielles. Ainsi les plantes sarclées occupent sur l'exploitation une étendue plus
considérable que les céréales.
Les cultures de blé, seigle et avoine sont vigoureuses et productives; les
pommes de terre, haricots et betteraves travaillées à la main ne laissent rien à
désirer au point de vue du nettoiement et de la préparation du sol,
M. Estebe a transformé de miuvaises pâtures en prairies et lésa améliorées au
moyen de transports de terreaux et a drainé un champ de 4 hectares, au moyen de
pierres. Ce sol est aujourd'hui couvert d'une superbe culture de trèfle.
Le bétail est nombreux et varié; on y pratique à la fois l'élevage et l'engrais-
sement.
Les étables contiennent 4 bœufs de travail de race charolaise, et deux bœufs à
l'engrais; 5 vaches et 5 élèves ; une jument et un étalon ; 40 brebis et 7 porcs.
Les bâtiments ont été transformés d'une manière pratique et économique;
toutes les pièces communiquent les unes avec les autres, les étables sont à
proximité «le la maison d'habitation. Le sol des étables est pavé et une rigole con-
duit les urines dans une Ibsse extérieure.
Les fumiers sont abondants et traités avec intelligence. Ils sont situés sous un
hangar et soigneusement recueillis et manipulés, une deuxième fosse est disposée
dans la cour, pour recevoir les débris de végétaux. Les plâtras et les vidanges
sont utilisés ; cette organisation a vivement intéressé la Commission.
L'outillage est suffisant; on y trouve le matériel aratoire du pays avec une
machine à battre d'un bon modèle.
La culture de M. Estebe est en somme excellente et surtout améliorante et
progressive; en effet les livres de compte peu nombreux portent les bénéfices à la
somme de 4,001 fr. 50 en 1880, tandis qu'ils n'étaient que de 2,774 en 18-75 ; d'un
autre côté la valeur vénale de la propriété a à peu près doublé.
Enfin la ferme de l'Hosté offre un bel exemple de ce que peuvent le travail, la
persévérance et surtout l'union de famille pour arriver à l'aisance.
Le jury a pensé que celte petite exploitation pourrait servir comme modèle
d'une bonne culture et d'une excellente administration intérieure.
Il a accordé à M. .Jean Estebe le prix cultural de la 4'" catégorie.
Prix de spécialité. — Vignoble de Sarranle. — L'établissement d'un vignoble
est toujours une chose difficile; aussi est-ce avec un vif intérêt que la Commission
a visité les plantations que M. Maurel de Laroque d'Olme a exécutées sur son
exploitation de Sarrante située dans la commune de Troie.
Tout n'est pas encore parfait ; mais il s'agit de la créaiion d'un vignoble de 25 hec-
tares dont la plus grande partie a été plantée dans l'espace de 4 ans et qui donne
déjà des produits appréciables.
En 1878 Sarrante ne contenait que 7 hectares de vigne; depuis celte époque,
son propriétaire a défriché et planté un coteau silico -calcaire bien exposé au midi
ainsi que des terres d'ail uvion argileuses.
CONCOURS DES PRIX CULTURAUX DANS L'ARIÉGE. 309
Le domaine a dû être préalablement nivelé par des travaux de terrassement et
assaini par plus de 2,200 mètres de drainage. Un chemin d'exploitation met en com-
munication les parties hautes et basses du domaine.
Sur un terrain bien défoncé au moyen de la charrue et de la fouilleuse, on
plante à une distance de 1 mètre à 1™. 60 les uns des autres des plants distants
en largeur de deux mètres. Dans certains endroits peu fertiles ils sont à 2 mètres
en tous sens. Au bout de la deuxième année, on place des fils de fer. Les frais
d'installation en y comprenant les dépenses de défoncement, de drainage, de
l'ouverture des lignes, de l'achat des plants, du fil de fer, dcséchalas, etc. ,
s'élèvent par hectare à la somme de 1,005 francs.
M. Maurel a conservé les plants du pays, mais il y a aussi mêlé l'aramon, la
carignane, le gamay, le petit bouchet et le grenache.
Ils sont répartis par pièces séparées selon Ta nature du sol et l'exposition.
On taille la vigne de deux manières : la taille à deux yeux et la taille en cordons ;
un peu de la taille Guyot à titre d'essai.
Les vignes reçoivent 4 façons de charrue et de hersage données par deux paires
de bœufs.
Les labours, peu profonds, sont fréquents et maintiennent le sol dans un état
parfait de prospérité.
L'épamprage, l'effeuillage, etc., sont bien faits; les soufrages sont donnés selon
les meilleures méthodes et le vignoble est préservé des atteintes de l'anthracnose
par des applications d'un mélange de chaux vive et de soufre.
Les vignes de M. Maurel sont fumées tous les ans à la dose de 300 kilog.
d'engrais chimiques à l'hectare; les frais annuels de culture s'élèvent à la somme
de 125 francs.
Quoique n'ayant encore que 7 hectares en production malgré la grêle de 1880,
la récolte de 1881 a été de 305 hectolitres.
On y trouve tous les instruments nécessaires aux besoins de l'exploitation,
cuves, fouloirs, pressoirs, pompes et des tonneaux ou foudres d'une capacité de
680 hectolitres.
La Commission a été très satisfaite de sa visite au vignoble de Sarrante, elle
a vu qu'aucun des travaux nécessaires n'avait été négligé, que l'outillage est
complet. Elle décerne à M. Gervais Maurel une médaille d'or pour la création
de son important vignoble.
Ferme-école de Royat. — M. de La Tergne, rapporteur de la Commission de la
prime d'honneur de 1875, disait en parlant de Royat : « Le département de
i'Ariège a l'heureuse chance de posséder une ferme-école », et nous ajoutons
aujourd'hui que ce département doit grandement se féliciter de posséder au moment
où la culture de la vigne est menacée de tous côtés, la première école de viticul-
ture du Sud-Ouest.
Rappelons en quelques mots l'historique du vignoble de Royat :
La ferme ne possédait en 1866 que 4 hectares 37 ares de vignes; mais M. Lefèvre,
son ancien et regretté directeur, comprit bien vite que le sol siliceux et argilo-
siliceux de son domaine, avec son sous-sol de sable et de cailloux, rendant plus
erméables les terres de la surface, conviendrait admirablement à la culture de
a vigne.
Muni des renseignements les plus précis, puisés aux sources les plus auto-
risées, prenant surtout ses modèles dans la Gironde, cette lerre classique de la
viticultuie, fort des conseils reçus et des observations personnelles, fixé sur la
meilleure préparation du sol, le choix des cépages, la taille et la fabrication du vin,
il se mit courageusement à l'œuvre; il avait déjà en 1873 planté, palissé surfil de
fer selon la méthode Gazenave, mis enfin en production près de 30 hectares.
A partir de ce moment, le vignoble de Royat va grandissant tous les ans ; il
était de 43 hectares en 1878, époque où mourut M. Lefèvre et où M. Jaubertpril
la direction de la ferme-école.
L'élan était désor-mais donné; M. Jaubert poursuivant l'œuvre de son prédé-
cesseur défonça et planta en I8m0 un champ de 6 hectares. La surface plantée en
vignes atteignit ainsi près de 50 hectares.
A cette même époque, le vignoble traversa une cruelle épreuve ; la grêle et le
terrible hiver de 1880-1881 détruisirent une partie des vignes basses qui durent
être arrachées.
Dans l'espace de ([uatre années, M. Jaubert installa en cordons horizontaux les
plantations de 1878 et de 1880 comprenant 13 hectares environ-, le froid et la grêle
l
310 CONCOURS DES PRIX CULTURAUX DANS L'ARIÈGE.
avaient tellement maltraité la plupart des souches des vieilles vignes taillées en
cord(ins, qu'il (ut obligé de les receper près du sol. Cette opération de rajeunisse-
ment a pat laitement réussi et ces vignes, uniformément établies, donnent déjàdes
récolles productive-!.
Le vignoble de Royat renferme les meilleurs cépages de la Gironde et de la
Bourgogne; on y trouve le merlot, le cabernet qui donnent au vin rouge le
moelleux, la sève et le parfum ; le mozac et le pineau qui le rendent alcoolique et
coloré. Dans les vignes blanches on remarque le semillon et le sauvignon aux-
quels les vins de Sauterne doivent leur réputation. Chacun de ces cépages est
cultivé sépaiément dans des carrés réguliers que traversent en angle droit des
allées de service.
La taille est exécutée selon la méthode Gazenave, bien supérieure à celle du
pays.
Les vignes reçoivent annuelleniient 4 façons de charrue et des sarclages à la
herse ; le cavaillon laissé par la charrue est enlevé à la bêche.
Le'' façons sont nombreuses et judicieusement données; on multiplie les opéra-
tions destinées à défendre la vigne contre l'oïdium, l'anthracnose, on répand l'en-
grais tous les ans sur 10 hectares; de manière que le vignoble se trouve ainsi com-
plètement fumé tous les cinq ans.
Ces engrais consistent en tourteaux d'arachide et d'œillette, en bourres et
chiffons de aine, poils et débris de cuir, dont la valeur s'élève pour l'année 1882
à la somme de 1060 fr. ; on apporte encore dans la vigne près de 100 mètres
cubes de compost, fabriqués à Royat avec des balles de blé, des marcs de raisins,
de la chaux, des débris de démolition, etc. Les fumures d'établp sont exclusive-
ment réservées pour les cultures.
Dans l'installation des bâtiments destinés à la fabrication et à la conservation
du vin, on reconnaît partout l'esprit pratique qui a tout organisé suivant les
exemples des meilleures exploitations vmicolesde la Gironde.
Le cuvier construit en partie par M. Lefèvre a été terminé sous la direction de
M. Jaubert.
La ferraenta'ion a lieu dans les cuves en maintenant constamment la vendange
plongé dans le moià-t.
■ La cuvaiî^on dure environ huit jours.
Les vaisseaux vinaires peuvent contenir une récolte de 3,000 hectolitres.
Malgré les dommages causés au vignoble par les intempéries des dernières
années, la récolie des 32 hectares en plein rapporta été en 1882 de 1,36.< hecto-
litres, soit un rendement moyen de 42'' 32 à i'hec'are.
Dans ce vignoble de Royat, tout est parfait, est régulièrement planté, travaillé
avec un soin minutieux et par les procédés les plus perfectionnés ; les cépages qui
le composent sont des meilleurs de la Gironde et de la Bourgogne.
Les autres cultures du domaine ne sont pas négligées. Pour que l'enseignement
soit complet à Royat, M Jaubert a ajouté aux autres terres de l'exploitation une
parcelle de 6 hectares, de telle sorte que les terres consacrées aux ditférentes cul-
tures ont encore après l'agrandissemeot du vignoble une étendue de 32 hectares.
Le létail occupe toujours à la ferme une place importante; les bœufs, les
vaches, les chevaux, les animaux de l'espèce porcine représentent un poids total
de 17,000 kilog., soit par hectare près de 500 kilog.
En résumé, le vignoble de Royat est véritablement un vignoble modèle, et
depuis quelque temps la culture de la vigne progresse sans cesse dans i'Ariège.
La terme-école est toujours restée à la tète du mouvement.
Les plants de Uoyat sont répandus '^anstout le département et les départements
voisins; M. Jaubert n'a pas cédé moins de 600,000 boutures en quatre ans. La
taille en cordon de Royat se propage tous les jours. Les élèves sortant de Royat
sont très recuerchés afin de profiter des procédés perfectionnés qu'ils y ont appris.
M. Jaubert se prépare à lutter contre le phylloxéra, en installant des plants
étrangers afin d étudier leur résistance et leur adaptation au climat avant de les
indiquer aux viticulteurs.
Le jury est heureux de constater aujourd'hui dans une circonstance aussi
Bolenneile, l'mflueiice de la ferme-école sur le progrès de l'agriculture de I'Ariège.
Il iehcile hautement M. Jaubert d'avoir poursuivi avec une aussi gran'le compé-
tence l'œuvre de son prédécesseur. Il est convaincu que la ferme-école de Royat
continuera sous l'administration de jeune et intelligent directeur à marcher à la
tête de tous les progrès agricoles.
CONCOURS DES PRIX CULTURAUX DANS L ARIEGE. 311
Pour ces motifs, il lui accorde un objet d'art comme prix spécial de viticulture.
Concours d'irrigation. — Phemikbe catégorie. — M. Adrien Rigal a sou-
mis à l'appréciatiou du jury son petit domaine de la Prairie d'une contenance de
13 hectares.
Près de 3 hectares sont occupés par les cultures de l'asperge, les fraises, la
vigne et les arbres fruitiers; 3 iiectares sont couverts de bais; sur le reste du
domaine s'étendent les pr.ùries dont nous allons nous entretenir.
En 1848, époque à la((uclle M. Rigal prit la direction de sa propriété, elle fut
évaluée 17,000 francs. Elle ne contenait que ' hectare 50 ares de prairie et 2 hec-
tares de terres arables Les autres parties n'étaient que des graviers ravinés par
les eaux de l'Ariôge et recouverts par celle-ci à la moindre crue.
Par des colmatages intelligents et réitérés, des nivellements bien entendus et
surtout par la création d'un canal qui amène les eaux dérivées de l' Ariège, M. Rigal
a trans'ormé en prairies de bonne nature ces gi'aviers qui constituent maintenant
P'iur celles-ci un sous-sol ptirméable et filtrant, indispensable aux terrains irrigués.
Ces différentes opérations ont nécessilé une dépense de 3,000 francs. Les eaux
sont dérivées à l'aicle d'un barra;.^^e construit dans la commune de Saint-Jean-de-
Falga ; elles sont conduites ensuite par un canal principal sur lequel M. Rigal a
greffé un canal secondaire qui débouche à l'extiémité de sa propriété.
Une série de rigoles de niveau distribuent l'eau dans toutes les parties de la
prairie; après avoir servi aux besoins de l'irrigation, elle est reçue dans des fossés
d'écoulement qui permettant d'égoutter complètement les parties les plus basses.
Tous ces travaux qui ont servi à amener l'eau sont bien conduits; la prairie est
régulièrement nivelée et irriguée d'une manière uniforme.
Le jury s'est montré satisfait de l'exécution des travaux de colmatage et des
produits obtenus par une intelligente rép-irtition des eaux de l'Ariège.
11 s'est rendu compte de l'importance de toutes ces opérations qui ont contribué
avec les fumiers annu-4s à augmenter dans une grande proportion la récolte de
foin qui est aujourd'hui de 40,000 kilog. et à donner au domaine une plus value
de 50,000 francs.
Il attribue à M. Adrien Rigal le troisième prix de la première catégorie con^
sistant en une médaille d'argent et une som;ne de 400 francs
Récompense à l'agent du domaine qui a obtenu le prix d'irrigation de la pre-
mière catégorie : une médaille de bronze à M. Grouzet, chez M. Rigal, à la Prairie.
2^ Catégorie. — M. Sirre Tarridc de Mereris, canton d'Ax, a présenté égale-
ment à la Commission quelques travaux d'irrigation.
Les prairies sont réparties eu 7 parcelles et occupent une surface de 5 hectares
40 ares.
Elles s'étendent des deux côtés de l'Ariège qui n'est là qu'un torrent.
En 186ô, ces terres que recouvre maintenant un riche tap s de verdure, n'étaient
pour la plupart que de maigres pâtures couvertes d'arbustes ou de débris de roches.
Après les avoir défrichées et débarrassées des pierres qui les encombraient,
M. Sicre les nivela et régularisa les pentes. Il élevi ensuite 4 barrages d'une
construction bien primitive, il est vrai, mais très suffisante dans une vallée où les
pentes sont très accusées et où l'eau ne fait jamais défaut. Les canaux chargés de
la distribuer dans les différentes parcelles sont bien aménagés et très coaveaable-
ment répartis.
Les résultats obtenus sont très appréciables ; les irrigations ont apporté partout
la fertilité et développé la végétation des prairies qui promattent de bons ren-
dements.
Malgré certaines imperfections de détail que nous n'indiquons pas ici, la Com-
mission a pensé qu '. les l'ffoits de AI. Sicie méritaient d'être signalés.
Elle accorde à litre d'encouragement à M. Sicre le 4'-' prix de la 2° catégorie,
consistant en une médaille de bronze et une somme de 200 francs.
Dans un pi'ochain article, nous passerons en revue les diverses par-
ties du concours de Fuix, A. Uigal,
Président du Comice de Pamiers.
ASSOCIATION DES GIiniîSTES DE SUCRERIE
ET D'^ DLSTlLf.ERlE
Nous avons annoncé, il y a quelque temps, la création de cette association qui
peut avoir une influence heureuse sur les progrès des sciences qui ont trait à
312 ASSOCIATION DES CHIMISTES DE SUCRERIE ET DE DISTILLERIE.
l'exploitation de la betterave en France, de la canne dans les colonies; cette asso-
ciation a tenu une de ses séances générales à Amiens, en même temps que le
congrès sucrier; nous reviendrons sur cette assemblée, aujourd'hui nous donne-
rons seulement le discours du président, M. Dehérain, professeur au Muséum et
à Grignon, qui indique très nettement le but que veut atteindre l'association.
Messieurs, en vous trouvant réunis pour la première fois en assem-
blée générale, depuis l'organisation définitive de notre association, le
bureau élu par le comité que vous avez nommé doit vous signaler un
changement important qui a eu lieu dans son sein. M. Riffard, après
avoir rempli avec beaucoup de zèle et d'activité les fonctions de secré-
taire général, a dû récemment nous adresser sa démission; chargé
d'un travail qui le tiendra hors de France, pendant un espace de temps
dont il ignore la durée, il ne pouvait continuer d'exercer des fonctions
qui exigent un dévouement de tous les jours ; nous avons demandé à
notre collègue, M. Pellet, dont vous connaissez tous la compétence et
le talent, de succéder à M. Riffard dans les fonctions de secrétaire
général. Le comité tout entier devant être soumis de nouveau à l'élec-
tion de la séance générale de juillet, les fonctions de M.. Pellet, comme
celles de tous les membres du bureau, expireront au moment des
élections générales.
Notre association, messieurs, vise deux buts différents : elle s'inté-
resse à toutes les questions techniques de la fabrication du sucre, et la
plus grande partie de cette séance va être consacrée à l'étude de quel-
ques-unes d'entre elles; l'association s'occupe en outre des intérêts de
ses membres, fabricants et chimistes. En effet, et c'est là ce qui
donne à notre association toute sa valeur et lui permettra sans doute
de réaliser quelques améliorations importantes, les fabricants, loin de
voir d'un œil jaloux leurs jeunes auxiliaires se grouper, s'associer
pour discuter ensemble leurs intérêts, les ont aidés, soutenus, guidés,
et aujourd'hui le tiers environ des membres de l'association est formé
de chefs d'usine; cela m'a encouragé à traiter la question que je veux
aborder sans plus tarder, car c'est du bon vouloir des fabricants que
dépend sa réussite.
11 y a longtemps, messieurs, que je dirige des laboratoires et que
j'ai à m'occuper des jeunes gens qui viennent y travailler; souvent
déjà, il m'est arrivé d'en placer dans des sucreries; ils parlaient remplis
d'entrain, joyeux, tout fiers de leurs 200 francs par mois. L'hiver se
passait et bien souvent au printemps je les voyais revenir, l'oreille un
peu basse, demander à reprendre leur place au laboratoire. La cam-
pagne terminée, on n'avait plus trouvé d'occupation à leur fournir,
on ne pouvait les garder à ne rien faire, ils avaient été remerciés. Au
mois d'août suivant, on cherchait souvent à les reprendre; rarement
ils consentaient à faire une nouvelle campagne, ils avaient pris une
autre direction, ils avaient cherché une occupation plus régulière.
L'expérience acquise pendant la première année de travail était ainsi
perdue, c'était un nouveau venu qui allait occuper la place laissée
vide par son camarade; il y faisait un nouvel apprentissage, tombant
dans les erreurs, recommençant les écoles qu'aurait évitées celui
qu'une première campagne avait déjà instruit.
Je crois, messieurs, que l'instabilité de la position des chimistes
de sucrerie, le peu de durée de leurs fonctions est un des grands ob-
stacles que rencontre leur recrutement, et l'une des causes qui amoindrit
ASSOCIATION DES CHIMISTES DE SUCRERIE ET DE DISTILLERIE. 313
l'influence heureuse qu'ils pourraient exercer sur la fabrication. Or,
messieurs, vous le savez, la situation est très tendue, la concurrence
de l'étranger redoutable, il faut de grands efforts pour conserver une
situation qu'on tend à nous enlever et il convient de ne pas dédaio'ner
ces jeunes courages qui, sur un signe, n'hésiteraient pas à se jeter
résolument au plus fort de la bataille.
Que peut-on faire pour maintenir dans les usines, les chimistes qui,
■ instruits par l'expérience, deviendront des auxiliaires précieux, si on
les associe à Tœuvre commune, au lieu de ne les employer qu'à un
travail secondaire? Examinons la question de près et cherchons s'il
n'existe pas une solution avantageuse aux deux partis.
Messieurs, je réclame votre indulgence, je parle sur un sujet que
mes études ne me permettent pas de connaître dans tous ses détails ;
si je me trompe, vous le direz, nous discuterons les propositions que
je vais émettre, et de cette discussion jailliront peut-être quelques réso-
lutions capables de nous conduire à utiliser plus complètement que
par le passé la bonne volonté des chimistes de sucrerie.
Il me semble, messieurs, que la fabrication elle-même a fait des
progrès sensibles, vous êtes en général bien outillés, vous travaillez
habilement et je crois que si toutes les usines avaient à traiter de
bonnes betteraves, elles feraient toutes de bonnes affaires; mais là est
la difficulté, vous opérez sur une matière première de composition
extrêmement variable puisque cette composition change avec la saison,
avec le mode de culture, avec la variété.
Quelques-unes de ces influences échappent à notre action, nous ne
disposons ni de la pluie, ni du soleil, mais en revanche nous pouvons
agir sur la culture et choisir notre variété. Or dans les études qui ont
été faites sur la betterave avant tant de zèle par MM. Dubrunfaut,
Pelouze, Payen, Peligot, Fremy, Corenwinder, C'arin, Pagnoul, Pellet,
Le Play, plusieurs questions ont été élucidées ; on a établi l'influence
de l'engrais, celle de la culture en lignes serrées, celle de la graine. Il
ne suflit pas, messieurs, que nous sachions tout cela, il faut que de
ces connaissances découlent des pratiques agricoles. Or les cultivateurs
lisent peu, il ne suffit pas pour les persuader de leur dire les choses,
il faut les leur montrer ; aussi, je ne serais pas étonné qu'il y eût
grand avantage pour les fabricants à établir, soit sur les terrains de
l'usine, soit chez un cultivateur voisin, un petit champ d'expériences
dans lequel seraient disposées des cultures types, indiquant l'influence
qu'exercent sur la richesse de la racine, sur sa valeur, le choix de la
graine, l'espacement, l'excès d'engrais azoté, l'effeuillage, etc. La dis-
position, la surveillance des cultures, l'analyse des betteraves quelque
temps avant l'ouverture de la campagne, l'impression de petits tableaux
mettant en relief chacune des influences indiquées plus haut formeraient
déjà une partie des occupations des chimistes pendant l'été.
En outre, messieurs, dans presque toutes les usines le laboratoire
est assez bien outillé pour qu'il soit possible d'y exécuter des analyses
d'engrais; l'emploi des engrais commerciaux achetés au titre augmente
chaque jour, les analyses deviennent si nombreuses que les stations
agronomiques ont peine à suffire à la besogne. Pourquoi le cultivateur,
qui apporte ses betteraves à l'usine, ne viendrait-il pas y faire analyser
ses engrais; s'il en prenait l'habitude, il y aurait là une occupation
nouvelle pour les chimistes, occupation d'autant plus intéressante que
314 ASSOCIATION DES CHIMISTES DE SUCRERIE ET DE DISTILLERIE.
l'achat des engrais est fait avant les semailles d'automne ou de prin-
temps, c'est-à-dire avant le commencement ou après la fin de la
campagne.
Je crois savoir que quelques usines sont déjà entrées dans cette
voie et que même elles se sont trouvées bien de fournir aux cultiva-
teurs non seulement la graine, mais encore l'engrais. Si cette pratique
se généralisait, il tendrait à s'établir entre l'usine et la culture des
relations plus cordiales; non seulement le cultivateur serait à l'abri
des fraudes dont il est souvent victime, mais en outre on lui montre-
rait les inconvénients d'un emploi mal réglé des engrais dont il dispose.
Peut-être y aurait-il lieu de provoquer des réunions, soit sur le champ
d'expériences de l'usine, soit dans les villages voisins, et de charger le
chimiste d'y exposer les bonnes méthodes de culture.
Enfin, messieurs, vous savez quel travail écrasant incombe à tout le
personnel de l'usine pendant la fabrication; on est emporté par le
tourbillon, on reconnaît bien chemin faisant qu'il y aurait à modifier
tel ou tel détail, on le note au passage, mais le temps manque pour
l'exécuter. La campagne terminée, on a du loisir, mais l'usine est
vide, le chimiste parti, le fabricant n'a plus les éléments nécessaires
pour étudier l'amélioration entrevue, elle ne se fait pas.
Il en serait tout autrement, si le chimiste était fixé à demeure dans
l'usine, s'il était là tout prêt à soumettre à une étude méthodique les
perfectionnements qui ne sont qu'entrevus, à les discuter, à calculer ce
que rapportera de sucre et coûtera de charbon ou de main-d'ceuvre
leur réalisation. Le chimiste deviendrait ainsi un véritable collabora-
teur, il saurait que c'ei^t dans l'industrie du sucre qu'il doit continuer
sa carrière, il lui consacrerait tout ce qu'il possède de sagacité et
d'intelligence, et s'efforcerait de prendre place parmi ces chimistes
industriels, célèbres aujourd'hui, que je vois nombreux autour de moi.
Je n'ai fait que poser la question, messieurs, elle se résume en
deux mots : à la période de fabrication pendant laquelle on est tout
entier à la besogne courante, succéderait une période de recherches
portant sur la culture de la betterave et sur les perfectionnements dont
Ja fabrication peut être l'objet ; cette période d'étude serait féconde,
j'en suis persuadé, non seulement par les modifications matérielles qui
en résulteraient, mais surtout par le zèle et le dévouement qu'elle
provoquerait chez Ie.s chimistes de sucrerie; grandis à leurs propres
yeux, voyant s ouvrir devant eux un avenir que leur travail peut rendre
brillant, ils paieraient et au de'à, par un labeur plus attentif, les sacri-
fices qu'aurait causés l'amélioration de leur position.
Or, messieurs, l'heure est solennelle, il faut dans la lutte où nous
sommes engagés ne rien négliger et jeter dans le combat toutes les
réserves de force et d'intelligence dont nous disposons; la sucrerie est
une industrie française, c'est en France qu'a fonctionné la première
usine à sucre; longtemps dans celte industrie qu'ont créée nos pères
nous avons occupé le premier rang, il faut y remonj.er. Pour y réussir,
il faut non seulement demander aux pouvoirs publics de mieux équi-
librer les lourds impôts qui pèsent sur nous et menacent de nous
écraser, il faut encore nous souvenir qu'aujourd'hui dans l'industrie
aussi bien que sur les champs de bataille,, la victoire appartient à
ceux qui savent enrôler sous leurs drapeaux, la maîtresse du monde,
la science 1 P. P. Dehéran,
' Professeur au Muséum d histoire naturelle et à Grignon.
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE DE FRANGE. 315
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE
Séance du 23 mai 1883. — Présidence de M. Dumas.
M. H. Besnard, président du Comice de Seine-et-Oi?e, écrit pour
poser sa candidature à une place de membre associé national.
M. de Béliague offre à la Société les médailles qu'il a remportées
dans les concours agricoles. Sur la proposition de M. Dumas, des
remerciements lui sont votés.
M. Perron et plusieurs autres négociants en graines fourragères
écrivent à la Société au sujet des mélanges de graines de luzerne annuelle
d'Amérique avec la luzerne ordinaire. A cette occasion, M. Heuzé main-
tient les observations qu'il a présentées précédemment.
M. Gateiiier, président de la Société d'agriculture de Meaux, fait
hommage d'un rapport relatif à l'influence du régime commercial sur
la situation de l'agriculture française.
M. Barrai présente la première partie, pour 1883, du Journal de la
Société royale d'agriculture d'Angleterre, et de la part de M. Bayle, une
notice sur les sables et le vignoble d'Aigues-Mortes.
M. Bouley donne lecture d'un rapport concluant à l'innocuité de
l'emploi, dans la nourriture des porcs, des viandes cuites provenant
des établissements d'équarissage.
M. de Bouille présente un rapport complémentaire sur les expé-
riences de vaccination charbonneuse pratiquées dans la Nièvre.
M. Lavallée présente un pied de vigne tuberculeuse du Soudan cul-
tivée dans ses serres, et il annonce que, conformément à ses prévisions,
toutes les tentatives de culture en plein air de cette vigne, en Europe,
ont complètement échoué.
M. Boussingault présente un mémoire sur le cacaoyer, le cacao et le
chocolat. Il donne, à ce sujet, des détails intéressants sur les procédés
d^analyse du cacao, et sur sa valeur comme aliment.
M. Clavé donne lecture d'une note sur les cultures de la Sicile,
notamme"nt sur les agriimi (orangers, citronniers, etc.), et il présente
quelques échantillons de fruits attaqués par des parasites.
M. de Hetz donne des détails sur les éducations de vers à soie qui
se poursuivent, dans le midi, au milieu de bonnes conditions.
M. de Gasparin donne quelques détails sur la situation des cultures
dans les départements des Buuches-du-Rhône et de Vaucluse, où la
sécheresse est persistante. Il entre ensuite dans quelques considérations
sur les conditions de la culture de la vigne dans les terrains sablonneux
et sur les causes de sa résistance au phylloxéra dans ces sortes de
terres. Après quelques observations présentées par MM. Blanchard,
Barrai et Chevreul, la Société se forme en comité secret pour préparer
sa séance publique annuelle. • Henry Sagnier.
REVUE COMMERCIALE ET PRIX ClURANT DES DENRÉES AGRICOLES
(26 MAI U8J).
I. — Sitiiaiinn gérip'rale.
Les transactions sont calmes sur la [.lupart des marchés agricoles. Les offres
des cultivateurs sont peu importantes pour le plus grand nombre de denrées.
II. — Les grains el les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par QUINTAL MÉTRIQUE,
€ur les principaux marchés de la France et de l'étranger :
316
REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT
1" RÉGION. — NOBD-OUEST.
Blé.' Seigle. Orge. Avoine.
fr. fr. fr. fr.
Calvados. Condé 24.00 15.00 19 50 23.50
_ Orbec 23.25 15.50 » 20.00
Côl.-du-Nor d.Lannion.. 24.75 » i8.25 (8.75
— Tréguier. 23.80 18.75 17.50 18.50
Finistère. Morlaix 24.50 » 18.00 17. oo
— Quiroper 23.75 16.75 17.50 16.75
lUe-et-Vilaine. Revnes.. 24.75 » 16.25 »
— Fougères... 23.80 » » 20.50
Manches. Avranches. .. 25.00 » 20.25 20.25
— Pontorson.... 26.00 » 19.75 23.00
— Villedieu..... 27.50 21.50 20.25 24.. so
Mai/enne. Laval 25.40 » 16.75 »
— Mayenne 25.50 » 19.00 19.00
Morbihan. Hennebont.. 25.25 16.50 » 18.25
Orne. Alençon 25.20 17.50 20.00 21.50
— Mortagne 24.75 15.00 20.25 20.40
Sort/ie. Le Mans 26.00 15.25 16.50 22.25
_ Sablé ..26.00 » 17.00 21.50
Prix moyens 24.96 16.86 18.45 20.35
2 RÉGION. — NORD.
Aisne. L^on 23.75 16.50 15.75 17.50
— Saint-Quentin... 24.00 16.00 18.00 18.00
— Soissons 24.75 16.50 » 18.25
Eure. Evreux 23.75 15.00 20.75 17.00
— Neubourg 23.50 14.20 20.50 20.25
— Pacy 24 00 14.25 20 25 18.50
Eure-et-Loir. Chartres.. 24.50 15.00 18.50 18.75
— Auneau 24 25 15.25 19.25 19.00
— Nogent-le-Rotrou. 24.00 » 18.15 »
Nord. Lille 27.00 18.00 17.75 17 50
— Cambrai 25.00 » 18.75 16.75
_ Douai 23.75 16.50 19.00 16.50
Oise. Beauvais 22.50 14.75 16.25 17.00
— Compiègne 22.50 16.00 y> »
_ Senlis 23. oo 15.50 » 17.50
Pas-de-Calais. ATT&a... "ii. 00 17.00 20.00 16.75
— Sa:nl-Omer 24.50 17.25 » 17.00
Seine. Paris 25.50 16-65 18.75 20.25
S.-et-Mar. Ueaax 23.50 15.50 19.00 18.00
_ Meiun 26.00 15.75 » 19.50
— Montereau 25.00 16.75 » 20.00
S.-e(-Oise. Angerville... 24.50 » 17.00 19.25
— Pontoise 23.50 16.00 17.75 17 50
— Versailles 23.50 15.50 19.50 20.50
Seine-Inférieure. Rou»n. 24. 55 15-50 20.00 21.00
— Dieppe 23.75 » 19.00 18.50
— Fécaoïp 24.25 14.50 » 22.60
Somme. Montdidier 22.00 » » 18.50
— Doullens 24.25 15.00 19.00 17.25
_ Roye 23.00 15.25 17.50 18.50
Prix moyens 24.05 15.74 18.74 18.42
3" RÉGION. — NORD. EST.
Ardennes. Sedan 23.50 16.25 18.00 20.50
— Vouziers 23.50 15.75 15.75 17.75
.4ube. Troyes 23.75 16.00 17.50 18.00
— Méry-sur-Seine .. . 23.00 15.20 17.50 17.00
— Nogent-sur-Seine. 23.35 16.00 18.15 19.50
itfarne. Chalons 24-00 16 00 18.00 19-00
— Epernay 23.60 15-50 19.00 20.00
— Reims 23.75 16.50 18.25 17.75
flte-Marne. Bourbonne. 22.50 » » 15.25
Meurthe-et-Mos. Nancy. 24.00 18.50 17.50 18,25
— Pont-à-Mousson... 23.75 17.50 18.00 17.00
— LunéviUe 24.25 » » »
Meuse. Bar-le-Duc 23.75 16 75 16.75 19.00
— Verdun 23.50 16.00 16-25 16-50
Haute-Saône. Grày 22.50 16.20 » 17.25
Vosges. Epinal 23.70 17.40 » 16.00
— Neufchâteau 23.15 16.00 16.75 17.50
~ Raon-1'Etape 24.00 16.50 »• !6.75
Prix moyens 23.56 16.37 17.49 17.82
4" RÉGION.— QUEST.
Charente. Angoulême... 25.00 18.50 » 18.75
— Ruffec 25.10 18.00 19.00 18.50
C/iar.-/n/(;r. La Rochelle 24.50 » 17.00 18.00
Dewcc-Srures. Niort 24.50 » 17.50 18.00
Indre-et- Loire. Blére.... 24.25 15.50 20.00 19.00
— Tours 24 75 » 18.00 19.50
Loire-M/". Nantes 25.00 » » 19.50
M.-et-Loire. Saumur 25 80 16.50 17.50 18 50
— Angers 24.75 16 25 19.25 20.75
Fendée. Lu çon 24.25 -> 18.75 18. aO
— Fonteiiav-le-Comte 24.00 » IS.OO 17.00
Vienne. Châtellerault... 24.50 16.25 18.25 17.75
— Loudun... 24-75 15.50 » 18.50
Haute-Vitnne. Luvo^es.. 25.00 16.00 » 18.75
Prixmoyens 24.70 16.56 18.33 13.64
5* REGION. — CENTRE.
Blé. Seigle. Orge. AYoine.
fr. fr. fr. fr.
Allier. .Moulins 24.00 14.50 18.25 18.20
— Monlluçon 23.50 15.25 19.00 18.50
— Saint-'^ourçain... "zi.oo 16.00 19.00 19.00
Cher. Bourges 23.50 1d.50 17.00 Ig.oo
— Aubigny 23.75 14.50 18.25 17.25
— Vierzon 24.50 15.50 20.00 19.00
Creuse. Aubusson 24.00 15.80 » 18.25
/nd»'e. Chàteauroux.... 24.25 » » 18.50
— Issoudun 23.50 14.50 18.75 18.00
— Valençay 24.00 16.25 19.25 16.75
Loiret. Orléans 24.00 » » »
— Montargis 24 50 16.25 17 50 19.00
— Patay 2335 15.00 17.75 19.50
Z,.-e(-C/ier. Blois 24.25 15.25 2050 20.70
— Montoire 23.75 » 19.75 19.00
Nièvre. îi&vurs 23.75 » » 16.50
— La Charité 24.00 » » 18.75
Yonne. Brienon 23.85 15.85 17.00 20.00
— Saint-Florentin... 24.00 14.50 16.50 13.50
— Sens 25.00 16.75 17.75 19.50
Prixmoyens 24.05 15.43 13.42 18.57
6* RÉGION. — EST.
^in. Bourg 25.25 17.00 » 18.50
— Pont-de-Vaux 24.75 16.25 » 21.00
Cofe-d'Or. Dijon 22.00 » 18.00 17.00
— Beaune 23.75 » » 18.00
Z)oMbs. Besançon 23.15 » 19.00 16.50
Isère. Grenoble 26.25 » 16.75 20.50
— Bourgoin 24.75 15.50 16.75 18.75
Jum. DÔle 22.00 15.25 17.50 18.75
Loire. Roanne 24.50 i4 75 18 50 19.50
/'.-de-Z>dme.Clermont.F. 26.25 15.00 15.50 »
/?/iÔ7ie. Lyon 25.00 16. 00 19.00 19.00
Saône-el- Loire. Aulun.. 22.50 15.50 » 16.50
— Chalon 25.00 17.00 17.50 18.75
iajjoie. Chambéry 26.75 20.00 » 21.00
Hte-Savoie. Annecy 25.20 » » 19.50
Prixmoyens 24.47 16 23 17.61 18.80
7" RÉGION. — SUD-OUEST.
Ariége. Faix 25.00 17.50 » 20.00
— Pamiers 24 40 16.65 » 21.00
ZJordogne. Bergerac... 25. £0 18.25 18.25 20.50
//<e-GoroHne. Toulouse. 25.00 13.50 18.40 20.75
— St-Gaudens 25.25 18.75 13.25 21.25
Gers. Condom 26.00 » » 20.50
— Eauze 26.50 » » 20.75
— Mirande 25.70 » » 20.25
Gù-oude. Bordeaux 25.75 18.25 18.50 18.75
— La Reole 26.00 18. '0 » 20-50
Landes. Dax 27.50 20.00 » »
Lot-et-Garonne. Agen... 27.00 19.50 18.25 20.00
— Nérac 26.25 18.75 » 20.25
B. -Pyrénées. Bayonne.. 26.00 17.75 18.50 18.00
//^es-Pi/rénees. Tarbes.. 26.50 18.00 » 18.25
Prixmoyens 25.89 18.33 18.36 20.06
8' RÉGION. — SUD.
^ude. Castelnaudary... 27 00 18.50 20.50 19.00
— Carcassonne 27.25 » 20.25 20.00
Aveyron. Hodez 23.50 13.20 » 20.50
Cania/. Mauriac 25.35 21.85 » 22.65
Cor-rcie. Luberzac 25.50 18.25 18.50 18.25
Hérault. Montpellier... 27.25 » 17.50 19.00
— Cette 27.50 » 19 00 17.85
Lot. Càhors 26.50 17.55 17.80 18.25
Lozère. Mende 24.70 18.65 18.65 17.70
Pi/réuées-Or. Perpignan. 27.70 25.00 20.00 18.40
Tarn. Lavaur 26.50 » » 20.50
rarn-et-fîor.MontauDan 25.00 17.00 19.50 20.50
Prixmoyens 26.14 19.34 19.03 19 38
9- RÉGION. — SUD-EST.
Basses- Alpes. Manosque 28.50 » » 23.00
Hautes- Alpes. Briançon. 27.25 17.50 18.00 19.80
^ipes-Afari(iînes. Cannes 26.50 17.50 17.80 18.25
/ir-dcc/ie. Privas 26.35 13.40 17.15 19.60
B.-du-Rhône. Arles 28.50 » 17.25 18.75
Drojne. Romans 24.75 16.50 » 17.50
Gard. Nîmes 26.25 18.00 » 20.25
//au<e-Loire. Brioude... 25.10 18.75 20.25 17.50
Far. Draguignan 26.50 » 18.00 18.25
Fauc/use. Carpentras... 26.25 19.00 20.00 18.00
Prixmoyens 26.59 17.95 18.35 19.09
Moy. de toute la France 24.94 16.98 18.09 19.01
— de la semaine précéd. 24.88 16.93 18.30 18.98
Sur la semainejHausse. 0.06 » » 0.03
précédente.. (Baisse.. » » 0.21 »
DES DENRÉES AGRICOLES (26 MAI 1883).
317
Algérie.
Angleterre.
Belgique.
Pays-Bas.
Luxembourg.
Alsace-Lorraine .
Allemagne.
Suisse.
Italie.
Espagne.
Autriche.
Hongrie.
Russie.
Etats-Unis.
Blé.
fr.
( blé tendre... 25.7.^
*^g"''| blé dur 24.50
Londres 2.T.50
Anvers 24.00
Bruxelles 25.16
Liège 24 75
Namur 23.00
Amsterdam 23 . 25
Luxembourg 23.50
Strasbourg 25.00
Mulhouse 23.00
Colmar 24 50
Herlin 24.60
Cologne, 26.25
Hambourg »
Genève 27 00
Berne 27.00
Turin 27.40
Valladolid 24.50
Vienne 20.50
Budapeslli 21.25
Saint-Pétersbourg.. 22.20
New-York 23.05
Seigle.
Orge.
Avoine
fr.
fr.
fr.
»
»
»
»
16.00
15.70
»
19.25
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22.25
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14 50
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15.75
14.25
15.25
»
12.90
Blés. — Le beau temps qui rèïne actuellement dans toute la France a donné
une vigoureuse impulsion à la végétation ; le retard que l'on signalait de tous
côtés disparaît assez rapidement. Il y a une assez grande vigueur pour que l'on
puisse continuer à compter sur une bonne récolte. Malheureusement, dans les
terres fortes, on continue à constater les effets d'une sécheresse et d'une chaleur
qui ont brusquement succédé à un temps froid et humide. Dans le Midi, la séche-
resse est continue, et ses effets sur la végétation du blé deviennent de plus en
plus manifestes Sur les marchés, il y a peu d'affaires ; pour les blés, les prix
demeurent sans variations importantes. — A la halle de Paris, le mercredi
23 mai, les transactions ont été importantes ; les prix sont demeurés encore sans
variations. On paye de 24 fr. 50 à 26 fr. 50 par 100 kilog, suivant les qualités,
avec un peu de ventes. Sur le marché des blés à livrer, on ctoe : courant du mois,
26 à 26 fr. 25 Juin 26 fr. 25; juUet et août, 26 fr. 75 à 27 fr. ; quatre derniers
mois, 27 fr. 25 à 27 fr. 50. — Au Havre, les ventes sont toujours peu impor-
tantes en blés d'Amérique; on cote, suivant les sortes, de 25 fr. 75 à 27 fr. 50,
comme précédemment. — A Marseille, le mouvement que nous constations la
semaine dernière se maintient. On cote, suivant les sortes, de 23 à 26 fr. 25 par
100 kilog. Les ventes sont régulières pour toutes les sortes. — A Londres, les
importations de blés étrangers ont été de 95,000 quintaux depuis huit jours. Les
ventes sont assez difficiles, et les prix sont faiblement tenus de 24 à 26 fr. 40
par 100 kilog., suivant les qualités et les provenances.
Farines. — Maintien des prix depuis huit jours pour toutes les sortes, avec des
ventes peu importantes. — Pour les farines de consommation, on les cote à la
halle de Paris: marque de' Gorbeil, 60 fr. ; marques de choix, 60 à 62 fr. ; pre-
mières marques, 58 à 59 fr ; bonnes marques, 57 à 58 fr.; marques ordi-
naires, 54 à 56 fr. ; le tout par sac de 159 kilog. toile à rendre ou 157 kilog.
net, ce qui correspond aux prix extrêmes de 34 fr. 40 à 39 fr. 50 par 100 kilog.,
ou en moyenne 36 fr. 95, sans changements depuis huit jours. — Pour ce qui
concerne les farines de spéculation, on cotait à Paris le mercredi 23 mai au soir:
farines neuf -marques, courant du mois, 57 à 57 fr. 25; juin, 57 fr. 25 à 57 fr. 50;
juillet et août, 58 fr. 50; quatre derniers mois, 59 fr. 50; le tout par sac de
159 kilog., toile perdue ou 157 kilog. net. — Les prix des farines de gruau se
maintiennent de 46 à 57 fr. par 100 kilog. ; ceux des farines deuxièmes, de 26 à
32 fr.
Seigles. — H y a peu de ventes, mais les prix sont très fermes. On paye à la
halle de Paris, i6 fr. 50 à 16 fr. 75 par 100 kilog. suivant les sortes. Les fa-
rines de seigle sont vendues facilement de 2^ à 26 fr. par quintal métrique.
Orges. — Les ventes sont assez difficiles. On cote à la halle de Paris, de 18 à
19 fr. 50 par 100 kilog. suivant les sortes. Les escourgeons se vendent de 17 fr. 50
à 18 fr. — A Londres, il y a été importé 63,000 qumtaux depuis huit jours. Les
cours se maintiennent ; on paye de 18 à 20 fr. 50 par 100 kilog.
Avoines. — Les demandes sont actives pour les belles sortes. — On vend ii la
halle de Paris de 18 fr. 50 à 22 fr, par 100 kilog. suivant poids, couleur et
318 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
qualité. — A Londres, les importations d'avoine ont été, durant la semaine, de
69 000 ffuintaux ; les alïaires sont calmes, et il y a un peu de baisse dand les prix ;
on paye de 18 l'r. 50 à '21 fr- bb par 100 kilog.
Sarrasin. — f^es ventes sont peu actives, t-t les prix sont en hausse. On paye
à la halle de Paris 18 fr. à IB fr 50 j)ar 100 kilog. suivant les qualités.
jiJaÏH — Peu d'affaires sur les maïs d'Araéii (ue. On les paye, au Havre, dô
16 fr. 50 à 17 fr. par 100 kilog., suivant les sortes.
Issues. — Les cours sont à peu piès ceux de la semaine précédente. Ou vend
à la halle de Paris : gros son seul, 15 fr. 50 à 16 fr. ; gros son et moyen, .
15 fr. 2;i à 15 fr. 50; son trois cases, 14 fr. 50 à 15 fr. ; sons fins, 13 à U fr. ;
recoupettes, 13 fr. à 13 fr. 5<^; remoulages bis, 14 fr. à 15 fr. ; remoulages blancs,
16 à 17 fr. ; le tout par 100 kilog.
III. — Fourrages, graines fourragères.
Fourrages. — Les ventes sont assez faciles avec des prix fermes. On paye à
Paris : foin, 112 à 132 fr.; luzerne, 112 à 128 fr.; regain, 80 à 100 fr. ; paille de
blé, 64 à 76 fr.; paille de seigle, 52 à 6J fr, ; paille d'avoine, 40 à 50 fr. ; le tout
par 1 ,000 kilog.
Graines fnurrnghre'i. — Les affaires sont peu importantes, mais les prix
accusent beaucoup de fermeté. Où cote par 100 ki'og. à Paris : luzerne de
Provence, 1^*0 à 160 fr.; du Poitou, liO à i30 fr.; minette, 50 à 65 fr. ; pois
gris, 24 à 25 fr.; sainfoin à une coupe, 25 à 28 fr.; à deux coupes, 30 à 32 fr.
Les maïs dent de cheval valent 21 à 22 fr.; les maïs jaunes des Landes, 25 à 26 fr.
IV. — Vins, spiritueux, vinaigres, cidres.
Yins. — La vigne continue à se présenter presque partout dans de bonnes con-
ditions. Le temps qui règne est tout à fait favorable à sa végétation. Les retards
que l'on signalait dans la pousse disparaissent rapidement, et le moment de la
floraison va venir sans que rien ait compromis la vigueur des plantes. Ce qu'il
faut souhaiter actuellement, c'est que des mauvais iouis ne viennent pas contrarier
le phénomène de la floraison. — Quant au commerce, il piésente assez de caUne;
les COU! s se maintiennent sur la plupart des centres de production, sans varia-
tions sensibles depuis notre précédente revue.
Spiritueux. — Le calme est complet dans les transactions sur les alcools, aussi
bien sur les marchés du Nord que sur ceux du Midi. Dans le Midi, les cours demeu-
rent sans changements. On cote, : Cette 3/6 bon goût, 105 à 110 fr. ; marc,
100 fr.; — Bc'zier.s, 3/6 bon goiit, 103 fr.; marc, 95 fr.; — Pézenas, 3/6 bon
goût, 102 fr ; ranrc, 94 fr. — à Paris, on cote : 3/i betteraves, l''« qualité 90 degrés,
disponible, 49 à 49 fr. 25 ; juin, 49 fr. 50 ; juillet et août, 50 fr. 75 ; quatre derniers
mois, 51 fr. 25. — Au *z3 mai, le stock était de 20,450 pipes, contre 15,400
en 1882.
Vinaigres. — On paye comme précédemment à Orléans, par hectolitre : vinaigre-
nouveau de vin vieux, 40 à 42 fr.; vinaigre vieux de vin, 50 à 60 fr.
Raisins secs. — Les ventes sont assez actives, avec grande fermeté dans les
cours. On p^ye par 100 kilog. à Marse lie : Oorinthe, 54 fr. 50 à 55 fr.; Thyra,
47 à liS fr.; Chypre, 56 fr. ; tSamos, 49 à 51 fr.; Aiexandrette, 49 à 51 fr.; Vourla,
■45 à 46 fr.
V. — Sucres. — Mêlasses. — Fécules. — Glucoses. — Amidons. — Houblons.
Sucres. — Les affaires sont toujours très difficiles, mais les prix sont fermes
pour toutes les sortes. On cote par 100 kilog. à Paris : sucres bruts 88 degrés
saccharimétriques, 54 fr. 25; les 99 degrés, 61 fr. 75; sucres blanC'^, 62 fr.;
— à Lille, sucres bruts, 52 fr. 50 à 53 fr. Le stock de l'entrepôt réel des sucres
était, au 23 mai, à Paris, de 6:^3,000 sacs, avec une diminution de 39,000 sacs
depuis huit jouis pour les sucres indigènes. — En ce qui concerne les sucres
raffinés, on les cote de 105 fr. 50 à 106 fr. 50 par 100 kilog. à la consommation,
et de 6^ fr. à 67 fr. 50 pour l'exportation. Les cours accusent beaucoup de fer-
meté dans les ports sur les sucres coloniaux.
Mêlasses. — Il y a peu de changements dans les prix. On cote à Paris : mélasses
de fabrique, Il fr. ; de ralfînerie, 12 ir., par 100 kilog.
Fecvl s. — Piix toujours soutenus. On pave à Paris 40 fr. pour les fécules pre-
mières du rayon, à Corapiègne ^0 fr. pour celles de l'Oise.
Hoiib'ons. — Les nouvelles des houblonnières sont toujours satisfaisantes. Quant
aux transactions sur les houblons, elles sont nulles.
DES DENRÉES AGRICOLES (26 MAI 1883). 319
VI. — Huiles et graines oléagineuses. — Tourteaux.
Huiles. — La hausse a repr s pour les liuiles de colza. Oq paye à Paris par
100 kilog. : huile de colza eu tous fùts^ 102 fr. 50; en tonnes, 104 fr. 50;
épurée en tonnes, 112 fr. 50; huile de lin en tous fûts, 56 fr.; en tonnes, 58 Ir.
Sur les marchés des départements, la situation est la même: les cours suivent le
mouvement de s|)éculation qui se produit à P.iris. D ins le Midi, les affaires sont
calmes sur les huiles d'olive, sans variations dans les cours.
Graines olcanineuses. — La récolte de colza paraît assez faible. A Gacn, on
paie la graine de colza, 31 fr. par hectolitre.
Tourteaux. — li y a fermeté dans les cours. On paie dans le nord : tourteaux
d'œilleite, 16 fr. de colza, 17 à 19 fr. LO; de lin, 20 à 22 fr. ; de camiiline, 17
à 20 fr.
Engrais. — A Dunkerque, on paie les nitrates de soude, 30 fr. par 100 kilog.
Vit. — ilatières résineuses, colorantes.
Matières résineuses. — Les cours sont en baisse. On, paie à Bordeaux, 76 par
100 kilog. ponr l'essence pure de térébenthine; à Dax, 69 fr.
Guudts. — Dans le Languedoc, les cours se maintiennent à 25 fr. ; par quintal
métrique.
Vlir. — Textiles.
Laines. — En Champagne, on cote actuellement les laines nouvelles en suint
2 fr. à 2 fr. 30 par kilog.
Lins. — Peu de variations dans les cours. Dans la Somme, les lins de pays
valent 65 à 90 fr. par 100 kilog.
IX. — Suifs et corps gras.
Suifs. — Les cours sont en baisse. A Paris, on cote 106 fr, par 100 kilog. pour
les suifs purs de l'abat de la boucherie; 79 fr. 50 pour les suils en branches.
Saindcux. — Peu d'affaires au Havre sur l's saindoux d'Amérique, qui valent
140 à 141 fr. par 100 kilog. suivant les sortes.
X. — Beurres. — Œu/s. — Fromages.
Beurres. — Il a été vendu, pendant la semaine, à la halle de Paris, 255,287
kilog. de Leurres. Au dernier marché, on payait par kilog. ; en demi-kilog.,
1 fr. 80 à 4 fr. ; petits beurres, 1 fr. 66 à 2 fr. 32; Gournay, 1 fr. 82 à 4 fr. 60;
Isigny, 2 fr. 20 à 6 fr. 82.
Œufs. — Du 14 au 20 mai, on a vendu à la halle de Paris, 7,190,685 œufs.
Au dernier manche, on payait par mille : choix, 82 à 98 fr. ; ordmaires, 54 à
72 fr.; petits, 48 à 50 fr.
Fromages. — On vend à la halle de Paris, par douzaine : Brie, 5 à 21 fr. ; Mont-
Ihéry, 15 fr. ; par cent, Mont-d'Or, 9 à 25 (r.; Neufchâtel, 4 à 22 fr,; divers, 6 à
88 fr.; par 100 kilog., Gruyère, 120 à 170 ir.
XI. — Chevaux, bétail, viande.
Bétail. — Le tableau suivant résume le muuvement officiel du marché aux bes-
tiaux de la Yillette, du jeudi 17 au mardi 22 mai :
Poids Prix du kilog. de vianHe nette sur
Vendus moyen pied au marche du 21 mai.
Pour Pour En 4 quartiers. 1" 2= 3' Prix
Amenés. Paris, l'extérieur, totalité. kil. quai. quai. quai. moyen.
Bœufs 4,170 2,597 1,148 3,74.0 34.5 1.90 1.76 1.50 1.69
Vaches 1,098 640 29^ 939 229 1.7« 1.60 1.40 1.55
Taureaux 283 220 3ti 256 386 1.66 1 50 1.40 1.52
Veaux 3,868 2,024 1,290 3,314 76 2 30 2.16 1.80 2.05
Moulons 36,8.14 18,8o2 13,989 3-',851 19 2.10 1.96 176 1.89
Porcs gras 6,676 2,7o7 3,445 6,212 82 1.52 1.46 1.80 1.45
— maigres. » » » » »»»» »
Les arrivages ont été moins importants que durant la semaine précédente; les
ventes ont été pljs faciles pour toutes les sortes d'animaux, et les prix accusent
plus de fermeté; c'est surtout sur les gros animaux que ce mouvement est plus
accentué. — Sur les marchés des dépaitements, on cote: — Rxun.^ bœuf, 1 fr. 65
à 1 fr. 95 par kilog. de viande nette sur pit'd; vaches, 1 fr. 60 à 1 fr. 90; veaux,
1 fr. 75 à 2 fr. 10; moutons, 1 tr. 9j à 2 fr. 20; porcs, 1 fr. 20 à 1 fr. 55; —
Nancy, bœuis morts, 85 à 99 fr. par 100 kilog.; vàclies, 70 à 95 fr.; moutons,
110 à 125 ir.; veaux (poids vii), 60 à 7U fr.; porcs, 70 à 76 fr. ; — Lyon, bœufs,
80 à 90 fr.; veau (poids vif), 48 a 55 fr.; moutons, 80 à 100 fr.; — bourgoin,
bœufs, 66 à 76 fr.; vaches, 58 à 68 fr.; veaux, 96 à 106 fi-. ; moutons, 90 à
320 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT (26 MAI 1883).
98 fr.- porc, 86 à 90 fr. ; Genève^ bœuCs, 1 fr. 64 à 1 fr. 90; mouton, l fr. 70 à
2 fr.- veau (poids vif), 1 fr. 04 à 1 fr. 12; porc, 1 fr. 16 à 1 fr. 28.
a' Londres, les importations d'animaux étrangers, durant la semaine dernière,
se sont composées de ) 7,365 têtes, dont 1 bœuf, 171 veaux el 22 moutons venant
d'Amsterdam; 724 moutons d'Anvers; 409 bœufs et 112 moutons de Baltimore ;
266 bœufs et 175 moutons de Boston; 3,338 moutons de Brème; 100 bœufs de
Cornuna ; 7,960 moutons de Greestemunde ; 255 bœufs et 107 veaux de Gothem-
bourg; 137 porcs d'Hambourg; 8 bœufs, 91 veaux, 137 moutons et 115 porcs
d'Harlingen; 160 veaux, 2,515 moutons et 420 porcs de deRotterdam; 140 bœufs
de Vigo. — Prix du kilog. Bœuf, 1 fr. 52 à 2 tr. 05; Veau, 1 fr. 70 à 2 fr. 22.
Viaiide à la criée. — Il a été vendu à la halle de Paris du 14 au 20 mai :
Prix du kilog. le "21 mai.
kilog. 1" quai. 2' quai. 3' quai. Choix. Basse Boucherie.
Bœufoii vache... no, .554 1.62 à 2.10 1.40 à 1.60 i.OOàl.38 1.76 à 2.30 0.20 à 1.34
Veau 211,662 1.72 2.30 1.50 1.70 1.20 1.48 1.46 2.50 •
Mouton 79,452 1.60 1.96 1.38 1.58 1.00 1.38 1.60 2.60 .
Porc 40,677 Porc fumé 1.24 à 1.50; salé,
.502,345 Soit par jour 71,764 kilog.
Les ventes ont été inférieures de 9,000 kilog. par jour à celles de la semaine
précédente. H y a beaucoup de fermeté dans les prix.
XII. — Cours de la viande à l'abattoir de la Villelte du 24 mai (par bO kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Villette par 50 kilog. : 1" qualité,
73 à 75 fr. ; 2% 65 à 70 fr. ; poids vifs, 48 à 53 fr.
Bœufs. Veaux. Moutons.
1- 2' 3' 1" 2* 3* " 1" 2° 3"
quai. quai. quai. q'.al. quai. quai. quai. quai. quai.
fr'. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr.
92 86 78 110 100 90 95 90 82
XIII. — Marché aux bestiaux de la Villette du jeudi 24 mat 1883.
Cours des commissionnaires
Poids Cours officiels. en bestiaux^
Animaux gênerai. 1" 2' 3* Prix 1" 2° 3° Frix
amenés. Invendus. kil. quai. quai. quai, extrêmes. quai. quai. quai. extrêmes.
Bœufs 2 051 14 356 1.88 i.74 s. 48 1.44ài.90 1.86 1.72 1.45 1.42àl90
Vaches 529 H 235 1.76 1.54 1 38 1.30 1 80 1.72 1.54 1-40 1.39 1.80
Taureaux... 193 6 385 1 65 l.50 (.38 1.34 t. 68 «.60 1.50 1.35 1.32 1 68
Veaux 1.672 226 80 2.26 2.10 1.74 1.54 2.46 » » » »
Moutons 14 883 447 19 2.12 1.98 1 78 l 68 2 13 » » » »
Porcs gras.. 4 802 238 81 1.48 1.42 1.36 1.30 1.52 » » »
-• maigres.. » » a»»»»»»»»»
Vente très active sur toutes les espèces.
XIV. — Résumé.
Fermeté dans les cours de la plupart des denrées agricoles, tel est le résumé
de la semaine. A. Remy.
BULLETIN FINANCIER
Les affaires présentent peu d'animation à la Bourse de Paris : influence de la
saison et de l'absence complète de faits saillants qui soient de nature à agir sur
les cours des valeurs.
Les fonds d'Etat français se maintiennent aux taux de la semaine précédente ou
à peu près. On cote au comptant : 3 pour 100, 79 fr. 87 ; — 3 pour 100 amortis-
sable, 81 fr. 30 ; — 4 et demi pour 100, 1.10 fr. 20 ; — 5 pour 100, 109 fr. 50. _
Bonne tenue des actions de la Banque de France qui valent 5,440 fr.; le Gré-
dit foncier est à 1,342 fr. 50; le Comptoir d'escompte, à 980 fr.; la Banque de
Paris, à 1,070 fr.; le Crédit lyonnais, à 572 fr. 50; la Société générale, à 542 fr. 50.
Très peu de ventes sur toutes les valeurs des Sociétés de Crédit.
La Compagnie parisienne du gaz se maintient à 1,370 fr. — Les actions de
Suez sont en hausse, à 2,437 fr. 50; les délégations, à 1,305 fr. 50. Les actions
' du canal de Panama valent 482 fr. £0.
On cote les actions de chemins de fer : Nord 1,925 fr.; Orléans, 1,242 fr. 50;
Ouest, 775 fr.; Est, 720 fr.; Paiis-Lyon-Méditerranée, 1,465 fr.; Midi, 1,175 fr.
Les fonds étrangers subissent peu de changements. Le 5 pour ÎOO italien est
à 92 fr. 40 ; le russe à 88 fr. E. Féron-
Le gérant, A. Bouché.
CHRONIQUE AGRICOLE (2 juin isss).
Influence des circonstances météorologiques sur les principales cultures. — Promesses de bonnes
récoltes. — Prochaine élection d'un membre étranger à la Société nationale d'agriculture. —
Liste de présentation des candidats. — Election de M. Boussingault comme associé étranger de
l'Académie des sciences de Washington. — Hommage rendu aux découvertes de M. Pasteur. —
Lettre de la Société centrale d'agriculture de IHérault à M. le ministre de l'agriculture. —
Douzième liste de la souscription ouverte pour élever un monument à Léonce de Lavergne. —
Ouverture du port de Honflaur au commerce du bétail. — Les concours spéciaux de machines
agricoles dans les concours régionaux. — Protestation de nombreux constructeurs. — Les fêles
du concours régional de Troyes. — Le phylloxéra. — Brochure de M. Amhroy sur l'efficacité
de la submersion automnale des vignes. — Emploi du sulfocarbonatc de potassium. — Lettre de
M. Culeron. — Nouvelle brochure de M. Le Bian sur la culture du panais fourrager. — Expo-
sition générale d'horticulture à Paris. — Discours de M. Méline, ministre de l'agriculture. —
Développement et progrès de l'horticulture. — Prochaine exposition horticole à (u-léans. —
Séance publique annuelle de la Société nationale d'acclimatation. — Principales récompenses
^décernées.
I. — La situation.
Les circonstances météorologiques sont, depuis quelque temps, en
général très favorables aux récoltes en terre; s'il y a encore des
plaintes parmi les agriculteurs, elles sont très locales. L'année 1883
pourra être, pour l'ensemble de toutes les productions françaises,
placée parmi les bonnes années. Toutefois, il n'est pas encore possible
d'émettre une opinion définitive. Les seigles paraissent devoir être
moins bons que les blés. La vigne a les meilleures apparences. Les
fourrages ont moins profité jusqu'à présent de Faction réparatrice de
la chaleur et des pluies survenues dans ces derniers temps, peut-être
un peu trop tard pour cette nature de récoltes. Toutes les cultures de
légumes sont dans un état satisfaisant. Les arbres fruitiers donnent,
dans beaucoup de régions, les plus grandes espérances. Les dernières
pluies ont fait beaucoup de bien à la levée des betteraves. Les concours
régionaux se poursuivent ainsi au milieu d'une satisfaction relative;
le passé a laissé des traces douloureuses, et il serait bien temps que
la crise traversée par l'agriculture fût fermée.
II. — Élection à la Société nationale d'agriculture.
Dans le Comité secret de sa séance du 30 mai, la Société nationale
d'agriculture a entendu le rapport fait au nom de la Commission chargée
de présenter une liste de candidats pour une place de membre étran-
ger dans la Section hors cadre. La Commission présente la liste de can-
didats suivante : en première ligne, M. Triana, consul général des
Etats-Unis de Colombie à Paris; en deuxième ligne, M. le professeur
Sargent, directeur de V Arnold arboretum fondé par l'université de Phi-
ladelphie (Etats-Unis d'Amérique). Les titres des candidats ont été
discutés. L'élection aura lieu dans la séance publique du 6 juin.
III. — Hommages rendus aux savants français.
En citant dans notre dernière chronique les hommages rendus à des
savants français, nous avons omis de dire que l'Académie de Washing-
ton avait nommé aussi associé étranger, M. Boussingault, notre illustre
maître, que tout le monde s'accorde à reconnaître comme le premier
des agronomes actuellement vivants.
IV. — Les découvertes de M. Pasteur.
Dans sa séance du 21 mai, la Société d'agriculture de l'Hérault a
adopté le texte d'une lettre adressée à M. le ministre de l'agriculture,
relativement aux attaques que quelques personnes ont dirigées récem-
ment contre les travaux de M. Pasteur. Voici le texte de celte lettre :
« Monsieur le ministre, la Société centrale d'agriculture de l'Hérault a vu avec
autant de peine que de surprise les attaques qui se sont produites dans ces der-
N" 738. — Tome II de 1883. — 2 Juin.
3^2 CHRONIQUE AGRICOLE (2 JUIN 1883).
niers temps contre M. Pasteur, contre ses travaux et contre la récompense
nationale que le gouvernement a eu la haute et sage pensée de demander en sa
faveur au pouvoir législatif. Pleine de reconnaissance pour les services éminents
que cel illustre savant a rendus à l'agriculture par ses belles études sur les fer-
mentations, les maladies des vers à soie, la fabrication du vinaigre, le chauffage
des vins, les maladies virulentes qui atteignent les animaux domestiques, la
manière de les combattre par la vaccination, ayant sans cesse l'occasion de consta-
ter les heureuses conséquences pratiques de ce grand ensemble de découvertes,
elle a pris dans sa séance du 21 mai la résolution de vous exprimer les vœux qu'elle
fait pour la prompte réalisation des projets du gouvernernement en faveur de
M. Pasteur, et de vous exprimer toute sa reconnaissance pour l'initiative que vous
avez prise en cette circonstance où vous avez été l'interprète fidèle des sentiments
de l'agriculture française. » Le secrétaire perpétuel, Le président,
« Veuillez agréer, etc. H. Mares. L. Viai.la.
Ainsi que M. Mares nous le fait observer en nous transmettant cette
lettre, tous les agriculteurs sauront gré à la Société d'agriculture de
l'Hérault de l'hommage et du tribut de reconnaissance qu'elle a voulu
rendre, à l'unanimité de ses membres, à l'illustre savant dont ks
travaux ont eu de si nombreuses et si fécondes applications dans la
pratique agricole.
V. — Souscription pour élever un monument à Léonce de Laverghe.
Voici la douzième liste de la souscription ouverte pour élever un
monument à Léonce de Laversfne :
o
Fr.
Report de la liste précédente 9,575 50
Société centrale d'agriculture de la Scine-lnférieure 50 00
Société poitevine d' encouragement à V agriculture 30 00
Société d'agriculture de V arrondissement de Commercy (Meuse)... 25 00
MM - Javal. ancien préfet de la Creuse 100 00
La Vergne (comte de), membre du Conseil de la Société des
agriculteurs de France ICO 00
Gunous (Léo d'), propriétaire à Saverdun (Ariège) . 10 00
Association horticole lyonnaise .... 20 00
Total de la douzième liste , 9,910 50
Nos lecteurs peuvent envoyer leurs souscriptions à M. Henry Sagnier,
secrétaire du Comité, aux bureaux du Journal de V Agriculture.
VI. — Le commerce du bétail.
Dans un précédent numéro, nous avons publié les décrets rendtis
récemment sur les conditions d'importation, de transit et d'exporta-
tion des animaux domestiques. Le Journal officiel annonce que, par
décrets en date du 18 mai, le port de Honfleur (Calvados), est ouvert
à l'importation et yu transit des animaux des espèces chevaline, asine,
bovine, ovine, caprine et porcine, admissibles en France, après vérifi-
cation de leur état sanitaire, et que ce port est ouvert à l'exportation
des animaux des mêmes espèces.
VII. — Les concours spéciaux de machines agricoles.
Un grand nombre de constructeurs de machines agricoles ont pré-
senté, à la réunion des exposants et des délégués au concours régional
de Troyes, plusieurs vœux dont ils nous demandent la reproduction
dans nos colonnes. Ces vœux sont exposés dans la lettre suivante :
Troyes, 25 mai 1883
« Monsieur le président de la réunion du concours régional, j'ai l'honneur de
vous prier de vouloir bien joindre au procès-verbal de la réunion, les propositions
suivantes que je présente au nom de la plupart des exposants du concours régional
de Troyes; ces propositions portent sur trois points; 1" la durée des concours;
2" les concours spéciaux ; 3" leur coïacidence avec les expositions locales.
« 1" Nous demandons que les concours régionaux ne soient ouverts que le lundi
et soient dans tous les cas terminés le dimanche soir.
CHRONIQUE AGRICOLE (2 JUIN 1883). 323
« 2° Nous demandons que la mesure prise au sujet des concours spéciaux soit
générale; c'est-à-dire ffue les concours spéciaux soient ou supprimés ou rétablis
dans chaque région. Et si les concours spéciaux doivent être rélajjlis, nous deman-
dons pour chaque concours régional un seul concours pour chacune des sections
d'intérieur et d'extérieur, avec une rotation qui déplacerait tous les ans la caté-
gorie des instruments, de façon à ramener les mômes concours à des périodes
calculées de manière à faire passer dans les concours d'une môme région et d'une
môme ville, tous les engins, tous les appareils employés par la cultiu-e.
« 3" Nous demandons surtout que l'administration prenne des mesures pour
que les concours régionaux ne disparaissent pas complètement derrière la multi-
plicité toujours croissante des expositions locales.
« Nous demandons, puisque toutes les entrées doivent entrer dans les caisses
municipales, que l'administration obtienne des villes où se tiennent les concours,
qu'il soit établi une entrée unique qui permette aux visiteurs de voir toutes les
expositions, et qui laisse aux constructeurs et à tous les exposants du concours
régional la satisfaction de montrer ce qu'ils y amènent à grands frais.
« Les ex[)Osants remarquent que le concours régional n'est plus que l'occasion
dans ces fêtes dont il est avant tout la cause et le but principal.
« Veuillez agréer, Monsieur le président, l'assurance de tout mon dévouement.
HiDiKN, de Ghâteauroux; Merlin ET GiE, de Vierzon ; Louet frères, d'Issoudun;
Smytii, de Paris; Lanz, de Paris; Les gendres deHarter aîné, de Bar-
sur Seine ; Maréchaux et fils, de Montmorillon ; Mabille, de Reims ;
OsBORNE ET GiE, de Paris ; Reynold, de Paris; Guittox, de Gorbeil ; Bus-
SEREAU, de P aris; Ben Reid et Gie, de Paris ; Lhomme, de Ghatillon-sur-
Seine; Noël, 'de Paris; Bréloux, de Nevers; Marot, de Niort; Goijrgil-
lon, de Vitry-le-François ; Brandin, de Paris; Société française du
matériel agricole, à Vierzon.
Ces vœux nous paraissent absolument légitimes. L'organisation
actuelle des concours régionaux laisse beaucoup à désirer ; ces solen-
nités ne sont pas moins importantes qu'autrefois, mais elles sont le
prétexte de fêtes de toute nature qui détournent l'attention d'un grand
nombre de visiteurs. Que ces fêtes aient lieu, nous n'y voyons aucun
mal ; mais qu'elles soient disposées de telle sorte quelles n'entravent
en rien le concours agricole.
En ce qui concerne les concours spéciaux de machines agricoles,
nous avons protesté contre leur suppression dans la plupart des con-
cours régionaux. L'épreuve est faite aujourd'hui, et elle est démon-
strative. Il faut reviser les programmes actuels; sans revenir aux
anciennes conditions qui multipliaient peut-être trop les concours
spéciaux, il est important de pi^endre en considération les opinions
exprimées dans la note qu'on vient de lire.
Vin. — Concours régional de Troyes.
Pendant la semaine qui vient de s'écouler, ont eu lieu les concours
régionaux de Troyes et de Digne. M. Méline, ministre de l'agriculture,
a visité le concours de Troyes; nous publions plus loin le discours
qu'il a prononcé à la distribution des récotnpenses.
MM. Charles Ballet et Gustave Huot avaient organisé, sous le titre
de « Congrès du concours agricole », les expériences diverses, confé-
rences et réunions prévues au programme. Cette combinaison, enten-
due avec les Compagnies de chemins de fer, a procuré le retour gratuit
à tous les visiteurs munis, au départ, d'un bulletin spécial. La ville de
Troyes en avait fait les frais d'impression. Nous recommandons ce pro-
cédé aux présidents des Sociétés et des Comices agricoles ou horticoles.
L'exposition canine, quoique prévue à la dernière heure, a été très
goiitée. Plus de cent sujets y ont pris part. Les entrées ont dépassé le
chiffre des frais d'installation, de personnel et de récompenses. — Le
324 CHRONIQUE AGRICOLE (2 JUIN 1883).
concours de maréchalerie et les épreuves au trot ont donné beaucoup
d'intérêt à l'exposition hippique.
IX. — Le phylloxéra.
La vigne présente, ainsi que nous l'avons dit plus haut, les plus
belles apparences dans la plupart des régions viticoles ; les viticulteurs
attendent impatiemment que la floraison s'efl'ectue. Malheureusement,
sur un grand nombre de points, on commence à constater l'extension
croissante des ravages du phylloxéra; de nouvelles taches apparaissent
sur beaucoup de vignes qui semblaient jusqu'ici indemnes. Quant à
l'efficacité des traitements insecticides, elle se manifeste de plus en
plus dans la plupart des vignes traitées; l'espoir renaît au cœur des
vignerons. Ces faits sont particulièrement remarquables en ce qui con-
cerne la submersion, qui prend de jour en jour plus de développement.
A cette occasion, nous devons signaler une excellente publication que
M. Ambroy, président de la Société des submersionnistes du Sud-est,
vient de faire paraître sous le titre : La submersion des vignes (librairie
Coulet, à Montpellier) ; dans cette brochure, M. Ambroy passe en revue
les procédés de submersion, la pratique de l'adduction et de l'évacua-
tion des eaux, l'effet sur les diverses natures de sol, l'influence de la
submersion sur la qualité du vin, l'application des engrais aux
vignes, etc.; c'est un excellent guide pour ceux qui veulent apprendre
à pratiquer la submersion. A l'occasion des notes sur l'emploi pratique
du sulfocarbonate de potassium qui ont paru récemment dans nos
colonnes, M. Culeron noue envoie de Béziers lu lettre suivante :
« Monsieur le directeur, dans votre n° du 21 avril, vous avez reproduit ma
note concernant le mode d'emploi du sulfocarbonate dans le Midi, et dans votre
n° du 28, vous reproduisez un article de M. Mouillefert, réfutant les bons conseils
que j'ai cru devoir porter à la connaissance de nos viticulteurs, à la recherche d'un
moyen pratique et économique pour combattre avec succès le terrible ennemi de
la vigne. Je n'ai rien à changer à ma note et je viens aujourd'hui confirmer tout
ce que j'ai dit dans ma communication et engager les viticulteurs à venir à Béziers
visiter mes expériences, ce qui leur permettra de se rendre compte de l'exactitude
de tout ce que j'ai dit sur le mode d'emploi du sulfocarbonate de potassium, de
cet excellent insecticide qui a été si généreusement offert au domaine public par
l'illustre chimiste M. J.-B. Dumas.
« Je regrette vivement que mes observations ne concordent pas avec celles de
M. Mouillefert; mais en présence des nombreux échecs des traitements au sulfo-
carbonate dans le Midi, j'ai pensé qu'il était utile, dans l'intérêt de la viticulture
et de l'avenir des traitements, de faire connaître les causes d'insuccès.
« Je le répète, en employant le sulfocarbonate comme je l'ai indiqué dans ma
communication faite à l'Académie des sciences et reproduite dans le n" du
21 avril de votre estimable Journal de l'agriculture, on est certain d'obtenir de
bons résultats, et la meilleure preuve que j'ai une entière confiance dans l'emploi
du sulfocarbonate de potassium, c'est que j'ai planté cette année plusieurs pièces de
terre qui sont situées près des cours d'eau avec des plants français, qui seront
soumis au traitement au sulfocarbonate. Si, comme l'annonce M. Mouillefert,
tous ses clients étaient aussi satisfaits qu'il se plaît à le dire, pourquoi personne
n'a le courage de faire comme moi? Je n'ai nullement l'intention de nuire en quoi
que ce soit au commerce de M. Mouillefert, je tiens seulement à faire connaître
la vérité et je ne m'explique pas pourquoi mon contradicteur ne cherche pas à nous
prouver qu'il est en droit de relever la tête en nous signalant les propriétaires
chez qui il obtient depuis plusieurs années des résultats encourageants.
« Avant de fermer la parenthèse qu'il me soit permis d'ajouter qu'en présence
de faits aussi importants une enquête dirigée par notre savant inspecteur de la
viticulture mettrait fin à toutes ces attaques et renseignerait les viticulteurs sur
ce que l'on est en droit d'attendre des traitements au sulfocarbonate de potasse
dans notre belle région vinicole du midi de la France. P. Culehon,
Propriétaire à Béziers.
CHRONIQUE AGRICOLE (2 JUIN 1883). 3-25
En invitant les viticulteurs à visiter les plantations de vignes qu'il
traite, M. Culeron donne le meilleur moyen.de constater les résultats
qu'il a obtenus.
X. — La culture du panais.
Il a été récemment question dans le Journal de la culture du panais
fourrager dont M. Le Bian a entrepris la propagation avec la persévé-
rance la plus louable et la plus énergique. Notre excellent corres-
pondant vient de publier la 16* édition de sa brochure sur la cul-
ture du panais. Nous y lisons que, non content d'avoir répondu, de
1874 à 1879, à 5,070 demandes de graines de cette plante, il a ré-
pondu, de 1880 à 1883, à 3,308 demandes nouvelles, de telle sorte
que, en dix ans, il en a l'ait gratuitement 8,378 expéditions dans tous
les départements, sans compter les envois qu'il a faits à l'étranger.
Dans la plupart des circonstances, la culture de cette plante a donné
un succès complet. Nous ne pouvons que féliciter M. Le Bian de la
persévérance et de l'ardeur qu'il a déployées dans sa propagande.
XL — Exposition d'horticulture à Paris.
Dans ce numéro, nous publions le compte rendu de l'exposition
universelle d'horticulture qui a été ouverte la semaine dernière à
Paris; cette exposition a eu le succès le plus complet. Un banquet a
inauguré cette solennité; à ce banquet assistait M. Méline, ministre
de l'agiculture, assisté de M. Tisserand, directeur de l'agriculture. Au
toast qui lui a été porté par M. Lavallée, président de la Société,
M. Méline a répondu par l'allocution suivante :
« Messieurs, je remercie votre honorable président des paroles de bienvenue
qu'il m'adresse et de votre chaleureux accueil. Je n'hésite pas à vous dire que je
ne suis pas venu ici pour répondre par une politesse à une politesse, mais bien
Eour témoigner de l'intérêt que prend le gouvernement au développement d'une
ranche de production qui, chaque jour, se développe davantage.
« Nous sommes loin du temps où l'horticulture n'était qu'un plaisir de luxe,
permis seulement aux favorisés de la fortune. Aujourd'hui, elle est devenue l'oc-
cupation, le délassement, et souvent, bien souvent la consolation du plus mo-
deste de nos cultivateurs.
« C'est à elle qu'il demande ses satisfactions les plus intimes.: l'embellissement
et le charme de sa demeure et aussi la compensation aux risques ruineux auxquels
il est hélas ! exposé plus que personne. Voilà pourquoi l'agriculture tend à deve-
nir de jour en jour plus horticole, et nous devons nous en féliciter.
« C'est ainsi que se trouve réalisé le vœu que j'exprimais il y a quelques jours
au concours d'Amiens, et qui résume à mon avis tous les conseils pratiques qu'on
peut donner aux agriculteurs en ce moment : conjurer ou au moins atténuer les
effets désastreux des fléaux qui se sont abattus sur notre malheureuse agriculture,
en poussant à leur plus haut degré d'intensité toutes les branches de production
qui nous restent et dans lesquelles nous excellons.
« Je n'exagère rien en affirmant que l'horticulture est un genre de production
dans lequel nous excellons. Vous le prouvez tous les jours, non seulement en
étendant son champ d'action, mais encore et surtout en perfectionnant ses
méthodes et ses produits. Vous êtes arrivés, à force de patience et de science, à '
enfanter de véritables merveilles qui ont élevé votre industrie à la hauteur d'un
art véritable: C'est vous qui avez fait de Paris un jardin enchanteur où tout éblouit
et fascine l'œil de l'étranger; vous contribuez ainsi plus que personne à l'attrac-
tion que notre belle capitale exerce sur le monde entier.
a Vous ne vous bornez pas à orner, à décorer Paris ; vous le faites vivre, et ce
n'est pas votre moindre mérite. Quand on analyse le mécanisme de votre industrie,
on est tout de suite frappé de la masse de salaires qu'elle fournit à la population
parisienne et surtout aux familles pauvres ; en sorte que ce luxe de bon goût qui
fait la jouissance des heureux de ce monde se traduit, au bas de l'échelle sociale,
par de véritables œuvres de bienfaisance.
326 CHRONIQUE AGRICOLE (2 JUIN' 1883).
« Pour en comprendre toute l'étendue, il faut consulter les statistiques qui
vous intéressent : je les ai demandées à l'homme éclairé qui est à côté de moi, à
l'honorable directeur de l'agriculture, et j'y ai vu, messieurs, qu'au quinzième
siècle on estimait à 1,500,000 écus tout le mouvement commercial des ventes de
fleurs à Paris. En 1835, un statisticien autorisé l'évalue déjà à 35 millions.
Aujourd'hui, on serait au-dessous de la vérité, de l'avis de tout le monde, en
estimant à 100 millions au moins le chiffre de transactions sur lequel vous opérez.
« Pour être juste, il faut reconnaître que ces magnifiques résultats sont dus en
grande partie à votre Société. C'est elle qui a entretenu et avivé partout la passion
de l'horticulture : elle l'a entretenue pir des expositions comme celle qui vient de
s'ouvrir et qui dépasse en splendeur toutes celles qui l'ont précédée, par l'ensei-
gnement professionnel qu'elle a prodigué partout, par l'émulation qu'elle a su
faire naître parmi les amateurs qui sont devenus ses auxiliaires les plus précieux.
« Aussi je comprends que son ambition grandisse avec ses succès et qu elle rêve
maintenant, comme vous le disait tout à l'heure M. Lavallée, d affronter le juge-
ment du monde dans une grande exposition internationale. Pour préluder à cette
grande épreuve, vous venez déjà d'appeler dans votre jury les horticulteurs les
plus autorisés de l'Angleterre et de la Belgique, et je suis heureux de les saluer ici
au nom de la France. Ils vous rendent justice, messieurs, et on peut prévoir que
le congrès international auquel vous voulez vous soumettre ne fera que consacrer
votre triomphe. Aussi, messieurs, je termine en buvant avec une entière confiance
à l'avenir de l'industrie horticole et à la prospérité de la Société nationale et cen-
trale d'horticulture de France. »
Les procurés de l'horticulture contribuent à ceux de l'agriculture ;
les méthodes sortent souvent des jardins pour accroître la production
des champs. C'est pourquoi les agriculteurs doivent suivre avec intérêt
les travaux des jardiniers et les résultats qu'ils obtiennent.
XII. — Exposition horticole à Orléans.
La Société d'horticulture d'Orléans et du Loiret, a décidé qu'elle
ferait sa cinquantième exposition, du 13 au 17 juin prochain dans
l'hôtel d'Hardouineau, place de l'Etape. Un jury pris parmi les nota-
bilités horticoles aura à décerner, en nombre illimité, des médailles
Cette exposition comprendj-a spécialement : 1 " toutes les nouveautés de
plantes ou arbiistes fleuris ou non ; 2° tous les légumes nouveaux ou
nouvellement introduits ; 3" une exposition spéciale de roses compre-
nant les catégories suivantes : roses hybrides remontantes ; roses-thé,
hybrides de thé et noisettes; roses mousseuses; rose Ile Bourbon;
collection de roses réunissant le plus grand nombre de variétés.
XIII. — Société d acclimatation.
La Société nationale d'acclimatation a tenu sa séance annuelle de
distribution des récompenses, le vendredi 25 mai, sous la présidence
de notre éminent confrère M. Bouley. Parmi les principales récom-
penses qui ont été décernées, nous devons signaler celles qui se rat-
tachent spécialement à l'agriculture :
Mammifères. — Médailles de première classe, MM. Ernest Menault, travaux de
vulgarisation ; Babet frères (de la Réunion), introduction et nombreuses repro-
'ductions de moutons mérinos dans la colonie ; Blainville (de la Réunion), Charles
Ghoppy (de la Réunion), nombreuses introductions de chevaux, d'ânes, de pou-
linières et de moutons ; Dolabaratz (de la Réunion), bœufs de charroi et de labour ;
De Kerviguen (de la Réunion), de Trévise (de la Réunion), introduction de
vaches de race Garonnaise, Limousine etCharolaise. — Médaille de seconde clasy,e.
— M. Boisjoly-Potier (de la Réunion), reproductions de bœufs et de moutons.
Poissons, crustacés, etc. — Grandes médailles d argent (hors classe), à l'elfigie
dlsidore Geoffroy Saint-Hilaire, MM. W. Oldham Ghambers, pisciculture en
Angleterre ; Lugrin, établissement de pisciculture de Grenat (Ain) ; W. Noor-
doek-Hegt, pisciculture dans les Pays-Ras. — Prix de 500 francs, fondé par la
Société pour les travaux de zoologie |iure, M. le D"' Hoek, études embryogéniques
CHRONIQUE AGRICOLE (2 JUIN 1883). 327
de l'huître. — Médailles de première classe. MM. Alphonse Lefebvre, pisciculture
dans la Somme; Rathelot, pisciculture àMontrouge. — Médaille de seconde classe.
M. JJyram Littlewood, pisciculture en Angleterre.
Insectes. — Grande médaille d'argent (hors classe), à l'effigie d'Isidore Geoffroy
Saint-Hilaire, M. Jules Fallou, éducations (ï Aliacus Pernyi, en pleine forêt et
à'Antkerxa Fiilhii, de Gochinchinc. — Médaille de première classe, M. Durand,
pour son procédé de destruction des sauterelles.
Yéqétaux. — Grande médaille d'argent (hors classe), à l'efligie d'Isidore
Geoffroy Saint-Hilaire, M. Henry de Vilmorin, publications horticoles. — Prix
de 500 francs, fondé par la Société pour l'introduction en France d'une espèce
végétale propre à être employée pour l'alimentation de l'homme, M. Paillieux,
introduction et culture du Gapacho {Canna eduli'i).
Médailles de première classe. — MM. Audibert, cultures de kakis du Japon ;
L. Bastide, cultures diverses en Algérie et publications; Colombier, cultutes
de plantes européennes en Gochinchine ; E. Cornu, introduction de nombreuses
variétés de cannes à sucre à l'île Maurice ; Rorauald Dejernon, publications et
conférences sur la vigne en Algérie; Favier, cultures et études surla ramie ;
Fontaine, cultures diverses en Algérie; Honnoraty, cultures de kakis du Japon ;
Lamur, cultures diverses en Algérie ; J. de Mazérieux, introduction des meil-
leures variétés de cannes à sucre à la Réunion, publications ; Noël, pour son
ouvrage sur les repeuplements artificiels et la restauration des vides et clairières
des forêts; Ollive, conférences sur le reboisement en Algérie; Tassy, pour son
rapport sur le service forestier en Algérie. — Médaille de seconde classe, M. Verot,
arboriculture forestière en Algérie. — Mentions honorables, MM. Jean Dybowski,
culture de la Lardane du Japon ; Ghatillon, Fonteneau, Plisson et Sardou, pro-
pagation de la vigne en Algérie.
Dans cette séance, M. Gustave Baron, professeur à l'Ecole vétéri-
naire d'Alfort, a fait une conférence sur la distribution géographique
des animaux dans ses rapports avec l'acclimatation. J.-A. Barral.
INAUGURATION DU MONUMENT DE M. DUTERTRE
A GRIGNON
Le monument élevé, dans le cimetière de Thiverval, sur la tombe
de M. Dulerlre, ancien directeur de l'Ecole nationale d'aij^riculture de
Grignon, a été inauguré le 24 mai. Une souscription dont l'initiative
est due à l'Association amicale des anciens élèves de Grignon, et à
laquelle ont pris part l'école de Grignon, ses anciens élèves, les amis
du regretté directeur, a permis d'élever ce monument et de lui donner
les proportions d'un hommage digne de celui dont il recouvre la
tombe. Le dessin en a été conçu par M. de Baudot, architecte; il est
tout en granit. Un médaillon en bronze de M. Dutertre en orne le
fronton; ce médaillon est dû au ciseau de M. Millet.
L'inauguration de ce moment a été l'occasion d'une touchante mani-
festation; l'aftluence des amis, des élèves, était nombreuse. Mme Du-
, tertre, assistée de son frère, M. Marcille, présidait à la cérémonie.
Autour d'elle se pressaient le directeur de l'école, M. Dubost, les pro-
fesseurs MM. Millot, Mussat, Sanson, Cazeaux, Alglave, Dybowski ; les
autres fonctionnaires de l'école, MAL de Roosmalen, Guédon, Jubert ;
M. Boitel, inspecteur général de Tagriculture, président de l'Associa-
tion amicale des anciens élèves de Grignon; M. Barral, secrétaire per-
pétuel de la Société nationale d'agriculture; M. Journault. député de
Seine-et-Oise; M. Leblond, chef de division au ministère dâ l'agricul-
ture; M. Lumbezat, inspecteur général de l'agriculture; M. Besnard,
président du Comice agricole de Seine-et-Oise ; M. Pouriau, ancien
professeur; M. Lefebvre, sous-directeur de la bergerie nationale de
Rambouillet; M. Fréviile, conseiller général ; M. de Villepin, directeur
328 INAUGURATION DU MONUMENT DE M. DUTERTRE A GRIGNON.
de la ferme-école de La Pilletière; M. Viet, directeur de la ferme de
rinstitut agronomique à Joinville; M. Garlier, lauréat de la prime
d'honneur de l'Aisne, etc. L'Association des professeurs départemen-
taux d'ai:;riculture avait délégué M. Garola, professeur dans Eure-et-
Loir, pour la représenter; à côté de lui, MM. Godefroy, professeur du
département d'Oran, Saint-André, de l'Oise, et Rivière, de Seine-et-
Oise; citons encore M. Nantier, directeurde la station agronomique de
la Somme, et M. Guillaume, directeur de l'école d'horticulture de Ville-
preux. Tous les élèves présent*s à l'école et un grand nombre d'anciens
élèves venus des points les plus divers, assistaient à la cérémonie.
M. Dutertre repose dans le cimetière de Thiverval, qui touche au
parc de l'Ecole. Après la cérémonie dite par M. l'abbé Lechennetier,
curé de Thiverval, ancien aumônier de l'Ecole, M. Dehérain a pris la
parole au nom de la famille de M. Dutertre, pour remercier les amis
qui avaient tenu à lui donner ce dernier témoignage d'affection. Il
s'est exprimé comme il suit :
<c Messieurs, une année s'est écoulée depuis qu'une mort foudroyante nous a
ravi notre ami Florent Dutertre, directeur de l'Ecole de Grignon, depuis qu'un
long cortège l'accompagnant jusqu'à sa dernière demeure a témoigné de quelle
estime était entouré celui que nous pleurons ensemble.
a Ce n'était pas iaire assez pour la mémoire de Dutertre que de conduire son
cercueil jusqu'à ce modeste cimetière. Ce n'était pas assez que des voix éloquentes
et émues vinssent rappeler sur sa tombe entr'ouverte ses grandes qualités, il fallait
qu'un monument durable témoignât de vos regrets et tous réunis vous avez élevé
ce tombeau dans lequel pour toujours repose notre malheureux ami.
« Au nom de madame Dutertre, au nom de la famille à laquelle j'ai l'honneur
d'appartenir, je viens remercier tous ceux qui ont apporté leur concours à cette
œuvre pieuse.
« Je remercie l'Association amicale des anciens élèves dont Dutertre a été
pendant longtemps le vice-président, je remercie le directeur, le corps enseignant,
les fonctionnaires de l'Ecole, collaborateurs dévoués qui pendant onze ans l'ont
aidé dans ses efforts pour rendre l'Ecole grande et prospère, je remercie les élèves
qui lui portaient un vif attachement, et les amis dévoués qui ont voulu lui donner
un dernier témoignage d'affection.
« J'adresse enfin des remerciements respectueux aux membres de la Société
nationale d'agriculture, représentés ici par leur éminent secrétaire perpétuel, qui
ont voulu s'associer à l'hommage rendu à un de leurs confrères.
« Je prie les éminents artistes qui ont associé leur talent pour l'érection de ce
tombeau d'agréer l'expression de la gratitude et de l'admiration, non seulement
de la famille Dutertre, mais je crois pouvoir ajouter de toutes les personnes qui
ont appoité leur obole à cette souscription, devenue si nombreuse, qu'elle semble
être une manifestation sympathique de l'agriculture française tout entière.
« Pour que ce monument témoignât pendant de longues années de vos regrets,
M. de Baudot l'a construit en ce dur granit qui brave l'effort des ans ; sur cette
large dalle il a sculpté une couronne d'immortelles qui rappelle à la fois lar durée
de notre douleur et le mérite de celui que nous avons perdu. Sa proiession est *
inscrite sur cette pierre par les épis de blé qui entourent son image, et les affec-
tions nombreuses qui se sont réunies pour édifier ce monument sur cette plaque
commémorative.
a M Millet, le célèbre statuaire, s'est généreusement offert à faire revivre les
traits de son ami; n'ayant pour guide qu'une photographie, mais puisant dans
les souvenirs empreints dans son cœur, il a su faire sortir de ce bronze l'image
même de Dutertre, il nous a rendu le sourire de ses lèvres, le regard de ses yeux.
dans lesquels on lisait le courage et la franchise.
« Telles étaient, messieurs, les qualités maîtresses de notre ami, qui^ lui ont
valu une juste popularité Dutertre savait commander, il avait de l'autorité sur
toutes les personnes qui l'approchaient, et cet ascendant naturel, tempéré par
une exquise bonté, le rendait éminemment propre à la direction de la grande Ecole
dans laquelle il a passé la meilleure et la plus féconde partie de sa vie. Bien
qu'il ne montrât aucune faiblesse, il était chéri de tous, car on sentait que si la
INAUGURATION DU MONUMENT DE M. DUTERTRE A GRIGNON. 329
main était ferme, elle était toute prête à s'ouvrir dans la plus chaleureuse étreinte.
« Dutertre était un homme d'action, il avait au plus haut degré une qualité
éminemment française, l'entrain ; qu'il fallût organiser une entreprise utile, pren-
dre un décision délicate, et surtout secourir un malheureux, il était au premier
rang, entraînant tout le monde derrière lui ; on n'avait qu'à le suivre, on était
certain d'être dans le bon chemin.
« A ces dons de la nature, il avait beaucoup ajouté, non par l'étude lente et
pénible du cabinet, mais par l'observation directe des faits; son instinct pour
deviner les aptitudes des animaux de l'espèce ovine avait été fécondé par une fré-
quentation de tous les jours dans les bergeries célèbres de France et de l'étranger,
et il suffisait de l'accompagner une fois dans un concours, pour être bien persuadé
qu'il méritait ce titre de premier moutonnier de France, qu'on lui avait décerné
en riant et qu'il conservera.
« Ses longues tournées d'inspecteur général lui avaient permis de se lier avec
un grand nombre d'agriculteurs distingués. A leur contact, il avait beaucoup
appris, car pour se rendre maître des choses et en saisir le côté utile, un quart
d'heure de conversation lui suffisait.
« Aimanta obliger, Dutertre pour rendre service n'épargnait ni sa bourse ni son
temps, ni ses conseils; il était avantageux de les suivre, car sous sa joyeuse
bonne humeur se cachaient une grande finesse et un rare bon sens.
ce Dutertre a passionnément aimé Grignon, il y avait vécu heureux étant élève,
il ne parlait jamais sans plaisir de ses trois ans d'étude, et quand plus tard il
accepta la lourde charge de diriger sa chère école, il se donna à elle tout entier.
« Il a tenu à honneur, on l'a rappelé l'an dernier à cette place, de lui rendre
ses limites naturelles ; il a lutté pendant plusieurs années pour la faire rentrer
dans la pleine possession du domaine dont elle n'aurait jamais dû être privée ;
mais, s'il y a réussi, ceux qui l'approchaient souvent à cette époque savent quels
efforts le succès lui a coûtés.
« Son plus grand bonheur pendant ses dernières années était encore de par-
courir ce parc admirable embelli par ses soins, de montrer ses brillantes cultures
et nous trouvons quelque consolation à penser qu'il repose à Grignon, presque
dans l'Ecole où il a laissé de si vifs regrets.
« Pendant bien des années, messieurs, le vieux château de Grignon abritera
des générations d-'élèves, ceux qui ont connu Dutertre seront remplacés par d'au-
tres, puis par d'autres encore; mais grâce à ce monument, le souvenir de
Dutertre sera conservé et les jeunes agriculteurs que n'effrayera pas le triste
séjour des morts et qui franchiront le seuil de cette enceinte y trouveront des
leçons et des exemples.
« On l'a dit avec éloquence, ce modeste cimetière de Thiverval est devenu une
terre sacrée pour l'agriculture française. Là à deux pas repose Auguste Bella, le
fondateur, qui, abandonnant une épée illustrée dans maints combats, voulut, à
l'imitation de Mathieu de Dombasle, créer dans ce pays une grande école d'agri-
culture; puis dans la même tombe, François Bella le second directeur, dont nous
avons connu l'infatigable activité; ici, enfin, notre ami Florent Dutertre. En reli-
sant cette inscription, en voyant quel concours de bonnes volontés a permis
l'édification de ce tombeau, le passant dira : « Celui-ci fut aimé de tous ! »
« Et quel plus bel éloge peut-on faire d'un homme, qui ayant eu l'autorité
dans le petit monde qu'il gouvernait, sut n'y laisser que des amis.
« Messieurs, votre œuvre est bonne, elle apporte à un cœur désolé le seul adou-
cissement qui puisse l'atteindre, la seule récompense que méritent les soins ma-
ternels dont madame Dutertre a entouré les élèves qui la chérissaient.
« Messieurs, votre œuvre est grande puisqu'elle montre que l'agriculture fran-
çaise sait honorer les hommes qui l'ont bien servie, et que ceux qui ont fécondé
le sol ont, comme ceux qui l'ont défendu, leur tombeau glorieux. »
C'est au milieu de la plus vive émotion que ce discours s'est terminé.
M. Journault, député de Seine-et-Oise, a donné ensuite, au nom du
gouvernement, un dernier adieu au fonctionnaire infatigable, dont le
souvenir vivra longtemps chez les populations agricoles du département.
Puissent les témoignages de respect affectueux et d'universelle sym-
pathie qu'elle a reçus de nouveau dans cette solennité, contribuer à
apaiser l'amère douleur de Mme Dutertre. Henry Sagnier.
330 LE TROUPEAU MERINOS DE PASS Y-EN- VALOIS.
LE TROUPEAU MERINOS DE P A SSY-EN- VALOIS
A l'occasion du compte rendu du concours régional d'Amiens, que
nous avons publié dans le Journal de f Agriculture du 19 mai, la lettre
suivante a été adressée par Mme Bataille, au directeur du Journal :
« Passy-en-Valois (Aisne), 20 mai 1883.
ce Monsieur, je viens de lire le compte rendu du concours d'Amiens, -et j'y vois
que M. Sagnier, en parlant du troupeau que mon pauvre mari s'est attaché à amé-
liorer, pense que cette J)ergerie est dispersée. C'est là une erreur, sur laquelle Je
désire bien le voir revenir.
« Je tiens trop à ce fjue les efforts qu'il a faits ne deviennent pas inutiles, pour
négliger quoi que ce soit, tant que je serai à la ferme, et jmncipalement le trou-
peau, qui a été constaaiment l'objet de tous ses soins.
« La bergerie existe toujours, avec cette seule différence que cette année, en
raison du malheur qui m'a frappée, j'ai préféré, trouvant à le faire dans de bonnes
conditions, vendre les îigneaux gris et les antenais, plutôt que les louer. Mais il
n'en reste pas moins en ce moment 130 agneaux béliers, nés en aoiît et septembre,
et qui seront à louer ou à vendre comme par le passé.
« Veuillez recevoir, etc. Cl. Bataille. »
Il est toujours fâcheux de se tromper ; mais, dans la circonstance
actuelle, nous ne pouvons guère regretter notre erreur. Elle a donné
l'occasion de constater que la bergerie du regretté M. Paul Bataille
n'est pas dispersée, que cette belle entreprise se maintient. Nous
espérons, et nous ne doutons pas que, entre les mains habiles de
Mme Bataille, le troupeau de Passy-en-Valois conservera la légitime
renommée qu'il a acquise. Henry Sagnier.
DISCOURS DE M- MÊLINE, MINISTRE DE L'AGRICULTURE
AU CONCOURS RÉGIONAL DE TRÛYES, LE 27 MAI 1883.
Messieurs, en ouvrant cette distribution, ma pensée se reporte instinctivement
vers le dernier concours régional qui a eu lieu dans votre belle ville.
C'était au lendemain de nos désastres, et peu de temps après la libération du
territoire. Vos campagnes avaient profondément souffert, vos écuries étaient en
partie détruites, et pour comble de malheur, la peste bovine vous était restée
comme un souvenir poignant de l'invasion. On pouvait se demander si nos malheu-
reux cultivateurs de l'Est, si cruellement éprouvés, auraient conservé assez de
courage, assez de ressort moral pour se relever de tant de ruines.
Le concours de 1875 fut une révélation, la plus consolante de toutes celles qui
nous avaient été données depuis l'année de deuil. Il prouva avec la dernière évi-
dence que nos braves populations s'étaient remises à l'œuvre avec une indomptable
énergie, et qu'elles se montraient, pendant la paix, C3 qu'elles avaient été pendant
la guerre, patientes, infatigables et héroïques.
Le concours de 1875 comprenait 10 départements, 4 de plus que le concours
actuel, dans lequel ne figurent plus la Haute-Saône, la Gôte-d'Or, le Doubs et
l'Yonne. 11 fut des plus brillants tant par la quantité du bétail qu'on y admira, que
par les expériences scientifiques auxquelles on se livra pour la première fois dans
ce pays, et qui prouvaient déjà l'inlérêt passionné que vous apportiez aux progrès
des méthodes et des procédés de culture.
C'est dans votre ville ([ue furent tentés alors les premiers essais de cette admi-
rable machine, qu'on appelle le semoir, qu'on devrait trouver partout et qui, j'ai
le regret de le dire, est encore trop peu connue et appliquée. Dès cette époque,
il fut démontré que, grâce à ce merveilleux instrument, on pouvait économiser un
hectolitre de semence par hectare et obtenir des augmentations de rendement
de 10 à 20 pour 100 avec le concours de la houe, par les avantages de la planta-
tion en ligne.
Depuis lors, vous n'avez pas dégénéré, et on peut vous proposer comme un
exemple au reste de la France; car dans ce concours de 1883, réduit cependant
DISCOURS DE M. MÉLINE AU CONCOURS DE TROYES. 331
à 6 départements au lieu de 10, le nombre des machines présentées a augmenté
du double. Et, comme pour mettre l'application à côté du princijje, en montrant
combien la mécanique peut contribuer au développement de la production, vous
nous offrez en même temps trois fois ])lus de produits qu'en 1875.
Quant au bétail, s'il est un peu moins nombreux pour la race bovine, il est
plus abondant pour les races ovine et porcine.
Ge n'est pas, du reste, par la quantité des produits seulement que le concours
de cette année l'emporte sur celui qui l'a précédé, c'est par la qualité, par "l'amé-
lioration des races et le perfectionnement vraiment extraordinaire des machines.
Dans cet essor de la région tout entière, le département de l'Aube, il faut lui
rendre cette justice, se distingue entre tous et mérite une mention à part. Il est
la preuve éclatante de l'étroite solidarité qui unit en tous pays l'agriculture et
l'industrie et qui fait sortir leurs progrès de l'émulation commune.
Malgré les mauvaises années dont ce département a souffert, autant qu'un
autre, il ne s'est pas découragé et a toujours été en progressant.
Ainsi le nombre des bêtes bovines s'est accru, depuis 1875, de plus de 2,000
têtes; celui des porcs, d'un millier de têtes. Pour les chevaux, l'accroi-; sèment a
été plus considérable encore, grâce, il faut bien le dire, à l'initiative et au.ic
encouragements du conseil général : l'augmentation est de 2,500 têtes.
Quant aux surfacescultivées, elles s'étendent de jour en jour,
il faut d'abord rendre justice aux hommes intelligents qui ont développé, dans
de vastes proportions, la richesse forestière de ce département, qui ont su con-
quérir, sur votre sol crayeux, des espaces considérables et substitué de magni-
fiques nappes de verdure aux aspects désolés d'autrefois.
Mais ce qui passe avant tout, c'est l'accroissement considérable de la (culture
du blé. On peut en juger par un chiffre. : les ensemencements ont été, en 1882,
de 85,000 hectares, quand ils n'avaient été que de 80,000 hectares en moyenne
pendant toute la période de 1871 à 1880.
Ge qui est plus méritoire encore, c'est l'élévation croissante des rendements :
le rendement moyen annuel a été de 1,305,582 hectolitres, pour la période de
1871 à 1880, quand il n'avait été que de 1,195,904 hectolitres pour la période de
1860 à 1869. Aussi, messieurs, avez-vous été récompensés comme on l'est tou-
jours quand on sait comprendre cette grande nécessité des rendements supérieurs :
la valeur de vos récoltes en céréales qui n'était estimée pour la période de 1860
à 1869 qu'à 25 millions, s'est élevée à 30 millions pour la période de 18/0 à
Î880. En 1882, elle a dépassé 39 millions.
Faut-il ajouter que la culture de la betterave a presque doublé, que celle des
pommes de terre s'est accrue de 2,000 hectares environ depuis 1S69, pendant
que le rendement de cette dernière culture, suivant la même marche progressive,
passait de 80 hectolitres à 114 par hectare.
Ces résultats sont profondément satisfaisants et consolants; ils étonneront bien
ceux qui croient qu'il y a encore une Champagne pouilleuse.
Ils sont confirm-s par une statistique d'un autre ordre et non moins curieuse,
celle des baux enregistrés qui permet de se rendre compte de la valeur moyenne
de la propriété. Il résulte des relevés qui ont été faits par M. le ministre des finances
à la demande du ministère de l'agriculture, qu'en 1867 le prix moyen des loyers
par hectare dans votre département était de 36 francs, et qu'il est aujourd'hui de
48 francs, en sorte que depuis l'Empire la hausse du loyer de la terre a été d'en-
viron 12 francs, ce qui correspond à une plus-value du capital foncier d'environ
3ù0 francs par hectare.
Ge sont là des faits incontestables; ils jettent un jour précieux sur notre situa-
tion actuéire, qu'il faut bien se garder d'exagérer. Ils sont tout à l'honneur de
nos excellentes populations agricoles, et nous avons le droit d'être fiers d'elle. Ils
prouvent qu'elles sont deux fois patriotes; car elles donnent à la patrie en temps
de guerre ses plus vaillants soldats, et en temps de paix elles augmentent sans
cesse le capital national, préparant ainsi les ressources suprêmes qui seraient
nécessaires au piiy.s le jour où il aurait besoin de faire appel à toutes ses forces.
J'espère que nous ne verrons pas ce jour de longtemps. Gar rien ne peut mieux
assurer la sécurité de la France et lui mériter le respect de ses voisins que de se
présenter au monde comme une nation revenue des folies guerrières, tout entière
occupée à se reconstituer, à développer ses forces vives, ne désirant et ne deman-
dant (ju'une chose : le droit de travailler en paix et de jouir chez elle de l'indé-
pendance qu'elle laisse aux autres.
332 SUR LES ALLUVIONS ARTIFICIELLES.
SUR LES ALLUVIONS ARTIFICIELLES
Mon cher directeur, je ne sais jusqu'à quel point la prière que je
Yous avais faite de me donner votre avis sur mon projet de fertilisa-
tion des Landes pouvait être considérée comme une sommation. En
tout cas, si peu usitée que soit en général cette forme de langage, elle
me paraîtrait presque justifiée dans l'espèce.
Les idées que je soutiens depuis vingt ans peuvent être combattues,
discutées; on peut contester, nier même l'efficacité des moyens que je
propose; mais ce qu'on ne saurait méconnaître, c'est l'importance du
but que j'ai en vue, puisqu'il ne s'agit de rien moins que de tripler
peut-être un jour notre production agricole par la généralisation de
mes procédés ; de l'augmenter tout au moins d'un dixième par leur
première application aux landes de Gascogne.
C'est à ce point de vue d'utilité générale, d'intérêt public de premier
ordre, que mon projet me paraîtrait devoir s'imposer à l'attention de
tous, sans que personne y reste indifférent, chacun devant être tenu
de se faire une opinion suivant sa propre compétence, ou du moins de
n'admettre l'opinion d'autrui que tout autant qu'elle lui paraîtra ré-
sulter d'un examen sérieux et réfléchi et non d'une simple dénégation
de parti pris. Je n'exige pas qu'on me croie sur parole. S'il n'y a que
rêve ou utopie dans ce que j'avance, qu'on le dise et surtout qu'on le
prouve, mais franchement, à haute voix, au lieu de le sous-entendre
ou de le colporter tout bas avec de dédaigneux ménagements.
Vous avez bien voulu répondre à mon appel et je vous en remercie.
Vous reconnaissez que mon projet n'a rien que de pratique et de
réalisable ; vous n'y voyez qu'une objection plutôt hygiénique qu'agro-
nomiqucy qui ne me paraît être qu'une question de détail. J'y répon-
drai tout à l'heure; mais, pour mieux mettre vos lecteurs en mesure
d'apprécier jusqu'à quel point ils doivent s'arrêter à cette objection ou
à toute autre qui pourrait surgir, je vous demanderai de leur rappeler
avec quelques détails en quoi consiste plus particulièrement mon pro-
jet de fertilisation des Landes, quel en est le but, quels en sont les
moyens d'exécution.
I. — Le but est nettement défini : il s'agit de transformer en terres
végétales de premier ordre une région de près d'un million d'hectares
de sables infertiles, impropres dans leur état naturel à produire autre
chose qu'une végétation spontanée de bruyères, d'ajoncs et de fou-
gères sans aucune valeur agronomique. Si par un ensemble de tra-
vaux dont je suis loin de méconnaître l'importance, on est parvenu
à modifier avantageusement les conditions physiques de ce spl ingrat,
en améliorant l'écoulement de ses eaux de surface, on n'a rien changé
en fait à ses conditions hygiéniques. Le pin maritime dont on peut
généraliser la production à la surface des landes, n'est en réalité
qu'une bruyère de haute futaie, qui n'emprunte au sol que son point
d'appui, ne vit que de l'atmosphère, n'est apte à autre chose qu'à
fixer le carbone de l'air à l'état de bois ou de résine, qui n'est elle-
même qu'un dérivé du carbone et de l'eau. Accidentellement ce der-
nier produit s'est trouvé avoir acquis un prix exceptionnel pendant la
guerre d'Amérique; mais, en temps normal, sa valeur est des plus
minimes. De l'aveu de tous les propriétaires, la culture du pin est à
SUR LES ALLUVIONS ARTIFICIELLES- 333
peine rémunératrice ; elle représente le placement d'un capital qui
s'accroît lentement par l'accumulation des intérêts composés à un
taux minime, qui n'ajoute rien à la valeur du fond dont la valeur
vénale a depuis lonp;îeinps cessé d'augmenter, est inférieure [icut-être
aujourd'hui à ce qu'elle était il y a trente ans, après l'ouverture des
chemins de fer, ne pouvant être portée à plus de 60 ou 80 francs par
hectare.
Le sol des Landes est d'ailleurs admirablement disposé pour la cul-
ture; sous un clinratdes plus favorisés, sans accidents de terrain, avec
la pente nécessaire à l'écoulement des eaux pluviales, à l'abri des
inondations et des intempéries; rien n'y manque que la terre végé-
tale et les populations rurales qui seraient nécessaires pour les mettre
en culture si elles existaient.
Si par un moyen quelconque il était possible de transporter à la
surface de ce sol ingrat une couche de terre végétale d'épaisseur con-
venable, 0'".30, par exemple, choisie parmi les meilleures; personne
ne voudrait mettre en doute qu'il se produirait promplement un cou-
rant d'émigration amenant sur place le3 populations nécessaires pour
mettre ce nouveau sol en culture, et lui faire acquérir plus ou moins vite
une valeur vénale de 5 à 6,000 fr., égale à celle des terrains similaires
partout ailleurs. Si la plus-value n'était pas immédiatement égale à
ce chiffre, elle ne saurait être toutefois inférieure à sa moitié. Si donc
il était possible de réaliser ce programme, de transporter sur la sur-
face des landes cette couche de terre arable, il n'y aurait aucune exa-
gération à admettre que le gain de richesse publique produit ne sau-
rait être évalué à moins de 3 milliards pour le moment, pouvant s'éle-
ver à près du double dans un avenir plus ou moins rapproché.
Or, si ce transport direct paraît irréalisable en pratique, on ne
saurait guère nier qu'un même résultat serait obtenu si, au lieu de
transporter à la surface des landes de la terre végétale toute formée, on
pouvait la constituer sur place, de toutes pièces, par un mélange con-
venable des éléments minéraux qui, partout ailleurs, constituent cette
même terre végétale.
Cette seconde partie de mon argumentation aurait pu être plus ou
moins contestée, il y a vingt ans, quand pour la première fois j'ai
essayé de formuler les bases de la théorie du sol végétal.
Mais les principes que j'émettais alors sont aujourd'hui passés du
domaine de l'hypothèse dans l'ordre des faits scientifiques les plus
avérés. Les belles recherches expérimentales de M. de Gasparin et de
nombre d'autres agronomes éminents, ont mis hors de doute ces deux
axiomes fondamentaux : Toute bonne terre végétale est composée d'un
mélange de sable inerte et de limon argilo-calcaire. Tout mélange de
sable et de limon argilo-calcaire constitue une bonne terre arable.
Toute la différence existant entre des terrains de natures diverses pro-
viendra soit de la proportion du mélange des deux éléments, soit de
la composition particulière de l'élément actif du limon.
Or, quant au premier point, nous savons aujourd'hui d'une manière
certaine que la meilleure proportion, comme quantité, est celle de
deux parties de sable inerte pour une de limon, constituant ce que
M. de Gasparin a appelé la continuité du sol.
Quant au second point, la valeur et les propriétés agronomiques du
sol pourront sans doute beaucoup varier, suivant la composition chi-
334 . SUR LES ALLUVIONS ARTIFICIELLES-
miqiie du terrain ; mais il ne saurait être douteux que nous obtien-
drons une terre végétale d'autant meilleure que nous serons maîtres
de faire varier les éléments minéraux assimilables qui donnent au
limon ses propriétés productives, de choisir entre un grand nombre,
ceux que l'analyse chimique nous indiquera comme les plus riches
en acide phosphorique, chaux, potasse, etc., suivant la nature parti-
culière du sol que nous trouverons plus avantageux de reproduire.
Si donc, àlasurlace des Landes nous pouvons répandre une couche
de 0"M0 d'épaisseur de limon argilo-calcaire convenablement dosée,
on ne saurait contester que par le mélange de ce limon avec une
quantité double de sable, nous aurons résolu le problème, constitué
de toutes pièces une couche de terre arable de premier choix, ana-
logue, ou, pour mi<mx dire, supérieure à celle que la nature reproduit
chaque jour sous nos yeux, en mélangeant au hasard, sur les rives de
nos cours d'eau, les sables et les limons naturels charriés par les
crues.
II. — Le but de l'opération est donc parfaitement défini. Les résul-
tats pourront se chiffrer par avance, suivant la nature, la quantité et
le prix de revient des limons argilo-calcaires que nous pourrons ame-
ner sur les Landes. Ces trois questions, qui peuvent être considérées
comme résumant les moyens de l'opération, ne me paraissent pas
moins netleraent résolues.
Comme nature des limons, j'ai reconnu, vérifié par de nombreuses
analyses de laboratoire, que les contreforts des Pyrénées, rayonnant
autour du plateau central de Lannemezan, comprennent trois natures
distinctes de terrains meubles, accolés ou superposés : 1" une immense
formation prédominante d'argiles feldspathiques, très homogène, très
meuble, sur une épaisseur de plus de 200 mètres, complètement dé-
pourvue de calcaire, constituant à elle seule en l'état la majeure partie
des alluvions naturelles des affluents de la rive gauche de la Garonne;
2" des couches sous-jacentes de marnes tertiaires, de composition à
peu près analogues, mais contenant, en sus de l'argile, 8 ou 10 pour
100 de calcaire; 3° enfin des couches de marnes crétacées très riches
en calcaire, beaucoun moins meubles, se débitant pourtant en lamelles
minces, friables, faciles à attaquer par l'eau, aussi bien que par l'outil
du travailleur.
Suivant la nature de l'alluvion qu'on croira devoir produire, on
pourra attaquer plus ou moins profondément ces trois natures de
terrain. Pour tous indistinctement, l'opération ne sera, en principe,
qu'une question de terrassement qui serait sans doute très embarras-
sante, si l'on devait recourir aux procèdes ordinaires; qui deviendra
des plus simples, si l'on fait intervenir comme agent mécanique l'ac-
tion des eaux courantes.
Tout terrassement comprend deux opérations distinctes : la fouille
■et la charge au cha'itier d'abatage ou de déblai ; le transport et le
répandage au remblai. Le prix de la première opération est naturelle-
ment proportionné au cube des matériaux extraits ; celui de la seconde
dépend en outre de la distance à laquelle doit se faire le transport.
Dans la pratique ordinaire des terrassements, le prix de fouille et
charge de terrains meubles analogues à ceux que nous avons à traiter,
varie de 0 fr. 10 à 0 fr. 30 par mètre cube, suivant leur ténacité. En
utilisant l'action mécanique des eaux agissant sous les charges puis-
SUR LES ALLUViUiSiS ARTIFICIELLES. 335
santés dont je peux disposer, j'ai la certitude qvio le prix de démoli-
lion du mètre cube de terres meubles, se réduira à moins de 0 fr. 02
à 0 i'r. 03. Cette partie de mon projet est celle qui a donné lieu aux
plus nombreuses objections, ou qui plutôt, faute d'avoir été bien
comprise, a laissé planer sur lui comme une apparence de fantastique
difticulté. Cette idée de démolir d'un seul coup une montagne entière
par laction de formidables jets d'eau, ou plus simplement encore par
î'ébouleraent d'un gigantesque trou de taupe, a effrayé plus qu'elle n'a
séduit les esprits prévenus.
En fait cependant, on ne saurait contester que l'opération, dût-elle
être iaite à la main par les procédés ordinaires de nos terrassiers ; la
terre devrait-t-elle être attaquée à la pioche et jetée à la pelle dans un
canal d'eau courante, au lieu d'être chargée dans un wagon ou un
tombereau; la dépense irait tout au plus de ce chef à 0 fr. '-^0 ou 0 fr. 30
par mètre cube, ce qui représenterait par hectare de terre à fertdiser
une dépense de 200 à 300 francs qui n'aurait rien d'excessive. Mais, si
je n'ai pu emp'oyer encore l'eau en grand volume, sous forte pression,
à démolir des terrains meubles par grandes naasses, j'ai pu constater
par des expériences précises que, en opérant simplement par les pro-
cédés ordinaires, en se faisant seulement aider par l'action érosive
d'un filet d'eau courante, coulant à pleine vitesse à ses pieds, et pro-
jetant dans un canal de transport en bois le produit de la fouille, le
terrassier ordinaire pouvait obtenir beaucoup plus de travail dans le
même temps avec moins d'efforts.
Pour le cas particulier d'une alluvion sablonneuse très meuble, que
l'eau affouillait aisément, un simple journalier n'ayant aucune pra-
tique de terrassement, a produit couramment, sous mes yeux, un
déblai de 1 0 mètres à l'heure, au prix moyen de 0 fr. 03 le mètre.
Pour une terre argilo-siliceuse, très dure, empâtant des graviers,
ne s'attaquant qu'au pic, résistant à l'action superficielle d'un courant
animé d'une vitesse de 2 à 3 mètres, le cube enlevé par heure était
réduit à 3""% et le prix du mètre porté à 0 fr. 10.
Dans les conditions moyennes des terres argilo-siliceuses, qui devront
fournir le principal élément de l'alluvion des Landes, infiniment moins
compactes que celles de mon dernier essai, on pourrait compter sur
une moyen le de déblai de 5"" à l'heure, de 50'"" par journée de
terrassier. A ce compte, la fouille de 100,000'"' a effectuer pour le
canal des Landes exigerait un chantier de 2,000 ouvriers; ce qui, à la
rigueur, n'aurait rien d'excessif. J'ai la cej-titude qu'en opérant l'aba-
tage par les procédés que j'indique, on obtiendra une réduction nou-
velle de plus des 4/5 dans les prix; mais fallut-il sur se point conser-
ver les bases de l'expérience en petit, qu'il en résulterait tout au plus
une aggravation de prix de 0 fr. 05 à 0 fr. 06 par mètre cube d'alluvioa .
La question du prix des transports est beaucoup plus importnnte.
Le prix serait excessif s'il fallait se servir des voies ordinaires par
routes, chemins de fer ou canaux de navigation, pour des distances
moyennes de 200 kilomètres. H est au contraire des plus minimes, du
moment oii les déblais seront transportés directement à l'état de limon
en suspension dans l'eau courante. Le prix du mètre cube n'équivaut
plus dans ce cas, qu'à une quote-part proportionnelle des intérêts du
capital, d'établissement et des frais d'entretien de ces canaux, répartis
sur le cube total annuel de déblais.
886 SUR LES A)uLUVI0N3 ARTIFICIELLES.
La question revenait donc à déterminer la quantité de limon qu'un
canal, d'un débit donné, pourra entraîner pendant la durée de son
fonctionnement annuel. A cet égard, nous avions déjà des données cer-
taines qui, par la comparaison des canaux existants, m'avaient per-
mis d'admettre que l'eau courante, animée d'une vitesse de I'",5l) au
plus par seconde, pouvait entraîner de 5 à 10 pour 100 de son volume
de limon en suspension, sans qu'on eût à redouter aucun dépôt en
route. Les expériences récentes que je viens de citer m'ont démontré
de la manière la plus positive que cette proportion pourrait être beau-
coup plus forte et aller au delà de 15 pour 100.
Or, la pente très considérable dont je dispose pour établir mes cou-
rants de transport, de la carrière au lieu d'emploi, est partout beau-
coup plus que sulïisante pour garantir le minimum de vitesse de
1"'.50. Je puis donc admettre avec toute sécurité la proportion de
10 pour 100 comme très inférieure à la capacité de transport de mes
grands canaux de limonage. Un canal ayant un débit de 12'"" à la
seconde, soit on nombre rond de 1 million de mètres cubes par vingt-
quatre heures, pourra donc entraîner par jour 100,000 et au besoin
150,000 mètres cubes de limon.
Comment sera alimenté ce canal? De la manière la plus simple,
sans qu'il soit besoin de recourir, comme vous avez paru le compren-
dre, à des dérivations multiples, ou à des réservoirs d aménagement.
En l'état actuel, un canal fonctionne déjà, amenant sur le plateau de Lan-
nemezan à une latitude de 630 mètres, 6 à 7 mètres cubes d'eau
dérivés de la Neste, servant à alimenter les rivières sèches du Gers, en
temps d'étiage. C'est ce canal, modifié dans son courant d'eau, de
manière à pouvoir lui donner un débit de 20'"', qui me fournira l'eau
nécessaire, après avoir desservi ses usagers actuels. La Neste, qui a de
la peine à suffire en basses eaux à cette modeste dérivation de 6 à
7 mètres cubes, roule moyennement de 20 à 30 mètres cubes en temps
de hautes eaux. C'est cet excédent seul que je prendrai, lorsqu'il sera
disponible, peu m'impori.e l'époque. Les observations, longtemps con-
tinuées sur le régime de la ?ieste, démontrent de la manière la plus
formelle que celte période de surabondance pendant laquelle les eaux
sont en général plus nuisibles qu'utiles aux riverains, dure de six à
huit mois par an en moyenne; bien que parfois, dans des années de
grande sécheresse, cette période se réduise à quatre mois. l'renons un
terme moyen, inférieur à la réalité; admettons que je ne puisse fonc-
tionner que pendant cinq mois, soit cent cinquante jours. A raison de
100,000 mètres de limon en vingt-quatre heures, mon canal pourra
entraîner, bon an mal an, 15 millions de mètres cubes de limon, soit
la quantité nécessaire pour fert'liser 15,000 hectares, à 1 ,0U0'"' l'un.
La dépense totale à faire pour construction de canaux, aménage-
ment des chantiers, travaux de toute nature, ne devant pas dépasser
25 millions; l'intérêt de cette somme à 4 pour 100, majoré d'un
chiffre très minime pour le simple entretien des ouvrages, soit
1 ,200,000 fr. au plus , représentera le coiît annuel du transport d'un
cube de 15 millions de mètres de limon. Le prix du mètre cube ne
dépassera donc pas 0 fr. 08.
Nous avons déjà vu que, en opérant de main d'homme dans les
conditions d'une expérience en petit, la fouille ne coûterait pas au delà
de 0 fr. 07 ; à cette double dépense, il faudrait joindre les frais du
SUR LES ALLUVIONS ARTIFICIELLES. 337
répandage qui se fera dans les conditions ordinaires d'un arrosage, ou
mieux d'une submersion de vignes, en faisant pénétrer les eaux: trou-
bles dans des compartiments clos de bourrelets de sables. Ces frais,
sur un terrain peu incliné, comme celui des Landes, où les bourrelets
pourront être en général espacés de plus de 50 mètres dans le sens de
la pente, seront des plus minimes, très certainement inférieurs à 100 fr.
par hectare, soit 0 fr. 10 par mètre cube de limon. Ajoutant moitié en
sus pour frais généraux d'administration ou dépenses diverses de toute
nature, nous arrivons à un maximum de 0 fr. 30 pour le prix du mètre
cube de limon en place, se décomposant ainsi :
Fouille et abitage à la main Ofr.07
Transport par eau courante 0 04
Uépariiiage 0 10
Adminisiration et faux frais 0 09
Prix du mètre cube •. 0 30
Sur ces bases, le prix du limonage, à raison de 1,000 mètres cubes
par hectare, ne reviendra donc pas à plus de 300 fr, ; et ces chiffres,
je le' répète, ne sont pas h^/pothétiques; ils représentent des maxima
de dépenses vérifiés par des expériences en petit, dont quelques-uns,
ceux de l'abatage notamment^ seront certainement réduits dans l'opé-
ration en grand.
(La suile prochainement). Duponchel,
fngénieur en chef des ponts et chaussées
CONCOURS RÉGIONAL AGRICOLE DE FOIX
Le département de l'Ariège est situé aux extrêmes limites de la France puisque
ses derniers villages confinent avec les villages espagnols.
L'agriculture est très différente dan? les à arrondissements : les arrondissements
de Foix et de Saint-Girons ?e trouvent dans la montagne et l'élève des bestiaux
constitue leur principal revenu.
L'arrondissement de Pamiers composé de vastes plaines argilo-siliceuses ou
argilo-caicaires et de coteaux très fertiles oîi ce dernier élément domine, est essen-
tiellement propre à la culture des céréales et de la vigne.
L'élève des bestiaux y est restreint, puisque les agriculteurs de cette partie du
département peuvent s'approvisionner aux foires des deux autres arrondissements
d'animaux faits et prêts à être soumis au travail.
Les fourrages y sont relativement abondants et de première qualité, ce qui
permet aux propriétaires et fermiers d'entretenir dans un état d'embonpoint satis-
laisant leurs bœufs de travail et de les préparer facilement et à peu de frais pour
la bouciierie quand ils ont atteint leur entier développement.
C'est ainsi qu'on voyait au dernier concours d'animaux gras de Pamiers 98 sujets
de l'espèce bovine pesant en moyenne 900 kilog. chacun.
On voit donc que les 3 arrondissements se complètent les uns par les autres et
qu'à mesure que les animaux gras se vendent à Pamiers, ils sont remplacés par
ceux de la montagne.
Quant à l'espèce ovwe^ la race dos montagnes se trouve sans mélange dans les
arroadissemenls de Foix et de Saint-Girons et n'est vendue aux cultivateurs de
l'arrondissement de Pamiers qu'au mois de septembre qui précède leur engrais-
sement.
Dans les plaines de Pamiers, la race Latiraguaise pure donne de superbes pro-
duits, et des toisons très Unes; le troupeau est gardé de longues années parl^
pr-opriétaire, qui au moyen de la sélection pour les femelles, et du changement
de bélier, à des intervalles plus ou moins rapprochés, l'entretient dans les condi-
tions les plus favorables.
Lespèce porcine indiijène tend aujourd'hui à disparaître sous l'influence de croi-
sements divers qui ont donné à nos porcs primitifs, d'une charpente osseuse trop
développée, une aptitude spéciale à prendre la graisse. Il est même à craindre que
l'on n'aille trop loin dans cette race, car la viande est d'une nécessité absolue
338 GONGOURS REGIONAL DEFOIX.
pour la classe pauvre surtout; il est donc utile de veiller à ce ipie le but ue soit
pas dépassé.
C'est ce qu'ont compris les délégués des diverses associations agricoles réunis
à Foix sous la présidence de M. l'inspecteur général de Tagriculture. Quoique
reconnaissant qu'en {trincipe les étalons croisés ne peuvent donner que des pro-
duits d'une aptitude douteuse, ils ont cru devoir faire une exception pour le porc,
précisément pour bien établir le croisement qui pourrait convenir à la région, et
ils ont demandé d'établir une catégorie de récompenses pour les verrats croisés.
Cette même assemblée, sur la proposition d'un de ses membres, quoique d'ac-
cord sur ce point que les races bovines carolaise et gasconne ont des traits de
ressemblance si frappants, qu'on peut croire que ce n'est qu'une seule et même
race, a néanmoins reconnu que les animaux de l'Ariège nés et élevés sur la mon-
tagne, n'ont presque jamais l'ampleur des formes de ceux de la race gasconne qui
dès sa naissance est copieusement nourrie ; que dans les concours ils sont f.resque
toujours inférieurs à ces derniers, même à Foix oii les primes qui ieur ont été
attribuées sont illusoires; qu'il est de toute justice qu'une distinction soit établie,
sans quoi la lutte n'est plus possible, l'assemblée, dis-je, à émis le vœu qu'à
partu' de J884, il soit établi une catégorie de primes pour la race gasconne et une
catégorie spéciale pour la race carolaise.
Le teraf)S qui avait été assez mauvais dans les premiers jours de l'inauguration
du concours, était devenu très beau vers le mercredi; et, à partir de cette époque,
les visiteurs se sont succédé sans interruption; le dimanche 13 et le lundi i4,
jours où l'entrée était gratuite, les rues de la ville de Foix étaient littéralement
encombrées et on avait été obligé d'organiser des trains spéciaux.
Il est certain qu'en outre de la vue d'animaux de choix que tout le monde peut
apprécier, les machines agricoles excitaient une vive curiosité. Si nous avons con-
staté le perfectionnement de beaucoup d'entre elles, il n'y avait, à vrai dire rien
de nouveau excepté une faucheuse à scie circulaire se transformant en râteau et
en faneuse, mais dont les qualités ou les défauts n'ont pu être ap[)réciés puisqu'elle
n'a pas fonctionné.
Nous tenons à dire à cette occasion qu'il serait bien à désirer que les concours
des machines eussent lieu pour chacune d'elles à l'époque où elles peuvent être
jugi^es suivant leur travail. A Foix, aucun essai n'a été fa't et pour la plupart c'était
impossible. S'il est très avantageux que dans les centres les plus reculés où les
bras ne suffisent plus, on puisse tenter de marcher avec les machines, il est cer-
tainement indispensable de bien examiner si leur fonctionnement est régulier et
surtout s'il est possible dans les conditions où l'on se trouve (plaines ou mon-
tagnes). 11 faut en un mot avant de prendre un parti, être sûr qu'on ne fera pas
l'acquis tion souvent très onéreuse d'un instrument qui ne pourra être utilisé.
Aussi se contente-t-on le plus souvent d'admirer, mais on n'achète pas ; il e.st donc
évident que l'essai, le fonctionnement public en un mot, doit accompagner leui-
exhibition et cela aux époques où leur travail est possible.
Il serait à d-sirer que les Sociét -s agricoles émissent des vœux dans ce sens
pour être transmis au ministre de l'agricu ture.
Sur les plus importantes expositions de machines on voyait les noms de
MM. Decker et Mot, Pilter, Grarnier, Lanz, Fichot frères, Plissonnier lils, Marot,
Noël, Griffon, Beaume, Guyon et Audemas, Louet et Decauville avec son chemin
de fer portatif. On remarquait particulièrement l'exposition de MM. Sauzay frères,
d'Autun, dont les instruments bien construits étaient d'un prix relativement peu
élevé et une exposition particulière d'un forgeron-mécanicien, M. Donat, de Mon-
tant, arrondissement de Pamiers lAriège), quia été tellement appréciée à cause de
la solidité des instruments présentés et leur bon marché, qu'il a reçu une mé-
daille d'argent de la Société d'encouragement à l'agriculture.
Il ne s'est guère vendu de moissonneuses, faucheuses, faneuses, râteaux, etc.
Les hache-pdille, les coupe -racines, les fouloirs et les pressoirs ont seuls trouvé
des acquéreurs. Je ne termmerai pas cette desc iption, sans faire remarquer qu'un
des instruments les plus utiles, les plus rémunérateurs par l'économie de son
travail, le semoir, ne se trouvait représenté à Foix que par un semoir à la volée.
C'est fort regrettable, car c'est un de ceux dont on doit le plus conseiller l'achat.
Li ville de Foix avait fait grandement les choses : à côté du concours régional,
on voyait à gauche le concours hippique et à droite celui de l'industrie.
Sous la direction de M. l'inspecteur général-adjoint Vassilière et par les soins
de M. Girin, ancien élève de l'Ecole nationale d'agriculture de Griginon, assisté
noNcoinis régional de foix. 339
de M. de Lecluse, professeur départemental d'agriculture à Agen, tout s'était
trouvé à sa place comme par cnclianlement.
On ne sav.iît ([ue louer le plus en M. Vassilière, son habileté ou sa gracieuse
bienveillance; les plus timides recevaient un accueil dont ils étaient charmés et
étonnés à la l'ois, les concours précédents leur ayant laist^c le souvenir de brus-
queries insolites et fréquentes.
Le champ du concours formant un vaste parallélogramme présentait dès l'entrée
un admirable ensemble de machines (8^46) En entrant dans une Lrge allée bor-
dée d'abord de locomobiles se faisant face, et plus loin de moissonneu-es et fau-
cheuses, etc., on voy it d'un seul coup d'œiî cette superbe exposition où tout
était à sa place et où chacun pouvait trouver sans la moindre fatigue Tobiet de
ses recherches. Au bout de cette vaste alb^e, les animaux de resjièce bovine sur six
rangs. Tout autour, à gauche, l'ospèce ovine; au fond l'espèce porcine, et à droite
les animaux de basse-cour.
Les sujets de Ves/ipce bovine formaient un contingent très complet et très remar-
quable au nombre de 222 sujets; néanmoins quelques races étaient faiblement
représentées, et les motils de bien des abstentions dnivcnt être scrupuleusement
recherchés et étudiés afin que M. le ministre de l'agriculture puisse les connaître
et y remédier.
L'espèce ovine était largement représentée au nombre de 99 sujets, et le prix
d'ensemble a été obtenu par un de nos éleveurs ariégeois qui est depuis long-
temps connu dans les C'incours.
h^espèce porcine (71 têtes) a occupé une laFçe place et, en examinant ces spéci-
mens, on n'est plus étonné de retrouver tous les ans, au concours d'animaux gras
à Pamiers, des porcs p» sant jusqu'à 350 kilog.
\S espèce gaïUne se compose comme presque toujours de sujets de races diverses,
Pafloue, Houdan, Crèvecœur, la Flèche, etc , au nombre de 61 lots, qui sont très
admirés; mais la race gasconne qui a bien ses qualités comme finesse, précocité,
rusticité, aptitude à prendre la graisse et qui est une des meilleures pondeuses,
reste presque toujours l'objet du choix définitif.
On remarquait en outre 3 lots de dindons, 4 d'oies de Toulouse, 9 de canards,
4 de pintades, 43 de pigeons et 21 de lapins ou léporides.
Bans les produits agricoles, les vins et eaux-de-vie étaient en très grande
quantité.
On a beaucoup admiré une superbe exposition de Heurs de serre composée en
grande partie de très belles variétés d'azalées. Pour beaucoup de visiteurs, les
dames surtout, ce bouquet délicieux résumait toute l'exposition : on a beaucoup
fébcité l'exposant M. Gaby, jeune conseiller de préfecture de l'Ariège.
Les fromages d'Auzat ont été fort appréciés; les vins rouges et blancs ont été
trouvés bons. Les produits maraîchers les produits divers, plantes alimentaires,
légumineuses et iourragères, les miels, les toisons, le lait, le beurre, etc., ont
reçu des récompenses.
Mais je dois signaler dans son entier une invention que l'auteur a fait con-
naître pour la première fois au concours de Foix et qui peut être pour l'avenir de
nos vignobles d'une utilité inappréciable; c'est la production auto;nati|ue de
nuages artificiels pour la protection des vignes contre les g-^lées prinlanières.
Yoici en quoi con>iste le système de son inventeur M. X. Lestelie, sous-inspec-
teur des postes et télégraphes des Landes, à Mont-de-Marsan.
Un thermomètre est employé comme moyen automatique d'allumage et d'aver-
tissement par l'application de l'électriciié. Cet appareil placé dans l'intérieur de
la vigne à protéger, est l'organe régulateur, l'électricité l'orgaue électromoteur
et la (onction de ces deux organes est de produire' des nuages de furaée en allu-
mant diflerentes matières combustibles et résineuses sous l'influence d'un ap[»areil
d'induction en rapport avec le thermomètre qui se distingue du modèle à mercure
ordinaire par l adjonction de deux communications en fils de platine aboutissant
à deux bornes d'attache en cuivre où viennent se relier les fils de communication
avec l'appareil électio-automatique.
Le contact (|ui se prodiùt au thermomètre par suite de l'abaissement de tem-
pérature, provoque l'allumage instantané des divers foyers disposés à cet effet
pour produire des nuages de fumée et arrêter l'effet du rayonnement nocturne.
Le mode d'installation est des plus simples : un fil de cuivre est tendu sur le
terrain à protéger et divisé en autant de sections qu'il y a de foyers à allumer,
des amorces de tensions sont disposées sur le parcours de ce fil.
340 CONCOURS RÉGIONAL DE FOIX.
L'espacement des foyers, à raison de 7 par hectare, est de 40 raètres en tout
sens.
Le prix de revient, comprenant l'achat des appareils, fils, poteaux, etc., est de
50 francs par hectare une fois payés.
Comme il arrive souvent que la gelée se produit sans qu'on s'en aperçoive assez
à lemps pour disposer les moyens préventits, tous ceux qui ont des bourgeons de
vigne eldes fleurs d'arbre à sauver d'un dépastre ne sauraient reculer devant une
légère dépense pour faire des nuages artificiels.
M. Lestelle avait disposé ses appareils sur une petite montagne qui faisait face
au concours régional; à un moment précis, tous ont été allumés instantïinément
et l'expérience a paru concluante aux nombreux spectateurs qui ne pouvaient plus
douter.
Je terminerai ce trop long peut-être, mais fort utile exposé, par quelques mots
sur le concours hippique présentant 101 sujets à peu près tous remarquables,
savoir :
pur sang arabe om anglo-arabe 5 étalons et 15 juments.
ilemi-sanq 17 étalons et 64 juments .
En première ligne on remarquait l'étalon pur sang Banco, appartenant à M. le
marquis de Gampaigno.
Dans les demi-sang, l'étalon Chaviberlin, appartenant à M. Montagnan, était
déjà désigné par tous les visiteurs comme le plus remarquable
Les éleveurs de l'Ariège avaient conduit au concours des sujets tellement ht)rs
ligne que les habitants du pays ont été même étonnés; mais ils avaient des concur-
rents bien redoutables dans ceux des Hautes-Pyrénées et s'ils sont restés un peu
en arrière dans une lutte si inégale, leur victoire est déjà très glorieuse et ne peut
qu'enc'iurager leurs elforts pour l'avenir.
La distribution des primes a eu lieu le dimanche 13 mai sous la présidence du
préiet ayant à sa droite l'inspecteur général, et à sa gauche le maire de Foix,
MM. les sénateurs de l'Ariège honorant de leur présence cette cérémonie.
La séance a été ouveite par un discours du préfet. M. Gourregelongue, rappor-
teur, a ensuite lu son travail. Après avoir prononcé quelques mots, M. de Vernin-
hac, sénateur du Lot, délégué de la Société nationale d'encouragement à l'agri-
culture, a attribué au nom de cette Société un diplôme d'honneur à M. Lestelle,
pour son invention des nuages artificiels, et une médaille d'argent à M. Donat,
forgeron-mécanicien à Montant (Ariège), pour la solidité et le bas prix de ses instru-
ments agricoles.
La distribution des prix et des médailles a eu lieu au milieu d'un immense
concours de visiteurs venus de tous les côtés; les intermèdes étaient très agréa-
blement remplis par l'excellente musique du 59™'' de ligne.
Prix culturaux.
4" Cntéqorie. — Métayers isolés, propriétaires ou hrmiers de domaines au-dessus de 5 hectares
et n'excédant pas 20 heciaies. — Un olîjet d'an, M. Jean Estèbe, cultivateur à i'Hosté, commune
de VernaJDul (arrondis-ement de Koix).
Bappcl de pnx cuUural de la l'" catégorie. — M. Artiiur Caussou, à Révirolles, commune de
Dreuillie (arrondissement de Koix).
Prime d'honneur, non décernée.
Objet d'art de spécialité. — M. Jaubert, directeur de la ferme-école de Royal (.\riège), pour
la création d'un vigiioUe de 2b iicctares et la bonne tenue de l'ensemble des vignes.
Médailles DE spécialité. — (L'dliribution de cette récompense exclut tout classement).
MÉDAILLES d'or (grand module). — MM. Azema pi'opriétaire, au Conte, commune de Mazères.
arrondissement de Pamiers pour ses helles récoltes île céréales; l'ans, propriétaire au Vernet.
arrondissement de Pamiers, pour l'assainissement et la mise en culture de terrains marécageux;
.Jacques Vie, propriétaire, à la Prébosie, commune de Pamiers, pour l'extension de ses cultures
fûun avères et la bonne tenue de ses étables.
MÉDAILLES DOR. — MiM. l'al'bé Clafiet, directeur de l'Orphelinat agricole de .Saint-Joseph, à la
Galiasse, commune de Lavelanet, ar.ondissement de Foix, pour la mise en culture de terres aban-
données; Gervais Maurel, à Sarraute, commune de Troie, arrondissement de Pamiers, pour la
création d'un important vignoble ; C;isimir Sôié. à Vidalet, commune de Labatut, arrondissement
de Pamiers, pour la reconsiitution, par la culture fourragère, de 1 1 fertilité d'un sol épuisé.
MÉDAILLE d'argknt (grand module). — M. Ferdinand Piqiiemal, à Saint-Paulet, commune de
Saint Pdul-de-Jarrat, airondissement de Foix, pour ses travaux de défrichement de terrain en
pente.
Prix d'irrig4TI0n DE l'Ariège. — p° Calégnrie. — Propriétés contenant plus de 6 hectares de
terres arroséts. — 3° prix, médaille d'argent, M. Rigal, propriétaire à la Prairie, commune de
Pamiers.
2'^ Catégorie. — Propriétés ayant 6 hectares et au-dessous soumis à l'irrigation. — 4'' prix,
médaille de bronze, Jean Sicre-Tarride, propriétaire, à'iVlérens, arrondissement de Foix.
liécompenses aux agents du domaine qui a obtenu le prix cultural. — Médailles d'argent,
MM. Philippe Estèbe, cultivateur; Basile Kstèbe, cultivateur. — Médailles de bronze, MM. Paul
Estèbe, cultivateur; Jean Bonnans, laboureur.
CONCOURS REGIONAL DE FOIX. 341
Réompense aux agents do la ferme -école de Rovat dirigée par M. Jaubert. -^'Médaille d'argent.
M. Sicre, coniptaule. — MMaille d' bronze, M. G )yet, jardinier-chef.
Récn>np''nse à l'agent du ilomainî qui a obieni le prix d'irrijatioa de la l" catégorie. —
Médaille de bronze, M. Crouzel, clioz M. Uigal, à la Prairie.
Animaux reproducteurs. — Espèce bovine.
V Catégorie. — Race gascone et carolaise. — M:\les. — Section unique. — Animaux de 1 à
2 ans. — I" prix, M. Lurde, à Charlas (Haute-Garonne) ; 2", M. Jean-Pierre Solle, à Sarromezan
(Haute-Garonne); ;V, M. Uoucet, à Bi)ulogni-sur-Gesse (Haute-Garonne); 4", M. Douming, à
1 Isle-en-Jourdain (Gers) ; 5''. M. Célestiii Bruzaud, ;\ Sentous (Hautes-Pyrénées); 6", M. Domi-
ni.]ue Uruzaud, à Sintous (Haules-Pyrénôes). Prix supplémentaires. MM. Uliodes, à Madières
(Ariège); Fanion, à Betlièze (Hautes Pyrénùe^); Eugène Clauzide, à Aubiet (Gers); Pouzac, à
Cintegabelie (Haute-Garoi\ne). — "emelles. — K" Section. — Génisses de 1 à 2 ans. — ]-■ piix,
'SI. Jérôme Raspaud, à Saint-Pierre (Ariège); 2", M. Douming; 3", M. Firmin Lalnlle, à Clermoiit-
Savès (Gers); 4", M. do Gelas, directeur do la ferme école de Lariviére (Geis). Prix supplémen-
taires, MM Eugène Glauzade ; Lurde; Casterst, à Boulogne-sur-Gesse (Haute-Garonne); Dilhan, à
Sainte-Marie (Gers); Jean-Pierre Solle Mention honorable, M. Achille Luhille, à Samaian (Gers).
— 2" Secti' n. — Génisses de 2 à 3 ans, pleines ou à lait. — 1" prix, M. Pouzac; 2% M. de Gelas ;
3', M. Achille LahiUe; 4*, M. Eugène Glauzade. Prix supplémentaires, MM. Mistou, à Justiniac
(Ariège) ; Adrien Vid il, à Sainl-Quirc (Ariège) ; Lurde ; Douming — 3" Section. — Vaches de
plus de 3 ans, pleines ou à lait. — 1" prix, M. Dilhan; 2% M. Galinier, à Montant (Ariège) ;
3", M. Caussoa, à Lavelanet (Arièg«i) ; 4% M. Achille Lahilie; h", M. Lanirac, à Montégut
(Gers). Prix supplémentairss, MM. Bedrède, à Gaudiès (Ariège) ; Pouzac; Jean Vidal, au Vernet
(Ariège).
Frix d'ensemlile de la 1"' catégorie, un objet d'art, décerné à M. Laurent Lurde, propriétaire à
Charlas (Hiute-Garonne), pour ses animaux de race gasconne.
2' Caléi/orie. — Races béarnai^^e, basquaise et analogues. — Mâles. — Section unicjue, —
Animaux cie 1 à 2 ans. — T' prix, M. Devançons, à Pardies (Bis^e-'-Pyrénées) ; 1', M. Langlade, à
Pau (Basses-Pyrènées) ; 3% M Jean Daube, à Sarniguet (Hautes-Pyrénées); 4", M. Lassus, à Idron
(Bassôs-Pyrénées). Prix suppîémenlairej M. Lamon, à Siarrouy (Hanites-Py rénées). — Femelles.
— F" Section. — Génisses de 1 à2 ans. — l"' prix, M. Suhll, à Artiguelouve (Basses-Pyrénéesj ;
2"; M. Jean Daube; 3', M. Pierre Lascassies, à Idron (Basses-Pyrénées). Prix supplémentaire,
M. Lamoii. — 2" Section. — Génisses de 2 à 3 ans, pleines ou à lait. — l''' prix, M. Jean Daube;
2', M. Jean Lascassies, à Idron (Basses-Pyrénées); 3°, M. Raymond Ravie, à .Mirepeix (Basses-
Pyrénées). — 3" Section. — Vaches de plus de 3 ans. pleines où à lait. — 1" prix, M. Langlade;
2% M. Raymond Keuie ; 3% M. Pierre Lascassies; 4% M. Jean Daube. Prix supplémentaire,
M. Jean Lascas-ies.
3° Catégorie. — Race d'Urt. — MAles. — Section unique. — Animaux de 1 à 2 ans. — l" prix,
M. Lantrlade; 2". M. Peyrè. à Andoins (Basses-Pyrénées). — Femelles. — 1"" Section. — Génisses
de 1 à 2 ans. — 1''" prix, M. Langlade; 2", M. Grazide, à Bazet (Hautes-Pyrénée-j. — 2° Section.
— Génisses de 2 à 3 ans, pleines ou à lait. — l" prix. iM: Langlade; 2", M. Faton de Favernay,
à Saint-Sever (Landes). — 3" Section. — Vaches de plus de 3 ans, pleines ou à lait. — l" prix.
M. Langlade; 2% M. Faton de Favernay; 3'-, M. Daube fils.
4" Catégorie. — Race de Lourdes. — Mâles. — Section unique. — Animaux de 1 à 2 ans. —
P"" prix, M. Tournaro, à Campan (Hautes-Pyrénées); 2% M. Omer-Maiihes, à Momères (Hautes-
Pyrénées) ; 3" , M. Villeneuve, à Pouzac (Hautes-Pyrénées). — Femelles. — l'" Section. — Génisses
de 1 à 2 ans. — 1"' prix, 'M. Cuillié à Vielle-Adour (Haute.s-Pyrénées) ; 2", M. Orner-Mailles. Pri,\
supplémentaire, M. Grazide. — 2" Section. — Génisses de 2 à 3 ans, pleines ou à luit. — l'"^ prix,
M. Labat, à Oléac-De.ssus (Haulos-Pyrénée-) ; 2", M. Grazide. Prix supplémentaire, M. V. Caze-
nave, à Tarb^s (Hautes-Pyrénées). — 3" Section. — Vaches de plus de 3 ans, pleines ou à lait. —
]•'■ prix, M Omer-Mailles; 2", M. Grazide ; 3", M. Gazenave.
h° Catégorie. — Races des vallées d'Aure et de Saint-Girons. — Mâles. — Section unique. —
Animaux de I à 2 ans.' — l"prix, M. Porle, à 0/.on (Hautes-Pyrénées); 2°, M. Ribes, à Guchen
(Hautes-Pyrénées); 3% M. Ferrage, à Engomer (Ariège). Mention honorable, M. Ribes. — Femelles.
— 1'" Section. — Génisses de 1 à 2 an-. — 1'='' prix, .M. Bajau. à Toulouse (Haute-Garonne) ;
2°, M. Porte. — 2° Section. — Génisses de 1 à à ans, pleines ou k lait. — 1" prix, M. Porte ;
2'", M. Bajau. Pri.x supplémentaire, M. Rib=s. — 3° Section. — Vaches de plus de 3 ans, pleines
ou à lait. — !"'■ prix. M. Bajau ; 2'', M. Fauré à Montels (Ariège) : 3", M Porte.
6" Catégorie. — Race garonnaise. — Mâles. — Section unique. — Animaux de I à 2 ans. —
!"■ prix, M. Bernède, à Meilhan (Lot-et-Garonne); 2", M. Olivier, à Jusix (Lot-et-Garonne);
3", M. Riffaud. à Marmande (Lot-et-Garonne); 4% M. Verdier, à Casseneuil (Lot-ei-Garonne). —
V Section. — Génisses de l à 2 ans. — l"p"iix, M. Bernède; 2% M. Courrèges, àCouthures (Lot-
et-Garonne). — 2° Section. — Génisses de 2 â 3 ans, pleines ou à lait. — 1" prix, M. Merle de
Massonneau, à Nérac (Lot-et-Garonne); 2\ M. Bernède. — 3" Section. — Vachesde plus de 3 ans,
pleines ou à lait. — . V prix, M. RifTàiid; 2", M. Olivier; 3% M. Bernède.
7" Catégorie. — Race bazalaise. — Mâles. — Sec'ion unique. — Animaux de 1 à 2 ans. — l'^'prix.
.M. Olivier; 3", M. Omer-Mailhes. — Femelles. — '.V Section. — V.,ches de [ilus de 3 ans pleines ou
à lait. — 1"'' prix, M. Lantrac; 2% M. Omer-.\1ailhes ; 3^ M. Olivier.
8° CaléQorie. — Races laitières franc li-es ou étrani<ères pures, ^ l'exclusion de toutes les races
ayant une catégorie spéciale. — Mâles. — Section unique. — Animaux do 1 à 2 ans. — 1"' prix,
Mlle de Gauban-du-Mont, à Lézat (Ariège) ; 2"-', M. Bajau ; 3% M. Théron do Montaugé. — Femelles.
— Section unique. — Vaches en lai i âgées de plus de 3 ans. — !"'■ prix, M. Théron de Montaugé ;
2", M. Langlade; 3°. Mlle de Gauban du Mont ; 4", M. Bajau.
Prix d ensemble des 2", 3", 4', .V, 6% 7'' et 8'^ catégories, un objet d'art, décerné à M. Bernède, à
Meilhan (Lot-et-Garonne), pour ses animau.x de race garonnaise.
Espèce ovine.
l""' Catégorie. — Race mérinos et métis-mérinos. — Mâles. — 1"' prix, M. le baron de Lafase,
à Beaumont-sur-Lèze (Haute-Garonne) ; 2°, M. Lière, à Villeneuvo-du-Paréage (Ariège). — Femelles.
— l''''prix, M. Lière; 2'', M de Gelas.
2" Catégorie. — Races françai-ses diverses. — 1'" Sous-Calégoric. — Races des plaines. —
Mâles. — l" prix, M. Vié", à Pamiers (Ariège); 2°, M. Lière; .3", M. le baron de Lafage. —
342 CONCOURS BÉGIONAL DE FOIX.
Femelles. — 1"' prix, M. le baron de Lafage; 2% M. Lière. — l' Som-Calégorte. — Race des
moniayn-s. — Mâles. — l'"' prix, M. Gaubert, à Pamiers (Ariètje: ; 2'-, M. Gouzy, à Larnat
(Ariège); 3=, M. Soula. à Serres (Aiiè:"). Prix suiipléinentaire, iVI. Jean Eslèbe, à Vernajoul
(Arige). — F-melles. — l'' prix, M. Jérôme Has aud, à Saiiit-Pier e (Ariège); 2% M. Caharrou,
à Bcignére-i- te-Bigoire (H iules-l'yrénee>); S", M François Solie, à Sarreui- zan (Haute (iaroime).
3" Cdtéuorie — Race> étranf/ères diverses. — Mâles". — l'" prix. M. Langlade ; 2% M. de Gelas;
3% M. Marii et fils, à Monflanquin (Lot-et-Garonne). — Femelles. — l" prix, M. de Gelas;
2% M Mart net (ils. ,
4'' Calcgurie. — Croisements divers. — Mâles. — T"' prix, M. de Gelas; 2", Langlade. — Femelles.
— !='• prix, M. le baron de Lafage ; 2'-; M. de Gelas.
Prix d'ensemble, un objet d'art, décerné à M. Lière, à Villeneuve-du-Paréage (Ariège). pour
ses animaux de race Làuraguaise,
Espèce porcine.
l" Catégorie. — Races indigènes pures ou croisées entre elles. — Mâles. — l'"' prix, M. Serres,
à Mnzcus (Allège); 2°, M Galouye, a Vi- Ue-Ailo ir (Hautes-Pyrénées) ; 3% M. Védère, a M. mètres
(Hautes Pyi entres). — Femt'lles. — 1"'' prix, M. Theron de Mont ugé, à Toulouse (Haute-Garonne);
2% Mme Amélie Loz , à Arii^'at (Ariège); 3% M. Fi.uriuer, à Foix (Ariège). Meniion- honorables,
MM. Larousse, à Claracq (Basses-Pyréuêes) ; le v comte de Teisac, a Vernajoul (Ariège); Déjean,
à Koix (Anèg-).
2" Catégorie. — Races étrangères pures ou croisées entre elles. — Mâles. — 1" prix, M. Soûles,
à Hagei (G- rs) ; 2% .Vi. Royer, à Lézat-sur Lèze (Ariège) ; 3% M. de Gelas. — Femelles. — P'" prix,
M. Védère, à Momcres (llaules-Pyrenées) ; 3% M. Campap'noUe, à Bordc'res (Hautes-Pyrénées); 3%
M. Théron de Monlaugé.
3= Caté'jorie. - Croisements divers entre races étrangères et races françaises. — Mâles, — Prix
unique, M. Lingla^le, à Pau (Basses-Pyrénées). — Femelles. — 1°'' prix, M. de Gelas; 2%
Mlle de Gaubandu-Mt^nt, àLéz.t (Ariège-); 3% M. Lan::lade.
Prix d'tnsemble, un objet d'art à M. Theron de Montaugé, à Toulouse (Haute-Garonne) pour ses
animaux croises.
Animaux de basse-cour
1"= Catégorie. — Coqs et poules. — \'^ Section. — Race gasconne. — !"■ prix, M. Omer-Mailhes,
à Moiiières (Haut(S-Pyrénées); 2% M. Sarda, à Foix (Anège); 3", M. Eychenne, A Foix (Ariège) ;
4% Mme Théron de Montaugé, à Toulouse (Haute-Garonne). — 2« S'Ction —Races françaises
diverses. — 1" prix, Mme Marquié, à Mazère^ (Ariège); 2", Mlle de Gauban-du Mont, à Lézat
(Ariège) ; 3", Mme Théron de Montaugé. — 3« Section. — Kaces étrangères diverse-. — 1"'' prix,
Mme de Vaux- Bidon, à Boulogne-siir-Gesse (Haut -Garonne) ; 2% Mme Marquié. — 4" Section. —
Croisements divers. — 1^' prix, Mme Tnéron de Montaugé ; 2', Mlle de Gauban-du-Mont.
2" Caugorie. — Dindons. — i'"' prix, Mlle de Gauban-du-Mont ; 2% Mme Théron de Montaugé,
3" Catégorie. — Oies — l^'prix, Mme Théron de Muniaugé; 2'-', Mlle de Gaubaii-du-Mont.
4" Catégorie. — Canards. — 1"' prix, Mlle de Gauban-du-Mont ; 2'-, Mme Thér .n de Montaugé.
5= Cohorte. — Pintades. — T'' prix, Mlle de Gaub in-du-Moni. ; 2% Mute Theron <le Montaugé.
6= Cal'-gorie. — Pigeons. — 1" p;ix, M. Pages, à Foix (Ariège); 2'. Mlle Gauliau du-Mont.
7'' Catégorie. — Lapins et Léporides. — 1" prix, M. Mathieu Soula, à Serres (Ariège) ; 2%
Mme Théion de Montaugé.
Prix (fensemide, un objet d'art à Mlle de Gauban-du-Mont.
Serviteura priincx employés chez les lauréais et récompensés pour les bons soins donnés aux
animaux primés. — Médailles d'argent, MM. Franco s Be ne 1^^, vacher chez M. Jf^aii Bernède ;
Bertrand Bordes, vacher chez M. Laurent Lurde ; Jean Capâ^vielle, vacher chez M. Langlade;
Pierre Barihe vacher chez M Omer-Mailhes; Pierre Dmigan, vacher chez M. Théion-d -Mon-
taugé — Médailles de bronze, M le Philomène «aphanel, vachère chez. M. Bajaa; MM. Paul
Duclos, vacher chez M. Pote; Jeai -Marie Marques, vacher chez Mlle.de Gauban-du-Mont;
Benjamin Ahadie, vacher chez M Daube ; Augustin Balutet, vacher chez M. 0 ivi r ; Jean Carretier,
vacher chez M. Pouzac; Dumestre, vacher chez M. Jean Grazide ; ^imon Sarda, vacher chez
M. Jérôme Raspaud.
Récompenses accordées aux conducteurs de machines, contre maîtres et ouvriers des con-
structeurs. — Médadles d'argent, MM. Jein Can^ielon, chez M. Verdun, à Lectoure (Gers);
Garnier, chez M. Mariot aîné, à Nmrt (Deux-Lèvres); E. Devaux, chez, MM. L.iuet f ères, à
Issoudun ((n're); Delavaux, chez M Maréchaux, à Montmorillon (Vienne); Ledoux, chez
M. Biouhot et Cie. à Vierzou (Cher) ; Moine, chez M. Plissoniiier, a Lyon (Rhô .e). — Médailles
de. bronze, MM. Gerbier, chez Jl. Merli ., â Vi rzon (Cher) ; Lauga. chez M. Lesielle. à Mont-de-
Mai>an (Lan -es) ; Lecerc, cuez M. Garnier, à Kedon (Ille-et-Vil ine) ; Potier, chez la Société fran-
çaise, à Vierzori (C >e ) ; Désiré Leclerc, i;hez M.M. Decker et .Moi, à Paris; Bonnet, chez MM, Os-
borne et Cie, à Paris ; Uelquis, chez MM, Fichot irère-,, à. Tuulon-sur-Arroux (Saôun-et-Loire) ;
Nicol, chez M Pilter, a Paris; Maurival, chez MM. Sauzay frères, à Autun (Saône-et-Loire).
Produits agricoles et matières utiles à l'agriculture. — Concours spéciaux.
1'= CaVgorie. — Vins de la région, (Récoltes de 1881 et 1882). — 1" pr x. — Médaille d'or,
M. Didelin, à Aire (L ndes) pour ses vins rouges de 1881 et 1882; 'l-, Medadle d'aar ;ent, M. Vidal,
à Foix (Ariège) pour son vin .le 1881 ; 3% médaille de bronze, M. Théron de Montaugé, a Toulouse
(Haute-Ga-onne^DOur scn vin blanc de 1881,
2'^' Catégorie. — Miels et cires de la région, — 2° prix, rpédaiUe d'argent, M. Sicre, à
Méreiis (Ariège) pour son miel blanc; 3% médaille de bronze, M. Théion de Montaugé, pour
miel et cire.
3" Catégorie. — Fromages des fruitières des Pyrénées. — Pas de prix décernés.
4'' Catégorie. — Produits maraîchers. — \" prix, médailbi d'or, M. Brunet, à Montesquieu
(Lot-et-Garonne); 2\ méd.ide d'argent, M. Théron de Montaugé; 3% médaille de bronze, M. Cram-
pagne, à Bonnac (Anège).
5* Catégorie. — Expositions scolaires. — 2'' Section. — Matériel d'enseignement agrico'e, col-
lections etc., travaux spéciaux et objets d'enseignement agricole présentés par les professeurs, les
instituteurs et les élèves des écoles primaires. — 1", 2^^ et 3" prix non décernés faute d'exposants.
CONCOURS RÉGIONAL DE FOIX. 343
G" Catégorie. — Expositions collectives faites par des administrations publiques, les sociétés et
comices agricoles et liortico'es.
Prohiits divers. — Mi'daillex d'or, MM. Théron de Moritauf,'6, panr ses plantes alimentaires,
légumineuses et t'ourragères; Louis Monlaut. à Mirande ((jers). pour' ses vins; Gaiy, à Foix
(Ariè^e) pour ses planies et ari)u,>tes de f-erre. — iledai 1rs d'arycnt, MM. Ksquuol, à Mercus
(Ariège) pnur ses brandies dé vimie avfC incision et pour srs vins; '1 héron de Montaiij<é, pour
sen maïs ensilé ; Gauthier, à iManzac (Charente) pour ses eaux-dc-vie de Co^na.!-.; Mi^cnihies,
à Foix (Ariège) pour liqueur ol fruits confit,-; Bt noîi Marc, à Beaniuoul-sur-Leze (Hiute-
Garonne) pour ses toisons; Mlh de Gauban-du-Mont à Lé/.at (Arièire) pour son i.iit, ses œufs et son
beurre; M. Bertrand, à Auzat (Ar ège) pour ses fromages. — MndaUles de bronze, Mvl. Jenn
Berlaudeaud, fils à Béziers (Hérauit) pour liqueurs et sirops; Beruedo, àMeilban fLoi-el-Garonne)
pour ses haricots; Lière, h Villeiieuve-iiu-Paivage (Ari?;ge) pour ses toisons; Perrier, à baquenille
(Puy-de-Dôme) pour son fromage ; Brunet, pour ses arbres et arbustes ; Moatagm-, à Sainl-Paul-de-,
Jarrat (Ariôgcj, pour ses pommes reinette et autres.
Concours hippique.
1" Catégorie. — Race de pur sang arabe ou anglo arabe. — I" Section. — Etalons de 3 ans. —
l" prix, médaille d'or offerte par la Direction des haras, M. le maïquis de Oampaigno, à Lapey-
rouse (Haute- baronne), pour son elal ^n Banco ; '2°, médaille d'argent ofif-^rtc par la directon des
haras, M. Pouey-Nouret, à Allier (H 'Utes-Pyrénées), po r son étalon Braconnier. — '3' Section. —
Poulichec de i ans, -aillies en 1883. — 3" p.ix, m daille de bronze offerte par la direc-
tion des haras, M. Mathieu Barrère, à Hiis (Hautes Pyrénées), pour sa pouliche Miss Mandrake.
— 4' Section. — Juments de 4 ans et au-ilessus, suitées de le ir produit de l'aimée, ou snHies en
1883. — 1°'' prix, médiille d'or offerte par la dire tiou des haras, M. Dominique Duhar, à Trébons
(Hautes-Pyrenées), poir sa Jument Glorietle; 2^ mviaille d'argent offjrie par la direction des
haras, M M uhieu Barrère, à Hiis (H lu es-Pyrénées), pour sa jument Marquise d>- Jliis ; 3' méilaille
d'argent offerte par la dire tiou des haras, M. A. Se npé, do;ieur-médecin à Tarbes (H-ules-Pyré-
nées), pour sa juiuent Circé; 4*, médaille de bronze offerte par la direction d^îs haïas, M. a. de
The/.an, à Saint-Christa id (jers), pour sa jument l-'leurange ; .î" médaille de bronze offerte par
la direction des haras, M. Mathieu Barrère, à Hiis, précité, pour sa jument /m; 6°, médaille de
bronze offerte par la direction d-^s haras, M. Castain.' Courtade, à Bernac-Débat (Hantes Pyré-
nées), pour sa jument Radegonde; 1", médaille de bronze offerte par la direction des haras,
M. Félix Cazaux, à Martres de Rivière (Haute-GaronnH'), pour sa jument Asperge.
2' Catégorie. — Demi-sanar. — P° Section. — Etalons d^ 3 ans. — \^' prix médaille d'or offerte
par la direction des h^ras, M. Maurice Minlagnan,à Tarbes (Hautes-Pyrénées) pour son étalon
Chambertm; 2°, médaille d'argent oflerte par la direction des haras, M. Maurice Montat;nan, à
Tarbes (Haules-Pyrcnées) pour son étalon Cercenceau; 3", meilaiile d'argent oUéne par la direc-
lion des haïas, M. le marquis de Canipaigoo, à Lapeyrouse (Haute-Garonne), pour son éialon
lidUfon •jk", médaille de bronze ofTerie par la Direction des haras, M. A. de Gf las, directeur de
la ferme-école du Gers, pour son étalon Ijirivière; 5°, médaille de bronze offcrie jtar la direction
des haras, M. Auguste Duffau, à Horgues (Hautes-Pyrénées), pour son étalon Verdict; 6" mé laille
de bro .ze offerte par la direction des haras, M. Edouard de Morie:uix, à La Ba/ilide-de-Sérou
(Ariège), pour son étal >n Monljnie ; 7'', méda lie de iTonze offe'-te par \\ di ection des haras,
M. Dominique D diar, à fr. bons (Hautes-Pyrénées), poursuit étalon Papillon. — 1^ Sect<on. —
Etalons de 4 a is et au-dessus. — ]«' prix, médiille d'or of^'^^'Ie par la direction des haras, M. .loseph
Sicre-Tarride, à Mérens .ariège), pour son étalon Savoyard; 2", mêla lie d'ar^ ni offerte par la
direction des haras, M. Arthur Caussou, à Lavelaiiet (Ariégîl, pour sou étalon W ïmar ; 'if mé laille
d'arg-ni offerte par la direction des haras, M. Arthur Caussoi, à Lav-?lanel (.\riège), pour son
éta'on Catnpan; 4", médaille de bronze offerte par la direction des haras, M. Joseidi Sicre-Tarride,
à Mérens (Arège), pour son étilon Montagnard. — 3" Secliori. — Pouliches de 3 ans. saillies
en 18S3. — '" prix, médùlie d'or offerte par la direction des haras, M. Jean Laurens, à Rénac
(Ariège), pour sa pouliche Taquin';; 2°, médaille d'argent offerte par la direction des haras,
M. Édouird de Morteaux, à La Bastid'^-de-Sérou (Ariège), pour sa poulidie Ongt; 3°, médiille de
bronze offerte par la diraotiou des haras, M. le mirqnis de Castelhaj ic, à B^rbazau (Hautes-Pyré-
nées), pour sa pouliche Paoillonne; 4", médiille de tu-onze offerte par la direction des haras,
M. Edo lard de Morteaux, à La Bislide-de-Sérou (Ariège), pour sa pouii;he Gatafi-' ; .V, médaille
de bronze offerte par la directiou d s haras, M. Lary Fourcad^, à Vielle-Adour (Hau'es-Py énées),
pour sa pouliche Alberte. — 4" Section. — Poulinières de 4 ans et au-dessus, suitèes de leur
produit de l'ann-'e, ou saillie e 1 1883 — l"' p ix, médadle d'or offerte par la direction des haras,
M. Lary Fourcide, à Vielle-Adour (Hautes-Pyrénées), p )ur sa jument Esmeralda; 2°, médaille
d'argent offerte par la iirection des haras, M. Dominique Du^ar, à Trôtions (Hautes-Pyrénees).
pour sa jument Soureraine ; 3% médaille d'argent offerte par la dir-^ction deshiras, M. Jean-Marie
Canbern, à Beruac-Débat (Hautes-Pyr-tnées), pour sa jument Lorraine; 4% médaille de bronze
oflerle par la direction des haras, M. Bernard nuffau, à Biriiac-Uél)at (HaiilRS-°y renées), pour sa
ju lient F lava ; h', m''daille de bronze offerte par la direction les hiras, M. Jea i-Marie, Pa-calol
.\badie, à Momère- (Haale-Pyréaé 's), pour sa jument Lauralba; H". médaille de bronze off-rie par
la direction des hara;, M. Kdouard de .Moneaux, à La B isude-de-Sérou (Arièg;)i P'^^r sa jument
Colfine; 7", méda lie de bronze offerte par la direction des haras, M. François Fourcade, Espagnol,
à Montgiiliard (Hautes-Pyrénées), pour sa ju'nent Gazelle.
PRIX su^pt-fci^iEv PAIRES. — M VI. Jean-Pierre-Mouleites Sa'-'da, à MontgaiUard (Hautes-Pyrénées),
pour sa jument Zodi'inne: Pierre Eychenn'i, à Moutels (\-iège). pour sa. ]am*'.nt Miss-Ann-tte ;
Domin (lue Duhar, à l'r-ebons (Hautes-Pyrénées) po ir sa jument Cora ; l.ary Fourcade, à Vielle-
Adour (Hautes-I'yréiiées), pour sa jument Floi-ine ; Buxarat Soultn, à Sones (Haut-s-Pyrénées),
poursa jume it Victoria; Edouard de .Mort-aix, k La Basti le- h-Séro 1 (Ariège), p mr sa jument
MissEva; G ibr\^\ 'larlyaîiié, à Vaux (Hiute-Gi'-onne), poursa jument Kél'irUne; Frédéric Dera-
mond, à S lint-Paul-de-larrat (Ariîge), pour sa jument Oreste: Arthur i:aussou, à Lavelauel
(Ariège), pour sa piment Kadoura.
Prix d'ensemble. — Un objet d'art offert par la direction des haras à M. Dominique Duhar, à
Trébons (Hautes-Pyrénées).
Adrien Rigâl,
Président du Comice agri cole de Pamiers
344
BIBLIOGRAPHIE AGRICOLE.
BIBLIOGRAPHIE AGRICOLE
Les p'antes, par M. Léon Gicraruin, professeur à l'Ecole municipale Turgot, etc. — Un volume
in-i8 de 320 page«, avec 3t 7 figures dans le texte. — Librairie de G. Masson, 120, boulevard
Saint-Germain, à Paris. — Prix : 3 fr.
Les publications qui, primitivement faites pour la jeunesse, peu-
vent servir à la plupart des classes de lecteurs, deviennent de plus en
plus nombreuses. La cause principale en est dans les modifications
apportées aux méthodes d'enseignement dans lesquelles on aban-
donne volontiers les choses purement abstraites pour aborder l'expli-
Fig. 24. — Marcottage,
cation des phénomènes naturels, ainsi que les applications multiples
que les arts^ l'agriculture et l'industrie savent tirer des produits des
divers règnes de la nature. Aujourd'hui, les livres d'histoire naturelle
adoptés dans les écoles sont souvent des ouvrages dont la plupart des
cultivateurs pourraient tirer profit. Tel est le cas notamment pour
celui que J\L de Gérardin, professeur à l'Ecole municipale Turgot, à
Paris, a publié récemment sous le litre Lrs plantos.
L'auteur se garde bien de l'ambition d'avoir fait un traité de bota-
nique. Pour lui, le côté purement scientifique est passé après le côté
pratique. 11 donne bien la description des diverses parties de la plante,
BIBLIOGRAPHIE AGRICOLE,
345
mais il s'appesantit surtout sur les applications que riiomme a su
en tirer.
La division de l'ouvrage est d'ailleurs indiquée par la nature même
du sujet traité. Après les notions préliminaires sur l'organisation des
plantes, il passe successivement en revue les diverses parties : racine
£* ~-fr-
\n
"^ ù
Â(i^
Fig. 25. — Culture du thé dans les Indes anglaises.
tige, feuille, fleur, fruit, graine; quelques notions pratiques d'agri-
culture complètent l'ouvrage.
Il est des plantes dont on utilise surtout les racines; il y a des racines
alimentaires et fourragères; de la bellerave, on extrait du sucre; en
horticulture, on multiplie les racines par la bouture, la marcotte
Fig. 26. — Atelier de maltage.
(fig. 24). Sur chacun de ces points, l'auteur fournit des détails suc-
cincts, mais précis qui donnent à l'esprit des notions claires et justes.
Il en est de même en ce qui concerne la tige. Les tiges des arbres
forestiers fournissent le bois, les tiges souleri-aines de la pomme de
teiTe donnent des tubercules alimentaires, de plusieurs essences on
346 BIBLIOGRAPHIE AGRICOLE.
retire des principes utiles dans l'industrie. Ce sont là autant de points
qui donnent lieu à de.s développements d'une réelle importance.
Combien sont variées les plantes dont les feuille-i sont utiles. Les
unes donnent des feuilles alimentaires pour les hommes ou pour les
animaux ; les autres sont utiles à divers points de vue, comme le tabac^
l'indigo, le pastel, etc. L'auteur ne se borne pas aux plantes indigènes,
il nous parle aussi des plantes exotiques; il nous donne, par exemple,
des renseignements fort intéressants sur la culture du blé en Chine^
dans les Indes (fig. 25), sur la manière dont cette plante est utilisée.
Nous nous arrêterons ici, pour ne pas rendre cet article trop long.
Mais nous n'en sommes qu'à la moitié du volume; car il y a encore
les plantes dont on utilise les fruits ou les graines, et ce sont peut-être
les plus nombreuses. Les industries agricoles françaises de la fabri-
cation du vin, de la bière, de l'huile, celles de la meunerie et de la
boulangerie, sont passées en revue. Des gravures bien faites, comme
on en jugera par la fig. 26 qui représente un atelier de maltage,
accompagnent le texte, en complèent les explications. Le livre de
M. Gérardin est un livre bien fait, dont la lecture est attrayante, et
dont nous souhaitons le succès, dans l'intérêt général, non seulement
auprès des jeunes gens }>our lesquels il a été spécialement'écrit, mais
aussi auprès des cultivateurs. Henry Sagniek.
PISCICULTURE
On dit proche, depuis que nos législateurs s'occupent enfin sérieu-
sement du repeuplement de nos eaux, le rétablissement par l'admis-
nistration des ponts et chaussées, d'un ou de plusieurs établissements
de notre ancienne création piscicole à Huningue.
Nous allons, en réponse à d'amicales instances, prendre la liberté
de dire un mot d'une mesure sollicitée avec plus de bruit et d'entrain
que de réflexion et d'utilité.
N'aimant à dire son mot qu'après avoir vu sur un sujet, où, sur
Tamertume de ses souvenirs, se greffent une série de faits auxquels on
lui fait l'honneur de faire appel, l'ex-régisseur d'Huningue répondra
sans hésitation à ces patriotiques soUiciiations.
La question semblant se mûrir, on y insiste, parlons-en donc :
mais d'abord déblayons-la d'un historique lointain en parlant des
discussions auxquelles elle donna lieu.
Les lecteurs de cette feuille n'ont peut-être pas encore oublié la
courtoise polémique que soutint dans le Journal contre le si regretté
et vénéré collègue, M. de ïillancourt, le signataire du présent (numé-
ros 150 et 184, 1872; et 399, 1876).
Nous laisserons tout ce passé et les faits qui s'y rapportent pour ne
rappeler que le grand acte qui se passa entre ces dates, c'est-à-dire la
loi du 25 juillet 1875, relative à l'enseignement de la pisculture dans
les écoles d'agricultul'e; loi due uniquement à l'énergie, à la persé-
vérance fît à la compétence de cet honorable député, ami passionné
des choses utiles et sérieuses, si malheureusement enlevé le lende-
main du triomphe de son idée.
Quelques centaines de mille francs doivent être consacrés dans le
budget prochain du ministère des travaux publics à la création d'une
ou plusieurs piscifaclures, tout cela part évidemment d'un bon naturel.
PISCICULTURE. 347
Faisons grand, soit; ma's comme là l'inutile, se fondant sur un passé
datant d'hier, friserait peut-être le ridicule, garons-nous en.
Huningue a fait son œuvre, une œuvre d'initiation que, grâce à
Cosle, je mets au défi qu'on refasse mieux et plus complètement; ne
l'oublions pas. N'est-ce pas de cette œuvre dont les pisciculteurs fran-
çais ont le droit de dire : cœli narrant gloriam ! l'univers intelligent
ne la connaît-il pas aujourd hui?
Si les beaux et nombreux poissons se faisaient avec de beaux et nom-
breux projelSj plus ou moins enluminés et peints de l'école, puisque
là aussi on \eut qu'école il y ait, il y a longtemps que le mot deCoste,
si souvent critiqué par ceux dont la vie semble se passer à cherchera
entendre pousser les herbes^ c'est-à-dire le poisson à un sou la livre,
serait une vérité.
Mais comme, hélas! il y a là un petit facteur avec lequel on est
obligé de compter, le poisson lui-même, les choses ne se passent pas
tout à fait aussi acadétniquement dans la pratique de leur éducation.
Non seulement nous nions l'opportunité de cette tardive résurrec-
tion, mais même son utilité.
Encore là l'initiative privée, l'intérêt de l'industrie, car tel doit être
aussi le but final de la pisciculture : faire du poisson comme on fait
de la viande, 1 intérêt de 1 industriel fera mieux et à meilleur marché
que nous. Etat, Pourquoi ne pas s'ailresser soit au marchand d'œufs
embryonnés, aux fabricants d'alevins?
Consacrez à ces achats la dixième partie des sommes que vous allez
enfouir dans ces jolis monuments, sans parler de leurs états-majors,
que nous avons connus et que nous ne mettrons plus en ligne de
compte, puisque dans le projet, ils ne doivent plus rien coûter.
Partagez ce dixième avec l'instituteur, donnez-le à l'enseignement
de nos écoles normales, écoles dans lesquelles notre jeune, actif et
dévoué personnel du professorat agricole est là comme exprès, et tout
à point pour répandre la bonne semence.
J'ose affirmer sans hésitation que dix fois plus grands, sérieux, pra-
tiques et prochains seront les résultats.
Regardez autour de nous, et voyez comme les élevés que l'Huningue
français a répandus dans l'Europe se comportent.
Je pourrais citer les noms, mais en commençant j'ai dit que je ne
m'en tiendrais qu aux faits.
Voyez l'Allemagne avec son enseignement de la pisciculture et
l'examen du volontariat d'un an qu'elle a joint.
La Hollande avec ses. primes à l'alevin! Le Luxembourg avec son
empoissonnement par les têtes de bassin !
Après la parole dans l'enseignement, passez à l'action, joignez à la
fécondation de 1 œuf l'élève de l'alevin à son premier âge.
Mais l'œuf, où le prendre, va-t-on m'objecter ? rien de plus simple.
Saint-Genest, Gremaz, Nanteuil ne sont ils pas là, et prêts à vous en
livrer des millions si vous les leur demandez à temps en leur assurant
un écoulement certain.
N'ayant eu aucune relation et ne connaissant pas même de vue les
directeurs ou créateurs de ces établissements, je tiens à écarter de
suite une objection qu'en république suitout il faut de suite traiter au
grand jour, la qucî^tion personnelle qu'on pouri-ait mêler à cet exposé.
La calomnie, cette monnaie courante des impuissants et des mé-
348 PISCICULTURE.
chants, ne s'attaque-t-eile pas à tout, et hier encore ne la voyions-vous
pas à l'œuvre jusque dans le Parlement?
Je répète donc, achetez l'œuf si par possible vous ne pouviez le pro-
duire^ ce qui évidemment serait mieux, comme complément d'un ensei-
gnement que la loi vous fait un devoir de donner.
Attaquez par quelques essais l'empoissonnement de nos têtes de bas-
sin, comme on semble l'avoir t'ait avec quelques succès pour l'écrevisse
dans les Vosges, la Meuse, la Haute-Marne, etc.
Au pratique, au sérieux, laissez-la ces visées grandioses dont les
quinze dernières années de pisciculture impériale ont démontré la
parfaite impuissance et l'inutilité. Chabot,
Membre de la Société nationale d'agriculture.
EXPOSITION GENERALE DES PRODUITS
DE l'horticulture
Lundi 28 mai s'est terminée après huit jours d'existence l'exposition
générale des produits de l'horticulture. Jamais encore une aussi grande
accumulation de fleurs n'avait été disposée avec tant de goût, jamais
non plus des lots aussi beaux et aussi nombreux ne s'étaient trouvés
réunis. Il faut le déclarer hautement, l'exposition qui vient de prendre
fin a été la plus remarquable que Paris ait encore admirée. Aussi
combien ne devons-nous pas de remercîments à ses organisateurs
habiles et dévoués qui ont su en quelques jours réunir un nombre si
considérable de lots et les grouper avec autant d'art. Remercions donc
le président de cette exposition M. Ch. Joly et les secrétaires de la
commission MM. Verlot, Chargneraud et Delamare qui ont su pour la
première fois peut-être faire une exposition tellement remarquable
qu'elle se trouve du coup égale, sinon supérieure, à celles qui ont lieu
en Belgique ou en Angleterre. Chez nos voisins souvent l'on voit des
plantes plus fortes ou représentant des espèces plus rares, jamais l'on
ne rencontre cette harmonie du groupement et de la disposition des
plantes qui font de l'horticulture française un art véritable se perfec-
tionnant chaque jour et prenant à chaque instant par cela même une
importance plus considérable.
Comme l'a dit M. le ministre de ragricufture lui-même au banquet
qu'il a bien voulu présider à la Société d'horticulture, l'art horticole
prend un tel développement qu'il a su s'élever à la hauteur d'une
science en même temps qu'il est devenu une industrie importante qui
chaque jour va en augmentant ; la beauté, la valeur sans cesse croissante
de nos expositions le prouvent d'une façon à Jout moment plus nette.
Le Pavillon de la ville qui, quelques jours avant l'ouverture du
concours horticole, avait abrité une exposition industrielle, avait été en
un clin d'œil transformé en un magnifique jardin dont les murs dis-
paraissaient totalement sous le feuillage abondant des gros lots de
palmiers, fougères arborescentes et cycadées. Plusieurs de ces groupes
se faisaient remarquer par la correction des individus présen es qui
les plaçaient tous sur un pied d'égalité presque complète. Néanmoins
le jury s'est prononcé en faveur de M. Chantin qui avait su réunir la
plus grande collection d'individus en forts exemplaires. 11 lui a accordé
le grand prix d'honneur, tout en réservant cependant un second prix
d'honneur à la maison Saison-Lierval qui toujours se distingue par la*
belle et intelligente culture de ses plantes.
EXPOSITION GÉNÉRALE D'HORTICULTURE. 349
Les lots qui, par ordre de mérite, viennent après ceux que nous
venons de citer, étaient encore fort remarquables, et, dans une exposi-
tion moins fournie en plantes que ne l'a été celle-ci, ils n'eussent pas
manqué que d'attirer l'attention du jury. Parmi eux il convient de
citer ceux fournis par M. Savoye et Delavier à qui sont échues les
médailles d'or et d'argent.
Sans nous arrêter longuement aux immenses massifs de rhododen-
drons et d'azalés fleuris qui ne manquaient cependant pas que de
charmer le public par la fraîcheur et la diversité de leur coloris et
parmi lesquels l'on remarquait ceux présentés par M. Croux et Moser
disons quelques mots des orchidées nombreuses disposées en deux
grandes corbeilles. Comme toujours, ces plantes n'ont pas manqué
que d'attirer l'attention du visiteur. Quoi de plus remarquable et de
plus bizarre en effet que ces fleurs aux couleurs si diverses et si douces
de ton, aux formes étranges et aux odeurs souvent si pénétrantes? La
culture de ces plantes gagne rapidement à mesure qu'on la connaît
mieux ; au début elle était comme entourée de mystère et considérée
comme ne pouvant se faire qu'à la température de la serre chaude.
Bon nombre de nos plus intéressantes orchidées sont aujourd'hui
cultivées en serres tercpérées ou même en serres froides oii elles résis-
tent parfaitement. Ce sont d'ailleurs des plantes souvent peu exigeantes
dont la floraison dure des mois entiers; il n'est donc pas étonnant de
voir la marche ascensionnelle que suit la culture de ces plantes inté-
ressantes à tant de points de vue différents.
Un bien remarquable lot de Caladium aux feuilles de toutes les cou-
leurs avait été présenté par M. Bleu à qui il a valu une médaille d'or
bien dignement méritée. Personne ne cultive les Caladium comme
M. Bleu, et l'on est bien sûr quand il se présente dans un concours
que c'est à lui forcément que reviendra la plus haute récompense pour
ce genre de plantes.
Quelques plantes nouvelles attiraient l'attention des connaisseurs ;
c'étaient celles rapportées par M. Ed. André de ses nombreux voyages.
Parmi celles-ci une des plus remarquables est le Tillendsia Lindeni
tricolor, une broméliacée aux formes exiguës, mais portant de longues
inflorescences composées de bractées d'un rose vif, pressées les unes
contre les autres dans l'ordre distique et à l'aisselle desquelles sortent
de grandes fleurs d'un beau violet foncé. C'est une plante d'unegrande
beauté qui se répandra rapidement. Deux autres broméliacées intéres-
santes à signaler, le Paya gigas et le f^. pastensis, plantes capables
de prendre un très grand développement et de devenir presque des
arbres.
Le président de la Société d'horticulture, M. Lavallée, avait envoyé
trois plants de vigne du Soudan qui avaient été cultivées en serres
chaudes. Il est intéressant de prendre note de ces essais culturaux
afin de se rappeler que ces vignes ne pourront jamais résister à notre
climat et qu'il serait bien inutile d'en tenter la culture en grand.
Revenant aux plantes courantes, signalons les massifs de plantes
annuelles présentés 1 un par la maison Vilmorin, l'autre par M. Leca-
ron; les deux fort bien cultivés et très élégamment groupés ont été ré-
compensés, l'un par la médaille d'honneur, l'autre parla n)édailled'or.
Enfin citons encore un lot de clématites du Japon, envoyé par
M. Christen, qui est sans contredit le plus considérable que l'on ait
350 EXPOSITION GÉNÉRALE D'HORTIGULTQRE.
encore vu dans aucune exposition. Il est très remarquable de consta-
ter combien la bonne culture et les semis intelligemmsnt conduits
ont donné de variétés diverses, toutes plus belles les unes que les
autres, et passant par les nuances les plus diverses.
Les roses tenaient une grande place cette année, et les énormes cor-
beilles de M. Ch. Verdier, qui ont eu un prix d'honneur, et de
MM. Margoltin et Levêque, embaumaient l'air par leur senteur, en
même temps qu'ils charmaient la vue par leur élégance.
Passant aux cultures d'utilité, il faut porter en tête les vignes por-
tant de superbes raisins mûrs, de M. Margottin, puis les' lots d'as-
perges de M. Lhérault, et la grande quantité de légumes divers exposés
par les maraîchers de la Seine, réunis en Société.
En somme, il faut le constater, les expositions horticoles prennent
chaque jour plus d'importance à Paris, grâce aux hommes dévoués
placés à la tête de la Société d'horticulture, dont le dévouement à la
cause horticole ne se dément pas un seul instant. J. Dybowskt,
chargé des conférences horticoles à l'école de Grignon
CONCOURS RÉGIONAL DE SIDI-BEL-ABBÈS EN 1883. — IV
V. Machines et instruments agricoles. — Si nous n'avions en vue que la des-
cription des machines et instruments que nous avons eu l'occasion d'examiner en
détails ces jours-ci, nous aurions pu passer sous silence cette partie de notre
compte rendu, sentant bien que les lecteurs du Journal de Vagriculture sont très
au courant de tout ce qui les intéresse et les concerne, peu de fermes en France
n'étant aujourd'hui pourvues d'un matériel complet et perfectionné choisi parmi
ceux qui conviennent le mieux à chaque région.
Mais nous avons eu devant nous des efforts tellement importants, et cette expo-
sition était si belle, que nous manquerions à tous nos devoirs en ne la signalant
pas d'une façon tonte particulière, mis à part notre désir de relever quelques par-
ticularités et d'inscrire les observations que nous a suggérées l'étude que nous
en avons faite.
Les instruments d'agriculture occupaient au concours de Bsl-Abbès une super-
ficie d'un hectare environ, et se faisaient remarquer aussi bien par le nombre et
la variété, que par la quahté de chacun d'eux; car l'on y admirait une douzaine de
moissonneuses, 14 batteuses mues par la vapeur ainsi qu'un très grand nombre
de machines et objets des plus perfectionnés, tels que faucheuses, batteuses à
manège, une grande quantité de pompes, de pressoirs, de filtres, de charrues
pour tous les usages.
Nous ne saurions oublier de citer notamment quelques grandes maisons habi-
tuées à de réels succès chaque fois qu'il s'agit de ces luttes toutes pacifiques, de
regretter de ne plus voir quelques-unes d'entre elles qui nous avaient vivement
intéressés les années précédentes, comme la maison Aultmann et Gie, et de con-
stater avec peine que quelques autres n'ont pu arriver à temps suivant leurs
promesses.
C'est ainsi que l'on a tout d'abord admiré l'exposition de M. Billiard d'Alger,
une des plus complètes du concours, avec ses laucheuses Wood et Favorite, le
cultivateur Goleman, les herses diverses, de nombreux instruments* de la maison
Pilter que chacun de nous a pu apprécier et qu'il est inutile de rappeler en détail,
la moissonneuse-lieuse de Wood, les batteuses Garrett, plusieurs numéros de
pompes, de charrues, de pressoirs, d'alambics, de fihres, l'excellent et économique
porteur Decauville, dont féloge n'est plus à faire. M. Billiard est un des plus
anciens intermédiaires des Algériens et des constructeurs de la Métropole, aussi la
délégation de la Société d'encouragement à l'agriculture de Paris a-t-elle reconnu
ses efforts persévérants en lui accordant une médaille d'or, indépendamment des
six prix qu'ont obtenus ses instruments soumis aux expériences du jury.
Il en est de même de M. Plissonnier fils de Lyon qui ne présentait pas moins
de 69 numéros comprenant batteuses, locomobiles, faucheuses, moissonneuses
indispensable et heuse, charrues, pompes, moulin, pressoirs, et qui a remporté
8 prix dans les essais faits par la Commission.
CONCOURS RÉGIONAL DE SIDI-BEL-ABBÊS. 351
Il nous faudrait mentionner tous les exposants en raison de leurs raériles réels,
aussi est-ce à regret que nous nous bornons, faute de place, à citer les parties
suivantes que le public nous a plus particulièrement signalées : les instiuments
vinicoles justement appréciés, de M. "Vigouroux qui a remporté 2 médailles d'or et
1 d'argent; les charrues et scarificateurs de M. Bergougnoux de Bel-Abbès qui a
obtenu 4 prix; la machine à battre à vapeur de Al. Breloux de Nevers; le pressoir
à parallélogramme universel de M. Champion à Tours; les trieurs de M. Glert à
Niort; les charrues et la noria Letellier de M. Eichatter à Bel-Abbès; les pres-
soirs Mabille frères, à Amboise; l'ébullioscope Malligand; les charrues Mougeot
de Bel-Abbès; les ventilateurs et barattes de M. Mure à Lyon; les pompes Noël
de Paris; le pressoir Piiiuet de Sartrouville ; les trieurs, hache-paille et pressoirs
de M. Presson à Bourges; les filtres llouhette de Paris; les batteuses à vapeur
Ruslon-Proctor; les machines de la Société française de Vierzon dont une loco-
mobile recouverte toute en cuivre extérieurement, essai qui, nous le craignons,
ofrira bien des difficultés; les charrues de M. Souron des Trembles; les herses,
faucheuse Albion, moissonneuse Buckcye, locoraobile Marshal, batteuse, et mois-
sonneuse-lieuse à la ficelle de MM. TiiioUier d'Alger.
Dans cette énumération, on vient de le voir, la part qui revient aux construc-
teurs de la colonie est grande et on ne saurait trop les féliciter d'être entrés réso-
lument dans cette voie.
Nous remarquons, en effet, que 19 exposants de cette division, sur 50, appar-
tiennent exclusivement à l'industrie algérienne. Cette proportion un peu plus
faible que celle relevée au concours de Constantinel'année dernière, est la raêine
que celle qui a été constatée à Alger en 1881, et nous ne comptons pas dans ce
nombre MM. Billiard et ThioUier considérés cependant comme Algériens.-
Ces 19 exposants ont apporté 86 instruments, tous appliqués aux besoins les
plus urgents des cultures de la colonie, et, en général, construits parmi ceux qui
n'exigent pas les complications et les frais des grandes manufactures; aussi ne
les avons-nous vu prendre part qu'aux expériences des instruments d'extérieur de
ferme ou ils ont remporté le tiers des prix accordés.
Ces essais que nous allons rappeler sommairement ont porté sur des machines
et instruments désignés au programme ministériel de telle sorte qu'ils ont été
certainement peu utiles pour notre contrée.
Nous devons en tirer cet enseignement pour l'avenir que ces expériences n'of-
friront un caractère sérieux que tout autant que les intéressés de la circonscription
du concours, et notamment la Société d'agriculture de l'endroit, auront indiqué
les instruments à essayer; dans le cas contraire on court le risque de perdre
l'intérêt qui doit s'attacher à ces épreuves, et même de faire des essais sans résul-
tat, comme cela a eu lieu ici où le programme comprenait les faucheuses, alors
que nous n'avons pas de prairies, et où l'on avait omis de porter les batteuses,
moissonneuses, semoirs, toutes machines très bien appropriées aux besoins agri-
coles de cette région, ainsi que les machines à élever l'eau d'une grande profon-
deur qui sont indispensables dans bien des endroits où il faut aller chercher ce
précieux élément à 30 et 40 mètres.
Les délégués des associations agricoles, les membres du jury et les exposants
sont bien appelés, pendant le concours, à proposer des modifications qu'il convient
d'apporter à l'an été ministériel de l'année suivante; mais cette réunion ne peut
accorder les avantages que nous réclamons, car à ce moment, le lieu de la pro-
chaine expoation n'étaut pas encore connu, on ne peut que suivre les errements
du passé et formuler des propositions par à peu près.
La nature même de notre demande tendrait à donner à ces essais un véritable
caractère régional, local, c'est-à-dire le plus utile de tous, avec cette pensée tou-
tefois que l'Etat procéderait ensuite à d'importants concours spéciaux, comme il
le fait en France, à des époques bien choisies pour faire ces essais confiés aux
personnes les plus compétentes de la colonie entière, ayant à leur disposition le
temps nécessaire et tout ce qu'il faut pour faire une étude comparée des plus
complètes.
Nous croyons sérieusement que cette manière d'agir aurait le triple avantage
de favoriser l'industrie locale de la constraction d'instruments, de donner satis-
faction à ceux qui désirent surtout avoir pour juge le public et la clientèle de
crainte d'une erreur qui devient ensuite très préjudiciable à leurs intérêts, de ne
pas négliger pour cela les encouragements dus aux perlejtionnements, mais de
leur donner tout au contraire une importance considérable soit par la valeur des
352 CONCOURS RÉGIONAL DE SIDI BEL-ABBÉS.
prix accordés, soit par la nature même des expériences spéciales auxquelles on les
soumettrait.
Les essais de Bel-Abbès ont donné lieu aux quelques remarques suivantes que
nous devons à l'obligeance de MM. Lavenne et Fabriès et que nous abrégeons le
plus possible pour ne pas trop dépasser les limites de cette notice. Parmi les
instruments d'extérieur de ferme le premier prix a été décerné à M. Billiard pour
sa faucheuse « Favorite » à engrenages renfermés, instrument d'une grande
simplicité qui se recommande par le peu de traction nécessaire, la régularité du
travail et la légèreté, 276 kilog.; vient ensuite la faucheuse « Diamant » de
M. Plissonnier, à deux chevaux, dont l'engrenage indépendant, la scie glissière
et les doigts en fonte malléable constituent une bonne amélioration On obtient
également un bon travail de la faucheuse « Paragon » du même constructeur,
qui est légère et exige peu de traction.
La charrue sans avant-train de M. Bergougnoux de Bel-Abbès, l" prix, a pro-
duit un défoncement moyen de 0'".32 dans un terrain à sous-aol de tuf, dur, avec
10 chevaux et mulets; elle est très facile à conduire par les mancherons; la charrue
de M. Billiard destinée au défoncemeot pour plantation de vignes, n" 18t du cata-
logue, présente comme avantage un Ijec de canne double en acier se démontant
très facilement, le soc ayant 0"'.39 de largeur; la profondeur moyenne du labour a
été de 0"'.35 avec 12 chevaux. Dans les conditions à peu près semblables la défon-
ceuse Mougeot a atteint 0'".30 avec 8 bêtes, celle de M. Sourou 0™.26 avec 10 bêtes,
celle enfin de M. Plissonnier en fer et acier, 0'".27 avec une traction de 8 bêtes.
Le scarificateur de M. Plissonnier à 7 dents triangulaires fait un travail, très
bon comme labour d'été, de l'".25 de largeur sur 0™. 12 de profondeur avec 8 bêtes ;
celui de M. Bergougnoux donne l'".30 de largeur, G™. 10 de profondeur, et celui
de M. Billiard, 1"M0 de largeur sur û"M4 de profondeur avec le même nombre
d'animaux.
La herse pour grande culture de M. Michel de Bourbon-Lancy, à dents aciérées,
fait un très bon travail; il en est de même de celle de M. ThioUier, n" 585, à
articulations qui, avec 3 bêtes, prend 1">.80 de largeur, et de celles de MM. Bil-
liard, n" 83, Bergougnoux, n" 63 et Plissonnier n" 472, qui ont été jugées bien
construites.
Le rouleau brise-mottes, n" 527, de M. Plissonnier, prend l'".85 de largeur
avec 3 bêtes ; son prix de 240 francs le met à la portée de tous les agriculteurs ;
le n" 176 à M. Billiard fait un travail de 1".65 de largeur avec 4 bêtes, ses disques
de 0^.70 de diamètre développent très bien dans les terrains légers; le n" 64 à
M. Bergougnoux fait 1"'.30 de travail sous une traction de 3 bêtes, ses disques
n'ont que 0'".60 de diamètre, son prix est de 400 francs; le n" 404 à M. Michel
donne 1™.60 de large avec 4 bêtes.
Les instruments d'intérieur de ferme soumis à des essais particuliers étaient
également au nombre de 5 séries que nous allons examiner successivement.
Il existait au concours un très grand nombre de pressoirs, mais 7 seulement
sont entrés en lutte comme remplissant les conditions suivantes requises par le
programme : diamètre de la cage 1 mètre, hauteur de la charge dans la maie O'^.ôS,
diamètre minimum de la vis 0"'.08. La matière à presser, uniformément préparée
à l'avance, pesait pour chacun 200 kilog., le temps accordé au maximum étant
de 1 kilog. avec faculté d'arrêter l'expérience au moment jugé convenable par
l'exposant.
Le pressoir de M. Piquet, n" 456, dont la maie, indépendante du reste de l'in-
strument, est rendue étanche par l'interposition de lames de caoutchouc entre ses
joints, a sa vis prise par 2 moises, double tourillons pouvant se remplacer; trois
dents seulement sont prises par les engrenages, les clavettes en dessous sont mues
par des ressorts; son bras de levier est de 1"'.80; le graissage de l'instrument est
facile ; la course de l'opérateur, qui agit en allant et en venant, très courte. Cet
appareil a donné 35''. 500 de liquide en 30 minutes.
Le n" 379 à M. Mabille, est à clavette taillée en biseau sans ressort, et levier
multiple sans engrenage avec excentrique; les 2 clavettes marchent d'un demi trou,
le levier est court, l'opérateur ne se déplace pas, car l'on serre en allant et en
venant; 38''. 600 de liquide ont été obtenus en 41 minutes.
Le n" 602 à M. Vigouroux n'a pas d'engrenage; on peut fonctionner même avec
la couronne cassée, la maie peut être resserrée; le bras de levier a 4'". 30; il a
donné 34''.500 de liquide en 39 minutes.
Le pressoir Champion possède à peu près le même système de clavettes que
CONCOURS RÉGIONAL DE SIDI-BEL-ARBÈS. 353
celui de M. Mabille; l'effort est symétrique; 4 clavettes agissent et diminuent la
course; la vis est mobile, le levier a 2 mètres de longueur, il n'existe pas d'en-
grenage; 30^.700 de liquide en 30 minutes.
Le pressoir Mabille n" 373 offre cette différence avec celui que nous avons décrit
plus haut de la même maison que l'excentrique est remplacé par des engrenages-
il a produit 43 kdog. de liquide en 41 minutes.
Le pressoir Presson, qui possède 2 clavettes et dont le bras de levier est de
2 mètres de long, a rendu 30 kilog. de liquide en 39 minutes. Celui de M. Plis-
sonnier, ayant 2 clavettes que l'on peut changer pour faire varier la vitesse, a
un levier de 2'". 30, une course peu étendue- Résultat : 34^200 en 44 minutes.
On peut donc dire que tous ces instruments sont dans de très bonnes conditions.
Pour les pompes à vin, le liquide était élevé à 3'". 70, et le récipient à remplir
offrait une capacité de 604 litres. Les résultats obtenus sont, en général, très satis-
faisants, aussi nous bornons-nous à quelques détails seulement.
La pompe, n" 610, à M. Vigouroux se distingue par un bon guidage, une visite
facile de l'instrument, 4 boulets en caoutchouc contenus dans la même boîte à
soupape formant clapets; durée de l'expérience 6 minutes 1 seconde. — le n" 488 à
M. Plissonnier, double engrenage, piston en cuivre, centre de gravité bas, visite
facile, amis 4 m. 58 s. — M. Beaume a présenté les n'" suivants : n" 21, levier
oscillant, pompe verticale, durée de l'expérience 4 m. 56 s. ; n" 27, piston à segment'
4 boulets en caoutchouc dans la même boîte, mouvement avec pignon et crémail-
lère, 6 m. 27 s.; n" 24 comme la précédente pour la construction, la crémaillère
étant remplacée par un villebrequin, 4 m. 29 s. ; n" 34 pompe à rotation, aspirant
dans les 2 sens à connexion directe, 5 m. 08 s.; n^SO, rotation à palettes, pompe
étancho parle fond, 7 m. 30 s. — La pompe n" 437 à M. Noël, dont le centre de
gravité est très bas, et le démontage moins facile, a mis 5 m. 33 s.
Deux filtres à vin seulement étaient en présence ; celui de M. Vigouroux, dont le
démontage a demandé 30 s., le montage 5 m. qui filtre rapidement, donne d'excel-
lents résultats, une netteté parfaite du liquide, un écoulement à peu près constant
quelle que soit la pression, la cuve n'étant pas toujours en charge : surface filtrant
6'".50, liquide filtré en 2 heures, 91 kilog.; rapport par mètre carré de surface
filtrante 14.6; et celui deM. Rouhette, montage J m., démontage 4 m., écoulement
du liquide régulier, mais avec une pression constante, résultat excellent aussi,
3". 70 de surface filtrante, 72 kilog. de liquide obtenu, 19''.5 par mètre carré de
surface filtrante.
Pour les appareils propres au nettoyage des graines, aucun prix n'a été décerné.
Quant aux hache-paille à grand travail, 200 kilog. de paille ont été coupés à
2 centimètres de longueur en 4 m. par l'appareil à 3 lames, débrayage facile, de
M. Plissonnier ; en 7 m. par celui de M. Billiard, système Pilter à 3 couteaux à arrêt
instantané et mouvement de recul; en 16 m. par celui de M. Presson. Ces 3 instru-
ments sont, en outre, faciles à faire fonctionner.
On nous a dit que les colons avaient fait peu d'acquisitions de machines au
concours et que par suite les constructeurs, qui s'étaient donné beaucoup de
peine, partaient un peu désappointés. Nous croyons cependant que cette opinion
est celle du début de l'exposition et que vers la fin, au contraire, il s'est traité
quelques bonnes affaires, la pluie étant venu donner un peu de courage aux inté-
ressés, car il ne faut pas oublier que nous venons de traverser trois mauvaises années
et que les Sociétés de crédit, qui précédemment avaient fortement encouragé les
cultivateurs à user de leurs ressources, les ont depuis quelque temps complète-
ment et brusquement arrêtés dans cette voie.
Quoi qu'il en soit, nous sommes convaincu que tous ces efforts ne seront pas
perdus etque les constructeurs de machines ont jeté leurs semences dans un excel-
lent terrain, s'étant adressés à une population travailleuse, ardente au progrès et
qui, dans notre seul arrondissement, possède déjà une vingtaine de batte'uses à
grand travail mues par la vapeur.
Au moment où en France chaque exploitation est pourvue de tous les meilleurs
instruments, l'Algérie doit "être pour eux un champ d'action des plus importants,
car ici presque tout est encore à faire sous ce rapport, et le moment est peu
éloigné où les cultivateurs de la colonie, voyant leurs terres s'épuiser et la main-
d'œuvre devenir rare, s'adresseront à la mécanique pour obtenir les bonnes pra-
tiques agricoles et le plus économiquement possible.
^ De leur côté les constructeurs doivent par tous les moyens en leur pouvoir,
s'ils ne veulent pas compromettre cet avenir, n'employer que d'excellents maté-
354 CONCOURS REGIONAL DE SIDI-BEL-ABBÈS.
riaux pouvant résister aux grandes variations de la température de ce pays, et
s'eflorcer d'introduire dans la colonie de bons mécaniciens, ces deux causes ayant
jusqu'ici ralenti l'introduction des machines perfectionnées dans une région où
la population est cependant très portée à les utiliser.
{La suite prochainement). L. Bastide,
Président du Comice de Sidi-Bel-Abbès
SITUATION AGUIGOLE DANS LA DORDOGNE
Saint-Jean-d'Ataux, \:> mai 1883.
En avril, nous avons eu 13 jours de beau ciel et 17 de temps plus ou moins
couvert, ayant fourni : 7jours de pluie (13, 19, 23, 24, 27, 29, 30); 2 de brouillard
(2 et 4) ; 9 de rosée (3, 5, 15, 16, 17, 18, 20, 21, 22); 3 de gelée blanche
(12, 14, 25). Dms cette période, il est tombé millimètres 79,75 d'eau; l'averse la
plus considérable, celle du 27, a donné 0'"'".35. La température la plus élevée,
+ 24 degrés centigrades a été observée les 2 et 26 ; la plus basse, — 1, le 14 ;
la moyenne générale du mois a été de + 1 1",85. La pression barométrique la
plus forte, 755.70, s'est produite les 16, 17, 22; la plus faible, 733.15, le.s
26, 27, 28; la pression moyenne a été de 747,35. Le vent a soufflé 8 jours du
nord, 4 du nord-est, 3 de l'est, 1 du sud-est, 1 du sud, 2 du sud-ouest, 5 de
l'ouest et 6 du nord-est.
Les jours relativement beaux que nous a donnés la première quinzaine d'avril
ont été mis à profit par les cultivateurs pour semer des pommes de terre et prépa-
rer les terres à maïs; mais ce travail, loin d'être terminé, a été interrompu par les
pluies presque incessantes de la dernière quinzaine d'avril et des premiers jours de
mai. Par s-uite de ce mauvais temps, les autres travaux sont aussi en souffrance,
les vignes ne sont pas bêchées, les terres à tabac n'ont reçu ni fumiers ni labours;
ij en est de même de celles qui sont destinées aux maïs et aux haricots ; quel
sera le résultat de ce retard désastreux? Une mauvaise récolte sans doute.
Les céréales de toute nature, seigle, blé, avoine, présentent le plus triste aspect,
elles sont comme frappées d'anémie ; ie sol sursaturé d'eau ne s'étant pas réchauffé
à temps, le tallage n'a pu s'effectuer ; encore ici des déceptions faciles à prévoir.
La vigne est très en retard pour la même cause.
Les prairies naturelles, farouchs et jarosses, ont belle apparence, et si rien ne
vient arrêter leur essor, elles donneront un bon rendement.
Tous les arbres à fruits, sauf les pommiers, sur lesquels on ne peut encore se
prononcer, ne donneront qu'un chétif produit. E. de Lentilhac.
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE
Séance du 30 mai 1883. — Présidence de M. Dumas.
M. Ayraud, correspondant de la Société, vétérinaire et agriculteur,
écrit pour sa candidature à une place de membre associé national dans
la Section d'économie des animaux.
M. Ducos de Lahaille, à l'île d'Oleron (Charente-Inférieure), adresse
deux mémoires sur les meilleurs moyens de retenir à la campagne les
ouvriers agricoles, et sur les déboucliés commerciaux à ouvrir à
l'agriculture française.
M. Nadault de Buifon, conseiller honoraire, envoie une notice sur
ror[)lielinat agricole auquel a été donné le nom de son père, ancien
membre de la Société.
M. Rogy adresse une note sur les divers modèles de charrues-til-
bury qu'il se propose d'importer en France.
M. Pierre Pont présente une petite machine à battre les faulx et une
notice sur l'emploi de cette machine.
M. Le Bian fait hommage de la nouvelle édition, qu'il vient de pu-
blier, de sa brochure sur la culture des panais fourragers.
M. de Retz fait une communication relative à la marche des éduca-
tions des vers à soie, qui se poursuivent dans des conditions clima-
SOCIETE NATIONALE D AGRIGULTQRE DE. FRANCE. 355
tériques favorables, de telle sorte qu'on pourrait espérer une bonne
récolte de cocons si la feuille des mûriers ne faisait pas défaut, les
vers ayant marché plus vite que le développement de la feuille. Le
prix de la feuille est actuellement de 10 fr. par 100 kilog., et il est à
craindre qu'il s'élève, comme l'an dernier, à des taux beaucoup plus
élevés.
M. Prillieux, rappelant les faits qu'il a sii^nalés en 1882, relative-
ment à une maladie qui attaque les sainfoins, fait connaître le fait
curieux d'une pièce qui a parfaitement réussi et qui a présenté une
végétation superbe, au milieu de pièces presque détruites. M. de Gas-
parin fait remarquer qu'il serait important de savoir si cette pièce
n'est pas établie sur un terrain moins fatigué par la répétition de cette
culture que les terres voisines.
M. Dumas demande à la Société de s'associer à la protestation éma-
nant de la Société d'agriculture de l'Hérault (voir la chronique de ce
numéro), relativement aux attaques dirigées contre les travaux et les
découvertes de M. Pasteur; il fait ressortir éloquemment les services
qu'a rendus M. Pasteur à l'agriculture et à l'industrie. Cette proposi-
tion est acceptée par acclamation. — Après avoir remercié la Société,
M. Pasteur fait connaître le résultat d'expériences récemment prati-
quées en Allemagne sur la vaccination de bœufs et de moutons contre
le charbon, et qui ont eu un succès complet.
M. Bouley présente, de la part de M. Gagny, vétérinaire à Senlis
(Oise), une étude sur l'emploi de la ligature élastique dans l'amputa-
tion de la queue sur les animaux domestiques. — Renvoi à la Section
d'économie des animaux. Henry Sagnier.
SITUATION AGRICOLE DANS LOT-ET-GARONxNE
Les travaux d'art exécutés dans le but de rétrécir le lit de notre fleuve portent
aujourd'hui leurs fruits : la Garonne ayant opéré presque pendant tout l'hiver de
petites sorties qui, certainement n'eussent pas eu lieu si le fleuve eut conservé
son état normal d'autrefois, toutes les céréales de la basse plaine sont détruites
ou très gravement compromises.
Les chaleurs excessives inopinément survenues fatiguent beaucoup notre bétail
et nous sommes obligés de labourer presqu'autant la nuit que le jour.
L'hiver qui a été très pluvieux n'aura pas provoqué une bien grande abon-
dance de foin.
La vigne nous montre déjà un nombre de grappes très satisfaisant; mais le
mildew qui a presque tout compromis, l'année dernière, nous préoccupe autant
et même peut-être davantage que le phylloxéra, dont la marche ijuoique effrayante
dans nos coteaux paraît presque stationnaire dans nos alluvions.
Les abricots et les pêches sont très rares, la prune est tarée et tombe en grande
quantité. Les cerisiers, guigniers, etc., dont la floraison a été contrariée par des
pluies presque permanentes, n'ont conservé qu'à peu près la moitié de leurs fruits.
A. Leyrisson.
REVUE COMERGIALE ET PRIX COURiNT DES DENRÉES AGRICOLES
(2 JUIN 1883).
I. — Silualion générale.
Sauf en ce qui concerne les foires au bétail, la plupart des marchés agricoles
présentent beaucoup de calme.. II y a peu d'affaires pour la plupart des denrées.
II. — Les grains et les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par quintal métrique,
sur les principaux marchés de la France et de l'étranger :
356
REVUE COMMERCIALE ET PRIX GOURANT
1" RÉGION. — NORD-OITEST.
Blé. Seigle. Orge.
fr. fr. fr.
Calvados. Condé 24.75 20.00 19 50
— Caen 24.50 » »
6ôl.-du-Nord. Lannion.. 24 00 » i7.75
— Tréguier, 23.25 20.50 17.75
Finistère. MorMx 24.50 » 17.00
— Quiroper 24.00 17. oo 17.25
lile-et-Vilaine.'Rer\nes.. 24.50 » 16.00
— Fougères.., 24.25 » »
Manches. Avranches... 25.00 xp 19.75
— Pontorson.... 26.00 » 19.50
— Villedieu 26.50 21.50 20.50
Mayenne. Laja.\ 25.00 » 17.20
— Mayenne 25.75 i> 19.00
A/or6t/ian. Hennebont.. 27.25 16.50 »
Orne. Alençon 25.25 17.75 20.00
— Montagne 24.50 15.50 19.25
Sari/ve. Le Mans 26.00 15.25 16.00
— Sablé . 25.50 » 17.00
Prix moyens 25. Oi 18.00 18.23
2 RÉGION. — NORD.
Aisne. Soissons 23.65 ^ »
— Saint-Quentin... 24.00 » »
— Villers-Cotterets. 23.00 15.75 19.00
Eure. Bernay 23.25 » 20.75
— Damville 23.70 » »
— Pacy 23 25 14.50 17.75
Eure-et-Loir. Chartres.. 25.00 16. 00 19.00
— Auneau 24 25 15.50 19.00
— Nogent-le-Rotrou. 24.00 » 18.00
Nord. Cambrai 24.50 » »
— Douai 23.75 16.25 19.50
— Lille 26.00 16.65 16.80
Oise. Beauvais 22.00 14.00 16.25
— fompiègne 22.50 15.75 18.00
— Senlis 22.50 15.50 »
Pas-de-Calais. Ams... 25.50 17.00 19.50
— Sa.ni-Omer 24.25 i7.50 »
Seine. Paris 25.25 16 50 19.00
S.-et-Mar. Me-dux 23.50 » 18.00
— Meiun 25.50 15.50 19.00
— Dammartin 22.00 15.50 17.50
S.-ct-Oise. Dourdan 24.75 16.70 »
— Angerville 23.00 16.25 18.00
— Versailles 23.75 16.00 19.50
Seine-Inférieure. Rouan. 24.60 15.75 19.85
— Dieppe 23.50 » 18.75
— Fécamp 24.00 15.00 19.00
Somme. Montdidier.... 21.50 15.00 17.50
— DouUens 23.85 15.20 19.00
— Roye 23.00 15.40 17.50
Prix moyens 23.73 15.75 18.51
3* RÉGION. — NORD. EST.
Ardennes. Charle ville.. 24.00 16.75 19.00
— Sedan 23.75 17.25 20.00
.4ube. Bar-sur-Aube 22.75 15.50 17.50
— Méry-sur-Seine... 22.80 15.50 17.25
— Troyes 23.75 16.00 17.50
A/arne. Chalons 23.25 17.15 17.50
— Epernay 24.00 15.50 18. 50
— Sézanne 23. OC 15.25 17.50
Hte-Marne. Bourbonne. 22.50 » »
Meurtke-et-Mos. Nancy. 23.25 18.50 17.50
— Pont-à-Mousson.., 23.75 17.75 18.00
— Lunéville 24.00 » >'
Meuse. Bar-le-Duc 23.75 16 80 16.75
— Verdun 23.50 16.00 16.50
Haute-Saône. Gray ; 22.50 16.25 »
Vosges. Mirecourt 23.65 » »
— Epinal 23.50 17.50 17.00
— Rambervilliers... . 23.50 » »
Prix moyens 23.40 16.55 17.73
4" RÉGION. — OUEST.
Charente. Angouléme... 25.00 18.2» »
— RulTec 24.85 18.00 18.75
C/irtr.-/n/t;r. La Rochelle 24.50- » 17.00
Oeitx-Si!vres. Niort 24.25 » 17.50
Indre-et- Loire. Biéré 24.00 15.25 20.50
— Tours 25.75 » 18.00
toii-e-M/'. Nantes 25.20 » »
M.-cl-Loire. Saumur 25 60 16.50 17. .10
— Angers 23.75 15.50 20.25
Vendée. LnQon 24.25 » 18. 00
' — Fonteiiav-le-Comte 24.00 » 18. 00
Vienne, Châtéllerault.. . 24.50 16.00 18.75
— Poitiers 24.75 17.25 18.50
Haute-Vienne. Lin^oges.. 25.50 17.00 »
Prix moyens 24.71 16.99 18.43
AYoine.
fr.
20.00
18.50
18.75
17.00
16.75
19. 50
20.50
20.2»
21.75
24.25
19.00
20.00
21.25
20.50
22.50
21.25
20.36
19.50
19 25
19.25
48.50
18.25
18.25
19.50
20.25
15.25
16.50
17.00
19.00
16.25
17.00
18.75
17.50
!8.75
18.16
18.75
18.50
18.50
18.00
19.00
20.25
19.85
19.65
21.00
17. 2d
17.00
18.00
17.00
19.00
13.69
5* RÉGION. — CENTRE.
Blé. Seigle.
fr. fr.
Allier. Monlluçon 24.25 15.50
— Saint-Pourçain... 25.00 17.00
— Gannat 24.25 »
Cher. Bourges 23.00 14.50
— Graçay 25.00 16.50
— Vierzon 24.85 16. 00
Creuse. Aubusson 24.00 16.25
/ndre. Chateauroux 24.50 15.00
— Issoudun 23.85 14.75
— Valençay 24.00 16.50
Loiret. Orléans 24.00 16.25
— Patay 23.50 15. ou
— Gien 23.75 15.25
L.-et-C/ier-. Blois 24.00 15.75
— Montoire 23.75 »
Meure. Nevers 23.75 »
— La Charité 24.00 »
Fonne. Brienon 24.00 16.00
— Saint-Florentin... 24.00 14.50
— Sens 25.00 »
Prix moyens 24.12 15.98
6* RÉGION. — EST.
yltn. Bourg 24.50 »
— Pont-de-Vaui.... 24.75 16.25
Co/e-d'Or. Dijon 22.00 15.50
— Beaune 23.25 »
Z)om6s. Besançon 23.15 »
Isère. Grenoble 25.25 16.50
— Bourgoin 24.75 14.75
Jura. Dole 22.00 15.75
Loire. Roanne 24.50 i4 80
P.-de-OôîTie. Clermont.F. 25.50 15.75
Rhône. Lyon 25.15 14.25
Saône-et- Loire. Autun.. 22.50 15.50
— Chalon 25.00 16.85
ioDote. Chambéry 26.75 20.00
Hte-Savoie. AnnecY 25.00 »
Prix moyens 24.34 15.99
7" RÉGION. — SUD-OUEST
Ariège. Foix 25.00 17.75
— Pamiers 24.75 17.00
Dordogne. Bergerac... 26 00 18.25
i/^e-Garojine. Toulouse. 24.80 18.50
— St-Gaudens 25.20 18.25
Gers. Condom 26.25 »
— Eauze 27.50 »
— Mirande 26.00 »
Gironde. Bordeaux 26.50 »
— La Reole 26.00 17.25
Landes. Dax 27.00 19.80
Z,oi-ci-Garonne. Agen... 26.25 19. «0
— Nérac 28.00 »
B.-Pyrénées. Rayonne. #26.25 18.00
//<es-Pj/rénces. Tarbes.. 26.50 17.85
Prix moyens 26.13 18.16
8* RÉGION. — SUD.
Aude. Castelnaudary... 26.80 18.75
— Carcassonne 27.00 »
>4iiei/ron. Villefranche.. 25.20 13.50
Con<a^ Mauriac 25.35 21.85
Cofrèze. Luberzac 25.75 18.50
Hérault. Montpellier... 27.00 »
— Cette 27.50 »
Lof. Cahors 26.50 17.25
Lozère. Mende 24.70 18.65
Pi/rénées-Or. Perpignan. 27.70 25.00
Tarn. Lavaur 26.00 »
Tarn-et-rîar. MonlauDan 26.25 17.00
Prix moyens 26.31 19.44
9" RÉGION. — SUD-EST.
Basses-Alpes. Manosque 28.50 »
//au<es-.4/pes. Briançon. 27.15 17.00
ylipes-Afaria'mes. Cannes 26.50 17.25
ylrdèc/ie. Privas 26.35 15.40
B.-du-Rhône. Arles 27.00 »
Drome.Valer.ee 24.75 16.50
Gord. Alais 26.50 »
Haute-Loire. Le Puy... 25.20 17.25
Kor. Draguignan 26.25 »
Fauciitse. Carpentras... 26.30 18.75
Prix moyens 26.45 17.52
Moy. de toute la France 24.91 17.15
— de la semaine précéd. 24.94 16.98
Sur la semainejHausse. » 0.17
précédente.. (Baisse.. O.OJ »
fr.
18.75
17.00
18.75
19.00
20.25
17.50
18.50
19.00
18 00
19.50
21.25
19.50
16.25
16.50
AToioe.
fr.
19.50
19.00
18.75
19.00
17.00
13.50
18.00
17.00
18L25
16.75
19.75
19.50
18.25
20.70
19.00
16.50
18.75
19.50
13.50
13.55 18.54
20
.25
20
00
18
00
18
50
17
50
18
00
19
50
17
00
)
20
50
16
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20
17
75
13
25
18
50
19
50
18
25
»
18
00
20
25
»
16
50
>
19
50
»
21
00
»
19
50
18.03 19.14
»
20
00
»
20
50
18.50
20
25
19.20
20
50
19.00
21
00
»
20
50
»
21
00
»
20
50
»
»
»
»
18.25
20
50
»
20
25
18.50
18
00
»
18
25
18.69 20.10
20
00
19
00
20
25
20
00
)
17
75
»
22
65
18
25
18
50
17
75
19
00
19
00
19
50
17
50
18
50
18
65
17
70
20
00
18
40
»
20
50
19
50
20
25
18.38 19. 31
»
23.00
18.00
19.25
17.85
18.50
17.15
19.60
17.40
19.00
»
17.75
18.00
18.50
18.25
20.00
18.50
18.25
19.50
18.00
18.08
19.18
18.35
19.12
18.09
19.01
0.26 0.11
DES DENRÉES AGRICOLES (2 JUIN 1883). 357
Blé. Seigle. Orge. AToinc
fr. fr. fr. fr.
, . ., j bic fendre... 25.00
Algérie. '^'K^'"! blé dur 24.50 » 10.00 15.50
Angleterre. Londres 25.00 . 19.25 20.00
Belgique. Anvers 2i.25 18.00 17.00 17.75
_ Bruxelles 25.50 17. .^0
— Liège 24 75 18. .SO 20. .50 18.00
— Namur 23.00 17.00 20.00 15.50
Pays-Bas. Amsterdam..". 24.75 17.20
Luxembourr). Luxembourg 24.25 » « 18.25
Alsace-Lorraine. Strasbourg 25.25 17.75 17.25 17.75
— Mulhouse 23.2.T 17.00 » 17.00
— Colmar 24. RO 18.50 18 00 16.50
Allemagne. Berlin 24.85 18.60
— Cologne . 26.25 18.75
— Hambourg 23.85 18.35 » »
Suisse. Genève 26 50 » » 20.50
— Berne » » « »
Italie. Turin 27.40 21.25 » 18.50
Espagne. Valladolid 24.25 » » »
Autriche. Vienne 20.85 15.25 16.50 14 50
Hongrie. Budapeslh 21.75 15 75 16.80 14.00
Russie. Saint-Pétersbourg.. 22.20 15.50 » 13.00
Etats-Unis. New-York 23. 90 » • »
Blés. — La semaine qui vient de s'écouler a été très favorable aux récoltes en
terre. Les blés, surtout dans les terres fortes, commençaient à souffrir de la séche-
resse; ils jaunissaient. Des pluies assez abondantes et chaudes sont tombées dans
la plupart des régions ; elles ont rendu de l'humidité au sol, et la végétation a
repris une nouvelle vigueur. Quoique les blés de printemps, nombreux celte année,
se soient développés avec lenteur, on peut compter actuellement d'une manière
presque générale, sur une bonne récolte. Quant aux transactions sur les marchés
agricoles, elles sont actuellement presque nulles. Dans la plupart des pays
étrangers, la situation est la même. — A la halle de Paris, le mercredi
30 mai, les affaires ont été calmes ; il y a eu peu de ventes, et les prix sont sou-
tenus avec peine. On cotait de 24 à 26 fr. 50 par 100 kilog. suivant les qualités,
ou en moyenne 25 fr. 25. — Au marché des blés à livrer, on payait : courant du
mois, 26 à 26 fr. 25; juin 26 fr. 25 à 26 fr. 50; juUet-août, 26 fr._75 à 27 fr.;
quatre derniers mois, 27 fr. 50 à 27 fr. 75. — Au Havre, les prix des blés
d'Amérique se fixent de 26 fr. à 27 fr. 50 par ICO kilog. suivant les sortes. ^-
A Marseille, les prix sont bien soutenus pour toutes les sortes ; les arrivages de
la semaine ont été de 53,000 quintaux ; le stock est actuellement de 87,000 quin-
taux. On cote par 100 kilog., Red-winter, 28 fr. 25; Irka, 26 à 56 fr. 25;
Pologne, 26 fr. 50 ; Êessarabie, 25 fr. 50 à 26 fr. ; Azima, 24 fr. 50 à 25 fr. ;
Irka Danube, 23 fr. 50. — A Londres, les importations de blés étrangers ont été
de 283,000 quintaux depuis huit jours ; les affaires sont calmes, avec des prix
en baisse. Les prix se fixent de 23 fr. 90 à 26 fr. 10 par 100 kilog., suivant les
qualités et les provenances.
Farines. — Les ventes sont peu importantes, et les prix sont faiblement tenus.
On vend à Paris les farines de consommation : marque de Gorbeil, 59 fr, ; mar-
ques de choix, 59 à 61 fr. ; premières marques, 57 à 58 fr. ; bonnes marques,
56 à 57 fr.; sortes ordinaires, 53 à 55 fr. ; le tout par sac de 159 kilog. toile à
rendre ou 157 kilog. net, ce qui correspond aux prix extrêmes de 33 fr. 75 à
38 fr. 85 par 100 kilog., ou en moyenne 36 fr. 30, avec une baisse de 65 centimes
depuis huit jours. — Pour les farines de spéculation, elles étaient cotées à Paris
le mercredi 30 mai au soir : farines neuf -marques, courant du mois, 57 fr. 25 à
57 fr. 50; juin, 57 fr. 75 ; juillet etaoiàt, 58 fr. 75; quatre derniers mois, 59 fr. 75 ;
le tout par sac de 159 kilog., toile perdue ou 157 kilog. net. — Les prix des
farines de gruau sont fixés de 46 à 57 fr. par 1 00 kilog. ; ceux des farines deuxièmes,
de 26 à 32 fr.
Seigles. — Les nouvelles de la récolte sont toujours assez contradictoires. On
cote à la halle de Paris, 16 fr. 50 par 100 kilog. Les prix des farines se main-
tiennent de 24 à 26 fr, suivant les sortes.
Orges. — Il y a très peu d'affaires. On vend à la halle de Paris, de J8 à 20 fr,
par 100 kilog. suivant les sortes. Les escourgeons se payent de 17 fr. 75 à 18 fr.
— A Londres, très peu d'affaires, avec des prix soutenus de 18 à 20 fr. 50 par
100 kilog
Avoines. — La fermeté que nous signalions précédemment continue. Les prix
sont en hausse, à la halle de Paris ; de 19 fr. 50 à 22 fr. 25 par 100 kilog. sui-
358 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT
vant les sortes. — A Londres, les importations d'avoines étrangères ont été de
66,000 quintaux depuis huit jours; les cours sont faibles, de 18 fr. 50 à 21 fr. 55
par 100 kilog. suivant les sortes.
Sarrasin. — Les cours présentant beaucoup de fermeté. On paye à la halle de
Paris 18 fr. 50 à 19 fr. par 100 kilog. pour les sarrasins de Bretagne.
Maïs — Peu de changements dans les prix. On paye, au Havre, de 16 fr. 50 à
17 fr. par 100 kilog., pour les maïs d'Amérique.
Issues. — Les affaires sont calmes et les prix demeurent sans variations.
III. — Fruits et légumes.
Fruits. — On vend à la halle de Paris : cerises communes, le kilog., 1 fr. 30
à 1 fr, 60 fraises de châssis, le pot, 0 fr. 15 à 0 fr. 70.
Gros légumes. — Dernier cours de la halle : asperges aux petits pois, la hotte,
0 fr. 25 à 2 fr.; communes, la botte, 1 fr, à 10 fr.; carottes nouvelles, les
100 bottes, 50 à 100 fr.; d'hiver, l'hectolitre, 5 à 10 fr.; de chevaux, les 100
Ijottes, 14 à 23 fr.; choux nouveaux, le cent, 5 à 14 fr.; communs, le cent,
5 à 18 fr.; haricots verts, le kilog., 0 fr. 90 à 2fr. 50; navets nouveaux, les 100
bottes, 50 à 90 fr.; l'hectolitre, 5 à 6 fr.; oignons nouveaux, les 100 bottes,
20 à 40 fr.; en grain, l'hectolitre, 10 à 15 fr.; panais communs, les 100 bottes,
12 à 20 fr.; poireaux communs, les 100 bottes, 15 à 45 fr.; poiverts, le kilog.,
U Ir. 40 à 0 fr. 60.
Pommes de terre. — Nouvelles, le panier, 6 à 10 fr.; hollande communes,
l'hectolitre, 20 à 22 fr.; le quintal, 28 fr. 57 à 31 fr. 42; jaunes communes,
l'hectolitre, 10 à 11 fr., le quintal, 14 fr. 28 à 15 £r. 71.
IV. — Vins, spiritueux, vinaigres, cidres.
Vins. — Les travaux de binage se poursuivent avec activité dans les vignes ; les
pluies survenues à la fm de la dernière semaine ont été très favorables à la végé-
tation. Les raisins sont bien sortis; ils sont abondants dans la plupart des vignes.
S'il ne survient pas de la coulure au moment de la floraison, il y aura beaucoup
de grappes, et les viticulteurs pourront compter enfin sur une récolte abondante.
C'est principalement dans la région du centre que cette situation se dessine avec
netteté. — Le commerce est toujours dans le calme; il y a peu de transactions,
et pour les diverses sortes de vins, les prix accusent de la fermeté. Les vins nou-
veaux se sont presque partout beaucoup améliorés.
Spiritueux. — Il y a eu pendant la semaine dernière un mouvement d'affaires
assez prononcé sur les alcools du Nord; il en est résulté que les prix se sont
relevés avec assez de fermeté. Quant au Midi, les affaires sont toujours calmes,
avec maintien des anciens prix. On cote à Nîmes, par hectolitre : 3/6 bon goût,
100 fr.; marc, 95 fr.; — Béziers, 3/6 bon goût, 103 fr.; marc, 95 fr.; — Pézenas,
3/6 bon goût, 102 fr. ; marc, 94 fr.; — à Lille, on cote : alcool de betteraves,
52 fr. 50; de grains, 50 fr. 50; de mélasses, 50 fr.; — à Paris : 3/6 betteraves,
r'« qualité 90 degrés, disponible, 50 fr. 25; juin, 51 fr. 25; juillet et août, 52 fr.;
quatre derniers mois, 51 fr. 75 à 52 fr. — Le stock était, au 30 mai, de 20,425
pipes, contre 15,750 en 1882.
Raisins secs. — Il a toujours une demande active, et les prix sont en hausse
dans le Midi. . On cote à Marseille par 100 kilog. : Corinthe, 55 à 56 fr.; Thyra,
49 à 50 fr. ; Beyrouth, 48 à 50 fr.; Samos noirs, 52 fr. 50 à 53 fr.; Alexandrette,
52 fr.; Vourlas rouges, 48 fr.
V. — Sucres. — Mélasses. — Fécules. — Glucoses, — Amidons. — Houblons.
Sucres, — Les transactions sont assez lentes, avec des prix soutenus avec peine.
On cote suivant les marchés : à Paris, sucres bruts 88 degrés saccharimétriques,
54 fr. 25; les 99 degrés, 61 fr. 75; sucres blancs, 61 fr. 75 à 62 fr. ; à Saint-
Quentin, sucres bruts, 53 fr. 50 à 53 fr. 75 ; sucres blancs, 61 fr. 50 ; à Lille,
sucs bruts, 53 fr. 25; à Valcnciennes, sucres bruts, 53 à 52 fr. 75. Le stock de
l'entrepôt réel des sucres était, le 30 mai, à Paris, de 611,000 sacs, avec une
diminution de 22,000 sacs depuis huit jours. — Les sucres raffinés ont des prix
plus fermes, de 106 à 107 fr. par 100 kilog. à la consommation, et de 65 fr. 50
à 68 fr. pour l'exportation. Dans les ports, transactions calmes sur les sucres
coloniaux.
Mélasses, — On cote à Paris : mélasses de fabrique, 1 1 fr. ; par 100 kilog. ; de
raffinerie, 12 fr.
Fécules, — Prix sans changements. On cote à Paris 40 à 40 fr. 50 pour les
fécules premières du rayon; à Gompiègne 40 fr. pour celles de l'Oise.
DES DENRÉES AGRICOLES (2 JUIN 1883). 359
Houblons. — Les houLlonnières ont toujours Jionne apparence. Quant au com-
merce des houblons, il présente le plus grand calme.
VI. — Uwile.s et graines oléagineuses. — Tourteaux.
Huiles. — Il y a- peu d'affaires depuis huit jours sur les huiles de graines,
sans changements sensibles dans les prix. On paye à Paris : huile de colza en tout
fûts, 102 fr. 25; en tonnes, 104 fr. 25; épurée en tonnes, 112 fr. 25; huile de
lin en tous fùLs, 56 fr.; en tonnes, 58 fr. — Dans le Midi, transactions calmes sur
les huiles d'olive.
Tourteaux. — On cote à Marseille par 100 kilog. : tourteaux do lin, 17 fr. 50;
arachides en cor|ue, lo fr. 25; décortiquée, 14 fr. 50; sésame blanc du Lovant,
14 fr. ; coprah, 12 fr. 50 ; œillette, 12 fr. 50; colza du Danube, 13 fr. 25 : coton
d'Egypte, 12 fr. 25; palmiste naturel, 10 fr. 50; ricin, 10 fr. ôO; ravison,
II fr. 25. — A Rouen, on cote : tourteau de sésame, 15 fr. ; de lin, 19 fr. 50.
VII. — Matières résineuses, textiles.
Matières résineuses. — C'est encore de la baisse que nous avons à signaler.
A Dax, on cote 6h fr. par 100 kilog. ponr l'essence pure de térébenthine.
Laines. — Quoique les acheteurs soient assez difficiles pour Ls transactions,
les ventes sont importantes, mais les prix sont assez faibles. Dans l'Aisne, les
bonnes laines en suint valent 2 fr. 40 par kilog.; les sortes ordinaires, 2 fr. à
2 fr, 20 ; -^ dans la Beauce, on cote 1 fr. 90 à 2 fr. 20 suivant les sortes. En
Champagne, on ne signale encore que peu de transactions aux cours de 2 à 2 fr. 05
par kilog. en suint. Bans la Brie, on cote les laines mères 1 fr. 95 à 2 fr. 05. —
L abstention des acheteurs paraît calculée pour obtenir encore un nouveau mou-
vement de baisse lorsque la tonte sera achevée et que les offres seront plus abon-
dantes.
VIII. — Suifs et corps gras.
Suifs. — Les affaires sont lentes, et les prix en baisse. On cote à Paris, 100 fr.
par 100 kilog. pour les suifs purs de l'abat de la boucherie; 75 fr. pour les suiis
en branches.
Cuirs et peaux. — Les ventes sont calmes, avec des prix soutenus.
IX. — Beurres. — Œufs. — Fromages.
Beurres. — Il a été vendu, pendant la semaine, à la halle de Paris, 192,410
kilog. de beurres. Au dernier marché, on payait par kilog. ; en demi-kilog.,
2 fr. 20 à 4 fr. 02; petits beurres, 1 fr. 66 à 2 fr. 64; Cournay, 2 fr. 40 à 3 fr. 7^5 ;
Isigny, 2 fr. 20 à 6 fr. 60.
Œufs. — Il a été vendu, depuis huit jours, à la halle de Paris, 3,689,170 œufs.
On cotait par mille : choix, 87 à 105 fr. ; ordinaires, 56 à 75 fr.; petits, 48 à 54 fr.
Fromages. — On vend à la halle de Paris, par douzaine : Brie, 4 fr. 50 à 14 fr. 50 ;
Montlhéry, 15 fr. ; par cent, Mont-Dor, 14 à 2ô fr.; Neufcbâtel, 3 fr. 50 à 1^ fr. 50 ;
divers, 4 à 68 fr.
X. — Chevaux, bétail, viande.
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement officiel du marché aux bes-
tiaux de la Villette, du jeudi 24 au mardi 29 mai-:
Poids Prix du kilog. d : viainie nette sur
Vendus moyen pied au marche du 23 mai.
Pour Pour En k quartiers, l""' 2"' 3= Pris
Amenés. Paris, l'extérieur, lot.ilité. kil. quai. quai. quai. moyen.
Bœufs 4,114 >J » 4,046 352 1.88 1.74 1.48 1.67
Vaclies ... 1,146 » » 1,119 234 1.76 1.56 1.38 1.55
Taureaux 342 » « 333 3S6 1.62 150 1.3.S 1.50
Veaux 4,3tO )> » 3,884 72 2 26 2.10 1.74 2.03
Moulons...... 31,213 » » 30,236 l'J 2.14 1.98 1.78. 1.89
Porcs gras 6,797 » « 6,559 SI 1.48 1.42 1.36 1.41
— maigres. » » •- » » .. » » »
Si les affaires ont été assez calmes depuis huit jours, les ventes se font facile-
ment pour les diverses catégories d'animaux ; les prix accusent beaucoup de fer-
meté, sauf pour les veaux. — Sur les marchés des départements, on cote : Selany
bœuf, 1 fr. 60 à 1 fr. tO par kilog. de viande nette sur pied; veau, 1 fr. 40 à
1 fr. 8û; mouton, 1 fr. 50 à 2 fr. 30; porc, 1 fr. 50 à 1 fr. 90; viande salée,
1 fr. 80 à 2 fr.20; Nancy, bœufs morts, 95 à 99 fr. par 100 kilog.; vaches,
70 à 95 fr.; veaux, 120 à 130 fr.; moutons, 110 à 125 fr.; porcs, 70 à 76 fr. ; —
Bourgoin, bœufs, 66 à 76 fr. ; vaches, 58 à 68 fr.; veaux, 92 à 102 fr. ; mou-
tons, 90 à 98 fr.; porcs, 86 à 90 fr.; — Le Puij, bœuf, 0 fr. 85 par kilog. sur
360 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT (2 JUIN 1883).
pied; vaches, 0 fr. 60; veau, 1 fr.; moutons, 0 i'r. 95; — Genève, hœuïs, I fr. 60
à 1 fr. 90; veau (poids vif), 1 fr. à i fr. 15 ; mouton, 1 fr. &0 à2 fr.; porc, 1 fr. 40
à 1 50.
A Londres, les importations d'animaux étrangers, durant la semaine dernière
se sont composées de 2'»,)25 têtes, dont 752 bœufs de New- York, — Prix du
kilog. : Bœuf, qualité inférieure, 1 fr. 64 à 1 fr. 75; 2% 1 fr. 75 à 1 fr. 93 ; V, '
l fr. 93 à 2 fr. 05. — Veau, 2% 2 fr. 10 à 2 fr. 28; 1'% 2 fr. 28 à 2 fr. 40, —
Mouton : qualité inférieure, 1 fr. 75 à 1 fr. 93; 2% 1 fr. 93 à 2 fr. 10; 1% 2 fr. 22
à 2 fr. 34. — Agneau : 2 fr. 63 à 3 fr. 10. — Porc : 2% 1 fr. 52 à 1 fr. 64 ; 1%
1 fr. 64 à 1 fr. 7 5.
Viande à la criée. — Il a été vendu à la halle de Paris du 23 au 27 mai :
Prix du kilog. le 28 mai.
kilog. 1" quai. 2" quai. 3* quai. Choix. Basse Boucherie.
•Bœuf ou vache... 128,637 1.68 à2. 14 1.46 à 1.66 0.90 à 1.44 1.56 à 3.40 0.20 à 1.40
Veau 18(;,499 1.86 2.30 1.54 1.84 1.14 1..52 1.40 2.50 .
Mouton 52,9.b9 1.58 1.94 1.36 1.56 1.00 1.34 1.60 2.40 »
Porc 30,058 Porc frais 1.26àl.52; salé,
398,153 Soit par jour 79,631 kilog.
Les ventes ont été inférieures de 8,000 kilog. par jour à celles de la semaine
précédente. Pour toutes les sortes, les cours accusent beaucoup de fermeté.
XI. — Cours de la viande à Vabattoir de la Villelte du 30 mat (par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Yillette par 50 kilog. : l" qualité*
83 à 85 fr. ; 2% 75 à 80 fr. ; poids vifs, 48 à 58 fr.
Bœufs. Veaux. Moutons.
1" 2" 3* 1" 2' 3* i" 2" 3*
quai. quai. quai. q: al. quai. quai. quai. quai. quai.
fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr.
88 83 78 112 100 95 95 89 82
XII. — Marché aux bestiaux de la Yillette du jeudi 30 mai 1883.
Cours des commissionnaires
Poids Cours officiels. en bestiaux.
Animaux général. 1" 2" 3' Prix 1" 2' '3' Prix
amenés. Invendus. kil. quai. quai. quai, extrêmes. quai. quai. quaJ. extrêmes.
Bœufs 2.372 213 370 »,88 1.76 1.54 t.45àl.92 1.86 1.72 1.50 1.45àt.90
Vaches 537 5I 232 1.76 1.58 1 40 1.34 1.82 1.72 1.54 1.40 1.30 1.80
Taureaux... 122 3 385 1.64 1.50 1.40 1.34 1.68 l . 60 1.50 1.40 1.30 1.64
Veaux 1.272 114 78 2.20 2.04 1.70 1.50 2.40 » » » »
Moutons 15 702 196 19 2.16 2.0411 80 1.68 2.20 » » » »
Porcs gras.. 4 191 " 82 1.60 1.54 1.48 1^30 1.64 » » »
-. maigres.. » » »»» »'h» » >»*
Vente assez active sur toutes les espèces.
XIII. — Résumé.
Pour la plupart des denrées, les prix sont demeurés sans variations sensibles
depuis huit jours. A. Remy.
BULLETIN FINANCIER
Les nouvelles du Tonkiu et les alarmes jetées par quelques baissiers n'ont pas
d'influence sérieuse sur la Bourse ; nous retrouvons les principales valeurs, et
notamment les fonds publics, à des taux plus élevés que ceux de la semaine
précédente.
On cote les fonds d'Etat français : 3 pour 100, 80 fr. 15 ; — 3 pour 100 amor-
tissable, 81 fr. 60; — 4 et demi pour 100, 110 fr. 65 ; — 5 pour 100, 109 fr. 40.
Les principales institutions de crédit ont des cours bien soutenus. La Banque
de France clôture 5,425 fr.; le Crédit foncier à 1,345 fr. ; le Comptoir d'escompte,
à 980 fr.; la Banque de Paris, à 1,075 fr.; le Crédit lyonnais, à 567 fr. 50; la
Société générale, à 541 fr. 25 ; la Société des dépôts et comptes courants, à 573 fr. 75.
Les affaires sont plus difficiles sur les titres de la Compagnie parisienne du gaz,
qui valent 1,365 fr. — Hausse active sur les actions du canal de Suez qui valent
1,515 fr.; les délégations restent à 1,305 fr.; le canal de Panama, à 487 fr. 50.
Maintien des cours des actions des chemins de fer. Elles valent : Nord,
1,925 fr.; Orléans, 1,235 fr. ; Ouest, 770 fr.; Paris-Lyon-Méditerranée, 1,465 fr,;
Est, 715 fr.; Midi, 1,150 fr.
Le 5 pour 100 italien atteint la cote do 93 fr. E. Féron.
Le gérant, A. Bouché.
CHRONIQUE AGRICOLE
(9 JUIN 1883).
Revue des premiers concours régionaux de l'année. — Les expositions annexes. — Les concours
hippiques — Inconvénients delà suppression des concours spéciaux de machines. — Les progrès
à réaliser. — Election de M. Triana comme membre étranger de la Société nationale d'agri-
culture. — Date de la séance publique annuelle de la Société. — Treizième liste de la sous-
scription ouverte pour élever un monument à Léonce de Lavergne. — Nécrologie. — M. Haraot.
— Promotion de M. Boucard comme officier de la Légion d'honneur. — Concours pour la nomi-
nation de six professeurs départementaux d'agriculture. — Le phylloxéra. — Nouvelle répar-
tition du service des délégués régionaux. — Le commerce des vins. — Vœu du Comice de Moa-
tauban. — Les ensemencements de betteraves. — Récompenses décernées par le Comice de
Saint-Quentin. — Les canons en soie. — Police sanitaire des animaux. — Arrêté relatif à la
désinfection des locaux déclarés infectés. — Arrêté sur la désinfection du matériel employé au
transport des animaux. — Les vaccinations charbonneuses. — Expériences de M. Rossignol sur
la transmission de l'immunité de la mère au fœtus. — (Concours pour la nomination d'un vété-
rinaire départemental de la Seine. — Incendie des ateliers de la maison Decker et Mot.
I. — Les concours régionaux.
Les deux tiers des concours régionaux de 1883 sont maintenant
terminés, savoir ceux d'Amiens, Bourg, Foix, Vannes, Digne, Blois,
Rochefort, Troyes; il ne reste plus que ceux de Caen et d'Aurillac
qui auront lieu en juin, de Mende qui se tiendra en septembre, et de
Nice qui se fera en novembre. Le succès des huit solennités achevées
a été très divers. Les expositions de bétail les plus remarquables ont
été celles de Rochefort et de Vannes ; d'après les déclarations et les pré-
visions, on peut admettre que Caen leur disputera la palme. C'est dire
que, dans les régions où le commerce du bétail et des produits animaux
est le plus développé, se trouve aussi aujourd'hui l'agriculture la plus
riche. Dans les autres concours, il régnait une honnête médiocrité; le
public agricole eût même complètement fait défaut dans certains, si, à
un jour donné, n'étaient venus quelques ministres qui ont attiré la
foule. Dans plusieurs concours, les municipalités ont fait des fêtes,
mais elles en ont placé si singulièrement les dates que c'est après la
fermeture des concours agricoles qu'on s'.occupera de fêter l'agriculture ;
à ces réjouissances posthumes, l'agriculture sera absente. Partout,
ainsi que cela avait été réglé sous le ministère de M. de Mahy, des
expositions hippiques ont eu lieu à côté des concours régionaux ; nous
pourrions dire : presque partout, à côté et en dehors. Ce n'est pas tout
à fait ce qui avait été promis. Les visiteurs devaient souvent payer deux
fois, notamment à Rochefort, à Blois. De là, impossibilité d'aller et de
venir à volonté d'un concours à l'autre, comme si les chevaux ne
faisaient pas partie des animaux domestiques des fermes. Nous n'avons
jamais rien vu de semblable ni en Angleterre, ni en Belgique, ni dans
aucun autre pays où il y a des solennités agricoles. C'est tout à fait
à tort que le monde hippique, on pourrait dire aristocratique, tend à
faire chez nous bande à part dans les choses agricoles. Si nous com-
prenons que les haras dirigent les concours hippiques, nous n'admettons
pas que ce soit une raison suffisante pour qu'il y ait séparation. Il
faudrait entente, conciliation, fusion. Nous savons bien que ce sont les
municipalités qui prélèvent les droits d'entrée dans les concours
régionaux; mais un accord préalable devrait fiiire établir une seule
enceinte, lorsque ce serait possible, ou bien des distributions de billets
qui serviraient à tous les concours, lorsque la disposition des lieux
ne permettrait pas de tout réunir. Nous avons entendu des plaintes
générales sur l'organisation adoptée, et ce nous est un devoir de les
signaler, dans le vif désir de voir le succès le plus complet dans tous
N° 739. — Tome II de 1883. — 9 Juin
362 CHRONIQUE AGRICOLE (9 JQIN 1883).
nos concours régionaux, et tout aussi bien dans la partie hippique que
dans la partie plus essentiellement agricole.
Des observations sont faites également en ce qui concerne les expo-
sitions d'instruments. Les agriculteurs d'abord, les constructeurs
eiisuite, regrettent presque unanimement la disparition des concours
spéciaux et des essais, qui n'ont été conservés que dans un petit
Dombre de solennités régionales.. De là, uoe diminution dans les ventes
faites par les constructeurs, et une certaine indifTérence delà part des
agriculieiirs qui se figurent que, puisque le gouvernement ne t'ait plus
d^ expériences publiques, il faut en conclure que rien de nouveau n'est
à examiner en fait de machinerie agricole. Nous avons la conviction
que l'administration de l'agriculture prêtera une oreille bienveillante
k ces observations. Des progrès considérables sont encore à faire dans
l'outillage agricole; les inventions mécaniques sont loin d'avoir .'it leur
dernier mot. Il faut ouvrir le marché aux nouveaux venus, exciter
l'émulation, et faire que les anciens triomphateurs ne s'endorment pas
dans leurs succès passés. On peut connaître combien les concours sont
utiles, à voir l'ardeur que mettent de 1res anciennes maisons à lutter
dans les très rares concours encore ouverts. Exciter à aller en avant,
empêcher de rester sur place, tel est le rôle qui appartient, selon nous,
à ceux qui sont appelés à diriger l'agriculture. Ici encore il est juste de
dire que ne pas faire, de progrès, c'est reculer,
II. — Eleclun à la Société natiotiale d'agriculture.
Dans sa séance du 6 juin, la Société nationale d'agriculture a pro-
cédé, ainsi que nous l'avons annoncé, à l'élection d'un membre associé
étranger dans la Section hors cadre. M. J. Triana, consul général des
Etats-Unis de Colombie, a été élu par 49 voix, sur 50 suffrages. Depuis
de longues années, M. Triana est connu par des travaux de bot inique
d'une grande importance; on lui doit des recherches précieuses sur les
plantes utiles de l'Amérique centrale, et notamment uq^p raouograpliie
complète des arbres à quinquina.
La séance publique annuelle de la Société se tiendra le mercredi
27 juin, sous la présidence de M. Méline, ministre de l'agriculture.
III. — Souscription pour élever un mmumcnl à Léonce de. Lavergne.
Voici la treizième liste de la souscription ouverte pour élever un
monument à Léonce de Lavergne :
Fr.
Report de la liste précédente 9,9l0 50
Conseil général du d^parteineat de La Creuse 1 ,000 00
MM. Fayolle, sénateur président du Conseil généralde la Creuse.. f)0 00
Desraigne. (Charles) , ancien député ,^0 08
Riscal (marquis de), à Madrid 100 00
Nicolas, inspecteur de ragricullure en Algérie 10 00
Société d'agriculture du Gard (Comice de Nîmes) 2.5 09
M. Gausse (Louis), président de la Société d'agriculture du Gard. 20 09
Total , 11,165 50
Nous rappelons à nos lecteurs qu'il peuvent envoyer leurs sous-
criptions à M. Henry Sagnier, secrétaire du Comité, aux bureaux du
Journal de lAgricuUure.
IV. — Nécrologie.
Nous avons le regret d'annoncer la mort de M. JeanLoiiis-Frédérie
Hamot, agriculteur au Mesnil-le-Roi (Seine-et-Oise), décédé récemment
CHRONIQUE AGRICOLE {9 JUIN 1883). a63
à l'âge de soixante-sept ans. M. HamoL était un des agriculteurs les
plus distingués du rayon de Paris; il avait obtenu de brillants succès
dans l'élevage et l'engraissement du bétail. Il était chevalier de la Légion
d honneur.
Y, — Dêcûratcons pour services rendus à l'agriculture.
A l'occasion dti concours régional de Blois, et sur la proposition de-
M. le ministre de l'agriculture, un décret en date du 2 juin a promu au
grade d'officier de la Légion d'honneur, M. Henri-François Boucard,
conservateur des forêts à Tours. M. Boucard est un des fonctionnaires
les plus distingués de l'administration des forôls; par ses conseils,
par les mesures qu'il a su prendre, il a puissamment contribué à aider
les agriculteurs de la Sologne à reconstituer leurs bois, dont une grande'
partie avait été détruite par l'action désastreuse de l'hiver de 1879-80^
VI. — Concours pour six chaires départementales d^ agriculture.
Le Journal officiel annonce que, en exécution de la loi du 1(i juin
1879 et du décret du 9 juin 1880 sur l'enseignement départemental et
communal de l'agriculture, des concours seront ouverts, dans le cou-
rant du mois de septembre 1883, pour la nomination de professeurs
d'agriculture dans les six départements suivants : Ardèche,h Privas; —
Loire, à Saint-Etienne ; — Lot, à Cahors ; — Mayenne, à Laval ; —
Meuse, à Bar-le-Duc; — Saône-et- Loire, à Maçon. — La date précise
de l'ouverturede chacun de ces concours sera ultérieurement indiquée.
Les candidats devront être âgés de vingt-cinq ans au moins. Ils
adresseront leur demande au ministre de l'agriculture par l'intermé-
diaire du préfet de leur département, avant le l^' août, délai de rigueur.
Cette demande sera écrite sur papier timbré ; elle sera accompagnée des
pièces suivantes : 1" Acte de naissance du candidat; 2" extrait du
casier judiciaire ; 3° un certificat attestant que le candidat est libéré
du service de l'armée active; 4° s'il y a lieu, un certificat attestant
que le candidat possède la qualité de Français ou qu'il est naturalisé
Français. — Les candidats devront, en outre, faire connaître, dans une
note, leurs titres scientifiques, les ouvrages qu'ils auraient publiés,
ainsi que les travaux auxquels ils se sont ()articulièrement livrés. Les
titres et diplômes seront jomts à la demande, ainsi que deux exemplaires
des travaux imprimés. Dans le cas oii un candidat aurait l'intention de
se présenter à plusieurs concours, il devra faire, pour chacun d'eux,
une de:nande distincte accorap;ignée des pièces réglementaires oi-
dessus indiquées ou de copies certifiées de ces pièces.
VIL — Le phylloxéra
Des modifications importantes ont été apportées aux services admi-
nistratifs dans la lutte contre le phylloxéra. Jusqu'ici le ministère de
l'agriculture avait trois délégués régionaux, M. (]itta, 3L Couanon,
Al. Gastine, qui se partageaient les départements français. Par une
décision récente, M. Catta a été nommé délégué spécial pour l'Algérie,
et le service a été partagé en France entre M. Couanon et M. Gastine.
La région dont M. Couanon est chargé comprend les départements
suivants : Aisne, Ardennes, Ariège, Aube, x4ude, Aveyron, Cantal,
Charente, Charente-Inférieure, Cher, Corrèze, Creuse, Dordogne, Eure,
Eure-et-Loir, Haute-Garonne, Gers, Gironde, Indre, Indre-et-Loire,
Loir-et-Cher, Loire-Inférieure, Loiret, Lot, Lot-et-Garonne, Maiue-et-
364 ' CHRONIQUE AGRICOLE (9 JUIN 1883).
Loire, Marne, Haute-Marne, Meurthe-et-Moselle, Meuse, Basses-Pyré-
nées, Hautes-Pyrénées, Pyrénées -Orientales, Haute-Saône, Sarthe,
Seine, Seine-et-Marne, Seine-et-Oise, Deux-Sèvres, Tarn, Tarn-et-
Garonne, Vendée, Vienne, Haute-Vienne, Vosges, Yonne, arrondisse-
ment de Belfort. Trois délégués régionaux adjoints ont été nommés
pour cette région : M. Callen, avec résidence à Toulouse; M. Jouet, à
Bordeaux ; M. Nolte, à Paris. — La région dont M. Gastine est chargé
comprend les autres départements viticoles ; un délégué régional adjoint
lui a été donné pour le service de cette région.
VIII. — Le commerce des vins.
Dans notre chroni-que du 26 mai, nous avons publié une pétition de
22 associations agricoles de France et d'Algérie relativement aux con-
ditions faites au commerce des vins. M. R. Maurice, vice-président du
Comice de Montauban, nous écrit que, dans sa séance du 3 juin, ce
comice a émis, a l'unanimité, un vœu d'adhésion à cette démarche
qui intéresse également le déparlement de Tarn-et-Garonne.
IX. — Sucres et betteraves.
Les circonstances météorologiques sont favorables à la végétation des
betteraves. Les semailles ont été exécutées dans de bonnes conditions;
la levée s'est faite régulièrement, et les jeunes plantes poussent avec
vigueur. Les cultivateurs n'ont que des satisfactions à exprimer.
Le Comice agricole de Saint-Quentin (Aisne) a ouvert récemment un
concours pour des ouvrages traitant d'agriculture. Au concours de
Vermand qui a eu lieu le 27 mai, le 1" prix, consistant en une mé-
daille d'or, a été décerné à M. Vivien, chimiste à Saint-Quentin, pro-
fesseur du cours de sucrerie à la Société industrielle, pour son Traité
de la culture de la betterave. — Le deuxième prix a été attribué à
M. Maizier, directeur de teillage mécanique, au Plessis-Brion (Oise),
pour une brochure sur la culture du lin.
X. — Lîs canons en soie.
On se s'attendait guère à voir l'industrie séricicole favorisée par les
ateliers Krupp. Vindustria serica de Turin nous affirme qu'on fabrique
en Allemagne des canons en acier et en soie ; l'acier n'a pas beaucoup
d'épaisseur, et il est renforcé par une enveloppe en fils de soie roulés
tout autour jusqu'au point de procurer à la pièce la résistance sufii-
sante. Le tout est revêtu de gutta-percha ou de caoutchouc durci, pour
éloigner l'humidité. Ces essais, auraient de l'analogie avec ceux qui
ont été faits à Lille avec des pièces entourées de fils d'acier ; la soie
offre en effet autant de ténacité et plus d'élasticité que les meilleurs
aciers ; elle est en même temps moins pesante.
XL — La police sanitaire des animaux.
L'administration de l'agriculture continue à prendre les mesuras
nécessaires pour l'application régulière de la loi du 21 juillet 1881
sur la police sanitaire. Des instructions ont été rédigées récemment
pour faire connaître les règles à suivre au sujet de l'application des
mesures de désinfection dans les différents cas oii cette opération est
prescrite par la nouvelle législation. Ces instructions font l'objet
de deux arrêtés rendus à la date du 12 mai dernier; les agriculteurs
doivent en connaître les dispositions.
CHRONIQUE AGRICOLE (9 JUIN 1883). 365
Le premier de ces arrêtés est relatif à la désinfection des exploita-
tions ou des locaux déclarés infectés à la suite de l'apparition d'une
maladie contagieuse. En voici le texte :
Le ministre de l'agricvillure.
Sur le rapport du Conseiller d'état, directeur de l'agriculture;
Vu la loi du 21 juillet 1881, sur la police sanitaire des animaux;
Vu le décret du 22 juin 1882, portant règlement d'administration publique pour
l'exécution de ladite loi;
Vu l'avis du Comité consultatif des épizooties, arrête :
Article premier. — Les opérations de désinfection prescrites par la loi du
21 juillet 188 I et le règlement d'administration publique rendu pour son exécution
auront lieu conformément aux règles ci-après :
Chapitre premier. — Objets à désinfecter.
Art. 2. — La désinfection doit s'appliquer à tout ce qui peut receler les germes
de la contagion et notamment :
]" Aux locaux qui ont été habités par les animaux malades et à tout ce qui peut
en provenir : fumiers, purins, litières, pailles, fourrages, ustensiles et objets
divers qui ont pu être souillés par ces animaux;
2" Aux ruisseaux, rigoles et conduits servant à l'écoulement des déjections
liquides; aux fosses à purin et au lieu de dépôt des fumiers;
3° Aux cours, enclos, herbages et pâtures où ont stationné les animaux malades;
4" Aux rues, routes et chemins qui ont été parcourus par les animaux malades
ou par les véhicules chargés de leurs cadavres ou de leurs fumiers;
5° Aux véhicules qui ont servi au transport des animaux atteints ou soupçonnés
d'être atteints de maladies contagieuses ou de leurs cadavres, et des fumiers pro-
venant des locaux, cours, enclos ou herbages déclarés infectés;
6'' Aux cadavres et à leurs débris;
7" Aux fosses d'enfouissement;
8" Aux personnes qui, par suite de leurs rapport avec les animaux malades,
avec leurs cadavres ou débris de cadavres, leurs fumiers, peuvent devenir les agents
de la transmission des maladies contagieuses.
Chapitre IL — Agents désinfectants.
Art. 3. — Les agents désinfectants sont les suivants :
1" Le feu. — Destruction des éponges, couvertes et vêtements en mauvais
étaf, licols, cordes d'attache, mauvaises boiseries, mangeoires et râteliers de peu
de valeur, etc., etc.
Les objets en fer, tels que : pelles, fourches, chaînes d'attaches, mors et anneaux
de contention des taureaux, etc. etc.', sont passés au feu.
Le procédé dit « du flambage » est employé, lorsque les circonstances le per-
mettent, pour les murs, boiseries, mangeoires, séparations, planchers, etc.
2" Eau bouillante. — Les couvertures, vêtements et autres objets auxquels ce
moyen de désinfection peut être appliqué sont placés dans un récipient et arrosés
d'eau bouillante jusqu'à ce qu'ils en soient recouverts; après essorage, l'opération
est renouvelée encore une fois.
3" Vapeur d'eau surchauffée. — La vapeur d'eau surchauffée à 120 degrés peut
être employée pour la désinfection des surlaces et des objets sur lesquels il est
possible de la faire arriver en jet continu.
4" Chlorure de chaux. — Le chlorure de chaux se répand en poudre sur le sol
et dans les rigoles d'écoulement des déjections ; on le mélange avec les liquides.
Délayé dans dix fois son poids d'eau, le chlorure de chaux est employé pour les-
lavages et les arrosements.
On emploie pour les mêmes usages :
5" Le chlorure de zinc, en solution à raison de 20 grammes par litre d'eau
(2 pour 100);
6" Le sulfate et le nitro- suif aie de zinc, en solution dans la même proportion;
7" L'acide phénique dans la même proportion ;
8" Le bichlorwe de mercure (sublimé corrosif), à raison de 1 gramme par litre-
d'eau (t pour 1,000), est employé dans le cas de morve, particulièrement pour le
lavage du fond des mangeoires et de la partie des murs faisant face à la tète des
animaux. Ce désinfectant, en raison de sa nature toxique, ne doit être employé
que sous la direction d'un vétérinaire.
9* L'acide sulfurique, étendu d'eau dans la proportion de 20 grammes d'acide
366 CHRONIQUE AGRICOLE (9 JUIN 1883).
par litre d'eau (2 pour 100), doit être employé pour la désinfection des fumiers et
litières et des matières de balayage et pour le lavage des rigoles et des sols en
tc7Te, etc., etc.
IC L'essnicc de térébenthine, diluée dans la proportion de 250 grammes d'es-
sence par litre d'eau, doit être employée pour le lavage dans le cas de charbon.
11" L'huile lourde de gaz, mélangée avec le goudron dans la proportion d'une
partie d'huile lourde contre dix parties de goudron, est employée comme enduit.
12° Le chlore gazeux est employé en fumigations dans les espaces hermétiqxie-
ment clos *.
13" L'aci'ie sulfureux s'emploie pour le même usage -.
iIHAPlTRE III. — R'hjles à suivre dans la désinfection des looaux, cours, endos, herbigps et pâ-
tures, des fumiers et purins, des routes et cheniitts, des réhicidcs et. des personnes.
Art. 4. — Les opérations de désinfection, en ce qui concerne les locaux, doivent
être adaptées à la nature des maladies contagieuses; elles ont lieu conformément
aux prescriptions du chapitre IV, ci-après.
Art 5. — La désinfection des cours, enclus, herbages et pâtures consiste :
1" Dans l'enlèvement des déjections qui sont mises en tas, arrosées avec un
liquide désinfectant, puis enfouies.
2° Dans le lavage à grande eau des cours et l'arrosage avec un liquide désinfec-
tant des places où se trouvaient les déjections.
3" Pour les pâtures, herbages et enclos, dans l'arrosage avec un liquide désin-
fectant des places où se trouvaient les déjections.
Ar. 6. — Le fumier extrait des locaux infectés et celui qui a pu être souillé de
matières contagieuses sont arrosés abondamment avec un des liquides désignés à
l'art. 3, et recouverts ensuite d'une couche de terre.
Art. 7. — Les ruisseaux, rigoles et conduits d'écoulement des purins sont lavés
à grande eau et arrosés avec un liquide désinfectant.
Art. 8. — La désinfection des fosses à purin se fait en versant une dissolution
de sulfate de zinc ou de nitro- sulfate de zinc représentant en quantité un deux
centième de la contenance des fosses.
Art. 9. — Les fumiers et purins désinfectés comme il vient d'être dit sont
employés de préférence pour la fumure des jardins et des terres arables.
Art. 10. — Pour la désinfection des routes et chemins parcourus par des
animaux atteints de maladies contagieuses, les déjections sont ramassées avec
soin, mises en tas dans un endroit écarté et traitées comme les fumiers (art. 6).
L'emplacement des déjections est saupoudré de chlorure de chaux ou arrosé avec
un liquide désinfectant. Les objets qui ont servi au ramassage et au transport
des déjections sont ensuite lavés avec un liquide désinfectant.
Art. 11. — Les voitures devant servir au transport des animaux atteints de
maladies contagieuses ou de leurs cadavres, ainsi que des fumiers provenant
d'étables infectées, doivent être disposées de façon à ne laisser tomber ou écouler
sur le chemin parcouru aucune matière solide ou liquide. — Elles sont suivies
par un homme muni de pelle, balai et brouette pour le ramassage des matières
qui pourraient s'en échapper pendant le trajet. Ces matières sont traitées comme
il est dit à l'article précédent.
Les voitures, après déchargements, sont grattées, balayées, puis lavées à grande
eau et, après qu'elles se sont ressuyées, arrosées avec un liquide désinfectant.
Les pelle, bolai et brouette sont traités de la même manière.
Art. 12. — Toute personne qui a été en contact soit avec des animaux atteints
de maladies contagieuses, soit avec leurs cadavres, leurs débris, leurs fumiers,
et dont les vêtements, les chaussures, les mains peuvent être souillés de matières
contagieusae, est tenue di se soumettre aux mesures de désinfection suivantes :
1" Lavage et savonnage des mains et des bras, immédiatement après chaque
contact avec les animaux malades, leurs cadavres ou débris, leurs fumiers, etc.;
2" Lavage de i- chaussures. Les eaux de lavage sont versées dans la fosse à purin
ou désinfectées directement par l'addition de la proportion convenable de sulfate
de zinc; 3" Lavage et lessivage des vêtements de toile. Fumigation au chlore dans
Tin endroit clos des vêtements de laine et autres objets qui ne pourraient être
lavés sans être altérés.
1. Le chlorft •; zeux s'obiient en chauH'mt dans une terrine 100 parties de bioxyde de manga-
nèse en poudre av^c 450 parties d'acide chlortiydrique; avec 1 kilogramme de bioxyde de manga-
nèse et 4^500 d'acide ctdnrhydiique, on produit 300 litres de gaz.
2. L'acide sulfureux s'obtient en faisant briiler sur un plat de terre un mélange de fleur de sou»
fre et de nitrate de potasse.
CHRONIOEJF AGRrCOLE (9 JUIN 1889). 367
Art. 13. — Avant le chargement pour le transport à la fosse d'enfouissemeni
ou à l'atelier d'équarrissage, les cadavres sont désinfectés par le lavage, avec un
liquide désinfectant, des orifices : bouche, cavités nasales, yeux, anus, organes
génitaux, ainsi que des parties du corps souillées par les matières excrémen-
titielles, puis par le saupoudrage des mômes parties avec du chlorure de chaux.
Art. I'4. — Dans tous les cas où- la vente des peaux provenant d'animaux atteints
de maladies contagieuses est permise, après dé.dntection, la désinfection a lieu
par l'immersion complète dans la solution de sulfate de zinc à 2 pour 100.
Chapitre TV. — Rcgles de désinfeUion spéciales à chacune des maladies contagieuses.
Peste bovine. — Art. 15. — Les opérations de nettoyage et de désinfection sont
effectuées dans l'ordre et d'après les procédés suivants :
1° Enlèvement de l'étable et destruction par le feu des pailles et fourrages pro-
venant des râteliers et mangeoires, des litières et fumiers;
Les litières et fumiers trop humides pour être brûlés sont arrosés sur place
avec un liquide désinfectant, puis enlevés, mis en tas et traités comme il est dit
à l'article 6.
2.° Lavage énergique avec un liquide désinfectant du sol, des murs, plafonds,
mangeoires, râteliers, séparations, portes, fenêtres, etc., par projection avec la
pompe foulante; lavage avec le môme liquide des seaux, barbottoirs, etc.;
Grattage des mangeoires et râteliers, des séparations, du sol et des murs, etc.;
Balayage avec un balai dur de toutes les surfaces et nouveau lavage ;
3° Réfection du sol des étables lorsqu'il est déformé;
Les sols en terre sont défoncés à 0'".-20 de profondeur; la terre enlevée est
mise en tas et traitée comme du fumier. Le nouveau sol est formé de terre nou-
velle à laquelle on incorpore 10 pour 100 d'huile lourde de gaz ou de goudron.
Lorsque le sol est en pavé mal jointoyé, le pavé est défait et la forme défoncée,
désinfectée et remplacée par de la terre ou du sable neuf auquel on incorpore du
goudron ou de l'huile lourde de gaz.
L'aire des étables constituée par des pièces de bois est refaçonnée avec des
matériaux nouveaux, après enlèvement et désinfection de la couche superficielle
sous-jacente. Les anciennes pièces de bois sont brûlées ou flambées jusqu'à
carbonisation.
4° Fumigation au chlore ou à l'acide sulfureux prolongée pendant quarante-huit
heures, puis ventilation pendant huit jours ;
5" Désinfection des ruisseaux, rigoles, conduits d'écoulement des purins, aussi
bien à l'extérieur qu'à l'intérieur des bâtiments de ferme ;
6" Destruction par le feu de la couche de fourrage reposant directement sur le
plancher des greniers à claire-voie et aération du reste. Ces fourrages sont réser-
vés, autant que possible, pour l'alimentation des chevaux ;
7° Destruction par le feu des éponges, licols, cordes d'attache de peu de valeur,
flambage des chaînes d'attache, étrilles et autres objets en fer.
Pénpnfumonie contagieuse. — Art. 16. — Dans le cas de péripneumonie con-
tagieuse, la désinfection a lieu de la manière suivante :
1" Arrosage sur place avec un liquide désinfectant des litières et fumiers con-
tenus dans i'élable et des restes de fourrages laissés dans les mangeoires et
râteliers, puis enlèvement et enfouissement au tas de fumier commun ;
2" Lavage énergique avec un liquide désinfectant du sol, des murs, plafonds,
mangeoires, râteliers, seaux, barbottoirs, etc.;
Grattage des mangeoires et râteliers, des séparations, du sol et des murs, etc.;
Balayage avec un balai dur de toutes les surfaces et nouveau lavage ;
3" Fumigation au chlore ou à l'acide sulfureux prolongée pendant quarante-huit
heures; puis ventilation pendant huit jours;
4° Désinfection des ruisseaux, rigoles et conduits d'écoulement des purins aussi
bien à l'extérièar qu'à l'intérieur des bâtiments de ferme ;
5° Destruction par le feu des éponges, licols, cordes d'attache de peu de valeur,
flambage des chaînes d'attache, étrilles et autres oiijets en fer.
Cl'ivece. — Art. 17. — Dans le cas de clavelée, on applique les dispositions des
paragraphes 1,2 et 3 de l'article précédent.
Art. 18. — Lorsque la saison le permet, les moutons guéris sont tondus et les
toisons lavées immédiatement dans une eau de savon.
Si la tonte ne peut avoir lieu, il est procédé à un lavage à dos dans un baquet
avec une eau de savon. Les eaux de lavage sont désinfectées par l'addition d'une
proportion convenable d'acide phénique ou de sulfate de zinc.
368 CHRONIQUE AGRICOLE (9 JUIN 1883).
Gale. — Art. 19. — Dans le cas de gale, la désinfection a lieu de la manière
suivante :
1° Les litières, les fumiers existant dans la bergerie et les fourrages laissés
da'S les crèches sont fortement arrosés avec un liquide désinfectant, puis extraits
delà bergerie et transportés immédiatement dans les champs. Si le transport na
peut avoir lieu, les matières extraites de la bergerie sont mélangées au tas de
fumier, lequel est ensuite recouvert d'une couche de terre tassée deO"MO;
2° Le sol, les crèches, ainsi que toutes les parties de murs et de boiseriesjus-
qu'à une hauteur de l'".50, sont lavés à grande eau et nettoyés, puis aspergés avec
un liquide désinfectant ;
3° 11 est ensuite procédé à une fumigation comme il a été dit précédemment. •
F lèvre aphteuse. — Art. 20. — Dans le cas de fièvre aphteuse, la désinfection a
lieu de la manière suivante :
1° Arrosage sur place avec un liquide désinfectant, des litières et fumiers
contenus dans l'élable et des restes de fourrages laissés dans les mangeoires et
râteliers, puis enlèvement et enfouissement au tas de fumier commun;
2° Lavage énergique, avec un liquide désinfectant, du sol, des murs jusqu'à une
hauteur de 2'". 50, des mangeoires, râteliers, séparations, seaux, barbottoirs et
de tous les objets qui ont pu être souillés par la bave des animaux malades ou la
sérosité qui s'écoule des vésicules de leurs pieds ;
Grattage des mangeoires et râteliers, des séparations, du sol et des murs;
Balayage avec un balai dur de toutes les surfaces et nouveau lavage ;
3" Fumigation au chlore ou à l'acide sulfureux prolongée pendant quarante-
huit heures, puis ventilation pendant huit jours;
4" Désinfection des ruisser^ux, rigoles et conduits d'écoulement des purins,
aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur des bâtiments de ferme;
5" Saupoudrage du sol avec du chlorure de chaux.
Morve et farciii. — Art. 21. — Dans le cas de morve et de farcin, la désinfec-
tion a lieu ainsi qu'il suit :
1" Arrosage sur place, avec un liquide désinfectant, des litières, fumiers et
restes de fourrages, puis enfouissement au tas de iumier commun;
2° Grattage à fond des mangeoires, râteliers, bas-ilancs, murs de faces,
seaux, barbottoirs et de toutes les surfaces sur lesquelles les matières contagieuses
ont pu être déposées;
3*^ Lavage de ces parties et de ces objets avec un liquide désinfectant très
énergique, tel que la solution de sublimé corrosif;
k° Lavage du sol, des murs et de toutes les boiseries avec une solution
phéniquée ;
5" Destruction par le feu des éponges, brosses, licols, harnais de tête, cordes
d'attache, etc., qui ont servi aux animaux malades;
6° Flambage des objets en fer, tels que mors, chaînes d'attache, étrilles, etc.;
7" Nettoyage des harnais à l'eau bouillante phéniquée, avec savon et brosse
et remise à neuf des parties rembourrées;
8" Immersion dans l'eau bouillante phéniquée et lessivage des couvertures;
9" Vidange des auges qui servent d'acreuvoir commun et lavage à la brosse des
margelles de ces auges ; même opération pour les réservoirs destinés aux bains
communs et nettoyage de leur fond avec un balai dur.
Dourine. — Art. 22. — Dans le cas de dourine, la désinfection comporte les
opérations suivantes :
1° Enlèvement des litières et fumiers sur lesquels les matières contagieuses
ont pu se répandre;
2" Lavage à grande eau des places occupées par les malades et des murs, boi-
series, bats-flancs, etc., autour d'eux jusqu'à une hauteur de 2 mètres;
Après balayage, arrosage des mêmes parties avec un liquide désinfectant.
Jiage. — Art. 23. — Dans le cas de rage, la désinfection a lieu de la manière
•suivante :
Pour les carnivores. — 1° Lavage à l'eau bouillante phéniquée des surfaces sur
lesquelles les animaux enragés ont pu répandre leur bave et particulièrement de
l'intérieur des niches, des colliers, chaînes d'attache, couvertures, etc; 1° Destruc-
tion par le feu des restes d'aliments et des litières.
Pour les herbivores. — 1" Destruction par le feu des Htières d'aliments trouvés
dans les mangeoires et râteliers; 2" Lavage à l'eau bouillante phéniquée du sol,
des murs et des bats-llancs, des mangeoires, râteliers, seaux, barbottoirs et de
CHRONIQUE AGRICOLE (9 JUIN 1883). 369'
toutes les surfaces et objets sur lesquels la bave a pu être déposée; 3" Flambages
après lavage et grattage, des boiseries aux points où elles ont été entamées par
la dent des animaux j)endant leurs accès; 4" Destruction par le feu d(!S éponges,
des licols et cordages d'attache; 5" Immersion dans l'eau bouillante ])liéni([uée
des auges servant d'abreuvoir commun dans lesquelles les animaux ont pu boire
au début de leur maladie, alors qu'elle n'était pas encore reconnue.
Charbon. — Art. 24. — Dans le cas de charbon, la désinfection des locaux qui
ont été occupés par les animaux malades comporte les opérations suivantes : 1"
Arrosage à fond des litières, fumiers et déjections avec la dilution d'essence de
térébenthine; 2" Enlèvement des litières et fumiers désinfectés qui sont déposée
dans une fosse spéciale, saupoudrés de chlorure de chaux et recouverts d'une
épaisse couche de terre ; 3" Lavage du sol de l'étable ou de la bergerie avec le
même liquide, après l'enlèvement des litières et fumiers; k" Les cadavres des ani-
maux morts de maladies charbonneuses sont arrosés avec de l'essence de téré])en-
thine; les orifices naturels en sont baignés et l'on prend les précautions néces-
saires pour qu'il ne s'en échappe rien pendant le transport soit à la fosse d'enfouis-
sement, -soit à l'atelier d'équarrissage.
Art. 25. — Les préfets des départements sont chargés, chacun en ce qui le
concerne, de l'exécution du présent arrêté.
Paris, le 12 mai 1883. J. Méline.
Le deuxième arrêté concerne la désinfection du matériel employé
au transport des animaux par terre et par eau. Il est conçu comme il
suit :
Titre I". — Transport par terre.
Article premier. — Tout entrepreneur de transports par terre est tenu de désin-
fecter, immédiatement après le déchargement, les véhicules ayant servi à trans-
porter des bêtes bovines et autres espèces de ruminants et des porcs.
Art. 2. — La désinfection comprend deux opérations successives : I" "le net-
toyage ; 2" la désinfection proprement dite.
1" Pour le nettoyage, on enlève d'abord la litière et les déjections, puis on déta-
che du plancher et des parois de la voiture, à l'aide d'un ràcloir et d'un crochet
approprié, les matières adhérentes à leur surface ou qui remplissent les joints des
planchers, et on balaye ces détritus ; enfin, on procède au lavage à grande eau à
l'aide d'un balai rude, et on essuie.
2" Pour la désinfection, on arrose l'intérieur de la voiture, plancher et parois,
avec une solution à 2 pour 100 (20 gramuies par litre d'eau) d'acide phénique, de
chlorure de zinc ou de sulfate de zinc.
Art. 3. — La voiture dans laquelle, au moment de la visite à l'entrée en France,
on constate la présence d'un ou de plusieurs animaux atteints de maladie conta-
gieuse, ne peut pénétrer plus avant sur le territoire français qu'après avoir été sou-
mise à une désinfection complète. Cette opération a lieu sous la direction du
vétérinaire préposé à la visite des animaux.
Titi-e H. — Transport par eau.
Art. 4. — Tout bateau ou navire ayant servi à transporter des bêtes bovines et
autres espèces de ruminants (moutons, chèvres, etc.), des chevaux, ânes, mulets
et porcs, est désinfecté immédiatement après le débarquement des animaux.
Art. 5. — La désinfection ne s'applique qu'aux places occupées ou parcourues
par les animaux. Elle a lieu conformément aux prescriptions de l'article 2.
Ari. 6. — Les pontons, passerelles et tous appareils ayant servi au débarque-
ment, sont désinfectés d'après les mêmes procédés.
Art. 7. — Après chaque arrivée et chaque départ, les quais et les emplacements
destinés à recevoir les animaux sont désinfectés par l'enlèvement des déjections,
le lavage à grande eau suivi d'un balayage à tond, puis par l'arrosage avec l'un
des liquides indiqués à l'article 2. On peut remplacer l'arrosage par un saupou-
. drage de chlorure de chaux.
Art. 8. — Dans les ports de mer, les opérations de désinfection ont lieu sous
la surveillance des vétérinaires chargés de la visite des animaux.
Art. 9. — Les préfets des départements sont chargés, chacun en ce qui le con-
cerne, de l'exécution du présent arrêté, qui sera publié et affiché.
Paris, le 12 mai 1883. J. Méline.
La loi du 21 juillet 1881 ordonne que les entrepreneurs de trans-
370 CHRONIQUE AGRICOLE [9 JUIN 1&83).
ports par terre ou par eau, doivent, en tout temps, désinfecter les
véhicules qui ont servi à transporter des animaux. Les prescriptions
de l'arrêté qu'on vient de lire sont donc constamment applicables.
C'est pourquoi M. le ministre de l'agriculture a décidé que le texte en
serait affiché dans toutes les communes de France.
XII. — Vaccinations charbonneuses.
La question de savoir si l'immunité conférée par la vaccination
pratiquée avec les virus charbonneux atténués de M. Pasteur est trans-
missible de la mère au fœtus, a été vivement discutée depuis les pre-
mières expériences de Pouilly-le-Fort. Pour essayer de la résoudre
d'une manière définitive, M. llossignol, vétérinaire àMelun, a entre-
pris des essais directs sur quinze agneaux divisés en cinq lots, pro-
venant de brebis vaccinées à diverses époques de la gestation. Les ré-
sultats n'ont pas été absolument concordants : dans certains cas, la
transmissibilité de l'immunité a été parfaitement réelle : la proportion
est de 66 pour 100 du nombre des agneaux; dans d'autres cas, les
faits ont été contraires. Il faut que de nouvelles expériences soient en-
treprises pour élucider les conditions dans lesquelles l'immunité pour-
rait être certainement transmissible de la mère au fœtus.
XIII. — Concours pour la nomination d'un vétérinaire départemental.
Le lundi 10 septembre 1883, commenceront les épreuves du con-
cours pour la nomination d'un vétérinaire départemental de la Seine.
Le traitement de début a été fixé à 5,000 francs par délibération du
(Conseil général de la Seine, en date du 18 décembre 1882. Une indem-
nité de déplacement de 600 francs est, en outre, allouée annuellement
à chacun des vétérinaires sanitaires. Les candidats doivent adresser,
avant le 20 août 1883, une demande à la préfecture de police (secré-
tariat général, bureau du personnel;, à Paris, et produire leur diplôme
de vétérinaire ainsi que leur acte de naissance. Ils devront avoir trente
ans au moins et cinquante ans au plus.
Le programme du concours comprend : une épreuve écrite, une
épreuve orale et une épreuve pratique. L'épreuve écrite portera sur
un sujet relatif à la police sanitaire des animaux. L'épreuve orale
comprendra : la loi du 21 juillet 1881 et le décret du 22 juin 1882,
la loi du 20 mai 1838, sur les vices rédhibitoires, et des notions
sur l'organisation judiciaire et administrative de la France. L'épreuve
pratique, subie à l'école vétérinaire d'Alfort, concernera les afl'ections
contagieuses énumérées dans l'article premier de la loi du 21 juil-
let 1881 (diagnostic et anatomie pathologique).
XIV. — Les machines agricoles.
Dans la nuit du 27 au 28 mai, un violent incendie a détruit les
ateliers et magasins de IMM. Decker et JMot, les importants entrepo-
sitaires de machines agricoles que la plupart des agriculteurs con-
naissent. MM. Decker et Mot ont pris immédiatement des mesures
pour procéder à une nouvelle installation, et pour donner satisfaction à
leurs clients. Ils ont ouvert de nouveaux magasins, 19 et21, rue Cliâ-
teau-Landon, à Paris, et ils nous prient d'annoncer qu'ils peuvent
faire face à tous les ordres qui leur seront adressés à cette adresse.
Nous earegislrons cette nouvelle avec plaisir. ■
. J.-A. Barral*
COiNSTITUTION DES TERRAINS VIGNOBLES, 371
CONSTITUTION PHYSIQUE ET CHIMIQUE
DES TERRAINS VIGNOBLES TRAITÉS PAR LA SUBMERSION DANS LE SUD-EST
DE LA FRANGE
Le traitement des vii^nes par la submersion a pris dans la basse
vallée du Rbône et dans le bas Languedoc une grande extension et
l'application de cette méthode, inaugurée parM. Faucon, tend à prendre
de nouveaux développements. Il m'a donc paru intéressant de recher-
cher avec soin les circonstances de cette application et un séjour de six
mois d'hiver au centre de la région m'a facilité cette élude.
J'ai d'abord fait l'analyse physique et chimique d'un grand nombre
d'échantillons, et, avant toute réilexion, je donne le tableau de cesana-
lyses dans leurs éléments principaux, c'est-à-dire dans les éléments
chimiques qui intéressent la constitution physique. Sur 100 parties,
j'ai trouvé :
Analyse physique Analyse chimique
Sable Impal- Inat- Carbonate de Ses-
iin pable taquable chaux quioxydes
1. M. Faucon, Graveson 31.40 68.60 47.37 42 3.^ 4.92
2. M. Gamman, Saint-Roch (Ailes) 33.50 6fi.ôO 49.79 39.31 5.42
3. M. Saint-René-Taiilandier (Cabannes) 34.60 fiô.40 43.95 49.78 7.55
4. M. Reich, l'Armeillière (Arlef-) 36.60 63.40 .53.17 33.48 7.45
5. M. Cornu, le Taves (Tarascon) 3665 63.35 47.32 42.72 4.92
6. M. Colomb, Caumartin (Beauciii-e) 43.20 56.80 54.65 30.22 7.65
7. M. Vais, .Saint-Laurent d'Aigouze 53 60 46.50 48.32 39.20 4.70
8. Mme (le Castehiau, Sainl-Elienne-du-Grès. 60.00 .40.00 54.12 36.04 4.70
9. Mlle de la Corbure, les Or-nes (Gard) 73.45 26.55 55.99 34.75 3.72
10. M. Boissy-d'Anglas, Anglas (Gard) ... 73.40 26.60 91.60 0.62 2.82
11. Lemême; sous-sol 32.20 67.80 31.02 60.38 3.30
Ces analyses, choisies à tous les degrés de ténacité sur un nombre
beaucoup plus considérable, sont ordonnées suivant la proportion crois-
sante du sable et amènent imn*iédiatement les observations suivantes :
Tous les sols soumis à la submersion dans la région du Sud-Est
sont des sols compacts et immobiles, c'est à dire des sols qui contien-
nent plus de 30 pour 100 départies impalpables et plus de 30 pour
100 de carbonate de chaux, la proportion d'impalpable établissant la
continuité ou compacité, la proportion de carbonate de chaux empê-
chant les variations de volume sous l'action de l'humidité ou de la
sécheresse. Les Orgnes et Anglas font exception, la proportion d'impal-
pable étant au-dessous de celle qui assure la continuité, et Anglas
étant dépourvu de carbonate de chaux. Mais l'exception disparaît si
l'on examine le sous-sol, et l'analyse de celui d'Anglas, qui termine
le tableau, montre une composition de près de 60 pour 100 de carbo-
nate de chaux. Or ce sous-sol est à une petite profondeur au-dessous
du diluvium d'Anglas.
Cette constitution, comportant la continuité et l'iminobilité, est
indispensable à l'emploi des submersions dans notre région tout au
moins. Il faut pouvoir submerger sans une trop grande dépense d'eau,
et il faut que le terrain admette le transit continu de l'humidité; cette
double condition se trouve ainsi remplie.
Cette propriété des sols compacts argilo-calcaires, qui est aujourd'hui
leur salut, a été exactement, par la même raison, leur ruine lors de
l'invasion de la maladie. Une période de sécheresse, qui n'a pas duré
moins de vingt-cinq ans dans cette région et qui a pris lin cette année
seulement, par le retour des eaux souterraines, les avait supprimées
entièrement dès ISGOet, les pluies d'automne faisant défaut, le transit
.372 CONSTITUTION DES TERRAINS VIGNOBLES.
de l'eau était supprimé et ces sols étaient devenus une terre morte dans
laquelle les attaques du phylloxéra ont été foudroyantes.
M. Faucon a eu l'idée éminemment logique de rétablir à son profit
les pluies d'automne par la submersion prolongée de sa propriété de
Graveson, et cette idée, mise en œuvre par un agriculteur doué d'un
grand sens pratique, a été couronnée d'un plein succès. Sur une
moindre échelle, des personnes, comme M. Pellissier de Saint-Uemy.
ont entretenu des vignes en pleine production pendant toute cette
période avec des arrosages d'été.
Il faut se garder des généralisations et ne faire appel qu'à Texpé-
rience. Or ce qui est acquis incontestablement par l'expérience, c'est
que le transit de l'humidité dans les sois calcaires rend innocentes les
attaques du phylloxéra et que l'absence de ce transit les rend fou-
droyantes.
Ici se présente une observation importante par laquelle je terminerai
celte note. Les sois continus ne sont pas les seuls auxquels le transit de
l'eau si l'on veut, l'exercice du mouvement capillaire de l'eau assure
l'immunité. M. Barrai, dans une communication à l'Académie, lui expose
les succès obtenus dans les dunes d'Aigues-Mortes, terrains essentiel-
lement discontinus, mais dans lesquels les proportions de calcaire et
la forme des particules suffisent à assurer ce mouvement de l'eau
fournie par une nappe coulant à une faible profondeur.
Le mouvement ascensionnel de l'eau est encore plus rapide dans les
terrains continus argilo-calcaires que dans les sables, et je m'en suis
assuré par une expérience directe, d'après le plan suivi par M. Barrai.
Or, i\l. Faucon a une couche aquifère exactement à la même profon-
deur au-dessous de la surface que celle qui coule sous les dunes d'Ai-
gues-lMortes. Les sécheresses prolongées avaient tari ces sources comme
toutes celles de la région de la Muntagnette et des Alpines. Il nous
semble absolument probable qu'une série d'hivers pluvieux comme
celui de 1882-1883 rendrait, temporairement au moins, inutiles les
submersions d'hiver pour la situation topoojraphique de M. Faucon.
Toutefois, tous les terrains soumis à la submersion ne sont pas
dans le cas de la propriété de M. Faucon. Au lieu de un à deux mètres
de profondeur au-dessus d'une couche aquifère, il y en a qui ont cinq
mètres et plus d'argile calcaire compacte; comment le mouvement
ascensionnel de l'eau se moditie-t-il avec la puissance de la couche à
traverser? Voilà le véritable problème physique à étudier et à résoudre
dans les sols de diflérente nature, et M. le secrétaire perpétuel de la
Société nationale d'agriculture a inauguré sur ce point capital une
série d'expériences qui, à mon avis, devraient être contrôlées par la
balance, c'est à dire par des expériences parallèles établissant, pour
ces mêmes terrains, les dilTérences dans la vitesse d'évaporation d'une
quantité d'humidité déterminée au début de l'expérience. On vérifiera
ainsi l'un des éléments de l'immunité relative des sols discontinus ou
sablonneux qui perdent moins rapidement leur humidité que les sols
compacts. Dans tous les cas, on ne saurait trop applaudira l'étude
provoquée par M. Barrai, trop l'encourager à la poursuivre, et, pour
ma part, je m'engage vis-à-vis de l'Académie, si ma santé le permet,
à apporter l'année prochaine ma contribution à cet important travail.
Paul de Gaspariîv,
Membre de la Société nationa'e d'agriculture, correspondant de l'Institut.
SUR LES ALLUVIONS ARTIFICFELLES. 373
SUR LES ALLUVIONS ARTIFICIELLES- - Il
III. — Tel est donc, en résumé, le prix de revient de l'opération,
300 francs par hectare au maximum, pour recouvrir une lande de sable
inerte, d'une couche de 0^.10 de limo[\s fertilisants, qui, dujour au len-
demain, par un simple labour, convertiront ce sol déshérité en terre
végétale de premier ordre.
La transformation ne sera peut-être pas immédiate; la mise en valeur
ne se fera certainement pas sans nouveaux frais; mais ceci n'est plus
de mon domaine; et quels que puissent être ces frais, quelques diffi-
cultés qu'on puisse prévoir, pour amener sur place les populations
agricoles nécessaires à la mise en œuvre de ce nouveau sol, on ne
saurait admettre qu'ils puissent être coruparables à ceux qui n'arrêtent
pas les pionniers, qui vont à 6,000 lieues de chez eux, chercher au centre
de l'Amérique ou de l'Australie, loin de tout débouché commercial,
en dehors de toute voie de transport, des terres végétales qui bien cer-
tainement ne valent pas, à aucun point de vue, celle qu'il nous est
possible de faire surgir du néant, au cœur de noire pays, à un prix
minime de 400 francs l'hectare, en y comprenant la valeur actuelle de
la lande rase.
Je n'ai pas à insister sur ce point. J'ai tenu à prouver que mes éva-
luations ne reposaient sur aucune hypothèse incertaine, mais sur des
faits nets et précis constatés par des expériences indiscutables : d'une
part, la valeur agronomique des alluvions argilo-calcaires ; de l'autre,
le prix de revieat des canaux de colmatage des formes les plus simples ;
et comme opération pratique une simple fouille de terrains meubles,
effectuée au besoin par les procédés ordinaires de nos terrassiers, sans
que l'eau y ait d'autre action que de dégager à mesure le chantier
d'abatage, plus facilement que ne peut le faire la voie de fer provi-
soire usitée dans nos terrassements.
J'ai retranché de mon projet tout ce que pouvait avoir d'effrayant,
pour l'imagination prévenue, cette idée pourtant si naturelle d'employer
l'eau courante à faciliter Técroulement en grande masse des terrains
meubles. Je n'y ai jamais fait figurer, au point de vue de l'opération
du limonage, l'établissement de grands réservoirs d'aménagement des
eaux. Si j'ai parlé de ces réservoirs qui seraient si utiles à l'agriculture,
qui donneraient les moyens de régulariser le débit de nos rivières
torrentielles, en reportant sur les périodes de sécheresse, oii l'eau est
rare et précieuse, l'excédent nuisible des époques de crue ; ce n'est point
comme une des nécessités préalables de mon projet, mais comme une
de ses conséquences immédiates, comme une amélioration nouvelle
qu'il produirait en surcroît.
Par quelque procédé que doivent s'effectuer les fouilles de terrain
meuble, à la main ou par l'action de l'eau, il me sera facile de con-
vaincre ceux qui ne se refuseront pas à l'être, que je serai toujours
libre de donner à la fouille de mes déblais telle forme que je voudrai,
par exemple celle d'une vaste excavation, en forme de puits, creusée
dans les argiles imperméables du plateau deLannemczan, ne commu-
niquant avec le canal qui devra entraîner les limons que par une
étroite galerie souterraine, solidement maçonnée, qu'on pourra fermer
après coupe par un système convenable de vannes échelonnées; con-
374 SUR LES ALLUVIONS ARTIFICIELLES.
fitituant en fait, sans nouveaux frais, autres que ceux de cette fermeture,
d'immenses réservoirs, pouvant contenir sur une petite surface, mais
avec une grande profondeur, des centaines de millions de mètres cubes
d'eau, sans qu'on ait jamais à redouter les dangers de rupture
auxquels sont fatalement exposés les réservoirs barrages qu'on a impru-
demment tenté d'établir en travers des rivières torrentielles de l'Algérie,
qu'on a parlé parfois de reproduire chez nous; sans se rendre compte
que, à raison de leur exiguïté relative, condamnés à être bientôt comblés
par des dépôts, ils seraient au fond aussi inutiles que dangereux.
Je n'insiste pas sur cette question des réservoirs cependant très
importante, car à elle seule elle justifierait sans aucun doute l'entre-
prise que je propose; celle-ci n'aurait-elle pas pour effet principal
d'enrichir notre pays d'une nouvelle province, en substituant à cette
aride région de sables infertiles qui occupe la surface de deux dépar-
tements moyens, une égale étendue de terres arables de premier choix,
qui, en peu d'années, pourraient devenir aptes à subvenir aux besoins
matériels de la vie d'une population de trois millions d'âmes.
IV. — J'arrive enfin à la seule objection que vous trouviez à
m'opposer, mon cher directeur, la question hygiénique. Ce n'est pas
infructueusement, me dites-vous « que l'on met en mouvement de
« grandes masses liquides et solides pour couvrir d'immenses éten-
« du.es de terrain. Tous les colmatages effectués sur une grande échelle
(( ont toujours donné lieu à des maladies endémiques. »
En premier lieu, c'est à tort que vous vous figurez que je compte
mettre en mouvement de très grandes masses d'eau.
Un débit de 10 à 12 mètres à la seconde représentant un million de
mètres cubes en 24 heures, rapporté à la surface des landes, équi-
vaut à peine à l'action d'une rosée printanière, à une tranche d eau
de O^.Oul d'épaisseur, A raison de leur inégale répartition, ces eaux ne
seront pas sans doute sans influence locale; échappant pour les trois
quarts peut-être à l'évaporation atmosphérique, elles iront se joindre
aux cours d'eau naturels de la région, augmenter de 6 à 7 mètres par
seconde leur débit d'ensemble, ce qui sera certainement plus avantageux
que nuisible.
Vient en second lieu la question des limons, des terres remuées; et
à cet égard, j'en conviens, le volume sera considérable, 1 00,000 mètres
par journée de travail, je l'espère. Quelle influence aura cette opération
sur la salubrité publique? Vous craignez qu'elle ne soit défavorable.
Permettez-moi de vous dire que tout élément de comparaison vous
manque; car rien de pareil n'a, que je sache, été tenté ailleurs.
L'action endémique que les grands mouvements de terre occasionnent
parfois dans les pays chauds ; — et tel n'est pas le cas des Landes et
de l'Armagnac dont le climat n'a rien de tropical ; — nous est fré-
quemmentsignaléedans ses effets, mais nous est complètementinconnue
dans ses causes. La chaleur, l'humidité y jouent sans doute souvent
un grand rôle ; mais il faudrait bien se garder de rien généraliser à cet
égard.
Si les effets nuisibles se produisent fréquemment dans les régions
basses et marécageuses, parfois, au contraire, il en est tout autrement.
Parmi les travaux les plus insalubres que j'ai eu occasion de voir
signaler, figurent en première ligne les tranchées du chemin de fer du
nord de l'Espagne, ouvertes dans les hauts contreforts du Guadarrama,
SUR LES ALLUVIONS ARTIFICIELLES. 375
à une altitude de plus de 1000 mètres, dans des terrains de schistes
et de granités soumis à la plus excessive sécheresse. En revanche, je n'ai
pas entendu dire qu'on ait jamais eu à considérer comme exception-
nellement malsains les travaux de l'isthme de Suez, qui avaient accu-
mulé une population nombreuse de travailleurs dans un désert maré-
cageux.
Les colmatages artificiels n'ont jamais été essayés sur une grande
échelle. Quant aux colmatages avec les limons naturels, ils ont pu être
parfois insalubres quand on les a accumulés d'une manière persistante
sur un même bas-fond; mais vous m'avouerez que, pratiqués comme
ils le sont annuellement sur toute la surface de l'Egypte à la fois, ils
n'ont jamais été signalés comme nuisibles à la ^^alubrité publique.
En réalité, en dehors de faits pratiques très dissemblables en appa-
rence, la seule chose qu'il paraisse raisonnable d'admettre au point
de vue théorique, c'est que la stagnation prolongée et surtout alter-
native de grandes masses d'eau au contact du sol peut amener le déve-
loppement de miasmes, de germes infectieux. Mais comme tous les
germes organiques, ceux-ci doivent demander un certain temps pour
se développer au point de devenir nuisibles, ce laps de temps pris
assez naturellement se trouve dans le cas d'un colmatage effectué dans
un bas-fond marécageux, oii les limons se superposent par couches
successives d'une très faible épaisseur; mais rien n'indique, bien au
contraire, qu'il doive en être de même, pour le colmatage des Landes.
Prenons en effet l'opération dans ses diverses phases. A quel moment
l'infection pourra-t-elle se produire? sera-ce au début, pendant l'aba-
tage? mais pourquoi le fait de jeter des terres dans l'eau? pourrait-il
être plus insalubre qu'il ne l'a été de les charger sur les wagons qui
ont servi à la confection des gigantesques remblais de chemin de ter
exécutés dans la même région? Peut-on admettre que les germes se
développeront en route? Bien moins encore. Le fait du transport
aura plutôt pour effet de les détruire que de faciliter leur incubation.
Reste enfin le moment du dépôt, quand les limons charriés seront
répandus à la surface du sol qu'ils doivent fertiliser. Or l'opération ne
sera pas prolongée pendant une longue période sur la même surface;
faite aujourd'hui sur un point, elle sera demain portée sur un autre.
La terre colmatée en une seule fois s'asséchera d'autant plus vite que
le sable du sous-sol drainera l'excédent d'eau. Les germes n'auront
pas le temps de se développer avant que la charrue ait incorporé le
limon dans le sol.
L'insalubrité sera d'autant moins probable que, par le fait même
des conditions dans lequelles nous devrons nous r3nfermer, on n'opé-
rera nécessairement que pendant la saison froide, en hiver et au prin-
temps ; les eaux d'automne ou d'été étant réservées à d'autres usages
agricoles ou industriels.
Remarquez pourtant que je n'affirme rien, quant à cette question si
inconnue de l'inlluence hygiénique des travaux; j'indique seulement
les motifs nombreux qui me portent à croire à leur complète innocuité.
Mais en serait-il autrement; le colmatage des Landes pourrait-il acci-
dentellement exposer à quelques chances de maladies plus ou moins
graves, les ouvriers peu nombreux qui auraient à y prendre part; cette
considération seule devrait-elle suffire pour faire écarter un projet qui
rachèterait cet inconvénient passager par tant d'autres avantages?
376 SUR LES ALLUVIONS ARTIFICIELLES.
Combien de travaux publics bien moins utiles n'aurait-on pas dû
abandonner, si l'on avait cru devoir reculer devant une telle
éventualité.
(La suite prochainement.) Duponchel,
Ingénieur en chef des ponts et chaussées .
COMICE AGRICOLE D'AUBIGNY-SUR-NÈRE
Le Comice d'Aub'gny-sur-Nère (Cher) est un des plus anciens
Comices agricoles de France. Il a été créé en 1832 par M. Soyer qui
fut un des plus ardents apôtres de la rénovation agricole de la Sologne.
Son action s'étend sur cinq cantons de l'arrondissement de Sancerre :
ceux d'Aubigny, d'Argent, de Vailly, de la Chapelle-d'Angillon et
d'Henrichemont. C'est une surface de 124,000 hectares environ, que
l'on divise en deux parties : le pays fort et le pays faible. Au pays fort
appartiennent la plus grande partie des cantons de Vailly et d'Henri-
chemont; le pays faible, qui comprend le reste de la circonscription
du Comice, appartient à la Sologne; il en a le sol rude, les terres
sablonneuses ou argilo-siliceuses, et le calcaire y fait défaut, tandis
que le pays fort possède des terres argilo-calcaires, parfois un peu fer-
rugineuses, et possède, en outre, d'abondants gisements de marne. La
culture y est donc à la fois plus facile et plus certaine du succès.
D'ailleurs, dans tout le pays, de grands progrès ont été accomplis.
C'est, de l'aveu de tous ceux qui l'ont connu il y a 30 ans, par l'ex-
tension des cultures fourragères et par la disparition des anciennes
friches que ce progrès a été marqué. Sans se contenter des prairies na-
turelles que présentent les vallées de la Sauldre et de la Nère, les cul-
tivateurs font de plus en plus des sainfoins, du trètle, etc. Les anciens
troupeaux de moutons solognots ont diminué dans de fortes propor-
tions , mais on les a remplacés par un élevage plus soigné des bêtes
à cornes, en même temps que les moutons, mieux nourris, se déve-
loppent plus rapidement et donnent de meilleurs produits.
Le Comice d'Aubigny tenait, le 27 mai dernier, son cinquante-
unième concours annuel sous la direction de son président M. Min-
gasson, député de l'arrondissement de Sancerre, assisté de MM. Berthot,
Guibert^ Desforges, Fustier et Lefèvre, vice-présidents pour chacun des
cinq cantons de la circonscription. Ce concours a eu un succès complet,
et nous devons dire que nous avons été vivement surpris de l'exposi-
tion que nous y avons rencontrée : c'est le plus souvent seulement dans
les concours départementaux qu'on trouve un nombre aussi consi-
dérable d'animaux exposés. L'exposition chevaline était réellement
remarquable, tant sous le rapport des étalons que sous celui des juments
poulinières et des pouliches ; plus faible était l'exposition des ani-
maux des races bovines, où l'on trouvait cependant quelques
bons spécimens de la race charolaise qui est de plus en plus estimée
dans le pays. Les lots de moutons étaient assez nombreux ; solognots,
berrichons, dishley-berrichons, étaient assez bien représentés. Très bon
concours, et qui justifie pleinement les éloges que M. Mingasson a
distribués à la distribution des récompenses, dans les termes suivants :
« Je suis heureux de constater encore une fois les magnifiques résultats de la
culture dans les divers cantons de notre Comice ; pays tort, pays faible, luttent
à qui produira le plus et le mieux ; les friches disparaissent partout ; le bétail
de chaque espèce, lui aussi, subit des améliorations progressives. Nos culti-
COMICE AGRICOLE D'AUBIGNY-SUR-NÈRE. 377
vateurs maraîchers font merveille, nos cultivateurs forestiers ne se sont pas laissés
décourager par le lléau de la gelée dernière ; ils ressèment leurs terres et nous
allons tout à l'heure décerner une médaille due à la bienveillance de M. le minis-
tre de l'agriculture au propriétaire de la plus importante plantation de sapins. De
toutes parts, il y a travail continu, efforts fructueux et progrès sensibles ; aussi,
notre agriculture dans cet arrondissement est bien vivace. Aujourd'hui, le canal
prolongé de la Sauldre va bientôt livrer la marne en abondance aux cultivateurs,
bans quelque quinze mois, le chemin de fer qui reliera presque tous les cantons
du Comice entre eux et avec Bourges et Gien, va nous permettre des transports
faciles, rapides, peu coûteux, et donner une nouvelle impulsion aux usines de la
contrée et à ses forces productives. Alors, nos amis d'Henricheraont, d'Ivoy et
des contrées voisines, moins gênés par les difficultés du voyage, pourront appor-
ter à nos fêtes un concours plus nombreux et plus effectif.
a Dans un avenir très prochain, nous allons donc voir notre agriculture, notre
commerce et nos industries diverses, dans les cantons du Comice, prendre un essor
nouveau, une vie nouvelle.
« Aussi, dans- cette prévision, je me permettrai de vous donner quelques con-
seils pour vos cultures et je vous dirai : Cherchez et préférez la culture la plus
productive, celle qui donne un rendement en argent plus considérable; aujour-
d'hui, par exemple, le bétail donne un profit bien supérieur au blé; augmentez le
bétail; élevez, engraissez et par suite, faites des prairies artificielles; augmentez,
améliorez vos prairies, vos pâturages; le blé vous arrivera en surcroît et comme
conséquence de cette culture améliorante.
« Conduisez-vous dans la culture de vos terres comme le fabricant, qui délaisse
les objets qui n'ont pas la faveur du public et qui s'ingénie à produire ceux qui
ont le plus de vente.
« Annexez à vos cultures certaines cultures industrielles, si vous les croyez pro-
fitables ; mais cherchez et ne restez pas dans le statu quo\ n'imitez pas ces rou-
tiniers qui ne veulent jamais faire que ce qu'ont fait leurs pères.
« Procurez-vous des engrais industriels et minéraux, des machines nouvelles ;
mais avant de faire ces acquisitions dispendieuses, voyez bien si elles sont de
bonne qualité, si elles sont bien établies et surtout si elles peuvent vous donner de
bons résultats.
« L'agriculture française, qui produit près de dix miUiards par an, n'est pas
morte comme le crient à dessein certains alarmistes ; seulement, elle a eu à subir
près de sept mauvaises années; mais l'industrie, mais la finance, mais le commerce
ont eu et auront encore leurs chômages, leurs kracks, leurs ruines ; beaucoup d'in-
dustriels, de financiers, de commerçants, ont perdu non seulement leurs produits,
mais aussi leurs manufactures, leurs maisons de commerce, leurs capitaux.
« L'agriculture, et c'est là sa grande supériorité, au moins n'a perc'u qu'une
partie de ses produits ; la terre, le fonds d'exploitation est resté là, prêt à nous
donner déjà cette année une belle et bonne récolte. Espérons que celle-ci sera suivie
de beaucoup d'autres et que les sept vaches maigres vont être remplacées par les
sept vaches grasses. »
Les principales primes de culture ont été décernées à MM. Laber-
nardière, Cholet et Moindrot, tous les trois fermiers à Argent. Deux
prix d'enseignement agricole ont été attribués à M. Favard, instituteur
à Argent, et à M. Léotard, instituteur à Blancafort. Parmi les lauréats
des bons services agricoles, nous devons citer des ouvriers qui se trou-
vent depuis 140 ans de père en fils sur la même exploitation. Nous
souhaitons au Comice agricole d'Aubigny de continuer encore pendant
aussi longtemps l'œuvre de progrès qu'il a entreprise et qu'il poursuit
avec éclat. Henry Sagnier.
L'EXPLOITATION DU QUINQUINA
C'est à La Condamine, qui alla en 1730 au Pérou mesurer quelques
degrés du méridien terrestre, que l'on doit la première description de
Farbre précieux dont l'écorce réduite en poudre possède des propriétés
fébrifuges si précieuses. Les arbres à quinquina habitent les Cor-
378
l'exploitation de L'arbre a quinquina.
dillières du Pérou, de la Bolivie et de l'Equaleur à une altitude de
1000 à 1200 mètres au-dessus du niveau delà mer; ils occupent sur-
tout la réfiion de Loxa, que cette richesse en quinqujiia a rendue cé-
lèbre. Malheureusement, le mode d'exploitation adopté en Amérique
est des plus barbares ; au lieu de décortiquer les arbres, c'est-à-dire
Fig. 27. — Arbre à quinquina.
d'en enlever l'écorce et en ménageant la partie intérieure, on les abat,
et on en enlève l'écorce qu'on envoie en Europe dans des sacs de peau.
Il n'est donc pas étonnant que le nombre des arbres à quinquina ait
considérablement diminué, et que le prix de son écorce tende à s'élever
dans des proportions qui offrent plus de chances de lucre au sacrifice
des arbres restants.
Il serait donc possible qu'une méthode aussi déréglée .amenât la
disparition complète d'un arbre aussi précieux. On s'est préoccupé
l'exploitation de l'arbre a OUINQUINA. 379
des moyens d'en assurer la multiplication dans des localités oii il
serait cultivé spécialement, et où il serait l'objet de véritables exploi-
tations agricoles. Les Hollandais ont ainsi introduit l'arbre à quin-
quina à Java, et la culture a réussi admirablement ; des entreprises
analogues ont été faites aux Indes et à l'île de la Réunion.
En cherchant à développer l'arbre à quinquina dans les colonies
françaises, on augmentera leurs sources de production, et on en
accroîtra la richesse. G. Gaudot.
CONCOURS RÉGIONAL DE VANNES
Le département du Morbihan, au chef-lieu duquel s'est tenu le concours de
la région comprenant l'ancienne Breta'.'ue, le Maine et l'Anjou, est lui-même
compris entre le littoral de l'Océan et le versant sud de.? montagnes granitiques
qui s'élèvent au milieu delà presqu'île armoricaine. Un important filon de schiste
ardoisier, qui se prolonge du reste à travers le département d'IUe-et-Vilaine, jus-
qu'en Anjou, y est exploité en plusieurs endroits et à plusieurs titres, car on en
use malheureusement pour la sophistication du phosphate de chaux. Les terrains
sont en général granitiques, schisteux et parfois tourbeux, dans le Morbihan :
l'alumine, le quartz, le feldspath, le fer et le terreau acide dominent en certains
endroits; ailleurs le terrain paraît imperméable, les matières organiques ayant
uni les parties siliceuses au-dessous du sol. De nombreux cours d'eau, dont la
nature se ressent fortement du sol dont ils émergent, ou des terrains que ces peti-
tes rivières traversent, viennent se jeter dans la mer qui semble entrer à chaque
pas dans les terres, comme l'observe M. de Lavergne qui, pour juger de l'éco-
nomie rurale d'un pays, cherchait à s'élever sur ses points les plus éminents,
ainsi que le rappelait M. Barrai dans le portrait et l'éloge tout à la fois qu'il a
faits de cet économiste auquel l'agriculture a désiré élever un monument. Le
département même emprunte sa dénomination au nom celtique d'un golfe inté-
rieur à l'entrée duquel la flotte de César faillit être anéantie par celle de la puis-
sante tribu des Vénètes.
On ne remarque pas sur le littoral du Morbihan ces longues files de charrettes
qui, sur la côte nord de la Bretagne, et notamment aux approches des grèves du
Mont-Saint-Michel, et dans l'arrondissement de Goutances, vont extraire des
relais de la mer, ou chercher aux fours à chaux de Begneville, l'amendement qui
procurera à leurs terres le blé comme céréale et le trèfle comme fourrage, pro-
ductions qui ne sont à nos yeux que l'expression du calcaire dans le sol. D'après
l'analyse de M. Boussingault, le trèfle commun est, parmi les plantes fourragères,
celle dans la composition de laquelle entre le plus de chaux, et sa culture conduit
à celle du froment. Or, la Bretagne n'a dans son sol montagneux qu'un faible
gisement de calcaire exploité depuis quelque temps seulement sur la ligne de
Pontivy à Saint-Brieuc. En outre la composition des limons qui se déposent à
l'embouchure des rivières du Morbihan et dans les vastes estuaires qui se ren-
contrent sur le littoral, n'a pas cette consistance meuble de la tangue dont nous
avons donné la composition dans un article précédent concernant la culture des
grèves du Mont-Saint-Michel, et qui présente des proportions prédominantes de
l'élément calcaire, tandis que dans les alluvions ou relais de mer du Morbihan,
se rencontrent parfois 60 pour 100 de terre argileuse proprement dite, 30 et
35 pour 100 d'alumine et de peroxyde de fer avec seulement 5 à 10 pour 100
de calcaire ; sur la côte nord, au contraire, la puissance de végétation que donne
à la terre l'emploi de la tangue, est due à l'élément calcaire qui y atteint des pro-
portions de 60 à 80 pour 100, et améliore, sans fumure, les prairies naturelles ou
artificielles, en donnant une plus grande valeur aux graminées et aux légumineuses.
Le calcaire passe alors du sol à l'animal par l'intermédiaire de la plante, et si,
dans le Morbihan, veaux et poulains étaient admis, sans intermittence, à profiter
d'une pareille amélioration fourragère, les résultats pourraient y être aussi satis-
faisants que dans l'Avranchin, le pays de Caux, etc. — On dit que l'amélioration
de nos races ne peut venir que de la sélection, mais celle de l'espèce chevaline et
de l'espèce bovine, en outre d'un bon choix de reproducteurs dans le nord Finistère
et les Côtes-du-Nord, est due à l'améhoratioa et à l'accroissement des ressources
fourragères.
380 CONCOURS RÉGIONAL DE VANNES -
Depuis près de vingt ans, le Journal de l'agriculture nous a confié les comptes
rendus des concours régionaux de l'Ouest, et nous nous sommes toujours
efforcé d'y réclamer les améliorations législatives, ou purement agricoles, profi-
tables à une région administrative qui présente des dissemblances géologiques et
climatériques dont il faut tenir compte. Cette différence entre le sol de la côte
nord et le sol de la côte sud, nous l'avons signalée il y a bien longtemps, et
depuis lors M. Nadault de Buffon, dans une intéresssante élude sur l'établisse-
ment et l'exploitation des polders en France, l'a également notée. Dans un autre
sens, et à la suite de l'honorable M. Jaraet, nous avons signalé, dans le Maine et
l'Anjou, l'abus du calcaire et l'efficacité des phosphates.
Il est à croire cependant que si certaines terres du Uttoral du Morbihan lais-
sent à désirer dans leur composition, la faible proportion de carbonate de chaux
qui s'y trouve est peut-être compensée par la présence d'autres éléments utiles ;
car on y rencontre des blés d'un grand poids sinon d'un grand rendement, et en
ce qui concerne la production animale, l'oxyde de fer qui se trouve dans le sol,
enrichit le sang et les muscles au profit de l'énergie et de la longévité. 11 y aurait
donc, selon nous, à faire analyser les gisements du littoral, afin d'y rechercher
ceux qui pourraient donner à la terre le plus d'élément calcaire sous le moindre
volume, et par ailleurs rechercher également si quelques terrains granitiques ne
donnent pas naissance, dans le Morbihan, à des silicates alcalins. Ce département
est du nombre de ceux qui restent à pourvoir d'un enseignement départemental
et communal, et nous signalons ces deux questions au futur titulaire de la chaire.
Quoi qu'il en soit, compléter les terres qui manquent de l'élément calcaire, y
recommander des assolements réguliers, tel est le double but à poursuivre en
agriculture dans cette partie de la Bretagne. C'est à cette fin que la Société
d'agriculture de Lorient, par ]a plume de son secrétaire. M. Argouaih, a fait pu-
blier et répandre, par son Bulletin, un intéressant mémoire sur la chaux et son
emploi. Les conclusions de cet écrit sont simples. La chaux peut être employée
aux labours préparatoires que nécessitent, au printemps, les plantes sarclées qui
viennent en tête de rotation d'un assolement régulier. Pour le second labour, on
peut donner des fumures végétales sans que le fumier soit directement en contact
avec la chaux. C'est alors qu'on peut faire intervenir le phosphate, soit indirecte •
ment en en stratifiant les fumiers de ferme, soit en le donnant en couverture.
L'acide phosphorique manque également aux terres granitiques et schisteuses, et
la présence, dans les fourrages, du phosphate de chaux découvert à l'état de gise-
ments, par M. Charles de Molon, donne au squelette des animaux un dévelop-
pement qui ne pouvait être atteint autrefois. La découverte de ce chercheur infa-
tigable a été particulièrement utile à la Bretagne.
Sous le rapport du climat, le littoral sud ditîère d'une manière notable du centre-
Bretas;ne, où pénètre le département du MDrbihan jusqu'au cœur du Finistère.
Tandis que les jolies villes de Lorient et d'Hennebont ne sont qu'à quelques
mètres au-dessus du niveau de la mer, et qu'un courant d air chaud, qui accom-
pagne, selon nous, \e gulf-stream, y favorise des cultures arbustives, qui se rap-
prochent de celles du Midi, les cantons de Gourin, du Faouet, sont à près de
200 mètres. Le pays, du reste brusquement élevé au-dessus d'une côte de dunes
qui présente plus loin l'aspect tourmenté et déchiqueté du littoral nord , est sillonné,
en tous sens, de vallées encaissées, boisé ou couvert d ajoncs sur de grandes
surfaces non cultivées, et souvent marécageuses, est, à l'altitude du centre, d'un
climat rude et humide. A l'air tiède pendant le jour, succèdent, la nuit, des-
brouillards froids, glacés, qui se lèvent tard le matin, et s'abattent avant même le
crépuscule sur la contrée. Il en résulte entre le centre-Bretagne et le littoral une
différence notable dans la quantité de chaleur solaire. La culture du froment est
fort hasardeuse dans le centre à cause de cette situation climatérique, et de l'ab-
sence dans le sol de l'élément calcaire nécessaire à la production de cette céréale.
Naguère encore toute autre culture que celle du seigle et du sarrasin après plu-
sieurs années de friche y était ingrate. Et le foin des meilleures prairies, qui donne
pourtant aux herbivores indigènes des muscles ronds, solides, et un sang très
riche, était impuissant à développer la taille et l'épaisseur de l'ossature. C'était le
pays des petits chevaux de selle nommés innkané haquenées, bidets d'amble, etc.,
n'arrivant qu'à une taille de 1"\40 ; et ces poneys, courant les landes, la crinière
au vent, seraient, au dire de l'honorable M. Vidalin, d'après un article de la Revue
des Deux-Mondes, les témoins de l'aurore de la civilisation en Europe ; d'origine
asiatique, ils auraient existé en Bretagne, bien avant l'introduction du cheval
CONCOURS RÉGIONAL DE VANNES. 381
arabe, et seraient ainsi la confirmation de l'émigration des Aryas vers l'occident.
La science moderne, dit M. Vidalin, dans un article fort attrayant, sur le cheval
arabe en France, admet, en effet, que dans les temps préhistoriques les plus
reculés, des peuples qu'elle désigne sous le nom d' Aryas, ont été chassés des
hauts plateaux de l'Asie par des changements de climat, et qu'ils sont venus se
fixer en Europe pour y servir de souche à la population actuelle. Ils emmenèrent
avec eux le cheval asiatique, qu'ils ont également répandu en Syrie et en Arabie,
où, sous l'influence d'un sol calcaire et d'un ciel sec, le cheval arabe a été préservé
des effets de l'humidité dans le sol et dans les fourrages. Réduit déjà dans sa
taille, sans aucun doute, le cheval asiatique a été régénéré par l'importation en
Bretagne de l'étalon arabe au temps des Croisades. On sait du reste que Soli-
man II envoya à la duchesse Anne, dont l'union au roi de France unit également
la Bretagne, sous la réserve de ses franchises et immunités, cincjuante chevaux et
cavales des mieux choisis en Arabie ; que les Etats de la province consacrèrent,
à plusieurs de leurs tenues, des sommes importantes à l'introduction du cheval
d'Orient, considéré alors comme le seul régénérateur possible de l'espèce cheva-
line, en Bretagne. Des dépôts et des stations d'étalons furent créés, et leur direc-
tion honorifique confiée à des officiers des haras, dont les noms se retrouvent
encore aujourd'hui parmi nous. Sans doute la même direction ne fut pas toujours
suivie, et l'on dit même que pour plaire à la puissante favorite, connue sous le
nom d'un domaine affecté aujourd'hui à l'élevage du cheval arabe ou anglo-arabe,
le duc d'Aiguillon fit introduire en Bretagne le cheval germanique qui, avec sa
tête allongée, son chanfrein busqué, sa structure massive, avait, paraît-il, dans son
allure, une solennité de bon ton, et toute conforme à l'étiquette de la cour.
Ce qui pour nous reste acquis, c'est que le sang oriental avait donné aux
bidets de Brieck et de Gorlay une énergie et une longévité que n'ont pas les
chevaux anglo-normands. Mais le sang arabe faisait alors, et fait encore trop
petit, et la preuve est qu'on a songé à en élever la taille en l'alliant au cheval
anglais. Nous invoquerons à cet égard l'opinion de Arthur Young, voyageant en
Bretagne et surpris de la nuée de petits étalons qu'il y rencontre.
Le vrai est qu'on a échoué et qu'on échoue souvent en Bretagne à vouloir faire
le cheval qu'il nous faut aujourd'hui, c'est-à-dire sulfisamment développé pour
convenir à tous les besoins de la culture, de l'armée et du commerce de luxe.
Pour le cheval de trait on a recours depuis cinquante ans à l'étalon percheron, et
ce qu'on désigne à Paris comme percheron-breton est le vrai modèle du cheval
d'omnibus; dans le nord-Finistère pour le cheval de service on introduit l'anolo-
normand et aujourd'hui le cheval du Norfolk; dans le centre, à Coilay, l'étalon
arabe est remplacé par l'anglo-arabe, et môme le cheval de pur saog anglais. On
s'en prenait souvent à la faiblesse des juments indigènes; mais des propriétaires
dévoués au succès hippique importaient de belles poulinières, l'alimentation était
donnée, en apparence, assez abondante, et les produits ne répondaient pas à leur
attente. On s'est alors retourné en définitive vers l'influence du sol, ne contenant pas
dans ses produits l'élément calcaire nécessaire au développement osseux, et à la
puissance musculaire. Le fort cheval de trait est partout sur les terres à blé; le
Perche, le pays de Gaux, le Bourbonnais sont des terres à blé, et point de calcaire
point de blé.
Ces considérations ne sont point hors du sujet d'un concours agricole et hip-
pique dans le Morbihan. Avec l'amélioration de la culture du sol, on y aura un
jour plus de volume et de viande chez le bœuf, plus de lait pour les vaches lai-
tières, et le poulain devenu plus étoflé indemnisera son maître des frais d'amen-
dement de la terre. Il faut toujours revenir à ce principe agricole si parfaitement
suivi en Normandie : la meilleure capitalisation d'une ration fourragère complète
en tous ses éléments. C'est à un sol mieux amendé et mieux cultivé qu'il faut
demander le grandissement des races en Bretagne', disions-nous, il y a plus de
dix ans. Le climat joue un rôle incontesté, mais il n'est pas plus humide en
Bretagne qu'en Angleterre, ainsi que le remarquait déjà Arthur Young.
C'est donc ici, sur un sol granitique insuffisant pour donner aux races le gran-
dissement que prouve une meilleure alimentation, qu'il faut décider de la valeur
des théories : faiblesse ou perte de caractère ou de distinction, tel est le sort qui
attend les meilleures races chevalines ou bovines colonisées depuis longtemps dans
un pays dont le sol est insuffisant pour une alimentation t^ubstantielle.
Et cette petite, mais gracieuse vache pie, objet d'une mode bien justifiée par
1. Considérations sur l'économie rurale de la Bretagne.
382 CONCOURS RÉGIONAL DE VANNES.
la richesse de son lait qu'elle conserve du reste fort longtemps, et qui fait l'orne-
ment d'un parc, d'une pelouse même; tandis qu'elle ne broute que trop souvent
aux buissons du chemin dans le Morbihan, elle n'est elle-même que l'attestation
dea faits, sinon de la théorie que nous signalons. Originaire de la Finlande, on la
rcîrouve de grande taille en Hollande et minuscule sur le sol granitique de notre
vieille Armorique, telle, en un mot, que nos robustes épaules l'auraient aisément
portée, il y a quarante ans; sa taille s'élève peu à peu sous l'influence d'une ali-
mentation plus substantielle et nous sommes de ceux qui avons demandé eu égard
aux progrès agricoles, la création dans les concours d'une catégorie de durham-
bretons. On sait du reste qu'il existe sur le littoral nord et aux environs de Gorlay,
une race bretonne rouge qui s'allie très bien au durham, et un grand nombre de
Comices et Sociétés d'agriculture ont acheté des taureaux purs ou croisés dont la
supériorité, sur les races locales, est incontestable au point de vue de la précocité,
de la perfection des formes et de la plus complète utilisation de la nourriture,
en un mot, au point de vue de la boucherie, comme au point de vue de la faculté
laitière spécialisée. Nous ne craignons donc pas de revendiquer pour le Journal
de l'ogriruUure et pour nous-même, après les Jamet, les du Buat, les Desprez,
les Kerjegu, de Champagny, une part de la voie suivie dans la circonscription
agricole dont le concours s'est ouvert à Vannes.
Pour en finir avec les chevaux, nous dirons que leur taille s'est élevée avec les
progrès de la culture. Les environs de Morlaix et le pays de Léon fournissent
aujourd'hui de nombreux étalons à l'administration des haras et nos trotteurs
bretons ont battu leurs rivaux de Normandie aux courses du Pin. Sans doute le
système d'entraînement, dans ces courses mêmes, joue un grand rôle; mais le fond
y est pour beaucoup et nos trotteurs ont conservé leur énergie native.
La cause hippique a rencontré en Bretagne les dévouements éclairés de
M. Baron du Taya, breton et ancien directeur des haras, de M. de Forsant et de
M. du Paz à la station de Saint-Pol-de-Léon. Par ailleurs, les dépôts d'Hennebont
et de Lamballe (ce dernier surtout comme chevaux de trait) possèdent des collec-
tions de reproducteurs très bien appropriés au pays, ce dont témoigne le concours
hippique de Vannes.
Le mouton tend à disparaître en Bretagne. Il en était tout autrement, paraît-il,
du temps de Mme de Sévigné, qui conte gaiement qu'aux approches de Vannes,
et à la tombée de la nuit, le carrosse dans lequel elle voyageait avec M. de Vannes
fut arrêté par un troupeau de moutons auxquels l'évêque donna la bénédiction
par la portière, les prenant pour des fidèles agenouillés. Fit cette aventure met la
belle dame en meilleure humeur que Arthur Young réveillé au milieu de la nuit
par des gentilshommes attardés dans son hôtellerie, et qui veulent acheter la
jument aveugle sur laquelle il voyageait. Quoi qu'il en soit, le croisement avec la
race f-outhdown présenterait de grands avaniages, si par ailleurs une alimentation
suffisante était assurée aux moutons qu'on élève encore dans le Morbihan. La
nature a donné au mouton la laine et le suint pour le garantir du froid et de
l'humidité, et c'est la stabulation qui diminue son tempérament, son volume et la
fécondité des brebis. De nombreuses terres vaines et vagues dont la propriété
n'était pas bien déterminée entre les ayants droit permettaient autrefois l'entretien
d'assez nombreux troupeaux de moutons, car par ailleurs le droit de vaine pâture
considéré comme favorable à leur élevage, n'existait pas en Bretagne. Une loi de
procédure, la loi Favreau, en facilitant le partage de ces terres, a enlevé cette res-
source aux éleveurs de petits moutons noirs et blancs qu'on voyait encore, il y a
vingt ans, parcourir les landes. Cette loi du reste, dont la prorogation était de-
mandée par le Journal de Vagricullure, a fait sortir de l'indivision, le pire des
genres de propriétés, des terres qui reviennent chaque jour à la culture.
La race porcine ne peut se relever de son infériorité en Bretagne que par son croi-
sement avec notre bonne race craonnaise, le yorkshire moyen et le berkshire.
Sa défectuosité faisait la désolation de l'honorable M. Jamet, qui était venu
habiter le département d'IUe-et- Vilaine. Nous l'y remarquons également dans
les foires que nous aimons toujours, par une ancienne habitude commune aux
country gentlemen, race qui disparaît en France.
C'est dans l'ordre d'idées que nous venons d'émettre que nous jugeons dans les
concours bretons les races chevaline, bovine, ovine et porcine. Le grandissement
des races et leur amélioration constitutive sont, selon nous, en raison directe de
leur alimentation plastique; et l'expérience, il faut en convenir, découvre parfois
la vérité sans se soucier des théories.
CONCOURS RÉGIONAL DE VANNES. 383
L'importance actuelle des concours régionaux agricoles auxquels on a adjoint,
avec juste raison, la question hippique et celle qui, comme 1 intéressante indus-
trie ostréicole, peuvent remédier, par leur succès, à des soull'rances, comme celles
produites sur le littoral par la ruine des salines et du cabotage, imposera de plus
à ceux qui sont chargés d'en rendre compte des développements étendus.
Le concours de Vannes a été exce[)tionnellement favorisé par le beau temps. La
promenade ombragée de la Garenne, faisant suite aux jardms du vénérable palais
de la Préfecture, était réservé aux animaux, instruments et produits agricoles,
à l'exposition ostréicole de laquelle nous ferons un compte rendu spécial. Les
allées bordant le port et la rivière de Vannes étaient réservées au concours
hippique.
Les concours spéciaux d'instruments : faucheuses, charrues brabants doubles
pour labours légers et profonds, machines à battre mues par la vapeur, broyeurs
d'ajoncs, houes à cheval et pelles à cheval, n'ont p:^is justifié, pour plusieurs d'en-
tre eux, dont on recherche la propagation dans la région, et particulièrement dans
le Morbihan, des décisions qui semblaient notoirement acquises par de précédents
concours, et les exposants nous ont paru d'accord pour demander la suppression
des concours spéciaux, à moins de déterminer, par un véritable code, les points
sur lesquels doivent se porter les appréciations des jurys ; autrement on s'expose,
selon eux, à faire un pas en avant et deux en arrière. Plusieurs de ces instruments,
notamment le broyeur d'ajoncs, sont d'une utilité sf)écialeàla Bretagne. La houe à
cheval faisait dire à M. Bodin père, que le cultivateur qui s'en servait était désor-
mais acquis au progrès. Quanta la pelle à cheval, elle diminue grandement les frais
de main-d'œuvre pour le nivellement des terres et des prairies, et est particulière-
ment en usage dans la Loire-Inférieure et la Vendée. Elle n'a été l'objet que d'un
seul prix lorsque son utilité peut en justifier au moins un autre. Notons, en
finissant, qu'une nouvelle presse à fourrage de MM. Texier, mécaniciens à Vitré
et Landerneau, a été l'objet d'une récompense justement méritée.
Quoi qu'il en soit des inconvénients et des avantages des concours spéciaux, le
vœu de leur maintien a été exprimé par l'assemblée des exposants, et pour le con-
cours de 188'^, à Quimper, centre agricole du Finistère, qu'un vote du Conseil
général déshéritait de cette solennité au profit d'un grand port maritime. Les
exposants ont été unanimes pour demander le maintien du concours à Quimper.
Le vœu a été exprimé à la réunion des exposants, que puisque l'espèce cheva-
line était adjointe aux concours agricoles, sous une double direction à la vérité,
celle de l'agriculture et celle des haras, tout au moins les récompenses à décerner
fussent publiées simultanément, et c'est justice. Une catégorie de l'espèce cheva-
line, les poulains et pouliches de deux ans, adjointe aux concours par un arrêté
spécial et en vue des encouragements de la Société d'encouragement à l'agri-
culture, n'avait reçu qu'une publicité tron restreinte.
Les croisements durhams-bretons ont été l'objet d'une discussion intéressante.
Nous les considérons comme la voie du progrès, et l'assemblée a voté l'augmen-
tation des encouragements à leur donner en 1884; il nous semble même qu'un
prix d'ensemble devrait leur être accordé comme aux durham-manceaux, avec la
même réserve de la présence d'un reproducteur pur sang, dans la bande d'ani-
maux à récompenser.
La race bretonne, dont l'amélioration est sensible depuis quelques années,
grâce à raméliorati(m générale de la ration fourragère, était très nombreuse à Van-
nes, et on a demandé, en même temps que l'augmentation des prix aux durham-
bretons, le maintien du même nombre de prix pour cette race dans le Finistère, et
on admirait, comme laitières, les petites vaches de M. le comte deLambilly.
Au résumé, les prix d'ensemble pour les diverses races ont été donnés comme
suit : P à M. Le Floch, pour ses animaux bretons ; 2° à M. Després, pour les
durham-manceaux; 3° à M. GroUier, pour ses durhams purs.
Le prix d'ensemble de la race ovine a été attribué à M. Léon Rezé, pour ses
animaux dishley. Nous pensons, toutefois, comme nous l'avons dit ci-dessus, que
la race southdown convient mieux aux éleveurs du Morbihan.
Le prix d'ensemble de la race porcine est revenu à M. Grollier, pour ses craon-
nais-berkshires, confirmant ainsi nos appréciations précédentes.
Un rappel de prime d'honneur et une distinction honorifique justifiée, ont été
accordés à M. Le Floch, lauréat en 1875„et la prime d'honneur a été attribuée à
un lauréat du prix cultural de la deuxième catégorie, M. Jean-Marie Gaget. Un
objet d'art de spécialité a été donné à M. le comte de Lambilly, auquel la Société
384 CONCOURS RÉGIONAL DE VANNES.
des agriculteurs de France a offert également un objet d'art, ainsi qu'une médaille
d'honneur à M. Pozzy, un des lauréats du concours ostréicole sur lequel nous
nous proposons de revenir.
L'exposition hippique était fort belle et comptait au delà de 200 chevaux et
juments classés suivant leurs âges et leurs aptitudes comme suit : chevaux et
"juments de trait, demi-sang postiers, demi-sang carrossiers et demi-sang de selle.
Cette classification indique à elle seule que les améliorations obtenues dans la race
chevaline en Bretagne, sont dues à de judicieux croisements, lorsque par ailleurs
les améliorations culturales sont venues les permettre. Nous avons exposé ci-
dessus notre manière de voir et un trop court aperçu de la voie suivie en Bretagne
pour l'élevage du cheval. En voyant les beaux types des postiers et des carrossiers,
dus au san^ Norfolk-anglo-uormand, les grands bretons à la veste courte et aux
larges épaules, disaient fièrement : Ce sont les enfants de M. du Paz, l'homme
qui certainement en Bretagne a fait le plus d'unions assorties dans les nombreuses
familles qu'il connaît.
La distinction entre le demi-sang carrossier et le demi-sang postier ne réside
guère que dans la taille.
Pour les races de selle de Gorlay, qui sont issues du cheval arabe, sinon du
cheval des Aryas, on use aujourd'hui comme nous l'avons dit du cheval pur sang
anglais. Plusieurs des chevaux étaient même à l'état d'entraînement pour les
courses plates.
Le concours de Vannes exceptionnellement favorisé par le beau temps l'a été
également par la visite du ministre de l'intérieur auquel un accueil enthousiaste a
été fait. Il faut espérer que le département du Morbihan recueillera les fruits de
cette visite. M. le ministre de l'intérieur a promis de s'occuper de la question
pendante des chemins vicinaux et ruraux. Espérons que les prestations seront
conservées, et que deux journées de cet utile impôt resteront affectées à cette der-
nière zone de voies rurales. C'est la seule grâce que nous lui demandions.
Voici la liste des récompenses décernées :
Prix culturaux.
1" Catégorie. — Propriétaires exploitant leurs domaines directement ou par régisseurs et
maîtres-valets, un objet d'art, M. Mathunn Ledain, propriétaire au Guily, commune de Malguénac,
arondissement de Pontivy.
2° Catégorie. — Fermiers, cultivateurs-propriétaires, tenant à ferme une partie de leurs terres
en culture; métayers i->olés cultivant des domaines au-dessus de 20 hectares, un objet d'art,
M. Jean-Marie Gaget, fermier à Kéran, commune d'Arradon, et au Mézo, commune de Plœren,
arrondissement de Vannes.
3^ Catégorie. — Propriétaires exploitant plusieurs domaines par métayers, un objet d'art, non
décerné.
4" CaléQorie. — Métayers isolés, propriétaires ou fermiers de domaines au-dessus de 5 hectares
et n'excédant pas 20 h'Ctares, un objet d'art, M. Robin, fermier à Kerbastic, commxine de Gui-
del, arrondissement de Lorient.
Rappel de prime d'honneur. — M. Louis Le Floch, propriétaire au Minimur, commune de
Vannes.
Prime d'honneur, un objet d'art, M. Jean-Marie Gaget, lauréat du prix cullural de la
2' catégorie.
Objet d'art de spécialité. — M. le comte Jean-Gabriel de Lambilly, propriétaire à Lambilly.
commune de Taupont, arrondissement de Ploërmel, pour la création de 39 hectares de belles
prairies en partie irriguées, la plantation de 13 hectares de vergers et le reboisement de vastes
surfaces.
MÉDAILLES DK. SPÉCIALITÉ. — Médailles d'or (grand module), MM. Constant Egron, fermier à
Kerguénan, commune de Surzur et Salarun, commune de Theix, arrondissement de Vannes, pour
ses belles >oles de plantes sarclées, la création de bonnes prairies et l'emploi important et raisonné
des amendements calcaires; François Labarre, fermier à la Vilhouët, commune de la Gacilly,
arrondissement de Vannes, pour ses belles prairies et sa magnifi lue sole de trèfle ; Jo^epti
Granger, ftrmier à Bordénéo, commune du Palais, à Belle-Ile, arrondissement de Lorient, pour
ses bonnes et importantes cultures sarclées et le bel ensemble de son bétail ; Joseph Le Jeioux,
propriétaire à Lahaye, commune de Pontivy, pour la création et la reconstitution rie 15 hectares
de prairies et la culture considérable de plantes sarclées; Mathurin Marhm, fermier à Kervert,
commune et arrondissement de Pontivy, pour son excellent assolement et sa fabrication de beurre
de qualité remarquable; Emile Hérissant, propriétaire à Kerlac, commune de Molac, arrondisse-
ment de Vannes, pour la bonne exécution de défrichements difficiles et l'application d'une culture
bien raisonnée.
Mf'dailles d'or, MM. Julien Loirat, fermier à la Louisiane, commune de Molac, arrondissement
de Vannes, pour son bon élevage d'animaux de race nantaise et l'application judicieuse du système
semi-pastoral; Le Floch frères, fermiers à Manegoulanec, commune de Golan, arrondissement de
Lorient, pour leur belle sole de céréales et leur création de bonnes prairies irriguées ; Adolphe de
Keyser, propriétaire à Propàendo, commune de Plœren, arrondissement de Vannes, pour ses
belles plantât ons de pommiers et de châtaigniers greffés; Mme Vve Levaillant, fermière à Ker-
guisec, commune de Surzur et au Tour-du-Parc, arrondissement de Vannes, pour ses belles cul-
tures de céréales; MM. Aristide flameliu, propriétaire à Kernantais-sur-Lanvaux, commune de
Pleucadeuc, arrondissement de Vannes, pour la bonne application du système des prairies tem-
CONCOURS RÉGIONAL DE VANNES. 385
poraires en larges planches bombées; Jules Peuchant, à Kerj^icquel, commune de Moustoir-
Remungal, arrondissement de Pontivy, pour le bon aménagement de sas bâtiments d'exploitation,
ses excellentes fumières et la plantation de vergers de pommiers; Du Bouëliez de Kerroguen,
propriétaire à Kermadiou, commune de Plmmeur, arrondissement de Lorient, pour la création
d'abris de pins et la plantation de vergers de pommiers.
Médailles d'arqent («rand module), MM. Jean-Frnnçois Goumont, au moulin des Oies, commune
de Belu, arrondissement de Lorient, pour ses bons travaux exécutés en vue de la mise en valeur
d'un petit polder; Jules Huneau, propriétaire à Keranguat, commune de Questembert, pour la
création de bonnes prairies et la réunion de parcelles ; Pierre Sergent, propriétaire à Ville-Man-
guy, commune de Lanouée, arrondissement de Ploërmel, pour des défrichements bien faits et de
bonnes préparations pour création de prairies; Joseph Moreau, fermier à Kerdrr'an, commune de
Naizin, arrondissement de Pontivy, pour la bonne tenue de ses fumiers et l'emploi raisonné des
engrais complémeutaires; Eugène Pocard-Kerviler, propriétaire à Kerguestenen, commune de
Gestel, arrondissement de Lorient, p our ses belles pépinières de plante* d'ornement et d'espèces
forestières; Vincent Le Vaguerèse, fermier à Grand-Goler, commune de Plumelin, arrondissement
de Pontivy, pour l'assainissement de prairies et la réumon de parcelles.
Concours spécial d'aménagement des eaux.
1" Catégorie. — Propriétés contenant plus de 6 hectares de terres arrosées. — 1" prix, un obje
d'art (remplaçant la médaille d'or), M. le comte GeofTroy-Marie de GouUine, propriétaire au
château do Kervilio, commune de Brandérion. arrondissement de Lorient; 2% médaille d'argent
(grand module), M. Alexis Geffriaud, propriétaire au bois de la Lande, commune de Pénestin,
arrondissement de Vannes; 3*, médaille d'argent, M. Jules Peuchant, à Kergicquel, commune de
Moustoir-Remungol, airondissement de Pontivy.
2" Caléqnrie. — Propriétés ayant 6 hectares et au-dessous, soumis à l'irrigation. — l" prix,
médaille d'or, M. Joseph Quéro, propriétaire à l'Abbaye de la Joye, commune d'Hennebont,
arrondissement de Lorient; 2% médaille d'argent, M. Pierre-Mane Adol, au Bas-Pont'-corfr,
commune de Cléguer, arrrondissement de Lorient; 3% médaille de bronze, M. Ctiristophe-Marie-
Auguste Guyot de Salins, à Auray, arrondissement de Lorient; 4°, médaille de bronze, MM. Tetiot
frères, à Morgand, commune de Taupont, arrondissement de Pluërmel.
Récompenses aux agents des exploitations qui ont obtenu des prix culturaux. — 1" Catégorie.
— Explonation de M. Le Dain. — Médailles d'argent, MM. Marc Le Guéhennec, contremaître;
Mathurin Brigand, premier garçon de ferme; Joseph Jégoux, deuxième garçon de terme. —
Médailles de bronze, Mmes Aune-Marie Péchen, vachère; Jeanne Potier, domestique; M. Yves
Gloux, ouvrier permanent.
2' Catégorie. — Exploitation de M. Gaget. — Médailles d'argent, M.M. Joseph Lotodé, régisseur,
à Kéran; Mathurin Prono, ouvrier permanent. — Médailles de bronze, MM. Joachim Conan,
ouvrier permanent; Pierre VoUy, charretier; Mme Augustine Nocher, première servante; 40 fr.,
Pierre Eveno, vacner; 30 fr., Mme Marie Moreau, deuxième servante.
4" Ca égorie. — Exploitation de M. Robin. — Médaillts d'argent, M. Louis Toublou, premier
domestique; Mme Louise Legall, servante. — Médailles de bronze, MM. Guillaume Moisan, vacher ;
François Péron, domestique.
Agents divers. — Médailles d^argent, MM. Marqueresse, garde forestier, chez M. le comte de
Lambilly; Joseph Perron, surveillant, chez M. le comte de Goulaine; François Hamon, contre-
maître irrigaleur, chez M. Geffriaud; Jean Guiwarch, contre-maître irrigâteur, chez M. Adol.
Animaux reproducteurs. — Espèce bovine.
1" Catégorie. — Race bretonne. — Mâles. — 1"''= Section. — Animaux de 1 à 2 ans, n'ayant pas.
de dents de remplacement. — l" prix, M. François Conan, à Ergué-Armel (Finistère) ; 2*,
M. Le Nancq, à Kergrist (Morbihan) ; 3% M. Le Floch, à Vannes (Morbihan); 4°, M. 'Joseph Feunteun,
à Penhars (Finistère); 5°, M. René Cuzon, à Kerfunteun (Finistère); 6°, M. Hervé Feunleun, à
Ergué-Armel (Finistère); 7% M. Pernez, à Ploneis (Finislère); 8% M. Josei)h Caudal, à Vannes
(Morbihan); 9% M. Jean-Marie Le Corff, à Vannes (Morbihan). — Mentions honorables,
MM. Pierre Caill, à Lanriec (Finistère) ; Mathurin Marhin, à Pontivy (Morbihan) ; François Krand,
à Theix (Morbihan). — 2" Section. — Animaux de 2 à 3 ans, ayant deux dents de remplaeement.
— 1" prix, M. Vincent Le Treste , à Vannes; 2"', M. Joseph Caudal; 3", M. René Pernez;
4% M. Le Floch; 5°, M.Pierre Caill; 6', M. Alphonse Gautier, à Loudéac (Côtes-du-Nord). —
Mentions honorables, MM. Vincent Le Treste; Stephan, à Erdeven (Morbihan); Hervé Feunieun.
— Femelles. — 1" Section. — Génisses de 1 à 2 ans, n'ayant pas de dents de remplacement. —
1" prix, M. Yves Feunteun, à Ergué-Armel (Finistère); 2°, M. Ernest Henrat, à Arradon (Mor-
bihan); 3", M. Le Floch: 4", M. Jean-Vincent Le Jallé, à Vannes; 5% M. Thomas Le Floch, à
Vannes; 6°, M. Mathurin Mahin. — Mentions honorables, MM. Hervé Feunteun; Pierre Caill;
Mme Vve Levaillant, à Surzur (Morbihan); M. Pierre-Marie Levaillant, à Tour-du-Parc (Morbihan).
2" Section. — Génisses de 2 à 3 ans, pleines ou à lait, n'ayant que deux dents de remplacement.
— l" prix, M. Charles de Lagatinerie, à Plaudren (Morbihan); 2", M. le comte de Lambilly, à
Taupont (Morbihan); 3°, M. Yves Feunteun; 4", M. Ernest Henrat; ô", M. Julien Le Guen, à
Vannes; 6°, M. Pierre Caill. — Mentions très honorables, MM. Jacques Guillevic, â Vannes;
M. Le Floch. — 3° Section. — Vaches de plus de 3 ans, pleines ou à lait. — 1" prix, M. Mathurin
Marhin; '2°, M. Le Floch; 3% M. Julien Brédoux, à l'Isle-aux-Moines (Morbihan); 4% M. Pernez;
5°, M. Lafosse, à Plœren (Morbihan); 6% M. Hervé Feunteun; 7°, M. le comte de Lambilly;
8°, M. Yves Feunteun. — Prix supplémeniaires, MM. Joseph Hervio, àElven (Morbihan); M. Caill.
— Mentions honorables, MM. Joseph Causal; M. Ernest Henrat
2* Catégorie. — Race parthenaise et ses dérivées (nantaise, vendéenne). — Mâles. — l"' Section.
— Animaux de 1 à 2 ans, n'ayant pas de dents de remplacement. — l" prix, M. Pierre Guerchet,
à Saint-Eûenne-de-Monlluc (Loire-Infcrieuie) ; 2% M. Henri Lucas, à Goucroa (Loire-Inférieure),
3", M. Julien Mabilais, à Saint- Etienoe-de-Montluc (L')ire-Inférieure). — Mentions honorables;
M W. Emile Moussion, à Siint-Etienne-de-Montluc (Loire-Iniérieure) ; Pierre Crémet, à Couëron
(Loire-Iiif:!rieure). — 2* Section. — Animaux de 2 à 4 ans. — l"prix, M. François Tessier, à
Saint-Eiienne-Je-.Montluc (Loire-Inférieure) ; 2", M. Louis Moreau, à Saint-Etienne-de-Montluc
(Loire-Inférieure). — Meniions très honorables, MM. Henri Lucas, le comte de Juigné, à Chemeré
(Loire-Inférieure). — Femelles. — 1" Section. — Génisses de 1 à 2 ans, n'ayant pas de dents
de remplacement. — 1" prix, xM. Jules Rabin, à Saint-Etienne-de-Monlluc (Loire-Inférieure) j 2°,
386 CONCOURS RÉGIONAL DE VANNES.
M. Donatien Mabilais, à Saint-Etienne-de-Montluc (Loire-Inférieure); 3°, M.Julien Mabi'ais. —
Mention très honorable, M. Pierre Ghouteau, à Coiiëron (Loire-Inférieure). — 2' Section. —
Génissps de 2 à 3 trûi> ans, pleines ou à lait, n'ayant que deux dents de remplacement. —
l^prix, M. lecomte de Juigné; 2% M. Jean Pil.et, à baint-Etieniie-de-Montluc (Loire-inférieure);
3« M. Clément Babin, à Sainl-i<^lienne-de-MDntluc (Loire-Inférieure). — 3° Section. — Vaches de
plus de 3 ans, pleines ou a lait. — ^''prix, M. le comte de Juigné; 2", M. Pierre Crémet ; 3",
M. Donatien Mabilais, 4% M. Julien Mibiais. — Prix supplémentaire, M. Louis Moreau. —
Mentions honorables, MM. Henri Lucas; Clément Babin; Jean PiUet.
3" Catégorie. — Race durham. — Mâles. — 1™ Section. — Animaux de 6 mois à un an, nés
depuis le 1" mai et avant le 1"'' novembre 1882. — 1"' prix, M. le comte de Falloux, au bourg
d'Iré (Maine-et-Loire); 2% M. Cherbonneau, à Contigné (Maine-et-Loire); 3% M. Louis Abafour,
à Miré (Maine-et-Loire). — Prix supplémentaire, M.Grollier. — Mention très honorable, Ferdinand
Després, a la Guercbe (lUe-et-V laine). — Mentions honorables, MM. Gandon, à Grez-en-Bouère
(Mayenne); Arsène Gastinel, à Gennes-sur-.Seichès (Ille-et-Vilaine). — 2" Section. — Animaux de
1 à 2 ans, nés depuis le 1"' mai 1881 et avant le 1°"" mai 1882. — 1" prix, M. Grollier, à Durial
Maine-et-Loire); 2% M. Daudier, à Niafle (Mayenne); 3°, M. François Rousseau, à Mèral
(Mayenne); 4" M. le comte de Falloux, — Mention irès honorable, M. Ferdinand Després. — Men-
tion honorable, M. Sé^ot, à Sainte-Gerames-d'Andigné (Maine-et-Loire). — 3° Section. — Animaux
4e 2 à 4 ans, nés depuis le 1" mai 1879 et avant le l"' mai 1881. — 1" prix, M. le comte de
Falloux; M. François Rousseau, à Méral (Mayenne). — Mention très honorable, M. Ferdinand
Després, à la Guercbe (Ule-et-Vilaine). — Mentions honorables, MM. Arsène Gastinel, à Gennes-
sur-Seichès (Ille-et-Vilaine) ; François Corre, à Lannillis (Finistère). — Femelles. — 1™ Section.
— Génisses de 6 mois à 1 an, nées depuis le 1" mai et avant le premier novembre 1882. — 1" prix,
M. Grollier; 2% M. le comlede Falloux; 2% M Romain Ségot. — Mention très honorable, M. Pierre-
Gustave Martin, à Cossé-le-Vivien (Maypnne). — Mentions honorables, MM. Jules Ricosset, à
Parné (Mayenne); François Rousseau. — 2" Section. — Génisses de 1 à 2 ans, nées depuis le 1" mai
1881 et avant le l''" mai 1882. — 1'"' jinx, M. Grollier ; 2% M. le comte Falloux ; 3'= M. Ferdinand
Després; 4% M. Romain Ségot. — Mention très honorable, M. Grollier. — Mention honorable,
Bertroii-Auger fils , à la Flèche (Mayenne). — 3" Section. — Génisses de 2 à 3 ans, nées depuis le
1" mai 1880 et avant le 1°'' mai 1881, pleines ou à lait. — l""" prix, M, Ferdinand Després; 2'',
M- Grollier; 3*, M. le comte de Falloux; 4", M. Joachim Gastinel. — Mentions honorables,
MM, Bertron-Auger fils, à la Flèche (Mayenne) ; le comte de Cha-npagny, à Plougean (Finistère).
— 4" Section. — Vaches de plus de 3 ans, nées avant le 1°'' mai 1880, pleines ou à lait. — 1" prix,
M. Grollier; 2°, M. François Rousseau ; rappel de 3" prix, M. le comte de Fa loux ; 3*. M. Ferdi-
nand Despiés; 4°, M. Arsène Gastinel: h', M le comte de Champagny. — Mention très honorable,
M. Grollier. — Mentons honorables, MM. Bertron-Auger fils-, M. Grollier; M. Romain Ségot.
4' Catégorie. — Croisements durham-bretons. — Mâles. — 1"= Section. — Animaux de I à 2 ans,
nés depuis le 1'='' mai 1881, et avant le 1" mai 1882. — 1"'' prix, M. le comte de Troguindy,
à Lannion (Gôtes-du-Nord) ; 2°, M. Gandon. — 2° Section. — Animaux de 2 à 3 ans, nés depuis
le 1" mai 1880 et avant le 1" mai LsSI. — Prit unique, M. Pierre Ro'idot, à Saint-Goazac. —
Mention très hmorabie, M. Pierre Henry, à Plouvin-Morlaix (llle-et- Vilaine). — Femelles. —
1»" Secno-i. — Génisses de 1 à 2 ans, nées depuis le 1"^ mai 1881 et avant le 1" mai 1882. —
]" prix, M. Yves Feunleun; 2°, M. Pierre Henry. — Mention très honorable, M. Joseph Euzenat,
à Pontivy (Morbihan). — 2° Section. — Génisses de 2 à 3 ans, nées depuis le 1" mai 1880 et
avant le 1" mai 1831, pleines ou à lait. — l" prix, M. Athanase de Couëssin, à Assérac (Loire-
Inféri-ure) ; 2% M. Gandon. — Mention très honorable, M. Cherbonneau. — 3" Section. — Vaches
de plus de 3 ans nées avant le 1" mai 1880 pleines ou à lait. — P"' prix, M. Charbonneau; 2',
M. le comte de Champagny. — Mentions très honorables, M-M. Pierre Roudot; Pierre Henry. —
Mention honorable, M. Pierre Henry.
5» Catégorie. — Croisements durham, autres que ceux de la 2^ catégorie. — Mâles, — 1" Section.
— Animaux de l à 2 ans, nés depuis le l" mai 1881 et avant le l" mai 1882. — 1" prix, M. Ch-^r-
bonneau; 2% M. Jules Ricosset. — Mention très honorable, M. Louis Abafour. — Mentions hono-
rables, MM. Gandon; Daudier. — 2" Section- — Animaux de 2à3 ans, nés depuis le 1" mai 1881.
— Prix unique, M. Cherbonneau. — Mention honorable, M. Gandon. — Femelles. — l'^ Section.
Génisses de 1 à 2 ans, nées depuis le !"■ mai 1881 et avant le 1" mai 1882. — 1" prix, M. Jules
Ricosset; 2°, M. Gandon; 3'', M. Cherbonneau. — Mentions très honorables, MM. Després; Romain
Ségot. — Mention honorable, .M. Parage, à Gnaz.é-sur-Argos (Maine-et-Loire). — 2° Section. —
Génisses de 2 à 3 ans, nées deimis le 1" mai 1880 et avant le 1" niai 1881, pleines ou à lait. —
1" prix, M. De-prés, 2°, M. Che'bonneau; 3', M. Parage. — Meaiion très honorable, M. Rezé.
— Mentions honorables, MM. Cherbonneau; Gandon. — 3' Section. — Vaches de plus de 3 ans,
nées avant le 1" mai 1880, pleines ou lait. — Rappel de P"" prix, M. Després, l" prix, M. Després;
2°, M. Cherbonneau; 3% M. Jules Ricosset. — Mentions honorables, MM. Després; Parage -, Rezé.
6" Catégorie. — Races laitières françaises ou étrangères, pures ou croisées (normandes, Ayr-
shire, Jersey, Schwitz, etc.) , à l'exclusion de toutes les races ayant une catégorie spéciale. —
Mâle-:. — 1" Section. — Animaux d^ 1 à 2 ans, nés depuis le 1"' mu 1881, et avant le l" mai 1882.
— Prix unique, M. Claude Caill, à Pleuzévélé (Finistère). — 2° Se-tion. — Animaux de 2 à 3 ans
nés depuis le l»" mai 1880 et avant le 1" mai 1881. — Prix unique, M. Claude Caill. — Femplles.
— 2° Section. — Animaux 'ie 2 à 3 ans, nés depuis le l""' mai 18Si), et avant le 1" mai 1S82. —
l"'' prix, non décerné ; 2% M. Clause Caill. — 2° Section. — Génisses de 2 à 3 ans, nées depuis le
\" mai 1880 et avant le V' m à 18S1 , pleines ou à lait. — 1" prix, M. Cherbonneau, à Contigné
(Maine-et Loire) ; 2°, M. Claude Caill. — 3° Section. — Vaches de plus de 3 ans, nées avant le
!•"■ mai 1880, pleines ou à la^t. — I" prix, Mme Veuve Georges, à Acigné (Ille-et-Vilatne) ; 2°,
M. Pierre Henry, à Plourin-Mo laix (Finistère). — Bandes de vaches laitières (ea lait). — !"■ prix.
Le Floch; 2°, M. le comte de Limbilly
Prix d'ensemble. — Pour le plus bel ensemble d'animaux de la 1" catégorie, M. Le Floch ; —
pour le plus bel ensemble d'animaux des 2^ 4% h", 6» catégories, M. Després; — pour le plus bel
ensemble d animaux de la 3* catégorie. M. Grollier.
Espèce ovine.
l" Catégorie. — Races françiises diverses pures. — Mâles. — Prix unique, non décerné. —
Mention très honorabie, M. Le Floch, à Vannes (Morbihan). — Femelles. — Pt*"' unique, M. Jean
Julé, à Baud (Morbihan).
CONCOURS RÉGIONAL DE VANNES. 387
2° Catégorie. — Races étrangères à laine longue. — Mâles. — Rappel de 1" prix, M. Léon Rézé,
à Beaumont-Pied-de-Bœuf (Mayenne); l"' prix, M. Daudier, à Niaff'e (Mayenne); 2", M. Georges
Béglet, à Trappes (Seine-et-Oise) ; 3-, M. Léon Rézé. — Mentions honorables , MM. Louis Abafour,
à Miré (Maine-e -Loire) ; Edouard Le Breton, à Taden (Gôies-du-Nord). — Femelles. — 1" prix,
M. Léon Rézé; 2", Daudier, 3" M. Georges Béglet. — Mentions honorables, M. Léon Rézé,
M. Louis Abafour.
3° Catégorie. — Races étrangères à laine courte. — Mâles. — 1" prix. M. Cherbonneau, à Con-
ti'-'né (Maine-et-Loire); 2', M. Daudier. — Prix supplémentaire, M. Malhurin Marhin, à Pontivy
(Morbihan). — Femelles. — 1*' pr'", M. Cherbonneau; 2% M. Daudier.
4" Catégorie. — Croisements divers. — l" prix, M. Léon Rézé; 2°, M. le comte des Nétumières,
à Balazé (Ille-et-Viiaine) ; 3", M. Cherbonneau. — Mention iionorable, M. Parage, à Ghazé-sur-
Argos (Maine-et-Loire). — Femelles. — 1" prix, M. Léon Rézé; 2'-", M. François Rousseau, à
Méral (Mayenne) ; 3% M. Mathunn Marhin.
Prix d'ensemble, un objet d'art, M. Léon Rézé, pour ses animaux de la race Dishley.
Espèce porcine.
1" Catégorie. — Races indigènes pures ou croisées entre elles. — Mâles. — |-' prix, M. Fran-
çois Rousseau ; 2°, M. Yves Feunteun, à Ergué-Armel (Finistère); 3% M. Le Masne deBrons, à
Saint-Etienne de Monlluc (Loire-Inférieure). — Femelles. — l" prix, M. Magloir Sinoir, à Fon-
taine-Couverte (Mayenne) ; 2", M, François Rousseau; 3% M. Le Masne de Brons. — Mention hono-
rable, M. François Rousseau.
2' Catégorie. — Races étrangères pures ou croisées entre elles. — !'=■' prix, M. le corate de
Nétumières, à Balazé (lUe-et-Viliiine) ; 2° M. Victor Gialani, à Goven (lUe-et-Vilaine) ; 3°,
M. le Masne de Brons. — Mention honorable, M. François Monjarct, à Saint-Nicolas-du-
Pelen (lUe et-Vilaine). — Femelles. — 1" prix, M. le comt'e de Nétumières; 2% M. Alexandre
Letanneiir, à La Gouesnière (lUe-et- Vilaine) ; 3% M. Graland. — Mentions honorables, MAL Rous-
seau; Monjaret.
3= Catégorie. — Croisements divers entre races étrangères et races françaises. — Mâles. —
1" prix, M. le comte de Nétumières; 2", M. GroUier. — Femelles. — 1=' prix, M. Grollier;
2% M. le comte de Nétumières ; 3% M. Pierre Hervouin, à Mouliers (Ule-et- Vilaine). — Mention
honorable, M. Grollier.
Prix d'ensemble, un objet d'art, M. Grollier, pour ses animaux delà race croisée craonnaise-
Berkshire.
Animaux de basse-cour.
l'" Catégorie. — Cot^s et poules. — l" Section. — Race de la Flèche, — l-^'prix, Mme Bel-
liard, à Montjean (Maice-et-Loire) ; 2% M. Drouino, à Vannes (Morbihan) ; 3=, M. Daligaut, à
Vannes (Morbihan) ; 4% M. Louis Douillard, à Saint-André (Morbihan). —'2" Section. — Races
françaises diverses. — l^-'orix, Mme Belliard ; 2", M. Drouino; 3% M. Le Court de Béru, Féréol,
à Damgan (Morbihan) ; 4' prix, M. Pierre Prodo, à Vanner (Morbihan). —3= Sectinn. — Races
étrangères diverses. — 1" prix, M. Jules Morel, à Pluvigner (Morbihan) ; 2», JI. Le Court de Béru,
3% M. Drouino ; 4°, J -M. M. Ebanno, à Heiinebont (Morbinan) ; 4" Section. — Croisements divers.
— 1" prix, M. Constant Egron, à Surzur (Morbihan) ; 2", M. Drouino.
2= Catégorie. — Dindons. — 1" prix, Mme Belliard ; 2% Mme Eda de Lagatmerie, à Plaudren
(Morbihan).
3° Catégorie. — Oies. — 1" prix, M. Drouino; 2', Mme Eda de Lagatinerie.
4' Catégorie. — Canards. — 1" prix, Mme Belliard; 2°, M. Victor Graland, à Goven (lUe-et-
Vilaine; 3" prix, M. Jules Nadan, à Theix (Morbihan).
5° Catégorie. — Pintades. — l"prix, M. Daligault; 2", M. Drouino.
6° Catégorie. — Pigeons. — P" prix^ Mme Belliard ; 2% M. Jules Morel.
7" Catégorie. — Lapins et léporides. — 1" prix, Mme Belliard ; 2% M. Ernest Henrat, à ArradoD,
(Morbihan) .
Prix d'ensemble, un objet d'art, Mme Belliard.
Serviteurs primés employés chez les lauréats et récompensés pour les bons soins donnés aux
animaux primés. — Médailles d'argent, MM. Pierre Cartier, vacher chez M. Grollier; Pierre Che-
vrolier, vacher chez M. Desprès; Louis Vléléreau, berger chez M. Rézé. — Jean-Pierre Mélinai.e,
domestique chez M. Le Flocn : Louis Houtin, vacher chez M. Cherbonneau ; Médailles de bronza,
MM. François Gehanno, vacher chez M. Marhin; YvesGue^uen, vacher chez M. Caill ; Louis Déan,
vacher chez M le comte de P'alloux ; René Auger, vacher chez M. Rousseau ; David, vacher chez
M. Ricosset ; Pierre Ecomard, vacher chez M. le comte de Juigné ; Marie Roulin, vachères
chez M. le comte de Lambilly ; Marie Bêché, fille de basse-cour chez M. le comte de» Neturaièies.
20 fr., MM. Olivier, vacher chez M. Pierre Guerchet ; Alexis Levesque, vacher chez .M. de Couëssin;
Le Roux, vacher chez M. de Troguendi ; Mile Marie Tardif, fille de basse-cour chez M. Sinoir.
Machines et instruments agricoles.
Instruments d'extérieur de fermes. — \" Catégorie. — Charrues Brabants pour labours de
défrichement. — 1" prix, médaille d'or, M. Canuelier, à Bucquoy (Pas-de-Calais); 2», médaille
d'argent, M. Bajac-Delahaye, à Liancourt (Oise); 3% médaille de bronze, M. Durand fils, à Mon-
tereau (Seine-ei-.Marne).
2" Catégorie. — Charrues Brabants doubles pour labours odinaires. — l" prix, médaille d'or,
M. Caiidelier; 2% médaille d'argent, M. Bajac-Delahaye; 3% médaille de bionze, M. Durand fils.
3° Catégorie. — Faucheuses à deux chevaux. — 1" prix, médaille d'or, MM. Decker et Mot,
à Paris; 2% médaille d'argent, M. Piller, à Paris; 3% médaille d'argent supplémentaire, M.Osborne,
à Paris; 4', médaille de bron/e, M. Adriance Platts et Cie, à Paris.
4" Catégorie. — Faucheuses à 1 cheval. — 1" prix, médaille d'argent, M. Pilter ; 2", médaille
de bronze, M. Clough et Cie, à Paris.
5" Catégorie. —Houes à cheval. — 1" prix, médaille d'argent, M. Bajac-Delahaye ; 2% médaille
de bronze, M. Candelier.
6° Catégorie. — Pelles à cheval, ravaleuscs, etc. — 1" prix, non décerné ; 2% médaille de
bronze, M. Garnier, à Redon (llle-et-Vilaine).
Instruments d'intérieur de fehme. — P" Catégorie. — Trieurs pour toutes graines. — 1" prix,
médaille d'or, M. Marot aîné, à Niort (Deux-Sèvres) : 2% médaille d'argent, M. Alfred Glert, à Niort
(Deui-Sèvres) ; 3% médaille de brome, M. Cabasson, à Paris.
388 CONCOURS RÉGIONAL DE VANNES.
2» Catégorie. — Machines à battre à vapeur , vannant et criblant de la force de 4 chevaux et au-
dessous. — l" prix, médaille d'or, M. Merlin et Cie, à Vierzon (Cher); 2", médaille d'argent,
Société franchise du matériel agricole, à Vierzon; 3% médaille de bronze, MM. Decker et Mot.
3° Catégorie. — Broyeurs d'ajoncs. — ]" prix, médaille d'or, M. Tanvez-Lever, à Guingamp
(Côtes-du-Nord) ; 2% médaille d'argent, M. Savary, à Quimperlé (Finistère); 3", médaille de
bron7e, M. Texier et ses fiis, à Vil'-é (llle-et-Vilaine).
4» Caf^gorie. — 1" Section. — Presses à fourrage à grand travail. — ]" prix, médaille d'or,
M. Pilter. — 2° Section. — Presses à bras. — 1" prix, médaille d'argent M. Texier.
b' Catégorie. — Moulins à vent pour mettre en mouvement des pompes ou autres outils agricoles.
\" prix, médaille d'or, M. Beaume à Boulogne-sur-Seine (Seine) ; 2", médaille d'argent,
M. Jean Stern, à Nantes (Loire-Inférieure).
Application de l'article 15 du programme. —Ife'daiitesd'arg'ent, MM. François Boudet, contre-
maître chez M. Merlin ; Alptionse Henault, chez M. Pilter; Henri Parlot, chez M. Marot. —
Médailles de bronze, MM. Simon Lecoq, chez M. Tanvey-Lever ; MM. Warnier, chez M. Bajac-
Delahaye ; Jean-Pierre Demers, chez M. Beaume; Olivier Le Doeuil. chez M. Savary ; Emile Bou-
langer, à la Société française du matériel agricole à Vierzon ; Devilley, chez M. Durand fils,
— 40 Ir., MM. Paul Brin," chez M. Lotz fils; Basile Pasdeloup, chez M. Presson ; François Moreau.
chez MM. Guilleux frères.
Produits agricoles et matières utiles à l'agriculture. — Concours spéciaux.
1" Catégorie. — Beurres frais. — l" prix, médaille d'or, M. Lecesne, à Saiute-Marguerite-de-
Viette (Calvados) ; 2% médaille d'argent (grand module), M. Alexandre Letanneur, au chftteau de
Bouaban (Ille-et-Vilaine) ; 3°, médaille d'argent, Mme Veuve Charles Gernigon, à la Turaye
(Ille-et-Vilaine); 4% médaille de bronze, M. le comte de Lambilly, à Lambilly (Morbihan). — Prix
supplémentaires, médailles de bronze, M. Vincent Le Treste, à Lamarre (Morbihan) ; M. Champion,
au Chalet (Ille-et-Vilane). — Mentions très honorables, M. Jules CoUeu, à la Taupinais-Prévalaye
(Ile-et-Vilaine) ; M. Emile Chesnot, à Coëi Sale (Morbihan).
2' Catégorie. — Beurres demi-sel. — 1" prix, médaille d'or, M. Joseph Leroux, à Monterblanc,
(Morbihan); 2% médaille d'argent, Mme Veuve Gernigon ; 3', médaille de bronze, M. Emile Chesnot;
Prix supplémenlaireSj médailles de bronze, MM. Champion; Jean-Marie Guyomani, à Col,(io
(Morbihan). — Mention très honorable, Mme Ega de la Gaiinene au château de Nédo (Morbihan).
3" Catégorie. — Cidi'es de la région. — l''' prix, médaille d'or, M. Louis David, à la Snuvais
(Morbihan); 2% méd-iille d'argent (giand module), M. Marc Surzur, à Surzur (Morbihan) ; 3°,
médaille d'argent. Frère Marie-Jean, directeur de l'orphelinat agricole de le Bou>selaie (Mor-
bihan) ; 4", médaille de bronze, M. Ariène Gastinel, au Bourg (lUe-et-Vilaine). — Prix supplé-
meniaire, médaille de bronze, M. Léon Rezé, à Chantemesle (Mayenne). — Mention très honorable,
M. Mathurm Guillo, à Kérimo (Morbihan).
4= Catégorie. — Expositions scolaires. — 1" Section. — Matériel d'enseignement agricole, col-
lections, dessins, ob ets de cours, etc. — 1" prix, non décerné; 2°, médaille d'argent,
MM. Tanguy, Hervé-Marie, et Jean-Marie Monot, à Landerneau (Finistère). — 2" Section. —
Travaux spéciaux et objets d'enseignement agricole, présentés par les protésseurs, les instituteurs,
et les élèves des écoles primaires. — 3' prix, M. Pigné, instituteur communal à Guémené-Penfao
(Loire-lnferieure).
b' Catégorie. — Exposition collective faite par les administrations publiques, les sociétés et les
comices. (Pas de concurrents.)
6° Catégorie. — Produits divers non compris dans les catégories précédentes. — MédaiVes d'or,
MM. Cesbron, à Montjeau (Maine-et-Loire), pour ses vins d'Anjou; Josep-Adolphe Girandier^ aux
Bois-aux-Moines (Mayenne), pour les fromages; Aristide Hamelin, à Kernantais (Morbihan), pour
ses foins de prairies temporaires et l'ensemble des produits de aa. culture. — Prix supplémen-
taires, MM. Louis Le Floch. à Minimur (Moibihan), pour ses plantes racines; Augustin Le Ray, à
Port-Philippe (Morbihan), pour ses conserves de légumes verts récoltés sur ses terres; Jean
Pilorgé, à Kernous (Finistère), pour ses pommes de terre; Léon Rezé, pour ses blés et l'ensemble
de son exposition. — Médailles d'argent, MM. François Berdier, à la Grande-Motte (Maine-et-
Loire), pour ses pommes de terre; Emile Chesnot; LeMasne de Brons, à Nantes (Loire-Inférieure),
pour ses fromages; Normand jeune et Cie, à Vannes (Morbihan), pour ses eaux-de-vie;
Mme Vve Guillaume Ollivier, à la Magdelaine (Côtes-du-Nord) , pour ses lins en tiges; M. Pavot, à
l'Ile de Conleau (Morbihan), pour ses produits maraîchers. — Prix supplémentaire, M. Rouault, à
Miirs (Maine-et-Loire, pour ses chanvres. — 'Médailles de bronze, M. Prosper Aeslaiide, à Bellon
(Calvados), pour ses fromages; Mlle Azéline-Marie Barella, à Vannes (Morbihan), pour ses produits
maraîchers; MM. François Berdier, pour ses céréales; Ernest Boquien, à la Basse-Indre (Loire-
Inférieure) pour son muscadet ; Pierre Jan, jardinier chez M. Trottier à Kerglaw-Hennebont
(Morbihan), pour ses produits maraîchers; Le Court de Béru, à Kervoyal (Morbihan), pour ses
œufs frais et conservés; Joseph Le Jéloux, à la Haye (Morbihan), pour ses chanvres en bois;
Matburin Marhin, à Kervert (Morbihan) , pour sa laine. — Prix supplémentaires, MM. Pierre-
Marie Perono, à Kerbiguette (Morbihan), pour l'ensemble des produits de sa culture ; Jean Robo,
à Tréguie (Côtes-du-Nord), pour ses tourteaux alimentaires.
Concours hippique.
Prime d* honneur, M. Bihan, de Plougoulm (Finistère).
1" Catégorie — 4° Section. — Juments de trait. — Médaille d'or, M. Pierre Le Planchée, de
Servel (Côtes-du-Nord), pour sa jument Minette. — Médailles d'argent, MM. François Rouallec, de
Plouénan (Finistère), pour sa jument Fanny ; Jacques Caër, de Plouénan (Finistère), pour sa
jument Cletlie. — Médailles de bronze, MM. François Hammouiiou, de Servel (Côtes-du-Nord),
pour sa jument BeZione; Joseph Thomas, de Hénanbihen (Côles-du-Nord), pour sa jument C?'wet/e.
— Mentions honorables, MM. Stcars de Brest (Finistère), pour sa jument Pawime ,• Michel Floch,
de Plouénan (Finistère), pour sa jument Lucie.
2" Catégorie. — 4" Section. — Juments postières demi-sang. — Médaille d'or, M. Toussaint
Prigent, de Plouénan (Finistère), pour sa jument Cletlie. — Médailles d' argent, MM. Yves Perron,
deMespaul, Plouénan (Finistère), pour sa jument Lucie; Jean Marzin, Ploudalzéau (Finistère),
pour sa jument Mignonne. — Médailles de bronze, MM. Léa Efflam, du Folgoêt (Finistère), pour
sa jument Brune; Jean-Marie Bihan, de Plougoulm (Finistère), pour sa jument Bi/on; François
Rouallec, de Plouénon (Finistère), pour sa jument Coquette. ' ,
CONCOURS RÉGIONAL DE VANNES. 389
2" Catégorie. — ii* Seclinn. — Médailles de bronze, MM. Augustin Tioadec, de l'iounevez (H'inis-
ter"), pour sa jument Lucie; François Quéré, de Saint-I'ol-de-Léou (Finistère), pour sa jument
Belidite. — Mention honorable. M, Jean-Marie (iuefi', de Plouénan (Finistère), pour sa jument Fire-
King
'y Catégorie. — 3*= Section. — Juments demi-sang. — Médaille d'or, M. Quéré de Saint-l*ol-de-
Léon (H'inistère), pour sa jument yl/ma. — Médailles d'argent, MM. François Guivarcli, du Slbiril
(Finistère), pour sa jument /Jei<fc-de-./our ; Jean-Marie Le Bihani, de l'iougloum (Finistère), pour
sa jument Jcamic. — Médaille de bronze, M. Ciron, à Laviliottc, commune de Frossay ([.oire-Infé-
rieiire), pour sa jument Lavallière. — Mention honorable, M. (joaoc, de Plounve/ (Finistère), pour
sa jument Rebine.
.'r Catégorie. — 4'' Section. — Juments de selle. — Médailles d'or, M. Cusson, de Corlay
(Côlus-ilu-Nord), pour sa jument Bayadère. — Médailles d'argent. MM. des Garennes, à Oiiinliii
(Côtes-du-Nord). pour sa jument l'ineite; Aimé Quéré, de Corlay (Côtes-du-Nord), |)our sa jument
Fille de VAir. — Mentions inmoraliles, MM. Pierre Mabilel, à Saint-Eliennc-deiMontluc (Loire-
liiléiieure), pour sa jument Elégante; Jean-Louis Le Roux, de Quimper Quézennec (Côles-du-
No]-d). pour sa jument Francinetie.
Pouliches de 2 ans. — l'" Catégorie. — Trait, — Médaille d'argent, à M. de Boursicot, pour sa
pouliche Anténésime.
2" Catégorie. — Postier. — Médaille d'argent, M. Toussaint Le Traon, pour sa pouliche Réoeil,
— Meniion honorable, Jean-Marie Lévisafj^e, [)0ur sa pouliche Julie.
3" Catégrrie. — Selle. — Médaille n' argent, M. Genevois, de Kennerhoit, en Colpo, pour sa
pouliche Bi!c/ie»e. — Mention honorable, M. D'arf^out, pour si pouliche .1//«/f/ip.
4" Catégorie. — Carrossier. — Médaille d'argent, M. Jean-Marie Bih;in, pour /"a/ère.
Pouliciics fie 3 ans. — {"Catégorie. — 3° Section. — Trait. — Médaille d'or, M. Jean-Marie
Bihr.n, pour sa pouliche Minette. — Médaille d'argent, M. Michel Stéphan, pour Bellone. — Médailles
de bronze, MM. Lafossé, pour Rigolette; Guillevic, pour Korrigane.
2° Catégorie. — 3' Section. — Postier. — Médailles d'or, M. Jacques Creach, pour Coquette. —
Médailles d'argenl, M. Guillaume Bihan, pour /l /ma,- Jean Péron, pour Z)e/p/i/«e,- Pérono pour
Finette. — Médailles de bronze, MM- François Saiaïm, pour PaptUotte; Feunteun, pour Radieuse.
3° Catégorie. — 3" Section. — Carrossier. — Médaille d'or, M. François Guivarch, pour Hiron-
delle. — Médaille d'argent, M. Henri Carreau, pour Désirée. — Médailles de bronze, MM. Augus-
tin Trocadec, pour Rufine: Connan, pour Mizéria : Toussaint Prigcnt, pour Mgstère. — Mention
honorable, M. Jean Bertelemé, pour Dora.
4" Catégorie. — 3" Section. — Selle. — Médaille d'or, M. Gustave Ciron, pour Follette. —
Médaille d'argent, M. dfs Garennes, pour Toquade. — Médailles de bronze, M. Zudaire, pour Pom-
ponuette: Bessel. pour Cocotte : Beaume, pour I.olotie.
Poulains entiers de 3 ans. — T" Catégorie. — 1"- Section. — Race de Irait. — Médaille d'or,
M. Vigouroujî, de Loperliet (Finistère), pour son étalon Vesta. — Médaille d'argent, M. Tanguy,
lie Boiiélis (Finistère), pour son étalon Melchior. — Médaille de bronze, M. Crach, de Plouénan
(Finistère), pour son étalon Quimper.
2' Catégorie. — 3'' Section. — '2" Race demi-sang postier. — Médaille d'or, M. Jean Quintric.
de Bodilis (Finistère), pour son étalon Lancelot. — Médaille d'argent, M. Du Busquet, de Sibéril
(Finistère), pour son étalon Boxeur. — Médailles de lironzc. MM. Jean Quintric, à Badiljs (Finis-
tère), pour son étalon Se/fp'^a/; Guillaume Bilhan, à Plouënan (Finistère), pour son étalon Wild/lre;
Denis B.ngne, de Cléder (Finistère), pour son étalon Attila; Pouliquen de Saint-Thégonnec (Finis-
tère), pour son étalon Carillon.
,V Catégorie. — l''" Section. — Race demi-sang carrossier. — M'-dailles d'or, MM. Abgral, de
Saint-Tnégonnec (Finistère), pour son étalon Cacus: Tanguy de Bodilis (Finistère), pour son
étalon Gaspard. — Médaille d'argent, M. Henri Du Rusquet, àSibéril (Finistère), poursonéialon Draô.
4'" Catégorie. — {"Section. — 4° Race demi-sang selle. — Médaille d'or, M. Ciron, de Frossay
(Loire-Intérieure), pour son étalon Capon. — Médaille d'argent, M. Pouli^^uen, de Saint-Thégonnec
(Finistère), pour son étalon Caprice.
Pou!ai[is entiers de 2 ans. — 2"' Catégorie. — 1° Race de trait. — Médaille d'argent, M. Gaoret,
de Plœren (Morbihati), pour son étalon Facile. — 2° Race demi-sang post er. — Médailles d'argent,
MM. Quintric, de Bodilis (F'inistère), pour son étalon .Sitscra/n.- Jean-Marie Bihan, à Blougoulm
(Finistère), [tour son étalon Vainqueur. — 3" Race deini-sang carrossier. — Le prix qui n'a pas
été décerné a été reporté sur la catégorie ci-lessus. — 4° Race de demi-sang selle. — 3Iédailk'
d'argent, M. de FrancheviUe, à Sarzeau (Morbihan), pour son étalon Moise.
T" Catégorie. — 2'- Section. — 1" Race de trait. — Etalons de 4 ans et au-dessus. — Médaille
d'argent, M. Pierre Lecoq, à Ploufrager (Côtes-du-Nord), jjour son étalon Chartrain. — Médaille
de bronze, M. Louis Géi'ard, à Combourg, pour son étalon Victor.
2" Catégorie. — 2" Sèct''o-,.- — 2° Race demi-sang postier. — Médaille d'or, M. Creach-Prijent, à
Plouvenest-Lochrist (Finistère), pour son étalon t'Iiampion. — Méduillr d'argent , M. Madec,
d'Erdeven (Morbihan), pour son étalon Vainqueur. — Médaille de bronze, M. Borgne, pour son
étalon Crampon.
3" Catégorie. — 4" Section. — 3° Race demi-sang carrossier. — Médaille d'or, M. Pouliguen ,
de Saint-Thégonnec (Finistère), pour son étalon Manchester. — Médaille d'argent, R^. Roué, Yves,
à Plouénan (Finistère), pour son étalon Cadet.
4" Catégorie. — ; 2'" Section. — 1 " Race demi-sang selle. — Médaille d'or, M. Auguste Boureau,
d'Angers, pour son étalon Beaussire, — Médaille d'argent, M. du Rusquet, de Sibéril (Finistère),
pour Astrolabe. ...
A. DE LA MORVONNALS.
LE COiMMERGE INTERNATIONAL DES ÉTATS-UNIS
On parle souvent depuis quelques années de l'importance de
l'exportation aux Etats-Unis. Comme rien n'est plus précis que des
chiffres, nous alloHs résumer quelques données statistiques pour les
390 COMMERGe INTERNATIONAL DES ÉTATS-UNIS.
lecteurs da Journal de l'agriculture. Nous ne faisons figurer dans nos
tableaux que les denrées agricoles ou les matières relatives à l'agri-
culture et à l'alimentation. Nos nombres se rapportent à l'année fiscale
commençant le 30 juin 1881 et finissant le éJOjuin 1882. C'est dans
une publication officielle allemande, Deuhches Handeh Archiv, émanant
de la chancellerie impériale, que nous avons puisé nos chifTres. 11 n'est
que trop vrai que l'administration française n'a pas su fournir jus-
qu'ici les documents nécessaires à notre commerce d'exportation. Il
€st cependant juste de reconnaître que certaines publications officielles
sont fort remarquables, par exemple le Bullclin de statistique du Minis-
tère des finances dirigé avec une grande autorité par M. de Foville et
le Bulletin du Ministère de l'agriculture.
Commençons par l'importation.
Articles francs de droit :
Tartie 3,013,376 dollars. Peaux 27, S'il , 126 dollars.
Café' 40,(141, (i09 Thé 19,382,102
€oton 729,844 Bois 4,487,091
Poissons 2,:200,000 Sucre brut 6,918,083
Guano.. 856,622
Articles soumis aux droits :
Animaux vivants 4,812,939 dollars. Peaux préparées 5,388,709 dollars.
Bière 970,326 Chanvre. 6, 110, 152
Orge.. 10,866,628 Jute 4.710,192
Malt 1,10^,786 Cuir 7^129,141
Maïs 59,895 Huile d'olive 478,747
■ Avoine 784,118 Giaines de lin 773,044
Seigle 889,189 Sucre 83,147,135
Blé 1,077,795 .Mélasse 10, 015,2:4
Farine de blé 25,640 Tabacs en feuilles 6,230,865
Autres farines 119,503 Cigares 84,859
Pois, feveroies etc 1,088,752 Alcool en fûts 1,535,769
Sardines 860,760 — en bouteilles. . . 754,506
Harengs salés 375,617 Vins en fûls 3,160,072
Lin 1,502,645 — en bouteilles 4,398,586
Laine 11,096,050
L'ensemble de l'importation s'élève à 724,639;674 dollars, dont
514,060,567 pour les articles soumis à des droits; f)5i,004,097 dol-
lars représentent ce qu'on appelle en langage fiscal le commerce spécial.
Le commerce de transit est fort important aux Etats-Unis.
Exportation :
Faucheuse:^ et mois- ilollars. Houblon 1 ,450,786 dollars.
sonneuses 1,003,724 Tourteaux 6,302,828
Charrues 290,117 Lanl 42,124,602
Porcs vivants .. 509,651 -lanibons 4,551,172
Bœufs vivants 7,800,227 Bœuf Irais 6,768,881
Chevaux 470,183 li(Kuf salé 3,9ii2,556
Moulons 603,778 0 -urre 2,864,570
Bière 384,190 Fromage 14,058,575
Orge 151,575 Saindoux 28,975,902
Pain et biscuit 781,292 Porc salé 7,201,270
Mais , 28,845,830 Graines de trène 2,925,911
Farine de mais 9.i4,201 Alco 1 de grains 1,727,526
Avoine 298,349 Alcool de mêlasse.... •. 191,871
iseigle 946,080 Sucre raffiné 1,335,689
Fannedeblé 28,593 Tabio en feuilles 19,067,-21
Blé 112,929,718 Cigares .1U,717
Fannedeblé 36,375,005 Tabics divers 2,246,692
Coton 190,414,348 Meirains 6,887,080
La comparaison des tableaux d'importation et d'exportation montre
que les Etals-Unis importent les denrées agricoles en quantité presque
infinitésimale, et les exportent en quantité excessivement considérable.
Voyez plutôt les chiffres relatifs aux céréales, à la farine, aux salai-
sons, etc.! L'Amérique du Nord est le grenier d'abondance de la vieilfe
Europe. L'ensemble de l'exportation s'élève à 733,239,73'2 dollars. Ce
COMMERCE INTERNATIONAL DES ÉTATS-UNIS. 391
chiffre dépasse celui de l'importation. Les Etats-Unis sont le seul pays
riche où l'exportation se trouve supérieure à l'importation. La théorie
de la balance du commerce a été réfutée mille fois. Nous ne nous
arrêterons donc pas sur ce sujet. Il nous serait trop facile de mettre à
néant l'argumentation des partisans du système mercantile qui veulent
donner les Etats-Unis comme preuve à l'appui de leur théorie surannée.
Paul MULLER.
LE GOiNCOURS RÉGIONAL DE BOURG- — II
Dans la race charolaise, comme on devait s'y attendre, il y avait une belle,
nombreuse et bonne exposition. Avec des exposants tels que M. le comte Henry
de la Fcrrière, de Bierre-lès Semur, M. Moreau, de Vic-sous-Phil, M. Petiot qui
semble cumuler l'élevage de toutes les races, avec un égal succès, M. Tripier qui,
avec les deux premiers exposants, représentait si bien le département de la Côte-
d'Or; enfin M. Bernard fils, de Bourbon-Lancy (Saône-et-Loire) , l'exposition de cette
belle race charolaise, la seule des races françaises qui se rapproche un peu de la
race Durham, ne pouvait manquer d'être fort remarquable, et l'un des grands
attraits du concours. Nous avons surtout admiré la classe des jeunes génisses,
à laquelle nous avons attribué un prix supplémentaire, tant il nous coiàtait de
n'avoir que deux prix à donner. La génisse n» 31, exposée par M. le comte de
Laferrière, était superbe et bien digne d'être mise à la tcte de cette charmante
bande de 10 génisses, à robe blanche, formant un ensemble des plus attrayants
Les autres catégories avaient moins d'homogénéité. A côté d'animaux de grand
mérite, il y en avait d'autres assez médiocres. Mais néanmoins j'ai pu constater
avec plaisir que si parmi ces charolais, il n'y avait pas mal de peaux dures et
cuirassées, d'échinés maigres, de hanches à courte envergure, et de côtes plates,
arquées en ogive, d'un autre côté, il y avait une plus grande proportion d'ani-
maux possédant les qualités contraires.
Les catégories de la race Durham, pour une région où elle n'est pas cultivée et
oîi les préjugés semblent encore lutter contre son adoption, étaient bien et
dignement remplies. J'avoue que j'ai été bien agréablement surpris de voir, dans
celte exposition très nombreuse, si peu d'animaux d'un mérite secondaire. Gomme
ensemble, c'était bien la partie la plus belle du concours, et quelques-uns des
animaux exposés étaient vraiment remarquables.
L'exposition des Durhams du concours régional de Bourg était redevable de sou
éclat à plusieurs éleveurs renommés dont la réputation n'a plus besoin d'iiumbles
éloges, tels que je puis les donner, pour s'étabhr dans l'opinion publique et être
appréciée comme elle le mérite. Parmi les principaux exposants, je me plais à citer
M. le marquis de Montlaur, qui m'a inspiré une haute idée de son élevage par
les spécimens vraiment remarquables qu'il en a exposés. Son taureau 1" prix, n° 83,
possède tous les points caractéristiques des grandes familles de la race : ampleur
de développement, profondeur de corps, noblesse de maintien et de prestance,
grande distinction générale et cette belle couleur rouan léger que nous distinguons
en Angleterre par le mot Silver Roan., rouan argenté. La vache n" 103 à laquelle
nous avons aussi donné le l"^"" prix était aussi fort belle. J"ai beaucoup regretté
qu'on n'ait pas donné le 1" prix, au jeune taureau n" 78, qui, à mes yeux, était le
plus bel animal du concours. Mais son museau charbonné et ses corn, s fortement
teintées de noir ont paru à mes collègues, constituer un défaut qui l'a fait reléguer
au second rang. Il faut bien admettre que ce défaut est grave et dépare singu-
lièrement laspect d'un reproducteur. Les museaux noirs sont ordinairement un
indice de ce qu'on appelle l'alliage. Cet indice remonte jusqu'à la vache Lady de
Charles CoUing. Cette vache était le produit du croisement de Phœnix mère de
Favourite avec un petit-fils de Bolingbroke, père de Favourite, mais ce petit-fils
de Bolingbroke était le produit d'un croisement de ce dernier taureau avec la-
vache Galloway appaitenant au colonel F anagan. Colling, en permettant cette
mésalliance, stipula que si le produit était un mâle il le garderait Ce taureau
métis, quand il fut en âge de faire la saillie, fut accouplé à la vache pure Durham,
Juhanna. Cette nouvelle mésalliance produisit un second veau mâle, inséré plus
tard au Herd-Book, sous le nom de petit fils de Bolingbroke (-280) que C. CoIUng
eut 1 imprudence d'accou])ler avec Phœnix mère de Favourite; le produit fut Lady.
Qn prétend aujourd'hui que cette tache noire, que l'on remarque très souvent au
392 CONCOURS REGIONAL DE BOURG.
museau de certains Durhams, vient de cette mésalliance, et on a remarqué que
c'est surtout dans les descendants de Lady que, le plus souvent, on rencontre ce
défaut. Dans tous les cas, les nez noirs sont considérés en Angleterre comme une
grande dépréciation, et on les évite avec le plus grand soin.
Parmi les lauréats dans les catégories de li race Jjurham au concours de Bourg,
il convient aussi de nommer M. Petiot qui nous a montré de fort beaux animaux
et surtout une vache rouge que l'on peut considérer comme une victime de sa per-
fection. Cette vache d'une rare perfection, âgée de trois ans et huit mois, n'a jamais
fait veau et bien probablement n'en iera jamais; à cause de cette stérilité patente,
nous avons dû la disqualiher. Il est évident que cette bète aura été dès son jeune
âge soumise à un engraissement exagéré en vue des concours et il en est résullé
qu'elle a, naturellement, perdu toute sa vitalité de reproduction. Je ne désespèie
pas de la revoir comme vache grasse à un prochain concours général du Palais de
l'Industrie; c'est bien dommage, car je puis dire que c'est une des plus belles
vaches Durham que j'aie jamais vues, même en Angleterre.
Dans la classe des jeunes génisses j'ai beaucoup admiré une génisse rouge n" 87,
exposée par M. le marquis de Monllaur, et à laquelle j'aurais bien voulu donner
le l'""" prix, mais sa rivale n" 90, exposée par M. Larzat, l'a emporté. Il est vrai
de dire que la génisse de M. Larzat avait près de quatre mois de plus que celle
du marquis de Montlaur, et par conséquent était beaucoup plus complètement
développée, mais, à âge égal, je doute qu'elle eût battu le n" 87 du marquis de
Monllaur.
Puisque je viens de nommer M. Larzat, je ne puis m'empêcher de rendre hoai -
mage à cet éminent éleveur de Durhams. G'e.~t un de ceux à qui cette race est le
plus redevable de ce qu'elle possède de faveur et de renommée dans notre pays. Sou
exposition était en tout digne de sa renommée ; les deux premiers, les deux
seconds et le troisième prix qu'il a remportés en sont une glorieuse preuve.
Il ne faut pas non plus oublier cet autre vétéran de l'élevage de la race Durham,
M. Lacour, de Saint-Fargeau, dont nous avons regretté l'absence. Dans les caté-
gories des Durham de sang pur et dans celles des croisements, son exposition a
remporté de nombreuses récompenses.
Parmi les exposants de race Durham, j'ai déjà nommé M. Emmanuel Gréa.
C'est avec un grand plaisir que j'ai vu cet eminent praticien s'adonner à l'élevage
d'une race qui est appelée à rendre de si grands services dans la région qu'il habite.
M. Gréa est un homme trop intelligent pour n'être pas persévérant. En suivant
la voie dans laquelle il s'est engagé, il a fait preuve d'un grand sens pratique et
d'un rare discernement. Le succès, je le lui prédis, viendra promptement récom-
penser ses efforts. Déjà le branle est donné dans sa région où il aura prochaine-
ment des émules et des imitateurs.
Le prix d'ensemble de la première catégorie, celle des Charolais, a été remporté
par un éleveur de la Côte-dOr, M. Moreau. C'était la bande la plus homogène,
comme mérite général, de tout le concours. L'autre prix d'ensemble pour lequel
concourait une bande de Durhams exposés par M. Petiot, très inégaux, et parmi
lesquels se trouvait la belle vache stérile que nous avions disqualifiée, n'a pu réunir
la majorité des suffrages. C'est une bande de race fémeline beaucoup plus homo-
gène qui a obtenu cette haute récompense.
Si parmi les exposants des Charolais et des Durhams, nous avions à Bourg les
éleveurs les plus éminents, l'exposition ovine était aussi représentée par des
s ommités de l'élevage français. Il suffit de nommer M. le comte de Bouille, M. Tier-
sonnier, le comte de la Ferrière. M. Textoris, de Chevey, M. Japiot, de Châtillon-
sur-Seine, M. Massé, du Cher, MM. Terrillon-Lemoine,de la Gôte-d'Or, pour se
aire une idée de l'importance de la lutte dans les diverses catégories. Les prin-
cipales récompenses, comme on le verra eu jetant un coup d'œil sur la liste des
prix, ont été remportées par presque tous les éminents éleveurs que je viens de
citer. Je puis dire que j'ai rarement vu d'aussi beaux spécimens de la race méri-
nos que ceux qu'il m'a été donné d'admirer au concours de Bourg.
Dans l'exposition porcine, c'est M. le marquis de Lénoncourt qui a moissonné
le plus grand nombre de récompenses. Son exposition était fort belle, surtout celle
de la race Yorkshire, laquelle, on le sait, est pour moi une race de prédilection,
celle que j'élève moi-même, avec tout le soin et le scrupule d'uu éleveur tenant à
la pureté du sang, à l'harmonie et à l'équiHbre des formes, à la qualité de la chair
et surtout à la précocité.
Je dirai peu de chose des machines parmi les-juelles je n'ai rien vu de nouveau.
CONCOURS RÉGIONAL DE BOURG 393
La seule chose qui m'ait frappé, c'est la quantité inusitée et extraordinaire des
machines à battre. On eût dit un concours spécial de ces engins.
En somme, voilà un bon et solide concours, bien organisé et fortement constitué.
On voyait partout et dans toutes les branches de l'administration, les effets d'une
vigoureuse direction. Depuis l'aimable et sympathique M. Boitel, jusqu'aux plus
simples subalternes, tout le monde officiel était afi'able et ]ioli, même les baïon-
nettes des sentinelles paraissaient moins rebiffantes et plus discrètes et on en
apercevait beaucoup moins. Naturellement je n'ai point assisté aux fêtes que la
ville de Bourg et le monde officiel offraient aux visiteurs, je ne me suis intéressé
qu'aux choses purement agricoles. Cependant je ne puis quitter cette ville inté-
ressante sans remercier les hôtes bienveillants et consciencieux de l'hôtel de
France oîi j'étais descendu. Nous sommes malheureusement habitués à un écor-
chement vif de la part des propriétaires d'hôtels dans les villes où se tiennent des
concours. Ici on n'a fait aucune différence sur les prix ordinaires, tt on nous a
traités avec une libéralité inusitée et une complaisance que je n'oubl.erai point.
De la Tréiionnais.
CONCOURS REGIONAL DE DIGNE
Discours prononcé par M. Du Peyrat, inspecteur général de l'agriculture
à la distribution des récompenses.
Messieurs, en décernant les récompenses aux lauréats du concours régional
notre pensée n'est pas seulement d'honorer l'agriculture et ceux qui contribuent
si largement à ses progrès. Nos visées sont plus hautes : nous voulons que le
concours agricole soit un enseignement et laisse après lui une semence féconde
qui plus tard portera ses fruits. En signalant des efforts intelligents, des procédés
éprouvés, des résultats avantageux, nous avons l'espérance que bien des cultiva-
teurs sauront profiter du succès des autres. Tel est surtout, messieurs, le but du
concours des prix culturaux.
Dans un instant, l'honorable rapporteur du jury chargé de visiter les domaines
des concurrents, vous rendra compte de cette partie de notre mission.
Il vous dira quels ont été nos regrets de ne pouvoir attribuer notre plus
haute récompense, la prime d'honneur; mais il vous dira aussi que le département
des Basses-Alpes a le droit d'être fier de ses petits cultivateurs, qui, au milieu de
mille difficultés, savent, par leur énergie et leur opiniâtre labeur, vaincre les
résistances d'une nature trop souvent ingrate.
Combien ces efforts se généraliseraient, combien ils seraient plus efficaces,
si l'instruction agricole était plus répandue et si vos populations rurales étaient
mieux éclairées sur leurs véritables intérêts. Il y a ici, en effet, un certain anta-
gonisme entre deux intérêts qui ont souvent divisé l'opinion : la culture pastorale
et le reboisement. C'est là la question vitale de la région alpestre.
Sur la plus grande partie de votre territoire occupé par des montagnes en
ruines qui s'effondrent dans les vallées en portant au loin la dévastation, le pro-
blème de la production agricole devient tous les jours plus difficile : la surface
productive diminue, la lutte pour l'existence y est plus laborieuse et plus dure,
et, souvent, les efforts du cultivateur sont disproportionnés avec les résultats
obtenus.
Les conséquences de cet état de choses se manifestent surtout par un fait
grave, latal, continu : la dépopulation. Si vos rudes montagnards se cramponnent
sur leur petit héiitage et subissent avec courage, avec la résignation de l'habi-
tude, les privations de vos longs hivers, une partie des habitants abandonne ces
austères régions et émigré vers des contrées plus clémentes où la vie est plus
facile, le travail plus rémunérateur et le bien-être plus répandu.
Ce courant d'émigration continu est assurément très regrettable, mais il est
aussi naturel'que légitime : la possibilité de production de ces contrées malheu-
reuses diminuant, la population doit forcement diminuer. Un de vos administra-
teurs me disait, en parlant d'une commune de l'arrondissement de Barcclonnette,
que, depuis "deux ans, on n'avait constaté dans cette commune ni un mariage, ni
une naissance ni un décès. Ici la vie sociale est pour ainsi dire suspendue. Ce
fait peint la situation des hautes vallées alpestres.
Tout en étant attristé par celte diminution du nombre des habitants, on se
dçmande s'il faut s'en préoccuper outre mesure pour l'avenir, et s'il est des re-
394 CONCOURS RÉGIONAL DE DIGNE.
rnèdes capables d'en conjurer les éventualités? Sans chercher à masquer ma '
pensée dans une forme enveloppée, je n'hésite pas à répondre que la dépopulation
des montagnes des Alpes est un phénomène purement agricole qu'il convient de
constater avec regret, mais qui, progressivement et sans secousses, aura pour
résultat de restituer au domaine forestier des terrains devenus impropres à la
culture et même au pâturage. Les forêts jouent, en ce cas, un rôle prépondérant
de préservation et de reconstitution.
La population des Alpes ne doit pas redouter cette lente transformation : si
elle diminue sur divers points, elle se cantonnera dans les parties où elle jouira
de plus de bien-être, et quant aux émigrants qui transportent leurs bras dans
d'autres régions de notre territoire, ils contribueront plus utilement à l'augmen-
tation de la richesse et du nombre des habitants de l'ensemble de la Francs.
C'est là, messieurs, un langage bien sévère, bien positif et peu fait pour
flatter ce penchant intime qui nous attache chacun à ce coin de terre où nous
vîmfis le jour. Mais en présence des questions positives, il faut, avant tout, envi-
sager sans faiblesse la situation que nous ont faite les événements.
L'administration des forêts s'efforce, en maîtrisant les ravages de vos tor-
rents, en consolidant les pentes croulantes de vos montagnes, de préserver le
présente et elle prépare aussi l'évolution agricole de l'avenir. Bien des préventions
sont déjà tombées devant l'évidence des faits, et si des préjugés existent encore •
sur l'utilité et la grandeur de l'œuvre poursuivie par l'administration des forêts, ^
i'ai le ferme espoir, messieurs, qu'ils ne tarderont pas à disparaître. La nouvelle
loi qui régit les reboisements entrepris par l'Etat ne lèse plus aucun des intérêts
privés de la région montagneuse, et elle est un bienfait dont vous apprécierez
plus tard les résultats.
En m'adressant aux cultivateurs alpins, je ne puis leur donner un plus sage
conseil que de les inviter à seconder de leurs efforts, à entourer de leurs sympa-
thies, ces forestiers prévoyants qui travaillent à sauver ce pays de la ruine, avec
un dévouement, une science et un esprit de mesure auxquels je suis heureux de-
rendre un public hommage.
CONCOURS RÉGIONAL DE FOIX- — II
A la hste des récompenses du concours régional de Foix, il faut ajouter -que la
Société des agriculteurs de France avait envoyé un objet d art, une médaille d'or,
deux médailles d'argent, une médaille de bronze.
Ces récompenses ont été attribuées comme suit :
1" L'objet d'art^ à M. Théron de Montaugé, de Toulouse, pour l'ensemble de ses
vaches laitières.
2" La médaille d/or, à M. de Morteaux, président du comice agricole de Foi.\,
pour l'ensemble de son exposition chevaline.
3" Les médailles d'argent^ à MM. de Grelas et Gaussou, pour leurs animaux de
l'espèce bovine des races Gasconne et Garolaise.
4" La médaille de bronze, à M. Gabarrou pour l'espèce ovine. A. Riga^
Président du Comice de Pamier^T
SOCIETE NATIONALE D'AGRICULTURE
Séance du 6 juin 1883. ^- Présidence de M. Dumas.
M. Meugy, inspecteur général des mines, fait hommage de la carie
géologique agronomique de Tarroadissement de Mézières (Ardennes)
qu'il vient de publier.
M. Rossignol, vétérinaire à Melun, envoie un rapport relatif à des
expériences sur la transmission de l'immunité par la vaccination char-
bonneuse de la mère au fœtus.
M. le secrétaire perpétuel analyse le troisième fascicule, pour 1883, ,
du bulletin du ministère de l'agriculture, qui renferme les tableaux des
récoltes de 1882, et ceux des importations et exportations des matières
intéressant l'agriculture, et le commerce du bétail pendant les années
1 880 à 1 882. A cette occasion, il fait ressortir combien il serait im portant
de réorganiser sur des bases sérieuses le service de la statistique agricole
qui, dans la plupart des départements, laisse beaucoup trop à désirer. ^
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AUJUCaLTQRE DE FKANGE. 395
M. Jules MaisLre demande à la Société de veair constater les résul-
tats qu'il a obtenus à Villeneuvelte (Hérault), par l'usage des irriga-
tions d'été contre le phylloxéra. MM. Barrai^ Gaston Bazille, Faucon,
P. de Gasparin et H. Mares, sont chargés de faire cette visite.
M. Th. Christy envoie de Londre's plusieurs surgeons d'une plante,
Ja Mml/ia arvensis piprrasccns^ qui donne le menthol cristallisé,
<lont les qualités j)liarmaceuliques sont appréciées , il estime que c'est
une plante médicinale, qu'il serait utile de propager en Europe.
M. des Cars donne lecture d'un rapport sur une proposition de
M. de Thiac relative à l'organisation d'un enseignement forestier spé-
cial en vue déformer des gardes pour les propriétaires de bois. Après
iivoir donné des détails sur l'organisation de l'école des Barres- Vil-
morin, il conclut en proposant à la Société de demander au ministre de
l'agriculture de prendre des mesures pour que des notions de culture,
de gestion et de surveillance des bois et forêts soient* données aux
élèves des fermes-écoles dans lesquelles on jugera utile de répandre
cet enseignement. Ce rapport sera discuté ultérieurement.
M. de Luçay fait une communication sur la nouvelle évaluation du
revenu foncier des propriétés non bâties, qui vient d'être faite par le
ministère des finances. M. de Luçay pense que celte évaluation, faite de
1 879 à 1 881 , ne représente plus la situation actuelle, en présence d'une
baisse continue dans la valeur de la propriété immobilière non bâtie.
M. de Retz fait connaître que les éducations de versa soie se pour-
suivent avec quelques difficultés, dues surtout à des circonstances
locales; on ne signale pas encore de ventes de cocons. '
M. Renou présente le résumé des observations météorologiques de
mai. Ce mois a présenté un caractère tout à fait opposé à celui des mois
précédents : température plus élevée que la moyenne, et pluies moindres.
Henry Sagnier.
SITUATION AGRICOLE DANS LA GIRONDE
Le régime peu favorable, suivi par le mois d'avril, dans ses derniers jours, pluie
et température relativement basse, l'ut d'abord adopté par celui de mai, jusqu'au
11. A compter du 12, il est vrai, les choses changèrent, puisqu'on eut une suite
de beaux jours, jusqu'au 23 inciusive*ment ; puis revinrent quelques pluies. Ce
changement, quoique peu considérable, il est vrai, fut heureux, et c'est, on peut
Je dire, sous un régime favorable pour les récoltes, que s'est faite la transition de
mai à juin. Les derniers jours de mai, dont on s'est hâté de profiter, pour les tra-
vaux d entretien : aux céréales, sarclages ; à la vigne, seconde façon.
Ainsi, on le voit, la chance de la lune rousse n'est pas précisément le seule heu-
reusement parée. Cependant, et bien qu'on ait pu jusqu'ici satisfaire aux légitimes
exigences de la vigne, et qu'il y ait encore du temps à courir, on ne semble pas
po-uvoir compter sur une de ces années privilégiées en quantité ou en qualité. Le
temps qui reste à passer est long, et deux phénomènes capitaux doivent l'utiliser :
la floraison et la maturation. Or, indépendamment des influences qui devront leur
revenir de ces épreuves passées, il pourrait s'en produire de nouvelles, dans une
année qui, jusqu'ici, s'est montrée si variable. Aug. Petit-Laffitte.
REVUE COM.^IERflIÂLE ET PRIX COURANT DES DENRÉES AGRICOLES
(9 JUIN 1883).
I. — Silualion générale.
Les marchés agricoles continuent à présenter beaucoup de calme. Les agrw
culteurs ne font que des offres restreintes pour la plupart des denrées.
II. — Les grains et les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par quintal métrique,
sur les principaux marchés de la France et de l'étranger :
396
REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
1" RÉGION. — NORn.OrEST,
Blé. Seigle. Orge.
fr. fr. fr.
Calvados. Condé 24.75 15. oo 19 50
— Lisieux 2'i.20 18.00 »
Côt.-du-Nord. L-annwn. . -l't. 00 » i6.75
— Tréguier. 23.50 20.00 :8.oo
Finistère. M or\a,\x 24.50 » 17.25
— Quiroper 24.00 17.00 17.00
Ille-tt-Vilaine. Rennes., "ik. Ta » iG.25
— Fougères... 24.50 » »
Manches. Avr-dnchea... 25.00 » 19.50
— Pontorson... . 25.40 » 19.75
— Villedieu 26.00 16.55 21.00
Mayenne. La.va.\ 25.00 » 17 50
— Mayenne 25.50 » 18.75
A/orbi/ion. Hennebont.. 25.00 16.50 »
Orne. Alençon... 25.20 17.50 20.00
— Morlugne 24.50 15.50 19.00
Sort/ie. Le Mans 26.00 15.25 16.50
— Sablé 24.85 » 19.75
Prix moyens 24.78 16.81 18.43
2. RÉGION. — NORD.
Aisne. Laon 23.15 16.15 17.50
— Saint-Quentin... 24.00 » »
— Villers-Cotterets. 23.25 15.75 19.00
Eure. Evreiix 23.25 15.25 20.25
— Conches 24.50 15.20 21.50
— Pacy 23 75 14.00 20.70
Eure-et-Loir. CharlTQS.. 'Zi.bO 15.00 17.25
— Auneau 24 00 14.70 17.50
— Nogent-le-Rotiou. 25.00 » 20.25
Nord. Cambrai 25.00 16.50 18.75
— Lille 26.25 » »
— Valenciennes 24.75 16.50 »
Oise. Beauvais 22.50 15.50 19.25
— senlis 22.00 15.50 »
— Noyon 24.50 16.00 »
Pas-de-Calais. Arras... 25.00 17.00 19.50
— Sani-Omer 24.25 i7.25 »
Seine. Paris 25.25 16 25 18.50
S.-e«-il/ar. Dammarlin... 22.00 15.50 17.50
— Meiun 25.75 15.25 »
— Provins 24.50 16.00 19.25
S.-el-Oise. Mantes 22.75 15.75 20.00
— Pontoise 23.25 16.00 19.00
— Versailles 23.50 16.50 19.50
Seine-Inférieure. Rouen. 24 45 15.75 20.50
— Dieppe 22.00 15.30 20.00
— Yvetot 22.85 16.00 20.50
Somme. Doullens 24.75 15.50 19.00
— Péronne 23.00 » »
— Boye 22.50 15.50 17.50
Prix moyens 23.78 15.73 19.24
3* RÉGION. — NOBD-EST.
Ardennes. Charleville.. 24.00 16.50 19.00
— Sedan 23.60 17.00 19.50
.4u6e. Troyes 23.50 15.75 17.50
— Méry-sur-Seine.. . 22.85 15.00 17.25
— Nogent-sur-Seine. 24.00 16.00 18.75
A/or-ne. Chalons 23.15 16.25 13.15
— Epernay 24. 00 15.50 1800
— Reims 23.75 16.15 18.25
Hte-Marne. Bourbonne. 22.25 a »
Meurlhe-el-Mos. Nancy. 24. OC (8.50 17.50
— Pont-à-Mousson... 23.50 17.75 18.00
— Lunéville 23.75 17.50 »
Meuse. Bar-le-Duc 23.75 16 60 16.75
— Verdun 23.50 16.25 16.50
Haute-Saône. Gray 23.00 » »
Vosges. Neufchàteau.. . . 23.15 15.50 17.50
— Epinal 23.50 17.25 17.00
— Mirecourt 23.75 » »
Prix moyens 23.50 16.50 17.83
4' RÉGION. — OITRST.
Charente. Angouléme... 25.00 18.50 »
— RuiTec 24.75 18.00 18.50
C/io»'.-M/ér. Marans.... 24.00 » 17.00
Deux-Scvres. ïiiorl 24.00 » 17.50
/nd»-e-e(-Aoire. Blére 23.50 16.00 20.no
— Tours 25.00 16.00 18.00
Loii-e-M/". Nantes 25.00 » 19.75
M.-et-Loirc. Sauniur 25-20 16.75 17.25
— Angers 24.00 15.85 20.00
Vendée, hn^on 24.00 ' 18. 00
— Foiitenay-le-Comte 24.20 » 18. 00
Vienne. Chitelleraull.. . 24.50 16.00 18.50
— Poitiers 24.25 17.00 18.25
Haute-Vienne. Liwogea., 25.20 17.25 »
Prix moyens 24.47 16.82 18.39
17.75
18.00
18.00
17.25
20.00
19.50
19.50
19.00
20.50
16 50
17.50
19.50
17.50
18.00
16.75
17.00
21.00
18.00
18.75
19.75
19.50
20.00
21.00
21.15
20.10
19.00
16.75
18.25
19.00
13.87
19.50
20.25
17.50
18.50
19.50
19.50
19.25
18.50
15.50
18.25
17.00
»
19.25
18.00
17.50
18.15
17.50
•8.50
18.36
18.25
18.00
19.00
18.25
19.00
18.00
19.50
19.25
20.50
17.26
17.50
18.00
17.25
18.50
13.'i4
5* REGION. — CENTRE.
Blé. Seigle.
fr. fr.
Allier. Moulins 23.75 15.00
— Monlluçon 23.50 15.50
— Saint-Pourçain.. . 25.00 17.00
Cher. Bourges 23.00 15.00
— Graçay 24.75 15.50
— .Vubigny 24.00 15.50
Creuse. Aubasson 23.75 16.50
/iid/v;. Cbàteauroux . . . . 24.75 15.00
— Issoudun 25.00 15.00
— Valençay 24.25 iti.OO
Loiret. Orléans 23.58 1^.75
— Montargis 24.50 17.50
— Patay 24.00 15.25
Z,.-i?<-C'/ier. Blois 24.50 15.00
— Montoire 23.75 14.25
A^iéuee. Nevers 23.75 »
— La Charité 24.00 16. 00
Yonne. Brienon 24.00 15.80
— Saint-Florentin... 24.00 15.85
— Sens 25.00 16.50
Prix moyens 24.13 15.68
6* RÉGION. — EST.
^m. Bourg 24.75 16.50
— Pont-de-Vaux 25.00 16.25
Co<e-d'0)-. Dijon 22.00 15.50
— Beaune 23.50 »
flouôs. Besançon 23.15 »
Ls'ere. Bourgoin 24.75 14.75
— Grand-Lemps 25.00 15.25
Jura. Dôle 22.00 15,75
Loire. Roanne 24.50 14.75
P.-de-Z)ôme. Clermont.F. 25.50 15.75
Rhône. Lyon 25.00 14.25
Saône-et-Loire. Autun.. 22.50 15.50
— Chalon 25.00 16.85
iauoie. Chambéry 26.75 20.00
Hle-Savoie. Annecy 24.85 »
Prix moyens 24.28 15.92
T RÉGION. — SUD-OUEST
Ariège. Foix 25.00 19.00
— Pamiers 27.25 17.00
Z)o»-dogrte. Bergerac. . .. 25 50 18.25
///e-Garo7Mie. Toulouse. 25.00 18.50
— St-Gaudens 25.75 18.25
Gers. Condom 26.00 »
— Eauze 27.00 »
— Mirande 26.25 »
Gironde. Bordeaux 25.75 19. '0
— Bazas 26.25 »
Landes. Saint-Sever. . .. 25.50 20.00
Lot-et-Garonne. Agen... 27.00 19.50
— Nérac 27.25 »
/J. -Pyrénées. Bayonne. . 27.50 »
//<es-Pj/rénées. Tarbes.. 26.50 17.75
Prix moyens 26.23 18.58
8" RÉGION. — SUD.
.<4Mde. Castelnaudary... 26 50 18.25
^î'cyron. Rodez 26.00 18.75
Caîitai. Mauriac V5.35 21.85
Corrêie. Luberzac 25.50 18.50
Hérault. Cette 27.50 »
— Béziers 27.50 »
Loi. Cabors 26.25 17.25
Lo:ère. Mende 24.70 18.65
Piyréjiées-Or. Perpignan. 27.70 18.40
Tarn. AIbi 26.00 18.75
rarn-etrîor.MonlauDan 26.00 17.00
— Moissac 25.00 18.25
Prix moyens 26.17 18.56
9' RÉGION. — SlID-EST.
Basses- Alpes. Manosque 28.50 »
Hauies-Alpc.'f. Briançon. 29.00 20.50
Alpes-Marili mes. Cannes 26.25 17.50
Ardeche. Privas 26.20 13.15
/}.-du-/f/tdne. Arles.... 27.50 »
Drame. Valer.ce 24.75 16.75
Gard. Alais 26.50 »
Haute-Loire. Brioude... 24.85 18.75
Kar. Dra^uignan 26.25 »
Vaucluse. C;irpentras.. . 26.30 13.50
Prix moyens 28.61 18.36
Moy. de toute la France 24.88 16.99
— de la semaine précéd. 24 . 9 1 17.15
Sur la semainelHausse. » »
précédente.. (Baisse.. 0.03 0.16
Avoine.
fr.
18. 7S
18.50
19.0»
18.85
17.2»
17.50
18.0»
17.50
19.00
18. 7i
19.75
19.50
19.50
21.00
19.00
16.50
18.25
20.00
19.00
» 19.75
13.29 18.72
fr.
18.00
18.00
18.00
16.50
19.50
19.25
»
17.50
1 8 . 25
19.50
19.00
17.50
17.75
21.25
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16.00
17.50
18.00
20.25
17.50
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17.00
19.25
19.50
18.75
19.25
20.00
20.25
16.50
19.50
» 21.00
» 19.50
17.89 18.97
18.00
»
19.50
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18 00
18.25
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»
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»
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75
19.28 20.53
17.75
17.15
17.25
19.50
18.25
19.00
23.00
21.00
18.25
18.60
18.75
17.50
20.75
19.00
18.50
18.00
18.15 19.27
0.12 0.23
DES DENRÉES AGRICOLES (9 JUIN 1883).
397
Algérie.
Angleterre.
Belgique.
Pays-Bas.
Luxembourg .
Alsace-Lorraine
Allemagne.
Suisse.
Italie.
Espagne.
Autriche.
Hongrie.
Russie.
Etats-Unis.
.. ( bic fendre. ,
^^^^^i blé dur
Londres
Anvers
Bruxelles
Liège
Namiir
Amsterdam
Luxembourg
Strasbourg
Muliiouse
Colmar
Berlin
Cologne
Hambourg
Genève
Turin
Valladolid
Vienne
Budapeslh
Saint-Pétersbourg.
New-York
Blé.
fr.
2.S.00
24.2.^
25.00
24.25
25.60
24.50
23.00
24.50
24.00
25.15
23.25
24.40
23.50
26.25
24.00
26 75
26.00
2.^.75
21.110
Ï0.7o
22.2.T
23.95
Seigle,
fr.
19.75
17.50
18.. 50
17.00
17.25
20.00
18.25
17.75
18.00
18.60
18.75
18.50
Orge,
fr.
15.75
19.00
22,00
20.50
20.00
17.25
1G.75
18.00
21.25 21.00
15.50
15.75
15.50
16.00
16.35
Avoine-
fr.
15.50
20.25
20.60
18.00
15.75
18.50
17.50
18.35
16.75
21. no
19.00
14 00
13.40
13.50
Blés. — Les circonstances météorologiques continuent à être favorables aux blés,
en terre. Dans la plupart des régions, la prochaine récolte se présente actuel-
lement dans de bonnes conditions, et il est permis de compter au moins sur une
récolle moyenne. La paille est parfois trop courte, mais la floraison s'effectue au
milieu de circonstances propices. Les appréciations défavorables sur la récolle des
Etats-Unis continuent à se faire jour ; il est bien difficile de se renseigner à coup
sûr; mais un fait est indiscutable, c'est que les prix sont soutenus avec beaucoup
de fermeté sur le marché de New-York. — A la halle de Paris, le mercrecli
6 juin, les affaires ont été calmes comme les semaines précédentes ; les offres sont
restreintes, et les prix ne varient pas. On cote de 24 à 26 fr. 50 par 100 kilog.
suivant les qualités, ou en moyenne 25 fr. 25. Au Havre, les blés d'Amé-
rique se vendent à des prix très soutenus; on cote de 25 fr. 50 à 27 fr. 50 par
100 kilog. suivant les sortes. — A Marseille, il y a des demandes assez actives,
principalement pour les blés tendres; les arrivages de la semaine ont été de
135,000 quintaux; le stock est actuellement de 88,000 quintaux dans les docks.
On paye par 100 kilog. : Red-winter, 28 à 28 fr. 25; Irka, 26 à 26 fr. 25 ;
Pologne, 26 à 26 fr. 50 ; Bessarabie, 25 fr. 50 à 26 fr. ; Irka Danube, 24 à
24 fr. 50 ; Bombay, 26 fr. ; Azima, 24 fr. 50 à 25 fr. ; — X Londres, les affaires
sont calmes, et les prix sont toujours faiblement tenus; les importations de blés
étrangers ont été depuis huit jours de 264,000 quintaux. Au dernier marché,
on cotait de 23 fr. 90 à 26 fr. "par 100 kilog., suivant les qualités et les pro-
venances.
Farines. — La fermeté se maintient dans les cours pour toutes les sortes. Pour
les farines de consommation, on les cotait à la halle de Paris le mercredi 6 juin :
marque de Gorbell, 59 fr. ; marques de choix, 59 à 61 fr. ; premières marques,
57 à 58 fr. ; bonnes marques, 56 à 57 fr.; sortes ordinaires, 53 à 55 fr. ; le
tout par sac de 159 kilog. toile à rendre ou 157 kilog. net, ce qui correspond aux
prix extrêmes de 33 fr. 75 à 38 fr. 85 par 100 kilog., ou en moyenne 36 fr. 30,
comme le mercredi précédent. Sur les marchés du midi, on sii![nale tendance à la
hausse. — En ce qui concerne les farines de spéculation, on cotait à Paris le mer-
credi 30 mai au soir : farines neuf -marques, courant du mois, 58 à 58 fr. 25;
juin, 58 fr. 50 à 58 fr. 75 ; juillet et août, 59 fr. ; quatre derniers mois, 60 fr. 75 ,
le tout par sac de 159 kilog., toile perdue ou 157 kilog. net. — Pour les
farines deuxièmes, on cote de 24 à 26 fr.; et pour les gruaux, de 46 à 57 fr.
Seigles. — Peu d'affaires, avec des prix un peu faibles. On paye h la halle de
Paris de 16 fr. à 16 fr. 50 par 100 kilog. Les farines de seigles sont cotées de
24 à 26 fr. par 100 kilog. suivant les sortes
Orges. — Les ventes sont à peu près nulles, et les prix sont faibles, de )8 à
19 fr. par 100 kilog. Les escourgeons se vendent de 17 fr. 25 à 18 fr. — A Lon-
dres, les importations sont très faibles, et les prix sans changements, de 18 à
20 fr. 50 par quintal métrique.
Avoines. — H y a peu d'offres pour toutes les sortes. On vend à la halle de
Paris de 20 à 22 fr. par 100 kilog. suivant poids, couleur et quahté. * '^ ""
dres, les prix se fixent de 18 fr. 50 à 21 fr. 50 suivant les sortes.
A Lon-
898 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT
Sarrasin. — Hausse sensible. On paye à Paris 19 fr. à 19 fr. 25 pour les sar-
rasins de Bretagne.
Jifais — Il y a peu d'affaires sur les maïs d'Amérique au Havre. On lea
paye de 16 fr. 50 à 17 fr. par lÔO kilog., suivant les sortes.
Issues. — Les demandes sont restreintes et les prix fermes. On paye par
100 Jiilog. à la halle de Paris : gros son seul, 15 fr. 25 à 15 fr. 50; sou trois
cases, 14 fr. à 14 fr. 50 ; sons fins, 13 fr. à 13 fr. 50; recoupettes, 13 fr. à
13 fr. 50; remoulages bis, 14 à 15 fr.; remoulages blancs, 16 à 17 fr.
III. — Fruits et légumes frais.
Fruits. — Dernier cours de la halle : cerises communes, le kilog., Ofr. .80
à 2 fr.; fraises de cliâssis, le pot, 0 fr. 10 à 0 fr. 50.; le panier, 1 fr. à 2 fr. 50 ; le
kilog., 0 fr. 80 à 3 fr.
Gros léaumes. — On vend à la halle de Paris: asperges aux petits pois, la botte,
0 fr. 50 à 1 fr. 50; communes, la botte,.! fr. à 7 fr.; caiottes nouvelles, les
100 bottes, 50 à 80 fr.; d'hiver, l'hectolitre, 4 à 5 fr. ; de chevaux, les 100-
bottes, I 5 à 20 fr.; choux nouveaux, le cent, 5 à 18 fr.; navets nouveaux, les
100 bottes, 50 à 85 fr.; oignons nouveaux, les 100 bottes, 20 à 45 fr.; en grain,
l'hectolitre, 10 à 14 fr.; panais communs, les 100 bottes, 13 à 18 fr.; poireaux
communs, les 100 bottes, 15 à 40 fr.; poisverts, le kilog., 0 Ir. 32 à 0 fr. 45.
IV. — Vins, spiritueux, vinaigres, cidres.
Vins. — La situation du vignoble, dans la plus grande partie de la France, est
excellente, sous l'influence de chaleurs continues, hi végétation se développe avec
rapidité ; le retard qui était signalé, il y a quelques semaines, est aujourd'hui
réparé. La floraison a commencé dans le Midi ; elle est abondante. Dans la plupart
des régions, on peut compter sur une récolte abondante, si des phénomènes con-
traires ne viennent pas la contrarier pendant les mois d'été. Quant au commerce,
la situation est toujours la même; il y a peu d'affaires, mais les prix se main-
tienneot bien pour les vins. On se préoccupe toujours beaucoup, surtout dans le
sud-ouest, du projet de loi sur le vinage.
Spiritueux. — Il y a plus de fermeté dans les transactions, les ventes sont
assez importantes, et les prix se maintiennent bien. Dans le Midi, on cote : Nîmes,
3/6 bon goi^it, 100 fr.; marc, 95 fr.; — Béziers, 3/6 bon goiàt, 103 fr ; marc,
95 fr. — Sur les marchés du Nord, les affaires sont plus actives. A Liîle, ou
paye les alcools de betteraves, l""'' qualité, 52 fr. 25 par hectolitre. A Paris, on.
cote : 3/6 betteraves, l''" qualité 90 degrés, disponible, 50 fr. 75 à 51 fr.; juin,
51 fr. 25 ; juillet et août, 51 fr. 75 à 52 fr.; quatre derniers mois, 51 fr. 75 à 52 fr.
— Le stock était, à Paris, au 6 juin, de 19,725 pipes, contre 15,975 en 1882.
Cidres. — Les circonstances climatéi'iques sont favorables en Normandie, et on
y compte sur une abondante récolte de pommes.
Baisins secs. — Il a toujours des demandes actives, et les prix de toutes le-v
sortes accusent beaucoup de fermette.
Soufre. — On cote actuellement les soufres dans le Midi : soufres bruts,.
14 fi'. 50 à 15 fr. par lûO kilog. ; soufres triturés, 17 fr. 50 à 18 fr. 50. Les ventes
sont importantes.
V. — Sucres. — Mélasses. — Fécules. — Glucoses. — Amidons. — Houblons.
Sucres. — Les offres sont assez abondantes, et les prix se maintiennent avec
peine pour toutes les sortes. On cote par 1 00 kilog. : à Paris, sucres bruts 88 degrés
saccharimétriques, 54 fr. à 54 fr. 25; les 99 degrés, 61 fr. 50; sucres blancs,
61 fr. 75; à Saint-Quentin, sucres roux, 53 fr. 25 à 54 fr. ; sucres blancs,
61 fr. 50 ; à Yalencienues, sucres bruts, 53 fr. à 53 fr. 25. A Paris, le stock dt^
l'entrepôt réel des sucres était, au 6 juin, de 584,000 sacs pour les sucres indi-
gènes, avec une diminution de 27,000 sacs depuis huit jouis. — Il y a un peu
de faiblesse dans les prix des sucres raffinés qui valent de 105 fr. 50 à 106 fr. 50
par 100 kilog. à la consommation; 65 fr. à 67 fr. 50 pour l'exportation. Les
prix varient peu dans les ports, sur les sucres coloniaux.
Fécules. — Les cours ne varient pas. On cote à Paris : fécules premières du
rayon, 40 à 40 fr. 50 par 100 kilog.; à Compiègne, fécules de l'Oise, 40 fr.
Houblons. — La végétation des houblonnières continue dans de bonnes condi-
tions; on compte sur une bonne récolte. Quant au commeice, il est nul.
VI. — Huiles et graines oléagineuses. — Tourteaux.
■ Huiles. — Les fluctuations de la spéculation se font surtout sentir au commen •
cernent de chaque mois. La baisse l'emporte cttte semaine, sur les huiles de colza.
DES DENRÉES AGRICOLES (9 JUIN I&83). 399
On cote à Paris par lOOkilog. : huile de colza en tous fûts, 99 fr. 75; en tonnes,
101 fr. 75; épurée en tonnes, 109 fr. 75; huile de lin en tous fûts, 55 fr.; en
en tonnes, 57 fr. — A Arras, on paye : huile de colza, 90 fr.; de lin, 59 fr.; de
pavot, 72 fr. — Dans le Midi, il y a peu d'allaires sur huiles d'olive, sans varia-
tions dans les cours.
Graines oléagineuses. — Les .prix sont mieux soutenus sur les marchés du
nord. On paye par hectolitre à Arras : graine de îin, 28 fr. 25; colza nouveau,
20 à 23 Ir. 5U ; œillette, 24 à 27 fr. 75.
Tourteaux. — Les prix sont soutenus. On paye à Cambrai par quintal métrique :
■tourteaux d'oeillette, 14 fr. ; de colza, 17 à 19 Ir. 50; de lin, 20 à 22 fr. ; de came-
Jine, 17 à 20 fr. — A Rouen, tourteau de sésame, 15 fr. ; de lin, 19 fr. 50.
VII. — Matières résineuses, textiles.
Matières résineuses. — La baisse continue. On cote à Dax, 63 fr, par 100 kilog.
ponr l'essence pure de térébenthine; à Mont-de-Marsan, les gemmes ordinaires
valent 65 fr. la barrique.
Lins. — Les cours se soutiennent -dans le Pas-de-Calais. On paye de 65 à 90 fr.
par 100 kilog. pour les lins de pays. .
Laines. — A part le Soisonnais, les aires sont toujours assez lentes pour les
laines nouvelles. A Chartres, on paye actuellement 1 fr. 60 à 1 fr. 80 par kilog.;
en suint pour les laines-mères, 2 fr. 20 à 2 fr. 30 ; pour les laines d'agneaux; à
YiHers-Gutterets (Aisne); 1 fr. 90 à 2 fr. 10. En Champagne, les laines lavt^es
•à dos valent 3 fr. 10 à 3 fr. 30 par kilog. suivant la qualité.
VIII. — Suifs et corps gras.
Suifs. — Les prix sont slationnaires. On cote à Paris, 101 fr. par quintal mé-
trique pour les suifs purs de l'abat de la boucherie; 75 fr. pour les suils en
branches.
Cuirs et peaux. — Aux ventes mensuelles de la boucherie de Paris, le 31 mai
on cotait par 50 kilog. gros bœuf, 51 fr. 58; moyens bœufs, 47 fr. 59; petits
bœufs, 42fr. 32; vaches laitières 46 fr. 41; vaches de bandes, 46 fr. 32; tau-
reaux, 39 fr. 06; gros veaux, 67 fr. 78 ; petits veaux, 77 fr. 24.
IX. — Beurres. — Œufs. — Fromages.
Beurres. — Il a été vendu, pendant la semaine, à la halle de Paris, 263,960 kilog.
•de beurres. Aux derniers marchés, on payait par kilog. : en demi-kilog., 1 fr. 90
à 3 fr. 20; petits beurres, 1 fr. 52 à 2 fr, 30; Cournay, 2 fr. 20 à 4 fr. 30; Isigny,
-^L fr. 40 à 7 fr. 08.
Œufs. — Du 28 mai au 2 juin, on a vendu à la halle de Paris, 5,701,939 œufs.
Au dernier marché, on cotait par mille : choix, 89 à lu 5 fr. ; ordinaires, 58 à 76 fr.;
petits, 48 à 56 fr.
Fromages. — On vend à la halle de Paris, par douzaine : Brie, 4 à 16 fr, ; Mont-
Ibéry, 15 fr. ; — par cent, Livarot, 28 à 104 fr, ; Mont-Dor, 8 à 30 fr.; Neufchâtel,
2 à l'ifr.; divers, 8 à 30 fr.; — par 100 kilog.. Gruyère, 135 à 170 fr.
.X. — Chevaux, bétail, viande.
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement officiel du marché aux bes-
tiaux de la Villette, du jeudi 31 mai au mardi 5 juin :
Poids Prix du lulog. de viande nette sur
Vendus moyen pied au marché du 4 ju.n.
Pour Pour En 4 quartiers, l" 2« 3« Prix
Amenés. Paris, l'extérieur, totalité. kil. quai. quai. quai. moyen.
Bœufs 4,723 2,61.5 1,491 A, 106 Soi 1.84 1.70 l.bO 1.6.".
Vaches 1,44:} 801 4;jli 1 ,2:i7 240 1.72 1.02 1.36 l.ô4
Taureaux 296 231 36 267 384 1.60 1 46 1.36 1,47
Veaux 3. .336 2,14.^ 1,lî)2 3,297 7h 2 14 1.98 l.fcS 1.^0
Moulons 37,431 22,279 12,073 34,3,52 19 2.10 1 .»8 1.74 1-87
Porcs gras 6,466 2,844 3,46,t 6,309 82 1.52 1.46 1.40 1.42
— maigres. » » »■> »»»» »
Quoi(|ue les approvisionnements aient été abondants, Jes ventes ont été faciles
pour toutes les catégories, à l'exception des veaux, les prix accusent de la fer-
meté. — Sur les marchés des départements, on cote ; Caen, bœut, 1 fr. 70 à
1 fr. VU par kilog. de viande nette; vache, 1 fr. 60 à 1 fr. 80; veau, 1 fr. 40 à
1 fr. 60; mouton, 1 fr. 80 à 2 Ir.; porc, 1 fr. 40 à 1 fr. 60; — Nantes, bœuf,
0 fr. 91 par kilog. brut; veau, 1 fr.; mouton, 1 fr.; — Uiicans, bœuf, U fr. 72
à 0 fr. 82; vache, 0 fr. 72 à 0 fr. 82; veau, 0 fr. 85 à 1 fr. 05; mouton, 0 fr, 75
à 0 fr. 95; porc, 0 fr, 90 à l fr, ; — Nancy., bœufs morts, 96 à l(i2 fr.; vaches,
75 à 95 fr.; veaux, 56 à 63 fr.; moutons, 105 à 115 fr.: porcs, 70 à 75 fr. ; —
400 REV[IE COMMERCIALE ET PRIX COURANT (9 JUIN 1883).
Dijon, bœuf, I fr. 62 à 1 fr. 80; vache, 1 fr. 56 à 1 fr. 70; veau (poids vif),
1 fr. 05 à 1 fr. 20; mouton, 1 fr. SO à2 fr. 10 ; porc, Ofr. 92 à 1 02; — Bourgoirij
bœufs, 66 à 76 fr. ; vaches, 58 à 68 fr.; moutons, 90 à 98 fr.; porcs, 86 à 90fr.;
veaux, 90 à 100 fr.
A Londres, on cote par kilog.: Bœuf, qualité inférieure, 1 fr. 52 à 1 fr. 75;
2% 1 fr. 75 à 1 fr. 87 ; V% l fr. 87 à 1 fr. 99. — Veau, 2% 1 fr. 99 à 2 fr. 10;
1''% 2 fr. 10 à 2 fr. 34, — Mouton : qualité inférieure, 1 fr. 75 à 1 fr. 93;
2% 1 fr. 93 à 2 fr. 10; 1'% 2 fr. 22 à 2 fr. 34. — Agneau : 2 fr. 80 à 3 fr. 04.
— Porc : 2% 1 fr. 52 à 1 fr. 64 ; V% 1 Fr. 64 à 1 fr. 7 5.
Viande à la criée. — Du 29 mai au 4 juin, il a été vendu à la halle de Paris :
Prix du kilog. le 'i juin.
kilog. 1" quai. 2° quai. 3° quai. Choix. Basse Boucherie.
Bœuf on vache... 17.ô,56l 1.68 à 2.16 1.46 à 1.66 0.96 à 1.44 1.60 à 3.20 0.20 à 1.36
Veau 231,813 1.82 2.16 1.60 1.80 1.26 1.58 1.60 1.50 »
Mouton 61,28i 1.&8 1.96 1.36 1.56 0.96 1.34 1.60 2.40 »
Porc 30,575 Porc frais 1.24 à 1.66
499,233 Soitparjour 71,319 kilog.
Les ventes ont été inférieures de 8,000 kilog. par jour à celles de la semaine
précédente. Les prix se mainiiennent pour les diverses sortes.
XI. — Cours de la viande à l'abattoir de la Villette du 7 juin [par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Villette par 50 kilog. : 1" qualité,
75 à 77 fr. ; 2% 70 à 75 fr. ; poids vifs, 48 à 53 fr.
Bœufs. Veaux. Moutons.
I" 2" 3' 1" 2' 3' 1'" 2" 3"
quai. quai. quai. quai. quai. quai. quai. quai. quai.
fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr.
85 78 ,73 108 100 94 96 90 83
XII. — Marché aux bestiaux de la Villette du jeudi 7 juin 1883.
Cours des commissionnaires
Poids Cours officiels. en besliaux.
Animaux gênerai. 1" 2° 3' Prix 1" 2° 3' Prix
amenés. Invendus. kil. quai. quai. quai, extrêmes. quai. quai. quai. extrêmes.
Bœufs 2 043 3i 360 1.86 >.70 1.50 1.44à!.90 1.34 1.68 1.48 1.42àl.88
Vaches 504 •> 235 (.75 1.54 1.36 f.30 1.80 1.72 1.52 1.34 1.28 1 78
Taureaux... t21 4 385 1.62 1.48 1.38 !.32 1.65 1.60 1.46 1.36 1.30 1.62
Veaux 1.565 142 78 2.16 2.00 1.70 1.50 2.36 » » » »
Moutons 21 011 1.760 U) 2.10 1.98 1.74 1.62 2 1'! » » » »
Porcs gras.. 4 876 157 82 1.48 1.42 1.36 1.24 1.52 » » »
maigres.. » » »»»»»»»»»»
Vente très active sur toutes les espèces.
XIII. — Résume.
Il n'y a pas de changements importants à signaler dans les cours de la plupart
des denrées agricoles. A. Remy.
BULLETIN FINANCIER
La liquidation de juin s'est fait avec quelque difficulté; les cours du plus
grand nombre des valeurs ont fléchi. Les embarras de la situation extérieure con-
tribuent d'ailleurs à entraver les opérations et à jeter de la lourdeur sur le marché.
Les cours sont donc plus faibles que ceux de notre précédent bulletin.
Les fonds d'Etat français sont cotés : 3 pour 100, 79 fr. 65; — 3 pour 100
amortissable, 81 fr. 20 ; — 4 pour 100, 100 fr.; — 4 et demi pour 100, 110 fr. 80;
— 5 pour 100, 108 fr. 50.
On cote les principales Sociétés de crédit aux taux qui suivent : Banque de
France, 5,410 fr.; Crédit foncier 1,340 fr.; Comptoir d'escompte, 990 fr.; Banque
de Paris, 1,060 fr.; 1-e Crédit lyonnais, 565 fr.; Société générale, 540 fr. ; Société
des dépôts et comptes courants, 675 fr.; Compagnie franco-algérienne, 552 50.
Les actions de la Compagnie parisienne du gaz, restent cotées à 1,365 fr. — La
hausse est active sur les actions du canal de Suez qui valent 2,455 fr.; les déléga-
tions restent à 1,305 fr.; le canal de Panama, et coté à 485 Ir.
Pour les titres des grandes Compagnies de chemins de fer, on cote actuelle-
ment : Nord, 1,900 fr.; Orléans, 1,228 fr. ; Ouest, 772 fr. 50; Paris-Lyon-Médi-
terranée, 1,420 fr.; Est, 717 fr. 50; Midi, 1,125 fr. E. Feron.
Le gérant, A. Bouché.
CHRONIQUE AGRICOLE (igjuini883).
Vote pai la Chambre des députés de la proposition de MM. Girard et Jarnetel sur la réduction des
droils dans les échanges d'immeubles ruraux. — Avantages de cette mesure. — Le vinage a
prix réduit. — Discussions et rejet de la proposition do M. Beruard-Lavergne. — Le commerce
des vins. — Lettre de M. Gréa. — Le phylloxéra. — Lettre de; M. Bouchard sur des taches
trouvées dans l'arrondissement de Sauniur. — Publication de plusieurs notes des délégués de
l'Académie des sciences. — Bullelm du uiiiiisière de l'agriculture. — Relevé des récoltes en
France en 1882. — La production du blé pondant les dix dernières années. — Quatorzième liste
de la souscription ouverte pour élever un monument à Léonce de Lavergne. — Nécrologie. —
Mort de M. Vallerand et de M. Godart. — Examens d'admission à l'Ecole pratirjue d'agriculture
des Mercliines. ■ — Ixamens d'admission à rL':cole Ibreslière de Nancy. — (>uvertnre du port do
Portbail à l'exportation des a limaux. — Mesures prises en Angleterre contre le bétail français.
— Arrêté du n.iuistère de l'ugriculiure ouvrant un concouis de sériciculture dans la Drôme". —
Nouvelles des éducations de vers à soie, -r- Mesures relatives ;i la destruction des vipères. —
Culture du lahac dan-i Vaucluse. — Concours de macliines agricoles pour la moyenne culture et
poui' la viticulture à l'oiticrs. — La consolide rugueuse du Caucase en Bretagne. — Lettre de
M. Picot de Plédran. — J'rocliaine éltction d'un membre associé à la So'iété nationale d'agri-
culture. — Notes de MVî. .Tacqiiot et de Lentilhac sur la situation des récoltes dans les dépar-
tements des Vosges et de la Dordogne. — Les orages.
I. — Ze.s échanges d'immeubles ruraux.
La Chambre des députés vient d'achever la discussion d'une me-
sure qui sera accueillie avec reconnaissance par tous les agriculteurs.
Dans sa séance du 12 juin, elle a adopté détinitivetnent une proposi-
tion de loi ayant pour objet de modifier, dans l'intérêt de l'agriculture^
les droits fiscaux à percevoir sur les échanges d'immeubles ruraux non
bâtis. Désormais, si, comme nous l'espérons, le Sénat adopte la dis-
position votée par la Chambre des députés, il ne sera perçu, sur les.
échanges d'immeubles ruraux, que 0 i'r. 20 par 100 francs pour tout
droit proportionnel d'enregistrement et de transcription, lorsque le
contrat renfermera l'indication exacte de la contenance, du numéro,
de la section, de la classe, de la nature et du revenu du cadastre de
chacun des immeubles échangés, et lorsqu'un extrait de la matrice
cadastrale de ces biens, qui sera délivré sans frais, sera déposé lors de
l'enregistrement. Depuis longtemps, on se plaint avec raison de l'élé-
vation des frais qu'entraînent les échanges d'immeubles ruraux; on
attribue à ce taux toujours croissant de la fiscalité une partie du mou-
vement qui a produit, non pas la division de la propriété, mais
l'excès dit parcellement qui, dans beaucoup de communes apporte
de véritables obstacles à l'exécution des travaux agricoles. Permettre
de faire les échanges de parcelles avec des frais peu élevés, c'est pro-
voquer la réorganisation d'un grand nombre d'exploitations rurales;
par conséquent, c'est assurer une diminution souvent considérable
dans les frais de culture, c'est donner au cultivateur le moyen de tirer
meilleur parti de son sol, c'est, en fin de compte, faire œuvre d'une
haute utilité pour le présent et pour l'avenir. C'est pourquoi tous les
agriculteurs applaudiront au vote de la proposition de MM. Girard et
Jametel ; ils y verront la preuve que les pouvoirs publics veulent
arriver à la réalisation des promesses faites pompeusement depuis
plusieurs années à l'agriculture.
II. — La vinafje à prix réduit.
Dans ses séances des 9, 11 et 12 juin, la Chambre des députés a
discuté la proposition de loi de M. Bernard-Lavergne ayant pour but
l'autorisation temporaire d(3 verser de l'alcool sur les vins de la récolte
de 1 882, au droit réduit de 20 francs en principal par hectolitre d'alcool.
M. ïirard, ministre des finances, a déclaré que le gouvernement accep-
tait la proposition et qu'il était décidé à user de la plus grande rigueur
\" 7^0 _ Tome lî de ISR.'l. — 16 hvn.
402 ' CHRONIQUE AGRICOLE (16 JUIN 1883).
contre les fraudeurs. La discussion a d'ailleurs été très vive; on a
même voulu faire intervenir le sucrage au lieu du vinage, sans réflé-
chir que le sucrage, qui est une excellente opération à la cuve, ne
peut être employé sur des vins fabriqués, tels que sont aujourd'hui
ceux de la récolte de 1882. Plusieurs contre-projets ont été présentés,
tendant à faire juger définitivement la question du vinage. Finalement,
la' proposition a été repoussée. Nous ne pouvons que le regretter; pour
avoir voulu trop obtenir, on n'a abouti à rien. C'est d'autant plus mal-
heureux que ce sont les viticulteurs qui souffriront de ce n^jet, tandis
que l'adoption du projet eût favorisé à la fois l'agriculture du Nord et
celle du Midi.
III. — Le commerce des vins.
A l'occasion de la lettre que nous avons publiée dans notre chro-
nique du 26 mai (page 283) sur l'alcoolisation excessive des vins
étrangers pénétrant en France, nous recevons la communication sui-
vante de M. Emmanuel Gréa, président du Comice agricole de Lons-
le-Saulnier (Jura).
« M. le rédacteur en chef et honoré collègue, veuillez ajouter aux adhésions à
la pétition de plusieurs Sociétés agricoles au sujet du vinage et de la circulation
des vins vinés, que vous avez publiées dans le numéro du 26 mai dernier, celle du
Comice agricole de Lons-le- Saunier, qui s'est prononcé à l'unanimité dans ce
sens à sa séance du 7 juin.
« Veuillez agréer, etc. Le président du Comice,
« E. Gréa. »
Cette nouvelle adhésion porte à 24 le nombre des associations agri-
coles réunies pour demander que des mesures soient prises pour enrayer
l'invasion de liquides qui du vin n'ont que le nom, et qui apportent
le plus grand trouble dans le commerce français.
IV. — Le, phylloxéra.
Nous avons une mauvaise nouvelle à annoncer à nos lecteurs : la
présence du phylloxéra a été constatée dans le département de Maine-
et-Loire arrondissement de Saumur, par M. Bouchard, secrétaire de la
Société industrielle et agricole, qui nous envoie la lettre suivante :
« Je viens malheureusement de constater la présence du phylloxéra de manière
à n'en pouvoir douter, dans une pépinière de boutures de vignes enracinées dans
la commune de Martigné-Briand. La tache n'est pas grande, et avec une appli-
cation rapide du traitement d'extinction, on pourrait probablement concentrer ce
foyer d'invasion.
« La cause d'envahissement est toujours la même. Un propriétaire est allé
acheter des plants dans les Deux-Sèvres, département déjà phylloxeré, pour les
planter à Martigné. Ces plants qui n'ont pas poussé ont donné le phylloxéra à
la pépinière voisine.
« Agréez, etc. « A. Bouchard. »
L'Académie des sciences vient de publier un nouveau fascicule des
observations sur le phylloxéra et sur les parasitaires de la vigne, faites
par ses délégués. Ce fascicule renferme les notes de M. Balbiani sur
les expériences à entreprendre en vue de la destruction de l'œuf
d'hiver; des observations sur le traitement des vignes faites par
MM. Valery-Mayet, Henneguy, Boiteau, Mouillefert ; une note de
M. Culeron sur le système qu'il j)réconise pour employer le sulfocar-
bonate de potassium dans les vignes. Toutes ces notes, présentées à
l'Académie en 1882 et 1883, ont été analysées dans le Journal; les
plus importantes ont trouvé place dans nos colonnes. Le fascicule qui
CHRONIQUE AGRICOLE (16 JUIN 1883). 403
les renferme est à la vente à la librairie Gauthier-Villars, 55^ quai des
Augustins, à Paris.
V. — BaUetin du ministère de l'a^ricullurc.
Le troisième fascicule du Bulletin du minist<3re de l'agriculture pour
1883 a paru récemment. Il est consacré aux tableaux des récoltes de
la France en 1882, aux importations et exportations des matières et
produits intéressant l'agriculture pendant les trois dernières années, et
enfin au commerce du bétail sur le marché de la Villette.
Les tableaux relatifs aux récoltes de céréales et de pommes de terre
peuvent se résumer ainsi pour l'année 1882 :
Surface cultivée. Production totale. îiend. moyen.
Hectares. Hectolitres. Quint, nietii jues. Hectolitres.
Froment 6,907,792 * 1T2.15:5,524 93,483,716 17.70
Méteil 396,316 7,262,9^9 5,334,200 18.33
Seigle -1,871,052 29,487,099 21,llo,f)35 15.76
Or^e 995,006 19,392,577 12,329,200 19.48
Avoine 3,517,312 89,697,900 42,267,027 25.50
Sarrasin 643,795 10,, 925 296 7,192,064 16.97
Maïs 630,557 9,678,046 6,882,781 15.35
Millet 38,320 554,89/ 36^,553 14.48
Pommes de terre 1,344,555 111,996,464 85,525,870 83.29
Le tableau suivant permet de comparer la récolte du blé pendant
les dix dernières années :
Hectolitres. Hectolitres,
18.73 «. 81,892,667 1878 95,270,698
1874 133,130,163 1879 79,355.866
1875 100,634,861 1880 99,47l',559
1876 95,439,832 1881 96, 810, 356
1877 100,115,651 1882 122,153,524
La comparaison de ces nombres montre que, d'après les documents
officiels, la récolte de blé en 1882 a été la plus forte que l'on ait
obtenue depuis 1 874. Le rendement moyen de la période décennale a
été de 14". 56 par hectare; celui de Tannée 1882, est de 17". 70. Quant
à la qualité générale du grain, elle n'a été qu'ordinaire ; car pour
l'ensemble de la récolte^ le poids moyen de l'hectolitre correspond à
76''. 56. Il résulte de ces documents que le résultat définitif de la récolte
a dépassé les premières prévisions qui ne liévaluaient pas à plus de
115 millions d'hectolitres.
Pour les autres cultures, le Bulletin du ministère de l'agriculture
fournit les renseignements suivants :
Betteraves à sucre
— fourragères.
Houblon
Colza (graines)
Chanvre! ^'[f"«
/ niasse
Lin
graine
filasse
Tabac
Prairies naturelles
Trèfle
Luzerne
Sainfoin
Autres cultures fourragères.
Surface cultivée.
Product. moyen
. Product. totale
Hectares.
Kilog.
Quint, raétr.
237,456
^5,013
83,142,716
237,990
31,544
75,072,248
3,481
907
31,595
122,704
940
1,154,185
32 .396
424
137 ,399
73,519
.573
421,880
32,460
655
212.839
54,146
761
412,089
■ 13,104
1,301
170.535
4,334,255
3,631
157.402,936
1,061,626
4,087
43-, 396,6 12
858.096
4,534
38,909,667
589,321
3,651
21,520,824
2U3,389
5,990
12.184,798
Enlin, la culture de la vigne aurait donné, sur une surface de
2,312,458 hectares, une production totale de 40,162,715 hectolitres
de vin. Ces chiffres diffèrent considérablement de ceux qui ont été
publiés par le ministère des finances.
40it CHRONIQUE AGRICOLE (16 JUIN 1883).
YI. — Souscription pour élever un monument à Léonce de Lavergne.
Nous publions la quatorzième liste de la souscription ouverte pour
élever un monument à Léonce de Lavergne :
Fr.
Report de la liste précédente 11 , 165 50
Comice agricole de l'Aube 20 00
Comice agricole de l'arrondissement de Vitry le-P>ançais (Marne). 20 00
MM. Ayraud (Pierre), propriétaire à Fontenay-le-Couite (Vendée). 20 00
Desjardinr, (Albert), professeur à la Faculté de droit de F'nrvs. 20 00
D' Uu Puy (le), 25 00
Ecole pratique "d'agriiullure de Saint-Remy (Hante-Savoie) ..... 50 00
Société départementale d'agriculture de la Uordogne) 50 00
Comice agricole de Trévoux (Ain) 20 00
Total , > : ; 1 , cjyo aU
Nous rappelons à nos lecteurs qu'ils peuvent envoyer leurs sous-
criptions à M. Henry Sagniet% secrétaire du Comité, aux bureaux, du
Journal de V Agriculture, '\
VIL — Nécrologie.
Nous avons le vif regret d'annoncer la mort de M. Godart, secré-
taire de la Société d'agriculture de Bar-le-Diic, doyen de cette associa-
tion à laquelle il appartenait depuis près de cinquante ans. Ancien
élève de l'école d'Alfort, il exerça pendant longtemps avec ardeur la
profession de vétérinaire, et il mit au profit du progrès agricole l'in-
iluence légitime qu'il avait conquise. Il a contribué, tant par ses con-
seils que par ses exemples sur la ferme qu'il exploitait près de Bar-le-
Duc, à répandre les bonnes méthodes, notamment en ce qui concerne
l'amélioration des animaux domestiques.
M. Vallerand, agriculteur à Mouftlaye (Aisne), président du Comice
agricole de Soissons, lauréat de la prime d'honneur, est mort le 1 1 juin
dans sa soixante-dixième année. M. Vallerand a été un des agricul-
teurs les plus distingués d'une région qui compte les hommes les plus
dévoués au progrès. La charrue qu'il a inventée, et à laquelle il a
donné le nom de charrue-Eévolulion, est restée l'un des meilleurs
instruments de la culture ; elle est employée aujourd'hui sur des mil-
liers d'exploitations en France et à Tétranger. M. Vallerand meurt à la
veille du jour oi^i la Société nationale d'agriculture allait consacrer,
par une de ses plus hautes récompenses les services qu'il a rendus.
VIIL — Ecole pratique d'agriculture des Merchines.
Les examens d'admission, en 1883, à l'école pratique d'agriculture
des Meiciiines (Meuse), dirigée par M. C. Millon, auront lieu le 19 sep-
tembre ])i'ochain, à la préfecture de la Meuse, à Bar-le-Dac. Les candidats
devioiit se faire inscrire aux moins dix jours à l'avance.
Nous rappelons que la durée des cours de l'école pratique d'agri-
culture des Merchines est de deux ans, Le programme des études com-
comprend l'agriculture et l'économie rurale, l'élevage, l'hygiène et
l'engraissement du bétail, le cubage, le lever des plans et le nivelle-
ment, l'explication et l'usage des machines agricoles, la comptabilité
agricole, les éléments de botanique, de géologie, de physique, de chi-
mie et le droit rural. Les élèves exécutent successivement pendant leur
séjour à l'école, tous les travaux de l'exploitation et notamment ceux
qui exigent l'emploi des instruments perfectionnés.
IX. — Ecole forestière de Nancy.
Le Journal officiel fait connaître les conditions des concours d'ad-
mission à l'école forestière de Nancy en 1883. Les examens oraux
CIIHONKJUE AGRICOLE (16 JUIN 188B). 405
commenceront, à Paris, le vendredi 29 juin prochain, à sept heures
du matin, au Collèize de France. La liste indiquant Tordre alphabéti-
que dans lequel les candidats subiront leurs épreuves orales, sera
affichée au Collège de France et à la préfecture de la Seine dans la
première quinzaine du mois de juin. Pour les départements, cette
liste sera affichée dans les locaux affectés aux examens. Les composi-
tions écrites auront lieu, dans toute la France, les 9, 10 et 1 I juillet
suivant. A Paris, ces compositions seront faites au lycée Loiiis-ie-
Grand, rue Saint-Jacques, 123, et commenceront chaque jour, à huit
heures du malin. En province, les candidats devront se présenter, le
7 juillet, au plus tard, devant MM. les conservateurs des forêts des
divers centres de composition pour recevoir les instructions néces-
saires.
X. — Police sanitaire du bélaU.
Par un décret en date du 7 juin, le port de Portbail (Manche) a été
ouvert à l'exportation des animaux des espèces chevaline, asine
bovine, ovine, caprine et porcine.
Nos lecteurs savent avec quelle jalousie les Anglais veillent sur
l'importation du bétail dans leur pays. Depuis plusieurs mois, sous
prétexte de maladies contagieuses, des mesures vexatoires ont été
prises contre l'importation du bétail français. Ces mesures allaient
prendre tin, lorsque, par un nouvel arrêt en date du 29 mai dernier,
le Conseil privé a maintenu l'interdiction du débarquement d'animaux
venant de France; cette interdiction durera jusqu'au 6 juillet prochain.
Nous espérons qu'avant cette date, le gouvernement français aura fait
revenir le gouvernement britannique à une plus saine appréciation des
faits. La fièvre aphteuse sévit beaucoup moins en France qu'en A.ngle-
terre ; il y a longtemps qu'elle ne peut plus servir de prétexte à des
mesures analogues à celles prises aujourd'hui.
XL — Sériciculture.
Un arrêté de M. le ministre de l'agriculture, en date du 23 mai, a
créé un concours de magnanerie dans le département de la Drôme pour
1885. Voici le texte de cet arrêté :
Le ministre de l'agriculture,
Vu l'utilité d'encourager d'une manière spéciale l'industrie séricicole,
Sur le rapport du conseiller d'Etat, directeur de l'agriculture, Arrête :
Article premier. — Des récompenses seront accordées dans le département delà
Drôme, en 1885, aux agriculteurs propriétaires, fermiers ou métayers qui présen-
teront les magnaneries les mieux tenues et suivront les meilleures méthodes
d'élevage.
Art. 2. — Les récompensées seront réparties de la manière suivante :
V Catégorie. — Magnaneries mettant en éclosion de 3 à 5 onces de graines,
l*"" prix, médaille d'or et 1000 fr. ; — 2'', médaille d'argent grand module et 600 fr. ;
— 3'', médaille d'argent et 400 fr. ; — 4% médaille de bronze et 300 fr.
2' Catégorie. — Magnaneries mettant à l'éclosioa de 1 à 2 onces de graines.
1" prix, médaille d'or et 1000 fr.; — 2", médaille d'argent grand module et 400 fr.;
— 3", médaille d'argent et 300 fr. ; — 4'-, médaille de bronze et 200 fr.
Art. 3. — Un objet d'art de la valeur de 500 francs pourra être décerné au
lauréat du premier prix de l'une des deux catégories ci-dessus, reconnu relatj
vement supérieur ou jugé digne d'être plus spécialement offert en exemple.
Dans le cas de l'attribution de l'objet d'art, la médaille d'or affectée au premier
prix ne sera pas décernée.
Art. 4. — Trois médailles d'argent et trois médailles de bronze pourront être
décernées par le jury aux agents employés dans les magnaneries primées.
Art. 5. — Les prix attribués seront décernés à la séance de la distribution
It0'& CHRONIQUE AGRICOLE (16 JUIN 1883).
solennelle des récompenses du concours régional de la Drôrae. Ils figureront dans
la. liste des prix dudit concours régional.
Art 6. — Les déclarations des concurrents, contenant une simple note expli •
cative et l'indication de la quantité de graines mises habituellement à l'éclosion,
certifiée par le maire de la commune, devront être adressées à la préfecture du
département, à Valence, le 15 avril 1884 au plus tard, pour dernier délai.
Art. 7. — Le conseiller d'Etat, directeur de l'agriculture, est chargé de l'exé-
cution du présent arrêté.
Fait à Paris, le 23 mai 1883. J. Méline.
Les dernières nouvelles des éducations de vers à soie ne sont pas
très favorables : les orages et les pluies survenues pendant plusieurs
jours ont amené une perte assez'sensible dans les vers au moment du
quatrième âge. Il en est résulté que la récolte, qui s'annonçait jusque-
là sous des auspices favorables, sera moins bonne qu'on pouvait
l'espérer. Dans ces conditions, le prix de la feuille de mi'irier a baissé
dans des proportions assez notables. li faut ajouter que ces échecs
sont dus aux circonstances climatériques, et que, dans la plupart des
éducations faites avec des graines préparées d'après le système de
M. Pasteur, ils ont été relativement beaucoup plus faibles. — En Italie,
on signale une grande régularité dans les éducations, et on compte sur
une bonne récolte.
XII. — Destruction des vipères.
On annonce une multiplication considérable des vipères dans un
grand nombre de départements. C'est pourquoi le ministre de l'intérieur
vient d'inviter les préfets à demander aux Conseils généraux des allo-
cations pour donner des primes pour la destruction de ces reptiles. Il
serait accordé, par tête de vipère, une somme de 0 fr. 50 ; dans quelques
départements, oii les vipères sont particulièrement nombreuses, cette
prime pourrait être portée à 1 franc. On exigera que la chasse aux
vipères soit interdite aux enfants, qui pourraient ne pas prendre toutes
les précautions nécessaires pour éviter d'être mordus; les adultes seuls
devront être chargés de cette recherche, et on leur donnera les indi-
cations utiles pour se cautériser en cas de morsures.
XIII. — Culture du tabac.
Nos le(;!c!:rs saventque, depuis 1881, la culture du tabac a été auto-
risée (laiis les trois arrondissements d'Avignon, de Carpentras et '
d'Orange, du département de Vaucluse. En 1881, 325 planteurs ont
consacré 37 hectares à cette culture; en 1882, il y avait 406 planteurs
pour 42 hectares; en 1883, on en compte 456 pour 51 hectares.
L'accroissement du nombre des planteurs est manifeste; d'un autre
côté, on annonce que la qualité des produits a dépassé l'attente de
l'administratinn. Il est donc permis d'espérer que l'autorisation défi-
nitive de cultiver le tabac sera donnée bientôt au département de Vau-
cluse ; ce sera, pour ce département, une ressource pour combler une
partie des pertes que ses agriculteurs ont subies depuis quinze ans.
XIV. — Concours de machines agricoles à Poitiers.
La Société poitevine d'encouragement à l'agriculture, présidée par
M. Audoynaud, organise un concours de machines, instruments et
appareils agricoles, s'appliquant à la moyenne culture et à la viticul-
ture, qui aura lieu à Poitiers du 20 au 22 juillet prochain.
La première série comprendra les charrues pour labours profonds,
pour labours ordinaires, pour labours légers, les charrues Brabant
GHRONIQUa AGRICOLE (16 JDIlM 1883). 407
doubles, les charrues polysocs, les herses, les rouleaux, les extirpa-
teurs, les houes à cheval, les tarares, ventilateurs et trieurs de grains,
les coupe-racines, hache-paille, laveurs de racines, les pompes à irri-
gation et celles à purin, enfin les machines à grand travail G;énérale-
ment louées par les petits propriétaires, telles queljatteuses, faucheuses,
râteaux. 11 y sera joint un concours spécial de moissonneuses, avec
essai et classement des machines.
La deuxième série sera consacrée aux charrues vigneronnes, aux
charrues munies d'un appareil distributeur de sulfure de carbone, aux
pressoirs et égrenoirs, aux paniers, hottes et charrettes, aux instruments
de soutirage, aux cuves et tonneaux, aux outils pour la taille de la
vigne, aux greffoirs pour la vigne; des essais spéciaux aurontlieu pour
les greffoirs.
Les concurrents doivent adresser leurs demandes d'admission, avant
le 25 juin, au président de la Société poitevine d'encouragement à
l'agriculture, rue de l'Est, à Poitiers.
XV. — La consoude rugueuse du Caucase.
A diverses reprises, nous avons signalé les avantages que donne la
culture, comme plante fourragère, de la consoude rugueuse du Cau-
case. Sur ce sujet, M. Picot de Plédran, agriculteur et maire à Saint-
Carreuc, par Moncontour (Côtes-du-Nord), nous communique une
notice qu'il se propose d'envoyer aux présidents des Associations
agricoles de Bretagne. Voici le texte de cette notice :
« Cultivée depuis très peu de temps en France et par un petit nombre d'agri-
culteurs parmi lesquels je citerai M. Groffart, le célèbre inventeur du meilleur
procédé d'ensilaore des maïs, et M. le baron d'Eichtal, la Consoude rugueuse est
certes une des plantes les plus productives et les plus rustiques que je connaisse ;
elle résiste aux plus grands froids, et si sa végétation se trouve arrêtée par les
glaces dès les premiers jours de printemps, grâce à ses» puissantes racines qui
vont chercher dans les profondeurs du sol des sucs que ne peuvent atteindre les
autres végétaux fourragers, elle présente de magnifiques touffes de tiges et de
feuilles tendres, très riches en matières grasses et mucilagineuses.
ce Or, d'après les récentes analyses laites dans les laboratoires d'agriculture,
elle contient jusqu'à 2.70 pour 100 d'azote, alors que le maïs en contient à peine
1.25 pour 100.
ce Dans une terre fra,îche, substantielle et convenablement fumée, elle m'a donné
dès la première année 4 et ensuite 5 coupes d'un excellent fourrage. Le produit
approximatit de chaque coupe peut être évalué à environ 20,000 kilog. par hec-
tare, ce qui donne un produit annuel de 80 à 100,000 kilog.
« Je ne connais pas une seule autre plante fourragère qui puisse fournir un
rendement aussi considérable, si ce n'est le maïs géant; mais, depuis quelques
années, le climat de la Bretagne s'est tellement refroidi, les gelées du printemps
et même de l'été sont devenues tellement fréquentes et rigoureuses, qu'il n'est
plus possible dans la plupart des cantons de cultiver le maïs avec quelques
chances de succès.
ce La Consoude rugueuse pré-sente sur tous les autres fourrages, l'avantage de
convenir pour la nourriture de tous les animaux des fermes. Les porcs et les che-
vaux la mangent avec avidité, les vaches s'en nourrissent sans répugnance; je
suis persuadé qu'il serait facile de la convertir en foin : car une fois cnupée. elle
se dessèche rapidement. On la multiplie par éclats de pied ou par fragments de
racine que l'on espace à un mètre de distance les uns des autres, et qui peuvent
être plantés depuis le mois de mars jusqu'en octobre.
« Si le temps est favorable, au bout de huit jours, des feuilles sortent de terre
et six semaines après, la plante est en fleurs et bonne à couper. A chaque coupe
la touffe s'élargit, et au bout d'une année la terre est complètement ombragée.
ce Deux ou trois binages par an sont nécessaires pour enlever les mauvaises
herbes et empêcher la terre de durcir.
408 CHRONIQUE AGRICOLE (16 JUIN 1883).
« Une fois enracinée dans le sol, cette plante ne souffre plus de la persistance
des sécheresses et je ne me suis pas aperçu que les coupes d'août et septembre
lussent inférieures à celles des autres mois.
K Elle peut être laissée pendant plusieurs années sur le même terrain; mais
alors, il est bon d'y pratiquer tous les deux ou trois ans une bonne fumure, soit
répandue en couverture, soit recouverte au moyen d'un labour léger; du reste, il
sera toujours facile aux agriculteurs qui 'voudront essayer la culture de la Gon-
soude, de rechercher les causes qui pourraient en diminuer le rendement et
d'employer les moyens en leur pouvoir pour y remédier.
« En résumé, cette plante, par son mode de végétation si bien approprié au
climat liumide de la Bretagne, est appelée à rendre les plus grands services à la
petite et à la moyenne culture, aussi rustique que précoce ; elle a de plus l'avan-
tage de fournir des masses énormes de fourrages dont les coupes successives
commencées aux premiers jours de printemps ne finissent qu'avec l'automne; et
je suis persuadé que le jour où la culture en sera généralisée, notre sol breton
pourra nourrir une quantité de bétail triple de celle qui y existe aujourd'hui, sans
avoir à craindre le retour des disettes de fourrages, qui deviennent parfois comme
en l'année 187 0 des calamités publiques.
« Dans un but de propagande, je mets à la disposition des agiiculteurs qui
désireraient faire un essai, des éclats et racines de Gonsoude rugueuse, au prix
de 50 francs les mide plants, rais en gare de Saint-Brieuc.
« Veuillez agréer, etc. Ch. Picot de Plédban,
« Propriétaire au Château du Plessis-Budes, en Saint-Carreuc,
par Moncoritour (Côtes-du-Nord). »
Dans la lettre qu'il nous écrit en même temps, M. Picot do Plédran
ajoute : « J'ai employé la Gonsoude avec succès pour la nourriture des
porcs et des chevaux. Les animaux de l'espèce bovine en paraissent
moins friands au début; ils finissent au bout de quelques jours par
s habituer à cette nourriture et la consomment sans répugnance. »
XYI. — Élection à la Société nationale d'agricvlture.
Dans le Comité secret de sa séance du 13 juin, la Société a entendu
le rapport de la Section de mécanique agricole et des irrigations sur
une place de membre associé national vacante dans cette Section. La
Seclion présente : en première ligne, M. Félix Vidalin, ingénieur de la
marine en retraite, agriculteur à îintignac(Corrèze); en deuxième ligne,
M . Champonnois, constructeur de distilleries à Paris. Les titres des can-
didats ont été discutés; l'élection aura lieu dans la séance du 20 juin.
XVIL — Nouvelles de l'état des récoltes.
La plupart des récoltes se présentent dans d'assez bonnes conditions
dans presque toutes les régions. Tel est notamnient le cas pour le
déparlement des Vosges, d'après la note que M. Jacquot nous envoie
de Chévreroche, à la date du 9 juin :
ce II y a à peine un mois que la neige tombait par violentes averses ; et la végéta-
tion souffrait d'un retard de trois semaines sur une année ordinaire. A présent,
cette situation se trouve abondamment réparée par une végétation luxuriante de
toutes les récoltes. Les prairies au sol léger, il y a quinze jours, souffraient de la
sécheresse; mais depuis ce temps, les orages fréquents ont détrempé sufii>^amment
les terres, en sorte que, par la température chaude régnant sans interruption,
elles ont une apparence magnifique — Je n'ai point de renseignements sur les
orages de ces derniers temps ; peut-être y a-t-il çà et là quelques dégâts, mais
je pense qu'ils sont peu considérables en comparaison de l'effervesoence de ce
emps orageux. Dieu veuille qu'il en soit partout et toujours ainsi. La fauchaison
des l'oins va commencer. Gette récolte paraît très abondante. »
Dans le département de la Dordogne, le mois de mai paraît avoir été
peu favorable aux plantes sarclées, et la récolte des fruits sera faible.
G'est ce qui résulte de la noie que M. de Lentilhac nous envoie de
Saint-Jean-d'Ataux, à la date du 10 juin :
« Le mois de mai 1883 a donné plus de jours de pluie et un chiffre de millimètres
GHRONiUUE ACiKlCULE (16 JUIN l»b3). 409
d'eau supérieur environ du double à celui de la période correspondante dans les
trois années qui l'ont précédé; la température moyenne du mois a peu varié, mais
elle a présenté un maximum de 32 degrés centigrades que n'avaient pas atteint
les mois de mai précédenls; comme conséquence, les orages ont été plus nom-
breux. Le mois de mai a eu une portée très caractéristique sur le sort des prai
ries naturelles, des fourrages et de la plante sarclée. Lorsqu'il est relativement
chaud et pluvieux, il favorise comme cette année la croissance des herbes de
codercs ou prés secs, er. plutôt la seconde que la première coupe des fourrages
artificiels. Son influence sur la plante sarclée a été des plus mauvaises, beaucoup
de serais de betteraves se sont perdus sous l'eau ; les pommes de terre ont beau-
coup de manquants, et nombre de maïs jaunes souffreteux ont dîi être ressemés. —
Nous disions dans une de nos précédentes chroniques, que les fruits avaient fait
fiasco sur toute la ligne, que cependant nous faisions nos réserves pour les pom-
miers à ce moment littéralement couverts de fleurs ; aujourd'hui nous n'avons
plus d'illusion, ils ont subi le sort des autres arbres à fruits; tout a coulé. Ce ne
sont pas les gelées, ils ont fleuri après les derniers froids de mars, mais bien un
efîet de la pluie qui sans doute a sursaturé d'eau la sève et l'a empêchée d'être
assez alibile pour favoriser l'acte de la fécondation.
« Quanta la vigne, elle ofl're comme tous les ans à cette époque, lorsque la chaleur
solaire souffle la vie au cœur des plantes, un luxe de végétation qui fait plaisir à
voir ; supputant les résultats qu'annoncent tant de plantureuses promesses, le
propriétaire compte déjà avec complaisance le nombre des mannes, qui n'est pas
excessif mais serait largement suffisant s il arrivait à bien : » Trop de manne reste
en panne ». Mais hélas, que de hasards à courir, que de périls à affronter avant
de pouvoir dire : J'aurai du vin.
« Il se l'ait dans la contrée quelques petites éducations de vers à soie, à seule
fin de conserver la graine; jusqu'à présent elles marchent bien, n'offrant aucun
cas de maladie ; nous attendrons la monte pour conclure. »
A la suite de quelques journées de grosse chaleur, des orages vio-
lents se sont déchaînés dans un grand nombre de dépai^tements. Ils
ont été parfois accompagnés de grêle qui a amené des désastres consi-
dérables, notamment dans la vallée de la Loire : les récoltes ont même
été détruites presque complètement dans quelques communes. Toute-
fois, hâtons-nous de dire que cesdésastres sont locaux, et que presque
partout les récolles continuent à se bien présenter. On fait la récolte
.des prairies avec beaucoup d'activité; l'herbe a beaucoup gagné durant
les dernières semaines. J.-A. Barral.
DISCOURS DE M. GOCHERY
Ministre des postes et des télégraphes, au concours régional de Blois.
Messieurs, je tiens d'abord à vous remercier, au nom de mon collègue le
ministre des travaux publics et au mien, du gracieux accueil que vous venez de
nous faire. Vous avez justement apprécié qu'en déléguant deux de ses membres
pour prendre part à vos fêtes du concours régional, le gouvernement de la Répu-
blique avait voulu attester une fois de plus combien il s'intéresse à l'agriculture,
combien il croit devoir en favoriser le développement, combien il est heureux d'en
constater le progrès.
J'ai, du reste, personnellement un droit tout particulier à votre bienveillance :
j'appartiens à votre région; vos intérêts agricoles sont les miens. Les deux dépar-
tements de Loir-et-Cher et du Loiret fraternisent non seulement pnrle.jrs vieilles
sympathies, mais encore par leurs cultures qui sont les mêmes.
Blois nous offre aujourd'hui sa courtoise et splendiJe hospitalité. Orléans, l'an-
née prochaine, tiendra dans ses murs le concours régional, et se réjouit déjà de
vous y convier. Le maire d'Orléans est venu apprendre, ici même, comment on
peut tenter de vous égaler.
Nous nous connaissons, du reste, de vieille date. J'ai été bien souvent votre
hôte pendant la guerre de 1870, dans mes douloureux voyages d'Orléans à Tours.
Nous nous communiquions alors nos anxiétés patriotiques. Et, plus tard, c[uand
les armées ennemies envahirent votre département, c[uel[e ne fut pas notre espé-
ranco pendant la lutte héroïque engagée par Ghauzy !
Nous n'avons pas ouJjlié les combats livrés par ses jeune: troupes àMircheaoi?
410 DISCOURS DZ M. GOCdERy.
à Josnes, à Villarceaux, à Vendôme, Un instant, lors des succps de Fréteval, nous
avons ]ju croire que le sort des armes allait changer. Le coup qui vous frappa,
lorsque notre armée l'ut oblig'ée de se replier sur le Mans, nous fut commun; nos
deux départements subirent le même sort et devinrent la proie de l'invasion.
Pardonnez- m'oi de rappeler ces souvenirs à votre fiatriotisme, mais il me semble
que ces douleurs communes resserrent encore nos liens d'affection. Aussi n'ai-je
pas besoin de vous dire que c'-est de tout cœur que je viens aujourdhui constater
les progrès de votre agriculture, applaudir à ses victoires pacifiques.
C est la quatrième lois que le concours régional se tient à Blois; la première
réunion remonte à 1858. Quelle différence dans ces deux concours! En 1858, -vous
aviez lOJ têtes de gros bétail et -232 instruments d'agriculture. Aujourd'hui, vous
présentez 200 têtes de igros bétail, 125 lots de bêtes ovines, 30 lots de porcs,
84 lots de volailles, 787 lots de produits, et pas moins de 1,240 machines.
Et quels progrès' La forme des animaux a été perfectionnée, leur précocité
accrue, leur poids considérablement augmenté. Le bien-être général en a large-
ment profité. Avec une nourriture plus saine, plus abondante, nos populations ont
trouvé une force et une activité nouvelles. Le travail national en ressent les heu-
reux effets.
Le département de Loir-et-Cher avait déjà de belles cultures, de vertes prairies
et de vastes forêts. Mais comme il a été amélioré et en quelque sorte transform
parles intelligents efforts de ses cultivateurs! La lande a disparu presque entiè-
rement, elle a fait place à de splendides moissons. De gras pâturages se son
substitués à la bruyère et à l'ajonc. Vous avez réduit la jachère. Dans ce pays d
labeur, v<3us ne voulez pas que la terre se repose plus que les bras de l'homme.
Cette Sologne elle-même, jadis d'une stérilité et d'une insalubrité proverbiales,
est devenue fertile, grâce à vos efforts. Les étangs ont été desséchés, le drainage
a régularisé le cours des eaux; le colza, la betterave, la vigne même ont largement
dédommagé l'agriculteur de ses sacrifices. Les sapinières ont complété votre œuvre.
Vos terres ont ainsi décuplé de valeur.
Vous avez prouvé combien vous êtes vaillants, même contre les ravages des
saisons inclémentes. La gelée a brûlé vos plantations de pins maritimes. Vous
avez lutté courageusement, le concours du gouvernement ne vous a pas fait défaut,
et vous avez déjà réparé en partie vos désastres. Je suis heureux de constater de
pareils résultats, de vous en féliciter.
Il vous reste cependant quelque chose à faire. Le phylloxéra. a commencé à atta-
quer vos vignes. Ne perdez pas un instant pour le combattre. Agissez, agissez
vite. Mon excellent ami le ministre de l'agriculture ne demande qu'à vous aider.
N'hésitez donc pas. Les sacrifices que vous pourrez faire seront amplement com-'
pensés par les résultats. Vos vins ont une juste réputation. Il faut sauver cette
richesse de votre pays.
Votre culture arable est en progrès. Il y a dix ans, vous n'ensemenciez que
60,00€ hectares de blé -aujourd'hui, c'est 7ti,ÛOO quevous labourez. La production
s'est élevée de 922,000 à 1,500,000 hectolitres. Le rendement par hectare a surtout
progressé; il était de 14.4 hectolitres, il est aujourd'hui de lb.2. Le bénéfice de
l'augmentation se chiffre par millions. L'avoine et le méteil ont suivi également
une marche ascendante.
Vous devez surtout ces progrès à l'emploi des machines. Nul département n'en
a fait plus grand usage qu-e le vôtre. Vos agriculteurs ont ainsi fait preuve d'une
initiative intelligente, et ils en ont été récompensés.
En travaillant pour vous, vous travaillez pour le pays. Persévérez donc, l'Etat
vous doit son concours-. 11 ne faillira pas à ce devoir.
L'agriculture a déjà profité de l'essor donné à l'instruction publique : à l'ensei-
gnement primaire, se joignent, sous la direction de maîtres compétents, des no-
tions scientifiques qui vulgarisent les meilleures méthodes de culture et permettent
aux agriculteurs de les appliquer rationnellement.
Partout s-e créent des routes et des chemins vicinaux, ce sont là les vraies
artères de la richesse agricole. Mon collègue le ininislie des travaux publics me
permettra de vous dire qu'il est votre plus immédiat collaborateur. Les chemins
de fer ouvrent aux produits agricoles des débouchés qui en augmentent la valeur.
Soyez assurés que le gouvernement ne s'arrêtera pas dans ces travaux vrai-
ment productifs. La République, sans cesser a'êtie jalouse de la dignité de la
France, cherche surtout la grandeur du pays dans le développement técond des
œuvres de paix et de travail.
SUR LES ALLUVIONS ARTIFICIELLES. 411
SUR LES ALLUYIONS ARTIFICIELLES - IIP
V. — Réfléchissez-y, mon cher direcLeur, et vous reconnaîtrez, je
l'espère, que la question hygiénique n'est pas encore cette ohjection
capitale qui doit faire repousser mon projet.
Il y a vingt ans déjà je le soumettais à un homme, qui par sa posi-
tion hiérarchique me paraissait plus qu'un autre en position de
l'appuyer en haut lieu. Le voyant m'écouter sans m'interrompre, je
lui demandai finalement s'il y voyait des objections. « Je vous avoue,
me dit-il. que j'en cherche et que je n'en trouve pas. » Je pris cet aveu
pour un encouragement, une promesse tacite de recommandation et
d"appui sur laquelle je comptai naïvement pendant plusieurs années,
jusqu'au jour où j'appris, à n'en pouvoir douter, que celui qui me
l'avait faite, se trouvait précisément un des adversaires les plus
ardents de mes idées dans les conseils où je comptais qu'il les ferait
prévaloir. .
Avait-il enfin trouvé l'objection qu'il ne voyait pas au début? Je
l'ignore; mais d'autres ont dû vainement la chercher, qui n'ont trouvé
d'autre moyen qu'un silence de parti pris pour écarter un projet qu'ils
ne pouvaient pas combattre mais qu'ils voulaient encore moins favo-
riser. Je ne vous range certainement pas dans cette catégorie d'adver-
saires prévenus contre lui. Au fond mon projet ne vous a peut-être jamais
été bien sympathique, et vous avez conservé un sentiment de méfiance
plus instinctif que réfléchi. Mais si nos idées ne cadrent pas de tous
points, nous avons pourtant cela de commun, mon cher et vieux
camarade, d'être à peu près du même âge et d'avoir commencé en
même temps, une longue lutte que nous avons poursuivie par des
voies et moyens différents, mais avec un même but d'utilité publique
et d'intérêt général. Ce but, j'en suis pour ma part, à la fin de ma
carrière, plus loin que jamais. Je ne sais jusqu'à quel point vous
croyez l'avoir atteint vous-même. Vous avez sans doute beaucoup fait
dans votre œuvre de vulgarisation scientifique ;, mais ne vous reste-t-il
plus rien à faire? Croyez-vous qu'il n'y ait rien à demander de plus
pour l'agriculture, que des dégrèvements d'impôt,, des subventions et
des primes, et çà et là l'exécution de quelques canaux d'arrosage à
6,000 francs l'hectare, comme le canal du Yerdon, à 10,000 francs,
comme le canal du Rlione tel qu'il nous a été proposé.
Si accommodante que soit la vache à lait du budget, elle ne saurait
indéfiniment suffire à de telles exigences.
Je sais qu'à vos yeux, à ceux de beaucoup de vos lecteurs, je paraî-
trai soutenir un paradoxe, en prétendant que l'agriculture n'est pas ce
qu'on suppose, cette puissante nourricière, mère de toutes nos indus-
tries, source de tous nos impôts. Il en était peut-être ainsi du temps
de Sully; mais du nôtre, tout a bien changé. Le tourteau industriel
entre pour une forte part dans la ration nutritive de la vache budgé-
taire; et il ne faudrait pas que le pré exigeât plus d'engrais qu'il ne
pourra fournir de fourrage.
En d'autres termes, pour parler plus simplement, c'est moins aux
charges d'impôt qui pèsent sur elle qu'à l'insuffisance de ses produits
qu'on doit attribuer l'état d'infériorité relative de notre agriculture. S [
1. Voir le Journal du 2 et du y juin, pages \iS2 et o7J de ce volume.
412 SUR LES ALLUVIOiNS ARTIFICIELLES.
nous voulons qu'elle reprenne sa place dans notre production natio-
nale qu'elle puisse lutter avantageusement contre la concurrence
étranfTère • ce sont moins les procédés de culture, que la nature elle-
même du sol végétal, que nous devons chercher à améliorer. Or, ce
problème, je crois l'avoir résolu p ir le principe de l'alluvion végétale.
Dans la première application que je propose à la fertilisation des
Landes, il s'agit de créer la terre végétale de toutes pièces, de substi-
tuer toute une province riche et fertile à une égale étendue de sables
arides.
En tous lieux sans doute, il ne sera pas nécessaire d'en faire autant;
on n'aura pas à reconstituer en bloc le sol végétal; mais le canal de
limona'Te n'en sera pas moins utile et avantageux, comme voie de
transport économique des amendements minéraux, rendus assimi-
lables, qu'on pourra à peu de frais répandre en engrais à la surface
des sols en culture.
Tel est le but final de la grande réforme agricole qu'on peut déjà
entrevoir dans un avenir assez rapproché ; et pour la préparer cette
réforme, que faut-il faire? S'agit-il de dépenser des milliards pour
atterrir ou creuser quelque plage lointaine, à l'isthme de Panama ou
dans les déserts du Sahara africain? Nullement! Il suffit de risquer
un capital de 20 à 30 raillions, à peine ce qu'a coûté le canal d'irri-
o-ation du Verdon; non pour l'irrigation de 4,000 hectares, mais pour
la transformation complète d'un million d'hectares.
Telle est l'entreprise pour laquelle j'ai recours une fois encore à la
publicité de votre Journal. Vous reconnaissez, quant à vous, n'y voir
aucune difficulté matérielle; car j'espère bien que vous ne persisterez
pas dans votre objection hygiénique. D'autres sans doute, retranchés
dans un scepticisme de parti pris, trouveront plus simple de traiter l'idée
d'utopie que de prendre la peine de l'étudier. Pour moi, plus j'examine
la question, la retournant sous toutes ses faces, plus je reste convaincu
que l'entreprise est éminemment pratique et réalisable. Cette réalisa-
tion sera-t-elle ajournée une fois encore, renvoyée à la génération qui
suivra la nôtre, La chose est possible; mais s'il en était ainsi, nos
neveux auraient un jour une bien triste opinion de l'intelligence de
leurs pères; aussi bien de tous ceux qui n'auraient pas su reconnaître
à temps la simplicité de l'entreprise, que de moi qui n'aurais pas su la
démontrer aux indifférents.
Agréez, etc. Duponchel,
Ingénieur en chef des ponts et chaussées.
COMPTABILITÉ. ~ AVANT-PROPOS
L'usage de la comptabilité qui détermine la situation matérielle de
chacun, qui évalue ses moyens d'action et l'effet utile qu'ils produisent
suivant les circonstances dans lesquelles ils sont appliqués; l'usage
de la comptabilité, qui fournirait à la statistique des éléments si posi-
tifs et si* utiles d'appréciation et qui aurait une influence considérable
sur la fortune publique, est malheureusement trop peu répandu dans
nos campagnes. On ne peut que le regretter profondément, car ce
serait pour le progrès un puissant levier; c'est d'ailleurs une des
choses que les fermes-écoles s'appliquent à propager dans la masse
des cultivateurs et elles peuvent rendre ainsi au pays un éminent
service.
COMPTABILITÉ AGRICOLE. 4J3
L'usage de la comptabilité est indispensable à la bonne marche de
nos affaires; c'est une conséquence naturelle et directe du mouvement
des transactions, de cette réciprocité d'échanges et de services qui est
comme le ciment de l'édifice social. Celui-là seul pourrait s'en affran-
chir qui n'aurait aucun rapport d'intérêts avec ses semblables; de
telle sorte que nier la nécessité de la comptabilité, c'est nier le rôle
que l'on est appelé à remplir dans le courant économique des sociétés,
socialement parlant, c'est méconnaître son existence même.
On entend dire, il est vrai, qu'il y a des individus qui font très
bien leurs affaires et qui ne savent ni lire, ni écrire. On avouera que
cette objection n'est plus de notre époque; nous répondrons toutefois
que celui qui possède une mémoire assez heureuse pour caser et fixer
dans sa tête les conditions des diverses transactions auxquelles il
consent, en supposant même que ses facultés soient assez grandes
pour apprécier et comparer les résultats de ses affaires de manière à
tirer de ce rapprochement des enseignements profitables à ses intérêts,
celui-là pratique au moyen de ses ressources mnémoniques une espèce
de comptabilité mentale dont nous reconnaissons la valeur. Ce cas
physiologique peut être intéressant à observer, mais on comprendra
que nous ne nous attardions pas à le définir et à le caractériser, d'au-
tant plus qu'il ne peut s'appliquer qu'à un cercle très borné et n'est
rien à côté du système rigoureux et méthodique représenté par la
comptabilité et qui consiste à inscrire sur des livres spéciaux les faits
économiques qui se produisent dans la sphère de nos opérations de
manière à en suivre l'enchaînement et à en assurer l'interprétation.
Ce que nous disons ici est simplement pour établir que tout le
monde est tributaire de la comptabilité, que son domaine est universel :
tout procédé par lequel on cherche à régulariser ses comptes, à sou-
mettre ses opérations aux épreuves du calcul et du jugement, est de
son ressort, depuis la coche ou le carrelet du journalier et du bou-
langer, ce petit bâton appelé taille dans les villes, jusqu'aux registres
des banquiers, jusqu'au grand-livre de la dette publique.
La comptabilité touche donc aux fonctions les plus vitales de la
société, à tel point qu'on a pu dire que, si l'idéal de la comptabilité
était réalisé, la vérité existerait dans l'ordre économique, et, sous le
rapport agricole, il est certain que, si' le degré d'instruction de nos
paysans leur avait permis d'y avoir recours, des coutumes routinières
et des assolements désastreux n'auraient pas subsisté pendant des
siècles et des siècles.
Aussi l'attention s'est-elle de nouveau portée sur la comptabilité, et
des sociétés ont même fondé des prix pour provoquer les esprits à
produire un bon ouvrage sur cet important sujet. Nous laisserons aux
plus jeunes les honneurs et les chances du concours ; mais ce retour
des idées vers la comptabilité indique un besoin bien senti et nous
engage à publier quelques considérations relatives à la manière dont
il convient d'envisager cette branche de nos connaissances économiques.
Ce n'est pas que les traités de comptabilité soient rares, et il y en a
de très bons que l'on peut consulter avec fruit. Aussi notre projet
n'est-il pas d'ajouter un ouvrage à ceux qui existent déjà et d'offrir au
lecteur un travail de compilation que tout le monde peut faire et qui
n'est plus de notre goût.
Notre intention au contraire est de glisser sur les points générale-
414 COMPTABILITÉ AGRICOLE.
ment admis et ressassés déjà partout et, pour tirer au plus court, nous
procéderons quelquefois par aphorisme et, pour ainsi dire, par
axiome et par simple énonciation des principes connus et acquis, et
en éliminant, autant que possible, de ce travail les notions d'économie
rurale dont l'examen nous emporterait à des digressions à perte de
vue et avec grande perte de temps.
Toutefois nous ne chercherons pas à éluder les difficultés qui se
rencontreront sur notre route et nous présenterons au jour des points
controversés qui ne nous paraissent pas suffisamment élucidés et au
sujet desquels nous affirmerons nos idées ouvertement et sans équi-
voque, au risque de nous faire relever, si nous tombons dans l'erreur,
par des personnes plus compétentes que nous, et que nous serons
toujours disposé à remercier de leur concours. Car, nous l'avouons en
toute sincérité, nous n'avons pris le temps que de parcourir très rapi-
dement les quelques traités de comptabilité qui nous sont tombés sous
la main, mais nous avons beaucoup pratiqué, un peu réfléchi et nous
trouvons que les auteurs n'ont pas assez appliqué à la comptabilité les
méthodes de recherches rationnelles, la rigueur des déductions et des
procédés scientifiques.
Nous nous occuperons principalement ici de la comptabilité de
l'exploitant; c'est la plus complexe, qui sait bien la tenir ne trouve
plus de difficulté à tenir les autres.
Nous ne pourrons éviter d'émettre dans ce résumé quelques idées
personnelles, ce qui nous éloignera parfois du centre didactique autour
duquel nous aurions voulu graviter invariablement; mais, qu'on se
rassure, nous n'avons pas la prétention d'ouvrir à la comptabilité des
horizons nouveaux : le système d'inscription qu'elle représente se
rattache à un ensemble si bien coordonné qu'il constitue un corps de
doctrine indissoluble et que nous n'aurons guère qu'à nous en tenir
à l'exposition rigoureuse et classique des principes.
Ce système, disons-le dès maintenant, est plus qu'une ingénieuse
combinaison, c'est une des belles manifestations de la pensée humaine,
et nous serons entraîné dans cet exposé à en faire ressortir l'esprit et
la portée philosophique. En effet qui dit comptabilité, dit à la fois,
ordre, précision, concision, analyse, généralisation. Elle applique les
procédés d'investigation les pliTs sûrs et les plus déliés afin d'être
complète, les moyens de contrôle les plus rigoureux afin d'être d'une
exactitude absolue, elle est le triomphe de la synthèse ; elle réunit enfin
toutes les propriétés, tous les attributs, qui guident avec sécurité l'es-
prit vers la découverte de la vérité, et, dans ses dispositions harmo-
nieuses dont pas un détail ne fait disparate, elle compose un monu-
ment de saine logique et de forte raison. La comptabilité quitte donc
quelquefois le terre à terre pour s'élever dans les régions de l'enten-
dement et elle demande une certaine hauteur de vue pour qu'on puisse
en embrasser l'ensemble.
De l'application bien entendue delà comptabilité résultent immédia-
tement des avantages inappréciables. Elle oblige à la réflexion et au
raisonnement; c'est un guide sage et prudent qui, dans la gestion de
nos affaires, nous évite de nombreux faux pas; elle met un ordre par-
fait dans nos écritures qui deviennent sous sa main comme un pano-
rama plein d'intérêt dans lequel sont reproduits avec exactitude tous
les détails de notre administration; elle ménage notre temps par les
COMPTABILITÉ AGRICOLE. 415
fprmes brèves et condensées dont elle fait usage; elle communique à
l'esprit une tranquillité morale, une fermeté de décision, qui provien-
nent de la clarté avec laquelle on peut en un instant envisager sa
situation.
Enfin, si nous nous décidons à faire paraître quelques considéra-
tions sur ce sujet, nous réclamons l'indulgence du lecteur en faveur
du sentiment qui nous anime : le désir de contribuer à la diffusion
de la connaissance et de l'usage de la comptabilité qui se présente à
nous comme un conseiller intègre, un dépositaire fidèle, un juge
éclairé, en un mot comme le meilleur des amis du cultivateur.
[La suite prochainement^. A. Salomon,
Directeur de la ferme-école de Saint-Michel (NievreJ
CONCOURS RÉGIONAL DE DIGNE
Pour la quatrième fois depuis l'institution de ces solennités agricoles, Digne
est le siège du concours régional de la circonscription des Alpes, qui comprend
les départements de la Haute-Savoie, de la Savoie, de l'Isère, de la Drôme, de
Vaucluse, des Hautes-Alpes et des Basses-Alpes.
Placé à l'extrémité sud de la région, au milieu d'une contrée montagneuse d'un
accès re'ativement peu facile, où la population est rare et l'agriculture peu déve-
loppée, ce concours ne devait attirer qu'un nombre restreint d'exposants et de
visiteurs. C'est, en etTet, ce qui a eu lieu pour les exposants; quant aux visiteurs,
leur affluence a été considérable pendant toute la semaine, et elle eût été énorme
le dimanche de la clôture sans la pluie qui n'a cessé de tomber du samedi soir au
lundi matin. Nous devons dire d'ailleurs que la ville de Digne avait su organiser
des fêtes et des réjouissances publiques, qui ont contribué, dans une large me-
sure, à augmenter le nombre de ses hôtes.
Le concours de 1883, quoique peu important, présente une supériorité marquée
sur celui de 1875. Les déclarations comprenaient en 1875 et en 1883 :
1875 1883
Animaux (
Tètes ou lots Tètesoulots
Espèce bovine 56 164
— ovine 79 70
— porcine 19 32
\ Animaux et oiseaux de basse-cour 25 32
Machines et instruments 181 296
Produits et matières utiles à l'agriculture. . . . 204 243
L'ensemble des animaux de l'espèce bovine est bon. Quelques sujets, dans la
race tarine principalement, sont remarquables ; on constate généralement une
amélioration scasible, au point de vue des formes et de la finesse, chez les
Villard-de-Lans. Les races étrangères, Schwitz et Fribourgeoise, sont représen-
tées par quelques sujets bien choisis.
Les principaux prix ont été décernés à MAI. Gourtet, Mayet, Duisit, Millon,
Aurouze, Mlle Taillefer, de Bcrlhe, Reynaud, Augier et autres lauréats habituels
de la région.
A part quelques beaux métis mérinos venant de la Savoie, nous ne voyons rien
à signaler dans l'espèce ovine. Le prix d'ensemble a été remporté par M. Arnaud
pour ses barbarins croisés.
L'exposition porcine était peu nombreuse ; on y remarquait les beaux berkshire
noirs de M. de Berlhe, et les superbes yorkshire de M. Guret ; nous pourrons
encore citer quelques croisements anglo-dauphinois bien réussis.
Quant aux animaux et oiseaux de basse-cour, nous dirons simplement que leurs
qualités ne faisaient guère oublier leur petit nombre.
L'agriculteur bas-alpin n'a que faire, pour le moment, des faucheuses, faneuses,
semoirs mécaniques, moissonneuses, batteuses à vapeur et autres machines per-
fectionnées en usage dans les pays de plaine qui se livrent à la culture des four-
rages et des céréales. L'exposant de ces machines, à Digne, est donc à peu près
certain de ne point trouver d'acquéreur. Cette perspective explique l'abstention
de nos grands exposants ordinaires, et motive, sans l'excuser toutefois, l'absence
de ceux qui n'ont pas paru au concours après avoir fait inscrire au catalogue leur
416 CONCOURS RÉGIONAL DE DIGNE.
nom et la nomenclature des objets qu'ils déclaraient vouloir exposer. D'un autre
côté, l'espoir d'obtenir une médaille qui ferait affluer dans les concours les
petits constructeurs du pays, n'existant plus depuis la suppression de toute
récompense aux exposants de machines en dehors des concours spéciaux, les char-
rons fabricants de charrues, taillandiers, etc., des Basses-Alpes sont, en grande
partie, restés chez eux; il est résulté, de cet ensemble de circonstances, une
exposition de machines et instruments excessivement réduite. Nous n'y avons
remarqué, du reste, aucune nouveauté; mais nous avons constaté avec plaisir que
les cultivateurs du pays cherchent à remplacer l'ancienne charrue tourne-oreille
par des brabants doubles construits dans le département par quelques forgerons
qui ont su les approprier aux conditions locales. Les ventes nombreuses de ces
charrues et, surtout, celles des tarares, trieurs, pompes et autres petits instru-
ments apportés par des exposants étrangers à la région, montrent d'ailleurs que
l'agriculture des Basses-Alpes est en voie de progrès.
Les produits agricoles et matières utiles à l'agriculture n'étaient guère mieux
représentés que les machines. Deux ou trois paniers de truffes, deux lots de pru-
neaux fleuris ; un lot de miel et cire et quelques flacons d'essences diverses con-
stituaient tous les produits spéciaux au pays. A côté on voyait les collections de
grains, graines, racines, tubercules, toisons, cocons, vernis, huiles, fromages, etc.,
qui se présentent dans tous les concours, attirés par les innombrables médailles
attribuées à ces échantillons plus ou moins authentiques. Les célèbres pistolles
de Digne, espèce de pruneaux confits, pelés, désossés et aplatis, qui ont été pen-
dant longtemps un objet important de commerce pour le pays, ne figuraient f)as
au concours; on n'en produit plus depuis que les pruniers ont pris la mauvaise
habitude de se faire geler chaque année, à la floraison.
Dans la deuxième section des produits comprenant les travaux spéciaux et
objets d'enseignement présentés par les professeurs et élèves des écoles primaires,
nous avons remarqué des cahiers d'agriculture bien tenus et quelques dessins
d'imitation qui dénotent de grandes aptitudes chez leurs jeunes auteurs.
L'administration des forêts avait réuni dans un pavillon spécial des collections
intéressantes parmi lesquelles nous citerons : jeunes plants des différentes essences
employées dans les reboisements alpins, fruits et graines des arbres du pays et
des plantes propres au gazonnement, instruments forestiers, dessins et photogra-
phies représentant les principaux travaux exécutés, en cours d'exécution ou pro-
jetés en vue de l'extinction des torrents et du reboisement, une belle représenta-
tion en relief du barrage de Riou-Bardou, etc. etc.
Cette exposition, installée avec beaucoup de goût, sous la direction de M. Car-
rière, inspecteur, faisait le plus bel ornement du concours. Elle a valu à ses au-
teurs de nombreuses médailles, qui leur ont été décernées aux applaudissements
de tous ceux qui pensent que le reboisement et le gazonnement des montagnes
sont seuls capables de ramener la prospérité dans les Alpes.
Un concours régional hippique a été tenu à côté du concours agricole, les 25,
26 et 27 mai, sous la direction de M. de I^ntrobert, inspecteur général des haras.
11 comprenait 74 animaux, savoir :
1" Catégorie. Etalons 16
2" — Pouliches et juments '. 48
3° — Etalons baudets lO
Sur les 7 départements qui composent la région, les Basses-Alpes, Vaucluse et
les Hautes-Alpes, ont seuls figuré à ce concours.
A l'exception de 2 ou 3 étalons et de quelques pouliches ou juments, parmi
les mulassières surtout, l'exposition hippique, passable dans son ensemble, ne pré-
sentait rien de bien remarquable. Les éleveurs des Basses et des Hautes-Alpes,
qui s'adonnent plus spécialement à la production du mulet, ont été peu favorisés
dans la distribution des récompenses : presque tous les prix ont été remportés
par les éleveurs de Vaucluse.
Outre les concours régionaux dont nous venons de parler, nous avons vu, à
Digne, deux expositions départementales industrielle et scolaire, qui ont fourni à
l'ancienne Société d'agriculture une excellente occasion de placer quelques
médailles.
La distribution des prix des concours régionaux agricole et hippique, des expo-
sitions départementales industrielle et scolaire et des récompenses offertes par la
Société des agriculteurs de France, a dû être faite, à cause du mauvais temps,
dans une des salles du tribunal civil. Une foule, trop considérable pour les dimen-
CONCOURS RÉGIONAL DE DIGNE. 417
sions du local, assistait à cette solennité et a eu le plaisir d'entendre deux excel-
lents discours, l'un de M. le préfet des Basses-Alpes, l'autre de M. du Peyrat,
inspecteur général de l'agriculture, commissaire général du concours, qui a été
reproduit dans ce Journal, et la lecture, par M. Gonvcrt, de son intéressant rap-
port sur la prime d'honneur et les prix culturaux et d'irrigation.
Voici la liste complète des récompenses :
Prix culturaux.
1" Catégorie. — Propriétaires exploitant directement leurs domaines. — Prix, un ol)jet d'art
cl 2,000 francs, non décerné.
2° Catégorie. — Fermiers. — Prix, un objet d'art et 2,000 francs, à MM Marc Sappe et Félix
I-entelme, fermiers à Peyruis et propriétaires à l'Escale.
3° Catégorie. — Propriétaires exploitant plusieurs domaines par métayers. — Un objet d'art, à
M. Appollinaire Gorde, propriétaire aux Mées ; 1,3C0 francs, M. Eléazard Arnaud, métayer au
domaine d'Ilare, commune des Mées; 700 francs, M. François Reyne, métayer à la campagne de
Rassen, commune des Mées.
k" Catégorie. — Métayers isolés, petits cultivateurs, propriétaires ou fermiers de domaines au-
dessus de 5 hectares et n'excédant pas 20 hectares. — Prix, un objet d'art et 600 francs, à
M. Eugène Chevaly, propriétaire-cultivateur à Curbans, canton <^'i la Motte, arrondissement de
Sisteron.
Prime d'honneub, une coupe d'argent, non décernée.
Prix de spécialité. — Médaille d'argent (grand module), M. Louis Frison, propriétaire à Mar-
coux, canton et arrondissement de Digne. — Recherches d'eaux de sources et construction d'un
réservoir.
Récompenses aux agents des exploitations rurales. — 2" Catégorie. — Médailles d'argent,
MM. Daniel Besançon, chef de main-l'œuvre; Gleize, porcher. — Médailles de bronze, MM. Victoria
Caucas, vigneron-laboureur; Pierre Girod, vigneron; Honoré Brémond, vigneron, chargé de la
taille des vignes.
4° Catégorie. — Médaille d'argent, Mme Henriette Chevaly, ménagère. — Médaille de bronze.
M. Eugène Chevaly, berger.
Concours d'irrigation.
P" Catégorie: — Propriétés contenant plus de 6 hectares de terres arrosées. — 1" prix,
médaille d'or, non décerné ; 2', médaille d'argent (grand module), MM. Paul Jugy, et Pierre
Richaud, propriétaires associés aux Mées; Travaux d'endiguement et de colmatage sur les bords
de la Bléone , prairies et vignes à l'arrosage.
2° Catégorie. — Propriétés ayant 6 hectares et au-dessous soumis à l'irrigation. — l''"' prix,
médaille d'or, M. Gabriel César, propriétaire-cultivateur, à Rougon, canton et arrondissement de
Castellano; établissement de barrage en montagne, captation de sources, constructions de
bassins et cultures à l'arrosage ; 2= et 3% non décernés; 4% médaille de bronze, M. Paul Fortuné,
fermier aux Mées; prairie à l'arrosage.
Agent dexploilalion. — Médaille d'argent, M. Honoré Petit, employé aux travaux d'irrigation
chez M. Gabriel César.
Animaux reproducteurs. — Espèce bovine.
1'" Catégorie. — Race tarentaise. — Mâles. — P' Section. — Animaux de 1 à 2 ans. — 1" prix,
M. Em. de Berlhe, à Saint-Sorlin (Drôme) ; 2°, M. Charles Mayet, au Bourg-Saint-Maurice
(Savoie) ; 3% M. Joseph Millon, à Bissy (Savoie) ; 4% M. Séraphin Duch, à Montfavet ; 5% M. Louis
Moth, à Avignon (Vaucluse). — Mention honorable, M. Alex. Courtet, à l'Isle-sur-Sorgues (Vau-
cluse). — 2'= Section. — Animaux de 2 à 3 ans. — l" prix, M. Jean Duisit, à Chambéry (Savoie);
2',M. Ch. Aurouze, à Gap ; 3°, M. Louis Prat, à Montfavet (Vaucluse). — Mention honorable,
M. Ch. Majet. — Femelles. — V Section. — Génisses de 1 à 2 ans. — 1" prix, M. Millon;
2", M. Duisit ; 3", M. Aurouze; 4% M. Séraphin Duch ; b", M. Mayet. — 2° Section. — Génisses de
2 à 3 ans. — l" prix, M. Marcel Augier, à Avignon; 2", M. Philibert Sulpis, à Bissy (Savoie) ;
3», M. Aurouze; 4% M. Amand Duch, à Avignon; 5% M.François Berthollet, à Chambéry. —
3" Section.— Vaches de plus de 3 ans. — p'prix, M. Sourd, à Avignon (Vaucluse) ; 2% Mlle Taille-
fer, à Morières (Vaucluse) ; 3% M. Mayet; 4"\ M. Augustin Bonnet, à Avignon; 5°, M. Clément
Raymond, à Avignon ; 6", M. Duisit. — Mentions honorables, MM. Raynaud, à Avignon ; Moth.
Prix d'ensemble au meilleur ensemble d'animaux de la race tarentaise. — Un objet d'art à
M. Charles Mayet, pour l'ensemble des animaux présentés.
2' Catégorie.— Race de Villard-de-Lans. — Mâles. — l'" Section. — Animaux de 1 à 2 ans. —
V prix, M. Augier; 2', M. Ferdinand Bernard, à Grenoble; 3% M. Reppelin, à Autrans (Isère).
— Prix supplémentaire. M. Pouteil-Noble, à Villard-de-Lans (Isère). — 2^ Section. — Animaux de
2 à 3 ans. — 1"" prix non décerné ; 2", M. Joseph Rochas, à Méandre (Isère) ; 3", M. Bernard. —
Prix supplémentaire. M. Jean Rochas, à Lans (Isère). — Femelles. — V^ Section. — Génisses de
1 à 2 ans. — l"' prix, M. Faure, à Autrans (Isère) ; 2°, M. Joseph Rochas; 3", M. Augier. — Men-
tion honorable, M. l'outeil-Noble. — 2" Section. — Génisses de 2 à 3 ans. — l" prix, M. Augier;
2% M. Monllahuc, à Montfavet (Vaucluse); 3°, M. Zacharie Faure, à Autrans (Isère). — 3' Srction.
Vaches de plus de 3 ans. — V prix, non décerné; rappel de 2° prix, M. Bernard; 2", M. Joseph
Rochas ; 3% M. François Blanclin. à Villardde-Lans (Isère); 4", M. Prier, à Lans (Isère).
3" Catégorie. — Races françaises diverses pures. — (Plus spécialement aptes au travail ^
production de la viande). — Mules. — V Section. — Animaux de l à 2 ans. — Pr-
M. Courtet; prix supplémentaire, Mlle Taillefer. — 2° Sectio>i — Animaux de 2 à "^
unique, non décerné; prix supplémentaire, M. Fiouchet, à Avignon. — Feniell''
— Géni.^ses de 1 à 2 ans. — 1" prix, Mlle Taillefer, 2% M. Amand Duch. — "''
de 2 à 3 ans. — Pas d'animaux présentés. — 3" Section. — Vaches de '
M. Reynaud; rappel de 2" prix, M. Justin Favre à Avignon; 2° Ml'"
taires, MM. Courtet; Séraphin Duch.
4° Catégorie. — Races lailièits Irançaisos ou étranger"'
de 1 à 2 ans. — l" prix, Mlle Taillefer; 2% M. C'-
2" Section. — Animaux de 2 à 3 ans. — ''
418 CONCOURS RÉGIONAL DE DIGNE.
1« Section. — Génisses de 1 à 2 ans. — 1" prix, M. Pitot ; 2% M. Courtet; 3% M. Louis Prat ; 4%
M. Amand Duch. — Mention honorable, M. Mayet. — 2*^ Section. Génisses de 2à3 ans. — l»' prix,
m! Courtet; 2"=, M. Prat; 3% M. Aurouze; 4% M. de Berlhe ; 4% M. Bernard. — 3= Section. —
Vaches de plus de 3 ans. — ]" prix, M. Augier ; 2'= M. Justin Favre; 3% M. Courtet; 4% M. Lau-
rent Delsol, à Montpellier;. 5", M. Millon; 6°, Mlle Taillerer. — Mention honorable MM. Flottes
frères, à Montpellier.
Prix d'ensemble au meilleur ensemble des animaux des 2% 3", et k" catégories. — Un objet
d'art à M. Alexandre Courtet, pour l'ensemble de ses animaux de race Schwitz.
Espèce ovine.
V Catégorie. — Races mérinos et métis mérinos. —Mâles, — l"' prix, M. Joseph Millon, à
Bissy (Savoie) ; 2% M. Jean Duisit, à Charabéry (Savoie) ; 3% M. François Berthollet, à Chambéry
(Savoie). — Prix supplémentaires, MM. Philibert Sulpis, à Bissy (Savoie) ; Paul Hermitte, à Digne.
— Femelles. — 1"' prix, M. Appoliinaire, aux Mées (Basses-Alpes) ; 2% M. François Berthollet ;
3% M. André Genin, à Montfavet (Vaucluse) ; 4% M. Victor Armand, à Cruis (Basses-Alpes).
2= Catégorie. — Race des Alpes. — Mâles. — l" prix, M. F.-J. Serre, à Mirabeau (Basses-Alpes);
2° M.André Genin. — Prix supplémentaires, MM. Jean Duisit; André Morel, à Mezel. — Fe-
ujèlles. — !<"■ prix, M. Gaymard, à Barcelonnette; 2% M. Duisit. — Prix supplémentaire, M. André
Genin.
3" Catégorie. — Races françaises diverses. — Mâles. — l""^ prix, M. Joseph Rochebrun, à
Malijai (Basses-Alpes; 2% M. F.°-J. Serre; 3'', M. Duisit. — Prix supplémentaire, M. André Genin.
— Femelles. — V prix, M. André Genin ; 2'' et 3% non décernés.
4« Catégorie. — Races étrangères diverses, pas d'animaux présentés.
6" Catégorie. — Croisements divers. — Mâles. — l'" prix, M. F.-J. Serre ; 2" M. Elzéard Arnaud;
2% M. André Genin; 3% M. Calixîe Arnaud, aux Mées (Basses-Alpes).
Frix d'ensemble au meilleur ensemble d'animaux de l'espèce ovine. — Un objet d'art à M. El-
zéard Arnaud, pour l'ensemble des animaux de race croisée barbarine.
Espèce porcine.
l" Catégorie. — Races indigènes (pures ou croisées entre elles). — Mâles. — 1'' prix, M. Gorde*'
2°, M. Jean Duisit. — Femelles. — 1" prix, M. Elzéard Arnaud; 2', M. Gorde. — Mentions hono-
rables, MM. Mathieu Girardy, à Chambéry (Savoie) ; Duisit.
2" Catégorie. — Races étrangères (pures ou croisées entre elles). — Mâles. — l""" prix, M. de
Berlhe ; 2°, M. Eugène Guret, quartier des Crottes, à Marseille ; 3'", M. Gorde. — Femelles. —
1"' prix, M. de Berlhe; 2% M. Curet; 3% M. Duisit; 4% M. Gourde; Mentions honorables, MM.
de Berlhe.
Catégorie. — Croisements divers (entre races étrangères et races françaises). — Mâles. —
1" prix, Mme Lagier, veuve Guion, à Gap ; 2'', M. de Berlhe. — Mention honorable, M. Duisit. —
Femelles. — 1" prix, M. Etienne Benjamin, à Digne, 1", M. de Berlhe. — Mentions honorables,
MM. Elzéard Arnaud; Gorde.
Frix d'ensemble au meilleur ensemble d'animaux de l'espèce porcine. — Un objet d'art à M. de
Berlhe, pour l'ensemble de ses animaux de races Berkshire.
Animaux de basse-cour.
Les premiers prix sont accompagnés d'une médaille d'argent, et les prix suivants, d'une médaille
de bronze.
l" Catégorie. — Coqs et poules. — V" Section. — Races françaises diverses. — 1" prix,
Mlle Louise Taillefer, à Morières (Vaucluse); 2", Mme Mélanie Genin, à Montfavet (Vaucluse).
— 1''= Section. — Races étrangères diverses. — 1"'' prix, Mlle Taillefer; 2% Mme Mélanie Genin. —
3" Section. — Croisements divers. — 1" prix, Mlle Taillefer; 2'", Mlle Anaïs Paysan, à Digne. —
Prix supplémentaire, M. Antoine Paret, à Digne.
2'' Catégorie. — Dindons. — l"'" Section. — Dindons noirs. — 1'"' prix, seul décerné, Mlle Tail-
lefer. — 2° Section. — Dindons gris et blancs. — V prix, seul décerné, M. Paul Béraud, à
Brunet (Basses-Alpes).
3" Catégorie. — Oies. — 1" prix, Mlle Taillefer; 2°, Mme Lagier, veuve Guion.
4" Catégorie. — Canards. — l'^prix, Mlle Taillefer ; 2% Mme Mélanie Genin. — Mention hono-
rable, Mlle Taillefer.
b' Catégorie. — Pintades. — 1" prix, seul décerné, Mlle Taillefer.
6° Catégorie. ■ — Pigeons. — l" prix, seul décerné, Mme Lagier, veuve Cuion.
T= Catégorie. — Lapins etléporides. — 1"" prix, Mme Mélanie Genin; 2% Mlle Taillefer.
Prix d'ensemble au meilleur ensemble d'animaux de basse-cour, à Mlle Taillefer, pour l'ensemble
de ses animaux de basse-cour d'espèces diverses.
Récompenses accordées aux serviteurs ruraux pour soins donnés aux animaux primés. —
Médailles d'argent, MM. François Iten, vacher chez M. Courtel, lauréat d'un prix d'ensemble de
l'espèce ovine ; Pierre Coslerg, vacher chez M. Mayet, lauréat du prix d'ensemble de la race
Tarentaise ; Marcel Brun, domestique chez M. de Berlhe, lauréat du prix d'ensemble de l'espèce
porcine ; Louis Roux, berger chez M. Arnaud Elzéard, lauréat du prix d'ensemble de l'espèce
ovine ; Henri Cornet, domestique chez M. Augier, lauréat de quatre premiers prix. — Médailles de
bronze, MM. Hippolyte Vendant, chez Mlle Taillefer; Frédéric Blanc, chez M. Gorde; Carie
Thomas, chez M. Duisit; Louis Bouvet, chez M. Genin; Joachira Sorel, chez M. Félicien Serre,
Raymond Gineste, chez M. Pitot; Prosper Pochon, chez M. Aurouze; Victor Bus, chez M. Sourd
Produits agricoles et matières utiles à l'agriculture. — Concours spéciaux.
l'^ Catégorie. — Vms de la région provenant des récoltes de 1881 et 1882). — 1" prix,
médaille d'or, M. Comte Bruno, à Puimoisson (Basses-Alpes) ; 2" (par virement), médaille d'or,
M. Gorde Appoliinaire, aux Mées (Basses-Alpes) ; 3", médaille d'argent (grand module), M. Désiré
Granier, à la Brillanne (Basses-Alpes) ; 4% médaille d'argent, Mme Lagier, veuve Guion, à Gap ;
a^ (par virement), médaille d'argent, M. L. Albert, à Manosque (Basses-Alpes); 6°, médaille de
bronze, M. Challend de Cevins, à Montailleur (Savoie); 7" (par virement), médaille de bronze,
M. Jean Besson, à Bossey (Haute-Savoie).
2° Catégorie. — Produits des fruitières des Alpes. — V^ Section. — Fromages. — Pas dé
fromages présentés. — 2"' Section. — Beurres. — Pas de beurres présentés.
3° Catégorie. — Produits séricicoles. — p'- prix, médaille d'or, M. Appoliinaire Gorde ; 2%
médaille d'argent (grand module), M, Fortuné Brès fils, à Peipin (Basses-Alpes).
CONCOURS RÉGIONAL DE DIGNE. 419
4" Catégorie. — Huiles d'olive. — 1°'' prix, médaille d'or, M. Mégy, à Digne ; 2'', médaille
d'argent, M. Joseph Aimé, à Ch;\leau-Arnoux (BasFes-Alpes) ; 3" (par virement), médaille d'argent,
M. Thumin, à Manosque (Basses-Alpes) ; 4% médaille de bronze, M. Tardicu, à Entrevennes (Hassos-
Alpes) ; 5% M. Alex. Elan, à Varages (Var) ; 6°, M. Victor IJaynaud, à Klayosc (Var).
5° Catégorie. — Produits maraîchers. — 2" prix, médaille d'argent, M. Giraud, à Montceau
(Isère); 3", M. Modeste Aiibert , à Soyne (Basses-Alpes) ; 4", M. Feraud, à Digne.
(j" Catégorie. — Expositions scolaires. — 1'° Section. — Matériel d'enseigncuiont scolaire. (Col-
lections, dessins, objets de cours, etc.) — l'"' prix, médaille d'or, M. Claude-Hippolyte Pontet, à
Avignon (Vaucluse), pour l'ensembledc son exposition ; 2-, médaille (grand module), M. Jacques
Henri, à Digne, pour les plans de maisons d'école ; 3", médaille d'argent, M. Léon Duru, à Bordeaux,
pour sa collection d'instruments pour l'enseignement agricole. — 2'' Section. — Travaux spéciaux
et objets d'enseignement agricole (présentés par les professeurs, les instituteurs et les élèves des
écoles primaires). — 1"'', 2" et 3" prix non décernés; 4", médaille de bronze, M. Joseph Giraud,
à Montceau (Isère), pour le cahier manuscrit de leçons sur l'agriculture, etc. ; h% médaille de
bronze, M. Montagard, à Gadagne (Vaucluse), pour le mémoire sur les animaux de basse-cour.
7'' Catégorie. — Expositions collectives. — •Médailles tFor, l'administration des lorèts, à Digne,
pour l'ensemble de son exposition ; M. Carrière, inspecteur des forêts à Digne, pour l'organisation
de l'exposition forestière, pour les grains et les échantillons zoologiques et la collection de plants
forestiers. — Médaille d'argent grand module,, (par virement), M. Sardy, garde général des
forêts à Barcelonnette, pour le plan en relief du torrent du Riou-Bourdoux. — Médailles d'argent,
MM. Ailard, garde général des forêts à Barcelonnette, pour les échantillons d'essences forestières;
Dol, garde général des forets à la Motte, pour la collection de graines; Trotabas, garde général des
forêts à Seyne, pour les plants.
Produits agricoles non compris dans les concours spéciaux. — Médailles d'or, MM. Orcel et
Coquaz, à la Tour-du-Pin (Isère), pour les fromages Camembert ; Comte Bruno, à Puimoisson
(Basses-Alpe»), pour les conserves ; Louis-Laurent Monges, à Montagnac (Basses- Alpes), pour lec
truffes ; (par virement.) M. Ferdinand Guerre, à Saint-Saturnin-lès-Apt (Vaucluse), pour les truffes
fraîches de truffières artificielles ; (Par virement.) Fortuné RoUaddy, à Entrevennes (Basses-Alpes),
pour le vin vieux de Grenache. — Médailles d'argent, MM. Pierre Perrier, à Haquenille (Puy-de-
Dôme), ])our les fromages imitition Roquefort; André Bonnet, à Thorame (Basses-Alpes), pour le
miel; Noël Ailhaud fils, à Digne, pour les cires; Joseph Mathieu, à Digne, pour la collection de
fleurs ; Appollinaire Gorde, aux Mées, pour les laines ; Mme André Genin.à .Montfavet (Vaucluse),
pour les toisons de laine mérinos; (par virement), Freyssin et Cie, à Valence (Drôme), pour les
liqueurs; (par virement.) Mme Marie Faheten, à Gap, pour ses produits divers. — Médailles de
bron;:e, MM. J.-B. Simon, à Lambruisse (Basses-Alpes), pour le miel ; Eug. Miffred, à Digne, pour
les pruneaux; Isnard, à Digne, pour les pruneaux ; Gouselo, à Digne, pour l'avoine grise des
Alpes; Avond, Melchior-Balth. , à Quinson (Basses-Alpes), (pour les carreaux hexagones pour
carrelages ; Casimir Sivan, à Cluses (Haute-Savoie), pour l'appareil oléomètre ; Emile Bérard, à
Saint-Marcellin (Isère), pour la collection d'essences forestières ; Corriol, à Digne, pour les sau-
cissons ; Léon Martin, à Surgères (Charente-Inférieure), pour le vin rouge de 1881 ; Bessède , à Mar-
seille, pour le vin rouge; L. Albert, pour l'eau-de-vie de vin blanc ; Sicard, h. Digne, pour l'essence
de menthe ; Orcel et Coquaz , pour les beurres.
J.-B. Ghabaneix.
MALADIE DES SAINFOINS EN SAINTONGE
Depuis que le phylloxéra a détruit les vignes en Saintonge, on a dû
cultiver les céréales dans les anciens vignobles et, n'ayant pas de prai-
ries naturelles, on a eu partout recours au sainfoin pour la nourriture
des animaux indispensables à la culture.
Les sainfoins si abondants et si vigoureux naguère sont aujourd'hui
attaqués par une maladie que j'ai signalée déjà l'an dernier à la Société
nationale d'agriculture. Ils se couvrent de taches noires et dépérissent
rapidement après la première coupe. Cette maladie est produite par un
champignon parasite, le Rhytisma onobrycJm, qui, assez inoffensif d'or-
dinaire, prend un développement tout à fait insolite.
Des renseignements que je viens de recevoir de plusieurs points de
la Charente-Inférieure témoignent de l'importance croissante de ce
mal. M. Barthe, de Pons, évalue la perte dans sa propriété aux neuf
dixièmes; seuls les sainfoins que l'on vient découper pour la première
fois existent encore en partie. Une seule pièce d'environ 1 hectare et
demi est restée très belle quoique attaquée par le parasite. M. Barlhe
y avait fait répandre au moment de l'ensemencement 200 kilog. de
sulfate d'ammoniaque, llyalà une intéressante indication et M. Barthe
se propose de faire à ce sujet de nouvelles expériences.
D'autres propriétaires vont tenter, pour obvier au mal, de remplacer
en partie les cultures de sainfoin par des prairies temporaires large-
ment fumées. . E. Prilheux,
Membre de la Société nationale d'agriculture.
420
FAUCHEUSES ET MOISSONNEUSES HORNSBY.
FAUCHEUSES ET MOISSONNEUSES HORNSBY
Parmi les machines à faucher et à moissonner de construction
anglaise qui ont été importées en France, celles de la célèbre maison
(le Hornsby sont connues depuis longtemps par les agriculteurs. Après
des fortunes diverses, elles sont aujourd'hui hautement appréciées dans
un grand nombre d'exploitations rurales, surtout depuis que M. Pécard,
constructeur à Nevers, a pris à tâche de les faire connaître. Les deux
types les plus récents de ces machines sont la faucheuse dite Man-
chester, et la moissonneuse lieuse à la ficelle, que représentent la
fig. 28 et la fig. 29.
La faucheuse Hornsby, du type Manchester, est construite d'après
les mêmes principes que les anciennes faucheuses dites Paragon. Le
mouvement est pris par une couronne dentée sur la roue de gauche, et
fig. 28. — Faucheuse Hornsby munie d'un appareil moissonneur.
il se transmet à la bielle de la scie par l'intermédiaire de deux engre-
nages. Mais la longueur de la bielle a été considérablement augmentée :
pour obtenir ce résultat, la tête de la bielle part presque de la roue de
gauche, de telle sorte que cet organe a une longueur presque égale à
la largeur du bâti de la moissonneuse. Cette disposition donne satis-
faction aux réclamations que quelques agriculteurs avaient élevées
contre la faible longueur de la bielle de l'ancien type. La largeur de
coupe de la faucheuse est de 1'".30. La machine est d'ailleurs légère,
quoique solidement construite ; elle peut, par suite, fonctionner régu-
lièrement dans les prairies dont les fourrages sont peu abondants. A la
faucheuse, on peut adapter facilement un appareil à moissonner, comme
le montre le dessin ; les modifications que nécessite l'adjonction de
cet appareil sont d'ailleurs faciles à opérer. Le prix de la faucheuse
Manchester à deux chevaux est de 600 francs; quant à l'appareil mois-
sonneur, son prix est de 125 francs.
La défaveur jetée, il y a quelques années, sur les moissonneuses-
lieuses disparaît rapidement; leur adoption marche même plus vite
FAUCHEUSES ET MOISSONNEUSES HORNSBY.
421
que n'auraient pu l'espérer leurs plus ardents partisans. Cela tient à
ce que ces machines se modifient rapidement; elles deviennent moins
lourdes; le fil de fer servant de lien est remplacé par la ficelle, et
ainsi disparaissent les nombreux inconvénients de son emploi. Dans
la moissonneuse-lieuse dellornsby, ies tiges de céréales coupées tombent
sur un tablier mouvant qui les élève au-dessus de la roue principale,
pour les déposer sur la table de liage, sur le côlé de la machine. Là
elles sont prises par des serreurs, qui les pressent contre un levier
compresseur auquel la corde est rattachée. Lorsque la gerbe est suffi-
samment grosse, un bras Heur l'entoure, en même temps qu'un mou-
vement d'encliquetage fait mouvoir l'appareil noueur, qui, en contour-
nant la ficelle, forme un nœud très solide ; une lame d'acier coupe la
ficelle au-dessous du nœud, et aussitôt la gerbe tombe du tablier sur
le sol. L'appareil noueur est d'une extrême simplicité, en même temps
422 FAUCHEUSES ET MOISSONNEUSES HORNSBY.
que son efficacité est absolue. D'après la position donnée au levier
compresseur sur un arc denté, on peut faire trois grosseurs de gerbes
difîérentes. Aux expériences exécutées en août 1882 par la Société royale
d'agriculture des Highlands et d'Ecosse, et auxquelles ont pris parties
machines de Hornsby, de Howard et de Wood, le premier prix, d'une
valeur de 2,500 francs, a été remporté parla moissonneuse Hornsby.
Nous lisons dans le rapport du jury que, pendant toute une journée,
le liage des gerbes avec cette machine n'a manqué qu'une seule fois
et que cette irrégularité était due à un défaut dans la balle de ficelle
et non au fonctionnement de l'appareil, — Le prix de la moissonneuse-
lieuse de Hornsby est de 2,000 francs. Il faut ajouter que les témoi-
gnages des agriculteurs chez lesquels cette machine a été employée lui
sont tout à fait favorables. Henry Sagnier.
LA SITUATION DES SOUTHDOWNS EN ANGLETERRE
En m'occupant, l'an passé, de la situation des durhams en France,
j'eus l'occasion de faire remarquer que l'assertion souvent reproduite
d'un prétendu délaissement des soutlidowns en Angleterre n'était point
conforme à la réalité. Les caprices de la vogue, dans les concours de
la Société royale, qui sont surtout une affaire de sport pour l'aristo-
cratie anglaise et pour ceux qui, n'en faisant point partie, ont l'ambi-
tion de se mêler avec elle et de l'imiter, ne donnent point, disais-je,
l'image exacte de ce qui se passe dans la pratique. Les shropshires,
qu'on nous présente comme les heureux rivaux des southdow^ns, n'ont
pas encore fait à ces derniers, dans l'agriculture britannique, une
concurrence qui menace de diminuer leur importance.
L'appréciation, comme il fallait bien s'y attendre, a été contestée.
Je n'ai pas voulu relever les contestations produites, en invoquant
mes observations personnelles. Je vais, moi aussi, quelquefois en
Angleterre, mais je ne puis, hélasî me targuer de l'amitié d'aucun
lord. Il est d'ailleurs déplaisant de mettre les lecteurs dans l'obliga-
tion de se faire une opinion seulement d'après l'autorité qu'ils peu-
vent accorder aux contradicteurs en présence. C'est celle des faits
mêmes qui seule est incontestable.
Un document qui vient de paraître nous en fournira d'irréfutables.
Celui qui les a publiés ne se doutait assurément pas de l'usage auquel
nous allons les faire servir. Il s'agit d'un travail écrit en langue
allemande et publié dans la dernière livraison du Landwirthschaftliche
Jahrbikher, de Berlin \
L'auteur est allé étudier sur place les conditions du marché anglais,
en vue de l'exportation du bétail de son pays sur ce marché, et il en
a rendu un compte détaillé fort intéressant, à tous égards, sur lequel
nous reviendrons peut-être, car son rapport contient un grand nombre
de renseignements importants. Il remplissait une mission à lui confiée
par les principaux intéressés du Schleswig-Holstein. Pour aujourd'hui,
je me borne à ce qui concerne la question controversée.
Dans son remarquable rapport, le D"" Ploennis fait connaître la con-
dition commerciale des moutons anglais et autres sur les trois marchés
d'Islington, de Deptford-London et métropolitain. On sait que les
1. Berielit ûber die Viehnuirkisverlialtnisse Londons underen Einfluss auf die deutsche Viehal-
tuiig. Erstalletvon Dr. R.Ploeanis, Wanderlehrerdeslandw. gênerai Vereins ftir Schleswig-Holstein.
Landw. Jahrb. XII Bd. Heft 3.
LA SITUATION DES SOUTHDOWNS EN ANGLETERRE. 423
animaux étrangers 'ne sont admis que sur celui de Deptford, par
suite des prescriptions sanitaires.
Voici ce qu'il dit de la condition des moutons sur le marché
d'Islington :
« Ceux qui se vendent le plus cher sont les southdowns; après
viennent les liampshires et quelques autres de la race des dunes :
oxfordsliires et shropshires, ainsi que les demi-sang de cette race
croisée avec les races à tête blanche : 2 à 4 deniers par stone de moins
que les southdowns; puis suivent les meilleures races à tête blanche :
cotswolds, leicesters, lincolns et moutons du Kent, 4 d. de moins
que les southdowns; les autres races anglaises, qui ne se vendent
pas moins de 6 à 8 d. "au-dessous du prix des southdowns^ se joignent
à elles; les moutons canadiens et danois se payent aux mêmes prix,
tandis que ceux des montagnes d'Ecosse et du pays de Galles, qui
arrivent au marché abattus, du moins en hiver, atteignent presque
régulièrement les plus élevés. »
Il n'est pas douteux, d'après cela, que dans l'estime du commerce
anglais les southdowns occupent le premier rang. Quand donc on vient
nous dire, en interprétant ce qui peut se passer dans les concours
de la Société royale, qu'ils sont de plus en plus primés par les
shropshires, on conclut contrairement aux faits. Nous allons voir, de
plus, qu'ils fournissent la norme ou le point de comparaison sur les
autres marchés, ce qui ne peut prouver, j'imagine, que leur produc-
tion soit en baisse.
Passant au marché de Deptford, notre auteur dit encore à propos
des moutons :
« Les meilleurs de Toenning (Schleswig) et hollandais se payent
6 d. de moins que les southdowns à l'autre marché (celui d'Islington);
ceux de moyenne et de médiocre qualité, jusqu'à 1 schelling plus bas.
Les mérinos d'un an, croisés avec la race des dunes, se payent, la
meilleure qualité, 6 d. de moins que les southdowns à l'autre marché ;
la moyenne et l'ordinaire, les jeunes mérinos non croisés de Saxe, de
IMecklenbourg, de Westphalie, 1 schelling de moins, les vieux jusqu'à
1 s. G d. de moins que les southdow^ns. «
Enfin voici l'indication des prix sur le Metropolitcm Cattle Markel :
« Les meilleurs downs et demi-sang (llalbblul) : 6 s. 8 d. à 7 s.; les
meilleurs longue laine, 6 s, 2 d. à 6 s. 6 d. w
Nulle part il ne s'agit, comme on vient de le voir, de comparer la
valeur des shropshires à toutes les autres sortes de moutons anglais
ou étrangers. (]e sont toujours les southdovvns qui, admis partout
comme ayant la plus grande valeur, servent à marquer l'écart dans
les prix du marché. Que ce soit à tort ou à raison, les choses sont
ainsi. Le fait est constaté par un témoin irrécusable et d'une impartia-
lité incontestable. Le D"" Ploennis avait pour mission d'informer ses
mandants sur la condition exacte du marché anglais, en vue de leurs
propres opérations commerciales. Les controverses sur la faveur plus
ou moins grande que mérite, aux yeux du sportsman, telle ou telle
race de moutons, lui étaient indifférentes. Son témoignage a donc une
valeur absolue et il tranche la question.
Il en résulte que les southdowns n'ont pas cessé d'être les moutons
les plus estimés en Angleterre. Sont -ils en effet les meilleurs? Cela ne
fait pas doute pour nous, qui avons l'habitude invariable déjuger les
424 LA SITUATION DES SOUTHDOWNS EN ANGLETERRE.
choses industrielles en nous plaçant au point de vue de leur valeur
commerciale, et non point à celui du dilettantisme ou du sport.
Mais je n'ignore point que l'argument résultant du fait constaté ne
sera pas accepté comme péremptoire par tout le monde. Ceux qui,
par exemple, dénient aux bouchers et aux charcutiers toute compé-
tence pour apprécier la valeur comparative des animaux gras, et ne la
reconnaissent qu'aux éleveurs partisans de leur propre doctrine ; ceux
qui croient que l'appréciation des animaux comestibles est une ques-
tion de pure esthétique; ceux-là ne s'y rendront certainement pas. Ils
opposeront à ce fait un raisonnement, consistant à dire que ce n'est
pas une raison pour soutenir que les éleveurs anglais ne préfèrent
point les shropshires aux southdowns, comme les juges des concours
de la Société royale; et il y a des chances pour qu'ils nous déduisent
les motifs de la préférence. Connaissant bien leurs habitudes d'esprit,
on pourrait parier qu'il en sera ainsi.
En raisonnant d'après le simple bon sens, dont les lois économiques
sont Texpression, on est pourtant fondé à prétendre qu'en tout pays
la marchandise qui se vend le mieux et le plus cher est celle qui se
produit de préférence, lorsqu'on a le choix. On ne viendra pas nous
dire, d'aventure, que les shropshires sont plus faciles et plus avan-
tageux à produire que les southdowns. Sur cela je suis expérimenta-
lement fixé, ayant eu durant plusieurs années sous les yeux, à l'école
de Grignon, des troupeaux des deux sortes. La comparaison n'a pas
été favorable aux premiers. Et je n'ai pas besoin de dire que je suis
resté étranger à la décision prise à leur sujet, ayant l'habitude inva-
riable de ne me point mêler aux choses administratives. Les comptes
respectifs, plusieurs fois répétés, ont suffi pour résoudre la question.
Il est devenu évident que les shropshires utilisent moins bien leurs
aliments que les southdowns et qu'ils les transforment en viande de
qualité moins fine.
Pour reconnaître aux shropshires leur véritable mérite, ce n'est
certes pas aux southdowns qu'il faut les comparer. Avec ceux-ci ils
ne peuvent vraiment pas entrer en concurrence sur le terrain de la
saine pratique; et j'ose affirmer qu'en Angleterre ils n'y entrent point,
indépendamment de la preuve irréfutable fournie plus haut. Le champ
qu'ils y ont conquis, dans ces derniers temps, a été disputé aux
leicesters, à l'égard desquels ils ont réellement, sous tous les rapports,
une incontestable supériorité. Ils pèsent autant et leur viande est de
meilleure qualité, comme on l'a vu, ainsi que leur laine. Ce n'est pas
à dire qu'ils les remplaceront partout. Sur les fonds humides il n'y
faut pas songer. Mais tout autour du comté de Shrop, oii les leicesters
s'étaient étendus, ils ont été ou ils seront remplacés par eux.
Nous sommes loin, à la vérité, de cette singulière doctrine zootech-
nique qui, à ma connaissance, a toujours compté des partisans, et qui
consiste à rêver, dans chaque genre d'animaux, la généralisation
exclusive d'une race prétendue supérieure à toutes les autres," tantôt
celle-ci, tantôt celle-là. A ces enthousiastes il serait sans doute bien
difficile de persuader que moi-même, en ce moment, je n'aie point pour
but de proclamer la supériorité absolue des southdowns et d'en pré-
coniser l'élevage à l'exclusion de tout autre. N'est-ce pas ainsi qu'ils
ont raisonné et qu'ils raisonnent encore à propos de la variété des
mérinos précoces?
LA SITUATION DES SOUTDOWNS EN ANGLETERRE. 425
11 semble qu'à leurs yeux rien ne puisse s'élever sans que tout le
reste s'abaisse. Leurs éloges, d'ailleurs, étant à peu près toujours
exagérés, on comprend qu'ils se lassent à la fin de les prodiguer et
qu'ils éprouvent de temps en temps le besoin de changer d'idole,
même quand le prêtre ne vit point de l'autel. Tel n'est point mon cas.
Par devoir, j'étudie avec toute l'attention dont je suis capable les
progrès qui s'accomplissent dans notre production animale, et il ne me
semble point que les récents puissent en rien nuire auK anciens. Il
m'est démontré que chaque race a sa place déterminée par des condi-
tions locales qu'on n'enfreint jamais impunément. Entre toutes il peut
y avoir émulation pour les améliorer, non point concurrence ou plutôt
guerre à mort.
Mais le présent article n'a pas eu pour objet un exposé de doctrine
zootechnique. J'ai voulu seulement montrer par des faits que la situa-
tion des southdowns en Angleterre n'a nullement périclité ni même
diminué, au profit des shropshires, comme cela s'avance d'après des
informations insuffisantes ou trop superficielles. Et, bien entendu,
seulement dans l'intérêt de la vérité. A. Sanson,
Professeur de zoologie et zootechnie à l'Ecole nationale de Grignon et à
l'Institut national agronomique.
CONCOURS RÉCtIONAL DE TROYES
Le concours régional de Troyes, comme celui de Bourg, avait sa physionomie
particulière. Ici point de Charolais, point de Fémelins, mais en revanche nous
avions mes vieux amis les Vosgiens, j'ai même eu l'honneur de rencontrer l'un
des champions Convaincus, et il m'a paru un tant soit peu fanatique du mérite de
cette race, lequel m'a fortement témoigné le mécontentement que mes critiques
de cette race dans quelques occasions où, en effet, je l'ai peut-être trop rudement
houspillée, lui avaient inspiré. Il y avait encore, dans ces occasions, une autre
race, celle du Glane, je crois, mais de celle-ci on n'en entend plus parler; c'est à
croire que mes critiques l'auront bel et bien anéantie. Dans tous les cas, nos con-
cours au Nord-Est n'en sont plus ornés, et il ne faut pas trop le regretter. Quant
aux Vosgiens, j'aurai tout à l'heure occasion d'en parler en toute franchise, n'en
déplaise à l'honorable M. Hercule Ferry, le champion enthousiaste de cette race,
ce dont je ne lui fais point de reproches, car au contraire, j'aime l'enthousiasme
en toutes choses; j'ai bien celui de la race Durham, je ne puis donc blâmer ceux
(jui ressentent une flamme même pour la race Vosgienne.
D'ailleurs il ne faut plus s'étonner de rien au temps où nous vivons ; on a bien
vu à ce concours Troyen une commission nommée par un des principaux comices
de la région, sous prétexte de remplir sa mission de progrès, acheter une multi-
tude de race Suisse et Normande pour en doter les membres de leur société, en
pleine Champagne pouilleuse, en cherchant à persuader à ces cultivateurs de terres
crayeuses et sèches, que ces races originaires de pays humides habituées aux gras
et plantureux herbages de leur pays natal, et douées d'appétits insatiables, indiqués
f)ar leurs vastes panses, leur ossature de mastodontes, leur lourde tète, leurs
ignés heurtées et irrégulières, leurs fauves parasites, etc., etc., que ces races,
dis- je, conviennent le mieux au système de stabulation permanente qui domine
dans le pays où s'épanouit et brille le Comice en question. Ce qui m'étonne, c'est
que cette intelligente et sage Commission ne se soit pas adressée plutôt à M. Her-
cule Ferry pour le prier de lui recommander toute une collection de taureaux
vosgiens. C'eût été infiniment plus rationnel, car cette chétive race convient bien
mieux au régime nourricier que les ressources fourragères de la Champagne
crayeuse, pour ne pas dire pouilleuse, peuvent seules permettre d'adopter.
Je ne veux pas aire par là que, au moyen d'une nourriture auxiliaire, abon-
damment fournie d'ailleurs par les cultures de légumineuses telles que les trèfles
et les sainfoins, les gravières et autres fourrages, on ne puisse eu Champagne
nourrir le bétail. Ma pratique personnelle en fournit un exemple frappant, car
j'élève sur les terres crayeuses et sèches dii mon domaine Champenois un troupeau
de vaches Durham, lesquelles ne le cèdent à nul autre bétail, en bonne condition
426 CONCOURS RÉGIONAL DE TROYES.
d'embonpoint, en grand et symétrique développement rien qu'en paissant les her-
bages que j'ai réussi à créer autour de ma ferme. Mais, au moins, la nourriture
que je sers à mes animaux leur profite en lait et en viande, et ne se perd pas
dans les gouffres intestinaux des races Suisse et Normande sans profit ni pour les
animaux eux-mêmes, ni sunout pour féleveur champenois à qui on les offre
comme le nec plus ullra du progrès et de l'amélioration des races.
J'avoue que cette anomalie m'a causé un certain dépit, cette marche rétrograde,
dans mon opinion, ne convient ni à la grande société agricole dont il s'agit, ni
aux hommes ^i dévoués qui la dirigent. Ce qu'ils ont l'ait au concours de Troyes
est un anachronisme incompréhensible, et une anomalie aveugle et irréfléchie qui
détonne par son étrange inl'atuation. C'est la routine irrationnelle érigée an prin-
cipe et en enseignement. C'est l'ignorance de la masse flattée, caressée et encou-
ragée par ceux qui devraient au contraire la combattre comme un mal déplorable,
une aberration defesprit, une contorsion de tendance que les hommes éclairés de-
vraient s'attacher à rectifier.
Je demande pardon à mes lecteurs de cette digression, mais j'avais cela sur le
cœur et j'ai tenu à me débarrasser du fardeau sans avoir, je l'espère, froissé en
quoique ce soit, ceux qui pourront s'appliquer mes observations, mais, à qui, je dois
le dire, en toute franchise, elles sont respectueusement destinées.
Comme ensemble le concours de Troyes était inférieur à celui de Bourg. Les
classes d'animaux étaient bien moins remplies et partant les prix moins disputés.
La race Durhamne comptait que 30 animaux exposés, et les croisements Durhams
10 seulement. Le nombre déjà si restreint des exposants de Durhams dans notre
région du nord-est était encore amoindri par l'abstention de M. Lamiable dont les
animaux déclarés et même inscrits sur le catalogue n'ont pu être envoyés par
suite d'une épizootie dangereuse. C'est un accident bien regrettable, car ôtez
M. Lamiable de la série si réduite des exposants de la race Durham; on arrive à
un nombre insignifiant d'éleveurs et la lutte est sans éclat, sans intérêt. Le con-
cours s'en trouve aussi fortement atteint dans son importance, car oa peut dire que
retable de Durhams de M. Lamiable est une des meilleures de France, et un vé-
ritable honneur pour ia région.
M. Huot, l'un des plus persévérants éleveurs de Durham que nous ayons, était
chez lui, son exposition était superbe et complète. Il a m s à profit cette circon-
stance favorable de la proximité presque immédiate de son étabhssement d'élevage
pour envoyer au concours de magnifiques animaux dans toutes les catégories.
Aussi, c'est lui qui a remporté tous les premiers prix à l'exception d'un seul qui
s'est trouvé adjugé à M. le marquis de Montmort. Du reste, la lutte comme je
l'ai observé plus haut, était singulièrement circonscrite. La série des exposants est
toujours la même, M. Huot, M. Lamiable, le marquis de Monmort, M, de Fon-
tenay. Voilà les seuls éleveurs de Durhams exposants, que je connaisse. Car
n'exposant jamais moi-même, si je compte parmi les éleveurs, je ne suis rien au
point de vue des concours. Les quelques autres éleveurs qui honorent nos expo-
sitions du Nord-Est de leur concurrence, appartiennent à d'autres régions, tels
sont MM. Lacour de Saint-Fargeau (Yonne), et Massé du Cher. Néanmoins je
remarque avec plaisir un nouveau nom parmi les éleveurs de Durham de la région.
C'est M. de Fontenay deFouchères, Aube, dont je n'avais point encore remarqué
le nom. C'est une nouvelle et importante recrue dont il faut se féliciter. Seulement
le nom d'un de nos exposants d'Èpinal M. Lamy a disparu de la liste, de sorte
qu'il y a là une malheureuse compensation.
La pierre angulaire de l'élevage des Durhams dans la région du Nord-Est est
toujours le sympathique M, Huot qu'il convient de fortement et cordialement féli-
citer des grands succès que sa belle exposition lui a valus. Ce qui ajoute à son
mérite d'éleveur de Durham, c'est le courage et la persévérance avec lesquels il
poursuit son (cuvre uans une région, non seulement antipathique, mais positive-
ment hostile à cette race essentiellement cosmopolite hors de laquelle il ne saurait
y avoir ni progrès, ni même un avantage quelconque dans une région où il n'existe
pas même une race locale ayant la raison d'existence, à 1 exception peut-être de
cette race vosgienne dont je vais parler tout à l'heure.
Il faut vraiment un grand courage et une conviction bien profonde pour s'adonner
à l'élevage du Durham et y persévérer, dans un pays où les grands propriétaires,
les hommes les plus instruits et les plus dévoués aux progrès agricoles, les mem-
bres dirigeants les plus influents des sociétés et Comices agricoles, ces sociétés
elles-mêmes dans leur ensemble sont aveuglement et, dans certains cas, passio-
CONCOURS RÉGIONAL DE TROYES. 427
nément hostiles à la race Durhatn, — dans un pays où il n'existe aucune race
déterminée, où la race Vosgienne seule semble avoir un habitat, et où cette race
locale, avec tous ses défauts, semble avoir des partisans fanatiques. Honneur donc
à M. Huot et à ses vaillants émules du Nord-Est! Leur phalange est peu nom-
breuse, on les compte sur les doigts d'une main, mais ils tiennent haut et ferme
le drapeau du progrès agricole, à l'encontre de toutes les institutions et de la
plupart des hommes qui prêchent le progrès à leur manière, et selon leurs idées
étroites et routinières, guident l'agriculture en arrière, en partageant et en encou-
rageanl les préjugés de ceux qu'ils ont mission d'éclairer, — Tout cela est bien
lamentable, d'autant plus que tous ces hommes honorables sont droits, loyaux et
consciencieux. Voilà ce qui me désespère le plus, et c'est cette malheureuse cir-
constance qui justement rehausse le mérite de ceux qui comme M. Huot, M. La-
miable, le marquis de Montmort et quelques autres, ont le courage de lutter
contre cet aveuglement et continuent, quand même, à combattre le bon combat.
Des autres races, il y avait au concours de Troyes, un nombre respectable de
bons sujets; mais avant d'entamer cette partie de mon travail, je tiens à donner
un bon témoignage à M. Gouldcn, de Gharpentry (Meuse), qui remporte le prix des
croisés Durham dans la l''" section et le 2'' dans la troisième. Ces deux produits
de croisement avec le sang Durham sont bien réussis, et doivent en encourager la
continuation. Ce sont ces beaux et heureux exemples qui finiront par apporter la
conviction dans les esprits récalcitrants et la lumière chez ceux qui ayant des yeux,
ne veulent pas voir. Mes sincères comphments à M. Broquet, de Void (Meuse),
pour les beaux spécimens du même croisement qu'il nous a montrés, ainsi
qu'à M. le marquis de Montmort et à M. Fontenay pour leurs génisses croisées
Durham.
La race Normande exposait 7 mâles en deux sections et 16 femelles en trois
sections. Il y avait là de beaux animaux surtout parmi les femelles dont quelques
unes manifestaient d'asstiz bonnes qualités laitières. Je citerai parmi les meilleurs
animaux de cette race, ceux exposés par M. Guénin-Meclin de Troyes, M. Broquet
de la Meuse, et M. Namur-Daire, de Gourg (Ardennes), ces animaux, à grandes
et vastes panses, d'autres traits caractéristiques de la race, plus ou moins recom-
mandables en étaient, sans contredit, de beaux spécimens et ont bien mérité les
récompenses que le jury leur a données.
Voici maintenant cette race Vosgienne que mes critiques d'antan ont eu le pri-
vilège de rendre célèbre par les réclamations publiées et surtout tacites que j'ai
eu l'honneur de soulever.
Il faut constater d'abord que le nombre des animaux mâles et femelles de cette
race exposés au concours de Troyes était peu considérable.
Les deux sections des mâles, pour chacune desquelles deux prix étaient offerts,
ne contenaient que deux concurrents par section ; ces quatre taureaux, bien
inférieurs comme conformation et comme qualité de chair et de peau, à quelques-
unes des femelles se sont fraternellement partagé ces k prix. Le jury n'a eu qu'à
déterminer dans chaque canton entre le l'"" et le 2'' prix. Quant aux femelles, la
1'''^ section, comprenant les génisses de 1 à 2 ans, ne comptait non plus que deux
concurrentes dont l'une naturellement a eu le l'^"' et l'autre le 2'' prix. La 2'' sec-
tion à laquelle deux prix étaient offerts n'avait qu'un seul concurrent, de sorte
qu'on n'a pu attribuer qu'un seul prix, le P"" naturellement; le second a été donné
au n" 97, vache inscrite dans la 3" section. La 3'' section comprenant les vaches
de plus de 3 ans avait 4 concurrentes pour deux prix, de sorte que voilà 10 animaux
sur 12 exposés, quionteu la chance de le partager plus de 2000 francs déprimes
sans compter les médailles ; c'est à peu près ce qu'elles valaient en foire.
Franchement, M. Ferry Hercule, je respecte votre enthousiasme, mais je ne le
partage point.
Les catégories des^ vaches laitières comprenant les races Suisse et Hollandaise,
étaient fort remarquables ; je parle seulement des vaches, car les sections des
mâles étaient mal remplies quant au nombre et l'étaient encore plus mal quant an
mérite; sur 4 prix offerts deux n'ont pu être décernés, ce qui démontre l'opinion
défavorable que le jury en a conçue. Les vaches, je le repète, valaient mieux, ce
qui porterait à croire que les exposants n'étaient point éleveurs, et ils ont raison,
on achète les vaches laitières de cette catégorie, mais on se donne bien garde de
les élever, c'est ce qui explique la médiocrité des taureaux.
Le prix d'ensemble a été décerné à M. Guénin-Gauthrot et le 2" à M. Dupon-
Saviniat.
428 CONCOURS RÉGIONAL DK ÏROYES.
Le l" prix d'ensemble de la race Durham a été décerné à M. le marquis de
Monlmort.
L'exposition ovine se distinguait surtout par les magnifiques spécimens de la
race mérinos exhibés par M. Chevalier, un des meilleurs éleveurs au département
do la Marne, sinon le plus éminent et le plus illustre par ses succès. Après lui, il
faut placer, et je le fais avec plaisir, M. Goulden, dont j'ai déjà fait l'éloge, à
propos de ses croisements durhams. Les mérinos de M. Chevalier, dont j'ai exa-
miné l'ensemble avec une attention toute particulière, m'ont paru légèrement mé-
tisés avec le dishley. Cette infusion récente ou ancienne, est assez manifeste
pour ne pas échapper à un œil exercé. Ce n'est point un reproche ([ue je leur fais,
au contraire. Cette infusion de sang anglais a été faite avec tant d'habileté, tant de
mesure et un si grand jugement, que l'effet produit est un véritable triomphe
pour l'habile éleveur qui l'a imaginé et accompli. C'est là une véritable améliora-
tion qui, sans rien changer au caractère du mouton mérinos, qui conserve toute
la pureté et toutes les qualités y adhérentes, et qui néanmoins a acquis plus
d'ampleur, plus de symétrie et un développement plus précoce ; c'est donc avec
justice que tous les premiers prix ont été donnés à M. Chevalier.
Parmi les représentants des races étrangères, notre concours de Troyes a été
honoré d'un contingent magnifique du troupeau d'Ouzouer-les-Champs, M. Nouette-
Delonne a droit à un remerciement pour l'éclat qu'il a bien voulu donner au con-
cours de la région du Nord-Est. Il en a du reste été récompensé par les premiers
prix qui lui ont été décernés. M. Huot, aussi heureux pour son exposition ovine
que pour les durhams, remporte les premiers prix dans les sections de croisements
divers.
Les porcs n'étaient pîs nombreux, et la chaleur tropicale qui régnait le jour
de la réception des animaux a eu pour effet d'éliminer plusieurs sujets trop bien
préparés, qu'on a dû emporter à la voirie. Un nouveau venu dans les concours,
M. Guérault-Godard, de Fère-Champenoise, remporte le premier prix des femelles
de la grande race blanche du Yorksi.ire, et le prix d'ensemble pour son exposition.
Je ne dirai rien des machines, sinon qu'elles avaient outrepassé les limites de
contenance de l'enceinte du concours. L'espace qui leur était destiné était telle-
ment restreint, qu'un grand nombre d'instruments avaient été relégués derrière
les box des animaux, et fourrés dans des coins inaccessibles. En fait de nouveau-
tés, j'ai remarqué un semoir muni d'un gouvernail à levier, que l'homme, placé
en arrière pour veiller à la marche régulière des cuillères et des coutres-distribu-
teurs, peut manœuvrer, ce qui épargne un ouvrier. L'idée est bonne, mais est-
elle pratique?
Il y avait à Troyes la même concurrence d'exhibitions locales séparées, les-
quelles font un si grand tort à l'exposition agricole proprement dite. L'exposition
chevaline était aussi placée fort loin, et faisait bande à part, de telle sorte qu'il
fallait payer de nouveau partout ; ceci est un grave inconvénient pour le public et
surtout pour les exposants. Ceux-ci ont fait entendre des plaintes bien fondées. Il
y a là, évidemment, un abus qui devient intolérable, auquel il importe de porter
remède.
Voici la liste complète des récompenses :
Prix culturaux.
1"= Catégorie. — Non décerné.
2= Catégorie. — Fermiers à prix d'argent ; culli valeurs, propriétaires, tenant à ferme une partie
de leurs terres en culture; métayers isolés cultivant des domaines au-dessus de 20 hectares. Un
objet d'art et 2,000 francs, à M. Edmond Dupont-Saviniat, à Brantigny, commune et canton de
Piney.
3° et 4"= Catégories. — Non décernés.
Médaille d'or (grand module}, M. Onésime Lécuyer, à Champigny, canton d'Arcis-sur-Aube.
— 3/édai7ies d'or, MM. de Carpentier, au. Clos-Barrey, commune de Dosnon, canton d'Arcis-sur-
Aube; Guenin-Gaulrot, à Troyes ; Anatole Moral, à Longchamp, canton de Bar-sur-Aube. —
Médaille d'argent (grand module), M. Cuisin, à Cosdon. communes de Champlain et d'Auxon, can-
ton d'Ervy. — Médaille d'argent, M. Chuchu, à Vilmorien, canton de Bar-sûr-Seine.
Prime d'honneur, une coupe d'argent, M. Edmond Dupont-Saviniat.
Médaille d'or spéciale, M. Marcel Dupont, professeur d'agriculture du département de l'Aube,
Concours d'irrigation de l'Aube.
1" Catégorie. — Propriétés contenant plus de 6 hectares de terres arrosées. — V prix, médaille
d'or au syndicat de MM. Frotin et Cie, à Crancey , canton de Romilly ; 2% médaille d'argent (grand
module). M. ïhéobald Gouthière, àDolancour, canton de Vandeuvre.
Récompenses aux agents du domaine qui a obtenu la prime d'honneur. — Médailles d'argent,
MM. Eugène Bazin, charretier; Victor Beck, charretier. — Médailles de bronze, MM. Napoléon
Gavorbe, berger ; Jean Zurbriick, vacher; Mme Lise Lallemand, Vve Laurent, femme de basse-
CONCOURS RÉGIONAL DE TROYES. 429
cour. — 40 francs, MM. Isidore Brigandat, charretier; Adolphe Payot, charrctie"; Victor Géris,
laboureur; Marie Giiyot, laboureur; Von Ganel, vacher. — 25 francs, Mines Marie Bazin, femme de
basse-cour; Marie-Anne Armand, tille de basse-cour ; Léontine Nolez, fille de basse-cour.
Animaux reproducteurs. — Espèce bovine.
1"" Catégorie. —Race Durhani. — Mâles — 1'" Section. — Animaux de 6 mois à 1 an. — Prix
unique, M. lluot, à Sainl-.lulica (Aube). — Prix supplémentaire, M. le marf(uis do Montmort, à
Montmort (Marne). — '2" Section. — Animaux de 1 à 2 ans. — 1'''' prix, M. Huot, 2% M. Lacour,
à Saint-Fargeau (Yonne). — 3" Section. — Animaux de 2 à 4 ans. — l" prix, M. Huot;
2°, M. de Fontenay, à Fouclières (Aube). — Prix supplémentaires, M.M. Lacour; le marquis de
Montmort. — Femelles. — f" Section. — Génisses de 6 mois à 1 an. — Prix unique M. Huot. —
Prix supplémentaire, M. Lacour. — Mention honorable, M. Huot. — 2' Section. — Génisses de
1 à 2 ans. — l'"' |)rix. M. Huot; 2', M. le marquis de Montmort. — 3° Section — Génisses de
2 à 3 ans pleines ou à lait. — 1" prix, M. le marquis de Montmort; 2", M. Huot. — 4* Section. —
Vaches de plus de 3 ans pleines ou à la. t. — 1" prix, M. Huot; 2% M. Massé, à Germigny (Cher) ;
3', M. Lacouv.
2° Catégorie. — Croisements durhams. — Mâles. — 1" Section. — Animaux de 1 à 2 ans. — Prix
unique, M. Goiilden,à Charpentry (Meuse). — 2° Section. — Animaux de 2 à 3 ans. — Prix unique,
non décerné. — Femelles. — l''" Section. — Génisses de 1 à 2 ans. — 1" prix, M. Victor Broquet,
à Void. — 2" Section. — Génisses de 2 à 3 ans pleines ou .' lait. — P' prix, M. le marquis de
Montmort ; 2", M. de Fontenay.- — 3" Section. — Vaches de plus de 3 ans, pleines ou à lait. —
l" prix, M. Broquet; 2-, M. Goulden.
Prix d'ensemble dfs 1" et 2" catégories, un objet d'art, à M. le marquis de Montmort.
3' Catégorie. — Races laitières françaises, à l'exclusion des races ayant une catégorie spéciale.
— V" Sous-Catégorie. — Race normande. — Mâles. — 1"- Section. — Animaux de I à 2 ans. —
Prix unique, M. Broquet. — 2' Section. — Animaux de 2 à 3 ans. — l" prix, M. Namur-Daire, à
Coucy (Ardennes); 2% M. Parigot, à Saint-Lyé (Aube). — Femelles. — 1" Section. — Génisses de
1 à 2 ans. — 1" prix, non décerné; 2", M. Dapont-Saviniat. — 2* Section. — Génisses de 2 à 3 ans,
pleines ou à lait. — I" prix, M. Guénin-Méchin, à Tri.yes (Aube); 2°, M. Guénin-Gauthrot, à
Troyes (Aube). — 3° Section. — Vaches déplus d&3 ans, pleines ou à lait. — 1'='^ prix, M. Guénin-
Méchin ; 2', M. Namur-Daire; 3', M. Guénin-Gauthrot. — 2"' Sous-Catégorie. — Race vosgienne.
— Mâles. — 1" Section. — Animaux de 1 à 2 ans. — 1" prix, M. Didelot, à Hurbache (Vosges) ;
2% M. Didier, à Raon-l'Etape (v'osges). — 2° Section. — Animaux de 2 à 4 ans. — 1" prix,
M. Didier; 2", M. Grandrupl,à Laneuville (Vosges). — Femelles. — T' Section. — Génisses de
1 à 2 ans. — 1" prix, M. Didier ; 2% M. Grandrupt. — 2' Section. — Génisses de 2 à 3 ans, pleines
ou â lait. — 1" prix, M. Laveuve, à Laneuville (Vosges) ; 2% M. Biaise, à Saint Michel (Vosges). —
3* Section — Vaches de plus de 3 ans, pleines ou à lait. — 1" prix, M. Didelot; 2", M Didier. —
'i' Sous-Ca'égorie. — Races laitières françaises non dénommées ci-dessus. — Mâles. — l"-* Section.
— Animaux de 1 à 2 ans. — 1<"' prix, M. George, à Mirecourt (Vosges). — 2" Section. — Animaux
de 2 à 4 ans. ~ l**^ prix, non décerné; 2°, M. (Camille Broquet à Void (Meuse). — Femelles. —
1" Section. — Génisses de 1 à 2 ans. — 1" prix, M. Duponl-Saviniat ; 2", M. Hurlin, à Epernay
(Marne). — 2" Section. — Génisses de 2 à 3 ans, pleines ou à lait. — 1" prix, M. Dupont-Saviniat ;
2', MM. Lagèze et Nouvion,à Béthenille (Marne). — 3' Section. — Vaches de plus de 3 ans, pleines
ou à lait. — 1" prix, M. Gamichon, à Pouan (Aube) ; 2", M. Chémery, à Moiremont (Marne).
4" Catégorie. — Races laitières étrangères à l'exclusion des races ayant une catégorie spéciale.
— l" Sous-Catégorie. — Races des pays de montagnes. — 1° Races de grande taille (Bernoise ou
Fribourgeoise et analogues). — Mâles. — 1"^ Section. — Animaux de 1 à 2 ans. — Prix unique,
M. Chémery. — 2' Section. — Animaux de 2 à 3 ans. — Prix unique, M. Dupont-Saviniat. —
Femelles. — 1" Section. — Génisses de 1 à 2 ans. — Prix unique, M. Dupont-Saviniat. — 2" Section.
— Génisses de 2 à 3 ans, pleines ou à lait. — Prix unique, M. Duponl-Saviniat. — 3' Section. —
Vaches de plus de 3 ans, pleines ou à lait. — Piix unique, M. Dupont-Saviniat.
2°, races de moyenne et de petite taille (Schwitz. Appenzel et autres analogues). — Mâles. —
P" Section. — Animaux de 1 à 2 ans. — 1" prix, M. Léon Japiot, à Châtillon-sur-Seine (Cùte-
d'Or) ; 2-, M. Herment-Bidaut, à Jussécourt-Minecourt (Marne); 'i% M. Victor Broijuet, à Void
(Marne). — Prix supplémentaire, M. Hurlin. — 2" Section. — Animaux de 2 â 3 ans. — 1" prix,
M. Crossette, à Vendeuvre (Aube); 2*, M. Hurlin. — Prix supplémentaire, MM. Herment-Bidaut;
Léon Japiot; rappel de 2" prix, M. Minangoin, à Esnon (Yonne). — Femelles. — P" Section. —
Génisses de 1 à 2 ans. — p'' prix, M. Gamonin, à Lavallée (Meuse) ; 2% Mme veuve Lebel et son
fils, à Darmannes (Haute-Saône). — Prix supplémentaire, M*. Crossette. — 2" Section. — Génisses
de 2 à 3 ans, pleines ou à lait. — 1"^ prix, M. Herment-Bidaut ; 2% M. Graber, à Cuthenans
(Haute-Saône). — 3" Section. — Vaches de plus de 3 ans, pleines ou à lait. — p" prix, M. Graber,
2", M. Herment-Bidaut. — 2" Sous-Catégorie. — Races des pays de plaines (lace Hollan-
daise et analogues). — Mâles. — 1" Section. — Animaux de 1 à 2 ans. — - Prix unique,
M. Namure-Daire. — 2° Section. — Animaux de 2 à 3 ans. — ]"' prix, M. Hyacinthe Loumaye,
à Vaux-Champagne (.Vrdennes) ; 2", M. Graber. — Femelles. — 1"= Section. — Génisses de 1 an à
2 ans. — l" prix, M. Namur-Daire; 2% M. Petit, à Charbogne (Ardennes). — 2' Section. — Gé-
nisses de 2 à 3 ans, pleines ou à lait. — 1"" prix, M.M. Lagèze et Nouvion ; 2', M. Graber. — Prix
supplémentaire, M. Namur-Daire. — 3" Section — Vaches de plus de 3 ans, pleines ou à lait. —
l" prix, M. Namur-Daire; 2', M. Hurlin ; 3", M. Victor Broquet.
o" Catégorie. — Races françaises ou étrangères non comprises dans les catégories précédentes
et croisements divers. — Mâles. — P" Section. — Animaux de 1 an à 2 ans. — p-' prix, .M. Ballot,
à Taissy (Marne); 2% B. Victor Broquet. — 2° Section. — Animaux de 2 à 3 ans. — i" prix,
M. Victor Broquet; 2', M. Hurlin. — Femelles. — l" Section. — Génisses de 1 à 2 ans. — l"'' prix,
M. Ballot ; 2*, M. Crossette. — 2' Section. — Génisses de 2 à 3 ans, pleines ou à lait. — \"^ prix,
M. Perdrix; 2°, M. Gamichon. — 3° Section. — Vaches de plus de 3 ans, pleines ou à lait.
— 1" prix, M. Bourgeat, à Villemorin (Aub3); 2", M. Perdrix; 3% M. Guénin-Méchin ; 4^
M. Chémery.
Prix d'ensemble des 3% 4° et 5" catégories, un objet d'art à M. Dupont-Saviniat. — Bandes de
vaches laitières (en lait). — 1" prix, .M. Guénin-Gauthrot; 2"j M. Dupont-Saviniat.
Espèce ovine.
l" Catégorie. -^^ Mérinos et métis-mérinos. — V* S:ciijii. — Animaux âgés de 18 mois au
430 CONCOURS REGIONAL DE TROYES
plus. — Mules. — 1°'' prix, M. Chevalier, à Branx-Saînte-Cohière (Marne) ; 2% M. Goulden, à Char-
penlry (Meuse) ; 3", M. Aiiblin, à Saiate-Vauboars (Aniennes). — Mention honorable, M. Chevalier.
Femelles. — P' prix, M. Chevalier; 2% M. Alfred Loumaye à Vaux-Champagne (Ardennes) ; 3",
M. Petit, à Carhoi^ne (Ardennes). — Mention honorable, M. Goulden. — 2" Sfction. — Mâles. —
Animaux'àgés de plus de 18 mois. — 1" prix, M. Chevalier; 2'', M. Goulden; 3°, M. Alfred Loiimaye.
— Mention honorable, M. Petit. — Femelles. — ]"■■ prix, M. Chevalier; 2", M. Bourgeat; 3",
M. Goulden. — Mentions honorables, MM. Petit; Alfred Loumaye.
2" Calégorie. — Uaces fiançaises diverses (ardennaise et analogues). — Mâles. — l'''' prix,
M. Saviniîit, à Villemîiir (Aube) ; 2", M. I.esigne, à Bourbonne (Haute-Marne). — Mention, hono'-
rable, M. Saviniat. — Femelles. — 1" prix, M. Saviniat ; 2% M. Lesigne.
3" Catégorie. — Races étrangères à laine longue (dishleyouleicester, hollandaise ou analogues. —
Mâ'es. — 1" prix, M. Dupont-Saviniat; 2", M. Massé, à Germigny (Cher) . — Mention honorable,
M. Georges Béglet, à Trappes (Seine-et-Oise). — Femelles. — 1" prix, M. Massé ; 2", M. DupoQt-
SaviniaL — Mention honorable, M. Georges Béclet.
4" Caléfjnrie. — Races étraiv.^ères à laine courte (soulhdown, shropshire et analogues). — Mâles.
\" prix. M. Nouette-Delorme, à Ou/'.ouer-des-Champs (Loiret); 2% M. Louis Colas, à Serracise
(Nièvre). — Menl'ion honorable, M. Silmont-Ruotîe, à Magny-Foucliard (Aube), — Femelles. — l"''
prix, M. Xouette-Delorme ; 2'-, M Louis Colas. — Mention honorable, M. Namur-Daire.
h' Catégorie . — Croisements divers. — Mâles. — Rappel de 1'"' prix, M. Huot ; l""' prix, M Huot;
2% M. Dupont-.Saviniat; 3*^ M. Lesigne. — l"prix, M. Huot; 2% M. Dupont-Saviniat; 3°, M. Na-
mur-Daire.
Prix d'ensemble, un objet d'art à M. Chevalier.
Espèce porcine.
1"^ Catégorie. — Races indigènes pures ou croisées entre elles. — Mâles. — l'^'prix. M. Jouglar.
à Chaource (Aube) ; rappel de 2° prix, M. .Magniez-Mathiot, à Thil (Aube) ; 2% M. Mory, à Courcelles-
V9l-d"Esnoms (Haute-Marne). — Femelles. — 1°"' prix, M. Villaumey, à Bréviandes (Aube): 2",
M. Mory; 3". M. Barroy, à Vilry-l?-Croisé (Aube). — Mention honorable, M. Magniez-Malhiot.
2° Catégorie. — Races étrangères pures ou croisées entre elles. — Mâles., — 1'"" prix, M. Victor
Broqnet, à Void (Meuse) ; 2% M. Perrin, à Bazoches (S>itie-et-Oise; 3", .M. Duthu, à Nancy (Meurthe-
et-Moselle); 4", M. Lamblin, à Chàtillon-sur-Seine (Côte-d'Dr). — ^Mention honorable, M. Guèrault-
Godard, à Féré-Champenoise (Marne). — Femeiles. — I" prix, M. Guerault-Godard ; 2" M. Lam-
blin ; 3" , M. Perrin; 4", Mme veuve Lebel et son fils, à Darnaannes (Haute-Marne). — Mentions
honorables, MM. Victor Broquet. le marquis de Montmort, à Montmort (Marns).
3° Catégorie. — Croisements divers entre races étrangères et races françaises. — Mâles. — l"''
prix, M. Victor Bro[uei ; 2% M. MigniezMathiot. — Femelles — l'-'prix, M. Victor Broquet; 2°,
M. GuérauU-Godai-d, 3=, M Martin fils, à Vélaine-sous-Amance (Meurthe-et-Moselle).
Prix (Tensemble, an objet d'art à M. Gnérault-Godard.
Animaux de basse-cour
r° Catégorie. — Coqs et poules. — 1'" Section. — Race de crèvecœur. — l'*prix, M. Verdin. à
Troyes (Aube) ; 2", M. Pett,àTroyes (Aube). — 2^^ Section.. — Race de la Bresse. ■«- l"'' prix, non
décerné; 2% M. Guillot. à Saint-Amand-sur-Fion (Marne). — 3" Seciion. — Race d-' Houdan. —
l"" prix, M. Petit; 2'', M, Verdin. — 4= Section. — Race Lorraine». — l'^'' prix, U. GuLllot. —
a" S'iétion. — Races françaises diverses. — l"' prix, M. Petit; 2*, M. Verdin; 3°, M. Aubrat, à
Troyes (Aube). — 6" Section. — R ices étrangères diverses. — l" prix, M. Verdin ; 2% M, Petit.
2° Catégorie. — Dindons. — l'"' prix, M. Gamichon, à Pouan (Aube).
3^' Catégorie. — Oies. — 1" prix , M. Sohentzlé, à Lusigny (Aube) ; 2° Gamichon.
4" Catégorie. —Canards. — l""' prix, M. Verdin; 2', M. Guillot; 3% M. Chémery, à Moire-
mont (Marne).
5" Catégorie. — Pintades. — l'^'' prix., M. GuiUot. ; 2^ M. Verdin.
6" Catégorie. — Pigeons. — l" prix, M. Cabaret, à Troyeg (Aube).
'" Catégorie. — Lapins et léporides. — l""" prix, M. ViLiaumey ; 2°, M. Schentzlé.
Prix d'tnsemhle, un objet d'art à M. Verdin.
Serviteurs primés employés chez les lauréats récompensés pour les bons soins donnés aux
animaux primés. — Médailles d'argent, MM. Fraiicart, berger chez M. Chevalier; Vincent, berger,
chez M. le marquis de Montmort ; Zurbruck, bouvier chez M. Dupont-Saviniat ; Thîodule Morlet.
porcher chez M. Gueraull-Godard ; Mme Clémentine Hérit, vachère chez M. Guenin-Oauthrot.
Médailles de bronze, M.M. Alexandre GatoaiUat, v.ncher chez M. Huot; Millart, vacher chez
M. Namur-Daire ;' Klein, bouvier chez M. Victor Broquet; Arthur Rousselle, bouvier chez
M. Ballot : Jules Poirot, vacher ch'ez M. Didier ; Jean (rraf, vacher chez M. Graber ; Edmond
Poirsnn, vacher chez M. Perdrix ; Mme .Marie Thomas, vachère chez .M. Chémery.
Jiécoiripcnses accordées aux conducteurs de machines, contre maîtres et ouvriers des con-
structeurs.— Médailli's d'argent^ 'M. Je u-B3p\i:-te i3roqiin, conducteur dans les ateliers de la
Société Française de Vierzon ; Désiré Leclerc, chez MM. Decker et Mot, contre maître-mécanicien,
Paris; Legeay. monteur chez M. Ci;raming, Orléans : Jules Serein, contre maître cliezM. Pilter,
Théodore Millot, chez M. Paulvé. Troyes; Albert Parlot, contre maître chez M. Marot, Niort. —
MédailU's de bronze, MM. JuIls Vallin, chez M. Merlin, Vierzon ; Jean Decouleur, contre maître
chez M. Mabille. Reims; Henri Bezault, conducteur chez M. Bertin, Montereau-sur-Mame ;
Doultez chez M. Harier, Colombey ; Adolphe Leleu, contre maître chez M. Gour^^uillon, Vitry-le-
Fraiiçois ; Ar.-ène PioUé, chez M. Voitellier ; Uestermann, ajusteur chez M. Tixeranl, Troyes;
André Chevrol .t. chef d équipe chez M. Millot, Gray ; Félix Ciavaux, maître ouvrier chez M. Ma-
réchaux, Montmoidi n; Ledoux, conducteur chez M. Brouhot, Vierzon; Pierre Luriet, conducteur
chez M. Breloux, Nevers.
Produits agricoles et matières utiles à l'agriculture. — Concours spéciaux.
]'" Cat''gorie. — Pommes de terre de grande cuit ire. — 1" prix, médaille d'or. M- Genay,
à Be!levue-i hanteheiiX (.Meurthe-et-Moselle) ; 2% médaille d'argent, M. Camonin. à Laval'lée (Meuse) ;
3% médai lede bronze, M. de Mauroy, à Saint-Germain (Aube).
2" Catégorie. — Fromages à liâtes molles. — l" prix, médaille d'or, M, Ripert,. à Vignory
(Haute-Marne); 2°, médaille d'ar.'ent (grand module), MM. Gustave et Albert Lecomte, à
Thiéfosse (Vosges); 3°, médaille d"a'-gi;nt. M. Boulet, à Sorcy (Meuse); 4', médaille de bronze,
MM. Chàlelain-Dufour et Cie, à Férebrianges (Marne).
CONOOURS RÉGIONAL DE TROYES. 431
3" Catégorie. — Beurres Trais. — 1"' prix, médaille d'or, M. Dupont-Saviniat ; "1% médaille
d'argent (t-'raiid module), M. Genay ; 'S", médaille d'argent, M. Gotdn, à Lusigny (Aube); 4",
médaille do bronze, M. Antoine , à Laneuville (Mearthe-ct-iW'is lie).
4" Catégorie. — Vins bhncsde la région. — l"' piix, non décerné ; 2% médaille d'argent (grand
module), M. Verry, aux Ixiceys (Aube) ; ;5", médaille d'argent, M. Houzelot, à Bouilly (Aube);
4'", médaille de bronze, M. Prévost, à Aillevillc (Aube).
5° Catégorie -^ Vins routes de la région. — ]"'■ prix, non décerné; 2", médaille d'argent (grand
module), à l'exposition collective de Bouilly et Souligny (A'jbe) ; 3'', méda'Ue d'argent, M. Duchesne-
Robillard, à Bar-sur-Aube (Aube); 4", médaille de bronze, M. Verry; 5' médaille de bronze,
M. Doué, a Saint-Germain (Aube)i
6° Cutégurie. — Produits boiticolps. — P' prix, médaille d'or, M. Valade-Moyual et ses fils, à
Nogent-sur-Sein" (Aube) ; 2% médaille d'argent (gnuui modul(>), M. Blnndel-Deck, àTroyes (Aube).
3", médaille d'argent, MM. Ponce pèie tl lils, à N gent-sur-Sein« (Aube).
7" Catégorif. — Expositions scolaires. — 1'" Section. — Matériel d'-enseignem'înt agricole. —
Collections, etc. — 1"'' prix non décerné ; 2° médaille d'argent (grand module) , M. Duru, à Bordeaux
(Gironde) ; 3°, médaille d'argent, M. Ilarjot, :\ Méi'y-sur-Seiiie (Aube). — T Section. — Ti'avaux
spéciaux et objets d'ensei nement agricole présentés par les professeurs, instituteurs et élèves des
écoles primaires. — 1" prix, non décerné ; 2% médaille d'argent (grand module), M. Henry, insti-
tuteur à l'iivot (Marne) ; 3°, médaille d'argent, M. Gamiolmn, insiituteur à Vdlacerf (Aube) ; 4",
médaille de bronze, M. Emile Doyen, à Méiiil-la-Horgnc (Meuse).
8" Catégorie. — Expositions collectives faites par des administrations publiques, les Sociétés et
Comices agricoles et hortico es. — Médaille d'or au Comice agricole départemental de lAube;
Médaille d'or h la Société horticole, vigneronne et forestière de l'Aube. — Médaille d'argent au
Comice agricole de Remireniont (Vosges).
P'' Catégorie. — Produits divers non compris dans les catégories précédentes. — Médailles d'or,
MM. Ballet frères, à Troyes (Aube) ; Petit de Bantel, à Mussy-sur--eine (Aube) ; Poirson, à Bar-le-
Duc (Meuse) : Goilden, à Charpenlry (Meuse) ; Arlatte et (lie, à Chambrai (Nord) ; Siviniat, à Vil-
lemaur (Aube) ; De Mauroy, à Saint-Germain (Aube). — Médailles d argent, MM. Camonin, à
Lavallte (Meuse) : Veuve . Gravet et Druy, à Langres (Haute-Marne) : Hyacinthe Chaillot,
aux Grardes-r.hapelles ; Moreaux-Guillaume, à Premierfait (Aube) : Krick, à B.ir-le-l)ue (Meuse);
Gamiclion-Guiilaume, à l'ouan (Aube). — MM. BoU, à Paris ; Fabre, à AaberviUiers (-^eine) ;
Huguier-Truelle, à Troyes (Aube); Stadler-Goiffon, à Troyes (Aubt); Kenaut, à Chaumont (Haute-
Marne) ; Mugnier, à Dijon (Côte-d'Or) ; Brunet à Sainte-Savine (Aube) ; Cornuelle, à Sainte-Savine
(Aube) ; Moret, à Pans; Guenin-Gauthrot, à Troyes (Aube): Saintou-Guicliard, à Rhèges (Aube) ;
Gérard, à Rosnay-l'Hôpital (Aube) ; Célestin Henry, à Tnil (Aube) ; Aimé Chauffeur, à Mareuil-sur-
Ay (Marne) ; Regnault, à Dijon (Côte-d'Or) ; Vaillier-Primard, k Tro\es (Aube).
F.-R. DE LA TrÊHONNAIS.
MÉTÉOROLOGIE DU MOIS DE MAI 1883
Yoici le résumé des observations météorologiques du moi de mai
1883 au parc de Saiut-Maur :
Moyenne baromélrique à midi, 756"'". 60. Minimum 744™'". 03, le 9 à 9 heures
du matin. Maximum 764'""\60, le 17 à 11 heures du soir.
Moyennes therm orné triques : des miniina diurnes 7 ".68; des maxima diurnes
20". 42; du mois 14". 05; vraie des 24 heures, 13°. 81. Minimum û°.b, le 3; maxi-
mum 280.9 le 25.
Humidité relative : moyenne, 68; la moindre, 26, les 22 et 23; la plus grande,
lOO en 3 jours.
Tension de la vapeur : moyenne 7'^'. 81 ; la moindre 3"'"^. 2 le 3 ; la plus grande
13""^'. 5, le 26.
Température moijpime de II Marne, 15". 89. Sa température s'est élevée presque
constamment de 12". 7 le 1'"", à 19°, 66 le 31; son niveau s'est abaissé de û'".03
le 4, à 2°'. 46 le 31.
Pluie : O-^.uS? en 36 heures réparties en 11 jours dont 8 consécutifs, du 5 au
12, et 2 jours d'orage les 25 et 26; une dernière pluie qui n'a donné qu'un demi-
millimètre d'eau est tombée le 30.
ha. nébulosité moyenne a. été kQ.
Il y a eu un seul jour de gelée blanche le 3; 4 jours de brouillard peu intense;
un peu de grêle, les 1 1 et 2 ; 3 jours d'oi-age, les 5, 25 et 26. Vents dominants, du
N.-O. au N.-E., puis du S.-O. à l'â-S.-O. ; presque toujours faibles.
Relativement aux moyennes normales : pression barométrique peu
différente; température jjIus élevée de 0°.G; pluie moindre; temps
plus clair.
L'aubépine a commencé à fleurir, dans le terrain de l'observatoire,
le 14 mai; l'acacia le 23. On signale le manque de fruits aux envi-
rons de Paris/ excepté les pommes; aux environs de Vendôme
également. E. Renou,
Membre de la Société nalioaale d'agriculture.
432 PISCICULTURE. — PIERRE GARBONNIER.
PISCICULTURE — PIERRE GARBONNIER
Nicolet, Reray, Goste, de Tillancourt, Garbonnier, vous voilà donc
disparus, hommes d'initiation ! Noms synonymes de travail et d'hon-
neur, que ceux qui nous suivent doivent connaître, et que notre devoir
est de signaler dans le présent auK amis des choses utiles, parce qu'ils
sont et demeureront la base de ce grand et beau mouvement que nous
avons appelé l'origine de la pisciculture française, c'est-à-dire de la
pisciculture moderne.
Pourquoi a-t-il fallu qu'à cette trop longue énumération vienne
encore s'ajouter le dernier ! Tombé en pleine force au moment où, lui
aussi, nomme son prédécesseur; il allait, dans le bien être d'une posi-
tion si noblement acquise, jouir du fruit de ses travaux, et assister à
la réalisation de ses plus chères espérances.
Dans le numéro du Journal du '28 avril dernier, sous l'émotion qui
nous étreignait à la nouvelle si inattendue pour nous de la mort de
M. Garbonnier, nous avons pris l'engagement de dire à nos lecteurs
ce qu'était cet homme si modeste et si droit, ce vrai enfant du peuple
arrive à la fortune et à la gloire par l'énergie de sa volonté ; car celui
dont nous allons parler, avait débuté dans la vie par être ouvrier ferblan-
tier !... Quant la mort le surprit dans ce calme d'un intérieur heureux et
indépendant où rien ne manquait à son bonheur, sa joie, grande et
bien léwilime, était de mettre au-dessous du chevalier de la Légion
d'honneur son titre de pisciculteur.
Pierre Garbonnier naquit à Bergerac, en 1828, d'une famille de tra-
vailleurs dans laquelle il ne reçut qu'une fort incomplète instruction.
Il quitta à dix-sept ans sa ville natale pour Marseille, où il demeura
cinq ans, et y apprit son métier, vint se fixer à Paris, en 1855, comme
fabricant d'aquariums et de serres de salons.
Nous laisserons l'actif et honorable fabricant imiter son premier
patron, M. Godillot, au début duquel il nous fut aussi donné d'assis-
ter, parfois à notre grand regret; car l'installation de ses jeux et fêtes
forains, près de l'établisse i eut de pisciculture de M. de Gurzay, à
En^hien, nous causait en ces temps lointains de vives préoccupations
pour nos poissons.
Livrer aux curieux,, à leur oisiveté, ces petits et grands appareils
d'appartement, ne pouvait pas suffire à Pierre Garbonnier ; à un esprit
aussi actif et réfléchi, que lutile attirait, que le droit et le sérieux fas-
cinaient, n'oubliant jamais ceux de la vie desquels il avait vécu ; il
fallait mieux, d'autres horizons ! Que de fois ne l'entendions-nous pas
nous dire : la vie à bon marché pour le peuple, mais la voilà ; et quand
on le voudra et quand on le saura, la pisciculture sera un des premiers
termes de ce terrible problème que le présent doit à l'avenir, et qu'il
faudra bien résoudre !
De la fabrication des aquariums à la pisciculture, il n'y avait qu'un
pas qu'il franchit vile. Avec l'aisance arrivée, il lui consacra ses loi-
sirs, et en fit, avec le charme de cette vie toute faite d'activité et de
curiosité, l'objet de ses plus chères préoccupations.
M. Gaston ïissandier a publié sur cette période de ^a vie quelques
lignes si pleines de charme et de vérité que nous sommes heureux de
reproduire : .
PiSGIGULTURE. — PIERRE CARBONNIER. 433
Pierre Garbonnier. — Qui ne connaît à Paris l'établissement de pisciculture
fondé sur le quai du Louvre depuis près de trente ans, par le célèbre pisciculteur
Garbonnier? Qui n'a, en passant, admiré ces milliers de poissons de toute forme,
de toute provenance, que le maître surveillait, soij^nait et faisait reproduire dans
des aquariums admirablement disposes, tout rem[)lis d'herbes afpiatirjues, et où
l'eau se renouvelait sans cesse? La mort a récemment enlevé à la science et à ses
travaux Pierre Garbonnier, qui était un naturaliste zélé, un savant laborieux et un
homme excellent, plt'in d'obligeance et de dévouement.
Ses mémoires sur l'histoire zoologi(jue du poisson de la Chine, le macropode,
sur le transport des poissons vivants, sur la reproduction et le développement du
poisw)!. léUscope^ sur la nidification du poisson arc-en-ciel^ sur le gourami et son
nid ont, à plusieurs reprises, attiré l'attention des naturalistes ; ils constituent
des observations originales qui ont nécessité beaucoup de sagacité et un rare
esprit d'observation. Garbonnier était un travailleur passionné et convaincu, qui
aimait la science pour la science elle- même. Il dirigea en 1878 les travaux de
l'aquarium du Trocadéro qui fut une des curiosités de l'Exposition universelle;
c'est à la suite de cette belle installation qu'il fut nommé chevalier de la Légion
d'honneur. Pierrre Garljonnier était simple et modeste, se plaisant au milieu de
ses ajuariums et de ses poissons qu'il soignait avec une tendresse paternelle.
Nous compléterons ce qui précède par son action plus directe sur
le mouvement piscicole proprement dit, mouvement dont il avait
aussi lui, et depuis si longtemps prévu et prédit avec tant de chagrin
le lamentable avortement sous la pisciculture officielle.
Nous rappellerons d'abord son si spirituel article sur le fameux
condostrome de l'Ardèche, illustre cyprin anadrome, fortune de notre
Midi, panacée de l'empoissonnemeat universel; bref, série complète
d hyperboles ad usum Delphini. Cet article fut le coup de fouet si fine-
ment cinglé sur tout ce groupe des remuantes personnalités piscicoles
de cette époqiie, que nul n'en voulut plus être le père, à tel point que
oncques depuis n'en entendit parler.
Personne, depuis, ne s'exposa à nous faire d'un des plus mauvais
cyprins, arrivé chez nous par les canaux du Nord et de la Marne, et
retrouvé à peu près partout, des nases, en un mot, une des grandes
ressources de l'avenir.
Son guide pratique du pisciculteur (18ô4) reçut un si favorable
accueil qu'en quelques mois l'édition en fut épuisée.
La préparation d'une seconde était une de ses dernières pensées. Je
veux y jondre des images nous disait-il, peu de jours encore avant sa
mort; il les voulait en chromolithographie, dans le genre anglais;
il ne voulait point reculer jusqu'à ce qu'il en ait fait un livre digne
de la bibliothèque du pisciculteur.
Dans son travail sur les écrevisses (1869), ses tableaux de crois-
sance passeront, nous l'espérons, dans noire enseignement^ à côté des
plus magnifiques pages de la pisciculture fançaise ; Coste, de Quatre-
t'ages, les D" Hartz etHeuxley, non exceptés, qui ont fait l'un et l'autre
le premier sur le Distoma, et le second sur les sens de l'écrevisse, de
si remarquables publications.
Ses articles sur la mortalité des poissons et surtout les idées qu'il
émit le prfinier (18C6) sur la nécessité des maries, des 7ioues, des réser-
ves, en un mot, étaient marques d'un tel sens pratique qu'ils furent
immédiatement appliqués et convertis en arrêtés par l'administration
des ponts et chaussées qui eut là une de ces heureuses inspirations
dont lui surent gré immédiatement les amis de cette partie de nos
richesses nationales, jusque là si malheureusement délaissée, bien
qu'officiellement si largement dorée.
434 P SCIGULTURE. — PIERRE GARBONNIER.
Nul ne l'ignore, ce furent les beaux temps des grandes missions
de la pisciculture impériale qui aboutirent, on sait comment.
Nous finirons ces rapides observations sur quelques-uns des tra-
vaux pris au hasard dans les productions de cet esprit investigateur
et surtout si opérateur; car, quelles ressources, quelle ingénuité dans
les moyens, quels aperçus, si nous abordions ces détails^ il nous fau-
drait des pages dont nous ne saurions disposer ici.
Nous finirons donc par ces mots de notre dernier entretien dans
cette joyeuse matinée du 4 avril, dont nous avons déjà parlé : ils font
donc de bien belles et sérieuses choses en Ecosse et dans le Luxem-
bourg, nous avez-vous dit !
Avant trois mois, je vous en dirai aussi mon avis, je compte sur
vous, près de ces collègues dont il me montrait, en effet, les noms
sur son cai'net.
Quatre jours après, il n'était plus !
Foudroyé sans douleurs près de sa compagne qui, après avoir aimé
l'ouvrier, secondé ses débuts, embelli sa vie, honorait et chérissait
toujours davantage, toujours plus celui qu'elle voyait respecté et honoré
par Lout ce qui l'approchait
Avec quelle afï'ectueuse reconnaissance ne nous montrait-elle pas le
souvenir que le lendemain de la mort de son cher défunt, un nom
cher à la science lui avait aussitôt fait parvenir :
« Madame, notre Société fait dans la personne de votre regretté mari, une
perte sérieuse, elle gardera le souvenir de l'infatigable chercheur, de l'expérimen-
tateur accompli, qui laisse après lui tant d'utiles travaux. M. Carbonnier s'est
fait un nom qui restera, ses travaux étant du nombre ceux qui ne s'oublieront pas.
« A. Geoffroy Saint-Hilaike. »
Qu'aurions-nous à ajouter à de si compétentes et affectueuses pensées !
Cependant, si quelque chose peut adoucir notre douleur dans le de-
voir que nous venons de remplir, c'est qu'à notre époque où tant
d'idées, d'aspirations, de revendications d'un socialisme confus et mal
dirigé, hantant, quand il ne le trouble pas, l'esprit de nos travailleurs,
c'est de pouvoir, disions-nous, mettre sous leurs yeux l'exemple
d'un des leurs, d'un de leurs plus fidèles amis, la vie tout entière
de l'ex-ouvrier, chevalier de la Légion d'honneur, du pisciculteur
Pierre Carbonnier! Chabot,
Membre de la Société nationale d'agriculture de France
SOCIÉTÉ NATIONALE D'A GUI CULTURE
Séance du \3 juin 1883. — Présidence de M. Chevreul.
M. Triana remercie la Société de son élection comme membre
étranger.
M. Barbie du Bocage fait homma2;e d'un essai sur les théories com-
merciales, et M. Troupin-Morren envoie une étude sur la race bovine
courtes-cornes améliorée, dite race de Durham.
M. le secrétaire perpétuel annonce la mort de M. Vallerand, corres-
pondant de la Société dans la Section de mécanique agricole et des
irrigations.
La discussion s'engage sur le rapport présenté récemment par
M. Bouley, au nom de la Section d'économie des animaux sur la ques-
tion suivante : l'alimentation des porcs avec des viandes cuites pro-
venant d'un atelier d'équarrissage peut-elle être dangereus poeur l'hy-
SOCII-': TK NATIONALE D'AGRICULTURE DE FRANCE. 435
gyène publique? M. Bouchardat commence par exprimer l'opinion que
l'enfouissement lui paraît préférable à tout autre procédé, lorsqu'il
s'agit d'animaux atteints du charbon ou d'autres maladies contagieu-
ses. M. Bouley rappelle qu'il résulte des expériences do M. Pasteur
que l'enfouissement ne détruit pas les germes des maladies charbon-
neuses, et que ces germes sont souvent ramenés à la surface du sol
par les vers de terre, où ils redeviennent dangereux pour les animaux
domestiques, tandis que la cuisson des animaux morts détruit com-
plètement ces germes ; il en résulte que l'équarrissage donne, de ce
côté, pleine satisfaction à l'hygiène publique. — Quelques autres
membres soulèvent ensuite la question de l'opportunité d'un vote, de
la part de la Société, sur une question qui lui est soumise par un par-
ticulier. — Quoique M. Bouley déclare que la Section a voulu écarter
tout ce qui est en dehors d'un intérêt d'ordre général, il est sursis à
la discussion du rapport,
M. Bignon fait une communication sur les résultats inattendus que
le traitement des vignes au sulfate de fer contre l'anthracnose, a
donnés, dans sorj domaine de La Houringue (Médoc), pour écarter les
escargots, dont la destruction entraînait une dépense moyenne de
50 francs par hectare en main-d'œuvi'e. Tous les pieds de vigne traités
au sulfate de fer, et ils sont faciles à reconnaître, puisque ce sont envi-
ron 150,000 pieds de Malbec disséminés sur les 500,000 pieds qui
forment son vignoble, ont été épargnés par les escargots. Il y a là une
indication utile dont les viticulteurs pourront faire leur profit.
M. Bignon donne ensuite des détails sur les soins qu'il donne à ses
vignes, en défonçant le sol à 60 centimètres, et en déposant les engrais
à cette profondeur, de manière à donner plus de profondeur aux
racines et, par suite, plus de vigueur aux tiges; avec ces so-ins, et en
choisissant dans les plants du Bordelais ceux qui sont à bois dur, il
estime pouvoir assurer à ses vignes une vigueur qui leur permettra de
résister pendant quelques années de plus aux atteintes du phylloxéra.
M, Chevreul fait remarquer qu'il faut tenir compte que le sel de fer
employé contre l'anthracnose .est du sulfate de protoxyde de fer, et
non du sulfate de peroxyde de fer, dont les propriétés sont tout autres.
M. Gaston Bazile fait connaître que, dans le Sud-Est, le phylloxéra
se propage cette année avec une grande rapidité; les taches se multi-
plient de plus en plus dans les arrondissements de Béziers (Hérault)
et de Narbonne (Aude). Ses plantations de vignes américaines conti-
nuent à lui donner pleine satisfaction : les Jacquez, qui ont mainte-
nant dix ans, se maintiennent avec une vigoureuse végétation et se
couvrent de raisins; quant à ses vignes franco-américaines, greffées
depuis trois à cinq ans, elles sont aussi en pleine production, et rien
ne fait prévoir que leur vigueur puisse fléchir. Henry Sagnier.
REVUE COM^ÏERGIALE ET PRIX GOURANT DES DEXRÉES AGRICOLES
(16 JUIN 1883).
I. — Situation générale.
Les marchés agricoles continuent à présenter peu d'animation. L'importante
opération de la fenaison retient presque partout les cultivateurs.
II. — Les (jrai7is et les farine.'!.
Les tableaux suivants résum3nt les cours des céréales, par quintal métrique,
sur les principaux marchés de la F'rance et de l'étranger :
436
RKVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
1" RÉGION. — NORD-OÏIEST
Blé. Seigle. ( „
fr. fr. fr.
Calvados. Condé 23.00 20.00 19 50
— Lisieux 24.00 18.25 »
C'o«.-rfu-iVorrf. Lannion.. 23.50 » 17.50
— Tréguier. 23.50 » 17.00
Finislére. Morlalx 24.25 » 17.50
— Quiraper 24.00 17.25 17.00
tUe-et-Vilaine. Reunes.. 24.50 » i6.25
— Fougères... 24.25 » »
Manches. Avranclies. . . 25.50 » 21.00
— Ponlorson... . 25.00 » 19.75
— Villediea 26.00 16.75 20.50
Mayenne. Laya.] 25.00 » 17.80
— Mayenne 25.50 » 18.75
Morbihan. Hennthont. . 25.00 14.75 »
Orne. Alençon.. 24.75 17.00 20.00
— Mortagne 2450 15.75 18.50
Sar</ie. Le Mans 25.50 15.25 16.50
— Sablé 25.50 » 16.50
Prix moyens 24.63 16.88 18.27
2 RÉGION. — NORD.
Aisne. Château-Thierry. 24.25 15.75 17.75
— Saint-Quentin... 23. 5S » »
— Villers-Cotterets. 22.00 15.75 »
Eure. Bernay 23.50 14.50 20.50
— Les Andelys 23.85 14.50 18.50
— Louviers 23.50 15.00 20.75
Eure-el-Loir. Chartres.. 23.25 15.00 17.00
— Auneau 24 00 15.25 50.70
— Nogent-le-Rotrou. 25.20 » 20.15
A'ord. Cambrai 24.00 16.25 18.75
— Douai 23.75 15.00 20.50
— Vaienciennes 25.00 16.50 »
Oise. Beauvais 22.00 15.50 18.75
— Compiègne 21.75 15.25 18.00
— Senlis 22.00 1.^.50 »
Pas-de-Calais. Arras... 25.00 16.00 18.75
— Sani-Omer 24.50 17.00 »
Seine. Paris 25.75 16 15 18.00
S.-ei-il/or. Damreartin... 22.00 15.50 17.50
— Meiun 25.00 15.25 »
— Provins 24.50 16.00 18.80
S.-et-Oise. Angerville... 23.00 » 16.50
— Pontoise 24.00 « »
— Versailles 23.50 15.50 19.00
Seine-Inférieure.B.ouen. 24 10 14.95 20.60
— Fécatnp 22.50 15.50 19.00
— Yvetot 21.50 15.50 21.00
Somme. Doullens 23.50 15.25 19.00
— Péronne 23.00 » 18.00
— Roye 22.75 15.50 17.00
Prix moyens 23.46 15.40 18.93
3* RÉGION. — nord.es r.
Ardennes. Charleville.. 23.50 16.00 19.50
— Sedan 23.00 16.50 18.50
Aube. Bar-sur-Seine 22.75 » 19.80
— Méry-sur-Seine... 22.85 15.00 17.25
— Troyes 23.00 15.10 17.50
Marne. Epernay 23.50 15 00 19.50
— Sezanne 23 00 15.25 17.50
— Sainte-Menehculd. 22.75 16.25 17.50
Ilte-Marne. Bourbonne. 22.50 <> »
Meurlhe-el-Mos. Nancy. 23.25 18.50 17.50
— LunéviIIe 24.00 » >>
— Toul 23.50 16.50 16.00
Meu'se. Bar-Ie-Duc 23.65 16 50 17.25
— Verdun 23.00 16.25 16.50
Hauie-Saône. Gray 23.00 » »
Vosges. Neufchâteau 23. 5C 15.75 17.50
— Epinal 23.45 15.50 »
— Mirecourt 23.75 >< »
Prix moyens 23.22 16.01 17.83
4" RÉGION. — OUEST.
Charente. Angouléme... 25.00 19.00 20.50
— Ruflec 24.50 18.25 18.50
C/iar-.-M/i!)'. La Rochelle 24.00 » 17.00
Deux-Scvres . Niort 24.00 s 17.50
Indre-et-Loire. B\éré 23.75 15.50 20. 00
— Tours 24.50 15.75 17.80
Z.oire-M/'. Nantes 26.25 » »
M.-et-Loirc. Saumur 25 50 16.50 17.50
— Angers 24.00 15.75 19.00
Vendée, huqon 24.00 > 18.00
— Fonteliay-le-Comte 23.75 » 17.80
Vienne. Chàtèllerault.. . 24.50 16.00 18. 25
— Loudun 25.00 15.50 18.75
Haute-Viemie. Limoges. 24.75 17.25 »
Prix moyens 24.53 16.61 18.38
Avoine.
fr.
24.50
23.00
19.25
18.75
17.25
17.25
20.25
20.00
24.00
24.50
24 . 25
20.25
20.00
2 1 . 00
20.25
22.25
21.50
21.07
17.75
18.00
18.00
20.50
20.00
19.50
19.00
20.00
21.90
16 00
17.25
17.50
19.50
19.00
17.50
17.25
17.20
19.75
18.00
18.20
19.25
19.40
20 00
21.00
21.50
21.25
19.00
17.20
18.20
19.00
13.90
20.50
20.00
19.75
18.50
17.25
20.50
20.50
19.00
15.50
1 8 , 00
1 7 . 00
19.75
18.00
17.25
18.00
16.50
31.25
18.75
19.00
18.25
18.00
18.00
19.-40
19.75
20.25
17.50
17.25
18.00
18.50
18.00
18.71
5" RÉGION. — CENTRE.
Blé. Seigle.
fr. fr.
Allier. Moulins 23.75 15.00
— Monlluçon 24.50 16.25
— Saint- Pourçain.. . 25.50 17.00
Cher. Bourges 23.23 15.25
— Graçay 24.00 15.00
— Aubigny 24.00 15.50
Ci'puse. Aubusson 23. .'.0 16.75
/ndce. Chàteauroux . . . . 24.50 15.25
— Issoudun 24.25 >>
— Valençay 23.75 15.75
Loiret. Orléans 23.50 15.50
— Montargis 24.25 17.00
— Gien 24.25 15.50
L. -el-C her. Slois 23.50 1520
— Montoire 23.75 14.50
Nièvre. New ers 23.75 »
— La Charité 23.75 16.00
Yonne. Brienon 24.00 15.75
— Saint-Florentin... 24.00 Ifi.oo
— Sens 25.00 16.25
Prix moyens 24.04 15.72
6' RÉGION. — EST.
Ain. Bourg 25.00 16.50
— Pont-de-Vaux.... 24.75 16.00
Côle-d'Or. Di}on 21.50 15.25
— Semur 22.00 16.50
Z)ou6s. Besançon 22.60 »
Isère. Grenoble 26.25 »
— Bourgoin 24.75 15.25
Jura. Dole 22.25 15.50
Loire. Roanne 24.00 I4 75
P.-de-Z>ÔOTe. Clermont.F. 25.00 15.50
Rhône. Lyon 25.25 14.50
Saône-et-Loire. Autun. 22:50 15.50
— Chalon 24.50 16.65
6at)ote. Chambéry... ... 26.75 20.00
Hte-Savoie. Annecy 24.85 »
Prix moyens 24.13 15.99
T RÉGION. — SUD-OUEST
Ariége. Foix 25.00 18.50
— Pamiers 26.75 17.00
Dordogjxe. Bergerac. . .. 25 20 18. 00
//«e-Garo)me. Toulouse. 24.75 18.50
— St-Gaudens 25.00 17.00
Gers. Condom 26.00 »
— Eauze 27.00 »
— Mirande 25.50 »
Gironde. Bordeaux 27.00 18.5)
— Bazas 26.25 »
Landes. Dax 27.25 20 00
Loi-et-Garonne. Agen... 27.00 19.00
— Nérac 26 85 »
B.-P2/»*éwées. Bayonne.. 27.00 »
//<es-Pi/re'nées. Tarbes.. 26.50 17.75
Prix moyens 26.20 18.25
8* RÉGION. — SUD.
Aude. Castelnaudary... 26 00 17.75
Aveyron. Rodez 22.7 5 16.50
Can<a/. Mauriac 25.35 21.85
Corrêze. TaWe 25.00 18.00
Hérault. Montpellier... 26.00 »
— Cette 27.25 »
Loi. Cahors 26.00 17.10
Lozère. Mende 24.70 18.65
Pyréjiées-O/'. Perpignan. 27.70 18.40
ï'aDi. Castres 27.00 18.50
Tarn-el-Gar. MonUuuan 25.75 16.SO
— Moissac 25.00 18.00
Prix moyens 25.71 I3.3ii
9° RÉGION. — SUD-EST.
Basses-Alpes. Manosque 28.50 »
Hautes- Alpes. Briançon. 28.25 19.50
Alpes-Maritimes. Ca.nnes 26.00 17.25
Ardéc/ie. Privas 26.20 iS.id
i?.-du-/î/iône. Arles.... 27.00 »
ZJrôme. Valence 24.50 16.50
Gard. Alais 26.20 » .
Hnute-Loire. Le Pay 23 ."lO 15.25
Far. Dra^uignan 26.00 »
Fawciase. Carpentras.. . 26.25 18.25
Prix moyens 26.24 17.42
Moy. de toute la France 24.68 16.75
— de la semaine précéd. 24. 8S lb.99
Sur lasemainejHausse. » »
précédente.. (Baisse.. 0.20 0.24
Orge.
\YoiDe.
fr.
fr.
18 00
18.75
20.00
18.50
18.00
19.00
16.75
18.50
19.50
17.75
19.00
17.50
»
18.00
17.25
17.50
18.75
13.00
19.00
17.00
18.75
19.75
17 50
19.25
13.40
18.25
20.10
2(1.50
19.25
19.00
1)
16.50
»
18.00
16.50
19.25
17.00
19.50
17.50
19.50
13.31 18.50
»
18.00
»
20.00
17.50
17.75
»
17.50
19.25
17.00
»
19.00
16.75
14.75
17.00
18.50
17.80
19.25
18.00
20.00
18.00
20.70
»
16.50
18.00
19.50
»
21.00
»
19.75
17.79 18.83
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20
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»
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.00
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.00
20
.00
19
00
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20
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18
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97
23
00
20
25
17
JO
18
00
17
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60
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)
20
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00
18
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18
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00
17
98
19
18
18
33
19
30
18
'i7
19
35
O.l'i
DES DENRÉES AGRICOLES ( 16 JUIN 1883). 437
Blé. Seigle. Orge. Avoine
fr. fr. fr. fr.
,, . . ., ( blé fendre... 25.00
Algérie. . ^Igerj ,^, . j^^_. ^S.Tf, ,. lô.r.O IF,. 25
Angleterre. Londres 24.80 » 1!J.2.'. 20.00
Belijique. Anvers 2'i.00 18.8.Ï 22.00 20.60
— Bruxelles 2.Ô.10 17.(iO
— Liè^c 23.8b 18.00 19. .ÏO 18.00
— Nanuir 22.75 16.75 20.00 15. ÔO
Pays-Bas. Amslerdam 24.65 17.70 » »
Luxembourg. Luxembourg 24.00 20.00 » 18.50
Alsace-Lorraine. Strasbourg 25.00 18 00 21.75 17.25
— Mulhouse 23.50 17. .50 17. .50 18.25
— Golmar 24 25 18.00 17.00 17.00
Allemagne. Berlin 23.60 18.50 17.50
— Cologne 26.25 18.75
— Hambourg 23.25 18.25
Suisse. Genève 26 .50 » » 21 . 75
Italie. Mibui 24.50 » - 17.85
Esjiarpie. Valladolid 25.00
Autriche. Vienne 21.00 15.25 15.75 14 00
Hongrie. Budapeslh 'IQ.'M 15.50 16.00 13.75
Russie. SainL-rélersbourg.. 21.50 15.80 » 12.75
Etats-Unis. New-York 23.85 » » »
Blés. — La situation continue à être bonne presque partout pour les blés en
terre. La végétation se poursuit avec régularité, et à moins de circonstances tout
à fait défavorables d'ici à la moisson, il est permis de compter sur une bonne
récolte. Dans peu de semaines, la coupe des blés commencera dans le Midi ; elle
est déjà à peu près faite en Algérie, du moins dans les parties les plus avancées ;
pour notre colonie, l'année est bonne. Le commerce est toujours dans une situa-
tion de calme à peu près complet; les offres sont presque nulles, et les cours
varient. — A la halle de Paris., le mercredi 13 juin, il y a eu peu d'affaires;
les belles qualités sont recherchées avee un peu de hausse. On cote de 24 fr. 50
à 27 fr. par 100 kilog. suivant les qualités, ou en moyenne 2b fr. 75. — Au Havre,
les blés d'Amérique sont faiblement tenus; on cote de 25 fr. à 27 fr. 25 par
quintal métrique suivant les sortes. — A Marseille, les affaires sont calmes pour
les diverses sortes. Les arrivages ont été de 144,000 quintaux environ pendant la
semaine; le stock est actuellement dans les docks, de 97,000 quintaux. Au dernier
marché, on cotait par 100 kilog. : Red-winter, 27 fr. 75; Irka, 26 fr. ; Pologne,
26 à 26 fr. 50 ; Bessarabie, 25 fr. 50 à 26 fr. ; Irka Danub^ 24 fr. 50 ;
Bombay, 24 à 24 fr. 75. — A Londres, les importations de blé ont été de 380,000
quintaux depuis huit jours ; les prix sont en baisse. On cote de 23 fr. 80 à
25 fr. 80 par 100 kilog., suivant les qualités et les provenances.
Farines. — Les demandes sont plus actives, et il y a plus de fermeté dans les
prix pour les sortes disponibles. On payait les farines de consommation, à la halle
de Paris le mercredi 13 juin : marque de Gorbeil, 60 fr. ; marques de choix,
60 à 62 fr. ; premières marques, ^8 à 59 fr. ; bonnes marques, 57 à 58 fr.;
sortes ordinaires, 54 à 56 fr.; le tout par sac de 159 kilog. toile à rendre ou
157 kilog. net, ce qui coirespond aux prix extrêmes de 34 fr. 40 à 39 fr. 50 par
100 kilog., ou en moyenne 36 fr. 95; c'est une hausse de 0 fr. 65 sur le prix
moyen du mercredi précédent. — En ce qui concerne les farines de spéculation, on
cotait à Paris le mercredi 13 juin au soir : farines neuf -marques, courant du
mois, 58 fr. 25 à 58 fr. 50 : juillet, £8 fr. 75 ; juillet et août, 59 fr. ; quatre der-
niers mois, 60 fr. 25 à 60 fr. 50; le tout par sac de 159 kilog., toile perdue
ou 157 kilog. net. — Pour les farines deuxièmes, on cote de 24 à 26 fr.; et pour
les gruaux, de 46 à 57 fr. ; le tout par 100 kilog. comme précédemment.
Seigles. — H y a peu d'affaires sur ce grain. On paye .t la halle de Paris
16 fr. à 16 fr. 25 par 100 kilog. Les farines de seigles sont vendues de
24 à 26 fr.
Orges. — Les ventes sont restreintes. On cote à Paris de 17 fr. 50 à 13 fi-. 50
par 100 kilog. suivant les sortes. Les escourgeons valent de 17 fr. 50 à 18 fr. —
A Londres, les importations sont toujours restreintes, et les prix sans variations,
de 18 à 20 fr. 50 par quintal métri([ue.
Avoines. — H y a beaucoup d'oftVes, et les prix sont en baisse. On cote à
la halle de Paris de 18 fr. 50 à 21 fr. par 100 kilog. suivant poids, couleur et
quahté. — A Londres, les importations ont été de 88,000 quintaux depuis huit
jours ; il y a tendance à la baisse dans les prix, aux cours de 18 fr. kOk'21 fr- 50
par 100 kilog.
438 REVUE COMMERCIALE ET PRIX-COURANT
Sarrasin. — On cote à la halle de Paris, 17 fr. 50 à 18 fr. par 100 kilog.
'31aïs — Peu d'affaires sur les maïs d'Amérique, qui valent, au Havre, 16 à 17 fr.
par quintal métrique.
Issues. — Les demandes sont restreintes et les prix faibles. On cote à
Pans : gros son seul, 15 fr. à 15fr. 25 ; sons gros et moyens, 14fr. 25 à 14 fr. 75',
son trois cases, 13 fr. 50 à 14 fr.; sons fins, 13 fr. à 13 fr. 25; recoupettes,
13 fr. à 13 fr. 25; remoulages bis, 14 à 15fr.; remoulages blancs, 16 à 17 fr.
III. — Fruits et légumes frais.
Fruits. — Dernier cours de la halle : cerises en primeur, le panier, 1 fr. 50
à 3 fr. 50; communes, le kilog., Ofr. 50 à 2 fr. 50; fraises, le panier, 2 fr. 50 à
5 fr.; le kilog., 0 fr. 60 à I fr. 90; melons, la pièce 3 à 8 fr.
Gros léguynes. — On vend à la halle de Paris: asperges aux petits pois, la botte,
0 fr. 75 à 2 fr. 75; communes, la botte, 2 fr. à 15 fr.; carottes nouvelles, les
100 bottes, 40 à 70 fr.; d'hiver, l'hectolitre, 4 à 5 fr. ; de chevaux, les 100
bottes, 15 à 25 fr.; choux nouveaux, le cent, 4 à 18 fr.; navets nouveaux, les
100 bottes, 40 à 80 fr.; oignons nouveaux, les 100 bottes, 20 à 35 fr.; en grain,
l'hectolitre, 10 à 13 fr.; panais communs, les 100 bottes, 15 à 20 fr.; poireaux
communs, les 100 bottes, 20 à 40 fr.; pois verts, le kilog., 0 fr, 22 à 0 fr..28.
IV. — Vins, spiritueux, vinaigres, cidres
Vins. — Les apparences de la vigne sont toujours bonnes dans la plupart des
vignobles ; les caractères de la saison sont d'ailleurs favorables à la floraison qui
est commencée dans beaucoup de régions. Les semaines se passent sans amener
d'accidents, de telle sorte que l'espoir d'une belle récolte est général; c'est sur-
tout en Bourgogne que ce sentiment est vif; depuis plusieurs années, les ven-
danges y ont été piètres, et il est temps qu'une année plus favorable arrive. Le
commerce présente toujours beaucoup de calme. Voici les derniers cours pratiqués
à Paris-Bercy : Vins rouges : Basse-Bourgogne, 110 à 200 fr. le muid ; Bordeaux,
150 à 200 fr. la pièce; Cher vieux, 150 à 180 fr.; nouveau, 110 à 120 fr.; Gihors,
140 à 150 fr.; Chinon nouveau, 165 à 220 fr.; Maçonnais et Beaujolais vieux, 160
à 250 fr.; nouveau, 125 à 165 fr.; Montagne, 40 à 50 fr. l'hectolitre; Narbonne,
50 à 60 fr.; Roussillon, 60 à 75 fr.; Touraiue nouveau, 95 à 100 fr. la pièce; —
Vins blancs : Anjou, 140 à 160 fr. la pièce; Basse-Bourgogne, 150 à 200 fr. le
muid; Bergerac et iSainte-Foy, 170 à 2 10 fr.; Ghabhs, 170 à 300 fr.; Entre Deux-
Mers, 125 à 135 fr.; Pouilly, 225 à 350 IV.; Picquepoul, 60 à 62 fr. l'hectolitre;
Pouilly-Sancerre, IbO à 170 fr.; Vouvray, 168 à :i25 fr.j — Vins étrangers :
Espagne, 42 à 60 fr. l'hectolitre à 15 degrés; Portugal nouveau, 48 à 55 fr.;
Sicile, 45 à 55 fr.; Italie, 50 à 65 fr.; Dalmatie, 50 à 58 fr.; Turquie, 50 à 56 fr.
Spiritueux. — Gomme il fallait s'y attendre, le vote de la Ghambre des députés
contre le vinage a amené un mouvement de baisse prononcé à Paris sur les
alcools. On cote par hectolitre : 3/6 fin Nord, r*-' qualité 90 degrés, disponible,
49 fr. 25 à 49 fr. 58 ; juillet, 49 fr. 75 à 50 fr. ; juillet et août, 50 fr. 25 ; quatre
derniers mois, 50 fr. 7o. — Le stock était, au 13 juin, de 19,3;0 pipes, contre
16,050 en 1882. Dans le Midi, on cote : Nîmes, 3/5 bon goiit, 100 fr.; marc,
95 fr.; — Gette, 3/6 bon goiit, 110 fr ; marc, 100 fr. — A Gognac, on paye les
eaux-de-vie 1878 à 1880 : Borderies, 220 à 225 fr.; fins bois, 210 à 220 fr.; bons
bois, 200 à 210 fr.; bois éloignés, 190 à 200 fr. A Gondom (Grers;, on paye :
Haut-Armagnac, 190 à 205 Ir.; Ténarèze, 162 à 165 fr.; Bas-Armagnac, 153
à 155 fr.
V. — Sucres. — Mélasses. — Fécules. — Glucoses. — Amidons. — Houbloris.
Sucres. — La situation est toujours la môme; les affaires sont calmes, et les
prix sans variations. On cote à Pans, par 100 kilog. : sucres bruts 88 degrés, 54 fr. ;
les 99 degrés, 61 fr. 25 61 fr. 50. Le stock de l'entrepôt réel était au i 3 juin, de
540,000 sacs pour les sucres indigènes, avec une diminution de 44,U00 sacs
depuis huit jours. — Les prix sont faibles sur les sucres raffinés, de lOb fr. à
106 fr. par 100 kilog. à la consommation; et sans changements pour l'exporta-
tion, de 65 fr. à 67 fr. 50
Mélasses. — Prix sans changements. On paye à Paris par 100 kilog. : mélasses
de fabrique, 11 fr. ; de raffinerie, 12 fr.
Féculf's. — Les cours ne varient jDas. On cote les fécules premières 40 fr.
par 100 kilog. à Paris et à Gompiègne.
Glucoses. — Les prix sont soutenus. Ou paye à Paris par 100 kilog. ; sirop de
froment, 54 à 56 fr. ; sirop massé, 43 à 45 fr. ; sirop liquide, 35 à 37 fr.
DES DENRÉES AGRICOLES (16 JUIN 1883). 439
HouhJons. — Les houblonnières ont toujours une végétation rér^ulière; si rien
ne vient en entraver le marché, on peut compter sur une bonne récolte. Le com-
merce présente toujours beaucoup de ca!me avec des prix très fermes.
VI. — Huiles et graines oléagineuses. — Tourteaux.
Huiles. — Il y a, depuis huit jours, plus de fermeté dans les prix des huiles de
colza. On paye à Paris par 100 kilog. : huile de colza en tous fiàts, I(>1 fr. ; en
tonnes, 103 ir.; épurée en tonnes, 111 fr. ; huile de lin en tous fûts, 55 fr. 50;
en tonnes, 5 7 fr. 50. — Les affaires sont calmes, sur les marchés du Nord, sans
variations sensibles dans les prix pour les huiles de graines : Dans le Midi,
maintient des cours des huiles d'olive
Graines oléagineuses. — On signale de la fermeté dans les cours. On paye
par hectolitre dans le Nord : graine d'œillette, 24 à 28 fr. ; de colza, 23 fr. 50 ;
de lin, 17 à 18 fr. 50; de cameline, 15 à 18 fr. 50.
Tourteaux. — Prix soutenus. Oh paye à Marseille par 100 kilog. : tourteaux
de lin, 15 fr. 75; d'arachides en coques, 10 fr. 75; d'arachides décortiquées, 14 fr. ;
de sésame blanc, 15 fr.; de colza du Danube, 12 fr. 25 ; de coton d'Egypte, 12 fr.;
de palmiste naturel, 11 fr. 75; de ricin, 10 fr. ; de ravison, 10 fr. 75.
Engrais. — On cote les nitrates de soude 29 fr. 50 par 100 kilog. à Dunkerque.
VII. — Matières résineuses, textiles.
Matières résineuses. — La hausse a repris le dessus cette semaine. On paye à
Bordeaux, 73 fr. par 100 kilog. pour l'essence de térébenthine.
Lins. — Dans le Pas-de- Calais, on cote de 65 à 90 fr. par 100 kilog. pour les
lins de pays.
Laines. — Les offres sont nombreuses pour toutes les régions ; les prix ne
varient pas beaucoup dans les limites que nous avons précédemment indiquées. A
Château-Thierry, on paye les laines en suint, 2 fr. à 3 fr. 30 par kilog.; celles
d'agneaux, 2 fr. 50 à 2 fr. 60 ; laines lavées à dos, 4 fr. à 4 fr. 20.
VIII. — Suifs et corps gras.
Suifs. — Les prix ne varient pas. On paye à Paris, 101 fr. par 100 kilog. pour
les suifs purs de l'abat de la boucherie; 75 fr. 75 pour les suifs en branches.
Saindoux. — H y a peu d'affaires. On cote au Havre les saindoux d'Amérique,
135 fr. oO à 136 fr. par quintal métrique.
IX. — Beurres. — Œufs. — Fromages.
Bewres. — Il a été vendu, pendant la semaine, à la halle de Paris, 157,356 kilog.
de beurres. Aux derniers marchés, on payait par kilog. : en demi-kilog., 1 fr. 92
à 3 fr, 52; petits beurres, 1 fr. 70 à 2 fr. 58 ; Cournay, I fr. 80 à 2 fr. 86 ; Isigny,
2 fr. 20 à 7 fr.
Fromages. — Dernier cours de la halle de Paris, par douzaine : Brie, 3 à 11 fr.;
Montlhéry, 15 fr. ; — par cent, Livarot, 25 à 103 fr. ; Mont-d'Or, 5 à 27 fr.;Neuf-
châtel, 3 à 21 fr.; divers, 5 à 51 fr.; — par 100 kilog.. Gruyère, 130 à 180 fr.
X. — Chevaux, bétail, viande.
Chevaux. — Aux marchés des 6 et 9 juin, à Paris, on comptait 953 chevaux.
Sur ce nombre, 336 ont été vendus comme il suit :
Chevaux de cabriolet. .
— de trait
— hors d'âge. . .
— à l'enchère.. .
— de boucherie.
Amenés.
Vendus.
Prix extrêmes.
197
47
200 à 900 fr.
285
57
2.50 à 1,120
:ibi
106
25 à 1,000
34
34
30 à 370
92
92
20 à 140
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement officiel du marché aux bes-
tiaux de la Villette, du jeudi 7 au mardi 12 juin :
Poids Pris du kilog. de viande nette sur
Vendus moyen pied au marche du U juin.
Pour Pour En 4 quartiers, l" 2' 3"= Prix.
Amenés. Paris, l'extérieur, totalité. kil. quai. quai. quai. moyen.
Bœufs 4,408 3,023 1,293 4,316 349 1.96 1.78 1.58 1.76
Vaches 1,187 856 292 1,148 240 1.85 1.62 1.42 1.63
Taureau.K 265 228 35 263 383, 1.72 1.58 1.48 1.60
Veaux 4,067 2,437 1,345 3,782 74 2.16 2.00 1.70 1.93
Moulons...... 42,998 27,122 12,729 39,851 19 2.10 1.98 1.74 1.87
Porcs gras.... 7,513 3,2.53 3,944 7,197 84 1.46 1.40 1.34 1.36
— maigres. » • • • •»■ » »
Le mouvement que nous signalions la semaine dernière s'est maintenu. Malgré
des approvisionuemeuts abondants, le marché a présenté beaucoup d'activité, et
440
REVUE COMMERCIALE ET PRIX GOURANT (16 JUIN I8b3}.
pour toutes les catégories d'animaux les prix accusent une grande fermeté, prin-
cipalement en ce qui concerne les gros animaux,
A Londres, on cote par kilog. ; Bœuf, qualité inférieure, 1 fr. 52 à 1 fr. 6^
2% 1 fr. 64 à 1 fr. 75 ; l'" 1 [fr. 57 [à I fr. Od_. — Veau, 2«, 2 fr. 05 à à Ir.
V 2 fr. 22 à 2 fr, 34. — Moulon : qualité inférieure, 1 fr. 75 à 2 fr.
2'-, 1 fr. 93 à 2 fr. 10; 1'", 2 fr. 22 à 2 fr. 34. — Aqiu'au : 2 ir. 69 à 3 fr.
— Porc : 2% 1 fr. 52 à 1 fr. 6i ; U", 1 fr. 64 à 1 fr. 7 5.
Viande à la criée. — Il a été vendu à la halle de Paris du 5 au 10 juin :
Prix du kilog. le il juin.
kilog.
Bœuf on vache... 1 A 7. 800
Veau 211 ,46.)
Mouton 51 ,13i
Porc 35,7.i6
44G, 135
22
93
04
1« quai. 2° quai. 3° quai. Choix. Basse Boucherie.
1.70 à 2.^0 1.48 à 1.68 0.96 à r.4G 1.76 à 3.40 0.20 à 1.40
1.82 2 30 1.60 1.80 1.20 1..58 1.50 2.60 »
1.60 2.00 1.38 1.58 0.96 1.36 1.50 2.40 »
Porc frais 1 .30 à 1.69
Soit par jour 74,356 kilo^'
Les ventes ont été supérieures de 3,000 kilog. par jour
précédente.
XI. — Cours de la viande à Vahatloir de la VilleUe du Ihjuin (par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie. — On vend à la Villelte par 50 kilog. : P" qualité,
72 à 75 fr.; 2% 65 à 70 fr. ; poids vifs, 48 à 53 fr.
Bœufs. Veaux. Moutons.
celles de la semaine
1" Q-
3»
1"
2°
3" .1"
2'
3"
quai. quai
quai.
q al
quai.
quai. quai
quai.
quai.
fr. fr.
fr.
fr.
fr.
fr. fr.
fr.
fr.
95 88
8r
110
95
95 95
87
82
.\II.
— Marché
aux bestiaux de la F
llette du jeudi 14
juin
1883
Cours des commissionnaires
Poids
Cours
ofliciels.
en
besti
aux.
moyen
xv^
—
-^ -_
-•^ — ^^
Animaux
général.
1"
2»
3'
Prix
l'°
2-
3'
Frix
amenés.
Invendus.
kil.
quai.
quai, quai
extrêmes.
quai.
quai.
quai.
extrêmes.
Bœufs 2.4'i0
192
303
1.92
1.74
.5 4
1.40 à 1.96
.90
1.72
1.52
1.44 à 1.94
Vaches, G'24
7',
234
1.82
1.60
.40
1.30 1.86 1
.80
1.58
1.38
1.28 1 84
Taureaux... 123
9
385
<.G8
t. 54
.44
1.40 1.72
.66
1.52
1.42
1.38 1 70
Veaux 1.575
2 (50
70
2.10
1.96
.60
1.46 2.30
»
»
»
»
Moutons 22 053
3.438
19
2 . 03
1.94
.70
1.60 2 10
»
»
))
»
Porcs gras. . 4 672
139
83
t. 50
1.44
.38
1.26 1.54
B
»
B
- - maigres.. »
»
»
»
•
»
» »
1)
»
»
»
Vente assez active sur toutes les
espèces.
XIII. — Résumé.
Pour la plupart des denrées agricoles, les cours accusent de la fermeté depuis
huit jours. A. Remy.
BULLETIN FINANCIKR
La Bourse de Paris ne présente qu'une faible animation depuis huit jour.'?. Les
trensactions sur tous les ordres de valeur sont peu importantes; les fluctuations
des cours ne répondent qu'aux faibles fluctuations des oil'res. Il y a néanmoins uLe
bonne tenue générale sur les valeurs.
Pour les fonds d'Etat français, nous retrouvons à peu près les cotes de la
semaine précédente : 3 pour 100, 79 fr. 60; — 3 pour 100 amortissable,
80 fr. 15;— 4 pour 100, 100 fr.; — 4 et demipour 100, 109 fr. ; — 5 pour 100,
108 fr. 25.
Bonne tenue sur bs valeurs des Sociétés de crédit : Banque de France,
5,420 fr.; Crédit foncier 1,325 fr.; Comptoir d'escompte, 990 fr.; Banque de
Paris, 1,060 fr.; Crédit lyonnais, 560 fr.; Société générale, 531 fr. 25; Société des
dépôts et comptes courants, 673 ff. 75; Banque franco-égyptienne, 582 fr. 50.
Les actions de la Compagnie parisienne du gaz valent 1,370 fr. — Hausse nou-
velle sur les actions de Suez qui valent 2,500 fr.; la création d'un second canal
par la Compagnie est décidée. — Les délégations sont à 1,315 fr.; le canal de
Panama reste à 485 fr.
La connaissance des conventions entre l'Etat et les Compagnies de chemins de
fera piovoqué des demandes actives sur les titres de celle-ci. On cote en hausse :
Nord, 1,912 fr. 50; Orléans, 1,220 fr.; Ouest, 772 fr. 50; Paiis-Lyon-Méditer-
ranée, 1,410 fr.; Est, 715 fr.; Midi. 1,137 fr. 50
Le 5 pour 100 italien reste à 93 fr. E. Fi:rox.
Lr r;4rnrt, A. BoUCUÉ.
CHRONIQUE AGRICOLE (23 juin ih83).
Splendeur du concours régional dn Caen. — Pi'osp'îrité de la pn>diict(On ch ivalmn er de l'élevag^u
des animaux de loules races. — Eleclioii d^ M. Cli impo'inois à la Sociélé nation de d'a'xricullure.
— Prociiaine élection d'un membre associé dans la Siclion de gi-ande culture. — Prochame
séance publique. — Quinzième ii>te de U so is^i'iplion ouverte p ur élever un nDuunent à
Léonce de La vergue. — Décoration dans la Léjiion d'noancur pour services rendus à l'agriculiure.
— Adoption pa leSémt du projet de 1 >i sur la >urv-illan;e des élilo'is. Textî d^s articles. —
Réuiiioide a Société des a^;ricidteuis du Nord. — Vieux exprimas pir cite réunion. — Circi-
laire du n.inislre de l'agriculiure relative aux travailleurs militiires agricoles. — La question
du repeu[detnent des eaux. — Conclusions de la (lo nmission d'e quête se latoriah. — Obser-
vations sur ces conclusions. — Le commerce des vias. — Vœux do li Société d'agriculture et de
viticulture de Mirande. — Lettre lie M. Ver nord, président du Comice du Beiujjlais. — Con-
cours de nue 'ines elévaioires organisé par li Société d'agricidture dt Vaucl isi. — Prognmiae
de ce concours. — Création d'un orih'linat agicole dans le Calvalos destine à une f-rme-
mo'lèle pour l'mdustiie laitière. — La po:ice sanitaire du bUail. — Circulaire du ministre de
l'agriculture relative à la pTipneumonie contagieuse. — S irvdillance du bétail étranger à la
frontière. — Méihoile de M. Deromc pour la cuilure des céréales, des hetleraves et deslégu-
miueiises. — Le phylloxéra.
I. — Les concours régionaux.
La série des concours régionaux est presque terminée aujourd'hui.
Le concours de Caen vient de s'achever, et nous assistons cette
semaine au concours régional d'Aurillac. La grande solennité qui a eu
lieu à Caen est une des plus brillantes que nous ayons vues de,)Utslong:-
temps. La place la plus itnportaotey aétéprise parle concours hippique.
Les richesses chevalines de la Normaudie ont été exposées avec ardeur
par les cultivateurs de toute la région, auxquels des primes excep-
tionnelles avaient été promises. Ce spectacle était très beau et démon-
trait une prospérité réelle, qui croit constamment. C'est ce que
M.Méline, ministre de l'agriculiure, a constaté dans les deux discours
qu'il a prononcés à la distribution des récompenses et au banquet qui
l'a suivie ; nous publions plus loin ces discours sur lesquels nous
appelons spécialement l'attention de nos lecteurs. Si le concours hip-
pique a été très beau, il n'a cependant pas éclipsé le concours agricole,
puisque, par un étrange abus des mots, on sépare des choses aussi
étroitement unies que la production du chevalet celle de la production
des autres animaux domestiques. La prospérité de l'industrie laitière
normande a été démontrée de nouveau avec éclat; l'élevage du bétail,
la transformation du lait en beurres et en fromages d'une réputation
universelle, se maintiennent avec éclat; quelle que soit la production
à laquelle il s'adonne spécialement, le cultivateur y trouve la récom-
pense de ses peines. Il y a néanmoins encore des progrès à réaliser,
notamment en ce qui concerne les moyens d'assurer à la race bovine
cotentine la pureté qui en accroîtra la valeur ; les efforts tentés pour la
création d'un herd-book spécial à cette belle race paraissent sur le
point d'aboutir. La prospérité des régions qui se c )nsacrent spéciale-
ment à l'élevage du bétail contraste d'une manière frappante avec la
situation précaire des régions dans lesquelles la production des céiréa-
les est la principale affaire du cultivateur. Il y a là matière à nom-
breuses réflexions. Nous nous bornerons aujourd'hui à dire que c'est
la consécration de ce que nous avons tant de fois répété : faitss de
plus en plus de bétail, là est l'avenir de l'agriculture française.
IL — Élection à la Sociélé nationale d'agriculture.
Dans sa séance du 20 juin, la Sotiiété nationale d'agriciilture a pro-
cédé à l'élection d'un membre associé dans la section de mécanique
agricole et des irrigations. Sur 44 votants, M. Cliamponnois a été élu
par 23 voix contre 21 données à M. Vidalin. iM. Champonnois a été le
N» 141. — Tome II de 1883. — 23 Juin.
4(i2 CHRONIQUE AGRICOLE (23 JUIN 1883).
créateur de la distillerie agricole en France ; les services qu'il a rendus,
en consacrant près d'un demj-siècle à cette importante industrie, ont
été trop souvent constatés dans nos colonnes pour que nous insistions
de nouveau. En l'appelant dans son sein, la Société nati^male d'agri-
culture a voulu rendi'C justice à l'un des hommes qui ont le plus con-
tribué à la prospérité de l'agriculture par l'extension de la culture de
la betterave.
Dans le comité secret de la même séance du 20 juin, la Société a
entendu le rapport de la Section de grande culture sur les candidats
à une place de membre associé. La section présente la liste de candi-
dats suivants : en première ligne, M. Henri Besnard, président du
Comice agricole de Seine-et-Oise, agriculteur à Guitry (Eure) ; en
deuxième ligne, M. de la Massardière, agriculteur à la Gatinalière
(Vienne) ; en troisième ligne, M. Palluat de Besset, agriculteur à la
Salle (Loire); en quatrième ligne, M. Jean Gaudet, agriculteur à
Magneux-le-Gabion (Loire). Ces quatre candidats ont été lauréats de
la prime d honneur. L'élection aura lieu dans la séance du 4 juillet.
Nous rappelons que la séance publique annuelle de la Société se
tiendra le mercredi 27 juin sous la présidence de M. Méline, ministre
de l'agriculture.
IIL — Souscription pour élever un monument à Léonce de Lavergne.
Voici la quinzième liste de la souscription ouverte pour élever un
monument à Léonce de Lavergne :
Fr.
Report de la lisle précédente 11 ,39.') 50
M. Le CI' r (Achille), correspondant de la Société iwilioiuile
d'a'iriculluie 10 00
Mme Wailerslein f)0 00
Société d^ay ri culture de t'Ariègi' 50 00
Total !1,j05 00
C'est par erreur que dans la précédente liste, le Comice départemen-
tal de l'Aube a été désigné comme ayant voté 20 francs pour la sous-
cription ; cette association agricole a voté 25 francs.
Nous rappelons à nos lecteurs qu'ils peuvent envoyer leurs sous-
criptions à M. Henry Sagnier, secrétaire du Comité, aux bureaux du
Journal de t Agriculture.
IV. — Décoration pour services rendus à l'agriculture.
A l'occasion du concours régional de Gaen, par un décret rendu sur
la proposition de M. le ministre de l'agiiculture, "SI. Paul Auraont,
propriétaire éleveur, maire de Viclot-Pontfol (Calvados), a été nommé
chevalier de la Légion d'honneur. Le décret s'exprime comme il suit :
c( Plus devingtans de services rendus à l'industrie chevaline ; possède
une des écuries les plus importanîes de la Normandie, qui a produit
des chevaux d'élite; a remporté des prix nombreux sur l'hippodrome
de Paris. » M. Paul Aumont a remporté au concours hippique régio-
nal de Caen l'objet d'art, pour la magnifique collection d'étalons et de
juments qu'il avait exposée.
V. — La surveillance des étalons.
Le projet de loi sur la surveillance des étalons présenté par le gou-
vernement au Sénat, a été définitivement adopté dans la séance du
14 juin delà haute Assemblée. Il comprend sept articles dont voici le
texte :
CHRONIQUE AGRICOLE (23 JUIN 1883). 443
Article premier. — Tout étalon qui n'est ni approuvé, ni autorisé par l'admi-
nistration des haras ne peut être employé à la monte des juments appartenant à
d'autres qu'à son propriétaire, sans être muni d'un certificat constatant qu'il n'est
atteint ni de cornage ni de fluxion périodique.
Art. 2. — Ce certificat, valable pour un an, sera délivré gratuitement après
examen de l'étalon par une Commission nommée par le ministre de l'agriculture.
Art. 3. — Tout étalon employé à la monte, qu'il soit apnrouvé, autorisé ou
muni du certificat indiqué ci-dessus, sera marqué au feu sous la crinière.
En cas de retrait de l'approbation, de l'autorisation ou du certificat, la lettre R
sera inscrite de la même manière, au-dessus de la marque primitive.
Art. 4. — En cas d'infraction à la présente loi, le propriétaire ou le conducteur
de l'étalon sera puni d'une amende de 50 à 500 francs. En cas de récidive, l'amende
sera du double.
Art. 5. — Seront passibles d'une amende de 15 à 50 francs les propiiétaiies
qui auront fait saillir leurs juments par un étalon non muni d'un certificat.
Art, 6. — Les maires, les commissaires de police, les gardes champêtres, la
gendarmerie et tous les agents et officiers de police judiciaire, les inspecteurs
généraux des luras, les directeurs, sous-direcieuts et surveillants des dépôts
d'étalons, les chefs des stations d'étaluns de l'Etat, dûment assermentés, ont qua-
lité pour dresser procès-verbal des infractions à la présente loi.
Art 7. — Un arrêté ministériel réglera la composition de la Commission,
l'époque de ses réunions, le mode et les conditions de l'examen et toutes les
mesures d'exécution.
Ce projet de loi a été déposé par M. le ministre de l'agriculture sur
le bureau de la Chambre des députés, dans la séance du 16 juin.
YI. — Réu don des agriculteurs du Nord. '
Le mardi 10 juin a eu lieu à Paris, au Grand-Hùtel, une réunion
organisée par la Société des agriculteurs du Nord. Lo but de cette
réunion était de remettre aux sénateurs et aux députés du Nord et du
Pas-de-Calais, les pétitions qui, dans le seul département du Nord,
ont reçu près de 25,000 signatures. Les membres de la Société ont
soumis aux représentants de la région le résultat de l'examen auq tel
ils se sont livrés pour indiquer au gouvernement les remèdes les
plus propres à atténuer la situation actuelle. Voici les conclusions du
rapport présenté par M. Dubar, secrétaire général de la Société.
1° Que la surtaxe d'entrepôt sur les blés ne soit plus remboursée à la sortie
sur les farines ;
2° Que le gouvernement donne à la douane des ordres formels pour que les
échantillons sur les sucres importés soient prélevés avec l'exactitude la plus
rigoureuse, et qu'on étudie immédiatement l'application d'un droit unique sur les
sucres d'importation;
3° Que la surtaxe sur les sucres soit élevée de 3 à 7 francs ;
k" Q.ie cette surtaxe ne soit en aucun cas remboursée ;
5" Que le sucrage des vins et de toutes les autres boissons fermentées soit rendu
facile et peu coûteux, soit par l'abaissement de la taxe sur les sucres, soit par une
réduction spéciale pour le sucrage ;
6" Que les fraudes par les importations d'alcool dissimulé soient rigoureuse-
ment réprimées.
7" Que le vinage à droit réduit, qui seul peut empêcher le vinage en fraude
aussi bien à la frontière qu'à l'intérieur du territoire, et qui est d'ailleurs la con-
séquence nécessaire du traité franco-espagnol, soit promptement autorisé;
b" Enfin, que les nouvelles conventions à intervenir avec les Compagnies de
chemins de fer assurent aux produits français tous les abaissements de tarifs,
avoués ou dissimulés, qui pourraient être accordés aux produits étrangers, et, pour
préciser nettement, que la taxe kilométrii[ue appliquée aux produits étrangers ne
soit pas inférieure à celle appliquée aux produits français.
Ces conclusions ont été adoptées par la réunion, et il a été décidé
que le Bureau delà Société irait, avec les sénateurs elles députés, les
présenter à M. le ministre de l'agriculture.
444 CHRONIQUE AGRICOLE (23 JUIN 18S3).
VIL — Les travailleurs militaires agricoles.
M. le ministre de l'agriculture vient d'adresser aux préfets la circu-
laire suivante :
« Monsieur le préfet, je m'empresse de vous faire savoir que M. le ministre de
la guérie vient de décider que des travailleurs militaires seraient mis, cette année,
comme les années précédentes, à la disposition des cultivateurs pour Ihs travaux
des récoltes. Des {lermissions de vingt ou de trente jours seront accordées aux
militaires qui en feront la demande dans les conditions déterminées [lar la circu-
laire ministérielle du b juillet 1877, dont je crois devoir remettre les prescriptions
sous vos yeux :
« Cha un chef de corps fait connaître, après la revue trimestrielle d'avril, au
sous-[)réfet de l'arrondi.-sement le nombre des travailleurs militaires dunt il pense
pouvoir di^poser pendant IVté.
« Le sous-prélet doit faire parvenir ensuite au chef de corps intéressé, avec son
avis, la liste des agiiculteurs qui se seront lait inscrire pour obtenir des ouvriers
militaires. Il menlionneia t^ur celte liste le nom, l'adresse, l'étendue de la culture
et la date de la demande du postulant.
« Lorsque les ressources dont disposent les chefs de corps seront insuffisantes
pour donner satisfaction à toutes les demandes inscrites, les sous-préfets devront
vous Irans" eltre les demandes auxquelles il n'aurait pas été donné suite, et il vous
appartiendrait alois de vous entendre avec le général commandant le coips d'ar-
mée pour que des militaires, tirés des corps auxquels il aurait été lait peu de
demandes, soient envoyés aux cultivateurs n'ayant pas reçu de travailleurs.
« En ce qui concerne i'indemt ité à payer aux travailleurs par les agriculteurs
qui les emploient, M. le général commandant dans votre département vous en
fera connaître le chiiTre, qui résulte, d'ailleurs, d'un tarif adopté en 1873, de con-
cert entre mon dé, arlement ministériel et celui de la guerre.
« Enlin, les Irais de déplacement des militaires, aller et retour, par quelque
moyen de transport que ce soit, sont à la charge des cubivateurs
« Je vous prierai, monsieur le préfet, de porter cette circulaire à la connaissance
des sous-préfets et des maires de votre département.
« Recevez, etc., « Le vimistre de l'agriculture, J. Méline. '>
Cette circulaire confirme coniplèlement les indications adressées
récemment par le ministre de la guerre aux commandants ds corps
d'armée, dans une lettre que nous avons insérée dans nos colonnes.
YIII. — La question du repeuplement des eaux.
On se souvient que, dans sa session de 1879, le Sénat a nommé
une Commission de dix-huit membres dont la tâche était de recueillir
tous les renseignements sur l'état actuel des eaux fluviales et maritimes
de France, au point de vue des produits de la pêche, sur les meilleurs
procédés de repeuplement des eaux et les mesures à prendre pour en
maintenir la fécondité. Cette Commission présidée par Al. Charles Hobin,
s'est livrée à une enquête qui a été suivie de plusieurs rapports de
MM. Georges, Coumes, Laboulaye, Roussel, sur les eaux douces ; et
de MM. Charles Brun, Barne, de Lorgeril, Robin, Roy de Loulay,
Bouchon-Brandely, sur les eaux salées. La Commission a terminé ses
travaux, et elle vient d'en présenter les conclusions au Sénat par
l'oro-ane de M. Bonnet, sénateur. Elle formule ces conclusions dans les
propositions suivantes :
« 1° En ce qui concerne les eaux douces :
« La dépopulation de ces eaux est certaine et générale; elle est surtout accusée
dans la pa'tie de ces eaux qui n'appartient pas au domaine public.
« Les moyens généralement indiqués pour amener le repeuplement sont :
« Un certain nombre de mesures létrislatives à édicter relatives aux associations
syndicales de pêche, à la vente des substances toxiques, aux déjections des usines
et des fosses à rouir le chanvre ;
« Une observation plus rigoureuse des réglementations existantes qui sont bonnes
CHRONIQUE AGRICOLE (23 JUIN 1883). 445
et bien conçues, mais ne sont pas observées; comme corollaire de cette dernière
disposition, une augmentation considérable des raoyeas et des agents de surveil-
lance, ce qui nécessitera un surcroît de dépens î et une demande de crédits que
le Parlement, gardien vigilant de tous les intérêts généraux du pays, ne re (usera
sans doute pas ;
« Une impulsion plus grande à donner aux procédés de repeuplement par la
pisciculture.
« 2" En ce qui concerne les eaux de mer :
« Ces eaux paraissent avoir conservé leur fertilité en poissons, excepté sur
quelques points circonscrits de nos côtes, et pour les poissons de rivage.
« Quant aux Imîties, l'épuisement des bancs naturels est certain et n'est pas
encore compensé (:ar Ls produits de la culture artiliciellc, très prospère cepen-
dant et pleine de promesses pour l'avenir.
« Pour la mer comme pour les eaux douces, les lois et les règlements sont
considérés comme bien conçus et suffisants, mais ne sont pas assez observes.
« Ici comme là une augmentation notable des moyens de surveillance et une
application plus sévère des pénalités s'imposent comme une nécessité. »
Nous prendrons la liberté de faire observer que ces conclusions soat
un peu platoniques. Une véritable et utile conséquence de travaux aussi
nombreux, eût été la rédaction d'un projet complet des mesures à
prendre. Il ne suffit pas de dire par exemple qu'il faut donner une
impulsion plus grande aux procédés de repeuplement par la piscical-
ture ; il appartient à une Commission sénatoriale d'indiquer les moyens
par lesquels cette impulsion sera donnée. On pourrait en dire autant
de presque tous les paragraphes de ce résumé. Si l'enquête en reste
là, et si elle n'est pas suivie de propositions nettement définies, elle
restera malheureusement vaine, et c'est certainement ce que le Sénat
n'avait pas voulu, lorsqu'il a nommé la Commission du repeuplenient
des eaux,
IX. — Le commerce cles]mns
L'émotion suscitée dans toutes les régions viticoles par la situation
que le traité de commerce avec l'Espagne a créée au commerce des vins
est loin de se calmer. Ainsi, dans sa séance du 4 juin, la Société
d'aginculture et de viticulture de Mirande (Gers) a émis le vœu suivant
adressé à M. le ministre de l'agriculture :
« Considérant que la viticulture française, si gravement menacée par les progrès
incessants du phylloxéra, et déjà si sérieusement atteinte par les désastreux IraUés
de commerce avec l'E<pagne et l'Italie, se trouve en présence d'un dano-er non
moins redoutable : la falsification des vins qui se produit dans les proportions les
plus larges et les plus scandaleuses ; qiie les IVaudes commises à cet égard par
le commerce ont atteint un degré inconnu jusqu'à ce jour;
0 Qu'on peut dire, sans exagération, que dans les villes on ne fait usage que
de boisso)is falsifiés, au grand détriment de la santé publique ; que les viticul-
teurs voient avec douleur les négociants en vins s'éloigner de leurs caves ou leur
offrir des prix dérisoires; qu'ils sont en proie à la tristesse et au découra-
gement ;
« Considérant qu'il importe de provoquer des mesures énergiques pour assurer
la répression de ces fraudes qui sont connues de tous et qui ont été jusqu'à ce
iour Y objet d'une 10 lérnnce abusive; qua.iasi, il est de notoriété publique que,
sous le nom de vins d'Espagne et à là laveur des tarifs des traités de commerce,
on introduit des quantités énormes de vins de fabrication malsaine qui trompent
les consommateurs, grâce à une coloration chimique et à une forte aie oli n lion;
que ces produits inondent la Fiance et écrasent notre marché; (:|u'il est \<ro fonde-
ment regrettable qu'une surveillance active ne soit pas exercée à la froniiè re; q ic
les traités de comiuerce ne peuvent s'apphquer qu'aux vrais vins et non aux bois-
sons contrefaites et frelatée ; ;
_ « Considérant que la Société d'agricilture d^ la Hmte-Grirona e a pris l'initia-
tivs d'un pétitionuement tendant à obtenir que le goavernemen t se serve des
446 CHRONIQUE AGRICOLE (23 JUIN 1883).
moyens que la loi met à sa disposition pour réprimer les sophistications et les
fraudes, et empêcher ce commerce honteux de contrefaçon qui nuit à la fois aux
producteurs et aux consommateurs;
a Les conseils généraux de la Haute-Garonne et du Gers ont émis le vœu que
le gouvernement prenne immédiatement les mesures que commande la gravité de
la situation et qu'il se mette en devoir de protéger, par une application rigoureuse
des lois, la viticulture française et la santé publique également menacées.
« La Société d'agriculture et de viticulture de l'arrondissement de Mirande
approuve les motifs et le texte du vœu ainsi fovmu'é. Elle déclare s'y associer, et
le recommande énergiquement à la sollicitude de M. le ministre de l'agriculture
et à l'attention des pouvoirs publics.
" Le secrétaire de la Société, J. Seillan. »
D'autre part, nous recevons de M. Vermorel, président du Comice
du Beaujolais, la lettre suivante :
« Monsieur le rédacteur en chef, je vous prie de vouloir bien ajouter le Comice
du Beaujolais au nombre des Sociétés qui ont protesté vigoureusement contre
l'abaissement des droits en faveur du vinage. C'est à runinimité que cette décision
a été prise le dimanche 10 juin et envoyée aussitôt à nos députés.
« Comme dans beaucoup de vignobles, nos vins du Beaujolais de la dernière
récolte ont eu 6 à 7 degrés d'alcool au lieu de 10 à 12 degrés qu'ils ont ordinai-
rement ; malgré cela personne ici n'a songé à viner, les vins ont été vendus tels
par le vigneron, on a baissé les prix pour l'écouler, l'ouvrier en a profité dans une
certaine mesure ; il a pu boire du vrai vin pas trop cher. Malgré la baisse des prix,
il reste beaucoup de vins en cave.
« On attribue cela à tous ces vins de coupage et de fabrication.
« La situation des vignobles qui se respectent, — le Beaujolais et le Bourgogne
sont de ceux-ci — est absolument intolérable; nous n'y voyons, par ici, qu'un
remède : Qu'on ne prohibe pas, si Ton veut, tous les vins de raisins secs, plâtrés,
salycilés, les vins coupés, alcoolisés, dédoublés, les vins de 2% de 3'' cuvée, etc.,
mais, que ces boissons soient vendues pour ce qu'elles sont !
« Nous voudrions que le nom de vin fût réservé aux seuls produits du jus de la
treille, sans addition aucune, et qu'on rappelât aux produits de l'industrie qui
usurpent ce titre, un vieil article du Code pénal intitulé, je crois, « tromperie
sur la qualité de la chose vandue ». Tous les vignerons seraient en liesse si cet
article était appliqué une bonne fois. Nos produits ont deux ennemis : la fabri-
cation des vins et le phylloxéra. Qu'on nous débarrasse de l'un, tous les efforts se
concentreront sur l'autre, et je ne doute pas qu'on vienne à bout.
« Veuillez agiéer, etc. « Vermorel. «
Il est absolument certain, ainsi que nous l'avons dit plusieurs fois,
que le commerce des vins est aujourd'hui absolument empoisonné par
les piquettes que l'Espagne nous envoie sous le nom de vins. Il est
temps que la tolérance de l'administration des douanes à leur égard
s'arrête. Certes, on peut dire que le vin est un produit fabriqué; mais
c'est un produit complexe dans lequel on retrouve toutes les traces de
la matière première, c'est-à-dire du raisin; or, un mélange plus ou
moins coloré d'eau et d'alcool ne peut nulle part être considéré comme
vin, et c'est à ce point de vue qu'on doit exercer à la douane, sur les
frontières, une surveillance active.
X. — Concours de machines élévatoires.
La Société départementale d'agriculture de Vaucluse organise un
concours de machines élévatoires qui aura lieu à Avignon du 24 au
30 septembre prochain. Voici le programme de ce concours auquel sont
admis tous les constructeurs de machines élévatoires :
1"'^ Catégorie. — Norias, — Chapelets, — Vis d'Archimède. 2 médailles d'or,
4 médailles d'argent, 6 médailles de bronze.
2" Catégorie. — Pompes aspirantes, — foulantes, — aspirantes et foulantes, —
centrifuges. 2 médailles d'or, 4 médailles d'argent, 6 médailles de bronze.
3" Catégorie. — Béliers. 2 médailles d'argent, 4 médailles de bronze.
CHRONIQUE AGRICOLE ^23 JQIN 1883). kkl
k'' Catégorie. — Roues hydrauliques, etc. 2 médailles d'or, 4 médailles d'argent,
6 médailles de bronze.
Primes en argent à la disposition du Jury : 900 fr.
Primes aux maraîchers de la commune d'Avi^'non qui auront chez eux les
machines les plus perfectionnées. 1''' prix, 150 fr. ; 2'', 100 fr. ; 3'-, 75 fr. ; 4'",
50 fr. ; 5% 50 fr.
Tous les constructeurs sont admis à concourir pour les macliines élévatoires.
Les machines qni ne pourront pas être mises en mouvement dans le local du
concours seront appréciées par le jury au point de vue de la construction.
Les personnes qui désireront participer à ce concours devront adresser leur
déclaration par lettre affranchie à M. Eugène Fabre, chef de bureau à la préfec-
ture, à Avignon, chargé d'en faire le classement avant le l'' septembre.
L'exposition durera 8 jours, du lundi 24 au dimanclie 30 septembre. — Toutes
les machines et les objets à exposer devront être rendus sur les lieux du concours
le dimanche 23. — Le classement aura lieu le 24 et le 25, par les soins de la
Commission du concours. — Les opérations du Jury auront lieu le 26 et le 27.
La distribution des prix aura lieu à l'Hôtel-de-ViHe le 30 septembre à 2 heures
Ce concours, comme nous le fait remarquer M. le marquis de l'Es-
pine, président de la Société, intéresse au plus haut de^ré tous les
agriculteurs. Il intéresse surtout ceux qui n'ont pas de cours d'eau
à leur disposition et qui, par conséquent, doivent s'attacher, d'une
façon toute spéciale, à puiser dans la terre l'eau qui leur est indis-
pensable et à la porter à n'importe quelle hauteur, au moyen de
machines élévatoires.
XL — Ferme modèle laitière dans le Calvados.
Madame la marquise d'Escayrac de Lantuse, en mémoire de feu le
D' Rayer, son père, a légué à la commune d'Aiictoville (Calvados) une
fortune immobilière d'un revenu annuel d'environ 50,000 francs, plus
un capital mobilier dépassant actuellement 500,000 francs, le tout
destiné à la fondation d'un orphelinat de jeunes filles indigentes ou
appartenant à des familles dénuées de fortune, de l'ancienne province
de Normandie. Cet établissement qui portera le nom du D"" Rayer sera
administré par une Commission composée de deux membres de droit,
le maire et le curé d'Anctoville, et de trois membres à la nomination
du préfet du Calvados, qui a fait choix de M. le vicomte de Saint-
Pierre, sénateur; de M. Pillet-Desjardins, vice-président du tribunal
civil de la Seine; et de M. Beaujon, notaire honoraire à Caen. La
Commission est entrée immédiatement en fonction en nommant M. Beau-
jon pour son président et en désignant l'architecte auquel elle a confié
la confection des plans et la direction des travaux de l'orphelinat. Tout
fait présumer que les travaux seront incessamment commencés et que
l'orphelinat ne tardera pas à fonctionner.
Une pensée très heureuse a conduit la Commission à donner à
l'orphelinat le caractère d'une ferme modèle destinée principalement
à l'industrie laitière. Voici comment la Commission a exposé son pro-
jet dans le programme qu'elle a remis à l'architecte :
« Les' bras manquent, les fermes sontdélaiss-ées, les plaintes s'élèvent de toutes
parts et, partout où la conversion est possible, il y a tendance à transformer les
labours en herbages. Ne serait-ce pas un second bienfait complétant 1 œuvre géné-
reuse de la testatrice que de créer dans le pays une pépinièi'c de jeunes filles qui,
pourvues d'une instruction primaire suffisante, et rompues aux travaux de la culture
herbagère, esseimeraient dans les régions environnantes et concourraient, la plu-
part comme servantes, d'autres comme épouses, à la prospérité de l'agriculture et
à la propagation des meilleurs procédés.
« Ces jeunes filles doivent quitter l'orphelinat, au plus tard à vingt et un ans.
Mais leur capacité attirerait les oflVes des cullivateuis, qui mèm.- avant leur
448 r.HRONIUUE AGRICOLE (23 JUIN 1883).
majorité les prendraient, à des conditions avantageuses, et ce départ anticipé se'^ait
aussi profilable aux oiphtlines ffu"à l'orphelinHt. En tffet. la Commission pourrait
immériiatemcnt disposer des plaC' s rendues libres, et son intervention dans les
condilions | écuniaire'S ofi'ei tes aux orphelines lui permettrait de stirveiller le pla-
cement à la caisse d'éparp-ne d'une part de leurs gages et de leur créer une dot
facilitant plus tard leur établissement.
« Ces jeunes lilles seront soumises dans l'orphelinat, physiquement et morale-
ment parlant, au régime des sabots, des établis, des fermes. Leurs logeraniits
seront sim[)les^ rustiques, exempts de luxe. On en écartera toutes les supei lluités
donnant ai:x or helines l'idée qu'elles dérogeraient en devenant servantes ou lai-
tières dans les fermes du pays. Ce pcnnt sei'a d'une impcirtance capiialeet ritm ne
sera épargné pour Fatteindre, car en cas d'in-uccès l'établissement, devenu plus
nuisible qu'utile, ne conduirait sans doute qu'à accroître le nombre des déclassées
qui n'encombrent que trop le pavé des villes, n
On ne saurait trop applaudir à l'esprit qui anime le projet dont il
est ici question. La Société d'agriculture et de commerce de Caen s'est
empressée, sur la demande qui lui en a été laite, de nommer une
Commission chargée de concourir par ses conseils à la bonne direc-
tion d'une œuvre si intéressante pour la prospérité de l'industrie lai-
tière en JNormandi'^.
XIL — Police sanitaire du bétail.
Dans notre Chronique du 9 juin, nous avons inséré deux arrêtés de
M. le ministre de l'agriculture, relatifs à la désinCec'ion des fermes et
du matériel de transport des animaux, dans le cas de maladie conla-
giruse du bétail. Il restait à prendre les mesures nécessaire-; prour la
désinfection du matériel des chemins de fer servant au transport des
animaux. On trouvera plus loin, à la partie officielle de ce numéro,
un :'rrêté qui règle les conditions dans lesquelles cette désinfection
aura lieu.
D'autre part, la péripueumonie contagjpuse des bêtes à cornes est, à.
juste titre, une des principales préoccupations du service sanitaire. A
la date du 18 juin, le minisire de Tagriculture a envoyé aux pt-éléts
la circulaire suivante qui prescrit la m ircheàsuivre pour la constatation
de la maladie et la délivrance des ordres d'abatage :
a Monsieur le préfet, parmi les demandes d'indemnité adressées jusqu'à ce
iouT à mon administration pour pertes causées par la péripueumonie C')rit.igieuse du
"gros bétail, un assez grand nombre s'ap[)l.iqua eut à des animaux dont la miladie
avait été siî.'nalée à l'auiorité piéfectorale, mais dont la mort était, survenue avant
que l'an été d'abatage eîit été rendu ou avant que cet arrêté eût pu recevoir son
exécution.
« L'indemnité prévue par la nouvelle loi sanitaire, pour le cas de péripneu-
monie, n'est due que quand l'abatage ordonné a été réellement effectué, et, en con-
séquence, ces demandes ont uù être écarléis: mais lorsque le temps écoulé entre
le moment de la déclaraliim à la mairie et celui de la mort de l'animaJ était suf-
fi^ant pour que, aec un peu d'empressement, toutes les formalités légfles aient
pu être remplies, l'autorité administrative peut être accisée de n'avoir pas agi
avec toute l'activé désirable, et des plaintes se sont même produites à ce sujet
contre e le.
« Pour en éviter le refour, en même temps que pour se conformer aux intentions
du législateur, qui a voulu l'extinction aussi piompte que possible des foyeis de
contagion, il est indis|iensable que les formalités qui doivent précéler l'émission
de l'ordre d'abatage soient accomplies avec la plus grande célérité.
«. Aucune dt s constatations préliminaires prescrites par le décret du 22 juin ' 8S2,
et qui sont une garantie à la fuis pour les particuliers et pour le Trésor puldic,
ne peut être s pprimée ; mais un temps co. siiérable peut être g'^gné en taisant
usage eu télégraphe au lieu d'employer les voies ordinaires de transmission.
« Voici, en conséquence, la marclie qui me paraît devoir êtra dé:Ormais suivie
lorsque la périjneumonie sera constatée dans une commune :
CHRONIQUE AGRICOLE (23 JUIN 1883). 449
« Aussitôt la déclaratioT reçue, et il iimorte de rappeler à vos administrés
qu'elle doit être laite aussitôt l'appariiion d-^ sym;itômes susnecis, le maire devra,
comme par le passé, vous aviser du l'ait le jour même et prévenir en môme temps
le vétérinaire sanitaire de la circonscription ; celui-ci se rendra sur les li ux sins
auc m délai et il r/'dijera. séance tenaite, son rapport qu'il adressera au vétéri-
naire délégué, au lieu de le transmettre à vo^r:! prélecture.
« Au reçu du rappoit de son collcj;ue, concluant à l'existence de la péripneu-
monie, le vétérinaire délégué se rendra dans la commune, comme l'exii^e l'ar-
ticle 16 du rendement d'administration publi jue du 22 juin 1882, et si son diag-
nostic conlirme celui du vétérinaiie sanitaire, il vous en informera de suite.
« Pour les communes éloignées, le vétérinaire délégué vous 'lemandera par le
télégraphe l'ordre d'aiiatnge des animaux malades et d'inoculation des suspects.
Cet ordre sera notifié également par voie -télégra[)liique au maire de la commune
qui est chargé de l'exécution. Au retour du vétérinaire délégué, vous prendiez un
arrêté dans la forme ordinaire en ayant soin de lui donner la date même de votre
télégramme.
« Je tiens en un mot à ce qu'il ne s'écoule que le temps strictement nécessaire
entre le moment de la déclaration et l'application des mesures sanitaires réclamées
par les circonstances, de façon à remplir le but de la loi et à ne pas compro-
mettre par des retards souvent injustifiables les inté)êts des agriculteurs.
« Je vous prie de vouloir bien adresser d'urgence des instructions dans ce sens
à tous les vétérinairtis sanitaires de votre déparlement.
« Recevez, etc. « Le miivslre de i'agrlcaUure^ « J. Méline »
L'organisation du service sanitaire sur nos frontières fonctionne
régulièrement. Nous en trouvons la preuve djns le fait qui s'est passé
récemment au bureau de douane de Jaumont. Le vétérinaire de service
a constaté que des porcs venant de Hambourg étaient atteints de la fièvre
apbteuse, et il a immédiatement fait interdire l'entrée du wagon qui
les renfermait. La fièvre aphteuse sévit endémiquement dans plusieurs
pays qui nous environnent; il est indispensable qu'une grande surveil-
lance s'exerce sur tous les animaux qui en proviennent; si le nombre
des malades augmentait, une rigoureuse interdiction des bêtes de ces
provenances devrait en être la conséquence. Il y va de la sanlé de nos
élables ; les efforts du service sanitaire intérieur demeureraient vains,
si de nouvelles contaminations arrivaient sans cesse de l'extérieur.
XIIL — Culture des betteraves des céréales et des légumineuses.
M. A. Dei^ome, l'agriculteur bien connu dans la région du Nord
par ses expériences sur la culture des betteraves et des céréales, nous
informe qu'il publiera prochainement ses différents modes de culture
dont la bjse est l'utilisation pratique de la chaleur solcvre, de l'air et
de la lumière avec le concours d'un semoir à dould-î effef, de son
invention, et des engrais spéciaux qu'il fabrique. D'a[)rôs ce qu'il
nous indique, la méthode pratiquée par M. A. Derome, din.s sa ferme
de Bavai, assure la propreté du sol et le rendement iiîaximnm est régu-
lièrement et relativement possible dans tous les champs ; l'écbauda'j-e,
la rouille et la verse dans les céréales sont évités.
M. Derome pense que sa méthode permettrait d'élever sûrement et
très avantageusement la récolte moyenne du blé, qui n'e,>t que de
1 4 hectolitres en France, à 25 he^olitres, et proportionnellement pour
toutes les autres céréales (orge, avoine, seigle, sarrasin, etc.) H en
expose lui-même les résultats comme il suit :
Le résultat cultural des perfectionnements apportés par M. A. Derome se
traduit :
l" Pur l'emploi des engrais complémentaires dans le rayon wec la s'-mence^ en
un bén fice ininimumàe 100 pour 100. Le bénidice moyaii est de 3.^0 pour 100
pour des dépenses variant entre 30 et 150 fr. à l'hectare.
450 CHRONIQUE AGRICOLE (23 JUIN 1883).
2" Par une disposition nouvelle des semis de I^PÀltraves, céréales el légumlneusfs,
en un bénéfice variant, suivant la date de plantation, la quilité de la levée et les
soins donnés à son champ, avant et après la plantation, entre 100 et 300 fr. par
hectare de betteraves; 100 et 200 t'r. par hectare de céréales.
Bavai se trouve sur les lignes ferrées de Valenciennes à Maubeuge
et de Cambrai à Dour. M. Derome se met à la disposition des culti-
vateurs qui désirent visiter ses cbamps.
XIV. — Le 2)hyUoxcra.
La Section permanente de la Commission supérieure du phylloxéra
s'est réunie le 15 juin. Le défaut de place nous force à remettre à
huitaine les résultats de cette séance, ainsi que plusieurs autres com-
munications. J.-A. Barral.
SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE
Séance du 20 juin 1883. — Présidence de M. Dumas.
M. Zandel, vétérinaire de l'Alsace -Lorraine, envoie des documents
sur la police sanitaire, et sur l'organisation du service vétérinaire.
M. Lozey envoie des notes sur le rouleau compresseur et rayonneur
qu'il a présenté antérieurement à la Société.
M. Goubaux, directeur de l'école d'Alfort, fait hommage de la 2^
partie du traité de l'extérieur du cheval, qu'il publie avec M. Barrier.
M. A. Rouilliet transmet un projet de pétitionnement dont il a pris
l'initiative en vue d'obtenir un dégrèvement de l'impôt foncier sur les
terres improductives par suite de causes indépendantes du cultivateur.
La Société adopte les conclusions de la Section de sylviculture ten-
dant à demander au ministre de l'agriculture de prendre les mesures
convenables pour que des notions de culture, de gestion et de surveil-
lance des bois et forêts soient données aux élèves des fermes-écoles
dans lesquelles il jugera utile de répandre cet enseignement.
M. Barral donne des détails sur le concours régional qui a en lieu à
Caen, notamment sur l'exposition chevaline, sur celle des races bovi-
nes et sur le concours international de laiterie. Il donne en même
temps des indications sur les efforts qui sont faits actuellement par les
cultivateurs en vue de former des livres de généalogie pour les princi-
pales races d'animaux domestiques, surtout pour la race bovine
normande. A cette occasion, M. des Cars fait observer que des efforts
analogues ont été faits pour créer un stud-book de la race chevaline
percheronne, mais qu'il s'est présenté de grandes difficultés pour ce
travail. M. Dumas ajoute qu'il est de la plus haute importance d'en-
courager la création de registres de naissance pour le bétail ; car ces
registres peuvent seuls servir de guide pour maintenir la pureté des
races. La question est renvoyée à la Section d'économie des animaux.
M. Barral présente, de la part de M. Balbiani, deux pieds de vignes
cultivés dans des pots et qui ont été badigeonnés au goudron en vue
de détruire l'œuf d'hiver du phylloxéra; la végétation de ces vignes
est vigoureuse, ce qui démontre que les bourgeons n'ont pas été endom-
magés par le goudron. — Ï\L Boussingault cite des expériences nom-
breuses qu'il a faites à Bechelbronn, et d'oi^i il résulte que le goudron
n'exerce aucune action délétère sur les parties ligneuses des plantes.
La Société procède à l'élection d'un membre associé dans la Section
de mécanique agricole et des irrigations. M. Cliamponnois est élu.
Henry Sagmer.
LES HARAS EN 1883 451
LES HARAS EN 1883
La question des haras, si importante au point de vue écononiif[ue
et vitale au double point de vue de la défense et de la richesse natio-
nales, est une de celles qui doivent rencontrer dans les Cliambres,
comme auprès du o;ouvernement, une faveur marquée. L'intérêt
militaire qui s'attache à la reconstitution de notre cavalerie est
incontestable. C'est là un des plus G;rands ressorts des armées
modernes. Il &e trompait iiçravement, cet officier supérieur qui ne
voyait plus de rôle pour ce moteur animé dans la guerre moderne,
depuis la découverte des armes à lonjtue portée, et qui avait poussé,
50US l'Empire, ce cri de détresse : Plus de cavalerie ! La triste expé-
rience de 1870-1871 est venue prouver qu'on ne se passe pas davan-
tage des chevaux que des hommes et a jeté un jour éclatant sur ce
qui nous manque de ce côté. La disparition du cheval de guerre
serait un véritable cataclysme et compromettrait, dans un de ses
éléments essentiels, la défense nationale, pour laquelle le pays s'est
imposé déjà et s'impose encore chaque jour de si lourds sacrifices.
Cette dure leçon paraissait d'ailleurs avoir été comprise par
l'administration, qui avait évidemment une part de responsabilité
dans nos désastres. Les ministres de l'aorriculture et du commerce
qui se sont succédé depuis 1871 à l'hôtel de la rue de Varennes
méritent nos éloges pour le zèle louable avec lequel ils ont cherché à
développer la production chevaline par les encouragements. Mais toute
leur bonne volonté n'eût pu suffire à l'accomplissement de cette tâche.
Il y fallait le concours, et le concours énergi(jue et résolu, des Cham-
bres. Certes, nous ne nions pas ce qu'elles ont fait de bien dans ce
genre. La loi de 1874 est un des meilleurs legs que nous ait transmis
l'Assemblée nationale. C'est le commencement de la réorganisation et
une première étape dans la voie du repeuplement et du progrès. Mais
le temps a marché, et l'insuffisance des mesures prises menacerait
de compromettre une réforme indispensable. D'autre part, la
Chambre n'est pas uniquement composée de représentants de nos
régions chevalines ; n'a-t-on pas vu dernièrement des députés et des
conseillers municipaux de la ville de Paris protester du haut de la
tribune contre l'inulile institution des cour.-es? On ne saurait trop
prémunir nos législateurs et nos édiles contre d'aussi déplorables
tendances, dont le résultat serait, par ce temps d'économies forcées,
de faire retrancher des crédits indispensables au budget de la race
chevaline.
Enfin, l'institution des haras elle-même à laquelle nous consacrons
ces pages, parce que nous la croyons, nécessaire à la reconstitution
d'une des branches de notre année, au développement de notre com-
merce, à la diffusion du luxe sous une de ses formes les plus utiles,
parce que nous sommes convaincu que, bien dirigée, elle peut contri-
buer puissamment à notre relèvement, à notre prospér;té, à ce mou-
vement en avant qui en est le signe infaillible, — cette institution a
été souvent attaquée, tenue en suspicion, considérée comme un rouage
superflu que le législateur aurait dû supprimer depuis long'emps pour
faire appel à l'industrie privée et livrer nos races de chevaux à tous
les hasards d'une production sans contrôle; comme si le moment était
462 LES HARAS EN 1883.
venu de briser le moule de nos reproducteurs, de faire table rase de
tout le passé et de semer du sel sur l'emplacement du baras du Pin et
delà jumenterie reconstituée de Pompadour!
C'est pour réagir contre ces funestes erreurs que nous avons entre-
pris celte étude, dans laquelle nous nous sommes proposé de démon-
trer par des considérations économiques, agricoles et militaires, que
jamais, à aucune époque, les baras ne furent plus nécessaires pour
améliorer et augmenter notre production cbevaline; que, s'il est vrai
qu'ils ont été trop souvent au-dessous de leur tache et rebelles aux
réformes les plus indispensables, il n'en faut conclure, comme le font
leurs advertaires a\ec une précipitation dangereuse et une logique à
outrance, que It^ur rôle est fini; mais quil y a lieu de les soumettre
à un contrôle sévère, de les réformer, de les pénétrer de l'esprit nou-
veau et d'en faire le véhicule du progrès et l'agent de l'amélioration.
Les Chambres peuvent beaucoup pour la défense de ces intérêts
vitaux du pays. Ce sont elles qui votent, chaque année, le budget de
la race chevaline. Nous connaissons trop leur zèle et leur dévouement
à cette grande cause pour avoir besoin de les stimuler. Mais ces
intérêts peuvent être compromis par trop de condescendance. Nous
avons tenu, quant à nous, à dire la vérité tout entière, persuadé
q"'elles sauront la comprendre et qu'elles nous sauront gré de l'avoir
dite.
j. — Nous n'examinons pas en ce moment les griefs invoqués contre
l'administration des haras; si l'on veut môme, pour simpliher la
question, nous les accepierons tous. Les hommes ont pu se tromper,
les méthodes n'ont pas toujours été excellentes, une certaine étroitesse
d'esprit s'est fait jour à différentes époques, et les jalousies de métier
ont été parfois déplorables. L'administration des haras, qu'il ne faut
pas confondre avec les haras eux-mêmes, est peut-être même un mal,
mais alors il faut avouer que c'est un mal nécessaire. On l'a sup-
primée déjà; mais on a été forcé d'y revenir, par cette unique raison
qu'on ne pouvait s'en passer. Cette administration a cependant produit
des hommes utiles, capables et dé.>intéressés. Si elle a été vaincue
sous l'Empire dans sa lutte contre le Jockey Club, il fjut bien recon-
naître qu'elle avait affaiie à très forte partie, puisqu'elle était aban-
donnée par ceux mêmes qui avaient pour mission de la défendre et que
les plus grandes iniluences s'étaient retournées contre elle. En tout
cas, si le personnel avait besoin d'êire réformé, ce n'était pas une
raison pour supprimer l'institution.
L'utilité des haras n'est plus à démontrer; s'il fallait recourir à des
témoignages illustres, autorisés, nous nous bornerions à citer trois
noms : François de Neufchâteau, Hiizard père, qui écrivait à la fin du
dernier siècle, et M. Gayot, un contemporain. Tous trois déposent de
ce fait, assurément très considérable : que partout où s'est fondé un
haras sous la protection du prince ou de l'Etat, on a vu se créer une
race de chevaux ; que partout, au contraire, où par la faute des hom-
mes ou la dureté des t. mps, un haras fut supprimé, la race a disparu.
En veut-on des exemples? Nous ne remonterons pas au temps de la
féodalité, où les seigneurs et les abbayes rivalisaient ensemble pour
les besoins de la production chevaline. Quel moyen avaienl-ils Irouvé?
Celui d'avoir des haras. Colbert, sous Louis XIV, encourage l'institu-
tion, et l'on voit refleurir celte branche de la production nationale.
LES HARAS EN 1883. 453
En 1755, par un ordre de Louis XV, un haras s'établit dans l'île de
Camargue, où des chevaux vivent à l'état sauvage, et l'écurie du roi
ne dédaigne pas ses produits; la Révolution détruit l'établissement, et
la race disparaît. En Lorraine, en 1766, fut créé, non loin de Nancy,
le dépôt d'étalons de Rosières, et voici ce qu'écrit Huzard père peu
de temps après : « Quoique le haras actuel de Rosières n'existe que
depuis quelques années, on s'aperçoit déjà du bien qu'il a fait dans
les départements voisins. On reconnaît la facilité qu'il y aura à relever
cette race et à lui rendre ce qu'une parcimonie mal entendue lui a fait
perdre, »
On connaît la plaine de Tarbes, cette vaste jumenteric naturelle où,
sur un étroit espace, se trouvent concentrées plus de six mille mères.
La destruction des haras, en 1790, leur fut fatale. Leur réorganisation,
en 1806, sauva la race navarrine. En 1852, se développa dans le dé-
partement de la Haute-Vienne une race anglo-arabe. Cette race avait
été l'œuvre de l'administration des haras, qui l'avait créée- à force de
soins et de patience, après bien des traverses et des oscillations. Depuis
lors, le haras de Pompadour a été supprimé. En frappant de stérilité
le haras de Pompadour, on avait rayé le Limousin de la carte hippique
de la France.
Voici du reste ce que nous lisons dans le rapport envoyé au minis-
tre de l'agriculture par une société d'encouragement de ce pays : « Dans
le département de la Haute-Vienne, l'élément de l'industrie chevaline,
c'est le haras de Pompadour : il est virtuellement toutes choses, la
tête et le cœur d'où sortent les artères du sang hippique et où viennent
se rendre les veines qu'il a échauffées. Le haras de Pompadour ne
prête pas seulement à l'élève des chevaux une incomparable assis-
tance, il lui communique réellement l'existence et répond avec exac-
titude, régularité, connaissance et à-propos, à chaque besoin, à chaque
légitime exigence. Qu'il conserve donc sa composition actuelle et sa
forte organisation : personnel d'officiers, étalons des sangs les plus
purs et les plus nobles, jumenteries expérimentales, grand établisse-
ment agricole et courses de chevaux. Réduire le haras dans ses
moyens d'action et d'exécution, ce serait tarir une des sources de la
fortune départementale, ce serait aller droit à la dégradation de l'es-
pèce la plus noble, et à l'anéantissement du précieux cheval de troupe
légère; ce serait perdre un des éléments essentiels de la force de l'ar-
mée. »
On ne tint pas compte de ces avertissements prophétiques. Une
société, puissante pour le bien comme pour le mal qu'elle a fait à nos
races de chevaux, avait juré la mort du cheval anglo-arabe, qui
inquiétait ses combinaisons de gain. M. Fould, M. de Morny
avaient décrété la suppression du haras de Pompadour. Napoléon HI,
à l'instigation de ces conseillers intimes, prit cette regrettable mesure
qui causa la désolation des éleveurs du centre et du midi de la France.
La célèbre jumenterie fut dispersée au feu des enchères. On vendit à
l'encan les pères et les mères de cette race excellente dont l'étranger
recueillit les meilleurs modèles.
Les conséquences d'un aussi déplorable aveuglement no se firent
pas attendre : la race anglo-arabe disparut de la France pour aller
peupler les haras de l'Allemagne, de l'Autriche et de la Russie, et,
lorsque la guerre éclata, on put constater ce double résultat : la France,
454 LES HARAS EN 18S3,
appauvrie d'une de ses meilleures races de chevaux, surtout pour le
service si important de la cavalerie légère; l'Allemagne, fortifiée par
nos pertes, enrichie de nos dépouilles et de nos fautes ! Ce fut l'As-
semblée nationale qui, pour réagir contre cet épuisement funeste à la
remonte de l'armée, funeste, à l'agriculture du Midi, décréta, en 1874,
la reconstitution de la jumenterie en donnant aux haras une plus
large organisation.
La Basse-Normandie peut à bon droit passer pour le lieu d'élection
de la race chevaline en France. La nature a été prodigue pour cette
contrée. A l'est du Bocage normand, dont les collines sont si char-
mantes par leurs bouquets de hêtres et leurs vergers, la région de la
plaine, arrosée par l'Orne, la Dives et la Touques, est par excellence
le pays des « herbages « : on se croirait en Angleterre. Les vallées de
l'Orne et du Calvados peuvent lutter avec les plus beaux comtés d'au
delà de la Manche, et, comme eux, elles se prêtent admirablement à
l'élève du cheval : l'humidité du climat entretient dans ces riches
vallées une herbe abondante, tandis que la fertilité du sol, aidée par
l'industrie du cultivateur, favorise singulièrement la végétation des
fourrages artificiels dans la plaine de Caen, Les jeunes chevaux qui
s'en nourrissent prennent de belles et vigoureuses formes, pourvu tou-
tefois qu'une alimentation rationnelle vienne plus tard corriger le dé-
veloppement de principes lymphathiques dus à ces herbes trop grasses
et en trop grande quantité, pourvu que l'éleveur intelligent sache de
bonne heure combattre ces dispositions en mettant les animaux à
l'avoine et en les soumettant à un travail modéré qui accroît leurs
forces sans leur faire perdre la fierté de leur port et la légèreté de leur
allure. Quel plus admirable spectacle que celui de ces nobles bêtes,
tondant l'herlDe des pâturages normands en compagnie de ces troupes
de bœufs qui s'y renouvellent chaque année pour l'engraissement, au
milieu même de ces vaches laitières du Cotentin, si renommées pour
la production du fromage et surtout du beurre ! Mais à qui devons-nous
ces merveilles ? Ceux qui veulent supprimer les haras y ont-ils bien
réfléchi ?
La race anglo-normande existe, grâce au haras du Pin. 11 n'y a pas
à ce sujet le moindre doute à avoir : c'est le prince de Lambesc, grand
écuyer de Louis XVI, qui envoya en Angleterre, avec mission d'y
choisir des reproducteurs de demi-sang, half blood. C'est alors que
furent importés au haras du Pin ces vingt-quatre étalons parmi les-
quels plusieurs ont assez marqué pour que leurs noms soient restés
longtemps dans la mémoire des éleveurs. On se souvient, en effet,
des Glorieux, des Badin, des Lancastre, des Warwick, des Sommer,
set, ainsi que du Docteur ; des premiers en bonne part, et du dernier
en mauvaise, parce que, bien qu'admirablement doué, il ne fit qu'une
lignée mauvaise et rétrograde par le défaut de son origine. Sans ces
étalons, nous n'aurions pas de race anglo-normande. La suppression
des haras, en 1790, vint remettre tout en question. L'émancipation de
l'industrie privée avait conduit par le chemin le plus court à la ruine
complète des éléments de toute production. En quelques années, il
n'y eut plus ni étalons, ni poulinières capables. La population en
masse ne s'en porta pas mieux ; loin de là, elle se trouva si mal du
nouveau régime auquel on l'avait soumise, qu'il y eut nécessité de
revenir à une organisation régulière. Malheureusement, l'Angleterre
LES HARAS EN 1883. 455
nous resta fermée pendant toute la durée du premier Empire. Après la
Restauration, reparaît le sang anglais. Mais on ne put arriver à faire
disparaître la tête busquée, legs que nous avait fait la Du Barry ; et
vers 1830, le cheval normand était un grossier animal, à l'encolure
courte, épaisse et commune, le garrot noyé dans la graisse, le dos bas
et foulé, le rein long et mou, les hanches hautes, droites, effacées, le
jarret plein, vacillant et taré, le genou creusé sur le devant, les ca-
nons minés, les tendons grêles, les articulations faibles et mal atta-
chées. Mais, à partir de 1830, une impulsion nouvelle vint régénérer
la race. L'infusion habilement dosée du sang anglais accomplit ce
miracle. Le sang nous délivra du cornage héréditaire, fit disparaître
l'affreux nez busqué, releva le garrot. Mais ici l'abus était à côté de
l'usage et devait bientôt prévaloir. Nous croyons, avec de bons juges,
que l'abus du pur-sang a jeté l'élevage normand dans une crise déci-
• sive et dont il aura quelque peine à sortir dans les circonstances
actuelles. L'équilibre est rompu : l'amaigrissement ou l'élongement
des formes est déjà sensible ; la force morale n'est plus soutenue par
la force physique, la vitesse par le fond, et les hommes sérieux voient
avec peine l'avenir des races de demi-sang très compromis par l'excès
de ces croisements sans sélection.
Veut-on d'autres exemples ? La race angevine, telle qu'elle s'est
développée de 1 833 à 1 850, est une création des haras, et la race' franc-
comtoise, telle que le comte de Montendre l'a décrite et prise entre
1740 et 1754, création des haras. « Alors, nous dit-il, la Franche-
Comté était divisée en deux départements, qui avaient chacun un
inspecteur parliculer. Il y avait un étalon approuvé par canton, soit
120 pour un département, 230 pour l'autre, total : 350, en outre de
ceux appartenant à l'Etat. » Mais on a laissé dégénérer cette institu-
tion depuis cinquante ans. On a supprimé la classe des étalons dépar-
tementaux ; on a réduit l'effectif des étalons nationaux. Aujourd'hui
il n'y a plus de race franc-comtoise.
Ainsi, partout en France, fondation d'un haras de l'Etat signifiait,
jusqu'à ce jour, création d'une race de chevaux. Partout aussi, jus-
qu'à ce jour, la disparition d'un de ces haras a précédé de peu d'an-
nées la disparition de cette race. Voilà les faits incontestables et
démontrés par ceux mêmes qui ont lutté pour ces principes et raconté
les résultats de leur expérience.
L'explication du fait est bien simple. La création des races et l'amé-
lioration de la production chevaline ne sauraient être livrées au
hasard. C'est une œuvre de patience et de raison, qu'une administra-
tion forte et éclairée peut seule entreprendre dans l'état de division et
de morcellement où nous sommes. En France, ce n'est pas comme en
Angleterre, où une aristocratie puissante encourage, développe, pa-
tronne l'élève du cheval : ici le principe démocratique s'étend aux
chevaux eux-mêmes ; ce sont de véritables petites républiques répan-
dues parfois sur de vastes espaces, souvent presque à l'état sauvage.
Comment faire pour les améliorer? Voici, par exemple, toutes ces
familles si intéressantes, mais si peu homogènes et si peu suivies du
midi de la France. A défaut d'une pépinière unique, dune même
source où chacune des contrées chevalines du Midi vienne puiser les
mêmes éléments de reproduction et d'amélioration, les unes et les
autres, vouées à tout venant, avancent au hasard, comme elles peuvent,
456 LES HARAS EN 1883.
sans savoir oii elles vont. La plupart sont à peu près abandonnées à
elles-mêmes; quelques-unes se soutiennent à grand'peine, par les se-
cours qui leur ont été portés précédemment et dont les effets se font
encore sentir. Mais toutes succomberaient infailliblement sous le coup
du système destructeur dont l'inévitable effet serait de fournir à l'in-
dustrie privée des reproducteurs médiocres et insufïisants.
Voilà donc l'utilité des haras : élever le niveau de production, l'uni-
formiser pour une même contrée chevaline en vue des besoins, sans
nuire à la spécialité et à l'appropriation au milieu. Les haras sont le
véhicule de la création des races et de leur amélioration. En les sup-
primant, vous faites inévitablement disparaître les races qu'ils ont
créées.
La Normandie, à cet égard, n'a jamais dissimulé ses craintes, ses
inquiétudes. On la trouve timide, mais c'est bien naturel en présence
des leçons de l'expérience. La Normandie est la contrée chevaline par
excellence ; elle est le siège d'une race estimée, qui vend ses produits
à l'étranger et au reste de la France. Je ne reviendrai pas sur ce que
j'ai dit des éléments dont se compose la race anglo-normande. Cette
race est le produit des accouplements des juments indigènes avec
les meilleurs étalons d'Angleterre. C'est bien là, on l'avouera, que les
haras jouent un rôle nécessaire ! Un seul étalon a infecté la Norman-
die de ses produits. Il semble donc que ce ne soit pas trop de la
surveillance la plus active d'un personnel capable, des efforts intel-
ligents et des sacrifices raisonnes de l'administration, pour maintenir
cette race à sa véritable hauteur. Et c'est pourquoi les haras ont tou-
jours été nécessaires, aux éleveurs, ils le croient du moins, pour se
livrer avec fruit à la production chevaline.
D'autres raisons encore confirment cette opinion des éleveurs. L'éta-
lonnage est un mauvais métier, réputé sans profit. On sait que ce pro-
duit, acheté souvent très cher, se détériore aussi très vite. Qui de nous
n'a vu un de ces pauvres étalons sans gloire, couché sur une paille
ignoble, après avoir servi quelques années aux besoins de la reproduc-
tion ? La pauvre bête tarée contrastait, par sa piteuse mine, avec l'ani-
mal brillant que nous avions connu peu d'années auparavant. Ce capi-
tal est donc un de ceux qui se détériorent le plus vite et qui ont le
plus besoin d'être renouvelés. De là de nouvelles et très sérieuses dif-
ficutés pour l'établissement de cette industrie.
Tous ces motifs et d'autres encore militaient en faveur du maintien
des haras. Aussi, lorsque, en 1852, il fut sérieusement question d'y
toucher, au premier soupçon qu'ils eurent de la mesure, les éleveurs
réclamèrent, et à lapremière nouvelle d'un commencement d'exécution,
tous protestèrent, on sait avec quelle énergie. Les membres du Conseil
municipal, du Tribunal de commerce et de la Chambre consultative
des arts et manufactures de Saint-Lô, appelaient la mesure un vrai
malheur public qui jetait l'alarme et la consternation dans le pays. Ils
parlaient des résultats désastreux qu'entraînerait la suppression des
haras; ils suppliaient leurs députés et sénateurs d'agir eflicacement et
résolument auprès du Sénat et du Corps législatif.
Des voix s'élevèrent de toute la contrée chevaline qu'on allaitdépouiller
de sa principale production, et au bout de quelque temps il fallut bien
se rendre à l'évidence. La mesure, proposée par MM. Fould et de Morny
dans l'intérêt du Jockey-Club, fut abandonnée. La direction des haras
LES HARAS EN 1883. 457
ne fut même point supprimée, comme on en avait eu d'abord l'inten-
tion, et l'empereur reconnut, un peu tard, qu'on l'avait trompé.
Dételles leçons portent avec elles leur enseignement. Les menaces de
suppression des haras", s'il existait dos esprits assez mal faits pour
rêver un tel bouleversement, seraient accueillies avec une défaveur
plus grande encore et soulèveraient une résistance invincible de la
part des éleveurs. Le gouvernement qui le tentera' t aurait contre lui
toute la France chevaline. Et sait-on pourquoi? C'est qu'à cette pre-
mière et déjà très dure leçon est venue s'en ajouter une autre : celle de
la guerre avec l'Allemagne.
[La suite prochainement.) Foucheii de Careil,
sénateur.
CONCOURS REGIONAL DE BLOIS
Les concours régionaux ont été créés en vue du développement des progrès
agricoles; leur but est de montrer, par les animaux, par les récoltes, par les
machines, à la fois des moyens de production, et les produits obtenus, de susciter
parmi les agriculteurs une émulation profitable, en un mot de servir d'instruction
à tous. Eh bien, dans un certain nombre de villes, ce but est absolument manqué.
Le concours agricole, qui devrait être la principUe partie des solennités dont il
est l'occasion, devient l'accessoire; et cet accessoire est souvent traité avec une
désinvolture voisine du dédain. On organise des solennités de toutes sortes, des
expositions bariolées, et on leur donne le premier pas ; c'est de ce côté qu'on attire
les visiteurs, en reléguant le concours agricole dans un faubourg, le plus loin
qu'on peut, sans s'inquiéter de son sort. C'est ainsi que les choses viennent de
se passer à Blois. Il y a beaucoup de re'^sources dans cette ville pittoresque; mais
les endroits propices avaient été réservés à des fêtes locales, de même que tous
les efforts des organisateurs s'étaient consacrés sur ces fêtes. Ce n'est pas que nous
soyons l'ennemi d'une douce gaieté, tant s'en faut; aiais les choses utiles, celles
qui sont la cause réelle de tout ce mouvement, devraient être phcéesau premier
rang. Amusez -vous tant que vous voudrez, mais ne sacrifiez pas l'agriculture aux
divertissements populaires. La seule excuse qu'on puisse présenter, c'est que les
municipalités faisant les frais d'organisation des concours, il est tout naturel
qu'elles prennent les mesures qu'elles croient utiles pour rentrer dans leurs frais.
Sans doute, il y a là une considération dont il faut tenir compte ; mais est-ce une
raison suffisante pour ne pas leur imposer des conditions, bien naturelles, en
vérité? Puisque le concours agricole vous donne l'occasion d'attirer une foule
nombreuse, ayez pour lui les égards dus à qui remplit la bourse.
Les Compagnies de chemins de fer ont aussi, dans cet état de choses qui se
généralise, leur part de responsabilité. Elles donnent des facilités pour le trans-
port des voyageurs, elles réduisent les tarifs et organisent des trains spéciaux.
Si ces facilités étaient accordées pour toute la durée du concours, ce serait parfait,
et il n'y aurait qu'à applaudir. Mais le plus souvent, c'est seulement le dimanche,
c'est-à-dire le dernier jour, qu'elles prennent ces dispositions exceptionnelles; s'il
y a des expositions locales qui doivent durer plus longtemps, elles prolongent leurs
faveurs, de telle sorte que ce n'est pas en réalité dans l'intérêt du concours agri-
cole que ces mesures produisent leur effet. Bien plus, les exposants, leurs vachers,
leurs bergers, leurs mécaniciens, ne peuvent pas profiter personnellement de cette
réduction des tarifs, puisqu'ils sont obligés de venir au concours dès le premier
jour, avant l'organisation des tarifs de demi-place pour les vis'teurs. Il y a donc
là une réforme à faire, réforme dont les Compagnies profiteraient certainement,
puisqu'elle leur assurerait un mouvement de voyageurs beaucoup plus considé-
rable, et qu'elle présenterait l'avantage de diminuer l'encombrement que l'on
constate trop souvent le dernier jour.
Le concours qui vient de se tenir à Blois a été la victime de l'ensemble des
circonstances que nous venons d'esquisser. Ce n'est certes pas la faute de l'inspec-
teur général, M. Randoing, et de ses commissaires zélés, qui l'ont organisé avec
un soin digne d'un meilleur sort. C'est tout à fait la faute de la ville de Blois, et
il faut le dire hautement, en invitant le ministère de l'agriculture à montrer une
énergie suffisante pour que de semblables abus disparaissent. S'il entre dans
cette voie, tous les agriculteurs lui en seront vivement reconnaissants.
458 CONCOURS RÉGIONAL DE BLOIS.
Entrons maintenant dans le concours. Ce qui frappe, au premier abord, quand
on parcourt les boxes des races bovines, c'est le nombre relativement restreint
d'animaux exposés, principalement dans la race Charolaise-Nivernaise. Une qua-
rantaine de bêtes tout au plus; c'est peu. Mais il y a, à cela, deux raisons : la
première, c'est que le concours se tient à une date beaucoup trop tardive; il eût
dû avoir lieu dans la première quinzaine de mai. Aujourd'hui, c'est l'époque de
la monte; beaucoup d'agriculteurs reculent devant le désagrément qui résulterait
pour les animaux d'un voyage long, exécuté dans des conditions peu favorables.
Les éleveurs demandent avec instance que la date du concours soit reportée au
milieu de mai, c'est-à-dire que l'on revienne aux anciennes habitudes. La seconde
raison, c'est que Blois est loin du centre de la région d'élevage de la race Nivernaise.
Mais, si l'on compte peu d'animaux, il est permis d'affirmer que la plupart sont
d'excellente qualité. Le lot qui a valu à M. le comte de Saint- Vallier, éleveur à
Pessottes-Limon (Nièvre), est certainement un des plus beaux que l'on ait vus
dans les concours de la région. Il présente une finesse réellement remarquable,
môme dans cette belle race. — D'autres éleveurs émérites, M. le comte de
Bouille, à Villars ; M. Joyon, à Vary-Langeron; MM. Régnier et fils, à Mars-
sur-AUier, représentent dignement la Nièvre; le département de l'Allier est repré-
senté principalement par M. Bertoux, à Gannat, et par M. Paul Corne, à Bessay.
La collection de la race Durham était beaucoup plus importante, et cela n'a
rien de surprenant, dans une région qui compte beaucoup de belles étables. Tou-
tefois, nous devons constater encore une fois que, de ce côté, le nombre des expo-
sants n'augmente pas. Ici le premier rang appartient incontestablement à un
taureau âgé de 4 ans, Cirencester IV, exposé hors concours par M. Salvat, éle-
veur à Nozieux (Loir-et-Loir) ; ce taureau est certainement un des plus beaux types
de la race Durham que l'on puisse voir. Nous devons signaler aussi d'une manière
spéciale Carlin, jeune taureau exposé par M. Signoret, de Glos-Ry (Nièvre) ; un
superbe animal de 29 mois, Diogéne, appartenant à M. Tiersonnier, de GimouilJe
(Nièvre) ; Naxos, âgé de 29 mois, à M. le marquis de Montlaur, à Gognat-Lyonne
(Allier), et Spavento, âgé de 10 mois, au même exposant. L'étible de M. Massé,
à Germigny (Cher), était très bien représentée. C'est à M. Elie Larzat, éleveur
à Germigny-l'Exempt (Cher), que le prix d'ensemble a été attribué ; il est, comme
nos lecteurs le savent, un des grands lauréats de nos principaux concours. Parmi
les animaux exposés, figuraient trois femelles provenant de la vacherie de Gorbon,
âgées de 3 à 4 ans ; elles ne faisaient pas honneur à leur lieu d'origine.
Très belle collection d'animaux de la race normande, surtout pour les vaches
Parmi les animaux les plus remarquables, nous citerons ceux de M. Boyenval, à
Bellecour; de M. Noblet, à Châteaurenard, l'un et l'autre du Loiret; de M. Pou-
lain (Jean) et de M. Tauvin, à Pontlevoy (Loir-et-Cher). Toutefois, nous devons
dire que, dans cette catégorie, à l'exception de deux ou trois bêtes, les animaux
avaient trop d'embonpoint. C'est au point que beaucoup de visiteurs s'y trompent,
et qu'ils croient assister à un concours de boucherie; nous avons entendu des
paysans regretter de n'avoir pas engraissé leurs bêtes pour les amener au con-
cours. Un objet d'art spécial a été décerné à M. Jean Poulain par la Société des
agriculteurs de France pour l'ensemble de son exposition d'animaux cotentins.
Il y avait peu d'animaux des autres races bovines : quelques bons limousins,
exposés par M. Texier, à Yigoux (Indre), et par M. Yilliers, à Giron; des Parthe-
nais, appartenant à M. Etienne Thimel, à Bouesse (Indre), lauréat de la prime
d'honneur.
En ce qui concerne les races ovines, la principale lutte est toujours, dans la
région du Centre, entre les dishley et les southdowns. L'exposition des southdowns
était peu nombreuse ; deux exposants seulement, M. Nouette-Delorme et M. Go-
las ; la célèbre bergerie de la Manderie l'emporte facilement sur son adversaire.
Plus nombreux sont les dishley : M. Massé, M. Signoret, M. Tiersonnier lut-
tent de près les uns avec les autres ; c'est un très bel ensemble, et il faut recon-
naître que la victoire a été bien disputée pour le prix d'ensemble des races étran-
gères qui, finalement, est échu à M. Nouette-Delorme, pour ses southdowns.
Dans les races françaises, la principale place appartient d'une part à la race
de la Charmoise, d'autre part à la race berrichonne , l'une et l'autre très bien
représentées. M. Tauvin, M. Bodin, deux agriculteurs de Pontlevoy (Loir-et-
Cher), ont de bons animaux de la Charmoise; mais ils sont vaincus par
M. Guyot de Villeneuve, gendre de M. deMontalivet, à Saint-Bouize (Cher), qui
remporte le prix d'ensemble des races françaises. M. Jugand, à Civray (Cher), et
CONCOURS REGIONAL DE BLOIS. 459
M. Bodin sont les principaux exposants pour la race berrichonne. M. Lei'ebvre
(Emile), à Saint-Florent (Loiret), continue à être le seul exposant de la race
sologûote. A ce propos, nous nous étonnons que cette race, qui continue à être
très répandue dans une partie de la Sologne, ne soit pas représentée davantage
dans les concours régionaux. Il faut citer des dishley-mérinos exposés par M. Mes-
tivier, à Villeromain (Loir-et-Cher) ; mais ils sont battus par les dishley-berri-
chons ; ce dernier croisement est aujourd'hui très en faveur daos une partie du
Berry. M. Henri Jugand, à Civray (Cher), a obtenu une médaille d'or de la Société
des agriculteurs de France pour l'ensemble de ses animaux de race berrichonne.
Très belle exposition de porcs de race craonnaise, quoiqu'elle soit peu nom-
breuse. Les principaux lauréats sont M. Lefebvre, à Saint-Florent (Loiret), et
M. Julien Hervé, à Saint-Martin-des-Bois (Loir-et-Cher). Pour les races étran-
i^ères, trois porcheries bien connues sont en présence : celle de M. Noblet, à Ghâ-
tcaurenard (Loiret), et de M. de la Massardière, à Autran (Vienne), qui élèvent
des yorkshire ; celle de M. Boyenval, à Bellecour (Loiret), qui élève des essex-
middlesex; si l'on y ajoute M. le marquis de Chanvelin, à Rilly (Loir-et-Cher),
nous aurons cité tous les exposants. L'ensemble des animaux est bien réussi et
dénote une grande habileté chez les éleveurs.
Nous avons peu de choses à dire de l'exposition des animaux de basse-cour. La
plus belle part du succès a été pour Mme Delimoges, à Entrain (Nièvre), et pour
Mlle Boyenval, à Bellecour (Loiret) ; c'est à celle-ci que le prix d'ensemble a
été attribué.
L'exposition des produits était très intéressante. Beaucoup de vins, ce qui n'a
rien de surprenant, car le vignoble de Loir-et-Cher a pris une très grande
extension, et il donne des produits recherchés par le commerce. C'est dans ce
département que la méthode de la culture de la vigne en chaintres a eu son ber-
ceau, à Chissay, elle est de plus en plus adoptée dans un nombre de localités
toujours croissant. M. Pornay, bien connu pour ses succès dans la culture des
plantes potagères et lourragères, exposait hors concours une très belle collection
de plantes de toutes sortes. M. Henri Tauvin, de Pontlevoy, avait exposé de
très belles collections de variétés de blé, d'avoine, de carottes et de betteraves, de
graines de sainfoin et autres. Très belle aussi et très variée était la collection de
M. Butin, de l'AlUer, qui remporte plusieurs médailles. M. Emile Fleury, de
Vineuil, a obtenu une médaille d'or avec sa collection de pommes de terre.
M. Fleury est l'auteur d'une nouvelle méthode de culture : huit à dix jours après
l'entière levée des pommes de terre, on arrache à la main les petites tiges qui
sortent du pied; on n'en laisse qu'une ou deux, qui deviennent très fortes, et à la
récolte les tubercules sont plus nombreux et plus beaux; il y en a peu de petits.
— Enfin, un instituteur du département du Cher avait exposé une série de travaux
de ses élèves et d'objets d'enseignement dont l'ensemble démontrait qu'il sait
parfaitement donner l'enseignement agricole; cet instituteur, M. Maîtrejean, est
un des élèves de M. Franc, professeur départemental.
Un concours hippi [ue avait été organisé par l'administration des haras, tout à
lait en dehors du concours régional. Peu d'animaux, et beaucoup laissant à dési-
rer ; il ne pouvait en être autrement, car c'est tardivement et avec beaucoup de
peine que l'on s'est décidé à admettre les chevaux de trait; on ne voulait que du
demi-sang. Le prix d'honneur a été décerné à M. Lemerle, à Saint-Chartier
(Indre), pour une pouliche de demi-sang de trois ans. Parmi les chevaux de trait,
nous avons remarqué deux beaux étalons, appartenant, l'un à M. Alfred Ferrand,
au Bois-Hardouin (Loir-et-Cher), l'autre à M. Julien Hervé, à Saint-Martin-des-
Bois (Loir-et-Cher).
Voici la liste complète des récompenses du concours régional :
Rappel de prime d'honneur, M. Tauvin -Galloux, propriétaire à Pontlevoy, lauréat de la prime
d'tionneur en 1875.
Primk d'honnkur, non décernée
^rix culturaux.
P" Catégorie. — Propriétaires exploitant directement leurs domaines ou par régisseurs ou par
maître-vaiets. — Un objet d'art, M. Jean Poulain, propriétaire du domaine de la Mule, commune
de Sambin, canlon de Contres, arrondissement de Blois, pour un ensemble de cultures très
soignées, ses belles récoltes, la qualité et la bonne tenue de son bétail et pour les résultats finan-
ciers obtenus.
2" Catégorie. — Fermiers à prix d'argent ou à redevances en nature fixes, remplaçant le prix
de fermes; cultivateurs, propriétaires tenant à ferme une partie de leurs terres en culture,
métayers isolés (domaines au-dessus de 20 hectares). —Un objet d'art, M. Riverain-Pollet, fer-
mier au domaine d'Areines, commune d'Areines, canton et arrondissement de Vendôme, pour
création de prairies naturelles et artificielles sur des surfaces importantes, l'ensemble de ses très
^60 CONCOURS RÉGIONAL DE BLOIS.
belles récoltes de céréales obtenues au moyen d'engrais chimiques, donnant jusqu'ici des résulta s
remarquables et persistants.
3" Catégorie. — Propriétaires exploitant plusieurs domaines par métayers. — Pas de
concurrents.
4" Catégorie. — Métayers isolés ou petits cultivateurs, propriétaires ou fermiers de domaines
au-dessus de 5 hectares et n'excédant pas 10 hectares. — Pas de concurrents.
Par décision de M. le ministre de l'agriculture, sur la proposition du jury, un objet d'art a été
décerné à M. Ernest Rousseau, propiiétaire du domaine de la Ré'butinière, commune de
Souesmes, canton de Salliris, arrondissement de Romorantin, pour création et aménagement de
3bÛ hectares de bois d'essences feuillues, de 300 hectares de semis et plantations de pins, et
pour création de 30 hectares de prairies naturelles et de 50 hectarfs de prairies temporaires.
Médailles de spécialités. — Médaille d'or, M. Mureau-Chaumois, propriétaire du domaine de
la Pastourellerie, commune de Thenay, canton de Montnchard, arrondissement de Rlois, pour
création récente, mais bien entendue, de 17 hectares de vignes en chaintres.
R''comppnses aux agents des exploitations primées. — 1" Catégorie. — Agents de M. Poulain.
— Médailles d argent, M. Jean Jamet; Mme Alobonsine Jaraet; M. Auguste Mossard. — Médailles
de bronze, MM. Faisan Galloux; Joseph Maroy'; Vernon-Bissori.
2' Catégorie. — Agents de M. Riveraiii-Pollet. — Médailles d'arqent, MM. Gustave Pasquicr,
commis surveillant; François Letord, maître bouvier. — Médailles de bronze, MM. Isidore
Pasquier, maître charretier ; Paul Aubert, charretier; Marin Renvoisé, charretier.
3'= Catégorie. — Agents de l'exploitation de M. Ernest Rousseau. — Médailles d'argent,
MM. Joseph Tilledon; Pierre Chouzier.
Animaux reproducteurs. — Espèce bovine.
l" Catégorie. — Race niver.'iaise ou charolaise. — Mâles. — P= Section. — Animaux de 6 moi^
àl an, nés depuis le 1='- mai 1882 et avant le 1" novembre 1882. — X" prix, M. Joyon, à Vary-
Langeron (Nièvre); 2% M. le vicomte de Saint-Vallier à Pessotte-Limon (Nièvre); 3% M. le comte
de Bouille, à Villars (Nièvre). — Prix suppléa eniaire, M. P;ml Corne, à Bessay (Allier). —
T Section. —Animaux de 1 à 2 ans, nés depuis le P' mai 1881 et avant le P'' mai 1882. —
1" prix, M. Corne; 2% M Joyon; 3% M. Jean Chaput, à Gerraigny (Cher); 4". M. le comte de
Bouille; 5", M. Siïnoret. à Serraoiso. — Prix supplémentaire, M. le vicomte de Saint-Vallier.—
3* Section. — Animaux de 2 à 3 ans, nés depuis le 1" mai 1880 et avant le 1" mai 1881. —
1" prix, MM. Régnier et fils, à Mars-sur-Allier (Nièvre): 2^ M. Bertoux, à Gannat. Allier. —
Prix supplémentaire, M. Bourdeau, à Saint-Benin-d'Azy (Nièvre). — Mention très honorables
M. le vicomte de Saint-Vallier. — Femelles. — V" Section. — Génisses de 6 mois à 1 an, née,
depuis le 1" mai 1882 et avant le l"novembre 1882. — P' prix, M. le vicomte de Saint-Vallier;
2% M. le comte de Bouille; 3% M. Auguste Gentil, à la Guerche (Cher). — 2" Section. — Génisses
de 1 à 2 ans, nées depuis le 1" mai 1881 et avant le P- mai 1882. — 1" prix, M, le vicomte de
Saint-Vallier; 2% M. Bertoux ; 3% MM. Régnier fils; 4% M. Joyon. —3° Section. — Génisses de
2 à 3 ans, nées depuis le ]<" mai 1880, et avant le p"' mai 188], p'eines ou à lait. — 1" prix,
M. le vicomte de Saint-Vallier; 2», M. Bertoux; 3% MM. Régiuer et fils; 4% M. Joyon. —
4° Section. — Vaches de plus de 3 ans, nées avant le 1" mai 1883, pleines ou à lait — P' prix,
M. le vicomte de Saint-Vallier; 2% MM. Régnier et fils; 3= M. Joyon; 4% M. Paul Corne;
5°, M. le comte de Bouille.
Prix d'ensemble à attribuer au meilleur lot d'animaux de la 1"= Catégorie, un objet d'art,
M. le vicomte de Saint-Vallier.
1" Catégorie. — Race Durham. — Mâles. — p" Section. — Animaux de 6 mois à 1 an, nées
depuis le ]" mai 1882, et avant le p' novembre 1882. — 1" prix, M. Signoret; 2^ M. le marquis
de Montlaur, à Cognat-Lyonne (Allier); 3, M. Massé, à Germigny (Cher) ; 4°, M. Peigné , à Tou-
railles (Loir-et-Cher). — Mentions honorables, MM. Tiersonnier. à Gimouille (Nièvre); Auclerc, à
Allichamps (Cher). —2'= Section. — Animaux de 1 à 2 ans, nés depuis le l""- mai 1881 et avant
le P"- mai 1882. — 1" prix, M. le marquis de Montlaur ; 2% M. Signoret; 3% M. Elle La^zat, à
Germigny-l'Exempt (Cher); 4«, M. Auclerc. — Mention honorable, M. Signoret. — 3» Section. —
Animaux de 2 à 4 ans, nés depuis le 1^' mai 1879 et avant le P'^ mat 1881. — 1" prix, M. Tier-
Konnier; 2% M. Boyenval, à Bellecour (Loiret). — Femelles. — P' Section. — Génisses de 6 mois
à \ an, nées dépuis le 1" mai 1882 et avant le P"- novembre 1882. — Rappel de 1" prix, M. Elle
Larzai; 1" prix, M. Auclerc; 2% M. Massé. — Mention honorable. M. Signoret. — 2'^ Section. —
Génisses de 1 à 2 ans, nées depuis le 1" mai 1881 et avant le P"- mai 1882."— P'-piix, M. Signoret;
2% M. Elle Larzat; 3", M. le marquis de Montlaur. — Mentions h.morables. M. Salvat ; M. Elie
Larzat. — 3" Section. — Génisses de 2 à 3 ans, nées depuis le l""- mai 1880 et avant le 1" mai
1881, pleines ou à lait. — ]•■■ prix, M. le marquis de Montlaur; 2% M. Auclerc, 3% M. Massé. Prix
supplémentaire, M. Elie Larzat. — Mention honorable, M. Tiersonnier. — 4° Section. — Vaches
de plus de 3 ans nées avant le l" mai, pleines ou à lait. — P"- prix, M. Salvat, 2», M. Auclerc;
3% M. Tiersonnier; 4% M. Elie Larzat. —Mention honorable, M. lem:irquis de Montlaur.
3" Catégorie. — Croisements Durham. — M.lles. — !"■ Section. — Animaux de 6 mois à 1 an,
nés depuis le p' mai 1882 et avant le p"^ novembre 1882. — Prix unique, M. Auclerc. — 2" Sec-
tion. — Animaux de 1 à 2 ans, nés depuis le P"' mai 1881 et avant le P"-mai 1882. — Prix unique,
M. Auclerc. — 3" Section. — Animaux oe 2 à 3 ans, nés depuis le l" mai 1880 et avant le 1" mai
1881. — Prix unique, M. Tauvin, à Pont-Levoy (Loir-et-Cher). — FemeWes. — V Section. —
Génisses de 6 mois à 1 an. nées le 1°'- mai 1881, et avant le 1"' mal 1882. — 1" prix, M. Auclerc.
2" Section. — Génisses de 1 à 2 ans, nées depuis le l""- mai 1881 et avant le 1" mai 1882. —
1" prix, M. Auclerc; 2% M. Signoret. — 3* Section. — Génisses de 2 à 3 ans, nées depuis le P'mai
1880, et avant le 1" mai 1881, pleines. — 1" prix, M. Signoret ; 2'-', M. Elie Larzit. —ti" Sectwn.
— Vaches de plus de 3 ans, nées avant le p"' mai 1880, pleines ou à lait. — 1" prix, M. Félix
Petit, à Saint-Menoux (Allier).
4* Catégorie. — Races laitières françaises ou étcangères, pures, à l'exclusion de toutes les
races ayant une catégorie spéciale. — Mâles. — P» Section. — Animaux de 1 à 2 ans, nés depuis
lel"raai 1881, et avant le 1" mai 1882. — P'^prix, M. Boyenval; 2% M. Tauvin ; 3=, M. Goossens,
à Sorigny (Indre-et-Loire). — Mention honorable, M. Henri Jugand, à Civray (Cher). — 2' Sec-
tion. — Animaux de 2 à 3 ans, nés depuis le P'' mai 1880 et avant le 1" mai 1881. — 1" prix,
M. Jean Poulain, à Pont-Levoy (Loir-et-Cher); 2% M. Noblet, à Châleaurenard (Loiret); 3°,
M. Bourdonneau-Breton, à Villebarou (Loir-et-Cher) — Mention honorable, M. Poirier, à
CONCOURS RÉGIONAL DE BLOIS. ^61
Tour-en -Sologne (Loir-et-Cher). — Femalles. — l" Section. — Génisses lie 2 à 3 ans, nées
depuis le P'-mai 1881 et avant le 1" mai 1882. — 1" prix, M. Boyenval; 2", M. Jean Poulain;
3°, M. Tauvin. — Mention honorable, M. Legave-.loly à l'arçny-Meslay (Indre-et-Loire). — 3° S'ectfon.
Génisses de 2 à 3 ans, nées depuis le l"' mai 1881, pleines ou lait. — 1" prix, M. Ncblet;
2% M. Legave-Joly ; 3", M. Hoyenval; 4% M. Goosens. — Mention honorable, M. Jean Poulain.
— 2° .Section. — Vaches de plus'de 3 ans, nées avant le 1" mai 1880, pleines ou à lait. — 1" prix,
M. Dabout, à Charsonville (Loiret); 2°, M. Legave Joly ; 3% M. Jean Poulain; 4°, M. l^oiiier -,
h", M. Goossens; 6". M. Noblet.— Mentions honorables, MM. Henri Jugand ; Tauvin.
n" Catégorie. — Races de travail, à l'exchision des races ayant une catégorie •spéciale (Parthe-
naise. Limousine, etc. — Mâles. — 1" Section. — Animaux de 1 à 2 ans. nés denuis le l''"' mai
1881 et avant le 1" mai 1882. — 1" prix, M. \ illière-Lnmy, à Ciron (Indn); 2», M. Pierre 'IVxier, à
Vigoux (Indre). — Mention honorable, M. Etienne Tiiimel, à Bouës.se (Indre). — 2° Section. —
Animaux de 2 à. 3 ans, nés depuis le 1" mai 1880 et avant le !"'■ mai 1.S8I. — P"- prix, M. Pierre
Texier:2°, M. Villière-Lamy, — Mention honorable, M. Etienne Thimel. — P'emeiles. — {'"Section.
— Génisses de 1 à 2 ans, nées depuis le l" mai 1881 et avant le 1"' mni 1882. — 1" prix,
M. Villière-Lamy; 2°, M. Pierre Texier. — Mention honorable, M. Etienne Thimel. — 2» Section.
— Génisses de 2 à 3 ans, nées depuis le 1" mai 1880 et avant le l" mai 1881, pleines ou à
lait. — 1" prix, M. Villière-Lamy ; 2% M. Etienne Thimel. — 3" Section. — Vaches de plus de
Sans nées avant le 1" mai 1880 pleines ou à lait. — l'^"' prix, M. Pierre Texier; rappel du
2' prix, M. Etienne Thimel. — Mention honorable, M. Villière-Lamy.
Prix d'ensemble à attribuer au meilleur lot d'animaux des 2% 3% 4% 5'^ et 6' catégories, un
objet d'art, M. Elle Larzat.
Espèce ovine.
V Catégorie. — Race Southdown. — ]'" Section. — .\nimaux de 1 an à 18 mois. — MAles. ~
1"'- prix, M. Nouetle Delorme, à Ouzouer-des-Champs (Loiret); 2^ M. Louis Colas, à Sermoise
(Nièvre). — Mention très honorable, M. Nouette- Delorme. — Femelles. — l"- prix, M. Nouetle-
Delorme; 2". M. Colas. — 2" Section. — Animaux âgés de plus de 18 mois. — Mâles. — l" prix,
M. Nouette-Delorme ; 2\ M. Colas, — Mention très honorable, M. Nouette-Delorme. — Femelles.
— 1" prix, M. Nouette-Delorme; 2% M. Louis Colas.
2" Catégorie. — Race Dishley. — {'"^ Section. — Animaux de 1 an à 18 mois. — Mâles. —
P'-prix, M. Massé, à Germigny (Cher); 2=. M. Tiersonnier, à Gimouille (Nièvre). — Femelles. —
l'^' prix, M. Massé ; 2% M. Tiersonnier. — Mention très honorable, M. Signoret, à Sermoise (Nièvre).
— 2" Section. — Animaux de plus de 18 mois. — Mâles. — 1" prix, M. Tiersonnier; 2", M. Massé.
— Mention très honorable, M. Félix Petit, à Saint-Menoux (Allier). — Femelles, — l"' prix,
M. riassé ; 2", M. Tiersonnier.
3" CaV'gorie. — Races mérinos et métis-mérinos. — Mâles. — !"'■ prix, M. Charles Lefebvre,
à Artenay (Loiret). — Femelles. — h' prix, M. Charles Lefebvre.
4^' Catégorie. — Race de la Charmoise. — Mâles. — 1"' prix, M. Guyot de Villeneuve, à Saint-
Bouize (Cher); 2% M. Jules Bcdin, à Pont-Levoy (Loir-et-Cher). — Femelles. — l" prix, M. Guyot
de Villeneuve; 2". M. Jules Bodin.
b° Catégorie. — Race de Crevant. — Mâles. — 1"' pnx, M. Andoux de Viljovet. 5 Nohant-Vicq
(Indre) ; 2", M. Félix Petit. -- Femelles. — 1" prix, M. Boucheron de Lécherolles, à Piou-Maroii
(Indre); 2% M. Louis Tabonët, à Vallon (Allier).
6' Catégorie. — Races Berrichonnes et Solognotes. — Mâles. — l'"' prix, M. Henri Juguet, a
Civray (Cheri,- 2°, M. Jules Bodin. — Prix supplémentaire, M. Emile Lefebvre, à Saint-Floreni
(Loiret). — Femelles. — P"' p-ix, M. Henri Jugand; 2% M. Tauvin, à Pont Leroy (Loir-et-Cher).
— Prix supplémentaire, M. Lefebvre.
1" Catégorie. — Croisements divers — Mâles. — 1" prix, M. Tauvi\i; 2% M. Louis Tabouël. —
Femelles. — 1"- prix, M. Louis Tabouët; 2% M. Tauvin. — Prix supplémentaire, M. Galloux, à
Pont-Levoy (Loir-et-Cher).
Prix d'ensemble : pour le meilleur lot des 1", 2-= et 7" catégoriesj M. Nouette-Delorme ; —
pour les autres catégories, M. Guyot de Villeneuve.
Espèce porcine.
1'" Catégorie. — Races indigènes pures ou croisées entre elles. — Mâles. — 1°'' prix, M. Em le
Lefebvre, à Saint-Florent. (Loiret): 2% .M. Julien Hervé, à Saint-Martin-des-Bois (Loir-et-Cher). —
Femelles. — 1" prix, M. Emile Lefebvre; 2% M. Julien Hervé.
2^^ Catégorie. — Races étrangères pures ou croisées entre elles. — Mâles. — 1"" prix, M. Nohiet,
à Châleaurenard (Loiret); 2% M. Boyenval, i Rellecour (Loiret). — Prix supplémentaires. MM. de
la Massardière, à Aulran (Vienne) ; le marquis de Chauvelin, ù Killy (Loir-et-Cher). — Femelles.
— l"'- prix, M. Boyenval; 2°, M. Noblet; 3% M. do la Massardière, à Aiitran (Vienne). — Prix
supplémentaire, M. le marquis de Chaulin, à Rilly (Loir-et-Cher).
3'' Catégorie. — Croisements divers entre races étrangères et françaises. — .Mâles. — l", 2".
et 3'' prix, non décernés. — Femelles. — 1" prix, M. Pierre Texier, â Vignon (Indre); 2-,
M. Boyenval.
Prix d'ensemble à attribuer au meilleur lot d'animaux de l'espèce porcine, M. Boyenval.
Animaux de basse-cour.
V' Section. — Race de Crèvecueur. — 1" prix, Mlle Boyenval, â Bellecour (Loiret) ; 2*.
Mme Delimoges, à Entrain-sur-Mohain (Nièvre). — 2° Section. — Race de la Flèche. — Prix
unique, Mlle Boyenval. — 3° Section. — Race de Houdan. — 1" prix, Mlle Boyenval: 2*', M. Dou-
chement, à Bourré (Loir-et-Cher). — 4° Section — Races françaises diverses. — l^Siprix, Mme
Delimoges. — 5" Section. — Races étrangères diverses. — l""' prix, Mlle Boyenval ; 2', M. Bo.i-
neau, à Amboise (In Ire-et Loire). — Prix supplémentaires, M. Douche-nent ; Mme Delimoges. —
ii" Section. Croisements divers. — l" prix, M. Bidauli-Raimbault. à Blois (Loir-et-Cher).
2" Catégorie. — Dindons. — 1" prix, Mlle Boyenval; 2", Mme Delimoges.
3" Catégorie. — Oies. — 1" pnx, Mme Delimoges; 2", Mlle Boyenval.
4" Catégorie,. — Canards. — l'' prix, Mlle Boyenval ; 2% Mme Delimoges.
.S" Catégorie^. — Pintades, — 1" prix, Mme l)elimo;^es.
6" Catégorie. — Pigeons. — l"'' prix, Mme Delimoges; 2"; M. Tourmcau, à Villeromain
(Loir-et-Cher).
462 CONCOURS RÉGIONAL DE BLOIS.
7" Catégorie. — Lapins et Léporides. — !=■■ prix, M. Badaire-Levain, à Blois (Loir-et-Cher)- 2*
Mme Delimoges.
Prix (V ensemble, un objet d'art à Mlle BoyenvaL
Récompenses aux serviteurs ruraux pour soins donnés aux animaux primés. — Médailles d'ar-
gent, MM. Pasdeloup, porcher chez M. Boyenval; Grizurd, bouvier chez M. le vicomte de Saint-
Valher; Isidore Gourdon, bergerchez M. Nouette-Delorme; Thomas Juilien, bouvier chez Larzat
Marchand, berger chez M. Guyol de Villeneuve. — Médailles de bronze, MM. Pierre GroUier,
bouvier ciiez M. Auclerc ; Jean Petit, bouvier chez M. Massé; Duclaizo, bouvier chez M. Signoret;
Bernard, bouvic'r chez M. Texier; Claude Péronnet, bouvier chez M. Corne ; Martin, bouvier chez
M. le marquis de Montlaur; Bajon, berger chez iM. Noblet; Jambu, bouvier chez M..Val-
lière-Lamy.
Récompenses aux conducteurs de machines et contre-maîtres des constructeurs de machines. —
Médailles d'argent, MM. Pierre Simon, conducteur de machines chez M. Pineau, à Moulins ; Désiré
Leclaire, contre-maître chez MM. Decker el Mot, à Paris; Louis Faucré, conducteur de machines
chez M. Piltcr à Paris; Jules Chaput, conducteur de machines chez M. Pécard, à Nevers; Jean
Broquin, conducteur de machines à la Société française de Vierzon; Valet, chaufleur chez
MM. Merlin et Cie, à Vierzon. — Médailles de br(jnze, MM. Jean Buteau, conducteur chez M. Bre-
loux, à Nevers ; Tranchaud, conducteur de machines chez MM. Bouhot et Cie, à Nevers ; Guenette,
chauffeur chez M. Cumming, à Orléans ; Jean Burland, conducteur de machines chez M. Pineau,
à Moulins; Diot, contre-maître chez M. Pétillât, à Vichy (Allier).
Produits agricoles et matières utiles à l'agriculture. — Concours spéciaux.
l"''' Catégorie. — Vins de la région. — 1"' Section, — Vins rouges. — Médailles d'or, MM. Dari-
dan-Boacheron, à Beaugency (Loiret) ; le marquis de Vibraye. à Cheverny (Loir-et-Cher). —
Médailles d'argerU (grand module) , Mme veuve Giliot, à Chinon (Indre-et-Loire). — Médailles
d'argent, MM. Sylvain Gendrier, à Saint-Claude (Loir-et-Cher): Mahoudeau à Cour-Cheverny
(Loir-et-Cher). — Médailles de bronze, MMi Tardiveau, à Saint-Lubin (Loir-et-Cher); le docteur
Buidel, à Vierzon (Cher); Cheneveau, à Sambin (Loir-et-Cher); Cousin-Duloy, à Saint-Denis-sur-
Loire (Loir-et-Clier). — Mention très honorable, Mme veuve Robichon-Dupuy , à Dhuison (Loir-et-
Cher). — Mention honorable, M. Elie Chardon, à Suèvres (Loir-et-Cher). — 2° Section. — Vins
blancs. — Médaille d'or, MM. Ricliaudeau, à Villedieu (Loir-et-Cher) ; Chenu-Deniau, à Saint-
Claude (Loir-et-Cher). — Médaille d'argent (grand module), M. Blanchard, à Monnaie (Indre-et-
Loire). — Médailles d'argent. MM. de Vibraye ; de la Saussaye, à Cour-Cheverny (Loir-et-Cher);
Lopho Trotereau, à Quincy (Cher). — Médailles de bronze, MM Renard, à Montoire (Loir-et-Cher);
Cheneveau; Leroux-D.uval, à Saint-Denis-sur-Loire (Loir-et-Cher); Dujardin-Beaumelz, à Naveil
(Loir-et-Cher). — Mention très honorable, M. Bourdonneau -Breton, à Villebarou (Loir-et-Cher).
— Mention honorable, M. Garnier, à Cheverny (Loir-et-Cher).
2° Catégorie. — Beurres de table. — l" prix, médaille d'or, M. Breton-Leroy, à Saint-Denis-
sur-Loire (Loir-et-Cher) ; 2% médaille d'argent, M. Benjamin Coyer, à Cheverny (Loir-et-Cher);
3°, médaille de bronze, MM. Marseille et Dervailly, à Montargis (Loiret).
3" Catégorie. — Graines de luzerne. — 1"'' prix, médaille d'or, M. Tauvin, à Pontlevoy (Loir-et-
Cher) ; 2" et 3% non décernés.
4° Catégorie. — Blé d'hiver de semence. — 1°"' prix, non décerné; 2°, médaille d'argent,
M. Tauvin.
5' Catégorie. — Expositions scolaires. — 1" Section. — Matériel d'enseignement agricole, col-
lections, dessins, objets de cours, etc. — l" prix, médaille d'or, M. Duru, à Bordeaux ; 2°, médaille
d'argent, M. Danguy, à Ja Ferté-Saint-Aubin (Loiret). — 2° Section. — I" prix, médaille d'or,
M. .Maîtrejean, instituteur à Vignouz-sur-Barageon (Cher) ; 2" et'.i", non décernés.
6^ Catégorie. — Expositions collectives faites par des administrations publiques, les Sociétés et
Comices agricoles et horticoles. — Médailles d'or, aux communes de Cheverny et Cour-Cheverny
(Loir-et-Cher). — Médaille d'argent, à la commune des Montils (Loir-et-Cher).
7'" Catégorie. — Produits divers non compris dans les catégories précédentes. — Médaille d'or,
M. Fleury, à Vineuil (Loir-et-Cher). — Médaille d'or à la Société agricole, a Paris. — Médailles
d'argent, MU. Buùn , à Louchy-Montfaud (Allier); Peyret-Pommeroux, à Montgivray (Indre);
Jugand, à Civray (Cher); PaulDupuy, ù VlLeau (Eure-et-Loir) ; Piégard-Bordier, à Villiers (Loir-
et-Cher); Fahre, à Aubervilliers (Seine); (par virement), M. Gaston Bonjour, à Amboise (Indre-et-
Loire): Médailles de bronze, MM. Marchand, à Saint-Secondin (Loir-et-Cher): Sornicle, à Ingré
(Loii et) ; Tauvin ; Désiré Chabaud, à Cour-sur-Loire (Loir-et Cher) ; Rivière-Norguet. à Villiers
(Loir-et-Cher) ; Canon, à Salbris-en-Sologne (Loir-et-Cher); Stuppfel, à Moulins (Allier) ; Grous-
teau et Florentin, à Blois; Berlin, à Cour-Cheverny (Loir-et-Cher),- Troyer, à Cour-Cheverny
(Loir-et-Cher).
Il nous reste à parler de l'expositloQ des machines. Elle était très belle à
tous les points de vue, tant par le nombre des exposants que par la qualité des
instruments qui y figuraient, depuis les machines à vapeur jusqu'aux plus modestes
outils à main; on pouvait presque, à deux ou trois exceptions près, choisir
n'importe lequel des engins exposés. Nous citerons notamment: les charrues de
M. Bajac-Delahaye ; les semoirs et l'engreneuse automatique de M. Demoncy-
Min.elie; les semoirs Smyth; les tiieurs de M. Marot et ceux de M. Glert ; la
collection des appareils de cultttre de M. Guilleux, à Segré; les clôtures de
MM. Lo*et; les pressoirs de M. Mabille, ceux de M. Piquet; les collections
importantes de MM. Huré-Martine, Pilter, Decker et Mot; les machines à battre
et les batteuses de la Société française de matériel agricole, de MM. Cumming,
Brouhot, Hidien, Pécard, Merlin, Breloux; les pompes de M. David, celles de
M. Samain; une importante collection d'appareils jiour la culture de la vigne, de
M. Souchet-Pinet; les herses de M. Puzenat; une petite machine à battre les
faux de M. Pétillât, à Vichy, etc. M. Joseph Pineau, à Moulins (Allier), a fait
des expériences pu])liques de son appareil de culture à vapeur à une seule ma-
CONCOURS RÉGIONAL DE BLOIS. 'âBS
chine; cet appareil, dont Je prix est de 13,500 f'r., a exécuté un travail de défri-
chement de luzerne assez dur, avec quelques interruptions dues principalement à
la faiblesse relative de la machine à vapeur qui le faisait mouvoir.
Henry SagnieR.
LES PROJETS DE LOGEMENTS A BON MARCHÉ
Les projets proposés au gouvernement et ceux qu'on lui attribue pour
favoriser l'abaissement des loyers sont connus depuis quelque temps
déjà, au moins dans leurs points essentiels, etj'ai été étonné de ne voir
nulle part envisager les rapports très sérieux qu'ils ont avec la situation
de l'agriculture. Je crois donc utile d'appeler l'attention de vos lecteurs
sur cette question, qui me paraît d'une extrême gravité.
Je laisse de côté, bien entendu, ce qui, dans ces projets, peut avoir
des conséquences politiques ou économiques pour me renfermer dans
mon point de vue d'agriculteur. Tout le monde sait que la principale
cause du malaise dont nous souffrons est la rareté de la main-d'œuvre.
Il n'est pas une enquête agricole qui n'ait enregistré des doléances
générales sur ce sujet, et la dépopulation des campagnes est, pour tout
le monde, une cause de graves préoccupations.
Est-il donc rien de plus étrange, après tant de discussions, de rap-
ports et de discours, que devoir le gouvernement chercher des moyens
d'aggraver cette plaie en offrant aux ouvriers des villes des primes de
logement ? Quel moyen plus efficace de les attirer en plus grand nombre
dans les cités oii ils trouvent déjà tant d'avantages que les campagnes
ne peuvent leur procurer !
Eh qui fera les frais de ce privilège si contraire à nos mœurs et à
notre état social? Ce sera ïimpôt, l'impôt que les cultivateurs ont tant
de peine à acquitter. Ce sont eux qui contribueront ainsi à accélérer
leur propre ruine. Quelle amère ironie, après les espérances de dégrè-
vements qu'on faisait luire à nos yeux et dont nous avions un si pres-
sant besoin ! Qu elle ironie aussi dans le choix du Crédit Foncier, autrefois
institué spécialement pour aider la propriété rurale et devenant l'inter-
médiaire d'une mesure qui lui est si directement contraire! Je ne
blâme pas les administrateurs de cette Société ; ils font une affaire et
emploient de leur mieux les capitaux de leurs bailleurs de fonds. Je
trouverais encore fort naturel que les villes fissent les frais d'une
pareille largesse ; elles sont libres de dépenser leur argent bien ou mal.
Mais je ne puis admettre que le gouvernement oublie ainsi qu'il est
autre chose qu'un simple conseil municipal et que c'est la France
toute entière qu'il va faire contribuer de ses deniers à augmenter un
des maux qui la rongent. Je ne crois pas que, si l'on consultait sur
cette question les sociétés agricoles, il s'en trouverait une seule pour
approuver les mesures proposées.
On dira peut-être que les projets en question ne font pas de distinc-
tion entre les villes et les campagnes, et que celles-ci seront libres
d'en profiter comme celles-là. Je ne sais ce que peut valoir cet argu-
ment en théorie. Mais, en pratique, je sais que les communes rurales
ne seront pas en mesure d'user de cette largesse faite à leurs dépens,
et tous les hommes de bon sens et de bonne foi savent bien que ce
n'est pas pour elles que se font les lois de ce genre. Je n'y puis donc
voir qu'une faveur aux ouvriers des villes et un puissant moyen de
nous enlever les bras qui nous restent.
464
LES PROJETS DE LOGEMENTS A BON MARCHÉ.
Ces réflexions, bien d'autres que moi les auront sans doute déjà
faites, et si j'ai cru devoir les communiquer à vos lecteurs, c'est parce
que l'opinion des agriculteurs ne saurait trop se prononcer dans une
circonstance qui les touche de si près. E. Gréa,
Correspondant de la Société nationale d'agriculture,
Lauréat de la prime d'honneur du Jura.
ENGRENEUSE POUR LES MACHINES A BATTRE
A plusieurs reprises, nous avons signalé les efforts faits avec une
grande persévérance par M. Demoncy-Minelle, constructeur à Saint-
Quentin (Aisne), pour obtenir une engreneuse automatique travaillant
avec régularité pour les machines à battre. Le nouveau modèle que
nous avons vu dans plusieurs concours régionaux nous a frappé par
sa simplicité et la régularité de son fonctionnement.
L'engreneuse est représentée par la fig. 30. Elle attaque la gerbe
préalablement déliée et jetée sur un tablier légèrement incliné; elle la
divise par portions, par poignées, au moyen d'une série de disques à
longues dents montés sur un même arbre et toiirna-^.t avec lui d'un
P'ig. oO. — Engreneuse automatique dite la Française, de M. Demoncy-Minelle.
mouvement intermittent d'amplitude facultative. Les disques sont
séparés les uns des autres par des tôles de courbure égale; ces tôles
servent à supporter, à diriger la paille entraînée par la rotation des
dents.
Au début du travail, un râteau articulé et extensible, convenable-
ment guidé, égalise à l'épaisseur voulue la prise de tiges faite par les
dents et rejette sur le tablier tout ce qui vient à excéder. Vers le point
culminant des tôles, un autre râteau, qui fonctionne concentriquement
à ces tôles, étend la paille de manière à former une nappe parfaitement
uniforme et la livre à un dernier râteau qui la prend, à chacune de ses
oscillations, pour laconduire finalement, par quantités rigoureuse-
ment égales, jusqu'au batteur, lequel fait immédiatement suite à
l'engreneuse.
Tous les organes d'action prennent leurs mouvements sur un arbre
moteur unique, à l'aide de bielles, de leviers et d'excentriques faciles
à régler pour modifier à volonté, en plus ou en moins, la prise des tiges.
Enfin un mode de débrayage des plus simples permet d'arrêter instan-
tanément l'entraînement de la paille, en sorte que tous les organes
ENGRENEUSE AUTOMATIQUE POUR LES MACHINES A BATTRE 465
d'action se meuvent à vide sans produire aucun travail. Il est réelle-
ment merveilleux de voir comment une telle opération, qu'on a peine
à concevoir faite autrement qu'à la uuiin, s'accomplit automatique-
ment avec autant de régularité et de ponctualité. Rien n'échappe aux
râteaux égalisateurs ; un surcroît d'épaisseur, quel qu'il soit, est
infailliblement rejeté tant que les dents d'entraînement ne l'ont pas
suffisamment divisé.
M. Demoncy-Minelle a donné à son appareil le nom (ïcngremuse
/"/'rt/jraùe.Sonprixest de 500 fr.; on peut l'adapter à toutes les machines,
et en régler le mouvement d'après celui de la batteuse.
Henry Sagnieu.
ÉTUDES SUR LE TOPINAMBOUR
Depuis quelques années^ on admet généralement que la production
des céréales, par suite de l'augmentation de tous les frais culturaux,
ne laisse qu'une faible marge au cultivateur.
Aussi, la culture d3s céréales, qui était, autrefois^ la principale
source de produit dans toute exploitation rurale, tend-ulle, mainte-
nant, à être restreinte aux meilleures terres, qui, seules, peuvent
encore, grâce à une culture intensive, donner une récolte suflisante,
pour équilibrer le prix de revient et celui de vente, résultat qui
exige un produit de 25 hectolitres de blé à l'hectare.
Mais, ces conditions ne sont réalisables, que dans les régions oii
les cultures indusirielles, depuis longtemps pratiquées, ont amené les
terres à leur maximum de fertilité.
Dans la généralité des cultures de l'Ouest, du Centre et du Midi, on
ne peut espérer y atteindre, actuellement, car on sait que la récolte
moyenne du blé, en France, ne dépasse pas 15 hectolitres par hectare.
On est donc naturellement amené à rechercher d'autres cultures, dont
le produit puisse venir, partout, remplacer celui des céréales; étant
reconnu que le prix de revient de ces dernières, quand il est couvert,
ne laisse au producteur qu'un trè.s faible bénéfice.
Le retour à la culture pastorale, proposé comme palliatif à cet état
de choses, peut-il être utilement conseillé? Les animaux d'élève sont
de plus en plus chers; l'écart entre le prix du bétail gras et maigre
est souvent trop faible pour laisser un bénéfice; les intempéries
viennent fréquemment, compromettre les récoltes fourragères, obligeant
ainsi à réduire le nombre des animaux entretenus, dont, foute de
nourriture, on doit vendre à tout prix une partie.
Si l'on revenait généralement à cette culture, il en résulterait, en
outre, un grave inconvénient, celui de laisser inoccupée une partie de
la population rurale qui, manquant de travail, devrait abandonner les
campagnes pour émigrer dans les villes, ce qui amènerait des consé-
quences économiques et sociales, fâcheuses à tous égards.
Les cultures industrielles, betteraves, pommes de terre, lin, colza,
notamment, sont limitées à certaines régions, favorisées par leur sol ou
leur climat, et d'ailleurs elles existent une avance de fonds considé-
rable, ce qui est un obstacle m.ajeur à leur développement dans la
moyenne et la petite culture, si éprouvées ces dernières annnées, et qui
représentent la grande masse agricole du pays.
Dans toute la région du Midi, la situation est encore plus grave :
l'invasion croissante du phylloxéra, en détruisant, avec les vignes, le
466 ÉTUDES SUR LE TOPINAMBOUR.
principal revenu des terres, menace d'une ruine complète cette vaste
région, naguère encore si florissante.
Un remède efficace à cette fâcheuse situation consisterait dans la
vulgarisation d'une culture améliorante, appropriée aux terres les
plus médiocres, ne craignant pas les intempéries, surtout la sécheresse,
et qui laisserait à la ferme, en outre d'un produit en argent, une quan-
tité importante de nourriture, permettant l'entretien d'un nombreux
bétail.
La culture du topinambour a, depuis longtemps été préconisée comme
satisfaisant à ces diverses conditions.
« Le topinambour, disait un ancien ministre, M. de Tracy, est la
betterave des pays pauvres. Enefîet, il doit avoir sa place dans les terres
pauvres, comme la betterave doit occuper les terres riches : celle-ci a
déjà fait la richesse des contrées du nord de la France, celui-là est
appelé à faire l'amélioration des terres du Centre et du Midi. »
Un de nos maîtres les plus illustres en agronomie, M. BoussingauU,
a rendu compte des résultats obtenus par lui en Alsace, il y a quarante
ans, avec la culture du topinambour, dont il fait ressortir tous les avan-
tages comme culture améliorante.
Néanmoins, cette culture ne s'est jusqu'ici répandue, que dans peu
de contrées, spécialement en Alsace, dans le Poitou et le Limousin.
Est-ce donc que ses avantages ont été exagérés, ou qu'il a surgi, dans
l'application, des inconvénients de nature à en atténuer les bons
résultats?
Ne serait-on pas plutôt porté à supposer que, faute de données
précises sur les conditions à remplir pour rendre cette culture vrai-
ment profitable, elle a pu occasionner des mécomptes, qui auront
découragé les expérimentateurs?
Ne serait-elle pas, au contraire, appelée à se généraliser, si elle était
mieux connue et qu'on n'eût plus à craindre les tâtonnements et les
échecs, inévitables dans toute culture nouvelle et avec des essais
isolés ?
C'est la solution de ces diverses questions, que nous nous sommes
proposé de rechercher, dans cette étude, et nous espérons y parvenir,
en nous appuyant d'abord sur les bases théoriques, déduites de la
culture expérimentale, et aussi sur les faits acquis, résultant de^a pra-
tique en grand, et émanant d'agriculteurs, dont la haute notoriété peut
inspirer toute confiance.
Nos propres observations, recueillies pendant une longue pratique
de la distillation agricole, nous aideront à corroborer ces divers élé-
ments, de façon à présenter un résumé exact des données actuelles,
sur la culture du topinambour et sur les résultats qu'on peut attendre
de son emploi à la production de l'alcool dans la ferme, et à l'entre-
tien du bétail par les pulpes.
L — Aperçu général sur la culture du topinambour et son emploi dans
V alimentation du bétail. — Un fait, sur lequel tout le monde paraît
d'accord, c'est la rusticité exceptionnelle de cette plante et son peu
d'exigences, au point de vue de la qualité du sol, des engrais et des
façons.
Bien différent, en cela, de la betterave, dont la levée est souvent
compromise par la sécheresse ou les ravages des insectes, le topinam-
bour, pourvu qu'on ne le plante pas dans des terres humides, pousse
ÉTUDES SUR LE TOPINAMBOUR. ^67
pour ainsi dire sans culture, et le développement de ses tiges, qui
atteignent ordinairement une hauteur de 2 mètres, ferait croire que
l'on trouvera à l'arrachage une ample récolte de tubercules.
Malheureusement, il n'en estpas souvent ainsi, lorsquedansdes ter^-es
médiocres, sans engrais, la végétation du topinambour paraît se sou-
tenir. Mais s'il survient une sécheresse prolongée, à la récolte, on sera
forcé de reconnaître que les tubercules n'auront pas pris un dévelop-
pement proportionné à la belle apparence de la plante.
C'est là, croyons-nous, une des causes de la déconvenue éprouvée
maintes fois dans cette culture. Trompé par la rusticité et la vigueur
apparentes du topinambour, on a cru inutile de lui donner la fumure
et les soins, indispensables à toute plante appelée à condenser dans
ses racines, divers éléments azotés et minéraux ; faute de ces éléments,
le développement des tubercules sera forcément compromis.
Nous nous rappelons avoir vu, en Poitou, après un été torride, des
topinambours, bien cultivés et bien fumés, donner malgré une séche-
resse de quatre mois, une récolte de 35,000 kilog. à l'hectare; tandis
qu'à côté, là où les topinambours n'avaient reçu ni soins, ni fumure,
la récolte en tubercules était absolument nulle.
On doit donc poser en principe que, pour être garantie contre toute
mauvaise chance et donner un produit assuré, cette culture doit,
comme toute autre, remplir un certain nombre de conditions, indispen-
sables à sa réussite.
Aulrement, ce ne sera que par l'effet d'un hasard réunissant, à
point nommé, toutes les circonstances climatériques les plus favo-
rables, qu'on obtiendra, accidentellement, une récolte passable, avec
une culture ainsi abandonnée à elle-même.
On a longtemps prétendu qu'une fois le topinambour implanté dans
une terre, celle-ci en était pour toujours infestée. On affirmait que,
malgré plusieurs labours, il restait dans le sol assez de petits tuber-
cules, pour étouffer la végétation de la récolte devant faire suite.
Aussi, avait-on généralement pris le parti de ne sacrifier au topi-
nambour que les plus mauvaises terres d'une ferme, celles impropres
à toute autre culture, et on l'y laissait indéfiniment.
Il est maintenant reconnu, qu'en faisant suivre le topinambour d'une
récolte d'avoine et de fourrages à couper en vert, cet inconvénient
n'est pas à craindre. Après quelques coupes, la vitalité des tubercules
est épuisée, et la plante cesse de repousser.
Ce préjugé a certainement contribué à jeter la défaveur sur cette
culture, d'autant plus qu'après la seconde année, la trop grande mul-
tiplication des tiges vient nuire à la récolte, en empêchant l'accrois-
sement des tubercules, trop rapprochés dans le sol, et qui ne peuvent
acquérir un développement suffisant. On trouve donc avantage à ne
laisser le topinambour que deux années de suite, sa destruction étant
alors assurée par une ou deux récoltes fauchées en vert qui, en outre,
préparent la terre à une bonne récolte de céréales.
Pourtant, en Alsace, on est arrivé à laisser utilement la culture du
topinambour, en permanence dans les mêmes terres.
Dans son traité de Chimie agricole, M. le professeur I. Pierre cite,
en effet, les résultats empruntés à la pratique expérimentale de Bous-
singault, sur la culture continue du topinambour, et que nous repro-
duisons plus loin, bien que ce système ne nous paraisse pas devoir
468 ÉTUDES SUR LE TOPINAMBOUR.
être conseillé, si ce n'est en petite culture, ne serait-ce que parce qu'il
restreint à une même fraction des terres, l'amélioration attendue de
cette plante.
C'est du reste ce que, en thèse générale, professe M. Pierre, à savoir
que la culture répétée de la môme plante, sur le même terrain, doit être
évitée ; et s'il admet exceptionnellement, pour le topinambour, la possi-
bilité d'en perpétuer la culture, c'est surtout à cause du préjugé,
aujourd'hui détruit ainsi que nous l'avons dit, de l'impossibilité
d'extirper entièrement les tubercules du sol.
Tableau I. Culture continue du iopinamhonr à Bechelbronn, d'après Boussingault.
Récoltes Rpcoltes Substan-
Années Récoltes brutes sèches Carbone Hydrogène Oxygène Azote ces
parhect. par iiect. miner.
Icilog. kilog. kilog. kilog. kilog. kilog. kilog.
l'oetî» T&pînambours... 5-2, R80 11,000 4,7{i:i.O 638.0 4,763.0 176.0 660.0
TigGS ligneuses.. 28,200 24..^6-2 11 ,224.7 1,326.3 11,224.7 98.2 687.2
Total 81 ,080 3 5,. ^62 1.5.1)87.7 1,964.3 1.5,987.7 274.2 1,347.2
Enîïraisemployé. 45,4.50 9,408 3,368.1 395 1 2,427.3 188.2 3,029.3
Auquel ilfaulajouterô, 000
kilog. de cendres de
tourbe 4,190.0
Excédent qui ne peut être 7 ,219.3
imputé à l'engrais. . . +26,154 + 12,619.6 + 1 ,569.2 + 13,560.4 + 86.0 — 5,872.1
« Dans une assez grande partie de l'Alsace, cette culture continue
du topinambour est considérée comme une des plus productives
qu'il soit possible d'adopter, malgré les fumures fréquentes qu'exige
ce genre de culture. (Le topinambour doit être fumé tous les deux ans
et fortement fumé). »
En examinant les chiffres de ce tableau, M. Pierre en fait ressortir
les points essentiels :
1° L'excédent de poids, de la matière organique de la récolte, sur
celui de l'engrais, et qui n'est pas moindre de 13,918 kil. de matière
sèche, par année, y compris le poids des tiges.
2" La proportion considérable d'azote, contenue dans la récolte,
137 kil. annuellement, soit plus du double des récoltes d'un assole-
ment ordinaire.
3° L'excédent annuel de 43 kil. d'azote sur la quantité apportée
par les engrais, excédent qui reste à la ferme.
4" La nécessité d'ajouter au fumier de ferme 25 pour 100 de po-
tasse et soude, parce que la dose de ces deux éléments, fournie par
le fumier, est trop faible pour les besoins du topinambour.
Quant au poids moyen de tubercules, obtenu à l'hectare, nous le
résumons dans le tableau suivant :
Tableau II. Récoltes moyennes, par hectare, en tubercules»
Nature des terres Années En hectol. En kilog. Autorités
Terres sablonneuses » 128 10,240 . Schwerz.
Terres de première qualité . » 439 35,520 Kade.
A Bechelbronn, moyenne. . . » 330 26,400 Lebel et Boussingault.
_ — 1839 et 1840 441 35,400 —
DansleGard • 1878 • 17,000 M. Jlolines.
Dans l'Allier 1878 27,500 M. Delelis.
Dans la Dordogne 1882 35,000 M. Pigeard.
Moyennes 334.5 26,722
Les tiges vertes, coupées en septembre, pourraient être avantageu-
sement employées à la nourriture du bétail, qui en est très friand
(surtout les moutons), en cas de manque de fourrages verts.
ÉTUDES SUR LE TOPINAMBOUR. 469
La perte sur la récolte des tubercules, occasionnée par cette coupe
hâtive des tiges, est d'environ un tiers, soit une valeur (h 166 fr. 60
par hectare, les tubercules comptés à 20 francs les 1000 kilos;.
Mais, d'après Schwerz, 100 kilog. de tiges vertes équivalent
à 31 kilog. un quart de foin sec. La quantité de tiges vertes coupées
sur un hectare, étant d'environ 9000 kilog., représenterait donc l'équi-
valent de 2900 kilog. de foin sec, qui au prix de 6 francs les
100 kil. = 174 francs, compensant largement la perte sur les tuber-
cules.
On a aussi reproché au topinambour, de ne pouvoir se récolter au
moment de la maturité, faute de pouvoir conserver les tubercules en
silos, comme on le pratique pour la bt^tterave.
ElTectivement, on est obligé de n'arracher le topinambour qu'au
fur et à mesure des besoins, du mois de novembre à celui de mars
et d'avril.
Cette condition est sans mconvénient pour la petite culture, le colon
ou sa famille pouvant toujours, dans celte saison, trouver le moment
dès que le temps le permet, d'aller récolter la provision d une
quinzaine de jours, durée moyenne de la conservation des tubercules,
à l'air, en hiver. Il en est de même pour d'autres récoltes destinées au
bétail, telles que les choux, les raves, etc.
Mais en grande culture, il peut y avoir là une difficulté sérieuse,
cette intermittence dans la récolte exigeant, par moments, un assez
grand nombre d'ouvriers^ pour lesquels^ à cette époque, on peut ensuite
manquer d'occupation
Lorsque le climat hivernal n'est pas trop pluvieux et que les gelées
sont rares, cette difficulté pourrait être atténuée, surtout dans les
terres saines et légères (les plus convenables du reste au topinambour),
par l'emploi d'instruments, tels que l'arracheuse à pommes de terre.
Il ne resterait plus alors qu'à ramasser et charger les tubercules, tra-
vail moins pénible que l'arrachage, et qui peut être exécuté par des
femmes et des enfants, assez économiquement, surtout en le facilitant
par l'emploi d'un petit chemin de fer portatif.
En revanche, cette nécessité de fractionner la récolte a pour contre-
partie, l'avantage de ne pas obliger, comme pour la betterave, à
réunir, au même moment, une armée d'ouvriers, pour arracher et
débarder rapidement toute la récolte, et la rentrer à l'abri de la gelée,
qui parfois survient à l'improviste et en attaque une partie, ce qui
peut compromettre la conservation de toute la récolte par suite de
Taltéralion introduite dans les silos, et dont le développement est dif-
ficile à prévenir.
Le topinambour, au contraire, ne craint nullement la gelée; s'il
en est atteint, même. hors du sol, cela ne présente, pour sa conserva-
tion, aucun inconvénient; il dégèle sans s'altérer et peut môme subir
plusieurs alternatives de congélation et de dégel, sans désorganisation
de son tissu cellulaire.
De tout ce qui précède, on peut donc conclure que la culture du
topinambour ne présente pas de difficultés plus sérieuses que celle
de la betterave, si répandue aujourd'hui, et que sous bien des rapports
elle exige, au contraire, moins de précautions et de soins que cette
dernière, tout en supportant mieux qu'elle les intempéries.
L'utilisation des tubercules de topinambour, à l'alimentation du
470 ÉTUDES SUR LE TCPINAMBOUR.
bétail, bien que généralement reconnue avantageuse, et entrée d:ins la
pratique de beaucoup de contrées, a parfois donné lieu à certains
accidents, contre lesquels il serait pourtant facile de se prémunir.
Il est admis aujourd'hui que si une petite quantité de sucr^ est
utile dans l'alimentation, il n'en est pas de môme en exagérant la dose
de cet élément, qui devient même nuisible aux fonctions di2;estives de
l'animal; c'est ce qui arrive^ avec l'emploi du topinambour, plus
riche en matières sucrées que les meilleures betteraves, lorsqu'on en
donne au bétail de trop fortes rations, sans qu'il soit accoutumé à
cette nourriture.
11 suffirait, pour éviter cet inconvénient, de ne donner les tuber-
cules aux animaux, qu'après les avoir découpés en tranches, au moyen
d'un coupe racines \ et mélangés avec des fourrages ou pailles hachés
avec lesquels on les laisse fermenter en tas, jusqu'au moment où l'élé-
vation de température et l'odeur vineuse qui se dégage du mélange,
indiquent la transformation en alcool, de la matière sucrée en excès.
Cette précaution ne s'applique qu'à la petite culture ou à des essais
préparatoires à la culture en grand.
Avec l'application du topinambour à la distillation, rinconvénient
signalé plus haut disparaît, les pulpes ou résidus, provenant de la
distillerie; ne devant plus renfermer, si le travail a été bien conduit,
qu'une très faible quantité de matière sucrée, ce qui permet d'en
donner, sans craintes, au bétail, des rations suffisantes.
[La suite prochainement.) Stephen David.
DISCOURS DE M. MÉLINE, MINISTRE DE L'AGRIGULTUEE
AU CONCOURS RÉGIONAL DE CAEN
I. — Discours prononcé à la distribution des récompenses
Messieurs, quand on a traversé, comme je viens de le faire, votre beau pays et
admiré sa prodigieuse fécondité, quand on a contemplé et étudié ce magnifique
concours, le plus considéiatile peut-être 'de tnus ceux qui ont été organisés en
France jusqu'à ce jour, on se sent pris d'un sentiment irrésistible de fierté patrio-
tique et de confiance dans l'avenir. Jamais sentiment ne fut plus légitime ni mieux
justifié par la grandeur des résultats obtenus.
Ce sont eux qu'd faut cherctier derrière la merveilleuse mise en scène qui
nous éblouit, afin de bi-^n établir que cette grande exposition n'est pas le résultat
factice des efforts ingénieux Je ses organisateurs, mais bien la résultante, la re-
présentation exacte de l'état vrai de votre région, la démonstration éclatante des
progrès considérables réalisés par vous dans ces dernières années.
Si ces progrès ont été plus rapides ici que dans d'autres parties de la France,
c'est qu'il n'y a pas, je crois, de province où l'amour de la propriété, de la tei-re,
soit aussi profo d qu'au hein de vos campagnes C'est là, de l'avis de tous les
historiens, de tous les économistes, le trait dominant, caractéristique de l'esprit
normand. C'est lui qui, au moyen âge, poussait vos pères à la conquête ou plu-
tôt, comme le disaient les cbroniqueurs du temps, à {''acquisition de nouveaux
royaumes. C'est lui qui aujourd'hui, transformé par les mœurs, mais toujours
persistant, souffle au dernier de vos paysans l'arabiiion de devenir propriétaire.
Ce sentiment est si profondément enraciné, qu'il a fait é dore sur votre scd des
modes d'acquérir, des formes de contrats inconnus partout ailleurs et qui pro-
cèdent encore des vieux souvenirs de votre histoire.
Ce sont là des souvenirs trop significatifs pour être négligés : ils prouvent com-
1. Les tubercules retenant souvent île petite^ pierres, il e-t prudent, avant de les envoyer au
coupe-racines, de leur faire subir un lava^^e énergique, soit dans un laveur mécmique, soit si
l'on opère en petir, dans un cuvier re.npli d'eau et muni à moitié de sa liauteur, d'une gril!e en
fer; on ag-te l-s t ibercul-s, à l'aide d'une fiurehe à de-its plates, pour en détactier les pierres
qui tombent au fond à travers la grdle. Une bonde permet de vider l'eau terreuse et les pierres,
pour reprendre à jec les tubercules lavés, maintenus sur la grille.
DISCOURS DE M. MÉLINE AU CONCOURS REGIONAL DE CAEN. 471
bien est profonde l'empreintu des siècles chez les races fortes et comme leur p;énie
propre trouve le moyen de se perpétuer au traveis de toutes les transformations.
Cet attachement profond au soL cette soif de la terre ont produit dans la cons-
titution de votre projiriété rurale leur efiet inévitable, qui est d'augincnter sans
cesse le nombre des propriétaires en diminuant celui des fermiers. C'est ainsi
que votre dé[)aitement, qui ne comptait en 1867 que 22,814 propriétaires, en
avait déjà 23,329 en 1873, pendant que les fermiers descendaient de 16,4'45 à
15,711. Je regrette de n'avoir pas de siatistiqnes plus récentes, mais j'ai la
certitude que ce mouvement n'a tait que s'accentuer.
Ge qui le prouve, selon moi, d'une faç')n manii'este, quoique indirecte, c'est
l'accroissement constant, de la valeur vénale des propriétés non bâties.
Pour le Calvados, elle était eslimée en 1851 à 1 n.illiard 446 millions 582 francs.
En 1S79, l'administration des contributions directes a constaté qu'elle s'était
élevée à 1 milliard ^36 millions 322,240 francs, soit une augmentation de
370 raillions.
Si on applique le même calcul aux cinq départements du Calvados, de la
Manche^ de l'Orne, de l'Eure, de la Seine-Ioférieuie, on trouve que l'augmenta-
tion totale a été de 1 milliard 661 millions. Voilà la plus-value de la propriété
foncière en moins de trente ans!
Vous devinez aisément, messieurs, que cette plus-value si considérable ne peut
s'expliquer que par une transformation profonde des modes de culture et par un
perfectionnement incess^ant des moyens de production.. Ici encore, les statistiques
se chargent de faire victorieusement la démonstration et de prouver avec quelle
intelligence, quel sentiment profond des nécessités du sol et même des exigences
de la température, vous avez su diriger et régler vos exploitations.
Depuis 1851, vous avez fait passer, grâce à d'importantes améliorations,
20,000 hectan^s de terres labourables dans les terres de première qualité que vous
avez ainsi livrées à la culture intensive avec le bénélice de ses gros rendements.
Vous avez encore emprunté aux terres labourables 67,000 hectares pour les trans -
former en herbages qui coûtent ruoins et rapportent davantage, parce qu'ils
exigent moins de fr-ais de mam-d'œuvre et souflVent moins des accidents de la
température.
Mais ce qui est plus remarquable, plus digne d'éloges et prouve au plus haut
gdegré combien vous avez la notion de l'équilrbre nécessaire des forces produ:tives,
y'est que, si vous avez diminué l'étendue des surfaces consacrées aux céréales,
ijOus avez eu soin de conserver le même chiffi-e de production totale. Crâce à
élévation des rendements, que vous avez portés pour le froment de 13 hectolitres
à l'hectare, chiffre moyen de 1852, à 17 hectolitres, chiffre de 18S2, le consom-
mateur n'a rien perdu, au contraire. Votre récolte annuelle, qui avait été en
moyenne, pour la période de 18'+0 à )859, de 1 million 617,382 hectoliti'es, a été
en 1880 de 1 million 657.500 hectolitres, et s'est même élevée en 1882 à 1 mil-
lion 683,000 hectolitres.
Gela ne vous a pas empêchés de conquérir sur les landes st de livrer à la culture
22,500 hectares nouveaux. Sans doute il vous reste beaucoup à faire de ce côté, et
je relève ave-; un ce tain regret une suri'ace de 79,000 hectares de landes qui
torme une grosse tache sur la carte de Normandie. Je suis convaincu qu'il suffit
de vous la signaler et qu'elle ne tardera pas à disparaître.
Mais c'est surtout dans la création des herbages et des prairies que vous avez
réalisé de véritables prodiges : depuis 1851 vous avez ainsi gagné plus de
100,000 hec'ares. Les résultats et les produits ont été immenses pour votre ré-
gion. Ils vous ontper.r.is de vous livrer à l'élevage du bétail et surtout du che-
val dans des proportions inconnues jusqu'à ce jour. Je regrette vivement que
nous ne possédions pas en ce moment de statistiques complètes qui nous per-
mettent de chiffrer exactement la valeur de ce capital énorme que vous avez ainsi
créé et qui constitue aujourd'hui la principale source de vutre richesse.
Mais quel besnin avons-nous de statistiques quand nous avons sous les yeux
la plus éloquente de toute les statistiqu'-s, quand nous pouvons admirer ces nom-
breux et magnifiques échantillons d'animaux, témoignages vivants et éclatants de
votre activité productrice ".'
Ce n'est pas le nombre, du reste, qui peut donner la mesure exacte des progrès
que vous avez réalisés : aiijoui'd'hui on ne peut plus se borner, en matière d'éle-
vage, à supputer les effectifs |iour se faire une idée de l'état de la production. Il
faut étudier aussi les améliorations introduites au triple point de vue du poids, du
472 DISCOURS DE M. MÉLINE AU CONCOURS RÉGIONAf- DE CAEN.
rendement et de la précocité, en un mot déterminer la- quantité de viande, de
laine, ce produits accessoires.
A tous ces points de vue. U concours de Gien atteste, de l'avis de tous les
hommes compétents, le perfectionnement continu d-i votre admirable race nor-
mande, qu'il faut conseiver comme une chose sacrée.
Aussi je ne puis qu'aitfilaudir à l'excel ente mesure que vous venez de prendre
en décidant la création d'un Ittrd-biwk qui aura p-.ur résultat d'élever sans cesse
le niveau de la pioduction et de conservera la France ces beaux types de nos
races nationales qui tendent malheureusement à disparaître dans certaines régions.
Vous avez raison ce[)endant de ne pas dédaigner les autres races de prix, sur-
tout cette belle race durham, cette superbe ujachine à viande, comma on l'a juste-
ment appelée, qui fournit à la consommation des classes laborieuses une alimen-
tation si saine, si abondante.
Maintenant, messieurs, et c'est par là que je termine cette revue de vos forces
productives, je suis obligé de convenir que ce qui caractérise surtout votre œuvre
dans ces dernières années, ce qui domine tout, ce sont les prngiès vraiment extra-
ordinaires de voire production chevaline, dont la richesse et la beauté jettent un
si vif éclat sur ce concours. Elle est aujourd'hui une des sources principales de
votre richesse : son développement est tel que depuis 1873 votre effectif s'est
accru de plus de 46,000 tètes. Mais ce n'est pas la quantité qui importe : ce
qu'il faut voir s-urtout, c'est l'admir.ible periectiouiieraent des produits.
A ce point de vue, je n'exagère rien en affirmant que ce que nous avons vu hier
a dépassé tout ce que nous avions fiu rêver et qu'il n'est personne, qui, après
avoir contemplé un lel spectacle, puivse contester à la France un des premiers
rangs parmi les nations qui pou-sent le plus loin le culte de la race et la conser-
vation des typfs. Pour être juste, il faut reconnaître c|ue vous devez en grande
partie ces magnifiques résultas à des hommes courageux, persévérants et désinté-
ressés qui, depuis un demi-siècle, ont placé leur orgueil à entretenir et à préser-
ver de toute souillure cet admirable produit de votre sol, qui en est comme l'in-
carnation vivante et qu'on appelle le cheval normand.
Ces hommes sont l'honneur île votre région et ils méritent qu'on ne les oubhe
pas : j'ai tenu à donnera l'un d'eux le témoignage éclatant de la reconnaissance
ytuhlique pour les s-^rvices qu'il vous a rendus, qu'il a rendus au pays tout entier.
Dans la personne de M. Paul Aumont, le Grouvpriiement lépublicairi récompense
en même timps une grande famdie qui est l'honneur de vuire province, qui a
toujours lutté avec gloire sur tous les hippodromts et porté avec éclat les couleurs
de la France. J'ai lensé, messieurs, qu'il ne pouvait y avoir de meilleur couron-
nement à cette fête que de donner, en face de vos populations accourues de
toutes paris, à un de ses plus dignes enfants une distincliou qui rejaillit sur la
Normandie tout entière.
LA PISCICULTURE A HUNINGUE
Nous recevons l'exlrait suivant du rapport officiel sur l'établisse-
ment de pisciculture de Eluuingue.
L'établissement a reçu :
^^^^ Œufs féeonrlés ^
1879-1880 IBtO 1S81 18bl-tb82
Truite 1,099,000 979,000 S'.S.OOO
Truiie saumonée 26!i,000 96,000 3:)3,000
Saumon 1,489,0110 1,030,000 881,000
Omlire chevalier 198,0)0 269,(00 36o,0;)0
Coregen 1,]00,UOO 8.(0,000 202,000
Omlire commun IIMOUO 56,0li0 54,000
Métis 1 16.(00 186,000 236,000
Huche 30,OiiO » 1 .000
'-1,411,0U0 3,446,000 2,9lo,t00
Il a fécondé de poissons tenus à l'établissement les quantités d'œufs
qui suivent :
Truite 381,000 80,000 250,000
Tiuile saumonée 39.U00 3l>,0JO 16,000
Mélis '» 2,000
Truite commune » 62(00 »
Truiie des foutaines » 6.0( 0 »
420 ,000 ' i85,000' 26o,000
LA PISCICULTURE A HUNINGUE. 473
Les œufs reçus à Huningue provenaient :
Allemagne
Anlriclie . . ,
Sviissp ....
Améri jue .
Huningue a expédié :
Truite
Truite saum-née .
Saumon
Ombre chevalier.
Coreg ne
Oii.bfri commune.
Métis
Hucho
Ces œufs ont été distribués comme il suit
Allemagne .
France
Autriche. .
Luxembourg
Espagne . . .
Ita ie
Hollande. ..
Suisse
R ssie . . . .
Suède
2,392,000
1,377.000
1,200,000
1 411.(100
(i.',0 0
74,000
1,879,0J0
2,007,000
1,62 6. 000
"
»
1.T.OO0
4,411,UU0
3,44(5,000
2,yiJ),0o0
607.000
678.000
667,000
2->5,000
80,(100
544,(100
92 ^(,000
420.0)0
433,000
].ôH,ni 0
176,000
221,000
122,000
6:J ,000
1. il), 0(10
21 ,000
40,000
l,'b,000
97 .000
9i ,009
]07,lOO
2,010
»
»
2,Iô9,0J0
I,ô54,0o0
I,b37,0o0
me il suit :
1,739,000
1,344,000
1,F32,000
130,100
105, 000
109,000
57,000
13,000
17,000
3.-),(!00
35,000
»
3. T. 000
20,OlO
53 000
10,0(10
»
12,000
10,0(10
2.000
3,(00
2,000
22,000
101 .000
B
7,000
6,000
4.000
2,159,000 1,554,000 1,837,000
1" La vente des œufs diminue d'année en année.
2° Il y a un(^. grande difficulté de se procurer de plus fortes quan-
tités dœufs fécondés.
Huningue a lancé à l'eau
Saumons
Printemps 1879. Rhin 2(iO.n00
— 1880. — 2.1.000
— 1881. — 424,000
— 1881. — F.ssé de lAa 90,0o0
— 18i2. — 363,(1(10
Dans les eau.x de l'élabliaseuient 2 ',000
En quatre ans 1,410,000
Les recettes sont en marks de 1 Ir. 25 :
1879-1880 1880-1881 1381-1882
Vente d'cB'ifs 11.603.50 8,278.00 9,996 75
Frais dev|i di. ion 1 ,14'k80 846.05 85170
Vente de [r-i-sou 917.40 427.50 879 90
Au-resieceltes 481 77 764.00 1 .2(10
T(j|al 14,142.47 lU,3lo.o5 12 959.35
Subvention de l'Etal 18,932.43 21,831.00 18,8.12.12
On est parvenu à acclimater la truiie d'Amérique [Salmo foniinalis).
Lorsque le 2 juin dernier, n° 738 du Journal, nojs jiarlions des
Huningue de l'avenir^ nous étions loin de nous douterque [ lluni'gue du
prcseiit viendi ait, [)ar la publication oiïicielle de ses opérations duns les
trois dernières années, confirmer si prompieinant nos assertions.
Les tableaux qui précèdf-nt démontrent donc que chaque année
YUwhivjue cd'emaid s'atîaisst3 surlui-môme; que disions-nous en 1870
ici même, t. H, n"* 522 5J3?
Que serait devenue depuis de longues années cette historique créa-
tion de la France, si la SJis^e, m.ili^ré les lois et règleinmls fédéraux
et internationaux à pro[)os du Uhm, n'avait pas livré en 1880 81
2,007,01)0 œufs sur les 3,4'iG,000(|ui sont entrés à cet étabiissement?
Il doit se pisser là certains agissements dont nous doutons fort que le
Conseil fédéral suisse soit instruit.
474 LA. PISCICULTURE A HUNINGUE.
Nous relèverons, ea outre de ces chiffres, qu'à côté d'une subven-
tion de l'empire de 21,811 marks, nous voyons figurer une rentrée
de 10,315 marks. .
Le fait si pompeusement annoncé que Die KaisersUchfischcrzug von
IJuningoi se suffirait à lui-même serait-il à mettre en doute?
IMaintenant, qu'on rapproche cette situation dans laquelle nous
n'avons même pas mis en ligne de compte les immenses sommes
de premier établissement, puisque nous ne savons que trop qu'elles
n'ont pas coûté un pfennig allemand.
Qu'on rapproche cette situation des résultats pratiques obtenus par
les Allemands eux-mêmes avec l'ensei^jnement delà pisciculture dans
leurs établissements agricoles, notamment dms ceux du Palatinat :
nous attendons cette réponse en toute confiance.
Nous avons si souvent entretenu nos lecteurs des travaux de nos
législateurs que nous n'avons pas le droit au silence, nous dit-on sur
les conclusions enfin formulées de la Commission de pisciculture du
Sénat. Nous répondrons prochainement à cette nouvelle invitation.
Chabot,
Ex-régisseur d'Huninfiue,
Membre de la Société nationale d'agriculture.
PARTI K OFFICIELLE
Arrêté concernant la désinfection du matériel employé au transport
des animaux sur les voies ferrées.
Les Ministres des Travaux publics et de l'Agriculture,
Vu la loi du 21 juillet 1881 sur la police sanitaire des animaux, aux termes de
laquelle le matériel de chemins de fer employé au transport des animaux doit
être désinfecté en tout temps par les soins des Compagnies et aux frais des
expéditeurs;
Vu le décret du 22 juin 1882, portant règlement d'administration publique
pour 1 exécution de ladite loi; — Vu l'avis du Comité consultatif des épizooties ;
— Vu les propositions des Compagnies et hs rapports des fonctionnaires du con-
trôle ; — Vu l'avis du Comité consultatif des chemins de fer;
Sur le rapport du directeur de l'exploitation, du contrôle financier et de la sta-
tistique des chemins de fer et du directeur de l'agriculture, — Arrêtent :
Article premier. — Tout wagon ou box ayant servi à transporter des bêtes
bovines et autres espèces de ruminants (moutons, chèvres, etc.), des chevaux,
ânes, mu'ets et porcs, est désinfecté conformément aux règles ci-après.
Art. 2. — Immédiatement après l'embarquement des animaux, il est collé sur
chaque wagon ou box une étiquette imprimée portant la mention suivante :
Gare de (Nom de la gare expéditrice ou de transit.)
A désinfecter à l'arrivée.
Aprè'S la désinfection, cette étiquette est remplacée par une autre portant :
Gare de J Nom de la gare destinaloire ou de la station de désinfection,
Désinfecté. / quand cette opération n'est pas effectuée sur place.)
Il est interdit aux Compagnies démettre en chargement aucun wagon à bestiaux
qui ne porte celte seconde étiquette et qui n'aurait pas été désinfecté.
Art. 3. — La désinfection est faite, autant que possible, par la gare destina-
taire ; dans aucun cas le délai de vingt-quatre heu: es fixé par le règlement
d'administration publique pour l'exécution de celle opération ne peut être dépassé.
Art. 4. — La désinléction comprend : A. Le nettoyage. B. La désinfection.
A. Pour le nettoyage :
1" On enlève la litière et les déjections contenues dans les wagons ;
2" On détache du plancher et des parois, à l'aide d'un racloit" et d'un crochet
approprié, les matières adhérentes à leur surface ou qui remplissent les joints
des planchers, et on balaye toutes ces immondices;
3" Après cette opération on procède au lavage à grande eau à l'aide d'une
pompe afin de projeter l'eau avec force sur les planchers, dans les joints et les coins.
Le lavage s'étend, non seulement à l'intérieur du wagon, mais aussi aux portes,
PARTIE OFFICIELLE. 475
qui sont lavées intérieurement et extérieurement, et à la paroi extérieure, du côté
où s'est opéré le déchargement.
4" Un second balayage au balai dur complète le nettoyage.
B. Pour la désinfecti(jn, on arrose l'intérieur du wagon avec une solution désin-
fectante qui est. au choix des compagnies, une solution à 2 pour 100 de chlorure
de zinc, de nitro-suUate de zinc ou d'acide phonique.
La vapeur d'eau surchauffée peut être employée pour le premier lavage des
wagons, mais les compagnies en feront usage suivant leui's convenances.
Art. 5. — Les hangars et pmplacements servant à recevoir les .animaux des espè-
ces dénommées ci-dessus dans les gares du chemin de fer; les voies que ces ani-
maux ont parcourues dans l'intérieur des mêmes gares; les rampes et quais, les
ponts mobiles et tout matériel ayant servi à l'embanjuement et au débarquement
sont nettoyés par l'enlèvement des déjections, le lavage à grande eau suivi d'un
balayage à fond, puis désinfectés par l'arrosage avec l'un des liquides indiqués à
à l'article précédent. On peut remplacer l'arrosage par un saupoudrage au chlo-
rure de chaux.
Art. 6. — Les fumiers extraits des wagons et les déjections ramassées dans les
places occupées ou les voies parcourues par les animaux sont enlevés dans le
plus bref délai.
Art. 7. — Les compagnies de chemin de fer sontautorisées à percevoir, à titre
de frais de désinfection, les taxes ci-après :
40 centimes par cheval, poulain, âne, mulet; 30 centimes par bœuf, taureau,
vache, génisse; 15 centimes par veau ou porc; 5 centimes par mouton, brebis,
agneau, chèvre.
Toutefois, pour les transports d'un même expéditeur, la taxe ne peut dépasser
2 francs par wagon à un seul plancher et 3 francs par wagon à deux planchers.
La taxe de 2 francs par wagon à un seul plancher et de 3 francs par wagon à
deux jilanchers est perçue, quel que soit le nombre des animaux occupant le wa-
gon, lorsque, sur la demande de l'expéditeur, les animaux s'y trouvent placés en
complète liberté.
Les taxes ci-dessus déterminées sont exigibles quelle que soit l'étendue du par-
cours effectué pour le transport des animaux; elles sont portées au compte de la
compagnie à qui appartient la gare destinataire.
Quel que soit le nombre des compagnies qui concourent au transport, la taxe
n'est perçue qu'une fois, à moins qu'il n'y ait transbordement; le transbordement
ne peut être imposé aux expéditeurs qu'aux gares frontières et aux gares de jonc-
tion avec un chemin de fer d'intérêt local.
Art. 8. — Le wagon dans lequel, au moment de la visite sanitaire à l'entrée en
France, on constate la présence d'un ou de plusieurs animaux atteints de maladie
contagieuse, ne peut pénétrer plus avant sur le territoire français s'il n'est sou-
mis préalablement à la désinfection. Getie opération a lieu sous la direction du
vétérinaire préposé à la visite des animaux. Quant aux animaux, il leur est fait
application des dispositions du décret du 22 juin 1882.
Art. 9. — Les infractions aux dispositions du présent arrêté sont constatées
par des procès-verbaux rédigés en triple expédition, dont une est adressée au
procureur de la République, la seconde au préfet du département et la troisième au
ministre des travaux publics.
Art. 10. — L'arrêté du tl octobre 1877 est et demeure abrogé.
Art. li. — Le présent arrêté sera notifié aux compagnies pour être appliqué à
partir du l*^"" juillet 1^83. Il sera publié et affiché. Les préfets, les fonctionnaires
et agents du contrôle sont chargés d'en surveiller l'exécution.
Paris, le 30 avril 1883.
Le ministre (le l'agriculture, Le ministre des travaux publics,
J MÉLiNE. D. Raynal.
REVUE GO]DIERCIALE ET PRIX COURANT DES DENRÉES AGRICOLES
(23 JUIN U83)
I. — Situation générate.
Les cultivateurs sont toujours peu nom!)reux sur les marchés; les transactions
sont peu importantes pour la plupart des produits.
II. — Les grains et les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par quintal métrique,
sur les principaux marchés de la France et de l'étranger : j
476
REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
1" REGION. —
Calvados. Coidé
— Li~ieiJX
Côl.-du-Nord. L^nnion..
— Pontneux
Finistère. Morl.iix
— O'i'iip'-'''
llle-ei- Vilaine. Hei.nes. .
— Redon
Manche. Avranches
— Pontorson.. .
— Villedieu
Mayenne. Laval
— Mayenne
Morbihan. Hennebont..
Orne. Alençoii..
— Séez
Sarthe. Le Mans
— Sablé
Prix moyens v4.64
2° RÉGION. — N
Aisne. Soissons 23.75
— Châle -lU- Thierry. 24.25
— Villers-Cotleiets. 22.50
Eure. Bernay 24.25
— Les Andelys 22.50
— Pacy 23 25
Eure-et-Loir. Chartres.. 23.00
— Auneau 24 70
— Nogent-le-Rotrou. 25.00
Nord. Cambrai 24.00
— Lille 26.50
— Valenc ennes 25.00
Oise, Beauvais 21.50
— Coiiipiègne 22.75
— Noyoïi 24.25
Pas-de-Calais, \rras. . . 25.50
— Sa ni-Oiner 24.50
Seine. Pans 25.75
S.-et-Mar. M eaux 23.50
— Dammarlin 22.00
— Provins 24.50
S.-et-Oise. Etampes 24.25
— Pontoise 23.75
— Versailles 23.85
Seine-Inférieure. Rouen. 24 10
— Fécarnp 23.50
— Yvetot 22.55
Somme. Doullens 24.25
— Péronne 23.00
— Roye 22.50
Prix moyens 23
fr.
19.50
17.00
16.50
19.50
17.50
NOUD.OITEST.
Blé. Seigle. Orge
fr.
23.25
2.5 50
23 25
24.50
24.50
24 . 00
24.00
24.25
25.25
25.00
26.00
25.00
25 50
25.00
25.50
24 50
25.20
25.50
15.00
18.25
17.00
15.25
fr
18 50
20.75
1750
!5 75
17.U0
17 00
16.00
»
20.50
19.50
20 25
17 50
18.75
p
19.75
2H.50
17 50
17.00
Avoine.
fr.
22.00
24 00
19.25
18.50
18.(0
17.50
19 50
21.00
23.50
24.00
24.00
20 50
19 50
21 .00
20.75
18.00
21. 5J
5* RÉGION. — CENTRE.
17.23 18.36 20.73
16.00
15.75
15 25
14.50
14.75
14.25
14 75
15.25
16.25
16.50
15 50
15.00
15.75
16.25
15.50
15 75
»
15 50
16.00
15.00
15.50
15.25
14.60
15.50
»
15.50
17.50
20.50
17.00
20 00
17.00
20.70
19 75
18.75
18.50
20.25
19. 75
18.50
t
19.00
19.00
17.50
»
17.50
19.00
18.50
20 00
19.00
20 50
19.00
18.00
17.25
18.50
17.75
18 00
21.00
19.50
19.25
18.50
19.00
20.40
16 00
17.50
19.50
19.00
19 00
18 20
17.25
19.50
19.5(1
18.00
19 . 50
10.50
19 50
20.50
21.50
21.00
19.00
17.25
18.25
19.00
.75 15.39 18.89 13.97
— NORD.EST.
3" REGION
Ardennes. Rethel 22.50
— Sedan 23.00
Aube. Bar-sur-Aiibe . . . . 21.75
— Méry-sur-Seine.. . 22.85
— Troyes 23.50
Marne. Clial ns 23.25
— Epeniay 23 50
— Salnie-Menehould. 22.75
Hte-Marne. Ctianmont. . 24.25
Meurlhe'-el-Mos. Nancy. 23 25
— Luneville 24.00
— Toul 23.50
Meuse. Bar-le-Duc 23.65
— Verdun 23.00
Haute-Saône. Gray 22.50
Vosges. Neufchàteau 22.85
— Epinal 23.50
— Mirecourl 23.75
Prix moyens
4' RÉGION. — or
C/ia»'6n/e. Angoulême... 24.75
— RufTec 24 50
Char.-lnjér. La Rochelle 24.00
Deux-Sevres. Niort 24.50
Indre-et-Loire. Blere.. .. 23.75
— Tours 2G 25
Loii^e-Zn/". Nantes 25.50
M.-el-Lo^'^". SyuMiLir.... 25 65
— An^jers 24.00
Vendée. Luçon 24.25
— La Roche-sur-Yon. 25.00
Vienne. Cti.ltelleraull.. . 24.25
— L' udun ....... 2450
Haute-Vienne. Linioges. 24.50
14.50
16.00
15.00
15. 85
16 00
15.50
15.75
15.50
1 8 . .'iO
17.50
17.25
17.50
18.00
18. 50
17.50
18.50
20 75
20.25
18.50
18 50
19.25
19.50
19 00
» » 17 00
18.50 17.50 18 00
» )) »
17.00
16 50
16.50
15.75
15.50
15.75
17.00
19.75
17.0J
17.25
17.75
16.25
<8.00
23.18 16.01 17.25 18.36
16.50
17 25
17.00
15.25
17.75
18.50
18.25
15.50
17.00
16.50
15.50
15.80
14.75
17.00
20.00
18.50
17.25
17.50
18.75
18. 50
17. SO
18.25
18.75
21.25
18.75
18.75
18.00
13.00
21.25
19.25
19.75
21 00
17.50
20 00
18.00
18.50
18.00
Allier. Monlliiçon.. . .
— Moulins
— Saint.- 'ourçain
Cher, fioiirgps
— Saint-Ainand. .
— Vieizon
Creuse. Anbusson...
Indre. Chiileauroux .
— Issoudiin
— Vali;nçay
Loiret Orléans
— Montargis
— Patay
L.-et-Cher. alois
— Montoire..
Nièvre. Nevors
— La Charité
Yonne. Brienon
— Saint-Florentin
— Sens
Blé. Seigle.
fr. fr.
Orge. AKoine.
Prix moyens 24 01 15.38
6' RÉGION. — EST.
13.15 18.69
^in. Bourg 25.25
— P^nt-de-Vaux 24.50
Côle-d'Or. Dijon 21.75
— Beanne 23.75
Doubs. Besançon 23.00
Isère. Grenoble 26.25
— Bourgoin 24.75
Jura. Dole 21.75
Loù-e. Firminy 24.50
P. -de-£iôme. Clermont.F. 24.50
Rhône. Lyon 24.50
Saône-et- Loire. Autun. . 22.50
— Chalon 25.00
iCaDoie. Chambéry. . . .. 26.75
//^e-Saroie. Annecy 24.85
16.50
16.00
15.25
17.00
14.75
15.50
16 75
16.00
15.25
15.50
19.25
20.00
17.50
19.00
16.75
18 50
18.25
18.50
18.00
19.25
17.75
13.00
17.25
21.00
19.25
18.75
21.50
19.75
19.90
16.50
19.25
21.00
19.75
21.00
20.75
18.50
18.25
20.52
iPrix moyens 24,07 16. 5î 18.52 19. U
Prix moyens 24.24 16 48 18.14 19.13
7" RÉGION. — SUD-OCEST.
Ariège. Foix 25.20 19.00 » 19.50
— Pamiers 27.50 17.00 » 22.00
Doj-dogne. Bergerac 26 25 1800 18.25 20. CO
//(e-Oaro>me. Toulouse. 2n.20 18.50 17.85 20.75
— St-Gaudens 25.00 17.00 18.00 22.50
Gers. Condom 26.50 » » 20.25
— Eauze 26.75 » » 22.50
— Miiande 25 50 » » 21.25
Giro7ide. Bordeaux 26.00 18 0> 18.25 19.50
— Bazas 26.50 18.25 » »
Landes. Dux 27.25 20 00 » »
Lot-el-C,aronne.Agen.., 26.^5 19.50
— Nérac 26 50 19.00
B.-Pi/rt'/if'Ps. Bayonne.. 27.00 » :
Htes-PijréHces. T&rhes.. 26. iO 17.50
Prix moyens 26.26 18.34 i
8' RÉGION. — SUD.
Aude. Castelnaudary... 27 20 18. 50 '■
Averjron. Rodez 22. '5 16.00
Can<«/. Mauriac 25.35 21.50
Corcyje. Tulle 25.00 18.00
Hérault. Montpellier... 26.75 »
— Cette 27.50 . »
Loi. Cahors 26.00 17.15
Lozère. Mende 24.70 18 65
Pt/rénées-Or.Perpignan. 11 .1 h 20.00
Tarn. Albi 26 75 »
Tarn-eLrVar-.MomtanDan 25.80 20.75
— Moissac 25.20 18.20
Prix moyens 2S.86 18.75
9" RÉGION. — SPU-EST.
Basses-Alpes. Manosqae 28.50
Haules-Alpes. Briançon. 28.25
Alpes-Maritimes. Cannes 26.00
Ardi'Cke. Privas 26.35
B. -du^ Rhône. Arlei.... 26.75 »
Drrîm«. Valence 24.50 16.75
Gard. Nîmes 25.75 »
//au/e-/,oire. Brioude... 25.00 18.75
Far. Dra,;uignan 25.85 »
Fawcf use. Garpentras... 26.25 »
Prix moyens 26.32
Moy. de toute la France 24.77
— de la semaine précéd. 24.68 1d 75
Sur la semaineiHausse. 0.09 0.17
précédente.. (Baisse.. » »
19.97
19.50
17.50
13.35
18. i7
16.92
19.3
19.3
0.11
DES DENRÉES AGRICOLES (23 JUIN 1883). 477
Blé» Seigle. Orge. Avoine
fr. fi'. fr. fr.
.... ,, ( blé tendre... 2.S.0O » » »
Algérie. Alger] ,^,, ^^,,. ^a.bO » l.^..^o 15.00
Angleterre. Londres 24.80 » 19. dO 20.00
Belgique. Anvers 2i.0i) 17.25 1(:.25 17.30
— Bruxelles 2'i.GO 16. .^0 '20. 25
— Liège 23 85 n.75 2i)..=)0 18.00
— Nanuir 22.50 16.80 20 00 15. ôO
Pays-Bas. Amslerdam 24.3.") 17.40
Luxembourg. Luxembourg ...... , 24.00 19.00 » 18.50
Alsace-Lorraine. Strasbourg 24.7'! 18 25 17.25 17.35
— Midhouse 23 50 17.25 l(i.50 18.75
— Colmar 24 CQ 18 00 17 00 17.25
Allemagne. Berlin 23. 6o 18.50 » »
— Cologne 2C).25 18.75
— Hambourg 23 Oj 18.10 » »
Suisse. Genève 26 -.'5 » » 21.75
Italie. Milan 2^.50 » » 18 UO
Espagne. Valiadolid 24.75 » » »
Aniriche. Vienne 21. .50 L5.50 16.50 14 20
Hongrie. Budapeslh ^3.75 16 50 16.15 14.00
Russie. Siiial-l'élersbourg. . 22.10 15.75 » 13.00
Etats-Unis. • New-York 23.75 » » »
Blés. — Nous venons de traverser une série de jours qui n'ont pas été très
bons pour les blés en terre. Les pluies du commencement du mois ont fait du
bien ; mais le teiroidisscment persistant de li température empêche la végéta-
tion de se développer comme on l'espérait. Beaucoup de blés soull'ient encore des
retards qui ont été ap[iortés forcément aux semailles dans beaucoup de locali'és.
Pour le moment, ce sont les régions dans lesquelles on fait relativement moins
de blé qui (laraissent le plus satisfaites. Il paraît certain qu'en Amérique le défi-
cit de la prochaine récolte relativement à la précédente sera assez notable. — A
la halle de Paiis., le mercredi 20 juin, il y a eu peu d affaires; les prix se
sont snutenus aux taux précédents de 21 fr. 50 à 25 fr. par 100 kilog. ou en
moyenne 2b fr. 75. — Au marché des blés à livrer, on cote : juin, 26 fr. 50;
juillet etaoiàt, 26 fr. 50 à 26 fr. 75; quatre derniers mois, 27 fr. 50. — Au
i/flDre, les affaires sont calmes; les piix varient peu sur les blés d'Amérique que
l'on paye de 26 fr. à 27 tr. 25 par luO kilog. suivant les sortes. — A Marseille.,
les transactions sont très calmes; les arrivages de la semaine ont été de 150,000 quin-
taux; le stock est actuellement dans les docks de 117,690 quintaux. On paye par
lOu kilog. : Red-winter, 27 fr. 50; Irka, 25 fr. 50 à 26 fr. ; Bessarabie, 25 fr. 50 ;
Pologne, 26 fr. ; Irka Danube, 2^1 fr. ; Bombay, 24 à 25 (r. 50. — • A Londres,
les importations de blé ont été depuis huit jours de 323,000 quintaux; le marché
présente beaucoup de calme et les prix demeurent sans variations. Ou cote de
23 fr. 80 à 25 fr. 80 par 100 kilog., suivant les provenances et les qualités.
Farines. — Maintien des cours pour toutes les sortes de faiines. En ce qui
concerne les farines de consommation, on payait à la halle de Paris le mercredi
20 juin : marque de Gorbeil, 60 Ir. ; marques de choix, 60 à 62 fr. ; premières
marques, t8 à 59 fr, ; bonnes marques, 55 à 57 lr.;sortes ordinaires, 54 à
55 fr.; le tout par sac de 159 kilog. toile à rendre ou 157 kilog. net, ce qui
correspond aux prix extrêmes de 34 fr. 40 à 39 fr. 50 par 100 kilog., ou en
moyenne 36 fr. 95, comme le mercredi précéilent. — Pour les farines de sfiécula-
tion, on cotait à Paris le mercredi 20 juin au soir : farines neuf-niarqties,
courant du mois, 58 fr. ; juillet, 58 fr. 25 ; juillet et aoiit, 58 fr t>0 ; q'iatre derniers
mois, 59 fr. 75 à 60 fr. ; le tout par sac de i59 kilog. toile perdue ou 157 kilog.
net. — On paye les farines deuxièmes de 25 à 30 fr.; les t^Tuaux de 46 à 57 fr.
Seigles. — La récolte s'annonce mieux; les prix sont plus faib es. Oi paye à
la halle de Paris 15 fr. 50 à 16 fr. par 100 kilog. Les farines de seigle
valent de 24 à 26 fr. suivant les qua'ités.
Orges — Peu de ventes avec des prix faibles sur ce grain. On paye à la halle
de Paris 17 à 18 Ir. par 100 kilog. suivant les sortes. Les escourgri^ns valent de
17 ir. 25 à 18 fr. — A Londres, les imfjortations sont très faibles ; il y a très peu
de ventes, avec des cours stationnaircs. On p lye de 18 à 2u fr. 50 par 100 kilog.
suivant les sortes.
Avoir,es. — H y a beaucoup d'offres sur ce grain. On vend à la hal'e de Paris
aux cours de 18 fr. 50 à 20 fr 5 ) par lOu kilog. suivant poids, couleur et qualité.
— A Londres, il a été importé def)uis hu't jours 86,000 ((uintaux d'avoines; les
prix sont en baisse. On paye de 18 fr. 30 à 21 fr. 25 par 100 kilog.
478 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
Sarrasin. — Les sarrasins de Bretagne se vendent facilement, à la halle de
Paris 17 fr. 50 à 18 tV par quintal métrique, avec peu de demandes.
Mais — Il y a peu d'ailaires sui- les maïs d'Amérique. On les paye, au Havre,
16fr. à 16 tr, 50 par quintal métrique.
Issues. — Maintien des cours avec des offres assez importantes. On cote à la
halle de Pans, par 100 kilog. : gros son seul, 15 fr. à 15 fr. 25; sons gros et
moyens, 14f[-. 25 à 1^ fr. 75; sou trois cases, 13 fr. 50 à 14 f r. ; sons tins, 13 fr.
à 13 i'r. 25; recoupeltes, 13 fr. à 13 fr. 25; remoulages bis, 14 à 15 fr.; remou-
lages blancs, 16 à 17 fr.
III. — Fruits et légumes frais.
Fruits. — On vend à la halle de Paris: abricots, le cent, 6 à 12 fr.; le kilog,,
1 fr. à 1 fr. 50; cerises en [)rimeur, le panier, 1 à 5 fr.; communes, le kilog.,
0 fr. 30 à 1 fr.; fraises, le panier, 0 fr. 75 à 3 fr. 50; le kilog., 0 fr. 25 àOfr. 45;
melons, la pièce 1 fr. 25 à 8 fr.
Gros légumes. — Dernier cours de la halle : artichauts de Bretagne, le cent,
18 à 24 fr.; de Paris, poivrade, le cent, \.> à 45 fr.; asperges aux petits pois, la
botte, 0 fr. 50 à 1 ir. 5l) ; communes, la botte, 0 fr. 75 à 6 fr.; carottes nou-
velles, les luO bottes, 20 à 45 fr.; de chevaux, les 100 .bottes, 16 à 24 fr.;
choux nouveaux, le cent, 3 à 13 fr.; navets nouveaux, les 100 bottes, 20 à ^0 fr.;
oignons nouveaux, les 100 bottes, 15 à oO Ir.; panais nouveaux, les 100 bottes,
15 à 22 fr.; poireaux nouveaux, les 100 bottes, 20 à 50 fr.; pois verts, le kilog.,
0 Ir. 35 à 0 fr. 50.; pommes de terre nouvelles, le panier, 2 à 6 fr.
IV. — Vins, spiritueux, vinaigres, cidres.
Vius. — Il est assez difficile de s'y reconnaître au milieu des renseignements
assez contradictoires qui nous arrivent sur la manière dont la vigne passe la
période critique de la floraison. Dans le Languedoc, la floraison s'est achevée
dans de bonnes conditions, mais il ne paraît pas qu'il en ait été de même dans
les autres parties de la France : il y a eu des journées froides, des pluies assez
abondantes pendant quelques jours, avec des orages assez violents ; mais le
temps s'est ensuite montré plus propice, sans grandes chaleurs, sans soleil trop
ardent. Il est doue permis d'espéer que la fluraison s'achèvera sans qu'il y ait des
pertes sérieuses à enregistrer. Quand au commerce ries vins, il est toujours dans le
plus grand calme ; il n'y a que peu d'aft'aires dans la plupart des centres vitico-
ies ; les prix se soutiennent asisez bien. Nous avons publié la semaine dernière
les cours actuels de Bercy ; nous n'avons aucune ub-ervation à y ajouter.
Spiritueux. — La spéculation est au plus grand calme ; le stock pèse lourde-
ment sur le marché, et il estpeu probaûle que la hausse se produise d'ici à long-
temps. Les cours sont à peu près ceux de la semaine précédente. On cote actuel-
lement sur les marchés du Midi: Béziers, 3/6 bon goût, 102 fr ; marc, 95 fr. ;
Cette, 3/6 bon goût, 105 à 110 fr. ; marc, 100 fr. ; Pézenas, 3/d bon goût 202 fr.;
marc, 94 fr. — A Paris, on cote : 3[6 fin Nord, 90 degrés, l'-^ (Qualité, disponible,
48 fr. 75, juillet, 49 fr. 50; juillet et août, 50 fr. ; quatre derniers mois, 50 fr, 50
à 50 fr. 75. Le stock est actuellement de 18,8 '5 pipes, contre 15,975 en 1882.
A Lille, l'alcool de betteraves vaut 52,50; celui de grains, 49 à 49,50.
Cidres. — En Normandie, on compte toujours sur une bonne récolte, quoique
les espérances soient moindres que le mois précédent.
V. — Sucres. — Mélasses. — Fécules. — Glucoses. — Amidons. — Houblons.
Sucres. — Les afl'aires sont toujours difficiles, et les prix faiblement tenus. On
paye à Paris, par luO kilog. : sucres bruts 88 degrés, 54 fr. ; les 99 degrés, 61 à
61 fr. 25; sucres blancs, 61 fr. à 61 fr. 25. — Le stock de l'entrepôt réel des
sucres était au 20 juin, de 515,000 sacs pour les sucres indigènes, avec une
diminution de 25,000 sacs depuis huit jours. — Il y a toujours de faiblesse sur
les prix des sucres raffinés; on les cote de 104 ir. 50 à 10 j ir. 50 par 100 kilog.
à la consommation; et pour l'exportation, de 64 fr. 50 à 67 Ir. Sur les marché
du Nord, les afl'aires eu sucres indigènes sont presque nulles.
Mêlasses. — Ou cote les mélasses de fabrii|ue, 11 fr. ; de raffinerie, 12 fr. par
lOû kilog.
Fécules. — Maintien des prix. On cote à Compiègne 40 fr. par 100 kilog. pour
les fécules premières de l'Oise ; à Epiual, 39 fr. 50 pour celles des Vosges,
Houblons. — Les ventes sont toujours à peu près nulles dans les centres de
production. Quant aux nouvelles des houblonnières, elles sont toujours assez
satisfaisantes.
1
DES DENRÉES AGRICOLES (23 JUIN 1883). 479
VI. — Huiles et graines oléagineuses. — Tourteaux.
Huiles. — La hausse a continué sur les huiles de colza. On cote à Paris par
100 kilog. huile de colza en tous fûts, l(i2 fr. 50 ; en tonnes, 104 fr. 50 ; épurée
en tonnes, 1 12 fr. 50 ; huile de lin en tous fûts, 58 fr. 5^; en tonnes, 60 fr. 50.
— Dans le Nord, on paye : huile d'œillettc, 107 fr, ; de colza, 99 fr. Sur les mar-
chés du Midi, très peu d'atl'airos en ce qui concerne les huiles d'olive.
Graines oléagineuses. — Les transactions sont calmes pour toutes los sortes.
On paye à Arras par hectolitre : œillette, 24 à 27 fr. ; lin, 17 à 18 fr. 50* colza
23 fr. 50; cameline, 15 à 18 fr. 50. • ? - 5
Tourteaux. — Prix soutenus. On cote dans le Nord par quintal métrique :
tourteaux d'oeillette, 14 fr.; de colza, 1(5 à 18 fr.; de lin, 19 à 21 fr.
VII. — Matières résineuses, textiles.
Matières résineuses. — La réaction en baisse s'est produite cette semaine. On
paye à Bordeaux, 71 fr.; à Dax, 64 fr. p:ir 100 kilog. pour l'essence pure.de
térébenthine.
Chanvres. — Les prix se soutiennent bien. En Anjou, on cote actuellement
70 à 80 fr. par 100 kilog. suivant les qualités.
Laines. — Les ventes sont assez animées sur la plupart des marchés aux laines.
En Champagne, on cote actuellement 2 fr. 2 fr. 20 par kilog. en suint; 3 fr. 90 à
4 fr. lO pour les laines lavées à dos. A Londres, les enchères publiques sont
animées, avec des prix très fermes pour les belles qualités. A Bordeaux, on cote :
Buenos-Ayres, 1 fr. 12 à 1 fr. 45; Montevideo, 1 fr. 15 à 2 fr. 05.
VIII. — Suifs et corps gras.
Suifs. — Les cours sont en hausse. On paye à Paris 104 fr. par 100 kilog. pour
les suifs purs de l'abat de la boucherie; 78 fr. pour les suils en branches.
Saindoux. — Au Havre les prix sont en baisse de 133 fr. oO à 134 fr. par
100 kilog. pour les saindoux d'Amérique.
IX. — Beurres. — Œufs. — Fromages.
Beurres. — On a vendu, pendant la semaine, à la halle de Paris, 267,792 kilog.
de beurres. Au dernier marché, on cotait par kilog. : en demi-kilog., 2 fr. 20 à
3 fr. 65; petits beurres, 1 fr. 64 à 2 fr. 68; Gournay 2 fr. 20 à 3 fr. 16; Isigny,
2 fr. 21} à 6 fr. 68.
Œufs — Il a été vendu du 1 1 au 17 juin, à lahallede Paris, 5,396,769 œufs.
Au dernier jour on cotait par mille : choix, 89 à 105 fr.; ordinaires, 61 à 78 fr.;
petits, 48 à '58 fr.
Fromages. — On vend à la halle de Paris : par douzaine, Brie, 3 à H fr.;
Montlhéry, 15 fr.; — par cent, Livarot, 94 à 106 fr.; Mont-Dore, 8 ^ 26 fr.;
Neufchàtel, 2 fr. 50 à 13 fr. .50: divers, 4 à 78 fr.; — par 100 kilog., Gruyère,
120 à 170 fr.
X. — Chevaux, bétail, viande.
Chevaux. — Aux marchés des 13 et 16 juin, à Paris, on comptait 1,000 che-
vaux; sur ce nombre, 370 ont été vendus comme il suit :
Amenés. Vendus. Prix extrêmes.
Chevaux de cabriolet 200 41 125 à 1,090 fr.
— de trait 277 79 230 à 1,150
— hors d'âge 394 121 20 à 1 ,020
— à l'enclière 40 40 40 à 460
— de boiiclicrie 89 89 20 à 185
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement officiel du marché aux bes-
tiaux de la Villette, du jeudi. 14 au mardi 19 juin :
Poids Prix du kilog. de viande neUe sur
Vendus moyen pied au marché du 18 jun.
Pour Pour En 4 quartiers. 1" 2'' 3" Prix
Amenés. Paris, l'extérieur, totalité. kil. quai. quai. quai. moyen.
Bœufs 5,363 3,042 1,603 4,H45 347 1.86 1.70 1.50 1.67
Vaches 1,404 523 531 1,0.")4 239 1.76 1.54 1.34 1.50
Taureaux 332 232 42 274 370 1.62 1.48 1.3< 1.50
Veaux 4,099 2,250 1,376 3,6j6 73 2.10 1.96 1.60 1.90
Moulons 41,296 21,678 14,915 36, .593 20 2.14 2.02 1.75 1.88
Porcs gras 6,856 2,876 3,841 6,717 84 1.52 1.46 1.40 1.42
— maigres. » • .» »»»> »
Les approvisionnements du marché ont été particulièrement abondants durant
cette semame pour les gros animaux, et sur ces catégories, nous devons signaler
un peu de baisse; mais pour toutes les autres sortes, les prix sont soutenus avec
480 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT (23 JUIN 1893).
fermeté. — Sur les marchés des départements, on cote : Le Mans, vaches, 1 fr. 60
à 1 fr. 70 par kilog. de viande nette sur pied; veaux, 1 fr. 70 à 1 fr. 80; moutons,
2 fr. à 2 Ir. 10; agneaux, 2 fr. 10 à 2 fr. 20; — Nantes, bceafs, 0 fr. 98 par kilog.
brut; veaux, 1 fr. 05; moutons 0 Ir. 95; — Dijon^ bœuf, 1 fr. 68 à 1 fr 82;
taureaux, 1 fr. 20 à 1 fr. Gu; vaches, 1 fr. 20 à 1 fr. 72; veau (poids vif), 0 fr. 90
à 1 fr. 05; moutons, 1 fr. 80 à 2 fr. 10; porc, 0 fr. 92 à 1 fr. 02; — Li/yi, bœuf,
1 fr. 14 à 1 fr. 83; mouton, 1 fr. 40 à 2 fr.; — Hourgoin, bœufs, 66 à 7b fr. ;
vaches, 58 à 68 fr.; moutons, 90 à y8 Ir,; porcs, 86 à 9J fr.; veaux, ^4 à 9'4 fr.
A Londres, on paye par kiiog.: Bœuf, 1 fr, 52 à 2 fr. 1(J; — Veau: 2 Ir. 05 à
2fr. 34; -< Mouton : 1 fr. 87 à 2 fr. 34 ; — Porc : 1 fr. 52 à 1 fr, 75.
Viande à la criée. — On a vendu à la halle de Paris du 11 au 17 juin :
Prix du kilog. le 18 juin.
kilog. l" quai. 2' 4Udl. 3* quai. Choix. Basse Boucherie.
Bœuf on vache... ]8'4.499 1.74 à 2.20 l.ô2 à 1.72 1.06 à 1.50 1.66 à 3.10 0.20 à 1.44
Veàii 237,814 1.88 2 2-1 1.63 1.86 1.26 1,64 1.6) 2.46 » •
Moutoa 52,318 1.60 2.03 1 38 1.58 0.% 1,36 1.06 2.40 .
Porc 38,324 Fore frais 1.22 à 1.56
512,955 Soit par jour 73,279 kilog.
Les ventes ont été inférieures de 1,000 kilog. environ pir jour à celles de la
semaine précédente. Les prix se. maintiennent sans changements.
XI. — Cours de la viande à rabattoir de la Villeltx du 21 juin (par 50 kilog.)
Cours de la charcuterie, — On vend à la Vitlette par 50 kilog. : 1" qualité,
80 à 83 fr. ; 2', 7b à 80 fr. ; poids vits, 50 à 56 fr.
Bœnfa. Veaux. Mouton».
f r 3* 1" 2* 3' 1" 2* 3"
qnak quai. quai. q aL quai. quai. quaL quai. qaaU
fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr.
86 78 70 108 100 95 96 90 82
XII. — Marché aux bestiaux de la Villette du jeudill juin 1883.
Cours des commissionnaires
Poids Cours ofliciels. en besiiaux.
Animaux gpneral. 1" 2' 3* Prix 1'* 2* 3* Frit
amenés. Invendus, kil, quai. quai. quai, extrêmes. quai. quai. quai, extrèmas.
Bœufs 2 2'(2 29 360 >.90 • , 72 1,54 l,43ài.96 1.88 J,70 1.52 1.4dàl94
Vaches 534 10 235 l,7B 1.5S 1 3S t,32 t .82 1,76 1.54 1,34 1,30' 180
Taureaux.., 127 4 380 1.64 t,50 t. 38 i.34 (.70 1 62 l,4i 1,36 1.32 1.6»
Veaux 1.419 13t 79 2 10 1.96 1 60 1.50 2.30 » » » »
Moutons 15,939 4') 19 2 13 2 06 1 80 l . 70 2 24 » » » »
Porcs gras,. 4.tl0 -> 81 1.62 1 56 1.50 1,43 1.66 » » »
~- maigres,. » « »»»b»«»»>>
Vente très active sar toutes les espèces.
XIII. — Résumé.
Pour la plupart des denrées, il y a maintien des cours depuis not^e précédente
revue. A. Remy.
BULLETIN FINANCIER
Nous sommes cette semaine dans un mouvement de hausse; la plupart des
valeurs accusent des cours plus élevés que la semaine précédente.
Pour les fonds d'Etat, on cote actuellem -nt à la Bourse de Paris : 3 pour 100,
78 fr. 85; — 3 pour 100 amortissable, 81 fr.; — 4 et demi pour 100, 109 fr. 50;
— 5 pour 100, 108 fr. 30; — le tout au comptant.
Peu de fluctuations sur les valeurs des grandes Sociétés de crédit : Les actions
dépc
à 673 fr. 75 ; la Banque franco-égyptienne, à 585 fr.
Bonne tenue pour la G)mpagaie parisienne du gaz à 1,395 fr. — Hausse coa-
tinue sur les actions du canal maritime de Suez, à 2,527 50 fr. — L^s déléga-
tions sont cotés à 1,320 fr. — Le canal de Panama se traite à 490 Ir.
La bonne marche d 's conventions avec Us compagnies de ch unins de fer donne
un nouvel e.ssor aux atfaires sur leurs titres, qui sont cotés en hiusse. On cote :
Nord, 1,940 fr. ; Orh-ans, l,-250 fr, ; Ouest, 775 fr. ; Paiis-Lyoa-Miditerranée ,
1,435 fr.; Est, 73S fr, 75; Midi, 1,170 fr, E. Eeron-
Le gérant, A. Bouché.
CHRONIQUE AGRICOLE (.30 juin i883).
Les discussions et les solennités agricoles du mois de juillet. — Discussion au Sénat du projet
de loi sur le régime des eaux. — Travaux du Conseil supérieur de l'agriculture. — Concours
agricoles en France et à l'étranger. — Conimeiu-enient de la moisson dans le Midi. — Belle
apparence des vignobles. — Le centenaire du comte Adrien de Gasparin à Orange. — Note du
maire de cette ville. — Réunion du Conseil supérieur de l'agriculture. — Discussions relatives
à la représentation légale de l'agriculture. — Système électoral proposé._ — Le phylloxéra. —
Réunion de la Section permanente de la Commission supérieure. — Allocations à des associations
syndicales. — Taches constatées dans le département de Maine-et-Loire. — Réunions des
Sociétés d'agriculture de l'Hérault et de la Gironde. — Note de M. Jaussan sur la défense des
vignes par les insecticides. — Mesures prises par la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest
pour le transport des ouvriers agricoles. — Le commerce horticole. — Décret ouvrant le bureau
de la Chapelle-sous-Kougemonl au transit des denrées horticoles. — Nouvelles des éducations
de vers à soie en France et à l'étranger. — Ecole pratique d'agriculture de la Brosse. — Con-
cours de la Société agricole et indusirielle du Lot. — Notes de MM. Nebout et d'Ounous sur
l'état des récoltes dans les départements de l'Allier et de l'Ariège. — La récolte du blé. — Les
ravages des sauterelles en Russie.
I. — Le mouvement, agricole.
Les choses de l'agriculture donnent lieu en ce moment à de nom-
breuses discussions et à des solennités variées. Au Sénat, on s'occupe,
de temps à autre, du projet de loi sur le régime des eaux ; on en dis-
cute et on en vote un article, puis on renvoie un autre article à la
Commission, en suspendant la discussion pour la reprendre quelques
jours après. Jusqu'à présent, cela n'a rien de magistral ; il est encore
impossible de dire si la législation nouvelle sera vraiment en progrès
sur l'ancien état de choses. A la Chambre des députés, les amis de
l'agriculture semblent un peu découragés; ils se recueillent sans doute
pour faire de nouveaux efforts. Le Conseil supérieur de l'agriculture a
abordé trois questions difficiles : celles delà répression des fraudes sur
les engrais, de la construction des canaux dérivés du Rhône, et de la
représentation directe de l'agriculture. Sur ce point, on paraît d'accord,
comme on le verra plus loin, sur la nécessité de reconstituer les
Chambres d'agriculture qui, en ce moment, ne vivent guère que sur le
papier. La Société nationale d'agriculture a tenu sa séance publique
annuelle avec solennité; de nombreuses récompenses y ont été dis-
tribuées, et des discours importants y ont été prononcés. Les concours
régionaux agricoles ont continué ; le dixième de l'année a eu lieu à
Aurillac, oii un hommage solennel a, en outre, été rendu à la décou-
verte de M. Pasteur par une contrée reconnaissante. D'autres solennités
agricoles s'apprêtent en France et à l'étranger. En France, nous allons
avoir une fête à Orange pour le centenaire du comte Adrien de Gas-
parin ; en Belgique, s'ouvriront le 9 juillet les concours et expositions
de la Société royale agricole de l'Est; en Angleterre, se tiendra à York,
du 16 au 20 juillet, le grand concours de la Société royale d'agricul-
ture. Nous pourrions citer beaucoup d'autres fêtes rurales du même
genre, ayant toutes pour but l'amélioration soit du bétail, soit du maté-
riel agricole, et les encouragements aux fermes les mieux tenues.
La moisson, déjà achevée en Algérie, a commencé dan,s le Midi,
vers le 25 juin, et l'on paraît en être assez satisfait. C'est plus tard que
dans les années moyennes. Pour le reste delà France, il semble aussi
que l'on ne commencera pas à couper les blés de bonne heure. Le temps
est trop souvent froid et pluvieux. Dans la région méditerranéenne, les
vignes ont la plus belle apparence dans les vignobles que n'a pas
dévastés le phylloxéra, particulièrement dans les terre sableuses et dans
N° ni. — Tome II de 1883. — 30 Juin.
482 CHRONIQUE AGRICOLE (30 JUIN 1883).
celles soumises à la submersion. Mais l'insecte fait malheureu-
sement de très rapides progrès dans les vignobles mal défendus;
ceux reconstitués avec les cépages américains et le greffage semblent
parfaitement résister. Sur l'ensemble des autres cultures, on a beau-
coup d'espérances; quelques-unes sont magnifiques, mais l'époque
critique n'est pas encore passée, et l'on ne saurait sagement se pro-
noncer encore sur ce qu'il faut attendre.
II. — Le centenaire, du comte Adrien de Gasparin. '
Aucun nom n'est plus populaire auprès des agriculteurs que celui
du comte Adrien de Gasparin. Par ses ouvrages, par la grande intluence
qu'il a exercée dans les assemblées politiques, à la Société nationale
d'agriculture, à l'Académie des sciences, à l'Institut agronomique de
Versailles, il a pris place au premier rang des maîtres de l'agricul-
ture moderne. La ville d'Orange (Vaucluse) oi^i il est né et au milieu
de laquelle s'élève sa statue élevée par les agriculteurs, célébrera le
dimanche l''' juillet le centenaire de sa naissance. Ce sera une véri
ble fête publique dans celte ville où la famille de Gasparin a toujours
été iionorée et où elle tient toujours le premier rang dans l'affection
générale. A cette occasion, nous recevons de la municipalité d'Orange
la note suivante :
a La famille de Gasparin, dont la générosité est proverbiale, a bien voulu
donner mandat à M. le maire d'Orange de répartir une somme de 700 francs, de
la manière suivante :
c 300 fiancs poui' des livrets de la caisse d'épargne; 100 francs pour le bureau
de bienfaisance; 200 francs pour l'hospice; 100 francs pour les orphelines.
o L'administration municipale tient à manifester publiquement toute sa recon-
naissance à la famille de Gasparin qui, fidèle à ses traditions de bienfaisance,
sait associer à un anniversaire glorieux une fête de charité. ^^
Au nom des agriculteurs, nous envoyons à notre éminent confrère
M. Paul de Gasparin le témoignage de leur reconnaissance pour les
services que son père a rendus et pour ceux que lui-même rend et
rendra encore à la science agricole.
III. — Conseil supérieur de V agriculture.
Le Conseil supérieur de l'agriculture s'est réuni le 22 juin; nous
trouvons dans le Journal officiel le compte rendu suivant do ses déli-
bérations :
Le Conseil supérieur de l'agriculture s'est réuni, le vendredi 22 juin, à deux
heures de l'après-midi, au ministère de l'agriculture, sous la présidence du
ministre, M. Méline, pour l'examen d'un projet ayant pour but l'organisation
d'une représentation spéciale des intérêts agricoles.
Ce projet, préparé par une Commission du conseil supérieur, comporte la créa-
tion, dans chaque arrondissement, d'un chambre consultative d'agriculture dont
les membres seraient élus, au scrutin de liste, par un cor^DS électoral composé de
la manière suivante :
P Les a;:îriculteurs français jouissant de leurs droits civils et politiques, rési-
dant dans !§. commune depuis un an au moins, et dont la profession unique ou
principale est d'exploiter un fonds rural, comme propriétaires, usufruitiers, loca-
taires fermiers, colons partiaires ou métayers;
2° Les arboriculteurs, horticulteurs, pépiniéristes, jardiniers, maraîchers de
profession r&unissant les mêaies conditions de nationalité, d'âge, de capacité et de
résidence qui, depuis un an au moins, exercent, par eux-mêmes, leur industrie
dans la commune, soit comme propriétaires, usufruitiers, locataires, métayers,
ou colons partiaires;
3" Les propriétaires ou usufruitiers d'exploitations agricoles, réunissant les
mêmes conditions de nationalité, iï'k^Q et de capacité, qui, depuis un an au
CHRONIQUE AGRICOLE (30 JUIN 1883). 483
moins, possèdent lesdites exploitations; qu'ils soient résidants ou non dans la
commune ;
4° Les directeurs, professeurs et répétiteurs des établissements d'enseigmement
agricole, horlicole, forestier et vétérinaire; les directeurs des stations agronomi-
ques ; les titulaires des chaires de chimie agricole; les professeurs départemen-
taux d'agriculture et les vétérinaires, lorsque les uns et les autres réunissent les
conditions de nationalité, d'âge, de capacité civile et politique^ et de résidence
indiquées plus haut.
Les filles et veuves réunissant les conditions d'âge, de domicile, de capacité
civile, de nationalité, ' de profession ou de propriété exigées pour être électeur
pourront déléguer leur droit de vote à un citoyen jouissant de ses droits civils et
politiques et résidant depuis un an dans le canton.
Cette délégation pourra être faite par acte sous seing privé ou par une déclara-
tion au maire de la commune, qui consignera la déclaration sur un registre tenu à
cet effet et en donnera récépissé. L'acte qui constatera la délégation sera enre-^-istré
gratis. Les électeurs ayant leur droit électoral dans plusieurs circonscriptions ne
peuvent exercer ce droit que dans une seule circonscription à leur choix
Les chambres, ainsi constituées, auraient principalement pour mission de pré-
senter au gouvernement et au conseil général de leur département leurs vues sur
toutes les questions intéressant l'agriculture. Elles seraient consultées sur les
modifications à introduire dans la législation, en tout ce qui touche aux intérêts
agricoles, et notamment en ce qui concerne la police rui'ale, les contributions
indirectes, les douanes, les octrois et les encouragements à l'agriculture ; elles
seraient éf^alement consultées sur la création, dans le département, des établisse-
ments d'enseignement agricole ou vétérinaire, des stations agronomiques, des foires
et marchés.
Enfin, elles auraient à centraliser les travaux de statistique agricole cantonale
et renseigneraient le gouvernement sur l'état des récoltes, sur la situation afri-
cole de l'arrondissement et sur ses besoins.
A l'appui de son projet, la Commission constate que les chambres d'agriculture,
telles qu'elles existent actuellement, — le? membres de ces chambres sont nom-
més par décret, — n'ont pour ainsi dire jamais fonctionné; que, dans les rares
départements où elles se réunissent encore, elles ne jouissent pas d'une sérieuse
autorité ; que le gouvernement ne les consulte guère et qu'elles émettent rarement
des vœux.
Dans une telle situation, on peut assurément dire, sans s'écarter de la vérité,
cj;ue les intérêts agricoles n'ont pas encore de représentation officielle. La commis-
sion pense qu'il serait à la fois juste et utile de lui en donner une en organisant,
les chambres consultatives d'agriculture sur de nouvelles bases.
Tout le monde reconnaît cpie les chambres de commerce et les chambres des
arts et manufactures ont puissamment contribué au développement du commerce
et de l'industrie en France. 11 n'est pas équitable de priver de cet instrument de
progrès l'une des principales branches du travail national. L'absence de corps
électifs chargés spécialement de défendre les intérêts de l'agriculture a eu parfois
des conséquences fâcheuses. Dans les discussions économiques auxquelles donnent
naissance les conflits entre les divers intérêts, on n'a trop souvent écouté qu'une
seule voix, parce que l'agriculture n'avait dans les départements aucun organe
olficiel chargé d'exposer ses besoins et de soutenir ses droits.
Une assez longue discussion, à laquelle ont pris part MM. Teisserenc de Bort,
Lenoël, Dreyfus, Danelle -Bernardin, de Ponlevoy, Caze, Perrier et Cotard, s'est
engagée sur ce projet et particulièrement sur le mode de formation des chambres
d'agriculture, et sur la composition du corps électoral.
Plusieurs membres se sont déclarés opposés à ce projet. Entrant ensuite dans
l'examen des diverses dispositions qu'il contient, ils ont fait remarquer qu'il
serait bien difficile de constituer le corps électoral au'il s'agit de créer. Ils crai-
gnent qu en appliquant ce projet on n arrive a organiser une représentation aristo-
cratique de l'agriculture, et ils redoutent les rivalités qui pourraient naître entre
la représentation politique et une représentation spéciale de l'agriculture.
Un aulre membre, au contraire, pense qu'il convient de restreindre davantage
encore le corps électoral, pour assurer à la représentation une plus grande
compétence dans les questions agricoles.
M. le président de la Commission, qui a élaboré le projet, en a défendu le prin-
cipe et l'économie devant le Conseil. lia fait ressortir que Le commerce etl'indus-
484 CHRONIQUE AGRICOLE (30 JUIN 1883).
trie avaient une représentation spéciale, tandis que l'agriculture, à laquelle
s'intéresse une quantité beaucoup plus considérable de citoyens, était privée d'une
institution de ce genre. Il a fait remarquer, en outre, que les craintes exprimées
sur les inconvénients que pourrait offrir une représentation spéciale de l'agri-
culture n'étaient pas fondées; carie projet, délaissant l'idée d'une représentation
organise des chambres d'agriculture simplement consultatives. Enfin, il a termine
en rappelant que l'empire, dont la politique constante a eu pour effet de réprimer
toute pensée libérale, s'était toujours montré hostile à l'idée d'une représentation
élective de l'agriculture, et qu'il était du devoir du gouvernement républicain de
ne pas suivre de tels errements.
Un menibre du Conseil constate que la divergence de vues sur cette question
provient d'un simple malentendu. Les adversaires du projet y ont vu l'organisa-
tion d'une représentation de l'agriculture, tandis que l'administration et la com-
mission n'ont cherché qu'à organiser un élément de consultation^ ce qui rend le
projet acceptable en principe. Il importe surtout, d'après l'orateur, que cette con-
fusion ne puisse pas se produire.
^ Dans le cours de la discussion, un contre-projet a été déposé. Ce contre-projet
règle la composition des chambres d'agriculture de la manière suivante : 1" Trois
membres désignés dans les Conseils communaux ; — 2" un délégué communal ;
— 3° comme membres de droit : le député de la circonscription; le sénateur;
le conseiller général de la circonscription; le conseiller d'arrondissement; le vété-
rinaire du canton; le professeur départemental d'agriculture; le préfet et le sous-
préfet de l'arrondissement.
Le Conseil, sans aborder la discussion sur ce contre-projet, l'a renvoyé à l'examen
de la Commission.
M. le ministre a résumé ensuite la discussion générale et a fait ressortir la
nécessité de se prononcer d'abord sur le principe même du projet, avant d'abor-
der les questions de détail et l'examen des modifications à introduire dans les
articles. Il a, en conséquence, invité le Conseil à statuer sur la question suivante :
Y a-t-il lieu de réorganiser les chambres consultatives d'agriculture? — A l'una-
nimité, le Conseil s'est prononcé pour l'aifirmative,
A la suite de ce vote, la discussion a été renvoyée à la prochaine
séance, pour l'examen des divers articles du projet présenté par la
Commission, et le Conseil s'est ajourné au vendredi G juillet.
IV. — Le phylloxéra.
La Section permanente de la Commission supérieure du phylloxéra
s'est réunie le 15 juin sous la présidence de M. Dumas. Elle a d'abord
approuvé Texécution de traitements administratifs sur 2 hectares
62 ares dans la commune d'AiTosez (Basses-Pyrénées). L'autorisation
de la culture des vignes américaines dans les arrondissements de
Castelnaudary et de Limoux (Aude) a été accordée. Il a été décidé que
des subventions pourraient être accordées à des associations syndicales
de viticulteurs, comme il suit : Basses-Alpes, syndicat départemental
comptant 29 propriétaires pour traiter 36 hectares par le sulfure de car-
bone; — Gers^ annexion de 40 propriétaires au syndicat de recherches
de Gimont, pour 74 hectares, et de 3 propriétaires pour 21 hectares, à
celui de Touget ; — Gard, deux syndicats à Aubard et à Congeuies,
comptant ensemble 13 propriétaires pour traiter 13 hectares^ par le
sulfure de carbone ; — Raute-Garonne, un syndicat de recherches à Por-
tets-Cugnaux, comptant 1 72 propriétaires pour 571 hectares ; un syn-
dicat à Martres-Boussens, comptant 44 propriétaires pour 249 hectares ;
— Loire, un syndicat de 32 propriétaires à Lézigneux pour traiter
18 hectares par le sulfure de carbone; — Ardeche, quatre syndicats à
Privas, Chalençon, Saint-Andiol-de-Bourlène, Vals-les-Bains, comptant
68 propriétaires pour traiter 63 hectares; — Rhône, deux syndicats à
Fleurie et à Belmont comptant 1 8 propriétaires pour traiter 78 hec-
CHRONIQUE AGRICOLE (30 JUIN 1883). 485
tares ; — Ain, deux syndicats à Péronges et à Geyzérieu et Chavarnay,
comptant 24 propriétaires pour traiter 18 hectares; — Gironde^ neuf
syndicats à Marcillac, Saint-Lonbès, Samt-Sulpice deFabyrens, Saint-
Pey de Castets, Ambès^, Tauriac, Saint-Laurent et Moules, Artigues,
Léoniau et Cadanjac, comptant 97 propriétaires pour traiter 1 18 liec-
tares par le sulfure de carbone, parle sulfocarbonate ou par la submer-
sion. — M. Balbiani a rendu compte de ses expériences sur le badi-
geonnage, et il a montré deux pots de vignes traités par le goudron
et dont la végétation est florissante ; malheureusement, pendant l'hiver,
lorsque le froid sévit, les applications sur les ceps sont difficiles,
parce que le goudron se solidifie sous l'action du froid ; il faudrait
trouver un moyen de le maintenir liquide.
Nous avons annoncé que le phylloxéra avait été découvert dans le
vignoble de la commune de Martigné-Briant, arrondissement de
Saumur (Main^î-et-Loire). Cette constatation a vivement ému les agri-
culteurs de la région ; M. Couanon, délégué régional, a trouvé plusieurs
taches rayonnant autour d'une pépinière formée avec des plants de
cépages introduits en 1876 d'une contrée phylloxérée; on va demander
que ces taches soient soumises à un traitement administratif. Actuel-
lement, des recherches actives sont poursuivies dans tout le vignoble
de la vallée du Layon, afin de voir si de nouvelles taches n'y exis-
tent pas. Elles ont abouti à la découverte de taches dans la commune
de Faveray, arrondissement d'Angers.
La Société d'agriculture de la Gironde vient de publier le procès-
verbal des réunions qu'elle a tenues du 9 au 1 1 mars, à Bordeaux, sur
la reconstitution des vignobles par les vignes américaines (en vente à
la librairie Féret et fils, à Bordeaux; prix, 1 fr.). Cette brochure ren-
ferme l'exposé des expériences faites par les viticulteurs les plus
distingués de la Gironde, et un excellent rapport sur les instruments
de greffe présentés à ces réunions. — Il faut en dire autant de la brochure
publiée par la Société d'agriculture de l'Hérault, et qui est consacrée
aux réunions publiques des 5, 6 et 7 mars. A la suite du procès-
verbal de ces réunioas, principalement consacrées aux vignes améri-
caines, on trouve un rapport intéressant sur les greffoirs présentés au
concours organisé par la Société.
M. Louis Jaussan, vice-président du Comice agricole de Béziers,
bien connu pour l'énergie avec laquelle il lutte pour sauver ses vignes,
vient de publier une note sur la question suivante : Est-il avantageux
de défendre par les insecticides les vignes phylioxérées? Sa conclusion
est que son propre exemple doit empêcher les viticulteurs du se
décourager. « Vous pouvez, dit-il, vous devez vous défendre, votre
intérêt bien compris l'exige. Il n'y a pas de victoire sans blessure,
mais qu'importe la blessure si la victoire vous reste, si vous augmentez
l'héritaii-e de vos enfants. »
*D"
Y. — Transport des ouvriers agricoles à prix réduit,
La Compagnie des chemins de fer de l'Ouest vient de prendre une
mesure à laquelle on ne saurait trop applaudir, pour faciliter l'exécution
des travaux agricoles. M. Delattre, directeur général, a donné avis à M. le
président du Comice agricole de Chartres que le Conseil d'adminis-
tration de sa compagnie avait décidé qu'une réduction de 50 pour 100
en^S" classe (tarif plein à l'aller, gratuit au retour) aurait lieu pour
486 CHRONIQUE AGRICOLE (30 JUIN 1883).
les ouvriers agricoles se rendant d'une gare quelconque située dans
les départements du Finistère, des Côtcs-du-Nord, d'Hle-et-Vilaine, de
la Manche, de l'Orne, de la Mayenne, de la Sartlie, et de l'arrondis-
sement de Nogent-le-Rotrou à une gare quelconque du réseau d«
l'Ouest, située dans Eure-ot-Loir. Il existe des types de carte de*/ânt
servir à l'obtention de cetlc réduction, déterminant exactement les
formalités à remplir ; ces caries seront adressées par k Compao;nie de
l'Ouest aux maires des localités, sur leur demande préalable indiquant
le nombre d'ouvriers agricoles à transporter, ainsi que la gare de
départ. Ces dispositions sont entrées en vigueur, à titre d'essai, depuis
le 1 5 mai.
YI. — Coimnerce horticole.
Le Journal officiel annonce que, par décret en date du 23 juin 1883,
rendu sur la proposition des ministres de l'agriculture et des finances,
le bureau de douane de la Gliapelle-sous-Rougemont (arrondissement
de Belfort) est ouvert à l'importation des plantes et produits divers
des pépinières, jardins, serres et orangeries, venant de l'Alsace-
Lorraine, sous les réserves spécifiées aux articles 2 et 3 du décret du
28 août 1882. Ces réserves sont relatives au mode d'eniballagi^ et aux
certificats d'origine constatant que ces produits et plantes proviennent
de terrains qui ne contiennent aucun pied de vigne.
VII. — Sériciculture.
D'après les renseignements les plus positifs sur lés résultats des
éducations de vers à soie, il paraît certain que la récolte des cocons
sera inférieure sous le double rapport de la quantité et de la qualité à
celle de 1882, dans toutes les parties de la France oii l'on cultive le
mûrier. Les appréciations sont à peu près les mêmes en ce qui con-
cerne les éducations en Espagne; quant à l'Italie, les avis sont meil-
leurs dans l'ensemble. Sur les premiers marchés des déparlements du
Gard, de l'Ardèche et de la Drôme, les prix des cocons ont varié de
3 fr. 50 à 4 fr. 10 par kilog. pour les races indigènes.
VIII. — École pratique cV agriculture de la Brosse.
Nos lecteurs savent que, par un arrêté de M, le ministre de l'agri-
culture en date du 26 septembre dernier, une école pratique d'agri-
culture a été créée à La Brosse, près Auxerre (Yonne). Celte école est
actuellement ouverte, mais son appropriation n'est pas suffisante pour
les besoins à satisfaire lorsqu'elle sera en plein fonctionnement. Le
Conseil général du département a décidé qu'il serait fait face aux
dépenses^ nécessaires par un emprunt de 100,000 francs; le projet
de loi approuvant cet emprunt a été voté récemment par la Chambre
des députés.
IX. — Concours de la Société agricole du Lot.
La Société agricole et industrielle du Lot, présidée par M. le docteur
Rey, vient de déterminer le programme de ses concours pour 1883.
Elle tiendra -à Figeac, le jeudi 16 août, un concours d'irnimaux l'epro-
ducteurs des l'aces bovines, ovines et porcines ; im concours de labou-
rage le même jour; et enfin un conc-urs de bêtes à cornes grasses, à
Cahors, le 1" février 18S4. Elle décernera, en outre, duns l'arrondis-
sement de Figeac, un prix d'honneur pour l'exploitation la mieux
dirigée, des primes spéciales pour le drainage et les irrigations, pour
les plantations de mûriers, d'arbres fruitiers, forestiers et de chênes
CHRONIQUE AGRICOLE {30 JUIN 1883). 487
truffiers, pour les granges, étables et fosses à purin perfectionnées
pour les vignobles, pour les élèves de la ferme-école du Montât. Elle
donnera aussi des primes aux constructeurs d'instruments aratoires
du département qui présenteront des instruments non primés anté-
rieurement et dont l'essai sera fait en présence d'un jury spécial.
X. — Nouvelles de l'état des récoltes.
Les alternatives de temps sec et de. pluie qui se succèdent ne sont
pas favorables à la coupe et à la rentrée des fourrages; toutefois, celte
importante opération est menée avec activité. La plupart des plantes
^se présentent actuellement dans de bonnes conditions. Voici la note
'que M. Neboutnous adresse d'Arfeuilies (Allier), à la date du 20 juin :
<t La végétation a en partie rattrapé le retard que le mois d'avril lui avait donné
mais la sécheresse a bien fait souffrir les seigles et surtout les froments dans les
terreslégères à sol arable peu profond, la paille sera peu abondante cette année. Les
avoines sont partout magnitiiiues, les orges d'hiver sont bien belles aussi et com-
mencent à mûrir. La première coupe des prairies artificielles a été de peu de
chose, par suite du temps froid d'avril et cle la sécheresse de mai, les naturelles
se rattrapent par les pluies abondantes que les nombreux orages ont versées sur le
sol ces jours passés. Le 9 juin nous avons eu un orage qui nous a donné une forte
averse d'eau mêlée de grêle et grésil, qui a endommagé les légumes de nos pota-
gers et gâté plus ou moins nos belles grappes de vignes, mais sur ce qu'il y a, la
grappe est longue et grosse.
« Nos pommiers sont chargés aussi de fruits, ainsi que nos noyers, nos meri-
siers, ce qui nous permettra de faire d'excellent kirsch. Les pommes de terre
sont bien belles, nos animaux se portent bien et sont hors de prix, ce qui remplit
la bourse des agriculteurs ; seuls les cochons se vendent à de vils prix, mais la
médaille a son revers.
La moisson des céréales, achevée en Algérie, commence dans le
Sud-Est de la France; elle va se poursuivre avec activité. La plupart
des agriculteurs se déclarent satisfaits des promesses, snrtout en ce
qui concerne les blés et les avoines ; le printemps a été assez pluvieux
pour que les plantes herbacées se développent avec régularité. Dans
le reste de la France, la végétation desblés se poursuit avec régularité;
les appréciations sont assez diverses sur les espérances de la récolte,
mais nous ne constatons pas de plaintes graves. Il en est autrement
dans l'Europe orientale ; la moisson sera médiocre en Autriche et en
Hongrie; en Russie, elle donnera probablement de mauvais résultats ;
de vastes régions, parmi celles qui produisent le plus de blés, sont
atteintes par les sauterelles ; c'est par milliers d'hectares que l'on évalue
aujourd'hui la surface ravagée par ces insectes. J. A. Barral.
SÉANCE SOLENNELLE
DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE.
La séance solennelle de distribution de ses récompenses, tenue le
27 juin, par la Société nationale d'agriculture, a été une des plus
brillantes auxquelles nous ayons assisté ; jamais foule aussi compacte
n'avait rempli la grande salle de la Société; jamais accueil plus cha-
leureux n'avait été fait aux aux illustres savants qui sont la gloire de
FaiiTricullure française.
n -
M. Méline, ministre de l'agriculture, présidait, assisté de lAL^L Du-
mas, président; Chevreul, vice-président; Barrai, secrétaire perpé-
tuel ; Lavallée, trésorier perpétuel, et de MM. Tisserand^ directeur
de l'agriculture, et Labarthe, chef du cabinet.
La séance a été ouverte par un excellent discours de M. Méline;, q^uT a
488 SÉANCE SOLENNELLE DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE.
rendu un juste hommage aux travaux de la Société, en signalant les
services qu'elle rend aux pouvoirs publics en élucidant les questions
que le Parlement et le gouvernement sont appelés à trancher. Voici le
texte de ce discours :
« Messieurs, c'est une des phis heureuses traditions de votre savante compa-
gnie que celle qui associe une fois par an le représentant du gouvernement à votre
œuvre et à vos travaux. Croyez bien que je suis fier d'en recueilHr aujourd'hui le
bénéfice, et que je sens tout le prix de 1 honneur que vous voulez bien me faire
en m'^ppelant à présider cette solennité.
ce Ma seule crainte est de n'en pas être suffisamment digne : si j'avais besoin
d'être rappelé à la modestie, il me suffirait de jeter les yeux autour de moi, de lire
sur vos murs tous* ces grands noms qui rappellent les titres glorieux de votre
Société à la reconnaissance publique, de voir, assis à mes côtés, vos deux illustres
présidents qui, non contents de rivaliser de génie, semblent aussi vouloir rivali-
ser de jeunesse, tant l'empreinte du temps se fait peu sentir sur leurs mâles
visages.
a En face de pareils hommes, j'éprouverais, je l'avoue, quelque embarras, et je
me sentirais presque déplacé à ce fauteuil, si je ne savais, messieurs, qu'avant la
science elle-même, vous faites passer le "dévouement à la grande cause que vous
servez. Par ce côté, j'ai peut-être quelque droit de réclamer ma place au milieu
de vous : car je puis vous assurer que personne plus que moi n'est attaché aux
idées que vous défendez, que personne ne poursuit avec plus d'ardeur convaincue
ce but élevé, qui est le vôtre, de porter à leur maximum de puissance toutes les
forces productives du pays.
ce Depuis bien des années déjà, j'ai dirigé toute l'activité de mon esprit vers
l'étude de ces grands problèmes économiques qui absorbent votre vie et qui con-
tiennent en germe tout l'avenir de la France. Je serais presque tenté de dire
qu'ils résument toute ma politique : plus j'y réfléchis, plus je suis persuadé qu'à
une époque comme la nôtre, la première préoccupation d'un gouvernement issu
du suffraf^e universel, son premier devoir, c'est la recherche constante de tout ce
qui peut contribuer à l'amélioration du sort des classes laborieuses, et il est facile
de s'apercevoir, à des symptômes non équivoques, que les peuples ne conserveront
désormais leur confiance à leurs gouvernants qu'autant que ceux-ci témoigneront
du souci constant des grands intérêts qni leur sont confiés.
ce Voilà pourquoi, messieurs, votre œuvre est la nôtre, pourquoi je suis ici
pour vous remercier, au nom du gouvernement de la République, de tout le bien
que vous faites au pays. Pour apprécier et juger vos efforts, comme ils le méri-
tent il faudrait refaire ici toute l'nistoire de l'agriculture française : elle n'a pas
fait un pas depuis un siècle sans que vous ayez été ses initiateurs, et en quelque
sorte les précurseurs de tous ses progrès.
« Mais c'est surtout dans ces dernières années que votre action et votre influence
bienfaisante se sont affirmées d'une façon éclatante : dès que la douloureuse
crise agricole que nous traversons s'est déclarée, vous avez redoublé de zèle pour
la conjurer à force de science. L'entreprise était bien difficile dans un siècle de
transformation scientifique et économique comme le nôtre, qui fait surgir tous
les problèmes à la fois, qui met aux prises les systèmes et les découvertes, et
solidarise dans une étroite union, dans une dépendance fatale, tous les grands
marchés du monde. Vous avez eu le mérite de suivre d'un pas égal et soutenu ce
mouvement vertigineux des choses et des idées : rien n'échappe à vos investiga-
tions '-.onsciencieuses, ni l'étude rigoureuse des principes, ni l'analyse attentive
des méthodes nouvelles, ni l'examen approfondi de la législation et des grandes
lois de l'économie politique.
« Il suffit de jeter un regard sur l'annuaire qui contient l'inventaire de vos
travaux pendant l'année qui vient de s'écouler pour mesurer toute l'étendue du
travail que vous vous imposez et comprendre ce que vous doit l'agriculture. Il
est difficile, je crois, de trouver un bulletin agricole plus varié, plus instructif,
i'aiouterai même plus intéressant que celui de vos séances. Sa lecture m'a plus
d'une fois passionné, et j'ai regretté bien souvent qu'il ne fût pas plus répandu.
S'il était mieux connu, le public comprendrait peut-être que la science n'est pas
nécessairement ennuyeuse, et ainsi se répandrait de proche en proche le goiit
des études agricoles, qui laisse encore beaucoup à désirer dans notre pays.
« Quand vos travaux n'auraient, du reste, messieurs, que cette utilité d'éclairer
SÉANCE SOLENNELLE DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE. 489
le gouvernement sur les questions qu'il est appelé à résoudre, sur les réformes
qu'il a pour devoir de préparer, il serait du plus haut intérêt public. Il faut vous
rendre cette justice, que ce côté de votre mission a toujours été rempli par vous
avec un dévouement pour lequel je vous apporte ici le témoignage sincère de ma
reconnaissance. C'est grâce à vous qu'il est permis aux pouvoirs publics de tran-
cher en toute sécurité et en pleine connaissance de cause les questions législatives
les plus délicates, les plus controversées.
« Je n'en veux d'autre exemple que celui que je trouve dans une de vos récentes
délibérations. Que n'avait-on pas dit depuis quelques années sur le privilège du
vendeur d'engrais? Combien de bons esprits s'étaient attachés à ce moyen en
apparence si efficace de crédit agricole? Un courant général d'opinion s'était
formé, qui emportait, comme d'instinct, tout le monde vers la création de ce droit
nouveau. Vous êtes venus, messieurs, vous avez mis la question à l'étude vous
l'avez approfondie en savants, en économistes, en législateurs, et. après le rapport
de mon honorable collègue, M. Gaudin, avec lequel je suis sur tant de points en
communion d'idées, il n'est plus rien resté de cette conception si séduisante. Vous
avez fait pour toujours la lumière sur un des points les plus délicats de la légis-
lation agricole.
« Vous me permettrez, messieurs, de me prévaloir, à l'occasion de ce précédent,
et de l'encouragement que j'y trouve, pour faire un nouvel appel à vos lumières
sur la question fondamentale de l'organisation du crédit agricole lui-même, qui
a déjà été de votre part l'objet d'études si approfondies.
« Dans mon esprit, cette question mérite de passer en ce moment au premier
rang et, si mon passage au ministère pouvait aider à la résoudre, je considère
que ce serait pour moi un très grand honneur.
« Je ne crois pas qu'il y a.it, à l'heure qu'il est, beaucoup de réformes qui tou-
chent plus que celle-là aux intérêts vitaux de notre agriculture. Quand j'analyse
les causes nombreuses de la crise prolongée qu'elle traverse, quand je passe en
revue tous les remèdes qu'on propose d'y apporter, j'en viens à me dire que le
plus efficace de tous, après l'instruction, serait encore de donner au cultivateur
le capital qui lui manque.
« Je sais bien, messieurs, qu'il ne suffit pas de lui donner le capital et qu'il faut
encore qu'il sache s'en servir ; je sais aussi que souvent, trop souvent, il néglige
d'être son propre banquier, quand il le pourrait si aisément, et qu'il place trop
volontiers son argent en valeurs de toutes sortes au Heu de l'incorporer dans la
terre qui le récompenserait au centuple. Mais je sais également que, tous les jours,
l'honnête homme qui n'a que ses bras et son inteUigence les offre en vain comme
garantie de l'emprunt dont il aurait un besoin indispensable et que, faute de res-
sources suffisantes, il est condamné à des modes de culture imparfaits et impro-
ductifs. Ce qui lui manque, c'est cette baguette magique qui transforme tout
et qui s'appelle le crédit.
ce Eh bien, messieurs, il faut que nous le lui donnions : nous le lui devons.
Nous le lui devons d'autant plus que la plupart de ses concurrents étrangers, contre
lesquels il lutte avec tant de peine, jouissent presque partout de cet immense
avantage et qu'ils le retournent contre lui.
«Je reconnais volontiers que notre situation n'est pas la même et qu'il n'est pas
facile d'organiser financièrement le crédit agricole dans un pays comme le nôtre où
l'initiative individuelle est si paresseuse, où le capital est à la fois si hardi et si
Gouvernement, sans attendre plus longtemps que le crédit agricole sorte de terre
comme parenchantement, prenne résolument en main la question pour la résoudre.
« C'est là un des devoirs puissants que la situation actuelle impose au minis-
tre de l'agriculture ; je tâcherai de le remplir de mon mieux, non seulement en
hâtant le vote des lois qui sont en ce moment soumises au Parlement, mais
encore et surtout en préparant les moyens d'application qui en sont, à mon avis,
le complément indispensable. Je ne me dissimule pas qu'il faut, pour l'acccom-
pHsseraent d'une tâche hérissée de tant de difficultés, autre chose que la bonne
volonté d'un ministre, et qu'il ne saurait se pa-^ser du concours dévoué de tous
les hommes compétents qui ont médité sur ces graves problèmes.
« Vous m3 permettrez, je l'espère, quand le moment en sera venu, de faire
appel aux vôtres pour m'éclairer et me fortifier; rien ne saurait me donner plus
490 SÉANCE SOLENNELLE DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE.
de confiance et d'autorité que la haute approbation d'un corps qui est l'expression
la plus élevée de la science agricole dans notre pays.
« Si nous réussissons, messieurs, si nous parvenons à doter notre pays de cette
féconde institution du crédit agricole, vous aurez aussi votre part du triomphe,
d'un triomphe qui ne sera, du reste, ni le vôtre, ni le mien, qui sera le triom-
phe de ce que nou;? avons de plus cher, de ces admirables populations agricoles
qu'on n'aimera jamais autant qu'elles le méritent. »
Le morceau capital de la séance a été un discours magistral de
M. Dumas, écrit dans le style le plus élevé, et où l'agrément de la
forme rivalise avec la noblesse de la pensée. Le thème choisi par
l'illustre savant était l'exposé des conquêtes que l'agriculture doit aux
découvertes de la science française; le champ était vaste et fécond,
mais c'est avec un véritable enthousiasme que l'auditoire charmé y a
suivi l'orateur. Il est impossible d'analyser une telle œuvre, dans
laquelle on reconnaît à la fois l'un des plus grands maîtres de la
science moderne, jugeant avec l'impartiale autorité qui lui appartient,
et l'un des plus brillants esprits de l'Académie française. Nos lecteurs
liront ce discours et ils en conserveront l'impression que tous les
auditeurs ont ressentie.
M. Barrai a donné ensuite lecture du compte rendu des travaux de
la Société depuis sa dernière séance publique. La tâche était difficile;
il ne nous appartient de dire qu'une chose, c'est qu'elle a été remplie
avec la clarté, l'élégance et la hauteur de vues que nos lecteurs con-
naissent.
Après ces lectures, les récompenses décernées par la Société sur les
rapports de MM. Boitel, Risler, Heuzé, Berlin, Pasteur, Barrai, Lavallée,
Bouchardat, Gaston Bazille, Bouley, Gayot, Chabot-Karlen, Josseau et
Grandvoinnet, ont été proclamées comme il suit :
Section de grande culture. — Objet cV an décerné à M. Auq. Goffart, proprié-
taire-agriculteur à Burtin (Loir-et-Cher), pour l'invention de l'ensilage du niaïs
et des autres fourrages verts. — Grande médaille d'or à M. Yalkrand, propriétaire-
agriculteur à Moufilaye (Aisne), pour l'invention de la grande charrue défoocease
dite la Révolulinn \ — à M. Nlcolus, propriétaire-agriculteur à Arcy, par Chaumes
(Seine-et-Marne), pour la création de la ferme Jaitière d'Arcy-en-Brie. — Médaille
d'or à feffiqie 4' Olivier d?, Serres, à M. Emile Vautier, propriétaire du domaine
de l'Armeillère (Bouche-du-Rhôn •), et à M. Louis Rei'-h, agriculteur au domatne
de l'ArmeillèreiBouches-du-Rhône), pour travaux d'améliorations agricoles exécutés
à rArmeillère-en-Gamargue.
Secti-n des cultures spéciales. — Grande médaille d'or à M. Gayon, pro-
fesseur à la Faculté des sciences et directeur de la station agronomique de Bor-
deaux, pour l'ensemhle de ses travaux d'histoire naturelle agricole ; — à M Baij!e'
propriétaire-agriculteur à li Tour-Girbounière, commune d'Aigues-Mortes 'Gard) ,
pour la cri''ation de vignobles dans les sables d'Aigues-Mortes ; — à M. Abii Car,
rièrc rédacteur en ciief de la Revue horticole, pour l'ensemble de ses tr.ivaux
d'horticulture. — Médaillés d'or à ïefjljie d' Olivier de Serres, à M. le D'' Fréd. Ca-
zalis, propriétaire-agric'ilteur aux Aresquiers, par Vicies-Etangs (Hérault), et à
M. GasL Fuêx, directeur de l'école nationale d agriculture de Mantpellier, pour
la traduction de Y A-apéloff rapide unioerselle du comte José de Rovasenda. —
Méd'DVe.s a'argml è M. ie D^ Plonquel, à Ay-Ghampagne (Marne), pour l'cn-
sernbie de ses travaux de viticulture etd'œnologie; — à M. Frécliou, propriétaire
à Nerac (Lot-et-Graronne), pour ses recherches sur le mildew dans les vignes du
sud-ouest de la France.
Section d'économie des animaux. — Priv Béhague, de 1,000 francs, partage
entre "mm. Arloinq, Co nevin, professeurs à l'Ecole nationale vétérinaire de Lyon,
et Tknmns, vétérinaire à Dammartin, par Montigy-le-Roi (Haute-Marne), pour
leurs travaux sur le charbon symptoinatique (Une médaille d'or à i'e/fijie d'Olivier
de Serres est en outre ait ibuée à chacun des lauréats). — Médaille d'or àl'e/figie
d'Olivier de Serres, à M Morot, vétérinaire à Paris, pour ses recherches sur les
SÉANCE SOLENNELLE DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE. 491
pelotes stomacales des léporidés; — à M. le colonel Basserie, au Mans (Sarllie),
pour son système de drainage des étaiîles et des écuries; — à M. A. Gobin^ pro-
fesseur départemental d'agriculture à Lons-le-Saunier (Jura), pour ses études sur
la pisciculture en eaux douces et en eaux salées. — Médaille d'avgoil à M. Gaell^
vétérinaire à Mondoubleau (Loir-et-Glier).
Médaille d'or à Ceffiyie d'Olivier de Serres, à M. Marquis, vétérinaire à Louville,
par Ouarvilie (Eure-et-Loir), et à M. Verrier^ vétérinaire départemental à Pro-
vins (Seine-et-Marne), pour services rendus dans la propagation de la vaccination
charbonneuse. — Médailles d'argent pour services rendus dans la propagation
de lavaccmation charbonneuse : M. Danvillel, président de la Société des vétéri-
naires delaGliarente, à Barbezieux (Charente) ;A'I. Picheney, vétérinaire en premier
au 21® régiment d'artillerie, en garnison à Angoulème (Charente) ; M. Durand,
M. Farine et M. Ouerrin, vétérinaires à Nevers (Nièvre) ; M. Lecœur, vétérinaire
à Oisonville, par Sainville (Eure-et-Loir); M. Clichy, vétérinaire à Janville (Eure-
et-Loir); M. Bouvet^ vétérinaire à Voves (Eure-et-Loir); M, Dauvois, vétérinaire
à Grignéville, par Pithiviers (Loiret) ; M. Bigot, vétérinaire à Bonneval (Eure-et-
Loir). — Mentions honorables : M. Henry, vétérinaire à Dammartin (Seine-et-
Marne) ; M. Gayrnt^ vétérinaire àAblis (Seine-et-Oise) ; M. Dodillon, vétérinaire à
Provins(Seine-et-Marne); M. i/a/<ian, vétérinaire àVillenauxe (Aube); M. Lesage,
vétérinaire à Neuville-aux-Bois (Loiret) ; M. Marniesse, vétérinaire à Meaux
(Seine-et-Matne) ; M. C/m55J/iaï, vétérinaire à Sermaises (Loiret); M. Mathé, vété-
rinaire à Sergines (Yonne); M. Fournier, vétérinaire à Angerville (Seine-et-
Oise) ; M. Beavjean^ vétérinaire à Nogent-sur-Seine (Aube).
SeCTIOiND'ÉCOXOMIE, DE STATISTIQUE ET DE LÉGISLATION AGRICOLES. — Médaille
d'or à l'effigie d'Olivier de Serres, à M. Louis Aubril, instituteur public à Saint-
Planchers, près Grranville (Manche), pour l'ensemble de ses travaux d'enseigne-
ment primaire agricole.
Section des sciences physico-chimiques agricoles. — Médaille d'or à l'effigie
d'Olivier de Serres, à M. Laugier, directeur de la station agronomique de Nice
(Alpes-Maritimes), pour ses travaux sur l'emploi comparatif et simultané du
sulture de carbone et du sulfocarbonate de potassium contre le phylloxéra.
Section de mécanique agricole et des irri^^ations. — Médaille d'argent à
M. Bureau, chef de pratique à l'Ecole nationale d'agriculture de Grrignon (Seine-
et-Oise), pour son système de charrue à âge tournant.
C'est au milieu des applaudissements unanimes que les lauréats sont
venus chercher les récompenses qui les attendaient. L'assemblée a par-
ticulièrement applaudi aux noms de MM. Goffart, Nicolas, Reich, Bayle,
Gobin, et à ceux des vétérinaires qui se sont donné pour mission de
répandre la méthode de vaccination charbonneuses due à M. Pasteur.
Henry Sagkiek.
DISCOURS DE M. MÉLINE, MINISTRE DE yAGRIGULTURE
AU CONCOURS RÉGIONAL DE CAEN^
IL — Discours prononcé au banquet
Messieurs, je remercie M. le maire et M. le président du Conseil général des
paroles de bienvenue dont ils ont bien voulu saluer les représentants du gouver-
nement et je puis les assurer que nous sommes profondément touchés de la
réception aussi cordiale que magaifique qui nous est faite dans cette grande et
belle ville ds Gaen. Si je prends la parole le premier, c'est que cette iete est avant
tout celle de l'agriculture et que, d'ailleurs, c'est au ministre de l'agriculture que
s'adresse surtout le discours que vous venez d'entendre.
Nous avons écouté religieusement, comme c'était notre devoir, l'expression des
vœux particuliers et généraux que l'honorable M. de Sai ut-Pierre nous a présentés
en votre nom, et je n'ai pas besoin de vous dire qu'ils seront de notre part l'objet
du plus attentif, du plus bienveillant examen.
Croyez bien, messieurs,- que iiois voudrions pouvoir donngr satisfaction au
plus important d'entre eux, celui qui a trait au dégrèvement des imj)ôts, et que nous
sommes aussi impatientai que vous de diminuer les charges qui pèsent sur aos
pojiulations agricoles. Mais M, de Saint-Pierre sait aussi bieu que moi comment
le malheur des temps, l'iaclémence des saison'^, les fléaux sms nombre qui se
1. Voir le Journal du 23 juin, p iir'i 470J..< «^ volume.
492 DISCOURS DE M. MÉLINE AU CONCOURS RÉGIONAL DE CAEN.
sont abattus sur notre malheureuse agriculture ont, dans ces derniers temps,
paralysé toute la bonne volonté des pouvoirs publics en substituant à des plus-
values d'impôt qui allaient toujours en progressant des moins-values d'une
fâcheuse persistance.
J'ai la terme conviction que cette crise ne sera que passagère : que le ciel nous
gratifie seulement pendant quelques semaines d'une bonne température, et nous
verrons bien vite nos finances remonter avec le baromètre. Alors, le jour de l'agri-
culture viendra, et personne ne songera à lui contester, cette fois, son droit de
jouir par privilège du premier dégrèvement possible. Je ne désespère pas de voir
déjà le prochain budget lui faire une petite place, bien modeste, sans doute; mais,
si peu qu'on fasse, ce sera déjà un commencement et comme un gage d'avenir.
J'ai tort de parler de l'avenir, car nous avons déjà fait un pas dans cette
direction.
Il y a quelques jours seulement, la Chambre votait un projet de loi qui abaisse
de 3 fr. 50 pour 100 à 20 centimes l'échange des propriétés non bâties : cette loi
est excellente et rendra de très grands services à l'agriculture en corrigeant ce
que le morcellement excessif de la propriété a de funeste et en permettant de la
concentrer comme l'exige souvent une bonne exploitation.
La veille du vote de la loi, je recevais une lettre à ce sujet d'un agriculteur
distingué, qui me disait textuellement : <■ Mon expérience m'a appris qu'un hec-
tare de terre d'un seul tenant, cultivé en blé, donne un rendement de 20 hecto-
litres, alors que, partagé en quatre morceaux, il n'en produit plus que 16. »
C'est l'exacte vérité, et j'en c'onclus qu'il y a là un dégrèvement qu'on aurait
tort de dédaigner.
Mais, messieurs, je ne voudrais pas vous laisser sous cette impression que
c'est là tout ce qu'on a fait pour l'agriculture; je voudrais vous prouver qu'on a
fait bien davantage pour elle depuis six ans et qu'elle occupe la place qu'elle
mérite dans le budget de la France. Quand on jette un regard impartial sur le
chemin parcouru dans ces dernières années, on est forcé de convenir que jamais,
à aucune époque, le cultivateur français n'a été entouré de plus de sympathies et
qu'aucun gouvernement ne lui a témoigné plus de sollicitude que le gouvernement
républicain.
Il ne suffit pas de le dire, il faut le prouver, et c'est ce que je vais essayer de
faire, si vous le permettez, en passant avec vous rapidement en revue toutes les
mesures législatives ou administratives qui ont eu en vue l'intérêt de l'agri-
culture.
Pour procéder avec logique, comme on le devait, dans une matière aussi
importante, le gouvernement s'est d'abord attaqué au côté le plus pressant du
problème, à celui qu'il s'impose partout dans toutes les branches de l'activité
humaine : à l'instruction professionnelle du producteur. Il y avait beaucoup à
faire sous ce rapport, car nous étions en retard sur la plupart des pays voisins.
Nous n'avions pas d'enseignement supérieur de l'agriculture. Il avait existé un
instant seulement en 1848, quand le gouvernement de l'époque eut l'heureuse
idée de créer cet Institut national, qu'on a justement appelé l'école polytechnique
de l'agriculture, qui devait donner à la France une pépinière de savants, de pro-
fesseurs, de régisseurs destinés à rendre d'immenses services à la production
agricole.
Malheureusement, le premier soin du gouvernement impérial fut de supprimer
cette utile institution. Rien ne fut plus fâcheux, à mon avis, que cette déplorable
mesure, et je n'hésite pas à dire que nous l'expions encore aujourd'hui. Elle eut
pour principale conséquence de porter en masse la jeunesse éclairée, les enfants
de la bourgeoisie vers les professions industrielles, qui leur offraient un enseigne-
ment plus relevé, plus scientifique, et de la détourner de l'agriculture, qu'elle s'ha-
bitua à considérer comme au-dessous de son intelligence.
Aussi, messieurs, le gouvernement actuel n'a-t-il pas hésité à rétablir l'Insti-
tut agronomique dès 1875; aujourd'hui, cette utile institution est en plein fonc-
tionnement ; son personnel, de vingt professeurs, a été recruté parmi l'élite des
savants, et plus de cent élèves se pressent à ses cours. Nous envoyons ensuite ces
élèves en mission dans les diflerentes parties du monde, d'où ils nous rapportent
tous les progrès réalisés et applicables à notre pays.
Il ne sulfisait pas de créer l'enseignement supérieur, il fallait reconstituer l'en-
seignement secondaire, qui laissait aussi beaucoup à désirer. Il se réduisait à
quelques écoles régionales, trop savantes et trop coûteuses pour les fils des petits
DISCOURS DE M. MÉLINE AU CONCOURS RÉGIONAL DE CAEN. 493
cultivateurs, et aux fermes-écoles, dont l'enseignement ne pouvait suffire qu'aux
ouvriers agricoles.
Il y avait là une lacune, et elle a été comblée de la façon la plus heureuse par la loi
de 1875 qui a institué les écoles pratiques d'agriculture. Ces écoles donnent un ensei-
gnement à la fois théorique et pratique, et, ce qui est plus important, le donnent
surtout au point de vue des cultures spéciales à la région où se donne l'enseigne-
ment. Chaque département peut posséder une école de ce genre : 7 départements
en sont déjà pourvus, 6 autres départements sont en instance pour en créer de
nouvelles, et je suis bien certain qu'avant quelques années il y en aura presque
partout.
Il faut ajouter que ces différentes écoles sont reliées entre elles par un système
de bourses qui va de l'école primaire jusqu'à l'Institut lui-même, et qui met ainsi
la gratuité de l'instruction à la disposition des enfants de l'agriculture : je ne sache
pas de régime plus démocratique que celui-là.
Ce n'est pas tout, et, pour pousser les facilités de l'instruction agricole à leurs
dernières limites, l'Etat a tenu à la porter lui-même sur place à ceux qui ne pour-
raient pas ou ne voudraient pas venir la chercher. C'est dans cette pensée que la
loi de 1879 a créé les professeurs départementaux d'agriculture. Ces professeurs
sont tenus de faire au moins une conférence par semaine et de se transporter alter-
nativement dans les différents cantons pour instruire les cultivateurs. Ils sont
chargés, en outre, de professer dans les écoles normales et de préparer nos jeunes
instituteurs à la mission, qui les attend plus tard, d'inculquer aux enfants les
notions et le goût des choses de la nature.
54 départements possèdent déjà ces professeurs. Dans trois ans, tous les dépar-
tements en seront pourvus et l'enseignement de l'agriculture sera obligatoire dans
toutes les écoles de France.
Tout cela, n'est-ce rien? Je dis, moi, que c'est une véritable révolution, la plus
bienfaisante de toutes. Je sais bien que tout le monde ne veut pas en convenir et
je lisais dernièrement avec stupéfaction le discours d'un homme politique qui
s'écriait, en parlant de ce que nous avons fait pour l'agriculture : « Tout cela ne
met pas un centime dans la poche du cultivateur! »
J'en demande bien pardon à cet adversaire du gouvernement, qui avait sans
doute de très bonnes raisons pour parler ainsi. J'affirme, au contraire, qu'à une
époque comme la nôtre, où l'agriculture a cessé d'être une routine pour devenir
une science, où partout dans le monde elle se- transforme au point de vue scien-
tifique, où la lutte n'est possible pour elle qu'à la condition d'être toujours en avant
du progrès, l'instruction du cultivateur est tellement nécessaire qu'elle n'est plus
seulement une question de richesse et de fortune, mais bien une question de vie
ou de mort pour l'agriculture française!
Mais le gouvernement ne s'est pas borné à ouvrir au cultivateur de larges
sources d'instruction, il est venu à son aide sous une forme plus directe et plus
positive. Ici le champ est tellement vaste qu'il faut bien que je divise, selon leur
nature, leur caractère et leurs résultats, les lois qui ont été faites dans ces dernières
années.
Il y a d'abord celles que j'appellerai d'organisation, qui ont eu pour but de
constituer la propriété rurale sur ses véritables bases en la mettant en harmonie
avec les besoins nouveaux et les progrès de notre époque. Leur ensemble constitue
ce qu'on a appelé très justement le code rural, c'est-à-dire la législation particu-
lière de l'agriculture. Depuis un demi-siècle, c'était là l'éternelle et légitime
revendication des campagnes ; mais l'œuvre était si compliquée que, malgré toute
la bonne volonté des gouvernements, elle n'avait jamais pu aboutir.
La législature actuelle aura, je l'espère, l'honneur de la mener à fin. (jràce au
Sénat, qui s'est appliqué à cette tâche avec un grand courage et une infatigable
persévérance, nous touchons au terme de cet immense travail. Deux titres ont
déjà été promulgués : celui qui est relatif aux clôtures, plantations, droits de
passage, et celui qui organise enfin le régime siimportant de nos chemins ruraux.
Dans quelques jours, je l'espère, la Chambre votera, après le Sénat, le projet
de loi sur les vices rédliibitoircs, qui aura des résultats considérables dans une
région d'élevage comme la vôtre. Il mettra fin à ces tracasseries, à ces chantages,
à ces procès misérables qui font le désespoir des éleveurs et sont une entrave de
chaque instant au libre commerce du bétail.
Avant un an, le code rural, ce grand monument, depuis si longtemps attendu,
sera élevé, et l'agriculture jouira enfin du régime propre qui lui convient et auquel
elle a droit.
494 DISCOURS DE M. MÉLINE AU CONCOURS RÉGIONAL DE CAEN.
A côté des lois d'organisation, il faut placer les lois que j'appellerai de défense
et de protection agricoles. Au premier rang de celles-ci, je trouve d'abord cette
loi salutaire sur les épizooties qui aura pour résultats, dans quelques années, de
faire disparaître, avec la dernière bête contaminée, le deruier germe de maladie
contagieuse. Sans doute, l'application des mesures qu'elle prescrit coûte cher à
nos finances : la dépense pour cette année ne s'élèvera pas à moins d'un million.
Mais c'est de l'argent bien placé, si l'on considère que nous dispenserons notre
malheureuse agriculture du payement d'un tribut annuel qui ne s'élève pas à moins
de 25 et 30 millions.
C'est dans le même ordre d'idées que le Sénat vient de voter la loi sur la sur-
veillance des étalons, ([ui est destinée à rendre de si grands services aux éleveurs
consciencieux et qui transformera, je n'en doute pas, avant quelques années,
toute notre production chevaline.
Si nous avons donné aux régions du Nord la loi contre les épizooties, nous n'a-
vons pas oublié le Midi et nous sommes allés à son secours, sans marchander,
quand il a fallu le défendre contre l'invasion du phylloxéra. Grâce aux mesures
énergiques qui ont été prises, aux sacrifices que l'Etat s'est imposés, la marche du
fléau a pu être enrayée, et j'ai la ferme conviction que le jour n'est pas loin où
nous en aurons raison. Ce qu'il y a de certain, c'est que nous reconstituons nos
vignes au fur et à mesure de leur destruction, si bien qu'à l'heure qu'il est nous
possédons encore 2 milUons 135,000 hectares de vignes, ce qui est à peu de chose
près le chiffre de 1869.
Il est vrai que nous dépensons pour cela plus de douze cent mille francs par
an, et que, depuis 1879, nous avons affecté près de sept millions à cette restau-
ration.
Pour être complet sur ce point, il faut bien que je mentionne en passant cette
grande loi du gazonnement et du reboisement des montagnes, votée en 1882,
qui n'aura pas seulement pour résultat d'augmenter notre capital forestier, mais
qui, en fixant et en réglant le cours des torrents, mettra un terme à ces inonda-
tions périodiques qui coûtent si cher à la propriété agricole.
Après les lois de défense viennent les grandes lois d'ordre économique qui ont
donné à l'agriculture l'outillage nécessaire pour faciliter ses appro'àsionnements,
diminuer ses frais généraux et lui ouvrir partout de nouveaux débouchés.
Ici je trouve d'abord la création de ces nombreuses voies ferrées entreprises sur
tous les points de la France depuis quelques années. Je ne vais pas jusqu'à dire
que tout a été parfait dans ce grand travail et que l'agriculture n'en a pas souffert
momentanément par la raréfaction et la cherté de la main-d'œuvre. Cependant,
qui oserait contester que ces 8,000 kilomètres de chemins de fer livrés à la circu-
lation lui profitent dans une large mesure ? Qui oserait nier qu'ils ont facilité la
vente des produits agricoles, amélioré les exploitations et augmenté la valeur de
la propriété foncière ?
Mais ce qui a produit des résultats plus considérables encore, c'est le développe-
ment extraordinaire donné à notre réseau vicinal qui peut seul donner aux chemins
de fer leur véritable valeur au point de vue agricole. Ici encore, il faut qu'on sache
bien tout ce qu'a fait l'Etat depuis dix ans.
Vous n'ignorez pas que la caisse des chemins vicinaux avait reçu sous l'empire
une dotation de 200 millions. En 1879, cette dotation a d'abord été portée de
200 à 500 millions; en 1880, une subvention extraordinaire de 80 millions a été
accordée à la même caisse à titre de don gratuit. Enfin, en 1883, la dotation a
encore été augmentée de 20 millions et la subvention de 13 millions, soit en tout,
depuis 1879, plus de 400 millions consacrés à l'achèvement de notre vicinaHté.
Qui oserait dire que de pareils sacrifices ont été sans résultats pour l'agriculture?
Puisque je suis au chapitre des travaux publics, je n'ai pas le droit de passer
sous silence un ordre particuher de travaux à peine connus et essayés jusqu'à ce
jour et qui sont destinés, à mon avis, à opérer dans l'avenir de véritables
miracles : je veux parler de ces travaux d'irrigation, de ces canaux d'arrosage qui
portent la fertilité dans les plaines les plus arides et qui font de terres sans valeur
les plus riches et les plus belles cultures. Pour donnera ce genre de travaux une
impulsion nécessaire et marquer leur véritable caractère, ils ont été transportés en
1881 du ministère des travaux publics au ministère de l'agriculture où ils sont à
leur vraie place. A l'heure qu'il est, six lignes de ces canaux sont construites ou en
cours d'exécution et on peut affirmer qu'elles sont en train de transformer la face
des départements qu'elles traversent. La dépense ne sera pas de moins de
DISCOURS DE M. MELINE AU CONCOURS RÉGIONAI. DE CAEN. 495
27 millions ; elle ira tout entière augmenter la plus-value de notre capital foncier.
A tous ces avantages, il faudrait ajouter, si on voulait être complet, celui que
la gratuité de l'enseignement primaire a procuré aux budgets de la plupart des
communes rurales et que M. de Saint-Pierre, dans son esprit de justice, voulait
bien relever lui-même tout à l'heure.
J'en ai fini, messieurs, avec l'énumération générale des principales mesures
prises depuis dix ans dans l'intérêt de l'agriculture ; je crois qu'elle vous paraîtra
sulfîsante pour établir ce que j'avais affirmé et prouver à tous les hommes de bonne
foi qu'on n'a jamais, à aucune époque, travaillé au bien et au progrès de
l'agriculture, avec plus de persévérance que le Gouvernement rcpubhcain depuis
dix ans.
Mais pour que ma démonstration soit complète et irréfutable, vous me per-
mettrez d'en faire en quelque sorte la contre-épreuve en la tirant du budget même
de l'agriculture. J'ai eu la curiosité de faire le relevé comparé de ce budget en
1869 et en 1883, et le résultat de la comparaison a été que le budget actuel est
exactement du double de ce qu'il était en 1869. Et je ne comprends dans ces chiffres
ni le budget des haras, qui a été augmenté de 3,b72,000 francs, ni celui de l'hy-
draulique, qui a été augmenté de près de 6 millions.
En résumé le budget particulier de l'agriculture, sans y compter les forêts,
dépasse aujourd'hui 20 millions. Faut-il ajouter, pour que la comparaison soit
plus saisissante encore, que sous la Restauration ce budget ne s'est jamais élevé
à plus de 300,000 francs. Et savez vous à quoi ces 300,000 francs ont été en partie
employés une certaine année? Au pavage de la rue de Gourcelles. Voilà les encou-
ragements qu'on donnait à l'agriculture !
Et maintenant, messieurs, il me sera bien permis de conclure et de dire que
cette analyse répond éloquemment à ces détracteurs systématiques de notre ré-
gime, qui s'en vont répétant que nos budgets ont démesurément augmenté et que
la République gaspille l'argent des contribuables. Vous savez maintenant comment
on le gaspille : en faisant des chemins de fer, des routes, des canaux, en déve-
loppant l'instruction générale du pays, en prodiguant Ips encouragements à tout
ce qui fait la richesse, la prospérité, la grandeur de la France.
J'en ai fini, et je vous demande pardon d'avoir été si long, mais le sujet en valait
la peine.
Ne croyez pas, messieurs, que je tire de ce que je vous ai dit cette conclusion
qu'on a assez fait pour l'agriculture et qu'il ne reste plus rien à faire. Je crois, au
contraire, que la tâche qui reste à accomplir est immense, aussi immense que le
champ même de la production agricole, qui est sans limites. G est en pareille ma-
tière surtout qu'on peut dire que rien n'est fait tant qu'il reste quelque chose à
faire. Je vous assure que j'en ai bien le sentiment et que je n'ai nulle envie de
m'endormir sur les lauriers de mes honorables prédécesseurs.
J'ai voulu seulement, en établissant devant vous le bilan de la coopération de
l'Etat dans l'œuvre de l'agriculture, prouver à nos vaillants cultivateurs qu'ils ne
sont pas seuls, qu'on ne les abandonne pas et qu'ils auraient tort de se laisser
aller au découragement.
Le découragement n'est jamais bon pour personne, il serait mortel pour l'agri-
culture. Prenons garde qu'en répétant sans cesse aux cultivateurs que leurs souf-
frances sont intolérables et que personne ne s'y intéresse, ils ne se laissent aller
à l'abattement et ne perdent courage. G'est à un sentiment plus viril qu'il faut
faire appel si on veut sortir avec avantage d'une crise dont il dépend de nous
d'abréger la durée.
Il y a un autre inconvénient à se lamenter trop haut et trop fort, c'est qu'on
aggrave le mal au lieu de le guérir. A force de dire et d'imprimer que l'agricul-
ture se ruine et qu'on s'y ruine, qu'il n'y a plus d'argent à gagner avec la terre
et qu'on lui prodigue sa sueur en pure perte, on finit par le persuader à l'opi-
nion pubhque; on met ainsi en fuite le capital, le travail, et on accélère cette
émigration vers les villes dont on se plaint avec tant de raison.
Eh bien, messieurs, je n'hésite pas à le dire; rien dans notre situation ne jus-
tifie cet excès de désespoir. Sans doute l'agricuUure souffre, comme l'industrie
souffre. Mais les causes qui la font souffrir sont passagères, et d'ailleurs, elles ne
sont pas générales.
A part nos malheureux départements du Midi entièrement ravagés par le
phylloxéra, on peut affirmer que partout il y a des branches de culture qui pros-
pèrent et qui font la fortune du producteur. Oh 1 sans doute, cette fortune ne se
496 DISCOURS DE M. MÉLINE AU CONCOURS RÉGIONAL DE GAEN.
gagne pas aussi vite qu'à la Bourse, mais elle se gagne plus sûrement, et au
moins quand on l'a gagnée on la garde.
Demandez-le plutôt à ce beau et riche pays de Normandie qui vient d'étaler
devant nous les trésors de sa richesse.
C'est ici vraiment qu'il faut venir si on veut chasser les noires pensées et les
sombres pronostics. Aussi, messieurs, et c'est par là que je termine, je dis qu'après
avoir contemplé le magnifique spectacle auquel il nous a été donné d'assister
aujourd'hui, après avoir vu de nos yeux ce que peuvent l'énergie et l'intelligence
du cultivateur, nous n'avons pas le droit de désespérer et que nous pouvons en
toute confiance, comme je vous le propose, boire à la prospérité et à l'avenir de
l'agriculture française.
LA VITICULTURE EN ALGÉRIE
Lettre à M. Debonno, président du Comice de Boufarik.
Veuillez m'excuser de ne pas vous avoir écrit encore pour vous
remercier de nouveau de toutes vos bontés pour nous lors de notre
passage à Boufarik. Mais j'ai été si occupé à mon retour par la
nécessité de remettre au courant mes affaires_, que je n'ai pu le faire
plus tôt.
J'ai été très frappé, pendant mon excursion en Algérie, de l'impor-
tance plus considérable encore que je ne le pensais du mouvement
viticole qui s'y produit ; j'en ai été heureux pour notre colonie, parce
que la vigne est un puissant élément de colonisation; mieux qu'aucune
autre culture, elle attire à elle les capitaux et les bras qu'elle peut
rémunérer largement.
Malheureusement, tous vos viticulteurs ne me paraissent pas avoir
tiré encore de cette belle culture tout ce qu'elle est susceptible de
donner, la plupart n'ont pas une confiance suffisante dans la fécondité
de la vigne et un petit nombre font des vins de bonne qualité; quelques-
uns s'égarent enfin, à mon avis, à la poursuite de la production des
vins de luxe qui n'a jamais été dans les pays méridionaux aussi avan-
tageuse que celle des vins communs.
Comme à notre passage à Boufarik vous avez bien voulu me demander
de vous faire part de mes impressions sur les moyens qui me paraî-
traient de nature à amener quelque amélioration dans votre viticulture,
je prends la liberté de vous soumettre ici les idées suivantes :
L'étude attentive à laquelle je me suis livré des conditions dans les-
quelles s'effectue la culture de la vigne dans les provinces d'Alger et
d'Oran m'a démontré qu'on aurait le plus grand intérêt à s'y rappro-
cher le plus possible des procédés employés en Languedoc plutôt que
de ceux utilisés en Provence et qui sont plus généralememt suivis par
les colons. La taille que l'on fait habituellement en ne laissant qu'un
petit nombre de bras à chaque souche et à chacun de ces bras un cour-
son à un seul œil franc, entraîne la production d'une grande quantité
de rameaux non fructifères que l'on voit paraître sur les vieux bois et
jusqu'au pied de la souche; il serait nécessaire pour utilise)* la végé-
tation si puissante de vos vignes de multiplier le nombre des bras et
de donner deux yeux francs à chaque courson pour arriver à transfor-
mer en fruits l'excès de bois que l'on produit actuellement. Des pré-
jugés existent, je le sais, à ce point de vue, beaucoup de colons
redoutent d'épuiser promptement leur vigne en augmentant leur pro-
duction, mais ces craintes ne sont nullement fondées. Je les ai trou-
vées autrefois très répandues en Provence et pourtant, lorsque le sys-
LA VITICULTURE EN ALGÉRIE. 497
tème de taille du Languedoc a pénétré dans cette contrée, les faits son:
venus en démontrer l'inanité. M. Faucon, l'inventeur de la submersion
récoltait dans ses vignes de Mourvèdre à Graveson (Bouclies-du-
Rhône) 40 hectolitres par hectare, alors qu'il suivait les anciens pro-
cédés du pays; depuis plus de dix ans qu'il a adopté ceux de l'Hérault,
ses rendements moyens dans les mêmes vignes se sont élevés
à 150 hectolitres. La production des quelques vignobles traités par les
procédés languedociens en Algérie m'a toujours été signalée comme
supérieure à celle des autres qui se trouvent dans les mêmes conditions
de sols et de développement. Je crois donc qu'il n'y a pas à hésiter et
que les hommes de progrès comme vous l'êtes doivent pousser éner-
giquement dans ce sens.
Au point de vue du choix des cépages, il me semble que sauf
quelques erreurs qui tendent à devenir de plus en plus rares, telles
que la plantation des Pinots de Bourgogne, des Cabernets de Bor-
deaux, etc., on est généralement dans une bonne voie. La Carignane,
le Mourvèdre ou Espar, le Morrastel tendent à prédominer, et ce sont
bien les plants qui me semblent les plus convenables tout à la fois pour
votre climat et pour les genres de vins que vous avez intérêt à pro-
duire. C'est avec raison que l'on a renoncé à l'Aramon, très impres-
sionnable à l'action du sirocco et qui donne des vins manquant de
solidité. L'abandon progressif du Grenache ou Alicante qui produit
des vins souvent trop sucrés et dont la couleur manque de persistance
est également, je le crois, une bonne chose. Il sera utile, je le pense, de
multiplier beaucoup le Petit-Bouschet qui remplacera dans une certaine
mesure l'élément de quantité que ne peut vous donner l'Aramon, qui
fournira à vos vins des plaines fertiles et fraîches une couleur qui leur
manque souvent et à ceux trop sucrés des terres riches de la province
d'Oran l'élément aqueux nécessaire pour les ramener au degré gluco-
métrique convenable à de bonnes fermentations.
Un seul point me paraît demander une étude sérieuse, c'est celui de
la synonymie des cépages que vous cultivez et au milieu de laquelle,
d'après ce que j'ai vu, règne la plus grande confusion, ce qui est par-
ticulièrement regrettable dans une période de grande plantation
comme celle que vous traversez. Il serait utile qu'un homme compé-
tent allât au moment de la vendange étudier cette question.
En ce qui concerne la préparation des vins, on a à lutter dans toute
la partie basse et chaude de l'Algérie où la vendange se fait de très
bonne heure, contre les difficultés qui sont la conséquence naturelle
du climat et qui expliquent la quantité considérable de mauvais
vins que l'on rencontre en Algérie; mais ces difficultés ne sont pas
insurmontables ainsi que le démontre le fait que nous avons pu
déguster de très bons vins obtenus avec les mêmes cépages que les
autres et dans des terres voisines. La seule différence étai't que dans
un cas on n'avait pris aucune précaution, et dans l'autre cas on s'était
prémuni contre l'influence dangereuse de la température sur les fer-
mentations vinaires. Tout le monde peut donc, c'est ma conviction,
faire de bons vins en Algérie, et la mauvaise réputation qui a été faite
en France aux vins algériens doit être nécessairement modifiée.
On pourrait, en vue d'améliorer les conditions de la confection des
vins, qui me paraît être le point faible dans la tentative si intéres-
sante et si pleine d'avenir qui se poursuit actuellement pour la création
498 LA VITICULTURE EN ALGÉRIE.
d'un grand vignoble algérien : en premier lieu, demander qu'un
homme compétent, connaissant bien l'œnologie des pays méridionaux,
oij se pratique la production des vins ae grande consommation, vous
fût envoyé pour faire une étude complète des difficultés que vous
impose votre climat et des moyens propres à les résoudre. Il trouverait
déjà une large part de la besogne faite, grâce aux tentatives cou-
ronnées de succès d'un certain nombre de vos viticulteurs, mais il
pourrait, en comparant les moyens employés et les résultats obtenus
au point de vue technique et économique, fournir des indications
générales qui serviraient de règle à tous les vignerons.
En second lieu, il me semblerait utile de faire connaître à notre
commerce languedocien, qui s'occupe de la vente des vins communs
de grande consommation, vos vins algériens, afin de le faire revenir
de la mauvaise impression qu'il a, d'une manière trop générale, sur
eux.
Nous pourrions réunir à l'Ecole des échantillons que les divers
Comices algériens recueilleraient, ils seraient étudiés au point de vue
scientifique dans nos laboratoires, et nous les soumettrions à l'appré-
ciation d'une réunion de négociants notables. M. le président de la
Chambre de commerce de Montpellier m'a déjà promis le concours
très sympathique de ce corps, et il m'offre de se mettre en rela-
tions, dans ce but, avec les Chambres de commerce de Cette, de Béziers
et de Nîmes, Les résultats des études qui seraient faites à cette occa-
sion seraient consignés dans un rapport auquel on donnerait la publi-
cité que l'on jugerait utile.
Une exposition de vos vins telle que celle que j'ai l'honneur de
vous proposer présenterait l'avantage : 1" de démontrer à notre com-
merce, qui en doute, que l'on fait de bons vins en Algérie et que, le
jour 011 tout le monde prendra les précautions voulues pour cela,
notre colonie deviendra pour lui un centre d'approvisionnements des
plus précieux; 2° elle signalerait aux viticulteurs de chez vous ceux
d'entre eux qui font les types de vins les plus appréciés par le commerce
et les pousserait à les imiter dans leurs procédés; 3" enfin, elle ren-
drait quelque confiance aux vignerons découragés par leurs insuccès
en leur montrant que l'on peut réussir à la condition de s'y prendre
autrement.
Dans le cas où ce dernier projet vous paraîtrait utile comme à moi,
je crois que l'on aurait intérêt à le réaliser immédiatement afin qu'il
pût porter ses fruits au moment de la prochaine vendange.
Je vous signalais au commencement de cette lettre un dernier point
qui me paraissait prêter à quelques critiques, c'est la tendance un peu
trop générale, à mon gré, que j'ai trouvée en Algérie à faire des vins
de luxe : sans doute quelques particuliers, qui ne produisent que de
petites quantités et qui disposent du temps et des relations néces-
saires peuvent y trouver un certain bénéfice, mais ce serait je crois se
lancer dans une voie dangereuse que de l'entreprendre sur une grande
échelle; en effet, les débouchés de ces produits sont forcément limités
par leur nature et par leur prix, tandis que ceux des vins communs
de grande consommation, bien préparés, peuvent être considérés
comme indéfinis. De plus, les rendements des vignes susceptibles de
produire des vins fins sont généralement inférieurs à ceux des vignes
qui donnent des vins communs, dans une proportion qui n'est pas en
LA VITICULTURE EN ALGERIE. 499
rapport avec l'excédent du prix des premiers sur celui des derniers.
100 hectolitres à l'hectare à 20 fr. l'hectolitre, soit 2,000 fr.
valent mieux que :
20 hectolitres à 60 fr., soit 1,200 fr.
Telles sont, mon cher monsieur Debonno, les quelques réflexions
que m'a suggérées au point de vue viticole mon voyage en Algérie;
excusez-moi de les avoir aussi longuement développées; mais je sens
si bien l'importance considérable qu'ont dans ce moment pour vous
les questions de cet ordre, que je n'ai pas hésité à insister sur ce qui
les concernait. Inutile d'ajouter que les viticulteurs algériens peuvent
absolument compter sur moi et que je serai heureux toutes les fois
qu'il me sera possible de me mettre, ainsi que l'école dont la direction
m'est confiée, au service de leurs intérêts.
Veuillez enfin agréer mes remerciements vivement renouvelés, tant
en mon nom qu'en celui de mes collègues et de mes élèves, pour
votre excellent accueil dont nous conserverons toujours le souvenir et
l'expression de ma considération très distinguée.
G. FoEX,
Directeur et professeur de viticulture
à l'Ecole nationale d'agriculture de Montpellier,
GRANDE BATTEUSE DU SYSTEME PEGARD
A diverses reprises, nous avons eu à parler ici des machines à battre
qui sortent des ateliers de M. Pécard, constructeur à Ne vers. Ces
machines sont appréciées par tous les agriculteurs sous le double rap-
port du bofl fonctionnement et de la solidité. Au dernier concours
régional de Blois, nous avons pu examiner une batteuse dans laquelle
M. Pécard a imaginé un nouveau système de nettoyage complet des
grains, sans aucune complication d'organes et sans exiger une augmen-
tation de force motrice.
Dans ce nouveau mode de nettoyage, le constructeur utilise la force
aspiratrice due au mouvement rapide du batteur. A cet effet, il a établi
deux buses latérales de chaque côté du batteur ; ces buses établissent
un courant d'air rapide qui entraîne les otons et toutes les parties de
l'épi qui ont échappé au premier passage dans le batteur ; elles repassent
entre le batteur et le contrebatteur et elles y subissent un deuxième
battage qui sépare complètement la balle du grain. Le battage se fait
donc de la manière la plus complote, et on ne laisse pas de grain dans
les balles. Un nouveau nettoyage s'opère au moment où le grain tra-
verse la boîte d'où il tombe dans les sacs; les buses latérales dont il
vient d'être question, déterminent dans cette boîte un courant d'air
très violent; le grain, qui est plus lourd, tombe naturellement dans
les sacs, -tandis que les balles et les poussières sont entraînées de nou-
veau au batteur.
En résumé, le battage se fait proprement, sans laisser de grains
dans les épis; ceux-ci sont complètement vidés, sans que la paille soit
brisée. Quant à la paille, elle passe sur les secoueurs, avec régularité,
et elle est débarrassée de toute matière étrangère. Le nettoyage du grain
est aussi complet que possible, car toutes les matières légères sont
entraînées par les aspirations dont il vient d'être question ; le grain,
mis en sacs, est bon à être vendu dans de bonnes conditions.
La force nécessaire pour la marche de cette batteuse à grand travail
500
GRANDE BATTEUSE DU SYSTEME PÉCARD.
est celle d'une machine à vapeur de 5 à 6 chevaux. Pour les fermes
du Midi, où l'on a l'habitude de briser la paille. M. Pécard joint à sa
machine un broyeur de paille, combiné de telle sorte que le cultivateur
peut obtenir sa paille droite ou hachée, à volonté. — La largeur du
batteur est de 1'".60. Le prix de la batteuse est de 2,500 francs avec
gros batteur. Henry Sagnier.
LES HARAS EN 1883' '
II. — Lorsque, à la fin de la dernière guerre, la France recueillait
ses dépouilles et cherchait à réorganiser la défense, on vit avec terreur
que ce n'étaient pas seulementles hommes qui manquaient. L'effectif de
nos chevaux s'était aussi épuisé, et l'on fut obligé de reconnaître que
nos ressources en chevaux n'avaient jamais été à la hauteur d'une
guerre comme celle que nous faisait l'Allemagne. La disproportion
1. Voir le Journal du 23 juin, page 418 de ce volume.
LES HARAS EN 1883. 501
entre les deux cavaleries était visible. L'Allemagne nous avait envahis,
non seulement par ses hommes si durs à la marche, si exercés, mais
aussi et surtout par ses chevaux de guerre, si nombreux, si entraînés,
et, il faut bien l'avouer, par ses cavaliers si aguerris, si rompus au
service d'éclaireurs, si habiles à former le rideau mobile derrière lequel
s'accomplissait méthodiquement, mécaniquement, l'invasion de notre
territoire.
Il y avait là un avertissement qui était bien de nature à solliciter les
réflexions de nos hommes de guerre. Sous l'empire, une admiration de
commande, qui remplaçait toute critique, vantait notre puissance che-
valine à l'égal de notre puissance militaire. Nous étions invincibles sur
tous les points. Notre cavalerie, comme notre armée, était à la hauteur
de toutes les lâches que l'empereur voudrait bien lui confier. On pou-
vait le croire, car des efforts considérables avaient été demandés aux
départements producteurs et éleveurs de chevaux. L'empereur, de son
côté, passait pour aimer les chevaux, pour être un homme de cheval,
pour avoir toujours libéralement distribué les encouragements de l'Etat
aux producteurs et aux éleveurs. Comment les résultats avaient-ils si
prodigieusement déçu notre attente? Il serait trop long de revenir sur
les causes de défaillances déjà anciennes. Qu'il nous suffise de rappeler
la principale, celle qui suffit à tout expliquer.
L'empereur, dans la question chevaline, comme dans toute autre,
avait supprimé l'initiative et le contrôle des Chambres. Il avait fait de
l'utile institution des haras, tant par lui-même que par ses favoris, une
institution de bon plaisir et sans contrôle, soumise à toutes les fluc-
tuations et aux caprices de quelques courtisans. On vit alors l'esprit
de changement irréfléchi se donner carrière et soumettre les éleveurs
à des volontés souvent contradictoires.
Nous habitions à cette époque un de nos principaux départements
normands; nous y étions conseiller général et, pendant neuf années,
nous ne cessâmes de nous élever contre la mobilité incessante de
l'administration des haras. Nous y étions invité souvent par nos éleveurs
eux-mêmes, qui souffraient de ces continuelles incertitudes. Nous
connaissions leurs secrètes pensées, nous nous y associions par nos pro-
testations; mais ce fut en vain ; au lieu de nous savoir gré d'une oppo-
sition dont l'unique but était d'arrêterM. le directeur général des haras
de ce temps sur une pente dangereuse, on nous sut mauvais gré de
notre indépendance.
Si nous rappelons ces faits déjà loin de nous, ce n'est point pour le
frivole plaisir de nous donner une satisfaction posthume, mais afin
de bien faire comprendre que, sur ce point comme sur tant d'autres,
ce sont les fautes de l'Empire que nous avons expiées en 1870-1871 .
La destruction de la jumenterie de Pompadour, en 1860, aurait dû
hanter comme un remords le cerveau de ceux qui l'avaient accomplie.
Que de fois, pendant cette guerre désastreuse, nous avons songé à nos
anglo-arabes systématiquement supprimés par un caprice de M. le mi-
nistre d'Etat! Il y avait dans ces chevaux des ressources de résistance
dont nous nous serions bien trouvés dix ans plus tard. Mais on avait
voulu uniformiser la race, propager dans le Midi la race anglo-nor-
mande ! Ce fut une très grande faute, et nous en souffrons encore. Car,
en fait de races, si le bien est lent à venir, le mal est l'affaire d'une
heure. Autant la création est longue, autant l'amélioration demande
502 LES HARAS EN 1883.
du temps, autant il en faut peu pour la destruction. Un moment suffit
pour renverser ce que des siècles d'efforts patients ont édifié. L'Em-
pire a eu une funeste influence sur les destinées du cheval de guerre.
L'Empire commit une autre faute plus grave et dont la suppression
de la jumenterie de Pompadour, si funeste à l'élevage du Midi et du
Centre, n'avait été qu'un indice. La direction des haras sous l'Empire,
malgré l'impulsion très vive donnée aux éleveurs de la région nor-
mande et les sommes relativement considérables consacrées à l'encou-
ragement de la race chevaline, avait abouti à la destruction partielle
ou totale de nos races indigènes, par un vice de méthode et l'abus
d'un système : vice de méthode qui consistait à tout sacrifier à une
vaine et fausse uniformité; abus d'un système qui pourrait se carac-
tériser d'un mot : le croisement continu. Cette double erreur nous fut
fatale; mais comme nous étions sous un régime où l'on était habitué
à dire comme le maître, jurare in verha mngistri, il fallut la guerre
pour mettre cette double erreur dans tout son jour et en faire apprécier
les désastreuses conséquences, lorsqu'il était déjà trop tard pour y
remédier. La mise à l'encan des juments de Pompadour, quelles que
fussent les déplorables suites d'une mesure qui dispersait au feu des
enchères une réunion sans pareille d'animaux d'élite et en enrichissait,
comme à plaisir, les haras de la Russie et de l'Allemagne, n'avait été,
disions-nous, qu'un indice, mais un indice révélateur. Le but vraiment
funeste que Ton poursuivait, c'était la destruction d'une race excel-
lente, d'une race confirmée, la race anglo-arabe, au profit de la
maison de jeu du Jockey-Club qui se sentait menacée par cette redou-
table concurrence et l'avènement prochain des anglo-arabes sur le
turf. Faire rétrograder la race orientale qui avait conquis le monde,
devant l'anglo-norraand dont la direction des haras entendait imposer
la suprématie et faire le type unique; vouloir améliorer la population
des pays au sud de la Loire et même de la Bretagne, par une infusion
exclusive du demi-sang, ce fut là une très grande faute, et, nous ne
craignons pas de le dire, une des causes de nos désastres. Certes, nous
ne refusons pas à nos anglo-normands les qualités qui font le cheval
d'armes, le cheval de carrière. Mais, du moment que l'Empire, par
suite d'une rivalité séculaire avec l'Allemagne, devait être amené tôt
ou tard au choc terrible de 1870, il a manqué d'esprit de suite et de
prévoyance en ne préparant pas la transformation inévitable du cheval
de guerre par une infusion de plus en plus large du sang oriental.
Ainsi le voulaient la loi du progrès moderne et le rôle tout nouveau
de la cavalerie. Nous n'en étions plus à l'époque des tournois et des
carrousels. La cavalerie, dans la guerre moderne, devenait, comme
nous l'avons dit, le rideau mobile derrière lequel toute une armée se
dissimule, les yeux ouverts sur l'ennemi. Le rôle d'éclaireurs a par-
tout remplacé celui des masses profondes faisant trembler la terre.
C'est donc la vitesse substituée au poids qu'il fallait surtout demander
aux éleveurs : la vitesse qui n'exclut ni la solidité ni la résistance,
qui les suppose au contraire. Nos ennemis l'avaient bien compris et,
lorsque la guerre éclata, l'apparition du uhlan signala partout cette
évolution nouvelle qui étonna, qui terrorisa presque nos braves popu-
lations de lEst. C'est que l'Allemagne, mieux inspirée et préparant
scientifiquement la guerre, eu avait renouvelé lentement et méthodi-
quement tpus les éléments essentiels, tandis que, éblouis par nos pré-
LES HARAS EN 18S3, 503
cédents succès, nous restions attachés à la vieille routine ou soumis
au caprice du Prince et à la légèreté de ses conseillers.
Un vice de méthode avait empêché la transformation nécessaire du
cheval de guerre et préparé, malgré la bravoure du cavalier, malgré
des charges héroïques devenues légendaires, la ruine de notre cava-
lerie. L'abus du système accomplit la destruction partielle ou totale
de nos races indigènes. Ce système, que nous avons déjà caractérisé,
ce fut celui des croisements continus, partout substitué à une sélection
intelligente et aux effets lents mais sûrs de la consanguinité '. La direction
des haras ne sut pas réagir contre un entraînement funeste : son.
devoir était de résister à des caprices que rien ne justifiait; elle se
montra inférieure à sa tâche et laissa accomplir des destructions
néfastes. Elle professait alors un mépris superbe pour nos races indi-
gènes et une ignorance profonde des admirables découvertes de
Darwin. Mais, nous dira-t-on, Darwin est Anglais, et l'on ne pouvait
demander à notre école des haras une connaissance des langues étran-
gères, qui faisait trop souvent défaut à nos savants eux-mêmes. Nous
admettrons, si l'on veut, l'objection, bien qu'on puisse trouver étrange
que des hommgs dont la vocation spéciale devait être l'étude de la
science du cheval ne fussent point assez familiarisés avec la langue
de nos voisins pour s'assimiler des notions devenues communes en
Angleterre. Et d'ailleurs, à défaut de Darwin et de son livre classique
sur ÏOrigine des espèces, avaient-ils consulté les travaux de nos savants
français, d'un Milne-Edwards, d'un Quatrefages? Nullement. Le beau
livre de ce dernier sur V Espèce^ qui devrait être dans les bibliothèques
de nos dépôts d'étalons, ce livre, comme tous les travaux vulgarisés
par son auteur dans un enseignement fameux et semés par lui dans
nos principaux recueils, était resté lettre morte pour notre personnel
des haras. Les théories transformistes n'avaient point pénétré dans ce
milieu fermé à l'étude, ouvert à la légèreté et à la faveur. On n'y avait
point recueilli les leçons de nos physiologistes sur les grandes lois de
la nature, qui procè Je par transformation lente et progressive, qui
repousse et élimine les changements brusques et violents, qui punit
les saccades par d'inévitables retours aux origines. La question de
l'hérédité, c'est-à-dire de cette faculté qu'ont les êtres vivants de
transmettre les variétés acquises, faculté distincte de la loi spécifique
qui assure la permanence des caractères généraux de l'espèce, cette
question, si agitée par des botanistes comme M. Alphonse de Can-
dolle, par des zootechnistes comme le professeur Sanson, par des
philosophes comm.e M. Ribot, avait-elle du moins suscité quelques
idées neuves dans cette école des haras d'où sortent ceux à qui nous
confions, avec le dépôt du sang, l'avenir de nos races chevalines?
Nous y cherchons en vain la trace de ce mouvement novateur qui a
produit ailleurs des merveilles.
Cette coupable indifférence s'explique d'autant moins qu'à défaut de
la science, ils avaient sous les yeux les résultats de l'expérience. La
pratique raisonnée des éleveurs anglais était venue donner la confir-
mation des règles posées par les savants. Darwin lui-même reconnaît
tout ce qu'il doit et rend un hommage mérité à ces hommes qui,
1. La Nouvelle Renie a publie, dans son numéro du l" juillet 1882, un travail intéressant dont
le titre éiait : Sur la consingainiié et lus effets de l'hérédité, à propos d'un livre de M. V. La
Perre de Roc. On peut aussi consulter les articles parus sur le niéme sujet dans la Semaine agri-
cole, ovgàae de La Société nationale d' encouragement à L'agriculture (u" des 15 et 29 octobre 1882).
504 LES HARAS EN 1883.
par remploi de la sélection, avec une connaissance approfondie des
lois de l'hérédité, avaient amélioré les races d'animaux domestiques
et produit des variétés curieuses ou vraiment utiles. Sur ces principes
s'est élevée toute une science dont les résultats ravissent d'admiration
quiconque s'en occupe. On s'est mis à chercher la transmission des
variétés acquises, à produire la répétition exacte des caractères indi-
viduels qui tendent à s'accumuler, à se fixer chez les descendants,
comme les caractères spécifiques eux-mêmes. C'est ainsi qu'on est
arrivé, chez nos voisins, à créer, ou tout au moins à améliorer des
races indigènes qui présentaient des caractères suffisants de fixité et
de stabilité.
Dans ce pays d'Angleterre où la théorie n'est rien tant qu'elle n'est
pas démontrée par ses applications, des praticiens éminents n'ont pas
craint d'ouvrir un Stud hook particulier pour la race Clydesdale, qui
n'est pas une race de pur sang, qui est une race de trait. Là encore,
un éducateur célèbre, Robert Blackwell, résolut d'appliquer à la pro-
duction du cheval de trait les principes d'amélioration qui lui avaient
si complètement réussi dans l'élève des autres espèces domestiques,
et, par un juste mélange de croisements intelligents, puis d'accouple-
ments consanguins, il obtint une variété nouvelle dont les caractères
furent ensuite fixés par la persévérante application de Vin and in, le
hlack horse^ ou cheval noir anglais. Qu'en pensent ces messieurs du
Jockey Club? Est-il une réfutation plus directe, plus complètement
scientifique de leur exclusivisme jaloux et de cette prétention, pour
le moins singulière, de ne laisser ouvrir de registre généalogique à
aucune famille équestre, que celle du pur sang ?
D'oij vient que l'administration des haras, instituée pour veiller
sur les richesses hippiques de la France, pour les améliorer et les
augmenter sans cesse, fit alors cause commune avec la Société d'en-
couragement pour le cheval de pur sang, laquelle suit un ordre d'idées,
une conception, et aussi sans doute des combinaisons très différentes
de celles que doit se proposer une administration consciente du but
qui lui est tracé? C'est un mystère que nous ne nous chargeons pas
d'éclaircir. Mais à voir la façon dont elle mania alors nos races indi-
gènes, sans discernement comme sans scrupules, il faut bien recon-
naître qu'elle allait directement contre le but de la nature et les
résultats certains de la science. On peut dire même que ceux qui la
dirigeaient ont, sans s'en douter peut-être, travaillé à détruire les
variétés acquises, au lieu de les fixer, et à nous priver de races utiles
au lieu de les améliorer. Demandez à nos collègues des départements
d'Eure-et-Loir et de l'Orne, formés pour partie du Perche, ce qu'on
avait fait, sous l'Empire, de la race percheronne. Demandez à ceux
qui représentent, dans la région du Nord, l'Artois, le Ponthieu, le
Boulonnais, ce qu'était devenue dans leurs mains la race boulonnaise.
La direction générale des haras avait passé le niveau d'une trompeuse
uniformité sur tous ces produits : elle avait recommandé partout les
croisements avec les étalons anglo-normands de demi-sang; et, joi-
gnant les actes aux préceptes, elle n'entretenait plus d'autres repro-
ducteurs dans ses dépôts et n'en envoyait plus d'autres dans ses
stations.
Ne fallait-il pas faire pour les écuries de l'empereur des postiers
bais, destinés à nous délivrer des percherons à robe grise? Ne fallait-il
LES HARAS EN 1883. 505
pas, sur un signe de M. le grand écuyer, faire violence à la nature en
substituant partout les produits d'un croisement uniforme et à haute
dose aux variétés naturelles améliorées de nos provinces ' ? On vit alors
les Américains venir acheter sur le marché français nos plus beaux
étalons du Perche et nous les enlever à prix d'or, tandis que le direc-
teur des haras prussiens écrémait chaque année le marché normand
et faisait filer sur Trakehnen nos derniers arabes.
Enfin la guerre, avec ses péripéties sanglantes et terribles, acheva
notre ruine : on le croyait du moins, et comment nos ennemis ne se
seraient-ils pas réjouis en voyant la débâcle de février 1871 et la
catastrophe de notre armée de l'Est! Lors de l'internement de cette
armée, 1 1 ,000 chevaux entrèrent en Suisse, parmi lesquels ceux des
escadrons de dépôt des cuirassiers et carabiniers de l'ex-garde impô-
riale\ Ainsi dispersés partout, car ceux qui n'étaient pas morts sur les
champs de bataille allaient peupler les écuries deTétranger, nos chevaux
semblaient finis, épuisés, vaincus, comme la France, et notre ennemi
pouvait bien, dans son triomphe, répéter le mot funèbre : Finis Gallisel
Mais, là encore, son attente fut heureusement trompée; grâce aux
efforts unanimes, tentés par les éleveurs, par le pouvoir exécutif de la
République et l'administration, comme par les représentants de la
nation, la régénération de notre race chevaline fut entreprise sous la
direction des haras réorganisés avec le concours de l'Assemblée
nationale. Foucher de Careil,
{La suite prochainement.) sénateur.
CONCOURS RECtIONAL DE ROCHEFORT
I. — Mis en goût par ma visite de l'an dernier au concours régional de Niort,
j'ai voulu voir et étudier celui qui vient de se tenir à Rocliefort, dans ce départe-
ment de la Charente-Inférieure si renommé par ses eaux de vie incomparables,
mais qui, en proie depuis plusieurs années aux étreintes du phylloxéra, passe pour
être plus mort que vif au point de vue agricole.
Ayant demandé à mon directeur et obtenu de sa bienveillance l'autorisation de
résumer mes observations pour le Journal, je me suis mis en route par une belle
matinée et ai rapidement atteint la Hmite orientale du déparlement que l'on aborde
par Surgères en venant de Niort par le chemin de fer. Je m'attendais à traverser
un pays désolé, à me trouver en face de coteaux jonchés çà là de souches mala-
dives, noircies, à végétation souffreteuse; ou bien à traverser des plaines arides,
dénudées, calcinées par l'inexorable soleil du mois de juin, à peine vivifiées par
quelques indigènes se traînant péniblement dans le dénuement le plus affreux.
Quelle n'a pas été ma surprise, quand Je me suis vu, emporté par la vapeur,
rafraîchi par les paysages les plus agrestes, les plus gracieux que l'on puisse con-
cevoir, animés par une population nombreuse, respirant la bonne humeur que
donne, non pas cette candide innocence que d'aucuns souhaiteraient tant dans nos
campagnes, mais l'intelligence alerte et curieuse, une gaieté quelque peu rabelai-
sienne, et surtout la confiance en soi-même, source de force et d'énergie pour
parer les coups de l'adversité, quand elle prend la fantaisie de se montrer plus ou
moins inopinément. Donc, nul indice de faiblesse sur ces physionomies éveillées,
à l'œil légèrement gouailleur, mais bien au contraire, tous les signes de vigueur
et de résistance tenace pour ces grandes luttes contre Dame Nature, si revêche et
si dure parfois pour notre pauvre humanité, mais au fond bonne personne, et ren-
dant la main, quand elle se trouve aux prises avec des gars bronzés et de bonne
trempe, comme ceux de l'Aunis et de la Saintonge,
1. On peut consulter avec fruit .sur ce sujet une lettre de M. Ricliard \â\i Cantal) à M. Isidore
Geoffroy Saint-Hilairo, sur les haras et les remontes de l'armée.
2. 70 à 80 de ces chevaux, casernes à Thun, lurent achetés par la Confédération Suisse pour le
service de ses écoles d'olficiers. Parmi ces chevaux, on ne tarda pas ;'i reconnaître des descendants
d',-1 rnadt's, l'un de ces étalons de Humpadour qui avaient imprimé îi la race vendéenne des marais
de Saiut-Gervais un tel cachet d'élégance, qu'en revoyant ces jolis chevaux, faits par lai dans nos
stations de l'Ouest, nos amis s'écriaient : « Voilà des Bourhaki ! »
5Ô6 CONCOURS RÉGIONAL DE ROCHEFORT.
C'est sous l'influence de ces impressions réconfortantes que je suis arrivé à
Rochefort, siège du concours delà région. Mon premier soin, au débotté, devait
être nécessairement de chercher, avant toutes choses, à me rendre compte de mon
mieux, des circonstances de sol ot de climat au milieu desquelles on a obtenu les
produits animaux et végétaux offerts à l'examen public. Cette partie de ma tâche
m'a été grandement facilitée par l'obligeant concours de M. le secrétaire de la sous-
préfecture et de M. E. Pacaud, président de la Société d'agriculture, des belles-
lettres, sciences et arts de l'arrondissement. Crâce aux renseignements puisés dans
leurs archives, et aussi aux exphcations recueillies auprès de plusieurs personnes
compétentes, notamment auprès de MM. d'Aviau de Piolenc, Verneuil, et G. Dela-
vaud, pharmacien en chef de la marine, que je me fais un devoir de remercier de
tout cœur, voici à peu près quelle serait la constitution agricole du département de
la Charente-Inférieure.
Géologiquement, le sol appartient aux quatre formations suivantes :
A. Terrain jurassique ouoolithiqm. — Il est couvert par fies territoires de la
Rochelh
MathE
B.
Brizembourg, de Burie, et s'étend jusqu'à la Gironde.
G. Terrain tertiaire. — Il occupe la base des coUines de Mirambeau, de Mon-
tendre, de Montlieu et deMontguyon, et renferme les marnes argileuses de la mol-
lasse, du sable et du grès.
D. dépôts marins modernes. — S'étend sur une bande du littoral de 30 à
35 kilomètres et renferme des argiles compactes désignées dans le pays sous la
dénomination de 6n ou terre de bri.
Agricolement parlant, on distingue six classes de terres arables :
P Les groies, ce sont des terres calcaires plus ou moins argileuses ou pier-
reuses; quand elles ont peu de profondeur et qu'elles reposent^ sur l'oolithe, les
arbres y végètent pauvrement, mais la vigne y pousse à merveille. Abondent dans
l'arrondissement de Saint-Jean-d'Angely, où l'on distingue les groies arg lieuses j
qui sont bonnes à cultiver ; les groies sablonneuses et les groin pierreuses.
2° Les varennes, terres silico-calcaires ou silico-argileuses, dépourvues de
pierres, de couieur fauve, ayant de 4 à5 mètres de profondeur. Se rencontrent sur-
tout dans l'arrondissement de la Rochelle et au nord des arrondissements de
Rochefort et de Saint-Jean-d'Angely. On distingue les varennes inférieures, qui
sont plus calcaires et dont la couleur est blanchâtre; les varennes humides, appe-
lées ttrres batteuses ; ies, varennes crayeuses, appelées brisords.^
3° Les alluvions d'eau douce^ terres noirâtres, friables, fertiles, dans les fonds
des vallées.
4» Les terres de landes^ sables plus ou moins fins reposant sur l'argile ; dépour-
vus de calcaires ; fréquents dans le midi du département.^
5° Les Bri ou lais de mer (voir plus haut en D), formés d'argiles gris-bleuâtre
très compactes, propices aux herbages.
6" Les Misolles, alluvions très sablonneuses situées entre les dunes et la mer.
Une autre classification également courante dans le pays et qu'il convient de
citer aussi si l'on tient à connaître les divers aspects agricoles de la contrée, et à
comprendre la signification des termes employés dans les descriptions locales, est
celle-ci :
La Champagne^ région du vignoble qui produit le vin d'où l'on extrait l'eau-de-
vie renommée qui porte ce nom, constituée par de la terre reposant sur du tuf
crayeux appelé bauche ou banche; à cheval sur les arrondissements de Saintes et
de Jonzac.
Le Bocage, formé par des collines relativement élevées sur les confins des Deux-
Sèvres.
La Double, terres de landes, vallons marécageux, insalubres [nauves), dans la
partie méridionale de l'arrondissement de Jonzac, difficiles à traiter, aptes néan-
moins à produire le pin maritime. .^
Le Pays-Bas, plaine ondulée, encadrée de collines calcaires, entre la rivière
de la Charente et une Ugne tracée par Burie, Brizambourg, Saint Jean-d'Angely,
Matha, Neuvicq.
Le Marais, formé d'alluvions marines ou fluviales, couvrant 70,000 hectares sur
le littoral et' dans les vallées de la Sèvre, de la Boutonne, de la Charente, du
Mignon, de la Seudre et de la Gironde.
CONCOURS RÉGIONAL DK ROCHEFORT. 507
Enfin les Dunes, occupent une superficie évaluée à 55,000 hectares, dont une
partie en forêt (forêts de la Tremblade et de Royan).
Le climat de la Charente-Inférieure (climat girondin) passe pour être très
variable. L'hiver y est plutôt humide que froid, avec une température moyenne de
4". 2; le printemps est précoce avec gelées tardives ; l'été a les matinées et les
soirées fraîches, avec des températures de 28 à 29° G. à midi, donnant une
moyenne de 19". 4 ; pendant l'automne cjui est tempéré les pluies sont fréquentes.
La tampérature la plus chaude de l'année dépasse rarement 34", la |_tem{)érature
moyenne se ramène aux environs de 1 1°.6.
On compte 139 jours de pluie ainsi répartis : 37 jours pendant l'hiver, 33 pen-
dant le printemps, 31 pendant l'été, 38 pendant l'automne, fournissant une quan-
tité moyenne annuelle d'eau de 0""".638. Il grêle assez souvent à l'intérieur du
département, mais rarement sur le littoral. Les vents dominants jsont ceux du
Sud-Ouest qui est frais et humide, du Nord-Ouest, du Nord-Est, et du Sud-Est
qui est humide et chaud.
On me pardonnera, je l'espère, ces détails quelque peu arides. Mais il paraîtra
indispensable de les avoir présents à la mémoire pour l'intelligence des faits cul-
turaux dont nous avons à entretenir le lecteur.
Ces faits auront leur éloquence, soit qu'on interroge ceux qui, ayant un caractère
général, nous indiqueront les tendances de la culture usuelle, telle qu'elle se pra-
tique le plus communément; soit qu'on examine ceux qui, ayant été relevés chez
quelques cultivateurs plus avancés, auront un caractère exceptionnel, mais témoi-
gneront de ce qu'il est possible de faire dans un même milieu quand on a plus de
capacité, plus d'instruction, plus d'initiative, parfois plus de capitaux.
Si nous nous adressons aux documents statistiques officiels, que l'on ne consulte
peut-être pas aussi souvent qu'on devrait le faire, nous verrons, rien qu'en compa-
rant la répartition des cultures à quatre ans de distance, 1879 à le82, que des
modifications sensibles dans le régime agricole du département se sont manifestées
à la suite de l'invasion phylloxérique.
La vigne qui, en 1879, occupait encore 161,000 hectares en nombre rond avec
un produit de 92^4,000 hectolitres est descendue comme surface à 88,000 hec-
tares, mais adonné en 1882 une production de 979,000 hectolitres de vin. Cette
augmentation de produit sur une surface diminuée atteste Je succès des efforts
des vignerons charentais pour arrêter le fléau qui menaçait de ruiner l'une de leurs
industries les plus lucratives.
Sur le froment, diminution très sensible aussi des emblavures, 128,000 hectares
en 1882 contre 14(7,000 en 1879, mais en somme rendement sensiblement rappro-
ché, 1,600,000 hectolitres et 1,765,000 hectolitres respectivement, grâce à un
rendement spécifique plus élevé.
Le méteil, le seigle, l'orge, l'avoine, le maïs, les pommes de terre, occupent
tous en l^82 des surfaces beaucoup plus étendues qu'en 1879; leur ensemble a
été porté de 82,000 à 122,000 hectares. La surface occupée par les betteraves à
sucre et les betteraves fourragères qui n'était en 1878 que de 378 hectares, est
montée à 1690 hectares en 1882, et a augmenté ainsi de plus de 400 pour 100 en
quatre années. Aujourd'hui les fourrages herbacés ne couvrent pas moins de
133,000 hectares dans le département, ainsi répartis : 94,550 hectares de prairies
naturelles, 10,188 hectares de trèfle, 13,585 hectares de luzerne et 15,172 hectares
de sainfoin.
De ces quelques chiffres il semblerait résulter que le cultivateur charentais, se
conformant avec sagesse aux indications économiques de l'époque, réduit ses
emblavures de froment et accroît celles des végétaux, céréales, racines ou four-
rages qui trouvent un idacement plus rémunérateur dans l'industrie du bétail et dans
les autres industries rattachées directement à l'exploitation du sol.
Mais les conséquences de cette conduite si rationnelle, éclairée et renforcée par
des vues plus progressives, vont ressortir bien mieux encore du résumé que je vais
faire du rapport remarquable de M. Nadaud, agriculteur, à Chazelles (Charente),
rapporteur de la Commission chargée de décerner la prime d'honneur, les prix
culturaux et les médailles de spécialités. Grâce à l'obligeance de cet agronome
distingué, j'ai pu prendre à loisir communicaiion de ce travail que je m'etlorcerai
de reproduire aussi fidèlement que possible. Mais, auparavant, je donnerai la
liste complète des récompenses du concours régional :
Prime d'honneur. — Uu objet d'art. — M. Duquénel, aux Cheminées, commuae de Saiat-
Sorlin-de-Conac.
508 CONCOURS RÉGIONAL DE ROCHEFORT.
Rappel de prime d'honneur. —M. Bouscasse, directeur de la ferme-école de Puilboreau, près
la Rochelle.
Pnix DE SPÉCIALITÉS, — Un objet d'art spécial, M. le D' Menudier, à Plaui-Chermignac. —
MédaillPs d'or grand module, MM. A. Bouineau, propriétaire, à la Vezouzière, commune de
Dolus (île d'Oléron); Boutirou, à P'avaut, commune de Breuil-la-Réorte ; Vallein, à Ciiermip;nac,
près Saintes. — Médailles d'or, MM. Ambert, à Villeneuve, commune de Tonnay-Charentc ; Ellie,
aux Robins, commune de Saint-Hilaire-du-Bois; Guérin de Sossiondo, à Fond-Rémy, commune de
Chaniers.
Récompens's aux agents de l'exploitation qui a obtenu la prime d'honneur. — Médailles
d'argent, MM. Loui? Ozanne, chef d'attelage; Pierre Gendron, laboureur; Henri Achenelly,
vacher. — Médailles de bronze, MM. Sarrazin, berger; Auguste Brochon, vigneron; Gautier,
laboureur; Privât, charretier.
Espèce bovine.
l" Catégorie. — Race Maraichine. — Mâles. — Section unique. — Animaux de 1 à 2 ans. —
1" prix, M. Pelon, à Saint-Clément (Charente-Inférieure); 2% M. Amberl, au Jard, commune de
Âluron (Charente-Inférieure); 3'', M. le comte de Briey, à la Roche, commune de Magné (Vienne);
4', M. Porche, à Tonnay-Charente (Charente-Inférieure). — Femelles. — l'''^ Section. — Génisses
de 1 ans à 2 ans. — 1"^ prix, M. Ambert; 2". M. Delisle, à Boupère (Vendée). — 2* Section. —
Génisses de 2 à 3 ans. — 1" prix, M. J. Ambert, à Tonnay-Charente (Charente-Inféneure). —
3° Section. — Vaches de plus de 3 ans. — 1^'' prix, M. .T. Ambert; 2% M. A. Moine, à Préveraye
(Charente-Inférieure); 3°, .M. E. Baudry. au Morillon (Charente-Inférieure); 4", M. J. Imbourg,
commune de Loir (Charente-Inférieure). — Mentions honorables, M. J. Ambert.
2" Catégorie. — Race Parthenaise et ses dérivés (Vendéenne et Nantaise). — Mâles. — Section
unique. — Animaux de 1 an à 2 ans. — 1" prix, Mme la bnronne de Pervinquière, à Bazoges-
en-Pareds (Vendée); 2% M. A. Chaigneau, aux Anges-Bertières (Deux-Sèvres); 3% M. A. de Ponsay,
à la Domangère (Vendée); 4", M. A. Germain, à la Roussière (Daux-Sèvres). — Femelles. —
1" Section. — Génisses de 1 à 2 ans. — 1=' prix, M. R. Delisle; 2° M. Magnoux, à Courle (Deux-
Sèvres). — 2" Section. —Génisses de 2 à 3 ans. — 1" prix, M. A Frère, à la Papinaudière
(Deux-Sèvres); 2% M. de la Massardiôre, à la Gâlinalière (Vienne); 3% M. Seguinot, à la Che-
vrette (Vienne). — 3" Section. — Vaches de plus de 3 ans. — 1" prix, M. L. Blay, à Nalliers
(Vendée) ; 2^ Mme la baronne de Pervinquière; 3% M. Ambert; 4% M. A. Bouille, à la Marotière
(Deux-Sèvres).
Prix d'ensemble décerné au meilleur lot d'animaux de l'espèce bovine des 1"= et 2*= catégories.
— Ce prix qui consiste en un objet d'art a été décerné à M. J. Ambert.
3' Catégorie. — Race Limousine. — Mâles. — P* Section. — Animaux de 6 mois à 1 an. —
l"' prix, M. Ch. de Léûbardy, au Vignaud (Haute-Vienne) ; 2", M. Teisserencde Bort, à St-Priest,
Thaurion (Haute-Vienne). — Prix supplémentaires, MM. Duvert, à la Gabie (Haute-Vienne) ;
Rioblan, au Vigenal (Haute-Vienne); 0. Guybert, à Courdelas (Haute-Vienne). — Mentions hono-
rables, MM. Rouard du Card, îi Limoges (Haute-Vienne); J.-B. Robert, au Boucheron (Haute-
Vienne). — 2"^ Section. — Animaux de l an à 2 ans. — p"" prix, M. Lamy de la Chapelle, à
Limoges (Haute-Vienne) ; 2", M. deLéobardy ; 3", M. Caillaud; 4", M. Barny de Romanet, à Romanet
(Haute-Viennel; h", M. J. Robert. — Prix supplémentaires, MM. Nouaillier; Duvert. — Mentions
honorables, MM. Rouard de Card; Tondeau de Marsac, à Vogères-Saint-Léman (Haute-Vienne). —
Femelles. — P" Section. — Génisses de 6 mois à 1 an. — 1" prix, M. Guibert; 2", M. de Léobardy.
— Prix supplémentaires, MM. Lamy de la Chapelle; Tondeau; Duvert. — Mentions honorables,
MM. Rouard de Gard; Ch. de Léobardy. — 2° Section. — Génisses de 1 an à 2 ans. — l^'' prix.
MM. Rouard de Card; 2", 0. Guibert; 3% Ch. de Léobardy; 4", M. M. Duvert. — Prix supplémen-
taires, MM. Barny de Romanet; G. Nouaillier ; J. Dadat, au Masbatier (Haute-Vienne). — Mention
honorable, M. Rouard de Card. — 3° Section. — Génisses de 2à3 ans. — 1" prix, M. de Léobardy;
2', M. 0. Guibert; 3% M. M. Duvert; 4°, M. Rioblan, au Vigenal (Haute-Vienne). — Prix supplé-
mentaires, MM. Lamy de la Chapelle; R. Francez, à Mas-Rome. — Mention honorable, M. A. Du-
boucheroy, à Goupillay (Haute-Vienne). — 4" Section. — Vaches de plus de 3 ans. — 1" prix,
M. Lamy de la Chapelle; 2% M. Caillaud; 3'', M. Teisserenc de Bort; rappel de k" prix, M. Datac;
4° prix, M. Alfred Guibert; .V, M. Nouailhier, château de Brignac (Haute-Vienne). — Prix supplé-
mentaires, MM. Ouvert: Barny de Romanet; Parry, à Limoges (Haute-Vienne); Rouard de Card;
R. Fiancez.
4° Catégorie. — Race Garonnaise. — Mâles. — Section unique. — Animaux de 1 an à 2 ans. —
p'' prix, M. J. Régiraond, à Saint-André-du-Gard (Gironde); 2°, M. N. Tujas, à Couranle (Gironde);
3% M. Monchany, à Merterrieux (Gironde); 4°, M. J. Courrech, à Taudin (Gironde). — Femelles.
— 1" Section. — Génisses de 1 an à 2 ans. — P'prix, M. Mapataud (Haute-Vienne); 2°, M. J. Régi-
mon. — Prix supplémentaire, M. L. Courrech, à la Maronne (Gironde). — 2= Section. — Génisses
de 2 à 3 ans. — l" prix, M. N. Tujas; 2% M. J. Régimon. — Prix supplémentaire, M. Dulilh, au
Jura (Gironde). — 3*= Section. — Vaches de plus de 3 ans. — P' prix, M. J. Régimon ;
2% M. J. Courrech; 3% M. N. Tujas.
5" Catégorie. — Race Razadaise. — Mâles. — Section unique. — Animaux de 1 an à 2 ans. —
1" [rix, M. Monda fils, à Maillard (Gironde); 2°, M. G. Calhalot, à Bordeaux (Gironde);
3% M. Elle Darquet, à Beaulac (Gironde). — Femelles. — P" Section. — Génisses de 1 an à 2 ans.
— 2° prix, M. Bernard-Boutejac, à Castillon (Gironde). — 2= Section. — Génisses de 2 ans à 3 ans.
— l""prix, M. Courrégelongue, à Cudoz (Gironde) ; 2°, M. Cathalot. — 3'-" Section. — Vaches de
plus de 3 ans. — l'"'" prix, M. Elle Darquet; 2", M. Cathalot ; 3% M. Baillet-Laulan.
6' Catégorie. — Race Durham. — Mâ'es. — l^' Section. — Animaux de G mois à 1 an. — l^prix,
M. le marquis de Surineau, à la Gaudinière (Vendée) ; 2', M. G. Duquénel, aux Cheminées (Cha-
rente-Inférieure). — Prix supplémentaire, M. le comte de Chabot, à MoLchamp (Vendée). — Men-
tion honorable, M. Richard, à l'Oimeau (Charente-Inférieure). — 2' Section. — Animaux de 1 an
à 2 ans. — 1" prix, M. le marquis de Surineau; 2% M. G. Duquénel. — Mentions honorables,
M. R. Segot, à Baunay (Maine-et-Loire); Richard. — 3° Section. — Animaux de 2 à 4 ans. —
Prix unique, M. G. Cacaud, à Saint-tiervais (Vendée). — Mention honorable, M. J. Proux. —
Femelles. — 1'''= Section. — Génisses de G mois à 1 an. — Prix unique, M. J. Putier, à Fouras
(Charente-Inférieure). — Prix supplémentaire, M. R. Segot. — Mentions honorables, MM Richard;
Duquénel; Richard. — 2" Section. — Génisses de 1 an à 2 ans. — Prix unique, M. J. Proux. —
CONCOURS RÉGIONAL DE ROGHEFORT. 509
Prix supplémentaire, M. G. Duquénel. — Mention honorable, M. R. Segot. — 3" Section. —
Génisses de 2 ans à 3 ans. — l"' prix, M G. Duquénel; 2", M. R. Segot. — Mentions honorables,
M. J. Proux; G. Duquénel. — 4" Section. — Vaches de plus de 3 ans. — l"' prix, M. Ed. Gabo-
riaux, à Breuil-Magné (Charente-Inlérieure) ; 2% M. R. Segot; '.]% M. J. Proux. -r Prix supplé-
mentaire, M. G. Duquénel. — Mention honorable, M. le comte de Briey.
7° Catégorie. — Croisements Darham. — Mâles. — Section unique. — Animaux de 1 an à 2 ans.
— Prix unique, M. G. Cacaud. — Mentions honorables, MM. G. Boutiron, à la Grignollée (Charente-
Inférieure) ; G. Duquénel. — Femelles. — P'' Section. — Génisses de l an à 2 ans. — Prix
unique, M. J. Monnerie. — Mention honorables, MM. G. Cacaud; Duquénel. — 2'- Section. —
Génisses de 2 à 3 ans. — l" prix, M. J. Monneiie; 2", M. Duquénel. — tentions honorables,
MM. G. Cacaud; L. Nadaud ; J. Monnerie. — 3' Section. — Vaches de plus de 3 ans. — P' prix.
M. Putier; 2°, M. Jules Moinier; 3', M. L. Nadaud. — Mentions honorables, MM. C. Boutiron;
Duquénel.
8° Catégorie. — Races d'Ayr, de Jersey et analogues. — Mâles. — Section unique. — Animaux
de 1 an à 2 ans. — P'' prix, M. le marquis de Dampierre, à Plassac (Charente-Inférieure). —
Mention honorable, M. le marquis de Dampierre. — Femelles. — P'= Section. — Génisses de 1 an
à 3 ans. — \" prix, M. le marquis de Dampierre. — Mentions honorables, M. le marquis de Dam-
pierre. — 2" Section. — Vaches de plus de 3 ans. — l" prix, M. le marquis de Dampierre ;
2°, M. Babin, au Grand-Vergeroux (Charente-Inférieure). — Mentions honorables, M. le marquis
de Damp'erre.
9° Catégorie. — Races laitières françaises ou étrangères pures, à l'exception des races ayant une
catégorie spéciale. — Mâles. — Section unique. — Animaux de 1 an à 2 ans. — 2" prix,
M. J. Camentron, à Mérigna (Gironde). — Kemelles. — P" Section. — Génisses de 1 an à 3 ans.
— l^'prix, M. Camentron; 2', M. J. Ristor. — 2° Section. — Vaches de plus de 3 ans. — P' prix,
M. A. Pouzon, à Reparsac (Charente) ; 2*, M. J. Camentron; 3", M. P. Cibot. — Mention honorable,
M. Putier.
Prix (Vensemble décerné au meilleur lot d'animaux de l'espèce bovine. — Ce prix qui consiste
en un objet d'art, a été décerné à M. Ch. de Léobardy.
Espèce ovine.
1" Catégorie. — Races françaises diverses. — Mâles. — l" prix, M. Blanchaud, Saint-Ouen
(Haute-Vienne); 2°, M, Ducellier, à Lathus (Vienne); 3% M. Poinet, àSaulzé (Vienne). — Femelles.
— P''' prix, M. Blanchaud ; 2% M. Poinet; 3% M. Ducellier.
2'' Catégorie. — Races étrangères diverses. — 1" Section. — Animaux de 1 an à 18 mois. —
Mâles. — l"prix, M. Teisserenc de Bort, à Saint-PriestTaurion (Haute-Vienne); 2% M. le mar-
quis de Dampierre; 3", M. Boncenne, à Fontenay-le-Comte (Vendée); 4", M. Duquénel, à Saint-
Sorlin-de-Conac (Charente-Inférieure). — Mention honorable, M. le marquis de Dampierre. —
Femelles. — P'' prix, M. Teisserenc de Bort; 2% M. le marquis de Dampierre; 3% M. Boncenne.
— Mentions honorables. MM. Duquénel; Teisserenc de Bort; Boncenne. — 2" Section. — Ani-
maux de plus de 18 mois. — Mâies. — 1" prix, M. Teisserenc de Bort ; 2°, M. le marquis de Dam-
pierre ; 3", M. Duquénel; 4% M. Céran-Maillard, 4 Turqueville (Manche). — Mentions honorables,
MM. le marquis de Dampierre, Boncenne. — Femelles. — l" prix, M. Teisserenc de Bort;
2", M. Boncpnne; 3", M. le marquis de Dampierre. — Mention honorable, M. Teisserenc de Bort.
3° Catégorie. — Croisements divers. — Mâles. — l" prix, M. Teisserenc de Bort; 2% M. Poinet;
3% M. Pradier, à Saint-Laurentde-la-Prée (Charente-Inférieure). — Femelles. — 1" prix,
M. de Léobardy, à la Jonchère (Haute-Vienne); 2% M. Poinet; 3% M. Cacaud, à Saint-Gervais
(Vendée).
Prix d'ensemble à attribuer au meilleur lot d'animaux de l'espèce ovine, un objet d'art,
M. Teisserenc de Bort.
Espèce porcine.
1'= Catégorie. — Races indigènes pures ou croisées entre elles. — Mâles. — P"' prix, non
décerné; 2'^, M. Paintault, à Cherveux (Deux-Sèvres) ; 3°, M. Baraton, à Saint-Christophe-sur-Roc
(Deux-Sèvres). — Femelles. — Pas d'animaux présentés.
2" Catégorie. — Races étrangères pures ou croisées entre elles. — Mâles. — l"" prix, M. de la
Massardière, à Antran (Vienne); 2% M Nadaud, à Chazelles (Charente) ; 3", M. Girardin, à la Jon-
chère (Haute-Vienne); 4', M. le marquis de Surineau, à Saint-Vineent-sur-Graon (Vendée);
5% M. Bouscasse, à Puilboreau (Charente-Inférieure). — Femelles. — P- prix, M. Nadaud;
2% M. Duquénel; 3% M. J. Proux, à Saint-Germain (Charente-Inférieure); 4", M. Girardin;
o=, M. Bouscasses. — Prix supplémentaires, MM. de Léobardy ; de la Massardière.
3° Catégorie. — Croisements divers entre races étrangères et races françaises. — Mâles. —
Prix unique, non décerné. — Femelles. — P' prix, M. Nadaud ; 2°, M. de Léobardy.
Prix d'ensemble à atiribuer au meilleur lot d'animaux de l'espèce porcine, un objet d'art,
M. L. Nadaud, à Chazelles (Charente).
Animaux de basse-cour.
1" Catégorie. — Coqs et poules. — P° Section. — Race de Barbezieux. — P"' prix, M. le comte
de Lestrange. à Perfonts (Charente). — 2° Section. — Races limousine et du Poitou. — 1" prix,
M. Ambert, à Tonnay-Charente (Charente-Inférieure); 2°, M. Cormerais, au Péré îCliarente-Infé-
rieure). — 3" Section. — Races françaises diverses. — l^urix, M. Cormerais ; 2", M. Gouin, à Ciré
d'Aunis (Charente-Inférieure); 3°, M'. Soul-é, à Ballon (Cliarente-Inférieure). — 4" Section. — Races
étrangères diverses. — P' prix, M. Cormerais. — 5' Section. — Croisements divers. — Prix unique,
médaille d'argent, M. Bouscasse.
2' Catégorie. — Dindons. — Prix unique, médaille d'argent, Mme de Laroque-Latour, à Salles
(Charente-Inférieure).
3° Catégorie. —Oies. — 1" prix, M. Cormerais; 2', M. Ambert.
4* Catégorie. — Canards. — 1" prix, M. Matiiey, à Rochechouart (Haute-Vienne) ; 2% M. Cor-
merais; 3% M. Breuil, à Thoiré (Gtiarente-Inférieure)
5° Catégorie. — Pintades. — P'prix, M. Breuii; 2", M. Ambert.
6' Catégorie. — Pigeons. — jl" prix, M. Cormerais; 2% M. Bertrand, à Rochefort (Ghareate-
Inférieure).
510 CONCOURS RÉGIONAL DE ROCHEFORT,
V Catégorie. — Lapins et léporides. — P' prix, M. Mathey; 2°, M. Boncenne, à Fontenay-le-
Comle (Vendée).
Prix d'ensemble, un objet d'art, non décerné.
Recompenses aux serviteurs ruraux, pour les soins intelligents donnés aux animaux primés des
espèces bovine ovine et porcine. — Médailles d'argent, MM. P. Royer, domestique cliez M. Léo-
bardy; A. Degas, vacher chez M. Ambert ; L. Faure, berger chez M. Teisserenc de Bort; J. Blan-
chard, domestique cl^ez M. Nadaud; Achenelly, vacher chez M. Duqucnel. — Médailles de
bronze, MM. J. Durepaire, berger chez M. Blanchard ; L. Bourgucil, domestique chez M. de la
Massardière ; J. Tujas, domestique chez M. Tujas ; Maillard, vacher chez M. de Dampierre ;
P. Chapelau, domesuque, chez M. le marquis de Suriueau ; Bastié, domestique chez M. Régimond;
Chauveau. domestique chez M. Mapataud.
Machines et instruments agricoles.
Concours spécial de machines à greffer la vigne. — l" prix, médaille d'or, M. J. Comy, à
Garons (Gard); 2% médaille d'argent, M. Villadary, à Siint-Philippe d'Aguille ; 3% médaille de
bronze, M. Pierre Gratereau,à Saint-Sulpice (Charente-Inférieure).
Récompenses aux contre-maîtres et ouvriers des constructeurs desdites machines. — Médaille
d'argent, M. A Comy, contre-maître chez M. Comy. — Médailles de bronze, MM. A. Pralong, contre-
maître chez M. Villadary; Joseph-Vincent, chef-ouvrier chez M. Comy; 20 fr. M. Jaubert fils,
contre-maître chez M. Despujols.
Produits agricoles et matières utiles à l'agriculture. — Concours spéciaux.
l" Catégorie. — Vins de la région (récolte de 18S2). — l"' prix, médaille d'or, M. Guyot-Proux,
à Bois, île de Ré (Charente-Inférieure) ; 2% médaille d'argent, M. Pacaud, à Rochefort (Charente-
Inférieure).
2° Catégorie. — Eaux-de-vie de la région (récolte de 1882). — 1" prix, médaille d'or,
M. le comte de Lestrange, à Bois-Breteau (Charente) ; 2% médaille d'argent, M. Viaud, à
Chambon (Charente-Inférieure); 3", médaille de bronze, M. Virbonnet, à l'usine de Cherves
(Charente).
3" Catégorie. — Vins américains (production directe, récolte de 18S2). — 1" prix, méiiaille d'or,
M. E. Verneuil, à Villars -en-Pons (Charefnte-Inférieure) ; 2", médaille d'argent, M. Petii, à Tou-
lenne-Langoc (Gironde).
= 4" Catégorie. — Vins provenant de cépages greffés sur .vignes américaines. — 3" prix, médaille
de bronze, M. le comte de Lestrange.
h^ Catégorie. — Huîtres de Marennes. — I" prix, médaille d'or, M. F. Verneuil, à la Tremblade
(Charente-Inférieure).
6= Catégorie. — Moules de Bouchot. — Pas de produits présentés.
7= Catégorie. — Expositions scolaires. — 1'''= Section. — Matériel d'enseignement agricole,
collections, dessins, objets de cours, etc. — {""'prix, médaille d'or, M. Duru, à Bordeaux (Gironde).
— 2" Section. — Travaux spéciaux et objets d'enseignement agricole, présentés par les profes-
seurs, les ins ituteurs et les élèves des écoles primaires. — I" prix, médaille d'or, M. Bouleilier,
à Nesmy (Vendée) ; 2% médaille d'argent, M. Suire, instituteur, à Lussant (Charente-Inlérieure) ;
3°, médaille de bronze, M. Raimon, instituteur, à Thou (Charente-Inférieure). — Mention très
ho'norable, M. Laugrand, à Ardillières (Charente-Inférieure). — Mention honorable, M. Rideau, à
Saint-Laurent-de-k-Prée (Charente-Inférieure).
8" Catégorie. — Expositions collectives faites par des administrations publiques, les Sociétés et
Comices agricoles et horticoles. — Médaille d'or à la Société d'agriculture et au Comice agricole de
Rochefort.
9" Catégorie. — Produits divers non compris dans les catégories précédentes. — Médailles d'or,
MM. Ambert, à Tonnay-Gharente (Charente-Inférieure) ; Pineau, à Beauvais-sur-Malha (Charente-
Inférieure) ; Lhérault-Salbœuf et fils, à Argentcuil; Ferrand, à Segonzac (Charente). — Médii'les
d'argent, MM. Renaudet, à Béni-Méred (Algérie); Arbouin, à Lignières-Sonneville (Charente) ;
Va laud, à Saint-Bonnet-la-Rivière (Haut'',-Vienne) ; Duquénel, à Saiiit-Sorlin-de-Conac (Cliarenie-
Inférieure) ; Etienne Charles, à Rochefort; Deauriac, à Samt Astier (Dordogne) ; le mai-quis de
Moneys, à Allas-Bocage (Charente-Inférieure); Pouvreau, à Saint-Léger-lès-Melk (Deux-Sèvres);
Judical, à Siirgères (Chareiile-Inférieure); Mme Gouin, à Ciré-d'Aulnis (Charente-Inférieure). —
Médailles de bronze, MM. Etienne Charles; Bousca-se; le mari]uis de Moneys; Bou-casse; Duqué-
nel; le comte de Lestrange; Duquénel; Rousseau, à Sainl-Jean-d'Aiîgely (Charente-Inférieure);
Mme Rabin, au Grand-Vergeroux (Charente-Inférieure); MM. Fradin, à Moncoulant (Deux-
Sèvres) ; René Francez, à Limoges (Haute-Vienne) ; Mureau, à S,;unt-L;i,urent-de-la-Prée (Charenle-
Inferieure) ; Nauges, à Montauban (Tarn-et-Garoune) ; Eudrivet, à Saiut-Seuria-d'Uzès (Charente-
Inférieure); Rousseau; Guiot-i'roux.
J. Laverrières,
Bibliothécaire Je la Société nationale d'agriculture.
REVUE GOIMRGliLE ET PRIX CDURiNT :DES DENRÉES AGRICOLES
(23 JUIN U83)
I. — Situation générale.
Les marchés agricoles sont toujours peu fréquentes à cette époque de l'année,
la moissons des céréales est commencée dans le Midi. La coupe des foins et le
fanage occupent les agriculteurs dans tout le restedu p^ys. Les appréciations sur
les premières récoltes sont assez contradictoires, ainsi qu'il arrive toujours au
moment où elles se font; il laut attendre encore avant de pouvoir se prononcer.
II. — Les grains et les farines.
Les tableaux suivants résument les cours des céréales, par quintal métrique,
sur les principaux niarchés de la France et de l'étranger :
REVUE COMMERCIALE ET PRIX GOURANT (30 JUIN 1883).
NORD.OITEST.
Calvados. Condé
— Lisieux
Côi.-rfw-A^ord.Pontrieux
— Ti'cfjuier..
Finist'cre. Morlaix
— O'iifDP'^''
lUe-cl-Vilaine. Hennés..
— Redon
Manche. Avranclies.. ..
— Pontorson... .
-^ Villedieu
Mayenne. Laval
— Mayenne
Morbihan. Hennebont..
Orne. Alençon.. ,
— Séez
Sarthe. Le Mans
— M amers
Blé.
fr.
23.50
23.50
24.50
•23.50
2'i.i5
2'i . 00
2i.20
2't . 00
25.00
25.20
25.75
23.50
25 . 00
2'i . 50
24.75
24.25
25.25
25.75
Seigle.
fr.
19.00
17.00
16.50
19.50
17.50
15.20
18.50
17.00
16.25
Avoine.
fr.
21.75
23.75
18. -.T.
18.50
18.00
17.25
19.50
20.50
23.25
23.50
2/1.25
21.00
20.50
19.25
21.00
20.50
22.25
Prix moyens 24
2" RÉGION. -
Aisne. L.aon 22
— Soissons 23
— Villers-Cotterets. 23
Eure. Bernay 22
— Evreux 22
— Les Andelys 22
Eure-et-Loir. Chartres.. 23
— Anneau 24
— Nogent-le-Rotrou. 24
Nord. Valonc ennes 25
— Cambrai 24
— Dunkerque 25.
Oise. Beauvais 22
— Sentis 22.
— Noyon 22.
Pas-de-Calais. Atvas. . . 25.
— Sa ni-Omer 24,
Seine. Paris 25.
S.-et-Mar.Melan 26,
— Dammartin 22.
— Provins 24.
S.-et-Oise. Etampes 24.
— Pontoise 23.
— Versailles 23.
Seine-Inférieure. Konen. 24
— Fécamp 23.
— Yvetot 22.
Somme. DouUens 23.
— Péronne 23.
— Roye 22.
Prix moyens 23.
fr.
18 50
20.00
15.50
; 7 . 50
1 0 . 50
17.00
16.20
»
20.25
20.00
20 75
18 75
18.50
}}
19.75
20.00
15.50
» )>
.46 17.29 18.31 20.82
- NORD.
.75 15.50 17.50 18.50
.50 16.00 » 18.25
.00 15.25 » 17.50
.50 15.20 20.75 21.50
.75 14.50 21.00 18.00
.50 14.50 17 50 18.50
.00 14.50 16.00 18.50
25 15.25 20.00 18.70
.25 » 19.75 20.40
.00 16.50 20.25 17.50
.25 16.50 18.75 18.00
.00 18.50 19.00 18.75
.25 15 50 19.25 19.50
.50 15.50 » 17.50
,75 15.75 » 18.50
00 16.00 18.50 18.00
,00 15.50 19.00 17.25
.75 15 25 17.50 19.10
.00 15.25 19.00 18.75
,00 15.50 17.50 18.00
,00 16.00 18.25 19.00
00 15.50 » 19.50
20 16. 00 18.50 13 75
.75 15.25 18.50 20.50
05 14.00 19.60 21.50
,60 14.75 » 22.00
45 » 20.50 19.00
.50 15.50 18.50 17.20
00 » 17.80 18.00
25 15.20 17.50 19.00
48 15.52 18.82 18.83
3' RÉGION. -
Ardennes . Rethel
— Sedan
Aube. Bar-su r-A 11 Ije ... .
— Méry-sur-Seine. . .
— Nogent-sur-Seine.
Marne. Ctial ns
— Epernay
— Reims
Hle-Marne. Boarbonne. .
Meurlhe-et-Mos. Nancy.
— LunéviUe
— Toul
Meuse. Bar-le-Duc
— Verdun
Haute-Saône. Gray
Vosges. Epinal
— Neufcliàteau
— Mirecourt
NORD. EST.
22.50
23.00
22 . 00
22.25
24.00
23.00
23 50
23.25
22 . 00
23.25
23.75
23.00
23.50
23.25
22.40
23.75
23,00
23.50
14.50
16.00
15.00
15 00
15.50
15 00
15.00
1.S.85
14.50
18.50
»
17.00
16 50
16.25
B
16.50
15.50
15.50
18.50
17.50
17.25
»
17.00
18 00
17.75
18.75
17.50
16.00
17 25
17.00
18.50
20 75
20.25
18.50
19.25
19.00
19.25
18. 75
18,00
»
17.00
19.75
17.50
16.75
16.50
17.75
•8.00
Pris moyens 23.05 15.75 17.36 18.46
4" RÉGION
Charente. Angoulême...
— RufTec
Char.-In/ér. Marans....
Deux-Scvres. Niort
Indre-el- Loire. Blére. . . .
— Tour'i
Loire-Inf. Nantes
M.-el-Lo^-^-. Sacmur
— Angers
Vendée. Lu'jon
— La Roche-sur-Yon.
Vienne. Cliàtelleraull.. .
— Li'udun
Haute-Vienne. Limoges.
OITEST.
Prix moyens.
5' REGION. — CE.XTRB.
fr.
Allier. Montluçon 23.85
— Moulins 2ii.00
— Saint-i'ourçain.. . 25.00
Cher, liourges 23.23
— Aubi-ny 24.50
— Vierzon 24.25
Creuse. Aiiba-ison 24.75
Indre. Chiteauroux 23 . 50
— Issoudun 22.75
— Valenç.iy 24.50
Loiret. Orléans 23 75
fr.
15.50
1 5 . 50
17.00
15.00
14.50
15.25
15.00
14.75
14.50
16.25
14.75
14.75
17.00
14.50
14.75
»
15.80
15.00
14.50
Orse.
fr.
18.25
18.00
20.00
19.00
18.50
18.25
18.00
18.00
19.50
16.50
17.50
20.00
18.50
16.50
16.50
511
Avoine.
fr.
1 8 . CO
18.50
18.00
17.50
17.75
19.25
19-00
17.25
13.50
18.75
19.75
19.00
13.00
20.25
19.25
18 50
17.75
19.00
17.75
— Patay 24.00
— ^'len 23.00
L. -et-C her. ùlois 23. 50
— Montoire 23.50
Nièvre. Nev ers 24.00
— La Charité 23.50
Vonne. Brienon 23.85
— Saint-Florentin... 24.00
— Sens 25.00 » ,) „
Prixmoyens 23.92 15.24 13.20 18.51
6° RÉGION. — EST.
Ain. Bourg 25
— Pont-de-Vaux 24
Côte-d'Or. Dijon 22
— Beaune 24.
Doubs. Besançon 23
Isère. Grand-Lemps. . . . 25
— Bourgoin 24
Jura. Dôle 22
/.oire. Charlieu 23
P. -de-Dôme. Clermont.F. 25
Bhône. Lyon 24,
Saône-el- Loire. Chalon. 24.
— Màco'n 24 ,
iatjoie. Chambéry .. 26
Ille-Savoie. Annecy 25 ,
Prixmoyens 24.60 16.22 18.22 19.28
7° RÉGION. — SUD-OUEST.
Ariège. Foix 25.20 18.25
— Pamiers 26.50 16.50
Dordog?^e. Bergerac. .. . 2550 18.00
Hle-G aron ne. Toaloase. 2,t.20 13.50
— St-Gaudens 25.00 17.00
Gecs. Condom 26.25 »
— Eauze 26.00 »
— Mirande 25.70 »
Gironde. Bordeaux 25.50 18. 0>
— Bazas 26.25 18.50
Landes. Dax 27.00 19. 75
Z-oi-ef-Goronne. Agen. .. 26.50 19.00
— Nérac 26.75 »
B. -Pxjrénées. Bàyonne.. 27.00 »
Iltes-Pyrénces. Tdrhes.. 26.25 17.50
Prixmoyens 26.0^ 18.10
8' RÉGION. — SUD.
Aude. Casteinaudary... 25 85 »
^«eyron. Rodez 23.00 17.25
CaniaL Mauriac 25.35 21.50
Corrère. Tulle 2'i.75 18.00
Hérault. Bé/iiers 27.25 18.50
— Cette 27.00 »
Lot. Càhors 26.00 17.00
Lozère. Mende 24.70 18.65
P(/)'é?i(;es-Oc. Perpignan. 27.75 20.00
Tarn. Aibi 26.50 »
Tarn-et-r/a)'. MontauDan 26.50 18.50
— MoissQC 25.00 18.00
18.50
18.75
18.50
»
18.25
19.50
20.50
20.25
20.50
21.50
20.00
21.00
20.75
19.50
21.00
20.50
19.00
18.25
18.45 20.09
20.00
20.50
23.25
18.50
21.75
20.50
17.75
17.70
25.00
19.25
21.00
22.00
18.25
20.50
»
17.50
18.65
18.40
»
19.25
19.50
20.60
49 16.50 18.29 19.01
Prixmoyens 2S.80 18.60
9" RÉGION. — SUD-EST
Basses-Alpes. Manosque 27.60
Hautes- Alpes. Briançon. 27.50
Alpes-Maritimes. Cd.n\\&i 26.00
Ardèche. Privas 26.35
B.-du-Bhône. Arles.... 26.00
Drame. Valer.ce 25.00
Gard. Nimes 25.75
//ai(ie-/,oi>e. Brioude. . . 25.00
Far. Dra^uignan 25.75
Vaucluse. Avignon 25.50
Prixmoyens 2S.05 18.87 17.35 19.41
Moy. de tonte la France 24.65 16.79 18.21 19.i'i
— de la semaine précéd. 24.77 lo.92 18.22 19.37
Sur la semainelHausse. » » » o.07
précédente.. JBaisse.. 0.12 0.13 0.01 »
»
25
00
19.00
20
00
17.25
17
.".0
18
00
13.35
17
15
19
20
»
15
00
»
16.50
IS
75
»
17
50
17
25
18.25
(9
25
19
00
»
18
00
18
50
»
19
00
512 REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
Blé Seigle. Orge. Avoine
fr. fr. fr. fr.
, ( blé tendre. .. 24.75 » » »
Algérie. '^^^^''I blé dur 2300 » lh.2h 1,^.00
Anqleterre. Londres 24.80 » 19.2.S 19. .50
Beloioue. Anvers 24.00 M .2h 16.25 17.50
I_ Bruxelles 24.75 17.00 »
_ Liège 23.85 17.75 20.50 18.00
_ Namur 22.50 16.75 20.00 15.50
Pays-Bas. Amslerdani 24 . 05 17.10
Luxembourg. Luxembourg 24.50 •> « 18.50
Alsace-Lorraine. Strasbourg 24.50 18.25 17.25 17.50
_ Mulhouse 23.25 17.75 16.25 18.50
_ Colmar 24 80 18.00 17 80 16.75
AUernaqne. Berlin ■ 23.25 18.10 »
_ Cologne 26.25 18.75
_ Hambourg 23.10 18.10
Suisse. Genève 26 25 » » 21.75
Italie. Turin 25.25 20.25 17.75 18.50
Èsnaqne. Valladolid 24.50 » »
Autriche. Vienne 21.75 15.75 16.25 14.
Hongrie. Budapeslh 22.50 16.00 16.50 14.0
Russie. Saint-l'étersbourg.. 22.00 15.60 •• 13.75
Etats-Unis. ISew-York 22.40 » » »
glgs^ — La semaine qui s'achève a été meilleure que la précédente sous le
rapport des circonstances météorologiques : moins de pluie et plus de chaleur.
Les blés en ont subi l'heureuse influence; la vég-étation est active dans la plupart
des régions; on compte sinon sur une récolte d'excellente qualité, au moins sur
une bonne moyenne. A l'étranger, la situation est toujours indécise. Deux faits
sont néanmoins certains, c'est que les Etats-Unis et la Russie n'auront que des
récoltes médiocres, et que, dans l'un et l'autre pays, il y aura un déficit notable
sur la récolte de 1882. — A la halle de Paris, le mercredi 27 juin, il n'y a eu
que peu de transactions. Les cours sont demeurés sans variations, de 24 fr. 50
à 27 fr. par 100 kilog. ou en moyenne 25 fr. 75. — Sur le marché des blés
à livrer, on cote en baisse : courant du mois, 25 fr. 50 ; juillet, 25 fr. 50 à 25 fr.
75; juillet et août, 25 fr. 75 à 26 fr. ; quatre derniers mois, 27 fr. — Au Havre^
il n'y a que peu d'affaires sur les blés d'Amérique; les prix se soutiennent sans
changements. — A Marseille, il y a eu plus d'activité dans les transactions que
la semaine précédente; les arrivages de la semaine ont été de 214,000 quintaux
environ- le stock est actuellement de 117,000 quintaux dans les docks. On cote
par 100 'kilog. : Red-winter, 27 fr. 50; Pologne, 25 fr. 50 à 26 fr. ; Irka, 26 à
26 fr. 50; Azima, 23 fr. 25 à 24 fr. 50; Danube, 23 fr. 50 à 24 fr, — A Londres,
les importations de blé ont été de 302,000 quintaux métriques depuis huit jours;
les ventes sont faciles, mais les prix sont faibles; on cote de 23 fr. 80 à 25 fr. 80
par 100 kilog., suivant les qualités et les provenances.
Farines. — Les transactions sont peu importantes, et les prix des diverses
sortes varient peu. En ce qui concerne les farines de consommation, on cotait à la
halle de Paris le mercredi 27 juin : marque de Gorbeil, 60 fr. ; marques de
choix, 60 à 62 fr. ; bonnes marques, 57 à 59 fr.; sortes ordinaires, 54 à 56 fr.;
le tout par sacs de 159 kilog. toile à rendre ou 157 kilog. net, ce qui corres-
pond aux prix extrêmes de 34 fr. 70 à 39 fr. 80 par 100 kilog., ou en moyenne
37 fr. 40 ; c'est une hausse de 0 fr. 45 sur le prix moyen du mercredi précédent.
Pour les farines de spéculation, on cotait à Paris le mercredi 27 juin au soir :
farines neuf -marques^ courant du mois, 57 fr. 50 à 57 fr. 75; juillet, 57 fr. 75
à 58 fr. ; juillet et août, 58 fr. à 58 25 ; quatre derniers mois, 59 fr. 25 à 59 fr. 50;
le tout par sacs de 159 kilog. toile perdue ou 157 kilog. net. — Les prix des
farines deuxièmes restent fixés de 25 à 30 fr. ; ceux des gruaux, de 46 à 57 fr.
Seigles. — Les prix sont plus faibles. On paye à la halle de Paris 15 fr. à
15 fr, 50 par 100 kilog. suivant les sortes. Il y a peu d'affaires sur les farines,
qui sont vendues de 23 à 25 fr. par quintal métrique.
Orges. — Les prix sont sans changements. On paye à la halle de Paris 17 à
18 fr. par 100 kilog. Les escourgeons valent aussi i7 fr. à 18 fr. — A Londres,
il a été importé 28,000 quintaux depuis huit jours; les prix se maintiennent de
18 à 20 fr. 50.
Avoines. — Les demandes sont peu actives, et les prix sont plus faibles. On
paye à la halle de Paris 18 fr. à 20 fr. 25 par 100 kilog. suivant les sortes. —
A Londres, il a été importé 13),00J quintaux d'avoines depuis huit jours ; les
prix sont faibles de 18 fr. à21 fr. par quintal métrique.
DES DENRÉES AGRICOLES (30 JUIN 1883). 513
Sarrasin. — Les prix sont assez faibles. On paye à la halle de Paris 17 fr. à
17 fr. 50 par lOOkilog.
Maïs — Les ventes sont assez difficiles. On vend, au Havre, 15fr. 75 à 16 fr. 25
par 100 kilog. pour les maïs d'Amérique.
IV. — Vins, spiritueux, vinaigres, cidres.
Vins. — L'anxiété persiste toujours dans un grand nombre de vignobles du
Centre et de l'Est sur la manière dont la vigne va passer la lloraison. Dans le
Midi, la période critique est passée ; rarement les vignes ont eu un aussi bel
aspect, et il est permis de compter sur une abondante vendange ; nous parlons,
bien entendu, des vignes non atteintes par le phylloxéra. Si le temps redevient
un peu meilleur, il sera possible que la coulure ne fasse pas de trop grands dégâts
dans les parties les plus septentrionales. En Algérie, la situation est très bonne ;
la prochaine récolte donne les plus grandes espérances. Le commerce est toujours
calme ; dans la plupart des centres, les affaires sont tout à fait restreintes, il n'y
a pas de variations sensibles dans les prix, et il serait dii'iicile qu'il en fut autre-
ment ; les petits vins sont toujours délaissés. A Cette on cote actuellement les
vins d'Espagne par hectolitre : Alicante, 40 à 45 fr. ; Catalogne, 33 à 34 fr. ;
Mayorque, 28 à 30 fr. ; les vins d'Italie valent 42 à 43 fr.
Spiritueux. — La situation est toujours la même : peu d'affaires et maintien
des prix pour les diverses sortes. Sur les marchés du Midi, on cote par hectolitre :
Cette, trois-six bon goût disponibles, 100 à 105 fr. ; Béziers, trois-six bongoiît, 103
fr. ;marc, 93 fr.; Pézenas, trois-six bon goût 102 fr.; marc, 94 fr. ; Montpellier, trois-
six bon goût, 100 fr. ; marc, 90 fr. — A Cognac, les eaux de vie 1878 à 1880
valeur : Borderies, 220 à 225 fr. ; fin bois, 210 à 220 fr. ; bons bois, 200 à 210 fr. ;
bois éloignés, 19 J à 200 fr. — Sur les marchés du Nord, il y a peu de ventes,
sans changements dans les prix. On cote à Paris : 3|6 fin Nord, 90 degrés, 1'" qua-
lité, disponible, 48 fr. 75 à 49 fr. ; juillet, 49 fr. 50; juillet et août, 49 fr. 75;
quatre derniers mois, 50 fr. 50 Le stock était, au 27 juin, de 18,675 pipes, contre
16,300 en 1882.
Raisins secs. — Peu de ventes, et maintien des prix. On paye à Cette par
100 kilog. : Corinthe, 55 à 56 fr. ; Thyras purs, 47 à 48 fr. ; Samos muscats,
45 à 47 Ir.; Vourlas, 45 à 48 fr.; Beyrouth, 37 à 38 fr.
V. — Sucres. — Mélasses. — Fécules. — Glucoses, — Amidons. — Houblons,
Sucres. — Les affaires sont toujours calmes sur les sucres, et les prix sont
faibles pour toutes les catégories ; il y a même un mouvement de baisse assez
accentué sur les sucres bruts. On paye à Paris, par 100 kilog. : sucres bruts
88 degrés ^accharimétriques, 52 fr. 75; les 99 degrés, 60 à 60 fr. 25; sucres
blancs, 60 fr. à 60 fr. 25. — Le stock était, au 27 juin, de 476,000 sacs pour
les sucres indigènes, avec une diminution de 39,000 sacs depuis huit jours. —
Le mouvement est le même pour les sucres raffinés, qui valent de 104 à 10 b fr.
par quintal métrique à la consommation; et de 64 fr. 50 à 67 fr. pour l'expor-
tation. — A Londres, les affaires sont très calmes, avec des prix faiblement tenus.
Mélasses. — Les prix sont sans changements. On paye à Paris : mélasses de
fabrique, 11 fr. par lOOkilog.; de raffinerie, 12 fr.
/^ecw^/'5. — Maintien des cours. On paye à Paris 39 à 40 fr. par 100 kilog. pour
les fécules premières du rayon ; à Compiègne, 40 fr. pour celles de l'Oise.
Houblons. — Les houblounières présentent toujours de très bonnes apparences.
Il y a très peu de ventes sur les houblons de l'aînée dernière ; les prix accusent
toujours de la fermeté. On cote de 510 à 620 fr. par lOOkilog. suivant les qualités,
sur les marchés du Nord.
VI. — Huiles et graines oléagineuses. — Tourteaux.
Huiles. — Il y a peu d'offres, et les prix accusent une grande fermeté. On paye
à Paris par 100 kilog. : huile de colza en tous fûts, l(i3 fr. 50; en tonnes, 105 fr.;
épurée en tonnes, 1 13 fr. ; huile de lin en tous fûts, 57 fr. 50; en tonnes, 59 ir. 50.
Les affaires sont toujours calmes sur les marchés du Nord, sans variations dans
les cours. Dans le Midi, les huiles d'olive se vendent toujours aux mêmes prix.
Graines oléagineuses. — On cote dans le Nord par hectolitre : graine de colza,
22 à 24 fr. ; d' œillette, 25 fr. à 26 fr. 50; de lin, 18 à 19 fr. ; de cameline, 13 fr.
à 13 fr. 50.
Tourteaux. — Les prix sont bien tenus. On paye à Marseille par 100 kilo^. :
tourteaux de lin, 16 fr. 75; d'arachide en coques, 10 fr. 25; décortiquée, 14 fr. ;
5U REVUE COMMERCIALE ET PRIX COURANT
de sésame, 13 fr. à 13 fr. 75 ; de coprah, 12 fr. 50; de colza, 12 fr. 50; d'oeillette,
12 fr. 75 ; de citon, 12 fr. ; de pal làste, 12 fr. ; de ravison, 12 fr. 25.
Engrais — A Dunkerque, on paye les nitrates de soude 30 fr, par 100 kilog.
VII. — Matières résineuses, textiles.
Chanvres. — Les prix sont sans changements. En Anjou, on paye les chanvres
70 à 80 fr. par 100 kilog. suivant les quahtés.
Laines. — Les ventes sont toujours assez diTIiciles pour les laines nouvelles. Dans
la Beauce, on cote 1 fr. 70 2 fr. par kilog. en suint. Dans le Cher, les laines
communes valent 1 fr. 30 à 1 fr. 50; dans la Marne, on cote 1 fr. 50 à 2 fr. Les
ventes sont toujours activer aux enchères de Londres.
VIII. — Suifs et corps gras.
Suifs. — Il y a fermeté dans les prix. On cote à Paris 105 fr. par 100 kilog.
pour les suifs purs de l'abat de la boucherie; 7 S fr. 7t pour les suils en
branches.
Saindoux. — Les prix sont un peu plus fermes. On paye au Havre 134 à 135 fr.
par 100 kilog. pour les saindoux d'Amérique.
IX. — Beurres, — Œufs. — Promages.
Beurres. — Il a été vendu, pendant la semaine, àla halle de Paris, 260,108 kilog.
de beurres. Au dernier marché, on payait par kilog. : en demi-kilng., 1 fr. 90 à
3 fr. 30; petiis beurres, 1 fr. 64 à 2 fr. 30; Gournay, 3 fr. 20 à 2 fr. 26; Isigny,
2 fr. 14 à 5 fr. 96.
Œufs. — Du 18 au 23 juin, on a vendu à la halle de Paris, 5,226,615 œufs.
Au dernier jour on payait par mille : choix, 90 à 106 fr.; ordinaires, 60 à 78 Ir.;
petits, 52 à 58 fr.
X. — Chevaux, bétail, viande.
Chevaux. — Aux marchés des 20 et 23 juin, à Paris, on comptait 1,035 che-
vaux; sur ce nombre, 335 ont été vendus comme il suit :
Amenés. Vendus. Prix extrêmes.
Chevaux de cabriolet 20.Ï 47 19.Ô à 1 ,020 fr.
— de trait 285 «4 225 à 1,200
— hors d'âge 419 98 18 à 1.095
— à l'enciière 45 45 30 à 42.3
— de boucherie 81 81 20 à 190
Bétail. — Le tableau suivant résume le mouvement officiel du marché aux bes-
tiaux de la Villette, du jeudi 21 au mardi 26 juin :
Poids Prix du kilog. de vian'ie nette sur
pied au marché du 25 juin.
Pour Pour En 4 quartiers, l"""
AmpnpQ_ Parî<;. l'pTfpripnr lnt.;ilil.p._ Uil. ail.li
Bœufs
Vaciies ....
Taureaux . .
Veaux
Moutons . . .
Porcs gras.
La vente a été très facile pour toutes les catégorie-^ d'animaux ; il n'y a d'excep-
tion que pour les veaux. Au-^si les prix qui avaient un peu baiss^, sont-ils en
reprise depuis huit jours, principalement en ce qui concerne le gros bétail et les
moutons. — Sur les marchés des départements, on cote : Le Mans, bœufs, 1 fr. 70
à 1 fr. 80 par kilog. de viande nette sur pied; vaches, 1 fr. 60 à 1 fr. 70; veaux,
1 fr. 75 à 1 fr. 85; moutons, 2 fr. 05 à 2 tr. 15; agneaux, 2 fr. 10 à 2 fr. 20; —
Orléans-, \ œu s, ù fr. 72 à o (r. 82 par kilog. sur piei ; vaches, 0 fr. 72 à 0 Ir. 82 ;
veaux 1 fr. à 1 fr. 20; moutons, 0 fr. 75 à ù fr. 93; — Nancii, bœuf, 96 à 103 Fr. :
vache, 75 à 97 (r ;"veau, 112 à 130 fr.; mouton, 105 à 111 fr.; porc, 74 à 79 fr.;
— Dijoi,^ bœuf, 1 fr. 60 à 1 fr. 82; vaches, 1 fr. 20 à 1 fr. 70; vean (poids vif),
0 fr; 96 à 1 fr. 12; moutons, 1 fr. 80 à 2 fr. 10; — Bourg, bœuf, 0 fr. 76 à
0 fr. 90; veaux, 0 fr. 33 à 1 fr.; pires, 0 fr. 78 à 0 fr. 94; — Nîmes, bœufs,
1 fr. 45 à 1 fr 65 ; vaches, 1 fr. 30 à 1 fr. 55 ; moutons, 1 fr. 76 à 1 fr. 82 ; brebis,
1 fr. 30 à 1 fr. 60; agneaux, I fr. 05 à 1 fr. 10; — Genève, bieufs, 1 fr. 60 à
1 fr. ^0; veaux (sur pied), 0 fr. 90 à 1 fr. 10; moutons, 1 fr. 80 à 2 fr.;
A /.o?iti(/(?5, les importations d'animaux étrangers durant la semaine Hernière se
sont composées de 27,470 tê'es. Prix du kilog. : Bœuf, i fr. 52 à 1 fr. 99; —
■Veau : 2 IV. 05 à 2 fr. 34. — M'Hitoa : 1 fr. 87 à 2 fr. 28 ; ~ Agneau : 2 ir. 57 à
:a fr. 92.; — Porc : 1 fr. 52 à 1 fr- 7 5.
^ ,
Vendus
„, — -^
moyen
des
Pour
Pour
En 4
quartiers.
Amenés.
Paris. 1
l'extérieur.
totalité.
kil.
4,793
2,927
1,490
4,417
341
1,3(:6
779
444
1,223
230
2H4
228
44
272
378
3,896
2,154
l,31i3
3,470
76
3 4,.') '+6
22,409
10,032
32,441
20
6,544
2,447
4,097
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Prix
quai.
quai.
quai.
moyen.
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1.72
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1.70
1.78
1.54
1.34
1.55
1.64
1 48
1.3S
1.50
2 no
1.8o
1.50
1.78
2.20
2.06
1 82
2.02
1 .56
1.50
1.44
1.50
DES DENRÉES AGRICOLES (30 JUIN 1883). 515
Viaiide à la criée. — Il a été vendu à la halle de Paris, du 18 au 24 juin :
Prix du kilog. le 25 juin.
kilog. 1" quai. 2° quai. 3" quai. Choix. Basse Boucherie.
Bœufou vaclie... 168,935 1.68 à 2.10 1.46 à 1.66 1.00 à 1.44 1.60 à 3.00 0.20 à 1.40
Veau 222,919 1,82 2.10 1.60 1.80 1.26 l.r.S 1.36 2. 40 - »
Mouton 52,481 1.52 1.94 1.30 1.50 0.86 1.28 1.80 3.60 «
Porc 43,456 Porc frais 1.30àl.6u salé, 1 .30 à 1 .40
487,791 Soitparjour 69,684 kilo-.
Les ventes ont été inférieures de 1,000 kilog. environ par jour à celles de la
semaine précédente. Les prix de toutes les sortes sont faibles.
XI. — Cours de la viande à l'abattoir de la Villclte du 28 juin {par 50 kilog.)
Courts de la cJiarculerie. — On vend à la Villctte par 50 kilog. : V qualité,
80 à 85 fr. ; 2% 7b à 80 fr. ; poids vifs, 55 à 60 fr.
Bœufs. Veaux. Moutons.
1'° 2» 3" 1" 2" 3' ' 1'" 2" 3"
quai. quai. quai. q al. qiial. quai. quai. quai. quai.
fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr. fr.
87 80 73 100 94 8i 93 88 80
XII. — Marche' aux bestiaux de la Villette du jeudi 28 juin 1883.
Cours des commissionnaires
Poids Cours officiels. en bestiaux.
AnimaHx gênerai. 1" 2° 3° Prix 1'° T 3° Prix
amenés. Invendus. liil. quai. quai. quai, extrêmes. quai. quai. quai. extrêmes.
Bœufs 2.422 200 360 1.68 1.70 1.48 1.40àl.92 1.80 i.63 1.46 1.38 àl. 90
Vaclies 551 79 232 1.78 1.52 1 30 1.20 1.82 1.76 1.50 1.30 1.20 1.80
Taureaux... 185 13 Ti'o H. 60 1.46 1.36 1.30 1.64 1.58 1.46 1.30 1.28 t. 62
Veaux 1.495 254 79 1.90 1.80 1.46 1.36 2.10 » » » »
Moutons 19.4'28 1.432 19 2.12 2.00 1.78 1.60 2 16 » » » »
Porcs gras.. 4.172 » 83 l.6/i 1.58 1.52 1.44 1.68 » » »
— maigres.. » > u»»»»»»»])»
Vente assez active sur toutes les espèces.
XIII, — Résumé.
Les cours de la plupart des denrées n'ont subi que de très faibles variations
depuis notre précédente revue. A. Remy.
BULLETIN FINANCIER
La semaine est très agitée. Après un mouvement ppesque continu de hausse,
la baisse ramène las taux des fonds d'Etat aux cours de la semaine précédente.
On paye les valeurs françaises : 3 pour 100, 78 fr. 95 ; — 3 pour 100 amortis-
sable, 81 fr. 10; — 4 et. demi pour 100, 109 fr. 50; — 5 pour 100, 108 fr. 25 ;
— au comptant.
Le mouvement de malaise est surtout accentué sur les valeurs des chemins de
fer et sur celles des grandes Sociétés de crédit. Oa cote : actions} de la Banque de
France, 5,300 fr.; Crédit foncier, 1,318 fr.; Comptoir d'escompte, 985 fr.; Banque
de Paris, 1,060 fr.; Crédit Jyonnais, 558 fr. 50; Société générale, 522 fr. 50 ; So-
ciété des dépôts et comptes courants, 575 fr. ; Banque franco-égyptienne, 582fr.£0.
Les titres des Compagnies de chemins de fer sont cotés : Nord, 1,926 fr. 25;
Orléans, 1/240 fr. ; Ouest, 775 fr. ; Paiis-Lyon-Méditerranée, 1,427 fr. 50; Est,
725 fr.; Midi, 1,170 fr. On attend avec impatience que la question des conven-
tions entre l'Etat et les Compagnies soit vidée.
La Compagnie parisienne du gaz est cotée à 1,380 fr. — Baisse sur les actions
du canal de Suez, à 2,4-J5 fr. — Les délégations restent à 1,320 fr. — Les actions
de Panama valent 485 fr. E. Féron-
Le gérant, A. Bouché.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS
DLJ DEUXIÈME VOLUME DE 1883
BARBAL (J.-.V). — Chronique agricole du
7 avril, .'j; — du 14 avril, 41 : — du 21 avril,
81; — du 28 avril, 121 ; — du 5 mai, 161 ;
— du 12 mai, 201; — du 19 mai, 2tl ; —du
26 mai, 281 ; — du 2 juin, 321 : — du 9 juin,
3G1; - du \n juin, 40l ; — du 2:i juin, 441 ;
— (lu 30 juiu, 481. — L'asfdiodèle, culture
et produits, 20. — Toast prononcé au
516
TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS.
banquet de l'exposition de Boston , 282.
BASTIDE. — Concours régional de Sidi-bel-
Abbès en 1883, PS, 227, 264, 350.
BEAUME. — Sur le concours de pompes à Sidi-
bel-Abbès, 248.
BEAUVILLIERS. — Nouvelles de l'état des ré-
coltes dans l'Aube, 88.
BONCENNE, — Nouvelles de l'état des récoltes
dans la Vendée, 169. — La consoude ru-
gueuse du Caucase, 191.
BONNET. — Conclusions de la Commission sé-
natoriale d'enquête sur le repeuplement des
eaux, 444.
Bosc (Ernest). — La situation dans les Alpes-
Maritimes, 179.
BOUCHARD. — Dosage de l'alcool et de l'extrait
dans les vins d'Anjou, 92. — VAbies bracleata
en Anjou, 144. — Constatation du phylloxéra
dans Maine-et-Loire, 402.
BRAMDIN. — Sur les changements à introduire
dans la culture da Centre, 108.
BRÉZENAnD(K. de). — Création d'une pépinière
de vignes américaines, à Bourg-Saint-An-
déol, 8.
CASSÉ. — Le travail dans les fermes, 137. —
La situation en Normandie, 18.5.
CHABANEix. — Cûucours régional de Digne,
41.Ô.
CHABOT-K ARIEN . — Pisclculturc : le saumon
de Californin, 142. — Sur la création de
grands établissements de pisciculture, 346.
— Pierre Carbonnier, 432. — La pisciculture
à Huningue, 472.
CHAMFIN (Aimé). — Le bouturage en fossés,
259.
cocHERT. — Discours prononcé au concours
régional de Blois, 409.
COURRÉGELONGUE. — Rapport sur les prix
culturaux dans l'Ariège, 305.
CULERON. — Emploi du sulfocarbonate de po-
tassium contre le phylloxéra dans le Midi do
la France, 101. — Réponse à M. Mouillefert,
324.
DAMPiERRE (E. de). — Plantation de la vigne
dans les sables, 51.
DAVID (Stephen). — Etudes sur le topinambour,
465.
DEHÉBAIN. — Association des chimistes de
distillerie et de sucrerie, 311. — Discours à
l'inaugural'on du monument de M. Dutertre
à Grignon, 328.
DESFREZ (F.). — Culture du blé dans le Nord,
63.
DUPONCHEL. — Sur les alluvions artificielles,
332, 373,411.
DUPUT-MONTBRUN. — Cultures dans le Tarn
et la Haute-Garonne, 32. — Réunions viti-
coles de Montpellier, 66.
DTJROSELLE. — Moyens pratiques de venir en
aide à l'agriculture française, 146.
DTBOWSKi. — Exposition printanière de la So-
ciété nationale d'horticulture, 30. — Exposi-
tion générale des produits de l'horticulture,
348.
FÉRON. — Bulletin financier du 5 mai, 200;
— du 12 mai, 240; — du 19 mai, 280; —
du 26 mai, 320; — du 2 juin, 360; —du
9 juin, 400; — du 16 juin, 440; — du 23 juin,
480; — du 30 juin, 514.
FOEX (G.). — Lettre sur la viticulture en Algé-
rie, 496.
FOUCBER DS CAREiL. — Les haras en 1883, 451 ,
500.
FRANC. — La prime d'honneur de l'Indre en
1882, 56, 133, 180.
WI.SFABIN (Paul de). — Des terrains salants
du Sud-est, 90. — La lutte contre le phyl-
loxéra, par J.-A. Barrai, 170. — Constitution
physique et chimique des terrains vignobles
traités par la submersion dans le sud-est de
la France, 371.
GATTDOT. — L'exploitation du quinquina, 377.
GENNADius. — La situation agricole en Grèce.
l!tl. '
GOFFART. — Lettre au président de la Société
des agriculteurs de France sur la découverte
de l'ensilage des fourrages verts, 125.
ORÉA. — Vœu du Comice de Lons-le-Saunier
sur le commerce des vins, 402. — Les pro-
jets de logements à bon marché, 463.
HOVDAILX.E DE RAiLLY. — Sur les change-
ments à introduire dans la culture du Centre,
186,211.
JACQUOT. — Nouvelles de l'état des récoltes dans
les Vosges , 408.
JOLY (Charles). — Les arrosages par les norias
en Espagne, 136. —Les arbres géants de la
Californie, 253.
LADUREAU. — Causes de la diminution de la
culture du lin dans le Nord, 249.
LA MORVONNAis (de). — Nouvelles de l'état
des récoltes dans l'Ule-et-Vilaine, 11. —
L'échange des parcelles de terrains, 105. —
La culture du panais en Bretagne, 287. —
Concours régional de Vannes, 379.
LAMOTHE (L. de). — Situation agricole dans le
Périgord, 191.
r.A TRÉHONNAis (de). — Les reproducteurs au
concours de Paris, 24. — Expériences sur le
tourteau de coton, 72. — Une ferme fruitière
en Angleterre, 97. — Simples conseils pra-
tiques aux jeunes éleveurs, 222. — Concours
régional de Bourg, 296, 391. — Concours ré-
gional de Troyes, 425.
lAVERRiÈRE. — Lord Vernon, 273. — Con-
cours régional de Rochefort, 505.
lE BIAN. — Sur la culture du panais fourrager, 130.
LENTiLHAC (de). — Situation agricole dans le
Périgord, 153, 354. — Nouvelles de l'état des
récoltes dans la Dordogne, 408.
Z.ETERRIER — Bulletin financier du 7 avril,
40; —du 14 avril, 80; —du 21 avril, 120;
— du 28 avril, 160.
lEYHissoN. — Nouvelles de l'état des récoltes
dans Lot-et-Garonne, 88, 355.
MAISTRE (Jules). — La vigne et la sécheresse,
113.
MÉHEUST (Pierre). — Le pommier en Bretagne,
220.
MÉLiNE. — Discours prononcé à Remiremont
(Vosges), 41. — Discours prononcé au con-
cours régional d'Amiens, 287; — de Troyes,
330; — de Caen,470, 491. — Circulaire rela-
tive à la conotalation de la péripneumonie
contagieuse et à la délivrance des ordres
d'abatage, 448. — Discours à la Société cen-
trale d'horticulture, 325. — Circulaire sur les
travailleurs militaires agricoles, 444. — Dis-
cours prononcé à la Société nationale d'agri-
culture dans sa séance soletmelle, 489.
MENUDIER. — Sur les concurrents au prix de
300,000 francs, pour la destruction du phyl-
•lovera, 70.
miNGASSON. — Discours prononcé au Comice
d'Auliigny-sur-Nère, 377.
MOUILLEFERT. — Emploi du sulfocarbonate
contre le phylloxéra, 22. — Emploi pratique
du sulfocarbonate de potassium, 151.
MULLER(Paul). — Le houblon en Europe, 69.
— La loi sur la police de la chasse en Al-
sace-Lorraine, 216. — Le commerce inter-
national des Etats-Unis, 389.
NAUDIN. — Effets des gelées de mars dans le
Midi, 12. — Le rôle des forêts en Algé-
rie, 12.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS.
517
NEBOUT. — Nouvelles de l'état des récolles dans
l'Allier, 169, 487.
OUNOUS (L. d'). — Nouvelles de l'état des ré-
coltes dans l'Ariège , 11, 487.
Partie officielle. — Séance du 20 avril 18S3 du
Conseil supérieur de l'agriculture, l'M. —
Décret relatif aux bureaux de douane ouverts
à l'importation et au transit du bétail, 2:)'2.
— Décret relatif aux ports de mer ouverts
à l'exportation du bétail, 233. — Arrêté
sur la désinfection des locaux déclarés in-
fectés, 3G5 ; — sur celle du matériel em-
ployé au transport des animaux par terre et
par eau, 369; — sur celle des wagons ayant
servi au transport du bétail, 474. — Ariêlé
créant un concours de magnaneries dans la
Drôme, 405. — Séance du 22 juin du Conseil
supérieur de l'agriculture, 482.
PETïT-lAFiTTE. — Nouvelles de l'état des ré-
coltes dins la Gironde, 88, 211. — Situation
agricole dans la Gironde, 39,").
EYRAT (du). — Discours prononcé au concours
régional de Digne, 393.
FEYRUSSON. — Sur les dangers de l'introduc-
tion de la viande de porc d'Amérique en
France, 169.
FicHARD. — Cause véritable de l'appauvrisse-
ment en tartre des vins plâtrés, 149.
FicoT DE FLÉDRAN. — Sur la culture de la
consoude rugueuse du Caucase en Bretagne,
407.
FLUiHEAV. — Pétition de la Société d'agricul-
ture de la Gironde sur le commerce des vins,
46.
PONCINS (de). — Sur le concouis d'animaux re-
producteurs à Paris, 49.
pouiLLET (Eug.). — Jurisprudence rurale,
264.
PRiLLiEUX. — Maladie des sainfoins en Sain-
tonge, 419.
RAiBAUD-rANGE. — Nouvelles de l'état des
récoltes dans les Basses-Alpes, 89.
RAVoux. — Les froidstardifs dans le Midi,
193.
REiSET. — Observations sur le lait bleu,
13.
REMY. — Revue commerciale et prix courant
des denrées agricoles du 7 avril, 34; ^ du
14 avril, 74; — du 21 avril, 114; —du
28 avril, 154; —du ornai, 194; — du 12
mai, 234; — du 19 mai, 274; — du 26 mai,
314 ; — du 2 juin, 354 ; — du 9 juin, 394 ;
— (lu 16 juin, 434; — du 23 juin, 474 ; —
du 30 juin, 509.
RENDU. — Météorologie du moisde mars 1883,
.')5 ; — du mois d'avril, 218 ; — du mois de
mai, 431.
RiQAL. — Concours des prix jculturaux dans
l'Ariège, 305. — Concours régional agricole
de Foix, 337, 394.
SAGNiER (Henry). — Bibliographie agricole,
29, 302, 344. — Société nationale d'asricul,
ture; séances hebdomadaires, 33, 73, 89-
1.53, 193, 234, 274, 315, 3.54, 394, 434, 450.
— Nouvelles machines construites p=ir M. Al-
baret, 61. — Presse à fourrages du système
Albaret, 144. — Les puits instantanés et la
poiTipe Douglas 218. — Concours régional
d'Amiens, 268. — - Inauguration du monu-
ment de M. Dutertre à Grignon, 327. — Le
troupeau mérinos de Passy-en-Valois, 330. —
Comice agricole d'Aubigny-sur-Nère, 376. —
Faucheuses et moisssonn uses Hornsby, 420.
— Concours régional de Blois, 457. — En-
greneusc pour les machines à battre, 464. —
Grande batteuse du système Pécard, 499. —
Séance solennelle de la Société nationale
d'agriculture, 489.
SALOmoN. — Comptabilité agricole ; avant-pro-
pos, 412.
SANSON.. — Sur la race bovine auvergnate, 17.
— Valeur nutritive des marcs de raisins secs,
293. — La situation des southdowns en An-
gleterre, 422.
SARDRiAC (L. de). — Alambics du système
Valyn, 23. — Bonde automatique du système
Serre, 184. — Scarificateur-cultivateur Du-
rand, 226.
SEiLiAM. — Vœu de la Société d'agriculture
de Mirande sur le commerce des vins, 445.
SOULAS. — Concours d'animaux gras de Cha-
lon-sur-Saône, 49.
THiBAUDiN. — Circulaire relative aux militaires
mis à la disposition des cultivateurs, 244.
TOCHON. — Coucours de greffes de la vigne
dans la Savoie, 124.
VAVIN. (Eug.). — L'alkekenge, 107.
VERQNES. — Pétition du Comice de Marcillac
sur le commerce des vins, !J07.
VERMOREL. — Vœu du Comico du Beaujolais
sur le commerce des vins, 446.
viALUi. — Lettre adressée au nom de la So-
ciété d'agriculture de l'Hérault sur les travaux
de M. Pasteur, 321.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES GRAVURES NOIRES
Alambic du système Valyn, petit et grand
modèle, 24.
Arbres géants de la Californie. — Carte des
routes conduisant aux arbres géants, 255. — ■
Vue du Grizzly Giant^ daus le Mariposa
Grave, 256. — Vue de la base du môme arbre,
257. — Vue de la base du Dead Giant, 258.
Asphodèle tubéreux : racines, 21.
Batteuse à grand travail, avec aspiration tan-
gentielle, du système Pécard, 500.
Bidon doseur do M. Culeron pour le traitement
des vignes par le sulfocarbonato de potassium;
coupe verticale et horizontale, 102, 103.
Bonde automatique du système Serre, ouverte
84. — Bonde automatique fermée, 185.
Egrenoir à maïs du système Albaret,* 61.
Engreneuseautomatique pourmachines abattre,
construite par M. Demoncy-Minelle, 464.
Faucheu.v-e Hornsby munie d'un apimreil mois-
sonneur, 420.
Hache-maïs Albaret, muni de son élévateur, 62.
Malt'3rie. — Vue d'un atelier de miltige, 345.
Marcottage d'une branche d'arbre, 344.
Moissonneuse-lieuse du système Hor.isby, 421.
Noria espagnole pour l'arrosage, 137.
Pâturage clos avec la ronce artificielle de
M. Piltcr, 303.
Plan du concours régional de Sidi-bel-Abbss,
175.
Pompe Douglas fonctionnant sur un puits in-
stantané, 219.
Presse à fourrages continue du système Albaret,
145.
Quinquina (arbre à), 378.
Ronce artificielle de M. Louet, à Issoudun,
30 't.
Scarificateur-cultivateur du système de M. Du-
rand, 227.
Thé. — Vue d'une culture dans les Indes an-
glaises, 345.
518
TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES.
TABLE ANALYTIQUE DES MATIERES
Académie des sciences. — Prix décernés pour
des travaux an-ricoles, 44. — Publications rela-
tives au phylloxéra, 402.
Alfîérie — Rôle des forêts en Algérie, 12. —
Excursion des élèves de Montpellier en 1883,
127. — Concours de Sidi-bel-Abbès, 139, 173,
227, 264, 3.Ô0. — Culture de la vigne dans les
sables d'Algérie, 283. — Impulsion à donner
à la viiiculture en Algérie. 196.
Alkekenge. — Culture et produits, 107.
Alluvions. — Projet de M. Duponchel pour la
feitilisation des Landes par les alluvions arti-
ficielles, 81, 332, 37-3, 41 L
Angleterre. — Organisation d'une i'erme frui-
- lière, 97.
Animaux reproducteurs. — Vente de béliers à
. Grignon, 10, 204. — Vente de taureaux et de
béliers par la Société d'agriculture de l'Indre,
48. — Vente de béliei-s southdowns chez
M. Nouette-Delorme, 8â. — Vente de taureaux
schwytz par le Comice de Wassy, 127. —
- Vente d'animaux durham à Corbon, 204-
Arboriculture. — Catalogne d'arbres et d'ar-
bustes d'ornement,50. — L'arboretum de
Segrez, 86. — Une ferme fruitière en .4n-
gleterre, 97. — L'abies fyicteata en Anjou,
144. — Arboriculture IVu.l.^ le, 207.
Asphodèle» — Culture et produits qu'on en re-
tire, 20.
Battage. — Grande batteuse du système Pécard,
à aspiration tangentielle, 499.
Bétail. — Sur la race bovine auvergnate, 17. —
Les animaux leproducteurs au concours de
- Paris, 24 , 49. — Conseils pratiques aux jeunes
éleveurs sur le choix des races, 222. — Création
d'un herd-book de la race normande, 242, 450.
Betteraves. — Appréciations sur les semailles
et la végétation, 10. — Nouvelles méthodes
de culture des betteraves, 449.
Bibliographie agricole. — La lutte contre le
•phylloxéra,, par i.-k.. Ëarral, 29, 170. —
Chimie théorique et pratique des industries
du sucre, par M. Le Play, 207. — Les pâtu-
rages, les prairies naturelles et les herhag^s,
par M. Heuzé, 302. — La submersion des
vignes, \mrM. Âmbroy, 324. — Lesplanies par
M. Léon Gérardin, 344. — Bulletin du minis-
tère de V agriculture, 403.
Bibliothèque. — Vente de la bibliothèque de
M. Decaisne, 205.
Blé. — Comptes de culture du blé dans le Nord,
63. — Tableau des récoltes de blé en France
de 1873 à 1882, 403.
Bonde automatique du système Serre, 184.
Bouilleui's de cru. — Proposition de loi relative
aux tolérances de la régie, 10.
Bourse. — Bulletin tinancier du 7 avril, 40 ; —
du 14 avril, 80; —du 21 avril, 120; — du
28 avril, 160; —du 5 mai, 200 ; — du 12 mai,
240 ; — du 19 mai, 280 ; — du 26 mai. 320;
— du 2 juin. 3 0 ; du 9 juin, 400 ; du 16 juin,
440; — lu 23 juin, 480; — du 30 juin, h\k.
Budget de l'agriculture. — Analyse du projet de
budget pour 1884, 122. — Extension du bud-
get de l'agriculiure, 494.
Californie. — Notice sur les arbres 'géants de
cette province, 253.
Canada. — L'agriculture au Canada, 209.
Centenaire du comte Adrien de Gasparin, à
Orange, 482.
Céréales. — Tableaux officiels de la récolte des
céréales en 1882, 403.
Charlon. — Vaccinations charbonneuses dans le
Cantal, 84.
Chasse. — Effets de la loi sur la police de la
chaise en Alsace-Lorraine, 216.
Chevaux. — Concours de chevaux de trait à
Paris, 166. — Juments de cavalerie en dépôt
chez les cultivateurs, 203. — • Les chevaux en
Bretagne, 381. — Vote par le Sénat du pro-
jet de loi sur la surveillance des étalons,
443. — Les haras en 1883, 4.^L .^00.
Chiens. — Exposition canine au concours de
Troyes, 129.
Chimie agricole. — Note sur les terrains salants
du sud-est, 90. — Dosage de l'alcool et de
l'extrait dans les vins d'Anjoii, 92 — Cause
de l'appauvrissement en tartre des vins plâ-
trés; dosage de la crème de tartre, 149. —
Association des chimistes de sucrerie et de
distillerie, 312. — Constitution physique et
chimique des terrains vignobles trr.ités par la
submersion dans le sud-est de la France, 371.
Chronique agricole du 7 avril, 5; — du 14
avril, 41 ; — du 21 avril, 81 ; — du 28 avril;
121 ; — du 5 mai, 161 : — du 12 mai, 201 ,
— du 19 mai, 241 ; — du 26 mai, 281 ; —
du 2 juin, 321 ; — du 9 juin. 361 : du I6juinj
401; — du 23 juin. 441; —'du 30 juin, 481.
Clavelée. — Disparition de cette maladie en Es-
pagne, 164.
Commerce agricole. — Revue commerciale et
prix courant des denrées agricoles du 7 avril,
34; — du 14 avril, 74; — du 21 a-vril, 1Î4:
— du 28 avril , 1 .54 ; — du 5 mai, 1 94 : — du
12 mai, 234 ; — du 19 mai, 274; — du 26 mai,
314; — du 2 juin, 354 ; — du 9 juin, 3% ;
— du 16 juin, 434; du 23 juin, 455; — du
30 juin, 510. — Commerce international des
Etats-Unis, 389.
Comptabilité agricole. — Son utilité et ses
avantages, 412.
Concours régionaux d'animaux reproducteurs.
— Relevé des déclarations pour les concours
de 1883. 47, 87 , 202. — Fêtes du concours de
Troyes, 128, 323. — Les étrangers dans les
concours régionaux, 129. — Concours ré-
gional de Sidi-bel-Abbès, 139, 173, 227, 264,
3.50. — Caractères des concours régionaux,
réformes à faire, 241, 361. 457. — Comptes
rendus des concours d'Amiens, 2b8; — de
Foix, 305, 337, 394; — de Bourg, 296, 391 ;
— de Troyes, .425 ; — de Vannes, 379 ; de
Digne, 393, 415; — de Blois 457 ; — deCaen,
441, 470, 491 ; — de Rochefort. 505.
Concours généraux agricoles de Paris. — Dis-
cussion sur l'exposition d'animaux reproduc-
teurs, 24, 49.
Concours d'animaux de boucherie. — Concours
de Chalon-sur-Saône, 49.
Concours divers. — Concours de la Société
d'agriculiure de Clermont, 9; — de l'Indre.
48; — de l'Aude, 48. Concours départemental
à Agen, 84 ; — à Limoges, 85; — dans l'Al-
lier, 85. — Concours du Comice de Seine-et-
Oise, 129; — du Comice d'encouragement à
l'agriculture de Seine-et-Oise, 129 ; — du
Comice de Seine-et-Marne, 130, 286; — de
la Société d'agriculture de la Gironde, 167;
— de Chalon-sur-Saône, 167 ; — du Comice
de Seurre, 206. — Concours agricoles en Bel-
gique, 246. — Exposition départementale à
Beaune, 28o. — Exposition internationale à
Hambourg, 286. — Comice d'Aubigny-sur-
Nère,371J.
Les concours agricoles de France et de l'étran-
ger, 481. — "(Concours de la Société agricola
et industrielle du Lot, 486.
Conseil supérieur de l'agriculture. — Compte
rendu de la séance du 20 avril. 131, 202. —
Nomination de nouveaux membres, 242. —
Compte rendu de la séance du 22 juin, 482.
TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES.
519
Consoudc rugueuse du Caucase. — Résultats
de la culture de cette j)lantc, 191, A07.
Crédit agricole. — Discussions sur le projet de
lui relatif au crédit agricole mibilir, IGl.
Dégrèvements. — La conversion de la rente et
les dégrèvements promis à l'agriculture,
]'2l. — Vote de la loi sur les échanges d'im-
meubles ruraux, 401.
Distillation. — Alambics du système Valyn,
23.
Droit rural — Qi^L^stions de chemins ruraux et
de possession d'arbres, 264.
Eaux. — Etude sur les eaux de l'arrondissement
de Saintes, 10.
Ecoles nationales d'agriculture, — Bulletin de
l'Association des anciens élèves île Grignon,
7. — Liste des élèves diplômés ea 1883, 127.
— Excursion des élèves de Montpellier en Al-
gérie, 127. — Monument de M. Dut'irtre à
Grignon. 244,327. — Concours pour des chaires
dans les écoles d'agriculture, 3(33.
Economie rurale. — Echange des parcelles de
terrain, lOi, 401. — .Sur les changements à
introduire dans la culture du Nord, 108; —
dans celle du Centre, 186, 211. — Le travail
dans les fermes, 137. — M.;iyens pratiques de
venir en aide à l'agriculture française, 14ù.
— Vote de la loi sur les échanges d'immeu-
bles ruraux, 401. — Vœux de la Société des
agriculteurs du Nord sur les mesures à
prendre en faveur de l'agriculture, 443. —
Les projets de logements à bon marché, 463.
Egrenoir à maïs système Albaret, 61.
Egouts. — Sur l'emploi agricole des eaux
d'égout, 34.
Engrais. — Discussion à la Société' nationale
d'agricultui'e sur le commerce des engrais,
74, 194.
Engreneuse automatique de M. Demoncy-
Minelie pour les machines à battre, 46 4.
Enseignement de l'agriculture. — La (evrce-
école du Lot, 9. — Projet de création d'une
école pratique d'agriculture dans les Vosges, ,
43. — Ecole d'agriculture à Andrinople, 45,
— Ouverture de six concours pour des chaires
départementales d'agriculture, 363. — Exa-
mens d'admission à l'Ecole pratique d'agri-
cuUure des Merchines, 404. — Ecole pratique
d'agriculture de la Drosse (Yonne), 486-
Ensilage des fourrages verts. — Lettre sur
l'historique de la découverte de l'ensilage, 12.3.
Etats-Unis. — Le commerce international de ce
pays, 389.
Exposition internationale de Boston. — Part que
doit y prendre l'agriculture frança-ise, 281.
ucheuse Hornsby dite Manchester, 420.
rets. — Rôle des forêts en Algérie, 12. —
Sur l'enseignement de la sylviculture dans les
fermes-écoles, 34, 395, 4.50. — Subvention
pour les travaux de reboisement, 206. — Les
arlires géants de la Californie, 253. — Kxa-
mens d'admission à l'Ecole forestière du
Nancy, 404.
Fumiers. — Concours pour" la préparation des
fumiers, 245.
Grèce. — Situation agricole, 191.
Hache-mais m»jni d'un élévateur système Al-
baret, 62.
Haras. — Aperçu sur les changements produits
dans cette institution, 481, 500,
Horticulture. — ■ Exposition printanière de la
Société nationale d'horticulture, 30. — Expo-
sition d'horticulture à Lille, 86 ; — à Mos-
■ u, 128. — Exposition générale de Paris,
5, 325, 348. — Exposition à Nice, 246; —
Orléans, 327. — Décret autorisant l'importa-
tion des produits horticoles d'Alsace-Lor-
raine, 486.
Houblon. — Statistique de la culture du hou-
blon en Europe, 69.
Institut national agronomique. — Publication
du sixième fascicule des Annales, 47.
Irrigations. — Arrosage par les norias en Es-
pagne, 136. — Concours ouverts par des
machines propres aux irrigations, 245, 446.
Laboratoires. — Création d'un laboratoire agro-
nomique à Nevers, 85. — Etude sur le
laboratoire municipal de Paris, 130.
Laiterie. — Observations de M. Reizet sur le
lait bleu, 13. — Projet de création d'une
ferme-modèle laitière dans le (^alva os, 447.
Lauiies. — Projet de fertilisation par des allu-
vions artificielles, 332, 81, 373, 411.
Légion d'honneur. — Décorations pour services
rendus à l'agriculture, 363, 442.
Lin. — Causes de la diminution de la culture
dans le Nord. 249.
Luzerne. — Sur la falsification des graines de
luzerne cultivée, 274.
Marcs. — Valeur nutritive des marcs de raisins
secs, 293.
Maréehalerie. — Concours international à Caen,
205.
Mécanique ag; icole. — Alambics du système
Valyn, 23. — Vente de machines agricoles
dans le Tarn, 48. — Egrenoir à maïs etliache-
maïs muni d'un élévateur système Albaret,
61. — Presse à fourrages Albaret, 144. —
Concours de machines pour le travail du
chanvre, 167. — Pompe Douglas, 218. — Sca-
rificateur-cultivateur Durand, 227. — Le
contours de pompes de Sidi-bel-Abbès, 248.
Les machines au concours régional de Mende,
286. — Vœu des constructeurs de machines
sur les concours spéciaux d'instruments,
322. — Incendie da la maison Decker et Mot,
370. — Concours de machines agricoles à
Poitiers, 406. — Faucheuse et moissonneuse-
lieuse de Hornsby, 421. — Eugreneuse de
M. Demoncy-Minelle pour les machines à
battre, 464.' — Grande batteuse du système
Pécardjà aspiration langentielle, 499.
Météorologie agricole.— Météorologie du mois
de mars, 55; — du mois d'avril, 218; du
mois de mai, 431. — Nouvelles de l'état des
récoltes en terre, 11, 88, 16J, 210, 242,
321, 408— Les froids tardifs dansle Midi, 193.
Ministère de l'agriculture. — Nomination d'un
inspecteur-adjoint en Algérie, 10. — Résumé
des mesures prises [lar le gouvernement en
faveur de l'agriculture. 492.
Moissonneuse. — Moissonneuse-lieuse de Horns -
by, 421.
Monument élevé sur la tombe de M. Dutertre,
à Grignon, 244, 327.
Moutons. — Le troupeau mérinos de Passy-en-
Valois, 330. — La situation des southdowns
en Angleterre, 422.
Nécrologie. — M. Peltier, M. Féret, 7. — M.
de Lavèvre, M. Ract, 45. — M. Vion, 83. —
M. Duvivier, M. de Lauraguel, M Cazalet,
M. Perrinqu'ère, M. Leterrier, 193. — Lord
Vernon, 205, 273. — M. le comte d'Esterno,
243. — M. Hamot, 362. — M. Godard, il.
Vallerand, '404.
Nuagesartificiels contre les pelées printanières;
système de M. Lestelle, 339.
Ouvriers militaires mis à la disposition des
cuUivateurs pour les travaux des récoltes,
244, 444. — Mesures prises par la Compagnie
des chemins de fer de l'Ouest pour le trans-
port des ouvriers agricoles, 485.
Panais. — Sa culture comme plante fourragère,
130. 287, 325.
Phylloxéra m.s(a<r/j. — Publication du compte
rendu des opérations du service du phyllo-
xéra en 1882, 8, 283. — Sur les modes
d'emploi du suUo-carbonate de potassium,
22. — Procédé de M. Culeron pour l'emploi
du sulfo carb.nate. 101, 151, 323.— Rapport
sur les concurrents au prix de 300,001 francs
pour la destruction du phylloxéra, 70. — Le
phylloxéra en Italie, 124. — Subventions à
desassociationssyndicales,165,484. — Emploi
■■*
^*\-?'
520
TABLE ANALYTIQUE DES MATIERES.
de l'acide pyroligneux contre le phylloxéra,
166. — Réorganisation du service des délé-
gués régionaux, :i8+. — Le phylloxéra dans
Maine-et-Loire, 40-2, 485. — Propagation dans
le Midi, 435. — Voyez Vignes.
Pisciculture. — Le saumon de Californie, 142.
— Sur l'organisation des établissements de
pisciculture, 346. — Travaux de Pierre Car-
bonnier, /(3'2. — Conclusion delà Commission
sénatoriale d'enquête sur !e repeuplement des
eaux, 444. — La pisciculture à Huningue,
472.
Police sanitaire du bétail. — La peste bovine
en Allemagne, 83. — Sur les dangers des
établis ements d'équarissajic, 154, 434. —
Décret relatif aux bureaux de douane ouverts
à l'importation et au transit du bétail, 232.
— Décret relatif aux ports de mer ouverts à
l'exportation du bétail, 233, 322, 405. — Cir-
culaire sur les règles de la visite sanitaire,
242. — Arrêtés sur la désinfection des ex-
ploit'itions déclarées infectées, 365; — sur la
désinfection du matériel employé au trans-
port des animaux par terre et par eau, 369;
— sur la désinfection du matérieldes chemins
de fer ayant servi au transport des animaux,
474. — Mesures de police sanitaire contre le
bétail français en Angleterre, 405- — Circu-
laire relative à la constatation de la péri-
pneumonie contagieuse et aux ordres d'aba-
tage, 448.
Pommier. — Sa culture en Bret^igne, 220.
Pompes. — Lettre sur le concours de pompes
à vin de Sidi-bel-Abbès, 248.
Presse à fourrages continue du système Alba-
ret, 144.
Primes d'houneuret prix culturaux. — Rapport
sur la prime d'honneur de l'Indre en 1882,
56. 133, 180. — Projet de création de primes
d'honneur pour la petite culture, 122. —
Prime d'honneur décernée en Algérie, 139,
264. — Prix culturaux et prims d'honneur
dans la Somme, 270; — dans TAriège ; 305,
340; — dans l'Ain, 297 ; — dans l'Aube, 428;
— dans le Morbihan, 384; — • dans les Basses-
Alpes, 417 ; dans Loir-et-Cher, 459; — dans
la Charente-Inférieure, 508.
Puits instantanés. — Emploi de la pompe Dou-
glas pour ces puits , 218.
Quinquina. — Mode d'exploitation de l'arbre à
quinquina. 377.
Raisins. — Valeur nutritive des marcs de raisins
secs, 293.
Récoltes en terre. — Nouvelle'- cit l'état des
récoltes en terre. Il à 12. 88, j69, 201 , 210,
321, 408, 488. — Culf-»s dans le Tarn et
la Garonne, 32; — d^xti-' '<; Périgord, 153, 191,
3.54 ; — dans les Alj, Maritimes. 1 79 ; — dans
l'Eure, 185; dans Lot-et-Garonne, 355; dans
la Gironde, 395.
Récompense nationale. — Projet de loi sur
une récompense nationale en faveur de M.
Pasteur, l61, 189, 321.
Représentation de l'agriculture. — Discussion
au Conseil supérieur de l'agriculture sur cette
question, 482.
Sainfoins. — Etude sur la maladie des sainfoins
en Saintonge, 419.
Salants. — Note sur les terrains salants du
. sud-est, 90.
Scarificateur-cultivateur Durand, 227.
Sériciculture. — Nouvelles des éducations de
vers à soie, 169, 355, 486. — Les canons en
soie, 364. — Ouverture d'un concours de ma-
gnaneries dans le déparlement de la Drôme
en 1885, 405.
Société nationale d'agriculture. — Compte rendu
des séances hebdomadaires, 33, 73,89,153
193, 234, 274 315, 3.54, 394, 434, 450. — Elec'-
tionde M.. luli us Robert comme membre étran-
ger, 83,131. — Questions proposées pour le
congrès des sociétés savantes, 234. — Election
de M. Triana comme membre étranger, 321,
362. — Election de M. Champonnois comme
membre associé, 408, 441. — Election d'un
membre associé dans la Section de grande
culture, 44'2. — Séance solennelle de distri-
bution des récompenses, 'j89.
Société d'acclimatation. — Récompenses décer-
nées pour des travaux agricoles, 326.
Société d'encouragement pour l'industrie natio-
nale. — Récompenses décernées pour travaux
agricoles, 9.
Sologne. — Concours pour un manuel sui la
culture des pins en Solog.ie, ^6.
Souscription pour élever un monument à
Léonce de Lavergne, 7, 44, 84. 123, 163, 205,
244, 283, 322, 362, 404, 442.
Sucres. — Vœu du Conseil général de l'Aisne
sur la réforme du régime des sucres, 88. —
Congrès sucrier d'Amiens, 164. — Discussions
sur la transformation de l'impôt du sucre,
165.
Suisse. — Situation agricole en Suisse. 11.
Tabac. — Expériences sur la culture du tabac
dans la Gironde, 86. — Culture du tabac dans
le département de Vaucluse, 406.
Topinambour. — Etude sur la culture et les
proluitsdu topinambour, 465.
Tourteaux. — Expériences sur l'alimentation du
bétail avec le tourteau de coton. 72.
Vaccination. — Vaccinition charbonneuse dans
le Cantal, 84. — Sur l'immunité conférée au
fœtus par la vaccination de la mère, 370.
Ventes d'animaux reproducteurs. — Ventes aux
enchères de béliers à Grignon, 10, 204. —
Vente de taureaux et de béliers par la Société
d'agriculture de l'Indre, 48. — Vente de bé-
liers southdowns chez M. Nouette-Delorme,
85. — Vente d'animaux durham à Corbon, 204.
Vente d'un domaine du Médoc, 49.
Vétérinaire. — Concours pour des emplois
d'inspecteur de la boucherie à Paris, 86. —
Concours pour un vétérinaire départemental
dans la Seine, 370. '
Viandes. — Lettre relative au danger provenant
de l'importation des viandes de porc d'Amé-
rique, 168.
Vignes. — Création d'une pépinière communale
à Bourg-Saint-Andéol, 9. — Sur la plantation
de la vigne dans les sables, 51, 170. — Réu-
nion de Montpellier sur la grefife de la vigne,
66, 485. — Influence de la sécheresse sur la
vigne, 1 13. — Concours de greffe de la vigne en
Savoie et à Saintes, 124. — Le l)Outurage des
vignes en fossés, 259. — Méthode de culture
de M. Bignon dans le Médoc, 435. — Réunions
viticoles de Bordeaux, 485. — La viticulture
en Algérie ; son avenir, les méthodes qui lui
conviennent, 496. — 'Voir Phylloxéra.
Vinage. — Proposition de loi relative au vinage
ta prix réduit des vins de la récolte de 1882,
283, 401.
Vins. — Vœux et pétitions des associations agri-
coles relativement au commerce des vins et à
l'alcoolisation. 46, 207, 246,283,364, 402.
445. — Dosage de l'alcool et de l'extrait dans
les vins d'Anjou, 92. — Cause de l'appau-
vrissement en tartre des vins plâtrés, 149.
Vipères. — Mesures prises pour leur destruc-
tion, 406.
Zootechnie. — 3ur la race bovine auvergnaVe,
17. — La situation des southdowns eu An-
gleterre, 422.
EIN DE LA TABLE DU DEUXIÈME VOLUME DE l'^83.
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