Skip to main content

Full text of "Journal de l'agriculture"

See other formats


i  "*^ 


V<^|BHn^ 

^1 

MfiU 

kIP 

K 

^^ntStf 

M«p?^ 

^^^^ 

.M 


^\ 


i^ 


4' JL^- 


•^ 


*!*1 


^ 


> 


v! 


^^- 


Im- 


■4m^^ 


v^- 


-^f    -^  A^^ 


%,K^  -v      'S 


i#^-f 


f>^; 


&r-'V'^' 


•¥sr^ 


*■'  ^. 


,yr 


\/Â^ 


JOURNAL 


DE 


L'AGRICULTURE 


ANNÉE    1883,    TOME  PREMIER 

(janvier  a  mabs) 


Le  JOURNAL  DE  L'AGRICULTURE,  fondé  le  20  juillet  1866,  a 
successivement  fusionné  avec  le  Journal  de  la  Ferme  et  des  Maisons 
DE  campagne  et  avec  la  Revue  de  l'Horticulture.  Il  s'occupe  de  toutes 
les  questions  de  pratique  et  de  science  agricoles,  de  législation  rurale, 
d'économie  politique  ou  sociale  dans  ses  rapports  avec  la  vie  rurale, 
enfin  il  donne  tous  les  développements  nécessaires  aux  progrès  de 
la  viticulture,  de  l'horticulture,  de  l'arboriculture  et  de  la  culture 
maraîchère;  il  traite  aussi  bien  de  la  production  des  jardins  que  de 
celle  des  champs. 

il  appartient  à  une  Société  composée  de  840  agriculteurs  ou  agro- 
nomes groupés  autour  de  M.  J.-A.  Barrai. 


JOURNAL 


DE 


L'AGRICULTURE 

DE    U    FERME    ET   DES    MAISONS    DE    CAMPAGNE 
DE    LA    VITICULTURE,    DE    L'HORTICULTURE 

DE    L'ÉCONOMIE    RURALE    ET    DES    INTÉRÊTS    DE    LA    PROPRIÉTÉ 


FONDE    £T    DIRIGE    FAR 


J.-A. 


AUllAL 


SECRETAIRE  PERPÉTUEL    DE   LA    SOCIETE    NATIONALE   D  AGRICULTURE    DE    FRANCE 

Membre  du  Conseil  général  de  la  Moselle  jusqu'en  1871  ; 

Ancien  élève  et  ancien  répétiteur  de  chimie  de  l'Ecole  polyteclinique; 

Membre  du  Conseil  d'administration  de   la  Société  nationale  d'encouragement  à  l'agriculture  et  de  la  Sociélé 

des   agriculteurs  de  France  ; 

Lauréat  de  l'Académie  des  sciences  en  1863,  pour  le  piix  de  Muroyiœs,  décerné  à  l'ouvrage  ayant  fait  faire 

le  plus  grand  progrés  à  l'agriculture  en  France; 

Commandeur  île  la  Légion  d'honneur:  de  l-Ordre  ottoman  du  '.leiljidié,  de  celui  des  Saints  Maurice  et  Lazare  d'Italie; 

de  celui  d'Isabelle  la  Callioli'ine  d'Espagne;  Chevalier  des  Ordres  de  Léopold  de  Belgique, 

de  Notre-Dame  de  la  Conception  de  Portugal; 

Membre  de  la  Société  philomatique  et  du  Conseil  de  la  Société  d'encouragement  pour  l'industrie  nationale  ; 

Membre  honoraire  de  la  Société  royale  d'agriculture  d'Angleierre  ; 

Membre  honoraire  de  l'Académie  de  Metz,  de  la  Société  centrale  d'agriculiure  de  Belgique,  de  la  Société  royale  d'agriculture  de 

l'ortugal,  de  la  Société  des  agriculteurs  italiens, 

des  Sociétés  d'Agriculture  du  grand-duché  de  Luxembourg,  de  Moscou,  de  Varsovie,  de  Spolato, 

des  Géorgotiles  de  Florence,  île  Grosseto,  de  Turin,  de  Saint-Pétersbourg,  de  Pesaro,  du  Chili,  de  Hongrie,  de  l'Uruguay  ; 

Correspondant  de  l'Institut  genevois,  de  l'Institut  éf'yptien,  de  la  Société  des  sciences  natureJles  de  Milan; 

des  Sociétés  d'Agriculture,  de  Viticulture  ou  d'Horticulture  de  Pans,  d'Arras,  de  l'Aube,  de  Bayeux,  des  Bouches-du-Rhône, 

de  Coiiipiégne,  de  Caen,  de  Clerinont,  dn  Nord,  de  la  Seine-Inférieure,  de  Mayenne,  de  la  Haute-Garonne,  de  la  Côte-d'Or; 
de  Joigny,  de  Libourne,  de  Lyon,  de  Mirecourt,  de  Nancy,  du  Pas-de-Calais,  de  Poitiers,  de   Poligny,  de   Seiilis,  de  Vaucluse 

des  Comices   agricoles  d'Agen.  de  Lille,  de  Meaux,  de  Metz,  de  Hrantôme,  de  la  Société  des -Amis  de  la  paix 

de  Valence  (  Espagne],  des  Sociétés  d'Agriculture  de  Gand,de  New- York,  devienne  (Autriche),  de  la  Gueidre  (Hollande),  de  Hongrie 

du   Cercle   agricole  et   horticole    du   grind-duché   du   Luxembourg; 

Associé  étranger  de  l'Académie  royale  de  Suéde,    etc  .  etc. 


Conseil  de  direction  Scientifique,  Politique  et  Agricole  : 

MM.     J.-A.      BARRAL,      GASTON     BAZILLE,     DE     BÉHAGUE, 

gareau,     p.    de    GASPARIN,     a.    VANDERCOLMS 


ANNÉE  1883,  TOME  PREMIER 

(janvier  a   wars) 


PARIS 


AIX  BUREAUX  DU  JOURWL  DE  LAGIUCULTUIIE 

Chez  M.  G.  MAS  SON,  libraire-éditeur,   r20,  boulevard  Saiat-Germain 

ET 

A  Bruxelles,  chez  M.  Henri  MANGEAUX,  lihraire-é  iiteur,  8,  rue  des  frois-Têles 

1883 


.07-7 


Le  Jenrnal  de  rAgrlcnltnre  paraît  tous  les  samedis  en  une  livraison  de  52  à 
68  pages,  avec  de  nombreuses  gravures  noires  intercalées  dans  le  texte  et  des 
planches  noires  ou  coloriées  hors  texte.  —  Il  forme  par  an  quatre  volumes  de 
600  à  600  pages  chacun. 


PRIX   DE   L'ABONNEMENT  : 

FRANCE  :  un  an,  20  fr.  ;  —  six  mois,  11  fr.  ;  —  trois  mois,  6  fr.  —  Un  numéro,  50  centimes 

Pour   tous   les  pays  de  l'Union  postale  :   un    an,    22  fr. 
Pour  tous  les  autres  pays,  le  port  en  sus. 


LES   PAYS   FAISANT    PARTIE    DE    l'UnION    POSTALE    SONT  : 

Allemagne  —  Autriche  —  Belgique  —  Danemark  —  Espagne  —  Etats-Unis  —  Grande-Bretagne    —  Grèce 

H-'ngrie  —  Italie  —  Luxembourg  —  Monténégro  —  Norvège  —  Pays-Bas  —  Portugal 

Houmanie   —  Russie  —  Serbie  —  Suède  —  Suisse  —  Turquie  —  Egypte  —  Tanger  et  Tunis 

Pers  — Brésil  —  République  argentine  —  Pérou  —  Colonies  françaises; 

La'plupart  des  colonies  étrangères. 


JOURNAL 


DE 


L'AGRICULTURE 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (6  janmi^r  i883). 

L'année  1882  dans  ses  rapports  avec  l'agriculture.  —  Mort  de  M.Gambelta. —  Création  du  minislèr 
spécial  de  l'apricultuie.  —  Les  lois  agricoles  de  l'année  1882.  —  Recherches  et  découverte 
dans  le  domaine  des  applications  de  la  science  à  Tagncullure.  —  Tribulations  de  l'industrie 
sucrière.  —  Les  prix  des  céiéales  et  ceux  des  produits  animaux.  —  Application  de  la  loi  sur  la 
police  sanitaire  des  animaux  dans  plusieurs  départements.  ■ —  La  fièvre  aphteuse  dans  le  dépar- 
tement de  Meurthe-et-Moselle, — Production  des  chevaux  percherons.  —  Vente  des  étalons; 
lettre  de  M.  Bailleau.  —  Situation  des  fabricants  de  sucre.  —  Extension  des  sucreries  travail- 
lant par  la  diflusion.  —  Lettre  de  M  Louis  Darblay.  —  Valeur  des  pulpes  de  diffusion  pour 
l'alimentation  du  bétail.  —  Publication  du  compte  rendu  des  travaux  du  congrès  agricole  de 
Chaumont.  —  Piincipnux  vœux  exprimés  par  cette  réunion.  —  Le  phylloxéra.  —  Pétition  des 
propriétaires-viticulteurs  du  département  des  Landes  contre  l'introduction  des  vignes  américaines 
dans  ce  département.  —  Enseignement  départemental  de  l'agriculture.  —  Publication  du 
bulletin  de  la  Société  des  professeurs  d'agriculture.  —  Nomination  de  M.  de  Sauvage  comme 
maître  de  conférences  à  llnstitut  national  agronomique.  —  Concours  de  volailles  grasses  à 
Louhans.  —  Mémoire  de  M.  Ch.  Baltet  relatif  à  l'action  du  froid  sur  les  végétaux  pendant 
l'hiver  1879-80.  —  Reprise  des  inondations.  —  Leurs  effets  désastreux  sur  les  champs  cultivés. — 
Concours  d'animaux  gras  de^Limoges.  —  Les  prochains  concours  généraux  agricoles  de  Paris. 

I.  —  L'année  1882. 

L'an  née  qui  vient  de  s'achever  n'a  pas  été  une  année  heureuse. 
Nous   n'a\ons_,  dans  ce  Journal,  à  considérer  les  événements  que  dans 
leurs   rapports  avec  l'agriculture.  La  mort  de  Gambetta,  qui  a  rendu 
le   dernier   soupir  quelques  minutes  avant  que  l'année  expirât,   ne 
saurait  être  envisagée  par  les  agriculteurs  que  comme  un  fait  doulou- 
reux.   Doué   d'une  éloquence  incomparable,  il  a  exercé  une  action 
irrésistible  sur  la  masse  de  la  nation.  Pour  tous  ceux  qui  ont  au  cœur 
l'amour  de  la  patrie,  il  restera  l'homme  qui  a  ramassé  le  drapeau  de  la 
France  tombé  dans  une  heure  de  désarroi  général,  et  a  eu  la  puissance 
de  réunir  autour  de  ce  drapeau  tous  les  partis  confondus  dans  un  seul 
sentiment,  celui  de  la  nécessité  de  relever  la  patrie  agonisante.  Ceux 
qui  appartenaient  à  l'Alsace  et  à  la    Lorraine   lui  ont  surtout  une 
éternelle  reconnaissance,  car  il  a  sauvé  l'honneur  alors  qu'ils   per- 
daient toute  fortune.   Les  cultivateurs  des  anciens  départements  de 
la    Moselle,  du    Haut  et  du  Bas-Rhin  ont  espéré^   quand  ils   ont  vu 
Gambetta  organiser  avec  une  vaillance  prodigieuse  une  héroïque  et  su- 
prême défense  ;  après  la  défaite,  ils  espèrent  encore,  parce  que  le  droit 
survit  à  la  force.  Gambetta  n'a  fait  que  passer  au  pouvoir;  un  acte  qui 
reste  de  lui  est  la  création  du  ministère  spécial  de  Tagriculture.    11 
avait  compris,   avec  sa  haute  inteUigence,  que  les  intérêts  de  l'agri- 
culture doivent  être  étudiés  et  défendus  par  un  administrateur   qui 
n'a  pas  d'autre   souci  que  de  rechercher  ce  qui  convient  le  mieux 
pour  le  bien-être  des  populations  rurales   et  pour  la  prospérité  de 
toutes  les  branches  de  la  production  agricole. 

L'année  avait  commencé  par  des  promesses  ;  elle  n'en  a  tenu 
aucune.  Les  dégrèvements  d'impôts  que  l'on  avait  fait  entrevoir  ne  se 
sont  pas  réalisés.  Les  grands  travaux  publics  n'ont  pas  été  dirigés  en 
vue  de  la  satisfaction  des  intérêts  agricoles.  La  question  de  la  con- 
struction du  canal  du  Rhône  est  plus  embrouillée  que  jamais,  en 
présence  des  opinions  contradictoires  des   ingénieurs  et  des  préten- 

N'  717.  —  Tome  I"  de  1883,-6  Janvier. 


6  CHRONIQUE  AGRICOLE    (6  JANVIER   1883). 

lions  de  partisans  d'une  navigation  qui   n'existe  pas.  Toutefois  deux 
lois  favorables  à  l'agriculture  ont  été  votées;  l'une,  d'un  intérêt  géné- 
ral,   est  relalive   au    reboisement  et  au  gazonnement  des  terrains  en 
montagne;  l'autre,  d'un  ordre  plus  secondaire,  concerne  les  moyens 
d'arriver  à  une  plus  rapide  destruction  des  loups.  La  science,  cepen- 
dant, n'est  pas  resiée  inaclive  ;  les  découvertes  de  M.  Pasteur  relatives 
aux  moyens  de  combattre  victorieusement  les  maladies  charbonneuses, 
ont  reçu  la  sanction  défmitivederexpérience;  on  peut  regarder  comme 
certaine  la  découverte  de  moyens  préventifs  efficaces  contre  le  rouget 
des  porcs;    des  perfeclionnements  dans    les   procédés   d'inoculation 
contre  la   péripneumonie  des  bêtes  à  cornes  paraissent  assurés,    et 
M^  Pasteur  et  ses  élèves  sont  sur  la  voie  de  trouver  un  remède  décisif 
contre  la  rage.  Mais,  les  météores  délient  toutes  les  recherches  des  sa- 
vants. Des  pluies  excessives  ont  détrempé  les  terres,  et  empêché  une 
grande  partie  des  travaux  d'automne  de  se  faire  en  temps  utile.  Le  fléau 
des  inondations  s'est  déchaîné  sur  toute  l'Europe.  Peut-être  la  marche 
du  phylloxéra  est-elle  enrayée,  en  ce  sens  que  tous  les  viticulteurs  qui 
veulent  s'en  donner  la  peine  et  faire  les  dépenses  nécessaires,  peuvent 
faire  vivre  leurs  vignes  malgré  linsecte  dévastateur  ou  les  remplacer  par 
de  nouveaux  cépages  inattaquables.  L'industrie  sucrière  continue  à  tra- 
verser, en  France,  une  crise  menaçante  pour  son  avenir;  elle  ne  peut 
être  sauvée  que  par  de  grands  efforts  pour  le  perfectionnement  des 
procédés  de  fabrication,  en  même  temps  que  par  des  réformes  dans  la 
législation  fiscale,  puisqu'une  forte  réduction  de  l'impôt  du  sucre  ne 
peut  pas  être  édictée.  Si  les  cours  des  céréales  restent  peu  élevés,  on 
ne  peut  pas  dire  qu'ils  sont  avilis;  d'un  autre  coté,  la  production  du 
bétail  est  encouragée  par  des  prix  de  la  viande  suffisamment  élevés; 
c'est  toujours  de  ce   côté  qu'apparaît  le  salut  pour  les  agriculteurs 
progressifs. 

II.  —  Police  sanitaire  des  animaux. 
La  loi  du  21  juillet  1881  sur  la  police  sanitaire  des  animaux  a 
ordonné  que  les. villes  où  se  tiennent  des  foires  et  marchés  de  bes- 
tiaux, préposeraient  à  leurs  iVais  un  vétérinaire  pour  l'inspection 
sanitaire  des  animaux  conduits  à  ces  foires  et  marchés.  L'application 
de  cette  mesure  ayant  été  ajournée  dans  plusieurs  départements,  un 
décret  en  date  du  "23  décembre  1 882  vient  de  faire  cessefcet  ajournement 
pour  les  départements  de  l'Ardèchc,  de  l'Eure,  d'Lidrs-et-Loire,  de 
l'Isère  et  du  Loir-et-Cher.  Un  deuxième  décret  ordonne  que  dans  les 
départements  de  l'Ardèche,  de  l'Eure,  de  l'Isère  et  de  Loir-et-Cher, 
l'exercice  de  la  médecine  vétérinaire  dans  les  maladies  contagieuses 
estii^terdit  à  quiconque  n'est  pas  pourvu  du  diplôme  de  vétérinaire. 
On  trouvera  ces  décrets  à  la  partie  officielle  de  ce  numéro  (p^igc  33). 
Le  Journal  officiel  du  31  décembre  annonce  que  l'épizootie  de  lièvre 
aphteuse  qui  régnait  dans  la  commune  d'Husigny  (Meurthe-et- 
Moselle)  étant  actuellement  éteinte,  un  arriHé  du  ministre  de  l'agri- 
c  ulture,  en  date  du  29  décembre,  a  décidé  que,  à  parlir  du  10  janvier, 
l'importation  du  bétail  pourrait  de  nouveau  setïectuer  par  le  bureau  de 
douane  existant  dans  cette  localité. 

III.  —  La  production  des  chtvaux  percherons. 
Pour  maintenir  dans  un  centre  d'élevage  important,    les   meilleurs 
reproducteurs,  un  des  moyens  qui  ont  été  employés  avec  succès^  est 


CHRONIQUE    AGRICOLE    (6    JANVIER   1883).  7 

la  création  des  primes  d'entretien.  L'allocation  de  ces  primes  a  toujours 
été  suivie  d'heureux  résultats  ;  aussi  nous  comprenons  dit'dcilement 
pourquoi  elles  ont  été  supprimées  pour  les  chevaux  du  Perche.  Les 
conséquences  de  cette  suppression  sont  indiquées  dans  une  lettre 
qu'un  très  habile  éleveur,  M.  Bailleau,  à  llliers  (Eure-et-Loir),  vient 
d'adresser  à  ÏUnion  agricole  de  Chartres,  et  que  nous  reproduisons  très 
volontiers,  sur  la  demande  de  son  auteur.  Voici  cette  lettre  : 

ic  Vous  devez  vous  rappeler  les  prunes  de  concours  accordées  aux  étalons  et 
juments,  et  les  primes  d  entretien  données  aux  sujets  des  deux  sexes  les  plus 
méritants,  avec  la  condition  imposée  aux  propriétaires  primés  de  les  conserver 
pendant  deux  ans  pour  la  reproduction.  A  llliers,  ces  primes  de  concours  ont 
atteint  jusqu'à  1800  francs,  les  primes  de  conservation  variant  de  500  à  6Û0 
francs  ;  à  Gourtalain,  Mondoubleau,  Nogent-le-Rotrou,  les  primes  accordées  aux 
juments  pour  leur  reproduction  dans  le  pays,  pendant  deux  ans,  ont  atteint  jusqu'à 
mille  francs. 

«  Vous  savez,  comme  moi,  qu'à  cette  époque,  on  avait  supprimé  une  partie  des 
haras,  avec  l'intention  bien  comprise  de  mettre  des  encouragements  entre  les 
mains  de  l'industrie  chevaline  privée,  la  reconnaissant  plus  compétente  que  les 
administrations  et  les  administrateurs  des  haras.  A  ce  moment,  on  était  dans  la 
bonne  voie  pour  conserver  l'élite  de  notre  race  percheronne,  enviée  de  toutes  les 
nations. 

«  Vous  devez  vous  rappeler  l'une  de  nos  réunions  de  Comice,  où  notre  ami 
commun,  M.  Boutet,  nous  disait  :  —  Plus  de  primes  aux  étalons  et  juments  de 
production,  primes  d'entretien  par  les  haras  aux  étalons  approuvés.  —  Ce  qu'ils 
approuvaient,  vous  le  savez,  c'était  et  c'est  encore  le  cheval  léger  avec  distinction 
de  forme,  pouvant  faire  la  remonte  dans  différents  corps  d'armée. 

«  Les  besoins  de  l'époque  présente  sont  tout  autres  ;  on  veut  le  cheval  et  les 
juments  propres  à  tous  les  services  :  courir  et  traîner  de  lourdes  charges,  ce  qui 
est  le  propre  de  notre  race  percheronne,  la  seule  remplissant  ce  but  par 
excellence. 

«  Il  aurait  donc  fallu,  à  tout  prix,  savoir  la  conserver;  malheureusement,  les 
hommes  appelés  à  diriger  cette  production,  qui  a  une  importance  sérieuse  dans 
notre  fortune  nalionale,  manquent  trop  souvent  de  compétence;  la  théorie  sans 
pratique  est  toujours  compromettante,  nous  en  avons  la  preuve  tous  les  jours. 

«  Hé  bien!  avec  ce  qui  se  passe  depuis  plusieurs  années,  vous  voyez  enlever 
de  notre  Perche  les  meilleurs  étalons,  l'élite  de  nos  poulinières,  ainsi  que  leurs 
enfants  mâles  et  femelles  de  cinq  à  quinze  mois  ! 

«  Si  nos  primes  de  concours  et  d'entretien  eussent  été  maintenues  et  môme 
augmentées  d'une  manière  sérieuse,  avec  obligation  de  conservation  et  de  repro- 
duction pendant  deux  ans  au  moins,  croyez-vous  que  les  étrangers,  les  Américains 
n'auraient  pas  attendu  l'expiration  du  temps  d'engagement  pour  se  rendre  acqué- 
reurs des  sujets  primés,  même  à  des  prix  plus  élevés?  Donc  tout  était  à  l'avan- 
tage des  éleveurs  :  primes  de  concours,  primes  de  conservation,  et,  pour  notre 
pays  ,  prodtaction  assurée  permettant  de  conserver  l'élite  de  notre  race 
percheronne. 

«  Depuis  que  ces  primes  n'existent  plus,  j'ai  eu  bien  souvent  l'occasion  de 
parler  des  fautes  commises  à  nos  représentants  ;  ils  ont  paru  comprendre  qu'à 
défaut  d'avoir  maintenu  et  même  augmenté  ces  sortes  d'encouragements,  on  avait 
sérieusement  compromis  notre  fortune  nationale  chevaline.  Hé  bien!  nos  repré- 
sentants m'avaient  bien  promis  de  faire  part  à  qui  de  droit  de  mes  observations. 
J'espérais...  Rien,que  je  sache,  n'a  été  dit  à  ce  sujet!  Dire  qu'il  n'y  a  plus  d'espoir, 
non,  bien  qu'il  soit  tard  pour  réparer  les  fautes  commises  ;  le  défaut  de  prévoyance 
nous  amène  à  faire  de  grands  sacrifices  pour  réparer  ce  qui  a  été  malheureuse- 
ment fait,  alors  que  nous  étions  en  pleine  prospérité.  Croyez-le  bien,  les  Améri- 
cains, qui  trouvent  l'écoulement  de  nos  produits  à  des  prix  fabuleux  chez  eux,  ne 
sont  pas  près  de  ne  plus  venir  nous  enlever  nos  meilleurs  sujets. 

«  Donc,  il  n'y  a  qu'un  seul  moyen  possible  pour  améhorer  et  refaire  ce  qui  nous 
reste  de  nos  reproducteurs  percherons,  c'est  de  rétablir  les  primes  de  concours, 
fortes  primes  d'entretien  et  de  conservation,  pendant  plusieurs  années,  pour  les 
étalons  et  juments  percherons.  11  est  temps,  sinon  bientôt  notre  espèce  chevaline 
percheronne  fera  un  grand  vide  dans  notre  fortune  nationale.  Avis  bien  sincère 


8  CHRONIQUE  AGRICOLE   (6  JANVIER   1883). 

aux  hommes  qui  nous  gouvernent  :  — surtout,  qu'ils  sachent  trouver  des  hommes 
compétents;  ils  ne  sont  pas  rares,  il  s'agit  de  les  trouver  où  ils  sont,  théoriciens 
avec  pratique,  oui,  théoriciens  sans  pratique,   non. 

«  Dans  uos  concours  régionaux,  on  choisit  trop  souvent  des  théoriciens  sans 
pratique,  sans  compétence.  Les  juges  choisis  acceptent  quand  même  d'être  du 
jury,  sans  se  préoccuper  s'ils  sont  compétents.  Pourquoi  ne  pas  décliner  son 
incompétence  pour  juger  tel  produit,  et  ne  pas  demander  à  apprécier  tel  autre 
proiuit  que  l'on  connaît  hicn? 

«  Je  voudrais  que  tous  les  éleveurs  de  chevaux  percherons  soient  aussi  tenaces 
que  je  le  suis  avec  mes  mérinos;  je  vois  aussi  des  étrangers,  je  ne  vends  plus 
qu'à  eux.  Mais  ils  n'auront  jamais  le  droit  de  dire  :  «  J'ai  enlevé  les  meilleurs 
béliers  et  les  meilleures  brebis  du  troupeau  de  Bailleau,  d'IUiers.  »  —  Non,  je 
sais  conserver  pour  mii  d'abord,  et  ensuite  pour  continuer  à  fournir  de  bons 
reproducteurs  aux  étrangers,  qui  en  ont   toujours  besoin.  Bailleau.  " 

La  solution  la  plus  pratique  de  la  question  est  dans  le  dernier  para- 
graphe de  la  lettre  de  M.  Bailleau.  La  ténacité  de  la  part  des  éleveurs, 
qui  sont  certains  que  leurs  produits  seront  recherchés  à  tous  prix,  est 
pour  eux.  le  meilleur  moyen  de  sortir  des  difficultés  dont  se  plaignent 
actuellement  les  éleveurs  de  chevaux  percherons.  Les  éleveurs  de 
moutons  leur  ont  donné,  depuis  longtemps,  à  cet  égard,  un  exemple 
utile  à  méditer. 

IV.  —  Betteraves  el  sucres. 

La  fabrication  du  sucre  se  poursuit  dans  des  conditions  difficiles. 
La  campagne  actuelle  sera  une  de  celles  qui,  depuis  longtemps,  auront 
apporté  les  plus  grandes  entraves  pour  les  industriels,  aussi  bien  que 
pour  les  cultivateurs.  La  transformation  des  anciennes  usines  a  con- 
tinué cette  année;  tandis  que,  en  1881-82,  on  comptait  79  fabriques 
de  sucre  marchant  par  la  diffusion,  il  y  en  a  108  dans  la  campagne 
actuelle,  qui  ont  adopLé  ce  mode  de  fabrication.  A  cette  occasion,  nous 
croyons  utile  d'apporter  ici  un  nouveau  témoignage  en  faveur  de  la 
valeur  des  pulpes  de  diffusion  employées  à  l'alimentation  du  bétail  ; 
nous  le  trouvons  dans  une  lettre  qu'un  agriculteur  distingué  de  la 
Beauce,  M.  Louis  Dai'blay,  adressait  récemment  à  M.  Lambert,  fabri- 
cant de  sucre  à  Toury.  Voici  cette  lettre  : 

<v  Vous  me  demandiez  dernièrement  ce  que  je  pensais  des  pulpes  de  diffusion, 
après  en  avoir  usé  pendant  une  année.  Je  vous  dirai  que  jusqu'ici  j'en  suis  très 
content;  l'année  dernière  mes  bœufs  de  trait  s'en  sont  bien  trouvés,  leur  santé  a 
été  bonne,  leur  énergie  s'est  maintenue  la  même,  et  leur  état  n'a  pas  baissé. 

«  J'ai  cessé  d'en  donner  au  mois  de  mai  pour  la  remplacer  par  du  trèfle  incarnat, 
et  j'en  ai  donné  de  nouveau  en  juillet  et  en  aoiàt;  le  résultat  a  été  aussi  bon  qu'en 
hiver,  et  la  pulpe  était  tout  aussi  bonne  en  sortant  du  silo.  J'ai  remanjué  c[\x'avec 
cette  pulpe  mes  animaux  ne  toussa ienl  pas,  et  ne  souffraient  pas  de  dérangements 
d'intestins,  ce  qui  leur  arrivait  fort  souvent  avec  les  pulpes  de  presses  hydrauliques, 
et  quen  outre,  avec  le  même  travail,  ils  se  maintenaient  en  bien  meilleur  état. 

«  Voici  maintenant  quelle  est  la  ration  que  je  donne  :  quand  j'ai  commencé  à 
employer  la  pulpe  de  diffusion,  j'ai  donné  le  même  volume  que  pour  la  pulpe  de 
presses  hydrauliques,  et  comme  je  m'en  suis  bien  trouvé,  je  n'ai  pas  cessé,  de 
volume  me  produit  à  chaque  repas  28  kilog.  de  nourriture,  pulpe  et  menues 
pailles  mélangées,  c'est-à-dire  25  kilog.  de  pulpe  et  environ  3  kilog.  de  menues 
pailles,  par  bœuf  de  bonne  taille  moyenne.  Et  comme  je  donm^  3  repas,  cela  me 
fait  par  tête  de  bétail  et  par  jour,  84  kilog.  de  nourriture,  soit  75  kilog.  environ 
de  pulpe,  et  le  reste  en  menues  pailles.  Jamais  de  grains  ni  de  tourteaux,  et  avec 
cela  j'obtiens  pour  lé  travail  le  résultat  indiqué  précédemment. 

a  Pour  des  bœufs  d'engrais  j'ai  donné  des  tourteaux,  et  augmenté  peu  à  peu  la 
dose,  ce  qui  m'a  fait  arriver  au  même  degré  d'engraissement  qu'avec  la  pulpe 
ancienne,  et  dans  le  même  temps,  tout  en  en  consommant  le  môme  volume. 

«  Je  vous  dirai  en  terminant  que  la  pulpe   de   diffusion   se  conserve  bien   en 


CHRONIQUE  A'GRICOLE    (6  JANVIER   1883).  9 

silos,  quoique  son  ensilage  soit  plus  difficile  que  celui  de  l'autre  ;  le  grand  point 
est  de  la  fouler  le  plus  énergiquement  possible;  avec  cette  précaution,  la  conser- 
vation est  bonne,  et  on  n'a  pas  de  déchet,  si  ce  n'est  la  minime  partie  adhérente  à 
la  terre.  Enfin,  j'ai  remarqué  qu'après  quelque  temps  d'ensilage,  cette  pulpe  prend 
un  bon  goût  de  fermentation  se  rapprochant  un  peu  de  l'alcool,  tandis  que  la 
pulpe  de  presses  hydrauliques  prenait  un  goût  tort  prononcé  de  vinaigre. 
«  Agréez,  etc.  Louis   Dahblay.  » 

Ces  renseignements  confirment  ceux  qui  ont  été  donnés  dans  beau- 
coup d'autres  circonstances.  A  égalité  de  poids  de  matière  sèche,  la 
pulpe  de  diffusion  soutient  avantageusement  la  comparaison  avec  les 
autres  sortes  de  pulpes  ;  mais  il  ne  faut  pas  oublier  que,  dans  les 
conditions  ordinaires,  elle  renferme  plus  d'eau  que  la  pulpe  de  presses. 

V.  —  Congrès  agricole  de  Chaumont. 
On  se  souvient  que,  pendant  le  dernier  concours  régional  de  Chau- 
mont, un  congrès  agricole  régional,  organisé  sous  la  direction  de 
M.  de  Montrol,  président  de  la  Société  d'agriculture  de  Chaumont,  s'est 
tenu  dans  cette  ville  les  8,  9  et  10  juin.  Le  compte  rendu  des  séances 
de  ce  Congrès,  auxquelles  assistaient  des  délégués  des  associations 
agricoles  de  toute  la  région  du  Nord-Est,  vient  d'être  publié  par 
M.  Paul  Voillemier,  secrétaire  général.  Ce  compte  rendu  forme  une 
importante  brochure  qui  sera  consultée  avec  fruit.  En  effet,  ainsi  que 
le  l'ait  observer  M.  Voillemier,  les  discussions  qui  ont  occupé  les 
séances  et  les  vœux  qui  les  ont  terminées,  dégagés  de  toute  autre 
préoccupation  que  celle  des  intérêts  agricoles,  sont  exprimés  par  plus 
de  cinquante  Sociétés  qui  ont  répondu  à  l'appel  des  Sociélés  d'agri- 
culture de  la  Haute-Marne.  Les  questions  qui  ont  été  discutées  ont 
été  préalablement  élaborées  par  quatre  Commissions  :  1"  agriculture  ; 
2"  zootechnie  ;  3"  économie  rurale,  enseignement  et  législation  ;  /i"  hor- 
ticulture, viticulture,  sylviculture.  Les  principaux  vœux  qui  ont  été 
adoptés  sont  les  suivants  :  retour  à  la  loi  de  '851  qui  donnait  la 
nomination  das  membres  des  Chambres  consultatives  d'a2;riculture 
aux  Comices  ou  Sociétés  agricoles  ;  —  les  fonds  votés  par  les  Conseils 
généraux  pour  l'introduction  de  types  reproducteurs  de  l'espèce  che- 
valine seront  remis  aux  associations  agricoles  qui  en  disposeront  à 
leur  gré  pour  cette  introduction;  —  suppression  de  la  prestation  ;  — 
facilités  données  aux  échanges  de  parcelles  par  un  droit  fixe  peu  élevé  ; 
—  réduction  des  droits  de  mutation  sur  la  propriété  foncière  ;  — 
suppression  de  la  vaine  pâture,  avec  faculté  pour  les  communes,  de 
la  maintenir  pour  les  prairies  naturelles  ;  —  entrelien,  dans  les 
dépôts,  d'étalons  de  trait  et  de  pur-sang  en  parties  au  moins  égales, 
en  prenant  en  considération  les  vœux,  émis  par  les  Sociétés  d'agricul- 
ture, etc.  On  voit  que  la  plupart  des  questions  agitées  dans  cette 
réunion  présentent  une  grande  importance;  les  rapports  intéressants 
de  MAL  Lambert,  Plonquet,  Saintin,  Cuillet,  etc.,  sont  autant  de  docu- 
ments qui  pourront  être  consultés  avec  grand  avantage.  Nous  pensons 
qu'un  deuxième  congrès  régional  du  Nord-Est  se  reunira,  eu  1883, 
pendant  le  concours  régional  qui  se  tiendrai  Troyes,  du  11)  au  27  mai. 

VI.  —  Le  phylloxéra. 

Pendant  que,  dans  quelques  départements,  mêmeencoie  peu  envahis 
par  le  phylloxéra,  les  viticulteurs  piraisseni  n'avoir  de  confiance  que 
dans   la  culture  des   vignes  américaines    résistantes,  tlans  quehpies 


10  CHRONIQUE   AGRICOLE   (6    JANVIER    1883).' 

autres  départements,  on  cherche,  au  contraire,  à  lutter  par  tous  les 
moyens  dont  la  science  et  l'expérience  ont  aujourd'hui  démontré  la 
valeur.  C'est  ce  qui  se  passe  aujourd'hui  dans  le  département  des 
Landes.  En  réponse  à  un  projet  de  création  d'une  pépinière  de  vignes 
américaines,  un  grand  nombre  de  viticulteurs  ont  adressé  à  M.  le  mi- 
nistre de  l'agriculture  la  pétition  suivante,  que  nous  croyons  utile  de 
reproduire  : 

«  Nous  soussignés,  propriétaires-viticulteurs  du  département  des  Landes,  vous 
prions  d'accepter  i}os  vifs  remercîments  pour  le  puissant  concours  que  vous  êtes 
disposé  à  nous  accorder,  le  cas  échéant,  dans  la  lutte  contre  le  phylloxéra. 

«  Tout  en  vous  exprimant  nos  sentiments  de  reconnaissance,  nous  venons  vous 
exposer  les  raisons  qui  militent  en  faveur  de  la  non-introduction  des  plants  améri- 
cains dans  notre  département  : 

«  l"  Nos  vignes  qui  occupent  une  superficie  de  30,000  hectares  et  qui  représen- 
tent un  capital  d'environ  100  millions  de  francs,  ont  été  elficacement  protégées 
jusqu'à  ce  jour  par  un  arrêté  préfectoral  qui  prohibe,  dans  le  département,  l'entrée 
et  la  circulation  des  plants  étrangers; 

«  2"  Sur  ces  30,000  hectares  de  vignes,  on  ne  compte  guère  que  3  hectares  envi- 
ron qui  sont  plus  ou  moins  atteints; 

«  3"  L'mvasion  qui  n'est  encore  qu'à  son  début  pourrait  être  arrêtée  par  les 
traitements  administratifs; 

«  4"  D'après  les  prévisions  les  moins  optimistes,  on  peut  espérer  que  le  vignoble 
Landais  ne  sera  sérieusement  menacé  que  dans  huit  à  dix  ans,  en  supposant 
même  que  d'i'-i  là  on  n'applique  aucune  mesure  de  défense; 

«  5°  Nos  vignes,  séparées  les  unes  des  autres  par  de  grands  espaces  et  proté- 
gées de  certains  côtés  par  de  profondes  forêts  de  pins,  sont,  par  cela  même,  beau- 
coup moins  exfiosées  à  l'essaimage  que  partout  ailleurs.  Les  quelques  taches  con- 
statées sont  dues  à  des  importations  anciennes; 

«  6"  Depuis  que  les  terres  sableuses  sont  reconnues  réfractaires  au  phylloxéra, 
des  Sociétés  viiicoles  se  sont  formées  pour  l'exploitation  du  sol  par  la  vigne;  d'au- 
tres Sociétés  sont  en  voie  de  formation;  des  viticulteurs  étrangers  venus  de  pays 
phylloxérés  plantent  chaque  année  des  milliers  d'hectares  de  vignes  dans  nos 
Landes;  les  habitants  en  très  grand  nombre  suivent  l'exemple,  et,  si  ce  mouve- 
mtnt  très  reinitrquable  n'est  pas  contrarié,  on  peut  espérer  que  dans  quelques 
années  nos  vastes  étendues  de  landes  seront  transformées  en  vignobles; 

«  7°  Le  département  des  Landes,  moins  que  tout  autre,  n'a  besoin  de  recourir 
aux  plants  américains;  il  se  trouve  dans  une  situation  tout  à  fait  exceptionnelle, 
grâce  à  la  nature  du  sol;  ce  sol  étant  lui-même  un  remède  contre  le  phylloxéra; 

«  8°  Si,  dans  un  avenir  qui  parait  encore  assez  éloigné,  on  doit  recourir  aux 
plants  américains,  il  nous  sera  toujours  loitsible  de  le  faire.  Nous  mettrons  alors 
à  profit  les  études  de  sélection  et  d'adaptation  auxquelles  nos  voisins  se  seront 
livrés  ; 

«  9"  On  ne  saurait,  il  nous  semble,  prendre  trop  de  précautions  avant  de  sta- 
tuer définitivement  sur  la  question.  Tel  est  aussi  l'avis  de  la  Commission  centrale 
d'études  et  de  vigilance  des  Landes  contre  le  phylloxéra.  Presque  tous  les  mem- 
bres de  cette  Commission  partagent  l'idée  d'une  nouvelle  réunion,  et  cette  idée 
est  d'autant  plus  juste  que,  dans  une  première  séance,  6  membres  seulement 
sur  16  dont  se  compose  la  Commission  étaient  présents,  l'objet  de  la  convocation 
n'ayant  pas  été  indiqué. 

«  Si  nous  ne  craignions  de  vous  fatiguer,  monsieur  le  ministre,  nous  pour- 
rions examiner  d'autres  côtés  de  la  question  et  vous  dire  l'émotion  causée  dans 
le  pays  par  la  nouvelle  de  la  création  d'une  pépinière  de  plants  américains  dans 
une  propriété  dite  de  Lapeyrade  qui  a  été  offerte  à  M.  le  préfet,  et  qui  se  trouve 
à  proximité  d'une  région  coQtaminée. 

.  «  Espérant,  monsieur  le  ministre,  que  vous  voudrez  bien  prendre  nos  intérêts 
viticoles  sous  votre  haute  protection,  nous  vous  prions  de  ne  pas  autoriser  l'intro- 
duction de  plants  américains  dans  notre  déparlement,  et  de  ne  donner  aucune 
suite,  pour  le  moment  du  moins,  au  projet  de  création  d'une  pépinière  départe- 
mentale de  vignes  américaines  dans  les  Landes.  » 

Nous  ne  saurions  trop  insister,  pour  notre  part,  sur  ce  fait  que  les 
viticulteurs   ne   doivent  avoir  recours   aux  vignes   américaines  que 


GtlUONIOUE    AGRICOLE  (6  JANVIER    1883).  II 

lorsque  la  lutte  par  les  insecticides  ne  peut  pas  donner  des  résultats 
suffisants,  soit  à  raison  de  la  nature  du  sol,  soit  à  cause  des  frais  trop 
élevés  qu'ils  entraînent,  par  suite  de  la  valeur  des  produits  obtenus. 

VII.  —  Enscujmiiimt  di  parle  mental  du  fagriculiure. 
Les  professeurs  départementaux  se  soit  constitués,  comme  nos  lec- 
teurs le  savent,  en  une  association  spéciale,  dans  laquelle  sont  appelés 
à  prendre  rang  les  nouveaux  professeurs,  au  fur  et  à  m'^sure  de  leur 
nomination.  Cette  association  a  à  sa  tête  un  bureau  qui  est  actuelle- 
ment composé  comme  il  suit  :  président,  M.  Sauvage;  vice-président, 
M.  Magnien;  vice-secrétaire,  M.  Franc;  trésorier,  M.  Duplessis.  Elle 
vient  de  publier  son  quatrième  Bulletin;  nous  y  trouvons  que  57  dépar- 
tements sont  actuellement  pourvus  de  chaires  d'agriculture,  donto  en 
Algérie.  Le  même  fascicule  renferme  une  pétition  adressée  par  les 
professeurs  d'agriculture  au  ministère  de  l'instruction  publique,  rela- 
tivement à  l'organisation  de  leur  enseignement  dans  les  écoles  nor- 
males. Cette  pétition  a  été  favorablement  accueillie;  il  est,  en  effet, 
de  la  plus  haute  importance  que  le  double  enseignement  par  les  cours 
dans  les  écoles  normales,  et  par  les  conférences  dans  les  campagnes, 
puisse  se  faire  régulièrement. 

VIII.  —  La  comptabilité  agricole. 

Il  a  été  plusieurs  fois  question,  dans  nos  colonnes,  de  la  méthode 
de  comptabilité  agricole  due  à  M.  de  Sauvage.  Nous  apprenons  que, 
par  une  décision  de  M.  le  ministre  de  l'agriculture  en  date  du 
22  décembre,  M.  de  Sauvage  a  été  nommé  maître  de  conférences  à 
rinstitut  national  agronomique.  Il  pourra  ainsi  expliquer  et  faire 
connaître  sa  méthode  dans  tous  ses  détails. 

IX.  —  Concours  de  volailles  grasses  à  Louhans. 

Le  24.  décembre,  a  eu  lieu  à  Louhans  (Saône-et-Loire),  le  concours 
annuel  de  volailles  grasses.  Ce  concours  a  été  réellement  remarquable, 
et  il  a  prouvé  que  la  vieille  réputation  du  p:îys  est  loin  de  disparaître. 
Voici  les  principales  récompenses  attribuées  :  pour  les  chapons  de  race 
bresanne,  madame  Marie  Buisson,  à  Frontenaud;  pour  les  chapons  de 
race  croisée,  madame  Uny-Rodet,  au  Miroir;  pour  les  poulardes  de  race 
bressane,  madame  Rodet,  à  Sagy;  pour  les  oies  grasses,  madame  Ou- 
dard,  à  Montcony;  pour  les  canards,  madame  Bouchard,  à  Cuiseaux. 
Dans  chaque  catégorie,  les  exposants  étaient  nombreux,  et  leur  mérite 
a  été  apprécié  par  tous  les  visiteurs  du  concours. 

X.  —  AcUon  dio  froid  sur  les  végétaux. 

On  se  rappelle  que,  en  1880,  M.  le  ministre  de  l'agriculture  chargea 
la  Société  nationale  d'agriculture  de  faire  une  enquête  sur  les  dégâts 
causés  par  l'hiver  de  18T9-8  ).  Les  résultats  de  cette  enquête  ont  été 
publiés  dans  le  tome  127  des  Mémoires  de  la  Société.  Parmi  les 
mémoires  qui  furent  les  plus  remarqués,  est  celui  de  M.  Ch.  Baltet, 
horticulteur  à  Troyes  (Aube),  à  qui  une  médaille  d'or  fut  décernée.  Le 
mémoire  de  M.  Baltet  vient  de  paraître  sous  le  titre  :  Action  du  froid 
sur  les  végétaux^  en  un  volume  spécial  (librairie  G.  Masson,  boule- 
vard Saint-Germain,  120),  que  nous  sommes  heureux  de  signaler  à 
nos  lecteurs.  Après  avoir  comparé  l'hiver  de  1879-80  avec  les  hivers 
les  plus  mémorables,  l'auteur  examine  successivement  les  conditions 


12  CHRONIQUE  AGRICOLE  (6  JANVIER   1883). 

que  l'hiver  a  présentées,  les  effets  de  la  gelée  sur  les  arbres,  les 
arbrisseaux  et  les  arbustes,  dans  les  pépinières  et  les  jardins,  dans 
les  forêts,  ainsi  que  dans  les  vignes.  La  partie  capitale  de  ce  travail 
consiste  dans  une  nomenclature  des  arbres  et  arbustes,  classés  par 
ordre  alphabétique,  depuis  l'abricotier  jnsqu'au  yucca,  avec  des  indi- 
cations sur  la  manière  dont  chaque  espèce  a  subi  l'action  du  froid  ; 
les  variétés  sensibles  ou  qui  ont  résisté  au  froid  dans  les  diverses 
parties  de  la  France,  sont  ainsi  désignées  avec  soin.  Il  y  a  là  un 
nombre  considérable  de  renseignements  d'une  réelle  importance  pour 
toutes  les  plantations  d'utilité  ou  d'agrément.  Dans  ce  travail 
M.  Baltet  a  donné,  une  fois  de  plus,  des  preuves  de  ses  connaissances 
approfondies  en  arboriculture  et  en  sylviculture,  ainsi  que  de  l'esprit 
d'observation  sagace  dont  il  est  doué. 

XI,  —  Les  inondations. 

L'année  1882  s'est  achevée  dans  de  mauvaises  conditions.  L'excès 
des  pluies  a  ramené  les  inondations.  Moins  générales  qu'au  commen- 
cement du  mois  de  décembre,  elles  n'en  ont  pas  moins  causé  des 
déoâts  très  appréciables.  Dans  le  bassin  de  la  Seine,  les  affluents  de 
la  partie  supérieure  du  fleuve  ont  grossi  dans  des  proportions  inusitées. 
Dans  celui  du  Rhône,  le  Doubs  a  subi  une  hausse  considérable,  et  sur 
quelques  points  la  plus  élevée  qui  ait  été  encore  constatée.  Dans  le 
nord,  l'Escaut  et  la  Scarpe  sont  sortis  de  leur  lit,  et  ont  envahi  les 
plaines.  En  Normandie,  plusieurs  rivières  ont  complètement  inondé 
les  plaines  qui  les  bordent.  En  Allemagne,  on  signale  aussi  des  crues 
considérables  de  la  plupart  des  rivières.  En  fin  décompte,  c'est  l'agri- 
culture qui  supporte  la  plus  grande  partie  des  effets  de  ces  phénomènes 
terribles  qui  entraînent  toujours  des  pertes  considérables  et  qui  laissent 
la  désolation  sur  leur  passage. 

XIL  —  Concours  d'animaux  gras  en  1883. 

Le  concours  régional  d'animaux  gras,  organisé  chaque  année  à 
Limoges  par  la  Société  d'agriculture  de  la  Haute-Vienne,  se  tiendra 
les  20  et  21  janvier.  Il  comprendra  les  animaux  des  espèces  bovine, 
ovine  et  porcine.  Les  déclarations  des  exposants  doivent  être  adressées, 
avant  le  15  janvier,  à  M.  Gérardin,  secrétaire  général  de  la  Société 
d'agriculture,  rue  du  Saint-Esprit,  à  Limoges. 

Le  concours  général  du  Palais  de  l'Industrie,  qui  se  tiendra  du  27  au 
31  janvier,  à  Paris,  sera  dirigé  par  M.  Heuzé,  inspecteur  général  de 
l'agriculture.  Ce  concours  promet  d'être  très  brillant.  Les  déclarations 
adressées  au  ministère  de  l'agriculture  sont  très  nombreuses,  aussi 
bien  pour  les  animaux  de  boucherie  et  les  animaux  reproducteurs, 
que  pour  les  machines  et  les  instruments  agricoles. 

J.-A.  Barral. 

LA  NAVIGATION  DU  RHONE 

Si  la  navigation  diminue  de  jour  en  jour  sur  le  Rhône,  il  faut 
reoonnaître  que,  hors  de  l'eau,  elle  se  rattrappe  par  une  activité,  un 
mouvement,  un  bruit  qui  vont  sans  cesse  grandissant.  Autant  elle 
est  entravée,  enrayée,  ecgravée,  faible,  languissante.  dé3roissante  et 
mourante  entre  Lyon  et  la  mer,  autant,  de  Lyon  à  Paris,  elle  marche, 


NAVIGATION  DU  RHONE.  13 

court,  s'agite  et  se  démène  sur  terre  et  sur  fer,  sur  parquet  et  sur 
papier. 

Sont-ce  les  convulsions  de  l'agonie  qui  commencent?  Ce  bruyant 
concert,  qui  ne  rappelle  en  rien  le  doux  murmure  des  ondes  naviga- 
bles, mais  plutôt  le  grondement  furieux  d'un  torrent  emporté, 
serait-il  le  chant  du  cygne  de  celte  fantastique  et  anachronique  navi- 
gation? Je  suis  tenté  de  le  croire  et  l'agriculture  tout  entière  est  en 
droit  de  l'espérer;  et  si  tous  les  agriculteurs  intéressés  voulaient  s'unir 
à  moi  ou  faire  comme  moi,  cette  espérance  ne  tarderait  guère  à  devenir 
une  redite. 

Il  ne  serait  que  temps  d'ailleurs  que  l'agriculture  rentrât  enfin  en 
possession  d'une  eau  qui  lui  appartient  tout  entière,  qui  n'ujpir- 
tient  qu'à  elle  et  dont  ses  spoliateurs  ne  peuvent  venir  à  bout  de  tirer 
aucun  profit. 

Personne,  que  je  sache,  n'a  contesté  cette  vérité  que  l'eau  appartient 
à  l'agriculture  et  que  l'eau  du  Rhône  appartient  à  toutes  les  terres 
situées  sur  ses  rives  et  auxquelles  elle  est  destinée  à  donner  la  vie  et 
la  fécondité. 

Si  encore  ceux  qui  refusent  à  l'agriculture  quelques  gouttes  de 
cette  eau  qu'elle  leur  demande  trop  humblement,  au  lieu  de  lexiger 
comme  son  droit,  pouvaient  alléguer,  pour  sinon  justifier  du  moins 
excuser  leur  usurpation,  un  etnpioi  utile  et  fécond  de  ces  richesses, 
des  créations  durables,  de  véritables  services  rendus  à  l'intérêt 
général.  S'ils  pouvaient,  au  moins,  plaider  les  circonstances  atté- 
nuantes! 

J'ai  lu  avec  la  plus  grande  attention,  et  ligne  par  ligne,  tout  ce  qui 
a  été  dit  et  écrit  depuis  longtemps  en  faveur  de  cette  navigation,  à  la 
Chambre  des  députés,  au  Sénat,  au  Conseil  municipjl  et  à  la  Chambre 
de  commerce  de  Lyon,  dans  les  journaux,  les  revues,  les  brochures, 
les  rapports,  et  j'y  ai  trouvé  une  véritable  inondation  d'espérances 
illusoires,  de  promesses  décevantes,  d'allégations  insoutenables,  de 
prétentions  monstrueuses,  de  prophéties  fantastiques,  en  un  mot  de 
phrases  creuses  pour  masquer  de  petits  intérêts  locaux  inavouables 
et  de  petites  ambitions  personnelles;  j'y  ai  vainement  cherché  de 
sérieuses  raisons  d'intérêt  général  basées  sur  des  faits  prouvables,  et 
j'ai  surtout  constaté,  comme  tout  le  monde,  avec  quel  soin  scrupuleux 
les  défenseurs  de  la  navigation  du  Rhône  évitaient  de  produire,  à 
l'appui  de  leurs  thèses,  quelques-uns  de  ces  chiffres  qui  donnent  tant 
de  poids  à  une  affirmation  et  pour  lesquels  ils  professent,  et  pour 
cause,  une  si  invincible  horreur. 

Voici  quelques  uns  de  ces  chiffres  qui  ne  risquent  pas  d'être  con- 
tredits, car  ils  émanent  d'une  source  officielle  : 

Années  Tonnes.  Années.  Tonneâ. 

1865 309,814                1874 221  488 

1866 303,8.i8                 1875  241,864 

1867 196,114                  1876 210,105 

1868 321,:)70                 1877 130,291 

1869 295,979                 1«78 194,752 

1H71 225,198                 1879...- 193,822 

1872 2)9, /24                 lK8i) 172,872 

1873.. 306, o97                 1881 170,528 

Les  dépenses  pour  l'amélioration  du  Rhône,  commencée  en  1861, 
atteigneût  actuellement  un  total  d'environ  35  millions;  il  reste  10  mil- 


14  NAVIGATION  DU  RHONE- 

lions  à  dépenser  pour  travaux  prévus,  en  1883  et  1884,  sans  compter 
ce  qui  sera  nécessaire  par  la  suite. 

Le  prix  moyen  du  fret  kilométrique  est  0  fr.  037  pour  la  descente 
et  de  0  fr.  OAO  pour  la  remonte. 

Ces  chiffres  n'ont  pas  besoin  d'être  groupés  avec  art  pour  pré- 
senter des  conclusions  évidentes  et  incontestables. 

Avant  les  travaux  d'amélioration,  la  moyenne  annuelle  des  trans- 
ports était  d'environ  300,000  tonnes  et  elle  dépassait  souvent  ce 
chitîre.  En  1s8i  après  20  ans  de  travaux  et  une  dépense  de  plus 
de  35  millions,  ce  total  n'est  plus  que  de  170,000,  ayant  baissé  de 
près  de  moitié  pendant  que,  sur  toutes  les  autres  voies  de  terre  et  de 
fer,  la  circulation  des  marchandises  suivait  une  progression  constante 
et  presque  incalculable. 

Chaque  million  dépenséàl'amélioration  a  donc  supprimé  4,000  tonnes 
de  transports.  Et  si  l'on  admet,  ce  qui  est  difficile  à  contester,  que  la 
navigation  du  Rhône  aurait  dû  et  pu  au  moins  doubler  ou  tripler 
en 'iO  ans,  pour  suivre,  ne  fût-ce  que  de  loin,  la  progression  des 
autres  voies  de  transport,  c'est  8^000  ou  12,000  tonnes  annuelles  de 
perte  pour  chaque  million  dépensé.  Et  cependant,  on  peut  lire  chaque 
année,  dans  les  rapports  du  service  de  la  navigation,  que  tel  ou  tel 
passage  a  été  amélioré,  que  la  circulation  est  devenue  facile  de  tel 
point  à  tel  autre,  et  on  se  demande,  sans  pouvoir  se  l'expliquer, 
comment  chaque  amélioration  devient  une  entrave  et  une  cause  de 
diminution.  L'explication  est  bien  simple,  c'est  que  le  Rhône  n'est 
pas  navigable  et  les  ingénieurs  n'y  peuvent  rien. 

A  qui  profite  cet  argent  dont  le  premier  résultat  est  de  diminuer  les 
transports?  Le  bénéfice  des  particuliers  est  bien  minime  ou  même  nul, 
puisque  le  prix  de  transport  par  chemin  de  fer  est  ou  égal  ou  inférieur 
à  celui  par  le  Rhône. 

Quel  bénéfice  en  retire  l'Etat  ou  l'intérêt  général  qu'il  représente? 

Autrefois  la  navigation  du  Rhône  payait  un  droit  qui,  suivant  les 
marchandises^  était  de  1  à  2  millimes  par  tonne  et  par  kilomètre.  Cet 
impôt  rendait  environ  une  centaine  de  mille  francs,  mais  tout  minime 
qu'il  fût  (91,323  fr.  46  en  1879j,  il  était  encore  trop  lourd  pour  la 
navigation  du  Rhône  et  il  a  été  supprimé  par  la  loi  du  1 9  février  1 880. 

Ainsi,  pendant  que  les  chemins  de  fer  payent  à  l'Etat  plus  de 
23  pour  100  sur  leurs  transports;  pendant  que  les  diligences,  les 
omnibus,  les  moindres  pataches  et  jusqu'aux  voitures  des  simples 
particuliers,  qui  ne  coûtent  rien  à  l'Etat,  versent  chaque  jourd'énormes 
impôts  dans  ses  caisses,  la  navigation  du  Rhône  est  seule  à  ne  con- 
tribuer en  rien,  non  seulement  aux  dépenses  générales,  mais  même  à 
ses  énormes  dépenses  particulières. 

Les  transports  de  1881  se  répartissent  ainsi,  en  tonnes  : 

Descente  :  Remonte  :  Flottage  :  Total  : 

61,880  84,536  24,112  170,528 

En  déduisant  les  24,1 12  tonnes  du  flottage,  il  reste  146,416  tonnes. 
Le  flottage  doit  être  déduit  parce  que  ce  n'est  certainement  pas  pour 
lui  qu'on  veut  donner  au  Rhône  un  tirant  d'eau  de  1'°.60.  Il  n'a  d'ail- 
leurs rien  à  gagner  à  ces  travaux,  puisque  de  123,275  tonnes,  en  1868, 
il  est  tombé  à  24,112  en  1881.  Ce  qui  prouve,  soit  dit  en  passant, 
que  le  Rhône  qui  pourrait  être  sinon  navigable,  du  moins  flottable, 
devient,  par  ses  améliorations,  impossible  même  au  Hottage. 


NAVIGATION  DU  RHONE.  15 

,  J'ignore  quel  sera  le  tonnage  de  1882;  mais  on  peut,  sans  s'aven- 
turer, affirmer  qu'il  sera  toujours  inférieur  à  celui  de  l'année  précé- 
dente, de  même  qu'il  est  plus  que  probable  que  celui  des  années  suivantes 
ira  toujours  en  diminuant. 

Supposons  cependant,  pour  être  bienveillant  envers  la  navigation,  que 
ce  tonnage  annuel  se  maintiendra  à  140,000  tonnes,  et  supposons 
encore  bénévolement  que,  sur  les  283  kilomètres  qui  séparent  Lyon 
d'Arles,  le  parcours  moyen  est  de  200  kilomètres.  Nous  obtenons 
ainsi  un  total  maximum  certainement  exagéré  et  cependant  bien  mes- 
quin, de28  millions  de  tonnes  kilométriques  qui,  au  chifîre  moyen  de 
38  miilimes  par  tonne,  nous  donnent,  pour  résultat  final  des  transports 
sur  le  Rhône,  le  chitîre  minuscule  et  cependant  brut  de  1,0134,000  fr. 
qui  ne  doit  pas  laisser  giand'chose  entre  les  mains  des  entrepreneurs 
de  transport,  qui  ne  laisse  rien  entre  celles  des  particuliers,  et  dont 
nous  allons  voir  ce  qu'il  coûte  à  l'Etat  et  à  l'intérêt  général. 

La  loi  du  13  mai  1878  a  affecté  à  l'amélioration  du  Rhône  une 
somme  de  45  millions,  sur  lesquels  35  millions  environ  sont  dépensés 
et  10  millions  sont  à  dépenser  en  1883  et  1884. 

Quand  cette  première  somme  sera  épuisée,  le  coût  annuel  de  la 
navigation  du  Rhône  sera  d'abcrd  de 2,250,000    fr. 

On  est  certainement  au-dessous  de  la  vérité  en  y 
ajoutant  pour  continuation  indispensable  des  amé- 
liorations, frais  d'entretien  et  de  réparation  des  tra- 
vaux exécutés,  accidents  résultant  des  inondations, 
personnel,  service,  etc.,  une  somme  annuelle  de.  .       1,250,000    fr. 

Soit  un  total  annuel  de.  .  .  .  3,500,000  fr. 
En  répartissant  celte  somme  sur  les  140,000  tonnes,  on  voit  que, 
pour  chaque  tonne  que  transporte  le  Rhône,  la  France  entière  paye 
25  francs  pendant  que  l'expéditeur  ne  paye  que  7  fr.  60,  et  tous  les 
Français  de  France  et  des  colonies  sont  obligés  de  prendre  chaque 
année  dans  leur  poche  et  de  jeter  dans  le  Rhône  3  millions  et  demi 
pour  que  le  Rhône  puisse  faire  1  million  de  transport,  et  encore  les 
fera-t-il? 

Et  ce  n'est  pas  tout.  Chaque  tonne  transportée  nous  coûte  encore 
l'eau  qu'elle  nous  prend.  Il  ne  passe  pas  400  tonnes  de  marchandise 
par  jour  sur  le  Rhône,  et  il  passe  dans  le  Rhône  plus  de  400  mètres 
cubes  d'eau  par  seconde,  dans  les  plus  basses  eaux.  Chaque  tonne 
dépense  donc  plus  d'un  mètre  cube  d'eau  pour  elle  seule.  Or  on  sait 
aujourd'hui  ce  que  vaut  l'eau.  L'agriculture  la  paye  63,500  francs  de 
rente  le  mètre  cube,  et  ce  même  mètre  cube  est  évalué  1  million  de 
rente  annuelle,  quand  il  est  cédé,  sous  forme  continue,  à  l'industrie, 
aux  villes  et  aux  particuliers. 

Qu'on  mette  maintenant  en  présence  l'agriculture  qui  réclame  son 
bien  et  la  navigation  qui  ne  veut  pas  le  lui  rendre. 

La  navigation  du  Rhône  ne  peut  pas  transporter  une  tonne  de  mar- 
chandises sans  que  l'Etat  lui  paye  le  triple  de  la  valeur  du  transport, 
et  si  l'Etat  avait  sur  les  bras  quelques  entreprises  de  même  genre,  la 
France  marcherait  à  grand  pas  vers  sa  ruine. 

L'agriculture  ne  deman<le  que  le  sobil  et  l'eau  pour  produire  cent 
fois  plus  de  millions  de  tonnes  que  le  Rhône  ne  pourrait  en  transpor- 
ter, même  s'il  était  navigable. 


16  NAVIGATION  DU  RHONE. 

La  navigation  du  Rhône  ne  peut  pas  transporter  une  tonne  de 
marchandise,  sans  enlever  à  l'agriculture  un  rnètre  cube  d'eau  avec 
laquelle  l'agriculture  arroserait  1,000  hectares  et  même  2,000  en 
tenant  compte  des  submersions  hivernales,  et  pour  lequel  elle  paye- 
rait annuellement  63,500  francs  et  même  127,000  francs. 

Les  40  mètres  cubes  dont  se  con lente  actuellement  l'agriculture, 
mais  qui  devraient  être  doublés,  triplés,  décuplés  même  si  l'on  vou- 
lait tirer  du  Rhône  toutes  les  richesses  qu'il  contient,  mettraient  en 
valeur  près  de  80,000  hectares  dont  la  plus-value  couvrirait  large- 
ment les  dépenses  ou  plutôt  les  avances  faites  par  l'Etat.  Et  cette 
plus-value  comprend  un  élément  exceptionnel  sur  lequel  on  ne  sau- 
rait trop  insister  :  40,000  hectares  soumis  à  la  submersion  donneraient 
bien  vite  un  revenu  qu'on  ne  peut  estimer  à  moins  de  50  hectolitres  à 
l'hectare,  soit  2  millions  d'hectolitres  de  vin*.  Or,  entre  la  souche  et 
la  bouche  du  consommateur,  chaque  hectolitre  laisse,  d'une  manière 
ou  d'une  autre,  entre  les  mains  de  l'Etat,  une  somme  que  j'ai  entendu 
évaluer  à  au  moins  5  francs.  Ce  serait  donc  10  millions  de  revenu 
annuel  à  ajouter  à  tous  les  autres  bénéfices  que  l'Etat  retirerait  du 
Rhône;  création  d'une  œuvre  durable  dont  les  bénéfices  auront  bien 
vile  couvert  les  dépenses  ;  plus-value  des  terres,  élévation  et  rendement 
de  tous  les  impôts,  augmentation  du  travail  agricole  et  de  la  richesse 
publique,  accroissement  de  la  population  remplaçant  l'émigration  et 
le  dépeuplement,  etc.,  etc. 

Et  je  dis  que  :  lois  même  que  la  question  de  propriété  ne  serait  pas 
tranchée  enlre  les  deux  concurrents,  et  qu'on  déciderait  d'adjuger 
l'eau  du  Rhône  à  celle  des  deux  qui  pourrait  en  faire  l'usage  le  plus 
profitable  à  Tinlérêt  général,  il  faudrait,  au  lieu  de  l'abandonner  à  la 
navigation  qui  n'en  tire  que  la  ruine,  se  hâter  de  la  donner  à  l'agri- 
culture qui  la  rendrait  au  centuple  en  accroissement  de  la  richesse 
nationale.  Aimé  Champin. 


HERSE  CHAMBONNIÈPiE  A  DENTS  SANS  EGROU 

M.  Chambonnière,  constructeur  à  Cusset  (Allier),  a  présenté  au 
concours  organisé  par  la  Société  d'agriculture  de  l'Allier,  une  herse 
articulée  oîi  la  suppression  de  1  écrou  dans  les  dents  a  été  appliquée 
d'une  façon  très  ingénieuse.  Cet  instrument  a  été  l'objet  d'une  attention 
toute  spéciale  du  jury  qui  a  décerné  un  prix  d'honneur  à  son  inventeur. 

Les  dents  à  écrou  cassent  assez  fréquemment  au  collet;  elles  sont 
affaiblies  en  ce  point  (où  cependant  l'etîort  se  fait  le  plus  sentir)  par 
la  partie  filetée  d'un  diamètre  moindre  que  la  dent.  Un  autre  inconvé- 
nient de  ces  dents,  c'est  leur  ébranlement  facile  et  l'impossibilité  d'y 
remédier. 

M.  Chambonnière,  après  de  laborieuses  recherches,  a  trouvé  un 
système  de  dents  el  d'assemblage  qui  est  un  correctil  parlait  des  incon- 
vénients que  je  viens  de  signaler. 

Voici  en  quoi  consiste  cette  invention  pleine  d'avenir  et  admirable 
de  simplicité  :  les  dents,  en  fer  olive,  sont  terminées  à  la  partie  supé- 
rieure par  un  tronc  de  cône  renversé  et  s'emmanchent  sur  le  châssis 
par  un   trou  également  tronconique  qu'elles  dépassent  de  quelques 

1.  11  fdudrait  deux  ans  et  demi  à  la  navigation  du  Rhône  pour  remonter  ces  2,00o,0(X)  d'hec- 
lolitres  en  ne  transportant  pas  autre  chose. 


HERSE  CHAMBONNIÈRE.  17 

millimètres.  Elles  sont  pressées  par  une  platine  d'acier,  sur  laquelle 


Fig.  1.  —  Herse  Chambonnière. 

agissent  deux   petits    boulons,   l'un   en    avant,    l'autre    en   arrière. 


Fig.  2.  —  Vue  de  côté  de  l'assemblage  d'une  dent.     Fig.  3. —  Assemblage  d'une  dent,  démonté. 

La  figure  1  montre  la  répartition  des  dents  et  l'ensemble  de  la  herse. 


18  HÊRSE  CHAMBONNIÉRE. 

I,a  figure  2  est  une  vue  de  côté  d'une  dent  assemblée.  La  fi- 
gure 3  est  une  vue  perspective  de  l'assemblage  démonté,  la  platine 
enlevée  et  la  dent  sortie  du  châssis. 

Ce  système  de  dents  et  d'assemblage  présente  les  avantages  sui- 
vants :  par  leur  forme  évasée  à  la  partie  supérieure,  ces  dents  offrent 
leur  plus  grande  solidité  au  collet,  condition  essentiellement  favorable 
pour  prévenir  la  rupture  qui,  corame  nous  l'avons  vu,  a  lieu  de  pré- 
férence sur  ce  point,  dans  les  dents  à  écrou  ;  en  outre,  l'ébranlement 
des  dents  arrive  rarement  et,  s'il  se  produit,  il  sufTit  de  serrer  légère- 
ment la  platine,  au  moyen  de  deux  boulons,  pour  rendre  à  l'assemblage 
sa  solidité  primitive. 

Quant  à  moi,  je  n'ai  qu'à  me  féliciter  de  ce  précieux  instrument,  dont 
le  prix  est  peu  élevé,  puisqu'il  ne  dépasse  que  de  10  pour  100,  celui 
des  herses  articulées  ordinaires,  toutes  choses  égales  d'ailleurs. 

Jules  Cosse, 

ancien  élève  de  Grand-Jouan, 
agriculteur  aux  Vaux,  près  Cusset  (Allier) . 

LABOURS  ET  SEMAILLES  DU  PRINTEMPS 

Les  emblavures  en  froments  d'hiver  n'ayant  pu  être  terminées 
partout,  j'entends  dire  de  tous  côtés  qu'il  faut  se  hâter  de  préparer  les 
terres  pour  les  ensemencer  en  blé  de  printemps. 

C'est  facile  à  dire,  plus  difficile  à  faire  ;  je  puis  en  parler  par  expé- 
rience, moi  dont  les  chevaux  sont  restés  à  l'écurie  pour  ainsi  dire  à 
ne  rien  faire,  sans  qu'il  m'ait  été  possible,  depuis  six  semaines,  de 
labourer  un  seul  sillon  de  terre  d'une  manière  profitable. 

D'abord,  les  blés  dits  de  printemps,  dont  le  plus  connu  est  le  blé  de 
Noé,  ne  viennent  pas  également  bien  dans  tous  les  sols.  Il  leur  faut  de 
préférence  des  terrains  légers,  et  je  puis  vous  assurer  que  leur  cul- 
ture dans  nos  terres  fortes  de  la  Normandie  et  du  Nord,  ne  donnera 
jamais  qu'un  résultat  inférieur  à  celui  obtenu  avec  une  bonne  récolte 
d'avoine  toujours  moins  exigeante  sous  le  rapport  de  la  préparation  du 
fonds. 

Dans  la  Beauce  même,  où  j'ai  résidé  longtemps,  et  dont  le  sol  se 
prête  mieux  à  ce  genre  de  culture,  je  n'ai  jamais  vu  la  faire  que  d\ine 
manière  restreinte,  après  une  saison  trop  humide  comme  celle-ci,  ou 
pour  remplacer  des  emblavures  détruites  par  un  hiver  rigoureux, 
parce  que  le  rendement,  tout  le  monde  le  sait,  est  presque  toujours 
assez  médiocre. 

Lorsque  je  suis  arrivé  dans  ce  pays,  il  y  a  huit  ans,  pour  y  faire  de 
la  culture,  j'ai  voulu  essayer  du  blé  de  Noé,  que  j  avais  fait  venir  de 
Chartres  et  que  j'avais  semé  dans  le  mois  de  mars,  je  crois.  Je  dois 
avouer  que,  comme  bien  d'autres,  j'ai  complètement  échoué  dans  des 
terres  bien  préparées  cependant,  et  largement  fumées. 

On  dit  également  qu'il  faut  sans  tarder  donner  aux  terres  les  façons 
eonvenables,  avant  le  premier  printemps. 

Mais,  par  quels  moyens?... 

C'est  seulement  jeudi  14  décembre  que  je  suis  parvenu,  en  doublant 
mes  attelages,  à  enlever  de  mes  champs  les  dernières  betteraves  ar- 
rachées depuis  un  mois  et  restées  sur  la  terre  à  moi  lié  gelées. 

Il  ne  viendrait  bien  entendu  à  personne  ici,  en  ce  moment,  l'idée 
de  tenter  de  labourer  dans  les  vallées  ;  car  sur  nos  plateaux,  où  le  sous- 


LABOURS    ET   SEMAILLES   DE  PRINTEMPS.  19 

sol  est  déjà  assez  difficilement  perméable,  la  charrue  la  mieux  montée 
fait,  de  la  terre  qu'elle  retourne,  comme  un  long  ruban  uni  et  pour 
ainsi  dire  lissé  par  l'humidité. 

Et  encore,  cette  première  façon  donnée,  comment  arriver  à  opérer 
les  suivantes?  Comment  herser  dans  cette  boue,  avant  que  des  haies  ne 
soient  venus  ressuyer  ces  terres  qu'un  travail  intempestivemeat  fait 
dans  ces  conditions  rendrait  pour  longtemps  infertiles  ? 

Sérieusement,  je  ne  vois  qu'un  moyen  d'arriver  à  assainir  un  peu  nos 
champs  en  ce  moment,  c'est  de  profiter  des  éclaircies  qui  se  produisent 
trop  rarement,  j'en  conviens,  pour  donnera  nos  terres  un  labour  or- 
dinaire en  même  temps  qu'un  drainage  àla  fouilleuse  qui  puisse,  dans 
la  mesure  du  possible,  débarrasser  les  couches  arables  de  leur  trop 
grande  humidité. 

Mais,  comme  ces  opérations  donnent  toujours  lieu  à  des  frais  assez 
élevés  (il  faut  deux  hommes  et  trois  chevaux  pour  mener  une  charrue 
sous-sol),  j'ai  trouvé  un  procédé  appelé,  je  crois,  à  rendre  de  grands 
services  à  la  culture  de  notre  région,  qui  se  voit  enlever  la  plus  grande 
partie  de  ses  profits  par  l'augmentation  toujours  croissante  delà  main- 
d'œuvre,  et  je  viens,  si  vous  voulez  bien  le  permettre,  monsieur  le 
directeur,  le  faire  connaître  à  ceux  de  mes  collègues  qui  se  trouvent 
au  nombre  des  lecteurs  de  votre  excellent  Joimial. 

Voici,  du  reste,  en  quoi  consiste  ce  procédé  qui  est  de  la  plus  grande 
simplicité  et  à  la  portée  de  toutes  les  bourses  : 

A  mes  charrues  normandes  ordinaires,  mais  perfectionnées  par 
mon  ami  Meulle,  constructeur  à  Folleville  (Eure),  j'ai  fait  ajouter, 
derrière  le  soc,  un  long  et  très  fort  crochet,  dans  le  genre  de  ceux  des 
extirpateurs,  qui  creuse  la  terre  à  une  profondeur  de  10  à  15  centi- 
mètres, suivant  convenance,  au-dessous  du  labour  même,  et  qui  forme 
un  drain  bien  capable  de  contribuer  puissamment  à  l'écoulement  des 
eaux  de  pluie. 

Cet  appareil,  au  moyen  duquel  on  peut  réaliser  une  notable  écono- 
mie en  simplifiant  et  en  accélérant  d'une  manière  sensible  l'ensemble 
des  travaux  d'hiver,  si  entravés  souvent  par  les  mauvais  temps,  ne 
nécessite  qu'un  cheval  de  plus. 

Ainsi,  avec  un  homme,  trois  chevaux  et  un  ^^a/ronwe^  pour  conduire 
le  cheval  de  tête  dans  les  tournants,  on  arrive  à  faire  un  bon  travail, 
presqu  aussi  parfait  qu'avec  une  simple  charrue  qui  demande  toujours 
un  homme  et  deux  chevaux,  suivie  d'une  autre  charrue  sous-soJ  qui 
exia;e  deux  hommes  et  trois  chevaux  ! ... 

Les  résultats  avantageux  que  j'obtiens  ainsi  sont  ne  toute  évidence. 

Mais,  je  le  répète,  afin  d'éviter  de  grandes  déceptions  à  nos  culti- 
vateurs normands  et  autres,  je  les  engage  à  ne  pas  faire,  sans  se  bien 
renseigner  auparavant,  des  blés  tendres  de  printemps  dans  leurs  terres 
fortes  qui  n'arrivent  presque  jamais  à  être  convenablement  ressuyées 
qu'à  la  fin  de  mars,  quelquefois  plus  tard,  parce  que  le  rendement  de 
ces  froments,  j'en  ai  la  certitude,  ne  sera  pas  à  beaucoup  près  compa- 
rable à  celui  d'une  bonne  récolte  d'avoine  d'été  qui  exige  moins  d'engrais 
et  que  l'on  peut  sans  inconvénient  semer  plus  tardivement. 

Mais,  je  veux  cependant  faire  cette  saison,  dans  quelques  jours,  une 
expérience  que  l'on  m'assure  n'avoir  pas  été  tentée  encore  : 

On  dit  ici  et  avec  raison,  je  pense,  que  les  blés  faits  de  bonne  heure 
sont  toujours  les  meilleurs  ;  je  le  crois  comme  nos  paysans  ;   mais,  je 


20  LABOURS  ET  SEMAILLES  DE  PRINTEMPS. 

suis  un  chercheur  par  nature  assez  curieux,  el  je  désire  savoir  comment 
nos  blés  ordinaires  de  pays,  faits  à  Noël,  se  comporteront  dans  notre 
sol  humide. 

Il  me  reste  2  hectolitres  de  blé  chaulé  depuis  six  semaines,  sans  que 
j'aie  pu  trouver  un  moment  favorable  pour  le  semer.  11  me  reste  aussi 
un  hectare  de  tprre  bien  fumée  que  je  n'ai  pu  emblaver  avant  1  hiver. 

Je  vais  tout  simplement  confier  cette  semence  à  cette  terre  encore 
fortement  détrempée,  et,  dans  quelques  mois,  je  m'engage  à  faire 
connaître  à  ceux  de  nos  lecteurs  que  cette  tentative  peut  intéresser,  le 
résultat,  quel  quil  soit,  que  j'aurai  obtenu. 

J'ai  vu  quelquefois  des  froments  rester  sans  germer  dans  la  terre 
gelée  pendant  cinq  et  six  semaines,  et  lever  parfaitement  bien  après  la 
fonte  des  neiges,  comme  en  Russie,  par  exemple.  Je  ne  connais  pas 
de  raisons  capables  d'empêcher  qu'il  en  soit  ainsi  sous  notre  climat 
beaucoup  plus  tempéré.  E.   Cassé, 

Membre  de  la  Société  d'agr.culture  de  l'Eure 

LE  DMINAGE  DANS  SEINE-ET-MARNE* 

I.  —  Les  premiers  essais  de  drainage  en  France,  furent  tentés  en 
Seine-et-Marne,  par  M.  du  Manoir,  propriétaire  à  Forges,  près  Monte- 
reau,  qui  en  1  S'^O  draina  3  hectares  à  l'aide  d'ouvriers  venus  d'Angle- 
terre avec  l'outillage  et  les  tuyaux  nécessaires  pour  ce  travail.  Vers 
1849,  M.  le  baron  de  Rothschild  entreprit  l'assainissement  du  domaine 
deFerrières,  et  depuis  cetle  époque  la  pratique  du  drainage  se  répandit 
peu  à  peu  dans  notre  contrée. 

M.  Payen,  secrétaire  perpétuel  de  la  Société  centrale  d'agriculture, 
qui  reçut  en  1850  la  mission  d'aller  étudier  le  drainage  en  Angleterie, 
constate  que  le  drainage  «  est  l'une  des  plus  grandes  améliorations 
«  comemporaines  et  peut-être  l'une  des  plus  belles  inventions  de 
«  l'agriculture.» 

«  Les  elTets  du  drainage  sont  merveilleux,  dit  Léonce  de  Lavergne'; 
dans  les  prairies  le  foin  devient  plus  abondant  et  de  meilleure  qua- 
liié;  dans  les  terres  arables  les  céréales  et  les  racines  poussent  plus 
vigoureuses  ;  il  faut  moins  de  semence  pour  plus  de  récolte.  Le  climat 
lui-même  y  gagne  sensiblement » 

En  i8/)1,  une  Commission  de  15  membres  de  notre  Société,  sous 
la  conduite  de  M.  Viellot,  son  président,  parcourait  l'Angleterre  et 
l'Ecosse,  et  constatait  de  visu  les  effets  surpi'euants  du  drainage.  A 
celte  époque,  dit  le  rapporteur,  250,000  hectares  étaient  déjà  assainis 
et  le  gouvernement  anglais  avait  prêté  V50  millions  de  francs  à  l'agri- 
culture. Il  cite  entre  autres  un  propriétaire,  lord  Northumberland,  qui 
consacrait  chaque  année  500,000  francs  à  drainer  ses  fermes. 

En  France,  le  drainage  était  loin  de  prendre  une  extension  aussi 
rapide,  malgré  les  efforts  du  gouvernement  pour  le  vulgariser.  Dans  le 
département  de  Seine-et-Marne,  IHO  machines  à  fabriquer  les  tuyaux 
de  drainage  étaient  distribuées  gratuitement  dans  l'espace  de  cinq 
années,  et  l'administration  des  ponts  et  chaussées  mettait  ses  agents 
à  la  disposition  des  propriétaires  pour  faire  les  études  et  diriger  les 
travaux. 

En  1854,  notre  Société,  an  concours  de  la  Ferté,  distribuait  pour  la 

1.  Rapporta  la  Société  d'agriculture  de  Meaux. 

2.  Léonce  de  Lavergne,  Economie  rurale  de  l'Angleterre. 


LE  DRAINAGE  DANS  SEINE-ET-MARNE.  21 

première  fois,  des  récompenses  pour  le  drainage;  en  1855,  au  Comice 
de  Crécy,  noire  président,  M.  le  comte  de  Moustier  et  M.  Marie,  agent- 
•voyer,  obtenaient  des  médailles  pour  le  drainage  de  la  ferme  de  IMon- 
taudier.  Nous  possédons  dans  nos  annales  un  rapport  de  iM.  Viellot, 
sur  des  travaux  de  drainage  exécutés  à  Annet,  Villeroy,  Emérain- 
"ville,  etc.,  un  autre  de  M.  le  comte  de  Moustier,  sur  le  drainage  des 
fermes  de  la  Chapelle. 

En  18ô5*,  selon  M.  Carro,  secrétaire  de  notre  Société,  les  terres 
drainées  se  répartissaient  ainsi  dans  noire  département  : 

Arrondissements.  Hectares. 

Coulommiers 210 

Foniainebleau 117 

Meaux 1,316 

Melun 1,417 

Provins 492 

Total 3,552 

On  comptait  alors  vingt  fabriques  de  tuyaux. 

Le  10  juin  1854,  M.  Gareau,  député  de  l'arrondissement,  qui  avait 
importé  le  drainage  dans  les  environs  de  Mormant,  faisait  voter  au 
Corps  législatif  une  loi  donnant  aux  propriétaires  qui  veulent  assainir 
leurs  terrains,  le  droit  de  conduire  les  eaux  souterrainement  ou  à  ciel 
ouvert,  à  travers  les  propriétés  qui  les  séparent  d'un  cours  d'eau,  à 
charge  d'une  juste  et  préalable  indemnité. 

Dans  son  rapporta  la  Chambre,  M.  Gareau  estimait  à  10  millions 
d'hectares  les  terres  susceptibles  d'être  drainées  en  France  et  ajoutait 
que,d.ins  l'année  1853  qui  fut  très  humide,  les  terres  drainées  avaient 
produit  8  à  10  hectolitres  de  blé  par  hectare  de  plus  que  les  terres  non 
drainées. 

La  loi  du  18  juillet  1856  avait  affecté  une  somme  de  100  millions 
aux  travaux  de  drainage,  et  une  autre  loi  du  28  mai  1858  a  sub&titué 
à  l'Etat  le  Crédit  foncier  pour  des  prêts  remboursables  en  vingt-cinq 
ans,  avec  intérêt  et  amortissement  à  0  fr.  A\  pour  100  par  an. 

Le  tableau  suivant  permet  d'apprécier  le  développement  successif 
des  opérations  de  drainage  dans  le  département  et  dans  l'arrondis- 
sement. 

Dans  Dins  Moyenne 

Années.  le  l'arrondissement      par 

département.  de  Meaux.  année. 

hectares.  hectares.  hectares. 

I8hb 3,5.=,0        420  75 

1860 7,119  1,498  215 

1865 16.602  2,582  216 

1870 2i,580  4,(38  291 

1875 24,830  4,4.50  83 

1880 »  5,150  129 

1882 »  5,557  226 

Le  total  des  drainages  exécutés  dans  le  département  ne  figure  plus 
depuis  1878  dans  le  rapport  de  l'administration  départementale,  nous 
ignorons  pour  quelle  cause.  On  peut  cependant  sans  exagération  estimer 
à  30,000  hectares  les  terrains  drainés  dans  notre  département,  sur 
lesquels  8,491  ont  été  assainis  avec  le  concours  de  l'administration  des 
ponts  et  chaussées.  Dans  notre  arrondissement,  sur  0,000  hectares 
drainés,  1,636  l'ont  été  par  l'administration. 

Les  frais  payés  par  l'Etat,  pour  l'étude  et  la  direction  des  travaux, 
s'élèvent,  d'après  le  rapport  de  l'ingénieur  en  chef,  à  2  fr.  82  par  hec- 

1.  Bulletin  de  la  Société  d'agriculture  de  Meaux. 


22  LÉ  DRAINAGE   DANS  SEINE-ET-MARNE. 

tare,  tandis  que  les  mêmps  frais  s'élèvent  pour  les  travaux  faits  par  les 
particuliers  à  30  et  à  40  fr.\ 

En  estimant  à  250  fr.  les  frais  de  drainage  par  hectare,  c'est  donc 
une  somme  de  7  millions  et  demi  dépensée  de  ce  chef  par  notre  dépar- 
tement, sur  laquelle  800,000  francs  seulement  ont  été  prêles  par  le 
Crédit  foncier. 

Notre  arrondissement  a  dépensé  à  lui  seul  1  million  et  demi  ;  les 
prêts  faits  par  le  Crédit  foncier  n'ont  eu  lieu  que  dans  deux  communes  : 
Marchéraoret  et  Saint-,Iean-les-deux-Jumeaux, 

D'après  les  chitîres  fournis  par  l'administration  des  ponts  et  chaus- 
sées, la  répartition  du  drainage  entre  les  divers  cantons  est  indiquée 
de  la  manière  suivante  : 

Rapport  p.  100 
Superficie   de  la  superficie 
Cantons.  drainée         drainée  à  la 

en  1882.     superficie  totale. 

hectares. 

Claye o06  2.8 

Crécy 761  5.3 

Dammartin 1,246  6.5 

La  Ferlé 743  3.5 

Lagny 1,535  8.9 

Lizy 700  2.9 

Meaux 67  0  5 

Total 5,558  4.4 

Les  communes  où  il  a  été  fait  le  plus  de  drainage  sont  celles  de 
Marchémoret,  321  hectares;  Ferrières,  227;  Tancrou,  200;  Bussy- 
Saint-Georges,  183;  Saint-Jean-les-deux-Jumeaux,  178;  Le  Plessy- 
l'Evêque,  158;  Bailly-Romainvilliers,  155;  Montévrain,  153;  Croissy- 
Beaubourg,  150. 

Les  communes  où  il  n'a  pas  été  fait  de  travaux  de  drainage  sont  au 
nombre  de  50  environ,  dont  presque  toutes  ont  un  sous-sol  perméable, 
alluvion  de  la  Marne,  ou  bien  calcaire  lacustre  de  Saint-Ouen  ou  du 
Multien,  de  sorte  que  l'assèchement  s'y  opère  naturellement. 

Dans  presque  toutes  les  autres  communes,  au  sud  de  la  Marne 
surtout,  le  sol  se  compose  de  terres  fortes  et  argileuses  qui  ont  besoin 
d'assainissement. 

Par  le  drainage  disparaîtront  les  sillons  qui  sont  un  obstacle  insur- 
montable à  l'usage  des  machines  perfectionnées;  avec  le  drainage,  le 
.cultivateur  n'hésitera  plus  à  user  des  engrais  chimiques  qui  sont 
souvent  sans  effet  dans  les  terres  saturées  d'eau. 

La  superficie  totale  de  l'arrondissement  étant  de  125,650  hectares, 
on  peut  avancer  d'après  les  renseignements  qui  suivent  qu'il  y  aurait 
encore  20,000  à  25,000  hectares  à  assainir. 

M.  Belgrand,  dans  son  travail  sur  l'hydrologie  du  bassin  de  la  Seine, 
estime  qu'il  y  a  en  amont  de  Paris  sur  4,300,000  hectares,  une  super- 
ficie de  1 ,200,000  hectares  susceptible  de  drainage  (granités,  liais, 
argiles,  craie  inférieure,  terrains  imperméables). 

D'après  M.  Barrai,  il  y  aurait  en  France  12  millions  d'hectares  à 
drainer;  d'après  M.  Gareau,  10  millions;  d'après  M.  Hervé  Mangon, 
8  millions. 

Dans  les  années  humides,  si  préjudiciables  à  la  culture  des  céréales 
da.'is  le  nord  delà  France,  si  le  drainage  était  pratiqué  sur  un  million 
d'hectsres  semés  en  blé,  et  si  chaque  hectare  drainé  produisait  8  hecto- 

1.  11  n'est  pas  hors  de  propos  de  citer  ici  la  maison  CHandora,  de  Moissy-Cramayel,  près  Melun 
qui  a  exécuté  depuis  vingt  ans  15,000  hectares  de  drainage. 


LE  DRAINAGE  DANS  SEINE-ET-MARNE.  28 

litres  de  plus,  on  obtiendrait,  d'après  les  calculs  précédents,  une 
augmentation  de  récolte  de  8  millions  d'hectolitres. 

Dans  le  département  de  la  Meuse,  on  estime  Ja  quantité  à  drainer 
à  33  pour  100;  dans  le  département  de  la  Moselle  à  35  pour  100,  dans 
l'Yonne  à  31  pour  100. 

Nous  sommes  plutôt  au-dessous  de  la  vérité  en  estimant  la  surface 
à  drainer  à  '20  pour  1 00. 

II.  —  C'est  pour  attirer  l'attention  publique  sur  cette  importante 
question,  que  notre  Société  a  résolu,  cette  année,  de  récompenser  les 
propriétaires  et  fermiers  qui  auraient  entrepris  les  travaux  les  plus 
remarquables  ainsi  que  les  agents  qui  les  ont  dirigés. 

Nous  devons  avant  tout  remercier  M.  l'ingénieur  qui  nous  a  fourni 
la  plupart  des  renseignements  cités  plus  haut,  ainsi  que  tous  les  agents 
voyerset  conducteurs  qui  ont  apporté  à  l'agriculture  le  secours  de  leur 
zèle  et  de  leurs  lumières. 

III.  —  Parmi  les  travaux  qui  nous  ont  été  signalés,  nous  devons 
citer  en  première  ligne  le  drainage  de  la  ferme  de  la  Noue,  commune 
de  Saint-Jean-les-deux-Jumeaux,  exécuté  par  M.  Jarry. 

Le  drainage  a  d'abord  été  entrepris  sur  1 1 6  hectares  moyennant  un 
emprunt  au  Crédit  foncier  de  27,000  fr,,  au  taux  de  6  fr.  41, 
plus  800  francs  de  frais  d'acte,  le  tout  payé  par  le  fermier. 

La  dépense  s'est  élevée  à  237  francs  par  hectare  ;  elle  se  décompose 
ainsi  : 

Fouille  et  pose 108  fr. 

Prix  des  tuyaux 107 

Prix  du  transport  des  tuyaux 22 

Total ■ . . .        237  fr.  par  hectare. 

En  outre,  M.  Jarry  a  drainé  à  ses  frais  20  hectares. 

La  Commission  félicite  M.  Jarry  de  n'avoir  pas  hésité  à  consentir 
une  augmentation  de  fermage  qui  se  monte  à  13  francs  par  hectare, 
pour  un  travail  aussi  utile,  et  d'avoir  en  outre  drainé  à  ses  frais  une 
partie  de  la  ferme  qu'il  exploite  ;  elle  lui  décerne  la  médaille  d'or. 
Elle  accorde  : 

1°  Une  médaille  de  vermeil  à  M.  Vaudescal,  conducteur  des  ponts  et 
chaussées,  qui  a  dirigé  le  drainage  de  la  ferme  de  la  Noue  avec  beaucoup 
de  talent  et  de  zèle,  et  qui  a  drainé  en  outre  200  hectares  dans  l'arron- 
dissement; 

2"  Une  médaille  d'argent,  grand  module,  ofîerte  par  la  Société  des 
agriculteurs  de  France,  à  M.  Soyez,  géomètre  à  Lagny,  pour  avoir 
drainé  dans  le  canton  de  Lagny  seulement  1,330  hectares; 

3°  Une  médaille  d'argent  à  M.  Collet,  géomètre  à  Claye,  qui  depuis 
peu  d'années  a  drainé  200  hectares  et  entreprend  actuellement  de 
grands  travaux  en  cours  d'exécution. 

,  IV.  —  Lar  Commission  considère  que  le  drainage  est  une  amélio- 
ration indispensable  au  progrès  agricole  dans  notre  département,  et, 
constate  avec  peine  que  la  superficie  drainée  dans  notre  arrondis- 
sement n'atteint  que  4.  5  pour  cent  de  la  superficie  totale  quand  elle 
devrait  être  au  moins  de  25  pour  cent. 

11  est  à  remarquer  que  les  drainages  exécutés  jusqu'à  ce  jour  ont  un 
caractère  individuel  et  ne  s'appliquent,  sauf  de  rares  exceptions,  qu'à 
de  grandes  propriétés. 

Cependant  la  statistique  nous  montre  que  la  petite  propriété  est  en 


24  LE  DRAINAGE  DANS  SEINE-ET-MARNE. 

majorité  dans  notre  région,  et  que  les  petites  parcelles  ont  autant 
besoin  dêire  assainies  que  les  grandes. 

Il  y  aurait  lieu  de  faciliter,  et  au  besoin  de  provoquer  les  associations 
syndicales  pour  exécuter  les  travaux. 

L'art.  12  de  la  loi  du  21  juin  1865  sur  les  syndicats  prévoit  le  refus 
de  quelques  propriétaires  et  les  oblige  à  exécuter  des  travaux 
d'ensemble  reconnus  nécessaires.  «  Les  travaux  sont  obliojatoires 
«  lorsque  la  majorité  des  intéressés  qui  représente  les  deux  tiers  delà 
«  superficie  ou  les  deux  tiers  des  intéressés  représentant  la  moitié  de 
«  la  superficie  ont  donné  leur  adhésion.  » 

L'art.  15  ajoute  :  «  Le  recouvrement  des  annuités  est  fait  comme  en 
«  matière  de  contributions  directes.  » 

Le  gouvernement,  quia  pour  mission  de  protéger  les  intérêts  généraux, 
favoriserait  ces  sortes  d'associations  en  leur  accordant  d'importantes 
subventions. 

Nous  avons  pour  exemple  le  gouvernement  anglais,  qui  n'a  pas  de 
ministère  de  l'agriculture,  et  qui  abandonne  à  l'initiative  particulière 
la  vulgarisation  des  nouvelles  méthodes  agricoles  et  l'entreprise  des 
concours  d'animaux;  mais  sortant  de  sa  réserve  habituelle  pour  le 
drainage,  il  prête  largement  à  r;)griculture  des  millions  qui  ont  con- 
sidérablement aidé  à  l'amélioration  du  soi  et  à  la  richesse  publique. 

Chez  nous,  tous  les  gouvernements  ont  successivement  compris  que 
le  drainage  étant  une  opération  de  grande  utilité  publique  en  même 
temps  que  de  g  and  avantage  individuel,  il  y  avait  lieu  pour  eux 
d'intervenir  afin  d'exciter  son  application  sur  une  grande  échelle. 

«  Plusieurs  millions  d'hectares,  disait  M.  Rouher,  le  30  août  1854, 
«  pourraient  être  soumis  à  l'opération  du  drainage;  mais  sans  le 
«  concours  actif  de  l'administration  les  améliorations,  même  les  plus 
a  fécondes,  pourraient  échouer  devant  d'insurmontables  difficultés.   » 

Nous  devons  cependant  constater  que  les  tentatives  faites  en  ce  sens 
ont  échoué;  les  prêts  pour  le  drainage  sont  entourés  de  formalités  si 
nombreuses,  que  beaucoup  de  prof)riétaires  hésitent  à  s'adresser 
au  Crédit  foncier;  beaucoup  reculent  devant  un  emprunt  qui  grève 
leur  propriété  de  lourdes  charges  en  cas  de  vente,  de  partage,  de 
licitation. 

Pour  supprimer  toutes  ces  difficultés,  il  y  aurait  un  grand  avan- 
tage à  créer  une  Caisse  de  drainage,  dont  le  fonctionnement  serait  ana- 
logue à  la  caisse  des  chemins  vicinaux,  des  éi  oies,  etc.. 

L'annuité  de  4  ou  5  pour  100  aurait  une  durée  de  vingt  ou  vingt- 
cinq  ans,  serait  assimilée  aux  centimes  additionnels  et  payée  au  per- 
cepteur tout  en  supprimant  l'hypothèque. 

Cette  impDsition  extraordinaire  devrait  être,  selon  nous,  payéepartie 
par  le  propriétaire  et  partie  par  le  fermier. 

Si  1  augmentation  de  fertilité  que  le  drainage  communique  au  sol 
se  faisait  seulement  sentir  durant  un  petit  nombre  d'années  ou  pen- 
dant la  durée  d'un  bail  ordinaire,  l'assainissement  du  sol  rentrerait 
dans  la  catégorie  des  améliorations  qui  intéressent  principalement 
celui  qui  exploite  la  terre.  Il  n'y  aurait  aucun  motif  plausible  de 
demander  pour  ce  cas  au  propriétaire  du  fonds,  un  concours  que  le 
fermier  ne  songe  pas  à  réclamer  quand  il  s'agit  de  bonifier  temporai- 
rement le  sol,  par  l'application  des  engrais  et  des  amendements. 
Mais  le  drainage  est  une  amélioration  durable  et  permanente  :  bien 


LE  DRAINAGE  DANS  SEINE-ET-MARNE.  25 

établi,  il  fonctionne  durant  une  longue  suite  d'années;  il  produit  dans 
le  sol  un  accroissement  dont  il  est  difficile  de  fixer  le  terme.  Dès  lors, 
on  doit  reconnaître  que  ce  n'est  point  au  fermier  seul  que  revient  la 
tâche  d'améliorer  d'une  manière  permanente  le   fonds  qu'il  exploite. 

En  conséquence  nous  vous  proposons  d'adopter  les  vœux  suivants: 

1°  Qu'il  y  a  intérêt  à  étendre  les  travaux  de  drainage  aux  propriétés 
morcelées,  en  facilitant  et  en  provoquant  l'exécution  des  travaux 
d'ensemble  au  moyen  d'associations  syndicales  régies  par  la  loi  du 
21  juin  1865  et  en  accordant  des  subventions  à  ces  syndicats. 

2°  Qu'il  y  a  lieu  de  supprimer  les  formalités,  les  lenteurs  et  les 
règlements  des  prêts  du  Crédit  foncier,  d'assimiler  ces  prêts  aux 
emprunts  des  communes  moyennant  une  annuité  de  4  à  5  pour  100 
ajoutée  aux  contributions  directes. 

3°  Que  cette  annuité  devrait  être  payée  partie  par  le  propriétaire  et 
partie  par  le  fermier.  Jules  Bknard, 

Rapporteur. 

EXPOSITION  D'HORTICULTURE  DE  GENEVE 

La  Société  d  horticulture  de  Genève,  fondée  en  1855,  sous  la  prési- 
dence d'honneur  d;  M.  Alph.  de  Caiidolle,  a  fait,  dans  le  bâtiment 
électoral,  sa  vingt-troisième  exposition,  du  7  au  1 1  septembre  1882. 
Elle  a  la  rare  cliance  d'avoir  à  sa  tête  un  honme  exceptionnel, 
M.  Fr.  Cardinaux,  qui  est  à  la  fois  un  horiiculteur  distingué  et  un 
homme  dévoué,  ne  comptant  jamais  sa  peine  et  ses  fatigues,  dès  qu'il 
s'agit  d'être  utile  à  ses  collègues.  Qu'il  me  soit  permis  ici  de  rendre 
hommage  au  président  d'abord,  puis  à  l'homme  de  cœur  qui,  avec  les 
autres  membres  du  bureau,  m'a  comblé  de  prévenances,  pendant  mon 
trop  court  séjour  à  Genève. 

Deux  mots  d'abord  sur  le  bâtiment  électoral. 

Comme  on  le  voit  par  le  plan  ci-joint  (fig.  4), on  a  là  une  vaste  con- 
struction qui  sert  d'ordinaire  aux  élections  et  qui  ressemble  un  peu,  par 
sa  disposition,  au  Pavillon  de  la  Ville  de  Paris,  aux  Champs-Elysées. 
Le  planchera  obligé  les  organisateurs  à  disposer,  autour  des  massifs, 
des  bordures  fort  ingénieuses:  ce  sont  des  planchettes  de  bois  découpé, 
de  0".  15  de  largeur  sur  0°'.20  de  hauteur,  unies  entre  elles  par  des 
chaînons  en  fil  de  fer  et  s'adaptant  parfaitement  aux  contours  variés 
nécessités  par  le  plan  de  l'architecte,  iM.  Deriaz.  Le  bàLim  'ut  est  précédé 
d'un  square  où  est  habilement  disposé  l'outillage  horticole.  O.i  accède 
à  l'expusiiion  intérieure  par  deux  ponts  rustiques  qui  couvrent  les 
marchrîs,  tandis  qu'au  centre  on  a  disposé  un  missif  de  plantes  orne- 
mentales précédant  la  grande  entrée  principale.  Au  milieu  de  la  grande 
salie  se  trouve  un  bassin  orné  d'un  jet  d'eau,  autour  duquel  sont  dis- 
posées des  plantes  aquatiques.  Sous  les  galeries  et  autour  du  bâtiment 
sont  les  légumes,  les  fruits,  le  petit  outillage  horticole;  au  centre,  les 
fleurs,  le  tout  éclairé  et  aéré  sutïïsamm^nt  par  de  vastes  ouvertures 
prè-*  du  plifbnd  En  som  ne,  peu  de  bâ  im^nts  se  prêtent  mieux  à  une 
exposition  florale  et  offrent  à  la  fois  aux  plantes  co.nine  aux  visiteurs, 
de  l'air,  de  la  lumière  et  un  abri  en  cas  de  pluie. 

11  n'est  que  juste  d'ajouter  que  l'architeite  M.  D-îriaz  et  le  décorateur 
del  Exposition,  M.  Louis  Dalbur,  horticulteur  à  Genè\re,  ont  reçu  cha- 
cun un  prix  d'honneur. 

En  outre  de  ces  deux  distinctions  si  bien  méritées,  le  jury  a  décerné 


26 


EXPOSITION  D'HORTICULTURE  DE  GENÈVE. 


19  prix  d'honneur.  41  prix  de  1"^^  classe,  47  prix  de  2*  classe,  59  prix 

de  3®  classe  et  47  mentions  honorables,  entre  120  exposants.  Il  est  à 

remarquer  qu'on  laisse  aux  exposants  récompensés  le  droit  de  choisir 

leurs  prix,  soit  en 
un  objet  d'argente- 
riâ,  soit  en  une  mé- 
daille, ou  en  sa  va- 
leur en  argent.  De 
plus,  les  maraîchers 
sont  classés  comme 
faisant  de  la  culture 
bourgeoise,  de  lacul- 
ture  agricole  ou  de 
la  culture  purement 
commerciale.  Ces 
deux  mesures  sont  à 
imiter  pour  des  mo- 
tifs faciles  à  com- 
prendre, de  même 
que,  dans  les  arts 
horticoles  ,  il  est 
important  de  distin- 
guer le  producteur 
véritable  du  mar- 
chand collection  neur 
de  diverses  fabri- 
ques. 

Pour  la  première 
fois  cette  année,  le 
Conseil  fédéral  avait 
otîert  en  prix  250 
francs,  le  conseil 
d'Etat  1.50  francs, 
le  Conseil  adminis- 
tratif 100  francs,  la 
classe  d'asjriculture 
100  francs.  Divers 
particuliers  avaient 
aussi  souscrit  géné- 
reusement, en  sorte 
que  l'ensemble  des 
dons  volontaires  s'é- 
levait à  plus  de3,000 
francs.  Chez  nous, 
les    particuliers     se 

garderaient  bien   de  souscrire  quoi  que  ce  fût  pour  récompenser  les 

exposants. 

A  Genève,  les  grands  propriétaires  ne  paraissent  pas  directement, 

mais    ils    permettent  à   leurs   jardiniers    de   figurer   en    leur   nom 

personnel. 

Les  exposants  étaient  au  nombre  de  59  pour  les  fleurs,  18  pour 

les  légumes,  30  pour  les  fruits  et  44  pour  l'outillage  agricole.  Les 


EXPOSITION  d'horticulture  DE  GENÈVjE.  27 

jurés  étaient  tous  choisis  parmi  les  notabilités  étrangères  à  la  ville  : 
c'est  un  parti  que  je  ne  saurais  trop  recommander,  comme  rusa'i;e  de 
diminuer  le  prix  d'entrée  au  fur  et  à  mesure  que  l'Exposition  touche  à 
sa  fin.  Inutile  d'ajouter  que,  le  premier  jour  de  l'Exposition,  le  public 
avait  à  sa  disposition  un  catalogue  renfermant  tous  les  renseignements 
nécessaires  pour  asseoir  son  jugement  et  faciliter  ses  recherches. 

Comme  ensemble,  quand  on  compare  l'Exposition  de  Genève  aux 
grands  concours  floraux  de  Londres,  Gand,  ou  Paris,  il  est  évident 
que  l'on  ne  rencontrait  rien  qui  pût  frapper  un  étranger.  De  plus,  les 
plantes  étaient  trop  serrées  et  les  légumes  mal  disposés  pour  en  faire 
ressortir  le  mérite  :  les  maraîchers  auraient  bien  besoin  de  voir  com- 
ment les  produits  sont  exposés  à  Londres;  mais  il  ne  faut  pas  oublier 
que  la  Société  de  Genève  se  compose  surtout  de  jardiniers  praticiens 
qui  alimentent  les  marchés  de  la  ville,  et  qui  sont  obligés,  avec  de  très 
modestes  ressources,  de  suffire  à  toutes  leurs  dépenses. 

Chez  eux,  on  peut  dire  que  la  culture  est  égale  à  ce  que  nous  voyons 
de  mieux  ailleurs.  Quant  aux  fruits,  il  fallait  les  voir  avant  ceux  qui 
étaient  exposés  à  Turin,  à  la  même  époque;  car,  en  Suisse,  comme 
chez  nous,  l'année  avait  été  très  défavorable.  Cependant,  MM.  Cuissart 
et  Barret,  horticulteurs  à  Ecully,  près  Lyon,  avaient  une  collection  qui 
a  obtenu  le  grand  prix  d'honneur.  Les  autres  prix  ont  été  attribués  à 
M.  Fauquet,  lexcellent  professeur  de  Corbeil,  qui  a  le  bon  esprit  de 
n'exposer  que  peu  de  variétés,  mais  toutes  en  bons  et  beaux  fruits,  puis 
à  MM.  Vaucher  el  Cardinaux,  de  Genève,  et  à  la  Société  d'agriculture 
de  Martigny;  enfin,  à  M.  V.  Périsset,  propriétaire  à  Troinex.  La  flori- 
culture  a  obtenu  5  grands  prix  décernés  à  MM.  Vaucher  et  Cardinaux, 
à  M.  Groubenmann,  de  Morges,  à  M.  Aug.  Mooser,  de  Chambéry,  et  à 
M.  Brunner,  de  Lausanne.  Dans  les  cultures  maraîchères,  le  grand  prix 
d'honneur  a  été  donné  à  M.  David  Dutour,  maraîcher  à  Plainpalais, 
et  les  autres  prix  à  M.  Claudius  de  Loisy,  amateur  de  Saône-et-Loire, 
à  M.  Jean  Louis  Dufour,  de  Genève,  et  à  M.  Jules  Tréboux,  de  Mont- 
brillant. 

Parmi  les  objets  relatifs  à  l'horticulture,  j'ai  surtout  remarqué  un 
manuscrit  exposé  par  M.  H.  Gorrevon,  archiviste  de  la  Société 
botanique. 

C'est  i  une  notice  très  complète  sur  les  plantes  vivaces  rustiques 
sous  notre  climat,  sur  leur  culture  et  leur  emploi  dans  l'art  de  la 
décoration.  11  y  a  là  un  travail  consciencieux,  fait  par  un  praticien 
expérimenté  et  que  le  jury  ne  pouvait  juger  séance  tesiante  :  il  s'est 
réservé  le  droit  d'asseoir  son  opinion  sur  un  examen  plus  sérieux  du 
travail  de  M.  H.  Correvon. 

En  somme,  l'ensemble  de  l'Exposition  de  Genève  montrait  un  grand 
progrès  sur  les  expositions  précédentes,  et  son  organisation  a  fait  le 
plus  grand  honneur  au  Comité.  Il  y  a  là  une  Société  très  vivace,  de 
375  membres,  vivant  de  ses  ressources  propres,  faisant  de  temps  à 
autre  des  conférences  sur  des  sujets  qui  intéressent  la  région,  et  pu- 
bliant six  fois  par  an  un  Bulletin  très  intéressant.  J'ai  été  très  heu- 
reux de  voir  li  un  groupe  de  travailleurs  instruits,  dévoués  à  leur 
profession,  et  agissant  sous  l'empire  dà  leur  seule  iniliitive  indivi- 
duelle. On  peut  prédire  à  leur  association  le  plus  brillant  avenir. 

Ch.  JOLY, 

Vice-présirienl  de  la  Société  nationale  d'horticulture 


28  DE  LA  SÉLECTION. 


DE  LA  SÉLECTION 

A  plusieurs  reprises  déjà,  la  Société  vaudoise  d'agriculture  (Suisse) 
s'est  occupée,  soit  dans  les  sections,  soit  dans  des  commissions  spéciales, 
de  l'importante  question  d'améliorer  les  animaux  domestiques.  Pour 
beaucoup  de  nos  concitoyens,  le  soin  du  bétail  est  presque  la  moitié 
de  leur  occupation,  et  pour  beaucoup  aussi  c'est  plus  de  la  moitié, 
c'est  presque  la  totalité  de  leur  tâche.  Aussi  l'étude  attentive  de  ces 
questions  n'est  p;is  atfiire  de  curiosité,  c'est  la  reclierche  des  sour- 
ces les  plus  imporLantes  de  notre  prospérité  nationale,  et  plus  on 
fait  de  progrès,  plus  encore  doit-on  en  faire,  parce  que  la  population 
s'accroît  et  qu'il  faut  que  le  pays  nourrisse  un  plus  grand  nombre  de 
personnes  sans  augmentation  de  territoire.  Anciennement  tout  allaita 
la  bon  ne  et  l'on  vivait,  c'est  que  le  pays  avait  moins  de  monde  à  nourrir. 
Les  prv3miers  pro^^rès  d'amélioration  sont  assez  faciles:  on  clioisit 
les  meilleurs  animaux,  en  éliminant  les  sujets  qui  ont  de  gros  défauts. 
Mais  il  arrive  un  moment  oii  le  choix  est  toujours  plus  délicat,  et 
pourtant  le  progrès  est  toujours  plus  nécessaire. 

Laconstruction  d'une  maison  d'un  ou  dedeux  étages  n'est  pas  difficile; 
mais  quand  on  veut  bâtir  un  clocher  de  cathédrale ,  il  faut  avoir  recours 
à  des  procédés  spéciaux. Il  en  est  de  même  pour  les  améliorations  de 
de  plus  en  plus  complètes  du  bétail.  On  arrive  à  un  point  qui  nécessite 
une  attention  toute  pirticulière  et  des  procéilés  tout  spéciaux,  d'autant 
plus  que  certaines  circonstances  peuvent  se  présenter  qui  détruisent 
tout  ou  partie  des  progrès  antérieurs.  N'a-t-on  pas  vu,  cette  année, 
que  dans  plusieurs  concours  il  y  a  eu  recul,  qu'on  a  présenté  du 
bétail  inférieur  et  que  le  bétail  réellement  t/e  choix  était  très  peu 
nombreux. 

Quelques  personnes  ont  pensé  qu'il  faudrait  s'adresser  au  Dépar- 
ment  de  l'agriculture  et  lui  demander  de  modifier  l'organisation  des 
concours  et  la  manière  d'examiner  les  animaux. 

Je  suis  dd  ceux  qui  désirent  des  améliorations  dans  l'orginisation 
de  nos  concours,  mais  ces  améliorations  ne  peuvent  s'exécuter  que  si 
l'on  donne  plus  de  soins  au  bétail  dans  les  fermes.  Le  Département  ne 
peut  rien  autre  que  faire  constater  l'état  des  animiux,  et,  quand  bien 
même  il  transf  >rmerait  tout  ce  qui  concerne  les  concours,  cela 
n'avancera  à  rien  si  les  propriétaires  ne  font  pas,  eux,  les  premiers 
efforts  pour  obtenir  le  perfectionnement  progressif  des  espèces 
domestiques. 

Ceci  concerne  le  premier  choix  des  animaux,  mais  il  y  a  plus  : 
dans  bon  nombre  de  fermas  on  ne  d)nn3  aucuae  attention  à  la  dégé- 
nérescence des  reproducteurs.  Vous  vous  procurez  une  dizaine  de 
vaches  de  choix,  jeunes  encore,  elle  méritent  toutes  une  prime  peut- 
être,  toutes  les  honneurs  du  herd-book,  et  vous  en  retirez  des  produits 
très  qualifiés,  c'est  tout  simple  ;  mais  vos  vaches  vieillissent,  elles 
deviennent  sèches,  elles  tousseit,  et  vous  continuez  à  élever  leurs 
veaux  et  vous  croyez  améliorer  la  race  !  Non  !  Peut-être  pendant 
leur  première  jeunesse,  sous  Tinfluence  d'une  bonne  nourriture,  ces 
produitsaurontboaue  tournure,miis  plus  tard  ces  descendants  de  mèreâ 
sur  le  retour  vieilliront  plus  vite  que  leurs  frères  ou  leurs  sœurs  qui 
sont  nés  des  mêmes  parents  plus  jeunes. 


DE  LA  SÉLECTION.  29 

Tout  cela  est  à  considérer  quand  on  veut  former  une  bonne  race 
solide,  et  fixe  en  môme  temps;  mais  ce  n'est  pas  le  Département  qui 
doit  taire  ces  observations,  c'est  l'éleveur.  J'ai  déjà  depuis  fort 
loncçtemps  réclamé  l'emploi  des  tabelles  et  je  désire  qu'on  arrive  à 
primer  au  prorata  des  points  assignés  aux  animaux,  comme  on  le  fait 
dans  les  tirs  au  fusil  ;  j'estime  que  c'est  la  seule  manière  logique  de 
constater  et  de  récompenser  les  progrès. 

Pour  arriver  à  ce  mode  de  faire,  il  ne  suffît  pas,  de  but  en  blanc, 
de  remettre  à  des  jurés  un  morceau  de  papier  avec  des  rubriques  et 
dédire  à  ces  messieurs  :  Donnez  des  points. 

Il  faudrait,  pour  que  cela  réussit  : 

r  Avoir  du  temps  ; 

2"  Etre  bien  d'accord  sur  chaque  valeur  des  points  à  adjuger; 

3°  Avoir  devant  soi  des  animaux  déjà  triés  et  non  pas  des  n  importe 
quoi,  sur  lesquels  on  se  fatigue  inutilement.  Toutes  ces  conditions  ont 
existé  dans  certains  concours  de  la  Suisse  romande;  elles  ne  sont  donc 
pas  des  impossibilités,  mais  pour  les  appliquer  au  canton  de  Vaud,  il 
faudra  encore  du  temps. 

Je  sais  bien  qu'il  y  a  des  experts  qui  déclarent  pouvoir  se  passer 
de  tabelles  ;  on  les  a  abandonnés  dans  les  grands  concours  suisses, 
mais  il  n'y  a  qu'à  lire  les  rapports  pour  constater  la  désharmonie  dont 
les  opérations  des  jurés  ont  souffert,  désharmonie  peu  connue  dans  les 
premiers  concours  de  la  Suisse  romande.  Il  y  a  des  jurés  qui  peuvent  se 
passer  des  tabelles,  tout  comme  il  y  a  des  négociants  qui  savent  faire 
de  grandes  fortunes  sans  tenue  de  livres,  sans  même  savoir  faire  une 
règle  d'arithmétique  sur  le  papier.  Ce  sont  des  gens  heureux,  habiles, 
mais  leur  manière  de  faire  doit-elle  passer  à  l'état  de  règle  générale  ? 

En  attendant  qu'on  soit  parvenu  à  s'entendre  sur  ces  points,  il  faut 
faire  quelque  chose.  Pour  qu'une  question  soit  bien  comprise,  il  faut 
l'apprécier  pratiquement,  en  faire  l'expérience. 

En  vue  de  ces  essais  et  de  l'instruction  des  jeunes  gens,  j'ai  pré- 
paré un  certain  nombre  de  tabelles  avec  rubriques  concernant  les 
diverses  parties  du  corps  de  la  vache  qu'on  doit  examiner;  j'en  ai 
déjà  envoyé  à  quelques-uns  de  nos  collègues  et  j'en  remettrai  à  cha- 
cune des  sections  un  modèle  si  l'on  désire  en  faire  l'essai. 

Pour  les  personnes  qui  font  de  l'élevage,  il  y  aura  proût  à  utiliser 
un  registre  complet,  et  voici  les  renseignements  qui  peuvent  servir 
de  base  d'appréciation  rationnelle.  Il  est  bien  entendu  qu'il  ne  s'agit 
pas  ici  des  formules  destinées  aux  concours  ;  mon  travail  s'adresse 
aux  propriétaires  qui  veulent  prendre  des  notes  régulières  sur  les  qua- 
lités de  leurs  reproducteurs.  C'est  la  formation  d'un  herdbook  de  parti- 
culiers. Combien  n'y  a-t-il  pas  de  propriétaires  qui  depuis  plusieurs 
générations,  depuis  cinquante  ans  et  plus,  ont  toujours  la  même  race 
d'animaux  de  bonne  qualité,  et  rien  ne  peut  le  constater,  tandis  qu'il 
serait  précieux  pour  la  réputation  de  ces  animaux  d'en  tenir  un  regis- 
tre régulier. 

Renseignements  pour  V appréciation  du  gros  bétail  au  moyen  des  tabelles, 
—  L'âge  d'inscription  des  animaux  sera  celui  de  la  première  saillie 
pour  les  mâles  ou  pour  les  femelles.  Il  est  bon  qu'à  ce  moment-là  le 
propriétaire  se  rende  bien  compte  des  qualités  de  l'animal  qu'il  veut 
employer  comme  reproducteur,  et,  si  cela  est  possible,  il  est  avanta- 
geux de  ne  pas  se  fier  à  son  propre  jugement,  mais  de  se  faire  assister 


30  DE  LA   SÉLECTION. 

par  un  ami  connaisseur,  afin  que  cliaque  détail  de  l'animal  soit  bien 
considéré  et  apprécié. 

Ce  premier  examen  consciencieux  ne  doit  toutefois  pas  être  regardé 
comme  suffisant  si  ion  veut  faire  une  bonne  race  ;  il  y  a  dans  l'usure 
des  animaux  une  quantité  de  causes  de  dégénérescence  et  l'on  doit  en 
tenir  compte  pour  la  sélection,  car  un  veau  produit  par  une  jeune 
vache,  grassouillette  et  vigoureuse,  sera  différent  du  produit  d'une, 
vieille  grand'mère^  décrépite,  épuisée  par  la  lactation,  et  n'ayant  plus 
que  la  peau  et  les  os,  quoique  cette  vieille  vache  puisse  continuer  à 
donner  du  lait,  abondamment  peut-être. 

Il  y  a  un  moment  où  les  reproducteurs  sont  en  dégénérescence,  et  il 
faut  savoir  annuellement  en  faire  la  constatation  par  un  examen  sérieux 
de  chaque  vache.  C'est  le  point  de  départ  de  la  véritable  sélection. 

Il  est  évident  que  les  vrais  connaisseurs  peuvent,  d'un  coup 
d'œil,  voir  dans  tout  l'animal  les  bons  et  les  mauvais  côtés,  mais  ce  qui 
est  dans  l'œil  du  père  peut  n'être  pas  dans  l'œil  des  enfants,  et  si  le 
père  vient  à  mourir,  la  belle  étable  qu'il  aura  pu  composer  sera  dé- 
truite s'il  ne  laisse  pas  à  ses  descendants  les  observations  qui  concer- 
nent chaque  animal. 

La  fortune  des  races  anglaises  vient  en  partie  de  l'esprit  de  suite 
qui  a  présidé  à  leur  formation;  il  n'est  pas  si  difficile  d'en  faire  de 
même  chez  nous,  et  c'est  aussi  pour  la  vente  des  animaux  de  prix  la 
meilleure  recommandation  qu'on  puisse  avoir  :  le  fait  d'enregistre- 
ment des  qualités  remontant  à  plusieurs  générations. 

Vai  outre,  en  vue  des  concours,  quand  on  aura  fait  un  examen 
sévère  de  ses  animaux,  on  ne  les  conduira  pas  à  l'aveuglette  dans  une 
exposition,  et  si  ces  animaux  ne  sont  pas  primés,  on  aura  lieu  de 
demander  au  jury  quelles  sont  les  parties  défectueuses  qui  les  auront 
fait  rebuter. 

L'en-têtede  l'inscription  indiquera  le  numéro  de  la  bête  au  registre, 
et  s'il  y  a  lieu  le  numéro  du  herdbook.  Viendront  ensuite  le  nom 
de  ranimai^  —  il  est  toujours  utile  de  désigner  un  anim;il  domestique 
par  un  nom  propre, —  le  jour  de  naissance^  le  nom  et  les  numéros  des 
parents^  ïentrée  dans  la  ferme,  par  naissance  ou  par  achat,  et,  s'il  y 
a  lieu,  la  vente  ou  ïabalage. 

Dans  l'appréciation  des  qualités  de  l'animal,  on  fera  commeon  voudra, 
chacun  sera  libre  de  donner  des  points  nombreux  à  telle  ou  telle  partie 
importante;  mais  nous  pensons  qu'il  vaut  mieux  simplifier,  comme 
on  fait  à  Jersey,  et  marquer  seulement  1  ou  0  (l  ou  — )  la  qualité  existe 
ou  elle  n'existe  pas.  Une  qualité  moyenne  n'est  pas  une  qualité  à 
noter,  on  met  0,  ou — . 

{La  suUe  prochainement).  Bieler, 

Directeur  des  cours  agricoles  de  Lausanne, 

LUTTE  CONTRE  LE  PHYLLOXERA  DANS  LES  CHARENTES 

_  Monsieur  le  président,  nous  avons  parcouru  la  deuxième  année  de  nos  expé- 
riences viticoles.  J'ai  l'honneur  de  vous  exposer  notre  situation  budgétaire,  les 
résultats  obtenus  dans  nos  essais  d'adaptation,  les  travaux  du  syndicat  qui  a 
recours  aux  insecticides,  les  faits  constatés  ailleurs,  et  enfin  le,  conclusions  que 
l'on  peut  déduire  actuellement  de  la  question   phylloxérique. 

Notre  dernier  rapport  présentait  un  actif  de  4,875  fr.  33,  placé  à  la  caisse 
d'épargne.  Si  nous  y  ajoutons  l'intérêt,  et  en  plus  la  subvention  de  500  francs 
accordée  par  l'Etat,  nous  arrivons  à  5,604  fr.  83. 


LA  LUTTE  CONTRE  LE  PHYLLOXERA  DANS  LES  GHARENTES.     31 

Nous  avons  dépensé,  cette  année,  suivant  diverses  notes,  la  sorame  de 
1,762  l'r.  70.  Ce  qui  réduit  notre  encaisse  à  3,842  l'r.  13.  Il  nous  reste  encore  à 
recouvrer  40{»  francs  alloués  par  le  Conseil  général. 

Nos  plantations  ont  compris  5,400  boutures,  oont  5,000  fournies  par  l'Ecole 
d'agriculture  de  Montpellier. 

La  reprise  a  présenté  ce  contraste  :  c'est  que  les  riparias  qui,  d'habitude,  s'enra- 
cinent parfaitement,  ont  été  dépassés  parlesœstivalis  qui  ont  mieux  réussi.  Cette 
remar(jue  a  été  faite  aussi  à  lécole  de  Montpellier. 

La  végéialion  a  marché  d'une  manière  satisfaisante.  Pour  éloigner  les  vers 
blancs  qui  nous  avaient  tant  maltrailés,  précéd-iinment,  nous  avons  employé  avec 
succès,  non  seulement  des  pommes  de  terre  cultivées  à  toutes  les  deux  rangées  de 
vigne,  mais  encore  un  mélange  de  sable  de  mer,  de  cendre  et  de  suie  placé  autour 
des  sujets.  Je  dois  dire  qu'en  dehors  de  ce  mélange  employé  comme  insecticide, 
le  terreau  ordinaire  convient  mieux  aux  boutures. 

Les  riparias  sauvages,  le  solonis,  les  rupestris  sont  au  premier  rang  par  leur 
bonne  tenue.  Le  jacquez  et  l'herbemont  marchent  d'une  façon  normale,  (j  iel([ues 
hybrides,  ccmme  l'olhello,  l'autuchon,  la  wylie,  montrent  que  notre  sol  et  notre 
climat  leur  sont  particulièrement  favoraldes.  Au  contraire,  l'elvira,  le  vialla,  le 
york's-madeira  semblent  ne  pas  s'accommoder  des  terrains  calcaires.  Le  môme 
phénomène  se  reproduit  dans  le  Var.  —  A  Yitis-Parc,  chez  M  MouUon,  à  Bou- 
liers, chez  M.  Rambaud,  toutes  ces  variétés  ont  un  meilleur  aspect. 

Des  personnes  habituées  à  voir  la  vigueur  propre  à  nos  vignes  indigènes 
peuvent  s'étonner  que  notre  champ  d'essai  ne  présente  pas  une  plus  belle  végéta- 
tion. Il  fautqu'e  les  sachent  que  les  vignes  américaines  restent  faibles  à  leur  début, 
dans  les  terrains  d'une  culture  pratique  comme  le  nôtre.  Ce  n'est,  le  plus  souvent, 
qu'à  la  troisième  année  que  la  plante  prend  tout  l'essor  dont  elle  est  susceptible. 
On  a  constaté  sur  une  partie  de  nos  riparias  la  teinte  jaune  des  feuilles  accu- 
sani  une  souffrance  Indépendamment  des  intempéries  et  des  gelées  survenues 
pendant  l'été  (nuit  du  ^3  au  2-i  aoiàt),  l'expérience  permet  d'ahirmer  que  cet  état 
de  choses  est  commun  aux  terrains  extra-calcaires. 

Cette  indication  nous  a  déterminé  à  étendre  la  culture  des  rupestris  dont 
quel([ues  pieds  ont  pris  un  avantage  marqué,  et  se  sont  montrés  constamment  à 
l'aise  dans  notre  pépinière.  M.  le  D''  Davin  prétend  que  l'ancienne  variété  de 
rupestris  est  la  plus  recom.mandable. 

Notre  récolte  de  pommes  de  terre  s'est  élevée  à  vingt  et  quelques  hectolitres. 
Nous  en  avons  fait  la  distribution  entre  le   bureau  de  bienfaisance  et  l'ho-îpice. 

Le  syndicat  de  Cognac,  qui  s'étend  à  tout  l'arrondissement,  a  continué  l'appli- 
cation du  sulfocarbonate  de  potassium.  Treize  propriétaires  ont  traité  29  hectares. 
J'ai  vu,  en  compagnie  de  M.  Cally,  la  plus  grande  partie  de  ces  vignes  qui  pré- 
sentaient un  aspect  encourageant  :  celles  de  M.  Moullon,  dont  la  végétation  est 
toujours  proligieuse;  celles  de  MM.  Boisferon  et  Loiseau  qui  sont  en  bonne 
voie  de  ré|)aration  ;  de  MM.  Dagnaud  et  Petit,  qui  tranchent  par  leur  vigueur  et 
l'abondance  de  leurs  fruits  avec  les  vignes  malades  qui  sont  à  côté. 

Nous  nous  sommes  fait  un  devoir  de  porter  notre  attention  sur  les  points  où 
des  expériences  pouvaient  nous  révéler  des  renseignements  utiles. 

J'ai  eu  l'honneur  de  représenter  notre  Comité  au  concours  agricole  et  viticole 
de  Libourne.  Il  m'a  été  possible  d'apprécier  les  bons  résultats  tournis  par  divers  pro- 
priétaires qui  ont  employé  des  insecticides  ou  cultivent  des  vignes  américaines. 

Permetiez-moi  de  renouveler  ici  mes  remercïments  aux  membres  du  Comice  avec 
lesquels  j'ai  été  en  rapport,  pour  leur  charmant  accueil  et  leurs  intéressantes  com- 
munications. Ce  que  j  ai  le  plus  admiré,  c'est  le  bon  vouloir  de  tous  les  viticul- 
teurs, l'activité  des  notables,  députés  ou  autres,  accompagnant  les  délégués  aux 
vignobles  pour  leur  montrer  des  opérations  instructives,  des  succès  évidents. 

Nos  {Vlicitations,  notre  reconnaissance  à  ceux  qui  comptent  dans  leurs  rangs  des 
concitoyens  si  dévoués  au  bien  public. 

Il  y  a  longtemps  que  nous  avons  dit  que  dans  les  terrains  profonds  et  fertiles, 
on  pouvait  maintenir  sûrement  la  vigne  à  peu  de  frais. 

A  Libourne,  des  expériences  plus  étendues,  concluantes,  ont  réjoui  les  proprié- 
taires qui  ne  semblent  préoccupés  que  du  choix  des  moyens.  C'est  la  submersion, 
où  elle  est  possible,  qui  est  pratiquée  comme  le  remède  souverain.  Ailleurs,  on 
emploie  les  insecticides  pour  conserver  les  vignes  encore  résistantes. 

Sur  d'autres  points  où  la  vigne  a  succombé,  on  plante  des  cépages  américains, 
surtout  les  riparias  sauvages  qui  se  comportent  très  bien  dans  les  terrains  argilo- 
siliceux  de  la  Gironde. 


32  LA  LUTTrJ  CONTRE  LE  PHYLLOXERA  DANS  LES   CHaRENTES. 

Dans  le  choix  des  insecticides,  la  majorité  inclinerait  pour  le  sulfure  de  carbone. 
Après  ce  traitement,  me  disait- on,  nous  ne  voyons  plus  de  phylloxéras;  tandis 
qu'après  le  sultocarbonate  de  potassium,  qui  se  verse  au  pied  du  ce]),  nous  trou- 
vons encore  beaucoup  d'insecLes  aux  extrémités  des  racines.  Donc  le  sulfure 
serait  plus  efficace.  Ajoutons  que  la  dépense  totale  serait  de  150  francs  au  plus 
par  hectare.  La  dose  trop  considérab.'e  au  début,  ce  qui  a  produit  des  accidents, 
est  maintenant  de  15  à  18  grammes  par  mètre  carré,  distribués  en  'i  trous  rayon- 
nante 0"',35  du  ce^),  et  de  0"',2u  de  profondeur. 

J'ai  remarqué  ([ue  hs  vignes  greffées  sur  pieds  américains  ont  généralement  des 
fruits  plus  nom! lieux  et  plus  beaux. 

La  greffe  ••ommence  à  la  lin  d'avril.  —  O-i  opère  sur  des  plants  de  deux  ans 
élevés  sur  place  ou  sur  des  racines  disposés  l'hiver  précédent. 

La  greffe  à  cheval  renversée,  qui  ne  laisse  pas  d'accident  sur  la  tige,  a  donné 
les  meilleurs  résultats.  Elle  se  pratique  à  l'aide  d'un  instrument  en  forme  de  séca- 
teur qui  évite  la  i'ente  du  sujet,  et  taille  également  le  biseau  du  gretfon.  Vient 
ensuite  la  gretfe  en  fente  pleine  et  la  greffe  anglaise.  L'emploi  de  l'argile  n'a  pas 
d'importance.  Une  simple  ligature  faite  avec  le  raphia  suffit. 

Le  i!8  septembre  dernier,  mon  honorable  collègue,  M.  Moullon  et  moi,  nous 
quittions  Cognac,  à  6  heures  du  matin,  pour  aller  visiter  le  domaine  d'un  de  ces 
hommes  remarquables  qui,  par  leur  amour  de  l'agriculture,  leur  initiative,  leurs 
travaux,  sont  de  pr(;cieux  bienfaiteurs  dans  la  contrée  qu'ils  habitent.  La  voiture 
de  M.  le  docteur  Menudier  nous  attendait  à  la  gare  de  Saintes,  et  quelques  instants 
après  nous  étions  au  Plaud-Ghermignac. 

Nous  eûmes  un  spectacle  bien  consolant  :  25  à  30  hectares  de  vignes  s'étendaient 
sur  un  terrain  élevé,  pleines  de  vigueur,  régulières,  chargées  de  fruits.  Ces  vignes 
sont  traitées  avec  le  sulfure  de  carbone  depuis  5  ou  6  ans.  A  côté,  elles  n'ont  pas 
été  traitées  :  toutes  ont  disparu,  ou  sont  perdues,  desséchées 

M.  Menudier  ne  s'en  tient  pas  aux  insecticides.  De  superbes  pièces  sont 
plantées  de  vignes  résistantes  :  riparia  sauvage,  solonis.  La  plupart  sont  gretïées, 
d'autres  le  seront  à  la  fin  d'avril.  Tout  cela  e.^t  admirable  de  bonne  reprise  et  de 
végétation.  On  nous  montre  de  vastes  terrains  qui  seront  également  j)lantés  d'ici 
une  couple  d'années.  De  nombreuses  rangées,  d'énormes  touiles  de  cépages 
étrangers,  disséminées  dans  le  voisinage  de  l'habitation,  fourniront  le  plan 
nécessaire. 

E>t-il  I  esoin  maintenant  d'attendre  encore,  et  d'aller  chercher  ailleurs  des 
exemples  plus  frappants  de  l'efficacité  des  insecticides  et  de  la  résistance  relative 
des  vignes  américaines? 

Vous  reconnaîtrez,  Messieurs,  que  la  lumière  est  faite,  que  le  moyen  est  indiqué 
pour  réparer  sûrement  une  partie  de  nos  désastres. 

Je  dis  une  partie,  car  si  l'on  peut  affirmer  un  succès,  ce  n'est  (Qu'autant  que  les 
vignes  indigènes  seront  cultivées  dans  de  bons  terrains  et  les  vignes  américaines 
adaptées  au  sol  qui  leur  convient,  c'est-à-dire  compact,  frais,  argileux  presque 
toujours.  —  Quant  aux  terrains  de  moindre  qualité,  légers,  calcaires,  nos  efforts 
aboutiront,  sans  doute,  à  leur  faire  supporter  d'une  façon  pratique  la  culture  de 
la  vigne,  mais  nous  restons  encore  dans  le  domaine  des  études. 

En  terminant,  ré(iétons  à  nos  compatriotes  :  n'attendez  pas  pour  traiter  les 
vignes  que  vous  possédez  encore  que  la  maladie  s'annonce  par  un  ralentissement 
do  la  végétation  ;  car  en  ce  moment  les  racines  sont  déjà  détériorées  et  vous  devinez 
le  temps  nécessaire  pour  qu'il  s'en  forme  de  nouvelles  qui  ne  les  vaudront  jamais. 
Veillez,  cherchez,  et  lorsque  vous  aurez  con  taté  la  présence  de  l'insecte,  ne  négligez 
rien  pour  le  combattre. 

Si  vous  plantez  vos  bons  terrains  de  cépages  indigènes,  que  ce  soit  avec  la 
résolution  de  les  traiter  chaque  année  et  de  leur  donner  parfois  de  bons 
engrais. 

Plantez  de  préférence  les  vignes  américaines,  notamment  les  riparias  sauvages; 
le  solonis  que  vous  grefferez  la  dtîuxièrac  année  Vous  grefferez  en  même  temps 
quelques  pieds  de  réserve  pour  remplacer  les  man([uants. 

Donnez  une  attention  toute  particubère  aux  rupestris  qui,  probablement,  per- 
mettront de  repeupler  les  terrains  très  calcaires.  Choisissez  les  pieds  les  plus 
robustes  pour  les  multiplier. 

N'oubliez  pas  que  si  vous  avez  des  frais  plus  considérables,  le  vin  a  beaucoup  _ 
augmenté  de  prix  et  qu'il  vous  laissera  encore  un  profit  satisfaisant. 

G.RARDIN, 

Secrclaire  du  Comité  de  vigilance  de  Cognac. 


PARTIE    0FFICIP:LLE.  33 


PARTIE  OFFICIELLE 

I.  —  Décret  rapportant  l'ajoiirnsment  de  l'application  de  l'art.  39  de  la  loi  du  21  juillet 
lis8l  sur  la  police  sanitaiie  des  animaux  dans  divers  départements. 

Le  Président  de  la  République  Française. 

Vu  l'articl-.  39  de  la  loi  du  21  juillet  1881  sur  la  police  sanitaire  des  animaux, 
lequel  est  ainsi  conçu  : 

«  Les  commanes  où  il  existe  des  foires  3t  marchés  aux  chevaux  ou  aux  hestianx 
seront  tenues  de  préposer,  à  leurs  frais  et  saut'  à  se  rembourser  par  l'établisse- 
ment d'une  taxe  sur  les  animaux  amenés,  uti  vétérinaire  pour  l'inspection  sani- 
taire des  animaux  coadults  à  ces  foires  et  marchés  ; 

«  Cette  dépense  sera  obligatoire  pour  la  commune. 

«  Le  Gouvernement  poui'ra,  sur  l'avis  des  conseils  généraux,  ajourner  par  dé- 
cret, dans  les  départements,  l'exécution  de  cette  mesure  pendant  une  période  de 
six  annôes,  à  partir  du  jour  de  la  promulgation  de  cette  loi.  « 

Vu  le  décret  du  22  juin  1882,  ajournant  l'application  dudit  article  dans  un  cer- 
tain nombre  de  départements,  parmi  lesquels  l'Ardèche,  l'Eure,  l'Indre-et-Loire, 
l'Isère  et  le  Loir-et-Cher; 

Vu  les  délib ''rations  prises  par  les  conseils  généraux  des  départements  ci-dessus 
dénommés  dans  leur  session  d'aoû  1882  ; 

Sur  le  rapport  du  ministre  de  l'agriculture,  Décrèie  : 

Art.  1*"'.  —  Lî  décret  du  2  2  juin  1882,  ci -dessus  visé,  est  et  demeure  rapporté 
en  ce  qui  concerne  les  départements  de  l'Ardèche,  de  l'Eure,  d  Indre-et-Loire,  de 
l'Isère  et  de  Loir-et-Cher. 

Art.  2.  —  Le  ministre  de  l'agriculture  est  chargé  de  l'exécution  du  présent 
décret,  qui  sera  inséré  au  D  lUet'ui  des  lois. 

Fait  à  Paris,  le  2  ^  décembre  188  2.  Jul  es  Grévv. 

Par  le  Président  de  la  République  :  Le  miniswe  de  V agriculture,    De  Mahy. 

II. —  Décret   rapportant  rajournement  de   l'application   de   l'article   12  de    la  loi   du 
21  juillet  l88l  sur  la  police  sanitaire  des  animaux  dans  divers  départements. 

Le  Président  de  la  République  française, 

Vu  l'aj'ticle  12  de  la  loi  du  2i  juillet  1881,  sur  la  police  sanitaire  des  animauv, 
lequel  est  ainsi  conçu  : 

«  L'exercice  de  la  médecine  vétérinaire  dans  les  maladies  contagieuses  des 
animaux  est  interdit  à  qaicon:[ue  n'est  pas  pourvu  du  dipl(3mc  de  vétérinaire  ; 

«  Le  Gouvernement,  sur  la  demande  des  conseils  généraux,  pourra  ajourner 
par  décret,  dans  les  départements,  l'exécution  de  cette  mesure  pendant  unj 
période  de  six  années,  à  partir  de  la  promulgation  de  la  présente  loi.  « 

Vu  le  décret  du  22  juin  1882,  ajournant  l'application  dudit  article  dans  un 
certain  nombre  de  départements  pirmi  lesquels  l'Ardècha,  l'Eure,  l'Isère  et  le 
Loir-et-Cher;  — Vu  les  délibérations  prises  par  les  conseils  généraux  des  départe- 
ments ci-dessus  dénommés,  dans  leur   session  d'août  1882  ; 

Sur  le  rapport  du  ministre  de  l'agriculture,  — Décrète  : 

Art.  1".  —  Le  décret  du  22  juin  1S82  ci-dessus  visé  est  et  demeure  rapporté 
en  ce  qui  concerne  les  départements  de  l'Ardèche,  de  l'Eure,  de  l'Isère  et  de 
Loir-et-Cher. 

Art.  2.  —  Le  ministre  de  l'agriculture  est  chargé  de  l'exécution  du  présent 
décret  qui  sera  inséré  au  Bulletin  des  lois. 

Fait  à  Paris,  le  23  décembre  H82.  Jules   Grévy. 

Par  le  Président  de  la  République  :      Le  ministre  de  l' agriculture,  de  Mahy. 

LA  RÉCOLTE  DES  OLIVES  ET  LES  SEMAILLES 

DANS  LA   DROME 

Depuis  une  quinzaine  de  jours,  on  est  en  train  de  ramasser  les  olives  au  Buis 
et  dans  les  environs.  Jamais,  de  mémoire  d'iiomme,  on  n'avait  eu  une  récolte  aussi 
mauvaise,  c'est  à  ne  pas  y  croire.  Il  y  a  si  peu  d'olives  que  nos  journaliers,  sont 
obligés  de  les  faire  tomber  avec  des  roseaux,  ce  qui  leur  donne  plutôt,  l'air  de 
pêcheurs  à  la  ligne,  que  d'oliveurs. 

Je  connais  même  des  personnes  qui  ne  prenoent  pas  la  peine  de  les  faire 
ramasser.  C'est  une  perte  énorme  pour  nos  pays,  car  c  est  la  principale  récolte. 

Les   neiges  de  l'an  passé  avaient  écrasé  nos  arbres,  et  puis  au  mois  de   mai, 


34  LA  RÉCOLTE  DES  OLIVES  ET  LES  SEMAILLES  DANS  LA  DROME. 

que  les  arbres  commencent  à  se  mettre  en  ileur,  un  froid  rigoureux  fit  descendre 
alors  la  sève  et  les  fleurs  se  desséchèrent. 

Nos  semailles  ont  été  pitoyables,  les  blés  restent  bien  à  lever  et  encore  lèvent- 
ils  mal,  la  récolte  ne  peut  pas  être  belle.  Heureusement  que  depuis  uni  quiazaine 
de  jours,  il  ne  pleut  plus  et  que  le  temps  est  relativement  chaud,  ce  qui  permettra 
aux  derniers  blés  de  pousser  quelque  peu  avant  que  la  terre  ne  soit  durcie  par  la 
gelée.  Nos  fruits,  cette  année-ci,  se  sont  pourris  en  partie  lors  de  la  cueillette: 
ils  paraissaient  assez  sains.  Pvavoux. 

SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'AGRICULTURE 

Séance  du,  3  Janvier  188  i    — -  Présidence  de  M.  Dumas. 

M.  Dumas  remercie  ses  confrères  de  l'honneur  qu'ils  lui  ont  fait  en 
l'appelant  à  présider  les  travaux  d'une  Société  dont  linfluence  grandit 
chaque  jour,  et  dont  l'action  est  si  considérable  sur  les  progrès  de 
l'agriculture  française. 

M.  Vilmorin  fait  hommage  de  la  note  sur  les  blés  de  février  qui  a  été 
publiée  dans  le  dernier  numéro  du  Journal,  et  M.  Wagner  envoie  le 
rapport  sur  le  dernier  concours  d'orge  Chevallier  en  Alsace. 

M.  Ognier  transmet  une  note  sur  le  système  de  comptabilité  appli- 
quée à  l'agriculture  qu'il  a  imaginé. 

M.  Renou  présente  le  résumé  des  observations  météorologiques  du 
mois  de  décembre  1882,  en  insistant  sur  la  hausse  de  la  température 
de  ce  mois,  comparée  à  la  température  moyenne  de  décembre. 

M.  Chatin  présente  quelques  échantillons  de  blé  recollés  en  1882 
par  M.  Michel  Perret,  à  Tullins  (Isère).  Il  insiste  sur  ce  fait  que  grâce  à 
des  semailles  en  lignes  espacées  de  0°\30  environ,  à  des  sarclages 
répétés,  et  à  l'emploi  judicieux  d'engrais  chimiques,  M.  Perret  obtiint 
des  rendements  de  40  hectolitres  de  blé  à  l'hectare,  et  que  depuis  dix 
ans  il  a  pu  maintenir  le  blé  sur  la  même  terre  sans  diminution  de 
produits. 

M.  Gayot  présente  la  troisième  édition  de  La  connaissance  générale 
du  chevil  qu'il  a  publiée  en  collaboration  avec  M.  Moil;  — et  de  la 
part  de  M.  Lecouteux,  un  volume  intitulé  Le  blé,  sa  culture  intensive  et 
extensive. 

M.  Gaudin  donne  lecture  du  rapport  qu'il  a  rédigé,  au  nom  d'une 
Commission  spéciale,  sur  un  amendement  au  projet  de  loi  sur  le  crédit 
agricole,  relatif  à  la  création  d'un  privilège  en  faveur  du  vendeur 
d'engrais.  Après  avoir  exposé  que  la  création  de  ce  privilège  ne 
pourrait  apporter  aucun  avantage  à  la  situation  des  cultivateurs,  le 
rapporteur  conclut  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de  l'introduire  dans  le  projet 
de  loi.  Ces  conclusions  sont  adoptées  p  ir  la  Société  à  l'unanimité. 

La  Société  procède  à  l'élection  de  trois  membres  de  la  Commission 
des  fonds  pendant  l'année  1883.  M.  de  Béhague,  Diitly  et  Gareau 
sont  élus.  Henry  Sag.mer. 

REVUE  GOlîHSiiGIÂLE  ET  PRIX  GOURMT  DES  DENREES  AGRICOLES 

(6  JANVIER  1883) 
I.  —  Situation  générale,  i 

Ainsi  qu'il  arrive  toujours  à  cette  époque  de  l'année,  les  marchés  agricoles  ont 
été  peu  fréquentés  durant  cette  semaine.  Pour  la  plupart  des  denrées  agricoles,  les 
affaires  sont  calmes;  quant  aux  prix,  ils  ne  subissent  pas  de  changements  sensi- 
bles. La  situation  est  donc  à  peu  près  la  même  que  durant  la  semaine  précédente. 

II.  —  Les  grains  et  les  farines. 
Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  QUINTAL  MÉTRIQUE, 
sur  les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger  : 


RKVITE  COMMKRCIALE  ET  PRIX  COURANT    (6  JANVIER    1883). 


Calvados.  Condé 

—  Caeri 

Côl.-dn-Novd.  I.acinion. 

—  'ri'ég-uior.. 
Finislcrc.  Morlaix 

—  Linaerneau   . 
Hle-ct- Vilaine.  Rennes. 

—  Bedon.. 
Manches.  Avranches... 

—  Pontorson.. . 

—  VUledieu 

Mayenne.  Laval 

—  Ghàteau-Gontier. 
Morbihan.  Hennebont.. 
Orne.  Sèez 

—  Vimontiers 

Sarllie.  Le  Mans 

—  Sablé 

Prix  moyens 

2"  r.Éuio? 

Aisne.  Laon    

— ■      Château-Thierry. 

—  Villers-Cotlerels. 
Eure.  Damville 

—  Gisoi-s 

—  Neubourg    

Eure-et-Loir.  Chartres.. 

—  Auneau 

—  Nogent-le-Rotrou. 
Nord.  Cambrai 

—  Lille 

—  Douai 

Oise.  Beauvais 

— •    Compiègne 

—  Senlis 

Pas-de-Catais.  Arra.s... 

—  Doiillens 

Sei7ie.  Paris 

S.-et-Mnrne.  Meaux  .... 

—  Daramarlin 

—  Melun 

S  -ei-Oise.  Angeiville.. . 

—  Pontoise.. 

—  Versailles 

Seine-Inférieure.  Rouen. 

—  Fécamp .. 

—  Yvetot 

Somme.  Albert 

—  Montdidier 

—  Roye 

Prix  moyens 

T   RKGIOM.  - 
Ardcnnes.  Rethe! 

—  Sîîdad 

Auhi-.  ,\rcis-sur-Aube. .  ' 

—  \léry-sur-Seine... 

—  Troyes 

Marn-.  Ctiàlons 

—  Sézanne 

—  SaJnle-.MenehoMld. 
Hle-.\Iarne.  Bourbonne.. 
Meitrihe-et-Mos.  Nancy.  ; 

—  Luiiéville : 

—  Toul 

Meuse.  Bar-le-Duc : 

—  Verdun 

Haute-Saône.  Gray 

Vosges.  Mii^ecourl 

"-     Epinal 

—  Neufchàteau ■ 


23.00 
2!. 50 


17  25 
17.00 
17. sO 


—  NOisn. 


15  50 

l'i.50 
14  00 
14  25 
14.00 


16.50 
15   25 


Orje. 

fr. 

19  50 
18.00 
15.50 
15.25 
14.50 
15.00 
10.00 


18  50 
1  (i .  00 
17.75 


19.75 
18  50 
1 8 .  25 

17  00 

18  50 
18.00 
18.75 
17.50 
19.2.Ï 
16.50 


18.50 
19.00 
17. 00 
17  50 
17.00 
18.40 

18.25 
19.00 
18.00 


,  20 


.'4.17  15.32 
-  N«KI>.ESr. 

23.00  15.00 

i'â.Va  16.75 

>3.50  15. '0 

23  50  16  00 

24.25  15.80 

24.00  16  00 

23.00  15.00 

>3.25  i5.dO 
22 .  00         » 

!4  25  16.25 

!3.75  15.5» 

>3.75  16.00 

!3.50  16.00 

23.50  16.00 

22.00  15.25 


18.00 
18.00 

1 7 .  00 
17.50 
18.00 
I7.i5 
17.50 
19.60 

1 8 .  00 
1 8 .  00 
16.00, 
17.50 


17.50 


18. 


16.50 

1G.25 


1«.25 
16.80 
17-15 
17.00 
17.00 
15.50 
14  25 
16.00 
16.00 
15-.  50 
17.25 
16.50 
15.50 
»  15.00 

»  16.50 

17.00      10.25 

17.00      10.35 


10.50 

<6.00 
17  00 
17.25 
15  50 


Prix  moyens 23.40     15.80 

4'  RÉGION.  —  OUEST. 

C/iaren<e.  Angouléme. . .  25.50 

—  Ruffec 26.00 

C/ia»'.-/n/'6>.La Rochelle  24.00 

Deux-Srvres.  Niort 23 .  75 

Indre-cl- Loire.  Bléré 24. ou 

—  Chàteau-Renaalt .  25.00 

Loire-lnf.  Nantes 26.25 

M.-el-Loire.  Saumur...  26  25 

—  Angers 25.00 

Vendée.  Luçon 25 .  50 

—  Fonlenay-le-Cte...  24.50 
Fie^ne.  Poitiers 25.50 

—  Loudiin 26.00 

Haute-V^ienne.. himog&s.  26.50 

Prix  moyens 25.27     15.97     18.40     17.64 


17 

25 

» 

20.00 

18 

00 

» 

18.25 

17.00 

16.50 

17.50 

17.25 

15 

00 

19.50 

17.25 

14 

75 

10.00 

17.00 
17.20 

15 

50 

16.85 

18.50 

15 

00 

18.00 

17.80 

18.50 

» 

17.80 

17.50 

19.75 

16.80 

15 

50 

18.50 

17.00 

Ifi 

75 

20  00 

U.50 

Cher. 


Allier.  Montliiçon 

-  —    Gannat 

Saint-Pourrain. . 

Bourges 

—  Sainl-.'Xmand. . . 

—  Vierzon , 

Creuse.  Aubusson 

Indre.  Chàteauroux  . . . 

—  issoudun 

—  La  Ghiltre 

Loiret.  Orléans 

—  Gien 

—  P.itay 

L.-el-('hcr.  Blois , 

—  Montoire 

Nièvre.  Nevers 

■    —    La  Charité 

Yonne.  Bri.enon 

-—     St-Florentin. .. . 

—  Sens 


fr. 

24.20 
24.50 
25 .  00 
23.50 
24.25 
2  1.50 
27 .  50 
25.50 
25 .  75 
2'i.50 
2.J  25 
24  50 
24.00 
25 .  00 
24.25 
23.50 
2'i.00 
24.00 
23.75 
24.00 


CENTRE. 

L    Seigle. 

fr. 
16.50 


14.25 
14.50 
15.50 


15.20 
1 0 .  00 
15.50 
14  75 
15.00 
14.75 

» 

15.50 

1 5 .  00 

14.50 

14.75 

Prix  moyens l't.kl     15.25 

6°  RÉGION.  —  EST. 

-lui.  Bourg 25.00     17.20 

—  Pfint-de-Vaux 24.75        » 

Côte-d'Or.  Dijon 23.00 

—  Beaune 23.00 

Z)om6s.  Besançon 23.00 

Lsère.  Grenoble. 2S.25 

—  Boiirgoin 24.00 

Jura.  DiUe 22.00 

Loire.  Montbrison 24.00 

P.-de-Dùine.  Issoiro....  25.50 

Ithnne.  Lyon 24.25 

Saône-el- Loire.  Chïlon..  25.25 

—  Autun 23.50 

.Scti'ote.  Chambéry 20.25 

Ille-Savoic.  Annecy 25.80 

Prix  moyens 24.37 


fr. 

I S .  00 

19.25 

18.25 

1 8 .  00 

19.00 

18.50 

1 8 .  25 
19.00 
20.00 
17.110 
1 8 .  50 
17  50 
18.00 
18,50 

17.00 


35 


AYoine. 

fr. 

17  25 
17.00 
17.00 
10.25 
16.75 
17.00 
i  7 .  00 


)() 


17.70 
17.25 
17.50 
'.7.00 
13.00 
17.50 
17.00 
10.  50 
1  7 .  50 
18.25 
1  7  .  50 
17.25 


10.00 

17.00 

16.50 

))  ■ 

16.25 

16.50 
16.25 

» 

17.50 

19.00 

14.25 

10.75 

17.25 

15.25 

17.00 

10. 00 

15.50 

17.50 

10.50 

17.50 

19.00 

17.00 

15.00 

» 

18.25 

15.75 

16.00 

17.00 

16.50 

19.00 

17.50 

16.25 

» 

18.50 

» 

» 

17.25 

15   92      17.33      17. If 


17.00 

» 

19.00 

i  S  .  00 

» 

19.25 

1  7  .  00 

18.00 

18.25 

17.25 

17.50 

18.50 

17.50 

17.75 

19.00 

i< 

» 

20.50 

„ 

" 

19.25 
19.00 

18.50 

18.00 

18.50 

1 9 . 0;) 

i> 

21.(10 

18.50 

» 

» 

18.50 

10  00 

18.75 

18.70 

» 

19.00 

19   00 

1S.25 

18.50 

1  S  .  20 

.. 

19   00 

T  REGION.  —  SUD-OUEST. 

Ariiige.  Pamiers 27  00 

—  Foix.. 2S  50 

Dordogiie.  Bergerac...  20.50 

Ilte-Garonne.  Toulouse.  27  oo 

—  St-Gaudens 27.00 

Gers.  Condom 26.00 

—  Eauze 20.20 

—  Mirande 26  00 

Gironde.  Bordeaux 26.50 

—  Bazas 26  711 

Landes.   Dax 27.25 

Lot-et-Garonne.  Agen...  26  50 

—  Nérac 20.25 

n. -Pyrénées.  Bayonne..  27-00 

Illes-Pyrénées.  Tarbes. .  27.50 

Prix  moyens 20.65     18. 0:1     is.os     19.11 

8°  RÉGION.  —  SUI>. 
Aude.  Carcassonne 27.50 

—  Gastelnaudary 27.70 

Aueyron.  Rodez '-6.50 

Cantal.  Mauriac 26.00 

Corri',ze.  Liiberzac 26.25 

Hérault.  Montpellier....  26.50 

—  Celte 27.25 

/.ot.  Cahors 26.50 

Lozère.  Mende 27.00 

P;/)-én(;es-0/'. Perpignan.  31 .25 
Tarn.  ^Castres 26.50 

—  Montauban 25.75 

Tarn-ei-Gur.  Moissac...   26.00 

Prix  moyens 20.98     19.09     19.26     19  98 

9"  RÉGION.   —  SUO-EST. 
Ba.^ses- Alpes.  Manosque  28.10 
Hautes- Alpes.  Briançon.  27.25 
Aipcs-.Mariiimes.Cvinwts  28. 10 

Ardi-che.  Privas 27 .25 

n.-du-lihàne.  Arles 26.25 

Drame.  Romans 24.50 

Gard,  yiimes 26.85 

Haute-Loire.  Brioude...  25.20 

Var.  Dragnigiian 28.25 

Fauciwse.  Avignon 25.60 

Prix  moyens. .. ..  26.74 
Moy.  de  toute  la  France  25.27 
—  de  la  semaine  précéd.  25.25     

Sur  la  semaineJHausse.     0.02      0.15        »  0.12 

précédente..  (Baisse..       »  »  0.20        » 


) 

20.25 

19.00 

) 

19.00 

19.50 

19 

75 

» 

20.50 

24 

30 

» 

22.65 

17 

80 

18.25 

18.5» 

17.50 

19.00 

1 

17.80 

20.  oO 

17 

25 

17.75 

18.25 

17 

50 

17.25 

17.75 

20 

00 

26.00 

25.55 

18 

00 

» 

19.50 

18 

25 

19.50 

20.00 

19 

0' 

» 

^9.50 

) 

» 

21.50 

17 

50 

» 

18.50 

17 

70 

18.00 

18.00 

19 

eo 

17.75 

20.20 

) 

17.80 

18.25 

16 

50 

» 

17.50 

17 

25 

18.00 

19.00 

18 

75 

19.50 

17.00 
19.00 

16.50 

19.25 

r 

1                 » 

17 

88 

17.92 

18.82 

16 

78 

17.87 

18.03 

16 

63 

18.07 

17.91 

36  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT 

Blé.  Seigle.  Orge.  Avoine. 

fr.  fr.  fr.  fr. 

,,       .  ,,       (  blé  fendre...  27.25 

Algérie.  ^^^^'\  h\(^  ûm- 56.00  »  16. ^S  K5.50 

Angleterre.  Londres 25  70  »  18. ôu  20.25 

Belw/ue.  Anvers 24.25  17.75  17.50  16  00 

_  Bruxelles 24.50  16.50  »  18.10 

—  Lio!?e 2.!. 00  17.50  20.50  18.00 

—  Naniur 23.50  16.50  20.00  16.00 

Pays-Bas.  Aiiislerdam 2J.;)5  17.00  »  » 

Luxembourg.  Luxembourg 24.50  »•  »  17.50 

Alsace-Lorraine.  Strasbourg 25  75  18  25  18.50  17.75 

—  Coimar 25. .50  18.20  18.50  IS.OO 

—  iMuiliouse 23  50  17.25  17.80  18.50 

Allemagne.  Berlin - 22.50  16.85  »  » 

—  Cologne 23.75  18.75 

—  Hambourg 21.35  16.10 

Suisse.                     Genève 27  (0  »                »  19.50 

Italie.                         Turin 25.20  18.50            »  18.25 

Espaqne.                  Valladolid 25.00  »                »                » 

Autriche.                  Vienne ...  20.50  15.00  16.50  14.00 

Hongrie.                   Budapeslh 20.75  15.25  17.25  13.25 

Russie.  Saint-Pétersbourg..  20.25  14.75             »  12.00 

Etats-Unis.              ISew-York 21.65  »                »                » 

lilès.  —  Le  temps  est  toujours  aussi  défavorable  pour  les  cultivateurs;  la  dou- 
ceur de  la  température,  combinée  avec  une  humidité  persistante,  empêche  la 
reprise  des  travaux  dans  toutes  les  parties  du  pays.  Suivant  les  régions,  on  estime 
actuellement  du  tiers  au  quart  les  étendues  qui  n'ont  pu  être  emblavées  en  l'roment. 
Quant  aux  transactions  sur  les  marchés,  elles  présentent  beaucoup  de  calme;  les 
oft'res  sont  assez  abondantes,  et  les  prix  se  maintiennent  sans  changements  aux 
taux  des  semaines  précédentes.  La  situation  est  la  même  dans  toute  l'Europe;  c'est 
d'ailleurs  aussi  celle  que  l'on  constate  en  Amérique.  Les  prix,  dans  les  principaux 

λorts  de  ce  pays,  n'accusent   que  quelques  fluctuations    sans  importance.   —  A 
a  halle  de  Pans.,   le  mercredi  3  janvier,   les  affaires  ont  continué  à  être  calmes; 
lescouis  se  maintiennent  aux  taux  des  semaines  précédentes.  On  paye  de  2^fr.  50  à 

26  fr.  50  par  100  kilog.  suivant  les  qualités,  comme  précédemment.  Sur  le 
marché  des  blés  à  livrer,  on  cote  :  courant  du  mois,  25  fr.  50  à  25  fr.  75;  février, 

25  fr.  50  à  25  fr.  75  ;  mars-avril,  25  fr.  75  à  26  fr.  ;  quatre  mois  de  mars,  26  fr.  25  ; 
quatre  mois  de  mai,  26  fr.  50  à  26  fr.  75.  —  Au  Havre.,  les  affaires  sur  les  blés 
d'Amérique  sont  toujours  peu  importantes;  les  prix  se  maintiennent  sans  chan- 
gements :  on  paye  de  25  fr.  à  26  fr.  50  par  100  kilog.  suivant  les  sortes.  — 
A  Marseille,  les  prix  sont  fermes,  mais  les  ventes  sont  calmes.  Les  arrivages 
de  la  semaine  ont  été  de  10  ',C00  quintaux;  le  stock  est  actuellement,  dans  les 
docks,    de    10^,000  quintaux.   On   paye  par   100    kilog.:  Red-winter,    27    fr.    à 

27  fr.  50  ;  Pologne,  25  fr.  50  à  26  fr.;  Burgas,  20  fr.  50;   Bessarabie,    25  fr.  25  à 

26  Ir.  —  A  Londres.,  les  importations  de  blés  étrangers  ont  été  de  123^000  quin- 
taux depuis  huit  jours;  les  atfaires  sont  calmes,  et  les  prix  se  soutiennent.  Ou 
cote  de  24  fr.  45  à  26  fr.  80  par  100  kilog.  suivant  les  qualités  et  les  provenances. 

Farines.  —  Les  transactions  sont  toujours  calmes  sur  toutes  les  sortes,  et  les 
prix  ne  varient  que  duns  de  faibles  proportions.  Pour  les  farines  de  consommation, 
on  cotait  à  la  halle  de  Paris,  le  mercredi  H  janvier  :  marque  de  Gorbed,  62  fr.  ;  mar- 
ques de  choix,  62  à  64  fr  ;  bonnes  marques,  59  à  60  fr.;  sortes  ordinaires,  57  à  58  fr.; 
le  tout  par  s-ac  de  159  kilog.,  toile  à  rendre,  ou  157  kilog.  net,  ce  qui  correspond 
aux  prix  extrêmes  de  36  fr.  30  à  40  fr.  75  par  100  kilog.,  ou  en  moyenne  38  fr.  50  ; 
c'est  une  baisse  de  35  centimes  ^ur  le  prix  moyen  du  mercredi  précédent.  — 
Pour  les  farines  de  spéculation,  on  cotait  à  Paris,  le  mercredi  3  janvier  au  soir  : 
farines  neu/ -marques,  courant  du  mois,  57  fr.  75;  février,  57  fr.  50;  mars  et  avril, 
57  fr.  25  à  57  fr.  50;  quatre  mois  de  mars,  52  fr.  25  à  57  fr.  50;  quatre  mois  de 
mai,  57  fr.  75  à  58  fr.;le  tout  par  sac  de  159  kilog.  toile  perdueou  157  kilog.  net. 
—  Pour  les  farines  deuxièmes,  les  prix  se  maintiennent  de  27  à  33  fr.  par  100  kilog., 
et  pour  les  gruaux,  de  47  à  58  fr. 

Seigles.  —  Les  prix  sont  plus  faibles;  les  affaires  sont  presque  nulles.  On  cote 
à  la  halle  de  Paris,  15  fr.  75  à  16  fr.  par  100  kilog.  Les  farines  de  seigle  sont  vendues 
de  24  à  26  fr.  par  quintal  métrique. 

Orges.  —  Il  y  a  peu  d'offres;  les  prix  sont  fermes  pour  les  diverses  qualités.  On 
paye  à  la  halle  de  Paris,  17  fr.  50  à  20  fr.  par  100  kilog.  suivant  les  sortes.  Les 
escourgeons  sont  vendus  aux  cours  de  17  fr.  50  à  18  fr.  —  A  Londres,  les  importa- 
tions d'orges  ont  été  de  38,000  quintaux  depuis  huit  jours.  Les  prix  se  maintien- 
nent de  17  fr.  80  à  20  fr.  50  par  quintal  métrique. 


DES  DENRÉES   AGRICOLES    (6    JANVIER    1883).  37 

Malts.  —  Les  malts  d'orges  valent  à  Paris  27  à  32  fr.  par  100  kilog.;  ceux 
d'escourgeon  sont  payés  27  à  31  fr. 

Avoines.  —  Les  cours  sont  difficilement  soutenus.  Les  cours  des  avoines  se 
maintiennent,  à  Paris,  de  17  à  19  fr.  par  100  kilog.,  suivant  poids,  couleur  et  qua- 
lité. —  A  Londres,  les  prix  accusent  aussi  de  la  faiblesse;  ils  se  fixent  de 
18  fr.  25   à  21  fr.  50  par  quintal  métrique, 

Sarr^asin.  —  Les  ventes  sont  très  calmes;  on  paye  à  la  halle  de  Paris,  16  fr.  à 
16fr.  25  par  quintal  métrique,  suivant  les  qualités. 

Maïs.  —  Les  prix  sont  fermes  dans  les  ports.  On  paye  de  18  fr.  50  à  19  fr.  par 
100  kilog.  pour  les  maïs  d'Amérique. 

Issues.  —  Prix  soutenus.  On  cote  à  Paris  :  gros  son  seul,  13  fr.  75  à  14  fr.; 
son  trois  cases,  12  fr.  75  à  13  fr.  ;  sons  fins,  12  fr.  à  12  fr.  50;  recoupettes, 
12  fa.  50  à  13  tr.  ;  remoulages  6w,  15  à  16  fr.;  remoulages  blancs,  17  à  18  fr.;  le 
tout  par  100  kilog. 

III.  —  Fruits  et    légumes 

Fruits.  —  Dernier  cours  de  k  halle  :  poires,  le  cent,  5  fr.  à  85  fr.,  le  kilog., 
G  fr.  30  à  0  fr.  45;  pommes,  le  cent,  5  fr.  à  100  fr.  ;  le  kilog.,  0  fr.  25  à 
G  fr.  50;  raisins  communs,  le  kilog.,    1  à  7  fr. 

Gros  légumes.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  betteraves,  la  manne,  0  fr.  30  à 

I  fr.  40;  carottes  communes,  les  100  bottes,  14  à  24fr.  ;  d'hiver,  l'hectolitre,  3  fr.  à 
5fr.;  de  chevaux,  les  100  bottes,  10  à  17  fr.;  choux  communs,  le  cent,  4  à  15  fr.; 
navets  communs,  les  100  bottes,  15  à  25  fr.;  de  Freneuse,  25  à35  fr.  l'hectohtre, 
3  fr.  à  4  fr.  ;  oignons  en  grain,  l'hectolitre,  8  à  14  fr.  ;  panais  communs,  les 
100  bottes,  10  à  12  fr.;  poireaux  communs,  les  10  )  bottes,    15  à  30  fr. 

Pommes  de  terre.  —  Hollande  communes,  l'hectolitre,  10  à  12  fr.  ;  le  quintal 
14   fr.    28    à    17   fr.    14;  jaunes  communes,  l'hectolitre,    8' à  10  fr.  ;  le  quintal, 

II  Ir.  42  à  14  fr.  28. 

Menus  légumes.  —  On  cote  à  la  halle  de  Paris  :  ail,  le  paquet  de  25  bottes, 
3  fr.  50  à  4fr.  50;  appétits,  labolte,  0  fr.  10  à  0  fr.  20;  barbe  de  capucin,  la  botte, 
0  fr.  15  à  0  fr.  25;  cardon,  la  botte,  2  fr.  à  5  fr.  ;  céleri,  la  botte,  0  fr.  40  à 
0  fr.  60;  rave,  la  pièce,  0  fr.  15  à  0  fr.  20  ;  cerfeuil,  la  botte,  0  fr.  30  à  0  fr.  45; 
champignons,  le  kilog.,  1  fr.  à  1  fr  80  ;  chicorée  frisée,  le  cent,  9  à  15  fr.; 
choux-fleurs  de  Bretagne,  le  cent,  40  à  65  fr.  ;  choux  de  Bruxelles,  le  litre,  0  fr.  30 
à  0  fr.  40;  ciboules,  la  botte,  0  fr.  10  à  0  fr.  20;  cresson,  la  botte  de  12 
bottes,  1  fr  35  à  2  fr  05  ;  échalottes,  la  botte,  0  fr.  30  à  0  fr.  40;  épinards, 
le  paquet,  0  fr.  40  à  0  fr.  55;  escarolle,    le    cent,   12   à    18  fr.;  laitue,    le   cent, 

6  à  I  2  fr.;  mâches,  le  kilog.,  0  fr.  20  à  0  fr.  30;  oseille,  le  paquet,  0  fr.  50  àO  fr  75; 
persil,  la  botte,  0  fr.  30  à  0  fr.  kO\  pissenlits,  le  kilog.,  0  25  à  0  70;  potirons, 
la  pièce,  1  à  5  fr.  ;  pourpier,  la  botte,  0  Ir.  15  à  0  fr.  5i5  ;  radis  roses,  la  botte, 
Ofr.  30  à  0  fr.  rO;  noirs,  le  cent  5  à  15  fr.  ;   romaine,   la  botte   de  32  têtes,  5  à 

7  fr.  ;  salsifis,  la  botte,  0  fr.  45  à  0  fr.  55  ;  thym,  la  botte,  0  fr.  10  à  0  fr.  15. 

IV.  —  Vins,  spiritueux,  vinaigres,  cidres. 
Vins.  —  Nous  ne  pouvons  dire  qu'une  seule  chose  cette  semaine  ;  c'est  que  les 
aSaires  sont  toujours  aussi  calmes  dans  la  plupart  des  centres  vinicoles  ;  les 
ventes  sont  peu  importantes,  et  le  commerce  cherche  toujours  à  obtenir  une 
baisse  qui  ne  vient  pas  assez  vite  à  son  gré.  Le  ministère  des  finances  vient  de 
faire  connaître  le  résultat  de  ses  évaluations  sur  la  récolte  de  1882  ;  celle-ci  atteint 
le  chiffre  de  30,886,000  hectolitres;  en  1881,  l'évaluation  était  de  34,1^9,000  hec- 
toHtres;  en  IS'^O,  de  29,677,n00  hectolitres;  en  1879,  de  25,770,000  hectolitres. 
La  récolte,  inférieure  à  celle  de  1881,  serait  donc  un  peu  supérieure  à  celle  des 
années  1880  et  187'.^.  C'est  une  raison  de  plus  pour  que  les  prix  se  maintiennent. 
—  Voici  les  derniers  cours  de  Bercy  :  Vins  rouges  :  Basse-Buurgogne  vieux,  175 
à  200  fr.  le  muid;  Blois  nouveau,  130  à  140  fr.  là  pièce;  Bordeaux,  depuis  150  fr. 
la  pièce  ;  Gahors  nouveau,  140  à  150  fr.;  Cher  vieux,  145  à  170  fr.;  nouveau, 
140  fr.;  Chinon  vieux,  190  à  210  fr.;  Côtes-Ghâlonnaises  vieux,  145  à  155  fr.; 
Gaillac  vieux,  180  fr.;  nouveau,  125  fr.;  Maçonnais  et  Beaujolais,  150  à  300  fr.; 
Montagne  vieux,  42  à  4^  fr.,  l'hectolitre;  nouveau,  42  à  50  fr.;  Narbonne  vieux, 
55àt0fr.;  nouveau,  45  à  60  fr.;  Orléans  vieux,  130  à  140  fr.  la  pièce;  nouveau, 
130  à  140  fr.;  Boussillon  tieux,  CO  à  75  fr.  l'hectolitre;  nouveau,  48  à  68  fr.; 
Selles,  liO  à  130  fr.  la  pièce. —  Vins  blancs  :  Anjou  vieux,  140  à  170  fr.  la  pièce  ; 
Basse-Bourgogne  vieux,  190  à  -220  fr.;  le  muid;  Bergerac  vieux,  16  3  à  200  fr., 
la  pièce;  CliabHs  vieux,  200  à  260  fr.;  Entre-deux-mers  vieux,  125  à  130  fr.; 
Pouilly  vieux,  200  à  330  fr.;  Pouilly-Sancerre,  155  à  165  fr.;  Sologne  vieux,  110 


38  REVUE   GOMiMERCIALE  ET   PRIX   COURANT 

à  1 15  fr.  :  Youvray  vieux,  190  à  225  fr.;  nouveau,  150  à  200  (V.  —  Vins  iirangers  : 
Italie  vieux,  48  à  60   fr.;   nouveau,  48  à  fS  l'r.  l'hectolitre;   Espagne  vieux,  46  à 

58  fr.;  nouveau,  ^6  à  58  fr.;  Sicile  vieux,  45  à  50  fr.;  nouveau,  45  à  68  fr. 
Spiriiuevx.  —  Les  affaires  sont  toujours  aussi  calmes.  Les  ventes  présentent, 

pour  toutes  les  denrées,  très  peu  d'importance,  et  les  prix  ne  présentent  *{ue  de 
très  faibles  variations  pour  toutes  les  sortes  d'alcools.  Dans  le  Midi,  on  paye 
suivant  les  marchés  :  Montpellier,  3/6  bon  goût,  96  fr,  l'hectolitre;  marc,  90  tr.; 
Béziers,  3/6  bon  goût,  103  fr.;  marc,  95  fr.;  Celle,  3/6  bon  goût,  105  fr.  —  Dans 
le  Nord,  on  paye  à  Lille,  48  l'r.  par  hectolitre  pour  le  3/6  betteraves.  A  Paris,  le 
stock  était,  au  3  janvier,  de  16,900  pipes,  contre  11,375  en  1882.  On  cote  :  3/6  bet- 
teraves, i''''  qualité,  90  degrés,  l'hectolitre,  disponible,  50  fr.  50  ;  janvier,  50  fr.  25  à 

50  l'r.  50  ;  février,  50  fr.  75  à  51  fr.;  mars  et  avril,  51  fr.  50  à  52  fr  ;  quatre  mois 
de  mai,  53  fr.  25  à  53  fr.  50.  —  A  Bordeaux,  les  tafias  de  la  Martinique  valent 
72  à  80  fr.;  et  95  à  1 15  fr.  pour  les  qualités  supérieures. 

Haisins  secs.  —  Les  prix  sont  toujours  très  fermes.  On  paye  à  Getle  :  Gorinthe, 
53  à  54  fr.;  Thyras,  42  à  43  fr.;  Sanaos  muscats,  36  à  37  fr.;  noirs,  42  à  4  5  fr.  ; 
Vourlas  gros  grains,  48  à  50  fr.;  rouges,  ^1  à  ^4  fr  ;  figues  d'EspagriH,  22  fr. 

Vinaigres.  —  On  cote  à  Orléans  par  hectolitre  :  vinaigre  nouveau  de  vin  nou- 
veau, 40  à  42  fr.;  vinaigre  nouveau  de  vin  vieux,  45  à  48  fr.;  vinaigre  vieux, 
55  à  60  fr. 

\I.  —  Sucres.  —  Mélasses.  —  Fécules.  — •  Glucoses.  —   Amidons.  —  Houblons. 

Sucres.  —  Quoique  les  affaires  soient  assez  calmes,  les  prix  accusent  plus  de 
fermeté  pour  les  diverses  sortes  de  sucres  bruts.  On  cote  à  Paris  :  sucres  bruts 
88  degrés,  52  fr.  50  à  52  fr.  75  ;  les  99  degrés,  59  fr.  50  ;  sucres  blancs,  f-9  fr.  75 
à  60  fr.  ;  à  Lille,  sucres  bruts,  51  fr.  25  à  51  fr.  50;  à  Saint-Quentin,  sucres 
bruts,    51    fr.    50;    sucres  blancs,   58    fr.   50;    à    Yalenciennes  ;    sucres    bruts, 

51  fr.  25  à  51  fr.  50.  Le  stock  de  l'entrepôt  réel  des  sucres  était,  au  3  janvier,  à 
Paris,  de  713,000  sacs  pour  les  sucres  indigènes,  avec  une  augrnentation  ;de 
92,000  sacs  depuis  huit  jours.  —  Les  prix  sont  toujours  faibles  pour  les  sucres 
raffinés,  qui  valent  106  à  107  fr.  par  cent  kilog.  à  la  consommation,  et  64  fr.  75 
à  67  Ir.  25  pour  l'exportation.  Les  transactions  sur  les  sucres  coloniaux  accusent 
toujours  beaucoup  de  calme. 

Mitasses.  —  Les  prix  varient  peu.  On  paye  à  Paris,  mélasses  de  fabrique  : 
12  ir.  25;  de  raffinerie,  14  fr.  50  par  100  kilog. 

Fécules.  —  Maintien  des  anciens  prix.  On  cot,  les  fécules  premières  par 
100  kilog.  :  à  Paris,  40  fr.  ;  à  Gompiègne  (Oise^,  39  fr.;  à  Epinal  (Vosges), 
42  fr.50  à  45  fr. 

Glucoses.  —  Prix  fermes.  On  cote  par  KO  kilog.;  sirop  de  froment,  56  à  57  fr.; 
sirop  massé,  47  à  48  f r  ;  sirop  licjuide,  41  à  42  fr. 

Amidons.  —  Les  cours  sont  soutenus.  On  paye,  à  Paris,  par  100  kilog.  :  amidon 
de  pur  froment,  67  à  68  fr.;  de  province,  64  à  66  fr.;  de  maïs,  54  à  56  fr. 

Houblons.  —  Les  ventes  sont  peu  importantes.  Pour  tous  les  marchés,  les  prix 
accusent  toujours  beaucoup  de  fermeté,  sans  changement  depuis  huit  jours. 
VII.  —  Huiles  et  graines  oléagineuses.  —  Tourteaux. 

Huiles.  —  Les  prix  sont  plus  fermes  depuis  huit  jours,  en  ce  qui  concerne  les 
huiles  de  colza.  On  cote  à  Paris  par  100  kilog.  :  huiles  de  colza  en  tous  fûts, 
b5  fr.  25;  entonnes,   87  fr.  25;   épurée  en  tonnes,   95  fr.  25;   lin  en  tous  fûts, 

59  fr.  75;  en  tonnes,  61  fr.'  75.  —  Les  huiles  de  colza  sont  vendues  sur  les 
marchés  des  départements  :  Rouen  85  fr.  50;  Gaen,  81  fr.  50;  Cambrai,  77  fr.  ; 
Arras,  86  fr.;  on  paye  les  autres  sortes  :  œillette,  110  fr.;  pavot  à  bouche,  72  fr.  ; 
lin,  61  fr.  ;  cameline,  76  fr.  —  Dans  le  Midi,  la  récolte  des  olives  est  médiocre  ; 
les  atiaires  sur  les  huiles  sont. calmes,  aux  mêmes  cours  que  précédemment. 

Graines  olèaginenses.  —  Les  cours  varient  pau.  Oa  cote  dans  le  Nord  par  hec- 
tolitre :  œillette,  26  à  28  fr.  25  ;  cameline,   12  à  15  fr.  ;  lin,  15  fr.  50  à  18  fr.  50. 

Tourlean.c.  —  Les  prix  sont  toujours  fermes.  On  paye  à  Arras,  par  100  kilog.  ; 
tourteaux  d'œillette,   18  fr.  25;   de  colza,  18  fr.  25;  de  lin,  23  fr.  ;  de  cameline, 
18  fr  ;  —  à  Rouen,  tourteaux,  de  colza,  I6  fr.  25  ;  de  lin,   20  fr. 
VIII.  — Matières  résineuses,  colorantes,   tannantes. 

Malières  résineuses.  —  Les  prix  sont  en  baisse  cette  semaine.  On  paye  à  Dax, 
86  fr.  par  100  kilog.  pour  l'essence  pure  de  térébentJiine. 

VerJeis.  —  Les  verdets  marchands  en  boules  ou  en  pains  sont  cotés  dans  le 
Midi  130  à  140  fr.  par  100  kilog. 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (6  JANVIER   1883).  39 

Gaudes.  —  Maintien  du  «ours  de  20  fr.  par  quintal  métrique  dans  le  Lan- 
guedoc. 

IX.—  Textiles.  —  Bois. 

Chanvres.  —  Maintien  des  prix.  Les  chanvres  blancs  valent,  au  Mans,  72  à  78  fr- 
par  100  kiloo:.,  elles  chanvres  gris,  64  à  68  Cr. 

Lins.  —  Dans  le  Pas-de-Calais,  les  lins  de  pays  sont  cotés  80  à  85  fr,  par 
100  kibg. 

Bois.  —  A  Toulouse,  on  paye  les  bois  à  brûler    19  à  21  fr.  le  stère  suivant  la 

qualité. 

X.  —  Suif?  et  corps  gras. 

Suifs.  —  Il  y  a  hausse  dans  les  prix. On  cote  à  Paris,  101  fr.  par  100  kilog.  pour 
les  suifs  purs  de  l'abat  de  la  boucherie,  et  75  fr.  75  pour  les  suifs  en  branches. 

Saindoux.  —  Au  Havre,  les  affaires  sont  calmes  et  les  prix  sont  faibles,  à  136  fr. 
par  100  kilog.  en  moyenne  pour  les  saindoux  d'Amérique. 
XL  —  Beurres.  —  Œufs.  —  Fromages. 

Beurres. —  Il  a  été  vendu  pendant  la  semaine,  à  la  halle  de  Paris,  224,000  kilog. 
de  beurres.  Au  dernier  marché,  on  cotait  par  kilog.  :  en  demi-kiiog. ,  2  fr.  'iO  à 
4  fr.  56;  petits  beurres,  1  fr.  86  à  3  fr.  32  ;  Gournay,  2  fr.  20  à  4  fr.  58;  Isigny, 
2  fr.  à  8  fr.  52. 

Œufs.  —  On  a  vendu,  depuis  huit  jours,  à  la  halle  de  Paris.  4,735,995  œufs. 
On  paye  par  mille  :  choix,  135  fr.  à  152  fr.;  ordinaires,  83  à  103  fr.;  petits,  50  fr. 
à  70  fr. 

Fromages.  —  Dernier  cours  de  la  halle  de  Paris  :  par  douzaine.  Brie,  12  fr.  à 

34  fr.;  Montlhéry,  15  fr.;  —  par  cent,  Livarot,  45  à  107  fr.;  Mont-Dor,  29  fr.  à 

35  fr.;   Neufchâtel,  4  fr.  25   à  23  fr.  50;  divers,  5  à  69  fr.;  —  par   100  kilog., 
©ruyère,  120  à  170  fr. 

XII.  —  Chevaux,   bétail,  viande. 

Chevaux.  —  Aux  marchés  des  27  et  30  décembre,  à  Paris,  on  comptait  651  che- 
vaux. Sur  ce  nombre,  223  ont  été  vendus  comme  il  suit  : 

Amenés.  Vendns.  Prli  extrêmes. 

Chevaux  de  cabriolet 194  35      200  à      800  fr. 

—  detrait 197  34       250  à   1,125 

—  hors  d'âge 165  59        20  à      700 

—  à  l'enchère 34  34        25  à      480 

—  de   boucherie 61  61         20  à         80 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  ofliciel  du  marché  aux 
bestiaux  de  la  Villette,  du  jeudi  28  décembre  au  mardi  2  janvier  : 

Poids      Prix  da  kilog.  da  viande  nette  sur 
^  Vendus  moyen         pied  na  marché  do  !"■  janvier. 

Pour  Pour  En          4  quartiers,  i"  2*  3*  frlx 

Amené*.  Paris,  l'extérieur,  totalité.  kil.  quai.  qaal.  quai.  moyen 

Bœufs 4,707  2,960  1,484  4.444  351  i.74  1.58  î.34  1.52 

Vaches 1,511  774  .')64  1,338  231  160  1.40  1.22  1.39 

Taureaux 190  139  36  175  399  1.46  1.30  1  24  1.35 

Veaux 2,7  5  1,857  742  2,59.)  75  2.30  2  16  1   90  2  05 

Moutons 30,252  21,875  7,843  29,7l8  20  2.20  2.06  1.86  1.97 

Porcs  gras 6,253  2,083  3,705  5,788  79  1.32  1.26  1.20  1.26 

—    maigres.              »  »  »  »  »          »  •               »  » 

Les  ventes  ont  été  faciles  pour  toutes  les  sortes  d'animaux.  Les  prix  accusent 
de  la  hausse  pour  toutes  les  catégories,  principalement  pour  les  bœufs  et  pour  les 
moutons.  Sur  les  marchés  des  départements,  on  paye  :  Le  Mans,  bœuf,  1  tr.  55  à 
1  fr.  tb  par  kilog  de  viande  nette  sur  pied;  vaches,  ]  fr.  50  à  1  fr.  65;  veaux, 
1  fr.  90  à  1  l'r.  95;  moutons,  1  fr.  95  à  2  fr.  ;  — Nantes,  bœuf,  0  fr.  80  par  kilog. 
brutsur  pied  ;  veaux,  1  fr.  15  ;  moutou,  l  Ir.  05  ; —  Orléans,  bœuf,  0  fr.  65  à  0  fr.75  ; 
vaches,  0  fr  63  à  U  tr.  71  ;  veaux,  1  fr.  10  à  1  fr.  30;  moutons,  0  fr.  77  à  0  fr.  95; 
porcs,  0  80  à  0  fr.  90;  —  N^mcy,  bœufs,  8^  à  94  fr.  par  100  kilog  ;  vaches,  -0  à 
88  ir.  ;  veaux  vivanis,  58  à  65  fr.  ;  moutons,  95  à  105  ir.;  —  Lyon,  bœufs,  68  à 
82  ir.  ;  veaux  (pojds  vif),  57  à  63  l'r.  ;  moutons,  75  à  95  fr.  ;  porcs  (poids  vif),  58  à 
65  fr.  —  Bout  gain,  bœuf,  64  à  74  ir.;  vaches,  56  à  66  fr.;  veaux,  85  à  95  fr.  ; 
moulons,  85  à  y5  tr.;  porcs,  95  à  100  fr.  —  Nîmes,  bœuls,  1  fr.  15  à  1  ir.  'i3; 
taureaux,  1  fr.  10  ;  vaches,  U  fr.  90  à  1  fr.  36  ;  moutons,  1  fr.  80  à  1  fr.  88  ;  brebis, 
1   fr.  '^5  à  1  fr.  67  ;  agneaux,  0  fr.  80  à  1  ir.  05  ;  veaux  (poids  vif),  0  fr.  90  à  i  fr. 

A  Londres,  les  importations  d'animaux  étrangers  durant  la  semaine  dernière 
se  sont  composées  de  4,894  tôles,  dont  37  veaux  et  472  moutons  venant 
d'Amsterdam;  1,094  moutons  d'Anvers;  20  bœufs  de  Boulogne;  1,331    moutons 


40  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT   (6  JANVIER  18^3). 

de  Brème;  57  bœufs  et  17  moutons  de  Gothembourg;  502 moutons  d'Hambourg; 
2  bœufs,  18  veaux  et  146  moutons  d'Harlingen;  22  bœufs  du  Havre;  i  15  bœufs 
et  200  moutons  de  New-York;  20  bœufs,  701  moutons  et  40  veaux,  de  Rotter- 
dam. Prix  du  kilog.  :  bœuf,  qualité  inférieure,  1  fr.  52  à  1  fr.  75;  2%  1  fr.  75  à 
1  fr.  93  ;  l"',  2  fr.  05  à  2  fr.  16.  —  Veau,  2%  1  fr.  99  à  2  fr.  22;  1'%  2  fr.  28  à 
2  fr.  40.  —  Moutoit,  qualité  inférieure,  2  fr.  28  à  2  Ir.  45;  2%  2  tr.  45  à  2  fr.  63; 
V%  2  fr.  69  à  2  fr.  86.  —  Porc,  2",  1  fr.  ;-5  à  1  fr.  4o;  l",  1  fr.  46  à  1  fr.  68. 
Viande  à  la  criée.  —  Il  a  été  vendu  à  la  halle  de  Paris  du  25  au  31  décembre  ; 

Prix  du  kilog.    le  1er  Janvier. 

kilog.  1">  quai.                2*  qaal.             3»  quai.  Choix.       Basse  Boucherie. 

Bœuf  OU  vache..   168,199  1.50àl.86     1.2Sàl.48     0.86àl.26  1.70à!.90    0.20  à  1.00 

Veau 166,950  1.98      2.30     1.76       1.96     1.46       1.74  1.60      2.o6       • 

Mouton 47,203  1.56       1.92     1.34       1.54     0.96       1.32  I..56       3.46       » 

Porc 54,402  .                  Porc  frais 1.16  à  1.30;  salé,     1.50 

43^,754        Soltparjour 62,251   kilog;. 

Les  ventes  ont  été  inférieures  de  -2,000  kilog.  par  jour  à  celles  de  la  semaine 
précédente.  Tous  les  cours  sont  eans  variations. 

XIII.  —  Cours  de  la  viande  à  Vabattoir  de  la  Villelte  du  4  janvier  [par  50  kilog.) 

Court  de  la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  Viiletib  par  50  kilog.  :  l"  L)uali  é 
67  à  70  fr.;  2%  60  à  65  fr.;    poids  vil,  48  à  52  fr. 

Boeafs.  Veaaz.  Moutoas. 

1»  J.  J.  i'.  J.  $•  !'•  1*  î» 

qaal.  qaal.  qaaî  gual.  quai.  qaal.  qaal.  quai.  qaaL 

fr.  fr.  Ir.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr. 

80  72  65  no  105  98  94  88  83 

XIV.  —  Marché  aux  bestiaux  de  la  Villvlte  du  jeudi  4  janvier. 

Court  des  coiumissioLnaires 
Poids  Cours    officiels.  ea  bestiaux. 

Animaux  général.     1"        2»  3*            Prix              1"  2'        S"  fris 

amenés.  Invendus.  kiI        quai.  quai.  quai,  extrême».  quai.  quai.  quai.  extrêmes. 

Bœufs -iiSi  8  350         i    76     l.6>  1.40  1.3i3àl.80  1.74  i    6n     1.3S  t    34        .78 

Vaches 655  12  235          '    64     1.44  l  26  I   20     l.i.S  1.02  i   42     i.2i  1.18      1.64 

Taureaux...         101  »  392         (.50     «   34  (.28  1  24     1.54  1.48  1.32     l.2(i  1.22     1.52 

Veaux 1.240  75  00    '      2.33     2    16  1.86  1.63     2.50          »  »  .  i 

Moutons 18.891  210  19          2. 20     2  00  1    81)  t    7-      i   24          •  •  .  » 

Porcs  gras..     4.862  175  79         i    3;     1.20  1.20  I.IO     1.36         »  »  »  » 

—  maigres..          •  »  «»»•            d»              •  i»» 

Vente  très  active  sur  toutes  les  espèces. 

XV.  —  Résumé. 

Maintien  des  cours  sur  le  plus  grand  nombre  des  denrées  agricoles,  tel  est  le 
bilan  de  la  semaine.  A.  Remy. 

BULLETIN  FINANCIER. 

Après  bien  des  fluctuations  nous  trouvons  nos  fonds  publics  en  amélioration  : 
le  3  0/(1  gagne  0,10  à  79,60,  le  5  0/0  à  1  5,30  gagne  0,20.  Fermeté  à  nos  Sociétés 
de  crédit,  bonne  tenue  de  nos  cbemins  de  fer. 

Cours  de  la  Beurse  du  27  décembre  1882  au  3  janvier  1883  [au  comptant] . 


Principales  valeurs  françaises  : 

Plus       Plus     Dernier 

'las         haut  cours. 

Rente  3  0/0 79    40        79.00  79   60 

Rente  3  O/o  amortis «o  i<5      iti.oo  30.611 

Rente  4  1/2  0/0 108  75    H9.50  109. 60 

Rente  5  0/0 115.30     114.85  tl5.30 

Banque  de  France s320.oi'  535i'.oo  s 35'. 00 

Comptoir  d'escompte 995. ('O  1000  00  995.' n 

Société  générale 585.00    590  00  59000 

Crédit  foncier «325  00  1 345. 00  i34o  00 

Est Actions   d*    720.00    727.50  727.50 

Midi d'    1165   00    1181.25  1175.00 

Nord d*  1885.00  I9i5  00  (910. 00 

Orléans d*  lîto.oo  lioi  25  1261.00 

Onest 771.25      775   ou  775   00 

paris-Lyon-Méditerranée  d*  lS70.iO  1580. 00  !  575. no 

Paria  1871   obi.  400  3   0/0..      395.5')      398.00  396.0.' 

Italien  5  0/0  ■ 89.30       sa. 75  89.55 

Le  Gérant  :  A.  BOUCHÉ. 


,  Valeurs  diverses  : 

Plus       Plus 

.is.        haut. 

Créd.  fonc.    obi.  50o  4  O/o     502  50     507. 00 

do         do        do       d'  3  0/0.     531)  00     545.00 

d*        obi.      G"       500   3  0/0     435.00  445.0" 

Bque  de  Paris   acl.  500...   dSD.OO  1075. ou 

Créditind.  et  coin.  500...     690.00  097.56 

Dépôts  et  cptes  cts.  boo...     TiiO.Oo  Too.io 

Crédit  lyonnais d*...     5-5.00     567  bo 

Créd.  mobilier 370.00    380  (  0 

Cie    parisienne  du  gaz  250  lf.5:.D0  (.=.65.01.) 

Cie  genér.  transall 500    «.12.50    44'. 50 

Messag.  maritimes d°    715.0"     725. uo 

Canal  de  Suez d»  22.10. to  232m. 00 

d*      délégation d»  i?7u.oo  1280  no 

d°       obli.   5  0/0 d»     550  00     552.50 

Créd.  fonc.  Autrich 500     767.50     77"  00 

Ciéd.  mob.  Espagnol 292  50     c03  00 

Créd.  fonc.    Russe 361.25    375.50 

LfiTEKRlER. 


Dernier 
cours. 
504. eo 
530.00 
445.00 

1057.50 
690.00 
70U.OO 
560.00 
375.09 

1565.00 
412.50 
725.08 

3310. CO 

1280.50 
550.00 
770.00 
303.75 
361. 2& 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (13  janvier  i883). 

Mort  du  général  Chanzy.  —  Le  projet  de  loi  sur  le  régime  des  eaux  devant  le  Sénat.  —  Analyse 
du  proiet  de  loi  de  M.  Cuvinot.  —  La  question  de  la  propriété  et  de  l'usage  des  eaux  courantes. 
—  Uécoralions  dans  la  L'gion  d'iionneur  décernées  sur  le  raiiport  de  M.  le  minisire  de  l'agricul- 
ture. —  Nominalion  de  M.  Fua  (de  l'adoue)  Cimme  chevalierdo  Iv  Lé/ion  d'honneur.  —  Nécro- 
logie.    Mort  de  M.  Pagézy  et  de  M    Ciert.   —  Publication,  par  le  minislcre  des  finances,  des 

résultats  de  la  production  dos  vins  et  des  cidres  en  1S8'2.  —  Comparaison  avec  les  années  préié- 
denles.  —  Tableau  de  la  production  par  départements.  —  Cloncours  pour  la  numination  d'un 
adjoint  à  rinspeclioa  générale  de  l'agriculture  en  Algérie.  —  Relevé  des  déclarations  faites  pour 
les  concours  généraux  agricoles  de  Paris.  —  Le  prochain  congrès  de  raécani  jue  agricole.  — 
Réunion  annuelle  de  la  Soçii'té  d  encouragement  à  l'agriculture.—  Date  de  la  réunion  delà 
Commission  supérieure  du  phylloxéra.  —  Le  commerce  des  produit-^  horticoles  en  Belgique.  — 
Autorisation  de  la  culture  des  vignes  américaines  dans  divers  arrondisse. nents.  —  Les  blés  de 
printemps.  —Lettre  de  Mme  Madet.  —  Prochaine  exposition  d'horticulture  à  Paris.  —  Les 
récoltes  et  le  commerce  des  céréales  aux  Etats-Unis  d'Amérique.  —  Commerce  des  fruits  dans 
le  Delaware.  —  Suppression  de  divers  droits  d'octroi  à  Paris.  —  La  récolte  et  le  commerce  des 
lioublons  dans  les  pr.ncipaux  pays  producteurs.  —  Nouvelles  de  l'élo.t  des  récoltes  en  terre.  — 
Contiuuatio'n  de  rhumidité. 

I.  —  Le  général  Chanzy. 

L'amour  de  la  patrie  est  le  sentiment  le  plus  élevé  qu'éprouvent  les 
agriculteurs;  ils  ont  mille  fuis  donné  des  preuves  qu'ils  mettent  la 
France  avant  eux-mêmes,  avant  leur  famille  et  leurs  biens.  Aussi  la 
mort  imprévue  du  général  Chanzy,  rendu  populaire  par  la  défense 
héroïque  faite,  en  1870,  contre  les  Allemands  sur  les  bords  de  la 
Loire,  a-t-elle  excité  dans  toutes  les  fermes  une  profonde  douleur.  Le 
général  Chanzy  était  des  Ardennes  ;  il  avait  fait  ses  études  au  lycéede 
Metz.  Sa  disparition  est  un  deuil  particulièrement  cruel  pour  ceux  qui 
tiennent,  par  leur  naissance  et  par  leur  famille,  à  l'Alsace-Lorraine. 

IL  —  Le  régime  des  eaux. 

On  sait  que  le  gouvernement  a  présenté  au  Sénat,  le  24  janvier 
1880,  un  projet  de  loi  complet  sur  le  régime  des  eaux.  Le  rapport  de 
la  Commission  chargée  de  l'examiner  vient  d'être  déposé;  il  est  rédigé 
par  M.  Cuvinot.  La  Commission  propose  plusieurs  modifications  au 
projet  primitif,  et  notamment  de  diviser  le  projet  de  loi  en  six  titres  : 
1  "  eaux  pluviales  et  sources  ;  2"  cours  d'eau  non  navigables  ni  flottables  ; 
3"  rivières  flottables  à  bûches  perdues;  4°  fleuves  et  rivières  navigables 
et  flottables;  5"  eaux  utiles;  6"  eaux  nuisibles.  Le  rapport  que  nous 
avons  sous  les  yeux,  ne  se  rapporte  qu'aux  quatre  premiers  titres,  qui 
ont  plus  spécialement  pour  objet  les  dispositions  législatives  réglant 
la  propriété  et  l'usage  des  eaux,  et  déterminant  les  droits  et  les  obliga- 
tions des  particuliers  et  de  l'Etat  dans  toutes  les  questions  qui  se  rap- 
portent à  leur  écoulement.  Les  principes  sur  lesquels  s  appuie  le 
rapporteur  sont  les  suivants  :  les  eaux  courantes  échappent  à  toute 
occupation  individuelle,  et  elles  ne  comportent  que  des  droits  d'usage 
dont  l'intérêt  public  doit  marquer  la  limite;  c'ebt  à  l'administration 
qu'il  appartient  de  veiller  au  libre  écoulement  des  eaux  et  de  prescrire  des 
mesures  pour  quela  transmission  s'en  opère  avec  régularité  et  sans  dom- 
mage pour  les  propriétés  riveraines.  Quant  aux  eaux  des  cours  d'eau 
navigables  et  flottables,  elles  n'appartiennent  à  personne;  elles  sont  à 
la  disposition  de  l'autorité  administrative,  et  l'Etat  peut  les  détourner, 
en  modiher  le  cours  ou  le  volume  sans  être  tenu  d'indemniser  les 
usagers.  Ence  qui  concerne  l'agriculture,  ajoute  M.  Cuvinot,  l'initiative 
du  gouvernement  peut  s'exercer  fréquemment  dans  les  questions  ayant 
pour  objet  l'utilisation  des  eaux.  «  Sur  les  rivières  navigables  et  flot- 
tables, dit-il,  l'administration  a  des  droits  absolus  qu'elle  peut  mettre  à 
profit  pour  créer  des  dérivations,  de  grands  canaux  d'arrosage,  et  porter 

N"  718.—  Tome  I"  de  1883.  —  13  Janvier. 


42  CHRONIQUE  AGRICOLE  (13  JANVIER   1883). 

la  fécondité  dans  les  régions  les  plus  arides.  Ces  mêmes  canaux, 
employés  à  la  submersion  des  vignes,  préviendront  les  ravages  du 
phylloxéra  ou  les  feront  disparaître.  »  L'esprit  dans  lequel  le  rapport 
est  rédigé,  peut  être  considéré  comme  absolument  favorable  aux 
intérêts  agricoles  ;  il  faut  souhaiter  qu'une  solution  soit  enfin  donnée 
à  tous  les  grands  problèmes  que  cette  importante  et  vaste  question 
comporte. 

III.  —  Décorations  pour  services  rendus  à  f  agriculture. 

Le  Journal  officiel  du  5  janvier  publie  la  liste  des  décorations  dans 
la  Légion  d'honneur  données  à  l'occasion  du  l^""  janvier,  sur  la  pro- 
position de  M.  le  ministre  de  l'agriculture.  Nous  approuvons  complè- 
tement les  choix  qui  ont  été  faits,  tout  en  regrettant  encore  qu'une 
plus  grande  part  ne  soit  pas  faite  à  l'agriculture  dans  ces  distinctions. 
Ont  été  nommés  chevaliers  de  la  Légion  d'honneur  : 

MM.  André  (Jean-Joseph-Hippolyt '),  conducteur  principal  des  ponts  et 
chaussées  à  Gap;  a  collaboré  avec  succès  à  des  travaux  difficiles,  et  notamment 
à  l'exécution  des  canaux  d'irrigation  des  Haulcs-Alpes;  36  années  de  services;  — 
Lamur  (Auguste-Jpan-Louis),  agriculteur  à  Oran;  a  puissamment  contribué  au 
progrès  de  l'agriculture  dans  la  province  d'Oran,  de  nombreuses  récompenses  lui 
ont  été  décernées  aux  expositions  de  Paris,  Vienne,  Lyon  et  Philadelphie,  lauréat  de 
la  prime  d'honneur  au  concours  régional  d'Oran  en  18H0  et  proposé  à  cette  occa- 
sion par  le  jury  pour  une  récompense  exceptionnelle;  27  ans  de  services;  — 
L"EGOux-LoNGPRÉ,  propriétalre-élevGur  à  Gaen  (Calvados),  membre  du  conseil 
supérieur  de  l'agriculture  (section  hippique);  a  contribué  à  la  création  de  plu- 
sieurs sociétés  de  courses,  s'est  dévoué  pendant  plus  de  20  ans  à  la  cause  de  l'in- 
dustrie chevaline; —  Le?ouef,  conseiller  généralà  Yvetot,  président  delà  Socété 
centrale  d'agriculture  do  la  Seine-Inférieure  et  de  la  Société  des  courses  de 
Rouen,  membre  de  la  chambre  consultative  d'agriculture  de  l'arrondissement  de 
Rouen  ;  plus  de  20  ans  de  services  agricoles;  —  Madin,  conservateur  des  forêts, 
en  retraite;  35  ans  de  services  dans  l'administration  des  forêts  ;  — Simon-LegrzVND, 
agriculteur  à  Auchy  (Nord);  dirige  une  exploitation  agricole  importante,  a  puis- 
samment contribué  au  développement  de  la  culture  de  la  betterave  et  de  la  fabri- 
cation du  sucre,  a  obtenu  de  nombreuses  récompenses  dans  divers  concours 
agricoles  et  à  l'Exposition  universelle  de  Paris;  28  ans  de  services  agricoles;  — 
Toussaint,  professeur  de  physiologie  à  l'école  vétérinaire  de  Toulouse;  travaux 
importants  sur  les  maladies  contagieuses,  pour  lesquels  l'Académie  des  sciences 
et  l'Académie  de  médecine  lui  ont  décerné  plusieurs  prix.  Services  exceptionnels. 

Nous  devons  ajouter  que  M.  Georges  Lesueur,  vice-président  du 
Conseil  général  de  Constantine,  qui  a  été  nommé  chevalier  de  la 
Légion  d'honneur  sur  la  proposition  du  ministre  de  l'intérieur,  a 
puissamment  contribué  au  développement  de  la  culture  de  la  vigne  en 
Algérie.  Il  est,  avec  M.  Lamur,  un  des  plus  intelligents  colons,  dont 
notre  colonie  s'honore.  M.  Lesouef  dirige  avec  une  grande  habileté  les 
travaux  de  la  Société  d'agriculture  de  la  Seine-lnferieure  qui  exerce 
une  grande  action  sur  le  progrès  agricole  en  Normandie.  M.  Simon- 
Legrand  se  dévoue,  avec  ardeur  et  succès^  à  l'amélioration  de  la 
culture  de  la  betterave  à  sucre.  Nos  lecteurs  connaissent  les  impor- 
tantes recherches  de  M.  Toussaint,  qui  est  un  des  plus  brillants  élèves 
de  M.  Pasieur. 

Enfin,  nous  apprenons  que  IM.  Fua  (de  Padoue)  vient  d'être  nommé 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur.  Depuis  plus  de  quarante  années  qu'il 
s'est  fixé  en  France,  M.  Fua  s'est  adonné  à  l'étude  des  questions  agri- 
coles ;  on  lui  doit  particulièrement  des  expériences  intéressantes  sur 
le  maïs  et  sa  culture  dans  les  régions  septentrionales  de  la  France. 


CHRONIQUE    AGRICOLE    (13  JANVIER   1883).  43 

IV.  —  Nécrologie. 

Nous  avons  le  vif  regret  d'annoncer  la  mort  de  M.  D.ivid-Jules  Pa- 
gézy,  ancien  sénateur  et  président  de  l'Académie  des  sciences  et  lettres 
de  Montpellier,  décédé  le  31  décembre  dans  sa  quatre- vinjL^t-uaième 
année.  M.  Pagézy  aimait  avec  passion  les  choses  de  Tagriculturc,  et  il 
avait  consacré  une  grande  ardeur  à  l'étude  du  problème  de  la  reconsti- 
tution des  vignes  détruites  parle  phylloxéra.  Ses  plantations  de  vignes 
américaines  comptent  au  nombre  de  celles  qui  sont  le  plus  souvent 
citées  au  double  point  de  vue  du  succès  de  la  culture  et  de  la  greffe. 

M.  Glert,  constructeur  à  Niort  (Deux-Sèvres),  vient  de  mourir  à 
l'âge  de  cinquante-cinq  ans  seulement.  11  s'est  spécialement  consacré 
à  la  fabrication  des  tarares  et  des  trieurs,  dans  laquelle  il  a  remporté  de 
nombreux  succès. 

V.  —  Production  des  vins  et  des  cidres  en  1882. 

Le  Bulletin  de  statistique  et  de  législation  comparée,  publié  par  le 
ministère  des  finances,  vient  de  publier  le  tableau  de  la  production  des 
vins  et  des  cidres  en  France  en  1882,  d'après  les  documents  réunis 
par  l'administration  des  contributions  indirectes.  Ce  tableau  est  accom- 
pagné de  commentaires  que  nous  devons  mettre  sous  les  yeux  de  nos 
lecteurs;  car  ils  résument,  à  la  fois,  les  principaux  faits  que  le  com- 
merce des  vins  et  leur  production  ont  mis  en  lumière.  Il  en  résulte, 
ainsi  que  nous  l'avons  dit  plusieurs  lois,  que  l'année  1882  peut  être 
classée  au  nombre  des  mauvaises  années,  au  point  de  vue  de  la  pro- 
duction vinicole;  toutefois,  elle  a  donné  des  résultats  supérieurs  à 
ceux  des  années  1879  et  1880.  Quant  aux  cidres,  les  résultats  sont 
également  mauvais. 

En  ce  qui  concerne  la  production  et  le  commerce  des  vins,  le  Bul- 
letin de  statistique  présente  les  observations  suivantes  : 

La  production  des  vins,  qui  s'était  un  peu  relevée  en  1881  (34  millions  d'hec- 
tolitres au  heu  de  2)  miilioiis  produits  en  1880),  s'est  abaissée  en  1882  au  chiffre 
de  3u,886,':S52  hectoUtres.  C'est  une  diirérence  en  moins  de  3,252,363  hecto- 
litres sur  l'année  correspondante,  et  de  16,054,830  sur  la  moyenne  des  dix  der- 
nières années. 

Depuis  que  le  phylloxéra  a  fait  son  apparition  en  France,  le  chiffre  de  la  récolte 
varie  chaque  année  entre  25  millions  et  35  raillions  d'hectolitres.  Il  y  a  loin  de  là 
à  la  production  moyenne  des  périodes  précédentes  (50  millions  d'hectolitres  pour 
la  période  1860-1869  et  54  miUions  pour  la  période  1870-1878).  Mais  faut-il 
croire  la  production  nationale  condamnée  à  ne  plus  dépasser  le  niveau  aui|uelelle 
est  tombée?  Ce  serait  oublier  qu'elle  a  déjà  eu  à  subir  dans  le  passé  des  épreuves 
tout  aussi  difficiles  et  qu'elle  en  est  sortie  victorieuse.  De  18'3  à  1856,  lors  de  la 
première  invasion  de  l'oïdium,  les  récoltes  se  sont  abaissées  à  22,  21,  15  et  même 
10  millions  d'hectolitres,  et  cependant  le  chiffre  de  la  production  s'est  successi- 
vement relevé  pour  atteindre,  en  1875,  le  maximum  jusqu'alors  inconnu  de  83  mil- 
lions d'hectolitres.  Il  ne  faut  pas  perdre  de  vue,  d'ailleurs,  que,  par  une  coïnci- 
dence malheureuse,  des  conditions  climatériques  déplorables  ont,  depuis  plusieurs 
années,  amené  parallèlement  avec  le  phylloxéra  les  funestes  etlets  dont  s'est  res- 
sentie la  viticulture.  Viennent  des  années  de  température  normale  et,  avec  les 
efforts  déjà  très  appréciables  tentés  par  les  viticulteurs  pour  remplacer  les  plants 
infest''s  do  phylloxéra  par  des  ceps  sur  lesquels  le  paras'te  destructeur  n'exerce 
aucune  action,  on  peut  espérer  le  retour  de  récoltes  sufllsantes  pour  alimenter  la 
consommation,  sans  que  l'on  ait  besoin  de  recourir,  dans  de  fortes  proportions, 
aux  fabrications  industrielles  ou  aux  importations  étrangères. 

Cette  année,  plus  encore  que  précédemment,  les  résultats  propres  à  chaque 
département  semblent  démontrer  que  la  persistance  du  mauvais  temps  a  été  l'une 
des  principales  causes  du  mal.  C'est,  en  effet,  dans  les  régions  du  Centre,  de  l'Est 


44  CHRONIQUE  AGRICOLE    (13  JANVIER    1883\ 

et  de  l'Ouest,  où  les  froids  survenus  au  coramencerrient  de  juin  et  les  pluies  conti- 
nuelles ont  entravé  la  floraison  de  la  vigno,  et  nui  au  développement  et  à  la  matu- 
rité du  grain,  que  les  espérances  provo(}uées  au  début  par  la  belle  ap['arence  des 
vignobles  ont  été  le  plus  particulièrement  déçues.  La  perte  est  surtout  sensible 
dans  les  départements  suivants  :  Vosges,  t'O  pour  100;  Charente,  58  pour  100; 
Loire-Inlérieure,  t7  pour  100;  Indre-et-Loire,  55  pour  100;  Loir-et-Cher, 
54  pour  lOû;  Vendée,  54  pour  100;  Marne,  52  pour  100;  Maine-et-Loire, 
49  pour  100;  Nièvre,  45  pour  100;  Vienne,  :- 0  pour  100;  Deux-Sèvres,  36  pour  100; 
Gôte-d'Or,  34  pour  100. 

Au  contraire,  dans  le  Midi,  où  la  saison  d'été  s'est  accomplie  dans  de  bonnes 
conditions,  les  résultats  ont  été  généralement  satisfaisants.  Ainsi,  on  remarque 
des  améliorations  notables  dans  l'Ariège,  l'Aude,  l'Aveyron,  la  Corrcze,  le  Gard, 
la  Haute-Garonne,  le  Jura,  les  Hautes  et  Basses-Pyrénées,  le  Tarn,  Tarn-et- 
Garonne  etVaucluse.  Si  des  diminutions  apparaissent  dans  quelques  départements 
méiidionaux  et  notamment  dans  les  Pyiénées-Orientales,  l'Hérault,  l'Ardèche, 
la  Dordogne  et  la  Gironde,  cela  tient  surtout  à  ce  que  les  propriétaires  n'ont  pas 
encore  reconstitué  leurs  vignobles  en  partie  détruits  par  le  phyJloxea  On  a  bien 
cherché,  là  comme  ailleurs,  à  acclimater  les  vignes  d'Amérique,  mais  les  planta- 
tions n'y  ont  encore  été  pratiquées  qu'à  litre  d'essai  et  les  résultats  ne  pourront 
être  défmitifs  qu'après  que  l'expérience  aura  permis  de  placer  les  ceps  étrangers 
dans  les  terrains  qui  leur  conviennent  1\  résulte  des  tentatives  déjà  faites  que  les 
ceps  d'Amérique  doivent  être  utilisés  moins  comme  producteurs  directs  du  raisin 
que  comme  plants,  sur  lesquels  peuvent  être  greffés  avec  succès  les  divers  cépages 
cultivés  en  France.  Dans  ces  conditions,  les  viticulteurs  ne  doivent  opérer  qu'avec 
une  extrême  prudence  et  la  reconstitution  des  vignobles  ne  peut  s'effectuer  qu'avec 
beaucoup  de  lenteur. 

Pour  l'ensemble  de  la  France,  le  travail  de  réparation  s'est  cependant  déjà 
affirmé.  La  superficie  des  terrains  livrés  à  la  culture  de  la  vigne  en  1882  présente, 
sur  18H1,  une  augmentation  de  35,426  hectares. 

Malheureusement  les  influences  atraosphéiiques  n'ont  pas  seulement  diminué 
le  rendement,  elles  ont  en  outre  nui  à  la  qualité  des  vins.  Aussi,  malgré  la  dimi- 
nution des  quantités  récoltées,  le  prix  de  vente  chez  le  propriétaire  a-t-il  généra- 
lement baissé. 

Le  tableau  ci-après  indique  le  mouvement  de  la  production,  de  l'importation  et 
de  l'exportation  des  vins  depuis  1872  :  ' 

NOMBRE 

d'hectares  Vins  de  toutes  sortes.         

Années.  Tii^ntpa  ' ■■ : ' 

pirtim-s  Produc'ion.        linportation.        Kxuoitation. 

en  vignes.  '                           ' 

hectolitres  hectolitres  hectolitres 

187-2 2,373,139  r^O ,  1 5.5 ,  OCO  .518,000  3,430,000 

1873 2,380,846  35,716,000  654  000  3,!)81,000 

1874 2,^46,862  63,146,000  681,000  3,232,000 

1875  2,421,247  83,836,000  292,000  3,731,000 

187C) 2,3f,9,83l  41,847.000  676,000  3,331,000 

1877 2,346,497  .56,405.000  707,000  3,10-i,00i) 

1878 2,295,989  48,7^0,000  l,603,OnO  2,795,000 

1879     2.241,477  25,770.000  2,938,000  3,047.000 

1880  2,-^04,459  29,667,000  7,219,000  2,488.000 

1881 2,099.723  34,139,000  7,836^  2,590.000 

Moyenne 2,318,037         46,941  ,000     ~T,  Tl'î ,  OoO         3,173,000 

1882  (11  mois) 2,135,349        30,886,000        0,541,000        2,398,000 

On  voit  que  le  commerce  a  dû  continuer  à  recourir  à  l'importation  pour  com- 
Ller  le  déficit  de  la  production  indigène.  C'est  encore  l'Espagne  qui  a  fourni  le 
plus  large  appoint  (.o,413,C00  hectolitres  en  onze  mois). 

De  nouvelles  ressources  ont  encore  été  demandées  par  les  récoltants  eux-mêmes 
à  l'addition  d'eau  sucrée  sur  les  marcs  et  par  l'industrie  à  la  fabrication  des  vins  de 
raisins  secs.  Elles  ont  donné  un  rendement  à  peu  près  égal  à  celui  de  l'année  der- 
nière, c'est-à-dire  4,200,000  hectolitres  environ,  savoir  :  1,700,000  hectolitres 
pour  les  vins  obtenus  par  addition  d'eau  sucrée,  et  2,500,000  hectolitres  pour 
les  vins  de  raisins  secs. 

Voici  le  tableau,  par  départements,  des  résultats  des  vendanges, 
en  1881  et  en  1882: 


CHRONIQUE   AGRICOLE 

Noms  Hectares  en  Année  J88-.' 

des  départements.  vignes 

.  .                "~  —  hectol. 

A'" 18,010  3.i;i,60a 

i^'^ne-    3,911  76,237 

A''e'--;; 15,933  197,237 

Alpes  (liasses-) 8,534  ()1  ,(;G7 

Alpes  (Ihuiles  )......  5,r,4()  7r)  5'i3 

Alpes-MaruiiiR's. 14,050  G8'99S 

Ardeche 18,691  61  ,'932 

Ai'deniics 1,020  13'l45 

A''V''S'-:   16,545  12,T,'680 

^"'f' 20,154  350,347 

Ai'dc 131,999  4,981,201 

^^*^-!""--- ■■•,•, ^^r550  368,672 

boiiclies-(lu-Rli,iae  ...  y. ,439  101961 

J^f"^=''- 353  9,'330 

^'''"■'^"^'■■, 67,577  2'i6,961 

Lliarente  {merioiire.. .  10'J,424  1  477  251 

î^'^*^'", 15.677  'l82',367 

^?'''''f^;- 16,607  139,138 

^"l'2-'^<J'' 34,091  668,906 

î;'"^"^'^ 16  70 

^^^■^0'^^^^ 81,424  155,813 

^oab^--    ■■■■■ 7,211  43,353 

^'•'^'"e 15,070  63  244 

p"''*^--,:--. 510  l,r,82 

Lure-el-Loir 1,859  U  97') 

^»''^  ••••;, 17,409  378!522 

Garonne  (ilaiite-)  ..    .  66,386  1,051  613 

^^"^^  , 133,227  1,475',360 

[;""Of'te 141,420  1,114,932 

iî^''^','f  .■■ ^^'^'"^  3,199,819 

llle-et-\ilaine 57  290 

î"^i'"^-  ,•;-. 23,914  177,815 

Inclre-el-Loue 51,018  435, ''68 

'f'''"C 33,603  423  250 

J^"=»; 19,677  18i),134 

^^."'''■^■„• •••  28,657  263,682 

Loir-el-Llier 30,809  412,766 

'»"''^-;-    •;•: 13,233  228,615 

Loire   (Haute-).......  g, 204  77,623 

Loire-Inferieure 33,430  513,577 

,Lo'''«^- 30.981  394,134 

L°    •.•;, 49,331  213,448 

Lol-el-baronne 65,165  444  900 

Ifr'-'^W:  ',043  li;.w. 

Maine  et-Loire 4-1  86-^  32 1  '2 1 2 

îl'^''"*^  ;;,•••••. l'5;35B  320;8',4 

iMa-iie  (IhiulcS 16,118  300  :-.67 

Mayenne 217  854 

iMeui-lhc-el-Moselle...  16,588  408  6^*8 

}^^"f^;-- l'2,r^8  2i3',626 

^'!^,'''J''"" 1,004  11. OU 

^."-'^'•'^ •••  11,23'i  l.!3.029 

'J'se l^■JQ  2  1^^ 

Puy-de-Dôme 3118G1  9Ûo','i48 

Iyi-enees{l>asscs-)...  22.592  176,331 

Pyrénées  filantes-)...  1,3,304  302,056 

Pyrenees-Onentales..  76,030  1,430  465 

^'\°»eVn 37,346  45(i  125 

feaone  (Haute-)..,...  n  o^o  II7   l'-) 

baone-el-Leu-e 42,941  bh:i[^è^ 

g^'^'"^'!'^ «,129  48,837 

havoio.               1-2  ;i7^  2(,6,i26 

Savoie  (Haute-) S.S'.S  144  955 

^t'r'' •,-,,■ 797  26,'ili 

Seinc-et-Marne 9,]r,8  128.955 

Seineel-Oi.se 7,804  144,031 

Sevrés  (Ueu'c-) I9.88I  l'9  9')6 

P;;''--;X 47,919  923,' 466 

lain-et--(,aroiine 41,015  .528,864 

,v;j'"--, 45,122  367. Oi7 

;:»"7"^'' 9.995  Km, 277 

Vendée....- IG  j<,9  228,962 

;,!<^nn'^ 43,963  697  339 

Vienne  (Haute-) 2;o47  .5,850 

v'n"^* 4,873  78,709 

^°"»« 36.9.50  695.292 

'^'otaux 2a35,.j4y     30,886,352     3 


(13   JANVIER    1883). 

Année  )88l  Augmentation  Diminution 


Iicctol. 

236  ,.588 

144,221 

144,600 

51,925 

75,728 

61 ,562 

7 '4, 720 

29,716 

06,955 

495,770 

4,794,620 

185,470 

7^,874 

4,715 

574,2.30 

1,706,729 

317,977 

9  >  505 

8(30,744 

54 

242,22.5 

39,817 

51,810 

10,397 

27,895 

298,900 

421,147 

670,899 

1,276,000 

3,792,980 

952 

245,145 

976.423 

371.752 

103.889 

166,492 

1,135,599 

12 '1,6.55 

32,522 

1   174,713 

663,952 

205  ,254 

357,000 

4,973 

6i6,470 

664,870 

369,223 

975 

751.262 

331,976 

4  3,699 

241,188 

4,415 

593,293 

119,205 

92,794 

1,752,000 

403,228 

113,353 

5  ■<  0,436 

9 '1.068 

198,5;>0 

153.8S') 

23,784 

219, .507 

205,064 

2.i2,5'i9 

439.6  0 

219,271 

305,332 

59,272 

497,956 

1,158,440 

12,795 

196,064 

1,131,060 


hectol. 

tiectoi. 

117,012 

n 

» 

67,984 

52,637 

1 

9,742 

» 

8(J5 

'   r> 

7,436  • 

» 

» 

12,788 

a 

16,571 

28,725' 

» 

I 

145,423 

186,581 

183,202 

„ 

27,087 

, 

4,615 

„ 

75,633 

» 

3,. 536 
11,434 


79,562 
630,466 
804,461 


51,498 
76,245 
97,190 

103,960 
45,101 


8,194 

87,900 

6,533 


306,9.5-5 
57,126 

209,262 

.52  ,807 

3,769 

13,532 

7,606 

2,527 


483,826 

309,. 593 

61,695 

47.005 


327,269 
229,478 
135,610 

291,8.38 

86,412 


8,715 
13,923 


161,068 

593,161 

662 

67,330 

541,155 


722,833 


661,136 
269,818 


315,258 

344,026 

68,856 

121 

342,664 

78,300 

35 , 680 

108,159 

1,267 


321,. 535 

» 

45,231 

8,905 

90,552 
61,033 
72,553 


268.914 
461,101 
6,945 
117,355 
435.768 


45 

innée  movenne 

11»  Wi  i'uH 

liectol. 

370,490 

87,. 592 

207,524 

72,632 

81,262 

56,902 

154,054 

24,922 

97,146 

481,486 

3,323,004 

341,454 

170,901 

7,737 

2,321.983 

4,0.50,504 

268 ,002 

18},  164 

910,352 

89 

751,772 

165,515 

127,408 

11.401 

29.087 

779,845 

721 ,  93 

1,244,305 

2,662.029 

8,178,368 

*    742 

247,960 

931;,  656 

448,8,50 

310,758 

351,665 

860,896 

249,574 

66,398 

1,172,627 

561,525 

345,930 

946,102 

7,696 

565,137 

432,036 

450,566 

1,088 

629,244 

337,069 

29,432 

197,631 

5,441 

756,486 

158,742 

174,444 

1,318.165 

760,. 501 

289,678 

1,016,233 

91,434 

182,1.50 

136.957 

26,514 

208,824 

193,012 

279,0.54 

645, 6  •?6 

287,741 

723,93.5 

62  .204 

443,342 

1,036,077 

18,214 

148,940 

941,453 


1,138,715     4, -285^164^  7, .537, 527     46,941,182 
Diniiaulion     3, 25-', 363 


46  CHRONIQUE    AGRICOLE    (13    lANVIER   1883). 

En  ce  qui  concerne  la  production  des  cidres,  le  bulletin  de  statis- 
tique donne  le  tableau  suivant  : 

Départements  Année  1882  Année  1881  Augmentation  Diminution  ^em^Tm?* 

—  hectol.  hectol.  hectol.  hectol.  huclol. 

Ain 950  7fi5  185  »  1,071 

Aisne 65,334  125,9ôl  »  GO, 617  218,075 

Allier 12,638  3,450  9,188  »  4.105 

Ardennes 21,012  52,817  »  31,805  74,621 

Aube 15,275  14,660  615  »  26/228 

Aveyron 25,763  5,902  19,867  ..  10,277 

Calvados 1,035,319  1,961,654  »  926,335  1,255,561 

Canlal 3,694  1,328  2,366  ..  1,234 

Charente 9,2i0  8'20  8,390  »  960 

Cher 19,112  12,877  6,235  »  11,162 

Corrîze 64,139  4,257  59,882  »  9,472 

CÔtes-du-Nord 696,942  1,352,430  »  655,488  093,505 

Creuse 8,575  4,196  4,379  »  4,116 

Dordogne. 3,932  1,386  2,546  »  391 

Drôme 125  »  125 

Eure 386,043  855,157  »  469,114  636,802 

Eure-et-Loir 46,720  248,155  »  201,435  121,098 

Finistère 47,679  369.045  »  321,366  96,382 

IlIe-et-Vilainc 1,784,803  3,767,055  »  1,982,252  1,992,107 

Indre 30,296  5  763  24,533  »  4,911 

Indre-et-Loire 15,019  4,167  10,8.52  »  5,138 

Isère..... 375  65  310  »  -392 

Loir-et-Glier 38,372  44,608  ..  6,236  15,463 

Loire 23  157  »  134  182 

Loire  (Haute-) 60  57  3  »  59 

Loire-Inférieure... 314,983  241,015  73,968  »  182,499 

Loiret, 23,400  14,165  9,235  »  14,165 

Lot 4,760  4,4n0  360  »  4,148 

Maine-et-Loire 62,6.30  10,830  51,800  >>  '      74,879 

Manche 688,575  1,3^2,147  »  633,572  1,344,901 

Marne 11, .508  31,807  »  20,299  17,064 

Marne  (Haute-) 40  '200  »  160  128 

Mayenne 810, .520  953,690  »  143,170  410,771 

Meuse 199  418  «  219  811 

Morbihan 587,573  1,145,335  »  557,762  674,328 

Nièv.e 5,595  7,589  »  2,994  4,717 

Nord 1,202  1,765  »  563  12,127 

Oise 147,694  302,925  »  155,231  396,656 

Orne 436,573  1,738,940  »  1,302,367  1,179,681 

Pas-de-Calais 13,406  56,335  »  42,929  43,063 

Puy-de-Dôme 13,883  155  13,728  »  2,917 

Pyrénées  (IJass      ) 8,665  2,909  5,756  »  3,819 

Saône  (Haute-)   766  712  54  »  622 

Sarthe 323,580  475,968  »  1.52,388  266,751 

Savoie 3,842  1,941  1,901  »  3,215 

Savoie  (Haute-) 20,752  29,975  «  9,223  36,634 

Seine 205  295  »  90  401 

Seine-Inférieure 728,920  1,3.53,690  »  624,770  911,754 

Seine-et-Marne 79,122  66,4^'3  l-\629  »  98,794 

Seine-el-Oise 109,106  222,o,,5  »  113559  122,095 

Sèvres  (I)eux-) 9,587  3,537  6,050  »  2,175 

Somme 55,793  193,638  »  lJ/.r45  160,775 

Vienne 6,380  820  5, ,560  «  973 

Vienne  (Haute-) 59,056  17,983  41,073  p  19,309 

Yonne 61,880  8:i.221  «_  21,341  71,122 

Totaux 8,920,611         17,122,285        371,590    8',  573, 264  '       11,244,606 

Diminution  :  8,201  ,(,74 

La  production  du  cidre,  qui,  en  1881,  s'était  élevée  à  plus  de  17  millions  d'hec- 
tolitres, avec  une  augmentation  de  1 1,6800,000  hectolitres  sur  la  récolte  de  i  8S0, 
n'arrive,  celte  année,  qu'à  8,920,G1 1  hectolitres,  d'où  une  diminution  de  8,20  ,000 
hectolitres  sur  l'année  correspondante  et  de  2,324,000  hectolitres  sur  le  chiffre 
de  l'année  moyenne. 

Sans  doute,  la  rigueur  de  la  saison  a  ici  encore  exercé  une  influence.  Cepen- 
dant, eu  égard  à  l'abondance  exceptionnelle  de  la  récolte  de  1881,  il  faut  se  f'éli- 
ter  plutôt  que   s'étonner  du  résultat  obtenu  en   1882.  On  sait,  en  effet,  que  le 

Eomraier  ne  produit  guère  que  tous  les  deux  ans  et  que,  presque  toujours,  à  une 
onne  récolte,  succède,  dans  la  même  région,  une  récolte  f'aihle  ou  nulle.  C'est 
ainsi  que  presque  tous  les  départetnents  de  la  Bretagne  et  de  la  Normandie  qui 
présentaient  l'année  dernière  des  augmentations  considérables,  subissent  cette 
année  des  pertes  non  moins  importantes.  Sur  d'autres  points,  au  contraire,  dans 


CHRONIOUE   AGRICOLE   (13    JANVIER    1883).  47 

la  Gorrèze,  la  Loire-Inférieure,  Maine-et-Loire,  la  Vienne  et  la  Haute-Vienne 
les  pertes  éprouvées  en  1881  ont  été  compensées  et  au  delà  par  des  excédents  de 
production. 

Voici  le  tableau  présentant  le  mouvement  de  la  production,  de  l'importation  et 
de  l'exportation  des  cidres  depuis  1872   : 

__— ^-^-__^^         Cidres. 

Productiu;i.      Importation.     Exportation. 

heclol.  hectol.  hcdol 

1S72... 4,r.97,000  r.)  ];i,00h 

1873 13, (Via  .000  71  :j,0(IO 

IST'i 13,312,G;J0  l.Sl  2^,000 

187.. 18,2o7,C00  l(i3  21,000 

187(i 7,036,000       *  78  17.000 

1877 13,3/1.^,000  3,S  1(3,000 

1878 11,930,000  277  20,01)0 

1870 7,738,000  1,804  21.000 

1880 5,465.0-0  1.50  11,000 

1881 17.122,01)0  »  «,000 

!\ioyeniie 11,244,000  282*  16,000 

1882(11  mois) 8,921,000  •  l'j,0C0 

Du  tableau  qui  précède  et  des  réfïexioiis'qiii  Je  suivent,  il  ressort  que 
l'année  1882  a  été  aussi  mauvaise  pour  la  production  des  cidres  que 
pour  celle  des  vins. 

VI. —  Inspeclhn  de  f  agriculture  en  Algérie. 
Nous  apprenons  que,  par  un  arrêté  en  date  du  2  janvier  1883  un 
emploi  d'adjoint  à  l'inspection  générale  de  l'agriculture  est  créé  en 
Algérie.  Le  titulaire  de  cet  emploi  aura  les  mêmes  attributions  que  les 
inspecteurs  généraux  d'agriculture  de  la  métropole.  Il  y  sera  pourvu 
par  la  voie  du  concours  dans  les  conditions  suivantes.  Pour  être  admis 
à  concourir  les  candidats  devront  : 

1°  Produire  une  expédition  authentique  de  leur  acte  de  naissance  et  s'il  y  a 
lieu,  un  certificat  établissant  qu'ils  possèdent  la  qualité  de  Français; 

2"  Avoir  satisfait  à  la  loi  du  recrutement; 

3»  Avoir  diiigé  une  exploitation  agricole  pendant  plusieurs  années,  soit  en 
Algérie,  soit  dans  toute  autre  colonie  Irançaise  ; 

4"  Faire  connaître  leurs  antécédents  agricoles,  ainsi  que  les  travaux  auxquels 
ils  se  sont  livrés; 

5°  Produire  leurs  titres  et  diplômes  et  les  mémoires  et  publications  qu'ils 
auront  faits. 

Le  concours  a  lieu  sur  titres. 

Les  cand  dats  pourront,  en  outre,  être  astreints,  s'il  y  a  lieu,  à  subir  une 
épreuve  pratique  sur  un  sujet  de  la  compétcuce  des  inspecteurs  généraux  de 
l'agriculture,  et  auront  à  répondre  à  toutes  les  questions  que  la  Commission 
chargée  déclasser  les  candidats  jugera  à  propos  de  leur  poser. 

Les  demandes  des  candidats  et  les  pièces  exigées  ci-dessus  devront 
être  parvenues  au  ministère  de  l'agriculture  avant  le  25  février  1883. 

VII.  —  Concours  généraux  agricoles  de  Paris. 

Nous  avons  annoncé  que  les  concotirs  généraux  agricoles  qui  s'ou- 
vriront à  Paris  du  27  au  31  janvier  promettaient  d  être  très  bril- 
lants. On  en  jugera  par  le  relevé  des  déclarations  qui  ont  été  envoyées 
au  ministère  de  l'agriculture.  Elles  comportent  pour  les  animaux  gras: 
369  bœufs  ou  vaches,  91  lots  de  moutons,  121  porcs;  pour  les  ani- 
maux reproducteurs,  68  animaux  des  races  bovines,  63  des  races 
ovines,  23  des  races  porcines  ;  2,243  lots  de  volailles  vivantes  ;  3 1  6  lots 
de  volailles  mortes.  Quant  à  l'exposition  des  machines,  elle  prend  les 
proportions  les  plus  élevées;  on  ne  compte  pas  moins  de  4,500  dé- 
clarations pour  les  instruments  qui  y  figureront. 


4S  CHRONIQUE  AGRICOLE  (13  JANVIER    1883). 

YIII.  —  Congrès  de  mécanique    a  .  à  Parb, 

Le  Congrès  de  mécanique  agricole  organisé  par  la  Société  natio- 
nale d'encouragement  à  l'agriculture,  dont  nous  avons  déjà  publié 
le  programme,  aura  lieu  à  Paris  pendant  la  durée  du  concours  ijéné- 
ral  agricole.  Des  expériences  de  fonctionnement  des  diverses  machines 
seront  faites  à  l'exposition  des  Champs-Elysées.  Les  séances  du  Congrès 
se  tiendront  du  25  au  27  janvier  à  l'Hôtel  continental. 

L'assemblée  générale  annuelle  de  la  Société  aura  lieu  au  moment 
du  Congrès  à  l'Hôte-l  continental  et  comprendra  le  discours  du  pré- 
sident, le  rapport  du  secrétaire  général,  l'approbation  des  comptes 
financiers,  l'élection  du  Conseil  d'administration  peur  1 883.  —  Un  ban- 
quet par  souscription  au  prix  de  15  francs  sera  donné  à  l'Hôtel  conti- 
nental le  vendredi  26  janvier  à  7  heures  du  soir.  On  s'inscrit  d'avance 
56,  rue  Basse-du-Rempart,  au  siège  de  la  Société. 

Ajoutons  que  la  réunion  promet  d'être  nombreuse;  d'une  part,  les 
questions  portées  au  programme  présentent  un  grand  intérêt,  et  d'autre 
part  les  diverses  Compagnies  de  chemins  de  fer  ont  accordé  une 
réduction  de  50  pour  100  sur  le  parcours  aux  membres  du  Congrès. 

IX.  —  Le  phylloxéra. 

La  datede  l'ouverture  de  la  session  annuelle  de  la  Commission  supé- 
rieure du  phylloxéra  est  fixée  au  19  janvier. 
Le  Journal  offiiciel  publie  l'avis  suivant  : 

M.  le  ministre  de  Belgique  à  Paris,  se  référant  au  règlement  adopté  par  le 
gouvernement  belge  pour  l'exécution  de  la  convention  phylloxérique  de  Berne, 
vient  d'informer  le  gouvernement  français  que  les  horticulteurs  français  n'obser- 
veraient pas,  pour  leurs  expéditions  à  destination  de  la  Belgique,  les  formalités 
prescrites  et  qu'ils  négligeraient,  notamment,  de  se  conformer  à  celles  établies  par 
l'article  6,  La  A  de  l'arrêté  royal  du  10  octobre  1882,  lequel  est  ainsi  conçu  : 

Les  plantes,  arbustes  et  tous  végétaux  autres  que  la  vigne,  non  dénommés  à  l'ar- 
ticle 3,  provenant  de  pépinières,  de  jardins  ou  de  serres,  continueront  d'être 
admis  à  l'entrée  et  au  transit,  mais  ils  ne  seront  introduits  que  par  les  bureaux 
de  douane  d'Anvers,  de  Bruxelles,  de  Grand,  de  Liège  et  d'Osfende  pour  les  im- 
portations par  eau,  et  par  les  bureaux  placés  sur  une  voie  ferrée,  pour  les  impor- 
tations par  les  frontières  de  terre. 

Les  conditions  suivantes  seront  observées  : 
'  1°  Ces  colis  seront  préseiités  dans  les  conditions  usuelles  d'emballage,  de  ma- 
nière à  permettre  les  constatations  nécessaires  ; 

2°  Ils  seront  accompagnés  : 

A.  —  D'un-  déclaration  signée  par  l'expéditeur,  portant  : 

a)  L'indication  du  point  de  réception  définitive  et  l'adresse  du  destinataire  ; 
h]  La  mention  que  le  contenu  provient  en  entier  de  rétablissement  de  l'expé- 
diteur; 

c)  L'affirmation  que  l'envoi  ne  renferme  aucun  pied  de  vigne  ; 

d)  La  mention  que  les  végétaux  sont  piéscntés  avec  ou  sans  motte  de  terre. 

B.  —  D'une  déclaration  de  l'autorité  compétente,  basée  sur  l'attestation  d'un 
expert  officiel,  portant  : 

a)  Que  l'envoi  provient  d'un  terrain  (plantation  ou  enclos)  séparé  de  tout  pied 
de  vigne  par  un  espace  de  20  mètres  au  moins;  ou  par  un  autre  obstacle  aux 
racines  jugé  suffisant  par  l'autorité  compétente  ; 

h)  Que  ce  terrain  ne  contient  lui-même  aucun  pied  de  vigne  ; 

c)  Qu'il  n'y  est  lait  aucun  dépôt  de  cette  plante  : 

d\  Que,  s'il  y  a  eu  des  ceps  phylloxérés,  l'extraction  radicale,  des  opérations 
toxiques  répétées  et,  pendant  trois  ans,  des  investigations  ont  eu  pour  effet  d'as- 
surer la  destruction  complète  de  l'insecte  et  des  racines. 

Afin  d'éviter  toutes  difficultés  dans  leurs  expéditions  en  Belgique,  les  horticul- 
teurs français  sont  invités  à  se  conformer  strictement  aux  dispositions  de  l'arrêté 
royal  belge  qui  viennent  d'être  reproduites  ci-dessus. 


CHRONIQUE  A 3RI'.',0LE(  13  JANVIER   1883).  49 

Par  im  arrêté  du  ministre  de  l'agriculture,  en  date  du  30  décembre 
1882,  l'introduction  des  plants  do  vignes  étrangères  et  des  plants  de 
vignes  provenant  d'arrondissennnts  [)liylloxérés,  est  autorisée  dans  les 
arrondissements  de  Perpignan  et  de  Céret  (Pyrénées-Orientales), 

X.  —  Blés  de  prinlemps. 

Au  sujet  de  la  culture  du  blé  bleu,  nous  recevons  une  nouvelle  lettre 
que  nous  plaçons  sous  les  yeux,  de  nos  lecteurs. 

Monsieur  le  directeur,  \t  blé  bleu  de  Noé  qui  convient  si  bien  aux  semailles 
de  lévrier  et  mars  est  cultivé  sur  une  large  échelle  dans  l'Allier,  et  cette  année, 
on  eo  a  récolté  de  très  bonne  qualité 

«  J'ai  l'houneur  d'annoncer  à  MM.  les  cultivateurs  qui  n'ont  pas  terminé  leurs 
semailles,  que  je  pourrai  leur  expédier  de  beau  blé  bleu  de  Noé  au  prix  de  29  francs 
les  100  kilog.  toile  perdue,  rendu  en  gare  de  ViUefranche  d'Allier,  payable  contre 
remboursement.  La  quantit  î  que  je  tiens  à  la  disposition  des  cultivateurs  est  de 
cent  sacs  de  100  kilog.  Peut-être  pourrai-je  en  faire  davantage. 

«  Agréez,  etc.  Vve  Louis  Madet, 

Commerce  de  grains  à  Ygrande  (Allier). 

Le  blé  bleu  est  certainement  la  variété  de  blé  qui  sera  cultivée  sur 
la  plus  grande  échelle  pendant  cette  année.  —  M.  Georges  Gasselin, 
agriculteur  aux  Fontenelles,  par  Bourron  (Seine-et-Marne),  nous  pris 
d'annoncer  qu'il  possède  du  blé  de  Bordeaux  pur,  et  du  blé  mélangé 
(Bordeaux  et  Noé)  dont  il  peut  disposer  pour  ceux  qui  ont  à  exécuter 
des  semailles  tardives. 

XL  —  ExposUion   d'horticulture. 

La  première  exposition  qui  sera  organisée  en  1883  par  la  Société 
nationale  et  centrale  d'horticulture  de  France,  sera  ouverte  du  28  mars 
au  1"  avril,  dans  le  pavillon  de  la  ville  de  Paris,  aux  Champs-Elysées, 
à  Paris,  sous  la  direction  de  M.  A.  La  vallée,  président  de  la  Société. 

Les  fleurs  et  les  plantes  fleuries  seront  seules  acceptées  à  cette  expo- 
sition, ainsi  que  les  légumes  de  primeurs  et  les  arbres  fruitiers 
forcés,  présentés  en  pots.  Les  conifères,  arbres  et  arbustes  à  feuillage 
persistant,  seront  aussi  admis  à  concourir  à  cette  exposition. 

XIL  —  Les  récoltes  en  Amérique. 
L'année  1882  paraît  avoir  été  tout  à  fait  favorable  aux  agriculteurs 
américains.  D'après  les  derniers  rapports  reçus  par  le  déparleuient  de 
l'agriculture,  à  Washington,  la  récolte  des  céréales  a  été,  dans-  son 
ensemble,  de  1,623  raillions  de  boisseaux  (568,750,000  hectolitres); 
le  blé  seid  entrerait  dans  ce  total  pour  500  millions  de  boisseaux 
(175  millions  d'hectolitres).  Le  Ralway- World,  de  Philadelphie, 
auquel  nous  empruntons  ces  détails,  ajoute  que  la  récolte  de  coton  a 
été  peut-être  la  plus  considérable  qui  ait  jamais  été  obtenue,  et  que 
des  rapports  favorables  sont  publiés  sur  la  production  de  la  canne  à 
sucre  dans  la  Louisiane.  Par  suite  de  cette  abondance,  les  exportations 
des  ports  de  l'Océan  atlantique  à  destination  de  l'ancien  monde,  ont 
pris  une  très  grande  importance.  On  en  jugera  par  ce  fait  que  les 
envois  faits  par  le  port  de  Ne sv- York  pendant  la  semaine  qui  finissait 
le  16  décembre,  ont  été  de  208,682  barils  de  farine  et  64>,630  bois- 
seaux de  blé;  pendant  la  même  semaine,  il  est  sorti  des  3  ports  de 
Phila<lelphie,  Boston  et  Baltimore,  un  total  de  60,324  barils  de  farine  et 
de  885,520  boisseaux  de  blés.  Pendant  la  semaine  correspondante 
de  1881,  on  n'avait  enregistré  à  la  sortie  pour  ces  quatre  ports,  que 
85,264  barils  de  farine  et 662,304  boisseaux  de  blé. 


50  CHRONIQUE  AGRICOLE  (13  JANVIER   1883). 

L'accroissement  des  exportations  a  été  surtout  sensible  depuis  le 
moment  de  la  récolte.  En  effet,  si  l'on  compare,  d'après  les  tableaux 
officiels  de  la  douane  américaine,  les  exportations  de  grains  et  de 
farines  pendant  les  11  premiers  mois  de  l'année  1882,  avec  celles  des 
11  premiers  mois  de  1881,  on  constate  qu'elles  ont  été  de  166  mil- 
lions de  dollars  en  1882^  contre  210  millions  en  1881 .  Mais  les  expor- 
tations des  cinq  mois  dejuillet  à  novembre  1882  ont  atteint  le  total  de 
101  millions  de  dollars,  contre  98  millions  pendant  les  cinq  mois 
correspondants  de  l'année  précédente.  Ces  101  millions  de  dollars 
représentent,  en  quantité,  245,016  boisseaux  d'orge,  2,878,047  de 
maïs,  148,662  d'avoine,  643,718  de  seigle,  67,481,657  de  blé, 
3,503,109  barils  de  farine  de  blé  et  101,980  de  farine  de  maïs.  Il  y 
a  eu  accroissement  dans  les  exportations  pour  tous  les  grains,  sauf 
pour  le  maïs  et  l'avoine. 

Le  commerce  des  fruits  a  pris  une  grande  importance  dans  quelques 
parties  des  Etats-Unis.  On  en  jugera  par  le  fait  suivant.  Du  24  juillet 
au  30  septembre,  le  chemin  de  fer  du  Delaware  a  transporté  6,000  wa- 
gons contenant  2,923,079  paniers  de  pêches;  c'est  le  total  le  plus 
considérable  qu'il  ait  encore  transporté,  à  l'exception  de  l'année  1875, 
où  le  transit  a  été  de  9,072  wagons  cliargés.  Le  transport  des  autres 
fruits  frais  y  a  été  également  considérable;  il  a  compris  eikviron 
900  wagons.  Le  poids  total  des  fruits  transportés,  en  y  comprenant 
les  pêches,  a  été  de  45,000  tonnes. 

XIIL —  Les  octrois  de  Paris. 

Conformément  à  une  délibération  du  Conseil  municipal  de  Paris, 
M.  Oustry,  préfet  do  la  Seine,  a  décidé  que  les  droits  d'octroi  établis 
aux  entrées  de  Paris  sur  les  abats  et  issues  de  veau,  et  sur  les  abats  et 
issues  de  porc,  seraient  supprimés  à  partir  du  1"  janvier  1883. 

Xiy.  —  Le  commerce  du  houblon. 

Les  rendements  du  houblon  ont  été  très  faibles,  cette  année,  dans 
la  plupart  des  régions  où  cette  plante  tient  une  place  importante  dans 
la  culture,  notamment  en  Belgique,  en  Alsace-Lorraine,  en  Bavière,  en 
Bohême,  en  Bourgogne,  ainsi  que  dans  le  sud  de  l'Angleterre.  Aussi 
les  prix  ont  subi,  après  la  récolte,  une  hausse  accentuée  sur  les  marchés; 
notre  revue  commerciale  a  enregistré  le  mouvement  des  cours.  En 
France  et  en  Belgique,  les  prix  n'ont  pas  dépassé  8  à  9  fr.  par  kilog.; 
mais  dans  quelques  autres  pays  la  hausse  a  atteint  de  plus  grandes 
proportions.  On  cite  des  ventes,  faites  à  des  taux  supérieurs  à  13-  fr. 
par  kilog.  pour  des  houblons  de  premier  choix  de  Bohême;  et  même 
à  18  fr.  par  kilog.  pour  certains  houblons  anglais.  Cette  hausse  abso- 
lument anormale  a  décidé  beaucoup  de  cultivateurs  à  augmenter  les 
surfaces  consacrées  au  houblon. 

XV.  —  Nouvelles  de  Vètat  des  récolles. 

Les  notes  de  nos  correspondants  continuent  à  signaler  les  mêmes 
faits.  Les  premiers  jours  de  l'année  1883  se  présentent  dans  les  mêmes 
conditions  que  les  dernières  semaines  de  l'année  précédente.  Néan- 
moins les  cultivateurs  ont  pu  reprendre  les  travaux  interrompus,  et 
continuer  les  semailles  auxquelles  ils  avaient  été  obligés  de  surseoir 
pendant  trop  longtemps.  J,-A.  Barral. 


L\.  PROPRIÉTÉ  EXCITANTE  DE  L'AVOINE.  51 


Lk  PROPRIÉTÉ  EXCITANTE  DE  L'ÀYOINE 

Depuis  des  siècles  il  était  admis  par  tout  le  monde  que  l'avoine 
donne  au  clieval  de  la  vivacité,  de  la  vigueur,  qui  le  fait  courir  avec 
plus  d  entrain,  du  moins  dans  nos  climats  tempérés.  L'action  du  pico- 
tin d'avoine  était  classique.  On  le  considérait  comme  l'excitant  par 
excellence,  en  l'absence  duquel  il  n'était  point  possible  d'obtenir  du 
cheval  un  bon  service  aux  allures  vives,  et  même  à  l'allure  du  pas. 
Les  chevaux,  ayant  à  fournir  un  fort  travail,  n'étaient  point  tenus 
pour  bien  nourris  s'ils  ne  recevaient,  dans  leur  ration  journalière, 
jusqu'à  18  et  20  litres  d'avoine,  soit  de  9  à  10  kilog. 

Dans  ces  derniers  temps,  l'aclion  spéciale  ainsi  reconnue  à  l'avoine 
a  été  contestée.  D'abord,  su  fjiiJ^u.  sur  des  considérations  purement 
rationnelles,  et  tout  en  admettant  que  l'ingestion  de  l'aliment  dont  il 
s'agit  donne  plus  de  force  aux  chevaux,  on  a  cru  pDuvoir  attribuer 
son  effet  h  la  présence  des  corps  gras  qui,  en  fait,  entrent  dans  sa 
composition  pour  une  proportion  considérable.  Et  c'était  pour  con- 
clure que  l'avoine  peut  être  avantageusement  remplacée  par  le  maïs, 
encore  plus  riche  en  corps  gras. 

Puis  les  chimistes  qui,  en  Allemagne  et  en  France,  s'occupent  de 
l'alimentation,  ne  trouvant  dans  leurs  analyses  de  l'avoine  rien  en 
dehors  des  principes  immédiats  admis  comme  nutritifs,  l'ont  confon- 
due avec  les  autres  aliments  concentrés  de  même  ordre.  Ils  ont  pensé, 
et  tous  leurs  travaux  tendent  à  foire  croire,  que  ces  autres  aliments 
peuvent  lui  être  substitués  sans  inconvénient,  pourvu  que  le  cheval 
trouve  dans  sa  ration  la  même  valeur  nutritive.  L'avoine  étant  un 
aliment  toujours  plus  cher  que  les  autres,  à  cause  précisément  de  l'ac- 
tion spéciale  qui  lui  est  attribuée  dans  la  pratique,  on  a  dû  s'ingénier, 
pour  motif  d'économie,  surtout  dans  les  grandes  adp'".iistrations  de 
cavalerie,  à  lui  trouver  des  substituants,  sous  l'inii.diice  du  légitime 
crédit  que  la  science  acquiert  de  plus  en  plus.  Nous  assistons,  depuis 
quelques  années,  à  de  louables  efforts  en  ce  sens. 

Mais  ces  efforts  ne  peuvent  être  utiles  qu'à  la  condition  d'être  réel- 
lement fondés  sur  la  science.  Est-il  bien  vrai  que  l'avoine  n'a  aucune 
propriété  spéciale,  indépendante  de  sa  valeur  nutritive?  L'opinion  si 
générale,  parmi  les  simples  observateurs  de  tous  les  temps,  à  l'égard 
de  sa  propriété  excitante,  serait-elle  un  préjugé?  De  ce  que  les  chi- 
mistes dits  agricoles  ou  biologistes  n'ont  rien  trouvé  qui  put  leur 
expliquer  cette  propriété,  en  faut-il  décidément  conclure  qu'elle 
n'existe  point? 

J'ai,  pour  mon  compte,  je  l'avoue,  quand  il  s'agit  de  faits  accessi- 
bles à  l'observation  directe,  tendance  insurmontable  à  donner  raison 
à  tout  le  monde,  lorsque  tout  le  monde  est  en  contradiction  avec  les 
inductions  de  quelques  savants,  chimistes  ou  autres.  En  tout  -cas,  il 
m'a  paru  qu'en  raison  de  son  importance  si  considérable,  la  question 
avait  besoin  d'être  examinée,  ne  trouvant  pas  dans  les  résultats  de 
l'analyse  chimique  telle  qu'elle  se  pratique  pour  apprécier  la  valeur 
nutritive  probable  des  aliments  en  général,  les  éléments  suftlsants 
pour  sa  solution.  C'est  pourquoi  j'ai  entrepris  des  recherches  expéri- 
mentales qui  ont  été  exécutées  durant  l'année  dernière,  à  l'école  de 
Grignon,  où,  jai  le  devoir  de  le  dire,  sont  libéralement  mis  à  ma  dis- 


5^  LA  PROPRIÉTÉ  EXCITANTE  DE   L'AVOINE. 

position  Ions  les  moyens  de  travail  scientifique  dont  dispose  l'établis- 
sement. 

Ces  recherches  ont  abouti  d'une  manière  complètement  satisfai- 
sante. Leurs  principaux  résultats,  ainsi  que  la  méthode  suivie  pour 
les  obtenir,  ont  été  communiqués,  vers  la  fin  de  l'été,  à  une  société 
savante  dont  j'ai  l'honneur  de  faire  partie,  afin  de  me  permettre  de 
poursuivre  ensuite  et  de  leriU'  ^c-'  mon  travail,  en  pleine  sécurité  et  à 
loisir.  La  précaution  n'es*,  Ijé'.'S  !  oas  toujours  inutile;  je  m'en  suis 
quelquefois  aperçu.  M;'  co  i^  i»"i.m'„<  -on  a  reçu,  paraît-il,  une  grande 
publicité,  qui  témo'-,  le  ce  l'io  cet  iv  si^^et,  et  qui  ne  pouvait  que 
m'encourager  à  condi^'  e  lo,  a^v.i'  Ciii^/eoi'is  à  bonne  fin. 

On  ne  pourrait  p;  s  soi^go-'  à  '  '^  «.ose-  ici  dans  tous  ses  détails.  La 
description  du  dispositif  expe  me'Hal  et  celle  des  expériences  réali- 
sées à  son  aide,  en  explorant  l'c.  itabilité  neuro-musculaire  du  che- 
val, avant  et  après  l'ingestion  de  Tavoine  ou  du  principe  immédiat 
excitant  que  j'en  ai  pu  isoler,  prendraient  trop  de  place.  On  les  trou- 
vera dans  le  mémoire  complet  que  va  publier  prochainement  le  Jour- 
nal de  Vanatomie  et  de  la  physiologie,  de  MM.  Ch.  Robin  et  G.  Pouchet. 
Il  faut  se  borner  à  l'indication  des  faits  qui  résultent  des  constatations 
expérimentales,  et  aux  développements  pratiques  qui  sont  les  consé- 
quences de  ces  faits,  récemment  communiqués  à  l'Académie  des  scien- 
ces. Leur  exposé  va  suivre,  dans  l'ordre  logique. 

Le  péricarpe  du  fruit  de  l'avoine  contient  une  substance  soluble 
dans  l'alcool,  qui  jouit  de  la  propriété  d'exciter  le  système  nerveux 
moteur.  Un  auteur,  cité  par  MM.  Magne  et  Baillet,  et  dont  il  m'a  été 
impossible  de  me  procurer  le  travail  original,  avait,  paraît-il,  déjà 
supposé  l'existence  de  cettB  substance,  mais  en  la  considérant  comme 
un  principe  aromatique  analogue  à  celui  de  la  vanille.  Elle  n'a  même 
avec  ce  principe  aucune  analogie.  C'est  une  matière  azotée,  dont 
la  formule  est  probablement  celle  d'un  alcaloïde  comme  ceux  de  l'o- 
pium, de  la  noix  vomique,  eto.,  et  que  je  propose  de  nommer  avénine. 

Toutes  les  variétés  de  l'avoine  cultivée  paraissent  aptes  à  élaborer  la 
substance  ainsi  définie  par  sa  propriété  physiologique;  mais  il  est  cer- 
tain qu'elles  possèdent  cette  aptitude  à  des  degrés  très  différents.  Les 
différences  ne  sont  point  qualitatives,  mais  seulement  quantitatives  : 
la  substance  élaborée  est  identique  dans  toutes  les  variétés. 

Ces  différences  ne  dépendent  pas  seulement  de  la  variété  de  la 
plante,  elles  dépendent  aussi  du  lieu  oii  celle-ci  a  été  cultivée.  Les 
avoines  de  variété  blanche  contiennent  moins  de  principe  excitant  que 
celles  de  variété  noire;  mais  pour  certaines  des  premières,  notamment 
pour  celle  cultivée  en  Suède,  la  différence  est  minime;  elle  est  au 
contraire  considérable  pour  d'autres,  notamment  pour  celles  cultivées 
en  Russie. 

Au-dessous  de  la  proportion  de  9  de  principe  excitant  pour  1,000 
d'avoine  séchée  à  l'air,  la  dose  est  insuffisante  pour  exciter  le  cheval; 
à  partir  de  cette  proportion,  l'action  excitante  est  certaine. 

On  ne  peut  pas  attribuer  ou  refuser  avec  certitude  à  l'avoine  la  pro- 
priété excitante,  d'après  sa  variété  de  couleur,  attendu  que  certaines 
blanches  la  possèdent  sûrement  et  que  certaines  noires  en  peuvent  être 
dépourvues.  Le  dosage  du  principe  excitant,  en  prenant  pour  base  la 
proportion  qui  vient  d'être  indiquée,  donnera  donc  seul  un  moyen  cer- 
tain d'appréciation;  toutefois,  il  y  a  de  fortes  probabi'iLés  pour  que 


LA  PROPRIÉTÉ    EXCITANTE  DE  L'AVuINE.  53 

les  avoines   blanches,   d'une  provenance  quelconque,   soient  moins 
excitantes  que  les  noires  ou  ne  le  soient  pas  du  tout. 

L'aplatissement  du  grain  d'avoine  ou  sa  mouture  affaiblit  considé- 
rablement sa  propriété  excitante,  en  altérant,  selon  toutes  probabilités, 
la  substance  à  laquelle  cette  propriété  est  due;  avec  l'avoine  aplatie, 
l'action  est  plus  prompte,  mais  beaucoup  moins  forte  et  moins  durable. 
Cette  action,  immédiate  et  plus  intense  avec  le  principe  isolé,  se  fait 
attendre  quelques  minutes  avec  l'avoine  entière;  dans  les  deux  cas  elle 
va  se  renforçant  jusqu'à  un  certain  moment,  puis  s'affaiblit  et  se  dissipe 
ensuite.  La  durée  totale  de  l'effet  d'excitation  a  toujours  paru,  dans 
les  expériences,  être  d'environ  une  heure  par  kilogramme  d'avoine 
ingérée. 

il  est  évident,  d'après  cela,  que  l'expérimentation  scientifique  a 
donné  raison  à  ceux  qui,  empiriquement,  considéraient,  d'une  manière 
générale,  l'avoine  comme  l'aliment  indispensable  pour  les  chevaux 
exécutant  leur  travail  en  mode  de  vitesse,  c'est-à  dire  pour  les  chevaux 
qui  doivent  trotter  ou  galoper,  dans  nos  climats  tempérés.  Il  n'y  a 
donc  pas  possibilité,  sans  porter  atteinte  à  leur  aptitude,  de  substituer 
entièrement  à  l'avoine,  dans  leur  ration  journalière,  un  aliment  quel- 
conque, si  grande  que  puisse  être  la  valeur  nutritive  de  celui-ci.  La 
propriété  excitante  de  l'avoine  lui  est  particulière.  Je  m'en  suis  assuré 
par  des  expériences  comparatives. 

Mais  étant  donnée  la  connaissance  que  nous  avons  maintenant  de 
l'équivalent  mécanique  des  aliments,  ou  en  d'autres  termes  de  la 
quantité  d'énergie  que  dégage,  dans  l'organisme,  un  poids  déterminé 
d'aliments  digestibles  au  maximum,  il  y  a  lieu  de  distinguer,  en  ce 
qui  concerne  l'avoine,  entre  les  propriétés  nutritives  et  la  propriété 
excitante  spéciale. 

Selon  la  quantité  de  travail  à  développer  en  mode  de  vitesse,  il  se 
peut  qu'un  défaut  de  concordance  existe  entre  l'énergie  et  Texcitabilité 
nécessaires  pour  le  développemenl  de  cette  quantité  de  travail.  Nous 
savons,  par  exemple,  que  les  avoines  excitantes  contiennent,  par  kilo- 
gramme, la  quantité  du  principe  actif  connu  qui  est  suffisante  pour 
produire,  durant  une  heure,  l'état  d'excitation  nécessaire.  Si  le  travail 
doit  durer  4  heures,  il  faudra  donc  4  kilog.  d'avoine  pour  maintenir 
cet  état. 

Il  se  pourra  que  ces  4  kilog.  d'avoine  ne  contiennent  point  la  quan- 
tité d'énergie  nécessaire  pour  alimenter  le  travail.  Et  c'est  ce  qui  se 
présente  souvent.  C'est  le  cas,  notamment,  pour  les  chevaux  d'omnibus 
de  Paris,  dont  le  travail  journalier  s'élève  à  2  millions  de  kilogram- 
mètres  environ.  L'énergie  qui  se  dégage  de  4  kilog.  d'avoine  ne  corres- 
pond ou  n'équivaut  qu'à  800,000  kilogrammètres,  en  moyenne.  Dès 
lors,  pour  que  ces  chevaux  fussent  suffisamment  alimentes,  il  leur  en 
faudrait  plus  du  double;  mais  avec  une  quantité  double,  on  voit  qu'ils 
seraient  excités  deux  fois  autant  que  le  nécessaire,  soit  durant  8  heures 
au  lieu  de  4. 

Il  suit  de  là  que  le  but  pratique  sera  mieux  atteint,  dans  le  cas  pris 
pour  exemple,  en  substituant  à  4  des  kilog.  d'avoine,  leur  équivalent 
nutritif  sous  forme  d'un  ou  de  plusieurs  autres  aliments  de  même 
ordre,  mais  non  excitants.  Et  c'est  en  effet  ce  que  les  essais  empi- 
riques ont  vérifié  depuis  plusieurs  années  sur  une  très  grande  échelle. 
Aux  avantages  techniques  rendus  excessivement  probables  par  la 


54  LA  PROPRIÉTÉ  EXGITAiNTE  DE  L  AVOINE. 

détermination  de  l'équivalent  mécanique  des  aliments,  et  maintenant 
démontrés  par  celle  du  principe  excitant  spécial  de  l'avoine,  se  sont 
joints  les  avantages  économiques  résultant  des  différences  de  prix 
commerciaux,  en  faveur  des  autres  denrées  alimentaires,  par  rapport 
à  l'avoine,  à  valeur  nutritive  égale. 

La  présence  du  principe  excitant  dans  le  péricarpe  de  l'avoine  pour 
rait  faire  naître  l'idée  de  la  substitution  des  sons  aux  grains  entiers, 
en  vue  de  l'action  spéciale  dont  il  s'agit,  si  nous  n'avions  constaté  que 
la  mouture  affaiblit  beaucoup  cette  action,  si  elle  ne  la  détruit  pas 
complètement.  Il  y  a  lieu  de  penser  que  les  sons  d'avoine  seraient  tout 
à  fait  dépourvus  de  propriété  excitante. 

En  conséquence,  on  est  autorisé  à  poser  en  fait  que  pour  obtenir 
d'un  cheval,  dans  les  climats  tempérés,  le  meilleur  service  aux  allures 
vives,  il  est  indispensable  de  faire  entrer  dans  sa  ration  alimentaire 
autant  de  fois  un  kilogramme  d'avoine  reconnue  excitante  que  son 
service  doit  durer  d^heures.  Au  delà,  son  excitabilité  est  excessive  et 
superflue;  en  deçà,  elle  est  insuffisante  et  la  fatigue  des  organes  loco- 
moteurs se  produit.  Au  cas  où  la  valeur  nutritive  delà  quantité  d'avoine 
ainsi  déterminée  ne  peut  pas  suffire  pour  alimenter  le  travail  moteur, 
le  surplus  nécessaire  s'emprunte  sans  inconvénient  à  un  autre  aliment 
concentré  quelconque,  ce  qui  permet  de  donner  la  préférence  à  celui 
qui  fournit  la  protéine  alimentaire  au  plus  bas  prix  de  revient. 

Il  y  a  là,  pour  l'alimentation  des  moteurs  animés,  soit  de  l'indus- 
trie, soit  des  armées,  des  bases  scientifiques  certaines,  dont  l'applica- 
tion peut  avoir  des  résultats  techniques  et  économiques  d'une  portée  qui 
n'échappera  pas  sans  doute  aux  esprits  attentifs. 

Il  est  à  peine  besoin  de  faire  ressortir  encore  une  autre  conséquence 
pratique  de  nos  recherches,  relative  au  mode  qui  convient  le  mieux 
pour  utiliser  la  propriété  spéciale  de  Tavoine.  L'observation  empi- 
rique, qui  du  reste  se  montre  rarement  en  défaut  dans  ces  sortes  de 
choses,  semblait  l'avoir  prévue.  Il  est  habituel  de  diviser  la  ration 
journalière  d'avoine  en  plusieurs  portions  et  de  donner  au  cheval  cha- 
cune de  ces  portions  au  moment  du  départ  pour  la  course.  Lorsque 
celle-ci  doit  dépasser  une  certaine  limite  de  temps,  on  la  partage  en 
deux  par  un  repos,  durant  lequel  on  donne  de  nouveau  de   l'avoine. 

Cette  façon  d'agir,  traditionnelle  parmi  les  conducteurs  de  chevaux, 
est  parfois  considérée  comme  purement  routinière  et  on  lui  oppose 
certain  dicton  arabe,  vrai  pour  ce  qui  concerne  l'orge  dont  les  Orien- 
taux nourrissent  leurs  chevaux.  Si  l'avoine,  comme  l'orge  et  les  autres 
aliments  concentrés,  n'agissait  que  par  l'énergie  qu'elle  met  à  la  dis- 
position de  la  machine  animale,  il  est  certain  que  son  action  serait 
plus  efficace  après  la  digestion  complète,  et  qu'il  serait  plus  sage  de 
la  faire  consommer  plusieurs  heures  avant  de  mettre  cette  machine  en 
mouvement. 

Mais  les  résultats  de  nos  expériences  ont  montré  que  son  effet  exci- 
tant se  manifeste  presque  aussitôt  après  l'ingestion,  et  que  cet  effet  se 
dissipe  au  bout  d'un  temps  déterminé,  bien  avant  que  la  digestion  soit 
achevée.  Ces  résultats  justifient  donc  la  pratique  commune  et  doivent 
conduire  à  sa  généralisation,  contrairement  à  l'opinion  de  ceux  qui 
en  contestent  l'utilité. 

C'est  au  moment  du  départ  du  moteur  que  l'avoine  doit  lui  être 
donnée  en  vue  de  son  effet  spécial,  en  mesurant  la  quantité  d'après  la 


L.\  PROPRIÉTÉ  EXCITANTE  DE  L' AVOINE.  55 

durée  de  la  course,  à  raison  d'un  kilogramme  par  heure  de  travail. 
Plus  souvent  l'ingestion  se  renouvellera,  plus  l'etfet  excitant  total  sera 
intense.  Tout  le  temps  qui  s'écoule  entre  le  moment  de  l'ingestion  et 
celui  de  la  mise  en  marche  est  du  temps  perdu  pour  l'action  spéciale 
de  Tavoine. 

Enfin,  il  est  évident  que  pour  l'exécution  du  travail  à  l'allure  lenle 
du  pas,  durant  une  longue  journée, 'l'excitation  produite  par  l'ingestion 
de  l'avoine  est  non  seulement  superflue,  mais  encore  nuisible.  L'éner- 
gie, dans  ce  genre  de  travail,  est  d'autant  mieux  utilisée,  que  la 
marche  du  moteur  est  plus  régulière  et  plus  calme.  L'excès  de  viva- 
cité en  fait  perdre  une  partie  plus  ou  moins  considérable  en  efforts 
inefficaces,  en  dépassant  la  mesure  suffisante,  ou  en  mouvements  désor- 
donnés. Il  s'ensuit  que  dans  l'alimentation  des  chevaux  qui  doivent 
marcher  toujours  à  cette  allure,  l'uvoine  excitante  sera  avantageuse- 
ment remplacée  en  totalité,  dans  la  ration,  par  un  autre  aliment 
concentré  quelconque.  L'avantage  sera  ici  à  la  fois  technique  et  écono- 
mique, à  la  condition  que  les  valeurs  nutritives  soient  égales. 

A,  Sanson, 

Professeur  de  zoologie  et  zootechnie  à  l'Ecole  nationale  de  Grignon 
et  à  l'Institut  national  agronomique. 

MÉTÉOROLOGIE  DU  MOIS  DE  DÉCEMBRE  1882 

Voici  le  résumé  des  observations  faites  à  l'Observatoire  du  parc  de 
Saint-Maur  : 

Moyenne  barométrique  k  miài,  752'""". 33.  Minimum  le  5,  à  5  heures  du  soir- 
736"^'". 22.  Maximum' le  20,  à  10  heures  du  matin,  768,'"™. 59. 

Moyennes  thermoniétriques  :  des  minima  2''.32  ;  des  maxima  7".  12  :  du  mois, 
4". 71.  Moyenne  vraie  des  24  heures,  4".  56. 

Minimum  les  2  et  12  au  matin,  —  2°. 8.  Maximum  les  27  dans  la  journée  et  31 
dans  la  nuit,  13°. 8. 

Humidité  relative.  :  moyenne,  91  ;  la  moindre,  63  le  4  à  2  heures  du  soir, 
la  plus  grande,  100  en  21  jours. 

Tension  de  la  vapeur  :  moyenne  5'"'". 96;  la  moindre  3""'".  3,1e  3  à5  heures  du 
matin;   la  plus  grande,  10'"'".  1,  le  27  à  5  heures  du  matin. 

Temipérature  moyenne  de  la  Marne  :  4". 58.  Elle  a  varié  de  1"'.9  le  13  au  matin, 
à  9". 33,  le  31  au  matin. 

Pluie,  66""".  i  (72"'"\6  à  l'ancien  observatoire)  en  86  heures  et  demie,  réparties 
en  17  jours.  Ily  a  eu  2  jours  de  neige, les  Set  7;  un  peu  de  grêle,  les  4,  6,  7  et  23. 

Nébulosité  moyenne,  85.  10  jours  de  brouillard. 

Il  y  a  eu  10  jours  de  gelée  et  9  jours  de  gelée  blanche. 

Il  a  éclairé  le  5  décembre  à   1  heure  du  matin  du   côté  N.-O. 

La  température  de  décembre  est  de  près  de  2"  plus  haute  que  la 
température  normale,  ce  qui  est  très  commun  ;  le  mois  de  décembre 
1  880  était  plus  chaud  ;  celui  de  1 876  beaucoup  plus,  avec  une  moyenne 
de  7". 05. 

La  hauteur  barométrique  est  de  plus  de  G™"  au-dessous  de  la 
moyenne  ordinaire  de  décembre;  en  1876,  il  était  beaucoup  plus  bas. 

Le  ciel  a  été  beaucoup  plus  couvert  que  d'habitude. 

Les  brouillards  n'ont  pas  été  forts  et  ont  eu  peu  de  durée. 

La  Marne  a  été  très  trouble  et  très  haute  tout  le  mois  ;  elle  s'est 
élevée  le  3  à  6". 77  (c'est-à-dire  à  l'altitude  36"'". 77)  dépassant  de  0'".08 
le  niveau  qu'elle  avait  atteint  au  même  lieu  le  17  mars  1876.  Aujour- 
d'hui 3  janvier,  à  8  heures  du  matin,  elle  était  à  6'".  46. 

Les  vents  de  sud  ont  dominé;  ils  n'ont  guère  varié  que  de  E.-S.-E. 
à  O.-N.-O.,  en  passant  par  le  sud.  E.  Renou, 

Membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture. 


56 


VIDANGES   D'APRÈS  LK  SYSTÈME   MOURAS. 


VIDANGES  D'APRÈS  LE  SYSTÈME  MOURAS 

Dans  les  campagnes,  les  vidanges  sont  encore  établies  d'après  un 
sy-^tème  presque  barbare,  contraire  à  l'hygiène  d'une  part,  et  entraî- 
nant d'autre  part  la  perte  de  quanîités  considérables  de  matières  ferti- 


fis-  0. 


Yidangx'uic  uuUmaliquc  syslùmc  iMourcis, 


lisantes.  Nous  pensons  qu'on  lira  avec  Intérêt  quelques  détails  sur  le 
système  de  lavidangeuse  automatique,  imaginée  par  M.  Mouras,  pro- 
priétaire à  Vesoul  (Haute-Saône). 

La  fosse  mobile  du   système  Mouras  est  représentée  par  la  fig.  5. 
C'est  le  modèle  pour  les  besoins  de  dix  personnes.  Lal'osse  consiste  en 


LES  VIDANGES  D'APRÈS  LE   SYSTÈME  MOURAS.  57 

un  réservoir  A  en  tôle  galvanisée  de  forme  cylindrique  ou  ellipsoïdale. 
Celte  caisse  est  hermétiquement  close;  sa  longueur  est  de  'l".40,  sa 
largeur  de  (^".TO  et  sa  hauteur  de  2  mètres.  Elle  peut  être  posée 
n'importe  à  quel  endroit  :  à  l'intérieur  ou  à  l'extérieur  de  l'habitation, 
au-dessus,  au  niveau  ou  au-dessous  du  sol,  à  la  condition  que  le  tuyau 
d'évacuation  C  soit  à  la  hauteur  de  la  conduite  des  égouts.  B  est  le 
tuyau  de  chute,  sur  lequel  on  peut  brancher  les  tuyaux  d'eaux  plu- 
viales et  ménagères.  En  C  on  voit  le  tuyau  d'évacuation  par  oii 
s'échappent  les  produits  de  la  vidangeuse  f  le  niveau  des  liquides  de 
l'intérieur  ne  s'élève  jamais  au-dessus  de  la  limite  inférieure  du 
coude  du  tuyau  d'évacuation. 
Ce  tuyau  d'évacuation  plonge 
dans  l'intérieur  de  la  vidan- 
geuse  d'une  longueur  qui  va- 
rie de  D  en  D'  suivant  la  sur- 
face de  la  fosse  et  le  nombre 
des  personnes  que  celle-ci  doit 
desservir.  Par  l'effet  de  la  dis- 
position de  ces  deux  tuyaux  de 
chute  et  d'évacuation,  l'appa- 
reil étant  une  fois  rem.pli  d'eau, 
quelques  quantités  de  matiè- 
res liquides  ou  solides  qui  en- 
trent dans  la  vidangeuse,  il 
n'en  sort  jamais,  par  le  tuyau 
d'évacuation  et  en  vertu  de  la 
fermeture  hermétique,  qu'une 

égale  quantité  de  liquide  légèrement  teinté,  à  peine  odorant. 
En  E  on  -voit  un  tampon  en  cuivre  à  pas  de  vis  de  0'".19  de  diamètre 
pour  faciliter  l'inspection  de  l'intérieur.  Dans  la  partie  inférieure  il 
peut  se  trouver  aussi  un  trou  d'homme  pour  l'entretien  et  l'inspection, 
le  nettoyage  ou  la  réparation,  si  cela  devenait  jamais  nécessaire.  En  F 
on  voit  un  robinet  d'expérience  permettant  de  constater  la  présence  ou 
l'absence  des  gaz.  Au-dessous  du  tuyau  d'évacuation,  on  peut  dispo- 
ser soit  un  récipient  en  tôle  ou  un  simple  tonneau  fermé  (fig.  G), 
muni  d'un  robinet  par  lequel  on  prendra  les  liquides  destinés  à  l'irri- 
gation des  champs  ou  des  jardins.  Si  l'on  préfère,  on  peut  adapter  au 
tuyau  d'évacuation,  un  tuyau  de  petit  diamètre  et  conduire  les  eaux 
fécondantes  dans  un  trou  à  fumier  ou  à  purin,  sur  des  terreaux  en 
décomposition,  ou  même  directement  par  des  rigoles  d'irrigation  tracées 
dans  les  champs  ou  les  jardins. 

On  peut  transformer,  d'après  le  système  Mouras,  une  ancienne  fosse 
ordinaire.  Pour  cela,  il  suffira  (fig.  7)  de  curer  entièrement  la  fosse; 
de  boucher  le  tuyau  d'évent  qui  existe  souvent  à  Paris  et  dans  d'autres 
grandes  villes,  puis  d'établir  les  deux  tuyaux  de  chute  B  et  d'évacua- 
tion D,  comme  nous  venons  de  le  dire  pour  la  fosse  neuve.  Ensuite 
on  s'assurera  de  l'étanchéité  de  la  fosse  en  la  remplissant  d'eau  ;  si  le 
niveau  n'a  pas  baissé  au  bout  d'un  ou  deux  jours,  elle  sera,  comme 
l'autre,  livrée  au  service. 

Les  avantages  de  la  vidangeuse  Mouras  sont  les  suivants,  d'après 
M.  l'abbé  Moigno  :  elle  est  absolument  inodore,  et  rend  toute  infection 
impossible;  elle  transforme  tout  ce  qu'elle  reçoit,  excréments  solides 


Fig.  6.—  Vidangeuse  munie  d'un  tonneau  de  décharere 


58 


LES  VIDANGES  D'APRES  LE  SYSTÈME  MOURAS. 


et  liquides,  dans  un  temps  assez  court  et  sans  aucune  addition  d'in- 
grédients chimiques,  en  un  liquide  homogène,  à  peine  trouble,  qui 
tient  tout  en  suspension,  sans  rien  laisser  déposer,  ni  contre  les  parois 
du  tuyau  d'évacuation,,  ni  au  fond  du  canal-égout;  elle  se  vide  elle- 
même,  automatiquement,  et  incessamment,  c'est-à-dire  que  chaque 


r.-ijjr,J^asç^ 


Fig.7.    —  Ancienne  fosse  transformée. 


volume  de  déjections  nouvelles  introduit  par  le  tuyau  de  chute,  fait 
sortir  immédiatement  un  volume  égal  de  déjections  anciennes  élabo- 
rées et  fluidifiées;  le  liquide  de  sortie  auquel  rien  ne  manque  des 
éléments  organiques  et  inorganiques  des  déjections, [à  peine  odorant, 
peut  être  reçu  sur  place  dans  un  tonneau  d'arrosage,  pour  servir  aux 
irrigations  domestiques  du  jardin  ou  dii  potager,  ou  s'écouler  de  lui- 
même  dans  l'égout,  et  enfin  dans  des  canaux  d'irrigation  des  prairies, 
des  champs,  etc.,  etc. 


LES  VIDANGES  D'APRÈS  LE   SYSTÈME  MOURAS.  59 

Toutes  les  indications  de  détails  et  les  renseignements  spéciaux 
sont  d'ailleurs  fournis  par  MM.  Barbas  et  Gie,  83,  boulevard  de  Stras- 
bourg, à  Paris,  concessionnaires  des  licences  pour  l'application  du 
système  Mouras,  dans  les  départements  de  la  Seine,  Seine-et-Oise, 
Seine-et-Marne,  Eure,  Eure-et-Loir,  Oise  et  Loiret. 

L.  DE  Sahdiuac. 

SUR  LA  SÉLECTION-  —  II 

1,  2.  L  origine  des  parents,  c'est-à-dire  leur  qualité  comme  repro- 
ducteurs, doit  être  tenue  en  grande  considération  dans  un  herd-book, 
même  particulier.  Pour  les  animaux  dont  la  race  ou  les  qualités  ne 
sont  pas  connues,  on  mettra  0  ;  si  au  contraire  les  parents  sont  déjà 
notés  comme  excellents,  on  pourra  mettre  1 .  On  pourrait  aussi,  pour 
les  animaux  du  herd-booii,  indiquer  le  nombre  des  générations  ;  ainsi, 
pour  un  taureau  dont  le  grand-père  était  déjà  au  herd-book,  on  pourra 
mettre  3,  indiquant  que  c'est  la  troisième  génération  de  qualité.  Ici 
la  base  d'appréciation  sera  rationnelle. 

3.  La  corpulence  est  en  rapport  avec  la  race  et  la  localité  dans  laquelle 
on  entretient  les  animaux.  Plus  l'agriculture  s'améliore,  plus  le  déve- 
loppement corporel  des  animaux  se  produit,  et  l'on  doit  rechercher 
ce  développement  progressif.  Mais  d'un  autre  côté,  ce  n'est  pas  toujours 
une  amélioration  sérieuse  d'introduire  des  animaux  très  grands  dans 
une  contrée  qui  nourrit  généralement  des  animaux  d'une  taille  petite 
ou.  mo}'enne.  Le  bon  point  de  ce  numéro  sera  donc  réservé  aux 
animaux  dont  la  taille  est  la  forte  moyenne  du  pays. 

4.  Bonnes  proportions.  Il  ne  suffit  pas  qu'un  animal  soit  gros  dans 
certaines  parties,  il  faut  que  toutes  les  régions  du  corps  s'accroissent 
ensemble.  Si  une  vache  est  trop  forte  du  devant,  la  lactation  sera  en 
déchéance;  si  la  croupe  est  trop  développée,  la  poitrine  deviendra 
étroite.  En  général,  pour  qu'une  race  ne  dégénère  pas,  il  faut  que  les 
reproducteurs  aient  une  forme  parallélogrammique,  c'est-à-dire  que  le 
dos,  le  ventre,  les  fesses  et  le  poitrail  fassent  un  carré  long,  ou  rec- 
tangle, et  que  ce  rectangle  puisse  être  partagé  en  trois  rectangles  égaux 
contenant  :  le  premier,  le  quartier  de  devant,  compris  entre  la  pointe 
de  l'épaule  et  le  garrot;  le  second,  le  corps,  dos  et  reins;  le  troisième^ 
le  train  de  derrière  depuis  les  hanches.  Quand  ces  trois  parties  sont 
en  équilibre,  on  peut  s'attendre  à  un  bon  fonctionnement  des  organes 
intérieurs. 

5.  Robe  et  marques.  On  sait  que  le  manteau  est  une  indication  de  la 
race  et  l'on  doit  se  défier  des  robes  bâtardes  pour  les  reproducteurs. 
En  outre,  il  faut  éviter  les  robes  ayant  de  trop  grandes  taches  blanches 
ou  les  robes  trop  blanches  qui  montrent  de  la  tendance  à  l'engrais- 
sement, mais  aussi  un  tempérament  affaibli,  lymphatique.  Si  l'on 
forme  une  race  à  viande,  la  robe  blanche  sera  peut-être  une  qualité, 
comme  dans  le  Charolais. 

6.  Peau  moelleuse.  On  donne  à  cette  touche  le  nom  de  finesse.  Si  nous 
avons  changé,  c'est  parce  qu'on  peut  s'y  tromper.  Il  faut  que  la  peau 
soit  souple  et  douce,  surtout  aux  dernières  côtes  ;  mais  une  peau  trop 
mince  n'est  pas  de  qualité,  elle  indique  un  animal  dégraissé,  c'est  un 
affaiblissement. 

7.  Le  poil  doit  être  brillant,  souple  et  pas  trop  rare.  Il  est  évident 


60  DE  LA   SKLiJ'.TKJN. 

qu'on  doit  tenir  compte  des  conditions  atmosphériques  qui  peuvent 
momentanément  changer  l'apparence  dii  poil. 

8.  Le  fanon,  ce  repli  de  la  peau  qui  s'étend  depuis  le  dessous  de 
langue  jusqu'au  sternum,  entre  les  jambes  de  devant,  est  très  déve- 
loppe dans  les  races  grossières  ;  il  diminue  au  contraire  dans  les 
animaux  dont  la  peau  est  fine.  Le  fanon  épais  et  dur  indique  une  mau- 
vaise circuiîition  lynq^ha tique. 

9.  Le  caractère.  On  pourrait  s'étonner  de  voir  indiquer  une  note 
pour  ce  qui  se  rapporte  plutôt  à  l'intelligence,  mais  il  faut  se  souvenir 
que  le  mauvais  caractère  peut  se  transmettre,  ce  qui  n'est  pas  sans 
importance  pour  l'amélioration  des  races.  De  plus,  en  beaucoup  de  cas, 
les  défauts  de  caractère  nuisent  au  bon  entretien  du  corps.  Les  êtres 
grincheux,  colères  ou  craintifs,  ne  produisent  pas  autant  de  chair,  de 
graisse  ou  de  lait. 

10.  Allure  décidée.  Ceci  est  en  rapport  avec  une  bonne  conformation 
générale.  Il  n'est  pas  question  de  donner  un  mauvais  point  à  un  ani- 
mal qui  aurait  momentanément  un  mal  au  pied  ou  à  l'un  des  membres, 
mais  d'apprécier  si  les  reins  et  les  meml)res  sont  à  la  fois  forts  et 
souples,  ce  qui  indique  un  être  fort,  tandis  qu'une  démarche  lente, 
pénible,  montre  que  la  bête  se  nourrit  mal  ou  qu'elle  est  faible  et  en 
souffrance. 

11 .  Conformation  générale  de  la  tète.  Si  le  corps  doit  avoir  certaines 
proportions  qui  ne  sont  pas  une  fantaisie,  il  en  est  de  même  de  la  tête. 
On  comprend  facilement  que  chez  un  herbivore  il  est  indispensable 
que  la  tête  puisse  atteindre  le  sol  afin  que  l'animal  puisse  brouter. 
Pour  cela,  ilfaut  que  la  distance  qui  sépare  le  garrotdusol  nesoitpas 
plus  grande  que  la  distance  du  garrot  aux  dents  incisives.  C'est  un 
premier  repère  pour  connaître  la  longueur  de  la  tête  et  de  l'encolure. 

D'un  autre  côté,  il  est  nécessaire  que  la  tête  ne  soit  pas  trop  longue, 
cela  augmente  trop  la  longueur  des  mâchoires  en  diminuant  leurforce. 
On  peut  admettre  que  la  tête  soit  les  deux  cinquièmes  de  la  hauteur 
de  l'animal,  ou  que  la  longueur  de  la  tête  soit  les  deux  tiers  de  celle 
de  l'encolure,  et  cette  proportion  se  vérifie  sur  des  bêtes  de  bonne 
conformation. 

12.  Cornes,  chignon.  L'appréciation  de  cette  partie  ne  doit  pas  se  faire 
au  point  de  vue  de  l'élégance  seulement.  Sans  doute  il  est  préférable 
que  la  cornure  soit  gracieuse,  mais  peut-être  que  par  accident,  l'une 
ou  l'autre  des  cornes  sera  mal  tournée;  et  pourtant  on  ne  devra  pas 
pour  cela  mépriser  les  qualités  que  la  vache  présenterait  comme  repro- 
ductrice. D'un  autre  côté  la  grosse  ossature  qui  forme  la  base  des  cornes, 
est  une  indication  de  ce  que  les  os  sont  de  nature  spongieuse  plutôt 
que  compacte,  et  quoique  certaines  races,  très  estimées,  se  montrent 
pourvues  de  grosses  cornes,  il  faut  rechercher  une  fine  cornure  cliez 
les  femelles  et  chez  les  mâles  des  cornes  aplaties,  de  teinte  jaunâtre, 
avec  la  pointe  noire. 

Chez  la  vache,  on  peut  reconnaître  une  série  de  sillons  annuels  qui 
sont  la  marque  de  la  poussée  de  la  corne  chaque  année.  Mais  il  arrive 
un  morne  t  où  la  corne  ne  pousse  plus  guère,  une  p  riode  de  la  vie 
dans  laquelle  la  base  des  cornes,  au  lieu  de  grossir,  paraît  plutôt  se 
rétrécir.  C'est  l'indication  du  déclin  de  la  vie,  et  quand  bien  même 
une  vache  peut  encore  se  montrer  bonne  laitière,  il  est  peu  probable 
que  ses  produits  seront  une  cause  d'amélioration,  h^  chignon  est  la 


DE  LA  SÉLECTION.  61 

protubérance  qui  se  trouve  outre  les  deux  cornes  :  le  manque  de  finesse 
de  cette  partie  et  des  poils  qui  la  regouvrent  est  un  défaut. 

13.  Nuque.  Cette  région  qui  se  trouve  en  arrière  des  cornes  ne  doit 
pas  être  trop  amaigrie,  ce  qui  indiquerait  alîaiblisseiuent  et  dégénéres- 
cence, comme  chez  les  hommes  dégarnis  derrière  les  oreilles. 

14.  Yeux,  grandeur.  De  grands  yeux,  doux,  àlldur  de  lete,  se  trouvent 
chez  les  bonnes  laitières;  ils  indiquent  en  outre  de  l'intelligence  et  un 
bon  caractère, 

'\b.  iFaupieres  fines.  Un  œil  petit,  couvert,  indique  un  caractère 
méfiant  et  du  lymphatisme,  surtout  si  les  paupières  sont  rouges. 

16.  Les  oreilles  horizontales,  larges,  doivent  être  tapissées  intérieure- 
ment d'une  peau  roussàtre,  couleur  de  vieux  bois  de  sapin  (teinte 
indienne)  dont  nous  reparlerons  à  propos  de  la  mamelle.  Les  poils 
doux  et  longs  ne  doivent  pas  être  rares. 

17.  Le  front  doit  être  large,  et  plus  velu  chez  le  taureau  que  chez  la 
vache,  mais  sans  exagération. 

On  dit  généralement  que  la  largeur  du  front  indique  l'intelligence  : 
ce  n'est  pas  complètement  exact.  L'ampleur  du  front  est  en  rapport, 
non  avec  le  développement  du  cerveau,  mais  avec  des  cavités  entre  les 
os  du  crâne  et  de  la  face  (des  sinus)  qui  ont  pour  effet  d'augmenter  le 
volume  de  la  tête  sans  en  augtuenler  le  poids.  Au  large  front  correspond 
une  larçfe  mâchoire,  mieux  conformée  pour  bien  broyer  les  aliments. 

18.  Les  ganaches  sont  formées  par  le  rebord  de  la  mâchoire  infé- 
rieure, et,  d'après  ce  que  nous  venons  de  dire  au  paragraphe  17,  on 
devra  rechercher  des  ganaches  écartées,  ce  sera  une  indication  d'une 
bête  qui  se  nourrit  bien.  Une  bête  à  mâchoire  étroite  restera  maigre. 

19.  Bouche.  Elle  doit  être  régulière;  on  voit  quelques  animaux  chez 
lesquels  la  mâchoire  inférieure  dépasse  la  supérieure  ou  l'inverse.  Il 
va  sans  dire  que  cette  construction  est  défectueuse. 

20.  Le  mufle,  appelé  aussi  rosée^  à  cause  de  Thumidité  qui  le 
recouvre,  doit  être  large,  en  rapport  avec  de  bonnes  mâchoires. 

Sa  coloration  peut  varier  suivant  les  races  et  suivant  le  manteau  des 
animaux.  Un  mufle  tacheté  fait  douter  de  la  pureté  de  race  de  certains 
animaux. 

21 .  Colonne  vertébrale^  rectitude.  Si  l'on  a  dit  avec  raison  que  l'œil 
est  le  miroir  de  Tâme,  on  peut  aussi  dire  que  la  rectitude  de  la  colonne 
vertébrale  est  une  sorte  de  miroir  de  la  bonne  constitution.  Chez 
l'homme  comme  chez  les  animaux  les  déviations  de  cette  partie  sont 
une  cause  de  souffrance  et  elles  indiquent  des  fonctions  irrégulières. 

Nous  devons  toutefois  faire  observer  que  la  chaîne  des  vertèbres 
n'est  pas  rectiligne  dans  le  squelette,  mais  extérieurement  les  creux  et 
les  bosses  s'égalisent  par  des  amas  musculaires  importants  et  la  recti- 
tude de  la  ligne  vertébrale,  depuis  la  nuque,  devient  à  peu  près 
parfaite,  comme  on  peut  le  constater  sur  les  animaux  les  mieux  con- 
formés. 

22.  Encolure  et  garrot.  La  longueur  de  l'encolure  est,  comme  nous 
l'avons  déjà  dit  (1 1),  en  rapport  avec  la  taille  et  la  tête  :  environ  une 
fois  et  demie  celle-ci  ;  et  les  trois  cinquièmes  de  la  taille  au  garrot. 

Une  encolure  trop  forte  indique  un  manque  d'équilibre  au  détriment 
du  train  de  derrière.  Cependant  chez  les  taureaux  adultes  la  graisse  peut 
s'accumuler  dans  cette  partie  sans  que  ce  soit  un  défaut. 

L'encolure  grêle  est  un  affaiblissement,  une  dégénérescence,  chez 


62  DE  LA  SÉLECTION. 

les  laitières  épaisées  surtout;  le  garrot  est  alors  en  saillie  trop  pro- 
noncée. 

La  hauteur  du  garrot,  relativement  à  la  croupe,  quoiqu'elle  ait  bien 
moins  d'importance  que  chez  le  clieval,  doit  cependant  être  tenue  en 
sérieuse  considération. 

Un  garrot  bas  avec  une  croupe  haute  constitue  un  défaut  d'équilibre 
malheureusement  trop  fréquent  dans  les  pays  de  montagne;  ce  défaut 
a  pour  conséquence  une  poitrine  moins  développée  et,  pendant  la 
gestation,  un  refoulement  du  veau  en  avant  qui  amène  facilerrtent  de 
la  toux. 

23.  Dos.  Cette  partie  devrait  être  large,  bien  musclée  et  longue.  La 
largeur  et  la  longueur  se  rapportent  aux  dimensions  du  thorax,  la 
grosseur  des  muscles  à  la  bonne  constitution.  Le  dos  est  bien  garni 
dans  la  jeunesse,  il  se  dégarnit  par  l'amaigrissement  et  l'appauvris- 
sement. 

Quand  on  pince  la  peau  sur  l'épine  dorsale  en  arrière  du  garrot, 
chez  un  animal  phtisique,  il  se  produit  une  vigoureuse  flexion,  et 
comme  un  affaissement  du  train  de  derrière;  c'est  toujours  un  symp- 
tôme inquiétant. 

{La  suite  prochainement).  Bieler, 

Directeur  des  cours  agricoles  de  Lausanne, 

SITUATION  AGRICOLE 

DANS  l'arrondissement  DE   LOUDÉAG  ICOTES-DU-NORD). 

L'arrondissement  de  Loudéac  fait  partie  de  la  zone  du  midi  du  département 
des  Gôtes-du-Nord. — Terrains  des  landes  et  de  bruyères,  environ  1/6  du  ter- 
ritoire ;  engraissement  des  bœufs  ;  production  de  froment,  de  seigle,  avoine,  blé 
noir  et  pommes  de  terre. 

L'agriculture  de  l'arrondissement  a  réalisé  des  progrès  depuis  surtout  une 
dizaine  d'années,  grâce  à  l'emploi  de  la  chaux  qui  produit  bon  effet  dans  la  ma- 
jeure partie  de  nos  terres  dépourvues  de  principes  calcaires,  et  au  noir  animal 
qui  a  permis  beaucoup  de  défrichements  de  landes.  La  marne  n'y  est  pas  connue 
ni  employée,  quoiqu'on  la  rencontre  dans  beaucoup  de  localités. 

Le  iroment  a  remplacé  le  seigle  dans  une  bonne  partie  du  pays,  et  les  plantes 
fourragères  :  trèfles,  choux  navettes  —  rutabagas  —  peu  de  betteraves,  donnent  au 
bétail  une  nourriture  plus  abondante,  et  permettent  d'assurer  l'amélioration  des 
races. 

Les  instruments  aratoires  perfectionnés  sont,  sur  tous  les  points,  d'usage  ordi- 
naire, et  les  parties  du  pays  les  plus  indifférentes  au  progrès,  commencent  à  en 
reconnaître  l'utilité  incontestable. 

Le  lin  et  le  chanvre  commencent  aussi  à  être  l'objet  d'une  culture  spéciale  dans 
les  meilleures  terres.  La  pomme  de  terre  est,  après  les  céréales,  la  plante  qui  occupe 
la  plus  grande  étendue  de  terrain.  On  consacre  à  sa  culture,  environ  300  hec- 
tares dans  l'arrondissement,  et  elle  sert  principalement  à  la  nourriture  des  habi- 
tants et  à  l'engraissement  de  certains  animaux.  Elle  fournit  dans  les  bonnes 
années  un  contingent  assez  fort  à  l'exportation. 

La  production  du  beurre  est  estimée  à  75,000  quintaux,  dont  les  2/3  pour  l'ex- 
portation. L'arrondissement  donne  environ  50,000  hectolitres  de  froment, 
20,000  hectolitres  de  seigle,  80,000  hectolitres  d'avoine  ;  le  sarrasin  autant. 

Le  sol  de  l'arrondissement  est  formé  presque  exclusivement  de  terrain  argileux 
et  le  calcaire  y  manque  presque  entièrement.  La  couche  de  terre  arable  y  est  peu 
épaisse  et  constitue  ce  qu'on  appelle  des  terres  légères. 

La  récolte  y  dépasse  généralement,  d'un  tiers  au  moins,  les  besoins  de  la  con- 
sommation Les  animaux  de  toutes  sortes  sont  assez  nombreux  ;  mais  presque  tous 
d'espèces  communes. 

Pourtant,  sous  l'influence  d'une  nourriture  plus  abondante  et  meilleure,  ils 
tendent  à  s'améliorer.  Or,  depuis  quelques  années,  de  sérieux  progrès  ont  été 
réalisés  sous  ce  rapport. 


SITUATION  AGRICOLE  DANS  L'ARRONDISSEMENT  DE  LOUDÉAG.  63 

La  race  bovine  la  plus  répandue  est  la  petite  race  dite  bretonne^  bonne  à  lait 
et  à  beurre,  convenant  parfaitement  à  notre  territoire.  Cependant,  dans  un  cer- 
tain nombre  de  cantons  et  de  bonnes  fermes ,  elle  tend  à  disparaître  devant  les 
croisements. 

Les  moutons  sont  peu  nombreux  par  rapport  à  l'étendue  du  terrain,  de  race 
commune,  1/15  au  plus  sont  de  races  perfectionnées.  Gomme  chez  nous,  ils  dimi- 
nuent où  la  culture  progresse. 

L'agriculture,  dans  le  pays,  est  restée  jusqu'ici,  vis-à-vis  de  la  plus  grande 
partie  de  la  France,  dans  un  état  d'inf.:^riorité  facile  à  constater.  Il  faut  reconnaître 
pourtant  que  depuis  quelques  années  de  notables  améliorations  se  sont  produites, 
mais  il  reste  encore  beaucoup  à  faire,  et  les  progrès  sont  lents. 

D'un  autre  côté,  les  Comices  agricoles,  qui  fonctionnent  aujourd'hui  dans  près 
que  tous  les  cantons,  ont  déjà  obtenu  d'excellents  résultats  au  moyen  des  conseils 
qu'ils  ont  donnés,  et  des  encouragements  de  plusieurs  sortes  qu'ils  ont  distri- 
bués aux  cultivateurs  les  plus  habiles,  ainsi  que  des  récompenses  attribuées  aux 
meilleurs  domestiques  ruraux. 

Des  foires  établies  dans  tous  les  cantons  et  dans  les  principales  communes, 
procurent  aux  éleveurs  des  moyens  de  transformations  faciles. 

On  trouve  des  ardoises  dans  un  certain  nombre  de  localités,  et  l'on  exploite 
les  ardoisières  de  Saint-Guën,  Uzel,  Mur  et  Caurel.  Les  ardoises  de  Mur-de- 
Bretagne  sont  généralement  de  bonne  qualité;  celles  de  Caurel  sont  surtout 
renommées. 

Les  argiles  avec  lesquelles  on  peut  fabriquer  les  tuiles  et  la  poterie,  existent 
en  abondance  dans  tout  U  pays;  mais  elles  ne  sont  pas  utilisées. 

La  fabrication  des  toiles  fines  dites  de  Bretagne  ou  de  Quintin,  bien  que  déchue 
de  son  ancienne  splendeur,  fait  encore  vivre  un  assez  grand  nombre  de  personnes. 
Les  centres  de  cette  industrie,  pour  l'arrondissement,  sont  Loudéac  et  Uzel, 
pour  les  toiles  fines  ;  Grâces- Uzel  pour  les  toiles  à  tamis.  Sauf  quelques  excep- 
tions, le  travail  de  tissage  s'effectue  à  domicile  dans  cette  région,  et  tend  à  deve- 
nir un  accessoire  de  l'agriculture. 

Le  mmerai  de  fer  se  trouve  sur  divers  points  de  l'arrondissemeat,  et  des  mi- 
nières ont  été  exploitées  ou  le  sont  encore,  aux  environs  de  Gouarec,  dans  le 
Mené,  près  de  Merdrignac  et  dans  la  commune  de  La  Ferrière.  Un  immense  gise- 
ment de  terre  à  faïence  (kaolin]  existe  dans  la  commune  de  Plémet. 

L'arrondissement  n'a  point  été  éprouvé  par  des  maladies  épizootiques  depuis 
cinq  à  six  ans  que  la  fièvre  aphteuse  y  a  fait  subir  d'assez  grandes  pertes. 

Comme  maladies  sporadiques,  nous  avons  celles  dues  à  notre  climat,  presque 
toujours  froid  et  humide  :  affections  des  voies  respiratoires  et  digestives,  gourmes 
assez  malignes;  pas  malade  cas  de  morve,  farcin  ;  peu  ou  point  de  charbon; 
la  péripneumonie  contagieuse  est  inconnue  ici. 

Loudéac  (chef-lieu)  possède,  depuis  deux  ans,  des  courses  de  chevaux  qui    ont 
très  bien  réussi,   et  promettent  d'améliorer  la  race  chevaline,    bien  pauvre  chez 
nous.  Je  ne  parle  pas  du  cheval  de  Gorlay  que  vous  connaissez.  Un  concours  hip- 
ique,  comme  vous  le  savez,  a  été  institué  cette  année  à  Loudéac.   Il  réussira,  je 
e  crois,  à  faire  conserver  les  bonnes  juments  poulinières  améliorées. 

Grosset, 
Grâces-Uzel,  le  26  décembre  1882. 


fe 


LE  SYNDICAT  D'ISSOUDUN-SAINT-GEORGES  (INDRE) 

Au  commencement  de  1881,  M.  Hirault,  vétérinaire,  trésorier  du  Comice 
agricole  d'Issoudun,  propriétaire  d'une  vigne  de  dix  hectares,  aux  Barreaux, 
près  Issoudun,  commune  de  Stain-Georges  (Indre),  constatait  sur  un  point  de 
sa  vigne,  déjà  faible  l'année  précédente,  un  très  mauvais  départ  de  végétation. 

En  juillet,  la  situation  était  plus  grave;  sur  la  première  tache,  les  ceps  étaient 
morts  ou  mourants  et,  sous  les  vents  d'ouest,  sur  une  étendue  d'un  hectare 
environ,  les  sarments,  bien  que  d'assez  bonne  vigueur  et  portant  des  fruits, 
étaient  couverts  de  feuilles  jaunes. 

Effrayé  des  caractères  piiylloxériques  qui  se  révélaient,  M.  Hirault  invita 
M.  Wroblewski,  professeur  de  chimie  au  collège,  et  M.  C.  Louet,  fabricant,  membre 
du  Comité  de  vigilance  contre  le  phylloxéra,  à  se  rendre  à  la  vigne  des  Barreaux  ; 
ces  messieurs  acquirent  bientôt  la  conviction  que  les  racines  étaient  couvertes  de 
phylloxéras. 


6k  LE  SYNDICAT  D'ISSOUDUN-SAINT-GEORGES   (INDRE). 

M.  Hirault  fit  immédiatement  sa  déclaration  à  l'autorité  et  réclama  le  traitement 
administratif. 

M.  Thimel,  délégué  départemental,  fut  envoyé  sur  les  lieux  ;  il  constata  que 
non  seulement  les  points  apparents  étaient  phylloxérés,  mais  que  tout  le  clos 
était  envahi  et  que  l'invasion  remontait  à  trois  ou  quatre  ans. 

Au  mois  d'octobre,  M.  Gouanon,  délégué  régional  au  ministère  de  l'agriculture, 
chargé  d'examiner  les  vignes  des  Barreaux,  ne  put  qui  constater  l'existence  de 
l'insecte  et  la  gravité  du  mal  et  engagea  le  propriétaire  à  se  défendre,  soit  à  ses 
frais,  soit  avec  le  concours  d'un  syndicat  qui  lui  permît  d'obtenir  une  subvention 
de  l'Etat.  M.  le  délégué  régional  développa  les  conditions  et  les  avantages  des 
associations  syndicales. 

M.  Hirault  déclara  qu'il  était  prêt  à  faire  partie  d'un  syndicat,  comme  proprié- 
taire, et  MM.  A.  Louet  et  G.  Louet,  fabricants,  offrirent  d'entrer  dans  le  syndicat 
comme  donateurs. 

Le  noyau  était  formé,  il  s'agissait  de  l'agrandir.  Après  des  démarches  nombreuses , 
mais  infructueuses,  MM.  Hirault,  A.  Louet  et  G.  Louet  se  retrouvèrent  seuls  ; 
mais  en  présence  de  la  nécessité  absolue  d'organiser  la  défense  des  vignes  dans 
l'arrondissement  d'Issoudun  et  de  prêcher  par  l'exemple  et  rexpérimentation,  ils 
résolurent  de  former  le  syndicat  à  eux  trois. 

Le  syndicat  fut  constitué  sous  le  nom  de  syndicat  d'Issoudun-Saint-Greorges 
et  approuvé  par   l'administration. 

M.  Hirault  s'engageait  à  prendre  à  sa  charge  un  tiers  des  frais  de  traitement 
avec  obligation  d'appliquer  une  fumure  convenable,  et  MM.  A.  Louet  et  G.  Louet 
prenaient  à  leur  charge  les  deux  autres  tiers  de  la  dépense. 

Le  syndicat  adressa  une  demande  de  subvention  à  U  Gommission  supérieure 
du  phylloxéra.  Elle  fut  favorablement  accueiilia  et  une  subvention  de  100  tr. 
par  hectare  fut  attribuée  au  syndicat  d'Issoudun-Saint-Georges. 

Geux  qui  le  composaient  décla'-èreat  par  la  voie  des  journaux  qu'il  était  ouvert 
à  tous  les  adhérents  qui  se  présenteraient  et  firent  appel  aux  dons  en  argent  et  en 
nature. 

M.  A.  Petit,  d'Issoudun,  pharmacien  à  Paris,  entra  alors  dans  le  syndicat 
au  même  titre  que  MM.  Louet,  ce  qui  porta  à  quatre  le  nombre  des  syndiqués. 
La  souscription  publique  ne  comprit  qu'un  très  petit  nombre  de  souscripteurs, 
parmi  lesquels  figuraient  le  Gomice  agricole  et  la  Société  vii^neronne  d'Issoudun. 
Sur  ces  entrefaites,  une  nouvelle  tache  phylloxérique  ayant  été  signalée  à  l'au- 
torité et  constatée  par  deux  commissions  no  nmées  à  cette  effet,  les  menbres  du 
syndicat  d'Issoudun-Saint-Georges  offrirent  au  propriétaire  de  traiter  sa  vigne, 
mais  il  refusa. 

La  même  proposition  fut  faite  aux  propriétaires  des  vignes  attenantes  à  celle 
de  M.  Hirault  ;  un  seul,  M.  Tillier,  accepta  et  sa  vigne  fut  traitée  en  même 
temps  que  celle  de  M.  Hirault. 

Notre  programme  pour  le  traitement  de  la  vigne  des  Barreaux  était  ainsi  conçu  : 

Emploi  du  sulfure  de  carbone,  à  raison  de  22  à  24  grammes  par  mètre  carré, 

le  travail  se   faisant  sous  la  surveillance  du  moniteur  ordinaire  du  département  ; 

Traitement  réitéré  à  six  jours  d'intervalle,   sur  le  point  où  s'était  révélée   la 

première  tache,  à  la  dose  de  5  gramines  par  chaque  injection; 

Traitement  simple  sur  le  restant  de  la  vigne,  a  raison  de  8  grammes  de  sulfure 
par  injection  sur  la  vigne  plantée  à  1'".  iiO  entre  rangs  et  10  grammes  sur  celle 
plantée  à  2  mètres  entre  rangs. 

Mais  ayant  trouvé  que  fi  trous  étaient  insuffisants  pour  la  vigne  plantée  à 
2  mètres  entre  rangs,  nous  écrivîmes  à  ce  sujet  à  la  Gompagnie  Paris-Lyon- 
Méditerranée,  qui  eut  la  gracieuseté  de  nous  envoyer  un  de  ses  moniteurs, 
M.  Isaac,  avec  lequel  il  fut  résolu  qu'un  cinquième  trou  était  nécessaire  dans  la 
plate- bande  de  2  mètres  entre  rangs  et  qu'on  ramènerait  la  dose  à  9  grammes 
par  trou,  au  lieu  de  10,  d'où  il  résulte  que  la  dose  de  sulfure  de  carbone, 
employée  à  l'hectare,  a  été  de  2k0  kilog.  pour  la  vigne  à  l™.3û  entre  rangs  — 
225  kilog.  pour  celle  à  2  mètres  entre  rangs  —  et  300  kilog.  pour  le  traitement 
réitéré. 

Le  sol  de  la  vigne  des  Barreaux  est  formé  de  calcaire  léger  sur  le  plateau,  la 
pierre  dure  est  à  O'^.ib  environ  de  profondeur  :  ce  qui  rend  le  sol  réfractaire  aux 
racines  qui  ne  peuvent  s'étaler  que  dans  les  couches  supérieures.  Sur  les  pentes, 
notamment  au  levant,  le  sol  est  assez  profond,  mais  compact  dans  les  couches 
inférieures,  où  les  racines  ne  pénètrent  pas  au-dessous  de  0'".  25. 


LE  SYNDICAT  D'ISSOUDUN-SAINT-GEORGES    (INDRE).  65 

Les  trous  d'injection  ont  pu,  en  conséquence,  atteindre  difficilement  0"',30  sur 
le  plateau  et  dépasser  cette  profondeur  sur  les  pentes. 

Ces  trous  ont  été  donnés  à  i'entrepr  se  à  raison  de  2  fr.  70  le  mille.  Un  homme 
pouvait  en  faire,  en  moyenne,  800  par  jour. 

Le  traitement  a  commencé  le  22  mars  1882,  sur  les  huit  carrés  qui  forment 
la  vigne  : 

Carré  A.  Vigne  plantée  en  1872,  palissée  sur  fil  de  fer,  très  vigoureuse  en 
grand  rapport,  peu  atteinte  par  le  phylloxéra,  terrain  léger  calcaire  de  0'".25  envi- 
ron de  profondeur,  sous-sol  calcaire,  dur.  rétractaire  aux  racines,  plantation  à 
]"'.30  entre  rangs,  un  mètre  dans  le  rang,  contenant  10,560  plants  dont  7,000 
ont  été  traités  à  raison  de  4  trous  par  cep  et  8  grammes  de  sulfure  de  carbone  par 
trou,  soit  225  kilog.  à  l'hectare. 

Carré  b.  Vigne  plantée  en  1872,  où  la  première  tache,  datant  de  trois  ou 
quatre  ans,  s'est  révélée  en  1881,  sur  une  étendue  de  20  ares  environ  et  où  les 
ceps  étaient  morts  ou  mourants.  Dans  le  restant  de  ce  carré,  bonne  végétation, 
sarments  bien  nourris  et  ayant  fructifié;  terrain  léger  calcaire  de  G'". 25  à 
0'".30  de  profondeur,  plantation  à  r".30  entre  rangs,  un  mètre  dans  le  rang, 
contenant  ^1,708  plants  soumis  au  traitement  reitéré  à  six  jours  d'intervalle, 
à  raison  de  5  grammes  par  trou  et  par  chaque  injection,  soit  30>J  kilog.  à 
l'hectare. 

Carre  C.  Vigne  plantée  en  IS^^S,  la  plus  atteinte  après  le  carré  B.  Sarments 
grêlés,  mais  assez  allongés,  ayant  fructifié,  terrain  léger,  calcaire,  de  0'".25  à 
0"'.30  de  profondeur,  plantation  à  2  mètres  entre  rangs,  un  mètre  dans  le  rang, 
contenant  4,884  plants  traités  à  raison  de  5  trous  par  cep  et  9  grammes  de  sul- 
fure par  trou,  soit  225  kilog.  à  l'hectare. 

Carré  D.  Vigne  plantée  en  1862,  peu  atteinte,  bonne  végétation,  terrain  léger, 
calcaire,  analogue  à  celui  du  carré  A;  plantation  à  2  mètres  entre  rangs,  un 
mètre  dans  le  rang,  contenant  5,016  plants  traités  à  raison  de  4  trous  par  cep  et 
10  grammes  de  sulfure  par  trou,  soit  2oO  kilog.  à  l'hectare. 

Carré  E.  Vigne  plantée  en  i868,  peu  atteiate,  bonne  végétation,  terrain  ana- 
logue à  celui  des  carrés  A  et  D  ;  |  lantation  à  2  mètres  entre  rangs,  unmèti-e  dans 
le  rang,  contenant  5,358  plants  traités  à  raison  de  5  trous  par  cep  et  9  grammes 
de  sulfure  par  trou,  soit  iib  kilog    à  l'hectare. 

Carré  F.  Vigne  plantée  en  1868,  peu  atteinte,  bonne  végétation,  terrain  ana- 
logue à  celui  des  carrés  A,  D  et  E  ;  plantation  à  2  mètres  entre  rangs,  un  mètre 
dans  le  rang,  contenant  5,64:i  plants  traités  à  raison  de  5  trous  par  cep  et 
9  grammes  de  sulfure  par  trou,  soit  225  kilog.  à  l'hectare. 

Carré  G.  Vigne  })lantée  en  1866,  bien  atteinte,  assez  bonne  végétation,  terrain 
léger,  calcaire,  de  0"'.30  à  0'".35  de  profondeur,  sous-sol  compact  et  réfractaire 
aux  racines;  plantation  à  2  mètres  entre  rangs,  un  mètre  dans  le  rang,  contenant 
5,781  p'antft,  traités  à  raison  de  5  trous  par  cep  et  9  grammes  de  sulfure  par 
trou,  soit  225  kilog.  à  l'hectare. 

Carré  H.  Vigne  plantée  en  1866,  peu  atteinte,  bonne  végétation,  terrain  ana- 
logue à  celui  du  carré  Gr,  plantation  à  2  mètres  entre  rangs,  un  mètre  dans  le 
rang,  contenant  6,432  plants,  traités  à  raison  de  5  trous  par  cep,  et  9  grammes 
de  sulfure  par  trou,  soit  225  kilog.  à  l'hectare. 

Voici  les  frais  de  traitement  par  le  sulfure  de  carbone  : 

2,000  kilog.  de  sulfure  provenant  de  la  Compagnie  Paris-Lyon- 

Méditprranée  et   revenant   net   en  gare  d'Issoudun  à  42  fr.  80  les  f"". 

100  kilog 856 .  00 

100  kilog.  provenant  du  Comité  départemental 42.80 

Main-d'œuvre  et  surveillant 1  043.70 

Entretien  d'outils  et  frais  divers , 57.50 

Ensemble 2,uOU.uO 

Ne  sont  pas  compris  les  pals,  pilons,  pinces  et  accessoires  qui  rentrent  dans 
le  matériel  de  traitement.  —  La  dépense  par  hectare  est  donc  de  200  francs. 

Fumure.  —  Afin  de  donner  <à  nos  expériences  une  base  scientifique  et  d'appli- 
quer la  fumure  la  plus  rationnelle,  nous  avons  soumis  à  M.  Joulie  l'analyse  du 
terrain  de  la  vigne  des  Barreaux. 

Gomme  conséquence  des  chiffres  de  son  analyse,  M.  Joulie  nous  a  conseillé 
d'employer  le  nitrate  de  potasse,  au  prix  de  68  francs  les  100  kilog.,  à  raison  de 
50  grammes  par  cep,  et  nous  avons  suivi  sa  recommandation. 


66  LE  SYNDICAT  D'ISSOUDUN-SaIJST-GEORGES   (INDRE). 

Nous  avons  cependant  cru  devoir  expérimenter  sur  un  carré  de  vigne  un  engrais 
spécial  appliqué  à  la  même  dose  et  contenant  : 

100  superphosphate  de  chaux  à  11    fr.  25  les  100  kilog. 
200  nitrate  de  potasse  68         »  — 

ce  qui  donne  à  l'hectare,  transport  de  l'engrais    compris,   avec  le    nitrate   de 
potasse  pur  : 
Par  vi^ne  à  1  "'.30  entre  rangs  et  1  mètre  dans  le  rang  375  kilog.  à  70  fr.    =  262  fr.  50 
—  2  —  1  —  250  70  175 

et  avec  l'engrais  composé  : 
Par  vigne  plantéeà  l^.SO  entre  rangs  et  1  mètre  dans  le  rang  375  kilog.  à  49   fr.   50    16S  fr.  75 
_  2—1  —  250  —  112  fr.  50 

L'application  de  ces  engrais  a  eu  lieu  par  déchaussement  en  cuvette,  autour 
de  chaque  souche,  et  le  binage  de  printemps  a  été  fait  en  même  temps. 

Résultat  des  fumures.  —  L'examen  des  deux  parties  du  carré  A  a  permis  de 
constater  que  la  partie  traitée  par  le  sulfure  de  carbone  et  fumée  au  nitrate  a  été 
plus  belle,  a  mieux  conservé  ses  feuilles  et  a  donné  des  fruits  qui  sont  arrivés  à 
une  maturité  plus  complète  que  l'autre  partie  non  traitée  par  le  sulfure  et  fumée 
au  fumier  de  lerme. 

Dans  cette  dernière  partie,  on  a  reconnu  la  présence  de  l'oïdium. 

Dans  les  parcelles  G  et  D,  additionnées  de  nitrate  de  potasse,  les  feuilles 
étaient  plus  vertes,  se  sont  mieux  conservées  et  la  maturité  a  été  plus  complète. 

Le  carré  fumé  avec  l'engrais  composé  a  donné  des  résultats  intérieurs,  ce  qui 
doit  être  attribué  à  la  moindre  quantité  de  nitrate  de  potasse  employée,  cette 
différence  n'étant  pas  compensée  par  le  phosphate  de  chaux  contenu  dans  cet 
engrais. 

Les  carrés  E,  F  et  H,  traités  au  sulfure  de  carbone  et  non  fumés,  ont  présenté 
une  végétation  moins  belle  et  les  sarmenis  ont  moins  bien  conservé  leurs  feuilles  ; 
mais,  aucune  partie  de  ces  carrés  ou  du  restant  du  clos  n'a  présenté  un  état  de 
soutfrance  qui  pût  être  attribué  au  sulfure  de  carl>one. 

Les  divers  engrais  ont  été  employés  au  commencement  de  mai,  et  il  est  possible 
que  cet  emploi  tardif  ne  leur  ait  pas  permis  de  produire,  dès  cette  année,  tous 
leurs  eiïets  utiles. 

Résultats  obtenus  par  le  traitement.  —  Au  mois  de  juillet  1882,  la  vigne  pré- 
sentait l'aspect  suivant  : 

Carré  A.  Végétation  très  vigoureuse  et  fructification  abondante. 

Carré  B.  Sur  les  20  ares  de  la  première  tache,  aucun  cas  nouveau  de  mortalité, 
maintien  de  la  végétation  des  souches,  sarments  très  courts  mais  garnis  de 
feuilles  vertes. 

Dans  le  restant  du  carré,  sarments  peu  vigoureux,  mais  assez  allongés  et  portant 
des  feuilles  vertes  et  des  fruits. 

Carrés  C.  Sur  les  25  à  30  ares  de  la  tache  accentuée,  constatée  l'année  précé- 
dente, mêmes  résultats  que  sur  les  20  ares  du  carré  B.  Dans  le  restant  de  la  pièce, 
les  sarments  peu  vigoureux  et  irrégulièrement  allongés  portaient  des  feuilles 
vertes  et  des  fruits. 

Carrés  D  et  E.  Très  bonne  végétation,  sarments  allongés,  bonne  fructification. 

Carré  F.  Végétation  assez  bonne,  mais  moins  satisfaisante  que  celle  des 
carrés  D  et  E. 

Carrés  G  et  H.  Végétation  et  fructification  à  peu  près  normales. 

Les  recherches,  un  peu  sommaires,  faites  sur  les  racines,  à  cette  époque,  révé- 
lèrent la  présence  de  rares  insectes  sur  quelques  points  épars  du  clos,  mais 
notamment  sur  la  première  tache  de  20  ares. 

D'autres  recherches  faites  sim.ultanément  dans  les  vignes  voisines  non  traitées 
attenantes  à  celle  de  M.  Hirault  et  où  le  phylloxéra  avait  été  découvert  l'année 
dernière,  révélèrent  une  augmentation  considérable  du  nombre  des  insectes. 

Tout  en  faisant  de  sérieuses  réserves  pour  l'avenir,  nous  devons  constater  que 
la  végétation  de  ces  vignes  présentait  néanmoins  un  état  général  assez  satisfaisant. 

Nous  appelons  particulièrement  l'attention  sur  le  fait  suivant  qu'il  nous  a  été 
permis  d'observer  dans  deux  parcelles  de  vigne  du  clos  Barreaux,  appar  enant  à 
deux  propriétaires  difierents  et  dans  lesquelles  on  avait  constaté,  l'année  dernière, 
une  tache  aussi  grave  que  celle  trouvée  chez  M.  Hirault.  Cette  tache  présentait 
des  ceps  morts  ou  mourants  et  était  coupée  par  un  petit  sentier  de  séparation 
entre  voisins,  le  restant  des  deux  parcelles  était  phylloxéré  au  même  degré. 

L'un  des  propriétaires,  Mf  Tillier,  nous  laissa  traiter  sa  vigne,  l'autre  ne  voulut 
pas  y  consentir. 


LE  SYNDICAT   D'iSSOQDUN-SAlNT-GEORGES  (liNÛUE).  67 

Les  résultats  furent  très  intéressants. 

Dans  la  vigne  traitée,  la  tache  fut  circonsciite,  les  ceps  s'allongèrent  et  se 
couvrirent  de  feuilles  vertes,  les  autres  plants  montrèrent  une  bonne  végétation 
et  on  découvrit  fort  peu  d'insectes  sur  les  racines. 

Dans  la  vigne  non  traitée,  au  contraire,  la  tache  s'agrandit,  la  plupart  des  ceps 
moururent  et  les  autres  se  couvrirent  de  feuilles  jaunes.  Dans  le  restant  de  la 
pièce,  le  phylloxéra  fut  trouvé  très  abondant 

Rroltcs.  — Les  vignes  des  Barreaux  ont  été  classées  en  1881  et  1882  parmi  les 
petites  moyennes  de  récoltes  et  sont  dans  d'excellentes  conditions  de  comparai- 
son. En  188  l  ,  avant  ffu'aucun  traitement  n'ait  été  appliqué,  ces  vignes  produisaient: 

Sur    2  hectares  palissés  sur  iil  de  fer  80  nectol.  (   , ,  ^    u     »  t. 
o  1'  CA  I+O    hectolitres. 

»     8      «      non    palisses     —       —     60       »        / 

En  1882,  après  le  traitement  au  sulfure  de  carbone  : 

Sur  2  hectares  palissés  sur  fil  de  fer  52  hectol.  (    ,,^   ,      ,  ,-, 

»   8     .>     non    palissés     _       _        58       .         (   ^^^  hectolitres. 

Différence  en  moins  pour  1882 30     hectolitres. 

On  remarque  que  le  déficit  porte  sur  les  2  hectares  palissés  sur  fil  de  fer;  la 
cause  en  est  due  à  l'oïdium  qui  a  sérieusement  envahi  la  portion  non  traitée  et 
lumée  au  fumier  de  ferme. 

La  différence  générale  s'explique  en  outre,  par  les  intempéries  de  l'année  qui 
ont  occasionné  la  coulure,  l'incomplète  maturité  et  le  mauvais  rendement  à  la 
cuve  qui  en  a  été  la  conséquence. 

L'effet  du  traitement  au  sulfure  n'a  donc  apporté  aucun  désordre  dans  la  vigne 
des  Barreaux. 

Conclusions.  —  Des  faits  qui  viennent  d'être  exposés  et  des  résultats  constatés 
à  la  suite  de  l'emploi  du  sulfure  de  carbone,  avec  ou  sans  l'adjonction  d'engrais 
chimiques  ou  de  fumier  de  ferme,  nous  pouvons  tirer  les  conclusions  suivantes  : 

1"  Le  sulfure  de  carbone  employé  à  raison  de  225  à  240  kilog.  par  hectare, 
détruit  énergiquement  le  phylloxéra  : 

2°  A  cette  dose,  le  sulfure  de  carbone  ne  nuit  ni  à  la  végétation  de  la  vigne  ni  à 
la  production  de  ses  fruits  ; 

3"  L'extermination  de  l'insecte  est  telle,  après  un  traitement  en  mars,  qu'on  le 
rencontre  difhcilement  en  juillet,  ce  qui  permet  à  la  vigne  débarras-^ée  du  puceron, 
de  reconstituer  de  nouveaux  chevelus  et  de  reprendre  sa  vigueur  ; 

4"  L'insecte  qui  échappe  à  la  destruction  se  multiplie  assez  sensiblement  après 
juillet,  mais  la  vigueur  acquise  par  les  plants  leur  permet  de  se  maintenir; 

5"  Un  traitement  annuel  est  nécessaire,  mais  nous  sommes  d'avis  qu'on 
pourrait  le  limiter,  dès  la  seconde  année,  aux  parties  où  la  présence  du  phylloxéra 
est  constatée,  ce  qui  atténuerait  sensiblement  la  dépense  totale; 

6°  Dans  ces  conditions  nous  estimons  que  le  sulfure  de  carbone,  dont  nous 
avons  constaté  les  excellents  résultats  pratiques,  doit  être  recommandé  pour 
défendre  contre  le  phylloxéra  les  vignobles  d'Issoudun,  en  attendant  les  moyens 
plus  économiques  que  la  science  peut  mettre  dans  l'avenir  à  la  disposition  des 
viticulteurs. 

Nous  ferons  observer  d'ailleurs  que  le  surcroît  de  dépense  qui  vient  s'ajouter 
aux  frais  ordinaires  de  culture  delà  vigne,  se  trouve  compensé  parla  plus-value 
que  les  vins  ont  prise  et  prendront  dans  l'avenir  ; 

1"  Si  les  10  hectares  de  la  vigne  des  Barreaux  ont  produit  140  hectolitres  de 
vin  en  1881,  alors  qu'ils  n'avaient  pas  encore  été  traités  au  sulfure  de  carbone 
et  110  hectolitres  seulement  en  1882  après  le  traitement,  la  cause  ne  peut  en  être 
attribuée  à  ce  traitement,  mais  bien  à  la  coulure  et  à  la  mauvaise  maturité  qui  a 
été  générale  cette  année  dans  notre  région  ; 

8"  Les  engrais  sont  des  auxiliaires  très  utiles,  mais  les  fumures  à  haute  dose 
ne  nous  semblent  pas  indispensables  ; 

9"  En  conséquence,  notre  syndicat,  confiant  dans  les  résultats  obtenus  et  à 
obtenir  par  le  traitement  au  moyen  du  sulfure  de  carbone,  convaincu  de  la  néces- 
sité de  pousser  à  ce  traitement  par  l'exemple  et  l'expérimentation,  est  résolu  à 
continuer  en  1883  l'œuvre  commencée  en  1882. 

Il  est  résolu,  en  outre,  à  employer  tous  les  moyens  en  son  pouvoir  pour  faire 
entrer  dans  l'association  les  propriétaires  des  vignes  environnant  celle  de 
M.  Hirault,  de  façon  à  protéger  et  sauver  le  clos  entier  des  Barreaux,  qui  se 
trouve  isolé  des  autres  vignobles.        Hirault,  A.  Louet,  A.  Petit,  G.  Louet. 

Membres  du  Syndicat  d'Issoudun-St-Georges. 


68      MOYENS  PRATIQUES  D'AMÉLIORER  LA  SITUATION  DE  L'AGRICULTURE. 

MOYENS  PRATIQUES  D'AMÉLIORER  LA  SITUATION 

DE    l'agriculture  FRANÇAISE.   —  IL 

Administration  des  fermes.  —  Il  a  été  établi  précédemmeat,  et  l'opi- 
nion publique  est  d'accord  avec  nous  sur  co  point,  que  l'agriculture 
française  luUe  en  ce  moment  contre  des  difficultés  considérables. 

Ces  difficultés  sont  d'ordres  divers  et  chacun  fait  ressortir  l'impor- 
tance de  quelques-unes  d'entre  elles  sans  bien  reconnaître  la  réalité 
des  autres. 

Elles  sont  :  1°  générales,  dérivant  de  la  situation  politique,  écono- 
mique et  sociale,  ou  :  2"  spéciales,  et  propres  à  chaque  situation  par- 
ticulière. 

Aux  premières,  il  faut  opposer  des  lois  nouvelles,  les  dégrèvements, 
l'institution  du  Crédit  agricole,  des  règles  de  douanes  plus  favo- 
rables à  la  nation,  tous  les  encouragements  enfin,  qui  peuvent  être 
offerts  aux  classes  laborieuses  des  campagnes  ou  aux  détenteurs  de  la 
propriété  foncière. 

Aux  autres  le  développement  par  l'éducation  aussi  bien  que  par 
l'instruction  des  qualités  comme  des  facultés  individuelles,  l'amour 
du  travail  et  celui  de  l'étude,  une  science  plus  développée  unie  à  une 
pratique  sérieuse  de  Tordre,  de  l'économie,  de  l'activité,  le  coup  d'œil 
sûr  de  l'expérience,  toutes  choses  qui  permettent  de  comprendre  une 
situation  particulière  et  d'en  tirer  bon  parti. 

Or,  il  est  facile  de  voir  que  c'est  surtout  à  ce  dernier  point  de  vue 
qiM3  l'on  doit  étudier  les  moyens  de  relever  notre  agriculture,  car  il 
n'est  pas  possible  d'écarter  la  concurrence  dô  l'étranger,  point  non 
plus  de  compter  sur  un  crédit  agricole  efficace  ni  d'obtenir  des  dégrè- 
vements considérables. 

Dès  lors  quel  sera  l'effet  des  demi -mesures  dont  on  espère  l'appli- 
cation dans  un  temps  plus  ou  moins  rapproché? 

Si,  dans  une  exploitation  où  le  cultivateur  se  plaint  de  ne  pouvoir 
payer  son  fermage,  on  obtient  des  dégrèvements  qui  s'élèveront  au 
vingtième  du  prix  de  ce  fermage,  le  résultat  cherché  serat-il  obtenu? 

Sans  doute  il  ne  faut  négliger  aucun  des  moyens  qui  permettront  de 
venir  en  aide  h  l'agriculture;-  mais  à  moins  de  fermer  nos  ports  et  nos 
frontières  à  l'étranger  et  de  ne  plus  demander  de  contributions  aux 
habitants  des  campagnes,  ce  qui  ne  saurait  venir  à  l'idée  de  personne, 
on  peut  dire  qu'aucune  modilication  dans  l'état  économique  du  pays 
ne  sera  assez  profonde  pour  donner  satisfaction  aux  intérêts  pourtant 
si  légitimes  de  ceux  qui  exploitent  sa  terre;  et  que  la  lutte  énergique, 
autant  que  la  connaissance  approfondie  de  l'agriculture,  est  nécessaire 
pour  que  la  ruine  ne  vienne  pas  menacera  la  fois  la  nation,  forcée  de 
donner  son  épargne  en  échange  de  marchandises  importées,  le  culti- 
vateur écrasé  par  l'élévation  progressive  du  taux  des  salaires  et  le 
propriétaire  lui-même. 

En  effet,  le  bien  de  ce  dernier  perdra  de  sa  valeur  à  mesure  que  les 
fermiers  découragés  fuiront  les  communes  rurales,  pour  chercher  au 
sein  des  villes,  ou  dans  l'industrie,  une  situation  meilleure  que  leurs 
fils  surtout  ne  manqueront  pas  de  choisir. 

Et  les  jeunes  filles,  combien  en  voit-on  qui  consentent  encore  à 
habiter  le  village?  Et,  si  la  propriété  foncière  est  en  discrédit,  quelle 


MOYENS  PRATIQUES  D'AMÉLIORER  LA  SITUATION  DE  L'AGRICULTURE.     6  9 

perte  pour  une  G;rîmc]e  nation  qui  sera  obligée  de  la  calculer  sur 
57  millions  d'hectares!... 

il  faut  donc  un  efïort  suprême,  pour  lutter  contre  la  double  concur- 
rence de  l'étranger  et  de  1  industrie,  puisque  cette  dernière  seule,  en 
faisant  renchérir  la  main-d'œuvre,  charge  Texploitation  du  sol  d'une 
somme  annuelle  que  l'on  peut  évaluer  en  moyenne  à  25  francs  par 
hectare,  et  que  le  travail  toujours  plus  cher  est  aussi  toujours  plus 
mal  exécuté  dans  les  fermes. 

Voilà  les  difficultés  que  j'ai  combattues  il  y  a  quelques  années  déjà 
par  la  londalion  de  la  Société  d'encouragement  et  de  bienfaisance  pour 
les  campagnes  du  département  de  Meurthe  et-Moselle,  qui  cherche  à 
relever  ie  courage  des  ouvriers,  en  donnant  aux  familles  laborieuses  et 
fidèles  des  primes  et  des  diplômes,  l'honneur  et  l'argent  à  la  fois. 

Que  peut  faire  un  cultivateur  s'il  n'est  pas  entouré  d'aides  dévoués 
et  laborieux,  au  moment  où  les  bras,  les  intelligences  et  les  capitaux 
sont  entraînés  vers  les  centres  industriels  et  populeux,  ou  sollicités 
par  mille  spéculations  exe-^întes  de  fatigue  et  pleines  de  promesses? 

Mais  s'il  fallaiL  aileniu e,  pour  voir  l'agriculture  française  reprendre 
sa  marche  d'un  pas  assuré,  que  l'opinion  revienne  à  elle,  et  que  l'in- 
struction qui,  avec  i;i  scienee,  donne  parfois  tant  d'ambitions  exagé- 
rées, lui  fournisse  des  aides  fidèles  et  énergiques,  on  ferait  preuve 
d'une  étrange  confiance. 

Hàtons-nous  donc;  ne  comptons  pas  sur  des  promesses,  ne  nourris- 
sons pas  de  vaines  espérances,  car  il  est  fort  à  craindre  que  le  mal  ne 
fasse  qu'empirer,  si  l'on  ne  cherche  pas  à  le  combattre  efficacement;  et 
puisque  la  jeunesse  que  rien  ne  lie,  est  libre  de  choisir  la  situation 
qu  elle  veut  occuper,  il  ne  reste  plus  qu'à  lui  indiquer  par  quels 
moyens  on  peut  trouver  dans  les  campagnes  les  profits  légitimes  qu'elle 
espère  réaliser  dans  les  villes  ou  dans  l'industrie,  en  s'imaginant  que 
l'on  ne  saurait  les  obtenir  ailleurs. 

En  dehors  de  toute  appréciation  politique,  on  peut  dire  que  le  suf- 
frage universel  présente  du  moins  cet  avantage,  qu'il  forcera  tout  le 
monde  à  respecter  le  paysan,  l'homme  du  pays  attaché  au  sol  national 
par  des  liens  si  intimes.  On  l'honorera  surtout  en  comparant  ses  ser- 
vices à  ceux  de  tant  de  domestiques  urbains  ;  et  devant  le  fermier  qui 
emploie  l'honnête  nianouvrier  des  campagnes,  oa  s'inclinera  aussi 
quand  on  verra  deux  hommes  fidèles  à  la  terre  nationale,  rester  unis 
l'un  à  Tautre  par  le  travail,  après  une  épreuve  de  trente  ou  quarante 
années. 

Enfin,  si  l'on  parvient  à  démontrer  que  l'agriculture,  tout  en  assurant 
à  ses  représentants  fidèles  une  honorabilité  indiscutable,  est  aussi  la 
profession  qui  promet  les  bénéfices  les  plus  sûrs  à  l'homme  qui  en 
connaît  toutes  les  ressources,  le  bon  sens  public,  las  des  déceptions 
de  la  Bourse,  ramènera  vers  les  campagnes  les  forces  qui  s'en  éloignent 
pour  se  perdre  dans  les  plus  stériles  spéculations. 

Sans  doute  les  soutîrances  qu'ont  éprouvées  ses  représentants  depuis 
plusieurs  années  semblent  donner  raison  à  ceux  qui  ne  croient  pas  à 
la  possibilité  de  relever,  au  point  de  vue  du  profit,  une  industrie  si 
respectable  et  si  digne  d'estime. 

Les  mauvaises  récoltes  et  les  autres  difficultés  dont  il  a  été  question 
précédemment  semblent  venir  à  l'appui  de  leurs  craintes,  et  il  serait 
injuste  de  ne  point  prêter  l'oreille  à  des  plaintes  qui  décèlent  les  an- 


70     MOYENS  PRATIQUES  D'AMÉLIORER  LA  SITUATION  DE  L'AGRICULTURE. 

goisses  de  tant  de  familles.  Mais,  toat  ea  reconnaissant  qu'une  grande 
révolution  s'est  accomplie  dans  les  campagnes,  et  que  la  situation  nou- 
velle a  causé  des  psitcs,  même  des  ruines  nombreuse:?,  on  a  le  droit 
d'affirmer  que  bien  des  ressources  restent  entre  les  mains  du  cultiva- 
teur, ot  qu'il  y  a  dans  le  développement  de  la  consommation  el  de  la 
richesse  générales  que  cause  le  déplacement  des  populations  devenues 
chaque  jour  plus  exigeantes,  des  sources  très  importantes  de  bénéfi- 
ces qui  se  développeront  de  plus  ea  plus  et  qui  deviendront  la  base 
sur  laquelle  repose  la  garantie  des  bénéfices  offerts  au  travail  de  la 
famille  agricole. 

Cette  famille,  il  la  faut  bien  unie,  active,  laborieuse,  économe,  pre- 
nant sa  part  de  la  peine  journalière,  et  conservant  ainsi  pour  elle-même 
la  juste  rémunération  de  louables  efforts. 

Mais  pour  revenir  à  notre  point  de  départ,  examinons  comment, 
par  une  harmonie  bien  comprise,  la  réalisation  d'un  bénéfice  impor- 
tant est  assurée. 

L'économie  n'exclut  pas  la  dépense,  mais  elle  sert  à  la  régler,  et 
puisque  la  campagne  ne  dispose  plus  d'un  capital  considérable  à  la 
suite  des  années  d'épreuves  qu'elle  vient  de  traverser,  le  problème  à 
résoudre  aujourd'hui  peut  être  posé  ainsi  : 

Obtenir  aux  moindres  frais  possibles  les  résultats  les  plus  avan- 
tageux. 

{La  suite  prochainemenl).  .  E.Duroselle. 

BIBLIOGRAPHIE  AGRICOLE 

Les\  piaules  potagères,  descriptiim  et  culture  des  princ'paux  légumes  des  climats  tempérés,  par 
MM.  ViLMORi>i-ANDRiEUx  et  Cie.  —  Un  volume  in-8  de  6ô0  pages,  avec  de  nombreuses  gra- 
vures noires.  —  Chez  Vilraorin-Andrieux,  marcliands-grainiers,  quai  de  la  Mégisserie,  4, 
à  Paris. 

Il  y  a  un  peu  plus  d'un  an,  nous  signalions  ici  le  grand  ouvrage 
publié  par  la  maison  Vilmorin,  sur  les  meilleurs  blés.  La  valeur  de  ce 
travail  a  été  immédiatement  appréciée  par  tous  les  agriculteurs.  Ce 
que  nous  disions  du  livre  sur  les  blés,  nous  pourrions  le  répéter  pour 
celui  sur  les  plantes  polagères,  que  MM.  Vilmorin-Aadrieux  viennent 
de  faire  paraître.  Nous  nou^  trouvons  encore  en  présence  d'obser- 
vations et  d'e-^périences  plus  que  séculaires,  faites  par  des  hommes 
d'élite,  sur  des  questions  délicatco,  avec  une  patience  et  une  soUi- 
citude  qui  ne  se  sont  pas  démanlie-  un  seul  jour  depuis  le  dix- 
huitième  siècle.  C'est  le  résultat  de  ces  expériences  qui  est  offert  aux 
agriculteurs,  dans  un  volume  que  tout  le  monde  peut  consulter,  où 
l'on  ne  sait  ce  qu'il  faut  admirer  le  plus  de  la  précision  des  descriptions, 
de  la  simplicité  avec  laquelle  elles  sont  faites,  ou  enfin  de  la  sûreté 
avec  laquelle  les  conseils  de  culture  sont  donnés,  pour  les  diverses 
circonstances  dans  lesquelles  le  cultivateur  peut  se  trouver. 

Les  plantes  potagères  cultivées  en  France  sont  extrêmement  nom- 
breuses; ce  sont  elles  qui,  par  leur  diversité,  donnent  aux  repas  la 
variété  qui  plaît  dans  la  plus  modeste  chaumière,  comme  dans  les 
plus  brillants  palais.  Les  unes  sont  à  peu  près  exclusivement  'du 
domaine  du  jardin;  les  autres  appartiennent  à  la  culture  des  champs. 
Les  études  de  MM.  Vilmorin-Andrieux  se  sont  portées  sur  ces  deux 
catégories  de  plantes;  toutefois,  c'est  avec  plus  de  détails,  et  avec  une 
véritable  prédilection,  qu'ils  s'occupent  des  plantes  potagères  de 
grande  culture.  Nous  citerons  notamment  les  chapitres  consacrés  aux 


BIBLIOGRAPHIE  AGRICOLE.  71 

choux,  aux  haricots,  aux  pommes  déterre,  aux  pois,  comme  de  véri- 
tables monographies  complètes,  au  double  point  de  vue  de  la  descrip- 
tion des  variétés  et  des  soins  de  culture. 

Il  serait  difficile  d'établir  une  classification  des  plantes  potagères 
qui  échappât  complètement  à  l'arbitraire.  Afin  d'éviter  cette  difficulté 
et  pour  faire  un  ouvrage  qui  pût  être  consulté  sans  aucune  peine, 
MM.  Vilniorin-Andrieux  ont  adopté  l'ordre  alphabétique.  Depuis  A  jus- 
qu'à Z,  les  plantes  se  suivent  ainsi  comme  dans  un  véritable  diction- 
naire. Pour  chaque  genre,  la  méthode  est  la  même  :  description  de  la 
plante  et  de  ses  variétés,  culture,  usage;  la  description  est  le  plus 
souvent  accompagnée  d'une  gravure.  Tel  l'ouvrage  se  présente  dans 
son  ensemble,  ouvrage  absolument  nouveau  et  sans  aucun  similaire; 
car,  comme  les  auteurs  le  disent  dans  leur  introduction,  la  description 
des  plantes  potagères  qu'ils  ont  publiée  en  1 855,  n'en  était  que  l'ébauche. 

Est-ce  à  dire  que  le  volume  que  nous  sommes  heureux  de  présenter 
aujourd'hui  à  nos  lecteurs,  soit  un  catalogue  absolument  complet  de 
toutes  les  variétés,  de  toutes  les  races  de  plantes  potagères  qu'il  soit 
possible  aujourd'hui  de  cultiver?  Loin  de  nous  la  prétention  de  faire 
une  affirmation  de  ce  genre.  Mais  ce  que  nous  pouvons  affirmer,  parce 
que  nous  savons  avec  quel  soin  on  travaille  dans  la  maison  Vilmorin, 
c'est  que  toutes  les  variétés  décrites  sont  des  variétés  réelles,  bien  étu- 
diées, et  que  le  cultivateur  peut  choisir,  sans  crainte  de  se  tromper, 
d'après  les  indications  qu'il  trouvera  dans  le  volume.  Nous  sommes 
loin  ici  d'une  enfilade  de  noms  plus  ou  moins  étranges  alignés  pour 
grossir  un  catalogue  ;  mais  nous  nous  trouvons  en  présence  d'une  œuvre 
•  sérieuse,  dérivant,  comme  nous  le  disions  en  commençant,  d'expé- 
riences multiples,  et  par  conséquent  digne  de  toute  confiance. 

Henry  Sagïsier. 

LE  DRAINAGE  DANS  SEINE-ET-MARNE 

Monsieur  le  directeur,,  j'ai  lu  avec  beaucoup  d'attention  dans  le 
dernier  numéro  du  Journal  de  l'ncjncidturc  le  rapport  de  M.  Jules 
Bénard  à  la  Société  d'agriculture  de  Meaux  sur  le  drainage  dans  le 
département  de  Seine-et-Marne. 

Dans  la  citation  de  ma  maison  de  drainage  dans  ce  remarquable 
rapport,  il  existe  une  erreur  sur  la  date  de  sa  fondation.  Ce  n'est  pas 
depuis  vingt  ans  qu'elle  existe,  mais  depuis  trente-quatre  ans  ;  sa  fon- 
dation date  de  1849.  Mon  père  a  comencé  à  celte  date  le  drainage 
de  la  ferme  d'Egrénay  (Seine-et-Marne),  exploitée  par  M.  Decauville, 
agriculteur  éminent  qui  exploite  toujours  cette  ferme.  Puis  mon  père 
a  drainé  Villaroche,  exploitée  par  M.  Garnot;  Eorunes,  exploitée  par 
M.  Dufoy,  etc.,  etc.;  et  en  1854,  le  Comice  agricole  de  Seine-et- 
Marne  lui  décerna  une  médaille  d'or  pour  les  importants  drainages 
qu'il  avait  déjà  exécutés.  Coopérateur  de  mon  père,  je  lui  succédai 
en  18G3. 

L'extension  des  travaux  de  drainage  exécutés  par  ma  maison  autour 
de  Moissy-Cramayel  ont  eu  une  telle  importance  qu'en  1878,  à  l'expo- 
sition universelle  (classe  76),  j'ai  pu  exposer  un  plan  de  15,000  hec- 
tares, et  j'ai  obtenu  une  médaille  d'argent.  En  1879,  la  Société 
nationale  d'agriculture  de  France  me  décerna  une  médaille  d'argent, 
et  en  1881,  au  concours  agricole  régional  de  Versailles,  j'ai  reçu  une 
médaille  d'or. 


72  LE  DRAINAGE  DANS  SEINE-ET-MARNE. 

La  plus-value  produite  par  le  drainage  est  très  considérable,  son 
entretien  est  pour  ainsi  dire  nul,  et  sa  durée  sera  très  longue,  car  les 
premiers  drainages  exécutés  depuis  plus  de  trente  ans  sont  toujours 
aussi  bons,  il  n'est  pas  exagéré  de  dire  que  le  drainage  pourrait  faire 
produire  en  France  plus  de  30  millions  d'hectolitres  de  blé  par  an, 
indépendamment  d'autres  produits.  Le  drainage  mérite  donc  la  haute 
considération  de  l'Etat,  et  peut  prendre  rang  parmi  les  travaux  d'uti- 
lité publique. 

C'est  pourquoi,  dès  le  7  février  1880  dans  un  exposé  sur  le  drai- 
nasse que  j'ai  fait  à  la  Section  du  génie  rural  de  la  Société  des  agri- 
culteurs de  France  (voir  Vannuairc  de  la  Société  des  agriculteurs 
de  France,  page  465),  je  concluais  par  émettre  le  vœu  suivant  :  «  Les 
lois  susmentionnées  des  17  juillet  185t)  et  28  mai  1858  relativement 
à  l'encouragement  au  drainage  par  des  prêts  hypothécaires  n'ayant  pas 
produit  les  résultats  voulus,  attendu  qu'aujourd'hui  surtout,  par  suite 
de  l'abaissement  du  taux  de  l'intérêt  des  prêts  ordinaires  faits  par  le 
Crédit  foncier,  l'avantage  que  pouvait  procurer  ces  lois  est  encore  plus 
restreint;  j'émets  le  vœu  qu'au  lieu  de  prêts  hypothécaires,  l'Etat 
accorde  comme  mmimuui  à  titre  de  subvention  ou  prêt,  la  part  qu'il 
entendait  prendre  à  sa  charge  par  l'application  de  ces  lois  pour 
l'encouragement  etle  développement  du  drainage,  l'une  des  branches 
principales  de  l'amélioration  et  du  progrès  de  l'agriculture,  source  de 
notre  existence.  » 

Je  suis  très  heureux  de  voir  M.  Jules  Bénard  appuyer  le  vœu  que 
j'ai  émie. 

Veuillez  agréer,  etc.  L.   Chandora, 

à  Moissy-Cram.ayel,  par  Lieusaint  (Seine-et-Marne). 

ESSAIS  VITIGOLES 

Dans  les  montagnes  du  Lyonnais,  à  une  altitude  d'environ  300  mè- 
tres, je  possède  un  petit  enclos  bien  exposé  au  soleii  et  planté  en  vigne 
française.  C'était  pour  moi,  il  y  a  quelques  années,  une  sorte  de  terre 
promise,  féconde  autant  qu'agréable;  ma  vigne  avait  une  végétation 
luxuriante,  elle  donnait  chaque  automne  des  raisins  à  foison,  si  bien 
que  le  revenu  annuel  de  mon  petit  domaine  viLicole  n'était  pas  de 
moins  de  15  à  'iO  pour  100  du  prix  d'acquisition. 

Le  phylloxéra  est  venu  ruiner  tant  de  prospérité.  Il  y  a  six  ans,  je 
constatais  sa  prétence  pour  la  première  fois;  j'essayais,  pour  le  com- 
battre, fumures  intensives,  suies,  plâtras,  cendrées,  sel,  chiffons;  rien 
de  tout  cela,  accompagné  desoins  culturaux  minutieux,  n'a  pu  arrêter 
le  mal.  Deux  ans  après  la  constatation  de  la  présence  du  phylloxéra, 
ma  vigne  avait  perdu  sa  fécondité. 

J'ai  tenté  alors  d'en  reconstituer  une  petite  partie  sur  défoncement  à 
1™.50  et  même  2  mètres  de  profondeur.  C'était  un  essai;  j'espérais 
que  les  racines  des  nouveaux  plants,  pouvant  se  développer  plus  à 
l'aise,  se  défendraient  contre  l'insecte.  L'essai  n'a  pas  réussi. 

Ma  jeune  vigne  française,  comme  son  aînée,  est  restée  chétive  avec 
des  pousses  de  0'".30  au  plus. 

Voyant  cela,  j'ai  eu  recours  aux  vignes  américaines.  Ces  trois  der- 
nières années,  j'en  ai  planté  une  certaine  quantité.  Le  résultat  me 
satisfait.  Ma  plantation  a  tous  les  signes  de  la  vigueur. 

il  est  un  point  que  je  crois  surtout  utile  de  constater,  car  la  consta- 


ESSAIS   VITIGOLES.  73 

tation  peut  éclairer  de  nombreux  viticulteurs,  c'est  que  la  reprise  des 
plants  américains  n'offre  pas  autant  de  difficultés  qu'on  l'a  dit. 

J'ai  obtenu  80  pour  100  environ  de  reprises  des  broches  de  Jac- 
quez;  autant  des  broches  de  Senasquoact  âO  pour  100  des  Cynthiana. 

Outres  ces  broches,  j'ai  planté  des  plants  racines  d'un  an.  J'ai 
obtenu  GO  à  80  de  reprises  pour  les  variétés  suivantes  : 

Solonis,  Cynthiana,  Alvoy,  Gaston  Baziilo,  Horl)emont,  York-Madeira, 
Elvira,  NouLt,  Jacquoz.  Les  racines  Jacqaez  n'ont  pas  donné  plus  de 
reprise  que  les  simples  broches. 

Si  la  généralité  des  plants  américains  ne  s'est  pas  montrée  d'une 
reprise  diriicile,  il  y  a  pourtant  des  différences  de  vigueur  et  de  végé- 
tation à  noter. 

Les  Jacquez,  les  Solonis,  sont  chez  moi,  en  terre  ferrugineuse  et 
fertile,  les  plants  qui  se  comportent  le  mieux.  Leur  végétation  est 
dmirable.  Reste  à  savoir  ce  qu'ils  donneront  en  fruits. 
Je  le  verrais  dans  deux  ans.  J'attends  beaucoup  de  la  production 
directe,  la  bonne  et  chaude  exposition  de  mon  vignoble  me  laissant 
espérer  que  les  raisins  américains  pourront  y  miàrir  presque  aussi 
bien  que  dans  le  Midi. 

Dans  tous  les  cas,  je  pourrai  toujours  greffer  sur  les  ceps  améri- 
cains nos  vignes  françaises,  si  je  ne  suis  pas  satisfait  de  la  production 
directe. 

D'une  manière  ou  d'une  autre,  la  reconstitution  de  mon  vignoble  et, 
par  conséquent,  celle  de  tous  les  vignobles  de  la  région  me  paraît 
assurée  par  les  cépages  américains. 

Ces  renseignements  pouvant  intéresser  vos  nombreux  lecteurs,  je 
suis  heureux  de  vous  les  adresser.  Pierre  Valik. 

ESSAI  DE  LUTTE  CONTRE  LE  PHYLLOXERA 

Sauveterre,  le  7  janvier  1883. 

Monsieur  le  directeur,  j'ai  l'honneur  de  vous  communiquer  la  formule  d'un 
engrais  insecticide,  contre  la  maladie  de  la  vigne  qui,  depuis  plusieurs  années, 
donne  de  bons  résultats. 

Une  vigae  de  sept  ans,  traitée  par  cet  insecticide,  se  porte  très  bien.  Ce  résultat 
est  d'autant  [lus  ^satisfaisant  qu'elle  a  été  plantée  sur  un  terrain,  dans  lequel  uré- 
cédemment,un  plautier  de  mêmes  cépages  trançais  avait  succombé  à  la  cinquième 
année,  n'ayant  subi  aucun  traitement  * 

Voici  la  formule  de  cet  engrais  insecticide  : 

10  kilog.  cendres  de  bois,  IJ  kilog.  sulfate  de  fer,  2  kilog.  goudron  de  houille 
(coaltar);  au  moyen  d'une  pelle,  on  mêle  le  goudron  avec  la  cendre,  on  passe  et 
repasse  les  grumeaux  au  crible  jus  [u'à  ce  que  le  goudron  soit  absorbé,  on  ajoute 
le  sulfate  de  fer  passé  au  crible,  on  repasse  encore  le  tout  au  crible,  pour  que  le 
mélange  soit  parfait. 

Une  poignée  pour  les  plantier^  deux  poignées  pour  les  grosses  souches  légère- 
ment déchaussées,  sont  suffisantes. 

Veuillez  agréer,  etc.,  A.  GaiLLAUMONT, 

à  Sauveterre  (Clard). 

SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'AGRICULTIIRS 

Séance  du  [0  janvier  1883. —  Présidence  de  M.  Dumas. 
M.  Charles  Whitehead  envoie  une  note  sur  un  puceron  qui  attaque 
les  houblonnières  en  Angleterre.  A  cette  occasion,  M.  Barrai  fait  con- 
naître que,  à  cause  de  la  faiblesse  de  la  récolte,  les  prix  des  houblons 
ont  subi,  dans  tous  les  centres  de  production,  une  hausse  très  consi- 
dérable, absolument  exceptionnelle;    beaucoup  de   brasseries   n'ont 


74  SOCIÉTÉ   NATIONALE  D'AGRIGULTQRE  DE  FRANGE. 

même  pas  pu  faire  leurs  provisions  habituelles  pour  la  fabriction  de 
la  bière. 

M.  Jules  Maistre  transmet  une  nouvelle  note  relative  à  l'urgence  de 
la  création  du  canal  dérivé  du  Rliône. 

M.  Barrai  fait  une  communication  relative  aux  rendements  des 
principales  céréales  eu  Angleterre,  pendant  l'année  1882.  Il  résulte 
de  nombreux  documents  que  le  rendement  moyen  a  été,  dans  la 
Grande-Bretagne,  de  24  hectol.17  par  hectare  pour  le  blé,  de  29  hec- 
tol.89  pour  1  oigC;  et  de  39  liecto].25  pour  l'avoine  La  moyenne  des 
rendements  des  vingt  dernières  années  est  respectivement  de  25  hec- 
tol.4-^i,31  hectol.  44  et3Gliect.  35.  Le  rendement,  en  18S2,  est  donc  un 
peu  inférieur  à  la  moyenne  pour  le  blé  et  l'orge^  mais  supérieur  pour 
l'avoine.  Comparant  ces  rendements  avec  ceux  qui  sont  obtenus  en 
France,  M.  Barrai  fait  ressortir  combien  l'agriculture  anglaise  est, 
sous  ce  rapport,  supérieure  à  l'agriculture  française.  Une  des  princi- 
pales causes  de  cette  supérioiité  est  dans  Temploi  des  semoirs,  qui 
est  presque  général  en  Angleterre,  tandis  qu'il  constitue  encore  une 
exception  dans  les  fermes  françaises.  Ces  observations  sont  appuyées 
par  ^J.  Chatin  et  par  M.  Heuzé.  Celui-ci  fait  remarquer  que  les  semoirs 
peuvent  toutefois  être  difficilement  employés  dans  les  terrains  acci- 
dentés et  dans  les  terres  pierreuses.  M.  Chevreul  présente  quelques 
observations  relatives  à  l'épierrement;  dans  certaines  terres,  les  pierres 
sont  utiles  pour  conserver  l'humidité  du  sol.  M.  Gandin  et  M.  Pluchet 
font  ressortir  les  avantages  que  présente  l'épierrement,  non  seulement 
pour  débarrasser  les  champs  des  pierres,  mais  pour  permettre  de 
créer  des  chemins  empierrés. 

M.  des  Cars  présente  un  éclat  d'une  souche  d'arbre  détruite  par 
l'action  de  la  dynamite;  et  il  fait  connaître  les  excellents  résultats 
qu'il  a  récemment  obtenus  en  employant  la  dynamite  pour  abattre 
des  arbres  sur  pied  détruits  par  le  froid. 

M.  Bouquet  de  la  Grye  annonce  la  mort  de  M.  de  Chaudesaigues  de 
Tarrieux,  correspondant  de  la  Société,  agriculteur  dans  le  départe- 
ment du  Puy-de-Dôme. 

M.  Barrai  fait  une  communication  sur  la  publication  faite  par  le 
ministère  des  fmances  sur  les  résultats  des  vendanges  et  de  la  pro- 
duction du  cidre  en  1882.  Les  documents  analysés  sont  reproduits 
dans  la  chronique  de  ce  numéro.  M.  Chatin  exprime  le  désir  que 
l'administration  des  finances  sépare,  dans  ses  publications,  la  pro- 
duction des  poirés  de  celle  des  cidres.  M.  Prillieux  insiste  sur  l'in- 
fluence du  mildew  dans  la  diminution  de  la  récolte  des  vignes  en  !  882. 
Enfin  M.  Boussingault  .présente  quelques  observations  sur  la  valeur 
comparée  des  vins  de  raisins  secs  et  des  vins  de  marc  ;  il  estime  que 
les  premiers  sont  bien  supérieurs  aux  seconds.  Henry  Sagmer. 

RE\UE  COMMERCIALE  ET  PRIX  CJURVNT  DES  DENRÉES  IGRICOLES 

(13  JANVIER   U83). 

I.  —  Situation  générale. 

Les  marchés  agricoles  ont  présenté  plus  d'activité  durant  cette  semaioe.  Pour 

la  plupart  des  denrées  agricoles,  les  ventes  sont  assez  faciles  dans  presque  toutes 

les  régions. 

II.  —  Les  grains  et  les  farines. 

Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal  métrique, 

sur  les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger  : 


REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX 


1"  REGION.  —  NORD. OUEST. 

Blé.  Seigle.  Orge. 

fr.  fr.  fr. 

Calvados.  Co'n dé 2i.O0  19  50  19  50 

—  Buyeiix 25.50  18.00  19.00 

Côi.-du-Nord.Vvnlvieax  '23bO  16.50  15.50 

—  Treguior..   22.75  19. LO  15. ->5 
Finis/èrc.  Morlaix 2i.25  »  l'i.^j 

—  L^nderneau. .  25.50  10.25  là.JO 
llle-el- Vilaine.  Hennés.  2i.50  »  Ki.oo 

—  Redon..  25.00  17  oo  » 
Manches.  Avranches...  21;. 75  »  19.25 

—  Pontorson...     26.50  »  18.50 

—  Villedieu 20.75  18.50  IS  25 

Mayenne.  LsiVn) 24.50  »  1625 

—  Chàteaii-Gontier.   25  00  17.00  17. 5j 
Morbihan.  Hennebont..  28.00  17.00  » 
Orne.  Séaz 2'i.75  !7.00  18.75 

—  Vmioutiers 26  80  19. Oj  20.00 

SaHhe.  Le  Mans 25.75  15.50  16. 00 

—  Sablé 25.  SO  ».  16.30 

Pri.x  moyens 25.41  17.50  17.21 

2"  RÉGION.   —  NORD. 

.4isne.  Soissons 24.00  15.85  » 

—  Saint-Quentin    ..   25.00  16.00  » 

—  Châteaa-Thieiry.   23.00  15.00  » 
Eure.  Barna.-' 25.(0  14.00  20.00 

—  Conciles  .........  24.00  14.25  » 

—  Les  Andelys 22  50  14  25  17.51 

Eure-et-Loir.  Cha.rtves..  23.50  14  25  16. 50 

—  Anneau 23  00  14-00  18.70 

—  Chateaudun 24  50  15.25  19.00 

Nord.  Cambrai 20.50  15.50  » 

—  Diinkerque 26.00  18.15  21;DÛ 

—  Valencii-nnes. ...  27.50  iG.OO  20.00 
Oisê.  Beauvais 23.50  15.00  19.50 

—  Compiègne 22.50  15.50  » 

—  Noyon 24.50  I4.s0  » 

Pas-de-Calais.  AiTSiS...  27.00  16.50  19.00 

—  Doullens 25.85  16.25  19.25 

Seine.  Paris 25.50  15.85  19.20 

S.-et-Mar  Dammarlin. . .  2>.50  14  50  18  50 

—  Nemours 23.25  16.50  17.00 

—  Provins 24.50  16.00  19.00 

S.-cZ-Oise.  Etampes 24.50  15.75  17.40 

—  Pontoise 24.00  16.00  18.00 

—  Versailles 23.00  15.40  18.50 

Seine-Zn/ecietire. Rouen.  24  25  .14.15  18.75 

—  Dieppe 2'. 00  14.50  19.00 

—  Fécamp 22.75  14.75  » 

Somme,  .\miens 24.00  14.20  19.00 

—  Alb.^rt 25.00  15.00  18.00 

—  Roye 24.50  14.50  « 

Prix  moyens 24.2'i  15.22  18.68 

3'  RCGION.  —  NOHD-ESr. 

^>'den)ies.  Charleville...  25.00  16.25  20.00 

—  Sedan 23.40  16.50  13.50 

Aube.  Troyes 24.00  15.75  17.50 

—  Bar-sur-Aube 22  75  14  50  17.50 

—  Nogent-sur-Seine.  24.00  15.00  19.00 
JV/arnc.  Cliàlons 23.75  16  15  13.20 

—  E  >•     1    V 24.50  15.50  18.' 0 

—  1  :■    i> 24.00  i5.75  18.50 

Ilte-Mi  :\  e.  ■  o''    lonne..  22.25  »  » 

MeurUiD-r  -,.  0  .  Tancy.  23  50  16.00  16.50 

—  J.ii  CV'  e 23.50  16.00  17  00 

—  Toui 23.50  »  16.00 

Meuse.  Bar-le-Duc 22.75  16.00  17  00 

—  Verdun 23.50  15.25  17.00 

Haute-Saône.  Grdy 22.50  »  » 

Vosges.  Neufchâteau 23.00  16.00  17.25 

"     Epinal 2'i.oo  10.50  » 

—  Mirecourt 23.25  »  » 

Prix  moyens 23.51  15.87  17.71 

'4°   RÉGION.  —  OUEST. 

C/trtren/e.  Angoulême...  26.50  18.00  20.00 

—  Ruffec 26.00  18.00  » 

Char.-Infér.  Marans....  24.00  »  17.00 

Deux-Scvres.  Nïorl 24.50  »  17.50 

Indre-et-Loire.  Blévé 24.50  14.50  20.00 

—  Château-Renault.  25.00  15.00  18. 50 

Loire-lnf.  Nantes 25.50  15.75  19  25 

M.-et-Loire.  Saumur...  25  75  15  50  19.00 

—  Angers 25.00  15.00  18.20 

Fendes.  Luçon 25.20  »  19.50 

—  Fonlenay-le-Cte...  24.50  »  17.75 
Fienne.  Poitiers 25.75  »  19.25 

—  Loudun 26.00  15.75  18.50 

Haute-Vienne..  Limoges.  26.25  16.50  19  00 

Prix  moyens 25.32  ie.oo  18.72 


17.75 
17.00 
15.75 
18.25 
16.50 
17.25 
17.00 
17.50 
17.25 
16.00 
19.00 
17.25 
17.50 
18.00 
16.25 
16.70 
16.00 
18.00 
17.00 
17.00 
18.25 
17.25 
16.50 
17.50 
19.50 
15.50 
18.00 
18.75 
15.70 


18.50 
17.50 
16.50 
18.00 
18.25 
17.25 
17.00 
17.50 
14  50 
16.50 
15.25 
15.75 
17.25 
16.50 
15.50 
13.25 
15.50 
15.00 

16.58 


20.50 
18.25 
16.50 
18.00 
17.  0 
17.25 
17  40 
17.00 
17.80 
17.50 
17.25 
16.50 
16.80 
18.25 

17.57 


COURANT   (13  JANVIER   1883). 

5*  nÉGiON.  —  CENTRE. 

Blé.  Seigle.  Orje. 

,,,.                                       fr.  fr.  fr 

/IHiec    Montluçon 24.25  16.50  isioo 

—  dannat 24.50        »  20.00 

—  Samt-Pourçain...  25.00  17.(0  18  00 
C/iec.  Bourges 53.25  14  oo  18  25 

—  '■.'■aS'y 24.50  15.50  19.25 

—  vierzon 25.20  15.00  ly.oo 

G('(^!(se.  Aubusson 27.00  17.25  » 

/nd/'e.  Chàteauroux 2i.00  li'ao  18  25 

—  Issoudun 24.25  14^50  19'20 

—  La  Gliàlre 24.50  15.25  19.25 

Loiret.  Orh^ns 23  50  15.25  17.00 

—  Montargis 23.00  14.25  17.50 

",,!;"="••;•.• 2J.20  15  50  19  40 

L. -et-C her. -Blois........  'i'i.bO  14.70  20.00 

—  Montoire 24.   0  14.75  18.75 

Nièvre.  Nev&TS 23.00         »  » 

—  La  Charité oj.oo  14.50  » 

tonne.  Brienon 24,00  15  75  16.40 

—  St-Florentin 24.00  13.50  16.50 

—  Sens 24.00  14.50  « 

Prix  moyens 24  23  15.12  P7^" 

6°  RÉGION.  —  EST. 

Ain.  Dourg 25.00        »  „ 

—  Pont-de-Vaux 24.25        »  » 

Côle-d'Or.  Diion 23. 00  15.50  17.00 

-.    ï^^aune 23.25         «  16. .0 

UoMOs.  Besançon 2>.50        »  » 

/sèce.  Vienne ...24  50        »  17  oO 

—  BourgoMi 24.00  14.25  16.50 

Jura..hi,l6.    22.00  15.25  17.00 

Loire.   Montbrison 24.00  15.50  17  00 

P.-de-Dome.  Cl.-Ferrand  25.50  16  75  13  75 

Rhône.  Lyon 24.25  15  00  » 

âao;ie-e<-Z,oi;'e.  Au  tua  ..  25.50  15.50  » 

^,~".*^^V°" 25.00  15.50  19.00 

batjoie.  Chambéry 25.50  16.25  » 

Hle-Savoie.  Annecy 25.80        »'  » 

Prix  moyens 24.07  15  50  TTToD 

7°  RÉGION.  —  SUD-OUEST. 

Aricge.  Pamiers 27  00  16.50  » 

—  Foix 26  50  13.00  » 

Vordogne.  Bergerac 27.00  18.70  18.50 

Hle-Garoane.  Toulouse.  26.80  17.20  18  75 

—  St-Gaudens 27. 00  17.'50  n.'so 

Gers.  Condom 26.00        »  » 

—  Eauze  25.85         »  » 

—  Mirande 26  00        »  » 

Giconde.  Bordeaux 27.00        »  » 

—  Bazas 26.50  19.00  » 

Landes.  Dax 27.20  18.50  » 

Lo/-c -Goronne.  Agen...  26  50  19.00  18.00 

—  Nérac 26.25  18.75  » 

B.-Pyrénées.  Rayonne..   27.00  18  50  18.25 

Htes-Pijrénées.  Tarbes..   27.50  18.00  •   » 

Prix  moyens 26.67  18. 15  18.26 

8°   RÉGION.  —  SUD. 

.'liide.  Carcassonne 23.25  17.20  20.50 

—  Castelnaudary.. . .  28.00        »  19.25 

Aveyron.  Rodez 26.50  19.80  '»' 

Canto(.  Mauriac 26.00  23.60  » 

Corrèse.  Luberzac 26.50  18.00  18.25 

i/6?'aui«.  Montpellier. .. .  27.00        »  17.75 

—  Cette 27.25        »  i8!oo 

Lot.  Cahors 26.50  .  17.25  17.  S5 

Z-ozèi-e.  Wende 27.00  17.50  17.80 

P.i/réjiees-Or. Perpignan.  31.25  22.60  20.00 

Tarn.  Albi 27.00        »  » 

ïarn-e;-Ga/'.  Montaunan  26.50  18.25  19.50 

Prix  moyens 27.31  19.30  ls.77 

9°  RÉGION.  —  SUD-EST. 

Basses-Alpes.  Manosque  28.10        »  » 

Hautes-Alpes.  Briançon.  27.20  17.50  » 

Alpes-Mariti)ncs. Ccinnes  27.50  18.OO  18.25 

.4rdcc/ie.  Privas 26.80  20.10  ls!oO 

B.-du-Rhône.  Arles 27.00        »  17.75 

Drôme.  Romans 24.50  16.50  » 

Gard.  Nîmes 28.00        »  16.50 

//ai(/e-Lor>e.  Brioude.. .  24.75  18.50  20.00 

Far.  Draguignan 27.00  19.00  » 

Fa«ci«se.  Avignon 26.50        »  16  25 

Prix  moyens 26.73  18.27  17.79 

Moy.  de  toute  la  France  25.28  16.78  18.08 

—  de  la  semaine  précéd.  25.27  16.78  17.87 

Sur  la  semaineJHausse.    0.01        »  0.21 

précédente,  .j Baisse..      »           »  » 


75 


Avoine. 

fr. 

17  50 

16.25 

17.00 

17.50 

16.20 

17.00 

16.80 

16-50 

15.75 

17.00 

18.25 

18.50 

17.00 

18.75 

17.00 

16   50 

16.75 

18.50 

17.50 

17.09 

.16 

18.00 

» 
15.50 
16.25 
16.25 
17.50 
17.25 
16.00 
16.50 
18.25 
«8.25 
16.00 
17.25 
17.75 
17.25 

17.00 

20.50 
19.25 

19.50 
19.00 
20.50 
19.75 
19.00 
18.75 
21.00 

18.25 
19.50 
18.70 
19  00 

19.44 


21.50 
19.70 
20.75 
21.50 
18.50 
19.00 
19.50 
18.25 
17.75 
27.75 
17.50 
20.00 

20  33 


21.50 
18.75 
18.00 
19.80 
18.25 
17.50 
18.75 
15.75 
18.50 
18.75 

18.56 

18  03 
18.03 


76  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT 

Blé.  Seigle.  Orge.  Avoine, 

fr.                fr.  (r.  fr. 
,,    ,  .                         ,,       (  blé  fendre...         27. .oO 

Algérie.                    Alg^'l  blé  dur 26.n0            >.  16. hO  1^3.2.5 

Angleterre.               Londres 26.00            »  18. .M)  2(i.25 

Belgique.                  Anvers 24.2.Ô  17.75  17.50  18  00 

_                          Bruxelles 24.00  16.25  »  17.25 

—  Liù2;e 22.75  17.00  20.50  17.:)0 

—  '           Nainur 23.50  ](j.00  20  00  15.00 

Pays-Bas.                Anislerdam 23.65  17.30            »                » 

Luxembourg.           LuxeiDboiirg 23.50  18  00             »  17.00 

Alsace-Lorraine.     Strasbourg 25  50  18  25  18.25  17.75 

—  Colmar 25.20         18.00         18.50         IH.OO 

_  Mulhouse 23^0         17.0:)         17  75         18.50 

Allemagne.  beilm 22.75        17.1 0 

—  Cologne 23.75         18.75 

—  Hambourg 21.75  15.85            »  » 

Suisse.                      Genève 27  (  0  »                 »  19 .  .50 

Italie.                         Turin 25.00  18'.50            »  18.25 

Espagne.                   Vnlladolid 25.. 50  »                 «  « 

Autriche.                   Vienne ...  20.80  15.25  16.50  13.75 

Hongrie.                   liudapesih 20.75  15.00  17.20  13.50 

Russie.  Sainl-Pétersbourg..  20.75  14.50             »  12.25 

Etats-Unis.              New-York 21 .  90  »                »  » 

Blés.  — Le  temps  continue  àê!re  tout  à  fait  défavorable,  d'une  part  aux  travaux 
de  culluie,  d'autre  part  aux  blés  qui  sont  enterre.  Les  appréhensions  des  cultiva- 
teurs pour  l'avenir  de  la  nouvelle  récolte  sont  très  grandes.  Sans  doule,  il  serait 
prématuré  de  se  préoccuper  outré  masure;  mais  il  n'en  est  pas  moins  certain  que 
les  étendues  cultivées  en  blé  sont  forcément  moins  considérables  que  dans  les 
années  ordinaires.  C'est  un  fait  contre  le(|uel  il  n'y  a  pas  à  protester,  et  qui  doit 
donner  à  lélléchir  à  ceux  qui,  malgré  tout,  essaient  de  pousser  à  la  baisse  des 
cours.  Du  l'""  août  au  6  janvier,  les  expéditions  d'Araérirjue  ont  été,  pour  le  blé, 
de  24  millions  d'hectolitres,  contre  19  millions  pendant  la  période  correspondante 
de  1881.  A  la  halle  de  Paris,  les  affaires  sont  toujours  très  calmes,  et  les  prix  se 
soutiennent.  On  cote  de  24  fr.  50  à  26  fr.  50  par  100  kilog.  suivant  les  qualités, 
comme  le  nieicredi  précédent.  Au  marché  des  blés  à  livrer,  on  payait  le  10  jan- 
vier :  courant  du  mois,  26  fr.  25;  février,  26  fr.  25  à  26  fr.  50;  mars-avril,  26  fr.  25 
à  2o  fr.  50  ;  quatre  mois  de  mars,  26  fr.  50  à  26  fr.  75  ;  quatre  mois  de  mai,  27  (r, 
—  Au  Havre.,  les  prix  des  blés  d'Amérique  sont  tenus  avec  plus  de  fermeté;  on 
les  paye  de  2G  à  '27  fr.  par  100  kilog.  suivant  les  sortes.  —  A  Marsdlle,  les  affaires 
ont  été  peu  actives  depuis  huit  jours;  mais  les  prix  se  maintiennent  avec  beaucoup 
de  fermeté  pour  les  diverses  catégories  de  bîcs.  Les  arrivages  de  la  semaine  ont 
été  de  195,100  quintaux;  le  stock  est  actuelle, nent,  de  99,000  quiniaux  dans  les 
docks.  Au  dernier  marché,  on  payait  par  lûO  kilog.  :  Red-winter,  27  fr.  à 
27  fr.  50;  Burgas,  23  fr.  50  à  24  fr.;  Danube,  -  1  fr.  25  à  22  fr.  rO;  Pologne, 
25  fr.  50  à  26  fr.  —  A  Larcins^  les  iinpotlations  de  blés  étrangers  ont  été  de 
141,000  quintaux  depuis  huit  jours;  le  marché  est  peu  actif,  mais  les  pnx  sont 
bien  tenus.  Ou  cote  de  24  fr.  45  à  26  fr.  80  par  100  kilog.  suivant  les  qualités  et 
les  provenances. 

Fdfities.  —  Les  prix  sont  toujours  sans  changements  pour  les  diverses  sortes 
de  farines,  les  ventes  sont  d'ailleurs  peu  importantes.  Pour  les  Dirines  de  consom- 
mation, on  cotait  à  la  halle  de  Paiis,  le  mercredi  10  janvier  :  marque  de  Goibeil, 
61  fr.;  marques  de  choix,  61  à  64  fr  ;  bonnes  marques,  59à60  fr.;  sortes  ordinaires, 

56  à  57  fr.;  le  tout  par  s-ac  de  159  kilog.,  to''e  à  rendre,  ou  157  kilog.  nei,  ce  qui. 
correspond  aux  prix   extrêmes  de  35  i'r.   t.5  à   40   fr.   75  [)ar  100   kilog.,   ou    en 
moyenne  38  fr.  20;   avec  une  baisse   de  30  centimes  depuis  huit  jours.  —  En 
ce  qui  concerne  les  farines  de  Sfiéculation,  on  cotait  à  Paris,  le  mercredi  10  janvier 
farines  neuf -marques  ^  courant  du  mois,  57  fr.  75;  féviier,  57  fr.  75;  mars  et  avril, 

57  fr.  75  à  58  fr.  ;  quatre  mois  de  mars,  58  fr.  à  58  fr.  75;  quatre  mois  de 
mai,  5J  à  59  fr.  25;  le  tout  p-^r  sac  de  159  kilog.  toile  perdue  ou  157  kilog.  net.  — 
Les  farints  de  gruaux  valent,  comme  précédemment,  47  à  58  fr.  par  I  00  kilog.  ; 
les  farines  deuxièmes,  26  à  33  fr. 

Seigles.  —  Peu  d'affaires  et  mêmes  cours  que  précédemment.  On  paye  à  lahalle 
de  Paris,  15  fr.  75  à  16  fr.  par  100  kilog.  Les  farines  de  seigle  sont  vendues  aux  prix 
de  24  à  26  fr.  par  quintal  métrique. 

Orges.  — Les  offres  sont  rares,  et  les  prix  accusent  beaucoup  de  fermeté.  On 
paye  à  la  halle  de  Paris,  18  fr.  50  à  20  fr.  25  par  100  suivant  les  sortes.  Les 
escourgeons  valent  de  17  fr.  50  à  18  fr.  —  A  Londres,  les  importatic|ns  d'orges 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (13  JANVIER    1883)  77 

étrangères  ont  été  de  47,000  quintaux  depuis  huit  jouis;  on  paye  do  17  fr.  80  à 
20  fr.  50  par  100  kilog.  suivant,  les  sottes. 

Mali.  '--  Les  ventes  sont  calmes  On  paye  à  la  halle  de  Paris  24  à  32  fr.  par 
100  kilog    pour  les  malts  d'orge  ;  ceux  d'encourgeon,  valent  27  à  30  fr. 

Avoirit:s.  —  Les  offres  sont  lares,  et  les  prix  se  maintiennent  avec  fermeté  à  la 
halle  de  Paris.  Les  avoines  valent  de  17  à  i9  fr.  par  100  kilog  ,  suivant  poids, 
couleur  et  qualité.  —  A  Londres,  les  importations  d'avoines  étrangères  ont  été, 
durant  la  semaine  dernière,  de  107,000  quintaux  métriques.  Les  prix  accusent 
beaucou[)  de  hausse;  ou  cote  de  18  fr.  30  à  21  fr.  50  par  100  kilog.  suivant 
les  sortes. 

Sarrasin.  —  Les  ventes  sont  toujours  très  calmes.  On  paye  à  la  halle  de  Paris, 
16  fr   à  16  fr.  25  [lar  100  kilog.,,  suivant  les  qualités. 

Mais.  —  Il  y  a  toujours  une  grande  fermeté  dans  les  prix.  Les  maïs  d'Amé- 
rique valent,  au  Havre,  18  à  19  fr.  par  quintal  métrique. 

Iss'ies.  —  Alèiues  cours  que  précéderament.  On  cote  par  100  kilog.  à  la  halle 
de  Paris  :  gros  son  seul,  13  fr.  "-b  à  \k  fr.  ;  sou  trois  cases,  12  fr.  75  à  13  fr.  ; 
sons  lins,  12  ir.  à  12  fr.  50;  recoupettes,  12  fr.  50  à  13  Ir.  ;  reraoulages  6is,  15  à 
16  Ir.  ;  reraoulages  blancs,  17  à  18  fr. 

m.  — Fourrages,  graines  fourragères. 

Fourrages.  —  Les  affaires  sont  actives,  et  les  prix  accusent  beaucoup  de  fer- 
meté. On  j)aye  à  Paiis,  par  1000  kilog.  foin,  110  à  13  J  fr.  ;  luzerne,  112  à 
132  fr.;  paille  de  blé,  60  à  70  fr.  ;  paille  d'avoine,  56  à  62  fr. 

Graints  Ivurraqètes.  —  Vente  adive  pour  toutes  les  sortes.  On  cote  à  Paris  par 
100  kilog.  :  trèlie  violet,  140  à  180  ir.  ;  trèfle  blanc,  180  à  230  fr.  ;  luzerne  de 
Provence,  150  à  170  fr.  ;  de  Poitou,  125  à  135  fr.  ;  d'Italie,  135  à  150  fr,; 
minette,  60  à  75  fr.  ;  ray-grass  anglais,  60  à  65  fr.  ;  d'Italie,  68  à  70  fr.  :  vesces, 
25  à  26  fr. 

IV.  —  Fruits  et  légumes  frais. 

Fruits.  —  Dernier  cours  de  k  halle  :  poires,  le  cent,  5  fr.  à  90  fr.,  le  kilog., 
0  fr.   30  à   0   fr,   LO;   pommes,   le   cent,  3  fr.  à  100   fr.  ;    le   kilog.,   0    fr.  20  à 

0  fr.  45;  raisins  communs,  le  kilog.,    1   fr.  50  à  7   fr. 

Gros  légumes.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  betteraves,  la  manne,  0  fr.  30  à 

1  fr.  30;  carottes  communes, les  luo  botte.s,  lo  k  25  fr.  ;  d'hiver,  Tliectolitre,  3  fr.  à 
5fr.;  de  chevaux,  les  100  bottes,  13  à  18  fr.;  choux  communs,  lecent,  5à  15  fr.; 
navets  communs,  les  100  bottes,  15  à  25  tr.;  de  Freneuse,  25  à35  fr.  l'hectolifre, 
3  fr.  à  4  fr.  ;  oignons  en  grain,  l'hectoUtre,  9  à  13  fr.  ;  panais  communs,  les 
100  bottes,  10  à  12  fr.;  poireaux  communs,  les  10  i  boites,    i  5  à  30  l'r. 

Pommes  de  terre.  —  Hollande  communes,  l'hectolitre,  10  à  12  fr.;  le  quintal 
14  fr.  28  à  17  fr.  14;  jaunes  communes,  l'hectolitre,  8  à  10  fr.  ;  le  quintal, 
11  ir.  42  à  14  fr.  28. 

V.  —  Vins,  spiritueux,  vinaigres,  cidres. 

Vins.  —  Dans  un  grand  nombre  de  centres  vilicoles,  les  affaires  ont  repris, 
depuis  quelques  jours,  une  plus  grande  activité.  Les  ventes  des  vins  nouveaux 
se  tout  sur  une  plus  vaste  échelle.  D  une  manière  générale,  les  prix  des  bonnes 
qualités  se  maintiennent  avec  bî'aucoup  lie  ieimete;  il  y  a  un  peu  de  baisse  sur 
ceux  de  (jualite  inférieure,  et  prmcipalement  sur  les  petits  vins.  Mais  ce  que  nous 
avons  dit  se  confirme  de  plus  en  plus,  c'est  que  les  vins  nouveaux  sont  loin  de 
mériter,  daris  leur  ensemble,  la  mauvaise  réputation  qu'on  a  voulu  leur  faire  après 
la  vendange;  beaucoup  se  boi^t  améliorés  et  s'améliorent  encore  d'une  manière 
certaine  dans  un  grande  nomjjre  de  chais.  Il  n'y  a  donc  rien  que  de  naturel  dans 
le  maintien  des  prix  que  nous  avons  à  signaler  actuellement.  —  Dans  notre  der- 
nière revue,  nous  avons  indiqué  les  prix  officiels  payés  actuellement  à  Bercy.  "Voici 
quelques  cours  :  à  Lézignan  [Audej,  on  cote  par  hectolitre  :  Aramon,  25  à  26  fr. 
petits  Montagne,  30  à  o2  fr.;  Montagnes  ordinaires,  33  à  35  fr.,  Narbonne  pre- 
mier choix,  37  à  45  fr.;  —  dans  le  Koussillon,  les  vins  supérieurs  valent  ^7  à  48  fr.; 
les  ordinaires,  3  à  43  fr.;  les  petits  vins,  2/  à  30  fr.;  —  dans  les  Gharentes,  les 
bons  crus  ordinaires  valent  90  à  lOu  fr.  la  pièce  de  230  litres;  les  vins  blancs 
pour  la  chaudière,  45  à  50  fr.;  —  en  Sologne,  les  vins  blancs  nouveaux  sont 
cotés  50  à  65  fr.  la  pièce;  les  gamays,  65  à  70  fr.;  bs  gros  noirs,  105  à  120  fr.; 
—  les  vins  du  Cher  valent  100  à  110  fr,  la  j)ièce  suivant  la  qualité.  —  Dans  les 
vignes,  on  travaille  activement  à  la  taille;  malgré  le  mauvais  temps  qui  continue  à 
régner  d'une  macière  presque  générale,  le  bois  est  généralement  bien  mûri. 


78  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT. 

Spiritueux.  —  Les  transactions  présentent  toujours  le  plus  grand  calme  quels 
que  soient  les  marchés,  aussi  bien  clans  le  Midi  qiie  dans  le  Nord,  et  nous  n'avons 
pas  de  changements  importants  à  signaler  dans  les  cours.  Les  prix  sont  presque 
partout  les  mêmes  que  la  semaine  précédente.  Dans  le  Midi,  on  cote  par  hecto- 
litre :  Cette,  3/d  bon  goût,  105  fr.;  Montpellier,  3/6  bon  goût,  96  fr.;  marc,  90  fr.; 
Bèziers,  3/6  bon  goût,  103  fr.;  marc,  95  fr.;  —  à  Cognac,  les  prix  sont  actuelle- 
ment de  220  à  240  fr,  par  hectolitre,  en  produits  des  récoltes  1875  à  1878;  les 
demandes  de  la  consommation  sont  peu  actives.  —  A  Lille,  le  3/6  betteraves  est 
coté  48  fr.  par  hectolitre.  A  Paris,  on  paye  :  janvier,  51  fr.  à  51  fr.  25  ;  février, 
51  fr.  75  à  52  fr.;  mars  et  avril,  52  fr.  50  à  52  fr.  75;  quatre  mois  de  mai,  54  fr. 
à  54  fr.  75.  Le  stock  était,  au  10  janvier,  de  17,075  pipes,  contre  12,500  à  la  même 
date  de  1882.  ' 

Bmshis  secs.  —  Les  prix  continuent  à  présenter  beaucoup  de  fermeté.  On  paye 
à  Marseille  par  100  kilog.  :  Gorinthe,  h9  fr.  50  à  52  fr.;  Thyras,  36  à  :^8  fr.; 
Vourlas  rouges,  39  à  42  fr.;  Beyrouth,  34  à  35  fr.;  Tripoli,  30  à  31  fr.;  Chypre, 
43  à  50  fr.;  Saraosnoirs,  40  à  4i  fr.;  blonds,  34  fr.  50  à  35  fr.;  Candie,  40  fr.  50 
à  45  fr.  '  '  ' 

Vinaigres.  —  Les  prix  sont  sans  changements,  avec  des  affaires  calmes,  à  Orléans. 

Tartres.  —  Les  cours  sont  à  Bordeaux  de  2  fr.  68  le  degré  pour  les  tartres,  et 
2  fr.  83  pour  les  cristaux.  Les  crèmes  de  tartre  valent  210  à  220  Ir.  par  ICO  kilog. 
suivant  les  qualités. 

VI.  —  Sucres.  —  Mélasses.  —  Fécules.  —  Glucoses.  —  Amidons.  —  Houblons. 

Sucres.  —  La  fermeté  relative  que  nous  signalions  la  semaine  dernière  s'est 
maintenue  sur  les  principaux  marchés.  On  paye  à  Paris  par  lOO  kilog.  :  sucres 
bruts  88  degrés  sacchariraétriques,  52  fr.  75  à  53  fr.;  les  99  degrés,  59  fr.  50; 
sucres  blancs  n^  3,  59  fr.  75.  Dans  le  Nord,  on  paye  suivant  les  marchés  :  à 
\alenciennes,  sucres  bruts,  51  fr. -75;  à  Lille,  5rfr.  50  ;  à  Saint-Quentin,  sucres 
bruts,  51  fr.  50  ;  sucres  blancs,  58  fr.  50  à  59  fr.  Le  stock  de  l'entrepôt  réel  des 
sucres  dtait,  au  10  janvier,  à  Paris,  de  754,000  sacs  pour  les  sucres  indigènes, 
avec  une  augmentation  de  41,000  sacs  depuis  huit  jours.  —  Pour  les  sucres 
raffinés,  les  prix  n'accusent  pas  de  changements;  on  les  cote  de  106  à  107  fr.  par 
100  kilog.  à  la  consommation,  et  64  fr.  75  à  67  fr.  25  pour  l'exportation.  Les 
transactions  sont  toujours  calmes  sur  les  sucres  coloniaux. 

Jfli'la'-^ses.  —  On  cote  à  Paris,  12  à  12  fr.  25  par  100  kilog.  pour  les  mélasses 
de  fabrique:  14  fr.  pour  celles  de  raffinerie. 

Fénilcs.^ — Les  prix  se  maintiennent.  On  cote  à  Paris,  40  à  41  fr.  par  100  kilog. 
pour  les  fécules  premières  du  rayon;  à  Compiègne,  39  fr.  pour  celles  de  l'Oise; 
à  Epinal,  42  fr.  pour  celles  des  Vosges. 

Glucoses.  —  Les  cours  sont  toujours  très  fermes.  On  paye  à  Paris  par  quintal 
rnétrique  :  sirop  premier  blanc  de  cristal,  56  à  57  fr.;  sirop  massé,  47  à  48  f r  ; 
sirop  liquide,  41  à  42  fr. 

Amidons-  —  Les  prix  se  maintiennent  sans  changements  importants  depuis  huit 
jours. 

Houblons.  —  Les  hauts  cours  sont  soutenus;  mais  il  y  a  peu  d'affaires,  princi- 
palement à  raison  de  la  rareté  des  offres  de  la  part  des  cultivateurs.  Dans  le  Nord, 
les  prix  se  maintiennent  de  775  à  800  fr.  par  100  kilog.;  à  Nancy,  les  cours 
varient  actuellement  de  840  à  1,000  fr.  11  en  est  de  même  en  Allemagne. 

VU.  —  Huiles  et  graines  oléagineuses,  tourteaux. 

Huiles.  —  Les  prix  accusent  un  peu  de  baisse  pour  les  diverses  sortes  d'huiles 
de  graines.  On  paye  à  Paris  par  100  kilog.  :  huiles  de  colza  en  tous  fûts, 
84  fr.  50;  en  tonnes,  86  fr.  50;  épurée  entonnes,  94  fr.  50;  huile  de  lin  en  tous 
fûts,  58  fr.  75;  en  tonnes,  60  fr.  75.  —  Sur  les  marchés  des  déporlenients,  on 
paye  les  huiles  de  colza  :  Rouen  84  fr.  25;  Caen,  80  fr.  50;  Lille,  77  fr.  50  ; 
Cambrai,  80  à  82  fr.  ;  et  pour  les  autres  sortes  :  Hn,  56  fr.  50;  œillette,  118  fr. 
—  Dans  le  Midi,  les  moulins  à  huile  fo-iclionnent  régulièrement  ;  en  Provence, 
les  huiles  nouvelles  d'olive  valeur  de  150  à  160  fr.  par  100  kilog. 

Graines  olénginevses.  —  Les  offres  sont  restreintes  sur  les  marchés  du  Nord, 
et  les  prix  se  maintiennent.  On  cote  à  Cambrai  par  hectolitre  :  œillette,  27  fr.  50 
à  28  Ir.  25  ;  colza,  24  à  25  fr  ;  lin,  18  à  20  fr.;  caraeline,  12  à  16  fr. 

Tourteaux.  —  Les  prix  sont  fermes  dans  le  Nord.  A  Marseille,  on  paye  par 
100  kilog.  :  tourteaux  de  lin,  17  fr.  ;  arachides  en  coques,  10  fr,  75  ;  décortiquées, 
14    fr.;    sésame  blanc,    15   fr.    25;   coprats,  14  fr.   25  ;  colza,    14    fr.;    œillette, 


DES  DENRÉES    AGRICOLES    (13    JANVIER    1883),  79 

13  fr,    25;    coton,    12   fr.    75;   palmiste    naturel,    11    fr,   75;  ricin,   12    fr,  75  ; 
ravison,  12  fr,  75, 
Engrais.  —  Les  nitrates  de  soude  valent,  à  Dunkerquc,  31  fr.  50  par  100  kilog. 

Ylll.  —  Matières  résineuses-,  colorantes,  tannantes. 

Matières  résineuses.  —Pas  de  changements  dans  les  prix.  On  paye  àDax,  86  fr. 
par  100  kilog.  pour  l'essence  pure  de  térébenUiine. 

VerJels.  —   On   cote    comme  précédemment  dans   le  Midi  130  à   140  fr.  par 
100  kilog.  pour  les  verdets  en  boules  ou  en  pains. 

Gautles.  — Maintien  du  prix  de   20   fr.   par  100  kilog.  dans  le  Languedoc. 

IX.  —  Textiles.  —  Bois. 

Chanvres.  —  Au  Mans,  les  chanvres  blancs  valent  68  à  78  fr.   par  100  kilog.; 
les  chanvres  gris  sont  cotés  de  56  à  66  i'r. 

lÂns.  —  A  Bergues,   les   lins  de  Picardie  valent  comme    précédemment   80 
à  85  fr.   par  100  kibg. 

X.  — Suifs  et  corps  gras. 

Suifs.  —  Les   prix  se  maintiennent  à  Paris,  101  fr,  par  100  kilog.   pour   les 
suifs  purs  de  l'abat  de  la  boucherie,  et  75  fr.  75  pour  les  suifs  en  branches. 

Saindoux.  —  Les  cours  varient  peu.  On  paye,  cette  semaine,  au  Havre,  136  à 
139  fr.  par  100  kilog.  jîour  les  saindoux  d'Amérique. 

XI.  —  Beurres.  —  Œufs.  —  Fromages. 
Beurres.  —  Il  a  été  vendu,  pendant  la  semaine,  à  la  halle  de  Paris,  160,379  kilog. 
de  beurres.  Au  dernier  jour,  on  cotait  par   kilog.  :   en  demi-kilog.,   2  fr.   20  à 
5  fr.  t  4;  petits  beurres,  1  fr.  20  à  3  fr.  56  ;  Gournay,  2  fr.  70  à  5  fr.  40;Isigny, 
2  fr.  70  à  8  fr.  20. 

OEufs.  —  Du  l"'  au  6  janvier,  on  a  vendu  à  Paris  4,087,670  œufs.  On  cote 
par  mille  :  chuix,  138  fr.  à  146  fr.;  ordinaires,  75  à  9ô  fr.;  petits,  48  à  66  fr. 
■  Fromages.  —  On  cote  à  la  halle  de  Paris  :  par  douzaine,  Brie,  11  fr.  à  35  fr.; 
Montlhéry,  15  fr.;  —  par  cent,  Livarot,  45  à  103  fr.;  Mont-Dor,  20  fr.  à  36  fr.; 
Neufchâtel,  3  fr.  à  21  fr.  divers,  7  à  69  fr.;  —  par  100  kilog..  Gruyère,  120 
à  170  fr. 

XII.  —  Chevaux,  bétail,  viande. 

Chevaux.  —  Aux  marchés  des  3  et  6  janvier,  à  Paris,  on  comptait  712  chevaux  ; 
sur  ce  nombre,  211  ont  été  vendus  comme  il  suit  : 


Amenés. 

Vendus. 

Pri.x  extiémes. 

Chevaux  de  cal)riotct 

207 

30 

200  à      825  fr. 

—         de  trait. 

...    .         179 

3i 

290  à  1,050 

—          liors  d'âge 

232 

58 
42 

52 

20  à      850 

—          à  1  enclière 

42 

35  à      285 

—         de  bouclicrie . .. 

52 

20  à         90 

BétaU.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  officiel  du  marché  aux 
bestiaux  de  la  Villette,  du  jeudi  4  au  mardi  9  janvier  : 

Poids      Prix  du  kilog.  de  viande  nette  sur 
Vendus  moyen  pied  au  marché  du  8  janvier. 

Pour  Pour  En          4  quartiers,  l"             2«             3<=  Prix 

Amenés.  Paris,  l'extérieur,  totalité.  kil.        quai.  quai.  quai.  moyen. 

Bœufs. 5,397  3,3''i4  1,918  5,262  343       1.78  l.r.O  1.40  1.59 

Vaches 1,522  930  568  1,498  210       1.65  1.44  1.2G  1.54 

Taureaux 234  189  44  233  384       1.50  1.35  1.26  1.38 

Veaux 2,948  1,982  863  2,845  75      2  40  2.24  2.04  5.15 

Moutons 36,340  29  538  6,374  35,912  20      2  24  2  08  1.90  2-01 

Porcs  gras 7,331  2,809  4,322  7,131  80       1.36  1.30  1.24  1.30 

—    maigres.             »  »  »  »  »>>>>»  » 

Quoique  les  approvisionnements  aient  été  sensiblement  plus  élevés  que  durant 
la  semaine  précédente,  les  ventes  ont  été  faciles  pour  toutes  les  catégories  d'ani- 
maux, et  les  cours  accusent  bcaucou))  de  fermeté  et  même  de  la  hausse,  principa- 
lement en  ce  qui  concerne  les  gros  animaux.  —  Sur  les  marchés  des  départe- 
ments, on  paye  :  Le  Mans,  vaches,  i  fr.  58  à  1  fr.  t8  par  kilog  de  viande  nette 
sur  pied;  veaux,  1  fr.  95  à  2  fr.  05;  moutons,  2  fr.  à  2  fr.  10;  —  Nantes,  bœuf, 

0  fr.  80  à  0  fr.  85  par  kilog.  brut;  veaux,  1   fr.   20  à  1  fr.  25;  moutoa,  1  Ir.  05  à 

1  fr.  10  ;  —  Orléans,  bœuf,'o  fr.  65  à  0  fr,  75  ;  vaches,  0  fr  63  à  0  fr.  72  ;  veaux, 
1  fr.  10  à  1  fr.  30;  moutons,  0  fr.  75  à  0  fr.  95;  — N<incy,  bœuf,  83  à  94  fr.  par 
100  kilog.  bruts;  vaches,  vO  à  88  fr.  ;  moutons,  95  à  105  fr.  ;  veaux  (poids  vif), 
58  à  65  ir.  ;  —  Dijon,  bœuf,  1  fr.  56  à  1  fr,  76  ;  taureaux,  1  fr.  30;  vaches,  1  fr.  14 


80  REVUE  COMMERCIALE  ET   PRIX  COURANT  (13  JANVIER  1883). 

à  1  fr.  68;  moutons,  1  fr.  80  à  2  fr.  10;  veaux  (poids  vivant),  1  fr.  10  à  1  fr.  22; 
porc,  0  fr.  96  à  1  fr.  08;  —  Nîmes,  bœuf,  1  fr.  15  à  1  fr.  47;  vaches,  0  fr.  90 
à  1  fr.  40  ;  moutons  français,  1  fr.  85  à  J  fr.  95  ;  brebis,  1  fr.  30  à  1  fr.  70  ; 
agneaux  de  lait,  1  fr.  07  à  1  fr.  15;  porc,  i  fr.  14  à  1  fr.  26;  —  Genève,  bœuf, 
1  fr.  58  à  1  fr.  80;  veau,  1  fr.  à  1  fr.  20;  mouton,  1  fr.  60  à  1  fr.  70;  porc, 
1  fr.  45  à  1  fr.  50. 

A  Londres,  les  importations  d'animaux  étrangers  durant  la  semaine  dernière 
se  sont  composées  de  1  bœuf,  67  veaux  et  667  moutons  venant  d'Amsterdam  ; 
478  moutons  d'Anvers;  85  bœufs  de  Boulogne;  1,997  moutons  de  Brème; 
228  bœufs  de  Gorunna;  400  moutons  d'Hambourg;  11  bœufs,  4  veaux  et 446  mou- 
tons  d'Hariingen, 

Viande  à  la  criée.  —  On  a  vendu  à  la  iialle  de  Paris,  du  1"  au  7  janvier  : 

Prix  du  kilog.  le  8  janvier. 


kilog. 
Bœuf  OU  vache...   108,0 'H 

Veau 1G2,US7 

Mouton 5^,906 

Porc 59,472 


l"  quai. 
1.6f)  à- 2.04 
2.06       2  40 
1.62      2.04 


Choix 
1.80  à  3.10 
1 .  80      'i .  70 
l.OG      2.14 


Basse  Boucherie. 
0.20  à  1.00 


T  quai.  3"  quai 

1.44  à  1.64  1.00  à  1.42 

1.84       2.04  1.50       1.82 

1.40       l.GO  0.96       1.38 

Porc  frais 1.20  à  1.40;    salé,     1,20 

445.(l'J3         Soit  par  jour 63,586  kilog. 

Les  ventes  ont  été  supérieures  de  1,300  kiiog.  par  jour  à  celles  de  !a  semaine 
précédente.  Les  prix  sont  en  hausse  pour  toutes  les  sortes. 

XlII. —  Cours  de  la  viande  à  Vabatloir  de  la  Villelte  du  11  janvier  (par  50  kilog.) 
Cours  de  la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  Villette  par  50  kilog.  :   j"  qualité, 
65  à  67  fr.  ;  2%  60  à  65  fr.  ;  poids  vifs,  45  à  50  fr. 


Bœufs 

Veaux. 

Mouton 

s. 

1° 

2° 

3" 

1" 

' 

2"                    3°                    I" 

2' 

■^ 

3° 

quai. 

quai. 

quai. 

q  al 

qnal.            quai.            quai 

quai. 

quai. 

fr. 

fr. 

fr. 

fr. 

fr.                fr.                 fr. 

fr. 

fr. 

80 

73 

65 

125 

115             100               100 

92 

85 

XIV.  — 

Marché  aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi  11  janvier  1883. 

Cours  des  commissionnaires 

Poids 

Cours  officiels. 

en 

b«sliaux. 

moyen 

.^--" 

— ~           ~          ~ .    ^ 

'-'            '  1 

-^  — 

-"             ~^ 

Animaux 

gênerai. 

1" 

1'        a"            Prix 

l"          V 

3" 

Fris 

uncnês. 

Invendus. 

kil. 

quai. 

quai.  quHl.     extrêmes. 

quai.  quai. 

quai. 

extrêmes. 

Bœufs 

2.97!) 

135 

3'i2 

t .  74 

1.56     ;.36     1.30ài.80 

I.7.'     1.54 

1 .  34 

1 . 28  à    .78 

Vaches 

7S6 

Ti 

230 

1.60 

1.40     1  22     1.16     1   64 

1.58     1.38 

1.20 

1.14     1   62 

Taureau.x. . . 

156 

13 

3.S4 

1.48 

1.32     1.22     1.18     1.50 

1   46     1.S6 

1  .20 

1.16     1.48 

Veaux 

(.312 

211 

75 

Î.34 

2.14     1.94     1.6.>     2.50 

»             » 

» 

» 

Moutons 

21.465 

59't 

21) 

2   18 

2  02      1    84     1.78     2  24 

»             » 

» 

» 

Porcs  [iras.. 

4  919 

15'i 

80 

1.34 

1.28     1.22     1.22     1.38 

»             » 

» 

» 

—  maigres. 

» 

» 

» 

» 

«               »             »          » 

»             » 

» 

» 

Vente  trè.* 

active  sur  toutes  les 

espèces. 

XV.  —  Résumé. 
Fermeté  dans  les  prix  des  céréales,  des  fourrages,  des  vins,  des  houblons,  de 
la  plupart  des  produits  animaux;  mais  il  y  a  faiblesse  dans  ceux  de  quebjues-uns 
des  produits  des  industries  agricoles.  A.  Remv. 

BULLETIN  FINANCIER 

Nos  fonds  pul)lics  conservent  leurs   cours  :  le  3    0/0  à  79,65,  gagne   0,5  ;  le 
5  0/0  à  11 5, lu  perd  0   20.  Bonne  tenue  des  Sociétés  de  crédit  :   laiblesse  à  nos 

chemins  de  fer. 

Coxirs  de  la  Bourse  du  3  au  10  janvier  1881  {au  comptant). 


Principales  valeurs  françaises  : 

Pins  Plus    Dernier 

bas.  haut,    cours. 

Rente  3  0/0 79.30  79  70       79.65 

Rente  3  o/o  amortis 80.15  80.75      80.65 

Rente  4    1(2   OJO 109'.00  109.50      109.25 

Rente  5  0/0 114  80  115.25     115.10 

Banque  de  France 5310  00  5370. oo  5370  oo 

Comptoir  descomple 998.70  looo.oo  looo.oo 

Société  générale 587.50  595.00     .soo.oo 

Crédit  foncier 1305.00  1 325.00  1320. oo 

Est Actions  .500     720.00  730.00     727.50 

Midi d°   1140  00  1177.50   1140.00 

Nord d"   1855.00  1910   00   l855  oo 

Orléans d"  1245.00  1260. ôo  1245  00 

Ouest d°     772.00  780.00     780.00 

paris-Lyon-Méditerranée  d°  1560.00  1580.00  1560.00 

Paris  1871  obi.  400  à  3  ofO.      389.00  400.00     389  00 

Italien  5  o|o 87.40  S9.6o  .  87.40 

Le  Gérant  :  A.  liOUCHE. 


Fonds  publics  et  emprunts  français  et 
étrangers  : 

Plus  Plus  Dernier 

bas.  haut.  cours. 

Obligations  du  Trésor            »  »                » 

remb.  à  5C0 '(  o/o.. .       508.00  509.50  509.50 

Consolidés  angl.  3  0/0       loi    1/16  101.7/8  101.7/8 

5  0/0  autrichien 6'.. 1/8  65.1/2  65.1/2 

4  0/0  belge Iu3  75  104.90  104.50 

6  0/0  égypiien 355.50  360  00  360.00 

3  0/0  espagnol,  e.\tL-r'.        27.1/4  27.1/2  27.1/4 

5  0/0  Honduras  obi.  300 
Taljncs  ital.,  obi.  300. 

6  0/0  péruvien »  »                » 

5  ■ /o  russe 89.00  89. i/'^  si'-"*' 

5    0/0  turc 11.70  12.00  11.70 

5  0/0  roumain 90.50  90.50  90.50 

Bordeaux,   100,  3  0/0.         97.50  S9.00  99.00 

Lille,  100,  3  0/0 loi.oo  104.01  104.00 


500.00   500.00   500.00 


LETEUlllER. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (20  janvier  i883).  i 

Les  concours  d'animaiiï  gras  départementaux  et  généraux.  —  Ljs  réunions  anfricoles  da  Paris.  — 
Etudes  à  faire  sur  les  réformes  et  les  progrès  à  réaliser.  —  Projet  de  loi  présenté  ju  Sénat  sur 
la  surveillance  des  étalons  employés  à  la  monte.  —  Le  transport  des  animaux  pour  les  concours 
à  prix  réduit.  —  Lettre  de  M.  le  marquis  de  Poncins.  —  Mesure  adoptée  par  l;i  (lompagnie  des 
chemins  de  fer  Paris-Lyon-Méditerranée.  —  Prochaine  réunion  de  la  Société  a  's  ngriculleurs  de 
France.  —  Réduction  do  prix  consentie  par  les  Compagnies  de  chemins  do  fer  en  faveur  des 
membres  de  la  Société.  —  La  production  des  sucres  indigènes  à  la  fin  do  décembre.  —  Arrêtés 
relatifs  à  la  fermeture  de  la  chasse.  —  Les  maladies  charbonneuses.  —  Recherches  de  M.  Jules 
Chambrelent  sur  la  transmission  du  virus  de  la  vigne  au  fœtus.  —  Li  surveillance  exercée  en 
Algérie  contre  le  phylloxéra.  —  Arrêt  du  tribunal  d'Oran.  —  Pulilk;  itions  nouvelles  de  M.  Pros- 
per  deLaflitc  et  de  M.Terrel  des  Chênes.  —  Lampélographie  ;Kuericaine  par  MM.  Foex  et  Viala. 

—  Concours  à  Beaune  pour  les  procé  lés  de  destruction  du  phyllexoi-a.  —  La  destruction  des 
moineaux  et  des  oiseaux  pillards. —  Arrêt  de  la  cour  de  Douai.  —  Résultats  du  concours  ouvert 
par  l'Académie  de  Metz  pour  l'architecture  rurale  —  La  population  rurale  en  France  d'après  le 
dénombrement  de  1881. —  Prochaine  réunion  des  fondateurs  du  .lonrnal  de  l'agricullure.  — 
Notes  de  MM.  Villiers  de  l'Isle-Adam,  Jacquot,  Garin,  Petit-Lafitte.  de  Bré^enaud  sur  l'état  des 
récoltes  dans  les  départements  de  la  Sarthe.  des  Vosges,  de  l'Ain,  de  la  Gironde  et  de  l'Ardèche. 

—  Le  blé  de  Noé  pour  les  semailles  de  printemps. 

I.  —  Les  solennilès  agricoles. 

Ainsi  que  cela  est  devenu  l'usage  à  l'approche  du  carnaval,  de  nom- 
breuses solennités  agricoles  sont  déjà  commencées  et  vont  se  continuer 
pendant  une  quinzaine  de  jours.  Oe  sont  d'abord  un  grand  nombre  de 
concours  d  animaux  qui  viennent  de  se  tenir  ou  qui  vont  être  tenus  à 
Bourges,  Nevers^  Limoges,  Bordeaux,  Angoulême,  Rouen,  Pau,  etc. 
Le  but  de  ces  concours  est  d'encourager  l'agriculture  à  produire  des 
animaux  susceptibles  de  ce  qu'on  appelle  une  très  grande  précocité  ou 
de  présenter  le  plus  complet  développement  de  toutes  les  parties  du 
corps  formées  de  viande  et  de  graisse.   D'excellents  résultats  ont  été 
obtenus  dans  cette  voie,  en  ce  sens  que,  pour  toutes  les  races,  pour 
ainsi  dire,  des  espèces  bovine,  ovine  et  porcine,  on  est  arrivé  à  créer 
des  familles  qui  produisent  plus  rapidement  une  plus  grande  quantité 
de  viande  qu'autrefois,  sans  compter  que  les  aptitudes  spéciales  de 
quelques  races  privilégiées  ont  été  mises  en  évidence.  Dans  l'élevage 
des  animaux  de  basse-cour,   des  succès  semblables  ont  été  obtenus. 
Au  concours  général  de  Paris  qui  couronne  en  quelque  sorte  les  solen- 
nités départementales,  à  côté  des  animaux  de  boucherie,  on  verra  des 
reproducteurs   mâles;  les  propriétaires  des  bonnes   étables  pourront 
montrer  à  la  fois  la  valeur  des  produits  obtenus  et  leurs    moyens 
d'action.  D'ailleurs,  le  concours  de  Paris  est  complété  par  les  produits 
animaux  et  végétaux  de  toutes  sortes  qui  en  font  une  exposition  du 
plus  haut   intérêt  au  point  de  vue  des  ressources  que  l'agriculture 
fournit  pour  la  nourriture  des  populations  pendant  les  mois  d'hiver. 
Les  beurres,  les  fromages,  les  fruits,  les  légumes  arrivent  en  foule,  en 
innombrables  variétés,  de  manière  à  mettre  en  évidence  le  don  que 
possède  exclusivement  la  France  de  produire  la  presque  totalité  des 
objets  employés  par  l'homme,  à  ce  point  qu'il  n'y  a  plus  guère  que 
deux  ou  trois  denrées  coloniales  que  ne  produise  pas  l'agriculture  con- 
tinentale ou  algérienne.  Les   solennités  de  Paris  sont  une  occasion, 
pour  un  grand  nombre  d'agriculteurs,  de  s'y  réunir.  Aussi  la  Société 
des  agriculteurs  a  décidé  que  sa  session  générale  de  1883  aurait  lieu 
du  29  janvier  au  G  février  ;  la  Société  d'encouragement  a  convoqué  un 
congrès  de  mécanique  agricole  qui  se  tiendra  du  25  au  27  janvier.  La 
session  annuelle  de  la  Commission  supérieure  du  phylloxéra  s'ouvre 
le  19  janvier.  Enfin,  beaucoup  d'agriculteurs  se  rendront  le  mercredi 
aux  séances  hebdomadaires  de  la  Société  nationale  d'agriculture.  Les 
progrès  à  espérer  ou  à  faire  pourront  être  discutés  avec  profit  dans 

N"  719.  —  Tome  V"  de  1883.  —  20  Janvier.] 


82  CHRONIQUE  AGRICOLE  (20  JANVIER  1883.). 

toutes  ces  circonstances.  Des  améliorations  pourront  être  préparées 
dans  le  domaine  économique;  il  en  est  besoin,  car  depuis  longtemps 
on  piétine  sur  place.  Beaucoup  de  projets  ont  été  mis  en  avant,  de 
nombreuses  promesses  ont  été  faites,  mais  les  années  succèdent  aux 
années  sans  qu'il  y  ait  accomplissement. 

IL  —  La  surveillance  des  étalons. 

Un  projet  de  loi  sur  la  surveillance  des  étalons  destinés  à  la  repro- 
duction vient  d'être  présenté  au  Sénat  par  M.  le  ministre  de  l'agricul- 
ture. Ce  projet  de  loi  peut  être  considéré  comme  une  conséquence  de 
la  loi  sur  la  police  sanitaire  des  animaux.  En  effet,  le  but  que  l'on  veut 
atteindre  est  d'éloigner  de  la  reproduction  les  étalons  atteints  de  deux 
maladies  transmissibles  nuisibles  à  un  bon  service  :  le  cornage  et  la 
fluxion  périodique  des  yeux.  Les  dispositions  du  projet  de  loi  portent 
que  tout  étalon  qui  n'est  ni  approuvé  ni  autorisé  par  l'administration 
des  haras  ne  peut  être  employé  à  la  monte  des  juments  appartenant  à 
d'autres  qu'à  son  propriétaire,  sans  être  muni  d'un  certificat  consta- 
tant qu'il  n'est  atteint  ni  de  cornage  ni  de  fluxion  périodique.  Ce  cer-  • 
tificat,  valable  pour  un  an,  serait  délivré  gratuitement,  après  examen 
de  Tétalon,  par  une  commission  composée  de  trois  membres  nommés 
par  le  ministre  de  l'agriculture.  En  cas  de  contravention,  le  proprié- 
taire de  l'étalon  serait  puni  d'une  amende  de  50  à  500  fr.,  qui  serait 
doublée  en  cas  de  récidive;  la  même  peine  pourrait  être  appliquée  au 
conducteur  de  l'étalon  non  muni  d'un  certificat,  et  aux  propriétaires 
qui  auraient  fait  ou  laissé  saillir  leurs  juments  par  cet  étalon. 
IIL  —  Sur  le  transport  des  animaux 

A  l'occasion  des  réductions  de  tarif  en  faveur  des  agriculteurs  qui 
envoient  des  animaux  au  concours  général  de  Paris  et  aux  autres 
concours,  notre  confrère  M.  le  marquis  de  Poncins  nous  envoie  la 
lettre  suivante  ; 

«  Monsieur  le  rédacteur  en  chef  et  cher  confrère,  je  viens  votis  prier  de  vouloir 
bien  publier  dans  le  procliain  numéro  de  votre  Journal^  l'avis  suivant,  qui  intéresse 
au  plus  haut  point  les  éleveurs  exposants  au  prochain  concours  général  de  Paris. 

«  Sur  l'initiative  de  M.  Jean  Gaudet,  dont  vous  avez  publié  la  requête  (numéro 
de  votre  Journal  du  16  décembre  dernier),  la  deuxième  section  de  la  Société  des 
agriculteurs  de  France,  que  j'ai  l'honneur  de  présider,  a  été  saisie  de  la  question 
d'obtenir  des  compagnies  de  chemins  de  fer,  une  réduction  de  tarif,  pour  les 
animaux  de  concours,  qui  portât  sur  les  tarifs  spéciaux  aussi  bien  que  sur  les 
tarifs  généraux.  , 

«  La  Compagnie  des  chemins  de  fer  Paris-Lyon-Méditerranée,  saisie  la  première 
de  notre  réclamation,  m'avise  aujourd'hui  même,  qu'elle  accepte  d'y  faire  droit, 
et  que  la  concession  demandée  sera  appliquée  dès  cette  année  aux  animaux  qui  se 
rendront  au  concours  général  de  Paris. 

«  Je  ne  doute  pas  que  les  autres  grandes  compagnies  feront  le  même  accueil  à 
nos  sollicitations,  dont  la  haute  utilité  ne  peut  échapper  au  bienveillant  intérêt 
qu'elles  portent  à  l'agriculture. 

«  A  mesure  que  je  recevrai  les  réponses  des  directeurs  généraux,  je  m'empres- 
serai  de  vous  en  aviser,  afin  que  le  public  soit  prévenu  dans  le  plus  bref  délai. 

a  Agréez,  etc.  Marquis  de  Poncins, 

Président  de  la  deuxième  section  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France, 
membre  de  la  Société  nationale. 

Voici  la  note  de  la  direction  de  la  Compagnie  des  cbemins  de  fer 
Paris-Lyon-Méditerranée,  dont  il  est  question  dans  la  lettre  qu'on 
vient  de  lire  : 

«  Je  suis  heureux  de  vous  annoncer  que  ma  Compagnie  prend  des  dispositions 
pour  faire   porter  désormais  sur  les  tarifs  spéciaux,  au  lieu  de  la  limiter  comme 


GHRONIOUE   AGRICOLE  (20    JANVIER    1883).  83 

jusqu'ici  aux  tarifs  généraux,  la  réductiou  du  50  poui-  100  applicable  aux  bestiaux 
expédiés  aux  concours. 

«  Cette  mesure  profitera  aux  animaux  destinés  au  concours  général  d'animaux 
reproducteurs  que  le  gouvernement  ouvrira  aux  Champs-Elysées,  le  23  courant, 
concours  dont  vous  m'avez  fait  l'honneur  de  m'entretenir  par  votre  lettre  du  16  dé- 
cembre dernier.  » 

En  accordant  la  réduction  de  transport  aussi  bien  pour  les  tarifs 
spéciaux  que  pour  les  tarifs  généraux,  les  Compagnies  des  chemins 
de  fer  prendront  une  mesure  extrêmement  utile  à  la  fois  pour  les  agri- 
culteurs et  pour  le  développement  des  solennités  agricoles. 

IV.  —  Société  des  agriculteurs  de  France. 

La  session  annuelle  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France  sera 
ouverte  le  lundi  "29  janvier,  à  une  heure  et  demie  à  l'Hôtel-Continental. 
Le  banquet  des  agriculteurs  se  fera  également  à  l'Hôtel-Continental. 
Au  début  de  la  session,  la  Société  des  agriculteurs  décernera  des  prix 
pour  les  animaux  reproducteurs  exposés  au  concours  qui  aura  lieu  au 
Palais  de  l'Industrie  du  27  au  31  janvier. 

Les  diverses  Compagnies  de  chemins  de  fer  viennent  d'accorder  aux 
membres  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France  qui  se  rendront  à 
Paris  pour  la  session  annuelle,  une  réduction  de  50  pour  1 00  sur  le  prix 
des  places. 

V.  —  La  production  des  sucres. 

Le  Journal  officiel  du  13  janvier  a  publié  le  tableau  de  la  production 
et  du  mouvement  des  sucres  indigènes  depuis  l'ouverture  de  la  cam- 
pagne jusqu'au  31  décembre.  De  ce  tableau,  il  ressort  qu'on  ne 
comptait,  à  cette  date,  que  180  fabriques,  dans  lesquelles  les  travaux 
de  défécation  étaient  terminés,  et  qu'on  en  comptait  encore  316  en 
pleine  activité.  Ce  fait  est  le  résultat  du  retard  qui  a  été  apporté  aux 
travaux  d'arrachage  et  de  transport  des  betteraves  par  les  mauvaises 
conditions  de  la  saison.  Néanmoins,  les  quantités  de  jus  déféqués 
s'élevaient  au  total  de  71,203,000  hectolitres,  avec  une  augmentation 
de  6,538,000  hectolitres  sur  les  résultats  de  la  campagne  précédente. 
Le  degré  moyen  du  jus  est  de  3.5.  Les  charges  exprimées  en  sucres 
raffinés  s'élèvent  à  312,052,000  kilog.,  contre  292,843,000  kilog.  au 
31  décembre  1881.  Il  restait  en  fabrique  63,829,000  kilog.  de  sucres 
achetés  et  47,396,000  kilog.  de  produits  en  cours  de  fabrication.  La 
campagne  actuelle  s'est  prolongée  dans  des  conditions  absolument 
défavorables  à  l'industrie  sucrière. 

VL  —  Fermeture  de  la  chasse. 

La  clôture  de  la  chasse  6^t  fixée  au  dimanche  21  janvier,  sauf  pour 
la  chasse  du  gibier  d'eau  et  de  la  bécasse,  et  pour  la  chasse  à  courre 
qui  pourront  s'exercer  jusqu'au  15  avril.  A  partir  du  22  janvier,  il  est 
interdit  de  mettre  en  vente,  de  vendre,  d'acheter,  de  transporter  et  de 
colporter  sous  les  peines  portées  par  la  loi  :  1"  du  gibier  de  toute 
espèce,  à  l'exception  toutefois  du  gibier  d'eau  et  de  la  bécasse,  dont  la 
vente  est  permise  jusqu'au  14  avril,  à  condition  que  ces  oiseaux 
seront  couverts  de  leurs. plumes;  2"  des  animaux  malfaisant»  ou  nui- 
sibles détruits  même  pendant  le  délai  de  prorogation  mentionné 
ci-dessus;  ceux  des  animaux  qui  ont  le  caractère  de  gibier  ne  pour- 
ront être  consommés  qu'au  domicile  des  chasseurs  ayant  pris  part  à 
la  chasse  ou  à  des   battues  régulièrement   organisées.   La  vente,   le 


84  CHRONIQUE  AGRICOLE  (20  JANVIER   1883). 

transport  et  le  colportage  des  sangliers  pourront  s'effecteur  pendant  la 
fermeture  de  la  chasse,  à  condition  que  chaque  envoi  sera  accom- 
pagné d'un  certificat  de  provenance  et  d'une  autorisation  de  transport. 

YII.  — \\Les  maladies  charbonneuses. 

Nous  avons  fait  successivement  connaître  les  phases  par  lesquelles 
est  passée  l'étude  des  maladies  virulentes  chez  les  animaux  domes- 
tiques et  des  moyens  de  les  prévenir.  Nous  devons  signaler  aujour- 
d'hui une  thèse  présentée  récemm.ent  à  la  P'aculté  de  médecine  de 
Bordeaux  par  M.  Jules  Chambrelent,  dans  laquelle  le  jeune  auteur 
s'occupe  spécialement  du  passage  des  éléments  figurés  à  travers  le 
placenta.  C'est  une  question  d'une  haute  importance  au  point  de  vue 
de  l'immunité  que  la  vaccination  préventive  opérée  sur  la  mère  pour- 
rait donner  au  fœtus.  Des  expériences  directes  faites  par  M.  Jules 
Chambrelent  avec  le  virus  du  choléra  des  poules,  il  résulte  que  les  élé- 
ments figurés  traversent  le  placenta  et  peuvent  se  retrouver  dans  le 
sang  des  fœtus  dont  les  mères  ont  été  inoculées  pendant  la  gestation. 
Ces  expériences  délicates  ont  faites  à  la  Faculté  des  sciences  de  Bor- 
deaux; leurs  résultats  sont  d'accord  avec  ceux  des  recherches  de 
MM.  Straus  et  Chamberland  que  nous  avons  précédemment  fait  con- 
naître. Des  études  intéressantes  ont  été  poursuivies  par  M,  Chambrelent 
sur  la  variole  fœtale;  mais  nous  n'avons  pas  à  nous  en  occuper  ici. 

YIII.  —  Le  phyUox(ra. 

Une  surveillance  active  est  exercée  dans  nos  ports  de  FAlgérie  pour 
mettre  la  colonie  à  l'abri  de  l'invasion  du  phylloxéra.  Nous  devons 
signaler  les  occasions  qui  se  présentent  de  faire  appliquer  la  loi  qui 
punit  les  tentatives  d'introduction  de  vignes.  Voici  un  exemple  de 
l'audace  avec  laquelle  certains  individus  essaient  de  déjouer  les 
mesures  de  précaution  qui  sont  prises.  Le  service  de  la  douane,  à 
Oran,  procédant  à  la  visite  d'un  navire  espagnol  venant  d'Alicante,  a 
saisi  deux  paquets  de  sarments  de  vignes,  renfermés  dans  une  pail- 
lasse appartenant  au  sieur  Vicente  Fernandez,  fermier  à  Tlemcen 
(Algérie).  La  douane  a  procédé  à  l'incinération  immédiate  de  ces  sar- 
ments, et  le  sieur  Fernandez,  poursuivi  pour  contravention  aux  pre- 
scriptions du  décret  du  24  juin  1879,  a  été  condamné  parle  tribunal 
correctionnel  d'Oran,  à  un  mois  de  prison  et  50  francs  d'amende.  Cette 
punition  rigoureuse  donnera  à  réfléchir  à  ceux  qui  auraient  envie  de 
faire  des  tentatives  semblables. 

Nous  avons  reçu,  depuis  quelques  jours,  plusieurs  publications  que 
nous  devons  signaler.  —  Tout  d'abord,  notre  excellent  collaborateur 
M.  Prosper  de  Lafitte  vient  de  réunir  sous  le  titre  Quatre  aîis  de  lutte 
pour  nos  vignes  et  nos  vins  de  France,  les  mémoires,  opuscules  et  articles 
qu'il  a  publiés  sur  cette  importante  question.  Cette  collection  forme 
un  fort  volume  (librairie  G.  Masson,  à  Paris;  prix  :  6  fr.)  divisé  en 
quatre  parties  :  mœurs  du  phylloxéra,  traitements,  vignes  américaines, 
documents  divers.  M.  de  Lafitte  compte,  comme  on  sait,  au  premier 
rang  des  plus  actifs  adversaires  du  phylloxéra.  —  Sous  le  titre 
Ampélographie  américaine,  M.  G.  Foex,  directeur  de  l'école  nationale 
d'agriculture  de  Montpellier,  et  M.  Pierre  Viala,  répétiteur  de  viticul- 
ture, commencent  la  publication  d'un  album  des  variétés  les  plus 
intéressantes  de  raisins  américains   cultivées  à  l'école  ;  les  photogra- 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (20  JANVIER   1883).  85 

phies  sont  exécutées  d  après  nature  par  \I.  [sard,  et  elles  sont  accom- 
pagnées d'un  texte  descriptif.  La  première  livraison  est  consacrée  au 
Black  July  et  au  Riparia  sauvage.  Cet  album  comprendra  80  à 
90  planches;  le  prfx  en  est  fixé  à  75  fr.  Les  souscriptions  doivent  être 
adressées  à  M.  Isard,  photograplie,  à  l'Ecole  nationale  d'agriculture 
de  Montpellier.  — •  Nous  devons  enfin  signaler  une  brochure  de 
M.  Terrel  des  Chênes,  intitulée  :  La  trilogie  du  phylloxéra.  Elle  com- 
prend trois  parties  :  la  vigne  en  chaintres,  résistances  de  la  vigne  au 
phylloxéra,  solution  financière  et  économique. 

IX.  —  Exposition  agricole  à  Beau>ie. 
Nous  avons  annoncé  que  la  Société  d'agriculture  et  d'industrie  agri- 
cole de  la  Cote-d'Or  organise  un  concours  départemental  qui  aura  lieu 
àBeauneen  1883.  Nous  recevons  de  la  commission  d'organisation  l'avis 
que  des  récompenses  importantes,  consistant  notamment  en  médailles 
d'or,  seront  attribuées  aux  divers  procédés  chimiques,  physiques  et 
mécaniques  destinés  à  combattre  les  parasites  de  la  vigne,  et  princi- 
palement le  phylloxéra,  Pour  que  ces  procédés  puissent  être  appréciés 
en  toute  connaissance  de  cause,  il  est  indispensable  qu'une  expérimen- 
tation soit  faite  de  chacun  d'eux  en  temps  opportun.  La  Commission  à 
-décidé  que  les  expériences  commenceraient  à  Beaune,  dans  les  pre- 
miers jours  de  février  piochain.  Elle  prie,  en  conséquence,  les  per- 
sonnes désireuses  de  prendre  part  au  concours,  de  vouloir  bien  faire 
connaître  le  plus  tôt  possibte  leur  intention  par  lettre  adressée  au 
secrétaire  du  comité  d'agriculture  de  Beaune.  Ces  personnes  seront 
avisées,  dix  jours  à  l'avance,  de  la  date  exacte  qui  sera  fixée  pour 
l'expérimentation  du  procédé  qu'elles  ont  à  proposer.  Les  concurrents 
de  tous  pays  sont  admis  à  ce  concours. 

X.  —  La  deslruclion  dis  oiseaux  pillardf. 

La  Cour  d'appel  de  Douai  vient  de  rendre,  dans  son  audience  du 
6  décembre  1882,  un  jugement  qui  intéresse  directement  les  agricul- 
teurs, et  que  nous  croyons  utile  à  connaître.  De  cet  arrêt,  il  résulte 
que  le  fait  par  un  propriétaire  ou  fermier  de  porter  un  fusil  et  de  tirer, 
au  moment  de  la. récolte,  sur  des  bandes  de  moineaux  qui  s'abattent 
sur  ses  i>rains  rais  en  tas  et  lui  causent  un  sérieux  dommasTe,  est  un 
acte  de  défense  légitime  et  nécessaire,  et  non  point  un  acte  de  chasse; 
que  protéger  et  défendre  sa  récolte  est  un  droit  proclamé  antérieure- 
ment à  la  loi  du  3  mai  ISVV  sur  la  chasse  et  reconnu  par  elle;  et  qu'il 
est  indifférent,  lorsqu'il  s'agit  du  droit  de  défense,  que  l'animal  soit 
ou  non  classé  par  les  arrêtés  préfectoraux  parmi  les  animaux  malfai- 
sants ou  nuisibles.  Toutefois,  il  incombe  au  cultivateur  qui  se  trouve 
dans  de  semblables  circonstances,  de  faire  la  preuve  que  les  moi- 
neaux dévastaient  ses  récoltes  au  moment  oii  il  les  a  tirés.  Des  arrêts 
avaient  été  déjà  rendus  dans  le  môme  sens  par  la  Cour  d'Agen  en  I  852 
et  par  celle  de  Rouen  en  1862. 

XI.  —  Architecture  rurale, 
L'Académie  de  Metz  vient  de  publier  le  volume  de  ses  Mémoires 
pour  l'année  1879-1880.  Nous  y  trouvons  un  intéressant  rapport  sur 
le  concours  relatif  aux  constructions  rurales  affectées  à  la  grande  et  à 
la  petite  culture,  au  point  de  vue  de  la  salubrité,  de  l'économie  et  des 
facilités  de  l'exploitation.  Ce  rapport  est  dû  à  M.  Jacquemin.  Il  conclut 


86  CHRONIQUE  ÂGRICOL-E    (20  JANVIER   1883). 

à  l'attribution  d'une  médaille  d'argent  à  M.  Alphonse  Gosset,  archi- 
tecte à  Reims  (Marne);  cette  médaille  d'argent  a  été  décernée  par 
l'Académie.  Il  y  a  quelques  années,  nous  avons  publié  une  étude 
importante  de  M.  Gosset  sur  les  constructions  ruralBs,  principalement 
au  point  de  vue  du  logement  des  animaux  domestiques. 

XII.  —  La  population  agricole  en  France. 
Le  Journal  officiel  du  31  décembre  a  publié  les  principaux  résultats 
du  dénombrement  de  la  population,  effectué  le  18  décembre  1881. 
Nous  y  relevons  quelques  données  intéressantes  relatives  aux  princi- 
pales professions.  On  trouve,  dans  ces  chiffres,  une  nouvelle  preuve 
de  la  part  importante  qui  revient  à  la  population  agricole  dans  le  total 
de  la  population  du  pays  : 

Norcbre  Proportion 

des  personnes.  pour  loo. 

Agriculture 18,204,799  487 

industrie 9.'!?t']?l  ?^^ 

Commerce... ••• •-  3,843,447  103 

Transports  el  marine 800,741  21 

Force  publique 552, 8ol  15 

Professions  libérales 1,629,768  44 

Rentiers  et  pensionnés 2,148,173  •       57 

Individus  sans  profession ''^??''^'^^  ^^ 

Professions  inconnues ^^■^■'^'6  ^ 

Totaux ■•..••  37,40.1,290  1,000 

De  ce  tableau,  il  résulte  que  la  population  adonnée  à  l'agriculture 
atteint  en  France  près  de  la  moitié  de  la  population  totale.  Les  dépar- 
tements dans  lesquels  elle  atteint  les  chiffres  les  plus  élevés  sont  les 
départements  formant  la  Bretagne  et  le  Nord,  le  Pas-de-Calais,  le  Puy- 
de-Dôme  et  Saône-et-Loire. 

XIII.  —  Réunion  des  fondatturs  du  Journal  de  l'agriculture. 

Les  fondateurs  du  Journal  de  V agriculture  sont  convoqués  en  Assem- 
blée générale  annuelle  le  lundi  5  février,  à  10  heures  du  matin,  dans 
les  bureaux  de  la  rédaction,  66,  rue  de  Rennes,  à  Paris.  L'ordre  du 
jour  porte  l'approbation  des  comptes,  le  règlement  de  l'exercice  1 882 
et  le  vote  du  budget  de  l'exercice  1 883. 

XIV.  —  Nouvelles  de  Vétal  des  récolles. 

Dans  la  lettre  suivante  qu'il  nous  envoie  du  Mans,  à  la  date 
du  "26  décembre,  M.  de  Villiers  de  l'Isle-Adam  constate  les  retards 
éprouvés  par  les  travaux  des  semailles  : 

«  La  pluie,  toujours  la  pluie  :  tel  est  invariablement  depuis  plusieurs  mois  le 
résumé  météorologique  de  la  quinzaine.  Il  est  rare  que  nous  ayons  un  jour 
entier  sans  pluie  ;  nous  avons  eu  deux  jours  consécutifs  de  gelée  et  nous  espérions 
voia-  le  temps  changer,  mais  la  pluie  est  revenue.  Que  le  baromètre  soit  calme  ou 
qu'il  éprouve  de  brusques  variations  comme  ces  jours  derniers,  c'est  toujours  la 
pluie-  elle  est  un  peu  moins  abondante  depuis  une  dizaine  de  jours,  mais  les  terres 
sont  encore  inabordables. 

«  Les  semailles  ne  sont  pas  terminées  et  l'on  estime  qu  il  en  reste  environ  uia 
tiers  à  faire.  Quelques  cultivateurs  ont  voulu  semer  malgré  le  mauvais  temps, 
mais  ils  ont  fait  du  travail  détestable.  ^ 

a  Les  blés  semés  en  saison  conveoable  souffrent  de  l'excès  d  humidité. 

a  11  m  sans  dii-ïe  que  les  labours  d'hiver  ne  sont  pas  même  commencés.  » 

Dans  la  not-e  qu'il  nous  adresse  de  Vagoey,  le  31  décembre, 
M.  Jacquot  signale  de  nouvelles  inondations  dans  la  partie  monta- 
gneuse des  Vosges,  oi^i  la  température  est  tout  à  fait  anormale  pour  la 
saison  : 


CHRONIQUE  AGRICOLE    (20  JANVIER   1883).  87 

«  Mercredi  dernier,  27  décembre,  un  débordement  des  plus  considérables 
amené  par  la  fonte  des  neiges  activée  par  une  pluie  continuelle  de  trois  jours 
causa  de  vives  alarmes  dans  certains  villages  exposés  aux  hautes  eaux.  Cette 
inondation  a  dépassé,  dit-on,  celles  de  1844  et  1876.  On  ne  signale  que  des 
dégâts  peu  appréciables;  on  a  été  quitte  pour  la  peur.  Il  s'est  formé  çà  et  là 
quelques  excavations  et  les  chemins  des  coteaux  nécessitent  de  nombreux 
travaux  de  terrassement.  Il  règne  depuis  huit  jours  une  température  très  élevée 
pour  la  saison,  mais  toujours  de  la  pluie  et  du  brouillard  :  l'herbe  pousse  et  le 
botaniste  pourrait  récolter  des  fleurs.  Sauf  quelques  parties  parcourues  par  les 
eaux,  les  récoites  en  terre  sont  en  assez  bon  état.  » 

M.  Garin  nous  envoie  de  Pont-de-Vaux  (Ain),  à  la  date  du  6  janvier, 
un  résumé  intéressant  des  principaux  faits  météorologiques  de  l'année  : 

«  L'année  1882  a  débuté  par  un  hiver  assez  doux  et  relativement  sec  ;  car  nous 
n'avons  eu,  pendant  les  mois  de  janvier,  février  et  mars,  qu'un  jour  de  neige  et 
dix  jours  de  pluie.  —  Le  printemps  au  contraire  a  été  assez  pluvieux,  car  il  nous 
a  donné  vingt-quatre  jours  de  pluie  avec  une  température  de  -j-  15"  environ,  — 
L'été  a  été  beaucoup  plus  humide  encore,  car  il  y  a  eu  trente  jours  de  pluie  qui 
ont  versé  sur  le  sol  une  couche  de  près  de  0'".40  d'eau.  Au^si  il  y  a  eu  abondance 
de  foin.  —  L'automne  a  été  très  pluvieux  aussi.  Car  nous  avons  enregistré,  pendant 
les  mois  d'octobre,  novembre  et  décembre,  trente-quatre  jours  de  pluie  qui,  quoi- 
qu'ayant  fourni  une  moins  grande  quantité  d'eau  qu'en  été,  ont  entretenu  les 
terres  dans  un  tel  état  d'humidité  aue  l'on  n'a  pu  faire  les  semailles  d'automne 
dans  de  bonnes  conditions.  Dans  quelques  endroits,  et  surtout  dans  les  parties 
basses,  l'on  n'a  même  pas  pu  semer.  —  La  température  très  douce,  surtout  pendant 
les  mois  de  novembre  et  décembre,  a  donné  lieu  à  des  inondations  extraordinaires 
égales  à  celles  de  1 856,  produites  par  la  fonte  des  neiges  sur  les  hautes  montagnes. 

«  Malgré  l'extrême  humidité  de  l'été  et  de  l'automne,  les  récoltes  ont  été  assez 
abondantes  dans  notre  localité,  excepté  celle  de  la  vigne  qui  a  été  à  peu  près 
nulle.  —  La  température  de  l'année  a  été  à  peu  près  celle  d'une  année  ordinaire 
(11"  environ).  Le  vent  dominant  a  été  le  vent  du  nord.  Malgré  les  pluies  nom- 
breuses de  l'année,  dont  la  quantité  a  été  de  près  d'un  mètre  de  hauteur,  le  baro- 
mètre est  resté  au-dessus  de  la  moyenne  qui  est,  pour  notre  pays,  de  U'".7'i6. 

«  Voici  quelques  observations  sur  l'état  actuel  des  récoltes  notable  nent  compro- 
mises par  suite  de  l'humidité  des  deux  mois  qui  viennent  de  s'écouler,  et  de  la 
température  extrêmement  douce  qui  a  régné  jusqu'à  la  fin  de  décembre.  La  plus 
grande  panie  des 'terrains  situés  sur  les  plateaux  de  Saint -Bénigne  et  Arbigny, 
sont  en  assez  bon  état  et  les  blés  déjà  forts  offrent  une  assez  jolie  apparence.  Quel- 
ques champs  de  colza  sont  même  déjà  en  fleur. 

«  Le  fait  le  plus  saillant  est  la  température  extrêmement  douce  dont  nous  jouis- 
sons, mais  qui  par  suite  de  la  fonte  des  neiges  sur  les  hautes  montagnes,  a  occasionné 
les  inondations  extraordinaires  des  bords  du  Rhône  et  de  la  Saône,  qui  se  sont 
élevées  presque  au  niveau  de  celles  de  1856.  L'eau  a  envahi  presque  la  moitié  des 
caves  de  notre  petite  ville  de  Pont-de-Vaux,  située  à  3  kilomètres  de  la  Saône. 
L'on  va  en  bateau  dans  le  quartier  dé  la  Recourbe. 

«  Depuis  avant  hier  seulement,  4  janvier,  la  Saône  commence  à  décroître,  et  le 
froid  semble  vouloir  nous  arriver  par  le  vent  du  nord  ([ui  règne  depuis  deux  jours. 
Les  blés  d'automne  qui  ont  pu  être  semés  à  temps,  paraissent  assez  jolis.  Les 
•colzas  sont  très  avancés,  il  est  même  des  localités  environnantes  où  ils  cjmaien- 
cent  à  être  en  fleur.  Aussi,  les  cultivateurs  désirent  voir  arriver  de  la  neige  et  du 
froid  pour  arrêter  les  progrès  de  la  végétation  ». 

SuL^ia  sittiation  dans  le  déparlement  de  la  Gironde.  M,  Petit-Lafitte 
nous  envoie  de  Bordeaux,  le  1 0  janvier,  les  renseignements  qui  suivent  : 

«  Décembre  a  continaé  le  régime  de  novembre,  les  pluies  ont  dominé,  et, 
comme  en  novembre  encore,  ont  entretenu  les  inondations  et  mis  obstacle  aux 
travaux  de  la  culture,  principalement  aux  semailles  des  céréales,  d  dernier  tort 
est  d'autant  plus  grand,  qu'il  ne  peut  être  réparé  qu'au  printemps  et  par  des 
variétés  do  céréales  autres  que  celles  dont  nous  usons  habituellement. 

a  Mises  en  terre  à  l'automne,  celles-ci  sont  également  favorisées  alors  par 
l'état  de  cette  terre  et  le  régime  météorologique  de  la  fin  de  li  saison.  Elles  ont.  le 
temps  de  germer,  de  prendre  leur  premier  développement,  tant  intérieur  qu'exté- 
rieur, et  d'acquérir  les  forces  nécessaires  pour  résister  aux  éventualités   de  nos 


83  CHRONIQUE  AGRICOLE   (20  JANVIER   1883). 

hivers,  qui  n'ont  ordinairement  d'autre  action  sur  elles  que  de  suspendre  momen- 
tanément la  continuation  de  leur  existence  active. 

«  Or,  cette  existence  active  reconnaissant  également  le  partage  de  la  végétation 
souterraine  et  de  la  végétation  apparente,  ce  n'est  qu'à  la  fin  de  l'hiver  qu'elle  se 
manifeste  de  nouveau,  à  la  fin  de  février  environ  vers  le  10  mars  et  sous  une 
température  de  9  à  10  degrés,  moment  où  peuvent  être  mis  en  terre  les  blés  dits 
de  printemps,  auxquels  sont  particulièrement  assujetties  les  contrées  du  nord, 
mais  dont  les  nôtres  peuvent  plus  facilement,  plus  habituellement,  plus  avanta- 
geusement s'affranchir. 

«  Pour  ce  qui  est  de  la  vigne,  aura-t-elle  souffert  de  pluies  et  d'inondations,  ou 
serait-il  possible  qu'il  y  eut  en  cela,  pour  elle,  une  application,  sur  la  plus  vaste 
échelle,  de  l'un  de  ses  moyens  curatifs,  la  submersion?  Ce  serait  alors  des  actions 
de  grâce  à  rendre  à  la  Providence!  » 

Dans  la  note  suivante,  M.  Fournat  de  Brézenaud,  lauréat  de  la 
prime  d'honneur,  à  Quintenas,  près  Annonay  (Ardèclie) ,  nous  donne  des 
renseignements  intéressants,  notamment  sur  sa  culture  du  blé  de  Noé  : 

«  L'année  1882  s'est  terminée  moins  défavorablement  pour  notre  département 
que  pour  bien  d'autres.  Sauf  les  différentes  crues  du  Rhône,  qui  ont  causé  d'assez 
grandes  pertes  aux  riverains,  nous  n'avons  pas  eu  à  souffrir  de  l'excessive  humi- 
dité qui  règne  partout.  A  cause  de  la  nature  du  sol,  malgré  les  fréquentes  pluies 
d'automne,  les  semailles  ont  pu  se  faire  convenablement,  et  ont  aujourd'hui  une 
belle  apparence.  Le  temps  doux  que  nous  avons  eu  les  deux  derniers  mois  de 
l'année  a  été  très  favorable  à  l'aoûtement  du  bois  de  la  vigne  qui  était  très  impar- 
fait par  suite  du  manque  de  chaleur 

a  La  quantité  d'eau  tombée  l'année  dernière  dans  notre  région  est  une  moyenne 
bien  ordinaire,  comme  l'indiquent  les  chiffres  ci-après  : 

millim.  ■  millim. 

Janvier  et  février 0  000  Août  et  juillet.. 0  090 

Mars o 0.040  Septembre 0.095 

;-:    Avril 0.112  Octobre 0.146 

Mai 0.063  Novembre 0.030 

Juin 0.036  Décembre O.ObO 

«  Le  total  est  de  0'". 662;  en  1881,  il  était  tombé  0"\66i,et  en  1880,  0".627. 

«  Puisque  dans  ce  moment  il  est  question  des  avantages  du  blé  de  Noé  comme 
emblavures  de  printemps,  je  dirai  que  je  le  cultive  exclusivement  depuis  plus  de 
vingt  ans,  l'ayant  importé  de  l'é.  oie  de  Saulsaie.  Ce  blé  me  donne  un  rendement 
bien  supérieur  en  grains  à  l'ancienne  variété  de  blé  barbu  cultivé  en  général;  mais 
pour  être  avantageux,  il  demande  une  terre  bien  amendée. 

«  N'ayant  pas  eu  de  neige  pour  préserver  nos  récoltes  l'année  du  grand  hiver, 
tout  fut  détruit  par  la  gelée,  aussi  bien  les  blés  du  pays  que  le  Noé;  mais  en 
ayant  ensemencé  de  nouveau  les  champs  dès  que  le  dégel  fut  arrivé  en  février, 
j'eus  une  récolte  presque  aussi  bonne  que  si  les  emblavures  d'automne  n'avaient 
pas  été  détruites.  Le  blé  Noé  a  le  grand  avantage  de  ne  pas  dégénérer  dans  le 
sol  granitique,  ce  qui  arrive  à  peu  de  variétés.  Il  m'en  reste  quelques  hectolitres 
disponibles  que  je  pourrais  remettre  aux  personnes  qui  ont  encore  des  terres 
à  Berner  en  blé  de  printemps,  à  31  fr.  les  lOOkilog.,  toile  perdue,  en  gared'Annonay. 

ce  Malgré  la  récolte  abondante  de  foin,  par  suite  des  gelées  tardives  de  prin- 
temps, le  bétail  se  maintient  à  un  bon  prix  à  cause  de  la  facilité  d'avoir  pu  le 
mener  au  pâturage  très  tard.  Les  fourrages  sont  moins  chers  maintenant  qu'ils 
ne  l'ont  été  en  octobre. 

«  Les  pommes  de  terre,  après  avoir  eu  un  gros  déchet  à  la  récolte,  se  conser- 
vent bien  en  magasin,  et  tout  peut  nous  faire  espérer  qu'à  moins  de  circonstances 
défavorables  imprévues,  l'année  1883  peut  nous  donner  de  bonnes  récoltes.  » 

La  reprise  d'un  temps  extrêmement  doux  et  humide  a  ramené,  pour 
la  culture,  les  obstacles  aux  travaux  des  champs.  Aussitôt  que  quel- 
ques éclaircies  arrivent,  on  en  profite  pour  faire  des  labours  ;  mais 
ces  éclaircies  sont  rares  et  de  courte  durée.  La  situation  est  donc 
toujours  critique,  et  malheureusement,  plus  elle  se  prolonge,  et  plus  il 
est  à  craindre  que  ses  effets  ne  soient  graves  pour  les  cultivateurs. 

J.-A.  Barral. 


SUR  L'ÉPUISEMENT   DES   BETTERAVES  EN  SUCRE.  89 


SUR  L'ÉPUISEMENT  DES  BETTERAVES  EN  SUCRE' 

A  quel  degré  convient-il  iVépuiser  la  betterave  du  sucre  quelle 
contient?  —  L'examen  de  cette  question  comporte  deux  faces  que  je 
vais  essayer  d'éclairer  en  prenant  les  cas  les  plus  généraux  de  la 
fabrication  du  sucre  et  en  me  servant  des  travaux  de  mes  devanciers. 
Il  faut  examiner  : 

r  La  valeur  de  la  pulpe  comme  matière  nutritive  lorsqu'on  épuise  à 
fond  la  betterave  ; 

2°  La  qualilé  du  Jus  et  le  prix  de  revient  du  sucre  extrait  de  la  bette- 
rave épuisée  complètement. 

Premier  cas.  —  Valeur  de  la  pulpe  lorsqu'on  épuise  à  fond.  —  L'étude 
de  cette  question  devrait  être  faite  en  temps  de  fabrication,  en  déter- 
minant la  valeur  nutritive  théorique  des  betteraves  employées  comme 
matières  premières  et  des  pulpes  qui  en  proviennent.  N'ayant  pas  été 
prévenu  avant  la  fin  de  la  fabrication^  je  n'ai  pu  le  faire,  mais  j'espère 
pouvoir  arriver  à  traiter  la  question  au  point  de  vue  général,  et 
exclure  ainsi  les  conclusions  erronées  qu'on  déduit  quelquefois  dans 
un  cas  isolé. 

La  betterave  est  ua  végétal  formé  de  cellules  infiniment  rappro- 
chées et  excessivement  petites,  qui  s'opposent  par  leur  multiplicité 
aux  transmissions  des  pressions  hydrostatiques;  on  estime  à  environ 
250  le  nombre  des  cellules  contenues  dans  un  millimètre  cube. 

Dans  les  cellules  on  rencontre  un  liquide  de  composition  complexe 
que  l'on  ne  connaît  pas  encore  exactement,  mais  que  nous  pouvons 
consid(  rer  comme  une  dissolution  sucrée  plus  ou  moins  pure,  conte- 
nant des  principes  minéraux  et  organiques  :   les    uns  cristallisables 
les  autres  incristallisables,  c'est-à-dire  le:3  uns  cristalloïdes,  les  autres 
colloïdes  suivant  l'expression  de  Graliam. 

La  fabrication  du  sucre  a  pour  but  d'extraire  le  sucre  contenu  dans 
les  cellules  et  de  laisser  dans  la  pulpe  les  autres  parties  plus  ou  moins 
nutritives,  mais  nuisibles  à  la  fabrication. 

Malheureusement  on  ne  peut  obtenir  cette   séparation   immédiate- 
ment, et  le  jus  sort   des  cellules  déchirées  avec  toutes  ses  impuretés 
par  voie  de  pression.  En  vertu  des  phénomènes  d'osmose,  il  sort  des 
cellules  intact  avec  les  parties  cristallisables  seulement. 

Le  jus  limpide  pris  au  commencement  ou  à  la  fin  de  la  pression  a 
une  composition  identique;  c'est  à  des  erreurs  d'observation  ou  de 
manipulation  qu'il  faut  attribuer  les  écarts  qu'on  a  quelquefois  signa- 
lés. En  négligeant  l'augmentation  de  pureté,  minime  d'ailleurs,  que 
présentent  les  jUs  extraits  par  osmose  dans  la  diffusion,  sur  ceux 
extraits  par  déchirement,  on  peut  dire  que  dans  les  conditions  actuelles 
les  procédés  peuvent  être  classés  à  raison  du  rendement  plus  ou  moins 
grand  des  jus  extraits. 

En  obtenant  du  jus  à  une  égale  densité  dans  les  meilleures  conditions 
de  travail,  on  extrait  par  presse  hydraulique  de  100  kilog.  de  bette- 
raves contenant  91  litres  5  de  jus,  80  litres  de  jus,  soit8G.8pour  100 
du  sucre  initial  ;  par  presse  continue  avec  double  pression,  on  extrait 
84  litres  de  jus,  soit  92  pour  100  du  sucre  initial;  enfin,  par  diffusion 
on  extrait  87  litres  de  jus,  soit  94  et  demi  pour  !00  du  sucre  initial. 

1 .  Elude  présentée  au  Congrus  sujnei'  de  Saiiit-Oucnlin.  ' 


M  SUR  l'épuisement  des  betteraves  en  sucre. 

On  pourrait  croire  qu'une  extraction  poussée  aux  limites  données  par 
la  difYusion,  en  présence  d'un  lavage  anssi  énergique  que  celui  qu'il 
faut  employer  par  ce  procédé,  amoindrisse  la  valeur  nutritive  de  la 
pulpe.  Il  n'en  est  rien  dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances,  car 
tout  se  réduit  à  une  extraction  plus  ou  moins  complètedejus  avec  tous 
les  principes  tant  utiles  que  nuisibles.  Il  faut  donc  savoir  si  le  jus  est 
plus  ou  moins  nutritif  que  la  pulpe  ou  s'il  ne  jouit  pas  de  propriétés 
nutritives  égales. 

La  détermination  chimique  des  principes  nutritifs  contenus  dans  le 
jus  et  dans  la  pulpe  permet  de  répondre  à  la  question. 

La  valeur  d'un  aliment  se  détermine  aujourd'hui,  aussi  simplement 
que  la  valeur  d'un  engrais. 

Comment  fait-on  pour  un  engrais?  On  recherche  la  quantité  d'azote, 
d'acide  phosphorique  et  de  potasse  contenue  dans  100  kilog.,  on 
multiplie  chacune  de  ces  quantités  par  le  cours  moyen  de  chacun  de 
ces  principes,  au  moment  de  la  livraison;  par  exemple  le  kilog. 
d'azote  est  multiplié  par  2  fr.  50,  le  kilog.  d'acide  phosphorique  par 
0  fr.  80,  le  kilog.  de  potasse  par  0  fr.  45,  et  la  somme  de  ces  produits 
représente  la  valeur  totale  de  1 00  kilog. 

On  opère  de  même  pour  les  matières  nutritives.  Cependant  il  con- 
vient de  remarquer  que  l'analyse  d'une  matière  employée  comme  ali- 
ment, ne  peut  se  faire  de  la  même  façon  que  l'analyse  d'une  matière 
employée  comme  engrais;  ainsi  que  le  font  par  erreur  certains  chi- 
mistes, et  que  l'a  fait  M.  Durot  dans  son  Étude  des  divers  produits 
employés  pour  l'alimentation  des  bestiaux.  Dans  ce  travail  qui  n'est 
qu'un  relevé  d'analyse,  on  remarque  aussi  une  autre  faute  que  je  ne 
puis  passer  sous  silence:  l'auteur  a  multiplié  l'azote  par  7.1  pour 
obtenir  ce  qu'il  désigne  sous  le  nom  de  matières  organiques  azotées. 
D'où  vient  ce  coefficient  complètement  en  désaccord  avec  les  chiffres 
admis  par  tous  les  chimistes  physiologistes  qui  font  autorité?  L'esto- 
mac d'un  animal  ne  se  comporte  pas  comme  les  spongioles  d'une 
plante  et  telle  matière  fertilisante  est  nuisible  pour  la  nutrition;  Tazote 
nitrique  et  ammoniacal,  de  même  que  l'azote  alcaloïdal,  sont  très  ferti- 
lisants ;  mais  on  sait  qu'on  ne  pourrait  nourrir  un  animal  en  lui  don- 
nant du  nitrate,  du  sel  ammoniacal,  de  la  strychnine  ou  tout  autre 
alcaloïde  à  manger. 

Il  faut  donc  séparer  les  matières  azotées  en  deux  catégories  dis- 
tinctes. La  première  contient  les  matières  azotées  nutritives  dites  pro- 
téiques  ;  semblables  à  Protée,  elles  changent  de  forme,  et  deviennent 
parties  constitutives  de  l'animal,  telles  sont  l'albumine,  la  légumine, 
îa  caséine,  etc.  La  seconde  contient  les  matières  azotées  qui  restent 
dans  l'économie  sous  la  forme  où  elles  ont  été  absorbées,  quand  elles 
ne  provoquent  pas  la  mort.  Elles  ne  peuvent,  dans  aucun  cas,  servir  à 
la  rénovation  des  tissus;  tels  sont  les  nitrates,  les  sels  ammoniacaux, 
les  amites,  les  alcaloïdes,  les  glucosides,  les  peptones,  etc. 

Cette  réserve  étant  comprise,  on  aura  la  valeur  d'un  aliment  en 
multipliant  :  les  matières  proléiques  ou  matières  azotées  assimilables 
par  0  fr.  60  ;  les  matières  hydrocarbonées  qui  contribuent  à  la  forma- 
tion des  tissus  et  de  la  graisse  par  0  fr,  10  ;  les  matières  grasses  par 
0  fr.  25;  et  les  matières  minérales  assimilables  et  nutritives  par  0  fr.  05. 

En  dehors  de  ces  bases,  il  faut  tenir  compte  de  l'état  plus  ou  moins 
grand  de  concentration  des  principes  actifs  de  l'aliment.  On  ne  peut 


SUR  L'ÉPUISEMENT  DES  BETTERAVES  EN  SUCRE.  91 

faire  manger  à  un  animal  un  trop  grand  ni  un  trop  petit  volume  de 
nourriture  sans  nuire  à  sa  nutrition  :  il  faut  tenir  compte  que  la  capa- 
cité stomacale  doit  être  remplie  par  la  ration  à  cliaque  repas.  C'est 
ainsi  qu'il  y  a  lieu  de  tenir  compte  d'un  correctif  indispensable  qu'on 
néglige  malheureusement  souvent. 

Je  m'explique  :  si  l'aliment  est  trop  nutritif,  l'animal  excité  par  son 
appétit,  c'est-à-dire  poussé  par  l'instinct  à  remplir  son  estomac,  prend 
une  quantité  de  nourriture  trop  forte  et  devient  sujet  à  des  maladies 
(coup  de  sang,  etc.);  si,  au  contraire,  l'aliment  est  trop  aqueux  et 
trompe  son  appétit  en  remplissant  son  estomac,  l'animal  ne  pouvant 
absorber  dans  ses  repas  la  somme  de  matière  alimentaire  qui  lui  est 
nécessaire,  devient  malade  (cachexie  aqueuse  ou  pourriture). 

Le  ehimiste  physiologiste  devrait  tenir  compte  de  la  nature  de  l'ani- 
mal à  nourrir  et  majorer  les  prix  ci-dessus,  lorsque  l'aliment  est  très 
nutritif,  parce  que,  alors,  il  permet,  avec  ce  minimum  de  frais, 
de  faire  absorber  des  nourritures  aqueuses,  des  fourrages  verts  ;  par 
contre,  on  devrait  amoindrir  la  valeur  des  prix  de  base  lorsque  l'ali- 
ment est  peu  nutritif,  puisqu'il  nécessite  l'achat  de  nourritures  sèches 
(tourteaux,  etc.). 

L'augmentation,  de  même  que  la  diminution,  devraient  être  calcu- 
lées en  tenant  compte  non  seulement  de  la  proportion  des  matières 
nutritives  ou  rapport  de  nutrition,  mais  encore  que  la  ration  pour  un 
kilog.  de  matières  sèches  doit  contenir  de3  à  4  kilog.  d'eau  lorsqu'elle 
est  destinée  à  un  âne;  de  4  à  5  kilog.  à  un  bœuf;  de  5  à  6  kilog.  à 
une  vache  laitière.  Cette  considération  est  importante;  il  ne  faut  pas  la 
négliger  dans  la  question  de  l'alimentation,  surtout  dans  celle  relative 
aux  pulpes  de  diffusion.  Je  serais  heureux  si  ma  proposition  était 
écoutée  et  amenait  les  physiologistes  à  déterminer  l'augmentation  et 
la  diminution  qu'il  conviendrait  d'obtenir  dans  chaque  cas,  car  rien 
à  ma  connaissance  n'a  encore  été  fait  dans  ce  sens.  A  ce  sujet,  per- 
mettez-moi une  digression. 

Dans  les  pays  où  la  diffusion  a  pris  naissance,  on  s'est  pénétré  de 
cette  nécessité.  Nous  avons  vu  chez  M.  Robert  de  Seelowitz  qui,  le 
premier,  installa  la  diffusion,  un  système  très  recoramaudable  qui  per- 
met de  remédier  aux  inconvénients  des  nourritures  très  aqueuses. 

Il  consiste  à  préparer  des  fourrages  secs  et  desséchés  au  point  qu'on 
croirait  qu'ils  ont  été  torréfiés. 

Le  maïs,  le  soya  hispida,  le  millet,  etc.,  cultivés  en  récolte  alterne 
et  dérobée  pour  ainsi  dire,  sont  coupés  (après  la  floraison  ou  avant  la 
maturation,  cela  dépend  des  plantes)  et  abandonnés  pendant  quelques 
heures  à  la  dessiccation  au  soleil.  Lorsque  les  feuilles  paraissent  un 
peu  desséchées  et  qu'elles  commencent  à  prendre  un  ton  sec  quand  on 
les  froisse,  on  ensile  ou  mieux  on  dispose  eu  meule  les  tiges  entières 
non  hachées.  La  meule  terminée  a  de  4  à  0  mètres  de  hauteur,  on  la 
protège  contre  l'air  extérieur  en  l'entourant  d'une  couche  épaisse  de 
terre  qui  atteint  presque  le  sommet.  Une  surface  d'un  à  deux  mètres 
carrés  environ  reste  seulement  à  découvert  pour  permettre  au  sommet 
le  dégagement  de  la  vapeur  qui  vase  dégager  sous  l'action  de  réchauf- 
fement que  les  végétaux  non  entièrement  secs  éprouvent  lorsqu'ils 
sont  entassés.  La  température  s'élève  beaucoup  et  si  la  combustion 
ignée  ne  se  déclare  pas,  c'est  parce  que  l'air  ne  peut  pénétrer  jusqu'aux 
végétaux,  l'épaisseur  de  terre  s'y  opposant  et  la  terre  placée  à  la  par- 


92  SUR  L'ÉPUISEMENT  DES  BETTERAVES  EN  SUCRE. 

tie  supérieure,  au-dessus  de  la  zone  qu'on  appelle  le  grand  lour  dans 
une  meule,  exerçant  une  pression  suffisante  pour  tasser  et  faire  affais- 
ser les  végétaux  au  fur  et  à  mesure  qu'ils  se  ramollissent  et  que  l'eau 
s'en  va  à  l'état  de  vapeur.  Après  quelques  jours  la  fermentation  s'ar- 
rête, réchauffement  disparaît,  la  meule  est  tassée  et  réduite  aux  deux 
tiers  de  la  hauteur  primitive,  la  cuisson  ou  torréfaction  est  terminée. 

Le  soja  est  alors  plus  desséché  qu'on  n'aurait  pu  l'obtenir  par  des- 
siccation prolongée  sous  un  soleil  ardent,  il  ne  contient  au  maximum 
que  9  pour  100  d'eau  au  lieu  de  12  qu'on  aurait  obtenu  par  dessicca- 
tion à  l'air,  et  cette  dessiccation  excessive  est  obtenue  sans  désorganisa- 
tion du  végétal  ni  déperdition  des  principes  nutritifs  qui  y  étaient  con- 
tenus primitivement. 

Lorsqu'on  ouvre  le  silo  où  la  meule,  on  l'entame  latéralement  en 
découpant  par  tranches,  au  jour  le  jour,  avec  un  tranchet  ou  une 
bêche  coupante,  les  quantités  nécessaires  pour  les  besoins  de  la  ferme; 
on  constate  que  toutes  les  tiges,  feuilles,  fleurs  ou  fruits,  que  toutes 
les  fdores  en  un  mot  sont  restées  intactes  ;  on  constate  aussi  une  odeur 
des  plus  agréables  qui  rappelle  l'odeur  du  café  torréfié;  d'ailleurs  la 
couleur  est  devenue  brune. 

Les  animaux  sont  très  avides  de  la  nourriture  ainsi  préparée  et 
conservée  qui  se  mélange  facilement  avec  les  pulpes  et  rétablit 
l'équilibre  nécessaire  entre  la  teneur  en  matières  sèches  et  l'humidité, 
principalement  pour  les  pulpes  de  diffusion. 

Pour  compléter  ces  renseignements  sommaires,  voici  l'analyse  dé- 
taillée que  j'ai  faite  sur  des  échantillons  de  soja  et  de  millet  torréfiés 
pris  chez  M.  Robert  à  Seelowitz  (Moravie)  : 

Humidité ■ 

Matières  azotées  protéiques  assimilables 

Matières  azotées  alcaloïdales,  etc.,  non  assimilables.. 

Matières  hydrocarbonées  dij^estibles  :  sucres 

Matières  hydrocarbonées    dig'pstibles  :  huiles 

Matières  hydrocarbonées  dij,'estibles 

Autres    maiières   hydrocarbonées    indigestes    (cellu- 
lose, etc.) 

(  Acide  phosphorique 

Potasse 


Cendres 


Sels  divers. . . . 
Silice  et  sable. 


Soja  hispida. 

Millet. 

8.6C0 

7.400 

4.37.5 

4., 550 

0.875 

0.175 

7.143 

4.545 

2.000 

2.600 

28.007 

34.270 

37.000 

35.860 

1.280 

0.896 

;^240 

2.075 

.Ô..580 

4.629 

1.900 

3.000 

lUU.OOO  lOO.OlO 


Revenons  à  notre  sujet  principal  :  les  matières  les  plus  utiles  à  la 
nutrition  contenues  dans  les  végétaux  sont  généralement  insolubles 
dans  l'eau,  telles  sont  les  matières  protéiques  (albumine,  légumine, 
etc.)  et  les  matières  grasses. 

Les  matières  hydrocarbonées  et  minérales  qui  peuvent  être  solubîes 
sont  moins  intéressantes  et,  pour  le  cas  qui  nous  occupe,  l'hydrate  de 
carbone  appelé  sucre  est  tellement  altérable  qu'on  n'a  pas  à  regretter 
sa  solubilité.  Pendant  la  conservation  en  silo,  il  éprouve  des  transfor- 
mations nombreuses  et  de  matière  nutritive  il  devient  matière  inerte 
telle  que  l'eau  et  l'acide  carbonique,  ou  nuisible  tels  que  les  acides  bu- 
tyrique, lactique,  acétique,  etc.,  à  moins  qu'on  ait  affaire  à  des  ali- 
ments suffisamment  secs  pour  ne  pas  éprouver  de  fermentation. 

Il  est  donc  préférable,  dans  le  cas  des  pulpes,  d'éliminer  ce  produit 
qui  possède  une  grande  valeur  industrielle  qu'on  a  intérêt  à  réaliser. 

La  solubilité  des  sels  est  donc  seule  regrettable,  mais  il  ne  faut  pas 
s'en  effrayer  outre  mesure. 


SUR  L'ÉPUISEMENT  DES  BETTERAVES  EN   SUCRE.  'J3 

La  valeur  réelle  des  sels  au  point  de  vue  nutritif  est  esliméo  à  0  fr.05 
le  kilog.,et  la  perte  dans  ces  conditions  ne  saurait  qu'être  minime, 
surtout  quand  on  rapproche  de  ce  faible  prix  la  faible  proportion  de 
matières  minérales  assimilables  contenues  dans  un  végétal  et  qui  dans 
le  cas  actuel  n'atteint  pas  1  pour  100. 

Nous  pouvons  donc  conclure  que,  aupoint  de  vuede  la  valeur  nutri- 
tive, il  n'y  a  pas  d'inconvénients  à  épuiser  complètement  la  racine  de 
tout  son  sacre  et  en  même  temps  de  tous  ses  sels  solubles,  car  cela 
ne  diminue  pas  la  valeur  intrinsèque  des  1000  kilog.  de  pulpes  rame- 
nés après  l'épuisement  complet  au  degré  de  siccité  qu'elles  avaient 
avant. 

(La  suite  prochainemcnl).  ,  A.  Vivien. 

LE  CLASSEMENT  DANS  LES  CONCOURS  D'ANIMAUX  GRAS 

Monsieur  le  directeur,  permettez-moi  de  répondre  quelques  mots 
à  la  lettre  de  l'honorable  M.  Nadaud,  sur  la  classiiication  du  bétail 
dans  les  concours  d'animaux  gras,  que  vous  avez  publiée  dans  votre 
numéro  du  30  décembre  dernier.  Je  dirai  d'abord  que  je  suis  com- 
plètement de  l'avis  de  MM.  Nadaud  et  Gréa,  sur  la  dentition  des  ani- 
maux, c'est-à-dire  que  plus  un  animal  est  de  race  précoce,  plus  il  est 
nourri  étant  jeune,  et  plus  sa  dentition  avance. 

Mais  il  y  a  une  règle  invariable  à  cet  égard,  c'est  que  :  tout  animal 
qui  n'a  plus  de  petites  dents  a  forcément  plus  de  trois  ans,  et  comme 
preuve  à  l'appui  de  ce  que  j'avance,  permettez-moi  de  citer  des 
exemples  parmi  les  bœufs  les  plus  remarquables  qui  ont  été  pré- 
sentés aux  Concours  du  Palais  de  l'Industrie.  Comme  exemple  je 
prendrai  des  animaux  présentés  par  mon  honorable  collègue 
M.  Alphonse  Tiersonnier,  qui  est,  sans  contredit,  l'éleveur  qui  a 
obtenu  le  plus  de  prix  d'honneur  aux  Concours  généraux  de  Poissy 
d'abord  et  du  Palais  de  l'Industrie  ensuite. 

M.  Tiersonnier  engraisse  les  animaux  qu'il  veut  présenter  aux 
Concours  de  boucherie,  depuis  le  jour  de  leur  naissance  ;  il  ne  le 
cache  à  personne  et  il  ne  craint  pas  de  les  montrer  à  tous  ses  concur- 
rents; de  plus  il  n'engraisse  que  des  animaux  de  race  Durham 
qui  est,  sans  contredit,  la  race  la  plus  précoce  que  nous  ayons  en 
France. 

Ce  grand  éleveur  a  obtenu  en  1877  le  prix  d'honneur  des  bœufs 
avec  un  animal  exposé  dans  la  1"^^  catégorie  sous  le  n"  22,  âgé  de 
36  mois  au  1  "  janvier,  pesant  949  kilog.  et  il  avait  encore  deux 
petites  dents;  cependant  je  crois  qu'avec  son  grand  poids  il  était  de 
race  précoce. 

Le  même  éleveur  a  obtenu  en  1881  le  2"  prix  de  la  2"  catégorie, 
avec  le  bœuf  Durham  inscrit  sous  le  n"  31,  âgé  de  37  mois  15  jours, 
pesant  884  kilog.;  cet  animal  qui  avait  dépassé  3  ans,  avait  encore  à 
l'époque  du  Concours,  c'est-à-dire  à  près  de  39  mois,  deux  petites 
dents. 

Maintenant,  quant  à  la  panique  de  l'année  dernière  dont  parle 
M.  Nadaud,  elle  n'a  pas  été  vue  du  même  œil  par  tout  le  monde. 
Voici,  en  effet,  ce  qui  s'est  passé  à  la  suite  de  la  visite  que  l'on  a  lait 
subir  aux  animaux  au  moment  du  pesage.  On  a  mis  de  côté  dans  la 
1""  catégorie,  non  seulement  tous  les  animaux  qui  n'avaient  plus  de 


94  LE  CLASSEMENT  DANS  LES  CONCOURS  D'ANIMAUX  GRAS. 

petites  dents,  mais  tous  ceux  dont  la  dentition  n'était  pas  en  rapport 
avec  l'âge  porté  aa  catalogue,  et  je  m'empresse  d'ajouter  que  l'on  a  eu 
raison;  car  le  jury  devant  tenir  compte  de  la  précocité  des  animaux, 
ne  peut  plus  être  dirigé  par  le  poids  de  bascule,  si  on  lui  laisse  entre 
les  mains  des  animaux  qui  ont  été  rajeunis  de  cinq  ou  six  mois. 
A  cet  égard  je  vais  citer  encore  un  exemple  parmi  les  déshérités, 
lequel  exemple  je  ne  me  permettrais  pas  de  citer,  si  la  victime  n'était 
pas  un  membre  de  ma  famille  qui  ne  m'en  voudra  certainement  pas, 
puisqu'il  m'a  avoué  lui-même,  que  c'était  par  suite  d'une  erreur  de 
sa  part  qu'il  avait  fait  une  fausse  déclaration  ;  le  bœuf  présenté 
sous  le  n°  6,  déclaré  âgé  de  28  mois,  a  été  éliminé  parce  qu'il 
n'avait  plus  que  deux  petites  dents  ;  c'était  un  des  plus  remarquables 
de  la  catégorie,  mais  seulement  il  avait  un  tort,  c'était  d'être  rajeuni 
de  7  ou  8  mois. 

Je  conclus,  M.  le  rédacteur,  en  disant  que  l'administration  de 
l'agriculture  a  pris  une  bonne  mesure  l'année  dernière,  et  que  pour 
mon  compte  propre,  je  l'y  verrai  persévérer  avec  bien  du  plaisir;  car 
tous  les  engraisseurs  savent  les  difficultés  que  l'on  éprouve,  à 
engraisser  des  animaux  de  moins  de  3  ans  qui  tendent  toujours  à 
grandir  et  non  à  engraisser,  et  je  me  permettrai  de  dire  à  Messieurs 
les  exposants  :  déclarez  l'âge  de  vos  animaux  exactement  et  vous 
n'aurez  jamais  à  subir  de  déclassement  pour  les  animaux  de  la 
1"  catégorie. 

Agréez,  etc.  E.   Lap.zat, 

éleveur  à  Germigny-l'Exempt  (Cher). 

SÉGHERIES  AGRICOLES  DU  SYSTÈME  GRISON 

Dans  les  années  humides,  comme  celle  que  nous  venons  de  tra- 
verser, la  dessiccation  et  la  conservation  des  fourrages  après  la  coupe 
sont  des  opérations  qui  présentent  de  grandes  difficultés;  il  en  est  de 
même  de  la  conservation  des  gerbes  de  céréales  à  l'abri  de  l'humidité 
après  la  moisson.  Parmi  les  nombreux  procédés  qui  ont  été  proposés 
pour  obvier  à  ces  inconvénients,  nous  devons  signaler  la  sécherie 
agricole  que  M.  Grison,  manufacturier  à  Lisieux  (Calvados),  a  ima- 
ginée en  1879  et  qui  lui  a  donné  d'excellents  résultats. 

La  séchérie  de  M.  Grison  est  très  simple.  La  fig.  8  la  montre  de 
face,  la  fig.  9  en  montre  le  plan,  et  la  fig.  10  en  est  une  vue  de  côté. 
La  longueur  est  de  4  mètres,  la  largeur  de  2  mètres,  et  la  hauteur 
de  3"". 50.  Pour  l'établir,  il  suffit  de  ficher  en  terre,  à  chacun  des 
angles,  un  montant  en  bois  brut  ou  ouvré  ;  pour  maintenir  les  montants, 
on  fixe  de  face,  au  milieu  et  à  la  partie  supérieure,  des  traverses  qui 
donnent  du  corps  à  l'appareil.  Sur  les  côtés  (fig.  10),  on  fixe  les 
entretoises  destinées  à  soutenir  10  claies  espacées  de  O^.SO.  Ces  claies 
sont  faites  en  fil  de  fer  de  1  millimètre  et  demi  de  diamètre  ;  la  forme 
des  claies  et  leur  espacement  assurent  une  libre  circulation  de  l'air 
dans  toutes  les  parties  de  la  séchérie.  Les  claies  sont  mobiles.  On 
les  charge  de  bas  en  haut,  en  garnissant  les  châssis  au  fur  et  à 
mesure  qu'ils  sont  placés.  La  partie  supérieure  est  recouverte  soit  par 
une  bâche,  soit  avec  de  la  paille  ou  de  l'herbe;  il  suffit  d'une  toiture 
quelconque  assez  légère,  et  imperméable  à  l'eau  de  pluie. 

La  séchérie  peut  servir  pour  les  fourrages  et  pour  les  céréales.  Le 
foin,  fané  à  la  manière  ordinaire,  peut  y  être  placé  lorsqu'on  redoute 


SKCIIERIES  AGRICOLES  DU  SYSTÈME  GRISON.  '         Oj 

un  orage;  si,  à  la  fin  de  la  jouraée,  il  est  presque  sec,  on  le  met  dans 
l'appareil  où  la  dessiccation  s'achève.  Quant  aux  céréales,  aussitôt 
coupées,  elles  sont  mises  en  bottes  et  placées  dans  la  sécberie. 

Sur  la  dépense  de  construction  et  d'entretien,  ainsi  que  sur  le  prix 


l-'ig.  8.  —  Socheric  agricole  'système  Grison. 


d'entretien   et  le  mode  d'emploi,   M.   Grison  nous  a  fourni  les  ren- 


seignements suivants 


..  La  st'cherie  peut  se  construire  en  fer,  mais  c'est  en  Lois  brut  "qu'elle  revient 
à  meilleur  marché,  le  cultivateur  n'ayant  à  débourser  que  le  prix  du  ril  de  fer  gai- 


, — , 

EE 

T 

liiii' 

'1^ 

II 

il!i 

!: 

II 

u 

[{ 

u 

1; 

1 

i!li 

II 

ill]-. 4..080 ; 

~ J/,GO0 ^ 

i 1,000 -:| 

; 1,080 y\ 

Jll 

1 

iil! 

0 

1 

'os 

à 

C^ 

1 

k 

:iii 

T-t"" 

1 

ll!l 

; 

1 

! 

:i!l 

1 

iiK                       !          ; 

1 

1 

! 

1 

1 

■lil                                     ■': 

1; 

1 

:"l 

i           ; 

i 

Iil 

1 

illl 

.  ,v 

1 

llbr-^ 

" 

_fâ 

-4^000 
Fig.  9.  —  Plan  de  la  séchcric. 

vanisé,  soit  12  à  U  francs  par  appareil  qui  peut  durer  vingt-cinq  à  trente  ans, 
car  il  est  des  années  où  il  ne  sera  utile  que  pour  les  récoltes  de  fin  de  saison. 

«  Le  coût  annuel  ne  s'élève  pas  à  plus  de  1  fr.  50  par  séeherie  et  cette  dépense 
est  50  fois  payée  par  l'économie  de  main-d'œuvre  qu'elle  procure  pendant  les 
années  pluvieuses. 

«  Il  faut  4  sécheries  pour  emmagasiner  la  récolte  d'un  hectare,  mais  une 
seule  sulfit  à  4  ou  5  ouvriers  récoltant  un  hectare  par  portions,  c'est-à-dire  pour 
le  travail  d'une  journée;  dans  ce  cas,  les  récoltes  doivent  être  bottelées,  et  rentrées 


96 


SÉCHERIES  AGRICOLES  DU   SYSTÈME   GRISON. 


chaque  jour;  il  est  préférable  et  plus  économique  d'avoir  2   sécheries  par  équipe 
de  6  ouvriers. 

«  Les  agriculteurs  qui  feront  un  essai  comparatif  avec  une  ou  deux  sécheries 
seulement  seront  vite  convaincus  qu'il  est  préférable  de  dépenser  une  petite  somme 
que  de  perdre  une  portion  de  leur  réi^olte. 

u  Recolle  des  céréales.  —  Lorsque  le  temps  est  incertain,  aussitôt  les  céréales 
coupées  et  mises  en  bottes,  on  les  range  sur  2  rangs  pour  garnir  chaque  claie  de 
la  sécherie  en  commençant  parcelle  du  bas,  les  autres  étant  rangées  en  tas  auprès 
de  l'appareil  pour  ne  pas  gêner  le  chargement. 

«  La  première  claie  étant  pof^ée  sur  les  premiers  tasseaux  des    4  montants  de 

la  sécherie,  garnie  et  chargée  de  0'"  25  à 
0'".28  d'épaisseur,  on  adaple  la  seconde 
claie  que  l'on  charge  de  la  même  manière 
ainsi  que  les  suivantes  en  montant  jus- 
qu'à la  dixième;  à  diverses  hauteurs  ou 
à  la  dixième  claie  seulement,,  on  laisse 
dépasser  la  paille  sur  les  quatre  laces 
de  l'appareil,  sur  une  épaisseur  de  0"'.2 
à  0'".3  et  0'".25  à  0'".30  de  longueur 
pour  former  saillie;  on  fait  incliner  cette 
paille  à  l'aide  d'une  ficelle  en  cordeau 
afin  de  protéger  la  récolte  contre  les 
pluies,  et  enfin  on  forme  la  toiture  ;  ce 
qui  est  le  mieux  pour  celle-ci,  c'est 
d'avoir  des  paillassons  faits  exprès  d'a- 
vance ou  des  bâches,  mais  ce  dernier 
moyen  coûte  trop  cher. 

a  La  récolte  ainsi  emmagasinée  peut 
y  rester  le  temps  que  l'on  veut,  c'est 
une  meule  carrée  au  lieu  d'être  ronde; 
lorsque  l'on  en  met  deux  à  côté  l'une  de 
l'autre,  les  vents  ne  peuvent  pas  les  ren- 
verser. La  dessiccation  s'opère  parla  cir- 
culation de  l'air  qui  se  l'ait  librement 
dans  toute  la  masse  en  deux  ou  trois 
jours,  selon  que  le  temps  est  plus  ou 
moins  chargé  d'humidité  ;  la  pluie,  la 
fraîcheur  de  la  terre  ne  sont  plus  à 
craindre,  on  n'a  plus  à  redouter  la  fer- 
mentation ni  la  germination,  la  récolte  est  assurée.- 

«  Si  le  temps  est  beau,  après  la  coupe  des  céréales,  on  laisse  la  dessiccation 
s'opérer  au  soleil  et  le  soir  on  emmagasine  la  récolte  dans  la  sécherie. 

«  Recolle  des  fourrages.  —  On  fane  comme  on  le  fait  d'habitude.  Voit-on  venir 
un  orage,  on  abrite  l'herbe  dans  la  sécherie  et  on  suspend  l'opération  pour  la 
continuer  en  temps  propice;  le  travail  fait  est  acquis,  la  dessiccation  se  continue 
sans  interruption 

«  Si  à  la  fin  d'une  journée  le  fanage  est  avancé,  on  loge  le  fourrage  dans  la 
sécherie  où  la  dessiccation  se  termine,  on  est  certain  de  la  récolte. 

«  Au  moment  des    secondes   coupes  d'arrière- saison  la   fenaison   est  souvent 


Fig.  10.  —  Vue  latcialo  de  la  sécherie  vide. 


«  Ma  sécherie  procurera  une  véritable  économie  de  main-d'œuvre  aux  agricul- 
teurs et  de  bonnes  récoltes  ;  on  en  reconnaîtra  l'utilité.  « 

Dans  les  proportions  qui  ont  été  indiquées  plus  haut,  une  sécherie 
peut  renfermer  25  mètres  cubes  de  fourrages  et  le  même  volume  de 
céréales.  Chaque  cultivateur  peut  lui-même  établir  ses  sécheries;  tou- 
tefois, les  personnes  qui  désirent  en  avoir  fabriquées,  peuvent  s'adres- 
ser à  MM.  Janson  frères,  marcliands  de  bois,  à  Lisieux  (Calvados). 

On  pourra,  à  l'exposition  d'instruments  annexée  aux  concours  géné- 
raux agricoles  de  Paris,  à  la  fin  du  mois  de  janvier,  visiter  un  modèle 
de  séclioiio  (juj  sera  exposé  par  M,  Gri.>^on.  lïenrv  Sagnier, 


DE  LA  SÉLECTION.  97 


DE  LA  SELECTION.  —  III 

24.  Reins,  largeur.  —  Relativement  à  la  longueur  nous  avons  dit  que 
le  dos  doit  être  long  et,  par  conséquent,  les  reins  doivent  être  courts; 
car  tandis  que  le  dos  a  un  appui  formé  par  les  côtes,  les  reins,  ce  qu'on 
peut  voir  au  squelette,  sont  comme  un  pont  entre  le  bassin  et  le  dos, 
et  il  y  aura  avantage  à  ce  que  les  reins  soient  courts  et  larges,  ce  qui 
leur  donne  plus  de  résistance. 

La  largeur  est  en  rapport  avec  l'incurvation  des  côtes. 

25.  Reins,  musculature.  — Même  pour  l'animal  qui  n'est  pas  destiné 
au  travail,  il  y  a  grande  utilité  à  ce  que  cette  partie  soit  bien  musclée; 
chez  les  ba3ufs  elle  fournit  une  viande  de  première  qualité  dont  l'abon- 
dance est  à  rechercher.  En  outre,  chez  les  vaches,  quand  on  voit  un 
amaigrissement  prononcé  de  cette  partie  et,  surtout  comme  une  cas- 
sure en  avant  du  bassin,  on  peut  considérer  ce  défaut  comme  un  signe 
d'épuisement,  de  décadence.  * 

Chez  les  taureaux  utilisés  trop  jeunes,  la  faiblesse  des  reins  oblige 
à  réformer  des  animaux  devenus  lourds  et  qui  sans  cela  auraient  des 
qualités.  Ainsi  on  ne  saurait  trop  donner  d'attention  à  cette  région,  à 
toutes  les  époques  de  la  vie,  et  on  devra,  si  possible,  éviter  que  les 
animaux  ne  se  creusent  les  reins  en  mangeant  trop  haut,  pendant 
leur  période  de  croissance  surtout  ;  du  reste  pendant  la  gestation  cela 
peut  être  une  cause  d'avortement. 

26.  Croupe,  longueur.  — La  longueur  delà  croupe  est  en  rapport' de 
développement  avec  les  organes  postérieurs,  surtout  ceux  de  la  lacta- 
tion. Chez  une  très  bonne  laitière,  il  y  aurait  plutôt  à  craindre  que  la 
croupe  ne  fût  trop  longue,  parce  que  cela  indiquerait  un  manque 
d'équilibre  dans  les  organes  antérieurs,  la  poitrine,  par  exemple. 
Comme  nous  l'avons  vu,  la  longueur  de  la  croupe  doit  être  celle  du 
corps  et  de  l'avant-train. 

Une  croupe  trop  courte  présente  l'inconvénient  que,  à  la  fin  de  la 
gestation,  la  matrice  étant  refoulée  en  arrière,  on  voit  un  renverse- 
ment de  cet  organe  quand  la  vache  est  couchée  :  —  elle  montre. 

27.  Croupe^  largeur.  —  La  croupe  doit  être  large  pour  porter  des 
muscles  développés  fournissant  une  viande  de  première  qualité  ;  mais 
il  faut  encore  que  la  largeur  qui  se  trouve  près  des  hanches  ne  diminue  . 
par  trop  près  de  la  queue.  C'est  un  des  indices  de  décadence  d'une 
vache. 

28.  Les  hanches,  qu'on  nomme  vulgairement  les  pommeaux,  doivent 
être  égales  et  ne  pas  faire  une  saillie  exagérée  en  dehors  de  l'aplomb 
des  cuisses.  Chez  certains  taureaux  ce  défaut  peut  amener  la  produc- 
tion de  veaux  dont  la  sortie  est  difficile. 

29.  Attache  de  la  queue.  —  La  construction  vicieuse  de  beaucoup 
de  vaches,  chez  lesquelles  la  base  de  la  queue  est  relevée,  a  été  pro- 
duite artificiellement  parce  qu'on  se  figurait,  il  y  a  une  cinquantaine 
d'années,  qu'il  fallait  préparer  un  facile  passage  pour  les  veaux  prove- 
venant  de  taureaux  à  grosse  tête.  Depuis  qu'on  s'est  persuadé  que  les 
têtes  massives  ne  sont  pas  nécessaires  pour  la  formation  du  lait,  les 
queues  relevées  sont  abandonnées  et  l'on  travaille  à  les  faire  dispa- 
raître, soit  par  sélection,  soit  en  les  refoulant  chez  les  veaux  cj,uijvien- 
nent  de  naître. 


9S  DE  LA  SELECTION. 

30.  Qutue.  —  Cet  organe  doit  être  fin,  simple  et  terminé  par  un  bou- 
quet de  poils  fins,  le  ioupillon.  La  queue  doit  tomber  d'aplomb;  celle 
qui  est  serrée  entre  les  jambes  indique  une  souffrance  intérieure. 

31 .  Tronc  en  général.  — ^/'e  paragraphe  paraîtra  peut  être  faire  double 
emploi  avec  le  paragraphe  4,  mais  ici  il  importe  d'apprécier  plus  spé- 
cialement l'égalité  d'épaisseur  du  tronc  aux  épaules,  au  ventre  et  aux 
cuisses,  ce  qu'on  néglige  souvent. 

32.  Côtes,  incurvation.  —  Les  côtes,  au  nombre  de  treize  de  chaque 
côté,  forment  la  cage  thoracique  ou  le  thorax,  qui  contient  les  pou- 
mons, le  cœur,  les  gros  vaisseaux,  etc.  Dans  certains  animaux  le  tho- 
rax va  en  s'élargissant  en  arrière  d'une  manière  trop  prononcée,  parce 
que  les  côtes  antérieures,  au  lieu  d'être  cintrées,  sont  aplaties,  et 
il  en  résulte  peu  de  place  pour  le  poumon  antérieurement.  Ce  défaut 
est  un  avant-coureur  des  maladies  de  poitrine. 

On  doit  reconnaître  si  la  peau  est  détachée  des  côtes,  si  on  peut  la 
pincer  facilement,  surtout  à  l'avant-dernière  côte.  La  peau  cousue  est 
un  indice  de  phtisie. 

33.  Ventre.  —  Bien  qu'on  ait  lieu  de  réclamer  des  animaux  de  l'es- 
pèce bovine  une  grande  activité  de  digestion,  un  bon  appétit,  il  ne 
s'ensuit  pas  que  le  ventre  doive  être  volumineux  ;  il  importe  au  con- 
traire pour  la  bonne  santé,  que  cette  région  ne  fasse  pas  de  saillie  sur 
les  organes  adjacents,  côtes,  sternum,  flanc.  L'exagération  de  volume 
du  ventre  chez  les  jeunes  animaux  indique  une  digestion  paresseuse, 
l'usage  d'aliments  de  faible  qualité,  ligneux,  et  il  en  résulte  facilement 
l'ensellement  et  l'aplatissement  des  dernières  côtes,  sollicitées  par 
un  poids  trop  fort. 

Chez  les  animaux  adultes  ou  vieux,  c'est  aussi  une  conformation 
vicieuse. 

34.  Le  flanc  ne  doit  pas  présenter  une  concavité  trop  prononcée 
en  avant  de  la  hanche,  comme  cela  arrive  chez  les  bêtes  nourries  d'ali- 
ments peu  substantiels  pendant  leur  première  jeunesse,  ou  chez  les 
vaches  qui  ont  été  épuisées  par  des  gestations  trop  répétées.  Le  flanc 
creux  n'indique  pas  l'amélioration. 

Le  flanc  est  quelquefois  raccourci  par  une  fausse  côte  supplémen- 
taire. Cette  exception  se  montre  chez  les  bonnes  bêtes. 

35.  Le  sternum  est  l'os  qjii  réunit  les  premières  côtes  à  la  partie 
inférieure  du  thorax.  11  est  garni  d'un  tissu  fibro-graisseux  qui  peut 
diminuer  beaucoup  par  le  fait  d'un  excès  de  fatigue  ou  d'une  lactation 
trop  abondante. 

Le  sternum  est  parfois  très  saillant,  mais  cette  construction  ne 
signifie  pas  toujours  que  le  thorax  soit  plus  étendu. 

Il  est  préférable  que  le  sternum  soit  à  peu  près  à  la  hauteur  du 
ventre. 

36.  Le  poitrail  est  cette  région  qui  se  trouve  entre  les  épaules  et  au- 
dessus  du  sternum.  Elle  doit  avoir  assez  de  largeur  pour  que  l'écar- 
tement  des  épaules  soit  équivalent  à  celui  des  hanches. 

Ce  n'est  pas  par  le  poitrail  que  les  animaux  respirent,  au  contraire, 
les  premières  côtes  sont  assez  rapprochées,  mais  la  largeur  du  poitrail 
vient  de  muscles  développés  dans  l'état  de  santé,  et  que  l'épuisement 
ou  l'amaigrissement  font  diminuer.  Le  poitrail  enfoncé,  étroit,  est  un 
signe  de  dégénérescence  générale. 

37.  Sangle,  —  Un  animal  est  dit  sa/iY/Ze  quand  les  côtes  sont  resserrées 


DE  LA  SELECTION.  99 

derrière  les  épaules,  et  qu'on  voit  une  dépression  dans  la  ligne  qui  va 
(lu  sternum  au  ventre.  Dans  ces  conditions  la  mesure  de  la  sangle  est 
plus  faible. 

On  pourra  se  demander  si  la  mesure  de  là  sarigle  peut  varier  sur  un 
même  animal,  indépendamment  de  l'état  de  maigreur  ou  d'embon- 
point? Oui;,  les  côtes  peuvent  se  resserrer  quand  il  n'y  a  pas  un  mou- 
vement régulier  des  poumons,  par  evemple  dans  les  élables  très 
chaudes,  ou  bien  quand  le  poumon,  déjà  obstrué  par  la  phtisie,  ne 
fonctionne  pas.  Le  contraire  arrive,  c'est-à-dire  que  la  poitrine  se  déve- 
loppe, quand  les  jeunes  animaux  respirent  l'air  vivifiant  des  pâturages. 

La  poitrine  étroite  et  sanglée  indique  les  vaches  épuisées  par  une 
bonne  lactation.  Elles  sont  bonnes  laitières,  mais  épuisées,  et  doivent 
être  écartées  de  la  reproduction. 

ZS.  Epaules. — En  extérieur  les  épaules  sont  ordinairement  appréciées 
avec  les  membres,  et  c'est  ce  que  l'on  doit  faire  pour  les  animaux  qui 
travaillent.  Mais  si  l'on  considère  les  épaules,  les  cuisses  et  les  fesses 
comme  des  masses  musculaires  dont  l'amaigrissement  se  lie  avec 
celui  des  parties  adjacentes,  comme  le  poitrail,  il  vaut  mieux  en  faire 
l'appréciation  conjointement  avec  celle  du  tronc. 

L'épaule  et  le  bras  portent  des  masses  musculaires  importantes  et 
quoiqu'elles  ne  forment  pas  de  la  viande  de  première  qualité,  elles 
sont  encore  avantageuses. 

L'épaule  doit  être  longue  et  oblique  et  occuper,  depuis  sa  pointe, 
antérieurement,  jusqu'à  son  extrémité  postérieure,  derrière  le  garrot, 
environ  le  tiers  de  la  longueur  du  corps. 

Les  épaules  des  vaches  très  bonnes  laitières  sont  maigres  et  comme 
décousues,  en  même  temps  l'articulation  scapulo-humérale  paraît  sail- 
lante. Mais  ce  que  nous  avons  dit  de  la  sangle  s'applique  ici.  Ces 
vaches  sont  maigres  d'épaules  parce  qu'elles  donnent  beaucoup  de 
lait,  mais  ce  n'est  pas  à  cause  de  leur  maigreur  qu'elles  sont  bonnes 
laitières  ;  c'est  donc  un  signe  de  décadence. 

39.  Cuisses^  elles  doivent  être  longues,  obliques  et  bien  musclées. 
La  cuisse  peut  être  grêle  parce  qu'elle  est  trop  droite  ou  aussi  par 
amaigrissement.  De  toutes  manières,  c'est  un  gros  défaut,  parce  que  la 
culotte  porte  une  viande  de  choix  qu'il  faut  développer  par  sélection. 

Il  arrive  trop  souvent  que,  dans  les  concours,  nos  animaux,  quoique 
de  bonne  conformation  et  bien  engraissés,  sont  mis  de  côté  à  cause  de 
l'absence  de  culotte.  C'est  un  défaut  à  signaler  et  à  corriger. 

40.  Les  fesses  subissent  aussi  la  conséquence  d'une  lactation  trop 
abondante  qui  développe  Tamaigrissement  et  la  raie  de  misère^  sillon 
entre  la  cuisse  et  la  fesse.  •  " 

Ce  défaut  a  plus  d'importance  qu'on  ne  croit  sur  l'amélioration  de 
nos  animaux. 

Les  pointes  de  fesses  doivent  être  écartées  l'une  de  l'autre;  si  le 
bassin  est  étroit  en  arrière,  les  jarrets  sont  serrés  et  la  marche  est 
mal  assurée.  Bieler, 

(L(i  .•iiiilii  in-ucluiincmunl).  Directeur  des  cours  agricoles  de  Lausanne. 

CULTURE  DU  BLÉ 

J'ai  adopté,  dans  mes  deux  fermes  de  Wattines  et  de  La  Valutte,  à 
Cappelle,  près  deTempleuve  (Nord),  un  système  spécial  pour  la  culture 
du  blé,  que  je  crois  utile  de  faire  connaître. 


100  CULTURE  DU   BLÉ. 

Nature  du  soi  —  Le  sol  est  peu  oncJalé,  argileux^  glaiseux  en  beau- 
coup d'endroits  et  dépourvu  de  calcaire;  la  couche  végétale  de  la  terre 
était  il  y  a  vingt  ans  de  C^.'iO  à  0™.25^  elle  est  en  ce  moment  de  0"\'25 
à  0"'.30,  et  sera  dans  quelques  années  de  0"'.30  à  0'".3r).  Cette 
augmentation  de  la  terre  végétale  a  été  obtenue  au  moyen  d'engrais  et 
de  labour  faits  chaque  année  de  plus  en  plus  profondément.  Le  terrain 
était  humide,  coupé  de  fossés  et  entouré  de  haies;  il  a  été  drainé 
partout  et  les  fossés  et  haies  ont  naturellement  disparu. 

Engrais.  —  Aucun  engrais  n'est  employé  pour  la  récolte  du  blé,  ils 
sont  mis  pour  la  récolte  qui  précède  celle  du  blé  qui  est  toujours 
emblavée  en  porte-graines  de  betteraves  dont  la  production  est  plus 
épuisante  que  celle  de  la  betterave  même;  néanmoins  elle  peut  lui  être 
comparée.  Les  engrais  employés  sont  les  fumiers  de  ferme,  les  urines 
des  animaux,  les  déchets  de  laines,  les  chiffons  de  laines,  les  tour- 
teaux de  toutes  espèces,  les  sangs  desséchés  et  les  engrais  chimiques. 
La  somme  d'engrais  employés  par  hectare  est  de  550  à  650  francs, 
variant  selon  le  prix  des  engrais  et  la  fertilité  du  sol.  Dans  la  compta- 
bilité je  fais  supporter  les  deux  tiers  de  la  valeur  des  engrais  employés 
à  la  récolte  de  graines  qui  est  très  épuisante  et  l'autre  tiers  à  la 
culture  du  blé.  Je  compte,  en  appliquant  ce  système,  être  presque 
d'accord  avec  la  méthode  de  certains  économistes  qui  mettent  en  ligne 
de  compte  pour  leur  valeur  la  quantité  d'engrais  enlevée  par  la 
récolte;  je  donnerai  ultérieurement  les  chiffres  obtenus  par  les  deux 
méthodes. 

Assolement.  —  L'assolement  est  pour  ainsi  dire  libre;  j'emblave 
ordinairement  mes  terres  deux  cinquièmes  en  porte-graines  de  bette- 
raves, deux  cinquièmes  en  blés  et  un  cinquième  en  prairies  artifi- 
cielles, betteraves,  lin,  etc.,  etc. 

Mode  de  culture.  —  Toutes  mes  terres  devant  produire  de  la  bette- 
rave, une  vingtaine  d'hectares  par  an  sont  labourées  à  l'automne  à 
0".35;  ce  labour  profond  ramène  à  la  surface  une  couche  d'argile 
d'environ  0"'.05,  dont  je  combats  l'acidité  et  dont  j'obtiens  l'ameu- 
blissement  par  la  chauxde  marne  que  j'emploieà  ladose  de  1 0,000  kilog. 
à  l'hectare.  C'est  en  employant  ce  moyen,  comme  je  l'ai  dit  antérieure- 
ment, que  j'approfondis  la  couche  végétale  de  mes  terres.  Toutes  celles 
destmées  à  porter  des  porte-graines  de  betteraves  qui  précèdent  tou- 
jours la  culture  du  blé  sont  labourées  une  partie  avant  l'hiver  de 
0'".25  à  0'".30  de  profondeur  et  une  partie  au  printemps  de  0".20  à 
0"'.25  pour  enfouir  le  fumier;  les  tourteaux,  sangs  desséchés,  engrais 
chimiques  sont  toujours  mis  au  printemps  et  enterrés  au  tricycle. 
Après  la  plantation  des  porte-graines  elles  reçoivent  quatre  à  cinq  façons 
de  houe  à  cheval  à  une  profondeur  variant  progressivement  de  quel- 
ques centimètres  à  0'M5  ;  elles  sont  ensuite  billonnées  dans  la  der- 
nière quinzaine  de  juin;  cette  culture  en  billon  est,  j'en  suis  per- 
suadé, propice  à  celle  du  blé.  Les  billonssont  retournés  en  septembre 
après  la  récolte  dés  graines  de  betteraves,  la  terre  est  extirpée  ou  tri- 
cyclée  le  nombre  de  fois  jugé  utile  et  elle  est  ensuite  labourée  en 
octobre  à  une  profondeur  de  0™.15  à  0'".20;  les  semailles  de  blé  sont 
exécutées  au  semoir  du  20  octobre  au  10  novembre  à  raison  de 
58  kilog.  de  semence  à  l'hectare.  Cette  quantité  est  suffisante,  depuis 
quinze  années  que  je  l'emploie  je  n'ai  jamais  eu  à  mien  repentir.  Dans 
des  terrains  en  bon  état  de  culture  et  d'engrais,  il  ne  faut  pas  mettre 


CULTURE  DU  BLÉ.  101 

trop  de  semence  lorsqu'on  se  sert  du  semoir.  Si  au  printemps  la  plante 
est  trop  serrée,  l'on  obtient  à  la  moisson  des  petits  épis,  moins  de 
i^rain  et  moins  de  paille;  la  trop  grande  quantité  de  semence  employée 
a  été  et  est  encore  l'une  des  causes  qui  s'opposent  le  plus  à  l'emploi 
du  semoir.  Beaucoup  de  bons  cultivateurs  de  ma  connaissance  pré- 
tendent obtenir  une  meilleure  récolte  en  semant  à  la  volée  150  litres 
à  l'hectare  qu'en  mettant  100  litres  avec  le  semoir;  à  mon  avis,  ils 
éprouvent  des  mécomptes  ;  c'est  qu'en  employant  le  semoir  ils  mettent 
trop  de  o-raines,  il  faudrait  qu'ils  en  réduisent  la  quantité  d'un  tiers. 
Frappé  de  ces  inconvénients  et  fatigué  de  la  verse  de  mes  récoltes, 
j'ai  commencé  dès  1852  à  n'employer  que  80  à  100  litres  à  l'hectare; 
après  expérience,  j'ai  constaté  que  cette  quantité  était  encore  trop 
forte  et  en  1864  je  semais  tous  mes  blés  de  55  à  80  litres;  au  début 
des  semailles,  je  commençai  par  55  litres  en  augmentant  progressi- 
vement cette  quantité  jusqu'à  la  fin,  c'est-à-dire  vers  le  15  novembre. 
J'ajouterai  que  j'ai  fait  des  semis  à  30  litres  qui  m'ont  donné  de  très 
bonnes  récoltes. 

Si  toutes  les  terres  fertiles  et  en  bon  état  d'engrais  étaient  ense- 
mencées dans  les  mêmes  conditions  que  les  miennes,  non  seulement 
on  éviterait  la  verse  et  l'on  obtiendrait  des  récoltes  supérieures,  mais 
on  épargnerait  plusieurs  millions  de  francs. 

Le  blé  semé  et  levé  dans  les  petits  sillons  formés  par  les  rayons  du 
semoir  est  à  l'abri  du  froid  de  l'hiver,  et  au  printemps  il  est  très  facile 
dans  ces  conditions  de  rechausser  la  tige  par  un  binage  mécanique  fait 
au  moyen  d'un  instrument  de  mon  invention  et  par  un  ou  plusieurs 
hersages.  Cette  façon  de  cultiver  les  blés  détruit  non  seulement  les 
mauvaises  herbes  qui  sont  levées  durant  l'hiver;  mais  en  recouvrant 
d'un  peu  de  terre  les  tiges  du  blé  et  en  les  roulant,  on  leur  fait  prendre 
des  nouvelles  racines,  on  les  fait  taller  énormément.  Cette  méthode  est 
aussi  un  des  meilleurs  préservatifs  contre  la  verse. 

Dans  les  conditions  où  je  cultive,  mes  blés  versent  très  rarement 
et  il  m'est  presque  toujours  possible  de  les  couper  à  la  moissonneuse. 
La  récolte  aussitôt  coupée  est  liée  par  dix  gamins  et  gamines  et  mise 
en  moyettes  couvertes  par  six  hommes;  une  équipe  de  10  personnes 
ainsi  composée  me  moissonne  et  me  relève  facilement  G  hectares  par 
jour  lorsque  le  blé  est  bien  droit.  Lorsqu'il  est  incliné,  l'on  ne  peut 
qu'en  faire  un  peu  plus  de  la  moitié;  mais  dans  ce  cas,  le  nombre  de 
personnes  qui  accompagnent  la  moissonneuse  diminue  également. 
Aussitôt  que  la  récolte  est  trop  humide  pour  être  mise  en  moyettes,  la 
moissonneuse  arrêta.  Lorsque  les  moyettes  sont  assez  sèches  pour 
rentrer,  au  lieu  de  les  mettre  en  tas  ou  en  meules,  je  les  conduis 
presque  toujours  directement  à  la  batteuse.  Cette  année,  le  battage  a 
été  eiîectué  de  cette  façon  du  14  août  au  10  septembre  au  moyen  d'une 
machine  Cumming  produisant  un  travail  moyen  de  12,000  kilog.  par 
jour;  mes  65  hectares  de  blé  ont  été  battus  en  18  jours,  ils  l'aura.ent 
été  en  16,  si  sur  la  fin  je  n'avais  pas  été  dérangé  par  le  mauvais 
temps. 

[La  suite  prochainement).  Florimond   Di:si'Ui:z. 

LE  VIGNOBLE  DE  GADARSAG 

A  la  fin  de  l'hiver  et  au  printemps,  de  nombreuses  expériences 
vont  être  faites,  dans  plusieurs  parties  du  vignoble  français,  sous  la 


102  LE  VIGNOBLE  DE  CADARSAC. 

direction  de  M.  Balbiani,  en  vue  de  la  destruction  de  l'œuf  d'hiver  du 
phylloxéra  auquel  on  s'accorde  aujourd'hui  à  attribuer  une  influence 
capitale  pour  assurer  la  propagation  du  phylloxéra  à  distance  et  pour 
créer  de  nouvelles  colonies  dans  les  vignes  indemnes.  On  rencontre 
encore  des  viticulteurs  qui  nient  cette  influence,  et  qui  prétendent  que 
ces  expériences  ne  donneront  que  de  vagues  résultats.  Il  nous  est 
impossible  de  partager  leur  avis,  et  nous  sommes  convaincu  que  tous 
ceux  qui  visiteront  le  vignoble  de  Cadarsac,  près  d'Arveyres,  sur  la 
ligne  de  Bordeaux  à  Libourne,  en  plein  foyer  phylloxérique,  revien- 
dront avec  la  conviction  que  la  lutte  contre  l'œuf  d'hiver  est  un  des 
meilleurs  et  des  plus  sûrs  moyens  d'arrêter  le  fléau. 

Nous  avouerons  franchement  que,  lorsque  nous  sommes  allé  à 
Cadarsac,  nous  n'avions  qu'une  médiocre  foi  dans  les  résultats  acquis 
par  son  propriétaire  M.  Sabaté.  Nous  avons  dû  nous  rendre  à  l'évi- 
dence, et  constater  qu'il  a  obtenu  de  très  remarquables  résultats  dans 
une  contrée  dont  le  plus  grand  nombre  des  vignes  ont  disparu.  Mais 
il  faut  exposer  les  faits  avant  d'en  tirer  des  conclusions. 

Le  domaine  de  Cadarsac  a  une  étendue  de  90  hectares,  dont  60 
étaient  plantés  en  vignes.  Il  se  compose  de  deux  parties  distinctes, 
séparées  par  une  route  :  la  première  en  coteau,  la  seconde  de  beaucoup 
la  plus  étendue,  en  plaine.  Le  sol  est  argileux  et  repose  sur  un  sous- 
sol  imperméable,  au  point  que  les  bas-fonds,  qui  forment  cuvette  et 
reçoivent  toutes  les  eaux  du  coteau,  sont  difficiles  à  assainir.  Les 
vignes  sont  souvent  atteintes  par  les  brouillards  et  par  les  gelées  du 
printemps. 

Les  vignes  sont  cultivées  avec  beaucoup  de  soin.  Le  premier, 
M.  Sabaté  introduisit,  en  1849,  la  charrue  vigneronne  dans  la  loca- 
lité; il  donna  aussi  l'exemple  du  palissage  sur  fil  de  fer,  qui  a  été 
successivement  adopté  par  tous  ses  voisins.  La  plantation  des  vignes 
est  faite  avec  un  espacement  de2"\30  entre  les  rangs,  et  de  2  mètres 
de  souche  à  souche  dans  chaque  ligne.  Les  cépages  choisis  du  Bor- 
delais y  sont  seuls  cultivés  :  Cabernet,  Verdot,  Malbec  ou  Pressac. 
Chaque  année,  les  vignes  reçoivent  deux  labours  et  autant  de  hersages 
qu'on  peut  en  donner.  Pour  utiliser  les  larges  allées  qui  séparent 
les  rangs,  M.  Sabaté  y  prend  des  fourrages  d'avoine  et  de  fèves  en 
vert.  Les  engrais  ne  sont  d'ailleurs  pas  ménagés;  les  composts  sont 
ceux  auxquels  le  propriétaire  donne  la  préférence.  Ces  composts 
sont  formés  par  des  raclures  de  routes,  les  déchets  de  bois,  les  feuilles 
mortes,  les  marcs,  les  détritus  de  toutes  sortes,  qu'on  fait  pourrir  eu 
tas  volumineux,  de  manière  à  former,  au  bout  de  douze  à  quinze  mois, 
un  terreau  homogène,  qui  est  étendu  sur  le  sol,  entre  les  souches,  sur 
une  épaisseur  de  0".02. 

Le  vignoble  de  Cadarsac  a  été  atteint  par  le  phylloxéra  dès  1 873,  il 
y  a  maintenant  neuf  ans.  L'invasion  a  commencé  par  les  vignes  de 
coteau  qui  ont  été  presque  complètement  détruites  en  peu  d'années. 
La  plupart  des  systèmes  de  défense  préconisés  eut  été  essayés  par 
M.  Sabaté;  celui  qui  lui  a  donné  les  meilleurs  résultats  est  le  sulfure 
de  carbone.  Après  la  découverte  de  l'œuf  d'hiver  du  phylloxéra,  par 
MM.  Balbiani  et  Boiteau,  en  1875;  M.  Sabaté  comprit  immédiatement 
qu'il  y  avait  là  une  voie  nouvelle  ouverte  pour  la  lutte.  Il  résolut  donc 
de  généraliser  et  de  pratiquer  chaque  année  le  décorticage  des  souches 
que  tous  les  bons  viticulteurs  du  Bordelais  effectuent  à  intervalles 


LE  VICxNOBLE  DE  GADARSAG.  103 

plus  OU  moins  rapprochés^,  de  temps  presque  immémorial.  Dès  lors, 
il  devint  maître  du  iïéau,  et  après  quelques  tâtonnements,  il  est  arrivé 
à  une  méthode  qui  lui  a  permis  de  rendre  la  vigueur  à  celles  de  ses 
vignes  de  plaines  qui  étaient  atteintes,  et  de  préserver  celles  qui 
n'étaient  pas  encore  attaquées.  Ce  système  est  la  combinaison  de 
l'écorcage  avec  le  chaulage,  et  avec  l'emploi  du  sulfure  de  carbone 
lorsque  le  besoin  de  cet  agent  se  manifeste. 

Pour  pratiquer  l'écorcage,  M.  Sabaté  a  imaginé  un  gant  que  tous 
les  viticulteurs  connaissent,  et  sur  la  description  duquel  nous  ne 
reviendrons  pas.  L'opération  se  l'ait  pendant  l'hiver  après  la  taille  ; 
elle  ne  coûte  pas  très  cher  ;  pendant  l'hiver  dernier,  8  femmes  ont  mis 
dix-luiit  jours  à  écorcer  tout  le  vignoble.  Quant  au  chaulage,  il  con- 
siste à  détraire  tous  les  insectes  qui  pullulent  sur  la  vigne,  en  y  pro- 
jetant de  la  chaux  en  poudre  au  moyen  du  soufflet  à  soufrer;  l'opéra- 
tion se  fait  par  la  rosée,  car  la  chaux  doit  se  combiner  avec  l'eau  pour 
exercer  son  action  toxique.  Le  chaulage  est  répété  3  ou  4  fois  depuis 
la  première  végétation  jusqu'à  la  fin  de  mai.  Ce  n'est  pas  non  plus  une 
opération  qui  soit  coûteuse;  il  a  fallu  18  francs  de  chaux,  cette  année, 
pour  tout  le  domaine;  il  faut  4  matinées  à  22  personnes  pour  chauler 
(30  hectares.  M.  Sabaté  calcule  que  les  deux  opérations  du  chaulage  et 
de  l'écorcage  lui  reviennent  à  3  fr. par  journal  de  vigne. 

Voilà  six  ans  que  le  système  est  appliqué  à  Cadarsac.  Ajoutons  que 
tous  les  ceps  qui  paraissent  faiblir  sont  traités  au  sulfure  de  carbone, 
par  le  pal  Gastine,  à  raison  de  7  à  8  grammes  de  sulfure  par  trou  de 
pal;  les  trous  sont  distants  de  0'".70  en  quinconce.  Mais  à  mesure 
que  l^s  bons  effets  du  traitement  préventif  se  sont  accentués,  la 
quantité  de  sulfure  de  carbone  qu'il  a  fallu  employer  a  été  en  dimi- 
nuant; en  1882,  M.  Sabaté  n'a  pas  dépensé  plus  de  100  kilog.  de  cet 
insecticide. 

Quels  sont  les  résultats  acquis?  Nous  avons  dit  que  les  vignes  du 
coteau  avaient  été  détruites 'dès  les  premières  années  de  l'invasion. 
Quant  aux  vignes  basses,  elles  ont  repris  une  magnifique  vigueur.  Un 
malheur  qui  est  arrivé  en  1881,  a  d'ailleurs  servi  de  démonstration 
complets  pour  l'efficacité  du  procédé.  Plusieurs  souches  ont  été 
atteintes  par  la  gelée  «du  1  5  janvier  (le thermomètre  est  descendu  à  — 
18°j;  elles  ont  été  recepées  près  du  sol;  cette  année,  elles  avaient  des 
pousses,  que  nous  avons  vues,  de  près  de  2  mètres.  Des  vignes  gelées 
qui  repoussent  ainsi  sont  loin  d'être  épuisées.  Il  suffit  d'ailleurs  de 
comparer  les  vignes  de  M.  Sabaté  à  celles  de  ses  voisins,  pour  constater 
le  succès  ([u'il  a  obtenu. 

Piien  ne  prouve  d'ailleurs  mieux  la  valeur  d'un  système  que  son 
adoption  par  ceux  qui  en  sont  les  témoins.  Les  vignerons  qui  entourent 
M.  Sabaté  ont  adopté  son  système  préventif,  et  ils  s'en  trouvent  par- 
faitement. Nous  citerons  :  à  Cadarsac  même,  MM.  Boyer,  Régnier, 
Taillade,  etc.;  à  Genissac,  M.  Peyrabeau,  et  beaucoup  d'autres;  à 
Goulongue,  M.  Tastet;  à  Arveyres,  MM.  Chaudet  et  Coycault.  Si  nous 
allons  dans  le  Médoc,  nous  trouvons  le  procédé  appliqué  au  château 
Palmer  et  au  château  d'Ysson. 

Lapersévérancede  M.Sabaté  commence  donc  à  porter  des  fruits.  Son 
exemple  est  un  puissant  encouragement  pour  tous  ceux  q^^i  s'engage- 
ront, à  la  suite  de  M.  Balbiani,  dans  la  lutte  contre  l'œuf  d'hiver.  La 
démonstration  faite  au  château  Cadarsac  doit  être  signalée;  car  si  l'on 


104  LE  VIGNOBLE   DE  GADARSAC. 

a  obtenu  de  tels  résultats  dans  une  vigne  complètement  atteinte,  en 
plein  foyer  d'invdsion,  on  est  en  droit  d'en  attendre  de  beaucoup  plus 
faciles,  là  où  le  fléau  ne  fait  qu'une  première  apparition.  M.  Sabaté  a 
été,  peadant  longtemps,  considéré  comme  un  inventeur  malheureux; 
nous  croyons  que  l'heure  de  la  revanche  est  venue  pour  lui. 

Henry  Sagnieji. 

SUR  LA  CREATION  DTN  PRIVILÈGE 

EN  FAVEUR  DES  VENDEURS  D  ENGRAIS' 

La  Commission  spéciale  que  vous  avez  nommée,  sur  la  demande 
de  M.  le  ministre  de  l'agriculture,  a  examiné  l'amendement  tendant  à 
donner  un  rang  privilégié  à  la  créance  du  marchand  d'engrais,  amen- 
dement sur  lequel  la  Commission  sénatoriale  du  projet  de  loi  sur  le 
crédit  agricole  a  pensé  qu'il  serait  utile  de  connaître  votre  avis. 

Cette  question  intéressante  à  toutes  les  époques,  comme  toutes 
celles  qui  touchent  au  crédit  agricole,  présente  une  importance  parti- 
culière dans  les  circonstances  actuelles,  où  aucun  moyen  ne  doit  être 
omis  ou  négligé  pour  lutter  contre  une  situation  dont  nul  ne  saurait 
méconnaître  la  gravité. 

C'est  en  se  pénétrant  de  cette  pensée,  qui  a  toujours  été  et  restera 
essentiellement  la  vôtre,  que  la  Commission,  avant  de  vous  apporter 
son  opinion,  a  successivement  discuté  : 

1°  Les  précédents.;  2°  la  question  de  droit  ;  3"  enfin,  et  surtout,  la 
question  de  fait,  plus  importante  encore,  de  l'intérêt  de  l'agriculture 
et  de  l'intérêt  du  cultivateur  lui  même. 

L  Précédents.  ■ —  Nous  ne  rappellerons  pas  ici  tous  les  précédents; 
ils  sont  trop  nombreux,  car,  chaque  fois  que  la  question  générale 
des  privilèges,  que  la  question  plus  spéciale  du  privilège,  soit  du 
bailleur,  soit  du  propriétaire,  ou  celle  enfin  du  crédit  agricole  ont  été 
soulevées,  cette  discussion  s'est  reproduite.  Chaque  fois,  le  fournisseur 
d'engrais  a  été  présenté  comme  un  des  coopérateurs  de  la  récolte,  et 
sa  part,  très  importante  sans  doute  dans  la  production,  considérée 
comme  devant  être  garantie,  dans  l'intérêt  môme  du  cultivateur,  par 
un  privilège,  primant,  suivant  certains,  partageant,  suivant  d'autres, 
celui  du  propriétaire. 

C'est  cet  argument  qui,  en  termes  différant  seulement  par  la  forme, 
se  retrouve  dans  toutes  les  discussions,  et  notamment  dans  les  plus 
importantes,  que  nous  résumerons  ici,  savoir  : 

\°  Celle  de  la  Commission  extra-parlementaire  nommée  pour  l'en- 
quête agricole  de  1866; 

2"  Celles  qui  ont  eu  lieu  dans  le  sein  même  de  notre  Compagnie. 

Commission  de  l'enquête,  agricole.  —  Le  rapport  de  la  Commission 
de  l'enquête  agricole,  tome  II,  p.  99,  présente  les  considérations 
suivantes  : 

«  On  pense  que  cette  mesure,  en  donnant  plus  de  sécurité  au  com- 
te merce  des  engrais,  aurait  pour  effet  de  le  fortifier  en  y  attirant  les 
f(  capitaux,  et  de  lui  permettre  de  rendre  à  l'agriculture  de  plus  grands 
(c   services.  » 

Un  projet  de  loi,  préparé  par  une  Commission  extra-parlementaire 
dès  1866,  servit  surtout  de  base  aux  délibérations  de  la  (Commission  % 

1.  Rapport  adopté  par  la  '■"ocicté  nationale  d'agriculture  dans  sa  séance  du  3  janvier. 

2.  M.  Josseau,  notre  collègue,  en  fut  rapporteur. 


CRÉATION  d'un   PRIVILÈGE  EN  FAVEUR  DES  VENDEURS  D'ENGRAIS.      105 

dans  lesquelles  plusieurs  autres  propositions,  notamment  celle  de 
MM.  Mathieu  et  Rivet,  furent  également  discutées.  Il  était  lié,  dans  la 
pensée  de  ses  auteurs,  à  la  création  d'une  ou  plusieurs  Sociétés  de  crédit 
agricole.  Pour  donnera  leurs  opérations  une  garantie  plus  certaine,  il 
proposait  «  d'assimiler  aux  loyers  et  fermages  les  engagements  et 
«  effets  contractés  pour  achats  de  semences,  engrais  et  amendements^ 
«  bestiaux  de  travail  ou  d'engraissement  et  pour  ustensiles  servant 
;<  à  l'exploitation,  si,  dans  la  huitaine  d'un  avertissement^  le  proprié- 
«  taire  n'avait  pas  notifié  son  opposition.  » 

La  Commission,  déclarant  qu'elle  n'avait  pas  à  s'occuper  de  la 
question  de  la  création  de  Sociétés,  limita  son  étude  à  la  seconde  partie 
du  projet,  la  modification  de  l'article  2102. 

La  proposition,  dès  lors,  ne  se  présenta  plus  (p.  821)  que  dans  les 
termes  suivants  : 

c(  A  l'ésard  des  sommes  dues  pour  engrais  ou  amendements,  le  pri- 
«  vilège  du  propriétaire  conserve  son  premier  rang  pour  les  loyers  et 
f<  fermages  échus,  ceux  de  Tannée  courante  et  ceux  de  l'année  qui  la 
«  suit,  lorsque,  dans  la  quinzaine  de  l'avis  qui  lui  a  été  donné,  il  a 
«   notifié  son  opposition  au  vendeur.  « 

Sans  s'arrêter  aux  plaintes  qui  s'étaient  produites  dans  l'enquête  au 
sujet  du  commerce  des  engrais,  attendu  qu'une  loi  alors  récente,  celle 
du  28  juillet  1867,  avait  été  rendue  pour  assurer  d'une  manière  plus 
efficace  la  répression  des  fautes  qui  pourraient  être  commises  (p.  535), 
la  Commission,  s'occupant  uniquement  des  restrictions  à  l'étendue  et 
à  la  durée  du  privilège  des  propriétaires,  les  a  jugées  plus  nuisibles 
qu'avantageuses  au  fermier,  qui  ne  trouverait  plus  son  propriétaire 
disposé  à  lui  accorder  les  mômes  facilités  pour  l'obtention  des  baux, 
ni  les  mêmes  tempéraments  pour  le  payement  des  fermages. 

Les  conclusions  du  rapport  proposant  d'attribuer  au  vendeur  d'en- 
grais, non  plus  une  antériorité  ou  un  partage  avec  le  propriétaire,  mais 
un  privilège  analogue  à  celui  des  fournisseurs  de  semences,  furent 
discutées  dans  la  séance  du  8  juillet  1869  (page  147). 

Elles  furent  repoussées  par  la  sous-Commission,  dont  l'avis  fut  par- 
tagé par  la  Commission  dans  la  séance  du  13  du  même  mois. 

Précédents  de  notre  Compagnie.  —  Mais  revenons.  Messieurs,  à  notre 
Compagnie  même,  dans  laquelle  la  question,  souvent  discutée,  l'a  été 
surtout  de  la  manière  la  plus  large  et  la  plus  complète  dans  les  années 
1873-1874  à  l'occasion  d'une  proposition  faite  à  l'Assemblée  nationale 
par  M.  Vingtain. 

Une  première  fois,  en  1866,  elle  s'était  prononcée,  mais  seulement 
d'une  manière  générale,  en  faveur  des  facilités  de  crédit  à  l'agriculture, 
malgré  les  observations  de  M.  Wolowski,  signalant  les  dangers  résul- 
tant de  créations  de  banques  agricoles  ou  territoriales,  qu'il  considé- 
rait comme  un  moyen  de  battre  monnaie  sur  l'agriculture  (page  521). 

«  Ce  qu'il  lui  faut,  disait-il,  ce  sont  des  charrues  et  des  engrais, 
«  des  capitaux  sérieusement  engagés,  et  non  des  chimères  qui  com- 
«  promettent  sa  sécurité.  » 

Plus  tard,  en  1873,  la  proposition  de  M.  Vingtain  réduisit  la  ques- 
tion à  un  privilège  en  faveur  du  marchand  d'engrais.  Après  une  longue 
discussion  dans  les  séances  des  30  mai,  6  et  13  juin,  la  Société  émit 
un  avis  en  principe.  De  son  coté,  la  Société  des  agriculteurs  de  France, 
malgré  les  conclusions  de  ses  deux  Commissions,  s'était  prononcée 


106     CRÉATION  d'un  PRIVILEGE  EN  FAVEUR  DES  VENDEURS  D  ENGRAIS. 

contre.  Alors  M.  Vingtain,  modifiant  d'après  la  discussion  son  projet, 
le  présenta  dans  les  termes  suivants  : 

«  Le  privilège  du  vendeur  d'engrais  ne  pourra  excéder  le  quart  du 
fermage  annuel  payé  par  le  fermier,  et  l'application  de  la  loi  nouvelle 
n'aura  lieu  que  pour  le  quart  de  la  récolte  des  terres  labourables  cul- 
tivées par  le  fermier.  De  plus,  les  engrais  achetés  ne  pourront  être 
employés  que  sur  le  quart  des  terres  cultivées  par  le  fermier.   » 

Tel  est  le  projet  restreint  dont  M.  Wolowski  proposa  l'approbation. 
Il  fut  discuté  dans  la  séance  du  2  décembre  1 874,  et  peu  de  discussions 
ont  présenté  un  plus  véritable  intérêt.  Nous  citerons,  notamment,  les 
paroles  de  MM.  Magne,  Pluchet,  Hervé  Mangon,  etc.,  faisant  observer 
que  le  capital  bétail  est  celui  «  qui  offre  le  plus  d'importance  pour  les 
<c  cultivateurs.  La  création  du  privilège  demandé  n'aurait  pas  plus  de 
(c  raison  d'être  que  celle  d'un  privilège  en  faveur  des  vendeurs  de 
<(  bétail  et  autres,  et  elle  n'aurait  pour  résultat  que  d'augmenter  les 
«  difficultés  que  les  cultivateurs  rencontrent  déjà  de  ce  côté.  » 

Après  plusieurs  séances,  la  discussion  a  été  renvoyée  à  un  jour 
ultérieur,  sur  la  demande  de  M.  Wolowski  lui-même,  qui  voulait 
introduire  de  nouveaux  aiBendements  ;  depuis  elle  n'a  pas  été  reprise, 
et  la  question  n'a  pas  reçu  de  solution. 

IL  Question  de  droit.  —  Si  nous  nous  sommes  étendus  sur  les 
précédents,  c'est  qu'il  nous  a  paru  que  c'était  le  meilleur  moyen  de 
rappeler  les  difficultés  diverses  qu'une  pensée,  qui  semble  juste  en 
principe,  a  toujours  rencontrées  quand  on  a  voulu  en  régler  l'appli- 
cation, et  de  préciser  les  objections  de  fait  et  de  droit  devant  lesquelles 
on  s'est,  jusqu'ici,  toujours  arrêté. 

Mais  ce  n'est  pas  seulement  en  théorie  et  au  point  de  vue  d'une 
loi  à  intervenir  qu'il  en  est  ainsi  ;  la  question  s'est  déjà  présentée 
dans  la  pratique  même;  car,  à  l'origine,  la  jurisprudence  avait,  par 
interprétation  de  l'article  21 02,  étendu  au  marchand  d'engrais  le  pri- 
vilège du  vendeur  de  semences.  Elle  n'est  revenue  à  l'application 
stricte  du  texte  qu'à  la  suite  d'un  arrêt  de  la  cour  de  Caen  du 
28  juin  1837,  dont  nous  donnons  ici  le  texte  : 

«  La  Cour,  considérant  que  l'article  2102  paragraphe  1''',  quatrième 
alinéa,  ne  confère  expressément  de  privilège  qu'aux  semences  et 
récoltes,  et  qu'en  matière  de  privilège,  tout  est  rigoureux;  considé- 
rant que  les  fournitures  faites  parDuguay  sont  des.poudres  végétatives 
qui  ne  constituent  que  de  simples  engrais  et  qu'on  ne  les  peut  ranger 
dans  la  classe  des  semences  ou  frais  de  récoltes  auxquels  la  loi  attri- 
bue privilège,  sans  dénaturer  la  signification  usitée  de  ces  termes  ;  — 
considérant  qu'on  objecte  vainement  que  par  suite  de  l'emploi  de  ces 
engrais,  la  terre  sur  laquelle  ils  ont  été  placés,  ainsi  que  les  récoltes 
qu'elle  a  produites,  ont  obtenu  une  amélioration  quelconque,  parce 
que  le  législateur  n'a  point  établi  de  privilèges  pour  toutes  les  fourni- 
tures qui  peuvent  servir  à  améliorer  la  terre  et  les  récoltes,  mais  seu- 
lement pour  les  semences  et  frais  de  récoltes  et  qu'à  défaut  de  texte 
bien  précis,  on  ne  peut  suppléer  au  silence  de  la  loi  pour  créer  un 
privilège  qu'elle  n'a  point  expressément  déterminé. 

«  Considérant  en  outre  que  le  comte  de  Saint-Cricq,  en  louant  sa 
terre  à  Gohier,  lui  a  nécessairement  livré  des  fumiers  et  des  pailles 
en  quantité  suffisante,  ou  que  du  moins  Gohier,  en  acceptant  la  terre 
dans  l'état  oij  elle  se  trouvait,  doit  être  regardé  comme  s'étant  con- 


CRÉATION  D'QN  PRIVILKGE  EN  FAVEUR  DES  VENDEURS  D'ENGRAIS.      107 

tenté  de  cet  état,  sous  le  rapport  des  engrais,  et  que  le  propriétaire 
n'a  pas  dû  s'attendre  que  son  privilège  pour  fermages  pût  se  trouver 
primé  par  les  frais  de  tous  les  engrais  extraordinaires  qu'il  plairait 
à  son  fermier  de  placer  sur  sa  terre  ;  que  dans  l'espèce,  il  y  aurait 
d'autant  plus  d'inconvénients  à  les  allouer  qu'ils  s'élèvent  à  une 
somme  très  considérable  et  qui  absorberait  presque  en  entier  le  pro- 
duit de  la  récolte  sur  lequel  le  propriétaire  devait  compter  pour  le 

payement  de  ses  fermages ,  confirme,  etc.  »\ 

Après  avoir  lu  cet  arrêt,  on  est  amené  à  reconnaître  que  l'esprit 
(p.  818)  en  a  été  exactement  apprécié  dans  l'enquête  agricole,  où  il  est 
dit  que  si  les  tribunaux  sont  revenus  au  texte  rigoureux  du  Code, 
c'est,  sans  doute,  qu'ils  craignaient,  et  avec  raison,  d'être  entraînés 
trop  loin. 

Ce  n'est  pas  notre  Compagnie,  Messieurs,  qui. pourra  jamais  être 
accusée  de  méconnaître  le  rôle  si  important  que  remplit  l'engrais  dans 
l'agriculture  et  son  indiscutable,  son  essentielle  utilité. 

Mais  Cette  vérité  évidente  pour  tous,  suffit-elle  pour  démontrer  le 
bien  fondé  et  la  nécessité  du  privilège?  Le  caractère  môme  du  privi- 
lège n'est-il  pas,  que,  sans  l'intervention  de  la  dépense  qu'il  est  des- 
tiné à  garantir,  l'objet  ou  la  valeur  sur  lesquels  il  porte,  n'existerait 
pas  ou  aurait  cessé  d'exister.  Ainsi,  sans  la  terre,  sans  la  semence  et 
les  frais  de  récolte  de  l'année,  il  est  certain  qu'aucune  récolte  n'au  • 
rait  eu  lieu.  De  même  le  privilège  pour  le  sauvetage  d'un  navire 
repose  sur  ce  principe  que,  sans  le  sauvetage,  le  navire  aurait  péri. 

Mais  il  y  a  une  autre  espèce  de  privilèges,  celle  des  articles  2103 
n°*  4  et  5,  2110  et  suivants  qui,  résultant  d'un  autre  principe,  celui 
de  la  plus-value,  sont  aussi  légitimes  en  ne  s'exerçant  que  sur  cette 
plus-value.  C'est  à  ceux-là  et  avec  la  même  restriction,  que  devrait, 
du  moins  suivant  plusieurs,  être  assimilé  le  privilège  du  vendeur 
d'engrais. 

Sans  contester  les  raisons  sur  lesquelles  s'appuie  cette  théorie,  on 
a  fait  remarquer  combien  il  serait  difficile  de  la  faire  passer  et  de 
l'organiser  dans  la  pratique.  Comment  remplacer  le  double  procès- 
verbal  exigé  par  les  articles  2103  et  2110,  qui  doit  être  dressé  par 
experts,  nommés  d'office  par  les  tribunaux  de  première  instance? 

Comment  d'ailleurs  pourvoir  à  tant  d'expertises!  Ou,  si  l'on  sup- 
pose le  privilège  tacitement  accepté,  à  tant  d'assignations? 

Comment  préciser  cette  plus-value  produite  par  l'intervention  de 
l'engrais,  plus-value  sur  laquelle  seule  le  privilège  pourrait  justement 
s'exercer? 

S'arrêtera-t-on  à  des  règles,  précisées  d'avance,  de  temps,  de  date, 
de  quotité,  de  valeur,  de  superficie,  comme  M.  Vingtain  proposait  de 
le  faire?  Mais  quoi  de  plus  arbitraire? 

Et  en  dehors  de  semblables  applications  empiriques,  de  quelle 
manière  sera-t-il  possible  de  procéder? 

Comment  établir  sur  quel  champ  l'engrais  a  été  répandu,  à  quelle 
récolte  il  a  été  afîecté.  quelle  augmentation  il  a  produite?  Distin- 
gucra-t-on  entre  l'engrais  dont  l'effet  est  censé  n'être  qu'annuel,  bien 
que  souvent  les  circonstances  atmosphériques  ne  le  laissent  agir  que 
sur  les  années  suivantes,  et  les  amendements,  marnagc,  chaulage, 
qui  sont  exécutés  en  vue  d'une  période  d'années  plus  ou  moins  éten- 

l.Duguay,  centre  baiul-Cricq. 


108      CRÉATION   D'UN   PRIVILÈGE  EN  FAVEUR  DES  VENDEURS  D'ENGRAIS. 

due?  Et  d'autre  part,  peut-on  oublier  la  question  d'appropriation  au 
sol?  Tel  engrais  mauvais  ou  médiocre  n'empêche  pas  toujours  les  bons 
effets  d'une  saison  heureuse.  Tel  autre^,  excellent  ici,  peut  ailleurs 
être  nul,  insuffisant  et  même  contraire. 

D'autre  part,  s'arrêtera-t-on  à  une  année,  à  plusieurs,  à  un  assole- 
ment tout  entier?  La  grande  fumure  donnée  sur  les  betteraves  d'une 
année  sera- 1- elle  exclue  du  privilège  sur  le  blé  de  l'année  suivante? 
Toutes  questions  impossibles  à  régler  en  droit,  et  par  avance;  très 
difficiles  à  apprécier  en  fait,  même  par  les  spécialistes  les  plus  émi- 
nents,  et  qui,  par  les  contestations  qu'elles  soulèveraient  nécessaire- 
ment, par  la  difficulté  de  les  résoudre,  sans  même  supposer  de  part 
ni  d  autre  les  suggestions  de  la  mauvaise  foi,  pourraient  donner  plus 
d'occupation  aux  hommes  de  loi  que  de  crédit  aux  cultivateurs. 

III.  — Question  de  fait.  —  C'est,  en  effet,  l'intérêt  de  l'agriculture 
et  du  cultivateur,  du  petit  cultivateur  surtout,  qui  est  le  point  prin- 
cipal auquel  votre  Commission  a  dû  s'attacher. 

La  modification  proposée  lui  donnera-t-elle  le  crédit  dont  il  a  besoin? 

Si  votre  Commission  en  eût  été  convaincue,  ell.e  n'aurait  reculé 
devant  aucune  étude,  elle  aurait  conseillé  tous  les  moyens  possibles 
pour  arriver  à  un  résultat  aussi  désirable;  mais  c'est  une  opinion  con- 
traire qui  s'est  formée  dans  son  sein.  Elle  a  remarqué  d'abord  que, 
presque  toujours,  la  question  du  privilège  était  liée  à  celle  du  crédit 
agricole,  à  celle  surtout  de  la  création  de  sociétés  de  crédit;  au  fond, 
on  cherche  les  moyens  d'assimiler  le  crédit  agricole  au  crédit  com- 
mercial, en  créant  un  papier  négociable,  remboursable  à  échéance  fixe 
et  garanti  par  un  privilège. 

De  cette  question  pas  plus  que  de  celle  du  nantissement  à  domicile, 
question  presque  toujours  également  connexe,  nous  n'avions  pas  à 
délibérer. 

Notre  mission  se  bornait  à  l'examen  des  rapports  entre  l'agriculteur 
et  le  marchand,  auquel  il  s'agirait  de  conférer  l'avantage  du  privilège 
pour  la  vente  de  l'engrais  commercial  ou  industriel,  de  cet  engrais 
surtout,  car  rarement  l'engrais  de  ferme  est  produit  ailleurs  que  sur  la 
ferme  même. 

La  Commission  a  cru  que  le  privilège  conféré  au  marchand  de  cet 
engrais  commercial,  aurait  pour  effet  de  faire  souvent  de  ce  négociant 
l'arbitre  du  crédit  du  cultivateur.  A  qui  le  cultivateur  pourra-t-il 
s'adresser  en  présence  de  ce  privilège  existant  désormais  dans  la  loi, 
mais  qui  sera  si  souvent  discuté  dans  la  pratique  quant  à  son  chiffre, 
quant  à  son  étendue? 

La  Commission  n'insistera  pas  sur  la  question  si  souvent  soulevée 
dans  les  Chambres  et  les  Conseils  généraux,  de  la  fraude  en  matière 
d'engrais.  Des  faits  regrettables  doivent  toujours  rester  individuels  et 
ne  sauraient  mettre  en  suspicion  toute  une  catégorie  d'industriels  et  de 
commerçants  honorables.  D'autre  part,  les  laboratoires  départementaux 
offrent  sans  doute,  dans  les  contrées  où  ils  existent,  un  moyen  d'appré- 
ciation d'une  certaine  efficacité. 

Toutefois,  c'est  du  chef  si  honorable  et  si  regretté  d'un  de  ces  labo- 
ratoires les  plus  considérables,  de  notre  ancien  correspondant, 
M.  Bobierre,  qu'émane  un  exemple  consigné  dans  vos  annales.  Un 
agriculteur  avait  acheté  30  francs  les  100  kilog.  payables  au  bout  d'un 
an,  un  engrais  préconisé,  et  il   pensait  avoir  fait  un  bon  marché.  Or, 


CRÉATION  d'un  PRIVILÈGE  EN  FAVEUR  DES  VENDEURS  D'ENGRAIS.      109 

l'engrais  vendu,  était  tout  simplement  de  l'engrais  Jaille,  d'Agen,  se 
vendant  15  francs  les  100  kilog.  au  comptant.  Cet  agriculteur  payait 
donc  un  intérêt  de  100  pour  100. 

Or,  souvent,  ces  ventes  au  petit  cultivateur  se  font  par  intermédiaires, 
moins  scrupuleux  que  le  producteur  direct  d'engrais  ou  le  marchand 
local  qui,  lui,  a  tous  les  moyens  de  s'enquérir  de  la  solvabilité  indi- 
viduelle de  son  acheteur. 

N'est-il  pas  à  craindre  que,  à  l'abri  du  privilège  qui  garantira 
désormais  les  opérations,  il  ne  se  forme  certaines  sociétés  de  crédit 
dont  les  agents  sollicitant  le  cultivateur  plus  que  les  marchands  ne  le 
feraient  eux-mêmes,  ne  les  entraînent,  en  leur  offrant  l'espérance  de 
facilitée,  de  délaij,  et  cela  pour  des  sommes  considérables,  à  des 
acquisitions  de  produits  dont  l'efficacité  ne  serait  pas  démontrée. 

D'autre  part,  le  résultat  obtenu  en  culture,  est-il  toujours  en  pro- 
portion exacte  de  l'analyse  faite  au  laboratoire?  Enfin,  qui  sera  juge 
des  bonnes  conditions  de  l'emploi,  de  l'appropriation  au  sol,  à  la 
nature  de  culture,  à  la  saison? 

Et  croit-on  que  le  parent,  le  voisin,  le  notaire,  chez  qui  le  cultiva- 
teur trouve  encore  dans  nos  provinces  des  ressources  pour  les  moments 
difficiles  ou  pour  les  améliorations  évidentes,  n'exigera  pas  des  garan- 
ties nouvelles  ou  ne  refusera  pas  désormais  un  crédit  qui,  pour  être 
individuel  et  ne  figurer  dans  aucune  statistique,  n'en  représente  pas 
moins  des  sommes  insuffisantes  peut-être,  mais  qui  généralement  bien 
appropriées  aux  besoins  ont,  dans  ces  dernières  années  surtout,  offert 
une  ressource  réelle  pour  nos  cultivateurs. 

Quant  au  privilège  du  propriétaire,  nous  terminerons  ce  rapport 
par  une  phrase  empruntée  encore  à  l'enquête  agricole,  à  l'un  de  ses 
rapporteurs  les  plus  distingués. 

((  Ce  privilège  du  propriétaire  est  même  quelquefois  l'une  des  causes 
delà  ruine  du  fermier,  car  c'est  lui  qui  l'enhardit  à  demander  du  sursis  ; 
c'est  lui  qui  détermine  les  propriétaires  à  les  consentir,  et  par  là  le 
fermier  perd  l'habitude  d'acfjuitter  régulièrement  ses  engagements.  Si 
le  privilège  était  limité,  cet  inconvénient  disparaîtrait  de  lui-même. 
Le  propriétaire  trouverait  dans  la  législation  modifiée  une  force  légi- 
time pour  résister  aux  obsessions  d'un  locataire  dont  trop  souvent 
Tincapacité  et  l'indolence  ont  seules  amené  la  gêne  qui  le  pousse  à 
solliciter  des  atermoiements.  » 

Cette  appréciation  contient  un;  critique,  sans  doute,  mais  en  même 
temps  un  incontestable  éloge.  Que  ce  privilège  puisse  être  susceptible 
de  certaines  modifications;  que,  par  les  complaisances  de  certains  pro- 
priétaires parfois  bienveillants  ou  faibles,  il  puisse  offrir  quelques 
inconvénients,  ces  inconvénients  eux-mêmes  constatent  l'étendue  et  la 
facilité  de  ce  genre  de  crédit  au  fermier  ;  il  rend  dans  la  pratique,  où 
les  avantages  de  la  durée  des  fermages  ne  sont  pas  contestés,  les  rap- 
ports entre  propriétaires  et  cultivateurs  plus  étroits  et  plus  durables, 
et  retarde,  s'ils  ne  les  prévient  pas  toujours,  ces  saisies  exécutions  si 
regrettables,  dont  un  acte  commercial  et  gagé  serait  trop  souvent 
suivi. 

Or,  en  dehors  de  combinaisons  financières,  de  modifications  légis- 
latives que  nous  n'avions  pas  à  examiner,  la  meilleure  solution  n'est- 
elle  pas  encore  cette  liaison  intime,  créée  naturellement  entre  les  deux 
facteurs  essentiels  à  la  production  agricole,  la  propriété  et  la  culture  ? 


110     CPUiATION  d'un  privilège  EN  FAVEUR  DES  VENDEURS  D'ENGRAIS. 

N'est-il  pas  désirable  que  tout  ce  qui  peut  rendre  cette  union  plus 
complète  soit  maintenu_,  soit  développé,  s'il  est  possible,  afin  que,  dans 
l'intérêt  commun,  elle  devienne  une  réelle  solidarité?  sauf  à  s'efforcer 
de  faire  comprendre  :  —  à  la  propriété,  que  l'aide  intelligente  donnée 
au  travail  agricole  par  une  confiance  raisonnée;  —  à  la  culture,  que 
l'exactitude  à  remplir  les  engagements  loyalement  acceptés,  —  sont  à 
la  fois  et  la  vraie  sauvegarde  de  la  propriété  rurale  et  le  moyen  le  plus 
efficace  encore  d'y  ramener,  ce  qui  doit  être  le  but  de  tous  nos  efforts, 
la  prospérité  par  le  progrès. 

En  conséquence,  la  Commission  propose  à  la  Compagnie  de  répondre 
au  ministre  que  son  avis  :  «  Est  de  ne  pas  crée?'  un  privilège  en  faveur 
du  vendeur  d'engrais.  »  Gaudin. 

Membre  de  La  Société  nationale  d'agriculture. 

LA  BIÈRE  EN  ALLEMAGNE 

La  bière  est  l'objet  d'une  grande  production  et  d'une  grande  con- 
sommation en  Allemagne.  Les  chiffres  que  nous  donnons  sont  relatifs 
à  l'Empire,  non  compris  la  Bavière,  le  Wurtemberg,  le  grand-duché  de 
Bade  et  l'Alsace-Lorraine  qui  ont  gardé  leur  législation  particulière. 
Ils  concernent  l'année  fiscale  1881-1882.  Dans  un  premier  tableau 
nous  indiquons  le  nombre  des  brasseries,  la  quantité  de  malt  et  des 
succédanés  employée,  et  la  quantité  de  bière  produite. 

Brasseries. 

Prusse 8,326 

Saxe 733 

Hesse 1194  ,, 

Mecklembourg 470 

Thuringe 1,171 

Oldenbourg 111 

Bruiiswick  . .  ' 88 

Anhalt ' 73 

'il  ,266 

La  production  de  la  bière  basse  se  chiffre  par  13.502.165  hecto- 
litres, celle  de  la  bière  à  fermentation  haute  par  7.81 3.81 7  hectolitres. 

Dans  un  second  tableau  nous  faisons  connaître  1°  les  recettes  fis- 
cales (primes  d'exportation  déduites);  2°  les  recettes  nettes,  y  compris 
les  droits  d'entrée. 


Prusse 

Saxe 

Hesse 

Mecklembourg. 
Thuringc. . . . . . 

Oldenbourg.  . . 
Brunswick. . . . 

Anhalt 


L'ensemble  des  recettes  monte  à  environ  19  millions  de  marcs. 
L'hectolitre  paye  en  moyenne,  d'après  le  mot  actuel  de  perception, 
82  pfennigs  ou  un  franc,  deux  centimes  et  demi.  Il  n'est  pas  étonnant 
qu'on  puisse  boire  en  Allemagne  la  bière  à  vingt-cinq  centimes  le  litre. 
En  moyenne  on  emploie  20''. 02  de  malt  par  hectolitre.  C'est  souvent 
dans  de  grands  élablissemenls  que  la  bière  est  fabriquée.  Ainsi  on 
compte  23  brasseries  payant  au  fisc  plus  de  GO  mille-marcs,  53  payant 


Malt. 

•  Succédanés. 

Bière. 

q.  m. 

q.  m. 

iiectol. 

3,111,430 

20,222 

14.991,984 

514,5(10 

J,404 

3,124,500 

173,301 

224 

740,878 

50,996 

282 

286,482 

338,047 

279 

1,604,666 

19 ,836 

21 

101,236 

55,165 

78 

.     258,325 

37,7-20 

313 

207,991 

4,300,995 

22,823 

21,315,982 

marcs. 

marcs. 

12,390,382 

12,844,407 

2,080,572 

3,234,487 

674,643 

709,694 

209,257 

219,966 

1,359,873 

1,455,765 

77,939 

78,137 

221,201 

223,798 

1 56 . 896 

1,56,988 

17,170,763 

18,923,242 

LA   BIÈRE  EN  ALLEMAGNE.  111 

de  30  à  60  mille  marcs,  1 13  de  15  à  30  mille,  72  de  12  à  15  mille, 
99  de  9  à  12  mille,  205  de  6  à  9  mille. 

En  dehors  du  territoire  soumis  à  la  loi  d'Empire  la  Bavière  a  produit 
en  1881  12  millions  d'hectolitres;  elle  a  exporté  900  mille  hecto- 
litres dont  106  mille  à  l'étranger.  En  Bavière  4.255  brasseries 
fabriquent  moins  de  1.000  hectolitres,  1.100  de  1.000  à  5.000, 
89  de  5,000  à  10,000,41  de  10,000  à  50,000,  4  de  50, 000 à  100,000, 
et  1  plus  de  100,000  hectolitres. 

Le  Wurtemberg  produit  3,247,711  hectolitres  dans  8,023  brasseries. 

Le  grand-duché  de  Bade  fabrique  1,188,843  hectolitres. 

En  Alsace-Lorraine  284  brasseries  fabriquent  941,363  hectolitres. 
Ici  aussi,  la  brasserie  appartient  à  la  grande  industrie.  L'excédent  de 
l'exportation  sur  l'importation  atteint  118  mille  hectolitres. 

Paul    MULLÈR. 

CHARRUE  TILBURY  AUTOMATIQUE 

Depuis  plusieurs  années,  l'emploi  des  charrues  à  siège  a  pris  une 
grande  extension  en  Amérique.  La  construction  de  ces  appareils  a 
d'abord  été  limitée  aux  charrues  légères  et  à  celles  de  déchaumage  ; 
rapidement  elle  a  été  étendue  aux  charrues  de  toutes  sortes.  Pour  la 
première  fois,  ces  charrues  ont  figuré  en  Europe,  dans  la  section  amé- 
ricaine, à  TExpositiou  universelle  de  1878,  à  Paris.  Un  des  construc- 
teurs, M.  Deer,  obtint,  à  la  suite  des  expériences  faites  à  Petit-Bourg, 
un  des  objets  d'art  réservés  aux  machines  agricoles.  Mais,  à  cette 
époque,  l'attention  des  agriculteurs  ne  se  porta  pas  sur  ces  machines, 
et  nous  ne  croyons  pas  qu'aucune  des  machines  dont  nous  parlons  ait 
été  conservée  en  Europe.  Depuis  1878,  la  construction  des  charrues  à 
siège  a  fait  des  progrès  en  Amérique;  elle  est  arrivée  aujourd'hui  à 
un  degré  qui  doit  être  signalé. 

Parmi  les  maisons  de  construction,  qui  ont  fait  réaliser  le  plus  de 
progrès  aux  charrues  à  siège,  se  place  la  maison  Weir.  Le  succès  de 
ses  charrues  a  été  rapide  de  l'autre  côté  de  l'Atlantique  ;  elles  sont 
aujourd'hui  adoptées  sur  une  grande  échelle  dans  les  Etats  de  l'Ouest 
où  la  culture  prend  chaque  jour  une  extension  croissante.  Pour  en 
donner  la  preuve,  il  suffit  de  dire  que  la  charrue  qui  vient  d'être 
importé  en  France  porte  un  numéro  supérieur  à  19,000. 

L'importation  en  France  de  cette  charrue  a  été  faite  par  un  Français 
qui  habite  l'Amérique,  et  qui  possède,  dans  l'Etat  de  Nebraska,  une 
ferme  de  480  acres  (172  hectares)  où,  depuis  deux  ans,  il  n'emploie 
pas  dautre  charrue.  C'est  dire  que  M.  Rogy,  qui  est,  en  même  temps, 
représentant  de  la  maison  AuUmann  chez  nous,  a  la  plus  grande  con- 
fiance dans  cet  instrument. 

La  seule  charrue  qui  ait  été  encore  introduite  en  France  va  figurer 
à  l'exposition  du  Palais  de  l'Industrie.  Nous  l'avons  vu  fonctionner, 
le  \  G  janvier,  en  compagnie  de  M.  Barrai,  sur  la  ferme  de  M.  Gabriel,  à 
liobigny,  près  de  Bondy  (Seine).  Nous  avons  été  frappé  de  son  travail, 
et  c'est  pourquoi  nous  avons  jugé  utile  de  la  signaler  à  nos  lecteurs. 

Cette  charrue  (fig.  11),  estappelée  charrue  tilbury  automatique.  Elle 
se  compose  de  deux  parties  :  un  bâti  en  fer  monté  sur  deux  roues,  et 
la  charrue  proprement  dite.  Ces  deux  parties  sont  reliées  ensemble  par 
un  support  à  charnière  formant  collier  sur  l'essieu  coudé  du  bâti,  auquel 
l'âge  delà  charrue  est  relié  par  des  boulons  à  écrou.  —  Le  bâti  ne  sert 


112 


CHARRUE  TILBURY  AUTOMATIQUE. 


que  pour  diriger  la  charrue,  pour  porter  le  conducteur,  et  supporter 
la  charrue  sur  les  routes,  en  dehors  du  travail. 

Quant  à  la  charrue,  c'est  un  corps  de  charrue  à  col  de  cygne,  comme 
la  plupart  des  charrues  américaines.  L'âge  se  termine  en  arrière  par 
un  soc  et  un  versoir  en  acier,  en  avant  par  un  régulateur  à  cran  qui 
gert  à  déterminer  à  la  fois  la  profondeur  du  sillon  et  la  largeur  de  la  • 
bande  de  terre  à  soulever.  Sur  l'âge,  devant  le  soc,  au  lieu  de  contre, 
est  fixé  un  disque  tournant  destiné  à  couper  la  bande  de  terre  vertica- 
lement. Sur  le  bâti,  à  droite  et  à  gauche  du  conducteur,  se  trouvent 
deux  leviers,  agissant  sur  des  arcs  dentés.  Le  levier  de  gauche  sert  à 
relever  ou  abaisser  la  roue  de  gauche,  de  manière  que  le  bâti  soit  tou- 
jours d  aplomb,  quelle  que 
soit  la  profondeur  du  sillon 
dans  lequel  tourne  la  roue 
de  droite.  Quant  au  levier 
de  droite,  il  sert  à  relever 
ou  abaisser  la  charrue,  i 
l'extrémité  des  raies.  Grâce 
à  un  mécanisme  ingénieux, 
la  charrue  peut  être  relevée 
automatiquement;  il  suf- 
fit d*  appuyer  sur  le  le- 
vier, pour  projeter  entre  les 
rayons  de  la  roue  un  doigt 
allongé  en  acier  relié  à  l'arc 
denté  ;  si  la  roue  continue 
à  tourner,  son  mouvement 
se  transmet  à  cet  arc,  et 
les  chevaux,  en  tirant,  relè- 
vent soc  et  versoir.  Lors- 
que le  levier  est  arrivé  au 
point  d'arrêt,  un  déclique- 
tage  a  lieu  et  la  roue  est  dégagée.  Il  suffit,  par  conséquent,  de  déployer 
une  force  très  faible  pour  soulever  la  charrue.  En  fait,  pendant  les 
expériences  auxquelles  nous  avons  assisté,  la  charrue  a  été  presque 
constamment  menée  par  un  enfant  de  douze  ans,  qui  la  manœuvrait 
sans  aucune  difficulté.  La  charrue  étant  réglée  à  l'entrée  du  champ, 
suivant  la  profondeur  à  laquelle  on  veut  labourer,  il  n'y  a  plus  qu'à 
conduire  l'attelage  jusqu'à  ce  que  le  labour  soit  achevé. 

La  largeur  du  versoir,  dans  le  modèle  que  nous  avons  vu  fonction- 
ner, est  de  0"'.40;  il  y  a  un  modèle  dont  le  versoir  a  une  largeur  de 
0"\30.  La  première  est  construite  pour  un  attelage  de  3  chevaux;  la 
seconde  pour  un  attelage  de  '2  chevaux,  dans  les  labours  moyens.  La 
charrue  prenait  la  terre  sur  la  largeur  tolale  du  versoir;  la  profondeur 
du  labour  était  de  (r.l8  à  0'".20.  Les  chevaux  marchaient  au  pas 
allongé,  à  la  vitesse  moyenne  d'un  mètre  par  seconde.  La  terre  était 
détrempée  par  l'eau,  argileuse  et  collante  ;  mais  l'attelage  était  assez 
bon.  Travail  rapide  et  bien  fait,  tels  sont  les  principaux  points  qui 
nous  ont  frapjjé.  Il  faut  surtout  ajouter  que  le  conducteur,  placé  sur 
son  siège,  conduit  la  charrue  sans  aucune  difficulté;  il  n'est  plus 
besoin  d'un  laboureur  robuste,  geignant  dans  le  sillon  le  labour 
devient  une  opération  facile,  à  la  portée  de  tout  le  monde. 


i".Uun;aliqiie. 


CHARRUE  TILBURY  AUTOMATigUE.  113 

La  charrue  importée  par  M.  Rogy^  figurera,  comme  nous  l'avons 
dit^  à  l'exposition  du  Palais  de  l'Industrie;  elle  y  attirera  certainement 
l'attention  de  tous  les  agriculteurs  qui  visiteront  cette  grande  solen- 
nité. La  charrue  Brabant  a  relégué  les  mancherons  dans  la  légende;  la 
charrue  tilbury  porte  son  conducteur.  Henry  Sagnier. 

CONCOURS  D'ANIMAUX  GRAS  A  BOURGES 

La  Société  d'agriculture  du  Cher  a  tenu,  pendant  les  11^  12,  13  et 
14  courant,  son  concours  annuel  d'animaux  gras,  auxquels  étaient 
annexées  des  expositions  d'animaux  reproducteurs  et  de  machines. 

Comme  les  années  précédentes,  les  animaux  ont  été  installés  sous 
la  Halle,  vaste  local  réunissant  toutes  les  conditions  favorables  à  ce 
genre  de  concours.  Les  machines  et  instruments  étaient  placés  sur  le 
champ  de  foire  et  y  occupaient  une  assez  vaste  étendue. 

Par  son  ensemble  et  par  ses  détails,  le  concours  a  été  très  intéres- 
sant à  visiter,  et  ce  qui  a  beaucoup  ajouté  à  son  intérêt,  c'est  l'espèce 
chevaline,  qui  a  été  admise,  pour  la  première  fois,  dans  la  St^ction  des 
reproducteurs.  Tout  le  monde  a  applaudi  à  l'excellente  idée  qu'a  eue 
la  Société  de  faire  appel  aux  productenrs  de  chevaux,  et  d'encourager 
cette  partie  de  la  production  animale,  qui  n'est  pas  sans  importance 
dans  ce  département.  La  statistique  officielle  porte  à  40,000  le  chiffre 
de  la  population  chevaline  du  Cher. 

La  Section  des  animaux  de  boucherie  a  été  véritablement  remar- 
quabie,  surtout  au  point  de  vue  de  la  qualité.  Jamais  encore,  au  dire 
des  grands  connaisseurs,  on  n'avait  exhibé,  dans  les  concours  du 
genre  de  celui-ci,  un  ensemble  de  sujets  plus  parfaits.  Le  perfectionne- 
ment apporté  dans  les  formes  et  dans  l'engraissement  de  ces  animaux 
dénote  un  grand  talent  dans  l'art  d'élever  et  d'engraisser  le  bétail. 

Le  succès  obtenu  par  le  concours  de  Bourges  s'explique  quand  on 
sait  que  presque  toutes  les  grandes  étables  du  Cher  et  plusieurs  de  la 
Nièvre  y  étaient  représentées.  Nous  y  trouvons,  en  effet,  des  animaux 
de  MiM.  Larzat,  Mary-Lépine,  Robert,  Mativon,  Beliard,  Gasté  (du  Cher), 
et  Tiersonnier,  Bellard,  de  Bouille,  Benat,  Bourdeau  (de  la  Nièvre).  Le 
prix  d'honneur  a  été  remporté  par  M.  Gasté. 

La  réputation  de  ces  producteurs  n'est  plus  à  faire  et  nous  ne  nous 
arrêterons  pas  à  faire  ressortir  leur  mérites  ;  néanmoins  nous  tenons  à 
faire  remarquer  qu'ils  ont  présenté  cette  année  des  produits  d'une  per- 
fection poussée  plus  loin  que  dans  ceux  des  années  précédentes.  On 
pourra  en  juger  du  reste  en  visitant  les  prochains  Concours  de  Nevers 
et  du  Palais  de  l'Industrie,  où  certainement  la  plupart  des  lauréats 
d'ici  iront  cueillir  d'autres  lauriers. 

L'exposition  des  animaux  reproducteurs  et  des  bêtes  à  laine  a  été 
fort  belle,  cette  dernière  surtout,  qui,  étant  donnée  la  région  où  se 
tenait  le  Concours,  ne  pouvait  manquer  de  réussir.  Parmi  les  exposants 
des  reproducteurs  de  l'espèce  bovine,  nous  trouvons  MM.  Mary-Lépine, 
Larzat,  Massé,  Parizot,  Chénon;  dans  la  Section  de  l'espèce  ovine, 
MM.  Massé,  Laine,  Jugand,  Edme  (Jean),  Aucouturier,  Flin,  Charelle, 
Mme  la  baronne  de  Lattre  (tous  du  Cher). 

Les  chevaux  étaient  présentés  par  MM.  Martin,  à  jMozières,  Jugand, 
au  Coudray,  Bruère,  à  Saint-Germain-du-Puits,  Roger,  à  Yornay, 
Millet,  à  Feux  ;  Robert,  à  Bannegon,  et  le  comte  de  Bosrcdon,  à  Vereau. 

L'exhibition  des    machines   et  instruments    agricoles  a  été  aussi 


114  CONCOURS  d'animaux  GRAS  A  BOURGES. 

complète  qu'on  pouvait  le  désirer.  Nous  y  remarquons  la  Société 
Française  du  matériel  agricole  de  Vierzon,  avec  diverses  locomobiles  à 
vapeur,  des  batteuses,  etc.;  M.  Presson,  à  Bourges,  avec  une  grande 
collection  de  trieurs,  tarares,  coupe-racines,  hache-paille,  cuscuteurs, 
barattes^  etc.;  M.  Ballut,  à  Bourges,  avec  des  moissonneuses,  fau- 
cheuses, tarares,  etc.;  M.  Merlin,  à  Vierzon,  avec  des  locomobiles  à 
vapeur,  des  batteuses,  etc.;  MM.  Renaud  et  Bernard,  à  Bourges,  etc. 

Franc, 

Professeur  départemental  d'agriculture  à  Bourges» 

SOCIETE  NATIONALE  D'AGRICULTURE 

Séance  du  17  janvier  1883.  —  Présidence  de  M.  Dumas. 

M.  le  ministre  de  l'instruction  envoie  plusieurs  fascicules  de  la 
Revue  des  travaux  scieîitifîquis,  dans  laquelle  se  trouve  l'analyse  de 
plusieurs  travaux  intéressant  l'agriculture. 

M.  Pasquiar  offre,  pour  les  archives  de  la  Société,  le  portrait  de 
son  père,  M.  Nicolas  Pasquier,  ancien  membre  titulaire  de  la  Société. 

M.  Terrel  des  Chênes  fait  hommage  d'une  brochure  qu'il  vient  de 
publier  sous  le  titre  :  La  trilogie  du  phylloxéra]  —  et  M.  Favier,  de 
Villefranche,  envoie  une  étude  sur  la  nouvelle  industrie  de  la  ramie. 

M.  de  Lagorsse  envoie  le  programme  du  Congrès  de  mécanique 
agricole,  en  invitant  la  Société  à  s'y  faire  représenter. 

M.  Barrai  fait  une  communication  sur  les  expériences  d'une  charrue 
tilbury  automatique,  auxquelles  il  a  assisté  la  veille  à  Bobigny.  On 
trouvera  plus  haut  dans  ce  numéro  (page  1 11)  la  description  de  cette 
charrue.  M.  Barrai  insiste  sur  les  avantages  que  présente  cet  appareil, 
et  notamment  sur  la  rapidité  du  travail,  ainsi  que  sur  la  facilité  qu'il 
présente.  Après  quelques  observations  présentées  par  M.  Pluchet  et  par 
M.  Bertin,  principalement  sur  la  quantité  de  travail  que  peuvent  faire 
les  charrues  de  ce  genre,  M.  Grandvoinnet  fait  observer  que  les  char- 
rues tilburys  présentent  un  avantage  incontestable  sur  tous  les  autres 
systèmes,  parce  qu'elles  exonèrent  le  laboureur  du  travail  très  pénible 
de  marchera  pied  dans  des  terres  remuées. 

M.  Risler  fait  une  communication  sur  les  expériences  de  végétation 
du  blé  auxquelles  il  s'est  livré  à  Calèves.  Les  résultats  de  ces  expé- 
riences ont  été  publiés  récemment  dans  ]q  Journal  (numéro  du  30  dé- 
cembre dernier,  page  506  du  tome  IV  de  1882).  M.  Risler  ajoute  des 
détails  sur  la  quantité  de  chaleur  nécessaire  pour  chaque  phase  de  la 
végétation  ;  il  insiste  surtout  sur  le  développement  hivernal  des  racines 
qui  assure  la  vigueur  de  la  plante,  et  sur  ce  fait  que  le  tallement  du 
blé,  contrairement  à  l'opinion  générale,  commence  souvent  à  la  fin  de 
l'automne  et  se  poursuit  pendant  l'hiver^  lorsque  la  saison  est  douce. 
M.  Boussingault  'fait  observer  que  sous  les  tropiques,  oii  les  saisons 
présentent  une  régularité  inconnue  ailleurs,  les  expériences  de  ce  genre 
peuvent  se  faire  dans  les  meilleures  conditions.  Henry  Sagnier. 

RE\UE  COIIMERCÏALE  ET  PRIX  COUKVNT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(50  JANVIER   1883). 
I.  —  Situation  générak. 
Le  mauvais  temps,  qui   contrarie  toujours  les  travaux  de  la  culture,  s'oppose 
aussi  à  des  apports  considérables  sur  les  marchés  agricoles. 

11.  —  Les  grains  et  les  farines. 
Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  ciérëales,  par  qointal  métrique, 
sur  les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger  : 


REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT   (20  JANVIER    1883).  J15 


1"  RÉGION.  - 

-  NORD-OITEST. 

Blé. 

Seigle. 

Orge. 

Avoiae. 

fr. 

fr. 

fr. 

fr. 

Calvados.  Condé 

24.00 

19.25 

18    50 

22.00 

—         Caen 

24.50 

16.50 

18.25 

21   00 

Côt.-du-Nord.  Lannion. . 

22.50 

» 

14.25 

18.25 

—         l'ontrieux. 

23.50 

16.50 

15.5'0 

16.50 

Finistère.  Morlaix 

25.00 

» 

14.00 

14.75 

—        Landerneau. 

25.50 

iO.OO 

15.25 

15.00 

Ille-et- Vilaine.  Rennes. 

25.00 

» 

15.50 

16.50 

—             Redoa.. 

24.75 

16   75 

» 

17.25 

Manches.  Avranches... 

26.50 

» 

19.00 

22.00 

—        Pontorson... 

26.50 

* 

18.25 

19.50 

—        Villedieu 

26.75 

1«.25 

18.50 

20.00 

Mayenne.  Laval 

24.50 

» 

16.00 

» 

—      Châteaii-Oontier. 

25.00 

16.80 

17.» 

18.00 

Morbihan.  Hennebont.. 

28.25 

17.O0 

» 

21.00 

26.50 
26  80 

i  7 .00 
18.50 

19.00 
19.50 

17. aO 

—     Vimoutiers 

20.25 

Sarllie.  Le  Mans  ... 

25.75 

15.50 

lO.OU 

21.25 

—        Mamers 

25.50 

» 

» 

» 

Prix  moyens 25.38     17.09 

2"  RÉGION.   —  NO  au. 

.4tsne.  Soissons 23.65  15.4-5 

—  Saint-Quentin    ...  26.65  » 

—  Villers-Cotterets.  23.00  14.75 
^wre.  Damville 23.50 

—  Neubourg.... 24.00 

—  Bernay ■24  50 

Ewe-el-Loir.  Chartres..  23.75 

—  Auneau 23  50 

—  Nogent-le-Rotrou.  25.20 
Nord.  Cambrai. 26 .  00 

—  Lille 27.00 

■-~      Valenciennes. .. .  27.00 

Oise,  Beauvais 22.50 

—  Compiègne 22.25 

—  Senlis 22.25 

/tas-de-Cateis.  Arras...  27.00 

—  DOLillens 25.80 

Seime.  Paris 25. 2ô 

S.-et-Mar  Melun 24.50 

—  Dammarlin 22.25 

—  Provins 25.00 

S.-et-CHse.  Angerville. ..  23.50 

-^    Pontoise 23.75 

—  Versailles 23.50 

Sehie'Inférieure. Roaen.  24  25 

—  Fécainp 22.70 

—  Yvetot 22.50 

Somme,  .\bbeville 2J.70 

—  Airaines 23.00 

—  Roye 24.00 

Prix  moyens 24.15 

3°,  REGION 

Ardennes.  Sedan 24.00 

—  Retliel 23.00 

A-ube.  Bar-sur-.\ube 25.00 

—  Méry-sur-Seine.. .   23  50 

—  Nogent-sur-Seine.  24.25 
itforn?.  Cil àlon s 23.50 

—  Sainte-.MenehouId.  25.20 

—  Reims 23.25 

Hte-Marne.  Chaumont..   24.00         >> 
Meurthe-el-Mos.Na.ncy.  23.50     16.15 

—  Lunéville 23.50     16.00 

—  Toul 23.50 

Meuse.  Bar-le-Duc 23.50 

—  Verdun 23.50 

Haute-Saône.  Gray 22.25 

Vosges.  Vesoul 23.25 

—  Epinal 23.00 

—  Nejufchàteau 23.00 


16.98      18.79 


14.00 
15.50 

14 .  25 
14.00 

15.50 

15.50 
15.00 
14.50 
Ib.OO 
16.50 
16.25 
15.85 

14.50 
15.00 

15.80 
15.50 
14.35 

14.75 

14.25 
15.00 
15.00 

15.01 
NOHU-ESr 

16.75 
15 .25 

15  25 
15.00 

16  00 
15  .25 

i4,75 


19.50 
20.00 
20  .'09 
17.25 
18.50 
17.80 
18.76 
16.00 
20.00 
16.25 


16.50 
16.25 
17.25 
18.25 
17.00 
17.25 
18.20 
16.00 

17.2^ 
16.50 
17.00 
17.00 
16.00 
15.00 
1«.15 
17.25 
17.00 
18.00 
17.50 
16.25 
i7.25 
19.50 
17.50 
17.00 

»  17.00 
18.00  14.75 

»         18.00 

18.31      17.02 

20.50  18.50 

17.00  17.50 

19.25  17.50 

17.25  16.50 

1 8 . 20  18.50 

18.10  17.00 

17.25  15.65 

17.00  16.75 

»  16  00 

16.50  16.00 

17   00  15.25 

16.50  15.50 

17   00  17.25 

17.00  16.50 


19.50 
19.20 
18.50 

17.50 

19.75 
.16.75 
18.00 
17.00 
18.40 

« 
18.00 


Prix  moyens 

4°   RÉGION 

Cluirente.  Angoulême... 

—  Ruffec 

Char.-lnfér.  La  Rochelle 

DeuxScvres.  Niort 

Indre-el- Loirs.  Bléré 

—  Château-Renault . 

Loire-Inf.  Nantes 

M.-et-Loire.  Saumur. .. 

—  Angers 

Vendée.  Luçon 

—  La  Roche-sur-Yon. 
Vienne.  Poitiers 

—  Loiidun 

i/au/e-Fie(i)ie..  Limoges. 


23.00     i: 
—  OUEST. 


26.25 
26 .  00 
23.75 
24.50 
23.80 
25.00 
26.25 
25.75 
25.00 
25.75 
26 .  00 


18.00 
17.80 


14.50 
15.00 
15.50 
15.70 
15.00 


26.00     15.50 
26.25      16.75 


20.00 

» 
17.00 
17.50 
19.25 
19.00 
19  50 
17.00 
17.80 
19.50 

19.00 
18.50 

13.00 


20 .  50 
18.25 
16.50 
18.00 
10.50 
17.00 
17  25 
17.50 
17.75 
17.50 
18.00 
16.50 
17.00 
U.50 


5'  REGION.  —  CENTRE. 

Blé.    Seigle. 

fr.  fr. 

Allier.  Montluçcm 24.75  14.90 

—  La  Palisse 24.50  lâ.îâ 

—  Saint-Pourçain. ..  25.00        » 
Cher.  Bourges 25.00  14.25 

—  Sainl-Amand 24.25  14.50 

—  Vierzon 25.00  15.25 

Cretise.  Aubusson 27.00  16.25 

Indre.  Chàteauroux  ....  24 .85        » 

—  Issoudun 25.20  15.00 

—  La  Châtre 24.70  15.20 

Loiret  Orléans 23  50  16.00 

—  Montargis 24  00  16.00 

—  Patay 24.00  14  75 

L. -et-C her.  BloÎB 24.7»  14.70 

—  Monloire.. 24.25  14.25 

iVièi'/'e.  Nevers 23.50        » 

—  La  Charité 23.00  14.75 

Yonne.  Brienon 23.75  15  50 

—  Sens 24.00  14.50 

—  Tonnerre 23.00  14.25 

Prix  moyens 24.35     15.02 

.6°  ilÉGION.  —  EST. 

^in.  Bourg 25.00    15.75 

—  Pont-de-Vaux 24.15 

Côte-d'Or.  Dijon 23.00 

—  Beaune 23.25 

Zfoubs.  Besançon 22.50 

fsè^'e.  Vienne 24.25 

—  Bourgoin 24.00 

Jura.  Dôle 22.00 

Loire.  Charlieu 24.50 

P. -de-Dôme.  Cl.-Ferrand  25.00 

Rhône.  Lyon 24.50 

Saône-et-Loire.  Chalon..  24.75 

—  .Mâcon 24. 50 

Satioie.  Chambéry 25.50 

Hle-Savoie.  Annecy 25 .  70 

Prix  moyens 24.17 


ir. 
» 
19.80 
.18.00 

18.75 
18.75 

18 .  70 
l',9  25 
20.10 
18.00 
17.25 
17.50 
20.00 
18.25 


Avoine. 

fr. 

16.50 

18.50 

17.50 

16.50 

16. 2i 

17.25 

17.00 

17.50 

16.25 

17.20 

18.00 

17.50 

17.25 

18.50 

17.00 

16.50 

16.75 

18.50 

17.00 

16.25 


16 .  00 
16.25 
16.00 

13.17     17.19 


15.50 


14.25 
15.50 
16.50 
16.00 
15.00 
15.50 
15.50 
16.00 


16.50 
16.25 


ItS.SO 
16.50 
20.25 
14.50 

16.50 


17.00 
17.75 
16.50 
16.25 
16.25 
17.25 
17.20 
16.00 
18.50 
17.75 
1S.85 
17.00 
18.50 

17.50 


15.55     16.72     17.27 


7°  RÉGION.  —  SUD-OUEST. 

Ariège.  F oix 26  50  18.00 

—  Pamiers 25  00  16.20 

Dordo^ne.  Bergerac. .. .  27.25  16.75 

Hte-Garonne.  Toulouse.  27.50  17.00 

—  St-Gaudens 27.00  17.25 

Gers.  Condom 26.20  » 

—  Eauze 26.00  » 

—  Mirande 25.75  » 

Gironde.  Bordeaux 27.50 

—  Bazas 25.80 

Landes.  Dajc 27.25 

Lol-el-Garomie.Agen...  26.25 

—  Nérac 26 .20 

B.-Pj/rénée5.  Bayonne. .  27.00 

Hics-Pyrénées.  T^irhes..  27.50 

Prix  moyens 26.58  17.84 

8'   RÉGION.  —  SUD.  . 

^4ttde.  Castelnaudary.. .  27.00  » 

^4fe2/?'on..  Villefranciie. .  24.25  15.00 

CflntoL  Mauriac 26.00  23.60 

Corrèze.  Luberzac 26.50  17.80 

Hérault.  Béz\ei's 28.25  » 

—  Montpellier 26.50  » 

LoL  Cahors 26.50  17.20 

Lozère.  Mende 27.00  17.50 

P(/rcHé«s-0»'. Perpignan.  31.25  22.60 

Tarn.  Albi 26. 15  » 

—  Castres 26.70  17.50 

rarn-eZ-Gar.  MontauDan  26.00  18.50 


18.50 
19.00 
18.00 


18.25  18.50 

18.50         1) 

19.00  19.00 
18.75  » 

18  50  18.25 
18.00         » 


19.25 
19.00 
19.00 
19.50 
19.00 
20,50 
19.25 
19.Î0 
1«.75 
21.00 

n 
18.00 
18.50 
18.70 
19.00 


18.54     19. i9 


19.00 
18.00 

18.50 
20.25 

17.75 
17.25 
20.00 


19.50 
17.00 
21  50 
18,25 
20.50 

» 

18.25 

17.80 

27,75 

»         20.50 

»         19.50 

19.50     20.25 

18.78     20.07 


Prix  moyens 25.57     15.97     18.50     17.63 


Prix  moyens 26.84  1 

9°  RÉGION.  —  SUD-EST. 

Basses-Alpes.  'M&nosqae  "iS.  10  »            »  21.50 

Hautes-Alpes.  Briançon.  27.55  17.50        »  18.25 

Alpes  Maritimes. Ca.nne&  21  .bO  17.75  18.25  18.00 

^rdêc/ie.  Privas 25.45  19.90  17.35  20.20 

B.-d(t-/?/iôrte.  Arles 26.50  »  17.85  18.50 

Drame.  Romans 24.75  16.50        »  18.25 

Ga>'d.  Nîmes 28.00  »  17.50  18.25 

/7ai((e-Loire.  Brioude.. .  24.75  18.25  19.50  17.20 

Kac.  Saint-Maximin....  28.00  »            »  18.00 

Fauciitse.  Avignon 26.75  .»  17.50  18.75 

Prix  moyens 26.74  17.98  17.99  18.69 

Moy.  de  toute  la  France  25.26  16.53  17.95  18.03 

—  de  la  semaine  précéd.  25.28  16.78  18.08  18.03 

Sur  la  semainejHausse.       »  >            »            » 

précédente..  (Baisse..     0.02  0.25      0.13        » 


116  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX   COURANT 

Blé.  Seigle.  Orge.  .\voine. 

fr.               fr.                fr.  fr. 
,,    ,  .                        .,      (  blé  fendre...         28.00 

Algérie.                    ^'g^'l  blé  dur 26.25            »  17. hO  16.25 

Angleterre.               Londres 26.00            »  18.50  19.8 

Belgique.                 Anvers 24.75  17.50  17.75  » 

—  Bruxelles 23.85  16.50            »  18.00 

—  Liège 22.75  17.00  20.50  17. .50 

—  Nanuir 23.00  15.50  20.00  17.00 

Pays-Bas.                Amsterdam 23.65  17.20            »  •> 

Luxembourg.          Luxembourg 24. .50  18.00            »  17.20 

Alsace-Lorraine.     Strasbourg 25.50  18  25  17.75  17.75 

—  Colmar 25.25         18.00         18.25         18.00 

.—  MuUiouse 23  25        19.15        17  75        18.50 

Allemagne.  Berlin 22.50        17.00 

—  Cologne 23.75        18.75 

—  Hambourg 22. .50  17.00  »     • 

Suisse.                     Genève 27(0  »  »            20.50 

Italie.                         Turin 25.00  18.00  »             18.50 

Espagne.                  Yalladolid 24.75  »  » 

Autriche.                  Vienne 20.50  15.00  16.50        13.50 

Hongrie.                   Budapeslh 20.75  U.oO  17.00         13  50 

Russie.  Saint-Pétersbourg..  20.50  15.00  »             12.00 

Etats-Unis.  New-York 22. 10 

Blés.  —  La  situation  n'a  pas  été  sensiblement  modifiée;  la  pluie  a  continué  à 
tomber  presque  sans  interruption  depuis  notre  dernière  revue  ;  toutefois  nous 
paraissons  assister  actuellement  à  un  retour  un  temps  à  de  meilleures  conditions; 
les  deux  derniers  jours  se  sont  passés  sans  pluie.  Si  un  temps  plus  favorable  se 
maintient,  les  agriculteurs  en  profiteront  pour  reprendre  avec  ardeur  les  travaux, 
et  pour  réparer  les  retards  qu'ils  ont  éprouvés  dans  les  labours  d'hiver,  ainsi  que 
dans  les  semailles.  Les  marchés  sont  assez  bien  garnis;  car  dans  beaucoup  de 
localités,  on  a  utilisé  le  temps  à  faire  et  à  achever  les  battages.  —  A  la  halle  de 
Paris,  le  mercredi  18  janvier,  les  affaires  ont  été  calmes;  les  offres  étaient  assez 
abondantes  et  les  prix  ont  été  faibles  pour  les  qualités  inférieures.    On  cotait    de 

24  fr.  à  26  fr.    50  par  100  kilog.  suivant  les  sortes;  le  prix  moyen  s'est  fixé   à 

25  fr.  25,  avec  25  centimes  de  baisse  depuis  huit  jours.  —  Au  marché  des  blés  à 
livrer,  on  cote  :  courant  du  mois,  26  fr.  à  26  fr.  25;  février,  25  fr.  75  à  26  fr.  ; 
mars-avril,  26  fr.  à  26  fr.  25  quatre  mois  de  mars,  26  fr.  25  à  26  fr.  50;  quatre 
mois  de  mai,  23  fr.  75  à  27  (r.  —  Au  Havre.,  la  situation  est  la  même  que  la 
semaine  précédente  pour  les  blés  d'Amérique;  on  cote  de  26  à  27  fr.  25  par 
100  kilog.  suivant  les  sortes.™  A  Marseille, \q%  affaires  ont  présenté  peu  d'impor- 
tance durant  la  semaine.  Les  arrivages  ont  été  de  40^,000  hectolitres  ;  le  stock 
est  actuellement,  de  101,200  quintaux.  Au  dernier  marché,  on  cotait  :  Red-winter, 
27  fr.  50  à  28  fr.;  Bessarabie,  24  fr.  à  25  fr.  50  ;  Pologne,  24  fr.  à  25  fr.  50; 
Burgas,  23  fr.  50  à  24  fr.;  Salonic[ue,  23  fr.  —  A  Londres,  les  importations  de 
blés  étrangers  ont  été  de  97.000  quintaux  depuis  huit  jours;  les  ventes  sont  assez 
actives,  avec  des  prix  bien  tenus.  Ou  cote  de  24  fr.  45  à  26  fr.  80  par  100  kilog. 
suivant  les  quahtés  et  les  provenances. 

Farines.  —  Les  ventes  sont  calmes,  et  les  prix  sans  changements  pour  les 
diverses  sortes  de  farines.  En  ce  qui  concerne  les  farines  de  consommation,  on 
cotait  à  la  halle  de  Paris,  le  mercredi  17  janvier  :  marque  de  Gorbeil,  61  fr,; 
marques  de  choix,  61  à  64  fr.;  bonnes  marques,  60  à  61  fr.;  sortes  ordinaires,  57  à 
58  fr.;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.,  toile  à  rendre,  ou  157  kilog.  net,  ce  qui  cor- 
respond aux  prix  extrêmes  de  37  fr.  60  à  40  fr.  75  par  100  kilog.,  ou  en 
moyenne  38  fr.  80  ;  c'est  une  hausse  de  60  centimes  sur  le  prix  moyen  du 
mercredi  précédent.  —  Quant  aux  farines  de  spéculation,  on  les  vendait  à  Paris, 
le  mercredi  17  janvier  au  soir  :  farines  neuf-marques^  courant  du  mois,  57  fr.  à 
57  fr.  25;  févri'er,  57  fr.  à  57  fr.  25;  mars  et  avril,  57  fr.  25  à  57  fr.  50;  quatre 
mois  de  mars,  57  fr.  50  à  57  fr.  75  ;  quatre  mois  de  mai,  58  fr.  50  à  58  fr.  75; 
le  tout  par  sac  de  159  kilog.  toile  perdue  ou  157  kilog.  net.  —  Pour  les  farines 
deuxièmes,  on  cote  comme  précédemment,  27  à  33  fr.  par  100  kilog.;  pour  les 
gruaux,  47  à  58  fr. 

Seigles.  —  Mêmes  cours  que  précédemment.  On  paye  à  la  halle  de  Paris,  15  fr.  75 
à  16  fr.  par  100  kilog.  Les  farines  de  seigle  sont  vendues  aux  cours  de  24  à  26  fr.  par 
100  kilog. 

Orges.  —  Peu  d'affaires,  et  faiblesse  dans  les  cours  pour  les  qualités  inférieures. 
On  paye  à  la  halle  de  Paris,  17  fr.  à  20  fr.  par  lOOhilog.  suivant  les  sortes.  Les 
escourgeons  valent  de  17  fr.  50  à  18  fr.  —  A  Londres,  les  importations  ont  été 


DES  DENRÉES   AGRICOLES    (20    JANVIER    1883).  117 

de  28,000  quintaux  depuis  huit  jours;  les  prix  se  fixent  de  17  fr.  80  à  20  fr.  50 
par  100  kilog. 

Malt.  —  Ventes  assez  actives  aux  cours  de  la  semaine  dernière. 

Avoines.  —  Les  ventes  sont  lentes,  mais  les  prix  se  maintiennent.  On  paye  à  la 
halle  de  Paris  de  17  fr.  à  19  fr.  25  par  100  kilog,  suivant  les  sortes.  —  A  Londres, 
les  importations  ont  été  de  86,000  quintaux  depuis  huit  jours;  les  prix  sont  fermes 
aux  taux  de  18  fr.  50  à  21  fr.  75  par  quintal  métrique. 

Sarrasin.  —  Les  affaires  sont  calmes;  les  maïs  de  Bretagne  valent  de  16  fr.  à 
16  fr.  25  par  100  kilog.  à  la  halle  de  Paris. 

Maïs.  —  A  Toulouse,  les  maïs  d'Amérique  valent  17  à  19  fr.  par  100  kilog. 
Au  Havre,  les  maïs  d'Amérique  se  vendent  toujours  de  18  à  19  fr. 

Issues.  —  Les  affaires  sont  lentes  et  les  prix  se  maintiennent.  On  paye  à  la 
halle  de  Paris  :  gros  son  seul,  13  fr.  50  à  14  fr.;  son  trois  cases,  12  fr,  50  à  13  fr.; 
sons  fins,  11  fr.  50  à  12  fr.;  recoupettes,  12  fr.  à  i3  fr.;  remoulages  bis,  15  à  16  fr.; 
remoulages  blancs,  17  à  18  fr,;  le  tout  par  100  kilog, 

m.  —  Fourrages,  graines  fourragères. 

Fourrages.  —  Les  cours  varient  peu  sur  la  plupart  des  marchés.  Dans  le  Midi, 
les  foins  et  les  luzernes  sont  cotés,  suivantles  marchés,  100  à  120  fr.  par  1000  ki- 
log. A  Paris,  on  paye  :  foin,  110  à  12S  fr.;  luzerne,  110  à  132  fr.  ;  paille  de  blé, 
56  à  68  fr.  ;  paille  d'avoine,  56  à  60  fr. 

Graines  fourragères.  —  Les  prix  sont  toujours  fermes  à  Paris,  —  A  Toulouse, 
sn  paye  par  100  kilog.  :  trèfle,  130  à  135  fr.;  luzerne,  110  à  115  fr. 

IV.  —  Fruits  et  légumes  frais 

Fruits.  —  Dernier  cours  de  la  halle  :  poires,  le  cent,  5  fr,  à  100  fr.,le  kilog., 
0  fr.   25   à  0   fr.   LO;   pommes,  le   cent,  5  fr.  à  100  fr.  ;   le   kilog.,   0    fr.  20  à 

0  fr.  45;  raisins  communs,  le  kilog.,    1   fr.  50  à  8  fr. 

Gros  légumes.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  betteraves,  la  manne,  0  fr.  30  à 

1  fr.  40  ;  carottes  communes, les  1 00  bottes,  20  à  3  5  fr .  ;  d'hiver,  l'hectolitre,  3  fr.  à 
5fr.;  de  chevaux,  les  100  bottes,  10  à  16  fr.;  choux  communs,  le  cent,  3à  12  fr.; 
navets  communs,  les  100  bottes,  25  à  35  fr.;  de  Freneuse,  30  à35  fr.  l'hectolitre, 
3  fr.  à  4  fr.  ;  oignons  en  grain,  l'hectolitre,  12  à  15  fr.  ;  panais  communs,  les 
100  bottes,  10  à  12  fr.;  poireaux  communs,  les  103  bottes,    30  à  55  fr. 

Pommes  de  terre.  —  Hollande  communes,  l'hectolitre,  10  à  11  fr.;  le  quintal 
14  fr.  28  à  15  fr.  71  ;  jaunes  communes,  l'hectolitre,  8  à  9  fr.  ;  le  quintal, 
11  fr.  42  à  12  fr.  85, 

Menus  légumes.  —  On  cote  à  la  halle  de  Paris  :  ail,  le  paquet  de  25  bottes, 
3  fr.  à  4  fr.;  appétits,  la  botte,  0  fr.  10  à  0  fr.  20;  barbe  de  capucin,  la  botte, 
0  fr,  15  à  0  fr,  25;  cardon,  la  botte,  2  fr.  à  5  fr.  ;  céleri,  la  botte,  0  fr,  30  à 
0  fr,  60;  rave,  la  pièce,  0  fr.  15  à  0  fr.  20  ;  cerfeuil,  la  botte,  0  fr.  30  à  0  (r.  45; 
champignons,  le  kilog.,  0  fr.  90  à  1  fr.  60;  chicorée  frisée,  le  cent,  8  à  14  fr.; 
choux-fleurs  de  Bretagne,  le  cent,  20  à  60  fr,  ;  choux  de  Bruxelles,  le  litre,  0  fr,  30 
à  0  fr.  40;  ciboules,  la  botte,  0  fr.  10  à  0  fr,  20;  cresson,  la  botte  de  12 
bottes,  0  fr  75  à  1  fr.  70;  échalottes,  la  botte,  0  fr,  25  à  0  fr.  30;  épinards, 
le  paquet,  0  fr.  40  à  0  fr.  50;  escarolle,    le    cent,   10   à    15  fr.;  laitue,    le   cent, 

6  à  12  fr.;  mâches,  le  kilog.,  0  fr.  20  à  0  fr.  30;  oseille,  le  paquet,  0  fr.  50  à 0  fr.  75; 
persil,  la  botte,  0  fr.  3Ûà  0  fr  40;  pissenlits,  le  kilog.,  0  fr.  -25  à  0  fr.50;  potirons, 
la  pièce,  0  fr.  50  à  6  fr.  ;  pourpier,  la  botte,  0  ir.  15  à  0  fr.  25  ;  radis  roses,  la  botte, 
0  fr.  30  à  0  fr.  tO\  noirs,  le  cent,  5  à  15  fr.  ;  romaine,   la  botte  de  32  tètes,  4  à 

7  fr.  ;  salsifis,  la  botte,  0  fr.  5o  à  0  fr.  60  ;  thym,  la  botte,  0  fr.  10  à  0  fr.  15. 

V.  —  Vins,  spiritueux,  vinaigres,  cidres. 

Vins.  —  La  situation  n'a  pas  sensiblement  été  modifiée  depuis  huit  jours.  Les 

affaires  sont  calmes  partout;  les  prix  que  nous   avons  précédemment  enregistrés 

se  maintiennent,  mais  les  ventes  sont  très  peu  importantes  dans  la  plupart  des 

chais.  Nous  n'aurions  presque  rien  à  dire,  si  nous  ne  trouvions  dans  les  journaux 

de  Bordeaux  quelques  indications   sur  la  comparaison  du  commerce  des   vins  en 

1881  et  en  1862.  La  progression  croissante  des  imporlations  de  vins  pendant  les 

années  précédentes  s'est  arrêtée  en  1882  ;  il  y  a  environ  40,000  hectolitres  de  moins 

qu'en  1881,  Quant  aux  exportations,  le  mouvement  est  à  peu  près  le  même  ;  le 

total  s'est  élevé  à  1,186,000  hectolitres  ;  c'est  à  peu  près  le  chillre  de  1881,  avec 

quelques  milliers  d'hectolitres  environ  en  plus  ;  "toutefois  il  y  a  diminution  assez 

sensible  dans  les  exportations  du  côté  de  l'Angleterre  et  du  côté  des  Etats-Unis. 

Il  y  a  lieu,  pour  le  commerce,  de  s'occuper  de  cette  situation  pour  ne  pas  laisser 


118  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT 

s'amomdrir  deux  des  débouchés  les  plus  importants  de  notre  production  vinicole. 

Spiritueux.  —  Les  affaires  sont  calmes  sur  tous  les  marchés,  mais  les  prix 
accusent  presque  partout  une  grande  fermeté,  aussi  bien  dans  le  Midi  que  dans  le 
Nord.  On  cote  actuellement  sur  les  marchés  du  Midi  :  Celle,  3/c5  bon  goût,  105  fr; 
Béziers,  3/6  bon  goût,  103  fr.;  marc,  95  fr.;  Montpellier,  3/6  bon  goût,  96  fr.;  marc, 
90  fr.;  -—  dans  les  Gharentes,  les  prix  des  eaux-de-vie  sont  maintenus  pour  toutC'S 
les  catégories  avec  une  grande  fermeté.  —  A  Lille,  on  paye  le  3/6  betteraves, 
V  qualité,  48  fr.  par  hectohtre.  —  A  Pkris,  on  paye  :  3^6  betteraves,  V  qualité, 
90  degrés,  disponible,  51  fr.  50  à  51  fr.  75  ;  février,  52  fr.  à  52  fr.  25  ;  mars  et 
avril,  53  fr.  à  53  fr.  25;  quatre  mois  de  mai,  54  fr.  25.  Le  stock  était,  au  17  jan- 
vier, de  17,375  pipes. 

Raisins  secs:  —  Les  affaires  sont  plus  calmes  dans  tous  les  ports  du  Midi,,  et 
pour  les  diverses  provenances,  nous  avons  un  léger  affaiblissement  à  sip:naler  dan-s 
les  cours. 

Tarlres.  —  Les  ventes  sont  peu  importantes.  A  Bordeaux,  les  cours  sont  tes 
mêmes  que  précédemment,  de  210  à  220  fr.  par  100  kilog.  suivant  les  sortes. 
VI.  —  Sucres..  —  Mêlasses.. —  Fécules.  —  Glucoses.  —  Houblons. 

Sucres.  —  Pour  toutes  les  sortes  de  sucres,  les  a.ff'aires  sont  calmes.  Les  cotirs 
varient  peu,  et  il  y  a  même  plutôt  une  certaine  tendance  à  la  reprise.  On  cote 
actuellement  par  100  kilog.  à  Paris  :  sucres  bruts,  88  degrés  sacchari métriques, 
52  fr.  75;  les  99  degrés,  59  fr.  25;  sucres  blancs,  £9  fr.  25  à.  59  fr.  50;  — à 
Yalenciennes,  sucres  bruts,  51  fr.  50  sa  &2  fr.;  à.  Lille,  5.1  fr.  50;  sucres  blancs, 
58  fr.  25  à  58  fr.  50;  à  Saint-Quentin,  sucres  bruts,  52  fr.  à  52  fr.  25.  Le  stock 
de  l'entrepôt  réel  des  sucres  était,  au  17  janvier,  à  Paris,  de  788,000  sacs,  avec 
une  augmentation  de  34,000  sacs  depuis  huit  Jours.  —  Pour  les  sucres  raffinés, 
on  paye,  comme  précédemment,  106  à  107  fr.  par  100  kilog.  à  la  consommation, 
et  64  fr.  75  à  67  fr.  25  pour  l'exportation.  —  A  Marseille,  le  marché  est  calme 
pour  les  sucres  coloniaux  ;  les  raffinés  valent  actuellement  113  à  114  fr.  par 
100  kilog.  suivant  les  sortes. 

Mélasses.  —  Prix  soutenus.  On  "paye  à  Paris  :  mélasses  de  fabrique,  12  à 
12  fr.  25;  de  raffinerie  14  fr.  par  100  kilog. 

Fécules.  —  Les  prix  sont  plus  faibles,  quoique  les  offres  soient  toujours  res- 
treintes. On  paye  à  Paris  :  fécules  premières  du  rayon,  39  à  40  fr.;  à  Gompiègne, 
fécules  de  l'Oise,  38  fr.;  à  Epinal,  fécules  des  Vosges,  41  fr. 

Glucoses.  —  Les  ventes  sont  calmes.  Les  prix  se  maintiennent.  On  cote  par 
100  kilog.  à  Paris  :  sirop  de  froment,  56  à  57  fr.;  sirop  massé,  47  à  48  fr.;  sirop 
liquide,  41  à  42  fr. 

Houblons.  —  Les  transactions  sont  actuellement  peu  importantes  sur  la  plupart 
des  marchés;  les  brasseurs  dont  les  besoins  ne  sont  pas  immédiats  attendent  pour 
faire  des  achats  un  peu  importants.  Mais  les  prix  continuent  à  êlre  très  bien  sou- 
tenus, En  Allemagne,  à  Nuremberg,  on  cote  de  8^0  à  900  fr.  par  100  kilog.  A 
Londres,  les  houblons  anglais  se  vendent  900  à  1,300  fr.  suivant  la  qualité. 
VII.  —  Huiles  et  graines  oléagineuses,  tourteaux. 

Huiles.  —-  G'est  une  hausse  assez  notable  qui  se  manifeste,  depuis  huit  jours, 
dans  les  prix  des  huiles  de  graines.  On  cote  à  Paris  par  100  kilog.  :  huiles  de 
colza  en  tous  fûts,  86  fr.  50;  en  tonnes,  88  fr.  50;  épurée  en  tonnes,  96  fr.  50; 
huile  de  lin  en  tous  fûts,  58  fr.  25;  en  tonnes,  60  fr.  25.  —  Sur  les  marchés  des 
déparlements,  on  paye  les  huiles  de  colza  :  Caen,  82  fr.  Lille,  31  fr.;  Gambrai, 
81  à  82  fr.;  et  pour  les  autres  sortes  :  huile  de  lin,  56  fr.  50;  œillette,  118  fr.; 
de  cameline,  67  fr.  —  Les  prix  de  150  à  160  fr.  par  100  kilog.  pour  les  huiles 
nouvelles  d'olive  se  maintiennent  sans  changements  en  Provence. 

Graines  oléagineuses,  —  Maintien  des  cours  sur  les  principaux  marchés.  On 
paye  en  Normandie,  par  100  kilog  :  graine  de  colza,  36  fr.  50  à  37  fr.  ;  de  lin, 
25  à  30  fr.;  de  chs.nvre,  34  à  35  fr.  Dans  le  Nord,  les  prix 'sont  ceux  de  notre 
dernière  revue. 

Tourleaux.  —  On  paye  par  100  kilog.  :  à  Caen,  tourteaux  de  colza,  16  fr.   50; 

—  à  Gambrai,  tourteaux  de  colza,  15  fr.  25  ;  d'œillette,    17  fr.;  de  lin,  19  à  20  fr. 

—  A  Marseille,  les   prix  se  maintiennent  sans  changemenls. 

Engrais.  —  Les  nitrates  de  soude  se  vendent  31  fr.  par  100  kilog.  àDunkerque.^ 
VIII.  —  Matières- résineuses,  colorantes,  tannantes. 

Matières  résineuses.  —  Les  cours  varient  peu  depuis  huit  jours.  On  paye  à 
Bordeaux,  96  fr.  par  100  kilog. 'pour  l'essence  pure  de  térébenthine  ;  —  à  Dax, 
85  Ir.  A  Bazas,  les  gemmes  valent  50  fr.  la  barrique. 


DBS  DfîNRÉES  AGRICOLES  (20    JANVIER    1883).  119 

Gaudes.  —  On  paye  comme  précédemment  dans  le  Languedoc,  20  fr.  par  100  kil. 

IX.  —  Produits  forestiers. 

Bois.  —  A  Paris,  les  bois  de  feu  sont  payés  par  décastôre  ;  bois  de  flot,  110  à 
120  fr.  ;  traverses,  110  à  120  fr.  ;  bois  pelard,  105  à  115  fr.;  bois  neufs  durs,  110 
à  120  fr.;  bois  blanc,  90  à  100  fr.;  pin  gelé,  55  à  75  fr.  pin  non  gelé,  90  à  110  fr. 
Les  falourdes  de  pin  valent  55  à  80  fr.  le  cent.  Les  bois  de  chêne  en  grume 
valent  75  à  170  fr.,  suivant  le  diamètre;  le  hôtre,  60  à  70  fr.;  le  frêne,  60  à 
100  fr.;  le  charme,  50  à  70  fr.;  l'orme,  50  à  65  fr.;  le  noyer,  80  à  150  fr.;  le  peu- 
plier, 30  à  40  fr.;  le  poirier,  60  à- 70  fr.;  le  tilleul,  60  à  80  fr. 

Charbons.  —  Maintien  des  anciens  prix. 

X.  —  Suifs  et  corps  gras. 

Suifs.  —  On  paye,  sans  changements,  à  Paris,  101  Ir.  par  100  kilog.  pour  les 
suifs  purs  de  l'abat  de  la  boucherie;  75  fr.  75  pour  les  suifs  en  branches. 

Sctindoux.  —  On  cote,  au  Havre,  136  à  140  fr,  par  100  kilog.  pour  les  saindoux 
d'Amérique. 

XI.  —  Beurres.  —  Œufs.  —  Fromages. 

Beurres.  —  Il  a  été  vendu,  depuis  huit  jours,  à  la  halle  de  Paris,  162,268  kilog. 
de  beurres.  Au  dernier  jour,  on  payait  par  kilog,  :  en  demi-kilog.,  2  fr.  90  à 
4  fr.  40;  petits  beurres,  2  fr.  24  à  3  fr.  46  ;  Gournay,  2  fr.  60  à  4  fr.  62;  Isigny, 
2  fr.  80  à  8  fr.  20. 

Œufs.  —  Pendant  la  semaine,  on  a  vendu  à  la  halle  de  Paris  3,263,740  œufs. 
On  paye  par  mille  :  choix,  126  fr.  à  138  fr.;  ordinaires,  72  à  84  fr.;  petits, 
44  à  58  fr. 

Fromages.  —  Derniers  cours  de  la  halle  :  par  douzaine.  Brie,  5  fr.  à  35  fr.; 
Montlhéry,  15  fr.;  —  par  cent,  Livarot,  41  à  105  fr.;  Mont-Dor,  20  fr.  à  38  fr.; 
Keufchâtel,  5  fr.  à  29  fr.;  divers,  6  à  78  fr.;  —  par  100  kilog.,  Gruyère,  120 
à  180  fr. 

XII.  —  Chevaux,  'bétail,  viande. 

Chevaux.  —  Aux  marchés  des  10  et  13  janvier,  à  Paris,  on  comptait  809  che- 
vaux ;  sur  ce  nombre,  250  ont  été  vendus  comme  il  suit  : 


Chevaux  de  cabriolet. . 

—  de  trait 

—  hors  d'âge . . . 

—  à  l'enchère.. . 

—  de  boucherie. 


menés. 

Veudus. 

Prix  extrêmes. 

211 

33 

200  à      970  fr. 

238 

39 

230  à  1,125 

2.ÏÔ 

73 

20  à      950 

40 

40 

30  à      370 

65 

65 

20  à        90 

2« 

3° 

Prix 

quai. 

quai. 

moyen. 

1.54 

1.32 

1.51 

1.38 

1.20 

1.38 

1.32 

1.22 

1.34 

1.14 

l.?4 

2.05 

2  02 

1.82 

1.94 

1.28 

1.22 

1.26 

Bétail.  —  Le  tableau   suivant  résume  le  mouvement  officiel  du  marché  aux 
bestiaux  de  la  Villette,  du  jeudi  11  au  mardi  16  janvier  : 

Poids      Prix  du  kilog.  de  viande  nette  sur 
Vendue  moyen         pied  au  marché  du  15  janvier. 

PoBr  Pour  En         4  quartiers.  1" 

Amenés.  Paris,  l'extérieur,  totalité.  kil.  quai. 

Bœufs (3,267  3,748  1,949  5,697  349  1.72 

Vaches 1,744  800  728  1,528  236  1.58 

Taureaux 292  213  08  251  379  3.46 

Veaux 3,053  1,751  356  2,607  75  2.30 

Montons. 40,(312  30  014  8,360  38,374  20  2.15 

Porcs  gras ... .         7,056  2,666  4,236  6,902  83  1.34 

—    maigres.            »  »  »  »  »  »              »              »                » 

Les  approvisionnements  ont  été  considérables,  et  pour  toutes  les  catégories  les 
prix  sont  faibles  cette  semaine,  principalement  en  ce  qui  concerne  les  gros  ani- 
maux. —  Sur  les  marchés  des  départements,  on  cote  :  Caen,  bœuf.  1  fr.  70  à 
1  fr.  90  par  kilog.  de  viande  nette  sur  pied  ;  vaches,  1  fr.  50  à  1  fr.  70  ;  veaux, 
1  fr.  60  à  1  fr.  80;  moutons,  1  fr.  80  à  2  fr.  ;  porc,  1  fr.  à  I  fr.  20;  —  Le  Mans, 
vaches,  1  fr.  50  à  1  fr.  55  ;  veaux,  1  fr.  90  à  2  fr.  ;  moutons,  2  fr.  à  2  fr,  10; 
—  Nantes,  bœuf,  0  fr.  80  à  0  fr.  85  par  kilog.  brut  sur  pied;  veaux,  1  fr.  15  à 
1  fr.  20;  moutoDs,  1  fr.  05  à  1  fr.  10;  —  Orléans,  bœuf,  0  fr,  65  à  0  fr.  75; 
vaches,  0  fr.  63  à  0  fr,  73;  veau,  1  fr.  05  à  1  fr,  25;  moutons,  0  Ir.  75  à  0  fr.  95; 
porcs,  0  fr.  80  à  0  fr.  90;  —  Dijon,  bœuf,  1  fr.  54  à  l  fr.  76;  vaches,  1  fr.  16  à 
Ifr.  66; veau  poids  vif),  1  fr,  10  à  1  fr.  25;  moutons,  1  fr.  80  à  2  fr.  10;  porc, 
Ofr,  96  à  1  fr.  06;  — Nancy,  bœuis  morts,  90  k  95  fr.;  vaches,  -JO  à  80  fr.  ;  veaux 
vivants,  60  à  74  fr.;  moutons,  95  à  110  fr.  ;  porcs,  74  à  77  fr.  ;  —  Lyon,  bœuf, 
70  à  83  fr,;  veaux  (poids  vif),  60  à  €6  fr.;  moutons,  80  à  110  fr,;  porc  ,poidsvif), 
55  à  65  fr.;  — 'Bourgoin,  bœ^uf,  64  à  74  fr.;  vaches,  56  à  66  fr.;  veau,  100  à 
110  fr,;  moutons,  85  à  95  fr.;  porcs,  95  à  100   fr.;  —  Genève,  bœuf  1  fr,  50  à 


120  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT  (20  JANVIER  1883). 

1   fr.  70;  veau  sur  pied,   1   fr.  à  1  fr.  15;   mouton,  1  fr.  60  à  1  fr.  70;    porc 
1  fr.  45  à  1  fr.  50. 

A  Londres,  les  importations  d'animaux  étrangers  durant  la  semaine  dernière 
se  sont  composées  de  13,627  têtes,  dont  26  bœufs,  112  veaux,  1,568  moutons  et 
18  porcs  venant  d'Amsterdam  ;  1,879  moutons  d'Anvers;  276  bœufs  de  Boulo- 
ç;ne.  \  3.359  moutons  de  Brème  ;  2,048  moutons  d'Hambourg  ;  109  bœufs,  47  veaux, 
et  533  moiiUiiis  d'Harlingen;  38  bœufs  du  Havre;  239  bœufs,  313  veaux  et 
3,062  moutons  de  Rotterdam.  Prix  du  kilog.  Bœuf  :  qualité  inférieure,  1  fr.  52  à 

1  fr.  75;  2%  1  fr.  75  à  1  fr.  93;  1^%  1  fr.  93  à  2  fr.  10.  —    Veau  :  2«,  2  fr.  10  à 

2  fr.  28;  1'%  2  fr.  34  à  2  fr.  45. 

Viande  à  la  criée.  —  On  a  vendu  à  la  halle  de  Paris,  du  10  au  14  janvier  : 

Prix  du  kilog.  le  15  janvier. 

kilog.            i"  quai.               2'  quai.  3°  quai.  Choix.      Basse  Boucherie. 

Bœuf  OU  vache...   140,104  1.54  à  1.96     1.32  à  1..52  0.86  à  1.30  1.06  à  2.80    0.10  à  0.80 

Veau 139,708  1.92      2  34     1.62       1.92  1.30       1.60  1.50       2.60       » 

Mouton 40,944  1.52      1.92     1.30      1.50  0.86       1.28  1.76      3.20      » 

Porc •     63,815                     Porc  frais 1    20  à  1.40;  salé,     1,36 

384 ..571  _      Soit  par  jour 54,929  kilog. 

Les  ventes  ont  été  inférieures  de  9,000  kilog.  par  jour  à  celles  de  la  semaine 
précédente.  Les  prix  sont  un  peu  en  baisse  pour  les  diverses  sortes. 

XIII.—  Cours  de  la  viande  à  Vaiattoir  de  la  Villelte  du  18  janvier  (par  50  kilog.) 

Cours  de  la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  Viilette  par  50  kilog.  :  i''^  qualité, 
67  à  70  fr.  ;  2%  60  à  65  fr.  ;  poids  vifs,  47  à  51  fr. 

Bœufs.   Veaux.  Moutons. 

1"  2°  3°  1"  2"  3°  ''l'"  2'  3° 

quai.  quai.  quai.  q.-.al.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai. 

fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr. 

80  73  65  125  115  100  100  94  87 

XIV.  —  March     aux  bestiaux  de  la  Viilette  du  jeudi  18  janvier  1883. 

Cours  des  commissionnaires 
Poids  Cours  officiels.  en  besliaux^ 

Animaux  général.     1"  2°        3"           Prix  1"  V  3'  Frix 

amenés.       Invendus.  kil.        quai.  quai.  quai,  extrêmes.  quai.  quai.  quai.  extrêmes. 

Bœufs.'. 2.398                  39  365         1.74  1.58  î,35  1.28àl.80  1.72  1.56  1.32  1.28àl.78 

Vaches 678                  40  234         1.60  1.40  1   22  1.16     1.64  1.58  1.40  1.20  1.15     1.62 

Taureaux...            89                   9  385         I   48  1.36  1.26  1.20     1.52  1.45  1.35  1.25  1.20     1.50 

Veaux 1.148                  83  79         2.44  2.24  2.00  1.74     2.64  »  «  »  » 

Moutons 16  859  145  19         2  20  2  06  1   88  1 .70     2  24  »  »  »  » 

Porcs  gras..     4.490                  »  83         1.34  1.28  1.22  1.18     1.34  »  »  »  »    - 

—  maigres..         »                »  »»•»»)>  »  «  »  » 

Vente  très  active  sur  toutes  les  espèces. 

XV.  —  Résumé. 

Les  prix  de  la  plupart  des  denrées  se  sont  maintenus  sans  changements  impor- 
tants durant  cette  semaine.  A.  Remy. 


BULLETIN  FINANCIER 

Semaine  de  reprise  ;  le  3  0/0  à  79,81  gagne  0,15  ;  le  5  0/0  à  1  (5,70  gagne  0,60. 
Bonne  tenue  des  Sociétés  de  crédit  :  le  Crédit  Foncier  fait  une  émission  d'obli- 

fations  de*  500  francs,  3  0/0  au  cours  de  330  et  qui  semble  appelée  à  réussir, 
'aiblesse  à  nos  chemins  de  fer. 


Cours  de  la  Bourse  du  10  au 
Principales  valeurs  françaises  : 

Plus  Plus    Dernier 

bas.  haut,    cours. 

Rente  3  0/0 79.30  79  80       79.30 

Rente  3  o/o  amortis 80.75  80.45      80.45 

Rente  4    1/2  O/0 108.80  111.25      111.25 

Rente  5  o/o 115.I0  115.97    115.70 

Banque  de  France 5335.00  5397.50  5380.00 

Comptoir  d'escompte 995.00  1000.00  1000  00 

Société  générale 580.00  585.00    580. 00 

Crédit  foncier 1310.00  )325.oo  ISio.uo 

Est Actions  500     722.50  727.50      722.50 

Midi d"   1095   00  1140.00   1095.00 

Nord d°   1840.00  1885.00   )840.00 

Orléans d»  1245.00  1260. 00  1245.00 

Ouest d"     775.00  780.00     780.00 

Paris-Lyon-Méditerranée  d"  1535.00  1565.00  i535.oo 

Paris  1871  obi.  400  à  3  O/O.      390.00  393.00     391.00 

Italien  5  0/0.. ■. 87.40  8660       86  75 

Le  Gérant  :  A.  BOUCHÉ. 


17  janvier  1883  {au  comptant). 

Chemins  de  fer  français  et  étrangers 


Autrichien d" 

Lombards, d° 

Romains d° 

Nord  de  l'Espagne d° 

Saragosse  à  Aiadrid...d° 

Portugais d° 

Est  oblig.  3  0/0  rembour- 
sable à  50U  fr d" 

Midi d" 

Nord d° 

Orléans d" 

Paris-Lyon-Méditer. . . .  d° 

Ouest d° 

Nord-Esp.  priorité d° 

Lombards d° 


Plus 
bas. 

688.75 
290.00 
lu8.00 
525.00 
'iSO.lO 
570.00 

345.00 
357.50 
365.50 
360.00 
356.00 
356.00 
337.50 
383.00 


Plus 
haut. 
698.75 
293.75 
llO.OO 
530.00 
482.50 
598.75 

361. CO 
362.00 
367.25 
369.50 
366.00 
361.25 
344.00 
384.00 


Dernier 
cours. 

688.75 
290.00 
110.00 
528.75 
482.50 
570.00 

» 
356.50 
357  50 
366.00 
361.25 
361.00 
356.00 
340.00 
283.00 


LETERRIER. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (27  janvier  i883). 

La  iiipcanique  dans  ses  rapports  avec  l'agriculture.  —  Importance  de  la  diminution  du  prix  de 
revient  des  travaux  agricoles.  —  Les  labours  et  la  laiterie.  —  Session  unniKille  de  la  (Commission 
supérieure  (lu  phylloxéra.  —  Constatation  des  progrès  de  la  marche  du  phylloxéra.  — Projet  de 
loi  relatif  à  la  défense  de  l'Algérie  contre  la  propagande  du  fléau.  —  Publication  des  travaux  du 
Comité  d'études  et  de  vigilance  de  la  Charente-Inférieure.  —  Rapport  de  M.  Verneuil  sur  la 
plantation  des  vignes  américaines  et  les  encouragements  à  lui  donner.  —  Observations  de 
M.  Menudier.  —  Commencement  de  la  discussion  au  Sénat  sur  le  projet  de  loi  relatif  au  régime 
des  eaux.  —  Commission  chargée  d'examiner  le  projet  de  loi  sur  la  surveillance  des  étalons.  — 
Proposition  votée  par  la  Chambre  des  députés  sur  le  partage  des  bois  d'affouage.  —  Ciéation 
d'une  station  de  chimie  végétale  à  Meudon.  —  Les  épizooties  en  Allemagne.  —  Extrait  du  Bul- 
letin des  épizooties  d'Alsace-Lorraine.  —  Exposition  d'horticulture  à  Gand.  —  Création  d'une 
école  pratique  d'agriculture  à  Andrinople.  — Les  Annales  agronomiques.  —  Vignes  américaines. 
—  Lettre  de  M.  Destremx.  —  Rapport  de  M.  '"'Ourdin  sur  ses  pépinières  de  Saint-Hippolyte-du- 
Gard.  —  Publication  du  compte  rendu  du  Congrès  viticole  de  Dr.iguignan. —  Céréales  de  prin- 
temps. —  Blé  de  Bordeaux  et  orge  Chevalier.  —  Noie  de  M.  de  Lentilhac  sur  la  situation  des 
récoltes  en  terre.  —  Le  rouget  des  porcs  dans  le  département  de  la  Dordogne. 

I.  —  Les  progrès  de  la  mécanique  agricole. 

Les  progrès  de  la  mécanique  agricole  n'ont  pas  dit  leur  dernier 
mot;  ils  peuvent  encore  produire  des  résultats  considérables.  L'in- 
vention d'une  nouvelle  charrue,  par  exemple,  peut  être  un  bienfait 
bien  supérieur  à  tous  les  dégrèvements  d'impôts  que  l'on  peut  espérer 
de  la  meilleure  volonté  des  meilleurs  gouvernements.  C'est  pour  cette 
raison  que  nous  insistons  sur  les  avantages  que  présenterait  l'impor- 
tation des  charrues  tilburys  américaines.  Laissant  de  côté  tous  les 
détails  d'application,  et  ne  prenant  que  la  chose  capitale,  nous  croyons 
que  la  nouvelle  charrue,  en  permettant  de  faire,  avec  les  mômes  at- 
telages et  un  personnel  de  laboureurs  plus  facile  à  trouver,  une 
quantité  de  travail  double  dans  le  même  temps,  réduira  de  moitié  les 
frais  de  labour.  Ce  fait  correspond  à  une  économie  annuelle  d'au  moins 
750  millions  de  francs,  pour  la  culture  française  seulement.  Un  tel 
résultat  laisse  loin  derrière  lui  toutes  les  demandes  faites  au  gouver- 
nement. Le  bienfait  pour  l'humanité  est  donc  immense.  Par  d'autres 
inventions  mécaniques,  notamment  par  les  semoirs,  des  avantages 
du  même  ordre  peuvent  être  obtenus.  L'introduction  des  machines  à 
vapeur  dans  les  fermes  y  a  causé  une  véritable  révolution,  qui  est 
loin  d'avoir  produit  tout  son  effet.  11  n'est  pas  jusqu'aux  travaux  de  la 
fermière  qui  ne  puissent  être  transformés  de  manière  à  amener  la 
richesse  là  où  il  n'y  avait  guère  que  la  gêne.  Les  progrès  de  la  méca- 
nique, introduits  dans  la  laiterie  comme  nous  aurons  l'occasion  de 
l'expliquer  dahs  une  autre  partie  de  ce  Journal^  peut  faire  partout  de 
la  fabrication  du  beurre  une  industrie  extrêmement  florissante.  Ces 
indications  suffisent  pour  qu'on  comprenne  combien  rendent  plus  de 
services  aux  populations  ceux  qui  s'adonnent  à  combiner  de  nouvelles 
inventions  utiles  que  ceux  qui  font  de  la  politique.  Celle-ci  cause  des 
inquiétudes,  jette  le  désarroi  dans  les  familles  et  dans  les  affaires. 
Combien  est  supérieur  celui  qui,  par  un  changement  dans  la  forme  et 
dans  le  mode  d'emploi  d'une  charrue,  permet  de  produire  le  pain  et  la 
viande  à  meilleur  marché  ! 

IL  —  Le  phylloxcî^a. 

La  Commission  supérieure  du  phylloxéra  s'est  réunie  le  vendredi 
19  janvier;  elle  tient  encore  une  séance  au  moment  où  nous  écrivons 
cette  chronique.  Dans  cette  session  laborieuse,  elle  s'est  occupée  du 
perfectionnement  des  moyens  à  employer  pour  lutter  contre  le  lléau. 
Elle  a  entendu  un  rapport  de  M.  Tisserand,  directeur  de  l'agriculture, 

N»  720.  —  Tome  I"  de  1883.  —  27  Janvier. 


122  CHRONIQUE   AGRICOLE   (27    JANVIER    1883). 

sur  la  marche  de  l'insecte  dévastateur  qui  s'est,  d'une  manière  funeste, 
encore  propagé  durant  l'année  1 882,  puisque  1 8  arrondissements 
jusqu'alors  indemnes  doivent  être  ajoutés  à  la  liste  de  ceux  précé- 
demment atteints,  puisqu'en  outre  23  arrondissements  qui  n'avaient 
sur  la  carte  de  l'invasion  que  la  teinte  grise,  seront  désormais  cou- 
verts de  la  teinte  foncée  et  auront  le  droit  de  cultiver  librement  la  vigne 
américaine.  Cependant  il  a  été  remarqué,  avec  raison,  que  la  pro- 
duction du  vin  est  plutôt  appelée  à  reprendre  de  l'activité  dans  les 
départements  atteints  qu'à  continuer  à  diminuer.  Le  viticulteur,  en 
effet,  peut  regarder  comme  certaine  la  possibilité  de  cultiver  la  vigne 
avec  profit,  malgré  le  phylloxéra.  C'est,  comme  on  le  dit  aujourd'hui, 
la  lutte  pour  l'existence,  mais  lutte  dans  laquelle  il  ne  faut  plus  céder 
devant  le  fléau,  comme  cela  a  été  fait  dans  le  passé. 

La  Commission  supérieure  s'est  occupée  aussi  de  l'élaboration  d'un 
projet  de  loi  destiné  à  défendre  l'Algérie  contre  l'invasion  et  la  propa- 
gation de  l'insecte.  Dans  le  projet  étudié,  on  aurait  recours  à  la  des- 
truétion  de  toute  vigne  infectée,  moyennant  une  indemnité  accordée 
au  propriétaire  du  vignoble  traité.  Cette  méthode  peut  réussir  dans  un 
pays  qui  n'est  pas  entouré  de  contrées  déjà  phylloxérées  et  où  le  mal 
n'a  pas  encore  fait  invasion.  Nous  reviendrons  sur  ces  diverses  ques- 
tions, lorsque  les  travaux  de  la  Commission  seront  achevés. 

Le  Comité  central  d'études  et  de  vigilance  du  département  de  la 
Charente-Inférieure  vient  de  publier  son  15*^  bulletin  qui  renferme 
des  renseignements  intéressants  sur  les  études  poursuivies  dans 
ce  grand  centre  viticole.  Nous  y  remarquons  surtout  un  rapport  de 
M.  Verneuil,  rédigé  au  nom  d'une  Commission  spéciale  chargée  d'étu- 
dier la  situation  du  vignoble  du  département,  et  en  particulier  des 
cépages  américains.  Les  conclusions  de  ce  rapport  doivent  être  placées 
sous  les  yeux  de  nos  lecteurs  : 

«  En  résumant  l'ensemble  de  ses  observations  et  de  ses  études,  la  Commission 
croit  devoir  émettre  les  conclusions  suivantes  : 

«  Les  vignes  françaises  encore  vigoureuses,  situées  en  terres  profondes  et  de 
consistance  moyenne,  peuvent  être  défendues  par  le  sulfure  de  carbone;  le  pro- 
priétaire étant  le  meilleur  juge  pour  savoir  si  son  vignoble  peut,  supporter  les 
frais  du  traitement. 

a  La  Commission  ne  croit  pas  qu'à  l'aide  d'insecticides,  on  puisse  toujours  et 
économiquement,  maintenir  les  vignes  françaises;  par  suite  elle  déconseille  les 
plantations  françaises  nouvelles,  même  celles  destinées  à  être -traitées  par  les 
insecticides. 

a  La  Commission  considérant,  en  outre,  que  déjà  plus  des  deux  tiers  des 
vignobles  du  département  sont  détruits,  que  dans  l'autre  tiers,  une  infime  pro- 
portion est  susceptible  d'être  maintenue  encore  quelques  années,  soit  par  le  sul- 
fure de  carbone,  soit  par  le  sulfocarbonate  de  potassium,  estime  qu'il  faut  hâter 
le  plus  possible  la  reconstitution  par  les  vignes  américaines,  dont  certaines  espèces 
nous  ont  déjà  montré,  dans  le  département,  8  ans  de  résistance. 

«  Elle  engage  donc  les  Sociétés  agricoles  à  créer  de  vastes  pépinières  de 
cépages  exotiques  sur  tous  les  points  de  notre  région.  Ces  pépinièies,  devant 
servir,  non  seulement  à  la  multiplication,  mais  encore  à  l'étude  de  l'adaptation 
des  différentes  variétés,  ne  devront  pas  être  situées  dans  des  bas-fonds  ou  dans 
des  jardins,  mais  en  plein  champ,  dans  des  terres  à  vignes.  Il  faudra  choisir  autant 
que  possible  la  nature  de  terre  la  plus  commune  dans  la  région  où  est  créée  la 
pépinière  ou  plantation. 

«  De  tous  les  producteurs  directs,  le  Jacquez  est  le  seul  assez  précoce  et  assez 
fructifère,  pour  pouvoir  être  essayé  avec  quelque  chance  de  succès.  Malheureuse- 
ment il  est  si  fréquemment  attaqué  par  le  mildew  et  l'anthracnose  et  si  suscep- 
tible à  la  coulure,  que  son  rôle  sera  très  probablement  réduit  à  porter  des  greffes 
françaises. 


CHRONIQUE   AGRICOLE    (27  JANVIER   1883).  123 

«  Nous  croyons  donc  que,  sans  renoncer  d'une  façon  définitive  à  la  production 
directe,  il  faut  tourner  ses  efforts  du  côté  des  porte-greffes,  les  Jacquez,  Herbe- 
monts,  Gunninghams  et  autres  variétés  fructifères  très  vigoureuses,  s'assouchant 
très  vite,  pouvant  fournir  d'excellents  porte-greffes,  peut-être  môme  supérieurs 
aux  cépages  cultivés  jusqu'à  présent  dans  ce  but. 

«  Nous  recommandons  tout  spécialement  la  greffe  en  fente  simple  et  en  place, 
sur  pieds  ayant  une  ou  plusieurs  années  de  plantation.  C'est  la  greffe  à  laquelle 
nos  vignerons  ont  été  babitués  de  tout  temps,  et  c'est  celle  qui  donne  les  soudures 
les  plus  parfaites  et  les  pieds  les  plus  vigoureux.  Il  importe  de  greffer  de  bonne 
heure,  sur  jeunes  pieds  d'un  faible  diamètre,  pour  assurer  la  perfection  de  la 
soudure  et  par  suite  la  longévité  des  pieds  greffés. 

<i  En  terminant,  la  Commission  ne  voyant  de  reconstitution  possible  du 
vignoble  Charentais  que  par  1  s  cépages  américains  ; 

«  Considérant  en  nutre  que  le  gouvernement  estaussi  intéressé  à  cette  prompte 
reconstitution  que  les  propriétaires  eux-mêmes  ; 

«  Considérant  que  ce  qui  retarde  ce  mouvement  de  replantation,  en  particulier 
chez  les  propriétaires,  c'est  l'ignorance  où  ils  sont  des  résultats  obtenus  jusqu'à 
ce  jour,  et  l'incertitude  sur  les  cépages  à  planter  dans  leurs  terraii  s; 

«  Considérant  que  si  quelques  propriétaires,  en  particulier  dans  les  arrondis- 
sements les  premiers  atteints  par  le  phylloxéra,  ont  fait  de  leur  poche  des  essais 
coûteux,  qui  profiteront  non  seulement  à  eux,  mais  encore  au  pays  en  général,  il 
n'en  est  pas  de  même  dans  l'ensemble  du  département; 

«  Considérant  qu'il  importe  d'encourager  et  de  soutenir  pécuniairement  les 
Sociétés  et  Associations  fondées  ou  à  fonder,  non  pas  dans  un  but  mercantile, 
mais  pour  étudier  et  propager  les  espèces  les  plus  propices  à  la  reconstitution  du 
vignoble  dans  chaque  région  de  notre  département  ; 

«  Considérant  enfin  qu'avant  l'invasion  phylloxérique,  le  département  de  la 
Charente-Inférieure  était,  comme  production,  le  deuxième  département  vinicole 
de  France  ;  que  par  conséquent  les  pertes  occasionnées  par  le  phylloxéra  y  sont 
immenses,  et  que  l'importance  des  subventions  à  attribuer  à  chaque  département 
doit  être  en  raison  des  pertes  subies  ; 

«  Emet  le  vœu  :  que  le  gouvernement  entrant  dans  une  voie  juste,  ne  donne 
plus  seulement  de  subventions  aux  Associations  de  propriétaires,  traitant  leurs 
vignes  par  des  insecticides;  l'efficacité  de  ces  traitements  étant  aujourd'hui  prouvée 
dans  certaines  conditions,  ils  n'ont  plus  le  caractère  d'études  d'un  intérêt  général, 
et  les  propriétaires  qui  font  ainsi  traiter  leurs  vignes  en  tirent  une  jusle  rémuné- 
ration de  leur  peine  ; 

«  La  Commission  demande  donc  que  le  gouvernement  subventionne  en  même 
temps  toute  association  régulièrement  constituée  dans  le  but  de  planter  et  d'étu- 
dier les  vignes  américaines. 

«  A  défaut  de  ces  associations,  la  Commission  estime  qu'il  est  du  devoir  du  gou- 
vernement de  les  faire  naître  de  façon  à  ce  que,  l'année  prochaine,  il  y  ait  dans 
chaque  canton  de  la  Charente-Inférieure,  une  plantation  américaine  destinée  à 
servir  d'exemple  et  d'études  aux  petits  cultivateurs  qui  ne  peuvent  ou  n'osent  faire 
eux-mêmes  les  frais  de  cette  étude. 

«  Si,  en  faisant  cela,  le  gouvernement  avance  seulement  d'un  an  ou  deux  la 
reconstitution  de  nos  vignes,  il  aura  rendu  un  grand  service  aux  cultivateurs  du 
département,  et  il  retrouvera  amplement  plus  tard  les  avances  qu'il  aura  faites.  « 

Après  la  lecture  de  ce  rapport,  M.  Meaudier  a  fait  observer  que 
sans  être  convaincu  qu'on  pourra  toujours  conserver  les  vignes  à  l'aide 
du  sulfure  de  carbone,  il  y  a  maintenant  assez  de  faits  en  faveur  de 
cet  insecticide  pour  permettre  de  tenter  la  plantation  de  vignes  fran- 
çaises, en  terrains  profonds  et  perméables,  si  l'on  est  bien  décidé  à  les 
traiter.  Relativement  au  vœu  proposé  par  la  Commission,  M.  Menu- 
dier  a" ajouté  que  le  gouvernement,  tout  en  continuant  avec  raison  à 
aider  à  la  conservation  des  vignobles,  est  déjà  entré  très  résolument 
dans  la  voie  des  subventions  aux.  associations  fondées  dans  l'intention 
de  propager  les  plants  résistants. 

III.  —  Le  régime  des  eaux. 

Le  Sénat  a  commencé,  dans  sa  séance  du  22  janvier,  la  discussion 


12i  CHRONIQUE  AGRICOLE  (27  JANVIER   1883). 

(lu  projet  de  loi  sur  le  régime  des  eaux.  Quelques  efforts  ont  été  tentés, 
notamment  par  M.  Clément,  pour  faire  ajourner  cette  importante  dis- 
cussion. Mais  le  Sénat  a  décidé  de  maintenir  le  projet  de  loi  à  son 
ordre  du  jour.  MM.  Tisserand,  Lorentz  et  Philippe,  directeurs  au  mi- 
nistère de  l'agriculture,  ont  été  nommés  commissaires  du  gouverne- 
ment pour  cette  discussion. 

lY.  —  La  surveillance  des  étalons. 

Dans  la  réunion  dès  bureaux  tenue  le  18  janvier,  le  Sénat  a  nommé 
la  Commission  chargée  d'examiner  le  projet  de  loi  sur  la  surveillance 
des  étalons,  que  nous  avons  analysé  dans  notre  précédente  chronique. 
Cette  Commission  est  composée  de  MM.  Bocher,  Xavier  Blanc,  général 
Grévy,  Paulmier,  baron  de  Lareinty,  Jobard,  Labitte,  E.  Lenoel, 
vicomte  de  Saint-Pierre.  La  Commission  a  choisi  M.  de  Saint-Pierre 
comme  président,  et  M.  Emile  Lenoel  comme  secrétaire. 
i  V.  —  Partage  des  bois  d'affouage. 

Dans  sa  séance  du  28  décembre,  la  Chambre  a  adopté  la  proposition 
de  loi  relative  au  partage  des  bois  d'affouage,  que  nous  avons  déjà  eu 
l'occasion  de  signaler.  Cette  proposition  de  loi  a  pour  but  de  modifier 
comme  il  suit  l'arliclo  105  du  Code  forestier  : 

«  S'il  n'y  a  titre  contraire,  le  partage  de  l'afibuage,  en  ce  qui  concerne  les  bois 
de  chauffage,  se  fera  par  feu,  c'est-à-aire  par  chef  de  famille  ou  de  maison  ayant 
domicile  réel  et  fixe  dans  la  commune  depuis  six  mois  au  moins  avant  la  publi- 
cation du  rôle.  Sera  considéré  comme  chef  de  famille  ou  de  maison  tout  individu 
possédant  un  ménage  ou  une  habitation  distincte,  soit  qu'il  y  préparc  la  nourri- 
ture pour  lui  et  les  siens,  soit  que,  vivant  avec  d'autres  à  une  table  commune,  il 
possède  des  propriétés  divisées,  qu'il  exerce  une  industrie  distincte  ou  qu'il  ait 
des  intérêts  séparés. 

«  En  ce  qui  concerne  les  bois  de  construction,  chaque  année  le  Conseil  muni- 
cipal, dans  fa  session  de  mai,  décidera  s'ils  doivent  être,  en  tout  ou  en  partie, 
vendus  au  profit  de  la  Caisse  communale  ou  s'ils  doivent  être  délivrés  en  nature. 

«  Dans  le  premier  cas,  la  vente  aura  lieu  aux  enchères  publiques  par  les  soins 
de  radminisliation  foi'estière  ;  dans  le  second,  le  partage  aura  lieu  suivant  les 
formes  et  le  mode  indiqués  pour  le  partage  des  bois  de  chauffage. 

«  Les  ui-ages  contraires  à  ce  mode  de  partage  sont  et  demeurent  abolis. 

«  Les  étrangers  qui  rempliront  les  conditions  ci-dessus  indiquées  ne  pourront 
être  appelés  au  partage  qu'après  avoir  été  autorisés,  confornaément  à  l'article  13 
du  Code  civil,  à  établii-  leur  domicile  en  France    » 

Cette  proposition  de  loi  a  été  transmise  au  Sénat  dans  sa  séance  du 
15  janvier. 

VL  —  Slation  de  chimie  végétale. 

Par  un  décret  du  1 7  janvier,  l'immeuble  appartenant  à  l'Etat,  désigné 
sous  le  nom  d'enclos  de  la  Glacière,  dépendant  autrefois  du  château 
de  Meudon  (Seine-et-Oise),  a  été  affecté  au  ministère  de  l'instruction 
publique  pour  l'installation  d'une  station  de  chimie  végétale,  annexée 
à  la  chaire  de  chimie  organique  du  Collège  de  France.  On  sait  que 
cette  chaire  a  pour  titulaire  M.  Berthelot,  membre  de  l'Académie  des 
sciences,  dont  les  importantes  découvertes  sont  universellement 
connues. 

VIL  —  Les  èpizootips  en  Allemagne. 

Dans  le  Bulletin  des  épizooiies  pour  l'A  Isa  ce-Lorraine  en  décembre 
1882,  M.  Zundel  donne  les  renseignements  suivants  sur  la  situation 
de  l'Allemagne  au  point  de  vue  des  diverses  maladies  contagieuses  : 

«  La  fùvre  aphteuse  a  fait  bien  des  progrès  durant  le  mois  passé  et  a  été 
constatée  dans  presque  tous  les  arrondissements  du  pays;  il  n'y  a  que  les  arron- 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (27  JANVIER   1883).  125 

dissemeuts  de  Wissembourg,  Saverne  et  Sarrebourg  qui  en  soient  jusqu'à  pré- 
sent exempts;  encore  dans  ces  derniers  arrondissements  a-t-on  déjà  parlé  de  la 
maladie,  mais  il  n'y  a  pas  encore  eu  de  déclaration  de  faite.  S'il  est  admissible 
que  tous  les  cas  de  l'épizootie  Le  sont  pas  déclarés,  l'on  peut  cependant  dire  que 
la  maladie  est  à  son  déclin  dans  la  Haute-Alsace  et  qu'elle  est  surtout  répandue 
dans  les  environs  de  Strasbourg  et  en  Lorraine.  La  marche  a  généraleraeot  été 
bénigne,  et,  quand  on  parvenait  à  isoler  immédiatement  les  malades,  l'épizootie 
se  bornait  le  glus  souvent  à  la  ferme  infectée  en  jjremier  lieu.  C'est  le  commerce 
du  bétail,  surtout  celui  qui  se  fait  de  village  à  village,  qui  est  la  principale  cause 
de  propagation  de  la  fièvre  aphteuse,  et  il  a  été  établi  que  des  marchands  n'ont 
sciemment  pas  placé  leur  bétail  malade  dans  leur  propre  étable,  mais  l'ont  placé 
chez  un  cultivateur,  en  infectant  ainsi  plusieurs  fermes  avec  la  mèrae  tête  de 
béta  1.  La  maladie  se  communique  facilement  aux  moutons  et  aux  porcs>  et  ces 
derniers  l'ont  parfois  colportée.  Les  chiffres  relatifs  à  la  propagation  de  la  maladie 
sont  indiqués  dans  un  tableau  spécial. 

«  La  fièvre  aphteuse  règne  pour  le  moment  dans  toute  l'Allemagne  du  sud,  et, 
dans  plusieurs  cas,  la  maladie  a  été  importée  du  duché  de  Bade  en  Alsace;  l'épi- 
zootie a  régné  dans  le  grand-duché  de  Bade  dans  12  distiicts  et  96  enclos.  —  En 
Suisse  on  a  constaté  la  maladie  dans  42  étables,  en  11  cantons  :  6  dans  le  canton 
de  Zurich,  8  dans  celui  de  Berne,  3  pour  Fribourg,  5  dans  canton  de  Vaud,  9  dans 
le  Valais,  4  à  Neuchâtel  et  3  pour  Genève.  L'épizootie  a  presque  disparu  de 
l'Italie  septentrionale  et  des  départements  voisins  de  Fiance. 

a  ha.  péripnewnonie  n'a  pas  été  constatée  en  Alsace-Lorraine,  pas  plus  qu'en 
Bade  et  en  Suisse;  on  l'a  constatée  dans  les  environs  de  Milan  dans  3  étables. 
Des  renseignements  de  Wurtemberg  et  de  Bavière  font  défaut;  dans  le  royaume 
de  Saxe  on  l'a  constatée  dans  2  localités,  en  Bohème  dans  38  et  en  Moravie 
dans    12. 

«  Le  charbon  a  encore  été  constaté  à  Saint-Jean-Rohrbach  (arrond.  deForbach), 
au  milieu  du  district  charbonneux,  sur  7  bêtes;  1  fois  à  Herbitzheim  (arrond.  de 
Saverne)  et  2  fois  à  lUhausern  (arrond,  de  Ribeauvillé).  — Dans  le  duché  de  Bade 
on  a  déclaré  13  cas  de  charbon  et  7  cas  en  Suisse. 

('  La  peste  bovine  paraît  éteinte  en  Croatie.  —  Une  éruption  de  cette  maladie 
est  signalée  du  district  de  Bakau  et  d'autres  localités  de  la  Moldavie.  —  Les  pro- 
vinces de  la  Russie  où  sévit  encore  toujours  la  peste  bovine  sont  :  la  Bessarabie, 
la  \\'olhynie,  la  Podolie,  Chcrson  et  Jekaterinoslaw;  elle  vient  également  d'éclater 
dans  le  gouvernement  de  Varsovie  dans  2  villages  des  districts  de  Varsovie  et 
de  Radimir. 

«  Un  arrêt  du  ministère  d'État  bavarois  pour  l'intérieur,  en  date  du  13  dé- 
cembre 1882,  défend  l'entrée  et  le  transit  des  bêtes  bovines  de  toute  race,  des 
moutons,  chèvres  et  autres  ruminants  provenant  de  la  Russie  et  de  la  Roumanie. 
La  détense  s'étend  à  l'importation  de  toute  matière  animale  à  l'état  frais  prove- 
nant de  ruminants.  L'entrée  et  le  transit  de  moutons  vivants  de  l'Autriche-Hongrie 
ne  sont  permis  que  conditionnellement. 

«  Rien  de  nouveau  quant  à  la  gale  du  mouton.  —  L-àdacelce  règne  dans  quel- 
ques localités  de  la  Hongrie.  » 

Nous  ne  saurions  trop  insister,  encore  une  fois,  sur  les  services 
que  l'organisation  d'un  bulletin  des  épizooiies  rendrait,  en  France, 
aussi  bien  à  l'agriculture  qu'au  commerce  du  bétail. 

Vni  —  Exposition  (Thorlicullure. 

La  onzième  exposition  internationale  d'horticulture  organisée  par  la 
la  Société  royale  d'horticulture  et  de  botanique  de  Gand,  se  tiendra 
à  Gand  du  1 5  au  22  avril.  Cette  exposition  sera  ouverte  à  tous  les  ama- 
teurs et  horticulteurs,  aux  fabricants,  aux  établissements  publics  de 
botanique  et  d'horticulture,  tant  du  pays  que  de  l'étranger.  Elle  com- 
prendra 292  concours  spéciaux. 

IX.  —  Ecole  d'agriculture  en  Turquie. 

Le  gouvernement  turc  vient  de  décider  la  création  d'une  école 
d'agriculture  à  Andrinople.  Cette  école,  placée  sous  la  direction  de 


126  CHRONIQUE  AGRICOLE  (27  JANVIER   1883). 

M.  Draghim  Eram  Effendi,  a  été  organisée  il  a  six  mois,  et  elle 
possède  aujourd'hui  80  élèves.  Le  programme  de  l'enseignement  est, 
avec  peu  de  modifications,  celui  des  écoles  pratiques  d'agriculture  de 

France. 

X.  —  Annales  agronomiques. 

Le  W  fascicule  pour  1882  des  Annales  agronomiques  publiées  par 
M.  Dehérain,  sous  les  auspices  du  ministère  de  l'agriculture,  vient  de 
paraître.  11  renferme  un  mémoire  de  M.  Renouard  sur  les  plantes 
textiles  de  l'Algérie,  une  étude  de  M.  Boitel  sur  les  prairies  et  plantes 
adventices  de  la  Suisse  et  de  l'est  de  la  France,  des  notes  de  M.  Schmitt 
sur  les  falsifications  du  beurre  et  les  moyens  de  les  reconnaître,  un 
mémoire  de  M.  Grandvoinnet  sur  le  travail  moteur  dépensé  dans  le 
labour.  Parmi  les  traductions  de  travaux  publiés  à  l'étranger,  nous 
citerons  une  note  sur  l'emploi  de  la  tourbe  comme  litière,  par  M.  Birn- 
baum,  et  une  étude  de  M.  Phillips  sur  Faction  des  poisons  sur  les 
plantes.  — A  partir  de  1883,  les  Annales  agronomiques  paraissent  par 
cahiers  mensuels  d'environ  50  pages. 

XL  —  Les  vignes  américaines. 
Nous  avons  publié  récemment  une  note  de  M.  Destremx,  sur  un 
exemple  de  succès  de  la  culture  des  vignes  américaines,  par  un  petit 
vigneron  Notre  excellent  correspondant  nous  transmet  aujourd'hui 
des  détails  sur  un  autre  vigneron;  celui-ci  est  du  département  de 
l'Ardèche  : 

Alais,  12  janvier  1883. 

«  Je  VOUS  remercie  de  l'insertion  de  mon  article  sur  M.  Vernet,  de  Massillar- 
gues,  et  je  profite  de  cette  lettre  pour  vous  donner  le  résultat  qui  a  été  atteint  par 
un  autre  vigneron  de  l'Ardèche,  qui  a  été  médaillé  à  Aubenas,  M.  Poudevigne, 
propriétaire  aux  Vernades,  et  sur  lequel  je  vous  ai  envoyé  en  temps  et  lieu,  deux 
articles  que  j'avais  publiés  sur  son  vignoble. 

a  II  avait  obtenu,  il  y  a  trois  ans,  51  kilog.  de  raisins  par  pied  de  treilles  de 
clintons  de  trois  feuilles,  et  23  kilog.  sur  des  demi-treilles,  résultat  constaté,  et 
pour  lequel  il  a  été  récompensé  par  la  Société  d'agriculture  de  l'Ardèche. 

a  Mais  cette  année,  il  a  obtenu  2  3  kilog.  de  magnifi.jues  raisins  par  demi 
.  treilles  de  trois  feuilles,  et  45  kilog.  pour  les  Jacquez  à  la  quatrième  feuille.  — La 
souche  maximum  a  donné  70  kilog. 

«  Il  a  encavé  220  hectolitres  de  très  bon  vin  avec  500  pieds  de  Jacquez,  70  clin- 
tons  et  400  chatus  greffés  sur  clintons. 

a  Je  me  suis  empressé,  dès  ma  visite,  d'envoyer  un  photographe  afin  de  pouvoir 
vous  donner  une  idée  d'un  pareil  rendement.  Malheureusement,  le  photographe  n'a 
pu  aller  chez  M.  Poudevigne  avant  la  vendange,  et  aujourd'hui,  je  me  vois  obligé  de 
fournir  des  chiffres  auxquels  on  ne  voudra  pas  croire,  et  qui  cependant  ont  été 
le  résultat  d'une  rigoureuse  opération  de  pesage. 

«  Voilà  un  exemple,  donné  par  un  simple  vigneron,  de  ce  qu'on  peut  faire  avec 
du  travail,  de  l'intelligence  et  des  plants  américains,  M.  Poudevigne  est  à  l'Ardèche 
ce  que  M.  A'ernet  est  au  Gard. 

«  Veuillez  agréer,  etc.,  E.  Destremx, 

Ancien  député  »  . 

Sur  la  même  question  de  la  reconstitution  des  vignes  détruites,  un 
viticulteur  distingué  du  Gard,  M.  Albert  Gourdin,  a  adressé  récem- 
ment à  M.  le  ministre  de  l'agriculture,  un  rapport  qui  renferme  des 
détails  intéressants  sur  les  résultats  obtenus.  Voici  le  texte  de  cette 
note  : 

«  Monsieur  le  ministre,  votre  sollicitude  pour  les  intérêts  agricoles  qui  vous 
sont  confiés,  vous  a  amené  dernièrement  à  visiter  les  pays  ravagés  par  le  phyl- 
loxéra. 

«  Vous  avez  pu  par  vous-même  constater  le  mal  et  être  témoin  des  efforts  aux 


CHRONIQUE    AGRICOLE    (27     JANVIER    1883).  127 

quels  se  livrent  les  agriculteurs  de  la  région  méridionale  pour  reconstituer  leurs 
vignobles  détruits.  Vous  avez  vu,  dans  les  environs  de  Nîmes  et  ailleurs,  d'im- 
portantes plantations  de  cépages  américains,  et  vous  avez  visité  les  planta- 
tions faites  dans  les  sables  d'Aigues-Mortes  et  les  rives  du  Rhône,  sur  lesquelles 
se  pratique  la  submersion  des  vignes.  J'ai  vivement  regretté  que  notre  région  des 
Gévennes  ne  fut  pas  comprise  dans  votre  itinéraire,  j'aurais  été  bien  heureux  de 
vous  montrer  la  pépinière  de  cépages  américains  greffes  que  j'aià  Saint-fiippolyte, 
et  qui  ne  compte  pas  moins  à  l'heure  actuelle  de  sept  cent  miUe  ])ieds;  j'aurais  été 
bien  aise  aussi,  s'il  eut  été  possible  de  vous  faire  part  de  mes  observations  prati- 
ques, basées  sur  une  expérience  déjà  longue. 

«  Je  vais  grouper  quelques-unes  de  ces  observations,  et  avoir  l'honneur  de  vous 
les  transmettre;  lieureux  si  elles  peuvent  vous  être  utiles,  et  si  les  agriculteurs  de 
France  peuvent  en  tirer  quelque  profit. 

«  Il  est  un  fait  aujourd'hui  bien  acquis,  c'est  que  toute  tentative  de  reconstitu- 
tion de  vignobles  en  cépages  français  est,  pour  le  moment,  absolument  impossible. 
Partout  où  ces  tentatives  ont  été  faites,  elles  n'ont  donné  que  des  déboires  à  ceux 
qui  pensaient  que  des  vignes  nouvelles  pouvaient  être  rétablies  sur  les  solsd'oij  les 
anciennes  vignes  venaient  de  disparaître. 

«  Quelques  rares  privilégiés,  propriétaires  de  terrains  sablonneux  ou  de  terrains 
submersibles,  ont  pu  créer  des  vignobles  en  cépages  français,  et  ont  pu  profiter 
des  récoltes  produites  par  leurs  plantations.  Mais  combien  est  restreint  le  nombre 
de  ces  privilégiés  dans  notre  région,  on  les  compte  et  on  les  connaît  par  leur 
nom,  ils  excitent  l'envie  de  leurs  voisins  qui  ne  peuvent  suivre  leur  exemple, 
n'étant  pas  dans  les  mêmes  conditions. 

«  A  côté  de  ceux-là,  certains  ont  voulu  essayer  de  combattre  le  phylloxéra  par 
les  insecticides,  et  la  Gompagaie  Paris-Lyon-Méditerranée  qui,  à  un  moment 
donné,  craignant  de  voir  baisser  l'importance  de  ses  transports  dans  la  région 
méditerranéenne  en  raison  de  la  disparition  des  vignes,  n'avait  pas  hésité  à  s'im- 
poser des  sacrihces  pour  engager  les  viticulteurs  à  employer  le  sulfure  de  carbone, 
agent  très  actif  qui  pouvait,  dans  des  conditions  déterminées,  produire  certains 
résultats  contre  les  attaques  du  phylloxéra.  Mais  ici  encore,  que  d'illusions,  r[uels. 
déboires  ont  suivi  ces  expériences!  Tantôt  le  défaut  d'humidité  du  sol  était  un 
obstacle  à  l'action  du  sulfure,  tantôt  des  dosages  trop  forts  compromettaient 
l'existence  des  vignobles,  sans  parler  des  dangers  inhérents  à  l'usage  d'une 
matière  très  inflammabie. 

«  Aussi,  à  de  très  rares  exceptions  près,  ce  mode  de  traitement  pour  les  vignes 
est  très  peu  employé. 

«  Il  n'est  pas  «ùr  et  est  dangereux,  et  occasionne  une  dépense  annuelle  d'envi- 
ron 400  francs  par  hectare. 

«  Les  plantations  de  cépages  américains  sont  aujourd'hui,  à  vrai  dire,  le  seul 
espoir  (jui  rt^ste  aux  agriculteurs,  pour  la  reconstruction  de  leurs  vignobles,  et 
nous  sortons  de  la  période  des  tâtonnements,  de-celle  des  essais  et  des  expériences, 
pour  entrer  dans  la  période  des  résultats. 

«  Tout  le  monde  sait  aujourd'hui  que  le  Jacquez  est  un  plant  résistant  et  qu'il 
donne  un  bon  vin  de  coupage,  que  l'Herbemont  donne  ua  bon  vin  de  table,  et 
que  Tun  et  l'autre  produisent  d'une  façon  très  sulfisante.  Mais  combien  ont  déjà 
fait  l'expérience  que  le  mildew,  la  coulure  et  l'anthracnose  sont  pour  ces  cépages 
un  gi'and  écueil,  lorsqu'ils  sont  placés  dans  des  terrains  un  peu  humides. 

«  Toutefois,  en  choisissant  bien  les  terrains,  ces  cépages  peuvent  être  cultivés 
avec  avantage  et  dans  toute  la  région  du  Midi. 

«  Mais  pour  la  reconstitution  des  vignobles  de  la  plaine,  pour  la  grande  cul- 
ture, et  pour  obtenir  des  produits  vraiment  rémunérateurs,  il  n'y  a  que  les  porte- 
greffes  qui  puissent  donner  des  résultats  complets. 

ce  Parmi  les  cépages  américains  importés  en  France,  il  existe  quelques  porte- 
grefl'es  qui  sont  éprouvés  de  la  façon  la  plus  absolue,  en  ayant  soin  toutefois  de 
les  approprier  au  sol  qui  leur  convient  à  chacun. 

«  Eu  première  ligne  et  bien  au-dessus  des  autres,  je  place  le  Riparia  qui  vient 
dans  presque  tous  les  terrains  et  dont  la  vigueur  est  telle  qu'on  voit  quelquefois 
ses  ceps  dépasser  10  mètres  de  longueur.  Le  sol  qui  convient  le  mieux  à  ce  plant 
est  le  terrain  calcaire,  mais  il  vient  aussi  dans  les  sols  légers,  et  dans  les  ter- 
rains f'jrrugineux  et  volcaniques. 

«  En  seconde  ligne  je  place  le  Solonis  presque  aussi  vigoureux  que  le  Riparia, 
et  qui  dans  certains  terrains  le  dépasse  même  en  vigueur,   mais  tous  les  sols  ne 


12S  GHRONinUE  AGRICOLE  (27  JANVIER   1883). 

lui  conviennent  pas,  il  lui  faut  de  l'humidité,  et  il  ne  résisterait  pas  dans  les  ter- 
rains arides.  A  la  condition  de  le  placer  dans  un  sol  riche,  c'est  un  excellent 
porte-greffe  qui  se  soude  aisément  avec  toutes  les  variétés  de  plants  i'rençais. 

«  En  troisième  ligne  il  convient  de  placer  TYork-Madeira  et  le  Rupestris  qui 
poussent  dans  les  sols  les  plu«;  arides,  mais  qui  sont  moins  vigoureux  que  les  pré- 
cédents, ils  n'en  sont  cependant  pas  moins  résistants  pour  cela,  et  la  facilité  avec 
laquelle  ils  viennent  clans  les  sols  peu  riches  fait  beaucoup  rechercher  ces  cépages. 

«  Le  Vialia  que  Ton  peut  placer  en  quatrième  ligne,  mais  qui,  au  point  de  vue  de 
la  reprise  et  de  la  facilité  d-i  soudure  au  greffon,  pourrait  occuper  le  premier  rang, 
est  un  excellent  cépage;  il  est  moins  connu  que  les  autres,  parce  qu'il  a  été 
longtemps  confondu  avec  le  Clinton  ;  il  diffère  cependant  par  bien  des  points  de 
ce  dernier  cépage,  il  est  très  résistant  et  commence  à  être  assez  apprécié. 

«  Telle  est  la  classification  des  cépages  américains  qui  me  paraissent  devoir 
assurer  l'avenir  de  nos  vignobles. 

«  Quant  à  la  greffe,  seul  moyen  d'assurer  de  vrais  produits,  combien  il  est 
difficile  de  taire  comprendre  à  certains  viticulteurs  leur  véritable  intérêt,  et  com- 
bien se  laissent  rebuter  par  des  échecs,  qui  ne  sont  la  plupart  du  temps,  que  le 
résultat  de  leur  propre  faute. 

«  Il  est  arrivé  bien  souvent  que  par  suite  de  l'emploi  de  mauvais  systèmes  de 
greffes  il  n'a  été  obtenu  que  des  résultats  médiocres,  et  il  a  fallu  revenir  plusieurs 
lois  à  la  charge  pour  avoir  des  vignobles  entièrement  greffés. 

«  L'opération  de  la  greffe  est  en  effet  fort  délicate,  et  il  n'y  a  point  à  s'étonner 
que  certains  se  soient  rebutés  en  présence  des  difficultés  qu'elle  présente.  Pour 
ma  part,  je  considère  toutes  les  difficultés  comme  vaincues  par  la  'greffe  anglaise 
sur  boutures. 

a  Avant  l'apparition  du  phylloxéra,  on  parlait  à  peine  de  ce  genre  de  greffe, 
aussi  a-t-elle  été  jusqu'à  aujourd'hui  peu  pratiquée.  On  ne  peut  en  faire  usage  que 
sur  des  bois  relativement  minces,  et  le  greffon  doit  toujours  êlre  de  la  même 
grosseur  que  le  sujet. 

«  Poui'  exécutui-  la  greffe  a'^glaise,  il  faut  couper  obliquement  et  en  biseau  le 
•sujet  et  le  greffon  sur  une  inclinaison  qui  varie  de  15  à  25  pour  100  selon  la 
grosseur  des  bois  employés,  ensuite  fendre  longitudinaleingnt  les  deux  biseaux  et 
les  enfoncer  l'un  dans  l'autre,  de  manière  qu'une  partie  ou  sujet  entre  dans  le 
biseau  du  greffon,  de  mêine  qu'une  partie  de  ce  dernier  entre  dans  le  biseau  du 
sujet.  Il  faut  que  les  écorccs  et  les  aubiers  se  raccordent  entièrement,  et  qu'une 
fois  l'opération  faite  les  coupes  soient  invisibles.  La  ligature  s'opère  ensuite  avec 
une  bande  de  caoutchouc  vulcanisé  de  0'".015  de  largeur  et  deO'"  001  d'épaisseur 
placée  en  spirale  et  peu  tendue,  de  façon  à  ne  pas  arrêter  le  développement  du 
pied  de  vigne  à  se  former. 

V  Les  chances  de  réussite  des  plants  greffés  par  ce  système  sont  bien  plus 
grandes  que  celles  de  tous  les  autres  procédés  elles  dépendent  tou'efois,  beaucoup 
des  soins  et  des  cultures;  il  laut  ealretenir  jusqu'à  sa  soudure  complère  le  greffon 
dans  une  certaine  humidité,  ébourgeonner  les  sauvageons  C{ui  ne  manquent  pas 
de  pousser  au  pied  du  sujet,  et  couper  les  racines  qui  peuvent  venir  au  greffon, 
et  qui  lui  permettraient  de  s'affranchir. 

«  C'est  ce  système  que  j'ai  employé,  ce  sont  ces  soins  que  j  ai  fait  don- 
ner; j'ai  comme  résultat  ma  magniiii|ue  pépinière  de  700,000  pieds.  Une  expé- 
rience de  celle  importance  doit  être  de  nature  à  attirer  l'attention  de  ceux  qui  ont 
à  cœur  les  intérêts  agricoles.  Albert  Gourdin, 

«    ^'euillez  agréer,  etc.  viticulteur,  à  Saint-Hippolyte  (lu-Fort, 

membre  de  la  Société  des  agriculteurs   de  France 

Plus  seront  nombreux  les  faits  placés  sous  les  yeux  des  viticulteurs, 
et  plus  il  sera  facile,  pour  eux,  d'arriver,  suivant  les  circonstances 
dans  lesquelles  ils  sont  placés,  au  succès  dans  Ja  reconi^litulion  des 
vignes  détruites  parle  fléau. 

En  publiant  récemment  le  compte  rendu  du  Congrès  viticole  de  la 
région  du  sud-est,  tenu  à  Draguignan  les  27  et  28  mai  dernier,  la 
Société  d'agriculture  du  Var  vient  aussi,  de  son  côté,  de  mettre  à  la 
disposition  des  viticulteurs  des  documents  du  plus  haut  intérêt,  tant 
sur  la  replanlation  des  vignes  que  sur  la  lutte  au  moyen  des  systèmes 
de  défense  contre  le  fléau. 


CHRONIQUE  AGRICOLE    (27  JANVIER   1883).     "  129 

XII.  —  Céréales  de  printemps. 
M.  Lefas,  agriculteur  aux  Niels,  commune  de  Saint-Meloir-des-Ondes 
(Ille-et-Vilaine),  nous  prie  d'annoncer  qu'il  tient  à  la  disposition  des 
agriculteurs  de  très  belles  semences  de  blé  de  Bordeaux  rouge  inver- 
sable,  au  prix  de  30  francs  le  sac,  toile  comprise,  livré  en  gare  de 
Lafresnais,  contre  remboursement.  —  Il  peut  aussi  livrer  de  l'orge 
Chevalier  au  prix  de  20  francs  le  sac,  toile  comprise,  dans  les  mêmes 
conditions  que  le  blé. 

XIII.  —  Nouvelles  de  Vétal  des  récoltes. 
Aux  notes  que  nous  avons  publiées  dans  notre  précédent  numéro, 
nous  devons  ajouter  celle  que  M.  de  Lentilhac  nous  adresse  de  Saint- 
Jean-d'Ataux,  à  la  date  du  12  janvier,  sur  la  situation  agricole  dans  le 
département  de  la  Dordogne  : 

«  En  décembre,  nous  avons  eu  quatre  jours  de  beau  ciel  et  vingt-sept  de  temps 
plus  ou  moins  couvert,  ayant  fourni  :  dix  jours  de  pluie  (3,  4,  5,  6,  8,  22,  24,  25, 
26,  3');  sept  de  brouillard  (I,  15,  16,  17,  21,  27,  28);  deux  de  gelée  blanche 
(1  et  15);  quatre  de  forte  gelée  (2,  10,  11,  J2);  un  de  grésil  avec  orage  le  4.  — 
Dans  cette  période,  il  est  tombé  167""". 50  d'eau;  l'averse  la  plus  considérable, 
celle  du  3,  a  donné  45  millimètres.  —  La  température  la  plus  élevée,  -f-  15°  cen- 
tigrades, a  été  observée  les  23  et  30  ;  la  plus  basse,  —  4",  le  2  ;  la  moyenne  géné- 
rale du  mois  a  été  de  -\-  6°. 62.  —  La  pression  barométrique  la  plus  forte,  755.70, 
s'est  produite  le  21  ;  la  plus  faible,  728.63,  le  6  ;  la  pression  moyenne  a  été  de 
743.48.  —  Le  vent  a  souftlé  quatre  jours  du  nord;  cinq  de  l'est;  trois  du  sud- 
.est;  un  du  sud;  cinq  du  sud-ouest;  huit  de  l'ouest  et  cinq  du  nord-ouest. 

«  Bien  que  la  pluie  ait  continué  durant  ce  mois,  il  est  survenu  quelques  éclair- 
ci  s  qu'on  a  saisies  avec  empressement  pour  continuer  le  travail  de  la  semaille  ; 
nous  aurons  dans  la  Dordogne  beaucoup  de  blés  tardifs  dont  la  réussite  est  subor- 
donnée aux  ùifluences  hivernales  qui  peuvent  encore  leur  ê're  défavorables,  mais 
la  surface  non  emblavée  sera  loin  d'avoir  l'importance  qu'on  lui  avait  d'abord 
assignée.  A  ceux  qui  se  sont  adressés  à  nous,  nous  avons  conseillé  d'ensemencer, 
sans  retard,  un  peu  dru.  du  blé  bleu  de  Noé,  la  variété  qui  se  prête  le  mieux  au 
dessaisonnement;  la  terre  est  encore  chaude,  la  germination  marchera  rapidement; 
le  grain  se  perdrait  il  qu'on  aurait  toujours  la  ressource  de  ressemer  en  mars. 

«  Il  y  a  eu  en  Périgord  une  épidémie  sur  les  porcs ,  le  Rouget,  qui  a  fait  des 
ravages  considérables.  La  Société  départementale  d'agriculture  s'en  est  émue; 
dans  sa  séance  générale  du  10  janvier,  elle  a  nommé  une  Commission  composée 
de  médecins-vétérinaires  et  d'éleveurs,  chargée  de  lui  faire  des  propositions  sur 
les  voies  et  moyt'ns  propres  à  appHquer  le  procédé  Pasteur,  inoculation  de  virus 
atténué,  c'an»  les  porcheries  de  la  Dordogne.  » 

Un  temps  plus  favorable  pour  les  travaux  de  la  culture  règne  depuis 
quelques  jours.  Les  jours  sont  secs  et  froids;  les  cultivateurs  en  ont 
profité  pour  reprendre  les  labours  et  les  semailles  qu'une  trop  longue 
persistance  d'humidité  avait  trop  longtemps  arrêtés.  Si  ces  circon- 
stances favorables  continuent,  le  retard  que  nous  avons  signalé  et  qui 
commençait  à  être  inquiétant,  pourra  être  réparé. 

J.-A.  Barral. 

CONCOURS  DE  NEVERS 

La  période  des  concours  d'animaux  de  boucherie  s'est  ouverte  en 
1883,  plus  tôt  que  dans  les  années  ordinaires.  Ces  solennités  précé- 
dant toujours  les  fêtes  du  carnaval,  elles  se  sont  tenues  à  la  fin  du 
mois  de  janvier,  au  lieu  d'avoir  lieu  dans  la  première  quinzaine  de 
février,  ainsi  que  cela  se  présente  le  plus  souvent.  Parmi  les  concours 
qui  ont  leur  siège  dans  les  départements,  celui  de  Nevers  occupe,  de 
l'avis  unanime,  le  premier  rang;  nous  pouvons  ajouter  qu'il  tend  tou- 
jours à  le  conserver,  malgré  les  progrès  réels  qui  sont  constatés  dans 


130  CONCOURS  DE  NEVERS. 

plusieurs  autres  régions.  Si  les  concours  d'animaux  de  boucherie 
prennent  ailleurs  une  importance  croissante,  les  éleveurs  et  les 
engraisseurs  de  Nièvre  et  des  départements  limitrophes  font,  de  leur 
côté,  tous  leurs  efforts  pour  conserver  la  prépondérance  qu'ils  ont 
acquise.  La  Société  d'agriculture  de  la  Nièvre,  sous  la  féconde  impul- 
sion de  son  président  M.  de  Bouille  qui  est,  en  même  temps  qu'un 
éleveur  hors  ligne,  un  organisateur  de  premier  mérite,  ne  ménage 
d'ailleurs  aucun  effort  pour  conserver  le  premier  rang  à  ses  concours; 
elle  en  a  été  récompensée  comme  les  années  précédentes,  par  un  suc- 
cès complet  et  de  bon  aloi. 

On  sait  que  le  concours  de  Nevers  comprend  deux  parties  distinctes  : 
l'exposition  d'animaux  de  boucherie  ouverte  à  tous  les  producteurs  de 
la  France,  et  l'exposition  d'animaux  reproducteurs  limitée  aux  seuls 
éleveurs  du  département  de  Ja  Nièvre.  Il  y  est  joint  une  exposition  de 
volailles,  de  produits  et  de  machines  agricoles.  Passons  rapidement 
en  revue  chacune  de  ces  parties. 

Pour  Jes  animaux  de  boucherie,  deux  sections  sont  spécialement 
intéressantes  :  celle  des  races  bovines  et  celle  des  races  ovines.  En 
ce  qui  concerne  les  unes  et  les  autres,  le  concours  présentait,  pour  le 
nombre  des  animaux  exposés,  à  peu  près  les  mêmes  proportions  que 
l'année  précédente.  L'ensemble  était  excellent,  tant  pour  les  bœufs  et 
les  vaches  que  pour  les  moutons.  Quelques  sujets  dune  valeur 
hors  ligne  attiraient  tout  spécialement  l'attention.  Parmi  les  bœufs, 
nous  citerons  notamment  un  magnifique  bœuf  durham-charolais,  âgé 
de  trois  ans  et  pesant  940  kilog.,  exposé  par  M.  Henri  Signoret, 
éleveur  au  Glos-Ry  (Nièvre),  et  un  bœuf  nivernais  blanc  exposé  par 
M.  André  Bellard,  engraisseur  à  Saint-Aubin-les-Forges  (Nièvre)  ;  ce 
bœuf,  âgé  de  trois  ans  huit  mois,  pesait  1 034  kilog.  C'est  à  ce  dernier 
que  le  prix  d'honneur  a  été  attribué.  Pour  la  première  fois,  un  bœuf 
d'autre  race  que  celles  du  pays  et  leurs  croisements  avec  la  race 
durham,  a  été  présenté  au  concours  ;  c'est  un  bœuf  salers  exposé  par 
M.  Moulin,  éleveur  à  Bourbon-l'Archambault;  s'il  n'a  pas  remporté 
de  prix,  il  ne  déparait  nullement  la  réunion.  Un  peu  inférieure  à  celle 
des  bœufs,  la  catégorie  des  vaches  n'était  cependant  pas  sans  mérite. 
Nous  citerons  notamment  celles  exposées  par  M.  Louis  Bénat,  à  Mars- 
sur-Ailier  (iNièvre),  par  M.  Mativon,  à  Bannegon  (Cher),  par 
M.  Alphonse  Tiersonnier,  à  Gimouille  (Nièvre).  —  Les  bandes  étaient 
peu  nombreuses  ;  mais  il  y  en  avait  une  très  remarquable  de  quatre 
bœufs  nivernais,  âgés  de  quatre  ans,  et  pesant  de  854  à  \  050  kilog. 
par  tête  ;  elle  était  exposée  par  M.  André  Bellard.  —  Nous  ajouterons 
qu'au  concours  do  Nevers,  plusieurs  exposants  nouveaux  se  sont 
montrés  et  sont  venus  augmenter  la  phalange  des  habiles  éleveurs  du 
pays. 

Dans  la  catégorie  des  moulons,  la  lutte  était  principalement  cir- 
conscrite entre  les  southdowns  de  M.  Colas,  éleveur  à  Sermoise 
(Nièvre),  et  lesdishley  de  M.  Tiersonnier.  M.  Colas  a  remporté  le  pre- 
mier prix  pourles  agneaux,  M.  Tiersonnier  pour  les  animaux  plus  âgés. 
A  côté,  il  iiaut  citer  plusieurs  lots  ou  bandes  de  moutons  berrichons, 
dont  la  valeur  prouvait  que  l'élevage  de  cette  race  en  vue  de  la  bouche- 
rie a  fait  de  grands  progrès  dans  les  dernières  années. 

Les  races  porcines  figurent  toujours  en  petit  nombre  au  concours 
de  Nevers.  Quant  à  l'exposition  de  volailles,  son  importance  augmente. 


CONCOURS   DE  NEVERS.  131 

Les  principaux  lauréats  ont  été  Mlle  Signoret,  au  Clos-Ry  (Nièvre),  et 
M.  Voitellier,  à  Mantes  (Seine-et-Oise).  Ce  dernier  a  remporté  le  prix 
d'honneur  pour  l'ensemble  de  son  exposition. 

Si  l'époque  hâtive  du  concours  ne  paraît  pas  avoir  eu  d'influence  sur 
le  concours  des  animaux  gras,  il  n'en  est  pas  de  même  en  ce   qui 
concerne  l'exposition  d'animaux  reproducteurs.  Tout  aussi  important 
était  l'ensemble,  car  il  ne  comprenait  pas  moins  de  220  taureaux  de 
race  nivernaise;  nulle  part  on  ne  rencontre  une  réunion  aussi  nom- 
breuse d'animaux  appartenant  à  une  seule  race.  Mais  cette  année, 
d'une  part  à  raison  de  la  date  du  concours  ;  d'autre  part  à  cause  de 
la  mauvaise  qualité  générale  des  fourrages  de  l'année,  les  animaux 
étaient  moins  bien  parés  que  d'habitude;   ils  ne  se  présentaient  pas 
dans  l'état  d'embonpoint  qu'on  est  habitué  à  leur  trouver.  De  là  à 
accuser  sinon  une  décadence,  du  moins  un  moment  d'arrêt  dans  la 
prospérité  de  l'élevage,  il  n'y  avait  qu'un  pas  ;  il  a  été  rapidement 
iranchi,  d'autant  plus  qu'il  favorisait  les  désirs  des  acheteurs,  toujours 
nombreux  et  empressés,  qui  cherchaient  naturellement  à  ne  pas  payer 
trop  cher.  Pour  nous,  nous  ne  partageons  nullement  cette  manière  de 
voir,  et  nous  ne  voyons  là  qu'un  simple  résultat  de  circonstances  exté- 
rieures,  qu'il  est  même  difficile  de  qualifier  d'accident.  Ce  qui  est 
caractéristique,  c'est  que  les  quatre  premières  catégories  comprenant 
les  taureaux  âgés  de  moins  d'un  an,  formaient  la  presque  totalité  de 
l'exposition  ;  les  autres  catégories  tendent  de  plus  en  plus  à  être  éli- 
minées. Parmi  les  animaux  les  plus  remarquables,  nous  devons  citer 
ceux  de  M.  de  Bouille,  exposés  hors  concours  ;  ceux  de  M.  Joyon,  éle- 
veur à  Langeron,   qui  a  remporté  le  premier  prix  dans  la  catégorie 
des  taureaux  de  six  mois,  et  le  prix  d'honneur;  ceux  de  M.  Dessanny, 
à  Saint-Parize-le-Chatel,  et  de   M.  Point,  à  Langeron,  auxquels  ont 
été  décernés  les  prix  d'ensemble.  — A  côté  de  la  race  charolaise,  quel- 
ques beaux  animaux  de  la  race  durham  étaient  exposés  par  M.  ïier- 
sonnier  et  par  M.  Signoret.  —  Le  concours  d'animaux  reproducteurs, 
qui  est  à  Nevers  la  partie  capitale,  doit  toute  son  importance  aux 
sacrifices  de  la  Société  d'agriculture  ;  n©us  nous  étonnons  que  l'active 
Société  n'ait  pas  encore  profité  de  ce  succès  pour  créer  un  herd-book 
de  la  race  nivernaise,  et  ajouter  ainsi  un  nouvel  exemple  aux  nom- 
breux succès  qu'elle  a  déjà  obtenus  dans  la  voie  du  progrès. 

L'exposition  chevaline  forme  la  partie  la  plus  récente  du  concours 
de  Nevers.  La  Société  d'agriculture  a  voulu  que  le  département  possé- 
dât une  famille  de  chevaux  de  trait  spéciale,  comme  il  possède  une  race 
bovine  qui  lui  est  particulière.  La  robe  noire,  chez  les  étalons,  était, 
en  dehors  des  qualités  de  l'animal  la  caractéristique  spécialement 
recherchée.  Des  étalons  départementaux  ont  été  achetés  depuis  1874, 
et  répandus  sur  les  différents  points  du  pays.  Leurs  produits  figurent 
maintenant,  à  côté  de  leurs  ascendants,  dans  les  concours  de  la 
Société.  Les  seuls  animaux  provenant  de  pères  inscrits  au  stud-book 
nivernais  y  sont  inscrits.  Cette  année,  on  ne  comptait  pas  moins 
d'une  quarantaine  de  poulains  et  d'étalons,  de  juments  et  de  pouli- 
ches; l'enseiïible  de  ces  animaux  était  une  preuve  que  la  nouvelle  œu- 
vre de  la  Société  d'agriculture  est  en  pleine  voie  de  prospérité. 

Des  machines,  nous  ne  dirons  que  quelques  mots.  Nous  retrouvons 
les  constructeurs  de  Nevers,  M.  Pécard,  M.  Breloux,  M.  Lalive  ;  ceux 
de  Vierzon  :  MM.  Brouhot  et  Cie,  Merlin,  la  Compagnie  française  de 


132  CONCOURS  DE  NE VERS. 

matériel  agricole,  exposant  principalement  des  machines  à  vapeur  et 
des  batteuses  ;  M.  Léon  Mabiîle,  de  Reims,  avec  ses  excellents  tarares, 
M.  Glert,  avec  des  trieurs;  M.  Gumming,  d'Orléans,  avec  des  machines 
à  vapeur  et  des  batteuses;  M.  Louet,  d'Issoudun,  avec  ses  clôtures  en 
fil  de  fer;  M.  Decauville,  de  Petit-Bourg,  avec  ses  chemins  de  fer  por- 
tatifs. Nous  allons  retrouver  la  plupart  de  ces  constructeurs  au  con- 
cours général  de  Paris.  Henry  Sagnier. 

CULTURE  DU  BLÉ.  -  II 

Va7'iétés  de  blés  employées.  —  J'ai  employé  beaucoup  d'espèces  de 
blé.  Les  blés  blancs  conviennent  mieux  aux  terrains  des  fermes  de 
Wattines  et  de  La  Valutte  que  les  blés  roux  à  paille  blanche  ou  roux 
à  paille  rouge;  néanmoins  le  blé  dur  d'Australie,  qui  est  à  grains 
roux,  donne  de  bons  résultats  dans  les  terres  de  la  ferme  de  la  Yalutte. 
J'ai  donc  choisi  pour  mes  deux  fermes  : 

1°  Le  blé  d'Australie  à  titre  d'essai,  que  je  répète  depuis  plusieurs 
années;  cette  espèce  a  l'avantage  de  fournir  beaucoup  de  paille  et 
beaucoup  de  grain,  mais  de  qualité  inférieure  ;  ce  blé  est  aussi  plus 
tardif  et,  de  cette  façon,  on  peut  toujours  le  moissonner  le  dernier 
sans  pertes. 

Son  rendement  à  l'hectare  a  été  de  3,725  kilog.  de  grain,  8,215  ki- 
log.  de  paille. 

Son  prix  de  vente  a  été  de  24  francs  les  1 00  kilog. 

La  paille,  bien  qu'inférieure,  a  été  cotée  à  30  francs  les  1 ,000  kilog. 

Son  prix  au  quintal  est,  d'après  notre  comptabilité,  de  12  fr.  50, 
et  d'après  la  valeur  des  engrais  enlevés  par  la  récolte,  de  1 4  fr.  92 
(voir  pour  plus  amples  renseignements  le  tableau  qui  suit). 

T  Pour  les  terres  qui  ont  le  moins  d'engrais,  le  blé  blanc  de  Flandre, 
à  grains  longs,  bien  remplis  et  à  peau  fine,  qui  est  supérieur  à  tous  les 
autres  comme  qualité,  tant  sur  le  rapport  en  grain  qu'en  paille ,  mais 
qui  est  sujet  à  verser  et  à  s'égrainer  ;  je  le  coupe  généralement  le 
premier. 

Son  rendement  a  été,  à  Thectare,  de  2,855  kilog  de  grain,  de 
8,110  kilog  de  paille. 

Son  prix  de  vente  a  été  de  29  fr.  50  les  100  kilog. 

La  paille,  bien  que  supérieure  aux  autres,  a  été  cotée  30  fr.  les 
1,000  kilog. 

Son  prix  de  revient  est  de  16  fr.  42  les  100  kilog.,  d'après  notre 
comptabilité,  et  d'après  la  valeur  des  engrais  enlevés  à  la  récolte,  de 
17  fr.  94  (voir  pour  plus  de  renseignements  le  tableau). 

3°  Le  blé  blanc  Chiddam,  à  paille  rouge,  à  tige  courte  et  raide,  à 
grain  court  et  gros,  est  moins  exposé  à  la  verse  que  tout  autre  variété  ; 
il  est  employé  dans  les  terres  qui  ont  le  plus  d'engrais  et  dans  les- 
quelles l'on  doit  semer  des  prairies  artificielles;  il  s'égraine  difficile- 
ment, mûrit  très  bien  ;  on  peut  le  conserver  pour  couper  à  la  fin  de  la 
moisson. 

Son  rendement,  à  l'hectare,  a  été  de  3,365  kilog.  de  grain,  de  6,71  5 
kilog.  de  paille. 

Son  prix  de  vente  a  été  de  28  fr.  65  par  quintal. 

La  paille  a  été  évaluée  à  30  fr.  les  1 ,000  kilog.  ;  elle  représente  du 
reste  ja  moyenne  comme  qualité. 


CULTUBE   DU    BLÉ.  133 

Son  prix  de  revient  au  quintal  est  de  15  fr.  18,  et  d'après  la  valeur 
des  engrais  enlevés  par  la  récolte,  de  16  fr.71  (voir  pour  plus  amples 
renseignements  le  tableau  ci-annexé)  ; 

4"  Le  blé  blanc  Hunter  cVtiallett^  à  grain  court  et  rempli,  à  tige 
haute  et  raide,  est  moins  exposé  à  la  verse  que  le  blé  de  Flandre;  mais 
il  verse  plus  facilement  que  le  Ghiddam.  Je  l'emploie  également  dans 
les  terres  qui  ont  beaucoup  d'engrais  ;  il  est  moins  sujet  à  s'égrainer 
que  le  blé  de  Flandre  ;  je  le  fais  généralement  couper  à  la  suite  du  blé 
de  Flandre. 

Son  rendement  à  l'hectare  a  été  de  2,633  kilog.  de  grain,  de 
7,608  iiilog.  de  paille. 

Son  prix  de  vente  a  été  de  28  fr.  78  les  100  kilog. 

La  paille  est  de  qualité  moyenne,  et  a  été  estimée  à  30  fr.  les 
1,000  kilog. 

Son  prix  de  revient  au  quintal,  d'après  notre  comptabilité,  est  de 

1 8  fr.  36,  et  d'après  la  valeur  des  engrais  enlevés  par  la  récolte,  de 

19  fr.  29  (voir  pour  plus  de  renseignements  le  tableau  déjà  désigné). 
Ce  blé  produit  généralement  autant  de  grains  et  de  paille  que  le  blé 

de  Flandre  ;  il  est  inférieur,  cette  année,  parce  qu'il  a  produit  trop 
vigoureusement  et  qu'il  a  versé  en  partie. 

Le  prix  moyen  de  revient  de  nos  ^blés  de  la  récolte  de  1882  est 
relevé  dans  les  tableaux  qui  vont  suivre;  il  est  de  16  fr.  12  dans 
notre  comptabilité,  et  de  17  fr.  60  d'après  la  valeur  des  engrais 
enlevés  par  la  récolte. 

Néanmoins,  je  crois  devoir  faire  les  observations  suivantes  : 

Si  je  n'avais  cultivé  que  des  blés  d'Australie,  mon  prix  de  revient,  au 
quintal,  ne  serait  que  de  12  fr.  50,  d'après  notre  comptabilité,  et  de 
14  fr.  92,  d'après  l'autre. 

Ce  prix  de  revient  serait  donc  bien  inférieur  à  mon  prix  de  revient 
moyen  qui  est  de  16  fr.  12.  Cependant,  le  blé  d'Australie  me  pro- 
cure, à  l'hectare,  une  somme  de  bénéfices  de  25  fr.  07,  inférieure  à 
celle  du  blé  blanc  Chiddam,  puisque  ce  dernier  me  produit  1 ,1 65  fr.  52 
à  l'hectare  (en  comptant  la  valeur  de  la  paille  du  blé  Chiddam  au 
même  prix  que  celle  du  blé  d'Australie,  bien  que  la  première  soit 
bien  supérieure),  tandis  que  le  premier  ne  me  produit  que  1 ,1 40  fr.  45. 

Voici,  d'après  ma  comptabilité,  le  détail  des  dépenses  et  des  recettes  : 

Rende-  Rendd-  Rende-  Rende^  Prix  de  Valeur  Prix  de    Valeur 

Nombres  ments     ment     ment  ment      vente        du       vente      delà  Valeur         Valeur    Recettes 

Variétés  d'hec-    en         total        en  total   du  grain   grain     de  la     paille        totale  du      totale  de        à 

tares,  grains       en      paille  à      en        pour  à     paille  par     à  grain  la  paille   l'hectar». 

à  l'hect.  grains  l'hectare  paille  loo  kilog.  l'hect.  looo  kilog.  l'hect. 

kilog.    kilog.    kilog.      kilog.       fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr. 

Blé  d'Australie......     3.00  3,725  11,175  8,215    24,645  24.00  894.00  30.00  246.45     2,682.00      739.35  1,140.45 

Blé blancde Flandre..  27.42  2,855  78,284  8,110  222,376  29.50  842.22  30.00  243.30  23,093.78  6,671.28  1,085.52 
blé  blaiK  Chiddam  à 

paille  rouge 20.64  3,365  69,453  6,715  138,597  28.65  964.07  30.00  201.45  19,898.28  1,157.92  1,165.52 

Blé  blanc Hallett....  14.04  2,633  36,973  7,608  106,733  28.78  757.78  30.00  228.24  10,642.87  3,204.48      986.02 

Prix  de  revient                                             Prix  de  revient  d'après  la  valeur  des 
d'après  notre  comptabilité       engrais  enlevés  par  la  l'écolte 

y    ..  ,,  Dépenses  Valeurde la  Dépenses         Prix  de  Dépenses  Valeurde la  Dépenses  Prix  de 

Variétés  par  liect.    paille  à  déduire  restantes  revient  par  hect.    paille  à  déduire  restantes  revient 

fr  fr.  fr.                  fr.                           fr.  fr.  fr.                      fr. 

Blé  d'Australie 712.18  246.45  465.73  12.50  ^  802  34  246.45  656.89  14.92 

Blé  blanc  de  Flandre.       712.18  243.30  468.88  16.42/  755.74  243.30  512.44  17.94 

Blé  blanc  Chiddam- à  >  16.12  >  17.60 

paille  rouge 712.18  201.45  510.73  15.18  1  763  78  201.45  562.33  16.71 

Blé  blanc  Hallett ... .       712.18  228.24  483.94  18.36]  736.37  228.24  508.13  19.29 


134 


CULTURE  DU  BLÉ. 


Le  tableau  suivant  reaferme  les  détails  des  frais,  dont  le  total  ressort 
à  la  somme  de  712  fr.  18  par  hectare  : 

Engrais 

Labours  et  main-d'œuvre 

Semence,  58  kilog.  à  32  fr.  les  iCO  kilog 

Location .•■.••• 

Frais  généraux  comprenant  :  traitement  des  employés,  imposition, 

assurances,  entretien  des  bâtiments,  cliemins  et  divers 

Rente  du  capital  d'exploitation 

Total , 

Dont  il  convient  de  distraire  la   valeur  de  la  paille,   par  exemple 
pour  le  blé  d'Australie  8,2 J 5  kilog.  à  30  l'r.  les  1000  kilog , 

Uestc 465  73 

Les  analyses  chimiques  des  quatre  variétés  ont  donné,  pour  le  grain 
et  Ja  paille,  les  résultats  suivants  : 

i  Blé   d'Australie. 


fr. 

c. 

215 

19 

138 

14 

18 

7(1 

120 

25 

137 

29 

82 

55 

712 

18 

24<'. 

45 

A  l'hectare 

Grain  à  l'étal  humide 

Grain  à  l'état  chimiquement  sec. . . 

Faille  à  l'état  humide 

Paille  à  l'état  chimiquement  sec. . . 

Total  par  hectare. . . . , 


kilog. 
3,725 
3,161 
8.215 
6,982 


Azote  Acid 

ephosphoriqoe 

Potasse 

Chaux 

kilog. 

kilog. 

kilog. 

kilog. 

63.22 

29.40 

19.28 

1.90 

23  04 

17.45 

50.97 

21.64 

86.26 

fr. 

2.50 


Prix  du  kilogramme 

Soit  en  argent , 215.65 


46.85 

fr. 

1.00 


Valeur  des  engrais 305  fr 

Blé  blanc  de  Flandre. 


46.82 

3:] 


70.25 
fr. 
0.60 

42.15 


A  Thectare 

Grain  à  l'état  humide 

Grain  à  l'état  chimiquement  sec  . 

Paille  à  l'état  humide 

Paille  à  l'état  chimiquement  sec. . , 

Total  par  hectare 


Azote  Acide  phosphorique  Potasse 


kilog. 

2,855 

2,427 

8,110 

6,892 


kilog. 
48.. 54 

22.74 

71.28 
fr. 
2.50 


Prix  du  kilogramme. .  . .    • .    

Soit  en  argent 178.20 

Valeur  des  engrais 25' 


kilog. 
22.57 

17.23 

39.80 
fr. 
1.00 

39.80 
fr.   75 


kilog. 
14.80 

50.31 

65.11 

fr. 
0.60 

39.07 


23.54 

fr. 

0.03 

0.70 


Chaux 

kilog. 

1.46 

21.36 


22.82 

fr. 

0.03 


A  l'hectare 


Blé  blanc  Chiddam  à  paille  roiuje. 


Grain  à  l'état  humide 

Grain  à  l'état  chimiquement  sec. . 

Paille  à  l'état  humide 

Paille  à  l'état  chimiquement  sec. . 

Total  par  hectare 


kilog. 
3,365 
2,857 
6,715 
5,707 


\zote  Acide  phospliorique  Potasse 
kilog.         kilog.  kilog. 

57.14         '^6.57         17.43 
18.83         14.27         41. 66 


Prix  du  kilogramme. .    

Soit  en  argent 

Valeur  dus  entrais. 


75.97 
fr. 
2.. 50 


AO  84 

fr. 

1.00 


189  92        40.84 
266  fi-.   79 


59.09 

fr. 

0.60 

35.45 


A  l'hectare 


Blé  blanc  Ilallett. 

Azote  Acide  pliospliorique  Potasse 


Grain     l'état  humide 

Grain      l'état  chimiquenjenl  sec. , 

Paille  à  l'état  humide 

Paille  à  l'état  chimiquement  sec. . , 

Total  par  hectare 


kilog. 
2,633 
2,238 
7,608 
6,466 


Prix  du  kilogramme 

Soit  en  argent 

Valeur  des  ent^raif 


kilog. 
44,76 

21.34 

66.10 
fr. 
2.50 


kilog. 
21.81 

16.16 

36.97 

fr. 

1.00 


165.25        36.97 
239  fr.  37 


kilog. 
13.65 

47.20 

60.  S5 

fr. 

0.60 

36.51 


0.68 

Chaux 

kilog. 

1.71 

17.69 

19.40 

fr. 
0.03 

0.58 

Chaux 

kilog. 

1.34 

20  04 

21.38 

fr. 

0.03 

0.64 


La  moyenne  de  la  valeur  des  engrais  par  hectare  pour  les  65  hec- 
tares 10  ares  des  quatre  espèces  de  blés  récoltés  est  de  258  fr.  85. 

Florimond  Desprez. 


AMÉLIORATION  DES  BATiME>}TS  RURAUX  JËN  BRI^.TAGNE.  135 

^  DE  L'AMELIORATION  DES  BATIMENTS  RURAUX 

EN   BRETAGNE 

Parfois,  après  la  tombée  de  la  nuit,  quelque  voyageur  égaré  dans 
les  chemins  ruraux  de  Bretagne,  ou  bien  un  chasseur  attardé,  après 
avoir  traversé  une  cour  où  le  fumier  nageait  dans  des  cloaques  de 
purin  coulant  des  étables,  frappait  à  la  porte  d'un  bâtiment  cou- 
vert en  chaume.  Une  lumière  crépitante  de  résine  brûlant  dans 
l'âtre  du  foyer,  et  jetant  une  faible  lueur  au  dehors,  à  travers  une 
lucarne  souvent  sans  vitres,  l'avait  guidé.  La  porte  s'ouvrait,  et  dans 
une  atmosphère  enfumée  le  voyageur  gagnait  l'âtre  du  foyer,  où  sou- 
paient  d'un  maigre  repas  maîtres  et  domestiques;  autour  de  l'appar- 
tement unique,  des  lits  clos,  quelques  armoires  noircies,  et  plus  loin 
une  cloison  en  planches  formant  séparation  avec  les  bestiaux,  chevaux, 
vaches,  porcs,  etc.  Et  cette  demeure  était  celle  d'un  fermier,  voire 
même  d'un  propriétaire  riche,  cachant  peut-être  quelque  importante 
somme  au  fond  d'un  bahut.  —  Lorsqu'on  démonétisa  les  pièces  de 
six  francs,  nulle  part  on  n'en  trouva  autant  qu'en  Bretagne,  dit  M.  de 
La  vergue  dans  son  livre  de  Y  Economie  rurale  de  la  France. 

Que  de  causes  morbides  dans  un  pareil  état  de  choses  pour  le  culti- 
vateur, sa  famille,  et  ses  animaux  de  toutes  espèces!  Les  étables  et  les 
écuries  étaient  trop  basses,  souvent  humides,  peu  ou  point  éclairées, 
ce  qui  est  la  cause  de  la  fluxion  périodique  des  chevaux  et  des  affec- 
tions pulmonaires  pour  les  vaches.  —  Bichat  a  décrit  depuis  long- 
temps l'influence  directe  de  l'air  et  du  sol  sur  le  système  osseux  des 
animaux  qui  se  ressentent  si  fortement  des  conditions  qui  concourent 
à  leurs  moyens  d'existence.  Ce  n'est  pourtant  pas  le  cas  de  retracer 
ici  le  sombre  tableau  que  La  Bruyère  s'est  plu  à  faire  des  cultivateurs 
de  son  temps,  si  tant  est  qu'il  fut  exact  alors  ;  la  natalité,  selon  l'ex- 
pression du  jour,  reste  en  Bretagne  plus  grande  que  partout  ailleurs, 
si  les  dures  conditions  de  la  vie  y  opèrent  une  sélection  naturelle. 

Les  choses  se  sont  grandement  améliorées  dans  l'Anjou  et  la 
Mayenne  pour  les  bâtiments  de  ferme,  grâce  au  métayage  et  à  l'entente 
bien  comprise  de  leurs  intérêts  par  les  propriétaires.  Le  progrès  gagne 
en  Bretagne  ;  car  dans  le  passé,  à  de  rares  exceptions  près,  et  à  part 
quelques  constructions  faites  par  certains  ordres  religieux,  attestant 
les  conditions  désirables  d'hygiène  et  de  bon  aménagement  des  ani- 
maux, tout  témoignait  d'une  absence  absolue  de  connaissances  spécia- 
les dans  les  constructions  rurales.  Le  défaut  de  communications,  sur- 
tout de  celles  du  dernier  degré  dont  on  a  entouré  l'exécution  de  tant 
de  formalités  qui  la  rendront  à  peu  près  impossible,  maintenait  des 
fermes  et  des  villages  dans  des  situations  inabordables. 

S'il  y  a  progrès,  il  n'y  a  point  à  se  le  dissimuler  pourtant,  la  dis^ 
tance  est  encore  très  grande  pour  les  habitations,  entre  celles  de  ceux 
qu'on  appelle  en  Angleterre  les  gentlemen  farmers  et  les  demeures  des 
exploitants  des  fermes  les  plus  importantes  de  la  Brie,  de  la  Picardie 
et  surtout  des  modestes  fermes  de  20  hectares  et  au-dessus,  puisque 
le  règlement  des  concours  considère  déjà  ces  étendues  comme  de 
grandes  exploitations.  Dans  ces  conditions,  et  dans  l'ouest  surtout, 
fermiers  et  métayers  sont  habitués  à  travailler  avec  les  ouvriers  qui 
les  aident,  et  dont  ils  sont  en  quelque  sorte  les  chefs  de  file.  Ces  sim- 


136  AMÉLIORATION  DES  BATIMENTS  RURAUX  EN  BRETAGNE. 

pies  cultivateurs  ne  seraient  même  plus  dans  leur  rôle,   s'ils  étaient 
obligés  de  surveiller  et  de  diriger  le  travail  sans  y  mettre  la  main. 

Ce  qui  surprit  surtout  les  délégués  de  la  Société  des  agriculteurs  de 
France  en  Angleterre,  lors  du  concours  international  agricole,  c'est  la 
dissemblance  entre  une  ferme  anglaise  et  une  ferme  française. 

Autour  d'une  ferme  anglaise,  on  ne  rencontre  que  peu  ou  point  de 
granges  ;  les  bâtiments  destinés  aux  bestiaux  ne  portent  point  de 
greniers  dans  leur  partie  supérieure,  et  donnent  en  général  dans  une 
cour  ;  l'écurie  seule  est  fermée. 

En  dehors  des  bâtiments  d'exploitation  règne  une  longue  ceinture 
de  meules  soit  de  foin,  soit  de  blé,  soit  d'avoine.  Ces  meules  ont  été 
faites  à  l'abri  de  tentes  vertes,  hissées  sur  des  poteaux  lors  de  la 
moisson.  Lorsque  le  battage  a  eu  lieu,  et  si  la  paille  est  consommée, 
des  supports  en  permanence  attendent  les  meules  futures. 

A  côté  de  ces  cours,  et  communiquant  avec  elles  par  une  issue  sou- 
vent dérobée,  adossés  parfois  à  un  bouquet  de  bois,  l'habitation  du 
fermier,  quelquefois  grande,  mais  le  plus  souvent  unissant  la  modes- 
tie àja  propreté  et  à  l'élégance.  Autour  de  cette  maison  encadrée  de 
verdure,  un  jardin  orné  de  fleurs  charmantes,  presque  toujours  muni 
d'une  serre,  un  tapis  de  verdure,  souvent  rasé  par  la  tondeuse,  des 
allées  sablées  et  fermées  par  une  barrière  gracieuse  que  le  fermier, 
revenant  à  cheval  de  visiter  ses  prairies  et  ses  champs,  franchit  sou- 
vent avec  la  même  aisance  qu'un  cavalier  rentrant  de  la  chasse  au 
renard.  Et  ce  spectacle,  qui  pour  des  yeux  habitués  à  nos  fermes  fran- 
çaises, pourrait  sembler  un  tableau  de  fantaisie,  se  répète  à  peu  près 
partout  en  Angleterre,  ajoute  M.  Marc  de  Haut;  ce  que  nous  pouvons 
confirmer  nous-même. 

Une  différence  si  tranchée  repose  sur  une  différence  de  climat  et 
de  culture.  La  base  de  la  culture  anglaise  est  le  bétail;  environ  trois 
quarts  des  terres  sont  consacrées  à  sa  nourriture,  et  la  culture  a  pour 
point  de  départ  le  pâturage. 

Mais  en  peut-il  être  ainsi  dans  l'ouest  de  la  France,  la  Bretagne 
notamment,  oii  la  stabulation,  pour  les  animaux,  paraît  devoir  rester 
toujours  une  nécessité  du  climat  !  On  a  parfois  tenté  l'élevage  en  plein 
air,  à  Grignon  même,  du  temps  de  M.  Bella  fils  ;  mais  les  variations 
incessantes  de  la  température  d'un  climat  où,  sans  transition,  des  vents 
froids  et  secs  succèdent  à  une  atmosphère  chaude  et  humide,  ruinè- 
rent la  constitution  des  animaux  et  ramenèrent  au  régime  de  la  sta- 
bulation. La  solidarité  du  bétail  et  des  récoltes  de  toute  sorte  devient 
pourtant  de  jour  en  jour  plus  évidente,  ainsi  que  la  nécessité  des  cul- 
tures intensives  sur  les  sols  mieux  labourés  et  mieux  fumés.  D'ailleurs 
la  culture  des  céréales  reste  encore  en  France  la  base  de  l'exploita- 
tion du  sol,  et  on  peut  compter  que  les  trois  quarts  au  moins  de  son 
étendue  restent  consacrés  à  la  production  de  diverses  céréales  et  à  des 
cultures  sarclées,  dans  le  but  d'entretenir  les  animaux  à  l'étable,  et 
que  le  dernier  quart  peut  être  attribué  aux  prairies  permanentes  dont 
l'entrée  n'est  permise  aux  animaux  qu'après  la  récolte  du  foin  et  pen- 
dant un  temps  où  ils  ne  sont  envoyés  aux  champs  que  pour  remédier 
aux  inconvénients  incontestables  de  la  stabulation. 

Dans  ces  conditions,  une  ferme  moyenne  doit  comprendre  la  réunion 
suivante  :  habitation  pour  l'exploitant,  fermier  ou  métayer;  logement 
pour  les  animaux  de  travail  et  de  vente,  abri  pour  les  récoltes  et  pour 


AMÉLIORATION  t)ES  BATIMENTS  RURAUX  EN  BRETAGNE.  137 

les  instruments  et,  selon  nous,  une  exploitation  de  25  à  30  hectares  en 
Bretagne,  notamment,  comporte  déjà,  comme  une  plus  étendue,  ces 
quatre  sortes  de  besoins. 

Disons  d'abord  que  l'élevage  des  animaux  de  l'espèce  bovine  et  la 
fabrication  du  beurre  se  rencontrent  parfois  avec  un  certain  succès 
dans  diverses  exploitations.  Mais,  en  général,  une  vacherie  bien 
choisie,  dirigée  dans  le  sens  de  la  production  du  beurre  avec  annexe 
d'une  porcherie,  est  ce  qui  donne,  dans  certains  départements  de  la 
Normandie  et  de  la  Bretagne,  le  profit  le  plus  certain,  tout  en  permet- 
tant d'entretenir  un  bétail  assez  nombreux  pour  produire  les  engrais 
de  restitution,  c'est-à-dire,  suivant  la  théorie,  les  engrais  nécessaires 
au  remplacement  dans  le  sol  des  principes  épuisés  par  les  récoltes,  et 
ajoutons  que  la  fabrication  du  beurre  seul  est  moins  épuisante  que 
celle  du  fromage. 

Les  bâtiments  nécessaires  pour  une  exploitation  de  25  hectares, 
comportent  dans  l'ouest  et  en  Bretagne  notamment  : 

1°  Habitation  pour  le  fermier  et  sa  famille,  avec  cellier  et  laiterie 
d'un  côté;  boulangerie  et  fourneau  pour  lessive  et  préparation  des 
aliments  pour  les  porcs  de  l'autre; 

T  Logement  des  animaux  de  travail,  c'est-à-dire  écurie  pour  le 
nombre  de  chevaux  ou  de  bœufs  même,  proportionné  aux  besoins  de 
la  ferme,  avec  grange  et  greniers  suffisants  pour  loger  la  plus  grande 
partie  des  céréales,  froment  et  orge,  et  une  machine  à  battre 

3°  Une  vacherie  ; 

4°  Une  porcherie. 

{La  suite  prochainement).  A.  de  la  Morvonnais. 

LA  RÉCOLTE  DES  FOURRAGES  PAR  LES  TEMPS  HUMIDES 

Le  Journal  de  V ag riculiure  a  publié  dans  ses  numéros  des  20  et 
27  mai  et  3  juin  dernier  (tome  II  de  1882,  pages  299,  340  et  377),  la 
description  détaillée  du  système  inventé  et  préconisé  en  Angleterre  par 
M.  Neilson,  pour  la  dessiccation  des  fourrages  et  des  céréales  mis  en 
meules  par  les  temps  humides.  Cette  méthode  a  trouvé  de  nombreux 
partisans,  et  plusieurs  agriculteurs  français  ont  pensé  qu'il  y  aurait 
utilité  à  en  faire  usage  pour  préserver  leurs  fourrages  contre  l'action  de 
l'humidité. 

Sans  revenir  sur  la  description  qui  a  été  faite  ici,  nous  rappellerons 
seulement  que  M.  Neilson  conseille  de  mettre  en  meules  le  fourrage 
à  demi-fané.  Après  la  coupe,  on  dissémine  les  andains  sur  le  sol, 
sans  trop  secouer  le  fourrage.  Aussitôt  que  celui-ci  est  suffisamment 
flétri,  il  faut  râteler  en  lignes,  puis  mettre  en  gros  menions  où  le  foin, 
garanti  contre  la  pluie,  continue  à  se  faner  sans  perdre  sa  couleur. 
On  le  transporte  alors  à  la  meule  où  le  fanage  se  termine  d'une  façon 
bien  plus  sûre  que  si  l'on  veut  emmeuler  trop  tôt,  et  l'on  doit  ventiler 
beaucoup  moins  longtemps. 

En  construisant  la  meule,  on  ménage  au  centre  un  espace  vide.  Pour 
cela,  on  se  sert  d'un  sac  bourré  de  paille  qu'on  soulève  à  mesure  que 
la  meule  croît  en  hauteur,  ou  bien  encore,  on  dispose  quatre  perches 
reliées  par  quelques  lattes  en  bois  et  qui,  restant  à  demeure  dans  la 
meule,  donnent  toute  garantie  que  le  vide  ne  s'obstruera  pas  par  le 
tassement  du  fourrage.  Cette  sorte  de  cheminée  ou  chambre  à  air,  qui 


138  LA  RÉCOLTE  DES  FOURRAGES  PAR  LES   TEMPS    HUMIDES. 

a  60  centimères  environ  de  largeur,  communique  avec  un  ventilateur 
ou  plutôt  aspirateur  par  un  conduit  formé  au  moyen  de  quatre  plan- 
ches clouées.  Deux  tubes,  placés  à  des  hauteurs  différentes  et  s'arrê- 
tant  à  quelque  distance  de  la  chambre  à  air,  sont  destinés  à  recevoir 
chacun  un  thermomètre,  au  moyen  duquel  on  s'assure  de  temps  à 
autre  de  la  température  de  la  meule.  Ce  thermomètre  est  fixé  à  une 
longue  perche  qui  permet  de  le  pousser  jusqu'au  bout  du  tube.  L'orifice 
extérieur  de  ce  tube  doit  pouvoir  être  fermé  au  moyen  d'une  planchette, 
car  autrement  l'air  pénétrerait  par  ce  trou,  plutôt  que  de  traverser 
le  fourrage.  L'aspirateur  présente  des  dispositions  variables,  suivant 
les  constructeurs;  le  plus  souvent,  il  est  construit  sur  le  modèle  des 
ventilateurs  de  tarares,  à  cela  près  qu'il  n'y  a  qu'une  seule  ouverture 


Fig.  12.  —  Dessiccation  des  meules  par  le  système  Neilson. 

centrale  pour  l'aspiration,  et  que  cette  ouverture,  au  lieu  d'être  ouverte 
à  l'air  libre,  est  raccordée  avec  un  tuyau  d'aspiration.  Le  ventilateur 
est  mis  en  mouvement,  soit  par  une  machine  à  vapeur,  un  moteur 
hydraulique  ou  un  manège,  soit  à  bras  d'hommes,  et  la  plus  grande 
vitesse  nécessaire  est  obtenue  au  moyen  de  poulies  ou  d'engrenages. 
Dans  la  fig.  12,  nous  avons  fait  réunir  un  ensemble  des  méthodes 
employées  pour  l'application  du  système  Neilson.  On  voit  des  aspira- 
teurs mus  par  un  seul  ouvrier,  par  deux  ouvriers,  par  un  manège  à 
cheval,  enfin  par  une  machine  à  vapeur.  Sur  la  gauche  du  dessin,  on 
voit  une  installation  fixe  d'une  machine  à  vapeur  et  d'un  grand  aspira- 
teur, lequel  agit,  à  l'aide  d'un  tuyau  unique,  sur  toute  une  rangée 
de  meules. 

Au  concours  ouvert  par  la  Société  royale  d'Angleterre,  à  Reading, 
en  juillet  1882,  des  essais  spéciaux  ont  été  faits  sur  la  méthode  la 
plus  efficace  et  la  plus  économique  de  sécher  artificiellement  les  récol- 


LA  RÉCOLTE  DES  FOURRAGES  PAR  LES  (TEMPS  HUMIDES.     139 

tes  de  céréales  ou  de  fourrages,  soit  avant,  soit  après  la  mise  en 
meules.  Six  constructeurs  d'appareils  établis  d'après  le  système  Neil- 
son  se  sont  présentés  à  ces  essais,  et  concurremment  on  a  pu  exami- 
ner le  système  Gibbs.  Les  essais  ont  été  faits  dans  des  conditions 
extraordinairement  défavorables  ;  la  pluie  n'a  pas  cessé  depuis  le 
jour  de  la  coupe  des  fourrages  jusqu'à  celui  de  la  mise  en  meules. 
Dans  ces  conditions,  les  appareils  présentés  n'ont  pas  donné  de  résul- 
tats complètement  satisfaisants,  quoiqu'ils  aient  fonctionné  pendant 
longtemps.  Le  dernier  volume  du  Journal  de  la  Sociélé  royale  d'agri- 
culture d'Angleterre  renferme,  sur  les  expériences,  des  détails  com- 
plets ;  nous  ne  pouvons  les  reproduire  ici.  INous  devons  dire  seulement 
que  le  jury  a  décidé  qu'il  n'y  avait  pas  lieu  de  décerner  le  prix  proposé. 

Henry  Sagnier. 

SUR  LA  SÉLECTION.  -  IV 

41 .  Longueur  des  membres.  Il  s'agit,  comme  on  peut  facilement  le 
comprendre,  de  la  partie  inférieure  qui  est  en  dehors  du  tronc.  Cette 
partie  est  en  proportion  avec  la  longueur  de  la  tête  et  du  cou.  Les 
membres  trop  longs  se  fatiguent,  et  les  animaux  ne  se  nourrissent  pas 
bien. 

Il  n'y  a  pas  de  règle  physiologique  précise  quant  à  la  longueur  des 
membres.  Cependant  l'articulation  du  bras  avec  l'avant-bras  devrait  se 
trouver  à  peu  près  à  mi-hauteur  entre  le  garrot  et  la  terre. 

42.  V avant-bras  doit  être  bien  musclé.  Un  avant-bras  grêle  est  un 
signe  d'affaiblissement. 

43.  Le  genou  doit  être  sec  et  flexible;  un  genou  trop  volumineux, 
raide  et  difforme,  plus  gros  dans  une  partie  que  dans  l'autre,  à  peau 
calleuse,  est  une  indication  de  mauvaise  circulation,  même  quand  cela 
paraît  accidentel  et  qu'on  l'attribue  au  terrain  de  l'écurie. 

44.  Le  canon  ne  doit  pas  être  trop  épais  ni  trop  long.  Les  os  grossiers, 
massifs,  ne  sont  pas  un  signe  de  force;  ils  sont  plutôt  spongieux,  for- 
més de  gélatine  et  non  de  calcaire. 

45.  Le  paturon  et  le  boulet,  massifs  et  empâtés,  indiquent  aussi  un 
tempérament  trop  lym]>hatique  avec  une  circulation  paresseuse. 

46.  La  jambe  commence  au  grasset  et  se  dirige  en  arrière  vers  le 
jarret.  Cette  partie  doit,  comme  l'avant-bras,  conserver  une  bonne 
musculature;  une  jambe  amaigrie  ne  signifie  pas,  pour  nous,  absence 
de  force  pour  le  travail,  mais  que  l'animal  ne  se  nourrit  pas  assez,  que 
la  lactation  attire  la  nourriture  destinée  aux  autres  parties. 

47.  Jarret.  C'est  l'articulation  qui  correspond  au  talon  de  l'homme  : 
il  doit  être  large  et  sec,  c'est  un  signe  de  force.  Le  jarret  est  quelque- 
fois trop  droit,  trop  peu  coudé  chez  les  taureaux  qui  ont  été  employés 
d'une  manière  prématurée,  et  qui  se  sont  fatigués. 

Lorsque  le  train  de  derrière  est  plus  haut  que  celui  de  devant,  les 
vaches  ont  en  général  les  jarrets  très  coudés,  et  ce  défaut  qui,  par  lui- 
même,  n'a  pas  l'air  d'être  important,  indique  pourtant  une  construction 
vicieuse  du  membre  entier. 

48.  Sabots.  La  coloration  de  la  corne  est  en  rapport  avec  la  couleur 
de  la  peau.  En  général,  une  corne  foncée  est  plus  dure  qu'une  corne 
claire. 

Mais  il  faut  surtout  avoir  égard  à  l'égalité  des  onglons  qui  donnent 


140  SUR   LA  SÉLECTION. 

un  bon  appui,  à  la  hauteur  des  talons,  et  à  la  pince  qui  ne  doit  pas 
être  trop  longue. 

Pour  un  reproducteur,  la  symétrie  des  onglons  est  surtout  à  recher- 
cher, parce  que  les  bœufs  mal  chaussés  marchent  mal  et  se  fatiguent 
plus  facilement. 

49.  Aplombs  antérieurs.  On  appelle  aplombs  la  bonne  direction  des 
membres.  Quand  on  se  met  en  face  de  l'animal,  si  l'on  tire  fictive- 
ment une  verticale  depuis  le  milieu  de  l'avant-bras,  cette  verticale  doit 
partager  le  genou,  le  boulet  et  le  pied  en  parties  égales.  Si  le  genou, 
ou  le  pied,  s'écarte  de  cette  ligne,  cela  indique  des  genoux  cambrés, 
des  pieds  cagneux  ou  des  pieds  panards,  et  c'est  une  défectuosité  qui 
est  fréquemment  héréditaire.  Si  l'on  se  met  au  côté  de  l'animal  et 
qu'on  tire  une  ligne  depuis  le  milieu  de  l'articulation  du  coude,  cette 
verticale  doit  tomber  un  peu  en  arrière  du  sabot,  en  partageant  le  genou 
en  deux  portions  à  peu  près  égales;  une  déviation  du  membre  indique 
un  état  de  souffrance. 

50.  Aplombs  postérieurs.  Si  l'on  se  place  en  arrière  de  l'animal  et 
qu'on  abaisse  une  verticale  depuis  la  pointe  de  fesse,  elle  doit  descendre 
sur  la  pointe  du  jarret  et  suivre  le  tendon  jusqu'au  bas  du  canon.  Cette 
ligne  d'aplomb  fait  voir  aussitôt  si  les  jarrets  sont  en  dehors  (jarrets 
ouverts)  ou  trop  serrés  (jarrets  clos)  ou  bien  si  le  jarret  est  trop  droit 
ou  trop  coudé. 

51 .  Pis  étendu.  La  mamelle  étant  l'une  des  parties  les  plus  impor- 
tantes, il  ne  faut  pas  s'étonner  si  nous  indiquons  une  étude  minutieuse 
de  cet  organe. 

Le  pis  doit  être  étendu  en  avant,  sous  le  ventre.  Quand  une  génisse 
n'a  pas  encore  de  lait,  on  doit  s'assurer  que  la  mamelle  est  étendue. 

52.  Fis  régulier.  Les  quatre  quartiers  doivent  être  souples  et  égale- 
ment espacés.  Bien  que  certaines  mamelles  irrégulières  soient  bonnes 
pour  le  lait,  il  ne  faut  pourtant  pas  s'y  tromper  pour  ce  qui  concerne 
les  reproducteurs,  parce  que  la  forme  défectueuse  peut  se  transmettre. 

Les  testicules^  chez  le  taureau,  ne  doivent  pas  être  trop  pendants,  ils 
doivent  être  réguliers,  quoique  ordinairement  l'un  des  deux  soit  plus 
descendu  que  l'autre.  Quelques  taureaux  ont  des  tumeurs  plus  ou 
moins  molles,  soit  sur  le  cordon,  soit  dans  la  partie  inférieure  (hy- 
drocèles,  etc.). 

53.  Trayons,  au  nombre  de  quatre,  parfois  de  six;  ce  dernier  chiffre 
est  un  indice  de  perfectionnement.  Les  trayons  doivent  être  assez 
longs  pour  permettre  l'action  de  la  main  de  l'homme  pour  lamulsion. 

La  souplesse  du  trayon  et  l'intégrité  de  la  peau  sont  nécessaires  ; 
des  nodosités  le  long  du  canal  et  des  verrues  sont  un  mauvais  symp- 
tôme. Les  verrues  peuvent  être  héréditaires. 

Le  fourreau  ne  doit  pas  être  trop  pendant.  Il  en  résulte  pendant  les 
chaleurs  et  les  gros  travaux  une  irritation  maladive  et  même  des  ulcé- 
rations, et  ce  défaut  est  loin  d'être  superficiel.  Un  fourreau  pendant 
indique  en  outre  de  l'atonie  dans  les  tissus  en  général. 

54.  Poils  duveteux  du  pis.  Ils  se  trouvent  sur  une  peau  souple  et  ce 
caractère  se  lie  avec  un  lait  riche.  Les  poils  longs,  secs  et  rares,  indi- 
quent une  lactation  peu  substantielle. 

55.  Le  son  est  cette  poussière  fine  qui  s'attache  aux  doigts  quand 
on  frotte  la  mamelle  et  le  périnée  (le  cra);  c'est  l'indication  d'un  lait 
crémeux. 


SUR  LA  SÉLECTION.  141 

56.  La  teinte  indienne,  expression  adoptée  par  Guenon  pour  désigner 
une  coloration  rousse  légèrement  orangée  qui  se  voit  soit  à  la  mamelle, 
soit  à  la  partie  intérieure  des  oreilles,  autour  des  yeux,  à  la  vulve,  et 
qui  indique  un  lait  de  bonne  qualité.  La  lettre  (T)  indique  que  cette 
qualité  doit  se  rechercher  aussi  chez  le  taureau. 

Certains  propriétaires  qui  vendent  leur  lait  ne  s'inquiètent  guère  de 
la  qualité;  mais  quand  il  s'agit  de  l'amélioration  de  la  race,  on  ne 
peut  guère  songer  à  pousser  l'amélioration  dans  le  sens  de  la  produc- 
tion d'un  lait  aqueux. 

57.  Ecusson  régulier.  Il  y  a  cinquante  ans  environ  qu'un  marchand 
de  bestiaux  du  midi  de  la  France,  Guéjion,  a  reconnu  la  possibilité 
d'apprécier  la  lactation  d'après  la  forme  de  ïécusson,  c'est-à-dire 
d'après  la  figure  que  produit,  sur  la  peau  de  la  mamelle  et  du  périnée, 
le  poil  qui  va  en  remontant  au  lieu  de  se  diriger  vers  le  bas.  Cet 
écusson  peut  être  irrégulier  de  deux  façons  :  1°  Si  la  figure  est  plus 
étendue  d'un  côté  que  de  l'autre  ;  c'est  ce  qui  a  lieu  quand  un  côté  de 
la  mamelle  est  plus  développé  que  l'autre. 

2°  Quand  l'écusson  est  interrompu,  une  partie  se  trouvant  à  la 
mamelle  et  l'autre  près  de  la  vulve,  et  ces  deux  parties  ayant  entre 
elles  du  poil  dirigé  vers  le  bas.  Cette  interruption  indique  une  lac- 
tation de  durée  courte,  une  vache  qui  se  met  à  goutte  d'autant  plus 
hâtivement  que  l'écusson  de  la  vulve  ou  épi  se  trouve  plus  étendu. 

Quand  il  y  sur  la  mamelle  elle-même  des  épis,  avec  le  poil  descen- 
dant au  milieu  du  poil  remontant.  Guenon  les  indique  comme  étant 
la  marque  des  meilleures  laitières. 

58.  Ecusson  étendu.  Guenon  avait  divisé  les  vaches  en  un  grand 
nombre  de  catégories,  d'après  la  forme  de  l'écusson,  attribuant  à 
chaque  forme  une  certaine  quantité  de  lait.  C'est  très  compliqué,  sans 
une  exactitude  bien  sérieuse.  Mais  il  n'est  pas  moins  vrai  que  si 
l'écusson  mammaire  est  étendu,  soit  en  haut  vers  la  vulve,  soit  sur 
les  fesses,  on  peut  s'attendre  à  une  abondante  lactation. 

Nous  avons  indiqué  l'écusson  comme  pouvant  se  rencontrer  chez  le 
taureau  ;  c'est  ce  qui  se  voit  dans  les  mâles  des  races  très  laitières,  et 
quoique  l'écusson  du  taureau  soit  loin  d'être  aussi  grand  que  chez  les 
femelles,  c'est  une  marque  héréditaire  qu'il  ne  faut  pas  dédaigner. 

59.  Veines  du  lait.  On  appelle  ainsi  des  veines  qui  partent  de  la 
mamelle  et  vont  en  serpentant  jusqu'à  une  ouverture  au  bas  du  thorax, 
appelée  porte  du  lait.  Quelquefois  ces  veines  sont  doubles  de  chaque 
côté,  ainsi  que  l'ouverture  du  thorax.  Plus  les  veines  et  leurs  ouver- 
tures sont  grandes,  plus  on  peut  s'attendre  à  une  forte  lactation.  Ces 
veines  n'apportent  pas  le  sang  à  la  mamelle  ;  mais  plus  il  sort  de  sang 
du  pis  par  les  veines,  plus  il  en  est  entré  par  les  artères. 

60.  Périnée,  entrefesses,  etc.  Cette  partie  doit  être  garnie.  Les  vaches 
fendues  ne  sont  guère  laitières.  Sur  les  fortes  laitières  on  voit  au 
périnée  des  vaisseaux  sanguins  qui  serpentent  sous  la  peau. 

Il  importe  d'examiner  si  la  vulve  s'enfonce  horizontalement  sous  la 
queue,  comme  cela  se  rencontre  chez  les  vaches  épuisées  :  ce  défaut 
gêne  la  saillie.  Le  renversement  du  vagin  (vaches  qui  montrent)  ne  peut 
pas  toujours  se  reconnaître;  mais  quand  il  est  constaté,  il  vaut  mieux 
éviter  d'utiliser  les  vaches  comme  reproductrices. 

L'appréciation  de  chaque  partie  étant  faite,  on  additionnera,  à  part, 
chaque  groupe  de  dix  chiffres  dans  la  colonne  de  droite,  et  l'addition 


142  SUR  LA  SÉLECTION 

générale  en  sera  simplifiée.  En  même  temps  on  pourra  se  rendre 
compte  de  la  région  qui  sera  en  souffrance. 

Les  autres  rubriques  demandent  aussi  quelques  explications  parti- 
culières. Il  sera  facile,  exactement  ou  approximativement,  d'indiquer 
le  nombre  de  litres  fourni  par  une  vache,  quelle  que  soit  Tépoque  de 
l'examen  du  corps  de  l'animal.  On  devra,  pour  ce  qui  concerne  le  lait, 
adopter  une  époque  invariable  d'appréciation  de  la  quantité  de  lait. 

La  durée  de  la  lactation  devra  se  rapporter  à  l'année  adoptée.  Je 
suppose  qu'un  propriétaire  adopte  le  25  mars,  ou  le  11  novembre,  ou 
le  l*""  janvier,  peu  importe  :  si  depuis  un  terme  à  l'autre  la  vache  n'a 
pas  du  tout  été  à  goutte,  il  indiquera  365  jours  ou  52  semaines  ;  si  la 
vache  a  été  tarie  douze  semaines,  par  exemple,  il  indiquera  une  durée 
de  lactation  de  40  semaines.  Au  point  de  vue  de  la  sélection,  ceci  a 
beaucoup  d'importance,  afin  qu'on  puisse  constater,  en  faveur  des 
élèves,  quelle  a  été  la  qualité  laitière  des  mères. 

Le  poids  et  la  taille  ont  moins  d'importance,  mais  il  vaut  la  peine 
de  constater  si  l'on  est  en  progès.  Le  poids  des  animaux  dans  une 
ferme  doit  servir  à  déterminer  les  rations.  Il  est  aussi  très  intéressant 
de  savoir  quel  est  le  poids  total  des  animaux  d'une  ferme  ;  c'est  plus 
utile  que  de  savoir  leur  nombre  :  six  vaches  maigres  ne  valent  pas 
cinq  grasses.  —  La  mesure  de  sangle  est  nécessaire  à  constater  ;  elle 
peut  varier  sur  un  même  animal,  et  s'il  y  a  rétrécissement  de  la  poi- 
trine, c'est  l'indication  d'une  dégénérescence. 

La  longueur  prise  depuis  la  pointe  de  lépaule  à  la  pointe  de  fesse 
peut  aussi  servir  de  terme  de  comparaison  pour  constater  si  les  ani- 
maux croissent  ou  décroissent  comme  race.  On  a  proposé  de  calculer 
le  poids  des  bœufs  ou  vaches  d'après  les  mesures  de  longueur  et  de 
sangle,  et  l'on  a  établi  des  tables  et  des  formules  pour  trouver  ce  poids. 
Mais  il  faut  se  souvenir  que  ces  chitïres  ne  sont  réels  que  si  les  ani- 
maux sont  bien  conformés.  On  peut  toutefois  essayer  de  calculer  d'a- 
près la  formule  suivante  :  88  L  ^  ;  c'est-à-dire  multiplier  le  tour  de 
sangle  par  lui-même.  Je  suppose  qu'il  ait  1 .80  :  élevé  au  carré,  il  vous 
donne  3.24,  que  vous  multipliez  par  la  longueur  du  corps,  soit,  par 
exemple,  1.50;  le  produit  est  4,86  que  vous  multipliez  à  son  tour 
par  88,  et  vous  obtenez  427  qui  est  approximativement,  en  kilog.,  le 
poids  de  votre  bête  si  elle  est  bien  conformée.  C'est  la  formule  du 
colonel  Lagrange. 

La  date  de  la  saillie  sera  inscrite,  et  si  la  vache  demande  à  être  con- 
duite plusieurs  fois,  on  inscrira  au  bas  de  la  page  les  saillies  supplé- 
mentaires dans  l'année,  ce  qui  est  bon  à  noter.  On  indiquera  le  nom 
du  taureau^  ou  son  numéro  s'il  est  à  la  ferme.  —  Pour  les  taureaux, 
il  faut  indiquer  aussi  le  nombre  des  saillies. 

La  date  de  la  mise  bas  nous  permet  de  calculer  la  durée  de  la  gesta- 
tion, et  ce  dernier  chiffre  est  utile  parce  que  l'on  prétend  (il  faudrait 
le  vérifier)  que  plus  une  race  s'améliore,  plus  elle  devient  précoce, 
même  au  sein  de  la  mère. 

Le  poids  des  veaux  peu  après  la  naissance,  puis  1 5  jours  après,  nous 
permettra  de  constater  ce  qu'il  en  est  d'un  animal.  Il  y  en  a  qui  nais- 
sent gros,  mangent  beaucoup  et  ne  profitent  pas.  D'autres  au  contraire 
naissent  petits,  mais  mangent  bien  et  prospèrent  bien;  c'est  la  bonne 
espèce  à  conserver,  et  ceci  est  encore  une  expérience  à  faire,  mais  on 
ne  pourra  la  faire  sérieusement  qu'avec  des  chiffres.       S.  Bieler. 


SUR  L  EPUISEMENT  DES  BETTERAVES  EN   SUCRE.  143 


SUR  L'EPUISEMENT  DES  BETTERAVES  EN  SUCRE.  -  Il 

Deuxième  cas.  —  Qualité  du  jus.  Prix  de  revient  du  sucre  extrait  de 
la  betterave  épuisée  complètement. 

A.  Qualité  du  jus.  —  Les  auteurs  sont  très  partagés  sur  la  question  d 
savoir  à  quel  point  on  doit  pousser  l'épuisement  au  point  de  vue  de 
l'économie  du  sucre  extractible.  Les  uns  (voir  le  travail  de  M.  Durin, 
présenté  au  Comité  central  le  30  janvier  1879)  trouvent  que  le  jus  est 
d'autant  plus  pur  tanl  au  point  de  vue  général  qu'au  point  de  vue  salin, 
qu'on  épuise  davantage  la  betterave;  ils  arrivent  même  à  conclure  que 
la  pulpe  a  la  propriété  d'absorber  et  de  retenir  les  sels,  et  tandis  qu'on 
ne  pourrait  l'épuiser  entièrement  des  sels,  on  pourrait  extraire  par 
lavage  tout  le  sucre  qui  y  est  contenu.  M.  Durin  confirme  ces  con- 
clusions dans  ses  recherches  en  s'appuyant  su  les  expériences  de 
M.  Champonnois  qui  furent  présentées  en  mai  1868  à  la  Société  d'en- 
couragement et  qui  consistaient  à  épurer  les  mélasses  épuisées  et  à  les 
rendre  cristalli sables  en  les  faisant  rentrer  dans  le  pressoir  immédia- 
tement après  l'action  de  la  râpe,  la  pulpe  absorbant  les  sels  de  la 
mélasse. 

Les  autres  sont  d'un  avis  contraire,  et  le  même  bulletin  du  Comité 
central  que  je  viens  de  citer  contient  un  travail  de  M.  Barbet  qui  con- 
clut que  la  qualité  des  jus  décroît  à  mesure  qu'avance  l'épuisement. 

Oii  est  la  vérité  ? 

L'ensemble,  de  nos  expériences  tend  à  démontrer  que  la  qualité  des 
jus  va  en  diminuant  si  l'on  accepte  les  chiffres  tels  qu'ils  sont  obtenus 
au  laboratoire  sans  aucunes  corrections.  Voici  des  résultats  représen- 
tant la  marche  ordinairement  constatée  des  variations  de  qualité  des  jus. 

La  betterave  contenant  du  jus  à  0.754  de  pureté  et  à  11.05  de 
coefficient  salin  donne  par  diffusion,  du  jus  pris  dans  le  diffuseur 
n*  1  et  allant  à  la  carbonatation  à  un  degré  de  pureté  de  0.760  et  un 
coefficient  salin  de  10.20,  soit  donc  du  jus  plus  salin  que  le  jus  de  la 
betterave  mais  moins  chargé  de  matières  et  dérivés  organiques. 

Les  variations  du  degré  de  pureté  et  du  coefficient  salin  sont  pour 
les  autres  diffuseurs  : 


Diffuseur  n° 

'  2 

0.750 

de  pureté,  etc. 

10.60 

de  coefficient  salin, 

— 

3 

0.743 

— 

10.40 

— 

— 

4 

0.738 

— 

10.20 

— 

— 

5 

0.705 

— 

8.00 

— 

— 

6 

0.690 

— 

5.10 

— 

-_ 

7 

0.640 

— 

4.00 

— 

,_ 

8 

0.560 

— 

3.00 

— 

J'ai  eu  deux  fois  occasion  de  rencontrer  des  chiffres  anormaux  et 
contradictoires,  et  pour  ne  citer  qu'un  exemple,  je  prendrai  le  cas  spé- 
cial, que  j'ai  eu  à  étudier  en  1880,  chez  MM.  Fontaine,  André,  Bazin, 
à  Fismes.  Tandis  que  dans  leur  autres  usines,  notamment  celles  de  Fau- 
coury  et  de  Missy,  on  constatait  une  augmentation  de  pureté  dans  le 
jus  de  diffusion  et  un  abaissement  de  coefficient  salin  par  rapport 
au  jus  de  pression,  on  trouvait  à  Fismes  des  résultats  inverses  et 
dont  voici  la  moyenne  : 

Dans  la  betterave 0-752  de  pureté  9.16  de  coefficient  salin. 

Dans  le  jus  pris  au  bac  |  a  71g  _  9  gj  _ 

mesureur ( 

Dans  le   diffuseur    n»'  1  0.718  —  10.05  — 

—  —  2  0.700  —  9.43  — 

-  —  3  0.718  —  7.82  — 


144  SUR  L'ÉPUISEMENT  DES  BETTERAVES  EN  SUCRE. 

Il  ne  m'a  pas  été  possible  de  trouver  l'explication  de  ces  phéno- 
mènes que  je  n'ai  pas  rencontrés  depuis  1880. 

Faut-il  attribuer  ces  résultats  à  l'excessive  mauvaise  qualité  de  la 
betterave  qui  se  serait  altérée  dans  le  diffuseur?  je  ne  sais;  c'est  une 
anomalie  que  nous  écarterons,  si  vous  le  voulez  bien,  et  nous  pren- 
drons comme  conclusion,  que  les  jus  de  diffusion  ont  un  degré  de 
pureté  bien  plus  élevé  que  celui  du  jus  et  un  coefficient  salin  plus  bas. 

D'oii  vient  cet  excès  de  sels,  c'est-à-dire  à  quoi  faut-il  attribuer 
l'abaissement  du  coefficient  salin  des  jus  de  diffusion? 

On  a  parlé  d'altération  :  le  sucre  se  détruisant,  les  sels  restant  intacts, 
les  rapports  changent  et  le  coefficient  s'abaisse;  je  n'ai  jamais  pu  con- 
stater l'exactitude  de  cette  assertion  etje  pense  qu'il  convient  bien  plutôt 
de  s'en  prendre  à  la  qualité  de  l'eau  qui,  telle  qu'elle  nous  est  fournie 
par  la  nature,  contient  toujours  des  sels.  En  effet  prenons  comme  base 
de  calcul  la  proportion  moyennne  de  500  grammes  de  sels  par  mètre 
cube,  ce  n'est  pas  exagéré,  certaines  eaux  en  contiennent  0\800. 

La  diffusion  demande  1 25  p.  1 00  d'eau  '  qui  est  mise  en  contact  im- 
médiat avec  le  jus,  on  aura  par  100  kilog.  de  betteraves  contenant  par 
exemple  10  kilog.  de  sucre  et  0''.900  de  sels,  c'est-à-dire  un  coefficient 
salin  de  11 .1 1 ,  un  apport  de  0.01 2.5  de  sels  dus  à  l'eau,  soit  un  coef- 
ficient salin  de  10.39,  pour  les  jus  de  diffusion  contenant  les  sels  de 
l'eau.  La  majeure  partie  de  ces  sels  est  constituée  par  de  la  chaux  com- 
binée à  l'acide  carbonique  et  c'est  à  la  présence  de  celte  base  défé- 
quante surtout  à  une  haute  température  quil  faut  attribuer  en  partie 
l'élévation  qu'on  constate  dans  les  degrés  de  pureté  du  jus  fort  de  dif- 
fusion par  rapport  au  jus  obtenu  par  râpage  et  pression  sans  addition 
d'eau. 

La  nature  de  l'eau  joue  un  grand  rôle,  et  c'est  parce  qu'on  a  omis 
jusqu'à  ce  jour  d'en  tenir  compte,  qu'on  constate  tant  de  divergence 
dans  les  opinions  des  auteurs. 

La  présence  des  sels  contenus  dans  l'eau  explique  aussi  l'abaisse- 
ment si  considérable  du  coefficient  salin  et  même  du  degré  de  pureté 
qu'on  constate  dans  les  diffuseurs  de  queue  où  l'épuisement  est  plus 
grand. 

En  bonne  marche  et  pour  le  cas  d'une  batterie  de  12  diffuseurs 
dont  11  sont  en  travail,  on  constate  en  moyenne  que  dans  le  diffuseur 
n°  9,  le  jus  pèse  0.2  et  ne  contient  pas  de  sucre,  et  0.080  de  sel  par 
hectolitre,  c'est-à-dire  qu'il  est  au  coefficient  salin  de  4,  mais  si  on 
déduit  la  quantité  de  sels  afférents  à  l'eau  employée  pour  le  travail, 
soit  0''.50  par  hectolitre,  on  voit  de  suite  que  le  coefficient  salin  est 
relevé  à  10,  c'est-à-dire  est  sensiblement  égal  au  coefficient  du  jus  de 
tête.  L'augmentation  saline  serait  donc  nulle  avec  de  l'eau  distillée,  et 
c'est  pour  cela  que  j'ai  toujours  recommandé  d'utiliser  l'excédent  des 
eaux  de  retour  à  la  diffusion. 

Dans  ces  basses  densités,  la  nature  de  l'eau  influence  d'une  façon 
appréciable  les  saccharimètres,  instrument  très  sensible,  et  diminuent 
ainsi  le  coefficient  de  pureté. 

1.  Le  travail  pour  diffusion  exige  au  total  environ  24.5  litres  d'eau  par  100  kilog.  de  betteraves, 
mais  92  litres  se  substituent  au  jus  dans  les  cellules;  33  servent  à  diluer  le  jus  qu'on  retire  à  une 
densité  inférieure  à  celle  du  jus  pur  contenu  primitivement  dans  les  cellules;  125  litres  d'eau  inti- 
mement mélangés  au  jus  qui  apportent  leur  contingent  de  sels;  120  litres  d'eau  dans  le  diffuseur 
qui  sont  expulsés  avec  la  cossette  épuisée  et  les  lavages  :  les  sels  contenus  dans  cette  proportion 
d'eau  ne  sont  pas  mélangés  au  jus  puisqu'elle  n'est  pas  mise  en  contact  avec  le  jus  et  qu'elle  ne  sert 
qu'à  chasser  le  jus  d'un  diffuseur  à  l'autre  par  voie  de  déplacement. 


SUR  L'ÉPUISEMENT  DES  BETIERAVES  EN  SUCRE.  R5 

On  constate  les  mêmes  phénomènes  en  travail  par  presses  continues 
quand  on  étudie  les  petit  jus. 

En  résumé,  on  peut  épuiser  à  fond,  au  point  de  vue  de  l'extraction 
du  sucre  industriel,  le  dernier  jus  à  la  composition  du  premier  jus  ex- 
trait; étant  entendu  que  cet  épuisement  extrême  sera  obtenu  rapide- 
ment, sans  altération  par  suite  de  lenteurs  de  macération,  comme 
cela  peut  se  produire  dans  certains  cas  vicieux,  étant  entendu  aussi 
qu'on  se  servira  d'eau  pure  et  notamment  de  l'eau  distillée  provenant 
des  retours  qu'on  a  en  abondance  en  sucrerie,  comme  j'essaierai  de 
le  démontrer  ailleurs. 

Mais  s'il  n'y  a  pas  d'inconvénient,  au  point  de  vue  de  la  qualité  des 
jus,  à  pousser  l'épuisement  à  fond,  y  a-t-il  économie;  c'est-à-dire  les 
frais  nécessités  par  l'augmentation  de  matériel  pour  retirer  les  derniè- 
res particules  de  sucre,  seront-ils  couverts  par  l'excédent  de  la  pro- 
duction du  sucre  ? 

C'est  ce  qui  me  reste  à  examiner  pour  terminer. 

B.  Prioff  de  revient  du  sucre.  —  Le  prix  de  revient  variera,  suivant 
chaque  cas,  en  raison  des  frais  de  main-d'œuvre  d'extraction  et  de 
dépense  nécessaire  pour  monter  les  appareils  d'épuisement. 

Pour  limiter  la  question,  je  n'étudierai  que  les  deux  cas  les  plus  ré- 
pandus actuellement,  savoir  :  épuisement  par  presses  continues  ; 
épuisement  par  diffusion;  et  je  supposerai  dans  les  deux  cas  qu'on 
fasse  du  jus  à  une  densité  uniforme  de  4";  les  petits  jus,  en  nombre 
plus  ou  moins  considérables,  rentrant  dans  le  travail  et  s'enrichissant 
successivement  jusqu'à  ce  degré  de  104.  Nous  n'avons  donc  pas  à 
nous  préoccuper,  comme  on  pourrait  le  supposer,  de  l'affaiblissement 
du  jus  que  produirait  un  épuisement  complet. 

De  même  en  diffusion  on  fait  le  jus  à  la  densité  qu'on  veut. 

En  travaillant  200,000  kilog.  de  betteraves  à  10  pour  100  de  sucre 
par  jour  avec  des  presses  continues,  il  faut  en  première  pression  un 
matériel  neuf  composé  de  : 

francs. 

5  presses  coûtant 25,000  \ 

1  pompe  et  tamiseur  de  pression 4 ,  600  / 

1  tamiseur 900  >  33,800  fr. 

1  cloche  à  air  régulatrice  de  pression 900  \ 

Vis  sans  fin,  tuyauterie,  pose,  etc 2,500  )     - 

On  retire  en  jus  84  pour  100  de  sucre  de  la  betterave  et  on  perd 
16  pour  100. 

En  seconde  pression  il  faut  : 

4  presses 20 ,000  1 

Pompe,   tamiseur,    clociie,  vis  et  le   monlage  comme  [  28,800  fr. 

ci-dessus , 8 ,800  ) 

On  retire  91  pour  100  de  sucre  de  la  betterave  et  on  ne  perd  plus 
que  9  pour  100. 

En  troisième  pression  il  faut  faire  une  dépense  égale  à  celle  de  la 
deuxième,  soit  28,800  francs,  et  on  retire  95  pour  100  de  sucre  de  la 
betterave,  ce  qui  réduit  la  perte  à  5  pour  100. 

La  question  de  savoir  s'il  y  a  avantage  à  travailler  avec  deux  pres- 
sions, a  été  jugée  il  y  longtemps  et  pour  de  la  betterave  contenant 
10  pour  100  de  sucre,  il  n'y  a  de  doute  pour  personne  à  l'heure 
actuelle,  du  moins  je  le  pense  et  les  calculs  suivants  le  prouveront. 
Nous  n'avons  donc  à  examiner  que  l'utilité  de  la  troisième  pression; 
ce  qui  ressemble  au  cas  de  la  deuxième  pression  avec  des  betteraves 


146  SUR  L'ÉfUrSEMENT  DES  BETTERA.VES  EN  SUCRE. 

pauvres,  c'est-à-dire  l'utilité  d'une  repression  quand  la  pulpe  est  arri- 
vée à  ne  retenir  que  0''.900  de  sucre  par  1 00  kilog.  de  betteraves  tra- 
vaillées. 

Une  différence  d'extraction  de  0'.400  de  sucre  en  jus  ramené  à 
104  degrés  donne  environ  5  litres  de  jus  par  100  kilog.  de  betteraves 
travaillées  ou  pour  20  millions  de  kilog.  10,000  hectolitres  de  jus 
par  an  qui  pourront  rendre 

fr&ncs 
10,000  X.  5". 2  =  52,000  kilog.   de  sucre  à  60  fr.  31 ,200 

10,000  X  3^7  =  37,000  kilog.  de  mélasse  à  32  fr.  4,440 

35,640 

D'où  il  faut  déduire  0  fr.  642  par  hectol.  pour  frais  de  main-d'œuvre, 
d'extraction,  de  travail  du  jus,  chaux,  coke,  charbon,  huile,  turbi- 
nage,  etc.,  soit  :  34,640  —6,420  =  29,220  francs. 

Or  la  dépense  supplémentaire  a  été  de  28,800  fr.  soit  en  chiffre  rond 
pour  intérêts  amortissement  et  entretien  3,000  fr.  par  an,  d'où  il  résulte 
qu'une  troisième  pression  donne  un  gain  de  26,220  francs  soit  1  fr.  311 
par  1,000  kilog.  de  betteraves. 

Dans  le  cas  du  travail  par  diffusion  la  dépense  de  matériel  est  moins 
considérable  et  pour  arriver  à  un  épuisement  de  0.5  par  100  kilog. 
de  betteraves  au  lieu  de  0.9,  il  faut  compter  l'adjonction  de  3  diffu- 
seurs, 3  calorisateurs  avec  armatures  et  planchers  soit  un  intérêt, 
amortissement  et  entretien  d'environ  800  francs  par  an,  ce  qui  laisse 
un  bénéfice  de  20,420  francs. 

L'épuisement  n'est  donc  limité  ni  par  le  prix  de  revient  ni  par 
défaut  de  qualité  du  jus  ou  de  la  pulpe  et  il  est  à  désirer  que  toutes 
les  usines  se  montent  en  vue  d'épuiser  fortement. 

Une  troisième  pression  rectifiera  ce  qu'il  pourra  y  avoir  de  défec- 
tueux dans  la  première  ou  la  deuxième,  et  comme  on  opérera  dans  ce 
cas  sur  des  pulpes  plus  chargées  de  sucre  que  celles  que  nous  avons 
pris  comme  type,  elle  sera  encore  avantageuse. 

La  troisième  pression  assure  donc  Tépuisement  et  donne  la  sécurité 
à  l'industriel  et  à  ce  point  de  vue  aussi  elle  doit  être  conseillée. 

A.  Vivien. 

MOYENS  PRATIQUES 

d'améliorer   la  situation  de  l'agriculture  française.  —  LES  BLÉS 
QUI  DONNENT  LES  MEILLEURS  RÉSULTATS. 

Notre  agriculture  se  trouve  aujourd'hui  en  présence  de  difïïcultés  si 
grandes  qu'elle  ne  saurait  plus  s'endormir. 

Il  faut  donc  qu'une  voie  nouvelle  lui  soit  ouverte;  mais  une  question 
que  je  pensais  traiter  plus  tard  et  que  des  circonstances  fâcheuses  for- 
cent à  examiner  dès  ce  moment,  c'est,  avant  aucune  autre,  celle  de 
la  culture  du  blé. 

De  tous  côtés  elle  est  à  l'ordre  du  jour,  et  il  me  semble  utile  de 
résumer  ici,  en  quelques  lignes,  les  nombreuses  observations  déjà 
relatées  dans  l'ouvrage  que  j'ai  fuit  paraître,  en  18T5,  après  avoir 
expérimenté,  pendant  vingt  ans  en  grande  culture,  près  de  deux 
cents  variétés  de  froments  sur  des  surfaces  qui,  réunies,  formaient 
alors  un  millier  d'hectares. 

Il  ne  faut  pas  s'imaginer  que  des  essais  timides  faits  sur  quelques 
mètres  carrés,  puissent  donner  la  solution  des  problèmes  qui  inquiè- 
tent les  populations  rurales. 


MOYENS  PRATIQUES  D'AMÉLIORER  LA  SITUATION  DE  L'AGRICULTURE.       147 

L'air  et  l'espace  sont  nécessaires  pour  démontrer  une  vérité  agri- 
cole, et  il  m'est  arrivé  d'obtenir,  pondant  six  ou  sept  années  consécu- 
tives, des  résultat î  avantageux  de  l'emploi  d'une  méthode  particulière 
pour  arriver  ensuite  à  des  mécomptes  inattendus. 

Ainsi,  les^blés  anglais  blancs  et  rouges,  après  m'avoir  donné  d'ex- 
cellentes récoltes,  de  1850  à  1857,  ont  été,  chez  moi,  détruits  par  la 
gelée  de  deux  années  l'une  en  moyenne  depuis  cette  époque. 

La  Richelle  de  Naples,  semée  au  printemps,  magnilique  pendant 
deux  ou  trois  ans,  a  quelquefois  dégénéré  au  point  de  ne  plus  fournir 
d'épis;  et  c'est  au  milieu  d'un  dédale,  pour  ainsi  dire  inextricable, 
qu'il  faut  trouver  la  route  certaine  auprès  de  laquelle  la  fatalité  semble 
avoir  jeté  à  pleines  mains  des  causes  de  découragements  incessantes. 

Aussi  ne  cesserai-je  de  le  répéter  :  la  science  agricole  est  la  science 
complexe  avant  toutes,  la  science  grande  et  diflicile  qui  honore  les 
hommes  de  volonté  forte,  lorsque,  sans  se  lasser  jamais,  ils  parcou- 
rent avec  persévérance  leur  pénible  carrière. 

J'espère  voir  triompher  un  jour  cette  vérité.  J'espère  que  les  nations 
reconnaissantes  envers  ceux  qui  s'astreignent  à  de  si  rudes  labeurs 
pour  leur  fournir  la  nourriture  et  les  matières  premières,  finiront  par 
se  tourner  avec  sollicitude  comme  avec  respect  vers  les  populations 
des  campagnes  restées  fidèles  à  l'accomplissement  d'une  noble  et  gé- 
néreuse mission. 

Mais  pour  se  faire  respecter,  il  faut  être  fort,  et  les  hommages  dus 
à  l'agriculture  ne  lui  seront  rendus  sans  conteste  que  le  jour  où  elle 
pourra  mettre  son  épée  dans  la  balance,  une  épée  d'or,  afin  qu'elle 
ait  le  poids  exigé  par  le  public  avant  qu'il  salue  et  s'incline. 

La  question  des  blés  est  l'une  de  celles  où  un  grand  pas  doit  être 
fait  en  avant,  et  je  vais  indiquer  la  solution  que  m'a  donnée  l'expérience, 
parce  qu'elle  répond  aux  exigences  de  la  situation  présente. 

La  méthode  à  laquelle  je  me  suis  arrêté  depuis  1870  est  sûre;  déjà 
essayée  précédemment  avec  prudence,  elle  ne  m'a  jamais  fait  subir 
depuis  lors  aucun  mécompte. 

Parmi  les  nombreuses  variétés  que  j'ai  confiées  à  la  terre,  cinq  ou 
six  m'ont  seules  donné  en  Lorraine  des  résultats  satisfaisants,  à  la 
condition  expresse  de  les  mettre  dans  les  situations  qu'elles  exigeaient 
pour  réussir. 

Encore  a-t-il  fallu  étudier  avant  tout  les  aptitudes  propres  à  la 
plante-mère,  en  même  temps  que  celles  qui  appartiennent  à  chaque 
variété,  pour  ne  pas  commettre  d'erreur. 

Les  blés  sont  dits  d'automne  quand  ils  sont  tardifs,  exigeant  une 
somme  de  chaleur  considérable,  soit  environ  2,000  degrés  centigraies 
additionnés  pour  accomplir  toutes  les  phases  de  leur  végétation. 

Ils  sont  de  printemps  ou  hâtifs,  quand,  se  développant  avec  rapi- 
dité, ils  peuvent  être  semés  beaucoup  plus  tard,  mûrir  sous  l'inlluence 
de  1,500  à  1800";  d'hiver  et  de  printemps  ou  des  deux  saisons  lors- 
qu'ils parviennent  à  une  maturité  complète  avec  une  moyenne  de 
1 ,800  à  2,000  degrés  ;  de  sorte  que  les  froments  d'automne  ou  d'hiver 
doivent  avoir  déjà  végété  avant  les  grands  froids  dans  le  Nord  de  la 
France,  tandis  que  ceux  de  printemps  ont  le  temps  de  se  mettre  en 
marche  au  retour  des  beaux  jours.  La  germination  se  fait  à  -[^  4,  la 
végétation  se  continue  à  -[-  6;  puis  sous  l'influence  de  -j-  8  à  -|-  1 0,  etc.  ^ 
le  développement,  la  floraison,  et  enfin  la  maturité  arrivent;  de  sorte 


148       MOYENS  PRATIQUES  D'AMÉLIORER  LA  SITUATION  DE  L'AGRICULTURE. 

que  les  situations  normales  sont  celles  qui  se  succèdent  avec  une  aug- 
mentation continue  du  nombre  des  degrés  de  chaleur,  et  que  la  plante 
souffre,  s'étiole  et  fournit  un  rendement  d'autant  plus  faible  qu'il 
arrive  des  réactions  ou  des  temps  d'arrêts  plus  considérables  durant 
le  cours  de  sa  végétation. 

Enfin,  il  y  a  des  variétés  qui  ne  peuvent  supporter  10  degrés  au- 
dessous  de  0;  d'autres  \2,  d'autres  encore  14,  17,  20,  etc. 

Mais  le  froid,  qui  n'attaque  point  le  blé  sous  la  neige,  ne  va  guère 
le  chercher  non  plus  au  sein  de  la  terre,  et  contrairement  à  l'opinion 
reçue  généralement,  ce  sont  les  semailles  tardives  qui  sont  le  moins 
en  danger;  car,  au  début  de  la  végétation,  le  centre  vital  est  abrité, 
tandis  que  bientôt  il  remonte  à  la  surface  du  sol,  et  vient  s'y  placer 
quand  les  feuilles  commencent  à  se  former.  Alors  la  gelée  vient  le 
frapper  au  cœur,  et  le  danger  augmente  à  mesure  que  la  plante  accen- 
tue davantage  la  végétation  aérienne.  Aucune  sorte  de  froment  n'a 
dans  mes  cultures  résisté  au  froid  d'une  manière  absolue;  mais  dans 
l'hiver  de  1870-71,  celui  de  la  Seille  [Rouge  de  l'Est)  est  resté  intact, 
tandis  que  celui  d'Ecosse  [blood  reed),  malgré  sa  grande  résistance,  a 
été  tout  auprès  radicalement  détruit.  Celui  de  Crépy-en-Valois,  le  him- 
ter  et  quelques  autres  sont  rustiques,  sans  doute;  mais  en  Lorraine, 
il  faut  constater  que  les  froments  de  mars,  bien  choisis,  présentent, 
sur  ceux  d'automne,  cet  avantage  considérable  qu'ils  échappent  natu- 
rellement au  plus  grave  de  tous  les  inconvénients,  puisqu'ils  n'ont 
plus  rien  à  redouter  du  froid  au  moment  où  on  les  sème. 

Restent  la  rouille  et  la  verse  qui  viennent  à  leur  tour  compromettre 
la  récolte  quand  l'hiver  a  été  doux  et  que  le  blé  a  bien  poussé  sous  l'in- 
fluence d'uue  température  humide. 

La  céréale  trop  drue  ne  permet  plus  à  l'air  de  circuler  sous  un 
feuillage  abondant  et  les  tiges  manquent  de  force  pour  supporter  une 
charge  que  les  pluies  augmentent  encore.  Dans  ce  cas  les  épis  ren- 
ferment peu  de  grains  qui  ont  d'ailleurs  été  mal  nourris,  surtout 
lorsque  la  chaleur  ne  s'est  pas  développée  suivant  les  exigences  d'une 
végétation  trop  avancée  qui  en  exige  chaque  jour  une  somme  plus 
considérable. 

C'est  alors  que  la  rouille  [Vredo  ruhigo)  vient  aussi  envahir  la  plante. 
Elle  l'attaque  avec  d'autant  plus  d'intensité  que  le  développement  en 
est  plus  lent,  et  toutes  ces  causes  réunies  réduisent  souvent  la  pro- 
duction à  tel  point  qu'il  faut  de  50  à  70  gerbes  ordinaires  pour  donner 
un  quintal  de  grain. 

En  sens  contraire  on  voit  aussi  des  rendements  très  faibles  fournis 
par  les  blés  d'automne  semés  trop  tard,  si  la  terre  s'est  complètement 
desséchée  avant  la  maturité. 

Alors  la  sève  ne  vient  plus  nourrir  le  grain  qui  reste  maigre  et  léger, 
de  sorte  que  dans  ce  cas  encore  la  récolte  est  peu  abondante. 

Il  est  facile  de  voir,  d'après  toutes  ces  considérations,  qu'il  importe 
pour  obtenir  de  grands  produits,  ou  bien  d'adopter  dans  le  nord  de 
la  France  des  variétés  d'automne,  rustiques,  résistant  bien  à  la  gelée, 
à  la  verse,  à  la  rouille,  tandis  qu'elles  ne  sont  ni  trop  hâtives,  ni  trop 
tardives;  et  je  n'en  connais  point  qui  remplissent  bien  toutes  ces  con- 
ditions pour  notre  climat  lorrain;  ou  bien  il  faut  en  trouver  qui, 
semées  après  l'hiver,  promettent  un  rendement  considérable,  se 
'développant  suivant  la  progression  continue  de  la  température  pour 


MOYENS  PRATIQUES  D'AMÉLIORER  LA  SITUATION  DE  L'AGRICULTURE.        149 

échapper  à  toutes  les  mauvaises  chances  et  donner  ainsi  une  récolte 
assurée,  si  l'on  prend  les  précautions  nécessaires  pour  les  confier  à  la 
terre  en  temps  utile. 

Tel  est  le  moj'en  le  plus  sûr  d'arriver  à  de  bons  résultats.  Mais  on 
resterait  dans  le  domaine  de  la  théorie  et  le  lecteur  qui  veut  bien  suivre 
mes  explications  serait  exposé  à  commettre  encore  bien  des  erreurs  si 
je  ne  m'attachais  à  le  conduire  droit  au  but. 

Or,  il  faut  remarquer  ici  que  si  l'on  voulait  ensemencer  sur  labour 
récent  et  partout  des  blés  de  mars,  les  travaux  ne  seraient  pas  faits  en 
temps  utile,  que  la  levée  en  serait  inégale  et  surtout  tardive  pour  les 
derniers;  et  que  tout  en  évitant  la  gelée,  la  rouille  et  la  verse  au  moyen 
de  variétés  à  paille  forte,  on  tomberait  dans  d'autres  inconvénients 
non  moins  graves,  manque  de  maturité,  gerbes  peu  abondantes,  etc. 

Afin  d'assurer  la  récolte,  il  faut  donc  se  mettre  à  l'abri  de  toutes  les 
éventualités  lâcheuses  en  employant  le  moyen  suivant,  moyen  bien 
simple  auquel  sans  aucun  doute  beaucoup  de  praticiens  ont  dû 
souvent  avoir  recours,  mais  dont  ils  n'ont  pu  apprécier  la  valeur 
parce  qu'ils  ne  l'ont  employé  qu'exceptionnellement  et  par  hasard, 
pour  ainsi  dire 

Cependant,  après  l'avoir  pratiqué  pendant  plusieurs  années  con- 
curremment avec  toutes  les  autres  méthodes  et  en  avoir  reconnu  la 
supériorité  incontestable,  je  m'y  suis  attaché  définitivement  et  depuis 
lors  je  n'ii  plus  eu  de  récoltes  manquées. 

Ce  n'est  plus  que  par  exception  et  à  titre  d'essais  à  continuer,  qu'en 
petite  culture  j'en  emploie  encore  d'autres  que  celle  dont  il  va  être 
question. 

Voici  donc  comment  j'ai  opéré  depuis  1 870  pour  obtenir  le  plus  grand 
rendement  possible. 

Préparant  les  terres  à  l'automne  et  au-delà,  je  leur  laisse  subir 
les  inlluences  favorables  de  l'hiver  qui  les  ameublit,  les  serre  et  les 
salure  d'humidité;  puis  j'attends,  car  ayant  reconnu  que  des  blés  très 
rustiques  et  très  productifs,  tels  que  la  pétanielle  blanche,  la  richelle 
de  mars,  le  blé  bleu  et  d'autres  réussissent  parfaitement  étant  semés 
jusqu'au  7  mars,  j'évite  pour  eux  les  conséquences  de  la  s^elée^  premier 
point  dont  l'importance  est  grande. 

Aussitôt  que  le  sol  n'est  plus  trop  imprégné  d'eau,  je  commence  la 
semaille  en  ayant  soin  de  herser  énergiquement  afin  de  bien  enterrer 
le  grain,  et  je  suis  sûr  d'obtenir  une  levée  rapide  en  môme  temps  qu'elle 
est  parfaitement  égale  et  que  le  sol  reçoit  une  préparation  excellente. 

J'ai  le  soin  d'avoir  en  réserve  des  blés  très  hâtifs  tels  que  le  hérisson 
de  mars  ou  celui  de  Saumur  qui  végètent  assez  rapidement  pour  être 
semés  jusqu'au  1"  avril. 

C'est  ainsi  que  l'on  évite  à  la  fois  les  effets  de  la  gelée,  la  rouille  et 
la  verse;  mais  comme  cette  année  les  cultivateurs  n'ont  pu  préparer 
leurs  champs  à  l'avance,  il  faudra,  deux  ou  trois  jours  après  le  hersage, 
employer  le  rouleau  dans  le  but  d'assurer  une  levée  bien  égale  et  de 
conserver  dans  le  sol  l'humidité  qui,  nuisible  parfois  en  hiver,  devient 
nécessaire  en  été. 

Les  blés  devront  être  semés  successivement  dans  l'ordre  que  voici  : 

V  hybride.  Galland,  richelle  deNaples; 

2°  bleu  de  Noé,  rouge  de  Bordeaux,  chiddam. 

3"  blé  de  Saumur,  Hérisson,  de  mars  ordinaire,  de  Victoria,  etc. 


150    MOYENS  PRATIQUES  D'AMÉLIORER  LA  SITQATION   DE  L'AGRICULTURE. 

MM.  Vilmorin  ont  donné  à  cet  égard  des  renseignements  qu'il  sera 
utile  de  consulter.  Je  crois  devoir  dire  quelques  mots  de  l'orge  Che- 
vallier un  peu  plus  tardive  que  l'orge  ordinaire,  mais  bien  supérieure 
à  celle-ci  pour  la  qualité  du  grain  comme  pour  le  produit  en  paille. 

Au  reste  ces  dernières  plantes  pouvant  être  réussies  parfaitement 
après  une  semaille  du  mois  do  mai,  le  mal  causé  par  les  pluies  de 
l'automne  sera  facilement  réparé  cJiez  les  cultivateurs  prudents  qui 
sauront  profiter  des  ressources  nombreuses  dont  ils  disposeront  pen- 
dant quatre  mois  entiers. 

Je  ne  veux  pas  entrer  dans  plus  de  détails,  car  il  suffit  de  mettre  en 
avant  un  fait  confirmé  par  de  longues  années  d'épreuves,  c'est  que  la 
récolte  du  blé  la  plus  sûre  et  même  la  plus  abondante  en  moyenne  dans 
la  moitié  septentrionale  de  la  France  est  celle  que  l'on  obtient  en 
semant  des  blés  de  mars  bien  choisis  sur  des  labours  anciens.  Ajoutons 
que,  si  l'on  cultive  tard,  il  importe  au  contraire  de  semer  immédia- 
tement, car  en  agriculture  comme  partout  ailleurs  chaque  situation 
particulière  réclame  des  soins  particuliers.  E.  Duroselle. 

L'ALCOOL  EN  ALLEMAGNE 

L'alcool  est,  ainsi  que  la  bière,  une  boisson  nationale  en  Allemagne. 
Les  chiffres  que  nous  donnons  ne  comprennent  pas  la  Bavière,  .le 
Wurtemberg  et  Bade  qui  ont  gardé  leur  législation  spéciale.  Dans  le 
tableau  qui  suit,  nous  indiquons  le  nombre  des  distilleries,  et  le 
revenu  net  fiscal,  y  compris  les  droits  de  douane  et  déduction  faite 
des  primes  d'exportation  et  des  remises  pour  l'alcool  dénaturé. 


Prusse 

Saxe 

Hesse 

Mecklembourg 

Thuringe 

Oldenbourg 

Brunswick 

Anhalt 

Alsace-Lorraine 

Les  recettes  brutes  se  sont  élevées  à  C4,002,G89  marcs,  les  bonifi- 
cations à  17,533,550  marcs.  Il  reste  46,460,139  marcs  auxquels  il 
faut  ajouter,  pour  les  droits  de  douane  et  de  passage,  1 ,9 1 7,872  marcs. 

Le  Luxembourg  qui  fait  partie  de  l'Union  douanière  compte 
1,639  distilleries  dont  750  industrielles,  donnant  un  revenu  fiscal  de 
119,310  marcs. 

L'exportation  a  fait  sortir  de  l'Allemagne,  dans  l'année  fiscale 
1881-1882,  à  laquelle  se  rapportent  tous  ces  chiffres,  plus  d'un  mil- 
lion d'hectolitres  à  100  degrés  de  l'alcoomètre  de  Tralles.  Le  commerce 
d'exportation  a  pris  depuis  quelques  années  un  développement  consi- 
dérable. Les  restitutions  du  Trésor  pour  l'alcool  exporté  et  dénaturé 
ont  doublé  depuis  dix  ans.  En  1881-1882  l'industrie  a  utilisé  109  mille 
hectolitres  d'alcool  dénaturé. 

La  Prusse  possède  de  grands  établissements.  207  distilleries  paient 
au  fisc  21  à  24  mille  marcs;  144,24  à  27  mille  ;  134,  27  à  30  mille; 
315,  30  à  60  mille  et  41  au  delà  de  60  mille  marcs.  Le  grand  nombre 
de  distilleries  de  l' Alsace-Lorraine  n'a  pas  la  moindre  importance.  Le 


Distilleries. 

Disiilleries  industrielles. 

Recettes  fiscales. 

marcs. 

7,529 

5,950 

42,230,196 

660 

656 

2,435.343 

432 

273 

489,300 

46 

46 

628,939 

78 

78 

264,916 

38 

38 

205,066 

38 

36 

477,831 

43 

38 

1,096,897 

21,045 

6,255 

681,619 

29,909 

13,370 

48,510,107 

l'alcool  en  ALLEMAGNE.  151 

fisc  regarde  comme  distillateur,  tout  bouilleur  de  cru,  même  celui  qui 
ne  fait  que  quelques  litres  d'eau -de-vie  de  marc  ou  de  lie. 

3,791)  disiilleries  livrent  l'alcool  à  80  degrés. 

En  1 881 -î 882  on  a  utilisé  dans  cette  industrie  près  de  4  millions 
de  quintaux  métriques  de  céréales,  et  27  millions  de  quintaux  de 
pommes  de  terre. 

Le  revenu  fiscal  s'est  élevé  de  42  millions  de  marcs  en  1 872  à 
48  millions  et  demi  en  1881.  La  charge  annuelle  par  tète  d'habitant 
est  de  1  marc  34.  Paul  Miller. 

LE  CONCOURS  GÉKËRAL  DE  PARIS 

L'organisation  du  Concours  général  agricole  de  Paris  est  aujour- 
d'hui achevée.  Au  moment  où  ce  numéro  paraîtra,  toutes  les  parties 
en  seront  ouvertes  aux  visiteurs.  On  a  vu,  par  les  indications  que 
nous  avons  précédemment  publiées,  que  les  déclarations  des  exposants 
sont  très  nombreuses  dans  toutes  les  sections  ;  partout,  la  partie 
matérielle  de  l'exposition  a  été  conduite  avec  grand  soin  sous  la  direc- 
tion de  M.  Heuzé,  inspecteur  général  de  l'agriculture. 

La  Section  des  machines  et  instruments  agricoles  a  été  ouverte  le 
24  janvier.  Elle  présente  un  très  grand  intérêt  ;  jamais  encore  le  con- 
cours n'avait  présenté  une  aussi  brillante  collection  des  engins  qui 
sont  misa  la  disposition  des  agriculteurs.  Tous  les  constructeurs  riva- 
lisent de  zèle  et  d'ardeur  pour  apporter  la  plus  grande  perfection  à 
leur  matériel.  Signalons  immédiatement  quelques  machines  nou- 
velles ou  quelques  perfectionnements  qu'une  première  visite  nous  a 
permis  de  constater. 

Dans  l'exposition  de  la  maison  Albaret,  de  Liancourt  (Oise),  nous 
trouvons  plusieurs  machines  que  l'on  devra  étudier  avec  soin. 

C'est  d'abord  une  presse  à  fourrage^  mue  par  deux  chevaux  avec  un 
puissant  levier  d'une  structure  particulière  pour  bien  utiliser  le 
travail  des  animaux  ;  les  balles  de  fourrage  peuvent  atteindre  1 50  kilog. 
A  côté,  nous  remarquons  un  égrenoir  à  maïs  à  grand  travail,  puis  un 
puissant  hache-mats,  muni  de  l'élévateur  que  nous  avons  déjà  décrit, 
et  qui  a  obtenu  un  très  grand  succès  au  concours  spécial  de  Sainte- 
Mcnehould,  en  1882.  Plusieurs  perfectionnements,  indiqués  par 
l'espérience,  ont  été  apportés  à  la  construction  des  rouleaux  à  vapeur. 
On  doit  considérer  ces  appareils  comme  agricoles,  à  cause  du  rôle 
important  que  jouent  les  chemins  dans  tous  les  travaux  de  l'agri- 
culture. Signalons  aussi  un  nouveau  rouleau  à  traction  de  chevaux 
pouvant  être  également  très  utile  aux  cultivateurs.  Eufin  des  amélio- 
rations nombreuses  de  détails  ont  ;  té  apportées  dans  les  autres 
machines  agricoles  exposées  par  M.  Albaret. 

M.  A.  Pécard,  constructeur  à  Nevers,  qui  a  un  dépôt,  05  et  67.  rue 
d'Allemagne,  à  Paris,  expose  cette  année  deux  machines  nouvelles. 

C'est  d'abord  une  nouvelle  batteuse  dans  laquelle  le  constructeur 
emploie,  pour  le  nettoyage,  une  force  naturelle  aspiratrice,  due  au 
mouvement  rapide  de  rotation  du  batteur.  Cet  avantage  est  obtenu 
sans  aucune  complication  d'organes  et  sans  exiger  plus  de  force 
motrice,  car  cette  aspiration  qui  se  produit  toujours,  et  qui  a  été  per- 
due jusqu'ici,  a  été  utilisée  et  employée  avec  le  plus  grand  succès.  Le 
battage  se  fait  proprement  sans  laisser  de  grains  dans  les  épis  et  sans 


152  LE  CONCOURS  GÉNÉRAL  DE  PARIS. 

casser  les  grains  du  blé.  La  paille  est  bien  secouée  et  est  entièrement 
débarrassée  de  grains.  Le  blé  est  rendu  bien  propre;  outre  le  van- 
nage ordinaire,  il  subit  trois  autres  nettoyages,  lesquels  sont  produits 
par  l'aspiration  de  buses  latérales.  Ces  aspirations  séparées  et  succes- 
sives enlèvent  des  grains  battus  toutes  les  parties  légères  et  tous  les 
otons  ou  autres  parties  ayant  échappé  au  premier  battage,  et  les  repas- 
sent tangentiellement  entre  le  batteur  et  le  contre-batteur  où  ils 
subissent  un  second  battage.  Le  battage  parfait,  ainsi  qu'un  nettoyage 
sans  reproche,  est  assuré  avec  ce  nouveau  système.  Les  batteuses  Pécard 
sont  bien  connues;  elles  ont,  avant  ces  modifications,  remporté  les 
premiers  prix  en  1879,  au  concours  régional  de  Marseille,  et  en  1880, 
à  Clermonl-Ferrand,  et  les  premiers  prix  à  Nevers,  Mantes,  Dangé, 
Nanteuil-le-Haudouin  et  différentes  autres  localités;  elles  ont  figuré 


Fi  g.  13.  —  ChaiTuc  tilbury  automatique  en  travail. 

avec  honneur  aux  essais  dynamométriques  qui  ont  eu  lieu  à  la  ferme 
de  l'institut  agronomique,  à  Vincennes. 

M.  Pécard  expose  aussi  la  nouvelle  moissonneuse-lieuse  de  Hornsby. 
Cette  machine,  qui  lie  à  la  ficelle,  a  obtenu  les  28  et  29  août  1882,  au 
concours  de  Bishopton,  ouvert  par  la  Société  d'agriculture  des  Highlands 
et  de  l'Ecosse,  le  premier  prix,  de  la  valeur  de  2,500  francs.  La  lar- 
geur de  coupe  de  cette  moissonneuse-lieuse  est  de  1'".52.  La  traction 
a  été  considérablement  réduite,  pour  que  deux  chevaux  ordinaires 
puissent  la  faire  fonctionner.  Le  système  Heur  est  automatique  du 
commencement  à  la  fin.  Les  céréales  coupées  tombent  sur  une  toile 
sans  fin  qui  les  conduit  à  l'élévateur,  d'oi^i  elles  sont  déposées  sur  la 
table  du  Heur;  elles  sont  prises  par  de  serreurs  qui  les  mettent  en 
gerbe.  La  grosseur  est  réglée  avant  le  travail.  Le  levier  compresseur 
est  mû  par  la  force  des  serreurs  qui  pressent  la  gerbe  contre  lui  ; 
lorsque  la  grosseur  de  la  gerbe  est  atteinte,  sans  que  le  conducteur 
ait  à  s'en  occuper,  automatiquement  le  Heur  se  met  en  marche,  opère 
le  liage  et  la  gerbe  parfaitement  liée  est  projetée  sur  le  sol.  Trois  diffé- 
rentesgrosseurs  de  gerbes  peuvent  être  fiiites.  Tous  les  organes  de  cette 
machine  sont  solides  et  sont  construits  avec  des  matières  de  premier 
choix;  ils  sont  protégés  de  toutes  parts  contre  les  accidents.  La  machine 


LE  CONCOURS  GÉNÉRAL  DE  PARTS.  153 

entière  est  disposée  de  telle  sorte,  que  le  conducteur  peut,  de  son 
siège,  effectuer  toutes  les  manœuvres  sans  aucun  ennui.  Les  manœuvres 
de  conduite  sont  les  suivantes  :  1°  faire  basculer  le  tablier,  de  façon 
à  changer  la  hauteur  de  coupe  momentanément  ou  pour  éviter  un 
obstacle  ;  2"  lier  la  gerbe  plus  près  ou  plus  loin  du  bout  opposé  à  l'épi 
afin  de  faire  un  beau  liage  dans  les  pailles  longues  ou  courtes  ;  3°  em- 
brayer ou  débrayer  la  machine;  4"  changer  la  hauteur  de  coupe; 
5"  faire  varier  le  rabatteur  afin  d'opérer  un  bon  travail  dans  les  blés 
inclinés  ou  suivant  la  direction  du  vent,  etc. 

M.  Pilter,  qui  se  tient  à  l'affût  de  tous  les  progrès,  fait  fonctionner 
au  Palais  de  l'Industrie,  une  laiterie  danoise,  dont  la  description  som- 
maire est  donnée  au  compte  rendu  de  la  dernière  séance  de  la  Société 
nationale  d'agriculture,  dans  ce  numéro  (page  154).  Le  Journal  revien- 
dra d'ailleurs  sur  ces  appareils  qui  doivent  être  signalés,  d'une  ma- 
nière spéciale,  à  l'attention  des  agriculteurs. 

On  pourra  étudier  aussi  la  charrue  tilbury  automatique,  importée 
par  M.  Rogy,  dont  nous  avons  donné  la  description  dans  notre  der- 
nier numéro.  Cette  charrue  est  représentée  en  travail  par  la  fig.  13. 
A  l'occasion  de  la  description  que  nous  en  avons  donnée,  M.  Vermorel, 
président  du  Comice  agricole  de  Villefranche  (Rhôae),  nous  adresse  la 
lettre  suivante  : 

Villefranche,  le  21  janvier  1883. 

«  Monsieur,  permettez-moi,  je  vous  prie,  défaire  une  petite  rectification  à  votre 
intéressant  article  sur  la  charrue  tilbw  y. 

«  Vo'is  ne  pensez  pas,  dites-vous,  ((u'aucune  de  ces  charrues  ait  été  conservée 
en  Europe.  Je  suis  heuieux  de  pouvoir  vous  dire  que,  dans  le  Rhône,  où  je  les 
ai  importées,  quelques-unes  de  ces  charrues  travaillent  depuis  plusieurs  années 
déjà. 

«  Cette  rectification  serait  entièrement  sans  importance,  si  elle  ne  me  fournis- 
sait, en  même  temps,  l'occasion  d'affirmer  avec  vous  les  excellentes  qualités  de 
cette  nouvelle  charrue  qui  offre  les  plus  grands  avantages  pour  faire  rapidement 
les  labours  légers. 

«  Tous  les  agriculteurs  q  û  les  ont  vu  fonctionner  au  Comice  de  Trévoux,  ou 
aux  essais  de  charrues  de  Villefranche,  ont  été  étonnés  de  la  rapidité  et  de  la  faci- 
lité avQC  lesquelles  elles  retournent  une  bande  de  0"'.40  de  largeur.  —  Un  des 
points  intéressants  aussi,  c'est  l'aisance  avec  laquelle  le  laboureur,  du  haut  de  son 
siège,  peut  modifier  la  profondeur  du  labour,  sans  descendre  de  la  charrue. 

«  Un  de  ces  instruments  fonctionne,  depuis  longtemps  déjà,  pies  (ue  tous  les 
jours,  chez  M.  Benoît  Bernard,  à  Arnas,  qui  est  enchanté  de  son  travail  et  de  sa 
solidité.  On  ne  peut  reprocher  à  ces  charrues  que  leur  haut  prix  (300  francs)  ;  mais 
je  crois  que,  entre  les  mains  des  constructeurs  français,  les  prix  de  ces  charrues 
s'abaisseront  et  qu'elles  sont  appelées  à  un  brillant  avenir. 

«  Agréez,  etc.,  Vermorel, 

Président  du  Comice  agricole  de  Vil'efranche  i. 

Nous  n'ajouterons  qu'un  mot,  c'est  que  la  charrue  Weir  se  dis- 
tingue, ainsi  que  nous  avons  essayé  de  le  faire  comprendre,  par  un 
mouvement  d'encliquetage  qui  rend  le  relèvement  du  soc  et  du  versoir 
absolument  automatique,  de  sorte  que  le  conducteur  n'a  aucune 
dépense  de  force  à  (aire;  nous  avons  vu  un  enfant  de  douze  ans  cou 
duire  l'appareil  avec  entrain,  sans  aucune  peine. 

La  collection  des  charrues  est  nombreuse  au  concours  du  Palais  de 
l'Industrie.  Signalons,  en  terminant.,  les  brabants  doubles  bisocs  et 
les  brabants  doubles  avec  fouilleuse,  de  M.  Fondeur,  constructeur  à 
Viry  (Aisne).  Le  brubant  double  bisoc  est  certainement  un  instru- 
ment d'avenir.  Ces  excellentes  charrues  sont  d'ailleurs  unanimement 
appréciées  par  les  cultivateurs.  Henry  Sagmer. 


154  SOGIÉTH  NATIONALE  D'AGRICULTURE  DE  FRANGE. 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'AGRICULTURE 

Séance  dti  23  janvier  1883.  —  Présidence  de  M.  Chevreul. 

M.  Bailly,  statuaire,  fait  hommage  d'une  réduction  de  la  statue  d'Oli- 
vier de  Serres,  récemment  érigée  à  Aubenas,  et  dont  il  est  l'auteur. 

M.  Boreau,  chef  de  pratique  à  Grignon,  envoie  une  note  sur  la 
charruedite  de  l'avenir,  qu'il  expose  auconcours  du  Palais  de  l'Industrie. 

M.  Triana  fait  iiommage  d'une  note  sur  le  Quimiuina  cuprea,  et 
M.  Lescuyer  envoie  une  étude  qu'il  vient  de  publier  sur  la  forme  et  la 
coloration  des  oiseaux. 

M.  Barrai  fait  une  communication  sur  l'organisation  d'une  laiterie 
d'après  le  nouveau  système  danois,  à  la  ferme  exploitée  par  M.  Baquet, 
àVesly,  près  de  Gisors  (Eure).  Lelait  est  écrémé  avec  l'écrémeuse  cen- 
trifuge de  Laval  ;  la  crème  est  barattée  après  vingt-quatre  heures,  avec 
la  baratte  danoise  verticale,  à  palettes  ;  lebeurr3est  misa  égoutter  dans 
une  auge  en  bois,  oia  il  est  pétri  avec  des  spatules  en  bois  cannelées, 
pour  former  des  boules,  qui  sont  enfm  soumises  à  l'action  d'un 
malaxeur  rotatif,  qui  en  fait  sortir  tout  le  petit-lait.  Suppression  du 
lavage  du  beurre  à  l'eau  et  de  tout  pétrissage  à  la  main,  tels  sont  les 
points  saillants  de  cette  méthode  de  fabrication.  Le  lait  écrémé  est  mis 
en  présure  et  sert  à  faire  du  fromage  façon  Mont-d'Or  ;  quant  au  petit- 
lait,  il  est  donné  aux  porcs.  M.  Baquet  traite  chaque  jour  en  moyenne 
800  litres  de  lait  provenant  en  partie  de  sa  vacherie,  et  en  partie  des 
fermes  voisines.  Il  fabrique  du  beurre  qui  obtient,  à  la  vente  à  la  halle 
de  Paris,  un  prix  notablement  supérieur  à  celui  de  tous  les  beurres  du 
pays.  Avec  ce  système  de  fabrication,  la  laiterie  est  simple,  facile  à 
surveiller  et  à  nettoyer;  surtout  on  obtient  un  beurre  de  qualité  excel- 
lente, en  épuisant  complètement  le  lait  de  la  crème  qu'il  renferme.  La 
laiterie  de  Vesly  a  été  installée  par  M.  Pilter,  qui  a  importé  en  France 
les  ustensiles  de  la  laiterie  danoise.  L'écrémage  parla  force  centrifuge 
remplace  aujourd'hui,  en  Danemark,  l'écrémage  parle  système  Sch  >Yarz 
qui  y  avait  été  généralement  adopté. 

M  F.  Raoul-buval  demande  à  la  Société  de  revenir  sur  la  question 
de  Timpôt  sur  le  sucre,  soulevée;'  il  y  a  quelques  mois,  par  M.  Jac- 
quemart. Renvoi  à  la  Commission  spéciale. 

M.  Henry  Mares  présente  quelques  observations  sur  une  variété  du 
cépage  américain,  le  Rupcslris^  qu'il  cultive  depuis  quatre  ans.  Comme 
le  llupestris  sauvage,  cette  variété  se  montre  réfractaire  aux  attaques 
du  phylloxéra;  mais  elle  donne  des  raisins  plus  gros  et  plus  sucrés. 
M.  Mares  pense  qu'elle  pourrait  être  encope  améliorée  à  cet  égard, 
au  moyen  de  l  hybridation.  —  M,  Gaston  Bazille  fait  remarquer  que 
les  Rupestris  sauvages  sont  principalement  recherchés  au  point  de 
vue  de  la  greffe  des  vignes  françaises,  et  que  toutes  les  vari'étés  donnent 
pleine  satisfaction.  Henry  Sagnier. 

REVUE  CO^IMERCIALE  ET  PRIX  COURINT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(-27  JANVIER   U83). 
I.  — Situation  générale. 
Les  transactions  ont  été  calmes   durant  cette  semaine  sur  presque  tous  les 
marchés  agricoles;  les  ventes  sont  peu  actives  pour  la  plupart  des  denrées. 

II.  —  Les  (jrains  et  les  farines. 
Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal  métrique, 
sur  les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger  : 


KEVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  GOURANT    (27  JANVIER   1883).  155 


l'-  RÉGION.  —  NORD-OIIEST. 

Blé.  Seigle.  Orge. 

fr.  fr.  fr. 

Calvados.  Condé 2/1.00  19.00  18  50 

—  Caen 24.23  »  « 

Côt.-du-Nord.  Lannion..  22.75  »  16. 00 

—  Trcguier...  22.75  18. 7Î  15.25 
Fmistèr c.  Moriaix 25.00  »  l'i.OO 

—  L^uiJerneau..  !J5.25  16.00  i5.25 
■  tlle-el- Vilaine.  Rennes.  24.75  »  15.50 

—  Redon..  2'i.50  16.50  >> 
Manches.  Avranches...  26.25  »  19.00 

—  rontorson...     2(i.00  »  18.50 

—  Villedieu 20.75  18.25  18  75 

Mayenne.  Laval. 24.50  »  16.00 

—  Chàteau-Gontier.  25.00  16.25  17.25 
A/o -bi/ian.  Hennebont..   28.50  16.50  » 
Orne.  Mortagne 24.50  18.00  18.00 

—  Vimoutiers 24.25  »  20.50 

SaH/ie.  Le  Mans 25.50  15.75  t5.80 

—  Marners 25.75  »  17.50 

Prix  moyens 25.01  17.22  17.05 

2"    RÉGION.   —  i\OKl>. 

^isiie.  Soissons 23.60  15.75  » 

—  Saint-Quentin    ..   24.85  »  » 

—  Villeis-Gotterets.  23.00  14.50  » 
Eure.    Gisors 23.75  15.00  19.00 

—  Neubourg....... .  23.00  14  20  1950 

—  Damville 23  50  »  UI.OJ 

Eure-et-Loir.  Chartres..  24.00  15  00  16. 50 

—  Auneau 23  50  14.00  18.50 

—  Nogent-le-Rotrou.  25  80  "  16.45 
Nord.  Cambrai 26.25  15.50  18.50 

—  Douai 25. JO  16.00  19.25 

—  Valencicnnes....  26.50  i5.50  » 
Oise.  Beauvais 22.00  15.25  16.75 

—  Compiègne 24.00  la. 00  » 

—  Noyon 23.50  14.75  » 

Pas-de-Calais,  \rras.. .  25-50  15.25  19.25 

—  Doullens 25.75  14.50  18.20 

Seine.  Paris 25.25  15.75  19.50 

S.-et-Mar.  Meaux 24.00  »  » 

—  Damniailin 22.00  14.50  17.50 

—  Nenaours 24.00  15.80  17.25 

S.-c<-Otse.  Angerviile...  23.00  »  16.75 

—  Pontoise 24.00  )6.00  18.00 

—  Dourdan 24.00  15.00  » 

Seine-/n/"é)'ieiire. Rouen.  23.45  14.30  18.45 

—  Fécamp 22. 7o  14.75  » 

—  Yvetot 22.45  »  19.00 

Somme.  Amiens 25.00  14.50  18.00- 

—  Peronne 23.25  »  » 

—  Roye 23.75  14.85  17.75 

Prix  moyens 23.98  15.09  18.08 

3"  REGION.  —  NORI>.ESl'. 

^j'i/ennes.  Charleville..  24.25  16.25  19.50 

—  Sedan 23.50  15.75  18.00 

Aube.  Bar-sur-Aube 22.75  14.50  17.50 

—  Méry-sur-Seine.. .  23  50  15.00  17.25 

—  Nogent-s^r-Seine.  24.00  15.25  18.75 
Marne.  Ciiàlons 23.00  16  00  18.50 

—  Epernay 24.00  15.50  » 

—  Sainte-Menehould.  23.25  i5.75  17.50 
File-Marne.  Chaumont..  24.00  »  » 
Meurlhe-el-Mos.  Nancy.  23.50  17.00  17.00 

—  Lunéville 23.50  If. 2a  17  00 

—  Toul 23.75  16.00  16.00 

Meuse.  Bar-le-Duc 23.25  16.00  16  00 

—  Verdun 23.50  15.20  16.50 

//auie-SaÔ7ie.  Gray 22.25  15.25  » 

Vosges.  Ramliervillers. .  23.50  »  » 

—  Epinal 23.25  16.50  » 

—  Neufchàteau 2ï.oo  15.00  17.00 

Prix  moyens 23.43  15.69  17.42 

4"  RÉGION.  —  OUEST. 

C/ia/'enJe.  Angoulême. . .  26.50  18.50  19.75 

—  Ruffec 26.00  17.75  » 

C/iar.-/n/ér.  La  Rochelle  24.00  »  17.00 

Deuœ-Sewres.  Niort 24.50  »  17.25 

Indre-et-Loire.  "VonTS. ..  25.00  16.00  17.00 

—  Bléré .23.75  14.50  19.00 

Loire-M/".  Nantes 26.25  »  « 

M.-el-Loirc.  Sauinur...   25.75  15,50  17.00 

—  Angers 25.00  15.00  17.50 

Fenrfée.  Luçon 25.50  »  19.25 

—  Fontenay-L-Comte  24.50  »  i9.oo 
Ft'enne.  Poitiers 25.75  »  18.50 

—  Loudun 26.00  15.75  18.25 

//au(6-Fien>ie.. Limoges.  26.25  16.50  13.00 

Prix  mo.ens 25.34  16.19  18.29 


Avoine. 

fr. 

22.00 

1) 
17.00 
16.75 
14.75 
15.00 
16.25 
17.00 
21.00 
20.25 
20.00 

» 
17.80 
18.00 
Id.OO 
21.00 

17.00 
17.92 


17.50 

» 
16.25 
17.50 
17.50 
16.50 
17.00 
17.25 
17.93 
17.00 
18.00 
17.25 
18.50 
17.00 

» 
16.50 
16.00 
18.00 
18.00 
17.00 
17.00 
17.20 
16.25 
18.00 
19.75 
18.50 
16.50 
19.00 
16.00 
17.50 

17.27 


20.50 
17.50 
16.20 
18.00 
17.00 
17.50 
15.75 
15.75 
16.50 
15.25 
15.50 
17.25 
16.75 
15.00 
16.25 
16.50 
15.50 

10.63 


20 .  00 
18.00 
16.50 
18.00 
17.50 
13.50 
17.50 

17.75 
17.00 
17.25 
16.50 
17.00 
18.25 

17.52 


5"  REGION.  —  CEXTRE. 

Blé.  Seigle.  Orge.  AYoine. 

fr.  fr.  fr.  fr. 

Allier.  Montiuçon 24.50  15.00         »  16.50 

—  La  Palisse 24.75  15.25  19.50  18.25 

—  Saint-Pourçain.  ..  25.00  »  18. 00  17.50 
CViej'.  Bourges 24.25  15.00  18.50  18.20 

—  Graçay 2'i.50  14.50  19.25  16.25 

—  Vierzon 24.70  15.00  19.00  17.00 

Creuse.  Aubuison 26.50  16.25        »  17.00 

/ndre.  Chàteauroux 24.00  14.25  18.50  16.25 

—  Issoudun 24.25  14.00  18  25  16.50 

—  Vatan 2'i.50  17.25  19.10  » 

iotre<.  Montargis 23  00  14.50  17.50  18.50 

—  Gien 24   50  15.50  18.75  16.75 

—  Patay 23.25  15  00  17  25  17.00 

Z..-ei-C'/ic/'.  Blûis 24.25  14.50  20.00  19.00 

—  Montoire 25.00  14.50  18.50  18.00 

A'i'èt're.  Nevers 23.50  »             »  16. 50 

—  La  Charité 23.50  14.25  17.00  16.00 

J'owjie.  Brienon 24.00  1500  16.25  18.40 

—  Saint-Florentin...  23.50  15.00  17.25  17.00 

—  Sens 24.00  14.50  16.25  16.75 

Prix  moyens 24.27  14.96  13.17  17.22 

6'  RÉGION.  —  EST. 

^in.  Bourg 24.75  18.25         »  18.25 

—  Pont-de-Vaux 24.15  15.50         »  17.20 

Côie-d'Or.  Dijon 22.00  »             »  16.50 

—  Beaune 23.25  »  16.50  16.25 

Z>om6s.  Besançon 22.73  »             »  16.75 

/.sére.  Vienne 24.25  »  16.75  17.50 

—  Bourgoin 24.00  14.25  16.50  17.25 

Jura.  Dole 22.75  15.80  16.50  15.85 

Loire.  Charlieu 24.25  16.50  20.00  18.00 

P.-de-Dôme.  Cl.-Ferrand  25.00  16.00  14.75  17.80 

Rhône.  Lyon 24.50  15.00        »  15.25 

Saône-e«-ioire.  Chalon..   23.50  16.00  17. eo  17. 00 

—  Louhans 25.00  17.00  20.00  16.50 

Savoie.  Chambéry 26.00  16.06        »  » 

Hle-Satjoie.  Annecy 25.50  «            »  17.50 

Prix  moyens 24.11  16  06  17.25  17.29 

7°  REGIO.v.  —  SUB-OITEST. 

^ricge.  Foix 26  50  18.25         »  19.00 

■     —     Pamiers 25  00  16.50         »  18.75 

ZJordogne.  Bergerac 27  00  16.75  18.20  19.00 

//<e-Garonne.  Toulouse.  27.25  17.00  19.25  19.50 

—  St-Gaudens 25.75  18.00  19.00.    19.00 

Gers.  Condom 26.00  »            »  20.25 

—  Eauze 26.00  »             »  19.50 

—  Mirande 25.75  »            »  21.00 

Gironde.  Bordeaux 27.00  »  18.50  19.08 

—  Bazas 25  80  »            »  20.50 

Landes.  Dax 27.25  18.50         »  » 

Lot-ei-Garonna.Agen...  26.50  19.00  18.75  18.50 

—  Nérac 26.00  18.50         »  18.25 

B.-Pyrénées.  Bayonne..   27.00  18  25  18.50  18-70 

//fes -Pî/renees.  Tarbes..   27.50  18.00         »  19  00 

Prix  moyens 26.42  17.38  18,70  19.28 

8"  RÉGION.  —  sut». 

ylude.  Caroassonne 27.75  17.00  20.50  21  50 

Aveyron.  Woànz 26.00  19.75         »  20.25 

Canto(.  Mauriac 23.65  23.60        »  21   50 

Corrèôe-  Luberzac 26.50  17.80  18.00  18.25 

//éraiU<.  Cette 27.50  »            »  19.00 

—  Montpellier 26.75  »           »  » 

Z,o«.  Cahors 26.50  17.00  17.50  18.00 

Lozère.  Mende 27.00  17.25  17.75^17.80 

P//rénees-Or. Perpignan.  27.00  17.80  18.40  27.75 

Tarn.  k\h\ 27.00  »             »  20.50 

—  Castres 27.00  17.00        »  19.00 

7arn-e<-Grtr.  MontauDan  26.00  18.00  19.50  20.00 

Prix  moyens 26.72  13.47  18.61  20.32 

9'  RÉGION.   —  SITO-EST. 

Basses-Alpes.  Manosqua  28.00  »            »  22.00 

//auies-/Upes.  Briançon.  27.50  17.25        »  18.25 

.4fpes-Mori?imes. Cannes  27.00  17.50  18.25  18.00 

.4rdéc/ie.  Privas 25.45  19.90  17.35  20.20 

B.-du-Rhône.  Arles 26.25  »  17.50  18.00 

Drôwe.  Romans 24.50  16.75         »  18.25 

Gord. Nîmes 27.50  »  17.25  18.00 

//au/e-Loirc.  Brioude..  .  24.50  18.25  19.65  17.00 

T7tr.  Draguignan 27.25  »             »  17.50 

Fauciuse.  .\vignon 27.00  »  17.25  18.25 

Prixmoyens 26.49  17.93  17.87  18.54 

Moy.  de  toute  la  France  25.08  16.61  IT.fti  17.99 

—  de  la  semaine  précéd.  25.26  16.53  17.95  18.03 

Sur  la  semaineillausse.       »  0.08        »  » 

précédente.,  i  Baisse..     0.18  »          0.01  0.04 


U6  HEVUE,  GOMMEHGIALE  ET   PRIX  COURANT 

Blé.  Seigle.  Orge.  Avoine, 

fr.  fr.  fr.  fr. 

,,    .  .  ,,      {.h\é  tendre...  27.80  »  ..  »           • 

Algérie.  ^Igerj  j^, ,  j^^. 26.2r>  »  17.2:->  16.50 

Angleterre.  Londres 2.^.S.3  >•  19.25  20.00 

Belgique.  Anver.s 24.75  17.75  17.75  » 

—  Bruxelles 23.r)0  16.25 

—  Liège 22.75  17.00  20.50  17. .50 

—  Nannir 23.00  15.50  20.00  15.00 

Pays-Bas.  Amsterdam 23.it0  17.20 

LuxcmlxiurQ.  Luxenil)ourg 24.50  18  00  »  17.00 

Alsace-Lurrainc.  Strasbourg 25  .^O  18  25  17.75  17.75 

—  Coimar 25.50  18.00  18.25  18.00 

—  Mulliouso 23  50  18.75  17.75  18.75 

Allemagne.  Berlin 22.60  17.10 

—  Cologne 23.75  18.75 

—  Hambourg 22.35  16.35  » 

Suisse.                     Genève 26  75  »  »  20.00 

Italie.                         Turin 25.20  18.00  »  18.25 

Espagne.                  Valladoiid 25.50  »  »  » 

Aulriclie.                  Vienne ...  20.50  15.00  16.25  13.50 

Hongrie.                    Budapesth 20.25  14.25  17.00  13.25 

Russie.  Saint-Péter.sbourg..  20.50  15. UO  »  12.00 

Etats-Unis.  New-York 22.45 

Blés.  —  L'amélioration  dans  les  conditions  météorologiques  que  nous  signalions 
la  semaine  dernière  s'est  maintenue.  Les  cultivateurs  profitent  du  temps  sec  et 
froid  qui  règne  depuis  plus  d'une  semaine  pour  etïectuer  les  transpoits  de  fumier 
et  les  labours  qui  avaient  été  retardés  par  le  mauvais  temps.  C'est  avec  une  grande 
activité  que  ces  travaux  sont  exécutés,  et  si  les  circonstances  favorables  se  main- 
tiennent, les  retards  éprouvés  par  les  travaux  agricoles  seront  réparés  en  quelques 
semaines.  Par  contre,  les  marchés  agricoles  sont  peu  fréquentés,  et  presque  par- 
tout les  transactions  sont  calmes  sur  les  céréales.  —  A  la  halle  de  Paris,  le 
mercredi  2k  janvier,  les  affaires  ont  été  peu  importantes;  pour  toutes  les  sortes 
de  blés,  les  ventes  ont  été  peu  actives,  et  les  prix  sont  sans  changements.  On 
cotait   de  24  fr.  à  26  fr.    50  par  100  kilog.    suivant  les  sortes,    ou   en  moyenne 

25  Ir.  25.  —  Au  marché  des  blés  à  livrer,  on  cote  :  courant   du  mois,  26  fr.  à 

26  fr.  25;  janvier-février,  26  fr.  à  26  fr.  25;  mars-avril,  26  fr.  25  à  26  fr.  50  ; 
quatre  mois  de  mars,  26  fr.  50  à  26  fr.  75;  quatre  mois  de  mai,  2-1  fr.  75  à  27  (r. 
—  Ail  Havre .1  les  ventes  sont  toujours  aussi  calmes  pour  les  blés  d'Amérique; 
les  prix  se  maintiennent  sans  changements.  On  cote  de  25  fr.  60  à  26fr.  75  par 
100  kilog.  .suivant  les  qualités.  —  A  Marseille,  les  arri\ages-en  blé  ont  été 
de  225, COÛ  hectolitres  environ  durant  la  semaine;  les  ventes  sont  plus  actives, 
et  les  prix  se  maintiennent.  On  cote  par  UO  kilog.  :  Berdianska,  26  fr.  75; 
Marianopoli,  26  fr.  50  ;  Irka,  26  fr.  50  ;  Pologne,  24  fr.  25  à  26  fr.  25;  Bessara- 
bie, 24  fr.  25  à  24  fr.  50  ;  Danube,  21  à  22  fr.  Le  stock  est  actuellement,  dans 
les  docks,  de  102,000  quintaux.  —  A  Londres^  les  arrivages  de  blés  ont  été  de 
65,000  quintaux  depuis  huit  jours;  les  prix  accusent  de  la  hausse.  Au  dernier 
marché,  on  payait  de  24  fr.  65  à  27  fr.  par  100  kilog.  suivant  les  qualités  et  les 
provenances. 

Farines.  —  Les  ventes  sont  restreintes,  et  les  prix  sont  faibles  pour  les  farines 
de  consommation.  Celles-ci  étaient  payées  le  mercredi  24  janvier,  à  la  halle  de 
Paris  :  marque  de  Corbeil,  61  fr,;  marques  de  choix,  61  à  63  fr.;  premières  mar- 
ques, 59  à  60  IV.;  bonnes  marques,  58  à  59  fr.;  sortes  ordinaires,  56  à  57  fr.;  le 
tout  par  sac  de  159  kilog.,  toile  à  rendre,  ou  157  kilog.  net,  ce  qui  correspond 
aux  prix  extrêmes  de  35  fr.  65  à  40  fr.  10  par  100  kilog.,  ou  en  moyenne 
37  fr.  85  ;  c'est  une  baisse  de  95  centimes  sur  le  prix  moyen  du  mercredi  pré- 
cédent. ■ —  En  ce  qui  concerne  les  farines  de  spéculation,  on  cotait  à  Paris,  le 
mercredi  24  [janvier  au  soir  :  farines  neuf-niarques^  courant  du  mois,  57  fr,  à 
57  fr.  25;  février,  57  fr.  25;  mars  et  avril,  57  fr.  25  à  57  fr.  50;  quatre  mois  de 
mars,  57  fr.  75;  'qnatre  mois  de  mai,  58  fr,  50  à  58  fr,  75;  le  tout  par  sac  de 
159  kilog.  toile  perdue  ou  157  kilog.  net.  —  Pour  les  farines  deuxièmes,  on  cote 
de  26  à  33  fr.   par  100  kilog.  comme  précédemment,  et  pour  les    gruaux,    de 

27  à  33  fr. 

Seigles.  —  Les  ventes  sont  restreintes,  et  les  prix  sont  faibles.  On  cote  à  la 
halle  de  Paris,  15  fr,  50  à  16  fr.  par  100  kilog.  Les  farines  de  seigle  sont  vendues 
de  24  à  26  fr. 

Orges.  —  Les  demandes  sont  plus  actives,  et  les  prix  sont  en  hausse  à  la  halle 
de  Paris.  On  paye  à  la^halle  de  Paris,  17  fr.  5    à  20  fr.  75  par  100  kilog.  suivant 


DES  DENRÉES    AGRICOLES    (27    JANVIER    1883).  157 

les  qualités.  Les  escourgeons  valent  de  17  l'r.  75  à  18  fr.  25.  —  A  Londres,  les 
importations  ont  été  de  14,000  quintaux  seulement  depuis  huit  jours;  les  prix 
sont  faib]es,de  17  fr.  80  à  20  fr.  50  par  100  kiiog. 

iMalt.  —  Les  prix  varient  peu.  On  paye  les  malts  d'orge  de  27  à  32  fr.  par 
100  kilog.;  ceux  d'escourgeon,  de  27  à  30  fr. 

Avoines.  —  H  y  a  peu  d'aifaires  sans  variations  dans  les  cours.  On  cote  à  la 
halle  de  Paris,  de  17  fr.  à  19fr  par  100  kilog.  —  A  Londres,  les  arrivages  d'avoines 
ontétéde  43,000  quintaux  depuis  huit  jours;  on  paye  de  18  fr.  50  à  21  fr.  70  par 
quintal  métrique. 

Sarrosin.  —  Peu  de  ventes.  Les  sarrasins  de  Bretagne  valent,  à  la  halle  de 
Paris,  de  15fr.  75  à  16fr.  par  100  kilog. 

Issues.  —  11  y  a  plus  de  fermeté  dans  les  prix  On  paye  à  la  halle  de  Paris 
par  100  kilog.  :  sou  trois  cases,  13  fr.  75  à  14 fr.;  gros  son,  13  fr.  25  à  13  fr.  50; 
son  fin,  12  fr.  à  12  fr.  50  ;  recoupettes,  12  fr.  50  à  13  fr.  ;  reraoulages  bis,  15  fr.  à 
16  fr.  ;  blancs,  17  à  18  fr. 

III.  — Fourrages,  graines  fourragères _  légumes  secs. 

Fourrages.  —  Les  offres  sont  toujours  assez  abondantes,  mais  les  prix  sont 
lermes  sur  la  plupart  des  marchés. 

Graines  fourragères.  —  Vente  active,  avec  fermeté  dans  les  cours.  On  cote  par 
100  kilog.  :  trèfle  violet,  150  à  200  fr.;  trèfle  blanc,  180  à  250  fr.  ;  trèfle  hybride, 
190  à  250  fr.  ;  luzerne  de  Provence,  155  à  175  fr.  ;  du  Poitou,  12ô  à  135  fr.  ; 
d'Italie,  140  à  150  fr.  ;  minette,  60  à  75  fr.  ;  ray-grass,  60  à  70  fr.  ;  vesces,  25  à 

27  fr.;  sainfoin  simple,  32  à  34  fr.  ;  sainfoin  double,  35  à  36  fr. 

Légumes  secs.  On  cote  à  Ghalon  par  100  kilog.  :  haricots  rouges,  27  ïr.  ;  blancs, 

28  fr.  ;  jaunes,  30  fr.  ;  fèves,  19  fr. 

IV.  —  Fruits  et  légumes  frais 
Fruits.  —  Dernier  cours  de  k  halle  :  poires,  le  cent,  10  fr.  à  100  fr.,  le  kilog., 
0  fr.   20   à   0   fr.   45;   pommes,  le  cent,    10  fr.  à  100  fr.  ;  le   kilog.,   0    fr.  25  à 

0  fr.  50;  raisins  communs,  le  kilog.,  2  fr.  40  à  10  fr. 

Gros  légumes.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  betteraves,  la  manne,  0  fr.  30  à 

1  fr.  30;  carottes  communes, les  100  bottes,  22à  35fr.;  d'hiver, l'hectolitre,  3  fr.  50à 
5fr.;  de  chevaux,  les  100  bottes,  13  à  20  fr.;  choux  communs,  le  cent,  3  à  15  fr.; 
navets  communs,  les  100  bottes,  25  à  35  fr.;  de  Freneuse,  25  à40  fr.  l'hectolitre, 
3  fr.  à  4  fr.  ;  oignons  en  grain,  l'hectolitre,  9  à  13  fr.;  panais  communs,  les 
100  bottes,  10  à  1^  fr.;  poireaux  communs,  les  100  bottes,    25  à  65  fr. 

Pommes  de  terre.  —  Hollande  communes,  l'hectolitre,  10  à  11  fr.;  le  quintal 
14  fr.  28  à  15  fr.  71  ;  jaunes  communes,  l'hectolitre,  8  à  9  fr.  ;  le  quintal, 
11  fr.  42  à  12  fr.  85. 

Menus  légumes.  —  On  cote  à  la  halle  de  Paris  :  ail,  le  paquet  de  25  bottes, 
3  fr.  à  4  fr.;  appétits,  la  botte,  0  fr.  10  à  0  fr.  20;  barbe  de  capucin,  la  botte, 
0  fr.  10  à  0  fr.  25;  cardon,  la  botte,  2  fr.  à  5  fr.  ;  céleri,  la  botte,  0  fr.  35  à 
0  fr.  60;  rave,  la  pièce,  0  fr.  15  à  0  fr.  20  ;  cerfeuil,  la  botte,  0  fr.  30  à  0  fr.  40; 
champignons,  le  kilog.,  0  fr,  90  à  1  fr  60  ;  chicorée  frisée,  le  cent,  6  à  15  fr.; 
choux-fleurs  de  Bretagne,  le  cent,  20  à  45  fr.;  choux  de  Bruxelles,  le  litre,  0  fr.  25 
à  0  fr.  40;  ciboules,  la  botte,  0  fr.  10  à  0  fr.  20;  cresson,  la  botte  de  12 
bottes,  0  fr  65  à  1  fr.  40;  échalottes,  la  botte,  0  fr.  30  à  0  fr.  ;15;  épinards, 
le  paquet,  0  fr.  45  à  0  fr,  60;  escarolle,  le  cent,  8  à  17  fr.;  laitue,  le  cent, 
6  à  14  fr.;  mâches,  le  kilog.,  0  fr.  15  à  0  fr.  30;  oseille,  le  paquet,  0  fr.  60  à 0  fr.  80; 
persil,  la  botte,  0  fr.  30à  0  f r  ki^  pissenlits,  le  kilog.,  0  fr.  v5  à  0  fr.60;  potirons, 
la  pièce,  0  fr.  75  à  5  fr.  ;  pourpier,  la  botte,  0  fr.  15  à  0  fr.  25  ;  radis  roses,  labotte, 
0  fr.  40  à  0  fr.  60;  noirs,  le  cent,  5  à  18  fr.;  romaine,  la  botte  de  4  têtes,  1  fr.40 
à  2  fr.  ;  salsifis,  la  botte,  0  fr.  50  à  0  fr.  60  ;  thym,  la  botte,  0  fr.  10  à  0  fr.  15. 
V.   —  Vins,  spiritueux,  vinaigres,  cidres. 

Vins.  —  Dans  la  plupart  des  régions  viticoles,  nous  devons  signaler  cette 
semaine  une  assez  grande  reprise  dans  les  affaires.  Elle  n'est  pas  due  à  ce  que 
les  vignerons  aient  enfin  consenti  aux  demandes  de  baisse  faites  au  nom  du  com- 
merce, mais  bien  à  ce  que  les  demandes  ont  été  plus  actives  et  à  ce  que  le  com- 
merce a  besoin  de  faire  ses  approvisionnements.  C'est  donc  un  bon  courant  d'af- 
faires avec  des  prix  termes  que  nous  devons  enregistrer,  principalement  en  ce  qui 
concerne  le  Midi,  le  Bordelais  et  le  Centre.  A  Narbonne,  les  vins  nouveaux  valent 
33  à  36  fr.  par  hectolitre  ;  les  Aramons,  25  à  28  fr.  A  Orléans,  les  vins  rouges  de 
pays  valent  95  à  115  fr.  le  poinçon;  les  vins  blancs  de  Sologne,  70  à  75  fr.;  ceux 


158  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT 

du  Poitou,  55  à  60  fr.  Entre  temps,  les  travaux  du  vignoble  se  poursuivent  avec 
activité  depuis  le  retour  du  beau  temps;  transport  du  fumier,  labours,  taille,  toutes 
ces  opérations  se  font  partout  avec  une  véritable  ardeur.  Dans  la  plupart  des 
départements,  sauf  dans  les  centres  atteints  par  le  phylloxéra,  lo  bois  est  géné- 
ralement bien  aoùté,  et  la  vigne  se  présente  dans  de  bonnes  conditions. 

Spiritueux.  —  La  situation  des  marchés  est  toujours  la  même;  les  affaires  sont 
calmes  au  Midi  comme  au  Nord,  et  les  prix  accusent  peu  de  variations.  Dans  le 
Languedoc,  on  paie  par  hectolitre  :  Montpellier,  3/6  bon  goût,  103  fr.;  marc,  90  fr.; 
Béziers,  3/6  bon  goût,  103  fr.;  marc,  95  fr.;  Celle,  3/6  bon  goût,  100  à  105  fr.;  — 
A  Cognac,  les  eaux-de-vie  sont  cotées  par  hectolitre,  suivant  les  sortes  pour  celles 
des  années  1877  et  1878  :  bons  bois  ordinaires,  215  à  225  fr  ;  très  bons  bois, 
220  à  2^0  fr.;  fins  bois,  235  à  245  fr,.;  petite  Champagne,  245  à  260  fr.;  grande 
Champagne,  265  à  285  fr.  —  A  Lille,  l'alcool  de  betteraves  est  payé  avec  un  peu 
de  hausse,  48  fr.  50  par  hectolitre.  —  A  Paris,  les  transactions  sont  calmes.  On 
paye  :  3/6  betteraves,  l'"^  qualité,  90  degrés,  disponible,  50  fr.  75  ;  février,  51  fr.; 
mars  et  avril,  51  fr.  75;  quatre  mois  de  mai,  53  fr.  Le  stock  est  actuellement  de 
18,075  pipes,  contre  13,175  pipes  en  1882. 

Raisins  secs.  — Les  ventes  sont  peu  actives.  On  paye  à  Marseille  par  100  kilog.  : 
Corinthe,  50  à  51  fr.;  Thyra,  39  à  40  fr.;  Beyrouth,  32  à  35  fr.;  TripoH,  29  à 
30  fr.;  Chypre,  43  à  50  fr.;  Samos,  43  à  41  fr,;  Candie,  40  à  41  fr.;  Alexandrette, 
37  à  38  fr.;  Messina,  32  à  33  fr. 

Verdeta.  —  Les  verdets  marchands  en  boules  ou  en  pains  valent  130  à  140  fr. 
par  100  kilog. 

VI.  —  Sucres.  —  Mélasses.  —  Fécules.  —  Glucoses.  —  Houblons. 

Sucres.  —  Les  offres  sont  abondantes,  mais  les  affaires  sont  calmes,  et  pour 
toutes  les  sortes.  Les  prix  sont  en  baisse.  On  paye  à  Paris  par  100  kilog.  :  sucres 
bruts,  88  degrés  saccharimétriques,  51  fr.;  les  99  degrés,  58  fri;  sucres  blancs, 
58  fr.  50;  — à  Lille,  sucres  bruts,  51  fr.  ;  sucres  blancs,  58  fr.;  à  Péronne, 
sucres  bruts,  51  fr. ;  sucres  blancs,  58  fr.  25;  à  Valenciennes,  sucres  bruts, 
50  fr.  76  à  51  fr.;  sucres  blancs,  58  à  58  fr.  50.  Le  stock  de  l'entrepôt  réel  des 
sucres  était,  au  24  janvier,  à  Paris,  de  822,000  sacs  pour  les  sucres  indigènes, 
avec  une  augmentation  de  34,000  sacs  depuis  huit  jours.  —  En  ce  qui  concerne 
les  sucres  raffinés,  les  prix  sont  également  en  baisse,  aux  cours  de  105  à  107  fr. 
par  100  kilog.  à  la  consommation,  et  de  64  fr.  25  à  66  fr.  50  pour  l'exportation. 

Mélasses.  —  On  paye  comme  précédemment  à  Paris  12  à  12  fr.  25  par  100  kilog. 
pour  les  mélasses  de  fabrique,  14  fr.  pour  celles  de  raffinerie.. 

Fécules.  —  Les  ventes  sont  calmes.  On  paye  à  Paris  :  39  à  40  fr.  par  100  kilog. 
pour  les  fécules  premières  du  rayon;  à  Compiègne,  38  fr.  pour  celles  de  l'Oise. 
Les  fécules  vertes  valent  25  fr.  par  quintal  métrique. 

Amidons.  —  On  cote  par  100  kilog.  :  amidon  de  pur  froment,  66  à  68  fr.  ;  de 
province,  64  à  66  fr.  ;  de  maïs,  54  à  56  fr. 

Houblons.  —  La  situation  ne  varie  pas.  Les  affaires  sont  très  calmes,  mais  les 
prix  continuent  à  se  soutenir  avec  une  grande  fermeté.  On  paye  sur  les  marchés 
du  Nord,  760  à  770  fr.  par  100  kilog.;  en  Alsace,  jusqu'à  1000  fr.  pour  les  belles 
qualités.  En  Allemagne,  les  cours  ne  s'é'èvent  pas  au-dessus  de  900  fr. 

VII.  —  Huiles  et  graines  oléagineuses,  tourteaux. 

Huiles.  —  Les  ventes  sont  calmes,  et  les  prix  sont  faibles  pour  les  diverses 
sortes  d'huiles  de  graines-  On  paye  à  Paris  par  100  kilog.  :  huiles  de  colza  brute, 
85  à  85  fr.  25  ;  épurée,  90  à  93  fr.  ;  huile  de  lin,  58  fr.  50.  —  Sur  les  marchés  des 
départements,  on  paye  les  huiles  de  colza  :  Rouen,  86  fr.  50;  Caen,  82  fr.  ; 
Arras,  77  fr.;  et  pour  les  autres  sortes  :  lin,  61  fr.  50;  cameline,  76  fr.  ;  œillette, 
110  fr.  — Dans  le  Midi,  la  fabrication  des  huiles  d'olive  se  poursuit  avec  beau- 
coup d'activité  ;  les  affaires  sont  calmes,  et  les  prix  présentent  peu  de  variations 
sur  les  taux  que  nous  avons  indiqués. 

Graines  oléagineuses.  —  Les  prix  se  maintiennent  avec  peu  d'affaires.  On  paye 
par  hectolitre  à  Arras  :  œillette,  26  à  28  fr.  50;  colza,  22  à  23  fr.  50  ;  lin,  18  fr.; 
cameline,  15  à  18  fr. 

Tourteaux.  —  Il  y  a  beaucoup  de  fermeté  dans  les  prix.  On  cote  dans  le  Nord, 
paye  par  100  kilog.  :  tourteaux  d'œillette,  17  à  17  fr.  50  ;  de  colza,  18  fr.  ;  de  lin, 
23  fr.  ;  de  cameline,  18  fr.;  à  Marseille,  tourteaux  de  lin,  16  fr.  75;  de  sésame, 
15  fr.  ;  d'arachides  en  coques,  10  fr.  50;  décortiquées,  14  fr.  ;  de  coprats, 
13  fr.  50;  de  colza,  14  fr.  ;  d'œillette,  12  fr.  55;  de  coton,  12  fr.  75  ;  de  palmiste 
naturel,  11  fr.  25;  de  ravison,  12  fr.  75;  de  ricin,  11  fr.  25. 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (27    JANVIER    1883).  159 

Engrais.  —  La  nitrate  de  soude  sepaye  31  fr.  par  100  kilog.  àDunkerque. 

VllL  —  Matières  résineuses,  colorantes,  tannantes. 
Matières  résineuses.  —  Les  prix  sont  plus  fermes.   On  paye  à  Dax,  86  tr.  par 

100  kilog.  pour  l'essence  pure  de  térébenthine.  —  A  Bazas,  les  gemmes  valent 
50  fr.  la  barrique. 

Gaudes.  —  Les  prix  se  maintiennent  à  20  fr.  par  100  kilog.  dans  le  Languedoc. 

IX.  —  Textiles. 
Lins.  —  Dans  le  Pas-de-Calais,  les  lins  de  pays  valent  80  à  95  fr.  par  100  ki- 
log., suivant  les  sortes. 

Chanvres.  —  Les  ventes  sont  assez  actives  sur  les  marchés  de  l'Ouest;  les  prix 
se  maintiennent.  On  paye  au  Mans,  76  à  80  fr.  par  IGO  kilog.  pour  les  premières 
qualités;  70  à  76  fr.  pour  les  sortes  ordinaires  ;  60  à  70  fr.  pour  les  chanvres  gris. 

X.  —  Suifs  et  corps  gras. 
Suifs.   —  Les   cours   se   maintiennent  sans  changements.    On  cote  à  Paris, 

101  Ir.  par  100  kilog.  pour  les  suifs  purs  de  l'abat  de  la  boucherie. 

Saindoux.  —  Prix  lermes.  On  paye  au  Havre,  138  à  139  fr.  par  100  kilog. 
pour  les  saindoux  d'Amérique. 

XI.  —  Beurres.  —  Œufs.  —  Fromages. 

Beurres.  —  Il  a  été  vendu,  pendant  la  semaine,  à  la  halle  de  Paris,  186,328  kilog. 
de  beurres.  Au  dernier  marclié,  on  payait  par  kilog.  :  en  demi-kilog. ,  2  fr.  40  à 
3  fr.  84;  petits  beurres,  1  fr,  64  à  3  fr.  10;  Gournay,  2  fr,  26  à  4  fr.  86;Isigny, 
2  fr.  80  à  7  fr.  60. 

Œufs.  —  On  a  vendu,  depuis  huit  jours,  à  la  halle  de  Paris  3,761,010  œufs. 
Au  dernier  marché,  on  payait  par  mille  :  choix,  106  fr.  à  12  )  fr.;  ordinaires,  68  à 
82  fr.;  petits,  55  à  60  fr. 

Fromages.  —  Derniers  cours  de  la  halle  de  Paris  :  par  douzaine.  Brie,  7  à  33  fr,; 
Montlhéry,  15  fr.;  —  par  cent,  Livarot,  45  à  103  fr.;  Mont-Dor,  18  fr.  à  30  fr.; 
Neufchâtel,  6  fr,  à  30  fr.;  divers,  6  à  78  fr.;  —  par  100  kilog. j  Gruyère,  120 
à  170  fr, 

XII.  —  Chevaux,  bétail,  viande. 

Chevaux. —  Aux  marchés  des  17  et  20  janvier,  à  Paris,  on  comptait  911  che- 
vaux; sur  ce  nombre,  344  ont  été  vendus  comme  il  suit  : 


Chevaux  de  cabriolet 

Amenés. 
199 

Vendus. 

46 

64 

106 

42 
86 

Prix  extrêmes. 
290  à      920  fr 

—         de  trait 

. .  . .          289 

220  à  1,150 

—  hors  d'âge 

—  à  l'enchère 

2% 
42 

20  à      800 
30  à      480 

—         de  boucherie . . , . 

86 

20  à       11.5 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  officiel  du  marché  aux 
bestiaux  de  la  Yillette,  du  jeudi  18  au  mardi  23  janvier  : 

Poids      Prix  du  kilog.  de  viande  nelte  sur 
Vendus  moyen         pied  au  marché  du  2'.>  janvier. 

Pour  Pour  En  •       4  quartiers.  1"  2'             3"  Prix 

Amenés.  Paris,  l'extérieur,  lotalitét  kil.  quai.  quai.  quai.  moyen. 

Bœufs. 0,581  3,419  1,834  5,253  346  1.72  1.56  1.34  1.53 

Vaches 1,844  902  722  1,624  229  1.58  1.36  .1.20  1.36 

Taurcau.x 218  146  34  180  382  1.46  1,32  1.24  1.34 

Veaux 2,819  I,9.>o  774  2,729  72  2  50  2.34  2.10  2.25 

Moutons 33,466  27  256  5,478  32,734  20  2.26  2  10  1.90  2-03 

Porcs  gras ... .         7,574  2,638  4,552  7,190  SI  1.32  1.26  1.20  1,21 

—    maigres,             „  «  »  »  >>  »  >>               »  » 

Pour  toutes  les  catégories  d'animaux,  la  vente  a  été  bonne.  Les  prix  sont  en 
hausse,  principalement  en  ce  qui  concerne  les  veaux  et  les  moutons.  —  Dans  les 
départements,  les  foires  sont  actuellement  nombreuses,  et  elles  sont  généralement 
bonnes.  On  cote  :  Amiens,  vaches,  1  fr.  70  par  kilog.  de  viande  nette  sur  pied; 
veaux,  1  fr.  80  à  2  fr.  20;  porc,  1  fr.  25  à  ]  fr.  35;  —  Bouen,  bœuf,  1  fr.  65  à 
1  fr.  85;  vaches,  1  fr.  50  à  1  fr.  80;  veaux,  2  fr.  05  à  2  fr.  40;  moutons,  2  fr.  10 
à  2  fr.  40;  porcs,  1  fr.  05  à  1  fr.  35;  —  Epinal,  bœuf,  1  fr.  80;  vaches,  1  fr.  50; 
veau,  1  fr.  70  :  moutons,  2  fi*.;  porc,  1  fr.  80;  —  Nancy,  bœufs  morts,  90  à  95  fr. 
les  100  kilog.;  vaches,  70  à  89  fr.;  moutons,  95  à  110  fr.;  veaux  vivants,  60  à 
74  fr.;  porcs,  74  à  77  fr.;  cochons  de  lait,  18  à  25  !'r.  la  paire; —  Le  Dorât,  bœufs 
gras,  1  fr.  60  ;  vaches,  1  fr.  35  ;  veaux,  1  fr.  70;  moutons,  1  fr.  80;  porcs,  1  Cr.  10; 

—  Bussière poitevine,  bœufs,  1  fr.  48  à  1  fr.  50;  vaches,  1  fr.  30,  veaux  de  lait, 
I  fr.   70  à  1  fr.    80;  cochons,  1  fr.  10;  bœufs  de  travail,  800  à  1000  fr.  la  paire; 

—  Lhmrds,  bœufs,  1  fr.  45  à  1  fr.  60;  veaux  de  lait  1  fr.  70  à  1  fr.  80;  cochons 


160  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  GOURANT  (27  JANVIER  1883). 

o-ras  0  fr.  80  à  0  fr.  90;  —  Douryoin,  bœuf,  64  à  T^i  tV.  les  100  kilo^.;  vaches, 
56  à' 66  fr.;  moutons,  85  à  95  fr.;  porcs,  95  à  100  fr.;  veau,  95  à  100  fr.;  — 
Genève,  bœuf  1  fr.  50  à  1  fr.  70;  veau  (poids  vif>,  1  fr.  à  1  fr.  16. 

A  Londres,  les  importations  d'animaux  étrangers  durant  la  semaine  dernière 
se  sont  composées  de  14,812  têtes,  dont  3  bœufs,  105  veaux,  566  moutons  et 
41  porcs  venant  d'Amsterdam;  2,0:39  moutons  d'Anvers;  200  bœufs  de  Boulogne  5 
6.022  moutons  de  Brème  ;  50  moutons  de  Dunkerque  ;  t5  veaux  de  Gothembourg; 
782  moutons  d'Hambourg;  109  bœufs,  10  veaux  et  140  moulons  d'Harlingen; 
21  bœuls  du  Havre;  ;^31  bœufs  et  291  moutons  de  New- York  ;  90  moutons 
d'Ostende;  88  bœufs,  248  veaux  et  3,454  moutons  de  Rotterdam. 

Viande  à  la  criée.  —  On  a  vendu  à  la  halle  de  Paris,  du  16  au  22  janvier  : 

Prix  du  kilog.  le  22  janvier.    

kilog.            1"  quai.                i*  quai.              3°  quai.  Choix.       Basse  Boucherie. 

Ua-uf  on  vache...   1>S5, 449     1.58  à  2.00     1.36  à  1. 50    0.88  à  1.34  1.66  à  3.10    0.10  à  0.82 

Veau      107,043     2.03      2.40     1.76      2.04     1-40       1.70  2.36       2.76       » 

Mouton '.     57,075     1.66      2.08     1.44      1.64     1.02      1.42  1.70      3.00      » 

Porc 91,450                     Porc  frais 1.16àl.34;  salé,     1.24 

491,017        Soit  par  jour 70,145  kilog. 

Les  ventes  ont   été  sensiblement  plus  élevées  que  la  semaine  précédente.  Les 
prix  sont  en  hausse  pour  toutes  les  sortes  de  viandes . 

XIII.—  Cours  de  la  viande  à  Vaballoir  de  la  Villeite  du  25  janvier  (par  50  kilog.) 
Cours  de  la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  Villette  par  50  kilog.  :  V  qualité, 
67  à  70  fr.  ;  2%  60  à  65  fr.  ;  poids  vifs,  45  à  52  fr. 

Bœufâ.  Veaux.  Moutons. 

ir.  2^  3-  1"  2'  3'  1-  r  3- 

aual.  quai.  quai.  q  al.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai. 

fr.  fr.  ;fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr. 

80  73  67  125  110  100  100  94  88 

XIV,  —  March     aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi  26  janvier  1883. 

Cours  des  commissionnaires 
Poids  Cours  ofliciels^ en  bestiaux. 

Animaux                             gênerai.     1"  2"  3'  Prix  1"  V  3'  Prix 

amenés       Invendus.         kil.        quai.  quai.  quai,  extrêmes.  quai.  quai.  quai.  extrêmes. 

Bœufs        .    .     2  Q05               243                  365         t. 70  1.55  1.3'»  l.28àl.76  1.68  i.52  1.32  1.26àl.74 

Vaches*!    ..          702                  82                 238         1.58  1.34  1   20  1.16      1.62  1-56  1.32  1.18  1.14     1  60 

Taureaux...            85                    7                  378         l   48  1.32  1.25  1.20     1   52  1.46  1.30  1.22  1.18     1.50 

Veaux 1.144                239                    79         2.46  2.30  2.06  1.76     2.66  »  »  »  » 

Moutons....   22  4t7            1.672                    19         2-22  2.08  1.88  1.76     2  26  »  ,  »  » 

Porcs  gras..     4  572          '     343                    82         1.32  1.26  1.20  1.16     1.36  »  »  »  » 

—  maigres..         »                »                   "         «  •           ,>  »       »  »  »  »  » 
Vente  assez  active  sur  toutes  les  espèces. 

.W.  —  Résumé. 

Il  y  a  eu  peu  de  baisse  sur  quelques  produits;  mais  ce  qui  caractérise  la  situa- 
tion, c'e  st  la  grande  fermeté  dans  les  cours  des  produits  animaux.  A.  Rem  y. 


BULLETIN  FLNANGIEa 

Nous  sommes  en  pleine  baisse  :  la  politique  a  envahie  le  marché,  le  3  0/0  a 
perdu  2,40  restant  à  76,90;  le  5  0/0  a  114,05  a  perdu  1,65.  Toutes  les  valeurs. 
Sociétés  de  crédit,  chemins  de  fer  sont  largement  atteints. 

Cours  de  la  Bourse  du  17  au  211  janvier  1883  {au  comiUanl). 


Principales  valeurs  françaises  : 

Plus  Plus  Dernier 

bas.  haut,  cours. 

Rente  3  O/0 76.90  79   10  76.90 

Renie  3  o|o  amortis 78.00  so.>o  78.00 

Rente  4    1/2  o)o 108.6)  III.OO  108.60 

Rente  5  0|0 113  90  115.^5  114.05 

Banque  de  France 5100  00  5390.00  5150. oo 

Comptoir  d'escompte 900.00    998.75    975  00 

Société  générale 545.00     580.00     545.00 

Crédit  foncier 1200.00  1295.00  1200.00 

Est Actions  .500     690  00     722.50     693  09 

Midi d°     998   75    1090.00     998.75 

Nord d"  1700.00  1825,00  1720.00 

Orléans d"  118O.OO  1235.00  1195.00 

Ouest d"     705.00  780.00  705.00 

Paris-Lyon-Méditerranée  d°  1465.00  1530.00  1465.00 

Paris  1871  obi.  400  à  3  0/0.     384.00  392.00  384.00 

Italien  5  0/0 85.65  36.30  85  80 

Le  Gérant  :  A.  BOUCHÉ. 


Valeurs  Diverses 

Plus 
bas. 

500.00 
520.00 
423  .00 
900.00 
675.00 
625.00 
540.00 


Plus 
haut. 

506.00 
531.25 
441.25 
990.00 
690.00 
700.00 
562.50 
355.00 


Dernier 
cours. 

500.00 
520.00 
423.00 
iiOO.OO 
690.00 
625 . 00 
540.00 
320.00 


Créd.  fonc.  obi.   500  4  o/o 

d"       d"       d°      d"    3  0/0. 

d"  obi.  c"  d°  3  0/0. 
i;que  de  Paris  act.  500.... 
Crédit  ind.  et  com.  500. . . . 
Dépôts  et  cples  cts.  500. . . . 

Crédit  lyonnais d° 

Crédit  mobilier 320.00 

Cie  parisienne  du  gaz  250  1460.00  1520.00  1470.00 

Gie  génér.  Iransatl 500    4oo.oo    415.00    400.00 

Messag.  maritimes d".     680.00    705.00     690.00 

Canal  de  Suez d".  :o20.00  2225. .ïO  2020.00 

d"     délégation d°.   1125.00    1215.00   1132.50 

d°     obli.  5  0/0 d°.     550.00     555.00     650.00 

Créd.  fonc  Autrich 500     735.00     755.00     735.00 

Créd.  mob.  Espagnol 286.25     295.00     290.00 

Créd.  fonc.  Russe 346. 00    377.00     346.00 

LETERRIER. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  o  février  isss). 

Le  succès  des  concours  généraux  agricoles  de  Paris  en  1883.  — Manifestation  des  proférés  agricoles 
par  cette  solennité.  —  Les  produits  et  l'outillage  de  l'agriculture.  —  Session  annue  le  de  la 
Commission  supérieure  du  phylloxéra.  —  Rapport  de  M.  Tisserand  sur  les  efforts  poursuivis  pour 
enrayer  les  progrès  du  mal.  —  Stalistitiue  de  tiaitements  et  des  associations  agricoles.  —  Rap- 
port de  M.  Menudier  sur  les  traitements  recommandés  par  la  Commission  supérieure.  —  La  nou- 
velle carte  du  phylloxéra.  —  Récapitulation  des  arrondissements  atteints.  —  Texte  du  projet  de 
loi  sur  les  mesures  à  prendre  contre  l'invasion  du  phylloxéra  en  Algérie.  —  Publication  du  cin- 
quième fascicule  du  Bulletin  du  ministère  de  l'agriculture.  —  Concours  de  semoirs  à  Saint- 
Quenti  .  —  Mesures  prises  par  les  chemins  de  fer  pour  le  transport  des  animaux  destinés  aux 
concours.  —  Programme  du  concours  hippique  annexé  au  concours  régional  de  Bourg.  —  Pro- 
chaine exposition  d'horticulture  à  T'-oyes.  —  Programme  d'une  exposition  agricole  à  Namur 
(Beliiique).  — Réunion  annuelle  des  professeurs  départementaux  d'agriculture  —  Constitution 
du  bureau  de  cette  association.  —  Succès  des  conférences  rurales  et  de  l'enseigrcnient  dans 
les  écoles  normales.  —  Publication  de  l'Annuaire  de  l'association  des  anciens  élèves  de  l'école 
nationale  d'agriculture  de  Montpellier.  —  Discussion  et  vote  en  première  délibération,  par  le 
Sénat,  des  quatre  premiers  titres  du  projet  de  loi  sur  le  régime  des  eaux. 

I,  —  Le  succès  du  concours  agricole  de  Paris. 

Malgré  les  tristesses  de  l'heure  présente,  le  concours  agricole  de 
Paris  a  eu  un  très  grand  succès.  Jamais  dans  aucun  concours  précé- 
dent, le  palais  des  Champs-Elysées  n'avait  compté  autant  de  visiteurs. 
Les  animaux  vivants,  les  produits  et  les  machines  méritaient  vraiment 
l'examen,  et  ils  dénotaient  des  progrès  véritables  dans  l'agriculture 
française,  progrès  qui  sont  en  contradiction  avec  la  prétendue  dé- 
chéance dont  on  l'accusait  d'être  atteinte.  Il  est  très  vrai  que  c'est  tout 
ce  qui  concerne  l'élevage  du  bétail  qui  faisait  la  partie  essentielle  du 
concours.  Or,  la  production  animale  est  aujourd'hui  la  seule  qui  donne 
des  bénéfices,  en  y  joignant  toutefois  la  viticulture  là  où  le  phylloxéra 
n'a  pas  causé  de  désastres  irréparables.  Toutefois,  comme  le  marché 
des  machines  agricoles  a  été  assez  animé,  il  faut  y  voir  un  signe  d'une 
certaine  activité  dans  toutes  les  branches  de  Tagriculture.  Les  cultiva- 
teurs sont,  en  quelque  sorte,  à  l'affût  de  toutes  les  améliorations.  On 
pouvait  le  constater  en  les  voyant  examiner  les  perfectionnements  des 
charrues,  des  semoirs,  des  machines  à  battre,  etc.,  en  les  voyant  applau- 
dir au  développement  de  l'industrie  des  petits  chemins  de  fer,  à  la  pro- 
pagation des  pompes  de  tous  genres,  à  la  prospérité  véritable  de  la 
construction  des  moteurs  à  vapeur.  L'industrie  de  la  construction  des 
machines  agricoles  est  devenue,  en  France,  considérable;  elle  peut 
lutter,  même  sur  les  marchés  étrangers,  avec  les  pays  les  plus  avancés, 
et  peut-être  est-on  en  droit  de  dire  que  nos  constructeurs  fabriquent 
à  meilleur  marché  que  les  constructeurs  des  pays  rivaux.  Ce  n'est  pas 
ici  le  lieu  d'entrer  dans  des  détails  ;  des  articles  spéciaux  du  Journal 
établiront  successivement  la  valeur  de  toutes  les  améliorations.  Ce 
qu'il  faut  constater  immédiatement,  c'est  le  progrès  véritable  qui  res- 
sort de  la  solennité  arrivée  à  son  terme  et  qui  marque  une  heureuse 
étape  dans  la  marche  en  avant  de  l'agriculture  nationale.  La  patrie 
française  ne  décline  pas,  puisque  son  agriculture  arbore  vaillamment 
le  drapeau  du  progrès. 

IL  —  Le  phylloxéra. 

La  Session  annuelle  de  la  Commission  supérieure  du  phylloxéra, 
commencée  le  19  janvier,  sous  la  présidence  de  M.  de  Mahy,  ministre, 
de  l'agriculture,  s'est  achevée  le  24  janvier;  nous-allons  exposer  briève- 
ment les  travaux  auxquels  la  Commission  s'est  livrée. 

Dans  un  rapport  rédigé  avec  soin,  M  Tisserand,  directeur  de  l'agri- 
culture, a  exposé  la  situation  des  vignobles  français  en  1882,  et  il  a 

N"  721 .  —  Tome  I"  de  1883.  —  3  Février. 


162  CHRONIQUE  AGRICOLE  (3  FÉVRIER    1883). 

fait  connaître  les  eiïorts  poursuivis  par  le  gouvernement  pour  enrayer  les 
progrès  du  mal.  L'étendue  des  vignes  atteintes  jusqu'ici  par  le  phyl- 
loxéra est  établie  comme  il  suit  :  vignes  détruites,  763,799  hectares; 
vignes  envahies  et  qui  n'ont  pas  succombé,  642,07^  hectares  ;  total, 
1  ,A06,Sn  hectares  ;  mais  on  a  effectué  des  replantations  sur  une 
partie  de  cette  étendue.  D'après  les  ra[)ports  transmis  par  les  préfets, 
les  surfaces  sur  lesquelles  des  traitements  sont  effectués  se  répartis- 
sent ainsi  :  vignes  traitées  par  la  submersion,  12,543  hctares  ;  par 
le  sulfure  de  carbone,  1  7 ,1  '^1  hectares  ;  par  le  sulfocarbonate  de  potas- 
sium, 3,033  hectares.  Il  y  a,  en  outre,  17,096  hectares  qui  ont  été 
plantés  en  vignes  américaines.  C'est  donc  sur  une  surfa<'e  de 
50,000  hectares  environ  que  la  lutte  est  actuellement  soutenue  contre 
le  fléau  Quant  aux  syndicats  de  viticulteurs,  leur  nombre  augnu^nte 
rapidement;  à  la  fin  de  1S82,  on  comptait  12,338  propriétaires,  asso- 
ciés pour  une  surface  de  32,685  hectares  ;  ils  ont  reçu  du  gouverne- 
ment des  subventions  s'élevant  à  1 ,085,089  francs. 

Sur  le  rapport  de  M.  le  docteur  iMenudier,  la  Commission  a  décidé 
qu'il  n'y  avait  pas  lieu  d'accorder  le  prix  de  300,000  francs,  et  que 
les  moyens  qu'elle  recommanderait  en  1883,  comme  précédemment, 
pour  combattre  le  phylloxéra,  seraient  la  submersion,  le  sulfure  de 
carbone  et  le  sulfocarbonate  de  potassium. 

C'est  M.  Maxime  Cornu  qui  a  été  chargé  de  faire  le  rapport  sur  la 
carte  à  établir  pour  l'année  courante.  Il  a  été  décidé  que  cette  carie  ne 
comporterait  plus  que  deux  teintes,  la  teinte  noire  pour  les  arrondis- 
sements où  la  culture  des  vignes  américaines  serait  autorisée,  et  la 
teinte  grise  pour  les  autres.  En  outre,  la  Commission  a  décidé  que, 
d;ms  quelques  cas  spéciaux,  l'unité  administrative  pour  le  service  du 
phylloxéra  serait  le  canton,  au  lieu  de  l'arrondissement.  Les  arrondis- 
sements dans  lesquels  la  présence  du   phylloxéra  a  été  constatée  en 
1882,  sont  les  suivants  :  im,  Nantua  ;  Ariège,  Foix;  Can/a/,  Aurillac; 
Haute -Garonne,  Muret,  Saint- Gaudens  et  Villefranche  ;  Indre-et-Loire , 
Tours,  Chinon,  Loches;  Loiret^  Mont;irgis,  Pithiviers  ;  Saône  et-Lorre^ 
Louhans;  Deux-Sèvres,  Parthenay  ;  Tarn,  Castres;   Vendée,  Fonlenay- 
le-Comte  ;   Haute-Vienne,   Limoges,  Rochechouart.  Il  faut  y  ajouter  le 
canton  de  Château-Landon  (Seine-et-Marne).  Les  nouveaux  arrondisse- 
ments dans  lesquels  la  culture  des  vignes  américaines  est  autorisée, 
sont  au  nombre  de  23  :  Hautes-Alpes,  Embrun  ;  Aude,  Carcassonne, 
Narbonne;  Aveyron^  Millau,  Sainte-Affnque  ;   Correze,  Tulle,    Bt-ive; 
Loire,  Saint-Etienne,  Montbrison ,   Lot,    Figeac  ;    Lozère,  Marjevols  ; 
Pyrénées-Orientales,    Perpignan,    Céret;    Deux-Sl'vres ,    Niort;    Tarn, 
Gaillac,  Albi,  Lavaur  ;   Tarn-et  Garonne,  Montauban,  Castel  Sarrazin; 
Vienne,  Chàlellerault,  Civray,  Montmorillon  et  Poitiers.  —  Sur  le  rap- 
port de  M.  Maxime  ('ornu,  la  Commission  supérieure  a  émis  des  vœux 
relatifs  à  l'exécution  des  canaux  dérivés  du  Rhône  et  à  des  allégements 
d'impôts  en  faveur  des  propriétaires  phylloxérés. 

La  dernière  question  dont  la  Commission  supérieure  a  eu  à  s'occu- 
per, a  été  l'examen  d'un  projet  de  loi  sur  les  mesures  à  j)rendre  contre 
l'invasion  et  la  propagation  du  phylloxéra  en  Algérie.  Voici  le  texte 
des  douze  articles  dont  il  se  compose  : 

Article  preaiier.  —  Tout  propriétaire,  toute  personne  ayant,  à  quelque  titre 
que  ce  soit,  la  charge  de  la  culture  ou  de  la  garde  d'une  vigne,  est  tenu  de 
signaler  immédiatement  au  maire  de  sa  commune  tout  fait  de  dépérissement  ou 
même  tout  symptôme  maladif,  qui  se  seront  manifestés  dans  ladite  vigne. 


CHRONIQUE  AGRICOLE    (3  FÉVRIER   1883).  163 

Une  semblable  déclaration  est  obligatoire  pour  les  pépinières  ou  jardins  dans 
lesquels  il  existe  des  pieds  de  vigne. 

Le  maire  prévient  immédiatement  le  sous-préfet  ou  le  préfet. 

A.rt  i.  —  Le  maire  de  chaque  commune  est  tenu  de  faire  visiter  par  un  expert, 
une  fois  par  an,  et  plus  souvent  s'il  est  jugé  nécessaire,  les  vignes  comprises  dans 
le  territoire  do  sa  commune.  Il  rend  compte  immédiatement  au  sous-préfet  ou 
au  ]irétet  du  résultat  de  cette  visite. 

Art.  3.  —  Le  piéfet  fera  visiti^r  sans  délai  les  vignes,  pépinières  ou  jardins, 
pour  lesquels  il  aura  reçu  la  déclaration  prévue  par  les  articles  1  et  2,  ou  dans 
lesquels  djui^era  une  inspection  nécessaire 

Stm  délègue  est  investi  du  pouvoir  de  pénétrer  dans  ces  propriétés  et  d'y  faire 
toutes  les  r<  cherches,  travaux  d'inve-tigations  jugés  nécessaires. 

Cette  visite  sera  étendue  aux  vignes  environnantes. 

Le  délégué  transmet  sans  délai  son  rapport  au  préfet. 

Art.  k.  —  Lorsijue.  l'existence  du  phylloxéra  aura  été  reconnue,  le  gouverneur 
giénéial  prend  un  arrêté  portant  déclaration  d'intection  de  la  vigne  malade,  des 
pépmières  et  jardins,  et  des  vignes  environnantes. 

Cettt-  déclaration  d  infection  indique  le  périmètre  auquel  elle  s'étend. 

Ce  périmètre  comprend  les  vignes  reconnues  malades  et  une  zone  de  protection. 

La  déclaration  d'intection  entraîne  les  mesures  suivantes  : 

1°  La  destruction  des  vignes  reconnues  malades  ou  suspectes; 

2°  La  destruction  par  le  feu  des  ceps,  tuteurs,  échalas,  feuilles,  sarments,  etc.  ; 

3"*  La  désinfection  du  sol  ; 

4"  L'inter  iction  de  toute  nouvelle  plantation  de  vigne  pendant  un  temps  qui 
ne  pourra  pas  dépasser  cinq  ans; 

5°  La  défense  de  pénétrer  dans  les  lieux  déclarés  infectés,  si  ce  n'est  avec  une 
autorisation  du  délégué; 

6"  Le  traitement  préventif  de  la  zone  de  protection  ; 

7°  L'interdiction  de  sortie  des  terres,  feuilles,  plants  et  tous  objets  pouvant 
servir  à  propager  le  phylloxéra. 

Art.  5.  —  Toute  plantation  faite  à  l'aide  de  pknts  introduits  frauduleusement 
sera  détruite  jiar  ordre  de  l'autorité  administrative,  sans  préjudice  des  poursuites 
à  exercer  contre  les  délinquarts. 

Art  6.  —  Il  est  interdit  d'inti'oduire,  de  détenir  et  de  transporter  le  phyl- 
loxéra à  l'état  vivant,  ses  œufs,  larves  e    nymphes. 

Art.  7.  —  Dans  les  territoires  soumis  à  l'autorité  militaire,  les  dispositions 
des  articles  qui  précèdent,  sont  appliquées  par  l'autorité  chargée  de  l'adminis- 
tration. 

Art.  8.  —  Les  frais  résultant  des  opérations  prescrites  aux  articles  3  et  4  sont 
à  la  charge  de  l'Etat. 

Les  trais  des  visites  ordonnées  par  l'ar  ticle  2  sont  supportés  par  la  commune  ; 
ces  dépenses  sont  obligatoires. 

Art,  9.  —  Le  projjriétaire  dont  la  vigne  aura  été  détruite  en  exécution  de  la 
présente  loi  aura  droit  à  une  indemnité  qui  sera  à  la  charge  du  Trésor. 

Cette  indemnité  ne  pourra  dépasser  la  valeur  du  produit  net  de  trois  récoltes 
moyennes  que  ladite  vigne  aurait  pu  donner. 

Les  autres  dommages  causés  par  le  tr-aitement  de  la  vigne  infectée  ou  suspecte 
do meront  lieu  également  à  une  indemnité  corres  .ondant  au  préjudice  causé. ^ 

Dans  les  deux  cas,  l'évaluation  de  l'indemnité  est  faite  par  le  délégué  du  préfet 
et  uu  ex.  ert  désigné  par  la  par  tie 

Le  proces-verbal  d'exftertise  est  visé  par  le  maire  qui  donne  son  avis. 

Le  ministre  peut  ordonner  la  révision  des  évaluations  par  une  commission 
dont  il  nomme  les  membres. 

L'indemnité  est  hxée  par  le  ministre,  sauf  recours  au  conseil  d'Etat. 

Art.  0.  —  Il  n'est  alloué  aucune  indemnité  à  tout  détenteur  de  vignes  à  un 
titre  quelconque,  qui  aura  contrevenu  aux  dispositions  de  la  présente  loi,  ou 
aura  introduit  chez  lui  des  plantes  ou  produits  agricoles  ou  horticoles  dont  1  m- 
troduction  est  prohibée. 

Art.  11  —  Sans  préjudice  delà  déchéance  inscrite  à  l'article  10,  et  des  res- 
ponsabilités inscrites  dans  les  articles  138  c  suivants  du  Gode  civil,  le^  contre- 
venants aux  dispositions  qui  précèdent,  aux  décrets  et  aux  arrêtés  rendus  pour 
l'exécution  de  la  présente  loi,  seront  passibles  des  peines  édictées  par  les  articles 
13,   14  et  15  de  la  loi  du  2  aoiît  1879. 


164  CHRONIQUE  AGRICOLE  (3    FÉVRIER    1883). 

Art.  12.  —  Toutes  les  dispositions  inscrites  dans  les  lois  du  15  juillet  1878 
—  2  août  1879,  en  ce  qu'elles  ne  sont  pas  contraires  à  la  présente  loi,  restent 
applicables  à  l'Algérie. 

Ce  projet  de  loi  sera  présenté  au  Parlement  par  M.  le  ministre  de 
ragricLilture,  au  nom  du  gouvernement.  Avant  de  clore  la  session, 
M.  de  Mahy  a  adressé  ses  remerciements  à  la  Commission  supérieure, 
en  lui  témoignant  de  l'intérêt  qu'il  porte  à  ses  délibérations. 

III.  —  Bulletin  du  ministère  de  l'agriculture. 

Le  5®  fascicule  du  Bulletin  du  ministère  de  l'agriculture  vient  d'être 
publié.  Il  est  consacré  exclusivement  à  la  production  chevaline.  Il 
renferme  la  loi  du  29  mai  1874  sur  les  haras,  le  compte  rendu  de  la 
dernière  réunion  de  la  Commission  des  haras,  les  arrêtes  sur  les  con- 
cours hippiques  et  les  épreuves  d'étalons,  un  rapport  de  M.  de  Cormette 
sur  l'exécution  de  la  loi  de  1874,  des  notices  sur  les  haras  du  Pin  et 
de  Pompadoiir.  En  ce  qui  concerne  les  pays  étrangers,  on  y  trouve  un 
rapport  de  M.  de  Cormette  sur  les  institutions  et  établissements  hip- 
piques de  l'Autriche-Hongrie  ;  ce  rapport  est  accompagné  de  cartes  et 
de  plans  exécutés  avec  soin. 

IV.  —  Concours  de  semoirs. 

On  sait  que  le  Comice  de  Saint-Quentin  a  organisé,  en  octobre  1882, 
un  concours  interna'iional  de  semoirs.  Le  rapport  sur  ce  concours  vient 
d'être  publié.  32  instruments  ont  été  présentés,  et  le  concours  a  été  ter- 
miné par  l'attribution  des  récompenses  suivantes:  médaille  d'or  et  250  fr., 
à  MM.  Liot  et  fils,  constructeurs  à  Boisguillaume,  près  Rouen  (Seine- 
Inférieure);  médaille  d'or  et200tr.,  à  MM.  Smyth  et  fils,  construc- 
teurs à  Peasenhail  (Angleterre)  ;  150  fr.  et  une  médaille  d'argent  grand 
module  à  M.  Wagon,  constructeur  à  Gouy  (Aisne);  125  fr.  et  une 
médaille  d'argent  grand  module  à  M.  Zimmermann,  constructeur  à 
Magdebourg  (Allemagne),  représenté  par  M.  Duvinage  ;  100  fr.  et  une 
médaille  d'argent  moyen  module  à  M.  Hurtu,  constructeur  à  Nangis 
(Seine-et-Marne);  une  médaille  d'argent  à  M.  Sack,  constructeur  à 
Plag^vitz  (Allemagne),  représenté  par  M.  Lanz;  une  médaille  d'argent 
à  M.  Demoncy-Minelle,  constructeur  à  Château-Thierry  (Aisne)  En 
outre,  la  délégation  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France  a  décerné, 
sur  le  rapport  de  M.  Ernest  Robert,  une  médaille  d'or  à  M.  Lefèvre, 
constructeur  à  Vendhuille  (Aisne)  ;  une  médaille  d'argent  grand 
module,  à  MM.  Robillard  et  Maréchal,  constructeurs  à  Arras  (Pas-de- 
Calais). 

V.  —  Le  transport  des  animaux  envoyés  aux  concours. 

Dans  notre  numéro  du  20  janvier,  nous  avons  publié  une  lettre  de 
M.  le  marquis  de  Poncins  relative  aux  concessions  accordées  par  la 
Compagnie  des  chemins  de  fer  Paris- Lyon-Méditerranée  pour  le  trans- 
port des  animaux  expédiés  aux  concours.  On  sait  que  cette  concession 
a  pour  objet  de  faire  porter  sur  les  tarifs  spéciaux,  au  lieu  de  la  limi- 
ter comme  précédemment  aux  tarifs  généraux,  la  réduction  de 
50  pour  100  applicable  à  ces  transports.  M.  de  Poncins  nous  commu- 
nique plusieurs  réponses  qu'il  a  reçues.  La  Compagnie  des  chemins 
de  fer  de  l'Etat  et  celle  des  chemins  de  fer  du  Sud-est  lui  ont  répondu 
qu'elles  accorderaient  les  faveurs  consenties  par  la  Compagnie 
de  Paris-Lyon-Méditerra'née.  La  Compagnie  des  chemins  de  fer  d'Or- 


CHRONIQUE    AGRICOLE    (3  FÉVRIER    1883).  165 

léans  a  répondu  qu'elle  n'a  aucune  nouvelle  mesure  à  prendre,  attendu 
qu'elle  déjà  pris  les  devants  à  cet  égard,  et  qu'elle  accorde  sur  son 
réseau  les  concessions  demandées. 

YI.  —  Concours  hippique  à  Bourg. 

Dans  quelques-unes  des  villes  où  se  tiendront  les  concours  ré^^ionaux 
de  cette  année,  on  commfince  à  s'occuper  de  l'origan isation  des  concours 
hippiques  qui  y  seront  annexés.  La  Commission  chargé.?  d'élaborer  le 
proii^ramme  du  concours  de  Baurg  s'est  réunie,  dans  cette  ville, 
le  13  janvier.  lia  été  décidé  que  le  programme  comprendrait  deux 
catégories  :  les  chevaux  de  deini-sang  et  les  chevaux  de  trait  léger.  La 
demande  faite  par  les  représentants  des  départements  de  l'Ain  et  du 
Doubs  d'y  adjoi  dre  tous  les  chevaux  de  trait,  n'a  pas  été  accueillie; 
on  s'est  retranché  sur  ce  que  la  production  du  cheval  de  trait  étant 
étrangère  à  celle  du  cheval  de  guerre,  il  n'y  avait  pas  lieu  de  Tac!  mettre 
à  concourir.  C'est  une  décision  regrettable,  car  elle  a  pour  eiïet  de 
jeter  une  défaveur  sur  la  partie  de  la  production  chevaline  qui  est  la 
plus  intéressante  pour  les  agriculteurs,  et  qui  est  celle  dont  les 
débouchés  sont  aujourd'hui  les  plus  importants  pour  les  éleveurs  de 
chevaux.  Il  est  nécessaire  d'admettre  toutes  les  catégories  de  chevaux 
dans  les 'concours  régionaux,  si  l'on  veut  donner  une  réelle  impor- 
tance à  ces  solennités. 

VII.  —  Exposition  d'horticulture  à  Troyes. 
A  l'occasion  du  concours  régional  agricole  qui  doit  avoir  lieu  àTroyes, 
la  Société  hofticole,  vigneronne  et  forestière  de  l'Aube  ouvrira  sa 
septième  exposition  générale  du  samedi  19  au  lundi  28  mai  1883, 
dans  le  jardin  public  du  mail  de  Belfroy,  situé  devant  la  gare  de 
l'est.  Tous  les  producteurs  et  amateurs  compris  dans  la  région  nord- 
est,  sont  invités  à  exposer  et  admis  à  concourir.  C(3tte  région  comprend 
les  départements  de  l'Aube,  des  Ardennes,  de  la  Marne,  de  la  Haute- 
Marne,  de  Meurthi3-et-MaseIle,  de  la  Meuse  et  des  Vosges.  S'il  se 
présente  des  exposants  en  dehors  de  la  région,  leurs  produits  seront 
admis,  mais  ils  concourront  séparément.  On  admettra  à  cette  expo- 
sition les  produits  des  jardins,  des  vignes,  des  forêis,  et  des  arts  ou 
industries  qui  s'y  rapportent,  ainsi  que  les  spécimens  de  cultures  et 
de  perfectionnemenis  dans  les  exploitations. 

VIII.  ■ —  Exposition  agricole  en  Belgique. 

La  Société  agricole  et  forestière  de  la  province  de  Namur  ouvrira  dans 
cette  ville,  le  21  juillet  1883,  un  grand  concours  d'animaux  repro- 
ducteurs ainsi  qu'une  exposition  d'instruments  et  de  produits  de 
l'agriculture.  L'exhibition  durera  quatre  jours  et  comprendra  les 
neuf  divisions  suivantes  :  1°  concours  provincial  d'animaux  repro- 
ducteurs; 2°  exposition  internationale  de  machines  et  instruments 
agricoles;  3**  exposition  internationale  d'instruments  de  laiterie; 
h°  exposition  nationale  de  matières  fertilisantes  du  commerce  et 
d'aliments  du  bétail  (arrières  produits,  tels  que  tourteaux,  etc.); 
5"  exposition  nationale  de  graines  de  plantes  forestières  et  db  grande 
culture;  6"  exposition  provinciale  de  produits  alimentaires  et  indus- 
triels agricoles  à  leurs  diverses  phases  de  transformation;  7" concours 
de  plans  de  fermes  et  d'habitations  d'ouvriers  agricoles;  8°  concours 
d'arboriculture  fruitière  et  de  culture   maraîchère  sur  place   entre 


166  CHRONIQUE  AGRICOLE  (3  FÉVRIER   1883). 

les  instituteurs  communaux  de  la  province;  9"  concours  provin- 
cial de  ferrure.  Ces  divisions  indicpient  suffisamment  l'importance 
de  l'exhibition  et  doivent  engai^er  les  ai^riculteurs  et  industriels  à  y 
prendre  pari.  Une  réduction  de  50  pour  100  est  accordée  au  transport 
des  animaux  et  produits  sur  tous  les  chemins  de  fer  de  la  Belgique. 
Tous  les  renseignements  sur  le  concours  seront  donnés  par  M.  Michel, 
secrétaire  de  la  Société,  4,  place  du  Chapitre,  à  Namur. 

IX.  —  Sociélé  des  professeurs  déparlementavx  d'agriculture. 

La  Société  des  professeurs  départementaux  d'agriculture  s'est  réu- 
nie à  Paris,  les  27  et  28  janvier,  en  cession  générale  annuelle  dans 
une  de.',  salles  du  Palais  de  l'Industrie,  mise  à  sa  disposition  par 
M.  le  ministre  de  l'agriculture.  Cette  réunion  fort  nombreuse  s'est 
livrée  à  l'étude  de  questionsprofessionnellesd'unegrandeimportance,  au 
point  de  vue  du  développement  des  conférences  rurales  et  delà  bonne 
organisation  de  l'enseignement  de  l'agriculture  dans  les  écoles  nor- 
males; la  discussion  de  ces  questions  a  nécessité  trois  longues  séances 
et  a  amené  l'assemblée  à  émettre  plusieurs  vœux  dont  la  réalisation 
conduirait  aux  pus  heureux  résultats.  Conformément  à  ses  statuts,  la 
Société  a  procédé  au  renouvellement  de  son  bureau  qui  se  trouve 
actuellement  composé  de  MM.  Magnien  (Côte-d'Or),  président;  Sau- 
vage (Haute-Marne),  vice-préside  t;  Franc  (Cher),  secrétaire;  Siint- 
André  (Oise),  secrétaire-adjoint,  et  Duplessis  (Loiret),  trésorier.  La 
dernière  séance  de  la  session  s'est  terminée  par  la  lecture  de  notices 
nécrologiques  sur  MM.  Boaquillon  (Vienne),  Gossin  (Oise),  et  Lefebvre 
(Aveyron),  professeurs  départementaux  dont  les  services  rendus  à  la 
cause  de  l'enseignement  agricole  ne  sauraient  être  oubliés. 

Tous  les  membres  présents  de  la  Société  ont  été  unanimes  pour 
témoigner  du  bon  vouloir  et  de  l'espoir  studieux  des  élèves-maîtres 
des  écoles  normales,  et  pour  affirmer  le  succès  croissant  des  confé- 
rences agricoles,  grâce  à  l'appui  de  Tadministration  et  à  l'accueil 
bienveillant  des  populations  rurales. 

X.  —  Association  des  anciens  élèves  de  Montpellier. 

L'association  amicale  des  anciens  élèves  de  l'école  nationale  d'agri- 
culture de  Montpellier  vient  de  publier  son  Annuaire  pour  1883.  Fon- 
dée en  1881,  cette  Association  compte  actuellement  84  membres.  Elle 
est  présidée  par  M.  Couvert,  professeur  à  l'école,  et  elle  a  pour  pré- 
sident d'honneur  M.  Gustave  Foex,  directeur  de  l'école.  A  côté  des 
détails  sur  le  fonctionnement  de  lassociation,  V Annuaire  renferme 
une  intéressante  étude  de  M.  Chaurit  sur  l'organisation  des  labora- 
toires de  l'école  de  Montpellier,  ainsi  qu'un  extrait  du  rapport  de 
M.  Dufour  sur  l'attribution  de  la  prime  d'honneur,  dans  1  Ar  lèche,  en 
1882,  à  M.  Fournat  de  Brézenaud,  ancien  élève  de  la  Saulsaie. 

XL —  Le  régime  des  eaux. 

La  première  délibération  du  projet  de  loi  relatif  au  régime  des  eaux 
a  été  achevée,  durant  cette  semaine,  au  Sénat.  Plusieurs  articles  du  projet 
ont  donné  lieu  à  d'importantes  discussions.  Ces  discussions  ont  porté 
principalement  sur  des  questions  relatives  à  la  propriété  des  sources, 
des  petits  cours  d'eau,  sur  les  droits  du  domaine  et  des  riverains  sur 
les  rivières  navigables  ou  flottables.  Il  serait  trop  long  de  les  analyser 
ici.  Nous  publierons  le  texte  des  articles  des  quatre  prerait^rs  titres  du 
projet  de  loi,  qui  ont  été  successivement  adoptés.         J.-A.Barral. 


SOCIÉTÉ  DES  AGRICULTEURS  DE  FRANGE.  167 


SOCIÉTÉ  DES  AGRICULTEURS  DE  FRANCE 

La  quatorzième  session  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France  a 
été  ouverte,  le  lundi  29  janvier,  à  l'Hôtel  Continental,  à  Paris.  Un 
grand  noinbre  de  tnembres  assistaient  à  la  première  séance.  A  côté  du 
pré-ident  M.  le  marquis  de  Dampierre,  on  remarquait  la  présence  de 
M.  Chevreul,  Tillustre  président  •le  la  Société  nationale  d'agriculture, 
dont  les  découvertes  ont  tant  contribué,  depuis  trois  quarts  de  siècle, 
aux  progrès  agricoles. 

Au  bureau,  avaient  pris  place,  en  outre,  MM.  de  Bouille,  Josseau 
et  Berlin,  vice-président»  de  la  Société;  M.  Teissonnière,  secrétaire 
général,  et  un  grand  nombre  de  membres  du  Conseil  d'adminis- 
tration. 

Le  fait  principal  qui  ressort  des  documents  qui  ont  été  mis  sous  les 
yeux  de  la  Société,  est  que  le  nombre  de  ses  membres  s'est  considé- 
rablement accru  depuis  un  an.  Les  adhésions  nouvelles  lui  sont  venues, 
grâce  à  une  active  propagande,  au  nombre  de  plus  de  six  cents. 

Après  avoir  remercié  aux  applaudissements  répétés  de  l'assistance, 
M.  Chevreul,  le  seul  membre  d'honneur  français  de  la  Société,  d'avoir 
répondu  à  son  invitation,  M.  de  Dampierre  a  ouvert  la  session  par  le 
discours  suivant  : 

«  Messieurs,  l'agriculture  souffre  et  elle  n'a  pas  reçu  de  la  représentation 
nationale  tous  les  secours  ({u'eile  était  en  droit  d'en  espérer.  Gela  est  certain,  et, 
pourtant  mon  intention  n'est  pas  d'insister  aujourd'hui  sur  les  côtés  douloureux 
de  cette  situation;  je  crois  plus  utile  de  chercher  avec  vous  et  en  nous  les  moyens 
d'atténuer  des  souffrances  que  personne  ne  nie,  car  la  fermeté  en  face  de  l'épreuve 
est  la  meilleure  chance  de  salut  des  agriculti^urs. 

«  La  vie  du  cultivateur  est  une  lutte  contmuelle  contre  les  infortunes  qui  lui 
viennent  et  de  Dieu  et  des  hommes,  et  il  lui  faut  taire  un  incessant  appel  à  son 
courage  pour  le  rendre  capable  de  dominer  les  obstacles  qui  s'accumulent  sous 
ses  pas.  Uu  poète  du  dernier  siècle  avait  dit  : 

Q<\e  l'ait  du  laboureur  est  ua  art  incertain! 
Sa  fortune  dépend  d  un  soir  ou  d'un  matin, 
11  voit  au  gré  des  vents  errer  ^es  espérances...  !l 

«  Ma  S  on  n'avait  pas  imaginé  dlors  que  les  hommes  ajouteraient  leurs  lois 
économiques,  leurs  impôts  exagérés,  leurs  exigences  sociales  aux  épreuves  de  la 
nature.  C'était  le  contraire  qui  devait  être  à  présumer  du   bon  sens  de  la  nation. 
«  Quoi  qu'il  en  soit,  c'est  un  graûd  mérite,  Messieurs,  que  de  ne  se  laisser  ni 
accabler,  ni  même  déconcerter  par  les  périls  qui  vous  environnent,  et  ce  mérite 
vous  l'avez  au  plus  haut  degré.  ^  Si  des  pluies  incessantes  rendent  impossible 
l'ensemencement  de  vos  blés  ou  détruisent  ceux  que  vous  aviez  déjà  faits,  vous  vous 
entourez  des  plus  sages  conseils  pour  reprendre  au  printemps  les  travaux  man- 
ques de  l'automne,  et  vous  comprenez  que  ces  blés  étrangers,  qui  ont  été  pour  vous 
dans  ces  dernières  années  un  sujet  de  si  grandes  préoccupations,  apporteront  au 
pays  ce  que  vous  ne  pourrez  lui  fournir  vous-mêmes;  vous  ne  vous  inquiétez  pas 
de  cette  situation,  car  vous  avez  d'autres  moyens  de  mettre  vos  terres  en  valeur  ; 
il  ne  s'agit,  après  tout,  que  de  faire  de  l'argent  avec  d  autres  récoltes  pour  n'avoir 
rien  à  redouter  de  cette  éventualité  qui  autrefois  eût  p  rté  la  terreur  dans  tous  les 
esprits  ;  c'est  d'ailleurs  l'occasion  a' expérimenter  les  conseils   qui  vous  ont  été 
maintes  fois  donnés  de  faire  plus  de  bétail  et  moins   de  céréales,  et  il  ne  faut 
pas  la  laisser  échapper. 

«  Lorsque  vous  u  obtenez  pas  les  dégrèvements  promis  et  attendus,  si  même  le 
budget  de  l'agriculture  se  voit  retrancher  d'utiles  ressources,  au  profit  de  vues 
économiques  et  sociales  qui  n'ont  pas  vos  sympathies,  vos  représentants  n  en  con- 
tinuent pas  moins  à  affirmer  vos  droits,  à  les  faire  reconnaître,  à  les  faire  respecter 
jusque  dans  leurs  échecs;  partout  et  toujours  ceux  qui  portent  votre  drapeau  sont 
à  la  hauteur  de  leurs  devoirs. 


168  SOCIÉTÉ  DES  AGRICULTEURS  DE  FRANCE. 

«  C'est  là,  Messieurs,  croyez-moi,  une  attitude  qui  fait  grand  honneur  à  l'agri- 
culture française,  et  dont  vous  me  permettrez  de  la  louer  hautement.  Elle  ne 
connaît,  elle,  ni  les  grèves  bruyantes,  ni  les  épouvantables  épreuves  de  l'Irlande  ! 

«  Notre  tâche  ici  est  de  nous  préoccuper  sans  cesse,  dans  les  circonstances 
difficiles  que  nous  avons  à  traverser,  des  points  sur  lesquels  doivent  se  porter  le 
plus  utilement  nos  efforts.  Je  vous  remercie,  Messieurs,  de  la  rendre  si  facile 
par  votre  zèle,  par  vos  talents,  par  un  dévouement  patriotique  qui  est  vraiment 
l'âme  de  tout  ce  que  vous  faites. 

«  Nous  ne  sommes  pas  seuls  dans  cette  voie,  j'aime  à  le  reconnaître,  bien  des 
efforts  généreux  se  font  à  côté  de  nous  en  faveur  de  l'agriculture,  et  des  sociétés 
se  sont  multipliées  en  proportion  des  besoins  qui  se  manifestaient.  Il  faut  voir 
dans  cette  émulation,  non  point  de  misérables  rivalités  d'amour-propre  ou  d'in- 
fluence, mais  la  création  d'institutions  aui,  loin  de  se  nuire,  peuvent  se  com- 
pléter utilement,  —  à  l'expresse  condition  cependant  que  l'esprit  qui  les  anime  à 
l'égaril  les  unes  des  autres  s'inspire  de  leur  commun  dévouement  au  pays,  et  que 
le  venin  de  la  politique  ne  vienne  pas  en  altérer  le  caractère. 

«  Nous  avons  tous  les  jours  sous  les  yeux  l'exemple  de  ce  que  peuvent  être 
pour  le  bien  commun  ces  rapports  que  je  qualifierais  de  fraternels,  si  le  respect  et 
l'admiration  qui  s'attachent  à  des  maîtres  vénérés,  chefs  en  même  temps  de  la 
Société  nationale  d'agri'culiure,  n'imposaient  à  la  Société  des  agriculteurs  de 
France,  bien  moins  ancienne,  un  sentiment  plus  filial  encore  que  fraternel.  Vous 
apprécierez,  Messieurs,  combien  sont  touchantes  cette  entente  et  cette  union  des 
deux  sociétés  par  ce  fait  que,  si  restreint  par  ses  vieux  règlements  que  soit  le 
nombre  des  membres  de  la  Société  nationale  d'agriculture,  —  j'allais  dire  de  cette 
noble  académie  de  l'agriculture,  —  nous  ne  comptons  pas  dans  son  sem  moins 
de  cinquante  et  un  de  nos  associés,  dont  la  moitié  à  peu  près  fait  partie  de  notre 
bureau  et  de  notre  conseil.  Nous  ressentons  autant  cl'orgueil  que  de  satisfaction 
de  cette  confraternité,  qu'un  effort  constant  cherche  à  rendre  fructueuse  ;  mais 
nous  ne  le  manifestons  aussi  hautement  que  parce  que  l'exemple  nous  semble  bon 
à  mettre  sous  tous  les  yeux.  Nous  voudrions  qu'il  put  profiter  aux  sociétés  nou- 
velles dont  je  parlais  tout  à  l'heure  :  les  ressources  financières  dont  elles  dispo- 
sent, grâce  à  la  générosité  du  gouvernement  à  leur  égard,  un  zèle  incontestable, 
pourraient  assurément  faire  beaucoup  de  bien,  si  elles  se  maintenaient  dans  les 
conditions  que  j'indiquais. 

«  Quant  à  nous,  messieurs,  notre  ligne  de  conduite  sera  toujours  déterminée 

Sar  les  seuls  besoins  de  la  cause  qui  a  été  confiée  à  notre  sollicitude.  Nous  avons 
emandé  aux  pouvoirs  publics  de  notre  pays,  avec  une  per^:évérante  insistance, 
ce  que  nous  attendions  de  leur  justice  ;  nous  avons  cherché,  au  prix  de  travaux 
dont  on  a  apprécié  le  mérite,  à  montrer  les  raisons  de  droit,  d'équité  et  de  bonne 
politique  qui  inspiraient  nos  conseils;  nous  n'avons  obtenu  qu'une  trop  faible 
partie  de  ce  que  nous  voulions,  mais  nous  ne  cesserons  de  dire  que  l'agriculture 
doit  recevoir  une  plus  large  part  que  celle  qui  lui  a  été  faite  dans  les  conseils  du 
gouvernement;  si  nous  reconnaissons  le  bien  qui  a  été  fait,  nous  avons  surtout 
pouriievoir  de  signaler  celui  qui  reste  à  faire.  —  D'une  autre  pnrt,  nous  stimu- 
lons de  tout  notre  pouvoir  les  découvertes  et  les  expériences  de  la  science  ;  nous 
veillons  à  la  distribution  annuelle  la  plus  équitable  des  dons  généreux  que  nous  ont 
faits  des  bienfaiteurs  dont  vous  n'oublierez  jamais  les  noms;  nous  cherchons  tous 
les  moyens  de  fortifier  les  liens  qui  doivent  unir  tous  les  membres  de  notre 
Société.  Ce  sont  là  nos  seules  préoccupations,  mais  elles  ne  laissent  pas  que  d'être 
quelquefois  bien  lourdes  :  laissez-moi  en  mettre  un  exemple  sous  vos  yeux.  L'im- 
portance que  nous  avons  donnée  à  l'intervention  des  sociétés  départementales 
affiliées,  l'action  qu'elles  exercent  par  leurs  délégués  sur  les  programmes  de  nos 
sessions,  ont  accru  leur  nombre  au  point  que  80,0.00  agriculteurs  sont  ainsigrou- 
pés  autour  de  nous  Vous  jugez  quel  prix  nous  attacherions  à  des  rapports  directs 
avec  ce  nombre  considérable  d'hommes  qui,  par  leur  seule  volonté  de  faire  partie 
d'un  Comice  cantonal  ou  d'une  Société  départementale,  ont  prouve  l'intérêt  qu'ils 
prenaient  aux  choses  de  l'agriculture,  et  ([ui  doivent  ainsi  exercer  une  influence 
sur  les  méthodes  culturales  des  contrées  qu'ils  habitent.  De  là  dériverait  un 
moyen  d'action  des  plus  importants  pour  nous  ;  mais  les  difficultés  augmentent 
en  proportion  du  nombre  de  nos  adhérents,  et  notre  budget  est  bien  restreint  en 
face  de  telles  aspirations  ! 

«  Un  signe  certain  de  l'estime  dans  laquelle  on  veut  bien  tenir  nos  travaux, 
c'est  le  prix  que  l'on  attache  à  nos  modestes  récompenses,  et  nous  y  voyons  un 


SOCIÉTÉ  DES  AGRICULTEURS  DE  FRANCE.  169 

encouragement  à  rester  dans  la  voie  que  nous  nous  sommes  tracée  sous  ce  rap- 
port. Nous  n'avons  pas,  il  me  semble,  à  nous  inquiéter  beaucoup  de  quelques 
critiques.  Si  ces  critiques  sont  fondées,  elles  nous  donneront  l'occasion  de  nous 
amender  ;  si  elles  ne  le  sont  pas,  notre  bonne  volonté  et  notre  désintéressement 
suffiront  à  nous  défendre. 

a  Au  milieu  des  agitations  qui  fatiguent  l'esprit  public,  le  terrain  des  purs 
intérêts  de  l'agriculture  est  comme  une  oasis  que  tout  le  monde  est  iieureux  de 
rencontrer-,  et  les  témoignages  de  confiance  de  M.  le  ministre  de  l'agriculture  la 
générosité  des  Compagnies  des  chemins  de  fer  à  notre  égard,  nous  mootrent  bien 
qu'on  apprécie  à  sa  valeur  une  indépendance  ferme  et  respectueuse  comme  celle 
dont  nous  nous  honorons.  Gardons-la  donc  soigneusement  malgré  les  sacrifices 
qu'elle  nous  impose  quelquefois,  et  qu'elle  reste  le  point  de  départ  de  tous  nos 
actes. 

«  M.  le  comte  de  Luçay  vous  a,  l'année  dernière,  rendu  compte,  avec  un  soin 
et  une  méthode  qui  vous  ont  vivement  intéressés,  de  l'état  de  nos  travaux.  Ce 
rôle  appai  tient  aujourd'hui  à  notre  secrétaire  général,  et  M.  Teissonniôre  va  vous 
donner  un  résumé  de  ce  que  nous  avons  fait  depuis  ua  an.  L'énoncé  seul  des 
matières  qu'il  va  traiter  vous  fera  comprendre  que  nous  nous  sommes  occu])és  de 
toutes  les  questions  qui  se  rapportent  à  notre  régime  économique,  à  la  législation 
rurale,  à  l'enseignement  agi-icole,  aux  relations  internationales,  aux  tarifs  des 
chemms  de  fer,  au  génie  rural,  aux  industries  agricoles  et  à  toutes  les  conditions 
techniques  des  diverses  branches  de  la  production  nationale.  Nous  espérons  avoir 
accompli  cette  mission  avec  tout  le  soin  que  nous  imposait  votre  confiance-  mais 
nous  ne  pouvons  nous  défendre  d'un  sentiment  d'amère  tristesse,  il  faut  vous 
l'avouer,  en  voyant  que  tant  d'efforts,  dont  on  reconnaissait  hautement  la  raison 
d'être  et  la  justice,  ont  si  peu  obtenu.  La  lutte  est  ingrate,  mais  la  cause  est 
si  juste  que  nous  persévérerons  cependant  sans  défaillance. 

«  Messieurs,  de  nouveaux  deuils  bien  cruels  ont  frappé  notre  Conseil  et  la 
Société  elle-même  cette  année,  et  vous  vous  associerez  à  mon  affliction  person- 
nelle devant  les  noms  si  universellement  estimés  de  MM.  Bella  et  le  marquis  de 
Virieu,  membres  de  votre  Conseil,  devant  ceux  de  quelques-uns  de  vos  plus  vaillants 
défenseurs  dans  le  Sénat,  MM.  le  vicomte  de  Forsanz,  le  général  de  Cissey,  de 
Kerjégu  et  le  baron  de  Larcy  ;  ceux  de  collègues  aussi  dévoués  que  MM.  Juvénal 
Dessaignes,  Chenu-Laffitte,  de  Lamballerie,  Bodin,  le  comte  de  Bonneval,  Ance- 
lin,  Bataille,  Jacquet,  le  marquis  de  Mallet. 

«  D'autres  noms  mériteraient  d'êire  cités,  qui  vous  feraient  mieux  apprécier 
encore  la  grandeur  de  nos  pertes,  mais  il  faut  s'arrêter  et  regarder  aussi  quels 
éléments  de  vie,  de  force  et  de  prospérité  la  Providence  vous  envoie.  Beaucoup 
de  membres  nouveaux  sont  entrés  dans  nos  rangs  cette  anaée,  et  si  nous  avons 
perdu  85  sociétaires,  584  les  ont  remplacés.  Nous  remercions  nos  nouveaux  collè- 
gues de  nous  apporter  cette  consolation;  puissent-ils  se  montrer,  comme  ceux 
que  nous  pleurons,  d'utiles,  de  courageux  défenseurs  de  la  cause  agricole.  » 

M.  Teissonnière  a  donné  lecture  du  rapport  sur  les  travaux  de  la 
Société;  dans  ce  rapport,  il  a  principalement  insisté  sur  les  réunions 
des  Commissions  et  les  études  auxquelles  elles  se  sont  livrées.  Ensuite, 
M.  Jacquemart  a  présenté  le  rapport  sur  la  situation  financière  de  la 
Société,  dont  les  recettes  augmentent  avec  l'accroissement  du  nombre 
de  ses  membres. 

Avant  de  se  retirer,  M.  Chevreul  a  tenu  à  remercier  la  Société  de 
l'accueil  enthousiaste  qu'elle  lui  avait  fait.  Dans  une  improvisation 
éloquente,  il  a  insisté  sur  les  services  que  la  Société  des  agriculteurs 
peut  rendre,  par  son  rayonnement  dans  toute  la  France,  pour  réunir 
les  documents  nécessaires  pour  faire  un  traité  d'agriculture  scien- 
tifique dont  les  éléments  manquent  encore.  H  faut,  en  effet,  dans  les 
questions  agricoles,  se  bien  garder  de  faire  des  généralisations  hàlives, 
et  de  tirer  des  conclusions  absolues  de  faits  particuliers  et  isolés; 
M.  Chevreul  cite,  comme  exemples,  les  recherches  relatives  aux  eaux 
souterraines  et  aux  engrais  complémentaires,  improprement  appelés 
engrais  chimiques,  dontondoit  faire  varier  l'emploi  suivant  la  nature 


170  SOCIÉTÉ  DES  AGRICULTEURS  DE  FRANCE. 

des  terres  et  celle  des  récoltes  qu'on  veut  obtenir.  Il  termine  en  rappe- 
lant une  devise  de  Malebranche  qu'il  s'estappropriée  :  tendre  toujours 
avec  effort  à  l'infaillibilité,  sans  jamais  y  prétendre. 

Nous  rendrons  compte  des  travaux  de  la  session.  Mais  nous  devrons 
faire  connaître  immédiatement  les  prime**  de  monte  qu'elle  a  décernées, 
pour  l'espèce  bovine,  au  concours  d'animaux  reproducteurs  du  palais 
de  l'Industrie.  La  Commission  de  classement  pour  ces  primes  était 
composée  comme  il  suit  :  M.  le  marquis  de  Dampierre,  président; 
M.  le  comte  de  Bouille  et  M.  Boitel,  vice-présidents;  MM.  le  comte  de 
Champigny,  Debailly,  Desloges,  le  comte  de  Diesbach,  J.  de  Felcourt, 
Gréa,  le  marquis  de  Grossourdy  de  Samt-Pierre,  le  marquis  de 
Montlaur.  Les  primes  ont  été  décernées  comme  il  suit  : 

l'"''  Catégorie  —  Race  Durham.  —  1'*=  Section,  (li  taureaux  âgés  de  moins  d'un 
an),  brevet  n"  1  et  prime  de  300  fr.,  Canotier,  appartenant  à  M.  Signoret  Nièvre)  ; 
brevet  n°  3,  Connétable,  à  M.  Signoret  (Nièvre).  —  2«  Section,  (10  taureaux  âgés 
d'un  an  à  deux),  brevet  n"  1  et  prime  de  3(i0  fr. ,  Mutin,  à  M.  Daudier  (Mayenne)  ; 
brevet  i."  2  et  prime  de  200  fr.,  Apis,  à  M  Grollier  (Maine-et-Loire);  brevet 
ii"3  et  prime  de  .00  fr.,  Coq-^iu-Village,  à  M.  Signoret  (Nièvre)  ;  brevet  n°  4  et 
prime  de  100  fr.,  Tudor,  à  M.  Duquénel  (Charente-Inférieure).  —  3°  Section, 
(15  taureaux  âgés  de  plus  de  deux  ans),  brevet  n"  1  et  prime  de  300  Ir.,  Vladi- 
mir, à  M.  Gastinel  (lUe-et-Viiainei;  brevet  n°  -2  et  prime  de  200  fr,,  Papillon,  à 
M  Rousseau  (Mayenne) ,  brevet  n«  3,  Avant-Garde,  à  M.  Grrollier  (Maine-et- 
Loire)  ;  brevet  n*^  4,  Diogè'ie,  à  M.  Tiersonnier  Nièvre);  brevet  n"  5,  Novalis, 
à  M.  Aucler  (Cher)  ;  brevet  n»  6,  Oauphiné  III  à  M.  Daudier  (Mayenne). 

2^  '  alegorie.  —  Races  Gharolaise  et  Nivernaise.  —  1"  Sect-on  (3  taureaux  âgés 
de  moins  d'un  an),  brevet  n»  1  et  prime  de  ."^OO  fr.,  à  M.  Joyon  (Nièvre)  ;  brevet 
n°  2  et  prime  de  200  fr.,  à  M.  Régnier  (Nièvre).  —  2"  Sect'on  (8  taureaux  â_'és 
de  plus  d'un  an),  brevet  n»  1  et  prime  de  300  fr  .  àM.  Bourdeau  (Nièvre)  ;  brevet 
n**  2  et  prime  de  200  fr.,  à  M.  Régnier  (Nièvre)  ;  brevet  n"  3,  à  M.  Joyon  (Nièvre)  ; 
brevet  n"  4,  à  M.  Ghaput  (Cher);  brevet  n»  5,  à  M.  Mary-Lépine  (Cher);  brevet 
n»  6,  à  M   Gentil  (Cher). 

3*  Catégorie.  —  Race  Normande  (3  taureaux),  brf^vet  n**  1  et  prime  de  200  fr., 
à  M  Géran-Maillard  (Manche  i  ;  brevert  n"  2  et  prime  de  2u0  fr. ,  à  M.  Geste  (Yonne)  ; 
brevet  n°  3,  à  M.  Lhotte  (Aisne) . 

^^  Catégorie.  —  Race  Limousine.  (4  taureaux),  brevet  n"  1  et  prime  de  300  fr,, 
à  M.  de  Léobardy  ^Haute-Vienne)  ;  brevet  n»  2  et  prime  de  200  fr.,  à  M.  Gibot 
(Haute- Vienne)  ;  brevet  n"  3,  à  M.  Gaillaud  (Haute-Vienne). 

5'=  Catégorie.  —  Race  de  Salers  (1  taureau),  Drevet  n»  1  et  prime  de  300  fr.,  à 
M.  Deltour  (Gantai). 

6*  Catégorie,  —  Race  Garonuaise  (1  taureau),  brevet  n»  2  et  prime  de  200  fr., 
à  M   Régimon  (Girondp) 

7^etii'Catêgi,ri>'s.  ~  Races  Bazadaise  et  Parthenaise.  Pas  d'animaux  pi  ésentés. 

9'  Catégorie.  ■ — Race  Bretonne  (4  taureaux),  brevet  n"  1  et  prime  de  300  fr.,  à 
M.  Lefloch;  brevet n°  3,  à  M.  Jozon  (Seine-et-Marne);  brevet  n"  4,  à  M  Henrat 
(Morbihan). 

10"  Cmégorie  —  Races  diverses  (6  taureaux),  brevet  n»  1  et  prime  de  300  fr., 
Schwtz,  à  M.  Bertrandus  (Seine-et-Oise)  ;  brevet  n"  2  et  prime  de  2.i0  fr.,  Hol- 
landais, à  M  Loumaye  (Ardt^nnesy  ;  brevet  n°  2  et  prime  de  200  fr. ,  Schivitz,  à 
M.  Hcrment-Bidant  (Marne)  ;  brevet  n"  3,  Schwitz,  à  M.  le  comte  Sapia  de  Len- 
ciey  (Seine-et-Oise). 

Dans  quelques  catégories,  la  Commission  n'a  pas  décerné  les  primes  ; 
mais  elle  a  attribué  une  partie  de  ces  primes  disponibles  aux  jeunes 
taureaux  â^és  de  moins  d'un  au  dans  les  races  durham  et  nivernaise. 
Pour  tous  les  animaux,  les  primes  en  argent  seront  détternées  aux 
éleveurs  qui  posséderont  les  animaux  primés,  au  premier  janvier 
prochain. 

Les  séances  de  la  session  se  tiennent  tous  les  jours,  jusqu'au  mardi 
6  février.  Henry   Sagmer. 


LES  ANIMAUX  AU   GONC-OURS    DE  PARTS.  171 


LES  ANIMAUX  AU  CONCOURS  DE  PARIS  EN  1883.  —  I 

Décidément  l'Exposition  des  animaux  gras,  coïncidant  avec  l'époque 
du  carnaval,  devient  une  institution  à  la  mode,  el  le  public  parisien, 
naturellement  peu  enclin  vers  les  choses  de  1  ajj^riculture,  semble 
enfin  lénieigner  un  certain  empressement  pour  venir  visiter  le  palais 
de  rindustrie,  et  manifester  en  même  temps  de  la  satisfaction,  sinon 
du  plaisir,  à  contempler  les  ricliesses  agricoles  de  la  France,  entassées 
avec  une  profusion  caractéristique  dans  le  splendide  palais  des 
Champs-Elysées. 

Cet  accroissement  d'intérêt  s'est  manifesté,  cette  fois-ci,  de  diverses 
manières  :  d'abord  la  fouie  des  visiteurs,  le  samedi,  jour  où  le  prix 
d'entrée  est  fixé  à  cinq  francs,  était  la  plus  nombreuse  qu'on  ait  encore 
vue,  et  le  lendemain,  dimanche,  l'encombrement  égalait  presque 
celui  des  concours  du  club  de  Smithfîeld,  à  Londres.  —  C'est  un 
symptôme  important,  car  il  révèle  dans  le  public  parisien  un  courant 
plus  sérieux  dans  sa  poursuite  du  plaisir.  Il  semble  s'apercevoir  enfin 
que  l'agriculture  française  est  autre  chose  qu'une  occupation  avilis- 
sante, ne  convenant  qu'à  de  simples  ruraux,  rustres,  incivdisés,  sen- 
tant le  fumier  et  le  suint  des  bêtes,  parlant  patois  et  portant  blouse. 
Aujourd'hui  les  bœufs  gras  redeviennent  à  la  mode  et,  au  lieu  des 
noms  de  bouchers,  inscrits  comme  acq  léreurs,  au-dessus  de  la  pla- 
que des  lauréats,  on  voit  celui  des  magasins  de  nouveautés  les  plus 
à  la  mode  et  celui  des  grands  hôtels.  C'est  ainsi  que  le  bœuf  prix 
d'honneur  de  M.  Siguoret,  est  devenu  la  propriété  des  grands  maga- 
sins du  Louvre,  qui  en  offriront  sans  doute  les  filets,  les  entrecôtes 
et  les  gîtes  à  la  noix  comme  primes  à  leurs  cli  nts,  après  l'avoir 
promené  en  public,  comme  on  le  faisait  autrefois.  Voilà,  dans  tous 
les  cas,  une  bien  singulière  réclame! 

Du  reste,  il  faut  bien  admettre  que  cet  empressement  des  visiteurs 
avait  une  cause  bien  légitime;  car,  à  moins  qu'il  ne  s'agisse  de 
fêtes  nationales,  il  n'est  guère  possible  d'éialer  aux  regards  du  public 
un  spectacle  plus  varié,  plus  attrayant  et  mieux  organisé  que  celui 
qu'offrait,  ces  jours  derniers,  le  palais  dans  son  enceinte  intérieure 
et  dans  se^  alentours  immédiats.  Jamais  un  aussi  grand  nombre  d  a- 
nimaux,  dont  quelques-uns  pouvaient  rivaliser  avec  les  meilleurs  des 
expositions  analogues  ai  l'Angleterre,  n'avaient  encore  rempli  ses 
travées  ;  jamais,  on  peut  l'uirirmer,  produits  plus  variés,  plus  beaux, 
mieux  réussis,  n'avaient  encore  orné  les  galeries  du  premier  étage. 
Cette  exposition  des  produits,  ainsi  que  celle  des  volailles,  étaient 
sans  rivales;  car  moi,  qui  assiste  tous  les  ans,  depuis  si  longtemps 
aux  grands  concours  de  l'Angieterre,  je  puis  allirmer  n'avoir  jamais 
vu  rien  qui  approchât  de  l'Exposition  qui  vient  d'avoir  lieu  au  palais 
de  l'Industrie,  laquelle  est  incontestablement  la  plus  belle  qui  ait 
encore  eu  lieu. 

Pour  donner  une  idée  générale  et  complète  de  cette  exposition  à  nos 
lecteurs,  il  faudrait  écrire  tout  un  gros  volume,  ce  dont  je  n'ai  ni  le  loisir, 
ni  la  disposition  de.sprii.  Je  me  vois  donc  forcé,  à  mon  grand  regret, 
de  laisser  de  côté  la  splea<lide  exposition  île  machinerie  agricole,  celle 
des  produits  qui  témoignaient,  dans  leur  étal  ige  muet,  mais  élo- 
quent, de  la  richesse  de  notre  sol  et  de  l'habileté  ae  nos  cultivateurs, 


172  LES  ANIMAUX  AU  CONCOURS   DE  PARIS. 

lesquels  peuvent  être  égalés,  mais  non  surpassés;  puis  celle  non  moins 
intéressante  des  ustensiles  ingénieux  que  l'esprit  fécond  des  industriels 
met  à  la  portée  des  cultivateurs  comme  de  précieux  auxiliaires  de  leurs 
travaux.  Il  m'est  aussi  impossible  de  traiter  de  l'exposition  des  volailles, 
ce  sont  là  des  tâches  que  je  suis  obligé  de  laisser  à  des  collaborateurs 
spéciaux.  Je  dois  uniquement  appeler  l'attention  de  nos  lecteurs  sur  le 
sujet  principal  des  animaux,  lequel  est  plus  spécialement  de  ma  com- 
pétence. 

Comme  on  le  sait,  les  animaux  d'espèce  bovine  sont  divisés  en  cinq 
classes,  subdivisées  elles-mêmes  en  diverses  catégories. 

La  f"  classe  comprenait  les  jeunes  bœufs  sans  distinction  de  races. 
Cette  classe  était  divisée  en  deux,  catégories  :  celle  des  jeunes  animaux 
nés  depuis  le  1 '''"janvier  1880,  et  celle  des  bœufs  nés  depuis  le  1*"^  jan- 
vier 1879  et  avant  le  l"  janvier  1880.  Cette  classe  était  naturellement 
la  plus  intéressante,  car  c'était  Texpression  topique  de  la  précocité  des 
races  et  la  solution  du  problème  de  la  réalisation  rapide  des  anim,iux 
de  bou(*herie,  c'est-à-dire  d'une  des  conditions  les  plus  importantes  de 
l'agriculture,  car  c'est  la  plus  avantageuse  et  la  plus  lucrative  au  point 
de  vue  de  la  production  de  la  viande.  La  précocité,  c'est-à  dire  la  ma- 
turité rapide  des  animaux  de  boucherie,  multiplie  la  production  sans 
doaner  lieu  à  une  plus  grande  dépense  de  nourriture,  ni  à  Temploi 
d'un  plus  grand  capital,  c'est-à-dire  qu'avec  une  même  somme  de 
nourriture,  et  par  conséquent  avec  une  même  dépense,   on  arrive  à 
produire  le  double  de  viande  pour  la  consommation  publique.  Ainsi 
deux  bœufs,  mûrs  à  24  mois,   ne  coûteront  pas  plus  et  produiront 
deux  fois  plus  de  viande  qu'un  bœuf  qui  n'arrive  à  maturité   qu'à 
quatre  ans.  Ces  chiffres  sont  des  extrêmes,  sans  doute,  mais  ils  sont 
suffisamment  exacts  pour  faire  comprendre  la  proposition  que  je  viens 
d'émettre,  laquelle  s'applique  avec  plus  de  force  encore  aux  espèc^'s 
ovine  et  porcine,  comme  nous  le  verrons  plus  loin,  lorsque  je  calculerai 
les  rendements  et  les  augmentations  diverses,  d'après  le  système  de 
calcul  que  j'ai  présenté  l'année  dernière. 

Ces  deux  catégories  de  la  1'*  classe  des  animaux  d'espèce  bovine  ne 
comprenaient  pas  moins  de  45  têtes,  chiffre  considérable  qui  démontre 
combien  nos  éleveurs  et  engrais&eurs  comprennent  l'importance  de 
la  précocité. 

La  1"  catégorie,  celle  des  plus  jeunes,  comprenait  21  têtes  exposées 
sur  26  déclarées.  Le  plus  âgé,  le  bœuf  prix  d'honneur,  exposé  par 
iM.  Signoret,  ne  pesait  pas  moins  de  940  kilogrammes  à  l'âge  de  ;^5  mois 
et  25  jours.  La  2*  catégorie  se  composait  de  29  animaux  exposés  sur  36 
déclarés,  dont  le  plus  âgé  avait  un  poids  de  836  kilogrammes  à  l'âge 
de  4  ans. 

La  2'  classe  comprenait  les  bœufs  répartis  par  races,  quel  que  fût 
leur  âge.  (^ette  classe  était  divisée  en  neuf  catégories  et  trois  sous- 
catégories  dont  voici  la  nomenclature  avec  le  nombre  des  animaux 
exposés  : 

têtes. 

l"  Catégorie.     Race  charolaise  et  nivernaise lî 

2°          —            Race  limousine.. 13 

3'          —            Race  f^aronnaise 10 

V           —            Race  bazadaise ti 

h'          —            Race  de  salers 4 

6'          —  Races  partheiiaise,  clioletaise  et  nantaise.. ..... ._.  6 

7°          —  Races  françaises   diverses  autres  que  «elles  dési- 
gnées ci-dessus,  telles  que  : 


LES  ANIMAUX  AU    CONCOURS  DE    PARIS.  173 

.^  1.  Flamande,  Normande,  Mancclle, Fcnielinc, 
Bourbonnaise,  Comtoise,  etc 8 

§  2.  Races  Béarnaise,  Basquaise,  Aubra?,Mezenc, 
etc 6 

§  3.  Races  Bretonne,  Tari  ne,  etc 4 

Total  des  bieufs  de  races  françaises 69 

8'  catégorie.       Races  étrangères  diverses " 2 

9°  —  Croisements  divers 


Dont  23  avec  le  sang  Uurham 


30 


La  3"  classe  comprenait  les  femelles  nées  avant  le  l""  mai  187'.). 
Cette  classe  était  divisée  en  deux  catégories,  dont  la  première  était 
réservée  aux  races  françaises  ou  croisées  entre  elles,  et  la  seconde  aux 
races  étrani^ères  et  croisements  divers  autres  que  ceux  de  la  première 
catégorie.  Cette  première  catégorie  ne  comprenait  que  15  têtes  sur  25 
déclarées,  ce  qui  dénote  une  trop  grande  proportion  d'abstentions  de 
la  part  des  exposants.  Un  accident  peut  empêcher,  sans  doute,  .l'envoi 
d'un  animal  déclaré;  mais,  ici,  on  ne  peut  supposer  que, sur  25  ani- 
maux déclarés,  il  se  soit  produit  10  empêchements  provenant  d'une 
cause  légitimé.  En  Angleterre,  ceux  qui,  sans  motifs  bien  certifiés, 
n'exposent  point  les  animaux  déclarés,  sont  soumis  à  une  amende,  et, 
en  cas  de  non  paiement  de  cette  amende,  les  récalcitrants  sont  à  l'a- 
venir exclus  des  concours.  On  remarque,  dans  les  catalogues  de  nos 
expositions,  une  bien  trop  grande  abstention  de  la  part  des  exposants, 
et  je  crois  qu'il  serait  opportun  d'y  remédier  par  une  sanction 
sévère. 

La  seconde  catégorie  comprenait  10  animaux  exposés  sur  13  dé- 
clarés. Dans  la  première  catégorie,  c'est  la  race  limousine  qui  domi- 
nait parmi  les  absents;  sur  douze  vaches  déclarées,  cinq  seulement 
avaient  été  envoyées  par  les  exposants.  Il  y  a  là  incontestablement  un 
abus  contre  lequel  il  serait  bon  de  réagir. 

La  quatrième  classe  comprenait  des  bandes  de  quatre  animaux 
chacune.  Cette  classe  était  divisée  en  deux  catégories,  celle  des  bœufs 
répartis  en  deux  sections  et  celle  des  vaches.  Dans  les  bandes  de  bœufs 
il  n'y  avait  d'autre  restriction,  quant  à  l'âge  des  animaux,  que  celle 
de  la  naissance  antérieure  et  postérieure  au  l'"'  janvier  1879,  et  au 
1"  janvier  1880  pour  les  vaches;  comme  je  donnerai  mon  appréciation 
de  toutes  ces  classes  dans  un  second  article,  je  me  borne  à  indiquer 
ici  le  nombre  et  les  races  des  animaux  exposés. 

Il  y  avait,  dans  la  première  section  des  bandes  de  bœufs,  celle  com- 
prenant les  jeunes  animaux  âgés  de  quatre  ans  au  plus,  sept  bandes, 
et  onze  dans  la  deuxième,  celle  des  animaux  âgés,  sur  quinze  bandes 
déclarées,  ce  qui  constituait  quatre  abstentions  dont  trois  de  race 
limousine;  décidément  cette  race  semble  craindre  la  lutte.  La  catégorie 
des  bandes  de  vaches  n'en  comptait  qu'une  seule  présente  sur  quatre 
déclarées.  Là  encore  les  limousins  brillaient  par  leur  absence;  sur 
trois  abstentions  il  y  en  avait  deux  appartenant  à  l'élément  limousin. 
Je  ne  dirai  rien  des  veaux  gras,  car  vraiment  les  déclarations  d'âge 
variant  d'un  mois  neuf  jours  à  deux  mois  dix-neuf  jours  .pour  des 
veaux  évidemment  plus  âgés,  étaient  par  trop  fantaisistes.  Cette  expo- 
sition n'était  pas  sérieuse.  En  cela  elle  n'était  égalée  que  par  celle  de 
l'espèce  porcine  où  les  déclarations  d'âge  dépassaient  toutes  les  bornes 
de  l'exagération,  comme  j'aurai  lieu  de  le  remarquer  plus  tard. 

L'ensemble  de  l'exposition  de  l'espèce  bovine  comprenait  donc 
251  têtes,  y  compris  17  veaux.  Maintenant  veut-on  savoir  dans  quelle 

*     * 


174  LES  ANIMAUX  AU  CONCOURS  DE    PARIS. 

proportion  l'élément  Durham  entrait  dans  ce  nombre  total?  Sur 
234  bœufs  et  vaches,  il  y  avait  98  durhams  ou  croisés  durbams;  si  de 
ce  nombre  total  on  élimine  le  nombre  appartenant  aux  catégories 
exclusivement  consacrées  aux  races  françaises  et  par  conséquent  fer- 
mées à  la  race  Durham,  les  chiffres  sont  comme  suit  :  sur  165  ani- 
maux exposés  en  dehors  des  catégories  des  races  françaises,  il  y  avait 
98  animaux  ayant  du  sang  durham. 

Parmi  les  croisements  dont  il  y  avait  107  sujets,  89,  c'est-à-dire  la 
totalité  moins  18,  consistaient  en  produits  de  croisements  avec  le  sang 
durham. 

On  a  coutume  de  me  tenir  pour  un  partisan  aveugle  du  sang  durham. 
Il  me  semble  que  la  plupart  des  éleveurs  de  mon  pays  partagent  en 
cela  ma  manière  de  voir,  je  n'invente  point  les  chiffres  que  je  viens 
de  citer.  Chacun  peut  les  vérifier  sur  le  catalogue  et  en  tirer  la  conclu- 
sion logique. 

Comme  élément  d'amélioration  de  nos  races,  — je  dis  amélioration, 
car  pourquoi  fait-on  des  croisements,  si  ce  n'est  dans  un  but  d'amé- 
lioration? —  c'est  évidemment  le  sang  durham  qui  obtient  le  plus  de 
faveur.  On  aura  beau  dénigrer  cette  admirable  race,  les  faits  parlent 
plus  haut  que  la  simple  expression  d'opinions  plus  ou  moins  sévères. 
Il  faut  donc  considérer  avec  un  intérêt  tout  patriotique  l'innovation 
dont  nous  venons  de  voir  l'inauguration  au  concours  qui  vient  de  se 
terminer,  c'est-à-dire  l'exposition  de  reproducteurs,  car  cela  peut 
devenir  un  des  plus  puissants  facteurs  de  la  régénération  de  nos  races, 
en  permettant  aux  plus  humbles  éleveurs  de  faire  l'acquisition  de  tau- 
reaux durhams.  Si  cette  annexe  réussit  dans  l'avenir,  comme  j'en  ai 
la  conviction,  surtout  si,  à  partir  de  l'année  prochaine,  on  l'établit 
sur  des  bases  plus  libérales,  et  avec  l'institution  bien  organisée  d'une 
vente  aux  enchères,  préparée  à  l'avance  et  annoncée  par  la  publication 
d'un  catalogue  spécial,  comme  cela  se  passe  en  Angleterre,  cette  nou- 
velle branche  de  notre  concours  national  sera  la  source  directe  d'une 
ère  de  progrès  et  de  prospérité  pour  notre  agriculture  nationale  dont 
il  est  impossible  d'exagérer  la  portée. 

Dans  un  prochain  article,  je  continuerai  l'examen  de  ce  remarqua- 
ble concours  afin  d'en  tirer  les  leçons  qu'il  comporte,  et  suggérer  les 
améliorations  que  sa  future  organisation  réclame. 

(La  suite  prochainement).  F.-R.  de  la  Tréhonnais. 

JURISPRUDENCE  AGRICOLE 

On  nous  pose  la  question  suivante  : 

«  L'immeuble  dotal  peut-il  être  aliéné  pour  remédier  à  l'invasion  du 
phylloxéra  ou  pour  venir  en  aide  aux  conjoints  ruinés  par  ce  fléau  V  » 

En  matière  d'immeuble  dotal,  à  moins  de  la  stipulation  d'aliénabi- 
lité  dans  le  contrai  de  mariage,  Tinaliénabilité  est  la  règle  sans  varia- 
tions. 

Pourtant  dans  certains  cas  marqués  par  l'art.  1558,  cas  exception- 
nels, l'aliénation  est  permise  avec  l'autorisation  de  justice  et  dans  la 
forme  de  la  vente  des  biens  de  mineurs. 

Parmi  ces  cas,  on  remarque  celui  oii  il  s'agit «  de  faire  de  grosses 

réparations  indispensables  à  la  conservation  de  l'immeuble  dotal.  » 

Mais  il  est  clair  que  le  traitement  du  phylloxéra  ne  peut  être  assi- 


JUarSPRUDENGE  AGRICOLE.  175 

mile  à  une  réparation  ;  en  elîet,  les  grosses  réparations  énoncées  à 
l'art.  606  ne  se  réfèrent  qu'à  des  poutres,  murs,  etc.,  qu'à  des  con- 
structions en  un  mot. 

Mais  l'art.   1558  admet  encore  l'aliénabilité,  s'il  s'agit  »  de  fournir  ' 
des  aliments  à  la  famille  dans  les  cas  prévus  par  les  art.  203,  205 
et  206,  )) 

La  dette  alimentaire  est  une  dette  sacrée,  qui  seule  était  de  nature  à 
faire  suspendre  le  principe  de  l'inaliénabilité.  De  même,  si  les  époux 
eux-mêmes  sont  réduits  au  dénùment,  il  est  naturel  de  permettre 
l'aliénation,  pour  venir  à  leur  secours. 

Il  faut,  bien  entendu,  qu'ils  n'aient  pas  d'autre  ressource  que  l'im- 
meuble dotal,  et  que  cet  immeuble  soit  improductif. 

En  co  cas,  l'excédent  du  prix  de  la  vente  au-dessus  des  besoins 
reconnus  restera  dotal,  et  il  en  sera  fait  emploi  comme  tel  au  profit 
de  la  femme. 

C'est  là  un  système  unanimement  considéré  comme  jus:^,  et  du 
reste  il  est  strictement  conforme  au  texte.  Eug.   Polillet, 

Avocat  à  la  cour  de  Paris. 

DE  L'AMÉLIORATION  DES  BATIMENTS  RURAUX 

EN  BRETAGNE.  —  II 

1°  La  maison  d'habitation  avec  cellier,  laiterie,  four  et  buanderie, 
doit  être  assez  grande  pour  loger  une  famille  composée  du  père,  de 
la  mère  et  de  quatre  enfants  en  moyenne,  avec  deux  domestiques. 

Elle  doit  être  élevée  au-dessus  du  sol  d'au  moins  0"'.50  à  0'".60, 
si  elle  n'est  pourvue  de  caves  qui  rendent  l'habitation  plus  saine.  En 
Angleterre,  on  ne  construit  pas  d'habitation  à  la  campagne  sans  l'en- 
tourer d'un  drainage,  au  résumé  peu  dispendieux. 

L'exposition  préférable  pour  la  façade  d'une  habitation  est  le  Midi, 
à  tous  les  points  de  vue  :  hygiène,  agrément,  etc. 

Au  rez-de-chaussée,  que  ce  soit  en  moyenne  ou  en  grande  ferme, 
nous  proposerions  deux  pièces  séparées  par  un  vestibule  d'entrée  dans 
lequel  doit  être  ménagé  l'escalier  qui  monte  au  premier,  où  sont  les 
greniers  bien  aérés. 

Le  cellier  et  la  laiterie  sont  deux  pièces  qu'on  peut  mettre  avec 
avantage  en  contre-bas  du  sol  et  sur  la  même  ligne  que  la  maison 
d'habitation,  afin  que  ces  deux  pièces  soient  le  plus  possible  à  proxi- 
mité de  la  fermière  qui  doit  en  avoir  la  surveillance.  Le  cellier  sert  à 
l'approvisionnement  et  à  la  garde  des  tonneaux  qui  doivent  être  ven- 
dus, et  on  peut  y  loger  quelques  provisions  de  ménage  :  pommes  de 
terre,  garde-manger,  etc.  La  laiterie  peut,  selon  nous,  faire  suite  au 
cellier,  même  se  desservir  par  cette  pièce  qui  doit  être  autant  que  pos- 
sible tournée  vers  le  nord. 

Le  four  avec  boulangerie,  contenant  un  fourneau  pour  faire  la  les- 
sive et  cuire  les  aliments  des  porcs,  peut  être  annexé  à  la  cuisine  sur 
la  même  ligne  et  au  sud. 

Par  ailleurs,  la  disposition  en  double  équerre  des  autres  bâtiments, 
avec  cour  intérieure,  nous  paraît  la  meilleure. 

2°  A  droite,  bordant  la  cour,  nous  établissons  la  grange,  bâtiment^ 
selon  nous,  indispensable,  même  à  une  exploitation  de  25  hectares 
Nous  y  plaçons  la  machine  à  battre,  sauf  le  manège  qui  peut  être  en 


.76  AMKLIORATIOxN  DES  BATIMENTS  RURAUX  EiN  BRBTAGNE. 

dehors  avec  abri  ou  sans  abri.  Le  baltage  à  couvert  deviendra  de  plus 
en  plus  une  nécessité.  Le  peu  de  soins  (ju'on  apporte  au  battage  en 
plein  air,  nuit  incontestablement" à  la  qualité  marchande  des  blés 
dans  l'ouest.  Une  bascule  pouvant  peser  les  bestiaux  à  l'engrais,  et 
tout  ce  qui  sort  de  la  ferme  ou  y  entre,  doit  se  trouver  dans  la  grange. 
Au  bout  de  cette  grange,  sous  le  même  toit,  se  rencontrerait  l'écurie 
avec  fenil  au-dessus  et  séparations  entre  les  chevaux.  Il  est  évident 
que  les  dimensions  à  donner  à  l'écurie  doivent  être  en  rapport  avec  les 
terres  à  cultiver  ;  mais  au  mininum  (pour  terres  toutes  en  culture)  il 
faut  compter  un  bon  cheval  par  10  hectares,  et  si  l'on  emploie  des 
juments  qui,  pendant  la  gestation  devront  être  ménagées,  il  faudra 
compter  davant;ige,  également  aussi  si  l'on  a  pour  habitude  de  vendre 
les  chevaux  à  l'âge  de  5  à  6  ans,  pour  les  remplacer  par  des  poulains 
de  2  ans  et  2  ans  1/2,  dont  on  aura  à  faire  l'élevage  et  le  dressage  au 
trait,  spéculation  qui  paraît  préférable,  dans  certains  endroits  de  la 
Bretagne,  à  celle  des  juments  poulinières.  Mais,  en  toute  occurrence, 
les  séparations  entre  chevaux  de  trait  étant  à  recommander,  il  faut 
compter  au  moins  r".50  de  largeur  par  chaque  cheval.  Quant  à  la 
longueur,  y  compris  l'emplacement  des  râteliers  et  des  mangeoires  et 
un  passage  suffisant  pour  le  service,  derrière  les  animaux,  et  accrocher 
les  harnais  contre  le  mur,  il  faut  compter  de  4'". 50  à  5  mètres. 

Un  cabinet  pour  le  charretier,  cabinet  séparé  des  chevaux,  doit  être 
ménagé  dans  l'écurie. 

3°  En  face  de  la  maison  d'habitation,  nous  plaçons  la  vacherie 
qui,  comme  tous  les  bâtimens  de  ferme,  doit  être,  autant  que  possible^ 
établie  sur  un  sol  sec  et  élevé. 

On  connaît  l'objectif  d'une  culture  intensive  à  bétail;  1  tête  de 
500  kilog.  par  hectare,  y  compris  les  porcs,  les  moutons,  les  chevaux 
et  animaux  de  l'espèce  bovine.  Les  exploitations  qui  satisfont  à 
cette  condition  sont  encore  très  rares;  qu'il  s'agisse  de  fermes  d'éle- 
vage et  d'engraissement,  ou  qu'il  s'agisse  de  la  production  laitière  ; 
mais  nous  n'avons  à  nous  occuper  que  du  logement  des  animaux  et 
des  conditions  hygiéniques  qu'ils  doivent  y  rencontrer. 

Disons  d'abord  qu'il  faut  tenir  compte  de  la  grandeur  de  la  race, 
qu'on  n  établit  pas  en  général  une  séparation  entre  les  animaux  de 
l'espèce  bovine,  et  que  pour  les  races  moyennes  un  espace  de  1"\50 
entre  chaque  animal  est  suffisant;  que  la  hauteur,  sous  plancher, 
doit  être  au  moins  de  3  mètres  avec  un  bon  système  de  ventilation, 
que  les  grands  élevages  de  mouton  tendent  à  disparaître  dans  l'ouest, 
et  qu'à  ce  titre  nous  ne  nous  occupons  pas  des  bergeries. 

La  hauteur  d  une  étable  doit  être  au  moins  de  3  mètres,  avec  un  bon 
système  de  ventilation  et  d'aération  sur  lequel  nous  ne  nous  étendrons 
pas. 

Les  vacheries  les  plus  simples  et  les  moins  coûteuses,  selon  nous, 
sont  les  élables  à  deux  rangs,  tête  à  tête,  entre  lesquelles  la  nourri- 
ture est  distribuée  aux  animaux  sans  nous  dissimuler  que,  pour  une 
très  rigouseuse  propreté,  la  disposition  queue  à  queue  avec  couloir  de 
circulation  en  ciment,  asphalte  ou  briquetage  à  plat,  à  joints  cimentés 
avec  rigole  d'écoulement  pour  chaque  rang  de  bêtes,  présente  des  avan- 
tages marqués. 

Nous  adopterions,  pour  la  largeur  intérieure,  1 0  mètres,  afin  d'avoir 
a*sez  d'espace  derrière  les  vaches,  le  long  des  murs  pour  y  placer  les 


AMÉLIORATION  DES   BATIMENTS   RURAUX  EN   BRETAGNE.  177 

veaux  pendant  les  premières  semaines,  jusqu'au  jour  de  leur  départ 
pour  la  boucherie,  si  on  ne  fait  pas  l'élevage,  auquel  cas  de  petits 
parcs  pour  les  jeunes  animaux  doivent  être  réservés.  La  longueur  se 
déduit  de  l'espace  ci-dessus,  1'".50  réservé  pour  chaque  animal,  et 
pour  20  vaches,  de  force  moyenne,  soit  ',]0  mètres. 

Nous  ne  donnons  pas  ici  de  prix  de  revient  qui  varie  forcément,  les 
propriétaires  pouvant  fournir  parfois  soit  le  bois,  soit  la  pierre,  nous 
dirons  seulement  que  nous  avons  vu  construire  des  étables  avec  toit 
en  saillie,  briques  ou  ardoises  et  aération  convenable,  à  200  par  tête 
d'animal. 

Ces  conditions  sont  à  noter;  car  lorsqu'un  propriétaire  a  fait  con- 
struire une  bonne  étable,  le  fermier  ou  le  métayer  ne  manquera  pas  de 
la  remplir  de  bons  animaux,  s'il  est  intelligent,  et  si  les  ressources 
fourragères  ne  lui  manquent  pas.  Ainsi  sera  assurée  la  fertilité  de  la 
terre  par  les  engrais  de  restitution,  auxquels  pourront  s'ajouter  les 
engrais  complémentaires.  Cette  même  doctrine  de  la  restitution  nous 
conduit  à  parler  de  la  plate-forme  à  fumier,  et  de  la  citerne  à  purin, 
indispensables  chez  un  cultivateur  soucieux  de  ses  intérêts.  Les  fer- 
miers n'ont  encore  que  trop  l'habitude  de  déposer  les  fumiers  en  tas, 
à  proximité  des  étables,  sans  avoir  égard  à  l'emplacement,  ni  au  pu- 
rin qui,  trop  souvent,  s'écoule  daus  le  ruisseau.  Il  faut  donc  qu'une 
place  soit  réservée  auprès  de  l'étable  pour  y  mettre  les  engrais  en  tas 
rectangulaires,  dont  la  hauteur  ne  doit  pas  dépasser  l^.ôO,  à  cause 
des  diflicullés  de  main-d'œuvre  pour  monter  plus  haut.  On  admet 
en  général  10  à  12  mètres  cubes  de  fumier  par  tête  de  bétail,  soit  donc 
pour  20  têtes  de  gros  bétail,  200  mètres,  dont  la  moitié  peut  se  trou- 
ver réunie  sur  la  plate-forme. 

Le  purin  qui  s'écoulera  de  celte  plate-forme  et  celui  des  étables,  des 
écuries,  des  porcheries  même,  devra  tomber  dans  une  citerne  à  purin, 
munie  d'une  pompe  pour  l'arrosage  du  fumier  lui-môme,  ou  pour  y 
puiser  l'excédent  qui  devra  être  conduit  au  printemps  sur  les  prairies. 

La  plate-forme  à  fumier  et  la  citerne  seront  toujours  favorablement 
placées  à  l'est  ou  au  nord  de  l'étable  pour  l'hygiène  générale.  Malheu- 
reusement le  transport  à  brouette  (remplacé  avantageusement  dans  les 
grandes  exploitations  par  une  petite  voie  ferrée)  d'une  masse  de  fu- 
mier que  nous  estimons  à  200  mètres  par  an  pour  une  exploitation 
comportant  20  vaches,  sans  compter  3  chevaux  et  4  à  5  porcs  adultes, 
fait  que  les  fumiers  restent  souvent  au  milieu  de  la  cour,  ou  adossés 
même  aux  murs  des  étables. 

4°  L'élevage  ou  l'engraissement  du  porc  est  un  complément  obligé 
d'une  production  laitière  se  livrant  à  la  fabrication  du  beurre. 

Pour  une  ferme  moyenne  de  25  hectares,  l'engraissement  de  5  porcs 
adultes  est  la  proportion  qu'il  faut  adopter,  si  on  consulte  les  ressour- 
ces en  lait  de  beurre  que  peut  produire  une  étable  de  20  mères  vaches. 
On  sait  du  reste  que  ces  animaux  ne  peuvent  guère  vivre  en  commun, 
et  que  des  séparations  sont  nécessaires  dans  une  porcherie  où  les 
loges  peuvent  être  séparées  par  des  cloisons  en  planches,  mais  mieux 
encore  par  des  murs  de  refend. 

Séparée  nécessairement  de  la  maison  d'habitation  comme  du  reste 
les  étables  et  les  écuries,  une  porcherie  doit  être  placée  au  midi, 
autant  que  possible;  car  il  ne  faut  pas  oublier  que  le  porc  craint  l'hu- 
midité et  le  froid. 


178  AMÉLIORATION  DES  BATIMENTS  RURAUX  EN  BRETAGNE. 

D'après  M.  Bouchard-Huzard,  les  loges  dont  la  réunion  compose 
une  porcherie^,  doivent  avoir  chacune  2'"  sur  3,  et  un  couloir  de  service 
pour  distribuer  la  nourriture  est  une  chose  obligée.  Une  hauteur  de 
2 mètres  sous  sablière  parait  suffisante  pour  la  porcherie. 

Il  faut  autant  que  possible  pouvoir  donner  la  nourriture  aux  porcs 
extérieurement,  et  le  système  de  trappes  mobiles  à  charnières  par 
lesquelles  on  passe  des  auges  en  fonte,  d'un  modèle  bien  connu  et 
qui  a  été  importé  d'Angleterre,  est  à  recommander;  mais  le  plus  simple 
est  d'encastrer  les  auges  dans  les  parois  des  loges  de  manière  à  ce 
qu'on  puisse  les  remplir  du  dehors. 

On  parle  beaucoup  de  la  propreté  nécessaire  aux  porcs  et  de  bassins 
où  ils  peuvent  aller  se  raffraîchir;  nous  ne  pouvons  qu'approuver 
«jette  disposition  pour  une  grande  porcherie,  mais  il  nous  semble  suf- 
fisant que  chaque  loge  présente  une  rigole  le  long  du  mur  le  plus  éloi- 
gné, de  façon  à  ce  que  la  loge  reste  toujours  saine. 

Nous  avons  recherché  succinctement  ici  les  conditions  nécessaires 
aux  bâtiments  d'une  exploitation  de  25  hectares  dans  l'ouest,  per 
suadé  que  nous  sommes  de  leur  importance  au  point  de  vue  de  la  ferti- 
lité du  sol  auquel  doivent  être  rendus  les  engrais  animaux  que  le 
bétail  produit.  A.  de  la  Morvonnais. 

CONCOURS  GÉNÉRAUX  AGRICOLES  DE  PARIS 

Voici  encore  une  grande  et  belle  solennité  dont  les  agriculteurs  ont 
certainement  le  droit  d'être  fiers,  et  qui  portera  des  fruits  nombreux 
au  double  point  de  vue  de  l'extension  du  progrès  agricole  et  de  l'ac- 
croissement de  la  part  légitime  que  l'agriculture  a  le  droit  de  prendre 
dans  les  préoccupations  publiques.  En  effet,  pendant  les  cinq  jours 
qu'il  a  duré,  le  concours  de  Paris  a  attiré  une  affluence  énorme  de 
visiteurs,  la  plus  grande  probablement  qui  se  soit  encore  donné 
rendez-vous  aux  fêtes  agricoles  du  palais  de  l'Industrie.  Cultivateurs 
très  nombreux,  étudiant  avec  calme  les  diverses  parties  du  concours, 
citadins  empressés,  curieux  de  voir  et  de  sMnstruire  des  choses  de 
l'agriculture,  formaient  une  foule  véritablement  compacte,  aussi  bien 
dans  la  nef  consacrée  aux  animaux  que  dans  les  salles  réservées  aux 
produits  ou  bien  au  dehors  dans  la  vaste  enceinte  remplie  par  les 
machines  ;  ici,  il  a  fallu  souvent  braver  la  pluie  ou  la  boue,  à  cause 
de  linclémence  de  la  saison,  ce  qui  n'arrêtait  pas  les  visiteurs.  Les 
recettes  ont  dépassé,  du  24  au  31  janvier,  la  somme  de  59,000  fr.; 
ce  sont  les  plus  élevées  qui  aient  encore  été  réalisées. 

Le  concours  était,  d'ailleurs,  digne  en  tous  points  de  cette  affluence. 
M.  Gustave  Heuzé,  inspecteur  général  de  l'agriculture,  assisté  de 
MM.  Philippar,  Randoing  et  H.  Vassilière,  adjoints  à  l'inspection 
générale,  et  de  MM.  Fournat  de  Brézenaud,  Jean  Lefèvre,  Jean  Bignon, 
Mesnier,  Zedde,  Girin,  Jolivet,  Férouillat,  commissaires,  en  avait 
organisé  toutes  les  pnrties  avec  un  soin  méticuleux;  l'organisation  en 
était  excellente.  Le  jury,  présidé  par  M.  Bazille  pour  les  animaux  de 
boucherie,  par  M.  Teisserenc  de  Bort  pour  les  animaux  reproducteurs, 
par  M.  Foucher  de  Careil  pour  les  volailles  mortes  et  les  produits,  a 
accompli  sa  tâche  difficile  avec  un  zèle  auquel  nous  sommes  heureux 
de  rendre  hommage,  quoique,  depuis  longtemps,  les  jurys  de  nos 
concours    soient   universellement   appréciés    pour  leurs  lumières  et 


CONCOURS  GENERAUX  AGRICOLES  DE  PARIS  EN  1S83.  179 

pour  l'impartialité  de  leurs  décisions.  Si,  dans  quelques  cas,  nous 
aurons  des  observations  à  présenter,  elles  tiennent  surtout  à  l'organi- 
sation du  programme  de  quelques  parties  qu'à  toute  autre  cause. 

On  trouvera  plus  haut  (page  171)  un  premier  article  de  notre  infa> 
tigable  collaborateur  M.  de  la  Tréhonnais,  sur  les  animaux  gras;  il 
poursuivra  son  étude  dans  nos  prochains  numéros.  Nous  reproduisons 
ici  les  portraits  des  animaux  qui  ont  remporté  les  grands  prix 
d'honneur;  nous  donnerons,  la  semaine  prochaine,  ceux  des  prix 
d'honneur  des  bandes  de  bœufs,  de  moutons  et  de  porcs. 

Pour  les  bœufs,  le  prix  d'honneur  a  été  décerné  à  M.  II.  Signoret, éle- 
veur à  Sermoise  (Nièvre),  pour  un  bœuf  durham-charolais  (fig.  14), 
froment,  âgé  de  35  mois  25  jours,  et  pesant  940  kilog.;  —  pour  les 
vaches,  à  M.  Malivon,  à  Bannegon  (Cher),  pour  une  vache  durham- 
charolaise  (fig,  1 5),  blanche  et  jaune,  âgée  de  4  ans  et  2  mois,  pesant 
810  kilog.;  —  pour  les  moutons,  à  M.  Rasset,  éleveur  à  MonteroUier 
(Seine-Inférieure),  pour  un  lot  de  trois  moutons  oxfordshiredown- 
cauchois  (fig.  16),  âgés  de  21  mois  et  pesant  322  kilog.  ;  —  pour  les 
porcs,  à  M.  Chaminade  aîné,  à  Pantin  (Seine)  ;  —  pour  un  porc  yorkshire 
(fig.  17),  blanc,  âgé  de  9  mois  et  demi,  pesant  262  kilog.;  —  pour 
les  animaux  de  basse-cour,  à  M.  Vallois,  à  Neuilly  (Seine),  pour  un 
lot  de  coqs  et  poules  delà  race  de  Houdan  (fig,  18). 

Des  articles  spéciaux  seront  consacrés,  dans  nos  colonnes,  aux 
expositions  d'animaux  reproducteurs,  de  produits  agricoles,  d'ani- 
maux de  basse-cour;  il  y  aura  aussi  beaucoup  de  choses  à  dire  sur 
l'exposition  des  machines.  Aujourd'hui,  nous  nous  bornerons  à  don- 
ner la  liste  complète  des  récompenses  pour  les  diverses  parties  de 
l'exposition  : 

I.  —  Concours  général  d'animaux  gras. 

Espèce  bovine.  ■ —  1'"  classe.  —  Jeunes  bœufs. 

I"  Catégorie. —  Animaux  nés  depuis  le  l""  janvier  1880.  —  1°'  prix,  M.  H.  Signoret,  à  Ser- 
moise (Nièvre);  2%  M.  Armand  Daubin.  à  Magnac- Laval  (Haute-Vienne);  3°,  M.  Gustave  Valtau,  à 
Vindelle  (Charente);  4%  M.  le  baron  Desgraviers,  à  Mornac  (Charente);  5",  M.  Emile  Petiot,  à 
Touches  (Saône-et-Loire);  6',  M.  Bellard,  à  Saint-Aubin-les-Forges  (Nièvre);  7",  M.  le  comte  Rœde- 
rer,  à  Bois-Rousels  (Orne);  8%  M.  Paul  de  Vaulx,  à  Boucé  (Allier.  —  Prix  supplémentaire,  M.  Eu- 
gène Deplanch^-jà  Fléac  (Charente).  — Mentions,  honorables,  M.  Tiersonnier,  à  Gimouille  (Nièvre); 
M., Pierre  Payrebrune,  à  Saint-Saturnin  (Charente). 

2*  Catég'irie.  —Animaux  nés  depuis  le  1"  janvier  1879.  —  1"  prix,  M.  Nadaud,  à  Chazelles  (Cha- 
rente); 2%  M.  Eugène  Deplanche;  3%  M  Payrebrune;  4%  M.  Auguste  Gaslé,  à  Vereaux  (Cher); 
;)",  M.  Emile  Petiot;  6%  M.  Jean  Deplanche,  à  Bunz^c  (  harente);  7%  M.  Charles  Castillon,  à 
Troarn  ((Calvados);  8%  M.  Tiersonnier,  à  Gimouille  (Nièvre).  —  Prix  supplémentaire,  M  Jac- 
ques Bellard,  à  Cours-les-Barres  (Cher).  —  Mentions  honorables,  M.  Pierre  Cornil,  à  Saint-Remy- 
en-RoUat  (Allier);  M.  Chaumereuil,  à  Billy-Chevannes  (Nièvre). 

2"  CLASSE.  —  Prix  de  races. 

V"  Catégorie.  —  Races  charolaise  et  nivernaise.  —  l"  prix,  M.  Bellard,  à  Saint-Aubin-les-Forges 
(Nièvre)  ;  2',  M.  Chaumereuil,  à  Billy-Chevannes  (Nièvre);  3",  M   Jean  Brossier,  à  Saiot-Loup  (Allier), 

—  Prix  supplémentaires,  M.  Point,  à  Vary  (Nièvre);  M.  Magerand,  à  Conliiaiy  (Allier). 

2'  Catégorie.  —  Race  limousine.  —  1"  prix,  M.  Parry,  à  Limoges  (Haute-Vienne);  2',  M.  Lare- 
naudie,  à  Montbron  (Charente);  3*,  M.  Pierre  Dussaux,  à  Loupiac  (Gironde).  —  Prix  supplémen- 
taire, M.  Jean  Jullian,  à  Hure  (Gironde).  —  Mention  honorable,  M.  Sabourdin,  à  Vauzan  (Cha- 
rente). 

3"  Catégorie.  —  Race  garonnaise.  —  1"  prix,  M.  François  Bernède,  à  Meilhan  (Lot-et  Garonne); 
2%  M.  Pierre  Dussaux;  3%  M.  Simon  Martineau),  à'Fontet  (Gironde), —  Mention  honorable, 
M.  Jacques  Chambaudet,  à  Meilhan  (Lot-et-Garrnne). 

4'  Catégorie.  —  Race  bazadaise.  —  1"  prix,  M.  Jacques  Chambaudet:  2%  M.  François  Bernède; 
3%  M.  Pierre  Dussaux.  —  Mention  honomble,  M.  Arnaud  ,  à  Juzix  (Lot  et-Garonne).  ' 

5"  Catégorie.  —  Race  de  Salers.  —  1"  prix,  M.  Gustave  Valtau,  à  Vindelles  (Charente);  2*, 
M.  du  Bousquet  de  Laurière,  à  Saint-Adjulory,  (Charente). 

6'  Catégorie.  —  Races  parthenaisc,  choletaise  et  nantaise.  —  1"  prix,  M.  André  Poinet,  au 
Léché  (Vienne);  2%  M.  Eugène  Deplanche,  à  Fléac  (Charente). 

7°  Catégorie.  —  Races  françaises  diverses.  —  !■•'•  Sous-Cal- gorie.  —  Races  flamande,  normande, 
mancelle,  lemeline,  bourbonnaise,  comtoise  ou  analogues.  —  1"  prix,  M.  Jacques  Bellard,  à 
Cours-les=Barres  (Cher);  2%  M.  Thonier,  à  Chareil (Allier);  3%  MM.  Robert  frères,  aux  Bions  (Cher). 

—  Mentions  honorables,  M.  Rousseau  aîné,  à  Bordeaux  (Gironde);  M.  Auguste  Gastc,  à  Vereaux  (Cher). 
T  Sous-Catégorie.  —  Races  béarnaise,  basquaise,  aubrac,  mezenc  ou  analogues.  —  1"  prix, 


180 


CONCOURS  GÉNÉRAUX  AGRICOLES  DE  PARIS  EN  1883. 


M.  Rousseau  aîné;  1%'M.  L.  Langlailo,  à  l'an  (Basses-Pyrénées);  3'',  M.  Simon  Marlineaa'à  Fontet. 

3°  Sous-Calégori<\  —  Races  bretonne,  inrine  ou  analogues.  —  1"  prix,  M.  Jean  Brossier,  à  Saint- 
Loup  (Allier);  2-,  M.  Eugène  Deplanclie. 

S"  Catégorie.  —  Races  étrangères  diverses.  —  L'""  pri.v,  M.  Eugène  Deplanche;  2%  M.  Nadaud, 
Dun-le-Palleteau  (Creuse). 

9^  Catégorie. —  Croisements  divers.  —  l'"' prix,  M.  Arnaud;  'i'  M.  Charles  Bouille,  à  Mars 
(Nièvre);  3",  M.  Dcrcn-LeRrand,  à  Armentières  (Noid);  4"  M.  Mativnn,  à  Bannegon  (Cher); 
4"  M.  Jean  Bignon,  à  Mars  (Nièvre);  6",  M  Cyprien  Nadaud,  à  Chazelles  (Charente);  7%  M.  le  comte 
de  Briey,  à  Magné  (Vienne).  —  Mentions  houoralilcs,  M.  Jean  Veaux,  à  Anais  (Charente);  M.  Ma- 
geraud,  à  Contigny  (Allier);  M.  Cornil,  à  Saint-Remy-en-RoIiat  (Allier). 

3°  CLASSE.  —  Prix  drti  femelles.  —  1"  Catégorie.  —  Races  françaises  pures  ou  croisées  entre 
elles.  —  1"  prix,  M.  le  comte  de  Bouille,  à  Villars  (Nièvre);  1',  M.  Bourderonnet,  à  Saint-Brice 
(Haute-Vienne);  3°,  M.  M.  Bénat,  à  Mars-sur-Allier  (Nièvre);  4",  M.  Bignon  fils,  à  TliRiieuille  (Allier). 

2"  Cntéfjorir.  —  Races  clrangères  lures  et  croisements  divers. —  1"  prix,  M.  Mativon  ;  2'',  M.  Tier- 
sonnier,    à   Gimouille   (Nièvre);   3°.  M.   Nadaud;    4'^,  M.   Langi-ide,  à  Gelos   (Basses-Pyrénées); 

4"  CLASSE.  —  Prix  des  bandes.  —  1'"  Catégorie.  —  Bœufs. —  1"  Section.  — Animaux  nés  depuis 
le  l"' janvier  1879.   —   1"  prix,  M.  Gustave  Vallau;  2",  M.  Bellard,  à  Saint-Auhin-les-Forges. 


ig.  14.  —  Lceu*"  ciuiii.ini  (haioiai^  .igc  de  3t  mois  2)  joui^^  pesant  9 'lO  kilog.,  exposé  par 
M.  H.  Signoret,  éleveur  â  bermoise  (Nicvrej,  i'''  prix  ue  sa  catégorie  et,  prix  d'honneur  au 
Concours  général  du  palais  de  l'Industrie,  à  Paris,  en  1883. 


3»,  M.  Cyprien  Nadaud.  —  Mention  honorable,  M.  le  baron  Desgraviers,  à  Mornac  (Charente).  — 
2*  Section.  —  Animaux  nés  avant  le  1"  janvier  1S79.  —  1"  prix,  M.  le  baron  Desgraviers; 
2',  M.  Magereau;  3%  M.  Rousseau  aîné;  4",  M.  Gustave  Leclère,  à  Payzac  (Dordogne).  —  Prix 
supplémentaire,  M.  Auguste  Gasté. 

2"  Catégone.  —  Femelles  de  tous  âges.  —  1"  prix,  M.  Bourderonnet;  2%  M.  Salvat,  à  Saint- 
Claude  (Loir-et-Cher). 

5«  CLASSE.  —  Veaux  gras.  —  1"  prix,  M  Adolphe  Dehors,  à  Dreux;  T,  M.  Lepouzé,  à  Houdan 
3",  M.  Honoré  Léger,  à  Coudres  (Eure).  —  Mentions  honorables,  M.  Davallet,  à  Danville  (Eure); 
Mme  Davoust-Periau,  à  Houdan  (Seine-etOise). 

Prix  d'honneur,  objets  d'art,  MM.  Signoret,  Mativon,  Gustave  Valtau. 
Espèce  ovine.  —  1"  classe.  —  Jeunes  montons . 

P"  Catégorie.  —  Animaux  des  at;nelages  de  l'automne  ISSl,  de  l'hiver  et  du  printemps  ](S82.  — 
l"  prix,  M.  Nouette-Delormc,  à  Ouzouer-de--Champs  (Loiret);  2%  M.  Béglet,  à  Trappes  (Seine-et- 
Oise); 3',  M.  Louis  Colas,  à  Sermoise  (Nièvre);  4",  M.  Dupont-Saviniît,  à  Piney  (Aube).  —  Prix 
supplémentaires,  M.  Bodin,  à  Pontlevoy  (Loir-et-Cher);  M.  Waddingion ,  à  Saint-Uemy-sur-Avre 
(Eure-et-Loir).  —  Mention  honorable,  M.  Martine-Lenglot,  à  Auoigny  (Cher). 

2"  Catégorie.  —  Animaux  des  agnelages  de  l'automne  LS80,  de  l'hiver  et  du  printemps  188| .  — 
P''  prix,  M.  Rasset,  à  Monicrolier  (Seine-Inférienre):  2°.,  M.  Noaette-De!orme;  3%  M.  Tiersoniiier,  à 
Gimouille  (Nièvre);  M.  Nouette-Delorme;  M.  Martine-Le'nglet. 

2°  CLASSE  —  Prix  de  race.^.  —  1"  Catégorie.  —  Races  mérinos  et  métis-mérinos.  —  1"  prix, 
M.  Paul  Delamare:  2",  M.  Conseil-Triboulet,  à  Oulchy-le-Château  (Aisne). 

2"  Catégorie.  —  Races  étrangères  pures,  à  laine  longue.  —  1"  prix,  M.  Béglet;  2%  M.  Tierson- 
nier.  —  Mention  honorable,  M.  Martine-Lenglet. 


CONCOURS  GÉNÉRAUX  AGRICOLES  DE  PARIS  EN   1833. 


181 


3°  Catégorie.  —  Races  étrangères  pures,  à  laine  courte.  —  l"  prix,  M.  le  comte  de  Bouille,  à 
Villars  (Nièvre);  2°,  M.  Louis  Colas. 

4°  Catégorie.  —  Races  non  comprises  dans  les  catégories  précédentes.  —  V  prix,  M.  Jules  Nepveu, 
à  Sainte-Geneviève  (Seine-Ini'érieure);  2°,  M.  Emile  Prevet,  à  Varneville-Bretteville  (Seine-Infé- 
rieure); S",  M.  Emile  Lefebvre,  à  Saint-Florent  (Loiret). 

h'  Catégorie.  —  Croisements  de  races  étrangères  à  laine  longue   avec  racs  françaises  diverses. 

—  1"' prix,   M.   Martine-Lenglet;   2',   M.  Dupont-Saviniat.  —   Prix  supplémentaire,    M.   Pluchct- 
Frissard,  à  Hoye  (Somme). 

G°  Catégorie.  — Croisements  de  races  étrangères  à  laine  courte  avec  races  françaises  diverses. 

—  !•■■  prix,  M.  Rasset;  2%  M.  Bodin.  —  Mention  honorable,  M.   Dubois-Amiot. 

3*  CLASSR.  —  Brebis.  —  1"  Catégorie.  —  Races  françaises  pures.  —  T'  prix,  M.  Conseil  Tri- 
boulet;  2",  M.  Textoris,  à  Cheney  (Yonne).  —  Prix  supplémentaires,  M.  Emile  Lefebvre;  M.  Bataille, 
à  Passy-en-Valois  (Aisne);  M.  Duval,  à  Genillé  —  Mention  honorable,  M    Paul  Delamare. 

2'  Catégorie.  — •  Races  étrangères  à  laine  longue  et  leurs  croisements  avec  races  françaises.  — 
l"prix,  M.  Dupont-Saviniat;  2",  M.  Tiersor.nier.  — Mention  honorable,  M.  Pluchet-Fris'sart. 

3*  Catégorie.  —  Races  étrangères  à  laine  courte  et  leurs  croisements  avec  races  françaises.  — 
l'^prix,  M.  Louis  Colas;  2",  M.  Bodin,  à  Pontlevoy  (Loir-et-Cher).  —  Prix  supplémeniaire. 
M.  Hasset.  —  Mention  honorable,  M.  Pluchet-Frissart. 

4'  CLASSK.  —  Bandes.  —  1"  Catégorie.  —  Races  françaises.  —  1"  prix,  .M.  Paul  Delamare; 
2",  M.  Jules  Nepveu.  —  Mention  honorable,  M.  Charles  Dumoutier,  à  Clavi'le  (Eure). 


.-^ii^**^" 


Fig.  15.  —  Vache  durhani-charolaise,  âgée  de  4  ans  et  2  mois,  pesant  820  kilog.,  exposée  par 
M.  Malivon,  éleveur  à  Banncgon  (Cher),  1"  prix  de  sa  catégorie  et  prix  d'honneur  au  Concours 
général  du  palais  de  l'Industrie,  à  Paris,  en  1883. 


2"  Catégorie.  —  Races  étrangères.  —  1"  prix,  M.  le  comte  de  Bouille  ;  2°,  M.  Louis  Colas. 

3"  Catégorie.  —  Croisements  de  races  étrangères  à  laine   longue  avec  races   françaises  diverses. 

—  Prix  unique,  M.  Martine-Lenglet. 

4*  Catégorie.  —  Croisements  de  races  étrangères  à  laine  courte  avec  races  françaises  diverses. 

—  I"  prix,  M.  Waddington;  2",  M.  Duval;  3',  M.  Dubois-Amiot;  4",   M.  Bodin. 
Prix  d'honneur,  objets  d'art,  M.  Rasset;  M.  Paul  Delamarre. 

Espèce  porcine. 

]"  Classe.  —  Races  françaises  pures  ou  croisées  entre  elles.  —  1"  prix,  M.  Justin  Pau,  à  Haget- 
mau  (Landes);  2°,  M.  Lucien  Larrouy,  à  Aire-sur-l'Adour  (Landes):  3',  M.  Ch.  Dumoutier,  à  Cla- 
ville  (Eure);  4*,  M.  Georges  Larrouy,  au  Mas-d'Aire  (Landes);  h',  M.  Louis  Cascail,  à  Hagetmau 
(Landes);  6*,  M.  Louis  Berger,  rue  d'Allemagne,  n"  94,  à  Paris;  7*,  .M.  François  Ddssé,  au  Mas- 
d'Aire  (Landes).  —  Mentions  honorables,  .M.  Delage,  à  Saint- Yrieix  (Haute-Vienne);  M.  Désiré 
Camus,  à  Jumeauville  (Seiue-et-Oise);  M.  Pourfillet,  à  la  Garenrie-de-Golombes  (Seine;;  M.  Fran- 
çois Rousseau,  à  Méral  (.Mayenne). 

2'  Classe.  —  Races  étrangères  pures  et  croisées  entre  elles.  —  1°'  prix,  M.  Chaménade  aîné,  à 
Pantin  (Seine);  T,  M.  Louis  Berger;  3%  M.  B^augy,  à  Chantenay-Saint-Imbert  (Nièvre);  4',  .M.Jus- 
tin Pau;  5%  M.  Lucien  Larrouy,  à  Aire-sur-l'Adour  (Landes);  6',  M.  Ladelarie,  à  Montbron  (Cha- 
rente!; 7',  M.  Stanislas  Paillart,  à  Quesnoy-le-Montant  (Somme).  —  .Mentions  honorables, 
M.  Beaugy;  M.  Noblet,  à  Châteaurenard  (Loiret);  M.  Arthur  Henry,  à   Noyant;  M.  Louis  Parry. 

3"  Clasxe.  —  .Vnimaux  provenant  de  croisements  entre  races  étrangères  et   races  françaises.  — 


182  CONCOURS  GÉNÉRAUX  AGRICOLES  DE  PARIS  EN  1883. 

T'nrir  M  lucien  I  arrouy,  2%  M.  Henry  fils  aîné,  à  Noyant  (Allier)- 3*,  M.  Ladelarie- 4%  M.  Jus- 
tin Pau  •  5»  M  idrien  Le/oux,'  à  RRConvll  (Seine-el-Oise);  6».  M.  Emile  Petiot,  à  Touches  (Saôre- 
Itlonèy  î'  M%lsK  -■  Mentions  honorables,  M.  Cascail;  M.  Arthur  Gohin,  a  Chateaumeil- 
lant?Cher);.M.  Chevalier,   à  AnceaumeviUe  (Seine-Inférieure);  M.  Georges  Larrouy;  M.  Stanislas 

Paillart.  _      . 

4'  CLASSE.  —  Bandes. 

V  Catéqorie.  —  Animaux  nés  depuis  le  1"  janvier  et  avant  le  1"  avril  .1882.  -  1"  prix  M  Ve- 
del,  à  Noyant  (Allier);  T,  M.  Dumoutier;  3»,  M.  Noblet;  4-,  M.  Guillaumin  a  Noyant  (Alher).  - 
Mentions  honorables,  M.  Henry  fils  aîné;  M.  Adrien  Legoux  ;  M.  Em. le  Petiot 

2-  Catégorie.  -  Animaux  nés  depuis  lel"  juillet  1881  et  avant  le  !•;  janvier  1882^-  l"  prix, 
M.  Ch.  Dumoutier:  2»,  M.  Adrien  Legoux;  3%  M.  Beaugy;  4',  M.  Justin  Pau.  -  Mentions  hono- 
rables, M.  Noblet;  M.  Emile  Petiot.  .    .     „    ,r  j  i 

Prix  crhonucur,  objets  d'art,  M.  Chaminade  aine;  M.  Vedel. 

II.  —  Concours  général  d'animaux  reproducteurs. 

Espèce  bovine. 

V-  Catéqorie.  —  Race  durham.  -  1"  Section.  -  Animaux  de  G  mois  à  1  an  —  1"  prix  mé- 
daille d'or,  M.  Signoret,  à  Sermoise  (Nièvre);  2=.  médaille  d'argent  M  S.gnoret;  3%  médaille  de 
bronze,  M.  de  Villepin,  directeur  de  la  ferme-école  de  la  PiUetiere  (Sarthe);  4'.  médaille  de  bronze, 
M.  Constant  Auclcrc,  à  AUichamps  (Cher).  -  2'  Section.  -  Animaux  d  un  an  et  a^-defsus  - 
1"  prix,  médaille  d'or,  M.  Gastinel,  à  Gennes-sur-Seiche  (U'e-et-Vilaine  ;  2,  médaille  d  argent, 
M.  Daudier,  à  Craon  (Mavenne);  3'.  médaille  de  bronze,  M.  Rousseau,  a  Meral  (Mayenne);  4%  mé- 
daille de  bronze,  M.  Grollier,  à  Durtal  (Maine-et-Loire).  »ir  „^    T..,.An    i 

2' Cot^gone.  —  Races  charolaise  et  nivernaise.  —   1"  prix,  médaille  d  or,  M.  Alfred  Jojon,  a 


érv^^"^  "^^ 


Fig.  16.  — Lot  de  moutons  o\foidshiicdov\n-cauchois,  âges  de  21  mois  et  pesant  322  kilog., 
exposé  par  M.  Rasset,  éleveur  à  Monterollier  (Seine-Inférieure),  1"  prix  de  la  2"  catégorie  des 
jeunes  moutons  et  prix  d'honneur  au  Concours  général  du  palais  de  l'Industrie,  à  Paris, 
en  1883. 


Langeron  (Nièvre);  2%  médaille  d'argent,  M.  Bourdeau,  à  Saint-Benin-d'Azy  (Nièvre);  3%  médailles 
de  bronze,  MM.  Régnier,  à  Mars-sur-Allier  (Nièvre);  4'.  MM.  Régnier  et  fils;.S^  M.  Joyon. — 
Mentions  honorables,  M.  Chaput,  à  Germigny  (Cher);  M.  Mary-Lépine,  à  Précy  (Cher). 

'i'  Catégorie.  — Race  normande.  —  l"'  prix,  médaille  dor,  M.  Cerm-Maillard,  à  Turqueville 
(Manche);  2%  médaille  d'argent,  M.  Geste,  à  Auxerre  (Yonne);  3',  médaille  de  bronze,  M.  Lhotte,à 
Laon  (Aisne). 

4»  Catégorie.  —  Race  limousine.  —  l"  prix,  médaille  d'or.  M.  de  Léobardy,  à  la  Jonchère  (Haute- 
Vienne);  2",  médaille  d'argent.  M.  Cibot,  à  Limoges  (Haute-Vienne);  3%  médaille  de  bronze,  M.  Cail- 
laud,  à  Châtenet-en-Dognon  (Haute-Vienne.  —  Mention  honorable,  M.  Caillaud. 

5°  Catégi^rie.  —  Race  le  .'^alers.  —  l-^prix,  médaille  d'or.  M   Dellour,  à  Aurillac  (Cantal). 

6"  Catégorie.  —  Race  garonnaise.  —  1"  prix,  médaille  d'or,  M.  Reginion,  à  Saint-André-du- 
Garn  (Gironde). 

7'  Catégorie.  —  Race  bazadaise.  —  Pas  d'animaux  présentés. 

8"  Catégorie.  —  Races  parthenaise,  choletaise,  nantaise  et  vendéenne.  —  Pas  d'animaux  pré- 
sentés. 

9"  Catégorie.  —  Race  bretonne.  —  1"'  prix,  méd'iille  d'or.  M.  Lefloch;  2%  médaille  d'argent, 
M.  Jozon  ;  3',  médaille  de  bronze,  M.  He.rrat,  à  Arradon  (.Morbihan). 

10°  Catégorie.  —  Races  françaispsou  étrangères  diverses  autres  que  cellesdésignées  ci-dessus  Race 
schwitz.  —  l''  prix,  méilaille  d'or,  M.  Berlrandus,  à  Igny  (Seine-el-Oise);  2%  médaille  d'argent, 
M.  H(  rment-Bidaut,  à  .lussecourl-Minecourt  (Marne);  3',  médaille  de  bronze,  M.  le  comte  Safna  de 
Lanciey,  à  Angerville  (Seine-et-Oise).  —  Race  hollandaise.  —  1"  prix,  médaille  d'oc,  M.  Loumaye, 
à  Vaux-Champagne  (Ardennes).  —  Race  jersiais-alderney.  —  Médaille  d'argent,  M.  Regnouf  de 
VainS;  à  Brix  (Manche). 

Espèce  ovine. 

l"  Catégorie.  —  Races  mérinos  et  métis-mérinos.  —  1"  prix,  médaille  d'or,  M.  Bataille,  à 
Passy-en-Valois  (Aisne);  2%  médaille  d'argent,  M.  Charles  Lefebvre,  à  Artenay  (Loiret);  3% 
médaille  de  bronze,  M.  Hincelin,  à  Loupeigne  (Aisne).  —  Mention  honorable,  M.  Teitoris,  à  Ghe- 
ney  (Yonne). 


CONCOURS  GÉNÉRAUX  AGRICOLES  DE  PARIS  EN    1883. 


183 


2"  Catégorie.  —  Races  françaises  diverses  pures.  —  l"  prix,  médaille  d'or,  M.  Emile  Lefebvre, 
à  Saint-Florent  (Loiret);  2*.  médaille  d'argent,  M.  Emile  Lefebvre. 

3°  Catégorie.  —  Races  étrangères  pures,  à  laine  lonsrue.  —  I"  prix,  médaille  d'or,  M.  Auguste 
Massé,  à  Germigny  (Cher);  2",  médaille  d'argent,  M.  Signoret,  à  Sermoise  (Nièvre);  ;3°,  médaille 
de  bronze,  M.  Tiersonnier    —  Mention  honorable,  M.  Céran-Maillard,  à  Turqueville  (Manche). 

4'  Catégorie.  —  Races  étrangères  pures,  à  laine  courte.  —  1"  prix,  M.  Nouette-Delorme; 
2°,  M.  Kngrand,  à  Saint-Ouen-Bertreville  (Seine-Inférieure);  3%  M.  Nouetle-Delorme. 

Espèce  porcine. 

1"  Catégorie.  —  Races  françaises  pures.  —  1"'  prix,  M.  Emile  Lefebvre,  à  Saint-Florent  (Loiret); 
2",  médaille  d'argent,  M.  Bertrandus,  à  Igny  (Seine  et-Uise). 

2*  Catégorie.  —  Races  étrangères  pures.  —  1"  prix,  médaille  d'or,  M.  Noblet,  à  Château-Renard 
(Loiret);  2=,  médaille  d'argent,  M.  Boyenval,  à  Bellecour  (Loiret);  3%  médaille  de  bronze,  M.  l'er- 
rin,  à  Bazocbes  (Seine-et-uise).  —  Mention  honorable,  M.  Diiquenel,  à  Saint-Sorlin-de-Conac. 

III.   —  Concours  de  volailles  vivantes. 

1"  DIVISION.  —  Coqs  et  poules.  —  Pintades. 

1'°  Catégorie.  —  Race  de  Crèvecœur.  —  1"  Section.  —  Coqs.  —  1"  prix,  M.  Jean  Farcy, 
à  Foulletourte  (Sarlhe);  2%  M.  Charles -Farcy,  à  Foulletourte  (Sarlhe);  3"  M.  René  Voisin,  à  la 
Suze  (Sarlhe)  :  4'  M.  L.  Vallois,  à  Neuilly  (Seine)  ;  5=,  M.  F.  Voisin,  à  la  Suze  (Sartbe).  —  Mention 
honorable,  M.  Gustave  Voitellier,  à  Mantes  (Seine-et-Oise).  —  2°  Section.  —  Poules.  —  1'^'  prix, 
M.  Jean  Farcy  ;  2%  M.  Lemoine,  à  Crosnes  (Seine-et-Oise)  ;  3',  M.  Loyau,  à  Louplande  (Ssrlhe)  ; 
4",  M.  René  Voisin;  5'';  M.  F.  Voisin.  —  Mentions  honorables,  M.  L.  Vallois  ;  M.  Gustave  Voitellier. 


Fig.  17.  —  Porc  yorkshire  blanc,  âgé  de  9  mois  et  demi,  pesant  262  kilog.,  expose  pai  M.  Chami- 
nadeaîné,  éleveur  à  Pantin  (Seine),  l"'  prix  de  la  2=  classe  et  prix  d'honneur  au  Concours  général 
du  palais  de  l'industrie,  à  Paris,  en  1883. 


'  Catégorie.  —  Race  de  HoudaLTi.  —  ]"  Section.  —  Coqs.—  1"  prix,  M.  L.  Vallois;  2°,  M.  Ch.  Voi- 
tellier, à  Mantes  (Seine-et-Oise);  3*.  M.  Gustave  Voitellier.  —  Prix  supplémentaire,  M.  Léon  Poin- 
te'et,  à  Paris.  —  Mentions  honorables,  Mlle  Marie  Guilly,  rue  Montholon,  n"  13,  à  Paris;  M.  In- 
froit,  rue  d'Alésia,  n"  145,  à  Paris;  M.  Lasseron,  rue  de  l'Ouest,  n"  UG,  à  Paris;  M.  de  Romas,  à 
Noisy-le-Sec  (Seine)  ;  M.  Breschet,  rue  de  la  Pncession,  n"  76,  à  Paris.  —  2' Section  —  Foules.— 
l"prix,  M.  L.  Vallois;  2=,  M.  Gustave  Voitellier;  3'.  M.  Henri  V;h11ois,  rue  l'erronet.  n"  131,  à 
Neuilly  (Seine).  —  Prix  supplémeniaire,  M.  Breschet.  —  Mentions  honorables,  Mme  Davoust- 
Periot,  à  Houdan  (Seine-et-Oise)  ;  M.  François  Guilly,  rue  Montholon,  n"  13,  à  Paris;  M.  Lemoine. 

3-^  Catégorie.  —  Race  de  la  Flèche.  —  l"  Section.  —Coqs.  —  I"  prix,  M.  Jean  Farcy;  2% 
M.  René  Voisin;  3",  M.  Loyau.  —  Mentions  honorables,  M.  Charles  Faicy.  M.  Jules  Farcy,  à 
Foulletourte,  (Seine-et-Oise);  M.  Lemoine;  M.  Léon  Pointelet,  M.  Gustave  Voitellier.  —2"  Sec- 
tion. —  Poules.  —  1"  prix,  M.  Jean  Farcy  ;  2%  M.  René  Voisin;  3%  M.  Jules  Farcy.  —  Mentions 
honorables,  Mlle  Boyenval,  à  Sainte-Geneviéve-des-Bois  (Loiret);  M.  Lemoine;  M.  Vallois; 
M.  François  Voisin. 

4"  Catégorie.  —  Race  du  Mans.  —  1'"  Section.  —  Coqs.  —  Prix  unique,  M.  Jean  Farcy.  — 
Prix  supplémentaire,  M.  René  Voisin.  —  Mentiors  honorables,  M.  L.  Vallo  s  ;  M.  Gustave  Voi- 
tellier. —  2'  Section.  —  Poules.  —  Prix  unique,  M.  Jean  Farcy.  —  Mentions  honorables, 
M,  Jean  Loyau;  M.   Gustave  Voitellier. 

5"  Catégorie.  —  Race  de  la  Bresse.  —  ]'•  Section.  —  Coqs.  —  1"  |  rix,  Mlle  Adèle  Ferré,  à 
Thiais  (Seine);  2%  M.  Maurice,  à  Louhans  (Saône-el-Loire).  —  l'Section.  —  Poules.  —  1°'  prix, 
M.  Maurice;  M.  Lemoine.  — Meitiori  Ih  nornble,  Mlle  Adèle  Ferré. 

6"  Catégorie.  —  Races  frc■lncai^es  autres  que  celles  dénommées  ci-dessus.  —  1""  Section  — 
Coqs.  —  1"  prix,  M.  L.  Vallois';  2-,  M.  Jean  Farcy;  3%  M.  Gustave  Voitellier:  4%  Mlle  Paillart, 
à  Quesnny-le  Montant  (Somme).  —  Mentions  honorables,  M.  Lemoine;  M.  Jean  Loyau.  —  2'  Sec- 
tion. —  Poules.  —  P"  prix,  M.  L.  Vallois;  2%  M.  Gustave  Voitellier;  3»,  M.  Jean  Farcy;  4*  M.  Le- 
moine. —  Mentions  honorables,  M.  Jovinel,  boulevard  Saint-Germain,  n°  118,  à  Paris;  M.  Mar- 
chand, à  Limay  (Seine-et-Oise). 


184  CONCOURS  GÉNÉRAUX  AGRICOLES  DE  PARIS  £N-883. 

7'  Catéqorie  —  Races  cochinchinoiscs.  —  1"  Sous-Calégnrie.  —  Variété  fauve,  —  1'"  Section. 
_  Coqs.  —  1"  prix,  M.  L.  Vallois,  rue  Perronet.  n"  131,  cà  Neuilly  (Seine);  2%  M.  ReyuoMs,  à 
Montreuil-sous-Bois  (Seine).  —  Menlions  honorables,  M.  Raymond  d'Imbleyal,  à  NesJe-Nor- 
mandeuse  (Seine-Inlericurc)  ;  M.  Lemojne,  à  Crosnes  (Seinc-et-Oise).—  2"  Section.  —  Poules.  — 
1"  prix,  M.  LeiL0ine;2%  M.  Raymond  d'Imbleval.  —  Menlions  honorables,  M.  Achille  d  Imblcval, 
à  Npsie-Normandeuse  (Seine-Inférieure)  ;  M.  Vallois.  —  2"  Saus-Calegorie.  —  Varjctés  diverses. 
—  1"  Section.  —  Coqs.  —  1«'  prix,  M.  L.  Vallois;  2%  M.  Guslave  Viutebier,  a  Manies 
(Seiiic-et  Oise).  —  Menlions  hono  ables,  M.  Raymond  d'Imbleval;  M.  L.  Vallois,  à  Neuilly.  — 
2°  Section.  —  Poules.—  ]"■  prix,  M.  Lemoine;  2^,  M.  Viette,  à  Neuilly  (Seine).  -  Mentions 
honorables,  M.  Breschef,  à  Pari^;  M.  L.  Vallois;  M.  G.  Voiiellier. 

8*  Catégorir.  —  Race  lîrahma-l'outra.  —  1"  Section.  —  Coqs.  —  1='-  prix,  M.  Charles  Giraud, 
rue  de  Vanves,  n"  201,  à  Paris;  2%  M.  L.  Vallois.  —  Menlions  honorables,  M.  Brunet,  avenue  de 
Neuilly,  n"  107  (Seine);  M.  Lasseron,  rue  de  l'Ouest,  n"  IIG,  à  Paris;  M.  Gustave  Voiiellier  — 
2'  Section.  —Poules.  —  ^'  prix,  M.  Lemoine;  2%  M.  L.  Vallois.  —  Menlions  honorables, 
M.  Brunel:  Mme  la  baronne  de  Fourment,  à  Frévent  (l'as-de-Cahiis)  ;  M.  Gustave  Voitelli'T. 

9"  Catégorie.  -  Race  Dorking.  —  1'"  Section.  —  Coqs.  —  l"'  prix,  M.  L.  Vallois;  2^M.  Le- 
moine; 3%  M,  Bieschet.  —  Mention  honorable,  MUeCuinct,  rue  delà  l'rocession,  n"  7H,  à  Pans.  — 
2-  Section.  —  P.iules.  —  1"  prix,  M.  Lemoine;  2",  M.  L.  Vallois;  3%  M.  Breschet.  —  Mentions 
honorables,  M.  Lagrangc,  à  Autun  (Saône-et-toire)  ;  M.  René  Voisin,  à  la  Suze  (Sarthe). 

10"  Catégorie.  —  Race  espagnole.  —  l"  Section.  —  Coqs.  —  Prix  unique,  M.  L.  Vallois.  — 
Mentions  honorables,  M.  Cypricn  Giraud;  M  Lemoine.  —T  .S'ec/io».  —  Poules.  —  Prix 
unique,  M.  Lemoine.  —  Menlions  honorables,  M.  Cyprien  Giraud.  M.   L.  Vallois. 


■'.'.y^is^  ^-i^^ 


'  A^^fii^séÊ^^Ê^^^^Ê^^^^'ê^'  ""■"  ^ 


Pig.  18.  —  Coq  et  poules  de  la  race  de  lloudan,  exposés  par  M.  Vallois,  à  Neuilly  (Seine),  prix 
d'honneur  au  Concours  général  du  palais  de  llndustric,  à  Paris,  en  1883. 


11"  Catéqorie.  —  Race  de  Padoue.  —  1"  Section.  —  Coqs.  —  l"  prix,  Mme  Lemoine,  à  Crosnes 
(Seine-et-Oise)  ;  2^  M.  Bre-chet.  —  Prix  supplémentaire,  M.  Cyprien  Giraud.  —  Menlions  hono- 
rables, M.  Breschet:  M.  d'Imbleval;  M.  Lasseron  ;  M.  Leuioine  ;  M.  Monrai,  impasse  des  Hautes- 
Formes,  n"25,  à  Paris;  M.  Gustave  Voiiellier.  —  2'  Section.  —  Poules.  —  1"  prix,  M.  Breschet; 
2*,  Mme  Lemoine.  —  Prix  supplémentaire,  M.  Cyprien  Giraud.  —  Mentions  honorables, 
M.  Breschet;  Mme  Lemoine;  M.  Lemoine;  M.  Monrat. 

12"  Catégorie.  — Races  étrangères  diverses,  autres  désignées  cide.«sus.  — \^  Sous-Catégorie. 

—  Grandes  races.  —  Coqs  et  poules.  —  1"  prix,  M.  Lacroix,  à  Sainl-Trirat  (Pas-de-Calais); 
2",  M.  Monral  ;  3%  Mlle  Boyenval ,  à  Sairite-Geneviève-des-Bois  (Loiret).  —  Prix  su[iplémentaire, 
M.  Lemoine.  —  Menlions  honorables,  M.  Boutellier,  à  Thiais  (Seine-el-Oise)  ;  M.  John>ori,  à  Chan- 
tilly (Oise);  M.  Lagrange  ;  M.  Lemoine;  M.  Paul  Lemoine,  à  Crosne  (Seine-el  Oise);  M.  Robbe,  à 
Grunes  (Pas-de-Calais)  ;  M.  Vielle.  —2'  Soui'-Cartf^one.  —  Petites  races.  —Coqs  et  poules.  — 
1"  prix,  Mme  Lemoine;  2'.  M.  Lemoine;  3",  Mlle  Boyenval.  —  Mentions  honorables,  M.  Balès,  rue 
de  Bellevue,  n"  23,  à  Boulogne  (Seine);  Mlle  Marie  Ferré,  à  Thiais  (Seine);  M.  Johnson;  Mme  Le- 
moine; M.  Lesèble,  à  Neuilh  (Seine)  ;  M.  Masson,  à  Paris;  Mlle  Mulon,  à  l'aris;  M.  G.  Voiiellier. 

13"  Catégorie.  —  Pintades.  —  Prix  unique,  M.  Gustave  Voiiellier.  —  Mention  honorable, 
M.  Legoy,  à  Fléxanville  (Seine-et-Oise). 

1"  DIVISION.  —  Dindons. 

U"  —  Catégorie.  —  Variété  noire.  —  1"  Section.  —  Mâles.  —  l"''  prix,  M.  L  Vallois;  2%  M.  Ber- 
trandus,  à  Igny  (Oise).  —  Mention  honorable,  M.Gustave  Voiiellier.  —  2'  Section.  —   Femelles. 

—  l"  prix,    Mme   Lemoine;    2%    M.    Berirandus;   3»,   M.    L.   Vallois. 

LS"  Catégorie.  —  Variétés  diverses.  —  1"  Section.  —  MAIes.  —  l'^prix.  M.  L.  Vallois;  2", 
Mlle  Poyenval.  —  Mentions  honorables,  M.  Brunel;  M.  Delondre,  à  Saint-Loup-de-Naud  (Seine- 
et-Marne  ;  M.  l.a-seron.  —  2"  Section.  —  Femelles.  —  l"  Seciion.  —  M.  Lasseron;  2%  M.  Boyen- 
val. —  Mentions  honorables,  M.  Lasseron;  M.  L.  Vallois. 


CONCOURS  GÉNÉRAUX  AGRICOLES  DE  PARIS  EN    1883.  185 

3"  DIVISION.  —  Oies. 

IG"  Catégorie.  —  Oies  de  Toulouse.  —  l"  Section.  —  Mâles.  —  l"prix,  M.  Lagrange • '2" 
Mme  I.emoiiie.  —  Mentions  honorahles,  M.  Duchesne,  à  Moussy-le-Neuf  (Seine-el-Marne)  ;  M.  Gus- 
tave Voilelliei-.  —  2"  Seciion.  —  Femelles.  —  l"''  jirix,  M.  Gustave  Voitellier;  2",  Mme  Lemoine. 

—  Mentions  honorables,  M  Duchesne  ;  M    Lasscroii;  M.  Lemoine;  M.  I,.  Vallois. 

17»  Catéijorie.  —  Oies  diverses.  —  1"  Sectinn.  —  Mflles.  —  1"  prix,  M.  L.  Vallois;  2%  M.  Boyen- 
val.  —  Mentions  honorables,  M.  Bertrandus  ;  M.Jean  Loyau  ;  M.  (Justavo  Voitellier.  —  2="Sé>c(Jo/i 

—  Femelles.  —  1"  prix,  M.  L.  Vallois;  2%  M.  .Jean  Farcy.  —  Mentions  honorables,  M.  Bertrandus- 
M.  Lasseron  ;  M. Jean  Loyau.  •  ' 

4*  DIVISION.  —  Canards. 

IS»  Catégorie.  —  Canards  de  Rouen.  —  1"  prix,  M.  Lasseron  ;  2= ,  M.  D(danoy,  à  Calais  CPas-de- 
Calais)  ;  3%  Mlle  Boyenval.  —  Mentions  honorables,  Mme  André,  au  Tillay  (.Seine-et-Oise)' 
Mme  la  baronne  de  Fourment;  Mme  Lemoine.  '' 

l'ô' Catégorie.  —Canards  d'Aylesbury.  —  1"  prix,  M.  Lemoine;  2%  Gustave  Voilellier.  —  Men- 
tion honorable,  M.    Lasseron. 

20°  Catégorie.  —  Canards  d'Inde  ou  de  Barbarie.  —Prix  unique,  M.  Ebeling  à  Nanterre 
Seine-et-Oise).  — Mention  honorable,  M  .  Voitellier.  ' 

21°  Catégorie.  —  Canards  divers.  —  t"prix,  M.  Garnot,  àAvranches  (Manche);  2°,  M.  Lemoine- 
3%  M.  Raymond  d'Imbleval.  —  Mentions  honorables,  Mme  Garnot,  à  Avranches  CMnnniiP\' 
M.  Lemoine;  M.  Robbe;  M.   L.  Vallois.  U"anuie;, 

b'  DIVISION.  —  Pigeons. 

22'  Catégorie.  —  Grosses  races  comestibles.   —  1"  Sous-Catégorie.  —  Romains.  —  l"  prix 

médaille  d'argent,  M.  L.  Vallois;    2%    médadie  de  bronze.  M   François  Guilly.  —  Mentions  hono' 

râbles,  M.   Brunet;  Mlle  Maria  Ferré;    M.   Cypricn    Giraud;  M.  L.  Vallois.  —  2°.  Sous-Caténoric' 

—  Montauban.  —  1"  prix,  mé  taille  d'argent,  M  Brunet;  2%  médaille  de  bronze,  M  François 
Guilly.  —  Mentions  honorables,  M.  François  Guilly;  M     Masson  ;  M.  Vallois. 

2'^"  Catégorie.  —  Moyennes  races  comestibles.  —  1"  Sous-Catégorie.  —  Bagadais  —  1"  prix 
médaille  d'argent,  M.  L.  Vallois;  2%  médaille  de  bronze,  Mlle  Marie  Guilly,  rue°MonthoIon  n»  13* 
à  Paris.  —  Mentions  honorables,  M.  François  Guilly;  M.  Lasseron.  —2"  Sous-Caléqorie   — 'fiizets' 

—  r-- prix,  médaille  d'argent,  M.  L.  Vallois  ;  2%  médaille  de  bronze,  M.  Rivière  rue  du  Gaz 
n°  79,  à  Paris.  —  Mentions  honorables,  M.  Brunet;  M.  Martin,  à  Suresnes  (Seine).  —  :i=  Sous- 
Catégorie.—  Boulants.  —  1"  prix,  médaille  d'argent,  M.  L.  Vallois;  2",  médaille  de  bronze 
M.  Bocquet,  avenue  d'Ivry,  n"  108,  à  Paris.  —  Mentions  honorables,  M.  Brunef  M  Croizet' 
à  Amiens  (Somme);  Mme  Mulon,  rue  de  Maistre,  n''23,  à  Paris.  —  4''  Sous-Catégorie  '  —  Mon' 
dains.    —  l"   prix,  médaille  d'argeit,  M.  Vallois  ;  2%  médaide  de    bronze,    M.  Combaret    nie  Hp* 

\fr,„,,„ltr^^      „o   /,     h     Parle     Montifinc     h  ,^n,i  r-.  Mac         AIII„       A„,IX1„     TT. '.,»_.        ,,  m'aies,    l  UC  UCS 


n°  22,  à  Paris. 

24"  Catégorie.  —  Races  dites  de  volière.  —  V"  Sous-Catégorie.  —  Capucins.  —  p'prix  médaille 
d'argent,  M.  L.  Vallois;  2%  médaille  de  bronze  M.  Brunet.  —  Mentions  honorables  M  Bresctiet  • 
M.  Jovinel,  boulev.rd  .Saint-Germain,  u°  118,  à  Paris.  —  2"  Sous-Catégorie.  —' Culbutants  — 
1"  prix,  médaille  d'argent,  M.  Rivière;  2",  médnllede  bronze,  M.  L.  Vallois  —  Mentions  hono- 
rables, M.  Brunet,  M  Lef-^bvre.  —  3=  Sous-Catégorie.  —  Polonais,  —  1"  prix,  médaille  d'argent 
M.  Brunet;  2%  Médaille  de  bronze,  M.  L.  Vallois.  —  Mentions  honorables,  M.  Fusil  rue  du  Châ- 
teau, n"  S2,  à  Paris;  M.  Lasst-ron  ;  M.  Lefebvre.  —  4'  Sous-Catégorie.  —  Queue 'de  Paon  — 
l"  prix,  Médaille  d'argent,  M.  Brunet  ;  2%  Médaille  de  bronze.  M.  Infroit.  —  Mentions  hono- 
rables, M.  Brun-t;  M.  Cyprien  Giraud;  M.  Infroit;  M.  Lasseron.  —  o"  Sous-Catéqorir  — 
Tunisiens.  —  I"-^  prix,  Médaille  d'argent,  M.  L.  Vallois;  2^  médaille  de  bronze,  Mlle  Corbav  à 
Trouville(:Manche).  —  Mentions  honorables,  M.  Jovinel;  M.  Masson,  rue  de  Maistre,  n"  23,  à  Paris 

—  6°  SoHS-Catégone.  —  Races  diverses.  —  l''  prix,  médaille  d'argent,  M.  E.  Valois,  à  Neuillv 
(Seine);  2%  médaille  de  bronze,  .M.  Lasseron.  —  Mentions  honorables,  M.  Lasseron,  M.  Lefebvre  ■ 
M.  Lejeune;  M.  Masson;  M.  L.  Vallois.  ' 

6°  DIVISION.  —  Lapins  et  Léporides. 

2b*  Catégorie.  —   Lapins,    béliers.   —   1"    prix,    M.François    Guilly;    2%   M.  Breschey  3« 
M.  L.  Vallois.    —    Mentions  honorables,  M.  Breschet,  M.  Brunet,  M.  Cardoso,  boulevard  Bea'usé- 
jour,  25,  à  Paris ,  M.  Lasseron,  M.  Gustave  Voitellier. 

26"  Catégorie.  —  Lapins  communs.  —  1»' prix,  M.  L.  Vallois  ;  2°,  M.  Brunet;  3-=  M  Lasseron  — 
Mentions  honorables,  M.  Breschet,  M.  Fusil,  M.  Infroit,  M.  Loyau. 

27-=  Catégorie.  —  Lapins  russes.  —  1"  prix,  M.  Brunet;    2%  M.  Boutillier  ;  3%  M.  Lasseron    — 
Mentions  honorables,    Mlle  Artaull,  rue  de  la  Roquette,  39,  à  Paris,   M.    Lejeune    M.  Lemoine 
M.  Marois,  à  Montrouge  (Seine).  '  "   '  ' 

28°  Catégorie  —  Lapins  à  fourrure  ou  argentés.  —  I»'  prix,  M.  Breschet  ;  2%  Mlle  Artault  • 
3°,  M.  Charles  Giraud,  rue  de  Vanves,  201,  à  Paris.  —  Mentions  honorables,  M  Lejeune  M  Ri- 
vière, M.  Gustave  Voitellier.  '  ' 

29°  Catégorie.  —  Lapins  angora  ou  de  peigne.  —  1°^  prix,  M.  L.  Vallois  ;  2',  M.  Lasseron-  3' 
M.  Brunet.  —  Mentions  honorables,  M.  Fusil,  M.  Lasseron,  M.  Lemoine,  M.  L.  Vallois  '     ' 

30°  Catégorie.  —  Léporides.  —  Prix  uni  [ue .  M.  L.  Vallois.  —  Prix  supplémentaire,  M  Lasse- 
ron. —  Mentions  honorables,  M.  Brunet,  .M,  Lasseron,  M.  Monrat. 

Prix  d'honneur,  un  objet  d'art,  à  M.  L.  Vallois,  pour  ses  animaux  de  la  race  de  Houdan. 

IV.  —  Concours  de  volailles  mortes. 

Exposants  producteurs. 
1'°  Catégorie.  —  Race  de  la  Bresse.   —    1"  Sons-Catégorie.  —  Variétés  de  l'arrondissement  de 
Bourg  (Ain).  —  1"  Seciion.  —Chapons.  —  V  prix,   M.  François  Bouveyron.    à    l'refford  (Ain)  ; 
2°,  Mme  Mazoyer,  à  Frontenaud  (Saône-et-Loke);  3°,  Mme  Uny-Rodot,  aii  Miroir  (Saùne-et-Loire) 

—  Mentions  honorable,  Mme  Ghevalier-Piiat,  à  Frontenaud  (Saône-et-Loire).  —  2°  Section  -^  Pou- 


186  CONCOaRS  GÉNÉRAUX  AGRICOLES  DE   PARIS  EN    1883. 

lardes  —  1"  i)rix,  M.  François  Bouveyron  ;  2",  Mme  Guillet,  à  Frontenaud  (Saône-et-Loire)  ;  3", 
Mme  Uny-Rodot.   —  2'  Sous-Catégorie.  —  Variétés  de  Louhans  (Saône-et-Loire).   —  ]'"  Section. 

Chapons.  —  1"  prix,  Mme  Belay,  au   Miroir    (S;t6ue-et-Loire)  ;   2«   Mme  Grivet,    au  Miroir 

(Saône-el-Loire).  —  Mention  honorable,  Mme  Domarlin,  au  Miroir  (S  lône-et-Loire).  —  2"  Sec- 
tion.  —  Poulardes.  —  1"  prix,  Mme  Chevalier-Pirat;  2%  Mme  Guillet.  —  Mention  honorable, 
Mme  Mazoyer. 

2'  Catégorie.  —  Race  delà  Flèche.  —  1"  Section.  —  Chapons.  —  l"  prix,  M.  François  Cho- 
quet,  à  Bailleul  (Sarthe)  ;  2%  M.  Pierre  Toutain,  à  Bailleul  (Sarthe);  M.  Jo.feph  Toutain,  à  Bail- 
leul  (Sarlhe);  4%  M.  Corbin,  àViliains-sous-Malicorne  (Sarthe).—  Mention  honorable,  Mme  veuve 
Aillerot  jeune,  à  la  Flèche  (Sarllie).  — 2=  Section.—  Poulardes.—  l"'  prix,  M.  Corbin;  2=  M.  Pierre 
Toutain-,  à^,  .'A.  Choquet.  —  Mention  honorable,  M.  Joseph  Toutain. 

3"  Catégorie.  —  Race  de  Houdau.  —  1"  prix,  M.  Gilleron,  à  Mareil-le-Guyon  (Seine-el-OLse)  ; 
2%  M.Houelte,  à  Bléneau  (Yonne);  M.  Vasseur,  à  Garnbais  (Seine-et-Oise). 

4"=  Catégorie.  —  Race  de  Crèvecœur.  —  1"  prix,  M.  Pierre  Toutain  :  2%  M.  Joseph  Tou- 
tain; 3%  M.  François  Choquet.  —  Mention  très  honorable,  Mme  Gohin,  à  Chàteaumeillant 
(Cher). 

b'  Catégorie.  —  Races  normandes  autres  que  celles  de  Crèvecœur.  —  ]=■  prix,  M.  Giard,  à  To- 
rigny  (.Manche)  ;  2%  M.  Miray,  à  Saint-Ouen-des-Besaces  (Ca  vados)  ;  3%  M.  Haust,  à  Torigny 
(Manche).  — Mention  très  honorable,  M.  Mourocq,  àTroi.'^gots  (Manche). 

6°  Catégorie.  —  Races  diverses  non  classées  ci-dessus.  —  1"  prix,  M.  Jean  Douaud,  à  la 
Chevrollière  (Loire-Inférieure);  2",  M.  Houette;  3°,  M.  Vasseur. 

7=  Catégorie.  —  Dindons.  —  V"  Section.  — ^' Mâles.  —  1"'  prix,  M.  Gilleron  ;  2%  M.  Choquet  ; 
3%  M.  Pierre  Toutain;  4",  M.  Vasseur.  —  Menti  n  très  honorable,  M.  Félix  Douaud,  à  Ponl- 
Rousseau  (Loire-Inférieure).  —  Mention  honorable,  Mme  Gohin.  —  2=  Section.  —  Femelles.  — 
1""  prix,  M.  Pierre  Toutain;  2%  M.  Gilleron;  3'-,  M.  Choquet.  —  Mention  très  honorable, 
M.  F'élix  Douaud. 

8»  Catégorie.  —  Canards.  —  l"'  Sous-Catégorie.  —  Sujets  pour  la  broche.  —  1"'  prix, 
M.  Fé  ix  Douaud  ;  2%  M.  Boudruet,  à  Saint-Lubin  (Eure-et-Loir)  ;  S",  M.  Jean  Douaud.  —  2' 
Sous-Catégorie.  — Sujets  pour  la  produciion  des  foies  gras.  —  1''  prix,  M  le  marquis  de  Gon- 
taut,  au  château  de  Courtalin  (Eure-el-Loi  );  2%  Mlle  Penon,  à  Barsous  (Hautes-Pyrénées). 

9=  Catégorie-  —  Oies,  —  l'"  Sous-Catégorie.  —  Sujets  pour  la  broche.  —  1"  prix,  M.  Godfroy, 
à  Gandelain  (Orne);  2',  M.  le  marquis  de  Gontaut  ;  3%  Mme  Aillerot,  à  la  Flèche  (Sarlhe). — 
2"  Sous-Catégorie.  —  Sujets  pour  la  produciion  des  foies  gras.  —  2°  prix,  seul  décerné, 
Mlle  Penon. 

10°  Catégorie. —  Pigeons.  —  2"'  prix,  seul  décerné,  Mme  Aillerot. 

W"  Catégorie.  —  Pintades  et  autres  animaux  de  basse-cour. —  1-' prix,  M.  Joseph  Toutain; 
2",  M.  Pierre  Toutain  ;   3",  Mme  Gohin. 

12'  Catégorie.  —  Lapins  et  Ipporides.  —  1"  prix,  M.  Pierre  Toutain;  2'=  Lasseron,  rue  de 
l'Ouest,  116,  à  Paris;  2",  Mlle  Arlault,  rue  de  la  Roquette,  39,  à  Paris.  —  Mention  honorable, 
M.  François  Choquet. 

Prix  dlionneur,  un  objet  d'art,  à  M.  François  Choquet. 

V.  —  Concours  de  produits  de  la  laiterie. 

Fromages.  —  Exposants  producteurs. 
P"  DIVISION.  — Fromages  de  consistance  molle .  —  !'•  classe.  —  Fromages  frais. 

Catégorie  m« ''que.— Fromages  à  la  crème  ou  double  crème,  Neufchâlel,  Boudons,  Malakoffs,etc. 

—  Médaille  d'argent  grand  module,  M.  Passé,  à  Gàillet'oniaine  (Seine-Iniérieure).  —  Médailles 
d'argent, U.  Maùrey,  à  Croisille   (Oise);  M.  Dominique  Morpl.  à  Montéroluer  (Seine-Inférieure). 

—  Médailles  de  bronze,  M.  Paul  Dupuis,  à  Villeau  (Seine-lnlérieure);  M.  Maurey. 

2'  CLASSE. —  Fromages  raffinés. 

l"  Catégorie.  —  Brie  (fromage  de  ferme).  —  l""  Sous-Catégorie.  —  Brie  courant.  —  Médaille 
d'or,  M.  Jules  Proffit,  à  Oissery  (Sdine-et-Marne).  —  3/édai/Zes  d'argcnf,  M.  Anatole  Proffit,  à 
Bouillancy  (Oise);  M.  Giberi,  à  Billemont  (Aisne).  —  Médailles  de  bronze,  M.  Emile  Martin,  à 
Ois«ery  (Se  ne-et-Oise);  M.  Tiénard,  à  Ermenonville  (Oise)  —  Mentions  honorables,  Mme  Peigné, 
à  Bailly-Romainvilliers  (Seine-et-Marne  ;  M.  Simon  Roussel,  à  la  Ferté-sous-Jouarre  (Seine-et- 
Marne).  —  2"  Sous-Catégorie.  —  Brie  de  saison.  —  Médaille  d'or,  M.  Louis  Petit,  à  Ozouer- 
Lafernère  (Seine-etrMarne).  —  Médaille  d'argent,  M.  Roger,  à  Nandy  (Seine-et-Maine).  — 
Médaille  de  bronze,  M.  Simon  Roussel. 

2"  Catégorie.  —  Coulommiers.  —  P"  Sous-Catégorie.  —  Coulnmmiers  double  crème.  —  Médaille 
d'argent.  M  Fahy,  à  Saints  (Seine-et-Marne).  —  Médaille  de  bronze,  Mme  Pierre,  aux  Bordes  de- 
Beauteuil  (Seine-et-Marne).  —  2*-  Sous-Catégorie.  —  Coulommiers-Brie.  —  Médaille  d'or, 
M.  Louis  Petit.  —  Médaille  d'argent,  M.  Desnot,  à  Chaubuisson  (Seine-et-Marne).  —  Médailles 
debronze.  .M  Alphonse  Audru,  à  Saints  (Seine-et-Marne)  ;  M.  Cilon,  à  Coulommiers  (Seine-et- 
Marne. 

3''  Catégorie.  —  Façon  Brie  et  façon  Coulommiers.  —  Médaille  d'or,  M.  Alexis  Bardin,  à 
Chouy  (Aisne).  —  Médailles  d'argent,  M.  A.  Delhomme,  à  Crézancy  (Aisne).  — Médailles  de 
bronze,  M.  Jules  Boulet,  à  Sarcy  (.Meuse)  ;  M.  Berthault,  à  Bourges  (Cher);  M.  Camille  Haran,  à 
Oissery  (Seine-et-Marne);  M.  A.  Ileurlieu,  à  Thuiy-en-Valois  (Oise). 

4'=  Catégorie.  —  Camemberts  et  façon  camemberts.  —  Médaille  d'or,  M.  Clémence,  à  Sainte- 
Marie-sur-Anglais  (Calvados).  —Médailles  d'argent,  M.  Adolphe  Quétel,  à  Saint-Côme-du-Mont 
(Manche);  M.  Charles  Morice,  à  Lessart-le-Chêne  vCalvados);  M.  Lepetit,  à  Vieux-Pont  (Calvados). 
Médailles  de  bronze,  M.  A.  Bi«ot,  aux  Authieux-Papîon  (i  alvados)  ;  M  Hyacinthe  Rosey,  à  Saint- 
Martin-de-la-Lieue  (Calvado-j;  M.  A.  Lesenne,  à  Sainte-Marguerite-des-Viettes  (Calvados); 
M.  J.-A  Girandier,  à  Saint-Fort  (Mayenne);  M.  Champion,  à  Feins  (Ille-et-Vilaine).  —Mentions 
honorables,  M.  Amand  Bence,  à  Bonnebosq  (Calvados)  :  M.  F.  Brossard.  aux  Cailletots-Maine- 
villc  (Eure);  M.  Guérin,  à  Notre-Dame-d'Kstrées  (Calvados);  M.  Isidore  Hue,  à  Saint-Pierre-des- 
Ifs  (Calvados);  M.  E.  Machinot,  à  Mesnil-Simon  (Calvados);  MM.  Malvina,  à  Hotto-en-Auge 
(Calvados). 

&'  Catégorie.  —  Bondons,  Malakoffs  et  Gournay  dits  à  tout  bien.  —  Médaille  d'or,  M.  Jules  Féret, 
à  Saumon-la-Poterie  (Seine-Inférieure).  —  Médailles  d'argent,  M.  Duclos  (A.),  au  Thil-Riberpré 


CONCOURS  GÉNÉRAUX  AGRICOLES   DE  PARIS  EN   1883.  187 

(Seine-Inférieure)  ;  M.  E.  Duclos,  à  Saint-Saire  (Seine-Inférieure).  —  Médaille  de  bronze,  M.De- 
lanef,  à  Beaussault  (Seine-Infcrieure)  ;  M.  Videcoq,  à  Graveil  (Seine-Inferieure) .  —  Mention  ho- 
norable, M.  Jules  Alexandre,  à  Notre-Dame- 'e-Bourlevilie  (Seine-Inférieure). 

6'  Catégorie.  —  Mont-Dor,  ront-l'Kvèque,  Mignot  et  Port-du-Salut.  —  Médaille  d'or,  M.  Alphonse 
Lepecq,  à  ront-l'Evèque  (Calvados).  —  Médailles  d'argent,  M.  l'abbé  Germain,  à  Bricquebec, 
(Manche);  M.  Léon  Ernic,  à  Sainl-Etienne-la-ïliillaye  (Calvados).  —  Médailles  de  bronze, 
M.  Champion;  MM.  Goisbault  frères,  à  Bazouges  (Mayenne).  —  Mentions  honorables,  M.  Bertlinult; 
M.  Jules  Boulet;  Mme  Goudouin,  à  Fierville-les-Parcs  (Calvados);  M.  Pierre Mauron, à Gray  (Haute- 
Saône). 

7'=  Catégorie.  —  Livarot,  Roliot,  Marolles,  Langres  et  Void.  —  Médaille  d''or,  M.  Alfred  Jumel,  à 
Menil-Durand  (Calvados).  —  Médaille  d'argent,  M.  Chevalier,  à  Lessard-le -Chêne  (Calvados).  — 
Médailles  de  bronze,  M.  Morel,  à  Langres  (Haute-Marne):  M.  Alfred  Hotte,  à  Saintc-Mart,'uerile-de- 
Viette  (Calvados);  Mentions  honorables, M.  Edouard-Alexandre  Roussel, à  Ecots  (Calvados);  M.  A.Le- 
roy, à  Varennes  (Oise);  M.  Auguste  Lebourgejis,  à  Boissey  (Calvados);  M.  Deslandes,  à  Bellon, 
par  Fervaques  (Calvados) . 

X'  Catégorie.  —  Troyes,  Saint-Florentin,  Olivet,  Bourgogne,  Macquelines,  Thury.  — Médaille 
d'or,  M.  Frinault,  aux  Aydes,  commune  d  Orléans  (Loiret).  — Médailles  d'argent,  M.  Octave  Rivière- 
Norguet,à  Villiers  (Loir-et-Cher);  M.  A.  Heurlier,  h  Thury-en-Valois  (Oise).  —  Médailles  de 
bronze,  M.  Berihaull;  M.  Philippe  Sornicle,  à  Ingré  (Loirei) 

9"  Catégorie.  —  Géromé  ou  Gérardmer,  Munster.  —  Médaille  d'argent,  M.  Mer,  à  Gérardmer 
(Vosges).  —  Médaille  de  bronze,  M.  Jules  Boulet. 

10'  Catégorie.  — Fromages  divers.  —  Médaille  d'arqcnt,  M.  Octave  Rivicre-Norguet.  —  Médaille 
de  bronze,  M.  Cordier,  directeur  de  l'école  pratiiiue  d'a2;r  culture  de  Saint-Remy  (Haute-Saône). 

—  Mentions  honorables,  M.  J.  Gadret,  à  Gandelu  (Aisne);  M.  Pierre  Mauron;  M.  Pipgard-Bordier, 
à  Villiers  (Loir-et-Cher);  M.  Jules  Boulet;  M.  Henri  Lalloux,  à  Saint-Renan  (Finistère). 

2'  DIVISION.  —  Fromages  à  pâte  ferme.  —  r°  classe.  Fromages  pressés. 

V  Catégorie. —  Roque''ort.  —  Médaille  d'or,  Société  anonyme  civile  des  producteurs  de  fro- 
mages de  Roquefort  (Aveyron). 

2'  Catégorie.  —  Façon  Roquefort,  Septmoncel,  Gex,  Sassenage,  Mont-Cenis.  —  Médaille  d'or, 
M.  de  Laforce,  à  Trizac  (Cantal). 

3'  Catégorie.  —  Cantal,  Laguiole  et  autres  fromages  de  l'Auvergne.  —  Médaille  d'or.  M.  Didaret, 
à  Saint-Chély-d'Aubrac  (Aveyron);  Médaille  d'argent,  M.  Adrien  Gros,  à  Aubrac  (Aveyron).  — 
Médaille  de  bronze,  M.  G.  Chanut,  à  Trizac  (Cantal). 

4'  Catégorie.  —  Fromages  divers.  —  Médaille  d'argent,  M.  Pierre  Mauron.  —  Médaille  de  bronze, 
M.  Rivière-Norguet. 

2'  CLASSE.  —  Fromages  cuits  et  pressés. 

1"  Catégorie.  — Gruyère  et  façon  gruyère.  —  Médaille  d'or,  M.  Alexis  Dedron,  à  Eronteine-le- 
Haut  (Jura).  —  Mention  honorable,  M.  Jules  Boulet. 

2"  Catégorie.  —  Fromagesdes  Pyrénées.  — Médaille  d'or,  M.  Lozès,  à  Barsous (Hautes-Pyrénées). 

3'  Catégorie. —  Fromages  divers,  pressés  ou  cuits.  —  Médaille  d'argent,  M.  deBeguroyre  et  Cie, 
à  Maigny-en-Orxois  (Aisne).  —  Médaille  de  bronze,  M.  Pierre  Mauron. 

3'"  DIVISION.  —  Fromages  de  chèvres  et  de  brebis. 

Médaille  d'argent,  M.  Louis  Bonnet,  à  Saint-Marcellin  (Isère).  —  Médaille  de  broiize,  M.  Aimé 
Guillermond,  à  Poliénas  (Isère). 

Prix  d'honneur.  — Médailles  d'or  grand  module,  à  M.  Alfred  Jumcl. 

Exposants  MARCHANDS.  —  Médailles  d'or,  M.  Albert  Rosel,  au  marché  des  Martyrs,  à  Paris; 
M.  Joseph  Tournadre,  rue  Quincampoix,  n"  36,  à  Paris.  —  Médailles  d'argent,  M.  Dedron,  rue  des 
Pêcheurs,  à  Paris;  M.  A.  Baudoin,  rue  de  Berri,  n°  3<S,  à  Pans;  M.  P.  Chapelle,  rue  Cambronne, 
n"  49,  à  Paris.  — Médailles  de  bronze.  M.  Smtarsiero,  rue  d'ArmaïUé,  n°  5,  à  Paris;  M.  Drouard, 
rue  du  Faubourg  Saint-Antoine,  à  Paris;  M.  Nicolas  Niguet,  à  Rozoy  (Seine-et-Marne)  ;  M.  Qua- 
niaux,  à  Enghien  (Seine-ei-Oise);  M.  Robillard,  rue  d'Amsterdam,  n"  40,  à  Paris  ;  M.  Piocbon, 
rue  des  Petits-Champs,  n"  5,  à  Paris.  —  Mentions  honorables,  M.  Amblard,  impasse  des  Hautes- 
Formes,  n"  3,  à  Pans;  M.  Chardon,  rue  Croix-des-Petits-Charaps,  n°  44,  à  Pans;  M.  Chiuffert,  rue 
du  Parc-Royal,  n"  9,  ù  Pari.*;  ;  M.  Foulon,  rue  Saint-Jacques,  n"  53,  à  Paris;  MM.  Heuser  et  Cie, 
rue  Montorgueil,  n"  9,  à  Pans;  M.  Thomas,  boulevard   Poissonnière,  n°  28.  à  Paris. 

Concours  de  beurres.   —  exposants  producteurs. 

l"  DIVISION.  —  Beurres  frais.  —  l"  classe.  —  Beurres  de  Normandie. 

V"  Catégorie.  —  Beurres  dTsigny  et  de  Bayeux.  —  Médaille  d'or,  M.  Henri  Ygnouf,  àVierville- 

sur-Mer    (Calvados).    —   Médailles    d'argent,    M.    Philippe    Cathrin,    à    Cardonville   (Calvados); 

M.  Gabriel  Duval,  à  Saint-Pierre-du-Mont  (Calvados);  Mme  veuve  l.egros,  à  Campigny  (Calvados). 

—  Médailles  de  bronze,  M.  Jacques  Gruel,  à  Cardonville  (Calvados);  M.Charles  Guilbert,  à  la 
Bazo^ue  (Calvados)  ;  M.  Alexandre  Follin,  à  Formigny  (Calvados);  M.  Constant  Jehanno,  à  Blay 
(Calvados).  —  Mentions  honorables,  M.  Louis  Adeline,  à  Crouay  (Calvados)  ;  M.  Auguste  Chatel,  a 
Vaucclles  (Calvados):  M.  Pierre  Châtel,  à  Formigny  (Calvados);  M.  Pierre  Lecoq,  à  Gefosse 
(Calvados);  M.  Constant  Postrd.à  Vacognes  (Calvado.s). 

2"  Catégorie.  —  Beurres  de  Gournay.  —  Médaille  d'or,  Sébastien  Decordc,  au  Fossé  (Seine- 
Inférieure).  —  Médailles  d'argent,  M.  Levasseur  aîné,  à  Mauquenchy  (Seine-Inférieure); 
M.  Alphonse  Levasseur,  à  Rouvray  (Seine-Inférieure);  M.  de  Lalonde,  à  Longuerue  (Seine-Infé- 
rieure).—  Médailles  de  bronze,  M.  Benoît  Poisson,  à  la  Belliéie  (Scine-ln'érieure)  ;  M.  Magloirc 
Folliot,  à  Mauquenchy  (Seine-Inférieure);  M.  Alfred  Moiant,  au  Fossé  (Seine-Inférieure).  —  Men- 
tions honorables,  M.  Edouard  Hurpy,  à  Serqueux  (Seine-Inférieure)  ;  M.  Bancc-.Mobert,  à  Thil- 
Riberpré  (Seme-Inférieufe)  ;  M.  J.-B.  Dubuc,  à  Thil-rtiberpré  (Seine-Inférieure);  M.  A.  Levacher, 
à  la  Fierté-Saint-Samson  (Seine-Inférie  re)  ;  M.  Maximilien  Poisson,  à   Roncherolles   (Seine-Inf.). 

3^  Catégorie.  —  Beurres  de  provenances  normandes  diverses.  —  Médaille  d'or,  M.  Pierre  Fortin 
à  Petite-Ville  (Manche).  —  Médailles  d'argent,  Mme  veuve  Artu,  à  Sainte-Mère-Eglise  (Manche); 
M.  Emile  Huault,  à  Homraet-d'Arthenay  (Manche.  —  Médailles  de  bronzp,  M.  A.  Lecesne,  à 
Sainle-Marguerite-de-Vielte  (Calvados)  ;  M.  Jules  Lecanu,  au  Désert  (Manche);  -M.  Stephen  Cadic, 
à  Valognes  (Manche). 


188  CONCOURS  GÉNÉRAUX  AGRICOLES  DE    PARIS  EN   1883. 

2'  CLASSE.  —  Beurres  de  Bretagne. 
Médaille  d'or,  M.  Jules  Pinto,  à  Rennes  (llle-et-Vilaine).  —  Médailles  d'argent,  M.  Champion,  à 
Feins  (Ille-ei-Vilainc).  —   Médailles  de    bronze,    Mme  veuve  Rivalan,  à  Rondage  (Morbihan); 
M.   L.  Henrat,   à  Arradon  (Morbihan).—  Mention  honorable,  M.    Malhunn  Marhin,  à  Pontivy 

(Morbihan). 

3^  CLASSE.  —  Beurres  d  autres   provenances  diverses. 

1"  Catégorie.  —  Beurres  en  mottes  ou  en  paniers.  —  Médaille  d'or.  M.  de  Vassal-Montviel,  à 
Monbadon  (Gironde).—  Médaille  d'argent,  M.  Paul  Genay,  à  Ghanleheux  (Meurthe-et-Moselle).  — 
Médailles  de  bronze,  M.  Henri  Castier,  à  Hazebrouck  (Nord);  M.  J.  Devert,  à  la  Vigerie-d'Asnières 
(Charente).  —  Mention  honorable.  M.  Franck-Bonnard.  à  Valéry.  (La;t  concentré  des  Alpes); 
M.  D.  Lavril,  à  Saint-Aquilin-de-Pacy  (Eure);  M.  le  marquis  de  Poncins,  à  Feurs  (Loire);  M.  Du- 
earet,  à  Lunel  (Hérault);  M.  Jules  Boulet,  à  Sorcy  (Meuse). 

2°  Catégorie.  —  Beur;es  en  livres,  dits  de  ferme.  —  Médaille  d'or,  M.  Dupuis,  a  Bessay  (Eure- 
et-Loir).  —  Médaille  d'argent,  .M.  Jules  Boulet,  à  Sorcy  (Meuse).  —  Médailles  de  bronse. 
M.  Charles  Dumontier,  à  Claville  (Eure);  M.  Paul  Ferté,  à  Vrégny  (Aisne).  —  Mentions  honora- 
bles, M.  D.  Lavril;  M.  Jean  Bussienne,  k  Nancy  (Meurthe-et-Moselle);  M.  Ernest  Bourguin,  à 
Mézières  (Ardennes);  M.  Coucre,  à  Ozoner-la-Ferrière  (Seine-et-Marne). 

2=  DIVISION.  —  Beurres  demi-sel,  salés  et  fondus  de  toutes  provenances . 

Médaille  d'argent,  M.  Henri  Maurettc,  à  Brix  (Manche).  —  Médailles  de  bronze,  M.  Henri  Cas- 
tier, à  Hazebroiick  (Nord),  M.  Charles,  à  Claville  (Eure). 

Pbix  d'honneur,  médaille  d'or  grand  module,  à  M.  Henri  Ygouf,  à  Vierville-sur-Mer  (Calvados). 

Exposants  marchands.  —  Division  unique.  —  Beurres  marchands  pour  l'exportation 
ou  la  vente  à  l'intérieur. 


2°  Calégc.  .^.        ^. 

et  Grimault,  à  Rennes   (Ille-et-Vilaine). 
n*  40,  à  Paris. 

3"  Catégorie.  —  Beurres  de  provenances  diverses,  salés,  demi-sel  ou  fondus.  —  Médailles  d  ar- 
gent, MM.  Marseille  et  Dervailly,  à  Montargis  (Loiret);  M.  Guéneau,  à  la  Flèche  (Sarthe).  — 
Médaille  de  bronze,  M.  Drouard,  rue  du  Faubourg-Saint-Antoine,  n"  104,  à  Paris. 

Prix  d'honneur.  —  Médaille  d'or/jrand  module,  MM.  Porteu  et  Grimault,  à  Rennes  (Ille-et-Viiaine) 

-    •       ■  ■      siicres  de  lait    et  autres   produits  de  la    laiterie    non   dénommé 


VI.  —  Concours  de  produits  agricoles 

Exposants  producteurs.  —  L  —  Semences  de  céréales, 
l"  DIVISION.—  Froment. 

Médaille  d'or,  M.  Alphonse  Hardon,  avenue  des  Champs-Elysées,  n"  12?,  à  Paris.  —  Médailles 
d'argent,  M.  le  baron  d'Avène,  à  Brinche,  commune  de  Villemareuil  (Seine-et-Marne);  M.  Alfred 
Migtiot,  à  Bois-Gauthier  (Seine-et-Marne.  —  Médailles  de  bronze,  M.  Cordier,  directeur  de  l'école 
pratique  d'agriculture  de  Saint-Remy  (Haute-Saône)  ;  M.  Dumontier,  à  Clavdle  (Eure)  ;  M.  Boullant, 
à  Villejuif  (Seine);  M.  Mayeux,  à  Villejuif  (Seine)  ;  M.  Graudin,  à  Cocherel  (Seine-et-Marne). 

3'  division.  —  Avoines. 
Médaille  d'or,   M.  Couesnon,  à   Aulnoy   (Seine-et-Marne).  —  Médaille  d'argent,  M.  Mégret,  à 
Beton-Pazoches  (Seine-et-Marne).  —Médailles  de  bronze,  M.  le  baron  d'Avène;  M.  Mayeux. 

4°  DIVISION.  —  I.  —  Orges. 

Médaille  d'or,  M.  Cordicr.  —  Médaille  d'argent,  M.  Terrand-NicoUe,  à  Ruffey  (Côte-d'Or).  — 
Médaille  de  bronze,  M.  Mayeux. 

n.  _  Plantes  légumiyieuses.  —  Médaille  d'or,  M.  Dudouy,  rue  Notre-Darae-des-Victoires,  n"  38, 
à  Paris.  —  Médaille  d'argent,  M.  Cordier.  —Médailles  de  bronze,  M.  Guillcux,  au  Pin  (Seine-et- 
Marne;  M.  Terrand-Nicolle. 

lY.  —  Plantes  textiles.  —  Médaille  d'or,  M.  Maizier,  au  Plessis-Brion  (Oise).  —  Médaille  d'ar- 
gent, M.  Dudouy,  rue  Notre  Dame-des-Victoires,  n"  38,  à  Paris. 

VI.  —Racines  industrielles,  fourragères  et  alimentaires.  —  2"  Catégorie. —  Betteraves,  carottes, 
rutabagas,  choux-raves  et  navets  et  autres  racines  fourragères.  —  Médaille  d'or,  M.  Cordier.  — 
Médailles  d'argent,  yi.  Dudouy;  M  Duqnenel,  à  Saint-Sorlm-de-Conac  (Charente-Inférieure). — 
Médaillesde  bronze,  M.  GuiUoux  ;  M.  Pellier,  à  Jupilles-Fessard  (Sarthe);  M.  GrenierDalbine,  rue 
de  Vaugirard,  n"  39,  à  Paris;  M.  Boullant.  —  Mention  honorable,  M.  Lnuras,à  Flagy  (Saône-et- 
Loire)  ;  M.  Nicole  Terrand;  M.  Hardon;  M.  Jobard-Jobard,  à  Meursault  (Côte-d'Or). 
■  VIL  —  Pommes  de  terre.  —  Médaille  d'or,  M.  Mayeux.  -Médailles  d'argent,  M.  Dudouy; 
M.  Boullant.  —  Médailles  de  bronze,  M.  Rigault,  à  Groslay  (Seine-et-Oise)  :  M.  Sévin,  à  Villejuif 
(Seine);  M.  De'ondre,  à  la  Tour-.;'aint-Loiip-de-Naud  (Seine-et-Marne);  M.  Pellier. 

Wlll.  —  Plantes  fourragères.  —Médaille  d'or,  h.  M.  Dumontier,  Claville  (Eure).  —  Médaille 
d'argent,  M.  Dudouy.  —  Médailles  de  bronze,  M.  Hardou;  M.  Cordier. 

JX.  —  Prairies  naturelles.  —  Médaille  d'or,  M.  Guilloux.  —  Médaille  d'argent,  M.  Hardon. 

X.  —  Fruits  frais.  —  !"■  Catégorie.  — Poires  et  pommes  de  table.  —  Médailles  d'or,  M.  Ber- 
trand, à  Sceaux  (Seine)  ;  M.  ChiiVîlier  fils,  à  Montreuil  (Seine)  -,  M.  Bertaut,  à  Rosny-sous-Bois 
(Seine).  —j»/edaz7ifs  d'org[c»«.  M,  J, -P.  Boucher,  avenue  d'Italie,  n"  164,  Paris;  M.  Jourdain,  à 
Maurecourt  (Seine  et-Oise);  M.  Battut,  à  Alfort  (Seine);  M.  l'erquier,  à  Sassetot-)e-Mauconduit 
(Seine-Inférieure);  M.  Hamot,  à  Asnicrcs  (Seine),  M.  Boullant,  à  Villejuif  (Seine).  —  Médailles 


CONCOURS  GÉNÉRAUX  AGRICOLES  DE  PARIS  EN  1883.  189 

debron2e,  M.Anatole  Maubant,  à  Vieux-Port  (Calvados);  M.  Desplnnques,  à  Saint-Lô  (Manche); 
M.  Guillaume,  directeurde  l'école  d'horticulture  des  pupilles  delà  Seine,  à  Villepreux  (S.-et-O.).' 

2®  Catégorie.  —  Raisins  et  fruits  conservés.  —  Médaille  d'or,  pour  raisins  et  Iruits  conservés, 
M   Etienne  Snlomon,  à  Thomery  (Seine-et-Marne). 

3"  Catégorie.  —  Amandes  à  coque  tendre  et  à  coque  dure.  —  Médaille  d'or,  M.  Victor  Leydet 
à  Aix  (Bouches-du-Rhône).  '  ' 

XIII.  —  Huiles.  —  1"  Catégorie.  —  Huiles  d'olive.  —  Médaille  d'or,  MM.  Anastay  et  Cie,  à 
Salon  (Bouches-du-Rhône).  —  Médailles  d'argent,  M.  Jarrein,  à  Hyères  (Var);  M.  H  .uiat  à  Salon 
(Bouches-du-Hhône).  — Médaille  de  bronze,  M.  Leydet,  à  Aix  (Bouches-du-Rhône). 

2*  Catégorie.  — Huiles  diverses.  —  Médaille  dor,  M.  Grenier-Daibine,  rue  de  Vaugirard  n°  30, 
à  Haris.  —  Médaille  d'argent ,  M.  Cordier.  ' 

XIV.  1"  DIVISION.  —  Miels  et  cires  —  l'«  Catégorie.  —  Miels  en  rayons.  —  Médaille  d'or 
M.  Fuurnier,  à  Ornioy-Villers  (Oise).  —  Médaille  d'argent.  M.  Chevereau-Blin,  à  Briare  (Loiret).' 
—  MédiiiUes  de  bronze,  M.   Leroux,  à  Marines  ("eine-et-Oise);  M.  Asset,  à  Sèvres  (Seine-et-oise). 

3"  Catégorie.  —  Miels  coulés  des  pays  à  prairies  aitiflcielles.  —  Médailles  d'argent,  M.  Fournier, 
à  Ormoy-Villers  (Oise)  ;  M.  Chevereau  Blin.  —  Médailles  de  bronze,  M.  Asset,  M.  Lemux. 

A>=  Catégorie.  —  Miels  coulés  des  pays  de  mont;ignes.  —  Médaille  d'orgeni,  M.  Leydet. 

2=  DIVISION. —  Cires.  —  Médaille  d'or,  M.  Leioux.  —  Médailles  d'argent,  M.  Philippe,  à  Saint- 
Aman  1  (Manche);  M.  Chevereau-Bhn.  —  Médailles  de  bronze,  M.  Leroy,  à  Crouttes  (Orne); 
M.Vi.  Troubat  et  Cie,  à  Montlu-çon  (Allier). 

Prix  d'honneur,  un  objet  d'art  à  M.  Etienne  Salomon,  à  Thomery  (Seine-et-Marne). 

Exposants  marchands.  —  Rappel  At-  diplôme  d'honneur  à  MM.  Vilmorin-Andrieux  et  Cie,  pour 
l'ensembL'  de  leur  exposition.  —  Médailles  d'or.  M.  Diiponl,  rue  d'Aniin,  n"  23,  à  Paris;  iM.  Gau- 
quflin,  lue  Rossini,  n"  I,  à  Paris;  M.  Albert  Gerbout,  rue  du  Faubourg-Saint-Honuré,  n»  .58,  à 
Pavis;  M.  Alfred  Dudouy,  rue  Notre-Darae-d*^s  Victoires,  n°  38,  à  Paris;  MM.  Forgeot  et  Cie  quai 
de  :A  Mégisserie,  n"  8,  à  Paris.  —  Médailles  d'argent,  M.  F/ançois  Baltut,  rue  Quincampoix, 
n°  18,  à  Pans;  M.  Louis  Huot,  rue  de  la  Tour,  n°  78,  à  Paris;  M.  Eugène  Laliaye,  à  Montreuil- 
sous-Bois  (Seine);  M.  Michel,  rue  Saint-Merry,  n»  12,  à  Paris;  M.  Thomain,  rue  Samt-La/.are,  ivGs, 
à  P;uis;  M.  Lecaron,  quai  de  la  Mégisserie,  n"  20,  à  Paris;  M.  Roche-Papillon,  à  Chartres  (Kure- 
et-Loir):  M.  Delahaye,  quai  de  la  Mégisserie,  n»  18,  à  Paris.  —  Mdailles  de  bronze,  M.  Dubos, 
grfl  rie  Vivienne,  n°  26,  à  Paris;  Mme  veuve  Place,  rue  Saint-Antoine,  n"  145,  à  Paris;  M.  San- 
tarsiero  (Vincent),  rue  d'Armaillé,  n"  h,  à  Paris. 

L'exposition  des  produits  de  laiterie  offrait  un  très  grand  intérêt. 
Les  grandes  recompenses  ont  été  décernées  :  pour  les  fromages,  à  M.  Al- 
fred Jumel,  à  Mesnil-Durand  (Calvados),  qui  avait  exposé  de  très  beaux 
fromages  de  Livarot;  pour  les  beurres,  à  M.  Henry  Ygouf,  à  Vier- 
ville-sur-Mer  (Calvados).  Pour  la  première  fois,  on  a  attribué  des 
récompenses  aux  laits  frais  ou  conservés  ;  les  principales  ont  été  décer- 
nées à  M.  Nicolas,  à  Chaumes  (Seine-et-Marne);  à  M.  Hardon,  à  Courque- 
taine  (Seine-et-Marne)  ;  à  M.  Lanquetot,  à  Paris.  Le  concours  a  d'ailleurs 
donné  la  preuve  manifeste  de  l'importance  croissante  que  prend  la 
production  laitière  dans  beaucoup  d'exploitations  agricoles. 

Henry  Sagmer. 

SUR  LA  SURVEILLANCE  DES  ÉTALONS  ET  DES  JUMENTS 

Monsieur  le  directeur,  M.  le  ministrede  l'agriculture  vient  de  présen- 
ter au  Sénat  un  projet  de  loi  ayant  pour  but  d'éloigner  de  la  reproduc- 
tion les  étalons  atteints  de  deux  maladies  transmissibles  nuisibles  à 
un  bon  service  :  le  cornage  et  la  fluxion  périodique  des  yeux. 

Tout  le  monde  applaudira  à  cette  sage  mesure,  mais  pourquoi  ne 
concernera- t-elle  que  les  étalons?  Pourquoi  n'exercera-t-on  pis  la 
même  surveillance  sur  les  juments? 

Tout  le  monde  sait  que  le  poulain  est  susceptible  d'hériter  des  mala- 
dies de  sa  mère  tout  aussi  bien  que  de  celles  de  son  père. 

Alors,  la  loi  présentée  sera  absolument  imparfaite,  car  elle  ne  pro- 
duira bien  évidemment  que  la  moitié  des  bons  elïets  que  l'on  est  en 
droit  d'en  attendre. 

Dans  une  étude  sur  la  Pousse  que  j'ai,  il  y  a  déjà  longtemps,  publiée 
dans  votre  excellent  ./oft/'/ia/  (1882,  tome  II,  22  avril,  n"  OSOj,  je  d  isais  : 

«  La  pousse  est  amenée  par  des  causes  diverses  dont  la  principale 
est  la  débilité  congénitale.  Car  comme  la  phtisie  chez  l  homme,  elle  se 
transmet  par  l'héredidé.  On  est  tout  surpris  qu'un  cheval  acheté  pou- 


190       LA  SURVEILLANCE  DES  ÉTALONS  ET  DES  JUMENTS. 

lain  dans  une  foire  et  ayant  toujours  présenté  l'aspect  de  la  meilleure 
santé,  tombe  tout  à  coup  poussif  à  l'âge  de  4  ou  d  ans,  sans  qu'on 
pujsse  savoir  pourquoi. 

«  Eh  bien,  c'est  tout  simplement  parce  que  sa  mère  était  poussive 
elle-même.  Car  c'est  une  chose  mauvaise  et  parfaitement  préjudi- 
ciable à  notre  production  chevaline  en  France  que  cette  habitude  que 
l'on  a  de  faire  naillir  les  juments  poussives. 

ce  11  serait  cp[>eiidant  facile,  avec  un  peu  de  bon  vouloir,  de  supprimer 
cette  très  importante  cause  de  la  pousse  du  cheval;  ce  serait  tout  sim- 
plement, dans  les  dépôt  d'étalons  de  l'Etat,  d'exiger  de  chaque  éleveur 
un  certificat  de  vétérinaire  constatant  que  les  juments  présentées  ont 
été  reconnues  saines. 

M  On  dira  sans  doute  qu'il  y  a  d'autres  propriétaires  d'étalons  que 
l'Etat.  C'est  parfaitement  vrai  ;  mais  alors  qui  pourrait  empêcher  de 
leur  imposer,  sous  peine  d'amende^  la  même  obligation?  On  ferait  tout 
d'abord  quelques  mécontents,  j'en  conviens;  mais  le  bien  général  ne 
doit-il  pas  passer  avant  de  mesquins  intérêts  particuliers?  » 

J'ai  tout  lieu  de  croire  que  j'avais  raison  de  parler  ainsi;  car,  après 
la  publication  de  cet  article,  je  reçus  de  nombreuses  lettres  d  éleveurs 
distingués  qui  me  donnaient  leur  complète  approbation. 

Aussi,  je  le  répète,  pourquoi  donc  se  borner  à  surveiller  l'état  de 
santé  des  étalons,  quand  celui  des  juments,  pour  arriver  à  oh  enir  un 
produit  sain,  a  tout  autant  d  importance? 

Ce  serait  vraiment  une  anomalie  fort  nuisible  à  nos  intérêts,  que 
M.  le  ministre  a  bien. évidemment  tout  à  cœur  de  défendre,  et  je  suis 
persuadé  qu'il  aura  suffi  de  la  signaler  pour  la  voir  disparaître  à 
l'instant. 

J'ai  l'honneur,  etc.  É.  Cassé, 

Membre  de  la  Société  d'agriculture  de  l'Eure 

CONGRES  DE  MECANIQUE  AGRICOLE 

Le  Congrès  de  mécanique  agricole,  organisé  par  la  Société  d'encou- 
ragement à  l'agriculture,  a  été  tenu  les  25  et  26  janvier.  Beaucoup 
d  associations  agricoles  ont  voulu  se  faire  représenter  à  ces  réunions 
qui  ont  appelé  un  grand  nombre  de  mécaniciens  et  d'agriculteurs. 
Nous  allons  brièvement  résumer  les  principaux  travaux  du  Congrès. 

Il  faut  d'abord  signaler  le  discours  par  lequel  M.  Foucher  de  Careil, 
président  de  la  Société,  a  ouvert  les  travaux  du  Congrès,  Il  a  très  bien 
su  exposer  le  rôle  de  plus  en  plus  important  que  la  mécanique 
agricole  est  appelée  à  jouer;  incidemment,  il  a  rendu  hommage  à  la 
mémoire  de  Gambetta,  à  l'initiative  de  qui  revient  la  création  du  mi- 
nistère spécial  de  l'agriculture. 

La  plus  grande  partie  de  la  première  séance  a  été  remplie  par  un 
exposé  fait  par  M.  Grandvoinnet,  professeur  à  l'Institut  agronomique, 
des  progrès  de  la  mécanique  agricole.  11  démontre  que  l'adoption 
des  machines  perfectionnées,  dans  la  plupart  des  fermes,  est  due  moins 
à  leur  valeur  propre  qu'à  l'élévation  croissante  du  prix  de  la  main- 
d'œuvre.  Il  passe  en  revue  les  avantages  qui  résultent  de  l'emploi  des 
semoirs  et  des  houes  à  cheval  d'une  part,  des  batteuses  d'autre  part  ; 
il  insiste  sur  les  difficu'tés  spéciales  que  l'on  éprouve  à  faire  adopter 
les  charrues  perfectionnées  à  la  place  des  anciennes  charrues  de  pays. 
Pour  M.  Grandvoinnet,  si  l'on  a  constaté  une  certaine  lenteur  dans 


CONGRÈS  DE  MÉCANIQUE  AGRICOLE.  191 

rextension  de  Temploi  des  machines,  c'est  que  beaucoup  de  cultiva- 
teurs manquent  d'occasions  pour  les  connaître  et  les  apprécier  à  leur 
juste  valeur;  les  essais  qui  sont  faits  dans  les  concours  ne  présentent 
pas,  le  plus  souvent,  les  conditions  nécessaires  pour  faire  ressortir  les 
qualités  ou  les  défauts  de  tels  ou  tels  types  de  machines.  Il  pense  qu'il 
serait  beaucoup  plus  profitable  d'établir  des  stations  d'essai,  d'une 
création  peu  difficile,  dans  lesquelles  l'étude  des  machines  pourrait 
être  faite,  d'une. manière  absolue,  avec  le  matériel  approprié,  dans  des 
conditions  de  rigueur  inconnues  jusqu'ici  ;  cette  étude  présenterait  les 
meilleurs  résultats  à  la  fois  pour  les  mécaniciens  et  les  agriculteurs. 

M.  Tisserand,  directeur  de  l'agriculture,  appuie  ce  projet  ;  il  donne 
des  détails  intéressants  sur  le  fonctionnement  de  staiions  analogues 
dans  plusieurs  pays,  notamment  en  Autriche,  et  il  invite  la  Société 
d'encouragement  à  prendre  l'initiative  de  cette  institution. 

Après  quelques  observations  présentées  par  MM.  Desplanques,  Ver- 
morei  et  Menault,  le  Congrès  émet,  à  l'unanimité,  un  vœu  en  faveur 
de  la  création,  en  France,  de  stations  d'essai  spéciales  pour  les  machines 
agricoles. 

Sur  la  proposition  de  M.  Liébault,  appuyée  par  MM.  Albaret  et  John 
Pilter,  le  Congrès  émet  le  vœu  de  la  suppression,  dans  les  tarifs  des 
transports  par  chemin  de  ter,  de  la  majoration  de  tarif  qui  est  appli' 
quée  aux  niasses  indivisibles  pesant  de  cinq  à  dix  tonnes  m  triques. 
Un  vœu  analogue  sur  les  réductions  de  tarifs  dans  les  transports  mari- 
times entre  l'Algérie  et  la  France  est  adopté,  sur  la  proposition  de 
M.  Francisque  Michel. 

Une  question  des  plus  importantes  s'imposait  à  l'étude  du  Congrès  : 
c'est  elle  qui  est  reiativa  aux  moyens  à  prendre  pour  rendre  plus  rapide 
l'adoption  des  machines  perfectionnées  par  les  petits  cultivateurs.  Il 
est  certain  que  la  situation  des  diverses  parties  de  la  France  est  loin 
d  être  la  même  à  cet  égard;  ici  le  progrès  marche  rapidement,  tandis 
que,  ailleurs,  il  ne  s'opère  qu'avec  lenteur.  Il  faut  dire  que  ces  ditfé- 
rences  tiennent  le  plus  souvent  à  la  propagande  ou  à  la  nonchalance 
des  associations  agricoles  locales;  il  serait  important  de  pousser  les 
associations  à  faire  des  sacrifices  pour  l'^ichat  de  bonnes  machines, 
afin  de  les  répandre  autour  d'elles.  C'est  ce  que  M.  de  Roys  fait  res- 
sortir avec  beaucoup  de  clarté;  il  insiste  notamment  sur  les  avantages 
qui  pourraient  résulter  du  dépôt  des  machines  chez  quelques  cultiva- 
teurs éclaires. 

M.  Leroy,  secrétaire  général  du  Comice  de  Libourne,  fait  un  exposé 
de  la  situation  de  cette  partie  du  département  de  la  Gironde,  relative- 
ment à  l'emploi  des  machines;  il  signale  l'élévation  des  patentes  que 
doivent  payer  les  agriculteurs  qui  louent  les  machines  autour  d'eux, 
les  différences  de  traitement  appliqués  aux  machines  françaises  et 
aux  machines  étrangères  dans  les  transports  sur  les  voies  ferrées. 

M.  de  Lapparent,  inspecteur  général  de  l'agriculture,  croit  que  l'un 
des  meilleurs  moyens  de  propager  l'euploi  des  bonnes  machines  est  de 
subventionner  des  syndicats  de  cultivateurs  créés  pour  l'achat  de  ces 
machines,  comme  l'Etat  subventionne  les  syndicats  de  viticulteurs 
formes  pour  lutter  contre  1«  phylloxéra.  Cette  proposition  donne  lieu 
à  une  discussion  à  laquelle  prennent  part  MM.  Sagnier,  Vermorel, 
Bretagne,  Desplanques,  Gaze.  Finalement,  le  Congrès  ^idmet  trois  vœux  ; 
1"  diminution  des  patentes  pour  les  entrepreneurs  de  travaux  avec  les 


192  CONGRÈS  DE  MÉCANIQUE  AGRICOLE. 

machines  agricoles;  2°  revision  des  tarifs  internationaux  qui  créent  des 
faveurs  pour  le  transport  des  machines  étrangères  sur  les  voies  ferrées 
françaises;  3°  création  de  subventions  spéciales  en  faveur  des  syndicats 
de  cultivateurs  créés  pour  l'emploi  des  machines;  ces  subventions 
seraient  accordées  par  l'intermédiaire  des  associations  agricoles. 

M.  Albaret  appelle  l'attention  da  Congrès  sur  une  question  technique 
d'une  réelle  importance  :  c'est  celle  de  la  réparation  des  machines.  Trojo 
souvent,  les  réparations  sont  faites  par  des  ouvriers  ignorants  ou  négli- 
gents, de  telle  sorte  qu'une  bielle,  par  exemple,  qui  a  été  cassée,  n'a 
plus,  après  avoir  été  ressoudée,  sa  longueur  exacte,  et  que  la  machine 
ne  peut  plus  fonctionner  régulièrement.  M.  Albaret  pense  qu'un  des 
moyens  d'éviter  ces  graves  inconvénients  est  d'inviter  les  constructeurs 
à  indiquer.en  chiffres,  sur  les  bielles  et  sur  les  barres  d'excentritjue  de 
leurs  machines,  les  longueurs  exactes  qui  séparent  les  tourillons.  Sa 
proposition  est  adoptée. 

M.  Liébault  expose  que  le  développement  de  l'enseignement  profes- 
sionnal  mécanique  n'est  plus  en  rapport  avec  le  développement  de  l'in- 
dustrie et  avec  les  efforts  faits  en  vue  des  progrès  de  l'enseignement 
primaire;  il  pense  que  cette  question  doit  être  étudiée  avec  soin.  Après 
des  explications  présentées  par  MM.  Gallois,  Albaret,  Deloncle,  Dupuy- 
Montbrun,  Lacroix,  le  Congrès  émet  un  vœu  en  faveur  du  développe- 
ment de  l'enseignement  professionnel  mécanique  agricole,  par  la  mul- 
tiplication des  écoles  d'arts  et  métiers,  et  par  la  création  d'écoles  et  de 
cours  spéciaux.  Jusqu'ici,  les  écoles  d'arts  et  métiers  ont  rendu  trop  de 
services  à  la  mécanique  agricole  pour  que  Ton  ne  souhaite  pas  de  les 
voir  se  multiplier. 

La  dernière  (juestion  soulevée  devant  le  Congrès  est  celle  de  l'utili- 
sation agricole  des  eaux.  M.  Cotard  expose  que  les  encouragements  les 
plus  considérables  ont  été  donnés  jusqu'ici  aux  créations  de  voies  de 
transport  et  à  la  navigation,  mais  que  l'on  a  fait  très  peu  de  chose  en 
faveur  des  entreprises  d'irrigation;  ce  qui  est  contraire  à  l'équité,  car 
on  peut  soutenir  avec  raison  que  l'eau  des  fleuves  n'appartient  pas 
seulement  aux  riverains,  mais  à  tout  le  bassin.  Sur  sa  demande,  le 
Congrès  émet  le  vœu  que  de  larges  subventions  soient  données  aux 
entreprises  d'irrigation. 

Le  congrès  a  été  clos  par  une  excursion  aux  ateliers  de  M.  Paul 
Decauville,  à  Petit-Bourg.  Le  progrès  de  cette  grande  usine,  qui  est 
aujourd'hui  principalement  consacrée  à  la  construction  des  voies 
ferrées  à  voie  étroite,  est  un  des  faits  les  plus  remarquables  des  der- 
nières années.  Les  chemins  de  fer  portatifs  Decauville  circulent  aujour- 
d'hui dans  toutes  les  parties  du  monde,  et  partout  avec  le  plus  complet 
succès. 

Le  prochain  congrès  organisé  par  la  Société  d'encouragement  à 
l'agriculture  aura  lieu  à  Nice,  au  mois  de  novembre  prochain,  en 
même  temps  que  le  concours  régional.  Il  sera  international,  et  con- 
sacré à  la  viticulture. 

Le  congrès  de  mécanique  agricole  a  été  suivi  par  un  banquet  de  plus 
de  120  couverts,  à  l'Hôtel-Continental,  et  par  la  réunion  générale 
annuelle  de  la  Société  d'encouragement  à  l-'agriculture.  La  partie  prin- 
cipale de  celte  séance  a  été  le  rapport  de  M.  de  Lagorsse  sur  les  tra- 
vaux de  la  Société  et  sur  l'extension  de  son  influence.  Les  élections 
du  Conseil  d'administration  se  sont  terminées  par  la  nomination  des 


CONGRÈS  DE  MÉCANIQUE  AGRICOLE.  193 

anciens  membres,  auquel  a  été  adjoint  M.  Lesouef,  président  de  la 
Société  d'encouragement  à  l'agriculture  d'Yvetot  (Seine-Inférieure). 

Henry  Sagnier. 

DESTRUCTION  DES  LOUPS 

Nons  avons  assuré  la  disparition  des  loups  dans  un  temps  indéter- 
miné, en  lui  accordant  une  prime  élevée.  Et  puis  nous  nous  endor- 
mons sur  nos  lauriers.  C'est  prématuré. 

Il  n'est  pas  indifférent  de  tuer  notre  dernier  loup  aujourd'hui  ou 
dans  quinze  ans.  H  y  a  plusieurs  raisons  pour  nous  hâter. 

r  La  raison  budgétaire. 

Suivant  les  calculs  de  l'administration  il  y  a  5,000  loups  en  France. 

Si  on  les  tuait  tous  instantanément,  ce  qui  est  impossible,  ils  coû- 
teraient, à  raison  de  100  fr.  par  tête,  500,000  fr. 

Si  on  en  tue  1,000  par  an,  les  4,000  survivants  se  reproduiront  et 
éterniserontl'opération.  La dépensepeutêtre  triplée, sextuplée,  décuplée. 

Voyons  quels  sont  les  moyens  de  destruction  que  la  France  possède. 

Nous  voyons  souvent,  en  vedette,  en  tête  de  nos  Premiers  Paris. 

«  La  France  manque  d'hommes.  »  On  ne  dit  pas  pourquoi  faire. 

Eh  bien,  c'est  probablement  pour  détruire  les  loups  que  la  presse 
demande  des  hommes. 

C'est  par  le  piège  ou  le  poison  que  le  loup  doit  être  détruit.  Or,  il 
n'y  a  pas  en  France  40  habiles  piégeurs  de  loups. 

Que  font-ils?  Chacun  d'eux  détruit  le  loup,  dans  sa  commune  et 
dans  20  communes  voisines.  C'est  ce  que  nous  avons  vu  arriver  dans 
la  vallée  du  Grésivaudan  et  dans  l'Autunois  situé  pourtant  en  pleine 
forêt  du  Morvan.  Après  cela,  que  font  les  adroits  preneurs  de  loups? 
La  matière  leur  manquant,  ils  se  font  terrassiers  ou  casseurs  de  pierres. 

Pourquoi  nti  pas  perm.ettre  à  ces  hommes  de  se  multiplier  en  se 
déplaçant?  Aujourd'hui  la  Dordogne,  les  Charcutes  et  20  autres  dépar- 
tements sont  infestés  de  loups  dont  ils  ne  peuvent  se  débarrasser;  et 
à  côté,  on  maintient  dans  une  oisiveté  forcée  des  chasseurs  spéciaux 
qui  ne  demandent  qu'à  les  détruire! 

Le  personnel  y  est;  il  s'agirait  seulement  de  le  mobiliser. 

A  côté  du  chasseur  sédentaire  et  aristocratique  qui  chasse  par  passe- 
temps  et  lorsqu'il  n'a  rien  de  mieux  à  faire,  il  faut  créer  le  chasseur 
ambulant  et  démocratique,  suivant  le  loup  dans  ses  migrations,  chas- 
sant pour  vivre  et  par  métier  et  par  conséquent  chassant  tous  les  jours. 

Il  y  a  au  ministère  des  demandes  de  tels  chasseurs  qui  voudraient 
se  faire  breveter.  Us  ne  coûteraient  rien  à  l'État  et  prétendent  vivre  lar- 
gement de  leur  chasse  (100  francs  de  primes,  15  ou  20  h^ancs  de  peau, 
soit  12u  francs  par  tête  de  loup).  Ils  en  prendraient  plusieurs  par  mois. 

Voici  le  brevet  qu'il  faudrait  leur  délivrer  : 

«  Le  ministre  de  l'agriculture, 

«  Vu  la  demande  du  sieur***,  afin  d'obtenir  un  brevet  de  piégeur  ttâ  loups 
ambulant,  sans  fusil; 

«  Vu  l'attestation  de  la  Société  d'agriculture  de  son  arrondissement,  qu'il  est 
de  bonne  vie  et  mœurs  et  qu'il  a  fait  ses  preuves  et  pris  plusieurs  loups  au  poison 
ou  au  piège,  ou  au  liteau. 

«  Accorde  au  sieur  *"  le  brevet  de  piégeur  de  loups,  ambulant,  sans  fusil. 

a  Le  dit  brevet  confère  au  titulaire  le  droit  de  piéger  toute  l'année  et  par  tous 
les  temps  dans  les  forêts  des  communes  et  celles  des  particuliers  qui  lui  en  accor- 
deront l'autorisation. 


194  DESTRU^'.TION  DES  LOUPS. 

«  Il  ne  pourra  porter  dans  l'exercice  de  ses  fonctions  ni  carabine,  ni  fusil, 
mais  seulement  un  revolver  dont  le  canon  n'aura  pas  plus  de  0'".24  de  long. 

«  Ses  fonctions  sont  gratuites;  il  n'a  droit  qu'à  ses  primes  et  au  corps  des 
animaux  morts.  Il  est  toujours  révocable  ». 

Là  devrait  s'arrêter  le  brevet. 

On  peut  demander  pourquoi  lui  refuser  le  droit  de  chasser  dans 
les  forêts  de  l'Etat.  C'est  pour  le  soustraire  à  l'action  des  eaux  et  forêts 
qui  voudraient  intervenir  dans  les  nominations  et  la  reoçlemrîntation. 

Or,  les  eaux  et  forêts  ne  considèrent  les  animaux  sauvages  qu'au 
point  de  vue  de  leurs  amodiations  de  chasse,  c'est-à  dire  qu'elles  en 
désirent  non  seulement  la  conservation,  mais  encore  la  multiplication. 

Ceux  qui  suivent  de  loin  l'affaire  des  loups  croient  qu  elle  est  ter- 
minée et  que  leurs  protecteurs  ont  désarmé. 

Il  n'en  est  rien,  et  sans  l'institution  des  piègeurs  brevetés,  on  fera 
traîner  la  destruction  pendant  plusieurs  années.  d'Esterno. 

SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'AGRICULTURE 

Séance  du  31  janvier  1883.  —  Présidence  de  M.  ChevreuL 

M.  le  président  de  la  Société  d'agriculture  de  la  Haute-Garonne 
envoie  une  pétition  à  M.  le  ministre  de  l'agriculture,  dont  cette  Société 
a  pris  l'initiative,  sur  le  mouillage,  la  fabrication  artificielle  et  les 
falsifications  des  vins  en  France  et  à  rétrany;er. 

M.  Leyrisson  transmet  plusieurs  échantillons  d'une  nouvelle  sorte 
de  greffe  en  écusson,  avec  une  note  explicative. 

M.  de  Poncins  fait  une  communication  sur  les  expériences  qu'il  a 
faites  à  la  ferme  des  Places  (Loire),  relativement  à  la  dessiccation  des 
fourrages  par  la  méthode  Neilson.  Il  insiste  sur  les  résultats  qu'il  a 
obtenus,  d'où  on  peut  conclure  que  ce  système  rendra  de  grands  ser- 
vices. Le  Journal  publiera  cette  importante  note.  A  la  suite  d'obser- 
vations présentées  par  M.  Barrai,  Boussingault,  Chevreul,  Bazille,  Tier- 
sonnier,  sur  les  avantages  que  cette  méthode  peut  donner,  l'examen 
de  la  question  est  renvoyé  à  une  Commission  spéciale. 

M.  Cornu  présente  le  5*  fascicule  de  la  Herefordshire  Ponvma,  qui 
renferme,  avec  de  belles  planches  en  couleur,  la  description  des  variétés 
de  poires  et  de  pommes  cultivées  dans  cette  région  de  l'Angleterre. 

M.  Chatin  expose  que  la  chute  des  brindilles  des  chênes,  qu'il  avait 
constatée  l'année  précédente,  ne  s'est  pas  renouvelée  cette  année,  et 
que,  par  conséquent,  on  peut  considérer  cet  accident  comme  tran- 
sitoire ;  mais  dans  les  forêts,  des  arbres  meurent  encore  actuellement 
des  suites  du  grand  hiver  1879-80.  MM.  Cornu,  de  Bouille  et  Gaudin 
ajoutent  que,  dans  les  départements  de  la  Vienne  et  de  la  Nièvre,  beau- 
coup de  noyers  qui  avaient  paru  d'abord  indemnes  de  l'action  du  froid, 
succombent  actuellement. 

MM.  Barrai,  de  Bouille,  Tiersonnier,  présentent  sur  les  concours 
qui  viennent  d'avoir  lieu  à  Nevers  et  à  Paris,  des  observations  qui 
confirment  celles  données  dans  ce  Journal,  Henry  Sagnier. 

REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  C  lURlNT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(3  FÉVHlIiR    l    8-i). 
1.  —  Situation  générale. 
Les  marchés  agricoles  on* î.  é  peu  fréqu  ntés  durant  cette  semaine;  les  affaires 
sont  calmes  pour  le  plus  grand  nombre  des  denrées. 

II.  —  Les  grains  et  les  farines. 
Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal  MÉTRIQUE, 
sur  les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger  : 


REVUE  GOMMBRCIALE  ET  PRIX  COURANT    (3  FÉVRIFR    18H3).  1S5 


l"   REGION.  — 


Calvados.  Condé 

—  Caen 

Côt.-du-Noi'd.  Lannion.. 

—  Ponlrieux.. 
Finistère.  Morlaix 

—  LaiiJerneau. . 
llle-et-Vilainr.  fiennes. 

—  Saint-Malo. 
Manches.  Avranches. . . 

—  Ponlorson... 

—  Villedieu 

Mayenne.  Laval 

—  Cliftteau-Gontier. 
Mo  bihan.  Hennebont.. 
Orne.  Suez 

—  Alençon 

Sarthe.  Le  Mans 

—  Mamers 


NORD 

Blé. 

fr. 

25.00 
2't  50 
23-25 
23.50 
2'i.7D 
25.00 
25.00 
2'» .  50 
26.50 
2G.00 
26.50 
25.25 
25 .  00 
28.00 
2'i.25 
25  50 
25.75 
25.50 


Seigle. 

fr. 
19  50 


16. iO 

16.00 

)> 
16  75 

» 
18.25 

10  25 
17.00 
17.20 
17.00 
15.75 


Avoine. 

fr. 

22   00 

» 
17.25 
16.50 
14.75 
15.00 
17.50 
17.00 
22.00 
20.25 
20.00 

» 
17  50 
18.50 
17.20 
17.D0 
21.25 
17   25 

16.91      18.22 


fr. 
18   50 

16.25 
15.50 
14.00 
15.25 
15.50 

19.50 
18.25 
18  50 
15.25 
17.00 

19.25 
18.20 
15.75 
17.00 


Pri.x  moyens 25.21  16.97 

2"  RÉGION.   —  NOItI). 

.<4isne.  Laon.   .    23.50  14.75         »         17.25 

—  Soissons 23.15  15.50     18.25     16.80 

—  ViUeis-Cotterets.  22.00  14  25     17.00    16.50 
Eure.    Bernav 23.50  15.i'0     20.00     18.50 

—  Evreiix .23.70  14  00     19-50     15  25 

—  Cun  hes 23  25  »         19  O»     16  00 

Eure-et-Loir   (Chartres..  24.00  16  00     i6  50     17.00 

—  Auneau 23  50  14.00     18.50     17.50 

—  Nogent-le-Rotrou.  25  20  »         18.00     17.25 
iVord.  Cambrai 25.00  15.50         »         16.75 

—  Lille 27.25  17.75     17.50     18.00 

—  Valenciennes... .  27.00  i5  50    20.00        » 
Oise.  Beauvais.    22.50  14.50     16.75     16.50 

—  ComiJiègne 22.00  la.oo    17.00    18.00 

—  Senlis 22.50  14.50         »         17.00 

Pas-de-Calais.  Attas...  21. "ib  16.50     19.75     17.25 

—  Douliens 25.75  14.50     18.00     16.00 

Seine.  Pans 25.00  15.35     19.00     18.00 

S.-e<-Mor.  Dammarlin...  21.50  14.50     17.50    17.00 

—  M-lun 24.00  15.25     18.50     17. 2S 

—  Meaux 23.50  »           »        18. 00 

S.-e<-Otse.  Angerville...  23.50  »        16.50    17.50 

—  Etampes 24.25  16.00     17.00     17.40 

—  Versailles 22.75  15.50     17.00     17.50 

Seine-Inféfieure. Rouen.  23.45  14.35     18.50     19.75 

—  Dieppe 22.60  14.75     17.50     15.75 

—  Fécainp 22.75  14.75        »         18-25 

Somme.  Abbeville 22.00  15.00     17.50     15.25 

—  .viontdiiier 22.00  14-75     18.00     16.50 

—  Roye 23.00  14.50     17.75     17.00 

Prix  moyens 23.67  15.06     17.97     17.48 

3"  REGION.  —  NOHD.ESr. 

Ardetmes.  \ouziers 22.50  14.75 

—  Sedan 24.00  16.75 

Aube.  Bar-sur-Aube. ...  22.75  14  50 

—  Méry-sor-Seine...   23  50  15.25 

—  Nogent-sur-Seine.  24.00  15  00 
Marne.  Epernay 23.75  15  50 

—  Sainle-Menehould.  23.15  15.25 

—  S  zanne 22.50  i4.40 

Hte-Marne.  Cliaumont. .  24.00  » 

Meurtlie-et-Mos.  Nancy.  24.00  18.00 

—  Liinéville 23.50  16  25 

—  T"ul 23.50  16.00 

Meuse.  Bar-le-Duc 23.50  16.00 

—  Verdun.    23.50  15.25 

Haute-Saône.  Gny 22.40  15.25 

Vosges.  Mirecourt 22.75  17.00 

Epinal 23.50  15.25 

—  Neufchâteau 2'*. 00  15.00 

Prix  moyens 23.38  15.61 

4'  RÉGION.—  OUEST. 

Charente.  Angouléme.,.  26.25  18.00     19.25    20.00 

—  Ruffec ....   26.00  17.50         »         18.00 

C/iar.-/n/e>.  Marans....  24.00  b        17.00     16.50 

Deux-Si-vres.  Niort 24.25  »        16. 35     17.50 

Indre-et-Loire.  Bléré....  24.00  »        19.50    16.50 

—  Tours 25.50  16.25     18.00     17.50 

Loire-M/".  Nantes 26.25  »            »         17  25 

M.-et-Loire.   Saumur...  25  50  15  50  17.50  17  75 

—  Angers 24.50  15.50     20.00     19. nO 

Vendée.  Lu  qon 25.50  »         19.25     1700 

—  Fonteuay-L-Comte  24. âo  »        18. 00    17.25 
Tienne.  Poitiers 26.00  »        19.75     17.00 

—  Lonlun 26.00  15.50     18.50         » 

Haute-Vienne.. Luvnaea.  26.50  17.75    20  00     18.25 

Prix  moyens 25.34  16.57    18.63    17.65 


16. 50 
19  50 
17.75 
17.00 
13.00 
17.50 
15.25 
18.00 
15  50 
16.50 
15.75 
15.50 
17.25 
16.75 
15.00 
15.75 
»  15.80 
16.75     15.50 

17.00     16.60 


15.75 
19.75 
17-00 
17-25 
17.75 

» 
17.25 
17.50 

17.50 
17  00 
16.00 
16.00 
16.50 

» 
16.00 


Cher. 


Allier.  Montluçon 

—  La  Palisse 

SaiiU-Pourjain. . 
Bourges 

—  Graçay 

■ —    Vierzon 

Creuse.  Aulmsson 

Indre.  Chàteauroux  . . . 

—  Issoudim 

—  La  Chaire 

Loiret.  Montargis 

—  Gien 

—  Pilhiviers , 

L.-vt-Cher.  Blois , 

—  Montoire , 

Nièvre.  Nevers 

—  La  Cbarité 

Yonne.  Brieaon 

—  Sens 

—  Tonnerre 


.  —  CliNTHR 

Blé. 

fr- 

24  -  50 
24.50 


25-00 
23.00 
24.25 
26 .  20 
25-50 
2'4.25 
23-50 
23.25 

23  00 

24  00 
23-05 
24 .  50 
24.00 
23.50 
2  î .  25 
24.00 
23.50 
22.75 

Prix  moyens 23.92 

6"  RÉGION 

/lin.  Bourg 25.00 

—  P^nt-de-Vaux....  24.50 
Côle-d'Or.  Dijon 21.50 

—  Beaune 23.50 

Doubs.  Besançon 23.25 

/sere.  Grenoble ,.  25  25 

—  Bourgom 24.00 

Jura.  Dôle 22.00 

Loire.  Charlieu 24.25 

P.-de-Dô)«e- Issoire 26.00 

Rhône.  Lyon 24.75 

Saône-et-Loire.  Autun..  22.75 

—  Chalon 24.00 

.Satioie.  Chambéry 26.00 

/ftc-.Sai'oie- Annecy 25.50 

Prix  moyens 24.15 

T  RÉGION.  —  SUD- 
Ariège.  Foix 26  25 

—  Pamiers 25  00 

Dordogne.  Bergerac...  27  00 
Hte-Garonne.  Toulouse.  27  25 

—  St-Gaudens 26.00 

Gers.  Condom 26.00 

—  Eauze 26.25 

—  Mirande 25  85 

Gironde.  Bordeaux 27.50 

—  Lesparre 27.50 

Landes.  Dax  28  25 

Lot-et-Garonne.  Agen. . .  27.00 

—  Nérac 26  85 

B. -Pyrénées.  Bayonne..  27.00 
/lies-Pyrénées.  Tarhes..  27.25 


Seigle.   Orge 

fr. 

15.50 

15.25 

16.00 
14.25 
15.00 
15.00 
16.75 
14.00 
14.75 
14.50 
14 .  50 
15.50 
14  60 
14.25 
14.50 


fr. 

» 
18.00 
19-20 
18.00 
18-50 
19  (»0 
18-50 


19.00 

18  50 
1 9 .  50 
17.50 

19  25 
19.20 
18.50 


14.50 
15.00 
15.20 
14-00 

14.37 
EST. 

17.00 
15.50 
15.00 


17.25 
16.50 

17.00 
16.00 


Avoine. 

fr. 

18.50 

18.25 

17.00 

17.20 

17.00 

17.20 

18.00 

16.50 

17.25 

17.00 

18.50 

17.00 

17.60 

18.50 

17.00 

16  50 

16.50 

18.75 

17.50 

16.25 


13.17     17.40 


17  50 
14.25 
15.25 
16.00 
16.25 
14  60 
15.50 
16.25 
17.00 


16.50 
10.50 


16.50 
17-50 
19.50 
20.00 


16.50 
17.00 
15.75 
16  25 
16.75 
18.75 
17.25 
16.00 
18.00 
17.00 
17.40 
16.00 
17.00 
tS.7i 
»  »         17.60 

15  84     17.08  17.06 
OUEST. 

B.OO        •  18.50 

16.75         »  18.75 

16  50  18.25  19.00 
17.00  18.75  19-25 
18.00     18.20  19.00 

»      »  20. 2& 

»      »  20.50 

»      »  19.25 
18.50 


18.00 
17-00 
19.00 
19.00 
18.50 
18  25 
18-00 


18.50 

» 
18.70 


19.00 
19.25 
lS-50 
19  00 


Prix  moyens 26.73     17.83     18.44     19.13 


8*  RÉGION.  —  SUD. 

ylude.  Carcassonne- . ...  27.50  18-00 

—  Casteliiandary-. . .  27.70  » 

Aveyron.  Rodez 26.00  19-50 

Can««(.  Mauriac 25.65  23-60 

Corrcie.  Luberzac 26-25  17.75 

//éraw(<- Cette 27.25  » 

—  Montpellier 26  50  » 

Z,o<-  Cahors 26.50  17.25 

Lozère.  Mende 27  00  17.50 

Pi/rtJiiées-Oc. Perpignan-  27.00  17. 80 

rà/'ii- Castres 27.00  17  00 

rarn-et-Gor.  MontauDan  26.25  18. 00 

Prix  moyens..  ..  26-72  18.49 

9'  RÉGION.   —  SrO-EST. 
Basses-Alpes.  Manosque  28.00 
Hautes-Alpes.  Briatiçon.  27-50 
^{/jes-A/ofi/ijnes. Cannes  27 .00 

^/•dèc/ie.  Privas 25.45 

B.-du-Rhône.  Arles....  26.50  » 

Drdme.  Valence 24.75  16.50 

Gard.  Nîmes 26.00  » 

Haute-Loire.  Brioude...  24. 50  18.25 

Kar.  Dragiiignan 27.00  » 

Faucfuse.  Avignon 26.50  » 

Prix  moyens 26-32 


20.50 
19.50 


18.00 

17.50 
17.50 
17.75 
18.40 

» 
19.50 


20  50 
20.00 
20.25 
21.50 
18.25 
19.00 
18.50 
18.20 
17.50 
27.75 
19  20 
20.50 


18.58     20  09 


17.50         » 

«7.25     18.00 

19.90     17-35 

»         17.55 

17.00 

16.25 

19.50 

»  y> 

»  17  25 

17.88     17.51     18.68 


Moy.  de  toute  la  France  25-05    16-51 
—  de  la  semaine  précéd.  25  - 08    16  61 


Sur  la  semainelHausse. 
précédente..  (Baisse.. 


0.03      0-10     0.07 


196  REVUE  COMMERCIALE  ET    PRIX  COURANT 

Blé.  Seigle.  Orge.        Avoine, 

fr.  fr.  Ir.  fr. 

,,    .  .                        .,      (  bic  tendre...        27.00 
Algérie.  Algerj  ,_ , ,  ^^,. ^^  ..  ^,  ^^  .^^        j  .  ^^ 

Angleterre.  Londres 20.00            »  19.00  20.25 

Belgique.  Anvers 22.25  H.iiO  20.50  18  25 

—  Bruxelles 25.50  16.50  »  17. nO 

—  Lièp:e 23.50  17.00  20. .50  17.00 

—  Namur 23.00  15..".()  20  00  1(3.00 

Pays-Bas.  Anislerdam 23.60  1G.90 

Luxembourg.  Luxembourg 24.50  18  00  »  17.00 

Alsace-Lorraine.     Strasbourg 25  30  18  25  17.75  17.75 

—  iMulliou.se 23.75  18.50  18.00  18.50 

—  Cohnar 25  00  18.00  18  25  18.00 

Allemagne.  lierlin 2250  16.85  »                » 

—  Cologne... 23.75  18.75 

—  Hambourg 22.35  16.35 

Suisse.  Genève 26  75            »                »  2i.00 

Italie.'  Turin. 24.25  18.50         18.00  18.50 

Espagne.  Valladolid 25.00 

Autriche.  Vienne 20.00  15.00         16.50  14.00 

Hongrie.  liudapeslb 20.50  15  00         17.25  13  50 

Russie.  S;iinl-l'étersbourg..  20.25  14.80             »  12.00 

Llats-Unis.  ^e\v-York 22.65 

Blés.  —  Après  quelques  jours  meilleurs,  la  situation  est  redevenue  presque 
partout  mauvaise.  Les  circonstances  météorologiques  sont,  cette  semaine  abso- 
lument défavorables  aux  travaux  de  la  culture.  Il  est  de  plus  en  plus  probable  que 
la  prochaine  campagne  se  fera  difiicilement.  Les  transactions  sont  néanmoins 
assez  di  ficiles  sur  la  plupart  des  marchés;  les  cours  sont  fei-raes  pour  les  blés  de 
bonne  qualité,  mais  ceux  de  qualité  médi  icre  sont  assez  offerts,  et  il  en  résulte 
une  faiblesse  générale  dans  les  cours  qui  n'a  pas  d'autre  cause.  Les  ventes  sont 
dilficdes,  et  la  situation  ne  paraît  pas  devoir  s'améliorer  seusiblem^nt.  —  A  la 
halle  de  Pans.,  le  mercredi  31  janvier,  les  affaires  ont  été  calmes;  les  prix,  bien 
tenus  pour  les  bonnes  qualités,  ont  été  faibles  pour  les  sortes  inférieures.  On 
cotait  de  23  fr.  50  à  26  fr.  50  par  100  kilog.  suivant  les  quaiiiés  —  Au  marché 
des  blés  à  livrer,  on  cotait  :  courant   du  mois,  25  fr.  75;  à  26    r.  janvier-février, 

25  fr.  75  ;  à  26  fr.  mars  et  avril,  26  fr.  à  26  fr.  25  ;  quatre  mois  de  mars,  26  fr.  25 
à  26  fr.  50,  quatre  mois  de  mai,  26  fr.  75  à  27  Ir  —  Au  Hnvri'.,  les  prix  sont 
bien  tenus  pour  les  diverses  sortes  de  blés  d'Amérique;  on  les  cote  de  25  fr,  50 
à  y?  fr.  par  100  kilog.  suivant  les  qualités.  —  A  Marseille,  les  ventes  ont 
été  assez  importantes  durant  la  semaine,  et  les  prix  aciusent  de  li  fermeté  pour 
Jes  diverses  sortes.  Les  arri  âges  ont  été,  pendant  la  semaine,  de  1  5,*.  00  hec- 
tolitres; le  stock  est  actuelb  ment,  dans  les  docks,  de  118.000  quintaux.  Au  dernier 
marché,  on  cotait  par  100  kilog.  :  Berdianska,  26  fr.  5  '  à  27  Ir.  ;  Marianopoli, 

26  fr.  50;   Irka,  26  fr.  50;  Bessarabie,  24  fr.  à  25  fr.  Red-wnter,  27  fr.  50  à 

27  Ir.  75;  Bur^as,  22  fr.  75  à  23  fr  —  A  Londres,  les  affaires  ont  été  calmes 
durant  cette  semaine;  les  prix  sont  faibles  pour  les  diverses  calf'gories.  On  cote 
de  24  fr.  65  à  27  fr.  par  10  kilog.  suivant  les  qualités  et  les  provenances. 

Farines.  —  Les  affaires  sont  calmes  pour  toutes  les  sortes,  et  les  cours  ne 
varient  pas.  On  paye  à  la  halle  de  Paris  pour  les  farines  de  consommation  : 
marque  de  Gorbeil,  61  f r  ;  marques  de  choix,  61  à  63  fr.;  bonnes  marqnes,  58  à 
,59  fr.;  sortes  ordinaires,  56  à  57  tr.;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.,  toile  à  rendre, 
ou  157  kilog.  nei,  ce  qui  correspond  aux  prix  extrêmes  de  35  fr.  t.5  à  40  fr.  10 
par  lOu  kilog,,  ou  en  moyenne  37  fr.  85,  comme  le  mercredi  précédent.  —  En 
ce  qui  concerne  les  farines  de  spéculation,  on  les  cotait  à  Paris,  le  mercredi 
31  janvier  au  soir  :  farines  neuf-mai  ques^  courant  du  mois,  58  fr.  50  à  58  fr.  75; 
février,  58  fr.  50  à  58  fr.  75;  mars  et  avril,  58  fr.  25;  quatre  mois  de  mars, 
58  Ir.  25  à  58  fr.  50;  quatre  mois  de  mai,  59  IV.;  le  tout  p;  r  sac  de  59  kilog. 
toile  perdue  ou  157  kilog.  net.  —  Tout  s  ces  cotes  sont  en  hausse  —  Maintien 
des  cours  pour  les  gruaux,  cotés  de  47  à  58  fr.  et  pour  les  farines  deuxièmes  qui 
valent  de  26  à  33  fr.;  le  tout  par  100  kilog. 

Seigles.  —  Les  affaires  sont  peu  actives,  et  les  prix  sont  faibles,  de  15  fr.  25 
à  1 5  fr,  50  par  100  kilog.  Les  farines  de  seigle  sont  vendues  aux  cours  de  23  à  25  fr. 

Orges  —  Mêmes  cours  que  précédemment  avec  des  ventes  faciles  On  paye  à 
la  halle  de  Pans,  17  fr.  75  à  20  fr.  75  par  quintal  métrb^ue.  Les  escourgeons 
valent  de  J.8  fr.  25  à  18  fr.  50.  —  A  Londres,  les  cours  sont  stationuaires,  de 
17  fr,  80  à  20  fr.  50  par  quintal  métrique. 

Malt.  —  Les  cours  offrent  peu  de  variations.  On  paye  à  Paris  25  à  32  fr,  50 


DES  DENRÉES   AGRICOLES    (3    FÉVRIER   1883).  197 

par  quintal  métrique  pour  les  malts  d'orbe,  et  28  à  30  fr.  pour  ceux  d'escourgeon. 

Avoines.  —  Lt'S  ventes  sont  peu  actives  à  la  halle  de  Paris.  Les  avoines 
sont  cotées  de  17  fr.  à  i9  fr  par  100  kilog.  suivant  les  qualités.  —  A  Londres, 
il  y  a  peu  datkires;  on  paye  comme  précédemment,  18  fr.  50  à  21  fr.  70  par 
100  kilog. 

Sarrasin.  —  Même  cours  que  précédemment.  On  paye  à  la  halle  de  Paris 
15fr.  75  à  iHfr   jjai'  100  kilog.  suivant  les  sortes. 

Maïs.  —  Les  prix  se  maintiennent.  Les  maïs  d'Amérique  valent  de  18  fr.  50 
à  19  fr.  par  lOU  kilog.  au  Havre.  Dans  le  Midi,  les  cours  sont  soutenus  de  17 
à  20  fr. 

Issues.  —  Même  cours  que  précédemment.  On  paye  à  la  halle  de  Paris  :  gros 
son  seul  13  Ir.  75  à  l^fr.;  son  trois  cases,  12  fr.  5o  à  13  fr.  ;  son  fin,  1 1  fr.  50  à 
12  fr.;  recou{)ettes,  12  fr.  50;  remoulages  bis,  15  fr.  à  16  fr.  ;  blancs,  17  à  18  fr., 
le  tout  par  1   0  kilog. 

m.  —  Fourrages,  graines  fourragères _  pommes  de  terre. 

Fourrages.  —  Les  prix  sont  fermes  sur  les  divers  marchés.  On  paye  par 
1,000  kilog.  :  Gompiègne,  foin,  BOà  90  fr.;  luzerne,  70  à  80  fr.;  paille  60  fr.  — 
Châteauroux,  foin,  10  >  à  110  fr.;  luzerne,  90  fr.;  paille,  36  à  40  fr.  —  Nevers, 
foin,  110  Ir  ,  paille,  iO  fr.  — Garcassonne,  luzerne,  140  fr.;  paille,  50  à  55  fr. — 
Vierzoa,  fuin,  liO  fr.;  paille,  35  à  40  fr. 

Graines  fowragères.  —  Les  ventes  sont  assez  calmes,  et  les  prix  demeurent 
sans-varations. 

Pommes  de.  terre.  —  On  cote  à  la  halle  de  Paris  :  hollande  communes, 
10  à  i2  fr.  l'hectolitre,  ou  14  fr.  30  à  17  fr.  25;  par  100  kilog  ;  jaunes  com- 
munes, 8  à  9  fr.  l'hectolitre  ou  11  Ir.  40  à  12  fr.  85  par  quintal  métrique. 

IV.  —  Fruits  et  légumes  frais. 
Fruits.  —  Dernier  cours  de  la  halle  :  poires,  le  cent,  10  fr.  à  100  fr.,  le  kilog., 
0  fr.   30  à  0   fr.   .:0;   pommes,  le  cent,   5  fr.  à  100  fr.  ;  le   kilog.,   û    fr.    25  à 

0  fr.  45;  raisins  communs,  le  kilog.,  2  fr.  50  à  10  fr. 

Gros  léaumes.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  betteraves,  la  manne,  0  fr.  30  à 

1  fr.  40;  carottes  communes, les  100  bottes,  20  à  33  fr  ;  d'hiver,  l'hectolitre,  2  fr.  50à 
4fr.  50;  de  chevaux,  les  100  bottes,  12  à  i8fr.;  choux  communs,  le  cent,  3à  15fr.; 
navets  communs,  les  luO  bottes,  22  à  5  fr.;  de  Freneuse,  25  à35  fr.  l'hectolitre, 
3  fr.  à  'i  fr.  ;  oignons  en  grain,  l'hectolitre,  9  à  13  fr.;  panais  communs,  les 
100  bottes,  10  à  1^  fr.;  poireaux  communs,  les  lO^'  bottes,   30  à  65  fr. 

V.  —  Vins,  spiritueux,  vinaigres,  cidres. 

Vins. — Dans  notre  dernier  bulletin,  nous  signalions  un  mouvement  de  reprise 
assez  accentue*  dans  la  plupart  des  vignobles,  et  des  ventes  faites  avec  activité. 
Ce  mouvement  s'est  maintenu  durant  cette  semaine,  et  nous  le  constatons  avec 
joie,  d'autant  plus  qu'il  se  fait  avec  une  termeté  réelle  dans  les  prix  des  vins  nou- 
veaux. Nous  avons  prédit  cette  fermeté,  et  nous  sommes  heureux  que  les  circon- 
stances nous  donnent  raison.  —  Voici  les  cours  pratiqués  actuellement  à  Paris- 
Bercy  :  Vins  rouyes,  Auvergne,  nouveau,  100  à  110  fr.  la  pièce;  Basse-Bourgogne, 
vieux,  16:  à  200  fr.  le  muid;  nouveau,  160  à  180  fr.;  Blois,  nouveau,  1  iO  à 
140  fr.  la  pièce;  Bordeaux,  vieux,  15u  à  200  fr.;  nouveau,  180  à  200  fr.;  Gahors, 
nouveau,  ItO  a  15u  fr  ;  Gher,  vieux,  45  à  i70  Ir.;  nouveau,  14U  fr.;  Ghinon,  vieux, 
190  à  220  fr.;  G^illac,  nouveau,  125  fr.  à  130  fr.;  Maçonnais  et  Beaujolais,  vieux, 
150  à  260  fr.;  Montagne,  vieux,  42  à  45  fr.  l'hectolitre;  Narbonne,  vieux,  52  à 
56  fr.;  nouveau,  45  a  60  fr.;  Orléans,  nouveau,  130  à  140  Fr.  la  pièce;  Roussillon, 
vieux,  60  à  75  Ir.;  nouveau,  55  à  65  fr.;  Selles-sur-Gher,  115  à  30  fr.  la  pièce; 
Touraine,  130  à  135  fr.  la  pièce  ;  —  Espagne,  vieux,  45  à  55  fr.  l'hectolitre;  nou- 
veau, 46  à  55  tr.  Portugal,  vi'eux,  60  fr.;  Itabe,  vitaux,  48  à  60  fr.  ;  nouveau,  48  à 
62  fr.;  Sicile,  vieux,  1^2  à  45  fr. ;  nouveau.  42  à  60  fr.  —  Vins  blancs  : 
Anjou,  vieux,  14'»  à  16 J  fr.  la  pièce;  Basse-Bourgogne,  160  à  190  fr.  le  muid; 
Bergerac,  vieux,  160  à  190  fr.  la  pièce;  nouveau,  170  à  1^0  fr.;  Ghablis,  vieux, 
200  à  260  fr.  le  muid;  nouveau,  220  à  240  fr  ;  Entre-deux-mers,  i25  à  130  fr. 
la  pièce;  PouilJy,  vieux,  2o0  à  330  fr.;  Pouilly-Sancerre,  nouveau,  115  à  160  fr. 
Sologne  nouveau,  80  à  90  fr.;  Vouviay,  vieux,  190  à  225  fr.;  nouveau,  150 
à  160  fr. 

Spiritueux.  —  Partout  les  aflaires  présentent  beaucoup  de  calme,  et  sur  les 
marchés  du  Midi,  auwsi  bien  que  sur  ceux  du  Nord,  les  cours  n'accusent  que  des 
changements  peu  importants  depuis  huit  jours.  Les  stocks  sont  considérables,  et 


198  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT 

les  ventes  sont  difficiles  pour  toutes  les  sortes.  Sur  les  marchés  du  Midi,  les 
alcools  de  vins  sont  cotés  :  Montpellier,  3/6  bon  goût,  103  fr.;  marc,  90  tr.;  Cette^ 
105  à  11  fr.;  marc,  100  fr.;  Bézrers,  3/6  bon  goût,  l(i3  fr.;  marc,  95  fr.;  PézenaSy 
3/6  bon  goût,  K  2  fr  ;  marc,  94  fr.  —  Dans  les  Gharentes,  les  cours  des  eaux-de- 
vie  de  Cognac  se  maintiennent  avec  beaucoup  de  fermeté,  aux  taux  que  nous  avons 
indiqués  il  y  a  huit  jours.  —  A  Lille,  le  3/6  de  betteiaves  '16  fr.  .^0  par  hectolitre, 
comme  précédemment.  —  A  Paris,  on  cote  :  3/r  betteraves,  1''^  qualité,  90  degrés, 
disponible,  50  fr.  25  ;  février,  50  i'r.  '/ 5  ;  mars  et  avril,  51  fr.  75;  quatre  mois  de 
mai,  53  fr.  Le  stock  est  actuellement  de  18,850  pipes,  contre  13,975  au  31  jan- 
vier 1882. 

Ruisins  secs  —  La  vente  est  facile  aux  taux  que  nous  avons  indiqués  dans 
notre  précédente  revue. 

VinaigrfS.  —  On  cote  à  Orléans  :  vinaigre  nouveau  de  vin  nouveau,  ^0  à  42  fr.; 
vinaigre  nouveau  de  vin  vieux,  45  à  47  fr.;  vinaigre  vieux  do  vin,  55  à  60  fr. 

VI.  —  Sucres.  —  Mélasses.  —  Fécules.  —  Glucoses.  —  Amidons.  —  Houblons. 

Sucres.  —  Les  offres  sont  toujours  abondantes  sur  les  sucres  bruts,  et  les  prix 
accusent  de  la  aiblesse  pour  toutes  les  sortes  On  paye  à  Paris  par  lO'  kilog.  : 
sucres  bruts,  88  degrés  saccharimétriques,  50  fr.  50;  les  99  degrés,  57  fr.  50; 
sucres  blancs  n°  A,  57  fr.  5i)  à  5  fr.  75;  à  Lille,  sucres  bruts,  49  fr,  50  ;  à  Saint- 
Quenlm,  sucres  bruts,  49  fr.  75  à  50  fr.  25  ;  sucres  blancs,  57  tr.  75.  Le  stock 
de  l'entrepôt  réel  des  sucres  était,  au  31  janviei',  à  Paris,  de  847,000  sacs  pour 
les  sucres  indigènes,  avec  une  nouvelle  augmentation  de  25,000  sacs  depuis  huit 
jours.  —  Les  prix  sont  aussi  faiblement  tenus  en  ce  qui  concerne  les  sucres  raf- 
finés ;  ceux  ci  valent  de  105  à  106  fr.  par  100  kilog.  à  la  consommation,  et 
63  fr.  75  à  66  tr.  pour  l'exportation.  —  Dans  les  [lorts,  les  affaires  sont  calmes 
sur  les  sucres  coloniaux,  et  les  cours  ne  présentent  que  peu  de  variations. 

Mêla  ■se!'..  —  Les  prix  sont  soutenus.  On  cote  à  Paris  par  100  kilog.  :  mélasses 
de  fabrique,  12  à  12  25;  de  raffinerie,  14  fr. 

Frculrs.  —  Les  ventes  sont  peu  actives,  et  les  cours  varient  peu.  On  paye  à 
Paris  :  39  à  40  fr.  par  lOu  kilog.  pour  les  fécules  premières  du  rayon;  à  Gom- 
piègne,  38  fr.    pour  celles  de  l'Oise;  à  Epinal,  41  fr.  50  pour  celles  des  Vosges. 

Glucoses.  —  Les  cours  se  maintiennent  avec  peu  de  variations  On  cote  à  Paris 
par  quintal  métrique  :  sirop  de  froment,  56  à  57  fr.;  sirop  massé,  47  L  48  fr.; 
sirop  liquide,  41  à  42  fr.;  de  maïs,  49  à  50  ir. 

Houblons  —  Quoique  les  ventes  soient  peu  importantes,  il  y  a  maintien  des 
anciens  prix,  parce  que  les  offres  sont  très  restreintes.  On  cote  dans  le  Nord, 
740  à  76o  fr.  par  00  kilog.;  en  Alsace,  comme  précédemment,  900  à  lOoO  fr.  A 
Londres,  les  demandes  sont  très  restreintes  pour  toutes  les  sortes,  mais  les  cours 
continuent  à  accuser  beaucoup  de  fermeté. 

Vtl.  —  Huiles  et  graines  oléagineuses,  tourteaux. 

Huiles.  —  Il  y  a  une  hausse  sensible  depuis  huit  jours  sur  les  huiles  de  colza  ; 
les  ventes  sont  faciles  aux  taux  que  nous  indiquons;  par  100  kilog.  :  huiles  de 
colza  en  tous  fûts,  96  fr.;  en  tonnes,  98  fr.;  épurée  en  tonnes,  106  fr.;  huile  de 
lin  en  tout  fûts,  5"  fr.  50;  en  tonnes,  60  fr.  50.  —  Sur  les  marchés  des  départe- 
ments, on  paye  les  huiles  de  colza  :  Gaen,  90  fr.  ;  Rouen,  92  fr.  50;  Cambrai, 
83  fr.;  Arras,  86  fr.;  et  pour  les  autres  sortes  :  huile  d' œillette,  108  à  \<'9  fr.; 
pavot  à  bouche,  70  fr,;  lin,  59  fr.  25  ;  cameline,  78  fr.  —  Les  transactions  sont 
peu  importantes  dans  le  Midi,  sur  les  huiles  d'olive;  les  prix  ne  présentent  pas 
de  variations  sensibles  depuis  huit  jou;s. 

Graines  oiénjineuses.  —  Les  ventes  sont  assez  recherchées,  avec  des  prix  fai- 
bles. On  paie  à  Cambrai  par  hectolitre  :  œillette  nouvelle,  25  à  28  fr.;  colza, 
24  à  2.T  fr;  cameline,  14  à  16  fr. 

Toiirleaiix.  —  A  Marseille,  les  cours  se  maintiennent.  Dans  le  Nord,  on  cote 
par  lOo  kilog.  :  tourteaux  de  colza,  16  à  16  fr,  25;  de  lin,  19  fr.  50;  de  sésame, 
15  fr,  25  :  —  A  Gaen,  tourteaux  de  colza,  16  fr  :  \  Arras,  œillette,  16  fr.;  colza, 
18  Ir.  50;  lin,  23  fr,;  cameline,  18  fr  50.  —  A  Cambrai,  tourteaux  d  œillette, 
de  18  à  19  fr  ;  de  lin,  20  fr. 

Engrais.  —  Les  nitrates  de  soude  sont  cotés  31  fr.  par  li  0  kilog.  à  Dunkerque. 
VIII.  —  Matières  résineuses,  colorantes,  tannantes. 

Matières  résineuses.  —  Les  prix  sont  en  baisse.  On  cote  à  Dax,  83  fr.  par 
100  kilog.  pour  l'essence  pure  de  térébenthine.  —  A  Bazas,  les  gemmes  nou- 
velles valent  50  fr.  la  barrique. 


DES  DENRÉES,  AGRICOLES  (3  FÉVRIER    1883).  199 

IX.  — Textiles. 

Lins.  —  Les  ventes  sont  peu  actives.  Les  prix  se  muintiennent  dans  le  Pas-de- 
Calais,  80 -à  95  fr.  par  lOU  kiiog. 

Chanvï'is.  —  Les  transactions  son  toujours  bonnes  dans  l'Ouest.  Lee  chanvres 
du  Maine  valent  de  52  à  80  fr.  par  1'  0  kilog.  suivant  les  qualités. 

X.  —  Produits  forestiers. 

Bois  —  On  cote  au  Mans,  le  gros  bois,  8  à  10  fr.  le  stère  ;  les  fagots  50  à  70  fr. 
le  cent;  les  bourrées,  25  à  35  fr.  le  cent;  les  pommes  de  sapin,  9  ir.  à  9  fr.  50 
le  mille. 

XI.  —  Suifs  et  corps  gras. 

Suifs.  —  On  paye  comme  précédemment  à  Paris,  101  Ir.  par  100  kilog.  pour 
les  suifs  purs  de  l'abat  de  la  bouclierie  ;  /5  fr    75  pour  les  suils  en  branches 

Soiiidou.j:.  —  Les  cours  se  maintiennent  de  138  à  139  fr.  par  quintal  métrique, 
au  Havre,  pour  les  saindoux  d'Amérique. 

XII.  —  Beurres.  —  Œu/s.  —  Fromages.  —  Volailles. 

Beurres.  —  On  a  vendu,  pendant  la  semaine,  à  la  halle  de  Paris,  203,  566  kilog. 
de  beurres.  Au  dernier  joui-,  on  [)ayait  [)ar  kilog.  :  en  demi-kilog.,  2  fV.  48  à 
4  fr.  12;  petits  beurres,  1  fr.  38  à  3  fr.  36;  Grournay,  2  Ir.  40  à  4  fr.  84  I^igny, 
2  fr.  60  à  7  fr.  86 

Œufs.  —  Il  a  été  vendu,  depuis  huit  jours,  à  la  halle  de  Paris  5,261,340  œufs. 
Opaye  par  mille  :  choix,  105    a  116  fr.;  Oidinaires,  66  à  8    Ir  ;   petits,  58  à  64  fr. 

Fromages.  —  On  cote  à  la  halle  de  Paris  ;  par  douzaine,  Brie,  6  à  8  fr.;  Mont- 
Ihéry,  15  fr.  ;  —  par  cent,  Livarot,  42  à  lu8  fr.;  Mont-Dor,  20  ir.  à  28  tr.; 
Neufchâtel,  5  fr.  à  21  fr.;  divers,  7  à  81  fr.;  —  par  100  kilog..  Gruyère,  120 
à  170  ir. 

XIII.  —  Chevaux,  bétail,  viande. 

Chevaux.  —  Aux  marchés  des  24  et  27  janvier,  à  Paris,  on  comptait  879  che- 
vaux; sur  ce  nombre,  315  ont  été  vendus  comme  il  suit  : 


Chevaux  de  cabriolet.. 

—  de  trait 

—  hors  d'âge . . . 

—  à  Fenchère.. . 

—  de  boucherie. 


■nenes. 

Vendus. 

Prix  extrêmes. 

242 

58 

200  à  1,025  fr. 

278 

56 

290  à  1,120 

2.^2 

77 

20  à       700 

38 

55 

3u  à      350 

69 

69 

20  à       100 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  otficiel  du  marché  aux 
bestiaux  de  la  Yillette,  du  jeudi  i5  au  lundi  29  janvier  : 

Poids      Prix  du  kilog.  de  viairle  nette  sur 
Vendus  moven        pied  au  maiche  du  29  janvier. 

Pour  Pour  Eu         4  quartiers.  l«  2«             3*  Prix 

Amenés.  Paris,  l'extérieur,  totalité.  k\\.  quai.  quai.  quai.  moyen. 

Bœufs 5,975  3,582  1,778  5,360  341  1.70  1.54  1.34  1.52 

Vaches '   1,898  787  794  1,581  237  1.58  ].3t  1.20  1.39 

Taureaux 247  181  36  217  390  1.46  1.32  1.24  1.35 

Veaux 3,214  1,756  909  2,665  75  2  34  2.14  1.90  2.05 

Moutons 41,666  27  358  10,998  38,356  20  2.22  2  08  188  2.01 

Porcs  gras   ...        6,860  2,381  4,136  6,ol7  79  1.36  1.30  1.24  1.30   ' 

—    maigres.            »  »  »  »  »  »  »              »  » 

Quoique  les  approvisionnements  du  marché  aient  été  très  abondants  durant 
cette  semaine,  les  ventes  ont  été  actives,  et  les  cours  se  sont  bien  maintenus 
pour  toutes  les  catégories  d'animaux,  à  rexce|)tion  des  veaux,  pour  lesquels  nous 
devons  constater  un  ceitain  mouvement  de  baisse.  Les  ventes  sont  actives  sur  les 
marchés  des  départements.  On  cote  :  Le  Mans,  bœuf,  1  fr.  65  à  1  fr.  60;  vaches, 

1  fr.  50  à  1  fr.  55;  veaux,  1  fr.  90  à  i  fr.  95;  moutons,  1  fr.  90  à  1  fr.  95;  — 
Caen,  bœufs,   1  fr.  70  à  1  fr.  90;  vaches,  i   fr.  60  à  1    fr.  80;   veaux,  i  fr.  80  à 

2  fr.  ;   mwutons,   .  fr.  98  à  2  fr    10;  porcs,  1  fr.   lu  à  1  fr.  30;  —  Nantes,  bœuf, 

0  fr.  8o  à  0  fr.  85  par  kilog  sur  pied;  veau,  1  fr.  15  à  1  fr.  20;  moutons,  1  fr.  o5 
à  ]  fr.  10;  —  O'iéa  s,  bœui,  Ofr.  65  à  0  fr.  7  veaux,  1  f r  10  à  1  fr.  3ii;  mou- 
tons, 0  fr.  75  à  0  fr,  05;  porcs,  0  tr.  85  à  0  fr.  95  ;  —  Sedan,  bœuf,   I  fr.   bO  à 

1  fr.  8'^  veau,  i  fr.  30  à  2  fr.;  mouton,  1  fr.  40  à  2  fr.  30;  porc,  1  fr.  50  à  2  fr.; 
—  Niiiicy,  Lœuls  morts,  90  à  95  fr.;  vaches,  70  à  89  fr.;  veaux  vivants,  60  à  ''4  fr.; 
moutons,  95  à  10  fr,;  porcs,  74  à  7  .  f  r  ;  —  Dijon,  henni,  1  fr,  56  a  1  fr.  74; 
vaches,  1  fr.  14  à  1  fr.  66;  ve.aux(poids  vif),  1  fr,  12  à  1  fr.  24;  moutons,  1  fr.  '0 
à  2  fr.  10,  porc  (poids  vif),  0  !r.  96  à  1  fi.  06;  —  Hourgoin,  bœuf,  64  à  74  fr. 
les  liO  kilog  ;  vaches,  56  à  66  fr,;  moutons,  85  à  95  fr.;  porcs,  9j  à  100  fr.; 
veau,  98  à  lu8  fr.;  —  Aix,  bœuts  de  pays,  1  fr.  40  à  1  fr.  50;  moutons  de  pays, 


200  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT  (3  FÉVRIER  1883). 

1  IV.  90  à  1  fr.  95;  brebis,  1  fr.  60;  agneaux,  0  fr.  60  à  1  fr.  05;  —  Nîmes^ 
bœuf,  1  fr.  20  à  1  fr.  42;  taureaux,  1  fr.  30;  vaches,  0  fr.  95  à  1  fr.  35;  ilou- 
tons,  1  fr.  85  à  1  fr.  95;  brebis,  I  fr.  30  à  I  fr.  80;  agneaux  de  lait,  1  fr.  05  à 
1  fr.  10;  —  Genève,  bœuf,  1  fr.  50  à  1  fr.  70;  veau  (sur  piedi,  1  fr.  à  1  fr.  15; 
mouton,  1  fr.  60  à  1  fr.  70;  porc,  1  fr.  45  à  1  fr.  50 

A  Londres,  les  bonnes  qualités  sont  très  recherchées,  les  Cfualités  inférieures 
se  sont  vendues  très  dilficilement.  Boeuf  :  2"  qualité,  1  fr.  52  à  Ifr.  75;  l'"'"  qua- 
lité, 1  fr.  99  à  2  fr.  16  —  Veau  :  2  fr.  10  à  2  fr.  45;  —  Mouton  :  2"  qualité,  2  fr.  10 
à  2  fr.  45  ;  1'^'   qualité,  2  fr.   57  à  2  fr.  80.  —   Porc  :  1  fr.  40  à  1  fr    64. 

Viande  à  la  criée.  —  Il  a  été  vendu  à  la  halle  de  Paris,  du  22  au  28  janvier  : 

Prix  du  kilog.  le  29  janvier. 

kilog.            1"  quai.               2'  quai.  3"  quai.  Choix.       Basse  Boucherie. 

Bœuf  OU  vache...   183, .061  1.64à2.00     1.42àl.G2  1.00àl.40  1.70à2.70    0.16àl.80 

Veau 17.0,282  1,98      2  86     1.66      1.96  1.36       1.64  1.56       1.G6      » 

Mouton 58,882  1.62      2.00     1.40      1.60  0.96      1.38  1.G6      2.90      » 

Porc 77,703                     Porc  frais 1.16  à  1.30;  salé,     1.50 

495,428        Soitparjour 70,789  kilog. 

Les  ventes  ont  été  à  peu  près  les  mêmes  que  durant  la  semaine  précédente.  — 
Les  prix  sont  iérmes  sauf  pour  la  viande  de  mouton. 

XIV.  —  Cours  de  la  viande  à  Vabattoir  de  la  Yillette  du  V  février  (par  50  kilog.) 

Cours  de  la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  Yillette  par  50  kilog.  :  i""*  qualité, 
67  à  70  fr.  ;  2%  60  à  65  fr.  ;  poids  vifs,  45  à  50  fr. 

Bœufs.  Veaux.  Moutons. 

jr.                 2"  3"                  1'°  2'  3°  1"                 2"                  3' 

quai.  quai.  quai.  q   al.  qii:il.  quai.  quai.  quai.  quai. 

fr.                fr.  fr.                  fr.                 fr.  fr.  fr.                fr.  fr. 

80              72  65  120  100  9J  98            93  87 

XV.  —  Marché  aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi  l'^  février  1883. 

Cours  des  commissionnaireg 
Poids  Cours  oflioiel?.  tn  hesiiaux. 

Animaux  gênerai,     i"        2"        3''            Prix  1"  •^'  3'  Prix 

ament-s.       Invendus.  kil.        quai.  quai.  quai,  extrêmes.  quai.  quai.  quai.  extrêmes. 

Bœufs 2.1!I5  7G  345          1.74  ..58      1.34  1.2Sà!.80  1.72  i.56  1.32  1.24àl.78 

Vaches 591  24  232         1.62  1.38      122  1.14     1.66  1.60  1.36  1.20  1.12     164 

Taureiiux...            94  H  380         (.48  1.32     I   24  1.18     1.52  r  46  i.iO  1.22  1.16     1.50 

Veaux t. 264  138  78         2.34  2.14     1.90  1.60     2.50         »  »  »  » 

Moutons 16.162  235  19         2  30  2  14     1   94  1  80     2  36         »  »  »  » 

Porcs  gras..     4.fi03  «  82        .1    38  1.32     1.26  1.22     1.42         »  »  »  » 

—  maigres,.          »  »  »»»»»»            »  »  »  » 

Vente  assez  active  sur  toutes  les  espèces. 

XVI.  —  Résume. 

Les  prix  des  céréales  accusent  un  peu  de  baisse.  Pour  les  produits  dos  indus- 
tries agricoles,  il  y  a  peu  de  changements.  Quant  aux  produits  animaux,  ils  se 
vendent  en  hausse.  A.  Remy. 


BULLETIN  FLNANGIER 

Semaine  de  reprise  :  notre  5  0/0  est  revenu  à  115,15.  Bonne  tenue  des  Sociétés 
de  crédit;  vive  reprise  à  nos  chemins  de  fer. 

Cours  delà  Bourse  du  24  ait  31  janvier  1883  (ait  comptant). 


Principales  valeurs  françaises 


Dernier 
cours. 
78.25 
79.35 
109.50 
115.25 


Plus  Plus 

bas.  haut. 

Rente  3  0/0 77.15  7350 

Rente  3  o/o  amortis 78.10  79.50 

Rente  4  1/2  o|o los.lo  109.50 

Rente  5  0/0 iri25  115.35       _.      , 

Banque  de  l'rance 5175  00  àJOO.oo  5200.00 

Comptoir  d'escompte 975.00  990.00    99000 

Sotiété  générale ,     550.00  568.75     568.75 

Crédit  foncier 1215.00  1200.00  1250.00 

Est.. Actions  500      700  00      710.00      710   00 

Midi d"    1020  00   1050.00   1045.00 

Nord ....d"   1740.00    1800  00    '785.00 

Orléans d°  1190.00  I22o.oo  1215.00 

Ouest ...d°      760.00     775.00     770  00 

Paris-Lyon-Méditerranée  d"  1480.00  1520.00  1515.00 
Paris  1871  obi.  400  à  3  O/O.      384.00     390.00     388.00 

Italien  5  0/0 «5.80      80  60      86  60 

Le  Gérant  :  A.  BOUCHÉ. 


Fonds  publics  et  emprunts  français  et 


rangers  : 

Plus 
bas. 


obligations  du  Trésor 

remb.  à  5C0  4  0/0... 

Consolidés  angl.  3  0,'0 

5  0)0  autrichien 

4  0/0  belge 

6  0/0  égyptien 

3  0/0  e.spagnol,  exté^^ 

5  o/oHoii'iurasobl.  3oo 
Tabacs  ital.,  obi.  300. 

6  0/0  péruvien 

5  ■ /o  russe 

5  0/0  turc 

5  0/0  roumain 

Bordeaux,  100,  3  0/0. 
Lille,  100,  3  0/0 


497 

00 

102 

3[4 

65 

1/8 

1U4 

80 

355. 

00 

26 

1/4 

501 

25 

82 

00 

11 

VO 

90 

00 

108 

00 

99 

50 

hjut. 

498.00 
102.3/4 

65.3/4 
105.75 
358  75 

20.5/8 

501 .25 

89.00 
11.60 

90.45 
106.00 
100. OU 


Dernier 
cours. 

498.25 
102.3/4 

65.3/4 
105.25 
357.50 

26.3/8 

501.25 

82.1/4 
11.33 
90.45 

105.50 
99.50 


LETERUIER. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (lo  février  i8P3). 

Les  ongrais  employés  en  couverture  au  printemps.  —  Questions  posées  relativement  à  l'usage  du 
sulfate  d'ammoniaque.  —  Variations  des  résultats  suivant  la  nature  des  terres.  —  Emploi  simul- 
tané du  sulfate  d'ammoniaque  et  du  phosphate  de  chaux.  —  Etudes  de  M.  ^'atellier  sur  l'emploi 
des  engrais.  —  Conclusions  sur  la  valeur  des  ergiais  azotés.  —  Affirmations  sur  la  question  de 
l'absorption  de  l'azote  de  l'air  par  les  plantes.  —  Décret  relatif  à  la  délimitation  des  territoires 
phylloxérés.  —  Etudes  de  M.  Balhiani  sur  l'œuf  d'hiver  du  phylloxéra.  —  Réunions  organisées 
par  la  Société  d'agriculture  de  l'Hérault  sur  les  moyens  de  lutter  contre  le  phylloxéra. Con- 
férences sur  la  grelTe  de  la  vigne  dans  le  département  du  Rhône.  —  Prochaine  élection  d'un 
membre  associé  à  la  Société  nationale  d'agriculture.  —  Concours  d'animaux  de  boucherie  à 
Chalon  et  à  Rouen.  —  L'engraissement  du  bétail  dans  la  Charente.  —  Concours  ouvprts  par  le 
Comité  central  agricole  de  la  Sologne  en  1883.  —  Prochain  congrus  sucrier  à  Amiens.  —  Nou- 
veau journal  d'agriculture  sucrière.  —  Les  Annales  agronomiques.  —  La  falsification  des  vins 
en  Allemagne.  —  Réunion  annuelle  des  fondateurs  du  Journal  de  l'agriculture.  —  Notes  de 
MM.  Nebout,  Petit-Lafitte,  Trénel,  Leyrisson,  sur  la  situation  des  récoltes  dans  les  départements 
de  l'Allier,  de  la  Gironde,  de  l'Isère  et  de  Lot-et-Garonne. 

I.  —  Sur  le  râle  des  engrais  azotés. 

Il  est  encore  nécessaire  de  revenir  sur  le  rôle  que  jouent,  dans  la 
végétation  et  dans  les  sols  arables,  les  engrais  azotés.  Il  n'est  pas  de 
question  sur  laquelle  on  ait  émis  à  priori  des  idées  aussi  absolues  et 
en  même  temps  s'écarlant  davantage  de  ce  que  permet  la  saine  inter- 
prétation des  fniis.  D'un  autre  côté,  les  expériences  positives  ne  sont 
pas  assez  nombreuses  pour  que  l'on  puisse  en  invoquer  toujours  à 
l'appui  ou  à  rencontre  des  pratiques  auxquelles  les  cultivateurs  s'adon 
nent.  Enfin,  les  circonstances  de  l'emploi  d'un  engrais  sont  tellement 
multiples  et  peuvent  varier  de  tant  de  manières  qu'il  est  bien  difficile 
de  se  prononcer  sur  les  résultats  à  obtenir,  en  présence  des  phéno- 
mènes météorologiques  qui  peuvent  survenir,  sans  que  l'on  ait  la 
possibilité  de  les  prévoir.  C'est  sous  le  hénélîce  de  ces  réserves  que 
nous  allons  essayer  de  répondre  aux  questions  qui  nous  sont  posées 
par  M.  Garnier,  secret  are  de  la  Société  départementale  d'agriculture 
d'IUe-et- Vilaine^  qui  s'exprime  ainsi  : 

«  Des  pluies  continues  depuis  les  semailles  d'automne,  ont  délavé  nos  champs 
et  entraîné  en  pure  perte  les  parties  les  plus  assimilables  des  engrais  en  terre. 

«  Pour  remédier  à  ce  mal,  il  est  évident  qu'il  serait  très  opportun  de  recourir 
aux  engrais  pulvérulents.  Parmi  ces  engrais,  le  sulfate  d'ammoniaque  est  particu- 
lièrement recommandé;  mais  ici,  l'on  est  loin  d'être  d'accord  sur  le  mode  préfé- 
rable de  son  emploi. 

«  Les  uns  conseillent  de  le  répandre  simplement  sur  le  sol,  puis  de  laisser  aux 
influences  atmosphériques  le  soin  de  le  dissoudre  et  de  le  faire  pénétrer  jusqu'aux 
racines  des  plantes. 

«  D'autres  veulent  qu'il  soit  répandu  à  la  veille  du  hTsage  de  la  céréale. 

«  Enfin  certains  n'admettent  l'emploi  dans  les  meilleures  conditions  du  sulfate 
d'ammoniaque,  que  précédé  immédiatement  d'un  premier  semis  de  phosphate 
fossile,  puis  suivi,  à  quelques  jours  d'intervalle,  d'un  deuxième  semis  du  même 
phosphate, 

«  Vous  rendriez  un  véritable  service  à  un  grand  nombre  de  cultivateurs,  si, 
dans  le  prochain  numéro  de  votre  Journal,  vous  vouliez  bien  traiter  avec  détails, 
la  question  du  sulfate  d'ammoniaque,  indiquant  notamment  le  mode  préférable  de 
l'emi  loyer  dans  la  circons'.ance,  et  aussi  l'action  chimique  exercée  sur  le  sulfate 
par  l'emploi  du  phosphate  fossile  répandu  simultanément.  » 

11  est  incontestable  que  les  eaux  pluviales,  quand  elles  passent  à 
travers  les  champs  pour  se  rendre  dans  les  fossés  des  routes  ou  dans 
les  ruisseaux,  entraînent  en  pure  perle  une  partie  des  matières  fertili- 
santes du  sol  traversé.  Mais  cette  action  de  lavage  est  bien  différente 
selon  la  nature  des  terrains.  Ainsi,  des  expériences  bien  faites,  notam- 
ment en  Angleterre,  ont  démontré  que  les  terres  argileuses  retiennent 

N-  722.  —  Tome  I"  de  1883.  —  10  Février. 


202  CHRONIQUE  AGRICOLE  (10  FJ'VRIER    1883). 

des  matières  ammoniacales  que  laissent,  au  contraire,  échapper  les 
terres  sablonneuses.  Par  conséquent,  les  eaux  pluviales  du  dernier 
automne  n'ont  pas  exercé  partout  la  même  influence  stérilisante.  D'un 
autre  côlé,  il  résulte  également  des  mêmes  faits  qu'en  répandant  du 
sulfate  d'ammoniaque  dans  un  champ,  ce  sel,  qui  est  très  soluble, 
aura  plus  ou  moins  de  chance  d'être  utilisé  par  la  végétation  ou  de 
disparaître  s'il  survient  des  pluies  après   son  épandage,   selon  qu'on 
aura  affaire  à  un  terrain  plus  ou  moins  argileux.  Il  faut  remarquer 
encore  que  si  une  terre  est  plus  ou  moins  'nclinée  et  a  un  sous-sol 
imperméable,  les  eaux  pluviales  qui  auront  traversé  la  couche  arable 
s'enfonceront  dans  le  sous-sol  ou  bien  s'écouleront  au  loin.  Dans  le 
premier  cas,  la  perte  des  matières  solubles  entraînées  ne  sera  pas  défi- 
nitive pour  le  propriétaire    du  champ,   car  les  substances  solubles 
pourront  remonter  et  remonteront  cerainement  par  capillarité  vers 
la  couche  où  plongent  les  racines  des  plantes  cultivées,    pour  être 
à  leur  disposition.  On  ne  tient  pas  assez  compte  de  la  capillarité  des 
terres  pour  expliquer  les  phénomènes  de  la  production  des  champs, 
et  nous  avons  dû  appeler  sur  ce  sujet  l'attention  du  monde  agricole 
el  du  monde  savant.  Ceux  qui  isolent  par  la  pensée,   et  dans  leurs 
expériences,  une  tranche  du  sol  arable  pour  la  considérer  uniquement 
comme  le  théâtre  de  la  végétation,  font  une  hypothèse  qui  assimile- 
rait la  culture  en  grand  à  la  culture  en  vase  clos.  Dans  la  nature,  les 
choses  ne  se  passent  pas  ainsi. 

Si  maintenant  on  suppose  que,  en  présence  du  sulfate  d'ammonia- 
que, il  y  ait  dans  le  sol  du  carbonate  de  chaux,  il  arrive  que,  dans 
certaines  conditions  de  chaleur,  une  décomposition  se  produit,  et  il  se 
forme  du  sulfate  de  chaux  qui  reste  dans  la  terre,  et  du  carbonate 
d'ammoniaque  qui  est  volatil.  Sous  l'action  de  la  chaleur  solaire,  le 
phénomène  se  présente  souvent,  et  si  la  terre  est  dégarnie,  il  peut  y 
avoir  volatilisation   dans  l'atmosphère  du   carbonate  d'ammoniaque 
formé  dans  le  sol.  Ainsi,  selon  des  circonstances  variables,  il  peut  arri- 
ver que  la  couche  arable  fasse  un  gain  ou  fasse  une  perte  de  matières 
azotées,  sans  compter  les  transformations,  nitrification  ou  dénitrifica- 
tion   qui  se  produisent  par  l'action  de  l'oxygène  en  présence  de  corps 
mal  connus  jusqu'à  présent  et  que  l'oi  a  assimilés  à  des  ferments. 
Ces  choses  posées,  on  comprendra  facilement  que  les  cultivateurs 
se  trouvent  justement  divisés  sur  la  meilleure  pratique  à  suivre  pour 
employer  le  sulfate  d'ammoniaque.  Le  mieux  est,  quand  on  a  affaire  à 
une  terre  arable  contenant  de  l'argile,  de  Fincorporer  avec  cette  terre, 
au  moyen  du  hersage.  Dans  les  sols  sablonneux,  on  ne  doit  pas  em- 
ployer le  sulfate  d'ammoniaque,   si   des  pluies  abondantes   sont  à 
craindre. 

Quant  à  l'emploi  simultané  de  sulfate  d'ammoniaque  et  de  phos- 
phate fossile  de  chaux,  il  ne  nous  paraît  pas  devoir  présenter  d'incon- 
vénients; toutefois  des  expériences  comparatives  devraient  être  entre- 
prises pour  bien  résoudre  la  question  ;  elles  nous  paraissent  manquer 
jusqu'à  présent.  11  faudrait  surtout  tenir  compte  d'une  circonstance  à 
laquelle  on  ne  prête  pas  généralement  assez  d'attention.  Nous  voulons 
parler  de  laprétence  de  la  magnésie  dans  la  couche  arable.  La  formation 
des  phosphates  ammoniaco-magnésiensy  est  possible,  si  Ton  introduit  à 
la  fois  des  phosphates  fossiles  qui  deviennent  solubles  par  l'acide 
carbonique  du  sol,  et  du  sulfate  d'ammoniaque.  Alors  le  phosphate 


CHRONIQUE  AGRICOLE   (10  FÉVRIER   1883).  203 

ammoniaco-magnésien  qui  se  produit  pout  empêcher  l'action  malfai- 
sante d'une  lexiviation  par  les  eaux  pluviales.  C'est  ainsi  que  la  déper- 
dition de  l'ammoniaque  par  l'emploi  simultané  da  phosphate  fossile 
peut  être  empêchée. 

Ces  explications  montreront,  nous  l'espérons,  à  notre  correspondant 
et  aux  cultivateurs  combien  sont  complexes  et  difficiles  les  questions 
qui  nous  sont  soumises  ;  elles  seront  peut-être  de  nature  aussi  à  mettre 
beaucoup  de  personnes  en  garde  contre  des  conclusioas  hà'ives  tirées 
d'expériences  bonnes  en  elles-mêmes  pour  les  circonstances  particu- 
lières où  elles  sont  entreprises,  mais  qu'il  faudrait  se  garder  de  géné- 
raliser. Telle  est  la  réserve  que  nous  faisons  notamment  en  ce  qui  con- 
cerne la  conclusion  que  M.  Gatellier  tire  des  études  dont  nous  avons 
déjà  rendu  compte,  au  sujet  de  la  culture  du  blé.  Il  vient  de  donner 
une  nouvelle  édition  de  son  travail,  et  il  nous  demande  d'en  repro- 
duire la  conclusion.  Nous  le  faisons  volontiers;  mais  nous  indiquerons 
sur  quels  points  il  sort  de  la  véritable  interprétation  permise.  M.  Ga- 
tellier s'exprime  ainsi  : 

«  La  méthode  que  je  préconise  pour  la  production  économique  du  blé  a  pour 
point  de  départ  la  culture  normale  de  notre  pays,  c'est-à-dire  l'emploi  du  fumier 
et  des  engrais  complémentaires.  Le  fond  de  la  fumure  est  le  fumier  de  ferme 
coûtant  le  meilleur  marché  possible.  Il  doit  être  obtenu  par  des  animaux  d'espèce 
variable  suivant  chaque  localité,  choisis  de  façon  que  leurs  dépenses  de  nourri- 
ture et  d'entretien  soient  les  moins  élevées  et  que  leurs  produits  soient  les  plus 
rémunérateurs. 

«  Les  engrais  complémentaires  dépendent  de  la  nature  du  sol,  de  la  composi- 
tion du  fumier  employé  et  des  récoltes  précédentes 

«  Cette  méthode  est  basée  sur  deux  principes  :  1°  l'absorption  directe  ou  indi- 
recte de  l'azote  de  l'air  par  les  plantes  légumineuses;  2"  l'équilibre  à  établir  entre 
les  éléments  azotés  et  minéraux  immédiatement  assimilables  par  les  plantes,  dt 
façon  à  éviter  l'excès  de  Télément  azoté  qui  produit  la  verse,  l'échaudage  et  mêm; 
la  rouille  du  blé. 

«  L'absorption  de  l'azote  de  l'air  par  les  plantes  légumineuses  est  encore  con- 
testée par  quelques  théoriciens;  mais  elle  est  généralement  admise  par  les  prati- 
ciens qui  savent  parfaitement  i,ju'après  dét'richemeut  de  luzerne,  trètle  ou  sainfoin, 
les  plantes  subséquentes  ont  dans  le  cours  de  Lmr  végétation  une  coloration  d'un 
vert  foncé  qui  est  l'indice  d'un  excès  d'azote  dans  le  sol. 

«  L'équilibre  nécessaire  entre  les  éléments  azotés  et  minéraux  est  un  fait  d'expé- 
rience. Les  plantes  peuvent  avoir  une  composition  chimique  variable  suivant  la 
nourriture  qu'elles  puisent  dans  le  sol.  Pour  les  faire  parvenir  à  leur  développe- 
ment normal  et  à  une  maturité  convenable,  il  ne  faut  pas  d'excès  de  matière 
azotée,  et  l'on  peut  toujours  compenser  l'excès  d'azote  contenu  dans  le  sol  par  une 
addition  de  matières  minérales  et  surtout  de  celles  qui  font  défaut  à  ce  sol.  » 

Les  deux  premiers  alinéas  qui  précèdent  sont  exacts.  Dans  le  troi- 
sième, M.  Gatellier  accumule  des  hypothèses  ;  il  cesse  d'être  prati- 
cien et,  par  un  travers  fréquent  de  l'esprit  humain,  il  reproche  avec 
ironie  à  ceux  qui  ne  pensent  pas  comme  lui  d'être  des  théoriciens.  Sa 
première  hypothèse  consiste  à  dire  que  les  plantes  légumineuses 
absorbent  directement  ou  indirectement  l'azote  de  l'air  ;  or,  cette 
absorption  n'a  jamais  été  démontrée.  Une  autre  hypothèse  qu'il  met 
en  avant,  c'est  que  la  verse,  l'échaudage  et  la  rouille  du  blé  sont  dus 
à  l'excès  seul  de  l'élément  azoté;  cela  est  encore  à  démontrer  expéri- 
mentalement. Enfin,  de  ce  qu'il  y  a  quelquefois,  comme  vient  de  le 
démontrer  M.  Dehérain,  dans  le  sol  couvert  par  du  sainfoin,  plus 
d'azote  qu'antérieurement,  cela  ne  prouve  pas  le  moins  du  monde  que 
cet  excès  d'azote  soit  le  résultat  de  l'absorption  de  l'azote  de  Tair  par 
les  plantes  légumineuses.  M.  Gatellier  fait  donc  de  l'hypothèse,  de  la 


204  GHRONIUUE  AGRICOLE  (lO  FÉVRIER   1883). 

meilleure  foi  du  monde.  Mais  il  rentre  dans  la  vérité  des  faits  par  le 
dernier  paragraphe  de  ses  conclusions,  lequel  eût  beaucoup  gagné  à  la 
suppression  des  deux  précédents,  oii  il  a  accumulé  des  théories  erronées 
ou  au  moins  non  démontrées.  En  agriculture  comme  en  toute  matière 
de  raisonnement,  il  faut  sagement  séparer  les  faits  connus,  expéri- 
mentalement vérifiables,  des  interprétations  qui  peuvent  varier  à 
l'infini  et  qui,  elles-mêmes,  ne  deviennent  des  vérités  que  lorsqu'elles 
peuvent  se  traduire  en  faits  expérimentalement  prouvés.  Ce  court 
exposé  suffira  pour  faire  comprendre  pourquoi  nous  nous  tenons  tou- 
jours sévèrement  en  garde  contre  les  conclusions  que  tant  de  per- 
sonnes sont  disposées  à  tirer  d'observations  dont  les  circonstances 
sont  mal  définies. 

II.  —  Le  phylloxéra. 

Le  Journal  officiel  du  7  février  publie  un  décret  sur  la  délimitation, 
en  France,  des  territoires  considérés  comme  phylloxérés.  Ce  décret, 
qui  est  conforme  aux  indications  que  nous  avons  données  dans  notre 
dernier  numéro,  est  reproduit  à  la  partie  officielle  de  ce  numéro 
(page  232). 

Dans  la  séance  du  15  janvier  de  l'Académie  des  sciences,  il  a  été 
présenté  deux  mémoires  de  Ïargioni-Tozzetti  et  de  M.  Bilbiani,  sur  les 
moyens  de  combattre  l'œuf  d'hiver  du  phylloxéra.  La  question  pré- 
sente une  grande  importance;  elle  sera  l'objet  d'expériences  assez 
nombreuses  dans  quelques  semaines.  C'est  pourquoi  nous  reprodui- 
rons ces  deux  mémoires  dans  un  prochain  numéro. 

III.  —  Le  greffage  des  vignes  américaines  et  les  insecticides. 

A  plusieurs  reprises,  la  Société  centrale  d'agriculture  de  l'Hérault 
a  organisé  des  réunions  publiques  pour  l'étude  des  moyens  de  défense 
et  de  reconstitution  des  vignes.  De  nouvelles  réunions  auront  lieu  au 
mois  de  mars,  à  l'Ecole  nationale  d'agriculture.  Le  programme  en  est 
exposé  dans  la  note  suivante  que  nous  transmet  M.  Vialla,  président 
de  la  Société  : 

«  Le  département  de  l'Hérault  fait  en  ce  moment  de  très  grands  efforts  pour 
la  défense  et  pour  la  reconstitution  de  ses  vignes. 

«  En  présence  d'un  mouvement  agricole  si  général  et  si  digne  d'être  encouragé, 
la  Société  centrale  d'agriculture  de  l'Hérault  a  cru  opportun  d'organiser,  comme 
elle  l'a  fait  à  diverses  époques,  notamment  en  1880  et  en  18S1,  des  réunions  pu- 
bliques dans  lesquelles  tous  les  viticulteurs,  propriétaires,  régisseurs  et  ouvriers 
agricoles,  pourront  faire  connaître  les  résultats  de  leurs  travaux,  et  s'éclairer 
amsi  les  uns  les  autres. 

«  En  conséquence,  la  Société  d'agriculture  a  arrêté  ce  qui  suit  : 

Article  1".  — Des  réunions  publiques  seront  organisées  le  5,  le  6  et  le  7  mars, 
à  l'école  d'agriculture  de  Mont()ellier. 

Art.  2.  —  Elles  auront  lieu  dans  l'amphithéâtre  de  cette  école,  le  matin  de 
neuf  heures  à  onze  heures,  le  soir  de  deux  heures  à  quatre  heures. 

Art  3.  —  Les  trois  premières  séances  seront  consacrées  à  l'étude  des  questions 
concernant  le  choix  des  cépages  américains,  leur  addjHation  au  sol,  leur  greffage 
en  vignes  françaises;  les  trois  autres  seront  réservées  pour  les  questions  relatives 
à  Virrigalion  appliquée  aux  vignes  françaises,  au  sulfure  di  carbone,  au  sulfo- 
carbonate  de  potassium. 

Ar.  4.  —  Des  ateliers  de  greffage  seront  organisés  dans  les  salles  de  l'école  d'agri- 
culture pour  l'enseignement  pratique  des  systèmes  de  greffes  les  plus  usités. 

Art.  5.  —  Une  exposition  publique  d'outils  et  d'instruments  propres  au  greffage 
des  vignes  sera  installée  à  l'Ecole  d'agriculture,  le  5,  le  6  et  le  7  mars.  Une  com- 
mission nommée  par  la  Société  d'agriculture  examinera,  le   7,  les  outils  et  les 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (10  FÉVRIER   1883).  205 

instruments  exposés,   et  décernera,  à  ceux  qui   seront  jugés  les   meilleurs,  des 
récompenses  consistant  en  médailles  de  diverses  natures, 

Art.  6.  —  Pour  être  admis  aux  réunions  organisées  par  la  Société  d'agriculture, 
il  suffira  de  se  l'aire  inscrire,  en  entrant,  sur  un  registre  tenu  par  l'agent  de  cette 
Société  (chacun  devra  donner  avec  soin  son  nom  et  son  adresse  pour  l'envoi  s'il 
y  a  lieu,  du  compte  rendu  de  ces  réunions). 

Art.  7.  —  Pour  être  admis  à  l'exposition  des  outils  et  des  instruments  propres  à 
greffer,  les  exposants  devront  :  l»  adresser,  avant  le  25  février  prochain,  à  M.  Gui- 
chard,  agent  de  la  Société  d  agriculture,  rue  d'AiguiUerie^  n"  29,  à  Montpellier 
une  déclaration  indiquant  le  nombre  et  la  nature  des  objets  exposés;  2"  faire  par- 
venir ces  objets,  port  payé,  à  ['agent  comptable  de  l'école  d'agriculture,  avant  h 
3  mars  prochain 

Les  frais  de  transport,  aller  et  retour,  seront  à  la  charge  des  exposaots. 

Les  objets  accessoires  employés  dans  les  opérations  de  greffage,  tels  que  les 
ligatures,  les  engluements,  etc.,  seront  admis  à  l'exposition. 

Nota.  —  La  Société  d'agriculture,  voulant  avant  tout  arriver  à  des  résultats 
pratiques  en  recueillant  le  plus  grand  nombre  possible  d'observations  et  de  faits, 
a  décidé  que  les  mémoires  manuscrits  ou  imprimés  ne  seront  pas  lus  en  séance 
publique.  Ils  pourront  être  remis  au  bureau,  qui  sera  chargé  de  statuer  sur  ce 
qu'on  devra  faire  pour  chacun  d'eux.  Elle  a  décidé  encore  qu'aucune  communi- 
cation orale  ne  pourra  durer  plus  de  dix  minutes,  afin  que  chacun  ait  le  temps 
de  faire  connaître  ce  qu'il  a  vu  ou  ce  qu'il  a  fait.  Louis  Vialla, 

Président  de  la  Société  centrale  d'agricultuie 
du  département  de  l'Hérault. 

De  son  côté,  la  Société  de  viticulture  de  Lyon  établit  des  écoles  de 
greffage  sur  plusieurs  points  du  département  du  Rhône.  Tous  les 
dimanches  de  février  et  de  mars,  des  membres  de  la  Société  appren- 
dront aux  vignerons  à  greffer  la  vigne  dans  les  communes  dont  les 
noms  suivent  :  à  Briguais,  M.  Gaillard,  pépiniériste  à  Brignais;  au 
Bois-d'Oingt,  I\L  Sylvestre,  au  Bois-d'Oingt;  à  Villefranche,  M.  Prou- 
dhon,  régisseur  au  château  de  Saint-Trys,  dans  les  ateliers  de  M.  Ver- 
morel;à  Saint-Lager  et  Odenas,  M.  Lagardette,  régisseur  au  château 
de  Pierraux;  à  Chénas,  M.  Colassot,  maire  à  Ghénas;  à  Villié-Morgon, 
M.  Verchère,  pépiniériste  à  Viilié  Morgon;  l'atelier  de  gceFfage  de 
Villié-Morgon  est  ouvert  du  deuxième  dimanche  de  janvier  au  deriiier 
dimanche  de  mars.  M.  Verchère  donne,  en  outre,  des  leçons  tous  les 
jeudis  soirs.  Tous  ceux  qui  voudront  apprendre  à  gretfer  devront 
apporter  la  quantité  de  sarments  de  vignes  suffisante  pour  opérer  sous 
les  yeux  du  professeur.  Ghaque  directeur  cédera,  à  ceux  qui  le  dési- 
reront, des  greffoirs  ai  prix  le  plus  modéré,  A  la  dernièra  séance  de 
mars,  les  vignerons  qui  auront  suivi  régulièrement  les  cours,  auront 
droit  à  greffer  une  certaine  quantité  de  boutures  de  vignes  résistantes 
offertes  gratuitement  par  la  Société. 

IV.  —  Election  à  la  Siciété  nationale  d'agriculture. 
Dans  le  comité  secret  de  sa  séance  du  7  février,  la  Société  nationale 
d'agriculture  a  entendu  le  rapport  fait,  au  nom  de  la  Commission 
spéciale,  sur  les  candidats  à  une  place  de  membre  associé  national 
vacante  dans  la  Section  hors  cadre.  La  Gommission  présente  : 
en  première  ligne,  M.  Armand  Arlès-Dufour,  membre  du  Conseil 
supérieur  d'agriculture,  propriétaire  à  l'Oued-el-AUeug  (Algérie);  — 
en  deuxième  ligne  et  par  ordre  alphabétique,  xM.  le  duc  d'Aven,  pro- 
priétaire-agriculteur dans  S^ne  et-0is3;  \I.  Louis  Bastide,  président 
du  Gomice  de  Bel-Abbès  (Algérie);  M.  Ghamponnois,  ingénieur  con- 
structeur; M.  Herran,  propriétaire-agriculteur,  à  Boufarik  (Algérie), 
lauréat  de  la  prime  d'honneur;  AL  le  D""  Paul  Marcs,  propriétaire-agri- 
culteur à  Boufarik. 


206  CHRONIQUE  AGRICOLE  (10  FÉVRIER   1883). 

Y.  —  Prochains  concours  iTanimaux  de  boucherie. 

Nous  rappelons  que  le  concours  d'animaux  gras  et  de  volailles 
mortes,  organisé  pour  la  région  de  Test  et  accompagné  d'une  exposi-  , 
tion  d'animaux  reproducteurs  et  d'instruments  d'agriculture,  se  tien- 
dra à  Chalon-sur-Saône,  du  1 6  au  18  mars.  Ce  concours  est  tenu  au 
moyen  des  fonds  provenant  des  souscriptions  des  particuliers  et  des 
Sociétés  agricoles,  des  subventions  du  ministère  de  l'agriculture  et  de 
celles  des  conseils  généraux  du  Jura,  du  Doubs,  de  la  Haute-Saône, 
de  Saône-et-Loire,  de  la  Côte- d'Or  et  de  la  ville  de  Chalon-sur-Saône. 

La  Société  des  agricuteurs  de  France  vient  d'accorder  une  médaille 
d'or  à  la  Société  centrale  d'agriculture  de  la  Seine-Inférieure  pour  être 
attribuée,  comme  prix  d'honneur,  au  prochain  concours  d'animaux 
gras  qui  aura  lieu  à  Rouen,  les  19  et  20  mars  prochain. 

YI.  —  Concours  d'animaux  de  boucherie  à  Angoulème. 
Le  concours  d'animaux  organisé  chaque  année  à  Angoulême  par  la 
Société  d'agriculture  de  la  Charente,  sous  la  direction  de  son  prési- 
sident,  M.  de  Thiac,  a  eu  cette  année  un  succès  aussi  complet  que  les 
années  précédentes.  La  valeur  des  engraisseurs  de  la  Charente  ressort 
d'ailleurs  de  ce  fait  qu'ils  viennent  de  remporter  au  concours  général 
de  Paris,  dix-huit  prix,  dont  le  prix  d'honneur  des  bandés  de  bœufs, 
ainsi  qu'on  le  verra  plus  loin.  M.  de  Thiac  nous  envoie,  à  ce  sujet, 
quelques  réflexions  dont  la  justesse  n'échappera  à  personne.  «  Un 
fait,  dit-il,  à  l'honneur  de  la  Charente,  est  frapp3,nt  ;  c'est  la  rapide 
facilité  avec  laquelle  les  Charentais  se  sont  assimilé  les  procédés 
ingénieux  de  l'engraissement.  Ainsi,  quatre  prix  d'honneur  ont  été 
remportés  successivement  par  quatre  de  nos  compatriotes.  Il  y  a  là  un 
mobile  qui  doit  encourager  les  agriculteurs  de  notre  pays  à  porter 
leur  activité  et  leurs  aptitudes  sur  les  bestiaux,  comme  ils  le  faisaient 
si  bien  sur  les  vignes.  La  Charente  n'avait  rien  exposé  dans  les  repro- 
ducteurs des  espèces  bovine,  ovine  et  porcine.  Et  pourquoi  ?  Nous  les 
ajournons  à  l'année  prochaine.  « 

YIL  —  Concours  du  Comité  central  de  la  Sologne  en  1883. 

Une  note  de  M.  Ernest  Gaugiran,  secrétaire-archiviste,  nous  apprend 
que,  en  1883,  le  Comité  central  de  la  Sologne  décernera  :  T  un  prix  d'hon- 
neur^ consistant  en  une  médaille  et  une  somme  de  1000  francs  donnée 
par  M.  le  ministre  de  l'agriculture,  à  l'agriculteur  ou  au  sylviculteur 
dont  l'exploitation  aura  présenté  les  résultats  les  plus  propres  à  être 
donnés  comme  exemples.  Sont  appelés  à  ce  concours  les  propriétaires 
et  cultivateurs  des  communes  comprise^  dans  la  circonscription  dite 
de  LaForté-Saint-Aubin.  —  2"  Un  prix  pour  la  culture  de  la  vigne^  con- 
sistant en  une  médaille  d'argent  et  500  francs.  L'étendue  des  planta- 
tions cultivées  à  la  charrue  devra  être  d'un  hectare  au  moins. 
L'étendue  des  plantations  faites  pour  assurer  la  boisson  de  la  famille 
du  domaine  pourra  être  abaissée  à  25  ares.  Ce  concours  est  ouvert 
dans  les  circonscriptions  de  Romorantin  et  de  Bracieux.  —  3"  Un  prix 
pour  Y  utilisation  des  eaux  et  Y  irrigUion  des  prairies,  consistant  en 
une  médaille  d'argent  et  500  francs.  —  4°  Un  prix  de  même  valeur 
pour  la  création  de  prairies  temporaires,  c'est-à-dire  de  prairies  à  base 
de  graminées  et  de  légumineuses,  destinées  à  devenir  des  pâturages. 
L'étendue  n'est  pas  limitée,  mais  elle  devra  être  dans  une  bonne  pro- 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (10  FÉVRIER   1883).  207 

portion  avec  la  contenance  de  l'exploitation  et  perm3ttre  de  constater 
des  résultatset  de  proposer  un  exemple.  Ces  deux  derniers  concours 
sont  ouverts  dans  toute  la  Sologne.  —  5"  Une  médiille  d'or  de 
100  francs  à  l'instituteur  primaire  qui  se  sera  fait  distinguer  par  la 
bonne  tenue  de  ses  classes,  et  particulièrement  par  ses  ofTorts  pour 
répandre  parmi  ses  élèves  les  notions  élémentaires  du  jardiaago  et  de 
l'agriculture.  —  6°  Six  médailles  d'argent  pour  les  élèves  das  écoles 
primaires  de  la  Sologne.  —  7°  Un  prix  pour  le  garde  ou  le  régisseur 
qui  aura  le  plus  et  le  mieux  contribué  au  rchoisemfinl  de  la  Sologne 
dans  la  circonscription  du  concours  du  priic  d'honneur,  par  les  bons 
soins  de  direction  et  de  surveillance  donnés  à  ses  semis  el  plantations. 
Ceprix^  offert  par  M.  David  Gannon,  consiste  en  une  somme  de 
120  francs  et  une  médaille  d'argent.  —  8°  Six  livrets  de  caisse 
d'épargne  de  100  francs  pour  les  ouvriers  des  campagnes  ou  petits 
cultivateurs  qui,  dans  une  carrière  avancée,  auront  donna  l'exemple 
de  la  bonne  conduite^  de  la  persévérance  dans  le  travail  et  de  l'accom- 
plissement des  devoirs  de  la  famille.  Ces  livrets  seront  distribués  dans 
la  circonscription  de  La  Fer  té-Saint- Aubin. 

VIII.  —  Les  sucres  et  betteraves. 

La  campagne  sucrière  est  achevée  partout  ;  elle  a  été  close,  dans  la 
plupart  des  départements,  au  milieu  de  circonstances  aussi  défavo- 
rables que  celles  qui  ont  accompagné  les  premiers  arrachages  de  bette- 
raves. Le  Comité  central  des  fabricants  organise  un  congrès  sucrier 
qui  se  réunira  à  Amiens  pendant  la  durée  du  prochain  concours  régio  • 
nal.  On  sait  que  la  date  de  ce  concours  est  fixée  du  5  au  14  mai  pro- 
chain :  les  réunions  du  Congrès  ss  tiendront  les  9  et  10  mai. 

Nous  souhaitons  la  bienvenue  à  un  nouveau  journal  /»?  Cu'livateur 
de  betteraves,  journal  d'agriculture  sucrière.  Ce  recueil,  dont  M.  Geor- 
ges Dareau  est  le  rédacteur  en  chef,  paraît  deux  fois  par  mois,  depuis 
le  mois  de  décembre  1882;  il  est  spécialement  consacré  à  toutes  les 
questions  qui  se  rapportent  à  la  culture  de  la  betterave  à  sucre. 

IX.  — Annales  agronomiques. 

Le  premier  fascicule  mensuel  des  Annales  agronomiques  pour  1883, 
publiées  par  M.  Dehérain,  vient  de  paraître.  Ce  fascicule  renferme 
l'important  mémoire  de  MM.  Dehérain  et  Maquenne,  sur  la  réduction 
des  nitrates  dans  la  terre  arable,  dont  les  conclusions  ont  été  présentées 
à  nos  lecteurs;  des  remarques  critiques  sur  les  travaux  récents  con- 
cernant le  mouvement  de  l'eau  dans  le  bois,  par  M.  Vesque;  une  étude 
sur  la  culture  comparée  aux  engrais  chimiques  et  au  fumier  de  ferme, 
par  M.  Léon  Guillaume;  et  enfi.i  une  traduction  des  recherchîs  de 
M.  Godlewski  sur  la  respiration  des  végétaux. 

X.  —  Falsification  des  vins  en  Allemagne. 

Les  Allemands  puritains  se  plaignent  souvent,  à  grands  cris,  de  la 
falsification  des  denrées  alimentaires,  et  notamment  des  vins  eu 
France.  Il  faut  avouer  que,  dans  ces  odieuses  calomnies,  ils  sont  sou- 
vent encouragés  par  certain  laboratoire  bien  connu.  Or,  veut-on  savoir 
comment  la  falsification  s'étale  chez  eux?  La  Feuille  vinicole  de  la 
Gironde  nous  apprend  qu'un  fabricant  de  Mayence  fait  annoncer  dans 
les  journaux  d'Allemagne  et  d'Autriche  les  produ  ts  suivants  :  Teinte 
devin  rouge.  —  Teinte  bordelaise.  —  Proluit  avantagmseinent  reconnu 


203  CHRONIQUE  AGRICOLE  (10  FÉVRIER  1883). 

inoffensif.  Si  la  fraude  existe  parfois  en  France,  elle  se  cache  avec  soin-, 
et  elle  ne  s'étale  pas  avec  impudeur^,  comme  chez  nos  voisins  de  l'autre 
rive  du  Rhin. 

XI.  —  Réunion  des  fondateurs  du  Journal  de  l'agriculture. 
La  réunion  annuelle  du  Journal  de  f  agriculture  a  eu  lieu  le  5  février. 
Les  comptes  de  l'exercice  1882  et  le  budget  pour  1883  ont  été  votés. 
Le  coupon  des  actions  a  été  fixé  à  3  fr.  75  pour  100,  Les  conseils  de 
direction  et  de  surveillance  ont  été  maintenus  dans  leurs  fonctions. 
M  Henry  Sagnier  a  été  élu  pour  remplir,  dans  le  Conseil  de  direction, 
la  place  laissée  vacante  par  la  mort  de  M.  Bella.  Le  Conseil  de  direc  • 
tion  scientifique  et  agricole  du  Journal  se  trouve  ainsi  composé  de 
MM.  J.-A.  Barrai,  Gaston  Bazille,  de  Béhague,  Gareau,  Paul  de  Gas- 
parin,  H.  Sagnier  et  A.  Vandercolme.  La  situation  prospère  de  notre 
œuvre  a  été  démontrée  à  nouveau  par  cette  réunion. 

Xn.  —  Nouvelles  de  Vélat  des  recolles. 

Le  temps  continue  à  être  plus  favorable  pour  les  travaux  de  la  cul- 
ture ;  aussi  on  profite  partout  avec  empressement  de  ces  circonstances 
meilleures.  M.  Nebout  fils  nous  envoie d'Arfeuilles  (Allier),  à  la  date 
du  29  janvier,  les  renseignements  suivants  sur  la  situation  de  la  plu- 
part des  cultures  : 

«  Novembre  et  décembre  ne  se  sont  pas  laissés  dépasser  de  leurs  prédécesseurs 
en  bourrasques  de  pluie,  de  neige  et  de  vent  violent,  qui  ont  constamment  tenu 
nos  rivières  et  ruisseaux  à  plein  chantier,  rendu  nos  chemins  et  routes  dans  un 
état  lamentable,  converti  nos  villages  en  un  cloaque  de  houe.  Après  tout,  contrai- 
rement à  l'hiver  de  l'année  dernière  qui  a  été  excessivement  doux  et  sec,  celui  de 
cette  année,  s'il  est  aussi  doux,  est  par  contre  excessivement  humide.  Nous  avons 
eu  depuis  novembre  au  28  janvier,  lo  journées  de  neige,  qui  a  couvert  le  sol  de 
quelques  centimètres  à  peine  quelques  heures  de  la  journée.  Ci  sont  les  15,  16, 
ly,  20,  21,  22,  28,  29  et  30  novembre;  5,  7  et  23  décembre;  7,  25  et  27  janvier; 
2^4  journées  de  soleil,  en  novembre  les  1,   2,  3,  4,  5,  6  et  7,  en  décembre  les 

12,  17,  19,  20,  27,  28  et  29  et  en  janvier  les  1,  2,  4,  12,  14,  20,  21,  23,  24  et 
28  ;  et  25  journées  de  pluie,  en  novembre,  les  8,  9,  10,  12,  14,  H,  18,  23,  24,  25 
et  -26  ;  en  décembre  ce  sont  les  3,  4,  6,  14,  22,  25,  26  et  31  ;  enfin  janvier  a  donné 
5  journées  de  pluie,  ce  sont  les  3,  5,  10,  Ib  et  16;  et  16  journées  de  temps  cou- 
vert, ce  sont  en  novembre,   les  10  et  13  ;  en  décembre,  ce  sont  les  1,   9,  10,  11, 

13,  Ib,  16,  21  et  24  ;  en  janvier,  les  5,  9,  11,16  et  18  ;  et  il  est  tombé  des  grésils, 
le  27  novembre  le  vent  du  sud  a  soufflé  avec  violence,  les  12,  13,  14,  17,  1^  et 
30  décembre,  et  les  26  et  27 janvier.  Enfin  nous  avons  eu  12  journées  de  gelée;  ce 
sont  en  décembre,  les  1,  2,  8,  9,  1 1  ;  et  en  janvier,  les  4,  9,  10,  19,  20,  21  et  22; 
je  passe  sous  silence  les  quelques  journées  de  gelée  blanche  que  nous  ont  données 
novembre  et  décembre  ;  janvier  nous  a  donné  b  journées  de  brouillard,  ce  sont  les 
8,  17,  19,  22  et  26  ;  la  journée  du  22  janvier  a  fait  le  désespoir  des  vignerons  de 
DOS  parages  qui  auraient  voulu  voir  celte  journée,  jour  de  leur  Patron,  toute  belle, 
car  suivant  leur  légende,  qui  dit  :  «  Si  le  soleil  se  montre  beau  toute  la  journée, 
le  22  janvier,  jo;ir  de  saint  Vincent,  apprête  tes  tonnes  et  barils.  »Et  malheureu- 
sement pour  eux,  cette  journée,  le  brouillard  a  caché  le  visage  de  l'astre. 

«  Enfin,  dans  nos  parages,  on  a  pu  tant  bien  que  mal  achever  nos  emblavures 
d'automne,  bien  des  champs  ont  été  bon  gré  mal  gré  semés  dans  les  plus  mauvaises 
conditions,  à  tel  point  que  l'on  craignait  que  le  grain  ne  pourrisse  et  ne  puisse 
lever.  Enfin,  heureusement  que,  sous  l'influence  du  temps  doux  de  cet  hiver,  ils 
ont  bien  levé  et  très  régulièrement.  Les  seigles  laissent  beaucoup  à  désirer, 
comme  force  et  tallage;  pour  les  froments  pour  le  moment,  on  ne  peut  pas  mieux 
demander,  les  orges  et  avoines  d'hiver  se  trouvent  aussi  en  bon  état. 

«  Nous  avons  profité  des  beaux  jours  pour  préparer  nos  terres  pour  nos 
emblavures  de  printemps.  Nos  prairies  naturelles  ont  été,  cette  année,  irriguées 
tc^t  naturellement.  Aussi  sous  l'influence  d'une  pareille  température,  elles  n'ont 
presque  pas  pris  leur  quartier  d'hiver,  et  déjà,  depuis  les  premiers  jours  de  janvier 


CHRONIQUE  AGRICOLE    (10  FÉVRIER    1883).  209 

les  emboucheurs  de  bestiaux  maigres  parcourent  nos  foires  pour  commencer  à 
garnir  leur  praires  d'embauchés,  et  nous  achètent  ces  sortes  de  bestiaux  à  d'assez 
hauts  cours,  qui,  si  la  température  continue,  neCeront  quo  hausser  encore. 

«  Enfin,  en  général,  pour  le  moment,  l'état  sanitaire  de  tous  nos  bestiaux  est 
excellent;  nosbergeries  qui  subissent,  quand  l'hiver  est  rigoureux,  des  hécatombes 
de  victimes,  se  remplissent  celte  année,  de  beaux  agneaux.  Seules  les  transactions 
sur  les  grains  laissent  bien  àVdésirer.  » 

Dans  la  note  qu'il  nous  envoie,  à  la  date  du  3  février,  M.  Petit- 
Lafitte  décrit  comme  il  suit  la  situation  actuelle  dans  le  département  de 
la  Gironde  : 

«  Ce  qui  permet,  dans  un  climat  déterminé,  la  culture  d'une  plante,  au  double 
rapport  de  la  quantité  et  de  la  qualité  de  son  produit,  c'est  l'accord  qui  doit  régner, 
en  vue  de  tels  résultats,  entre  les  besoins  successifs  de  cette  plante  elles  actions 
météorologiques  qui  leur  sont  aussi  successivement  nécessaires  :  chaleur  et  eau. 

ce  II  est  également  facile  de  comprendre  combien  cet  accord  peut  être  troublé 
suivant  les  années.  Or,  oa  sait  ce  qu'ont  été  les  mois  d'octobre,  novembre  et 
décembre  1882  cl  janvier  1ï83,  par  rapport  à  la  pluie.  Leur  régime  a  ajouté,  en 
plus,  à  la  couclie  d'eau  qu'indique  leur  moyenne  sous  ce  rapport,  une  nouvelle 
couche  de  0™,253  d'épaisseur,  plus  du  double. 

Bien  qu'en  did  tels  temps,  la  vigne  particulièrement  se  trouve  plongée  dans  la 
période  annuelle  de  son  existence  passive,  un  ne  peut  la  considérer  comme  abso- 
lument insensible  aux  circonstances  de  ce  genre,  à  ce  qui  pourra  en  résulter  pour 
son  prochain  produit.  Heureux  cependant  s'il  y  avait  en  cela  une  application 
naturelle,  en  grand  et  sans  frais,  de  l'un  des  remèdes  les  plus  sûrs,  la  submersion, 
contre  la  maladie  doat  elle  est  atteinte  ! 

«  Mais  un  tort  bien  positif,  c'est  celui  éprouvé  par  les  céréales;  celui  qui  a 
d'abord  rendu  impossible  la  préparation  des  terres  à  leur  consacrer  et,  plus  tard, 
celui  de  ne  pouvoir  ensemencer  qu'une  portion  plus  ou  moins  restreint^  de  ces 
terres.  En  cette  partie,  on  s'est  bien  empressé  de  profiter  des  quelques  beaux 
jours  qu'a  pu  olYrir  janvier,  mais  il  a  fallu  aussi  recourir  à  des  semailles  qui  ne  nous 
sont  pas  habituelles,  qui  nous  offr-rint  moins  de  sécurité,  moins  d'avantages  ;  à 
des  semaillesdites  de  printemps,  pour  lesquelles  les  variétés  à  employer  deviennent 
d'autant  plus  rares  et  d'autant  plus  chères.  Ainsi  commence  la  prochaine  année 
agricole;  puisse-t-elle  mieux  finir!  car,  comme  dit  le  proverbe  :  Tout  est  bien 
qui  finit  bien.  » 

M.  Trénel,  président  du  Comice  agricole  de  Vienne  (Isère),  insiste 
surtout  dans  la  note  suivante,  sur  les  produits  des  cultures  en  I8S2 
dans  cet  arrondissement  et  sur  le  commerce  des  céréales  : 

«  L'ensemble  des  productions  agricoles  en  1 882,  dans  l'arrondissement  de  Vienne, 
a  été  satisfaisant,  sauf  celle  de  la  vigne  qui  disparaît  rapidement  sous  les  piqûres 
du  puceron;  la  reconstitution  sera  longue  à  raison  des  frais  considérables  néces- 
sités pour  cette  opération;  les  mauvaises  saisons  et  la  privation  du  produit  de  la 
vigne  ont  amené  un  état  de  gêne  extrême  dans  nos  campagn,es. 

«  La  production  moyenne  des  blés  a  été  de  25  liectolitres  à  l'hectare  ainsi  que 
celle  des  méteils,  seigles,  orges  et  avoines. 

a  Les  fourrages  artificiels  et  ceux  des  prairies  naturelles  ont  été  abondants, 
seulement  les  dernières  coupes  qui  n'étaient  pas  enlevées  au  15  septembre  ont 
littéralement  pourries  sur  place  ;  cette  perte  a  été  considérable  pour  les  regains 
des  prairies  natur-lles  qui  soat  utilisés  pour  l'espèce  bovine.  _ 

a  Les  ensemencements  des  céréales  d'automne  se  sont  généralement  faits^  dans 
les  plus  mauvaises  conditions  avec  les  pluies  qui  durent  encore  et  qui  empêchent 
tout  labour  ou  défoncement  pour  ceux  du  ])rintenips. 

«  En  présente  de  cette  situation  qui  fait  prévoir  une  mauvaise  récolte  pour  1883, 
nos  agriculteurs  se  plaignent  amèrement  du  prix  des  blés  dont  la  tendance  à  la 
baisse  ne  peut  s'expliquer  que  pa'-  l'énorme  introduction  en  franchise  des  blés 
étrangers;  les  agitations  stériles  de  nos  législateurs  viennent  encore  augmenter 
leurs  justes  alarmes,  car  nous  savons  tous  que  la  prospérité  de  l'agriculture  est  la 
conséquence  d'un  état  stable  et  pacifique. 

«  La  création  dans  l'arrondissement  de  Vienne  de  deux  pépinières  de  plants 
résistants  fera,  il  faut  l'espérer,  marcher  rapidement  le  travail  de  reconstitutioa 
des  vignobles;  toutes  les  boutures  seront  délivrées  gratuitement. 


210  CHRONIQUE  AGRICOLE   (10    FÉVRIER   18&3). 

«  M.  le  préfet  de  Tlsère  et  le  Conseil  général  se  sont  empressés  de  donner  cette 
satisfaction  aux  intérêts  viticoles  si  gravement  atteints  depuis  liuit  ans  dans  l'ar- 
rondissement de  Vienne;  on  m'annonce  que  les  autres  arrondissements  de  l'Isère 
se  proposent  de  demander  pareille  cri'ation. 

«  Toutes  ces  demandes  prouvent  que  la  question  de  l'emploi  des  c 'pages  résis- 
tants fait  son  chemin  et  que  le  sulfure  de  carbone  ne  sera  pas  seul  à  rendre  des 
services  signalés.  » 

Dans  le  département  de  Lot-et-Garonne,  la  plupart  des  récoltes  en 
terre  se  sont  bien  trouvées,  d'après  la  note  que  M.  Leyrisson  nous 
envoie  de  Tridon,  à  la  date  du  27  janvier,  de  la  douceur  exception- 
nelle de  l'hiver  : 

«c  La  périorle  des  inondations  semble  enfin  terminée.  Les  terres  basses  ont  été 
ensemencées  deux  et  même  trois  fois  pour  être  ensuite  inondées  de  nouveau.  On 
ne  connaît  guère,  ici,  les  blés  de  printemps;  aussi,  à  part  l'avoine,  on  ne  sèmera 
presque  pas  de  nouvelles  céréales  Les  pluies  persistantes  ont  tellement  entraîné 
l'engrais  dans  le  sous-sol  que  bon  nombre  de  tiges  de  blé  n'ont  pas  tallé.  L:s 
fèves  à'aquedulce  qui,  ordinairement,  me  donnent  des  cosses  d'une  Lmgueur  pro- 
digieuse et  d'une  grande  précocité,  ne  présentent  aujourd'hui  que  des  tiges 
isolées  et  très  chétives.  On  espérait  que  les  limaces  seraient  détruites  par  les 
débordements;  malheureusement  on  en  trouve  encore  en  grande  quantité  dans 
les  terres  plusieurs  fois  inondées.  Par  contre,  les  campar/nols  qui  depuis  deux 
ans  s'étaient  multipUés  dans  nos  prairies  d'une  manière  fort  inquiétante  se 
trouvent  avoir  disparu  même  avant  le  débordement.  Qu'est-ce  donc  qui  a  pu  les 
exterminer  si  radicalement?  H  y  a  quelques  ans,  déjà,  nous  nous  avions  posé  la 
même  question  à  la  suite  de  la  disparition  merveilleuse  des  chenilles  de  printemps, 
lesquelles  avaient  déjà  compromis  à  l'excès,  non  seulement  tous  nos  fruitiers, 
mais  même  les  rustiques  haies  d'aubépine.  Aussi  ne  manque-t-on  pas  aujourd'hui 
de  faire  ici,  allusion  à  ce  fait,  pour  légitimer  leur  inaction  en  présence  des 
ravages  de  plus  en  plus  croissants  que  nous  cau-^e  le  terrible  puceron  dans  toute 
,  l'étendue  de  nos  vignes  des  coteaux.  La  douce  température  que  nous  subisso-ns 
est  des  plus  favorables  pour  la  végétation  de  toutes  les  récoltes  en  terre.  Les  raves 
nous  ont  été  d'un  grand  secours,  par  exemple  une  variété  demi-longue  nouvel- 
lement introduite  dans  le  pays,  nous  a  donné  des  fruits  hâtifs  et  très  volumineux, 
ce  Le  béiail  se  maintient  à  un  prix  très  élevé.  S'il  ne  survient  de  trop  graves  intem- 
péries nous  espérons  sur  une  très  bonne  récolte  de  fruits,  car  je  ne  me  rappelle 
guère  avoir  autant  observé  de  boutons  à  fruit  en  taillant  mes  arbres  que  j'en 
observe  ces  jours- ci.  » 

Les  irrégularités  de  la  saison  ont  amené,  dans  beaucoup  de  cir- 
constances, une  situation  extrêmement  fâcheuse  pour  les  cultivateurs. 
Nous  l'avons  dit  assez  souvent  pour  ne  pas  y  insistera  nouveau.  Tou- 
tefois, il  faut  ajouter  une  remarque  qui  nous  est  faite  d'un  grand 
nombre  de  départements,  c'est  que^  pour  les  plantes  en  terre  et  notam- 
ment pour  les  blés,  on  ne  peut  pas  affirmer  qu'il  y  ait  des  dégâts  très 
considérables  dans  les  emblavures.  La  végétation  se  présente,  au 
contraire,  pour  le  moment,  dans  de  bonnes  conditions. 

Les  préoccupations  des  agriculteurs  se  portent  partout  sur  les 
semailles  de  printemps.  Il  y  a  beaucoup  à  faire  pour  que  les  retards 
éprouvés  jusqu'ici  soient  réparés.  Espérons  que  les  circonstances  per- 
mettront désormais  d'achever  les  travaux  avec  régularité. 

J.-A.  Barral. 

SUR  LES  BLES  DE  PRINTEMPS 

Il  arrive  trop  souvent  que  les  cultivateurs  qui  font  dans  leurs  asso- 
lements une  large  place  à  la  culture  de  la  batterave  à  sucre,  sont 
obligés  de  recourir  à  l'emploi  des  blés  de  printemps  pour  terminer 
leurs  ensemencements  ou  remplacer  les  blés  manques  pour  cause  de 
semis  tardifs,  ou  de  mauvais  temps,  comme  c'est  le  cas  actuellemeut. 


SUR  LES  BLES  DE  PRINTEMPS.  "  211 

Afin  de  remédier  à  cet  état  de  choses,  j'ai  essayé  et  cultivé  compa- 
rativement plusieurs  variétés  de  céréales  de  mars.  Celles  qui  m'ont 
donné  les  meilleurs  résultats  sont  le  blé  de  Noé  et  le  blé  dit  Précoce 
de  la  famille  du  Saumur  de  mars,  avec  lequel  il  a  une  grande  res- 
semblance. 

Mais  dans  mes  terres  argileuses,  le  premier  se  trouvant  atteint 
de  la  rouille  et  de  la  maladie  du  pied  ou  pourriture,  dans  les  années 
humides,  je  l'ai  supprimé  et  n'ai  conservé  que  le  blé  Précoce,  qui  n'a 
jamais  donné  que  de  la  satisfaction  sous  tous  les  rapports  depuis  1872 
que  je  le  connais,  et  n'a  jamais  présenté  la  moindre  trace  de  maladie. 
J'ai  déjà  en  1879  appelé  l'attention  des  lecteurs  de  ce  Journal,  sur  ce 
blé,  tome  III,  pages  1 1  4  et  301 .  Depuis  que  ce  blé  est  connu  par  ici, 
on  l'a  apprécié  à  sa  juste  valeur  et  il  a  gagné  beaucoup  de  terrain,  car 
sa  production  est  très  souvent  aussi  grande  que  celle  des  bons  blés 
d'automne.  Comme  il  est  le  premier  mur,  on  peut  commencer  la  mois- 
son quelques  jours  plus  tôt,  ce  qui  est  très  avantageux.  Le  grain  est 
jaune  et  la  paille  blanche,  haute.  Il  me  reste  environ  une  centaine  de 
quintaux  que  je  puis  offrir  pour  semence  à  prix  modéré  pour  quanti- 
tés assez  importantes. 

L'année  dernière,  1882,  le  blé  de  Bordeaux  n'a  pas  répondu  à  mon 
attente,  quoique  très  beau  jusqu'à  la  maturité;  à  cette  époque  il  s'est 
trouvé  pris  par  la  rouille,  et  il  a  donné  un  fort  déficit  au  battage. 

A.    QUILLET, 

cultivateur  à  Villerest,  par  Ecouis  (Eure). 

SUR  LE   DOSAGE  DS  L'ACIDE  PHOSPHORIQUE 

DANS  LES  TERRES  ARABLES  ^ 

La  fabrication  des  phosphates  et  des  engrais  phosphatés  a  pris  un 
si  grand  développement,  que  les  agriculteurs  se  voient  sollicités  de 
tous  côtés  à  acheter,  pour  l'amélioration  de  leurs  cultures,  les  produits 
de  l'industrie  nationale  et  étrangère.  Quant  à  la  valeur  intrinsèque 
de  la  marchandise  offerte,  je  n'ai  rien  de  nouveau  à  dire  :  il  est  à 
désirer,  je  le  répète,  qu'en  acceptant  le  mode  de  détermination  du 
titre,  loyalement  proposé  par  le  vendeur,  l'acheteur  s'habitue  à 
réclamer  de  l'essayeur,  comme  renseignement,  le  dosage  de  l'acide 
phosphorique  contenu  dans  la  partie  de  l'engrais  proposé  solubiedans 
l'eau. 

Mais  il  ne  suffit  pas  à  l'agriculteur  de  connaître  exactement  la  valeur 
intrinsèque  de  l'engrais  :  il  faut  aussi  qu'il  en  connaisse  la  valeur 
relative  pour  sa  terre,  le  besoin  que  sa  terre  en  a,  s'il  est  permis  de 
s'exprimer  ainsi;  en  d'autres  termes,  la  richesse  présente  des  sols  en 
acide  phosphorique,  quand  il  s'agit  de  lui  en  fournir;  et  il  y  aurait 
véritable  incurie  à  ne  pas  faire  cette  vérification,  dans  la  mesure  du 
possible. 

Malheureusement,  les  procédés  de  dosage  de  l'acid-o  ;  'losphorique 
dans  le  sol,  quoique  beaucoup  plus  certains  au  point  de  vue  théorique 
et  môme  pratique  qu'on. ne  l'a  quelquefois  prétendu,  laissent  beaucoup 
à  désirer  pour  la  facilité  et  la  durée  des  opérations;  principalement 
dans  les  sols  ariiilo-calcaires,  qui  formant  uue  partie  si  importante  des 
terres  arables,  les  calcinations  entrahient  la  formation  de  silicates, 
qui,  décomposés  par  la  solution  acide  du  produit  calcaire,  imprègnent 

L  Commuuicatiua  laite  à  l'Académie  des  sciences. 


212    DOSAGE  DE  L'AGIDE  PHOSPHORIQUE   DANS  LES  TERRES  ARABLES. 

les  liquides  d'une  quantité  considérable  de  silice  à  l'état  naissant,  dont 
on  ne  se  débarrasse  que  par  de  nouvelles  évaporations  à  siccité,  par 
de  nouvelles  solutions  acides,  fort  longues  à  filtrer,  à  laver  et  par  con- 
séquent à  évaporer,  pour  les  ramener  à  un  volume  propre  à  l'affusion 
du  réactif  moiybdique.  Ces  longueurs  dégoûtent  les  essayeurs  et  font 
renoncer,  dans  la  pratique,  à  une  vérification  qui  devient  de  jour  en 
jour  plus  nécessaire. 

On  juge  donc  au  hasard,  et,  d'après  un  préjugé  cultural  ou  une  expé- 
rience souvent  bien  insuffisante  sur  la  dernière  récolte  donnée  par  la 
terre,  on  fait  une  dépense  importante  sans  utilité,  ou  bien  on  renonce 
à  une  dépense  nécessaire. 

Je  me  suis,  en  conséquence,  appliqué  dans  ces  derniers  temps  à 
rendre  la  détermination  de  l'acide  phosphorique,  dans  les  sols  arables, 
aussi  facile  et  aussi  rapide  que  celle  de  tous  les  autres  éléments  qui  les 
composent;  j'y  suis  parvenu,  comme  pourront  s'en  assurer  les  ana- 
lystes qui  voudront  bien  suivre  la  mélhode  de  manipulation  que  je 
soumets  à  l'Académie. 

20  grammes  de  la  terre,  finement  pulvérisée  et  passant  au  tamis  de 
soie,  sont  placés  dans  une  capsule  de  Bayeux,  et  attaqués  par  l'acide 
chlorhydrique  dilué  au  cinquième,  tant  qu'il  y  a  effervescence.  On 
ajoute  à  ce  moment  dans  la  capside  une  eau  régale  contenant  3  parties 
d'acide  chlorhydrique  pour  1  partie  d'acide  azotique  à  la  dose 
de  80'^°  . 

On  fait  digérer  au  bain-marie  jusqu'à  ce  que  le  liquide  ait  pris 
une  consistance  sirupeuse.  On  étend  d'eau  froide  distillée,  on  filtre, 
et  on  lave  sur  filtre  à  l'eau  bouillante. 

Dans  le  liquide  de  filtration,  on  précipite  par  l'ammoniaque  caus- 
tique en  excès.  Le  précipité,  recueilli  et  séché,  est  pulvérisé  et  calciné 
au  rouge  cerise  dans  une  capsule  en  platine  (il  est  préférable  de  ne  le 
pulvériser  qu'après  cette  calcinatioii).  On  le  reprend  alors  par  de  l'acide 
azotique  très  dilué  (au  ~)  et,  après  digestion  à  froid,  on  filtre. 

Le  liquide  de  filtration,  débarrassé  de  la  chaux,  du  fer,  de  la  silice, 
par  les  opérations  précédentes,  contient  l'acide  phosphorique  en  tota- 
lité. On  cohobe  ce  liquide  au  bain-marie,  pour  l'amener  au  volume 
convenable  à  la  précipitation  moiybdique  :  le  précipité  de  phospho- 
molybdate  d'ammoniaque,  n'étant  pas  souillé  par  un  liquidechargé  de 
sels  de  fer,  d'alumine  et  de  chaux,  et  étant  absolument  purgé  de  silice, 
peut,  après  un  seul  lavage,  être  repris  par  l'ammoniaque,  pour  y  préci- 
piter l'acide  phosphorique  à  l'état  de  phosphate  ammoniaco-magnésien. 

Aussi  la  détermination  se  trouve  ramenée  aux  opérations  les  plus 
élémentaires  du  laboratoire,  et  j'ajouterai,  à  titre  de  renseignement, 
que  mes  essais  m'ont  toujours  donné  un  dosage  supérieur  à  celui  de 
l'ancienne  méthode,  qui  entraînait  des  perles  :  l'acide  phosphorique, 
après  la  cohobation  du  dernier  liquide,  se  trouve  en  entier  à  l'état 
tribasique,  ce  qui  me  donne  la  conviction  que  la  calcinalion  avec  un 
excès  de  sesquioxyde  de  fer  et  d'alumine,  en  un  mot  avec  un  excès 
d'une  base  quelconque,  alcaline,  alcalino-terreuse,  terreuse,  suffit  à 
amener  l'acide  phosphorique  à  la  forme  tribasique;  car  je  ne  peux 
attribuer  uniquement  à  une  cohobation  acide,  de  peu  de  durée,  l'inté- 
grité de  l'état  tribasique  de  l'acide  phosphorique. 

Paul  DE  Gasparin, 


Membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture, 
correspondant  de  rAcadémie  des  sciences. 


CHA-RRUE  BISOG  DOUBLE  DE  FONDEUR.  213 


CHARRUE  BISOG  DOUBLE  DE  FONDEUR 

Il  y  a  longtemps  que  l'utilité  des  charrues  à  plusieurs  socs  est 
reconnue.  Le  mathématicien  Jacques  Bâsson  fit  décrire,  eu  1578,  dans 
le  théâtre  des  machines  de  Béroalde,  une  charrue  à  trois  socs.  Je  ne 
sais  si  elle  fut  jamais  construite. 

Depuis  cette  époque,  la  main-d'œuvre  ne  cessant  d'augmenter,  les 
constructeurs  se  sont  appliqués  à  perfectionner  ces  sortes  de  charrues 
et  un  grand  nombre  fonctionnent  aujourd'hui  à  la  satisfaction  des 
cultivateurs. 

Il  me  suffira  de  citer,  en  France,  les  charrues  polysocs  de  Grignon, 
de  Nancy,  de  Bajac,  Meugniot,  Fondeur,  Lanz,  etc.;  à  l'étranger, 
celles  de  Howard,  Ransomes,  Decker  et  iMot,  etc. 

Toutes  les  charrues  multiples  sont  munies  d\\n  avant-train,  qui 
sert  à  régler  l'instrument  et  à  le  maintenir  fixe  en  terre,  tout  en  en 
facilitant  la  manœuvre,  au  bout  des  raies. 

Jusqu'ici  ces  charrues  ne  renversaient  la  terre  que  d'un  seul  côté,  et 
ne  pouvaient  servir  que  poui-  les  labours  en  planches. 

Depuis  vingt  ans,  la  charrue  double,  dite  improprement  Brabant 
double,  puisqu'elle  est  à  peine  connue  dans  le  Brabant,  s'est  telle- 
ment répandue  que  les  labours  à  plat  ont  remplacé  les  planches  dans 
presque  tous  les  sols.  Avec  des  rigoles  d'écoulement  et  des  labours 
plus  profonds,  les  grandes  pluies  ne  nuisent  pas  aux  récoltes,  même 
dans  les  annéesaussi  pluvieuses  que  celle  que  nous  venons  de  traverser. 

Tous  les  cultivateurs,  qui  labourent  à  plat,  ont  remarqué  que  les 
cham^<ss  en  planches  offrent  une  certaine  difficulté  lorsqu'on  veut  les 
mettre  à  plat.  Les  dérayures  disparaissent  dilTicilement,  et  la  charrue 
double  fonctionne  mal  lorsqu'elle  les  rencontre.  C'était  un  grand 
inconvénient.  Les  charrues  multiples  ne  pouvaient  servir  que  pour  les 
labours  très  légers.  Il  était  impossible  de  donner  au  sol  le  labour  d'en- 
semencement sans  le  mettre  en  planches. 

En  1881 ,  le  Comice  agricole  de  l'arrondissement  de  Châtellerault, 
ayant,  sur  la  proposition  de  son  honorable  président,  M.  de  la  Massar- 
dière,  lauréat  de  la  prime  d'honneur  de  la  Vienne,  en  1870,  organisé 
des  concours  spéciaux  d'instruments,  comprit  dans  le  programme  des 
essais  de  charrues  polysocs. 

Plusieurs  constructeurs  ont  répondu  à  cet  appel,  et  quatre  instru- 
ments ont  été  essayés. 

1°  Le  trisoc,  construit  par  M.  Bajac-Delahaye,  à  Liancourt  (Oise), 
est  d'une  manœuvre  facile.  Il  faisait  un  bon  labour  de  0™.83  de  lar- 
geur et  de  0'".15  de  profondeur.  Il  coûte  370  francs. 

2"  Le  trisoc,  construit  par  M.  Howard  et  présenté  par  M.  Pilter,  à 
Paris,  fonctionne  très  bien  ;  mais  il  faut  un  homme  assez  fort  pour  le 
tourner  et  le  remettre  en  place  au  bout  de  la  raie.  Il  fait  un  bon 
labour  de  0'".75  de  largeur  et  de  0'".15  de  profondeur,  et  il  coûte 
410  francs. 

3"  Le  trisoc,  construit  par  M.  Fondeur,  à  Viry  (Aisne),  est  très  facile 
à  tourner  et  n'exige  pas  une  grande  force.  Il  fait  un  bon  labour  de 
1  mètre  de  largeur  et  de  0'".15  de  profondeur.  Il  coûte  325  francs. 

Ces  trois  instruments  nécessitent  un  attelage  de  six  bœufs  et  deux 
conducteurs. 


214 


CHARRUE  BISOG   DOUBLE  DE  FONDEUR. 


4"  M.  Fondeur  présentait,  pour  la  première  fois  dans  un  concours, 
une  charrue  bisoc  double,  inventée  par  lui  en  1878,  mais  qu'il  n'a- 
vait pas  fait  connaître  avant  d'avoir  rendu  la  construction  et  le  travail 
irréprochables. 

Par  suite  d'un  essai,  à  l'insu  du  constructeur,  dans  un  sol  couvert 
d'une  couche  de  fumier  pailleux,  la  charrue  bourra  et  les  contres 
furent  plies.  Il  fut  donc  impossible  de  juger  son  travail.  Malgré  cela, 
je  fus  si  frappé  de  l'utilité  de  cet  instrument  pour  les  labours  de  se- 
mailles que  j'en  fis  l'acquisition  au  mois  de  janvier  1882. 

J'avais  besoin  d'une  charrue  polysoc  pour  labourer  8  hectares  de 
vignes  en  chaintres,  et  il  me  fallait  un  instrument  facile  à  tourner  et 
n'exigeant  pas  une  grande  place  au  bout  de  la  raie. 

Dès  le  mois  de   février,  j'employais  le  bisoc  pour  donner   deux 


Fig.  19.  —  Charrue  bisoc  double  de  Fondeur. 

labours  consécutifs  à  un  champ  destiné  aux  betteraves.  La  charrue, 
attelée  de  quatre  bœufs  conduits  par  un  homme,  faisait  un  labour  de 
0"\6b  de  largeur  et  de  0"M6  de  profondeur.  En  dix  heures  elle  labou- 
rait 1  hectare  et  le  travail  était  très  bon. 

Dans  les  vignes  en  chaintres,  plantées  à  6  mètres,  la  manœuvre 
était  aussi  facile  que  celle  d'une  charrue  simple.  A  l'aide  de  la  char- 
rue bisoc  double,  j'ai  pu  labourer  les  champ,  occupés  par  le  trèfle 
incarnat  et  les  vesces,  au  fur  et  à  mesure  de  la  consommation  de  ces 
fourrages.  Bien  que  la  terre  ne  fût  pas  meuble,  quatre  bœufs  condui- 
saient facilement  la  charrue. 

J'ai  semé  du  trèfle  incarnat  au  mois  d'août  sur  un  labour  de 
0™.06  de  profondeur,  très  régulièrement  exécuté  par  le  bisoc,  attelé 
de  trois  chevaux  ou  de  deux  bœufs. 

Les  champs  destinés  aux  ensemencements  de  vesces,  d'avoine  d'hi- 
ver et  de  froment,  ont  été  labourés  avec  le  bisoc  double.  La  largeur 
était  de  0'°.65,  et  la  profondeur  atteignait  0'".2().  Quatre  bœufs  exécu- 
taient facilement  ce  labour,  même  en  terre  non  remuée.  Un  jeune 
homme  de  seize  ans  suffisait  pour  conduire  la  charrue  et  les  attelages. 

Depuis  le  1"  mars  jusqu'au  1"  décembre  1882,  ma  charrue  double 
bisoc  a  labouré  plus  de  60  hectares  sans  avoir  besoin  de  réparation. 
Les  socs  sont  aiguisés,  lorsque  le  besoin  s'en  fait  sentir. 

Le  prix  de  cet  instrument  est  de  300  francs. 


CHARRUE  BISOG  DOUBLE  DE  FONDEUR.  215 

Les  SOCS,  les  coutres  et  les  versoirs  sont  en  acier.  Le  corps  de  la 
charrue,  où  s'attachent  les  versoirs  et  les  socs",  est  en  fonte  malléable 
de  première  qualité.  Un  talonnet  s'ajoute  sous  le  sep,  de  façon  à  pou- 
voir être  remplacé  dès  qu'il  est  usé. 

La  fig.  19  fait  assez  bien  comprendre  les  détails  de  la  charrue  bisoc 
double  pour  qu'il  soit  inutile  de  les  décrire.  L'avant-train  et  le  régu- 
lateur sont  ceux  que  la  maison  Fon  leur  adapte  à  ses  charrues  doubles, 
brevetées  dès  1830,  sous  le  nom  de  charrues  à  socs  alternatifs  de 
France,  dites  Universelles-Fondeur. 

La  construction  générale  du  bisoc  ne  laisse  rien  à  désirer  comme 
solidité  et  facilité  de  règlement,  il  résulte  des  essais  que  j'ai  faits  avec 
soin,  que  la  charrue  bisoc  double,  attelée  de  quatre  bœufs  et  conduite 
par  un  homme,  fait  facilement  en  dix  heures  1  hectare  en  labour 
moyen  de  0".18à  0.20  de  profondeur.  Avec  des  chevaux  on  ferait 
davantage.  La  terre  ne  colle  pas  aux  versoirs  et  la  charrue  ne  bourre 
pas.  L'usure  des  socs  n'est  pas  plus  grande  qu'avec  les  autres  char- 
rues. Ils  coûtent  14  francs  et  les  versoirs  34  francs  les  quatre. 

Quand  la  charrue  bisoc  double  sera  mieux  connue,  elle  deviendra 
d'un  usage  général  dans  les  fermes  qui  labourent  à  plat.  Elle  pourra 
exécuter  tous  les  labours  au-dessous  de  20  centimètres  de  profondeur 
avec  autant  de  perfection  que  les  meilleures  charrues,  et  en  économi- 
sant deux  bœufs  et  deux  conducteurs,  car  elle  fait  autant  de  travail 
que  trois  charrues.  H. -S.  de  Larclause, 

Directeur  de  la  ferme-école  de  Montlouis  (Vienne). 

LES  PRODUITS  AaRIGOLES   AU   CONCOURS   GÉNÉRAL 

DE  PARIS 

Sont-ce  les  effets  de  la  création  du  ministère  de  l'aorriculture  ?  ou 

o 

bien  est-ce  encore  que  les  agriculteurs  sortent  de  leur  indifférence  habi- 
tuelle à  l'égard  des  expositions?  Je  ne  sais;  mais  quelle  qu'en  soit  la 
cause,  l'on  ne  peut  s'empêcher  de  constater  l'éclat  exceptionnel  du 
concours,  le  nombre  sans  cesse  croissant  des  exposants  de  toute 
nature.  La  section  des  produits  agricoles  et  horticoles  a  eu,  elle 
aussi,  à  bénéficier  de  cette  recrudescence  de  faveur,  si  bien  qu'une 
douzaine  des  sjrandes  salles  du  Palais  de  l'industrie  se  sont  trouvées 
complètement  bondées  de  produits  de  toute  nature.  Il  serait  donc  diffi- 
cile de  rendre  ici  un  compte  exact  de  tous  les  lots  exposés  ou  seule- 
ment de  toutes  les  récompenses  obtenues  ;  je  me  contenterai  de  signaler 
ceux  qui  m'ont  semblé  mériter  une  attention  spéciale. 

Et  d'abord  le  prix  d'honneur.  Cette  année  encore,  c'est  l'horticulture 
qui  l'a  remporté  sur  sa  sœur  aînée  l'agriculture;  ce  qui,  soit  dit  en 
passant,  a  fait  se  plaindre  bien  fort  producteurs  et  marchands  agri- 
coles. Et  de  fait  n'y  aurait-il  pas  lieu  de  séparer  ces  deux  genres  de 
production  qui,  dans  un  concours,  ne  peuvent  que  difficilement  être 
comparés,  ne  présentant  pas  des  points  de  similitude  suffisante?  Pour 
qu'un  produit  agricole  puisse  être  primé,  il  faut  qu'il  présente  non 
seulement  des  qualités  de  pureté  de  race,  de  forme,  et  qu'il  soit  le 
résultat  d'une  bonne  culture  il  est  encore  de  toute  nécessité  qu'il  puisse 
être  produit  à  bon  marché,  qu'il  présente  des  qualités  véritablement 
économiques.  Pour  les  productions  horticoles,  il  n'en  va  plus  de  même. 
Ici  rentre  en  ligne  de  compte  un   coefficient  puissant  et  qui  n'a  rien  à 


216  LES  PRODUITS  AU  CONCOURS  GÉNÉRAL    DE    PARIS. 

faire  en  as^riculture,  c'est  la  question  d'œil,  de  goût,  quelquefois  même 
de  vogue  momentanée.  Que  ce  produit  coûte  cher  ou  non  à  produire, 
cela  ne  fait  rien  à  l'alfaire;  pourvu  qu'il  réponde  à  un  goût  du  jour  et 
qu'il  montre  l'intelligence  et  les  soins  du  producteur,  ce  devront  être  là 
des  causes  suffisantes  pour  qu'un  jury  l'examine  avec  attention  et  le 
récompense. 

Qu'une  botte  d'asperges  par  exemple  ait  coûté  20  ou  30  francs  à 
produire,  qu'importe?  pourvu  qu'elle  se  vende  40  ou  50.  En  agricul- 
ture il  ne  pourra  jamais  en  être  ainsi. 

Telles  sont  les  raisons  qui  me  semblent  militer  en  faveur  d'une 
séparation  dans  la  distribution  des  récompenses  entre  les  produits  de 
l'agriculture  et  ceux  del'horticulture. 

C'est  à  M.  Etienne  Salomon,  l'habile  et  intelligent  viticulteur  de 
Thomery,  que  le  grand  prix  a  été  offert.  M.  Salomon  est  un  chercheur  ; 
il  a  eu  l'idée  d'appliquer  aux  fruits  le  procédé  de  conservation  par  le 
froid  ;  il  y  a  pleinement  réussi  et  au  concours  général  chacun  a  pu 
admirer  des  paniers  de  pêches  et  de  poires  d'été,  le  tout  encadré  de 
magnifiques  raisins.  J'avoue  que  pour  ce  qui  est  des  poires  d'été  : 
William,  Louise-Bonne,  beurré  d'Amanlis,  etc.,  cela  me  laisse  froid, 
non  pas  au  point  de  vue  de  l'expérience  qui  est  très  intéressante,  mais 
au  point  de  vue  de  la  valeur  du  fruit,  lequel  est  avantageusement 
remplacé  par  toutes  nos  excellentes  poires  d'hiver  dont  la  qualité 
dépasse  certainement  celle  des  fruits  à  maturation  estivale.  Il  en  est 
autrement  des  raisins  et  surtout  des  pêches.  C'est  un  véritable  triomphe. 
Si,  en  effet,  l'on  arrive  à  conserver  couramment  des  pêches  jusqu'en 
janvier,  il  y  a  là  toute  une  branche  nouvelle  de  commerce.  L'on  re- 
proche à  ces  fruits  de  ne  pas  avoir  toute  la  saveur  de  ceux  directement 
cueillis  sur  l'arbre.  Franchement,  c'est  être  trop  exigeant.  D'abord  ce 
procédé  est  à  sa  naissance  et  il  est  probable  qu'avec  le  temps  il  se  per- 
fectionnera; et  puis  une  pêche  en  janvier,  n'aurait-elle  pas  toute  la 
saveur  du  fruit  frais,  arrosée  d'un  vin  généreux,  constituera  encore  un 
dessert  précieux  et  le  jury  a  été  de  cet  avis  puisqu'il  leur  a  décerné 
les  palmes  du  prix  d'honneur. 

Je  signalerai  encore,  sans  quitter  la  salle  des  fruits,  les  poires  et 
pommes  hors  ligne  envoyées  par  un  exposant-marchand,  M.  Dupont, 
de  la  rue  d'Antin  :  des  reinettes  et  du  calville  de  toute  beauté  ainsi 
que  des  doyennés  d'hiver  et  des  belles  Angevines.  Ces  poires  trompent 
l'œil,  d'une  grosseur  exagérée.  Il  y  en  avait  de  ces  dernières  qui 
pesaientprès  de  deux  kilogrammes!  Une  médaille  d'or  a  été  décernée 
à  ce  marchand  connaisseur.  Sait-on  ce  que  deviennent  ces  fruits  de 
choix?  La  presque  totalité  s'en  va  à  l'étranger,  en  Angleterre,  et  surtout 
en  Kussie  où  on  les  paye  plus  cher  que  chez  nous. 

M.  Louis  Lhérault  avait  envoyé  des  asperges  très  belles  assurément, 
mais  ne  valant  pas  néanmoins  celles  de  l'année  dernière;  il  est  vrai  de 
dire  que  le  concours  a  eu  lieu  de  meilleure  heure  que  l'année  passée, 
et  quelques  jours  suffisent  pour  apporter  une  notable  différence  dans 
les  produits  d'un  prinieuriste.  Aicôté  des  bottes  récoltées  sur  couche  et 
des  griffes  forcées,  d'âges  différents,  il  y  avait  une  petite  poignée 
d'asperges  produites  par  la  pleine  terre.  C'est  un  résultat  très  beau  que 
d'arriver  à  cueillir,  à  la  fin  de  janvier,  des  asperges  en  plein  air.  On 
serait  dans  l'erreur  si  l'on  attribuait  cette  précocité  à  une  exposition 
particulièrement  chaude  de  l'aspergerie,  ou  bien  encore  à  la  douceur 


LES  PRODUITS  AU  CONCOURS  GÉNÉRAL  DE  PARIS.  217 

de  cet  hiver  qui  certainement  y  sont  pour  bien  moins  que  le  clioix 
judicieux  que  M.  Lhérault  fait  de  ses  porte-graines. 

Plusieurs  salles  de  l'exposition  étaient  occupées  par  des  collections 
de  pommes  de  terre,  riches  d'un  nombre  énorme  de  variétés.  Parmi 
celles-ci,  la  collection  de  M.  Mayeux,  de  Villejuif,  se  faisait  particuliè- 
rement remarquer  par  la  pureté  des  variétés,  le  bon  étiquetage  et  le 
parfait  état  de  conservation.  Une  médaille  d'or  lui  a  été  décernée.  La 
médaille  d'argent  pour  le  même  produit  a  été  remportée  par  iM.  Du- 
doiiy;  à  lui  encore  ces  superbes  choux-raves  et  navets  fourragers  qui, 
bien  que  d'une  très  grande  beauté,  n'ont  remporté  qu'une  récompense 
au-dessous  de  leur  mérite.  J'en  dirai  autant  des  graines  de  graminées 
d'une  pureté  exceptionnelle  qui  avaient  été  présentées  par  le  même 
exposant. 

Tout  le  monde  sait  quels  sont  les  services  croissants  sans  cesse  que 
rendent  à  l'alimentation  du  bétail  les  fourrages  ensilés.  M.  le  vicomle 
A.  de  Chezelles  s'est  chargé  de  montrer  au  public  du  concours,  par 
des  exemples  multipliés  d'ensilages  pratiqués  sur  des  plantes  diverses, 
à  quels  excellents  résultats  l'on  peut  arriver.  De  très  belles  photogra- 
phies ont  mis  sous  les  yeux  les  vues  des  énormes  silos  couverts,  dans 
lesquels  la  conservation  de  ces  fourrages  est  pratiquée. 

C'est  un  lot  de  betteraves  ovoïdes  des  Barres,  à  M.  Cordier,  direc- 
teur de  Fécole  de  Saint-Remy,  qui  a  obtenu  la  plus  haute  récompense 
destinée  à  ce  genre  de  produits.  Ces  racines  bien  faites  étaient  de  gros- 
seur moyenne.  Les  betteraves  les  plus  grosses  sont  loin  d'être  les 
meilleures,  à  partir  d'un  certain  volume  moyen,  l'excédent  de  poids 
étant  constitué  en  majeure  partie  par  de  l'eau. 

Enfin  beaucoup  de  blé,  orge  et  avoine.  Le  jury  a  primé  les  blés 
Victoria  de  M.  Hardon  et  l'avoine  noire  de  Brie  de  M.  Couesnon,  à 
Auhioy. 

C'est  encore  M.  Cordier  qui  a  eu  la  médaille  d'or  pour  son  orge  de 
Saint-Remy,  dont  la  graine  est  d'une  blancheur  vraiment  étonnante. 

Le  jury  a  fait  un  rappel  de  prix  d'honneur  en  faveur  de  la  maison 
Vilmorin  dont  les  beaux  produits  se  sont  trouvés  par  cela  même  hors 
concours. 

Les  coUectinns  présentées  cette  année,  comme  celles  qui  ont  été 
exposées  précédemment  par  la  maison  Vilmorin,  ont  été  composées 
principalement  en  vue  de  permettre  d'apprécier  comparativement  les 
diverses  races  de  plantes  cultivées  dans  des  conditions  identiques. 

Elles  comprenaient  d'abord  une  collection  de  céréales  :  blés,  avoines, 
seigles,  orges  et  maïs,  en  gerbes  ou  échantillon  à  toute  paille  et  en 
grains.  Dans  cette  collection  il  n'y  a  guère  à  signaler  comme  nouveauté 
que  l'avoine  noire  d'hiver  de  Belgique.  Cette  variété,  aussi  rustique  et 
productive  qu'aucune  autre  avoine  d'hiver,  a  l'avantage  de  donner  un 
grain  noir. 

Dans  les  racines  fourragères  :  betteraves,  carottes,  navets,  panais  et 
radis,  il  y  a  lieu  de  signaler  la  carotte  rouge  longue  de  Saint- Valéry, 
très  grosse,  longue,  extrêmement  régulière  de  forme.  On  peut,  à 
cause  de  son  grand  rendement,  la  considérer  comme  carotte  four- 
ragère; mais  sa  qualité  la  rend  tout  à  fait  propre  à  servir  de 
légume. 

Dans  les  pommes  de  terre,  présentées  seulement  au  nombre  de 
50  variétés  environ,  afm  de  ne  montrer  que  des  races  tout  à  fait  recom- 


218  LES   PRODUITS   AU   CONCOURS  GÉNÉRAL  DE  PARIS. 

mandal)les,  les  variétés  Eléphant  et  Géante  représentaient  les  nouveau- 
tés. Toutes  deux  conviennent  surtout  à  la  grande  culture. 

La  collection  des  fourrages  comprenait  la  série  des  graminées, 
celle  des  légumineuses  et  quelques  autres  plantes,  en  échantillons  secs 
et  en  graines.  Parmi  les  graminées,  le  brome  inerme,  entré  depuis  deux 
ou  trois  ans  dans  les  cultures,  est  la  seule  planferelativement  nouvelle. 

La  collection  des  choux  fourragers,  choux-navets  et  rutabagas, 
choux-raves  et  choux  frisés,  complétait  l'exposition  avec  les  betteraves 
à  sucre,  qui  composent,  avec  les  lins  et  chanvres,  la  série  des  plantes 
industrielles.  Dans  les  betteraves  à  sucre,  on  remarque  la  gradation 
des  races,  de  plus  en  plus  riches  en  sucre,  et  en  même  temps  de 
moins  en  moins  volumineuses.  Elles  représentent  bien  ce  qu'on  a 
cherché  à  obtenir  en  les  fixant,  c'est-à-dire  aux  divers  degrés  de  l'é- 
chelle de  rendement  agricole,  le  maximum  de  richesse  saccharine 
compatible  avec  ce  rendement. 

Enfin,  parmi  les  racines  fourragères,  nous  signalerons  les  radis 
fourragers  à  grand  rendement  qui,  moins  sensibles  aux  attaques  des 
insectes  que  les  navets,  au  moment  de  la  levée,  donnent  en  culture 
dérobée  de  bonnes  récoltes  de  racines  nutritives  et  volumineuses. 

Jean  Dybowski. 

LE  TABAC  EN  ALLEMAGNE 

Mes  chers  lecteurs,  beaucoup  d'entre  vous  ont  certainement  par- 
couru l'Allemagne.  En  arrivant  dans  la  patrie  de  Hegel  et  de  Klopstock, 
ils  ont  été  immédiatement  frappés  par  quelque  chose  qui  ne  rappelle 
nullement  l'objectif  et  le  subjectif,  le  moi  et  le  non-moi;  ils  ont  senti 
une  odeur  de  tabagie  qui  ne  les  a  plus  quittés  pendant  toute  la  durée 
de  leur  séjour.  L'Allemagne  est,  en  effet,  un  immense  estaminet  où  tout 
le  monde  boit  de  la  bière  et  fume.  Bien  que  les  institutions  aient 
encore  un  certain  cachet  aristocratique  (de  simples  bourgeois  comme 
vous  et  moi  ne  sont  pas  hoffàhig,  ce  qui  veut  dire  digne  d'être  reçu  à 
la  cour),  les  mœurs  sont  démocratiques.  L'estaminet  ou  la  kncipe  est 
fréquenté  à  Berlin  et  à  Munich  par  les  ministres.  Les  chefs  des  diffé- 
rents partis  parlementaires  trouvent  parfaitement  naturel  de  convoquer 
leurs  amis  politiques  dans  une  brasserie  enfumée,  et  de  discuter  leurs 
plans  de  campagne  en  vidant  des  pots  de  grès,  et  mangeant  du  pain 
de  seigle,  de  la  choucroute  et  du  lard.  Il  n'est  donc  pas  étonnant  que 
l'Allemagne  consomme  d'énormes  quantités  de  tabac.  La  consomma- 
tion annuelle  s'élève  à  environ  2  kilog.  par  tête  d'habitant.  Je  vais 
d'abord  examiner  la  culture  nationale  en  1882. 

Parcelles.    ^^^^ 
Nombre  de  planteurs.  Au-dessous  de  4  ares.  +  4  ures.  Total.  Superficie . 

Prusse 

Bavière 

Saxe , . . .  . 

Wurtemberg 

Bade 

Hesse 

Mecklembourg 

Thurinfïe 

Brunswick 

Anhult 

Alsace-Lorraine. . . . 


124,828 

122,635 

23,295 

145,930 

ares. 
536,431.4 

22,859 

5,545 

35,143 

40,688 

530,226.7 

125 

130 

8 

138 

163.8 

3,042 

1,821 

1,948 

3,769 

20, .529. 7 

37,155 

4,665 

54,958 

59.623 

700,555.1 

3,755 

786 

6,427 

7,213 

97,769.2 

947 

903 

323 

1,226 

14,/i04.5 

1,258 

824 

1,538 

2.362 

15,464.8 

608 

575 

104 

679 

2,919.1 

835 

255 

1,025 

1,280 

U,432.7 

19,6i3 

10,890 

20,671 

31,. 5611 

2'-2  ,816.5 

215,048 

149, 0-29 

145,440 

294,469 

2,225,713.5 

LE    TABAC  EN  ALLEMAGNE.  219 

La  surface  plantée  en  tabac  couvre  22,257  hectares,  en  diminution 
de  4,987  hectares  sur  1881 .  La  récolte  dépasse  50  millions  de  kilog. 
et  produit  environ  40  millions  de  marcs.  Le  rendement  est  évalué  à 
20  ou  22  quintaux  métriques  par  hectare;  le  prix  moyen  est  estimé  à 
72  marcs  le  quintal  en  1880-1881,  et  à  G7  marcs  50  en  1881-1882. 
Depuis  1881,  les  droits  sur  le  tabac  indigène  sont  fixés  à  30  marcs 
par  quintal  pour  la  tabac  fermenté  sec,  ce  qui  équivaut  à  24  marcs 
pour  le  tabac  brut  sec.  Je  vais  examiner  maintenant  le  commerce  inter- 
national. Les  chiffres  sont  relatifs  à  1881. 

Importation.         Exportation.  Excédent  Excédent 

d'importation.        d'exportation. 

q.  m. 

1  Feuilles... 185,081  28,486  106,595 

2  Carottes  de  tabac 20,678  2  20,676 

3  Jus 674  74  600 

4  Cigares 3,569  3,405  164 

5  Cigarettes 253  812  —  .559 

6  Feuilles  préparées...  7  8,219  —  8,212 

7  Résidus 1  57  —  56 

8  Tabac  à  priser 147  567  —  420 

9  Tabac  à  chiquer 16.5  95  70 

10  Tabac  à  fumer 4,048  589  a, 459 

Les  articles  1,  2,  3,  paient  85  marcs  par  100  kilog.;  les  articles 
4  et  5,  270  marcs,  les  articles  6,  7,  8,  9  et  10,  180  marcs  en  vertu  de 
la  dernière  loi.  Voici  comment  se  répartissent  les  recettes  douanières 
perçues  d'après  ces  taxes  : 

Articles.  1881.  Articles.  1881. 

marcs.  marcs. 

1   15,731,6.58         6 1,260 

2   1,755,097         7 IhO 

3   57,V90         S 26,460 

4   960.930        9 29,700 

5   68,310         10 728,299 

L'importation  dépasse  le  tiers  de  la  production  nationale.  L'impôt 
sur  le  tabac  indigène  et  étranger  rapporte  environ  30  millions  de 
marcs.  C'est  une  somme  absolument  dérisoire  comparativement  aux 
receltes  françaises.  J'ai  déjà  montré,  dans  ces  colonnes,  que  l'impôt 
sur  l'alcool  et  sur  la  bière  est  très  faible.  On  se  trompe  étrangement 
quand  on  parle  des  embarras  financiers  de  l'Allemagne.  Je  ne  puis 
qu'effleurer  ici  cette  question;  je  renvoie  pour  l'examen  complet  les 
lecteurs  du  Journal  de  l' agriculture  aux  études  sur  les  finances  alle- 
mandes, que  j'ai  publiées  dans  le  Journal  des  Economistes. 

Paul  MULLEII. 

CONCOURS  GËNÉMUX  AGRICOLES  DE  PARIS.  —  II 

Nous  donnons  aujourd'hui,  dans  les  fig.  20  à  22,  la  reproduction 
des  bandes  d'animaux,  dans  les  races  bovines,  ovines  et  porcines, 
auxquelles  les  prix  d'honneur  ont  été  attribués. 

Pour  les  bœufs,  le  lauréat  du  prix  d'honneur  a  été  M.  Gustave 
A'altau,  éleveur  à  Yindelle  (Charente),  qui  exposait  une  bande  de 
bœufs  durham-manceaux  (fig.  20).  Ces  animaux  pesaient  ensemble 
3,181  kilog.  ;  ce  poids  se  répurtissait  comme  il  suit  :  un  bœuf  âgé  de 
38  mois  et  10  jours,  pesait  772  kilog.  ;  le  deuxième,  âgé  de  42  mois, 
pesait  772  kilog.;  le  troisième,  âgé  de  42  mois  et  15  jours,  pesait 


220 


CONCOURS  GÉNÉRAUX  AGRICOLES  DE  PARIS  EN  1883. 


840  kilo^.  ;  le  quatrième,  âgé  de  44  mois,  pesait  797  kilog.  —  Le 
mérite  du  lauréat,  nouveau  venu  pour  cette  haute  récompense,  est 
d'autant  plus  grand  qu'il  avait  à  lutter  contre  quelques-uns  des 
engraisseurs  les  plus  réputés. 

C'est  la  première  l'ois  que  nous  vo^'ons  la  race  mérinos  prendre 
place  dans  les  grandes  boxes  d'honneur.  La  bande  qui  a  valu  la  coupe 
à  M.  Paul  Delamarre,  éleveurs  à  Eprunes  (Seine-et-Marne),  était  com- 
posée de  1 5  moutons  âgés  de  1 7  mois  et  pesant  ensemble  1 ,075  kilog.  ; 
c'est  un  poids  moyen  de  près  de  72  kilog.  par  tête.  C'est  un  poids 
remarquable,  non  seulement  pour  la  race  mérinos,  mais  même  pour 
la  plupart  des  autres  races.  La  feime  d'Eprunes  est  depuis  longtemps 


Fig.  20.   —   Bande  de  bœufs   durham-ffianceaux,  rouges  et  blancs,   exposés  [ar  M.   Valtau,   à 
Vindelle  (Charente),  prix  d'honneur  au  Concours  général  de  Paris,  en  1883. 


célèbre  ;  le  nouveau  laurier  qu'elle  a  conquis  vient  se  joindre  aux 
nombreux  prix:  qu'elle  a  déjà  remportés. 

En  ce  (|ui  concerne  les  bandes  de  porcs,  la  lutte  a  été  vive  entre  les 
races  françaises  et  les  races  étrangères.  Lo  principal  champion  des 
races  françaises  était  M.  Ch.  Dumontier,  l'habile  éleveur  de  Claville 
(Euro),  qui  a  exposé  plusieurs  bandes  de  porcs  normands  justement 
remarqués.  Finalement  la  victoire  est  restée  aux  porcs  yorkshire. 
Les  trois  animaux  composant  cette  bande  étaient  âgés  de  11  mois  et 
25  jours,  et  pesaient,  l'un  206  kilog.,  le  deuxième  212  kilog.,  et  le 
troisième  232  kiiog. 

Ce  n'est  pas  sans  une  certaine  émotion  que  le  concours  a  été  clos. 
M.  Heuzé,  commissaire  général,  ayant  acquis  la  preuve  que  de  fausses 
déclarations  avaient  été  faites  par  plusieurs  exposants,  a  mis  le 
séquestre  sur  un  certain  nombre  d'aninuiux  primés. 

Au  premier  rang  des  animaux  séquestrés,  se  trouve  la  bande  de 
porcs  pour  laquelle  le  prix  d'honneur  a  été  attribué.  L'exposant  était 
un  M.  Vedel,  à  Noyant  (Allier).  Or,  il  se  trouve  que  ce  M.  Vedel  est  le 
domestique  de  i\I.   Henry   père,   à  Noyant  (Allier),  lequel  a  exposé 


CONCOURS  GÉNÉPACX  AGRICOLES  DE  PARIS  EN    1883. 


221 


SOUS  quatre  noms,  le  sien,  celui  de  ses  deux  fils  et  celui  de  son 
domestique. 

Le  prix  d'honneur,  deux  autres  prix,  et  deux  mentions  honorables, 
ont  été  ainsi  gagnés  frauduleusement. 

La  même  mesure  a  été  prise  pour  le  porc  qui  a  remporté  le  prix 
d'honneur.  M.  Chaminade,  à  Pantin  (Seine),  n'est  ni  éleveur  ni 
engraisseur,  mais  simplement  commissionnaire  à  la  Villette.  Les  ani- 
maux qu'il  exposait,  ainsi  que  son  associé  M.  Berger,  ne  leur  appar- 
tenaient pas  depuis  le  temps  prévu  parle  programme. 

Enfin,  M.  Lucien  Larrouy,  à  Aixe-sur-l'Adour  '.Landes),  exposait 
sous  son  nom  et  sous  celui  de  son  liis  âgé  de  huit  ans.  11  a  pu  ainsi 
obtenir  quatre  prix  et  une  mention  honorable. 

Ces  faits  sont  l'objet  d'une  enquête  sévère.  On  affirme  que  des 
délits  semblables  ont  été  commis  par  des  exposants  dans  l'espèce 
bovine. 

L'exposition  des  volailles  était  extrêmement  remarquable.  Le  fait 
capital  qui  en  ressort  est  celui-ci  :  c'est  que,  dans  la  basse-cour  comme 


Fig.  21.  —  Bande  de  moutons  mérinos,  âgés  de  17  mois,  pesant  ensemble  1,075  kilog.,  exposés 
par  M.  Faul  Delamarre,  à  Éprunes  (Seine-et-Marne),  prix  d'honneur  au  Concours  général  du 
palais  de  l'Industrie,  à  Paris,  en  188'3. 


dans  les  étables  et  les  bergeries,  on  s'attache  de  plus  en  plus  à  l'éle- 
vage des  animaux  de  race  pure.  Les  races  françaises  de  poules  sont  de 
plus  en  plus  recherchées,  en  même  temps  que  l'on  continue  à  faire  des 
efforts  persévérants  pour  les  améliorer  au  point  de  vue  de  la  produc- 
tion de  la  viande  et  de  la  rapidité  du  développement.  On  a  retrouve 
dans  la  liste  des  prix,  que  nous  avons  publiée  la  semaine  dernière, 
les  noms  de  ceux  qui  se  placent  à  la  tête  de  ce  mouvement  ;  citons 
notamment  M.  Lemoiue,  à  Crosne  (Seine-et-Oise);  M.  Voitellier,  à 
Mantes  (Seine-et-Oise);  MM.  Faicy,  à  Foulietourte  (Sarthe),  etc.  L'im- 
portance de  leur  exposition  démontre  aue  celte  belle  industrie  est  en 
pleine  voie  de  prospérité. 

A  cette  occasion,  nous  annonçons  avec  plaisir  que  M.  Lemoine 
va  commencer  à  publier,  sous  le  titre  Le  Poussin^  une  revue  heb- 
domadaire spéciale  aux  intérêts  de  la  bassecour;  nous  lui  souhaitons 
le  plus  complet  succès. 

Après  les  races  gallines,  celles  des  canards  sont  celles  auxquelles 
les  éleveurs  ont  fait  faire  le  plus  de  progrès;  c'est  ce  qui  ressort 
encore  de  l'exposition.  Des  pigeons  nous  ne  dirons  rien;  le  nombre 


222  CONCOURS  GÉNÉRAUX    AGRICOLES   DE  PARIS  EN    1883. 

des  variétés  est  devenu  tellement  élevé  qu'il  est  à  peu  près  impossible 
de  s'y  reconnaître  si  l'on  n'a  pas  à  sa  disposition  un  fil  d'Ariane  que 
nous  ne  possédons  pas. 

Les  exposants  d'animaux  de  basse-cour  se  divisent  en  deux  catégo- 
ries :  ceux  qui  élèvent,  c'est-à-dire  les  exposants  producteurs;  ceux 
qui  achètent  pour  revendre,  c'est-à-dire  les  exposants  simplement 
marchands.  Dans  les  autres  parties  du  concours  général,  qu'il  s'agisse 
de  produits  agricoles,  de  beurres,  de  fromages,  etc.,  ces  deux  classes 
d'exposants  se  retrouvent,  mais  on  les  fait  concourir  dans  des  catégo- 
ries séparées.  Ici,  au  contraire,  il  n'y  a  aucune  distinction;  produc- 
teurs et  marchands  sont  confondus  dans  une  promiscuité  complète. 
Cette  situation  présente  des  inconvénients  sur  lesquels  il  est  inutile 
d'insister.  Nous  pensons  qu'il  y  a  là  une  réforme  à  opérer,  réforme 
qui  serait  facile,  et  pour  laquelle  il  n'y  aurait  qu'à  adopter  les  erre- 
ments qui  servent  de  base  à  la  classification  dans  les  autres  parties  du 
concours. 

Un  mot,  en   terminant,  sur  l'industrie  des  couveuses  artificielles. 


Fig.  22.  —  Bande  de  porcs  yorkshire-middlesex,  âgés  de  11  mois  25  jours,  pesant  ensemble 
6.50  kilog.,  ayant  remporté  le  prix  d'honneur  au  Concours  général  du  palais  de  l'Industrie,  à 
Paris,  en  1883. 

Cette  industrie  continue  à  être  prospère,  ainsi  que  nous  l'avons  déjà 
constaté  l'an  dernier.  Les  appareils  réellement  pratiques  étaient  nom- 
breux à  l'exposition.  Ce  n'est  plus  que  par  des  détails,  souvent  même 
peu  apparents,  que  ces  appareils  se  distinguent  les  uns  des  autres.  A 
côté  des  couveuses,  les  poulaillers,  leur  petit  mobilier,  les  parcs  et  les 
volières  se  présentent  avec  une  variété  et  une  bonne  construction  qui 
étaient  tout  à  fait  inconnues  il  y  a  quelques  années  seulement. 

Henry  Sagnier. 

PLANTES  SANS  TERRE  ET  AVEC  TERRE-  -  V* 

LES    FLEURS    EN    HIVER  SUR  FENÊTRES. 

§  L  Les  plantes  en  appartemcîit.  —  Existe-t-il  des  règles  sûres  pour 
conserver  les  plantes  en  appartement? 
Je  ne  crois   pas  que  l'amateur  puisse  se  poser   un  problème  plus 

1.  Voir  le   Journal   des  23  et  .30  septembrej   21  octobre  et    2  décembre,  pages  494  et  537  du 
3' volume,  et  pages  102  et  339  du  4°  volume  de  1882. 


PLANTES  SANS  TERRE  ET  AVEC  TERRE.  223 

difficile,  car  il  se  complique  de  circonstances,  diverses  dans  cliaque 
intérieur,  d'exposition,  de  lumière,  d'aération,  de  soins  particuliers. 

Pourtant  si  une  pratique  peut  réussir  partout  et  toujours,  elle  con- 
sisterait à  mettre  les  plantes  à  l'intérieur  dans  des  conditions  aussi 
peu  différentes  que  possible  de  celles  qu'elles  avaient  dans  leur  précé- 
dent habitat.  Demander,  comme  Rozier,  que  dans  les  soins  à  donner 
aux  plantes  l'on  ait  égard  à  leur  mode  de  végétation  dans  les  pays 
d'origine,  ce  serait  exiger  de  l'amateur  en  chambre  des  notions  de 
géographie  botanique,  indispensables  au  spécialiste,  mais  encore  trop 
peu  répandues. 

Quand  il  s'agit  de  végétaux  de  serre  chaude,  il  est  évident  que  ces 
plantes  exotiques,  étiolées  par  une  culture  tout  artificielle,  le  devien- 
dront encore  plus  en  ne  recevant  qu'obliquement  la  lumière  qui  leur 
arrivait  par  en  haut  à  travers  le  vitrage  de  la  serre.  Déjà  affaiblies,  elles 
ne  pourront  supporter  une  température  un  peu  différente.  Mais  la 
question  est  moins  d'obtenir  un  certain  degré  de  chaleur  que  de  la 
maintenir  égale.  En  effet,  ces  végétaux  n'éprouvent  jamais  dans  leur 
pays  d'origine  les  variations  auxquelles  nous  les  soumettons.  Nul 
doute  que  les  perfectionnements  dans  les  systèmes  de  chauffage,  qui 
permettent  de  régler  exactement  la  température  des  serres,  n'ait  con- 
tribué à  l'introduction,  considérable  en  ces  derniers  temps,  des  végé- 
taux de  haut  ornement.  Mais  qu'on  voie,  après  des  fêtes  officielles, 
l'état  piteux  et  dévasté  des  plantes  rares  qui  sortent  des  salons,  des 
escaliers,  des  vestibules,  oi^i  elles  n'ont  fait  qu'apparaître,  on  sera  vite 
édifié  sur  la  difficulté  de  les  faire  vivre  dans  nos  maisons.  Est-il 
besoin  de  remarquer  que  l'habitude  d'ouvrir  le  matin  les  pièces  oii  sont 
les  plantes  leur  est,  surtout  en  hiver,  particulièrement  funeste  en  les 
frappant  subitement  de  l'air  froid  du  dehors.  Les  végétaux  de  serre 
chaude  ne  supportent  pas  ces  saccades  dans  la  température.  Quel- 
ques-uns de  serre  tempérée  et  un  grand  nombre  de  serre  froide, 
plus  résistants,  les  subissent  mais  prennent  cet  aspect  terne  et  triste 
qui  caractérise  partout  et  comme  uniformément  les  plantes  en  appar- 
tement. 

On  groupe  les  plantes  à  l'intérieur  dans  les  endroits  oii  elles  font  le 
plus  d'effet  sans  s'inquiéter  de  leurs  besoins.  Est-ce  donc  pour  qu'elles 
restent  immobiles,  comme  y  étaient  condamnées  les  plantes  avec  terre, 
que  la  mousse  fertilisée  qu'on  peut  lui  substituer  permet  de  les 
déplacer  avec  la  plus  grande  facilité  ?  Rien  de  plus  expéditif  que  de 
les  disposer  d'une  façon  décorative  les  jours  de  réception  et  de  les 
reporter  les  autres  jours  en  pleine  lumière  dans  les  embrasures  des 
croisées. 

Il  faut  le  dire  surtout,  presque  toutes  les  plantes  en  appartement 
meurent  d'excès  d'arrosements.  Quand  une  plante  commence  à  être 
malade,  on  croit  le  plus  souvent  qu'elle  a  soif,  et  par  l'eau  surabon- 
dante on  introduitdans  les  terreaux  riches  en  humus  une  fermentation 
putride  mortelle  aux  plantes  et  nuisible  aux  personnes  délicates  et 
sédentaires.  L'incertitude  desavoir  si  une  plante  en  pot  a  besoin  d'eau 
est  un  des  principaux  écueils  de  sa  conservation  à  l'intérieur.  Cette 
difficulté  qui  exige  beaucoup  d'attention,  beaucoup  de  discernement 
pour  les  plantes  avec  terre,  n'existe  pour  ainsi  dire  pas  pour  les  plantes 
sans  terre.  La  légèreté  de  la  mousse  qui  entoure  les  racines  indique 
avec  certitude  le  besoin  d'eau  pour  compenser  l'évaporation  produite. 


224  PLANTES  SANS  TERRE  ET  AVEC  TERHE. 

D'ailleurs,  placées  souvent  dans  des  vases  ajourés  sur  les  côtés  et  même 
par  le  fond,  elles  sont  constamment  drainées,  et,  lors  même  qu'elles 
seraient  mises  dans  des  vases  clos  à  la  base,  il  suffirait  de  faire  écou- 
ler l'eau  en  penchant  le  vase  pour  qu'elle  ne  restât  jamais  stagnante. 

Les  plantes  deserre  froide  supportent  le  mieux  les  conditions  défec- 
tueuses de  lumière,  d'aération,  les  inégalités  de  température  dans  nos 
appartements.  Elles  sont  déjà  habituées  à  la  réclusion  et  admettent 
une  température  qui  correspond  avec  celle  do  nos  maisons,  oscillant 
entre  -f-  20  et  0.  Les  broméliacées,  si  décoratives  que  leurs  feuilles 
parfois  valent  des  fleurs,  sont  entre  toutes  précieuses  par  leur  résis- 
tance au  mal,  leur  insouciance  des  négligences  qu'on  leur  fait  subir. 
Elles  préféreraient  même  l'absence  de  soins  à  des  arrosements 
intempestifs. 

Mais  veut-on  introduire  dans  nos  maisons  les  plantes  plus  rustiques 
qui,  tant  qu'il  ne  gèle  pas,  peuvent  rester  en  pleine  terre  et  passent 
l'hiver  sous  châssis  froid,  ou  bien  les  vivaces  qui  endurent  au  jardin 
les  plus  basses  températures,  ces  plantes  à  l'intérieur  deviennent 
misérables,  s'étiolent,  jaunissent  et  cessent  de  fleurir.  Car  il  est  aussi 
préjudiciable  aux  végétaux  de  plein  air  d'être  transférés  d'un  milieu 
froid  où  l'air  est  renouvelé  dans  une  pièce  chauffée  oii  l'air  est  raréfié 
et  chargé  de  poussière,  qu'aux  plantes  exotiques  déjà  étiolées  dans  les 
serres  de  subir  des  variations  subites  et  multipliées  de  température. 

Pourtant  ce  sont  ces  plantes  robustes,  rendues  résistantes  par  la  vie 
et  les  aventures  à  l'air  libre,  qui  peuvent  fournir  des  ressources  encore 
inconnues  à  la  décoration  florale  pour  les  habitants  des  villes,  et  (jui 
permettent  d'établir  des  règles  assurées  d'une  nouvelle  culture  sur 
fenêtres. 

Quand  on  rentre  en  appartement  à  la  fin  de  l'automne  des  plantes 
cultivées  à  l'air  libre  ou  qui  sous  châssis  ont  été  très  aérées,  il  est 
essentiel  de  les  placer  tout  d'abord  dans  des  pièces  non  chauffées. 
Sinon,  très  vigoureuses  quand  on  les  rentre,  elles  jauniront  peu  à  peu 
parce  qu'elles  auront  passé  par  une  transition  trop  brusque  du  plein 
air  à  un  air  raréfié,  insuffisamment  renouvelé.  Les  feuilles  fonc- 
tionnent mal,  et  de  vertes  qu'elles  étaient  elles  passent  à  la  couleur 
jaune  plus  ou  moins  claire  suivant  le  degré  de  l'altération  du  paren- 
chyme. Deux  aralia  papyrifera  de  même  force,  dont  les  racines  en 
pleine  terre  avaient  0".45  de  diamètre,  rentrés  au  15  novembre  du 
jardin  où  ils  étaient  au  coup  du  vent,  furent  rempotés  en  sable  et 
mousse  fertilisée,  et  placés  l'un  dans  une  grande  pièce  suffisamment 
éclairée  mais  chauffée  de  12  à  14  degrés,  et  l'autre  dans  une  anti- 
chambre sans  feu,  ouverte  sur  un  escalier  dont  l'air  est  constamment 
renouvelé.  Les  feuilles  du  premier  fléchirent  en  quatre  jours,  et  aujour- 
d'hui encore,  '20  janvier,  le  second,  très  bien  portant,  poursuit  sa  végé- 
tation normale. 

Tout  ce  que  les  plantes  demandent,  aux  approches  de  la  saison 
rigoureuse,  c'est  un  peu  d'accalmie  contre  les  pluies,  les  neiges,  les 
vents,  le  gel  et  le  dégel;  un  peu  d'abri,  rien  de  plus.  Mais  loin  de  là; 
à  un  excès  d'agitation  des  tiges  et  des  racines,  à  leur  secouement 
presque  sans  trêve  par  la  tourmente  des  rafales,  on  remédie  par  un 
excès  contraire  d'immobilité,  d'obscurité,  de  réclusion.  De  l'air  âpre 
mais  sain  qui  rougit  les  dernières  corolles  comme  lesjoues  de  l'enfant 
après  une  course  rapide,  on  transporte  les  plantes  dans  des  pièces  sur- 


PLANTES  SANS  TERRE  ET  AVEC  TERRE.  225 

chauffées  par  des  poêles  ou  des  calorifères,  où  elles  n'ont  qu'une 
lumière  oblique  et  diffuse  et  une  ventilation  défectueuse.  Nous  remuons 
nous,  et  incessamment  par  la  marche  allons  chercher  Pair  pur  dont  la 
vie  sédentaire  prive  nos  poumons.  La  plante  en  chambre  attend  qu'on 
lui  renouvelle  l'air  et  que  l'air  la  renouvelle  —  l'agitation  de  Fair 
c'est  son  mouvement  —  et  on  lui  prodigue  Pétiolement  et  la  phlhisie. 
Trop  d'arrosements,  trop  de  chaleur,  trop  de  réclusion,  sans  voir  que 
l'air  qu'elle  avait  à  outrance  au  dehors  et  dont  on  la  prive  presque 
absolument  à  l'intérieur  est  pour  elle  une  nécessité  qui  prime  toute 
autre.  On  pourrait  dire  de  la  plante  qu'elle  est  surtout  un  composé 
d'air,  et  l'on  expliquerait  ainsi  pourquoi  elle  vit  si  bien  sans  terre. 

En  résumé,  le  séjour  des  plantes  dans  nos  maisons  est  un  contre- 
sens physiologique.  Il  y  a  impossibilité  pour  elles  à  y  vivre  bien  et 
durablement;  la  destination  d'un  appartement  étant  d'être  clos,  c'est- 
à-dire  fermé  à  l'air  qui  se  renouvelle,  privé  de  la  lumière  de  la  voûte 
du  ciel,  conditions  naturelles  indispensables  aux  plantes.  On  ne  peut 
les  préserver  d'ailleurs  de  la  poussière  asphyxiante  qui  s'y  dépose  des 
murs,  des  meubles,  des  tapis,  des  tentures.  Si  des  plantes  exotiques, 
qui  n'ont  chez  nous  qu'une  vie  artificielle,  qui  ontété  habituées  toutes 
jeunes  à  l'air  raréfié  d'une  serre,  paraissent  s'accommoder  du  régime 
cellulaire,  il  faut  surtout  tenir  compte  des  soins  chaque  jour  mieux 
entendus  :  choix  des  plantes,  aération  des  racines,  lavage  des  feuilles, 
arrosements  en  rapport  avec  l'évaporation,  exposition  à  la  plus  grande 
lumière  possible,  égalisation  de  température.  Mais  ces  palliatifs  plus 
ou  moins  efficaces  pour  soutenir  le  semblant  de  vie  d'exilées  délicates, 
de  frileuses  anémiques,  sont  insuffisants  pour  les  exigences  d'indigènes 
robustes  qui  ont  vécu  toujours  à  l'air  libre  et  demandent  l'air  avant  tout. 

La  solution  pour  ces  dernières  serait,  en  tournant  la  difficulté,  de  les 
placer  non  plus  à  l'intérieur  sans  air,  mais  à  l'air  sur  fenêtres,  oii  un 
peu  abritées  et  soustraites  à  la  fois  à  l'excès  des  intempéries  du  jardin 
et  à  l'atrophie  d'une  pièce  close,  elles  trouvent  l'air  et  la  lumière  dont 
elles  ont  besoin. 

En  mettant  sans  terre  des  plantes  de  jardin  qui  marquaient  fleur  à 
la  fin  de  l'automne,  j'observai  bientôt  que  la  floraison  s'accomplissait 
très  bien  et  durait  extraordinairement  quand  elles  étaient  protégées 
des  intempéries.  J'ai  cru  jusqu'à  l'automne  dernier  que  ces  plantes 
devaient  être  tenues  sous  bâche  ou  en  appartement,  c'est-à-dire 
garanties  par  une  vitre.  C'était  une  erreur.  A  l'air,  sur  le  rebord 
extérieur  d'une  fenêtre,  elles  sont  au  hioins  aussi  durables,  et  beau- 
coup mieux  portantes,  plus  fraîches  et  plus  belles. 

Ce  sont  ces  résultats  que  je  vais  exposer.  Ils  me  semblent  avoir 
une  portée  considérable,  car  ils  s'obtiennent  sans  chauffage,  sans 
frais,  avec  le  minimum  de  soins.  Ils  changent,  simplifient,  étendent 
la  culture  sur  fenêtres,  la  seule  possible  à  l'immense  majorité  des 
amateurs  de  plantes  qui  n'ont  ni  serre  ni  jardin. 

(La  suite  procliainemenl).  Alfred   Dumesnil. 

RÉCOLTE  DES  POMMES  DE  TERRE  EN  1882  ' 

M.  Berge,  cultivateur  aux  Mossus,  donne  connaissance  de  la  note 
suivante  : 

1.  Discussion  au  Coniice  de  Lunévilie. 


226  RÉCOLTE  DES  POMMES  DE  TERRE  EN  1882, 

((  Les  dix  variétés  de  pommes  de  terre  qui  suivent  ont  été  plantées 
dans  un  terrain  homogène,  sablonneux,  graveleux,  très  perméable,  en 
très  bon  état  de  culture  et  de  fumure.  Les  tubercules  de  semences 
pesaient  40  grammes  l'un  ;  dans  la  plantation,  les  lignes  étaient  espa- 
cées de  O'^.TO  et  les  pieds  étaient  distants  de  0"\41  sur  la  ligne,  ce 
qui  fait  que  chaque  pied  occupait  une  surface  de  0"'.287  ;  il  y  avait  par 
conséquent  34,843  pieds  à  l'hectare,  et  les  semences  employées  à 
l'hectare  pesaient  1,393  kilog.  Chaque  lot,  placé  côte  à  côte,  compre- 
nait 100  pieds.  Dans  ces  conditions,  les  résultats  ont  été  les  suivants  : 

Glas-  Noms  Poids        Rendement    Pieds 

se-  des  des  à  man-  Observations, 

ments  variétés.  lots.  l'iiectare    quants. 

1  Magnum-bonum 81.0  28,222 

2  Champion 79.0  27,525  3  llcilog.  de  tachées. 

3  Van-der-veer(f. t.) 75.0  26,132  q  1  kilog.  5  de  tachées. 

4  Id  (ord.)...  71.0  24,738 

5  Earlv  roses 65.0  22,647  3 

6  Chardon  (nouv.) 64.0  22,299 

7  —         (anc.)    57.0  19,860 

8  Rouges  tardives 57.0  19,860 

9  Red  skiimed 54.0-        18,815  3 

20  Jeuxey 47.5  16,oo0  1 

M.  Paul  Genay  développe  ensuite  verbalement  les  observations 
résumées  dans  la  note  suivante  : 

«  J'ai  continué  à  observer,  comme  je  le  fais  depuis  plusieurs 
années,  la  valeur  comparée  des  quelques  variétés  de  pommes  de  terre, 
qui  ont  la  réputation  d'être  les  plus  profitables  à  l'agriculture. 

((  Les  observations  que  j'ai  faites  depuis  1876,  m'ont  a  mené  à  faire 
sortir  du  champ  d'étude  et  à  introduire  en  grande  culture  celles  des 
variétés  qui  me  paraissaient  réunir  la  plus  grande  somme  des  quali- 
tés que  recherche  le  cultivateur.  On  remarquera,  heureuse  coïncidence 
pour  l'étude  mais  pas  pour  moi,  que  cette  mise  en  grande  culture  se 
fait  dans  une  année,  dont  l'été  et  l'automne  ont  été  très  pluvieux,  ce  qui 
est  tout  à  fait  défavorable  aux  pommes  de  terre,  lesquelles  sous  l'in- 
fluence de  l'humidité,  ont  été  affectées  directement  dans  la  quantité 
du  produit  et  aussi  par  la  maladie.  Aussi  paarra-t-on  bien  juger  de  la 
résistance  de  certaines  variétés  à  la  maladie  et  à  l'humidité,  dans  un 
sable  siliceux  compact  à  sous-sol  imperméable  mais  drainé. 

«  Le  tableau  I  renferme  les  résultats  obtenus  en  grande  culture  : 

Noms  Produit  à  l'hectare, 

des  Surface        '      "■— — "       '         ■  Maturité, 

variétés.  cultivée.      Saines.  Tachées  dures. 

fi-  a.               kil.  kil. 

Van-der-veer 7.20  12,000  5,000          1  octobre. 

Magnum  Bonum 5.70  14,000  500          5  septembre. 

Red-Skinned 3.00  9,000  2,000  25  septembre. 

Champion...., 0.46  20,625  1,100           1  octobre. 

•leuxey    2.50  11,250  500           1  septembre, 

Early   rose 0.85  15,000  1,000  15  août. 

Merveille  d'Amérique >  0.20  7,000  15  septembre. 

Van-der-veer.  —  Les  tubercules  coupés  pour  la  semence  ont  donné  une  mau- 
vaise levée,  un  quart  des  plans  a  manqué.  — 

Les  tubercules  récoltés  avaient  une  très  irrégulière  forme,  les  féculiers  se  plai- 
gnaient de  ne  pouvoir  les  laver  convenablement  et  par  conséquent  de  ne  pouvoir 
faire  de  belle  fécule. 

Magnum-Bonum.  —  Les  tubercules  coupés  pour  la  semence  ont  aussi  bien 
poussé  que  les  non  coupés.  Tubercules  très  nombreux,  pas  très  gros,  de  très  belle 
forme,  lisse,  ovoïde.  Excellente  qualité  ordinaire.  Les  tubercules  s'étendent  au 
loin  autour  du  pied. 

Red-Skinned. —  Les  tubercules  coupés  pour  la  semence  ont  très  mal  levé,  envi- 


RÉCOLTE   DES  POMMES  DE  TERRE  EN    1882.  227 

ron  un  tiers  des  plants  a  manqué,  ce  qui  est  cause  de  l'abaissement  du  produit. 
Les  tubercules  restent  groupés  autour  de  la  tige,  ils  sont  gros  et  peu  nombreux. 
Ils  se  gardent  mal  en  cave  cette  année. 

Champion.  —  Les  tubercules  coupés  pour  la  semence  ont  bien  levé.  Les  tuber- 
cules sont  nombreux  sous  le  pied,  de  forme  ronde  légèrement  aplatie,  yeux  assez 
profonds.  De  bonne  quabté  pour  la  cuisine. 

Jeuxey.  —  Cette  variété  a,  d'une  manière  générale,  peu  produit  cette  année.  Les 
pommes  de  terre  sont  de  bonne  qualité  culinaire. 

Early  rose.  —  Plantée  dans  un  sable  graveleux  sec.  Li  qualité  culinaire  est 
inférieure  cette  année. 

Merveille  d'Amérique.  —  Une  quantité  énorme  de  tubercules  étaient  entière- 
ment pourris  à  l'arrachage. 

«  Les  observations  faites  en  grande  culture  sont  aussi  corroborées 
par  celles  faites  au  champ  d'étude,  lequel  a  été  établi  au  milieu  d'une 
pièce  plantée  en  pommes  de  terre.  Cliaqne  variété,  dans  ce  champ 
d'étude,  possédait  100  pieds,  l'espacement  de  0"'.70  sur  0'".40 
était  le  même  pour  toutes  les  variétés,  le  poids  des  semences  |par 
pied  était  de  40  grammes.  (Un  même  poids  de  semence  occupait 
donc  une  même  surface  de  terre.)  Les  semences  étaient  des  tubercules 
entiers. 

«  Le  tableau  renferme  les  résultats  donnés  par  le  champ  d'expé- 
rience : 

Valeur 
comparée  des 
Noms  Produit  Richesse      loo  kilog. 

des  à  pour  100        de  pommes 

Variétés.  l'iiectare.     en  fécule  verte,    de  terre. 

Van-der-veer ;2.000  21.5  4.95 

Magnum-Bonum 15,000  34.0  5.55 

Red-Skinned 13,000  215  4.95 

Champion 22,000  28.0  (5.55 

Jeuxey J0,500  22.5  5.20 

Merveille  d'Amérique 14,000 

■Rouge  tardive 11 ,000 

Chardon 16,000  16  5  4.45 

Le  produit  renferme  les  pommes  de  terre  saines  et  tachées  dures  ;  la  récolte  a 
été  faite  au  fur  et  à  mesure  de  la  maturité,  afin  de  ne  pas  avoir  de  tubercules 
pourris  dont  on  n'aurait  pas  pu  constater  le  poids. 

Les  essais  pour  la  fécule  ont  été  faits,  trois  fois  pour  chaque  variété,  à  la 
main  avec  une  râpe  de  ménage,  en  râpant  pour  chaque  fois  la  moitié  des  tuber- 
cules d'un  poids  de  2  kilog.  et  en  ayant  soin  de  râper  chaque  tubercule  dans  le 
sens  de  la  longueur  de  la  pomme  de  terre.  La  pulpe  obtenue  a  été  lavée  sur  un 
tamis  n»  100.  La  fécule  a  été  ensuite  lavée  deux  fois  sur  le  même  tamis,  puis 
laissée  égouter  sur  des  toiles  pendant  douze  heures. 

3.  Le  prtx  de  la  fécule  verte  est  porté  à  24  fr.  les  100  kilog.  en  déduisant 
Ofr.25  par  chaque  100  kilog.  de  pommes  de  terre,  somme  estimée  valoir,  avec 
les  pulpes,  les  frais  de  fabrication  de  la  fécule  verte. 

M.  Parmentier  dit  que  dans  un  bon  sol  sablonneux  et  avec  la  Van- 
der-Veer  à  fortes  tiges,  dont  il  a  eu  la  semence  chez  M.  Genay,  il  a 
obtenu  30,000  kil.  à  l'hectare  d'une  bonne  pomme  de  terre  pas  tachée; 
il  avait  planté  les  tubercules  entiers  et  il  n'a  pas  eu  de  manque. 

M.  PoiREL,  d'Athienville,  a  coupé  les  gros  tubercules  de  Van-der- 
veer,  il  a  fait  les  mômes  observations  que  M.  Genay,  quant  à  la  levée 
et  à  la  maladie,  M.  Poirson,  de  Damelevières,  parle  dans  le  même 
sens.  M.  André,  de  Mattevey,  confirme  les  dires  précédents  au  sujet 
des  Van-der-Veer  ;  il  cultive  aussi  la  Red-Skinned  dont  il  était  fort 
content  jusqu'ici,  mais  cette  année  elle  a  mal  levé  et  les  tubercules 
se  pourrissent  à  la  cave. 

M.  René  Collesson  fait  observé  que  son  père  évite  la  pourriture  en 


2*28  RÉCOLTE  DES  POMMES  DE  TERRE  EN  1882. 

Ccave  en  saupoudrant  ses  pommes  de  terre  avec  de  la  cliaux  au  fur  et 
à  mesure  de  la  mise  en  cave.  Cette  année,  il  n'a  cultivé  que  des  Ma- 
gnum-Bonum,  il  n'en  a  pas  eu  de  tachées,  mais  le  rendement  laisse  à 
désirer,  il  a  eu  le  bas  de  ses  pièces  complètement  noyé. 

M.  Berge  fait  remarquer,  au  sujet  des  Van-der-Veer,  dont  il  avait 
une  grande  quantité,  que  dans  les  sables  doux  et  secs,  la  forme  des 
tubercules  a  été  fort  Ijolle;  c'est  seulement  dans  les  terres  fraîches  et 
plus  fortes  que  l'on  a  à  se  plaindre  de  la  forme  et  de  la  pourriture. 

M.  Gena.y  sait  que  chez  Al.  Suisse,  la  Van-der-veer  sest  comportée 
comme  à  Bellevue,  tandis  que  la  Red-Skinned  a  donné  une  fort  belle 
levée,  très  régulière,  quoique  les  tubercules  employés  comme  semence 
ait  été  coupés.  La  Magnum-Bonum  a  été  à  Moncel  à  peu  près  indemne 
quant  à  la  maladie.  M.  Genay  ajoute  que  cette  dernière  observation  a 
été  faite  aux  Merchines  par  M.  Miilon,  et  aussi  sur  un  autre  point  de 
la  Meuse.  Tous  les  membres  présents  qui  ont  cultivé  cette  variété 
conlirment  le  fait  sans  exception.  M.  l'abbé  Harmant,  directeur  de 
l'orphelinat  agricole  de  Haroué,  a  bien  voulu  communiquer  au  Comice 
les  observations  qu'il  a  faites  sur  les  pommes  de  terre. 

Comme  rendement,  ce  sont,  pdir  ordre,  la  Red-Skinned,  la  Magnum- 
Bonum,  la  Yan-der-Vcer  (fortes  tiges),  la  Jeuxey,  la  Chave,  le  Bailly 
rouge  et  la  Séguin  qui  ont  fourni  le  plus. 

La  Merveille  d'Amérique  et  la  Grampian  étaient  à  peu  près  indemnes 
de  pourriture,  la  Red-Skinned  abien résisté  aussi  atout  point  de  vue; 
cette  variété  semble  devoir  être  préférée  à  toute  autre  dans  les  fortes 
terres.  Ses  produits  sont  énormes  et  ce  n'est  jamais  au  détriment  du 
nombre  des  tubercules;  parmi  les  nouveautés,  c'est  celle  qui  de  beau- 
coup rallie  le  plus  de  suffrages,  sa  qualité  n'est  qu'ordinaire  au  niveau 
cependant  des  autres  pommes  de  terres  de  grande  culture. 

L'ensemble  de  ces  observations  prouve  bien  une  fois  de  plus,  dit 
M.  Noël,  président,  combien  oa  doit  être  sobre  de  conclusions  en 
agriculture;  les  années  ont  une  influence  énorme  sur  les  produits  du 
sol,  en  quantité  comme  en  qualité.  M.  le  président  remercie  les  men- 
bres  du  Comice  qui  ont  communiqué  à  la  réunion  le  précieux  résultat 
de  leurs  observations  pratiques,  sur  le  terrain. 

SESSION  DE  LA  SOCIÉTÉ  DES  AGRICULTEURS 

DE    FRANGE.   —  IL 

Après  la  séance  d'ouverture  dont  nous  avons  rendu  compte,  les  tra- 
vaux delà  Session  ont  commencé. 

Séance  du  30  janvier.  —  La  plus  grande  partie  de  cette  séance  est 
consacrée  à  la  lecture  de  rapports  sur  les  concours  ouverts  par  la 
Société. 

Tout  d'abord,  M.  H  Vilmorin  fait  connaître  les  résultats  du  concours 
ouvert  pour  la  culture  du  blé  dans  les  départements  des  Basses-Alpes, 
de  l'Hérault  et  delà  Vendée.  —  Dans  les  Basses-Alpes,  trois  prix  sont 
décernés  :  600  fr.  à  M.  de  Lotts,  à  Saint-Tulle,  qui  a  obtenu  25  hec- 
tolitres à  l'hectare;  200  fr.  à  M.  Dherbès,  à  Manosque,  qui  a  obtenu 
22 hectolitres  par  hectare;  200  fr.  à  M.  Liforest,  à  la  Grande-Bastite, 
qui  a  obtenu  le  même  rendement.  —  Dans  l'Hérault,  un  prix  unique 
est  attribué  à  M.  Marignan,  à  Marsillargues,  qui  a  obtenu  25  hecto- 
litres  par   hectare.    —    Dans  la    Vendée,   quatre   prix    sont    décer- 


SESSION  DE  LA.  SOCIÉTÉ  DES  AGRICULTEURS  DE  FRANCE.  229 

nés  :  400  fr.  à  M.  Auguste  Vincendeau,  à  Siint-Philbert;  300  fr. 
à  M.  Bridonneau,  àThonarsais  ;  200  ff.  à  M.  Charpentier,  à  Bel-Air; 
lOO  fr.  à  M.  Pierre  Vincendeau,  à  l'Acheneau. 

Sur  le  rapport  de  M.  de  MonicauU,  relatif  au  prix  Léonce  de 
Lavergae,  deux  médailles  d'or  sont  décernées  à  Î\I.  Nicolas,  professeur 
départemental  d'agriculture  à  Oran  (Algérie),  et  à  M.  Dufourc-Bazin, 
professeur  départemental  dans  les  Landes.  —  Sur  le  rapport  de 
M.  Blanchemain,  le  prix  Aultmann  est  attribué  à  M.  Massé,  éleveur  à 
Germigny  (Cher),  pour  son  troupeau  de  moutons. 

Il  eàt  donné  lecture  d'un  rapport  de  M.  Bordet,  sur  les  griefs  de 
l'agricnltiire.  D'après  ce  rapport,  ces  griefs  peuvent  se  résumer  dans 
les  propositions  suivantes  :  1°  l'agriculture  n'est  pas  représentée  aussi 
bien  que  l'industrie;  les  chambres  consultatives  ne  se  réunissent  pas, 
elles  sont  du  reste,  à  la  nomination  des  préfets;  2°  l'agriculture  n'a  pas 
le  même  crédit  que  l'industrie,  il  est  urgent  que  le  projet  de  loi  sur  le  . 
crédit  agricole  mobilier  déposé  le  20  juillet  dernier  au  Sénat  par  le 
gouvernement  soit  voté  au  plus  tôt;  3"  l'ap^ricullure  paye  plus  que  sa 
part  dans  les  charges  publiques;  la  propriété  rurale  paye  24  pour  100 
de  son  revenu,  la  propriété  urbaine  20  pour  100,  la  propriété  mobi- 
lière 8  pour  100  ;  4"  la  terre  paye  l'impôt  même  quand  elle  ne  donne 
pas  de  revenu  ;  la  Société  des  agriculteurs  a  donc  le  droit  et  le  devoir 
de  demander  que  les  corps  de  ferme  vacants  et  les  champs  incultes 
puissent  obtenir  des  remises  ou  modérations  comme  il  en  est  accordé 
aux  maisons  non  louées  et  aux  usines  en  chôma2:e  ;  5"  l'agriculture 
paye  à  elle  seule  les-trois  quarts  des  prestations;  6"  l'agriculture  na 
pas  l'égalité  devant  l'enregistrement.  En  conséquence,  la  Commission, 
propose  à  l'assemblée  d'émettre  le  vœu  :  «  qu'il  soit  apporté  par  les 
pouvoirs  publics  à  la  législation  existant  sur  les  points  sus-indiqués 
des  modifications  ayant  pour  effet  de  supprimer  les  inégalités  de  trai- 
ment  dont  souffre  l'agriculture  et  de  la  placer  au  point  de  vue  légal 
dans  la  situation  due  à  la  première  de  nos  industries..»  Ce  vœu  est 
adopté. 

Séance  du  31  janvier.  —  Sur  la  proposition  de  la  Section  d'horli-    ' 
culture  et  sur  le  rapport  de  M.  Michelin,  une  médaille  d'or  a  été  altri- 
buée  à  M.  DudoLiy  pour  ses  études  sur  l'application  des  engrais  chi- 
miques à  l'horticulture. 

Sur  le  rapport  de  M.  Séverin- Leroy,  le  prix  agronomique,  pour  le 
concours  ouvert  sur  la  comptabilité  agricole  est  décerné  à  M.  de  Sau- 
vage. 

M.  lienry  Mares  fait  un  exposé  intéressant  des  efforts  qui  sont 
poursuivis  par  les  viticulteurs  dans  la  lutte  contre  le  phylloxéra.  Il 
entre  dans  des  détails  précis  sur  les  résultats  obtenus,  d'une  part, 
par  la  submersion;  d'aulre  part,  par  les  insecticides;  d'autre  part 
enfin,  par  la  culture  des  vignes  américaines.  Il  insiste  sur  les  services 
que  la  création  des  syndicats  de  viticulteurs  a  rendus  dans  la  plupart 
des  régions  atteintes  par  le  fléau.  Il  conclut  en  affirmant  que  la  viti- 
culture a  le  droit  d'avoir  confiance  dans  l'avenir.  Cet  exposé,  qui  est 
écoute  avec  une  vive  attentio.i,  se  termine  par  l'expression  de  deux 
vœux,  l'un,  sur  l'exécution  du  canal  dérivé  du  Rhône;  l'autre,  sur 
l'exonération  d'impôt  foncier  en  faveur  des  vignobles  récemment 
reconstitués. 

M.   de  Parieu  fait  connaître  que  la  Section  d'enseignement  agri- 


230  SESSION  DE  LA  SOCIILTÉ  DES  AGRICULTEURS  DE  FRANCE. 

cole  s'est  occupée  de  la  question  des  écoles  d'agriculture,  dont  le 
nombre  est  trop  restreint  en  France.  Dans  le  centre  et  dans  l'est,  le 
manque  d'écoles  d'industrie  laitière  se  fait  sentir  de  plus  en  plus;  il 
est  temps  de  revenir  au  pio^ramme  d'instruction  agricole  posé  en 
1848  par  le  ministre  Tourret.  En  conséquence  la  Section  propose  le 
vœu  suivant  :  «  La  Société  des  agriculteurs  demande  que  le  gouver- 
nement reprenne  l'organisation  de  renseignement  régional  de  l'agri- 
culture, d'après  la  loi  du  4  octobre  1848,  principalement  dans  Tinlérêt 
du  sud-ouest,  du  centre  et  de  l'est  de  la  France,  qui  n'ont  ni  grande 
école  régionale  ni  école  pratique.  Elle  fait  particulièrement  remarquer 
que  les  besoins  de  la  culture  pastorale  si  développée  dans  les  mon- 
tagnes du  centre  manque  d'établissements  pour  l'enseignement  pra- 
tique et  expérimenta]  de  l'industrie  laitière.  »  Ce  vœu  est  adopté  après 
quelques  observations  de  M.  deMonicault,  qui  estime  qu'il  est  utile  de 
réclamer  plus  vivement  la  création  d'écoles  régionales  dans  toutes  les 
contrées  de  la  France,  et  surtout  de  protester  encore  une  fois  contre 
les  suppressions  qui  ont  été  faites  autrefois,  et  notamment  contre 
celle  de  l'école  de  la  Saulsaie  qu'il  lui  paraît  urgent  de  réorganiser. 

M.  F.Vasillière  donné  les  résultats  du  concours  d'enseignement  agri- 
cole ouvert  entre  les  instituteurs  et  institutrices  des  départements  des 
Ardennes,  du  Rhône,  Haute  Loire,  Hautes-Pyrénées,  Hérault,  Manche, 
Morbihan,  Pas-de-Calais,  Seine-et-Marne,  Vendée.  58  concurrents  dont 
deux  femmes  ont  pris  part  à  ce  concours.  Parmi  les  lauréats,  il  faut 
citer  M.  Grimbert,  de  Dirion  (Pas-de-Calais),  qui  a  obtenu  une  médaille 
d'or  grand  module;  M.  Carnier,  de  Courquetai-ne  (Seine-et-Marne); 
M.  Aubril,  à  Saint-Planchers  (Manche);  M.  AUouchery,  à  Herbelles 
(Pas-de-Calais);  M.  Galande,  de  Laran  (Hautes-Pyrénées),  et  M.  Ri- 
chard ,  à  Quincy  (Seine-et-Marne),  auxquels  il  a  été  attribué  des  médailles 
d'or.  Dix  médailles  d'argent,  dix  de  bronze  et  huit  mentions  hono- 
rables ont  été  aussi  accordées. 

Séance  du  V  février.  —  La  séance  a  été  presque  entièrement  con- 
sacrée à  deux  graves  questions,  celles  de  l'élevage  des  chevaux  et  celle 
du  régime  des  eaux.  Auparavant,  M.  de  Roscoat,  présente,  au  nom  de 
la  section  de  sylviculture,  un  rapport  sur  les  pépinières  créées  par 
l'administration  en  Sologne.  Organisées  à  la  suite  du  grand  hiver 
1870-80,  par  l'administration  des  forêts,  ces  pépinières,  destinées  à 
approvisionner  les  propriétaires  éprouvés  par  les  désastres,  ont  rendu 
déjà  de  grands  services  et  sont  appelées  à  en  rendre  de  plus  importants 
encore  dans  l'avenir.  La  Section  demande  à  l'assemblée  d'émettre  les 
vœux  suivants  :  T  que  l'Etat  continue  à  entretenir  les  pépinières  de 
Sologne,  et  que,  dans  ce  but,  les  crédits  nécessaires  soient  alloués; 
2"  que  le  Conseil  transmette  les  remercîments  de  la  Société  aux  agents 
forestiers  qui  ont  participé  à  la  création  de  ces  pépinières. 

M.  Meslay,  au  nom  de  la  Section  de  production  chevaline,  s'occupe 
des  conditions  de  l'élevaga  du  cheval  de  demi-sang  comparé  à  l'élevage 
du  cheval  de  trait.  Son  rapport  se  termine  par  les  résolutions  suivantes  : 
1"  que  le  gouvernement  autorise  et  prime  les  étalons  de  trait  dans 
tous  les  départements  où  le  cheval  de  trait  est  utile  ou  avantageux  à 
l'agriculture  ;  2"  que  le  gouvernement  augmente  le  budget  des  remontes 
et  autorise  ses  agents  à  élever  la  moyenne  du  prix  des  achats,  et 
que  la  remonte  s'efforce  de  n'acheter  qu'aux  éleveurs  et  agriculteurs 
de  façon  à  supprimer  l'intermédiaire  le  plus  possible. 


SESSION  DS  LA  SOCIÉTÉ  DES  AGRICULTEURS  DE  FRANCE.  231 

Après  une  assez  longue  discussion,  à  laquelle  prennent  part 
MM.  Basserie,  de  Lavalette,  Delacour,  le  texte  de  ces  vœux  est  adopté. 
M,  Duverdy  aborde  la  question  du  régime  des  eaux  qui,  comme  l'on 
sait,  est  en  ce  moment  l'objet  des  délibérations  du  Sénat.  A  le  suite  de 
son  rapport,  les  conclusions  qui  suivent  sont  adoptées.  «  1"  La  Société 
exprime  le  vœu  que  l'article  6  du  projet  du  gouvernement  sur  le  régime 
des  eaux  soit  maintenu  en  ajoutant  toutefois  qu'une  dénonciation 
devrait  être  faite  aux  pro-priétaires  du  fonds  supérieur  lors  de  la  con- 
struction d'ouvrages  apparents  sur  le  fonds  inférieur;  2°  la  Société 
exprime  le  vœu  que  dans  l'article  14  du  projet  de  la  Commission  du 
Sénat  il  soit  dit  que  les  contestations  prévues  par  cet  article  et  que  le 
règlement  des  indemnités  seront  jugés  par  les  tribunaux  civils;  3"  la 
Société  exprime  le  vœu  que  l'arlicle  'i3  du  projet  de  la  Commission 
soit  modilîé  en  ce  sens  qu'on  ne  puisse  jamais  révoquer  une  autorisa- 
tion donnée  par  l'adminislration  pour  faire  des  ouvrages  sur  un  cours 
d'eau  non  navigable  ni  flottable,  sans  indemnité;  4°  la  Société  exprime 
le  vœu  que  dans  les  déliliérations  ultérieures,  l'article  45  du  projet 
de  la  Commission  du  Sénat  sur  la  délimitation  des  fleuves  et  rivières 
du  domaine  public  soit  maintenue  à  la  place  de  la  rédaction  primitive 
du  projet  du  gouvernement. 

La  séance  est  terminée  par  un  rapport  de  M.  Brandin  sur  les  modi- 
fications à  introduire  diins  les  systèmes  de  culture  pour  la  région  du 
nord.  Nous  aurons  à  revenir  sur  ce  travail  important. 

Séance  du  2  février.  —  M.  Houdaille  de  Railly  expose  le  résultat  de 
ses  études  sur  les  modifications  qu'il  conviendrait  d'apporter  aux 
systèmes  de  culture  dans  la  région  du  centre.  Nons  aurons  à  revenir 
sur  ce  travail,  comme  sur  celui  de  M.  Brandin. 

M.  Le  Breton  revient  sur  les  conditions  imposées,  dans  certaines 
circonstances,  aux  adjudications  de  blé  par  l'intendance  militaire.  Il 
rappelle  les  faits  qui  ont  été  signalés  ici,  ainsi  que  les  mesures  qui 
ont  été  prises  pour  en  empêcher  le  retour.  Il  termine  en  demandant 
à  la  Société  de  voter  :  1"  qu'un  décret  portant  règlement  d'adminis- 
tration publique  enjoigne  aux  agents  de  la  guerre  de  donner  toujours 
la  préférence  aux  blés  français,  à  égalité  de  prix;  2"  que  les  adjudi- 
cations soient  fractionnées  en  lots  assez  faibles  pour  que  les  culti- 
vateurs puissent  devenir  directement  adjudicataires.  Après  quelques 
observations  présentées  par  M.  Lejeune  et  par  M.  le  colonel  Salvador, 
ces  vœux  sont  adoptés. 

Sur  le  rapport  de  M.  Ricard,  l'assemblée  renouvelle  le  vœu  que  la 
question  de  Tutilisation  agricole  des  eaux  du  Rhône  reçoive  une 
prompte  solution. 

M.  de  Calonne  propose  de  décerner  une  médaille  d'or  àM.Argonach, 
qui  est,  depuis  plus  de  vingt-cinq  ans,  professeur  libre  d'agriculture 
à  Quimperlé. 

Après  avoir  exposé  les  conditions  actuelles  de  l'élevage  et  du  com- 
merce des  chevaux  dans  le  Perche  et  le  Boulonnais,  M.  d'Aillières 
demande  à  la  réunion  d'exprimer  un  double  vœu  j)Our  la  création  de 
primes  de  monte  en  faveur  des  étalons  de  trait  et  pour  l'organisation 
d'un  concours  général  de  chevaux  de  trait  qui  pourrait  être  annexé  au 
concours  général  agricole  de  Paris.  Ces  vœux  sont  adoptés. 

La  séance  se  termine  par  un  exposé  fait  par  M.  Ameline  de  la 
Briselainne  sur  la  question  de  la  représentation  de  l'agriculture.  La 


232  SESSION  DE  LA  SOCIÉTÉ  DES  AGRICULTEURS  DE  FRANCE. 

Société  des  agriculteurs  de  France  renouvelle  le  vœu,  plusieurs  fois 
exprimé,  du  retour  pur  et  simple  à  la  loi  de  1851  sur  la  représen- 
tation oificielle  et  élective  de  l'agriculture. 

(La  suite  prochainemenl).  Henry  Sagnier. 

CONCOURS  D'ANIMAUX  GRAS  DE  PAMIERS 

Une  journée  magnifique  a  permis  aux  agriculteurs  des  communes 
les  plus  reculées  du  département  de  se  rendre  au  concours  d'animaux 
de  boucherie  qui  a  eu  lieu  à  Pamiers  le  dimanche  28  janvier. 

L'affluence  était  énorme,  et  sur  l'estrade  on  voyait  au  milieu  des 
membres  de  la  Société  d'agriculture,  non  seulement  les  autorités 
civiles  mais  le  colonel  du  59"  de  ligne  avec  ses  oi'iiciers. 

La  Société  des  agriculteurs  de  France  avait  envoyé  deux  médailles 
d'argent  grand  module  et  deux  médailles  de  bronze.  La  ville  de 
Pamiers  avait  aussi  donné  une  médaille  de  vermeil  et  deux  médailles 
d'argent. 

Les  sujets  de  l'espèce  bovine  au  nombre  d'^  64  paires  (128  têtes)  et 
dont  le  poids  variait  de  1846  à  1534  kilog.,  étaient  dans  un  état  d'en- 
graissement si  parfait,  que  le  jury  chargé  de  décerner  les  primes  s'est 
trouvé  très  embarrassé  pour  faire  hes  choix  et  aurait  bien  désiré,  ce 
qui  n'était  pas  possible,  pouvoir  accorder  des  prix  supplémentaires  à 
des  éleveurs  qui  méritaient  bien  des  encouragements. 

L'espèce  ovine  comprenait  1 6  lots  de  moutons  (ensemble  1 70  têtes) 
et  dont  le  poids  variait  de  80  à  65  kilog. 

L'exposition  de  l'espèce  porcine  était  des  plus  remarquables  : 
64  sujets  dont  le  poids  variait  de  312  à  275  kilog. 

Les  volailles  grasses,  chapons,  dindons,  pintades  faisaient  l'admi- 
ration d'un  public  nombreux  qui  se  pressait  autour  de  celte  appé- 
tissante exposition. 

Les  fromages  ont  été  fort  appréciés  et  celui  d'Auzat  qui  a  eu  le 
premier  prix  a  valu  après  dégustation  les  félicitations  du  jury  à 
M.  Bertrand. 

La  valeur  totale  des  primes  décernées  a  été  de  4,250  francs. 

Il  faut  ajouter  que  presque  tous  les  animaux  se  sont  vendus  à  des 
prix  très  rémunérateurs,  ce  qui  non  seulement  dédommage  les  éle- 
veurs de  leurs  dépenses  et  de  leurs  soins,  mais  qui  nécessite,  pour  le 
remplacement  des  animaux  vendus,  de  nouveaux  achats  aux  éleveurs 
des  deux  autres  arrondissements  qui  y  trouveront  aussi  leur  compte. 

A.     RlG.VL, 

président  du  Coniice  de  Pamiers 

PARTIE  OFFICIELLE 

Décret  relatif  à  la  déliinitation  des  territoires  pliylloxérés. 

Le  Président  de  laRépubliijue  française, 

Sur  le  rapport  du  ministre  de  l'agriculture; 

A^u  la  loi  des  15  juillet  1878  et  2  août  1879  ; 

Vu  la  carte  dressée  conformémeat  à  l'article  2,  paragraphe  2  de  ladite  loi  ; 

Vu  le  décret  du  15  mai  1882,  rendaat  exécutoires  enFrance  les  dispositions  de 
la  convention  de  Berne  ; 

La  Commission  supérieure  du  phylloxéra  entendue, 
Décrète  : 

Art.  V.  —  Sont  déclarés  phylloxérés  les  arrondissements  de  : 

Bourg,  Belley,  Nantua*,  Trévoux  (Ain).  — Digue,  Forcalquier,  Sisteron  (Basses- 
Alpes). —  Embrun  (Hautes  Alpes).  —  Nice,   Grasse,  Puget-Théniers*  (Alpes- 


PARTIE  OFFICIELLE.  233 

Maritimes).  —  Privas,  Largentière,  Touraon  (Ardèche).  —  Foix*,  Pamiers 
(Ariège).  —  Garcassonne,  Castelnaudary,  Liinoux,  Narbonne  (Aude).  —  Rodez, 
Millau,  Saiiit-Affrique,  Ville [ranclie-de-Rouergue  (Avcyron).  —  Marseille,  Aix, 
Arles  (Bouches-du-Rliône).  —  Aurillac*  (Gmtal).  —  Angoulême,  Rarl)ezieux, 
Cognac,  Gonlolens,  Ruffec  (Gharente).  —  La  Rochelle*,  Saint-Jean-d'Angély, 
Jonzac,  Marennes,  Rochefort,  Saintes,  Oléron  (île  d')  (Gharente-Iriférieure).  • — 
Bourges*  (Gher).  —  Tulle,  Brive  (Gorrèze).  — Ajaccio,  Bastia,  Gorte  (Gorse).  — 
Dijon,  Beaune  (Gôte-d'Or).  —  Périgueux,  Bergerac,  Nontron,  Ribéia^i,  Sarlat 
(Dordogne).  —  Valence,  Die,  Montélimar,  Nyons  (Drôme).  —  Nîmes,  Alais, 
Uzès,  le  Vigan  (Gard).  —  Toulouse,  Muret*,  Saint-Gaudens*,  Villefrancbe* 
(Haute-Garonne).  —  Aucb,  Çoudom,  Lcctoure,  Lombez,  Mirande  (Gers).  —  Bor- 
aeaux,  Bazas,  Blaye,  Libourne,  la  Réole.,  Lesparre  (Gironde).  —  Montpellier, 
Béziers,  Lodève,  Saint-Pons  (Hérault).  —  Ghàteauroux,  Le  Blanc,  La  Châtre, 
Issoudun  (Indre).  —  Tours,  Chinon*,  Loches*  (Indre-et-Loire).  —  Grenoble, 
Saint-Marcellin,  la  Tour-du-Pio,  Vienne  (Isère).  —  Lons-le-Saulnier  (Jura).  — 
Mont-de-Marsan*,  Saint-Sever*  (Landes).  —  Blois,  Vendôme  (Loir-et-Cher.  — 
Saint-Etienne,  Monibrison,  Roanne  (Loire).  —  Le  Puy,  Brioude,  Yssingeaux 
(Haute-Loire).  —  Orléans,  Montargis*,  Pithiviers*  (Loiret).  —  Gahors,  Figeac, 
Gourdon  (Lot).  —  Agen,  Marmande,  Néiac.  ViUeneuve-sur-Lot  (Lot-et-Garonne). 

—  Florac,  Marvejols  (Lozère).  — Clermond-Ferrand  (Puy-de-Dôme).  —  Pau*, 
Bayonne*  (Basses-Pyrénées).  —  Tarbes*  (Hautes-Pyrénées).  —  Perpignan,  Géret, 
Prades  (Pyrénées-Orientales).  —  Lyon,  Villefrancbe  (Rhône).  —  Mâcon,  Autun, 
Chalon-sur-Saône,  Louhans*  (Saône-et-Loire).  —  Chambéry  (Savoie).  —  Annecy 
(Haute-Savoie).  —  Niort,  Malle,  Parthenay*  (Deux-Sèvres),  —  Albi,  Gaillac, 
Lavaur,  Castres  (Tarn).  — Montauban,  Gastelsarrazin,  Moissac(Tarn-et-Garonnc). 

—  Draguignan,  Brignoles,  Toulon  (Var).  —  Avignon,  Apt,  Carpentras,  Orange 
(Vaucluse).  —  Fontenay-le-Comte  (Vendée).  —  Poitiers,  Ghâtellerault,  Civray, 
Loudun,  Montmorillon  (Vienne).  —  Limoges*,  Rochechouart*  (Haute-Vienne). 

—  Et  le  canton  de  Ghâteau-Landon  ^Seine-et-Marne). 

Art.  2.  —  Les  vignes  étrangères  et  les  vignes  quelconques,  provenant  des 
arrondissements  phylloxérés,  ne  peuvent  être  introduites  dans  les  arrondissements 
autres  que  ceux  ci-dessous  désignés,  qu'en  vertu  d'un  arrêté  du  ministre  de 
l'agriculture,  pris  sur  la  demande  des  comités  d'études  et  de  vigilance  et  du 
conseil  général  du  département,  et  sur  l'avis  conforme  de  la  Commission  supé- 
rieure du  phylloxéra  : 

Digne,  Forcalquier    Sisteron  (Basses-Alpes).  —  Gap,  Embrun  (Hautes-Alpes). 

—  Privas,  Largentière,  Tournon  (Ardèche).  —  Garcassonne,  Narbonne  (Aude). 

—  Millau,  Sain t-Aft"ri que  (Aveyron).  —  Marseille,  Aix,  Arles  (Bouches-du- 
Rhône). — Angoulême,  Barbezieux,  Cognac  (Charente).  — La  Rochelle,  Saint- 
Jean-d'Angély,  Jonzac,  Marennes,  Rochefort,  Saintes  (Charente-Inférieure).  — 
Tulle,  Brive  (Gorrèze;).  —  Périgueux,  Bergerac,  Nontron,  Ribérac,  Sarlat  (Dor- 
dogne). —  Valenije,  Die,  Montélimar,  Nyons  (Drôme).  —  Nîmes,  Alais,  Uzès, 
Le  Vigan  (Gard).  —  Bordeaux,  Blaye,  Libourne,  La  Réole,  Lesparre  (Cironde). 

—  Montpellier,  Béziers,  Lodève,  Saint-Pons  (Hérault).  —  Vienne  (Isère).  — 
Saint-Etienne,  Montbrison  (Loire).  —  Gahors,  Figeac  (Lot).  —  Agen,  Marmande, 
Nérac,  ViUeneuve-sur-Lot  (Lot-et-Garonne).  —  Florac  (Lozère).  —  Perpignan, 
Géret,  Prades  (Pyrénées-Orientales).  —  Lyon,  Villefrancbe  (Rhône).  —  Màcon 
(Saône-et-Loire).  —  Niort  (Deux-Sèvres;.  —  Albi,  Gaillac,  Lavaur  (Tarn).  — 
Montauban,  Gastelsarrazin,  Moissac  (Tarn-et-Garonne).  —  Draguignan,  Bri- 
gaoles,  Toulon  (Var).  — Avignon,  Apt,  Carpentras,  Orange  (Vaucluse).  —  Poi- 
tiers, Chàtellerau  t,  Civray,  Montmorillon  (Vienne). 

Art.  3.  —  Les  préfets  de  tous  les  départements  adresseront  au  ministère  de 
l'agriculture,  avant  le  P''  octobre  de  cha  jue  année,  une  carte  indiquant  les  progrès 
de  l'invasion  du  phylloxéra  et  destinée  à  l'établissement  de  la  carte  générale  pliyl- 
loxérique  de  la  France,  conformément  aux  prescriptions  de  l'article  2  de  la  loi  du 
15  juillet  1878. 

Art.  k.  —  La  carte  générale  susvisée  sera  datée  à  chaque  renouvellement 
prescrit  par  la  loi  et  sera  tirée  à  un  nombre  d'exemplaires  sufrisani  pour  qu'il  en 
soit  distribué  dans  tous  les  chefs-lieux  de  départements  et  d'arrondissements  viti- 
coles,  suivant  les  besoins  du  service. 

*  Les  arron  lissements  marques  d'ua  astérisque  sont  ceux  dans  lesquels  il  n'existe  qu'un  ou 
quelques  points  d'attaque. 

1.  Sauf  l'ile  de  R6,  qui  rentre  dans  la  cilégorie   des  territoires  considérés  co:nme  indemnes. 


234  PARTIE  OFFICIELLE. 

j^Yt.  5.  —  L'an-êté  du  26  janvier  1882,  relatif  à  la  délimitation  des  territoires 
phylloxérés,  est  et  demeure  rapporté. 

j^Yt.  6.  —  Le  ministre  de  l'agriculture  est  chargé  de  l'exécution  du  présent 
décret. 

Fait  à  Paris,  le  31  janvier  1883.  Jules  Grévy. 

Par  le  Président  de  la  République  :  Le  minisire  de  l'agriculture,  de  Mahy. 

SOCIÉTÉ    NATIONALE    D'AGRICULTURE 

Séance  du  7  février  1883.  —  Présidence  de  M.  Chevreul. 

M.  Boilel,  inspecteur  général  de  l'agriculture,  fait  hommage  d'une 
étude  qu'il  vient  de  publier  sur  les  prairies  naturelles  et  les  plantes 
adventices  de  Test  de  la  France  et  de  la  Suisse;  —  et  M.  ProsperdeLafitte 
envoie  le  volume  qu'il  vient  de  publier  sur  la  lutte  contre  le  phylloxéra. 

M.  de  Retz  présente  une  notice  de  M.  Albert  Gourdin,  sur  ses  pépi- 
nières de  vignes  américaines.  Celte  notice  a  été  récemment  publiée 
dans  le /owr/m/.  M.  de  Retz  donne  quelques  détails  sur  un  nouveau  pro- 
cédé de  greffe-bouture  pour  la  vigne,  dû  à  M.  Briet,  et  qui  est  actuelle- 
ment essayé  à  l'Ecole  nationale  d'agriculture  de  Montpellier. 

M.  Viet  envoie  à  la  Société  la  bineuse  à  bras  pour  les  plantes  sar- 
clées qu'il  a  inventée. 

M.  d'Esterno  demande  à  la  Société  de  mettre  à  son  ordre  du  jour 
l'étude  de  la  falsification  des  engrais  commerciaux  et  des  mesures  à 
prendre  pour  la  réprimer.  M.  Chevreul  fait  observer  que  la  Société  ne 
peut  se  prononcer  que  sur  des  études  spéciales,  déterminées,  qui  sont 
soumises  à  son  examen. 

M.  Renou  présente  le  résumé  des  observations  météorologiques 
faites  pendant  le  mois  de  février,  à  l'observation  du  parc  Saint-Maur. 

M.  Gayot  donne  lecture,  au  nom  de  la  Section  d'économie  des 
animaux,  d'un  rapport  sur  un  mémoire  de  M.  Morot,  relatif  à  la  nature, 
l'origine  et  le  rôle  des  pelotes  stomacales  chez  les  léporidés.  L'origine 
stercorale  de  ces  pelotes  ressort  des  observations  et  des  expériences 
nombreuses  auxquelles  M.  Morot  s'est  livré  depuis  plusieurs  années  ; 
bien  plus,  il  résulterait  de  ces  expériences  que  l'ingestion  des  pelotes 
prises  à  l'anus  est  un  acte  indispensable  à  l'entretien  de  la  vie  de  ces 
animaux. 

M.  Pi  illieux  présente,  de  la  part  de  M.  Fréchou,  pharmacien  à  Nérac, 
une  étude  sur  le  mildew  dans  le  sud-ouest  de  la  France.  M.  Fréchou 
constate  que  les  vignes  fiançaises  sont  violemment  atteintes  par  le 
fléau,  et  que  les  moyens  de  défense  proposés  jasqu'ici  se  sont  trouvés 
impuissantiï. 

M.  Barrai  rappelle  des  expériences  auxquelles  il  s'est  livré  sur  les 
causes  physiques  qui  peuvent  amener  l'enrichissement  du  sol  en  azote 
ou  sa  déperdition  dans  la  terre.  Les  résultats  de  ces  observations  sont 
indiqués  dans  la  chronique  de  ce  numéro.  Henry  Sagnier. 

REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(10  FÉVRIER   U83). 
I.  —  Silualion  générale. 
Les  transactions  sont  peu  importantes   sur  la  plupart  des  marchés  agricoli  s. 
Toute  l'aclivité  des  cultivateurs   se  concentre  actuellement  sur  les  travaux  des 

laLours. 

II.  —  Les  grains  e(  les  farines. 
Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal  métrique, 
sur  les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger  : 


REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT   (10  FÉVRIER   1883).  235 


1"   RÉGION.  - 

-  XORD-OtTEST. 

Blé. 

Seigle. 

Orge. 

Avoine. 

fr. 

fr. 

fr. 

fr. 

Calvados.  Condé 

23. âO 

li  50 

18   50 

22 .  00 

—        Vire 

25 .  iO 

» 

19.70 

21.50 

Côt.-du-Nord.  Lannioa. 

23. -25 

» 

16.25 

17.50 

.      —        Tré^'uier.. 

22.75 

13. EO 

15.75 

16.75 

Finistère.  Morlaix 

24.50 

» 

14.00 

14.75 

—        LatiJeriieau. 

25.00 

16.25 

15.25 

15.00 

llle-el- Vilaine.  Hennés. 

25.00 

» 

15.50 

17.50 

—        Reiloa 

24.75 

15  50 

» 

19.00 

Manches.  Avranches... 

26.25 

., 

19.00 

21.50 

—        Ponloi'soii.. . 

2G.00 

» 

18  25 

20.00 

—        Villedieu 

26.50 

18.00 

18   50 

20.25 

Mayenne.  Laval 

25 .  -2:, 

)) 

15.50 

» 

—      Cliàteaii-ijontiei'. 

25   00 

16.25 

17.00 

17.50 

Morbihan,  llcnneboiit. . 

28.00 

17.00 

,1 

20 .  00 

24.25 
24   50 

!7.20 
18.50 

19.50 
17.25 

17.00 

—     Morlagne 

iD.OO 

Sarthe.  Le  Mans 

25.25 

15.50 

16.00 

21.25 

—       iMameis 

26.00 

» 

» 

» 

. 

Prix  moyens 

25.07 

16.72 

17.07 

18.53 

2"  RÉGION.   —  HORD. 

Aisne.  Laon 

23.25 

15.00 

17.00 

17.00 

—      Château-Thierry 

23.25 

15.00 

» 

16.50 

—      Soissons 

23.15 
23.50 

14.45 
14. CO 

» 
19.50 

16.90 

Eure.    Neubourg 

17.00 

—      Damville. ... 

23.75 

» 

20.50 

16.25 

—      Pacy 

23  50 

13.75 

19.70 

18.00 

Eure-et-Loir.  Chartres.. 

23.25 

14.25 

17  00 

17.00 

23  50 
25 .  00 

14.00 

.18.25 
18.00 

17.00 

—    Nogent-le-Roti-oa. 

17.25 

Nord.  Dunkerque 

25.00 

17.50 

21.00 

19.00 

—      Cambrai. 

25.50 

i> 

» 

» 

—      Douai 

24.00 
22.50 

15.50 
14.00 

18.25 
19.25 

15.  50 

Oise,  Beauvais 

16.50 

—    Comp.ègne 

22.25 

14.  SO 

» 

» 

22.00 
26.25 

14.50 
16.50 

» 
19.25 

17.00 

Pas-de-Calais.  Arras. . . 

15.50 

—    Doullens 

26.00 

14.50 

18.75 

15.00 

Seine.  Paris 

25.25 

15.50 

19.75 

18.00 

S.-et-Mar.  Melun 

24 .  00 

)) 

» 

16.50 

23.50 
25.25 

15.25 
15.00 

» 
19.50 

18.00 

—    Provins 

21.00 

S,-ei-Oise.  .\ngerville  . . . 

23.50 

» 

16.50 

17.25 

—    Pontoise 

24.00 

16,15 

18.00 

16.75 

—    Versailles 

23.25 

15.50 

17.00 

17.50 

Seine-Inférieure.  Rouen 

23  35 

14.20 

18.20 

19.75 

—    Dieppe 

23. dO 

14.00 

» 

13.50 

22.85 
22.50 

14.75 
14.50 

» 
17.50 

15.00 

Somme.  Abbeville 

15.25 

—    MontdiJier 

22.25 

14.50 

18.00 

16.50 

22.75 

14.40 

18.00 

17   50 

Prix  moyens 

23.67 

14.85 

13.44 

17.67 

3°  RÉGION. 

-  NOHD-EST 

Ardennes.  Charleville.  . 

24.25 

15.25 

19.50 

17.75 

—    Sedan 

23.75 
24.00 

16.00 
15.00 

17.00 
17.75 

19  70 

Aube.  Troyea 

17.00 

—    Nogeiit-sur-Seine. 

24.00 

15.50 

19.00 

18.00 

—    Mcry-sur-Seine.. . 

23  50 

15.00 

17.25 

I6..i0 

Marnr.  Chalons 

23.00 

16  00 

18.50 

16.50 

—     Epernay 

23.75 

15.00 

»  ■ 

17.50 

—    Reims 

23.75 
21. bO 

i5.80 

» 

18.50 

17.75 

Hie-Marne.  Bourbonne.. 

14    15 

Meurlhe-et-Mos.  Nancy. 

24. 00 

18.00 

17.50 

17.50 

23 .  50 
23.50 

16   00 
17.00 

17  00 
17.00 

16   50 

—    Pont-à-Mousson  .. 

16.00 

Meuse.  Bar-le-Duc 

23.50 

16.00 

16  00 

17.25 

—    Verdun 

23.50 
22.50 

15.25 
15.25 

16.50 
» 

16.75 

Haule-Sadne.  Gray 

15.50 

Vosges.  Neufchàteau 

22 .  40 

li.75 

16.50 

1 5 .  00 

Kpinal 

23.00 

15.25 

i> 

15.80 

—      Mirecourt 

22   75 

16.50 

17.00 

15.50 

Prix  moyens 

23.31 

15.74 

17.50 

16.70 

4"  rég:o:< 

.  —  OUEST. 

Charente.  .\ngouléme... 

26   50 

13.50. 

» 

20.00 

—    Ruflec 

26 .  00 

17.50 

» 

13.00 

Chwr.-Injér.  La  Rochelle 

24.00 

» 

17.00 

16.50 

Deux-Scvrcs.  Niort 

24.25 

» 

16.30 

17.50 

Indre-et-Loire.  Bléré 

24.25 

15.00 

19.00 

17.50 

—    Tours 

25.50 

16.00 

18.00 

17.50 

Loire-Inf.  Nantes 

26.00 

» 

» 

17.75 

M.-et-Loire.  Saumur... 

25  50 

15.75 

17.25 

17.75 

—    Angers 

24.25 
25.00 

15.50 

» 

20.00 
18.25 

19.00 

Vendée.  Luçon 

17.50 

—    Fonteaay-L-Comte 

24.50 

» 

17.50 

13.00 

Vvemie.  Poitiers 

26.25 

» 

19.50 

17.00 

—    Loudun 

25.75 

14.50 

18.75 

17.00 

Haute-  Vienne. .Litvoges. 

26.50 

18.00 

20.25 

18.50 

Prix  moyens 

26.73 

16.34 

18.39 

17.82 

Allier.  Moulins  .... 

—  Montiuçon... 

—  Gannat 

Cher.  Bourges 

—  Graçay 

—  S,aint.-.\.n)nnd. 
Creuse.  Aubu^son 
Indre.  Chàteaurou.x 

—  Issoudun  .... 

—  Valençay.... 
Loiret.  Orléans 

—  Gien 

—  Patay 

L.-cl-Cher.  Blois, 

—  Montoire 
Nièvre.  Nevers 

—  La  Charité 
Yonne.  Brienon 

—  Sens 

—  Saint-Florentin 

Prix  moyens 24.24     15.04 

6"  RÉGION.  —  EST. 
.lin.  Bourg 25.00 

—  Pont-de-Vaux 24.50 

Côld-d'Or.  Dijon 22.00 

—  Beaune 23.25 

Dowbs.  Besançon 23.65 

/s«re.  Grenoble 24  50 

—  Bourgoin 24.00 

Jura.  Dole 51.50 

Loire.  Charlieu 24.00 

P.-de-Dô/ne.  Issoire 25.50 

Rhône.  Lyon 24.75 

Saône-el- Loire.  Chalon. .  23.50 

—  Màcon ...     24.75' 

Lavoie.  Caa.mhévy 25.75 

Ille-Savoie.  Annecy 25 .  50 

Prix  moyens 24.11 

7'  RÉGION.  —  SITD-OUEST 
Ariège.  Foi.v 27. 'JO 

—  Pamiers 27   25 

Dordogne.  Bergerac...  27  20 

Hle-Garoane.  Toulouse.  23.75 

—  St-Gaudens 24.50 

Gers.  Condom 26.50 

—  Eauze 26.00 

—  Mirande 25  75 

Gironde.  Bordeaux 27.50 

—  -La  Réole 26.00 

Landes.  Dax   28.00 

Lot-et-Garonne. k^zn...  27.00 

—  Nérac 26.85 

B. -Pyrénées.  Bayonne..  27.00 

Htes-Pyrénées.  Tarbes..  27.25 

Prix  moyens 26.70 


13.20      17.16 


16.00 

» 

17.15 

15.50 

» 

17.00 

s 

14.00 

15.75 

» 

16.50 

16.25 

» 

» 

16.75 

16.25 

» 

21.00 

14.25 

16.75 

17.25 

(5.00 

16.50 

15.75 

16.00 

19.00 

18.25 

16.25 

19.25 

17.00 

15  00 

18.25 

18.25 

16.25 

18.00 

18.00 

15.75 

» 

17.50 

» 

» 

19.00 

» 

» 

18.25 

15  63     17.28     17.54 


17 

75 

20 

00 

17 

00 

20 

50 

18 

00 

19 

25 

17 

00 

19 

00 

19 

50 

18 

00 

18 

85 

21 

00 

20 
19 

25 
00 

» 

20 

50 

18 

20 

18 

75 

18 

00 

t7 

25 

18 

50 

19 

00 

20 

00 

19 
19 

eo 

50 

18 

00 

18 

50 

18 

25 

17 

50 

19 

00 

17.65      19.02      19.52 


) 

19 

00 

19 

50 

19 

25 

) 

16 

75 

22 

20 

» 

22 

10 

17 

.80 

18 

00 

13 

25 

) 

20 

50 

) 

17 

50 

18 

00 

17 

00 

17 

25 

18 

00 

17 

25 

17 

75 

17 

50 

21 

05 

25 

00 

18 

40 

> 

20 

25 

18 

.00 

20 

50 

17 

50 

19 

50 

20 

0) 

8"  RÉGION.  —  SUD. 

Aude.  Caslelnaudary.. .  27.50 
Aucijron.  Villefranche..  25.75 

Cantal.  Mauriac V5.35 

Co/Tc:e.  Luberzac 25.25 

Hérault.  Cette 26.75 

—  Montpellier 26.50 

Lot.  Cahors 26.75 

Lozère.  Mende 27.00 

Pyi'âiic'fc's-Oc. Perpignan.  27 .  75 
Tarn.  Albi 26.05 

—  Castres 27 .  50 

'/'arn-c^6'ar.  MontauDan  26.50 

Prix  moyens 26  64  18.76  19.14  19.15 

9'  rég:o\.  —  SUD-EST. 

liasses-Alpes.  Manosqae  28.00        »  »  22.00 

llautcs-Alpes.  iiv\;mi^o\\.  -n .'D'i  13.00         »  18.50 

Alpes- Maritimes. C3.n\\ti  27.00  18.25  18.00  19.00 

Ardéc/i«.  Privas 26.65  19.75  17.55  19.40 

B.-du-lihàne.  Arles 27.25        »  17.50  18.25 

Brome.  Romans 24.50  16.50        »  17.50 

Gard.  Nîmes 26.50         »  17.00  18.00 

Haute-Loire.  Brioude...  24.50  18.50  19.25  17.50 

Far.  Dragiiignan 27.50        »  »  17.75 

KaitcJuse.  Avignon 27.00        >>  17.25  18.75 

Prixmoyens 26.64     ;8.20     17.76     18.67 


Moy.  de  toute  la  France  25.24  16.55  18.09 

—  de  la  semaine  précéd.  25.05  16.51  17. 87 

Sur  laseraaineillausse.     0.19      0.04  0.22 

précédente.  .| Baisse..       »  )>  » 


18.02 
18.04 


236 


REVUE  COMMERCIALE  ET    PRIX  COURANT 


Algérie- 

Angleterre. 
Belgique . 


Pays-Bas. 

Luxembourg. 

Alsace-Lorraine. 


Allemagne. 


Suisse. 

Italie. 

Espagne. 

Autriche. 

Hongrie. 

Russie. 

Elats-Unis. 


Blé. 
fr. 

.,      (  blé  tendre...  26.80 

^'^^'(  blé  dur 2.5.75 

Londres 25.9.") 

Anvers 25.00 

Bruxelles 25  CD 

Liège 23.50 

Namur 23.00 

Amsterdam 24 .00 

Luxembourg 24.50 

Strasbourg 25 .  35 

Colmar 25.00 

Mulhouse 23  00 

Berlin • 22.85 

Cologne 24.35 

Hambourg 22.50 

Genève. 27  00 

Turin 25.00 

Valladolid 24.75 

Vienne 20.00 

Budapeslb 20.50 

Saint-Pétersbourg . .  22.05 

INew-York 23.35 


Seigle. 

Orge. 

Avoine. 

fr. 

fr. 

fr. 

» 

16.50 

16.00 

» 

19.35 

20.10 

17.75 

17.75 

17.00 

16.50 

» 

16.25 

17.00 

20.50 

17.00 

L5..50 

20  00 

16.00 

16.90 

» 

17.00 

18.25 

16.75 

17. .50 

18.00 

17.50 

18.00 

17.00 

17.75 

18.50 

16.60 

» 

» 

18.75 

» 

» 

16.50 

» 

» 

» 

» 

.    22.00 

18.50 

■> 

18.25 

15.25 

16.75 

14.00 

15  00 

16.50 

14  20 

15.00 

» 

12.25 

Blés.  —  Le  temps  a  continué  à  se  montrer  plus  favorable,  dans  un  grand 
nombre  de  départements,  aux  travaux  des  champs.  Les  labours  et  les  ti'ansports  de 
fumier  Font  poursuivis  avec  beaucoup  d'activité;  on  essaie  de  réparer  autant  que 
possible  le  temps  perdu.  Il  en  résulte  que  les  marchés  sont  peu  approvisionnés  ; 
d'autre  part,  la  meunerie  continue  à  ne  faire  que  des  achats  restreints  sur  le  plus 
grand  rombre  des  marchés.  Les  prix  ne  présentent  presque  partout  que  des 
variations  peu  importantes.  Les  exiioitations  d'Amérique  en  Europe,  ont  été  du 
]'-'  août  au  31  janvier,  de  27  millions  d  hectolitres  de  blé  contre  21  millions  à  la 
même  date  de  l'année  précédente.  —  A  la  halle  de  Paris,  le  mercredi  7  février, 
les  affaires  ont  été  peu  importantes;  mais  il  y  a  plus  de  fermeté  dans  les  prix. 
On  cotait  de  24  fr.  à  26  fr.  50  par  100  kilog.  suivant  les  qualités;  le  prix  moyen 
s'est  fixé  à  25  fr.  25.  —  Sur  le  marché  des  blés  à  livrer,  on  paye  :  courant  du 
mois,  26  fr.  25  à  26  fr.  50;  mars,  26  fr.  50;  mars  et  avril,  26  fr,  50  à  26  fr.  75  ; 
quatre  mois  de  mars,  26  fr.  75  à  27  fr.;  quatre  mois  de  mai,  27  fr.  50  à  27  Ir  75. 
—  Au  Havre.,  il  y  a  plus  de  fermeté  dans  les  cours  des  blés  d'Amérique;  les 
ventes  sont  faciles.  On  paye  de  2i  à  27  fr.  £0  par  100  kilog.  —  A  Marseille,  les 
ventes  ont  été  assez  actives  durant  cette  semaine;  les  prix  sont  bien  tenus  pour 
toutes  les  catégories;  les  arrivages  ont  été  de  4O,C00  quintaux  environ;  le  stock 
est  actuelh  ment  de  135,000  quintaux  dans  les  docks.  Au  dernier  marché,  on  payait 
par  100  kilog.  :  Red-winter,  27  fr.  50;  Berdianska,  26  fr.  50  à  27  fr.;  Mariano- 
poli,  26  fr.  50  Bessarabie,  24  fr.  à  25  fr.;  Pologne,  25  fr.  à  26  fr.  hO;  Buri,'as, 
23  fr.  —  A  Londres,  les  importations  de  blés  étrangers  ont  été  de  86,600  quin- 
taux depuis  huit  jours.  Les  ventes  sont  actives  et  les  prix  sont  en  hausse.  On 
cote  de  24  fr.  80  à  27  fr.  15  par  l*  0  kilog.  suivant  les  qualités  et  les  pi^ovenances. 

Farines.  —  La  situation  reste  la  même  ;  les  ventes  sont  toujours  peu  impor- 
tantes, et  les  prix  ne  varient  pas.  Pour  les  farines  de  consommation  on  cotait 
à  la  halle  de  Paris  le  mercredi  7  février  :  marque  de  Gorbeil,  61  fr.;  marques 
de  choix,  61  à  63  fr.;  premières  marques,  59  à  60  fr. ;  bonnes  marques,  58  à 
59  fr.;  sortes  ordinaires,  55  à  57  fr.;  le  tout  par  sac  de  59  kilog.  toile  à  rendre  ou 
157  kilog.net,  ce  qui  correspond  aux  cours  extrêmes  de  35  fr.  65  à  40  fr.  10  par 
100  kilog.,  ou  enmoyenne  37  fr.  85,  comme  le  mercredi  précédent.  — En  ce  qui 
concerne  les  farines  de  spéculation,  on  cotait  à  Paris,  le  meicredi  7  février  au 
soir  :  farine  sneuf -marques^  courant  du  mois,  59  fr.  50;  mars,  5  9  fr,  50;  mars  et 
avril,  59  fr.  50;  quatre  mois  de  mars,  59  fr.  75;  quatre  mois  de  mai,  60  fr.;  le 
tout  psr  sac  de  159  kilog.  toile  perdue  ou  157  kilog.  net.  —  Pour  les  farines  deuxiè- 
mes, les  cours  demeurent  sans  changements  ;  on  les  paye  de  26  à  33  fr,  par 
100  kilog.  à  Paris;  quant  aux  gruaux,  ils  valent  de  47  à  58  fr. 

Seigles.  —  Les  cours  varient  peu;  ils  s'établissent  à  la  halle  de  Paris,  à 
15  fr.  50  par  100  kilog.  —  Les  farines  de  seigle  valent  de  23  à  25  fr.  par  quintal. 

Orges.  —  Les  atïaires  sont  toujours  calmes;  mais  il  y  a  beaucoup  de  fermeté 
dans  les  prix.  Ceux-ci  sont  établis  de  18  fr.  75  à  20  fr.  75  par  10  i  kilog.,  suivant 
les  sortes.  —  Les  escourgeons  valent  de  18  5o  à  19  fr.  —  A  Londres,  les  impor- 
tations d'orges  ont  été  de  2^,000  quintaux  depuis  huit  jours;  on  les  cote  de  18  à 
20  fr.  65  par  100  kilog.,  suivant  les  sortes. 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (10  FÉVRIER  1883].  ^^37 

Malt.  —  Maintien  des  prix.  On  paye  les  malts  d'orge  25  à  32  fr.  par  100  ki- 
log.  à  Paris;  ceux  d'escourgeon,  de  28  à  30  fr. 

Avoines.  —  Il  y  a  des  ventes  assez  nombreuses,  et  les  prix  accusent  beaucoup 
de  fermeté.  On  paye  à  la  halle  de  Paris  de  17  fr.  à  19  fr  par  100  kilog.  suivant 
poids,  couleur  et  qualité.  —  A  Londres,  les  importations  d'avoines  ont  été  de 
82,000  quintaux  depu's  huit  jours  ;  les  prix  se  maintiennent.  On  cote  de  18fr.  50  à 
21   fr.  70  par  100  kilog,  suivant  les  qualités. 

Sarrasin.  —  Peu  d'affaires.  On  paye  à  la  halle  de  Paris,  15  fr.  50  à  16fr  par 
100  kilog. 

Maïs.  —  Les  offres  en  maïs  d'Amérique  sont  toujours  faibles.  On  paye  dans 
les  ports  18  fr.  50  à  19  fr.  par  100  kilog. 

Issues.  —  Même  cours  que  précédemment.  On  cote  à  Paris  :  gros  son  seul 
13  fr.  75  à  14  fr.;  son  trois  cases,  12  fr.  75  à  13  fr.  ;  son  fin,  Il  fr.  50  à  12  fr.; 
recoupettes,  12  fr.  à  12  fr.  50;  remoulages  bis,  15  à  16  fr.  ;  blancs,  17  à  18  fr., 
le  tout  par  liO  kilog. 

III.  — Fourrages,  graines  fourragères. 

Fourrages.  —  Il  y  a  maintien  des  prix,  avec  ventes  importantes  On  paye  dans 
Paris  par  1,000  kilog.  :  foin,  110  à  128  fr.;  luzerne,  112  à  128  fr.;  paille  de  blé, 
50  à  68  fr.;  paille  d'avoine,  50  à  58  fr, 

Graines  fourragères.  —  Les  ventes  sont  faciles  avec  des  prix  en  hausse.  On 
paye  à  Patis  par  quintal  métrique  :  trèfle  violet,  155  à  205  fr.  ;  trèfle  blanc, 
200  à  250  fr.;  luzerne  de  Provence,  155  à  175  fr.;du  Poitou,  125  à  135  fr.;  d'Italie, 
140  à  l'O  fr.;  minette,  65  à  85  fr.;  ray-grass  anglais,  62  à  65  fr.;  d'Italie, 
68  à  70  fr.;  sainfoin  à  une  coupe,    27  à  29  fr.  ;  à  deux  coupes,  30  à  32  fr. 

IV.  —  Fruits  et  légumes  frais. 

Fruits.  —  Dernier  cours  de  la  halle  :  poires,  le  cent,  5  fr.  à  100  fr.,  le  kilog., 
0  fr.   25   à  0   fr.  45;   pommes,  le  cent,   5  fr.  à  100  fr.  ;  le   kilog.,   0    fr.   20  à 

0  fr.  50;  raisins  communs,  le  kilog.,  5  à  10  fr. 

Gros  légumes.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  betteraves,  la  manne,  0  fr.  30  à 

1  fr.  30;  carottes  communes, les  100  bottes,  20  à  30  fr.;  d'hiver,  l'hectolitre,  3  fr.  à 
5  fr.  ;  de  chevaux,  les  100  bottes,  12  à  18  fr.;  choux  communs,  le  cent,  4  à  15  fr.; 
navets  communs,  les  100  bottes,  20  à  30  fr.;  de  Freneuse,  25  à35  fr.  l'hectolitre, 
3  fr.  à  3  fr.  50;  oignons  en  grain,  l'hectoHtre,  9  à  12  fr.  ;  panais  communs,  les 
lOO  bottes,  10  à  15  fr.;  poireaux  communs,  les  100  bottes,   30  à  70  fr. 

Pommes  de  terre.  —  Hollande  communes,  l'hectolitre,  14  à  16  fr.  ;  le  quintal, 
20  fr.  14  à  22  fr.  85;  jaunes  communes,  l'hectolitre,  10  à  12  fr.:  le  quintal, 
14  fr.  28  à  17  fr.  14;  saucisse  rouge,  l'hectolitre,  12  à  14  fr.;  le  quintal, 
17  fr.  14  à20  fr.  15. 

V.  —  lins,  spiritueux,  vinaigres,  cidres. 

Vins.  —  Nous  n'avons  pas  de  changements  importants  à  signaler  dans  la  situa- 
tualion  depuis  huit  jours.  La  reprise  dans  les  transactions  que  nous  avons  con- 
statées depuis  quelques  semaines  se  maintient,  mais  sans  que  les  affaires  soient 
très  importantes.  Ce  qui  seulement  doit  être  signalé,  c'est  que  les  ventes  se  font, 
dans  le  plus  grand  nombre  des  vignobles,  avec  une  réelle  fermeté  dans  les  prix, 
sauf  en  ce  qui  concerne  les  vins  défectueux.  Dans  presque  tous  les  départements, 
les  vignerons  profitent  du  temps  meilleur  qui  règne  pour  procéder  aux  travaux  de 
taille  de  la  vigne,  aux  labours  et  à  toutes  les  opérations  que  le  mauvais  temps 
avait  entravées.  Le  bois  est  généralement  bien  mûri.  Voici  les  derniers  cours, 
pour  les  vins  nouveaux  de  diverses  provenances  :  à  Narbonne,  les  vins  nouveaux 
valent  24  à  35  fr.  l'hectolitre  suivant  la  qualité;  à  Lézignan,  les  Aramons  sont 
cotés  25  à  26  fr.;  les  petits  Montagnes,  30  à  32  fr.;  les  Montagnes  ordinaires, 
33  à  35  fr.;  les  Narbonne,  37  à  45  fr.  —  A  Dijon,  les  vins  de  plaine  ordinaires 
sont  cotés  40  à  50  fr.  l'hectolitre;  ceux  des  côtes,  50  à  65  fr.  — Les  vins  du  Cher 
sont  cotés  de  100  à  110  fr.  la  pièce;  les  vins  blancs  de  Sologne,  50  à  75  fr.  — 
Dans  les  Charentes,  les  vins  rouges  nouveaux  sont  cotés  de  90  à  100  fr.  la  pièce; 
les  vins  blancs  pour  la  chaudière,  45  à  50  fr.  —  A  Cette,  on  paye  les  vins  d'Es- 
pagne, par  hectolitre  :  Alicante,  37  à  38  fr.;  Catalogne,  28  à  30  fr.;  Majorque, 
26  à  28  fr.  Les  vins  blancs  de  Catalogne  sont  vendus  de  25  à  30  fr.  suivant  leur 
valeur. 

Spiritueux.  —  Les  transactions  sont  toujours  peu  importantes  sur  la  plupart 
des  marchés,  et  nous  devons  constater  que,  pour  la  plupart  des  spiritueux,  les 
cours  se  maintiennent  avec  peine.  Les  stocks  continuent  à  être  partout  considé- 


238  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT 

râbles.  A  Paris,  il  est  actuellement  de  19,200  pipes,  contre  13.900  à  la  même 
date  de  1-82.  Sur  les  marchés  du  Midi,  on  cote  :  Nîmes,  3/6  bon  goût,  100  fr.; 
marc,  9ô  fr.;  Bézkrs,  3/6  bon  goût,  Io3  fr.;  marc,  95  fr,;  Celte,  3/6  bon  goût,  105  à 
110  fr.;  marc,  100  fr.;  Pézenas,  3/6  bon  goût,  102  fr.;  marc,  92  fr.  —  Dans  les 
Charentes,  les  cours  des  cognacs  sont  fermement  tenus,  —  Dans  le  Nord,  on  paye 
à  Lille,  48  fr.  50  par  hectolitre,  pour  l'alool  de  betteraves,  V^  qualité.  —  A  Paris, 
on  cote  :  3/n  betteraves,  1'"  qualité,  90  degrés,  disponible,  50  fr.;  mars,  50  fr.  50; 
mars  et  avril,  51  fr.  25  à  51  fr.  60;  quatre  mois  de  mai,  52  fr.  25.  —  A  Berlin, 
les  cours  des  flegmes  sont  bien  tenus  à  64  fr.  30. 

Vinaigres  —  Les  prix  demeurent  sans  changements  à  Orléans,  aux  taux  de 
notre  ])récédente  revue  :  vinaigre  nouveau  de  vin  nouveau,  40  à  42  fr.  l'hectolitre; 
vinaigre  nouveau  de  vin  vieux,  45  à  47  fr.;  vinaigre  vieux,  55  à  60  fr. 

RaisiJis  secs.  —  Cours  fermes.  On  paye  à  Marseille  :  Gorinthe,  49  à  50  fr,;  Thyra, 
40  à  42  fr,;  raisins  noirs,  32  à  36  fr.;  Beyrouth,  34  à  35  fr.;  Tripoli,  30  à  32  fr.; 
Chypre,  39  à  47  fr.;  Samos,'^40  à  41  fr.  50;  Alexandrettc  noirs,  37  à  38  fr.;  le  tout 
par  100  kilog. 

YI,  —  Sucres.  —  Mélasses.  —  Fécules.  —  Glucoses.  —  Anv'dons.  —  Ilouhlons. 
.  Sucres.  —  Les  affaires  sont  toujaurs  difficiles    sur  les  sucres  bruts.  Les  prix 
se  maintiennent  avec  beaucoup  de  peine  sur  le  plus  grand  nombre  des  marchés.  On 
paye  à  Paris  les  sucres  bruts  88  degrés  saccharimétriques,  50  fr,  75;  les  99  degrés 
57  fr.  75;  sucres  blancs,   57  fr.  75  à  58  fr.  ;  —  à  Lille,  sucres  bruts,  48  fr.  75 
sucres  blancs,  56  fr.   50;  à  Saint-Quentin,  sucres  bruts,  48  fr.  75  à  49  fr,   25 
sucres  blancs,  56  fr.  25;  à  Valenciennes,  48  fr.  25.  —  Le  stock  de  l'entrepôt 
réel  des  sucres  était,  au  7  février,  à  Paris,  de  859,000  sacs  pour  les  sucres  indi- 
gènes, avec  une  nouvelle  augmentation  de  12,000  sacs  depuis  huit  jours.  — La 
faiblesse  continue  sur  les  prix  des  sucres  raffinés;  ils  sont  cotés  de  104  à  105  fr, 
par  100  kilog.    à  la  consommation,  et  63  fr.  75  à  65  fr.   75  pour  l'exportation. 
—  11  y  a  peu  d'affaires  dans  les  ports  sur  les  sucres  coloniaux,  sans  changements 
dans  les  anciens  prix. 

Mélasses.  —  Les  prix  se  maintiennent.  On  paye  les  mélasses  de  fabrique  12  fr. 
par  100  kilog.;  celles  de  raffinerie,  14  fr. 

Fécules.  —  Peu  d'activité  dans  les  transactions,  avec  maintien  des  prix.  On 
cote  à  Paris  par  10 J  kilog.  :  39  à  40  fr.  pour  les  fécules  premières  du  rayon;  à 
Gompiègne,  38  fr,  pour  celles  de  l'Oise;  à  Epinal,  40  fr.  41  pour  celles  des  Vosges. 

Glucoses.  —  Les  prix  sont  en  baisse.  On  cote  à  Paris  :  sirop  de  froment,  53  à 
55  fr.;  massé,  42  à  43  fr.;  liquide,  34  à  36  fr. 

Houblons.  —  Dans  le  Nord,  les  affaires  sont  presque  nulles  ;  les  houblons  sont 
d'ailleurs  offerts  sur  les  marchés  en  très  faible  quantité.  On  paye  actuellement 
dans  le  Nord,  de  750  à  775  fr,  par  100  kilog.  En  Angleterre,  il  y  a  très  peu 
d'affaires,  avec  des  prix  faibles. 

Vtl.  —  Huiles  et  graines  oléagineuses,  tourteaux. 

Huiles.  —  Un  fort  mouvement  de  spéculation  se  produit  sur  les  huiles  de  colza, 
et  les  prix  sont  encore  en  hausse  cette  semaine.  On  paye  à  Paris  :  huiles  de  colza 
en  tous  fûts,  110  fr.;  en  tonnes,  112  fr.;  épurée  en  tonnes,  120  fr.;  huile  de 
lin  en  tout  fûts,  58  fr.  50;  entonnes,  60  fr.  50.  —  Sur  les  marchés  des  départe- 
ments, on  paye  les  huiles  de  colza  :  Rouen,  108  fr.  50;  Gaen,  100  fr.  ;  et  pour 
les  autres  sortes,  à  Cambrai,  œillette,  116  fr.;  Kn,  56  fr.  —  La  situation  reste 
sans  changements  dans  le  Midi,  pour  les  huiles  d'olive. 

Graines  oléagineuses.  —  On  paye  à  Arras  par  hectoKtre  :  œillette,  25  à  28  fr.  ; 
hns,  16  à  18  fr.  2ô;  cameline,  14  à  18  fr.  50. 

Tourleaux.  —  Les  prix  sont  fermes.  On  paye  à  Rouen  par  100  kilog.  :  tourteaux 
de  colza,  16  à  16  fr.  25;  de  lin,  19  fr.  50;  de  sésame,  15  fr.  25  à  15  fr.  50;  — 
A  Marseille,  tourteaux  de  lin,  16  fr.  75;  d'arachides  en  coques,  10  fr.  ;  décor- 
tiguées,  13  fr.  75;  sésanne  blanc  du  Levant,  15  fr.  ;  colza  du  Danube,  13  fr.  50; 
œillette,  12  fr.  50;  coton  d'Egypte,  12  fr.  55;  palmiste  naturel,  11  fr.  25; 
ricin,    12  fr. 

Engrais.  —  On  paye  à  Dunkerque  les  nitrates  de  soude  31  fr.  par  100  kilog. 
VJII.  —  Matières  résineuses,  colorantes,  etc. 

Matières  résineuses.  —  La  baisse  se  maintient.  On  paye  à  Bordeaux  85  fr. 
par  100  kilog.  pour  l'essence  pure  de  térébenthine.  —  A  Dax,  83  fr.  Les  gemmes 
se  vendent  aux  mêmes  prix  que  précédemment. 

Gaudts.  —  Où  paye  dans  le  Languedoc,  22  fr ,  par  100  kilog. 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (10  FÉVRIER   1883).  239 

Soufre.  — AMarseille,  les  soufres  sublimr.'s  pour  vignes  valent  19  fr.  50à20fr. 
par  lOû  kilog.  ;  les  soufres  triturés  raffinés,  18  fr.  25  à  19  fr.  ;  bruts,  16  fr.  25 
à  16  fi.  75. 

IX.  —  Textiles. 

Lins.  —  Dans  le  Pas-de -Calais,  les  lins  de  pays  sont  cotés  75  à  90  fr.  par  100 
kiJog.  suivant  la  qualité. 

Chanvns.  —  Il  y  a  peu  d'affaires  au  Mans.  Les  prix  des  chanvres  se  fixent  de 
66  à  76  fr.  par  KO  kilog.  pour  les  chanvres  blancs,  et  de  56  à  68  fr.  pour  les 
chanvres  gris. 

X,  —  Suifs  et  corps  gras. 

Suifs.  — Maintien  des  anciens  prix  On  paye  à  Paris,  101  fr.  par  100  kilog. 
pour  les  suifs  purs  de  l'abat  de  la  boucherie;  75  fr.  75  pour  les  suils  en  branches.. 

Cuirs  et  peuu-r.  —  Aux  ventes  mensuelles  delà  boucherie  à  Paris,  le  31  janvier. 
on  cotait  par  100  kilog.  :  bœuf,  8k  fr.  90  à  95  fr.  50  ;  vaches,  84  fr.  60  à  90  fr.  30  ; 
taureaux,  84  fr.  40;  veaux,.  130  fr,  70  à  UO  fr.  60. 

XI.  —  Beurres.  —  Œu/s.  —  Fromages.  —  Volailles. 

Beurres.  —  A  la  halle  de  Paris,  il  a  été  vendu,  pendant  la  semaine,  203,  566  ki- 
log. de  beurres.  Au  dernier  marché,  on  payait  par  kilog.  :  en  demi-kilog.,  2  fr.  80 
à  4  fr.  2-2;  petits  beurres,  2  fr.  02  à  3  fr.  28  ;  Gournay,  2  fr.  20  à  4  fr.  90;  Isi- 
gny,  2  fr.  86  à  8  fr.  14, 

CÈufs.  —  Il  a  été  vendu,  depuis  huit  jours,  à  Paris  5,835,385  œufs.  Au  dernier 
jour,  on  cotait  par  mille  :  choix,  112  à  1-25  fr.;  ordinaires,  74  à  95  fr.;  petits, 
68  à  70  fr. 

Fromages.  —  Derniers  cours  de  la  halle  :  par  douzaine.  Brie,  7  à  32  fr.;  Mont- 
Ihéry,  15  fr.  ;  —  par  cent.  Livarot,  52  fr.  à  108  fr.;  Mont-Dor,  12  fr.  à  32  fr.; 
Neufchâtel,  6  fr.  50  à  18  fr.  50;  divers,  9  à  87  fr.;  —  par  100  kilog.,  Gruyère, 
110  à  170  fr. 

Volailles.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris;  agneaux  12  fr.  à  23  fr.  ;  bécasses, 
2  fr.  50  à  H  fr.  ;  bécassines,  1  fr.  à  2  fr.  25;  cailles,  0  fr.  45  à  1  fr.  60;  canards 
barboteurs,  2  fr.  75  à  5  fr.  75;  crêtes  en  lots,  1  fr.  à  9  fr.  ;  dindes  gras  ou  gros, 
9  fr.  50  à  19  fr.  ;  dito  communs,  4  fr.  75  à  8  fr.  50;  lapins  domestiques,  I  fr.  .5 
à  5  fr.  75;  lapins  de  garenne,  1  fr.  25  à  5  fr.  75;  oies  communes,  4  fr.  25  à 
11  fr.  ;  pigeons  de  volière,  0  fr.   55  à   1  fr.  73;  pilets,   1  fr.  50  à  3  fr.  ;  pluviers, 

0  fr.  60  à  1  fr.  ;  poules  ordinaires,  3  fr.  à  4  fr.  50;  poulets  gras,  4  fr.  50  à  12  fr.; 
poulets  communs,    1  fr.   60  à  2  fr.  50;   rouges,    1   fr.  60   à  2   fr.   75;  sarcelles, 

1  fr.  25  à  2  fr.  80;  vanneaux,  0  fr.  tO  à  1  fr.  ;  pièces  non  classées,  0  fr.  25  à  4  fr. 

XII. ^ —  Cheoaux,  bétail,  viande. 
Chevaux.  —  Aux  marchés  des  31  janvier  et  3  février,  à  Paris,  on  comptait  974  che- 
vaux ;  sur  ce  nombre,  319  ont  été  vendus  comme  il  suit  : 

Amenés.  Vendus.  Prix  extrêmes. 

Chevaux  de  cabriotet 2G9  49  210  à      98.o  fr. 

—  de  trait 299  52  800  à  1,250 

—  hors  d'âge 279  91          20  à  1,000 

—  à  renchère 30  30          20  à      375 

—  de  boucherie 97  97          20  à      105 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  officiel  du  marché  aux 
bestiaux  de  la  Villette,  du  jeudi  1"''  au  m-ardi  6  février  : 

Poids      Prix  du  kilog,  de  viande  relte  sur 
Vendus  moyen  pied  au  marclié  du  5  février. 

Pour  Pour  En          4  quartiers.   1"             2*^  3'^  Prix 

Araenés.  Paris,  l'extérieur,  totalité.  kil.  quai.  quai.  qaal.  moyen. 

Bœufs 4,783  3,012  l,.o89  4,601  3.54  1.7C)  1.60  1.34  1.53 

Vaches 1,503  779  GG6  1,445  232  1.64  1.42  1.24  1.43 

Taureaux 199  155  36  191  386  1.50  1.35  1.25  1.37 

Veaux 2,874  1,804  867  2,671  76  2.40  2.20  1.96  2.18 

Moulons 32,387  26,077  5,763  31,840  20  2.34  2  18  1.98  2-10 

Porcs  gras 6,985  2,641  4,344  6,985  83  1.38  1.32  1.26  1.32 

—    niaigres.            »  "  »  »  »         »  »              »  >• 

La  vente  a  été  facile  pour  toutes  les  catégories  d'animaux;  les  arrivages  étaient 
d'ailleurs  moins  nombreux  que  durant  la  semaine  précédente.  Pour  toutes  les 
sortes,  n  us  devons  constater  de  la  hausse  dans  les  cours;  cette  hausse  est  prin- 
cipalement accentuée  sur  les  prix  des  veaux  et  des  moutons.  —  Surlaplupirt  des 
marchés  des  départements,  les  prix  de  toutes  les  catégories  d'animaux  de  bouche- 
rie présentent  beaucoup  de  fermeté. 

A  Londres,  les  importations  d'animaux  étrangers  durent  la  semaine  dernière  se 


240  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT  (10  FÉVRIER   1883). 

sont  composées  de  10,924  tètes,  dont  14  veaux  et  22  moutons  venant  d'Amster- 
dam ;  1,57  2  moutons  d'Anvers;  32  i  œufs  de  Boulogne;.  2,859  moutons  de  Brème  ; 
68  bœufs  de  Cherbourg;  92  bœufs  et  23  veaux  de  Gothembourg;  1,772  moutons 
d'Hambourg  ;  88  bœufs  et  29  veaux  d'Harlingen  ;  60  bœufs  du  Havre  ;  414  bœufs 
d'Oporto  ;  54  bœufs,  246  moutons  et  3,579  moutons  de  Botterdam.  Prix  du 
kilog.  Bœuf  :  qualité  inférieure,  1  fr.  58  à  1  Ir.  75;  2"  qualité,  1  fr.  75  à  1  fr.  93  ; 
l^-^  qualité,  1  fr.  99  à  2  fr.  16  —  Veau  :  2'  qualité,  2  fr.  10  à  2  fr.  28;  1«  qualité, 

2  fr.  28  à  2  fr.  45.  —  Mouton  :  qualité  inférieure,  1  fr.  93  à  2  fr.  10;  2^  qua- 
lité, 2  fr.  10  à  2  fr.  45;  l'''^  qualité,  2  fr.  57  à  2  fr.  80.  —  Porc  :  2«  qualité, 
1  fr.  35  à  1  fr.  46;  l"-^  qualité,  1  fr.  52  à  l  fr.  64. 

Viande  à  la  criée.  —  Il  a  été  vendu  à  la  halle    de  Paris,   du  29   janvier   au 

3  février  : 

Prix  du  kilog.  le  5  février.        

kilog.  1"  quai.                2'  quai.  3"  quai.  Choix.       Basse  Boucherie. 

Bœuf  OU  vache...   162,770  1.62  à  2.00     1.40  à  1.00  1.00  à  1.38  1.60  à  2.80    0.20  à  0.90 

Veau 146,691  2,12      2  46     1.80      2.10  1.56       1.78  1.76       2.80       » 

Mouton 55,792  1.60      2.02     1.38       1.58  0.94      1.36  1.76      2.46      » 

Porc 51,264                     Porc  frais 1.26àl.50;  salé,     1,20 

416,517         Soit  par  jour 69,919  kilog. 

Les  ventes  ont  été  inférieures    de  800  kilog.   environ  par  jour  à   celles  de  la 
semaine  précédente.  —  Les  prix  sont  soutenus  pour  la  plupart  des  catégories. 
XIII.  —  Cours  de  la  viande  à  Vabattoir  de  la  Yillelte  du  10  février  {par  50  kilog.) 

Cours  de  la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  Villette  par  50  kilog.  :  i"  qualité, 
70  à  73  fr.  ;  2%  65  à  70  fr.  ;  poids  vifs,  45  à  50  fr. 

Bœufs.  Veaux.  Moutons. 

1"  2"  3°  l"  2'  3°     '  l"  2°  3' 

quai.  quai.  quai.  q  al.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai. 

fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr. 

80  72  64  123  110  98  98  93  88 

XIV.  —  Marché  aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi  10  février  1883. 

Cours  des  commissionnaires 
Poids  Cours  officiels.  en  besliaux. 

Animaux  général.  1"         2"  3"            Prix  1'"  T  3'  rri.t 

amenés.       Invendus.  kil.  quai.  quai.  quai,  extrêmes.  quai. quai.  quai.  extrêmes. 

Bœufs 2  721  396  365  1.74  1.58  1.30  1.26àl.78  1.72  1.56  1.30  1.25àl.76 

Vaches S05  106  238  1.62  l.'iO  120  1.14     1.65  1.60  1.40  1.20  1.14     1  64 

Taureaux...          121                  »  375  1   48  1.32  1.22  1.22     1.52  1.48  1.32  1.25  1.22     1.54 

Veaux (.138  163  80  2.36  2.16  1.92  1.70     2.56  »  »  »  » 

Moutons 18  239  774  -              19  2  30  2.14  1  95  175     2  35  »  »  »  » 

Porcs  gras..     4.575                  »  82  1.40  1.34  1.28  1.24     1.44  »  »  »  » 

—  maigres..         9                »  »  »         »  »         »*      »  »  »  »  » 

Vente  lente  sur  le  gros  bétail,  assez  active  sur  les  autres  espèces. 

XV.  —  Résumé. 

A  l'exception  des  sucres,  les  cours  de  la  plupart   des  denrées  agricoles  sont 

soutenus  avec  fermeté,  durant  cette  semaine,  sur  presque  tous  les  marchés. 

A.  Bemy. 


BULLETIN  FINANCIER 

Semaine  de  fluctuations,  reprise  au  dernier  moment  :  le  3  0/0  est  à  79,35;  et 
le  5  0/0  à  1 14,85.  Bonne  tenue  des  Sociétés  de  crédit  :  baisse  à  nos  chemins  de  fer. 

Cours  de  la  Bourse  du  \  au  1  février  1883  {au  comptant). 


Principales  valeurs  françaises  : 

Plus      Plus  Dernier 

bas.      haut,  cours. 

Rente  3  O/0 73. îo       79  35  79.35 

Renie  3  0/0  amortis 79.00      8O.20  80. 20 

Rente  4   1/2  0)0 109.00     109.50  109.50 

Renie  5  0/0 114  35     115.17  114.85 

Banque  de  France 5200.00  5300.00  5225.00 

Comptoir  d'efcomple 962.50     987.50  962  50 

Société  générale 565.00     570.00  570.00 

Crédit  foncier 1225.00  1270.00  1245.00 

Est Actions  500     700  00     710.00  700.00 

Midi d°   1035  00   1052.50  1035.00 

Nord d"   1765.00    I8OO.OO  1765.00 

Orléans d"  1200.06  1220.00  1210.00 

Ouest d°     770.00     775.00  775.00 

Paris-Lyon-Médilerranée  d°  ifoo.oo  1535.00  1503.75 

Paris  1871  obi.  400  à  3  O/O.      3S9.O0     395.00  389.00 

Italien  5  0/0 86.35       86  95  86  85 

Le  Gérant  :  A.  BOUCHÉ. 


Chemins  de  fer  français  et  étrangers  : 


Autrichien d" 

Lombards d° 

Romains d° 

Nord  de  l'Espagne d° 

Saragosse  à  Madrid... d° 

Portugais d" 

Est  oblig.  3  0/0  rembour- 
sable à  500  fr d" 

Midi d» 

Nord d'- 
Orléans  d° 

Paris-Lyon-Méditer —  d" 

Ouest d" 

Nord-Esp.  priorité d" 

Lombards d" 


Plus 

PI 

JS 

Dernier 

bas. 

haut. 

cours. 

695 

.00 

707 

50 

703 

75 

291 

25 

298 

75 

295 

00 

I06 

00 

106 

00 

500 

00 

522 

50 

512 

50 

'165 

10 

470 

00 

4G5 

00 

565 

00 

575 

00 

570 

00 

356 

75 

358 

CO 

356 

75 

356 

00 

358 

(10 

356 

00 

366 

00 

367 

25 

367 

00 

361 

50 

364 

00 

361 

50 

357 

75 

362 

00 

357 

75 

357 

00 

360 

00 

357 

25 

338 

00 

345 

00 

342 

00 

280 

00 

289 

00 

282 

00 

LETERRIER. 

CHRONIQUE  AGRICOLE  (n  février  isss). 

Tableau  relatif  au  mouvement  de  la  population  en  France  en  1881.  —  Départements  dans  lesquels 
le  nombre  des  décès  est  supérieure  celui  des  naissances.  —  I.e  commercej agricole  en  1882. 
—  Importations  et  exportations  des  céréales  et  des  farineux  alimentaires,  du  bétail  et  des  pro- 
duits animaux.  —  Le  commerce  des  viandes  fraîches  et  des  viandes  salées  de  porc.  —  Election  de 
M.  Paul  Mares  comme  membre  associé  de  la  Société  nationale  d'agriculture.  —  Prochaine  élec- 
tion d'un  membre  associé  dans  la  Section  d'économie  des  animaux.  —  Le  phylloxéra.  —  Circu- 
laire du  ministre  de  l'agriculture  sur  l'importation  des  produits  horticoles  en  Belgique.  —  Présen- 
tation au  Sénat  du  projet  de  loi  sur  le  phylloxéra  en  Algérie.  —  Expériences  sur  la  greffe  de  la 
vigne  organisées  à  Réziers.  —  Concours  d'animaux  de  boucherie  à  Rouen.  —  Exposition  et. 
vente  de  béliers  faites  par  la  Société  d'agriculture  de  l'Indre. —  Exposition  d'agriculture  à  Lis- 
bonne. —  Le  Code  rural  devant  la  Chambre  des  députés.  —  Rapport  de  M.  Périgois  sur  la 
police  des  animaux  employés  d.ins  les  exploitations  rurales.  —  Les  blés  de  printemps.  —  Lettre 
de  M.  Boncenne  sur  le  blé  Pluie-d'or.  —  Elude  de  M.  Ernest  Baltet  sur  les  semis  d'arbres  frui- 
tiers pour  la  recherche  de  nouvelles  variétés.  —  Catalogue  de  MM.  Vilmorin-Andrieux  pour  le 
printemps  de  1883. 

I.  —  Le  mouvement  de  la  population. 

Le  Journal  officiel  vient  de  publier  le  tableau  du  mouvement  de  la 
population  en  France  en  1881 .  De  ce  tableau,  il  résulte  que  l'augmen- 
tation totale  de  la  population  a  été,  pendant  l'année,  de  108,229  habi- 
tants ;  en  1880,  l'accroissement  de  la  population  n'avait  été  que  de 
61,940.  Mais  ce  résultat  plus  favorable  tient  plus  à  la  diminution  du 
nombre  des  décès  qu'à  l'accroissement  de  celui  des  naissances.  En 
1880,  on  a  compté,  pour  toute  la  France,  828,828  décès,  contre 
858,237  en  1880;  les  naissances  se  sont  élevées  à  937,057,  contre 
920,177  l'année  précédente.  On  compte  vingt  départements  dans  les- 
quels le  nombre  des  décès  a  été  supérieur  à  celui  des  naissances;  ce 
sont  les  suivants  :  Aube,  Calvados,  Côte-d'Or,  Drôme,  Eure,  Eure-et- 
Loir,  Haute-Garonne,  Gers,  Hérault,  Lot,  Lot-et-Garonne,.  Maine-et- 
Loire,  Manche,  Haute-Marne,  Orne,  Sarthe,  Seine-et-Oise,  Tarn-et- 
Garonne,  Var,  Vaucluse.  Le  fait  constant  qui  domine  la  situation,  c'est 
la  lenteur  de  la  natalité  en  France  ;  ce  fait  devient  encore  plus  saillant, 
lorsqu'on  le  compare  avec  les  faits  constatés  dans  la  plupart  des  autres 
pays  d'Europe. 

IL  —  Le  commerce  agricole. 

L'administration  des  douanes  vient  de  publier  le  relevé  du  com- 
merce de  la  France  avec  les  pays  étrangers  pendant  l'année  1882. 
Nous  devons  en  reproduire  les  chiffres  qui  se  rapportent  au  commerce 
des  denrées  agricoles.  —  Voici,  d'abord,  en  ce  qui  concerne  les  prin- 
cipales céréales  et  les  farineux  alimentaires,  le  mouvement  des  impor- 
tations et  des  exportations,  au  commerce  spécial,  pendant  les  trois 
dernières  années  : 

IMPORTATIONS  (quintaux  métriques)      EXPORTATIONS  (quintaux  métriques^ 
1880  1881  1882  1880  1881  1882 

Froment 19,999,437  12,852,054  12,936,746  88,941  86,470  65,438 

Seigle 382,663  8,660  20,319  995,802  1,754,709  1,058,692 

Maïs 3,484,825  3,152,664  1,897,299  152,454  122,132  160,411 

Orge 1,244,246  1,024,772  1,473,214  1,054,339  1,680,857  961,115 

Avoine 3,629,653  2,673,395  3,177,575  92,704  125,124  149,438 

Farine  de  froment 280,643  235,693  326,057  151,812  166,941  95,899 

Pommesde  terre 212,028  213,902  151,229  1,637, .527  1,587,092  1,666,152 

Légumes  secs 864,205  910,010  859,472  257,003  197,919  312,265 

De  ce  tableau,  il  résulte  que,  en  1882,  il  y  a  eu  diminution  dans  les 
importations  pour  toutes  les  céréales,  mais  qu'il  y  a  eu  une  légère 
augmentation  dans  celle  des  farines.  Quant  aux  exportations,  sauf  en 
ce  qui  concerne  le  seigle  et  l'avoine,  il  y  a  eu  diminution. 

Le  commerce  du  bétail  a  donné  les  résultats  suivants  : 

N"  723.  —  Tome  l"  de  1883.  —  17  Février. 


242  CHRONIQUE  AGRICOLE   (17    FÉVRIER   1883). 

IMPORTATIONS  ^EXPORTATIONS 

1880  1881  1882  1880  18Sl  1882 

têtes.  têtes.  têtes.  têtes.  têtes.  têtes. 

Chevauî  entiers 1,953  1,811  1,108  909  2,635  3,178 

—      hongres 14,662  13,709  13,615  4,735  4,036  4,955 

Juments 5,510  3,964  2,902  2,185  2,680           3,432 

Poulains 3,589  2,668  2,538  1,799  1,493          1,650 

Milles  et  mulets 492  930  780  17,913  15,658  10,537 

Bœufs 68,384  £4,133  77,866  19,956  27,531  39,908 

Vaches 65,431  44,093  50,133  22,259  30,455  29,355 

Taureaux 1,902  1,794  1,687  953  1,306          1,022 

Bouvillons  et  taurillons...  5,311  2,953  4,279  893  1,064          1,222 

Génisses 4,805  2,139  4,':03  4,984  5,058          4,223 

Veaux.. 50.681  45,230  56,442  10,262  10,651          8,990 

Béliers,  brebis  et  moutons.  2,078,4911,711,964  2,154,964  31,978  31,306  30,484 

Porcs.. 164,152  167,611  99,096  41,359  41,050  50,222 

Cochons  de  lait 89,264  81,870  56,466  12,700  15,234  14,682 

Les  importations  de  bétail  ont  été  à  peu  près  les  mêmes,  pour  les 
principales  espèces  d'animaux,  durant  les  trois  dernières  années.  Le 
fait  saillant  en  ce  qui  concerne  les  exportations,  est  l'accroissement 
constant  des  exportations  d'étalons  :  c'est  principalement  sur  ceux  du 
Perche  et  du  Boulonnais  que  porte  ce  mouvement.  Quant  au  commerce 
des  viandes  fraîches,  il  se  résume  comme  il  suit,  à  l'importation  : 
viandes  de  boucherie  fraîches,  en  1880,  85,185  quintaux;  en  1881, 
57,451  quintaux;  en  1882,  60,285  quintaux;  — viandes  salées  de 
porc,  en  1880,  387,133  quintaux  métriques;  en  1881, 197J62  quia- 
taux;  en  1882,  32,681  quintaux.  L'énorme  diminution  constatée 
depuis  deux  ans,  sur  les  viandes  de  porc,  est  la  conséquence  du  décret 
de  prohibition  sur  les  viandes  de  porc  d'origine  américaine. 
IIL  —  Election  à  la  Société  nationale  d'agriculture. 

La  Société  nationale  d'agriculture  a  procédé  dans  sa  séance  du 
iU  février,  à  l'élection  d'un  membre  associé  national  dans  la  Section 
hors  cadre.  M.  Paul  Mares  a  été  élu,  au  deuxième  tour  de  scrutin,  par 
26  suffrages  contre  10  donnés  à  M.  Arlès-Dufour,  4  à  M.  le  duc  d'Ayen 
et  1  à  M.  Champonnois.M.  Paul  Mares,  ancien  président  de  la  Société 
d'agriculture  d'Alger,  s'est  fait  connaître  par  d'importants  travaux 
.  scientifiques,  en  même  temps  qu'il  a  dirigé  et  transformé  une  grande 
explo'tation  agricole  dans  la  Mitidjah. 

Dans  le  comité  secret  de  la  même  séance,  la  Société  a  entendu  le 
rapport  de  la  Section  d'économie  des  animaux  sur  les  candidats  à  une 
place  de  membre  associé.  La  Section  présente  :  en  première  ligne, 
M.  Ghabot-Karlen;  en  deuxième  ligne,  M.  Gréa;  en  troisième  ligne  et 
par  ordre  alphabétique,  M.  Noaette-Delorme,  M.  Richard  (du  Cantal), 
M.  de  la  Tréhonnais.  L'élection  aura  lieu  dans  la  séance  du  21  février. 
IV.  —  Expériences  de  charrues  à  Grignon. 

La  Société  nationale  d'agriculture  a  décidé  que  des  expériences 
publiques  de  la  charrue-tilbury  automatique,  importée  en  France  par 
M.  Rogy,  et  de  la  charrue  inventée  par  M.  Boreau,  auront  lieu  le  ven- 
dredi 23  février  à  l'école  nationale  d'agriculture  de  Grignon.  Nous  rap- 
pelons qu'on  se  rend  à  Grignon  par  le  chemin  de  Paris  (gare  Montpar- 
nasse) à  Granville,  en  partant  à  9  h.  50  minutes  du  matin  ou  à  midi 
30  minutes.  Le  retour  a  lieu  à  4  h.  50  minutes  du  soir. 

V.  —  Le  phylloxéra. 

A  l'occasion  de  plusieurs  difficultés  soulevées  pour  l'exportation  des 
produits  horticoles  de  France  en  Belgique,  M.  le  ministre  de  l'agricul- 
ture vient  d'adresser  aux  préfets  la  circulaire  suivante  : 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (17  FÉVRIER   1883).  243 

«  Monsieur  le  préfet,  une  note  insérée  dans  le  Journal  officiel  du  5  janvier 
courant  fait  connaître,  aux  horticulteurs  français,  les  conditions  auxquelles  sont 
soumises  les  expéditions  des  produits  horticoles  en  Belgique. 

«  Afin  d'éviter  les  retards  préjudiciables  que  l'ignorance  des  prescriptions 
imposées  par  la  loi  belge  pourrait  causer  à  nos  horticulteurs,  j'ai  l'honneur  de 
vous  transmettre,  ci-dessous,  la  note  en  question,  en  vous  invitant  à  lui  faire 
donner  toute  la  publicité  possible. 

«  Les  plantes,  arbustes  et  tous  les  végétaux  autres  que  la  vigne,  non  dénommés 
à  l'article  3,  provenant  de  pépinières,  de  jardins  ou  de  serres,  continueront  d'être 
admis  à  l'entrée  et  au  transit,  mais  ils  ne  seront  introduits  que  par  les  bureaux 
de  douanes  d'Anvers,  de  Bruxelles,  de  Grand,  de  Liège  et  d'Ostende,  pour  les 
importations  par  eau  et  parles  bureaux  placés  sur  une  voie  ferrée  pour  les  impor- 
tations par  les  frontières  de  terre. 

«  Les  conditions  suivantes  seront  observées  : 

a  1"  Ces  colis  seront  présentés  dans  les  conditions  usuelles  d'emballage  de 
manière  à  permettre  les  constatations  nécessaires.  ^ 

«  2"  Ils  seront  accompagnés  : 

«  A.  —  D'une  déclaration  signée  par  l'expéditeur  portant  :  '   / 

«  a,  l'indication  du  point  de  réception  définitive  et  l'adresse  du  destinataire; 

«  b,  la  mention  que  le  contenu  provient  en  entier  de  l'établissement  de 
l'expéditeur; 

ce  c,  l'affirmation  que  l'envoi  ne  renferme  aucun  pied  de  vigne; 

«  d,  la  mention  que  les  végétaux  sont  présentés  avec  ou  sans  motte  de  terre. 

«  B.  —  D'une  déclaration  de  l'autorité  compétente,  basée  sur  Tattestation  d'un 
expert  officiel  portant  : 

«  a,  que  l'envoi  provient  d'un  terrain  (plantation  ou  enclos)  séparé  de  tout 
pied  de  vigne  par  un  espace  de  20  mètres  au  moins  ou  par  un  autre  obstacle  aux 
racines  jugé  suffisant  par  l'autorité  compétente; 

a  b,  que  ce  terrain  ne  contient  lui-môme,  aucun  pied  de  vigne  ; 

«  c,  qu'il  n'y  est  fait  aucun  dépôt  de  cette  plante; 

ce  d,  que,  s'il  y  a  eu  des  ceps  phylloxérés,  l'extraction  radicale,  des  opérations 
toxiques  répétées  et,  pendant  trois  ans,  des  investigations  ont  eu  pour  eilet  d'assu- 
rer la  destruction  complète  de  l'insecte  et  des  racines.  » 

ce  Vous  remarquerez,  monsieur  le  préfet,  que  la  déclaration  de  l'expéditeur  doit 
être  corroborée  par  une  déclaration  de  l'autorité  compétente  basée  sur  l'attestation 
dun  expert  officiel. 

ce  II  va  sans  dire,  que,  dans  l'espèce,  l'autorité  compétente  est  le  maire  de  là 
commune.^  Gomme  il  n'existe  pas,  en  France,  d'expert  officiel  chargé  des  constata- 
tions énumérées  dans  les  alinéas  a,  b,  c^d,  du  paragraphe  B,  cette  fonction  pourra 
être  confiée  au  commissaire  de  police  ou  au  garde  champêtre  dans  les  communes 
cil  il  n'existe  pas  de  commissaire  de  police. 

ce  Je  vous  prie,  monsieur  le  préfet,  de  vouloir  bien  m'accuser  réception  de  la  pré- 
sente circulaire  et  de  me  faire  connaître  les  mesures  que  vous  aurez  cru  devoir 
prendre  pour  porter  les  prescriptions  ci-dessous  indiquées  à  la  connaissance 
des  intéressés. 

ce  Becevez,  etc.  Le  ministre  de  V agriculture,  de  Mahy. 

Dans  la  séance  du  Sénat  du  12  février,  M.  le  ministre  de  l'an^ricul- 
culture  a  présenté  le  projet  de  loi  relatif  aux  mesures  à  prendre  pour 
sauvegarder  l'Algérie  contre  l'invasion  du  phylloxéra.  Ce  projet  de  loi 
est  celui  qui  a  été  préparé  par  la  Commission  supérieure  du  phyl- 
loxéra, et  dont  nous  avons  donné  le  texte  dans  une  précédente  chro- 
nique. 

VI.  —  La  greffe  de  la  vigne. 

Le  Comice  agricole  de  Béziers,  présidé  par  M.  E.  Giret,  vient  de 
décider  qu'un  concours  de  greffe  de  la  vigne  aura  lieu  à  Béziers  (Hé- 
rault), les  r""  et  2  avril.  Le  premier  jour  sera  consacré  à  des  conférences 
publiques  sur  toutes  les  questions  qui  se  rattachent  à  la  gretïe  de  la 
vigne,  ainsi  qu'à  une  exposition  des  outils  ou  machines  à  greffer, 
ainsi  que  des  instruments  servant  à  l'emploi  des  substances  insecti- 
jeides  ou  à  la  submersion.  Le  deuxième  jour  aura  lieu  un  concours  de 


244  CHRONIQUE  AGRICOLE  (17  FÉVRIER   1883). 

greffe  pratique  sur  souche  dans  une  vigne  de  la  commune  de  Béziers, 
sous  la  direction  d'une  Commission  spéciale  qui,  à  la  fin  de  l'été,  con- 
statera les  résultats  manifestés  à  cette  époque  sur  les  lots  numérotés 
des  souches  assignées  à  chacun  des  concurrents  ;  la  Commission 
appréciera  le  mérite  des  procédés  employés,  et  déterminera  les  mé- 
dailles en  or,  vermeil,  etc.,  et  les  primes  en  argent  qui  devront  être 
distribuées  aux  plus  méritants.  Dans  le  but  de  faire  connaître  et  pro- 
pager les  modes  de  greffe  de  la  vigne,  autres  que  celui  de  greffe 
sur  place  qui  fait  l'objet  principal  de  ce  concours,  la  Commission 
pourra  visiter  les  vignobles  où  l'on  aurait  signalé  des  faits  intéressants 
obtenus  par  n'importe  quel  procédé  de  greffe.  Les  personnes  qui 
voudront  prendre  part  aux  conférences  théoriques  sur  le  greffage,  au 
concours  pratique  ou  à  l'exposition  des  outils  ou  machines,  devront 
adresser  leur  demande  à  M.  E.  Giret,  président  du  Comice,  avant  le 
20  mars  1883. 

VIL'  —  Concours  d'animaux  gras  à  Rouen. 

Nous  avons  déjà  annoncé  que  le  concours  d'animaux  de  boucherie, 
organisé  à  Rouen  par  la  Société  centrale  d'agriculture  de  la  Seine- 
ïnférieure,  se  tiendrait  les  19  et  20  mars.  Ce  concours  comprendra 
les  animaux  des  races  bovines,  ovines  et  porcines,  isolés  ou  par  ban- 
des ;  il  est  général;  les  animaux  peuvent  y  être  admis,  quel  que  soit  le 
département  dans  lequel  ils  ont  été  élevés  ou  engraissés.  Nous  remar- 
quons, dans  le  programme,  que  les  animaux  jeunes  sont  classés 
d'après  l'état  de  la  dentition.  Pour  les  bœufs,  il  y  a  deux  catégories  : 
la  première  comprend  les  animaux  ayant  au  plus  six  dents  de  rem- 
placement; la  seconde,  ceux  ayant  toutes  leurs  dents  de  remplace- 
ment, mais  dont  les  coins  n'ont  pas  encore  rasé.  Pour  les  moutons, 
la  première  catégorie  comprend  les  animaux  de  toute  race  ayant 
encore  toutes  leurs  dents  de  lait,  ou  les  pinces  seulement  fraîchement 
tombées. 

VIIL  —  Exposition  et  vente  de  béliers. 

La  Société  d'agriculture  de  l'Indre  continue  la  série  des  expositions 
spéciales  qu'elle  a  organisées.  Elle  fera,  le  9  prochain,  à  Châteauroux, 
une  grande  exposition  de  reproducteurs  de  l'espèce  ovine,  suivie  d'une 
vente  aux  enchères  entre  les  sociétaires.  Une  somme  de  quinze  cents 
francs  sera  affectée  aux  frais  de  l'exposition  et  de  la  vente  aux  enchères. 
Tous  les  animaux,  sans  distinction  d'origine,  de  race  et  d'âge,  seront 
•admis.  Des  prix  et  des  médailles  seront  décernés  aux  meilleurs  ani- 
maux âgés  de  6  à  18  mois.  La  répartition  en  sera  faite  de  la  manière 
suivante  :  1""^  catégorie,  race  berrichonne  pure;  2%  race  dishley; 
■3*,  race  southdown;  4%  croisements  divers.  Dans  chaque  catégorie, 
quatre  médailles  et  une  somme  de  100  fr.  en  primes  pourront  être 
décernées. 

La  vente  aux  enchères  se  fera  sans  désignation  d'animal.  Lorsqu'un 
sociétaire  aura  été  déclaré  adjudicataire,  il  indiquera  immédiatement 
le  bélier  qu'il  a  choisi.  La  mise  en  vente  sera  de  70  pour  100  du  prix 
arrêté  entre  la  Commission  et  l'exposant.  Les  enchères  ne  seront  pas 
inférieures  à  2  pour  100.  La  réduction  consentie  par  la  Société  ne 
portera  que  sur  les  deux  cents  premiers  francs.  L'acquéreur  qui  choi- 
sira un  animal  d'un  prix  supérieur,  payera  intégralement  la  différence. 
Une  Commission  de  six  membres  décernera  les  prix  et  les  médailles. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (17  FÉVRIER   1883).  245 

Ses  décisions  ne  seront  portées  à  la  connaissance  des  intéressés  qu'a- 
près la  vente  aux  enchères  terminée. 

IX.  —  Exposition  d'agriculture  en  Portugal. 
Le  gouvernement  portugais  a  décidé  l'organisation  d'une  exposition 
nationale  d'agriculture  qui  aura  lieu  à  Lisbonne  dans  le  courant  du 
mois  de  mai  prochain.  Cette  exposition  est  destinée  :  à  réunir  les 
types  authentiques  des  vins  du  pays,  et  à  grouper  ceux  qui  sont  les 
plus  aptes  à  l'exportation  ;  à  établir  par  des  types,  les  tendances  de 
l'industrie  de  l'élevage  en  Portugal  ;  à  réunir  une  collection  de  char- 
rues à  vigne  applicables  au  sol  du  Portugal.  —  Les  objets  exposés 
seront  divisés  en  huit  groupes  :  1  °  vins,  vignobles  et  dérivés  ;  2"  pro- 
duits alimentaires,  industriels  et  commerciaux  ;  3"  animaux  domesti- 
ques; 4"  moteurs,  machines  et  instruments  agricoles;  5"  engrais; 
6"  constructions  rurales,  ornementales  et  hydrauliques  ;  logements  à 
bon  marché  pour  journaliers  ;  7"  culture  et  exploitation  des  forêts  ; 
8°  cartes  agricoles  du  pays  et  comptabilité  agricole. 

X.  —  Le  Code  rural  à  la  Chambre  des  députés. 
Nous  avons  indiqué,  dans  notre  numéro  du  25  février  1882,  la  dis- 
cussion par  le  Sénat,  du  projet  de  loi  détaché  du  Code  rural  sur  la 
police  des  animaux  employés  à  l'exploitation  des  propriétés  rurales. 
Ce  projet  de  loi  a  été  transmis  à  la  Chambre  des  députés.  Le  rapport 
fait,  au  nom  de  la  Commission,  par  M.  Périgois,  vient  d'être  déposé. 
Il  conclut  à  l'adoption  du  projet  de  loi  avec  quelques  modifications. 
Voici  le  texte  des  articles  proposés  au  vote  de  la  Chambre  par  la  Com- 
mission : 

Section  première.  —  Des  bestiaux  et  des  chèvres. 
Article  premier.  —  Lorsque  des  animaux  non  gardés  ou  dont  le  gardien  est 
inconnu  ont  causé  du  dommage,  le  propriétaire  lésé  a  le  droit  de  les  conduire  sans 
retard  au  lieu  de  dépôt  désigné  par  le  maire,  qui,  s'il  connaît  la  personne  respon- 
sable du  dommage,  aux  termes  de  l'article  1385  du  Gode  civil,  lui  en  donnera 
immédiatement  avis. 

Si  les  animaux  ne  sont  pas  réclamés,  et  si  le  dommage  n'est  pas  payé  dans  la 
huitaine  du  jour  où  il  a  été  commis,  il  est  procédé  à  la  vente  sur  ordonnance  du 
juge  de  paix,  qui  évalue  les  dommages. 

Cette  ordonnance  sera  affichée  sur  papier  timbré  et  sans  frais  à  la  porte  de  la 
mairie. 

Le  montant  des  frais  et  des  dommages  sera  prélevé  sur  le  produit  de  la  vente. 
En  ce  qui  concerne  la  fixation  du  dommage,  fordonnance  ne  deviendra  défi- 
nitive, à  l'égard  du  propriétaire  de  l'animal,  que  s'il  n'a  pas  formé  opposition  par 
simple  avertissement  dans  la  huitaine  de  la  vente. 

Cette  opposition  sera  même  recevable  après  le  délai  de  huitaine,  si  le  juge  de 
paix  reconnaît  qu'il  y  a  lieu,  en  raiaon  des  circonstances,  de  relever  l'opposant  de 
la  rigueur  du  délai. 

Art.  2.  —  Les  préfets  peuvent,  après  avoir  pris  l'avis  des  Conseils  généraux 
et  des  Conseils  d'arrondissement,  déterminer  par  des  arrêtés  les  conditions  sous 
lesquelles  les  chèvres  peuvent  être  conduites  et  tenues  au  pâturage. 

Art.  3.  —  Les  propriétaires  de  chèvres  conduites  en  commun  sont  solidaire- 
ment responsables  des  dommages  qu'elles  causent. 

Section  II.  —  Des  animaux  de  basse-cour,  pigeons,  abeilles  et  vers  à  soie. 
Art.  4.  —  Les  volailles  et  autres  animaux  de  basse-cour  qui  s'enfuient  dans 
les  propriétés  d'autrui  ne  cessent  pas  d'appartenir  à  leur  maître,  quoiqu'il  les  ait 
perdues  de  vue. 

Néanmoins,  celui-ci  ne  pourra  plus  les  réclamer  un  mois  après  la  déclaration 
qui  devra  être  faite  à  la  mairie  par  les  personnes  chez  lesquelles  ces  animaux  se 
seront  enfuis. 

Art.  5.  —  Celui  dont  les  volailles  passent  sur  la  propriété  d'autrui  et  y  causent 


<|46  CHRONIQUE  AGRICOLE  (17  FÉVRIER  1883). 

êes  dommages  est  tenu  de  réparer  ces  dommages.  Celui  qui  les  a  soufferts  peut 
même  tuer  les  volailles,  mais  seulement  sur  le  lieu,  au  moment  du  dégât,  et  sans 
pouvoir  se  les  approprier. 

Il  devra,  dans  les  vingt-quatre  heures,  les  faire  rémettre  ù  la  mairie,  en  décla- 
rant le  nom  du  propriétaire,  s'il  le  connaît.  Au  cas  où  elles  ne  seraient  pas  récla- 
niées,  il  en  sera  disposé  au  profit  des  hôpitaux  ou  des  pauvres  de  la  commune, 

Art  6.  —  Les  préfets,  après  avis  des  Conseils  généraux,  déterminent  chaque 
année,  pour  tout  le  département,  ou  séparément  pour  chaque  commune,  s'il  y  a 
lieu,  l'époque  de  l'ouverture  et  de  la  clôture  des  colombiers. 

Art.  7.  —  Pendant  le  temps  de  la  clôture  des  colombiers,  les  propriétaires  et 
fermiers  peuvent  tuer  et  s'approprier  les  pigeons  qui  seraient  trouvés  sur  leurs 
Tonds,  indépendamment  des  dommages-intérêts  et  des  peines  de  police  encourues 
par  les  propriétaires  des  pigeons. 

Sont  applicables,  en  tout  autre  temps,  aux  pigeons,  les  dispositions  de  l'art.  5 
cirdessus. 

Art.  8.  —  Les  préfets  déterminent,  après  avis  des  Conseils  généraux,  la  dis- 
tance à  observer  entre  les  ruches  d'abeilles  et  les  propriétés  voisines  ou  la  voie 
publique,  sauf,  en  tout  cas,  l'action  en  dommage,  s'il  y  a  lieu. 

Alt.  9.  —  Le  propriétaire  d'un  essaim  a  le  droit  de  le  réclamer  et  de  s'en 
ressaisir,  tant  qu'il  n'a  point  cessé  de  le  suivre  ;  autrement  l'essaim  appartient  au 
propriétaire  du  terrain  sur  lecruel  il  s'est  fixé. 

Art.  10.  —  Dans  le  cas  où  les  ruches  à  miel  pourraient  être  saisies  séparément 
du  fond  auquel  elles  sont  attachées,  elles  ne  peuvent  être  déplacées  que  pendant 
les  mois  de  décembre,  janvier  et  février. 

Art.  11.  —  Les  vers  à  soie  ne  peuvent  être  saisis  pendant  leur  travail.  Il  en 
est  de  même  des  feuilles  de  mûrier  qui  leur  sont  nécessaires  durant  le  cours  de 
cette  même  période. 

Nous  ferons  connaître  les  résultats  des  discussions  de  la  Chambre 
SUT  ce  projet  de  loi. 

XL  —  Les  blés  de  printemps. 

A  l'occasion  des  variétés  de  blé  qui  peuvent  être  avantageusement 
semées  au  printemps,  nous  recevons  de  notre  collaborateur,  M.  Bon- 
cenne  fils,  de  Fontenay-le-Comte  (Vendée),  la  lettre  suivante  : 

«  Monsieur  et  cher  directeur,  permettez-moi  d'emprunter  la  voie  de  votre 
excellent  Journal  pour  informer  les  nombreux  agriculteurs  qui  m'ont  demandé  du 
tlé  Pluie-d'or  lorsque  ma  provision  était  déjà  épuisée,  que  cette  intéressante 
variété  est  cultivée  sur  une  grande  échelle  à  l'abbaye  de  Notre-Dame-de-la-Trappe, 
à  Forges,  près  Chimay  (lîelgique). 

«  L'économe  de  ce  couvent,  le  frère  Benoit,  m'écrit  qu'il  dispose  encore  d'une 
centaine  de  sacs  qu'il  céderait  à  raison  de  40  francs  les  100  kilog.,  sur  wagon, 
en  gare  de  Chimay.  «  C'est  en  1872,  ajoule-t-il,  que  M.  de  Biseau  m'a  remis  un 
litre  de  ce  précieux  froment  et  depuis  nous  en  avons  semé  tous  les  ans.  Nous 
cultivons  un  terrain  bien  ingrat  qui  ne  produit  qu'à  force  de  soins  et  d'engrais. 
Son  altitude  est  de  327  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  Ce  pays  s'appelait, 
avant  le  déboisement,  la  Sibérie  de  la  Belgique.  Eh  bien,  dans  ce  triste  terrain,  le 
ilé  Pluie-d'or  rapporte  en  moyenne  1,900  à  2,000  kilog.  à  l'hectare  et  de  la  paille 
en  abondance  Nous  avons  eu  des  années  de  2,100  et  2,300  kilog.,  et  il  me 
semble  que  dans  les  bonnes  terres,  ce  froment  pourrait  bien  rapporter  3,000  kilog. 
à  l'hectare. 

«  La  nature  du  sol  et  du  climat  nous  obligent  à  semer  très  tardivement,  le  plus 
souvent  du  12  au  2u  mars.  En  1867,  nous  n'avons  pu  commencer  nos  semailles 
que  le  10  avril,  et  le  produit  a  été  encore  de  2,100  kilog.  En  1874,  une  petite 
pièce  ensemencée  le  5  mai,  a  été  récoltée  le  31  août.  En  1876,  un  autre  carré 
ensemeïicé  le  17  mai  a  pu  être  moissonné  le  15  septembre. 

«  Nous  sulfatons  nos  niés  de  mars  comme  nos  blés  d'hiver.  » 
•  '  «  Cette  lettre  qui  m'a  paru  assez  intéressante  pour  être  en  grande  partie  repro- 
duite, était  accompagnée  d'un  échantillon  de  grain  très  propre  et  exempt  de  tout 
mélange. 

«  Du  reste,  en  Belgique  comme  dans  nos  départements  de  l'ouest,  l'année  1882 
a  été  très  défavorable  aux  céréales.  La  rentrée  des  gerbes  et  les  battages  se  sont 
©pérés  dans  de  fâcheuses  conditions. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (17  FÉVRIER   1883).  247 

«  La  température  s'améliore  depuis  quelques  jours  et  se  montre  plus  favorable 
aux  travaux  des  champs.  Les  labours  et  les  transports  d'engrais  se  poursuivent 
avec  beaucoup  d'activité,  on  fait  de  tous  côtés  de  grands  eilorts  pour  réparer  le 
temps  perdu. 

«  Veuillez  agréer,  etc.  E.  Boncenne  fils. 

Les  intéressants  renseignements  que  renferme  cette  lettre  pourront 
encore  être  utiles  à  un  grand  nombre  d'agriculteurs. 

XII.  —  Les  semis  d'arbres  fruitiers. 
La  multiplication  du  nombre  de  bonnes  variétés  d'arbres  fruitiers 
est  principalement  obtenue  par  semis.  Les  amateurs  d'arboriculture 
sa  livrent  avec  passion  aux  semis;  mais  un  certain  nombre  manquent 
souvent  de  guide  pour  ce  travail.  C'est  pourquoi  nous  croyons  utile 
de  signaler  l'excellente  notice  que  M.  Ernest  Baltet,  horticulteur  à 
Troyes  (Aube),  vient  de  publier  sous  le  titre  Semis  d'arbres  fruitiers 
pour  la  recherche  de  nouvelles  variétés.  Dans  cette  notice,  on  trouve 
des  indications  pratiques  sur  le  choix  et  la  préparation  des  graines, 
sur  leur  mise  en  terre,  sur  la  plantation  en  pleine  terre,  les  soins  de 
,  culture,  la  fructification,  la  propagation  des  bons  fruits.  En  terminant, 
M.  Ernest  Baltet  donne  quelques  indications  sur  l'origine  des  meil- 
leures variétés  de  fruits  :  presque  tous  les  bons  raisins  sont  nés  ea 
France,  les  meilleures  poires  en  Belgique  et  en  France,  quelques-unes 
en  Amérique;  les  bonnes  pommes  appartiennent  aussi  bien  à  FAmé- 
rique  du  nord  qu'à  l'Allemagne,  aux  Pays-Bas,  à  l'Angleterre  et  à  la 
France;  les  bonnes  cerises  viennent  un  peu  de  partout;  les  pêches 
fondantes  sont  originaires  de  la  France  centrale,  des  Etats-Unis,  de 
l'Angleterre,  tandis  que  les  persèques,  les  pavies  et  les  pêches  à  chair 
plus   ou  moins  ferme  sont  naturalisées  dans  le  midi  de  la  France. 

XIIL  —  Plantes  potagères,  florales,  etc. 

La  maison  Vilmorin-Andrieux  vient  de  publier  son  catalogue  géné- 
ral de  graines,  fraisiers,  oignons  à  fleurs,  pour  le  printemps  1883.  lî 
ne  compte  pas,  moins  de  192  pages  et  il  comprend  six  parties  :  plantes 
potagères,  plantes  officinales,  plantes  céréales ,  fourragères  et  écono- 
miques, graines  d'arbres  et  graines  de  vignes  d'Amérique  et  d'Asie, 
graines  de  fleurs,  oignons  à  fleurs.  Un  supplément  au  catalogue  com- 
prend 64  nouvelles  variétés  de  plantes  florales  et  31  nouvelles  variétés 
de  légumes  et  de  plantes  fourragères.  Parmi  ces  dernières,  nous  signa- 
lerons deux  nouvelles  variétés  de  pommes  de  terre  :  la  Géante,  variété 
allemande,  à  tubercule  long,  jaune  panaché  de  rouge,  yeux  enfoncés; 
chair  jaune;  à  maturité  tardive;  recommandée  par  sa  très  grande  pro- 
duction; et  la  pomme  de  terre  Prince-de-Galles  qui  paraît  être  une 
variation  de  la  P.  de  T.  Royal  ash-leaved  Kidney^  mais  elle  est  beau- 
coup plus  productive  et  à  peu|  près  de  la  même  précocité;  ses  tuber- 
cules sont  un  peu  irréguliers,  tantôt  en  forme  d'amande  ou  de  poire, 
tan;ôt  presque  complètement  ronds;  la  chair  jaune  est  de  qualité 
excellente.  J.-A.  Barral. 

SOCIETE    NATIONALE    D'AGRICULTURE 

Séance  du  14  février  1883.  —  Présidence  de  M.  Clwvreul. 
M.  le  ministre  de  l'instruction  publique  envoie  le  programme  du 
Congrès  des  Sociétés  savantes  qui  se  réunira  à  la  Sorbonne  au  mois  de 
mars  prochain. 


248  CHRONIQUE  AGRICOLE  (17  FÉVRIER    1883). 

M.  Palluat  de  Besset,  agriculteur  à  Nervieux  (Loire),  lauréat  de  la 
prime  d'honneur,  écrit  pour  poser  sa  candidature  à  une  place  de  membre 
associé  national.  ' 

M.  de  Thiac,  président  de  la  Société  d'agriculture  de  la  Charente, 
envoie  le  compte  rendu  des  expériences  de  vaccination  charbonneuse 
qui  ont  eu  lieu  sous  la  direction  de  cette  Société. 

M.  Arnaudeau,  ingénieur  civil,  envoie  un  projet  de  colonisation  au 
Sénégal. 

M.  Ernest  Baltet  envoie  une  notice  sur  les  semis  d'arbres  fruitiers  ; 
MM.  Vilmorin-Andrieux,  leur  nouveau  catalogue  de  graines  ; 
M.  Quéhen-Mallet,  un  traité  sur  la  culture  des  pommes  de  terre. 

M.  Baudrillart  fait  hommage  de  la  5''  édition  de  son  Manuel  d'éco- 
nomie politique  qui  vient  de  paraître. 

M.  Chatin  présente,  de  la  part  de  M.  Tétreau,  conseiller  d'Etat,  un 
volume  intitulé  Commentaire  de  la  loi  du  4  avril  188i  sur  la  restaura- 
tion et  la  conservation  des  terrains  en  montagne. 

M.  Bouquet  de  la  Grye  fait  connaître  que,  de  l'examen  de  la  note 
de  M.  Maréchal  sur  la  présence  de  la  fécule  dans  les  tiges  ligneuses, 
il  résulte  que  les  expériences  faites  ne  sont  pas  assez  précises  pour 
qu'on  puisse  en  tirer  des  conclusions  pratiques. 

M.  Maxime  Cornu  présente  quelques  observations  sur  un  cham- 
pignon du  pin  qui  exerce  des  ravages  dans  plusieurs  parties  de  la 
Sologne,  notamment  sur  les  jeunes  plantations  et  surtout  dans  les 
terres  humides. 

M.  Barrai  donne  lecture  d'une  note  sur  l'influence  de  l'humidité 
souterrraine  et  de  la  capillarité  du  sol  sur  la  végétation  des  vignes. 
Cette  note  est  reproduite  dans  ce  numéro. 

La  Société  procède  à  l'élection  d'un  membre  associé  dans  la  Section 
hors  cadre.  M.  Paul  Mares  est  élu.  — Elle  décide  que  des  expériences 
de  charrues  auront  lieu  le    23  février  à  Grignon.  Henry  Sagmer. 

INFLUENCE  DE  L'HUMIDITÉ  SOUTERRAINE 

ET  DE  LA  GAPILLARITii  DU  SOL  SUR  LA  VÉGÉTATION   DES  VIGNES'. 

L'immunité  des  vignes  contre  les  atteintes  du  phylloxéra  dans  les 
sables  d'Aigues-Mortes,  est  un  fait  bien  constaté.  On  l'explique  par 
cette  considération  que  l'insecte  dévastateur  ne  peut  pas  se  mouvoir 
facilement  dans  les  sables  très  fins  et  qu'il  s'y  déplaît.  Cela  paraît 
d'autant  plus  plausible  que  dans  quelques  endroits  du  territoire 
d'Aigues-Mortes,  où  l'on  trouve  un  peu  d'argile  mélangée  au  sable, 
soit  naturellement  soit  accidentellement,  l'insecte  apparaît  sur  les 
vignes  et  y  exerce  son  action  dévastatrice,  à  ce  point  que  j'ai  pu  voir 
sur  un  même  cep  des  phylloxéras  dévorer  des  racines  plongeant  dans 
de  l'argile,  tandis  que  des  racines  poussées  dans  le  sable  restaient 
parfaitement  indemnes  et  soutenaient  la  végétation  du  pied  de  vigne. 
Mais  l'analyse  du  sable  d'Aigues-Mortes,  pris  dans  la  couche  supé- 
rieure, jusqu'à  un  mètre  de  profondeur,  et  dans  les  champs  considé- 
rés comme  les  plus  fertiles,  ne  permet  pas  d'expliquer  la  fécondité 
qu'y  trouve  la  vigne.  On  y  récolte  très  souvent  entre  150  et  200  hec- 
tolitres de  vin  par  hectare;  les  vendanges  s'y  élèvent  même  parfois 
au  delà  de  300  hectolitres  de  vin  avec  le  cépage  Aramon.  Or,  la  matière 
organique  du  sol   desséché  à  100  degrés   ne   s'élève  pas   à   plus  de 

1.  Note  lue  à  l'Académie  des  sciences  le  12  février  1883. 


INFLUENCE   DE  L'HUMIDITi?!  SOUTERRAINE   SUR   LES  VIGNES.  249 

2  pour  100,  tandis  que  la  matière  minérale  est  formée  d'un  sable  cal- 
caire dosant  75  pour  100  de  silice,  20  à  22  pour  100  de  carbonate 
de  chaux,  moins  de  1  pour  100  de  silicate  d'alumine  et  de  potasse, 
0.25  de  sesquioxyde  de  fer,  0.03  d'acide  phosphorique.  Les  matières 
azotées,  il  est  vrai,  dans  les  parties  les  plus  ferciles,  s'élèvent  à  0.82 
pour  100  (0.13  d'azote);  c'est  que  là  on  emploie  jusqu'à  100  mètres 
cubes  de  fumier  que  l'on  va  chercher  à  Cette  par  bateau,  et  que  l'on 
amène  à  Aigues-Mortes  par  le  Grau  du  Roi  et  par  le  canal  de  Beau- 
caire  à  la  mer.  Ce  fumier  est,  il  est  vrai,  très  riche;  j'y  ai  trouvé 
11  pour  100  de  matières  azotées  après  l'avoir  desséché,  ou  6.16  à  l'état 
normal,  de  telle  sorte  que,  peu  après  avoir  donné  la  fumure,  on  trouve 
des  quantités  d'ammoniaque  considérables  dans  le  sable  fécondé;  mais 
le  fumier  y  est  vite  dévoré  sous  l'ardeur  du  soleil.  Les  pluies  sont 
rares;  dans  la  plupart  des  années,  il  ne  tombe  presque  pas  d'eau, 
entre  avril  et  septembre,  ce  qui  n'empêche  d'avoir  de  magnifiques  ven- 
danges. Dans  ces  conditions,  il  m'a  paru  qu'on  ne  pouvait  pas  expli- 
quer la  résistance  et  la  fécondité  du  vignoble  d'Aigues-Mortes  par  le 
seul  examen  de  la  superficie  de  son  sol,  et  j3  résolus  de  le  parcourir 
la  sonde  à  la  main  pour  en  étudier  par  comparaison  le  sol  et  le 
sous-sol. 

Je  fus  accompagné  dans  mon  expédition,  entre  autres  personnes, 
par  l'ingénieur  en  chef  des  ponts  et  chaussées  des  Bouches-du-Rhône, 
M.  Stœcklin,  par  l'inspecteur  général  d'agriculture  de  la  région, 
M.  du  Peyrat,  par  le  maire  d'Aigues-Mortes  membre  du  Conseil  géné- 
ral du  Gard,  et  par  M.  Bayle,  agriculteur  à  Aigues-Mortes,  à  qui  l'on 
doit  d'avoir  révélé  la  résistance  des  vignes  plantées  dans  les  sables, 
au  milieu  d'une  région  où  toutes  les  autres  vignes  avaient  succombé 
sous  l'invasion  phylloxérique.  Avec  le  concours  de  M.  Bayle,  j'ai  pu 
tout  d'abord  circonscrire  la  précieuse  immunité  ;  elle  s'étend  des 
environs  des  Saintes-Mariés  jusqu'à  Palavas;  Aigues-Mortes  en  est  à 
peu  près  le  centre;  elle  embrasse  environ  6,000  hectares;  elle  est 
teintée  en  bleu  sur  la  carte  de  l'état-major  que  je  présente  à  l'Acadé- 
mie; on  peut  voir  qu'elle  n'est  pas  absolument  continue,  mais  qu'elle 
est  entrecoupée  par  des  étangs  et  par  des  terres  dites  des  salants  qui 
sont  improductives  et  ne  portent  que  des  plantes  salicornes.  Les  son- 
dages ont  révélé  cette  circonstance  caractéristique  qu'alors  qu'il  n'était 
pas  tombé  de  pluie  depuis  plus  de  trois  mois  (nous  étions  à  la  fin  de 
juin),  on  ne  trouvait  que  moins  de  1  pour  100  d  eau  dans  la  première 
couche  à  0™.20  de  profondeur,  de  6  à  12  selon  les  lieux  à  1  mètre  de 
profondeur,  de  18  à  21  pour  100  entre  2  mètres  et  2'°. 25.  Dans 
tous  les  sables  fertiles  delà  région  d'Aigues-Mortes,  ce  fait  est  constant; 
quant  au  sel,  il  ne  s'est  trouvé  nulle  part  en  proportion  dépassant 
5  dix-millièmes  à  1  mètre  de  profondeur  et  1  pour  100  à  2  mètres, 
tandis  que  les  terrains  salés  voisins  en  renfermaient  à  la  surface  envi- 
ron un  demi  pour  100  alors  qu'il  n'y  poussait  plus  que  des  plantes 
salicornes;  j'ai  constaté  jusqu'à  10  pour  100  de  sel  dans  les  parties 
tout  à  fait  impropres  à  la  végétation;  dès  que  plus  de  1  pour  100  de 
sel  existe  dans  le  sol,  la  stérilité  commence. 

Les  terrains  salés  sont  plus  bas  que  les  sables  fertiles,  mais  la  hau- 
teur de  ceux-ci  est  souvent  de  moins  de  2  mètres.  La  présence  con- 
stante d'un  sable  aquilère  mouillé  par  de  l'eau  douce  au  point  d'être 
fluide,  me  paraît  être  la  eu  use  de  la  vigueur  de  la  végétation  du 


250  INFLUENCE  DE  l'HUMIDITÉ  SOUTERRAINE  SUR    LES    VIGNES. 

vignoble  d'Aigues-Mortes^;  la  capillarité  dç  toute  la  couche  sableuse 
fournit  aux  racines  de  la  vigne  l'humidité  nécessaire  à  la  plante,  à 
son  beau  feuillage^  à  raisins,  malgré  l'absence  de  la  pluie. 

J'ai  d'ailleurs  voulu  vérifier  le  fait  dans  le  laboratoire,  en  comparant 
sous  le  point  de  vue  de  la  capillarité,  le  sable  d'Aigues-Mortes  à  un 
autre  sable  pris  dans  les  landes  de  Gascogne  par  M.  de  Darapierre, 
sur  la  propriété  de  Léon,  commune  de  Messanges,  arrondissement  de 
Dax;  ce  sable  est  de  même  finesse,  mais  nullement  calcaire  et  entiè- 
rement siliceux  (98  pour  100  de  silice,  0.5  d'argile);  il  se  distingue 
d'ailleurs  par  ce  fait  qu'il  est  à  réaction  acide,  tandis  que  le  sable 
d'Aigues-Mortes  est  à  réaction  alcaline. 

J'ai  pris  trois  tubes  de  verre  de  0'".020  de  diamètre  intérieur  et 
de  0"'.024  de  diamètre  extérieur  et  de  1  mètre  de  hauteur,  plus  un 
quatrième  tube  capillaire  (O^.OOG  de  diamètre  extérieur  et  0"'.004 
de  diamètre  intérieur);  j'ai  rempli  les  tubes  n°  1  et  n"  2  avec  du  sable 
d'Aigues-Mortes  pris  en  deux  places  différentes,  le  tube  n"  3  avec  du 
sable  des  Landes,  le  tube  n"  4  (capillaire)  avec  le  même  sable  d'Aigues- 
Mortes  que  le  n°  1 .  Ces  tubes  sont  fermés  à  la  base  par  un  morceau  de 
toile  fine;  ils  plongent  de  0".05  dans  un  vase  rempli  d'eau  que  l'on 
entretient  continuellement  au  même  niveau;  à  côté  se  trouve  un  tube 
capillaire  de  même  diamètre  que  le  n"  4  et  dans  lequel  on  constate 
que  le  niveau  de  l'eau  reste  à  une  hauteur  constante  de  0'".005  et 
demi.  L'expérience  démontre  qu'il  a  fallu  à  l'eau  :  dans  le  tube  n°  I , 
10  jours  pour  s'élever  à  0°'.474;  —  dans  le  tube  n"  2,  1 1  jours  pour 
s'élever  à  0'".479;  —  dans  le  tube  n°  3,  149  jours  pour  s'élever  à 
O'-.^^S;  —  dans  le  tube  n°  4,  7  jours  pour  s'élever  à  0°.486.  — 
L'expérience  démontre  aussi  que,  du  1 0  août  au  1 4  novembre  1 882 
(97  jours),  l'eau  s'est  élevée  à  0'°.781  dans  le  tube  n"  1  ;  à  0"\758 
dans  le  tube  n"  2;  à  0"'.392  dans  le  tube  n"  3  ;  à  r.05  dans  le  n°'A. 
—  Enfin  le  8  janvier,  l'eau  avait  atteint  0™.853  dans  le  n"  1;  0'".837 
dans  le  n°  2;  0'".478  seulement  dans  le  n"  3.  La  hauteur  totale  du 
tube  était  atteinte  dans  le  n"  4.  J'ai  installé,  pour  continuer  les  expé- 
riences, des  tubes  de  2"\25  de  hauteur  et  O^.Od  de  diamètre  inté- 
rieur, afin  d'écarter  toute  influence  provenant  de  l'action  attractive  du 
verre.  Je  veux  chercher  à  quelle  hauteur  maximum  l'eau  peut  s'élever 
capillairement  dans  le  sable;  comparer  le  sable  calcaire  d'Aigues- 
Mortes  avec  le  même  sable  dépouillé  de  son  calcaire  par  le  lavage 
avec  une  eau  acide;  essayer  de  mesurer  en  outre  l'ascension  capillaire 
dans  un  sable  portant  supérieurement  une  culture;  je  pourrai  ainsi 
mesurer  la  quantité  totale  d'eau  nécessaire  à  une  récolte  tant  pour  la 
production  du  vin  que  pour  la  pousse  des  sarments  et  des  feuilles,  et 
des  besoins  de  l'évaporation.  En  attendant,  il  demeure  acquis  que  l'eau 
monte  très  rapidement  par  capillarité  dans  le  sable  d'Aigues-xMortes, 
très  lentement  dans  le  sable  des  Landes. 

La  capillarité  qui  amène  du  fond  dans  les  vignes  l'eau  souterraine, 

1.  Dans  son  livre  La  région  du  bas-Rhône,  M.  Charles  Lenihéric,  ingénieur  en  chef  des  ponts  et 
chaussées,  a  déjà  signalé  le  rôle  de  la  couche  inférieure  d'eau  douce,  mais  sans  soupçonner  l'impor- 
tance qu'elle  pourrait  avoir  pour  la  végétation  de  la  vigne.  «  Ces  longues  lignes  de  dunes,  dit-il.  et  les 
bas-fonds  raarécageux  qui  les  séparent  sont  caractérisés  par  des  flores  tout  à  fait  distinctes.  Les  pins 
d'Alep,  le  peuplier  blanc,  les  allantes,  les  pins-parasol,  demandent  pour  vivre  que  leurs  racines 
pénètrent  dans  un  sol  imprégné  d'eau  douce  ;  et  la  pluie  qui  filtre  à  travers  les  dunes  depuis  long- 
temps dessalées  entretient,  à  quelques  mètres  au-dessous  de  la  surface,  une  humidité  favorable 
à  la  végétation  arborescente.  L'eau  des  bas-fonds,  au  contraire,  est  saumàtre  et  quelquefois  salée; 
et  la  flore  très  pauvre  de  ces  anciennes  lagunes  desséchées  ne  présente  que  des  joncs,  des  sali- 
cornîSj  des  soudes  au  feuillage  terne,  aux  ileurs  indécises,  à  l'aspect  maladif  et  étiolé.  ». 


INFLUENCE  DE  L'HUMIDITÉ    SOUTERRAINE  SUR  LES  VIGNES.  251 

est-elle  réellement  cause  de  la  vigueur  des  ceps?  L'expérience  suivante 
le  prouve.  Un  wagon  rempli  de  sable  d'Aigues-Mortes  a  été  expédié, 
sur  l'oidre  de  M.  Talabot,  par  la  Compagnie  de  Paris-Lyon-Méditer- 
ranée, au  cap  Pinède,  à  Marseille,  où  le  sablea  été  placé  par  M.  Marion 
dans  une  fosse  de  2  mètres  de  largeur  sur  6  mètres  de  longueur,  à  sol 
argileux,  au  milieu  de  vignes  phylloxérées  traitées  par  le  sulfure  de 
carbone.  Les  pieds  de  vigne  plantés  dans  la  couche  de  sable,  n'ont 
pas  eu  le  phylloxéra,  quoique  non  traités,  mais  ils  ont  végété  sans 
prendre  l'aspect  luxuriant  des  vignes  d'Aigues-Mortes;  ils  souffraient 
de  l'absence  d'humidité  que  le  sable  ne  pouvait  emprunter  au  sous-sol 
resté  presque  sec.  Je  conclus  que  les  vignes  dans  les  sables,  en  pays 
et  en  temps  de  sécheresse,  ont  besoin  de  l'eau  souterraine  qui  leur 
arrive  par  capillarité,  et  je  crois  pouvoir  dire  que  d'une  manière  géné- 
rale les  vignes  ne  donnent  d'abondantes  vendanges  que  lorsqu'il  y  a 
dans  le  sol  une  réserve  d'eau  suffisante.  Les  cépages  très  productifs 
tels  que  l'aramon  ne  donnent  que  30  à  ^0  hectolitres  par  hectare  dans 
(les  coteaux  secs,  tandis  que  j'ai  vu  des  vendanges  de  400  hectolitres 
dans  des  plaines  oii  ily  avait  un  sous-sol  fournissant  l'humidité  néces- 
saire. On  doit  étudier  le  sous-sol  avant  de  planter  des  vignes.  Dans 
tous  les  cas  les  cultures  dans  les  sables  ne  réussissent  bien  que  si  ces 
sables  ont  une  capillarité  très  grande  et  reposent  sur  une  couche 
aquifère. 

Au  point  de  vue  particulier  de  la  formation  des  sables  d'Aigues- 
Mortes,  on  doit  considérer  que  les  terrains  de  cette  côte  résultent  des 
alluvions  du  Rhône  modifiées  par  l'action  de  la  mer  et  sont  relativement 
modernes.  D'une  manière  générale,  les  terrains  transportés  par  le  Rhône 
et  déposés  dans  la  région  de  son  embouchure,  sont  argileux  ;  mais  il  a 
existé  à  l'époque  du  dépôt  de  ces  alluvions,  et  il  existe  encore  aujour- 
d'hui des  crues  déposant  des  sables  avec  plus  ou  moins  d'abondance, 
suivant  la  force  et  la  direction  des  courants.  A  l'époque  où  la  mer 
venait  battre  la  chaîne  de  collines  s'étendant  de  Saint-Gilles  à  Beau- 
caire,  les  alluvions  successives  du  Rhône  ont  reculé  peu  à  peu  la 
plage,  et,  dans  toutes  les  dépressions,  le  séjour  des  eaux  de  mer  a  dû 
fortement  imprégner  le  sol  de  sel.  Il  paraît  probable  qu'il  a  dû  se 
former  alors  des  cuvettes  remplies  d'eau  de  mer  à  la  suite  des  tempê- 
tes du  large  qui  poussaient  les  vagues  sur  la  plage  ;  par  le  fait  de 
l'évaporation  suivie  d'un  nouvel  apport  d'eau  de  mer,  la  salure  du  sol 
a  dû  augmenter  successivement. 

D'un  autre  côté,  la  présence  d'une  humidité  constante  dans  le  sous- 
sol  provoque  la  remontée  du  sel  à  la  surface,  par  un  effet  de  capilla- 
rité qui  se  manifeste  avec  d'autant  plus  d'énergie  que  l'évaporation  à 
la  surface  du  sol  est  plus  active,  sous  la  double  action  d'une  chaleur 
intense  et  de  vents  violents. 

Le  salant  se  constate  toujours  à  son  maximum  dans  les  cuvettes, 
dans  les  endroits  bas  et  argileux  ;  il  est  moindre  sur  les  mamelons 
dessalés  par  les  eaux  de  pluie  qui  ont  entraîné  le  sel  dans  les  bas- 
fonds;  Dans  les  sables  qui  retiennent  le  sel  avec  beaucoup  moinsd'énergie 
que  l'argile,  on  retrouve  peu  ou  pas  de  salant  suivant  le  relief  du 
terrain. 

Quant  aux  cordons  littoraux,  c'est-à-dire  aux  petites  dunes  de  sable 
qu'on  remarque  sur  le  littoral  (à  Aigues-Mortes,  il  y  en  a  quatre  bien 
visibles),    leur   formation    paraît    résulter  de  la   double  action   des 


2b2  INFLUENCE  DE  L'HUMIDITE  SOUTERRAINE  SUR  LES  VIGNES. 

dépôts  sablonneux  du  Rhône  et  des  dépôts  marins  amenés  par 
les  courants  qui,  du  large,  viennent  toujours  lécher  les  côtes.  Ces 
sables  marins  mélangés  aux  sables  du  Rhône,  triturés  et  amoncelés 
par  le  travail  des  vagues,  ont  formé  les  cordons  de  dunes  d'Aigues- 
Mortes. 

Du  reste,  des  formations  identiques  se  remarquent  sur  tout  le  litto- 
ral français  de  la  Méditerranée,  à  toutes  les  embouchures  des  fleuves 
ou  des  cours  d'eau.  Sur  des  surfaces  moindres  on  rencontre  des  ter- 
rains analogues  aux  embouchures  de  l'Aude  et  de  l'Hérault. 

D'après  des  observations  qui  m'ont  été  transmises  par  M .  de  Clermont- 
Ganneau,  ancien  vice-consul  de  France  à  Jafîa  en  Palestine  (32°  lati- 
tude N.  et32°*23'  longitudeE.),  il  existe  dans  celte  localité  des  cultures 
admirables  d'orangers,  de  citronniers  et  de  vignes  faites  dans  des  sables 
situés  au  bord  de  la  mer.  La  vigne  est  plantée  très  profondément  et 
fournit  d'abondantes  récolles  vendues  surtout  pour  la  consommation 
du  raisin  et  expédiées  à  Port-Saïd.  Le  sable  présente  une  couche 
aquifère  à  une  petite  distance  de  la  surface.  On  y  constate  les  mêmes 
.  faits  qu'à  Aigues-Mortes. 

Je  me  propose  de  présenter  à  l'Académie  la  suite  des  expériences 
que  je  poursuis  depuis  longtemps,  particulièrement  sur  les  vignobles 
soumis  à  la  submersion;  elles  m'ont  semblé  mériter  surtout  l'attention 
par  ce  point  particulier  que  la  capillarité  des  terrains  exerce  sur  la 
végétation  des  vignes  et  de  toutes  les  -plantes  une  action  qu'on  ne 
saurait  négliger.  Ces  résultats  sont  d'ailleurs  une  confirmation  des 
doctrines  que  M.  Chevreul  professe  depuis  longtemps  relativement  à 
l'influence  des  eaux  souterraines  en  agricullure. 

En  1873,  lorsque  M.  Bayle  signala  le  caractère  des  sables  d'Aigues- 
Mortes,  au  point  de  vue  de  la  résistance  au  phylloxéra,  les  6,000  hec- 
tares de  terres  sablonneuses  se  répartissaient  comme  il  suit  :  500  hec- 
tares en  vignes,  500  en  pins-pignons,  800  en  cultures  diverses,  et 
4,200  en  terres  hernies,  couvertes  de  mauvais  pâturages.  En  1882, 
après  moins  de  dix  ans,  on  comptait  4,000  hectares  plantés  en  vignes, 
dont  3,000  en  production.  La  valeur  de  ces  terres  s'est  élevée,  de  500 
à  1,000  francs  par  hectare  en  1873,  à  5,000  francs  et  10,000  francs 
en  1882.  La  ville  d'Aigues-Mortes  et  son  port,  qui  étaient  ruinés, 
renaissent  à  une  nouvelle  prospérité.  Ce  mouvement  se  manifeste 
déjà  par  un  accroissement  de  population  de  400  habitants  environ, 
constaté  par  le  recensement  de  1881  sur  celui  de  1876,  et  par  un 
nombre  remarquable  de  constructions  nouvelles.  Mais,  dans  ce  pays 
jusqu'ici  déshérité,  les  chemins  manquent  encore;  les  anciens  chemius 
de  terre  ont  été  complètement  défoncés  par  les  charrois  que  nécessite 
la  plantation  d'une  si  grande  étendue  de  vignes,  appelées,  par  leur 
énorme  production,  à  rendre  la  richesse  à  la  contrée. 

En  résumé,  les  abondantes  vendanges  proviennent  du  réservoir 
d'eau  existant  dans  le  sous-sol  et  montant  vers  les  racines  par 
capillarité;  celle-ci  est  différente  selon  la  nature  des  sables  en  ce  qui 
concerne  les  cultures  dans  les  terres  sablonneuses  que  j'ai  particu- 
lièrement étudiées  dans  cette  note.  Pour  se  rendre  compte  de  la  pro- 
duction des  récoltes,  il  convient  toujours  de  chercher  quels  échanges 
peuvent  se  produire  entre  la  couche  arable  et  les  sols  voisins  ainsi  que 
le  sous-sol.  Le  fait  de  l'action  de  l'eau  souterraine  est  manifeste  dans 
le  vignoble  d'Aigues-Mortes.  J.-A.Barral. 


LES  BLÉS  DE  PRINTEMPS.  253 


LES  BLES  DE  PRINTEMPS 

Il  y  a  quelques  semaines  j'appelais  ici  même  l'attention  des  agri- 
culteurs sur  les  meilleurs  moyens  de  suppléer  aux  semis  d'automne, 
empêchés  en  bien  des  endroits  par  l'excès  d'humidité.  C'était  à  la  fin 
de  décembre,  et  j'insistais  particulièrement  sur  la  possibilité  de  semer 
des  blés  de  février,  desquels  on  pouvait  attendre  encore  des  rende- 
ments presque  équivalents  à  ceux  des  blés  d'automne. 

Malheureusement  l'espoir  d'amélioi;ation  du  temps  que  donnait  alors 
une  série  de  jours  secs,  sans  gelée,  a  été  déçu,  au  moins  dans  la  plu- 
part des  départements  du  centre  et  du  nord  ;  les  pluies  sont  revenues, 
les  terres  ne  se  sont  pas  égouttées  suffisamment  pour  être  emblavées 
dans  de  bonnes  conditions,  et,  aujourd'hui ,  la  saison  s'avançant,  on 
voit  en  bien  des  endroits  qu'il  faudra  se  rabattre  sur  les  blés  de  mars 
proprement  dits  pour  les  ensemencements  non  encore  faits. 

Il  devient  intéressant,  dans  ces  circonstances,  d'examiner  les  mé- 
rites et  les  aptitudes  spéciales  des  diverses  races  de  blés  de  mars  avant 
l'arrivée  de  la  saison  oi^i  les  plus  précoces  d'entre  elles  peuvent  seules 
être  semées  utilement. 

La  distinction,  en  effet,  n'est  pas  absolument  tranchée  entre  les  blés 
de  février  et  les  blés  de  mars.  Ces  désignations  répondent  à  l'emploi 
cultural  habituel  des  diverses  variétés,  emploi  qui  est  fondé  sur  leur 
plus  ou  moins  grande  rapidité  de  végétation,  mais  qui  peut  être  mo- 
difié par  l'influence  du  sol  ou  de  l'exposition.  Tel  blé  de  février  réussit 
parfaitement  fait  en  mars  dans  une  terre  saine  et  riche,  tandis  qu'ail- 
leurs, tel  blé  de  mars  ne  donne  jamais  de  si  beaux  rendements  que 
quand  il  est  fait  en  février. 

Ainsi,  pour  prendre  des  exemples,  le  blé  rouge  de  Saint-Laud  et  le 
blé  red  chaff  Dantzick  ont  souvent,  à  ma  connaissance,  donné  des  ré- 
sultats satisfaisants  lorsqu'ils  ont  été  semés  dans  de  bonnes  terres 
saines  au  commencement  de  mars.  Cependant,  je  considère  comme 
prudent  d'en  cesser  les  semis  vers  le  20  février.  Passé  cette  date,  il 
me  paraît  sage  de  donner  la  préférence  aux  blés  qui  sont  franche- 
ment blés  de  février  et  de  mars,  ou  aux  blés  de  printemps  proprement 
dits. 

Les  blés  qui  conviennent  bien  à  la  fois  aux  semis  de  février  et  de 
mars  (blés  qui,  soit  dit  en  passant,  sont  aussi  des  blés  d'automne) 
sont  au  nombre  de  cinq  ou  six,  parmi  lesquels  il  faut  surtout  recom- 
mander les  trois  suivants  : 

1°  Blé  de  Noé  ou  blé  bleu,  si  connu  et  si  répandu  qu'il  est  à  peine 
utile  d'en  rappeler  les  caractères.  Fait  tardivement,  il  est  encore  plus 
court  de  paille  que  semé  en  automne  et  en  hiver  ;  mais  l'épi  reste 
beau  et  contraste  par  sa  longueur  avec  le  peu  de  hauteur  de  la  paille. 
Le  grain  est  plus  rougeâtre  et  moins  plein  dans  les  semis  de  mars  que 
dans  ceux  d'automne,  mais  il  donne  encore  un  produit  considérable 
et  de  bonne  qualité. 

Plus  que  pour  les  autres  blés,  il  faut  éviter,  pour  celui-ci,  les  fu- 
mures trop  azotées  qui  le  rendent  plus  accessible  aux  attaques  de  la 
rouille. 

2"  Le  blé  de  Bordeaux  ou  rouge  inver sable,  plus  haut  de  paille  que 
le  blé  de  Noé,  rustique,  vigoureux,  convenant  bien  à  toutes  les  terres 


254  LES  BLÉS  DE  PRINTEMPS. 

moyennes  et  ne  redoutant  pas  un  sol  fort  et  argileux.  Ce  blé  donne, 
iriênie  s'il  est  fait  assez  tard  en  saison,  un  bon  produit  en  paille  et  un 
jïrain  assez  gros  et  assez  plein.  11  peut  se  semer  utilement  jusqu'au 
^5  mars. 

t'^"  Le  blé  Hérisson  barbu^  fin,  menu,  pas  très  productif  en  paille,  ne 
payant  pas  de  mine.  Ce  blé  a  l'avantage  de  donner  presque  toujours 
un  produit  assuré.  Le  grain  en  est  petit,  mais  lourd  et  de  qualité  su- 
périeure. L'épi  est  barbu,  ce  qui  fera  rejeter  ce  blé  par  beaucoup  de 
cultivateurs. 

Plus  ces  blés  seront  semés  tard,  plus  on  verra  diminuer  leur  supé- 
riorité sur  les  blés  de  mars  proprement  dits,  et  à  partir  du  10  ou  du 
15  mars,  c'est  à  ces  derniers  qu'il  faudra  donner  la  préférence.  Le 
nombre  en  est  assez  grand,  mais  il  en  est  deux  qui  l'emportent  telle- 
ment sur  les  autres,  par  l'ensemble  de  leurs  qualités,  qu'ils  doivent 
être  cités  et  recommandés  en  première  ligne. 

C'est  d'abord  le  blé  Chiddarn  blanc  de  marsj  obtenu  par  M.  Garnot, 
de  Yillaroclie,  un  des  doyens  et  des  maîtres  de  1  agriculture  dans  le 
département  de  Seine-et-Marne.  Cette  excellente  variété  demande  à 
être  semée  dans  uns  terre  riche  et  bien  travaillée,  mais  aussi  elle  donne 
un  produit  considérable  en  grain  et  en  paille.  Celle-ci  est  fine,  assez 
haute,  bien  blanche  ainsi  que  l'épi.  Le  grain  fin  et  très  blanc,  bien 
plein,  prend  dans  les  bonnes  terres  et  les  saisons  favorables  un  déve- 
loppement qui  le  rapproche  complètement  des  bons  blés  d'automne. 
C'est  là  le  blé  qu'on  doit  recommander  pour  les  terres  en  bon  état  de 
culture  que  les  circonstances  forceront  à  ensemencer  tardivement.  Ce 
blé  a  rendu  d'immenses  services  en  1871  :  semé  après  la  fin  de  la 
guerre,  il  a  donné  dans  certaines  fermes  une  récolte  équivalente  à 
celle  des  blés  de  saison  dans  une  année  moyenne. 

A  côté  du  blé  Chiddam  blanc  de  mars  et  non  pas  au-dessous  de  lui 
il  faut  indiquer  le  blé  de  Saumur  de  mars  ou  blé  de  mars  de  Brie. 
Celui-ci  a  le  grain  jaune  d'or,  arrondi,  bien  plein.  Il  rend  presque 
autant  que  le  Chiddam  de  mars  dans  les  très  bonnes  terres  et  s'accom- 
mode mieux  que  lui  des  sols  un  peu  secs,  calcaires,  ou  de  qualité 
médiocre.  Il  supporte  aussi  d'être  semé  plus  tardivement  et  peut  être 
mis  en  terre  jusqu'au  1^'  avril,  tandis  qu  il  vaut  mieux  ne  pas  semer 
le  Chiddam  de  mars  après  le  20  mars.  Son  produit  en  paille  est  d'au- 
tant meilleur  que  le  semis  a  été  fait  plus  tôt. 

Après  ces  deux  excellents  blés  de  mars,  on  peut  citer  encore,  mais 
en  second  ordre  : 

La  Richelle  blanche  de  Naples^  beau  blé  blanc  à  gros  grain,  admi- 
rable quand  il  réussit  bien,  m.ais  un  peu  délicat  et  redoutant  les  excès 
de  sécheresse  et  d'humidité.  11  est  excellent  pour  les  terres  fraîches 
des  pays  à  climat  chaud. 

Le  blé  Talavera  de  Bellevue  et  le  blé  Rousselin  se  rapprochent  beau- 
coup de  la  Richelle  de  Naples  par  leurs  aptitudes.  Le  premier  est  un 
peu  plus  tardif,  le  second  a  l'épi  rouge;  tous  deux  tout  à  grain  blanc. 

Les  blés  Victoria  de  mars  et  de  mars  barbu  ordmairë  sont  de  bons 
blés  rustiques  mais  pas  très  productifs,  et  puis  ils  sont  barbus,  ce  qui 
déplaît  en  général  aux  cultivateurs. 

Les  blés  de  mars  rouye  barbu  ou  blé  de  mai  et  carré  de  Sicile  ont 
leurs  avantages,  surtout  pour  les  semis  très  tardifs. 

Les  blés  durs  de  printemps,  Trimenia,  Xérès,  Belatourka,  Médéali, 


LES  BLÉS  DE  PRINTEMPS.  255 

sont  à  recommander  pour  le  Midi,  mais  non  pas  pour  les  régions  du 
Centre  et  du  xNord  auquelles  s'appliquent  plus  particulièrement  toutes 
les  indications  ci-dessus. 

En  résumé,  il  me  semble  que  l'on  devra  considérer  dans  une  dizaine 
de  jours  la  saison  comme  passée  pour  les  semis  des  blés  de  féviier. 

Comme  transition  entre  ceux-ci  et  les  blés  de  mars  proprement  dits 
on  pourra  encore  semer  utilement  les  blés  de  Bordeaux,  de  Noé  et 
Hérisson  barbu,  jusque  dans  la  première  quinzaine  de  mars. 

Avant  d'en  arriver  à  l'époque  oij  les  trois  blés  ci-dessus  ne  peuvent 
plus  se  semer,  il  convient  de  commencer  les  semis  des  bl's  de  mars 
proprement  dits,  et  en  particulier  du'Saumur  de  mars  pour  les  terres 
moyennes  et  du  Chiddam  blanc  de  mars  pour  les  très  bonnes  terres. 
Ce  dernier  p3Ut  se  semer  déjà  avec  profit  dans  la  fin  de  février. 

Enfin,. les  divers  blés  de  mars  barbus  pourraient  servir  aux  semis 
tout  à  fait  tardifs,  mais  alors  se  pose  la  question  de  savoir  s'il  y  a 
bien  réellement  avantage  à  faire  du  blé  dans  les  terres  qui  n'auraient 
pas  été  ensemencées  au  l*""  avril  par  exemple.  Pour  ma  part,  je  crois 
que  l'orge  ou  l'avoine  y  donneraient  presque  toujours  un  meilleur 
produit.  — Afin  de  ne  pas  allonger  outre  mesure  cet  article,  je  remets 
à  une  autre  fois  l'examen  et  l'étude  comparative  des  céréales  de  prin- 
temps autres  que  le  blé.  H.  Vilmorin. 

LES  ANIMAUX  AU  CONCOURS  DE  PARIS  EN  1883-  —  II 

N'étant  pas  membre  de  la  Commission  du  rendement  à  l'abattoir 
des  animaux  primés,  je  ne  sais  point  d'une  manière  officielle  les  résul- 
tats des  observations  faites  par  les  zélés  et  consciencieux  scrutateurs 
faisant  partie  de  cette  Commission,  mais  j'ai  assez  d'expérience  et  de 
coup  d'œil,  fruits  de  ma  longue  carrière  d'éleveur,  pour  prédire  à 
l'avance  le  caractère  de  ces  résultats.  Ainsi,  lorsque  l'année  dernière, 
je  prédisais  le  rendement  détestable  du  bœuf  lauréat  du  prix  d'hon- 
neur, le  rapport  officiel,  publié  au  commencement  du  catalogue  de 
l'exposition  dernière,  a  confirmé  en  tous  points  mon  appréciation  de 
l'animal  si  njalheureusement  choisi.  Aujourd'hui,  je  n'hésite  nulle- 
ment à  prédire  de  bien  meilleurs  rendements.  Le  bœuf  de  M.  Signoret, 
sans  être  parfait,  présentait  toutes  les  qualités  qui  manquaient  en 
totalité  à  son. prédécesseur  de  l'année  dernière,  y  compris  et  surtout 
celle  de  la  jeunesse.  Mais  je  crois  que  le  bœuf  n°  40,  présenté  par 
M.  Nadaud,  et  premier  prix  de  la  seconde  catégorie,  donnera  des  ren- 
dements exceptionnels.  Ce  n'est  que  dans  les  concours  du  club  de 
Smilhfield  à  Londres,  que  j'ai  pu  admirer  un  engraissement  aussi  par- 
fait que  celui  de  ce  bœuf,  dont  j'ai  rarement  vu  l'égal  et  plus  rarement 
encore  le  su})érieur.  Si  ce  n'avait  été  la  question  de  précocité,  c'est 
bien  à  celui-là  que  nous  aurions  donné  le  prix  d'honneur;  maison  pré- 
sence du  bœuf  de  M.  Signoret,  tout  aussi  parfait  de  formes,  et  ayant 
pour  lui  l'avantage  d'un  poids  presque  égal  avec  un  âge  bien  moins 
avancé,"  nous  avons  du,  avec  l'assentiment  de  la  grande  majorité  de  nos 
collègues  des  jurys  réunis,  accorder  la  palme  à  la  jeunesse,  c'est-à-dire  à 
la  précocité.  Cette  décision,  d'ailleurs,  motivée  par  cette  considération, 
n'ôteriyn  au  mérite  remarquable  du  bœuf  de  M.  Nadaud,  lequel  faisait 
autant  d'honneur  à  l'admirable  croisement  dont  il  était  un  si  parfait 
spécimen,  qu'à  l'habileté  maintenant  si  solidement  établie  de  son  émi- 
nent  engraisseur  et  exposant. 


256  LES  ANIMAUX  AU  CONCOURS  DE    PARIS. 

Quant  aa  succès  de  M.  Si^noret,  il  a  eu  le  mérile  de  n'être  contesté 
par  aucun  appréciateur  sérieux,  et  ce  mérite  est  encore  rehaussé,  en 
ce  qui  regarde  l'iiabile  exposant,  par  le  fait  que  celui-ci  était  à  la  fois 
l'éleveur  et  l'cngraisseur  du  lauréat.  Un  homme  ayant  la  connaissance 
esthétique  du  bœuf  peut  choisir  chez  les  éleveurs  im  animal  de  formes 
irréprochables  et  l'engraisser  avec  une  habileté  dont  personne  ne  songe 
à  contester  le  mérite.  Mais  l'exposant  qui  combine,  comme  M.  Signo- 
ret,  riiabilelé  de  l'éleveur  avec  le  savoir-faire  de  l'cngraisseur,  pos- 
sède inconstablement  un  double  mérite  qui  doit  influencer  le  verdict 
du  jury  dans  une  certaine  mesure.  Je  crois  donc  que  la  décision  du 
jury  est  à  la  fois  judicieuse,  rationnelle  et  juste,  et  qu'on  peut  dire 
du  bœuf  de  M.  Signoret  :  Palmam  qui  meruil  ferai. 

Du  reste,  toute  cette  première  classe  de  jeunes  bœufs  était,  en  tous 
points,  la  plus  belle  du  concours.  Les  races  françaises  et  surtout  les 
charolais  et  les  nivernais  rivalisaient  avec  les  croisés  durhams  en 
perfection  et  en  précocité.  Jamais  je  n'avais  encore  vu  une  manifesta- 
tion si  concluante  et  si  absolue  de  l'heureuse  influence  de  l'introduc- 
tion en  France  de  la  race  durham,  soit  comme  élément  type  d'amélio- 
tion  par  le  croisement,  soit  comme  perfection  proposée  à  l'émulation 
des  éleveurs  de  nos  races  françaises  et  comme  modèle  à  imiter.  Sur 
ce  point,  il  ne  saurait  se  produire  aujourd'hui  une  contradiction 
sérieuse.  C'est  une  vérité  qui  s'impose  à  tous  avec  l'autorité  la  plus 
absolue. 

La  classe  des  bandes  de  bœufs  était  décidément  inférieure  à  celles 
que  nous  avons  vues  dans  plusieurs  concours  antérieurs.  Toutefois,  le 
prix  d'honneur,  à  part  son  caractère  peu  homogène,  avait  un  mérite 
exceptionnel  qui  lui  a  légitimement  valu  l'honneur  qu'il  a  obtenu. 

La  classe  des  vaches  était  médiocre,  nous  avons  vu  beaucoup  mieux. 
Et,  ici,  la  question  de  Li  réadmission  de  la  classe  des  génisses  surgit 
•  naturellement.  J'ai  été  naguère  partisan  de  l'élimination  de  cette  classe 
dans  nos  concours;  mais  devant  les  exigences  de  la  consommation, 
il  faut  bien  reconnaître  qu'il  n'y  a  pas  plus  d'anomalie  dans  l'engrais- 
sement des  génisses  que  dans  celui  des  veaux.  La  viande  de  génisse 
est  d'une  qualité  incontestable,  elle  vaut  celle  des  meilleurs  bœufs 
comme  qualité  de  saveur  et  de  nutrition,  et  en  y  réfléchissant,  on  ne 
peut  s'empêcher  d'admettre  qu'il  n'y  a  rien  d'anormal  .à  ce  que  les 
génisses  qui,  par  une  cause  ou  une  autre,  sont  stériles,  soient  engrais- 
sées pour  la  boucherie,  ce  qui,  du  reste,  est  le  seul  moyen  d'en  tirer 
parti.  Si  la  classe  des  femelles  comprenait,  comme  autrefois,  une  ou 
deux  catégories  de  génisses,  nul  doute  que  cette  mesure  n'ouvrît  à  la 
classe  des  femelles  une  porte  par  laquelle  entreraient  de  jeunes  ani- 
maux dont  la  perfection  et  le  nombre  rehausseraient,  dans  une 
notable  mesure,  le  caractère  ostentiblement  inférieur  de  la  classe  des 
femelles.  C'est  une  considération  que  je  recommande  à  la  direction  de 
l'agriculture,  à  la  tète  de  laquelle  se  trouve  heureusement  aujourd'hui 
l'homme  si  intelligent  que  tout  le  monde  agricole  entoure  d'une  estime 
si  méritée. 

La  classe  des  races  françaises  témoignait,  j'aime  à  le  constater,  tout 
le  progrès  dont  elles  sont  capables.  C'est  peu,  je  l'avoue,  mais  au  moins 
on  aperçoit  déjà  les  heureux  effets  d'une  meilleure  nourriture  pendant 
la  période  de  croissance  et  de  développement,  et  de  soins  plus  intel- 
ligents de  la  part  des  éleveurs;  ces  effets  portent  surtout  sur  la  préco- 


LES  ANIMAUX  AU    CONCOURS  DE  'PARIS.  257 

cité.  Malheureusement,  je  ne  puis  dire  que  les  formes  se  modifient 
au  même  degré.  Nos  races  sont  toujours  ce  qu'elles  étaient  autrefois, 
comme  aspect  extérieur  et  comme  manque  d'équilibre  et  de  symétrie. 
Sur  ce  point  je  ne  puis  constater  aucun  progrès.  Les  races  charolaise 
et  nivernaise  seules  présentent,  à  cet  égard,  un  progrès  qui  s'accentue 
chaque  année.  Mais  ici,  la  cause  est  manifeste  et  je  n'ai  pas  besoin  de 
la  préciser. 

Je  n'ai  pas  pu  examiner  avec  un  soin  assez  particulier  les  classes 
de  l'espèce  ovine;  le  temps  m'a  manqué  pour  le  faire.  Seulement, 
malgré  le  mérite  incontestable  du  groupe  auquel  on  a  donné  le  prix 
d'honneur  des  bandes,  je  ne  puis  approuver  cette  préférence.  Cette 
bande  de  mérinos  était  sans  doute  bien  engraissée;  mais  elle  manquait 
non  seulement  d'homogénéité  dans  son  extérieur,  mais  un  grand 
nombre  parmi  ces  15  moutons  étaient  très  défectueux.  Quelques-uns 
avaient  le  cou  long,  plat,  maigre  et  plissé  par  d'affreux  fanons.  On  a 
voulu  sans  doute,  comme  pour  le  prix  d'honneur  des  bœufs  de  l'année 
dernière,  favoriser  et  honorer  une  race  française,  tout  simplement 
parce  que  c'était  une  race  française,  et  non  parce  que  c'était  le  lot  le 
plus  parfait.  On  comprend  ce  sentiment,  mais  on  ne  saurait  l'approu- 
ver dans  un  concours  où  les  conditions  du  mérite  doivent  être  égales 
pour  tous  les  animaux  exposés  quelle  que  soit  leur  race.  11  ne  m'appar- 
tient pas  de  désigner  les  lots  qui,  selon  mon  humble  opinion,  étaient 
de  beaucoup  supérieurs  à  ces  mérinos;  je  me  contente  de  dire  que 
cette  bande  n'était  pas  la  plus  belle  malgré  son  mérite  plutôt  relatif 
qu'absolu. 

Voilà,  en  effet,  1  5  moutons  de  dix-sept  mois  pesant  en  moyenne 
chacun  70  kilog.,  ce  qui  donne  pour  cinq -cent-vingt  jours  une  augmen- 
tation à  raison  d'un  peu  plus  de  134  grammes  par  jour.  C'est  maigre 
en  comparaison  des  southdow^ns  de  M.  Colas  et  de  M.  le  comte 
de  Bouille,  lesquels  étaient  incomparablement  supérieurs  comme 
formes,  comme  symétrie,  comme  équilibre  et  comme  engraissement. 
La  bande  de  M,  Colas,  âgée  de  huit  mois,  pesait  en  moyenne 
53  kilog.,  ce  qui  donne  une  augmentation  de  poids  à  raison  d'environ 
222  grammes  par  jour.  Ceux  de  M.  le  comte  de  Bouille  présentaient 
une  augmentation  à  raison  de  224  grammes  par  jour. 

J'ai  beaucoup  remarqué  le  lot  de  southdowns  exposé  par  M.  Nouette- 
Delorme  dans  la  catéicorie  des  ac-nelaees  de  l'automne  1880  et  de 
l'hiver  et  du  printemps  de  1881.  Ce  lot,  d'une  perfection  presque 
incomparable,  était  composé  de  3  animaux  pesant  ensemble  294  kilog. 
soit  en  moyenne  98  kilog.,  ce  qui  constitue  un  taux  d'accroissement 
à  raison  de  près  de  160  grammes  par  jour,  ce  qui  est  énorme  pour 
des  moutons  de  cet  âge-là.  Je  dois  dire  que  ce  qui  m'a  le  plus  frappé 
dans  ce  lot,  c'est  la  qualité  et  la  symétrie  parfaite  des  animaux  qui  le 
composaient,  car  je. ne  suis  pas  partisan  de  moutons  aussi  âgés. 
A  quatorze  mois,  engraissé  pour  la  boucherie,  un  mouton  doit  être 
réalisé  ou  bien  son  entretien  n'offre  plus  aucun  bénéfice,  pour  ne  pas 
dire  qu'il  laisse  l'engraisseur  en  perte.  Aussi  je  préfère  beaucoup  le 
lot  du  même  exposant  portant  le  n"  373,  pesant  à  huit  mois  et  quinze 
jours,  cest-à-dire  deux-cent-soixante  jours  environ,  6(j  kilog.,  ce  qui 
donne  une  augmentation  à  raison  de  254  grammes  par  jour.  Voilà  un 
véritable  tour  de  force  qui  mérite  les  plus  grands  éloges  et  les  hon- 
neurs d'un  concours. 


258  LES  ANIMAUX  AU  CONCOURS  DE    PARIS. 

J'ai  déjà  eu  l'occasion  d'admirer  dans  plusieurs  concours  précédents 
les  heureux  résultats  du  croisement  oxtbrdshiredown-caiichois,  prati- 
qué par  M.  Rasset,  de  Monterolier  (Seine-Jnférieure).  C'est  de  mieux  en 
mieux  réussi.  Comme  qualité  de  viande,  perfection  d'engraissement  et 
précocité  de  développement,  c'est  un  véritable  succès  dont  j'aime  à 
féliciter  l'habile  exposant. 

Je  ne  dirai  rien  des  porcs.  J'ai  déjà  remarqué  le  côté  fantaisiste  de 
la  déclaration  des  âges.  Les  erreurs  manifestes  de  ces  déclarations 
deviennent  un  véritable  abus  qu'on  devrait  chercher  à  corriger  à 
l'avenir.  En  Angleterre,  on  trouve  bien  le  moyen  d'examiner  la  denti- 
tion des  porcs  dans  les  concours,  pour  contrôler  les  déclarations  d'âge. 
Pourquoi  n'en  ferait-on  pas  autant  dans  nos  concours  français?  Parmi 
les  lots  exposés,  j'ai  beaucoup  remarqué  celui  de  M.Noblet,  exposé 
sous  les  n"'  538,  539,  540.  C'était  bien  là  ce  qu'il  y  avait  de  plus 
parfait  dans  tout  le  concours,  et  je  m'étonne  qu'on  n'ait  donné  à  cette 
bande  admirable  qu'un  3^  prix.  Il  n'y  avait  rien  de  supérieur  dans 
l'exposition  porcine.  '       -, 

J'arrive  maintenant  à  la  partie,  pour  moi,  la  plus  întére'ssante  du 
concours,  car  c'était  bien  la  plus  importante,'  non  seulement  au  point 
de  vue  de  son  actualité,  mais  surtout  à  celui  de  riofiovation  qu'elle 
constituait  par  sa  présence  à  l'exposition  du  palais  de  l'Industrie,  et 
surtout  par  la  promesse  qu'elle  consacrait  pour  l'avenir,' Je  fais  allu- 
sion ici  à  la  classe  des  reproducteurs,  qui  reparaissait  pour  la  pre- 
mière fois  depuis  plusieurs  années,  pendant  lesquelles  on  avait  dû 
l'abandonner. 

Cette  exposition  était,  cette  année,  plus  intéressante  par  ses  pror 
messes  et  par  son  principe  que  par  son  mérite  particulier.  Comme 
ensemble,  c'était  plus  que  médiocre.  A  part  quelques  jeunes 
taureaux  exposés  par  M.  Signoret,  et  un  ou  deux  taureaux  âgés,  la 
race  durham  était  mal  représentée.  Mais  c'était  un  commencement, 
la  prise  de  possession  d'une  position  nouvelle  que  plusieurs  parmi 
nos  principaux  éleveurs  avaient  chaudement  préconisée  et  poursuivie 
avec  persévérance  et  conviction.  Je  ne  veux  donc  point  la  critiquer, 
car  ce  serait  tirer  sur  mes  amis  et  sur  moi-même.  Seulement 
qu'on  me  permette  de  déclarer  de  nouveau  que  le  concours  des  ani- 
maux gras  tenu  en  plein  hiver,  dans  un  but  s]>écial  et  dans  des 
conditions  particulières,  n'ofîre  point  le  lieu,  ni  l'époque,  ni  lasso- 
ciation  d'idées  qui  conviennent  à  une  exposition  d'animaux  reptoduc- 
teurs  suivie  de  vente.  Je  ne  crois  pas  que,  malgré  les  médailles  offertes 
par  le  gouvernement  et  les  primes  données  par  la  Société  des  agricul- 
teurs de  France,  cette  innovation  intempestive  puisse  donner  les  résul- 
tats satisfaisants  que  nous  en  attendons  tous.  Il  y  a,  dans  toutes  les 
institutions,  une  logique  de  corrélation  impitoyable,  qu'il  est  impossible 
de  froi&ser  sans  qu'il  en  résulte  un  déraillement  plus  ou  moins 
funeste.  Une  combinaison  quelconque  ne  peut  réussir  que  lorqu'il 
existe  entre  ses  éléments  une  harmonie  complète  :  ceci  est  une  vérité 
pratique  qui  s'impose  tout  d'abord  à  l'esprit,  plutôt  qu'une  thèse  pou- 
vant se  démontrer  par  des  arguments  précis.  Le  fait  qu'il  y  a  incom- 
patibilité entre  une  exposition  à  la  fois  d'animaux  gras  et  d'animaux 
reproducteurs,  échappe  peut-être  à  toute  démonstration  logique,  mais 
cela  surgit  tout  d'abord  au  sens  commun  comme  une  impression 
instinctive,  difïïcile  à  définir,  si  l'on  veut,  mais  néanmoins  irrésis- 


LES  ANIMAUX  AU   CONCOURS    DE  PARTS.  259 

tible.  Combien  ne  serait-il  pas  naturel  de  tenir,  comme  autrefois,  ces 
beaux  concours  périodiques  de  reproducteurs,  sinon  avec  la  même 
ampleur  de  compréhension,  sinon  avec  un  caractère  international 
aussi  étendu,  mais  avec  admission  de  certaines  races  pour  attirer  les 
-éleveurs  étrangers,  et  du  moins  permettre  à  l'élevage  français  d'éta- 
ler ses  richesses,  en  solliciter  le  placement,  et  en  disséminer  près  et 
•loin  les  éléments  améiiorateurs.  Ne  serait-il  pas  possible,  avec  un 
peu  de  dévouement  de  la  part  des  éleveurs  et  des  Sociétés  agricoles, 
de  faciliter  au  gouvernement  la  réalisation  de  cette  féconde  insti- 
tution ?  Ne  serait-il  pas  possible  d'économiser  à  cet  effet  sur  les 
dépenses  presque  inutiles  des  petits  concours  locaux  qui  n'otîrent  que 
peu  de  termes  de  comparaison,  presque  toujours  les  mêmes,  pour  con- 
centrer dans  un  grand  concours  général,  tenu  tantôt  dans  un  grand 
centre,  tantôt  dans  un  autre,  tous  les  éléments  d'amélioration,  dans 
le  but  d'en  faire  connaître  et  apprécier  les  mérites  et  d'en  encourager 
l'échange  et  la  dissémination.  Voilà  ce  qu'il  faudrait  instituer  pour 
déterminer  le  courant  de  progrès  dont  notre  agriculture  a  un  si  pressant 
besoin.  L'élevage,  c'est-à-dire  la  production  du  lait  et  de  la  viande, 
est  à  peu  près  la  seule  branche  de  l'industrie  agricole  en  France  qui  se 
trouve  tant  soit  peu  protégée  contre  la  concurrence  étrangère,  par 
le  coût  et  les  difficultés  des  transports  et  les  besoins  immédiats  de  ta 
consommation  locale.  Il  importe  donc  à  un  gouvernement,  ayant  à 
cœur,  je  ne  dirai  pas  la  prospérité,  car  aujourd'hui  cela  semble  bien 
problématique,  mais  le  maintien  décent  de  notre  industrie,  la  plus 
indispensable  au  bien-être  de  la  nation,  de  donner  enfin  des  encoura- 
gements dignes  d'une  nation  comme  la  France  et  dignes  d'une  grande 
agriculture  comme  la  nôtre;  ce  serait,  certes,  de  l'argent  bien  placé. 

A  cette  exposition  générale,  il  faudrait  annexer  une  vente  auûr-  enchè- 
res. Cette  partie  du  programme  pourrait  être  entreprise  par  une  société 
particulière  organisée  à  ce  dessein,  laquelle,  comme  à  Birmingham, 
se  chargerait  de  tous  les  détails,  et  tiendrait  cette  vente  sous  sa  res- 
ponsabilité. Nous  ne  demanderions  au  gouvernement  que  la  faveur  de 
tenir  les  enchères  dans  l'enceinte  du  concours,  par  un  commissaire-pri- 
seur  spécial,  toujours  le  même,  qui  pourrait  ainsi  se  mettre  au  cou- 
rant des  généalogies,  afin  d'en  faire  valoir  le  plus  ou  moins  de  mérite; 
car  dans  une  vente  de  reproducteurs,  ce  n'est  pas  seulement  l'indi- 
vidu que  l'on  offre  aux  acheteurs,  mais  c'est  principalement  son 
mérite  de  sang  et  d'origine.  Il  importe  donc  que  le  commissaire- 
priseur  connaisse  l'histoire  de  la  race  en  général  et  celle  des  familles 
en  particulier. 

Ce  n'est  point  ici  le  lieu  ni  l'occasion  d'examiner  cette  question  sous 
tous  ses  aspects.  S'il  y  a  lieu,  je  me  réserve  de  la  développer  avec 
ma  plume  et  avec  ma  parole,  lorsque  le  moment  opportun  sera  venu. 
Je  me  contente  aujourd  hui  de  l'émettre  pour  que  chacun  puisse 
l'examiner  et  y  réfléchir;  mais  ce  que  je  recommande,  c'est  qu'on 
s'en  occupe  sérieusement,  car  si  on  laisse  cette  exposition  dans 
les  conditions  actuelles,  avec  ces  primes  ridicules  et  inutiles  aux- 
quelles s'est  bornée  l'action  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France, 
ces  médailles  sans  valeur  accordées  à  la  médiocrité  la  plus  flagrante, 
cette  annexion  fatale  à  un  concours  d'animaux  gras,  laquelle  enlève  à 
celui  des  reproducteurs  tout  intérêt,  toute  spécialité,  tout  prestige,  on 
n'obtiendra  que  les  résultats  négatifs  du  malheureux  essai  déjà  expé- 
rimenté et  par  suite  abandonné.  F.-R.   DE   LA  TrÉHOÎsNAIS. 


260  DESSICATION    DES  FOURRAGES  PAR   LES  TEMPS  HUMIDES. 

DESSICCATION  DES  FOURRAGES 

PAR  LES  TEMPS  HUMIDES' 

Après  avoir  trouvé  dans  le  Journol  de  V agriculture  quelques  indi- 
cations sommaires  sur  le  procédé  Neilson  pour  le  séchage  des  foins, 
j'ai  été  frappé  de  l'utilité  qu'il  pourrait  avoir  pour  notre  agriculture. 
En  effet,  les  agriculteurs  ont  tous  remarqué,  comme  je  l'ai  remar- 
qué moi-môme,  la  différence  énorme  qui  existe  entre  les  foins  ramas- 
sés après  un  séchage  complet  et  rapide,  et  les  foins  qui  ont  été  récoltés 
dans  des  conditions  moins  bonnes  ;  les  premiers  ont  une  couleur 
verte  qui,  au  lieu  de  s'atténuer  dans  les  granges,  s'accentue  chaque 
jour  davantage;  les  seconds,  au  contraire,  paraissent  verts  au  sortir  de 
la  prairie,  mais  prennent  une  teinte  pâle  dès  qu'ils  sont  en  magasin 
et,  quand  on  les  remue,  ils  laissent  échapper  une  poussière  malsaine, 
accompagnée  d'une  odeur  de  moisissure.  La  valeur  nutritive  de  ces 
fourrages  se  trouve  naturellement  proportionnée  aux  apparences  plus 
ou  moins  favorables  que  je  signale. 

De  ces  observations  on  doit  conclure  que,  pour  avoir  du  foin  vert 
et  nourrissant,  il  faudrait  toujours  le  sécher  rapidement,  et  le  rentrer 
absolument  sec. 

Mais  les  années  où  le  temps  reste  au  beau  fixe  sont  rares,  et  même 
ces  années-là,  il  est  impossible  d'espérer  qu'une  récolte  entière  puisse  se 
faire  sans  changement  de  température  ;  il  y  a  donc  lieu  d'admettre  que 
nous  devons  toujours  compter  sur  certaines  intempéries  dont  les  pro- 
portions sont  plus  ou  moins  grandes  suivant  les  saisons.  De  plus  le 
foin,  pour  arriver  à  un  état  de  siccité  complet,  doit  rester  au  minimum 
trois  jours  sur  la  prairie;  pendant  ce  séjour  il  est  étalé  puis  ramassé 
chaque  soir,  les  parties  qui  touchent  le  sol  sont  imprégnées  chaque 
nuit  par  l'humidité,  et  les  parties  qui  sont  en  couverture  reçoivent  la 
pluie  ou  la  rosée;  si  l'on  calcule  la  surface  totale  soumise  à  ces  funes- 
tes influences,  et  si  l'on  considère  que  chaque  jour  cette  surface  est 
renouvelée  par  le  fait  de  l'épandage  et  du  nouveau  ramassage,  on 
comprendra  que  la  masse  presque  entière  du  foin  arrive  à  en  être 
affectée;  que  sera-ce  alors  si  la  température  prolonge  pendant  huit  ou 
quinze  jours  le  séjour  du  foin  sur  la  prairie? 

Pendant  ces  délais  une  main-d'œuvre  ruineuse  devient  nécessaire, 
et  presque  toujours  le  dernier  résultat  est  l'emmagasinage  d'un  foin 
non  seulement  déjà  détérioré,  mais  rentré  dans  des  conditions  de  sic- 
cité  absolument  insuffisantes. 

Le  procédé  Neilson,  en  permettant  de  sécher  le  foin  récolté  à  demi 
sec,  offre  donc,  s'il  est  pratique,  les  plus  grands  avantages. 

Le  principe  formulé  par  l'inventeur  est  de  laisser  le  foin  étalé  sur 
la  prairie  pendant  un  jour  ou  deux;  puis  de  l'entasser  dans  des  meules 
couvertes  où  le  séchage  se  termine  à  l'aide  d'un  ventilateur;  ce  ven- 
tilateur fonctionne  par  aspiration  et  non  par  refoulement. 

A  mesure  que  le  vide  se  fait  dans  la  chambre  intérieure  de  la 
meule,  ce  vide  est  comblé  par  l'air  ambiant,  qui  se  précipite  du 
dehors  au  dedans  en  traversant  la  masse  entière  et  en  rafraîchissant 
tout  ce  qui  se  trouve  sur  son  passage. 

Yoiei  In  description  de  mes  premiers  essais.  Ces  essais  ne  sont  encore 

1.  Communication  à  la  Société  nationale  d'agriculture. 


RÉCOLTE  DES  FOURRAGES  PAR   LES  TEMPS  HUMIDES.  261 

qu'une  étude  absolument  insuffisante,  mais  ils  peuvent  être  utiles  pour 
servir  de  base  à  de  nouvelles  expériences. 

Sous  un  vaste  hangar  servant  de  magasin  à  fourrage,  j'ai  placé 
une  locomobile  à  vapeur  et  un  ventilateur  ;  ce  ventilateur  commu- 
nique par  un  tuyau  de  tôle  avec  une  petite  chambre  de  distribution 
construite  en  béton,  de  laquelle  partent  d'autres  tuyaux  se  dirigeant 
chacun  vers  le  centre  d'une  des  meules  à  sécher;  sur  ce  point  une 
nouvelle  chambre  en  béton  est  construite  et  communi(|ue  avec  celle 
qui  sera  ménagée  dans  le  foin;  chaque  chambre  a  une  ouverture  de 
0'".30  carrés;  tous  les  tuyaux  sont  remblayés  enterre,  et  les  joints 
sont  faits  simplement  avec  des  bourrelets  de  terre  glaise;  au  moment 
de  construire  la  meule,  on  place  une  caisse  de  bois  sur  l'orifice  de  la 
chambre  bétonnée,  et  à  mesure  que  la  meule  s'élève  on  retire  cette 
caisse  jusqu'à  ce  que  l'on  dépasse  le  milieu  de  la  hauteur  que  l'on 
veut  lui  donner  ;  à  ce  moment  on  supprime  la  caisse,  on  place  quelques 
morceaux  de  bois  sur  le  trou  pour  empêcher  le  foin  de  tomber  dans 
la  chambre  intérieure  qui  doit  rester  vide,  et  on  termine  la  meule 
comme  à  l'ordinaire. 

Cette  édification  achevée,  on  enfonce  dans  le  foin  un  tube  en  fer  blanc 
ou  autre  métal  et  on  le  fait  pénétrer  jusque  près  du  centre;  ce  tube 
reçoit  ensuite  un  thermomètre  qui  devient  le  guide  de  toutes  les 
opérations. 

Aussitôt  que  la  température  atteint  30  ou  40  degrés  centigrades,  on 
met  le  ventilateur  en  marche,  et  on  le  laisse  fonctionner  jusqu'à  ce 
que  la  température  descende  à  15  ou  20*";  on  arrête  alors  la  machine, 
et  on  attend  que  le  thermomètre  indique  une  nouvelle  élévation  de 
température. 

Si  l'on  a  plusieurs  meules  en  communication  avec  le  même  ventila- 
teur, il  est  facile  de  régler  le  soufflage  de  chacune  d'elles;  pour  cela  on 
ouvre  la  chambre  de  distribution,  qui  est  couverte  par  une  simple 
planche  mastiquée,  et  on  tamponne  la  naissance  des  tuyaux  que  l'on 
ne  veut  pas  faire  fonctionner. 

Mes  expériences  ont  porté  cette  année  sur  six  meules  seulement  ;  je 
tiens  à  votre  disposition  le  journal  de  chaque  opération,  dont  voici 
le  résumé. 

La  première  meule  a  été  construite  le  6  juin  avec  du  foin  demi-sec; 
du  8  au  15  du  mois,  c'est-à-dire  pendant  sept  jours,  le  foin  a  été 
soufflé  tous  les  jours,  à  l'exception  du  dimanche;  chaque  jour  la  durée 
du  soufflage  a  été  d'environ  deux  heures  ;  la  température  s'est  élevée 
à  25  et  35  degrés  centigrades  avant  le  soufflage,  et  elle  a  été  ramenée 
par  le  ventilateur  à  20°.  Croyant  l'opération  terminée,  j'ai  démoli  cette 
première  meule,  et  j'ai  trouvé  à  l'intérieur  des  endroits  où  le  thermo- 
mètre marquait  32°  ;  de  plus,  le  foin  laissait  échapper  de  la  poussière 
et  il  était  facile  de  constater  que  le  séchage  était  insuffisant  et  inachevé. 

La  seconde  meule  construite  le  8  juin,  a  été  faite  avec  du  foin  coupé 
et  chargé  par  une  pluie  battante  ;  c'était  une  expérience  fantaisiste  ; 
elle  a  eu  pour  seul  résultat  de  prouver  que  le  ventilateur  peut  main- 
nir  à  une  température  de  20°  les  fourrages  les  plus  mouillés.  Au  bout 
de  six  jours  j'ai  interrompu  cette  expérience  qui  aurait  pu  se  prolonger 
longtemps,  et  qui  absorbait  le  local  dont  j'avais  besoin  pour  des 
études  plus  pratiques. 

La  troisième  meule  a  été  construite  le  17  juin  et  rafraîchie  jusqu'au 


262  RÉCOLTE  DES  FOURRAGES  PAR  LES  TEMPS  HUMIDES. 

29,  c'est-à-dire  pendant  douze  jours  ;  la  température  est  montée  sur 
certains  points  jusqu'àôG"  pendant  que  sur  d'autres  elle  restait  à  20°. 
J'ai  constaté  alors  que  le  courant  d'air  s'établissait  d'une  façon  irré- 
gulière, et  que  cela  devait  tenir  à  ce  que  la  meule  était  formée  avec  du 
foin  de  prairie  dans  le  fond,  pendant  que  le  sommet  ne  contenait  que 
du  foin  de  trèfle;  ce  dernier  fourrage  se  tassant  par  sa  nature  moins 
que  l'autre,  le  courant  d'air  frais  s'est  établi  là  où  la  résistance  était 
moins  grande  et  le  foin  de  prairie  n'a  reçu  que  peu  ou  point  de 
rafraîchissement;  quoi  qu'il  en  soit,  l'opération  était  mauvaise. 

La  quatrième  meule  a  été  construite,  le  22  juin,  avec  du  foin  demi- 
sec,  et  rafraîchie  jusqu'au  5  août,  soit  pendant  44  jours;  durant  ce 
laps  de  temps  le  thermomètre  est  monté  jusqu'à  40  degrés,  et  a  été 
ramené  par  le  soufflage  à  20  ou  25  ;  mais  il  y  a  eu  des  jours  nom- 
breux où  la  chaleur  est  restée  au-dessous  de  la  cote  qui  nécessite  le 
rafraîchissement  ;  aussi  sur  44  jours  de  séchage,  les  appareils  sont 
restés  sans  fonctionner  pendant  1 8  jours. 

Une  remarque  très  curieuse  et  fort  importante  a  été  faite  :  c'est  que 
pendant  le  rafraîchissement  il  y  a  des  moments  où  le  thermomètre 
monte  tout  à  coup  de  plusieurs  degrés;  d'après  l'avis  d'un  savant 
ingénieur,  cette  élévation  de  température  tient  à  une  combustion  qui 
s'établit  chimiquement  au  moment  où  l'air  extérieur  vient  se  combi- 
ner avec  le  gaz  que  contient  la  chambre  intérieure. 

Le  même  phénomène  a  été  constaté  sur  la  meule  n°  5. 

La  meule  dont  nous  nous  occupons,  est  restée  en  l'état  jusqu'au  mois 
de  janvier  ;  quand  elle  a  été  ouverte,  on  a  trouvé  le  foin  dans  de  bonnes 
conditions  ;  l'opération  avait  donc  été  beaucoup  mieux  conduite  que  les 
précédentes. 

La  cinquième  meule  a  été  construite  avec  du  foin  demi-sec,  et  sur- 
veillée du  13  juillet  au  29,  soit  pendant  16  jours;  le  rafraîchissement 
n'a  été  opéré  que  onze  fois. 

Cette  meule  était  composée  pour  partie  de  bon  foin  et  pour  partie  de 
foin  avarié  ;  l'un  et  Tautre  ont  été  séchés,  mais  en  gardant  la  diffé- 
rence de  qualité  qu'ils  avaient  en  entrant  au  magasin;  ce  foin  n'est  pas 
arrivé  par  le  traitement  Neilson  à  une  qualité  supérieure,  mais  il  s'est 
bien  consommé;  tandis  qu'il  aurait  été  probablement  perdu,  vu  l'état 
de  la  température,  s'il  était  resté  dehors. 

Nous  constatons  sur  le  sommet  de  quelques  chambres,  une  partie  de 
foin  moisie;  cette  particularité  doit  être  notée  et  étudiée. 

La  sixième  meule  construite  avec  du  foin  qui  ne  paraissait  cependant 
pas  sec,  n'est  jamais  arrivée  à  une  température  qui  motivât  le  rafraî- 
chissement; elle  a  été  soufflée  seulement  deux  fois;  et  par  suite 
aucune  observation  intéressante  n'a  pu  être  relevée. 

Comme  conclusion  à  tirer  de  ces  premières  expériences,  voici  celle 
que  je  formule  : 

Les  meules  traitées  par  la  méthode  Neilson  n'ont  pas  fourni  un 
foin  de  qualité  supérieure,  mais  elles  ont  fourni  un  foin  qui  a  été 
consommé  convenablement.  Donc  le  principe  de  séchage  préconisé 
par  M.  Neilson  doit  être  vrai,  et  sera  probablement  employé  avec  suc- 
cès le  jour  où  son  application  aura  été  suffisamment  étudiée. 

L'expérience  faite  sur  du  foin  complètement  mouillé,  a  démontré 
qu'il  est  possible,  à  l'aide  du  ventilateur  aspirant,  de  mainteair,  à 
une  température  de  20  degrés,  du  foin  entassé  dans  des  conditions 


RÉCOLTE  DES  FOURRAGES  PAR  LES  TEMPS  HUMIDES.  263 

d'humidité  les  plus  extrêmes  ;  il  est  toutefois  probable^  comme  le  dit 
M.  Neilson,  qu'une  opération  de  ce  genre  ne  présentera  pas  d'avan- 
tage au  point  de  vue  pratique. 

Les  observations  relevées  sur  mon  journal  ont  permis  de  constater 
dans  mon  installation  plusieurs  côtés  défectueux;  les  voici  :  au  lieu 
de  tuyaux  de  1  5  cent,  de  diamètre,  il  faudrait,  je  crois,  employer  des 
tuyaux  de  25  ou  30  centimètres  ;  le  ventilateur  n'a  marché  qu'à  mille 
tours  par  minute,  il  devrait  marcher  à  deux  mille  tours  au  moins,  et 
peut-être  même  dépasser  cette  vitesse;  en  effet,  en  augmentant  le 
débit  des  tuyaux,  et  en  précipitant  le  départ  de  l'air  cîiaud  aspiré  parle 
ventilateur,  on  doit  augmenter  la  rapidité  du  courant  d'air  froid  appelé 
à  traverser  le  foin,  cette  augmentation  du  courant  d'air  froid  éteindra 
probablement  en  peu  d'instants  la  combustion  constatée  pendant  la 
marche  du  ventilateur,  et  sans  doute  elle  empêchera  la  moisissure 
remarquée  autour  des  chambres  intérieures  ;  dans  tous  les  cas,  elle 
,  abrégera  le  rafraîchissement  et  diminuera  la  durée  du  temps  où  la 
force  motrice  est  employée..  > 

Je  ne  parle  pas  de  la  nécessité  d'établir  des  registres  à  la  place  de 
mes  tempons  provisoires,  lesquels  seraient  très  gênants  pour  une 
marche  régulière. 

Sous  le  rapport  du  prix  de  revient,  le  séchage  Neilson  est,  comme 
on  l'a  vu  tout  à  l'heure,  très  peu  coûteux;  il  comporte  seulement  l'in- 
stallation de  quelques  tuyaux,  l'emploi  d'un  ventilateur  bon  marché, 
et  une  force  motrice  dont  toutes  les  grandes  fermes  disposent  sous  une 
.forme  ou  sous  une  autre.  Si  donc,  comme  l'affirnient  les  Anglais, 
chaque  rafraîchissement  peut  être  obtenu  en  moins  d'une  heure,  le 
service  d'un  magasin  à  fourrages,  même  considérable,  se  réaliserait 
avec  une  très  faible  dépense. 

La  grande  difficulté  à  vaincre  est  tout  entière  dans  la  surveillance 
et  la  direction  des  opérations;  M.  Neilson  la  signale  énergiquement; 
et  vous  voyez,  par  le  journal  de  mes  premières  expériences,  combien 
la  marche  de  chaque  opération  a  été  variable.  Je  crois  donc.  Messieurs, 
que  dans  l'état  oia  se  trouve  l'étude  de  la  découverte  faite  par  M.  Neil- 
son, il  y  aurait  lieu  pour  nous  de  nommer  une  commission  qui  en 
examinerait  les  détails,  et  provoquerait  de  nouvelles  expériences. 

Cette  commission  réunirait,  soit  en  Angleterre,  soit  en  France,  tous 
les  renseignements  qui  peuvent  nous  éclairer,  et  elle  serait  probable- 
ment en  mesure  de  faire,  avant  la  fin  de  la  saison,  un  rapport  des  plus 
intéressants.  Marquis  de  Poncins, 

membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture. 

UNE  LAITERIE  DANOISE  A  VESLY 

La  production  laitière  est  devenue,  depuis  quelques  années,  une 
des  principales  préoccupations  d'un  grand  nombre  d'agriculteurs 
français.  Augmenter  le  rendement  de  la  laiterie,  en  accroître  la  qua- 
lité, tels  sont  les  deux  buts  que  l'on  cherche  principalement  à 
atteindre.  Les  exemples  donnés  par  les  pays  septentrionaux,  notam- 
ment par  le  Danemark,  sont  étudiés,  et  l'on  se  demande  sil  ne  con- 
viendrait pas  d'en  importeries  pratiques  chez  nous.  Ces  praticpies  se 
résument  en  deux  caractères  principaux  :  accélération  du  travail, 
propreté   méticuleuse    dans   toutes  les   opérations.  Pour  obtenir  ce 


264 


LA  LAITERIE  DANOISE  DE  VESLY. 


double  résultat,  un  matériel  approprié  a  été  construit;  la  description 
en  a  déjà  été  donnée  à  nos  lecteurs,  notamment  par  M.  Pouriau  et 
par  M.  de  La  Tréhonnais,  à  l'occasion  des  concours  de  laiterie  ouverts 

tant  en  Allemagne  qu'en  An- 
gleterre. Mais  jusqu'ici  au- 
cune application  complète 
n'en  avait  été  faite  en  France. 
Aujourd'hui  la  laiterie  da- 
noise existe  dans  notre  pays  ; 
chacun  peut  la  visiter  et  faire 
à  nouveau  l'excursion  agréa- 
ble et  instructive  que  nous 
avons  faite  le  23  janvier,  en 
compagnie  de  M.  Barrai,  et 
que  nous  allons  raconter  ra- 
pidement à  ceux  de  nos  lec- 
teurs qui  voudront  bien  nous 
suivre. 

Nous  quittons  à  Gisors  la 
ligne  du  chemin  de  fer  de  Paris 
àDieppe;nousytrouvonsune 
voiture  qui  doit  nous  mener 
à   destination.    Après  avoir 
traversé  la  pittoresque  capi- 
tale du  Vexin  français,  nous 
suivons  la  route  qui  mène  à 
Vesly.  La  distance  est  courte, 
1 0  kilomètres  à  peine,  et  les 
amateurs  de  chevaux  de  course  peuvent  visiter,  en  passant,  le  célèbre 
haras  de  Dangu.  Dans  les  bâtiments  d'une  ancienne  abbaye,  est  ins- 
tallée à  Vesly  la  ferme  de  M.  Baquet,  but  de  notre  voyage. 

Les  terres  de  la  ferme  ont  une  étendue  de  90  hectares  environ  ;  elles 
sont  cultivées  avec  beaucoup 
de  soin.  Après  une  visite  rapide 
aux  étables  qui  renferment  une 
trentaine  de  vaches  normandes, 
nous  arrivons  àla  laiterie.  Celle- 
ci  comprend  deux  salles  :  la 
première  consacrée  à  l'écrémage 
du  lait,  la  deuxième  à  la  fabri- 
cation du  beurre.  Avant  de  faire 
l'installation,  M.  Baquet  a  voulu 
aller  en  Danemark  visiter  les 

laiteries  du  pays,  afm.de  se  rendre  compte  de  toutes  les  conditions  du 
travail;  il  a  pu  y  prendre  les  modèles  les  plus  parfaits  pour  toutes 
les  parties  de  la  fabrication  du  beurre.  Disons,  en  outre,  une  fois 
pour  toutes,  que  les  appareils  lui  ont  été  fournis  par  la  maison  Pilter 
qui,  en  France,  représente  les  fabricants  danois. 

L'écrémage  se  fait  au  moyen  de  l'écrémeuse  de  Laval,  mue  par  une 
machine  à  vapeur  locomobile  qui  met  également  en  mouvement  la 
baratte  et  un  moulin  à  farine.  La  vapeur  de  la  machine  sert,  en  outre, 
à  chauffer  l'eau  de  lavage  des  vases,  ainsi  que  la  fromagerie.  La  des- 


Fig.  23.  —  Baratte  danoise. 


Fig.  24.  —  Auge  à  beurre. 


LA  I,AITERIE  DANOISE  DE  VESLY. 


265 


cription  de  l'écrémeuse  centrifiicje  de  Laval  a  été  donnée  plusieurs  fois 
dans  nos  colonnes,  et  récemment  encore  par  M.  de  la  Trélionnais  ;  nous 
n'y  reviendrons  pas.  Nous  dirons  seulementquel'on  compte  aujourd'hui 
environ  140  appareils  de  ce  système  dans  les  exploitations  françaises. 


Fig.  25.  —  Malaxeur  rotatif. 


Celui  qui  fonctionne  chez  M.  Baquet,  écréme  environ  250  litres  à 
l'heure;  c'est  dire  que  le  lait  de  son  étable  n'est  pas  en  quantité  suf- 
fisante pour  le  travail  de  l'appareil;  aussi  il  en  achète  à  ses  voisins, 


Fiff.  2G.  —  Petit  malaxeur  rotatif. 


de  telle  sorte  qu'il  peut  avoir  à  sa  disposition  environ  800  litres  de 
lait  par  jour.  Il  paye  14  centimes  le  litre  en  hiver,  et  12  centimes 
en  été.  Le  rendement  moyen  est  de  12  à  15  pour  100  de  crème; 
on  peut  d'ailleurs  augmenter  ou  diminuer  cette  proportion,  suivant  la 
vitesse  de  rotation.  L'important  est  de  ne  pas  laisser  de  crème  dans  le 
lait;  qu'il  y  ait  du  lait  dans  la  crème,  cela  ne  présente  aucun  incon- 
vénient. La  crème  est  reçue,  au  sortir  de  l'écrémeuse,  dans  des  vases 
qui  sont  portés  à  la  cave  où  ils  passent  vin^t-quatre  heures.  Quant 


266  LA  LAITERIE   DANOISE   DE  VESLY. 

au  lait  écrémé,  il  tombe  dans  un  grand  bassin  en  bois  d'où  un  sys- 
tème du  tuyautage  le  conduit  à  la  fromagerie. 

•  L'écréinage  mécanique  présente  de  très  grands  avantages  ;  il  fait  dis- 
paraître tout  l'ancien  matériel  de  vases  à  écrémer  qui  prennit  beaucoup 
de  place;  il  fait  disparaître  aussi  tous  les  dangers  d'accidents  entre  le 
moment  de  la  traite  et  la  montée  de  la  crème.  Aussi  s'est-il  propagé 
rapidement  en  Danemark,  oii  il  se  substitue  d'une  manière  presque 
générale  à  l'écrémage  par  le  système  du  refroidissement  d'après  le 
procédé  Schwarz. 

La  salle  de  fabrication  du  beurre,  chez  M.  Baquet,  est  d'une  grande 
simplicité  ;  elle  comprend  cinq  appareils,  la  baratte,  une  auge,  une 
table  en  bois,  un  malaxeur  et  un  moule  à  beurre. 

La  baratte  danoise  (jQg.  23)  affecte  la  forme  d'un  tronc  de  cône; 
elle  est  munie  d'un  couvercle  à  travers  lequel  passe  un  axe  tournant 
muni  de  palettes.  C'est  par  ces  palettes  que  la  crème  est  battue  pour 
être  transformée  en  beurre.  Les  barattes  petit  modèle  peuvent  être 
mues  à  bras.  Chez  M.  Baquet,  le  mouvement  est  donné  par  la  machine 
à  vapeur.  La  baratte  est  posée,  vers  son  milieu,  sur  deux  tourillons 
sur  lesquels  elle  peut  basculer.  Celle  qui  est  installée  à  Vesly  a  une 
dimension  de  140  litres;  la  crème  est  versée  dans  la  baratte,  à  la  tem- 
pérature de  14  à  16  degrés;  par  les  temps  froids,  un  poêle  permet  de 
donner  cette  température.  Le  barattage  dure  environ  45  minutes.  On 
surveille  l'opération  en  soulevant  légèrement  le  couvercle. 

Dès  que  le  barattage  est  achevé,  on  injecte  un  peu  de  petit-lait  sur 
les  parois  de  la  baratte,  pour  faire  tomber  les  petits  morceaux  de 
beurre  qui  s'y  sont  attachés;  puis,  en  faisant  basculer  la  baratte,  on 
fait  tomber  le  beurre  dans  un  tamis  placé  au-dessus  d'un  seau.  Avec 
le  tamis,  on  porte  le  beurre  dans  une  auge  (fig.  24),  où  l'opération 
doit  se  continuer.  D'après  la  méthode  généralement  adoptée  en  France, 
le  beurre  sorti  de  la  baratte  est  lavé  à  grande  eau;,  la  méthode  danoise, 
au  contraire,  exclut  complètement  l'eau  de  tout  le  travail.  Quel  est  le 
meilleur  des  deux  procédés  ?  Des  expériences  bien  faites  pourront 
seules  décider  la  question.  Quoi  qu'il  en  soit,  Tauge  dans  laquelle  on 
jette  le  beurre  est  une  auge  allongée  en  bois  de  hêtre,  dont  le  fond 
est  muni  d'une  ouverture  pour  la  sortie  du  petit-lait.  C'est  là  que  se 
fait  le  premier  égoultage.  Mais  le  contact  des  mains  de  la  fermière  est 
absolument  proscrit.  Dans  l'auge,  elle  pétrit  le  beurre  à  l'aide  de  deux 
spatules  en  buis  légèrement  cannelées,  et  elle  en  fait  des  boules  de  la 
grosseur  des  deux  poings  environ,  qu'elle  aligne  sur  une  table  placée 
près  de  l'auge.  Cette  table  est  munie  de  rebords  afin  d'empêcher 
toute  chute  des  boules.  Là,  le  beurre  se  raffermit  avant  de  passer  au 
malaxeur.  Lorsque  le  beurre  est  suffisamment  raffermi,  ce  qui  ne  de- 
mande généralement  que  quelques  minutes,  on  réunit  plusieurs  petites 
boules  pour  en  faire  des  mottes  de  2  ou  3  kilog. 

Le  malaxeur  sur  lequel  sont  portée  ces  mottes  consiste  (fig.  25) 
en  une  table  circulaire  en  hêtre,  tournant  sur  son  axe  sous  l'action 
d'une  manivelle  qui  engrène  une  couronne  dentée  fixée  sur  la  circon- 
férence de  la  table.  Cette  manivelle  agit  en  même  temps  sur  un  levier 
à  ailettes  fixé  sur  la  table.  Pendant  qu'une  servante  tourne  la  mani  elles 
la  fermière  jette  une  motte  de  beurre  sur  la  table;  cette  motte,  sou, 
l'action  des  ailettes  est  comprimée  et  aplatie,  en  même  temps  que  le 
petit-lait  sort  et  tombe,  par  une  gouttière,  dans  un  seau  placé  sous  la 


LA  LAITERIE  DANOISE  DE  VESLY. 


267 


table.  On  fait  ainsi  passer  la  motte  une  vingtaine  de  fois  jusqu'à  ce 
qu'il  ne  sorte  plus  de  petit-lait;  en  frappant  sur  le  beurre  avec  les 
spatules  en  buis,  on  constate  qu'il  n'y  a  plus  trace  de  petit-lait. 

Le  travail  est  achevé,  et  il  n'y  a  plus  qu'à  metttre  le  beurre  en 
moule  pour  faire  la  motte  qui  en  sort  enveloppée  de  la  mousseline 
protectrice. 

Il  y  a  différents  modèles  de  malaxeurs;  nous  citerons  notamment  le 
petit  modèle  de  malaxeur  circulaire  (ûg.  26),  et  le  malaxeur  rectan- 
gulaire (fig.  27),  où  la  table  est  fixe. 

Le  petit-lait  qui  sort  de  la  baratte,  sert,  comme  celui  qui  sort  du 
beurre,  à  la  nourriture  des  pores.  M.  Baquet  entretient  une  porcherie 
de  40  porcs  environ,  de  race  normande;  il  les  achète  pesant  50  kilog., 
et  il  les  revend  quand  ils  ont  atteint  le  poids  de  120  kilog.  Avec  le 
petit-lait,  qui  serait  une  nourriture  insuffisante,  il  leur  donne  de  la 
tarine qu'il  prépare  avec  un  moulin  qu'actionne  sa  machine  à  vapeur. 

La  deuxième  annexe  de  la  laiterie  est  la  fromaçjerie.  Avec  le  lait 
écrémé,  M.  Baquet  fait  des  fromages  far-on  Mont-d'Or.  Le  lait_,  aussitôt 


Fig.  27-  —  Malaxeur  rectangulaire. 


écrémé,  est  mis  en  présure;  le  caillé  est  immédiatement  moulé,  et 
après  salaison,  le  fromage  est  porté  au  séchoir,  où  il  reste  environ  un 
mois.  Il  faut  2  litres  et  demi  à  3  litres  de  lait  écrémé  pour  faire  un 
fromage  pesant  260  grammes.  Les  fromages  sont  vendus  à  la  halle 
de  Paris,  de  25  à  30  fr.  le  cent  en  hiver,  mais  beaucoup  moins  cher 
en  été. 

Quel  est  le  résultat  de  l'entreprise?  Avec  les  données  que  nous  avons 
résumées,  il  est  facile  de  le  calculer.  L'ensemble  des  appareils  de  la 
laiterie  coûte  2,000  fr.  environ;  il  y  a,  en  outre,  les  frais  d'installa- 
tion qui  peuvent  être  plus  ou  moins  élevés,  suivant  les  circonstances. 
M.  Baquet  vend  son  beurre  à  Paris,  avec  une  prime  de  20  à  25  pour  I  00 
sur  tous  les  beurres  du  pays;  les  prix  qu'il  atteint  sont  de  4  fr.  50  à 
4  fr.  90  par  kilog.  en  hiver;  il  ne  compte  pas  sur  plus  de  3  fr.  en  été. 
Ses  voisins  trouvent  plus  avantageux  de  lui  vendre  le  lait  de  leurs 
vaches  aux  prix  que  nous  avons  indiqués,  que  de  faire  et  de  vendre 
leur  beurre.  L'opération  est  donc  bonne,  et  M.  Baquet  a  eu  raison 
d'inscrire,  dans  sa  laiterie,  ces  deux  dates  qui  seront  mémorables 
pour  lui  :  «  Ecrémeuse  centrifuge,  18  janvier  1880;  —  beurre  da.iois, 
17  octobre  1882  ». 

Mais,  pour  qu'une  semblable  opération  réussisse,  il  faut  qu'elle  tra- 
vaille de  grandes  quantités  de  lait.  L'association  permet  de  résoudre 
cette  difficulté.  C'est  d'ailleurs  ce  qui  se  pratiijue  en  Danemark  où  les 
petits  cultivateurs  qui  n'ont  pas  assez  de  lait  pour  une  ecrémeuse  cen- 


268  *  LA  LAITERIE  DANOISE  DE  VESLY. 

trifuge,  s'associent  pour  faire  leur  beurre  en  commun.  La  fromagerie 
nous  a  donné  de  nombreux  exemples  de  succès  par  les  associations 
dans  les  fruitières  de  la  Franche-Comté,  des  Alpes  et  plus  récemment 
des  Pyrénées.  L'association  pour  la  fabrication  du  beurre  donnera 
certainement  des  résultats  aussi  heureux. 

Dans  tous  les  cas,  le  fait  aujourd'hui  constant,  c'est  que  les  Danois, 
avec  des  pâturages  qui  ne  valent  pas  les  nôtres,  vendent  plus  cher 
leurs  produits,  il  est  certain,  en  outre,  que  si  l'on  peut  se  passer  d'eau 
dans  la  fabrication  du  beurre,  et  tout  prouve  qu'il  peut  en  être  ainsi, 
cela  sera  un  grand  avantage  pour  les  régions  dans  lesquelles  l'eau 
manque  ou  est  de  mauvaise  qualité.  Sans  rien  préjuger,  on  peut  dire 
dès  aujourd'hui,  que  l'écrémage  et  le  malaxage  mécaniques  sont  deux 
progrès  qui  s'imposeront  à  tous  les  producteurs  de  beurre. 

Henry  Sagnier. 

UNE  PLANTE  A  SUCCESSION 

Il  existe  des  tantes,  des  oncles  à  succession,  nous  savons  tous  cela; 
mais,  ce  qu'on  ignore  assez  généralement,  c'est  qu'il  existe  aussi  une 
plante  à  succession,  et  cette  plante,  c'est  la  vigne. 

Le  paysan,  si  attentif  aux  choses  de  la  terre,  en  a  fait  le  premier  la 
remarque.  Chaque  fois  qu'il  énumère  les  qualités  du  précieux  arbuste 
auquel  nous  devons  le  vin,  il  ne  manque  jamais  d'ajouter  :  «Et  puis  la 
vigne  fait  hériter»  ;  voular.t  dire  par  là  que,  lorsqu'un  vignoble  est  en 
pleine  production,  l'afflux  d'argent  qui  en  découle  est  si  ;fort  que, 
pour  l'heureux  propriétaire,  c'est  véritablement  comme  3'il   héritait. 

Et,  en  effet,  100  hectares  complantés  en  vignes,  qui  rapportent 
cent,  deux  cent  mille  francs  l'an  (cela  se  voit),  n'est-ce  pas  là  une 
rentrée  qui  ressemble  plus  au  produit  d'une  succession  qu'au  produit 
d'une  pièce  de  terre? 

Ah!  la  vigne  est  l'enrichisseur  par  excellence  !  Le  docteur  Guyot, 
de  si  sympathique  mémoire,  qui  nous  l'a  tant  et  tant  répété,  que  ne 
dirait-il  pas  aujourd'hui,  où  le  prix  du  vin  est  quasiment  le  triple  de 
ce  qu'il  était  de  son  temps  ? 

Aussi,  voyez  quel  appauvrissement  dans  une  famille  de  possesseurs 
de  vignes,  quand,  sous  les  puUulations  d'un  invisible  insecte,  ces 
vignes  se  mettent  à  disparaître  !  C'est,  de  tout  point,  comparable  à  ce 
qui  a  lieu  dans  la  maison  d'un  avocat  en  renom,  d'un  médecin  en  vo- 
gue, quand  ce  médecin,  cet  avocat,  dont  le  travail  était  la  source  des 
plus  gros  revenus,  viennent  à  mourir.  La  veuve,  les  orphelins  tombent, 
en  un  jour,  de  l'opulence  brillante  dans  la  misère  noire  ;  ainsi  fait  la 
vigne  à  l'égard  de  ses  détenteurs,  quand  elle  périt. 

Le  désastre,  par  bonheur,  en  ce  qui  a  trait  à  la  vigne,  n'est  pas 
irréparable.  La  vigne  peut  sortir  de  son  tombeau;  elle  peut  revivre I 
La  submersion,  les  insecticides,  le  greffage  opèrent  à  l'envi  ce  mira- 
cle. Quand  on  a  trois  instruments  de  salut  en  mains,  on  n'est  pas  trop 
à  plaindre.  Reste  seulement  l'embarras  du  choix  ;  et  c'est  bien  quelque 
chose  en  si  grosse  aventure. 

Quant  à  moi,  si  me  citer  m'est  permis,  mon  choix  est  fait  :  je  suis 
pour  le  greffage  sur  plants  résistants,  et  voici  mes  raisons  : 

r  Des  trois  moyens  de  salut,  le  greffage  est  le  moins  dispendieux. 
On  peut  commencer  avec  un  franc,  on  peut  commencer  avec  rien,  en 
acceptant,  d'un  ami  ou  d'un  voisin,  le  premier  porte-greffe; 


UNE  PLANTE  A  SUCCESSION.  269 

2°  Le  greffage  me  paraît  compter  moins  d'insuccès  que  la  submer- 
sion et  que  les  insecticides; 

3"  Des  trois  traitements,  le  greffage  est  le  seul  qui  augmente  la 
fructilicalion  :  la  submersion,  en  provoquant  la  coulure,  les  insecti- 
cides par  leur  action  délétère,  tendraient  plutôt  à  la  restreindre  ; 

4°  Le  greffage  est  le  seul  traitement  qu'on  ait  à  n'appliquer  qu'une 
fois  en  la  vie  du  vignoble  et  du  vigneron. 

Les  opposants  au  greffage  ne  manquent  pas  d'alléguer  que  cette 
opération,  pour  être  adoptée  en  toute  sécurité,  aurait  besoin  de  là 
sanction  du  temps.  Mais  la  submersion,  les  insecticides,  n'auraient-ils 
pas  besoin  de  cette  même  sanction?  Qui  saurait  nous  dire  l'effet 
qu'aura  produit,  dans  vingt  ans,  sur  nos  vignobles,  le  régime  conti- 
nué des  gaz  toxiques  et  de  l'hydrothérapie?  Ces  deux  médications  ne 
violentent-elles  pas  la  nature?  Quant  au  greffage,  c'est  la  plus  natu- 
relle des  opérations,  puisque  le  végétal  agit  là  sur  lui-même.  Le  gref- 
fage est  une  opération  moins  critique  même  que  la  transplantation  ; 
toutes  les  plantes  s'accommodant  d'être  greffées,  et  beaucoup  ne  s'ac- 
commodant  pas  d'être  replantées. 

Une  seule  considération,  dans  le  principe,  a  pu  détourner  de  recou- 
rir au  greffage,  c'est  la  difficulté  de  le  pratiquer  sur  la  vigne,  à  cause 
du  filandreux  des  écorces  et  de  l'exubérance  des  sucs  séveux,  qui 
tendent  à  noyer  le  greffon.  Mais,  aujourd'hui,  grâce  à  un  apprentissage 
obstiné,  et  à  un  assortiment  d'outils  ad  hoc,  on  n'a  guère  plus  de  mal 
à  enter  la  vigne  qu'à  enter  le  cognassier. 

C'est  là  une  heureuse  conquête,  une  conquête  justifiant  le  proverbe  : 
à  quelque  chose  malheur  est  bon  ;  car  la  vigne  qui,  de  toutes  les 
plantes  ligneuses,  avait  été  la  seule  jusqu'ici  à  ne  pas  bénéficier  de 
la  greffe,  va,  rentrant  dans  le  concert  de  tous  les  arbres  à  fruits,  pro- 
filer, avec  eux,  et  comme  eux  de  cette  transfusion  d'une  sève  dans  l'au- 
tre, qui  ajoute  à  la  beauté  et  à  la  bonté  des  produits.  Si  bien  que  si, 
par  impossible,  disparaissait  le  phylloxéra,  un  viticulteur,  soigneux 
de  ses  intérêts,  devrait  encore  recourir  au  greffage  pour  le  greffage 
lui-même,  c'est-à-dire  pour  l'amélioration  de  ses  souches  et  de  leurs 
vinées. 

Da  la  greffe,  de  la  façon  de  greffer,  on  a  beaucoup  discouru,  trop, 
peut-être.  Je  me  garderai  d'ajouter  à  ce  trop-plein.  Surlier  deux  scions, 
incisés  en  sens  contraire,  voilà  toute  la  greffe  et  toutes  les  greffes. 
Pourtant,  qu'il  me  soit  permis  de  risquer  un  conseil,  lequel,  je  crois, 
n'a  pas  été  donné  :  ce  serait  de  ne  faire  procéder  au  greffage  rien  que 
par  des  femmes. 

Pour  ce  délicat  assemblage,  la  main  gourde  du  paysan  ne  vaudra 
jamais  celle  plus  déliée  de  sa  femme  ou  de  sa  fille.  Il  y  a,  dans  tout 
greff'age,  une  ligature  qu'un  manouvrier  ne  saurait  mener  à  bien.  La 
femme  a,  plus  que  l'homme,  le  goût  de  soigner  son  ouvrage,  de  le 
réussir,  de  le  parer.  Pourvu  qu'elle  soit  jeune  (car  il  y  faut  des  yeux), 
c'est  plaisir  de  lui  voir  enchâsser  une  languette,  rapprocher  deux  écor- 
ces, les  faire  s'affleurer.  Elle  y  va  comme  après  un  ourlet. 

La  paysanne  fait  mieux  que  le  paysan,  et  elle  fait  plus  vite  :  ne 
laissons  donc  s'asseoir  que  des  femmes  autour  de  la  table  où  l'on 
greffe. 

Comme  porte-greffe,  le  Riparia  s'impose.  De  tous  les  cépages,  venus 
à  travers  l'Atlantique,  à  notre  aide,  voilà  le  vrai  sauveteur.  Pour  la  soli- 


270  UNE  PLANTE  A  SUCCESSION. 

dite,  nul  plant  n'égaie  ce  sauvageon,  toujours  prêt  à  bien  faire,  et  qui, 
avec  de  la  santé  à  revendre,  verdoie  au  milieu  de  nos  vignobles  en  proie 
aux  maladies  et  à  la  mort. 

Les  cépages  américains  sont,  à  vrai  dire,  tous  résistants,  plus  ou 
moins,  même  le  Concord,  même  l'Isabelle;  mais,  pas  plus  que  nos 
cépages  indigènes,  ils  ne  s'aiment  dans  tous  les  sols.  Combien  de 
plants  exotiques,  qu'on  dit  avoir  succombé  sous  la  piqûre  de  l'in- 
secte, n'ont  succombé  en  réalité  qu'à  la  nature  du  terrain.  Nous  agis- 
sons nécessairement  en  empiriques  à  l'égard  de  ces  plants  nouveaux, 
ne  connaissant  encore  ni  la  taille  qui  serait  à  leur  avantage,  ni  le  sol 
qui  serait  à  leur  convenance. 

Donc,  qu'on  ne  se  décourage  pas  en  présence  de  quelques  défaillan- 
ces mal  interprétées,  qu'on  ne  se  décourage  pas  surtout  en  ce  qui  est 
du  Clinton.  Le  Riparia  excepté,  c'est  au  Clinton  que  je  donnerais  la 
première  place,  en  mon  terrain,  bien  entendu.  Il  m'a  donné  cette  année 
un  vin  riche  en  couleur  et  en  chair,  et,  à  ma  grande  surprise,  foxé  à 
peine,  autant  dire  pas  foxé  du  tout.  Evidemment  le  goût  chafouin,  chez 
le  Clinton,  doit  dépendre  pour  beaucoup  de  l'habitat.  Tel  sol,  tel  vin. 
Cultivez  un  Cabernet  dans  les  plaines  du  Bazadais,  vous  obtiendrez 
un  gros  vin  entaché  d'un  affreux  goût  de  terroir;  cultivez  ce  même 
Cabernet  dans  les  Graves  du  Médoc,  et  rien  n'approchera  du  suave 
arôme,  du  bouquet  de  son  clairet. 

Le  Clinton  est  à  essayer.  Il  existe,  dans  le  Jardin  de  botanique  de  la 
ville  de  Bordeaux,  un  pied  de  Clinton  porteur  d'un  écriteau  ainsi  conçu  : 
Aux  prises  avec  le  phylloxéra  depuis  1875,  ce  qui  n'empêche  pas  ledit 
Clinton  de  se  porter  fort  bien,  à  preuve  que  cette  année  il  émerveillait, 
les  promeneurs  avec  les  635  raisins  suspendus  à  ses  pampres.  635  rai- 
sins sur  une  seule  souche  ! 

Le  Clinton  est  à  essayer,  non  point  dans  les  crus  à  vins  fins,  mais 
dans  les  régions  où  l'on  n'a  pas  à  compter  avec  la  qualité,  et  où 
l'abondance  est  la  seule  loi  ! 

L'abondance,  mot  magique  et  presque  dérisoire  en  ces  temps  de 
viticulture  souffrante.  L'abondance,  n'est-ce  pas  le  vœu  qui  ressort  de 
cette  triste  série  d'automnes  sans  vendanges,  qui,  nous  mettant  sans 
revenus,  ne  nous  laisse  que  la  satisfaction  de  nous  dire  :  ruinés  le 
plus  honnêtement  du  monde. 

Tous  les  ruinés  ne  sauraient  en  dire  autant. 

Soyons  donc  sans  abattement,  puisque,  en  cette  infortune,  nous  som- 
mes sans  reproches.  Travaillons  avec  entrain  à  nous  remettre  de  ce 
iîjrand  revers.  L'importance  de  l'entreprise  doit  nous  refaire  le  cœur. 
Disons-nous  bien  que  nos  vignes  peuvent  renaître  plus  productives 
que  devant.  On  rebâtit  toujours  plus  belle  la  maison  écroulée.  L'oï- 
dium, en  doublant  le  prix  des  vins,  nous  a  fait  du  bien,  le  phylloxéra 
nous  en  fera  davantage,  parce  qu'il  frappe  bien  plus  fort.  Craindrions- 
nous  de  trop  attendre  de  la  plante  qui  fait  hériter,  qui  fait  liériler 
tous  les  ans  :  bien  supérieure  en  cela  aux  tantes,  aux  oncles  des 
familles,  qui,  quelque  bon  vouloir  qu'ils  y  mettent,  ne  sauraient  faire 
s'ouvrir  leur  succession  qu'une  fois  en  leur  vie. 

Et,  admirable  compensation  !  la  vigne  semble  faite  exprès  pour 
donner  à  hériter  à  la  trop  nombreuse  catégorie  des  personnes  qui  se 
voient  dénuées  de  tous  collatéraux  en  perspective  successible. 

J'insiste   sur  cette  propriété  alléchante,  faire  hériter;  car  il  faut 


UNE   PLANTE  A   SUCCESSION.  271 

redonner  courage;  il  faut  redonner  courage,  il  y  va  du  salut  de  plu- 
sieurs, comme  de  l'intérêt  de  tous. 

Ah!  dans  dix,  vingt  ans  d'ici,  quelle  ère  de  prçspérité  nouvelle 
pour  notre  viticulture,  quand  la  France,  s'étant  recouverte  de  tous  ses 
vignobles,  se  trouvera  en  présence  de  besoins  commerciaux  déjà  bien 
grands,  mais  qui  alors  seront  indéfinis  ! 

Cour.)ge  donc,  et  utilisons  cet  antique  greffage,  qui  fut  d'abord 
pratiqué  pour  l'amélioration  des  végétaux,  et  qui  va  l'être  pour  leur 
conservation.  Que  la  vigne  guérisse  par  la  vigne,  comme  un  bon 
organisme  guérit  avec  les  seules  ressources  de  sa  vitalité  propre. 

Honoré  Sclafeu, 

à  Sallebœuf  (Gironde). 

PLANTES  SANS  TERRE  ET  AVEC  TERRE-  -  VI 

^  II.  Culture  nouvelle  en  hiver  sur  fenêtres.  —  Je  prendrai 
quelques  exemples  que  j'ai  sous  les  yeux,  en  entrant  dans  des  détails 
minutieux;  car  ces  faits,  que  je  sache,  n'ont  pas  encore  été  observés. 

Ainsi  le  rosier  dont  j'ai  parlé  dans  le  n"  du  23  septembre  du  Jour- 
nal de  l'agriculture,  page  498,  est  un  hybride  remontant  qui  appartient 
à  la  variété  Souvenir  de  Romain  Desprez.  Rempoté  après  floraison,  fin 
juillet,  en  sable  et  mousse  fertilisée,  je  l'ai  retrouvé  au  15  septembre, 
après  un  voyage,  couvert  de  nouveaux  boutons.  Mis  sans  terre  le 
20  octobre  et  placé  sur  une  fenêtre  au  nord-est,  lorsque  la  première 
rose  allait  s'ouvrir,  il  était,  à  la  fin  de  décembre,  encore  en  floraison. 
La  première  rose  a  duré  plus  de  cinq  semaines  —  c'est  ce  que  je  n'ai 
jamais  vu  dans  ma  pratique  horticole,  —  et  dans  une  beauté  qui 
aurait  plutôt  surpassé  la  floraison  d'été  que  j'ai  essayé  de  décrire. 
J'ajoute  que  la  défloraison  s'est, faite  comme  en  juillet,  les  pétales 
tombant  après  la  fécondation  dans  un  état  d'intégrité  parfaite. 

Combien  l'air  pur  et  constamment  renouvelé  est  nécessaire  aux 
plantes,  ce  même  rosier  m'en  a  donné  une  preuve.  Ayant  eu  besoin  de  le 
rentrer  dans  unepièce  pourle  faire  servir  à  unedécoration  florale,  deux 
boutons  qui  ouvrirent  sous  cette  influence  ne  durèrent  pas  plus  de 
douze  jours;  et  pourtant  ils  étaient  aussi  bien  conformés  que  le  pre- 
mier qui  dura  en  fleur  plus  de  cinq  semaines.  Depuis,  j'ai  remis  le 
rosier  a  l'air  sur  la  fenêtre,  et  les  autres  boutons  ont  ouvert  successi- 
vement et  duré  jusqu'à  la  fin  de  décembre.  Une  seconde  floraison  d'au- 
tomne qui  se  maintient  plus  de  deux  mois  chez  un  hybride  remontant 
de  deux  ans  à  peine,  que  peut-on  demander  de  plus  !  On  sait  que  les 
hybrides  remontants  sous  notre  climat  n'ont  qu'une  très  belle  florai- 
son en  juin  et  juillet;  celle  d'automne,  à  quelques  exceptions  près, 
est  rare  et  assez  pauvre  —  ceci  en  culture  ordinaire  —  car  depuis 
que  j'applique  la  mousse  fertilisée  en  couverture  à  ces  rosiers  en 
pleine  terre,  ils  fleurissent  pour  aiasi  dire  constamment.  J'ai  pu 
cueillir  encore  le  12  décembre,  en  pleine  gelée,  un  gros  bouquet  de 
roses  presque  ouvertes,  laissant  quantité  déboutons  qui,  dès  que  la 
température  s'adoucit,  s'éclairent  de  la  velléité  de  fleurir.  Les  rosiers 
thé  qui  fleurissent  abondamment  à  i'arrière-saison  sont  naturelle- 
ment indiqués  pour  cette  culture  sur  fenêtre.  Il  y  aurait  à  essayer  les 
variétés  florifères.  L'horticulture  française  a  tellement  enrichi  le  "enrc 
rosier  qu'il  peut,  avec  ce  procédé,  réjouir  presque  toute  l'année  ceux 
qui  n'ont  point  de  jardin  pour  le  cultiver. 


272  PLANTES  S\NS  TERRE  ET  AVEC  TERRE. 

Quelques  détails  complémentaires  marqueront  davantage  encore  la 
durée  en  cette  saison  hivernale  de  la  floraison  sur  fenêtres  des  plantes 
sans  terre,  La  plaque  de  mousse  où  se  trouve  le  rosier  dont  je  viens 
de  parler  en  contient  deux  autres,  dont  l'un  appartenant  à  la  variété 
la  France  m'a  donné  en  novembre  des  plus  belles  roses  que  j 'aie  vues  de 
cette  variété,  et  dont  un  autre  de  coloration  pourpre  noir  en  gros 
boutons  prêts  à  s'ouvrir  ne  fleurira  qu'en  janvier.  Voilà  donc  un  petit 
groupe  de  trois  rosiers  dont  la  floraison  successive  aura  duré  plus  de 
trois  mois!  Ils  sont  accompagnés,  toujours  dans  la  même  plaque  de 
mousse,  de  deux  géraniums  blanc  et  rouge,  qui,  mis  sans  terre  en 
octobre  en  pleine  floraison,  la  maintiennent  même  en  janvier  avec  une 
incroyable  persistance.  Et  cependant  ces  géraniums  avaient  déjà  fleuri 
sans  terre  tout  l'été.  Rempotés  ensuite  en  sable  et  mousse  fertilisée, 
ils  semblent  y  avoir  puisé  pour  cet  automne  la  plus  pure  et  la  plus 
durable  floraison  que  j'aie  encore  constatée  dans  un  géranium.  Ce 
n'est  point  un  fait  isolé,  car  il  en  est  de  même  de  quatre  autres  géra- 
niums de  variétés  différentes  réunis  en  contraste  de  couleurs  dans  une 
même  plaque  de  mousse.  Depuis  deux  mois  et  plus  qu'elles  ont  été 
mises  sans  terre,  il  semble  que  ces  plantes  soient  arrêtées  dans  l'état 
qu'on  voudrait  tant  fixer  pour  la  fraîcheur  du  feuillage  et  le  premier 
épanouissement  des  fleurs,  réalisant  ce  vœu  de  Gœthe  devant  de  belles 
fleurs  :  «  Comme  je  souhaiterais  d'enchaîner  le  bonheur  dont  mes 
yeux  sont  éblouis  !   » 

Cette  sorte  d'engourdissement,  par  l'égalisation  d'une  température 
basse  (en  moyenne  de  0  à  -|-  5),  de  plantes  dans  une  floraison  quasi 
printanière  est  un  des  phénomènes  les  plus  curieux  qu'on  puisse 
observer.  J'avoue  que  je  n'en  puis  lasser  mes  yeux.  On  dirait  que  le 
temps  ne  marche  plus  pour  ces  plantes.  Les  mêmes  corolles  ouvertes 
il  y  a  deux  mois  sont  toujours  aussi  fraîches  et  aussi  intenses  de 
coloration,  et  les  boutons  raides  et  gonflés  prêts  à  s'ouvrir  paraissent 
pouvoir  attendre  indéfiniment  sans  se  flétrir  qu'il  leur  vienne  un  peu 
plus  de  chaleur  pour  se  dilater. 

Mais  cette  immobilisation  n'est  qu'apparente.  Les  fonctions  s'opèrent 
régulières  et  normales,  bien  que  la  circulation  de  la  sève  soit  consi- 
dérablement ralentie.  Les  feuilles,  d'un  vert  gai,  s'étalent  avides  à  la 
lumière  diffuse  et,  à  y  bien  regarder,  de  jeunes  ont  poussé  pour  sup- 
pléer à  de  plus  anciennes,  à  mesure  que  les  racines  ont  percé  la  plaque 
de  mousse. 

A  quel  point  ces  plantes  restent  impressionnables,  bien  que  leur 
développement  paraisse  insensible,  je  puis  mieux  l'observer  dans  des 
anémones  de  Caen  groupées  sur  la  même  fenêtre.  Semées  en  juin,  elles 
ont  été  repiquées  en  août,  en  pleine  terre  avec  mousse  fertilisée.  On  ne 
sait  pas  assez  combien  les  anémones  ainsi  cultivées  sont  précieuses 
en  hiver.  Pour  peu  que  les  premières  gelées  ne  soient  pas  trop 
intenses  et  trop  durables,  les  hampes  florales  poussent  aussitôt  qu'il 
y  a  quelque  intermittence  dans  l'abaissement  de  température.  Et 
comme  les  fleurs,  en  s'ouvrant  au  jardin,  se  flétriraient  par  les  intem- 
péries, on  les  relève  dès  que  la  coloration  des  fleurs  est  suffisamment 
marquée.  On  lave  les  racines  avec  soin,  sans  offenser  les  radicelles, 
et  on  les  groupe  par  6  ou  8  assorties  de  couleurs  dans  une  même 
plaque  de  mousse  ou  dans  une  assiette,  en  étendant  les  racines  dans 
un  peu  de  mousse  fertilisée. 


PLANTES  SANS  TERRE  ET  AVEC  TERRE.  273 

Tant  que  les  anémones  demeurent  sur  les  rebords  extérieurs  des 
fenêtres,  si  la  température  est  basse,  elles  restent  dix  ou  quinze  jours 
sans  s'ouvrir,  comme  enveloppées  dans  leur  beauté  discrète  et  ne  mar- 
quant qu'un  insensible  progrès  dans  la  véi2;étation.  Mais  à  peine 
veut-on,  tant  ce  mystère  attire,  les  rentrer  pour  les  dessiner  ou  les 
peindre  à  la  lampe  qu'elles  s'ouvrent  toutes  grandes.  Ou  bien  il  suffit 
que  le  thermomètre  tende  à  monter  au-dessus  de  5  ou  6  degrés  pour 
que,  même  au  nord  sans  soleil,  elles  s'entrouvrent  un  peu,  mais  à 
peine  baisse-t-il  ou  la  nuit  vient-elle  qu'elles  se  rencapuchonnent.  Si, 
par  un  des  rares  jours  de  décembre  oii  le  soleil  brille  sous  notre  cli- 
mat brumeux,  on  les  transporte  sur  une  fenêtre  au  midi,  il  importe 
que  la  motte  de  mousse  soit  bien  humectée  pour  compenser  l'évapora- 
tion  qui  a  lieu.  L'action  directe  des  rayons  solaires  est  tellement  éner- 
gique sur  les  plantes  sans  terre,  qu'une  lumière  diffuse  est  préférable, 
même  dans  le  nord,  même  en  hiver.  Les  hellébores,  aux  racines 
fibreuses,  dures,  volumineuses,  aux  feuilles  glabres,  un  peu  coriaces, 
supportent  bien  le  soleil. 

Le  développement  de  ces  anémones,  bien  qu'excessivement  lent, 
n'est  pas  moins  incessant.  Depuis  un  mois  qu'elles  sont  sur  ma  fenêtre, 
je  constate  que  les  corolles  ont  grandi  du  double,  que  les  hampes  se 
sont  également  allongées  et  ont  grossi. 

Il  importe  que  les  plantes,  surtout  les  délicates,  soient  soustraites 
à  l'humidité  du  sol.  Ce  que  j'obtiens  sur  le  rebord  d'une  fenêtre  au 
premier  étage,  je  l'obtiendrais  moins  au  rez-de-chaussée  et  sans  doute 
pas  du  tout  au  niveau  du  sol.  J'ai  éprouvé  que  les  gelées  blanclies, 
désastreuses  pour  les  plantes  sur  terre,  se  font  à  peine  sentir  à  une 
hauteur  de  5  ou  G  mètres  dans  une  situation  un  peu  abritée  par  le 
renfoncement  d'une  croisée.  Ainsi  j'y  ai  laissé  des  géraniums,  des 
cyclamens  de  Perse,  lorsque  le  thermomètre  marquait  un  degré  Réau- 
mur  au-dessous  de  zéro.  Ces  plantes  n'ont  accusé  aucune  souffrance, 
aucune  altération  ultérieure  dans  la  beauté  de  leur  floraison.  Pourtant 
chez  les  anémones,  les  hampes  florales  s'inclinaient,  les  feuilles  se 
crispaient  et  prenaient  une  teinte  sale;  mais,  reportées  dans  une 
chambre  froide,  elles  sont  revenues  également.  La  rose  supporte 
impunément  une  plus  froide  température.  Sur  une  fenêtre  au  rez-de- 
chaussée  au  nord,  après  une  nuit  qu'il  avait  gelé  à  glace,  une  rose 
presque  à  son  plein  épanouissement  était  absolument  intacte,  bien  que 
la  motte  de  mousse  fût  entièrement  gelée.  Qaoi  qu'il  en  soit,  je  ne 
conseillerais  pas  de  laisser  les  plantes  sur  fenêtre  alors  que  le  ther- 
momètre est  au-dessous  de  zéro.  Les  fleurs,  sans  paraître  tout  d'abord 
en  souffrir,  pourraient  moins  durer. 

Ces  expériences  sont  d'autant  plus  susceptibles  de  généralisation 
que  je  leur  ai  laissé  un  caractère  particulier  au  lieu  que  j'habite,  un 
des  plus  froids  de  la  Normandie,  à  cause  des  courants  d'air  de  deux 
vallées  s'ouvrant  au  nord  et  au  nord-ouest  et  par  la  situation  près  du 
confluent  de  trois  cours  d'eau.  Ce  que  j'obtiens  dans  ces  conditions 
défavorables  par  les  brumes  et  les  humidités  froides,  que  craignent 
surtout  les  plantes  en  hiver,  on  l'obtiendra  vraisemblablement  dans 
tout  le  nord  de  la  France.  Mais  en  allant  vers  le  sud  et  vers  l'ouest 
où  la  température  est  moins  variable  dans  ses  écarts,  la  flore  des 
plantes  à  cultiver  sur  fenêtre  serait  considérablement  étendue. 

J'ai  pris  à  dessein  comme  exemples  topiques,  pour  la  culture  sur 


274  PLANTES  SANS  TERRE  ET  AVEC  TERRE. 

fenêtre,  trois  plantes  qui  réussissent  mal  en  appartement.  Il  y  ea 
aurait  nombre  d'autres.  Les  plantes  hivernales,  hellébores,  tussilage 
odorant,  anémones  hépatiques,  cultivés  ainsi,  ont  une  durée  pour  ainsi 
dire  indéfinie,  de  trois  mois  environ,  et  je  ne  crois  pas  qu'aucune 
planto  d'été  surpasse  les  roses  de  Noël  en  mousse  sur  fenêtre,  pour 
l'abondance  et  l'éclat  de  la  floraison.  Il  en  est  de  même  des  plantes 
printanières,  primevères,  violettes,  pensées,  saxifrage  de  Sibérie, 
etc.,  etc.  Seulement,  pour  qu'elles  fleurissent  sur  fenêtre  tout  l'hiver, 
il  faut  que  leur  floraison  soit  déjà  lancée  à  l'air  libre  lorsqu'on  les 
met  sans  terre,  c'est-à-dire  (jue  la  première  fleur  commence  à  ouvrir. 

Et  quand  dès  maintenant  en  janvier,  un  peu  plus  tôt  sans  doute  que 
d'ordinaire,  parTelTet  de  la  température  humide  et  relativement  douce 
de  l'hiver  jusqu'à  présent,  on  voit  blanchir  et  s'allonger  les  boutons 
des  perce-neiges,  pointer  les  crocus,  les  premières  jacinthes,  pousser 
en  aigrettes,  puis  s'étaler  vivement,  les  feuilles  des  anémones  fulgens, 
il  est  évident  que  le  problème  des  plus  modestes  fenêtres  fleuries  tout 
l'hiver  est  résolu  \ 

Il  suffira  pour  passer  les  grands  froids,  sils  viennent,  de  rentrer 
ces  plantes  dans  une  chambre  éclairée  mais  où  la  température  au- 
dessus  de  zéro  soit  aussi  peu  élevée  que  possible,  et,  chaque  fois 
qu'il  ne  gèlera  pas,  de  les  remettre  à  l'air  sur  les  fenêtres,  au  sud 
ou  au  sud-ouest,  bien  entendu,  dès  qu'à  l'approche  du  printemps 
souffleront  les  vents  de  nord  et  d'est. 

[La  suite  prochainement).  Alfred  Dumesnil. 

MÉTÉOROLOGIE  DU  MOIS  DE  JANVIER  1883 

Voici  le  résumé  des  observations  météorologiques  faites  à  l'observa- 
toire du  parc  de  Saint-Maur  en  janvier  1883  : 

Moyenne  barométrique  à  raidi,  753'""\35.  Minimum  le  13,  à  2  heures  du  soir, 
739™"\04.  Maximum  le  23,  à  9  heures  et  10  heures  du  matin,  774™'". 03. 

Moijennes  tliermométriques  :  des  miniina  1".75;  des  maxima  6o.92;  du  mois 
4*.33!  Moyenne  vraie  des  24  he'ires,  3°. 95.  Minimum  le  23  au  lever  du  soleil,  —  L".3- 
(il  y  avait  un  niinimum  de  —  4". 6  le  9  à  la  môme  heure).  Maximum  le  1"  dans  la 
journée,  14". 8. 

Huriiidilé  relative  :  moyenne,  89;  la  moindre,  52  le  30  à  4  heures  du  soir;  la 
plus  grande,  100,  s'est  présentéb  en  9  jours. 

Tension  de  la  vapeur  :  moyenne  S'"'». 48;  la  moindre  2°"". 4  le  8  à  9  heures  du 
soir,  et  2""". 5  le  9  à  6  heures  du  matin;  la  plus  grande,  10'"'". 8,  le  l'^""  à  1  heure 
du  matin. 

Température  moyenne  de  h  Marne,  5°.29.  Elle  a  varié  de  2°.2  le  13  à  3  h.  30 
du  soir  à  10°. 0  le  2  à  la  même  heure.  Elle  a  débordé  le  3  en  s'élevant  à  l'altitude 
de  36'". 87  au-dessus  du  niveau  de  la  mer  (6"". 87  de  l'échelle  du  Parc).  Le  25  elle 
n'était  jtlus  qu'à  3'". 46  de  réchelle. 

Pluie,  45'""'. 0  en  70  heures,  réparties  en  14  jours. 

Deux  jours  de  neige,  insi;^ni fiante  le  9  dans  la  journée.  Le  25,  0"\0Q  de  neige 
sur  le  sol;  elle  n'a  fondu  que  le  lendemain  au  soir. 

NébiUosilé  moyenne,  Ç>6. 

Il  y  a  eu  9  jours  de  gelée  à  glace  et  8  jours  de  gelée  blanche. 

Six  jours  de  brouillard  dont  un  seul  notable  celui  du  18  janvier. 

Veiits  faibles  tout  le  mois;  ils  n'ont  pris  un  peu  de  force  que  dans  les  derniers 

1.  Cda-étailccnLau  oamuie  icumeiU.de  janvier.  Ea  corn^^uani  l'épreuve  le  20,  jecoa.sUte  qu'avec 
le  retour  d'un  peu  plus  de  lumière  toutes  les  [ilanles  dontj'yi  parlé,  sans  cesser  d'être  durables, 
se  sont  embellies  encore  sur  fenêtres.  D'autrc's  s'y  sont  ajoulécs  :  perce-neiges,  crocus,  violettes 
de  Parme,  pâquerettes,  géraniums  tirés  de  châssis  en  boutons  prêts  à  ouvrir,  etc.  A  voir  b  beauté 
qu'y  acquiert  cette  modeste  fleur,  la  perce  nei^e,  on  peut  se  figurer  ce  que  seront  le  mois  prochain, 
les  narcisses  à  bouquets,  les  jacinthes  de  Hollande  et  un  peu  plus  tard  les  lulipes.  D'une  demeure 
ensevelie  dans  les  brumes  du  Nord  on  rêve  aux  splendeurs  llorales  queperaiettraient,  sur  fenêtres- 
en  hiver,  dans  les  contrées  méridionales,  un  ciel  plus  lumineux,  un  a,r  plus  tiède. 


MÉTÉOROLOGIE  DU  MOIS  DE  JANVIER  1883. 


275 


jours;  ils  ont  été  très  dominants  du  sud  à  l'ouest,  puis  de  l'est-nord-est  à  l'est- 
sud  -est. 

Le  mois  de  janvier  1883  est  moins  nuageux  que  d'ordinaire  et 
de  2". 5  plus  chaud  que  la  normale.  Les  deux  premiers  jours  ont  été 
remarquablement  chauds,  plus  que  certains  jours  de  juillet  :  le  1",  le 
minimum  a  été  9°. 9  et  le  maximum  IV. 8;  la  moyenne  de  la  journée 
12°. 6.  Janvier  1877  a  présenté  des  excès  encore  plus  grands. 

On  peut  faire  remarquer  que  pendant  ce  mois  le  temps  a  été  couvert 
avec  le  baromètre  élevé,  et  beau  avec  le  baromètre  bas;  en  général  les 
pronostics  ont  été  presque  toujours  en  défaut. 

L'excès  de  température  de  2°  1/2  que  présente  le  mois  de  janvier 
est  fréquent;  mais  en  général,  les  mois  d'hiver  chauds  sont  plus  cou- 
verts que  d'habitude,  tandis  que  janvier  de  la  présente  année  est  un 
mois  relativement  assez  clair.  L'insolation  et  la  lumière,  plus  grandes 
que  d'ordinaire,  bien  plus  que  la  douceur  de  la  température,  ont 
influé  sur  la  végétation;  beaucoup  de  plantes  en  ont  donné  des  signes 
sensibles,  surtout  le  sureau  commun,  la  spirée  à  feuilles  de  saule,  la 
symphorine,  le  fusain  du  Japon,  Le  20  janvier,  un  mahonia  à  feuille 
de  houx  commençait  à  fleurir;  depuis,  j'en  ai  aperçu  d'autres.  Il  y  a 
aussi  de  nombreuses  pensées  et  des  véroniques  en  pleine  fleur, 

E.  Rendu, 

Membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture 


REYUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(17  FÉVRIER   1883). 
I.  —  Situation  générale. 

Les  ventes  continuent  à  être  peu  actives  sur  le  plus  grand  nombre  des  marchés 
agricoles.  Les  offres  des  cultivateurs  sont  restreintes  pour  la  plupart  des  denrées, 
et  il  n'y  a  que  des  transactions  peu  importantes,  sans  changements  sensibles  dans 
les  prix. 

II.  —  Les  grains  et  les  farines. 

Un  fait  général  domine  le  commerce  des  grains  et  exerce  une  influence  notable 
sur  les  prix  dans  un  grand  nombre  de  marchés.  Nous  l'avons  déjà  signalé,  mais 
nous  devons  y  revenir.  C'est  la  qualité  faible  de  beaucoup  de  blés  qui  ont  été 
récoltés  dans  de  mauvaises  conditions;  il  en  résulte  de  plus  grands  écarts  entre 
les  prix  extrêmes  des  premières  et  des  dernières  qualités,  que  dans  les  années 
ordinaires. 

Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal  métrique, 
sur  les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger  : 


Algérie. 

Angleterre. 
Belgiqiu:. 


Pays-Bas. 
Luxembourg. 
A  Isace-Lorraine. 


Allemagne. 


Suisse. 

Italie. 

Espagne. 

Autriche. 

Hongrie. 

Russie. 

Etats-Unis. 


Blé. 
fr. 

.,      (blé  tendre...  27.00 

^^^'1  blé  dur 24.75 

Londres 2G.25 

Anvers 2Ô.50 

Bruxelles 23.75 

Liège 23.50 

Namur 23.00 

Amsterdam 24.00 

Luxembourg 23.25 

Strasbourg 25.20 

Colmar 25.00 

Mulhouse 23  50 

Berlin 22.35 

Cologne 24.35 

Hambourg 22.85 

Genève. 27  00 

Milan 23.80 

Valladolid 24.50 

Vienne 20.00 

Budapeslh 20.50 

Saint-Pétersbourg..  22.00 

New-York „  23.50 


Seigle. 

Orge. 

Avoine. 

fr. 

Ir. 

fr. 

n 

« 

» 

„ 

17. 2S 

16.00 

» 

19.50 

20.00 

17.75 

17.75 

17.00 

16.25 

» 

17.00 

17.00 

20.50 

15.00 

15.50 

20.00 

» 

16.75 

» 

» 

» 

» 

17.00 

18  25 

1G.75 

17.50 

18.00 

17.50 

18.00 

17.25 

17.75 

18.25 

17.10 

» 

» 

18.75 

> 

» 

16.60 

» 

» 

s 

a 

22.00 

18.75 

• 

17.50 

15.25 

16.70 

14.25 

15.00 

16.50 

13.75 

15.00 

» 

12.50 

276 


REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT 


1"   RÉGION.  — 


NORD-OITEST 

Blé.    Seigl 


16.50 


16.00 
15.00 


18.00 

16  00 
15.00 
(6.25 

15.00 


fr.  fr. 

Calvados.  Cor\ dé 2'2.75  14,00 

_         caen 23.50 

Côl.-du-Nord.  Pontrieux  23 .  50 

—        Lannion..  23.25 

Finistère.  Qmmpev 23.50 

—  Landerneau..  26.00 
llle-el- Vilaine.  Rennes.  25.00 

—        Fougères...  24.75 
Manches.  Avranches...  26.00 

—  Pontorson.. . .  26.25 

—  Villedieu 26.00 

Mayenne.  Laval 25 .  50 

—  Château-Gontier.  25.00 
Morbihan.  Hennebont..  23.50 
Orne.  Seez 24.50 

—  Vimoutiers 25  00 

Sarthe.  Le  Mans 23.75 

—  Mameis 26.00  » 

Prix  moyens 24.76  15.75 

2*  RÉGION.  —  XORD. 

.4isjie.  Soissons 23.20  15.30 

—  Saint-Quentin...  23.65  » 

—  Villers-Colterets.  22.00  (4.25 
Eure,    Evreux 24.50  i4.00 

—  Les  Andelys 21.65  14.50 

—  Conches 23  25  14.50 

Eure-el-Loir.  Chartres..  24.00  14.75 

—  Auneau 22  50  14.00 

—  Nogent-le-Rotrou.  24.50  » 
Nord.  Cambrai 25.20  15.50 

—  Douai 25.00  15.50 

—  Valenciennes 25.50  i5.50 

Oise.  Beauvais 21.50  14.50 

—  Compiègne 22.00  14.2!) 

•_     Noyon 24.75  15.25 

Pas-de-Calais.  AttUlS...  26.50  15.75 

—  Doullens 25.50  14.50 

Seine.  Paris 25.25  15.35 

S.-ei-Mar.  Meaux 24.00  » 

—  Dammartin 21.75  14.50 

—  Nemours 23.75  15.80 

S.-et-Oise.  Angerville  ...  23 .  50  » 

—  Pontoise 24.00  16.00 

—  Versailles 23.25  15.50 

Seme-MféHeitre. Rouen.  23  65  13.85 

—  Fécamp 23.00  14.50 

—  Yvetot 22.50  » 

Somme.  Abbeville 22. bO  14.75 

—  Monldidicr 22.50  » 

_     Roye 22.75  14.50 

Pris  moyens 23.53  14.84 


fr. 

17  50 
18.30 
15.50 
16.50 
16.00 
16.50 
15.75 

18.50 
18,75 

18  50 
15.50 
16.75 

19.00 
18.50 
15.75 


Avoine. 

fr. 

18.50 

20.00 

16.50 

17.00 

16.00 

15.00 

17.25 

17.00 

21.25 

20.50 

20.25 

» 
17.50 
20.00 
17.25 
17.50 
21.75 


17.16     18.33 


17.00 
20.25 
16.50 
19.20 
17.00 
18.50 
18.00 
18.75 
18.50 
20.25 
18.75 
17.00 

» 
19.25 
18.70 
19.75 

» 
17,50 
17.00 
17.00 
18.00 
17.00 
18.35 
18.00 
16.50 
17.50 
18.00 
18.00 


16.25 
15.50 
16.50 
16.25 
16.80 
17.00 
17.25 
16.00 
17.25 
17.50 
16.00 
17.00 
17.00 
16.00 
15.25 
18.25 
18.00 
17.00 
17.00 
18.00 
16.75 
17.50 
19.50 
20.00 
16.75 
15.25 
16.75 
17.25 


18.02     16.90 


3'  RÉGION.  —  NORD-EST. 

Ardennes.  Charleville.  .  24.00  15.25  20.50  19.00 

_    Sedan 23.25  16.25  19.00  19.25 

Aube.  Bar-sur-Aube 22.75  14.50  17.50  17.50 

—  Méry-sur-Seine...  24.20  15.50  17.25  16.25 

—  Nogent-sur-Seine.  24  25  15.00  18.50  18.00 
Af orne.  G halons 23.15  15  85  18.25  17.00 

—  Epernay 23.75  15.00  »  17.50 

—  Sainte-.Menehould.  22.75  i5.25  17.40  15.50 
Hle-Marne.  Sl-Dizier...  23.00  14.50  16.75  16  50 
Meurlhe-et-Mos.  Nancy.  23.25  16.00  16.50  17.00 

—  Lunéville 23.50  16  25  17.00  16.50 

_     Toul 23.85  16.00  16.00  15.50 

A/euse.  Bar-ie-Duc 23.50  15.00  17.00  17.25 

—  Verdun 23.50  15.25  16.50  16.75 

Haule-tàaône.  Gray 22.50  15.00  16.00  15.25 

Kosges.  Epinal 24. «0  16.00  »  15.50 

—  Neufchàteau 23.15  15.00  17.00  15.15 

—  Mirecourt 22.75  16.50  16. 80  15.50 

Prix  moyens 23.39     15.45     17.37     16.77 

4*  RÉGION.  —  OUEST. 
C/iarenie.  Angoulème...  26.25 

—  Ruffec 26.00 

C/iar.-/Hfé?'.  LaRochelle  24.50 
Deux-Sfvres.  Niort.....  24.50 
Indre-et-Loire.  Bléré....  24.50 

—  Tours .  25.50 

Loire-/n/".  Nantes 25.50 

M.-et-Loire.  Saumur...  26.00 

—  Angers 24.50 

Vendée.  Luçon 25.00 

—  Fontenay-l.-Comte  24.50 
Fienne.  Chatellerault...  25.00 

—  Poitiers.... 26.25 

Haute- Vienne. .lÀwog&i.  26.00 

Prix  moyens 25.29    ^6.31     18.52     17.76 


18 

50 

) 

19 

25 

17 

75 

« 

18 

00 

» 

17 

00 

16 

50 

17 

50 

18 

00 

15 

.50 

19 

25 

17 

50 

16 

.00 

18 

00 

18 

00 

15 

25 

19 

25 

17 

50 

15 

25 

17 

50 

17 

75 

15 

00 

19 

00 

18 

25 

17 

50 

0 

18 

50 

17 

.25 

15 

.50 

19 

50 

17 

00 

19 

00 

17 

00 

18 

00 

20 

00 

18 

50 

-  CENTRE. 

Blé.    Seigle. 


Cher. 


Allier.  Montiuçon.... 

—  Gannat , 

La  Palisse 

Bourges 

—  Graçay , 

—  Saint-Amand.. . 
Creuse.  Aubusson..., 
Indre.  Chàteauroux . . 

—  Issoudun 

—  Valençay 

Loiret.  Orléans 

—  Patay 

—  Gien 

L.-et-Cher.  Blois , 

—  Montoire 

Nièvre.  Nevers , 

—  La  Charité 

Yonne.  Brienon 

—  Sens 

—  Tonnerre 


fr. 
24.25 
24.50 
24.00 
24.00 
25.20 
24.50 
25.20 
23.75 
25.00 
25.00 
23  50 
23.50 
24.25 
24.50 
23.50 
23.00 
23.25 
24.00 
24.75 
22.50 


fr. 
15.00 

15.25 

15.00 
15.00 
15.50 
16.25 
14.50 
15.50 
17.80 

» 
15.00 
15  50 
14.50 
14.50 

15.25 
15.00 
15.00 
14.00 


fr. 

18.50 
19.00 
17.25 
18.75 
19.25 
19.25 

» 
16.00 
18.50 
20  00 

17.25 
18  75 
20.00 
18,25 

17.00 
16.50 
17.50 
16.00 


ATûine. 

fr. 

17.00 

17.20 

17.25 

16.00 

17.00 

16.50 

18.00 

15.50 

17.25 

17.50 

* 
17,50 
16.75 
20.35 
17.00 
16.50 
16.75 
18.75 
18.00 
16.25 


Prix  moyens 24.12     15.24 

6'  RÉGION.  —  EST. 
^in.  Bourg 25.00 

—  Pont-de-Vaux... .  24.50 
Côle-d'Or.  Dijon 22.00 

—  Beaune 23.50 

Z)otf6s.  Besançon 23.50 

/sèce.  Bourgom 24.00 

—  Vienne 24.25 

Jura.  Dûle 22 . 00 

Loire.  Montbrison 24.00 

P. -de-Dôme.  Cl.-Ferrand  25.75 

Rhône.  Lyon 24.50 

Saône-et- Loire.  Chalon..  24.75 

—  Louhans 25.25 

6a«oie.  Chambéry..   ..,  25.75 
Ilte-Savoie.  Annecy 25.50 

Prix  moyens 24.23 

7'  RÉGION.  —  SUD-pUEST 
Ariège.  Pamiers 27.t)0 

—  Foix 27  20 

Dordogne.  Bergerac...  27  00 
Ilte-Garoiine.  Toulouse.  27.50 

—  St-Gaudens 24.75 

Gers.  Condom 27.00 

—  Eauze 26.00 

—  Mirande 25.50 

Gironde.  Bordeaux 27.25 

—  La  Réole 27.00 

Landes.  Dax 28.50 

Lot-et-Garonne.  Agen...  27.00 

—  Nérac 27.75 

B. -Pyrénées.  Bsiyonne..  28.50 
Iltes-Pyrénées.  T&rhes..  28.00 

Prix  moyens 27.06 


18.10     17.21 


15 

25 

y 

18 

00 

15 

50 

» 

17 

50 

» 

) 

16 

50 

16 

50 

16 

50 

» 

16 

75 

14 

25 

16 

75 

17 

25 

17 

00 

15 

00 

18 

00 

16 

00 

15 

50 

17 

50 

17 

00 

16 

00 

17 

13 

18 

00 

15 

75 

17 

00 

17 

80 

16 

25 

16 

50 

17 

25 

17 

00 

18 

00 

10 

25 

» 

» 

19 

00 

» 

18 

00 

15  83     17.31     17.45 


18 

00 

> 

20 

25 

17 

50 

) 

20 

00 

17 

20 

17 

80 

20 

00 

17 

00 

17 

50 

19 

00 

18 

00 

18 

25 

20 

50 

20 

25 

» 

» 

19 

50 

» 

) 

21 

50 

18 

50 

) 

18 

25 

) 

18 

00 

9 

19 

50 

» 

17 

50 

20 

00 

19 

00 

18 

75 

) 

19 

00 

21 

00 

18 

50 

18 

75 

19 

90 

> 

18 

50 

18.36     18.33     19.55 


8"  RÉGION.  —  SCD. 
ylude.  Castelnaudary.. .  27.25        » 

—  Carcassonne 27.50  18.50 

ylt'eyron.  Villefranche..  25.75  19.00 

Cantal.  Ma.\ir\a.c 25.35  22.20 

Coî-rèze.  Luberzac 25.50  17.75 

//érau^L Montpellier....  26.25        » 

—  Béziers 26.50        » 

loi.  Cahors 27.00  17.00 

Lozère.  Mende 27.25  17.50 

Piyré?wes-0)'. Perpignan.  27.75  21.05 

Jarn.  Castres 27.25  18.00 

'farn-e<-Gar.  MontauDan  26.75  17.50 

Prix  moyens 26.69  17.61 


18.00 
17.50 

17.25 
17.75 
25.00 

19.25 
19.03 


9'  REGION. 

Basses-Alpes.  Manosque 
Hautes-.ilpes.  Briançon. 
Alpes-Maritimes. Ca.naes 

Ardèche.  Privas 

B.-du-Hliône.  Arles.... 

Drame.  Romans 

Gard.  Nîmes 

Haute-Loire.  Brioude... 

Var.  Saint-Maximin 

Vauduse.  Avignon 


—  SUD-EST. 

28.00         » 

17.50 
18.00 
19.45 


Prix  moyens. 


Moy.  de  toute  la  France 
—  de  la  semaine  précéd. 

Sur  la  semainejHausse. 
précédente . .  1  Baisse. . 


18.15 


25.10     16.36 
25.24     16.55 


18.25 
17.40 
17.25 

» 
17.00 
20.00 

)) 
17.25 

17.86 

17.97 
18.09 


19  25 
19.00 
17.00 
22.10 
13.50 
18.00 

» 
18,25 
17.50 
18.40 
20.25 
20.10 

18.93 


22.00 
18.25 
18.75 
19.00 
18.00 
17.50 
18.00 
16.50 
19.00 
18.75 

18.57 

17.94 
18.02 


0.14       0.19       0.12       0.08 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (17  FÉVRIER   1883]  277 

Blés.  —  Les  marchés  aux  blés  sont  toujours  peu  fréquentés  par  les  agricul- 
teurs. Les  travaux  des  champs  Font  poursuivis  avec  beaucoup  d'activité;  la  meu- 
nerie ne  manifeste  d'ailleurs  que  des  besoins  relativement  restreints.  Ce  qui 
domine  la  situation,  ainsi  que  nous  avons  eu  déjà  plusieurs  fois  l'occasion  de  le 
dire,  c'est  la  grande  différence  dans  les  prix  des  blés  suivant  leur  qualité,  sur  un 
même  marché.  Les  bons  blés  sont  recherchés  avec  des  prix  fermes,  tandis  que  les 
blés  de  qualité  inférieure,  parfois  trop  nombreux,  sont  délaissés  par  le  commerce. 
Ce  sont  ces  différences  de  qualité  qui  sont  la  principale  cause  de  faiblesse  des 
prix  moyens.  —  A  la  halle  de  Paris,  le  mercredi  14  lévrier,  il  n'y  a  eu  que  très 
peu  d'affaires;  les  cours  se  sont  maintenus  aux  taux  de  la  semaine  précédente. 
On  cotait  de  24  fr.  à  26  fr.  50  par  100  kilog.  suivant  les  qualités;  le  prix  moyen 
s'est  fixé  à  25  fr.  25,  comme  le  mercredi  précédent.  —  Au  Havre,  les  offres  sont 
restreintes  en  blés  d'Amérique,  et  les  prix  sont  en  hausse.  On  cote  de  2'i  à 
28  fr.  25  par  100  kilog.  suivant  les  qualités;  c'est  la  conséquence  de  la  hausse 
constatée  en  Amérique.  —  A  Marseille,  les  ventes  ont  été  peu  importantes  durant 
cette  semaine,  mais  les  prix  se  soutiennent  avec  beaucoup  de  fermeté.  Les  arri- 
vages de  la  semaine  ont  été  de  106,000  quintaux  environ;  le  stock  est  actuelle- 
ment de  178,000  quintaux  dans  les  docks.  Au  dernier  jour,  on  cotait  :  Berdianska, 
26  fr.  75  à  27  fr.;  MarianopoH,  26  fr.  50;  Red-winter,  27  fr.   50;  Bessarabie, 

24  fr.  à  25  fr.;  Pologne,  25  fr.  à  26  fr.  50;  le  tout  par  100  kilog. —  A  Londres^ 
les  importations  de  blés  étrangers  ont  été  de  78,600  quintaux  depuis  huit  jours. 
Le  marché  présente  beaucoup  d'activité  et  les  prix  sont  en  hausse.  On  cote  de 

25  à  27  fr.  50  par  liO  kilog.  suivant  les  qualités  et  les  provenances. 

Farines.  —  Le  commerce  est  très  calme,  mais  il  y  a  de  la  fermeté  dans  les  prix. 
Pour  les  farines  de  consommation,  les  demandes  de  la  boulangerie  se  bornent 
aux   besoins    de    la   consommation.  On  cotait  à  la  halle  de  Paris,   le  mercredi 

14  février  :  marque  de  Gorbeil,  61  fr.;  marques  de  choix,  61  à  63  fr.;  premières 
marques,  59  à  60  fr.;  bonnes  marques,  58  à  59  fr.;  sortes  ordinaires,  55  à  57  fr.; 
le  tout  par  sac  de  159  kilog.  toile  à  rendre  ou  157  kilog.  net,  ce  qui  correspond  aux 
prix  extrêmes  de  35  fr.  05  à  40  fr.  10  par  100  kilog.  ou  en  moyenne  37  fr.  60, 
comme  le  mercredi  précédent.  —  En  ce  cjui  concerne  les  farines  de  spéculation, 
on  cotait  à  Paris,  le  mercredi  14  février  au  soir  :  farines  neuf-marques,  courant 
du  mois,  60  fr.  ;  mars,  60  fr.  25;  mars-avril,  60  fr.  25  à  60  fr.  50;  quatre  mois  de 
mars,  60  fr.  25  à  60  fr.  50;  quatre  mois  de  mai,  60  fr.  75  à  61  fr.;  le  tout  par 
sac  de  159  kilog.  toile  perdue  ou  157  kilog.  net.  —  Les  cours  sont  sans  change- 
ments pour  les  farines  deuxièmes,  qui  valent  de  26  à  33  fr.  par  quintal  métrique, 
et  pour  les  gruaux,  que  l'on  cote  de  47  à  58  fr. 

Seigles.  —  Les  affaires  sont  lentes.  Les  prix  se  fixent  à  la  halle  de  Paris,   de 

15  fr.  25  à  15  fr.  50  par  100  kilog.  suivant  les  qualités.  Les  farines  de  seigle 
sont  cotéts  de  23  à  25  fr. 

Orges  —  Peu  d'offres,  et  par  suite  maintien  des  cours.  On  vend,  à  la  halle  de 
Paris,  de  .18  fr.  75  à  20  fr.  75  par  lOU  kilog.,  suivant  les  quahtés.  —  Quant  aux 
escourgeons,  les  prix  se  maintiennent  de  18  fr.  25  à  18  fr.  50.  — A  Londres, 
les  importations  d'orges  étrangères  sont  très  restreintes,  les  prix  accusent  beau- 
coup de  fermeté.  On  paye  de  18  à  20  fr.  70  par  100  kilog.,  suivant  les  quahtés. 

Avoines.  —  Les  belles  qualités  d'avoine  sont  recherchées,  et  par  suite  les  prix 
accusent  plus  de  fermeté.  On  paye  à  la  halle  de  Paris  de  17  à  19  fr  ^0  par 
100  kilog.  suivant  poids,  couleur  et  qualité.  —  A  Londres,  il  a  été  importé 
123,000  quintaux  d'avoine  depuis  huit  jours  ;  les  prix  accusent  une  très  grande  fer- 
meté. On  paye  de  18fr.  50  à  21   fr.  70  par  100  kilog.  suivant  les  qualités. 

Sarrasin.  —  Les  offres  sont  toujours  restreintes.  On  paye  à  la  halle  de  Paris, 
15  fr.  50  à  16  fr   par  100  kilog.  suivant  les  sortes. 

Maïs.  —  Mêmes  cours  que  précédemment  dans  les  ports  pour  les  maïs  d'Amé- 
rique. On  les  cote  de  18  fr.  50  à  19  fr.  par  100  kilog.  au  Havre. 

Issues.  —  Les  prix  sont  sans  variation.  On  paye  à  la  halle  de  Paris  :  gros 
son  seul,  13  fr.  75  à  14  fr.;  son  trois  cases,  12  fr.  75  à  13  fr.;  son  fin,  11  fr.  50 
à  12  fr.;  recoupettes,  12  fr.  à  12  fr.  50;  remoulages  bis,  15  à  16  fr.  ;  blancs, 
1 7  à  1 8  fr. ,  le  tout  par  1 1 0  kilog. 

III.  —  l-ourrages,  graines  fourragères. 

Fourrages.  —  Les  ventes  sont  peu  importantes,  et  les  prix  accusent  beaucoup 
de  fermeté  sur  la  plupart  des  marchés. 

Graines  fourragères.  —  Les  prix  sont  encore  en  hausse,  principalement  pour 


278  REVUE  COMMERCIALE  ET    PRIX  COURANT 

les  trèfles.  Les  trèfles  violets  sont  cotés  de  170  à  220  fr.  par  iOO  kilog.;  les  autres 
graines  aux  mêmes  cours  que  la  semaine  dernière. 

IV.  —  Fruits  et  légumes  frais. 
Fruits.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  poires,  le  cent,  5  fr.  à  100  fr.,  le  kilog., 
0  fr.   25    à  0   fr.   tO;   pommes,  le  cent,   5  fr.  à  100  fr.  ;  le   kilog.,   0    fr.    20  à 

0  fr.  45;  raisins  communs,  le  kilog.,  3  à  12  fr. 

Gros  légumes.  —  Dernier  cours  de  la  halle    :  betteraves,  la  manne,  0  fr.  30  à 

1  fr.  30;  carottes  communes, les  100  bottes,  20 à  30  fr.;  d'hiver,  l'hectolitre,  3  fr.  à 
5  fr.  ;  de  chevaux,  les  100  Lottes,  13  à  19  fr.;  choux  communs,  le  cent,  4  à  15  fr.; 
navets  communs,  les  100  bottes,  20  à  30  fr.;  de  Freneuse,  25  à  35  fr.  l'hectolitre, 
3  fr.  à  4  fr.  ;  oignons  en  grain,  l'hectolitre,  10  à  14  fr.;  panais  communs,  les 
100  bottes,  12  à  16  fr.;  poireaux  communs,  les  100  bottes,   35  à  65  fr. 

Pommes  de  terre.  —  Hollande  communes,  l'hectolitre,  12  à  15  fr.;  le  quintal, 
17  fr.  14  à  21  fr.  42;  jaunes  communes,  l'hectolitre,  9  à  10  fr.:  le  quintal, 
12  fr.  85  à  14  fr.  28;  saucisse  rouge,  l'hectolitre,  10  à  13  fr.;  le  quintal, 
17  fr.  28  à  18  fr.  57. 

V.  —  Vins,  spiritueux,  vinaigres,  cidres. 

Vins.  —  La  situation  du  commerce  des  vins  ne  varie  pas  beaucoup.  Les  affaires 
présentent  une  physionomie  absolument  difîerente  suivant  les  régions.  Ici  elles 
sont  assez  calmes,  tandis  qu'ailleurs  elles  ont  plus  d'activité.  Mais  ce  qui  domine 
la  situation,  c'est  que  les  vin^  nouveaux  se  relèvent  peu  à  peu  de  la  détestable 
situation  qui  leur  a  été  faite.  Les  viticulteurs  maintiennent  partout  les  prix,  et  ils 
s'en  trouvent  bien.  Quant  aux  travaux  de  la  vigne,  ils  sont  poussés  partout  avec 
vigueur;  on  craint,  en  effet,  qu'en  raison  de  la  douceur  de  l'hiver  qui  va  bientôt 
prendre  fin,  la  végétation  parle  rapidement  avec  vigueur.  Dans  ces  circonstances, 
on  a  toujours  beaucoup  à  craindre  de»  gelées  printanières.  —  Nous  ne  donnons 
pas  de  cours  cette  semaine  ;  car  nous  ne  pourrions  que  répéter  ceux  que  nous 
avons  donnés  dans  nos  précédents  n-uméros. 

Spiritueux.  —  Le  commerce  des  alcools  est  dans  le  calme  le  plus  complet.  Que 
ce  soit  dans  le  Midi  ou  dans  le  Nord,  les  ventes  sont  peu  importantes,  et  les 
prix  demeurent  sans  changements  et  sans  même  que  l'on  puisse  prévoir  qu'ils  se 
relèvent  bientôt.  On  cote  à  Paris  :  3/6  betteraves,  90  degrés,  V"  qualité,  dispo- 
nible, 50  fr.;  mars,  50  fr.  75  ;  mars  et  avril,  51  fr.  50;  quatre  mois  de  mai,  52  fr.50 
à  52  fr.  75  ;  le  tout  par  hectolitre. 

VI.  —  Sucres.  —  Mêlasses.  —  Fécules.  —  Glucoses.  —  Amidorvs.  —  Houblons. 

Sucres.  —  C'est  de  la  baisse  que  nous  devons  signaler  dans  les  prix.  Les  affaires 
sont  très  lentes,  et  les  prix  sont  faibles'.  On  cote  à  Paris  par  100  kdog.  :  sucres 
bruts  88  degrés  saccharimétriques,  49  fr.  75;  les  99  degrés,  57  fr.  ;  sucres  blancs, 
n**  3,  57  fr.  à,  57  fr.  25;  —  à  Lille,  sucres  bruts,  49  fr.  50;  sucres  blancs, 
57  fr.  25;  —  à  Saint-Quentin,  sucres  bruts,  49  fr.  25  à  49  fr.  50;  sucres 
blancs,  57  fr.  50;  à  Valenciennes,  sucres  bruts  49  fr.  50.  —  A  Paris,  le  stock 
de  l'entrepôt  réel  des  sucres  e'tait,  au  14  février,  de  877,000  sacs,  avec 
une  augmentation  de  18,000  sacs  depuis  huit  jours.  —  Pour  les  sucres 
raffinés,  ils  valent  de  105  à  106  fr.  par  100  kilog,  à  la  consommation,  et 
de  64  fr.  75  à  67  fr.  ;  pour  l'exportation.  —  Dans  les  ports  les  prix  sont  sans 
changements  pour  les  sucres  coloniaux. 

Fécules.  —  Les  cours  ne  varient  pas.  On  paye  à  Paris  39  à  40  fr.  par  100  kilog. 
pour  les  fécules  premières  du  rayon  ;  à  Compiègne,  38  fr.  pour  celles  de  l'Oise. 

Amidons.  —  Prix  faibles  pour  toutes  les  sortes.  On  paye  à  Paris  :  amidons  de 
pur  froment,  66  à  68  fr.  ;  amidons  de  province,  64  à  66  fr.  ;  amidons  de  maïs, 
5.4  à  56  fr.;  le  tout  par  quintal  métrique. 

Houblons.  —  Les  offres  des  cultivateurs  sont  partout  extrêmement  restreintes, 
par  suite  de  la  diminution  des  stocks.  Les  prix  se  maintiennent  bien  sur  tous  les 
marchés.  On  paye  dans  le  Nord,  740  à  760  fr.  par  :00  kilog.;  à  Dijon,  900  à 
1,000  fr.  ;  en  Alsace,  jusqu'à  1,100.  En  Angleterre,  les  atïairessont  extrêmement 
calmes. 

VII.  —  Huiles  et  graines  oléagineuses,  tourteaux. 

Huiles.  —  Au  mouvement  de  spéculation  qui  avait  entraîné  les  prix  des  huiles 
de  colza  a  succédé  une  réaction  en  baisse.  Les  prix  s'établissent  comme  il  suit, 
à  Paris  :  huiles  de  colza  en  tous  fûts,  107  fr.  50;  en  tonnes,  109  fr.  50;  épurée  en 
tonnes,  )  17  fr.  50;  huile  de  lin  en  tous  fûts,  58  fr.  50;  en  tonnes,  60  fr.  50.  — 
Sur  les  marchés  des  départements,  on  paye  les  huiles  de  colza  :  Rouen,  104  fr.  ; 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (17   FÉVRIER  1883].  279 

Caen,  104  fr.  50;  Arras,  108  fr.  ;  et  pour  les  autres  sortes,  lin,  59  fr.  25  ;  pavot, 
72  fr.;  œillette,  107  fr.  —  A  Marseille,  les  huiles  d'olive  sont  en  hausse;  Aix 
surfine,  180  à  200  fr.  ;  fine,  150  à  160  fr.  ;  Tiari,  150  à  155  fr.  ;  Var  surfine,  135  à 
140  fr. ,  fines,  115  à  125  fr. 

Graines  oléagineuses.  —  Les  cours  varient  peu  dans  le  Nord.  On  paye  par  hec- 
tohlre  :  œillette,  25  fr.  50  à  27  fr.  75;  cameline,  14  fr.  à  18  fr.  50. 

Tourteaux.  —  H  y  a  beaucoup  de  fermeté  dans  les  prix.  On  paye  à  Arras,  par 
100  kilo.if.  :  tourteaux  d'œillette,  16  à  16  fr.  50;  de  colza,  18  fr.  50  ;  de  lin,  23  fr.  ; 
de  cameline,  19  fr.;  à  Caen,  tourteaux  de  colza,  16  fr. 

VIII.  —  Matières  résineuses,  colorantes,  etc. 

Matières  résineuses.  —  Les  prix  sont  plus  fermes.  On  paye  à  Bordeaux  90  fr. 
par  100  kilog.  pour  l'essence  pure  de  térébenthine. 

Gatides.  —  Mêmes  prix  que  précédemment,  dans  le  Languedoc,  à  22  fr.  par 
100  kilog. 

Soufres.  —  Les  prix  des  soufres  sont  très  fermes.  On  cote  à  Marseille  16  fr.  50 
à  19  fr.  par  100  kilog.  pour  les  soufres  triturés. 

IX.  —  f réduits  forestiers. 

Bois.  —  Les  ventes  sont  assez  difficiles,  principalement  pour  les  bois  de  feu. 
Ces  derniers  sont  payés  à  Paris,  par  décastère  :  bois  de  flot,  110  à  120  fr.;  tra- 
verses, 110  à  120  fr.;  bois  pelard,  105  à  115  fr.;  bois  neufs  durs,  110  à  120  fr.; 
bois  blanc,  90  à  ,100  fr.;  bois  de  pin  gelé,  55  à  75  fr.;  non  gelé,  90  à  100  fr.;  — 
falourdes  de  pin,  55  à  HO  fr.  le  cent. 

Ecorces.  —  Les  écorces  sont  cotés  180  à  190  fr.  les  104  bottes  de  18  à  20  kilog. 
à  Glaraecy. 

X.  —  Sxiifs  et  corps  gras. 

Suifs.  — Il  y  a  baisse  dans  les  prix.  On  paye  à  Paris,  99  fr.  par  100  kilog. 
pour  les  suifs  purs  de  l'abat  de  la  boucherie;  74  fr.  15  pour  les  suils  en  branches. 

Saindoux.  —  Les  saindoux  d'Amérique  se  vendent  aux  mêmes  cours  que  précé- 
demment au  Havre. 

XI.  —  Beurres.  —  Œufs.  —  Fromages. 

Beurres.  —  Il  a  été  vendu,  pendant  la  semaine,  à  la  halle  de  Paris,  181,824  ki- 
log. de  beurres.  Au  dernier  marché,  on  payait  par  kilog.  :  en  demi-kilog.,  2  fr.  50 
à  3  fr.  90  ;  petits  beurres,  2  fr.  à  3  fr.  24;  Gournay,  2  fr.  20  à  4  fr.  80;  Isigny, 
2  fr.  70  à  8  fr.  40. 

Œufs.  —  Les  ventes  ont  été  de  5,382,127  œufs  pendant  la  semaine  à  la  halle 
de  Paris.  Au  dernier  jour,  on  paye  par  mille  :  choix,  112  à  123  fr.;  ordinaires, 
75  à  94  fr.;   petits,  68  à  72  fr. 

Fromages.  —  Derniers  cours  de  la  halle  :  par  douzaine,  Brie,  6  à  28  fr.;  Mont- 
Ihéry,  15  fr.  ;  —  par  cent.  Livarot,  44  à  110  fr.;  Mont-Dor,  14  à  26  fr.:  Neuf- 
châtel,  4  fr.  50  à  25  fr.  50;  divers,  6  à  86  fr.;  —  par  100  kilog..  Gruyère,  110 
à  170  fr. 

XII.  —  Chevaux,  bétail,  viande. 

Chevaux.  —  Aux  marchés  des  6  et  9  février,  à  Paris,  on  comptait  862  chevaux  ; 
sur  ce  nombre,  328  ont  été  vendus  comme  il  suit  : 

Amenés.  Vendus.  Prix  extrêmes. 

Chevaux  de  cabriolet 202  3r,  200  à  1,050  fr. 

—  de  trait 292  To  270  à  1,200 

—  hors  d'âge 244  93  20  à      S75 

—  à  l'enchère 45  45  30  à      410 

—  de  boucherie 79  79  20  à       100 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  officiel  du  marché  aux 
bestiaux  de  la  Villette,  du  jeudi  8  au  mardi  13  février  : 

Poids      Prix  dii  kilog.  de  viande  nette  sur 
Vendus  moyen         pied  au  marclié.  du  12  février. 

Pour  Pour  En          4  quartiers.  1"             2=             S"-"  Prix 

Amenés.  Paris,  l'extérieur,  totalité.  kil.        quai.  quai.  quai.  moyen. 

Bœufs 5,823  3,2r)8  1,G49  4,917  344       1.70  1.54  1.30  1.51 

Vaches 1,8«1  1.026  632  1,658  234       1.58  1.35  1.18  1.37 

Taureaux 301  216  46  262  386       1.46  1.2S  1.20  1.33 

Veaux 3,015  2,068  531  2,599  75      2.40  2.20  1.96  2.18 

Moulons.......       37,733  27,610  8,321  25,931  20      2.30  2  14  2.00  2.08 

Porcs  gras 7,390  2,601  4,684  7,285  83       1.32  1.28  1.20  1.27 

—    maigres.            »  »  »  »  »»  »              »» 

A  Londres,  les  importations  d'animaux  étrangers  durant  la  semaine  dernière  se 
sont  composés   de   11,938  têtes,  dont  4  bœufs,  135  veaux  et  89  moutons  venant 


280 


REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT  117   FÉVRIER    1883). 


d'Amsterdam;  2,425  moutons  d'Anvers  ;  2,7  78  moutons  de  Brème  ;  266  i œufs  de 
Boulogne;  1?.8  bœufs,  12  veaux  et  17  moutons  de  Gothembourg;  1,540  moutons 
d'Hambourg  ;  92  bœufs,  40  veaux  et  20  moutons  d'Harlingen  ;  65  bœufs  et 
40  moutons  du  Havre;  74  bœufs,  137  veaux  et  3,916  moutons  de  Rotterdam; 
160  bœufs  d'Oporto.  Prix  du  kilog.  Bœuf  :  qualité  inférieure,  1  fr.  52  à  1  tr.  75; 
2«  qualité,  1  fr.  75  à  1  fr.  93;  1"  qualité,  1  fr.  99  à  2  fr.  16  —  Veau:  2«  qualité, 
2  fr.  10  à2  fr.  21;  V  qualité,  2  fr.  28  à  2  fr.  45.  —  Mouton  :  qualité  inférieure, 
2  fr.  10  à  2  fr.  28  ;  2'^ qualité,  2  fr.  28  à  2  fr.  63  ;  l"-«  qualité,  2  fr.  69  à  2  fr.  86.— 
Porc  :  2«  qualité,  1  fr.  35  à  1  fr.  52;  V'  qualité,  1  fr.  52  à  l  fr  64. 
Viande  à  la  criée. 


kilog. 
Bœuf  on  vache...   161,755 

Veau 157,714 

Mouton 5:^,278 

Porc 75,359 


Il  a  été  vendu  à  la  halle  de  Paris  du  6  au  1 1  février 

Prix  du  kilog.  le  12  février. 


1"  quai.  2'  quai.         '     3°  quai. 

1.54  à  1.90  1.32  à  1.5-2    0.94  à  1.30 

2.02      2.40  1.70       2.00     1.46       1.68 

1.62      2.04  1.40       1.60     1.00       1.38 


Choix.      Basse  Boucherie. 
1.66  à  2.70    0.20  à  0.90 
1.56       2.60       » 
1.70      2.46       » 
salé,     1,50 


Porc  frais 1  .16  à  1.34; 

4b3,90r,        Soitparjour 74,844  kilog. 

Les  ventes  ont  été  supérieures  de  5,000  kilog.  par  jour  à  celles  de  la  semaine 
précédente.  Les  prix  accusent  de  la  faiblesse  pour  les  diverses  sortes. 

XIII.  —  Cours  de  la  viande  à  V abattoir  de  la  Villelte  du  17  février  {par  50  kilog.) 

Cours  de  la  charcuterie.   —  On  vend  à  la  Villette  par  50  kilog.  :  y^  qualité, 
70  à  73  fr.  ;  2%  65  à  70  fr.  ;  poids  vits,  45  à  50  fr. 

Bœufs.  Veaux.  Moutons.    • 


1" 

quai, 
fr. 

78 


2° 

quai, 
fr. 
71 


3- 

quai, 
fr. 
62 


q  al. 
fr. 
120 


2' 
quai. 

fr. 
110 


3" 
quai. 

fr. 
100 


quai, 
fr. 
97 


2" 

quai. 
fr. 
92 


3° 
quai. 

fr. 


XI V.  —  Marché  aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi  17  février  1883. 


Poids 
moyen 
Animaux  gênerai, 

amenés.       Invendus.  kil. 

Bœufs 2.4G'i  lO'i  365 

Vaches S57  187  234 

Taureaux...         13 t  il  38o 

Veaux i.36i  I2't  79 

Moutons 17.690  323  -'0 

Porcs  gras. .     4. 388  131  81 

—  maigres..  »  »  » 

Vente  assez  active  sur  toutes  les  espèces. 


Cours  officiels. 


Cours  des  commissionnaires 
en  bestiaux. 


1"  2'         3' 

quai.  quai.  quai. 
1.72  i.â4  1.28 
1.58     1.36 

1.28 

2.20 

2    16 

1.34 


<  46 
2.40 
2.34 
1-40 


t  18 
1.20 
1.96 
2  02 
1.28 


Prix 
extrêmes. 
l.2oài.76 
l.io     <  62 


1"  2°  3' 

quai.  quai.    quai. 


1.14 
1.76 
l  80 
1.24 


t.  50 
2  60 

2  40 

1.44 


1.70 
l .  55 

1.40 


1  .d2 
132 

1.30 


1.2; 
1.  15 


Frix 

extrêmes. 

1.20àl.72 

1.10     1   60 

1.10     1.50 


.\V. 


Résume. 


A  l'exception  des  sucres,  des  huiles  et  des  suifs  les   cours  de  la  plupart  des 
denrées  afjricoles  ont  été  bien  soutenus  durant  cette  semaine.  A.  Remy. 


BULLETIN  FINANCIER 

Maintien  des  cours  de  la  semaine  dernière  :  le  3  0/0  à  79,25  perd  0,10;  le  5  0/0 
à  114,90,  gagne  i',05.  Fermeté  à  nos  Sociétés  de  crédit  :  vive  reprise  à  nos  che- 
mins de  fer. 


Cours  de  la  Bourse  du  7  au  14  février  1883  (au  comptant). 

Valeurs  Diverses 

Plus 


Principales  valeurs  françaises 


Plus 


Plus 
haut. 
79  60 
81.10 
110.00 
115.20 


bas. 

Rente  3  0/0 79.05 

Rente  3  o/o  amortis 79.85 

Rente  4  1/2  o|o 109.50 

Rente  5  0/0 114  52 

Banque  de  France 5225.00  5300.00 

Comptoir  d'escompte 965.00    970.00 

Société  générale 560.00     570.00 

Crédit  foncier 1230.00  1250.00 

Est Actions  .500  705.00     710.00 

Midi d"  1030  ou  1055.00 

Nord d"   1750.00    1790.00 

Orléans d"  1205.00  1230.00 

Ouest d°     775.00     780.00 

Paris-Lyon-Méditerranée  d°  1487. ;o  1530.00 
Paris  1871  obi.  400  à  3  0/0.  390.00  391.50 
Italien  5  0/0..... 86.50      36  95 


Dernier 

cours. 

79. -^5 

80.00 

109.80 

114.90 

5240.00 
970  00 
565.00 

1240.00 
710.00 

1055.00 

1782.50 

12JD.00 
775.00 

1530.00 

39 1 . 50 

80  90 


Le  Gérant  :  A.  BOUCHE, 


Plus 
haut. 

505.00 
530.01) 
440.00 
940.00 
690.00 
681.25 
552.50 
325.00 


Dern 
cou 
505 
530 
440 
935 
685 
681 
546 
325 


bas. 
Créd.  fonc.  obi.   500  4  O/o     500.00 

d"        d"       d"      d°    3  0/0.     525.00 

d°      obi.     c"     d°  3  0/0.    435  00 
Bque  de  Paris  act,  500....     930.00 

Crédit  ind.  et  corn.  500 685.00 

Dépôts  et  cptes  cts.  500. .. .     680.00 

Crédit  lyonnais d" 537.50 

Crédit  mobilier 315.00 

Cie  parisienne   du  gaz  250  ri82.50  1487.50  1487 

Cie  génér.  transatl 5U0    385.00    415.00    415 

Messag.  maritimes d".     70000    710.00    707 

Canal  de  Suez d\  2155.00  21S5.00  2155 

d"     délégation d°.  1190.00   1200.00  1195 

d"     obli.  5  0/0 d°.     557.00     565.00     :  60 

Créd.  fonc.  Autrich 500     740.00     750.00     740 

Créd.  mob.  Espagnol 322.50     347.50     347 

Créd.  fonc.  Russe 357.00    378.00     357 

LETEIUUER. 


ler 
rs. 

.00 
.00 
.00 
.00 
.00 
.25 
25 
.00 
.50 
.00 
.50 
.00 
.00 
.00 
.00 
.50 
.50 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (24  février  i883). 

Persistance  des  conditions  météorologiques  défavorables.  —  Inconvénients  de  l'excès  d'immidité. 

—  Réformes  urgentes  à  efïectucr.  —  Kftels  déplorables  de  la  lenteur  des  réformes.  —  Election 
d'un  membre  associé  à  la  Société  nationale  d'agriculture.  —  Nécro.logie.  —  M.  Pierre  Muller. 

—  Proposition  de  loi  relative  aux  prises  d'eau  dans  les  rivières  navigables  et  flottables.  —  Les 
nouveaux  projets  des  tarifs  de  chemins  de  fer.  —  Rapports  présentés  sur  ce  sujet  par  M.  Galel- 
lier  à  la  Société  d'agriculture  de  Meaux  et  par  M.  Ducosà  la  Société  d'agriculture  de  Vaucluse. 

—  Etude  de  M.  Delattre  sur  les  gisaments  de  phosphate  de  chaux.  —  Le  phylloxéra.  —  Situa- 
tion réelle  des  vignobles  du  Midi.  —  Travaux  du  Comité  central  de  l'Aveyron  et  de  celui  de  la 
Charente-Inférieure,  —  La  greffe  des  vignes.  —  Programme  détaillé  de  l'exposition  agricole  de 
Lisbonne.  —  Concours  du  Comice  de  Saintes  en  1883.  —  Discours  des  récompenses  du  concours 
ouvert  à  Rouperroux  pour  la  plantation  des  arbres  à  fruits  à  cidre.  —  Discours  de  M.  Carré. 

—  Réunion  de  l'association  amicale  des  anciens  élèves  de  l'école  d'agriculture  de  Montpellier. 

—  Exposition  et  Congrès  d'insectologie  à  Paris  en  1883. —  Programme  des  questions  qui  y  seront 
traitées.  —  Catalogue  de  plantes  potagères  de  M.  Jacquemet-Bonnefond.  —  Les  joncs  des  fossés 
et  les  terres  des  routes.  —  Lettre  de  M.  Dumont.  — La  production  du  sucre  en  France  en  18H2-83. 

—  Situation  prospère  de  l'industrie  sucrière  allemande.  —  La  crise  politique.  —  Nomination  de 
M.  Méliue  comme  ministre  de  l'agriculture  en  remplacement  de  M.  de  Mahy. 

I.  —  La  situation. 

Lus  nouvelles  que  nous  recevons  d'une  grande  partie  de  la  France, 
et  particulièrement  de  l'ouest  et  du  centre,  ne  sont  pas  rassurantes. 
Les  retards  considérables  des  travaux  d'automne  n'ont  pas  été  récu- 
pérés ;  la  saison  continue  à  être  défavorable  à  l'exécution  des  labours, 
de  telle  sorte  que  les  semailles  des  blés,  telles  que  celles  du  blé  bleu 
ou  du  blé  Chiddam,  qui  ont  été  conseillées  comme  pouvant  se  faire 
tardivement  afin  de  remplacer  les  blés    automnaux,    n'ont   pas  pu 
généralement  être  effectuées.  Dans  beaucoup  de  champs,  il  est  impos- 
sible de  faire  entrer  les  animaux  de  labour.  L'inquiétude  est  donc 
grande  dans  beaucoup  de  campagnes.  Il  ne  restera  bientôt  plus  d'espoir 
que  dans  les  semailles  de  mars  qui  rarement  donnent  de  très  bons 
résultats.  Une  seule  chose  heureuse  s'est  produite  durant  cet  hiver, 
c'est  la  vente  du  bétail  à  des  prix  avantageux.  C'est  encore  de  ce  côté 
qu'il  faudra  porter  tous  ses  soins.  Quant  aux  cultures  des  plantes 
industrielles,  c'est  à  peine  si  on  les  commence.  L'année  a  été  mau- 
vaise pour  notre  industrie  sucrière  qui  traverse  une  crise  de  plus  en 
plus  douloureuse,  alors  que,  de  l'autre  côté  de  nos  frontières,  notam- 
ment en  Allemagne,  la  même  industrie  est  chaque  jour  plus  prospère. 
11  n'est  pas  douteux  pour  nous,  et  c'est  l'opinion  que  nous  soutenons 
depuis  quarante  ans,  que  le  régime  fiscal  auquel  est  assujettie  la  pro- 
duction du  sucre  est  la  cause  de  notre  infériorité.  Le  principe  de  la 
loi  est  mauvais;  il  faudrait  une  réforme  radicale.  INos  législateurs  ne 
paraissent  pas  s'en  douter;  ils  croient  avoir  fait  une  réponse  sans 
réplique  quand  ils  ont  dit  :  «  L'état  des  finances  publiques  ne  permet 
pas  ie  moindre  changement,  car  on  ne  peut  pas  toucher  à  l'équiliLre 
budgétaire.  »   On  sera  vraiment  bien  avancé  quand,  après  avoir  con- 
tinué pendant  quelques  années  d'user  de  ce  régime,  on  aura  rendu  la 
ruine  de  notre  agriculture  absolument  irrémédiable  ;  les  finances  publi- 
ques s'en  porteront  plus  mal  encore.  C'est  comme  pour  le  régime  des 
octrois  ;  on  ne  l'a  pas  aboli  alors  qu'il  eût  été  possible  de  le  remplacer  ; 
et  maintenant  on  demande  comment  trouver  ailleurs  pour  les  villes  les 
centaines  de  millions  que  les  octrois  produisent.  Des  réponses  analogues 
sont  faites  lorsqu'on  veut  toucher  à  l'impôt  foncier,  à  l'abus  des  cen- 
times additionnels  départementaux  ou  communaux,  à  l'impôt  excessif 
des  droits  de  mutation  et  à  tant  d'autres  abus.  On  ne  réforme  rien 
sous  prétexte  que  les  réformes  sont  difficiles  ;  nos  parlements  passent 
leur  temps  à  des  discussions  stériles,  où  les  ambitions  personnelles 
prennent  le  pas  sur  les  questions  d'intérêt  public.  C'est  ainsi  qu'on  a 

N"  724.  —  Tome  1"  de  1883.  —  24  Février. 


282  CHRONIQUE  AGRICOLE   (24  FÉVRIER   1883). 

de  mauvaises  finances  et  une  mauvaise  agriculture.  Et  cependant  il  y 
tant  de  ressort  dans  notre  pays,  tant  de  ressources  dans  notre  sol,  tant 
d'énergie  dans  nos  populations  rurales,  que  si  on  veut  bien  s'arrêter 
sur  la  pente  fatale  où  l'on  se  laisse  glisser,  on  pourra  encore  remonter 
le  courant  et  faire  renaître  la  prospérité.  Mais  il  est  temps  de  s'y 
mettre  sérieusement,  avant  que  la  patrie  soit  agonisante. 

II.  —  Election  à  la  Société  nationale  d'agriculture. 

Dans  sa  séance  du  21  février,  la  Société  nationale  d'agriculture  a 
procédé  à  Télection  d'un  membre  associé  dans  la  Section  d'économie 
des  animaux.  Sur  50  suffrages  exprimés,  M.  Chabot-Karlen  a  été  élu 
par  45  voix.  Nos  lecteurs  connaissent,  depuis  de  nombreuses  années, 
les  importants  travaux  de  M.  Chabot-Karlen  sur  la  pisciculture;  ils 
savent  que,  depuis  deux  ans,  il  a  été  chargé  d'une  mission  spéciale 
pour  l'organisation  de  la  pisciculture  dans  les  établissements  d'ensei- 
gnement agricole  et  que,  dans  cette  œuvre,  il  a  donné  de  nouvelles 
preuves  d'un  dévouement  et  d'un  zèle  absolus  à  la  cause  du  progrès 
agricole. 

III.  —  Nécrologie. 

Nous  apprenonsque M.  Pierre  Muller  vient  de  mouriràSchiltigheim. 
près  de  Strasbourg,  âgé  de  soixante  treize  ans.  Tous  ceux  qui  s'inté- 
ressent à  la  production  delà  bière  connaissent  son  excellent  y)/a«Me/ 
des  brasseurs  qui  renferme  les  documents  les  plus  précis  sur  la  fabri- 
cation de  toutes  les  sortes  de  bières. 

IV  —  Les  prises  d'eaux  dans  les  rivières  navigables. 

Les  viticulteurs  savent  que,  à  plusieurs  reprises,  l'administration 
des  finances  a  tenté  d'imposer  une  taxe  proportionnelle  aux  propriétaires 
qui  demandent,  l'autorisation  de  puiser,  dans  les  fleuves  dont  ils  sont 
riverains,  l'eau  qui  leur  est  indispensable  pour  submerger  les  vignes 
phylloxérées.  D'autre  part,  des  difficultés  de  même  genre  ont  été  sou- 
levées contre  plusieurs  villes  relativement  à  l'usage  des  eaux  des 
rivières.  Pour  faire  disparaître  les  inconvénients  qui  résultent  de  ces 
difficultés,  M.  Belle,  député,  a  présenté  une  proposition  de  loi  appelant 
l'attention  de  la  Chambre  sur  cette  question.  La  Commission  d'initiative 
vient,  sur  le  rapport  de  M.  Roudier,  de  proposer  de  prendre  cette  pro- 
position en  considération,  en  émettant  l'espoir  que  la  Commission 
spéciale  rédigera  un  projet  complet  en  vue  de  régler  les  droits  de  l'État 
dans  la  question  des  redevances  à  percevoir  pour  les  concessions  tem- 
poraires sur  les  cours  d'eau  qui  lui  appartiennent. 

V.  —  Les  transports  par  voie  ferrée. 

La  question  des  tarifs  de  transport  sur  les  chemins  de  fer  préoccupe 
vivement  les  agriculteurs  dont  le  plus  ardent  désir  est  que  ces  tarifs 
soient  enfin  simplifiés,  et  que  les  classifications  trop  souvent  bizarres 
adoptées  jusqu'ici  soient  remplacées  par  des  classifications  qui 
répondent  aux  besoins  actuels  des  transactions  soit  de  l'agriculture, 
soit  de  rindustrie.  Deux  Compagnies  de  chemins  de  fer,  celle  de  l'Est 
et  celle  de  Paris-Lyon-Méditerranée,  ont  préparé  ensemble  un  nouveau 
projet  de  tarifs  spéciaux  qui  sont  actuellement  soumis  à  l'homologation 
du  gouvernement.  Sur  ces  projets  de  nouveaux  -tarifs,  deux  Sociétés 
d'agriculture  ont  jusqu'ici  émis  leur  opinion  :  la  Société  d'agriculture 


CHRONIQUE  AGRICOLE   (24  FÉVRIER    1883).  283 

de  Meaux,  par  l'organe  de  son  président  M.  Gatellier;  la  Société  d'agri- 
culture de  Vaucluse,  par  l'organe  de  M.  Ducos.  Les  conclusions  aux- 
quelles ces  deux  rapports  arrivent,  sont  exactement  les  mômes  ;  c'est 
que  les  nouveaux  tarifs,  basés  sur  les  parcours  kilométriques, 
n'augmentent  jamais  les  prix  actuels  de  transports  pour  les  pro- 
duits industriels,  tandis  que,  pour  les  produits  agricoles,  ils  ne 
diminuent  les  prix  actuels  que  pour  les  grandes  distances,  en  augmen- 
tant souvent  ceux  payés  pour  les  petites  distances.  Des  deux  côtés,  à 
l'Est  comme  dans  le  Midi,  on  constate  que  le  nouveau  projet  favorise 
toujours  les  transports  des  produits  agricoles  étrangers,  au  détriment 
des  produits  français.  Ce  sont  là  des  faits  sur  lesquels  on  ne  saurait 
trop  insister  :  les  agriculteurs  français  considéreront  la  simplification 
et  l'unification  des  tarifs  de  chemins  de  fer  comme  un  bienfait,  mais  à 
une  condition,  c'est  que  cette  opération  n'aggrave  pas  les  prix  actuels 
de  transport,  et  qu'au  contraire  elle  permette  de  les  diminuer. 

YI.  —  Les  gisements  de  phosphate  de  chaux  en  France. 

Les  recherches  faites  sur  les  gisements  de  phosphate  de  chaux  qui 
existent  en  France  sont  aujourd'hui  nombreuses;  mais  peu  d'obser- 
vations d'ensemble  ont  été  réunies.  Un  jeune  chimiste,  M.  Charles 
Delattre,  vient  de  se  livrer  à  ud  travail  complet  sur  les  phosphates 
français.  Dans  un  mémoire  publié  sous  ce  titre  :  Elude  sur  les  gise- 
ments français  de  phosphate  de  chaux^  il  passe  en  revue  successivement 
les  gisements  qui  ont  été  constatés  dans  près  de  50  départements; 
ces  observations  sont  accompagnées  d'analyses  d'échantillons  des 
principaux  gisements.  Il  y  a  donc  là  le  résumé  d'un  travail  conscien- 
cieux, donnant  des  indications  qui  peuvent  être  très  utiles  pour  l'agri- 
culture. Celte  étude  est  suivie  d'une  note  sur  la  décomposition  du 
phosphate  bicalcique  par  l'eau;  M.  Delattre  arrive  à  cette  conclusion 
que  la  décomposition  du  phosphate  bicalcique,  incomplète  sous 
l'influence  de  l'eau  bouillante,  ne  devient  complète  que  dans  les  disso- 
lutions faites  à  froid. 

YIL  —  Le  phylloxéra. 

Nous  n'avons  pas  l'habitude  de  relever  les  nombreuses  erreurs  que 
nous  rencontrons  souvent  dans  beaucoup  de  journaux  sur  l'extension 
du  phylloxéra  et  sur  les  procédés  employés  pour  le  détruire.  Toute- 
fois, quand  ces  journaux  ont  quelque  caractère  agricole,  cette  réserve 
doit  cesser.  Ainsi,  dans  un  des  récents  numéros  de  VEcho  agricole, 
nous  lisons  ce  qui  suit  :  «  Il  est  certain  que  la  plupart  des  vignes 
phylloxérées  de  l'Hérault  sont  aujourd'hui  traitées  par  le  sulfocarbo- 
nate,  et  qu'elles  ont  ainsi  trouvé  le  modus  vivendi  avec  leur  mortel 
ennemi  ».  11  est  impossible  de  montrer  une  plus  complète  ignorance 
de  l'état  réel  des  choses.  Il  serait  bien  désirable  qu'il  fût  vrai  que  la 
plupart  des  vignes  de  l'Hérault  sont  traitées  avec  succès  par  le  sulfo- 
carbonate  de  potassium;  malheureusement,  il  n'y  a  que  quelques 
rares  domaines  faciles  à  compter,  couvrant  quelques  centaines  d'hec- 
tares, qui  soient  dans  cette  situation  heureuse;  tandis  que  c'est 
par  dizaines  de  milliers  dhectares  que  l'on  compte  les  vignes  qui 
ont  succombé  ou  qui  succombent  encore  sous  les  atteintes  du  fléau. 
Trop  souvent  on  prend  ses  désirs  pour  des  réalités;  le  fait  aujourd'hui 
malheureusement  constant,  c'est  que  si  l'on  compare  le  nombre  des 
propriétaires  qui  sont  atteints  au  nombre  de  ceux  qui  luttent,  on  trouve 


284  CHRONIQUE  AGRICOLE  (24    FÉVRIER   1883). 

la  proportion  de  ces  derniers  d'une  faiblesse  qui  serait  vraiment 
décourageante,  si  Texemple  des  deux  dernières  années  ne  permettait 
d'entrevoir  un  avenir  meilleur. 

Le  Comité  de  vigilance  du  département  de  l'Aveyron  vient,  sur  le 
rapport  de  son  secrétaire  M.  Rouqueyrol,  d'inviter  les  Comices  à  dési- 
gner des  ouvriers  assez  intelligents  pour  profiter  des  leçons  de  greffe 
de  la  vigne  qui  seront  faites  à  l'école  nationale  d'agriculture  de  Mont- 
pellier du  5  au  7  mars  prochain.  La  plantation  de  nombreuses  pépi- 
nières de  vignes  américaines  est  organisée  dans  ce  département,  sur 
l'initiative  du  même  Comité  qui  vient  de  faire  venir  de  grandes  quan- 
tités de  graines,  directement  d'Amérique. 

Le  Comité  central  d'études  et  de  vigilance  de  la  Charente-Inférieure, 
s'est  réuni  le  1 5  février  sous  la  présidence  de  M.  le  D""  Menudier.  Dans 
cette  réunion,  le  Comité  a  décidé  :  V  que  la  pépinière  d'élevage  située 
à  Saintes,  serait  de  nouveau  pourvue  de  plants;  2"  que  les  plants 
racines  de  la  pépinière  allaient  être  répartis  entre  les  arrondissements, 
qui  en  distribueraient  gratuitement  la  moitié,  tandis  que  l'autre  sui- 
vant le  vœu  dii  Conseil  général  serait  vendue  à  prix  réduit,  au  prix 
de  50  fr.  le  millier,  aux  viticulteurs  du  département.  Ces  plants  con- 
sistent en  Solonis,  Riparias,  Viallas  et  Jacquez.  En  présence  du  défaut 
d'habitude  des  vignerons  du  pays  pour  la  greffe,  le  Comité,  sur  la  pro- 
position de  M.  Menudier,  a  arrêté  qu'une  brigade  de  greffeurs  du  Midi 
serait  amenée  à  ses  frais  dans  le  département,  et  mise  à  la  disposition 
des  propriétaires. 

YIIL  —  Exposition  agricole  de  Lisbonne. 

Dans  notre  dernier  numéro  (page  245),  nous  avons  annoncé  l'orga- 
nisation d'une  exposition  agricole  à  Lisbonne.  Nous  recevons  de  la 
Commission  executive  de  cette  exposition  une  note  sur  les  principales 
parties  qui  la  composeront;  nous  croyons  utile  de  publier  cette  note, 
dont  voici  le  texte  : 

Sous  le  haut  patronage  de  Sa  Majesté  le  roi  de  Portugal,  D.  Louis  I",  et  la 
présidence  d'honneur  de  Sa  Majesté  D.  Fernando  (père  du  roi  actuel),  aura  lieu 
cette  année  (1883)  une  exposition  agricole,  ayant  pour  but  principal  de  réunir 
une  collection  complète  de  types  authentiques  de  tous  nos  vins,  et  en  outre  de 
choisir  une  charrue  vigneronne  qui  puisse  satisfaire  aux  besoins  de  nos  terrains. 

Mais  en  dehors  de  cela,  toutes  les  autres  machines  agricoles  et  industrielles 
agricoles,  nationales  et  étrangères  seront  acceptées,  de  même  que  tous  les  pro- 
duits agricoles  portugais  et   leurs  dérivés,  comme  bétail,  beune,  fromage,  etc. 

Cette  exposition  est  faite  par  le  Conseil  général  du  département,  d'accord  avec 
la  Société  royale  et  centrale  d'agriculture  portugaise,  qui  a  la  direction,  et  avec 
l'appui  du  gouvernement. 

L'exposition  sera  organisée  dans  un  parc  royal  (parc  d'Ajuda),  tout  près  de 
Lisbonne,  dans  des  bâtiments  construits  tout  exprès  à  cet  effet. 

L'exposition  sera  ouverte  le  20  mai   1883,  et  close  le   31  juillet  suivant. 

Les  objets  seront  divisés  en  8  groupes,  savoir  : 

1"  groupe,  vignes  exotiques  et  instruments  destinés  au  greffage;  vins  et  autres 
produits  fermentes  et  leurs  dérivés.  —  2'=  groupe,  substances  alimentaires  agri- 
coles ;  conserves  à  l'huile  et  à  l'alcool,  légumes,  semences,  fleurs,  fruits  secs  et 
verts,  etc.. —  3''  groupe,  basse-cour,  volailles  engraissées,  gros  et  petit  bétail, 
ruches,  vers  à  soie,  etc.,  produits  de  laiterie  et  fromagerie.  —  4''  groupe,  machines 
agricoles,  instruments  aratoires,  matériel  de  transport,  etc.  —  b*"  groupe,  engrais 
concentrés  pour  la  vigne  et  pour  autres  cultures.  —  6''  groupe,  types  d'habitations 
rurales,  ornementation  des  parcs  et  des  jardins.  —  7"^  groupe,  culture  et  exploi- 
tation des  forêts.  —  8''  groupe,  instruction  agricole,  mémoires  et  brochures  sur 
les  questions  du  prix  de  revient,  comptabilité  agricole,  phylloxéra,  vignes  améri- 
caines, cartes  agricoles,  etc. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (24  FÉVRIER '1883).  285 

Pour  assurer  à  cette  exposition  son  caractère  pratique  et  utile,  on  fera  des  essais 
publiques  pour  le  chauffage,  collage  et  filtrage  des  vins,  on  pratiquera  Ja  fabri- 
cation du  beurre  et  du  fromage,  on  fera  aussi  des  expériences  suivies  sur  les 
charrues  vigneronnes  et  autres  instruments  aratoires,  sur  les  machines  agricoles 
de  tout  genre,  et  on  accompagnera  les  essais  et  les  expériences  de  conférences 
pratiques  sur  ces  mêmes  objets  pour  ceux  qui  ne  sont  pas  versés  dans  ces  matières. 

Pour  que  les  représentants  du  commerce  étranger  puissent  apprécier  les  qua- 
lités de  nos  vins  naturels,  il  sera  établi  un  pavillon  de  dégustation  dans  lequel  on 
pourra  se  rendre  compte  de  la  valeur  réelle  des  produits  exposés,  et  on  pourra 
obtenir  tous  les  renseignements  sur  les  moyens  de  faire  l'acquisition  des  produits 
qu'on  aura  choisis. 

Il  sera  accordé  aux  exposants  désignés  par  le  jury  des  mentions  honorables,  des 
médailles  et  des  prix  en  argent. 

Ceux  qui  voudront  concourir  avec  leurs  machines  et  instruments  aratoires,  etc-, 
devront  adresser  leur  déclaration  jusqu'au  20  mars  1883  à  M.  A.  d'Aguiar, 
président  de  la  Commission  executive  de  l'exposition,  ou  à  M.  Antoine  Batalha 
Reis,  secrétaire  de  la  même  Commission,  à  Lisbonne,  ministère  des  travaux  publics. 

Cette  déclaration  contiendra  : 

Le  nom,  la  qualité  et  la  résidence  de  l'exposant. 

Le  nom  de  la  machine  ou  de  l'instrument,  et  son  usage. 

L'espace  que  doit  occuper  la  machine  ou  l'instrument. 

On  doit  aussi  déclarer  si  les  objets  qu'on  destine  à  l'exposition  devront  être 
placés  avec  leurs  similaires  dans  l'exposition  générale  ou  figurer  dans  des  instal- 
lations spéciales. 

Dans  ce  dernier  cas,  les  dépenses  pour  ces  installations  seront  à  la  charge  de 
l'exposant,  qui  fera  accompagner  la  demande  d'un  devis  et  d'une  description,  pour 
que  la  Commission  puisse  se  rendre  compte  de  l'intention  de  l'exposant  et  per- 
mettre l'édification. 

Il  ne  faut  pas  oublier  de  faire  connaître  à  la  Commission  executive  l'arrivée  des 
objets,  afin  d'obtenir  l'exemption  temporaire  des  droits  d'entrée. 

Les  appareils  et  les  machines  qui  seront  consignées  à  la  Commission  de  l'expo- 
sition agricole  portugaise  de  1883,  jouiront  de  l'avantage  d'être  transportés  gratis 
de  Bordeaux,  du  Havre  et  d'Anvers  jusqu'à  Lisbonne,  de  même  que  pour  le  retour 
jusqu'au  port  dont  ils  seront  partis.  Antonio  Batalha  Reis. 

Nous  appelons  particulièrement  l'attention  sur  la  dernière  dispo- 
sition dont  les  avantages  n'échappent  à  personne. 

IX.  —  Comice  agricole  de  Saintes. 

Le  Comice  agricole  de  l'arrondissement  de  Saintes  s  est  réuni 
le  11  févr-er  sous  la  présidence  de  M.  le  D""  Menudier.  Après  le 
compte  rendu  de  la  situation  financière,  laissant  disponible  sur  l'exer- 
cice 1882,  un  reliquat  de  1,400  francs,  il  a  été  décidé  que  le  concours 
de  1883  aurait  lieu  à  Saintes  :  1°  au  mois  d'avril,  tous  les  greffeurs 
du  département  seront  admis  à  concourir,  qu'ils  soient  vignerons  ou 
horticulteurs;  de  nombreux  prix  seront  décernés;  —  2"  un  concours 
de  semoirs  a  été  arrêté  pour  l'automne  prochain;  —  3"  les  con- 
ducteurs, propriétaires  ou  non  de  machines  à  moissonner,  seront 
appelés  à  concourir,  si  le  champ  promis  présente  une  récolte  sufiisante. 
La  réélection  du  bureau  d'arrondissement,  composé  de  MM.  Lemercier, 
Menudier,  Albert  Verneuil  et  Chausserouge,  a  eu  lieu  à  l'unanimité. 
MM.  Huvet  père  et  Fromaget  ont  été  élus  vice-président  et  secrétaire 
pour  les  cantons  de  Saintes. 

X.  —  Concours  de  planlations  d'arbres  à  cidre. 

Dans  notre  chronique  du  23  avril  1881  (tome  II  de  1881),  nous 
avons  signalé  le  premier  concours  communal  pour  l'amélioration  des 
arbres  à  fruits  à  cidre,  organisé  par  le  Conseil  municipal  de  Rouperrons 
(Sarthe).  Un  deuxième  concours  vient  d'avoir  lieu;  la  distribution  des 


2ft6  CHRONIQUE  AGRICOLE  (24  FÉVRIER   1883). 

récompenseg  a  été  faite  le  11  février.  Dans  cette  solennité,  M.  Charles 
Carré;  organisateur  du  concours,  maire  de  Rouperroux,  a  prononcé 
un  discours  plein  d'entrain  qui  montre  bien  l'esprit  et  l'utilité  de  ce 
concours.  Voici  le  texte  des  paroles  qu'il  a  prononcées  : 

«  Nous  fêtons  aujourd'hui  le  quatrième  anniversaire  de  notre  concours  com- 
munal pour  les  cidres  et  les  plantations  d'arbres  à  fruits  à  cidre;  notre  confiance 
dans  sa  vitalité  n'a  donc  pas  été  déçue. 

«  J'ai  encore  présentes  à  la  mémoire  les  paroles  que  j'ai  prononcées  eu  son 
honneur  dans  cette  salle.  Tout  a  pu  être  dit  sur  notre  concours;  néanmoins,  Mes- 
sieurs et  amis,  j'éprouve  en  ce  jour  le  besoin  de  vous  entretenir  à  nouveau  de  son 
origine,  de  ses  etîets  et  de  son  avenr. 

«  Notre  institution,  dois-je  vous  le  rappeler,  a  eu  pour  berceau  la  conuexité 
des  intérêts  du  producteur  et  du  consommateur,  et  pour  drapeau  le  principe  du 
bien-être  général;  elle  peut  donc,  sans  aucun  doute  et  à  juste  titre,  être  fière  de 
son  origine  et  de  son  blason. 

«  Quant  aux  effets  généreux  de  cette  institution,  ils  sont  indéniables,  et, 
voudrait-on  les  mettre  en  doute,  que  leur  évidence  pourrait  au  besoin  ressortir 
de  l'idée  même  que' comporte  notre  cérémonie  des  récompenses;  car  en  venant, 
en  votre  nom  et  au  mien,  distribuer  ces  prix  et  décerner  ces  médailles  à  nos  cul- 
tivateurs laborieux  et  intelligents  pour  les  soins  apportés  à  la  plantation  et  à  la 
culture  des  arbres  à  fruits  à  cidre,  je  souhaite  implicitement  la  bienvenue  à  une 
source  future  de  revenus  et  de  i  ien-être.  En  effet,  l'arbre  étant  aux  fruits  ce  que 
l'engrais  esta  la  semence,  plus  il  sera  robuste  et  vigoureux,  plus  le  fruit  sera  suc- 
culent et  susceptible  de  fournir  aux  classes  laborieuses  une  boisson  abondante 
et  bienfaisante.  Et  en  outre,  comme  le  produit  est  en  raison  de  sa  demande,  plus 
la  qualité  de  votre  boisson  aura  été  appréciée,  plus  elle  sera  recherchée,  et  soa 
prix  subissant  la  loi  de  l'offre  et  de  la  demande  devra  dès  lors  s'élever  et  consti- 
tuer de  la  sorte  une  plus-value  à  la  juste  rémunération  de  vos  labeurs. 

ce  Et  maintenant,  jetons  nos  regards  vers  l'horizon,  interrogeons  l'avenir.  Que 
voyons-nous?  Une  consommation  progressive,  aiguillonnant  chaque  jour  la  pro- 
duction des  cidres.  Aviez-vous  jamais  pu  espérer  un  levier  plus  puissant  pour  la 
réalisation  de  vos  voeux?  Je  ne  le  pense  pas,  Messieurs.  Aussi,  confiant  dans  la 
puissance  du  nerf  de  la  rivalité,  je  n'hésite  pas  un  instant  à  vous  déclarer,  que, 
soutenus  par  votre  noble  ambition  de  bien  faire,  non  seulement  vous  rattraperez, 
mais  distancerez  bientôt  vos  confrères  des  départements  voisins  :  la  Sarthe,  à  ma 
grande  confusion,  je  le  confesse,  ne  tenant  que  le  onzième  rang  parmi  ses  congé- 
nères producteurs  de  cidres.  Est-ce  là  la  place  que  vous  devez  occuper?  Non, 
vous  dis-je,  Messieurs.  La  générosité  de  voire  sol  vous  assigne  le  quatrième  ou 
le  cinquième  rang  ;  à  vous  de  marcher  et  de  répondre  à  de  si  justes  aspirations. 

«  A  l'œuvre  donc.  Messieurs  et  amis,  continuons  sans  relâche  la  tâche  que  nous 
nous  sommes  imposée.  L'idée  que  nous  avons  émise  est  bonne,  elle  fait  son  chemin 
et,  semblable  à  la  tache  d'huile,  elle  se  répand,  j'en  prends  à  témoin  la  Société 
pomologique  de  Saint-Lô  qui  a  daigné  mhonorer  de  sa  bienveillante  attention. 

a  Dédaignons  tous  ces  sarcasmes  qui  visent  l'initiative  privée,  celle-ci  n'aurait- 
elle  d'autre  mérite  que  faire  marcher  les  gouvernement  un  tant  soit  peu  àra\ant, 
qu'elle  mériterait  déjà  bien  de  la  France  et  de  la  RépubUque. 

«  J'ai  fini,  Messieiirs,  et,  en  votre  nom  et  au  mien,  je  bois  à  la  santé  de  nos 
lauréats  et  à  la  prospérité  de  l'agriculture  par  le  travail  et  la  liberté  commerciale.  » 

Les  lauréats  du  concours  de  plantations  ont  été  MM.  Blot,  Beaufils, 
Gommard  et  Mme  VveBenoist.  — La  Société  pomologique  de  Saint-Lô, 
en  décernant  à  M.  Charles  Carré  une  médaille  de  vermeil,  a  reconnu, 
de  son  côté,  la  haute  utilité  de  l'initiative  qu'il  a  prise  à  Houperroux. 

XI.  —  École  nationale  d'agriculture  de    Monlpelliei . 

L'association  amicale  des  anciens  élèves  de  l'école  d'agriculture  de 
Montpellier  tiendra  sa  prochaine  assemblée  générale  le  mercredi 
7  mars,  à  cinq  heures  du  soir,  dans  une  des  salles  de  l'école  d'agri- 
culture. Cette  assemblée  aura  lieu  immédiatement  après  la  clôture  des 
réunions  publiques  que  se  propose  d'organiser,  à  l'école,  la  Société 


GHRONIOUE  AGRICOLE  (24  FÉVRIER   1883).  28T 

centrale  d'agriculture  de  l'Hérault,  pour  l'étude  en  commun  des 
questions  de  viticulture  qui  intéressent  si  vivement  l'agriculture 
méridionale. 

XII.  —  Exposition  d'insectes  en  1883. 

Du  r'  au  22  juillet  1883,  aura  lieu  à  Paris,  au  palais  de  l'Industrie, 
par  les  soins  de  la  Société  centrale  d'apiculture  et  d'insectolo^-ie  une 
exposition  :  V  des  insectes  utiles  ;  2°  de  leurs  produits  bruts  et  en 
premières  transformations  ;  3°  des  appareils  et  instruments  employés 
à  la  préparation  de  ces  produits;  V  des  insectes  nuisibles,  ainsi  que 
des  divers  procédés  de  destruction;  5"  de  tout  ce  qui  a  trait  à  l'insec- 
tologie.  Les  exposants  des  colonies  et  des  pays  étrangers  seront  admis. 
Ils  pourront  se  faire  représenter,  ainsi  que  les  exposants  français.  Les 
personnes  qui  désirent  prendre  part  à  cette  Exposition  devront  en 
faire  la  déclaration  avant  le  15  juin  prochain.  Cette  déclaration  sera 
adressée  franco^  au  secrétariat  de  la  Société,  rue  Monge,  67    à  Paris. 

Pendant  cette  exposition  auront  lieu  deux  congrès  :  un  congrès 
insectologique  qui  se  tiendra  le  13  juillet;  un  congrès  apicole  dont 
les  séances  auront  lieu  le  1 5  et  le  1 6.  Voici  le  programme  des  questions 
qui  y  seront  traitées  : 

Congrès  insectologique. — Quelles  sont  la  nature  et  l'importance  des  dégâts 
causés  aux  diverses  cultures  par  les  insectes  nuisibles?  —  Quels  sont  les  moyens 
employés  ou  à  employer  pour  les  détruire?  —  Quel  est  en  réalité  le  rôle  de  cer- 
taines espèces  pour  la  destruction  des  insectes  et  autres  petits  animaux  nuisibles? 
—  Quels  sont  les  moyens  les  plus  efficaces  de  conserver  et  de  propao-er  les 
oiseaux  réellement  utiles.''  — Quels  sont  les  meilleurs  modèles  de  nichoirs  artifi- 
ciels  pour  la  propagation  et  la  conservation  de  ces  oiseaux?  —  Quels  sont  les 

reptiles  et  les  batraciens   qui    rendent  le  plus  de  services  à  l'agriculture?  

A  quel  point  en  est  la  question  du  phylloxéra?  Quels  sont  les  moyens  les  plus 
efficaces  et  les  plus  pratiques  de  le  combattre? 

Questions  séricicoles. —  Quels  sont  les  meilleurs  moyens  de  combattre  les  maladies 

des  vers  à  soie?  Et  quels  sont  les  causes  présumées  de  ces  maladies.  Quels 

sont  les  vers  à  soie  auxiliaires  qui  peuvent  s'acclimater  et  nous  rendre  service. 

Insister  principalement  sur  le  ver  à  soie  du  chêne  {Attacus  pernyi). 

Congrès  apicole.  —  Quels  sont  les  principaux  facteurs  ou  éléments  de  l'api- 
culture rationnelle?  —  Quelle  est  la  qualité  essentielle  de  toute  ruche? Dans 

quelles  circonstances  faut-il  provoquer  l'essaimage?  En  quelles  circonstances  con- 
vient-il de  le  supprimer?  —  Quel  est  le  moyen  le  plus  simple  d'empêcher  l'es- 
saimage ?  —  Quel  est  le   meilleur  procédé  de  faire  les  essaims  artificiels  ?  

Etablir  la  différence  d'emmagasinement  de  miel  dans  une  cire  vide  (bâtisse  natu- 
relle), et  dans  une  cire  gaufrée  (bâtisse  rudimentaire).  —  A  quel  point  en  est  la 
question  de  la  loque?  —  Quelles  observations  importantes  ont  été  faites  sur 
l'accouplement  et  la  ponte?  —  Quels  sont  les  moyens  d'augmenter  la  production 
du  miel  en  France,  partant  de  faire  progresser  l'apiculture  nationale? 

Enfin  des  primes  et  des  médailles  seront  données  aux  instituteurs 
qui  enseignent  l'apiculture  et  l'insectologie  et  qui  enverront  les  meil- 
leurs travaux  d'élèves  sur  la  matière. 

XIII.  —  Plantes  j)Otagèrôs,  fourragères ^  etc. 

Nous  devons  signaler  le  nouveau  catalogue  de  MM.  Jacquemet-Bonne- 
fond,  propriétaires-horticulteurs  à  Annonay  (Ardèche).  Ce  catalogue  est 
spécial  aux  graines  de  plantes  potagères,  céréales,  fourragères,  etc.  On  y 
trouve  un  grand  nombre  de  variétés,  principalement  recommandables 
pour  les  départements  du  centreetdu  midi  de  la  France.  M.  Jacquemet- 
bonnefont  a  été,  pour  ses  remarquables  pépinières,  lauréat  de  l'un 
des  prix  culturaux  décernés,  ea  1 882,  au  concours  régional  d'Aubenas. 


2S8  CHRONIQUE  AGRICOLE  (24  FÉVRIER    1883). 

XIV.  —  Les  joncs  des  fessés  des  chemins. 

Uu  agriculteur  du  département  de  l'Eure  nous  adresse  la  réclama- 
tion suivante  que  nous  publions  volontiers  : 

«  Jusqu'à  ce  jour,  les  joncs  marins  qui  croissent  sur  les  talus  des  chemins  vici- 
naux avaient  été  laissés  aux  propriétaires  riverains.  Vous  n'ignorez  pas,  monsieur, 
combien  cette  plante  d'une  facile  décomposition  est  précieuse  pour  la  plantation 
du  pommier  à  cidre,  grande  ressource  aujourd'hui  de  notre  culture  si  éprouvée. 
Mais  voilà  qu'un  certain  nombre  d'entre  nous  ont  reçu  de  M.  l'agent  voyer  du 
canton  avis  qu'en  enlevant  ces  joncs  marins,  nous  avons  commis  une  contraven- 
tion à  la  loi  du  iO  août  1871,  et  que  ladite  contravention  était  également  prévue 
par  les  articles  10  et  :i02  de  l'Instruction  générale  du  6  décembre  1870,  ladite 
instruction  déclarant  les  talus  partie  intégrante  des  chemins  vicinaux. 

«  Remarquez,  monsieur,  que  la  plupart  de  ces  chemins  ont  subi  lors  de  leur 
construction,  un  élargissement  sur  nos  terres  riveraines,  que  nous  avons  donné  le 
terrain  pour  l'élargissement,  que  nous  payons  encore  l'impôt  foncier  de  la  partie 
abandonnée  et  l'on  nous  dépouille  des  quelques  bottes  de  joncs  marins  qui  crois- 
sent sur  les  talus.  Aujourd'hui,  grâce  à  la  plantation  considérable  du  pommier  à 
cidre,  ces  joncs  marins  ont  acquis  un  prix  lort  élevé  et  l'on  ne  se  les  procure  que 
dilficileracnt;  on  nous  enlève  alors  ceux  qui  semblent  nous  appartenir  et  qui 
seraient  pour  nous  d'un  utile  secours. 

«  Il  en  est  de  même  pour  les  terres  provenant  desdiis  chemins;  les  cantonniers 
semblent  élever  la  prétention  de  les  distribuer  à  qui  bon  leur  semble,  tandis  q'uil 
paraîtrait  juste  qu'elles  appartinssent  aux  propriétaires  riverains  qui  seraient 
tenus  de  les  enlever  dans  un  délai  fixé,  car  ces  terres  mises  en  tas  constituent  un 
excellent  compost  pour  nos  herbages. 

«  Nous  osons  espérer  que  vous  voudrez  bien,  monsieur,  vous  faire  l'interprète 
de  nos  intérêts  qui  tont  ceux  de  cultivateurs  luttant  contre  la  mauvaise  fortune 
qui  s'acharne  contre  notre  malheureuse  agriculture. 

«  Agréez,  etc.,  L.  Dumont, 

Cultivateur  ». 

Nous  partageons  complètement,  sur  les  deux  points  traités  dans 
cette  lettre,  l'avis  de  notre  correspondant.  En  admettant  même  que  ce 
soit  purement  par  bienveillance  que  les  joncs  des  fossés  et  les  terres 
des  chemins  soient  abandonnés  aux  cultivateurs^,  il  est  évident  qu'il 
est  facile  de  prendre  des  mesures  pour  l'enlèvement  de  ces  joncs  et 
de  ces  terres,  qui  permettraient  aux  propriétaires  et  aux  fermiers  live- 
rains  d'en  profiter,  sans  que  cela  portât  aucun  préjudice.  Les  vexations 
sont  toujours  des  abus,  et  une  bonne  administration  doit  en  éviter 
jusqu'à  l'ombre.'  Il  y  a  d'ailleurs,  dans  le  cas  particulier  qui  nous  oc- 
cupe, une  question  de  justice  qui  ne  doit  pas  être  oubliée. 

XV.  —    Sacres  et  betteraves. 

Le  Journal  officiel  vient  de  publier  le  tableau  de  la  production  et  du 
mouvement  des  sucres  indigènes  depuis  l'ouverture  de  la  campagne 
jusqu'à  la  fm  du  mois  de  janvier.  De  ce  tableau,  il  résulte  que  la  pro- 
duction atteignait,  au  31  janvier,  un  total  de  330  millions  de  kitog. 
en  sucre  raffiné,  avec  une  augmentation  de  32  millions  de  kilog.  envi- 
ron sur  la  campagne  précédente.  Ce  résultat  est  dû  au  rendement  plus 
favorable  de  la  récolte. 

On  se  préoccupe  beaucoup,  avec  raison,  de  l'avenir  de  la  prochaine 
campagne.  Notre  excellent  confrère,  M.  Bureau,  constate  deux  faits  sur 
lesquels  il  convient  d'appeler  spécialement  l'attention.  Le  premier, 
c'est  que  le  rendement  des  betteraves  à  l'hectare  s'est  accru  régulière- 
ment depuis  dix  ans  en  Allemagne,  et  que  ce  pays  est  aujourd  hui  en 
possession  de  méthodes  do  culture  oii  le  poids  sd  concilie  avec  la  qualité 
d'une  manière  normale.  Le  deuxième,  c'est  que  l'Allemagne  a  extrait, 


CHRONIQUE  AGRICOLE    (27  FÉVRIER    1883).  289 

durant  cette  campagne,  environ  80,000  tonnes  de  sucre  de  ses  mélasses, 
et  cela  avec  des  procédés  dont  la  plupart  sont  des  inventions  d'origine 
française,  qu'il  est  impossible  d'appliquer  en  France  par  suite  des 
exigences  du  fisc. 

XVI.  —  Le  ministère  de  ragricuUiirc, 

La  crise  politique  que  nous  venons  de  traverser  s'est  dénouée  par 
la  formation  d'un  nouveau  ministère  sous  la  présidence  de  M.  Jules 
Ferry.  L'agriculture  voit  avec  regret  la  retraite  de  M.  de  Mahy  ;  elle 
eût  désiré  la  stabilité  au  ministère  de  l'agriculture.  M.  de  Mahy,  pen- 
dant l'année  entière  qu'il  a  passée  au  ministère  de  l'agriculture,  s'est 
montré  bienveillant,  conciliant  et  très  laborieux;  il  avait  beaucoup 
étudié  les  questions  de  son  administration,  afin  de  donner  des  solu- 
tions satisfaisantes  aux  intérêts  agricoles  en  souffrance.  Il  est  déplo- 
rable que  tant  de  travail  soit  perdu.  M.  Méline,  appelé  à  la  succession 
de  M.  de  Mahy,  est  un  homme  encore  jeune,  qui. occupe  dans  le  parti 
républicain  une  place  considérable  à  cause  de  son  caractère.  Il  repré- 
sente l'arrondissement  de  Remiremont,  dans  les  Vosges,  arrondisse- 
ment essentiellement  agricole.  Puisse-t-il  être  assez  heureux  pour 
avoir  le  temps  d'aider  l'agriculture  à  traverser  les  circonstances  diffi- 
ciles que  font  craindre  les  phénomènes  météorologiques  qui  ont  sévi 
depuis  quelques  mois. 

J.-A.   Bakral. 

SOCIÉTÉ    NATIONALE    D'AGRICULTURE 

Séance  du  21  février  1883.  —  Présidence  de  M.  Clievreul. 

M.  le  ministrejde  ragriculturetransmetl'ampliation du  décret  qui  ap- 
prouve l'élection  de  M.  le  docteur  Paul  Mares  comme  membre  associé. 

M.  le  président  de  l'Association  horticole  de  Marseille  envoie  le  pro- 
gramme de  l'exposition  horticole  qui  aura  lieu  dans  cette  ville  du  1 7 
au  21  mai. 

M.  Grandvoinnet  fait. hommage  du  travail  qu'il  a  récemment  publié 
sur  le  travail  moteur  dépensé  par  le  labour.  Ce  travail  renferme  le 
résultat  d'un  grand  nombre  d'expériences  déterminant  les  différences 
detraction  que  présentent  les  charrues  suivant  le  mode  de  construction, 
suivant  la  profondeur  du  labour,  l'état  de  la  terre,  le  poids  de  la 
charrue,  la  pente  du  sol,  etc. 

M.  d'Esterno  donne  lecture  des  conclusions  d'un  rapport  sur  la 
falsification  des  engrais. 

M.  de  Luçay  présente  le  rapport  qu'il  a  soumis  à  la  Société  des  agri- 
culteurs de  France  sur  la  question  des  octrois.  Les  conclusions  de  ce 
rapport  sont  reproduites  dans  ce  numéro  (page 309). 

M.  Bouley  présente,  de  la  part  de  M.  Léonce  Potier,  plusieurs  tra- 
vaux sur  l'emploi  des  instruments  aratoires  à  l'île  de  la  Réunion  , 
—  et  de  la  part  de  M.  Joannès  ('hatin  un  volume  sur  la  trichine  et  la 
trichinoise.  Ce  volume  est  principalement  consacré  à  l'étude  de  la 
description  et  des  mœurs  des  trichines,  ainsi  qu'aux  mesures  de  pré- 
caution à  prendre  contre  les  dangers  qui  résultent  de  l'usage  des 
viandes  trichinées. 

M.  Barrai  présente  et  analyse  une  note  de  M.  Lawes,  membre  étran- 
ger sur  la  récolte  du  blé  en  Angleterre  en  1882.  Cette  note  est  insérée 
dans  ce  numéro. 


290  SESSION  DE  LA.   SOCIÉTÉ   DES  AGRICULTEURS  DE  FRANGE. 

M.  Gayot  donne  lecture  d'un  rapport  sur  le  procédé  de  M.  le  colonel 
Basserie  pour  le  drainage  des  écuries  et  des  étables.  On  sait  que  ce 
système  a  pour  but  d'assainir  les  écuries,  tout  en  donnant  aux  chevaux 
une  aire  horizontale  sur  laquelle  ils  se  fatiguent  beaucoup  moins  que 
sur  un  sol  incliné. 

La  Société  procède  à  l'élection  d'un  membre  associé  dans  la  Section 
d'économie    des   animaux.    M.   Ghabot-Karlen  est  élu. 

Henry  Sagnier. 

SITUATION  AGRICOLE  DANS  LA  DORDOGNE 

Le  mois  de  janvier  nous  a  donné  sept  jours  de  beau  ciel  et  vingt-quatre  de 
temps  plus  ou  moins  couvert,  ayant  fourui  :  dix  jours  de  pluie  (3,  6,  10,  13,  15, 
26,  27,  28,  30,  31);  sept  de  brouillard  (5,  9,  U,  16,  17,  18,  32);  trois  de  gelée 
blanche  (8,  17,  19)  ;  sept  de  forte  gelée  (7,  20,  21,  22,23,  24,  25);  un  d'orage,le' 
26.  Dans  cette  période,  il  est  tombé  0'".093  d'eau;  l'averse  la  plus  considérable, 
celle  du  26,  a  donné  21,75'"'".  La  température  la  plus  élevée,  -]-  1 6  degrés  centi - 
grades,  a  été  observée  le  13;  la  plus  basse,  —  6°,  le  24;  la  moyenne  générale  du 
mois  a  été  de  +  6", 41.  La  pression  barométrique  la  plus  forte,  755.70,  s'est  pro- 
duite les  6,  19,  20,  22,  23;  la  plus  faible  725.38,  le  13;  la  pression  moyenne  a 
été  de  748.39.  Le  vent  a  soufflé  sept  jours  du  nord  ;  deux  du  'nord-est;  un  de 
l'est;  un  du  sud-est;  deux  du  sud-ouest;  dix  de  louest  ;  six  du  nord-ouest. 

La  saison  marche,  mais  le  beau  temps  n'arrive  pas!  Il  faudrait  transporter  les 
fumiers  pour  la  céréale  de  printemps,  commencer  de  semer  fèves  et  pois,  impos- 
sible d'aborder  les  champs,  où  les  véhicules  s'embourbent  jusqu'aux  moyeux.  Les 
derniers  blés  mis  en  terre,  toujours  battus  par  les  pluies,  ont  germé  irrégulière- 
ment ;  ils  sont  généralemeent  clairs,  leur  aspect  filiforme  n'annonce  rien  de  bon, 
beaucoup  devront  être  ressemés.  La  taille  de  la  vigne  est  commencée  ;  le  bois  est 
mauvais,  mal  aoûté,  noirci  par  l'antrachnose,  sur  beaucoup  de  pieds  aux  trois 
quarts  sec.  De  loin  en  loin  quelques  cépages  rustiques,  comme  l'enrageat  noir, 
offrent  encore,  au  milieu  de  leurs  congénères  appauvris,  l'aspect  de  la  plus  saine, 
de  la  plus  luxuriante  végétation;  on  se  demande  pourquoi  les  viticulteurs  ne  les 
recueillent  pas  avec  soin  pour  en  peupler  spécialement  leurs  vignobles  ;  ces 
cépages  sont  évidemment  résistants,  du  moins  aux  affections  cryptogamiques. 

La  vigne  américaine  occupe  toujours  les  esprits;  après  longue  discussion,  la 
Commission  des  pépinières  a  renoncé  à  son  premier  projet  de  répartition  par  arron- 
dissement; les  40,000  francs  alloués  seront  affectés  à  la  formation  et  à  l'entretien 
d'une  pépinière  unique  aux  portes  de  Périgueux.  Le  concours  de  trufficulture, 
organisé  par  la  Société  départementale  d'agriculture  avec  les  fonds  votés  par  le 
Conseil  général,  a  donné  des  résultats  inattendus  pour  un  début,  16  concurrents 
très  sérieux  sont  entrés  en  lice.  C'est  un  trufficulteur  de  la  commune  de  Sorges, 
M  Desvergnes,  qui  a  obtenu  le  premier  prix  consis!ant  en  une  médaille  d'or  et 
300  francs.  E.  De  Lentiliiac. 

ORGES  ET  AVOINES  DE  PRINTEMPS 

Etant  donné  que  les  circonstances  atmosphériques  ou  autres  n'ont 
pas  permis  d'emblaver  avant  le  premier  avril  des  terres  destinées  dans 
le  principe  à  porter  du  blé  d'automne,  est-ce  bien  en  blé  de  printemps 
qu'il  y  a  le  plus  d'avantage  à  les  ensemencer?  Telle  est  la  question  que 
je  posais  à  la  fin  d'un  précédant  article,  et  je  me  hâte  de  dire  que_,  pour 
ma  part,  je  ne  suis  pas  de  cet  avis. 

De  quoi  s'agit-il  en  effet?  De  tirer  parti  des  élémetits  de  fertilité 
accumulés  dans  le  sol  pour  en  obtenir  un  produit  aussi  rémunérateur 
que  possible.  Ceci  posé,  est  ce  bien  avec  les  blés  de  mars  qu'on  obtien- 
dra le  meilleur  rendement  en  argent  de  terres  qui  devaient  porter  du 
blé  d'automne?  C'est  au  moins  douteux,  car  les  blés  de  printemps  se 
vendent  à  peu  près  constamment  moins  cher  que  les  blés  de  saison  et 
le  prix  de  ceux-ci,  même  des  meilleurs,  n'est  presque  jamais  le  double 


ORGES  ET  AVOINES  DE  PRINTEMPS.  291 

de  celui  des  orges  ou  des  avoines,  tandis  que  les  orges  et  avoines 
donnent  facilement  un  produit  en  poids  double  de  celui  des  blés  de 
printemps,  surtout  de  ceux  qui  sont  faits  vers  le  premier  avril. 

Voilà  une  raison  pour  faire  les  semis  tardifs  en  orge  ou  en  avoine  plu- 
tôt qu'en  blé  de  printemps,  mais  il  y  en  a  une  autre.  C'est  que  les  terres 
dont  il  est  question,  celles  qui  étaient  destinées  à  porter  du  blé  d'au- 
tomne et  qui  ne  se  trouvent  vacantes  après  l'hiver  que  par  un  accident, 
sont  vraisemblablement  pourvues  des  éléments  de  fertilité  nécessaires 
pour  un  blé  d'automne,  et  par  conséquent  trop  fumées  pour  un  blé  de 
printemps,  lequel  demande  pour  réussir  un  sol  bien  pourvu  d'éléments 
minéraux,  mais  peu  riche  en  azote,  sous  peine  de  rester  vert  trop 
longtemps,  d'être  attaqué  par  les  maladies  et  de  se  laisser  surprendre 
par  les  chaleurs  avant  d'avoir  formé  et  rempli  son  grain.  Or  les 
variétés  vigoureuses  et  hâtives  d'orges  et  d'avoines  sont  plus  aptes  que 
les  blés  à  s'accommoder  d'une  terre  dans  les  conditions  que  j'ai  indi- 
quées et  elles  en  tireront  de  grosses  récoltes  en  grain  si  les  circonstances 
atmosphériques  ne  sont  pas  absolument  contraires. 

L'emploi  de  ces  céréales  paraît  donc  se  recommander  pour  les  semis 
tardifs  de  préférence  à  celui  des  blés  de  printemps. 

Mais  quelles  races  choisir  parmi  les  orges  et  les  avoines? 

Pour  les  orges,  la  réponse  est  facile  :  Y  orge  Chevallier  est  à  la  fois 
la  meilleure  des  orges  de  printemps  et  celle  qu'il  est  le  plus  facile  de 
se  procurer.  Le  grain  en  est  très  beau,  gros  et  plein;  la  paille  haute 
et  forte,  la  végétation  rapide.  Semée  aux  premiers  jours  d'avril,  mieux 
encore  en  mars,  cette  orée  donnera  dans  toutes  les  terres  saines  et 
propres  un  produit  en  argent  presque  certamement  supérieur  a  celui 
d'aucun  blé  de  printemps.  Le  grain,  quand  il  est  bien  plein  et  bien 
blanc,  est  extrêmement  recherché  pour  la  brasserie  par  les  Anglais 
qui  ont  établi,  en  Beauce  et  dans  le  Maine,  des  maisons  de  commis- 
sion pour  leurs  achats.  Les  races  désignées  sous  les  noms  de  MM.  Ri- 
chardson,  Scholey,  Hallett,  sont  toutes  de  bonnes  sélections  de  l'orge 
Chevallier,  recommandables  pour  la  grande  culture  alors  surtout 
qu'elles  ont  été  cultivées  en  France  un  an  ou  deux.  Des  essais  nom- 
breux faits  dans  ces  dernières  années  ont  démontré  que  les  cultures 
d'orge  Chevallier  donnent  des  résultats  d'autant  meilleurs  que  le 
semis  a  été  fait  plus  tôt  en  saison. 

Pour  les  avoines,  le  choix  est  un  peu  plus  embarrassant.  D'abord  le 
cultivateur  doit  tenir  compte  des  habitudes  et  des  préférences  des 
acheteurs  auxquels  il  devra  livrer  sa  récolte.  Dans  certains  pays  les 
avoines  blanches  sont  plus  recherchées  et  mieux  payées  à  poids  égal 
que  les  avoines  noires.  A  Paris,  c'est  l'opposé.  U  y  a  tout  profit  évi- 
demment à  se  régler  sur  les  préférences  locales. 

Parmi  les  avoines  noires,  on  doit  citer  en  première  ligne  Yavoine 
de  Brie  et  sa  variété  de  surchoix,  Yavoine  de  Coulommiers.  Ce  sont 
celles  qui  conviennent  le  mieux  aux  bonnes  terres  riches  et  aux  cli- 
mats tempérés.  Leur  grain  très  noir,  gros  et  bien  plein,  est  le  plus 
estimé  sur  les  marchés  de  Paris  et  des  environs.  On  en  récolte  aisé- 
ment 40  hectolitres  à  l'hectare.  Le  produit  en  paille  est  également 
considérable. 

Pour  les  terres  plus  chaudes  oi^i  la  maturation  se  fait  plus  rapide- 
ment et  où  l'avoine  de  Brie  risquerait  d'être  échaudée,  on  doit  préférer 
Yavoine  hâtive  d'Elampes  ou  Yavoine  Joanelte,  toutes  deux  précoces,  à 


292  ORGES   ET    AVOINES  DE    PRINTEMPS. 

paille  fine,  bien  productives  en  grain  et  presque  aussi  noires,  quoique 
moins  grosses  que  l'avoine  de  Brie. 

V avoine  de  Iloudan,  à  grain  d'un  gris  très  foncé,  est  une  excellente 
variété  rustique,  hâtive  et  fertile,  qu'on  peut  à  bon  droit  classer  parmi 
les  avoines  noires,  et  qu'on  ne  saurait  trop  recommander  pour  les  terres 
moyennes. 

Enfin,  ïavoine  noire  de  Hongrie,  ou  avoine  à  grappe,  occupe  le  der- 
nier rang  par  le  poids  spécifique  de  son  grain,  mais  non  par  sa  pro- 
duction qui  est  très  considérable.  La  paille  en  est  grosse, et  forte,  l'épi 
serré,  compact  et  très  garni.  Ce  n'est  point  une  variété  à  dédaigner, 
quoique  le  grain  n'en  soit  que  de  seconde  qualité,  car  elle  rachète  ce 
défaut  par  une  vigueur  et  une  rusticité  à  toute  épreuve.  Les  noms 
d'avoine  de  Tartarie,  avoine  prolifiquede  Californie,  avoine  d'Ecosse, 
avoine  Prunier  sont  synonymes  d'avoine  noire  de  Hongrie,  et  s'appli- 
quent à  la  même  plante. 

Parmi  les  avoines  blanches,  une  des  plus  précoces  et  en  même 
temps  des  plus  productives,  est  Vavoiiie  blanche  de  Pologne,  à  paille 
forle  et  à  grain  gros,  blanc,  court  et  très  renflé.  Ce  serait  incontesta- 
blement la  meilleure  des  avoines  blanches  si  elle  n'avait  l'écorce  un 
peu  dure  et  ne  prenait  facilement  le  charbon.  Cependant,  malgré  ces 
inconvénients,  elle  reste  une  des  plus  recommandables.  C'est  de  toutes 
les  avoines  celle  qui  donne  le  grain  le  plus  lourd. 

Vavoine  de  Géorgie  et  Y  avoine  blanche  de  Sibérie,  légèrement  moins 
hâtives,  conviennent  bien  aux  terres  moyennes.  Elles  ont  le  grain 

blanc,  eftilé. 

Pour  les  terres  riches,  fraîches,  oi^i  la  maturation  peut  se  faire  lente- 
tement,  sans  que  les  coups  de  chaleur  soient  à  craindre,  Y  avoine  jaune 
de  Flandre  ou  avoine  des  Salines  convient  parfaitement.  Avec  cette  variété, 
les  rendements  supérieurs  à  50  hectolitres  par  hectare  sont  presque 
ordinaires  ei  courants.  Le  produit  en  paille  est  aussi  très  considérable, 
mais  cette  avoine  craint  la  sécheresse  et  les  vents  violents. 

Pour  plus  de  clarté,  je  résume  en  quelques  lignes  les  indications 
données  au  cours  de  cet  article. 

Semer  l'orge  Chevallier  le  plus  tôt  possible  et  préférer  comme 
semence  celle  qui  est  déjà  acclimatée  par  un  an  ou  deux  de  culture  en 

France. 

Pour  les  avoines.  —  Semer  dans  les  terres  riches  l'avoine  noire  de 
Brie  et  celle  de  Coulommiersou  l'avoine  jaune  de  Flandre. 

Dans  les  terres  moyennes,  l'avoine  hâtive  d'Etampes,  l'avoine  noire 
de  Hono-rie  ou  l'avoine  grise  de  Houdan  pour  avoir  du  grain  noir  ou 
presque  noir,  et  l'avoine  blanche  de  Pologne,  de  Géorgie  ou  de  Sibérie 
là  où  les  grains  blancs  sont  préférés. 

Enfin  pour  les  terres  les  plus  sèches  ou  les  plus  calcaires,  l'avoine 
Joanette,  à  grain  noir,  la  plus  hâtive  de  toutes  les  variétés. 

A  dessein,  je  n'ai  pas  parlé  des  seigles  de  printemps  parce  que  la 
culture  en  est  peu  répandue  et  que  les  circonstances  exceptionnelles 
qui  font  semer  cette  année  tant  de  blés  de  mars  n'existent  pas  pour  les 
seif^les,  dont  le  semis  a  pu  se  faire  en  général  avant  les  grandes  pluies. 
A  ceux  pourtant  qui  auraient  à  semer  encore  un  peu  de  seigle,  je 
recommanderais  le  seigle  d'été  de  Saxe,  bien  plus  haut  de  paille  que  le 
seigle  de  mars  ordinaire  et  aussi  plus  productif  en  grain. 

Henry  V^ilmorin. 


LES  MACHINES  AU  CONCOURS  GÉNÉRAL  DE  PARIS. 


293 


LES  MACHINES  AU  CONCOURS  GÉNÉRAL  DE  PARIS-  —  IV 

Nous  allons  continuer  l'examen  des  machines  qui  ont  figuré  au  con- 
cours général  de  Paris,  en  signalant  les  principales  nouveautés  ou 
modifications  que  nous  avons  remarquées. 

Il  y  a  quinze  jours,  M.  de  Larclause,  directeur  de  la  ferme-école  de 
Montlouis  (Vienne),  donnait  à  nos  lecteurs  la  description  de  la  nou- 
velle charrue  bisoc double  de  M.  Fondeur,  constructeur  à  Viry  (Aisne). 
Nous  voulons  aussi  signaler  la  nouvelle  charrue  double  tbuilleuse 
(fig.  28)  du  même  mécanicien.  Elle  est  construite  de  la  même 
manière  que  la  grande  charrue  double  dite  universelle  de  France  ;  elle 
en  diffère  en  ce  que  l'un  des  côtés  est  muni  d'un  appareil  fouilleur. 


Fig,  28.  —  Charrue  fouilleuse  double  de  Fondeur. 


Cet  appareil  consiste  en  trois  dents  :  l'une  est  placée  en  avant  du  sep, 
la  deuxième  latéralement,  la  troisième  remplace  le  sep  de  la  cliarrue. 
Ces  dents  forment  ainsi  un  triangle  qui  prend  toute  la  largeur  de  la 
bande  ouverte  précédemment  par  le  soc  et  le  versoir.  Au  moyen 
d'étriers  qui  attachent  ces  dents  sur  le  bâti,  on  peut  les  faire  descendre 
plus  ou  moins  profondément.  Le  mécanisme  de  l'appareil  n'échappera 
à  personne.  En  allant,  on  ouvre  la  raie  avec  le  soc  et  le  versoir  ;  en 
revenant,  on  fouille  le  sous-sol  de  la  même  raie  à  une  profondeur  de 
0".  10  à  0"".  30  suivant  la  nature  du  terrain  et  la  force  de  l'attelage. 
On  comprend  qu'avec  le  même  attelage,  on  peut  faire  des  labours  beau- 
coup plus  profonds,  sans  mélanger  la  terre  du  sous-sol  avec  la  partie 
supérieure.  On  augmente  ainsi  très  avantageusement  la  profondeur  de 
la  couche  arable. 

Parmi  les  instruments  absolument  nouveaux  qui  ont  paru  au  con- 

1.  Voir  le  Journal  du  27  janvier,  page  151  de  ce  volume. 


294 


LES  MACHINES  AU  CONCOURS  GÉNÉRAL    DE  PARIS. 


courS;,  il  faut  signaler  la  bineuse  à  bras,  construite  par  M.  Viet,  agri- 
culteur à  Rougeville,  par  Saacy,  dans  l'arrondissement  de  Meaux 
(Seine-et-Marne).  Cet  instrument,  que  représente  lafig.  29,  peut  servir 
pour  la  plupart  des  plantes  cultivées  en  lignes.  Il  consiste  en  un  bâti 
léger  monté  sur  deux  petites  roues  et  se  terminant  par  deux  man- 
cherons que  l'ouvrier  soutient,  tandis  qu'il  appuie  avec  le  corps,  pour 
avancer,  sur  une  courroie  en  cuir  qui  relie  les  deux  extrémités  des 
manches.  Le  bâti  porte  trois  petites  lames  ou  rasettes  qui  doivent  cou- 
per les  mauvaises  herbes  et  émietter  la  croûte  superficielle  du   sol. 

Latéralement  à  ces  lames, 
deux  ailettes  métalliques  ser- 
vent à  protéger  les  plantes 
cultivées,  quand  elles  sont 
jeunes,  contre  l'action  des 
lames. 

On  peut  disposer  la  bineu- 
se à  bras  de  diverses  ma- 
nières, suivant  le  travail  qu'il 
s'agit  d'exécuter.  Si  l'on  a  af- 


faireà  uneplanteàtigeélevée, 
à  l'œillette  par  exemple,  on 
travaille  sur  le  côté  de  la  li- 
gne; avec  les  plantes  à  tige 
basse,  on  peut  travailler  en 
passant  au-dessus  de  la  li- 
gne, une  lame  agissant  de 
chaque  côté,  et  les  ailettes 
protectrices  empêchant  la 
ligne  d'être  atteinte.  La  ma- 
nière de  procéder  doit  d'ail- 
leurs varier  suivant  l'écarte- 
ment  des  lignes. 


Fig   29.  —  Bineuse  à  bras  de  M.  Viet. 


Avec  cette  bineuse,  la  vi- 
tesse de  l'ouvrierne  doitguère 
dépasser  3  kilomètres  à  l'heu- 
re; avec  une  vitesse  de  A  kilomètres,  la  terre  soulevée  par  les  lames 
est  projetée  à  distance  ;  les  chocs  que  reçoit  l'instrument  le  font 
dévier  de  la  ligne,  le  travail  est  imparfait  et  "devient  trop  fatigant.  La 
bande  de  travail  peut  varier  de  0'".12  à  0'"..30;  si  l'on  voulait  prendre 
une  largeur  supérieure  à  0'".30,  dans  certains  terrains  la  force  de 
l'homme  serait  insuffisante.  Ainsi,  dans  des  carottes  en  lignes  espa- 
cées à  O^.SO,  on  fait  une  ligne  à  la  fois;  avec  une  vitesse  de  3  kilomè- 
tres, on  obtient  9  ares  à  l'heure.  Dans  des  betteraves  espacées  de  0.'"/i5, 
il  faut  passer  deux  fois  pour  une  ligne  (une  fois  sur  la  ligne,  l'autre 
fois  entre);  on  n'obtient  alors  que' 6  à  7  ares  à  l'heure,  mais  le  tra- 
vail est  plus  doux.  Un  enfant  ne  faisant  que  2  kilomètres  à  l'heure  et 
ne  travaillant  qu'avec  un  soc,  fait  encore  près  du  double  d'un  ouvrier 
ordinaire,  et  il  fait  mieux.  Carie  travail  de  la  bineuse  est  non  seulement 
plus  rapide,  mais  encore  meilleur  que  le  travail  à  bras,  exécuté  dans 
les  conditions  ordinaires. 

M.  Viet,  l'inventeur  de  cette  bineuse,  est  un  cultivateur  de  grande 
énergie.  Dans  son  concours  de  1881,  la  Société  d'agriculture  de  Meaux 


LES  MACHINES  AU  CONCOURS  GENERAL    DE   PARIS. 


295 


lui  décernait  une  médaille  d'or,  sur  le  rapport  de  M.  S.  Brandin,  qui 
s'exprimait  dans  les  termes  suivants  : 

«  M.  Viet,  ancien  sous-officier  du  génie,  fixe  dans  son  village  natal,  y  consacre 
sa  laborieuse  retraite  aux  travaux  agricoles.  En  pénétrant  dans  ses  clos  si  soignés, 
en  voyant  cette  maison  bâtie  sans  doute  sur  ses  propres  plans,  les  souvenirs  clas- 
siques des  illustres  soldats  laborieux  revenaient  à  l'esprit  de  chacun  de  nous.  Ce 
ne  sont  pas  des  laitues  comme  Dioclétien,  ou  des  œillets  comme  Gatinat,  mais  des 
oignons  et  des  fruits  que  cultive  principalement  M.  Yiet. 

«  Tandis  que  la  plupart  des  petits  cultivateurs,  pour  obtenir  plus  de  produits, 
s'efforcent  d'accroître  l'étendue  de  leur  exploitation,  M.  Viet,  pour  atteindre  le 
même  but,  a  pris  un  moyen  tout  différent.  Concentrer  sur  une  petite  surface  ses 
soins,  ses  avances,  son  travail,  afin  d'en  obtenir  le  maximum  de  production,  tel 
est  le  problème  qu'il  s'est  posé  et  qu'il  a  résolu  par  la  pratique  des  cultures  pota- 
gères et  arbustives. 

«  Les  chimistes,  préoccupés  surtout  des  plantes  de  grande  culture,  se  sont 
jusqu'à  ce  jour  peu  occupés  des  plantes  potagères.  M.  Viet,  par  des  essais  répétés, 
est  arrivé  à  trouver  les  dominantes  de  plusieurs  d'entre  elles. 

«  Cette  année,  un  champ  d'un  hactare  et  demi  est  ensemencé  en  oignons.  Il  a 
reçu  par  hectare  120  kilog.  d'azote  et  300  kilog.  de  phosphate  précipité.  Dans  une 
bonne  année,  un  hectare  peut  produire  500  quintaux,  au  prix  moyen  de  10  francs, 
soit  5,000  francs. 


Fig.  30.  —  Distributeur  d'engrais  de  Decker  et  Mot. 


«  Trois  jours  et  demi  ont  suffi  à  M.  Viet  pour  biner  lui-même  entre  ces  lignes 
ce  champ  de  1  hectare  et  demi.  C'est  qu'il  se  sert  d'un  ingénieux  instrument,  dont 
il  est  l'inventeur  et  le  constructeur  en  même  temps.  Cet  outil,  que  l'on  pousse 
devant  soi,  ressemble  assez  à  une  brouette  de  grenier.  Il  se  compose  d'un  axe 
porté  à  ses  doux  extrémités  sur  deux  petites  roues.  Au  milieu  de  cet  axe,  deux 
ailettes  en  zinc  forment  une  espèce  de  gorge  profonde  dans  laquelle  doit  passer 
chaque  ligne  d'oignons.  Entre  les  ailettes  et  les  roues,  deux  lames  sont  fixées  sous 
un  angle  convenable.  Lorsqu'elles  travaillent,  la  terre  qu'elles  soulèvent  se 
trouvant  arrêtée  par  les  ailettes,  ne  peut  être  rejetée  sur  les  plantes,  et  le  rayon 
sort  intact  de  cette  opération. 

«  1,200  poiriers  ont  été  plantés  dans  les  clos  et  autour  des  murs  de  la  pro- 
priété. Un  clos  d'un  hectare,  de  sept  ans  de  plantation,  renferme  900  quenouilles 
des  espèces  Beurré  magnifique.  Duchesse  et  Louise-Bonne. 

«  Les  arbres  sont  plantés  en  quinconce  à  3"'. 35  les  uns  des  autres.  Cet  écar- 
tement  permet  de  donner,  avec  une  charrue  à  un  cheval  des  labours  qui  ne 
laissent  plus  à  exécuter  à  la  main  que  le  pied  des  arbres. 

«  Un  autre  clos  de  quinze  ans  de  plantation  était  en  plein  rapport  et  pouvait 
donner  par  hectare  de  3  à  5,000  francs  par  an.  Malheureusement,  la  moindre 
résistance  de  la  Duchesse  à  la  gelée  y  a  laissé  des  vides.  Une  nouvelle  espèce,  le 
Doyenné  Boussoch,  est  fort  appréciée  par  M.  Viet.  Il  en  possède  quelques  pieds 
extraordinaires  comme  vigueur  et  comme  fructification. 

«  De  tous  les  arbres  fruitiers,  celui  qui,  selon  M.  Viet,  donne  le  produit  le  plus 


2Ô6 


LÈS  MACHINES  AU  CONCOURS  GÉNÉRAL     DE  PARIS. 


assuré,  c'est  le  prunier.  Dix-sept  ares  de  reine-Glaude  ont  donné,  l'an  passé, 
400  fï'ancs,  à  raison  de  55  francs  les  100  kilog.  pris  sur  place. 

«  Tous  ces  produits  sont,  au  fur  et  à  mesure  de  leur  maturité,  expédiés  à 
Paris,  où  une  grande  maison  de  commission  les  vend  pour  le  compte  de  M.  Viet. 

«  Indépendamment  de  ses  clos,  celui-ci  possède  encore  des  petits  champs  qui 
lui  donnent  de  la  prairie,  des  racines  et  des  céréales,  pour  l'entretien  de  4  vaches, 
1  cheval  et  2  porcs. 

«  Un  de  ces  champs  nous  a  particulièrement  intéressés,  car  il  offre  à  la  grande 
culture  un  enseignement  important.  Il  avait  été  divisé  l'an  dernier  en  plusieurs 
parties  qui  avaient  respectivement  porté  du  maïs,  des  carottes,  des  betteraves, 
des  pommes  de  terre  saucisses  et  chardons.  Chaque  parcelle  avait  reçu  l'engrais 
approprié  à  la  plante  qu'elle  devait  porter.  Cette  année,  tout  le  morceau  est 
ensemencé  en  blé  et  le  même  engrais  lui  a  été  donné  sur  toute  la  surface.  Selon 
la  culture  précédente  nous  avons  trouvé  au  blé  des  aspects  très  différents.  Ainsi 
c'est  après  les  carottes  qu'il  est  le  moins  bon;  il  se  relève  après  le  maïs.  Après  la 
betterave  il  est  meilleur  encore  et  enfin,  nous  l'avons  trouvé  supérieur  après  les 
pommes  de  terre.  Mais  ce  qu'il  y  a  de  plus  curieux,  c'est  la  différence  très  sen- 


Fig.  31 .  —  Râteau  à  cheval  automatique  de  Ransome. 


sîble  qui  existe  entre  la  parcelle  oià  ont  été  récoltées  les  pommes  de  terre  saucisses 
et  les  pommes  de  terre  chardon.  Cette  dernière  variété  a  beaucoup  moins  épuisé 
le  sol  que  l'autre.  » 

Revenons  au  concours  du  palais  de  l'Industrie. 

Parmi  les  appareils  encore  peu  connus  exposés  par  MM.  Decker  et 
Mot,  nous  citerons  d'abord  le  chariot  distributeur  de  fumier  et 
d'engrais  que  montre  la  fig.  30.  Ce  chariot,  qui  est  d'origine  amé- 
ricaine, consiste  en  une  caisse  allongée,  à  fond  mobile,  portée  sur 
deux  roues  assez  grandes.  Le  fond  mobile  est  tendu  sur  deux  rouleaux 
placés  en  avant  et  en  arrière;  ces  rouleaux  tournent  sur  leur  axe  sous 
l'action  d'engrenages  sur  lesquels  les  roues  du  chariot  agissent.  Il  en 
résulte  que  le  fond  passe  sur  ces  rouleaux  comme  une  toile  sans  fin. 
L'engrais  à  distribuer  est  placé  dans  le  chariot.  Lorsque  l'attelage 
avance,  le  fond  glisse  en  arrière  et  entraîne  l'engrais  sur  le  rouleau  pos- 
térieur. Un  peigne  à  dents,  placé  parallèlement  à  ce  rouleau  et  au-dessus, 
sert  à  régulariser  l'épandage  de  l'engrais.  Le  prix  de  cet  appareil  est 
de  1,000  francs. 

Depuis  longtemps,  le  râteau  à  cheval  de  Ransome  est  apprécié  par 


LES  MAGHINE>3  AU  CONCOURS  GÉNÉRAL  DE  PARIS.  297 

les  agriculteurs  d'Angleterre  et  du  continent.  C'est  certainement  un  des 
meilleurs  modèles  d'instruments  de  ce  genre.  Afin  d'augmenter  la 
rapidité  du  travail,  les  constructeurs  l'ont  muni  d'un  siège,  et  ils  ont 
cherché  le  moyen  le  plus  simple  de  lui  donner  un  mouvement  auto- 
matique. A  cet  effet,  une  petite  pédale  est  placée  à  gauche  du  siège 
(fîg.  31).  Il  suffit  au  conducteur  d'appuyer  avec  le  pied  sur  cette 
pédale  pour  que  les  dents  se  soulèvent  et  qu'elles  déposent  leur 
charge  ;  elles  reprennent  leur  position  dès  que  la  pression  sur  la  pédale 
a  cessé.  On  peut  ainsi  maintenir  les  dents  en  l'air,  soit  pour  tourner, 
soit  pour  une  autre  raison.  On  peut  faire  exécuter  la  même  manœuvre 
par  un  homme  marchant  derrière  le  râteau,  au  moyen  d'un  levier  à 
poignée.  Les  dents,  solides  et  légères,  sont  en  acier;  elles  sont  com- 
plètement indépendantes  les  unes  des  autres.  Nous  ajouterons  que, 
pour  le  transport  du  râteau  sur  les  roules,  il  suffit  au  conducteur  sur 
le  siège,  pour  tenir  les  dents  relevées,  de  pousser  une  cheville  avec  le 
pied  droit  pendant  qu'il  pèse  avec  le  pied  gauche  sur  la  pédale.  Le 
râteau  automatique  à  24  dents  coûte  370  francs;  avec  28  dents  il 
coûte  390  francs. 

[La  suite  prochainement).  Henry  Sagnier. 

LE  BLÉ  PRÉCOCE  DE  PRINTEMPS 

Pour  répondre  à  plusieurs  lettres  me  demandant  un  supplément  de 
renseignements  sur  le  blé  de  printemps,  appelé  ici  blé  précoce,  je  dois 
ajouter  que  je  le  sème  jusqu'au  15  mars  avec  pleine  réussite;  on  peut 
même  réussir  jusqu'au  T""  avril,  mais  c'est  moins  certain,  si  la  séche- 
resse vient  à  se  produire. 

Ce  blé,  comme  tous  les  blés  de  printemps,  tallant  peu,  demande 
une  semence  garnie;  il  faut  de  300  à  350  litres  à  l'hectare.  Il  est  très 
rustique,  c'est  le  blé  des  terres  médiocres  ou  maigres  et  sa  végétation 
herbacée  ressemble  à  celle  du  seigle.  Le  grain  étant  très  lourd  est 
recherché  par  la  meunerie.  Je  puis  offrir  100  quintaux  de  blé  propre, 
pur  et  passé  au  trieur  et  bien  récolté.  A.  Quillet, 

à  Villerest,  par  Écouis  (Eure). 

A  PROPOS  DU  CONCOURS  GÉNÉRAL  DE  PARIS 

Il  y  a  eu,  cette  année,  au  concours  général  agricole  du  palais  de 
l'Industrie,  non  pas  tout  à  fait  une  innovation,  car  des  tentatives  ana- 
logues avaient  été  déjà  faites  au  moins  à  deux  reprises,  à  notre 
connaissance,  mais  un  élément  ajouté  à  ceux  des  années  précédentes. 
En  outre  des  animaux  gras,  on  y  a  admis  les  reproducteurs  mâles, 
taureaux,  béliers  et  verrats.  Antérieurement,  il  ne  s'agissait  que  d'une 
exposition  de  ces  animaux,  exposition  un  peu  sacrifiée,  à  vrai  dire. 
Cette  fois,  c'était  un  véritable  concours,  où  des  médailles  étaient 
offertes  aux  concurrents.  A  ces  médailles,  une  société  privée  avaitjoint 
des  prix.  Qu'en  est-il  advenu?  C'est  ce  que  nous  voulons  examiner 
d'abord,  en  constant  les  faits,  au  lieu  de  nous  en  tenir  à  des  appré- 
ciations d'ensemble,  plus  ou  moins  impartiales. 

L'exposition  des  taureaux  comptait  en  tout  68  individus,  depuis 
l'âge  de  moins  d'une  année.  C'est  évidemment  bien  peu,  étant  donnée 
l'importance  de  la  population  bovine  française.  Le  dernier  concours  de 
Nevers,  qui  n'admet  que  les  taureaux  nés  dans  le  département  de  la 


298         A  PROPOS  DU  CONCOURS  GÉNÉRAL  DE  PARIS. 

Nièvre,  en  avait  à  lui  seul  beaucoup  plus.  De  la  valeur  de  ces  indi- 
vidus, nous  n'avons  pas  à  nous  occuper.  C'était  affaire  au  jury  de  les 
apprécier,  et  il  ne  nous  conviendrait  nullement  de  contrôler  ses  déci- 
sions. Le  but  avoué  par  les  promoteurs  de  l'institution  était  d'ailleurs 
de  trouver  des  acheteurs.  Les  visiteurs,  heureusement  nombreux,  ont 
pu  juger  s'il  était  atteint.  Il  nous  paraît  utile  de  rechercher  seulement 
si  l'exhibition  dont  il  s'agit  pourrait  donner  à  ses  visiteurs,  et  surtout 
aux  étrangers  qui  en  liront  les  comptes  rendus,  une  idée  même  approxi- 
mative de  nos  richesses  bovines  nationales. 

Sur  les  68  individus  exposés,  36,  plus  de  la  moitié,  sont  inscrits  au 
Herd  Book  français,  comme  étant  des  «  animaux  de  pur  sang  de  la 
race  bovine  courte-corne  améliorée  dite  race  de  durham.  »  En 
termes  plus  simples  et  plus  scientifiques,  ils  appartiennent  à  la  variété 
anglaise  de  la  race  des  Pays-Bas.  Les  32  autres  se  partagent  entre  ce 
que  le  catalogue  appelle  les  races  charolaise  et  nivernaise,  normande, 
limousine,  de  Salers,  garonnaise,  bretonne,  et  les  races  françaises  ou 
étrangères  diverses  autres  que  celles  désignées  ci-dessus. 

Il  y  avait  1 1  charolais  et  nivernais,  4  normands,  6  limousins, 
2  auvergnats,  1  garonnais,  2  bretons,  3  suisses  de  la  race  brune  des 
Alpes,  1  hollandais  et  2  jersiais-alderney. 

D'après  cela,  on  voit  clairement  d'abord  que  plusieurs  de  nos  prin- 
cipales variétés  bovines  n'étaient  pas  du  tout  représentées,  et  ensuite  que 
les  autres  l'étaient  d'une  façon  absolument  impropre  à  les  faire  appré- 
cier avec  quelque  justesse.  Quelle  ne  serait  pas  la  grandeur  de  l'erreur, 
si  l'on  considérait  un  tel  concours  comme  donnant,  en  petit,  l'image 
de  notre  population  bovine?  Même  en  ne  visant  que  la  variété  qui  en 
formait  la  plus  forte  proportion,  on  n'arriverait  point  à  une  apprécia- 
tion juste,  pour  ce  qui  la  concerne. 

En  effet,  les  36  sujets  appartenant  à  cette  variété  étaient  exposés 
par  13  éleveurs  en  tout,  dont  2  pour  le  Cher,  2  pour  la  Nièvre, 
2  pour  la  Mayenne,  et  1  seulement  pour  chacun  des  départements  de  la 
Sarthe,  de  la  Loire,  de  la  Charente-Inférieure,  de  Maine-et-Loire, 
d'IUe-et-Vilaine,  de  Loir-et-Cher  et  du  Loiret. 

Nous  avons  fait  connaître  dernièrement  le  nombre  total  des  agri- 
culteurs qui,  en  France,  s'occupent  de  la  production  des  animaux  de 
durham.  Personne,  parmi  ceux  qui  sont  au  courant  de  l'état  des 
choses,  n'admettra  que  cette  production,  quelque  restreinte  qu'elle 
soit  en  réalité,  par  rapport  à  celle  de  nos  races  indigènes,  puisse  être 
exactement  représentée  par  13  éleveurs  seulement,  fussent-ils  choisis 
parmi  les  plus  habiles. 

Il  est  donc,  croyons-nous,  aussi  juste  que  dans  l'intérêt  du  pays  de. 
conclure,  d'après  les  nombres  constatés,  à  l'insuffisance  complète  du 
concours  général  de  reproducteurs  mâles  des  espèces  bovines,  qui  vient 
d'avoir  lieu.  Nous  nous  garderons  toutefois  bien,  pour  notre  compte, 
de  demander  sa  suppression.  Tout  ce  qui  fournit  le  moyen  de  faciliter 
les  études  en  rassemblant  des  faits  est  utile.  Pourvu  que  toutes  les  races 
et  toutes  les  variétés  y  soient  admises  sur  le  pied  de  l'égalité  de  traite- 
ment, nous  n'avons  pas  d'objection  à  opposer  à  son  maintien.  Nous 
nous  réservons  seulement  la  faculté  d'apprécier  ses  résultats  en  toute 
liberté,  et  de  contribuer,  dans  la  mesure  de  nos  connaissances  spéciales, 
à  éviter  qu'ils  puissent  être  mal  interprétés  par  ceux  qui  s'en  tien- 
draient aux  seules  apparences. 


A  PROPOS  DU  CONCOURS  GÉNÉRAL  DE  PARIS.  299 

Les  réflexions  précédentes  s'appliquent  encore  bien  mieux  aux  ovi- 
dés.  En  ce  qui  les  concerne,  général  aussi  en  droit,  le  concours  Ta  été 
très  peu  en  fait. 

60  béliers  ont  été  exposés,  dont  31  mérinos,  tous  ou  presque  tous 
delà  variété  précoce.  Ces  31  béliers  mérinos  appartenaient  à  9  éleveurs, 
dont  2  de  l'Aisne,  2  de  Seine-et-Marne,  et  1  de  chacun  des  départe- 
ments de  l'Eure,  du  Loiret,  de  la  Marne,  de  l'Orne  et  de  l'Yonne. 
Rien  de  la  Côte-d^Or.  La  plupart  de  nos  éleveurs  de  mérinos  les  plus 
distingués  manquaient  à  l'appel.  La  concurrence  n'était  en  vérité  pas 
sérieuse.  Gela,  bien  entendu,  n'enlève  rien,  dans  notre  pensée,  au  mérite 
absolu  des  lauréats. 

Les  29  autres  béliers  appartenaient  pour  20  aux  dishleys  ou  pré- 
tendus tels,  car  plusieurs  sont  de  véritables  New-Kent.  Les  9  restant 
étaient  6  southdowns  et  3  oxfordshiredowns. 

Si  l'on  en  concluait  que  dans  notre  beau  pays  de  France  les  trou- 
peaux de  moutons  anglais  à  laine  longue  sont  à  ceux  de  mérinos  dans 
la  proportion  de  20  à  31,  on  se  tromperait  fort.  Il  y  avait  5  exposants 
de  dishleys  et  2  de  downs. 

Des  verrats,  il  y  en  avait  2  seulement  de  français  sur  un  nombre 
total  de  23  ;  tous  les  autres  étaient  anglais.  Aucun  éleveur  de  la 
Mayenne,  ni  de  la  Sarthe,  ni  de  Maine-et-Loire,  ni  de  la  Normandie, 
n'avait  exposé.  On  ne  manquera  pas  d'en  conclure  quelque  part  qu'ils 
n'ont  pas  osé  se  mesurer  avec  les  yorkshires,  qui  ont  maintenant 
décidément  les  préférences  des  anglomanes,  mais  pas  du  tout  celles  des 
charcutiers  ni  de  leurs  clients. 

Passons  aux  animaux  gras,  qui  forment  de  beaucoup  la  partie  prin- 
cipale du  concours,  et  sur  l'appréciation  générale  de  laquelle  on  n'a 
aussi  que  trop  de  tendance  à  s'égarer. 

Les  uns,  ne  voyant  que  le  côté  pratique  immédiat  des  choses, 
s*élèvent  avec  plus  ou  moins  de  véhémence  contre  l'engraissement 
exagéré  de  ces  animaux  et  contre  les  frais  énormes  qu'il  faut  faire 
pour  les  obtenir,  comme  s'ils  étaient  présentés  au  palais  de  l'Indus- 
trie dans  des  vues  industrielles  !  Les  autres,  toujours  empressés 
de  faire  tourner  tout  à  l'appui  de  leurs  opinions,  s'imaginent,  ou 
peut-être  bien  veulent  faire  croire  seulement  que  la  statistique  du  con- 
cours peut  témoigner  à  l'égard  de  la  répartition  des  races  animales 
dans  notre  pays.  De  ce  que,  par  exemple,  les  durhams  et  leurs  métis 
occupent  une  grande  place  au  concours,  ils  en  conclueraient  volontiers 
qu'il  en  doit  nécessairement  être  de  même  dans  les  étables  de  nos 
cultivateurs  et  conséquemment  sur  les  marchés  d'approvisionnement 
de  la  viande. 

Cela  n'est  pas  sérieux.  Le  concours  général  d'animaux  gras  est  une 
chose  qui  a  son  utilité  particulière,  sur  laquelle  nous  ne  nous  éten- 
drons pas  ici  ;  les  opérations  d'engraissement  pour  le  commerce  et 
pour  la  consommation  en  sont  une  autre,  et  celle-ci  n'a  qu'un  rapport 
indirect  avec  la  première.  Les  points  de  vue  sont  différents.  On  les 
confond  trop  facilement.  Quelle  idée  fausse  ne  se  ferait-on  pas,  par 
exemple,  de  la  part  que  prennent  à  l'approvisionnement  de  Paris  les 
animaux  de  la  race  vendéenne,  si  l'on  en  jugeait  par  la  place  qu'occupe 
d'ordinaire  cette  race  au  concours.  Cette  année,  elle  n'y  comptait  pas 
plus  de  sept  représentants.  Le  durham  et  ses  métis  en  avaient  cer- 
tainement au  delà  de  dix  fois  autant.  Ceux  qui  suivent  le  marché  de 


300  A  PROPOS  DU  CONCOURS  GÉNÉRAL  DE  PARIS. 

la  Villette  savent  si  cela  correspond  à  la  réalité  pratique.  Et  de  même 
pour  plusieurs  autres,  pour  la  variété  normande  notamment. 

La  question  si  souvent  débattue  de  la  sincérité  des  déclarations, 
au  sujet  de  l'âge  des  animaux  principalement,  s'est  posée  cette  fois 
d'une  manière  plus  instante.  Des  mesures  graves  ont  dû  être  prises, 
paraît-il.  On  ne  peut  que  féliciter  le  commissaire  général  de  la  fermeté 
dont  il  a  fait  preuve.  Mais  en  ce  qui  concerne  l'âge,  dans  l'état  où  se 
trouve  l'opinion  du  personnel  des  concours,  membres  du  jury  et  expo- 
sants, il  y  a  là  une  grosse  difficulté.  On  peut  dire  que  le  moyen  de 
contrôle  reconnu  certain  et  accepté  comme  tel  par  les  intéressés,  de 
part  et  d'autre,  manque  complètement. 

Je  n'entends  pas  dire,  à  coup  sûr,  qu'il  n'existe  point  en  lui-même. 
L'état  actuel  de  la  science  nous  permet,  au  contaire,  de  déterminer 
d'une  manière  précise,  chez  les  Bovidés,  le  temps  écoulé  depuis  leur 
naissance.  Pour  quiconque  est  susceptible  de  se  laisser  convaincre  par 
une  démonstration  scientifique,  cela  ne  peut  pas  faire  l'ombre  d'un 
doute.  Mais  ce  serait  se  faire  une  bien  grande  illusion  de  croire  au 
crédit  de  la  science  auprès  de  la  plupart  de  nos  agriculteurs,  si  enti- 
chés, en  général,  de  leurs  connaissances  de  praticiens.  Si  l'on  dit, 
par  aventure,  devant  eux  qu'un  animal  ne  peut  pas  être  exactement 
qualifié  de  jeune  s'il  ne  lui  reste  plus  aucune  dent  de  lait,  mais  que 
toutefois  un  autre  pourvu  de  la  totalité  de  ses  dents  permanentes,  et 
par  conséquent  ayant  passé  la  période  de  jeunesse,  peut  cependant 
être  né  après  lui  et  ainsi  être  moins  âgé,  il  y  a  toutes  les  chances  pos' 
sibles  pour  que  la  proposition  soit  contestée,  au  moins  à  l'égard  de  la 
qualification.  Si  l'on  insiste,  l'argument  de  la  pratique  opposée  à  la 
science  viendra  infailliblement. 

Je  ne  veux  pas  discuter  l'utilité  de  la  catégorie  des  jeunes  bœufs, 
comprise  ou  non  dans  le  sens  véritable,  comme  elle  l'a  été  cette  année. 
La  polémique  n'est  ni  dans  mon  rôle  ni  dans  mes  intentions.  11  con- 
vient de  s'en  tenir  aux  questions  de  faits  comme  celle  de  la  lecture 
du  chronomètre  dentaire.  Que  n'a-t-on  pas  dit,  l'an  passé,  à  propos 
de  l'âge  du  bœuf  basquais  dont  la  présence  dans  le  parc  du  prix  d'hon- 
neur a  soulevé  tant  de  protestations?  N'est-on  pas  allé  jusqu'à  opposer 
aux  déterminations  scientifiques,  fondées  sur  l'examen  de  sa  denti- 
tion, je  ne  sais  quelle  appréciation  de  bouchers  se  guidant  d'après 
l'aspect  de  la  viande? 

La  dentition  de  ce  bœuf,  qui  a  été  conservée,  a  été  reconnue  par 
les  hommes  les  plus  compétents  absolument  semblable  à  celle  de  la 
vache  de  Durham  qui,  deux  ans  auparavant,  avait  valu,  elle  aussi,  à 
son  propriétaire  le  prix  d'honneur;  et  les  déclarations  des  deux  expo- 
sants, qui  certes  ne  s'étaient  point  concertés,  concordaient  parfaite- 
ment. Les  deux  sujets  avaient  été  l'un  et  l'autre  déclarés  comme  ayant 
cinquante-quatre  mois  ou  quatre  ans  et  demi.  On  n'aura  garde  toute- 
fois d'accepter  pour  valable  la  démonstration.  Oh!  s'il  s'agissait  d'un 
animal  d'origine  anglaise,  à  la  bonne  heure! 

Puisque  nous  avons  été  amené  à  parler  de  ce  bœuf,  nous  allons 
examiner,  à  l'aide  des  documents  recueillis  par  la  Commission  de  ren- 
dement et  publiés  comme  d'habitude  en  tête  du  catalogue  de  cette 
année,  sa  valeur  réelle,  comparativement  avec  celle  du  prix  d'honneur 
de  l'année  précédente. 

Il  pesait  à  l'abattoir  855  kilog.;  il  a  rendu  564  kilog.  de  viande 


A  PROPOS  DU  CONCOURS  GÉNÉRAL  DE  PARIS.  301 

nette,  soit  G5.965  pour  100.  Sur  ces  564  kilog.  de  viande  nette,  il  y 
en  avait  118  de  3"  catégorie,  soit  1  :4.77;  230  de  1"  catégorie,  ou 
1  :2.45,  et  171  de  2«  catégorie,  ou  1  :3.3 

Le  bœuf  nivernais  auquel  nous  le  comparons  avait  rendu  68.77 
pour  100;  mais  chez  lui,  la  proportion  de  viande  de  3'  catégorie  était 
1  :3.21 ,  celle  de  viande  de  1"  catégorie,  de  1  : 2.70,  et  celle  de  viande 
de  2^  catégorie,  de  1  : 3.16. 

Sous  le  rapport  delà  viande  nette  totale,  le  basquais  était  donc  infé- 
rieur au  nivernais  dans  la  proportion  de  2.80  pour  1 00  ;  mais  il  lui  était 
supérieur  par  de  plus  fortes  proportions  en  viande  de  1  ■■"  et  de  2^  caté- 
gorie. On  peut  voir  en  effet  que  dans  les  deux  cas,  les  relations 
sont  moins  écartées.  Ce  qui  est  évident  surtout,  c'est  la  proportion 
beaucoup  plus  faible  (1  :4.77  contre  1  : 3.21)  de  viande  de  3' catégorie, 
ce  qui  est  le  meilleur  critérium  pratique  de  la  valeur  d'un  bœuf  de 
boucherie. 

Comparons-les  maintenant  pour  la  qualité  intrinsèque  de  la  viande, 
telle  qu'elle  est  indiquée  par  la  méthode  analytique  inaugurée  il  y  a 
trois  ans  par  la  Commission  de  rendement  et  acceptée,  soit  dit  en  pas- 
sant, à  l'étranger  depuis  l'an  passé. 

Le  morceau  de  pointe  de  culotte  analysé  a  laissé,  pour  le  basquais, 
un  déchet  de  2''. 662  pour  un  poids  total  de  4\715,  soit  1  : 1 .77.  Dans 
ce  déchet,  il  y  avait  1''.959  de  graise  et  0''.308  de  chair.  Pour  le 
nivernais,  le  déchet  n'avait  été  que  de  1''.285  pour  5''.290  ou  1  : 4.11 , 
avec  0^.950  de  graisse.  L'infériorité  du  basquais  est  ici  notoire.  Sa 
viande  contenait,  en  moyenne  des  deux  analyses  faites  avec  le  mor- 
ceau de  collier  et  celui  de  pointe  de  culotte,  42.66  pour  1 00  de  matière 
sèche,  dont  20.48  de  matière  azotée  et  22.18  de  graisse.  Il  était  évi- 
demment, d'après  cela,  engraissé  à  l'excès,  comme  le  sont  toujours 
tous  les  prix  d'honneur.  Le  nivernais  n'avait  fourni  que  30.950  de 
matière  sèche,  dont  22.058  de  matière  azotée  et  8.900  de  graisse. 
Sa  viande  avait  donc  une  richesse  inférieure  de  11.71  pour  100. 

En  définitive,  tout  compensé,  il  est  facile  de  voir  que  le  bœuf  en 
question  n'avait  contre  lui,  pour  expliquer  les  appréciations  si  défa- 
vorables dont  il  a  été  l'objet,  que  de  ne  point  appartenir  à  la  sorte  des 
animaux  qui  fournissent  habituellement  les  lauréats.  Ce  n'est  évidem- 
ment pas  assez  pour  les  justifier  aux  yeux  des  juges  impartiaux. 

Un  événement  du  même  genre  s'est  de  nouveau  produit  cette  année, 
et  peut-être  pourrait-on  dire  qu'il  a  fait  quelque  peu  scandale.  On  a 
vu  pour  la  première  fois,  dans  le  parc  des  prix  d'honneur,  une  bande 
de  mérinos  précoces  âgés  de  dix-sept  mois.  Il  y  a  lieu  d'espérer  que 
l'avenir  fournira  le  moyen  infaillible  de  s'y  habituer.  Et  pourtant, 
avons-nous  entendu  dire,  les  mérinos  ne  sont  point  des  animaux  de 
boucherie!  C'est  affaire  de  définition.  Toujours  est-il  que  quand  on  va 
au  marché  de  la  Villette,  il  arrive  le  plus  souvent  d'y  rencontrer,  sur 
un  total  de  1  5  à  20,000  moutons  en  vente,  environ  8  à  1 0,000  mérinos 
de  provenance  française  ou  étrangère.  Et  si  l'on  songe  à  la  composition 
des  populations  ovines  de  l'Europe,  on  se  l'explique  parfaitement. 

Mais  pour  certaines  personnes,  mouton  de  boucherie,  cela  veut 
dire  mouton  anglais.  Détense  aux  autres  de  prétendre  au  perfection- 
nement. Il  est  heureux  que  notre  vieux  bon  sens  français  ne  soit  pas 
encore  près  de  périr.  A.  Sanson, 

Professeur  de  zoologie  et  zootechnie  à  TEcole  nationale  de  Crignoa 
et  à  l'Institut  national  agronomique. 


302  LA.  VIGNE  DE  CALIFORNIE. 


SUR  LA  VIGNE  DE  CALIFORNIE 

Monsieur  le  directeur,  dans  le  numéro  du  30  décembre  dernier, 
le  Journal  de  l" agriculture  a  publié  une  lettre  de  M.  Laliman,  à  l'occa- 
sion du  rapport  de  John  Wheller,  sur  le  phylloxéra  en  Californie.  Ce 
document  a  paru  dans  vos  colonnes  le  21  octobre. 

Aux  observations  et  critiques  du  viticulteur  girondin,  que  j'avais 
communiquées  à  M.  Charles  Wetmore,  chef  de  l'exécutif  à  la  Commis- 
sion viticole  de  Californie,  j'ai  l'honneur  de  vous  adresser,  avec  prière 
de  l'insérer  dans  votre  impartial  Journal^  la  réponse  que  je  viens  de 
recevoir  de  cette  éminente  autorité. 

Désirant  être  fixé  sur  d'autres  questions  d'intérêt  général  pour  la 
viticulture,  précédemment  soulevées  par  M.  Laliman,  et  qui  étaient 
restées  pendantes,  telle  que  celle  de  l'emploi  de  500,000  cubes  Rohart, 
qu'il  assurait  avoir  été  achetés  par  le  gouvernement  américain,  dans 
le  but  de  combattre  le  fléau  ;  ainsi  que  celle  de  la  valeurqu'on  devait 
accorder  à  l'opinion  émise  par  M.  E.  Schutze  de  la  Géorgie,  sur  le  peu 
de  durée  des  vignes  américaines,  et  celle  encore  de  la  situation  actuelle 
des  vignobles  dans  l'est  de  1'  «  Union  »;  afin  d'obtenir  la  lumière  sur 
ces  points  importants,  j'ai,  en  même  temps  que  M.  Wetmore,  consulté 
M.  Geo.  W.  Campbell,  de  l'Ohio,  bien  connu  du  monde  viticole,  et 
délégué  des  Etats-Unis  à  l'Exposition  internationale  en  1878.  Je  joins 
ses  informations  à  celles  du  représentant,  non  moins  distingué,  de 
l'extrême  ouest,  avec  l'espoir  qu'elles  seront  appréciées  en  France,  et 
qu'elles  apporteront  de  nouveaux  éléments  considérables,  sinon  con- 
cluants, à  l'enquête  que  M.  Laliman  avait  sollicitée. 

Agréez,  etc.,  G.  Morlot. 

Lettre  de  M.  Wetmore. 

San-Francisco,  15  janvier  1883. 

M.  Morlot.  —  «  La  Californica,  dans  notre  climat,  n'est  pas  affectée  par  le 
mildew,  excepté  près  des  côtes  de  la  mer  où  les  brouillards  se  répandent.  Mais 
quelle  objection  pourrait-on  lui  opposer  dans  le  cas  où  cette  vigne  serait  utilisée 
pour  la  greffe? 

«  J'ai  toujours  considéré  M.  Laliman  comme  une  personne  privilégiée  dont 
les  remarques  ne  méritaient  pas  de  réponse.  Est-ce  que  ses  assertions  ont  réelle- 
ment captivé  l'attention  en  France? 

«  J'ai  lu  ce  qu'il  a  publié  jusqu'à  ce  jour  et,  pour  ce  qui  a  trait  à  l'Amérique 
particulièrement,  et  à  la  Californie,  on  rencontre  rarement  un  seul  mot  exprimant 
la  vérité. 

«  Les  vignes  de  Californie  (cultivées)  sont  des  «  Vitis  vinifera  »  obtenues  en 
Europe  ;  nous  commençons  seulement  à  faire  l'expérience  des  vignes  américaines. 
Nos  vignobles  ne  sont  pas  dévastés  parle  phylloxéra.  Une  petite  vallée  (Sonoma), 
où  le  sol  est  très  pauvre  et  peu  profond,  a  perdu  environ  1000  acres  de  vignes 
(400  hectares),  alors  que  dans  la  même  vallée  il  y  a  des  vignes  de  variétés  fran- 
çaises et  allemandes,  qui  ont  été  attaquées  depuis  au  moins  vingt  ans.  et  qui  ne 
sont  pas  encore  détruites. 

a  Nous  avons  fait  des  recherches  dans  d'autres  endroits  et  avons  trouvé  des 
traces  de  la  maladie  ;  elle  gagne  sans  doute  du  terrain,  mais  très  lentement,  com- 
parée à  ses  progrès  en  France.  Pourquoi?  Nous  croyons  seulement  que  la  cause 
en  doit  être  attribuée  à  la  fo  rme  ailée  de  l'insecte  qui  ne  paraît  pas  se  propager  ici 
en  grand  nombre,  et  aussi  parce  que  nos  vignes  sont  plantées  dans  un  sol  vierge. 
Nous  commençons  maintenant  à  planter  des  stocks  résistants  dans  les  places  en 
danger  d'être  attaquées  ;  mais  sur  environ  75,000  acres  plantés  pendant  les  trois 
dernières  années,  la  saison  présente  comprise,  plus  de  800  acres  n'ont  pas  été 
plantés  en  cépages  résistants.  Il  est  vrai  que  nous  insistons  pour  recommander 
de  planter  des  vignes  à  ceux  qui  sont  en  danger  et  que  nous  conseillons  à  tous  de 


LA  VIGNE  DE  CALIFORNIE.  303 

faire  des  essais  avec  les  différentes  filasses  et  variétés,  afin  d'être  préparés  à  choi- 
sir les  meilleures  ([uand  cela  sera  nécessaire.  Nous  suivons  généralement  les 
procédés  de  l'Ecole  d'agriculture  de  Montpellier,  et  le  manuel  du  professeur  Foex 
a  été  traduit  et  placé  dans  les  mains  de  tous  les  viticulteurs.  En  même  temps 
nous  expérimentons  la  «  Californica  »,  ainsi  que  1'  «  Arizonica  »,  lesquelles  certai- 
nement surpasssent  en  vigueur,  pour  le  développement  des  racines,  toutes  les 
autres  variétés  que  nous  avons  essayées,  et  elles  sont,  chez  elles  «  at  home  » 
dans  notre  climat.  Je  crois  qu'elles  réussiront  sur  les  côtes  de  la  Méditerranée,  et 
partout  OLi  les  étés  sont  secs. 

«  Notre  Etat  n'a  jamais  acheté  de  cubes  Rohart  ou  autres  insecticides,  excepté 
ce  que  notre  Commission  de  viticulture  a  fait  récemment,  sous  mon  contrôle 
exécutif,  en  essayant  de  démontrer  les  procédés  français  pour  l'emploi  du  sul- 
fure du  carbone  et  du  sulfocarbonate.  Notre  champ  d'opération  a  été  limité  à  une 
vigne  de  trois  hectares,  et  nous  avons  partiellement  réussi. 

«  L'histoire  relative  aux  500,000  cubes  Rohart,  en  1878,  a  été  une  affaire  d'an- 
nonce de  marchand,  ayant  pour  objet  de  faire  croire,  en  France,  que  les  cubes 
Rohart  étaient  plus  appréciés  qu'ils  ne  le  sont.  La  vérité  est  que  j'ai  acheté  de 
M.  Rohart,  en  1878,  10,000  de  ces  cubes  que  j'ai  envoyés  en  Californie  (j'étais 
alors  à  Paris),  à  quelques-uns  de  mes  amis,  pour  en  faire  l'essai.  C'est  tout  ce  que 
cette  transaction  a  comporté. 

<v  Je  crois  qu'en  tout  réunissant,  20,000  de  ces  cubes  ont  pu  être  vus  en  Californie. 
Nous  avons  ici  une  fabrique  de  sulfure  de  carbone,  mais  ses  produits  sont  à  peu  près 
entièrement  employés  à  la  destruction  des  écureuils  et  d'autres  petits  animaux; 
(ces  écureuils,  qui  mfestent  différentes  parties  du  pays  font  des  trous  dans  le  sol). 

«  Nous  ne  pouvons  rien  vous  dire  de  certain  d'après  notre  expérience  du  67m- 
ton  ou  d'autres  variétés  américaines.  Des  essais  tentés  en  terrains  peu  profonds 
et  secs,  prouvent  jusqu'à  présent  que  les  ainsi  nommés  Riparia  :  Clinton,  Taylor, 
Elvira,  hybrides  avec  Labrusca,  ont  échoué.  En  bon  terrain,  nous  avons  quelques 
exemples  de  résistance  de  l'Isabelle,  mais  l'essai  est  encore  trop  récent.  Notre 
stock  favori  est  maintenant,  comme  en  France  (grâce  aux  recommandations  fran- 
çaises), les  Riparia  sauvages.  On  en  plante  plus  que  toutes  autres  variétés.  Le 
Lenoir  commence  à  être  recherché  comme  stock,  il  produit  un  vin  de  couleur 
utilisé  pour  les  coupages.  Signé  :  Ch.  Wetmore  ». 

Lettre  de  M.  Campbell,  du  27  décembre  1882. 

«  M.  Morlot.  —  Je  n'ai  pas  le  temps  de  répondre  maintenant  à  M.  Laliman,  mais 
je  veux  dire,  enrépliqueaux  assertions  formulées  par  M.  E.  Schutze,  qu'elles  sont 
dénuées  de  fondement  k  non  sensé  ».  Le  phylloxéra  ne  s'étend  nulle  part  en  nombre 
ni  en  désastre  sur  les  vignes  américaines,  autant  que  je  sache.  Certainement  il 
diminue  ici.  La  présence  de  la  peste  est  moins  évidente  qu'il  y  a  dix  ou  vingt 
ans.  Il  est  très  rare  maintenant  de  l'apercevoir  sur  les  feuilles  ou  sur  les  racines  des 
vignes  cultivées  dans  cette  région.  Je  suis  allé  l'automne  dernier  parmi  les  plus 
grands  vignobles  du  Nord  et  sur  les  îles,  ce  sont  les  plus  anciennes  de  l'état. 
Elles  produisent  encore  et  offrent  de  larges  bénéfices  à  leurs  propriétaires,  après 
vingt  ou  vingt-cinq  années  de  plantation.  J'ai  visité  aussi  les  vignes  de  la 
partie  sud  de  l'Etat  plantées  il  y  a  vingt  ans,  et  je  les  ai  trouvé  encore  lourdement 
chargées  de  fruits  et  pleines  de  santé  dans  les  variétés  Ives  et  Concord  (Labrusca) 
et  Elvira  (Riparia),  etc. 

«  M.  Lahman  semble  être  un  homme  étrange.  Il  cite  M.  Rerckmans  pour 
prouver  que  le  phylloxéra  n'est  pas  en  Géorgie,  et  aussi  M.  Schutze  pour  prouver 
que  le  phylloxéra  détruit  les  vignes  en  Gréorgie.  Je  ne  crois  pas  avoir  jamais  écrit 
à  M.  Laliman.  Je  n'ai  certainement  jamais  dit  que  je  pensais  que  l'insecte  des 
galles  était  américain  et  que  celui  des  racines  était  européen.  Mais  j'ai  dit  et  je 
pense  encore  qu'il  est  douteux  qu'ils  soient  identiquement  le  même  insecte.  Je  crois 
qu'ils  forment  probablement  deux  espèces  :  l'insecte  des  galles  infestant  les 
leuilles  seulement,  et  celui  des  racines  seulement  les  racines. 

Lettre  du  même  du  V^  janvier  1883. 

«  Quant  aux  assertions  de  M.  Laliman,  je  vous  informerai  qu'il  n'y  a  de  vérité 
quelconque  dans  l'assurance  que  le  phylloxéra  détruit  nos  vignes  indigènes.  Je 
puis  répondre  pour  cette  partie  du  pays  que  les  ravages  de  l'insecte  sont  beaucoup 
moindres  qu'il  y  a  dix  ans.  Le  mal  diminue  et  nous  le  regardons  maintenant  ici 
sans  crainte  ni  appréhension  et  s'il  n'a  aucun  effet,  il  est  si  peu  important  que 
personne  ne  le  remarque. 


304  LA  VIGNE  DE  CALIFORNIE. 

«  Les  «  Vinifera  »  souffrent  autant  ici  qu'en  France,  ainsi  que  les  expériences 
faites  en  Californie  et  ailleurs  le  démontrent. 

a  J'ai  écrit  à  Washington  pour  savoir  la  vérité  sur  les  cubes  Rohart. 

Lettre  du  même  M.  Campbell  du  19  janvier  1883. 

«  J'ai  fait  des  recherches  au  sujet  des  achats  par  notre  gouvernement  de 
cubes  Rohart,  ceci  est  entièrement  controuvé.  Jamais  le  gouvernement  américain 
n'a  acheté  et  n'a  eu  besoin  d'aucun  de  ces  cubes. 

«  Quant  à  l'action  du  phylloxéra  sur  les  vignes  américaines,  je  crois  qu'elle 
s'amoindrit  chaque  année,  et  nous  le  considérons  simplement  comme  étant  sans 
conséquence.  Nous  ne  prenons  et  n'avons  besoin  de  prendre  aucune  précaution 
contre  lui.  Signé  :  (jeo.  W.  Campbell.  » 

POMMIERS  EN  GORDON  HORIZONTAL 

Parmi  les  nombreuses  formes  que  l'amateur  d'arboriculture  peut 
donner  à  ses  arbres  fruitiers,  plusieurs  sont  souvent  plus  agréables  à 
l'œil  que  productives  ou  faciles  à  établir. 

Une  des  formes  qui  m'a  toujours  donné  de  la  peine  à  réussir,  et 
dont  il  est  très  difficile  de  bien  équilibrer  la  sève,  est  celle  du  pom- 
mier en  cordon  horizontal. 

Dans  les  nombreuses  plantations  qu'il  m'a  été  donné  de  voir,  j'ai 
toujours  remarqué  que  la  sève  produit  vers  le  commencement  de  la 
branche  charpentière  beaucoup  de  branches  gourmandes,  poussant 
perpendiculairement,  que  l'on  a  de  la  peine  à  faire  transformer  en 
branches  à  fruits.  Dans  les  sujets  très  vigoureux,  pendant  plusieurs 
années,  les  fruits  sont  presque  nuls,  et  la  plus  grande  partie  de  la 
sève  se  transforme  en  branches  gourmandes  s'étendant  tout  le  long  de 
la  branche  charpentière. 

Frappé  de  cet  inconvénient  pour  le  pommier  surtout,  j'ai  eu  l'idée, 
au  lieu  d'en  arrêter  le  développement  par  la  taille  comme  cela  se 
fait  ordinairement,  de  laisser  pousser  la  tige  autant  qu'elle  le  vou- 
drait sans  jamais  rien  y  retrancher,  en  ayant  le  soin  de  tenir  l'extré- 
mité de  la  branche  charpentière  relevée  par  une  baguette  à  laquelle 
elle  est  attachée  à  mesure  qu'elle  pousse. 

Pour  pouvoir  arriver  à  une  grande  longueur  de  branche  charpentière 
sans  inconvénient  pour  la  solidité  de  l'arbre  et  des  fruits,  tout  en  con- 
tinuant de  planter  les  pommiers  à  1".50  les  uns  des  autres  le  long 
des  allées,  où  est  employé  ordinairement  le  cordon  horizontal,  je  laisse 
courir  la  tige  sur  des  fils  de  fer  tendus  à  0"'.20  de  distance  entre  eux. 
A  mesure  que  la  branche  s'allonge  et  arrive  au  pommier  suivant, 
elle  se  relève  d'un  étage,  comme  l'indique  la  figure  32,  qui  montre  en  B 
des  cordons  achevés,  et  en  Aies  cordons  en  formation.  On  arrive  ainsi 
à  avoir  une  branche  charpentière  ayant  7"'. 50  de  long,  développement 
suffisant  pour  utiliser  la  sève  des  variétés  les  plus  vigoureuses,  n'ayant 
pas  plus  de  1  mètre  de  hauteur  au-dessus  du  sol. 

Le  cordon,  une  fois  fini,  ressemble  à  des  marches  d'escalier;  par 
suite  de  cette  disposition,  la  sève  est  toujours  sollicitée  à  se  porter  vers 
la  partie  supérieure  de  l'arbre,  au  lieu  de  s'arrêter  à  la  naissance  de 
la  branche  charpentière,  comme  cela  a  lieu  dans  le  cordon  horizontal 
ordinaire. 

En  espaçant  davantage  les  pommiers,  on  peut  arriver  au  même 
résultat  avec  de  grandes  longueurs  et  seulement  2  ou  3  rangs  de  cor- 
dons, ce  qui  équivaut  alors  à  l'ancien  cordon  horizontal  sans  en  avoir 
les  inconvénients. 


POMMIERS  EN  CORDON  HORIZONTAL. 


305 


Si  l'on  a  le  soin  de  planter  des  variétés  d'égale  vigueur,  on  arrive  à 
former  ainsi  de  très  jolies  petites  haies,  faciles  à  tailler,  et  donnant 
des  fruits  abondants. 

Pour  que  le  commencement  du  rang  soit  aussi  bien  garni  que  le 
reste,  on  prend  sur  les  premiers  pommiers  autant  de  cordons  que  l'on 
compte  en  donner  à  la  palissade.  Par  cette  forme  il  y  a  utilisation 
complète  de  la  sève,  suppression  des  branches  gourmandes  difficiles  à 
mettre  à  fruit,  et  grande  facilité  pour  la  taille,  mise  à  la  portée  de 
tout  le  monde.  La  seule  chose  essentielle  est  de  tenir  la  tige  bien 
dirigée  afin  de  la  plier  au  moment  voulu  pour  les  changements 
d'étage,  et  de  tenir  toujours  l'extrémité  bien  relevée  pour  y  attirer  la 
sève.  Une  fois  les  arbres  formés,  on  peut  les  relier  les  uns  aux  autres 
et  se  passer  de  fil  de  fer. 

N'ayant  jamais  vu  cette  forme,  qui  me  donne  de  très  bons  résultats, 


>c7^.-7^  i^. 


Fig.  32.  —  Pommiers  en  cordon  horizontal. 


être  agréable 


aux  amateurs  d'arboriculture  en    la   leur 


1  ai  pense 
indiquant. 

Le  poirier  poussant  moins  vigoureusement,  ne  réussit  pas  aussi  bien 
sous  cette  forme  que  le  pommier.  L.-F.  de  Brezenaud. 

SESSION  DE  LA  SOCIETE  DES  AGRICULTEURS 

DE  FRANCE.  —  III. 

Séance  du  3  février.  —  En  constatant  le  succès  réel  obtenu  par  le 
premier  essai  sérieux  de  l'annexion  d'un  concours  d'animaux  repro- 
ducteurs au  concours  général  agricole  de  Paris,  M.  de  Poncins  fait 
remarquer  qu'il  y  aurait  plusieurs  mesures  à  prendre  pour  accroître 
l'importance  de  cette  exposition.  Voici  le  texte  de  son  rapport  : 

«  Vous  avez  voté  mardi  dernier  le  principe  du  maintien  du  concours  d'animaux 
reproducteurs;  aujourd'hui  votre  deuxième  section  présente  à  votre  sanction  une 
série  de  vœux,  dont  l'objet  est  d'assurer  le  développement  de  ce  concours. 

«  Pour  l'observateur  superficiel, rien  de  ce  qui  vient  de  se  passer  aux  Champs- 
Elysées  ne  semble  très  important  ;  le  gouvernement  a  fait  un  appel  aux  éleveurs  ; 
les  éleveurs  ont  répondu  à  cet  appel  avec  un  zèle  plus  ou  moins  restreint,  et  ils 
ont  reçu  des  médailles  que  beaucoup  de  personnes  ont  trouve  insuffisantes  ;  de 
son  côté  la  Société  des  agriculteurs  de  France,  joignant  son  action  à  celle  du 
ministère  de  l'agriculture,  a  décerné  des  brevets  de  monte,  dont  le  gros  du  pu- 
blic ignore  absolument  la  signification,  et  peu  de  gens  s'expliquent  l'agitation 
qu'a  causée  l'organisation  du  concours  des  repro-'hicteurs. 

«  Cependant,  messieurs,  le  lait  qui  nous  occupe  est  gros  de  conséquences,  et 
ces  conséquences  n'échappent  nia  l'agriculteur  qui  attend  avec  anxiété  la  restau- 
ration de  nos  anciennes  richesses,  ni  au  philosophe  qui  cherche  sous  les  voiles 
obscurs  du  présent,  la  clarté  de  nouveaux  horizons. 


306  SOCIÉTÉ  DES  AGRICULTEURS  DE  FRANGE. 

«  En  effet,  une  nécessité  absolue  pour  toute  industrie,  et  pour  l'industrie  agri- 
cole comme  pour  les  autres,  c'est  d'avoir  des  lieux  de  transaction  où  viennent  se 
réunir,  le  vendeur  qui  livre  ses  produits  et  l'acheteur  qui  doit  utiliser  ces  mêmes 
produits;  des  lieux,  en  un  mot,  où  l'offre  et  la  demande  sont  mises  en  face  l'une 
de  l'autre.  Ge  point  de  réunion  manquait  à  notre  commerce  de  bestiaux,  et  l'objet 
du  concours  général  a  été  de  le  créer. 

«  Ce  concours  est  donc  appelé  à  devenir  un  élément  de  premier  ordre  dans  le 
commerce  agricole,  et  ce  sera  pour  notre  Société  un  précieux  titre  de  gloire,  d'avoir 
la  première  évoqué  cette  affaire,  et  pris  depuis  de  longues  années,  une  initiative 
qui  est  devenue  la  cause  du  succès. 

«  Une  autre  déduction  non  moins  heureuse  à  tirer  des  faits  auxquels  vous  avez 
assisté,  c'est  de  considérer  les  résultats  féconds  qui  seront  obtenus  en  France, 
chaque  fois  que  l'agriculture  officielle  unira  ses  efforts  à  ceux  de  l'initiative  pri- 
vée ;  l'expérience  de  cette  année  a  démontré  aux  plus  incrédules  combien  de 
sources  de  progrès  résident  dans  ce  concert  harmonieux,  et  elle  a  prouvé  de  plus 
que  si  l'auiorilé  ne  perd  rien  de  ses  droits,  en  faisant  appel  aux  forces  vives  de 
la  nation,  les  sociétés  libres  ne  compromettent  pas  non  plus  leur  indépendance 
en  prêtant  leur  concours  à  une  œuvre  qui  devient  commune. 

«  Avant  d'entrer  dans  l'étude  des  questions  présentées  à  votre  approbation  par 
la  Section  d'économie  du  bétail,  il  est  nécessaire,  messieurs,  que  vous  jetiez  un 
coup  d'œil  rapide  sur  la  situation  économique  de  notre  agriculture,  et  que  vous 
inspiriez  vos  esprits  des  considérations  qui  nous  ont  amenés  à  formuler  les  vœux 
dont  vous  entendrez  tout  à  l'heure  la  lecture. 

«  En  effet,  messieurs,  ce  sont  les  désastres  lamentables,  sous  lesquels  reste 
écrasée  notre  plus  grande  richesse  nationale  qui  doivent  être,  chez  vous,  le  motif 
particulier  de  réaliser  les  plus  grands  efforts,  alors  même  que  pour  quelques-uns, 
ces  efforts  paraissent  exagérés. 

ce  Abstraction  faite  des  intempéries  et  autres  fléaux  dont  la  Providence  reste  la 
maîtresse  souveraine,  l'état  de  notre  agriculture  est  aujourd'hui  mauvais,  et  même 
des  plus  mauvais;  personne  ne  le  conteste;  mais  le  point  sur  lequel  on  réfléchit 
trop  peu,  c'est  celui  de  rechercher  les  causes  supérieures  de  nos  malheurs,  et 
d'examiner  comment  on  peut,  sinon  les  conjurer,  au  moins  atténuer  leurs  funestes 
ravages. 

«  Ces  causes  doivent,  si  je  ne  me  trompe,  se  diviser  en  deux  catégories;  les 
premières  ont  un  caractère  général,  et  affectent  non  seulement  la  France,  mais 
encore  les  autres  nations;  les  secondes  sont  particulières  à  notre  pays.  Gomme 
cause  générale  ou  internationale  de  nos  ruines,  celle  qui  domine  et  absorbe  toutes 
les  autres,  c'est  la  confusion  faite  de  nos  jours,  entre  la  vraie  production  et  le 
simple  mouvement  de  l'argent. 

«  La  vraie  production,  c'est  l'agriculture  qui  multiplie  les  êtres  vivants,  et 
qui  demande  chaque  année  au  retour  des  saisons  de  nouvelles  richesses  ;  c'est 
aussi  l'industrie  qui  transforme  les  matières  premières,  crée  les  voies  de  transport, 
et  va  jusque  dans  les  entrailles  de  la  terre  découvrir  les  plus  précieux  trésors; 
mais  ce  n'est  pas  la  spéculation,  qui  tout  en  rendant  certains  services  secondaires, 
ne  peut,  et  ne  pourra  jamais  être  la  source  d'une  véritable  production;  la  spécu- 
lation prend  l'argent  dans  une  cassette,  le  passe  à  un  second  détenteur,  puis  à  un 
troisième,  et  ainsi  de  suite,  sans  que  ce  mouvement  considéré  en  lui-même  accroisse 
la  fortune  ni  des  uns  ni  des  autres. 

«  Le  caractère  de  la  vraie  production  et  ceux  de  la  spéculation  sont  tellement 
différents,  qu'aucune  confusion  ne  devrait  être  possible  entre  des  opérations  aussi 
distinctes;  cependant  le  mirage  trompeur  qui  couvre  la  spéculation  est  si  sédui- 
sant, que  nous  avons  vu  peuples  et  gouvernements  se  laisser  entraîner  par  ce  cou 
rant  dévastateur. 

«  L'agriculture  elle-même  est  tombée  dans  le  piège  comme  les  autres  classes 
de  la  société;  personne  n'a  su  résister  à  la  tentation  d'essayer  les  placements 
avec  gros  intérêts,  au  plaisir  d'habiter  des  salons  dorés,  et  surtout  à  l'espoir  de 
rencontrer  une  occasion  favorable  pour  saisir  au  passage  un  de  ces  millions  qui 
circulent  sans  jamais  s'arrêter. 

«  Les  emprunts  à  grands  fracas  ont  alors  drainé  toutes  les  épargnes  ;  les  pla- 
cements sûrs,  mais  à  petits  intérêts,  ont  été  délaissés,  et  il  n'a  plus  été  possible 
de  penser  ni  aux  creusements  de  canaux,  ni  aux  dessèchements  de  marais,  ni  aux 
reboisements  des  montagnes,  ni  à  aucune  autre  des  opérations  qui  seraient  pour 
nous  la  garantie  de  l'avenir;  la  baisse  de  la  propriété  toncière  s'est  manifestée 
de  toute  part,  le  dépeuplement  des  campagnes  s'est  accentué,  les  fermes  sont 


SOCIÉTÉ  DES  AGRICULTEURS  DE  FRANCE.  307 

restées  quelquefois   sans  exploitants,  et  la  misère  agricole  a  pris  les  proportions 
les  plus  effrayantes. 

«  A  ces  causes  de  ruine  qui  seraient  bien  suffisantes  pour  anéantir  tout  effort 
de  prospérité,  il  faut  en  ajouter  d'autres,  qui  tiennent  particulièrement  à  notre 
pays,  et  qui  sont  aussi  funestes  que  les  précédentes. 

«  Ces  dernières  tiennent  à  l'application  chez  nous  de  ce  principe  économique 
absolument  faux,  en  vertu  duquel  les  charges  nationales,  au  lieu  d'être  réparties 
également  sur  les  produits  de  toute  provenance,  écrasent  d'une  façon  particulière 
les  produits  français;  ce  n'est  aujourd'hui,  messieurs,  ni  le  lieu  ni  le  moment 
d'entrer  dans  une  discussion  douanière;  je  me  contente  d'énoncer  les  faits,  et  je 
m'empresse  de  vous  montrer  l'influence  qu'ils  exercent  sur  la  question  qui  nous 
occupe  aujourd'hui,  c'est-à-dire  sur  le  prix  de  nos  bestiaux. 

«  Vous  savez  que  pendant  un  certain  nombrs  d'années,  la  viande  était  arrivée 
en  France  à  un  prix  suffisamment  rémunérateur,  pour  que  l'agriculture  ait  pu 
considérer  ces  années-là,  comme  une  période  de  prospérité.  Malheureusement 
l'élévation  des  cours,  en  favorisant  notre  commerce  national,  devenait  en  même 
temps  une  otîre  de  prime. pour  l'étranger;  celui-ci  n'a  pas  laissé  échapper  l'occa- 
sion offerte,  et  nos  marchés  envahis  par  lui  ont  été  promptement  engorgés;  la 
baisse  s'est  aussitôt  établie,  et  les  cours  moyens  sont  tombés  de  100  francs  et 
plus  par  100  kilog.,  à  moins  de  80 francs;  inutile  de  vous  dire  que  le  consomma- 
teur n'a  profité  en  rien  de  cet  effondrement. 

«  Quoi  qu'il  en  soit,  le  producteur  français,  atteint  dans  la  meilleure  source  de 
ses  revenus,  a  dû.  ralentir  ses  opérations,  et  même  souvent  cesser  son  élevage; 
l'importateur  étranger  privé  de  sa  prime  a  disparu  à  son  tour  de  nos  marchés,  et 
comme  conséquence,  les  prix  se  sont  raffermis;  devons-nous  considérer  cette 
situation  comme  une  garantie  pour  l'avenir?  Je  réponds  non,  et  mon  affirmation 
est  basée  sur  la  perspective  de  deux  alternatives  également  funestes  ;  si  les  prix 
restent  ce  qu'ils  sont,  nous  continuerons  à  être  ruinés  comme  nous  l'avons  été 
ces  dernières  années;  s'ils  s'élèvent,  l'étranger  retrouvera  sa  prime,  et  viendra  de 
nouveau  nous  écraser. 

«  La  situation  est  donc  loin  de  donner  place  à  des  espérances  heureuses,  et  votre 
devoir  est  de  contribuer,  par  tous  les  moyens  possibles,  au  relèvement  de  l'indus- 
trie agricole. 

«  Dans  vos  retraites  paisibles,  vous  n'avez  chacun  qu'une  action  isolée,  mais 
cette  action  s'étend  autour  de  vous  par  des  rameaux  nombreux,  et  quand  elle  est 
muhipliée  par  des  chiffres  mille  fois  répétés  elle  prend  une  importance  que  per- 
sonne ne  saurait  méconnaître;  usez  donc  de  cette  action. 

«  Vous  n'êtes  pas  non  plus  législateurs,  et  cependant  l'illustre  M.  Pouyer- 
Quertier  vous  disait  il  y  a  deux  ans  dans  cette  même  enceinte,  que  vos  décisions 
pèsent  d'un  grand  poids  sur  les  décisions  du  législateur  français;  usez  donc  de 
cette  influence  législative  et  administrative. 

ce  Enfin,  et  c'est  sur  ce  dernier  point  que  je  dois  insister  aujourd'hui,  ne  négligez 
aucun  des  moyens  de  détail  qui  sont  en  votre  pouvoir,  pour  apporter  votre  part 
de  secours  aux  détresses  de  l'agriculture  française. 

«  Parmi  les  éléments  dont  vous  disposez,  vous  devez  placer  au  premier  rang 
le  développement  du  concours  des  reproducteurs. 

«  Les  concours  généraux  ont  fait  la  gloire  de  la  grande  société  anglaise,  ils  doi- 
vent devenir  aussi  celle  de  la  société  française  ;  votre  Section  a  du  limiter  son  étude 
actuelle  dans  cette  grave  aftàire  à  des  réglementations  absolument  générales,  par 
ce  motif  qu'il  est  impossible  de  savoir  aujourd'hui  dans  quelles  conditions  se 
présentera  l'année  prochaine  l'organisation  du  concours  général  ;  il  était  donc  sage 
de  laisser  à  votre  Commission  de  permanence  le  soin  d'apprécier  de  quelle  façon 
vos  vœux  pourront  être  réalisés. 

«  Passons  aux  détails  : 

«  Sous  le  rapport  des  conditions  d'âge,  votre  Section  a  pensé  que  la  méthode 
la  plus  simple  à  adopter  serait  de  suivre  jusqu'à  nouvel  ordre  les  catégories  en 
usage  dans  les  concours  régionaux. 

«  Relativement  aux  espèces,  une  grave  lacune  existait  dans  le  programme  de 
vos  brevets  de  monte;  c'était  l'absence  de  toute  récompense  pour  les  animaux  des 
espèces  ovines  et  porcines;  votre  Commission  n'avait  exclu  ces  deux  espèces  que 
par  suite  de  l'insuffisance  de  vos  ressources;  mais  elle  admet  qu'elles  ont  leur 
place  toute  marquée  dans  les  concours  de  reproducteurs. 

«  La  question  des  races  est  beaucoup  plus  délicate  ;  vous  savez,  Messieurs, 
qu'un  reproducteur,  pour  présenter  des  garanties  sérieuses,  doit  porter  avec  lui 


308  SOCIÉTÉ  DES  AGRICULTEURS  DE  FRANCE. 

un  titre  d'hérédité,  et  que  ce  titre  ne  peut  être  constaté  avec  certitude  que  par 
des  registres  généalogiques;  votre  Section,  tout  en  admettant  ce  principe,  et  tout 
en  restant  décidée  à  provoquer  rétablissement  des  livres  généalogiques,  a  pensé 
qu'actucUament,  la  question  devait  être  tranchée  dans  le  sens  le  plus  large  ;  elle 
vous  propose  de  conserver  en  les  complétant  les  catégories  de  races,  adoptées  cette 
année  par  le  gouvernement. 

«  Elle  vous  propose  encore  plusieurs  autres  améliorations  de  détail  sur  les- 
quelles vous  allez  avoir  à  voter. 

«  Mais,  Messieurs,  ce  qui  importe  par-dessus  toute  autre  chose,  c'est  de  ne  pas 
laisser  languir  une  institution  qui  est  à  peine  fondée,  et  pour  cela  de  ne  pas 
oublier  que  vous  devez  chercher  à  grossir  le  budget  de  votre  Société.  Votre  bureau 
a  montré,  dans  ses  dernières  résclutions,  qu'il  est  décidé  à  supprimer  dans  vos 
dépenses  ce  qui  serait  superflu;  pour  les  recettes,  c'est  à  vous  et  non  pas  à  lui  de 
les  multiplier;  la  grande  Société  anglaise  compte,  nous  dit-on,  plus  de  30,000  mem- 
bres ;  la  Société  française  n'en  compte  pas  encore  cinq  mille  ;  cependant,  Mes- 
sieurs, ce  qui  manque  en  France,  ce  n'est  ni  l'argent  nécessaire  pour  payer  des 
cotisations  de  20  francs,  ni  la  sympathie  accordée  à  l'agriculture  ;  ce  qui  manque 
simplement,  c'est  cette  initiative  par  laquelle  chacun  de  vous,  s'adressant  à  ses 
amis,  leur  dirait  :  il  existe  une  Société  des  agriculteurs  de  France,  cette  Société 
remplit  une  grande  mission,  acceptez  d'en  faire  partie.  Le  jour  où  vous  prendrez 
tous  à  cœur  ce  faible  mandat,  vous  verrez  les  souscriptions  affluer,  et  votre  budget 
grossir  par  enchantement. 

«  Messieurs,  nous  lisons  dans  un  livre  fameux  que  l'esprit  du  mal  interrogé 
sur  son  nom,  répondait  ce  mot  terrible  :  «  Je  me  nomme  légion  ».  Eh  bien,  nous  qui 
sommes  appelés  à  devenir  pour  la  France  les  génies  du  bien,  serrons  nos  rangs 
et  prenons  cette  devise. 

«  L'agriculture  a  déjà  pansé  bien  des  plaies,  payé  bien  des  milliards,  donné 
bien  des  lois  le  sang  de  ses  enfants;  jamais  on  ne  lui  en  a  tenu  compte;  malgré 
cela  restons  sans  défaillance  et  poursuivons  courageusement  notre  route  ;  conser- 
vons précieusement  nos  légendes  d'union  et  de  paix,  et  défendons  avec  vigueur 
les  prmcipes  tutélaires  sous  lesquels  nous  avons  toujours  été  abrités;  un  jour 
viendra  ou  la  société  reculera  devant  les  ruines  qu'elle  accumule  sur  ses  pas,  et  ce 
iour-là  elle  demandera  du  secours.  Nous  prendrons  alors  le  paisible  drapeau  de 
l'agriculture  si  longtemps  méconnu,  et  le  montrant  aux  populations  effrayées, 
nous  pourrons  leur  dire  avec  un  légitime  orgueil,  rassurez-vous,  nous  sommes 
légion.  Marquis  de  Poncins, 

Président  de  la  deuxième  Section  des  agriculteurs  de  France, 
membre  de  la  Société  nationale. 

Voici  le  texte  des  vœux  présentés  à  l'assemblée  générale  : 

1"''  vœu.  —  Que  les  producteurs  mâles  des  espèces  bovines,  ovines  et  porcines 
soient  admis  au  concours  général  de  Paris. 

2"  vœu.  —  Que  la  classification  générale  des  races  adoptée  cette  année  par  le 
ministre  soit  conservée  et  complétée  en  y  ajoutant  le  nom  de  certaines  races  omises, 
notamment  celui  des  races  flamandes  et  d'Aubrac  ;  que  le  nombre  des  récompenses 
soit  mis  en  rapport  avec  celui  des  animaux  présentés. 

3*  vœu.  —  Que  les  divisions  d'âge  admises  dans  les  concours  régionaux  soient 
appliquées  aux  concours  d'animaux  reproducteurs. 

4*=  vœu.  —  Que  le  gouvernement  ajoute  des  primes  en  argent  aux  médailles 
décernées  dans  le  concours  de  reproducteurs. 

5*  vœu.  —  Que  les  animaux  continuent  à  être  classés  par  ordre  de  mérite  et 
sans  qu'il  soit  tenu  compte  du  nombre  de  médailles,  qui  se  trouve  revenir  à 
chaque  propriétaire. 

6«  vœu.  —  Que  les  animaux  achetés  à  l'étranger,  mais  possédés  par  des  pro- 
priétaires français,  soient  admis  au  concours  de  reproducteurs. 

1"  vœu.  —  Que  les  animaux  vendus  pendant  le  concours  général  de  Paris  res- 
tent quahliés  pour  les  concours  régionaux,  alors  même  que  la  date  réglementaire 
du  1"  février  serait  passée  quand  ils  entreront  dans  l'écurie  de  leur  nouveau  pro- 
priétaire. 

8"  vœu.  —  Que  les  propriétaires,  en  déclarant  leurs  animaux,  soient  tenus 
d'indiquer  s'ils  sont  à  vendre,  et  que  le  catalogue  porte  la  mention  à  Vendre,  pour 
tous  ceux  qui  ne  sont  pas  réservés. 

9'^  vœu.  —  Qu'une  vente  facultative  aux  enchères  publiques  soit  organisée  à  là 
fin  du  concours. 


SOCIÉTÉ  DES  AGRICULTEURS  DE  FRANCE.  309 

10''  vœu,  —  Que  le  Conseil  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France  transmette 
les  vœux  ci-dessus,  d'une  part  au  ministère  de  l'agriculture,  et  d'autre  part  à  la 
Commission  de  permanence  de  sa  2*  Section. 

Ces  vœux,  mis  aux  voix,  sont  adoptés  àrunanimité. 

Sur  le  rapport  de  M.  Boucher  d'Argis,  la  Société  émet  un  vœu  en 
faveur  du  maintien  du  décret  du  18  février  1881,  sur  la  proliibition 
d'importation  des  viandes  de  porc  d'origine  américaine.  Cette  dis- 
cussion donne  lieu  aune  intéressante  communication  de  M.  H.  Bouley. 
L'honorable  inspecteur  général  des  écoles  vétérinaires  rappelle  que  la 
trichinose  a  jusqu'ici  fait  plus  de  peur  que  de  mal  en  France;  nous 
sommes  préservés  contre  ses  atteintes  par  nos  habitudes  culinaires 
qui  sont  le  meilleur  préservatif.  L'inspection  microscopique  de  toutes 
les  viandes  importées  est  un  problème  insoluble.  M.  Bouley  rappelle, 
en  outre,  les  expériences  qu'il  poursuit  relativement  à  l'action  du  froid 
sur  les  trichines,  et  dont  les  premiers  résultats  permettent  d'espérer 
qu'on  y  trouvera  une  nouvelle  méthode  de  préservation. 

L'industrie  sucrière  n'a  pas  pu  ou  su  profiter  du  large  dégrèvement 
des  sucres  opéré  en  1881,  qui  a  presque  tout  entier  profité  au  com- 
merce étranger.  C'est  un  fait  douloureux  qu'il  faut  constater,  sans 
espérer  que  les  relèvements  de  tarifs  douaniers  y  apporteraient  un 
remède.  C'est  cependant  cette  dernière  solution  que  M.  Jacquemart 
propose  à  la  Société  des  agriculteurs  de  France;  elle  est  d'ailleurs 
accueillie  favorablement.  Après  une  discussion  à  laquelle  prennent 
part  MM.  Fernand-Raoul  Duval,  Amelinede  la  Briselainne,  Delacour, 
de  Roys,  deux  vœux  sont  adoptés  :  1"  que  le  gouvernement  veuille 
bien  porter  son  attention  sur  la  situation  de  la  sucrerie  indigène  et 
coloniale  qui  est  très  menacée,  et  sur  les  moyens  d'y  remédier;  2"  que 
la  surtaxe  douanière  sur  le  sucre  brut  soit  portée  à  7  francs  par  quintal 
métriqua. 

Séance  du  5  février.  —  Une  longue  discussion  à  laquelle  prennent 
part  MM.  Dudoiiy,  de  Salvandy,  Jules  Maistre,  etc.,  s'engage  sur  les 
tarifs  de  chemins  de  fer.  Elle  se  termine  par  un  vœu  tendant  à  demander 
l'adoption,  sur  tous  les  réseaux,  des  nouveaux  tarifs  proposés  par  les 
compagnies  de  Lyon  et  de  l'Est,  sous  la  réserve  toutefois  qu'il  n'en 
résultera  aucun  relèvement  dans  les  prix  de  transport  des  denrées 
agricoles  ou  utiles  à  l'agriculture. 

Sur  le  rapport  de  M.  d'Aillières,  une  médaille  d'or  est  décernée 
à  M.  le  colonel  Basserie  pour  son  système  de  drainage  des  écuries  et 
des  élables,  que  le  Journal  a  précédemment  signalé. 

M.  le  comte  de  Luçay  donne  lecture  d'un  rapport  sur  la  question 
des  octrois.  Les  conclusions  de  ce  rapport,  qui  sont  adoptées,  sont  les 
suivantes  : 

«  La  Société  des  agriculteurs  de  France,  saisie  de  l'examen  de  la  question  des 
octrois,  sans  méconnaître  les  avantages  que  l'agriculture  pourrait  retirer  dans  une 
certaine  mesure  de  leur  suppression,  estime  que,  conformément  à  l'opinion 
exprimée  par  la  Commission  supérieure  de  l'enquête  agricole,  dans  sa  séance  du 
10  décembre  1869,  il  ne  saurait  y  avoir  lieu,  dans  l'état  de  notre  système  admi- 
nistratif et  financier,  de  demander  au  gouvernement  la  suppression  des  octrois 
municipaux.  Elle  serait  portée  à  craindre,  en  effet,  que  le  remplacement  des 
254  mihions  net  que  les  droits  sur  les  consommations  locales  produisent  actuel- 
lement aux  1,536  communes  qui  les  perçoivent,  ne  fût  pas  susceptible  d'être 
complètement  opéré  à  l'aide  de  taxes  directes  ou  autres,  portant  exclusivement 
sur  les  habitants  des  lieux  soumis  à  l'octroi,  mais  dut  être  également  demandé 
pour  une  large  part  à  un  prélèvement  sur  les  impôts  généraux  qui   frappent 


310  SOCIÉTÉ   DES  AGRICULTEURS  DE   FRANCE. 

Tensemble  des  consommateurs  français.  Elle  ne  saurait  d'ailleurs  perdre  de  vue 
que  la  proposition  de  loi  soumise  le  22  janvier  1880  à  la  Chambre  des  députés,  et 
tendant  à  autoriser  les  communes  à  transformer  leurs  octrois  en  taxes  directes, 
a  pour  but  avoué,  d'après  ses  auteurs,  de  provoquer,  à  Paris  notamment,  un 
afilux  de  population  et  un  développement  de  fabrication  énormes.  Elle  considère 
toutefois  que  te  double  intérêt  du  producteur  et  du  consommiiteur  exige  que  la 
taxe  d'octroi  ne  soit  qu'une  fraction  minime  du  prix  de  la  denrée  assujettie;  que  la 
stricte  équité  réclame  eu  outre  que  l'industrie  agricole  se  trouve  traitée  d'après 
les  mêmes  principes  que  toutes  autres  devant  cette  taxe. 

«  En  conséquence,  elle  croit  devoir  signaler  à  l'attention  du  gouvernement  et 
"des  Chambres  la  regrettable  progression  des  octrois  dans  la  dernière  période  décen- 
nale, progression  (|ui  a  été  supérieure  à  25  pour  100,  en  même  temps  q'je  la 
nécessité,  pour  y  porter  remède,  d'une  réforme  législative  qui  aurait  pour  objet  : 

«  1"  De  conférer  aux  maxima  inscrits  au  tarif  général  de  1870  un  caractère 
désormais  obligatoire,  et  de  retirer  ainsi  à  une  simple  délibération  de  Conseil 
général  le  pouvoir  qui  lui  appartient  actuellement  en  fait,  d'autoriser  une  Com- 
mune, soit  à  dépasser  ces  maxima,  soit  même  à  assujettir  à  la  taxe  une  denrée 
qui  ne  se  trouve  pas  inscrite  au  tarif  général  ; 

a  2'^  De  déclarer  ledit  tarif  applicable  à  la  ville  de  Paris. 

a  3"  Et  de  décider  qu'aucune  création  d'octroi  ne  sera  autorisée  qu'autant  que 
les  frais  de  perception  de  cet  octroi  ne  dépasseraient  pas  le  cinquième  de  son 
produit. 

«  Elle  insiste  également  pour  que  les  dépendances  rurales,  détachées  de  ^'agglo- 
mération principale,  ne  puissent  jamais  être  englobées  dans  le  périmètre  de  l'octroi. 
Cette  exclusion  en  faveur  de  lagriculture,  déjà  édictée  autrefois  par  l'ordonnance 
réglementaire  du  9  décembre  181^,  a  fait  l'objet  d'un  vœu  spécial  de  la  com- 
mission supérieure  de  l'enquête  agricole  et  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France 
elle-même  dans  ses  deux  dernières  sessions.  » 

Séance  du  6  février.  —  Sur  la  proposition  de  M.  Dudoiiy,  la  Société, 
revenant  sur  la  question  de  chemins  de  fer,  émet  le  vœu  que  tous  les 
produits  chimiques  pouvant  servir  à  la  fertilisation  du  sol,  expédiés 
séparément  ou  à  l'état  de  mélange,  soient  classés  sur  tous  les  réseaux 
dans  la  catégorie  des  engrais,  et  jouissent  des  abaissements  de  tarifs 
accordés  aux  engrais  dénommés. 

Après  un  rapport  de  M.  de  Lavalette  sur  un  concours  d'apiculture, 
M.  de  Salis  rend  compte  des  expériences  de  hache-maïs  qui  ont  eu  lieu 
à  Sainte-Menehould.  Nous  avons  décrit  ces  expériences,  et  no  us  n'avons 
pas  à  y  revenir  aujourd'hui. 

Les  vœux  relatifs  aux  dégrèvements  viennent  ensuite  en  discussion. 
Sur  le  rapport  de  M.  Josseau,  les  résolutions  suivantes  sont  votées  : 
«  La  Société,  considérant  que,  quelque  soit  l'état  de  nos  fmances,  elle 
a  le  devoir  impérieux,  en  présence  de  la  législation  douanière  de  ne 
jamais  perdre  de  vue  les  légitimes  réclamations  de  l'agriculture  pour 
obtenir  le  dégrèvement  des  charges  qui  élèvent  le  prix  de  revient  des 
denrées  alimentaires,  renouvelle  ses  demandes  antérieures  :  V  dégrè- 
vement de  l'impôt  foncier  en  faveur  de  la  propriété  non  bâtie; 
2"  réduction  à  2  pour  1 00  du  taux  des  droits  sur  les  ventes  mobilières, 
des  droits  de  mutation  entre  vifs  pour  les  immeubles  à  titre  onéreux. 
3°  réduction  des  droits  d'enregistrement.  Ces  dernières  demandes 
seront  complétées  par  un  dernier  vœu  :  que  le  gouvernement  ne  pro- 
pose aux  Chambres  aucune  réduction  d'impôt  avant  d'avoir  obtenu  les 
dégrèvements  qui  précèdent.  » 

La  session  se  termine  par  le  renouvellement  de  plusieurs  vœux  sur 
la  suppression  des  surtaxes  dont  sont  frappés  les  transports  des  pro- 
duits iigrieoles  en  grande  vitesse,  sur  la  culture  du  tabac  et  sur  la 
répression  des  fraudes  dans  le  commerce  des  engrais. 

Au  cours  de  la  session,   il   a  été  donné    lecture  du  résultat  des 


SOniI^:TÉ   DES   AGRICULTEURS  DE    FRANCE.  311 

élections  pour  la  nomination  du  bureau  et  du  Conseil  d'administration. 
Les  anciens  membres  ont  été  réélus,  et  pour  remplir  deux  places 
vacantes  dans  le  Conseil,  les  suffrages  se  sont  portés  sur  M.  de  laMas- 
sardière,  président  du  Comice  de  Châtellerault  (Vienne),  et  sur  M.  Gréa, 
de  Rotalier  (Jura),  l'un  et  l'autre  lauréats  de  la  prime  d'honneur. 

Henry  Sagnier. 

LA  RECOLTE  DU  BLÉ  EN  ANGLETERRE  EN  1882 

Peu  de  personnes  penseraient  que  le  rendement  de  certains  lots 
d'expériences  sur  la  culture  continue  du  blé  pourrait  fournir  des 
résultats  permettant  d'établir  le  rendement  moyen  de  la  récolte  en 
Angleterre.  C'est  cependant  sur  cette  base  que,  depuis  vingt  ans_,  j'ai 
estimé  et  publié  chaque  année  le  rendement  moyen  du  blé  et  la  quan- 
tité de  blés  étrangers  dont  aurait  besoin  la  consommation  du  pays. 

Nous  devons  au  major  Cragie,  secrétaire  de  la  Chambre  centrale 
d'agriculture,  d'avoir  établi  au  moyen  de  800  réponses  que  le  rende- 
ment du  blé  en  1882,  en  Angleterre,  était  de  24  hectolitres  par  hectare. 
Or,  l'automne  dernier,  d'après  le  produit  de  cinq  expériences  faites  à 
Rothamsted,  j'ai  publié  que  le  rendement  du  blé  en  Angleterre  était 
de  23''. 89  par  hectare.  Mon  approximation  est  plus  près  de  la  vérité 
que  je  n'aurais  osé  le  dire. 

D'après  cela,  notre  récolte  de  blé  nous  fournira  de  26  à  29  millions 
d'hectolitres  de  blé  pour  la  consommation  de  l'Angleterre  jusqu'au 
31  août  prochain.  L'étranger  aura  à  nous  fournir  43  millions  d'hecto- 
litres. Mais  si  les  importations  continuent  sur  la  même  échelle  que 
pendant  la  fin  de  l'année  1882,  nous  recevrons  plus  de  60  millions 
d'hectolitres.  Aussi,  il  faut  supposer  que  le  prix  des  blés  ne  haussera 
point. 

Aussitôt  que  le  temps  va  le  permettre,  les  fermiers  vont  considérer 
quelles  céréales  ils  vont  semer.  Bien  qu'à  l'automne  l'humidité 
continue  ait  empêché  de  semer  autant  de  blés  qu'il  aurait  pu  être 
désirable,  il  ne  faut  pas  oublier  que  les  blés  de  printemps  sont  très 
précaires,  que  pour  leur  ensemenceme.it  la  terre  doit  être  dans  de 
meilleures  conditions  qu'à  l'automne.  En  effet,  la  période  de  quatre  à 
cinq  mois,  entre  la  semaille  des  blés  à  l'automne  et  celle  des  blés  de 
printemps,  a  été  employée  par  la  plante  d'automne  à  étendre  ses 
racines  dans  diverses  directions  du  sol.  Par  ce  travail,  la  récolte 
prend  une  nourriture  qui  la  rend  moins  dépendante  des  engrais  pro- 
venant des  sources  extérieures.  J,-B.  L.4.wes, 

Membre  étranger  de  l;i  Socicté  nationale  d'agriculture. 

PISCICULTURE 

LE   PISCICULTEUR  PRINCE   DE   BISMARK. 

Le  fait  suivant  reproduit  dans  la  chronique  scientifique  de  V Indus- 
trie ZeitHng,ïu.n  des  journaux  de  pisciculture  de  la  Prusse,  confirmera 
dans  toute  son  actualité  la  profonde  vérité  de  cette  parole  que  :  pré- 
voir, c'est  savoir. 

Lorsque  dans  le  n"  160  du  t.  II  de  1872,  nous  faisions  part  de  nos 
tristesses  aux  lecteurs  du  Journal  en  leur  apprenant  le  sort  que  nos 
malheurs  venaient  de  faire  subir  à  notre  établissement  de  pisciculture 
de  Huningue,  nous  étions  loin  de  nous  douter  que,  à  si  bref  délai,  la 
justice  nous  ferait  un  devoir  de  constater  de  pareils  résultats. 


312  PISCICULTURE. 

Nos  voyages  en  Allemagne  nous  avaient  bien  mis  à  même  de  sui- 
vre, jusque  dans  l'enseignement  de  la  pisciculture,  les  progrès  qui  s'y 
faisaient  sous  cette  entliousiaste  pression  partant  d'en  haut,  et  les 
splendeurs  de  l'exposition  de  Berlin  dans  cette  partie  de  la  piscicul- 
ture appliquée,  ne  nous  surprirent  qu'à  demi  ;  mais  le  but  atteint, 
avouons  franchement  qu'il  a  dépassé  nos  prévisions,  et  que,  quelle 
que  soit  l'amertume  de  nos  souvenirs  personnels,  ils  ne  sauraient 
être  trop  mis  en  lumière. 

On  sait  qu'après  le  traité  de  Francfort,  M.  de  Bismark,  dans  l'orga- 
nisation administrative  de  la  nouvelle  Reichsland,  prit  tout  spéciale- 
ment dans  sa  chancellerie  notre  ancien  établissement  de  pisciculture 
qui  devint,  dès  ce  moment  :  Die  Kaiserliche  Fischzacht  Deulchlands. 

Un  personnel  scientifique  et  pratique  lui  fut  donné,  et  l'on  reprit 
l'idée  où,  malheureusement,  Coste,  en  1862,  l'avait  abandonnée, 
c'est-à-dire  à  coté  de  la  vulgarisation  par  l'œuf,  sur  la  plus  grande 
échelle,  celle  de  l'introduction  des  espèces  exotiques. 

Dans  le  n''532  et  suivants  du  Journal  en  1879,  nous  avons  mis  les 
amis  des  poissons  au  courant  des  magnifiques  résultats  qu'on  y  obte- 
nait avec  le  Quinnat  et  le  Fontinalis,  résultats  qui  ont  eu  depuis  un  si 
grand  et  légitime  retentissement  dans  toute  notre  Europe. 

Le  tout  puissant  homme  d'Etat  ne  dédaigna  pas  d'y  mêler  même  ses 
consuls,  et  ce  fut  par  un  envoi  d'œufs  de  celui  de  San-Francisco,  que 
s'y  firent  les  premiers  essais  dont  nous  venons  de  parler. 

Cette  sympathie  si  subite  de  nos  voisins  pour  la  pisciculture,  n'avait 
d'abord  eu  à  nos  yeux  que  l'honneur  d'une  succession  facile  à  re- 
cueillir. Nous  ne  reviendrons  pas  sur  des  poins  tant  de  fois,  ici  même, 
traités  par  nous  :  cause  plaidée,  jugée,  laissons-la  au  passé,  et  regar- 
dons le  présent,  ce  vrai  semeur  de  l'avenir  1 

Or  quel  est  ce  présent  ? 

Il  est  tel  que,  dans  tel  district  des  bords  du  Rhin,  dont  nous  avons 
parlé,  l'application  de  la-pisciculture,  jointe  à  son  enseignement,  y  a 
plus  que  vingtuplé  le  produit  des  eaux. 

Pour  du  général  passer  au  spécial,  voici  le  fait  auquel  nous  avons 
plus  haut  fait  allusion,  et  dans  lequel  M.  de  Bismark  nous  prouve  qu'il 
n'a  pas  cru  déroger,  en  plaçant  le  profit  à  côté  de  l'honneur. 

On  traitait  devant  lui  de  l'application  des  forces  électriques  à  la 
navigation  des  ileuves  et  les  systèmes  de  MM.  Reckenzaum,  Sellon, 
W.  Siemens  étaient  critiqués  ou  approuvés  tour  à  tour.  Dans  toutes 
les  marines,  il  se  fait  en  ce  momient  de  grandes  études  pour  la  direc- 
tion des  torpilles  par  les  savants  dont  nous  venons  de  citer  les  noms, 
incident  qui  nous  expliquerait  peut-être  le  double  intérêt  que  portait  à 
cette  direction  le  chancellier  allemand. 

Par  un  de  ces  mots  à  l'emporte-pièce  qui  lui  sont  si  familiers  dans 
ce  langage  à  tair  bonhomme  et  sans  façon,  le  chancelier  mettait  tout  le 
monde  d'accord  en  disant  comment  il  comprenait  cette  question  du 
régime  et  de  l'utilisation  des  eaux  dont  partout  on  parlait  tant. 

Avant  1870,  les  eaux  de  ses  domaines  ne  lui  rapportaient  que  quel 
qnes  cents  mark;  aujourd'hui  elles  lui  en  rapportent,  grâce  à  la  pisci- 
culture, plus  de  50,000;  soit  environ  60,000  francs  !  Comme  Voltaire 
avait  deviné  et  nous  avait  bien  peint  ce  monde  d'outre-Rliin,  à  com- 
mencer par  son  illustre  ami,  le  philosophe  couronné! 

Ciiabot-Kaulen. 


l'agriculture  en   ALSACE  EN    1882.  313 


L'AGRICULTURE  EN  ALSACE  EN  1882^ 

Si  de  l'état  de  développement  de  l'œuvre  de  propagande  que  nous  avons  entre- 
prise il  y  a  huit  ans  et  que  depuis  ce  moment  nous  ne  cessons  de  soutenir  et 
d'encourager,  l'on  voulait  juger  par  le  nombre  des  concurrents  que  vous  voyez 
aujourd'hui  réunis  dans  cette  enceinte,  on  aurait  une  idée  peu  favorable  des 
résultats  que  nous  avons  déjà  obtenus  ainsi  que  de  ceux  que  nous  réserve  l'ave- 
nir. En  etîet,  si  vous  comparez  l'aflluence  des  cultivateurs  qui  dans  les  années 
1877,  1878  et  1879  sont  venus  en  rangs  serrés  assister  à  nos  assemblées  géné- 
rales pour  recevoir  les  primes  que  leur  ont  values  leurs  belles  cultures  d'orge 
Chevallier  et  écouter  les  instructions  sur  les  meilleurs  procédés  culturaux,  avec 
le  nombre  extrêmement  limité  de  lots  que  nous  avons  pu  admettre  au  concours, 
vous  croiriez  plutôt  à  un  recul  qu'à  une  marche  en  avant.  Mais,  rassurez-vous, 
messieurs,  l'arrêt  n'est  qu'apparent  et  la  modestie  bien  réelle  de  notre  concours 
d'aujourd'hui   tient  à  des  causes  exceptionnelles. 

Vous,  messieurs  de  la  campagne,  qui  pratiquez  la  culture,  qui  suivez  et  diri- 
gez constamment  les  travaux  des  champs,  mieux  que  personne  vous  savez  quelle 
influence  l'été  froid  et  pluvieux  a  exercée  sur  tous  les  produits  de  la  terre,  mais 
en  particulier  sur  les  céréales,  les  pommes  de  terre  et  le  raisin.  Cette  influence 
a  été  tellement  pernicieuse  pour  1  orge,  que  la  Commission  a  dû  se  demander 
si,  en  conscience,  elle  pourrait  ouvrir  le  concours;  et  ce  n'est  qu'après  s'être  fait 
présenter  des  échantillons  et  s'être  convaincue  par  cette  expertise  préalable  qu  il 
a  été  récolté  néanmoins  des  orges  de  qualité,  qu'elle  s'est  décidée  à  inviter  les 
propriétaires  d'un  certain  nombre  de  lots  à  soumettre  leur  récolte  à  un  examen 
approfondi.  Des  expérimentateurs  de  la  première  heure,  des  cultivateurs  qui  figu- 
raient régulièrement  aux  premiers  rangs  de  nos  listes  de  prix,  des  praticiens  qui 
connaissent  et  appliquent  parfaitement  les  procédés  de  culture  que  réclame 
l'orge  Chevallier  n'ont  pas  osé  affronter  la  lutte,  ne  voulant  pas  apporter  un  grain 
de  qualité  inférieure  à  ce  qu'ils  nous  présentaient  tous  les  ans.  Noblesse  oblige  ! 
D'un  autre  côté,  ladécision  qu'a  prise  la  Commission  l'année  dernière,  et  qui,  en 
élevant  le  poids  minimum  de  chaque  lot  de  SOI»  à  600  kilog.  a  pour  objet  de 
pousser  à  la  culture  en  grand  en  admettant  la  quantité  comme  facteur  donnant 
droit  à  prime,  a  aussi  écarté  un  certain  nombre  de  concurrents  de  petite  et  de 
moyenne  culture.  Enfin,  un  certain  nombre  de  grands  cultivateurs  et  de  chefs 
d'exploitation,  qui,  depuis  plusieurs  années,  cultivent  l'orge  Chevalher  à  l'exclu- 
sion de  l'orge  du  pays,  nous  envoient  leur  grain  coramme  marchandise  commerciale, 
mais  ne  prennent  plus  part  au  concours. 

Malgré  l'infériorité  en  nombre  du  concours  de  1882,  il  porte  néanmoins  un 
enseignement  et  un  enseignement  de  haute  valeur  :  c'est  que,  toutes  choses  égales 
d'ailleurs,  l'orge  Chevallier  est  supérieure  en  qualité  à  l'orge  du  pays.  Aussi  la 
Commission  du  concours,  loin  de  se  décourager,  a  résolu  d'imprimer  une  nouvelle 
impulsion  au  mouvement  de  propagande  de  la  culture  de  l'orge  Chevallier  en  fai- 
sant venir  directement  de  l'Angleterre  du  grain  de  première  qualité,  pour  l'oflVir 
comme  semence  aux  cultivateurs;  et  afin  de  rendre  ce  renouvellement  de  la 
semence  accessible  à  la  petite  et  à  la  moyenne  culture,  la  Commission  cédera  la 
semence,  à  ceux  qui  en  feront  la  demande,  contre  un  engagement  dûment  con- 
tracté de  nous  livrer,  après  la  récolte,  un  poids  de  grains  bien  conformés  et  bien 
nettoyés  égal  à  celui  que  nous  aurons  nous-mêmes  fourni.  La  Commission  prend  à 
sa  charge  la  différence,  qui  pourra  être  fort  importante,  entre  le  prix  des  deux 
marchandises.  Je  ne  puis  aujourd'hui  qu'annoncer  la  résolution,  les  détails  de 
Texécution  ne  devant  être  réglés  qu'après  la  réception  de  l'orge  anglaise. 

L'hiver  relativement  doux  de  1881-1882  avait  fait  naître  les  plus  belles  espé- 
rances pour  les  produits  de  l'année.  Les  travaux  de  l'automne  et  ceux  du  printemps 
avaient  été  exécutés  dans  des  conditions  normales  et  les  blés  d'biver  avaient 
partout  bonne  apparence.  On  entendait,  il  est  vrai,  par-ci  par-là  quelques 
plaintes  :'chez  les  uns  les  campagnols  et  les  mulots  continuaient  leurs  ravages  et 
menaçaient  de  compromettre  les  récoltes;  chez  les  autres,  une  sécheresse  persis- 
tante avait  tari  grand  nombre  de  sources  et  causait  de  vives  inquiétudes  en  ajou- 
tant aux  difficultés  créées  par  la  pénurie  du  fourrage.  Ces  dernières  craintes 
étaientsérieuses  et  fondées.  En  eftet,  les  trois  premiers  mois  de  l'année  1882  ne 
nous  ont  donné  qu'une  quantité  insignifiante  de  31'"'". 35  d'eau  de  pluie,  contri 

1.  Rapport  présenté   à  la  Société  d'agriculture  de    la   liasse-Alsace,    le  11  décembre  1882' 


314  L'AGBIGULTURE  EN  ALSACE  EN    1882. 

une  moyenne  générale  de  0'".200.  La  vigne  et  les  arbres  fruitiers  promettaient 
beaucoup  :  les  vides  causés  par  le  froid  rigoureux  de  l'hiver  1879-1880  étaient  en 
partie  comblés  ;  les  sarments  fructifères  de  la  vigne  étaient  bien  aoûtés  et  les 
branches  fruitières  de  nos  vergers,  de  nos  espaliers  et  contre-espaliers,  couvertes 
d'abondants  boutons.  Ces  heureuses  dispositions  se  sont  maintenues  jusque  vers 
la  mi-avril,  qui  nous  a  apporté  une  série  de  cruelles  déceptions.  Dans  la  matinée 
du  12  avril  1882,  la  campagne  était  englobée  dans  un  épais  brouillard,  avec  un 
froid  de  —  6". 4.  Quelle  triste  mine  faisaient  ce  jour  les  arbres  en  pleine  iloraison  ! 

La  vigne  n'avait  pas  encore  débourré  et  paraissait  moins  atteinte  ;  mais  pen- 
dant quatre  nuits  consécutives,  le  thermomètre  est  descendu  au-dessous  de  zéro, 
et,  dans  les  bonnes  expositions,  les  boutons  étaient  déjà  assez  gonflés  pour  faire 
naître  de  légitimes  craintes.  Mais  c'est  surtout  l'abaissement  de  température  qui 
s'est  produit  vers  la  mi-mai  qui  a  causé  un  dommage  sérieux  à  un  grand  nombre 
de  vignes  de  nos  jardins  et  même  à  celles  qui  recouvrent  nos  coteaux.  Enfin,  à 
partir  du  18  mai,  la  température  s'est  relevée,  lentement  il  est  vrai,  mais  d'une 
manière  continue.  Nous  n'avons  plus  eu  de  gelée  blanche.  On  pouvait  dès  lors 
mesurer  l'étendue  du  mal  occasionné  par  les  froids  tardifs.  La  production  frui- 
tière s'est  trouvée  anéantie  d'une  manière  complète  dans  bon  nombre  de  localités  ; 
ailleurs,  grâce  à  des  abris  naturels,  elle  a  échappé  partiellement  au  désastre  ;  enfin, 
les  essences  à  floraison  tardive,  les  pommiers,  les  quetschiers  portaient  des  fruits 
noués  et  bien  sains.  Les  noyers,  à  quelques  exceptions  près,  ont  eu  leur& 
premières  pousses  complètement  atteintes  et  ne  montraient  plus  vestige  de  fruits. 

Quant  à  la  vigne,  tout  espoir  n'était  pas  perdu  :  elle  pouvait  encore  donner  une 
récolte  assez  lucrative.  Malheureusement  avec  la  fin  du  mois  de  mai  nous 
sommes  entrés  dans  une  période  où  les  conditions  climatériques  les  plus  défavo- 
rables se  sont  réunies  pour  compromettre  les  produits  divers  et  détruire  une  à 
une  les  belles  espérances  que  le  réveil  de  la  végétation  avait  fait  naître  au  com- 
mencement du  printemps.  La  sécheresse  de  l'hiver  a  cédé  la  place  à  un  temps 
humide  et  froid.  La  floraison  de  la  vigne  s'est  effectuée  lentement  et  dans  de 
mauvaises  conditions  ;  de  là  la  covilure  et  l'avortement  d'un  grand  nombre  de 
grains.  Les  autres  cultures  ont  également  subi  l'influence  de  cette  situation. 

Les  températures  moyennes  calculées  sur  une  longue  série  d'observations  sont 
pour  les  mois  delétéà  Strasbourg  :  juin,  lb".0  ;  juillet,  19". 5;  août,  18". 7.  Celles 
déduites  des  observations  de  1882  s'établissent  comme  suit  :  juin,  15". 7  ;  juillet, 
17". 87  ;  août,  16". 68,  avec  des  différences  en  moins  de  2". 28  pour  juin,  de  J"G7  pour 
juillet,  et  de  1".92  pour  août. 

Les  moyennes  des  hauteurs  d'eau  qui  tombent  à  Strasbourg  pendant  les 
mêmes  mois  sont:  juin,  76""".4;  juillet,  82'""". 4;  août,  74'"'". 3;  ensemble,  233'""M. 
En  1882  on  a  consiaté  pendant  les  mêmes  mois  Âes  hauteurs  suivantes  :  en  juin, 
120""". 30;  en  iuillet,  143'"'".35  ;  en  août,  80'""'. 45;  total,  344'"'".  10  ;  soit  une 
différence  en  plus  de  113™"\  Il  n'est  donc  pas  étonnant  que  les  récoltes  prin- 
cipales aient  souff'ert  d'un  concours  de  circonstances  aussi  peu  favorables  à  leur 
production.  Parmi  ces  récoltes,  les  pommes  de  terre  et  le  raisin  ont  peut-être  le 
plus  souff'ert  :  grâce  à  l'excès  d'humidité,  la  maladie  de  la  pomme  de  terre  s'est 
développée  d'une  manière  effrayante  ;  un  grand  nombre  de  tubercules  ont  pourri 
en  terre  et  ceux  qui  ont  échappé  à  l'altération  morbide  sont  de  mauvaise  qualité. 
Pour  la  vigne,  le  résultat  n'est  pas  meilleur  :  jamais  on  n'a  vu  autant  de  fléaux 
divers  s'abattre  sur  la  plante  que  cette  année  :  oïdium,  anthracnose,  mildew,  etc. 

Les  fruits  mêmes  n'ont  pas  pu  acquérir  le  parfum,  la  saveur  qui  leur  sont  ha- 
bituels et  les  variétés  d'automne  el  d'hiver  se  conservent  moins  bien  que  les 
autres  années.  Tel  est,  grosso  modo,  le  bilan  de  la  production  de  l'année,  bilan 
peu  réjouissant  et  qui  imprimera  aux  récoltes  de  l'année  1882  un  cachet  de 
funeste  mémoire.  Wagner, 

(La  suilu  pruchaniciiwril).  secrétaire  de  la  Société  d'agriculture  de  la  Basse-Alsace. 

REYUE  COIBIERCIALE  ET  PRIX  COURANT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(24  FÉVRIER   1883). 
I.  —  Situation  générale. 
Depuis  huit  jours,  les  ventes  ont  été  assez  actives  sur  la  plupart  des  marchés. 
Les  offres  sont  abondantes  pour  le  plus  grand  nombre  des  denrées  agricoles. 

■  II.  — Les  grains  et  les  farines. 

Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal  métrique, 
sur  les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger  : 


REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  r.OQRANT    (24  FÉVRIER    1883).  315 


1"  nÉoioN.  - 

-  NORD. OUEST. 

Blé. 
fr. 

23.00 

Seigle. 

Orge. 

fr. 

17   50 

Avoine. 

fr. 

18   00 

Calvados.  Condé 

t  i.25 

—        Caen 

2:î.50 

» 

18.25 

19.50 

Côl.-du-Nord.  Pontrieux 

23   50 

16. SO 

15.7» 

16.50 

—        Tréguier 

23.25 

20.00 

15. 2i 

l(i.75 

Finistère.  Morlaix 

25.50 

» 

l'i.OO 

H. 75 

—        Ouimper 

23.50 

16.00 

16.25 

16.00 

lUe-et- Vilaine.  Kennes. 

25.50 

» 

15.50 

17.50 

—        Fougères... 

2't.25 

II 

)) 

16.50 

Manches.  Avranches... 

26,00 

» 

18.50 

20 .  50 

—        Pontorson 

26.25 

» 

18.25 

20.00 

—        Villedieu 

26.00 

18.25 

18   50 

20.25 

Mayenne.  Laval 

25.75 

» 

15. 50 

» 

—      Chiteau-Goutier. 

25.00 

16  00 

16.50 

17.25 

Morbihan.  Hennebont.. 

23.00 

!6.25 

,) 

20.00 

25.50 

2  i   7  5 

16.50 

16.50 

17.50 
IS.OO 

19.25 

—    Séez 

'17.50 

Sarthe.  Le  Mans 

25.60 

15.75 

16.50 

21.00 

—        Mamers 

25.50 

» 

17.50 

17   00 

Prix  moyens 24. 7i     16.60 

2"  RÉGION.  —  NOUD. 
Aisne.  Soissons 23.00     tô.25 

—  Saint-Quentin...  2i.00        » 

—  Château-Thierry.  22.50     15.25 
Eure.    Evreux 23.70     i4.00 

-7-      Bernay.  24.20     14.75 

—  Neubourg 23  50     14.00 

Eure-et-Loir.  Chartres..  24.25     16  00 

—  Auneau 23.20    14-00 

—  Nogent-Ie-Rotrou.  26.00        » 
Nord.  Cambrai 25.00    15.50 

—  Douai 24.00     15.50 

—  Valenciennes 27.00     16. 50 

Oise.  Beauvais 23.00     14.25 

—  Compiègne 22.00     15.50 

—  Noyon 24.25     15.00 

Pas-de-Calais.  Ama...  26.50     15.50 

—  Douilens 25.75     14.70 

Seine.  Paris 25.35     15.35 

S.-el-Mar.  Meaux 23 .  50        » 

--    Danamartin 22.00 

—  Provins 25.00 

S.-et-Oise.  Etàmpes 23.75 

—  Pontoise 23.50 

—  Versailles 23.00 

Seine-Inférieure.  Rouen.  24 .  25 

—  Dieppe 24.00 

—  Yvelot 22.25 

Somme,  .\miens 26. 00 

—  Péronne 22.75 

—  Roye 22.50 

Prix  moyens 23.94 


16.83     18.37 


14.50 
15.50 
17.00 
15.20 
15.50 
14.00 
14.00 
14.00 
15.00 


18.49     17.26 


V  RÉGION. 

Ardennes.  Charleville.   . 

—  Sedan 

Aube.  Bar-sur-Aube 

—  Troyes 

—  Nogent-sur-Seine. 
Marne.  Chalons 

—  Sezanne 

—  Reims 

Ilte-Marae.  St-Dizier... 
.\feurlhe-cl-Mos.  Nancy. 

—  Lunéville 

—  Toul 

Meuse.  Bar-le-Duc  ... .. 

—  Verdun 

Haute-Saône.  Gray 

—  Vesoul 

Vosges.  Kpinal 

—  Mirecourt 


NOBD-EST. 


24.25 
23.25 
22.75 
23.80 
24  00 
23.00 

23 .  00 
22.75 
23.00 
24.00 

23.50 
23.50 
23.15 
23.00 
23.00 
23.00 

24 .  00 
23.25 


15.25 
16.25 
14.50 
15.50 
15.00 

15  85 
15.00 
15.25 
14.50 
16.00 

16  2i 
16.00 
15.00 
15.25 
15.00 
16.00 
15.00 
16.50 


17.00 


Prix  moyens 23.34     15.65     17.31     16.91 


4°  RÉGION. 

CVtarenie.  Angouléme. . .  '. 

—  Ruffec : 

CImr.-Infér.  LaRockelie  : 

JJeux-Shvres.  N'iorl 

Indre-et-Loire,  hlévé.. ..  ' 

—  Tours .  : 

Loire-Inf.  Nantes ; 

M.-et-Loire.  Saumur. ..  '. 

—  Angers • 

Vendée.  Luçon ■, 

—  Fonteniy-I. -Comte  '. 
Vienne.  Poitiers ; 

—  Chatellerault ; 

/yau<e-Kie/ine.  Liu'oges..  '. 


OUEST. 


Prix  moyens. 


.30     16.72     13.47     17.67 


Allie 


Cher. 


•■  Montlugon 24.00 

Gannat 25.75 

Saint-Pourçain.. .  26.00 

Rourges •.>3.75 

—  Oraçay 25.20 

—  Vierzon 21;. 00 

Creuse.  Auhaisou 25.00 

Indre.  ChAteauroux 25.00 

—  Issoudun 25.00 

—  Valençay 24.25 

Loiret.  Orléans 25  00 

—  Montargis 24. 00 

—  Pithiviers 24.25 

L.-el-Chcr.  Montoire..,.  24.25 

—  Rotnoranlin 24.50 

Nièvre.  Nevers 23. 50 

—  La  Charité 21.25 

Vonne.  Erieaon 24.00 

—  Tonnerre 22.25 

—  Sens 2i.oo 


-  tE.\TRF. 

Blé.    Seigle. 

fr. 

15.00 


16.00 
14.25 
15.50 
15  00 
16.50 
14.50 

14.50 

16.75 
15  6U 
14.50 
14.50 

» 
15.50 
14.25 
13.25 
15.00 


Orge. 

fr. 

18.50 

19.00 

18.00 

18.75 

19.25 

18.75 

18.25 
18.00 
I!)  25 

17.50 
17   65 

19.00 

17  00 
16.60 
16.00 
16.75 


Avoine. 

fr. 

17.25 

1 7 .  20 

17.00 

16.00 

15.80 

17.25 

18.00 

17.50 

16.75' 

17.50 

» 
17,20 
18.35 
17.50 
17.50 
17.00 
16.75 
18.50 
16.25 
17.00 


U.02     17.20 


16.50 

» 

17.59 

15.50 

1) 

17.50 

15.50 

17.00 

16.00 
16.25 

» 

» 

16.75 

a 

» 

13.75 

14.25 

16.75 

17.50 

14.85 

16.00 

16.00 

» 

18.S5 

i> 

16.00 

17.50 

18.00 

15.25 

18.10 

18.50 

16.00 

16.50 

17.50 

17.00 

18.00 

18.25 

» 

» 

18.75 

» 

» 

18.50 

17.31     17.55 


Prix  moyens 24.34     14.97 

6'  RÉGION.  —  EST. 
Ain.  Bourg 05.00 

—  Pont-de-Vaux. . . .  25.00 
Côle-d'Or.  Dijon 22.00 

—  Beaune 2'i.09 

Doube.  Besançon 23.85 

Isère.  Grenoble 25.00 

—  Bourgoin 24.25 

Jura.  DôIe 23.00 

Loire.  Roanne 24.50 

P. -de-Dôme.  Cl.-Ferrand  25.50 

Rhône.  Lyon 24.75 

Saône-el- Loire.  Chalon..  24.50 

—  Louhans. ....... .  25.25 

^■avoie.  Chambéry 25.75 

//^«-.Sayoie.  Annecy 26.50 

Prix  moyens 24.59     15.62 

7'  RÉGIO.N.  —  SUn-OUEST. 
Ariège.  Pamiers 27.  25 

—  Foix 27  20 

Z)ordog(ie.  Bergerac 27.50 

///e-Garo«ne.  Toulouse.  27.75 

—  St-Gaudens 25.75 

Gers.  Condom 27.00 

—  Eauzé 26.20 

—  Mirande 25  75 

Gironde.  Bordeaux 23.00 

—  La  Réole 26.50 

Landes.  Dax 28.50 

Lot-et-Garonne.  Agen...  27.25 

—  Nérac 27.50 

B. -Pyrénées.  Rayonne..  28.25 
IKes-Pyrénées.  Tirbes..  28.00 

Prix  moyens 27.23     18.23     18.93     19.58 

8'  RÉGION.  —  SUD. 

,4u(i().  Carcassonne 27.00 

—  Casteinaudary 27.25 

Aoeyron.  Villefranche.,   25.50 

Cantal.  Mànnuc 25.35 

f'o/'>'c;e.  Luberzac 25.50 

Hérault.  Cette 27 .  00 

—  Montpellier 27.00 

Lot.  Cahors 26.50 

Lozère.  Mende 27.25 

P(/j'en«es-Oc. Perpignan.  27.75     20.00     25.00 

7'arn.  Castres 27.25     18.00        » 

Varw-e^-^a»-.  MontauDan  26.85     17.00     19.50 


17 

.00 

20 

.00 

17 

.25 

19 

75 

17 

50 

18 

50 

19 

.50 

17 

00 

19 

15 

19 

.00 

16 

80 

21 
20 
19 

00 
50 
25 

» 

21 

00 

18 

00 

18 

25 

18 

00 

19 

50 

» 

13 

50 

20 

00 

19 

00 

18 

50 

19 

25 

21 

00 

19 

50 

19 

50 

18 

75 

18.50 
22.20 
18.00 


17. 'J 
17.50 


2).  00 

18.75 


18.25 

17.50 
17.50 
18.50 


19  00 
18.50 
17.00 
22.10 
18.50 

» 
18.00 
18.20 
17.50 
18.40 
20.50 
20-25 

Prix  moyens 26.69  18.56     19.38     18  90 

9'  RÉGION.  —  SUD-EST. 
Basses-Alpes.  Manosque  28.00        » 

Hautes- Alpes.  Briançon.  27.90  17.75 

Alpe.s-Maritimes. Ca.nnis  27.50  18.00 

/l>'d('c/ie.  Privas 26.80  19.45 

B.-du-Rhône.  Arles....  28.25        » 

Z)c(iMe.  Montélimar 24.50  18.00 

Gard.  Alais 28.25        » 

Haute-Loire.  Brioude...   25.00  18.75 

Kac.  Saint-Maximin 2-Î.50        ■) 

Kai(ciu«e.  Avignon 26.00        » 

Prix  moyens 27.07     18.39 

Moy.  de  toute  la  France  25.25     16.63     18.11 
—  de  la  semaine  précéd.  25. 10     16.36     17.97 

Sur  la  semainejHausse.     0.15      0.27      0.14 
précédente..)  Baisse..       »  »  » 


18.50 
17.40 

16.85 


17.75 
18.20 


22.00 
18.25 
18.75 
19-00 
18.00 
20.00 
20.25 
17.00 
19.00 
18.75 

19.10 

18.06 
17-94 

0.12 


316  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT 

Blé.  Seigle.  Orge.  Avoine, 

fr.  fr.  fr.  fr. 

,,    .  .  .,      <  blé  tendre...  27.25 

Algérie.  ^'g^']  blé  dur 2.^. .50  »  17.00  16. bO 

Angleterre.  Londres 26.50  >>  19.50  20.00 

Belgique.  Anvers 24.00  17.75 

—  Bruxelles 24  05  16.25  »  » 

—  Liè^e 24.25  17.00  19.25  17.25 

—  Nanuir 23.00  15.50  20.00  15.00 

Pays-Bas.  Amsterdam 24.15  17.10  »  » 

Luxembourg.  Luxembourg 24.50  19.00  »  17.25 

Alsace-Lorraine.  Strasbourg 25.25  18.25  1G.75  17.25 

—  Mulhouse 23.25  10.25  17.00  18.00 

—  (Jolmar 24  55  18.00  17.50  1G.75 

Allemagne.  Berlin - 23.50  17.10  »  » 

—  Cologne 24.35  18.10 

—  Hambourg 22.85  1(3.60 

Suisse.                     Genève 27  25  »  »  22.50 

Italie.                       Milan 24.00  18.50  »  17.50 

Espagne.                  Valladolid 24 .  50  »  » 

Autriche.                  Vienne ...  20.00  15.25  16.50  14.00 

Hongrie.                   Budapesth 20.50  15.00  16.25  13  75 

Russie.  Saint-Pétersbourg..  20.00  15.25  »  12.50 

Etats-Unis.              INew-York 24 .  35  »  »  » 

Blés.  —  Il  y  a  eu,  depuis  huit  jours,  des  affaires  plus  actives  sur  les  plus 
grand  nombre  des  marchés.  Les  offres  en  blés  indigènes  continuent  à  être  assez 
abondantes  ;  les  prix  présentent,  dans  la  plus  grande  partie  des  départements,  une 
plus  grande  fermeté,  principalement  pour  les  belles  qualités.  Ce  fait  tient  surtout 
à  ce  que  les  cultivateurs  commencent  à  éprouver  des  craintes  sérieuses  sur  l'avenir 
des  prochaines  récoltes  ;  les  semailles  n'ont  pu  s'effectuer  que  dans  des  proportions 
limitées-,  la  levée  a  été  entravée  dans  beaucoup  de  localités  par  les  mauvais  temps, 
et  l'on  commence  à  craindre  que  les  semailles  de  blé  de  printemps  ne  puissent 
s'effectuer  dans  de  bonnes  conditions.  —  A  la  halle  de  Paris,  le  mercredi  21  février, 
les  ventes  ont  été  comme  précédemment,  assez  calmes  ;  mais  il  y  a  beaucoup  de 
fermeté  dans  les  prix.  On  cotait  de  24  fr.  25  à  26  fr.  50  par  100  kilog.  suivant  les 
qualités;  le  prix  moyen  s'est  fixé  à  25  fr.  35.  Sur  le  marché  des  blés  à  livrer,  on 
cote  :  courant  du  mois,  26  fr.  25  à  26  fr.  50;  mars,  26  fr.  25  à  26  fr,  50;  mars 
et  avril,  26  fr.  50  à  26  fr.  75;  quatre  mois  de  mars,  27  fr.  à  27  fr.  75;  quatre  mois 
de  mai,  27  fr.  75  à  28  Ir.  —  Au  Havre.,  les  prix  accusent  beaucoup  de  fermeté 
pour  les  blés  exotiques;  on  les  paye  de  2^^  à  28  fr.  50  par  100  kilog.  suivant  les 
qualités.  —  A  Marseille,  les  ventes  ont  été  assez  actives  depuis  huit  jours,  et  les 
prix  accusent  beaucoup  de  fermeté.  Les  arrivages  de  la  semaine  ont  été  de 
133, COO  quintaux  environ;  le  stock  est  actuellement  de  24 1,000  quintaux  dans  les 
docks.  Oq  paye  par  100  kilog.  :  Red-winter,  28  fr.  25  à  28  fr.  50;  Berdianska, 
27  fr.  50;  Marianopoli,  26  fr.  50;  Bessarabie,  24  fr.  50  à  25  fr.  50;  Pologne, 
24  fr.  50  à  26  fr.  25;  Azima,  24  à  26  fr.  —  A  Londres,  les  importations  de  blés 
étrangers  ont  été  de  92,600  quintaux  depuis  huit  jours;  il  y  a  peu  d'affaires, 
mais  les  prix  sont  en  hausse.  On  cote  de  25  fr.  35  à  28  fr.  par  100  kilog.  suivant 
les  qualités  et  les  provenances. 

Farines.  —  Il  y  a  plus  de  fermeté  dans  les  prix  des  farines  de  diverses  sortes, 
surtout  pour  les  farines  de  consommation,  pour  lesquelles  les  demandes  sont 
plus  actives.  On  paye  ces  dernières  à  Paris  :  marque  de  Gorbell,  62  fr.;  marques 
de  choix,  62  à  64  fr.;  bonnes  marques,  58  à  60  fr.;  sortes  ordinaires,  56  à  57  fr., 
le  tout  par  sac  de  159  kilog.  toile  perdue  ou  157  kilog.  net,  ce  qui  correspond  aux 
prix  extrêmes  de  35  fr.  65  à  40  fr.  75  par  100  kilog.  ou  en  moyenne  38  fr.  avec 
une  hai'sse  de  0  fr.  40  sur  le  prix  moyen  du  mercredi  précédent.  Pour  les  farines 
de  spéculation,  on  cotait  à  Paris,  le"  mercredi  21  février  au  soir  :  farines  neuf- 
marqnes,  courant  du  mois,  59  fr.  75  à  60  fr.;  mars,  60  fr.;  mars-avril,  60  fr. 
à  60  fr.  25;  quatre  mois  de  mars,  60  fr.  25  à  60  fr.  50;  quatre  mois  de  mai, 
61  fr.;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.  toile  perdue  ou  157  kilog.  Mêmes  cours  que 
précédemment  pour  les  autres  sortes.  On  paye  les  gruaux,  47  à  58  fr.  par  100  kilog.; 
les  farines  deuxièmes,  26  à  33  fr.;  le  tout  par  100  kilog. 

Seigles.  —  Les  affaires  sont  toujours  calmes.  Oa  paye  à  la  halle  de  Paris, 
15  fr.  25  à  15  fr.  50  par  100  kilog.  suivant  les  qualités.  Les  farines  de  seigle 
sont  vendues  aux  prix  de  23  à  25  fr.  par  quintal  métrique. 

Orges.  —  Les  sortes  ordinaires  sont  un  peu  délaissées.  Les  prix  se  fixent  à  la 
halle  Paris,  de  18  fr.  25  à  20  fr.  75  par  lOu  kilog.,  suivant  les  quaUtés.  —  Les 
escourgeons  sont  vendus  aux  prix   de  18    fr.  25  à  18  fr.  50.  — A  Londres,  il 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (24  FKVRIER   1883).  317 

a  été  importé  36,000  quintaux  d'orges  étrangères  depuis  huit  jours;  les  prix  sont 
fermes  aux  taux  de  18  fr.  à  20  fr.  75  par  100  kilog. 

Malt.  —  On  paye  à  Paris  24  fr.  50  à  31  fr.  par  100  kilog.  pour  les  malts  d'orge; 
27  à  29  fr.  pour  ceux  d'escourgeon. 

Avoines.  —  H  y  a  toujours  des  demandes  assez  actives,  et  les  prix  sont,  tenus 
avec  fermeté.  On  paye  à  la  halle  de  Paris  de  17  à  19  fr.  50  par  100  kilog., 
suivant  les  qualités.  —  A  Londres,  il  a  été  importé  40,000  quintaux  d'avoines 
étaangères  depuis  huit  jours  ;  les  prix  accusent  beaucoup  de  iérmeté.  On  paye 
delSfr.  50à2l  fr.  70  par  100  kilog.,   suivant  les  sortes. 

Sarrasin.  —  Les  cours  ne  varient  pas.  On  paye  à  la  halle  de  Paris,  15  fr.  50  à 
16  fr.  par  100  kilog.  suivant  les  provenances. 

Maïs.  —  Il  y  a  peu  d'affaires.  Dans  les  ports,  les  maïs  d'Amérique  sont  cotés 
de  18  fr.  50  à  19  fr,  par  quintal  métrique.  Les  prix  accusent  beaucoup  de 
fermeté. 

Issues.  —  Les  cours  se  maintiennent  bien.  On  paye  à  la  halle  de  Paris.  : 
gros  son  seul,  13  fr.  75  à  14  fr.;  son  trois  cases,  12  fr.  50  à  13  fr.;  son  fin.  Il  fr. 
50  à  12  fr.;  recoupettes,  12  fr.  à  12  fr.  50;  remoulages  6w,-  15  à  16  fr.  ;  re- 
moulages blancs,  17  à  18  fr., 

III  —  Fruits  et  légumes  frais. 
Fruits.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  poires,  le  cent,  5  fr.  à  100  fr.,  le  kilog., 
G  fr.   25   à  0   fr.   50;   pommes,  le  cent,   5  fr.  à  100  fr.  ;  le  kilog.,   0    fr.   20  à 

0  fr.  45;  raisins  communs,  le  kilog.,  4  à  10  fr. 

Gros  légumes.  —  Dernier  cours  de  la  halle  :  asperges  de  châssis,  la  botte,  de 
14  à  25  fr.;  aux  petits  pois,  la  botte  2  à  5  fr.;  betteraves,  la  manne,  0  fr.  30  à 

1  fr.  30;  carottes  communes, les  100  bottes,  16  à  28  fr.;  d'hiver,  l'hectolitre,  3  fr.  à 

4  fr.  ;  de  chevaux,  les  100  bottes,  12  à  19  fr.;  choux  communs,  le  cent,  3  à  14  fr.; 
navets  communs,  les  100  bottes,  18  à  30  fr.;  de  Freneuse,  30  à35  fr.  l'hectoUtre, 
3  fr.  à  3  fr.  50;  oignons  en  grain,  l'hectolitre,  9  à  12  fr.  ;  panais  communs,  les 
100  bottes,  10  à  15  fr.;  poireaux  communs,  les  100  bottes,   25  à  60  fr. 

Pommes  de  terre.  —  Hollande  communes,  l'hectolitre,  14  à  16  fr.;  le  quintal, 
20  fr.  14  à  22  fr.  85;  jaunes  communes,  l'hectolitre,  8  à  10  fr.;  le  quintal, 
11  fr.  42  à  14  fr.  28;  saucisse  rouge,  l'hectolitre,  10  à  12  fr.;  le  quintal, 
14  fr.  28  à  17  fr.  14. 

Menus  légumes,  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  ail,  le  paquet  de  25  bottes, 
3  fr.  à  5  fr.;  appétits,  la  botte,  0  fr.  10  à  0  fr.  20;  barbe  de  capucin,  la  botte, 
0  fr.  15  à  0  fr.  30;  cardon,  la  botte,  2  fr.  à  5  fr.  ;  céleri,  la  botte,  0  fr.  45  à 
0  fr.  60;  rave,  la  pièce,  0  fr.  15  à  0  fr.  20  ;  cerfeuil,  la  botte,  0  fr.  30  à  0  (r.  45; 
champignons,  le  kilog.,  1  fr.  à  1  fr.  60;  chicorée  frisée,  le  cent,  10  à  13  fr.; 
choux-fleurs  de  Bretagne,  le  cent,  12  à  40  fr.;  choux  de  Bruxelles,  le  litre,  0  fr.  30 
à  0  fr.  40;  ciboules,  fa  botte,  0  fr.  10  à  0  fr.  20;  cresson,  la  botte  de  12 
bottes,  0  fr.  35  à  1  fr.  35  ;  échalottes,  la  botte,  0  fr.  30  à  0  fr.  40;  épinards, 
le  paquet,  0  fr.  40    à  0  fr,  50;  escarolle,  le    cent,   12   à  16  fr.;    laitue,    le   cent, 

5  à  )  2  fr.;  mâches,  le  kilog.,  0  fr.  20  à  0  fr.  25;  oseille,  le  paquet,  0  fr.  55  à 0  fr.  70; 
persil,  la  botte,  0  fr.  30à  0  fr  40;  pissenlits,  le  kilog.,  0  fr.  30  à  0  fr.80;  potirons, 
la  pièce,  0  fr.  50  à  5  fr.  ;  radis  roses,  la  botte,  0  fr.  45  à  0  fr,  60;  noirs,  ]e  cent, 
5  à  15  fr,;  romaine,  la  botte  de  4  têtes,  1  fr.  20  à  1  fr.  80;  salsifis,  la  botte, 
0  fr.    50  à  0  fr.  60  ;   thym,  la  botte,  0  fr.  10  à  0  fr.   20. 

IV.  —  lins,  spiritueux,  vinaigres,  cidres. 

Vins.  —  Il  y  a  eu,  depuis  quelques  jours,  une  plus  grande  acti\ité  dans  les 
transactions  dans  la  plupart  des  centres  viticoles.  Les  vignerons  continuent  à 
maintenir  leurs  prix,  et  le  commerce  dont  les  approvisionnements  sont  restreints, 
est  obligé  d'y  acquiescer.  Il  faut  d' ailleurs  ajouter  que  les  vins  nouveaux  sont 
presque  partout  supérieurs  à  la  détestable  réputation  qu'on  leur  avait  faite  avec 
beauc(^up  trop  de  facilité;  sans  doute,  ils  n'ont  rien  des  vins  d'une  grande  année, 
mais  ils  sont  bien  supérieurs  aux  piquettes  affreuses  dont  on  nous  menaçait  il  y 
a  quelques  mois.  Les  travaux  des  vignes  se  poursuivent  avec  activité  ;  ou  profite 
du  temps  relativement  beau  qui  règne,  pour  les  pousser  avec  beaucoup  d'activité. 
On  constate  généralement  que  le  bois  se  présente  dans  de  bonnes  conditions.  — 
Voici  les  derniers  cours  sur  quelques  points  :  dans  l'Aude,  on  cote  par  hectolitre  : 
Aramon,  25  à  26  fr.;  petits  Montagnes,  30  à  32  fr.;  Montagne  et  Lézignan,  33  à 
35  fr,;  Narbonne,  37  à  45  fr.  suivant  la  qualité;  —  à  Dijon,  vins  ordinaires,  75  à 
80  fr.  la  pièce;  choix,  90  à  95  fr.;  supérieur,  100  à  110  fr.;  —  en  Sologne,  vins 


318  REVUE    COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT 

blancs,  60  à  65  fr.  la  pièce;  Gamay,  65  à  70  fr,;  gros  noir,  105  à  120  i'r.;  —  à 
Orléans,  les  vins  de  pays,  90  à  115  fr.  la  pièce;  — à  Cette,  les  vins  d'Espagne 
sont  payés  comme  il  suit  par  hectolitre  :  Catalogne,  28  à  30  fr.;  Alicante,  38  à 
42  fr.  Les  vins  d'Italie  non  plâtrés  valent  30  à  42  fr.  suivant  la  qualité. 

Spiritueux.  —  Le  commerce  des  alcools  est  toujours  dans  la  même  situation 
de  marasme.  Les  prix  se  soutiei.nent  avec  peine,  et  les  ventes  sont  peu  impor- 
tantes. On  paye  dans  le  Midi  :  Nîmes,  3/6  devin,  100  fr.;  de  marc,  95  Ir.;  Dézicrs, 
3/6  bon  goût,  103  fr.;  marc,  95  fr.;  Celte,  3/6  bon  goût,  105  à  110  fr.;  3/6  marc, 
100  fr.  —  Dans  les  Charcutes,  les  demandes  sont  assez  restreintes.  On  paye  à 
Cognac  pour  les  eaux-de-vie  1878  à  1880  :  Borderies,  220  à  255  fr.;  fins  bois, 
210  à  220  fr.  ;  bons  bois,  200  à  210  fr.  ;  bois  éloignés,  180  à  200  ir.  —  Dans  le 
Nord,  on  paye  à  Lille,  48  fr.  50  par  100  kilog.  pour  le  3/6  de  betteraves. —  A  Paris,, 
on  paye  :  3/6  betteraves,  1™  qualité,  90  degrés,  disponible,  50  fr.  25  à  50  fr.  50; 
mars,  50  fr.  75  à  51  fr.;  mars  et  avril,  51  fr.  25;  quatre  mois  de  mai,  52  fr.  75  à 
53  fr.  Au  21  février,  le  stock  était  de  13,675  pipes,  contre  13,925  en  1882. 

Cidres.  —  Les  affaires  sont  assez  calmes.  Les  prix  des  bonnes  qualités  sont 
soutenus  avec  beaucoup  de  lermeté. 

Raisins  secs.  —  On  cote  à  Marseille  par  100  kilog.:  Corinthe,  50  fr.  25  à  50  fr.50; 
Thyra,  41  à  42  fr.;  raisins  noirs,  35  à  36  fr.;  Tripoli,  30  à  31  fr.;  Samos  noirs, 
41  à  42  fr.;  blonds,  37  à  38  ir.;  Alexandrette,  39  à  40  fr.;  Candie  noirs,  39  à 
40  fr. 

V.  —  Sucres.  —  Mêlasses.  —  Fécules.  —  Glucoses.  —  Amidons.  —  Houblons. 

Sucres.  —  La  situation  n'a  pas  beaucoup  varié  de|iuis  huit  jours,  mais  la  baisse 
n'a  pas  fait  de  nouveaux  progrès.  Les  affaires  continuent  à  être  assez  difficiles. 
Pour  les  sucres  bruts,  on  paye  à  Paris  :  sucres  bruts  88  degrés  saccharimétriques, 
50  fr.;  les  99  degrés,  57  fr.  50;  sucres  n"  3,  57  fr.  75  à  57  fr.  50.  —  Sur  les 
marchés  des  départements,  on  paye  :  Saint-Quentin,  sucres  bruts,  49  fr.  50; 
sucres  blancs,  6i  fr.  75;  à  62  fr.;  à  Valenciennes,  sucres  bruts  49  fr.;  à  Lille, 
sucres  bruts  49  fr.  50  —  A  Paris,  le  stock  de  l'entrepôt  réel  des  sucres  était, 
au  21  février,  de  887,000  sacs,  avec  une  augmentation  de  10,000  sacs  depuis 
huit  jours.  —  Pour  les  sucres  raffinés,  les  prix  sont  les  mêmes  que  précédem- 
ment, de  105  à  106  fr.  par  100  kilog.  à  la  consommation;  pour  l'exportation, 
on  cote  de  62  fr.  75  à  65  fr.  75  par  100  kilog.  suivant  les  sortes.  —  Dans  les 
ports  les  affaires  sont  toujours  calmes  siu"  les  sucres  coloniaux. 

Mélasses.  —  On  paye  à  Paris  12  fr.  par  100  kilog.  pour  les  mélasses  de 
fabrique;  14  fr.  pour  celles  de  raffinerie. 

Fécules.  —  Les  prix  accusent  beaucoup  de  fermeté.  On  cote  à  Paris  39  à  40  fr. 
par  100  kilog.  pour  les  fécules  premières  du  rayon;  à  Gompiègne,  38  fr.  50  pour 
celles  de  l'Oise. 

Glucoses.  —  Les  cours  des  sirops  sont  fermes.  On  paye  par  100  kilog.  :  sirop 
de  froment,  53  à  55  fr.  ;  sirop  massé,  42  à  43  fr.  ;  sirop  liquide,  34  à  36  fr.;  le 
tout  par  100  kilog. 

Amidons.  —  Les  prix  se  maintiennent,  pour  toutes  les  catégories,  sans  chan- 
gements. 

Vt.  —  Huiles  et  graines  oléagineuses,  tourteaux. 

Huiles.  —  Il  y  a  encore  eu  depuis  huit  jours  un  léger  mouvement  de  baisse 
dans  les  prix  des  huiles  de  colza,  tandis  que  les  prix  des  huiles  de  lin  présentent 
plus  de  fermeté.  On  cote  à  Paris  par  100  kilog.  :  huiles  de  colza  en  tous  fûts, 
106  fr,  75;  en  tonnes,  108  fr.  75;  épurée  en  tonnes,  J16  fr.  75;  huile  de  lin  en 
tous  fûts,  59  fr.  50;  en  tonnes,  61  fr.  50.  —  Sur  les  marchés  des  départements^ 
on  paye  les  huiles  de  colza  :  Caen,  103  fr.  ;  Lille,  102  à  102  fr.  50;  Arras,  106  fr.  ; 
Rouen,  103  fr.  50;  et  pour  les  autres  sortes,  lin,  59  à  60  fr.  ;  arachides,  75  fr. 
—  A  Marseille,  les  prix  des  huiles  d'olive  se  maintiennent  aux  taux  de  noire 
dernière  revue. 

Graines  oléagineuses.  —  Prix  soutenus.  On  paye  par  hectolitre  à  Arras  :  œillette, 
25  fr.  50  à  28  fr.  50;  colza,  25  à  27  fr.  50;  lin,  19  fr.  ;  cameline,  15  à  19  fr. 

Tourteaux.  —  Dans  le  Nord  les  prix  sont  ceux  de  la  semaine  dernière.  A  Mar- 
seille, on  cote  par  100  kilog.  :  tourteaux  de  lin,  17  fr.  ;  d'arachides  en  coques, 
9  ir.  75;  décortiquées,  13  fr.  75;  de  sésame  du  Levant,  15  fr.;  de  coprats,  12  iV.; 
de  colza  du  Danube,  12  fr.  50;  d'œillette,  12  fr.  75;  de  coton,  12  fr.  75  ;  de  pal- 
miste naturel,  10  fr.  50;  de  ricin,  11  fr.  75;  de  ravison,  12  fr.  50. 

Engrais.  —  Les  nitrates  de  soude  sont  payés  àDunkerque  31  fr.  par  100  kilog. 


DES  DENRÉES  AGRICOLES   (24  FÉVRIER   1883). 


319 


VJI.  —  Matières  rdnineusen,  colorantes ,  etc. 

Matières  résineuses.  —  Les  prix  accusent  un  peu  de  hausse.  On  paye  à  Bor- 

-deaux  91  fr.  par  100  kilog.  pour  l'essence  pure  de  térébenthine. 

VIII.  —Textiles. 

Chanvres.  —  Au  Mans,  les  premières  qualités  sont  cotées  80  Ir.  par  100  kilog  ; 

les  autres  sortes  sont  vendues  aux  prix  de 66  à  76  fr.  qar  quintal  métrique. 

Lins.   —   Dans  le  Pas-de-Calais,  les    lins  de  pays  valent    80  à  90  fr.    par  100 

kilog. 

IX.  —  Suifs  et  corps  gras. 

Suifs.  —  On  paye  comme  la  semaine  précédente  à  Paris,  99  ir,  par  100  kilog. 
ipour  les  suifs  purs  de  l'abat  de  la  boucherie  ;  74  fr.  75  pour  les  suils  en  branches. 
X.  —  Beurres.  —  Œufs.  —  Fromages. 

Beurres.  —  Pendant  la  semaine,  il  a  été  vendu,  à  la  halle  de  Paris,  222,785  ki- 
log. de  beurres.  Au  dernier  marché,  on  payait  par  kilog.  :  endemi-kilog.,  2  fr.  30 
à  4  fr.  20;  petits  beurres,  1  fr.  80  à  3  fr.  45  ;  Gournay,  2  fr.  60  à  4  fr.  90;  Isigny, 
2  fr.  75  à  8  fr.  05. 

Œufs.  — Depuis  huit  jours,  il  a  été  vendu  à  la  halle  de  Paris,  7,202,485  œufs. 
Au  dernier  jour,  on  cotait  par  mille  :  choix,  105  à  115  fr.;  ordinaires,  78  à  90  fr.; 
petits,  64  à  70  fr. 

Fromages.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  par  douzaine,  Brie,  5  fr.  50  à 
26  fr.  50;  Montlhéry,  15  fr.;  —  par  cent,  Livarot,  55  à  105  fr.;  Mont-Dor,  Il  à 
23  fr.;  Neufchâtel,  4  fr.  50  à  24  fr.  50;  divers,  8  à  86  fr.;  —  par  tOO  kilog. 
Gruyère,  110  à  170  fr. 

XI.  —  Chevaux,  bétail,  viande. 

Chevaux.  —  Aux  marchés  des  14  et  17  février,  à  Paris,  on  comptait  953  che- 
vaux; sur  ce  nombre,  312  ont  été  vendus  comme  il  suit  : 


Chevaux  de  cabriolet. . 

—  de  trait 

—  hors  d'âge . . . 

—  à  renchère.. . 

—  de  boucherie. 


Amenés. 

Vendus. 

Prix  extrêmes. 

189 

39 

200  à  1,050  fr 

299 

58 

270  à  1,215 

337 

87 

20  à      985 

32 

32 

25  à      315 

m 

96 

20  à      120 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  du  marché  aux  bestiaux  de 
la  Villette,  du  jeudi  15  au  mardi  20  février  : 


Vendus 


Pour 


Poids 

moyen 

des 


Prix  du  kilog.  de  viande  nette  sur 
pied  au  marché  du  19  février. 


l'extérieur,  totalité. 


4  quartiers.  1' 


kil. 

345 

237 

386 

78 

20 

80 


quai. 
1.74 
1.60 
1.48 
2.36 
2.30 
1.36 


2<= 

quai. 
1.58 
1.38 
1.32 
2.16 
2  14 
1.30 


3» 
quai. 
1.32 
1.22 
1.24 
1.88 
2.02 
1.24 


Prix 

moyen. 
1 .54 
1.37 
1.34 
2.08 
2.06 
1.30 


Bœufs. 5,143  3,339  1,564  4,903 

Vaches 1,818  844  802  1 ,646 

Taureaux 264  206  39  245 

Veaux 3,334  2,080  821  2,901 

Moutons 38,  ^81  27,993  7,879  35,872 

Porcs  gras 6 ,  7('.:j  2 ,  565  3 ,  976  6 ,  54 1 

—    maigres.             »  »  »  «                 ■>         »              »               »                 ». 

Les  ventes  ont  été  assez  faciles  pour  le  plus  grand  nombre  des  animaux  mis  en 
vente,  et  c'est  une  véritable  fermeté  que  nous  devons  signaler  dans  les  prix,  pour 
toutes  les  catégories  d'animaux.  Sur  les  marchés  des  départements,  on  cote  :  Caen, 
bœuf,  1  fr.  80  à  2  fr.  par  kilog.  de  viande  nette  sur  pied  ;  vache,  1  fr.  60  à  I  fr.  80; 
veau,  1  fr.  80  à  2  fr.  ;  mouton,  l  fr.  90  à  2  fr.  10;  porc,  1  fr.  10  à  1  fr.  30;  — 
Le  Mans,  vaches,  1  fr.  55  à  1  fr.  65;  veau,  1  fr.  80  à  1  fr.  90;  mouton,  2  fr.  à 
2  fr.  15  ;  — Nantes,  bœuf,  0  fr.  80  à  0  fr.  85  par  kilog.  sur  pied;  veau,  1  fr.  05; 
mouton,  1  fr.  10;  —  Nancy,  bœufs,  88  à  93  fr.;  vaches,  70  à  90  fr,;  moutons,  100 
à  liO  fr.;  veaux  (vivants),  55  à  65  fr.;  porcs,  70  à  75  fr.;  —  Dijon,  bœufs, 
1  fr.  56  à  1  fr.  76  ;  vaches,  1  fr.  46  à  1  fr.  66  ;  veau  (poids  vif),  1  fr.  02  à  1  fr.  10'; 
moutons,  1  fr.  80  à  2  fr.  10;  Charolles,  bœuf,  80  à  90  fr.;  les  100  kilog.  sur  pied  ; 
vaches,  70  à  80  fr.;  veau,  100  à  105  fr.;  mouton,  70  à  95  fr.;  porcs,  90  à  100  fr. 
—  Lyon,  bœuf,  70  à  81  fr,;  veaux,  ICO  à  120  fr.;  moutons,  90  à  lOO  fr.;  porc, 
104  à  124  fr.;  —  Bourgoin,  bœuf,  64  à  74  fr.;  vaches,  56  à  66  fr.;  veau,  90  à 
100  fr.;  moutons,  85  à  95  fr.;  porcs,  86  à  90  fr.;  —  Genève,  bœufs,  1  fr.  45 
à  1  fr.  62;  veau  (sur  pied),  0  fr.  90  à  1  fr.  05;  mouton,  i  fr.  90  à  1  fr.  t5;  porc, 
1  fr.  45  à  1    fr.  50. 

A  Londres,  les  importations  d'animaux  étrangers  durant  la  semaine  dernière  se 
sont  composées  de  16,145  tètes,  dont  48  veaux  et  158  moutons  venant  d'Ams- 
terdam; 2,306  moutons  d'Anvers;    144  bœufs  de  Boulogne;  4,118   moutons  de 


320  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  GOURANT   (24  FÉVRIER    1883). 

Brème;  i^go  bœufs  de  Corunna;  106  bœufs  de  Gothembourg;  12  veaux  et 
2  531  moutons  d'Hambourg;  27  bœufs,  41  veaux  et  142  moutons  d'Harlingen  ; 
36  bœufs  et  100  moutons  du  Havre;  578  bœufs  et  808  moutons  de  New-Nork; 
36  bœuls,  137  veaux  et  4,504  moutons  de  Rotterdam.  Prix  du  kilog.  Bœuf  : 
qualité  inférieure,   1  fr.  52   à  1  fr.  75;  2"  qualité,  1  fr.  75  à  1  fr.  93;  1"  qualité, 

1  fr.  99  à  2fr.  16  —  Veau:  2''  qualité,  2  fr.  10  à  2  fr.  28;  l'«  qualité,  2  fr.  28 
à  2  fr.  45.  —  Mouton  qualité  inférieure,  2  fr.  10  à  2  fr,  28;  2^  qualité,  2  fr.  28  à 

2  fr.  63  ;  l""*"  qualité,  2  fr.  69  à  2  fr.  86.  —  Porc  :  2'^  qualité,  1  fr.  35  à  1  fr.  46  ; 
V^  qualité,  1  fr.  52  à  1  fr.  64. 

Viande  à  la  criée.  —  On  a  vendu  à  la  balle  de  Paris  du  11  au  17  février  : 

Prix  du  kilog.  le  19  février.     ^ 

kilog.  1"  quai.               2"  quai.             3'  quai.  Choix.      Basse  Boucherie. 

Bœufou  vache...   186,917  1.56  à  1.96     1.34àl..54    0.90  à  1.32  1.60  à  2. 7G    0.20  à  0.80 

Veau 186,538  2.04       240     1.72       2.02     1.40       1.70  1.50       2.66       » 

Mouton 54,^92  1.64      2.06     1.42       1.62     1.00       1.40  1.66       2.50       • 

Porc 73,594                     Porc  frais 1.30  à  1.40;  salé, 

t)02,04I         Soit  par  jour 71 ,435  kilog. 

Les  ventes  ont  été  inférieures  de  3,000  kilog.  par  jour  à  celles  de  la  semaine 
précédente.  Les  prix  sont  très  fermes  pour  toutes  les  catégories. 

XII.  —  Cours  de  la  viande  à  rabattoir  de  la  Villelte  du  22  février  (par  bO  kilog.) 

Cours  de  la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  Villette  par  50  kilog.  :  i"  qualité, 
70  à  74  fr.  ;  2%  65  à  70  fr.  ;  poids  vifs,  48  à  52  fr. 

Bœufs.  Veaux.  Moutons. 

1"  2*  3*  1"  2*  3"  1"  2'  3* 

quai.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai. 

fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr. 

80  73  66  120  110  100  97  92  87 

XIII.  —  Marché  aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi  22  février  1883. 

Cours  des  commissionnaires 
Poids  Cours  officiels.  en  bestiaux^ 

Animaux  général.     1"  2°  3*            Prix  1"  2*  3*  Prix 

amenés.       Invendus.  kil.  quai.  quai.  quai,  extrêmes.  quai. quai.  quai,  extrêmes. 

Bœufs 2  219  15  375  1.76  J.60  1.35  1.30iil.8l>  1.74  t. 58  1.34  1.28àl7« 

Vaches 667  lO  238  1.64  1.4)  1  24  1.18     1.68  1.62  1.38  1.22  1.16     1  66 

Taureaux...            96  »  390  1.48  1.34  1.26  1.20     1.52  1.46  1.32  1.24  1.18     1  50 

Veaux 1.2*5  234  80  2.30  2.10  1.80  1.50     2.50  »  >>  »  » 

Moutons 18.977  230  19  2.32  2  14  2  02  1.80     2.36  »  »  »  » 

Porcs  gras..     4  270  106  82  1.40  1.34  1.28  1.24     1.44  »  »  »  » 

—  maigres..          »  »  »          »  »  nu        »  »  «  »  » 

Vente  très  active  sur  toutes  les  espèces. 

XIV.  —  Résumé. 
H  y  a  très  peu  de  changements  dans  les  prix,  mais  fermeté  pour  la  plupart  des 
denrées  agricoles.  A.  Remy. 


BULLETIN  FINANCIER 

La  bourse  s'est  bien  tirée  de  nos  embarras  politiques  :  nous  retrouvons  nos 
fonds  publics  en  hausse;  le  3  0/0  à  79  fr.  90  gagnant  0,60  et  le  5  0/0  à  115,35, 
gagnant  0,50. 

Nouvelle  hausse  à  nos  chemins  de  fer,  bonne  tenue  des  Sociétés  de  crédit. 
Cours  de  la  Bourse  du  14  au  21  février  1883  (au  comptant). 

Principales  valeur»  françaises  : 

Plus      Plus    Dernier 

bas.      haut,    cours. 

Rente  3  0/0 79.05      7990      79.90 

Rente  3  0/0  amortis 79.35      80.95      80.95 

Rente  4  1/2  o/o I09.8O    111.00    Ht. 00 

Rente  5  0/0 114  75     115.35     115.35 

Banque  de  France 5180. 00  5250.00  5190.00 

Comptoir  d'escompte 965.00    972.50    965  00 

Société  générale 505. 00    530.00    575.00 

Crédit  foncier 1240.00  1265.00  1265.00 

Est Actions  500     7U.25      715.00     715   00 

Midi d°   1060  00   1087.50   1-287.50 

Nord d"  1775.00  I800.00  1790.00 

Orléans d°  1222.50  1250.00  1240.00 

Ouest d°     782.50     790.00     785.00 

Paris-Lyon-Méditerranée  d°  1526.50  1562.50  i562.50 
Paris  1871  obi.  400  à  3  0/0.  390.00  391.50  391.50 
Italien  5  0/0 87.05       83  35       88  35 

Le  Gérant:  A.  BOUCHE. 


Fonds  publics  et 

emprunts  français  et 

étrangers  : 

Plus 

Plus 

Dernier 

bas. 

haut. 

cours. 

Obligations  du  Trésor 

» 

» 

)t 

rerab.  à  5co  4  0/0... 

501.00 

501.50 

501 .00 

Consolidés  angl.  3  0/0 

103. 1/4 

103.1/4 

103.1/4 

5  0/0  autrichien 

66.1/8 

66.1/2 

66.1/2 

4  0/0  belge 

105  60 

105.85 

105.85 

6  0/0  égyptien 

360.00 

365.00 

365.00 

3  0/0  espagnol,  extér''. 

» 

» 

» 

5  0/OHondurasobl.300 

)) 

» 

» 

Tabacs  ital.,  obi.  300. 

502.50 

503.75 

503.75 

6  0/0  péruvien 

» 

)) 

» 

5  0/0  russe 

84.1/8 
11.82 
92.00 

84.1/2 
12.20 
92.00 

84.1/8 

12.20 

5  0/0  roumain 

92.00 

Bordeaux,  100,  3  0/0. 

99.00 

106.00 

99.00 

Lille,  100,  3  0/0 

103.00 

105.00 

103.00 

LETERRIER. 

CHRONIQUE  AGRICOLE  (3  mars  i883). 

Sur  le  choix  et  l'emploi  des  bons  engrais.  —  Conférence  faite  par  M.  Baron  à  Rozoy-en-Brie.  — 
Les  engrais  d'origine  organique  et  les  engrais  minéraux.  —  Ce  que  l'on  sait  de  positif  sur  le 
rôle  des  engrais  dans  la  nutrition  des  plantes.  —  Prochaine  élection  à  la  Société  nationale 
d'agriculture.  —  Expériences  de  machines  agricoles  à  l'école  nationale  d'agriculturede  Grignon. 

—  Expériences  organisées  à  Rouen. — Concours  de  la  Société  d'agriculture  de  la  Haute-Garonne, 
en  1883,  dans  l'arrondissement  de  Toulouse. —  Les  blés  de  printemps.  —  Lettre  de  M.  André. 

—  Note  de  M.  Viron.  —  Le  phylloxéra.  —  Extrait  du  rapport  de  M.  Tisserand  sur  l'organisation 
des  syndicats  de  lutte  et  sur  les  efîorts'de  l'administration  —  Répartition  des  traitements  dans 
les  départements  phylloxérés.  —  Condamnation  en  Algérie  pour  introduction  frauduleuse  de 
vignes.  —  Les  concours  agricoles  en  Angleterre  en  1883.  —  Sucres  et  betteraves  —  Leg  analyses 
administratives  de  sucres.  —  Proposition  de  loi  de  M.  Robert.  —  Travaux  de  la  station  agricole 
du  Pas-de-Calais.  —  Calendrier  de  l'agriculteur.  —  La  basse-cour.  —  Lettre  de  M.  Gagnai re.  — 
Précautions  à  prendre  contre  le  choléra  des  poules.  —  Conférences  horticoles  faites  à  Paris  par 
M.  Dybowski.  —  Expositions  d'horticulture  à  Marseille  et  à  Gand.  —  Les  laines  du  midi  et  leur 
emploi  pour  la  fabrication  des  draps  de  troupe. 

I.  —  Les  bons  engrais. 
Faut-il^  pour  entretenir  la  fertilité  des  terres  arables,  avoir  recours 
exclusivement  à  des  engrais  minéraux  auxquels  on  a  donné  impro- 
prement le  nom  d'engrais  chimiques,  ou  bien  doit-on  se  servir  plus 
avantageusement  de  ce  que  l'on  appelle  des  engrais  organiques,  c'est- 
à-dire  de  fumier  de  ferme  et  de  débris  de  végétaux  ou  d'animaux, 
matières  ayant  appartenu  à  des  êtres  qui  ont  vécu?  Cette  question 
vient  d'être  traitée  à  Rozoy-en-Brie,  dans  une  conférence  faite  le  20  jan- 
vier par  M.  Baron,  professeur  à  l'école  vétérinaire  d'Alfort.  Une  solu- 
tion satisfaisante  et  définitive  a-t-elle  été  donnée?  Cela  est  difficile  à 
dire.  Le  professeur  croit,  avec  raison,  que  la  chimie  n'est  pas  seule  à 
intervenir  dans  la  nutrition  des  végétaux;  mais  il  ne  donne  pas  des 
preuves  suffisantes  de  la  vérité  de  son  opinion  qui  est  entièrement 
favorable  à  l'emploi  de  la  matière  organique  et  du  fumier  :  «  Je  jetterai 
toujours  mon  dévolu,  dit-il,  sur  les  substances  déjà  assouplies  au 
métier  difficile  de  la  vie  par  un  long  stage  dans  les  organismes  vivants 
de  notre  époque  ou  des  époques  passées.  Voilà  pourquoi  j'ai  voulu 
que  cette  conférence  fût  intitulée  l'engrais  organique,  et  non  pas  le 
fumier.  L'engrais  organique,  c'est-à-dire  toutes  les  dépouilles  végé- 
tales ou  animales  :  sang,  chair  musculaire,  corne,  poils,  plumes, 
colombine,  poulaille,  guano,  excrément  humain  et  excréments  de 
toutes  nos  industries,  laines,  chiffons,  paperasses,  boues,  immondices 
des  villes,  suies,  noir  animal  des  raffineries,  etc.;  en  un  mot,  tout 
ce  qui,  à  un  moment  donné,  s'est  trouvé  pris  dans  l'engrenage 
physiologique  ou  économique.  Remarquez  bien  que  tout  cela  ne 
vaudra  déjà  plus  le  fumier  de  ferme,  lequel,  en  effet,  agit  sur  les 
terres  à  titre  de  véritable  amendement  et  qui,  par  la  lenteur  de  sa 
décomposition,  donne  progressivement  la  becquée  aux  jeunes  végétaux, 
au  fur  et  à  mesure  qu'ils  la  réclament  ».  L'expérience  a  prouvé  que 
toutes  les  matières  énumérées  par  M.  Baron  produisent  de  bons  effets 
quand  elles  ont  été  introduites  dans  le  sein  de  la  terre,  en  ce  sens 
qu'elles  augmentent  le  rendement  des  récoltes.  Mais  on  peut  en  dire 
autant  du  phosphate  de  chaux  minéral  pulvérisé,  du  sulfate  d'ammo- 
niaque, du  nitrate  de  chaux,  des  divers  sels  de  potasse,  du  phosphate 
ammoniaco-magnésien  et  autres  sels  minéraux.  Ce  n'est  que  par  des 
expériences  comparatives  nombreuses  et  variées,  longtemps  répétées, 
que  l'on  pourrait  arriver  à  savoir  si  les  dernières  substances,  en 
l'absence  de  toute  matière  organique  en  décomposition,  pourraient 
remplacer  absolument  le  fumier  ou  les  matières  homologues.  Dans  le 

N°  nh.  —  Tome  l"--  de  1883.  —  3  Mars. 


322  CHRONIQUE  AGRICOLE  (3  MARS   1883). 

cas  de  l'affirmation  théorique,  il  resterait  encore  à  résoudre  la  question 
pratique  du  profit,  que  l'agriculteur  doit  nécessairement  se  poser.  Tout 
ce  qu'il  est  permis  de  dire  aujourd'hui,  c'est  qu'il  faut,  dans  la  couche 
arable,  un  mélange  très  complexe  qui  subit  diverses  transformations 
sous  l'action  des  météores  et  des  forces  qui  amènent  la  décomposition 
et  la  transformation  des  corps,  pour  assurer  l'alimentation  des  plantes. 
Comment  celles-ci   se  nourrissent-elles;   comment  se  produisent  les 
principes  immédiats  que  l'on  rencontre  dans  presque  tous  les  végé- 
taux, tels  que  les  matières  amylacées,  le  sucre,  les  matières  albumi- 
neuses,   la  cellulose,  ou  bien  les  principes  immédiats   spéciaux  que 
certaines  plantes  seules  peuvent  élaborer,  comme  la  nicotine  dans  le 
tabac,  les  huiles  essentielles  dans  un  grand  nombre  de  plantes  odori- 
férantes, la  quinine  dans  le  quinquina,  l'acide  citrique  dans  le  citron- 
nier, l'acide  malique  dans  les  pommes  ou  les  poires,  nul  ne  le  sait 
aujourd'hui.  Le  plus  sage  est  donc  d'avouer  l'ignorance  dans  laquelle 
on  se  trouve  et  de  continuer,  pour  fertiliser  la  terre  et  pour  lui  resti- 
tuer les  principes  enlevés  par  les  récoltes,  à  avoir  recours  à  la  fois  au 
fumier  et  aux  débris  organiques,  et  aux  différents  sels  (phosphates,  azo- 
tates, sulfates,  sels  ammoniacaux  et  potassiques)  que  l'industrie  peut 
fournir.  On  met  plus  ou  moins  soit  des  uns,  soit  des  autres,  selon  l'état 
de  la  terre,  selon  les  récoltes  qu'on  désire  faire.  Pas  d'exclusion,  un 
choix  judicieux ,  des  calculs  prévoyants,  voilà  les  seuls  conseils  à  donner. 

II.  —  Prochaine  élection  à  la  Société  nationale  d'agriculture. 

Dans  le  Comité  secret  de  sa  séance  du  28  février,  la  Société  nationale 
d'agriculture  a  entendu  le  rapport  fait  au  nom  de  la  Section  de  grande 
culture  sur  les  candidats  à  la  place  de  membre  titulaire  vacante  dans 
la  Section  de  grande  culture  par  la  mort  de  M.  F.  Bella.  La  Section 
présente  la  liste  de  candidats  suivante  :  en  première  ligne,  M.  Boitel, 
inspecteur  général  de  l'agriculture;  en  deuxième  ligne,  M.  H.  Besnard, 
lauréat  de  la  prime  d'honneur,  président  du  Comice  agricole  de  Seine- 
et-Oise;  et  M.  Charles  Petit,  ancien  agriculteur  à  Champagne  (Seine- 
et-Marne).  Les  titres  des  candidats  ont  été  discutés.  L'élection  aura 
lieu  dans  la  séance  du  7  mars. 

III.  —  Expériences  de  machines  agricoles. 

Les  expériences  de  deux  charrues  soumises  à  l'examen  de  la  Société 
nationale  d'agriculture  ont  eu  lieu,  ainsi  que  nous  l'avons  annoncé, 
à  l'école  nationale  d'agriculture  de  Grignon,  le  vendredi  23  février. 
La  charrue-tilbury  automatique  et  la  charrue  de  M.  Boreau  ont  fonc- 
tionné avec  régularité  dans  des  terres  assez  difficiles  ;  il  a  été  décidé 
que  de  nouvelles  expériences  auraient  lieu  dans  quelques  semaines. 
Le  Journal  publiera,  dans  son  prochain  numéro,  la  description  des 
instruments  qui  ont  fonctionné.  On  a  aussi  expérimenté  la  bineuse  de 
M.  Viet.  Aujourd'hui  nous  devons  constater  que  les  nombreuses  per- 
sonnes qui  ont  assisté  aux  essais  en  sont  revenus  avec  la  conviction 
que  l'école  de  Grignon  se  maintient  avec  éclat  à  la  haute  situation 
qu'elle  a  conquise.  Plusieurs  améliorations  sont  à  signaler.  Le  salon 
d'honneur  a  été  transformé  en  une  belle  et  vaste  bibliothèque  ouverte 
aux  élèves;  un  nouveau  laboratoire  de  botanique  a  été  construit  dans 
une  serre  aménagée  à  cet  effet  ;  de  plus  nombreux  moyens  d'étude  ont 
été  mis  ainsi  à  la  disposition  des  professeurs  et  des  élèves.  C'est  une 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (3  MARS    1883).  323 

heureuse  innovation  dont  on  ne  peut  que  féliciter  M.  Dubost,  directeur 
de  l'Ecole,  qui  s'est  consacré  à  son  œuvre  avec  un  dévouement  complet. 
La  Société  centrale  d'agriculture  de  la  Seine-Inférieure  a  or^^anisé 
des  expériences  publiques  de  la  charrue-tilbury  automatique  et  du 
distributeur  mécanique  de  fumier.  Ces  expériences  ont  lieu  le  vendredi 
2  mars  sur  la  ferme  de  Mme  Denis,  au  mont  Saint-Aignan,  dans  la 
banlieue  de  Rouen. 

IV.  —  Concours  de  la  Sociale  d'agriculture  de  la  Haute-Garonne. 
Plusieurs  concours  sont  organisés,  en  1883,  par  la  Société  d'agricul- 
ture de  la  Haute-Garonne,  dans  l'arrondissement  de  Toulouse.  Un 
concours  sera  ouvert  entre  les  propriétaires  ou  fermiers  de  domaines 
d'une  étendue  de  19  hectares  au  moins;  il  y  aura  aussi  un  concours 
spécial  de  viticulture  pour  les  vignobles  d'une  contenance  de  G  hec- 
tares au  moins,  un  concours  de  nettoyage  et  de  taille  de  la  vigne,  un 
concours  d'irrigations  sur  une  étendue  de  3  hectares  au  moins. 
jEnfin,  le  1"mai,aura  lieu  sur  le  domaine  de  Périole,  chez  M.  Théron 
de  Montaugé,  un  concours  d'instruments  agricoles,  pour  les  tombe- 
reaux et  autres  instruments  de  transport  perfectionnés,  présentant  une 
innovation  notable  au  point  de  vue  du  chargement,  du  décharge- 
ment ou  du  mode  de  traction,  et  pour  les  tarares,  ventilateurs  ou 
trieurs. 

V.  —  Les  blés  de  printemps. 

Voici  encore  une  lettre  que  nous  recevons  au  sujet  des  semailles  de 
blés  de  printemps  : 

«  Monsieur  le  directeur,  j'ai  l'honneur  de  prévenir  les  cultivateurs  qui  ont 
l'intention  de  semer  du  blé  de  mars,  que  j'en  tiens  à  leur  disposition  50  hecto- 
litres de  très  belle  qualité  et  d'un  grand  rendement  tant  en  paille  qu'en  grain.  Ce 
blé  peut  se  semer  avec  succès  jusqu'à  la  fin  de  mars. 

«  Je  pourrai  le  livrer  au  prix  de  30  francs  les  100  kilogrammes  toile  perdue  en 
gare  de  Séry-les-Mézières,  près  Saint-Quentin. 

«  Agréez,  etc.  André, 

cultivateur  à  Séry-les-Mézières,  par  Ribemont  (Aisne). 

M.  A.  Yiron,  négociant  à  Corbeil  (Seine-et-Oise),  nous  prie 
d'annoncer  qu'il  tient  à  la  disposition  des  agriculteurs  des  blés  de 
semence  de  printemps,  rouges  et  blancs,  au  prix  de  30  francs  les 
100  kilog.  toile  à  rendre,  en  gare  de  Corbeil  ;  il  en  enverra  des  échan- 
tillons aux  personnes  qui  lui  en  feront  la  demande. 

VI.  —  Le  phylloxéra. 

Nous  avons  dit  que,  dans  sa  dernière  session,  la  Commission  supé- 
rieure du  phylloxéra  avait  entendu  avec  un  vif  intérêt  le  rapport  pré- 
senté par  M.  Tisserand,  directeur  de  l'agriculture,  sur  les  efforts  pour- 
suivis par  l'administration,  en  1882,  dans  lalutte  contre  le  phylloxéra. 
C'est  surtout  dans  la  formation  dus  syndicats  de  défense  et  dans  les 
subventions  qui  lui  sont  allouées  que  ces  efforts  se  manifestent.  Aussi, 
nous  pensons  qu'on  lira  avec  intérêt  les  détails  que  donne  M.  Tisse- 
rand sur  leur  organisation  : 

Il  convient  de  remarquer  que  c'est  surtout  dans  les  départements  où  le  phyl- 
loxéra exerce  ses  ravages  depuis  longtemps  et  où  son  œuvre  de  destruction  est  la 
plus  considérable,  que  s'accentue  le  mouvement  d'organisation  des  syndicats  ;  on 
sent  alors  combien  il  importe  de  lutter  pour  sauver  ce  qui  reste  du  vignoble. 

J'ajouterai  que  l'examen  de  la  liste  des  départements  dans  lesquels  se  consti- 
tuent ces   associations    révèle  un  fait  de  bon  augure  et  démontre  de  nouveau  le 


324  CHRONIQUE  AGRICOLE  {3  MARS    1883). 

revirement  qui  s'est  produit  dans  les  esprits  des  vignerons,  si  réfractaires  autre- 
fois aux  efforts  faits  par  l'administration  pour  les  protéger. 

En  effet,  parmi  les  départements  dans  lesquels  le  mouvement  des  syndicats  s'est 
manifesté  avec  le  plus  d'entrain,  figurent,  cette  année,  la  Côte-d'Or  et  la  Savoie. 
Or,  il  est  bon  de  rappeler  à  ce  propos  qu'il  y  a  deux  ou  trois  ans,  alors  que  les 
traitements  administratifs  étaient  exécutés  dans  '  ces  départements,  des  menaces 
étaient  proférées  contre  les  agents  chargés  de  l'exécution  des  arrêtés,  des  procès 
intentés  à  l'Etat  et  les  barils  de  sulfure  de  carbone  étaient  défoncés  et  jetés  dans 
les  cours  d'eau. 

Ces  iaits  suffisent  pour   faire   l'éloge  des  traitements  entrepris  et,  en  démon- 
ttrant  que  les  exemples  sont  plus  utiles  que  les  conseils,  prouvent  l'utilité  de  l'in- 
cervention  de  l'Etat  qui,  dès  le  début,  indiquent  aux  populations  la  possibilité  de 
onserver  les  vignobles. 

La  section  permanente,  qui  examine  avec  le  plus  grand  soin  tous  les  syndicats 
qui  lui  sont  soumis,  s'est  montrée  souvent  sévère  et  n'a  proposé  d'accorder  les 
subventions  de  l'Etat  que  lorsque  les  encouragements  lui  ont  paru  complètement 
justifiés.  C'est  ainsi  qu'elle  a  cru  devoir  rejeter  des  demandes  présentées  par  des 
syndicats  de  submersion,  en  raison  des  avantages  considérables  qu'en  avaient  re- 
tirés leurs  membres. 

Il  lui  a_  semblé  que  toutes  les  fois  que  l'opération  était  certaine  et  présentait 
les  garanties  d'une  large  rémunération,  l'Etat  ne  lui  devait  pas  son  concours 
et  qu'il  devait  réserver  ses  crédits,  d'ailleurs  limités,  pour  un  emploi  mieux 
justifié. 

L'économie  que  l'administration  et  la  section  permanente  ont  apportée  dans 
l'utilisation  des  fonds  votés  par  le  Parlement  pour  la  défense  des  vignes  phyl- 
loxérées  ressort  de  l'examen  au  montant  des  subventions  accordées.  En  même 
temps  que  le  nombre  des  hectares  syndiqués  croissait  dans  les  proportions  que 
je  viens  de  vous  indiquer,  le  quantum  des  subventions  accoraées  par  hectare 
allait  en  diminuant.  Ainsi,  en  1879,  la  moyenne  des  subventions  par  hectare 
était  de  120  fr.  35  ;  en  1880,  elle  n'était  que  de  76  fr.  46  ;  en  1881,  de  67  fr.  91, 
pour  tomber,  en  1882,  à  33  fr.  20. 

En  terminant  ce  que  j'avais  à  vous  exposer  concernant  le  traitement  des  vignes 
par  les  insecticides,  il  convient  de  rappeler  le  concours  que  les  compagnies  de 
chemins  de  fer,  et  notamment  la  Compagnie  de  Paris  à  Lyon  et  à  la  Méditerra- 
née, n'ont  cessé  de  donner  à  l'Etat  et  aux  viticulteurs  dans  la  lutte  organisée 
contre  le  phylloxéra.  Ce  n'est  que  justice  de  leur  adresser  en  ce  moment  des  re- 
mercîments. 

Tandis  qu'elle  encourageait  les  viticulteurs  à  défendre  leurs  vignobles  encore 
débout,  l'administration  s'efforçait  de  faciliter  aux  départements  ruinés  par  le 
phylloxéra  les  moyens  de  reconstituer  leurs  vignobles  détruits. 

De  nombreuses  subventions  ont  été  accordées  pour  aidera  la  création  et  à  l'ex- 
tension de  pépinières  de  vignes  américaines  et,  toutes  les  fois  que  l'administra- 
tion a  cru  répondre  à  un  désir  exprimé  par  la  généralité  des  viticulteurs  d'un  dé- 
partement, elle  ne  leur  a  pas  marchandé  ses  subventions. 

La  Section  permanente  a  été  animée  du  même  esprit,  et  les  nombreuses  auto- 
risations qu'elle  a  proposé  de  donner  aux  arrondissements  qui  réclamaient  la 
libre  importation  des  cépages  étrangers  le  prouve  avec  évidence. 

Ces  autorisations  ont  élé  accordées  aux  dix-huit  arrondissements  suivants  : 
Montauban,  Gastelsarrazin,  Figeac,  Brive,  Tulle,  Poitiers,  Givray,  Montmoril- 
lon,  Niort,  Garcassonne,  Narbonne,  Perpignan,  Géret,  Embrun,  Saint-Etienne, 
Montbrison,  Saint-Affrique  et  Milhau. 

L'Ecole  de  Montpellier  a  continué  ses  études  et  ses  recherches  ;  elle  a  planté  ou 
semé  de  nombreux  cépages  étrangers,  venant  des  différentes  parties  du  monde  : 
vignes  de  Galifornie,  de  la  Chine,  du  Japon,  de  Kaschmyr,  etc.  ;  ces  expériences 
sont  encore  trop  nouvelles  pour  qu'on  puisse  en  apprécier  les  résultats.  Des  essais 
démultiplication  et  de  greffage  sont  aussi  poursuivis  dans  cet  établissement, 
vous  en  trouverez  le  détail  dans  le  rapport  du  directeur  de  cet  établissement, 
publié  dans  les  annexes  de  ce  compte  rendu.  Gomme  les  années  précédentes, 
l'Ecole  de  Montpel'iir  procède  en  ce  moment  à  une  large  distribution  de 
boutures  et  contrihde  ainsi,  dans  une  forte  proportion,  à  l'œuvre  importante  qui 
est  poursuivie. 

Le  fléau  a  atteint  aujourd'hui  51  déparlements.  On  n'y  compte  plus  que 
1,995, 290  hectares  de  vignes  contre  2,41 5, 986  hectares  avanti'apparition 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (3  MARS   1883).  325 

du  phylloxéra.  La  superficie  des  vignes  détruites  est  de  763,799  hec- 
tares, et  il  y  a  642,978  hectares  envahis  qui  n'ont  pas  encore  succomhé. 
L'enquête  administrative  qui  vient  d'être  laite  permet  de  se  rendre 
compte  de  la  proportion  dans  laquelle  on  lutte  contre  le  iléau.  Le  tableau 
suivant  résume,  pour  chacun  des  départements,  la  situation  en  1882  : 

vignobles  Vignobles  Vignobles        Vignobles 

soumis  traités  par  traités  par    replantés  avec 

Déparlements.                                                à  la  le  sulfure  les  sul-         des  cépages 

submersion.  de  carbone,  focarbonates.   américains. 

Hectares.  Ileciares.  Hectares.        Hectares. 

Ain »  ]41 

Alpes  (liasses-] 36  25  10  ISO 

Alpes  (Hautes-) »  22  »  6 

Alpes-Marilimes ■>  227  21  » 

Ardèche 10  101  »  230 

Ariège «  9  »  „ 

Aude 978  879  780 

Aveyron »  180  »  180 

BoJches-du-Rhône 3,291  481  242  478 

Charente »  130  79  31 

Charente-Inférieure »  12  9  393 

Cher »  12  »  » 

Corrèze »  >  i  » 

Corse »  26  1  » 

Côte-d'Or »  128  »  » 

Dordogne »  303  12  21 

Drôme 106  128  17  117 

Gard 1,625  111  145  2,198 

Garonne  (Haute-) »  99  » 

Gers .  336 

Gironde 3,504  2,711  768 

Hérault 2,283  3,541  751  10,928 

Indre »  10  »  >> 

Indre-et-Loire »  »  »  > 

Isère 7  179'  42  31 

Jura »  1  1  » 

Landes »  5  »  » 

Loir-et-Cher »  25  »  » 

Loire »  50  »  » 

Loire  (Haute-) »  15  »  » 

Loiret »  40  «  », 

Lot »  48  »  26 

Lot-et-Garonne »  155  20  300 

Lozère »  6  »  1 

Puy-de-Dôme »  43  4  " 

Pyrénées  (Basses-) »  18  »  » 

Pyrénées  (Hautes-) »          .  2  »  » 

Pyrénées-Orientales 30  1,473  111  » 

Rhône 1  4,403  A  115 

Saône-et-Loire »  243  2  8 

Savoie »  8  »  » 

Savoie  (Haute-) »  36  »  » 

Sèvres  (Deux-) 35  3  2  12 

Tarn »  VoO  »  8 

Tarn-et-Garonne »  150  2  1 

Var 96  210  10  1,206 

Vaucluse 541  35  9  626 

Veniiée «  »  »  » 

Vienne »  91  1  » 

Vienne  (Haute-) »             »  »  » 

Totaux 12,543  17,121  3,033  17,096 

On  continue  à  exercer  la  surveillance  la  plus  active  en  Algérie  pour 
empêcher  l'apparition  du  fléau  dans  la  colonie.  Récemment,  nous  avons 
signalé  la  condamnation  sévère  prononcée  contre  un  Espagnol  qui  avait 
tenté  d'introduire  des  plants  d'Espagne.  Aujourd'hui  nous  devons 
annoncer  que,  par  arrêt  de  la  Cour  d'Alger  en  date  du  25  janvier,  le 
sieur  Godeberge  (Victor-Florent),  instituteur  public  à  Lodi,  a  été  con- 
damné à  un  mois  d'emprisonnement  et  à  50  francs  d'amende  pour 
introduction  frauduleuse  de  plants  de  vignes. 

YIL  —  Les  vignes  atnéricaines  dans  VHérault. 

M.  G.  Foex,  directeur  et  professeur  de  viticulture  à  l'école  nationale 


326  CHRONIQUE  AGRICOLE    (3    MARS    1883). 

d'agriculture  de  Montpellier,  continue  à  propager  avec  ardeur  les  bonnes 
méthodes  de  culture  des  vignes  américaines  dans  le  Midi,  en  vue  de 
reconstituer  les  vignobles  détruits  par  le  phylloxéra.  Sur  la  demande 
du  Conseil  général  de  l'Hérault,  il  vient  de  publier  le  premier  fascicule 
de  conseils  aux  viticulteurs  sur  l'emploi  des  vignes  américaines.  Ce 
fascicule  comprend  ce  qui  est  relatif  au  choix  des  cépages,  à  la  meil- 
leure époque  pour  effectuer  les  plantations,  à  la  taille  et  à  la  conser- 
vation des  boutures,  à  la  préparation  du  sol  et  à  la  plantation.  11  se 
termine  par  deux  notes  sur  l'Othello  et  le  Triumph,  et  par  une  étude 
de  M.  P.  Viala,  répétiteur  à  l'école  de  Montpellier,  sur  l'anthracnose. 
Il  sera  lu  avec  profit  par  les  viticulteurs  qui  se  proposent  de  faire  des 
plantations  de  cépages  américains. 

VIII. —  Concours  agricoles  en  Angleterre. 
Les  journaux  agricoles  anglais  publient  la  liste  des  expositions  et 
concours  d'agriculture  qui  auront  lieu  en  1883  dans  le  Royaume-Uni. 
On  n'en  compte  pas  moins  de  100,  présentant  une  importance  plus 
grande  que  la  plupart  des  concours  français.  C'est  la  preuve  d'une  acti- 
vité agricole  considérable,  qui  peut  servir  d'exemple  aux  autres  pays. 
Rappelons  à  cette  occasion  que  Je  concours  de  la  Société  royale  d'agri- 
culture d'Angleterre  se  tiendra  à  York  du  16  au  20  juillet,  qu'il  est 
international  pour  les  machines  agricoles,  et  que  les  déclarations  des 
exposants  pour  cette  catégorie  doivent  être  adressées  avant  le  l**"  avril 
au  siège  de  la  Société  royale,  12,  Hanover-Square,  à  Londres. 

4  IX.  Sucres  et  betteraves. 

La  crise  que  traverse  l'industrie  sucrière  préoccupe  à  juste  titre  les 
esprits  qui  s'inquiètent  de  l'avenir  de  notre  agriculture.  Il  est  certain 
que  la  situation  est  grave,  et  qu'elle  demande  un  prompt  et  énergique 
remède.  A  plusieurs  reprises,  nous  avons  exprimé  notre  opinion  à  cet 
égard.  A  côté  des  questions  d'ordre  général,  il  en  est  quelques-unes 
d'ordfje  plus  spécial,  sur  lesquelles  on  doit  aussi  appuyer.  Nous  cite- , 
rons  notamment  les  différences  dans  les  méthodes  appliquées  par  l'ad- 
ministration pour  l'analyse  des  sucres  français  et  des  sucres  étrangers 
en  vue  d'établir  la  quotité  des  droits  à  payer.  Une  méthode  rigoureuse  est 
appliquée  par  l'administration  des  contributions  indirectes,  tandis 
qu'une  méthode  approximative  seulement  est  adoptée  par  l'adminis- 
tration des  douanes.  C'est  ce  que  vient  de  rappeler  M.  Edouard  Robert, 
dans  Fexposé  des  motifs  d'une  proposition  de  loi  qu'il  a  présenté  à  la 
Chambre  des  députés  le  17  février.  «  On  sait,  dit-il,  que  la  richesse 
saccharine  est  la  base  de  la  perception  de  l'impôt  sur  les  sucres  et  que 
la  richesse  est  établie  par  une  analyse  faite  administrativement.  Or,  il 
paraît  certain  que  l'analyse  des  sucres  étrangers  se  fait  de  manière  à 
procurer  aux  expéditeurs  une  remise  indirecte  de  tout  ou  partie  de  la 
taxe  d'entrée,  tandis  que  celle  des  sucres  français  se  fait  d'après  les 
seules  données  de  la  science,  ce  qui  constitue  pour  nos  fabricants  une 
nouvelle  infériorité  par  rapport  aux  Allemands.  Enfin,  l'analyse  admi- 
nistrative servant  de  base  pour  le  calcul  de  l'impôt  et  le  prix  de  vente 
étant  réglée  d'après  les  résultats  d'une  analyse  qui  est  traitée  selon 
d'autres  méthodes  essentiellement  différentes,  il  arrive  chaque  jour 
que  nos  fabricants  payent  l'impôt  pour  des  sucres  dont  ils  ne  touchent 
pas  le  prix.  Un  pareil  état  de  choses,  s'il  était  plus  longtemps  toléré, 
serait  la  négation  môme  du  principe  d'égalité  sur  lequel  repose  notre 


CHRONIQUE  AGRICOLE    (3  MARS    1883].  327 

système  d'impôts.  »  En  conséquence,  M.  Robert  a  présenté  la  propo- 
sition de  loi  suivante  : 

Article  premier.  —  Le  droit  de  douane  sur  les  sucres  étrangers  est  élevé  de 
3  à  10  francs. 

Art.  2.  —  L'analyse  officielle  des  sucres  français  et  étrangers  sera  feite  d'après 
les  mêmes  principes  et  sous  le  contrôle  du  même  service.  La  richesse  saccharine 
qui,  d'après  cette  analyse,  sert  de  base  pour  le  calcul  de  l'impôt,  servira  également 
de  hase  pour  le  règlement  du  prix  entre  acheteurs  et  vendeurs.  Chacune  des  parties 
conserve  le  droit  de  recourir  à  l'expertise  légale. 

Si  nous  approuvons  le  deuxième  article  de  cette  proposition,  nous 
ne  pouvons  nous  rallier  au  premier.  Les  surtaxes  n'ont  jamais  produit 
d'effet  réellement  utile.  C'est  la  réforme  complète  de  notre  législation 
fiscale  sur  les  sucres  qui  donnera  la  solution  des  difficultés  actuelles. 

X.  —  Station  agricole  du  Pas-de-Calais. 

Le  Bulletin  de  la  station  agricole  du  Pas-de-Calais  pour  1882  vient 
d'être  publié.  Ce  bulletin  est  rédigé  par  M.  Pagnoul,  directeur  de  la 
station,  avec  le  concours  de  M.  Lavoisier,  chimiste-adjoint.  Le  bulletin 
pour  1 882  renferme  un  résumé  des  travaux  de  la  Station  depuis  son 
origine,  ainsi  qu'une  étude  sur  les  moyens  de  provoquer  et  d'assurer 
l'amélioration  de  la  betterave  à  sucre.  Les  travaux  de  M.  Pagnoul  sur 
la  culture  de  la  betterave  ont  établi  qu'on  peut  obtenir  dans  le  Pas-de- 
Calais,  des  racines  d'une  richesse  élevée.  Le  bulletin  de  1882  renferme, 
en  outre,  des  courbes  indiquant  les  variations  de  la  densité  du  jus,  de 
la  teneur  en  sucre  et  en  sels  de  la  betterave  pendant  sa  végétation.  Il 
se  termine  par  la  météorologie  du  Pas-de-Calais  du  l^'  décembre  1881 
au  30  novembre  1882. 

XL  —  Calendrier  de  l'agriculteur. 

M.  Bringuier,  à  Béziers  (Hérault),  vient  de  publier  sous  le  titre  : 
Calendrier  de  V agriculteur  (prix  :  1  fr.),  une  petite  brochure  qui  peut 
être  utile  principalement  dans  la  région  méridionale.  En  effet,  après 
quelques  indications  sur  les  travaux  agricoles  des  différents  mois, 
elle  renferme  des  notices  bien  faites  sur  le  traitement  par  le  sulfure  de 
carbone  ou  par  le  sulfocarbonate  de  potassium,  des  vignes  phylloxé- 
rées,  ainsi  que  des  indications  sur  la  reconstitution  des  vignes  au 
moyen  des  cépages  américains  résistants. 

XIL  — La  basse-cour. 

Nous  recevons  de  M.  Gagnaire,  à  Bauliac,  près  Bordeaux,  une  lettre 
que  nous  croyons  utile  de  publier  : 

«  J'ai  ici  une  basse-cour  qui  est  des  mieux  comme  collection  de  volaille,  car 
M.  Louit,  mon  propriétaire,  est  un  grand  amateur.  J'ai  donc  comme  tète  de  race, 
les  Langharas,  les  Dorkings,  les  Houdans  et  quelques  races  bâtardes  qui  ne  sont  pas 
moins  ijelles  et  de  bons  rapports,  et  en  canards,  j'ai  les  Duclos  et  les  Rouen,  deux 
races  excellentes. 

«  Une  épidémie  sévit  avec  des  progrès  très  rapides;  ma  basse-cour  me  cause 
chaque  jour  des  pertes  assez  sérieuses;  mes  volailles  sont  en  très  bon  état  et  ne 
sont  point  malades,  et  cependant  elles  meurent  tout  d'un  coup  et  foudroyées. 

«  Voici  comment  ça  les  prend;  elles  jettent  un  petit  cri  et  font  un  petit  saut, 
leurs  pattes  se  tordent  et  elles  tombent  instantanément  et  foudroyées,  sans  donner 
aucun  signe  de  vie  ;  tout  ça  dans  moins  de  temps  qu'il  ne  faut  pour  l'écrire. 

«  Le  vétérinaire  qui  vient  ici  en  a  lait  l'autopsie  et  nous  avons  trouvé  entre  les 
chairs,  et  complètement  détachées  de  la  viande  aux  chairs,  de  petits  globules 
ressemblant  par  leur  forme  à  un  petit  haricot,  tout  jaunes,  et  le  foie  plein 
d'autres  globules  très  foncés;  la  volaille  devient  toute  noire  dans  la  partie  de  la 
tête  ainsi  que  du  foie,  toutes  les  autres  parties  du  corps  restent  très  intactes.  Le 


328  GHRONIOUE  AGRICOLE   (3  MARS    1883). 

vétérinaire  prétend  que  toutes  mes  volailles  périront  :  pigeons,  paons  et  di  ndons 
compris,  car  il  prétend  que  c'est  le  choléra. 

«  Comme  vous  le  voyez,  c'est  peu  rassurant.  C'est  pourquoi  je  viens  vous  prier 
de  voir  et  de  me  faire  savoir  au  plus  tôt  si  vous  êtes  de  l'avis  du  vétérinaire  et  si 
vous  pouvez  me  donner  un  moyen  préventif,  car  le  vétérinaire  prétend  qu'il  n'y  a 
pas  de  remède.    » 

«  Je  viens  de  perdre  aujourd'hui  un  coq  et  une  poule  Langhams,  jeunes  bêtes 
de  l'an  dernier,  pesant  ensemble  8  kilog.  » 

Il  n'y  a  pas  d'autre  moyen  préventif  que  la  vaccination,  suivant  la 
méthode  de  M.  Pasteur;  notre  correspondant  trouvera  auprès  de 
M.  Boutroux,  rue  Vauquelin,  22,  à  Paris,  les  indications  nécessaires 
sur  la  marche  à  suivre,  ainsi  que  le  vaccin  convenable.  Toutefois,  nous 
devons  ajouter  que  lorsque  la  maladie  se  déclare  dans  une  basse-cour, 
il  faut  faire  sortir  les  animaux  du  poulailler  et  les  isoler  les  uns  des 
autres,  en  enlever  le  fumier  et  laver  le  poulailler  avec  une  eau  légère- 
ment acidulée;  au  bout  d'une  dizaine  de  jours,  on  peut  réunir  de  nou- 
veau les  poules,  en  prenant  le  soin  de  vérifier  qu'elleis  sont  en  bon  état 
de  santé  et  en  écartant  toutes  celles  qui  présenteraient  quelques  symp- 
tômes alarmants. 

XIII.  —  Conférences  horticoles. 

On  se  souvient  que,  pendant  l'hiver  dernier,  M.  J.  Dybowski, 
chargé  de  conférences  à  l'école  nationale  d'agriculture  de  Grignon,  a 
fait,  à  Paris,  des  conférences  horticoles  qui  ont  obtenu  un  légitime 
succès.  Il  reprend_,  le  samedi  3  mars  et  les  samedis  suivants,  à 
8  heures  un  quart  du  soir,  la  série  de  ces  conférences  qui  se  feront 
rue  de  Grenelle,  84,  sous  le  patronage  de  la  Société  d'encouragement 
à  l'agriculture. 

XIV.  —  Expositions  d'horticulture  à  Marseille  et  à  Gand. 

La  Société  d'horticulture  de  Marseille  organise,  sous  la  direction 
de  son  président  M.  R.  de  Saint-Foix,  une  exposition  internationale 
de  plantes,  fleurs,  fruits  et  légumes,  et  d'oLjets  d'art  et  d'industrie 
horticoles.  Cette  exposition  s'ouvrira  le  19  mai,  et  comprendra 
87  concours  dans  neuf  sections.  Les  demandes  d'admission  doivent 
être  adressées  au  secrétaire  général  de  la  Société  avant  le  30  avril 
prochain. 

Nous  devons  annoncer  aussi  que  la  Société  royale  d'agriculture  et 
de  botanique  de  Gand  prépare  sa  onzième  exposition  internationale 
d'horticulture  qui  se  tiendra  à  Gand  du  15  au  22  avril.  Tous  les  ama- 
teurs et  horticulteurs,  les  artistes  et  fabricants,  les  établissements 
publics  de  botanique  et  d'horticulture,  tant  de  Belgique  que  des  pays 
étrangers,  sont  invités  à  y  prendre  part.  L'exposition  comprendra 
292  concours.  Les  demandes  d'admission  doivent  être  adressées  au 
secrétaire  de  la  Société,  à  Gand,  avant  le  30  mars. 

XV.  —  Les  laines. 
Nous  apprenons  que  l'administration  de  la  guerre  aurait  l'intention 
de  modifier  le  type  des  laines  destinées  aux  draps  de  troupe  dans  des 
conditions  telles  que  les  laines  du  Midi,  employées  jusqu'ici,  seraient 
à  l'avenir  fatalement  exclues  de  la  fabrication  de  ces  draps.  Nous 
aimons  à  espérer  que  cette  nouvelle  est  fausse,  mais  il  serait  bon 
qu'elle  fût  démentie.  La  Société  d'agriculture  de  l'Hérault  s'en  est 
émue,  et  s'apprête  à  discuter  cette  importante  question. 

J.-A.    Barral. 


LES  LÉGUMES  DE  GRANDE  CULTURE  EN  BRETAGNE.  329 


LES  LÉGUMES  DE  GRANDE  CULTURE  EN  BRETAGNE 

Après  une  longue  période  de  défrichement,  disait  dernièrement 
M.  J.  Rieffel  au  concours  de  Cliâteaubriant,  la  Bretagne  est  entrée 
dans  la  période  fourragère.  En  effet,  l'élément  calcaire  qui  fait  défaut 
à  son  sol  granitique,  y  a  pénétré  par  le  canal  de  Nantes  à  Brest,  les 
voies  ferrées,  et  celles  de  communication  avec  le  littoral  qui  forme, 
grâce  aux  engrais  de  mer,  sa  ceinture  dorée,  et  a  permis  la  culture  du 
trèfle,  des  légumineuses  et,  partant,  celle  du  froment  dans  des  sols 
qui  n'avaient  porté  jusque-là  que  de  la  bruyère,  du  seigle  et  du  sar- 
rasin parfois.  Les  phosphates  de  chaux  qui  trouvent  dans  l'acidité 
même  de  certaines  eaux  du  sol  et  du  sous-sol  une  condition  d'assi- 
milation, ont  ajouté  le  complément  nécessaire  à  certains  terrains.  Enfin 
la  loi  du  6  décembre  1850  spéciale  à  la  Bretagne,  et  qui  a  dû  être 
prorogée  plusieurs  fois,  a  permis,  par  une  procédure  plus  aisée,  le 
partage  de  nombreuses  terres  vaines  et  vagues  sur  lesquelles  les  habi- 
tants de  diverses  communes  possédaient  des  droits  de  propriété  sou- 
vent mal  définis,  tandis  que  d'un  autre  côté,  dans  certains  arrondis 
sements,  un  véritable  éraiettement  du  sol,  contraire  à  toute  culture 
rationnelle,  appelle  une  loi  facilitant  les  échanges  de  parcelles. 

Telles  sont  les  causes  et  les  conditions  générales  du  progrès  qui 
s'est  accompli  depuis  cinquante  ans  en  Bretagne.  Elles  ont  modifié 
l'économie  rurale  en  certains  points;  l'élevage  du  mouton  notamment 
a  presque  disparu  avec  la  vaine  pâture,  et  la  spéculation  s'est  portée 
sur  l'espècebovine,  tant  au  point  de  vue  de  la  boucherie  qu'à  celui  du 
lait  et  de  ses  dérivés.  Par  ailleurs,  la  production  chevaline  a  donné, 
dans  le  Finistère  et  les  Côtes-du-Nord,de  grands  avantages  aux  éleveurs 
depuis  quelques  années. 

C'est  dans  ces  conditions  qu'on  veut  bien  s'adresser  à  nous  pour 
nous  demander  quels  sont  les  meilleurs  légumes  de  grande  culture, 
au  point  de  vue  de  l'engraissement  du  bétail  en  Bretagne? 

La  question  est  complexe;  la  pomme  de  terre,  la  betterave,  le 
chou,  le  topinambour,  la  rutabaga,  la  navette,  etc.,  sont  à  recom- 
mander; mais  il  s'agit  de  les  cultiver  dans  les  sols  et  les  condtions 
qui  leur  conviennent. 

Quoi  qu'il  en  soit,  nous  ne  parlerons  pas  de  la  pomme  de  terre  ni  de 
la  betterave  fourragère  dont  les  conditions  de  culture  et  les  variétés  sont 
connues.  D'ailleurs  ces  cultures  ne  sont  pas  spéciales  à  la  Bretagne. 
Rappelons  ici  les  équivalents  nutritifs  généralement  adoptés,  sans 
y  ajouter  une  foi  entière;  car  dans  l'espèce  bovuie  comme  dans  l'espèce 
humaine,  on  ne  peut  remplir  tous  les  estomacs  par  des  moyennes. 
La  ration  d'un  animal  à  l'engrais  doit  être  au  moins  de  1^CG  de  foin 
par  100  kilog.  de  son  poids,  et  30  kilog.  de  betteraves,  40  de  choux, 
30  de  topinambours,  etc.,  équivalent  [à  10  kilog.  de  bon  foin;  en 
outre,  la  nourriture  mélangée  est  une  nécessité  notamment  pour  les 
feuilles  de  choux  qui,  données  en  grande  quantité,  météorisent 
promptement  les  ruminants.  Aussi  lorsque  le  hachage  qui  procure 
une  économie  de  près  d'un  quart,  n'est  pas  pratiqué  dans  les  petites 
exploitations,  voit-on  les  cultivateurs  ne  donner  les  choux  aux  animaux 
qu'après  avoir  fait  une  petite  distribution  de  foin. 

Le  chou  pommé  n'est  guère  cultivé  en  grande  culture  que  sur  uce 


330  LES  LÉGUMES  DE  GRANDE  CULTURE  EN  BRETAGNE. 

partie  du  littoral  du  Morbihan,  oi^i  bien  que  servant  à  l'alimentation  du 
bétail,  il  est  exporté  en  outre  comme  produit  maraîcher. 

Dans  son  livre,  si  consciencieusement  fait,  l'honorable  M.  G.  Heuzé 
qui,  il  y  a  plus  de  trente  ans,  dirigeait  comme  fermier  et  sous-direc- 
teur à  la  fois  la  ferme  de  Grand-Jouan,  une  distinction  se  remarque 
d'abord  entre  les  choux  non  pommés  servant  à  la  nourriture  du  bétail  : 
ceux  dont  les  feuilles  seules  sont  données  aux  animaux,  et  ceux  dont 
les  feuilles  et  la  tige  remplie  de  moelle  peuvent  contribuer  à  leur 
nourriture.  Disons  seulement  à  propos  de  ces  derniers,  qui  se  divisent 
en  choux  moelliers  blancs  ou  rouges,  qu'ils  ne  sont  guère  cultivés 
que  dans  les  contrées  de  la  Bretagne  où  la  betterave  ne  réussit  pas, 
où  du  moins  la  culture  n'est  pas  assez  avancée  /pour  lui  donner  les 
façons  et  les  engrais  suffisants.  On  y  effeuille  au  printemps  les  choux 
moelliers,  leur  laissant  seulement  la  dernière  tige,  et  on  rentre  les 
troncs  qui  pourriraient  sur  pied  en  hiver,  ou  seraient  atteints  par  les 
gelées,  et  on  les  donne  coupées  et  tranchées  aux  bestiaux.  Le  chou 
moellier  est  en  effet  bien  autrement  sensible  au  froid  que  le  chou 
cavalier,  le  chou  branchu  du  Poitou  et  le  chou  polo  ou  à  mille  têtes. 
Nous  donnerons  la  préférence  au  chou  branchu  du  Poitou  sur 
le  chou  cavalier  et  sur  le  chou  polo  ou  à  mille  têtes. 

Le  chou  cavalier  est  peut-être  plus  rustique  que  les  deux  autres, 
mais  il  est  moins  productif. 

Le  chou  branchu  du  Poitou,  planté  à  0™.75  en  tous  sens,  nous  adonné 
13,300  têtes  de  choux  qui,  au  poids  de  3''. 50  (sur  une  moyenne  de 
1 0  choux  pesés),  nous  a  donné  en  définitive  46,500  kilog.  à  l'hectare;  le 
chou  polo  ou  à  mille  têtes  sur  la  même  pesée  n'a  donné  qu'un  poids 
moyen  de  3  kilog.  sur  13,300  têtes,  soit  39,900  kilog.  par  hectare; 
différence  :  6,600  kilog. 

C'est  un  peu  moins  que  les  rendements  indiqués  par  M.  Heuzé. 

Nous  ne  parlerons  pas  de  fumure  autre  que  celle  du  fumier  de 
ferme  stratifié  avec  du  phosphate  bien  pulvérisé,  et  d'un  bon  dosage 
d'acide  phosphorique  soluble  dans  l'eau. 

Quant  aux  soins  après  la  transplantation,  nous  indiquerons  un  ou 
deux  buttages. 

On  sait  par  ailleurs  que  l'hybridation  est  fréquente  entre  les  cru- 
cifères; aussi  si  l'on  veut  récolter  des  graines,  il  faut  choisir  les 
pieds  qui  représentent  le  mieux  les  caractères  de  la  variété  à  laquelle 
ils  appartiennent,  et  les  laisser  en  place. 

M.  Rieffel  s'est  fort  applaudi  de  la  culture  du  topinambour,  lors 
de  l'hiver  rigoureux  et  prématuré  de  1879.  Il  est  très  vrai  que  le 
topinambour  ne  redoute  ni  les  chaleurs  vives  de  l'été,  ni  des  froids 
de  —  1 0°  à  — 16°  et  végète  sur  tous  les  terrains  excepté  sur  les  sols 
humides  ou  à  sous-sol  imperméable,  et  c'est  en  quoi  le  rutabaga  lui 
est  préférable  dans  beaucoup  de  terres  de  la  Bretagne.  Ses  tuber- 
cules se  conservant  mal  à  cause  de  leur  tissu  spongieux,  on  est  presque 
forcé  de  les  arracher  au  fur  et  à  mesure  des  besoins,  ou  d'arracher  seu- 
lement la  quantité  que  l'on  peut  utiliser  pendant  quelques  jours. 

Ce  tubercule,  dit  M.  Heuzé,  ne  convient  pas  aux  animaux  à  l'engrais, 
tout  en  reconnaissant  qu'il  est  mangé  avec  avidité  par  les  bêtes  à 
cornes,  surtout  à  la  fin  de  l'hiver,  et  qu'en  outre  les  fanes  sont 
mangées  avec  plaisir  par  les  vaches,  les  bœufs  et  les  moutons.  Ce  qui 
est  évident,  c'est  que  le   topinambour  seul  ne  peut  convenir  à  Ten- 


LES  LÉGUMES  DE  GRANDE  CULTURE  EN  BRETAGNE.  331 

graissement,  pas  plus  que  le  chou,  le  rutabaga,  le  panais  lui-même. 
M.  Boussingault  a  récollé  plusieurs  fois  en  Alsace  4-'iO  hectolitres 
de  tubercules  sur  un  hectare  et  14  à  15,000  kilog.  de  feuilles. 

Il  n'existe  point  de  terrains  crayeux  en  Bretagne;  mais  les  terrains 
schisteux,  quelques  terrains  argilo-siliceux,  les  dunes  de  la  mer, 
peuvent  convenir  à  la  culture  du  topinambour. 

Nous  avons  donné  ci-dessus  l'équivalent  nutritif  du  topinambour. 

Le  rutabaga,  dit  avec  raison  M.  Ileuzé,  est  moins  difficile  sur  la 
nature  du  sol  que  la  betterave  et  la  carotte  blanche  à  collet  vert;  il 
réussit  sur  les  sols  couverts  de  bruyère  et  d'ajoncs  qui  sont  souvent 
acides  et  que  le  roc  perce  parfois.  Ce  sont  les  religieux  de  la  Meilleraie 
qui  l'ont  introduit  dans  l'ouest,  ainsi  que  la  carotte  blanche;  MM.  Rieffel 
et  Heuzé  à  Grand-Jouan  en  ont  propagé  la  culture  qui  pénètre  au 
centre  de  la  Bretagne  encouragée  par  les  Comices  de  Quintin  et  un 
agriculteur  très  habile,  M.  Limon,  président  de  ce  Comice.  C'est  par  files 
de. charrettes  qu'au  temps  de  la  plantation  les  cultivateurs  des  Côtes- 
du-Nord  et  du  Finistère  viennent  demander  le  plant  nécessaire  à 
leurs  cultures,  tant  à  la  propriété  de  M.  Limon,  à  Quintin,  qu'au  péni- 
tencier de  Langonnet,  situés  l'une  et  l'autre  près  des  points  les  plus 
élevés  de  montagnes  d'Arrèze. 

La  culture  du  rutabaga  par  transplantation  en  mai  ou  juin  est  seule 
usitée  en  Bretagne;  les  semis  en  place  ne  paraissent  réussir  que 
lorsqu'on  les  fait  sur  des  terres  de  bonne  qualité.  Aussi  les  agriculteurs, 
comme  M.  Limon,  qui  font  la  spéculation  du  plant  pour  les  culti- 
vateurs environnants,  ont-ils  le  soin  d'amender  leurs  terres,  notamment 
par  des  engrais  de  mer  qui  donnent  l'élément  calcaire  et  l'acide  phos- 
phorique.  Au  résumé,  de  tous  les  crucifères,  c'est  le  rutabaga  qui  est 
le  moins  exigeant  sous  ce  rapport. 

Le  rutabaga,  dit  avec  juste  raison  M.  Ileuzé,  convient  à  tous  les 
ruminants.  Le  beurre  provenant  des  vaches  nourries  au  rutabaga  et  au 
foin  est  plus  gras  et  plus  coloré  que  le  beurre  fourni  par  les  vaches  qui 
ont  reçu  des  betteraves  ou  même  des  navets  et  des  choux.  Il  convient 
parfaitement  aux  animaux  à  l'engrais,  et  c'est  ce  qui  le  rend  précieux 
dans  le  centre  de  la  Bretagne. 

Le  rutabaga,  cultivé  sans  engrais,  a  donné  souvent  30  à  40,000  kilog. 
de  racines  par  hectare.  Quoi  qu'il  en  soit,  une  forte  fumure  de  fumier 
de  ferme  stratifié  avec  du  phosphate  peut  presque  doubler  cette  pro- 
duction, et  la  fumure  reste  acquise  à  la  céréale  qui  suit. 

Lorsque  l'automne  et  l'hiver  ne  sont  pas  très  humides,  on  peut 
laisser  le  rutabaga  en  terre  :  ajoutons  que  ses  feuilles  sont  aussi  nutri- 
tives que  celles  du  chou. 

D'après  M.  Heuzé,  le  foin  de  prairie  étant  représenté  par  100,  le 
rutabaga  aurait  pour  équivalent  340.  11  est  à  nos  yeux  préférable  à  la^ 
betterave. 

La  carotte  à  collet  vert  est  cultivée  depuis  1840  dans  l'Ule-et- 
Vilaine  et  la  Loire-Inférieure,  etc.  Elle  est  plus  exigeante  que  le  ruta- 
baga, et  nécessite  des  soins  d'entretien  lorsqu'elle  est  envahie  par  les 
herbes.  C'est  ce  qui  la  fait  cultiver  en  billons  espacés  de  O^.GO  à 
O'^.TS,  de  manière  à  y  passer  la  houe  à  cheval,  sarcler,  et  éclaircir 
les  rangs. 

La  carotte  donnée  aux  vaches  leur  fait  donner  un  beurre  coloré  et 
de  bon  goût;  les  chevaux  mêmes,  et  surtout  les  poulains  la  mangent 


332  LES   LKGCIAIES   DE  GRANDE  CULTURE  EN  BRETAGNE. 

bien  et  acquièrent  un  poil  luisant  comme  avec  le  panais.  La  carotte,  du 
reste,  contient  du  sucre  et  vaut  mieux  que  la  betterave;  les  terres  que 
l'on  consacre  à  sa  culture  exigent  les  mêmes  soins. 

Pour  obtenir  de  30 ,000  à  40,000  kilog.  de  carottes  par  hectare,  il  faut 
de  20,000  à  25,000  kilog.  de  bon  fumier  stratifié  avec  du  phosphate. 

i.a  carotte  blanche  est  plus  nutritive  que  la  carotte  rouge,  et  surtout 
la  betterave.  D'après  M.  Boussingault,  le  foin  de  prairie  étant  représenté 
par  100,  la  carotte  blanche  aurait  pour  équivalent  273. 

Le  panais  est  cultivé  dans  le  nord  du  Finistère  où  il  fait  la  principale 
nourriture  des  chevaux,  juments  et  poulains.  On  considère  à  Je<\sey 
et  Guernesey  que  le  panais  que  l'on  donne  en  grande  abondaince  aux 
vaches  si  renommées  de  ces  îles,  rend  la  crème  plus  abondante,  et 
donne  au  beurre  un  goût  agréable  et  une  belle  couleur.  On  sait  du  reste 
que  c'est  sous  l'étiquette  de  beurre  de  Jersey  qu'on  tenta  l'envoi  de 
nos  premiers  beurres  de  Bretagne  en  Angleterre,  et  qu'ils  y  ont  conquis 
une  place  très  honorable  malgré  quelques  mélanges  et  des  fraudes 
mêmes  qui  ont  porté  coup  un  instant  à  notre  production, 

A  Jersey  et  dans  le  nord -Finistère,  le  panais  rencontre  le  climat 
maritime,  et  en  outre  les  engrais  de  mer  qui  renferment  des  sels  de 
soude  et  de  potasse  favorables  à  sa  culture.  Les  goémons  de  rive  et  de 
fond  servent  en  effet  à  la  fabrication  de  la  soude. 

On  connaît  la  tentative  si  désintéressée  de  Thonorable  M.  Le  Bian, 
vice-président  de  la  Société  d'agriculture  de  Brest,  pour  propager  dans 
l'intérieur  de  la  France  la  culture  du  panais  qu'il  considère  comme 
une  manne  pour  les  arrondissements  de  Morlaix,  Brest,  etc.  Elle  a  eu 
quelque  succès  tout  d'abord  ;  mais  la  non-réussite  de  la  propagation 
qu'ilespérait,  tient  à  l'absence  des  conditions  climatériques  spéciales,  et 
à  celles  du  sol  et  des  engrais  appliqués  aux  panais  tant  dans  le  nord- 
Finistère  qu'aux  îles  de  Jersey  et  de  Guernesey. 

L'î  panais  est  plus  exigeant,  on  le  voit,  sous  le  rapport  du  sol  et  de 
la  fumure  que  la  carotte,  la  betterave  et  le  rutabaga. 

Nous  n'avons  pas  l'équivalent  nutritif  du  panais  ;  mais  undociiment 
commercial  nous  l'apprend.  Dans  les  environs  deSaint-Pol,  de  Morlaix 
et  de  Brest  même,  les  1,000  kilog.de  racines  de  panais  valent  25  fr., 
la  moitié  du  foin. 

Nous  avons  voulu  donner  des  renseignements  précis  sur  les  légumes 
de  grande  culture  les  plus  favorables  à  l'engraissement  ,du  bétail  en 
Bretagne,  et  nous  nous  sommes  abstenu  de  parler  de  ceux  qui  sont 
communs  à  la  culture  générale  en  France.         A.  de  la  Morvonnais. 

SUR  LES  CAUSES  CAPABLES  D'INFLUER 

SUR     LA     TENEUR    EN    AMMONIAQUE    DES     EAUX    PLUVIALES 

.  On  sait  que  la  première  notion  sur  la  véritable  composition  des 
eaux  de  pluie  nous  a  été  fournie  en  France  par  M.  Barrai  dans  son  im- 
portant travail  de  1851-1852,  dont  les  résultats  généraux  furent  con- 
firmés plus  tard  par  M.  Boussingault  à  l'aide  de  méthodes  plus  simples 
et  plus  sensibles.  Malgré  cela,  nos  connaissances  sur  l'origine  et  la 
véritable  teneur  de  l'un  des  principes  constituants  de  ces  eaux,  l'am- 
moniaque, sont  loin  d'être  complètes.  On  admet  généralement  que  ces 
eaux:  météoriques  empruntent  l'alcali  volatil  à  l'atmosphère  qui  le 
contiendrait  probablement  à  l'état  de  matière  saline.  C'est  un  sujet 


TENEUR  EN    AMMONIAQUE   DES  EAUX   PLUVIALES.  333 

dont  je  m'occupe.  Mais  on  n'est  pas  plus  d'accord  sur  la  proportion 
même  d'ammoniaque  que  ces  eaux  renferment.  Chaque  auteur  donne 
des  cliifYres  différents. 

Dernièrement,  il  m'a  été  expédié  d'Algérie  des  eaux  de  plaie  dans 
lesquelles  il  m*a  été  impossible  de  déceler  la  moindre  trace  d'ammo- 
niaque, alors  qu'en  IHÔ'J,  j'avais  trouvé  dans  l'eau  du  Nil  prise  à 
différentes  époques  de  sa  crue  de  {)"^^.07  à  1 '"'''. 2  d'ammoniaque  par 
litre*.  Ce  serait  cependant  une  erreur  de  conclure  que  ces  eaux  mé- 
téoriques d'Algérie  n'ont  jamais  été  ammoniacales,  puisque  j'ai  fait 
voir  dans  un  travail  antérieur-,  avec  quelle  rapidité  les  eaux  perdent 
ce  principe  sous  l'influence  de  la  lumière  du  soleil.  De  sorte  que  le 
temps  écoulé  entre  le  moment  de  la  prise  deau  et  celui  oii  l'analyse 
a  été  faite,  est  un  facteur  important  dans  le  résultat  obtenu- 

On  en  trouvera  un  exemple  dans  les  dosages  que  j'opère  régulière- 
ment depuis  six  ans  sur  des  échantillons  d'eau  de  pluie  tombée  à 
Rouen,  représentant  une  fraction  moyenne  de  la  pluie  totale  recueillie 
chaque  mois  par  M.  Ludovic  Gully. 

Teneur  en  ammoniaque  des  eaux  de  pluie  de  Rouen  (partie  Haute-Est)  conservées 
pendant  un  mois  (1877  à  1882). 

JANVIER  FKVRIKR  MARS  AVRIL  MAI  JUIN 


..    -       -S.i       1^   •-       -2 .S       „   -2       -S  §       n   £       -2.S      «   S       -^.§      „ 


ANNEES  -';:         f  ,  - '=         ^  .  -5'=         Ô,  .  °  -        T,—         S-p. 

s  Z         '^  S  s  ~         <  â  3°  <  a  3=         <n  g-         <n  3^         < 


mill.  mill.  nill.  mill.  mill.  mill. 

1S77 ...69.30  0.1  73.OÔO.U  84.75  0.L5  49.00  0.03  6SJ5  0.35  hIM  0.00 

1878 46. .50  0.30  17. .')0  0.70  (•.1.40  O.I.t  91.85  0.00  Hfi.80  0.00  .58.65  0-10 

1879 59.15  0.20  73.35  0.20  26.05  0.6?  65.10  0.26  43.75  0.20  77.15  0.25 

1880 13. .50  0.3?  58. V5  0.24?  19.7  0.32  37  00  0.00  1.35  0.21  79.7  0.23 

1881 47.80  0.95  48. .50  0.61  23.0  0.80  17.00  0.40  19.25  0.10  23. .35  0.60 

1882 21.60  0.57  44. .50  0:4?  4'i.75  0.22  45.50  0.00  77.00  0.10  .52.75  0.00 

Moyenne  mensuelle 

des  6  années 0.39  0.38  0.37  OU  0.16  0-19 

JUILLET  AuUT  SEPTEMBRi:  OCTOBIli;  .NOVICMBRE  DICCEMRRE 

ANNÉES  |i        5|        ^1         5|        2-|         J.r         II        Jl         S|        J,^         £|        ?.- 

yS  ^,    ô  ^O  ,^Z  tjV  ""Ùj- 

mill.  mill.  mill.  mill.  mill.                     mill. 

1877 65.05  0.00  49.5  0.00  34.75  0.05  63.4  0.20  123.0;;  O.CO  78.3     0.40 

1878 33.95  0.00  95.75  0.00  41.05  0.10  102. ;iO  0.00  142.00  0.15  45.75   0.20 

1879 71. .50  0.00  84.0  0.12  33.00  0.15  44.25  0.00  13.00  0.28   35,75  C.22 

1880 IIJG.73  0.00  84.50  0.11  84.50  0.00  109. io  0.30  39.75  0.20  82.60  0.11 

1881 43.00  0.00  105.73  0.00  111.73  0.00  41.3  0  11  53  5  0.00  49.4     0.50 

1882 80.75  0.00  92.85  0.00  83.50  0.00  92.75  0.00  llil.lO  0.00  104.5     0.05 

Moyenne  mensuelle 

des  6  années 0-00  0.04  0.05  0.10  0.10               0.25 

Moyenne  annuelle  :  0"''".17  d'ammoniaque  dans  un  lilrc  d'eau  conservée  pendant  un  mois. 

L'udomètre  étant  à  l'abri  du  soleil,  du  moins  le  récipient  où  se  rend 
l'eau,  on  verra  que  la  chaleur  agit  comme  la  lumière,  ce  que  j'ai 
d'ailleurs  démontré  directement  dans  mon  travail  de  1S7G. 

Pendant  six  ans  et  sans  exception,  les  eaux  recueillies  en  totalité 
pendant  le  mois  le  plus  chaud  de  l'année  —  le  mois  de  juillet  —  n'ont 
offert,  pas  plus  à  ma  méthode  qu'au  procédé  de  M.  Boussingault,  la 
moindre  trace  d'ammoniaque.  J'attribue  l'absence  de  cet  alcali,  non 

1.  A.  Ho'jzeau.  Sur  la  cuinj)Osition  du  limon  el  de  l'eau  du  Nil  considcrée  au  point  de  vue 
aijricule.  Comptes  rendus,  t.  68,  page  612. 

2.  A.  Houzeau.  Recherches  sur  la  disparition  de  Vanimoniaquc  contenue  dans  les  cauj:,C.  R., 
septembre  1876. 

*    * 


334 


TENEUR  EN   AMMONIAQUE   DES  EAUX  PLUVIALES 


pas  à  sa  volatilisation,  mais  à  son  absorption,  du  moins  en  partie,  par 
la  matière  organique  que  ces  eaux  renferment.  Une  autre  cause  qui 
influe  considérablemenl  aussi  sur  la  teneur  en  ammoniaque  de  l'eau 
pluviale,  est  la  quantité  d'eau  tombée  mensuellement.  C'est  ce  qui 
résulte  d'une  façon  générale  de  l'inspection  du  tableau  qui  précède, 
A  part  certains  cas  exceptionnels  dont  je  rechercbe  la  cause,  on  voit 
que  moins  il  tombe  de  pluie,  plus  celle-ci  est  riche  en  ammoniaque. 

Auguste  HouzEAU. 

LES  MACHINES  AU  CONCOURS  GÉNÉRAL  DE  PARIS- -IIU 

Il  y  a  eu,  depuis  plusieurs  années,  peu  de  modifications  importantes 
à  signaler  dans  la  construction  des  machines  à  battre.  Les  ingénieurs, 
aujourd'hui  nombreux,  qui  se  livrent  à  ia  fabrication  de  ces  engins, 
se  sont  surtout  préoccupés  des  moyens  à  adopter  pour  obtenir  un  plus 
parfait  nettoyage  du  grain  battu,  sans  chercher,  d'une  manière  spéciale, 
à  réaliser  des  simplifications  dans  les  transmissions  de  mouvement 


Fig.  33.  —  Batteuse  ordinaire  de  M.  Cumming. 


aux  divers  organes  de  la  batteuse  et,  par  suite,  à  diminuer  le  prix  de 
revient. 

L'exposition  de  Paris  nous  a  apporté,  à  cet  égard,  une  disposition 
absolument  nouvelle.  Elle  est  due  à  M.  J.  Cumming,  ingénieur-con- 
structeur à  Orléans,  dont  le  nom  est  connu  des  agriculteurs  depuis 
près  de  trente  ans,  et  dont  les  machines  sont  répandues  dans  un  très 
grand  nombre  d'exploitations  agricoles.  Simplifier  les  organes  des 
mouvements  de  la  machine  à  battre,  sans  diminuer  le  travail  obtenu, 
tel  est  le  problème  qu'il  s'est  posé,  et  dont  il  a  obtenu  une  solution 
qui  frappera  l'esprit  de  tous  les  agriculteurs. 

Dans  les  batteuses  du  système  Cumming,  comme  dans  celles  qui 
sortent  de  la  plupart  des  ateliers  anglais  et  français,  It;  mouvement  est 
donné  au  batteur,  au  secoueur,  aux  tarares,  à  l'élévateur,  etc.,  par  des 
arbres  distincts,  entraînant,  par  suite,  un  nombre  considérable  de 
coussinets  et  des  frottements  nombreux  par  les  courroies  ;  on  doit  les 
surveiller  sans  relâche,  les  graisser  souvent,  pour  en  assurer  U  fonc* 
tionnement.  Dans  la  nouvelle  batteuse  Cumminof,  le  nombre  des  arbres 
est  réduit  au  strict  nécessaire,  et  par  des  combinaisons  ingénieuses, 
on  obtient  le  même  travail.  Il  n'y  a  plus  que  deux  arbres,  celui  du 

1.  Voir  le  Journal,  du  27  janvier  et  du  24  février,  page  loi  et  293  de  ce  volume. 


LES   MAClilNES   AU    CONCOUHS   GKNKl-'AJ.  DE  PARIS. 


335 


batteur,  celui  du  secoueur;  par  conséquent,  il  n'y  a  que  quatre  cous- 
sinets à  graisser;  il  en  résulte  que  l'on  a  moins  de  dépense  de  main- 
d'œuvre  et  d'huile  pour  le  graissage. 

La   comparaison  de  la  f1g.  33  qui  montre  l'ancienne  iDatteuse  du 
système  Cumming,   et  de  la  fig.    .'j'i    qui  en  représente  le    nouveau 


Fi; 


iNuuvelle  batteuse  de  M.  Cumiauiy. 


modèle,  montre  déjà  comment  celte  simplification  est  apparente  à 
Textérienr.  Afin  de  faire  saisir  le  mécanisme  de  ce  nouveau  type,  la 
fig.  35  en  montre  la  coupe  intérieure.  B  est  l'arbre  qui  donne  le  mou- 
vement au  batteur,  (le  batteur  est  en  fer,  de  même  que  le  contre- 
balteur;  sa  largeur  est  de  P.GO,  de  sorte  que  l'on  peut  engrener  les 


Fig.  35.  —  Coupe  de  la  nouvelle  batteuse  de  M.  Cuinniing. 

tiges  les  plus  longues.  En  A,  b  l'autre  extrémité  de  la  machine,  est 
l'arbre  coudé  des  secoueurs  SS  ;  les  secoueurs  sont  à  persiennes,  et 
leur  longueur  est  de  2"'. 70.  Le  même  arbre  donne  le  mouvement  aux 
augets  TT'.  Au-dessous,  en  G  sont  les  grilles  des  trémies  sur  lesquelles 
souffle  le  ventilateur  placé  latéralement.  Le  grain  vanné  tombe  en  V, 
pour  sortir  par  une  buse  où  il  est  recueilli  en  sac.  Quant  aux  déchets, 
balles,  otons,  etc.,   le  tout  sort  au-dessus  des  trémies,  par  le  large 


.336  LES  MACHINES  AU   CONCOURS  GÉNÉRAL    DE  PARIS. 

orifice  que  la  fif]çure  34  montre  derrière  la  roue.  Ainsi,  le  grain  sort 
en  arrière  de  la  machine;  la  paille,  purgée  de  tout  grain,  en  avant;  les 
déchets,  latéralement.  A  la  partie  inférieure  de  la  machine,  il  n'y  a 
aucune  ouverture. 

La  simplification  apportée  dans  les  transmissions  de  mouvement 
])résente  une  première  conséquence,  c'est  que,  pour  faire  ni  môme 
travail,  il  ne  sera  pas  nécessaire  de  dépenser  une  force  aussi  considé- 
rables. A  côté  de  l'économie  de  main-d'œuvre  et  d'huile  de  i^raissac-e, 
il  faut  donc  inscrire  une  nouvelle  économie,  celle  du  charbon  brûlé. 
Il  en  est  encore  une  autre  que  nous  ne  devons  pas  omettre  de  signaler, 
c'est  qu'une  machine  de  ce  genre  peut  être  vendue  moias  cher;  au  lieu 
de  2,100  francs  que  coûtait  la  batteuse  de  M.  Cumming,  le  nouveau 
modèle,  pour  la  même  force,  ne  coûte  que  1 ,700  francs.  Il  y  a  donc 
là  un  ensemble  de  circonstances  qui  sont  de  nature  à  appeler  vive- 
ment l'attention  de  tous  les  agriculteurs.  Obtenir  le  même  résultat 
avec  moins  de  dépense,  tel  est  un  des  principaux  avantages  que  pré- 
sente l'emploi  des  bonnes  machines. 

[La  suite  prochainement) ,  Henry  Sagmer. 

LE  CONCOURS  HIPPIQUE  DE  BORDEAUX 

Le  concours  que  la  Société  hippique  française  organise  chaque 
année  à  Bordeaux  pour  encourager  la  production  du  cheval  de  service 
a  eu  lieu  du  1 1  au  18  février. 

Comme  les  années  précédentes,  les  chevaux  originaires  de  la  circon- 
scription du  midi,  c'est-à-dire  des  départements  de  l'Ariège,  del'Aude, 
de  l'Aveyron,  de  la  Charente,  de  la  Charente-Inférieure,  de  la  Corrèze, 
de  la  Creuse,  de  la  Dordogne,  de  la  Haute-Garonne,  du  Gers,  de  la 
Gironde,  de  l'Hérault,  des  Landes,  du  Lot,  de  Lot-et-Garonne,  des 
Basses-Pyrénées,  des  Hautes-Pyrénées,  des  Pyrénées -Orientales,  du 
Tarn,  de  Tarn-et-Garonne  et  de  la  Haute- Vienne  ont  seuls  été  admis  à 
concourir. 

L'hippodrome  placé  au  centre  de  la  ville,  sur  l'esplanade  des  Quin- 
conces, offrait  les  meilleures  conditions  pour  une  bonne  réussite. 
Malheureusement  le  mauvais  temps  est  venu  contrarier  cette  fête 
pendant  la  majeure  partie  de  la  semaine. 

Les  inscriptions  au  catalogue  du  concours  s'élevaient  à  190  têtes  ; 
l'année  dernière  ce  même  chiffre  ne  dépassait  pas  169  déclarations. 
Cet  effectif  considérable  était  réparti  en  cinq  classes  et  en  diverses 
catégories  de  spécialités.  Dans  les  cinq  classes  se  trouvaient  rangés  : 
les  grands  carrossiers,  les  carrossiers  légers,  les  chevaux  de  victorias 
ou  de  tilburys,  les  chevaux  de  selle  et  enfin  les  poneys  de  5  à  6  ans. 
Les  catégories  de  spécialités  comprenaient,  au  contraire,  les  poulains 
et  pouliches  de  3  ans  non  dressés,  les  courses  au  trot  monté,  les  chevaux 
sautant  les  obstacles,  parmi  lesquels  figuraient  des  chevaux  appartenant 
à  l'armée,  présentés  par  des  oiliciers  ou  des  sous-officiers  en  uniforme, 
les  juments  poulinières,  les  équipages  et  chevaux  de  maître,  et,  en 
dernier  lieu,  les  épreuves  de  dressage  et  de  manège. 

Le  programme  des  récompenses,  qui  a  été  augmenté  cette  année, 
contenait  260  prix  représentant  ensemble  une  somme  de  48,21 2  francs. 
Il  avait  été  mis,  en  outre,  à  la  disposition  du  jury,  une  coupe  d'une 
valeur  de  1 ,000  francs,  destinée  à  être  offerte  au  cavalier  ayant  fourni 


LE  CONCOURS  HIPPIQUE  DE  BORDEAUX.  337 

la  meilleure  course  d'obstacles.  Dans  des  concours  semblables  succes- 
sivement tenus  à  Nantes,  à  Lille,  à  Lyon  et  à  Paris,  il  sera  distribué 
cette  année,  comme  les  années  précédentes,  une  somme  d'environ 
300,000  francs  par  la  Société  bippique.  Ce  sont  là  des  efforts  dignes 
d'être  signalés  et  dignes  aussi  de  la  reconnaissance  des  éleveurs. 
Et,  nous  n'en  doutons  pas,  c'est  grâce  à  de  tels  encouragements  et 
grâce  également  aux  importantes  récompenses  distribuées  cbaque 
année  par  l'administration  des  haras  que  la  population  bippique  de  la 
France  s'est  accrue,  depuis  le  recensement  de  1878,  de  plus  de 
100,000  tèles.  C'est  surtout  dans  la  région  du  midi,  peu  adonnée 
jusqu'à  présent  à  l'élève  du  clieval  et  oii  toute  tradition  et  toute  notion 
spéciale  faisaient  défaut,  que  les  progrès  ont  été  le  plus  sensibles. 

La  partie  la  plus  remarquable  du  concours  comme  exposition  était 
les  groupes  de  chevaux  présentés  par  les  écoles  de  dressage  de 
Rochefort,  Bordeaux  et  Tarbes,  placées  sous  l'habile  direction  de 
MM.  de  Cugnac,  du  Parc  et  Hourguès.  Ces  utiles  auxiliaires  viennent 
cependant,  nousa-t-on  assuré,  d'être  gravement  atteints  dans  leur  exis- 
tence. Al'avenir,  ilsnerecevrontplusla  subvenlionde  40,000 Irancs  qui 
leur  était  annuellement  allouée  par  l'Etat.  C'est  là  une  mesure  fâcheuse 
en  ce  que  ces  établissements  avaient  largement  rontribuéaux  progrès 
réalisés  par  la  propagation  des  meilleures  méthodes  d'éducation  pour 
le  cheval. 

La  Section  des  poulains  hongres  et  des  pouliches  non  dressés  ren- 
fermait au  concours  de  cette  année  des  sujets  de  forme  élégante,  ayant 
en  général  des  aplombs  irréprochables,  mais  ils  ont  paru  manquer  de 
taille.  Il  en  a  été  de  même  pour  la  Section  des  grands  carrossiers 
de  V".G3  et  au-dessus.  Aussi  le  jury  n"a-t-il  pu  distribuer  toutes  les 
récompenses  réservées  à  cette  dernière  division. 

Citons  néanmoins  parmi  la  magnifique  collection  de  chevaux 
exposés  :  Kytouçhay  à  M.  de  Guillhemanson,  Juliette  à  M.  d'Ar- 
changue,  Bète-à-chagrinàM.  Champagne,  Bonne  à  M.  Muillier,  Layrisse 
à  M.  Saint-Blancat,  Caprice  à  M.  Montouroy,  Bail  à  M.  Autant,  Bril- 
lante à  M.  Targé,  Pompon  à  M.  Roques,  Vagabond  à  M.  Labordette, 
Féerie  à  M.  Boutayon,  Nina  à  M.  Latour,  Pélican  à  M.  de  Mauvezin, 
Kali  à  M.  Dérat,  Jouste  et  Bayard  à  M.  Gacon,  Artiste  à  M.  Targé, 
Rigodon  à  M.  de  Sèvin,  Rosette  à  M.  Capdeville.  qui  ont  chacun  obtenu 
le  premier  prix  de  leur  section. 

Le  concours  des  équipages  consiste  en  un  défdé  auquel  peuvent 
prendre  part  toutes  les  écuries.  Il  s'agit  de  s'y  distinguer  à  la  fois 
par  la  race  des  chevaux,  la  coupe  de  la  voiture,  le  style  du  cocher. 

Cette  partie  du  concours  a  été  fort  brillante  à  Bordeaux.  On  a  vu 
figuier  dans  l'enceinte  de  l'hippodrome  des  curricles,  voitures  anglaises 
à  deux  roues  encore  peu  répandues  en  France,  des  landaus,  des 
phaetons,  des  coupés  élégamment  tournés,  pourvus  d'organes  souples 
et  garnis  des  capitons  les  plus  moelleux,  des  tilburys  avec  des  sus- 
pensions aériennes  et  des  roues  à  pattes  d'araignées.  A  ces  élégants 
véhicules  étaient  attelés  des  chevaux  finement  iiarnachés,  au  poitrail 
développé,  aux  membres  puissants  et  souples,  portant  haut  le  front, 
à  la  fois  impatients  et  disciplines. 

Le  succès  de  la  journée  a  été  pour  les  magnifiques  équipages  de 
MM.  Carayon-Latour,  Piganeau  et  Lawton  de  Bordeaux. 

L'épreuve    des  chevaux  montés  a  fait  ressortir  le  mérite  comme 


338 


LE  CONCOURS   HIPPIQUE  DE  BOR0E.\.UX. 


écuyer  de  M.  le  baron  Fleury,  lieutenant  au  15'"°  dragons.  Ce  brillant 
cavalier  a  gagné  le  prix  de  la  coupe  réservé  à  la  meilleure  course 
d'obslacles.  MM.  d'Arcliangues,  du  Peyrat,  Pérès,  Pouydebat,  de  Gra- 
raont,  officiers  de  cavalerie^,  Montuuroy,  Daniel  Bert,  sporlmen  distin- 
gués, ont  obtenu,  après  une  brillante  course,  les  principales  récom- 
penses de  cette  section. 

Toutes  les  opérations  du  concours  se  sont  passées  dans  un  ordre 
parfait.  Cette  magnilique  fêle  dirigée  par  les  membres  de  la  Société 
hippique  formant  le  (-omité  du  midi,  qui  est  lui-même  présidé  par 
M,  Carayon-Latour,  u'a  rien  laissé  à  désirer. 

En  résumé,  le  concours  dont  nous  venons  de  donner  un  rapide 
aperçu,  atteste  un  progrès  notable  dans  la  production  chevaline,  et  il 
témoigne  en  outre,  nous  sommes  heureux  de  le  reconnaître,  que  le 
goût  noble  du  cheval  est  resté  vivant  parmi  nos  populations  méri- 
dionales. Louis  BllUGUlÈRE. 


CHARRUE  FORESTIÈRE 

La  charrue  forestière  construite  aujourd'hui  dans  les  ateliers  Bruel 
et  Brunat,  à  Moulins,  fonctionne  avec  grand  succès  dans  les  forêts  de 
TElat  et  les  forêts  pariiculières  de  M.  Darblay  aux  environs  de  Châ- 
tellerault.  Elle  a  été  éprouvée  sous  tous  les  aspects  de  force,  d'utilité, 
de  facilité  de  manœuvre,  d'économie,  enfin  sous  le  rapport  des 
résultats  qu'on  en  obtient.  Au  dire  des  personnes  compétentes  qui  les 
ont  vus,  les  semis  exécutés  dans  le  département  de  Loir-el-Cher,    à 


Fig.  36.  —  Charrue  forestière  de  M.  Bruel. 


l'aide  de  la  charrue  forestière,  sont  plus  complets,  plus  vigoureux  que 
ceux  obtenus  jusqu'à  ce  jour  par  les  procédés  ordinaires  de  culture  à 
la  houe,  ou  au  moyen  de  la  cliarrue  agricole.  La  raison  en  est  que  les 
graines,  déposées  dans  la  partie  superficielle  et  la  plus  riche  du  ter- 
rain, sont  recouvertes  d'humus,  de  feuilles,  de  débris  végétaux  de 
toute  nature,  très  favorables  à  la  végétation. 

La  charrue  forestière  (fig.  36)  est  entièrement  en  fer  de  première 
qualité;  elle  remue  effectivement  la  superficie  du  terrain  '  à  ense- 
mencer, sans  le  défoncer  et  surtout  sans  ramener  à  la  surface,  les 
terres  du  fond.  Elle  rompt  l'adhérence  superficielle  depuis  3  jusqu'à 
10  centimètres,  et  plus  si  l'on  veut,  de  profondeur;  et  elle  ameublit 
les  terrains  les  plus  résistants,  en  même  temps  qu'elle  opère  le  recou- 
vrement des  foraines. 


CHARRUE  FORESTIÈRE.  339 

Elle  a  pour  objet  de  faciliter  les  semis  de  toute  espèce^  et  principa- 
lement d'utiliser  les  glandées  qui  se  produisent  le  plus  souvent  sans 
résultat,  comme  le  constatent  les  faits  constatés  dans  les  annales 
forestières.  Elle  manœuvre  avec  une  extrêmi?  facilité  au  milieu  des 
réserves,  des  coupes  d'ensemencement;  elle  manœuvrerait  de  même 
à  travers  les  cépées  d'un  taillis  appauvri.  Les  racines  des  arbres,  les 
étocs,  les  bruyères^  le  gazonnement  le  plus  prononcé,  ne  sont  pas  des 
obstacles  à  son  passage;  un  ouvrier  vigoureux  peut,  d'une  seule  main, 
à  l'aide  du  levier  cintré  E,  replacer  l'instrument  sur  ses  roues  pour  lui 
faire  franchir  les  obstacles  et  le  remettre  en  travail  sans  arrêter  l'atte- 
lage. Ce  levier  sert  effectivement,  par  un  mouvement  de  soulèvement 
et  de  recul,  facile  et  simple,  à  dégager  la  charrue  des  obstacles  qu'elle 
rencontre. 

Dans  les  terrains  forestiers,  tels  qu'on  les  trouve  sous  le  couvert 
des  arbres,  deux  chevaux  suffisent  pour  conduire  la  charrue  fores- 
tière et  parcourent  facilement  par  jour  une  étendue  moyenne  d'un 
hectare  et  demi.  Dans  les  terrains  découverts,  encombrés  de  bruyères, 
d'ajoncs,  ou  fortement  gazonnés,  dans  les  sols  d'une  ténacité  excep- 
tionnelle, on  attelera  trois  ou  môme  quatre  chevaux,  qui  laboureront 
par  jour  la  même  étendue.  Un  inspecteur  des  forêts  de  Blois,  pays 
dans  lequel  cette  charrue  fonctionne  depuis  fort  longtemps,  évalue  de 
7fr.  50  à  35  francs  les  frais  de  labour  par  hectare.        L.   de  Sardriac. 

LES  ANIMAUX  AU  CONCOURS  DE  PARIS  EN  1883.-111 

L'adjonction  d'une  exposition  de  reproducteurs  à  celle  des  animaux 
gras,  comme  nous  l'avons  vu,  n'est  point  une  innovation  absolue. 
Cette  adjonction  avait  été  essayée  déjà,  mais  sans  succès,  à  tel  point 
qu'on  fut  obligé  de  la  discontinuer.  Toutefois  cette  année  il  y  avait 
déjà  un  changement  radical  dans  les  conditions  de  cette  annexe, 
lequel  en  modifiait  sérieusement  l'économie.  H  y  a  quelques  années, 
lorsqu'on  admit  les  étalons  reproducteurs,  on  se  contenta  de  leur 
ouvrir  les  portes  du  palais,  puis  on  les  relégua  dans  un  coin  obscur 
et  on  ne  s'en  occupa  point  autrement.  Point  de  concours,  partant  point 
de  jury,  point  de  récompenses  distinctives;  en  un  mot,  c'était  tout 
simplement  une  bande  d'animaux  alignés  et  offerts  aux  acheteurs, 
comme  dans  une  foire,  ni  plus  ni  moins.  Cette  fois-ci,  il  faut  l'admettre, 
les  choses  ont  été  faites  un  peu  plus  dignement.  On  a  assigné  à  cette 
annexe  de  rexpositioû  un  emplacement  réservé  plus  clair,  plus  en  vue 
et  surtout  plus  accessible.  Seulement  la  saison  inopportune  que  l'on 
a  choisie  exigeait  l'enveloppement  des  animaux  exposés  avec  des 
couvertures,  de  sorte  que  l'inspection  et  l'appréciation  pour  le  public 
général  en  étaient  pour  ainsi  dire  impossibles.  C'était  pratiquement 
une  exposition  fermée,  et  cet  inconvénient  n'était  pas  un  des  moindres 
«le  ce  malheureux  choix  d'une  saison  si  intempestive  et  si  peu  adaptée 
à  une  exposition  de  reproducteurs,  lesquels  sont  sensés  ne  pas  avoir, 
pour  les  garantir  du  froid,  cette  couche  de  graisse  qui  est  le  propre  des 
animaux  préparés  pour  la  boiicherie.  En  outre  d'une  installation  plus 
convenable,  il  y  avait  au  moins  un  concours  sanctionné  par  une  distri- 
bution de  médailles.  Les  prix  en  espèces  sonnantes  auraient  bien  mieux 
fait  l'atîaire  des  exposants.  iMais,  après  tout,  ces  distinctions,  purement 
honorifiques,  avaient  leur  raison  d'être,  et  témoignent  dans  une  juste 


340  LKS  ANIMAUX  AU  CONCOURS  DE    PARIS. 

mesure  de  la  sollicitude  de  l'administration.  En  conscience,  il  n'eût 
pas  été  raisonnable  de  réclamer  davantage.  Le  but  ostensible  de  cette 
exposition  était  la  vente  des  animaux  exposés.  Cette  vente,  sans  aucun 
doute,  était  surtout  l'afYaire  et  l'intérêt  des  exposants;  mais  au-dessus 
de  cette  considération  terre  à  terre,  il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  celle,  bien 
supérieure,  de  la  dissémination  de  ces  éléments  de  progrès,  de  la  faci- 
lité ainsi  créée  pour  les  éleveurs,  de  choisir  et  d'acheter,  dans  des  con- 
ditions abordables,  les  étalons  dont  ils  ont  besoin.  Il  faut  aussi  consi- 
dérer la  création  d'une  occasion  unique  de  faire  connaître  et  apprécier 
au  public  les  qualités  des  reproducteurs  dont  lintluence  amélioratrice 
a  produit  ces  magnifiques  animaux  gras  remplissant  les  travées  voi- 
sines. Si  ce  n'était  l'inconvénient  de  la  saison  froide  de  janvier  et  de 
février,  si  funeste  à  la  santé  de  reproducteurs,  généralement  tenus  en 
stabulation  permanente  et  qu'on  fait    ainsi   voyager  par  une  saison 
presque  toujours  rigoureuse,  cette  juxtaposition  des  reproducteurs  et 
des  produits  pourrait  donner  lieu  à  un  très  utile  enseignement.  Mais 
en  somme.  Je  crois  que  les  inconvénients  de  la  saison  contrebalancent, 
et  bien  au  delà,  l'avantage  qui  pourrait  découler  d'un  semblable  rap- 
prochement. Dans  tous  les  cas,  offrant  des  médailles,  le  gouvernement 
a,  tout  fait  ce  qu'il  pouvait  faire,  ce  qui  ne  mempêche  pas  de  dire  que 
je  crois  cette  générosité  absolument  inutile,  car  elle  n'ajoute  aucune 
sanction  sérieuse  au  verdict  du  jury.  C'est  de  l'argent  on  ne  peut  plus 
inutilement  employé.  Ces  médailles  n'ont  aucune  raison  d'être.  Il  faut 
qu'une  récompense  soit  la  sanction  d'un  mérite  absolu  et  non  celle  d'un 
mérite  relatif.  Voilà  une  exposition  composée  d'un  nombre  très  res- 
treint de  reproducteurs,  tous  d'une  flagrante  médiocrité;  on  donne 
une  médaille  d'or  au  moins  mauvais;  je  demande  quelle  recommanda- 
tion pratique  et  réelle  cette  distinction  donne-t-elle  à  cet  animal  comme 
reproducteur?   Quelle  valeur  additionnelle    cet   animal    acquiert-il? 
En  cas  de  vente,  à  qui  revient  la  médaille?  à  l'acheteur?  ou  bien  reste- 
t-elle  au    vendeur?  En  un  mot,   la  récompense   est-elle  accordée  à 
l'animal  pour  établir  sa  valeur  comme  reproducteur,  ou  bien  à  l'expo- 
sant comme  appoint  de  sa  spéculation,  ou   bien  à  l'éleveur  comme 
récompense  de  son  habileté?  C'est  ce  qui  ne  ressort  pas  bien  claire- 
ment du  programme,  et  cependant  tout  cela  est  indispensable  à  savoir. 
Le  fait  est  que  la  chose  a  été  décidée  trop  à  la  hâte.  On  a  senti  le 
besoin  de  faire  quelque  chose  dans  le  sens  indiqué  par  l'expression  des 
vœux  formulés  par  les  éleveurs.  L'exposition  ébauchée  était  devenue 
une   nécessité,   mais  le  temps   a    manqué  pour  mi^u^ir  l'idée   et   en 
établir  l'exécution  sur  des  bases  rationnelles  et  pratiques.  Dans  tous 
les  cas,  il  n'y  a  aucun  reproche  à  faire  au  gouvernement  qui  a  fait  ce 
qu'il  a  pu  faire,  et  qui,  il  faut  l'espérer,  a  pu  acquérir  assez  d'expé- 
rience par  cet  essai  peu  réussi,   pour  organiser  à  l'avenir  cette  nou- 
velle institution  d'une  manière  plus  solide  et  plus  efficace. 

Mais  que  dire  de  l'idée  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France 
d'off'rir  aux  taureaux  lauréats  des  primes  de  saillie,  comme  on  en 
donne  aux  étalons  approuvés  du  gouvernement  ou  du  département? 
Voyez-vous  ces  taureaux,  allant  de  foire  en  foire,  démarchés  en 
marchés,  de  chefs-lieux  en  chefs-lieux,  leur  carte  de  prime  attachée 
aux  cornes  ou  à  la  queue,  avec  des  faveurs  bleues,  jaunes  ou  violettes 
selon  le  degré  de  la  distinction,  et  attirant  les  vaches  du  pays  par  un 
boniment  quelconque. 


LES  ANIMAUX   AU  CONCOURS  DE   PARIS.  341 

Ces  primes  de  reproducteurs,  si  elles  ont  une  signification  quel- 
conque, ne  peuvent  avoir  que  celle-là,  car  on  les  a  assimilées  à  celles 
des  chevaux  entiers  qui  t'ont  la  monte  dans  les  campagnes.  On  a 
voulu,  et  on  l'a  dit,  l'aire  pour  les  taureaux,  ce  qu'on  fait  pour  les 
étalons  rouleurs.  Risum  teneatis  amiril  Esl-il  possible  de  rien  conce- 
voir de  plus  saugrenu,  et  comme  je  l'ai  dit  dans  mon  dernier  article,  de 
plus  ridicule?  Mais  en  admettant  que  les  propriétaires  de  taureaux 
munis  de  leur  pancarte  attestant  la  prime  de  perfection,  ne  soient  pas 
tenus  de  les  faire  circuler  en  quête  de  vaches  à  saillir,  ils  doivent  sans 
doute  être  soumis  à  quelques  obligations  en  retour  des  300  francs  ou 
200  francs  qu'on  leur  attribue.  Seront-ils  obligés  de  faire  saillir  toutes 
les  vaches  qu'on  leur  amènera?  ou  bien  leur  accorde-t-on  une  cer- 
taine latitude  d'éclectisme?  La  saillie  est-elle  limitée  au  pur  sang,  ou 
bien  sera-t-on  obligé  d'admettre  des  vaches  d'autres  races,  ou  déjà 
croisées?  Le  prix  de  la  saillie  est-il  facultatif  au  gré  du  propriétaire  de 
l'animal  ou  bien  y  aura-t-il  un  tarif  fixé  à  l'avance?  Il  est  possible  que 
tout  cela  soit  prévu  et  arrêté,  mais  j'avoue  n'avoir  vu  nulle  part  la 
solution  de  ces  questions.  Comme  tout  cela  est  impraticable! 

Supposons  que  j'aie  un  voisin  dont  l'étable  est  fort  inférieure  à  la 
mienne.  Il  a  mené  ses  taureaux  au  concours  d'étalons,  moi  j'ai  gardé 
les  miens  pour  une  raison  ou  pour  une  autre.  Ses  taureaux  reviennent 
avec  des  cartes  de  prime  dont  il  se  fait  naturelhmient  une  réclame.  Les 
animaux  ont  facilement  triomphé  sur  un  ensemble  de  médiocrité.  Un 
troisième  voisin  arrive  avec  une  vache  à  faire  saillir;  il  dédaigne  naturel- 
lement mes  taureaux,  bien  qu'ils  soient  infiniment  supérieurs  à  ceux  de 
mon  voisin,  parce  que  celui-ci  am-a  fixé  à  sa  porte  le  signe  de  la  prime 
qu'il  aura  gagnée.  Quelle  valeur  absolue  peut-on  attribuer  à  un  animal 
qui  triomphe  dans  une  classe  remplie  de  médiocrités  ?  Et  il  ne  faut 
pas  se  le  dissimuler,  tant  qu'on  n'offrira  pas  de  bons  prix  bien 
substantiels  aux  exposants,  ces  concours  gratuits  n'attireront  jamais 
que  des  animaux  inférieurs,  et  l'objet  qu'on  a  en  vue  sera  fatalement 
déjoué. 

Tous  les  éleveurs  savent  fort  bien  que  si  l'on  donne  à  saillir  à  un 
mâle  pur  sang  une  femelle  d'une  race  différente  de  la  sienne,  ayant 
des  traits  caractéristiques  qui  diffèrent  de  ceux  de  la  race  à  laquelle 
il  appartient,  il  arrive  souvent  que  ce  mâle  communique  aux  femelles 
de  sa  race  les  traits  distinctifs,  et  même  certaines  difformités  de  la 
femelle  hétérogène  qu'il  aura  précédemment  saillie.  Avec  un  semblable 
phénomène,  comment  osera-l-on  prescrire  au  propriétaire  d'un  repro- 
ducteur mâle  primé  une  obligation  quelconque  d'admettre  à  la  saillie 
de  son  étalon  toutes  les  femelles  qu'on  lui  amènera?  S'il  y  a  une  res- 
triction, où  est-elle  indiquée?  et  s'il  n'y  a  aucune  obligation,  à  quoi 
bon  la  prime? 

D'un  autre  côté,  comme  la  prime  peut  être,  laute  de  bons  concur- 
rents, ou  par  erreur  de  jugement  de  la  part  du  jury,  attribuée  à 
un  animal  défectueux,  voilà  le  goût  des  jeunes  éleveurs  tout  à  fait 
dévoyé.  L'animal  primé  sera  naturellement  considéré  comme  un  type 
de  perfection  qu'on  viendra  admirer  et  étudier.  A  quelque  point  de 
vue  qu'on  se  place,  il  est  impossible  de  ne  pas  être  frappé  de  l'ano- 
malie d'un  pareil  système  et  de  son  inanité.  Si  encore  le  jury  était 
assez  sévère  pour  n'accorder  cette  magnifique  prime  de  300  francs 
qu'à    des   animaux   d'élite,  et  la  refuser  irupitoyablement,    dans  le 


342  LES  ANIMAUX  AU  CONCOURS  DE    PARIS. 

cas  où  les  accidents  de  ces  expositions  n'offriraient  aucun  animal 
digne  de  cette  distinction,  le  principe  serait  sauf,  mais  il  n'y  aurait 
plus  d'exposants.  Le  vice  radical  de  ce  mode  de  distinction,  c'est  le 
risque  d'attribuer  à  un  animal  médiocre  une  prééminence  continue, 
qu'il  peut  ne  devoir  qu'à  une  concurrence  restreinte  comme  nombre 
et  comme  qualité.  Le  véritable  principe  d'un  concours  semblable  est 
de  se  suffire  à  lui-même;  la  véritable  sanction  du  mérite  d'un  animal, 
c'est  l'enchère.  Donnez  des  prix,  cela  est  essentiel;  mais  que  ces 
récompenses  n'aillent  pas  au  delà  du  concours.  Un  animal  gagne  le 
premier  prix,  mais  ce  premier  prix  n'a  qu'une  valeur  relative,  c'est- 
à-dire  que  l'animal  qui  l'a  remporté  a  été  le  plus  beau  de  ceux  avec 
lesquels  il  concourait.  Mais  là  s'arrête  la  distinction.  Avec  ce  système 
de  primes  d'étalons,  vous  donnez  une  valeur  continue  à  un  animal, 
laquelle  tend  à  lui  donner  une  prééminence  même  sur  ceux  qui  ne 
concouraient  pas  avec  lui.  C'est  un  principe  faux  dont  l'application 
peut  aller  à  Tencontre  de  nos  intentions  à  tous,  c'est-à-dire  l'encou- 
ragement au  progrès. 

11  ne  m'est  guère  possible  de  quitter  le  sujet  de  la  splendide  exposition 
qui  vient  d'avoir  lieu  sans  exprimer  l'impression  favorable  que  j'en 
ai  ressentie.  Tout  y  était  à  admirer.  C'était  une  des  choses  en  ce 
genre  les  plus  complètes  et  les  mieux  organisées  que  j'aie  jamais  vues. 
On  avait  tout  sous  la  main,  quelques  pas  en  avant  ou  en  arrière 
vous  mettaient  en  contact  presque  immédiat  avec  ce  que  vous  vouliez 
voir,  sans  compter  ces  spectacles  imprévus  qui  attiraient  l'attention  et 
excitaient  l'admiration. 

En  terminant,  il  n'est  que  juste  de  féliciter  M.  l'inspecteur  général 
Heuzé  de  la  réussite  éclatante  de  ses  soins  organisateurs.  Il  nous  a 
donné  la  plus  belle  exposition  qui  ait  encore  eu  lieu  dans  cette 
magnifique  enceinte  du  palais  de  l'Industrie  depuis  celle  de  1856. 
J'aime  aussi  à  rendre  justice  à  son  aménité  et  à  sa  complaisance,  ainsi 
qu'à  sa  fermeté.  C'est  évidemment  un  homme  qui  se  possède.  Cepen- 
dant, j'ai  une  critique  à  faire.  On  n'aurait  pas  dû  donner  aux  membres 
du  jury  des  catalogues  avec  les  noms  des  exposants.  Je  sais  bien  que 
les  membres  des  jurys  sont  des  hommes  des  plus  honorables,  et  que 
la  connaissance  des  noms  des  exposants  n'a  point  influencé  leur 
jugement.  Quant  à  moi,  tout  entier  à  l'examen  des  animaux,  je  n'ai 
pas  même  lu  le  nom  des  exposants.  Mais  de  même  qu'il  ne  faut  pas 
que  la  femme  de  César  soit  soupçonnée,  il  convient  aussi  de  mettre 
la  responsabilité  des  membres  du  jury  sous  la  sauvegarde  d'une 
mesure  aussi  simple  que  celle  dont  il  s'agit. 

F.-R.    DE    LA    TuÉHOlSNAIS. 

PLANTES  SANS  TERRE  ET  AVEC  TERRE-  -  VU 

LES  FLEURS  EN   HIVER    SUR  FENÊTRES   {Suite) 

Les  expériences  que  j'ai  exposées'  permettent  de  tracer  des  règles 
pratiques  et  raisonnées  de  cette  nouvelle  culture  sur  fenêtres  à  l'arrière- 
saison. 

Toute  plante  convient,  pourvu  qu'elle  puisse  fleurir  à  la  fin  de 
Tautooine.  Peu  importe  qu'elle  ait  fleuri  au  printemps  ou  en  été,  si 
elle  peut  refleurir. 

1 .  Voir  le  Journal,  du  17  février  dernier. 


PLANTES  SA-NS  TERRE  ET  AVEC  TERRE.  343 

J'ai  constaté  qu'aucune  préparation  n'assure  aux  plantes  une  végé- 
tation plus  claire  et  plus  brillante,  une  floraison  plus  belle  et  plus 
durable  pour  se  prolonger  en  hiver,  qu'un  rempotage  en  sable  d'allii- 
vion  et  mousse  fertilisée,  opéré  vers  la  fin  de  juillet,  qu'il  s'agisse  de 
plantes  annuelles  en  repiquage,  de  boutures  reprises  ou  de  plantes 
vivaces  ou  ligneuses. 

Puis  on  tient  la  plante  à  une  exposition  éclairée  et  aérée,  celle,  en 
un  mot,  qui  convient  le  mieux  à  sa  nature,  mais  sans  précautions  exa- 
gérées, car  il  s'agit  surtout  de  la  rendre  résistante,  de  développer  en 
elle  les  énergies  vitales  et  l'endurance  qui  seront  mises  à  profit  plus 
tard.  Si  elle  vent  fleurir  trop  tôt,  on  supprime  les  boutons  à  Heur,  au 
besoin  même  on  pratique  quelques  pincementb  qui  ont  pour  but  de 
refouler  la  sève  jusqu'à  ce  qu'il  convienne  de  lui  laisser  son  cours. 
Quand  la  première  tleur  va  s'ouvrir,  on  met  la  plante  sans  terre,  ou, 
s'il  agrée  mieux,  on  la  laisse  empotée,  car,  des  deux  manières,  les 
racines  se  trouvant  dans  un  milieu  perméable,  la  floraison  sera  égale- 
ment belle  et  durable.  Mais  la  mise  sans  terre  a  l'avantage  de  sup- 
primer les  pots  encombrants,  de  parer  aux  accidents  trop  fréquents 
qu'ils  occasionnent  sur  fenêtre,  et  surtout  de  permettre  de  réunir 
dans  le  même  espace  plusieurs  plantes  diverses  dont  la  floraison  suc- 
cessive durera  des  mois  entiers. 

Il  ne  faut  pas  compliquer.  Ce  rempotage  en  sable  d'alluvion  et 
mousse  fertilisée  est  à  recommander  pour  les  [)lantes  cultivées  en  pots 
ou  de  transplantation  diflicile.  Mais,  tout  excellent  qu'il  soit  pour 
celles  de  pleine  terre,  il  suffit  qu'elles  aient  eu,  préalablement  avant 
la  mise  sans  terre,  un  ou  deux  repiquages  qui  ont  pour  effet,  on  le 
sait,  démultiplier  le  chevelu.  Plus  la  plante  en  est  ])Ourvue  et  moins 
les  radicelles  sont  offensées  dans  l'arrachage  et  le  lavage  des  racines, 
plus  les  résultats  seront  satisfaisants. 

Que  la  plante,  ainsi  préparée,  commence  à  fleurir  en  octobre,  en 
novembre  et  même  en  décembre,  voici  ce  qui  arrive  :  toutes  les  éner- 
gies virtuelles  qu'elle  aura  amassées  à  l'air  libre  au  jardin  se  trouve- 
ront comme  retenues  par  le  ralentissement  de  la  sève  en  cette  saison, 
et  s'utiliseront  pour  la  durée  de  la  floraison,  surtout  si  la  plante  est 
placée  à  l'air  sur  une  fenêtre,  à  une  température  basse  qui  viendra 
retarder  encore  la  véi^étation.  Alors  la  floraison  dure  indéfiniment,  la 
force  évolutive  du  végétal  étant  à  la  fois  considérable  par  son  accu- 
mulation antérieure  et  se  trouvant  ralentie  dans  son  expansion  par 
deux  influences  naturelles,  la  saison  du  repos  des  plantes  et  la  tempé- 
rature basse  du  milieu  ambiant. 

Dans  ce  jeu  de  forces  naturelles  en  équilibre,  le  végétal  se  montre 
impressionnable  au  moindre  abri.  Voici  quelques  exemples  de  l'in- 
fluence eflicace  que  la  plus  sim])le  protection  contre  les  intempéries, 
même  dispensée  avec  une  parcimonieuse  sollicitude,  peut  avoir  sur 
des  plantes  dans  ces  conditions. 

Sur  un  assez  grand  nombre  de  boutures  de  rosiers,  élevées  d'après 
le  procédé  que  j'ai  exposé,  et  laissées  au  jardin  aux  rigueurs  de  la 
température,  il  en  est  qui,  malgré  tout,  conservent  leurs  boutons 
sans  pourrir,  tant  la  force  de  résistance  est  grande  chez  des  plantes 
rempotées  en  sable  et  mousse  fertilisée.  Il  suiïit  de  mettre  ces  rosiers 
sur  le  rebord  extérieur  d'une  fenêtre,  dans  une  situation  tant  soit  peu 
abritée  en  comparaison  de  celle  qu'ils  avaient  au  jardin,  pour  que  le 


344  PLANTES  SANS  TERRE  ET  AVEC  TERRE. 

bouton  s'ouvre  peu  à  peu  et  devienne  une  rose  admirable.  En  cultivant 
ainsi  à  la  fin  de  l'automne  les  rosiers  à  fleurs  pourpres,  si  vite  brû- 
lées par  le  soleil  en  été,  on  obtient  des  roses  durables  et  d'une  richesse 
de  nuances  indéfinissable  :  les  colorations  rouge,  pourpre,  violet, 
orange,  rose,  s'accentuant  davantage  à  l'arrière-saison. 

Et  pourtant  la  température  que  ces  rosiers  ont  sur  la  fenêtre,  don- 
nant sur  le  jardin,  est  la  môme  qu'ils  ont  à  l'air  libre.  Du  moins  c'est 
le  même  degré  au  thermomètre.  Mais  l'exposition,  un  peu  garantie 
des  courants  d'air  et  des  intempéries,  suffit  pour  que  la  floraison, 
impossible  au  jardin,  s'etfectue  sur  la  fenêtre. 

La  douceur  des  derniers  jours  de  la  fin  de  décembre  a  fait  pousser 
au  jardin  les  hampes  florales  des  primevères.  Mais  pas  une  fleur  ne 
s'ouvre  sans  être  flétrie  en  quelques  heures  ;  tandis  que  ces  fleurs  sur 
fenêtre  ont  une  durée  pour  ainsi  dire  illimitée,  en  gardant  une  fraîcheur 
printanière. 

Des  géraniums,  il  ne  peut  être  question  que  sous  châssis.  Bien  qu'y  re- 
cevant la  lumière  par  en  haut,  et  qu'aucun  rayon  de  soleil  ne  brille  sans 
les  atteindre,  je  constate  que  les  fleurs  sous  verre  sont  beaucoup  moins 
durables  que  celles  sur  une  fenêtre  au  nord,  à  l'air,  en  plaques  de 
mousse.  Serait-ce  qu'en  raison  des  pluies  persistantes  les  châssis  ont 
dû  être  souvent  fermés,  qu'ils  le  sont  avant  ia  nuit,  dans  la  crainte  des 
gelées  inopinées  ?  Cette  différence  tient  évidemment  à  l'intermittence 
dans  l'aération  et  à  des  variations  de  température.  Chose  remarquable, 
les  fleurs  des  géraniums  sur  fenêtre,  au  premier  étage,  au  nord,  sont 
plus  durablement  fraîches  en  décembre  qu'elles  ne  l'étaient  en  sep- 
tembre, sur  un  perron  au  rez-de-chaussée,  lorque  ces  plantes  se  trou- 
vaient exposées  aux  rosées  nocturnes  d'une  vallée  humide,  aux  écarts 
de  température  entre  la  nuit  et  le  jour.  Un  abri  contre  les  intempéries, 
une  aération  continue,  une  température  ]ieu  variable  sont  donc  des 
conditions  prépondérantes  pour  maintenir  la  floraison,  et  peuvent, 
jusqu'à  un  certain  point,  suppléer  à  une  lumière  moins  vive. 

Ainsi  on  peut  expliquer  comment  des  géraniums  en  fleur  sur  fenê- 
tre, au  nord,  supportent  une  température  aussi  basse.  Justement  parce 
qu'elle  varie  peu,  comme  cela  a  lieu  en  hiver  tant  que  le  thermomètre 
est  au-dessus  de  0,  elle  maintient  très  lente,  mais  régulière,  la  circu- 
lation déjà  faible  de  la  sève.  Pourvu  que  la  plante  ne  gèle  pus,  elle 
s'accommode  mieux  sur  fenêtre  d'une  température  basse,  mais  qui  ne 
change  guère^  que  sous  verre  des  écarts  entre  la  chaleur  du  soleil  qui 
sollicite  la  végétation  et  les  courants  subits  d'air  froid,  quand  on  ouvre 
les  châssis  qui  l'interrompent. 

Ai-je  besoin  de  faire  remarquer  que  toute  plante,  déjà  étiolée,  qui 
aurait  poussé  par  la  chaleur  artificielle,  réussirait  mal  sur  fenêtre,  à 
l'air  presque  glacé  qui  y  règne.  C'est  à  des  plantes  déjà  aguerries  au 
froid,  qui  ont  toujours  été  baignées  d'air,  qu'on  peut  impunément 
faire  supporter  un  tel  abaissement  de  température.  Si  les  plantes  de 
serre  vivent  moins  mal  que  les  rustiques  en  appartement,  cette  culture 
sur  fenêtre  demande    des  plantes  robustes. 

Ce  que  j'ai  dit  de  la  quantité  minime  d'engrais,  c'est-à-dire  de 
mousse  fertilisante,  utile  aux  plantes  sans  terre,  dangereuse  et  même 
mortelle  dès  qu'on  l'augmente  inconsidérément,  peut  se  dire  égale- 
ment de  la  protection  contre  les  intempéries  pendant  la  saison  rigou- 
reuse.  En  effet,  on  s'aperçoit  que  pour  bien  nourrir  un  végétal,  il 


PLANTES  SANS  TERRE  ET  AVEC  TERRE.  345 

s'agit  moins  de  lui  prodiguer  une  nourriture  intensive  que  de  le 
mettre  à  même,  par  l'aération  des  racines,  d'élaborer  parfaitement  les 
moindres  quantités  de  cetle  nourriture,  comme  pour  accroître  sa  résis- 
tance vitale,  le  moindre  abri  suffit  quand  la  plante  s'aide  elle  même. 
Ce  n'est  pas  un  paradoxe  de  dire  que  l'ei'reur  en  culture  est  de  traiter 
les  plantes  comme  des  êtres  passifs.  Le  principe  fécond  est  de  les  ren- 
dre complices  du  jardinier.  On  les  sature  d'engrais  comme  si  elles 
étaient  insatiables,  on  les  pourrit  de  couvertures,  sans  voir  que  ces 
créatures  de  l'air  ne  sont  avides  que  d'air,  à  ce  point  que  le  meilleur 
préservatif  de  la  partie  aérienne  est  l'aération  des  racines.  Comme  tout 
ce  qui  vit,  les  plantes  sont  impressionnables  au  bien-être,  mais  avec 
une  sensibilité  exquise,  car  il  ne  leur  profite  qu'à  petite  dose. 

J'ai  remarqué  précédemment  combien  un  peu  plus  de  lumière  que 
ramène  janvier  se  fait  sentir  aux  plantes  sur  fenêtres  pour  les  embellir. 
Il  serait  intéressant,  à  ce  point  de  vue,  de  faire  succéder  les  anémones 
aux  anémones,  les  primevères  aux  primevères,  etc.,  etc.,  depuis 
octobre  jusqu'en  avril.  On  pourrait  ainsi  comparer  l'influence  de  la 
lumière  décroissante  et  de  la  lumière  croissante  sur  des  plantes  de 
même  sorte,  et  constater  la  durée  de  la  floraison  suivant  la  variabilité 
dans  la  température  à  l'arrière-saison  et  au  renouveau. 

Les  expériences  que  j'ai  sous  les  yeux  semblent  mettre  ceci  en  évi- 
dence :  que  la  coloration  de  la  corolle  est  due  principalement  à  la 
sève,  et  que  cette  coloration  est  d'autant  plus  réussie  que  la  sève  est 
élaborée  par  une  aération  plus  continue  du  végétal.  Quant  au  rôle  de 
la  lumière,  au  moment  même  de  la  floraison,  elle  n'aurait  qu'une 
influence  indirecte  sur  la  coloration  de  la  corolle,  qui  serait  pour  ainsi 
dire  tout  acquise  avant  que  la  fleur  épanouisse.  La  lumière  agissant 
surtout  sur  les  feuilles  contribuerait  puissamment  à  la  santé^enérale 
du  végétal.  Voilà  pourquoi  sur  une  fenêtre  au  nord  ou  au  nord-est,  oii 
le  soleil  n'arrive  pas  en  hiver,  des  plantes  placées  au  moment  de  leur 
floraison,  qui  ont  été  élevées  préalablement  à  l'air  libre  et  à  toute  la 
lumière  désirable,  des  géraniums,  des  anémones  aux  brillants  coloris, 
gardent  en  fleurissant  tout  l'éclat  de  leurs  fleurs.  Et  je  remarque  que 
chez  ces  mêmes  géraniums  qui  sont  sur  cette  fenêtre  depuis  octobre, 
les  feuilles  ont  reçu  du  très  faible  accroissement  de  lumière  en  jan- 
vier une  vitalité  nouvelle. 

Il  n'est  pas  jusqu'aux  arrosements  qui  n'accusent,  selon  le  mode 
d'opérer,  l'excitabilité  des  plantes  sur  fenêtres.  Pour  compenser  la  faible 
évaporalion  qui  se  produit,  en  hiver,  à  l'air  le  plus  souvent  humide 
sous  notre  climat  brumeux,  il  suffit,  de  temps  à  autre,  démettre  un  peu 
d'eau  dans  l'assiette  où  repose  la  motte  de  mousse,  ou  de  faire  tomber 
l'eau  goutte  à  goutte  d'une  éponge  mouillée  sur  la  superficie.  Mais  si 
l'on  dirige  sur  la  mousse  et  un  peu  sur  les  feuilles,  sans  atteindre 
les  fleurs,  le  jet  d'un  petit  arrosoir  vaporisateur,  la  plante  s'avive 
comme  à  vue  d'œil.  J'hésitais  à  employer  les  vaporisations  sur  une 
fenêtre  au  nord,  lorsque  le  thermomètre  marquait  -\-  3  degrés.  Bien  à 
tort,  à  voir  la  physionomie  de  santé  qui  éclaira  les  plantes.  C'est  ainsi 
qu'elles  sont  le  plus  heureusement  disposées  pour  servir  dans  leur 
fraîcheur  et  dans  leur  éclat  à  des  décorations  florales  temporaires  à 
l'intérieur,  ou  bien  à  une  figuration  artistique,  saisissables  dans  leur 
liberté  de  port,  dans  leur  vérité  d'aspect,  comme  à  l'étude  du  savant 
qui  avec  une  loupe  observerait  le  mouvement  de  la  vie  dans  les  feuilles. 


346  PLANTAS  SANS  TERRE  ET  AVEC  TERRE 

la  fleur  et  dans  les  radicelles.  Car  il  suffit  d'écarter  quelques  brins  de 
mousse  pour  voir,  sans  le  troubler,  le  mystérieux  travail  des  racines 
caché  jusqu'ici  dans  la  terre. 

On  sait  que  les  racines  ne  sont  jamais  inactives  en  liiver^  et  que 
comme  dans  la  germination  d'une  graine  la  radicule  pousse  avant  la 
gemmule  ou  petite  tige,  chez  les  arbres  fruitiers,  dans  la  saison  du 
repos  apparent  de  la  végétation,  les  radicelles  puisent  à  l'avance  la 
sève  nourricière  du  bourgeon  qui  deviendra  rameau  et  se  couvrira  de 
feuilles,  de  fleurs  et  plus  tard  de  fruits.  J'observe  ce  travail  prélimi- 
naire sur  un  [)elit  framboisier  en  mousse  dont  les  feuilles,  grâce  à  la 
mise  sans  terre,  ne  sont  tombées  que  le  20  décembre,  et  déjà  en  jan- 
vier, les  radicelles  s'évertuent  à  gonfler  les  bourgeons  qui  vont  suc- 
céder aux  feuilles. 

Mais  voici  qui  me  paraît  bien  digne  d'attention.  Chez  un  petit  rosier 
franc  de  pied  mis  sans  terre  le  20  octobre,  qui  avait  alors  deux  boutons 
à  fleur  peu  développés,  la  marche  de  la  végétation  a  été  si  lente  que 
les  deux  boulons,  au  20  janvier,  ne  sont  pas  encore  pleinement  ouverts, 
bien  que  très  sains  et  ayant  touj(»urs  grossi  peu  à  peu  en  avivant  leur 
coloration  pourpre.  Et  pendant  ce  temps  de  nouveaux  bourgeons  ont 
poussé,  qui  ont  des  feuilles  et  dont  une  des  extrémités  a  même  un 
bouton  à  fleur.  De  sorte  que  sur  ce  rosier  la  végétation  ininterrompue 
dans  la  partie  aérienne  présente  ce  singulier  spectacle,  de  feuilles  et 
d'une  fleur  naissantes  de  l'année  qui  vient  poussant  simultanément 
avec  des  feuilles  et  des  fleurs  encore  à  fleurir  de  l'année  écoulée.  Et 
comme  cela  se  passe  sur  une  fenêtre  au  nord-est,  à  une  température 
moyenne  de  0  à  -j-  5  degrés  Iléaumur,  on  entrevoit  ce  que  sous  un 
climat  meilleur  on  pourra  obtenir  par  l'aération  des  racines.  Et  com- 
bien prête  à  l'observation  cette  culture  sur  fenêtres,  qui  dans  la  réclu- 
sion de  l'hiver  permet  de  suivre  à  travers  une  vitre,  commodément  à 
portée  de  l'œil,  les  moindres  incidents  de  l'évolution  des  plantes.  Le 
champ  des  expériences  peut  être  aussi  vaste  qu'on  voudra,  car  il  n'y 
a  qu'à  les  varier  sous  différents  climats  pour  que  des  plantes  de  toute 
sorte  puissent  être  ainsi  observées. 

Aussi,  encouragé  pir  ces  premiers  résultats,  ai-je  peu  à  peu  garni 
toutes  mes  fenêtres  de  plantes  fleuries.  Elles  en  sont  maintenant  encom- 
brées. Rien  de  plus  agréable  à  voir  de  ma  table  à  écrire  que  cette 
plate-bande  verdoyante  égayée  de  corolles  de  toutes  formes  et  de  toutes 
couleurs  servant  de  premier  plan  à  un  paysage  austère  —  c'est  Thiver 
vu  à  travers  avril.  Ajoutez  que  ces  plantes  se  trouvant  à  l'air,  c'est-à- 
dire  heureuses  et  fraîches  dans  leur  élément  naturel,  réjouissent  les 
yeux  sans  être  gênées  ni  gênantes  comme  elles  le  sont  toujours  en 
appartement. 

Aussitôt  que  le  soleil  luit,  les  abeilles  se  succèdent  sur  les  plantes 
fleuries  qui  garnissent  le  rebord  extérieur  des  croisées.  Et  c'est  un 
intéressant  spectacle  pour  l'amateur  d'insectes  qui  sans  les  troubler 
observe  à  l'aise  derrière  la  vitre.  Il  serait  possible  d'hybrider  des 
plantes  en  réunissant  sur  une  même  fenêtre  celles  qu'on  voudrait 
croiser  entre  elles.  Les  mouches  se  chargeraient  de  porter  le  pollen  de 
l'une  à  l'autre,  sans  adultération  possible,  lorsque  des  plantes  de 
même  sorte  ne  sont  pas  fleuries  au  jardin. 

Qu'une  gelée  un  peu  prolongée  survienne,  alors  on  apprécie  les 
plaisirs  imprévus  que  tient  en  réserve  cette  culture  sur  fenêtres.  Dans 


PLANTES  SANS  TERRE  ET  AVEC  TERRE.  3^7 

l'era brasure  de  croisée  d'une  anticharabra  sans  feu,  sur  une  table  d'un 
mètre  carré  environ  recouverte  de  toile  cirée," une  centaine  de  plantes 
en  mousse  trouveront  place,  formant  hu  éblouissant  parterre  :  hellé- 
bores naines,  pâquerettes  variées,  saxifrage  liueti,  primevères  des  jar- 
dins doubles  et  simples,  cyclamens  de  Perse,  anémones  de  toutes  cou- 
leurs, violettes  de  Parme  et  le  czar,  perce-neige,  primevères  du  J;ipon 
prolongées  d'automne,  etc.,  etc.,  —  pendant  qu'à  une  autre  fenêtre  des 
plantes  plus  hautes  et  plus  ^brtes,  rosiers,  géraniums,  roses  de  Noël, 
héliotropes  d'hiver,  composent  un  épais  buisson  lïeuri.  Ces  tables 
encadrées  de  poirées  gigantesques,  daralia,  d'abutilon,  d'eulalia,  pré- 
cieuse en  hiver  où  les  graminées  sont  rares,  de  férule  du  Japon,  très 
recommandable  par  ses  feuilles  d'un  beau  vert  élégamment  découpées 
et  qui  a  le  mérite  d'être  en  végétation  d'octobre  à  juin.  Notez  que  ces 
plantes,  isolées  ou  groupées  selon  leur  dimension  par  4,  6,  ou  plus,  en 
plaques  de  mousse  ou  en  vases,  déplaçables  à  volonté,  se  prêtent  à 
toutes  les  combinaisons  qui  plaisent. 

J'indique  les  plantes  que  j'ai  sous  les  yeux  (25  janvier),  mais  rfue 
d'autres  pourraient  y  être  ajoutées  !  Ainsi  réunies,  c'est  un  charmant 
spectacle  en  contraste  avec  la  désolation  du  dehors  que  la  végétation 
saine,  la  verdure  intense,  l'éclat  des  fleurs  qu'ont  seuls  les  végétaux 
qui  vivent  à  l'air  et  qui,  en  pleine  santé,  peuvent  attendre  tout  le  temps 
que  dureront  les  gelées  pour  revenir  sur  les  fenêtres.  Pendant  que  les 
plantes  restent  rentrées,  quelques  vaporisations  à  l'arrosoir-vaporisa- 
teur  les  entretiennent  dans  leur  fraîcheur. 

Cette  faculté  de  maintenir  la  végétation  en  laissant  la  plante  à  l'air 
tout  en  la  soustrayant  à  l'excès  des  intempéries,  cette  possibilité  de 
conserver  en  hiver  la  floraison  commencée  à  l'automne,  a  une  por- 
tée qui  n'échappera  à  personne.  Elle  permet,  à  l'arrièrc-saison,  à 
l'époque  où  nous  sommes  privés  des  fleurs  au  jardin,  de  les  avoir 
durables  sur  fenêtres,  d'en  jouir'  et  de  les  étudier  peut-être  mieux  que 
dans  leur  évolution  rapide  en  pleine  sève.  Il  y  a  là  des  ressources  inat- 
tendues pour  prolonger  les  jouissances  florales  des  personnes  vouées 
dans  les  villes  aux  travaux  sédentaires.  J'avoue  que  j'ai  ressenti  une 
des  plus  pures  joies  à  voir  ce  que  j'essaie  à  dire.  Que  de  fois,  le  matin, 
au  réveil  ou  dans  la  journée,  en  me  relevant  de  mon  papier,  j'ai 
regardé  à  travers  les  vitres  si  mes  plantes  ne  s'étaient  pas  dédites  !  et 
toujours  elles  m'assuraient  que  leur  floraison  inaltérée  était  la  réalite 
et  que  mon  doute  était  l'illusion.  Cela  est  certain;  voilà  trois  mois 
que  je  l'observe  sans  relâche  :  la  facilité  de  cette  culture,  qui  la  rend 
possible  sur  le  rebord  d'une  mansarde  abritée,  comme  sur  tout  appui 
extérieur  de  fenêtre  dans  une  situation  un  peu  garantie  des  pluies  et 
des  vents  ;  la  durée,  pour  ainsi  dire  enchantée,  des  plantes  fleuries  qui 
permet  aux  reclus  du  travail,  aux  solitaires  du  cœur  et  de  la  pensée, 
aux  moins  fortunés,  de  jouir  avec  intensité,  et  dans  la  sécurité  d'un 
lendemain,  du  spectacle  toujours  nouveau,  toujours  imprévu,  du  beau 
dans  la  fleur. 

La  nature  n'est  que  forces,  et  par  conséquent  recèle  des  virtualités 
inépuisables  qu'il  suffit,  aussitôt  qu'on  est  sur  une  piste,  de  rappro- 
cher, de  combiner,  d'équilibrer  pour  obtenir  des  résultats  inespérés. 

1.  «  Cesl  aujo  .rd'hiii  seuleuiuiu  qti  on  apinécie  un  bouton  de  rose,  inijourd'hiii  que  la  saison 
des  roses  est  passée  (Gœthe).  »  Kii  parlant  des  (leurs  et  surtout  de  la  rose  on  serait  loujours  tenté 
de  citer  Gœthe.  l\  aobservé  les  plantes  en  poète,  en  jardinier,  en  décoiivreur.  Il  a  dit  :  «  La  rose 
semble  toujours  impossible  »,  et  a  trouvé  pourTexpliquer  ce  sursiim  corda  i  «<  Courage!  l'impé- 
rissable est  l'éternelle  loi  selon  laquelle  fleurissent  le  lis  et  la  rose.  " 


348  PLANTES  SANS  TERRE  ET  AVEC  TERRE. 

L'expansion  de  la  vapeur  d'eau  a  pu  être  utilisée  comme  force  impul- 
sive dès  que  dans  la  chaudière  où  elle  se  condense  elle  a  rencontré  pour 
sortir  un  obstacle  à  vaincre  qui,  à  peine  vaincu,  se  représente  toujours. 
Par  une  sorte  d'analon;ie,  il  est  possible  d'accumuler  la  force  évolutive 
d'un  végétal  par  la  culture  à  l'air  libre,  de  l'aviver,  de  la  régénérer  par 
une  aération  continue  (l'air  faisant  l'office  de  charbon,  et  le  milieu 
perméable  oii  sont  les  racines  de  générateur  pour  l'élaboration  de  la 
sève).  Par  ces  effets,  le  végétal  acquiert  une  résistance  assez  grande 
pour  que  les  influences  de  contre-saison,  de  diminution  de  lumière, 
d'abaissement  de  température,  qui  ordinairement  suspendent  la  végé- 
tation et  empêchent  la  floraison,  n'agissent  plus  que  pour  ralentir 
l'évolution  vitale  en  la  maintenant  au  profit  de  la  végétation  per- 
sistante et  de  la  floraison  durable.  Une  faculté  nouvelle  se  trouve 
ainsi  au  pouvoir  de  la  culture,  car  il  arrive  que  la  plante  réalise  d'elle- 
même,  docile  sous  l'empire  de  circonstances  complexes,  qu'on  peut 
faire  coïncider  à  volonté,  ce  que  le  jardinier  n'a  jamais  pu  conquérir 
par  artifice,  à  grand  renfort  d'abris  de  charbon  et  de  soins,  la  durée 
indéfinie  de  la  Heur. 

N'en  est-ce  pas  une  manifestation  éclatante  qu'en  l'absence  du 
soleil,  dans  nos  froides  brumes,  la  rose  puisse  rester  fleurie  cinq 
semaines  sur  une  fenêtre,   en  hiver,  sans  chaleur  artificielle  ! 

Alfred  Dumesnil. 

L^ENSILAGE   DES   FOURRAGES  VERTS    EN  AMÉRIQUE 

Il  faut  toujours  demander  aux  années  de  sanctionner  les  progrès 
agricoles  ;  lorsque  des  expériences  répétées  ont  démontré  la  valeur  d'un 
système,  il  entre  dans  les  habitudes  des  cultivateurs,  et  ce  qui  avait 
d'abord  paru  exagéré  semble  ensuite  tout  naturel.  Il  y  a  bientôt  dix  ans 
que  M.  Auguste  Goffart  a  fait  connaître  le  système  d'ensilage  des 
fourrages  verts  qu'il  avait  trouvé,  et  les  résultats  qu'il  en  avait  obtenus. 
Les  imitateurs  devinrent  bientôt  nombreux,  non  seulement  en  France, 
mais  dans  les  autres  parties  de  l'Europe  et  jusqu'en  Amérique;  le  nom 
de  l'inventeur  devint  populaire  dans  les  deux  inondes.  Les  Américains, 
avec  le  sens  pratique  qui  les  distingue,  eurent  bientôt  compris  l'impor- 
tance du  nouveau  procédé  de  conservation  des  fourrages;  dans  un 
grand  nombre  de  fermes,  surtout  dans  les  Etats  de  l'est,  on  construsit 
des  silos,  et  les  agriculteurs  se  piquèrent  d'émulation  dans  la  nouvelle 
voie.  En  1882,  sur  l'initiative  de  M.  Brown,  un  congrès  de  fermiers 
pratiquant  l'ensilage  fut  organisé  à  New-York  ;  un  deuxième  congrès 
vient  de  se  réunir  en  janvier  1883.  U American  cuUivator  de  Boston 
donne,  sur  les  discussions  de  ce  congrès,  un  compte  rendu  détaillé 
dont  nous  plaçons  la  traduction  sous  les  yeux  de  nos  lecteurs  : 

D'après  les  invitations  faites  par  M.  J.-B.  Brown,  une  grande  réunion  de 
fermiers  et  d'autres  personnes  s'intéressant  au  système  de  l'ensilage  a  eu  lieu, 
55,  Beckman-street,  à  New-York,  les  25  et  26  janvier  1883. 

L'organisation  s'est  etï'ectuée  en  nommant  pour  président  M.  Francis  Morris, 
de  Baltimore,  le  premier  qui  a  construit  un  silo  ou  récipient  pour  la  conservation 
du  fourrage,  et  M.  Brown  pour  secrétaire. 

M.  Brown  qui  l'ut  aussi  le  secrétaire  du  premier  congrès,  fît  le  premier  discours 
à  peu  près  comme  il  suit  :  Ceci  est  un  pas  en  avant  vers  celte  grande  étude  et  de 
nombreuses  et  importantes  lettres  nous  ont  été  adressées  du  Maine  et  de  la  Cali- 
fornie de  la  part  de  ceux  qui  ne  peuvent  assister  en  personne  à  la  séance. 
^;  11  était  évident  que,  peu  de  temps  après  notre  premier  congrès,  un   second 


L'ENSILAGE  DES  FOURRAGES  VERTS  EN  AMÉRIQUE.  349 

était  nécessaire  afin  de  corriî^er  certains  malentendus  qui  s'étaient  élevés  au  sujet 
de  l'ensilage;  bien  des  questions  non  abordées  à  cette  époque  devaient  être  plus 
tard  discutées  et  si  possible  résolues;  nous  sommes  bien  plus  compétents  pour  le 
faire  maintenant  que  nous  ne  l'étions  alors.  Nous  nous  sommes  réunis  l'année 
dernière  dans  un  espèce  d'ébahissement,  de  ce  qu'un  si  grand  nombre  avait  réussi; 
nous  sommes  maintenant  ensemble  curieux  de  savoir  si  aucun  n'a  failli. 

Pour  apprécier  la  valeur  de  ce  système  ou  de  tout  autre,  il  faut  comparer  le  prix 
du  labeur  requis  pour  produire  les  mêmes  résultats.  Si  nous  avons  appris  à  dimi- 
nuer le  prix  de  revient,  en  produisant  la  récolte,  ou  en  préparant  le  silo,  ou  en  le 
remplissant  avec  moins  de  hâte,  nous  avons  augmenté  la  valeur  du  système. 

Presque  tous  les  premiers  silos  furent  construits  par  des  hommes  qui  ne 
devaient  pas  ne  pas  réussir,  et  ils  coûtaient  tant  que  cela  décourageait  les  voisins 
pauvres  qui  croyaient  qu'ils  devaient  être  tous  construits  en  maçonnerie.  Plus  de 
la  moitié  des  400  millions  de  fermes  des  Etats-Unis  ont  100  acres  ou  moins 
d'étendue.  Ce  congrès  de  l'ensilage  enverra  dire  à  ces  petits  fermiers  qu'ils  pour- 
ront prendre  leur  part  dans  les  avantages  de  ce  système  qui  était  suoposé  réservé 
aux  capitalistes  ou  aux  fermiers  qui  possédaient  des  revenus  provenant  d'autres 
sources  que  de  celles  de  leurs  fermes.  Voici  un  échantillon  d'ensilage  d'un  silo  qui 
n'a  coiité  que  50  francs  et  contient  10  tonnes,  et  c'est  même  un  très  bon  ensilage. 
Nous  pouvons  dire  à  l'Angleterre  et  à  l'Ecosse  :  N'attendez  pas  après  le  temps  ! 
rentrez  vos  fourrages  quand  ils  sont  mouillés. 

Nous  pouvons  dire  à  la  nouvelle  Angleterre  :  N'abandonnez  pas  vos  fermes,  mais 
gardez  tous  vos  rayons  de  soleil  en  conservant  les  jus  (l'essence)  de  vos  récoltes. 
M.  Brown  remarque  que  la  valeur  de  l'ensilage  a  été  la  découverte  d'hommes 
d'affaires  expérimentés  tandis  que  la  science  la  contemplait  avec  un  air  de  doute. 

M.  Brown  lit  une  lettre  d'Eugénia  Groffart,  belle-sœur  d'Auguste  Groffart,  offrant 
le  buste  de  l'inventeur  au  Congrès  pour  lui,  et  il  en  enlève  la  couverture. 

L'orateur  suivant  a  été  M.  Alfred-A.  Reid,  fermier  à  Warwick,  B.  S.  un  fervent 
disciple  de  l'ensilage.  Pendant  la  dernière  année,  en  nourrissant  son  bétail,  ses 
veaux  se  sont  bien  développés;  sjs  vaches  ont  donné  une  égale  quantité  de  lait 
et  elle  n'a  pas  diminué  en  hiver  comme  cela  avait  lieu  habituellement,  ses  porcs 
étaient  en  bonne  condition,  et  ses  bœufs  ont  augmenté  de  poids,  sans  aucun  cas 
de  maladie  parmi  le  stock  vivant. 

Il  a  nourri  ses  animaux  avec  tout  l'ensilage  qu'ils  désiraient  trois  fois  par 
jour,  donnant  aux  vaches  laitières  un  supplément  de  trois  quarts  de  son,  à  ses 
bœufs  deux  quarts,  mais  rien  à  son  jeune  bétail. 

En  ensilant  du  seigle,  il  a  remarqué  deux  fois  en  deux  semaines,  un  léger  goiàt 
au  lait.  11  a  pensé  que  l'ensilage  était  resté  trop  longtemps  exposé  à  l'air,  et  que 
la  fermentation  était  exagérée.  Il  a  lu  un  extrait  du  journal  quotidien  de  sa  ferme 
sur  le  coiàt  et  revient  de  l'ensilage  de  4  acres.  Lci.  prix  total  de  66  tonnes 
dans  le  champ  est  de  ê  159.  57  et  la  dépense  depuis  le  champ  jusqu'au  silo  était 
£  69  37  de  sorte  que  la  dépense  totale  était  de  €  228.9 i  ou  ê  3.'i5  par  tonne. 
M.  Reid  dit  qu'il  a  ensilé  du  trelle,  du  seigle  de  même  que  du  maïs,  mais  son 
expérience  l'a  convaincu  que  le  maïs  faisait  le  meilleur  ensilage. 

Le  révérend  D""  William  Ormiston  cite  ensuite  son  expérience.  Il  a  construit  un 
silo,  et  il  montre  le  produit  de  l'ensilage  de  sa  ferme  située  à  Whitby,  sur  le  lac 
Ontario  à  Farento.  Même  les  plus  intelligents  de  ses  amis,  dit-il,  se  sont  moqués 
de  lui  lorsqu'il  s'est  proposé  (l'essayer  de  l'ensilage  mais  il  avait  foi  dans  le  sys- 
tème et  persévéra  en  dépit  des  railleries  de  ses  amis.  Il  construisit  un  silo  de 
.50  pieds  de  long  et  de  20  pieds  de  largeur,  mura  les  côtés  en  pierres  de  20  pouces 
d'épaisseur  et  ensila  du  trèfle,  du  maïs  et  même  de  mauvaises  herbes  (weeds) 
Ses  12  acres  de  terre  avaient  produit  un  avoir  de  12  tonnes  et  demi  chaque  d'ensi- 
lage. La  dépense  pour  chercher  la  récolte  depuis  le  champ  et  l'avoir  tassée  dans 
le  silo  était  environ  £  1.20  par  tonne  ,et  le  fourrage  quand  le  silo  fut  ouvert  la  pre- 
mière semaine  de  janvier,  fut  trouvé  aussi  vert  et  succulent  que  le  premier  jour  où 
il  fut  recueilli. 

Les  chevaux,  vaches  et  porcs  le  mansjeaient  avec  avidité.  Il  avait  cultivé  une 
seconde  récolte  de  trèlle,  il  l'avait  ajoutée  au  maïs,  ainsi  que  des  pommes  empilées 
sur  le  tout.  Le  bétail  préfère  l'ensilage  aux  navets  et  à  la  nourriture  sèche,  et  la 
qualité  du  lait  s'améliore  sensible  nent  sans  aucun  doute  par  la  nouvelle  nourri- 
ture. La  seule  question  pour  lui  maintenant  est  de  savoir  si  elle  fera  du  bon 
bomf  (bonne  viande)  et  ^'est  ce  dont  il  va  s'occuper;  il  est  heureux  de  voir  que  l'on 
peut  construire  les  silos  à  bon  marché. 


350  l'ensilage  DES  FOURRAGES  VERTS  EN   AMÉRIQUE. 

Une  lettre  de  M.  E.-W.  Steward  recommande  très  chaudement  de  mettre  dans 
les  silos  du  très  bon  fourrage  pour  obtenir  de  la  bonne  viande.  Il  a  trouvé  que  le 
mélange  du  maïs  et  du  trèfle  avait  produit  autant  et  d'aussi  bon  lait  que  le  four- 
rage vert. 

La  question  de  savoir  si  les  silos  en  bois  sont  aussi  bons  que  ceux  en  pierres 
ou  en  béton  (concrète)  a  occupé  leur  sérieuse  attention.  M.  Moore,  du  pays  de 
Rochlande,  et  M.  Persey,  de  Ghatham  des  Etats-Unis,  ont  raconté  leurs  essais 
avec  les  silos  de  bois  et  se  sont  prononcés  en  leur  faveur,  déclarant  qu'ils  avaient 
réussi  à. conserver  de  l'excellent  ensilage  dedans,  et  que  le  fourrage  était  presque 
aussi  protégé  contre  la  gelée  que  dans  ceux  qui  étaient  maçonnés.  M.  Moore 
constate  qu'il  a  construit  un  silo  dans  la  grange  et  un  autre  dans  la  terre  avec 
des  planches  goudronnées.  Dans  la  terre,  l'ensilage  était  pourri  dans  l'espace  de 
6  pouces  tout  autour;  dans  la  grange,  l'ensilage  était  aussi  sain  autour  des  planches 
qu'au  centre.  Quand  c'était  gelé,  il  en  a  nourri  son  bétail  quand  même  et  il 
paraissait  le  savourer. 

M.  Charles  F.  Cromwel,  de  Eye  N.-Y. ,  ditqu'ila  bâti  son  silo  beaucoup  plus  dispen- 
dieusement  que  cela  n'était  nécessaire.  L'année  dernière,  il  avait  semé  son  maïs 
tardivement.  Il  leva,  etavec  lui  tant  de  mauvaises  herbes  qu'ilne  put  être  cultivé; 
il  ensila  le  tout  ensemble  comme  cela  poussa.  Dent  de  cheval,  maïs  du  Midi,  fait 
le  meilleur  ensilage  selon  lui;  les  avoines  font  mieux  que  le  seigle 

M.  W.-A.  Strong,  de  Golden  Spring's  (sources  d'or),  N.-Y.,  montre  du  maïs 
qu'il  a  ensilé  sans  le  couper  en  petits  morceaux,  il  a  trouvé  que  c'était  plus  facile 
de  laisser  les  tiges  de  cette  façon  et  que  son  bétail  s'en  régalait  aussi  bien  que 
celui  qui  était  coupé.  Il  est  heureux  de  ce  que  ce  soit  une  erreur  de  croire  qu'il 
est  nécessaire  d'exclure  complètement  l'air  des  silos  pour  conserver  le  fourrage. 
La  seule  ^chose  nécessaire  est  une  pression  suffisante.  Gela  ne  lui  a  coûté  que 
2  cents  et  demi  par  jour  pour  nourrir  une  vache  avec  l'ensilage,  et  à  cela  il  a 
mêlé  un  peu  de  graines  de  brasserie.  La  question  du  montant  total  de  la  pression 
nécessaire  pour  conserver  l'ensilage  fut  discutée  pendant  quelque  temps.  Il  avait 
obtenu  65  tonnes  de  maïs  sur  6  acres  de  terre  au  prix  de  £  I.2Û  par  tonne, 
à  raison  de  £  2.50  par  jour.  Il  commença  par  nourrir  14  vaches  (SI  décembre);  à 
ce  moment  elles  donnaient  3  bidons  de  lait;  maintenant  elles  donnent  4 bidons. 

M.  Smith,  de  Syracuse,  N.-Y.,  grand  éleveur  de  bestiaux  du  Holstein,  dit  qu'il 
élève  ces  précieux  animaux  presque  entièrement  avec  l'ensilage,  et  dit  que  le  pre- 
mier silo  qu'il  a  construit  était  en  briques  et  qu'il  a  employé  une  pression  de 
300  livres  au  pied  carré.  Le  résultat  fut  que  lesilo  éclata.  Le  D""  Orraiston  dit 
qu'il  a  employé  une  pression  de  100  livres  au  pied  carré,  mais  il  croit  que  c'est 
trop,  il  en  emploiera  moins.  M.  Reid  de  la  Providence  dit  que  sur  un  de  ses 
silos,  il  a  employé  quatre  vis  pour  obtenir  la  pression  convenable,  et  sur  un 
autre,  15,950  kilog.  de  pierres,  ce  qui  équivaut  environ  66  livres  au  pied  carré  et  il 
a  trouvé  que  cette  pression  était  ce  qu'il  fallait  pour  s'assurer  d'un  bon 
ensilage. 

M.  J.-Y.  Smith,  de  Doylestown,  P.  A.,  pense  que  le  fourrage  doit  être  coupé 
avant  d'être  mis  dans  le  silo  et  qu'avec  sa  machine  il  peut  couper  et  tasser  son 
maïs  à  meilleur  compte  que  M.  Strong  peut  lier  et  tasser  son  maïs  non  coupé. 
Il  est  enthousiaste  en  ses  éloges  de  l'ensilage  pour  la  nourriture  des  bestiaux  et 
déclare  qu'il  fait  d'aussi  bonne  viande  que  celle  produite  en  Angleterre  ou  ailleurs. 

M  J.-W.  Walcott,  de  Ganton-Massa,  dit  que  l'entier  coût  de  son  ensilage 
avec  lequel  il  a  nourri  104  vaches  était  d'environ  £2  par  tonne.  Il  vendait  par  se- 
maine 1,000  livres  de  beurre  d'ensilage  au  prix  de  65  cents  par  livre. 

Un  silo  que  vous  pouvez  remphr  dans  un  jour,  dit  M.  Walcott,  est  la  grandeur 
la  plus  commode.  Le  plus  tôt  vous  pouvez  le  remplir  et  y  ajouter  la  pression,,  le 
mieux  ce  sera  pour  votre  ensilage.  En  matière  de  silos,  il  est  indifférent  que  cela 
coûte  €  25  ou  £  25,000.  L'un  conservera  votre  ensilage  aussi  bien  que  l'autre. 

La  seule  chose  nécessaire  est  une  pression  continue.  Je  crois  qu'une  pile  de 
maïs  en  plein  air  peut  être  parfaitement  conservée,  si  l'on  met  sur  le  dessus  un 
poids  suffisant  pour  en  expulser  l'oxygène.  J'emploie  environ  130  livres  de  poids 
au  pied  carré  et  je  ne  découvre  aucune  partie  de  mon  silo  avant  que  je  n'aie  besoin 
d'employer  mon  ensilage.  Le  coût  de  la  récolte  selon  lui,  était  moins  que  44  cents 
la  tonne,  et  le  total  du  tassement  dans  le  silo  environ  €  2.  Il  a  employé  le  seigle 
en  ensilage  pendant  quatre  ans  et  n'en  a  jamais  eu  de  mauvais  résultats,  mais  le 
seigle  doit  être  coupé  plus  tôt, 

A  ses  vaches  laitières,  il  avait  donné  depuis  le  20   novembre  .le  maïs  ensilé 


L'ENSILAGE  DES  FOURRAGES  VERTS   EN   AMÉRIQUE.  351 

mélangé  de  3  pintes  de  maïs  alimentaire  et  3  pintes  de  coton  alimentaire  par  jour. 
Au  bétail  plus  jeune  l'ensilage  seulement. 

Le  prix  de  revient  de  l'ensilage  a  soulevé  de  grandes  discussions,  et  il  y  avait 
des  différences  notables  pour  le  coût. 

M.  J.  M.  BruglerdeNew  Brunswick,  N.-J.,  a  lu  un  rapport  constatant  qu'il  avait 
obtenu  un  rendement  de  353  tonnes  et  1,930  livres  d'ensilage  sur  36  acres  au  prix 
de  £  6.25  par  tonne, 

M.  C.  T.  Benedict,  de  Holyoke  Map.,  dit  que  l'ensilage  lui  coûte  une  bagatelle, 
moins  que  €  5  par  tonne. 

LeD""  W.  B,  Eagcx,  jadis  à  New-York  maintenant  à  West-Point,  dit  qu'il  emploie 
encore  l'ensilage  et  qu'il  l'aime  mieux  que  jamais.  Il  nourrit  330  vaches;  il  pré- 
fère le  maïs  au  seigle,  il  trouve  cela  plus  nourrissant,  le  maïs  donne  plus  de 
lait.  En  1881,  il  a  dépensé  90  cents  pour  le  cultiver  et  le  mettre  dans  les  silos. 

M.  B.  Cannon  qui  a  pratiqué  ce  nouveau  mode  d'alimentation  dans  ses  grandes 
fermes  près  Burlington,  dit  que  son  expérience  de  l'ensilage  était  pour  ainsi  dire 
limitée  et  se  bornait  presqu'exclusiveraent  à  cet  effet  d'engraisser  les  animaux. 
En  vue  de  déterminer  l'économie  relative  de  la  nourriture  de  l'ensilage  et  foin  il 
acheta  l'année  dernière  un  troupeau  ds  19  bêtes  de  iShorthorn,  il  les  sépara  en 
trois  groupes.  Le  premier  groupe  fut  traité  comme  le  fermier  de  New-England 
traite  son  bétail;  en  hiver,  il  le  plaça  dans  la  cour  de  ferme  à  l'air  libre  sous  son 
hangar  et  lui  donna  journellement  20  livres  de  paille  et  foin  et  3  livres  de 
gi'ains;  il  tint  le  second  lot  dans  des  étables,  le  nourrit  avec  20  livres  de  foin  et 
un  picotin  de  mangel,  espèce  de  betterave.  Le  troisième  groupe  fut  aussi  tenu 
dans  des  étables,  et  nourri  avec  l'ensilage  et  3  livres  de  grains.  Il  pesa  toute  la 
nourriture  el  pesa  aussi  les  animaux  une  fois  par  mois.  Fixant  le  coût  du  foin  à 
£  10  par  tonne,  son  transport  à  £  1  en  sus,  il  a  trouvé  que  le  coût  relatif  de  la 
nourriture  des  3  lots  était  comme  suit  pour  six  mois.  Le  premier  lot,  É  19,20; 
le  second  lot,  £  23,40;  le  troisième  lot,  €  14,^*0.  L'ensilage  était  évalué  à 
8  cents  par  jour.  L'économie  de  l'ensilage  sur  le  foin  était  de  è  4.80,  ou  2 ->  pour 
100;  de  l'ensilage  sur  foin  et  racines,  €  9  ou  39  pour  100.  Le  gain  en  poids  des 
animaux  était  :  1"  lot,  5  pour  100;  2''  lot,  9  et  demi  pour  100;  3'' lot,  II  et  demi 
pour  100. 

Le  gain  en  qualité  était  à  peu  près  le  même  dans  le  second  et  le  troisième  lot. 
Il  vendit  ces  deux  lots  sur  pied  à  la  ferme  pour  l'exportation,  pour  6  cents  la  livre; 
mais  pour  le  premier  lot,  il  ne  put  obtenir  qu'une  otîre  de  5  cents.  Le  gain  total 
en  faveur  de  l'ensilage  était  5  et  demi  pour  100.  La  température  normale  de  la 
famille  bovine  est  102  et  l'orateur  a  trouvé  que  la  température  du  bétail  nourri 
par  l'ensilage  était  uniforme  durant  tout  l'hiver,  tandis  que  pour  l'autre  il  y  avait 
continuellement  variation.  M.  Cannon  dit  qu'il  est  pleinement  satisfait  des  résul- 
tats de  son  ensilage  et  se  propose  de  le  continuer  cette  année. 

M.  Orlahdo  B.  Potter  dit  que  son  essai  de  l'anné'i  dernière  a  été  répété  celle-ci 
dans  sa  ferme  de  Sing-Sing,  N,-Y.  et  il  n'a  fait  aucun  changement  à  ses  expéri- 
mentations sinon  d'avoir  augmenté  son  ensilage  et  diminué  la  quantité  de  grains 
donné  à  son  bétail. 

Gomme  auparavant  ses  vaches  préféraient  cette  nourriture  et  étaient  en  meilleures 
conditions  quand  elles  étaient  nourries  par  l'ensilage  au  lieu  de  l'ancien  système. 
Il  fit  l'année  dernière  un  essai  qui  lui  fut  suggéré  par  M.  Goffart,  lequel  était 
d'avoir  de  10  à  20  pour  100  de  vieux  foin  coupé  et  joint  au  maïs  et  mis  dans 
le  silo. 

IL  a  trouvé  que  quand  on  mettait  plus  de  10  pour  100  l'ensilage  était  endom- 
magé; l'année  prochaine,  il  en  mettra  très  peu  puisque  l'expérience  a  prouvé  que 
l'ensilage  n'en  a  pas  bénéficié.  Il  a  trouvé  que  les  silos  sous  terre  conservaient 
l'ensilage  mieux  que  tout  autre. 

Il  est  aussi  convaincu  que  la  meilleure  et  la  plus  économique  couverture  du  silo 
doit  être  la  terre,  mettant  dessus  quelques  pouces  de  paille  (chaume). 

Il  a  trouvé  qu'en  général  une  couverture  de  8  à  12  pouces  suffisait.  En  réponse 
aux  questions  adressées,  M.  Potier  dit  que  l'ensilage  de  deux  ans  est  aussi  bon 
que  celui  d'un  an  et  qu'il  l'emploie  en  nourriture  tant  qu'il  y  en  a. 

M.  Benedict,  de-Holyoke-Mass,  certifie  de  l'adaptibilité  de  l'ensilage  pour  les 
porcs.  Il  nourrit  65  porcsavecson  fourrage  conservé;  ils  le  savourent  et  engraissent 
rapidement.  M.  Power,  en  réponse  à  la  question  qui  lui  est  faite,  «si  l'ens'lage 
convient  aux  chevaux»,  répond  qu'il  a  nourri  ses  cinq  chevaux  avec  le  maïs  ensilé 
avec  foin  et  grain.  A  l'exception  d'un  seul,  tous  l'aiment,  el  celui  qui  semble  ne 


3b2  l'ensilage  des  FOURRAGES   VERTS  EN    AMÉRIQUE. 

Faimer  qu'à  peu  près   s'arrange   de  manière  à  manger  toute   sa  ration  dans  la 
iournée.  «  Mes  chevaux  n'ont  jamais  paru  mieux  »,  dit  l'orateur. 

M.  W.  Meiriam,  de  Sommerville,  N.-Y.,  dit  que  le  professeur  Cooke  du  New- 
Jersey,  collège  d'agriculture,  proclame  que  les  tiges  sèches,  convenablement  pré- 
parées' produisent  une  aussi  bonne  nourriture  que  l'ensilage.  L'orateur  n'est  pas 
de  l'avis  du  professeur.  Il  place  un  lourd  poids  de  pierres  sur  son  silo  et  il  en 
sort  un  produit  ensilé  aussi  beau  que  possible. 

M.  Lmsley,  de  Morris  (comté  de)  N.-Y.,  a  exhibé  un  échantillon  de  beurre  fail 
avec  la  crème  du  lait  des  vaches.qui  avaient  été  nourries  par  l'ensilage.  Le  lait 
avait  augmenté  de  15à20pour  100,  etmême  en  qualité  en  une  semaine.  M. W.Trus- 
low  qui  a  mis  1 ,400  tonnes  d'ensilage  sur  sa  nouvelle  ferme  de  Samuel  Reming- 
ston,  à  Gazanna,'N.-Y.,  dit  que  le  sorgho  fait  du  bon  ensilage,  mais  que  le  pro- 
duit'était  si  (^rossier  et  si  aigu  que  les  bestiaux  en  perdaient  beaucoup.  Il  a  essayé 
de  tout  et  il  trouve  que  rien  ne  remplace  le  maïs. 

Son  expérience  lui  a  appris  que  le  silo  doit  être  rempli  dans  la  journée,  et  qu'en 
général  trop  de  pression  est  employée.  Le  grand  point  est  de  couper  le  maïs  quand 
il  est  en  bonne  condition,  et  on  pense  qu'il  l'est  quand  l'épi  est  formé,  la  soie 
est  apparue  et  que  quelques  épis  grillés  puissent  être  cueillis.  C'est  une  grande 
faute  de  le  couper  trop  vert.  D'autres  orateurs  disent  avoir  obtenu  un  bon  ensilage, 
même  quand  les  tiges  de  maïs  avaient  été  un  peu  gelées.  M.  Truslow  pense  que 
le  trèfle  contient  trop  d'azote  pour  faire  du  bon  ensilage  ;  il  sort  l'ensilage 
du  silo  18  heures  avant  de  le  donner  à  manger,  le  mélange  avec  du  grain,  puis  le 
plonge  dans  de  l'eau  chaude  avant  de  le  donner  au  bétail.  Le  moha  de  Hongrie,  dit 
M.  Truslow,  fait  de  l'excellent  ensilage.  M.  Gol-Weigh,  d'Atlantic-Gi'y,  est  a  ac- 
cord avec  M.  Truslow,  et  dit  qu'il  n'a  jamais  coupé  un  champ  de  maïs  pour  en- 
siler avant  qu'il  n'y  eiit  quelques  épis  pleinement  développés. 

M.  Francis  Morris,  de  Baltimore,  dit  qu'il  a  toujours  employé  des  silos  en  terre, 
et  n'importe  quel  fermier  peut  en  faire  en  creusant  un  trou,  en  le  remplissant  de 
fourrao-e  et  en  le  couvrant  de  terre.  C'est  le  meilleur  silo,  parce  que  c'est  lé  moins 

cher.  .  ,      ,.  • 

M.  John  B.  Kennetz  a  employé  des  chevaux  pour  tasser  son  ensilage,  les  laip 
sant  partir  du  bord  extérieur  et  les  faisant  travailler  vers  le  centre.  Le  coiît  pour 
lui  de  ."bOO  tonnes  de  maïs  ensilé  sur  40  acres,  estimant  cette  quantité  sur  la  base 
de  50  livres  au  pied  cubique  et  l'entassage,  fut  de  81.38  par  tonne. 

Le  D''  Ormisson  dit  qu'il  y  a  quarante-cinq  ans  quand  il  était  dans  la  ferme  de 
son  père,  en  Ecosse,    c'é  ait  l'usage  de  nourrir  le  bétail  avec  des  feuilles. 

Des  médecins  de  New-York  ont  constaté  que  bien  des  maladies  des  enfants 
provenaient  de  la  nourriture  non  mûre  que  les  fermiers  donnaient  à  leurs  vaches. 
M.  Potter  dit  qu'un  des  grands  avantages  de  l'ensilage  du  trèfle  était  qu'il 
ne  surissait  pas  et  que  les  veaux  qui  le  mangeaient  quand  ils  quittaient  les 
pâturages,  continuaient  agrandir  aussi  vite  ([ue  quand  ils  étaient  aux  prés. 

Le  congrès  était   unanime  dans   l'opinion   que   l'ensilage  est  un  grand  succès. 

Une  résolution  fut  adoptée  exprimant  l'appréciation  de  la  grande  valeur  du 
système  de  l'ensilage  découvert  et  introduit  par  M.  Goffart  de  France  et  recom- 
mandant aux  fermiers  des  Etats-Unis  de  l'adopter  comme  étant  la  meilleure 
méthode  la  plus  économique  pour  conserver  les  récoltes  de  fourrage.  Le  congrès 
adopte  la  résolution  de  remercier  M.  Brown  pour  le  zèle  qu'il  a  apporté  à  intro- 
duire le  système  de  M.  Goftart  dans  ce  pays  et  à  établir  le  congrès  de  l'ensilage 
de  cette  année  et  de  l'année  dernière. 

Le  président  du  congres,  M.  Francis  Morris,  de  Maryland,  et  M.  Brown  sont 
autorisés  à  former  un  plan  pour  une  organisation  permanente  et  à  faire  un 
rapport  qui  sera  imprimé. 

C'est  avec  une  légitime  fierté  que  nous  pouvons  constater  l'accueil 
qui  a  été  fait  en  Amérique  à  une  découverte  française  ainsi  que  le 
parti  qu'on  a  su  en  tirer  :  le  fait  n'est  pas  fréquent,  et  c'est  pourquoi 
il  doit  être  enregistré.  Il  y  a  d'ailleurs  là  un  exemple;  si  la  découverte 
de  M.  Goffart  provoque  de  tels  enthousiasmes  que  ceux  qui  viennent 
d'être  constatés,  il  importe  que  les  cultivateurs  français  ne  se  laissent 
pas  distancer  par  les  étrangers  dans  son  application  et,  par  suite,  dans 
les  avantages  qu'elle  peut  procurer. 

Henry  Sagnier. 


MOYENS  d'améliorer  LA  SITUATION  DE  L'AGRICULTURE.  353 


SUR  LES  MOYENS  D'AMÉLIORER  LA  SITUATION 

DE   L'AGRICULTURE 

Dans  une  série  d'articles,  récemment  publiés  dans  le  Journal  de  l'agri- 
culture, M.  Duroselle,  après  avoir  exposé  la  situation  précaire  dans  la- 
quelle se  trouve  l'agriculture  française,  propose  un  mode  de  culture 
du  blé  comme  moyen  d'améliorer  cette  fâcheuse  situation. 

Je  ne  contesterai  point  la  valeur  du  conseil  de  M.  Duroselle  au  point 
de  vue  cultural  ;  mais  pour  le  cas  dont  il  s'agit,  il  me  semble  que  le 
remède  préconisé  par  l'écrivain  a  bien  peu  de  portée  et  de  valeur.  Tous 
les  cultivateurs  ne  sont  pas  agriculteurs,  plusieurs  sont  viticulteurs, 
sériciculteurs,  etc.,  et  n'ont  rien  à  voir  dans  la  culture  du  blé.  En  outre 
il  n'y  a  pas  que  les  agriculteurs  qui  aient  à  se  plaindre  de  la  situation 
actuelle  ;  on  peut  entendre  des  plaintes  plus  ou  moins  vives  et  plus  ou 
moins  fondées,  à  tous  les  degrés  de  l'échelle  sociale.  Il  ne  s'agit  donc 
point  de  quelques  hectolitres  de  blé  déplus  ou  de  moins,  mais  de  causes 
diverses  et  d'une  importance  capitale. 

Quand  le  navire  n'avance  plus,  il  ne  s'agit  point  de  divaguer  sur  la 
couleur  des  voiles,  ou  sur  le  mécanisme  du  gouvernail;  mais  bien  de 
savoir  si  cela  dépend  du  vent  ou  de  la  marée.  Il  est  bien  évident  que 
notre  régime  économique  laisse  beaucoup  à  désirer,  et  c'est  sur  ce  point 
que  je  veux  appeler  l'attention  de  mes  lecteurs. 

Pour  bien  finir,  il  faut  bien  commencer;  et  pour  bien  commencer  il 
faut  commencer  les  choses  par  leur  commencement.  Or,  pour  moi  le 
commencement  en  fait  d'économie  sociale,  c'est  une  logique  et  équi- 
table répartition  des  impôts;  et,  à  mon  avis  nos  impôts  ne  sont  point 
répartis,  ils  sont  jetés  comme  attràppe  qui  pourra.  Celui-ci  paiera 
parce  qu'il  est  bancroche,  celui-là  parce  qu'il  est  bancal,  celui  ci  parce 
qu'il  est  bossu,  celui-là  parce  que  peut-être  il  le  deviendra.  Mais,  pour 
quel  motif  et  d'après  quel  principe,  Je  n'en  sais  rien,  ni  d'autres  non 
plus. 

La  contribution  foncière  a  bien  été  une  fois  répartie  d'après  le  prin- 
cipe ou  assiette  du  revenu  net,  mais  depuis  cinquante  ans  bien  des 
choses  ont  changé.  Dans  certains  cas,  la  propriété  a  doublé,  quadruplé, 
décuplé  de  valeur,  quand  par  ailleurs  la  valeur  n'a  presque  pas  varié, 
et  l'impôt  n'a  point  été  modifié  en  conséquence.  En  sorte  qu'il  n'y  a  plus 
ni  équité  ni  harmonie,  mais  une  telle  disproportion  dont  on  sera  fort 
étonné  quand  on  en  aura  connaissance,  et  qu'on  s'étonnera  à  bon  droit 
qu'une  telle  anomalie  ait  pu  durer  aussi  longtemps.  Il  faut  donc 
nécessairement  en  venir  à  une  nouvelle  et  équitable  répartition  des 
impôts. 

L'impôt,  basé  sur  l'assiette  du  revenu  net  est  bien  le  système  le 
plus  équitable,  mais  je  ne  dis  point  le  plus  logique,  car  il  faut  qu'il 
soit  possible  d'arriver  à  la  connaissance  exacte  de  ce  revenu  net.  Or, 
chacun  sait  qu'il  est  très  difdcile  de  connaître  le  revenu  net  d'une  pro- 
priété et  que  cela  est  matériellement  et  mathématiquement  impossible 
quand  il  s'agit  d'une  parcelle,  le  revenu  pouvant  varier  à  l'infini  avec 
le  temps,  le  mode  de  culture  et  une  foule  de  circonstances  qu'il  est  natu- 
rellement impossible  de  prévoir. 

A  mon  avis  il  serait  bien  plus  simple  et  plus  logique  de  baser  la 
contribution  foncière  sur  la  valeur  vénale  de  la  propriété,  ce  qu'il  est 


354  MOYENS   D'AMÉLIORER  LA  SITUATION  DE  L'AGRIGULTDRE. 

toujours  facile  de  savoir  et  de  connaître^  ce  qui  prête  peu  à  l'arbitraire 
et  ce  qui  est  bien  la  meilleure  expression  dont  on  puisse  se  servir  pour 
déterminer  la  richesse  réelle. 

Emile  Josse. 

SOCIÉTÉ    NATIONALE    D'AGRICULTURE 

Séance  du  28  février  1883.  —  Présidence  de  M.  Chevreul. 
M.  Vandercolme  envoie  à  la  Société  une  note  sur  les  résultats  qu'il 
a  obtenus  pour  la  transformation  des  fosses  à  fumier  vicieuses.  Avec 
une  très  faible  dépende,  ainsi  que  le  savent  les  lecteurs  du  Journal^ 
on  obtient  une  plus  grande  quantité  de  fumier  de  meilleure  qualité. 
M.  Daviau,  vétérinaire  à  Patay  (Loiret),  transmet  une  conférence 
qu'il  a  faite  sur  la  vaccination  préventive  des  moutons  contre  le  char- 
bon, d'après  la  méthode  de  M.  Pasteur. 

M.  Plonquet  envoie  le  compte  rendu  du  congrès  agricole  de  Chau- 
mont  en  1882;  —  M.  Eugène  Lahaye,  une  étude  sur  l'unification  des 
tarifs  de  chemins  de  fer;  — M.  le  baron  de  Galonné,  un  volume  qu'il 
vient  de  publier  sur  la  vie  agricole  sous  l'ancien  régime  en  Picardie 
et  en  Artois;  — M.  Doumet-Adanson,  une  notice  sur  la  fédération  des 
Sociétés  d'horticulture  en  France;  —  M.  Gaetoni  Cantoni,  une  bro- 
chure sur  l'année  agricole  1882  en  Italie. 

M.  Gayot,  après  avoir  présenté  plusieurs  pelotes  stomacales  de 
Léporidés,  dont  il  a  précédemment  parlé  à  la  Société,  fait  une  commu- 
nication sur  des  expériences  ordonnées  par  le  ministre  de  la  guerre 
sur  l'alimentation  du  cheval  de  troupe  au  moyen  de  la  ration  ordi- 
naire comparativement  avec  unei  ration  dans  laquelle  entre  la  farine 
de  cocotier.  Il  paraît  résulter  de  ces  expériences  que  l'intervention  de 
la  farine  de  cocotier  dans  la  ration  a  produit  d'excellents  résultats. 

M.  Prillieux  présente  quelques  détails  sur  les  expériences  auxquelles 
s'est  livré  M.  Jensen  relativement  au  Peronospora  de  la  pomme  de 
terre.  M.  Jensen,  après  avoir  cultivé  ce  champignon  dans  divers  états 
de  température,  a  constaté  qu'à  partir  de  25",  le  mycélium  ne  produit 
plus  de  spores;  il  pense  que  cette  circonstance  est  peut-être  la  cause 
pour  laquelle  la  maladie  des  pommes  de  terre  ne  se  développe  pas 
dans  quelques  régions.  M.  Peligot  cite,  à  cette  occasion,  des  expé- 
riences dont  il  a  été  témoin,  d'où  il  paraît  résulter  que  le  plâtre 
empêche  les  progrès  de  la  maladie.  M.  Boussingault  constate  que,  sur  les 
plateaux  des  Andes,  on  a  bien  constaté  la  maladie  des  pommes  de 
terre,  mais  qu'on  s'en  inquiète  peu,  parce  que  la  maladie  ne  peut  pas 
être  propagée  par  les  tubercules  conservés,  l'habitude  étant  d'arracher 
ces  tubercules  au  fur  et  à  mesure  des  besoins  de  la  consommation. 

Henry  Sagnier. 

REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(3  MARS  lb83). 
I.  —  Situation  générale. 
Les  cultivateurs,  occupés  aux  travaux  des  champs,  fréquentent  peu  les  marches. 
Il  en  résulte  que  les  transactions  sont  calmes  pour  la  plupart  des  denrées  agricoles. 

IL  —  Les  grains  et  les  farines. 
Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal  métrique, 
sur  les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger  : 


REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT    (3  MARS    1883). 


355 


16. bO 
17.00 


NORD.OITEST. 


Calvados.  Condé t 

—  Lisieux 5 

Côt.-du-Nord.  LAnn'ion..  Q 

—        Pontrieux  2 
Finistùrc.  Quimpcr î 

—  Morlaix Ij.'io  » 

lUe-el-Vilai7ie.  Rennes.,  'ih.bo  » 

—         Redon '2'i.7d  17.20 

Manches.  Avraiiches. ..  26.00  » 

—  Pontorson... .  26.25  » 

—  Villedieu 25.75  10.  oo 

Mayenne.  Laval 25.80  » 

—  Châteaii-Oonlier.  25.00  16  25 
A/or6t7ian.  Hennebont..  23.50  17.50 
Orne.  Seez 24.23  17.00 

—  Vimoutiers 2'i.00  » 

Sori/ve.  Le  Mans 26.00  15.75 

—  Sablé ..  25.75  » 

Prix  moyens 24.78  16.52 

2"   RÉGION.   —  NORD. 

Aisne.  Soissons 24.00  H. 95 

—  Saint-Quentin...  24.25  t6.0O 

—  Villers-Cotlerets.  22.75  14.25 
Eure.    Bernay 24.25  » 

—  Damville 23.75  15.00 

—  Neiibourg 23  75  14.00 

Eure-et-Loir.  Cliartres..  23.25  13.85 

—  Auneau 23.75  14.60 

—  Nogent-le-Rotrou.  25.50  » 
JVord.  Cambrai 25.70  15.50 

—  Douai 27.00  » 

—  Valenciennes 25.00  15.50 

Oise.  Beauvais.. 22.25  14.40 

—  Compiègne 22.50  15.25 

—  Noyon 24.00  15. 1 5 

Pas-de-Calais.  Avràs...  27.25  15.50 

—  Donllrins 25.20  14.20 

Seine.  Paris 25.50  15.50 

S.-el-Mar.  Meiun 24.00  14.76 

—  Dammarlin 22.00  14.50 

—  Provins 23.50  16.00 

S.-elrOise.  Elsimpes 23.85  14.70 

^ —    Pontoise 23.00  15.50 

—  Versailles 23.00  1450 

Sem6-/n/erie(tr'e. Rouen.  24. 05  14.00 

—  Dieppe 23.50  14.50 

—  Fécamp 23.05  14.75 

Somme.  Amiens 23.25  14.50 

—  Péronne 22.75  » 

—  Roye 22.50  14.35 

Prix  moyens 23.89  14.78 


16.50  17.00 

»  19  00 

18.50  16.50 

20.00  20.50 

16.00  21.50 
15.75  » 

17.20  18.7!) 


18.00 
17.00 
19.75 
19.75 
19.00 
17.50 
18.25 
18.60 
19.00 


» 
19.00 
18.50 
19.50 
18.50 
17.50 
19.00 
17.50 
18.00 
17.00 
18.60 


18.25 


3*  RÉGION 

Ardennes.  Charleville.  . 

—  Vouziers 

Aube.  Troyes 

, —    Mery-sar-Seine  . . . 

—  Nogent-sur-Seine. 
Marne.  Clialons 

—  Reims 

—  Sezanne 

Hte-Marne.  St-Dizier... 
Meurlhe-et-Mos.  Nancy. 

—  Pont-à-Mousson. . 

—  Toul 

Meuse.  Bar-le-Duc 

—  Verdun 

Haule-Saône.  Gray 

—  Neufchàieau 

Vosges.  Epinal 

—  Raonl'Ktape 

Prix  moyens 

4"  RÉGION 

Charente.  Angoulème. . . 

—  Ruffec 

Char.-Infér.  La  Rochelle 
Deux-Scvres.  Niort....'. 
Indre-et-Loire.  Bléré. . . . 

—  Château-Renault.. 

Loire-Inf.  Nantes 

M.-el-Loir-     saumur 

—  Angers 

Fenrf'ie.Fontenay-l.-Com 

—  La  Roche-sur-Yon. 
•  Vienne.  Chalelierault. . 

—  Loudun 

Haute-  Vienne.  Limoges. . 

Prix  moyens 


NORD.EST 


23.36     15.39 


26.50 
26.25 
24.00 
24 .  50 
25.50 
25.00 
26  25 
26  00 
25.50 
2'.. 75 
26.25 
25.00 
25.80 
26.00 


18.25 
17.50 


20 .  00 
18.25 
17.00 
18.00 
19.00 
13.25 
17.50 
17.75 
17.50 
17.00 
18.25 
17.00 
17.50 
18.50 

1G.17     18.55     17.96 


15.00 

15.00 
16.50 
16  00 
16.50 


» 
17.00 
17.50 
20.00 
18.50 
20.00 
17.50 
19.00 
18.50 


Allier.  Montluçon 

—  Gannat.... 

—  La  Palisse 
Cher.  Bourges  .... 

—  Saint-Amand 

—  Vierzon 

Creuse.  Aubusson.. 
hïdre.  Chàteauroux 

— •    Issoudun  .... 

—  Valençay.... 
Loiret.  Orléans 

—  Montargis 

—  (iien 

L.-et-Cher.  Blois. .. 

—  Montoire 

Nièvre.  Nevers 

—  La  Charité... 
Yonne.  Brienon.... 

—  Tonnerre.... 

—  Sens 


Prix  moyens 24.29     15.24 

6'  RÉGION.  —  EST. 
Ain.  Bourg 25 .  60 

—  Pont-de-Vaux....  25.00 
Côte-d'Or.  Dijon 21.50 

—  Semur 22.00 

/)ou6s.  Besançon 23.00 

Isère.  Grenoble 26. 00 

—  Bouigoin..-. 24.50 

Jura.  Dole 23.00 

Loire.  Montbrison 24.00 

P.-de-Dôme.  Cl.-Ferrand  25.30 

Rhône.  Lyon 24.75 

Saônè-et-Loire.  Autun..  23.50 

—  Chalon 25.00 

Cavoie.  Chambéry 25 .  50 

Hte-Savoie.  Annecy 25.75 

Prix  moyens 24.29 

7*  RÉGION.  —  SITU-OUEST 
Ariège.  Foix <..  25  80     13.00 

—  Pamiers 25  00 

Dordogne.  Bergeinc. . ..  27. 70 
Hte-Garonne.  Toulouse.  27.50 

—  St-Gaudens 26.00 

Gers.  Condom. 27.00 

—  Eauze 26.25 

—  Mirande 25  75 

Gironde.  Bordeaux 28.00 

—  La  Réole 26.75 

Landes.  Dax 29.00 

Lot-et-Garonne.  Agea. . .  27.00 

—  Nérac 27.50 

B.-Pyrénées.  Bayonne..  28.00 
//<es-Pî/rértées.  Tarbes..  28.25 

Prix  moyens 27.03 


13.14     17.57 


» 

1) 

17.00 

15.75 

II 

17.25 

16.00 

17.00 

15.75 
15.50 

» 

» 

16.75 

14.75 

» 

17.50 

14.25 

16.75 

17.75 

15.00 

17.00 

16.50 

15.50 

17.50 

17.00 

16.00 

17.25 

18.00 

15.75 

17.50 

18.25 

16.50 

)) 

16.50 

16.25 

18.00 

20.00 

16.50 

» 

18.25 

» 

» 

18.50 

15.66     17.29     17.37 


19.25 
19.00 
18.80 


19.25 
20.25 
20.00 
19.50 

20.50 
20.50 
19.00 
20.75 
18.00 
19.00 

» 

20.50 

19.25 

19.50 

18  50 

18.13  18.36  19.61 


16.00 
16.85 
17.00 
17.00 


18.00 
18  50 
19.50 
18.75 
18.50 
20  25 
19.25 


8*  REGION.  • 


SUD. 


20.25 
19.50 


ylitde.  Carcassonne 27.25 

—  Castelnaudary....  27.75 
Aveijron.  Villefranche..  25.80 

Cantal.  Mauriac 25.65 

Corrèze.  Luberzac 25.50 

Hérault,  cette 27.25 

—  Béziers 28.25 

Lot.  Cdhoi-s 26.50 

Lozère.  Mende 24.05 

Pi/redées-Or. Perpignan.  27.75     20.00     25.00 

rai-n,.  Castres 27.50     18.00        » 

Tarn-et-Gaf.  MontauDan  27.00     17.25     19.50 


18.25 
22.90 
18.25 

20.50 
17.00 
17.35 


26.15 
18.50 

» 
20.50 
17.50 
18.20 


19  50 
20.25 
17.00 
20.95 
18.25 
21.00 
21.25 
18.20 
17.75 
18.40 
20.25 
20.00 


Prix  moyens 26. 68     18.84 

9'  RÉGION.   —  SITD-EST 
Basses-Alpes.  Manosque  28.00 
Hautes-.Alpes.  Briançon.  27.75 
Alpes- Maritimes. Csinnei  27.50 

Ardcche.  Privas 26.80 

B.-du-Rhône.  Arles 27.25 

Drame.  Valence 25.25 

Gard.  Alais 26.00 

Haute-Loire.  Brioude...  24  75 
Tar.  Samt-Maximin....  25.00 
Faitciitse.  Avignon 26.75 

Prix  moyens 26.61 

Moy.  de  toute  la  France  25. 16 

—  de  la  semaine  précéd.  25.25    16  63 

Sur  la  seniaineillausse. 
précédente..)  Baisse.. 


20.57      19.40 


» 

11 

22 

00 

17 

80 

18 

50 

18 

00 

18 

25 

18 

75 

19 

45 

17 

40 

19 

00 

17 

00 

1) 

16 

50 

17 

50 

,) 

20 

50 

18 

50 

20 

25 

17 
19 

00 
00 

17 

75 

18 

50 

18 

05 

18 

13 

18 

97 

16 

53 

18 

23 

18 

20 

16 

63 

18 

11 

18 

OS 

0.12       0.14 


0.09       0.10 


356  '  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  GOURANT 

Blé.  Seigle.  Orge.  Avoine, 

fr.                fr.  fr.  fr. 
.,      (  blé  tendre...        27.25 

Algérie.                    Alger|  ^j .  ^^^. 25.75            >-  17.00  16.25 

Angleterre.  Londres 26.25            »  19.35  19.80 

Belgique.  Anvers 25.75  17.75  18.00  16.75 

—  Bruxelles 25  50  16.00            »  17.00 

—  Liège 23.50  17.00  20.50  17.00 

—  Namur 23.00  15.75  20.00  15.50 

Pays-Bas.  Amsterdam 23.80  17.10            »                • 

Luxembourg.  Luxembourg 24.25            »                 »  17.00 

Alsace-Lorraine.     Metz 23.60  17.75  17.50  18.00 

—  Strasbourg 25.00         18.00         16.75         17.25 

_  Mulhouse 22.25         16.50         17.00         17.75 

Allemagne.  Berlin ■ 23.10        17.10 

—  Cologne 24.35        18.10 

—  Hambourg 22.50        16.35 

Suisse.  Genève 27  00  19.25  20.00  19.75 

Italie.  Vienne 25.00  19.00  »  18.50   . 

Espagne.  Valladolid 24.50  »  ..  » 

Autriche.  Vienne 20.. 50  15.00  16.00  14.25 

Hongrie.  Budapeslh 20.75  15.20  15.75  13  80 

Bussie.  Saint-Pétersbourg..  22.30  15.30  »  12.25 

Etats-Unis.  New-York 24.05  »  »  » 

Blès. —  Le  temp.s  qui  a  régné  depuis  huit  jours  dans  la  plus  grande  partie  de 
la  France  est  tout  à  l'ait  favorable  aux  travaux  de  la  culture.  On  en  profite  pour 
reprendre  partout  les  travaux  interrompus,  et  pour  achever  la  préparation  des 
terres  destinées  aux  semailles  de  printemps.  Celles-ci  sont  poursuivies  avec 
ardeur  dans  un  grand  nombre  de  localités,  et  les  cultivateurs,  plus  favorisés, 
reprennent  un  peu  d'espoir.  Ces  circonstances  sont  d'ailleurs  également  bonnes 
pour  les  terres  emblavées,  qui  commencent  à  se  ressuyer  et  dans  lesquelles  la 
végétation  reprend  avec  vigueur.  Les  transactions  continuent  à  présenter  assez 
de  calme  sur  la  plupart  des  marchés;  les  cours  ne  subissent  pas  de  variations 
importantes.  —  A  la  halle  de  Paris.,  le  mercredi  28  février,  les  affaires  ont  été 
restreintes,  avec  un  peu  plus  de  fermeté  dans  les  cours.  On  payait  de  24  fr.  50 
à  26  fr.  50  par  100  kilog.  suivant  les  sortes;  le  prix  moyen  s'est  fixé  à  25  fr.  50. 
—  Au  marché  des  blés  à  livrer,  on  cotait:  disponible,  26  fr.  25  à  26  fr.  50;  mars, 
26  fr.  à  26  fr.  25;  mars  et  avril,  26  fr.  25  à  28  fr.  50;  quatre  mois  de  mars, 
26  fr.  50;  quatre  mois  de  mai,  27  fr.  50  à  27  Ir  75  —  Au  Havre.,  les  ventes  sont 
peu  actives  en  blés  d'Amérique,  aux  cours  de  2^  fr,  50  à  28  fr.  par  100  kilog. 
sans  changements  importants  —  A  Marseille,  quoique  les  ventes  soient  relati- 
vement peu  considérables,  les  prix  accusent  beaucoup  de  fermeté.  Les  arriages 
de  la  semaine  ont  été  de  95,000  quintaux;  le  stock  est  actuellement  de 
265,000  quintaux  dans  les  docks.  Les  ventes  se  font  à  des  prix  fermes.  On  cote 
suivant  les  sortes  par  100  kilog.  :  Red-winter,  29  fr.  ;  Berdianska,  27  fr.  50; 
Marianopoli,  26  fr.  75;  Varna,  22  fr.  50  à  2:j  Ir.;  Danube,  22  à  24  fr.; 
Pologne,  26  fr.  à  26  fr.  50.  —  A  Londres^  les  importations  ont  été  de  92,600  quin-, 
taux  métriques  depuis  huit  jours.  Les  prix  se  maintiennent  ave  ;  peine.  On  cote 
de  25  fr.  à  27  fr.   50  par  llO  kilog.  suivant  les  qualités  et  les  provenances. 

Farines.  —  Depuis  quelques  jours,  les  prix  des  farines  de  consommation  sont 
plus  faibles.  On  paye  suivant' les  sortes,  le  mercredi  28  février  à  la  halle  de  Paris  : 
marque  de  Gorbeil,  61    fr. ;  marques  de  choix,  62  à  64  fr.;  premières  marques, 

59  à  60  fr,?  bonnes  marques,  58  à  59  fr.;  sortes  ordinaires,  56  à  57  fr.;  le  tout 
par  sac  de  159  kilog.  toile  perdue  ou  157  kilog.  net,  ce  qui  correspond  aux  prix 
extrêmes  de  35  fr.  65  à  40  fr.  10  par  100  kilog.,  ou  en  moyenne  37  fr.  85  soit 
0  fr.  15  de  baisse  sur  le  prix  moyen  du  mercredi  précédent.  Quant  aux  farines 
de  spéculation,  on  cotait  à  Paris,  le  mercredi  28  février  au  soir  :  farines  neuf- 
marques,  courant  du  mois,  59  fr.  à  59  fr.  25;  mars,  59  fr.  25;  mars-avril,  58  fr.  25 
à  59  fr.  50;  quatre  mois  de  mars,  59  fr.  50;  quatre  mois  de  mai,  60  fr.   25   à 

60  fr.  50;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.  toile  perdue  ou  157  kilog.  net.  —  Les 
gruaux  sont  vendus  aux  mêmes  cours  que  précédemment,  de  47  à  58  fr.  par 
100  kilog.;  les  farines  deuxièmes,  de  26  à  33  fr. 

1%  Seigles.  —  Les  ventes  sont  toujours  calmes.  Oa  paye  à  la  halle  de  Paris,  1 5  fr.  25 
à  15  fr.  75  par  100  kilog.  suivant  les  sortes.  Les  prix  des  farines  de  seigle  se  fixent 
de  23  à  25  ir. 

Orges.  —  H  y  a  maintien  des  anciens  prix  pour  les  orges  à  la  halle  Paris.  On 
les  paye  de  ]7  fr.  75  à  20  fr.  75  par  IOj  kilog.,  suivant  les  qualités.  Les  escour- 
geons sont  vendus  aux  prix  de  18  fr.  25  à  18  fr.  50.  —  A  Londres,  les  importa- 


DES  DENRÉES  AGRICOLES    (3  MARS    1883).  357 

lions  d'orges  ont  été  de  35,000  Cfuintaux  depuis  huit  jours.  On  paie  de   18  fr.  à 
20  fr    70  par  100  kilog,  suivant  les  sortes. 

Malt.  —  Les  prix  se  soutiennent.  On  paye  à  Paris,  27  à  31  fr.  par  100  kilog. 
pour  les  malts  d  orge;  27  à  29  fr.  pour  ceux  d'escourgeon, 

Avomes.  —  Les  affaires  sont  peu  importantes,  mais  les  prix  se  maintiennent. 
On  cote  à  la  halle  de  Paris,  de  17  à  19  fr.  50  par  100  kilog.,  suivant  poids* 
couleur  et  qualité.  —  A  Londres,  il  a  été  importé  80,000  quintaux  d'avoines 
depuis  huit  jours.  Les  prix  se  fixent  de  17  fr.  95  à  21  fr.  70  par  100  kilog.,  sui- 
vant les  sortes. 

Sarrasin.  —  Cours  sans  changements,  de  15  fr.  75  à  16  fr.  par  100  kilo"-,  à  la 
halle  de  Paris. 

Maïs.  —  Dans  les  ports,  les  maïs  d'Amérique  se  vendent  facilement  aux  cours 
de  18  fr.  50  à  19  fr.  par  100  kilog.  suivant  les  sortes. 

Issues.  —  Quoique  les  offres  soient  assez  abondantes,  les  prix  se  soutiennent. 
On  paye  à  la  halle  de  Paris  :  gros  son  seul,  13  fr.  75  à  14  fr.;  son  trois  cases, 
12  fr.  50  à  13  fr.;  sons  fins.  Il  fr.  50  à  12  fr.;  recoupettes,  12  à  12  fr.  50;  remou- 
lages,  15  à  18  fr.  suivant  les  qualités;  le  tout  par  100  kilo"-, 
ni.  —  Fourrages,  graines  fourragères. 

Fourrages.  —  Les  prix  sont  fermes  sur  la  plupart  des  marchés.  On  cote  par 
1,000  kilog.  :  Beauvais,  luzerne.  70  fr.;  paille,  50  à  60  fr.;  —  Gharleville,  foin, 
80  à  85  fr.:  paille,  50  à  55  fr.;  —  Rambouillet,  foin,  84  à  100  fr.;  paille,  56  à 
70  fr.;  —  Toulouse,  foin,  105  à  115  fr.;  sainfoin,  95  à  115  fr.;  paille,  50  à  55  fr. 

Graines  fourragères.  —  Les  demandes  sont  assez  actives,  avec  des  prix  fermes. 
On  paye  à  Paris  par  100  kilog.  :  trèfle  violet,  155  à  205  fr.;  trèfle  blanc,  200  à 
250  fr.;  luzerne  de  Provence,  i55  à  175  fr.;  de  Poitou,  115  à  135  fr.;  d'Italie, 
140  à  150  fr.;  minette,  60  à  75  fr.;  ray-grass,  65  à  70  fr.;  vesces,  27  à  29  fr.; 
sainfoin,  25  à  32  fr. 

IV.  —  Fruits  et  légumes  frais. 

Fruits. —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  poires,  le  cent,  5  fr.  à  100  fr.,le  kilog., 
G  fr.   25   à   0   fr.   50;   pommes,  le  cent,   5  fr.  à  100  fr.  ;  le   kilog.,   0    fr.    20  à 

0  fr.  40;  raisins  communs,  le  kilog.,  4à  10  fr. 

Gros  légumes.  —  Dernier  cours  de  la  halle  :  asperges  de  châssis,  la  botte,  de 
15  à  25  fr.;  aux  petits  pois,  la  botte,  2  à  5  fr.;  betteraves,  la  manne,  0   fr.  30  à 

1  fr.  40;  carottes  communes, les  100  bottes,  18à  28  fr.;  d'hiver,  l'hectolitre,  2  fr.  à 
4fr.  25;  de  chevaux,  les  100  bottes,  12  à20fr.;  choux  communs,  le  cent,  3  à  15  fr.; 
navets  communs,  les  100  bottes,  20  à  30  fr.;  de  Freneuse,  25  à35  fr.  l'hectohtre, 
3  fr.  à  4  fr.  ;  oignons  en  grain,  l'hectohtre,  10  à  13  f i\  ;  panais  communs,  les 
100  bottes,  12  à  15  fr.;  poireaux  communs,  les  100  bottes,    25  à  60  fr. 

Pommes  de  terre.  —  Hollande  communes,  l'hectolitre,  14  à  17  fr.;  le  quintal, 
20  fr.  14  à  24  fr.  28;  jaunes  communes,  l'hectolitre,  9  à  10  fr.:  le  quintal, 
12  fr.  85  à  14  fr.   28. 

V.  —  Vins,  spiritueux,  vinaigres,  cidres. 
Vins.  —  Le  commerce  des  vins  continue  à  présenter  le  plus  grand  calme  ;  les 
ventes,  dans  la  plupart  des  centres  viticoles,  sont  toujours  peu  importantes,  mais 
il  y  a  beaucoup  de  fermeté  dans  les  prix,  surtout  lorsqu'il  s'agit  des  vins  de 
qualité  supérieure,  et  même  pour  les  vins  ordinaires.  D'autre  part,  le  commerce 
est  dans  une  situation  qui  ne  varie  pas.  Les  transactions,  sur  toutes  les  sortes  de 
vins,  sont  peu  importantes;  il  ne  faut  faire  d'exception  véritable  que  pour  le  com- 
merce d'exportation  qui  présente  beaucoup  plus  d'activité  que  pendant  l'année 
précédente  ;  Bordeaux  est  toujours  le  principal  centre  de  cette  activité.  Il  est  d'ail- 
leurs, de  plus  en  plus  certain  que,  quoi  qu'on  en  ait  dit,  les  vins  de  1882  ont  une 
qualité  qui  est  supérieure  à  la  détestable  réputation  qui  leur  avait  été  faite  au 
moment  des  vendanges.  Entre  lés  petits  vins  dont  la  conservation  est  douteuse, 
et  ceux  qui  ont  un  corns  suffisant  pour  se  conserver  parfaitement,  la  dilférence 
des  prix  est  de  près  ae  moitié  dans  les  celliers  des  vignerons.  Ainsi,  dans  la 
Dordogne,  tandis  que  les  bons  vins  ordinaires  valent  de  450  à  500  fr.  la  pièce, 
ceux  des  mêmes  vignobles  qui  sont  de  qualité  inférieure,  ne  valent  pas  plus  de 
300  à  400  fr.  Dans  le  Midi,  les  prix  sont  cotés  aux  taux  que  nous  avons  précé- 
demment indiqués,  tant  pour  les  vins  de  pays  que  pour  ceux  d'Espagne.  —  Dans 
les  vignes,  le  temps  plus  favorable  qui  règne  depuis  quelques  semaines,  permet 
de  continuer  les  travaux  de  taille  ;  le  bois  se  présente  presque  partout  dans  de 
bonnes  conditions  de  maturité. 


358  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT 

Spiritueux.  —  Pendant  que,  sur  les  marchés  du  Midi,  les  alcools  de  vins  se 
vendent  toujours  aux  mêmes  prix  que  précédemment,  on  peut  constater  sur  quel- 
ques marchés  du  Nord  une  hausse  sensible  due  à  quelques  affaires  de  spéculation 
])lus  actives;  c'est  surtout  à  Paris  que  ce  mouvement  est  accentué.  Dans  le  Midi, 
on  cote  suivant  les  marchés  :  Cette,  3/6  bon  goût,  105  à  110  fr.;  marc,  100  fr.; 
Pézenas,  3/6  bon  goût,  102  fr.  par  hectolitre;  marc,  94  fr.;  Montpellier^  3/6  bon 
goût,  100  fr.;  marc,  90  fr.  —  Dans  les  Gharentes,  les  affaires  sont  calmes.  Les 
eaux-de-vie  de  1878  à  1880  valent  à  Cognac  par  hectolitre  :  Borderies,  220  à225fr.; 
fins  bois,  210  à  220  fr.;  bons  bois,  200  à  210  fr.;  bois  éloignés,  190  à  210  fr.  — 
A  Bordeaux,  on  cote  les  Armagnacs,  Itb  à  190  h\  par  hectoUtre  suivant  la  qualité. 

—  A  Lille,  les  3/6  betteraves  sont  payés  51  fr.  —  A  Paris,  on  cote  :  3/6  bettera- 
ves, 90  degrés,  1''^  qualité,  disponible,  52  fr.  75  ;  mars,  52  fr.  75  à  53  fr.  25;  mars 
et  avril,  53  fr.  25;  quatre  mois  de  mai,  53  fr.  75.  —  Le  stock  était,  au  28  février, 
de  19,300  pipes,  contre  13,800  en  1882. 

Vinaigres.  —  Les  cours  varient  peu.  On  paye  à  Orléans  par  hectolitre  :  vinaigre 
nouveau  de  vin  nouveau,  40  à  42  fr.;  vinaigre  nouveau  de  vin  vieux,  45  à  47  fr.; 
vinaigre  vieux,  55  à  60  fr. 

Raisins  secs.  —  Vente  active,  avec  prix  soutenus,  sur  les  divers  marchés  du 
Midi.  A  Marseille,  on  cote  par  100  kilog.  suivant  les  sortes  :  Gorinthe,  51  fr.  à 
51  fr.  50;  Thyra,  40  fr.  50  à  41  fr.;  Beyrouth,  34  à  35  fr.;  Tripoh,  30  à  32  fr.; 
Chypre,  50  à  51  fr.;  Samos,  43  à  45  fr.;  Candie,  41  à  42  fr.;  Alexandrette,  42  fr. 
à  43  fr. 

VI.  —  Sucres.  —  Hélasses.  —  Fécules.  —  Glucoses.  —  Houblons. 

'^Sucres.  —  Les  affaires  sont  toujours  aussi  difficiles,  et  les  prix  ne  varient  pas* 
On  paye  les  sucres  bruts  suivant  les  marchés  :  à  Paris  :  sucres  bruts  88  degrés 
saccharimétriques,  50  fr.  à  50  fr.  25;  les  99  degrés,  57  fr.  50;  sucres  blancs  n"  3, 
57  fr.  75;  à  Lille,  sucres  bruts,  51  fr.  25  ;  sucres  blancs,  56  fr.  25  à  56  fr.  75; 
à  Péronne,  sucres  bruts,  49  fr.  25;  blancs,  57  fr.  ;  à  Saint-Quenlin,  sucres 
bruts,  49  fr.  25  ;  blancs,  57  fr.  25.  Le  stock  de  l'entrepôt  réel  des  sucres  était, 
au  28  février,  à  Paris,  de  887,000  sacs  pour  les  sucres  indigènes,  comme  la 
semaine  précédente.  Les  prix  de  sucres  raffinés  se  maintiennent  de  104  fr.  50 
à  105  fr.  50  par  100  kilog.  à  la  consommation;  et  de  62  fr.  75  à  65  fr.  75  pour 
l'exportation. 

Mélasses.  —  On  cote  à  Paris  par  100  kilog,  :  mélasses  de  fabrique,  12  fr.  ; 
de  raifinerie,  13  fr.  50  à  14  fr. 

Fécules.  —  Prix  soutenus.  Les  fécules  premières  valent  à  Paris  et  à  Compiègne 
39  fr.  par  100  kilog.  ;  dans  les  Vosges,  40  fr.  50. 

Glucoses.  —  Maintien  des  anciens  cours.  _ 

Amidons.  —  On  paye  par  100  kilog.  à  Paris:  amidons  de  pur  froment  en 
paquets,  66  à  68  fr.  ;  de  province,  64  à  66  fr.  ;  de  maïs,  54  à  56  fr. 
Vtl.  —  Huiles  et  graines  oléagineuses,  tourteaux. 

Huiles.  — Les  cours  des  huiles  de  colza  sont  encore  en  baisse  depuis  huit  jours. 
On  paye  à  Paris  par  100  kilog.  :  huiles  de  colza  en  tous  fûts,  102  fr.  ;  en 
tonnes,  104  fr.;  épurée  en  tonnes,  J12  fr.;  huile  de  lin  en  tous  fûts,  60  fr. ;  en 
tonnes,  62  fr.  —  Sur  les  marchés  des  départements,  on  paye  les  huiles  de  colza  : 
Lille,  98  fr.  ;  Rouen,  101  fr.  ;  Gaen,  101  fr.  ;  Arras,  106  fr.  ;  et  pour  les  autres 
sortes,  œillette,  99  fr.  ;  hn,  61  fr.  50;  cameline,  87  fr.  —  Dans  le  Midi,  les  prix 
des  huiles  d'olive  sont  bien  soutenus. 

Graines  oléagineuses.  —  On  cote  par  hectolitre  à  Arras  :  œillette,  25  fr.  50  à  28  fr.  ; 
colza,  25  à  27  fr.  50;  lin,  18  fr.  50  ;  cameline,  16  à  20  fr.;  —  à  Cambrai,  27  à 
28  fr.;  cameline,  16  fr. 

Tourteaux.  —  Maintien  des  anciens  prix  dans  le  Midi.  A  Cambrai,  on  cote  par 
100  kilog.  :  tourteaux  de  colza,  17  à  17  fr.  50;  d'œillette,  18  fr.;  de  lin,  20  à  22  fr.; 

—  à  Rouen,  tourteaux  de  colza,  16  fr.;  de  lin,  19  tr.  25;  de  sésame,  15  à  15  fr.  50. 
Engrais.  —  Les  nitrates  de  soude  sont  cotés  àDunkerque  31  l'r.  bu  par  luO  kilog. 

VIII.  —  Matières  résineuses,  colorantes,  etc. 
Les  sulfates  d'ammoniaque  valent  50  à  52  fr.  Quant  aux  phosphates,  leurs  prix 
restent  stationnaires. 

Matières  résineuses.  —  On  paye  à  Bordeaux  91  Ir.;  à  Dax,  86  fr.  par  100  kilog. 
pour  l'essence  pure  de  térébenthine. 

Crème  de  tartre.  —  A  Bordeaux,  les  crèmes  de  tartre  sont  cotées  260  à  280  fr.; 
les  tartres  bruts,  230  à  235  fr. 

Ecorces.  —  Les  ventes  sont  assez  difficiles  sur  les  lieux  de   production,  et  les 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (3  MARS   1883).  359 

cours  accusent  de  la  baisse  presque  partout  sur  ceux  de  l'année  précédente.  A 
Vierzon,  on  paye  les  écorces  nouvelles,  130  f'r.  les  1,000  kilog. 

IX.  —  Textiles. 

Chanvres.  —  Les  aflaires  sont  calmes  sur  les  marchés  de  l'Ouest.  On  paye  au 
Mans,  66  à  80  Ir.  par  100  kilog.  sui>ant  la  qualité. 

Lins.  —  Mêmes  cours  de  80  à  90  fr.  par  100  kilog.  pour  les  lins  du  Pas-de- 
€alais . 

X.  —  Suifs  et  corps  gras. 

Suifs.  —  Les  prix  sont  sans  changements.  On  paye  à  Paris,  99  ir.  par  100  kilog. 
pour  les  suifs  purs  de  l'abat  de  la  boucherie;  74  fr.  25  pour  les  suifs  en  branches. 

Cuirs  et  peaux.  —  Aux  ventes  mensuelles  de  la  boucherie  de  Paris,  on  payait 
le  28  février  par   50  kilog.  :  gros  bœufs,  49  fr.  42;  bœufs  moyens,  48  fr.  67; 
petits  bœufs,  43  fr.  77;  vaches  laitières,  43  fr.  65;  vaches  de  bandes,  45  fr.  43  ; 
taureaux,  44  f'r.  10;  gros  veaux,  70  fr.  40;  petits  veaux,  77  fr.  50. 
XI.  —  Beurres.  —  Œufs.  —  Fromages. 

Beurres.  —  Il  a  été  vendu,  pendant  la  semaine,  à  la  halle  de  Paris,  226,617  ki- 
log. de  beurres.  Au  dernier  jour,  on  payait  par  kilog.  :  en  demi-kilog.,  2  fr.  20  à 
4  fr.  28;  petits  beurres,  1  fr.  64  à  3  fr.  60  ;  Gournay,  2  fr.  20  à  4  fr.  60;  Isigny, 
2  fr.  70  à  8  fr.  76. 

Œufs.  —  Depuis  huit  jours,  on  a  vendu  à  la  halle  de  Paris,  8,365,325  œufs. 
On  cote  par  mille  :  choix,  98  à  105  fr.;  ordinaires,  68  à  80  fr.;  petits,  58  à  66  fr. 

Fromages.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  par  douzaine,  Brie,  o  fr.  à  29  fr.; 
Montlhéry,  15  fr.;  —  par  cent.  Livarot,  45  à  111  fr.;  Mont-Dor,  13  à  30  fr.; 
Neufchâtel,  5  fr.  50  à  26  fr.  50;  divers,  7  à  99  fr.;  —  par  100  kilog.  G-ruyère, 
110  à  170  fr. 

XII.  —  Chevaux,  bétail,  viande. 

Chevaux.  —  Aux  marchés  des  21  et  24  février,  à  Paris,  on  comptait  930  che- 
vaux; sur  ce  nombre,  3'iO  ont  été  vendus  comme  il  suit  : 

Chevaux  de  cabriolet 

—  de  trait ., 

—  liors  d'âge 

—  à  l'enclière , 

—  de  boucherie 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  officiel  du  marché  aux  bes- 
tiaux de  la  Yillette,  du  jeudi  22  au  mardi  27  février  : 

Poids      Prix  du  kilog.  de  viande  nelle  sur 
Vendus  moyen         pied  au  marché  du  2t)  février. 

Pour  Pour  En          4  quartiers.  !■■«             2"=              3"=  Prix 

Amenés.  Paris,  l'extérieur,  totalité.       "    kil.  quai.  quai.  quai.  moyen. 

Bœufs 5,428  3,357  1,574  4,931  347  1.74  1.56  1.34  1.52 

Vaches 1,720  934  616  1,550  230  1.62  1.38  1.20  1.38 

Taureaux 212  172  32  204  378  1.48  1.32  1.22  1.34 

Veaux 3,442  1,793  888  2,681  76  2.22  2.02  1.72  1.93 

Moutons 37,357  28,557  7,494  36,051  20  2.32  2  15  2.00  2.07 

Porcs  gras ... .         7,078  2,502  4,282  6,784  8t  1.32  1.26  1.20  1.26 

—    maigres.            »  »  »  •  ..  »»»  » 

Les  prix  accusent  assez  de  fermeté  pour  les  diverses  catégories  d'animaux  ;  la 
vente  est  d'ailleurs  facile,  ainsi  que  sur  la  plupart  des  marchés  des  départements. 
—  On  cote  suivant  les  localités  :  Bouen,  bœuf,  1  fr.  65  à  1  fr.  95  par  kilog.  de 
viande  nette  sur  pied  ;  vaches,  1  fr.  60  à  1  fr.  80;  veaux,  2  fr.  05  à  2  fr.  40;  mou- 
tons, 2  fr.  10  à  2  fr.  30;  porcs,  1  fr.  05  à  1  fr.  35;  —  Caen,  bœufs,    1  fr.    70  à 

1  fr.  90;  vachss,  1  fr.  60  à  1  fr.  80;  veaux,  1  fr.  80  à  2  fr.  ;   moutons,  1  fr.  80  à 

2  fr.;  porcs,  1  fr.  10  à  1  fr.  30;  —  Nantes,  bœuf,  0  fr.  80  à  0  fr.  85  par  kilog. 
brut  sur  pied;  veau,  0  fr.  95  à  1  fr.;mouton,  ]  fr.  10;  — Le  Mans,  bœuts,  1  fr.  65 
à  1  fr.  75;  vaches,  1  fr.  60  à  1  fr.  70;  veau,  1  fr.  80  à  1  fr,  90;  moutons,  2  fr.  05 
à  2  fr.  15;  —  Nancy,  bœufs,  87  à  91  fr.  par  100  kilog.  sur  pied;  vaches,  65  à 
88  fr.;  veaux,  55  à  62  fr.;  moutons,  100  à  120  fr.;  porcs,  66  à  70  fr.;  —  Bourg, 
bœufs,  64  à  80  fr.;  veaux,  75  à  100  fr.;  porcs,  85  à  104  fr.;  petits  porcs,  15  à 
30  fr.  la  pièce;  bœuf  de  travail,  640  à  8S0  fr.  la  paire;  vaches,  175  à  300  fr.  la 
pièce;  —  Lyon,  bœuf,  70  à  83  fr.;  veaux,  100  à  110  fr.;  moutons,  95  à  105  fr.; 
porcs,  110  à  124  fr.;  —  Bourgoin,  bœuf,  64  à  74  fr.;  vaches,  56  à  66  fr.;  mou- 
tons, 85  à  95  fr.;  porcs,  86  à  90  fr.;  veaux,  88  à98fr.;  —  Genève,  bœufs,  1  fr.  45 
à  1  fr.  62;  veau  (sur  pied),  0  fr.  90  à  1  fr.  05;  mouton,  1  fr.  90  à  1  fr.  95;  porc, 
1  fr.  45  à  1   fr.  50. 


Amenés. 

vendus. 

Prix  extrêmes. 

239 

48 

2.50  à  1,050  fr 

288 

69 

285  à  1,300 

379 

99 

20  à  1,040 

26 

26 

50  à      390 

98 

98 

25  à       100 

360 


REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT   (3   MARS    1883). 


A  Londres,  les  importations  d'animaux  étrangers  durant  la  semaine  dernière  se 
sont  composées  de  15,607  têtes,  dont  6  bœufs,  67  veaux  et  136  moutons  venant 
d'Amsterdam;  2,269  moutons  d'Anvers;  179  hœufs  de  Boulogne;  5,274  moutons 
de  Brème;  17  bœufs  et  9  veaux  de  Gothembourg;  3,778  moutons  d'Hambourg; 
47  bœufs,  39  veaux  et  2  porcs  d'Harlingen  ;  72  bœufs  du  Havre  ;  702  bœufs  de 
New-York;  85  bœufs,  149  veaux  et  2,616  moutons  de  Rotterdam.  Prix  du  kilog- 
Bœuf  :  qualité  inférieure,  1  fr.  52  à  1  tr.  75;  2'',  1  l'r.  75  à  1  fr.  93;  1'%  1  fr.  99 
à  2  fr.  16  —  Veau  :  2«  qualité,  2  fr.  10  à  2  fr.  28;  1'%  2  fr.  28  à  2  fr.  45.  — 
Mouton  qualité  inférieure,  2  fr.  28  à  2  fr.  45  ;  2%  2  fr.  45  à  2  fr.  63  ;  1'%  2  fr.  63 
à  2  fr.  75.  —  Porc  :  2%  1  fr.  35  à  1  fr.  46  ;  1'",  1  fr.  52  à  1  fr.  64. 

Viande  à  la  criée.  —  Il  a  été  vendu  à  la  halle  de  Paris  du  20  au  26  février  : 


Prix  du  kilog.  le  26  février. 


kilog. 
Bœuf  OU  vache...   167, 145 

Veau 199,0.52 

Mouton .57,089 

Porc 83,472 


1'"  quai. 
1.54  à  1.90 
1.82       2.30 
1.62      2.00 


2*  quai. 
1.32  à  1.52 
1.50  1,80 
1.40       1.60 


3'  quai, 
0.96  à  1.30 
1.20       1.48 
0.96       1.38 


Choix.      Basse  Boucherie. 
1.60  à  2.80    0.20  à  1.20 
1.46       2.56       » 
1.70      2.40       » 
salé, 


506,758 


Porc  frais 1  .20  à  1.30; 

Soit  par  jour 72,395  kilog. 

Les  ventes  ont  été  supérieures  de  900  kilog.  par  jour  à  celles  de   la  semaine 
dernière.  Les  cours  sont  un  peu  faibles  pour  les  diverses  catégories. 

XIII.  —  Cours  de  la  viande  à  l'ahattoir  de  la  Villelte  du  1"  mars  (par  bO  kilog.) 
Cours  de  la  charcuterie.   —  On  vend  à  la  Yillette  par  50  kilog.  :  V  qualité, 
72  à  75  fr.  ;  2«,  65  à  70  fr.  ;  poids  vifs,  48  à  53  fr. 

Bœufs.  Veaux. 


Moutons. 


1" 

quai, 
fr. 

78 


2° 

quai. 

fr. 

72 


3- 

quai. 

fr. 

66 


1" 
q  'al. 

fr. 
115 


2' 

quai. 

fr. 
103 


3»                   1"  2° 

quai.  quai.  quai. 

fr.                 fr.  fr. 

98  100  96 


3° 

quai. 

fr. 

90 


XIV.  —  Marché  aux  bestiaux  de  la   Villette  du  jeudi  P'  mars  1883, 


Invendus. 


96 
154 
90 


Poids 
moyen 
gênerai, 
kil. 
365 
237 
390 

80 

19 

81 


Cours  ofliciels. 


Cours  des  commissionnaires 
en  bestiaux. 


1-         2°         3' 
quai.  quai.  quai. 


1.72 
1.60 

1  48 

2  30 
2.  34 
1.36 


1.  55 
1.36 
1.32 
2.16 
2  13 
1.30 


,32 

1  H 
1.24 
1.80 

2  06 
1.24 


Prix 
extrêmes. 
1.26  à  1.78 
1.10      1.64 


1"  2' 

quai.  quai. 
1.72     1.52 


1.18 
i..S6 
1.80 
1.20 


t.  52 

2.50 
2.40 
1.40 


1.58 
1.48 


1.35 
1.35 


3° 
quai. 

1.30 
1.20 
1.25 


Prix 

extrêmes, 

1.25  à  1.75 

i.lO     1   62 
1.20     1  55 


Animaux 
amenés. 

Bœufs 2.678 

Vaches  647 

Taureaux...        io7 

Veaux 1.074 

Moutons 15.205 

Porcs  pras. .    4.087 

—  maigres..  »  »  )>»»»»»»»»» 

Vente  assez  active  sur  toutes  les  espèces. 

XV.  —  Bésumé. 
Les  cours  de  la  plupart  des  denrées  agricoles  se  sont  bien  maintenus   durant 
;ette  semaine;  c'est  surtout  sur  ceux  des  produits  animaux  que   la  lérmeté  est 
accentuée.  A.  Remy. 

BULLETIN  FINANCIER 

Continuation  de  la  hausse  :  la  rente  3  0/0  est  à  80,70  et  le  5  0/0  à  115,30. 
Très  grande  fermeté  à  nos  Sociétés  de  crédit  :  nouvelle  et  vive  reprise  à  nos 
chemins  de  fer. 

Cours  de  la  Bourse  du  28  février  1883  {au  comptant). 


Principales  valeurs  françaises  : 

Plus  Plus    Dernier 

bas.  haut,    cours. 

Rente   3   O/0 80.05  80  70        80.70 

Rente  3  o/o  amortis 81.00  81.60      81.25 

Rente  4  1/2  o|o lu. 00  112.00     112. oo 

Rente  5  0/0 115  10  115.30     11530 

Banque  de  France 5150.00  5290.00  5290.00 

Comptoir  descompte 970.00  980. oo    975  00 

Société  ginérale 575.00  587.50     587.50 

Crédit  foncier 1270.00  1330. oo  1330.00 

Est.. Actions  500     715.00  733.75     733.75 

Midi d°   1035   00  1130.00   1130.00 

Nord d'   1795.00  1880   00    <872.50 

Orléans d°  1265. oo  1295.00  1272.50 

Ouest d'     736.25  800.00     800.00 

Paris-Lyon-Méditerranée  d"  1575.00  leio.uo  ibio.oo 

Paris  1871  obi.  400  à  3  O/O.     391.00  392.50     392.50 

Italien  5  0/0 88.25  8s  75      88  7o 

Le  Gérant:  A.  BOUCHÉ. 


Chemins  de  fer  français  et  étrangers  : 


Autrichien d" 

Lombards d* 

Romains d* 

Nord  de  l'Espagne d° 

Saiagosse  à  Madrid.. .d* 

Portugais d' 

Est  oblig.  ,s  o|o  rembour- 
sable à  500  fr d* 

Midi d* 

Nord d° 

Orléans d° 

Paris-Lyon-Mediter. . . .  d* 

Ouest d° 

Xord-Esp.  priorité d* 

Lombards d" 


Plus 
bas. 
707.50 
302.50 
118.75 
537.50 
'i90.«0 
562.50 

» 
349.00 
356.00 
366.75 
360.00 
363.00 
357.00 
346.00 
283.00 


Plus 
haut. 
722.50 
312.00 
120.00 
545.00 
492.50 
565.00 

359. CO 
357.50 
367.50 
367.50 
365.00 
358.75 
350.00 
286.50 


Dernier 
cours. 
721.25 
310.00 
120.00 
541.25 
490.00 
562.50 

» 
349.00 
357  00 
367.50 
367.50 
364.00 
358.50 
230.00 
286.50 


LETERRIER. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (lo  mars  im). 

La  crise  de  l'industrie  sucrière.  —  Note  de  ?J.  Jacquemart  sur  les  effets  du  dégrèvement  des 
sucres  op^ré  en  1880.  —  Influence  du  régime  fiscal  allemand  sur  le  progrès  de  l'induslrle 
sucrière  dans  ce  pays.  —  Election  de  M.  Boitel  comme  membre  titulaire  de  la  Société  nationale 
d'agriculture.  —  Recherches  de  M.  Chauveau  sur  l'atténuation  des  virus  charbonneux  parla 
chaleur.  —  Influence  de  la  chaleur  sur  l'atténuation  des  cultures  virulentes.  —  La  question  des 
laines  pour  la  fourniture  des  draps  de  troupe.  —  Le  phylloxéra.  —  Réunion  de  la  Section  per- 
manente de  la  Oimmisiion.  supérieure.  —  Subventions  accordées  à  des  associations  syndicales. 
—  Notice  de  M.  MuUé  sur  un  voyage  dans  le  midi  de  la  France.  —  Réunion  viticole  à  Bordeaux 
pour  la  greffe  de  U  vigne.  —  Concours  de  culture  dans  le  département  de  la  Nièvre.  —  Kcole 
pratique  d'agriculture  en  Algérie.  —  Achat  de  taureaux  par  la  vacherie  nationale  de  Gorbon.  — 
Concours  d'animaux  gras  au  Puy.  —  Concours  d'animaux  reproducteurs  à  Rodez.  —  Société 
nationale  d'encouragement  à  l'agriculture.  —  Nomination  du  président  et  constitution  du  bureau 
pour  l'année  1883.  —  Exposition  de  printemps  ouverte  à  Paris  par  la  Société  centrale  d'horti- 
culture de  France.  —  Les  roses,  r-  Catalogue  des  roses  cultivées  au  dix-neuvième  siècle. 

1.  —  La  consommation  du  sucre  et  les  dégrèvements. 

Notre  confrère  de  la  Société  nationale  d^agriculture,   M.  Frédéric 
Jacquemart,   vient  d'appeler  l'attention  sur  les  résultats  obtenus  par 
le  dégrèvement  d^'s  sucres,  opéré  en  1880.  Parla  comparaison  des 
chiffres  de  la  consommation  du  sucre  en  France,  pendant  les  dernières 
années  qui  ont  précédé  ce  dégrèvement  et  pendant  les  deux  années 
qui  l'ont  suivi,  il  arrive  à  cette  conclusion  que,  grâce  au  dégrèvement, 
la  consommation  annuelle  a  augmenté  de  122,000  tonnes.  Malheureu- 
sement, les  bienfaits  de  cette  mesure  ont  été  à  peu  près  perdus  pour 
notre  sucrerie,  et  par  suite  pour  notre  agriculture,   en  ce  sens  que 
la  plus  grande  partie  des  sucres  nécessaires  à  cet  accroissement  de 
la  consommation  a  été  fournie  par  le  commerce  des  sucres  étran- 
gers, tandis  que  la  fabrication  française  est  demeurée  stationnaire. 
La  crise   que  traversait   l'industrie   sucrière  avant    le   dégrèvement, 
n'est  pas  devenue  moins  aiguë;  elle  s'accentue,  au  contraire,  de  plus 
en  plus.   Ce  fait  tient  à  ce  que  les  sucres  étrangers,  et  surtout  les 
sucres  allemands,  arrivent  sur  nos  marchés  à  des  prix  plus  bas  que 
ceux  auxquels  nos  propres  fabricants  peuvent  avantageusement  vendre 
leurs  produits.  On  propose  de  frapper  d'une  surtaxe  élevée  les  sucres 
étrangers,  en  développant  en  même  temps  le  marché  intérieur  par 
ce  nouveau  dégrèvement.   Ce  ne  serait  qu'un   mauvais  palliatif,  car 
un   nouveau  dégrèvement,    accompagné  d'une  surtaxe  douanière,  ne 
pourrait  pas  donner  à  l'accélération  de  la  consommation,  le  coup  de 
fouet  que  le  premier  dégrèvement  a  opéré.  Il  est  beaucoup  plus  logique 
et  plus  rationnel  de  s'attaquer  aux  causes  directes  du  mal.  Or,  quelles 
sont-elles?  Tout  d'abord  et  en  première  ligne,  le  régime  fiscal  français; 
en  deuxième  ligne,  il  faut  le  dire,  l'outillage  de  la   plupart  de  nos 
usines.  Si  le  régime  fiscal  adopté  en  Allemagne  est  reconnu  comme 
la  véritable  cause  de  la  prospérité  inouïe  de  l'industrie  sucrière  de  ce 
pays,  pourquoi  s'obstiner  à  repousser  l'impôt  sur  la    betterave   en 
France;  un  système  serait-il  bon  d'un  côté  d'une  frontière,  et  fatale- 
ment mauvais   de  l'autre   côté?  Il  y  a   longtemps   que  nous  avons 
réclamé  la  réforme  des  lois  sucrières;  il  ne  faut  pas  se  dissimuler  que 
là  est  le  salut.  Car  non  seulement  celte  réforme  rétablira  l'équilibre  au- 
jourd'hui rompue  en  notre  défaveur,  mais  elle  entraînera  la  transfor- 
mation de  l'ouiillage  de  nos  fabriques.  L'industrie  sucrière  française 
a  été  à  la  tête  de  l'industrie  sucrière  européenne;  elle  est  aujourd'hui 
pour  ainsi  dire  à  la  queue.  Prenons  à  nos  adversaires  les  armes  qui 

N»  nG.  —  Tome  1"  de  1883.  —  10  Mars. 


362  CHRONIQUE  AGRICOLE  (10  MA.RS  1883). 

leur  ont  donné  ce  triomphe,  qui  ne  doit,  qui  ne  peut  être  que  momen- 
tané. Il  n'est  pas  trop  tard  pour  aviser;  mais  chaque  année  de  plus 
qui  s'écoulera  sans  apporter  la  solution,  sera  une  année  perdue. 

IL  —  Election  à  la  Société  nationale  d'agriculture. 
Dans  sa  séance  du  7  mars,  la  Société  nationale  d'agriculture  a  pro- 
cédé à  l'élection  d'un  membre  titulaire  dans  la  Section  de  grande 
culture,  en  remplacement  de  M.  F.  Bella.  Sur  41  votants,  M.  Boitel  a 
été  élu  par  35  suffrages,  contre  5  donnés  à  M.  H.  Besnard  et  1  à  M.  Petit 
(de  Champagne).  Ancien  professeur  à  l'Institut  agronomique  de  Ver- 
sailles, inspecteur  général  de  l'agriculture,  agriculteur  à  Mondoubleau 
(Loir-et-Cher),  M.  Boitel  est  trop  connu  des  agriculteurs  pour  que 
nous  ayons  à  rappeler  ses  titres.  Il  apportera  dans  les  discussions  de 
la  Société  nationale  le  fruit  de  nombreuses  observations  et  d'une  longue 
carrière  consacrée  à  l'agriculture, 

IIL  —  Atléhuation  du  virus  charbonneux. 

Les  recherchés  de  M,  Toussaint  d'une  part,  de  M.   Pasteur  d'autre 
part,  ont,  démontré  que  le  chauffage  du  sang  charbonneux  est  suscep- 
tible d'atténuer  considérablement  la  virulence  des  bactéridies  qui  y 
sont  contenues;   on   sait  aussi,  après  les  travaux  de  M.  Chauveau, 
directeur  de  l'école  vétérinaire  de  Lyon,  que  cette  atténuation  peutêtre 
graduée,  à  volonté  pour  ainsi  dire,  en  variant  les  conditions  du  chauf- 
fage. Dans  une  nouvelle  note  qu'il  vient  de  présenter  à  l'Académie  des 
sciences,  dans  la  séance  du  20  février,  IM.  Chauveau  fait  connaître  le 
résultat  d'expériences  auxquelles  il  s'est  livré  relativement  à  l'elfet  du 
chauffage   sur  les  liquides  de  culture  artificielle  servant,  d'après  la 
méthode  de  M.  Pasteur,  à  la  préparation  des  vaccins.  Ces  expériences 
ont  porté  sur  un  grand  nombre  de  cultures  ;  tous  les  résultats  sont 
concordants,  et  peuvent  se  résumer  dans  ce  fait  que  l'atténuation  des 
cultures  peut  être  graduée  à  volonté,   en  donnant  au  chauffage  une 
durée  proportionnelle  au  degré  d'atténuation  qu'on  veut  obtenir.  Ainsi 
un  liquide  très  actif,  qui,    avant  le  chauffage,  tue  rapidement   des 
cobayes,  les  tuera  moins   vite  s'il  a  été  chauffé  à  la  température  de 
47  degrés  pendant  une  heure,  moins  vite  encore  et  en  épargnera  une 
partie,  s'il  a  été  maintenu  à  cette  température,  pendant  deux  heures; 
il  sera  absolument  inoffensif,  s'il  a  été  chauffé  pendant  trois  heures.  Un 
chauffage  à  la  température  de  47  degrés  pendant  trois  heures  est  donc 
suffisant  pour  transformer  en  agents  inoffensifs  pour  le  cobaye  les 
filaments  et  bâtonnets  de  cultures  qui  étaient  primitivement  très  viru- 
lentes. Le  chauffage  ne  modifie  d'ailleurs  d'aucune  manière  l'aspect 
extérieur  des  cultures,   non  plus  que   leurs   facultés  prolifiques.  La 
conclusion  de  M.  Chauveau  apparaît  dès  lors  nettement,  c'est  que  le 
chauffage  est  un  excellent  moyen  d'atténuer  presque  instantanément 
les  cultures  virulentes.  On  cornprend  que  la  constatation  de  ce  fait 
peut  avoir  des  conséquences   pratiques  très  importantes  au  point  de 
vue  de  la  méthode  de  la  vaccination  préventive  contre  les  maladies 
chaibonneuses. 

IV. —  Les  laines  pour  les  fournitures  militaires. 

Nous  rappelons  la  question  que  nous  avons  signalée  dans  notre 
dernière  chronique  fpage  328).  On  sait  que  le  ministère  de  la  guerre 
est  sur  le  point  de  renouveler  les  marchés  de  draps  pour  l'habillement 


CHRONIQUE  AGRIGOLK    (10  MARS    1883).  363 

de  l'armée.  Depuis  plusieurs  mois,  des  modèles- type  de  drap  avaient 
été  demandés  à  divers  industriels  du  territoire.  Les  modèles-tvpe  sou- 
mis aux  commissions  militaires  étaient  de  deux  sortes;  les  uns  fabri- 
qués entièrement  avec  des  laines  françaises,  les  autres  fabriqués 
moitié  avec  des  laines  françaises,  et  moitié  avee  des  laines  importéas 
d'Amérique.  Or,  est-il  vrai  que  ce  soient  ces  derniers  qui  aient  été 
choisis  à  l'exclusion  des  premiers?  S'il  en  était  ainsi,  notre  agriculture 
recevrait  un  coup  fuueste.  Nous  appelons,  sur  ce  point,  l'attention  des 
ministres  de  l'agriculture  et  de  la  guerre. 

V.  —  Le  phylloxéra. 

Dans  sa  réunion  du  23  février,  la  Section  permanente  de  la  Com- 
mission supérieure  du  phylloxéra  a  donné  un  avis  favorable  à  Texé- 
cution  du  traitement  administratif  sur  plusieurs  taches  des  arrondis- 
sements de  Chinon  et  de  Loches,  dans  Indre-et-Loire,  ainsi  que  dans  les 
Basses-Pyrénées;  elle  a  approuvé  l'introduction  des  vignes  américaines 
dans  les  arrondissements  de  Gourdon  (Lot)  et  de  Melle  (Deux-Sèvres). 
Elle  a  décidé  ensuite  que  des  subventions  pourraiesit  être  accordées  à 
des  associations  syndicales,  comme  il  suit  :  P ijrénées-Orientales ,  syn- 
dicat départemental  comprenant  1 3  propriétaires  pour  1 1 3  hectares  ;  — 
Lot-el-Garonne^  deux  syndicats  à  Buzet,  comptant  9  propriétaires  pour 
65  hectares,  et  à  Damazan,  comptant  21  propriétaires  pour  31  hec- 
tares;—- Tar,  un  syndicat  à  Montauroux,  comptant  5  propriétaires 
pour  14  hectares;  —  Rhône,  trente-trois  syndicats  anciens  ou  nou- 
veaux à  l'Arbresle,  Charnay,  Saint-Jean-de-Toulas,  Saint-Maurice-sur- 
Dargoire,  Saint-Laurent,  Taluyers,  La  Tour-de-Salvagny,  Tarare,  Eme- 
ringer,  Darcizé,  Chamelet,  Bibots,  Ancy,  Sain-Clément- sur- Valzonne, 
Gleizé-Chervinge  ,  Saint-Laurent-d'Agny  ,  Saint-Julien-sur-Bibost , 
Saint-Georges-de-Reneins,  Saint-Etienne-la-Varenne,  Pontcharra,  Mil- 
lery,  iMarcy-l'Etoile,  Lozanne,  Limonest,  Bessenay,  Thurnis,  Ville- 
sur-Jarnioux,  Saint-Cyr-au-Mont-d'Or,  Juliénas,  comptant  ensemble 
ensemble  41  5  propriétaires,  pour  traiter  45-'i  hectares  par  le  sulfure  de 
carbone;  — ladre,  un  syndicat  de  15  propriétaires  à  Issoudun,  pour 
traiter  26  hectares  ;  —  Cfiarent'%  deux  syndicats  à  Châteauneuf,  Co- 
gnac et  Jarnac,  comptant  ensemble  25 propriétaires  pour  traiter  31  hec- 
tares ;  —  Dordogne,  un  syndicat  de  6  propriétaires  à  Saussignac,  pour 
traiter  65  hectares;  — Côte-d'Or,  deux  syndicats  de  recherches,  à  Cha- 
rey  et  à  Nuits-sur-Beaune,  comptant  1 04  propriétaires  pour  236  iiec- 
hectares;  —  Drôme,  un  syndicat  de  15  propriétaires  à  Bellières,  pour 
traiter  9  hectares;  —  Lrir-et-Cher^  un  syndicat  de  recherches  à  Mer, 
comptant  178  propriétaires  pour  240  hectares;  —  Indre-et-Loire,  un 
syndicat  de  recherches  à  Amboise,  comptant  1 ,030  propriétaires  pour 
1,500  hectares;  — Hautes-Alpes^  un  syndicat  à  Poët,  comptant  14  pro- 
priétaires pour  7  hectares  ;  —  Saône-et- Loire,  cinq  syndicats,  à  Châ- 
teau, Sancé,  Saint- Jeande-Prêche,  Laize,  Romanèciie-Thorins,  comptant 
125  propriétaires  pour  109  hectares;  — Gard,  cinq  syndicats,  à  Lo- 
grian,  Sommières,  Anduze,  Aiguesvives,  Vauvert,  comptant  101  pro- 
priétaires pour  traiter  212  hectares;  — Aveyron,  un  syndicat  de 
10  propriétaires,  à  Millau,  pour  traiter  16  hectares  ;  —  Anicrhe,  deux 
syndicats,  à  Beaucliastel  et  à  Bourg-Saint-Andiol,  comptant  44  pro- 
priétaires pour  traiter  28  hectares;  — Gironde^  deux  syndicats  de  sub- 
mersionnistes,  à   Moullon  et   à  Beautirau,  comptant  9  propriétaires 


364  CHRONIQUE  AGRICOLE  (10  MARS    1883). 

pour  84  hectares,  et  trois  syndicats,  à  Saint-Loubès  et  Montussant, 
Boniielan,  Berson,  comptant  36  projjriétaires  pour  traiter  212  hec- 
tares par  les  insecticides;  —  Ain,  sept  s^yndicats,  à  Albergement  de 
Varey,  Villebois,  Saint-Maurice-de-Beynost,  Lagnien,  Beynost,  Miribel 
et  Neyron,  comptant  169  propriétaires  pour  traiter  39  hectares  ;  — 
Gers^  cinq  syndicats  de  recherches,  à  Ligardes^  Saint-Gemme,  Panas- 
sac,  Bézues-Bayon  et  Gimont,  comptant  105  propriétaires  pour 
175  hectares;  —  Savoie,  trois  syndicats,  à  Cruet,  Saint-Baldolph, 
comptant  14  propriétaires  pour  traiter  15  hectares.  Enfin  la  création 
d'une  pépinière  de  vignes  américaines  a  été  autorisée  dans  le  depa 


r- 


tement  de  la  Haute-Garonne. 

M.  le  D""  iMullé  vient  de  publier  dans  la  Revue  phylloxérique  inter- 
nationale, rédigée  par  M.  le  professeur  Roesler,  avec  le  concours  de 
M.  Aimé  Champin,  une  notice  sur  une  tournée  dans  le  midi  de  la 
France.  Dans  cette  notice,  faite  principalement  en  vue  de  servir  de 
guide  pour  la  défense  des  vignobles  en  Autriche,  M.  MuUé  passe  en 
revue  les  systèmes  essayés  en  France.  Sa  conclusion  est  que  le  salut 
de  la  viticulture  est  seulement  dans  la  submersion  des  vignes  dune 
part,  et  dans  la  culture  des  vignes  américaines  d'autre  part.  On  sait 
que  cette  conclusion  pessimiste  n'est  pas  la  nôtre;  mais  il  est  de  notre 
devoir  de  signaler  les  travaux  publiés  par  les  hommes  qui  cherchent 
la  vérité.  Il  faut  arriver  à  réduire  les  fra;s  de  traitement,  en  diminuant 
surtout  la  main-d'œuvre  actuellement  nécessaire,  et  par  suite  permettre 
la  pratique  des  traitements  insecticides  dans  les  vignes  qui  ne  donnent 
que  de  faibles  rendements  et  dans  celles  qui  produisent  des  vins  d'une 
qua'-ité  secondaire.  C'est  dans  cette  voie  que  nous  croyons  que  sera  le 
salut  de  la  viticulture  non  seulement  française,  mais  européenne  ;  c'est 
pourquoi  il  faut  encourager  vivement  toutes  les  tentatives  faites  dans 
ce  sens,  sans  jeter  prématurément  le  manche  après  la  cognée. 

VI.  —  Réunion  vilicok  à  Bordeaux. 

Aux  réunions  viticoles  que  nous  avons  déjà  signalées,  il  faut  ajouter 
celle  qu'organise  la  Société  d'agriculture  de  la  Gironde  pour  les  10  et 
11  mars,  sous  la  direction  de  M.  Plumeau,  son  président.  Les  ques- 
tions qui  y  seront  traitées  sont  résumées  dans  le  programme  suivant: 

Première  partie.  —  Greffage  des  vignes  françaises  sur  vignes  américaines.  — 
1.  Quels  sont  les  meilleurs  porte-greftes?  —  Résistance.  —  Adaptation  au  sol.  — 
Relations  dt?s  porte-grelïes  avec  les  cépages  de  la  Gironde. 

2.  Systèmes  de  greffes.  —  Greffe  anglaise,  en  fente,  etc.,  etc. 

3.  Ligatures  et  engluments. 

4.  Soins  à  donner  aux  greffons,  aux  porte-greffes. 

Deuxième  partie.  —  Reconstitution  des  vignobles  par  les  vignes  américaines 
greffées.  —  1.  Greffage  sur  place.  —  En  plein  champ.  —  En  pépinière.  — Epoque 
où  il  faut  greffer.  —  Age  du  porte-greffe.  —  Espacement. 

2-  Greffage  à  l'atelier  des  plants  enracinés  et  des  boutures.  —  Mise  en  place 
immédiate.  —  Culture  préalable  en  pépinière.  —  Epoque  du  greffage  à  l'atelier. 
—  Plantation.  —  Soins  à  donner  aux  greiîes.  —  Moyens  d'assurer  la  reprise  et 
d'éviter  les  accidents  dus  aux  intempéries. 

3.  Production  directe.  —  Choix  des  reproducteurs.  —  Résistance.  —  Adap- 
tation. 

Troisième  partie.  —  Emploi  des  insef-.ticides.  —  Sulfure  de  carbone,  —  Sulfo- 
carbonate  de  potassium.  — Submersion  et  autres  systèmes  de  traitement. 

Quatrième  partie.  —  Démonstration  pratique  des  procédés  de  greffages  et  des 
instruments  f)ropres  à  les  exécuter. 

L'es  ateliers  de    greffes    seront  organisés  le  dimanche  11    mars, 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (10  MARS    1883).  365 

pour  la  démonstration  pratique  des  Hivers  systèmes  de  greffes  et  des 
instruments  propres  à  les  exécuter.  Une  Commission  nommée  par  la 
Société  d'agriculture  examinera  les  outils  et  instruments  présentés,  et 
fera  un  rapport  qui  sera  publié. 

VIL  —  Primes  de  culture  dam  la  Nièvre. 

La  Société  départementale  d'anjriculture  de  la  Nièvre,  présidée  par 
notre  confrère  M.  le  comte  de  Bouille,  a  décidé  que  deux  prix  de  cul- 
ture, consistant  chacun  en  un  objet  d'art  de  400  Francs  et  une  somme 
de  600  francs  dont  100  francs  pour  les  domestiques  du  domaine 
priméj  seraient  décernés  :  l'un  en  1883  dans  l'arrondissement  de 
Gosne,  et  l'autre  en  1884  dans  l'arrondissement  de  Ghâteau-Chinon. 
—  Tous  les  agriculteurs,  propriétaires,  fermiers,  métayers  de  l'arron- 
dissement de  Gosne  sont  invités  à  concourir  pour  la  prime  de  culture 
qui  sera  décernée  en  1883.  Un  jury,  nommé  par  le  Comice  de  Gosne, 
visitera  les  exploitations  des  concurrents. 

VIII.  —  Ecole  pratique  d" agriculture  en  Algérie. 

L'école  pratique  d'agriculture  créée  à  la  Rouïba,  près  d'Alger,  est 
aujourd'hui  en  plein  fonctionnement.  Les  premiers  examens  d'admis- 
sion ont  eu  lieu  le  15  décembre  dernier.  15  candidats  avaient  affronté 
les  épreuves;  12  ont  été  admis  par  le  Comité  de  surveillance  de  l'école. 
Ce  sont  :  MM.  Desclaux,  Klein,  Trémoulet,  Maneut,  d'Alger  ;  Pellizari, 
de  Birtouta  ;  Barreyre,  de  Renault;  Pharaon,  de  Paris;  Berjon,  de 
Tipaza;  Pons,  de  Rouïba;  Bodin,  d'Alger;  Megy,  de  la  Réghaïa,  et 
Davin. 

IX.  —  Vacherie  nationale  de  Corbon, 

On  annonce  que  le  ministre  de  l'agriculture  vient  de  donner  l'ordre 
d'acheter  en  Angleterre  deux  taureaux,  du  prix  de  20,000  francs, 
pour  la  vacherie  nationale  de  Corbon.  Cette  vacherie  fait  l'élevage  des 
reproducteurs  de  la  race  de  Durham  et  elle  les  tient  à  la  disposi- 
tion des  éleveurs  français  à  des  prix  qu'ils  ne  pourraient  pas  obtenir 
sur  les  lieux  d'origine.  C'est  pour  renforcer  le  troupeau  de  race  pure 
qu'il  y  entretient  à  l'abri  des  croisements  que  TEtat  va  acheter  en 
Angleterre  ces  deux  taureaux. 

X.  —  Concours  d'animaux  gras. 

Un  concours  départemental  d'animaux  gras,  organisé  par  la  Société 
agricole  de  la  Haute-Loire  et  par  le  Comice  agricole  du  Puy,  se  tiemlra 
au  Puy  le  13  mars.  Il  comprendra  les  bœufs,  les  vaches  et  génisses, 
les  moutons  et  les  porcs.  Outre  les  agriculteurs  du  département,  ceux 
des  communes  limitrophes  du  département  de  la  Haute-Loire  sont 
également  admis  à  concourir. 

Un  concours  d'animaux  gras  entre  les  bouchers  de  la  ville  de  Rodez 
(Aveyron)  aura  lieu  dans  celte  ville  le  20  mars.  En  même  temps  se 
tiendra  un  concours  d'animaux  reproducteurs.  A  ce  concours  seront 
admis  :  1"  les  taureaux  de  la  race  d'Aubrac,  à  la  condition  d  être 
employés  à  faire  la  monte;  2"  les  génisses  de  la  même  race,  dites 
doublonnes,  à  la  condition  d'être  nées  et  élevées  chez  le  propriétaire 
qui  les  présentera;  3"  les  taureaux  et  les  génisses  provenant  iki  croi- 
sement des  races  françaises  et  étrangères  avec  la  race  d'Aubrac  ;  4"  les 
béliers  âgés  de  moins  de  quatre  ans  révolus;  5"  les  brebis  acc()in()a- 
gnées  de  leurs  agn'^aux;  6"  les  antenaises  ou  bassives  ;  7°  les  verrats  ; 


366  CHRONIQUE  AGRICOLE    (10    MARS    1883). 

8°  les  truies  suitées.  Pourront  aussi  obtenir  des  primes  et  des  médailles 
les  propriétaires  qui,  en  sus  des  béliers  et  antenais  nécessaires  à  la 
fjconJation  de  leurs  troupeaux,  présenteraient  de  beaux  groupes  d'an- 
tenais  propres  à  la  reproduction  et  destinés  à  la  vente.  Pour  être  admis 
à  concourir,  les  animaux  devront  appartenir  à  des  éleveurs  des  can- 
tons de  Rodez,  de  Bozouls,  du  Porit-de-Salars  ou  du  plateau  calcaire 
du  canton  deMarcillac. 

XL  —  Société  d'encouragement  à  l'agriculture. 

Le  Conseil  d'administration  d3  la  Société  d'encouragement  à  l'agri- 
culture a  procédé,  dans  sa  séance  du  mercredi  28  février,  au  renou- 
vellement de  son  bureau.  Le  journal  de  la  Société  donne  le  com})te 
rendu  suivant  de  cette  séance  : 

M.  Foucher  de  Gareil,  en  ouvrant  la  séance,  a  donné  lecture  de  Fart.  16  des 
statuts  ainsi  conçu  :  «  Le  Président  de  la  Société  ne  peut  être  réélu  que  deux  fois 
de  suite.  Il  n'est  pas  rééligible  pendant  les  deux  années  qui  suivent  l'expiration 
de  son  mandat.  » 

Jl  invite,  en  conséquence,  le  Conseil  à  nommer  un  nouveau  président  pour 
l'année  1883,  en  exprimant  le  désir  que  ce  choix  portât  sur  un  membre  delà 
Chambre  des  députés. 

MM.  de  Roys,  Lasserre,  Danelle  Bernardin  ont  successivement  pris  la  parole 
et,  sur  leur  proposition,  des  remercîments  ont  été  votés  par  acclamation  à  M.  Fou- 
cher  de  Careil  et  à  M.  de  Lagorsse,  secrétaire  général  qui,  par  leur  dévouement 
et  leur  activité,  ont  amené  la  Société  au  degré  de  prospérité  où  elle  se  trouve.  "Un 
grand  nombre  de  membres  ont  prié  M,  Foucher  de  Careil  de  vouloir  bien  accepter 
une  candidature  à  une  des  vice-présidences  vacante  par  le  décès  du  regretté 
M.  Fourot. 

Le  Président  sortant  a  répondu  qu'il  serait  toujours  heureux  de  rester  au  bureau 
de  la  Société  au  milieu  de  ses  chers  amis  et  collaborateurs  pour  servir  à  son  rang 
l'œuvre  commune. 

Il  a  été  procédé  ensuite  au  scrutin  pour  la  nomination  du  bureau.  Ont  été  élus  : 

Président,  M.  Récipon^  député  des  Alpes-Maritimes,  a  été  élu  président  par 
23  voix  sur  26  votants. 

YiCR-PRÉsi DENTS,  MM.  Fouchev  de  Careil,  sénateur;  —  Caze,  député,  ancien 
sous-secrétaire  d'Etat  au  ministère  de  l'agriculture  ;  —  Chertenips,  agriculteur  ;  — 
Gaston  Bazille,  sénateur;  —  Grandeau^  directeur  de  la  Station  agronomique  de 
l'Est;  —  Hervé  Mangon,  député,  membre  de  l'Institut;  —  Lasserre,  député;  — 
Ronna^  ingénieur;  —  marquis  de  Roys,  déj.uté. 

Secrétaire  général,  M.  J.-M.  de  Lagorsse.^  membre  du  Conseil  supérieur  de 
l'agriculture. 

Secrétaires,  MM.  Bornot^  propriétaire  agriculteur;  — Aristide  Couteaux,  pro- 
priétaire agriculteur;  —  Jules  Godefroy,  propriétaire  agriculteur;  ' —  Rossignol, 
médecin-vétérinaire;  —  Victor  de  Stoarte,  trésorier- payeur  général  des  Ardennes  ; 
—  de  Verninac,  sénateur. 

Trésorier,  M.  Raphaël  Bischoffsheim,  député. 

Trésorier-adjoint,  M.  A.  Bêrenger,  propriétaire-agriculteur. 

Bibliothécaire-archiviste,  M.  Rampon-L'chin,  sénateur. 

M.  Récipon,  en  prenant  place  au  fauteuil,  remercie  la  réunion  de  l'honneur 
qu'elle  lui  fait  en  le  nommant  président  de  la  Société  nationale  d'encourage- 
ment à  l'agriculture.  Il  ne  se  dissimule  pas  que  la  direction  d'une  association 
aussi  considérable  par  l'extension  qu'elle  a  prise  et  les  intérêts  qu'elle  représente, 
constitue  pour  lui  un  lourd  fardeau.  Mais  ce  qu'il  peut  promettre,  c'est  un  dévoû- 
ment  absolu  à  cette  œuvre  si  patriotique.  Il  s'attachera  à  marcher  sur  les  traces  de 
son  éminent  prédécesseur  et  à  maintenir  la  Société  dans  la  voie  qui  lui  a  été  si 
bien  tracée. 

Le  Conseil  s'est  ensuite  occupé  de  la  représentation  de  la  Société  dans  les  douze 
prochains  concours  régionaux.  M.  de  Lagorsse,  secrétaire  général,  a  fourni  au 
Conseil  des  renseignements  sur  le  rôle  que  la  Société  y  jouera  par  ses  réunions 
et  par  ses  récompenses. 

Il  a  été  décidé  que  le  prochain  congrès  international  organisé  par  la  Société,  à 


CHRONIQUE  AGRICOLE    (10   MARS    1883).  367 

Nice,  en  novembre  prochain,  serait  consacre  non  seulement  à  la  viticulture,  mais 
aussi  aux  cultures  arbustives,  à  cause  de  l'importance  de  ces  dernières  productions 
dans  toute  la  zone  de  la  Méditerranée. 

Il  a  été  enfin  décidé  que  le  Conseil  de  la  Société  se  rendrait  prochainement 
auprès  du  nouveau  ministre  de  l'agriculture,  M.  Méline,  pour  lui  exprimer  son 
respectueux  dévoûment  et  lui  soumettre  les  vœux  de  la  Société. 

La  Société    compte    actuellement   2,000     membres    titulaires     e^ 
12,000  membres.  Son  nouveau  président,  M.  Récipon,  est,  en  même 
temps  qu'un  des  plus  grands  propriétaires  fonciers  de  France,   un 
agriculteur  distingué  dans  le  département  des  Alpes  Maritimes. 
XII.  —  Exposition  d'horticulture  à  Paris. 

On  sait  que  la  Société  nationale  et  centrale  d'horticulture  de  France 
présidée  par  notre  confrère  M.  A.  Lavallée,  fait  chaque  année  trois 
expositions  à  Paris. 

La  première  exposition  de  1883  aura  lieu  du  28  mars  au  1"  avril 
inclusivement,  dans  le  pavillon  de  la  Ville,  aux  Champs-Elysées,  à 
Paris.  Les  fleurs  et  les  plantes  fleuries  seront  seules  acceptées  à  cette 
exposition,  ainsi  que  les  légumes  forcés  (primeurs)  et  les  arbres 
fruitiers  forcés,  présentés  en  pots.  Les  conifères  et  les  plantes  à  feuil- 
lage persistant  seront  aussi  admis  à  concourir.  Tous  les  horticulteurs 
et  amateurs  français  et  étrangers  sont  invités  à  prendre  à  cette  expo- 
sition la  plus  grande  part  possible.  Les  végétaux  ne  seront  admis  à 
l'exposition  que  s'ils  sont  lisiblement  et  correctement  étiquetés.  Les 
plantes,  fleurs,  ainsi  que  les  arbres  fruitiers  et  légumes  qui  doivent 
figurera  cetteexpositionserontreçusaulocal  de  l'exposition,  le 26  mars, 
toute  la  journée,  et  le  27  jusqu'à  trois  heures  du  soir,  terme  de  rigueur. 
Les  récompenses  consisteront  en  médailles  d'or,  dont  deux  d'honneur; 
de  vermeil  (grand  et  petit  module)  ;  d'argent  (grand  et  petit  module)  ; 
de  bronze,  et  en  mentions  honorables,  que  le  jury  attribuera  selon  les 
indications  portées  au  programme  du  concours.  Dans  chaque  concours, 
le  jury  ne  pourra  attribuer  que  les  récompenses  inscrites  à  ce  con- 
cours ;  il  aura  néanmoins  la  faculté  d'abaisser  la  valeur  des  récompenses 
indiquées.  Dans  le  concours  de  collections,  il  ne  sera  accepté  qu'un 
spécimen  de  chaque  variété. 

Les  horticulteurs  et  amateurs  qui  voudront  prendre  part  à  cette 
exposition,  devront  adresser,  avant  le  17  mars  1883,  terme  de  rigueur, 
à  M.  le  président  de  la  Société,  rue  de  Grenelle,  84,  une  deraande 
écrite  d'admission,  accompagnée  :  1°  de  la  liste  des  objets  qu'ils 
désirent  présenter  ;  2"  de  l'indication  de  l'espace  superficiel  qu'ils 
peuvent  occuper;  3°  des  concours  auxquels  ils  désirent  prendre  part. 

XIII.  —  Les  roses. 
Peu  de  plantes  sont  cultivées  aussi  généralement  que  les  roses,  et 
il  en  est  peu  pour  lesquelles  la  culture  ait  obtenu  un  si  grand  nombre 
de  variétés.  Sous  le  titre  les  roses  du  dix-neavieni".  siècle,  M.  Shirley 
Hibberd,  membre  de  la  Société  royale  d'horticulture  de  Londres,  vient 
de  publier  un  catalogue  annoté  des  roses  mises  en  culture  pendant 
les  cinquante  dernières  années  ;  M.  Edouard  Morren  en  a  fait  la  tra- 
duction en  français.  Ce  catalogue  renferma  1,476  variétés,  et  M.  Morren 
ajoute  qu'il  est  probablement  incom^jlet.  Le  classement  e^t  fait  par 
ordre  alphabétique,  avec  le  nom  sous  lequel  les  variétés  sont  le  plus 
généralement  cultivées,  que  ce  no:n  soit  franciis,  anglais,  allemand 
ou  autre.  Pour  chaque  variété,  on  donne  laraoe  à  laquelle  elle  appar- 


368  CHRONIQUE  AGRICOLE  (10   MARS   1883). 

tient,  le  nom  du  premier  producteur^  l'année  de  la  production,  la 
couleur  de  la  ileur,  ses  dimensions  et  Ja  taille  de  l'arbuste.  Des  indi- 
cations sont,  en  outre,  données  sur  les  variétés  à  cultiver  pour  les 
expositions  de  fleurs,  et  celles  qui  sont  recommandées  pour  l'ornement 
des  jardins.  On  voit  que  ce  catalogue  en  renferme  un  grand  nombre  d'un 
réel  intérêt  pour  les  amateurs  de  belles  fleurs.  J.-A.  Barral. 

MÉTÉOROLOGIE  DU  MOIS  DE  FÉVRIER  1883 

Voici  le  résumé  des  observations  météorologiques  faites  à  l'observa- 
toire du  parc  de  Saint-Maur  en  février  1 883  : 

Moyenne  barométrique  à  midi,  763'"'". 5 7.  Minimum  le  1",  à  1  heure  du  matin 
74Qmm_80.  Maximum  le  23,  à  11  heures  du  matin,  779""". 71. 

Moyennes  thermométriques  :  des  minima  1".8-;  des  maxiraa  9".  14;  du  mois 
5°. 49.  Moyenne  vraie  des  24  heures,  5°. 04.  Minimum  le  17  entre  6  heures  et 
7  heures  du  matin,  3°.l  Maximum  le  8,  vers  2  heures  du  soir,  IS^-l  ;  autre 
maximum  de  13".0  le  22  à  1  heure  du  soir. 

Humidité  relative  :  moyenne,  87;  la  moindre,  40  le  12  à  3  heures  du  soir;  la 
plus  grande,  100,  en  19  jours. 

Tension  de  la  vapeur  :  moyenne  5""". 74;  la  moindre  le  7  à  10  heures  du  matin 
3""". 7  ;  une  tension  égale  à  3"'"'.8  se  rencontre  les  17,  24  et  29  au  matin.  Maxi- 
mum le  8  à  2  heures  du  soir,  9'"'". 4. 

Température  moyenne  de  li  Marne^  6''. 22;  elle  avarié  de  5". 00  le  6  au  matin  à 
7°. 42  le  28  à  3  heures  et  demie  du  soir.  Contrairement  à  ce  qui  avait  eu  lieu  les 
mois  précédents,  son  niveau  a  peu  varié;  elle  a  descendu  presque  régulièrement 
de  3"'. 87  le  1^"",  à  3'", 23  le  28;  sa  transparence,  quia  varié  de  0'".19  le  22  à 
0".58  le  20,  a  été  0'".40,  en  moyenne. 

Nébulosité  moyenne^  60. 

Il  est  tombé  29""'". 5  de  pluie  en  61  heures,  réparties  en  14  jours;  un  peu  de 
grésil  le  18  entre  2 heures  et  3  heures  du  soir;  pas  trace  de  neige. 

Il  y  a  eu  10  jours  de  gelée  à  glace  et  2  jours  de  gelée  blanche. 

Neuf  jours  de  brouillard  général  et  un  jour  de  brouillard  sur  la  Marne  seule- 
ment :  parmi  ces  brouillards  généraux,  4  ont  été  forts  :  ce  sont  ceux  des  17,  24, 
25  et  27;  ce  dernier  cachait  les  objets  à  50"".,  c'était  un  brouillard  extrêmement 
épais. 

Vents  dominants  du  S.  à  l'O.-N.-O. 

Le  mois  de  février,  relativement  aux  éléments  ordinaires,  a  présenté  : 

Une  hauteur  du  baromètre  plus  grande  de  0'"'".5. 

Une  température  plus  forte  de  l^.ô. 

Une  nébulosité  un  peu  moindre,  c'est-à-direun  ciel  plus  clair. 

La  pluie  n'a  rien  présenté  de  remarquable;  aucune  n'a  été  forte. 

Il  n'y  a  eu  de  vent  fort  que  le  2  du  mois;  il  soufflait  très  fort  du  S.-S.-O.  de 
10  heures  du  matin  à  8  heures  du  soir. 

L'ensemble  des  trois  mois  d'biver  forme  une  saison  de  T  plus 
chaude  que  d'ordinaire;  elle  reste  bien  en  arrière  de  la  saison  corres- 
pondante de  1 877  qui  offrait  un  excès  de  plus  de  4"  sur  la  moyenne 
normale  ;  ce  dernier  hiver  est  le  plus  chaud  qu'on  connaisse. 

La  pluie,  très  abondante  en  automne  et  au  commencement  de  l'hiver, 
est  rentrée  dans  Icj  hauteurs  normales  à  la  fin;  les  rivières,  la  Seine 
et  la  Marne,  sont  à  la  fin  de  l'hiver  au-dessous  de  la  moyenne  annuelle, 
ce  qui  est  très  bas  pour  l'époque  de  l'année  et  annonce  très  probable- 
ment des  basses  eaux  pendant  tout  l'été. 

La  végétation  est  avancée  :  sans  parler  de  quelques  petites  plantes 
dont  la  floraison  est  peu  importante  à  constater,  Draba  verna,  Capsella 
bursa  pastoris,  Bellis  perennis,  Taraxacum  leontodan,  je  ne  trouve 
guère  à  signaler  que  le  Tussilago  forfora  qui  a  ouvert  quelques  fleurs 
dès  le  28  février.  E.  Renou, 

Membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture. 


BULLETIN  BIBLIOGRAPHIQUE.  369 


BULLETIN  BIBLIOGRAPHIQUE 

Nous  devons  signaler  plusieurs  publications  récentes  qui,  à  divers 
points  de  vue,  sont  intéressantes  pour  les  agriculteurs. 

M.  le  baron  de  Galonné  vient  de  publier,  sous  le  titre  :  La  vie  agri- 
cole sous  l'ancien  régime  en  Picardie  et  en  Artois  (librairie  Guillaumin, 
14,  rue  Richelieu,  à  Paris;  prix,  6  francs),  une  excellente  élude  histo- 
rique sur  l'état  de  l'agriculture  dans  ces  deux  provinces  pendant  les 
dix-septième  et  dix-huitième  siècles.  Pratiques  agricoles  et  existence 
du  cultivateur,  telles  sont  les  deux  faces  sous  lesquelles  il  envisage 
la  question.  C'est  un  livre  qui  a  demandé  beaucoup  de  travail,  c:ir  il  a 
été  presque  uniquement  composé  avec  les  documents  inédits  épars 
dans  les  archives  des  villes  d'Artois  ou  de  Picardie  ;  il  est  donc  abso- 
lument original.  Il  est  d'ailleurs  écrit  dans  un  style  chaud  et  coloré  qui 
donne  une  grande  vie  à  l'œuvre.  Ceux  qui  le  liront  constateront  que 
beaucoup  de  progrès  réalisés  dans  notre  siècle  étaient  déjà  en  germe 
dans  l'agriculture  du  siècle  précédent. 

M.  Hippolyte  Hemmer,  propriétaire  à  Rodemack  (Lorraine)  a  intro- 
duit dans  l'est  la  culture  de  la  vigne  en  chaintres  ;  les  résultats  qu'il  a 
obtenus  ont  été  excellents,  ce  qui  l'a  engagé  à  propager  cette  méthode. 
Sous  le  titre  La  vigne  en  chaintres,  nouvelle  culture  simple,  rapide  et 
lucrative  (librairie  Le  Chevallier,  à  Nancy),  il  publie  un  excellent  petiî; 
livre  qui  peut  servir  de  guide  à  tous  ceux  qui  voudront  essayer  cette 
méthode;  il  suffira  de  suivre  pas  à  pas  les  indications  qu  il  donne 
pour  ne  pas  errer  dans  l'application  de  la  pratique  de  la  culture  de  la 
vigne  en  chaintres. 

La  librairie  agricole  (26,  rue  Jacob,  à  Paris)  publie  la  6^  édition  de 
la  Chimie  agricole  d'Isidore  Pierre  (2  vol.  in-18;  prix:  7  francs).  Depuis 
trop  longtemps,  les  travaux  d  Isidore  Pierre  sont  hautement  appréciés, 
pour  qu'il  soit  utile  de  revenir  sur  la  valeur  de  cet  ouvrage.  Le  premier 
volume  est  consacré  à  l'atmosphère,  l'ejiu,  le  sol  et  les  plantes,  les 
amendements  et  les  assolements  ;  le  deuxième  volume  aux  engrais. 

A  la  môme  librairie,  paraît  la  3^  édition  d'un  livre  connu  aussi 
depuis  nombreuses  années  :  La  connaissance  pratique  du  cheval^  par  le 
lieutenant-colonel  Vial  (1  vol.  in-18;  prix  :  3  fr.  50).  Ce  traité  d'hip- 
pologie traite  successivement  de  la  constitution  et  de  l'examen  pratique 
du  cheval,  des  races,  de  l'élevage  et  des  maladies  ;  il  est  orné  de  72  gra- 
vures. C'est  un  livre  spécialement  fait  au  point  de  vue  des  théories 
admises  dans  l'armée^  parfois  même  des  préjugés  qui  y  ont  cours  depuis 
trop  longtemps. 

SoMsle  iilve  Culture  et  exploitation  des  arbres  (I  vol.  in-8de450  pages), 
M.  Rousset  publie,  à  la  môme  librairie,  un  véritable  traité  de  sylvicul- 
ture dans  lequel  il  passe  successivement  en  revue  les  lois  naturelles 
relatives  aux  végétaux,  leur  activité  vitale,  les  terrains  et  les  climats 
qui  leur  conviennent,  la  culture  dos  arbres  isolés  ou  en  massifs,  l'amé- 
nagement des  forêts. 

M.  Lecouteux,  professeur  à  l'Institut agrononomique,  membre  delà 
Société  nationale  d'agriculture,  vient  de  faire  paraître,  à  la  môme 
librairie,  sous  le  titre  Le  blé  (un  vol.  in-1 8  ;  prix  :  3  fr.  50,  avec 
60  gravures),  un  livre  dans  lequel  il  envisage  la  proiuction  et  le  com- 
merce du  blé  sous  les  différents  aspects  que  ces  {questions  compor- 


370  BULLETIN  BIBLIOGRAPHIQUE. 

tent  :  structure  du  blé,  culture  extensive  ou  intensive,  rendement, 
j>;éographie  du  blé,  terres  à  blé,  engrais  propres  au  blé,  place  du  blé 
dans  les  assolements,  procédés  de  culture,  moisson,  battage  et  con- 
servation des  grains,  utilisation  de  la  paille  et  des  balles,  moulins 
agricoles,  production  du  blé  dans  les  systèmes  du  fermage  et  du 
métayage,  par  la  grande  ou  la  petite  culture,  prix  de  revie.it,  com- 
merce du  blé,  régime  des  céréales.  Dans  leur  livre  sur  les  meilleurs 
blés  publié  en  1881,  MM.  Vilmoriu-Andrieux  se  sont  surtout  appli- 
qués à  faire  la  monographie  des  principales  variétés  de  blé;  dans  le 
sien,  M.  Lecouteux  s'occupe  surtout  de  la  production  et  des  change- 
ments qu'elle  a  successivement  subis.  Nous  aimons  à  constater  que 
la  conclusion  à  laquelle  il  arrive  est  puissamment  encourageante  pour 
l'agriculture.  A  ses  yeux,  la  culture  du  blé  est  loin  d'être  condamnée 
pour  la  vieille  Europe;  il  y  a  encore  pour  elle  un  grand  avenir,  comme 
d'ailleurs  M.  Dubost  l'a  naguèn^  démontré  à  nos  lecteurs.  Au  point  de 
vue  économique,  M.  Lecouteux  conclut  que  l'avenir  est  au  système  de 
l'égalité  douanière  dans  la  liberté  commerciale;  c'est  encore  une  con- 
clusion qu'il  faut  enregistrer. 

Le  Traité  élémentaire  des  constructions  rurales  (2  vol.  in- 18  avec 
306  figures;  prix  :  2  fr.  50),  que  M.  Grandvoinnet,  professeur  à 
l'Institut  agronomique,  membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture, 
publie  à  la  librairie  agricole,  est  un  ouvrage  que  nous  n'avons  pas  à 
louer.  Il  suffira  de  le  signaler  à  nos  lecteurs  ;  la  grande  compétence 
de  M.  Grandvoinnet  dans  toutes  les  questions  de  mécanique  est  trop 
connue  pour  qu'il  soit  nécessaire  que  nous  insistions. 

Depuis  vingt-six  ans,  M.  L.  Figuier  publie  à  la  librairie  Hachette 
VAfinée  scientifique  et  industrielle  {]  vol.  in-18  ;  prix  :  3  fr.  50).  C'est 
un  exposé  annuel  des  travaux  scientifiques,  des  inventions  et  de  leurs 
applications.  Dans  le  volume  consacré  à  l'année  1882,  l'agriculture 
tient  sa  place.  C'est  d'ailleurs  un  livre  que  doivent  lire  tous  ceux  qui 
tiennent  à  être  nu  courant  du  mouvement  scientifique  et  intellectuel. 

L'Annuaire  de  V observatoire  de  Montsouris  pour  1883  (1  vol.  in-18, 
chez  Gautlîier-Villars,  55,  quai  des.Augustins  ;  prix  :  2  fr.)  doit  aussi 
être  signalé.  Au  point  de  vue  de  l'agriculture,  il  contient  une  série  de 
tableaux  à  l'usage  des  agriculteurs;  des  Notices  sur  divers  éléments 
climatériques  qui  influent  sur  la  marche  des  cultures,  l'époque  des 
récoltes  et  leur  rendement,  et  l'indication  des  instruments  simples 
qu'il  importe  d'observer  pour  arriver  à  la  prévision  des  dates  et  de  la 
valeur  de  ces  récoltes  ;  les  tableaux  résumés  des  observations  météo- 
rologiques de  1882,  comparés  aux  résultats  économiques  de  l'année 
agricole  écoulée;  enfin,  le  résultat  des  études  continuées  depuis  plu- 
sieurs années  dans  le  but  de  mesurer  la  somme  des  éléments  de  fertilité 
que  l'atmosphère  et  les  pluies  fournissent  aux  cultures,  et  le  volume 
d'eau  que  ces  dernières  peuvent  consommer  utilement. 

Voici  encore  un  nouvel  ouvrage  sur  la  vigne.  M.  P.  Renard  publie 
un  Questionnaire  sur  la  mani'ère  de  cultiver  la  vigne  à  vin  et  raisins  de 
table  (chez  l'auteur,  15,  rue  de  la  Paix,  à  Paris  ;  prix  :  3  fr.).  Ce  livre 
est  fait  par  demandes  et  par  réponses,  et  il  est  spécialement  destiné 
aux  écoles,  M.  Renard,  qui  est  viticulteur  en  Bourgogne  et  à  Tho- 
mery,  y  fait  une  guerre  absolue  aux  vignes  américaines,  et  il  provoque 
la  création  d'un  syndicat  général  pour  lutter  contre  le  phylloxéra. 

Henry  Sagnier. 


L'AGRICULTtJRE  EN  ALSACE  EN    1882.  371 


L'AGRICULTURE  EN  ALSACE  EN  1882-  —  11 

Voici  maintenant  quelques  chiffres  sur  la  statistique  agricole  de  Tannée,  tels 
qu'ils  se  déduisent  des  documents  qui  m'ont  été  transmis  par  un  certain  nombre 
de  membres  ordinaires  et  de  membres  correspondants. 

A.  Gérkales.  —  Rendement  moyen  par  hectare  en  1882  ;  Froment,  1,669  ki- 
log.;  seigle,  1,635  kilog.;  orge  du  pays,  2,065  kilog.;  avoine  ordinaire,  1,860  kilog.; 
fèvos,  2,178  kilog. 

L'hectolitre  pesant  en  moyenne  :  froment,  75''. 473;  seigle  68''. 893;  orge  du 
pays,  63''. 363;  avoine  ordinaire,  45''. 967  ;  fèves,  79''. 333. 

L'année  dernière,  les  chiffres  correspondants  étaient  :  froment,  1,500  kilog.; 
seigle,  1,373  kilog.;  orge  du  pays,  2,158  kilog.;  avoine  ordinaire,  1,903  kil.; 
fèves,  1,794  kilog. 

L'hectolitre  pesant  en  moyenne  :  froment,  77''. 45;  seigle,  71''. 57;  orge  du 
pays,  60''. 55;  avoine  ordine,  45''. 25;  lèves,  82'', 50. 

Pour  l'orge  Chevallier,  le  rendement  moyen  par  hectare  s'est  élevé  à 2,4 18  kilog., 
avec  un  poids  moyen  de  67''. 750  par  hectohtre;  et  pour  l'avoine  prolihiue  de 
Californie,  dont  la  Société  a  également  patronné  la  culture,  le  rendement  a  atteint 
le  chiffre  remarquable  de  3,172  kilog.,  avec  un  poids  moyen  de  50'f^.667.  Devant 
ces  chiffres,  dont  l'éloquence  est  indiscutable,  tout  cultivateur  intelligent  tâchera 
d'introduire  dans  ses  cultures  une  variété  qui,  à  un  rendement  extraordinaire  en 
grains  et  en  paille,  joint  encore  la  supériorité  du  poids  des  grains. 

La  comparaison  des  rendements  de  1881  et  de  1882  serait  en  faveur  de  Tannée 
courante,  si  la  qualité  de  la  récolte  n'était  pas  inférieure,  circoi^stance  qui  amène 
forcément  une  dépréciation  au  point  de  vue  de  la  valeur  indu&ffielle  et  commer- 
ciale. Ainsi,  pour  ne  parler  que  de  l'orge,  le  grain  est  généralement  de  couleur 
terne,  foncée  ;  l'odeur  est  rarement  franche  ;  le  grain  est  maigre  et  allongé  et  la 
germination  s'effectue  d'une  manière  fort  inégale. 

Comme,  par  suite  des  pluies  persistantes  des  derniers  mois  et  des  nombreuses 
inon  iations  qui  en  ont  été  la  conséquence,  les  semailles  d'automne  n'ont  pas  pu 
s'effectuer  dans  beaucoup  de  localités,  j'emprunte  au  Casino,  organe  agricole  de 
la  Suisse  romande,  un  conseil  cultural  dont  pourront  peut-être  profiter  un  certain 
nombre  de  cultivateurs  de  TAlsace  : 

ce  Les  cultivateurs  s'affligent,  dit  cette  Revue,  l'esprit  public  s'inquiète,  la 
boulangerie  elle-même  se  préoccupe  de  la  situation  pénible  que  la  température 
actuelle  fait  à  l'agriculture.  Nous  voilà  en  décembre,  époque  à  laquelle  les  ense- 
mencements sont  habituellement  presque  totalement  effectués  et,  cette  année,  il 
reste  encore  énormément  à  faire.  Les  terres  détrempées  sont  presque  inabordables 
pour  les  attelages.  On  attend  et  on  désespère  presque. 

«  A  notre  avis,  on  a  tort.  Il  faut  attendre  avec  confiance,  et  lorsque  le  sol  sera 
suffisamment  égoutté,  assaini,  à  quelque  époque  que  ce  soit,  on  changera  sim- 
plement la  nature  des  semences  en  recourant  au  blé  de  Noë,  dit  aussi  blé  bleu. 
«  Pei sonne  n'ignore,  en  effet,  que  cette  céréale  semée  en  décembre,  même  en 
janvier,  lève  facilement  sous  la  neige,  et,  à  défaut  de  neige,  perce  le  sol,  aj5rès  les 
grands  froids,  et  donne  d'excellents  résultats. 

«  Le  blé  de  Noë  peut  être  semé  à  la  fin  de  février  en  profitant  des  quelques 
beaux  jours  qui  surviennent  habituellement  dès  cette  époque. 

a  Deux  recommandations  seulement  sont  à  faire  :  enterrer  profondément, 
au  besoin  à  la  charrue,  carie  blé  de  Noë  redoute  la  gelée,  et  couper  avant  la  com- 
plète maturité  pour  éviter  Tfgrenage,  sauf  à  laisser  les  gerbes  en  tas  dans  le 
champ,  jusqu'à  ce  que  le  grain  soit  mûr  à  point. 

A  ces  renseignements  j'ajouterai  qu'un  de  nos  collègues,  M.  North,  de  Hoh- 
frankenheim,  cultive  cette  variété  de  froment  depuis  plusieurs  années  et  en 
obtient  les  résultats  les  plus  satisfaisants.  Ainsi  dans  les  notes  qu'il  me  fournit 
sur  les  récoltes  de  l'année,  je  trouve  les  chilfres  suivants  :  rendement  moyen  par 
hectare  du  froment  du  pays,  20  hectol.;  rendement  moyen  par  hectare  du  lilé  de 
Noë,  3b  hectol.;  différence  en  plus,  15  hectol.  —  L'échantillon  de  blé  de  Noë  que 
M.  North  a  mis  sous  les  yeux  de  la  Société,  à  la  séance  de  novembre,  a  fait  voir 
un  grain  rond,  bombé,  de  première  qualité, 

B.  Plantes  industrielles.  —  Rendement  moyen  par  hectare  en  1882.  — 
Colza,  877''.500;  pavot,  1,200'';  tabac,  2,390";  chanvre,  1,Û97''.50;  houblon, 
794''.50. 


372  l'agriculture  EN  ALSACE  EN  1882. 

En  1881,  les  chiffres  correspondants  étaient:  colza,  2,045'';  tabac,  2,583''; 
chanvre,  l,000''s;  houblon,  l,285''e. 

Il  ne  ra'a  pas  été  possible  d'établir,  comme  je  le  désirais,  une  comparaison 
pour  le  rendement  du  houblon  entre  les  diiférents  modes  de  culture  ou  de  pahs- 
sat^e.  Ce  sera  pour  plus  tard,  quand  la  Commission  spéciale  se  sera  entourée  de 
tous  les  documents  nécessaires  au  parallèle  projeté. 

Le  rapport  de  1881  assignait  à  la  vigne  un  produit  moyen  par  hectare  de 
47  hectol.  25.  Cette  année  la  récolte  est  descendue  à  26  hectol.  40,  et,  de  plus, 
la  qualité  est  de  beaucoup  inférieure  à  celle  de  Tannée  dernière.  Dans  la  plupart 
des  localités  de  l'Alsace,  il  a  fallu  recourir  au  sucrage  pour  rendre  le  produit 
potable. 

G.  Racines  et  fourrages.  —  Voici  les  rendements  moyens  par  hectare  : 

En  18S2.  En  1881. 

kilog.  kilog. 

Pommes  de  terre 8,6.-.8  19,100 

Betteraves  fourragères 61,090  4'4,700 

Trille  sec   6,831  4,718 

Luzerne 6,9.i5                 — 

Foin  des  prairies  naturelles 3,802  3,312  GO 

Regain 2,271  1,586  80 

Maïs-fourrage 36,500  33,750 

Comme  on  le  voit,  les  chiffres  relatifs  à  1882  sont  généralement  supérieurs  à 
ceux  de  1881.  Cela  se  comprend  pour  les  plantes  herbicées,  qui  ont  pris  un  déve- 
loppement inusité.  Seulement  la  qualité  laisse  à  désirer.  La  pomme  de  terre  a  un 
actif  des  plus  rrédiocres  en  quantité  comme  en  qualité.  Le  regain  aussi  a  eu  à 
souffrir  de  l'inclémence  du  temps;  il  a  été  généralement  rentré  dans  les  conditions 
les  plus  déplorables,  à  tel  point  que  dans  beaucoup  de  localités  il  a  perdu  toute 
valeur  nutrit.ve  et  qu'on  ne  pourra  guère  l'utihser  que  comme  litière.  Même  le 
maïs-fourrage  a  subi  l'inQuence  de  l'exxès  d'humidité,  et  n'a  pas  donné  les  rende- 
ments splendides  qu'il  atteint  dans  les  bonnes  années  chaudes. 

Notons  encore  les  oignons,  qui  ont  produit  beaucoup,  mais  d'une  conservation 
diflicile.  Quant  aux  choux  à  choucroute  et  aux  carottes  champêtres,  ils  ont  donné 
des  récoltes  exceptionnelles. 

Les  renseignements  donnés  plus  haut  sur  les  vicissitudes  auxquelles  a  été 
sujette  la  floraison  de  nos  arbres  fruitiers  laissent  deviner  une  production  peu 
satisfaisante.  Nulle  dms  beaucoup  de  localités,  passable  dans  quelques-unes  et 
abondante  dans  quelques  expositions  privilégiée^,  tel  est  en  résumé  le  bilan  de 
cette  partie  de  notre  production  horti-agricole.  Du  reste,  la  production  fruitière 
souffiiraencorependantquelque^annéesdes  atteinte^  causées  par  l'hiver  de  1-^79-80, 
et  dussent  même  les  arbres  que  le  froid  a  fait  périr  être  généralement  remplacés, 
jes  jeunes  sujets  ne  seront  en  plein  rapport  que  dans  quatre  ou  cinq  ans;  d'un 
autre  côté,  beaucoup  d'arbres  qui  ont  survécu  au  désastre  sont  trop  fatigués  pour 
pouvoir  produire  et  raiàrir  une  pleine  récolte. 

J'arrive  maintenant  aux  faits  particuUers  qui  ressortent  de  l'examen  des  lots 
d'orge  Chevallier  qui  ont  été  admis  au  concours. 

26  lots  appartenant  à  22  propriétaires  ont  été  déclarés  admissibles,  et  ont  passé 
par  toutes  les  phases  de  l'expertise  Ces  26  lots  présentent  un  poids  total  de 
18,938  kilog.,  avec  un  poids  moyen  de  67''.?50  à  l'hectolitre. 

Parmi  les  caractères  extérieurs  sur  lesquels  porte  l'examen  du  jury,  c'est  la  cou- 
leur et  l'odeur  qui  ont  laissé  le  plus  à  désirer.  Presque  partout  le  temps  froid  et 
humide  joint  à  un  ciel  couvei't  a  donné  aux  grains  une  couleur  fortement  foncée. 
La  maturation  s'est  produite  dans  des  conditions  défectueuses,  et  fort  souvent  la 
verse  est  venue  compromettre  les  résultats  d'un  développement  normal.  Partout 
oià  l'aération  convenable  a  fait  défaut,  le  grain  a  contracté  une  odeur  de  mau- 
vais aloi. 

A  quelques  exceptions  près,  la  conformation  du  grain  des  26  lots  a  été  reconnue 
ass3z  bonne.  La  forme-type  de  l'orge  C  levaller  s'est  conservée  intacte.  Quelques- 
uns  des  plus  beaux  lots  pourront  en  toute  confiance  être  employés  comme  semence. 
Si,  ici,  le  résultat  constaté  est  satisfaisant,  c'est,  qu'à  l'examen  préliminaire  la 
Commission  a  cru  devoir  écarter  les  lots  composés  de  grains  mal  conformés. 

Quant  au  nettoyage,  il  a  été  généralement  exécute  d'une  manière  satisfai- 
sante. 

Voici  maintenant  comment  s'élabhssent  les  moyennes  des  chiffres  par  lesquels 
le  jury  a  l'habitude  d'apprécier  les  caractères  extérieurs  : 


l'agriculture  en  ALSACE  EN  1882.  373 

Déchets  p.  100.      Couleur.        Odeur.        Confonuation.        Graines  étrangères. 

1882 1.170  2.72  2.87  2.95  3.20 

1881 1.337  3.9Ô         4.23  3,88  3  92 

Les  différences  entre  les  deux  séries  de  chiffres  trouvent  leur  justification  dans 
les  considérations  que  nous  avons  données  plus  haut. 

Notons  encore  que  le  poids  le  plus  élevé  qui  ait  été  constaté  cette  année  est  de 
70"^. 500  par  hectolitre.  11  s'applique  au  lot  de  M.  David  ZoUer,  propriétaire  à 
Westhofeu.  Bien  que  relativement  beau  pour  une  récolte  de  cette  année,  il  est  de 
beaucoup  inférieur  aux  résultats  que  nous  ont  fournis  les  concours  des  années 
précédentes,  où  il  n'était  pas  rare  de  rencontrer  des  poids  de  72  et  73  kilog.  à 
l'hectolitre,  où  même  il  nous  a  été  permis  d'enregistrer  un  poids  exceptionnel  de 
76  kilog.  à  l'hectolitre. 

Espérons  que  la  nouvelle  campagne  qui  va  s'ouvrir  nous  apportera  des  résul- 
tats meilleurs  et  que  producteurs  et  consommateurs  trouveront  dans  une  bonne  et 
abondante  récolte,  ample  compensation  des  tribulations  que  nous  ont  infligées  les 
températures  froides,  humides  et  capricieuses  de  l'année  1882. 

Voici  pour  le  imitième  concours  d'orge  Chevalier,  en  1882,  la  liste  des  lauréats: 

1.  MM.  Antoine  Ulrich,  propriétaire  à  Sœssolsheim,  100  fr.;  2.  David  ZoUer, 
propriétaire  à  Westhofen,  100  fr.;  3.  Florent  Sattler,  propriétaire  à  Scharrach- 
bergheim,  100  fr.;  4.  M.  Reysz  fils,  propriétaire  à  Scharrachbergheim,  50  fr.; 
5.  Henri  Lutz,  propriétaire  à  Groxwiller,  50  fr.;  6.  David  Pfeiffer,  propriétaire  à 
Scharrachbergheim,  50  fr.;  7.  Jean  Haug,  propriétaire  à  GoxwiUer,  50  fr. ; 
8.  E.  Hess,  propriétaire  à  G-oxwiller,  50  fr.;  9.  M.  Reysz  père,  propriétaire  à 
Scharrachbergheim,  50  fr.;  10,  Ed.  Heim,  propriétaire  à  Westhofen,  50  fr.;  11. 
Ch.  Scha^ffer,  propriétaire  à  Treenheim,  50  fr.;  12.  Veuve  Wentz,  propriétaire  à 
Wangen,  50  fr.;  13.  J.  Fritsch  fils,  propriétaire  à  Groxwiller,  50  fr.;  14.  Fréd. 
Reyss  fils,  propriétaire  à  Scharrachbergheim,  50  fr.;  15.  Nicolas  Brumter,  pro- 
priétaire à  Schwindratzheim,  25  fr.;  16.  J.  Hess,  propriétaire  à  Goxwiller,  25  fr.; 
17  J.  Wagner,  propriétaire  à  Westhofen,  25  fr.;  18.  Gh.  Heim,  propriétaire  à 
Westhofen,  25  fr.;  19.  J.  Fritsch  père,  propriétaire  à  Goxwiller,  25  fr.;20.  J,  Pfeif- 
fer, propriétaire  à  Scharrachbergheim,  25  fr.;  21.  Ed.  Fritsch,  propriétaire  à 
Goxwiller,  25  fr.  Wagner, 

Secrétaire  de  la  Société  d'agriculture  de  la  Basse-Alsace. 

SUR  LE  CONCOURS  DE  PARIS  EN  1883 

Mon  cher  directeur,  vous  avez  publié  dans  votre  excellent  Journal, 
en  date  des  3,  1 7  et  24  février,  un  article  du  à  la  plume  élégante  et  facile 
de  M.  R.  de  laTréhonnais.  Je  n'ai  rien  à  contester  touchant  les  opinions 
de  l'éminent  écrivain  agricole  sur  la  partie  concernant  l'exposition 
des  animaux  gras,  mais  il  n'en  est  pas  de  même  au  sujet  du  concours 
d'animaux  reproducteurs. 

M.  de  laTréhonnais  commence  par  en  approuver  le  principe,  quoi- 
qu'un peu  plus  loin  il  souhaite  qu'on  lui  substitue  autre  chose;  il  en 
blâme  le  lieu  et  l'époque  et  critique  sévèrement  l'intervention  de  la 
Société  des  ai^riculteurs  de  France  et  la  valeur  des  taureaux  exposés. 

N'en  déplaise  à  M.  de  la  Tréhonnais,  la  section  d'économie  du 
bétail  delà  Société  des  agriculteurs  de  France,  composée  des  éleveurs 
les  plus  autorisés,  après  avoir  discuté  cette  question  d'une  manière 
approfondie,  a  été  d'avis  unanime  qu'une  exposition  annuelle  de 
taureaux  destinés  à  la  vente  serait  un  bienfait  pour  l'élevage  et  qu'elle 
ne  pouvait  être  mieux  placée  qu'au  moment  du  concours  d'animaux 
de  boucherie.  Ce  concours  a  été  exceptionnellement  tôt  cette  année,  sa 
date  étant  subordonnée  aux  fêtes  mobiles  de  Pâques.  Mais  quelque- 
fois il  arrive  à  la  fin  de  février  ou  au  commencement  de  mars. 

Or  le  concours  analogue  institué  à  Birmingham  a  lieu  le  14  mars  ; 
les  ventes  périodiques  de  Gorbon  se  font  à  peu  près  à  la  même  époque. 

Enfin  la  vieille  et  indiscutable  expérience  du  concours  de  Ncvers 


374  SUR  LE  CONCOURS  DE  PARIS  EN   1883. 

consacrée  par  le  succès  le  plus  éclatant,  nous  enseigne  que  c'est  le 
moment  le  plus  favorable  pour  acheter  les  taureaux,  puisque,  à  Nevers, 
il  s'en  vend  plus  de  deux  cents  chaque  année  à  des  prix  très  rémuné- 
rateurs. 

M.  de  la  Tréhonni^is  affirme  qu'il  y  a  incompatibilité  entre  une  expo- 
sition simultanée  d'animaux  gras  et  d'animaux  reproducteurs,  impres- 
sion qui,  dit-il,  échappe  peut-être  à  «  toute  démonstration  logique, 
«  dii'licile  à  définir,  mais  est  néanmoins  irrésistible.  »  Je  demande 
à  M.  de  la  Trehonnais  la  permission  de  définir  son  impression.  Il  est 
parfaiLement  vrai  que  les  taureaux  exposés  près  des  animaux  en  état 
d'engraissement  de  concours  ont  à  soutîrir  de  la  comparaison.  ]^Iais  si 
les  visiteurs  superficiels  ou  indifférents  trouvent  que  les  taureaux 
sont  moins  rebondis  que  leurs  obèses  voisins,  il  n'est  pas  un  éleveur 
sérieux  qui  ne  se  rende  compte  de  la  différence  qui  doit  exister  entre 
eux  et  soit  empêché  de  les  apprécier  les  uns  et  les  autres  à  leur  juste 
valeur. 

J'en  reviens  au  concours  de  Nevers,  où  depuis  longues  années  les 
taureaux  sont  exposés  auprès  des  animaux  gras,  sans  que  personne 
n'ait  jamais  songé  à  s'en  plaindre;  en  supposant  môme  qu'il  y  ait  un 
inconvénient,  combien  d'avantages  le  compensent,  l'admirable  empla- 
cement du  palais  de  l'Industrie,  le  coup  d'œil  qu'il  présente,  la  foule 
des  visiteurs  qui  s'est  accrue  cette  année  dans  des  proportions  inusi- 
tées, la  facilité  pour  les  étrangers  de  se  rendre  à  Paris  qui  les  attire 
toujours.  N'est-il  pas  permis  d'espérer  que  si  un  marché  régulier  de 
beaux  reproducteurs  était  établi  dans  d'aussi  bonnes  conditions,  nous 
pourrions  dériver  au  profit  de  notre  élevage  les  nombreux  achats  qui 
se  font  en  Angleterre  pour  le  compte  de  la  Belgique,  de  l'Allemagne 
et  du  Piémont? 

M.  de  la  ïréhonnais  parle  de  remplac^er  cette  exposition  par  «  les 
beaux  concours  périodiques  d'animaux  reproducteurs  comme  il  y  en 
a  eu  autrefois  ».  Il  y  a  là  deux  ordres  d'idées  différentes.  S'il  s'agit 
d'un  concours  général,  le  gouvernement  eso  arrêté  par  une  difficulté 
budgétaire  :  les  frais  d'un  semblable  concours  s'élevant  à  près  ou 
plus  d'un  million. 

L'Elat  doit  en  faire  de  temps  en  temps,  à  d'assez  longues  périodes, 
pour  donner  à  notre  élevage  un  enseignement,  des  termes  de  compa- 
raisons, une  sorte  d'inventaire  de  nos  richesses,  comme  on  le  fait 
pour  l'industrie  au  moyen  des  expositions  universelles. 

Mais  s'il  s'agit  d'un  concours  annuel  avec  vente  de  taureaux,  comme 
celui  de  Birmingham,  de  Nevers,  où  celui  que  nous  désirons  voir  éta- 
blir à  Paris,  qui  peut  se  faire  sans  dépenses  appréciables,  à  quelle 
autre  époque  pourriez-vous  le  placer  uiilement?  Plus  tard,  au  prin- 
temps, vous  vous  trouvez  en  présence  des  concours  régionaux  qui  se 
suivent  étroitement,  dont  quelques-uns  sont  même  simultanés,  que 
vous  ne  pouvez  songer  à  retarder  sans  porter  préjudice  à  l'élevage  et 
encore  moins  à  supprimer,  attendu  qu'ils  rendent  les  plus  sérieux  ser- 
vices, sont  très  populaires,  portent  les  luttes  et  les  récompenses  à 
domicile  el  sont  une  satisfaction  donnée  à  Tesprit  de  décentra' isation. 

Placerez-vous  ces  concours  de  taureaux  à  la  fin  de  juillet,  alors  que 
les  foins  ne  sont  pas  terminés,  où  la  moisson  commence,  alors  que  la 
monte  est  faite?  Pensez-vous  que  les  éleveurs  se  déplaceront  à  ce  mo- 
ment pour  vendre  ou  acheter  des  taureaux  ? 


SUR  LE  CONCOURS  DE  PARIS  EN    1883.  375 

Tandis  qu'au  palais  de  l'Industrie,  il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  que 
la  plupart  des  éleveurs  sont  exposants  d'animaux  gras,  qu'ils  se  sont 
déplacés  eux  et  lours  hommes  de  service,  qu'il  n'en  coûte  pas  beau- 
coup plus  de  compléter  le  wagon  qui  amène  les  bœufs  engraissés  en  y 
joignant  un  ou  deux:  taureaux.  Enfin,  si  un  exposant  a  touché  une 
prime  importante  et  vendu  son  ou  ses  bœufs  deux  ou  trois  fois  leur 
valeur  réelle  parce  qu'ils  ont  été  primés,  il  me  semble  qu'il  sera  dans 
les  meilleures  conditions  possibles  pour  acheter  un  beau  reproducteur, 
afin  de  continuer  ou  d'améliorer  ses  fructueuses  opérations. 

A  ce  propos,  je  veux  repondre  en  passant  à  une  objection  (qui  n'est 
pas  de  M.  de  la  Tréhonnais;.  Vous  nuirez,  m'a-t-on  dit,  aux  ventes  de 
Corbon  !  Je  crois  que  c'est  une  erreur  complète.  Gorbon  dispose  de  la 
bourse  de  l'Eiat,  il  peut  et  doit  faire  mieux  que  les  particuliers,  et  si 
ce  bel  établissement  reste  à  la  hauteur  de  sa  mission  (ce  dont  je  ne 
doute  pas),  c'est  toujours  là  que  nous  irons  nous  remonter  plutôt  qu'en 
Angleterre  oii  les  prix,  frais  de  voyage,  etc.,  sont  excessifs,  et  nous 
serons  d'autant  plus  disposés  à  payer  chéries  quelques  animaux  d'élite 
fournis  chaque  année  par  Corbon  que  nous  aurons  plus  facilement 
trouvé  à  nous  défaire  des  nôtres. 

iM.  de  la  Tréhonnais  en  parlant  des  primes  offertes  par  la  Société 
des  agriculteurs  de  France  dit  qu'elles  étaient  «  ridicules  et  inutiles  ». 
Les  décisions  du  conseil  de  la  Société  sont  généralement  accueilies 
avec  plus  de  bienveillance. 

Je  n'en  veux  pour  preuve  que  la  popularité  croissante  de  cette 
Société,  l'élévation  incessante  du  chiffre  de  ses  adhérents  qui  sont  près 
de  5  000  actuellement,  chiffre  qui  sera  bientôt  atteint  et  par  consé- 
quent dépassé. 

Pour  faire  apprécier  le  motif  de  cette  décision,  je  demande  à  faire 
brièvement  l'historique  de  la  question. 

Il  y  a  quelques  années,  pour  répondre  aux  vœux  des  éleveurs,  le 
ministère  de  l'agriculture  avait  accordé  un  semblable  concours,  mais 
sans  rien  faire  pour  assurer  la  réussite  d'une  idée  dont  il  n'avait  pas 
eu  l'initiative.  Les  animaux  avaient  été  relégués  dans  un  emplacement 
obscur,  il  ne  leur  était  offert  ni  primes,  ni  médailles,  ni  argent. 
L'échec  était  prévu,  il  fut  complet. 

Cette  année,  devant  le  renouvellement  des  mêmes  vœux,  le  ministère 
a  recommencé  la  tentative.  11  a  accordé  ce  dont  nous  devons  vivement 
le  remercier,  un  excellent  emplacement  et  des  médailles  mais  il  n'avait 
pas  cru  devoir  classer  les  taureaux  par  catégories  d'âge. 

De  façon  qu'un  veau  de  six  mois  pouvait  être  appelé  à  concourir 
avec  un  taureau  de  six  ans,  et  pas  d'argent  en  primes.  Dans  ces  con- 
ditions un  second  échec  était  inévitable;  les  éleveurs  se  sont  émus, 
ont  sollicité  le  conseil  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France,  qui  n'a 
pas  hésité  à  voter  généreusement  une  somme  de  5,000  francs  à  dis- 
tribuer  en   prix  ;   l'administration   s'est   alors   décidée  à  faire  des 


catégories 


Les  animaux  sont  venus  en  assez  grand  nombre  et  le  concours  a  été 
préservé  d'un  nouvel  échec.  Cette  intervention  n'a  donc  été  ni  ridicule, 
ni  inutile. 

Qu'il  y  ait  une  certaine  anomalie  à  voir  une  Société  particulière 
intervenant  dans  les  actes  du  gouvernement.  D'accord,  tout  le  monde 
l'a  senti;  mais  grâce  à  l'extrême  courtoisie  de  M.  do  Mahy,  ministre 


376  SUR  LE  CONCOURS  DE  PARIS   EN    1883. 

de  l'agriculture,  au  bon  vouloir  de  M.  Tisserand  l'intelligent  et  sym- 
pathique directeur  général,  toutes  les  difficultés  se  sont  aplanies  faci- 
lement. 

De  son  côté,  la  Société  des  agriculteurs  de  France  a  apporté  une 
réserve  extrême  dans  ses  agissements,  a  offert  des  primes  en  argent 
sous  une  forme  nouvelle  et  détournée  et  s'est  contentée,  en  désignant 
les  lauréats,  de  ratifier  les  choix  du  jury  officiel  soit  que  tous  ses  juge- 
ments fussent  irréprochables,  soit  par  un  sentiment  de  tact  et  de 
convenance  qui  a  été  apprécié  de  tous  côtés. 

Il  appartient  au  gouvernement,  maintenant  que  l'épreuve  a  été  faite 
et  bien  faite  et  qu'elle  aété  suivie  d'un  succès  relatif  mais  incontestable, 
de  continuer  une  œuvre  aussi  utile,  désirée  par  les  éleveurs,  en  laisant 
le  concours  à  la  même  place,  à  la  même  époque,  en  distribuant,  outre 
les  médailles,  des  primes  en  argent;  enfin  en  divisant  les  animaux  par 
catégorie  d'âges,  trois  au  moins,  comme  dans  les  concours  régionaux 
(à  Birmingham  ily  en  a  12,  età  Nevers  8).  Qu'on  y  ajoute  une  vente  aux 
enchères,  rien  de  mieux,  quoique  je  doive  dire  qu'à  Nevers  ce  mode 
d'opérer  n'ait  pas  eu  beaucoup  de  succès. 

Avant  de  terminer,  il  me  reste  à  répondre  à  la  dernière  critique  de 
M.  de  la  Tréhonnais,  qui  affirme  que  sauf  quelques  jeunes  taureaux  et 
un  ou  deux  âgés,  la  race  durham  était  fort  mal  représentée;  il  ajoute 
même  plus  loin  «  de  la  médiocrité  la  plus  flagrante.  »  Je  ne  partage 
pas  du  tout  cetavis;  qu'il  y  eût  quelques  médiocrités,  c'est  inévitable; 
mais  la  plus  grande  partie  des  animaux  exposés  étaient  excellents  et 
faisaient  le  plus  graud  honneur  à  nos  éleveurs.  Ils  représentaient  la  bonne 
moyenne  de  nos  concours  régionaux  et  ceux-là  même  qui  avaient 
produit  ces  magnifiques  bœufs  gras  excitant  l'admiration  générale; 
presque  tous  ces  taureaux  avaient  des  généalogies  irréprochables  qui 
ne  se  trouvent  pas  chez  tous  les  animaux  exposés  en  Angleterre  où  les 
nôtres  eussent  pu  figurer  avec  honneur. 

J'ai  été  souvent  en  Angleterre;  j'ai  vu  plusieurs  grands  concours, 
j'ai  visité  quelques  étables  célèbres;  j'ai  trouvé  des  prix  inabordables, 
une  réclame  savamment  organisée,  l'art  de  mettre  en  relief  certaines 
généalogies,  et  comme  animaux,  à  fort  peu  d'exceptions  près,  rien  qui 
lut  bien  supérieur  à  ce  que  nous  possédons  nous-mêmes. 

A  force  d'entendre  louer  l'Angleterre  à  notre  détriment,  nos  éle- 
veurs ont  fini  par  se  former  un  idéal  qui  leur  donnera  toujours  des 
déceptions. 

Quand  un  taureau  importé  arrive  à  Corbon,  fût-il  le  Duke  of  Nor- 
mandy,  payé  au  capitaine  Gunter  12,500  fr.  à  trois  mois,  fût-ce  le 
Duke  of  Rowley,  ou  The  Earl  of  Worcester,  de  la  plus  pure  souche 
Bâtes,  de  la  tribu  Wild  Ëyes,  dont  le  père,  Duke  of  Geneva,  a  coûté 
42  000  fr.,  fussent  les  taureaux  de  pur  sang  Booth  choisis  en  dernier 
lieu  par  M.  Lefebvre  de  Sainte-Marie,  avec  cette  compétence  que  per- 
sonne ne  lui  conteste,  tous  sont  discutés,  critiqués,  ils  ne  sont  pas 
meilleurs  que  les  vaches,  etc.,  etc.  ;  enfin,  on  s'attend  toujours  à  voir 
mieux.  Il  est  certainement  utile  qu'un  établissement  comme  Corbon 
aille  de  temps  en  temps  en  remonte  en  Angleterre  pour  éviter 
la  consanguinité  qui  résulterait  d'alliances  répétées  entre  les 
mômes  familles,  mais  sans  s'attendre  à  trouver  mieux  que  ce  qu'il 
possède  déjà.  Ace  sujet,  je  fais  appel  aux  souvenirs  des  éleveurs  et  à 
iïmmense  désappointement  qu'ils  ont  éprouvé  en  voyant  l'exposition 


SUR  LE  CONCOURS  DE  PARIS  EN    1883-5  377 

des  Durliams  anglais  au  Concours  international  de  l'Esplanade  des 
Invalides  en  1878.  Tandis  qu'au  contraire  les  Anglais  ont  été  absolu- 
ment stupéfaits  de  la  beauté  de  notre  propre  exposition. 

Que  les  animaux  anglais  fussent  moins  nombreux  que  les  nôtres,  il 
n'en  pouvait  être  autrement  ;  mais  le  petit  nombre  qu'ils  avaient  pré- 
senté était-il  de  nature  à  écraser  les  nôtres?  Je  ne  le  pense  pas.  Ils 
n'avaient  pas  un  bon  taureau  et,  sauf  une  vache  appartenant  à  S.  M. 
la  reine  d'Angleterre,  et  une  autre  au  marquis  d'Exeter,  que  j'ai  re- 
trouvées parmi  les  premiers  prix  du  Concours  de  Kilburn-Londres, 
deux  ans  après,  tout  le  reste  était  sans  grande  valeur  apparente.  Il  y 
avait  cependant  plusieurs  spécimens  de  familles  célèbres.  Le  comte  de 
Bective  avait  exposé  une  Grande  Duchess,  par  2"  Duke  of  Tregunter 
et  Grande  Duchess  d'Oxford  18*;  M.  Fox,  dont  l'étable  est  très  renom- 
mée, «  Baron  Australian  »  d'une  excelleute  liguée  des  Duchess  Bâtes. 
Lady  Pigot  avait  une  génisse  et  un  taureau  du  plus  pur  sang  Booth,, 
ce  dernier  par  Royal  Commander  et  Victoria  Gloriosa,  de  la  tribu  des 
Montalini,  la  crème  de  la  crème  de  l'élevage  Booth.  Lady  Pigot  m'a 
sollicité  de  l'acheter,  me  disant  fort  aimablement  qu'en  ma  faveur 
elle  abaisserait  son  prix  à  12,500  fr.  Mais  ce  précieux  animal  était  si 
décousu,  si  cassé  derrière  les  épaules,  que  m'eût-il  été  offert  à  un  prix 
plus  dans  nos  habitudes  françaises,  que  je  me  serais  bien  gardé  de  le 
prendre  et  encore  plus  de  lui  livrer  mes  vaches. 

Il  y  a  là  un  sentiment  de  patriotisme  auquel  je  fais  appel  et  que 
nous  oublions  trop  souvent  en  France,  c'est  de  moins  admirer  ce  qui 
se  fait  à  l'étranger,  et 'de  rendre  plus  de  justice  à  nos  propres  mérites 
et  à  notre  cher  et  beau  pays. 

Veuillez  agréer,  etc.  Alph.  Tiersonnier, 

Membre  de  la  Société  Nationale  d'Agriculture, 
Membre  du  Conseil  de  la  Société  des  Agriculteurs  de  France, 
Président  du  Comice  agricole  de  l'arrondissement  de  Nevers. 

SUR  L'ŒUF  D'HIVER  DU  PHYLLOXERA  * 

Dans  la  séance  du  13  janvier  1882,  la  Commission  supérieure  du  phylloxéra 
en  France  émettait  le  vœu  suivant  : 

«  Considérant  l'importance  du  rôle  que  joue  l'œuf  d'hiver  dans  l'évolution  du 
«  phylloxéra,  puisqu'il  entretient  sans  cesse  la  vitalité  des  colonies  souterraines 
«  et  que  tout  foyer  phylloxérique  a  pour  origine  un  œuf  d'hiver;  que,  dès  lors, 
«  sa  destruction  est  d'un  intérêt  pratique  évident,  émet  le  vœu  que  des  expériences 
«  méthodiques  soient  instituées  non  seulement  dans  le  laboratoire,  mais  en  grande 
«  culture,  pour  déterminer  quels  sont  les  moyens  à  employer  pour  arriver  à  la 
«  destruction  certaine  de  l'œuf  d'hiver.  » 

Par  cette  proposition  on  affirme,  ni  plus  ni  moins  : 

P  A  quelle  cause  est  due  la  vitalité  des  colonies  agames  des  racines,  c'est-à- 
dire  la  puissance  de  perpétuation  et  d'accroissement  de  ces  colonies; 

2°  Quelle  est  l'origine  de  chaque  centre  nouveau  d'infection; 

3°  lie  que  doit  faire  la  pratique  pour  arrêter  les  colonies  existantes  et  empêcher 
la  formation  de  colonies  nouvelles  ;  on  laisse  seulement  à  des  recherches  ulté- 
rieures et  à  de  nouvelles  expériences  le  soin  de  déterminer  los  moyens  qui  devront 
satisfaire  à  ces  deux  indications. 

Puis,  M.  Balbiani,  promoteur  autorisé  du  vœu,  dans  une  lettre  adressée  au 
ministre  de  l'agriculture,  et  communiquée  par  celui-ci  au  secrétaire  perpétuel 
de  l'Académie  des  sciences,  expose  les  raisons  de  ces  affirmations  et  de  ces  pro- 
positions. 

Pour  lui,  la  fécondité  des  génératrices  agames  des  racines  est  limitée  et  cir- 
conscrite dans  une  courte  période,  et  cesserait  peut-être  au  bout  de  peu  de  géné- 
rations, dans  la  même  année,  puisque,  en  fait,  de  20  à  -24  gaines  ovigères  qu'a  la 

1.  Gommiinications  adressées  à  l'Acaclémie  des  sciences. 


378  SUR  l'œuf  D'hiver  du  ppiylloxera. 

première,  les  générations  successives  sont  réduites  à  n'en  avoir  seulement  que 
de  10-12,  6-7,  2-3,  et  elles  finiraient  par  devenir  stériles  si,  par  une  nouvelle 
activité,  il  ne^e  formait  pas  de  nouveaux  germes  dans  les  mêmes  gaines  ou  d'au- 
tres gaines,  entre  celles  qui  sont  déjà  épuisées;  aussi,  avec  ces  suppléments,  les 
générations  agaraes  peuvent  durer  quatre  ou  cinq  ans. 

Puis  les  ailés,  agames  eux  anssi,  portent  en  eux-mêmes  les  signes  d'une  plus 
grande  dégradation  réduits  qu'ils  sont  à  n'avoir  au  plus  que  quatre  gaines  ovi- 
gères;  leurs  œufs  donnent  des  produits  encore  plus  amoindris,  c'est-à-dire  que 
les  mâles  et  les  femelles,  incapables,  par  leur  imperfection,  d'engendrer  encore, 
sont  bons  cependant  à  se  compléter  réciproquement  et  à  rouvrir  le  cycle  des  géné- 
rations normales. 

Je  me  suis  permis  autrefois,  dans  nos  actes  et  autre  part,  de  contester  que 
la  diminution  au  nombre  des  gaines  ovariques,  arrivée  au  maximum  dans  les  der- 
nières générations  automnales,  représente  directement  la  diminution  de  la  [luis- 
sance  génératrice  et  en  soit  le  témoignage  ou  la  preuve  en  particulier;  voyant  dans 
le  fait  même,  non  l'épuisement  de  cette  force  oud'uneautre  contenue  dans  l'orga- 
nisme, mais  une  preuve  sensible  de  l'équilibre  qui  s'établit  entre  l'organisme 
jïiême  et  la  vie  à  un  moment  donné,  et  les  conditions  extérieures  directement  ou 
indirectement  défavorables  pour  celle-ci  ou  pour  celui-là;  équilibre  prompt  à  se 
changer  en  termes  différents,  à  la  bonne  saison,  quand  la  nouvelle  végétation  de 
la  vigne  fournit  une  source  plus  copieuse  d'aliments  à  son  parasite  ;  ce  qui,  d'autre 
part,  prouve  les  effets  bienfaisants  de  la  température  et  des  autres  conditions  renou- 
velées par  elle. 

C'est  ainsi,  et  non  autrempnt,  que  les  hibernants,  après  avoir  fait  leur  mue, 
deviennent  des  génératrices  printanières,  aux  ovaires  riches  en  gaines  et  remplis 
de  germes;  il  serait  à  voir,  avant  d'affirmer,  si  les  germes  sont  et  combien  ils 
sont  capables  de  se  régénérer  dans  les  mêmes  gaines;  de  la  même  manière,  avant 
de  l'affirmer,  il  faudrait  examiner  comment  et  combien  aux  gaines  épuisées  en 
succèdent  d'autres  de  nouvelle  formation.  D'ailleurs,  dans  tous  les  cas,  ces  faits 
devraient  être  regardés  comme  le  résultat  des  actions  de  la  vie  nutritive,  tantôt 
plus,  tantôt  moins  énergique. 

Ce  fait  étant  considéré  comme  vérifié  dans  la  succession  'de  l'automne,  de 
l'hiver  et  du  printemps,  on  ne  voit  pas  pourquoi  il  ne  devrait  pas  se  répéter  à  chaque 
retour  de  succession  semblable  et  un  nombre  de  fois  plutôt  qu'un  autre.  Appli- 
quer à  une  échéance  fixe,  et  d'une  manière  absolue,  au  cas  spécial,  une  conception 
abstraite  comme  celle  de  k nécessité  de  la  péi-iode  dans  les  générations  alternantes, 
paraît  hâtif  et  prématuré. 

Une  autre  conception  plus  originale,  mais  entièrement  spéculative  aussi, 
serait  que  les  ailés  représentassent  un  nouvel  état  de  dégradation  et  les  sexués 
eux-mêmes  un  état  plus  avancé  encore  que  ce  dernier.  Les  sexués  présenteraient 
en  outre  ceci  de  singulier  que,  amoindris  d'une  puissance  qui  ne  leur  reste  plus 
qu'en  partie,  ils  la  retrouveraient  entièrement  dans  l'acte  sexuel  et  transmettraient 
à  leur  produit  ce  qu'ils  n'ont  pas  eux-mêmes. 

La  seconde  proposition  du  vœu  de  la  Commission  réduit  strictement  à  l'œuf 
d'hiver  l'origine  de  tout  nouveau  centre  d'infection  ;  mais,  prise  ainsi  sans  réserve, 
la  proposition  annule  d'un  trait  les  observations  les  mieux  fondées  et  très  connues 
de  la  dissémination,  non  seulement  par  les  ailés,  mais  aussi  par  les  aptères,  et 
les  renseignements  les  plus  certains  sur  les  nouveaux  foyers,  malheureusement 
formés  presque  toujours  par  le  transport  de  plants  infestés,  non  d'œufs  d'hiver 
assurément,  mais  de  colonies  radicicoles  de  phylloxéra,  lors  même  qu'on  ne  vou- 
drait pas  parler  de  l'origine  de  la  première  arrivée  du  phylloxéra  en  Europe, 
la  pratique  se  détournant  d'un  de  ses  plus  importants  et  plus  siàrs  fondements. 
Pour  en  venir  à  l'œuf  d'hiver,  tandis  que  les  observations  de  l'œuf  dià  aux 
générations  sexuelles  hypogées  n'ont  encore  été  ni  reprises  ni  suivies,  selon 
M.  Balbiani  lui-même,'  les  premières  observations  de  M.  Boiteau  sur  l'œuf  de 
la  génération  sexuelle  aérienne  provenant  du  phylloxéra  ailé  restent  aussi  isolées 
et  presque  exceptionnelles,  puisqu'elles  n'ont  pas  réussi  à  d'autres,  ou  ont 
réussi  seulement  relativement  à  l'œuf  d'hiver  du  phylloxéra  des  vignes  améri- 
caines. Celui-ci,  aussi  bien  que  la  lénération  qui  le  précède  et  celle  qui  en  pro- 
vient, semble,  d'après  les  observations  mêmes,  en  rapport  très  étroit  avec  la 
génération  gallicole  et  la  formation  des  galles,  qui  manquent  d'une  manière  géné- 
rale chez  les  phylloxéras  des  vignes  communes. 
Maintenant,  conclure  des  faits  du  phylloxéra  des  vignes  américaines  à  ceux 


SUR  I/ŒUF  d'hiver  DQ  PHYLLOXERA.  379 

du  phylloxéra  dos  vignes  ordinaires,  sans  le  secours  d'observations  positives, 
tandis  ([ue  le  cours  de  la  vie  chez  le  premier  et  chez  le  second  est  profondément 
difterent,  c'est  aussi  aç^ir  avec  trop  de  précipitation  et  pas  assez  de  mesure. 

Donc,  dans  les  conditions  actuelles,  le  vœu  de  la  Commission  française, 
corrigé  dans  ses  prémisses,  devrait  s'appuyer  sur  cet  autre  préliminaire  :  Insti- 
tueî'  des  trcherches  pour  trouver  et  démontrer  l'œuf  dliiver  du  phylloxéra  sur  les 
vignes  indigènes^  Targioni-Tozzetti. 

Réponse  à  la  note  précédente  de  M.  Targioni-Tozzetti. 

Dans  la  note  qu'on  vient  de  lire,  M.  Targioni-Tozzetti  s'appuie,  pour  criti- 
quer ma  proposition  d'arrêter  l'extension  du  phylloxéra  par  la  destruction  des 
œufs  d'hiver,  sur  un  certain  nombre  d'arguments  qu'on  peut  résumer  ainsi 
qu'il  suit  : 

1°  Le  principe  fondamental  sur  lequel  se  base  cette  proposition,  savoir  : 
l'extinction  des  colonies  souterraines  par  la  destruction  de  la  source  à  laquelle 
celles-ci  s'alimentent,  c'est-à-dire  les  œufs  d'hiver,  n'a  pas  encore  reçu  une 
démonstration  scientifique  suffisante.  La  diminution  de  la  puissance  génésique 
des  femelles  agames  des  racines  avec  le  nombre  des  générations  issues  les  unes 
des  autres  n'est  fias  un  phénomène  absolu  en  soi;  cette  diminution  est  en  relation 
avec  la  décroissance  des  conditions  extérieures,  principalement  de  température  et 
de  nutrition,  qui  agissent  sur  ces  insectes  dans  la  succession  de"s  saisons.  Les 
femelles,  arrivées  au  minimum  de  leur  faculté  reproductrice  en  automne,  récu- 
pèrent toute  leur  fécondité  au  printemps  avec  le  retour  d'une  température  plus 
élevée  et  d'une  alimentation  plus  substantielle. 

2°  Les  œufs  d'hiver  n'ont  été  rencontrés  jusqu'ici  que  sur  les  vignes  améri- 
caines; ils  n'ont  pas  encore  été  trouvés  sur  les  vignes  indigènes  (européennes)  : 
par  consé((uent,  rien  ne  démo  itre  que  les  moyens  proposés  pour  leur  destruction 
sur  ces  dernières  vignes  atteignent  leur  but  et  soient  avantageux  pour  arrêter  la 
propagation  du  phylloxéra. 

3"  Une  autre  différence  que  présentent  les  vignes  américaines  et  les  vignes 
indigènes  est  l'existence,  sur  les  premières,  de  générations  gallicoles  du  phylloxéra 
et  leur  absence  sur  les  dernières;  tous  ces  faits  démontrent  une  ditïérence  pro- 
fonde des  mœurs  de  l'insecte  des  vignes  américaines  et  de  l'insecte  des  vignes 
indigènes, 

4"  Les  œufs  d'hiver  ne  sont  pas  l'unique  ni  même  la  principale  source  de 
l'invasion  phylloxérique;  il  n'est  pas  tenu  compte  des  faits  nombreux  el  bien 
connus  qui  prouvent  la  propagation  du  phylloxéra  par  le  transport  et  l'importa- 
tion de  plants,  principalement  de  vignes  américaines,  servant  de  véhicule  aux 
colonies  radicicoles. 

5"  Enfin,  nos  connaissances  concernant  l'œuf  fécondé  des  générations  sexuelles 
hypogées  sont  encore  très  incomplètes.  Cette  proposition  contient  implicitement, 
bien  qu'elle  ne  soit  pas  énoncée  par  l'auteur,  cette  conséquence  que  la  destruc- 
tion des  œufs  d'hiver  aériens  n'empêcherait  pas  la  régénération  des  colonies  radi- 
cicoles  par  les  œufs  d'hiver  souterrains  ^. 

Aucun  des  arguments  résumés  dans  les  lignes  qui  précèdent  n'est  nouveau, 
et  j'ai  déjà  eu  plusieurs  fois  l'occasion  de  les  réfuter  dans  mes  précédentes  publi- 
cations sur  le  phylloxéra.  Je  vais  les  examiner  encore  une  fois  dans  l'ordre  où  je 
viens  de  lus  énumérer. 

Et  d'abord,  je  dois  faire  remarquer  que  M.  Targioni-Tozzetti  ne  tient  aucun 
compte,  dans  ses  critiques,  des  deux  faces  sous  lesi|uelles  j'ai  toujours  envisagé 
l'utilité  et  les  conséquences  de  la  de>truction  des  œufs  d'hiver,  et  que  je  faisais 
encore  ressortir  avec  soin  dans  ma  lettre,  en  date  du  23  février  1882,  adressée  à 
M.  le  ministre  de  l'agriculture,  ainsi  que  cela  résulte  du  passage  suivant  de  cetSe 
lettre  ;  «  En  résumé,  la  question  de  la  destruction  de  i'œut  d'hiver  se  présente 
«  sous  deux  aspects  différents,  ainsi  que  je  l'indiquais  déjà  en  1875  :  1"  comme 
«  traitement  curatif,  en  amenant  par  voie  indirecte  la  disparition  des  colonies 
«  établies  sur  les  racines  ;  2"  comme  moyen  préventif,  en  conjurant  le  danger  de 
«  l'invasion  des  vignobles  indemnes  par  les  œufs  d'hiver  déposés  sur  les  ceps.  » 

Sous  le  dernier  point  de  vue,  je  me  suis  prononcé  très  affirmativement  sur 
les  avantat:es  de  cette  opération,  en  me  basant  sur  nos  connaissances  les  plus 
certaines  et  les    mieux  établies  des  mœurs  du  phylloxéra,  principalement  de  sa 

1.  Note  lue  à  la  Société  eiitnm  ilogi(|ue  italienne  dans  la  séance  du  28  m  li   1S82. 

2.  Celte  conclusion  est  expiunée  d'une  manière  plus  catégorique  dans  une  autre  notice  de 
M.  Targioni-Tozzetti  (Bullettino  délia  Soc.  entomot.  ilaliana,  anno  XIII,  1881). 


380  SUR  l'œuf  d'hiver  DU  PHYLLOXERA. 

génération  ailée  chargée  de  fonder  à  distance  de  nouvelles  colonies.  Les  ailés 
donnant  naissance  à  la  génération  sexuée,  qui,  elle-même,  produit  l'œuf  d'hiver, 
n'est-il  pas  évident  que  la  destruction  de  ce  dernier  équivaut  à  celle  des  ailés, 
réclamée  de  tout  temps  et  pour  laquelle  on  a  proposé  une  foule  de  moyens,  tels 
que  le  tassement  du  sol  pour  empêcher  leur  sortie  de  terre,  la  plantation  de  végé- 
taux agglutinants  destinés  à  les  arrêter  au  passage,  etc.,  tous  procédés  qui  se 
sont  montrés  ou  inefficaces  ou  irréalisables  dans  la  grande  pratique.  Rien  de  plus 
facile,  au  contraire,  que  d'atteindre  l'œuf  d'hiver  par  des  moyens  culturaux  ou 
chimiques  pendant  les  quatre  ou  cinq  mois  qu'il  reste  à  notre  portée,  dans  la 
période  la  plus  propice  aux  travaux  agricoles.  M.  Targioni-Tozzetti,  qui  semble 
attribuer  lui-même  aux  ailés  un  rôle  important  dans  la  dissémination  du  phyl- 
loxéra, voudrait-il  restreindre  ce  rôle  seulement  aux  vignes  américaines  et  trou- 
ver une  autre  explication  à  la  propagation  du  parasite  sur  les  vignes  indigènes? 
Nous  reviendrons  plus  loin  sur  ce  point  des  opinions  du  savant  naturahste  de 
Florence. 

Autant  j'ai  été  affirmatif  sur  les  avantages  pratiques  de  la  destruction  de 
l'œuf  d'hiver  comme  moyen  propre  à  enrayer  la  marche  de  phylloxéra,  autant  j'ai 
mis  de  réserve  à  tirer  les  conséquences  que  cette  opération  peut  avoir  pour  les 
colonies  radicicoles.  Ici,  je  n'ai  exprimé  que  comme  une  simple  probabihté,  une 
hypothèse,  Topinion  que  ces  conséquences  pourraient  être  la  disparition  de  ces 
colonies  par  la  destruction  des  germes  où  elles  puisent  sans  cesse  une  vitalité 
nouvelle.  Ce  n'est  pas  une  supposition  gratuite,  mais  une  présomption  fondée  sur 
des  études  biologiques  attentives  de  la  reproduction  du  phylloxéra.  Ce  sont  les 
conclusions  pratiques  déduites  de  ces  études  que  M.  Targioni-Tozzetti  a  cru  pou- 
voir attaquer  dans  sa  note  placée  en  tête  de  ce  travail.  Avant  de  répondre  aux 
objections  de  M.  Targioni,  j'ai  cru  bon  de  rappeler  la  distinction  que  j'ai  toujours 
faite  entre  les  deux  résultats  que  j'attribuais  à  la  destruction  de  l'œuf  d'hiver  : 
l'un,  assuré,  lorsqu'on  l'emploie  comme  traitement  préventif;  l'autre,  possible, 
probable  môme,  mais  non  certain,  méritant  toutefois  d'être  essayé,  lorsque  cette 
opération  est  faite  à  titre  de  moyen  curatif.  Gela  posé,  je  passe  maintenant  à  l'exa- 
men des  objections  de  M.  Targioni-Tozzetti. 

M.  Targioni  m'oppose  d'abord  ce  fait  que  la  diminution  de  la  fécondité  des 
femelles  agames  des  racines,  dans  les  générations  qui  se  succèdent  du  printemps 
à  l'automne,  n'est  pas,  comme  je  l'admets,  l'épuisement  graduel  d'une  force  con- 
tenue dans  l'organisme  même,  mais  la  manifestation  de  l'influence  décroissante 
des  conditions  extérieures  favorables,  principalement  de  température  et  de  nutri- 
tion, qui  agissent  sur  ces  femelles  dans  le  cours  des  saisons.  M.  Targioni  ne  s'est 
sans  doute  pas  aperçu  que  cette  opinion  est  une  simplehypothèsedesapart,  àl'appui 
de  laquelle  il  n'apporte  ni  observations  ni  expériences  directes.  Je  vais  montrer, 
au  contraire,  que  les  observations  et  les  expériences  conduisent  à  une  conclusion 
absolument  opposée  à  la  sienne. 

Chez  le  phylloxéra  du  chêne*,  le  nombre  des  gaines  ovigères  est  de  26  à  32 
chez  les  femelles  aptères  de  la  première  génération,  issue  en  avril  de  l'œuf  fécondé 
de  l'année  précédente  ou  œuf  d'hiver.  Dès  la  deuxième  et  la  troisième  génération, 
l'ovaire  se  trouve  réduit  à  10  ou  12  gaines  (en  mai  et  juin),  et  dans  les  générations 
suivantes  (de  juillet  à  septembre)  on  n'en  compte  plus  que  de  4  à  6  en  tout.  Le 
décroissance  du  nombre  des  tubes  ovariques  est  tout  aussi  rapide  chez  les  aptères 
radicicoles  du  phylloxéra  de  la  vigne,  en  prenantpour  point  de  départ  l'insecte  issu 
de  l'œuf  d'hiver,  qui  a  de  24  à  28  tubes  ovariques.  A  mon  arrivée  à  Montpellier, 
en  1874,  ma  première  observation  fut  l'examen  des  gaines  ogivères  chez  un  grand 
nombre  de  femelles  aptères  fixées  sur  les  renflements  des  radicelles  d'un  pied  de 
vigne  au  début  de  l'invasion.  Chez  les  dix  premières  femelles  examinées,  le 
nombre  des  gaines  est  exprimée  par  les  chiffres  suivants  :  17,  18,  16,  13,  16  à  18, 
16,  20,  18,  16,  15.  En  octobre  de  la  même  année,  ce  nombre,  chez  dix  autres 
femelles,  n'était  respectivement  plus  que  de  5,  5,  2,  4,  2,  2,  5,  3,  6,  7^  Les 
observations  faites  par  M.  Boiteau  dans  une  autre  région  delà  France  (environs 
de  Libourne)  ont  montré  la  même  décroissance  rapide  du  nombre  des  gaines  ogi- 
vères du  printemps  à  l'automne  [Comptes  rendus,  14  août  1876). 

Ces  faits  ne  laissent  donc  aucun  doute  sur  la  diminution  successive  de  la 
fécondité  chez  les  phylloxéras  des  racines  par  l'avortement  graduel  de  leur  appareil 

1.  Il  s'agit  ici  de  l'espèce  comimine  sur  les  chênes  des  environs  de  Paris  et  du  nord  de  la  France 
c'est  le  phylloxéra  coccinea  de  Heyden  et  autres  auteurs. 

2.  Ces  femelles  étaient  prises  un  peu  partout  :  les  résultats  étaient  sensiblemen  les  mêmes 
dans  tous  les  vignobles. 


SUR  L'ŒUF  D'HIVER  DU  PHYLLOXERA.  381 

reproducteur  dans  le  cours  d'une  même  année.  Mais  on  peut  se  demander  si  ce 

f)hénomène  n'a  pas  une  liaison  intime  avec  les  modifications  qui  surviennent  dans 
es  conditions  extérieures  que  les  générations  traversent  dans  le  cours  de  leur  évo- 
lution annuelle.  L'influence  de  la  température  doit  être  immédiatement  écartée  : 
nous  venons,  en  effet,  de  voir  que  c'est  au  printemps,  c'est-à-dire  dans  une  saison 
qui  n'est  pas  celle  où  la  température  moyenne  atteint  son  chiffre  le  plus  élevé, 
quels  nombre  d-s  gaines  de  l'ovaire  présente  son  maximum,  et  que  ce  nombre 
aiminue  rapidement  dans  les  mois  plus  chauds  de  l'été  et  en  automne.  L'influence 
de  l'alimentation  ne  doit  pas  être  mise  davantage  en  ligne  de  compte;  car,  au 
commencement  du  printemps,  les  feuilles  du  ciiène,  comme  les  radicelles  de  la 
vigne,  contiennent  une  sève  plus  aqueuse,  moins  riche  et  moins  élaborée  que 
celle  qui  y  circule  à  une  période  plus  avancée  de  la  végétation.  Toutes  choses  égales 
d'ailleurs,  je  n'ai  pis  observé  de  différence,  chez  le  phylloxéra  du  chêne,  dans  le 
nombre  des  tubes  de  l'ovaire  chez  les  femelles  fixées  sur  des  feuilles  molles  et 
tendres  et  celles  établies  sur  des  l'euilles  dures  et  coriaces.  De  même,  chez  le  phyl- 
loxéra de  la  vigne,  les  insectes  des  radicelles  ne  paraissent  pas  mieux  pourvus 
sous  ce  rapport  que  leurs  congénères,   placés  sur  les  grosses  racines  ligneuses. 

L'expérience  se  joint  à  l'observation  pour  confirmer  ce  résultat.  En  trans- 
portant les  insectes  ou  leurs  œufs  des  racines  épuisées  sur  des  racines  fraîches, 
on  n'observe  pas  d'augmentation  dans  le  nombre  des  gaines  ovariques  chez  ces 
individus  ouïes  générations  qui  en  proviennent  ;  tout  ce  que  l'on  constate,  c'est 
une  recrudescence  dans  l'activité  fonctionnelle  de  la  glande,  se  manifestant  par 
des  pontes  plus  abondantes  et  plus  nombreuses.  La  température  exerce  une 
influence  du  même  genre. 

Tous  ces  faits  sont  donc  loin  de  plaider  en  faveur  de  l'hypothèse  de  M.  Tar- 
gioni-Tozzetti  touchant  l'mflucncc  des  conditions  extérieures  sur  la  constitution 
anatomique  de  l'appareil  reproducteur  du  phylloxéra.  On  arriverait  plutôt  à  une 
conclusion  opposée  si  l'on  examine  les  conditions  dans  lesquelles  se  manifeste  de 
la  manière  la  plus  prononcée  et  la  plus  prompte  la  dégénération  de  cet  appareil. 
Je  veux  parler  des  métamorphoses  de  l'insecte  aboutissant  à  la  génération  sexuée. 
Ces  métamorphoses  consistent,  ainsi  qu'on  le  sait,  d'abord  dans  la  production  de 
la  forme  ailée,  laquelle  à  son  tour,  donne  naissance  à  la  génération  des  sexués 
mâles  et  femelles.  Or,  chez  la  première,  l'ovaire  n'est  plus  composé  que  de  deux 
à  cinq  gaines,  et  chez  la  femelle  sexuée  cette  réduction  arrive  à  son  dernier 
terme,  c'est-à-dire  à  un  ovaire  formé  d'une  uni'jue  gaine  produisant  en  tout  et 
pour  tout  un  seul  œuf  infécond  par  lui-même.  La  stérilité  est  donc  devenue  presque 
complète  au  point  de  vue  anatomique,  et  complète  au  point  de  vue  [)hysiologique  ; 
l'espèce,  menacée  dans  son  existence,  périrait,  si  l'accouplement  ne  venait  rendre 
soudain  la  fertilité  à  cet  élément  arrivé  à  l'extrême  épuisement  '. 

[La  suite  prochainement.)  Balbiani, 

Professeur  au  collège  de  France. 

LES  MACHINES  AU  CONCOURS  GÉNÉRAL  DE  PARIS  -  IV  ' 

Les  herses  construites  par  M.  Emile  Puzenat,  à  BourboQ-Lancy 
(Saôue-et-Loire),  sont  hautement  appréciées  par  tous  les  agriculteurs 
qui  les  connaissent.  A  diverses  reprises,  nous  les  avons  signalées 
aux  lecteurs  du  Journal.  Au  concours  du  palais  de  l'Industrie,  nous 
avons  remarqué  une  nouvelle  herse  qui  nous  a  paru  digne  d'appeler 
à  nouveau  l'attention.  Le  système  général  de  construction  de  cette 
herse  (fîg.  37)  est  le  même  que  celui  des  herses  déjà  connues  de 
M.  Puzenat;  mais  ce  nouveau  modèle  se  distingue  par  un  mode 
d'ajustage  des  dents  dont  le  but  est  de  supprimer  les  é-rous,  les  bou- 
lons et  les  vis  de  pression  dont  l'usure  est  toujours  assez  rapide.  La 
figure  38  montre  une  dent  montée,  et  la  figure  39  donne  la  forme  de 
toutes  les  pièces  de  l'ajustage.  Dans  le  bâti  en  fer  A  sont  encastrées, 
de  chaque  coté  de  la  dent  1),  deux  pièces  B  qui  déterminent  lesdimen- 

1.  (JcUe  dégénération  oi'g.uiKine  ne  se  borne  [)a.s  aux  organes  générateurs  :  elle  se  nianileste 
aussi  |)ar  i'alropiiie  complète  de  l'appareil  digestif  et  4uel({uerois  de  plusieurs  des  articles  des 
antennes  ou  des  pattes. 

2.  Voir  le  Journal  du  27  janvier,  du  24  février  et  du  3  mars,  p.  1.51,  293  e   334  de  ce  volume. 


382 


LES   MACHINES  AU    CONCOURS   GÉNÉPAL  DE  PARIS, 


sions  de  l'ouverlure  dans  laquelle  elle  entre.  La  dent,  introduite 
par  dessous,  pénètre  dans  cette  ouverture,  de  même  calibre  qu'elle, 
jusqu'au  talon  E,  qui  forme  point  d'arrêt.  La  tête  de  la  dent,  qui 
dépasse  le  bâti,  est  garnie  d'un  œil  dans  lequel  on  fait  pénétrer,  à 


Fig.  37.  —  Nouvelle  herse  de  M.  Emile  Puzenat. 

frottement  dur,  une  clavette  munie  d'une  platine  de  sûreté,  F  et  C.  La 
dent  est  ainsi  fixée  solidement,  sans  qu  il  y  ait  danger  qu'elle  se 
déplace;  toutes  ses  parties  ont  la  même  force,  de  telle  sorte  qu'elle 


Fig.  38.  —  Dent  de  la  herse,  montée. 


Fi<?.  39.  —  Parties  de  rasssemblage  de  la  dent. 


présente  une  grande  résistance.  Pour  démonter  les  dents  de  la  herse, 
il  suffit  d'un  marteau. 

Chaque  compartiment  de  la  herse  comporte  15  dents;  M.  Puzenat 
en  construit  à  2,  à  3  et  à  4  compartiments,  pour  la  force  d'un  cheval 
à  celle  de  trois  chevaux  :  ces  herses  ont  réciproquement  30,  45  ou 
60  dents.  Elles  sont  vendues  au  tarif  uniforme  de  1  fr.  10  par  kdog. 

Dans  le  Journal   du  23  septembre  dernier,  nous  avons  donné  la 


LES  ANIMAUX  AU  CONCOURS  DE    PARIS. 


383 


description  de  la  première  charrue  sulfureuse  pour  le  traitement  des 
vignes  [)liylloxérées,  construite  par  M.  Gastine..  Un  nouveau  modèle  de 
cet  injecteur  à  traction  figurait  au  paliisde  l'Industrie;  il  est  repré- 
senté par  les  figures  40  et  /i  1 .  Il  diffère  sensiblement  par  la  forme 
extérieure  du  premier  modèle;  mais  les  organes  fondamentaux  sont 
restés  les  mêmes.  Ce  sont  :  le  couteaU;,  le  rouleau  compresseur  et 
moteur,  la  pompe  injectrice  et  le  réservoir.  Ces  divers  organes  sont 
disposés  sur  un  bâti  suivant  un  mode  de  groupement  qui  permet  le 
jeu  des  pièces  de  l'instrument  ou  la  suspension  de  ce  jeu  à  la  volonté 
de  l'opérateur,  par  l'effet  d'une  manœuvre  simple  et  unique. 

Le  bâti  A  est  divisé  en  trois  parties  :  l'avant-train,  le  support  du 
couteau  et  du  rouleau,  les  mancherons.  L'avant-train  ressemble  assez 
à  celui  d'une  petite  charrue.  Il  est  formé  d'une  pièce  de  fer  portant  à 
son  extrémité  antérieure  une  mortaise  dans  laquelle  passe  une  barre 
B  qui  sert  à  soutenir  à  la  hauteur  convenable  la  chaîne  de  traction. 
A  l'aide  d'une  griffe  on  maintient  de  la  même  manière,  par  une  vis 
de  pression,  la  tige  D  du  porte-galet  qui  sert  à  régler  le  degré  d'en- 


Fig.  40.  —  Injecteur  de  sulfure  de  carbone,  à  traction,  de  M.  Gastine. 

* 

trure  du  couteau.  Enfin  cette  même  partie  du  bâti  soutient  encore  un 
réservoir  cylindrique  E  contenant  la  provision  de  sulfure  de  carbone. 

La  partie  médiane  du  bâti  fait  corp-<  avec  l'avant-train  sur  lequel 
elle  est  assemblée  par  plusieurs  boulons.  Elle  forme  une  sorte  de 
cadre  dans  lequel  se  trouve  fixé  le  rouleau  compresseur  et  moteur  R 
qui  tourne  sur  un  axe  fixe  dont  les  extrémités  sont  prises  de  chaque 
côté  du  bâti  en  J.  Avant  de  se  bifurquer,  le  bâti  forme  en  dessous 
une  assise  F  sur  laquelle  on  boulonne  un  couteau  en  fonte.  En  dessus, 
cette  même  partie  du  bâti  sert  de  console  à  la  petite  pompe  injec- 
trice G  et  au  levier  M  qui  en  comm:inde  le  piston.  Enfin  en  arrière,  les 
deux  branches  du  bâti  se  réunissent  de  nouveau  en  une  seule  partiel 
qui  se  relève  verticalement  sous  forme  d'arc.  Chacune  des  extré- 
mités de  cet  arc  est  perc  e  horizontalement  d'un  trou  î,  i,  servant  à 
enclencher  les  mancherons  dans  deux  positions  différentes. 

Les  mancherons  K  qui  terminent  l'appareil  en  arrière  s'attachent, 
en  dehors  du  bâti  en  fonte,  sur  les  extrémités  de  l'axe  du  rouleau 
autour  duquel  ils  peuvent  pivoter.  Le  levier  d'enclenchement  L  disposé 
contre  la  poignée  droite  de  l'un  des  mancherons  permet  de  fixer  ces 
derniers  en  haut  ou  en  bas  à  volonté. 


384  LES  MACHINES  AU  CONCOURS  GÉNÉRAL    DE  PARIS. 

Lorsque  les  mancherons  sont  dressés  (fig.  41)  et  que  le  levier 
d'enclenchement  a  pris,  dans  le  trou  supérieur,  ou  est  dans  la  position 
de  travail,  le  couteau  étant  enfoncé  dans  le  sol  et  le  rouleau  portant 
sur  ce  dernier.  Si  l'appareil  est  soumis  à  un  effort  de  traction,  le  cou- 
teau trace  dans  le  sol  une  fente  ou  sillon  que  le  rouleau  vient  aussitôt 
fermer.  En  tournant  sur  le  sol,  le  rouleau  entraîne  le  mouvement  de  la 
pompe  au  moyen  d'un  excentrique  calé  sur  son  axe,  excentrique 
dont  la  tige  agit  sur  un  levier  arqué  communiquant  à  l'aide  d'une 
petite  bielle  Nie  mouvement  au  piston  de  la  pompe.  Cette  disposition 
de  renvoi  de  mouvement  a  pour  but  de  permettre  le  changement  des 
doses  à  volonté.  En  effet,  la  tige  de  l'excentrique  est  munie  à  son 
extrémité  d'une  chape  qui  peut  glisser  à  frottement  doux  sur  toute 
l'étendue  du  levier  arqué.  Une  vis  de  pression  permet  de  fixer  la  chape 
au  point  correspondant  à  la  dose  choisie  pour  l'opération.  Lorsque  la 
chape  est  fixée  vers  l'extrémité  libre  du  levier  arqué,  la  dose  est 
minimum  et  la  course  du  piston  est  extrêmement  réduite.   Au  con- 


Fig.  41.  —  Injecteur  avec  le  couteau  enfoncé  dans  le  sol. 


traire,  si  Ton  fixe  la  tige  de  l'excentrique  vers  le  point  de  pivotement  du 
levier  arqué,  le  mouvement  transmis  prend  sa  plus  grande  amplitude 
et  le  piston  effectue  sa  course  maxima.  Les  deux  divisions  extrêmes  du 
levier  arqué  (qui  est  désigné  sous  le  nom  de  règle  du  dosage)  per- 
mettent de  distribuer  5  grammes  ou  50  grammes  de  sulfure  de  car- 
bone par  mètre  parcouru  par  l'appareil.  A  l'aide  des  graduations 
intermédiaires,  on  peut  distribuer  des  doses  variables  de  5  en 
5  grammes,  depuis  10  jusqu'à  45  grammes  par  mètre. 

Lorsqu'on  abaisse  les  mancherons  en  enclenchant  le  levier  dans  le 
trou  inférieur  (fig.  40)  l'opérateur  peut  faire  porter  l'appareil  sur  la 
petite  roue  de  devant  et  retirer  le  couteau  hors  du  sol  pour  tourner  au 
bout  des  lignes.  Dans  cette  position,  le  rouleau  soutenu  en  l'air  n'ac- 
tionne plus  la  pompe,  et  le  mécanisme  injecteur  se  trouve  automati- 
quement arrêté. 

Les  communications  entre  le  réservoir  et  la  pompe,  la  pompe  et  le 
couteau,  sont  établies  dans  l'intérieur  du  bâti  sans  qu'il  soit  nécessaire 
d'employer  aucun  tube  ni  joint  extérieur.  Ce  sont  les  brides  de  fixa- 
tion des  différents  organes,  qui  servent  ainsi  simultanément  à  ratta- 


LES  MACHINES  AU  CONCOURS  GÉNÉRAL  DE  PARIS.'  385 

cher  ces  pièces  au  bâti,  tout  en  formaat  des  joints  étanches.  Toutes  ces 
brides  sont  furniéos  de  parties  qui  se  rejoignent  par  le  serrage  de  bou- 
lons faciles  à  remplacer  en  cas  de  perte  ou  de  bris. 

La  sortie  du  sulfure  de  carbone  a  lieu  à  la  base  du  couteau  dans  le 
point  le  plus  profond  du  sillon  qu'il  trace. 

Sur  le  fond  postérieur  du  récipient  de  sulfure,  se  trouve  disposée  dans 
une  garniture  étanche  une  petite  cloche  en  verre  e  formant  hernie  sur 
le  couvercle.  Cette  cloche  permet  à  l'opérateur  de  s'assurer  si  le  réci- 
pient contient  toujours  du  liquide.  Elle  évite  les  malfaçons  qui  résul- 
teraient d'un  traitement  à  blanc. 

L'instrument  fonctionne  sous  l'effort  de  traction  développé  par  un 
cheval  ordinaire.  La  vitesse  de  progression  est  la  même  que  celle 
d'une  petite  charrue.  Le  rouleau  ferme  très  exactement  la  fente.  En 
même  temps  sa  rotation  se  produit  régulièrement,  et  comme  elle 
dépend  toujours  directement  de  la  vitesse  de  marche  de  l'appareil, 
il  s'ensuit  (juc  le  débit  de  la  pompe  reste  constamment  proportion- 
nel au  chemin  parcouru.  La  petite  pompe  est  à  double  effet,  de  sorte 
que  l'émission  du  sulfure  de  carbone  est  continue,  sans  intermittence 
aucune,  et  que  toute  l'étendue  de  la  fente  tracée  par  le  couteau  se 
trouve  utilisée.  Les  essais  qui  ont  été  faits  dans  les  Bouches-du-Rhône 
et  dans  le  Var,  ont  démontré  que  l'appareil  pouvait  traiter  1  hec- 
tare 1/2  à  2  hectares  par  jour  dans  des  terrains  de  nature  variée, 
même  très  caillouteux. 

Le  réglage  en  hauteur  de  l'avant-train  permet  de  tracer  la  fente  à 
des  profondeurs  variant  de  0™.  15  jusqu'à  0.30.  En  moyenne  on  adopte 
la  profondeur  de  0'".20  à  0".22. 

{La  suite  prochainement.)  Henry  Sagnier. 

SUR  LA  SURVEILLANCE  DES  ETALONS 

ET  DES  JUMENTS    POULINIÈRES.  —  II. 

Le  bon  accueil  fait  à  ma  dernière  note  sur  la  surveillance  des  éta- 
lons et  des  juments  poulinières,  et  les  lettres  qui  m'ont  été  adressées 
par  des  personnages  éminents  et  des  agronomes  distingués  me  prouvent 
surabondamment  que  je  suis  dans  le  vrai  et  au  cœur  d'une  question 
d'un  intérêt  majeur  pour  l'amélioration  de  notre  production  che- 
valine. 

On  me  dit  cependant  avec  raison,  je  ne  suis  pas  sans  le  savoir,  que 
les  maladies  de  poitrine  (pousse,  cornage^  etc.),  ne  sont  pas  toujours 
dues  à  la  naissance,  mais  qu'elles  ont  souvent  d'autres  origines. 

Ceci  est  parfaitement  vrai,  et  j'avoue  même  que  les  causes  acci- 
dentelles qui  les  produisent  en  deliors  de  l'hérédité  sont  nombreuses 
aussi. 

N'en  ai-je  pas,  du  reste,  indiqué  les  principales  dans  mon  étude 
sur  la  pousse  dont  j'ai  déjà  parlé? 

Mais  je  souiiens  absolument  que  la  mauvaise  santé  des  jeunes  che- 
vaux, qui  n'ont  pas  été  soumis  à  un  travail  exagéré  ou  à  des  mauvais 
traitements,  ne  peut  pas  avoir  d'autres  causes  que  les  maladies  de 
leurs  ascendants. 

C'est  pourquoi  je  pense  qu'en  écartant  de  la  reproduction  les  ani- 
maux atteints  de  maladies  transmissibles,  on  aura  beaucoup  fait  pour 
l'amélioration  de  nos  chevaux,  ce  que   l'on  ne  sera  pas  longtemps  à 


385  L.\  SURVEILLANCE  DES  ETALONS  ET  DES  JUMENTS. 

reconnaître  assurément.  Je  le  répète,  avec  un  peu  de  bon  vouloir  la 
chose  est  facile. 

Notre  agriculture,  si  éprouvée  depuis  quelques  années,  ne  peut  plus 
songer,  momentanément  du  moins,  à  regarder  comme  as^ez  rémunéra- 
trice sa  production  de  céréales,  et  c'est  bien  évidemment  dans  l'éle- 
vage des  animaux  de  bonnes  races  et  dans  des  plantations  fruitières 
qu  elle  doit  aujourd'hui  rechercher  la  planche  de  salut  sur  laquelle 
il  lui  faudra  se  maintenir  en  attendant  des  temps  meilleurs. 

Je  Tai  déjà  dit  plusieurs  fois,  je  ne  saurais  trop  le  répéter,  il  est  ab- 
solument juste  que  le  bien  général  passe  avant  des  intérêts  particu- 
liers, quand  bien  même  ils  seraient  respectables,  ce  qui  n'a  pas  lieu 
dans  ce  cas-là,  il  faut  en  convenir! 

Je  sais  que  quelques  cultivateurs  trouvent  des  avantages  à  faire  re- 
produire leurs  juments  poussives,  mais  c'est  là  tout  simplement  une 
fraude  et  une  source  de  profits  de  mauvais  abi  tout  au  plus  excusable 
chez  de  pauvres  gens  qui,  par  ces  temps  de  gêne,  se  voient  forcés  de 
faire  flèche  de  tout  bois.  Mallieureusement,  il  arrive  chaque  jour  à 
notre  connaissance  que  des  propriétaires  aisés  ne  se  font  également 
aucun  scrupule  de  ré  andre  dans  le  commerce  des  chevaux  issus  de 
leurs  vieilles  juments  devenues  poussives  et  iinpropres  à  tout  service 
autre  que  la  reproduction. 

Et  puis,  sur  les  marchés,  quand  il  sera  admis  dans  les  usages  de 
demander  au  propriétaire  d'un  poulain  mis  en  vente  une  carte  consta- 
tant qu'il  est  né  d'une  mère  exempte  de  vices  trammissibles,  le  culti- 
vateur qui  n'en  sera  pas  muni,  n'arrivant  plus  à  vendre  ses  produits 
qu  après  les  autres  et  difficilement^  finira  avec  le  temps  par  renoncer  à 
ses  vieilles  habitudes,  au  grand  avantage  de  tout  le  monde. 

Nos  chevaux  français  sont  estimés  partout.  On  a  déjà  fait  beaucoup 
pour  eux,  j'en  conviens,  mais  il  reste  encore  beaucoup  à  faire,  tout  Je 
monde  le  sait,  pour  arriver  à  la  perfection,  que  je  ne  crois  pas  impos- 
sible cependant  avec  les  éléments  que  nous  avons  déjà. 

Réunissons  donc  nos  efforts,  laissons  de  côté  la  routine,  travail- 
lons avec  intelligence,  n'hésitons  pas  à  accomplir  les  réformes  né- 
cessaires et  nous  arriverons,  j'en  ai  l'assurance,  à  trouver  dans  notre 
production  chevaline,  qui  sera  bientôt  la  première  du  monde,  des  res- 
sources qui  Viendront  largement  en  aide  à  notre  agriculture. 

Il  se  produira  bien  quelques  résistances  et  quelques  mécontente- 
ments au  début,  cela  ne  fait  pas  de  doute  ;  mais  on  sera  sûr,  dans  tous 
les  cas,  de  voir  les  honnêtes  gens,  7nême  momentanément  lésés,  ap- 
plaudir à  cette  sage  mesure,   et  ce  sera  largement  suffisant,  je  pense. 

É.  Cassé, 

Membre  de  la  Société  d'agriculture  de  l'Eure. 

PISCICULTURE.  -  LE  POISSON  DEFENDU 

Le  28  février,  on  écrivait  au  Journal  de  Genève  : 

«  La  convention  entre  la  Suisse  et  la  France  arrêtant  des  dispositions  uniformes 
sur  la  pêche  dans  les  eaux  frontières  du  28  décembre  18h0  ^signée  Kern  et  Bar- 
thélemy-Saint-Hilaire)  dit  à  son  art.  8  : 

<>.  La  iJC'Che  de  la  fera  est  inlerclile  en  février;  »  et  à  son  arl.  9  :  «  La  défense 
«  pêcher  comporte  celle  d'exporter  le  poisson  provenant  du  lac,  de  le  colporter, 
«  de^  l'exjioser  ea  vente  ou  de  l'acheter.  Toutefois  dans  l'intérêt  de  la  pisciculture 
«  et  sous  RÉSERVE  d'un  CONTROLE  SUFFISANT,  l'autorité  comfétcntti  de  chaque 


PISCICULTURE.  387 

«  Etat,  pourra  donnei',  en  temps  prohibé,  des  autorisations  spéciales  pour  la 
«  pêi'.he  et  la  vente  du  poisson,  après  que  les  clé'aents  de  reproduction  auront  été 
a  urUisés.  » 

«  C'est  catéj^orique  ;  or  ces  jours  l'on  voit  dans -les  rues  circuler  des  écriteaux 
portant  cet  avis  :  «  Fera  à  bun  marché!  »  Les  hiiles  de  l'Ile  et  de  Rive  sont  rem- 
plies de  feras  :  il  suffit  d'en  ouvrir  quelques-unes  pour  voir  qu'elles  sont  pleines 
d'œufs  ! 

«  La  convention  est-elle  ainsi  respectée?  A  quoi  sert-elle?  Où  est  le  contrôle? 
L'autoriié  compétente  a-t-elle  donné  des  autorisations  à  tous  ces  vendeurs,  après 
s'être  assurée  que  IfS  éléments  de  reproduction  ont  été  utilisés.  » 

La  police  ferait  bien  de  faire  respecter  les  conventions  internatio- 
nales, de  mettre  obstacle  au  dépeuplement  du  lac  ;  il  appartenait  à 
Genève,  la  cité  des  grandes  traditions  scientifiques,  de  signaler  un 
abus  qui  n'est  pas  seulement  une  ehontée  violation  des  lois,  mais  une 
énormité  économique.  Les  seuls  coupables  sont  ils  en  Suisse? 

Il  n'est  jamais  inutile  de  signaler  ces  abus,  d'y  revenir  même 
avec  insistance,  de  meitre  la  défense  en  un  mot  à  la  hauteur  de  l'atta- 
que. Depuis  nos  premières  protestations  dans  le  Journal^  à  la  suite  des 
arrêtés  de  M.  de  Freycinet  (voir  la  collection  du  Journal,  n"^  662,  5  no- 
vembre 1879  17  septeiibre  lïsSi ,  21  janvier  1882)  sur  ce  qui  se  pas- 
sait alors  au  Carreau  de  Paris,  nous  avons  eu  la  joie  de  voir,  en  le 
constatant  aussitôt,  que  là  au  moins  si  le  mal  n'avait  entièrement 
disparu,  grâce  à  la  vigilance  des  agents  de  l'administration,  il  était 
obligé  de  se  cacher. 

Espérons  que  la  publicité  donnée  à  la  plainte  ci-dessus  mettra  en 
éveil  nos  administrateurs  de  la  Savoie  et  arrêtera  un  vandalisme  aussi 
imprévoyant  qu'ignorant. 

La  première  condition  de  tout  succès  dans  cette  importante  question 
du  repeuplement  de  nos  eaux  doit  être  avant  tout  de  savoir  se  servir 
des  moyens  qu'on  a  eu  tant  de  peine  à  mettre  entre  les  mains  de  l'au- 
torité et,  quelque  incomplets  qu'ils  soient,  en  tirer  le  meilleur  parti 
possible,  comme  l'ont  si  bien  su  faire  M>L  les  préfets  du  Doubs,  de  la 
Marne,  de  la  Somme,  etc. 

Cette  fera,  savaret,  bondelle,  bangfisch  palœa,  bref  ce  Coregonus 
albus,  sur  lequel  on  a  fait  trente  ans  durant  de  six  beaux  rêves  à  l'Hu- 
ningue  français,  ne  nous  intéresse  que  médiocrement  au  point  de  vue 
de  la  pisciculture  artificielle. 

Depuis  plus  de  trente  ans,  nous  demandons  à  voir  un  adulte  de  ce 
si  délicat  poisson,  produit  authentique  d'une  fécondation. 

Malgré  le  bruit  qu  en  ce  moment  même  on  fait  en  Amérique  autour 
de  lui,  où  on  vient  de  lui  consacrer  au  Canada  un  établissement  spécial 
d'élevage  dans  des  eaux  et  conditions  évidemment  spéciales  ;  malgré 
les  Fnjes  que  nous  vîmes  vivants  à  l'exposition  de  pisciculture  d'Elini- 
bourg  provenant  de  Nikolsky,  nous  pers^istons  à  croire  qu'au  point  de 
vue  pratique  nous  avons  mieux  à  faire  qu'à  nous  attarder  dans  une 
direction  que  le  laboratoire  piscicole  éclairera  peut-être  prochaine- 
ment, mais  dans  laquelle,  à  ce  jour,  rien  de  sérieux  et  d'utile  n'est 
sorti  de  ce  que  nous  avons  fait. 

Le  Coregonus  albus  des   Américains,  le  fry  des  Russes  sont  ils  fera, 

savaret,  etc.,  l'agoni  et  le  withbait  sont-ils  harengs,  sardines,  aloses? 

Sont-ils  dieu,  marbre  ou  cuvette?  Ce  que  nous  savons,  c'est  qu'à  ce 

jour  les  coregones  de  nos  eaux  sont  à  étudier  comme  il  y  a  vingt-cinq 

ans. 

Les   Américains   qui    nous    ont  envoyé  le  Quinnat    réussi,    nous 


388  PISCICULTURE. 

adresseront-ils  bientôt  une  fera  domestiquée  enfin;  espérons-le,  mais 
en  attendant  ne  nous  attardons  pas,  au  point  de  vue  pratique,  à  une 
espèce  qui  ne  nous  a  pas  livré  le  secret  de  son  éducation  comme  ses 
plus  proches  parents,  les  salmonidés. 

Protégeons-la  dans  ses  milieux  naturels  comme  le  demande  le  bon 
citoyen  dont  nous  commentons  la  plainte  ci-dessus^  mais  espérons  de 
plus  efficaces  et  radicaux  moyens  de  punir  la  fraude,  en  ne  perdant 
jamais  de  l'œil  le  fils  de  l'ignorance  ou  du  vice  :  le  braconnier  I 

Chabot-Kaulen, 

Membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture. 

LA  BOULANaERIE  A  PARIS 

On  a  souvent  remarqué  que  le  prix  du  pain  a  constamment  monté 
à  Paris  depuis  vingt  ans,  tandis  que  le  prix  du  blé  n'a  subi  que  des 
variations  insignifiante^.  Le  pain  livré  aujourd'hui  à  la  consommation 
parisienne  est  excellent  ;  il  se  compose  pour  plus  de  la  moitié  de  pain 
de  fantaisie  et  de  pain  de  luxe.  La  boulangerie  est  presque  une  indus- 
trie luxueuse  comme  la  pâtisserie  ;  elle  est  installée  dans  de  beaux 
magasins  où  on  ne  voit  que  des  tables  de  marbre.  On  comprendrait 
à  la  rigueur  que  dans  les  quartiers  riches  le  pain  se  vendit  plus  cher 
que  dans  les  autres,  parce  que  les  boulangers  y  ont  des  frais  généraux 
plus  élevés;  et  cependant  ii  ne  faut  pas  oublier  que  cet  excédent  de 
dépenses  doit  être  compensé  par  le  prix  de  vente  du  pain  de  fantaisie 
et  du  pain  de  luxe  qu'on  y  consomme  spécialement  et  sur  lesquels 
les  bénéfices  sont  plus  considérables.  Quelles  sont  les  causes  de  ce 
renchérissement  du  pain?  C'est  ce  que  nous  allons  examiner.  Nous 
nous  servirons  des  données  qu'a  publiées  un  ingénieur  bien  connu, 
M.  Armengaud  aîné,  dans  une  intéressante  brochure  Meunerie  et 
Boulangerie^ . 

La  boulangerie  est  encore  aujourd'hui  une  industrie  fort  arriérée 
Tandis  qu'on  emploie  partout  les  moyens  mécaniques,  elle  travaille 
avec  les  mains  pour  pétrir  la  pâte,  avec  les  fours  primitifs  pour  la 
cuire.  Autrefois  on  attribuait  cette  infériorité  à  la  réglementation. 
L'année  1863  a  vu  naître  la  liberté  de  la  boulangerie.  On  croyait  alors 
que  l'industrie  appliquerait  des  procédés  perfectionnés  permettant  de 
réaliser  des  bénéfices  qui  profiteraient  au  consommateur.  Au  bout  de 
vingt  ans,  le  progrès  est  nul.  On  répète  encore  le  vieux  dicton  :  <f  La 
mécanique  ne  vaut  rien  pour  fabriquer  le  pain  ;  il  n'y  a  que  les  bras 
qui  puissent  le  faire.  »  On  dit  surtout  que  l'application  des  machines 
n'est  pas  facile,  que  les  locaux  sont  trop  petits,  etc.  Autant  de  mots, 
autant  d'erreurs.  Cette  objection  aurait  pu  être  soulevée,  lorsque  le 
boulanger  était  à  la  fois  son  propre  gindre  et  son  patron,  pétrissait, 
cuisait  et  vendait  sa  marchandise  avec  l'aide  de  sa  femme,  ainsi  que 
cela  se  fait  dans  les  villages.  Mais  aujourd'hui  que  le  patron  ne  travaille 
plus  de  ses  mains,  et  est  suffisamment  occupé  par  l'achat,  la  vente  et 
la  surveillance,  elle  n'a  pas  la  moindre  portée.  Le  personnel  d'un 
fournil  de  moyenne  importance  comprend  trois  ouvriers  ;  le  servi  ce  de 
la  vente  se  fait  par  le  maître  et  sa  femme  secondés  par  une  porleuse. 

Un  pétrin  mécanique  n'exige  pas  plus  d'emplacement  que  le  pétrin 
ordinaire  à  bras,  et  aujourd'hui  on  possède  des  petits  moteurs  qui  se 
logent  dans  un  coin.  Les  fours  devraient  être  disposés  de  manière  à  ne 

1.  Librairie  technologique  Armeugaud,  45,  rue  Saiut-SébasUen.  Pans. 


LA.  BOULANGERIE  A  PARIS.  389 

brûler  que  de  la  houille  et  du  coke.  Il  est  ridicule  de  chauffer  en  1883 
les  fours  par  l'intérieur,  ce  qui  force  l'ouvrier  à  chaque  cuisson  de  les 
réchauffer  et  de  les  nettoyer,  et  produit  d'énormes  perles  de  temps  et 
de  combustible. 

Ce  ne  sont  pas  les  inventeurs  qui  ont  fait  défaut.  Depuis  l'expo- 
sition de  1 867  on  connaît  des  appareils  dont  on  peut  affirmer  la  supé- 
riorité. Plusieurs  établissements,  entre  autres  les  manutentions  mili- 
taires, se  servent  avec  succès  de  ces  engins  perfectionnés.  La  fabrication 
du  pain  faite  mécaniquement  est  plus  avantageuse  et  plus  propre  que 
la  fabrication  à  la  main.  Voilà  un  fait  acquis. 

Depuis  1863  le  nombre  des  boulangers  a  augmenté  ;  chaque  atelier 
ayant  moins  de  travail  répartit  ses  dépenses  sur  moins  de  produits. 
Le  prix  du  blé  n'augmente  pas,  et  le  prix  du  pain  augmente  toujours. 
Ce  renchérissement  cessera  le  jour  oii  la  boulangerie  réalisera  des 
économies  sur  la  main-d'œuvre  et  le  combustible. 

Donnons  quelques  chiffres  relatifs  au  nombre  des  boulangers.  Un 
décret  de  1854  fixa  le  nombre  des  boulangers  à  601  pour  Paris  ;  on 
admettait  un  boulanger  par  1,800  âmes.  Après  l'annexion  de  la  ban- 
lieue, le  nombre  des  boulangers  fut  élevé  à  907.  Au  moment  où  on 
établit  la  liberté,  Paris  comptait  encore  907  boulangeries;  le  chiffre 
monte  à  1,400  en  1874,  à  1,523  en  1878,  à  1,586  en  1880.  Comme 
la  population  parisienne  n'a  pas  augmenté  dans  la  même  proportion, 
la  moyenne  des  quantités  de  farine  élaborées  par  chaque  fournil  est 
notablement  réduite.  On  compte  aujourd'hui  1,300  bouches  par  bou- 
langerie. La  quantité  moyenue  de  farine  employée  par  chaque  atelier 
n'est  p!us  que  de  430  à  450  kilog.  au  lieu  de  600  à  640. 

Chaque  boulanger  est  grevé  en  moyenne,  d'après  les  calculs  de  M.  Ar- 
mengaud,  de  la  somme  de  30  francs  par  jour  de  frais  générnux  fixes. 
A  ces  frais  généraux,  il  faut  ajouter  '20  francs  de  frais  de  fabrication. 
Les  frais  d'une  boulangerie  moyenne  opérant  sur  400  kilog.  de  farine 
atteignent  donc  50  francs,  qui,  répartis  sur  une  fabrication  de  530  kilog. 
de  pain,  représentent  9  centimes  et  demi  par  kilog.  M,  Armengaud  établit 
(page  38)  que  dans  les  huit  derniers  mois  de  1877  et  les  six  premiers 
mois  de  1878,  le  consommateur  a  payé  en  moyenne  0  fr.  /i5  le  kilo- 
gramme de  pain  réglementaire,  tandis  que  sous  le  régime  de  la  taxe, 
avant  1863,  il  ne  l'aurait  payé  que  0  fr.  38.  Ces  chiffres  sont 
irréfutables. 

Qiie  conclure?  Qu'il  faut  revenir  à  la  taxe  ?  Non,  raille  fois  non; 
nous  sommes  trop  partisans  de  la  liberté  pour  prêcher  une  hérésie  éco- 
nomique. Nous  prétendons  qu'on  doit  changer  les  conditions  indus- 
trielles. Aux  petits  ateliers  écrasés  par  les  frais  généraux,  substituons 
de  grands  ateliers  économisant  sur  la  main-d'œuvre,  le  combustible,  etc.  ; 
créons  des  boulangeries  industrielles  travaillant  à  bon  marché.  L'éta- 
blissement de  maisons  importantes  n'empêcherait  nullement  le  fonc- 
tionnement de  boulangeries  moyennes  fabriquant  surtout  le  pain  de 
luxe.  Paul  MuLLER. 

SUR  LE  CONCOURS  DE  REPRODUCTEURS  DE  PARIS 

Monsieur  le  directeur  et  cher  confrère,  vous  avez  publié  dans  votre 
Journal,  différents  articles  de>L  de  la  Tréhonnais,  relatifs  au  concours 
général  de  Paris. 


390  CONCOURS  DE  REPRODUCTEURS  DE  PARIS. 

Dans  ces  articles  je  remarque  plusieurs  assertions  auxquelles  je  tiens 
à  répondre. 

M.  de  la  Tréhonnais  constate  d'abord  la  magnificence  du  concours 
des  Champs-Elysées;  il  montre  l'extension  croissante  de  cette  grande 
exhibition,  il  signale  le  nombre  absolument  inusité  de  visiteurs  qui 
l'ont  parcourue,  et  il  rend  un  hommage  bien  mérité  au  ministère  de 
l'agriculture,  organisateur  de  ce  concours.  Sur  tous  ces  points  nous 
sommes  avec  lui  en  parfaite  communauté  d'idées,  mais  où  nos  diver- 
gences commencent,  c'est  quand  votre  correspondant  formule  ses 
idées,  sur  l'organisation  des  futurs  concours  généraux,  et  quand  il 
apprécie  le  rôle  joué  par  la  Société  des  agriculteurs  de  France  dans 
celui  qui  vient  de  finir. 

M.  de  la  Tréhonnais  soutient  que  la  date  du  carnaval  n'est  pas 
favorable  à  l'exhibition  des  animaux  reproducteurs,  et  il  ajoute  que 
l'annexion  de  cette  exhibition  à  celle  des  animaux  gras  est  une  mau- 
vaise mesure. 

Je  ne  m'arrêterai  pas  à  discuter  les  difficultés  que  présente,  d'après 
M.  de  la  Tréhonnais,  le  transport  des  animaux  en  hiver,  et  Tobliga- 
tion  oii  l'on  peut  se  trouver  de  leur  mettre  des  couvertures  dans 
l'enceinte  du  palais;  nous  ne  sommes  pas  heureusement  en  Sibérie, 
et  avec  l'état  actuel  de  nos  transports,  il  n'est  pas  douteux  qu'il  sera 
toujours  possible  de  conduire  des  animaux  jusqu'à  Paris.  La  seule 
question  à  étudier  est  de  savoir  si  l'époque  du  carnaval  est  une  date 
favorable  pour  la  vente  des  reproducteurs. 

Sur  ce  point,  il  me  semble  que  les  usages  de  l'élevage  français  ne 
laissent  aucun  doute;  c'est  presque  toujours  en  hiver  que  nos  agricul- 
teurs font  leurs  achats  d'étalons,  et  c'est  pour  se  conformer  à  leurs 
habitudes,  que  les  ventes  de  reproducteurs  des  vacheries  de  l'état, 
soit  au  Pin,  soit  à  Corbon,  ont  toujours  eu  lieu  avant  le  printemps. 

Un  autre  argument  non  moins  concluant  à  donner  en  faveur  de  la 
date  choisie  par  le  ministère  de  l'agriculture,  c'est  le  succès  merveil- 
leux du  concours-vente,  organisé  par  la  Société  d'agriculture  de  la 
Nièvre.  Tout  le  monde  sait  que  le  concours  de  cette  Société,  créé  sur 
l'initiative  et  par  les  soins  de  son  président  le  comte  de  Bouille,  a  lieu 
au  mois  de  janvier,  et  qu'il  est  devenu  le  marché  le  plus  important  de 
reproducteurs  qui  existe  à  ce  jour  en  France.  Pourquoi  semblable 
succès  ne  serait-il  pas  réservé  au  concours  général  de  Paris? 

Même  réponse  à  donner  relativement  à  la  connexité  du  concours 
des  animaux  gras,  avec  celui  des  animaux  reproducteurs;  à  Nevers, 
les  deux  exhibitions  sont  simultanées,  et  il  a  toujours  été  admis  que 
cette  simultanéité  était  une  des  causes  principales  de  leur  succès. 

En  effet  l'étude  des  animaux  de  boucherie  comparée  à  celle  des  repro- 
ducteurs, donne  les  plus  utiles  enseignements,  et  ces  enseignements, 
nous  en  avons  besoin  pour  guider  les  opérations  de  notre  élevage. 

Un  autre  motif  non  moins  important  à  signaler  en  faveur  de  la  con- 
centration des  concours,  c'est  l'avantage  de  réunir  sur  un  seul  point, 
et  à  une  môme  époque  des  hommes  qui  ont  besoin  de  ménager  leur 
temps  et  leur  argent,  mais  qui  doivent  rechercher  toutes  les  occasions 
de  se  mettre  en  contact  les  uns  avec  les  autres.  Rien  ne  peut  être  plus 
favorable  à  la  réalisation  de  cette  nécessité  professionnelle,  que 
l'attraction  de  trois  concours,  jointe  à  celle  des  grands  congrès  agri- 
coles toujours  convoqués  pour  cette  même  date. 


CONCOURS  DS  REPRODUCTEURS  DE  PARIS.  391 

Puis  enfin  si  l'on  veut  tenir  compte  de  la  nécessité  d'appeler  un 
public  nombreux  dans  l'enceinte  de  nos  solennités  agricoles,  on  com- 
prendra qu'au  lieu  de  multiplier  ces  solennités,  il  faut  les  développer 
et  chercher  à  séduire  les  foules  par  l'aspect  d'un  spectacle  attrayant, 
à  l'aide  duquel  on  captive  les  nouveaux  adhérents^  tout  en  créant  les 
grosses  recettes. 

J'arrive  maintenant  au  jugement  porté  par  M.  de  la  Tréhonnais  sur 
Tintervenlion  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France  dans  la  création 
du  concours  des  reproducteurs,  et  sur  la  forme  que  cette  Société  a 
donné  aux  encouragements  distribués  par  elle. 

M.  de  la  Tréhonnais  s'exprime  ainsi,  en  parlant  des  primes  de 
monte  : 

(Journal  de  V agriculture,  n"  du  3  mars  1883,  page  341)  :  «  Est-il 
«  possible  de  rien  concevoir  de  plus  saugrenu,  et  comme  je  l'ai 
«  dit  dans  mon  dernier  article;,  de  plus  ridicule?  etc.  »,  que  ces 
primes. 

Je  ne  veux  pas  qualifier  les  termes  dont  se  sert  M.  de  la  Tréhonnais, 
mais  je  suppose  que  mes  lecteurs  estiment  comme  moi  qu'ils  sont 
peu  conformes  à  ceux  que  les  usages  de  la  politesse  la  plus  vulgaire 
permettent  d'employer  en  pareille  circonstance.  La  Société  des  agri- 
culteurs de  France  est  la  plus  importante  de  nos  Sociétés  agricoles; 
elle  se  compose  de  près  de  5,000  membres,  elle  compte  dans  ses 
rangs  les  plus  grandes  illustrations,  comment  admettre  qu'un  de  ses 
membres  vienne  de  sa  propre  autorité  traiter  de  saugrenues  et  de  ridi- 
cules, des  opérations  étudiées  avec  soin,  arrêtées  par  le  grand  conseil 
et  votées  par  l'assemblée  générale. 

Quoi  qu'il  en  soit,  M.  de  la  Tréhonnais  continue  son  argumentation 
et  il  ajoute  (même  page  341)  :  «  Supposons  que  j'aie  un  voisin  dont 
(f  l'étable  est  fort  inférieure  à  la  mienne.  Il  a  mené  ses  taureaux  au 
t<  concours  d'étalons,  moi  j'ai  gardé  les  miens  pour  une  raison  ou 
(c  pour  une  autre.  Ses  taureaux  reviennent  avec  des  cartes  de  primes, 
«  dont  il  se  fait  naturellement  une  réclame;  les  animaux  ont  facile- 
«  ment  triomphé  sur  un  ensemble  de  médiocrité.  Un  troisième  voisin 
«  arrive  avec  une  vache  à  saillir;  il  dédaigne  naturellement  mes  tau- 
«  reaux,  bien  qu'ils  soient  infiniment  supérieurs  à  ceux  de  mon 
ce  voisin,  parce  que  celui-ci  aura  fixé  à  sa  porte  le  signe  de  la  prime 
(c  qu'il  aura  gagnée  ». 

Quelle  conclusion  peut-on  tirer  de  cet  exemple?  Une  seule  :  c'est 
que  le  cas  visé  par  M.  de  la  Tréhonnais,  s'il  venait  à  se  réaliser,  serait 
désagréable  pour  lui,  mais  qu'il  ne  compromettrait  en  rien  l'élevage 
français.  En  effet,  de  ce  qu'un  étalon  est  inférieur  à  un  autre,  il  ne 
s'ensuit  pas  que  ce  dernier  soit  forcément  mauvais.  Pareilles  situations 
se  rencontrent  à  chaque  instant  dans  les  stations  de  chevaux  ;  un  éta- 
lon de  grand  ordre  est  déplacé;  cet  étalon  n'est  pas  toujours  approuvé  ; 
s'il  est  approuvé,  son  titre  devient  nul  par  le  fait  du  déplacement  ; 
il  arrive  dans  une  localité  où  des  étalons  approuvés,  d'un  ordre  infé- 
rieur au  sien,  font  la  monte;  personne  ne  se  préoccupe  de  cette  ano- 
malie et  surtout  personne  n'a  l'idée  d'en  tirer  une  argumentation  con- 
tre le  régime  de  l'approbation,  qui  a  rendu  et  rend  tous  les  jours  à 
l'élevage  des  services  absolument  incontestés. 

L'application  aux  taureaux  du  système  des  primes  de  monte  adopté 
pour  les  chevaux,  loin  d'être  critiqué  par  les  agriculteurs,  est  au  con- 


392  CONCOURS  DE  REPRODUCTEURS  DE  PARIS. 

traire  vivement  désiré  par  beaucoup  d'entre  eux.  Nombre  de  Sociétés 
d'agricullure  s'en  occupent  ;  je  puis  citer  ici  un  exemple,  pris  dans 
mon  voisinage,  celui  de  la  Société  d'agriculture  de  Montbrison. 

Sur  la  proposition  de  M.  de  la  Plagne,  agriculteur  aux  Penauds, 
cette  Société,  présidée  par  M.  de  Qiiirielle,  a  arrêté  dès  l'année  der- 
nière, et  avant  de  connaître  le  concours  ouvert  par  la  Société  des  agri- 
culteurs de  France,  que  toutes  les  primes  anciennes,  attribuées  par 
elle  aux  reproducteurs  mâles,  seraient  à  l'avenir  supprimées^  et  rem- 
placées par  des  primes  de  monte.  La  première  application  de  cette 
mesure  doit  être  faite  cette  année. 

De  tout  ce  qui  précède,  je  tire  les  conclusions  suivantes  : 

I  °  Il  est  à  désirer  que  le  ministère  de  l'agriculture  maintienne  le  prin- 
cipe du  concours  annuel  d'animaux  reproducteurs,  qu'il  développe  ce 
concours  le  plus  possible,  et  qu'il  le  laisse  joint  aux  concours  d'ani- 
maux gras  et  de  machines  tenus,  chaque  année,  à  Paris,  pendant  le 
carnaval. 

2°  Il  est  à  désirer  que  la  Société  des  agriculteurs  de  France  et  toutes 
les  Sociétés  locales  d'agriculture  de  France  adoptent  le  système  des 
primes  de  monte,  et  arrivent  à  multiplier  le  nombre  de  ces  primes,  de 
façon  à  répondre  à  l'un  des  besoins  les  plus  pressants  de  notre  élevage. 

3°  Il  est  à  désirer  que  le  gouvernement,  d'un  côté,  et  les  Sociétés 
d'agriculture,  d'un  autre,  provoquent  partout  oii  il  y  a  des  types  de 
races  à  conserver,  la  création  des  livres  généalogiques  appelés  herd- 
book,  et  excluent  de  leurs  primes  de  reproducteurs,  tous  les  animaux 
qui  ne  seront  pas  inscrits  autlientiquement  comme  appartenant  à  une 
race  pure. 

Veuillez  agréer,  Marquis  de  Poncins, 

Membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture. 

M.  LALIMAN  Eï  LE  PHYLLOXERA 

Depuis  quelque  temps  on  a  pu  lire  dans  différents  journaux,  notam- 
ment dans  la  Chronique  vinicote  universelle,  des  articles  signés  par 
M.  Laliman,  sur  la  prétendue  importation  du  phylloxéra  en  Hongrie 
et  en  Italie  par  des  plants  racines  de  vignes  américaines  ;  mon  nom 
y  a  été  mêlé,  et  si  je  n'ai  pas  répondu  plus  tôt  aux  assertions  plus 
qu'erronées  de  M.  Laliman,  c'est  que  j'avais  la  certitude  que  personne 
ne  prendrait  au  sérieux  les  affirmations  du  viticulteur  du  château  de 
la  Tourrate. 

Une  lettre  que  je  reçois  d'FiSpagne  d'un  ami  de  M.  Laliman  m'oblige 
à  rompre  le  silence  qui  a  pu  étonner  quelques-uns  de  mes  amis. 
Cette  lettre  contient  le  passage  suivant  :  «  J'ai  ouï  dire  que  vous  avez 
vendu  réellement  2,000  racines  de  Taylor  à  M.  Cavazza...  »  (M.  Lali- 
man dans  son  premier  article  parlait  même  de  20,000  plants  racines). 

Je  déclare  donc  qu^il  est  faux  que  j'ai  envoyé  à  M.  Cavazza  des 
Taylor  racines.  Cet  envoi  fait  à  Monte-Cristo  se  réduit  à  4,000  simples 
boutures  desquelles  on  avait  éloigné  tout  le  vieux  bois,  et  qui  ont  été 
emballées  le  jour  même  où  on  les  a  coupées. 

//  est  faux  aussi  que  j'ai  envoyé  à  M.  le  D'  Horvath  des  plants 
racines  de  divers  cépages.  Les  plants  expédiés  en  Hongrie  étaient  de 
simples  boutures  soigneusement  triées  et  sans  la  moindre  parcelle  de 
vieux  bois.  Ces  boutures,  emballées  dans  du  marc  de  raisin  décom- 
posé^ sont  restées  près  de  trois  mois  en  route  par  suite  d'une  erreur 


M.  LALIMAN  ET  LE  PHYLLOXERA. ^  393 

de  la  douane  autrichienne  à  Trieste.  A  leur  arrivée  à  Budapesth, 
beaucoup  de  ces  boutures  étaient  mortes,  mais  un  certain  nombre 
qui  se  trouvaient  à  côté  d'un  sac  de  sable  d'Aigues-Mortcs  et  dont  le 
contenu  s'était  répandj  dans  la  caisse,  avaient  poussé  des  racines 
sous  l'influence  de  l'humidité  de  l'emballage.  Le  sable  avait  été  cal- 
ciné auparavant  pour  en  éloigner  toute  trace  du  phylloxéra,  et  il  n'est 
pas  admissible  qu'il  s'en  trouvait  dans  le  marc  de  raisin.  Il  me  semble 
qu'il  devait  donc  être  hors  de  doute  pour  tout  le  monde,  excepté  pour 
M.  Laliman  peut-être,  que  les  phylloxéras  trouvés  sur  les  radicslles 
qui  s'étaient  formées  dans  la  caisse  provenaient  de  simples  boutures. 
Mais  pour  éviter  le  moindre  doute  à  ce  sujet,  j'ai  fait  l'expérience 
suivante  qu'on  pourra  répéter  même  au  château  de  la  Tourrate. 

Cette  expérience  consiste  tout  simplement  dans  la  réédition  de  mon 
envoi  fait  au  D""  Horvath;  seulement,  pour  tenir  compte  du  tait  que 
la  température  joué  un  grand  rôle  dans  l'éclosion  des  insectes,  j'ai 
emballé  des  boutures  dans  deux  différentes  caisses,  dont  l'une  a  été 
déposée  à  un  endroit  chaud  oi!i  la  température  n'est  jamais  descendue 
au-dessous  de  12  degrés,  tandis  que  l'autre  est  restée  sous  l'influence 
de  la  température  extérieure.  Au  bout  de  trois  mois,  j'ai  ouvert  les 
deux  caisses  :  dans  celle  restée  en  plein  air  les  boutures  étaient  assez 
bien  conservées  et  ne  montraient  pas  la  moindre  trace  de  radicelles, 
mais  dans  l'autre  la  plupart  des  boutures  étaient  moisies  et  celles 
seulement  qui  touchaient  le  sable  (dont  l'enveloppe  était  pourrie)  se 
trouvaient  en  bon  état  de  conservation  et  avaient  poussé  des  radicelles 
couvertes  de  phylloxéra  et  de  nodosités.  Tous  les  cépages  ne  déve- 
loppent pas  avec  la  même  facilité  des  radicelles,  et  tandis  qu'il  y  en 
avait  beaucoup  sur  les  Elvira,  Taylor  et  hybrides  de  Roger,  on  en 
trouvait  point  sur  les  Jacquez,  Herbemont  et  Neosho  ;  je  crois  aussi 
que  l'écorce  lisse  des  œstivalis  se  prête  moins  au  transport  du  phyl- 
loxéra que  celle  plus  rugueuse  d'autres  cépages. 

J'ai  la  conviction  que  le  phylloxéra  peut  être  transporté  d'un  pays 
à  un  autre  par  de  simples  boutures,  et  il  est  plus  que  probable  qu'il 
a  été  importé  d'Amérique  de  cette  manière,  quoi  qu'en  dise  M.  Lali- 
man, qui  a  des  raisons  toutes  particulières  pour  soutenir  le  contraire. 

Louis  Reich. 

SITUATION  AaPJGOLE  DANS  LA  GIRONDE 

Le  rang  qu'occupe  le  mois  de  février,  dans  l'année  agricole  :  sa  courte  durée, 
l'état  encore  passif  de  la  végétation,  son  rôle  de  transition  entre  deux  importantes 
saisons,  l'hiver  et  le  printemps,  enfin  sa  participation  trop  complète  à  celle  qui 
finit  ou  à  celle  qui  commence,  tout  cela  ne  laisse  pas  que  de  lui  donner  parfois 
une  certaine  influence  et  de  préoccuper  les  cultivateurs.  Ainsi  qu'on  a  pu  le  remir- 
quer  cette  année,  cette  préoccupation  a  été  d'abord  vive  et  n'a  cessé  que  le  19, 
premier  jour  du  beau  temps  qui  a  occupé  le  reste  de  ce  mois. 

On  comprend  eifectivement  combien  eût  été  dangereuse  la  continuation  du 
régime  pluvieux  des  mois  précédents  :  juillet,  août,  septembre,  octobre,  novembre, 
décembre  et  même  janvier.  G'eiit  été  la  continuation  de  l'impossibilité  de  préparer 
les  terres  destinées  aux  céréales,  la  continuation  de  cet  important  travail.  Heu- 
reusement, tout  cola  a  pu  être  repris  et  continué  et  sera,  sur  la  plus  grande 
échelle,  la  tentative  d'une  manière  d'opérer  qui  n'est  ni  de  notre  climat,  ni  dans 
nos  habitU'ies. 

La  taille  de  la  vigne  est  aussi  un  travail  auquel  il  couvenait  de  songer.  Le 
retour  du  beau  temps  et  sa  coutiQuation,  jus  ju'au  moment  où  nous  écrivons  ces 
lignes,  l'a  rendu  possible  et  facile.  Espérons  (fu'il  n'agira  pas  trop  énergiquement 
sur  sa  tendance  déjà  remarquée  en  précocité.  Aug.  Petit-Lafitte. 


394  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'AGRIGULTQRE  DE  FRANCE. 


SOCIÉTÉ    NATIONALE    D'AGRICULTURE 

Séance  du  7  mars  1883.  — ■  Présidence  de  M.  Chevreul. 

M.  le  ministre  de  l'agriculture  envoie  l'ampliation  du  décret  qui 
approuve  Télection  de  M.  Ghabot-Karlen  comme  membre  associé. 
Celui-ci  adresse  ses  remercîments  pour  son  élection. 

M.  Sacc,  correspondant,  adresse  de  Buenos-Ayres  une  note  sur  le 
maïs  blanc  des  Incas  cultivé  en  Bolivie,  sur  les  troupeaux  d'alpacas, 
et  sur  la  production  de  l'aracacha. 

M.  P.  Renard  adresse  le  questionnaire  sur  la  culture  de  la  vigne 
qu'il  vient  de  publier^  et  M.  Maynard  envoie  une  note  sur  son  sys- 
tème de  reconstitution  des  vignes  françaises  phylloxérées. 

M.  Renou  présente  le  résumé  des  observations  météorologiques 
faites  au  parc  Saint-Maur  pendant  le  mois  de  février. 

M,  Muret  fait  une  communication  sur  les  résultats  des  vaccinations 
opérées  d'après  le  système  de  M.  Pasteur  sur  sa  ferme  de  Noyen 
(Seine-et-Marne)  Il  résulte  de  ses  observations  que  407  moutons  et 
brebis,  vaccinés  au  mois  d'août  1881,  ont  conservé  jusqu'ici  l'immu- 
nité que  la  vaccination  leur  avait  fait  acquérir  contre  le  sang  de  rate. 
M.  Muret  cite  aussi  les  nombreuses  vaccinations  opérées  par  M.  Huot, 
vétérinaire  à  Trénel  (Aube)  ;  ces  vaccinations  ont  porté  sur  8,000  mou- 
tons environ  et  1,000  bêtes  à  cornes;  elles  ont  été  couronnées 
d'un  complet  succès.  A  cette  occasion,  M.  Barrai  demande  que  la 
Société  prenne  l'initiative  d'une  vaste  enquête  sur  les  résultats  des 
nombreuses  expériences  qui  ont  été  faites  depuis  deux  ans,  dans 
beaucoup  de  départements.  M.  Pasteur  fait  observer  que  la  durée  de 
l'immunité  dépend  beaucoup  des  individus,  et  qu'il  serait  imprudent 
de  formuler  une  loi  absolue  applicable  à  tous  les  animaux  d'une  même 
race;  il  croit  d'ailleurs  qu'il  n'y  a  que  profit  à  adopter  le  projet  sug- 
géré par  M.  Barrai. 

M.  Pasteur  donne  ensuite  quelques  détails  sur  les  recherches  aux- 
quelles il  se  livre  sur  la  rage.  Dans  ces  études,  la  grande  difficulté 
était  d  obtenir  un  procédé  qui  permît  d'inoculer  à  coup  sûr  la  rage  et 
d'en  provoquer  le  développement  rapide.  M.  Pasteur  a  trouvé  que  le 
moyen  certain  est  de  trépaner  les  animaux  et  d'introduire  sous  la 
dure-mère,  qui  est,  comme  l'on  sait,  une  des  enveloppes  du  cerveau, 
le  virus  rabique  à  l'état  de  grande  pureté.  La  salive  des  animaux 
atteints  de  la  rage  ne  fournit  pas  un  virus  suffisamment  pur;  il  faut 
prendre  le  virus  dans  les  cavités  des  glandes  et  à  la  partie  périphé- 
rique des  nerfs.  M.  Pasteur  espère  que  les  études  auxquelles  il  se  livre 
auront  pour  résultat  de  donner  le  moyen  de  préserver  les  chiens  de  la 
rage,  et  par  conséquent  d'empêcher  cette  maladie  de  se  développer. 
La  Société  procède  à  l'élection  d'un  membre  titulaire  dans  la  Sec- 
tion de  grande  culture.  M.  Boitel  est  élu.  Henry  Sagnier. 

REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(10  MARS  lb83). 
I.  —  Situation  générale. 
Il  y  a  un  grand  calme  dans  les  transactions  sur  la  plupart  des   marchés  agri- 
coles. Les  olïres  de  la  culture  sont  peu  importantes,  comme  la  semaine  précédente. 

II.  —  Les  grains  et  les  farines. 
Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal  métrique, 
sur  les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger  : 


REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT  (10  MARS  1883). 


Calvados.  Con  dé 'iâ . 

—  Caen 23. 

Côt.-da-I\'ord.  Lannion..  23. 

—        Tréguier.  23. 

Finislcrc.  Morl.ux 24 . 

—  Quimper 23. 

llle-el-Vilaine.  Hennés..  24. 

—        Fougères  . .  23. 

Manches.  Avranclies. ..  20. 

—  Pontoison.. . .  28. 

—  Villedieu 2S. 

Mayenne.  Laval 'ib. 

—  Châteaii-Gontier.  25. 
Morbihan.  Hennebont,.  24. 
Oï'ne.  A lençon 2G. 

—  Fiers 24. 

Sarthe.  Le  Mans 2G. 

—  Mamers 26. 

Prix  moyens 25.: 

2°  nÉGION.  — 

Aisne.  Soissons 24. 

—  Saint-Quentin...  24. 

—  Villers-Cotterets.  22. 
Eure.    Bernay.   24. 

—  Damville 23. 

—  Nenbourg 23 

Eure-et-Loir.  Chartres..  23. 

—  Anneau 24 

—  Nogent-le-Rotrou.  25 
Nord.  Ciiiibrai 25 

—  Lille 27. 

Valeneiennes 25. 

Beauvais 22. 

—  Compiègne 21. 

—  Noyon 23. 

Pas-de-Calais.  Arras...  27. 

—  Donllens 24. 

Seine.  Pans 25. 

S.-et-Mar.  Welun 25. 

—  Montereau 24. 

—  Provins 24 

S.-ei-Oise.  EUmpes 24 

—  Pontoise 23 

—  Versailles 23 

Seine-Inférieure.  Rouen.  23 

—  Dieppe 23 

—  Fécamo 23 

So(n?)ifi.  Amiens 23 

—  Péronne 23 

—  Roye 22 

Prix  moyens 24. 


NOnO. OUEST. 

Blé.  Seigle.  Orge. 

fr.  fr.  fr. 

25.00  10.50  18   50 

25 .  50  »              » 

23.25  »  14.75 

23.50  18.00  16.00 

24.25  »  l5.50 

23.50  17.00  10.00 

24.75  »  15.50 


21.00 

» 
16  50 
17.25 
17.00 
13.20 
15.50 

» 


18.50 
19  00 
18.75 
15.30 
16.25 

18.75 
19.00 
15.50 


Avoine. 

fr. 

21.00 

18.75 
16.75 
15.75 
10.00 
17.50 
16.50 
20.00 
21.00 
22.00 

17.00 
20.00 
20.50 
17.50 
21.25 


12     17. 4  i     16.93      18.76 


Oise. 


15.50 
16. 1)0 
14.75 


14.00 
13  85 
14.70 

» 
15.50 
17.25 
15.50 
14.25 
14.00 
15.00 
15.00 
14.25 
15.50 
14.76 
14.75 
16.00 
15.80 
16.25 
14.50 
14.20 
14.25 
14.50 
14.50 

14.35 


18. 00 
18.00 
20.00 
20.00 
19.00 

17  25 

18  50 
19.20 
18.75 
17.75 

» 
16.25 
18.50 

» 
19.25 
18.75 
19.40 
19.00 

» 
19.00 
16.75 
18. 00 
17.00 
18.75 

» 
18.00 
18.50 

17.50 
13.33 


17.50 
17.00 
17.25 
18.50 
16.50 
18.50 
17.75 
17.25 
18.50 
16.50 
17.25 
17.50 
16.00 
16  00 
15.00 
16.50 
16.00 
18.25 
18.00 
17.25 
19.00 
18.50 
17.25 
18.75 
19.80 
18.50 
20.00 
18.25 
16.00 
17.00 

17.51 


3°  RÉGION.  - 

Ardennes.  Charleville.   . 

—  Sedan 

Aube.  M  ery-sur-Seine . . . 

—  Nogeiit-sur-Seine. 

—  Truyes 

Marne.  Clialons 

—  Epernay 

—  Se?.anne 

Hte-Marne.  r.iiaumont. . 
Meurlhc-el-Mos.  Nancy. 

—  Pont-à-.Mousson  . . 

—  Tonl 

Meuse.  Bar-le-Duc 

—  Verdun 

Haute-Snôiie.  Gray 

—  Mireco  irt 

Vosges.  .^aon-l'Elape... . 

—  Epinal 

Prix  moyens 

4°  RÉGION 

Charente.  Angouléme. .. 

—  Hulïec 

Char.-In/ér.  La  Rochelle 
Deu3C-Sivres.  Thénezay. 
Indre-el- Loire.  Bleré.... 

—  Tours 

Loire-hif.  Nantes 

M.-et-Lo^r—,  Saunmr.... 

—  Angers 

Vendée .  Luçon 

—  Fontenay-le-Comte 
Vienne.  Poitiers 

—  Chalellerault 

Haute-  Vienne.  Liaioges. . 


KonD-Esr. 


23.50  15.50 

23.25  10.25 

23.50  15  00 

24.00  15.50 

24.00  16.25 

23    15  15   75 

23.25  14.50 

23.00  i4.25 

25.00  » 

23.00  15.75 

23.50  16   00 

23 . 25  » 

23.00  » 

24.00  » 

22.00  15.00 

23.25  » 

24.30  16.00 

23.25  16.50 

23.52  15.56      17.44      16.65 

.  —  OUEST. 


20.00 
20.00 
17.25 
19.00 
17.50 
18.50 

17.50 

16.50 
17  00 
16.00 
16  00 
16.50 
15.50 

17.00 


18.00 
18.25 
16.85 
18.25 
16.25 
17.25 
18. 00 
18.25 
17.00 
15.75 
16.00 
15.25 
17.00 

15.00 

14.75 
15.75 
!  =  .  50 


5"  RÉGION.  —  CE.^'TKB. 


26.50 
26.25 
24.25 
24.50 
24.50 
25.85 
26  40 
26- 00 
25.50 
25.20 
24.75 
25.50 
25.00 
26.00 


18.50 
17.75 

17.50 
15.00 
16.00 
15.75 
15.25 
15.00 


15.50 

17.50 


-» 

16.50 
18.00 
20.00 
18.00 
19.00 
17.35 
20.50 
19.00 
18.50 
18.25 
19.25 
19. 00 


20.00 
18.50 
17.50 
17.00 
17.00 
13.25 
17.25 
17.65 
19.00 
17.25 
17.25 
17.00 
17.00 
13.50 


Clier. 


Allier.  Moulins 

—  Montluyon 

Saint-Pourçain  . . 

Bourges 

—  Aubigny 

—  Graçay 

Creuse.  Aubusson 

Indre.  Châteauroux  . . . . 

—  Issoudun 

—  Vatan 

Loiret.  Orléans 

—  Montargis 

—  Pithiviers 

L.-et-Ckcr.  Blois 

—  Montoire 

Nièvre.  Nevers 

—  La  Charité 

Yonne.  Brienon 

—  Sens 

—  Tonnerre 


Blé. 

fr. 

25.25 
24.20 
26.00 
23.75 
24.00 
26.00 
25.00 
25.50 
25.75 
26.50 
24  00 
24.25 
23.15 
25.00 
24.50 
23.50 
23.75 
24.00 
24.00 
22.50 


fr. 
15.50 

» 
14.75 
15.00 
15.50 
15.25 
16.75 
15.00 
14.00 
16.50 
14.75 
17.00 
15.00 
15.20 


15.50 
15.00 
13.50 
15-00 


Orge. 

fr. 

18.50 
18.50 
18.00 
19.00 
19.00 
18.75 

)) 
19.00 
18.25 

» 
16.75 
17.50 
17  65 
21.00 
18.75 

17.00 
16. 50 
16.75 
17.00 


i95 


Avoine. 

fr. 

17.25 

17.00 

17.00 

18.50 

16.75 

17.00 

18.00 

18.25 

18.00 

18.50 

17.50 

17.75 

19.10 

22.00 

17.00 

17.00 

16.00 

18.50 

17.00 

16.40 


Prix  moyens 25.44     16.38     18.61     17.79 


Prix  moyens 24.53     15.17 

6*  RÉGION.  —  EST. 
Ain.  Bourg 25.25 

—  Pont-de-Vaux 25.00 

Côle-d'Or.  Dijon 21.50 

—  Semur 22.50 

Dowbs.  Besançon 24.00 

Isère.  Grenoble 26.00 

—  Bourgoin 24.50 

Jura.  Dôle 22.00 

Loire.  Monibrison 24.00 

P. -de-Dôme.  Cl.-Ferrand  25.30 

Rhône.  Lyon 25.00 

Saône-et- Loire.  Autun..  23.50 

—  Chalon 25.20 

Cawoie.  Chambéry 25.50 

//ie-6'auotc.  Annecy 25.75 

Prix  moyens 24.33     16.05 

7°  REGION.  —  SUD-OUEST 
Ariège.  Foix 26.50    13.00 

—  Pamiers 25.25     16.00 

Ilordogne.  Bergerac. ...   27  50     16.85 
Hle-Garonne.  Toulouse.  27.50     17.00 

—  St-Gaudens 26.25 

Gers.  Condom 28.00 

—  Eauze 26.50 

—  Miiande 26  25 

GtVofirfe.  Bordeaux 27.50 

—  Bazas 26.00 

Landes.  Dax 28.50 

Lot-et-Garonne.  Kg&n...  27.00 

—  Nérac 27.85 

B. -Pyrénées.  Rayonne..  28.00 
Illes-Pyrénées.  Tarbes..  28.25 


13.11     17.72 


19  00 

» 

18.00 

15.50 

» 

17.00 

15.00 
» 

16.75 

15.75 
15.50 

» 

r> 

16.50 

17.50 

» 

19.00 

14.25 

16.75 

17.75 

15.00 

16.50 

16.50 

15.75 

17.25 

17.00 

16.00 

17.20 

18.00 

15.75 

17.25 

18.00 

16.25 

» 

17.00 

16.50 

» 

18.50 

n 

» 

18.50 

» 

» 

18.25 

16.95     17.42 


18.00 


13.25 
19. 00 
19.00 
18.50 

» 
20.00 
19.25 


» 

19.25 

» 

20.00 

19.00 

19.00 

19.25 

20.00 

» 

21.00 

» 

20.50 

» 

19.25 

» 

21.00 

13.50 

18.85 

» 

21.00 

» 

» 

18.25 

19.00 

» 

19.50 

» 

19.25 

» 

18.75 

) 

20 

00 

19 

50 

19 

50 

20 

00 

18 

25 

21 

00 

19 

00 

22 

90 

26 

15 

20 

95 

18 

25 

18 

50 

18 

25 

19 

25 

21 

00 

20 

50 

20 

00 

17 

70 

17 

75 

18 

20 

17 

35 

18 

20 

17 

75 

13 

40 

25 

00 

18 

45 

18 

.25 

) 

19 

,50 

17 

.50 

19 

50 

20 

.00 

20.61     19.24 


Prix  moyens 27.27    18.21     18.75     19.74 

8"  RÉGION.  —  SUD. 
.4ude.  Carcassonne 27.25 

—  Castelnaadary....  27.50 

Aveyron .  KoAez 24.00 

Cantal.  Mauriac 25.65 

Corrèze.  Luberzac 25.50 

Hérault.  ■  ette 28.00 

—  Béziers 28.00 

Lo<.  Cahors 26.75 

Lozère.  Rlende 24.05 

Pyrénées-Or. P&T^ï^nz.lx.  21  .la 

ï'arn.  Castres 27.75 

rorn-ei-Gnr.  MontauDan  27.25 

Prix  moyens 26.62     18.84 

9°  RÉGION.  —  SUD-EST 
Basses-Alpes.  Manosque  28.65 
llaulcs-.Upes.  Briançon.  27.75 
Alpes-Maritimes. Ciii\\\t%  27.50 

ylrdêc/ie.  Privas 26.65 

B.-du-Rhône.  Arles....  27.50 

Drôme.  Valence 25.50 

Gard.  ALiis 27.50 

Haute-Loire.  Brioude...  25. 00 
Foc.  Saint-Maximin....  25.20        » 
Kaitciuse.  .Avignon 27.00        » 

Prixmoyens 26.83    18.19 

Moy.  de  toute  la  France  25.31     16.75 
—  de  la  semaine  précéd.  25.16     16.53 

Sur  lasemainejHausse.    0.15      0.22 
précédente..)  Baisse..        »  » 


396  REVUE   COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT 

Blé.  Seigle.  Orge.        Avoine, 

fr.                fr.  fr.  fr. 

....  .,       (  blé  Sendre...  27.00 

Algérie.                   ^'§«'1  blé  dur 2.^.7.^           ..  17.00        lo.hO 

Angleterre.               Londres 26. .^0            »  19.25        19. 7.^ 

Belgique.                  Anvers 2.S.50  17. .50  18.25         16.75 

—  Bruxelles 2,^), 00  16.25 

—  Liesse 23.f)0  17.00  19.00         17.00 

—  Nanuir 23.00  15.75  20.00         15.50 

Pays-Bas.  Amsterdam 23.25  16.90 

Luxembourg.           Luxembourg 24.50            »  »  17.00 

Alsace-Lorraine.     Strasbourg 25. 00  17. 75  16.75        17.25 

—  Metz :  24.00  17.50  17.75         18.00 

—  Mulhouse 23  00  16.25  17.00         17.50 

Allemagne.             Berlin 23.00  17.25  » 

—  Cologne 24.35  18.10 

—  Hambourg 22.85  16.60 

Suisse.                     Genève. 27  25            »                »  21.75 

Italie.                        Turin 25.00  19.00            »  18.25 

Espagne.                  Valladolid 24.75            »                »  » 

Autriche.                  Vienne 20.50  15.00  15.90  14.25 

Hongrie.                   Budapeslh 20.75  15.00  15.80  14  00 

Bussie.  Saint-Pétersbourg..  22.50  15.25             »  12.50 

Etats-Unis.              Kew-York 23 .  65            » 

Blés.  —  Après  quelques  jours  de  temps  favorable  aux  travaux  agricoles,  nous 
subissons  un  refroidissement  subit,  accompagné  de  tourmentes  de  neige,  qui 
jette  de  nouveau  le  désarroi  dans  les  calculs  des  cultivateurs.  Les  marchés  sont 
peu  fréquentés,  et  les  affaires  sont  toujours  restreintes;  néanmoins  nous  devons 
signaler  une  grande  fermeté  dans  les  cours  des  blés  sur  le  plus  grand  nombre 
des  marchés;  en  même  temps  que  l'incertitude  de  la  prochaine  campagne,  les 
cours  élevés  pratiqués  sur  les  marchés  américains  influent  beaucoup  sur  la  tenue 
des  prix.  Depuis  longtemps,  les  prix  n'avaient  pas  été  aussi  élevés  à  New-York 
que  depuis  quelques  semaines.  Les  importations  de  blés  d'Amérique  en  Europe 
ont  été  du  1''''  août  au  commencement  de  mars,  de  '29  millions  d'hectolitres, 
contre  23  millions  à  la  même  date  de  1882.  —  A  la  halle  de  Paris,  le  mercredi 
7  mars,  les  ventes  ont  été  peu  importantes;  les  prix  se  sont  maintenus  aux  taux 
de  la  semaine  précédente.  On  cotait  de  24  fr.  50  à  26  fr.  50  par  100  kilog.  suivant 
les  qualités.  —  Sur  le  marché  des  blés  à  livrer,  on  cote  :  courant  du  mois, 
25  fr.  50;  avril,  26  fr.  à  26  fr.  25;  mai  et  juin,  26  fr.  75  à  27  fr.  ;  quatre  mois 
de  mai,  27  fr.  50  à  27  Ir.  75  —  Au  Havre.,  les  blés  d'Amérique  se  vendent  à  peu 
près  aux  mêmes  taux  que  la  semaine  précédente,  de  2i  fr.  tO  à  28  fr.  par 
100  kilog.  suivant  les  qualités  et  les  provenances.  —  A  3Iarseille,  il  y  a  eu  peu 
d'affaires  depuis  huit  jours;  les  cours  sont  nominaux,  aux  mêmes  taux  que  pré- 
cédemment. —  A  Londres,  les  importations  de  blés  étrangers  ont  été,  durant  la 
semaine  dernière,  de  51,600  quintaux  métriques;  les  ventes  sont  peu  considé- 
rables; les  prix  se  fixent  de  24  fr.  60  à  27  fr.  75  par  luO  kilog.  suivant  les  qualités 
et  les  provenances. 

Farines.  —  Les  ventes  sont  toujours  bornées  aux  besoins  immédiats  de  la  con- 
sommation, pour  les  farines  de  consommation  dont  les  prix  sont  assez  faibles.  On 
cotait  le  mercredi  7  mars  à  la  halle  de  Paris  :  marque  de  Gorbeil,  61  fr.  ;  marques 
de  choix,  61  à  63  fr.;  bonnes  marques,  58  à  5yfr.;  sortes  ordinaires  et  courantes, 
56  à  57  fr.;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.  toile  perdue  ou  157  kilog.  net,  ce  qui 
correspond  aux  prix  extrêmes  de  35  fr.  65  à  40  fr.  10  par  100  kilog.,  ou  en 
moyenne  37  fr.  85,  comme  le  mercredi  précédent.  —  Pour  les  farines  de  spécu- 
lation, on  les  payait  à  Paris,  le  mercredi  7  mars  au  soir  :  farines  neuf-marques^ 
courant  du  mois,  57  fr.  75;  avril,  58  fr.  25  à  58  fr.  50;  mai  et  juin,  59  à  59  fr.  25; 
quatre  mois  de  mai,  60  fr.  à  60  fr.  25;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.  toile  perdue 
ou  157  kilog.  net.  — Mêmes  cours  que  précédemment,  pour  les  gruaux;  on  les 
cote  de  47  à  58  fr.  par  100  kilog.;  les  farines  deuxièmes,  valent  de  26  à  33  fr. 

Seigles.  — Les  affaires  sont  peu  importantes.  On  cote  cà  la  halle  de  Paris,  I5fr.  25 
à  15  fr.  75  par  100  kilog.  suivant  les  quahtés.  Quant  aux  i'arines  de  seigle,  elles 
sont  vendues  de  23  à  25  fr. 

Orges.  —  Les  ventes  sont  plus  actives,  et  il  y  a  plus  de  fermeté  dans  les  prix. 
On  paye  à  la  halle  de  Paris,  de  18  fr.  à  20  fr.  75  par  10 J  kilog.,  suivant  les  qua- 
lités. Quant  aux  escourge(»ns,  ilsse  vendent  difficilement,  de  17  fr.  50  à  18  fr.  50. 
—  A  Londres,  les  importations  d'orges  étrangères  ont  été  de  27,000  quintaui 
depuis  huit  jours;  les  prix  demeurent  sans  changements,  aux  taux  de  18  fr.  à 
20  fr.  70  par  100  kilog.  ...^    ::; 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (10  MARS   1883).  397 

Malt.  —  Prix  peu  variables.  On  paye  à  la  halle  de  Paris,  24  fr.  50  à  31  fr.  par 
100  kilog.  pour  les  malts  d'orge,  27  à  29  fr.  pour  ceux  d'escourgeon. 

Avoines.  —  Les  ventes  sont  calmes,  et  les  prix  se  maintiennent.  On  vend  à  la 
halle  de  Paris,  de  17  à  19  fr.  50  par  100  kilog.,  suivant  poids,  couleur  et 
qualité.  —  A  Londres,  il  a  été  importé  15,000  quintaux  d'avoines  depuis  huit 
jours.  Les  prix  accusent  beaucoup  de  fermeté;  on  paye  de  18  fr.  50  à  21  fr.  70 
par  100  kilog.,  suivant  les  sortes. 

Sarrasin.  —  Mêmes  prix  que  précédemment  à  la  halle  de  Paris.  On  cote  de 
15  fr.  75  à  16  fr.  par  100  kilog. 

3Iaïs.  —  Les  prix  sont  les  mêmes.  On  paye  au  Havre  18  fr.  50  à  19  fr,  par 
100  kilog.  pour  le  maïs  d'Amérique. 

Issues.  —  Les  ventes  sont  assez  difficiles.  On  paye  à  la  halle  de  Paris  par 
100  kilog.  :  gros  son  seul,  13  fr.  75  à  14  fr. ;  son  trois  cases,  12  fr.  50  à  13  fr.; 
fins,  Il  fr.  50  à  12  fr.;  recoupettes,  12  à  12  fr.  50;  remoulages  blancs,  17  à  18  fr.; 
remoulage  bis,  15  à  16  fr. 

III.  —  Fourrages,  graines  fourragères,  légumes  secs. 

Fourrages.  —  Il  y  a  un  peu  de  tendance  à  la  baisse,  mais  les  prix  dis  belles 
qualités  se  maintiennent  toujours.  On  paye  à  Paris  par  1,000  kilog.  :  foin,  118  à 
126  fr.;  luzerne,  112  fr.  à  124  fr.;  paille  de  blé,  60  à  76  fr.;  paille  de  seigle,  54 
à  62  fr.;  paille  d'avoine,  44  à  52  fr.;  regain,  56  à  100  fr.  Dans  les  départe- 
ments, les  cours  se  maintiennent. 

Graines  fourragères.  —  Les  bonnes  qualités  sont  recherchées  à  des  prix  plus 
fermes.  On  paye  à  Paris  par  100  kilog.  :  trèfle  violet,  155  à  210  fr.;  trèfle  blanc, 
200  à  250  fr.;  luzerne  de  Provence,  155  à  175  fr.;  de  Poitou,  115  à  135  fr.; 
d'Italie,  140  à  150  fr.;  minette,  65  à  80  fr.;  ray-grass,  65  à  70  fr.;  vesce  de 
printemps,  27  à  29  fr.;  sainfoin  à  une" coupe,  25  à  28  fr.;  sainfoin  à  deux  coupes, 
29  à  32  fr. 

IV.  —  Fruits  et  légumes  frais. 

Fruits. —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  poires,  le  cent,  5  fr.  à  100  fr.,  le  kilog., 
0  fr.   25   à_  0   fr.   50;   pommes,  le  cent,   5  fr.  à  100  fr.  ;  le   kilog.,   0    fr.    20  à 

0  fr.  40;  raisins  communs,  le  kilog.,  4- à  10  fr. 

Gros  légumes.  —  Dernier  cours  de  la  halle  :  asperges  de  châssis,  la  botte,  de 
15  à  30  fr.;  aux  petits  pois,  la  botte,  1  à  2  fr.;  betteraves,  la  manne,  0   fr.  30  à 

1  fr.  ^0;  carottes  communes, les  100  bottes,  18  à  30  fr.;  d'hiver,  l'hectolitre,  3  fr.  à 

4  fr.  ;  de  chevaux,  les  100  bottes,  14  à  20  fr.;  choux  communs,  le  cent,  3  à  15  fr,; 
Davets  communs,  les  100  bottes,  18  à  28  fr.;  de  Freneuse,  le  paquet  30  à  40  fr.  l'hec- 
tohtre,  3  fr.  à  4  fr.;  oignons  en  grain,  l'hectolitre,  10  à  1 5  fr.;  panais  communs,  les 
100  bottes,  10  à  14  fr.;  poireaux  communs,  les  100  bottes,   30  à  60  fr. 

Pommes  de  terre.  —  Hollande  communes,  l'hectolitre,  15  à  17  fr.;  le  quintal, 
21  fr.  42  à  24  fr.  28;  jaunes  communes,  l'hectolitre,  8  à  10  fr.;  le  quintal, 
11  Ir.  42   à  14   fr.   28. 

Menus  légumes.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  ail,  le  paquet  de  25  bottes, 
3  fr.  à  5  fr.;  appétits,  la  botte,  0  fr.  10  à  0  fr.  20  ;  barbe  de  capucin,  la  botte, 
0  fr.  15  à  0  fr.  30;  cardon,  la  botte,  2  fr.  à  4  fr.  50;  céleri,  la  botte,  0  fr.  50  à 
0  fr.  60  ;  rave,  la  pièce,  0  fr.  15  à  0  fr.  20  ;  cerfeuil,  la  botte,  0  fr.  30  à  0  ir.  50; 
champignons,  le  kilog.,  1  fr.  à  1  fr.  80;  chicorée  frisée,  le  cent,  8  à  15  fr.; 
choux-fleurs  de  Bretagne,  le  cent,  16  à  40  fr.;  choux  de  Bruxelles,  le  litre,  0  fr.  25 
à  0  fr.  40;  ciboules,  la  botte,  0  fr.  10  à  0  fr.  20;  cresson,  la  botte  de  12 
bottes,  0  fr.  77  à  1  fr.  25;  échalottes,  la  botte,  0  fr.  30  à  0  fr.  40;  épinards, 
le  paquet,  0  fr.  40    à  0  fr.  50;  escarolle,  le    cent,   10   à  17  fr.;   laitue,    le   cent, 

5  à  I  2  fr.;  mâches,  le  calais,  0  fr.  25  à  0  fr,  30;  oseille,  le  paquet,  0  fr.  60  à 0  fr.  80; 
persil,  la  botte,  0  fr.  30à  0  f r  45;  pissenlits,  le  kilog.,  0  fr.  30  à  0  fr.'îO;  potirons, 
la  pièce,  0  fr.  50  à  5  fr.  ;  radis  roses,  la  botte,  0  fr.  50  à  0  fr.  70;  noirs,  le  cent, 
5  à  15  fr. ;  romaine,  la  botte  de  4  têtes,  1  fr.  40  à  2  fr.;  salsifis,  la  botte,  0  fr.  50 
à  0  fr,  60  ;   thym,  la  botte,  0  fr.  10  à  0  fr.  20. 

V.  —  Vins,  spiritueux,  vinaigres,  cidres. 
Yins.  —  Il  est  assez  difficile  de  saisir  la  vérité  exacte  au  milieu  des  affirma- 
tions contradictoires  qui  se  produisent  dans  les  centres  même  les  plus  rapprochés. 
Les  uns  affirment  que  les  ventes  sont  devenues  plus  importantes  depuis  quelques 
semaines,  les  autres  que  les  affaires  n'ont  jamais  été  aussi  calmes  ;  ici,  on  affirme 
une  baisse  fatale,  là-bas  on  pronostique  le  maintien  des  cours.  Le  commerce  fait 
des  eflbrts   moins  pour  provoquer  un  recul  important  dans  les  cours,  au  détri- 


398  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT 

ment  des  vignerons;  la  meilleure  preuve  qu'il  réussit  peu,  c'est  la  mauvaise 
humeur  qu'il  témoigne.  Pour  nous,  nous  ne  cesserons  de  répéter  que  la  baisse 
qui  s'est  produite  au  mois  de  décembre,  est  la  limite  des  concessions  qu'il  pou- 
vait espérer,  et  les  faits  donnent  absolument  raison  à  cette  opinion.  Dans  la 
Dordogne,  les  vins  nouveaux  sont  cotés  actuellement  de  120  à  130  fr.  la  pièce; 
dans  Saône-et-Loire,  les  vins  nouveaux  sont  cotés  90  à  105  fr.;  en  Sologne.  50  à 
60  fr.;  les  gamays  rouges,  55   à  65  fr,;  gros  noirs,  80  à  90  fr.;  les  vins  blancs, 

48  à  50  fr.;  les  vins  du  Cher  valent  75  à  100  fr.  sur  place  ;  dans  le  Midi,  on  cote 
à  Narbonne,  beaux  vins,  40  à  42  fr.  l'hectolitre;  Montagne,  32  à  34  fr. ;  vins 
légers.  25  à  28  fr.;  à  Béziers,  Aramont,  27  à  28  fr.  En  Algérie,  les  vins  de  pays 
ordinaires  valent  de  25  à  30  Ir.  par  hectolitre.  —  Dans  les  vignes,  on  a  continué 
à  profiter  du  temps  plus  favorable  pour  faire  les  travaux  de  taille,  de  transport 
de  fumier,  de  labours  ;  ces  travaux  sont  poussés  avec  assez  d'activité,  à  raison  de 
la  précocité  de  l'année,  la  végétation  paraissant  devoir  partir  avec  rapidité. 

Spiritueux.  —  Tandis  que,  dans  le  Midi,  les  affaires  présentent  toujours  le  plus 
grand  calme,  la  spéculation  est  active  sur  les  marchés  du  Nord,  et  elle  amène 
un  mouvement  de  hausse  qui  s'accentue  de  plus  en  plus.  C'est  surtout  à  Paris 
que  ce  mouvement  s'accentue.  Ou  paie  les  3/d  betteraves,  1™  quaUté,  90  degrés, 
disponible  :  courant  du  mois,  55  fr.  ;  avril,  5^  fr.  75  à  55  fr.  ;  quatre  mois  de  mai, 
54  fr.  25;  quatre  derniers  mois,  52  fr.  75  à  53  fr.  —  Dans  les  Charcutes,  les 
cours  des  cognacs  se  soutiennent  sans  variations  sensibles.  Quant  aux  marchés 
méridionaux,  on  cote  :  Pézenas,  3/6  bon  goût,  102  fr.;  marc,  94  fr.;  Cette,  3/6  bon 
goût,  105  fr.;  Montpellier^  3/6  bon  goût,  100  fr.;  marc,  90  fr.;  Béziers,  3/6  bon 
goût,  103  fr.;  marc,  95  fr.  —  A  Pans,  le  stock  était,  au  7  mars,  de  19,500  pipes, 
contre  14,100  en  1882. 

Raisins  secs.  —  Les  prix  sont  toujours  soutenus  avec  fermeté.  On  paye  à  Cette, 
par  100  kilog.  :  Corinthe,  53  à  54  Ir.;  Thyra,  43  à  44  fr.;  Saraos,  34  à  3^  fr.; 
Vourlas,  45  à  48  fr.;  rouges,  40  à  4]  fr.;  figues  d'Espagne,  23  à  24  fr.;  figues, 
12  à  13  fr. 

Vinaigres.  —  Les  ventes  sont  assez  régulières,  avec  maintien  des  cours  de  la 
semaine  précédente. 

VI.  —  Sucres.  —  Mélasses.   —  Fécules.  —  Glucoses.  —  Amidons.  —  Houblons. 

Sucres.  —  La  situation  du  marché  des  sucres   s'est  un  peu  améliorée  depui^ 

huit  jours  ;  il  y  a  plus  de  fermeté  dans  les  prix.  On  paye  par  100  kilog,  :  à  Parisi 

sucres  bruts  88  degrés  saccharitnétriques,   51  fr.  50  à  51  fr.  75;  les  99  degrés, 

59  fr.  50;  sucres  blancs,  59  fr.  50  à  59  fr.   75;  à  Valenciennes,  sucres  bruts, 

49  fr.  50;  à  Lille,  sucres  bruts,  49  fr.  25;  sucres  blancs,  47  fr.  le  stock  de 
l'entrepôt  réel  des  sacres  à  Paris,  e'tait,  au  7  mars,  de  877,000  sacs  avec  une 
diminution  de  10,000  sacs  depuis  huit  jours.  Pour  les  sucres  raffinés  il  y  a  un 
peu  plus  de  fermeté;  on  les  paye  de  105  à  106  fr.  50  par  100  kilog.  à  la  consom- 
mation. Pour  l'exportation,  ils  valent  de  63  fr.  75  à  66  fr.  75.  Dans  les  ports, 
les  affaires  sur  les  sucres  coloniaux  sont  toujours  peu  importantes,  avec  maintien 
des  cours. 

Mélasses.  — Prix  fermes  :  mélasses  de  fabrique,  12  fr.;  par  100  kilog.:  de 
raffinerie,  14  fr. 

Fi'cides.  — Maintien  des  prix.  On  paye  à  Paris  39  fr.  par  100  kilog.;  pour  la 
fécule  première  rayon;  à  Compiègne,  39  fr.  pour  celles  de  l'Oise. 

Glucoses  et  amidom.  —  Les  ventes  sont  calmes,  et  les  prix  sans  variations. 

Houbhns.  —  Les  ventes  chez  les  cultivateurs  sont  devenues  presque  nulles. 
Les  prix  sont  fermes  daas  le  Nord,  ainsi  qu'en  Alsace.  Mais  en  Angleterre,  on 
signale  une  baisse  assez  notable  sur  les  cours  très  élevés  que  cette  marchandise 
avait  atteints. 

vu.  —  Huiles  et  graines  oléagineuses,  tourteaux. 

Huiles.  —  La  spéculation  est  toujours  active  sur  les  huiles  de  colza.  Cette 
semaine,  elle  entraîne  une  hausse  assez  notable  dans  les  prix.  On  cote  à  Paris, 
le  mercredi  7  mars  :  huiles  de  colza  en  tous  fûts,  107  fr.  ;  en  tonnes,  109  fr.; 
épurée  en  tonnes,  )  17  fr.;  huile  de  hn  en  tous  fûts,  60  fr.  ;  en  tonnes,  62  fr.  — 
Sur  les  marchés  des  départements,  on  paye  les  huiles  de  colza  :  Rouen,  102  fr.  ; 
Gaen,  103  fr.  ;  Arras,  108  fr.  ;  et  pour  les  autres  sortes,  œillette,  111  à  112  fr.; 
pavot,  81  fr.  ;  lin,  61  fr.  ;  cameline,  85  fr.  —  Dans  le  Midi,  sur  les  huiles  d'olive, 
aux  mêmes  prix  que  préiiédeininent. 

Graines  oléagineuses.  —  H  y  a  beaucoup  de  fermeté  dans  les  prix.  On  cote  par 


DES  DENRÉES  AGRICOLES   (10  MARS    1883).  399 

hectolitre  à  Arras  :  œillette,  25  fr.  50  à  28  l'r.  75;  colza,  17  à  19  fr.  50;  lin,  15  à 
19  fr.  50  ;  cameline,  14  à  18  fr.  50. 

Tourteaux.  —  Dans  le  Nord,  les  prix  des  tourteaux  se  soutiennent  avec  beau- 
coup de  i'3rmeté.  On  paye  par  100  kilog.  à  Marseille  :  tourteaux  de  lin,  17  fr.  50; 
d'arachide  en  coque,  10  fr.  ;  décortiquées,  15  fr.  25;  de  sésame  du  Levant, 
15  fr.;  de  coprats,  12  fr.  ;  de  colza  du  Danube,  12  fr,  50;  d'oeillette,  12  fr.  25; 
de  coton,  12  fr.  75;  de  palmiste  naturel,  10  fr.  50;  de  ricin,  11  fr.  75;  de 
ravison,  12  fr    75. 

Engrais.  —  Les  nitrates  de  soude  valent  31  fr.  75  par  100  kilog.  à  Dunkerque. 

VIII.  —  Matières  résineuses,  colorantes ,  etc. 

Matières  résineuses.  —  Les  prix  sont  en  hausse.  On  paye  à  Bordeaux  94  fr.  par 
100  kilog.  pour  l'essence  pure  de  térébenthine;  à  Dax,  88  fr. 

Tartres.  —  On  paye  à  Bordeaux,  26  J  à  280  fr.  pour  les  crèmes  de  tartre,  230 
à  235  fr.  pour  les  tartres  bruts. 

IX.  —  Textiles.  —  Suifs. 

Textihs.  —  Les  ventes  sont  toujours  assez  faciles  sur  les  chanvres  dans  les 
marchés  du  Sud-Ouest.  On  paye  actuellement  au  Mans,  68  à  80  Ir.  par  100  kilog. 
suivant  les  sortes. 

Suifs. —  Maintien  des  cours.  On  paye  à  Paris,  99  fr.  par  100  kilog.  pour  les 
suifs  purs  de  l'abat  de  la  boucherie;  74  fr.  25  pour  les  suils  en  branches. 
X.  —  Beurres.  —  Œufs.  —  Fromages. 

Beurres.  —  Il  a  été  vendu,  pendant  la  semaine,  à  la  halle  de  Paris,  217,142  ki- 
log. de  beurres.  Au  dernier  jour,  on  cotait  par  kilog.  :  en  demi-kilog.,  2  fr.  12  à 
4  fr.  28;  petits  beurres,  1  fr.  78  à  3  fr.  42;  Gournay,  2  fr.  40  à  3  fr.  80;  Isigny, 
2  fr.  70  à  8  fr.  58. 

Œufs.  —  Pendant  la  semaine,  on  a  vendu  à  la  halle  de  Paris,  8,546,045  œufs. 
Au  dernier  jour,  on  cotait  par  mille  :  choix,  84  à  95  fr.;  o  dinaires,  62  à  72  fr.; 
petits,  50  à  58  fr. 

Fromages.  —  Derniers  cours  de  la  halle  de  Paris  :  par  douzaine.  Brie,  4  fr.  ^0 
à  19  fr.  50;  Montlhéry,  15  fr.;  —  par  cent,  Livarot,  34  à  108  fr.;  Mont-Dor, 
12  à  26  fr.;  Neufchàtel,  3  fr.  bO  à  25  fr.  50;  divers,  5  à  69  fr. 

XI.  —  Chevaux,  bétail,  viande. 

Chevaux.  —  Aux  marchés  des  28  février  et  3  mars,  à  Paris,  on  comptait 
801  chevaux;  sur  ce  nombre.  311  ont  été  vendus  comme  il  suit  : 


Chevaux  de  cabriolet. . 

—  de  trait 

—  hors  d'âge. . . 

—  à  l'enclière.. . 

—  de  boucherie. 


Amenés. 

Vendus. 

Prix  extrêmes. 

183 

48 

200  à  1,080  fr 

260 

59 

270  à  1,200 

'Ibb 

101 

20  à  1,000 

17 

17 

hO  à      280 

86 

86 

22  à         85 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  officiel  du  marché  aux  bes- 
tiaux de  la  Yillette,  du  jeudi  1"  au  mardi  6  mars  : 

Poids      Prix  du  kilog.  de  viande  nette  sur 
Vendus  moyen  pied  au  marché  du  5  mars. 

Pour  Pour  En          4  quartiers,  l'"             2"  3"  Prix 

Amenés.  Paris,  l'extérieur,  totalité.  liil.  quai.  quai.  quai.  moyen. 

Bœufs. .5,772  3,621  1,.534  5,155  3-50  1.72  1.54  1.32  1.52 

Vaches 1,621  840  633  1,473  226  1.62  1.38  1.18  1.39 

Taureaux 241  187  33  220  385  1.48  1.34  1.25  1.36 

Veaux 2,849  1,770  772  2,542  74  2.30  2.16  1.80  2.03 

Moulons.......       34,871  26,906  6,301  33,207  19  2.32  2  16  2.04  2.08 

Porcs  gras 7,004  2,402  4,163  6, .565  84  1.32  1.26  1.20  1.26 

—   maigres.            »  »  »  »  »  »              »  »  » 

Fermeté  dans  les  prix  pour  la  plupart  des  catégories,  principalement  pour  les 
veaux  et  pour  les  moutons.  Sur  les  marchés  des  départements,  on  cote  :  Rouen, 
bœuf,  1  fr.  60  à  1  fr.  90;  vaches,  1  fr.  55  à  1  fr.  75;  veaux,  2  fr.  05  à  2  fr.  40; 
moutons,  2  fr.  10  à  2  fr.  40;  porcs,  1  fr.  05  à  1  fr.  35;  — Le  Mans,  bœufs,  1  fr.  65 
à  1  fr.  75;  vaches,  1  fr.  50  à  1  fr.  60;  veau,  1  fr.  80  à  1  fr.  90;  moutons,  2  fr.  à 
à  2  fr.  10;  —  Nantes,  bœufs,  0  fr.  85  à  0  fr.  90  par  kilog.  brut,  veaux,  0  fr.  95  à 
1  fr.;  moutons,  l  fr.  15;  —  Nancy,  bœufs,  88  à  94  fr.  les  100  kilog.  bruts; 
vaches,  65  à  89  fr.;  veaux,  114  à  120  fr.;  moutons,  100  à  120  fr.;  porcs,  66  à 
70  fr  ;  —  Dijon,  bœufs,  1  fr,  56  à  1  fr.  75;  vaches,  1  fr.  10;  à  1  fr.  66;  veaux, 
(poids  vif),  0  fr.  94  à  1  fr.  06;  mouton,  ]  fr.  80  a  2  fr.  10;  porcs  (poids  vif),  1  fr. 
à   1    fr.  08;   —  L^/o/i,  bœuf,   70    à  82  fr.;   veaux,  9Ô  à  112  fr.;  moutons,  90  à 


400  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  GOURANT   (10  MARS    1883). 

105  fr.;  porcs,  110  à  122fr.;  —  Bourgoin,  bœuf,  64  à  74  fr.;  vaches,  56  à  66  fr.  ; 
moutons,  85  à  95  fr.;  porcs,  86  à  90  fr.;  veaux,  80  à  90  fr.;  —  Genève^  bœufs| 
1  fr.  45  à  1  fr.  65;  veau  (poids  vif),  0  fr.  90  à  1  fr.  05  ;  mouton,  1  fr.  90  à  1  fr.  55  • 
porc,  1  fr.  45  à  1    fr.  50. 

A  Londres,  les  importations  d'animaux  étrangers  durant  la  semaine  dernière  se 
sont  composées  de  12,415  tètes,  dont  266  bœufs  et  300  moutons  de  New- York. 
—  Prix  du  kilog.  Bœuf:  qualité  inférieure,  1  fr.  52  à  1  Ir.  64;  2^  1  fr.  70  à 
1  fr.  81  ;  1",  1  fr.  99  à  2  fr.  16  —  Veau  :  2''  quaUté,  2  fr.  10  à  2  fr.  28;  V%  2  fr.  28 
à  2  fr.  45.  —  Mouton  :  qualité  inférieure,  2  fr.  22  à  2  fr.  34  ;  2%  2  fr.  40  à  2  fr.  57; 
1'%  2  fr.  03  à  2  fr.  75.  —  Porc  :  2%  1  fr.  35  à  1  fr.  46  ;  P",  1  fr.  52  à  l  fr.  64. 

Viande  à  la  criée.  —  Il  a  été  vendu  à  la  halle  de  Paris  du  20  au  26  février  : 

_^^^^       Prix  du  kilog.  le  5  mars. 

kilog.  1"  quai.  2'  quai.  3°  quai.  Choix.      Basse  Boucherie. 

Bœuf  on  vache...   143,189     1.54  à  1.94     1.30àl..'i2     0.90  à  1.28     1.86  à  3.00    0.26  à  1.26 

Veau 169,395     1.86       2  36     1.60       1.84     1.20       1.62     1.46       2.56       » 

Mouton 58,338     1.62      2.06     1.48       1.60     1.04       1.46     1.60      2.46       » 

Porc 60,490  Porc  frais I.20àl.30;    salé, 

431,412        Soitparjour 71,902  kilog. 

Les  ventes  ont  été  inférieures  de  'jOO  kilog.    environ  par  jour  à  celles  de  la 
semaine  précédente.  Les  prix  accusent  de  la  fermeté  pour  toutes  les  sortes. 
XII.  —  Cours  de  la  viande  à  Vabattoir  de  la  Villelte  du  8  mars  {par  50  kilog.) 
Cours  de   la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  Villette  par  50  kilog.  :  V^  qualité, 
70  à  75  fr.  ;  2%  65  à  70  fr,  ;  poids  vifs,  50  à  55  fr. 

^__^^    Bœufs.^ Veaux.  Moutons. 

1"  2°  3"  1"  2°  S"  l'«  2"  3- 

quai.  quai.  quai.  qial.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai. 

fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr. 

77  71  65  114  102  97  100  95  90 

XIII.  —  Marché  aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi  8  mars  1883. 

Cours  des  commissionnaires 
Poids  Cours  officiels.  en  bestiaux. 

Animaux  général.     1"        2°  3"            Prix  1"  2""  3*  Prix 

amenés.      Invendus.         kil.  quai.  quai.  quai,  extrêmes.  quai. quai.  quai,  extrêmes. 

Bœufs 2.499  >I7  360  1.74  1.56  1.34  1.26àl.80  1.72  1.54  1.32  1.24àl.78 

Vaches G87  43  235  1.62  1.38  120  I.IO     1.66  1.60  1.36  1.18  LOS     1.64 

Taureaux...          127                    7  375  1.48  1.34  1.24  1.20     1.52  1.46  1.32  1.22  1.18     1.50 

Veaux l.iso  151  80  230  2.16  1.80  1..56     2.50  «  »  »  » 

Moutons 17  896  449  19  2.36  2  18  2  06  t .  80     2.40  »  »  »  » 

Porcs  sras..     4.220  »  82  1.36  l.3o  1.24  1.20     1.40  »  »  » 

—  maigres..          »  »  »          »  »  »          »        i>  »  »  »  » 

Vente  très  active  sur  toutes  les  espèces. 

XIV.  —  Résume. 

Les  prix  des  céréales,  ceux  des  spiritueux,  des  sucres  et  des  produits  animaux 

accusent  beaucoup  de  fermeté  depuis  huit  jours.  A.  Remy. 


BULLETIN  FINANCIER 

Nos  fonds  publics  ont  fait  de  nouveaux  progrès;  nous  avons  notre  3  0/0  à 
81,95  et  notre  5  0/u  à  115,95.  Fermeté  à  nos  Sociétés  de  crédit  :  nouvelle  hausse 
à  nos  chemins  de  fer. 

Cours  de  la  Bourse  du  3  au  10  mars  1883  (au  comptant). 

Principales  valeurs  françaises 

Plus  '    Plus 

bas. 

Rente  3  o/o 80.75 

Rente  3  o|o  amortis 82.20 

Rente  4  1/2  o/o miào 

Rente  5  0/0 115  45 

Banque  de  France 5270.00  5435.00 

Comptoir  d'escompte 980.00    982.50 

Société  g inérale 587'.5o    595!oo 

Crédit  foncier 1320.00  1375.00 

Est Actions  500     727.50     735.00 

Midi d'  1115  00  H47.50 

Nord d°  1875.00    1925.00 

Orléans d"  1270.00  1280.00 

Ouest d"    800.00    805.00 

Paris-Lyon-Méditerranée  d°  I600.00  1635.00 
Paris  1871  obi.  400  à  3  O/O.  392.00  394.00 
Italien  5  0/0 


haut. 

82  50 

82.85 

112.25 

115.95 


88.80       90.00 


Dernier 

cours. 

81.95 

82.60 

111.50 

115.95 

5425.00 
989  00 
587.50 

1375.00 
735,00 

1147.50 

1900.00 

1275.00 
805.00 

1610.00 

394.00 

89  50 


Le  Gérant  :  A.  BOUCHÉ. 


Valeurs  Diverses 

Plus 

Plus 

Dernier 

bas. 

haut. 

cours. 

Créd.  fonc.  obi.   500  4  O/o 

505.00 

509.00 

506.00 

d°       d"       d°      d"    3  0/0. 

530.00 

540.01) 

540.00 

d°      obi.     c     d°  3  0/0. 

440 -00 

444.00 

440.00 

Rque  de  Paris  act.  500.... 

1030.00 

1070.00 

1070.00 

Crédit  ind.  et  com.  500 

690.00 

715.00 

715.00 

Dépôts  et  cptes  cts.  500. .  . . 

680.00 

681.25 

631.25 

Crédit  lyonnais d° 

575.00 

585.00 

578.75 

396.25 
1485.00 

425.00 
1540.00 

405.00 

Oie  parisienne   du  gaz  250 

1537.50 

Cie  génér.  Iransatl 500 

455.00 

465.00 

455.00 

Wessag.  maritimes d". 

705.00 

705.00 

715.00 

Canal  de  Suez d". 

2305.00 

2350.00 

2340.00 

d"     délégation d°. 

1255.00 

1270.00 

1265.00 

d°     obli.  5  0/0 d°. 

570.00 

575.00 

675.00 

Créd.  fonc.  Autrich 50O 

780.00 

785.00 

780.00 

Créd.  mob.  Espagnol 

385.00 

420.00 

385.00 

360.00     385.00 

LETEUUIER 

360.00 

CHRONIQUE  AGRICOLE  m  mars  i883). 

Phénomènes  météorologiques  du  mois  de  mars.  —  Chutes  de  neige  et  froid  anorma'.  —  Consé- 
quence de  ces  faits  dans  les  départements  méridionaux.  —  Exemples  antérieurs  de  faits  analo- 

i  gués.  —  Réceptions  au  ministère  de  Tagricullure.  —  Vœux  exprimés  ,par  la  Société  des  agri- 
culteurs de  France  et  par  la  i-ociété  d'encouragement  à  l'agriculture.  —  Formation  d'un  Comité 
pour  l'érection  d'un  monument  en  l'honneur  de  Léonce  de  Lavergne.  —  Appel  aux  souscripteurs. 

—  Composition  du  Comité.  —  Première  liste  de  souscription.  —  Présentation  du  proejt  de  budget 
pour  1884. —  Analyse  succincte  du  budget  de  l'agriculture.  —  Le  phylloxéra.  —  Vote  du  projet 
de  loi  sur  les  mesures  à  prendre  contre  l'invasion  et  la  propagation  du  phylloxéra  en  Algérie.  — 
Création  d'une  vigne  d'expériences  dans  l'Hérault.  —  Note  de  M.  Culeron  sur  l'emploi  du  sulfo- 
carbonate  de  potassium.  —  Réunion  viticole  de  Montpellier.  —  L'ensilage  des  fourrages  verts. 

—  Propa-'ation  de  la  méthode  de  M.  Goffart.  —  Les  congrès  d'ensileurs  en  Amérique.  —  Tableau 
de  la  proluction  et  du  mouvement  des  sucres  indigènes.  —  Prochaine  vente  d'animaux  de  race 
durham  pure  à  Corbon.  —  Les  concours  régionaux  hippiques.  —  Nécrologie.  —  M.  de  Vialar. 

—  Concours  pour  des  emplois  d'inspecteur  de  la  boucherie  à  Paris.  —  Exposition  ornithologique 
à  Vienne.  —  Analyse  du  programme.  —  Les  machines  agricoles  de  Marshall  en  France.  —  Réunion 
du  Conseil  supérieur  de  l'analyse.  —  Conclusions  du  rapport  fait  par  M.  Jametel  au  nom  de  la 
Commission  des  voies  de  communication. 

I.  —  Vhiver  au  mois  de  mars. 

Les  perturbations  survenues  depuis  une  dizaine  de  jours,  dans  les 
phénomènes  météorologiques,  ont  vivement  préoccupé  les  agriculteurs. 
Le  temps  s'est  refroidi  subitement,  la  neige  est  tombée  en  abondance 
pendant  plusieurs  jours  dans  presque  toute  la  France.  Le  ther- 
momètre est  descendu  à  —  6"  et  à  —  7";  ce  sont  les  températures  les 
plus  basses  que  l'on  ait  eu  à  enregistrer  depuis  le  commencement  de 
l'hiver.  Dans  le  centre  et  dans  le  nord  du  pays,  ces  phénomènes  n'ont 
pas  eu  d'autre  effet  que  de  retarder  le  mouvement  de  la  végétation  ; 
dans  le  Midi,  il  en  a  été  autrement.  Les  arbres  fruitiers  étaient  en 
fleurs,  les  cultures  des  primeurs  étaient  très  avancées,  la  vigne  avait 
épanoui  ses  bourgeons  dans  beaucoup  de  localités;  là,  le  froid  a 
exercé  une  action  néfaste,  en  tuant  fleurs  et  jeunes  pousses,  et  en 
amenant  ce  phénomène  de  répercussion  de  la  sève  que  tous  les  agri- 
culteurs redoutent  à  juste  titre.  Il  est  encore  difficile  d'apprécier  les 
résultats  de  ce  fléau,  mais  il  est  à  craindre  qu'ils  soient  considé- 
rables. Toutefois,  il  ne  faudrait  pas  croire  que  les  phénomènes 
qui  viennent  de  se  produire  soient  sans  exemple.  On  a  vu  souvent 
l'hiver  se  prolonger  jusqu'en  mars;  on  a  vu  aussi  les  températures 
les  plus  basses  de  l'année  se  produire,  comme  cette  année,  dans  ce 
mois.  Nous  en  trouvons  la  preuve  dans  la  table  des  températures 
absolues  les  plus  basses  constatées  chaque  année  dans  un  certain 
nombre  de  localités,  que  nous  avons  dressée  pour  les  œuvres  de  Fran- 
çois Arago.  Nous  trouvons  dans  cette  table  pour  Paris,  des  minima 
de  — 10°.9  le  1"  mars  1785;  de —3°. 4  le  12  mars  1806;  pour 
Bruxelles,  de  —  6».3  le  22  mars  1837,  et  de  — 10°.3  le  11  mars 
1847;  pour  Genève,  de  —  10M  le  4  mars  1851,  et  de  — 13°.2  le 
5  mars  1853;  pour  Metz,  de  —7'  le  4  mars  1843;  pour  Avignon,  de 
—  8\8  le  2  mars  1803;  pour  Hyères,  de  0°.3  le  25  mars  1840.  Pour 
n'être  pas  absolument  sans  précédents,  les  phénomènes  qui  viennent 
de  se  produire  n'en  sont  pas  moins  à  déplorer  pour  les  agriculteurs. 

II.  —  Réceptions  officielles  au  ministère  de  f agriculture. 

M.  Méline,  ministre  de  l'agriculture,  a  tenu,  dès  son  arrivée  aux 
affaires,  à  se  mettre  en  rapport  avec  les  corps  constitués  près  de  son 
ministère.  Le  7  mars,  il  a  reçu  la  Société  nationale  d'agriculture,  et 
le  8  mars  le  Conseil  supérieur  de  l'agriculture.  Dans  cette  réunion, 
M.  Méline  a  fait  connaître  son  intention  d'avoir  souvent  recours  au 
Conseil  supérieur,  et  il  s'est  enquis  de  l'état  des  travaux  sur  les  ques- 

N»  797.  _  Tome  1"  de  1883.  —  17  Mars. 


402  CHRONIQUE  AGRICOLE    (17    MARS    1883), 

lions  qui  lui  ont  été  précédemment  soumises.  Le  rapport  de  M.  Jametel 
sur  les  voies  de  communications  et  sur  les  dégrèvements  étant  préparé, 
il  a  été  décidé  que  le  conseil  supérieur  serait  réuoi  pour  le  discuter. 

M.  le  ministre- de  l'agriculture  a  reçu,  d'un  autre  côté,  les  Conseils 
d'administration  de  la  Société  d'encouragement  à  l'agriculture  et  de  la 
Société  des  agriculteurs  de  France. 

Après  avoir  remercié  la  Société  d'encouragement  du  concours  qu'elle 
donne  au  gouvernement,  M.  Méline  lui  a  demandé  de  signaler  les 
questions  qu'elle  désirerait  voir  mettre  à  l'étude,  M.  Récipon,  pré- 
sident, a  insisté  sur  l'urgence  d'une  bonne  organisation  des  concours 
hippiques.  M.  Jobard  a  demandé  que  le  concours  général  agricole  de 
Paris  fût  sous  la  direction  exclusive  du  ministère  de  l'agriculture. 
M.  Foucher  de  Careil  a  insisté  sur  la  création  du  crédit  agricole. 
M.  Danelle-Bernardin  a  parlé  de  l'utilité  qu'il  y  aurait  pour  l'agricul- 
ture à  porter  de  quinze  jours  à  vingt-huit  la  durée  des  congés  qu'il  est 
d'usage  d'accorder  aux  militaires  pour  les  travauîi  de  la  moisson. 

La  délégation  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France  qui  a  élé 
reçuepar  M.  leministrede  l'agriculture  était  composée  de  MM.  de  Dam- 
pierre,  président;  Bertin,  Josseau  et  de  Monicault,  vice-présidents: 
de  Luçay,  Blanchemain,  Ameline  de  la  Briselainne,  secrétaires; 
de  Galonné,  archiviste,  et  Johanet,  administrateur.  M.  Méline  a  dit,  en 
substance,  que  l'agriculture  avait  beaucoup  de  sympathies  dans  les 
Chambres,  qu'il  était  d'accord  avec  la  plupart  des  membres  du  Par- 
lement pour  reconnaître  qu'il  était  temps  que  les  questions  pendantes 
devant  les  pouvoirs  fussent  vidées.  De  ce  nombre  sont  les  projets 
relatifs  au  Code  rural  et  notamment  au  régime  des  eaux  et  au  Crédit 
agricole;  il  serait  très  désirable  que  ce  dernier  projet  fût  discuté,  au 
moins  par  le  Sénat  qui  en  est  saisi,  pendant  la  session  d'été.  L'idée 
d'un  retour  à  la  loi  de  1851  sur  la  représentation  légale  de  l'agricul- 
ture a  été  sympathiqueœent  accueillie  par  le  ministre.  L'entretien  a 
roulé,  à  la  fin,  sur  l'enseignement  pratique  proprement  dit  de  l'agri- 
culture, qui  s'adresse  à  la  culture  moyenne. 

III.  —  Monument  en  V honneur  de  Léonce  de  Lavergne. 

Parmi  les  hommes  dont  le  souvenir  restera  vivace  et  dont  les  leçons 
se  propageront  de  plus  en  plus  parmi  les  agriculteurs,  Léonce  de 
Lavergne  occupe  un  des  premiers  rangs.  Son  nom  se  place,  pour  ne 
parler  que  du  passé,  à  côté  de  ceux  de  Mathieu  de  Dombasle  et  du 
comte  de  Gasparin.  L'agriculture  voudra  lui  rendre  le  même  hommage 
qu'elle  a  rendu  à  ses  deux  devanciers.  Pour  répondre  à  cette  pensée, 
un  Comité  vient  de  se  former  sous  la  présidence  de  M.  Dumas,  notre 
illustre  président  de  la  Société  nationale  d'agriculture;  tous  ceux  à  qui 
l'on  s'est  adressé  ont  répondu  avec  empressement  à  la  pensée  des 
promoteurs  de  cette  œuvre.  Après  s'être  constitué,  le  Comité  a  décidé 
que  la  souscription  serait  publique,  et  il  a  rédigé  l'appel  suivant, 
qui  résume  les  titres  de  Léonce  de  Lavergne  à  la  reconnaissance 
publique  : 

Le  Conseil  général  de  la  Creuse,  se  rappelant  que  Léonce  de  Lavergne  a  été 
un  des  maîtres  de  l'agriculture  et  qu'il  a  représenté  ce  département  dans  les 
assemblées  politiques,  a  pris  l'initiative  d'ouvrir  une  souscription  pour  lui  élever 
un  raonument.  En  conséquence,  un  comité  a  été  formé,  afin  de  consacrer  la  recon- 
naissance de  l'agriculture  et  de  la  science  pour  les  grands  services  que  Léonce  de 
-Lavergne  a  rendus. 


CHRONIQUE  AGRICOLE    (17  MARS    1883).  4C3 

Agriculteur,  économiste,  historien,  homme  d'Etat,  Léonce  de  Lavergne  a  laissé, 
dans  toute  les  voies  qui  se  sont  ouvertes  devant  lui,  la  trace  inefTaçablo  de  son 
passage.  [1  a  posé  avec  une  telle  sûreté  les  bases  de  l'économie  rurale  que  tous 
ceux  qui  sont  venus  après  lui  se  glorifient  d'être  ses  élèves.  Traduits  dans  toutes 
les  langues  des  pays  civilisés,  ses  ouvrages  ont  exercé  partout  la  plus  légitime 
autorité.  L'agriculture  s'honorera  en  rendant  hommage  à  une  vie  consacrée  tout 
entière  à  l'étude  de  ses  intérêts  et  à  Jeur  défense. 

Le  nom  de  Léonce  de  Lavergne  est  indissolublement  uni  au  souvenir  de  l'Ins- 
titut agronomique  de  Versailles,  qui,  dans  sa  trop  courte  durée,  a  exercé  une  si 
grande  influence  sur  l'agriculture  française.  Il  est  lié  à  toutes  les  œuvres  de 
progrès  qui  ont  été  si  fécondes  dans  les  quarante  dernières  années. 
Ce  n'est  pas  seulement  aux  agriculteurs  que  nous  nous  adressons. 
Léonce  de  Lavergne  a  été  membre  de  l'Académie  des  sciences  morales  et  poli- 
tiques, membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture,  membre  de  la  Société  des 
agriculteurs  de  France,  membre  de  la  Société  d'économie  politique,  membre  de 
la  Société  de  statistique.  Les  associations  agricoles  des  deux  mondes  ont  voulu  lui 
donner  un  témoignage  d'estime  et  de  reconnaissance  en  lui  décernant  leurs  titres 
les  plus  élevés. 

A  tous  les  hommes  d'étude,  à  tous  ceux  qui  s'intéressent  au  développement  de 
la  richesse  des  nations,  nous  rappellerons  les  leçons  que  Léonce  de  Lavergne  a 
données  sur  la  création  et  le  développement  des  institutions  libérales;  —  devant 
tous  les  Français,  nous  évoquerons  les  souvenirs  de  l'Assemblée  nationale  et  du 
Sénat,  où  sa  grande  autorité  et  son  patriotisme  ont  suggéré  souvent  la  solution 
de  questions  difficiles;  —  aux  agriculteurs  de  tous  les  pays,  nous  signalerons  le 
profit  qu'ils  ont  tiré  de  ses  leçons. 

Par  ses  œuvre'i,  Léonce  de  Lavergne  est  entré  dans  l'histoire.  Un  monument 
élevé  par  la  reconnaissance  publique  prouvera  une  fois  de  plus  que  la  France  n'est 
jamais  ingrate  envers  les  hommes  qui  l'ont  illustrée. 

Président  du  Comilè  : 
Dumas   (J.-B.),   de  l'Académie   française,    secrétaire  perpétuel   de   l'Académie 
des  sciences,  président  de  la  Société  nationale  d'agriculture. 
Vice- présidents  : 
YuiTRY,  membre  de  l'Institut; 

Sày  (Léon),  membre  de  l'Institut  et  de  la  Société  nationale  d'agriculture,  pré- 
sident de  la  Sociéié  d'économie  politique,  sénateur; 
QuATREFAGEs  (de),  membre  de  l'Institut  et  de  la  Société  nationale  d'agriculture; 
Fàyolle,  sénateur  de  la  Creuse; 
Nadaud  (Martin),  député  de  la  Creuse  : 

Barral  (J.-A.),  secrétaire  perpétuel  de  la  Société  nationale  d'agriculture; 
Tisserand,  conseiller  d'Etat,  directeur  de  l'agriculture  au  ministère  de  l'agri- 
culture, membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture; 
Dampierre  (de),  président  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France,  membre  de 

la  Société  nationale  d'agriculture. 
GiiEYssoN,  directeur  au  ministère  des  travaux  publics,  président  de  la  Société  de 

statistique  ; 
FoiJCHER  DE  Gareil,  premier  président  de  la  Société  nalioaale^d'encouragement  à 

l'agi iculture,  sénateur; 
Lecouteux,  membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture,  professeur  à  l'Institut 

national  agronomicjue; 
RiSLER,_  membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture,  directeur   de   l'Institut 
national  agronomique. 
Trésorier  : 
Cartier  (Ernest),  avocat  à  la  Cour  de  Paris. 

Secrétaires  : 
Cabaret  (Paul),  chef  de  bureau  au  ministère  de  l'agriculture; 
Sagnier  (Henry),  secrétaire  delà  rédaction  du  Journal  de  Cagriculiurt. 

Membres  : 

Arlès-Dufour  (Armand),  membre   du  Conseil  supérieur  de  l'agriculture,  agri- 
culteur à  Oued-el-Alleug  (Algérie); 
Baudrillart,  membre  de  l'Institut  et  de  la  Société  nationale  d'agriculture  ; 
Bazille  (Gaston),  membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture,  sénateur; 


404  CHRONIQUE  AGRICOLE  (17  MARS  1883). 

BesnArt»  (H.J,  président  du  Comice  agricole  de  Seine-et-Oise; 

Block  (Maurice),  membre  de  l'Institut; 

BuLOZ,  directeur  de  la  Revue  des  Deiix-Mon-'es  ; 

Gaird  (James),  membre  du  Parlement  anglais; 

Gaze  (Edmond),  député,  vice-président  de  la  Société  nationale   d'encouragement 

à  l'agriculture  ; 
Courcelle-Seneuil,  membre  de  l'Institut; 
Dailly,  membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture; 
Deslandes  (V.),  directeur  de  l'imprimerie  royale,  à  Lisbonne  (Portugal); 
DoNiOL,  directeur  de  l'Imprimerie  nationale,  correspondant  de  l'Institut  ; 
DuBOST,  directeur  de  l'Ecole  nationale  d'agriculture  de  Grignon  ; 
Esterno  (d'),  membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture; 
FoEX  (G-.),  directeur  de  TEcole  nationale  d'agriculture  de  Montpellier; 
GrASPARiN  (Paul  de),  membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture,  correspondant 
Gaudry  (Alb-rt),  membre  de  l'Institut; 

Jenkins,  secrétaire  de  la  Société  royale  d'agriculture  d'Angleterre  ; 
Laboulaye  (Edouard),  membre  de  l'Institut,  sénateur  ; 
Lavallée,  membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture,  président  de  la  Société 

centrale  d'borticulture  ; 
Laveleye  (E.  de),  membre  de  l'Académie  royale  de  Belgique; 
Lefranc  (Victor),  sénateur,  professeur  à  l'Institut  national  agronomique; 
LevasseuR;  membre  de  l'Institut  ; 
Mares  (Henry),  membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture; 

l'Institut  ; 
MiRAGLiA   (N.),  directeur   de  l'agriculture  au  ministère  de  l'agriculture  et  des 

travaux  publics,  à  Rome  (Italie); 
MoLiNARi  {Gr.  de),  rédacteur  en  chef  du  Journal  des  économistes ^  correspondant 

de  l'Institut  ; 
Neumann-Spallart   (F.   de),  professeur  à   l'Ecole  supérieure  d'agriculture  de 

Vienne  (Autriche)  ; 
Parieu  (de),  membre  de  l'Institut  et  de  la  Société  d'agriculture,  sénateur; 
Parry,  député,  vice-président  du  Conseil  général  de  la  Creuse  ; 
Passy  (Frédéric),  membre  de  l'Institut,  député; 
Passy  (Louis),  membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture,  député; 
RÉciPON,  député,  président  de  la  Société  d'encouragement  à  l'agriculture; 
Bémusat  (Paul  de),  sénateur; 
RisCAL  (marquis  de),  à  Madrid  (Espagne); 

Simon   (Jules),  secrétaire  perpétuel  de  l'Académie  des  sciences  morales  et  poli- 
tiques, sénateur; 
Teisserenc  de  Bort,  membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture,  sénateur; 
Vassillière  (F.),  directeur  de  l'Ecole  nationale  d'agriculture  de  Grand-Jouan; 
ViLSON  (John),  professeur  d'agriculture  à  l'Université  d'Edimbourg  (iicosse  ; 
WoLOWSKi  (Féhx),  correspondant  de  la  Société  nationale  d'agriculture  (Pologne). 
Les  souscriptions  doivent  être  adressées  à  la  Société  générale  (bureau  N,  rue  du 
Faubourg-Saint-Honoré,  91,  à  Paris)  au  compte'deM.  Ernest  Cartier,  trésorier 
du  Comité;  —  ou  bien,  au  siège  de  la  Société  nationale  d'agriculture,  18,  rue  de 
Bellechasse;  —  ou  bien,  dans  les  bureaux  des  journaux  agricoles  et  économiques. 
Les  noms  des  souscripteurs  seront  publiés . 

La  première  liste  de  souscription  a  été  rapidement  couverte;  elle 
atteint  la  somme  de  3,840  francs,  comme  il  suit  : 

Société  nationale  d'agriculture 500  francs. 

Société  des  agriculteurs  de  Franc &00  — 

MM.  Vuitry,  vice-président  du  Comité .     50  — 

Quatrefages  (de) ,            —             oO  — 

Tisserand,                        —             50  — 

Barrai  (J.-A.),                  —              50  — 

Dampierre  (de) .              —             100  — 

Nadaud  (Martin),            —             50  — 

Lecouteux,                      — 50  — 

■  Risler,                             —             • 50  — 

Cheysson,                        —             50  — 

Cartier  (Ernest),  trésorier  du  Comité 1,000  — 

Cabaret  (Paul) ,  secrétaire  du  Comité 50  — 

Sagnier  (Henry) ,                —              50  — 

Baudrillart,  membre  du  Comité 50  — 

Bazille  (Gaston),          —               50  — 


CHRONIQUE  AGRICOLE   (17   MARS    1883).  405 

Besnard  (H) ,                —                50  — 

Dailly  (Adolphe),          —                : 50  — 

Duliost,                        —               50  — 

Gasparin  (Paul  de),      —                200  — 

Gaudry  (Albert),            — 200  — 

Laboulaye  (Edouard),  —               50  — 

LavaUée  (Alphonse),     -r 50  — 

Molinari  (G.  de),           —                25  — 

Parieu  (de),                      -               50  — 

Pas>y  (Frédéric),          —               50  — 

VassiHière,                    — 50  — 

Journal  de  l'agriculture 100  — 

Journal  d'agriculture  pratique 100  — 

MM.  Bouché  (A.) 20  — 

Chabot-Karlen 25  — 

Goffart  (Auguste) 60  — 

Bruguière  (Louis) 10  — 

Gobin  (H.) 10  — 

Total  de  la  première  liste 3 ,  840  francs. 

La  souscription  est  ouverte  dans  les  bureaux  du  Journal  de  Vogri- 
cultare.  Nous  publierons  chaque  semaine  les  listes  de  souscription. 
Les  associations  agricoles,  les  établissements  d'enseignement  agricoIe_, 
les  agriculteurs,  tous  ceux  qui  savent  combien  Léonce  de  Lavergne  a 
été  un  défenseur  infatigable  des  intérêts  de  l'agriculture,  voudront  par- 
ticiper à  l'hommage  qui  lui  est  rendu. 

IV.  —  Le  budget  de  l^ agriculture. 

Le  projet  de  loi  portant  fixation  du  budget  général  de  l'exercice  1884 
a  été  présenté  par  le  gouvernement  à  la  Chambre  des  députés  dans  sa 
séance  du  3  mars.  D'après  ce  projet,  les  crédits  demandés  pour  les  ser- 
vices généraux  du  ministère  de  l'agriculture  s'élèvent  à '25, 760,640  fr., 
en  augmentation  de  1,109,890  francs  sur  les  crédits  de  1883.  Cette 
augmentation  se  répartit  comme  il  suit  :  personnel,   55,700  francs,  ; 
matériel,  11,600  francs;  impressions,  8,500  francs;  personnel  des 
écoles  vétérinaires,  42, 1 95  francs  ;  service  des  épizooties,  62,00  J  francs , 
indemnités  pour  abatage  d'animaux,   100,000   francs;    personnel  de 
l'enseignement  agricole,  70,420  francs;  subventions  à  diverses  insti- 
tutions agricoles,  88,000  fr.  ;  encouragements  à  l'agriculture   et  au 
drainage,  75, 000  fr.  ;  primes  pour  la  destruction  des  loups,  1  00,000  fr.  ; 
personnel  des  haras  et  des  dépôts  d'étalons,  20,600  francs;  matériel 
(les  haras  et  dépôts  d'étalons,   113,360  francs;  remonte  des  haras, 
50,000  francs;  garantie  d'intérêts  aux  compagnies  concessionnaires 
de  grandes  entreprises  d'amélioration  agricole,  100,000  francs;  encou- 
ragements à  l'industrie  chevaline  en  Algérie,  13,000  francs;  travaux 
hydrauliques  en  Algérie,  300,000  francs.  D'un  autre  côté,  il  y  a  une 
diminution  de  42,195  francs  sur  le   matériel  des  écoles  vétérinaires, 
(le  34,190   francs  sur  le  matériel    de    l'enseignement    agricole,    de 
25,000  francs,  sur  la  statistique  agricole  décennale  de  1882.  Les 
frais   de  régie  et  de  perception  scmt  inscrits  pour  une   somme  de 
18,378,598  francs  dans  le  projet  du  budget,  avec  une  augmentation 
de   2,212,981     francs    portant    principalement    sur    le   service    des 
forestiers,  dont  la  nouvelle  organisatiim  entraîne  des  dépenses  consi- 
dérables, tant  pour  le  personnel  que  pour  les  travaux  à  entreprendre. 

V.  —  Le  phylloxéra. 

Dans  sa  séance  du  10  mars,  le  Sénat  a  adopté,  après  en  avoir  voté 
l'urgence,  le  projet  de  loi  sur  les  mesures  à  pr^n  Ire  contre  l  invasion 
et  la  propagation  du  phylloxéra  en  Algérie.  Le  texte  de  ce  projet  a  été 


406  CHRONIQUE  AGRICOLE  (17  MARS    1883). 

adopté  à  l'unanimité,  après  quelques  observations  intéressantes 
échancjées  entre  M.  Gaston  Bazille,  le  rapporteur  de  M.  Parent,  et 
M.  Mcline,  ministre  de  l'agriculture,  sur  la  manière  dont  sera  inter- 
prétée la  défense  de  pénétrer  dans  le  périmètre  des  lieux  infectés.  I.e 
projet  de  loi  a  été  immmédiatement  transmis  à  la  Chambre  des  dépu- 
tés, qui  l'a  adopté  dans  sa  séance  du  13  mars. 

Le  Messager  agricole  du  Midi  annonce,  dans  les  termas  suivants, 
la  création  d'une  nouvelle  vigne  d'expérience  dans  les  environs  de 
Montpellier  : 

ce  Nous  avons  une  bonne  uouvelle  à  donner  à  nos  lecteurs  :  M.  le  ministre  de 
l'agriculture  a  bien  voulu  confier  à  la  Commission  départementale  de  l'Hérault 
pour  l'étude  du  phylloxéra  le  soin  de  créer  une  vigne  expérimentale  dans  des 
terrains  de  coteau,  afin  de  voir  comment  s'y  comporteraient  les  principaux  plants 
américains  qui  doivent  servir  à  la  recon>titution  de  nos  vignobles.  La  Commission 
a  déjà  fait  choix  d'une  terre  d'un  hectare  qui  avait  été  préparée  par  le  propriétaire 
pour  être  plantée  cette  année  môme,  et  elle  est  eu  train  de  procéder  à  la  planta- 
tion de  la  plus  grande  partie  de  cette  terre.  Les  cépages  reconnus  les  plus  résis- 
tants parmi  les  producteurs  et  les  porte-greffes  entreront  pour  la  plus  grande 
part  dans  la  composition  de  cette  vigne  d'étude,  mais  on  fera  également  une  place 
pour  les  cépagds  nouveaux  obtenus  par  les  semis  et  par  les  hybridations.  Les 
sommes  qui  seront  mises  à  la  disposition  de  la  Commission  pir  le  ministère  de 
l'agriculture  permettront  de  faire  de  cette  vigne  une  vigne  modèle,  qui  fournira  à 
tous  les  vignerons  des  sujets  d'étude  des  plus  intéressants.  Nous  devons  remercier 
le  gouvernement  de  cette  nouvelle  preuve  d'intérêt  qu'il  donne  à  nos  populations  ; 
les  vignes  américaines,  autrefois  dédaignées  et  pour  lesquelles  on  préparait  des 
projets  de  loi  d'expulsion  et  de  bannissement,  reçoivent  aujourd'hui  leurs  grandes 
lettres  de  naturalisation,  et  elles  jouiront  désormais  des  mêmes  droits  et  des  mêmes 
faveurs  que  nos  vignes  françaises.  » 

M,  Culeron  vient  de  faire  connaître  à  l'Académie  des  sciences  les 
résultats  de  lemploi  pratique  du  sulfocarbonate  de  potassium  contre 
le  phylloxéra,  auquel  il  a  eu  recours,  depuis  plus  de  cinq  ans,  dans  le 
midi  de  bi  France.  Le  système  qu'ilpréconise  consiste  à  taire,  au  pied 
de  chaque  cep,  une  cuvette  pour  contenir  la  solution  toxique,  sans 
mettre  les  premières  racines  à  découvert;  à  opérer  de  novembre  en 
avril,  en  employant  de  90  à  100  grammes  de  sulfocarbonate  par 
souche  (70  grammes  pour  les  jeunes  vignes),  sans  a|0uter  d'eau  pura 
après  la  dissolution  sulfocarbonatée.  Dans  les  traitements  de  juillet  et 
d'août,  il  conseille  de  réduire  d'un  tiers  le  sulfocarbonate,  et  enfin, 
pour  les  taches  découvertes  en  été,  de  faire  deux  traitements  à  huit 
ou  dix  jours  de  distance  et  à  dose  réduite  d'un  tiers,  le  second  étant 
destiné  à  faire  périr  les  insectes  provenant  des  œufs  épargnés  par  le 
premier  traitement. 

VI.  —  Réunions  viticoles  de  Montpellier. 

Nous  recevons  la  note  suivante  sur  les  réunions  qui  viennent  d'avoir 
lieu  à  Montpellier  : 

«  L'école  d  agriculture  de  Montpellier  ne  s'occupe  pas  seulement  des  que.stions 
générales  qui  intéressent  l'exploitation  du  sol;  c'est  encore  une  école  spéciale  de 
viticulture.  La  Société  centrale  d'agriculture  de  l'Hérault  ne  pouvait  trouver  de 
meilleur  endroit  pour  l'organisation  des  réunions  viticoles  qu  elle  reprend  avec 
profit  chaque  année.  Les  dernières  viennent  de  s'y  tenir  avec  un  plein  succès,  les 
5,  6,  et  7  mars  dernier  Leur  but  avait  été  indiqué  avec  précision  daps  le  pro- 
gramme qui  en  avait  été  arrêté.  On  avait  eu  soin  d'en  bannir  les  discussions  géné- 
rales sur  lesquelles  il  avait  semblé  inutile  d'insister  en  ce  moment,  après  tous 
les  Co  igrès  qui  se  sont  succédé,  pour  se  borner  à  l'examen  des  laiis  acquis  à 
la  pratique.  Le  plan  adopté  a  été  suivi  dans  toute  sa  rigueur.  Sous  la  présidence 
de  M.  L.  Yialbi^  rassemblée  réunie  dans  le  grand  amphithéâtre  de  l'école,  qui 


CHRONIQUE  AGRICOLE    (17    MARS    1883).  407 

s'e'-t  trouvé  beaucoup  trop  petit  pour  la  circonstance,  a  étudié  successivement 
toutes  les  qviestions  qui  lui  ont  été  soumises.  Sur  chaque  point  spécial,  les  assis- 
tants ont  été  excités  à  dire  ce  qu'ils  avaient  vu  et  observé;  les  réponses  ont  éié 
nombreuses;  il  n'y  a  pas  eu  un  seul  discours,  et  le  public  n'a  pas  moins  suivi 
toutes  les  séances  avec  la  plus  grande  assiduité  sans  manifester  le  moindi»e  signe 
de  fatigue.  On  a  procédé  ainsi  à  une  enquête  complète  et  minutieuse  qui  portera 
ses  fruits. 

«  Les  propriétaires  de  l'Hérault  étaient  nombreux,  et  les  départements  étran- 
gers avaient  égalemeni  envoyé,  à  Montpellier,  beaucoup  de  leurs  représentants. 
Mme  Ponsol  et  M.  Piola  s'y  étaient  rendus  de  la  Gironde;  Mme  la  duchesse  de 
Fitz-Jaraes,  du  Gard;  MM.  Viiicey  et  Gaillard,  du  Rhône;  M.  Goste,  de  l'Aude; 
M.  Reich,  des  Bouches-du-Rhône  ;  M,  Dupuy-Montbrun,  du  Tarn;  M.  P.  du 
Mortillet,  de  Pau,  etc.,  etc.  Les  hommes  du  métier,  les  ouvriers  vignerons  s'y 
trouvaient  aussi  en  grande  masse,  et  ils  ont  pris  une  part  active  ar.x  travaux. 

«  Les  vignes  américaines  ont  eu  les  honneurs  de  la  réunion;  c'est  de  leur  situa- 
tion et  de  leur  avenir  qu'on  s'est  principalement  occupé.  Il  ne  pouvait  en  être 
autrement  dans  un  milieu  où  nos  vieilles  plantations  françaises  ont  complètement 
disparu.  Des  cépages  qui  ont  été  introduits  depuis  ces  derniè  es  années,  ceux 
qui  ont  définitivement  confirmé  leur  valeur  sont  le  Jacquez,  comme  plant  de  pro- 
duction directe  ;  les  Riparias,  les  Rupestris  et  l'York-Madeira  comme  porte-greffes. 
Les  avis  qui  sont  à  peu  près  unanimes  p(?ur  constater  le  uiérite  de  ces  variétés 
sont  au  contraire  assez  partagés  au  sujet  du  Taylor,  du  Clinton,  de  l'Heibemont, 
de  rOporto,  du  Guningham  et  de  beaucoup  d'autres  espèces  dont  la  réussite 
dépend  de  certaines  conditions  que  l'on  ne  trouve  pas  réunies  dans  les  circon- 
stances oriinaires.  L'opinion  s'est  montrée  bien  plus  indécise  encore  à  l'égard 
de  rOthello  qui  a  profité  d'une  vogue  exagérée;  ses  boutures  ont  atteint,  en  1882 
et  1883,  des  prix  qu'on  aurait  peine  à  croire,  et  cependant  sa  résistance  n'est 
rien  moins  que  sérieusement  constatée. 

«  La  gretie  se  vulgarise;  ce  n'est  plus  que  dans  ses  détails  qu'elle  demande  les 
perfectionnements.  Son  apprentissage  exige  un  peu  d'attention,  mais  il  n'est  ni 
long,  ni  difficile.  Quelques  opérateurs  exécutent  la  fente  anglaise,  d'autres  don- 
nent la  préférence  à  la  fente  entière  ou  à  la  fente  simple,  suivant  la  grosseur  des 
sujets  ;  l'un  ou  l'autre  de  ces  systèmes  peut  être  plus  avantageux,  mais  tous  réus- 
sissent. 

ce  Trois  séances  des  réunions  ont  été  réservées  à  l'étude  des  insecticides  et  les 
irrigations  d'été.  Les  propriétaires  de  Montpellier  ne  pouvaient  qu'écouter,  ils 
ont  appris  avec  plaisir  que  le  sulfure  de  carbone  donnait  d'excellents  résultats 
dans  la  Gironde  et  dans  le  Beaujolais  ;  ils  auraient  voulu  avoir  des  renseigne- 
ments plus  complets  sur  le  sulfocarbonate  de  potassium  et  les  arrosages,  mais 
ils  savent  maintenant  que  les  moyens  de  défense  se  perfectionnent,  et  c'est  une 
indication  dont  ils  tiendront  un  bon  compte. 

«  L'école  d'agriculture  a  eu  sa  part  des  succès  des  réunions  de  la  Société  de 
l'Hérault;  ses  anciens  élèves  qui  tit^nnent  déjà  une  place  importante  dans  le 
monde  des  cultivateurs,  ont  apporté  de  sérieux  éléments  aux  discussions  qui 
ont  eu  lieu.  Avant  de  se  quitter,  ils  ont  vou'u  se  réunir  dans  un  banquet  amical; 
les  anciens  élèves  des  autres  écoles  se  sont  joints  à  eux,  et  des  relations  aussi  utiles 
(fu'agréables  se  sont  ainsi  déveloopées  au  profit  des  uns  et  des  autres.  C'est  un 
des  avantages  spéciaux,  qu'il  nous  semble  bon  de  signaler,  de  ces  grandes 
réunions  que  d'en  provoquer  d'autres,  plus  limitées,  qui  ont  aussi  leur 
importance. 

'<  L'école  d'agriculture  de  Montpellier  ne  néglige  rien  du  reste  pour  rester  en 
communication  directe  avec  les  agriculteurs.  Son  influence  m  peut  s'accroître 
([u'au  contact  des  cultivateurs;  ses  excursions  tendent  à  l'assurer.  Après  avoir 
visité  le  Midi,  elle  organise  en  ce  moment  une  course  plus  éloignée  en  Algérie; 
ses  élèves  en  rapporteront  certainement  d'utiles  renseignements.  » 

On  trouvei^a  plus  loin  dans  ce  numéro  (page  428)  un  premier 
article  spécial  sur  les  questions  agitées  dans  les  réunions  viticoles  de 
l'école  de  Montpellier. 

VIL  —  L'ensilage  des  fourrages  verts. 
La  conservation  des  fourrages  à  l'état  vert,  et  particulièrement  du 
maïs-lourrage,  est  une  méthode  adoptée  aujourd'hui  dans  un  grand 


408  CHRONIQUE  AGRICOLE    (17  MARS   1883). 

nombre  d'exploitations  rurales,  en  France  et  dans  beaucoup  de 
pays  étrangers.  Les  faits  qui  se  sont  produits  partout  pendant  les 
dernières  années,  et  notamment  ceux  qui  ont  été  mis  en  lumière  par 
1  enquête  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France,  ont  démontré  qu'il 
n'y  a  qu'un  moyen  de  réussir  à  coup  sûr,  c'est  de  suivre  les  prescrip- 
tions que  M.  Goffart  a  données  il  y  a  bientôt  dix  ans.  Si  l'on  s'ea 
écarte,  on  perd  une  partie  de  la  récolte  ensilée,  partie  plus  ou  moins 
grande  suivant  la  saison  et  suivant  la  nature  des  fourrages.  Mais  si 
l'on  obéit  fidèlement  aux  règles  indiquées,  on  retire  des  silos  la  quan- 
tité de  fourrage  qu'on  y  a  mise,  dans  un  état  de  conservation  absolue. 
La  forme,  les  dimensions,  la  nature  des  silos  peuvent  varier  suivant 
les  ressources  du  cultivateur  et  suivant  les  circonstances  dans  les- 
quelles il  se  trouve  placé;  mais  ce  qui  est  essentiel,  c'est  que  la  récolte 
mise  en  silo  soit  comprimée  par  un  poids  suffisant  pour  chasser  pro- 
gressivement l'air  qu'elle  renferme.  Nous  n'insisterons  pas  autre- 
ment, renvoyant  nos  lecteurs  à  l'excellent  traité  que  M.  Goffart  a  publié 
à  la  librairie  de  G.  Masson.  * 

Si  la  pratique  de  l'ensilage  a  trouvé  de  nombreux  adhérents  dans 
notre  pays,  si  elle  a  permis  d'élever,  dans  beaucoup  de  fermes,  une 
plus  grande  proportion  de  bétail,  double  profit  pour  les  cultivateurs 
au  point  de  vue  des  produits  directs  de  ces  animaux  et  de  leur  fumier, 
le  bruit  légitime  qui  s'est  fait  de  1873  à  1876  autour  de  cette  heu- 
reuse invention,  s'est  apaisé;  c'est  dans  un  véritable  calme  qu'elle 
gagne  de  plus  en  plus  du  terrain,  comme  toutes  les  pratiques  profita- 
bles, une  fois  qu'ellesont  fait  leurs  preuves.  Citons  aussi  l'Angleterre, 
011  la  méthode  Goffart  a  trouvé  de  nombreux  adeptes,  ainsi  que  noua 
en  trouvions  récemment  la  preuve  dans  une  intéressante  brochure  que 
M.  Thomas  Christy  vient  de  publier  à  Londres  sur  ce  sujet. 

En  Amérique,  les  choses  ne  se  passent  pas  de  la  même  manière. 
Les  agriculteurs  américains  mettent  une  grande  expansion  dans 
l'expression  de  leurs  sentiments  et  nous  nous  garderons  bien  de  les 
en  blâmer,  lorsque  ces  sentiments  s'adressent  à  un  agriculteur  fran- 
çais, et  que  leur  manifestation  a  pour  but  de  faire  ressortir  le  service 
qu'il  a  rendu  aux  cultivateurs  de  tous  les  pays.  Ainsi  que  nos  lecteurs 
le  savent,  deux  congrès  d'ensileurs  ont  eu  lieu  à  New- York,  en  jan- 
vier 1882  et  en  janvier  1883.  Le  compte  rendu  de  cette  dernière 
réunion  a  récemment  paru  dans  nos  colonnes.  Elle  s'est  terminée  par 
la  résolution  suivante  qui  doit  être  reproduite  textuellement  :  «  Le 
congrès  des  fermiers  pratiquant  l'ensilage,  réuni  à  New  York  le  25  jan- 
vier 1883,  tient  à  exprimer  à  M.  Auguste  Goffart,  de  France,  son 
appréciation  sur  la  grande  valeur  du  système  de  l'ensilage  dont  on  lui 
doit  la  découverte  et  la  vulgarisation.  Jl  recommande  aux  fermiers  des 
Etats-Unis  son  adoption  universelle,  comme  la  meilleure  méthode  de 
conservation  des  récoltes  fourragères.  »  Tous  les  agriculteurs  français 
seront  heureux  de  cet  hommage  rendu  à  l'un  des  leurs  ;  la  consécration 
de  cette  découverte,  universellement  admise  dans  les  deux  mondes, 
est  un  nouveau  fleuron  pour  la  couronne  de  la  France  agricole.  C'est 
la  juste  récompense  de  vingt  années  de  recherches  ininterrompues, 
du  désintéressement  et  du  dévouement  avec  lesquels  M.  Goffart,  dès 
qu'il  a  été  certain  du  succès,  a  voulu  propager  la  méthode  qui  pourra 
recevoir  encore  des  applications  nouvelles,  mais  dont  le  principe  lui 
appartient  tout  entier. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (17  MARS   1883).  409 

VIII.  —  Production  des  sucres. 

Le  Journal  officiel  du  13  mars  publie  le  tableau  de  la  production  et 
du  mouvement  des  sucres  indigènes  depuis  l'ouverture  de  la  campa- 
gne jusqu'à  la  fin  du  mois  du  mois  de  février.  A  cette  époque,  les 
travaux  de  défécation  étaient  achevés  dans  492  fabriques,  sur  496  qui 
ont  travaillé  pendant  cette  campagne.  Les  quantités  de  jus  déféqués 
ont  été  de  79,441,000  hectolitres,  avec  une  augmentation  de 
1  i  ,236,000  hectolitres  sur  la  campagne  précédente  ;  le  degré  moyen 
des  jus  a  été  de  3.5,  soit  0.1  de  moins  qu'en  1881-82.  Les  charges 
exprimées  en  sucre  raffiné  se  sont  élevées  à  356,197,000  kilog.  soit 
28,848,000  kilog.  de  plus  qu'à  la  même  date  de  1882.  Quant  aux 
décharges,  elles  ont  été  de  273,067,000  kilog.  De  ces  renseignements, 
résulte  une  fois  de  plus  la  vérification  de  ce  que  nous  avons  dit  déjà 
plusieurs  fois,  c'est  que  ce  n'est  pas  l'industrie  française  qui  profite  de 
l'accroissement  de  la  consommation  du  sucre,  amené  par  la  réduction 
d'impôt  effectuée  en  1880. 11  est  de  la  plus  haute  importance  quelarévi 
sion  de  notre  système  fiscal  sôit  faite  à  bref  délai,  afin  de  faire  cesser  une 
situation  aussi  préjudiciable  à  notre  agriculture  qu'à  notre  industrie. 

IX.  —  Vente  d'animaux  de  race  durham  à  Corbon. 

La  vente  annuelle  d'animaux  de  la  race  durham  pure,  provenant  de 
la  vacherie  nationale  de  Corbon,  aura  lieu  le  24  avril  prochain  à  Corbon. 
Cette  vente  comprendra  13  taureaux  et  4  vaches  ou  génisses.  Nous 
rappelons  que  la  vacherie  nationale  de  Corbon  est  située  sur  la  route 
nationale  de  Paris  à  Cherbourg,  à  11  kilomètres  de  la  gare  de  Mé- 
zidon  et  à  19  kilomètres  de  la  gare  de  Lizieux.  Tous  les  trains  venant 
de  Paris,  de  Caen  ou  du  Mans,  s'arrêtent  à  ces  stations. 

X.  —  Les  concours  régionaux  hippiques. 

On  commence  à  publier  les  programmes  des  concours  hippiques 
qui  seront  adjoints  aux  prochains  concours  régionaux.  Nous  avons 
sous  les  yeux  les  programmes  des  concours  de  Blois  et  de  Bourg.  Nous 
devons  constater  qu'ils  sont  rédigés  sur  le  même  plan.  Les  étalons  et 
les  juments  y  sont  répartis  en  trois  catégories  :  animaux  de  pur  sang 
anglais,  arabe  et  anglo-arabe;  animaux  de  demi-sang;  animaux  dd 
trait  léger.  Dans  l'un  et  l'autre  concours,  les  chevaux  de  gros  trait, 
qui  constituent  une  des  branches  importantes  de  la  production,  sont 
exclus.  C'est  une  mesure  que  nous  regrettons. 

XI.  —  Nécrologie. 

Nous  avons  le  regret  d'annoncer  la  mort  de  M.  Maximin  de  Vialar, 
propriétaire  du  domaine  de  Bonrepos,  à  Saint-Nauphary  (ïarn-el- 
Garonne),  décédé  à  l'âge  de  soixante-treize  ans.  M.  de  Vialar  a  été  lauréat 
de  la  prime  d'honneur  au  concours  régional  de  Montauban  en  1869; 
il  avait  consacré  plus  de  trente  années  à  transformer  ce  domaine  d'une 
étendue  de  près  de  40()  hectares,  par  la  création  de  cultures  remar- 
quables, d'étables  très  bien  aménagées.  Après  avoir  mis  son  fils  à  la 
tête  de  son  exploitation,  il  a  entrepris  avec  succès  en  Algérie  la 
création  d'importantes  cultures. 

XII.  —  Inspection  de  la  boucherie  à  Paris. 

Un  concours  pour  l'admission  à  cinq  emplois  d'inspecteur  de  la 
boucherie  à  Paris,  au  traitement  par  an  de  3,000  à  4,000  francs,  aura 


^10  CHRONIQUE  AGRICOLE  (17  MARS  1883). 

lieu  à  la  Préfecture  de  police  le  mercredi  16  mai  prochain  à  dix  heures 
et  demie  du  malin.  Il  comprendra  une  épreuve  écrite  sur  un  sujet  de 
la  compétence  des  vétérinaires  et  une  épreuve  pratique  à  l'abattoir  de 
la  Villetle.  Les  candidats  devront  se  faire  inscrire  par  avance  au  secré- 
tariat général  de  la  Préfecture  de  Police,  bureau  du  personnel,  en  jus- 
tiiiant  parleur  acte  de  naissance  qu'ils  n'ont  pas  plus  de  cinquante  ans 
d'âge  et  en  produisant  en  outre  :  1°  un  extrait  de  leur  cahier  judi- 
ciaire ;  2"  leur  diplôme  de  vétérinaire;  3"  des  pièces  établissant  leur 
situation  au  point  de  vue  militaire. 

XIII.  —  Exposition  orniihologique  à  Vienne. 

Nous  recevons  le  programme  d'une  exposition  qui  sera  ouverte  à 
Vienne  (Autriche),  du  7  au  15  avril,  par  la  Société  d'ornithologie,  sous 
le  patronage  de  l'archiduc  Rodolphe.  Cette  exposition  comprendra  cinq 
catégories,  comme  il  suit  : 

«  a)  Les  oiseaux  vivants  de  toutes  espèces  soit  en  exemplaires  seuls,  soit  en 
eoilections;  cependant  il  ne  peut  être  admis  qu'une  race  de  la  volaille  de  basse- 
cour  de  chaque  exposant  et  seulement  celle  de  la  qualité  la  plus  préférable. 

«  b)  Tout  ce  qui  concerne  l'entretien  et  la  protection  des  oiseaux,  comme  cages, 
piliers,  vait-seaux  à  boire,  à  manger,  à  baigner,  nids,  cabanes,  mangeaille,  médi- 
caments, etc.;  appareils  à  couver,  pour  la  chasse,  jjour  la  prise  et  pour  le  trans- 
port, etc.,  etc.;  anciennes  et  nouvelles  armes  de  chasse,  objets  de  lauconnerie 
ou  autres  relatifs  au  transport;  enfin  les  appeaux,  serinelies,  etc. 

«  c)  Cabanes  et  volières,  pour  l'emplacement  desquelles  il  faut  donner  la  mesure 
d'avance  et  en  même  temps  que  l'annonce  relative  de  la  place. 

t'  d)  Les  volailles  engraissées  mortes  ou  vivantes. 

«  e)  Les  objets  scientifiques,  tels  que  ceux  de  Tyrt  et  de  l'industrie  du  monde 
des  oiseaux,  ou  qui  sont  relatifs  à  ceux-ci,  comme  livres,  brochures  et  journaux, 
traités  ornithologiques,  sculpture,  lithographie,  typographie  ou  photographie; 
moyens  d'instruction,  etc. 

Les  récompenses  consisteront  en  diplômes  d'honneur,  médailles  d'or^ 
d'argent  et  de  bronze..  Les  déclarations  des  personnes  qui  désirent 
prendre  part  à  cette  exposition,  doivent  être  envoy-^es  le  plus  tôt  pos- 
sible à  M.  Gustave  de  Hayek,  secrétaire  du  Comité  de  l'exposition,  à 
Vienne. 

XIV.  —  Machines  agricoles. 

M.  Rigault,  entrepositaire  de  machines  agricoles  (141,  quai  Valmy, 
à  Paris),  nous  prie  d'annoncer  qu'il  est  le  représentant  à  Paris,  de 
l'importante  maison  Marshall  et  C°,  de  Gainsborougb,  pour  ses  loco- 
mobiles  et  batteuses;  à  ce  titre,  il  se  met  à  la  disposition  des  pro- 
priétaires de  ces  macbines  pour  la  fourniture  des  pièces  de  rechange 
dont  ils  pourraient  avoir  besoin.  Par  suite  de  la  disparition  de  la 
maison  Waite  Burnell,  ancien  représentant,  à  Paris,  de  M.  Marshall, 
beaucoup  de  propriétaires  ne  savaient  plus  où  s'adretser  pour  avoir 
ces  pièces. 

XV.  —  Conseil  supérieur  de  V agriculture . 

Le  Conseil  supérieur  de  l'agriculture  s'est  réuni  le  14  et  le  15  mars 
sous  la  présidence  de  M.  Méline,  ministre  de  l'agriculture.  Après 
avoir  souhaité  la  bienvenue  aux  membres  du  Conseil,  M.  le  ministre 
de  l'agriculture  a  annoncé  son  intention  de  les  réunir  périodique- 
ment, afin  d'arriver  à  une  solution  rapide  des  questions  soumises  à 
l'examen  du  Conseil.  Parmi  les  questions  nouvelles  qu'il  désire  lui  voir 
étudier,  M.  Méline  a  signalé  celles  de  la  représentation  de  l'agriculture 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (17  MARS   1883).  411 

dans  les  départements,  des  réductions  à  apporter  dans  les  tarifs  de 
transport  des  denrées  agricoles  par  chemins  de  fer,  des  moyens  d'as- 
surer la  répression  de  la  fraude  sur  les  engrais.  Il  a  demandé  au 
Conseil  d'examiner  les  rapports  présentés,  au  nom  de  la  Commission 
de  viticulture,  par  M.  Dumas,  M.  Faucon  et  M.  Vialla.  Le  rapport  de 
M.  Jamciel,  au  nom  de  la  Commission  des  voies  de  communication,  a 
été  mis  en  délibération.  Voici  les  propositions  dans  lesquelles  ce  rap- 
port se  résume  : 

Article  premier.  —  Il  sera  créé,  dans  chaque  département,  un  réseau  unifié  de 
chemins  vicinaux  départementaux  comprenant  les  routes  départementales,  les 
chemins  de  grande  communication  et  ceux  des  chemins  vicinaux  ordinaires  con- 
fectionnés ou  non,  dont  l'importance  justifierait  le  classement. 

Une  révision  générale  des  classements  actuels  et  la  constitution  du  nouveau 
réseau  seraient  opérés  sous  le  contrôle  de  l'Etat. 

Les  chemins  de  moyenne  communication  et  Içs  chemins  vicinaux  classés 
deviendraient  la  jiropriété  des  dépirteraents,  sauf  les  plantations  existantes,  qui, 
jusqu'à  leur  maturité,  resteraient  acquises  aux  communes. 

Art.  2.  —  Les  départements  seraient  tenus  d'assurer,  chacun  sur  leur  terri- 
toire, l'entretien  des  réseaux  ainsi  constitués. 

L'Etat  allouerait  une  somme  fixe  de  30  millions  au  minimum,  qui  serait  votée 
et  répartie  annuellement  entre  les  départements,  à  titre  de  subvention,  ]iour 
concourir  à  cet  entretien  au  prorata  des  dépenses  dûment  justifiées  de  chacun 
d'eux. 

Les  communes  intéressées  seraient  appelées  à  contribuer  à  cet  entretien  dans 
la  proportion  de  leur  intérêt,  mais  seulement  jusqu'à  la  concurrence  de  la  valeur 
d'une  journée  de  prestation  à  fournir  soit  en  argent,  soit  en  nature. 

Les  centimes  ordinaires  spéciaux  de  la  vicinalité  votés  dans  chaque  commune 
lui  demeureraient  expressément  réservés. 

La  prestation  effectuée  en  nature  ne  pourrait  être  employée  que  sur  le  terri- 
toire de  la  commune. 

Art.  3.  — Dans  chaque  département,  il  serait  opéré  par  le  Conseil  général  une 
révision  des  tarifs  de  prestations  sur  des  bases  uniformes,  calculée,  d'après  la 
moyenne  des  prix  réels  des  journées  salariées,  et  dans  la  proportion  des  deux  tiers 
de  cette  valeur. 

Sur  l'avis  du  Conseil  général,  dans  chaque  département,  l'administration  aurait 
la  faculté  de  convertir  les  prestations  en  nature,  non  rachetées  en  argent,  en  tâches 
consistant  soit  en  fournitures  de  matériaux,  soit  en  charrois  ou  en  travaux  de 
terrassements,  etc.  etc  ,  selon  les  cire  instances. 

Art.  ti.  —  Une  révision  du  réseau  ou  des  tarifs  pourrait  avoir  lieu  après  une 
période  de  cinq  ans. 

Art.  5.  —  La  loi  de  1836  serait  maintenue  et  ses  dispositions  appliquées  au 
nouveau  réseau  vicinal  départemental,  sauf  les  modifications  indiquées  ci-dessus. 

Nous  ferons  connaître  le  résultat  des  délibérations  de  cette  réunion 
du  Conseil  supérieur. 

J.-A.  Barral. 

LES  PRIMES  D'ÉTALONNAGE  AU  CONCOURS  DE  PARIS 

Mon  cher  directeur,  un  mot  encore  sur  les  primes  de  monte  à  l'es- 
pèce bovine.  C  est  par  erreur  que  vous  m'avez  fait  viser  l'article  en 
date  du  ;i  mars  de  M.  de  la  Tréhonnais,  le  mien  étant  sous  presse  à 
ce  moment. 

Dans  ses  précédents  articles,  M.  de  la  Tréhonnais  avait  traité  de 
ridicules  les  primes  d'étalonnage,  dans  le  dernier  il  accentue  sa  pensée, 
la  déveUpp.i  et  cberche  à  la  justifier,  en  supposant  «  les  taure  lUX 
allant  de  foire  en  foire,  de  marchés  en  marchés,  de  chefs-lieux  en 
chefs-  lieux,  avec  leurs  cartes  de  primes  attachées  aux  cornes  ou  à  la 
queue  avec  des  faveurs  bleues,  jaunes  ou  violettes,  selon  le  degré  de 


412  LES  PRIMES  DÉTALONNAGE  AU  CONCOURS  DE  PARIS. 

la  distinction,  et  attirant  les  vaches  du  pays  par  un  boniment  quel- 
conque ))  11  ajoute  :  «  Ces  primes  de  reproducteurs,  si  elles  ont  une 
signification  quelconque^  ne  peuvent  avoir  que  celles-là,  car  on  les  a 
assimilées  à  celles  des  chevaux  entiers  qui  font  la  monte  dans  les 
campagnes.  On  a  voulu  et  on  l'a  dit  :  faire  pour  les  taureaux  ce  qu'on 
fait  pour  les  étalons  rouleurs.  Rimm  lenealis  amicil  est-il  possible  de 
rien  concevoir  de  plus  saugrenu,  et  comme  je  l'ai  dit,  de  plus  ridi- 
cule, etc  ,  etc.  »  (lien  a  toute  une  grande  page  dans  le  même  style). 

Je  supposais  que  M.  de  la  Tréhonnais  devait  savoir  qu'en  général 
les  taureaux,  et  particulièrement  les  durhams  ne  sont  pas  faits  pour 
la  marche,  que  la  chaleur  des  vaches  est  intermittente  et  fugitive, 
et  qu'elles  ne  sont  pas  prêtes  à  recevoir  un  étalon  rouleur,  comme  le 
sont  les  juments,  etc.,  J'écris  dans  un  journal  agricole  lu  par  im  public 
spécial  d'hommes  versés  dans  leur  métier,  et  je  suis  presque  confus 
d'avoir  à  discuter  de  semblables  allégations,  il  suffit  de  les  signaler 
pour  en  faire  justice. 

Au  lieu  de  se  donner  la  peine  d'imaginer  tant  de  suppositions 
bizarres  et  fantaisistes,  M.  de  la  Tréhonnais  eut  fait  plus  sagement 
de  se  procurer,  soit  au  siège  de  la  Société,  soit  au  concours  où  ils  ont 
été  distribués  à  profuaion,  les  programmes  contenant  les  conditions  de 
ce  concours,  dont  le  résumé  consiste  à  distribuer  immédiatement  des 
brevets  d'étalonna.;e,  et  au  V  janvier  1884,  les  primes  en  argent  y 
atl'érentes,  à  charge  de  justifier  que  les  taureaux  ont  servi  au  moins 
vingt  vaches.  Tout  ceci  est  très  sage,  très  pratique,  et  non  seulement 
ne  prête  pas  à  la  critique,  mais  améliore  même  les  conditions  des  con- 
cours régionaux  qui  exigent,  au  bout  de  six  mois,  un  certificat  d'exis- 
tence pour  les  animaux  primés;  tandis  que  nous  demandons  un  délai 
plus  grand  et  un  certificat  de  bons  et  réels  services. 

Ensuite  M.  de  la  Tréhonnais  s'inquiète  beaucoup  de  savoir  si  ces 
taureaux  serviront  des  vaches  de  toutes  races.  Evidemment  oui.  Les 
étables  de  pur  sang  sont  encore  très  clairsemées  en  France.  Des  tau- 
reaux de  têle  font  le  service  de  ces  établissements,  mais  tout  le  monde 
sait  que  l'énorine  majorité  des  taureaux  durhams  est  consacrées  à  faire 
des  croisements  qui  sont  en  train  de  devenir  une  de  nos  richesses 
agricoles,  témoin  l'exposition  des  animaux  gras. 

M.  de  la  Tréhonnais  parle  encore  de  la  médiocrité  flagrante  des  ani- 
maux exposés  ;  il  est  très  possible  qu'ils  fussent  loin  d'approcher  ceux 
qu'il  importe  d'Angleterre,  ou  qu'il  élève  dans  son  domaine  de  Saron  ; 
mais  dans  ce  cas,  je  regrette  vivement  (et  ce  sentiment  sera,  j'en  suis 
certain,  partagé  par  tous  les  intéressés)  que  M.  de  la  Tréhonnais  n'ait 
pas  exposé  lui-même  quelques-uns  de  ces  magnifiques  spécimens  qui 
lui  donnent  le  droit  de  critiquer  ceux  des  autres  d'une  manière  si 
absolue.  Quelle  utile  leçon  pour  l  élevage  français  qui  aurait  vu  alors 
ce  qu'il  fallait  faire  et  comment  il  fallait  le  faire. 

M.  de  la  Tréhonnais  vend  des  animaux,  il  fait  même  fréquemment 
insérer  dans  le  Journal  de  ^agriculture  des  annonces  qui  se  terminent 
de  la  mention  «  œuvre  de  propagande  ».  Le  triomphe  éclatant 
d'animaux  présentés  par  M.  de  la  Tréhonnais  eût  été,  ce  me  semble, 
mieux  qu'une  annonce  de  journal,  une  œuvre  de  propagande  par 
excellence,  d'après  ce  principe  que  s'il  est  bon  d'enseigner  les  hom- 
mrs  par  la  plume  et  la  parole,  il  est  encore  mieux  de  les  enseigner 
par  l'exempie.  Alphonse  Tiersoknier. 


SUR  LE  COMMERCE  DES  ENGRAIS.  413 

SUR  LE  COMMERCE  DES  EiNCRAIS 

Monsieur  le  secrétaire  perpétuel,  j'estime  qu'on  ne  doit  jamais 
intervenir  dans  les  relations  commerciales  sans  en  avoir  reçu  mission 
expresse,  et  malgré  le  puissant  intérêt  qui  s'attache  au  commerce  des 
engrais  complémentaires  qui  a  pris  dans  ces  dernières  années  un 
énorme  développement,  je  crois  qu'il  faut  se  garder  de  mettre  en 
cause  les  entreprises  industrielles  qui  s'appliquent  à  la  production 
de  ces  engrais,  d'autant  plus  que  lorsque  nous  sommes  appelés  par 
les  agriculteurs  à  leur  donner  notre  avis  sur  la  valeur  de  tel  ou  tel 
produit,  les  échantillons  qu'ils  nous  soumettent  ont  déjà  passé  du 
fabricant  au  déposant,  du  déposant  à  l'acheteur,  peuvent  avoir  subi 
des  altérations  de  plus  d'une  nature  et  ne  sauraient  nous  donner  le 
droit  de  traduire  une  raison  commerciale  devant  le  tribunal  de  la 
publicité.  D'un  autre  côté,  les  acheteurs  ont  des  moyens  de  contrôle; 
il  dépend  d'eux  d'en  user,  et  cette  liberté  est,  en  théorie  au  moins,  le 
meilleur  remède  aux  abus  de  l'esprit  d'entreprise. 

J'ai  dit  en  théorie  :  en  effet,  dans  la  pratique  il  n'en  va  pas  ainsi. 
Les  grands  propriétaires  qui  achètent  les  engrais  complémentaires  en 
grandes  masses  s'adressent  directement  aux  entrepôts  des  fabricants, 
acceptent  un  mode  de  vérification  et  en  usent.  Quant  aux  petits  culti- 
vateurs qui  forment  la  grande  masse,  dans  notre  région  au  moins, 
sans  doute  ils  s'associent  quelquefois  et  ces  associations,  vous  1^  savez, 
n'ont  pas  toujours  un  but  avouable;  mais  dans  la  plupart  des  cas  ils 
achètent  les  engrais  complémentaires  à  des  sous-traitants,  chacun 
pour  son  compte,  et  les  frais  de  voyage  et  d'une  analyse  qu'il 
faut  aller  chercher  à  vingt  lieues  de  leur  résidence  les  arrêtent  toujours; 
ils  vont  donc  un  peu  au  hasard  suivant  leur  inclination  et  le  plus  ou 
moins  de  savoir-faire  d'un  cDurtier  en  engrais.  Il  en  résulte  des  erreurs 
ruineuses  pour  l'agriculteur  et  un  encouragement  à  prodiguer  les  pro- 
messes les  plus  fallacieuses. 

J'ai  la  confiance  de  quelques  voisins,  et  mes  relations  agricoles  sont 
avec  eux  assez  étroites  pour  qu'ils  m'apportent,  avant  d'acheter,  des 
échantillons  des  merveilles  qu'on  leur  propose;  quand  mes  travaux 
me  le  permettent,  je  les  analyse  avec  la  plus  rigoureuse   exactitude. 

Il  y  a  huit  jours,  on  m'a  apporté  un  superphosphate  très  pulvérulent, 
presque  sans  odeur,  facile  à  répandre  à  la  volée  et  qui  était  vendu  au 
prix  doux  de  9  fr.50  les  100  kilog. 

Je  l'ai  fait  digérer  dans  l'acide  azotique  dilué,  et  en  voici  l'analyse 
très  rigoureuse  : 

Inattaquable  par  l'acid o  azotique  dilué 27 .  60 

Acide  sulfurique  anhydre 22.00 

Alumine  souillée  d'un  peu  de  sesquioxyde  de  l'er 18.00 

Chaux , 5.50 

Acide  phosphori(iue  anhydre 7.70 

Eau .' 19.20 

Total 100.00 

Acide  phosphorique  solublc  dans  l'eiu 6 .40 

C'est  la  première  fois  que  l'on  me  soumet  un  superphosphate  à  base 
d'alumine,  et  je  remarquerai  en  passant  que  la  solution  dans  l'eau 
distillée  se  troublait  avec  une  grande  rapidité  par  la  formation  d'un 
phosphate  insoluble  d'alumine,  ce  qu'on   appelle  improprement  du 

I.  Communication  à  la  Société  naliona'e  d'agriculture. 

*      * 


414  SUR  LE  COMMERCE  DES   ENGRAIS. 

phosphate  rétrogradé,  lequel  se  redissolvait  facilement  par  une  addition 
d'acide  azotique. 

Quoi  qu'il  en  soit,  si  l'on  prend  le  dosage  d'acide  phosphorique 
total,  il  est  livré  à  1  fr.  23  le  kilog.,  et  si  l'on  prend  le  dosage  de 
l'acide  phosphorique  soluble  immédiatement  dans  l'eau,  il  est  livré  à 
peu  près  à  1  fr.  50  le  kilog.  L'acide  phosphorique  soluble  dans  l'eau 
du  phosphate  Chilton  est  vendu  à  Marseille  à  0  fr.  80  le  kilog.  S'il 
nous  est  interdit  de  nous  mêler  des  combinaisons  commerciales,  nous 
avons,  d'autre  part,  le  devoir  de  signaler  à  l'agriculture  des  écarts 
aussi  considérables,  et  de  lui  inspirer,  si  cela  est  possible,  une  pru- 
dence légitime.  Si  cela  n'est  pas  possible,  il  nous  sera  permis  de 
déplorer  ces  obstacles  à  un  progrès  nécessaire. 

Agréez,  etc.  P.  de  Gasparin, 

Membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture. 

SUR  L^ŒUF  D^HJYER  DU  PHYLLOXERA-  —IV 

Toute  celte  phase  sexuelle  de  la  vie  de  l'insecte,  chez  le  phylloxéra  du  chêne 
comme  chez  le  phylloxéra  de  la  vigne,  a  pour  époque  la  période  .Je  l'année  qui  cor- 
respond à  la  température  moyenne  la  plus  élevét',  c'est-à-dire,  pour  la  première 
espèce,  de  fin  juin  à  fin  juillet  (sous  le  climat  de  Paris)  ^,  et  pour  la  deuxième, 
de  juillet  à  septembre  (sous  le  climat  de  Montpellier).  Lorsque  les  chaleurs  sont 
précoces,  la  période  sexuelle  subit  une  avance  plus  ou  moins  considérable,  comme 
cela  eut  lieu  en  1876,  où  les  ailés  ont  déjà  été  vus  en  grande  quantité  dès  le  25  juil- 
let, sous  le  climat  relativement  septentrional  de  la  Bourgogne^. 

C'est  .tout  aussi  peu  sous  l'influence  d'une  alimentation  appauvrie  que  se 
produisent  les  générations  d'ailés  et  de  .sexués,  aux  ovaires  considéraijlement 
réduits,  puisque  tous  les  observateurs  sont  unanimes  à  signaler  les  radicelles 
(recherchées  surtout  par  l'insecte  pour  sa  nourriture  et  où  il  prospère  le  mieux) 
comme  le  siège  de  ses  transformations  les  plus  précoces  et  les  plus  abondantes 
(Planchon  et  Lichtenstein,  Max.  Cornu,  Boiteau,  Balbiani,  etc.).  Tous  ont 
remarqué  aussi  la  rareté  de  ces  transformations  après  que  le  phylloxéra,  chassé 
par  la  destruction  des  radicelles,  s'est  réfugié  sur  les  grosses  racines  et  y  conti- 
nue ses  reproductions  parthénogénésiques. 

Dans  ces  conditions  nouvelles,  la  diminution  du  nombre  de  gaines  ovigères 
dans  les  générations  aptères  est  beaucoup  moins  brusque  que  dans  la  série  des 
ailés  et  des  sexués. 

Des  faits  entièrement  comparables  s'observent  aussi  chez  les  pucerons  ordi- 
naires qui  vivent  sur  les  parties  aériennes  de  nos  plantes  annuelles  ou  vivaces, 
On  sait  que  chez  ceux-ci  la  reproduction  a  lieu  pendant  toute  la  belle  saison  par 
des  femelles  agames  et  vivipares,  et  que,  dans  l'arrière-saison  et  l'automne,  elle 
s'opère  par  des  œufs  fécondés  et  pondus,  qui  hivernent  et  n'éclosent  que  le  prin- 
temps suivant.  Cette  transformation  du  mode  de  reproduction  est  généralement 
attribuée  à  l'influence  directe  de  l'abaissement  de  température  et  des  changements 
qui  surviennent  dans  les  sucs  des  plantes  dont  ces  insectes  se  nourrissent.  J'ai 
fait  des  observations  qui  ne  mi^  portent  pas  à  croire  à  cette  influence,  mais  à  con- 
sidérer la  reproduction  par  œufs  fécondés  destinés  à  hiverner  et  à  conserver 
l'espèce  pendant  la  disparition  de  son  aliment  comme  en  relation  avec  les  causes 
de  destruction  qui  la  menacent  à  l'approche  de  l'hiver  (froid  et  arrêt  de  la  végé- 
tation), et  n'ayant  par  conséquent  qu'un  rapport  indirect  et  éloigné  avec  les  con- 
ditions extérieures  *.  Je  partage  complètement  à  cet  égard  les  vues  développées  par 

1.  Voir  le  Journal  du  10  mars,  p.  377  de  ce  volume. 

2.  Sur  le  littoral  de  la  iNorniaiidie,  la  période  des  ailés  et  des  sexués  du  phylloxéra  du  cliène 
tombe  fïénéralenient  en  juillel-août. 

3.  A  Mancey  (Saône-et  Ivoire),  par  M.  Ronimier  {Comptes  rendus,  7  août  1876).  La  même  année, 
M.  Boiteau,  dans  le  Libournais,  observait  les  ailés  le  31  juillet,  et  les  sexués  le  3  août. 

4.  On  sait  d'ailleurs  que  la  période  sexuelle  ne  toniije  pas  en  automne  pour  tous  les  pucerons  : 
tel  est  celui  du  saule  [Aphis  salicis) ,  où  de  (ïeer  et  Kyber  ont  observé  dés  le  mois  de  juin  des 
mâles  et  des  accouplements.  Kyber  attribuait  l'apparition  précoce  des  mâles  dans  cette  espèce  au 
durcissement  prématuré  îles  leuilles  du  saule  et  prétendait  qu'on  pouvait  la  retarder  en  plaçant 
les  femelles  nt;ames  sur  des  pousses  jeunes  et  fraîches  de  cette  plante.  Cette  explication  est  rejetée 
par  Kaltciibach  ;  elle  est  aussi  en  contradiction  avec  mes  observations  et  mes  expériences  faites 
chez  plusieurs  espèces  de  pucerons. 


SUR  l'œuf  D'HIVKK  du  PHYLLOXERA.  415 

M.  le  prolesseur  Weismann,  dans  ses  belles  études  Liologiques  surlesdaphnoides, 
relativement  aux  causes  qui  déterminent  l'alternance  des  reproductions  par  par- 
thénogenèse et  par  génération  sexuelle  dans  les  colonies  formées  par  ces  petits 
crustacés  :  Weisinann  a  montré,  par  un  grand  nombre  d'observations  et  d'expé- 
riences, que  l'apparition  des  individus  sexués  mâles  et  femelles  ne  dépendait  pas 
des  conditions  extérieures  (température,  nourriture,  quantité  ou  qualité  de  l'eau) 
auxquelles  les  colonies  se  trouvent  momentanément  soumises,  mais  ([u'elle  était 
liée  à  certaines  générations  déterminées  quant  au  rang  qu'elles  occupent  dans 
le  cycle  d'évolution  de  ces  animaux.  Cette  génération  sexuée  est  tantôt  la  deuxième 
ou  la  troisième,  tantôt  la  dixième,  la  douzième  ou  même  la  vingtième  du  cycle, 
d'un  genre  ou  d'une  espèce  à  l'autre.  Le  seul  caractère  commun  du  cycle  généra- 
teur chez  tous  les  daphnoïdes,  c'est  l'absence  de  mâles  et  d'œufs  fécondés  dans'la 
première  génération  de  la  colonie*. 

J'ai  observé  chez  les  pucerons  des  faits  analogues  qu'il  serait  trop  long 
d'exposer  ici  ;  il  me  suffira  de  dire  que,  pas  mieux  que  AVeismann  chez  les  petits 
crustacés  qu'il  observait,  je  n'ai  réussi  à  transformer  le  mode  de  reproduction  de 
ces  insectes  par  des  changements  déterminés  artificiellement  dans  la  température 
ambiante  et  la  qualité  de  la  nourriture.  Chez  eux  aussi,  l'apparition  des  mâles  et 
des  femelles  est  liée  à  certaines  générations  déterminées  dans  la  descendance  de 
l'œuf  d'hiver.  Chez  le  phylloxéra  du  chêne,  les  ailés  et  leur  progéniture  sexuée 
font  toujours  défaut  dans  les  deux  premières  générations  issues  de  l'œuf  d'hiver, 
et  c'est  dans  la  troisième  seulement  qu'ils  commencent  à  se  montrer  pour  devenir 
graduellement  plus  nombreux  dans  les  générations  suivantes.  On  est  moins  bien 
renseigné  sur  la  génération  qui  fournit  les  premiers  ailés  et  les  premiers  sexués 
chez  le  phylloxéra  de  la  vigne,  des  observations  directes  et  précises  manquant 
jusqu'ici;  mais,  si  l'on  se  rappelle  que  les  ailés  se  développent  principalement  sur 
les  renflements  radiculaires  et  que  ceux-ci  caractérisent  la  première  année  de 
l'invasion  (Max.  Cornu),  on  sera  porté  à  admettre  que  les  premiers  sexués,  dans 
cette  espèce,  appartiennent  aussi  à  une  génération  peu  éloignée  de  l'œuf  d'hiver*. 

Je  crois  inutile  d'insister  plus  longuement  sur  ces  faits,  qui  répondent  à  une 
des  principales  objections  de  M.  Targioni-Tozzetti  contre  mes  vues  sur  la  cause 
de  l'épuisement  progressif  de  la  fécondité  chez  les  femelles  agames  des  colonies 
radicicoles  du  phylloxéra.  Cette  cause  a  bien  son  siège  dans  l'organisme  même,  et 
n'a  aucune  relation,  au  moins  directe,  avec  les  conditions  extérieures  de  tempéra- 
ture et  de  nutrition.  Elle  est  de  même  nature  que  celle  en  vertu  de  laquelle  toutes 
les  fonctions  de  l'économie  diminuent  d'énergie  par  le  fait  même  de  leur  durée  et 
de  leur  exercice  prolongé.  Mais  quel  est  le  temps  nécessaire  pour  que  la  puissance 
de  reproduction  agame  du  phylloxéra  arrive  à  sa  dernière  limite,  en  d'autres  termes, 
dans  quel  délai  les  colonies  radicicoles  soustraites  à  l'influence  régénératrice  de 
l'œuf  fécondé  disparaissent-elles  par  épuisement  total?  C'est  ce  que  nous  ne 
savons  pas  encore,  et  c'est  pour  éclairer  cette  question,  qui  intéresse  également 
la  science  et  la  pratique,  que  j'ai  proposé  les  expériences  sur  la  destruction  des 
œufs  d'hiver. 

Je  passe  maintenant  aux  autres  objections  de  M-  Targioni-Tozzetti.  Je  m'y 
arrêterai  beaucoup  moins  longuement  que  sur  la  précédente,  car  il  ne  s'agit  plus 
ici  d'une  question  de  principe,  mais  de  simples  faits  d'observation  sur  lesquels,  je 

1.  Weisinann  distingue  parmi  les  daplinoides  des  espèces  polycyciiques,  nionocycliques  et 
acycliques,  suivant  que  la  génération  sexuelle  vient  interrompre  plusieurs  ou  une  seule  fois  par  an 
la  série  des  générations  parthénogénésiques  ou  fait  complètement  défaut  dans  les  pliénomènes 
démultiplication  de  ces  animaux.  Ces  diverses  formes  du  cycle  reproducteur  se  sont  développées, 
suivant  \\  eismann,  par  sélection  naturelle  en  relation  avec  le  retour  périodique  annuel  plus  ou 
moins  fréquent  des  causes  de  destruction  des  colonies  formées  par  les  da|)linoïdes.  Si  nous  appli- 
quons ces  vues  au  piiylloxera,  nous  pouvons  considérer  le  parasite  de  la  vigne  comme  une  espèce 
monoc\cli(iu(',  c'est-à-dire  n'ayant  qu'une  seule  période  sexuelle  dans  le  cours  de  son  évolution 
annuelle,  et  l'apparition  de  la  génération  sexuée  et  des  œufs  d'hiver  comme  en  relation  avec  le 
danger  que  fait  courir  aux  colonies  la  destruction  des  radicelles  de  la  vigne.  Ceci  nous  explique 
pourquoi  la  formation  des  ailés  est  abondante  surtout  sur  les  radicelles  cl  précède  de  peu  de  temps 
la  destruction  des  renllenients  sur  lesquels  se  tiennent  les  individus  destmés  à  subir  cette 
transformation. 

2.  Tour  élucider  expérimentalement  cette  question,  il  faudrait  suivre  toutes  les  générations  issues 
les  unes  des  autres  à  partir  d'un  même  œuf  d'hiver  et  placées  sur  des  racines  de  vignes  en  pleine 
végiHation.  Les  observations  faites  chez  des  insectes  conservés  en  captivité  sur  des  fragments  de 
racines  mis  en  vase  clos  n'ont  qu'une  valeur  très  relative.  C'est  ainsi  que  Itiley  dit  avoir  constaté 
qu'il  se  passe  au  moins  cinq  générations  de  radicicoles,  depuis  la  forme  hivernante,  avant  l'appa- 
rition des  premiers  ailés  (Sixtli  Annual  Report  of  the  State  Entomologistof  Missouri,  p.  66;  1874) 
et  que,  d'après  les  observations  plus  récentes  de  M.  Boiteau,  ceux-ci  ne  conmicnceraient  à  se 
montrer  que  dans  la  deuxième  année  du  cycle  d'évolution  de  l'insecte  sorti  de  l'œuf  d'hiver 
(Comptes  rendus,  11  décembre  188'2). 


416  SUR  l'œuf  d'hiver  DU  PHYLLOXERA. 

crois,  M.  Targioni  ne  s'est  pas  suffisamment  renseigné.  C'est  ainsi  qu'il  soutient 
que  les  œufs  d'hiver  n'ont  encore  été  rencontrés  que  sur  des  vignes  américaines 
et  que  les  recherches  faites  jusqu'à  ce  jour  n'ont  pas  réussi  à  démontrer  leur  pré- 
sence sur  les  vignes  indigènes. 

M.  Targioni  en  conclut  que  les  mœurs  de  l'insecte  ne  sont  pas  les  mêmes 
suivant  qu'il  habite  l'une  ou  l'autre  sorte  de  cépages.  Il  faut  que  mon  savant  con- 
tradicteur ait  oublié  tout  ce  qui  se  rapporte  à  la  découverte  de  lœuf  d'hiver, 
autrement  il  se  fût  souvenu  que  c'est  précisément  sur  des  vignes  indigènes  que 
cette  découverte  a  été  faite  pour  la  première  fois  en  septembre  1875. 

Et  ce  n'est  pas  en  minime  quantité  que  ces  œufs  y  ont  été  trouvés,  comme  il 
pourra  s'en  assurer  par  mes  notes  publiées  aux  Comptes  rendus  (numéros  du 
k  octobre  1875  et  du  10  avril  1876).  Depuis  cette  époque,  M.  Boiteau,  dans  la 
propriété  duquel  cette  constatation  fut  d'abord  faite,  a  continué  presque  chaque 
année  à  signaler  leur  présence  sur  ces  mêmes  cépages. 

Il  est  vrai  que  dans  les  autres  régions  de  la  France  les  explorateurs  ont  été 
moins  heureux,  mais  leur  insuccès  s'explique  d'abord  par  leur  petit  nombre, 
ensuite  par  la  difficulté  de  ces  recherches,  vu  la  petitesse  des  œufs  d'hiver  et  leur 
rareté  généralement  grande  sur  le  bois  des  ceps. 

Il  taut  ajouter  que  leur  constatation  demande  une  certaine  habitude,  les  œufs 
d'hiver  différant  sensiblement  des  autres  sortes  d'œafs  du  phylloxéra  et  pouvant 
être  facilement  confondus  avec  les  œufs  d'autres  animaux  (Acariens,  etc.)  vivant 
sous  les  écorces  des  ceps.  Sur  les  vigces  américaines,  les  recherches  ont  été 
beaucoup  plus  fructueuses,  et  c'est  par  centaines  aujourd'hui  que  les  œufs  d'hiver 
y  ont  été  trouvés  dans  le  sud-est  et  le  sud-ouest  de  la  Fran:e.  Quelques  personnes 
ont  voulu  tirer  de  cette  différence  les  plus  singulières  conséquences,  relativement 
aux  mœurs  du  phylloxéra,  qui,  suivant  elles,  accommodait  son  genre  de  vie  à  Ja 
nature  du  cépage  ;  d'autres  ont  prétendu  que  ses  habitudes  variaient  avec  les 
climats  qu'il  rencontre  dans  notre  pays,  etc. 

M.  Targioni  s'est  fait  lui-même  l'écho  de  cette  manière  de  voir  lorsqu'il 
soutient  que  le  cours  de  la  vie  chez  le  phylloxéra  des  vignes  américaines  et  chez  le 
phylloxéra  des  vignes  ordinaires  est  profondément  différent^  donnant  presque  à 
entendre  qu'il  s'agit  de  deux  insectes  distincts. 

Cette  différence  ne  résulterait  pas  seulement  de  la  présence  des  œufs  d'hiver 
sur  les  vignes  américaines  et  de  leur  absence  sur  les  vignes  indigènes,  mais 
aussi  de  ce  que  les  premières  seules  présentent  des  générations  gallicoles  de 
parasites,  tandis  que  celles-ci  feraient  défaut  sur  les  dernières.  Toutes  ces  asser- 
tions sont  beaucoup  trop  absolues.  Nous  venons  de  le  voir  pour  l'œut  d'hiver, 
dont  la  présence  a  éié  constatée  aussi  bien  sur  les  vignes  américaines  que  sur 
les  vignes  européennes.  Quant  aux  générations  gallicoles,  s'il  est  indiscutable 
qu'elles  se  rencontrent  beaucoup  plus  fréquemment  sur  les  cépages  américains 
que  sur  ceux  de  notre  pays,  elles  ne  font  cependant  pas  absolument  défaut  chez 
ceux-ci,  comme  le  prouvent  les  observations  de  MM.  Laliman,  Planchon, 
Max.  Cornu,  Boiteau,  de  Lafitte,  Henneguy,  etc.  ;  et,  inversement,  des  vignobles 
tout  entiers  de  vignes  américaines,  taylor,  clinton,  riparia.  etc.,  dont  les  racines 
sont  couvertes  de  légions  de  phylloxéras,  ne  présentent  parfois  aucune  galle  sur 
les  feuilles  pendant  plusieurs  années  consécutives.  Les  observations  spéciales  de 
M.  Henneguy  ne  laissent  aucun  doute  à  cet  égard.  Il  faut  conclure  de  ces  faits  que 
les  générations  aériennes  d'aptères  ne  représentent  pas  dans  le  cycle  biologique 
du  parasite  une  phase  nécessaire  et  constante,  mais  ne  sont  qu'un  simple 
accident,  un  épiphénomène  de  son  évolution  normale  et  régulière.  Telle  est 
aussi  l'opinion  de  M.  Riley,  l'observateur  américain  qui  a  si  profondément  étudié 
les  mœurs  du  phylloxéra  dans  son  pays  d'origine.  Riley  considère  les  générations 
gallicoles  comme  une  forme  estivale  passagère,  sans  signification  essentielle  pour 
la  perpétuation  de  l'espèce*. 

1.  i.  It  is  but  a  Irausient  summer  state,  iiot  at  ail  esseutial  to  the  perpétuation  ot'  ttie  species  ». 
En  Amérique  même,  au  rapport  de  Riley,  beaucoup  de  variétés  de  cépages  [Labrusca,  etc.),  qui 
présentent  des  phylloxéras  aux  racines,  ne  montrent  jamais  une  galle  sur  b?s  l'euilles  (Sîx^/i 
annual  Report,  p.  36;  1874).  Les  générations  gallicoles  avaient  probablement,  à  une  époque 
reculée,  une  signification  plus  importante  que  de  nos  jours  dans  le  cycle  évolutif  du  phylloxéra. 
Il  est  à  présumer  que  les  ancêtres  de  nos  phylloxéras  actuels  accomplissaient  toutes  les  phases 
de  leur  existence  sur  les  parties  aériennes  de  la  vigne  et  ne  sont  devenus  radicicoles  que  par 
adaptation  à  un  genre  de  vie  nouveau.  Les  générations  gallicoles  actuelles  ne  seraient,  dans  cette 
hypothèse,  qu'un  vestige  de  cet  état  île  choses  primitif,  et  il  est,  dès  lors,  facile  de  comprendre 
pourquoi  elles  se  rencontrent  surtout  sur  les  vignes  du  nouveau  monde,  berceau  primitif  de 
l'espèce.  J'ai  montré  que  l'on  pouvait  rendre  aux  radicicoles  leur  ancien  genre  de  vie  foUicole 
par  une  transition  graduelle  de  la  vie  souterraine  à  la  vie  aérienne. 


SUR  l'œuf  .d'hiver   du   PHYLLOXERA.  417 

J'en  dirai  autant  de  la  génération  sexuée  hypogée  dont  j'ai  fait  connaître 
l'existence  en  1874.  Je  supposais  à  cette  époffue  que  cetle  génération  hypogée 
constituait  dans  la  série  des  développeoaents  de  l'insecte  une  phase  aussi  néces- 
saire que  la  génération  sexuée  épigée,  bien  que  je  n'eusse  observé  que  des 
femelles  et  vu  ni  mâles  ni  accouplement  {Comptes  rendus,  2  novembre  1874). 
Depuis,  ni  moi  ni  d'autres  n'avons  revu  ces  femelles,  malgré  des  recherches  spé- 
ciales, attentives,  faites  dans  des  localités  diverses'.  Leur  rencontre  isolée  est 
donc  un  fait  aussi  exceptionnel  que  celle  de  la  forme  gallicole  ailée  signalée  par 
quelques  observateurs.  Dans  tons  les  cas,  ces  formes  accidentelles  sont  trop 
rares  pour  exercer  une  influence  appréciable  sur  les  phénomènes  de  propagation 
du  phylloxéra,  et  la  pratique  a  parfaitement  le  droit  de  les  négliger  dans  ses  pré- 
ceptes. Elle  n'est,  d'ailleurs,  pas  désarmée  contre  les  sexués  souterrains,  puisque 
ceux-ci  ou  leur  progéniture  peuvent  être  attaqués  au  moyen  des  insecticides  intro- 
duits dans  le  sol,  au  même  titre  que  les  aptères  agames  formant  la  population 
ordinaire  des  racines. 

Il  ne  me  reste  plus  qu'à  examiner  un  dernier  point  de  vue  auquel  s'est  placé 
M.  Targioni-Tozzetti  pour  critiquer  l'utilité  des  opérations  dirigées  contre  l'œuf 
d'hiver.  Suivant  lui,  cette  destruction,  quel  qu'en  soit  le  résultat,  n'en  laisserait 
pas  moins  subsister  les  autres  sources  d'infection  phylloxérique,  notamment  celle 
qui  a  eu  lieu  par  importation  deplants  américains.  M.  Targioni  pense  que  les 
agents  de  cette  infection  sont  toujours  les  aptères  ou  leurs  œufs  qui  couvrent  les 
racines  de  ces  plants,  et  non  les  œufs  d'hiver  que  ceux-ci  pourraient  également 
receler.  Il  rappelle  à  cette  occasion  l'origine  de  l'introduction  première  en  Europe 
du  phylloxéra,  qu'il  suppose  y  avoir  été  apporté  par  des  plants  enracinés.  Je  ne 
puis  mieux  faire  que  de  lui  opposer  l'opinion  d'un  homme  dont  on  ne  contestera 
pas  la  compétence  en  la  matière,  et  qui  exprime  sa  manière  de  voir  avec  le  désin- 
téressement du  vrai  savant;  c'est  celle  de  Riley  lui-même,  qui  parle  dans  les 
termes  suivants  de  l'introduction  en  Europe  du  parasite  avec  les  vignes  améri- 
caines :  «  En  réalité,  dit-il,  comme  l'expédition  des  plants  en  racine  est  rare,  je 
«  crois  fermement   que  le  phylloxéra   a  été  importé  d'Amérique  en  Europe   k 

«  l'état  d'œufs  d'hiver Cet  œut  peut  se  trouver  sur  le  bois  d'un  an,  je  l'y  ai 

trouvé.  »  Ailleurs,  pour  justifier  la  prohibition  de  l'importation  des  boutures  de 
vignes  américaines,  adoptée  par  plusieurs  Etats  de  l'Europe,  Riley  dit  :  «  Gomme 
«  le  fait  que  cet  œuf  d'hiver  peut  se  rencontrer  sur  toutes  les  parties  de  la  plante 
'■•  au-dessus  du  sol,  particulièrement  sur  l'écorce  soulevée  du  bois  de  deux  ans, 
«  comme  ce  fait,  dis-je,  rend  tout  à  fait  possible  le  transport  de  l'insecte  sur 
«  des  boutures,  à  cet  ét'it  d'œuf  d'hiver,  la  prohibition  de  l'importation  de  ces 
«  boutures  aussi  bien  que  des  plants  enracinés,  de  quelque  pays  que  ce  soit  où 
«  l'insecte  est  connu,  se  trouve  entièrement  justifiée-.   » 

Ainsi,  de  quelque  façon  qu'en  envisage  la  question  de  la  propagation  du 
phylloxéra,  qu'on  se  place  au  point  de  vue  des  lois  naturelles  de  sa  multiplica- 
tion, ou  sous  celui  de  sa  dissémination  par  le  fait  de  l'homme,  toujours  nous 
voyons  l'œuf  d'hiver  jouer  un  rôle  prépondérant  dans  cette  question.  Il  eût  déjà 
sutfi,  pour  arriver  à  cette  conviction,  de  considérer  l'existence  si  répandue  de  cet 
élément  génésique  chez  tout  ce  groupe  d'insectes,  les  phylloxéras  aussi  bien  que 
les  autres  aphidiens.  M.  Targioni-Tozzetti,  qui  a  publié  d'importants  travaux  sur 
une  famille  voisine,  celle  des  coccides^,  doit  connaître  mieux  que  personne  l'im- 
portance de  l'œuf  fécondé  dans  les  phénomènes  d'^  reproduction  et  de  dissémina- 
tion de  ces  insectes,  si  nuisibles  aussi  à  une  foule  de  nos  plantes  cultivées.  Il  la 
méconnaît  si  peu  qu'un  de  ses  principaux  arguments  contre  ma  proposition  de 
combattre  le  phylloxéra  par  la  destruction  de  cet  œuf  consiste  à  dire  qu'il  n'a  pas 
encore  été  démontré  sur  nos  vignes  indigènes,  assertion  dont  nous  avons  prouvé 

1.  11  s'ai-'il  ICI  des  observations  faites  en  France.  A  i'éiranger,  M.  V.  Fatio,  eu  Suisse,  et 
M.  Roesler,  en  Autriche,  auraient  vu  ces  sexués  hy[)Ogés  ;  mais  n'ayant  pas  sous  la  ma  n  leurs 
-Mémoires,  que  je  ne  connais  que  par  des  citation*,  j'ignore  les  détails  de  leurs  observations. 

2.  Riley,  Sur  le  pInjUoxera  et  les  lois  destinées  à  empêcher  son  nitroduction  dans  (**•  localités 
non  infestées  {The  American  Naluralist,  vol.  V,  p.  186,  1881).  Un  fait  récent  vient  apporter  une 
Confirmation  complète  à  l'opinion  de  Riley:  des  boutures  de  vignes  américaines  qui,  par 
une  erreur  de  destination,  étaient  restées  enfermées  pendant  trois  mois  dans  leur  caisse  d'em- 
balkige,  se  sont  montrées  couvertes  de  phylloxéras  à  l'état  de  mères  pondeuses,  d'œuls  et  de 
jeunes  individus  fixés  sur  les  racidelles  émises  par  ces  boutures  pendant  leur  long  séjour  dans  la 
caisse.  Un  ne  peut  expliquer  l'origine  d-  ces  insectes  que  par  l'éclosion  des  œufs  d'hiver  que 
recelaient  les  boutures  au  moment  oii  elles  ont  été  placées  dans  la  caisse.  (Voir  le  Rapport  adressé 
à  M.  le  ministre  de  ra;,'ricullure,  du  commerce  et  de  l'industrie  en  Hongrie,  par  M.  Horvath 
directeur  de  laStaiion  phylloxérique  hongroise,  année  I,   1881.  Budapesth,  |8S'2.) 

.'1.  T  Rf,  0Ni-To7./.!;iTi,  Sliil'sidli-  Cci-'iiiiijlie ,  !S'jT-!S(',f'. 


418  SUR  l'œuf  d'hiver  DU  PHYLLOXERA. 

l'inexactitude.  D'ailleurs,  d'autres  naturalistes  et  savants  éminents  se  sont  pro- 
noncés en  faveur  de  cette  pratique,  et  les  viticulteurs  qui  y  ont  eu  recours  en 
attestent  l'efficacité  par  le  bon  état  de  leurs  vignobles  et  le  rendement  de  leurs 
récoltes  ^  Toutes  ces  raisons  ruaintiennent  rna  confiance  dans  les  opérations  que 
je  recommande  et  me  font  espérer  qu'un  jour  leur  utilité  sera  reconnue  de  ceux-là 
mêmes  qui  la  contestent  aujourd'hui. 

Balbiani, 

Professeur  au  collège  de  France. 

L'AIL  EN  GRANDE  CULTURE  DANS  LE  PAYS-BAS 

DES    GHARENTES 

Il  est  peu  de  culture  donnant  un  revenu  aussi  considérable  que 
celle  de  l'ail,  ce  légume  si  sain  et  d'un  emploi  si  général  dans  nos 
cuisines  de  campagne. 

Dans  beaucoup  de  conti-ées,  on  se  contente  de  faire  u  le  petite  planche 
d'ail  dans  le  jardin  potager.  On  en  consomme  la  plus  grande  partie  en 
vert,  et  on  économise  —  c'est  le  mot  —  le  reste  pour  avoir  du  plant 
pour  l'année  suivante.  Dans  notre  vieux  Pays-Bas,  la  consommation 
annuelle  de  beaucoup  de  familles  dépasse  mille  têtes,  et,  n'en 
déplaise  aux  odorats  délicats,  la  morue,  les  moules  frites,  les  petits 
poissons  ne  sauraient  se  manger  chez  nous  sans  ail.  L'ail  cuit  dans 
son  enveloppe,  sous  la  cendre  ou  au  four,  et  mangé  au  beurre,  est 
délicieux.  L'ail  assaisonne  champignons,  haricots,  ragoûts  et  gigots  ; 
l'ail  est  partout,  tous  les  jours  il  faut  de  l'ail  et  personne  ne  s'en  plaint  : 
nos  gens  se  portent  à  merveille,  et  l'on  sait  que  l'ail  cuit  n'a  aucune 
odeur  désagréable.  L'ail  occupe  donc  une  place  dans  l'alimentation,  et 
beaucoup  de  ménages  en  consommeraient  davantage  s'ils  n'en  man- 
quaient pas.  Pourquoi,  au  lieu  de  se  priver  d'un  légume  si  salutaire, 
ne  le  cultiverait-on  pas  plus  généralement  dans  les  champs  ;  on  ren- 
drait ainsi  service  à  Talimentation  publique,  et  l'on  ferait  en  même 
temps  de  forts  beaux  bénéfices. 

L'ail  vient  dans  tous  les  terrains,  mais  il  affectionne  plus  particu- 
lièrement les  terrains  argilo-siliceux.  On  doit  éviter  les  terrains  trop 
secs  où  il  ne  développe  pas  assez,  et  les  terrains  trop  humides  où  il 
pousse  tout  en  tige  et  ne  tête  pas.  Les  terrains  nouvellement  défrichés 
ou  sur  lesquels  on  a  roulé  des  sables  de  démolition  donnent  le  plus 
bel  ail;  là  il  ne  pourrit  jamais.  Il  pourrit  presque  toujours,  au  con- 
traire, si  l'on  est  moins  de  dix  ans  à  le  retourner  sur  le  même  terrain. 

Nous  plantons  l'ail  en  novembre  et  décembre,  sur  terrain  bien  pré- 
paré ;  c'est  la  meilleure  saison,  mais  on  peut  au  besoin  et  par  excep- 
tion planter  jusqu'en  mars.  Les  personnes  qui  voudraient  essayer  la 
culture  de  l'ail  auraient  même  intérêt  à  commencer  aussitôt,  malgré 
la  saison  avancée,  à  cause  du  bas  prix  actuel  de  ce  légume. 

Les  gousses  sont  enfoncées  à  la  main,  et  espacées  de  0".20  sur  des 

1.  M.  Emile  Blanchard,  professeur  au  Muséum  d'histoire  naturelle,  a  plusieurs  fois  pris  la 
parole  au  sein  de  FAcadémie  des  sciences,  en  faveur  de  cette  pratique.  De  son  côté,  M.  Bou- 
chardat,  professeur  à  la  Faculté  de  médecine  de  Paris,  membre  de  la  Société  nationale  d'agri- 
culture, en  a  parlé  dans  les  termes  suivants  :  «  Parmi  les  moyens  préconisés  pour  s'opposer  aux 
ravages  du  phylloxéra,  aucun  ne  s'appuie  sur  des  études  biologiques  plus  attentives  que  ceux  qui 
ont  pour  but  la  destruction  des  œufs  d'hiver,  placés  sous  l'écorce  des  ceps  ou  par  le  hadigeon- 
nage  avec  des  mélanges  goudronneux  insecticides.  »  Après  avoir  ra[)pelé  les  raisons  par  lesquelles 
M.  Planchon  a  cru  pouvoir  contester  l'utilité  de  la  destruction  de  l'œuf  d'hiver,  M.  Bouchardat 
ajoute  :  «  Malgré  les  excellentes  objections  de  M.  Planchon,  je  conseillerais,  sans  hésiter,  de 
recourir  au  raclage  et  au  badigeonnage  des  ceps  dans  les  localités  où  des  taches  commencent 
seulement  à  se  manifester.  »  [Annuaire  de  Thérapeutique  pour  1879.  Appendice  sur  les  vignes 
phyiloxérées).  Voir  aussi  le  Rapport  de  M.  Bouchardat  sur  le  Mémoire  de  M.  Sahaté  relatif  à  sa 
méthode  de  traitement  des  vignes  phylloxérées  (Bulletin  de  la  Société  nationale  d'agriculture, 
séance  du  18  janvier  1882  ) 


h" AIL  EiSr   GRANDE  CULTURE.  419 

lignes  distantes  de  O'^'.M)  à  O^'.SO,  ce  qui  donne  de  10  à  12  plants  par 
mètre  carré.  De  février  à  fin  avril,  l'ail  est  sarclé  trois  fois.  Aussitôt 
le  dernier  sarclaoe,  nous  faisons  entre  chaque  lio;ne  d'ail  une  ligne  de 
carottes,  de  panais,  de  betteraves  ou  de  haricots.  Ces  cultures  ne 
nuisent  aucunement  à  l'ail,  qui  s'arrache  à  mi-juin,  au  moment  de 
leur  donner  un  premier  sarclage.  Nous  avons  ainsi  deux  récoltes  dans 
une  année,  et  notre  terrain  est  admirablement  préparé  pour  un  blé 
d'automne. 

Voici  le  revenu  donné  à  l'hectare  : 

Fr.  Fr. 

liécoltc  :  100,000  têtes  d'ail  à  1  fr.  50  le  100 1  .."lOO  (  „  ,^ 

—  50,000  kilog.  de  carottes  à  1  fr.  12  les  1000  kilog.        (500  \  ^'^"" 
Frais     :  18,000  tètes  d'ail  pour  plant  àl  fr.  50  1e  100 270  1 

—  1/2  de  la  fumure  à  raison  de  30  mètres  cubes  à  1  fr.         150      ',  COO 

—  Labours,  sarclages ,  frais  divers 1 80      |. 

Bénéfice  net 1  ,bUO 

Ces  résultats,  qui  sont  ceux  de  notre  dernière  récolte,  ont  été  obtenus 
dans  un  bon  terrain  argilo-siliceux,  labouré  à  sillons  distants  de 
0'".90  ;  nous  avions  mis  un  rang  d'ail  de  chaque  côté  du  billon  et  un 
rang  de  carottes  sur  la  tête  du  billon,  ce  qui  fait  qu'il  n'y  avait  qu'un 
rang  de  carottes  pour  deux  rangs  d'ail.  Cette  disposition  permet  de 
donner  facilement  un  premier  labour  au  champ  sans  déranger  les 
carottes,  qu'on  peut  n'arracher  qu'au  moment  de  faire  le  blé. 

On  remarquera  que  carottes  et  ail  valent  souvent  le  double  des 
prix  portés  dans  nos  calculs  ;  mais  même  avec  nos  données  la  culture 
de  l'ail  n'est  pas  à  dédaigner. 

Nous  serions  heureux  que  ces  quelques  lignes  décidassent  quelques 
agriculteurs  à  essayer  la  culture  de  l'ail;  nous  nous  mettons  avec  plai- 
sir à  la  disposition  de  ceux  qui  voudraient  de  plus  amples  renseigne- 
ments sur  cette  partie  intéressante  de  l'agriculture. 

P.-E.  Benuraud, 

Propriétaire,  instituteur  à  Chives  (Chai-ente-Inférieure). 

LES  MACHINES  AU  CONCOURS  GÉNÉRAL  DE  PARIS  -  Y  ' 

Les  charrues  nouvelles  étaient  assez  nombreuses  au  palais  de 
l'Industrie.  Nous  avons  déjà  signalé  la  charrue  double  bisoc  de 
M.  Fondeur,  et  le  brybant  fouilleur  du  même  constructeur.  Nous 
insisterons  particulièrement  aujourd'hui  sur  la  charrue  imaginée  par 
M.  Boreau,  chef  de  pratique  de  l'Ecole  nationale  d'agriculture  de  Gri- 
gnon,  et  à  laquelle  il  a  donné  le  nom  de  charrue  de  l'avenir.  Cette 
charrue  a  fonctionné  avec  beaucoup  de  régularité  aux  expériences 
organisées  à  Grignon,  par  la  Société  nationale  d'agriculture. 

La  charrue  de  M.  Boreau  est  représentée  par  la  figure  -42.  Elle  a 
été  construite  pour  fonctionner  soit  en  charrue  brabant,  soit  en  charrue 
fixe,  soit  en  araire  ou  sans  avant-train.  C'est  une  charrue  tout  en  fer, 
du  poids  de  165  à  170  kilog.  L'âge,  légèrement  cintré  à  sa  partie 
postérieure,  est  porté  en  avant  par  un  avant-train;  un  régulateur  1 
sert  à  régler  la  lar<j;eur  du  labour,  tandis  que  la  profondeur  est  déter- 
minée au  moyen  d'une  vis  sans  fin,  comme  dans  beaucoup  de  charrues 
du  même  genre.  La  chaîne  de  tirage  s'attache  au  boulon  9  derrière  les 
roues  de  l'avant-train.  A  peu  près  au  même  point,  sont  fixées  verti- 
calement des  rasettes  J  qui  entament  le  sol;  au  moyen  du  levier  K, 

1.  Voir  le  Journal  du  27  janvier,  du  2'i  février,  du  6  et  du  10  mars,  pages  151,  293,  334  çt 
381  de.  ce  volume. 


420 


LIiS  MACHINES   AU    CONr,<.>URS  GÉN1^:RAL    DE  PARIS. 


on  peut  faire  tourner  ces  rasettes,  suivant  le  travail  à  effectuer. 
Derrière  les  rasettes  se  trouve  le  contre  P,  mobile  dans  son  pivot  o, 
mais  maintenu  pendant  le  travail  par  un  fort  ressort  Z.  Ce  contre  se 
termine,  en  haut,  en  levier;  si  l'on  appuie  sur  ce  levier  pour 
le  faire  tourner  dans  le  sens  indiqué  par  la  flëchev  il  déclenche  la 
pièce  y,  et  il  en  résulte  que  le  corps  de  la  charrue  devient  libre  pour 
tourner  à  l'extrémité  des  lignes. 

Derrière  le  contre,  se  trouve  le  corps  de  charrue  D.  Il  est  muni  de 
deux,  versoirs  M  et  N,  dont  l'un  sert  pour  renverser  la  terre  à  droite, 
et  l'autre  pour  la  renverser  à  gauche.  Tl  est  relié  à  l'âge  par  la  plaque 
dormante  R.  A  sa  partie  supérieure,  il  est  muni  d'une  deuxième 
plaque  S,  qui  fait  corps  avec  lui  et  qui  est  reliée  à  la  plaque  R  par  un 
fort  boulon;  cette  deuxième  plaque  est  tournante.  Pour  faire  tourner 


Fig.  42.  —  Charrue  de  M.  Boreau,  dite  l'Avenir. 


le  corps  de  charrue,  on  se  sert  de  la  poignée  C.  Derrière  le  corps  de 
charrue,  se  trouvent  les  mancherons  A,  que  Ton  peut  élever  ou  abais- 
ser suivant  la  taille  du  laboureur,  au  moyen  de  trois  trous  ménagés  à 
leur  partie  inférieure  B. 

Lorsque  la  charrue  est  montée  comme  charrue  fixe,  un  rochet  C,  à 
la  partie  antérieure  de  l'avant-train,  est  engagé  dans  un  cran,  et  il 
sert  à  donner  une  stabilité  absolue  à  l'âge.  Si  l'on  abaisse  le  levier  de 
débrayage  E  pour  le  fa're  entrer  dans  l'œil  F  sur  le  mancheron,  ce 
levier  agit  sur  la  tige  coudée  4,  5,  et  fait  sortir  le  rochet  du  cran  dans 
lequel  il  est  engagé;  l'âge  est  dégagé  et  la  charrue  devient  mobile 
entre  les  mains  du  conducteur.  Si,  au  contraire,  ou  décroche  le  levier 
F,  le  rochet  G  obéit  à  un  ressort  I  qui  agit  sur  sa  base,  et  il  rentre  dans 
l'un  des  crans,  de  telle  sorte  que  la  charrue  redevient  fixe. 

La  charrue,  étant  munie  de  deux  versoirs,  peut  travailler  en  brabant. 
A  cet  effet,  au  bout  de  la  raie,  le  conducteur  après  avoir  nettoyé  son 
versoir,  soulève  la  charrue  en  la  prenant  par  la  base  des  mancherons 
au  point  0,  par  la  main  gauche;  il  tire  sur  le  levier  P  du  contre,  afin 
de  rendre  libre  le  corps  de  charrue;  il  pousse  avec  le  pied  le  versoir, 
et  achève  le  demi-tour,  en  se  servant  du  levier  C.  S'il  n'a  pas  la  force 


LES  MACHINES  AU  CONCOURS  GÉNÉRAL  DE  PARIS. 


421 


suffisante  pour  soutenir  le  corps  de  charrue,  il  peut  appuyer  les  man- 
cherons sur  son  curoir  qui  fait  office  de  tuteur. 

Pour  rendre  fixe  le  corps  de  charrue,  il  suffit  d'eno;an;er  la  plaque 
mobile  S  dans  la  mâchoire  y  et  de  serrer  le  bouton  w.  Toutes  les  pièces 
du  corps  de  charrue  sont  alors  solidement  rattachées  à  l'âge. 

Enfin,  ^^i  l'on  veut  transformer  la  charrue  en  araire,  il  suflit 
d'enlever  les  boulons  1  et  2  qui  retiennent  l'avant-train  à  1  âge, 
ainsi  que  la  tringle  4  qui  agit  sur  le  rocliet  G,  d'enlever  les  rasettes, 
et  de  porter  au  point   10  le  boulon  9  auquel  s'attache  la  chaîne  de 


tirage. 


La  charrue  Boreau  donne,  comme  on  le  voit,  la  preuve  d'un  esprit 
ingénieux  et  chercheur.  Elle  pput  travailler  dans  toutes  les  natures  de 


Fig.  43.  —  Charrue  tilbury  automatique  de  Rogy. 


terrain,   car  on   peut  lui  appliquer  des  versoirs  des  formes   les  plus 
variées.   Le  prix  de  cet  instrument  est  de  250  fr. 

Aux  mômes  expériences  de  Grignon,  de  même  qu'au  palais  de 
l'Industrie,  nous  avons  retrouvé  la  charrue  tilbury  automatique  de 
M.  Rogy,  dont  nous  avons  déjà  donné  la  description  à  nos  lecteurs. 
Les  essais  ont  confirmé  ce  que  nous  en  avions  auguré.  Afin  de  mieux 
faire  apprécier  cet  instrument,  la  figure  43  le  représente  dans  des 
dimensions  plus  grandes  que  les  dessins  que  nous  avons  déjà  publiés. 
Les  agriculteurs  émérites  devant  lesquels  cet  instrument  a  fonctionné 
ont  été  unanimes  à  reconnaître  qu'il  est  tout  à  fait  de  nature  à  fixer 
l'attention.  La  combinaison  ingéuieuse  par  laquelle,  comme  le  montre 
le  dessin,  le  versoirest  relevé  à  chaque  bout  de  raie,  sans  aucun  effort 


422 


LES   MACHINES   AU   CONGOQRS  GÉiNÉRAL    DE    PARIS. 


de  la  part  du  conducteur,  a  particulièrement  frappé  tous  ceux  qui  l'ont 
vu  fonctionner.  La  seule  objection  un  peu  sérieuse  que  nous  ayons 
entendue  contre  la  charrue  tilbury,  est  le  haut  prix  auquel  elle  est 
vendue,  puisque  ce  prix  est  de  500  fr.  A  cette  objection,  il  est  facile 
de  répondre  que  si  la  charrue  tilbury  permet  de  faire  le  même  travail 
en  moins  de  temps  et  avec  une  dépense  de  main-d'œuvre  plus  faible,  on 
aura  rapidement  regagné,  dann  les  exploitations  où  elle  sera  adoptée, 


l'excès  de  prix  qu'elle  aura  coûté  sur  les  charrues  ordinaires.  Diminuer 
les  frais  de  labour  est  une  question  très  importante  pour  toutes  les 
exploitations  rurales,  grandes  ou  petites. 

Parmi  les  constructeurs  de  machines  agricoles,  il  est  peu  d'hommes 
qui  soient  sur  la  brèche  depuis  aussi  longtemps  que  M.  Merlin,  à 
Vierzon  (Cher).  Depuis  1853  jusqu'en  1879,  il  a  été  l'actif  collabo- 
rateur de  M.  Gérard  ;  depuis  quatre  ans,  il  dirige  avec  succès  les 
importants  aleliers  de  fabrication  qu'il  a  créés.  C'est  surtout  à  la  con- 
struction des  machines  à  vapeur  et  des  batteuses  au'il  s'adonne.  Parmi 


LKS   MACHINES  AU  CONCOURS  GKNÉHAL   DE   PARIS. 


423 


les  machines  qui  figuraient,  au  concours  du  palais  de  l'Industrie,  il 
en  est  deux  que  nous  signalerons  d'une  manière  spéciale. 

La  première   est  une  machine  à  battre  pour  la  moyenne  culture 


(fig.  44).  Cette  batteuse  est  montée  sur  quatre  roues  et  mise  à  la  voie  ; 
la  largeur  intérieure  du  batteur  est  de  l^'.eO,  ce  qui  permet  d'engrener 
en  travers  sans  froisser  les  pailles  ;  le  batteur  et  le  contre-battour  sont 


42^1  LES  MACHINES   AU   CONCOURS  GÉNÉRAL  DE   PARIS. 

en  fer  et  à  jour;  les  tourillons  roulent  sur  des  coussinets  en  bronze; 
le  secouage  des  pailles  se  fait  sur  des  seeoueurs  du  même  système  que 
dans  les  grandes  batteuses;  le  grain  n'est  pas  cassé;  les  pailles,  bien 
battues,  sont  secouées  et  vannées.  Les  pailles  battues  tombent  sur  le 
devant  de  la  batteuse  et  les  balles  à  l'arrière.  On  peut  battre  environ 
60  à  80  hectolitres  en  10  heures  en  employant  six  personnes.  La  force 
motrice  employée  pour  faire  ce  travail  est  de  3  chevaux-vapeur.  Le 
poids  de  la  batteuse  est  de  1 ,500  kilog.  ;  son  prix  est  de  1  ,G()0  francs. 

M.  Merlin  construit  également  une  locomobile  à  vapeur  de  la  force 
de  2  à  3  chevaux,  système  horizontal,  tubulaire,  montée  sur  4  roues. 
Cette  machine  disposée,  avec  régulateur  de  vitesse,  simple  et  solide, 
suffit  amplement  à  faire  mouvoir  la  batteuse  qui  vient  d'être  décrite  avec 
une  dépense  de  charbon  très  minime  (1  hectolitre  et  demi  par  jour). 
Elle  coûte  seule  2,600  francs;  son  poids  est  de  1 ,300  kilog.  Le  matériel 
complet,  composé  de  la  batteuse  et  de  la  locomobile,  coûte  4,200  francs. 

La  fig.  45  représente  la  nouvelle  batteuse  combinée  de  M.  Merlin, 
pour  les  graines  fourragères.  Jusqu'à  ce  jour,  on  a  construit  des  bat- 
teuses qui  nettoient  et  égrènent  les  graines  fourragères,  mais  il  fallait 
avoir  recours  à  deux  machines  séparées  :  Tune  séparant  les  pailles  de 
la  bourre  (cette  opération  se  nomme  l'ébossage),  l'autre  enlevant  les 
graines  de  la  bourre.  La  machine  combinée  a  pour  objet  une  disposition 
permettant  d'exécuter  les  deux  opérations  sur  la  même  machine  par  la 
combinaison  de  deux  batteuses  sur  un  seul  bâti.  Les  pailles  sont 
passées  dans  un  batteur  ordinaire,  tombent  sur  des  seeoueurs  où 
s^effectue  la  séparation  de  la  bourre  et  des  menues  pailles  en  passsnt 
sur  une  grande  grille.  A  cette  première  opération,  les  menues  pailles, 
les  bourres,  les  grandes  pailles  et  la  graine  sont  déjà  parfaitement 
séparées  et  divisées  en  avant  de  la  batteuse.  Les  ouvriers  recueillent 
la  bourre  dans  des  paniers  ou  des  sacs  et  la  remontent  à  la  partie  supé- 
rieure de  la  machine,  où  se  trouve  le  batteur  spécial  à  hélice  qui 
enlève  les  graines  de  leur  enveloppe;  celle-ci  est  conduite  sur  des 
séries  de  grilles  et  ventilée  d'une  façon  complète,  les  balles  et  otons 
sont  parfaitement  séparés  et  les  graines  nettoyées  ei  prêtes  à  être  livrées 
au  commerce.  Sept  personnes  suffisent  pour  alimenter  celte  machine. 
Une  locomobile  de  la  force  de  5  à  6  chevaux  peut  faire  le  travail.  Il  y  a 
un  grand  avantage  à  se  servir  de  cette  machine,  en  ce  sens  qu'il  ne  faut 
qu'une  batteuse  au  lieu  d'en  avoir  deux;  les  deux  opérations  peuvent 
se  faire  à  la  fois,  car  le  batteur  ébossant  fournit  parfaitement  et  au- 
delà  l'autre  engreneur.  Le  prix  de  cette  machine  est  de  3,000  francs. 
Au  concours  spécial  de  batteuses  de  graines  fourragères  organisé 
récemment  par  la  Société  d'agriculture  de  l'Indre,  M.  Merlin  a  rem- 
porté le  premier  prix. 

Parmi  les  cultivateurs  qui  viennent  à  Paris,  il  en  est  peu  qui  n'aient 
pas  visité  les  vastes  magasins  de  M.  Peltier  jeune,  où  l'on  trouve,  non 
seulement  les  modèles  d'instruments  de  culture,  de  machines  d'inté- 
rieur, mais  jusqu'aux  petits  outils  à  main  qu'on  est  souvent  obligé  de 
chercher  avec  peine  dans  les  magasins  spéciaux.  La  maison  eslaujour 
d'hui  dirigée  par  M.  Huré-Martine,  jeune  ingénieur  qui  s'est  consacré 
avec  ardeur  à  sa  prospérité.  Au  concours  du  palais  de  l'Industrie,  on 
pouvait  constater  que  l'outillage  de  toutes  les  parties  de  cette  grande 
maison  se  tient  à  la  hauteur  des  perfectionnements  que  les  années  ne 
cessent  d'apporter  dans  la  mécanique  agricole.  Henry  Sagnier. 


LA  RAGE  BOVINE  DE   SALERS.  425 


LA  RAGE  BOVJNE  DE  SALERS  ' 

Depuis  l'institution  du  prix  agronomique,  les  races  flamande,  nor- 
mande pure  et  charalaise-nivernaise  ont  été  successivement  appelées  à 
concourir.  Dans  sa  séance  du  20  février  1882,  votre  2"  section 
décida  que  ce  prix  serait  attribué  eu  1882  à  la  race  de  Salers  et 
chargea  la  Commission  de  permanence  de  s'entendre  avec  les  Comices 
d'Aurillac,  de  Mauriac  et  de  Salers  pour  l'organisation  du  concours. 
C'est  d'un  commun  accord  que  le  programme  fut  arrêté. 

Conformément  à  ce  programme  et  au  règlement  d'organisation,  le 
jury,  composé  MM.  Maisonobe,  vice-président  de  la  Société  d'agricul- 
ture du  Cantal,  Pontenay  de  Fontette,  de  Laforce  et  Aujollet,  s'est 
successivement  transporté,  du  19  au  22  octobre,  à  Aurillac,  à 
Anglards  de  Salers  et  à  Trizac,  où  avaient  été  amenées  plus  de 
t)0()  têtes  de  bétail  inscrites  pour  concourir. 

La  race  de  Salers,  ancienne  comme  la  ville  du  treizième  siècle  qui 
lui  a  donné  son  nom,  se  distingue  entre  toutes  par  sa  pureté,  sa 
constance  et  son  homogénéité.  Elle  est  race  laitière,  race  de  boucherie 
et  race  de  travail.  Elle  est  éminemment,  mais  elle  n'est  pas  exclusi- 
vement l'une  et  l'autre;  cependant  on  peut  affirmer  qu'elle  est  la 
seule  chez  laquelle  cette  triple  aptitude  se  trouve  réunie  à  un  degré 
remarquable. 

Nos  belles  races  françaises  ont  toutes  leur  mérite  propre  et  parfai- 
tement caractérisé.  Il  n'entre  pas  dans  mon  plan  d'établir  ici  aucun 
parallèle.  Du  reste,  le  pourrait-on  i*  Tant  que  les  conditions  de  milieu, 
de  climat  et  de  nourriture  ne  seront  pas  identiques,  il  sera  toujours 
très  difficile  de  dégager  le  coefficient  du  rendement.  Or,  généralement, 
ces  éléments  de  comparaison  font  défaut  et  les  appréciations  vagues 
sont  la  source  de  discussions  sans  fin  et  sans  profit.  Combien  il  est 
préférable  d'exciter  l'émulation  chez  tous  nos  éleveurs  indistinctement, 
de  leur  enseigner  le  progrès,  de  les  encourager  dans  leurs  efforts, 
de  multiplier  les  concours,  ces  écoles  de  Télevage,  oi^i  chacun  peut 
faire  une  étude  comparative  de  chaque  race,  en  apprécier  les  qualités, 
en  reconnaître  les  défauts  et  s'inspirer  de  tous  les  bons  exemples. 

C'est  dans  cette  voie,  Messieurs,  que  vous  êtes  entrés,  et  je  suis 
l'interprète  des  éleveurs  du  Cantal  en  vous  exprimant  aujourd'hui 
toute  leur  gratitude  pour  le  concours  que  vous  leur,  avez  offert. 

Les  principes  d'élevage  ne  sauraient  être  absolus.  Le  croisement  et 
la  spécialisation  ont  produit  chez  un  grand  nombre  de  races  les 
meilleurs  résultats  ;  mais  appliqués  à  celle  de  Salers,  ils  en  auraient 
détruit  toute  l'économie  et  lui  auraient  fait  perdre  ses  caractères 
propres  et  distinctifs.  C'est  un  des  grands  mérites  des  éleveurs  de 
cette  race  d'avoir  résisté  à  l'entraînement  général  et  d'avoir  cherché  le 
perfectionnement  dans  la  séleclion,  voie  la  plus  lente  peut-être,  mais 
incontestablement  la  plus  sûre  et  la  plus  naturelle. 

C'est  par  une  sélection  intelligente  et  sévère,  surtout  dans  le  choix 
des  reproducteurs  mâles,  c'est  aussi  par  les  conseils  éclairés  de 
M.  Tyssandier  d'Escous,  le  zélé  président  du  Comice  agricole  de 
Salers,  que  les  éleveurs  ont  réussi  à  produire  des  animaux  plus 
parfaits. 

1.  Rapport  adopté  par  la  Société  des  agriculteur.s  de  France  dans  sa  dernière  session. 


4-26  LA  BACE   BOVINE  DE  SALERS. 

Ils  se  sont  attachés  principalement  à  amoindrir  l'ossature,  à 
augmenter  la  finesse  de  la  tête  et  des  tissus  cellulaires,  à  développer 
la  circonférence  thoracique  et  le  volume  des  hanches  et  des  cuisses, 
à  améliorer  les  aplombs,  à  diminuer  la  longueur  des  membres,  à 
réduire  l'ampleur  du  fanon  et  l'élévation  de  la  queue  et  surtout  à 
développer  les  facultés  laitières;  car,  il  ne  faut  pas  l'oublier,  c'est 
principalement  comme  laitière  que  la  race  de  Salers  est  exploitée. 

En  réalisant  ces  progrès  qui  ne  sauraient  être  contestés,  cette  race 
n'a  rifn  perdu  de  ses  anciennes  qualités.  Elle  est  restée  la  race  vigou- 
reuse, docile,  intelligente,  sobre  et  rustique;  toujours  remarquable  par 
la  régularité  des  lignes,  la  largeur  du  poitrail,  la  profondeur  de  la 
poitrine,  la  souplesse  de  la  peau,  par  son  poil  rouge  vif,  parfois  frisé, 
son  regard  fixe,  son  front  large,  ses  cornes  assez  grosses,  bien  ouvertes 
et  gracieusement  contournées,  le  rein  fort  et  le  dos  horizontal. 

Les  vaches  de  celte  race  sont  à  la  fois  exploitées  comme  laitières  et 
comme  mères.  Généralement  on  ne  conserve  qu'un  veau  par  deux 
vaches;  les  autres  sont  vendus  au  boucher  quelques  jours  après  leur 
naissance.  Quand  elles  sont  convenablement  nourries,  la  durée  de  la 
période  de  lactation  est  de  300  jours  et  le  rendement  en  lait, 
exceptionnellement  supérieur  à  2,400  litres^  descend  rarement  au- 
dessous  de  1,800  litres  par  an.  C'est,  dans  le  premier  cas,  une 
moyenne  de  8  litres  par  jour  et  de  6  litres  dans  le  second. 

Ce  lait  est  employé  :  un  sixième  pour  les  besoins  de  l'exploitation 
et  la  nourriture  du  veau  et  cinq  sixièmes  pour  la  fabrication  du 
fromage.  Ces  cinq  sixièmes  produisent,  à  raison  de  10  litres  de  lait 
pour  1  kilog.  de  fromage  fait,  200  kilog.  de  fromage  dans  le  premier 
cas  et  150  kilog.  dans' le  second,  plus  de  6  à  7  kilog.  de  beurre  de 
mauvaise  qualité  provenant  de  l'écrémage  opéré  sur  le  petit-lait. 

Pendant  les  dix  dernières  années,  le  prix  moyen  du  fromage  du 
Cantal  a  été  de  120  francs  les  100  kilog.  Si,  à  ce  produit,  on  ajoute  la 
valeur  du  beurre  et  la  part  contributive  de  chaque  vache  à  la  nour- 
rif.ure  du  personnel  de  l'exploitation,  à  l'allaitement  du  veau  et  à  l'en- 
graissement des  porcs,  le  tout  pouvant  être  évalué  à  raison  de  3.50 
pour  100  du  rendement  total  en  lait,  on  verra  que  les  vaches  donnant 
2,400  litres  de  lait  produisent  par  an  un  revenu  brut  de  324  francs 
(non  compris  la  valeur  du  veau),  et  que  celles  qui  donnent  1 .800  litres 
de  lait  produisent  un  revenu  brut  de  243  francs.  C'est  à  raison  de 
13  centimes  et  demi  le  litre,  comme  dans  les  principales  fruitières  de 
la  Suisse. 

L'honorable  M.  de  Parieu,  sénateur  et  président  de  la  Société 
d'agriculture  du  Cantal,  toujours  attentif  aux  intérêts  de  son  dépar- 
tement, a  fait  mettre  à  l'étude  la  question  de  savoir  s'il  n'y  aurait  pas 
possibilité  et  avantage  de  substituer,  dans  une  certaine  mesure,  l'in- 
dustrie beurrière  à  Tindustrie  fromagère.  Des  essais  ont  été  faits;  ils 
promettent  une  augmentation  de  5  centimes  par  litre  de  lait;  mais  ils 
ne  sont  encore  ni  a'ssez  nombreux  ni  assez  probants  pour  résoudre  une 
question  économique  aussi  importante  et  aussi  complexe. 

Considérée  comme  race  de  boucherie,  la  race  de  Salers,  souvent 
discutée,  a  fini  par  prendre  dans  les  concours  un  rang  très  honorable. 
Nulle  viande  n'est  plus  recherchée  par  les  bouchers,  parce  que  nulle 
autre  n'offre  moins  de  déchets  culinaires.  Le  savant  professeur  de 
l'école  de  Grignon,  M.  Sanson,  a  pu  constater,  après  le  dernier  con- 


I.A  RAGK  BOVINE  DE  SALERS.  42  7 

cours  général,  que  les  bœufs  de  Salers  tenaient  la  tête  au  point  de  vue 
de  la  proportion  existant  entre  la  viande  de  1  '"''  catégorie  et  celle  de 
2"  et  3"  catégorie,  et  qu'ils  devaient  être  classés  en  seconde  ligne  sur 
le  tableau  de  rendement  en  viande  digestible.  Ce  témoignage  peut 
nous  suffire. 

On  lui  a  reproché  son  défaut  de  précocité.  11  y  a  du  vrai;  mais  on  a 
pris  pour  un  défaut  de  nature  ce  qui  n'est  que  l'effet  d'un  régime 
défectueux.  Les  bêtes  bovines  de  Salers,  mal  nourries  dans  leur  jeune 
âge,  sont  livrées  de  bonne  heure  aux  travaux  des  champs  ou  à  la  pro- 
duction du  lait.  Généralement,  leur  engraissement  ne  commence  que 
lorsqu'elles  sont  épuisées  par  le  travail  ou  la  lactation  :  mais  aussitôt 
qu'avec  le  repos  elles  trouvent  une  nourriture  plus  abondante,  elles 
font  preuve  d'une  faculté  d'assimilation  remarquable  et  d'un  engrais- 
sement aussi  prompt  que  facile. 

Je  ne  parlerai  ni  de  la  rare  aptitude  de  cette  race  au  travail,  ni  de 
sd  grande  fécondité,  ni  de  ses  dispositions  naturelles  à  l'acclimate- 
ment, ni  de  son  commerce  de  plus  en  plus  actif  et  de  son  exportation 
toujours  croissante.  Sur  ces  divers  points  tout  le  monde  est  d'accord. 

Ma  tâche  serait  terminée  si  je  n'avais  à  appeler  l'attention  et  les 
efforts  des  éle  eurs  sur  quelques  progrès  qu'il  leur  reste  à  réaliser. 

L'allaitement  des  veaux  est  réellement  insuffisant.  Ils  ne  commen- 
cent à  prendre  leur  développement  que  la  seconde  année,  au  moment 
de  l'envoi  au  pacage.  L'application  constante  du  principe  d'hérédité 
ne  suffit  pas;  pour  qu'il  produise  son  effet,  il  faut  qu'il  soit  allié  à  un 
bon  régime  ;  le  succès  de  l'amélioration  est  à  ce  prix. 

Les  veaux  mâles  qui  ne  sont  pas  destinés  à  la  reproduction  sont 
soumis  trop  tard  à  la  castration  et  trop  tôt  au  travail  ;  leur  dévelop- 
pement est  par  conséquent  plus  lent  et  peut-être  moins  complet. 

Il  serait  à  désirer  que  les  éleveurs  n'employassent  que  des  repro- 
ducteurs de  quinze  à  dix-huit  mois.  L'expérience  a  prouvé  que  les 
femelles  sont  plus  sûrement  et  non  moins  avantageusement  fécondées 
par  les  jeunes  taureaux. 

Les  saillies  ont  lieu  en  liberté  et,  par  leur  fréquence  désordonnée, 
elles  deviennent  une  cause  d'épuisement.  Les  mâles  qui  ne  sont  pas 
réformés  après  une  première  année  de  monte  perdent  de  leurs  qua- 
lités :  les  jambes  s'affaiblissent,  le  dos  fléchit  et  l'arrière -train 
s'amoindrit. 

Pendant  les  six  mois  de  stabulation,  les  soins  hygiéniques  sont  trop 
négligés,  les  étables  mal  tenues,  la  litière  nulle  ou  insuffisante,  les 
distributions  de  sel  faites  avec  trop  de  parcimonie,  les  animaux  rare- 
ment étrillés  et  plus  rarement  brossés;  enfin,  la  ration  d'entretien 
est  trop  souvent  incomplète,  surtout  à  partir  du  moment  où  les  vaches 
sont  taries.  Quel  qu'ait  été  le  résultat  de  la  récolte,  c'est  à  peu  près 
toujours  le  même  nombre  d'animaux  qui,  l'hiver,  se  la  partagent. 
C'est  s'exposer  à  des  mécomptes  que  de  méconnaître  ce  principe  d'éco- 
nomie du  bétail  :  Moins  nourrir  pour  mieux  nourrir. 

Je  vous  ai  présenté,  telle  qu'elle  s'est  révélée  dans  le  dernier  con- 
cours, la  belle  et  bonne  race  d'Auvergne,  pour  employer  les  termes  de 
M.  le  marquis  de  Dampierre,  le  sympathique  et  judicieux  président 
de  notre  Société.  Il  me  reste  à  vous  faire  connaître  les  noms  des 
lauréats. 

Plus  de  600  têtes  de  bétail,  non  compris  les  veaux,  rivalisant  par 


428  LA  RACE  BOVINE   DE   SALEHS. 

la  beauté  des  formes  et  la  pureté  du  sang,  ont  été  présentées  au  con- 
cours. C'est  le  produit  de  21  vacheries  sur  35  qui  avaient  été  inscriles 
dans  les  délais  utiles.  Le  jury  les  a  classées  dans  l'ordre  suivant  : 

Prix  agronomiijve.  —  Objet  d'art  à  M.  Jean  Ramond,  fermier  au 
Bara,  près  Aurillac^  l'éleveur  intelligent  et  bien  connu  qui  ne  compte 
plus  les  récompenses  obtenues  dans  les  divers  concours  régionaux. 

Deua^  médailles  (Vor  ex  œquo:  l'une  à  M.  Jacques  Raoux,  propriétaire 
à  Chavaroche,  commune  de  Trizac;  l'autre  à  M.  Claude  Cliavanon, 
fermier  à  Chapsière,  commune  d'Anglards  de  Salers. 

Une  médaille  d'argent  (grand  module)  à  M.  Georges  Pouderoux, 
fermier  àTougouse,  commune  de  Saint-Bonnet. 

V  médaille  d'argent  (petit  module)  à  M.  Pierre  Couderc,  fermier  à 
la  Marque,  commune  de  Giou-de-Mamou;  —  2%  à  M.  Jean-Baptiste 
Pebrel,  fermier  au  Breuil,  commune  d'Anglards  de  Salers. 

r'  médaille  de  bronze^  à  M.  Marcelin  Duc,  propriétaire  au  Fayet, 
commune  de  Trizac;  —  2%  à  M.  Antoine  Couderc,  fermier  à  Veyraguet, 
commune  d'Aurillac;  —  3*,  à  M.  Pierre  Vidal,  propriétaire  à  Menet; 
—  4%  à  M.  le  baron  d'Auzers,  propriétaire  au  château  d'Auzers. 

Le  jury  est  d'avis  qu'il  y  a  lieu  d'accorder  une  mention  honorable 
aux  éleveurs  ci-après  dont  les  vacheries,  moins  parfaites  dans  leur 
ensemble  que  celles  qui  viennent  d'être  primées,  renferment  cepen- 
dant plusieurs  animaux  remarquables  :  MM.  Delpuech,  à  Monteilly  ; 
de  Fontette  fils,  au  Bousquet;  Bouyssou,  au  Clau;  Labro,  à  Lavergne  ; 
Faure,  à  la  Margovie;  Bergeron,  à  Anglards  de  Salers  et  Colombie,  à 
Laborie.  Auollet, 

Rapporteur  du  jury. 

RÉUNIONS  VITIGOLES  DE  MONTPELLIER 

La  Société  d'agriculture  de  l'Hérault  continue  son  œuvre;  elle  veut 
répandre  de  tous  côtés  les  notions  nécessaires  à  la  reconstitution  du 
vignoble  français.  Ce  n'est  point,  comme  le  disait  hier  un  de  ses 
membres,  aux  applaudissements  de  la  réunion,  sur  le  département 
sur  lequel  s'étend  sa  juridiction,  si  je  puis  ainsi  dire,  qu'elle  veut 
étendre  les  bienfaits  de  son  enseignement  :  c'est  à  la  région  entière  de 
la  vigne  qu'elle  s'adresse,  c'est  pour  tous  les  vignerons  qu'elle  veut 
faciliter  la  reconstitution  des  vignobles;  elle  n'a  point  d'exclusion; 
elle  ouvre  une  large  place  à  tous  ceux  qui  par  tous  les  moyens,  chan- 
gements de  cépages,  insecticides  de  toutes  compositions,  submersion, 
irrigation,  veulent  coopérer  à  l'œuvre  commune. 

Un  immense  public  accourt  de  tous  côtés,  l'amphithéâtre  de  l'école 
d'agriculture  est  insuffisant  pour  contenir  ceux  que  le  désir,  le  besoin 
d'apprendre  a  fait  accourir  à  l'école  de  la  Gaillarde.  Il  est  vrai  que  tout 
est  combiné  à  souhait  pour  attirer  chaque  année  une  foule  plus  nom- 
breuse de  viticulteurs;  est-il  permis  d'oublier,  est-il  possible  de  ne 
pas  avoir  sans  cesse  présent  à  l'esprit  la  manière  aussi  bienveillante 
qu'éclairée,  suivie  par  M.  Vialla,  président  de  la  Société  d'agriculture 
de  l'Hérault,  président  de  ce  Congrès,  car  ces  réunions  sont  un  vrai 
Congrès,  pour  diriger  les  débats,  mettre  en  lumière  les  points  obscurs 
de  ce  vaste  labeur  que  des  causes  nombreuses  imposent  aux  agricul- 
teurs de  la  région  de  la  vigne.  Malgré  son  infatigable  dévouement  à 
cette  belle  cause  :  maintenir  la  richesse  agricole  de  la  France, 
M.   Vialla   éprouverait    quelque  difficulté,    s'il  ne  rencontrait   dans 


RÉUNIONS   VITICOLES   DE  MONTPELLIER.  429 

M.  Foex,  directeur  de  l'école,  dans  tout  le  personnel  de  la  Gaillarde 
un  sympalique  dévouement.  Nous,  qui  pour  le  porter,  le  diffuser  plus 
au  loin,  nous  faisons  un  devoir  de  visiter  souvent  l'école,  d'assister 
aux  leçons  qu'on  y  donne,  nous  ne  savons  si  c'est  le  sympathique 
accueil  que  nous  y  recevons  ou  le  lot  de  notions  utiles  que  nous  en 
rapportons  qui  nous  y  appellent  sans  cesse,  toujoure  est-il  que  le 
souvenir  des  réunions  qui  se  terminent  demain  augmentera  singu- 
lièrement le  charme. 

On  connaît  le  programme  de  l'enquête  viticole,  le  questionnaire  sur 
lequel  chacun  avait  à  répondre. 

La  première  question  était  celle-ci  :  étant  donné  la  nécessité  de 
reconstituer  le  vignoble  français  (plus  tard,  j'ai  hâte  de  le  dire,  on 
devait  étudier  les  procédés,  les  modes  possibles  de  maintien),  quels 
sont  les  cépages  à  l'aide  desquels  une  nouvelle  production  est  possible, 
quelles  sont  les  conditions  de  succès,  les  espérances  de  réussite  que 
l'on  doit  avoir  en  plantant  en  Riparia  telle  surface  donnée?  En  un  mot 
le  Riparia a-t-il  fait  ses  preuves  de  résistance  au  phylloxéra?  M.  X.  prend 
la  parole  et  annonce  qu'il  a  des  Riparias  plantés  dans  une  vigne 
détruite  par  le  phylloxéra;  ce  cépage  ne  reçoit  pas  le  parasite  ou 
du  moins  sa  végétation  n'en  reçoit  aucune  atteinte.  L'assertion  de 
M.  X.  est  contredite,  on  essaie  d'expliquer  cette  contradiction  par  des 
renseignements  multiples.  Force  du  sol  à  conserver  l'humidité,  nature 
du  terrain,  adaptation  du  cépage  au  milieu  souterrain  comme  au  milieu 
aérien,  !aits  de  résistance  absolue  ou  relative,  tout  est  passé  au  crible 
d'une  discussion  non  préparée,  et  où  l'adversaire  ne  ménage  pas  tou- 
jours celui  qui  n'a  pas  dans  sa  pratique  conformité  d'assertions  à 
émettre. 

Sans  doute,  il  faut  et  recherche  et  étude,  pour  trouver  la  note  utile, 
prolitable,  entre  les  faits  multiples  discordants  qui  se  produisent. 
Parmi  les  cultivateurs,  quelques-uns  au  moins  ignorent  les  conditions 
d'une  expérience  agricole  bien  conduite,  les  difficultés  d'une  attestation. 
Pour  qui  sait  lire  à  travers  certaines  hésitations,  certaines  inexactitudes, 
la  vérité  apparaît,  la  ligne  est  tracée  pour  le  viticulteur  qui  a  com- 
mencé son  œuvre;  bien  des  tâtonnements,  des  retards  lui  sont  évités. 

Je  n'essayerai  pas  de  dire  tout  ce  que  le  dossier  des  Riparias,  des 
Solonis,  Rupestris,  Vialas,  Clintons,  etc.,  a  reçu  dans  le  casier  bon  et 
dans  le  casi'^r  mal;  le  pointage  est  facile,  il  suffit  de  placer  ses  notes 
quelques  volumineuses  qu'elles  soient  pour  donner  une  notion 
attendue. 

L'enquête  ouverte  se  poursuivra  sur  les  greffes  et  les  multiples 
questions  toutes  nouvelles  que  ces  immenses  surfaces  à  greffer  entraî- 
nent après.  L'intérêt  sera  très  grand  d'entendre  les  viticulteurs,  si 
multiples,  t^i  variés  dans  leurs  opinions  sur  la  valeur  de  l'Othello, 
par  exemple,  appréciant  la  valeur  de  ces  greffes  si  variées  qui  deman- 
dent tant  de  dextérité  dans  leur  exécution. 

Nous  aurons  aussi  la  lutte  entre  les  partisans  des  insecticides  et  les 
adversaires,  on  nous  promet  une  série  de  faits  très  propres  à  dérouter 
l'agriculteur. 

Le  congrès  de  Montpellier  nous  offre  un  fait  remarquable;  M.  le 
président  du  congrès  le  signalait,  dès  le  salut  qu  il  adressait  à  ses 
nombreux  invités,  c'est  le  rôle  de  la  femme  dans  ce  dofuainc  des 
choses  des  champs  d'oii  elle  semblait  s'éloigner,  o     ^lle  est  chez  elle. 


430  RÉUNIONS  VITIGOLES  DE  MONTPELLIER. 

Les  réunions  de  l'école  de  la  Gaillarde  nous  montrent  l'utilité,  l'éclat 
avec  lequel  elles  peuvent  y  paraître. 

Tous  les  viticulteurs  connaissent  les  noms  de  Mme  la  duchesse  de 
Fitz -James,  de  Mme  Ponsot,  de  Mme  Fabre,  trop  peu  auront  eu  l'heu- 
reuse fortune  d'entendre  Mme  la  duchesse  de  Fitz-James  apporter  sa 
note  dans  les  débats  viticoles.  Quelle  netteté,  quelle  précision  dans 
les  avis  qu'elle  donnait,  dans  les  renseignements  qu'on  lui  demandait. 
Son  vole  était  toujours  accueillie  avec  sympathie,  comme  la  note, 
la  conclusion  au  débat. 

Au  congrès  phylloxérique  de  Bordeaux,  nous  qui  ne  connaissions 
que  par  des  écrits  les  vignerons  de  Saint-Benezet,  nous  attendions 
longtemps  une  communication  annoncée;  elle  ne  vint  pas,  une  lettre 
d'explication  nous  fut  lue  et  le  taceat  mulier  de  quelque  philosophe 
latin  nous  fut  donné  comme  la  cause  de  ce  silence,  on  se  pliait  à  la 
règle.  Ce  philosophe  romain  se  trompe.  Tous  ceux  qui  ont  entendu 
Mme  la  duchesse  de  Fitz-James,  Mme  Ponsot,  qui  elle  aussi,  nous 
dirait  en  deux  mots  ce  que  nous  avions  intérêt  à  savoir,  à  connaître, 
regretteraient  vivement  que  le  précepte  de  Rome  fût  suivi  à  Mont- 
pellier. Si  l'une  nous  renseignait  sur  les  conditions  viticoles  de  la 
Gironde,  l'autre  apportait  son  expérience  des  exigences  du  climat 
du  Midi.  A.  de  Puy-Montbrun. 

MOYENS  PRATIQUES  D'AMÉLIORER  LA  SITUATION 

DE  l'agriculture  FRANÇAISE. 

Le  malaise  de  l'agriculture  est  incontestable,  mais  on  n'est  d'accord 
ni  sur  les  causes  de  ce  malaise,  ni  sur  les  moyens  à  employer  pour  y 
mettre  fin. 

J'ai  établi  précédemment  que  si  la  concurrence  de  l'étranger  est 
quelquefois  un  obstacle  au  progrès  parce  qu'elle  décourage  plutôt 
<|u'elle  ne  stimule  quand  elle  paraît  trop  redoutable,  celle  des  indus- 
tries diverses  qui  attirent  les  ouvriers  des  champs  à  qui  elles  sont  en 
mesure  d'offrir  des  salaires  élevés  devient  une  source  de  difficultés 
pour  l'agriculture,  parce  que  celle  ci  ne  saurait  suivre  la  voie  du  progrès 
avec  la  même  rapidité  que  ses  rivales. 

Les  chevaux  et  les  bœufs  qu'elle  emploie,  comparés  à  la  vapeur, 
surtout  dans  les  exploitations  où  le  génie  de  la  France  impose  le  mor- 
oellementdu  sol,  sont  comme  la  démonstration  vivante  de  l'impuissance 
où  elle  se  trouve  de  lutter,  soit  de  vitesse,  soit  de  richesse  avec  des 
associations  de  capitalistes  fondées  avant  tout  sur  une  force  irré- 
sistible, et  de  plus  pouvant  choisir  les  situations  en  se  postant  sur  des 
cours  d'eau,  auprès  des  grandes  villes,  à  côté  d'une  usine,  là  enfin  où 
le  succès  est  assuré  d'avance. 

En  agriculture  ce  serait  une  calamité  que  cette  concentration  des 
forces  sur  tel  ou  tel  point  particulier;  mais  le  fait  de  l'abandon  d'une 
partie  du  sol  arable  est  certain.  Il  n'y  a  plus  assez  de  bras  pour  suf- 
fire à  toutes  les  exploitations. 

C'est  que  tout  vole  à  ces  merveilleuses  splendeurs  de  la  civilisation 
moderne,  à  ces  millions  d'étoiles  qui  illuminent  les  grandes  cités 
durant  les  nuits  aussi  brillantes  que  les  plus  beaux  jours  éclairés  par  les 
feux  du  soleil. 

Dans  les  campagnes  au  contraire,  tandis  que  le  succès    repose   sur 


MOYENS  PRATIQUES  D'AMÉLIORER  LA  SITUATION  DE  L'AGRICULTURE.    431 

les  bons  soins  donnés  au  tas  de  fiunier,  l'ouvrier  n'a  plus  durant  les 
longs  hivers  la  ressource  du  battage  en  grange  ;  on  n'y  trouve  plus 
de  forêts  à  exploiter,  plus  de  travaux  manuels  pour  les  jeunes  lilles 
auxquelles  les  tissages  mécaniques  et  les  filatures  ont  enlevé  leurs 
dernières  ressources.  Elles  partent  pour  Paris.  Quand  en  reviendront- 
elles?  Si  encore  elles  doivent  en  revenir. 

Mais  les  jeunes  gens,  les  plus  intelligents  comme  les  plus  entre- 
prenants, grâce  au  développement  du  réseau  des  chemins  de  Ter,  au 
grand  nombre  d'employés  que  réclame  le  commerce,  aux  attraits  des 
villes  que  le  service  militaire  leur  apprend  à  connaître  et  à  l'emploi 
facile  des  connaissances  acquises  au  moyen  d'une  instruction  nouvelle, 
s'éloignent  du  village,  de  la  ferme,  et  la  terre  reste  stérile. 

Les  instruments  d'agriculture,  les  machines  sans  doute  remplacent 
bien  des  bras  ou  leur  viennent  en  aide  ;  mais  outre  qu'il  faut  qu'on  les 
dirige,  un  double  effet  se  produit  aussi  dont  on  doit  reconnaître  le 
mauvais  comme  le  bon  côté. 

En  effet,  le  char  du  Progrès  doit  avancer,  puis  avancer  encore,, 
mais  ce  n'est  pas  sans  écraser  bien  des  victimes  ;  et  si  l'agriculture 
ne  trouvait  pas  le  moyen  de  payer  les  bras  aussi  cher  que  les  autres 
industries  ou  de  fournir  aux  ouvriers  des  avantages  qui  compensent 
ceux  qui  leur  sont  fournis  ailleurs,  elle  devrait  baisser  pavillon  devant 
ses  rivales  et  laisser  se  déprécier  le  sol  national  qui  est  celui  delà  patrie 
elle-même.  Et,  si  la  hausse  des  salaires  entraîne  les  ouvriers  du  côté 
des  centres  industriels  en  les  enlevant  aux  campagnes,  le  fermier  doni 
les  bénéfices  ne  s'élèveraient  pas  d'une  manière  sulïisante  ne  manque- 
rait pas  de  demander  une  diminution  de  fermage,  d'oi^i  résulterait,  er» 
dernière  analyse,  la  baisse  de  la  valeur  du  sol. 

C'est  ce  qui  se  produit  déjà  d'une  manière  assez  générale,  puisque 
rien  ne  retenant  le  cultivateur  à  l'expiration  de  son  bail,  s'il  ne  trouve 
pas  alors  de  compensation  à  l'augmentation  des  frais  qu'il  lui  faudra 
subir,  il  se  tourne  lui  aussi  du  côté  de  la  Bourse  oii  le  sollicitent  des 
avantages  bien  entraînants  et  où  il  va  placer  son  épargne  sans  paraître 
se  douter  que  là  aussi  quelque  orage  peut  survenir  pour  enlever  les 
(diiffons  que  l'étranger  lui  offre  en  échange  du  fruit  de  ses  labeurs. 

Cependant,  et  pour  tout  dire,  il  faut  reconnaître  que  les  exigences 
des  populations  industrielles  et  urbaines  deviennent  chaque  jour  plus 
grandes,  que  même  dans  les  campagnes  la  consommation  de  la  viande 
se  répand  avec  rapidité,  que  certains  grains,  tels  que  l'avoine,  ren- 
chérissent par  suite  d'une  plus  grande  circulation  des  marchandises, 
et  qu'il  y  a  là  une  compensation  à  la  hausse  du  prix  des  salaires. 

Aussi  dans  les  fermes  d'un  seul  contexte,  où  l'agriculteur  libre  d'a- 
dopter un  bon  assolement  fait  prédominer  les  plantes  fourragères,  le 
mal  ne  sévit  pas  avec  autant  d'intensité  que  dans  celles  où  l'assole- 
ment triennal  domine  par  suite  du  morcellement  du  sol.  Là  il  sutïîL 
d'éviter  l'épuisement  de  la  terre  et  de  s'attacher  à  la  loi  de  restitution. 
Si  l'achat  d'engrais  dont  le  renchérissement  progressif  n'offre  plus  de 
bénéfices  suffisants  fait  reculer  le  cultivateur,  une  bonne  administra- 
tion peut  encore  assurer  des  résultats  avantageux.  Le  bétail  devient 
partout  une  sauvegarde  pour  l'homme  qui  sait  éviter  l'écueil  des  grandes 
récoltes  exportables.  S'il  veut  tuer  la  poule  aux  œufs  d'or,  il  changera 
en  friche  le  sol  arable  que  généralement  on  ne  sait  pas  remettre  en 
état  sans  faire  de  srrands  frais. 


432    MOYENS  PRATIQUES  D'AMÉLIORER  LA  SITUATION  DE  L'AGRICULTURE. 

En  agriculture  la  fortune  ne  peut  venir  que  lentement  et  progressi- 
/Tient  avec  l'amélioration  du  sol,  par  suite  de  l'adoption  de  méthodes 
conservatrices,  utiles  à  la  fois  au  propriétaire  et  au  fermier,  car  il  n'est 
guère  possible  de  séparer  les  intérêts  de  l'un  et  de  l'autre. 

Mais  n'abandonnons  pas  le  point  de  vue  qui  nous  a  occupé  tout  à 
l'heure,  celui  du  prix,  de  la  main-d'œuvre,  puisqu'en  1800  Paris  ne 
comptait  que  546,000  habitants,  et  qu'aujourd'hui  la  population  s'y 
élève  au  chiffre  de  2,300,000.  Songeons  que  les  villages  perdent  leurs 
familles  laborieuses  et  que  beaucoup  des  plus  petits  disparaissent. 

lï  semble  que  l'on  voie  dans  l'espace  de  petits  nuages  flottants  que 
les  chauds  rayons  du  soleil  dissipent  peu  à  peu,  tandis  que  d'autres 
s'étendent  et  noircissent  à  l'horizon,  prêts  à  lancer  la  foudre.  Les  petils 
nuages,  ce  sont  les  hameaux  qui  se  perdent,  tandis  que  les  orages  se 
préparent  au  sein  des  grandes  cités,  ces  mères  folles  des  révolutions. 

Telle  est  limage  exacte  de  ce  qui  se  passe  autour  de  nous,  et  pour 
mieux  voir  encore,  il  suffit  de  pénétrer  dans  la  demeure  de  l'ouvrier 
des  campagnes.  Qu'y  rencontrons-nous?  Des  vieillards  que  leurs  en- 
fants ont  abandonnés  pour  aller  plus  loin  chercher  fortune.  Le  père 
et  la  mère  se  regardent  tristement  ;  ils  se  taisent,  mais  quelle  élo- 
quence dans  leur  silence!  Et  quand  ces  vieillards  ne  seront  plus,  sur 
qui  pourra-t-on  compter  pour  les  travaux  des  champs? 

Il  faut  donc  trouver  le  moyen  de  conserver  l'ouvrier  dans  le  village 
pour  que  le  travail  féconde  la  terre.  11  faut  que  le  capital  y  revienne 
pour  que  la  main-d'œuvre  soit  suffisamment  rémunérée  ;  il  faut  que 
le  fermier  trouve  sous  sa  main  ces  deux  leviers  indispensables,  et  de 
plus,  qu'il  soit  assuré  de  réaliser  un  bénéfice  pour  qu'il  ne  déserte 
pas  à  son  tour  en  laissant  derrière  lui  la  propriété  foncière  discréditée 
et  improductive. 

Or  cette  propriété  foncière,  c'est  l'épargne,  le  fruit  du  travail,  et 
rien  n'est  plus  respectable,  car  si  la  rémunération  du  travail  est  l'ex- 
pression de  la  justice,  et  si  le  travail  est  un  mérite,  l'épargne  consa- 
crée à  l'acquisition  du  sol  est  le  couronnement  de  l'édifice  social. 

Oui,  c'est  le  propriétaire  foncier  qui  subira,  en  dernière  analyse,  les 
conséquences  de  l'abandon  de  la  terre  par  les  ouvriers  et  les  fermiers, 
parce  que  si  ces  derniers  sont  libres,  lui  se  trouve  comme  rivé  au 
fonds  qu'il  i.e  saurait  exploiter  lui-même  et  dont  il  ne  saurait  se  dé- 
faire sans  subir  une  perte  considérable.  Dans  nos  départements  de 
l'est,  bien  des  fermes  ont  perdu  presque  toute  leur  valeur,  puisqu'elles 
sont  offertes  pour  un  prix  inférieur  à  ce  qu'ont  coûté  les  bâtiments 
construits  pour  en  tirer  parti. 

Dès  lors  on  peut  s'étonner  que  Ton  aille  chercher  au  delà  des  mers 
des  terres  nouvelles  et  que  les  ouvriers  se  laissent  entraîner  si  loin 
quand  on  a,  en  France,  tant  besoin  de  leurs  services.  Les  capitaux  qu'on 
appelle  en  Amérique  trouveraient  aussi,  dès  à  présent,  un  emploi 
avanlageux  dans  le  pays  même,  et  l'on  ne  saurait  trop  leur  montrer 
la  voie  où  ils  doivent  entrer,  sauf  à  indiquer  les  méthodes  de  culture 
qui  seront  les  plus  rémunératrices,  dans  les  situations  réputées  mau- 
vaises, où  il  y  a  pourtant  des  bénéfices  considérables  à  réaliser. 

11  est  certain  qu'en  dernière  analyse,  c'est  à  ces  méthodes  qu'il  fau- 
dra aboutir  pour  que  le  travail  agricole  donne  des  résultats  avanta- 
geux. Il  est  évident  aussi  que,  dans  la  plupart  des  situations,  les 
moyens  à  employer  devront  être  simples  et  peu  coûteux,  puisque  les 


MOYENS  PRATIQUES  D'AMÉLIORER  LA  SITUATION  DE  L'AGRICULTURE.      433 

fermes  de  peu  de  valeur  ne  sont  pas  exploitées  par  des  capitalistes  ou 
par  de  riches  cultivateurs. 

On  ne  peut  donner  à  la  masse  des  exploitants  les  résultats  présentés 
dans  les  concours  dont  le  progrès  est  merveilleux;  mais  il  n'est  pas 
impossible  de  relever  le  courage  des  plus  mal  placés  d'entre  les 
hommes  qui  travaillent  la  terre  ;  et  cette  œuvre  doit  marcher  parallè- 
lement avec  celle  qui  consiste  à  montrer  ce  que  l'on  peut  réaliser 
quand  on  dispose  de  ressources  importantes,  et  que  l'on  est  aux 
abords  d'une  grande  ville,  oii  le  laitage,  par  exemple,  est  une  source 
assurée  de  bénéfices.  E.  Duroselle. 

COURRIER  DU  SUD-OUEST 

Le  retour  du  beau  temps,  après  une  période  hivernale  dépourvue  de  froids  et 
sans  cesse  tourmentée  par  les  bourrasques  du  vent  et  de  la  pluie  n'a  jamais  été 
accueilli  avec  plus  de  joie  de  la  part  de  nos  populations  rurales. 

La  persistance  de  l'intempérie  a  fatigué  les  hommes  et  les  choses  et  laissé  un 
certain  désarroi  dans  le  domaine  agricole.  L'état  hygiénique  de  la  région  a  été 
bien  moins  salubre  et  les  maladies  ont  sensiblement  décimé  plusieurs  sections  de 
la  zone  du  sud-ouest.  Cette  aggravation  de  mortalité  paraît  d'autant  plus  triste 
que  depuis  1846,  les  recensements  accusent  une  diminution  constante  dans  le 
chiffre  des  habitants  du  sud-ouest. 

Chez  nous,  la  continence  dans  les  mariages  et  non  l'émigration  provoque  cet 
affaiblissement  des  forces  vives  du  pays.  En  revanche,  la  longévité  y  est  plus 
marquée  que  partout  ailleurs.  Est-ce  une  compensation?  nous  ne  le  pensons  pas. 

Pendant  que  cette  sorte  de  révolution  s'opère  au  sein  de  nos  familles  méri- 
dionales, un  accroissement  considérable  de  la  population  bovine,  chevaline  et 
porcine,  se  manifeste  sur  tous  les  points 

Depuis  1860, date  de  l'avènement  des  principes  du  libre-échange,  la  multiplica 
lion  du  bétail  n'a  cessé  de  grandir,  au  point  de  fournir  un  élément  de  plus  en 
plus  important  à  l'exportation  de  la  viande  et  à  sa  consommation  sur  les  lieux 
même  de  production.  Les  expositions  régionales  témoignent  de  ce  progrès  que 
rien  n'arrête  et  que  la  médiocrité  des  récoltes  n'a  point  ralenti. 

Si  les  rendements  de  la  vigne  à  laquelle  trop  de  terrains  ont  été  peut-être  con- 
sacrés au  détriment  de  la  sylviculture,  n'ont  pas  répondu  aux  efforts  et  aux 
sacrifices  qui  ont  été  consentis,  il  n'y  a  pas  lieu  de  désespérer  de  l'équilibre  des 
revenus  fonciers.  La  plantation  des  cépages  n'excédait-elie  pas  depuis  quelque 
temps  les  véritables  conditions  climatériques  du  Midi? 

La  disparition  des  forêts  a  eu  pour  conséquence  la  suppression  des  sources  et 
dans  nos  terrains  tertiaires  si  peu  perméables,  la  stérilité  des  prairies  dans  les 
vallées  et  la  gêne  dans  les  ménages  pour  l'alimentation  des  individus  et  du  bétail. 

Ces  causes  d'insalubrité  ont  réagi  notablement  dans  les  cantons  déboisés,  où  la 
vigne  domine,  tandis  que  dans  les  Landes,  où  la  sylviculture  gagne  du  terrain,  les 
habitants  sont  loin  d'être  aussi  contaminés  par  les  maladies. 

Ces  considérations  tendent  à  démontrer  l'u'âlité  de  modérer  dans  le  Midi  l'élan 
de  la  viticulture,  et  à  reconstituer  les  grands  rideaux  boisés  qui  arrêtent  le  cou- 
rant désordonné  des  orages  trop  souvent  chargés  de  grêle,  et  qui  favorisent  spé- 
cialement la  formation  des  nappes  d'eau  souterraines.  Jules  Serret. 

SOCIÉTÉ    NATIONALE    D'AGRICULTURE 

Séance  du  \k  mars  1883.  —  Présidence  de  M.  Chevreul. 

M.  le  ministre  de  l'agriculture  envoie  l'ampliation  du  décret  qui 
approuve  l'élection  de  M.  Boitel  comme  membre  titulaire. 

M.  Paul  de  Gasparin  adresse  une  note  relative  à  l'analyse  d'un 
superphosphate  dont  il  signale  la  composition  anormale.  Cette  note  est 
insérée  dans  ce  numéro. 

M.  Alfred  Dupont,  correspondant,  envoie  une  note  sur  la  propo- 
sition de  loi  relative  à  la  responsabilité  des  patrons  dans  les  accidents 
qui  peuvent  atteindre  leurs  ouvriers,  en  signalant  les  graves  incon- 


434  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'AGRIGULTQRE  DE  FRANCE. 

vénients  de  plusieurs  dispositions  de  cette  proposition.  — Renvoi  à  la 
Section  d'économie  et  de  législation  agricoles. 

M.  Albert  Nadiner,  ingénieur  à  Brnnn  (Autriche),  transmet  une 
note  relative  au  traitement  de  la  peste  bovine. 

M.  Jean  Gaudet,  lauréat  de  la  prime  d'honneur  dans  le  département 
de  la  Loire,  envoie  une  lettre  relative  à  sa  candidature  comme  membre 
associé  dans  la  Section  de  grande  culture. 

M.  Brown  envoie  le  compte  rendu  du  congrès  des  fermiers  pra- 
tiquant Tensilage  qui  a  eu  lieu  à  New- York  les  24  et  25  janvier  1883. 

M.  Daubrée  présente,  de  la  part  de  M.  Carnot,  ingénieur  en  chef 
des  mines,  deux  rapports  faits  au  nom  de  la  Commission  d'assainis- 
sement des  cimetières  à  Paris. 

M.  Peligot  analyse  une  note  de  M.  de  Gasparin  sur  le  dosage  de 
l'acide  phosphorique  dans  les  terres  arables  (voir  le  Journal  du 
10  février,  p.  211  de  ce  volume).  A  cette  occasion,  M.  Chevreul  insiste 
sur  l'importance  de  l'étude  des  réactions  qui  se  produisent  entre  le 
sol  et  les  engrais,  au  point  de  vue  de  la  nutrition  des  végétaux. 

M.  Léon  Say,  au  nom  de  la  Section  d'économie,  de  statistique  et  de 
législation,  invite  la  Société  à  se  faire  représenter  au  Congrès  des 
Sociétés  savantes  à  la  Sorbonne.  Sur  sa  proposition  et  après  quelques 
observations  présentées  par  MM.  Barrai,  Chatin  et  de  Dampierre,  il 
est  décidé  que  la  liste  des  membres  qui  désirent  prendre  part  à  ce 
Congrès  sera  adressée  à  M.  le  ministre  de  l'instruction  publique. 

M.  Bouquet  de  la  Grye  présente  un  rapport  sur  deux  vœux  exprimés 
par  M.  de  Thiac  relativement  à  des  questions  forestières.  Il  fait  res- 
sortir que  l'école  des  gardes,  établie  aux  Barres-Vilmorin,  donne  satis- 
faction au  vœu  de  M.  de  Thiac  sur  l'enseignement  pour  les  gardes  par- 
ticuliers. Quant  au  deuxième  vœu,  relatif  à  l'ouverture  à  la  libre 
circulation  des  chemins  de  vidange  établis  dans  les  forêts  de  l'Etat,  il 
fait  observer  qu'il  n'y  a  qu'à  les  classer  dans  les  conditions  de  la  loi 
de  1836,  pour  obtenir  ce  résultat,  si  les  intérêts  de  la  contrée  exigent 
que  ces  voies  ne  soient  pas  interdites  au  public. 

M.  Barrai  présente,  de  la  part  de  M.  Reiset,  une  note  sur  ses  recher- 
ches relatives  à  l'exhalation  de  l'azote  à  l'état  de  gaz,  pendant  la  res- 
piration des  animaux.  A  cetLeoccasion,  M.  Boussingault  rappelle  que  les 
travaux  de  M.  Reiset  ont  confirmé  ceux  qu'il  avait  faits  sur  le  même  sujet. 

M.  Gaston  Bazille  présente  un  rapport  sur  une  note  de  M.  Fréchou 
sur  le  mildew  dans  les  vignes  de  Lot  et-Garonne.  Il  insiste  sur  l'intérêt 
que  présentent  les  observations  de  M.  Fréchou. 

M.  Barrai  fait  une  communication  sur  des  analyses  de  terres,  de  four- 
rages et  d'eaux  d'irrigation  dans  l'Aveyron  qu'il  a  exécutées  récem- 
ment. Les  eaux  présentent  un  résidu  sec  très  faible  (60  milligr.  par 
litre);  les  fourrages  sont  de  bonne  qualité,  mais  pauvres  en  matières 
azotées,  en  acide  phosphorique  et  en  calcaire.  Henry  Sagnier. 

REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  GOURANT  DES  DEiNRÉES  AGRICOLES 

(17  MARS  lfc8J). 
I.  —  Situation  générale. 
Les  affaires  continuent  à  présenter  beaucoup  de  calme  sur  les  marchés  agri- 
coles. Pour  la  plupart  des  denrées,  les  ventes  sont  peu  importantes. 

II.  —  Les  grains  et  les  farines. 
Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal  métrique, 
sur  les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger  : 


REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT  (17  MARS  1883). 


435 


NORD.OITEST 


Calvados.  Contlé 

—  Caeji 

Côl.-du,-Nord.  Dnin.. 

—        Ti'oguier 
Finislcre.  Morlux  

—  Onimper 

fUe-el- Vilaine.  Hennés. 

—        Foirnères  . 
Manches.  Avranches. . 

—  PonLorson... 

—  Villedieu.. . . 
Mayenne.  Laval. .    .... 

—  Mayenne  

Morbihan.  Hennebont. 
■Orne.  Alençnn 

—  Viraonticrs 

Sai'lhe.  Le  Mans 

—  Sablé 

Prix  moyens 'iô.OO     17.37     17.29 

2'  niJGlON.   —  >'»KD. 
Ais7ie.  Soissons 

—  Saint-Quentin  . . . 

—  Villers-Cotterets. 
Eure.    Evreux 

—  Bernay 

—  LesAnde'ys   

Eure-et-Loir.  i,liarlres.. 

—  Anneau 

—  Nogent-le-Rotrou . 
Nord.  Gunbiai    

—  Douai 

—  Valeni'.jennes 

Oise.  Beau  vais 

—  Compiègne 

—  Noyon 

Pas-de-Calais.  Arras. . . 

—  Doullcjns 

Seine.  Paris 

S.-el-Mar.  Melon 

—  Daminartin 

—  Provins 

S. -c^Oise.  Etampes. .    . 

—  Pontoise 

—  Versailles 

Seine-Inférieure.  Rouen. 

—  Diepfie 

—  Yvetot 

Somme.  .Amiens 

-•-    Montdidier 

—  Roye 

Prix  moyens 

3°  RKGION.  - 
Ardennes.  Chaileville.   . 

—  Sedan 

Aube.  Mery-sur-Seii  e. . . 

—  Nogent-sur-Seiiie. 

—  Troyes... 

Marne.  Chalons 

—  Epernay 

—  Reiras 

/Ile-Marne.  Bourbonne. . 
Meurthe-et-Mos.  Nancy. 

—  Pont-à-Mousson  . . 

—  Toul 

Meuse.  Bar-le-Duc 

—  Verdun 

Haute-Saône.  Gray 

—  VesoQl   

Vosges.  Neufchâieau 

—  Epinal 

Prix  moyens 

4*   RKG;ON 

Charente.  Angouléine.. . 

—  Ruffec 

Char.-Infér.  Marans. . . . 
Deux-Scvres  Ni  )rt.  ... 
Indre-el- Loire.  Tours... 

—  Bléré 

Loirc-Inf.  Nantes 

M-'et-Loir".  '5;i.L:ni'jr 

—  Angers 

Vendée .  Luço  n 

—  Fontenay-le-Conite 
Vienne.  Poitier-- 

—  Chatelieranlt 

Haute-  Vienne.  Liinoies. . 


23.73      14  92     18.23     17.45 
-  NOHD.ESr. 


23. 50 
23  00 
23.80 

23 .  2i 
24.00 
23  15 
23  50 

24 .  00 
22.00 

23  25 
23.50 
23.50 
23.00 
23.75 
22.00 
23.00 
23.15 

24  60 


15.75 
«6.00 
15  20 
15.85 
la  25 
15  25 
14.50 
1550 


16.25 
16  00 


19.00 
lS.50 
17.25 
19.25 
17.50 
13.15 

» 
18.60 

n 
17.25 
16.75 
16.00 
16  00 
16.50 
15.50 

» 
17.15 


18  60 
19.25 
17.00 
18. bO 
16.25 
17.25 
13. 00 
17.75 
14.25 
16.00 
16.25 
15.50 
17.25 

15.00 

16.65 
•6.00 


23.33     15.48      17.38     16-84 


Prix  moyens. 


Allier.  La  Palisse 

—  Oannai 

—  Saint-Pourçain 
C/ier.  Bourges 

—  Giaçay 

—  Vierzun 

Creuse.  Aubu^son. . 
Indre.  Ch;\teauroux 

—  tssoudun 

—  Valençay 
Loiret.  Orléans 

—  Monlargis 

—  Patay..    .. 
L.-el-Cher.  Blois 

—  Montoire 
Nièvre.  Nevers 

—  La  Charité 
Yonne.  Brienon 

—  Saint-Florentin 

—  Tonnerre 


25.46     16.18     18.58     17.85 


Prix  moyens 24.63 

RÉGION.  — 
^ùl.  Bourg 25.25 

—  P.nl-de-Vaux 24.75 

Côte-d'Or.  Dijon 2?. 00 

—  Beaune 23.75 

Doubs.  Besançon 23.50 

Isère.  Grenoble 24  75 

—  Bouigoin 24.50 

Jura.  Dole 22.25 

Loire.  Charlieu 24.75 

P.-de-Dôme.  Cl.-Ferrand  25.75 

Rhône.  Lyon 25.00 

Sawie-el- Loire.  Chalon. .  24.50 

—  Louhans 25.75 

ïCoooie.  Chambéry 25.75 

Ille-Savoio.  .\naecy 25.75 

Prix  moyens 24.53 

7"  RÉGION.  —  SUD- 
Ariège.  Foix 26  25 

—  P^miers 27  75 

Dordogne.  Bergerac 27  00 

W/e-Gaconne.  Toulouse.  27.80 

—  Sl-Gaudens 27.50 

Ge/'s.  Condom 27.50 

—  Eauze 27.25 

—  Mirande 36  oo 

Gironde.  Bordeaux 27.25 

—  Bazas 26.25 

Landes.  Dax  .' 29  00 

Lot-et-Garonne. Kge.n...  27.25 

—  Nérac 28.00 

i?.-Pj/ré/tce.s.  Bayonne. .  27.70 

//ies-Pî/rénées.  Tarbes..  28.00 


15.75 
16.00 
17.00 
16.50 


15   38      17.81      17.75 
OUEST. 

13.00 
16.50 
17  00 
17  25 
18.00 


18.50 
1!)  15 
19.50 


18.25 
19  00 
19.00 
18.75 
18.50 
19  75 
19   50 


19.25 
20.110 
19.00 
19.75 
19  511 
20.25 
22.50 
21  .00 
18.75 
21.00 

» 
19.00 
19.50 
19.25 
13   75 


Prix  moyens 27.37     18.29     19.13    19. 8J 

8'  RÉGION.  —  SU!>. 


Aude.  Ca^cassonne 

—  Caslelnandary 

Aveyron.  Viilefranclie.. 

Cantal.  Mauriac 

Corrèze.  Liiberzac 

Hérault.  Montpellier... 

—  Béziers 

Lot.  Cahor.-» 

Lozère.  Mende 

P(/réîitfes-Or. Perpignan. 

Tarn.  Castres 

Tarn-et-Gar.  Montauoan 


18.50 

20.50 

20  50 

18.70 

20.25 

19.50 

18.75 

» 

16.50 

2i.90 

26.15 

20 .  95 

1.1.00 

18.25 

13.25 

» 

17 .  50 

18.50 

21.00 

20 .  -iô 

20. 00 

17.50 

il .  50 

18.25 

17  35 

18.20 

17.80 

13.40 

25 .  00 

18.45 

18.25 

» 

19  50 

17.25 

19.50 

20.0' 

Prix  moyens 26  81     18.7* 

9'  RÉGION.  —  SITI)-KST. 

Basse.i-Alpes.  Manosque  28.65 
Hautes-. llijes.  Briançon.  27.3» 
Alpes-Maritimes. Canada  27 .  50 

Ardeclie.  Privas 26.65 

B.-da-Iîhàne.  .Vrles 27.70 

Drame.  Montêliraar 25.50 

Gard.  Nîmes 27.50 

Haute-Loire.  LePuy....  25  5'i 
Kaf.  S  iint  M  iximin.. . .  25.25 
Fauciuse.  Avignon 26.75 

Prix  moyens 26.83 

Moy.  de  toute  la  France  25.30 

—  de  la  semaine  précéd.  25.31     16  75 

Sur  la  semaineiHau^se.      »  » 

précédente.. ibaisse..     0.01      0.03 


20.31      19  02 


» 

» 

25.00 

18.00 

H 

18.25 

18. .=-0 

18.25 

19.00 

19.35 

17  85 

19.20 

» 

17.50 

18.50 

» 

19.00 

20.00 

» 

1  7 .  25 

18.00 

18.00 

19.50 

16.25 

» 

» 

19.00 

» 

17  25 

18.75 

;8.45 

18.09 

19.20 

10.72 

18.34 

13.29 

16  75 

18  23 

18.23 

436  REVUE   COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT 

Blé. 
fr. 

.,    .  ,  „       I  blé  tendre...  29.25 

Algérie.  ^"^[blédur 26.00 

Angleterre.  Londres 26.00 

Belgique.  Anvers 25.25 

—  Bruxelles 24 .  75 

—  Liège 23.25 

—  Nannir 23.00 

Amsterdam 23.35 

Luxembourg 24.50 

Strasbourg 24  75 

Metz 24.50 

Mulhouse 22  50 

Berlin ■ 22.85 

Cologne 24.35 

Hambourg 23.00 

Genùve 27  00 

Turin 25.25 

Valladolid 25.00 

Vienne 20.25 

Budapesth 20.65 

Saint-Pétersbourg..  21.75 

New-York 23.35 


Pays-Bas. 

Luxembourg. 

Alsace-Lorraine. 


Allemagne. 


Suisse. 

Italie. 

Espagne. 

Autriche. 

Hongrie. 

Bussie. 

Etats-Unis. 


Sei| 

?le. 

Orge. 

Avoine. 

fi 

fr. 

fi 

, 

17.00 

r 

19.35 

20.30 

, 

17.75 

16. 

75 

16.00 

» 

16, 

.75 

20.50 

17. 

00 

15, 

.75 

20.00 

15. 

50 

17, 

.00 

» 

19. 

00 

» 

1-7. 

50 

17. 

75 

17.25 

17. 

25 

16, 

.25 

17.00 

18.00 

17. 

.00 

» 

18. 

.10 

» 

16 

.60 

» 

19 

.25 

19.75 

19. 

25 

17 

.25 

» 

18. 

.50 

15. 

.30 

17.75 

13 

..50 

16 

60 

17.50 

14  00 

15. 

,00 

» 

12 

.75 

Blés.  —  Le  mauvais  temps  a  continué  à  régner  depuis  huit  jours.  Les  tour- 
mentes de  neige  se  sont  succédé,  et  les  communications  sont  devenues  difficiles. 
Il  en  résulte  que  le  plus  grand  nombre  des  marchés  ont  été  délaissés,  et  que  les 
affaires  ont  été  presque  partout  absolument  calmes.  Dans  cette  situation,  les  prix 
demeurent  à  peu  près  stationnaires  aux  taux  que  nous  avons  précédemment  indi- 
qués. Les  cultivateurs  n'ont  plus  d'ailleurs  que  des  quantités  de  blé  relativement 
restreintes  à  vendre.  Quant  aux  emblavures,  on  ne  signale  pas  de  changements 
sensibles  dans  leur  situation;  les  semailles  de  mars  sont  de  nouveau  arrêtées. 
—  A  la  halle  de  Paris,  le  mercredi  14  mars,  il  y  avait  peu  d'affaires;  les  ventes 
ont  été  laites  avec  facilité  aux  taux  de  la  semaine  précédente.  On  cotait  de 
24  fr.  50  à  26  fr.  50  par  100  kilog.  suivant  les  qualités,  ou  en  moyenne  25  fr.  50 
comme  le  mercredi  précédent.  —  Au  marché  des  blés  à  livrer,  on  cote  :  courant 
du  mois,  25  fr.  25  à  25  fr.  50;  avril,  25  fr.  50  à  25  fr.  75;  mai  et  juin,  26  fr.  25 
à  26  fr.  50;  quatre  mois  de  mai,  27  fr.  à  27  Ir.  25.  —  Au  Havre,  les  offres  sont 
restreintes  pour  les  blés  d'Amérique  ;  les  prix  sont  soutenus.  On  cote  de  26  fr.  50 
à  28  fr.  par  100  kilog.  suivant  les  qualités.  —  A  Marseille,  les  arrivages  en  blés 
de  la  semaine  ont  été  de  60,000  quintaux  environ;  le  stock  est  actuellement  dans 
les  docks,  de  280,000  quintaux.  Il  y  a  eu  très  peu  d'activité  dans  les  affaires 
depuis  huit  jours.  Oo  cote  suivant  les  sortes  :  Red-winter,  29  fr.  ;  [Berdianska, 
27  fr.;  Marionopoli,  26  fr.  50  à  '^7  fr.;  Pologne,  26  fr.  50;  Danube,  21  à  23  fr.  — 
A  Londres,  les  importations  de  blés  étrangers  ont  été  de  61,000  quintaux  depuis 
huit  jours;  les  affaires  présentent  plus  d'activité;  mais  les  prix  demeurent  sans 
changements.  On  cote  de  24  fr.  60  à  27  fr.  25  par  It  0  kilog.  suivant  les  qualités. 

Farines.  —  Les  affaires  sont  toujours  peu  importantes,  et  les  prix  se  main- 
tiennent sans  changements.  Les  farines  de  consommation  sont  cotées  à  la  halle  de 
Paris:  marque  de  Gorbeil,  61  fr,;  marques  de  choix,  61  à  63  fr.;  premières 
marques,  59  à  60  fr.;  bonnes  marques,  58  à  59  fr.;  sortes  ordinaires,  56  à  57  fr.; 
le  tout  par  sac  de  159  kilog.  toile  à  rendre  ou  157  kilog.  net,  ce  qui  correspond 
aux  prix  extrêmes  de  35  fr.  65  à  40  fr.  10  par  100  kilog.,  ou  en  moyenne 
37  fr.  85,  sans  modifications  depuis  huit  jours.  —  Les  farines  de  spéculation 
se  vendent  aux  mêmes  cours  que  précédemment.  On  cote  à  Paris,  le  mercredi 
14  mars  au  soir  :  farines  neaf -marques^  courant  du  mois,  57  fr.  25  à  57  fr.  50; 
avril,  57  fr.  75  à  58  fr.  ;  mai  et  juin,  58  fr.  75;  quatre  mois  de  mai,  59  fr.  25; 
le  tout  par  sac  de  159  kilog.  toile  perdue  ou  157  kilog.  net.  —  Les  cours  sont 
sans  changements  pour  les  gruaux  que  l'on  vend  de  47  à  58  fr.  par  100  kilog. 
et  pour  les  farines  deuxièmes,  cotées  de  26  à  33  fr. 

Seigles.  —  H  y  a  plus  de  fermeté  dans  les  prix.  On  paye  à  la  halle  de  Paris, 
de  15  fr.  75  à  16  fr.  par  100  kilog.  Les  farines  de  seigle  valent  de  23  à  25  fr. 
suivant  les  qualités. 

Orges.  —  H  y  a  peu  d'offres,  mais  les  prix  ne  varient  pas  à  la  halle  de  Pari?. 
On  paye  de  18  fr.  à  20  fr.  75  par  lOo  kilog.,  suivant  les  sortes.  Les  escourgeons 
valent  de  18  à  18  fr.  50.  —  A  Londres,  les  importations  d'orges  ont  été  de 
12,000  quintaux  depuis  huit  jours;  on  paye  de  18  fr.  à  20  fr.  70  par  100  kilog. 
suivant  les  sortes. 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (17  MARS   1883).  437 

Malt.  —  Les  affaires  sont  assez  actives  aux  mêmes  prix  que  précédemment.  Les 
malts  d'orge,  valent  de  25  à  31  i'r.  par  lOOkilog,  ;  ceux  d'escourgeon,  27  à  29  fr. 

Avoines.  —  Les  ventes  sont  faciles,  sans  changements  dans  les  prix.  On  paye 
à  la  halle  de  Paris,  de  17  à  19  fr.  50  par  100  kilog.,  suivant  poids,  couleur 
et  qualité.  Les  importations  d'avoines  ont  été,  à  Londres,  de  90,000  quintaux 
depuis  huit  jours  ;  on  paye  de  18  fr.  50  à  21  fr.  70  par  100  kilog.,  suivant  les 
sortes. 

Sarrasin.  —  Les  prix  sont  sans  changements.  On  paye  à  la  halle  de  Paris,  de 
15  fr.  75  à  16  fr.  par  100  kilog. 

Maïs.  —  Peu  d'affaires  sur  les  maïs  étrangers.  On  cote  de  18  fr.  50  à  19  fr. 
par  100  kilog.  suivant  les  qualités,    pour  les  maïs  d'Amérique,  au  Havre. 

Issues.  —  Il  y  a  plus  de  fermeté  dans  les  cours.  On  paye  à  Paris  :  gros  son 
seul,  14  à  14  fr.  25;  son  trois  cases,  12  fr.  75  à  13  fr.;  sons  fins,  Il  fr.  50  à 
12  fr.  25;  recoupettes,  12  à  12  fr.  50;  remoulages  blancs,  17  à  18  fr.  ;  remou- 
lage bis,  15  à  16  fr.  ;  le  tout  par  100  kilog. 

III.  —  Fourrages ,  graines  fourragères. 

Fourrages.  —  Les  prix  sont  assez  fermes.  On  paye  par  1,000  kilog.  :  à  Mont- 
pellier, luzerne,  125  à  130  fr.;  foin,  125  à  130  fr.  ;  paille,  75  à  80  fr.  —  A  Tou- 
louse, foin,  105  à  115  fr.  ;  sainfoin,  100  à  115  fr.  ;  paille,  45  à  50  fr.  ;  à  Nîmes, 
foin,  90  fr.  ;  luzerne,  100  fr. 

Graines  fourragères.  —  Les  offres  sont  assez  nombreuses.  On  paye  par 
iOO  kilog.  à  Paris  :  trèfle  violet,  150  à  190  fr.;  trèfle  blanc,  200  à  250  fr.;  luzerne 
de  Provence,  155  à  175  fr.;  de  Poitou,  125  à  135  fr.  ;  d'Italie,  140  à  150  fr.; 
minette,  65  à  75  fr.;  ray-grass  anglais,  65  à  70  fr.;  ray-grass  d'Italie,  68  à 
70  fr.;  sainfoin,  26  à  32  fr. 

IV.  —  Fruits  et  légumes  frais. 

Fruits.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  poires,  le  cent,  25  fr.  à  140  fr.,  pommes, 
le  cent,  20  fr.  à  130  fr.  ;  le  kilog.,  0  fr.  25  à  0  fr.  50;  raisins,  chasselas  de 
serres, le  kilog.,  4  à  14  fr. 

Gros  légumes.  —  Dernier  cours  de  la  halle  :  asperges  de  châssis,  la  botte,  de 
20  à  35  fr.;  aux  petits  pois,  la  botte,  1  à  2  tr.;  betteraves,  la  manne,  0  fr.  40  à 

I  fr.  40;  carottes  communes, les  100  bottes,  20 à  35  fr.;  d'hiver,  l'hectolitre,  3  fr.  à 

5  fr.  ;  de  chevaux,  les  100  bottes,  15  à  22  fr.;  choux  communs,  le  cent,  5  à  15  fr.; 
navets  communs,  les  100  bottes,  20  à  33  fr.;  de  Freneuse,  le  paquet,  35  à  40  fr.  l'hec- 
tolitre, 3  fr.  à  4  fr.;  oignons  en  grain,  l'hectoUtre,  9  à  12  fr.;  panais  communs,  les 
100  bottes,  12  à  15  fr.;  poireaux  communs,  les  100  bottes,   30  à  65  fr. 

Pommes  de  terre.  —  Hollande  communes,  l'hectolitre,  14  à  16  fr.;  le  quintal, 
20  fr.   14  à  22   fr.    85  ;  jaunes  communes,  l'hectolitre,    8  à  9  fr.;  le  quintal, 

II  fr.  42  à  12  fr.  85. 

Menus  légumes.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  ail,  le  paquet  de  25  bottes, 
3  fr,  à  4  fr.  50;  appétits,  la  botte,  0  fr.  10  à  0  fr.  20  ;  barbe  de  capucin,  la  botte, 
G  fr.  15  à  0  fr.  30;  cardon,  la  botte,  2  fr.  à  4  fr.  ;  céleri,  la  botte,  0  fr.  50  à 
G  fr.  60;  rave,  la  pièce,  0  fr.  15  à  0  fr.  20  ;  cerfeuil,  la  botte,  0  fr.  30  à  0  Ir.  60; 
champignons,  le  kilog.,  1  fr.  à  1  fr.  60;  chicorée  frisée,  le  cent,  12  à  17  fr.; 
choux-fleurs  de  Bretagne,  le  cent,  25  à  50  fr.;  choux  dé  Bruxelles,  le  litre,  0  fr.  30 
à  0  fr.  40  î  ciboules,  la  botte,  0  fr.  15  à  0  fr.  20;  cresson,  la  botte  de  12 
bottes,  0  fr  90  à  1  fr.  70;  échalottes,  la  botte,  0  fr.  25  à  0  fr.  40;  épinards, 
le  paquet,  0  fr.  40    à  0  fr.  50;  escaroile,  le   cent,  14  à  20  fr.;   laitue,   le   cent, 

6  à  14  fr.;  mâches,  le  calais,  0  fr.  20  à  U  fr.  30;  oseille,  le  paquet,  0  fr.  60  à 0  fr.  90; 
persil,  la  botte,  0  fr.  40à  0  f r  50;  pissenlits,  le  kilog.,  Ofr.  30  à  0  fr.70;  potirons, 
la  pièce,  1  fr.  à  5  fr.  ;  radis  roses,  la  botte,  0  fr.  50  à  0  fr.  70;  noirs,  le  cent, 
5  à  20  fr.;  romaine,  la  botte  de  4  têtes,  1  fr.  60  à  2  fr.  40;  salsifis,  la  botte,  Ofr.  50 
à  0  fr.  60  ;   thym,  la  botte,  0  fr.  10  à  0  fr.  20. 

V.  —  Vins,  spiritueux,  vinaigres,  cidres. 
Vins.  —  Le  grand  fait  de  la  semaine,  c'est  le  retour  inopiné  du  froid,  retour 
tel  que  la  neige  est  tombée  avec  abondance  dans  la  plus  grande  partie  de  la 
France,  et  que,  dans  un  grand  nombre  de  localités,  on  signale  des  vignes  gra- 
vement atteintes  par  la  gelée.  Heureusement,  dans  la  plus  grande  jjartie  des 
vignobles,  les  bourgeons  ne  s'étaient  [)as  encore  épanouis,  de  telle  sorte  que  là 
le  mal  ne  paraît  pas  considérable  pour  le  moment.  Mais  dans  la  Provence,  l'Hé- 
rault, le  Roussillon,  beaucoup  de  pousses  nouvelles  étaient  sorties,  et  elles  ont 
été  profondément  atteintes  par  des  froids  de  —  5  à  —  6  degrés  que  l'on  a  dû. 


438  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT 

constater  prepque  partout,  au  grand  désespoir  des  vignerons  Que  sera-ce,  en 
définitive,  de  ce  cruel  phénomène?  Il  est  encore  bien  diflicile  de  le  dire  S'il 
s'était  p'oduit  une  juinzaine  de  jours  plus  tard,  on  aurait  eu  certainement  beau- 
coup plus  de  mal  à  déplorer;  dans  l'état  actuel  des  choses,  il  est  à  présumer 
que,  si  le  froid  ne  persiste  pas,  la  prochaine  récolte  ne  sera  compromise  nulle 
part  par  ces  phénomènes.  Les  mêmes  faits  se  sont  produits  dans  les  vi^^nobles 
d'Algérie  et  d'Espagne,  sans  que  l'on  ait  non  plus  beaucoup  de  'mal  sérieux  à 
redouter  pour  le  moment.  Au  point  de  vue  commercial,  on  se  plaint  i)eaucoup, 
dans  le  Midi,  de  l'importation  en  grandes  quantités  de  piquettes  d'Espagne 
introduites  sous  le  nom  de  vins  à  l^  degrés  d'alcool,  et  qui  se  vendent  de  15  à 
18  l'r.  l'hectolitre  sur  les  marchés  des  Pyrénées-Orientales  et  de  l'Aude;  ce  ne 
sont,  en  réalité,  que  des  liquides  alcooliques  n'ayant  du  vin  que  le  nom. 

Spiritueux.  —  La  situation  est  à  peu  près  la  même  que  la  semaine  précédente 
sur  les  marchés  du  Midi  :  très  peu  d'aflaires  avec  des  cours  stationnaires.  Dans 
le  Nord,  au  contraire,  et  principalement  à  Paris,  la  hausse  que  nous  avons  déjà 
signalée  se  maintient  et  elle  prend  de  nouvelles  pr.ipoitions.  —  A  Montpellier^ 
on  cote  par  hectolitre  :  3/6  bon  goût,  100  fr.;  marc,  90  Ir.;  à  Celle^  3/6  bongoijt, 
105  fr.;  à  Béziers,  3/6  bon  goijt,  103  fr.;  marc,  95  fr.  —  A  Bordeaux,  les  eaux- 
de-vie  nouvelles  d'Armagnac,  valent  :  haut  Armagnac,  150  à  155  fr.;  Ténarèze, 
158  à  160  fr.;  bas  Armagnac,  190  à  200  fr.  —  A  Paris,  on  cote  :  3/6  betteraves, 
1'"  qualité,  90  degrés,  disponible,  54  fr.  50  à  55  fr. ;  avril,  5'4  fr.  75;  quatre  mois 
de  mai,  5o  fr.  50  à  53  fr.  75;  quatre  derniers  mois,  52  fr.  50  à  52  fr.  75.  —  Le 
stock  est  actuellement  de  1P,9''5  pipes,  contre  13,825  en  1882. 

Raisins  sea.  —  Il  y  a  toujours  de  la  fermeté  dans  les  cours.  Les  prix  se  inain- 
tiennent  dan  '.  le  Midi  aux  taux  que  nous  avons  précédemment  indiqués. 

Vinaigres.  —  Les  prix  sont  sans  changements.  On  paye  à  Orléans  par  hectolitre  : 
vinaigre  nouveau  de  vin  nouveau,  40  à  kl  fr.;  vinaigre  nouveau  de  vin  vieux,  45  à 
47  fr.;  vinaigre  vieux  de  vin,  ,  55  à  60  fr. 

^'  1.  —  Sucres.  —  Mélasses.   —  Fécules.  —  Glucoses.  —  Amidons.  —  Houblons. 

Sucres.  —  Les  affaires  sont  toujours  difficiles,  et  les  prix  se  maintiennent  avec 
peine  sur  toutes  les  sortes.  On  paye  à  Paris,  par  100  kilog,  :  sucres  bruts  88  de- 
grés saccharimétriques,  51  fr.;  les  99  degrés,  58  fr.  55;  sucres  blanc<,  59  fr.;  à 
Lille,  sucres  bruts,  50  fr  ;  à  Péronne,  sucres  blancs,  .57  fr.  75;  sucres  bruts, 
50  fr.  25;  à  Saint-Quentin,  sucres  bruts,  49  fr.  75  à  LO  fr.;  à  Valenciennes,  sucres 
bruts,  5U  fr.  25.  —  Le  stock  de  l'entrepôt  réel  des  sucres  était,  au  14  mars,  à 
Paris,  de  869,000  sacs  pour  les  sucres  indigènes,  avec  une  diminution  de 
8,000  sacs  depuis  huit  jours.  Il  n'y  a  pas  de  changements  dans  les  prix  des 
sucres  ralfinés;  on  les  paye  de  105  à  106  ir.  50  par  lOOkilog.  à  la  consommation, 
et  de  63  fr.  75  à  66  fr.  75  pour  l'exjjortation. 

Mélasses.  — Prix  fermes.  On  paye  à  Paris  12  fr.  par  100  kilog.  pour  les  mé- 
lasses de  fabrique,  13  fr.  50  à  14  fr.  pour  celles  de  ralfinerie. 

Fécul'S.  —  Les  cours  sont  plus  fermes  depuis  huit  jours.  On  cote  à  Paris 
39  fr.  50  à  40  fr.  par  100  kilog.;  pour  les  fécules  piemières  du  rayon;  à  Com- 
piègne,  39  fr.  50  pour  celles  de  l'Oise,  à  Epinal  40  tr.  50  pour  celles  des  Vosges. 

Glucoses.  —  Il  y  a  moins  de  fermeté  dans  les  prix.  On  cote  à  Paris  par  100  kilog.: 
sirop  de  froment,  53  à  55  fr.;  sirop  massé,  42  à  43  fr.;  sirop  liquide,  34  à  36  fr; 
sirop  de  maïs,  47  à  48  fr. 

Amidons.  —  Maintien  des  prix.  On  paye  à  Paris  :  amidons  de  pur  froment, 
66  à  68  fr  ;  de  province,  64  à  66  fr.;  de  maïs,  54  à  56  fr. 

Houblons.  —  Les  affaires  sont  peu  importantes;  les  prix  demeurent  sans  chan 
gements  sur  le  plus  grand  nombre  des  marchés. 

vu.  —  Huiles  et  graines  oléagineuses,  tourteaux. 

Huiles.  —  Les  affaires  ont  été  moins  actives  depuis  huit  jours  sur  les  huiles 
de  graines,  et  les  prix  accusent  un  peu  de  baisse.  On  paye  à  Paris,  par  103  kilog., 
huiles  de  colza  en  tous  fûts,  105  fr.  25;  en  tonnes,  107'  fr.  25;  épurée  en  tonnes, 
115  fr.  25;  huile  de  lin  en  tous  fats,  59  fr.  75;  en  lin,  61  fr.  75.  —  Sur  les 
marchés  des  départements,  on  paye  les  huiles  de  colza  :  Caen,  102  fr.  ;  Rouen, 
100  fr.  50;  Cambrai,  99  fr.  ;  et  pour  les  autres  sortes,  œillette,  110  fr.  ;  lin,58fr. 
—  Dans  le  Midi,  il  y  a  un  peu  plus  d  activité  dans  les  transactions  sur  les  huiles 
d'olive. 

Graines  olèogineuses.  —  Les  cours  ont  peu  varié  depuis  huit  jours.  On  paye 
par  hectolitre  dans  le  Nord  :  œillette,  26  fr.  à  28  fr.  ;  lin,   13  à  16  fr. 


DES  DENRÉES  AGRICOLES   (17  MARS   1883).  439 

Tourteaux.  —  Les  prix  se  maintiennent  bien.  On  paye  par  100  kilot?.  :  à 
Cambrai,  tourteaux  d'œillettes,  17  fr.  50;  de  colza  17  fr.  50  à  19  fr.  50;  de  lin, 
20  fr.  50  à  22  fr.  ;  de  cameline,  20  fr.  ;  —  à  Rouen,  tourteaux  de  lin,  19  fr.  50; 
de  sésame,  15  fr.  50. 

VJII.  —  Matières  résineuses,  colorantes  et  tannantes. 

Matières  résineuses.  —  Les  prix  sont  en  bausse.  On  ])aye  à  Dax,  90  fr.  par 
100  kilog.  pour  l'essence  pure  de  térébenthine. 

Venkts. —  Les  verdets  marchands  valent  :  en  pains,  135  fr.  ;  en  boules, 
130  fr.  par  100  kilog. 

Soufres.  —  Les  ventes  sont  importantes  dans  le  Midi.  Les  soufres  triturés 
valent  de  16  fr.  50  à  17  fr.  50  par  100  kilog.  suivant  les  marques. 

IX.  —  Suifs  et  corps  gras. 

Suifs.  —  Les  prix  sont  en  hausse  sensible.  On  paye  à  Paris,  102  fr.  par  100  ki- 
log. pour  les  suifs  purs  de  l'abat  de  la  boucherie;  75  fr.  50  pour  les  suils  en  bran- 
ches. 

Saindoux.  —  Au  Havre,  les  saindoux  d'Amérique  sont  payés  actuellement  de 

138  à  140  fr.  par  100  kilog. 

X.  —  Beurres.  —  Œufs.  —  Fromages. 
Beurres.  —  Il  a  été  vendu,  pendant  la  semaine,  à  la  halle  de  Paris,  215,89  J  ki- 
log. de  beurres.  Au  dernier  marché  on  payait  par  kilog.  :  en  demi-kilog.,  2  fr.  96 
à  4  fr.  42;  petits  beurres,  1  fr.  84  à  3  fr.  42;  Gournay,  2  fr.  50  à  5  fr.  56;  ;  Isi- 
gny,2  fr.  86  à  8  fr.  40 

(Eufs.  —  Depuis  huit  jours,  on  a  vendu  à  la  halle  de  Paris,  8,547,695  œufs. 
Au  dernier  marché,  on  paye  par  mille  :  chuix,  80  à  92  fr.;  ordinaires,  60  à  75  fr.; 
petits,  50  à  58  fr. 

Fromages.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  par  douzaine.  Brie,  5  à  31  ir.; 
Montlhéry,  15  fr.;  —  par  cent.  Livarot,  50  à  110  fr.;  Mont-Dor,  1 1  à  27  f r  ; 
Neufchâtel,  5  à  25  fr.;  divers,  6  à  78  fr.;  —  par  100  kilog.,  gruyère,  120  à 
1  70  fr. 

Xt.  —  Chevaux,  hétail,  viande. 

Chevaux.  —  Aux  marchés  des  7  et  10  mars,  à  Paris,  on  comptait  642  chevaux; 
sur  ce  nombre,  176  ont  été  vendus  comme  il  suit  : 

Chevaux  de  cabriolet 

—  de  trait 

—  hors  d'âge 

—  à  l'enchère 

—  de  boucherie 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  officiel  du  marché  aux  bes- 
tiaux de  la  Villette,  du  jeudi  8  au  mardi  13  mars  : 

Poids      Prix  du  kilog.  de  viande  nette  sur 
Vendus  nioyen  pied  au  marche  du  12  mars. 

Pour  Pour           En          4  quartiers,  l'^             2«             3=  Prix 

Amenés.  Paris,  l'extérieur,  totalité.  kil.         quai.  quai.  quai.  moyen. 

Bœufs. 5,2'42  3,598  1,463        5,(W1  353       1.76  1.58         1.36  1.^6 

Vaches 1,480  8-27  585         1,412  234       l.(V2  1.40         1.20  1.39 

Taureaux 286  222  46            268  384       1.48  1.35         1.25  1.36 

Veaux 2.920  1,740  869         2,(09  76      2  30  2.14         1.80  2.01 

Moulons.......       38,902  28,796  7,919  36,715  20      2.34  2  18  2  04  2.10 

Porcs  gras ... .         5,848  2,102  3,746         5,848  80       1.50  1.38         1.33  1.44 

—    maigres.            »  »  »                »  »»i>i>  » 

La  vente  a  été  facile  pour  toutes  les  catégories,  et  les  cours  accusent  beaucoup 
de  fermeté.  Sur  les  marchés  des  départements,  on  cote  :  Rouen,  bœuf,  1  fr.  65  à 

1  fr.   95  par  kilog.  de  viande  nette  sur  pied;  vaches,  1  fr.  50  à  1  fr.  tO;  veaux, 

2  fr.  05  à  2  fr.  sO;  moutons,  2  fr.  15  à  2  fr.  45;  porcs,  1  fr.  05  à  1  fr.  40;  — 
Amiens,  vaches,  1  fr.  50  à  1  fr.  78;  veaux,  1  fr.  80  à  2  fr.;  porc,  1  fr.  25  à  1  fr.  35; 

—  Nanctj,  bœufs,  89  à  95  fr.  le^  100  kilog.  bruts;  vaches,  65  à  90  fr.;  veaux, 
116  à  124  fr.;  moutons,  10.)  à  120  fr.;  porcs,  68  à  74  fr.;  —  Lyon,  IxEaf. 
75  à  82  fr.;   veaux,  106  à  120  fr.;  moutons,  90  à  100  fr.;  porcs,  110  à  120  fr.; 

—  Bourgoin,  bœuf,  64  à  74  fr.;  vaches,  56  à  66  fr.  ;  moutons,  85  à  95  fr.;  porcs, 
86  à  90  fr.;  veaux,  80  à  90  fr.;  —  Genève^  bœufs,  I  fr.  60  à  2  fr.  par  kilog.  de 
viande  nette;  veau  (sur  pied),  0  fr.  95  à  1  fr.  10;  mouton,  1  fr.  80  à  1  fr.  *:5;  porcs, 
1  Ir.  55  à  1    fr.  70. 

A  Londres,  les  importations  d'animaux  étrangers  durant  la  semaine  dernière  se 
sont  corn  posées  de    10.172  têtes,  dont  4  bœufs,  95  veaux  et  284  moutons  venant 


Amenés. 

Vendus. 

Prix  extrêmes. 

188 

31 

200  à      740  fr 

205 

31 

200  à  1,050 

179 

44 

20  à       695 

11 

11 

30  à      200 

59 

59 

20  à        90 

440  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT   (17  MARS    1883). 

d'Amsterdam;  404  moutons  d'Anvers;  3,958  moutons  de  Brème;  164  bœufs  de 
Ganil;  145  bœufs,  34  veaux  et  un  mouton  de  Gothembourg;  1,693  moutons 
d'Hambourg;  19  bœufs,  14  veaux  et  9  moutons  d'Harlingen  ;  31  bœufs  du  Havre  ; 
348  bœufs  et  1,081  moutons  de  New- York;  1  bœuf,  2k  veaux  et  1,723  moutons 
de  Rotterdam;  140  bœufs  de  Vigo,  —  Prix  du  kilog.  Bœuf  :  qualité  inférieure, 
1  fr.  52  à  1  fr.  75;  2%  1  fr.  75  à  1  fr.  93;  i'%  1  fr.  99  à  2  fr.  16.  —  Veau  : 
2%  2  fr.  10  à  2  fr.  22;  1'%  2  fr.  28  à  2  fr.  kO.  — Mouton  :  qualité  i;iférieure,  2  fr.  28 
à  2  fr.  45  ;  2%  2  fr.  45  à  2  fr.  63;  1'",  2  fr.  03  à  2  fr.  75.  —  Porc  :  2%  1  fr.  35  à 
1  fr.  46  ;  1'%  1  fr.  52  à  1  fr.  64. 

Viande  à  la  criée.  —  Il  a  été  vendu  à  la  halle  de  Paris  du  4  au  10  mars  : 

Prix  du  kilog.  le  12  mars. 

kilog.  1"  quai.                2*  quai.              3*  quai.  Choix.       Basse  Boucherie. 

Bœuf  on  vache...   168,963  1.56  à  1. 90     1.34  à  1.54  0.96  à  1.32  1.70  à  3.06    0.20  à  1.26 

Veau 179,084  1.88      2  30     1.66      1.86  1.20       1.64  1.84      2.54      » 

Mouton 61,940  1.66      2.08     1.44      1.64  0.96       1.42  1.76      2.60       » 

Porc 69,187                     Porc  frais 1.20  à  1.40;  salé, 

479,174        Soitparjour 69,853  kilog. 

Les  ventes  ont  été  inférieures  de  2,000  kilog.  par  jour  à  celles  de  la  semaine 
précédente.  Les  cours  se  maintiennent  bien. 

XII.  —  Cours  de  la  viande  à  Vabattoir  de  la  Villelte  du  la  mars  (par  50  kilog.) 
Cours  de  la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  Villette  par  50  kilog.  :  1"  qualité, 
78  à  83  fr.  ;  2%  70  à  75  fr.  ;  poids  vifs,  50  à  55  fr. 

Bœufs.  Veaux.  Moutons. 

!"■  2*  3*  1"  2*  3"  !'•  2'  3* 

quai.  quai.  quai.  q^al.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai. 

fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr. 

81  74  68  jll3  100  96  98  93  87 

XIII.  —  Marché  aux  bestiaux  de  la  Yillette  du  jeudi  15  mars  1883. 

Cours  des  commissionnaires 
Poids  Cours  officiels.  en  bestiaux. 

Animaux  général.     1"  2°  3"            Prix  1'"  T  3*  Prix 

amenés.       Invendus.  kil.  quai.  quai.  quai,  extrêmes.  quai. quai.  quai.  extrêmes. 

Bœufs 2.162  45  365  1.76  i .  58  1.36  1.30àl.82  1.74  1.56  1.34  128àl.8» 

Vaches 629  35  232  1.62  1.40  l  22  1.14     1.68  1.62  1.38  1.20  1.12     1.64 

Taureaux...          132  »  385  1   50  1.38  1.28  î.24     1.55  1.48  1.36  1.26  1.22     1.54 

Veaux 1.163  202  79  2.26  2.14  1.80  1.56     2.46         »  »  »  » 

Moutons 18.757  260  20  2.34  2   18  2  06  1.80     2.40          »  »  »  » 

Porcs  gras..     4.025  »  82  1.54  1.48  1.42  1.33     1.58          »  »  » 

—  maigres..          »  »  »          »  »  »          »        »            »  »  »  » 

Vente  très  active  sur  toutes  les  espèces. Ë^l 

XIV.  —Résumé. 

Maintien   des  cours  pour  la  plupart  des  denrées,  sauf  pour  les  huiles  et  les 
sucres,  tel  est  le  bilan  de  la  semaine.  A.  Remy. 


BULLETIN  FINANCIER 

Le  marché  est  en  réaction  :  la  rente  3  0/0  fait  81,60,  perdant  0,35,  la  rente 
5  0/0  est  à  115  fr.  30  perdant  0,60.  Ce  mouvement  de  baisse  atteint  nos  chemins 
de  fer  et  nos  Sociétés  de  crédit. 

Cours  de  la  Bourse  du  7  au  14  mars  1883  (au  comptant). 


Principales  valeurs  françaises  : 
Plus      Plus 


bas. 

81.40 

82.10 

109.30 


Rente  3  o/O 

Rente  3  o|o  amortis.. . 

Rente  4  l'2  o|0 

Rente  5  0/0 1 15  30 

Banque  de  France 5360  00  5400. oo  54oo.oo 

Comptoir  d'escompte 970. oo    980.00    972  50 

Société  générale 57o.oo    575.00    570.00 

Crédit  foncier 1330.00  1375.00  1337.50 


haut. 

82  45 

82.30 

110.00 

115.95 


Dernier 
cours.  ■ 
81.60 
82.25 
110.00 
115.30 


Est Actions  500 

Midi d° 

Nord d° 

Orléans d" 

Ouest .d" 

Paris-Lyon-Méditerranée  d' 
Paris  1871  obi.  400  à  3  O/O. 
Italien  5  o/o. 


720.00  733.75  720.00 
1090  00  1135.00  1095.00 
1840.00  1915.00  1845.00 
1260.00  1276.25  1260.00 

790.00  800.00  790.00 
1575.00  1620.00  1581.50 

393.00  395.00  393.00 
89.20   89.60  .  89  20 


Le  Gérant:  A.  BOUCHE. 


Fonds  publics  et  emprunts  français  et 
étrangers  : 

Plus         Plus    Dernier 
bas.        haut,      cours. 


obligations  du  Trésor  » 

remb.  à  5C0  4  o/o...  503.00 

Consolidés  angl.  3  o/o  103  00 

5  o|o  autrichien 66.1/4 

4  o/o  belge 106  00 

6  o/o  égyptien 375.00 

3  O/o  espagnol,  extér''.  » 

5  0/0Hondurasobl.300 
Tabacs  ital.,  obi.  300. 

6  o/o  péruvien » 

5  i/o  russe 91.25 

5  o/o  turc 12.15 

5  o/o  roumain 92.00 

Bordeaux,  100,  3  O/o.  lOl.oo 


508.00 
103.00 
66.1/2 
106.30 
377.50 


508.00 
103.00 
66.1/2 
106.25 
377.60 


502.50       503.75       503.75 


Lille,  100,  3  0/0 103.50 


91.95 
12.45 
102.00 
101.00 
104.50 


91.25 
12.15 
92.00 
101.00 
104.50 


LETERRIER. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (24  mars  ih83). 

Les  conditions  de  la  nouirilure  des  plantes  et  des  animaux.  —  nechorches  de  MM.  Rcgnault 
et  Reisetsur  i  exhalai  ion  de  l'azote  |iend;int  la  rcspiralion  des  animaux.  — Les  engrais  azotés. 
—  Les  sources  de  suilale  d'ammoniaque.  —  Ed'oris  tentés  pour  accroître  la  production  du 
sulfate  d'ammoniaque.  —  La  meunerie  française  et  la  meunerie  clraugf're.  —  Formation 
d'une  commis-ion  d'examen  dés  divers  systèmes  de  montures  adoptés  dans  les  minoteries.  — 
Importance  des  expériences  à  organiser.  —  Circulaire  du  ministre  de  la  guerre  relative  à  des 
sursis  d'appel  en  faveur  des  cultivateurs  appartenant  à  l'armée  territoriale.  —  Deuxième  liste 
de  souscri[)teNrs  pour  le  monument  à  Léonce  de  Lavergne.  —  Réunion  de  la  Section  i)crma- 
nenle  de  la  Commission  supérieure  du  phylloxéra.  —  Traitements  anministratifs  dan-  le  Loiret 

et  le  Tarn. Subventions  à  des  associations  syndicales.  —  Mesures  prises  par  la  Compagnie 

des  chemins  ''e  fer  Paris-Lyon-Méditenanée  pour  la  vente  du  sulfure  de  carbone.  —  Concours 
de  greffage  des  vignes  à  Saintes.  —  Publicîition  du  Bulletin  du  minisiôie  de  ragricuUu"e.  — 
Vente  d'animaux  durham  à  Corbon.  —  La  péripneumonie  en  E.spagne.  —  La  production  des 
alcools  en  France.  —  Comparaison  de  la  produciion  et  du  mouvement  des  sucres  de  1876  à 
1881.—  Concours  d'animaux  gras  au  Puy.  —  Concours  d'appareils  de  laiterie  annexé  au 
prochain  concours  régional  de  Troyes. 

I.  —  Sur  le  râle  des  matières  azotées  en  agriculture. 

Nul  être  vivant,  végétal  ou  animal,  ne  peut  exister  qu'à  la  condition 
Je  consommer  et  de  s'assimiler  une  certaine  quantité  de  substances 
azotées.  Les  plantes  prennent  les  aliments  dont  elles  ont  besoin  dans  le 
sein  de  la  terre,  parleurs  racines;  elles  peuvent  aussi,  probablement,  for- 
merdes  principes  iuDuédiats  azotés  dans  quelques-uns  de  leurs  organes 
au  moyen  des  composés  ammoniacaux  avec  lesquels  leurs  feuilles  sont 
en  contact.  C'est  dans  les  matières  azotées  que  les  plantes  se  sont  assi- 
milées, que  les  animaux  trouvent  les  principes  qui  It^ursont  indispen- 
sables. Les  aliments  qui  pénètrent  dans  leurs  organismes  peuvent  être 
considérés  comme  se  partageant  en  trois  parties  :  une  certaine  quan- 
tité est  assimilée  et  augmente  le  poids  des  individus  ;  une  autre  partie, 
beaucoup  plus  considérable,  est  rejetée  dans  les  déjections  après 
diverses  transformations  opérées  dans  l'organisme  et  après  avoir  fourni 
à  la  nécessité  constante  de  la  perpétuelle  mutation  des  tissus;  enfin, 
une  dernière  partie  est  exhalée  dans  la  respiration  et  la  perspiration. 
Les  travaux  de  MM.  Boussingault,  Regnault  et  Reiset  ont  mis  en  évi- 
dence cette  dernière  perte  d'azote  par  les  animaux,  et  nous  croyons 
avoir  ajouté  quelques  faits  démonstratifs  à  l'appui  de  cette  doctrine, 
contestée  par  des  auteurs  allemands.  M.  Reiseï  vient  de  reprendre  la 
défense  des  travaux  qu'il  a  magistralement  exécutés  avec  Regnault, 
dont  la  mort  a  été  une  cruelle  perle  pour  la  science  moderne.  Nous 
publions,  dans  ce  numéro  (p.  449),  la  note  de  notre  confrère 
M.  Reiset. 

Il  résulte  de  là  que,  dans  le  circulus  de  la  vie  à  la  surface  de  la 
terre,  une  certaine  quantité  d'azote  isolé  revient  à  l'atmosphère,  tandis 
que,  sous  l'action  incessante  des  décharges  électriques  qui  traversent 
l'océan  aérien,  1  azote  se  recombine  afin  de  pouvoir  devenir  un  aliment 
pour  la  véj,étation.  Il  appartient  à  l'agriculture  de  cherchera  accroître 
la  restitution  nécessaire  des  matières  azotées  pour  activer  la  végétat'on 
et  augmenter  le  rendement  de  ses  récoltes.  C'est  ce  qu'il  fut  en  s'effor- 
çant  de  se  procurer,  partout  où  il  peut  en  trouver,  des  matières  azotées 
susceptibles  de  former  des  engrais  pour  le  sol  arable.  Toutefois,  les 
sources  auxquelles  il  est  possible  d'avoir  recours  pour  se  procurer  des 
matières  fertilisantes  azotées  ne  sont  pas  très  nombreuses.  En  dehors 
des  déjections  et  des  détritus  des  animaux,  en  dehors  des  végétaux  en 
décomposition,  on  ne  trouve  guère  dans  la  nature  ou  dans  l'industrie 
que  le  nitrate  de  soude  extrait  des  terres  de  quelques  pays  privilégiés, 
et  le  sulfate  d'ammoniaque  que  l'on  prépare  avec  les  matières  des 

N.  798.  —  Tome  ^-^  de  1883.  —  2i  Mars. 


4i2  CHRONIQUE  AGRICOLE    (2i  MARS   1883). 

vidantes  ou  bien  en  condensant  les  produits  de  la  distillation  de  la 
houille.  On  sait  que,  quand  on  calcine  la  houille  en  vase  clos,  pour 
former  d'une  part  du  gaz  d'éclairage^  et  d'autre  part  du  coke,  on  peut 
arriver  à  fabriquer,  avec  les  eaux  condensées,  9  à  10  kilog.  de  sulfate 
d'ammoniaque  par  tonne  de  charbon  de  terre.  Aujourd'hui  presque 
toutes  les  usines  à  gaz  recueillent  leurs  eaux  ammoniacales  pour  per- 
mettre de  fabriquer  du  sulfate  d'ammoniaque  ;  mais  les  besoins  de  la 
consommation  ont  progressé  plus  vite  que  la  fabrication,  de  telle  sorte 
que  le  sulfate  d'ammoniaque  qui  ne  coûtait  que  25  fr.  les  100  kilog., 
il  y  a  quarante  ans,  lorsque  nous  avons  commencé  à  en  conseiller 
l'emploi  aux  agriculteurs,  a  atteint  un  cours  qui  dépasse  50  fr.  Les 
demandes  de  l'agriculture  n'en  sont  pas  moins  constamment  croissantes. 
D'un  autre  côté,  l'industrie  de  la  fabrication  delà  soude  qui,  autrefois, 
se  faisait  tout  entière  par  le  procédé  Leblanc  qui  avait  recours  à  la 
chaux,  repose  aujourd'hui  en  grande  partie  sur  le  procédé  Solway  qui 
a  recours  à  l'ammoniaque.  La  nécessité  d'accroître  la  source  de  la  pro- 
duction du  sulfate  d'ammoniaque  se  fait  donc  de  plus  en  plus  sentir. 
Aussi  se  fait-il  une  certaine  agitation  dans  les  pays  de  mines  de  char- 
bon de  terre  pour  arriver  à  ne  plus  laisser  perdre  les  produits  de  la. 
distillation  dans  la  calcination  de  la  houille  avec  laquelle  on  fait  le 
coke  sur  le  carreau  des  mines.  On  voudrait  aussi  que,  dans  les  éta- 
blissements métallurgiques,  au  lieu  de  brûler  de  la  houille,  ce  qui 
entraîne  la  perte  des  matières  azotées,  on  n'eiit  recours  qu'au  coke 
fabriqué  en  vase  clos  avec  des  appareils  de  condensation.  On  pourrait 
ainsi  certainement  fabriquer  chaque  année  des  ciizaines  de  millions  de 
kilogrammes  de  sulfate  d'ammoniaque  et  par  conséquent  mieux  pour- 
voir aux  besoins  de  l'agriculture  et  de  l'industrie.  Toutefois  il  n'y  a  pas 
là  une  nouvelle  source  d'azote  pour  l'agriculture,  comme  le  disent 
quelques  journaux  agricoles,  soit  français,  soit  étrangers,  en  traitant  la 
question  ;  il  y  a  seulement  le  développement  de  pratiques  industrielles 
qui  sont  déjà  en  usage.  Le  haut  prix  atteint  par  le  sulfate  d'ammo- 
niaque encourage  la  fabrication  du  coke  en  vase  clos,  mais  il  n'y  aura 
de  véritable  solution  de  la  question  que  lorsque  l'on  aura  trouvé  le 
moyen  de  faire  entrer  économiquement  l'azole  aérien  dans  des  com- 
binaisons ammoniacales  ou  nitriques.  Ce  problème  n'est  pas  inso- 
luble, quoique,  jusqu'à  présent,  on  en  ait  en  vain  cherché  la  solution. 

'  II,  —  Des  prcgrès  de  la  meunerie  étrangère. 

Il  est  certain  que,  depuis  quelques  années,  en  Angleterre,  en  Bel- 
gique, en  Amérique  et  surtout  en  Hongrie,  la  meunerie  a  fait  de  très 
grand  progrès  dans  son  outillage  et  dans  les  systèmes  de  mouture 
employés.  Pendant  ce  temps,  la  meunerie  française,  qui  naguère  était 
à  la  tête  de  l'industrie  et  n'avait  de  rivale  nulle  part,  paraît  être  restée 
stationnaire,  de  telle  sorte  qu3  sur  les  marchés  étrangers  les  farines 
françaises  ont  peu  à  peu  perdu  leur  réputation  de  supériorité  jadis 
incontestée.  Cette  situation  a  ému  le  syndicat  des  grains  et  farines  de 
Paris,  qui  a  nommé,  le  14  février  dernier,  une  Commission  chargée 
d'organiser  des  expériences  sur  les  différents  systèmes  de  mouture, 
anciens  et  nouveaux,  dans  le  but  d'indiquer  à  l'industrie  meunière 
française  les  nouveaux  progrès  qu'elle  devrait  accomplir.  Les  membres 
de  la  Commission  sont  MM.  Gateilier,  meunier  à  La  Ferté-sous-Jouarre, 
président  ;  —  Renoult,  meunier  à  Verneuil  ;  — Lejards,  meunier  à  Main- 


CHRONIQUE  AXiRIGOLE  (24  MARS  1883).  443 

tenon; —  Samuel  Marofc,  meunier  à  Troyes  ;  —  Truffaut,  meunier  à 
Maintenon;  —  Vinciennes,  mçunier  à  Vitry-le-François.  La  Commis- 
sion a  jui^é  qu'il  y  a  lieu  de  faire  des  expériences  comparatives  dans 
les  usines  où  sont  établis  les  divers  systèmes  de  mouture,  de  manière 
à  obtenir,  pour  chaque  système,  des  notions  sur  le  rendement,  la  qua- 
lité des  produits  et  la  Ibrce  motrice  employée.  Les  adhésions  des  con- 
currents doivent  être  adressées,  avant  le  V  mai,  au  secrétariat  de  la 
Chambre  syndicale  des  grains  et  farines,  40,  rue  Jean-Jacques-Rous- 
seau, à  Paris.  Ces  expériences  de  mouture  n'auront  lieu  que  si  les 
ressources  obtenues  par  une  souscription  pour  en  couvrir  les  frais 
sont  jugées  suffisantes.  Nous  espérons  qu'il  en  sera  ainsi,  car  il  s'agit 
de  la  prospérité  d'une  des  plus  grandes  industries  agricoles  de  la 
France,  que  nous  ne  saurions  voir,  sans  un  vrai  désespoir,  dépossé- 
dée du  premier  rang  qu'elle  avait  justement  conquis.  C'est  une  question 
qui  mérite  d'appeler  l'attention  du  gouvernement  et  de  tous  ceux  qui 
sont  animés  de  sentiments  patriotiques.  Quant  au  point  particulier  de 
savoir  si,  comme  l'avancent  quelques-uns,  li  quantité  de  ginteu  con- 
tenue dans  les  farines  a  réellement  diminué,  elle  ne  nous  parai r,  pas 
le  moins  du  monde  résolue.  Dans  une  pareille  matière,  les  assertions 
ne  prouvent  rien,  il  faut  avoir  recours  à  des  expériences  positives. 

IlL  —  Sursis  d'appel  pour  les  cultivateurs. 
M.  le  ministre  de  la  guerre  vient  d'adresser  aux  généraux  com- 
mandant les  corps  d'armées,  la  circulaire  suivante  au  sujet  des  sursis 
à  accorderaux  cultivateurs  convoqués  au  printemps  dans  Tannée  terri- 
toriale : 

Paris,  le  19  mars  1883. 
«  Mon  cher  général,  j'ai  décidé  qu'il  serait  accordé  cette  année,  dans  une  assez 
large  proportion,  des  sursis  d'appel  aux  hommes  exerçant  la  profession  de  culti- 
vateur et  qui  appartiennent  aux  classes  de  l'armée    territoriale  convoquées  au 
printemps  prochain. 

«  En  raison  de  la  proximité  de  l'appel,  les  demandes  d'ajournement  pourront 
vous  être  adressées  directement  par  les  maires. 

«  Le  ministre  de  la  guerre,  Thibaudin.  » 

La  mesure  indiquée  par  lettre  circulaire  sera  accueillie  ave^  faveur 
dans  toutes  les  communes  rurales. 

IV.  —  Souscription  pour  élever  un  monument  à  Léonce  de  Lavergnc. 
Voici  la  deuxième  liste  de  la  souscription  ouverte  pour  élever  un 
monument  en  l'honneur  de  Léonce  de  Lavergne  : 

Report  de  la  première  liste 3,840  francs. 

Société  nationale  d'encowagement  à  l'agriculture^ 100  — 

MM.  Dumas,  président  de  la  Société  nationale  (^agriculture,  pré- 
sident du  Comité 100  — 

Foucher  de  Careil,  sénateur,  vice-président  du  Comité 100  — 

Say  (L'Jon),  sénateur,  vice-président  du  Comité 100  — 

Doniol,directeurdel'imprimerieiiationale,membredu.Comité.  30  — 
Esterno  (d'),  membre  de  la  Société  nationale  u'agriculture, 

membre  du  Comité  25U 

Récipon,   député,  président  de  la  Société  d'encouragement  à 

l'agriculture,  membre  du  Comité 100  — 

Rémusat  (Paul  de),  sénateur,  membre  du  Comité 50  — 

Simon  (Jules),  de  l'Institut,  s.natcur,  membre  du  Comité....  20  — 

Bétolaud,  ancien  bâtonnier  du  barreau  de  Paris 20  — 

Tommy-Martin,  avocat  à  la  Cour  de  Paris 10  — 

Martegoute,  vice-président  delà  Société  d'agriculture  de  la 

Haute-Garonne F)0  — 

E.   L 10  — 

Poisson,  ancien  directeur  de  la  ferme-école  du  Cher ô  — 

Gallard 100  — 

Duvert  (Gustave),  membre  de  la  Société  d'économie  politique.  20  — 

Gasté  (de),  ancien  député 10  ■ — 


444  CHRONIQUE  AGRICOLE  (24  MARS    1883). 

MM.  Johanet,   administrateur  de   la   Société  des  agriculteurs  de 

France 20  — 

Buloz  (Ch.),  directeur  de  la  iîeyxe  des   Dcuiy-Mondes 200 

Hérissant,  directeur  de  la  ferme-école  lies  Trois-Croix 10  — 

Vandercome,  correspondant  de  la  Siciété  nationale  d'agri- 
culture, président  honoraire  de  la  Société  d'agriculture  de 

Dunkerque 50  — 

Passy  (Louis),  membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture, 

député,  membre  du  Comité 50  — 

Clavé,  membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture 50  — 

Barbie  du*  Bocage,          —            —                    —           50  — 

Bouquet  de  la  Grye .     —  —  —  -50  — 

Bouley,  membre  de  l'Institut  et  delà  Société  nationale  d'agri- 
culture  25  — 

Boussingault,  membre  de  l'Institut  et  de  la  Société  nationale 

d'agriculture 25  — 

Pasteur,  membre  de  l'Institut  et  de  la  Société  nationale  d'agri- 
culture     10  — 

Bignon,  membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture 25  — 

Gaudin ,      —                   —             —                 —        ....:.  25  — 

Cornu  (Max),                     —             —                 —        25  — 

Hardy,                                 —              —                  —         20  — 

Retz  (comte  de),               —             —                 —        10  — 

Becquerel,  membre  de  l'Institut  et  de  la  Société  nationale 

û'agriculluie 10  — 

Renou,  membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture 10  — 

Panier,                          —              —                    —         20  — 

Berlin,                          —              —                   —        10  — 

Pluchet,                        —              —                   —        10  — 

Luçay  (comte  de),       —              —                    —         10  — 

Marie  (Eugène),           —             —                   —        10  — 

Gareau,                         —              —                   —        10  — 

Gayot,                            —              —                    —        10  — 

Aumale  (duc  d'),         —             —                   —        100  — 

Duvai  (F.-RaouJ),         —              —                   —        50  — 

Bouchardat,                 —             —                   —        10  — 

Saint-Victor  (de),        —              —                     —         20  — 

Chambrelent,               —             —                    —        10  — 

Chatin,  membre  de  l'Institut  et  de  la  Société  nationale  d'agri- 
culture   10  — 

Peligot,  membre  de  l'Institut  et  de  la  Société  nationale  d'agri- 
culture   10  — 

Teisserenc  de  Bort,  membre  de  la  Société  nationale  d'agricul- 
ture, sénateur,  membre  du  Comité 100  — 

Total  de  la  deuxième  liste 5,970  francs. 

Nous  rappelons  que  nous  transmettrons  au  Comité  toutes  les  sous- 
criptions qui  nous  seront  adressées.  —  A  la  liste  des  membres  du 
Comité  publiée  dans  notre  dernier  numéro,  il  faut  ajouter  le  nom  de 
M',  de  Lugorsse,  secrétaire  général  de  la  Société  d'encouragement  à 
l'agriculture. 

V.  —  Le  phylloxéra. 

La  Section  permanente  de  la  Commission  supérieure  du  phylloxéra 
s'est  réunie  le  20  mars  pour  examiner  plusieurs  questions  qui  lui 
étaient  soumises  par  l'administration  de  l'agriculture.  Elle  a  donné 
un  avis  favorableautraiteraenf^admimistratif  de  deux  taches  phylloxé- 
riques  constatées  dans  les  communes  de  Saint-Jean-La-Ruelle  et  do 
Corbeilles-en-Gâtinais  (Loiret),  et  de  sept  taches,  comprenant  une 
surface  de  52  hectares,  dans  les  communes  de  Castres,  Sonal,  Roque- 
courbe,  Labourbène,  Lautrec,  Peyregoux,  Navès,  Verdalle,  Semalens, 
dans  le  département  du  Tarn.  Elle  a  décile  ensuite  que  des  subven- 
tions pourraient  être  accordées  à  des  associations  syndicales  comme 
il  suit:  Gers,  trois  syndicats  de  recherches,  comptant  218  proprié- 
taires pour  625  hectares  à  l'Ue-Bouzon,  Marciac  et  Gimont;  —  Rhône, 
six  syndicats  comptant 45  propriétaires,  pour  traiter 29  hectares  parle 
sulfure  de  carbone,  à  Lissien,  Echalas,  Saint-Genis-les-Ollières,  Saint- 
Genis-Laval,  Fleurieux-sui^-i'Arbresle,  Taluyers  ;  —  Côte-d.Or,  un 
syndicat    de    36    propriétaires^    à    Brésigny,    pour    traiter  3    hec- 


CHRONIQUE  AGRICOLE   (24  MARS   1883).  445 

tares  par  le  sulfure  de  carbone  ;  —  Loire,  sept  syndicats  ,  comp- 
tant 130  propriétaires  pour  traiter  92  hectares  par  le  sulfure  de 
carbone  à  Savigneux,  Sury-le-Cotntal,  Saint-Michel  et  Vérin,  Saint- 
Martin-la-Plaine,  Boysset-Saint-Priest,  Rive-de-Gier  et  Château- 
neuf,  Pélussins;  — ^m,  trois  syndicats  à  Ambulrix,  Montluel,  La 
Boisse,  comptant  26  propriétaires  pour  traiter  8  hect;ires  par  le 
sulfure  de  carbone;  — Saône-et-Loire^  un  syndicat  de  19  propriétaires  à 
la  Chapelle-de-Guinchay,  pour  traiter  16  hectares  par  le  sulfure  de 
carbone;  —  Savoie,  un  syndicat  de  G  propriétaires  à  Saint- Jean-de-la- 
Porte,  pour  traiter  4  hectares  par  le  suliure  de  carbone;  —  Tarn-et- 
Garorwe,  deux  syndicats  comptant  35  propriétaires  à  Beaumont-de- 
Lamagne  etMontauban,  pour  traiter  86  hectares  par  le  sulfure  de  car- 
bone ;  —  Dordogne,  un  syndicat  de  1 1  propriétaires  à  RoufTignac-de- 
Rlontignac,  pourtraiter21  hectares  parle  sulfure  de  carbone  ;  —  Drôme^ 
un  syndicat  de  8  propriétaires,  à  Crozes,  pour  traiter  6  hectares  par 
le  sulfure;  —  Gard,  un  syndicat  de  19  propriétaires,  au  Cailar,  pour 
traiter  12  hectares  par  le  sulfure  de  carbone,  le  sulfocarbonate  de 
potassium  ou  la  submersion;  —  Gironde,  deux  syndicats,  comptant 
63  propriétaires  à  Saint-Michel-la-Rivière,  pour  traiter  74  hectares  par 
la  submersion.  —  Enfin,  une  adjonction  nouvelle  de  14  proprié- 
taires pour  114  hectares  à  traiter  par  le  sulfure  de  carbone  ou 
le  sulfocarbonate  de  potassium,  vient  d'être  faite  au  syndicat  départe- 
mental des  Pyrénées-Orientales  ;  cette  association  compte  actuelle- 
ment 192  propriétaires,  et  la  surface  syndiquée  est  de  3,026  hecta- 
res. La  nomenclature  qu'on  vient  de  lire  démontre,  une  fois  de  plus, 
combien  est  actif  le  mouvement  qui  porte  les  petits  vignerons  à  s'as- 
socier pour  lutter  contre  le  phylloxéra;  il  est  permis  d'espérer  que, 
grâce  à  ces  efforts,  le  fléau  sera  enfin  enrayé. 

M.  Félix,  inspecteur  délégué  de  la  Compagnie  des  chemins  de  fer  de 
Paris-Lyon-Méditerranée,  nous  envoie  la  note  suivante  que  nous  nous 
empressons  de  publier  : 

«  La  Compagnie  des  chemins  de  fer  de  Paris  à  Lyon  et  à  la  Méditerranée  a 
l'honneur  d'inlormer  le  public  que,  cédant  aux  nombreuses  sollicitations  qui  lui 
ont  été  adressées,  pour  qu'elle  continue  aux  viticulteurs  les  fournitures  de  sulfure 
de  carbone  et  de  chlorure  de  potassium  pour  combattre  le  phylloxéra,  elle  s'est 
décidée  à  faire  encore,  pour  la  campagne  prochaine,  des  livraisons  de  ces  deux 
substances,  aux  prix  et  conditions  ci-dessous  : 

^rix  par  loo  kilo^. 

Chlorure 
Sulfure  de  potassium 

de  carbone.  à  80°. 

fr.  IV. 

Pour  les  parcours  jusqu'à  200  kilomètres 40  00  25  00 

—  au-dessus  de  200  kilom.  jusqu'à  300.       41  00  26  00 

—  —  300  -         400.  42  00  27  00 

—  —  400  —        .lOO.  43  00  28  00 

—  —                500                   -         700.  44  00  29  00 
au  delà  de   700 45  00  30  00 

«  Le  retour  des  barils  et  des  boîtes  d'accessoires  à  la  gare  de  Marseille,  sera 
eSectué  gratuitement  par  la  Compagnie. 

«  Des  moniteurs  ex|iérimentés  seront  également  rais  gratuitement  par  la  Com- 
pagnie, à  la  disposition  des  propiiét;iiies  pour  reconnaître  la  présence  du  phyl- 
loxéra, indiquer  le  mode  de  traitement  à  employer,  et  pour  diriger,  s'il  y  a  lieu, 
les  opérations  pendant  les  tiois  ou  quatre  premiers  jours  d'un  premier 
traitement. 

«  L'intervention  delà  Compagnie  P.-L.-M.  se  bornera  désormais  à  ce  qui  vient 
d'être    dit.   Elle   renoncera,    à  partir  du  V  juillet  prochain,  à  fournir  les   pals 


446  CHRONIQUE  AGRICOLE  ;24  MARS  1683). 

iûjecteurs,  avant-pals  et  pièces  accessoires,  laissant  aux  viticulteurs  le  soin  de  se 
pourvoir  de  ces  instruments. 

a  Les  commandes  et  demandes  de  renseignements  devront  être  adressées  à 
M.  Félix,  inspecteur  délégué,  gare  de  Marseille. 

«  La  Compagnie  n'accorde  la  franchise  de  ces  sortes  de  transport  que  sur  son 
réseau  seulement.  » 

Nous  constatons  avec  une  vive  satisfaction  que  la  compagnie  de 
Paris-Lyon-Méditerranée  continue  à  donner  son  concours  à  la  viti- 
culture dans  la  lutte  contre  le  phylloxéra.  Les  sacrifices  qu'elle  s'est 
imposée  sont  très  considérables,  mais  elle  a  acquis  des  droits  impé- 
rissables à  la  reconnaissance  des  agriculteurs. 

VL  —  Concours  de  greffage  des  vignes. 

Le  concours  de  greffage  de  vignes  françaises  sur  vignes  américaines 
organisé  par  le  Comice  agricole  de  Saintes,  aura  lieu  le  dimanche 
1  5  avril,  à  midi  précis,  sur  une  vigne  appartenant  à  M.  Fromaget,  et 
située  derrière  les  bâtiments  de  l'ancienne  Société  vinicole,  à  Saintes. 
Tous  les  propriétaires,  cultivateurs,  vignerons,  pépiniéristes  et  jar- 
diniers des  deux  départements  des  Charentes,  seront  admis  à  con- 
courir. Chaque  concurrent  exécutera  :  10  greffes  sur  des  plants 
âgés  de  2  ans  et  en  place;  10  greffes  avec  boutures  sur  boutures; 
10  greffes  avec  boutures  sur  racines  américains.  Les  20  dernières 
greffes  seront  opérées  par  la  méthode  dite  sur  table.  Les  boutures  et 
racines  seront  fournis  par  le  Comice.  Les  récompenses  consistant  en 
médailles  de  vermeil,  d'argent  et  de  bronze  ne  seront  attribuées 
qu'après  constatation,  à  la  fin  de  l'été,  des  résultats  obtenus.  Les 
concurrents  doivent  se  faire  inscrire  soit  personnellement,  soit  par 
lettres,  au  plus  tard  le  10  avril,  chez  M.  Fromaget,  secrétaire  des 
cantons  de  Saintes,  rue  Saint-Eutrope,  à  Saintes. 

VIT.  —  Bulletin  du  ministère  de  l'agriculture. 

Le  premier  fascicule  du  Bulletin  du  ministère  de  l'agriculture  pour 
1883  vient  d'être  publié.  Il  renferme  un  grand  nombre  de  documents 
très  intéressants.  A  la  suite  des  décrets  et  circulaires  émanant  de 
l'administration  depuis  le  mois  de  novembre,  et  de  plusieurs  rapports 
consLilaires  sur  les  résultats  des  récoltes  en  1882  dans  diverses  parties 
de  l'Europe,  nous  devons  citer  un  rapport  de  M.  Maxime  Cornu,  sur 
le  dépérissement  et  la  mort  du  mûrier;  un  nouveau  travail  de 
M.  Prillieux  sur  le  mildew;  un  rapport  de  M.  Muntz  sur  les  procédés 
propres  à  reconnaître  la  falsification  des  huiles  d'olive;  un  rapport  de 
M.  Brocchi  sur  l'industrie  ostréicole;  deux  rapports  sur  la  sériciculture, 
l'un  de  M.  Coste,  professeur  d'agriculture  de  l'Aude,  l'autre  de  l'union 
des  filateurs  d'Aubenas;  un  rapport  de  la  Société  d'agriculture  du 
Doubs  sur  l'industrie  laitière  et  les  fromageries  modèles  dans  ce  dépar- 
tement, et  enfin  un  rapport  de  M.  Chabot-Karlen  sur  la  pisciculture 
dans  le  Royaume-Uni,  la  Belgique^,  le  grand-duché  de  Luxembourg, 
l'Allemagne  et  la  Hollande.  Ce  dernier  rapport  a  été  rédigé  à  la  suite 
d'une  mission,  donnée  à  M.  Chabot-Karlen  à  l'exposition  internationale 
d'Edimbourg;  notre  excellent  collaborateur  a  visité  les  nombreux  éta- 
blissements de  pisciculture  établis  dans  tous  ces  pays;  il  en  constate;  le 
succès,  qui  varie  suivant  les  circonstances  locales,  et  il  insiste  spé- 
cialement sur  les  excellents  résultats  obtenus  par  l'enseignement  de 
la  pisciculture  en  Allemagne. 


CHRONIQUE  AGRICOLE   (24  MARS   1883).  447 

YIIl.  —  Vente  d'animaux  clurham  à  Corbon. 

Dans  notre  dernière  chronique  (page  ^i09),  nous  avons  annoncé  que 
la  vente  annuelle  d'animaux  de  race  durham  pure  aurait  lieu  à  la 
vacherie  nationale  de  Corbon,  le  mardi  24  avril,  sous  la  direction  de 
M.  Lépine,  directeur  de  la  vacherie.  La  vente  se  fera  aux  enchères. 
Elle  comprendra  les  animaux  dont  les  noms  suivent  : 

Anîmaux  MALES  :  Guider,  rouge  et  blanc,  né  le  18  mars  1881  ;  —  Waldos, 
rouan,  né  le  24  mars  1881  ;  —  King,  rouge  et  blanc,  né  le  17  avril  1881  ;  — 
Cliandor,ro\ia.n  léger, néle  24  juin  1881  ;  —  Aga,  rouan,  ne  le  13  novemhrd  18  U  ;  — 
Forster,  rouge  et  blanc,  né  le  13  février  1882;  —  Tliijmelus,  rouan,  né  le  14  février 
1882;  —  Vampire,  blanc,  né  le  10  mars  1882;  —  Wood,  rouan  léger,  né  le 
30  mars  1882  ;  —  Rabelais,  rouan,  né  le  15  mai  1882  ;  —  WUfril,  rouge  et  b'anc, 
né  le  4  avril  1881  ;  —  Voïd,  rouge  et  blanc,  né  le  14  juin  1882;  —  WiU  rouge 
et  blanc,  né  le  14  juin  1882. 

Femelles  :  Queen,  rouge  et  blanche,  née  le  5  avril  188 1  ;  —  Volna,  rouanne^ 
née  le  8  mars  1882; — Rasade,  rouge  et  blanche,  née  le  10  avril  1882;  —  Vilena^ 
rouge  et  blanche,  née  le  6  mai  1882. 

Tous  ces  animaux  sont  de  sang  Booth.  Le  pedigree  de  chaque 
animal  sera  rerais  à  l'acquéreur,  immédiatement  après  l'adjudication. 

IX.  —  Maladies  contagieuses  du  bétail. 

Le  Journal  officiel  annonce  que  des  cas  de  péripneumonie  conta- 
gieuse du  gros  bétail  ayant  été  récemment  constatés  dans  le  val  d'Aran 
(Espagne),  un  arrêté  du  ministre  de  l'agriculture,  en  d  te  du  10  mars 
courant,  vient  d'interdire  l'introduction  en  France  des  animaux  de 
l'espèce  bovine  par  le  bureau  de  douane  de    Fos   (Haute-Garonne). 

X.  —  La  production  des  alcools. 

Les  tableaux  officiels  relatifs  à  la  production  des  alcools  pendant  les 
cinq  premiers  mois  de  la  campagne  actuelle  (1"  octobre  1882  au 
28  février  1883)  constatent  un  ralentissement  assez  marqué  dans 
l'industrie  de  la  distillation,  par  rapport  à  la  campagne  précédente.  On 
en  jugera  par  le  tableau  suivant  : 

CincT  premiers  mois  de  la  campagne. 

1882-33  188l-8:> 

hectolitres.  hectolitres. 

Alcools  de  vins ...    .       '         8,7û5  17,078 

—  de  substances  farjaeuses ■2113.681  171,07.'j 

—  de  betteraves 529', 748  3:n  .077 

—  démêlasses 221,973  241,556 

—  d'autres  substances.. 6.863  8,809 

Totaux  pour  les  disLillatears  de  professioa.  970, 'J 70  '  97/ ,595 

Si  le  total  de  la  production  ne  diffère  pas  sensiblement  de  celui  de 
la  dernière  campagne,  cela  tient  uniquement  à  l'accroissemBiit  de  la 
production  des  alcools  de  grains;  pour  toutes  les  autres  sortes,  il  y  a 
une  diminution,  qui  est  parfois  notable.  Quant  aux  bouilleurs  de  cru, 
dont  la  production  est  devenue  très  restreinte  depuis  quelques  années, 
elle  s'est  encore  ralentie  dans  la  campagne  actuelle,  ce  qu'il  était 
d'ailleurs  facile  de  prévoir. 

XL  —  Sucres  et  betteraves. 

A  diverses  reprises,  nous  avons  signalé  la  situation  précaire  de 
l'industrie  sucrière,  et  nous  avons  fait  ressortir  que  ledégrèvem  -nt  de 
l'impôt  du  sucre  avait  surtoit  profité  au  commer-e  des  sucres  étran- 
gers. A  l'appui  de  ces  déclarations,  nous  reproduironsletabloau  réca- 
pitulatif de  la  production  et  du  commerce  des  sucres,  pendant  les  six 


^48  Ciï'ùONIQUE  AGRICOLE  (22  MARS  1883). 

dernières  années,  que  vient  de  publier  le  Bulletin  de  statistique  et  de 
lécxislation  comparée  du  ministère  des  financés.  Les  chiffres  que  ren- 
fenne  le  tableau  suivant  donnent  une  démonstration  complète  de  la 
réalité  de  ce  fait  : 

Qaanti.és  Quantités  soun^ises  aux  droits^ ^  '^^^^S'  deSoH^ne 

de  sucres  bruts  .--                           c„p,-p<! —           Sucres                  ■„  ,  directement  exportes  après 

&méis.                    indigènes               .Sucres               ^^,Z\IL          étran'e?s                ^°'''"^-              exportés.  'raffinage, 

fabriques.              indigènes            coloniaux.          eiranç^eib.                    ^                       f_  _ 

,;> ™»«     nj!|.«s    ^jII»    «g««     .j/:ï|.-    «j|.o.    ,3^,3. 

î«7y 321,548,A05    82,499,623   &7  00,m   50,26-,  bb   -^«".^bi  i  u     ^^^^  ^_^,   1.^9,425,663 

r--::  3^8:S;g9  ^o?:JoS  S:^il:S4  lâ^m:^  m^^^>.  27,433:319  i3i,075,D7s 

Ce  qu'ilfautsurtoutretenir,  c'est  que,  de  1877  à  1881,  les  impor- 
tations de  sucres  étrangers  ont  doublé,  en  même  temps  que  les  expor- 
tations de  sucres  français,  bruts  ou  raffinés,  ont  sensiblemeat  diminue. 
En  1882    la   situation  a  présenté  les  mêmes  caractères.  Le  marche 
français  est  devenu  le  point  de  mire  de  l'industrie  européenne,  et  la 
production  élrangèi-e  y  prend    chaque  jour   une  place  plus   grande. 
Il  est  profondément  re-rettable  que  l'industrie  française,  qui   devrait 
et  pourrait  être  prospère,   ne  profite  pas  des  avantages  que  1  accrois- 
sement   des  débouchés,    dans    le  pays    même,  devait  lui  procurer. 
XII.  —  Concours  d'animaux  gras. 
Le   concours    départemental    organisé   au   Pay  (Haute-Loire)  a  été 
couronné  par  un  succès  complet.  Il  était  dirigé  par  M    Mauras,  pré- 
sident du  Comice,  assisté  de  MM.  Couderchet  et  Nicolas,  vice-presi- 
dents   Malgré  le  mauvais  temps  et  les  rafales  de  neige,  les  éleveurs  de 
Mézenc  étaient  venus  en  grand  nombre  :  on  comptait  plus  de  cent  têtes 
de  l'espèce  bovine  et  150  moutons  répartis  en  douze  lots.  L  ensemble 
des  animaux  était  suivi,  sans  présenter  ces  disparates  qui  gâtent  par- 
fois les  solennités  de  ce  genre  ;  la  catégorie  la  plus  remarquable  était 
celle  des  bœufs  âgés  de  moins  de  quatre  ans.  La  conformation  des  ani- 
maux de  la  race  de  Mézenc  se  transforme  d'une  manière  très  sensible. 
Les  principales   récompenses  ont  été  attribuées  :  PO';!^  f  s  bœuts    a 
M    Cvprien  Rochette,  à  M.  Michel,  à  M.  Eyraud  et  a  M.    Alexandre 
Descours,  tous  éleveurs  aux  Estables  ;  pour  les  vaches,   aux  mêmes 
agriculteurs;  pour  les  moutons,  à  MM.  Meunier,  Bonhomme  et  Bar- 
thél'^my,  à  Bains;  pour  l'espèce  porcine,  à  M.  Baptiste  Vey,  a  bamt- 
Germain-Laprade  et  à  M.  Pierre  Gras,  à  Saint  Marcel.  L.  concours  a 
donné  une  nouvelle  preuve  de  la  prospérité  de  la  production  du  bétail. 
XIII.  —  Concours  régional  de  Troyes. 
Au  concours  régional  qui  s'ouvrira  prochainement  à  Troyes,  le  Co- 
mice a^^ricole  départemental  de  l'Aube  organisera  une  exposition  col- 
lective des  produits  et  des  matières  utiles  à  l'agriculture,  pour  laquelle 
il  décernera  des  récompenses  à  ceux  de  s-s  membres  qui  y  prendront 
part    II  y  joindra  un  concours  spécial  et  général  de  matériel  de  laite- 
rie •  ce  concours  comprendra  les  ustensiles  à  l'usage  des  laiteries,   les 
vases  pour  la  conservation  du  lait,  les  appareils  de  transport,  les  ba- 
rattes, les  appareils  pour  le  délaitement  et  le  pétrissage  du  beurre,  les 
appareils  divers,    les  types  d'installation   de   laiteries,    de    tromage- 
ries/etc.  les  déclarations  pour  ce  concours  doivent  ^tro  nrlressees  au 
président  du  Comice  avant  le  r'  avril.  J--A.  B.arral. 


EXHA.LATION   DE  L'AZOTE   PENDANT  LA  RESPIRATION  DES  ANIMAUX.      449 

EXHALATION  DE  L'AZOTE  A  LTTAT  DE  GAZ 

PENDANT  LA  RESPIRATION  DES  ANIMAUX 

Pour  rechercher  les  pertes  d'azote  qui  peuvent  se  produire  pendant 
Li  respiration  des  animaux,  on  peut  suivre  la  méthode  direcle  on  la 
méthode  indirecte. 

J'ai  publié^  en  1863,  mes  Recherches  sur  la  respiration  des  animaux 
d^une  ferme.  Dans  ces  expériences,  j'ai  suivi  la  méthode  directe  que 
nous  avions  adoptée,  avec  M.  Regnault,  pour  notre  grand  travail  sur 
la  respiration  des  animaux  des  diverses  classes. 

Les  dimensions  du  nouvel  appareil  m'ont  permis  alors  d'opérer  sur 
des  moutons  adultes,  sur  des  veaux,  sur  des  animaux  de  l'espèce  por- 
cine, sur  de  grosses  volailles  de  la  ferme,  dindons  et  oies;  et  j'ai  pu 
établir  quelles  sont  les  variations  de  composition  que  ces  divers  ani- 
maux ont  fait  subir  à  l'air  atmosphérique,   dans  un  espace  confiné. 

Mes  expériences,  sur  les  veaux  et  sur  les  moutons,  ont  montré  que, 
chez  ces  ruminants,  le  phénomène  de  la  respiration  s'accomplit  avec  une 
exhalation  d'azote  et  un  dégagement  considérable  d'hydrogène  proto- 
carboné ;  lapresque  totalité  de  l'oxygène  disparu  se  retrouve  dans  l'acide 
carbonique  produit. 

Chez  les  animaux  de  l'espèce  porcine,  les  produits  de  la  respiration 
sont  très  différents;  on  trouve  peu  ou  point  d'azote  exhalé;  la  propor- 
tion d'hydrogène  protocarboné  devient  presque  nulle.  Les  résultats  que 
nous  avions  obtenus  avec  les  poules  se  trouvent  confirmés  en  opérant 
sur  les  dindons  et  sur  les  oies  :  il  y  a  eu  exhalation  d'azote;  l'hydro- 
gène libre  et  l'hydrogène  protocarboné  ont  complètement  disparu. 

•Cherchant  à  confirmer  la  conclusion  générale  déduites  de  nos  pre- 
mières recherches,  savoir  que  les  produits  de  la  respiration  dépendent 
bien  plus  de  la  nature  des  aliments  que  de  f  espèce  animale.,  j'ai  fait  une 
étude  comparative  de  la  respiration  des  veaux  élevés  au  pâturage  et  des 
veaux  nourris  au  lait^ 

J'ai  trouvé  que,  chez  les  veaux  ne  buvant  que  du  lait  pur  ou  du  lait 
caillé,  la  nature  des  produits  gazeux  delaperspiration  se  rapproche  de 
ceux  qui  sont  exhalés  par  les  carnivores.  La  production  de  l'hydrogène 
protocarboné  devient  absolument  nulle,  mais  lliexhalation  de  f  azote 
est  presque  doublée. 

En  suivant  la  méthode  i?idirecte  qui  consiste  à  établir,  par  l'analyse, 
le  bilan  de  l'azote,  entre  les  aliments  et  les  excréments,  j'ai  trouvé 
que  l'azote  exhalé  à  l'état  gazeux  par  la  respiration  serait  de 
2025  grammes  pour  deux  moutons  pendant  cent  soixante-huit  jours, 
soit  12  grammes  en  vingt-quatre  heures,  ou  6  grammes  en  vingt- 
quatre  heures  pour  un  mouton  soumis  à  un  régime  très  riche  en 
matières  azotées. 

Je  rappellerai  que  dans  un  3Iémoire  sur  la  respiration,  publié  en 
1849^  nous  avons  démontré,  M.  Regnault  et  moi,  que  les  animaux 
des  diverses  classes  dégagent  constamment  de  l'azote,  quand  ils  sont 
à  l'état  d'entretien  :  la  proportion  de  ce  gaz  exhalé  est  aussi  considé- 
rable que  celle  qui  vient  d  être  déduite  par  la  méthode  indirecte. 
D'ailleurs,  pour  ne  laisser  aucun  doute  sur  ce  fait,  j'ai  entrepris  nn3 

1.  Annalea  de  chimie  et  a'e  pky<ique,  3°  série,  t.  LXIX,  p.  129. 

2.  Comptes  rendus,  t.  LXVl,  p.  172. 

3.  Annales  de  chimie  et  d^physique,  3"  série,  t.  XWI. 


450     EXHALATION  DE  L'AZOTE  PENDANT  LA  RESPIRATION  DES  ANIMAUX. 

série  d'expériences,  dans  le  but  d'étudier  directement  la  respiration  de 
divers  animaux  de  la  ferme.  Je  me  bornerai  à  dire  que  j'ai  trouvé 
5s./|.  d'azote  exhalé  en  vingt-quatre  heures  pour  une  brebis  à  la  ration 
d'entretien,  et  4^.3  pour  un  mouton  dans  les  mêmes  conditions.  Je 
tenais  à  signaler  la  concordance  remarquable  des  résultats  obtenus  par 
deux  méthodes  d'observation  tout  à  fait  différentes. 

M.  Boussingault  avait  déjà  reconnu  ce  fait  intéressant,  que  les  ani- 
îïiaux  exhalent  parla  respiration  une  portion  de  l'azote  contenu  dans 
les  aliments  :  en  soumettant  pendant  plusieurs  jours  une  vache  et  un 
cheval  à  une  alimentation  réi;lée,  dont  il  connaissait  rigoureusement 
la  quantité  et  la  composition  chimique,  en  pesant  et  analysant  avec 
le  plus  grand  soin  toutes  les  déjections  solides  ou  liquides,  ce  savant 
observateur  a  trouvé  23  grammes  d'azote  exhalé  en  vingt- quatre 
heures  par  le  cheval,  et  27  grammes  dans  le  même  temps  parla  vache \ 

Un  porc  de  neuf  mois  a  exhalé  4^.4  d'azote  en  vingt-quatre  heures. 

Dans  une  expérience  faite  sur  le  mouton,  un  savant  danois,  M.  Jor- 
gensen,  a  trouvé  1^3  d'azote  exhalé  en  vingt-quatre  heures. 

Cette  dernière  proportion  me  paraît  faible,  mais  elle  peut  tenir  au 
régime  ou  à  l'aptitude  particulière  de  l'animal. 

De  son  côté,  M.  Barrai  a  fait,  en  juillet  1849,  trois  expériences  sur 
le  mouton^.  En  suivant  la  méthode  de  M.  Boussingault,  il  a  trouvé 
successivement  2°. 89,  9^.38  et  6^.19  d'azote  exhalé  en  vingt-quatre 
heures  pour  un  animal  dont  les  aliments  et  les  excréments  ont  été 
exactement  pesés  et  analysés  pendant  un  espace  de  temps  qui  a  varié 
de  quatre  à  cinq  jours. 

Je  résume  les  autres  faits  consignés  dans  mes  recherches. 

Pour  100  d'azote  mis  en  circulation  par  les  aliments  : 

13.7  se  retrouvent  dans  les  produits  fixes,  viande,  suif,  toison. 
.^8  3  se  retrouvent  dans  les  excréments. 
2.S.0  sont  exhalés  par  la  respiration. 

100.0 

Ces  chiffres  représentent  les  moyennes  obtenues  pendant  la  durée 
de  l'alimentation,  pour  les  deux  moulons  en  expérience. 

Dans  la  première  période  de, l'alimentation,  on  a  retrouvé  dans  les 
excréments  les  72  centièmes  de  l'azote  contenu  dans  les  aliments. 

Dans  la  deuxième  période,  les  excréments  ne  contiennent  plus  que 
les  57.7  centièmes  de  l'azote  des  aliments. 

Dans  la  troisième  période,  la  proportion  se  fixe  à  56.67,  pour 
arriver  à  49.47  dans  la  quatrième  période. 

La  force  de  l'assimilation,  quant  à  l'azote,  a  donc  augmenté  très 
notablement  et  d'une  manière  progressive  dans  les. trois  dernières 
périodes. 

Le  tableau  suivant  présente  la  proportion  d'azote  et  la  valeur  en 
argent  des  excréments  mixtes  fournis  pendant  vingt-quatre  heures 
par  un  mouton  à  l'engrais  : 

Excrémaats 

mixtes  Azote  Valeur 

en  24  heures.  émis,  en  argent. 


gr.  gr. 


fr. 


Première  période ' 910                  6.70                0.018 

Deuxième  période 1871                12.96               0.034 

Troisième  période 2377                 15.00                0.039 

Quatrième  période 2503 12.70 0-033 

1.  boussingault,  £'conomie  ruraic,  2"  édition,  t.  II,  p.  383. 

2.  Statique  chimique  des  animaux,  publiée  en  1850,  p.  311. 


EXHALATION   DE  L'AZOTE   PENDANT  LA  RESPIRATION    DES  ANIMAUX.      451 

Les  résultats  de  ce  long  et  persévérant  travail  ont  été  très  vivement 
critiqués  par  M.  Pettenkoffer.  Pour  en  donner  une  idée,  je  cite  quelques 
lignes  de  sa  note  : 

a  Les  expériences  faites  en  Allemagne  ne  sont  pas  favorables  aux  idées  émises 
par  Regnault  et  Reiset  : 

«  Plusieurs  expérimentateurs  s'accordent  à  trouver  que  tout  l'azote  de  la  nour- 
riture, ni  plus  ni  moins,  est  éliminé  par  les  reins  et  l'intestin.  Voit,  auquel 
revient  sans  contestation  le  mérite  principal  pour  ce  qui  concerne  la  solution  de 
cette  question,  a  montré  plus  récemment  qu'un  pigeon  qui  avait  été  nourri, 
pendant  des  mois,  avec  une  proportion  déterminée  de  pois,  avait  éliminé  par 
les  excréments,  des  reins  et  des  intestins,  tout  l'azote  de  la  nourriture  ni  plus  ni 
moins. 

«  De  tels  faits  doivent  être  pris  en  considération  et  ne  peuvent  plus  être  passés 
sous  silence. 

«  Il  eût  été  du  devoir  de  Reisetd'y  conformer  sa  prétendue  élimination  d'azote. 
Au  lieu  de  cela,  il  a  exposé  de  nouveau  son  ancienne  méthode,  avec  ses  résultats 
connus,  sans  examiner  les  travaux  allemands.  » 

J'avais  résolu  de  laisser  sans  réponse  la  note  de  M.  Pettenkoffer, 
lorsque  j'ai  reçu  communication  d'un  travail  important  publié,  à 
Vienne,  par  MM.  Seegen  etNowak^;  ce  travail  a  pour  titre  :  Essais  sur 
V  excrétion  et  azote  gazeux  formé  aux  dépens  des  substances  albuminoïdes 
transformées  dans  le  corps. 

Les  auteurs  discutent  et  critiquent  la  métliode  expérimentale,  indi- 
recte, adoptée  par  MM.  Pettenkoffer  et  Voit;  ils  signaient  plusieurs 
causes  d'erreurs  graves  et  déclarent  que  Vappareil  de  Pettenlcoffer  est 
tout  à  fait  impropre  à  mettre  en  évidence  la  totalité  des  facteurs  de 
réchange  des  éléments  à  tétai  gazeux,  et  particulièrement  X élimination 
de  t azote. 

MM.  Seegen  et  Nowak  ont  cherché  à  perfectionner  nos  méthodes  : 
employant  un  appareil  qui  nous  semble  établi  dans  les  meilleures  con- 
ditions, ils  ont  entrepris  une  série  d'expériences,  dont  les  résultats  ont 
été  résumés  par  eux  de  la  manière  suivante  : 

«  1'^  Dans  toutes  nos  recherches,  il  y  a  eu  élimination  d'azote  gazeux  du  corps 
de  l'animal;  ce  résultat  démontre  d'une  manière  indubitable  que  l'organisme 
animal  peut  éliminer  sous  forme  de  gaz  une  partie  de  l'azote  devenu  libre  par 
suite  de  la  transformation  des  substances  albuminoïdes. 

«  2°  L'élimination  de  l'azote  est,  pour  le  même  animal,  et  dans  des  limites 
assez  étroites,  proportionnelle  à  la  durée  de  l'expérience  et  au  poids  de  l'animal. 

«  3"  Dans  nos  expériences,  les  lapins  ont  fourni  l'élimination  d'azote  la  plus 
faible  :  elle  varie  entre  0^.004  et  0^.005  par  heure  et  par  kilog.  du  poids  de 
l'animal;  pour  les  autres  animaux,  l'élimination  d'azote  varie  entre  Ls.007  et 
0^^.009  par  heure  et  par  kilog.  du  poids  de  l'animai. 

«  4''  La  proportion  de  l'azote  total  éliminé  était  assez  forte  dans  certains  essais. 
La  quantité  la  plus  forte  que  nous  ayons  obtenue  (pour  cinq  lapins  en  quatre- 
vingt-dix-huit  heures)  était  de  4«.7. 

Tableau  des  expériences  faites  sur  la  respiration,  par  MM.  Seegen  et  Nowak. 

Azote  éliminé 
par  heure 
etpar  kilogramme. 
Numéros  Durée  de  Animaux  Poids  de  du  poids      Azote  total 

de  rexpérience  soumis  à  l'animal        de  l'animal       éliminé 

rexpérience.  en  heures.  re.\périence.  en  grammes,    en  grammes,  en  grammes. 

1 Ih  1  lapin.  2,010  0.0038  0.17(5 

2 36  Le  même  animaL  y  0.0064  0.465 

3 29  1  coq.  1,950  0.00'J  0.;V2.-) 

4 23  1  coq.  1,800  0.007  0.283 

5 16  4  pigeons.  1,500  0.0077  0.187 

6 55  Les  mêmes  animaux.  »  0.007  0.583 

7 72  2  poules.  2,011  0-007  1.004 

8 12  1  chien.    4,10')  0-008  0.396 

1.  Archives  de  Physiolojie  de  PjltXjer,  t.  XIX.  Bonn,  1879. 


452     EXHALATION   DE   L'AZOTE  PENDANT  LA  RESPIRATION   DES    ANIMAUX. 

q  17  Le  même  animal.  »  0  008  0.551 

10 "24                           »  »  0.00X1  0.804 

11 ■    .  f,0                           »  »  0.0081  1  997 

12 '    .  40  4  lapins.  7 .900  O.OO.S  1.59S 

13 18                   »  »  0  00.3  0  028 

I4 .  î5  1  poule.  l.ftîO  0.009  0.351 

15 .      .  10  5  poules.  ô,ri00  O.OOUD  0779 

16 {i-2  1  chien.  4, '200  0.009  2.384 

n"'  60  4  poules.  4,400  0.0084  2.200 

IS 72  3  poules.  3,-500  0.0387  2.197 

19 4(1  8  pi-eons.  3,600  0  009  1.532 

'in .'  70  1  chien.  3,500  0.0085  2.085 

ni fiO                   »  »  0.0081  1.726 

;<) ■  56  1  lapin.  2,0.50  0.004  0.435 

^3 ;  60  1  poule.  1,000  0.008  0.515 

94 108                   »  ••  0.0083  1.995 

^5 .  48  1  poule.  1,3.50  0,008  0.52T 

'Se ....  43  3  pigeons.  1,300  0.0077  0.432 

27 .  96  1  lapin.  2,200  0.0053  1.130 

')8 ;    ■■.    '  110  1  lapin.  2,800  0.006  2.896 

^g"  32  1  cliien.  6,500  0.0076  1.585 

5o .  68                  »  »  0.0063  2  868 

31 ...  98  5  lapins.  10,400  0.0047  4.767 

h'.y.'.'.'. .'.'.... .  70  5  poules.  6,000  0.0078  3.300 

Quant  à  l'expérience,  dite  fondamentale,  qui  consistait  à  nourrir  un 
pigeon  pendant  plusieurs  mois  avec  des  pois,  régulièrement  analysés, 
elle  semblerait  bien  ébranlée  sur  sa  base.  En  effet,  le  bilan  de  l'azote, 
établi  par  M.  Voit,  se  trouverait  inexact.  Ce  chimiste  avait  fait  les  déter- 
minations d'azote  par  combustion  de  la  matière  avec  la  chaux  sodée. 
Mais  voici  que  MM.  Seegen  et  Nowak  démontrent  qu'on  ne  peut  pas 
obtenir  tout  Tazote  d>  s  substances  albuminoides  en  opérant  ainsi,  ils 
ont  déterminé  l'azote  dans  un  grand  nombre  de  ces  substances,  soit  à 
l'état  d'ammoniaque,  par  la  chaux  sodée,  soit  volumétriquemont  par 
la  combustion  avec  l'oxyde  de  cuivre.  La  différence  des  résultats  obte- 
nus, comparativement,  par  les  deux  modes  opératoires,  n'est  pas  la 
même  pour  tous  les  corps  aJbuminoïdes,  mais  on  peut  admettre 
qu'elle  est  à  peu  près  égale  à  10  pour  100  de  la  proportion  totale  de 
l'azote.  Pour  la  légiitnine,  en  particulier,  MM.  Seegen  et  iNowak  ont 
trouvé  14.30  d'azo'^le  parla  chaux  sodée  et  1(3.5  par  l'oxyde  de  cuivre, 
soit  une  différence  de  15  pour  100  de  l'azote  total. 

De  pareilles  déclarations  devaient  être  nécessairement  combattues  et 
contredites  :  cependant  plusieurs  des  adversaires  ont  fini  par  admettr  -. 
avec  Seegen  et  Nowak,  que  le  procédé  de  M.  Damas  donne  seul  des  résul- 
tats exacts  et  précis. 

Cette  dernière  conclusion  est  trop  absolue  et  ne  peut  être  admis(; 
sans  réserves.  En  ce  qui  concerne  l'analyse  des  blés,  je  dois  rappeler 
que,  dans  un  Mémoire  sur  la  valeur  des  grains  alimentaires  (Annale.^ 
de  Chimie  et  de  Physique,  3'  série,  t.  XXXIX,  p.  35),  j'ai  dosé  compa- 
rativement l'azote  par  les  deux  méthodes,  et  j'ai  signalé  la  concor- 
dance rigoureuse  des  résultats  numériques  obtenus. 

En  résumé,  nous  considérons  les  critiques  de  MM.  Pettenkoffer  et 
Voit  comme  mal  fondées  et  inadmissibles.  La  méthode  indirecte  a 
donné,  entre  leurs  mains  des  résultats  incomplets  ou  inexacts  ;  suivant 
MM.  Seegen  et  Nowak,  la  célèbre  expérience  de  M.  Voit,  qui  devait 
prouver  l'impossibilité  d'une  élimination  d'azote,  à  l'étal  gazeux,  dé- 
montrerait simplement  que  cette  élimination  a  eu  lieu. 

Il  y  aurait  justice  à  revenir  aux  travaux  de  M.  Bjussingault,  sacri- 
fiés, ainsi  que  les  nôtres,  avec  trop  d'empressement  {Journal  d'agri- 
culture pratique,  t.  P'",  p.  1 18  et  119;  1876). 

Invoquant  l'autorité  de   mon  collaborateur,   M.  Regnault,   et  son 


EXHALATION   DE  L'AZOTE  PENDANT  LA    RESPIRATION   DES  ANIMAUX.      453 

souvenir  qui  m'est  si  cher,  j'ai  considéré  comme  un  devoir  de  main- 
tenir, devant  l'Académie  des  sciences  et  la  Société  d'agriculture,  la  com- 
plète exactitude  des  conclusions  de  nos  travaux,  confirmée  par  les  expé- 
riences, plus  récentes,  de  MM.  See^en  et  Nowak.       J.  Rkiset, 

Membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture, 
Correspondant  de  l'Académie  des  sciences. 


AFFUTAGE  DES  SCIES  DES  FAUCHEUSES 

ET    DES   MOISSONNEUSES 

Au  concours  spécial  de  moissonneuses,  à  Albi,  en  1882,  le  premier 
prix,  consistant  en  une  médaille  d'or,  pour  les  appareils  à  aiguiser 
les  scies  des  faucheuses  et  des  moissonneuses,  a  été  décerné  à 
M.  Bussereau,  constructeur  à  Paris  (22,  rue  de  Picardie).  La  fig.  46 
représente  la  meule  et 
son  appareil  d'aiguisage. 

Cet  appareil,  qui  peut 
d'ailleurs  être  adopté  à 
toutes  les  meules,  con- 
siste en  un  support  en 
fer  qui  est  monté  sur 
l'auge  de  la  meule.  Ce 
support  est  articulé,  et 
muni,  à  sa  partie  supé- 
rieure, d'une  vis  de  pres- 
sion pour  recevoir  et  ser- 
rer la  scie.  Un  levier 
permet  de  l'abaisser  jus- 
qu'au point oii  la  scie  est 
en  contact  avec  la  meule  ; 
l'adhérence  est  assurée 
au  moyen  de  deux  res- 
sorts, et  à  l'aide  d'un  lo- 
queteau  et  de  deux  en- 
tailles sur  le  support,  on 
peut  incliner  la  scie  à 
droite  et  à  gauche  suivant 
le  côté  que  l'on  veut  ai- 
guiser. 

Les  deux  colonnetles 
qui  soutiennent  le  sup- 
port peuvent  être  plus  ou 
moins  montées  dans  les 
douilles  munies  de  vis 
de    pression,    où    entre 

leur  partie  inférieure.  On  peut,  grâce  à  cette  disposition,  des- 
cendre la  scie  lorsque  la  meule  vient  à  s'user,  en  même  temps  qu'on 
règle  l'inclinaison  suivant  laquelle  la  dent  se  présente  sur  la  meule. 
Pour  aiguiser  avec  justesse,  il  est  important  de  s'assurer  que 
l'appareil  e.^t  réglé  régulièrement,  de  telle  sorte  que  l'angle  de  la  meule 
corresponde  bien  entre  les  deux  dents  de  scie.  Si  l'on  veut  s'assurer 
de  la  marche  du  travail,  on  renverse  la  scie  en  arrière  grâce  au  levier 
à  main,  sans  rien  desserrer,  et  on  peut,  si  le  travail  n'est  pas  achevé, 


Fig,  46.  —  Meule  de  M.  Bussereau  pour  aiguiser  les  scies 
des  laucheuses  et  des  moissonneuses. 


454     AFFUTAGE  DES  SCIES  DES  FAUCHEUSES  ET  DES   MOISSONNEUSES. 

la  remettre  exactement  dans  la  position  qu'elle  occupait,  sans  déranger 
en  rien  la  marche  de  l'opération. 

Le  mouvement  est  donné  à  la  meule,  soit  au  moyen  d'une  manivelle 
à  main,  soit  au  moyen  d'une  pédale.  La  meule,  munie  d'une  mani- 
velle, coûte  40  francs;  avec  une  pédale,  elle  coûte  48  francs.  Le  prix 
de  l'appareil  à  aiguiser  les  scies  des  faucheuses  et  des  moissonneuses 
est  de  30  francs.  Henry  Sagnier. 

ENQUETE  SUR  LES  VIGNES  DE  CALIFORNIE 

Réponse  à  MM.  Wetmore  et  Campbell. 

Dans  votre  Journal  du  30  décembre  dernier,  j'ai,  avec  la  plus  grande  conve- 
nance, demandé  quelques  détails  plus  précis  sur  la  biologie  du  phylloxéra  en  Cali> 
fornie,  à  M.  le  professeur  J.  Wheller.  Le  cycle  phylloxérique,  qui  fait  partie  de 
notre  instruction  obligatoire,  me  parait  un  syllabus  suranné  à  côté  des  décla- 
rations des  naturalistes  américains  et  surtout  californiens,  qui  disent  :  «  Nous 
n'avons  jamais  pu  trouver  un  seul  œuf  d'hiver,  encore  moins  trouvons-nous  dans 
l'Eldorado  une  galle  phylloxérique.  Quant  à  l'insecte  ailé,  nous  le  soupçonnons  tout 
au  plus.  » 

J  ai  de  plus  ajouté  quelques  sages  conseils  au  sujet  du  vitis  californica  que, 
selon  moi,  l'on  recommande,  avant  la  lettre,  aux  viticulteurs,  comme  résistant 
au  phylloxéra,  alors  que  j'avais  en  main  le  Courrier  de  San  Francisco  du  1"  jan- 
vier 1882,  qui  me  dit,  par  la  bouche  d'un  éminent  viticulteur  californien,  M.  I)ré- 
sol,  qu'il  se  montrait  contraire  à  l'emploi  «  des  vignes  sauvages  de  la  Californie  *, 
«  parce  qu'il  niait  leurs  qualités  antiphylloxériques,  et  parce  qu'elles  n'ont  pas  été 
assez  étudiées.  » 

Il  paraît  que  mes  timides  observations  méritaient  un  châtiment  au  lieu  d'une 
réponse  de  M.  Wheller.  L'on  m'opjiose  deux  américains,  à  qui  je  n'avais  pas 
adressé  un  traître  mot,  qui  m'accablent  de  leurs  imprécations  mutuelles,  si  bien 
senties,  que  l'on  jurerait  qu'elles  ont  été  élaborées  dans  l'une  de>  têtes  du  Gérion 
qui  semble  diriger  les  débats,  et  transmis  UUco  par  le  fil  transatlantique  en 
Amérique. 

Vous  voudrez  donc,  je  l'espère,  M.  le  rédacteur,  me  permettre  de  répondre  à 
ces  trois  personnes   qui  paraissent  ne  faire  qu'une  seule  et  même  personne. 

Le  prélude  de  l'article  du  24  février  auquel  je  réponds,  est  ornementé  du  pro- 
logue écrit  par  M.  Morlot  qui,  très  adroitement,  prend  la  parole  afin  d'éluder 
les  réponses  sur  les  doux  points  capitaux  ci-dessus;  et  afin  de  pouvoir  faire  le 
silence  sur  ces  deux  questions,  uniques  objets  de  mon  article  du  30  octobre.  Il 
cingle,  en  passant,  le  savant  chimiste  M.  Rohart,  lequel,  laisse-t-il  entendre, 
n'est  pas  sincère  pour  avoir  écrit  qu'il  aurait  envoyé  500,000  cubes  aux  Améri- ■ 
Gains.  Enfin  M.  Morlot  annonce  qu'il  s'agit  d'une  enquête,  non  sur  les  deux 
points  déjà  déterminés,  mais  sur  le  fléau  en  Amérique  et  sur  la  résistance  de  toutes 
les  vignes  américaines  dans  le  Nouveau-Monde;  puis  M.  Morlot  cède  la  parole 
au  célèbre  [armer  caUfornien,  M.  Wetmore,  qui  débute  ainsi '^  : 

«  Le  V il is  californica,  dans  notre  climat,  n'est  pas  affecté  par  le  mildeiv,  excepté 
près  de  la  mer.  n  Mais  quelle  raison  pourrait-on  lui  opposer  dans  le  cas  où  cette 
vigne  serait  utilisée  pour  ia  gretfe?  M.  Drésol,  son  compatriote,  a  déjà  répondu 
pour  moi.  Cette  vigne  n'a  pas  fait  ses  preuves  contre  le  phylloxéra,  et  quant  au 
mildew,  M.  Wetmore  n'est  pas  plus  heureux,  car  j'ouvre  la  Gaceta  agricola  du 
ministère  d'agriculture  de  l'Espagne,  du  16  lévrier  1883,  et  je  lis  ce  qui  suit  : 
«  On  nous  écrit  du  Portugal  :  toutes  les  vignes  de  vitis  californica  sont  ici  atta- 
quées par  le  mildew,  et  ont  communiqué  cette  maladie  à  leurs  voisines,  les  vignes 
américaines  et  européennes.  » 

S'il  y  avait  spéculation,  ce  que  je  ne  veux  pas  admettre,  les  vitis  californica 
et  arizonica  ne  seraient  pas  heureux  dans  leurs  débuts.  Donc  j'avais  raison  de 
dire  :  prudence;  étudiez  encore  avant  de  présenter  ces  intruses  à  nos  vignerons, 
comme  de  nouveaux  sauveteurs. 

1.  Les  vignes  sauvages  de  ce  pays  sont  le  vilis  Californica  el  arizonica. 

2.  M.  Wetmore  passe  pour  démolir  à  San  p'rancisco  les  produiis  viticoles  français;  nos  eanx-de- 
vie  ne  sont  que  des  trois-six  de  Berlin  ;  nos  vins  sont  frelatés.  C'est  la  Californie  qui  doit  fournir 
les  vins  à  la  France  et  à  l'univers,  comme  ses  vitis  Californica  doivent  nous  sauver  du  naufrage 
phylloxérique.  Le  patriotisme  est  parfois  égoïste. 


ENQUÊTE  SUR   LES  VIGNES  DE  CALIFORNIE.  455 

J'ignore  d'où  viennent  les  inspirations  de  M.  Wetmore;  toujours  est-il  que 
M.  le  chef  exécutif  vous  exécute  un  adversaire  dans  un  style  extra[iitnenté,  sur- 
tout quand  cet  adversaire  met  en  doute  un  objet  ou  un  article  calilornien  quel- 
conque. 

«  J'ai  toujours,  dit-il,  considéré.  M.  Laliman  comme  une  personne  privilégiée 
«  dont  les  remarques  ne  méritaient  pas  de  rf'ponse  (et  c'est  pour  cela  qu'd  en  fait 
«  une).  Est-ce  que  ces  assertions  ont  réellement  captivé  l'attention  en  France? 
«  (Ces  cajoleries  rurales  sont  d'une  naïveté  exquise). 

«  J'ai  lu  ce  qu'il  a  publié  jusqu'à  ce  jour,  et  ce  qui  a  trait  à  l'Amérique  parti- 
ce  culièreraent  et  à  la  Californie:  on  rencontre  raiement  rm  seul  mot  ex[)rimant 
«  la  vérité  ».  Ce  serait  peut-être  le  chs  ici  d'imiter  Alithonse  Karr  faisint  son 
procès  à  la  modestie  Qui  diable  dira  du  bien  de  vous  si  vous  n'en  dites  pas  vous- 
même?  seraient-ce  vos  adversaires  californiens,  par  hasard? 

Je  ne  me  per.tettrai  qu'une  courte  observation  : 

Etudiez,  M.  le  chef  de  l'exécutif  de  la  Commission  viticole  de  la  Cali- 
fornie, étudiez  d'abord  le  caliiornica,  comme  l'arizonica,  comme  vous  avez  déjà 
étudié  le  cliutnn,  le  taylor,  les  elviia  et  les  hybrides  de  lahrusca  qui,  dites-vous, 
ont  échoué  chez  vousM  Si  vous  aviez  un  peu  plus  îu,  vous  sauriez  que  li  dif- 
férence qui  a  existé  quelquefois  entre  l'école  de  Montpellier  et  la  mienne, 
gît  uniquement  dans  ces  mortalités  que  vous  signalez  vous-même,  et  que  j'avais 
signalées  chez  moi  avant  1869.  Vous  auriez  donc  moins  perdu  votre  temps  en 
m'écoutant.  Lisez  la  page  7  du  livre  fonda' eur  de  l'école  américaine,  écrit  par  le 
savant  M.  Planchon,  intitulé  :  les  Vignes  américaines .  vous  y  trouverez  ces  paroles 
écrites  cette  fois  par  un  noble  adversaire  :  «  La  firemière  mention  de  la  résis- 
«  tance  de  certains  cépages  américains  est  due  à  M.  Laliman  Ce  fut  à  Be.iune 
c<  qu'il  communiqua,  en  i8o9.  au  Congrès  des  agriculteurs  de  France,  l'itnmunité 
«  de  ces  vignes.  Il  en  saisit  les  conséquences  pratiques  en  montrant  daus  ces 
«  vignes  exotiques  dédaignées  les  remplaçants  futurs  de  nos  vignes  indigènes. 
a  Accueilli  par  l'indifl'érence  des  uns,  par  l'incrédulité  des  autres,  cet  espoir  fut 
«  saisi  par  les  quelques  hommes  qui  savent  voir  les  choses  de  loin.  »  Dès  lors  fut 
créée  l'école  de  Montpellier,  à  laquelle  M.  Wetmore  rend  hommage,  ne  se 
doutant  même  pas  que  j'ai  contribué  comme  initiateur  à  sa  fondation. 

M.  Wetmore  répond  fort  peu  à  mes  questions  biologiques.  L'on  voit  qu'il  est 
gêné  de  parler  des  infiniment  petits.  Avec  le  temps,  il  apprendra,  espérons-le,  ces 
mystères  de  la  nature,  et  nous  saurons  plus  tard  si  déiinitivement  le  phylloxéra 
des  feuilles,  si  l'œuf  d'hiver  et  si  le  phylloxéra  ailé  continuent  à  être  invisibles 
en  Californie,  malgré  le  progrès  de  la  maladie  que  les  Californiens  de  Bordeaux 
m'assurent  augmenter,  autant  que  le  mildew,  le  peronospora,  et  tulli  quanti  dans 
cette  région. 

M.  Vetmora  continue  en  s'insurgeant  contre  le  mot  dévastation  que  j'ai  appli- 
qué à  Ja  Californie,  il  prétend  que  le  fléau  est  anodin^.  Mais- alors  pourquoi 
avoue-t-il  que  l'on  a  employé  non  seulement  2u,000  cubes  Rohart  en  Californie? 
que  74,000  acres  de  vignes  ont  été  naguère  plantées  en  vignes  résistantes?  Pour- 
quoi ne  pas  continuer  à  replanter  en  cépages  européens,  si  le  danger  n'est  pas 
sérieux?  Je  consulte  encore  le  journal  le  Courrier  de  San-Francisco  de  1882,  et 
j'emprunte  à  un  M.  Morel,  spécialiste  émérite,  ces  paroles  qui  réfuteront  son 
indignation. 

«  Il  suffit  de  faire  un  tour  à  travers  les  vignobles  californiens  pour  se  convain- 
«  cre  que  le  phylluxera  a  ravagé  les  vignes  !  Les  vignobles  de  Buenavista,  celui 
«  du  général  William,  du  général  Muray,  etc.,  sont  entièrement  détruits.  Les 
«  ravages  du  terrible  insecte  su  fisent  pour  conveitir  d'immenses  et  beaux  vigno- 
a  blés  en  terres  improductives  et  sans  valeur!  » 

Après  cela,  que  M.  Wetmore  s'ingénie  a  inventer  les  charmantes  histoires,  à 
savoir  :  que  ce  n'est  pas  contre  le  phylloxéra  que  l'on  emploiele  sulfure  en  Cali- 
fi)rnie,  mais  contre  les  écureuils!  cela  met  en  relief  sa  riche  imagination;  car  au 
moins,  aurait-il  pu  me  concéder  qu'il  e-t  employé  contre  le  phylloxéra  et  l'espiègle 
rongeur!  Les  raillions  votés  par  le  Parlement  de  Washington  pour  combattre  le 
phylloxéra,  qui  incommode  et  les  vignes  exotiques  et  les  vignes  européennes,  dans 
le  nord-Améri(fue,  sont  destinés  à  ia  chnsse  aux  écureuils? 

L  Si  quelqu'un  a  mi^  en  garde  le  public  contre  les  concords,  les  cluiton  et  cenains  hyliridcs, 
c'est,  je  crois,  l'auteur  de  cet  article. 

2.  Les  Américains  veulent  encoie  moins  que  les  Français  convenir  que  leurs  vignohlcs  souffrent 
parce  que  à  la  dépréciation  de  leur  sol  je,  joindiais  la  mévente  de  leurs  vignes  indigènes,  qui,  à 
cause  de  moi,  leur  produisent  des  trésors,  et  nie  valent  des  uionceaux  d'injures. 


456  ENQUÊTE  SUR  LES  VIGNES  EN  CALIFORNIE. 

Que  va  dire  notre  Académie  à  cette  découverte  inattendue  qui  ferait  pouffer  de  rire 
même  le  dernier  des  Fakirs  1 

Après  celte  leltre  figurent  dans  votre  journal  deux  lettres  de  M.  Campbell; 
celle  du  27  octobre  1882  reflète  mes  assertions  au  sujet  de  la  mortalité  des 
vignes  exotiques.  J'avais  écrit  que  je  possédais  plusieurs  lettres  du  doc- 
teur Schutze,  qui  prouvait  que  les  vignes  américaines  étaient  tuées  par  le  phyl- 
loxéra dans  le  nord-Amérique.  Puisqu'il  m'écrivait  avoir  perdu  son  vignoble  ! 
M.  Campbell  qui,  dans  sa  première  enquête,  avait  confondu  ledit  docteur  avec 
un  M.  Jacquet,  aussi  intiouvable  qu'inconnu  en  Géorgie,  M.  Campbell,  dis-je, 
non  seulement  ne  convient  pas  ni  n'explique  pas  cette  première  eireur,  mais  s'ex- 
prime ainsi  :  «  M.  Laliman  semble  être  un  homme  étrange;  il  cite  M.  Beikraans 
pour  prouver  que  le  phylloxéra  n'est  pas  en  Géorgie,  et  aussi  M.  Schutze,  pour 
prouver  que  le  phylloxéra  détruit  les  vignes  en  Géorgie!  » 

D'abord  le  phylloxéra  pour; ait  être  chez  le  docteur  Schutze,  et  ne  pas  être  chez 
M.  Berkmans,  la  Géorgie  étant  aussi  grande  que  le  quart  de  la  France,  et  jus- 
tement cette  inégalité  prouverait  une  fois  de  plus  que  j'ai  raison  ;  c'est-à-dire  que 
le  phylloxéra  n'est  pas  partout  en  Amérique,  ces  inégalités  nous  arrivent  même 
dans  la  Gironde.  Si  donc  M.  Campbell  a  vu  cette  année  dernière,  dans  les  îles  de 
rOhio  et  dans  le  Sud,  les  vignes  chargées  de  raisins'  c'est  qu'il  ne  s'est  pas 
informé  si  elles  étaient  inondées  ou  traitées  au  sullure  ;  les  énormes  subsides  votés 
par  le  gouvernement  américain  passent  sans  aucun  doute  à  faire  quelques  remè- 
des, et  la  vigueur  des  elviia  qu'il  signale,  alors  que  M.  Wetmore  déclare  qu'ils 
sont  déjà  ti'.és  en  Caliornie,  prouve  ou  que  les  localités  qu'il  a  visiiées  ne 
sont  pas  envahies,  ou  depuis  peu  sont  envahies,  ou  bien  que  l'on  pratique  des 
remèdes,  puisque  M.  Planchon  a  vu  ces  aiêmes  viyncs,  composées  de  catawa 
en  généial,  dans  un  état  jjitoyable.  Ce  sont  des  réflexions  de  casuistes,  voilà  tout; 
mais  les  vignes  améiicaines  du  docteur  Schutze  sont-elles  mortes  tuées  par  le 
phylloxéra?  C'est  ce  qu'évite  avec  une  dextéiiié  extrême  de  dire  M.  Campbell,  et 
c'est  là  tout  l'intérêt  de  nos  controverses.  Les  lettres  qu'il  m'a  adressées  sont-elles 
l'œuvre  d'un  faussaire,  oui  ou  non?  En  voici  une  en  tout  cas  que  ne  contestera 
pas  mon  éminent  antagoniste  : 

«  Westpoint,  13  juin  1881  (Etats-Unis). 

«  Monsieur  Laliman,  ce  printemps,  mes  vignes  meurent  encore  plus  rapide- 
ment que  le^  années  précédentes.  Le  Clinton  est  le  premier  tué  par  le  phylloxéra, 
puis  le  Coucord,  le  Harfort,  rinwa  et  les  espèces  similaires  des  Labrusca.  Je 
n'ai  que  quelques  variétés  d'ÇEstivalis,  et  la  plupart  sont  morts  chez  moi,  comme 
le  Lenoir,  le  Northon's  Virginia,  l'Eumelan. 

«  Je  suis  convaincu  que  la  plupart  de  nos  variétés  de  vignes  américaines  seront 
détruites  dans  peu  d'années. 

«  Votre  tout  dévoué,  D""  E.  Schutze.  » 

Il  faudrait  prendre  nos  viticulteurs  pour  des  ignorants,  pour  continuer  ces  néga- 
tions, peut-être  aussi  intéressées  qu'agaçantes;  ce  parti  pris  vise  évidemment  à 
protéger  l'exportation  de  certaines  vignes,  ou  plutôt  de  toutes  les  vignes  exoti- 
ques; mais  le  jour  approche  où  l'on  verra  si  c'est  M.  Laliman  qui  invente  leur 
mortalité  en  Amérique.  En  attendant,  je  fixerai  l'attention  de  mon  zélé  contra- 
dicteur sur  un  document  olficiel  oméricain\  qu'il  ne  pourra  récuser,  puisqu'il  est 
signé  Mac-Mulrie  et  Le  Duc,  directeur  du  mmistère  de  l'agriculture  des  Etats- 
Unis,  Governemetit  Printlug  office. 

Il  y  verra  que  si  l'on  a  prié  M.  le  D""  Schutze  de  se  taire  en  cette  occurrence, 
M.  David,  de  Jacksonville,  M.  Hatwey,  M.  Laise  de  l'IUinois,  M.  Kelloy  du 
Miconsin  ont  parlé,  et  déclarent  dans  cette  enquête  offiidle  que  leurs  clinton, 
leurs  concords  et  autres  Labrusca  sont  depuis  quelques  années  tués  chez  eux  par 
le  phylloxéra;  depuis  quelques  années,  cela  mérite  toute  l'attention  des  phylloxéri- 
culieurs.  L'on  dirait  vraiment  qu'il  s'agit  ici  d'un  sport  entre  la  vérité  et  1  erreur, 
et  que  la  bonne  pâte  des  lecteurs  commence  d'aider  à  sortir  du  cruel  embarras, 
le  rédacteur  de  ces  lignes;  car  M.  Campbell  semble  oublier  bien  des  cnoses  :  les 
déclarations  de  M.  Keech,  de  Sanduski,  celles  du  docteur  Cahin,  de  M.  Turk, 
de  M.  Crubb,  de  M,  Husman,  de  M,  Munch,  etc.,  qui  ne  laissent  aucun  doute 
sur  la  mortalité  en  question;  il  oublie  même  avoir  déclaré  que  le  phylloxéra  des 
galles  était  américain,  et  celui  des  racines  européen*.  Par  exemple,  il  n'oublie 

1.  lif^port  upon  statislic  of  grappe  culture  and  vine  in  llie  United  states  1881. 

2.  Lire  le  Compte  rendu  des  contérences  tenues  au  'Irocadéro  pendant  l'exposition  universelle 
de  Paris. 


ENQUÊTE  SUR  LES  VIGNES  EN  CAriFORNlE.  457 

pas  aussi  d'écrire  que  les  affirmations  de  M.  Rohart  sur  l'envoi  de  ces  cubes,  en 
Amérique,  sont  entièrement  controuvées.  Gomme  j'ai  en  main  le  document  im- 
piiraé  par  M.  Rohart,  je  le  maintiens  comme  exact;  c'est  à  l'émincnt  chimiste  à 
prouver  si  j'ai  tort  d'avoir  confiance  en  son  bon  droit. 

En  donnant  un  méli-méio  d'enquête  faite  par  les  soins  d'un  homme  qui  vit  du 
courtage  des  vignes  américaines,  comme  l'honorable  M.  Morlot,  1  on  fait  un  rébus 
déplus  et  pas  autre  chose.  Mais,  encore  une  fois,  l'on  n'a  pas  répondu  aux  points 
d'interrogation  que  j'avais  adressés  autant  sur  les  mœurs  du  vasiatrix  en  Califor- 
nie que  sur  la  résistance  du  vilis  californica,  et  même  du  vitis  arizonica.  Pour 
moi,  ces  vignes  pourraient  bien  jouer  en  France  le  triste  rôle  qu'ont  joué  les  si 
vantés  cépages  :  les  clintons,  les  concords,  les  scupèrnon^.  Il  appartenait  au  pre- 
mier initiateur  dans  la  question  de  la  résistance  de  certaines  vignes  américaines 
de  remplir  ce  devoir,  afin  d'éviter  les  nouveaux  sarcasmes  des  vignerons, 
qui  sont  systématiquement  hostiles  à  toutes  les  vignes  américaines  sans  excep- 
tion !  ce  qui  ferait  reculer  de  dix  ans  encore  le  salut  de  nos  vignobles,  par  les 
bonnes  et  vraies  vignes  exotiques^,  qui  comptent  vingt  ans  de  luttes  victorieuses 
contre  leur  insatiable  ravageur.  C'est  pourquoi  j'ai  écrit  cette  réponse.  1 

L.  Laliman. 

LE  SUCRE  EN  ALLEMAGNE 

Les  lecteurs  du  Journal  de  f  agriculture  connaissent  l'importance  de 
la  production  sucrière  en  Allemagne.  Pans  sa  Chronique  agricole  du 

24  lévrier,  notre  rédacteur  en  chef  a  signalé  la  question  et  a  rappelé 
que,  durant  la  dernière  campagne,  l'Allemagne  a  extrait  environ 
80,000  tonnes  de  sucre  de  ses  mélasses.  Nous  allons  aujourd'hui 
examiner  la  production  dans  ses  détails.  Les  chiffres  sont  relatifs  à 
l'exercice  1881-1882.  Comme  le  Luxembourg  fait  partie  du  Zolloerein^ 
il  figure  dans  nos  tableaux  : 

Betteraves.  Droits.  Sucre  brut. 

quint,  métr.  marcs.  quint,  métr. 

Prusse 50,.^29,I6S  80,846,667  4,81i,-242 

Bavière 246,890  39.i,()24  25.502 

Wurtemberg 912,172  1,459,474  74,307 

Bade 198,350  317,360  19,5.52 

Mecklemhourg 249,424  399,078  26.651 

Thuringe 894,826  1,431.722  90,167 

Brunswick 5,121,482  8,194,372  515, ,356 

Anhalt 4,466,229  7,145,966  421,005 

Luxembourg.... 10[),938  161.500  10,400 

62,719,479  100,351,163  5.997,222 

L'Allemagne  compte  357  sucreries  et  59  raffineries  ;  324  fabriques 
emploient  la  diffusion.  Le  système  de  la  diffusion  donne  0.57  pour 
100  de  sucre,  les  autres  systèmes  8.98  pour  100. 

100  kilog.  de  betteraves  ont  produit  en  moyenne  9^56  de  sucre 
et  2^40  de  mélasse.  Dans  l'évaluation  de  la  production  du  sucre,  nous 
nous  n'avons  pas  fait  figurer  le  sucre  tiré  de  la  mélasse. 

L'impôt  est  perçu  d'après  une  loi  impériale.  Le  quintal  de  bette- 
raves paie  1". 60.  Le  principe  est  celui-ci  :  12.5  de  betteraves  donnent 
1  de  sucre  et  le  quintal  métrique  de  sucre  doit  payer  20  marcs  ou 

25  francs.  En  fait,  l'impôt  perçu  dans  les  cinq  ou  six  dernières  années 
n'a  pas  dépassé  18  marcs,  et  il  est  même  inférieur  à  ce  chiffre  si  l'on 
tient  compte  de  la  quantité  considérable  de  sucre  extrait  des  mélasses. 
Les  receltes  fiscales  perçues  sur  la  production  indigène  ont  atteint 
100,351,163  marcs.  Les  droits  d'entrée  sont  fixés  à  30  marcs  par 
100  kilog,  pour  le   sucre  raffiné,  24  pour  le  sucre  brut,  15  pour  la 

1.  La  réunion  des  gretleurs  qui  vient  d'avoir  lieu  à  Bordeaux,  a  recommandé  uniquement  les 
cépages  que  j'avais  reioramandes  comme  résistants  au  con.:rès  de  Beaune  en  1869  :  le  riparia 
Solonis,  le  Vialla,  le  York.  —  Les  Clintons,  les  Californica,  les  Concords.  etc.,  ont  été  mis  au  panier. 
La  vérité  finit  toujours  par  se  faire  jour. 


458  LE  SUCRE  EN    ALLEMAGNE. 

mélasse.  On  a  importé  22,016  quintaux  métriques  de  sucre  raffiné, 
15,049  de  sucre  brut,  33,1  <i9  de  mélasse.  Les  droits  d'entrée  ont  rap- 
porté 1,518,056  marcs. 

Le  trésor  restitue  à  la  sortie  23  marcs  par  100  kilog.  au  sucre  candi 
et  en  pains,  21™. 60  au  sucre  raffiné,  et  18™. 80  au  sucre  brut.  Les 
reslilutions  ont  dans  1  année  1881-1X82  atteint  43,41  2,561  marcs. 

Ainsi,  nous  trouvons  pour' les  droits  de  fabrication  100,361,163 
marcs,  pour  les  droits  d'entrée  1,518,056  marcs,  et  pour  les  resti- 
tutions à  la  sortie  43,412,561  marcs.  Les  recettes  nettes  se  chiffrent 
donc  par  58,456,658. 

La  consommation  est  évaluée  officiellement  à  2,879,813  quintaux 
métriques.  Elle  n'a  guère  augmenté  depuis  À'ix  ans.  Elle  est  montée 
de  2,715,203  quintaux  métriques  en  1872-1873  à  2,879,813  quin- 
taux métriques  en  1881-1882;  elle  ne  dépasse  pas  6\4  par  tête  et 
par  année. 

Le  revenu  net  a  aussi  peu  varié.  Evalué  à  environ  55  millions  de 
marcs  en  1872-1873,  il  atteint  aujourd'hui  58,456,658  marcs,  ce  qui 
fait  1™. 29  par  tête. 

Les  droits  d'entrée  se  sont  abaissés  de  7,127,469  marcs  en  1872- 
1873,  à  1,518,056  marcs  en  1881-1882.  Voici  quelques  chiffres  pour 
l'importation  depuis  dix  ans  : 

Sucre  raffiné.  Sucre  brut. 

quint,  métr.  quint,  métr. 

1872-1873 124,886  97,562 

1876-1877 77,097  10,172 

1881-1882 ..       22,016  1b,0i9 

Les  restitutions  à  la  sortie  atteignent  aujourd'hui  un  chiffre  réelle- 
ment colossal.  L3ur  importance  est  la  meilleure  preuve  de  la  prospé- 
rité de  l'industrie  sucrière.  Ces  restitutions,  ainsi  que  le  montre  la 
différence  entre  le  droit  de  fabricition  et  le  droit  bonifié  à  la  sortie, 
constituent  une  belle  prime  d'exportation.  Elles  se  sont  élevées  de 
3,'201,150  marcs  en  1872-1873  à  43,412,561  marcs  en  1881*-1882. 
Les  chiffres  que  nous  allons  citer  font  ressortir  le  développement 
graduel  de  l'exportation  dans  une  série  de  dix  ans  : 

Candi  et  pains.       Sucre  raffiné.  Sucre  brut. 

quint,  métr.  quint,  n^iétr.  quint,  métr. 

1872-1873 :.                  51,331  28,472                      81,7/7 

1876-1877 -3,935  43,423                    462,189 

188!-1882.... 399,160  144,130  2,539,310 

Ces  nombres  se  passent  de  commentaires. 

L'année  1881-1882  a  été  fort  bonne;  d'après  les  données  actuelles, 
l'année  ^^82-1883  sera  également  favorable.  La  récolte  de  la  betterave 
est  estimée  à  85  millions,  au  lieu  d'environ  63  millions  de  quintaux 
en  1881-1882.  Paul  Muller. 

DESTRUCTION  DES  TAUPINIERES 

11  est  mutile  d'insister  sur  l'importance  de  détruire  les  taupinières 
dans  les  prairies  naturelles  ou  artificielles.  Ce  n'est  pas  à  dire  que  cette 
opération,  de  même  que  celle  des  nivellements  des  monticules  déterre 
formés  par  les  fourmis,  soit  entrée,  dune  manière  générale,  dans  les 
habitudes  agricoles.  Trop  souvent,  les  taupinières  d*^meurent  intactes 
dans  les  prés,  et  au  moment  delafauchaison  elles  entravent  le  travail 


DESTRUCTION  DES  TAUPINIÈRES.  ^59 

des  faucheurs.  Etaupiner  à  bras  n'est  pas  un  travail  difficile;  mais 
c'est  une  opération  qui  demande  beaucoup  de  temps,  et  qui,  par  suite 
revient  assez  cher.  C'est  pourquoi,  depuis  longtemps,  on  a  construit 
des  étaupinoirs  ou  étaupinières  à  traction  ;  sans  remonter  au  rabot  des 
prés  deSchwerz,  il  a  été  fait  beaucoup  de  modèles  de  ces  appareils. 

Au  dernier  concours  régional  de  Chaumont,  en  1882,  nous  avons 
remarqué  l'étaupinière  niveleuse,  exposée  par  M.  Royer,  à  Luzy,  près 
Chaumont  (Haute-Marne).  Cet  appareil  (fig.  4)  est  formé  par  un  cadre 
formant  traîneau,  et  pouvant  se  retourner  pour  le  transport  sur  les 
routes.  Pour  l'atteler,  on  emploie  deux  crochets  fixés  à  la  première 
traverse  supérieure;  un  cheval  suffit  pour  traîner  l'appareil. 

A  la  première  traverse  sont  fixés  une  dizaine  de  couteaux  verticaux 
dont  les  lames  se  dédoublent  à  l'extrémité  inférieure.  Ces  couteaux  B, 


Fig.  47.  —  Élaupinière-niveleuse  de  M.  Roger. 


tranchant  de  toutes  parts  et  rejetés  en  arrière,  sont  entre-croisés  ;  ils 
traversent  et  divisent  facilement  les  taupinières  gazonnées,  sans  rien 
entraîner.  Leur  élévation  a  été  calculée  de  façon  que  la  machine  puisse 
être  employée  dans  les  prairies  artificielles  sans  que  le  collet  de  la 
plante  soit  jamais  endommagé.  Le  fer  cornière  A  qui  vient  derrière  les 
couteaux,  trouve  la  terre  éparpillée  sur  le  sol,  en  commence  l'écrase- 
ment et  l'émiettage;  le  travail  est  achevé  par  une  tôle  cintrée  formant 
l'arrière  du  bâli;  poussant  les  mottes  en  avant,  elle  les  oblige  à  se  loger 
dans  les  inégalités  du  sol.  Le  nivellement  étant  alors  complet,  la  faux 
et  la  faucheuse  peuvent  fonctionner  sans  aucun  obstacle.  On  peut 
substituer  avec  facilité  un  rouleau  niveleur  à  la  pièce  cintrée,  si  l'acheteur 
en  fait  la  demande. 

Le  prix  de  Tétaupinière  niveleuse  est  del  25  francs,  en  gare  de  Chau- 
mont (Haute-Marne).  Henry  Sagnier. 

SITUATION  AGRICOLE  DANS  LA  MARNE 

Le  mois  de  mars  a  ramené  de  brusques  variations  de  température.  Nous  avons 
eu  successivement  pluie,  soleil,  brouillard,  grésil,  neige  et  gelée.  Des  gelées  de  3, 
4,  6  et  9  degrés  au-dessous  de  zéro,  ont  arrêté  la  végéiation  activée  par  la  douceur 
du  mois  de  lévrier.  Ces  gelées  ne  jiaraissent  pas  avoir  fait  de  mal  aux  récoltes  en 
terre,  les  vides  que  l'on  remarque  dans  les  emblavures  résukent  du  mauvais  état 
du  sol  au  moment  de  la  semaille.  Il  existe  toujours  quelques  campagnols,  leur 
petit  nombre  n'inspire  aucune  crainte  pour  la  moisson  de  1883. 


460 


SITUATION  AGRICOLE  DANS  LA  MARNE. 


L'état  des  seigles  et  méteils  est  satisfaisant  ;  les  terres  à  blé  qui  n'ont  pu  être 
ensemencées  en  octobre  produiront  de  l'orge.  Les  semailles  d'avoines  ont  été 
commencées  dans  d'excellentes  conditions,  il  est  bien  regrettable  (|u'un  retour 
d'hiver  aussi  dur  soit  venu  les  interrompre.  Les  irrigations  naturelles  n'ont  pas 
manqué  aux  prairies,  il  y  a  donc  lieu  de  compter  sur  une  production  fourragère 
au-dessus  de  la  moyenne.  Signalons  les  bienfaits,  en  temps  d'inondations,  d'un 
service  de  i enseignements  organisé  [)ar  M.  A.  Delasalle,  préfet  de  la  Marne;  grâce 
à  ces  renseignements  portés  à  la  connaissance  des  intéressés,  jiar  le  télégraphe 
et  la  gendarmerie,  les  particuliers  et  les  communes  ont  })u  préserver  quantités 
d'objets,  et  même  sauver  des  chemins  vicinaux  qui  étaient  m*  nacés  d'une  des- 
truction complète.  Les  travaux  d'extérieur  ont  été  peu  nombreux  cet  hiver,  ils  se 
résument  en  transport  des  engrais,  taille  préparatoire,  puis  définitive  de  la  vigne, 

3pelques  lal)ours,  plantage  etbutfage  de  jeunes  sapins,  plantaire  de  la  vigne,  taille 
es  arbres  fruitiers,  réparation  des  clôtures,  des  chemins  d'ex,doitation.  L'état 
sanitaire  du  bétail  est  excellent,  les  nombreux  cas  de  fièvre  aphteuse  ont  complè- 
tement disparu;  les  moutons  ont  fait  quelques  sorties  en  février;  actuellement 
c'est  la  venue  des  agneaux  qui  occupe  beaucoup  nos  éleveurs. 

Les  Chambres  consultatives  d'agriculture  fonctionnent  très  régulièrement;  elles 
ont  de  bons  rapports  avec  l'administration,  parce  que  celle- ci,  loin  de  vouloir  leur 
enlever  leur  indépendance,  facilite  leurs  travaux  par  tous  les  moyens  qui  sont  en 
son  pouvoir.  L.-G.    Maurice, 

Vice-président  de  la  Commission  de  stalist'que  agricole. 
Secrétaire  de  la  Chambre  consultative  d'agriculture  de  Vitry-le-trançois  (Marne). 

NOUVELLE  FAUCHEUSE  OSBORNE 

Parmi  les  faucheuses  et  moissonneuses  de  la  maison  D.  M.  Osborne 
et  Cie,  à  Paris,  il  faut  citer  spécialement  deux  nouvelles  macliines  : 
la  faucheuse  n"  5  et  la  moissonneuse  n°  8.  Cette  dernière  (qui  se  vend 
à  un  ou  deux  chevaux),  a  déjà  fait  ses  preuves,  en  France,  en  1882  ; 


rig   48   — Nouvelle  faucheuse  système  Osbcne 


on  en  a  constaté  partout  l'exti^ême  légèreté  jointe  à  une  jurande  solidité 
et  à  un  bon  travail.  Une  ingénieuse  combinaison  pareille  à  celle  de  la 
machine  combinée  Wheeler,  de  la  même  maison,  permet  de  contrôler 
les  râteaux  avec  une  grande  facilité  et  avec  sûreté  au  moyen  de  gou- 
pilles. Comme  dans  toutes  les  moissonneuses  de  la  maison  Osborne,  le 
tablier  se  relève  facilement. 


NOUVELLE  FAUCHEUSE    OSBORNE.  461 

La  nouvelle  faucheuse  Osborne  n"  5  {{i<y.  48)  plaît  beaucoup  par 
une  apparence  simple  et  exempte  de  toute  complication.  Les  roues 
motrices  sont  sans  eiif/renages  et  la  barre  coupeuse  est  en  arrière.  Les 
deux  machines  sont  bâties  entièrement  en  fer  forgé  et  fonte  malléable. 

Outre  ces  nouveaux  systèmes,  la  maison  Osborne  exposait  au  palais 
de  l'Industrie  ses  autres  machines  bien  connues  en  France,  tels  que 
la  faucheuse  Kirby  n"  1 ,  la  moissonneuse  n°  3,  à  grand  travail,  etc. 

L.  LE  Saudriac. 

CONFÉRENCES  HORTICOLES  A  PARIS 

Ainsi  que  le  Journal  l'a  précédemment  annoncé,  M.  J.  Dybowski, 
chargé  de  conférences  à  l'école  nationale  d'agriculture  de  Grignon,  a 
repris,  à  Paris,  le  samedi  3  mars,  les  conférences  qu'il  avait  inaugu- 
rées l'année  dernière  sous  le  patronage  de  la  Société  d'encouragement 
à  Taiïriculture. 

Ces  conférences  sont  spécialement  destinées  aux  personnes  qui 
aiment  la  culture  des  fleurs  et  des  plantes,  mais  qui  n'ont  pas  acquis 
les  connaissances  botaniques  et  horticoles  nécessaires  pour  se  guider 
elles-mêmes.  C'est  dire  que  c'est  une  œuvre  de  vulgarisation,  dans  le 
meilleur  sens  de  ce  mot,  trop  souvent  mal  appliqué. 

Les  conférences  de  M.  Dybowski  seront  utiles  à  un  grand  nombre 
d'amateurs  qui  y  trouveront  à  la  fois  instruction  et  véritable  agré- 
ment. Aussi  n'est-il  pas  surprenant  qu'un  public  assidu  se  rende  dans 
la  grande  salle  de  la  Société  centrale  d'horticullure  (8i,  rue  de  Gre- 
nelle), afin  de  les  suivre.  La  parole  claire  et  attrayante  du  conférencier 
est  écoutée  avec  attention.  Ce  sont  de  véritables  élevés  qui  veulent  s'in- 
struire ;  nous  avons  vu  des  jeunes  dames  prendre  des  notes  avec  zèle. 
Il  y  a  là  la  meilleure  preuve  que  cet  enseignement  volontaire  portera 
des  fruits.  Henry  Sagnier. 

FAUCHEUSES  ET  MOISSONNEUSES 

Dans  le  compte  rendu  du  congrès  de  mécanique  agricole,  tenu  par 
la  Société  d'encouragement  à  l'agriculture,  j'ai  lu  que  l'un  de  nos 
plus  grands  constructeurs  d'instruments  agricoles,  M.  Albaret,  avait 
dit  qu'il  y  avait  la  plus  grande  importance  à  savoir  ce  que  devenait 
un  instrument,  lorsqu'il  était  sorti  de  la  fabrique,  ce  qu'il  coûtait  de 
réparations  et  quelle  pouvait  en  être  la  durée. 

Je  crois  être  utile  aux  agriculteurs  en  publiant  le  résultat  de  mes 
observations  sur  deux  instruments,  aujourd'hui  bien  répandus,  la 
faucheuse  et  la  moissonneuse. 

J'ai  acheté  en  1875,  à  M.  Pilter,  une  faucbeuse  Wood,  modèle  de 
1874,  avec  4  scies  et  3  bielles. 

J'ai  coupé  avec  cette  machine  en  1875,  1876,  1877  et  1878, 
189  hectares  de  prairies  artificielles.  L'entretien,  les  réparations  et  le 
remplacement  des  pièces  usées  et  cassées  ont  nécessité  pendant  ces 
quatre  années  une  dépense  de  101  francs. 

Depuis  1878,  j'ai  conservé  les  mémoires  des  diverses  dépenses 
occasionnées  par  l'usage  de  la  faucbeuse  et  j(;  vais  les  établir,  année 
par  année,  en  mentionnant  la  nature  et  le  prix  de  chaque  réparation 
et  de  chaque  acquisition  de  pièces  de  rechange. 


462  FAUCHEUSES  ET  MOISSONNEUSES. 

En  1879,  la  machine  a  coupé  32  hectares  de  luzerne  et  a   coûté  : 

francs. 

Réparation  de  l'arbre  du  premier  mouvement 1  j  00 

Un  plateau  de  cliquet 4  00 

Un  pignon  de  l'arbre  du  volant 4  00 

Deux  guides  de  la  bielle. , 2  85 

Réparations  à  une  roue  et  i)oulons 3  50 

00  sections  de  lames  et  rivets 20  00 

4  têtes  de  scie 1 1  00 

Dépense  en  1879 60  30 

En  1880,  la  faucTieuse  a  coupé  36  hectares  de  luzerne  et  a  coûté  : 

3  têtes  de  scie  et  boulons ■ 15  50 

4  doigts  et  4  guides 13  00 

Réparations  diverses 15  00 

9  bielles  soudées 6  *5 

2  scies  soudées 3  00 

25  sections  de  lames  et  rivets 10  00 

Dépense  en  1880 63  25  ' 

En  1881,  la  faucheuse  a  coupé  55. hectares  de  luzerne  et  trèfle,  et 
a  nécessité  les  dépenses  suivantes  : 

12  boulons  des  guides 3  00 

4  doigts 9  00 

4  têtes  de  scie 11  00 

1  levier  et  une  fourche  d'embrayage 9  50 

2  guides  de  la  lame 3  00 

8  bielles  soudées C  00 

Réparations  diverses .■ 2  50 

40  sections  de  lamos  et  rivets 14  00 

Dépense  en  1881 58  00 

La  rupture  fréquente  de  la  scie  et  de  la  bielle  était  une  cause  con- 
tinuelle d'arrêts,  de  perte  de  temps  et  de  dépense.  J'ai  reconnu  qu'elle 
était  due  à  l'usure  du  grand  sabot.  En  1882,  j'ai  fait  ajouter  à  celte 
pièce,  au  moyen  de  rivets,  une  plaque  d'acier,  et  j'ai  pu  faire,  sans 
accidents,  la  première  coupe  des  luzernes;  mais,  cette  plaque  s'étant 
usée,  le  jeu  existant  a  de  nouveau  fait  casser  les  bielles  et  les  scies. 
Je  me  suis  décidé  à  remplacer  le  grand  et  le  petit  sabot,  malgré  la 
fijrosse  dépense  que  nécessitait  cette  réparation.  J'ai  pu  faire  placer  ces 
deux  pièces  sans  avoir  recours  à  un  maréchal.  Depuis  j'ai  fait  'aucher 
9  hectares  de  deuxième  et  4  hectares  de  troisième  coupe  de  luzerne, 
sans  la  moindre  avarie. 

La  faucheuse  a  coupé  en  1882  40  hectares  de  luzerne  et  nécessité 
les  dépenses  suivantes  : 

4  doigts 9  00 

Petite  roue  du  sabot  et  sa  vis •  ' .^  ^'9 

Grand  sabot  et  son  support .">2  75 

Petit  sabot 14  50 

Réparations  diverses 5  00 

5  bielles  soudées 3  75 

5  scies  soudées 6  25 

40  sections  de  lame  et  rivets 20  00 

Dépense  en  1882 115  Ih 

En  récapitulant  les  détails  qui  précèdent,  la  faucheuse  a  coupé  en 
huit  années  352  hectares  de  luzerne,  trèfle  et  sainfoin,  et  a  occasionné 
une  dépense  de  398  fr.  35,  soit  par  an  une  dépense  de  49  fr.  80  et 
par  hectare  de  1  fr.  13. 

L'état  de  ma  faucheuse  est  encore  bon.  Aucune  pièce  n'est  usée,  et 
le  bruit  qu'elle  produit  en  marche  est  le  même  que  celui  que  produi- 
rait une  machine  neuve.  Je  suis  certain  qu'elle  fera  encore  plusieurs 
c  impagnes,  avant  d'être  hors  de  service.  On  peut  estimer  qu'une  fau- 
cheuse peut  couper  450  hectares  au  moins,  avant  d'être  usée.  Quant 


FAUCHEUSES  ET  MOISSONNEUSES.  463 

au  nombre  d'années  qu'elle  peut  durer,  il  varie  naturellement  suivant 
le  nombre  d'hectares  coupés  chaque  année. 

D'après  les  chiffres  précédents,  en  admettant  qu'une  faucheuse  dure  . 
dix  ans  et  coupe  450  hectares,  chaque  hectare  aura  à  supporter  pour 
l'amortissement,  1  entrelien  et  les  réparations,  une  dépense  de  3  fr.  11. 

Des  observations  que  j'ai  faites  en  surveillant  la  marche  de  la  fau- 
cheuse Wood  et  en  la  réparant,  il  résulte  : 

V  Que  les.  doifi;ts  devraient  être  fixés  sur  la  barre  par  deux  boulons, 
au  lieu  d'un,  comme  dans  la  faucheuse  Aultman,  par  exemple.  Us 
remuent  souvent,  et,  si  la  scie  ne  brise  pas,  la  machine  est  arrêtée,  et 
les  sections  de  la  lame  sont  ébréchées  ; 

2°  La  barre  devrait  être  réunie  au  grand  sabot  par  deux  boulons 
pour  là  rendre  plus  fixe.  Cette  amélioration  a  été  apportée  au  nouveau 
modèle  de  la  faucheuse  Wood,  dile  Favorite; 

3"  Le  jTuide  de  la  bielle  s'use  rapidement;  son  remplacement  n'exige 
qu'une  dépense  de  1  fr.  50.  Je  ne  puis  me  prononcer  sur  le  nouveau 
guide  employé,  n'en  connaissant  pas  l'usage; 

4°  La  partie  du  grand  sabot  sur  laquelle  passe  la  scie  devrait  être 
munie  d'une  plaque  d'acier,  fixée  par  des  rivets,  et  pouvant  être  faci- 
lement remplacée  quand  elle  est  usée.  Son  usure  est  une  cause  fré- 
quente de  la  rupture  de  la  bielle  ou  de  la  scie. 

En  terminant  les  résultats  du  travail  de  la  faucheuse  Wood,  je  dois 
dire  qu'il  ne  faudrait  pas  conclure  de  la  dépense  occasionnée  par 
cette  machine,  que  son  usage  est  plus  onéreux  que  celui  des  autres 
faucheuses,  auxquelles  je  n'ai  pu  la  comparer.  Je  la  considère  toujours 
comme  une  des  meilleures.  Je  désire  que  des  agriculteurs  fournissent 
des  renseignements  sur  l'emploi  des  faucheuses  des  autres  systèmes  ; 
c'est  alors  seulement  qu'il  sera  possible  de  les  comparer  au  point  de 
vue  pratique.  Toutes  ou  presque  toutes  fonctionnent  très. bien  la  pre- 
mière année;  mais  beaucoup  sont  promptement  hors  d'usage. 

Voici  maintenant  les  résultais  de  l'emploi  de  la  moissonneuse. 

J'ai  acheté  en  1875,  de  M.  Piller,  la  moissonneuse  Samuelson,  dite 
Omnium.  N'ayant  reçu  cet  instrument  qu'à  la  fin  de  la  campagne,  il 
n'a  coupé  que  3  hectares.  En  1874  et  1875,  j'avais  fait  la  mois.-on  à 
l'aide  de  la  moissonneuse  Samuelson,  dile  Royale.  Depuis  185G  je  cou- 
pais les  céréales  avec  la  moissonneuse  Mac-Corinick. 

L'Omnium  a  coupé  en  1 876,  1 877  et  1 878,  1 1 4  hectares  de  céréales 
et  a  coulé  pendant  ce  laps  de  temps  80  francs  d'enlretien  et  de  répa- 
rations. Cette  dépense  a  été  occasionnée  par  le  remplacement  des 
pièces  suivantes  : 

12  sections  de  la  lame , , 12  00 

Support  de  l'essieu  de  la  roue  de  côté • 10  00 

Un  essieu  et  boulons , • 4  90 

2  supports  de  la  vis  de  la  roue  de  côté 10  00 

Bras  des  râteaux 25  00 

Arbre  et  pignon  de  la  crémaillère 8  00 

2  guides,  3  doigts  et  boulons 10  10 

Total  de  la  dépense  en  3  ans. , . . , 80  00 

Depuis  1878  je  puis  établir,  année  par  année,  les  diverses  dépenses 
occasionnées  par  l'usage  de  la  moissonneuse  Omnium. 

En  18; 9,  elle  a  coupé  39  heclares  de  céréales  et  nécessité  une 
dépense  de  2  fr.  50  pour  réparation  au  support  de  Tessieu  de  la  roue 
de  côté, 


464  FAUCHEUSES  ET  MOISSONNEUSES. 

En  1880,  elle  a  coupé  28  hectares.  La  dépense  a  été  de  14  fr.  80 
pour  acquisition  de  4  doigts  et  de  12  boulons  pour  les  fixer. 

En  1881,  la  machine  a  coupé  38  hectares  et  n'a  rien  coûté. 

En  1882  4le  a  coupé  29  hectares  de  céréales  et  nécessité  une 
dépense  de  1 0  fr.  25  pour  remplacer  l'arbre  et  le  support  de  la  roue 
de  côté. 

En  sept  ans  la  moissonneuse  a  donc  coupé  248  hectares  de  céréales 
et  nécessité  une  dépense  de  107  fr.  55,  soit  par  an  1  5  fr.  35,  et  par 
hectare  0  fr.  43. 

Aujourd'hui  la  moissonneuse  est  en  état  parfait  et  aucune  pièce  n'est 
à  remplacer.  Elle  estpresqu'aussi  bonne  qu'une  neuve.  Changeant  les 
sections  de  la  scie  de  la  faucheuse  dès  qu'elles  commencent  à  être 
pointues,  je  les  emploie  pour  remplacer  celles  de  la  scie  de  la  moisson- 
neuse qui  cassent. 

Les  résultats,  consignés  ci-dessus,  pourront  surprendre  bien  des 
agriculteurs  et  des  fabricants  qui  n'ont  pas  recherché  ce  que  coûte 
l'entretien  des  instruments  qu'ils  emploient  ou  qu'ils  livrent  à  l'agri- 
culture. 

Ce  compte  aurait  cependant  une  grande  importance;  il  donnerait 
sur  l'entretien  et  la  durée  d'une  machine  des  notions  qui  manquent, 
et  que  ne  peuvent  fournir  les  essais  faits  dans  les  concours,  quelque 
longs  qu'ils  soient„ 

Si  une  solution  favorable  est  donnée  au  vœu,  émis  par  le  Congrès 
de  mécanique  agricole,  pour  la  création  de  stations  d'essais  d'instru- 
ments agricoles,  Tagricullure  sera  promptement  éclairée  sur  la  valeur 
réelle  d'une  machine. 

Cette  création  de  stations  d'essais  peut  être  faite,  sans  frais,  dans 
les  établissements  d'enseignement  agricole  pratique.  Les  constructeurs 
n'hésiteront  pas  à  obtenir  la  sanction  de  l'expérience  pour  les  instru- 
ments qu'ils  fabriquent,  et  à  mettre  à  la  disposition  des  directeurs  de 
ces  établissements  les  machines  qu'ils  seront  chargés  d'essayer. 

Deux  faits  à  l'appui. 

En  1874'  j'ai  organisé  des  essais  publics  de  moissonneuses. 
Quatre  constructeurs  m'ont  envoyé  leurs  machines,  et  c'est  de  ce 
momentquedate  l'introductiondans  ledépartement  des  moissonneuses. 
On  les  compte  aujourd'hui  par  centaines. 

Chargé  par  le  Conseil  général  de  la  Vienne  d'établir,  à  la  ferme- 
école,  une  pépinière  de  cépages  américains  et  une  école  de  greiïage, 
j'ai  fait  appel  aux  divers  constructeurs  de  machines  à  grefTer,  dont  je 
connaissais  les  noms,  et  tous,  ou  presque  tous  m'ont  répondu  par 
l'envoi  gratuit  de  la  machine  de  leur  invention. 

Le  besoin  d'ouvriers  forgerons  capables  de  réparer  les  instruments 
se  fait  peut-être  moins  sentir  qu'autrefois,  parce  que  les  constructeurs 
sont  arrivés  à  faire  des  pièces  de  rechange  parfaitement  calibrées,  que 
tout  conducteur  de  machines  peut  poser  sans  peine. 

D'un  autre  côté  les  diverses  écoles  d'ensei^rnement  anrricole  four- 
nissent  des  hommes  familiarisés  avec  l'emploi  des  machines,  et 
capables  de  faire  exécuter,  sous  leur  direction,  par  le  premier  forge- 
ron de  village,  les  réparations  qu'elles  nécessitent. 

H. -S.  DE  Larclause, 

D'recteur  de  la  ferme-école  de  MonUouis  (Vienne). 
1.  Journal  cU  l'ayricuUiire  du  15  août  1874. 


LE  TOURTEAU-  DE  COTON.  465 


LE  TOURTEAU  DE  COTON  DËGOPJTQUÉ 

SON  EMPLOI  ET   SA   VALEUR  DANS   L'ALLMENTATION   DES  VACHES 

DE   LAITERIE 

L'emploi  des  tourteaux  oléagineux  dans  l'alimentation  du  bétail  a 
pris,  dans  l'économie  de  la  ferme,  une  importance  incommensurable. 
Ce  que  l'af^riculture  dépense  en  tourteaux  se  chiffre  par  des  centaines 
de  millions  par  an.  Aussi  le  commerce  de  ces  denrées,  de  même  que 
celui  des  engrais  artificiels,  a  pris  un  développement  dont  les  statis- 
tiques oflicielles  seules,  si  elles  étaient  comp  êtes,  pourraient  donner 
une  idée  exacte.  Comme  toujours,  malheureusement,  la  fraude  s'est 
mise  à  la  suite  du  commerce  et  l'a  même  envahi.  Le  cultivateur 
achète  de  confiance,  et  comme  il  n'a  pas  le  temps  de  vérifier  la  mar- 
chandise qu'on  lui  livre,  il  offre  une  surface  facile  d'exploitation  aux 
commerçants  malhonnêtes  pour  lesquels  un  gain  illicite,  ou  plutôt  un 
vol  organisé,  n'est  point  un  obstacle. 

Mon  but  dans  le  présent  travail  n'est  point  de  dévoiler  ces  fraudes. 
Cela  ne  servirait  à  rien.  Ce  but  est  tout  simplement  d'étudier  la  valeur 
nutritive  d'un  tourteau  peu  connu  en  France,  mais  employé  en  Angle- 
terre sur  une  échelle  énorme.  Je  veux  parler  du  tourteau  de  graine 
de  coton  décortiquée  d'Amérique.  Nous  avons  bien  à  Marseille,  le 
tourteau  de  coton  'dit  décortiqué  d'Egypte,  mais  il  y  a  entre  ces 
deux  produits  une  différence  si  considérable,  qu'aucune  comparaison 
n'est  possible.  D'abord  le  tourteau  d'Egypte  est  très  imparfaitement 
décortiqué,  ce  qui  lui  donne  une  proportion  notable  de  matière  indi- 
geste, sans  valeur  nutritive.  La  présence  de  cette  écorce  dans  le  tourteau 
d'Egypte  le  rend  absolument  impropre  à  l'alimentation  des  jeunes 
animaux.  Pour  les  agneaux  et  les  veaux,  c'est  un  véritable  poison,  car 
chez  ces  jeunes  ruminants  dont  l'appareil  digestif  est  encore  à  l'état 
rudimenlaire,  les  écorces  non  extraites  du  tourteau  étant  rebelles  à 
l'action  dige-stive,  s'accumulent  entre  les  feuillets  de  l'estomac  et,  par 
leur  décomposition,  finissent  par  tuer  le  jeune  animal.  Combien  de 
fois  ai-je  pu  constater  chez  les  éleveurs  de  ces  accidents,  pour  eux 
incompréhensibles,  et  combien  de  fois  m'est-il  arrivé  de  demander 
aux  éleveurs  atterrés  s'ils  avaient  donné  à  leurs  agneaux  ou  à  leurs 
veaux  du  tourteau  de  coton  d'Egypte,  et  trouvé  dans  leur  réponse 
affirmative  l'explication  des  accidents  qu'ils  déploraient  !  Le  tourteau 
de  coton  d'Egypte  est  à  bon  marché,  c'est  pourquoi  les  éleveurs  sont 
enclins  à  l'acheter  de  préférence.  Mais  c'est  un  mauvais  calcul,  car 
cette  prétendue  économie  est  plus  apparente  que  réelle.  Dans  le  tour- 
teau de  coton  d'Amérique,  au  contraire,  les  écorces  indigestes  sont 
complètement  éliminées,  et  il  ne  reste  plus  que  la  pulpe  oléagineuse, 
dont  la  matière  grasse  est  sans  doute  absente,  dans  une  grande 
mesure,  ce  qui  le  rend  inférieur  au  tourteau  de  lin,  par  exemple,  mais 
qui  contient  dans  une  plus  forte  proportion  l'azote  et  les  autres  prin- 
cipes nutritifs,  qui  non  seulement  donnent  à  ce  tourteau  une  haute 
valeur  comme  alimentation,  mais  donnent  aussi  aux  déjections  des 
animaux  qui  le  consomment,  une  valeur  fertilisante  bien  supérieure  à 
celle  de  tout  autre  aliment. 

Un  des  grands  avantages  du  tourteau  de  graine  de  coton  décortiqué 
d'Amérique,  c'est  qu'il  prête  moins  que  le  tourteau  de  lin  à  la  falsifi- 


466  LE  TOURTEAU  DE  COTON. 

cation.  Il  est  ev  effet  plus  facile  de  mélanger  des  graines  hétérogènes 
avec  la  graine  de  lin  qu'avec  la  graine  de  coton,  dont  la  couleur  et  la 
texture  ont  un  caractère  sut  generis  qu'il  est  difficile,  sinon  impossible 
de  falsifier. 

Il  n'existe  peut-être  pas  de  tourteau  qui  se  prête  mieux  à  la  fraude 
que  celui  de  graine  de  lin,  fraude  de  la  part  du  fabricant  et  fraude 
de  la  part  du  commerçant.  Autrefois  on  vendait  le  tourteau  de  lin 
garanti  fait  avec  la  graine  importée^  mais  ce  n'était  qu'une  garantie 
sans  valeur,  car  la  graine  importée,  lorsqu'elle  n'est  point  criblée, 
contient  presque  toujours  une  notable  proportion  de  graines  adven- 
tices sans  aucune  valeur  nutritive.  Dans  les  contrées  de  l'Orient, 
où  le  lin  est  cultivé  sur  de  grandes  surfaces,  l'agriculture  est  encore 
à  l'état  primitif,  et  les  terres  sont  fort  mal  nettoyées.  Il  arrive  qu'une 
multitude  de  mauvaises  herbes  croissent  et  mûrissent  avec  le  lin  et 
les  cultivateurs  manquant  absolument  d'outils  de  nettoyage,  ou  ne 
voulant  pas  se  donner  la  peine  de  cribler  leur  récolte,  l'expédient  telle 
quelle  sur  les  marchés  de  lOccident,  où  elle  est  vendue  et  livrée  aux 
fabricants  d'huile  qui,  vendant  les  tourteaux  à  l'agriculture  au  prix 
normal  de  la  marchandise  pure,  y  trouvent  un  large  profit  en  se  pré- 
valant de  la  garantie  qu'ils  alfichent,  que  le  tourteau  est  fabriqué  avec 
la  graine  telle  qu'elle  est  importée. 

Pour  donner  une  idée  de  la  valeur  de  cette  garantie  fictive,  il  me 
suffira  de  citer  le  D"^  Vœlcker,  qui  déclare  avoir  trouvé  jusqu'à 
25  espèces  de  graines  hétérogènes  dans  un  échantillon  de  graine  de 
lin  du  commerce.  Le  D""  Niobe,  savant  botaniste  aile  nand,  en  a  trouvé 
jusqu'à  41.  Dans  la  plupart  des  échantillons  examinés  par  M.  Francis 
Sutton,  chimiste  consultant  de  la  Chambre  d'agriculture  du  Norfolk, 
il  y  en  avait  20.  La  moyenne  normale  ne  devrait  pas  dépasser 
4  pour  100. 

Un  autre  mode  de  fraude  est  la  proportion  d'eau  contenue  dans  les 
tourteaux.  En  1849,  le  professeur  Way  fit  des  analyses  de  tourteaux 
de  différentes  provenances,  et  voici  le  résultat  moyen  de  ses  recherches 
en  ce  qui  concerne  la  proportion  d'eau  :  '^ 

8  spécimens  de  tourteaux  français - 7.60  pour  100 

7        —  —  améri:ains 7.60        — 

9  —  —  anglais 8.60        — 

2  —  —  russes 8.8J  — 

3  —  —  allemands 7.98  — 

2  —  —  italiens 9.03  — 

2  —  —  siciliens 9.46  — 

Ce  qui  donne  une  moyenne  au-dessous  de  10  pour  100,  qu'on 
s'accorde  à  admettre  comme  proportion  normale.  Mais  aujourd'hui  il 
arrive  souvent  que  cette  proportion  monte  jusqu'à  13  et  14  pour  100 
à  l'avantage  du  fabricant,  mais  au  grand  désavantage  du  nourrisseur. 
Ainsi,  il  est  permis  de  soupçonner  que  certains  commerçants  font 
absorber  aux  tourteaux  avant  de  les  livrer  à  la  consommation,  une 
certaine  quantité  d'eau,  ce  qui  constitue  un  bénéfice  illicite  et  frau- 
duleux. Il  y  a  d'autres  fabricants  qui  obtiennent  d'abord  un  rapport 
favorable  d'un  chimiste  à  qui  ils  ont  envoyé  un  échantillon  d'une 
grande  pureté,  et  qui,  spéculant  sur  ce  certificat,  n'hésitent  pointu 
livrer  des  tourteaux  de  qualité  inférieure. 

Pour  donner  une  idée  de  ce  que  devrait  être  la  composition  d'un 
tourteau  de  lin,  de  valeur  normale,  je  donne  le  tableau  suivant  : 


LE  TOURTEAU  DE  COTON-  467 

Humidité .10 

Matières  azotées 29 

Huile 10 

Mucilage,  sucre,  etc 32 

Fibre  ligneuse  et  matière  minérale •. 19 


lUO 


il  faut  aussi  remarquer  que  la  présence  d'une  proportion  considé- 
rable de  graines  hétérogènes  dans  la  graine  de  lin,  non  seulement 
amoindrit  la  valeur  du  tourteau,  mais  le  rend  plus  susceptible  de 
moisissure,  et  moins  appétissant  aux  animaux  qui  le  mangent  avec  un 
certain  degré  de  répugnance.  La  plupart  de  ces  graines  adventices 
appartiennent  à  la  série  des  crucifères,  c'est-à-dire  le  colza  sauvage, 
le  radis,  la  moutarde,  la  navette,  ainsi  que  d'autres  herbes  sauvages 
dont  les  graines  donnent  au  tourteau  un  goût  amer  non  seulement 
désagréable  au  goût,  mais  encore  positivement  pernicieux  à  la  santé 
de  l'animal. 

En  général,  le  cultivateur  n'a  point  le  temps  de  se  livrer  aux  ana- 
lyses des  substances  auxiliaires  qu'il  achète  comme  nourriture  et 
comme  engrais.  Cependant,  voici  un  moyen  bien  simple  de  se  rendre 
compte  de  la  présence  d'une  quantité  anormale  et  frauduleuse  de 
graines  hétérogènes,  c'est-à-dire  autres  que  celles  de  lin  dans  le  tour- 
teau que  le  commerce  livre  au  cultivateur  comme  étant  pur.  C'est  à 
l'aide  du  microscope  que  l'on  peut  découvrir  cette  fraude.  A  cet  eiîet, 
on  prend  un  échantillon  moyen  de  tourteau,  on  en  pulvérise  assez 
fin  environ  30  grammes  que  l'on  dissout  dans  de  l'eau  froide,  on  ajoute 
un  réactif  quelconque  qui  dissout  la  partie  farineuse  intérieure  des 
graines,  de  manière  à  n'en  laisser  que  les  écailles.  On  lave  ensuite  à 
grande  eau  jusqu'à  ce  qu'il  ne  reste  plus  que  les  écailles.  On  décante 
ensuite  ce  qui  reste  d'eau,  de  manière  à  laisser  les  écailles  à  sec,  puis 
on  les  mélange  bien  ensemble  et  on  en  met  une  petite  quantité  sur 
des  bandes  de  verre,  pour  les  examiner  au  microscope.  C'est  alors 
que  l'on  voit  distinctement  les  écailles  diverses,  chacune  indiquant 
une  espèce  différente  de  graines,  et  on  peut  se  rendre  compte,  approxi- 
mativement il  est  vrai,  mais  d'une  manière  exacte,  de  la  pro|)ortion 
de  ces  graines  en  comparaison  de  celles  de  lin.  On  peut  répéter  cet 
examen  de  manière  à  obtenir  une  moyenne  suffisamment  exacte. 

Avec  le  tourteau  de  coton  décortiqué  d'Amérique,  les  risques  de 
falsification  sont  moindres,  parce  que,  comme  je  l'ai  déjà  dit,  la 
graine  de  coton  diffère  de  toutes  les  graines  adventices,  et  le  mélange 
serait  facilement  découvert.  D'ailleurs  la  culture  que  subit  la  plante 
de  coton  l'isole  à  peu  près  complètement  des  herbes  parasites.  Néan- 
moins, il  existe  une  assez  grande  différence  entre  les  qualités  nutri- 
tives des  lourteaux  faits  avec  cette  graine,  et  l'analyse  chimique  seule 
peut  déterminer  ces  qualités.  Les  grands  consommateurs  doivent  donc 
se  prémunir  contre  les  risques  de  la  fraude  en  achetant  sur  analyse  et 
se  réservant  le  droit  de  faire  analyser  un  ou  plusieurs  échantillons.  Les 
négociants  consciencieux  et  Dieu  merci!  il  y  en  a  beaucoup,  vendent 
toujours  avec  cette  garantie  et  supportent  les  frais  de  l'analyse  qui,  du 
reste,  lorsqu'on  est  membre  d'une  Société  d'agriculture  quelconque, 
sont  insignifiants.  Mais,  après  tout,  la  probité  consciencieuse  du  mar- 
chand est  encore  la  meilleure  garantie  contre  la  fraude.  La  bonne 
renommée  et  le  crédit  d'un  négociant  reposent  directement  sur  sa 
probité  et  sur  la  satisfaction  qu'il  donne  à  ses  clients.  Il  a  donc  intérêt 


468  LE  TOURTEAU   DE  COTON. 

à  ce  que  la  marchandise  qu'il  livre  soit  absolument  telle  qu'il  la  repré- 
sente. La  moindre  erreur,  si  elle  venait  à  être  découverte,  quand  iDien 
même  elle  aurait  été  inconsciente  ou  accidentelle,  lui  porterait  un 
préjudice  trop  grand  pour  qu'il  n'ait  à  cœur  d'en  empêcher  même  la 
possibilité.  Voilà  la  véritable  garantie  du  consommateur! 

Le  tourteau  de  coton  décortiqué  d'Amérique,  que  je  regarde  comme 
le  plus  précieux  auxiliaire  de  l'éleveur  et  de  l'engraisseur,  est  d'un 
usage  encore  fort  restreint  en  France  où  il  n'existe  que  peu  ou  point 
d'importateurs  directs.  Comme  je  l'ai  dit  en  commençant  ce  travail, 
l'emploi  de  ce  tourteau  a  pris,  dans  ces  dernières  années,  une  exten- 
sion extraordinaire  en  Angleterre.  Les  recherches  de  JMM.  Lawes  et 
Gilbert  ont  démontré  la  valeur  fertilisante  du  fumier.  Ainsi  la  valeur 
fertilisante  du  fumier  provenant  de  la  consommation  de  10U0  kilog. 
de  tourteau  de  lin  étant  de  118  francs,  est  pour  la  même  quantité  de 
tourteau  de  coton  décortiqué  d'Amérique  de  165  francs.  Ces  chiffres 
suffisent  pour  donner  une  idée  de  la  valeur  relative  des  deux  espèces 
de  tourteau.  Voici  du  reste  la  composition  chimique  des  tourteaux  de 
coton  de  bonne  qualité  : 

Eau 9     • 

Matières  grasses  (huile) 14.31 

Matières  azotées 42     » 

Sucre,  mucilage,  etc 21.69 

Cellulose,  fibre  ligneuse,  matière  minérale,  etc. ...    14     » 

100.00 

En  comparant  cette  analyse  avec  celle  des  tourteaux  de  lin,  on  voit 
immédiatement  la  supériorité  nutritive  du  tourteau  de  coton. 

En  présence  d'une  aussi  forte  quantité  d'azote  dans  la  composition 
du  tourteau  de  coton  d'Amérique,  on  arrive  naturellement  à  la  con- 
clusion qu'aucune  substance  ahmentaire  n'est  comparable  à  ce  tour- 
teau pour  l'alimentation  du  bétail.  Seulement,  comme  dans  cet  aliment 
il  y  a  une  proportion  très  forte  de  substances  azotées  qui  pourraient 
causer  des  inconvénients  par  leur  extrême  richesse  nutritive,  il  ressort 
de  l'expérience  des  nourrisseurs  et  engraisseurs  qu'il  convient  de  mé" 
langer  le  tourteau  de  coton  avec  une  autre  substance  moins  riche  en 
azote,  mais  contenant  une  plus  forte  proportion  de  matières  grasses. 
De  toutes  les  substances  nutritives  mises  par  le  commerce  à  la  portée 
des  agriculteurs,  nulle  n'est  plus  propre  à  ce  mélange  avec  le  tourteau 
de  coton  décortiqué,  que  le  maïs  réduit  en  farine.  Le  maïs,  à  poids 
égal,  et  quand  il  s'agit  d'engraissement  seulement,  est  même  plus 
avantageux  que  le  tourteau  de  coton  décortiqué.  Ainsi,  toutes  choses 
égales  d'ailleurs,  un  lot  de  moutons  recevant  250  grammes  par  jour  de 
tourteau  de  colon  comme  nourriture  auxiliaire,  donnera  un  rendement 
moins  satisfaisant  comme  "engraissement,  qu'avec  la  même  quantité 
de  farine  de  maïs.  Mais  pour  le  nourrisseur  de  vaches  laitières  et  pour 
l'éleveur,  ces  deux  substances  mélangées  en  parties  égales  donnent  un 
rendement  des  plus  satisfaisants. 

Au  mois  de  novembre  de  l'année  1879,  le  D"  Vœlcker,  au  cours 
d'expérience  sur  la  valeur  fertilisante  de  fumiers  produits  par  la  con- 
sommation de  diverses  substances  alimentaires  par  8  bœufs  choisis 
à  cet  effet,  eut  l'idée  de  continuer  son  expérience  sur  les  effets  des 
trois  substances  nutritives  dont  il  s'était  servi  ;  c'est-à-dire  le  tourteau 
de  coton  décortiqué  d'Amérique  mélangé  avec  de  la  farine  de  maïs, 
et  le  tourteau  de  liii  tout  seul.  A  la  lin  de  l'expérience  pour  le  fumier, 


LE  TOURTEAU  DE  COTON.  469 

les  8  bœufs  furent  replacés  dans  leurs  boxes  le  9  novembre  1879,  étant 
déjà  en  bonne  condition  d'embonpoint,  mais  non  parvenus  à  leur 
maximum  d'engraissement.  Le  but  de  la  nouvelle  expérience  fut  de 
savoir  s'il  est  plus  avantageux  de  donner  aux  animaux  à  l'engrais,  du 
tourteau  de  lin,  qu'un  mélange  de  tourteau  de  coton  décortiqué  avec, 
de  la  farine  de  maïs,  comme  nourriture  auxiliaire,  ajoutée  aux 
rations  ordinaires  de  racines  et  de  paille  hacliée. 

{La  suite  prochainement).  F.-R.  de  la  ïréhonmais. 

CONSEIL  SUPÉRIEUR  DE  L'AGRICULTURE' 

Le  Conseil  supérieur  de  ragri'-.ulture  s'est  réuni,  le  mercredi  [14  mars  couranl. 
sous  la  présidence  de  M.  le  ministre  de  l'agriculture. 

En  ouvrant  la  séance,  M.  Méline  a  remercié  le  Conseil  du  concours  qu'il  vou- 
lait bien  lui  prêter;  il  a  ajouté  qu'il  était  dans  l'intention  de  lui  soumettre  de; 
nombreuses  et  très  importantes  questions  qui  exigeront  de  sa  part  beaucoup  de 
travail  ;  mais  il  est  convaincu  que  le  Conseil  est  trop  pénétré  de  la  grandeur  de 
sa  mission  pour  ne  pas  accorder  au  gouvernement  son  concours  le  plus  actif  et  le 
empressé.  Il  rendra  ainsi  à  l'agriculture  les  services  qu'elle  est  en  droit  d'attendre 
d'une  aussi  éminente  représentation.  M,  le  ministre  a  signalé  ensuite  au  Cmseil 
trois  sujets  importants  d'étude  qui  pourraient  utilement  faire  l'objet  de  ses  plus 
prochaines  délibérations. 

Le  premier  consiste  à  rechercher  les  moyens  d'instituer  dans  chaque  départe- 
ment une  représentation  permanente  des  intérêts  agricoles. 

La  seconde  proposition  a  pour  objet  de  faire  étudier  par  le  Conseil  supérieur 
les  qupstio  s  relatives  à  la  revision  des  tarifs  de  chemins  de  fer  qui  intéressent  à 
un  si  haut  degré  l'agriculture  française. 

Le  troisième  projet  dont  le  ministre  a  entretenu  le  Conseil  a  pour  but  la  répres- 
sion des  fraudes  apportées  dans  le  commerce  des  engrais. 

M.  le  ministre  a  ajouté  que  toutes  ces  questions^  quoique  très  importantes, 
ne  devaient  cependant  pas,  dans  sa  pensée,  être  un  obstacle  à  l'examen  et  à  la 
discussion  immédiate  des  projets  déjà  étudiés  par  le  Conseil,  et  dont  plusieurs 
ont  fait  l'objet  des  rapports  spéciaux  qui  peuvent  être  placés  immédiatement  en 
tête  de  l'ordre  du  jour  de  ses  séances,  tels  que  les  projets  de  la  Commission  de 
viticulture,  de  la  Commission  des  voies  de  communication  et  de  la  Commission  du 
dégrèvement  des  impôts  fonciers. 

Le  Conseil  a  décidé,  conformément  à  cet  ordre  d'idées,  de  placer  en  tête  de  Tor- 
dre du  jour  de  sa  prochaine  réunion  l'examen  des  propositions  de  la  Commission 
de  viticulture,  que  nous  résumons  ci-après  : 

1"  Développement  de  l'enseignement  agricole  ; 

2°  Revision  de  l'impôt  sur  les  boissons  ; 

3"  Réduction  des  prix  des  transports  des  vins  sur  les  chemins  de  fer  ; 

4°  Réduction  des  droits  de  douane  dont  sont  frappées  les  matières  premières 
nécessaires  à  la  viticulture  ; 

5"  Etablissement,  dans  le  plus  bret  délai,  de  nombreux  travaux  d'irrigation  ; 

6°  Demande  que  des  encouragements  soient  accordés  à  tous  ceux  qui,  à  un  titre 
quelconque  auront  rendu  des  services  à  la  viticulture  dans  la  question  du  phylloxéra  ; 

7°  Demande  d'extension  aux  vignobles  français  des  avantages  assurés  par  la  loi 
aux  terrams  susceptibles  d'être  soumis  aux  opérations  du  drainage. 

M.  Jametel,  député,  a  donné  ensuite  leqture  du  remarquable  rapport  qu'il  a 
a  préparé  au  nom  de  la  Commission  des  voies  de  communication,  et  qui  renferme 
les  propositions  suivantes  : 

Gréer  dans  chaque  département  un  réseau  unifié  de  chemins  vicinaux  départemen- 
taux, comprenant  les  routes  départementales,  les  chemins  de  grande  communication 
et  ceux  des  chemins  vicinaux  ordinaires  dont  l'imijortance  justifierait  le  classement. 

Une  revision  générale  des  classements  actuels  et  la  constitution  du  nouveau 
réseau  seraient  opérées  sous  le  contrôle  de  l'Etat, 

Les  chemins  de  moyenne  communication  et  les  chemins  vicinaux  classés  devien- 
draient la  propriété  des  départements,  sauf  les  plantations  existantes  qui,  jusqu'à 
leur  maturité,  resteraient  acquises  aux  communes. 

I.  Compte  rendu  publié  pur  le  Journal  Officiel  du  17  mars. 


470  CONSEIL  SUPÉRIEUR  DE  L'AGRICULTURE. 

Les  départements  seraient  tenus  d'assurer  l'entretien  des  réseaux  ainsi  consti- 
tués. Pour  concourir  à  cet  entretien,  l'Etat  allouerait  une  somme  de  30  millions 
au  minimum  à  répartir  entre  les  départements.  Les  communes  intéressées  con- 
tribueraient à  cet  entretien,  dans  la  proportion  de  \ew  intérêt,  mais  seulement 
jusqu'à  concurrence  de  la  valeur  d'une  journée  de  prestation. 

Les  centimes  ordinaires  spéciaux  delà  vicinalité,  votés  dans  chaque  commune 
lui  demeureraient  expressément  réservés. 

La  prestation  efïcctuée  en  nature  ne  pourrait  être  employée  que  sur  le  territoire 
de  la  commune. 

Dans  chaque  département,  il  serait  opéré  par  le  Conseil  général  une  revision 
des  tariis  de  prestation  sur  des  bases  uniformes. 

Sur  l'avis  du  Conseil  général,  dans  chaque  département,  l'administration  aurait 
la  faculté  de  convertir  les  prestations  en  nature,  non  rachetées  en  argent,  en 
tâches  consistant  en  fournitures  de  matériaux  ou  en  charrois,  travaux  de  terras- 
sement, etc. 

Une  revision  du  réseau  ou  des  tarifs  pourrait  avoir  lieu  après  une  période  de 
cinq  ans. 

La  loi  de  18J6  serait  maintenue  et  appliquée  au  nouveau  réseau  vicinal,  sauf  les 
modifications  indiquées  ci-dessus. 

Le  rapport  de  M.  Jametel  constate,  en  terminant,  que  les  mesures  proposées 
parla  Commission  nécessiteraient,  pour  l'entretien  du  nouveau  réseau,  une  somme 
d'environ  82  millions  de  francs. 

La  Commission  estime  qu'il  pourrait  y  être  pourvu  à  l'aide  des  ressources 
suivantes  : 

Subvention  de  l'Elat 30,000,000 

Une  journée  de  prestation  des  communes 20,000,000 

La  dotation  actuelle  des  rouies  départementales 14,810,000 

La  somme  représentant  le  concours  actuel  des  départements 
à   l'entretien   des  chemins  de  grande   et  de   moyenne 

communication '. 17,000,000 

Toial  ix  peu  près  égal 81,810,000 

Après  la  lecture  du  rapport  de  M.  Jametel  Je  Conseil  supérieur  a  décidé  qu'avant 
de  le  mettre  en  discussion,  il  y  avait  lieu  de  l'adresser  à  tous  les  Conseils  géné- 
raux de  France,  pour  avoir  leur  avis  sur  les  propositions  qui  y  sont  contenues. 

M.  Girerd  a  rendu  compte  également  des  travaux  de  ia  Coumission  des  dégrè- 
vements des  impôts  fonciers,  dont  il  est  le  président. 

Cette  Commission,  après  examen  et  discussion,  a  écarté  la  réduction  du  princi- 
pal de  l'impôt  foncier. 

Elle  a  ajourné  toute  réduction  nouvelle  sur  : 

Les  sucres  ;  les  alcools  ;  le  sel. 

Elle  a  retenu,  pour  les  examiner  ultérieurement,  les  sujets  d'études  ci-après  : 

La  déduction  des  dettes  dans  la  fixation  des  droits  de  succession; 

Une  modification  aux  droits  perçus  sur  les  mutations  d'usufruit  et  de  nue  pro- 
priété ; 

La  suppression  du  double  décime  dans  toutes  les  mutations. 

Enfin,  elle  a  préparé  un  projet  sur  les  échanges  d'immeubles  ruraux  non  bâtis 
et  a  émis  un  vœu  relatif  à  l'élargissement,  dans  une  mesure  prudente,  de  la  facul- 
té de  déclarer  command. 

M.  Lyon-Caen,  rapporteur  de  cette  Commission,  a  donné  lecture  au  conseil  du 
rapport  préparé  par  lui  sur  le  projet  relatif  aux  échanges  d'immeubles  ruraux 
non  bâtis. 

Ce  rapport  constate  que  la  Chambre  des  députés  est  saisie  d'un  projet  qui  donne 
une  complète  satisfaction  aux  désirs  de  la  Commission,  dont  la  tâche  se  trouve 
ainsi  simplifiée. 

Le  Conseil  a  ensuite  procédé  à  la  nomination  des  trois  commissions  chargées  de 
l'étude  des  questions  relatives  :  1°  à  la  revision  des  tarifs  de  chemins  de  fer  ; 
2°  aux  moyens  d'assurer  à  l'agriculture  une  représentation  officielle  dans  chaque 
département  ;  3°  et  à  la  repression  des  fraudes  commises  dans  le  commerce  des 
engrais. 

Le  conseil  s'est  ensuite  ajourné  après  les  vacances  de  Pâques  ;mais  il  a,  au 
préalable,  assuré  à  ses  réunions  une  périodicité  régulière,  en  décidant  qu'il  tien- 
drait séance  tous  les  quinze  jours,  le  vendredi. 


SITUATION   AGRICOLE    EN    ANJOU.  471 


SITUATION  AGRICOLE  EN  ANJOU 

Nous  avons  eu  un  hiver  très  humide,   et  au  mois  de  février  une 
série  de  beau  temps  ensoleillé,  qui  avait  hâté  le  départ  des  premiers 
bourgeons;  mais,  avec  mars,  le  mauvais  temps  nous  est  revenu ,  et  la 
froidure  aussi. 

Le  6  avec  de  la  neige  le  thermomètre  est  descendu  à  —  5°,  le  7,  à 
—  7°,  le  8  à  —  1"  également.  La  conséquence  de  ce  refroidissement 
subit  a  été  la  perte  de  beaucoup  de  bouquets  floraux,  chez  les  poiriers, 
les  pêchers,  les  abricotiers  et  les  pruniers. 

Les  jardins  ont  aussi  beaucoup  souffert  et  les  longues  pousses  de 
clématites  Jakmani  ont  été  brûlées  par  la  gelée  ;  les  pivoines,  les  roses, 
les  lilas,  et  nombre  d'autres  arbustes  ont  également  souffert. 

Les  emblavures  d'hiver  sont  en  bon  état;  les  blés  sont  drus, 
verts  et  bien  piqués.  Elles  ont  pu  en  grande  partie  être  faites  à 
l'automne,  il  n'en  restait  guère  qu'un  cinquième  en  souffrance.  Cela 
provient  de  ce  que  nos  vendanges  ont  été  presque  nulles  en  1882, 
comme  quantité  j'entends,  car  la  qualité  des  vins  rouges  et  blancs 
est  moyenne,  elle  semble  même  se  relever  un  peu  à  la  suite  des  pre- 
miers soutirages. 

Les  choux  ont  été  légèrement  frappés  par  les  dernières  gelées.  Cela 
est  sans  grande  importance,  car  ils  louchent  à  leur  fin. 

Les  semailles  de  printemps  qui  restent  à  faire,  se  font  tant  bien  que 
mal,  à  ti'avers  le  fort  temps  qui  nous  est  revenu.  Cependant,  je  crois 
qu'elles  touchent  à  leur  fin,  parce  que  les  fermiers  se  sont  hâtés  de 
mettre  à  profit  les  beaux  jours  du  mois  de  février. 

Au  milieu  de  tous  ces  contretemps,  les  fourrages  n'ont  fort  heu- 
reusement pas  manqué  aux  animaux  de  rente.  Aussi  les  marchés  de 
l'Anjou  sont-ils  bien  garnis;  jusqu'aux  premiers  jours  de  mars,  les 
prix  ont  été  très  avantageux,  et  les  bêtes  grasses  s'enlevaient  preste- 
ment; mais  sur  les  derniers  marchés,  les  vendeurs  ont  trouvé  une 
détente  sérieuse  qui,  je  l'espère,  ne  sera  que  passagère. 

En  résumé,  noire  culture  n'est  pas  dans  de  trop  mauvaises  condi- 
tions, elle  serait  même  dans  de  très  bonnes,  si  le  blé  se  vendait  mieux; 
et  si  la  viande  reprenait  son  cours  d'il  y  a  quinze  jours.  La  préférence 
donnée  par  l'intendance  de  Bretagne  aux  blés  étrangers,  a  contribué 
singulièrement  à  enrayer  les  cours  du  blé  sur  les  marchés  de  l'Anjou. 
Cela  est  très  malheureux.  A.  Bouchard. 

PANIQUES  EN  FOIRE-  —  CAUSE,  PRÉSERVATIF 

Les  paniquesen  foire  deviennentfréquentes.  On  en  cherche  la  cause 
qu'on  a  d'abord  attribuée  à  la  mouche  hippobosque,  dite  mouche 
plate;  mais,  comme  ces  paniques  sévissent  aussi  bien  en  hiver  qu'en 
été,  en  hiver,  où  pas  un  moucheron  ne  bourdonne,  cette  explication 
a  dû  être  abandonnée. 

Puis,  en  vertu  du  penchant,  inné  dans  les  multitudes  surtout,  de 
mettre  toute  mésaventure  sur  le  compte  de  la  malveillance,  on  a  vu, 
dans  ces  alertes  subites,  la  main  des  pick-pockets,  qui,  pour  voler 
plus  à  l'aise,  provoqueraient  ces  débandades  désordonnées,  au  moyen 
de  quelque  composition  d'eux  seuls  connue. 


472  PANIQUES  EN   FOIRE.  —  CAUSE,     PRÉSERVATIF. 

Si  celte  dernière  raison  était  la  vraie,  les  paniques  séviraient  de 
préférence  sur  les  marchés  des  grandes  villes,  où  les  voleurs  sont  plus 
nombreux,  et  les  porte-monnaies  mieux  garnis,  or  c'est  le  contraire 
qui  arrive  :  plus  une  localité  est  pauvre,  plus  ses  foires  sont  sous  le 
coup  de  ces  affolements  redoutables. 

Mais,  sans  recourir  aux  drogues  répandues  à  mauvaise  fin,  n'y 
a-t-il  pas,  dans  la  nature,  une  matière  ayant  la  propriété  d'affoler  le 
bétail?  Le  sang  versé  ne  produit-il  pas  cet  effet?  Nous  savons  tous 
que  la  senteur  du  sang,  sa  couleur  seule,  rend  furieuses  les  bêtes 
aumaiiles.  Qu'un  troupeau  de  vaches,  une  bande  de  bœufs,  vienne  à 
passer  sur  un  terrain  où,  une  saignée  ayant  été  pratiquée,  la  place  s'est 
imprégnée  de  sang,  on  voit  soudain  un  de  ces  animaux  émettre  un 
beuglement  sourd  et  prolongé,  lequel  est  à  l'instant  répété  par  toute 
la  troupe,  qui,  entrant  en  furie,  s'entreprend  des  cornes  et  commence 
à  se  battre  avec  rage. 

Nous  avons  là  une  représentation  fidèle  de  ce  qui  se  passe  en  un 
foi  rail,  quand  une  terreur  panique  y  fait  explosion. 

Or,  ces  émanations  du  sang  versé,  qui  irritent  jusqu'à  la  frénésie 
le  bétail,  elles  se  retrouvent  dans  toutes  les  foires,  non  plus  en  se 
dégageant  du  sol,  mais  en  se  dégageant  des  mains  et  des  vêtements 
des  nombreux  bouchers,  qui  ne  manquent  pas  d'y, venir  palper,  en 
un  examen  des  plus  minutieux  et  des  plus  topiques,  les  animaux 
qu'ils  veulent  acheter.  Comment  ce  ruminant,  qu'une  tache  de  sang 
horripile,  n'entrerait-il  pas  en  folie  furieuse  au  toucher  de  ces  mains, 
au  frôlement  de  ces  habits,  tant  de  fois  ensanglantés,  qui  sont  mis  en 
contact  avec  ses  naseaux  ! 

Les. bouchers  de  campagne,  soit  dit  sans  les  froisser,  ne  sont  pas  en 
général  d'une  propreté  irréprochable  :  on  en  voit,  et  souvent,  venir 
sur  le  foirail  en  tenue  de  travail.  Chacun  de  nous,  en  approchant  de 
ces  très  utiles  préparateurs,  n'a  pu  qu'être  frappé  de  l'odeur  de  bou- 
cherie qu'exhale  toute  leur  personne.  Si  cette  senteur  nous  affecte, 
combien  plus  elle  doit  affecter  un  animal  dont  l'odorat  dépasse  si  fort 
le  nôtre  en  finesse  et  en  portée  ? 

Il  y  avait  jadis  moins  de  paniques  en  foire,  parce  qu'il  y  avait 
moins  de  bouchers.  A  présent,  chaque  village  a  le  sien,  qui  tue  en  sa 
maison  et  y  met  en  quartiers. 

Si  les  paniques  ne  sévissent  jamais  sur  les  marchés  des  grandes 
villes,  cela  tient  à  ceci  :  que  messieurs  les  bouchers  de  ville  sont  plus 
propres  sur  eux  que  leurs  confrères  les  ruraux.  Et  puis,  les  bouchers 
de  ville  n'abattent  ni  ne  dépècent  eux-mêmes  ;  ils  ont  pour  ces  grosses 
besognes  des  aides  qui  ne  quittent  guère  l'abattoir. 

A})rès  cela,  loin  de  moi  la  pensée  de  songer  à  faire  interdire  aux 
bouchers  l'entrée  de  ces  foires,  dont  ils  sont,  je  ne  dirai  pas  le  plus 
bel  ornement,  mais  l'organe  le  plus  nécessaire.  Leur  recommander, 
d'autre  part,  d'échanger,  avant  de  se  rendre  au  marché,  leur  linge 
souillé  contre  du  linge  frais,  comme  aussi  de  se  laver  les  mains 
jusques  aux  coudes,  selon  le  précepte  musulman,  tout  cela  serait  évi- 
demment peine  perdue  et,  au  surplus,  n'aboutirait  pas  à  grand'chose, 
vu  que  les  émanations  dont  ils  sont  imprégnés  adhèrent  à  tout  leur 
individu,  barbe  et  cheveux  compris. 

Mais,  sansrecourir  à  la  moindre  contrainte,  leremède,  Dieu  merci, 
est  des  plus  simples  et  des  plus  faciles. 


PANIQUES  EN    FOIRE-.   —  CAUSE,  PRÉSERVATIF.  473 

Il  y  suffirait  (Vua  arrêté  municipal,  obligeant  toute  b'îte  bovine, 
sitôt  arrivée  sur  le  champ  de  foire,  à  être  solidement  attachée  aux 
barrières,  bornes,  anneaux  qui  sont  disposés  ou  qu'on  disposerait 
à  cette  fin. 

Un  bon  licou,  une  solide  attache,  et  l'on  n'entendra  plus  parler  de 
ces  alertes  qui  nuisent  aux  transactions,  en  mettant  en  fuite  vendeurs 
et  acheteurs,  quand  elles  ne  vont  pas  jusqu'à  les  estropier. 

Honoré  Sclafer. 

LES  ENGRAIS  A  LA  FERME 

Monsieur  le  directeur,  depuis  les  d-îux  dernières  communications  que  j'ai  eu 
l'honneur  de  vous  adresser  en  novembre  et  décembre  dernier,  j'ai  reçu  un  assez 
grand  nombre  de  lettres  me  demandant  avec  raison  la  suite  que  j'ai  promise  alors, 
et  les  réclamations  ne  cessent  de  m'arriver. 

Je  n'ai  pu  continuer  comme  je  l'espérais.  Je  viens  m'en  excuser  et  m'en 
expliquer  auprès  de  vous  et  auprès  de  vos  bienveillants  lecteurs  qui  ont  attendu 
avec  beaucoup  d'indulgence,  mais  qui  s'impatientent  tout  en  accentuant  l'utilité 
qui  ressort,  pour  raj;riculture  en  général,  de  la  question  soulevée,  et  surtout  de 
la  solution  pratique  à  lui  donner  pour  la  faire  aboutir. 

Ici,  tout  le  monde  a  raison,  car  c'est  ce  dernier  point  qui  est  le  plus  important, 
et  c'est  là  précisém3nt  ce  qui  m'a  arrêté  net  le  jour  où  j'ai  entrevu  qu'une  heu- 
reuse et  sérieuse  combinaison  pouvait  permettre  de  réaliser  pratiquement  ce  que 
je  n'avais  pu  que  laisser  entrevoir,  et  de  donner  bientôt  satisfaction  à  tous  les 
intéressés. 

C'est  donc  à  la  faveur  de  ces  arrangements  que  l'agriculture  pourra  disposer 
prochainement  du  réactif  dont  il  est  question,  qui  possède  tant  de  propriétés 
remar  juables,  et  dont  l'étude  et  les  applications  durent  depuis  deux  ans,  sansque 
le  sujet  soit  encore  épuisé. 

Voilà  mon  excuse,  et  chacun  jugera  sans  doute  qu'il  valait  mieux  aller  droit  au 
but  et  à  la  conclusion  que  de  s'en  tenir  à  l'énoncé  des  moyens. 

Le  projet  dont  je  parle  va  recevoir  son  exécution,  et  alors,  je  l'espère,  je  pourrai 
reprendre  et  achever  le  travail  de  longue  haleine  que  j'ai  en  vue,  qui  embrasse 
véritablement  un  ensemble,  un  tout  d'un  réel  intérêt  pour  l'agriculture  et  pour 
différentes  industries  qui  s'y  rattachent  directement. 

Je  n'oublierai  rien  de  ce  que  j'ai  promis  volontairement,  mais  je  sollicite  de 
vos  lecteurs,  si  bienveillants  toujours,  comme  je  viens  de  le  voir  à  nouveau,  et  si 
indulgents  dans  leur  imoatience,  un  peu  de  patience  encore,  en  prenant  de  mon 
côté  l'engagement  formel  de  donner  satisfaction  à  chacun,  sur  chacun  des  points 
que  j'ai  énoncés,  et  qui  se  résument  en  ceci  :  Nouvelle  production  abondante  et 
économique  d'engrais  à  la  ferme,  à  l'aide  de  moyens  entièrement  nouveaux,  et 
qui  devront  se  traduire  assez  rapidementparplusieurs  milliers  de  tonnes  par  mois. 

Tout  cela  prend  beaucoup  de  temps,  plus  qu'on  ne  pense,  et  au  fond  je  n'ai  là 
qu'un  apport  de  bonne  voloaté.  Mais  si  le  malheur  m'a  terrassé  et  cruellement 
meurtri  en  Norvège,  tout  en  privant  notre  agriculture  de-<  ressources  impor- 
tantes que  j'avais  entrevues  pour  elle,  et  desquelles  toute  l'Europe  a  su  profiter 
excepté  nous,  je  vais  du  moins  pouvoir  prendre  ici  une  glorieuse  revanche,  bien 
que  mon  action  soit  limitée  désormais  à  une  simple  mais  active  coopération. 

Je  ne  suis  et  ne  veux  être  marchand  de  rien  du  tout,  et  ne  réclame  donc  que 
la  paisible  et  utile  liberté  de  faire  encore  le  bien.  Mais  puisque  l'occasion  s'en 
présente,  et  que  je  retrouve  l'hospitalité  chez  vous,  permettez-moi,  cher  M  )n3ieur, 
de  le  dire  bien  haut  :  Peu  d'hommes,  hélas!  ont  l'honneur  de  comprendre  cela 
aussi  largement  et  aussi  libéralement  que  vous,  ainsi  que  j'ai  pu  le  constater  pen- 
dant trente  ans,  dans  plusieurs  circonstances  mémorables  quf^  je  n'ai  pis  oubliées. 

Veullez  agréer,  etc.  F.  Rouart, 

r.  Charles-Laflilte,  71,  Neuilly-Paris. 

SOCIÉTÉ    NATIONALE    D'AGRICULTURE 

Séance  du  21  mirs  1883.  —  Présidence  de  M.  Chevreul. 
M.  Vallerand,  agriculteur  à  Moulïliye  (Aisne),  correspondant  de  la 
Société,   envoie  une  notice  sur  si  célèbre  charrue  dite  la  Révolution. 


474  SOCIÉTÉ   NATIONALE  D'AGRICULTURE  DE  FRANCE. 

M.  Bouchard,  secrétaire  de  la  Société  industrielle  et  agricole  de 
Maine-et-Loire,  fait  hommage  d'une  notice  sur  le  dosage  de  l'alcool  et 
de  l'extrait  dans  les  vins  d'Anjou. 

M.  Pierre  Dufour,  directeur  de  la  ferme-école  du  Lot,  envoie  le 
compte  rendu  de  celte  ferme  pour  1882;  —  M.  Briot,  inspecteur  des 
forêts,  une  étude  sur  l'économie  pastorale  des  Hautes-Alpes;  — 
M.  Léo  d'Ounous,le  compte  rendu  de  l'Orphelinat  agricole  deSaverdun 
(Ariège). 

M.  Barrai  analyse  le  premier  fascicule  pour  1883  du  Bulletin  du 
ministère  de  l'agriculture. 

M.  Bouley  donne  lecture  d'un  rapport  sur  un  travail  de  M.  Gsell 
relatif  aux  épanchements  pleuraux.  Il  signale  l'importance  des 
essais  de  traitement  qui  doivent  être  renouvelés  pour  asseoir  la  méthode 
que  l'auteur  préconise. 

M.  Chabot-Karlen  présente  les  conférences  piscicoles  et  les  instruc- 
tions pratiques  qu'il  vient  de  publier  pour  l'enseignement  de  la  ^pisci- 
culture;  il  insisie  sur  la  part  qui  revient  à  M.  de  Tillancourt,  ancien 
membre  de  la  Société,  dans  l'organisation  &d  cet  enseignement.  11 
présente  ensuite  plusieurs  études  sur  la  pisciculture  en  eaux  salées  et 
sur  la  pisciculture  d'eau  douce,  dues  à  M.  Gobin,  professeur  départe- 
mental d'agriculture  du  Jura  ;  ce  manuscrit  est  renvoyé  à  la  Section 
d'économie  des  animaux. 

Sur  la  demande  transmise  par  M.  Dumas,  empêché  d'assister  à  la 
séance,  la  Société  décide  l'ajournement  de  la  discussion  du  rapport 
de  M.  d'Esterno  sur  les  fraudes  dans  le  commerce  des  engrais. 

M.  Gareau  demande  que  la  Société  déclare  la  vacance  pour  une 
place  de  membre  étranger  dans  la  Section  d'économie  des  animaux. 

M.  Prillieux  présente  des  renseignements  qui  lui  ont  été  transmis 
par  M.  Grosjean  sur  certains  cryptogames  parasites  de  la  vigne  en 
Amérique.  Une  discussion  s'engage  entre  M.  Prillieux  et  M.  3iax-Cornu 
relativement  à  l'identité  de  forme  entre  l'anthracnose  des  viarnes  en  Amé- 
rique  et  l'anthracnose  des  vignes  en  France.  M,  Cornu  soutient  cette 
identité,  en  s'appuyant  sur  les  observations  de  M.  Planchoa. 

M.  Barrai  présente,  au  nom  de  M.  Dumas,  une  étude  de  M.  Guleron, 
sur  l'emploi  pratique  du  sulfocarbonate  de  potassium  contre  le  phyl- 
loxéra dans  le  midi  de  la  France.  Il  insiste  sur  l'importance  des  expé- 
riences auxquelles  M.  Culeron  s'est  livré  sur  les  meilleures  conditions 
de  l'emploi  de  cet  insecticide. 

M.  Ëug.  Thiac  fait  une  communication  sur  les  vœux  qu'il  a 
exprimés  relativement  à  la  création  d'un  enseignement  spécial  pour 
les  gardes  forestiers  parti^^uliers,  ainsi  que  sur  l'ouverture  de  la  circu- 
lation dans  les  chemins  de  vidange  des  forêts  de  l'Etat;  il  insiste  pour 
que  ces  vœux  soient  de  nouveau  soumis  à  l'examen  de  la  Section  de 
sylviculture.  Henry   Sagkier. 

REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(24  MARS  1883). 
I.  —  Situation  générale. 
Les  marchés  agricoles  ont  été  peu  iVéquentés  durant   cette  semaine.  Pour  la 
plupart  des  denrées,  les  transactions  ne  présentent  qu'une  faible  importance. 

II.  —  Les  grains  et  les  farines. 
Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal  métrique, 
su.'  les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger  : 


REVQE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT  (24  MARS  1883). 


475 


1"  REGION.  —  NORD-OITEST. 


fr. 

23.20 
2'i.00 
23.75 
23.25 
2'i.50 
23.75 
2'i.50 
25.00 
26 .  00 
26.50 
26. JS 
25. 'lO 
25 .  50 
24.00 
25.00 
24,75 
25.50 
25.75 


Seigle. 

fr. 

t6.50 

» 
18.50 

» 
17.00 

» 

» 

19.50 

» 

17.00 
17.50 
16.00 
15.00 


—  NORD. 

i.OO  15.50 
i.65  16. UO 
14.50 
15.00 
14.00 
14.50 
13.70 
14.25 


Calvados.  Caen 

—  Lisieux 

Côt.-du-Nord.  r.atinion 

—        Treguier 
Finistère.  Morlaix 

—  Ouitnpcr 

Ule-et-Vilainc.  Hennés. 

—        Fougères  . 
Manches.  Avranclies. . 

—  Pontorson... 

—  Villedieu 

Mayenne.  Laval 

—  ChiUeau-Gontier. 
Morbihan.  Hennebont.. 
Orne.  Alençon 

—  Mortagne 

Sarthe.  Le  Mans 

—  Sablé ,. 

Prix  moyens 24 

2°   RÉGION 

Aisne.  Soissons 24 

—  Saint-Quentin...  24 

—  Chàteau-Tliierry.  23 
Eure.    Bernay 24 

—  Louviers 24 

—  Neuhourg 23 

Eure-et-Loir.  Chartres..  24 

—  Auneau 2^ 

—  Nogent-Ie-Roti-QU.  25 
Nord.  Cambrai 25. 

—  Lille 27 

—  Valeniîiennes 26 

Oise.  Beauvais 22 

—  Gompiègne 22, 

—  Noyon 24. 

Pas-de-Calais.  Arras. . .  "26. 

—  Doallens 25. 

Seine.  Paris 25. 

S.-et-Mar.  .Meaux 24 

—  Melun 26. 

—  Nemours 24. 

S.-e<-Oise.  Etampes 25. 

—  Pontoise 24 

—  Versailles 24 , 

Seine-Inférieure. Konen.  24. 

—  Dieppe 24. 

—  Fécamp 23. 

Somme,  .\miens 23. 

—  Péronne 24. 

—  Roye 

Prix  moyens 24.35     14.92 

3*  E!;giON.  —  NORD-EST 
Ardennes.  Charleville.   . 

—  Sedan 

Aube.  Troyes 

—  Bar-sur-Aube. . . .. 

—  Nogent-sur-Seine. 
Marne.  Epernay 

—  Reims 

—  Sézanne 

I/te-Marne.  St-Dizier... 
Meurlhe-el-Mos.  Nancy. 

—  Lunéville 

—  Tool 

Meuse.  Bar-le-Duc 

—  Verdun 

Haute-Saône.  Gray 

—  Vesoul 

Vosges.  Neufchâteau. . . . 

—  Epinal 


fr. 

18  50 
19.00 
i5.25 
17.50 
14.50 
15.75 
16.00 

» 
20.50 

19  25 
19  20 
15.50 
16.00 

19.00 
18.00 
15.50 
16.50 


.20 
,00 
.00 
,50 

50 

00 

25 

00 

00 

25 

00 

50 

00 

50 
,20 

00 

40 

50 

05 

00 
.50  » 

.15     14.25 


15.25 

17.00 
15.50 
14.00 
15.15 
14.75 
15.50 
14.25 
15.85 
15.00 
15.15 
15.50 
15.25 
io.OO 
14.50 
14.75 
14.50 
14.75 
14.50 


15.75 
15.50 
15. 25 
14.50 
15.25 
14  50 
14.75 
i4.25 
14.50 
» 

16.25 
16  25 


15.25 
15.50 


18.25 
13.50 
19.70 
17.00 
17.25 
20.00 
18.25 
18.75 
16.75 
19.75 
13.75 
18.00 

18.25 
18.75 
19.50 
18  00 
19.50 
17.25 
17.25 
19.00 
18.00 
18.90 


18.50 

17.50 
18.34 


18.25 
18.25 
17.50 
16.75 
19.00 

» 
16.75 
17.50 
17.50 
17   50 

16.00 
10.75 
16.50 


Avoine. 

fr. 

21.25 
21.00 
17.75 
16.85 
15.50 
16.00 
17.50 
16.25 
23.00 
20.50 
21.50 

)) 
17.25 
19.50 
20.25 
18.25 
21.25 
20.00 


17.50 
17.00 
17.50 
15.00 
18.50 
17.75 
13.00 
17.75 
18.50 
17.20 
17.25 
17.50 
16.25 
13.00 
16.50 
16.00 
16.80 
18.25 
18.00 
18.00 
17.00 
18.50 
17.25 
19.00 
19.60 
19.00 
18.00 
19.00 
17.00 
16.50 

17.68 


18. 50 
19.25 
17.00 
18.00 
18.50 
17.75 
17.25 
18.00 
16. 50 
16.50 

16.00 
17.25 


16.75 
«6.00 


Prix  moyens 23.36     15.17     17.36     17.26 


4°  RÉGION.  —  OUEST. 
Charente.  .\ngoulôme...  26.25 

—  Rufïec 26.00 

Char.-Infér.  Marans 24.00 

Deux-S:-i'ri:s.  Niort 24.50 

Indre-et-Loire.  Bléré 25.50 

—  l.iiàteau-Renault. .  25.20 

ioire-M/".  Nantes 26.50 

M.-et-Loif':  saunitir 26  00 

—  Angers 24.75 

Fendée.  Luçon 25.00 

—  Fontenay-le-Comte  25.20 
Vienne.  Chalellerault. . .  25.20 

—  PoitJerr- 25.50 

Haute-Vienne. Luvoges..  26.75 


17.25 
17.50 


15.00 
15.00 
15.75 
15.75 
15.00 


18.75 
17.00 
17.50 
19.50 
18.50 
19.00 
17.35 
20.50 
18.25 
13.5  I 
18.75 
18.50 
1 8 .  00 


18.50 
17.25 
17.50 
18.00 
18.25 
18.50 
17.50 
17.65 
21.00 
17.20 
17.00 
17.25 
16.75 
13.75 


5'  RÉGION.  —  CEXÏRE. 


Allier.  Monthiçon 

—  Gannat 

—  Saint-Pourçain 
Cher.  Graçay 

—  Aubigny 

—  Vierzon 

Creuse.  Aubusson 

Indre.  Chàteauroux 

—  Issoudun  .... 

—  Valençay.... 
Loiret.  Montargis 

—  Gien 

—  Pithiviers 
L.-et-Cher.  Blois 

—  Montoire 

A'ièvre.  Nevers 

—  La  Charité... . 
Yonne.  Brienon 

—  Saint-Florentin 

—  Tonnerre 


15.04 
EST. 

17.23 
15.70 
15.50 


14.25 
15.00 
16.00 
1 6 .  25 
15.00 
15.50 
16.00 
» 

15.66 

OUEST 

13.00 
17.00 
17.80 
17.50 
18.00 


16.75 
18.50 
19.50 
20.00 
18.00 

16.50 


18.50 
19.25 


19  00     19.25 


Prix  moyens 25.45     16.00     18.47     17.94    I 


Prix  moyens 24.75 

6*   RÉGION.  — 

-lin.  Bourg 25.60 

—  Pont-dc-Vaux 24.75 

Côle-d'Or.  Dijon 22.00 

—  Beaunc 24.00 

/>oît6s.  Besançon 23.50 

Isère.  Grenoble 26.50 

—  Bourgoin 24.50 

Jura.  Dùle 22.00 

Loire.  St-Etieniie 25.00 

P. -de-Dôme.  Issoire 25 .  50 

lihùne.  Lyon 25.15 

Saôae-el- Loire.  Autun..  23.50 

—  Chalon 24.75 

r.fflDoie.  Cliambéry 25.75 

//ie-Saî)oie.  Annecy 26.00 

Prix  moyens 24.57 

7°  RÉGION.  —  SUD- 
Ariège.  Foix ,..  26  50 

—  Pamiers.... 27.75 

Z)o/-dog)ie.  Bergerac 27.50 

IIle-Garonne.  Toulouse.  28.00 

—  St-Gaudens 26.50 

Gers.  Condom 27.25 

—  Eauze 27.50 

—  Mirande 26.75 

Gifoiide.  Bordeaux 28.00 

—  Bazas 20.25 

Landes.  Dax 28.50 

Lot-et-Garonne.  ,\gen...  27.25 

—  Murmande 27.50 

fl.-Pi/r««ées.  Rayonne. .  28  50 
Htes-Pyrénées.  Tarbes..  28.00 

Prix  moyens 27.45     18.48     19. oo 

8°  RÉGION.  —  SUD. 

.4udt;.  Carcassonne 28.00  » 

—  Castelnaudary 27.80  18.70 

Aveyron.  Villefranche..  :.(,.0Q  18.50 

CanioL  Mauriac 25.65  22.90 

Corrâse.  Luberzac 25.50  is.oo 

Hérault.  Cette 28.50  » 

—  Béziers 28.50  20.50 

Lot.  Ca-hovi 27.00  17.75 

Lozère.  Uanàe 24.05  17.35 

P(/r«née.s-Oc. Perpignan.  27.75  13.40 

ra?'rt.  Castres 27.25  13.00 

7a>'n-e<-'ja»'.  Montauoan  28.25  17.25 

Prix  moyens 27.00     13.74 

9*  nÉGioN.  —  srn-EST. 

Basses-Alpes.  Manosque  28.65 
Hautes-Alpes.  Briançon.  23.00 
Alpes-Maritimes. Cannes  27.50 

Ardrche.  Privas 27.05 

D.-du-Iihône.  Arles 27.50 

Drôme.  Montélimar  ....  25 .  75 

Gard.  Alais 27.80 

Haute-Loire.  Brioude...  25.20 

Frtc.  Saint-Maximin 27.25 

Vaucluse.  Avignon 27.00 

Prix  moyens 27.17     18.77 

Moy.  de  toute  la  France  25.45     16.66 
—  de  la  semaine  précéd.  25.30    16.72 

Sur  la  semaineiHausse.    0.15        » 
-     précédente. .) baisse..       »         O.06 


13.67      17.72 


18.00 
17.25 
15.50 
16.50 
16.50 
19.25 
17.75 
17.25 
18.00 
17.00 
13.75 
16.50 
17.50 


50 


19 

25 

20 

00 

) 

19 

00 

19 

25 

18.50 
18.25 
19.60 


18.75 


20 .  50 
20.25 

26.15 
13.25 

» 
20.25 
17.50 
18.20 
25.00 

19.50 
20.62 


18.50 
17.80 
18.00 
19.00 
18.50 
19.25 


19.50 
21.00 
19.00 
19.75 
21.00 
20.50 
22.00 
21.25 
18.50 
21.00 

20.50 


13  50 
20.21 

20- 00 
19.50 
16.75 
20.95 
13.50 
21.00 
20.50 
13.25 
17.80 
18.45 
22.00 
20.00 

19  43 


25.00 
18.25 
1 9 .  00 
19.00 
18.. '5 
20.00 
20.50 
15.80 
18.00 
18.75 

19.26 


0.07        0.15 


476  REVUE   COMMERCIALE  ET  PBIX    COURANT 

Blé.  Seigle.  Orge.  Avoine, 

fr.                fr.  fr.  fr. 

.  .,       (  blé  tendre...  29.00 

Algérie.                     ^^"^'"I  blé  dur 26.00           »  17.00  16.5a 

Angleterre.               Londres 26.00            »  19.00  20  25 

Belgique.                  Anvers 25.25  17.25  17.25  16  50 

—  Bruxelles 24.75  16.00  21.00  17.00 

—  Liège 23.25  1G.60  20. .50  17.00 

—  Nanuir 23.00  15.75  20.00  15.50 

Pays-Bas.                Amsterdam 23.75  17.00  »  » 

Luxembourg.           Luxembourg 24.75  19.00  20.00  17.50 

Alsace-Lorraine.     Strasbourg 24  40  14  75  17.50  17.25 

—  Mulhouse 22.50  16.50  17.00  17.85 

—  Colmar 24  85  18.25  18.50  16.75 

Allemagne.  Berlin - 22.85  17.10 

—  Cologne .  24.35  18.10 

—  Hambourg 22.85  16.60 

Suisse.                     Genève 26  75            »                »  20.00 

Italie.                       Turin 25. .50  19.00            »  18.50 

Espagne.                  Valladolid 25.00            »                »  » 

Aulriche.                   Vienne 20.50  15.25  17.. 50  13.50 

Hongrie.                   Budapeslb 20.70  15. .50  17.50  14  25 

Bussie.  Saint-Pétersbourg..  21. .50  15.00             »  13.00 

Etats-Unis.  New-York 23 .  40 

Blés.  —  Il  y  a  eu,  depuis  notre  dernière  revue,  une  amélioration  sensible  dans 
les  conditions  météorologiques,  de  telle  sorte  que  les  travaux  ont  pu  être  repris, 
et  que  le  relard  que  l'on  pouvait  craindre  ne  sera  pas  aussi  considérable  que  l'on 
redoutait  dans  quelques  régions.  Quant  au  commerce  des  grains,  il  présente  le 
plus  grand  calme;  les  offres  de  la  culture  sont  devenues  partout  très  restreintes, 
d'autant  plus  qu'elle  n'a  désormais  que  de  faibles  quantités  encore  à  vendre.  Les 
cours  varient  peu,  et  les  fluctuations  qu'ils  éprouvent  tiennent  aux  variations  que 
présentent  IfS  approvisionnements  des  marchés.  —  A  la  halle  de  Pa/ù,  le  mer- 
credi 21  mars,  les  transactions  ont  été,  comrae  précédemment,  peu  importantes; 
les  prix  ont  peu  varié.  On  cotait  de  24  à  26  fr.  par  100  kilog.  suivant  les  qualités. 
—  Au  marché  des  blés  à  livrer,  on  cote  par   100  kilog.  :  courant  du  mois,  25  à 

25  fr.  25;  avril,  25  fr.  25  à  25  fr.  tO;  mai  et  juin,  '26  fr.  25;  quatre  mois  de  mai, 
27  fr.<  75  à  27  (r.  —  Au  Havre^  les  ventes  continuent  à  être  assez  actives;  on  cote 
de  26  fr.  25  à  27  fr.  50  par  100  kilog.  suivant  les  qualités  pour  les  blés  d'Amé- 
rique. —  A  Marseille.,  les  ventes  sont  peu  actives.  Les  arrivages  ont  été  pendant 
la  semaine  de  24,000  quiutaux;  le  stock  est  actuellement  dans  les  docks,  de 
275,000  quintaux,  Ou  cote  par  100  kilog.  :  Berdian>ka,  27  fr.  50;  Red-winter, 
19  fr.  ;  Marionopoli,  26  fr.  75;  Pologne,  26  fr.  25  à  zl  fr.  ;  Bessarabie,  -24  fr.  50 
à  27  fr.  ;  Azima,  25  à  25  fr.  50.  —  A  Londres,  les  importations  de  blés  ont  été  de 
42,000  quintaux  depuis  huit  jours;  les  ventes  sont  peu  importantes;  les  cours  se 
maintiennent;  on  cote  de  24  fr.  60  à  27  fr.   25  par  luO  kilog. 

Farines.  —  Les  ventes  sont  assez  difficiles,  et  les  prix  sont  plus  faibles.  On 
payait  à  la  halle  de  Paris  le  mercredi  21  mars  pour  les  farines  de  consommation  : 
marque  de  Gorbeil,  60  fr. ;  marques  de  choix,  60  à  62  fr,;  premières  marques^ 
58  à  59  fr.;  bonnes  marques,  57  à  58  fr.;  sortes  ordinaires,  54  à  56  fr.;  le  tout 
par  sac  de  159  kilog.  toile  à  rendre  ou  157  kilog.  net,  ce  qui  correspond  aux 
prix  extrêmes  de  34  fr.  40  à  39  fr.  50  par  100  kilog.,  ou  eu  moyenne  36  fr.  95, 
avec  une  baisse  de  0  fr.  90  sur  le  prix  moyen  du  mercredi  précédent.  Quant  aux 
farines  de  spéculation,  les  transactions  sont  très  calmes  ;  les  prix  se  maintiennent 
avec  peine.  On  cotait  le  mercredi  21  mars  au  soir  :  farines  neuf-ina'ques,  cou- 
rant du  mois,  56  fr.  50  à  56  fr.  75;  avril,  57  fr.  ;  mai  et  juin,  58  fr  ;  quatre 
mois  de  mai,  58  fr.  50  à  58  fr.  75;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.  toile  perdue  ou 
157  kilog.  net.  — Maintien  des  cours  pour  les  farines  de  gruaux  qui  valent  de 
47  à  58  fr.  par  100  kilog.  ;   et  pour  les  farines  deuxièmes,  qui  sont   cotées  de 

26  à  33  fr. 

Seigles.  —  Les  offres  sont  restreintes,  elles  prix  présentent  beaucoup  de  fer- 
meté. 0  I  paye  à  la  halle  de  Paris, de  15  fr.  75  à  16  fr.  par  100  kilog.  suivaniles 
sortes.  —  Les  farines  de  seigle  ont  des  prix  faibles  de  23  à  25  fr.  par  quintal 
métiique. 

Uryts  —  Il  y  a  fermeté  dans  les  cours.  On  paye  à  la  halle  de  Paris,  de  18  fr.  50 
à  20  fr.  50  par  IOj  kilog.,  suivant  les  sortes.  Les  escourgeons  se  vendent  facile- 
ment aux  cours  de  18  à  18  fr.  50.  —  A  Londies,  il  a  été  importé  depuis  huit 
jours  25,000  quintaux  d'oiges  étrangères;  les  piix  sont  très  fermes.  Ou  paye  de 
18  fr.  à  20  fr.  70  par  100  kilog,  suivant  les  qualités. 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (24  MARS   18S3).  477 

3IaU.  —  Les  prix  varient,  peu.  On  cote  à  Paris  de  25  à  32  fr.  par  100  kilog. 
pour  les  malts  d'orge,  27  à  30  fr.  pour  ceux  d'escourgeon. 

Avoines.  — ^  Il  y  a  peu  d'affaires,  mais  les  prix  sont  très  ferrass.  On  paye  à  la 
halle  de  Paris,  de  17  à  19  fr.  50  par  100  kilog.,  suivant  poids,  couleur  et  qualité. 
Les  offres  sont  restreintes  en  avoines  étrangères.  —  A  Londres,  les  arrivages  ont 
été  de  67,000  quintaux  depuis  huit  jours.  Les  prix  sont  faibles  de  18  fr.  40  à 
21   fr.   55  par   100  kilog. 

Sarrasin.  —  Peu  d'affaires.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris,  de  15  fr.  75  à 
16  fr.  par  100  kilog. 

}Iaïs.  —  Les  offres  sont  assez  actives,  et  les  prix  sont  plus  faibles.  On  paye 
de   17  à  18  fr.  fr.  50  par  100  kilog.  dans  les  ports  pour  les  maïs  d'Ainér-.que. 

Issues.  —  La  fermeté  des  prix  se  maintient  On  paye  à  la  halle  de  Paris  : 
gros  son  seul,  14  à  14  fr.  25;  son  trois  cases,  12  fr.  75  à  13  fr.;  sons  hns,  12  fr. 
12  fr.  50;  recoupettes,  12  à  12  fr.  50;  remoulages  bis,  15  à  16  fr.  ;  remoulages 
blancs,   16  à  17  fr.;  le  tout  par  100  kilog. 

III.  — Fourrages,  graines  fourragères. 

J^ourrages.  —  Les  cours  varient  peu.  Par  arrêté  du  préfet  de  la  Seine,  les  prix 
des  fourrages  destinés  aux  marchés  aux  bestiaux  de  La  Villette  sont  fixés  jus- 
qu'au 30  juin  comme  il  suit,  par  1,000  kilog.  :  foin,  138  fr.;  luzerne,  l2o  fr.  ; 
regain  de  luzerne,  1 18  ;  saintoiu,  110  fr.;  trèfle,  1 14  fr.;  paille  de  froment,  70  fr.; 
de  seigle,  68  fr.;  d'avoine,  64  fr. 

Graines  fourragères.  —  Même  prix  que  précédemment.  On  paye,  à  Paris,  par 
100  kilog.  :  trèfle  violet,  150  à  190  fr.;  trèfle  blanc,  200  à  250  fr.;  hybride,  200 
à  250  fr.;  luzernede  Provence,  155  à  175  fr.;  de  Poitou,  13  •  à  135  fr.  ;  d'Italie, 
140  à  145  fr.;  minette,  60  à  70  fr.;  ray-grass,  60  à  70  fr.;  sainfoin,  26  à  32  fr. 

IV.  —  Fruits  et  légumes  frais. 

Fruits.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  fraises  de  châssis,  le  pot,  0  fr.  75  à 
1  fr.  75;  poires,  le  cent,  5  fr.  à  100  fr.  ;  le  kilog.,  0  fr.  16  à  0  fr.  48;  pommes, 
le  cent,  lOfr. à  100  fr.;  le  kilog.,  0  fr.  25  à  0  fr.  4a;  raisins,  chasselas  de  serres, 
le  kilog.,  5à  14  fr. 

Gros  léaumes.  —  Dernier  cours  de  la  halle  :  asperges  de  châssis,  la  botte,  de 
18  à  35  fr.;  aux  petits  pois,  la  botte,  1  à  2  fr.;  betteraves,  la  manne,  0  fr.  20  à 
1  fr.  20;  carottes  communes, les  100  bottes,  20 à  32  fr.;  d'hiver,  l'hectolitre,  3  fr.  à 
5  fr.  ;  de  chevaux,  les  100  bottes,  13  à  23  fr.;  choux  communs,  le  cent,  ^t  à  18  fr.; 
navets  communs,  les  100  bottes,  20  à  30  fr.;  de  Freneuse,  le  paquet,  35  à  45  fr.  l'hec- 
tolitre, 3  fr.  à  4  fr.;  oignons  en  grain,  l'hectohtre,  9  à  13  fr.;  panais  communs,  les 
100  bottes,  12  à  16  fr.;  poireaux  communs,  les  100  bottes,   35  à  60  fr. 

Pommes  de  terre.  —  Hollande  communes,  l'hectolitre,  14  à  16  fr.;  le  quintal, 
20  fr.  14  à  ï2  fr.  85;  jaunes  communes,  l'hectolitre,  9  à  10  fr.;  le  quintal, 
12  fr.  85  à  14  fr.  28. 

V.  —  Vins,  spiritueux,  vinaigres,  cidres. 

Vins.  —  Les  nouvelles  qui,  depuis  la  semaine  dernière,  nous  sont  parvenues 
des  différentes  parties  du  vignoble  français,  sont  loin  d'être  concordantes  relati- 
vement aux  effets  que  le  refroide.ssement  subit  et  la  neige  ont  produit  sur  les 
vignes.  D'après  les  uns,  le  mal  serait  considérable  dans  le  Midi;  d'après  les 
autres,  il  aurait  été  co  sidérablement  exagéré  par  l'influence  de  la  panique  que 
ces  désordres  atmosphériques  ont  amenée  partout;  il  faut  donc  attendre,  pour  se 
renseigner  d'une  manière  exacte;  ce  n'est  d'ailleurs  qu'à  la  reprise  de  la  végéta- 
tion qu'on  pourra  apprécier  d'une  manière  positive  les  effets  du  froid.  En  atten- 
dant, les  affaires  présentent  beaucoup  de  calme  ;  les  ventes  sont  peu  importantes 
dans  la  plupart  des  c-lliers,  mais  les  prix  ne  paraissent  pas  devoir  fléchir.  A  Paris- 
Bercy,  on  cote  actuellement  ;  Vins  rouges^  Auvergne,  100  à  110  fr.  la  pièce; 
Basse-Bouigogne,  vieux,  16^  à  200  fr.;  nouveau,  110  à  200  fr.  ;  Blois,  noirs  nou- 
veaux, 130  à  140  fr.  la  pièce;  Bordeaux,  vieux,  150  à  200  fr.;  nouveau,  isO  à 
200  fr.;  Gahors,  nouveau,  140  à  15)  f  r  ;  Cher,  vieux,  50  à  190  fr.;  nouveau, 
lOOà  150fr.;CI)inoii,  vieux,  190  à  220  fr,;  Graillac,  nouveau,  I2f)  fr.  à  l^Ofr  ;  Maçon- 
nais et  Beaujolais,  vieux,  160  à  25(»  fr.;  nouveau,  16  )  à  250  fr.  Montagne,  vieux 
ou  nouveau,  uô  à  ^48  fr.  l'hectolitre;  Narbonne,  vieux,  50  à  58  fr  l'hecoiitre  ; 
nouveau,  48  à  60  fr.  ;  Orléans,  nouveau,  130  à  140  fr.  la  pièce;  Roussillon, 
vieux,  60  à  75  fr.  l'hectolitre  ;  nouveau.  57  à  65  fr.;  Selles-sur-Gher,  vieux,  125  à 
130  fr.  la  pièce;  nouveau,  115  à  120  fr.;  Touraine,  nouveau,  95  à  120  fr.  — 
Vins  blancs:    Anjou,    vieux,    140   à  160  fr.  la  pièce;    Basse-Bourgogne,  vieux. 


478  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX    COURANT 

150  à  190  fr.  le  muid;  nouveau,  135  à  145  fr.;  Bergerac,  vieux,  155  à  190  fr.  la 
pièce;  nouveau,  160  à  195  fr.;  Chablis,  vieux,  200  à  300  fr.  le  muid  ;  nouveau, 
200  à  3  0  fr.;  Entre-deux-mers,  vieux,  125  à  130  fr,  la  pièce;  nouveau  115  à 
125  fr.;  Pouilly,  vieux,  200  à  330  fr.  la  pièce;  Sancerre,  nouveau,  115  à  165  fr. 
la  pièce  ;  Sologne  nouveau,  80  à  90  fr.;  Vouvray,  185  à  225  fr.  —  Vins 
étranger.^  :  Italie,  50  à  65  fr.  l'hectolitre  ;  Espagne,  48  à  65  fr.  ;  Portugal,  65  à 
70  l'r.;  iSicile  vieux,  43  à  47  fr.;  nouveau,  43  à  70  fr. 

Spiriiueux.  —  Datis  le  Midi,  les  prix  demeurent  stationnaires,  tandis  que,  dans 
le  Nord,  il  y  a  continuation  de  la  hausse  sur  les  prix  des  alcools.  On  cote  à  Nimes, 
3/6  bon  goût,  100  fr.;  mars,  95  fr  —  A  Montpellier,  3/6  bon  goût,  100  fr.; 
marc,  90  tr.;  à  Béziers^  3/6  bon  goût,  103  fr.;  marc,  95  fr.  Dans  les  Gharentes, 
le  prix  des  eaux-de-vie  de  Cognac  sonttoujours très  fermes  pour  toutes  les  sortes. 
A  Paris,  on  cote  par  hectolitre  :  3/6  betteraves,  1'''=  qualité,  disponible,  cou- 
rant du  mois,  54  fr.  25  à  54  fr.  75  ;  avril,  54  fr.  25;  quatre  mois  de  mai,  52  fr. 
75;  quatre  derniers  mois,  52  fr.  à  52  fr.  25.  — Le  stock  est  actuellement  de 
20, ''50  pipes,  contre  13,800  en  1882. 

Vinaigres.  —  Maintien  des  cours  à  Orléans  pour  toutes  les  catégories. 

Raisins  secs. —  H  y  a  toujours  fermeté  dans  les  prix.  On  cote  par  100  kilog., 
à  Marseille  :  Corinthe,  51  fr.  50  à  53  fr.  ;  Thyra  purs,  41  à  43  fr.;  Raisins  noirs, 
30  à  48  fr.  ;  Chypre,  43  à  48  fr.;  Chypre  bouillis,  43  fr.;  Damas  noirs,  46  fr.; 
Messine,  40  fr.;  Alexandrette  noirs,  43  fr. 

VI.  —  Sucres.  —  Mélasses.   —  Fécules.  —  Glucoses.  —  Amidons.  —  Houblons. 

Sucres.  —  Les  affaires  sont  plus  actives,  et  il  y  a  plus  de  fermeté  dans  les 
prix.   On  paye   à  Paris  :  sucres  bruts  88  degrés  saccharimétriques,  52  fr.;  les 

99  degrés,  59  fr.  50;  sucres  blancs,  59  fr.  75;  à  Lille,  sucres  bruts,  50  fr  75; 
à  Péronne,  sucres  bruts,  51  fr.  50;  sucres  blancs,  59  fr.  50;  à  Valenciennes, 
sucres  bruts,  51  fr.  —  Le  stock  de  l'entrepôt  réel  des  sucres  était,  au  21  mars, 
à  Paris,  de  862,000  sacs  pour  les  sucres  indigènes,  avec  une  diminution  de 
7,000  sacs  depuis  huit  jours.  —  Les  prix  sont  plus  fermes  aussi  pour  les  sucres 
raffinés;  ou  les  paye  actuellement  de  106  à  107  fr.  par  100  kilog.  à  la  consomma- 
tion, et  de  65  à  68  fr.  pour  l'exportation. 

Mélasses.  —  Les  varient  peu.  On  paye  à  Paris  par  100  kilog.  :  mélasses  de 
fabrique,  12  fr.  ;  de  raffinerie,  13  fr.  50  à  14  fr. 

Feculi's.  —  Grande  fermeté  dans  les  prix.  On  paye  à  Paris,  40  fr.  par  100  kilog. 
pour  les  fécules  premières  du  rayon;  à  Gompiègne,  39  fr.  50  à  40  fr.  pour  celles 
de  l'Oise,  à  Epinal,  40  fr.  50  pour  celles  des  Vosges. 

Glucoses.  —  Très  peu  de  ventes.  On  cote  à  Paris  par  100  kilog.  :  sirop  de  fro- 
ment, 53  à  55  fr.;  massé,  42  à  43  fr.;  liquide,  34  à  36  fr. 

Amidons.  —  Les  prix  sont  très  fermes.  On  paye  par  quintal  métrique  :  amidons 
de  pur  froment,  66  à  68  fr.  ;  de  province,  64  à  65  fr.;  de  maïs,  54  à  56  fr. 

Houblons.  —  Il  n'y  a  que  très  peu  d'affaires  sur  les  principaux  marchés  de 
production.  Pour  toutes  les  catégories,  les  prix  sont  faiblement  tenus. 
VII.  —  Huiles  et  graines  oléagineuses,  tourteaux. 

Huiles.  —  Les  ventes  sont  assez  actives,  et  il  y  a  plus  de  fermeté  dans  les 
prix.  On  cote  à  Paris,  par  100  kilog.  :  huiles  de  colza  en  tous  fûts,  106  fr.  25;  en 
tonnes,  108  fr.  25;  épurée  en  tonnes,  )  16  fr.  25;  huile  de  lin  en  tous  fûts,  59  fr.  25; 
en  tonnes,  61  fr.  25.  —  Sur  les  marchés  des  départements,  les  prix  accusent  de 
la  fermeté.    On  paye  les  huiles  de  colza  :  Lille,    85  fr.   par   100  kilog.;    Gaen, 

100  fr.  50  à  101;  Rouen,  103  fr.  ;  et  pour  les  autres  sortes,  Hn,  60  fr.  25  à 
68  fr.  50;  arachides,  75  fr.  —  A  Grasse,  il  n"y  a  que  des  affaires  assez  calmes  sur 
les  huiles  d'olive;  celles  de  première  qualité  sont  payées  130  à  150  ir.  par 
100  kilog. 

Graines  oléagineuses.  —  Les  prix  se  maintiennent.  On  cote  à  Cambrai  par 
hectolitre  :  graines  d'oeillette,  26  à  27  fr.  75;  cameline,  16  à  17  fr.  50. 

Tourteaux.  —  Dans  le  Nord,  les  cours  sont  sans  variations.  A  Marseille,  on 
cote  par  100  kilog.  :  tourteaux  de  lin,  19  fr.  50;  d'arachides  en  coques,  10  fr.  ; 
décortiquées,  15  fr.  25;  sésame  blanc,  15  fr.;  colza  du  Danube, f  12  fr.  50; 
œillette,  12fr.  25;  coton  d'Egypte,  12  fr.  75;  palmiste  naturel,  10  fr.  50. 

Engrais.  —  Les  nitrates  de  soude  valent  à  Dunkerque,  31  fr.  75  par  100  kilog. 
VIII.  —  Matières  résineuses,    colorantes,  tannantes. 

Matières  résineuses.  —  Les  cours  se  maintiennent.  On  paye  à  Dax,  comme  la 
semaine  dernière,  90  Ir.  par  100  kilog.  pour  l'essence  pure  de  térébenthine. 


DES  DENRÉES  AGRICOLES   (23  MARS    1883).  479 

Gaudes.  —  Dans  le  Languedoc,  on  paye  23  fr.  ;  par  100  kilog. 

Verdets.  —  Maintien  des  prix.  Les  verdets  marchands  en  boules  sont  payés 
130  fr.  par  quintal  métrique;  en  pains,  l:-5  fr. 

Soufres.  —  Peu  de  changements.  On  paye  à  Marseille  16  fr.  50  à  17  fr.  50  par 
100  kilog.  pour  les  soufres  triturés. 

IX.  —  Suifs  et  corps  /jras. 

Suifs.  — Les  prix  sont  toujours  en  hausse.  On  cote  à  Paris,  103  fr.  par  100  kilog. 

pour  les  suifs  purs  de  l'abat  de  la  boucherie;  77  fr.  25  pour  les  suifs  en  branches. 

Cuirs  et  peaux.  —  Quoique   les  ventes   soient    peu   importantes,  les  prix  des 

saindoux  d'Amérique  sont  bien  tenus.  Oa  paye  au  Havre  141  à  ^3  fr.  parrjuintal 

métrique. 

X.  —  Beurres.  —  Œufs.  —  Frornufjes.    —  l'^olaiUes. 

Beurres.  —  On  paye  à  la  halle  de  Paris  suivant,  les  sortes  par  kilog.  :  en  demi- 
kilog.,  3  fr.  36  à  4  fr.  18;  petits  beurres,  2  fr.  20  à  3  fr.  52;  Gournay,  2  fr.  Oô  à 
4  fr.  48;  ;  Isigny,  2  fr.  80  à  8  fr.  52. 

Fromiges.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  par  douzaine,  Ikie,  5  à  27  fr.; 
Montlhéry,  15  fr.;  —  par  cent,  Livarot,  48  à  110  fr.;  Mont-Dor,  14  à  30  fr. 
Neufchâtel,  6  fr.  50  à  17  fr.  50;  divers,  12  à  78  ïw;  — par  100  kilog..  Gruyère, 
120  à  170  fr. 

Volailles.  —  Derniers  cours  de  la  halle  :  agneaux,  12  à  25  fr.;  bécasses,  3  à 
8  fr.;  bécassines,  l  fr.  15  à  2  fr.  50;  canards  l)arboteurs,  3  fr.  à  5  fr.  50; 
chevreaux,  2  à  4  fr.  ;  crêtes  eu  lots,  1  à  5  fr.;  dindes  gras  ou  gros,  9  fr.  50  à 
12  fr.;  dito  communs,  3  à  9  fr.  lapins  domestiques,  1  fr.  55  à  4  fr.;  lapins  de 
garenne,  1  fr.  10  à  1  fr.  60;  oies  communes,  2  fr.  80  à  6  fr.  50;  pigeons  de 
volière,  0  fr.  45  à  1  fr.  60;  pilets,  1  fr.  15  à  2  fr.  50;  pluviers  0  fr.  60  à  Ifr.  10; 
poules  ordinaires,  3  fr.  50  à  4  fr.  50;  poulets  gras,  4  fr.  50  à  9  fr.;  poulets 
communs,  1  fr.  80  à  2  fr.  95;  rouges,  2  fr.  à  3  l'r.  50;  sarcelles,  0  fr.  85  à  2  fr.; 
vanneaux,  0  fr,  35  à  1  fr.  25  ;  pièces  non  classées,  u  fr.  25  à  10  fr. 

XI.  —  Clievavx,  bétail,  viande. 

Chevaux.  — Aux  marchés  des  14  et  17  mars,  à  Paris,  on  comptait  781  chevaux; 
sur  ce  nombre,  235  ont  été  vendus  comme  il  suit  : 


Chevaux  de  cabrio'et. 

—  de  trait 

—  hors  d'ài,^'. . 

—  à  PenclièrH. . 

—  do  lionchoriij 


menés. 

Vendus. 

Prix  extrêmes. 

196 

33 

195  à      800  fr. 

223 

4fi 

210  à  1,170 

277 

77 

15  à       850 

18 

18 

20  à       400 

Cl 

(■)1 

20  à       115 

Bétail.  —  Le  tableau  -Msivant  résume  le  mouve.ment  du  marché  aux  bestiaux  de 
la  Villette,  le  lundi  19  mus  : 

Poids      Prix  du  kilog.  de  viande  nette  sur 
Vendus  moyen  pied  au  marché  du  19  mars. 

Pour  Pour  En          4  quartiers,  f^  2'             3=  Prix 

Amenés.  Paris,  l'extérieur,  totalité.  kil.  qnal.  quai.  quai.  moyen. 

Bœufs. 3,224  1,550  1,2.52  2,802  344  1.7(;  1.58  1.34  1.56 

Vaches 1,030  466  513  979  2:i5  1.62  1.38  1.20  1.40 

Taureau.v 117  88  19  107  .38;  1.50  1.38  1.26  1.38 

Veaux 905  452  240  692  78  2  23  2.14  1.80  2.01 

Moulons 21,850  13,394  6.817  20,211  19  2.32  2.16  2.06  2.09 

Porcs  gras ... .         3,368  821  2,06')  2,890  84  1.42  1.36  1.30  1.36 

—    maigres.             »  »  »  »  »  >.  »               »  » 

Les   ventes  ont  été   faciles,  et  pour   toutes  les  catégories,    les  prix   accusent 
beaucoup  de  fermeté.  Sur  les  marchés  des  départements,  on  cote  :  Le  Mans,  bœuf, 
1  fr.  85  à  1  fr.  90  par  kilog.  de  viande  nette  sur  pied  ;  vaches,  1  fr.  60  à  1  fr.  70 
veaux,   1   fr.  65  à   1   fr.  75;    moutons,  2   fr.   20    à  2  fr.  30;  —  Nancy,  bœufs 
89  à  95  fr.  les   100  kilog.  bruts;   vaches,   85  à   90   fr.;  veaux,    116  à   12S   fr. 
moutons,   100  à   120   fr.;  porcs,  126  à  1^8  fr,;  — ChoroUes,  hœuï,  85àG2fr. 
vaches,  76  à  80  fr.  ;  veaux,  90  à  110  fr.  ;  moutons,  95  à  105  fr.;  porcs,  75  à  90  fr. 
Lyon,  bœuf,  75  à  82  fr.;   veaux.  100  à    116  fr.;   moutons,    90  à  ICO  fr,;  porcs 
116  à  126  fr.;  —  Bourgoin,  bœuf,  64  à  74  fr.;  vaches,  56  à  66  fr.  ;  moutons,  85  à 
95  fr.;  porcs,  86  à  90  fr.;  veaux,  76  à  86  fr.; —  Gmèue,  bœufs,  1  fr.  bu  à  1  fr.  70 
par  kilog.  de  viande  nette;  mouton,  1  fr,  70  à  1  fr.  tO;  porcs,  1  fr.  14  à  1    fr.  20. 

A  Londres,  les  importations  d'animaux  étrangers  durant  la  semainejdernière  se 
sont  composées  de  12,486  tètes,   dont  2  bœufs,  21  veaux  et  13  moutons  venant 


480 


REV[IE  COMMERCIALE  ET  PRIX  GOURANT   (24  MARS    1883). 


d'Amsterdam;  475  moutons  d'Anvers;  2,653  moutons  de  Brème;  42  !  œufs  de 
Dunkerque;  3,277  moutons  de  Geestemumde;  216  bœufs  et  37  veaux  de  Gothem- 
bourg;  1,103  moutons  d'Hambourg  ;  5  bœufs  et  7  veaux  d'Harlingen  ;  33  bœufs 
et  7  veaux  du  Havre;  299  bœufs  de  New- York;  653  bœufs  d'Oporlo;  4-2  bœufs, 
134  veaux  et3,413  moutons  de  Rotterdam.  Prix  du  kilog.  Bœufs  :.  qualité  infé- 
rieure, 1  fr.  52  à  1  fr.  75;  2%  1  'r.  75  à  1  fr.  93;  1'-%  1  fr.  9^  à  2  fr.  10.  — 
Kea.t  :  ■^%  2  fr.  05  à  2  fr.  22;  l''%  2  fr.  2»  à  2  fr.  40.  —  J/ou/on.  Qualité 
inférieure  :  2  Ir.  28  à  2  fr.-  45;  2%  2  fr.  45  à  2  fr.  63  ;  1'%  2  fr.  H3  à  2  fr.  75. 
— ■  Agneau  :  3  fr.  15  à  3  fr.  50  —  Porc  :  2%  1  fr.  46  à  1  ,fr.  5S  ;  1'%  1  fr.  64  à 
1  fr.  75. 

Viande  à  la  criée.  —  Il  a  été  vendu  à  la  halle  de  Paris  du  16  au  22  mars  : 


Bœuf  ou  vache... 

Veau 

Mouton .    . 

Porc 


Prix  du  kilog.  le  19  mars. 

kilog.            1"  quai.               2'  quai.  3°  quai.               Choix.      Basse  Boucherie. 

1.56  à  1.90     1.34  à  l..i4  0.90  à  1.32  l.hd  à  3.00    0.20  à  1.20 

1.82      2  26     1.60       1.80  1.14       1..58  1.40      2..^0       " 

1.62      2.06     1.40      1.60  0.96       1.38  1.80      2.56       • 

><                             Porc  frais 1  .22  à  1.46;  salé. 


Les  prix  accusent  un  peu  de  faiblesse  depuis  huit  jours. 

XII.  —  Cours  de  la  viande  à  Vabatloir  de  la  Villelte  du  22  mors  (par  50  kilog.) 
Cours  de  la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  Viilette  par  50  kilog.  :  l^"  qualité, 
70  à  76  fr,  ;  2%  65  à  70  fr.  ;  poids  vifs,  50  à  55  fr. 

Bœufs.  Veaux.  Moutons. 


1" 

2° 

3° 

[" 

2" 

3'                   1"" 

2' 

3' 

quai 

quai 

quai. 

q  al 

qiial. 

quai.           quai 

quai. 

quai. 

fr. 

fr. 

fr. 

fr. 

fr. 

fr.                fr. 

fr. 

fr. 

80 

73 

68 

115 

100 

94               95 

88 

82 

XIII.  - 

-  Marché 

aux  bestiaux  de  la  Viilette  du  jeudi  22 

mars  1883. 

Cours  des  commissionnaires 

Poids 

Cours  officiels. 

en 

besiiaux. 

moyen 

,«-"         ~^     ^ 

—     ^— ^.- 

—     — 

—  >          ~^ 

/animaux 

gf-neral. 

1" 

2'        3" 

Prix 

1"         i" 

3" 

Frix 

amenés. 

Invendus. 

kil. 

quai. 

quai,  quîil. 

extrêmes. 

quai. quai. 

quai. 

extrêmes. 

Bœufs 

2  272 

399 

370 

1.75 

1.58     :.34 

1.30  à  1.80 

.72     i   56 

1.32 

1  28àl.78 

Vaches  ... 

579 

180 

2'iO 

1.62 

1.38     1   20 

1.14     1  65 

.60     1.36 

1    18 

1.12     1.62 

Taureaux.. 

82 

» 

380 

1.48 

1.38     1.26 

1.24     1.52 

.46     1.36 

1.24 

1.22     1.50 

Veaux 

1.365 

2'i7 

79 

2.30 

2.14     1.80 

1.56     2.50 

»             » 

» 

» 

Moutons. . . 

15  89'i 

2.003 

19 

2  32 

2  16     2  06 

1.80     2  40 

»             » 

» 

» 

Porcs  sras. 

.      4.871 

656 

81 

1.36 

1.30     1.24 

1.20     1.40 

»                 u 

>> 

—  maigres. 

» 

» 

» 

» 

»              » 

»         » 

»              » 

» 

» 

Vente  lente  sur  toutes  les  espèces. 

XIV.  —  Résumé. 


Les  prix  des  céréales,  des  fourrnges,  des  alcools,  des  sucres,  et  de  la  plupart 
des  dénués  agricoles  se  sont  maintenus  avec  une  grande  fermeté  depuis  huit 
jours.  A.  Remy. 


BULLETIN  FINANCIER 

Faibless'î  à  nos  rentes  :  le  3  0/0  à  81,20  perd  0,40  et  le  5  0/0  à   114,85  perd 
0,45.  Reprise  à  nos  chemins  de  fer  et  aux  Sociétés  de  crédit. 

Cours  de  la  Bourse  du  14  au  21  mars  1883  [au  comptant). 


Principales  valeurs  françaises  : 

Plus 

bas. 

Rente  3  o/o 8i.  o 

Rente  3  o|o  amortis .       82.10 

Rente  4  1/2  o|o Uo.oo 

Rente  5  ofo  1 14  85 

Banque  de  France 5380  00  5440.00  5440.00 

Comptoir  d'etci^mpie   965.00     980.00     975  00 

Société  g  nérale 5()5.00     575.00     572.50 

Crédit  lonuier 1330.00  1377.50  1377.50 

Est Actions  500     72000     730.00     727,50 

Midi d"  1107  05  1260.00  1135.00 


Plus 

Dernier 

liant. 

cours. 

82  05 

81.20 

82.85 

82.55 

111.00 

111.00 

115.30 

114.85 

Nord d 

Orléans d 

Ouest d 

Paris-Lyon-Méditerranée  d 
Paris  1871  obi.  400  à  3  o/O 

Italien  5  0|o 89.00      90  15      90  1 

Le  Gérant  :  A.  BOUCHÉ. 


1855.00  187S  00  '865.00 

12' 0.00  1270.00  1270.00 

790.00  795.00  795.00 

1540  00  ICdO.dO  1545.00 

391.00  394.00  391.00 


Chemins  de  fer  français  et  étrangers  : 


Autrichien d° 

Lombards d" 

Romains d° 

Nord  de  l'Espagne d" 

Saiagosse  a   Madrid... d" 

Portugais d" 

Est  oblig.  3  O/o  rembour- 
sable à  50u  fr d" 

Midi ri- 
Nord  d" 

Orlrans d" 

Paris-Lyon-Méditer d° 

Ouest d° 

No'd-Esp.  priorité d° 

Lombards. d* 


Plus 
bas. 
720.00 
306.25 
120  00 
517.50 
475.'  0 
555.00 

350.50 
358.25 
365.50 
362.50 
360.00 
357.00 
347.00 
287.00 


Plus 

haut. 

730.00 

312.50 

121.25 

535   00 

492.50 

560.00 

» 
3G0.(0 
358.50 
366.75 
363.50 
367.50 
358.00 
349  00 
290.00 


Dernier 
cours. 
730.00 
312.50 
121.25 
525.00 
492.50 
557.50 

» 
351.00 
358.25 
366.25- 
362.50 
363.00 
358.00 
249.00 
290.00 


LETERRIER. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (31  mars  1883). 

Le  retour  de  l'hiver  et  ses  elTels  sur  la  végiitalion  des  planlt;s  cultivées.  —  Les  effets  des  jiluies 
de  l'hiver.  —  Emploi  des  cnn^rais  en  couverture.  —  Sur  la  piolongalioti  des  cons^és  en  liveur 
des  militaires  mis  à  la  dispo-ilii)ii  des  cultivateurs.  —  Excursion  des  élèves  di;  l'Rcole  nationale 
d'agriculture  de  Montpellier.  —  Troisième  liste  de  souscription  pour  le  monument  à  élever 
en  l'honneur  de  Léonce  de  Lavergne.  —  Nécroloirie.  — M.  Adolphe  Cordier,  M.  !e  hiron  de  Du- 
mast,  M.  de  la  Tour  du  Pin.  —  Concours  pour  des  prix  agronomiques,  ouverts  par  la  Société 
des  agriculteurs  de  France.  —  Le  phylloxéra.  —  l'ixtension  de  l'emploi  ilu  sulfocarbonale  de 
potassium  dans  les  vignes  phylloxérées.  —  Système  d'irrigations  insecticides  i)ropo-!é  par 
M.  Duponchel.  —  Les  eaux  d'irrigation  du  Rhône.  —  Réserves  à  élalilir  dans  les  lacs  su[)é- 
rieurs.  —  L'ensilage  des  fourrages  verts  en  Amérique.  —  Nouvel  extrait  du  rapport  du 
congrès  de  New-York.  —  Pétition  du  Comice  île  Bétliune.  —  La  question  des  alcools  alle- 
mands —  Concours  d'animaux  gras  à  Rouen.  —  Discours  de  M.  Portier.  —  Exposition  d'horti- 
culture à  Epernay.  —  Programme  d'un  meeting  d'hoiticuilure  à  Ganl.  —  Les  discussions  sur 
le  concours  d'animaux  gras  à  Paris.  —  Notes  de  MM.  Jacquot,  Boncenne  fils,  Nebout,  de  Len- 
tilhac,  sur  la  situation  des  récoites  dans  les  départements  des  Vosges,  de  la  Vendée,  de 
l'Allier,  de  la  Dordogne. 

I.  —  La  slar/nation  en  agriculture. 

Le  mois  de  mars  qui  s'achève  au  moment  où  paraîtra  cette  chro- 
nique, a  été  froid,  pluvieux  ou  neigeux,  et  en  li^énéral  défavorable  à 
toute  végétation.  Aura-t-il  fait  un  grand  mal,  ou  bien  son  effet  définitif 
sera-t-il  de  retarder  assez  le  mouvement  de  la  sève,  pour  que  les 
pousses  nouvelles  des  plantes  n'arrivent  à  voir  le  jour  qu'après  que 
tout  danger  des  gelées  printanières  aura  disparu?  Il  serait  aujourd'hui 
impossible  de  prononcer  un  jugement.  La  seule  chose  certaine  et 
fâcheuse,  c'est  que  la  production  des  primeurs  a  été  presque  ruinée 
pour  l'année.  On  ne  pourra  pas  remplacer  les  cultures  détruites.  Tout 
un  commerce  agricole  généralement  très  florissant  a  été  gravement 
atteint.  Mais  ce  n'est  pas  là  la  grosse  affaire  de  l'agriculture  qui 
demeure  en  présence  d'un  inconnu  encore  insondable.  De  grands 
efforts  couronnés  de  succès  ont  été  faits  pour  ensemencer  les  terres 
qui  n'avaient  pu  être  mises  en  état  de  culture  à  l'automne.  O.i  doit 
attendre  maintenant  les  résultats  pour  se  prononcer  sur  l'étendue  du 
mal   causé    par   le   long  hiver  pluvieux  que   nous    avons   traversé. 

Y  aura-t-il  lieu  de  venir  en  aide  à  une  végétation  débile,  par  l'emploi 
d'engrais  en  couverture?  Peut-être  cela  sera-t-il  nétiessaire  dans  la 
première  quinzaine  d'avril.  Mais,  dans  ce  cas,  nous  conseillerons  de 
toujours  faire  suivre  Tépandage  par  un  bon  coup  de  herse,  afin  que 
la  matière  fertilisante  ne  reste  pas  à  la  surface  et  puisse  pénétrer  au 
moins  dans  la  première  couche  du  sol.  Nous  avons  vu  souvent  l'en- 
grais en  couverture  rester  inutile,  parce  que  cette  précaution  n'avait 
pas  été  prise.  .Mais  c'est  surtout  au  mornent  de  la  levée  et  pendant  les 
premiers  temps  qui  s'écoulent  après  que  les  plantes  commencent  à 
prendre  de  la  vigueur  que  l'observation  du  cultivateur  expérimenté  est 
nécessaire,  soit  pour  donner  des  sarclages,  soit  quelquefois  pour 
plomber  la  terre  ;  l'agriculteur  habile  n'attend  pas  que  ses  récoltes 
poussent,  il  fait  chaque  jour  la  tournée  de  ses  champs  pour  com- 
mander ici  ou  là  quelque  travail  supplémentaire,  et  ce  soin  qu'il  prend 
n'est  jamais  perdu.  S'il  y  a  stagnation,  attente  à  certaines  époques  de 
l'année,  pour  savoir  comment  les  choses  tourneront,  il  ne  pi3ut  pas  y 
avoir  de  repos  absolu  pour  le  cultivateur.  Son  attentif  n  doit  toujours 
être  en  éveil;  tous  les  soins  qu'il  prend  sont  féconds. 

IL  —  Militaires  mis  à  la  disposition  des  cultivateurs. 

Dans  notre  dernière  chronique,  nous  avons  reproduit  (page  4i3) 
une  circulaire  de   M.   le  ministrd  de  la   guerre  relative  aux  sursis 

N«  729.  —  Tome  I"-  de  1883.  —  3l  Mars. 


482  CHRONIQUE  AGRICOLE    (31   MARS    1883). 

d'appel  pour  les  cultivateura  appartenant  à  l'armée  territoriale.  On 
annonce  que  M.  le  ministre  de  l'agriculture  vient  de  saisir  son  co)- 
lèo-ue  de  la  guerre  d'une  autre  question  qui  intéresse  les  populations 
des  campagnes.    On    sait  que,    pour  augmenter  la  main-d'œuvre   au 
moment  des  grands  travaux ai^ricoles,  l'usages'est  introduitde  mettre 
chaque  année,  à  l'époque  des  récoltes,  un  certain  nombre  de  soldats 
à  la  disposition    des  cultivateurs.   Ces  soldats  jouissaient  de  congés 
accordés  en  général  pour  une  durée  de  quinze  jours  au  maximum. 
M.  Méline,  voulant  donner  à  l'agriculture  une  plus  large  satisfaction, 
a  fait  une  démarche  auprès  de  M.  le  ministre  de  la  guerre  pour  obtenir 
de  lui  qu'à  l'avenir  le  temps  accordé  aux  soldats  fût  porté  de  quinze 
'    à  vingt-cinq  et  même  à  vingt-huit  jours.  Il  a  insisté  aussi  pour  qu'on 
fît  coïncider  autant  que  possible  la  plupart  des  congés  avec  l'époque 
des  travaux  de  la   campagne.  On  assure  que  M.  le   ministre   de  la 
guerre  a    immédiatement  fait  consulter   les    chefs  de    corps  sur  la 
possibilité    et  les  moyens  pratiques  de  répondre  aux  vœux  de  son 
collègue. 

III.  —  Ecole  nationale  d'agriculture  de  Montpellier. 

Les  élèves  de  Técole  d'agriculture  de  Montpellier  vont  faire,  sous  la 
conduite  de  leurs  professeurs,  une  excursion  d'études  en  Algérie  :  ils 
visiteront  successivement  les  prpvinces  d'Alger  et  d'Oran  et  se  rendront 
en  dernier  lieu  au  concours  régional  de  Sidi-Bel-Abbès. 

IV.  —  Souscription  pour  élever  un  monument  à  Léonce  de  Lavergne. 

La  pensée  d'élever  un  monument  à  Léonce  de  Lavergne  a  été 
accueillie  partout  avec  faveur.  Nous  publions  aujourd'hui  la  troisième 
liste  de  souscription  : 

Report  de  la  deuxième  liste 5,970  francs. 

Société  de  statistique  de  Paris 100  — 

MM.  Randoing,  inspecteur  g-^néral  adjoint  de  l'agriculture. , 2b  — 

Rieffel ,  membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture 20  — 

Mares  (Henry),  membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture, 

membre  du  Comité 50  — 

Mirai  (Du),  directeur  de  la  ferme-école  de  la  Creuse 25  — 

Lefèvre   (Jean),   sous-directeur  de    la    bergerie  nationale  de 

Rambouillet 20  — 

Couanon  (G.),  délégué  régional  du  minis'ère  de  l'agriculture..  10  — 

Clamageran ,  sénateur 20  — 

Carron  (Jules),  ancien  c  .nsul  général 10  — 

vSalomon  père  et  (ils,  ferme-école  de  la  Nièvre 10  — 

Philippe,  directeur  de  l'hydraulique  agricole  au  ministère  de 

l'agriculture -0  — 

Vilraorin-Andrieux  et  Cie.  à  Paris 50  — 

No<il,  constructeur  à  Pans 50  — 

Martin  (L.  de),  corresponiant  de  la  Société  nationale  d'agri- 
culture   20 

Monllaur  (marquis  de),  agriculteur,  lauréat  de  la  prime  d'hon- 
neur   10 

Josseau,  membre  de  la  Société  nationale  d'agiicullure 10  — 

Milip,            —                          —                        —          10  — 

Dufour,  directeur  de  la  ferme-école  du  Montât  (Lot) 2o  — 

GazeUe  des  campagnes H'           ■ 


Total  de  la  troisième  liste H, 46.)  francs. 

La  Société  des  agriculteurs  a  tenu  à  donner  son  concours  à  l'œuvre 
du  Comité;  nous  en  remercions  vivement  son  Bureau.  -  Nous  rappe- 
lons que  nos  lecteurs  peuvent  adresser  leur  souscription  à  M:  ïlenry 
Sagnier,  secrétaire  du  Comité,  aux  bureaux  du  Journal  de  l' agriculture. 

V.  —  Nécrologie. 

Nous  avons  le  regret  d'annoncer  la  mort  d'un  des  agriculteurs  les 
plus   distingués  de  l'Algérie,  M.  Adolphe    Cordier.   Il   était  âgé  de 


GtlRONKJUli   AGHinOLK   (31    M.VllS    1883).  483 

soixante-huit  ans;  il  a  été  un  des  premiers  pionniers  de  notre  colonie, 
puisqu'il  s'établit  en  1839  à  la  Maison-Carrée,  non  loin  d'Alger,  pour 
consacrer  quarante  années  à  ragriculluro  et  à  la  colonisation.  On  lui 
doit  d'importants  travaux  exécutés  p  )ur  l'assainissement  d'une  con- 
trée e\trôineinent  insalubre.  Il  avait  acquis  une  grande  autorité, 
et  il  a  été  l'un  des  vice  présidents  de  la  Société  d'agriculture  d'Alger. 
Ses  succès  ont  été  nombreux  dans  tous  les  concours  agricoles  ;  il  avait 
été  nommé,  en  I8(i5,  cbovalier  de  la  Légion  d'honneur. 

iM.  le  baron  Guerrier  de  Uumast,  correspondant  de  l'Institut,  vient 
de  mourir  à  Nancy  à  l'âge  de  quatre-vingt-sept  ans.  Il  a  été,  pendant 
de  nombreuses  années,  un  de  nos  collaborateurs  assidus  ;  au  milieu 
des  labeurs  d'une  vie  consacrée  au  travail,  il  suivait  avec  passion  les 
progrès  de  l'agriculture,  à  l'histoire  desquels  il  a  consacré  plusieurs 
études  importantes. 

Nous  devons  enfin  annoncer  la  mort  de  M.  le  marquis  de  La  Tour 
du  Pin,  propriétaire  du  domaine  d'Arrancy  (Aisne).  Il  a  été  pendant 
longtemps  président  du  Comice  agricole  de  Laon. 

VI.  —  Concours  de  la  Société  des  açjriouUeurs  de  France. 

Voici  le  programme  des  concours  ouverts  par  la  Société  des  agricul- 
teurs de  France,  pour  lesquels  elle  décernera  des  prix  agronomiques 
dans  sa  prochaine  session,  en  1884  : 

1°  A  l'auteur  du  meilleur  mémoire  sur  l'utilisation  de  la  chaux.  —  Etudier  le 
rôle  physique  et  chimique  de  la  chaux.  Importance,  utilisation  et  effet  des  chau- 
lages  dans  les  diOérentes  natures  de  sol.  Action  de  la  chau.x  combinée  soit  avec 
les  fumiers,  soit  avec  les  engrais  chimiques.  —  Les  mémoires  doivent  être 
envoyés  à  la  Société,  1,  rue  Le  Peletier,  avant  le  P""  décembre  1883. 

2"  A  l'auteur  du  meilleur  mémoire  sur  l'industrie  laitière  en  France.  —  Le 
travail  devra  consister,  s^oit  dans  l'étude  de  la  production  et  de  l'utilisation  du  lait 
dans  une  région  de  la  France,  soit  dans  une  monogra[)hie  détaillée  d'une  exploi- 
tation laitière.  Les  mémoires  doivent  être  eavoyés  à  la  Société  avant  le  I"  décem- 
bre 1883. 

3"  A  l'auteur  du  meilleur  mémoire  sur  les  maladies  souterraines  végétales  qui 
peuvent  atteindre  la  vigne.  —  Les  mémoires  doivent  être  parvenus  à  la  Société 
au  plus  tard  le  1"  janvier  1884. 

4"  A  l'auteur  du  meilleur  mémoire  sur  les  procédés  divers  de  Iti  multiplication 
des  végétaux  ligneux.  —  Les  mémoires  devront  être  adressés  au  siège  de  la  Société 
avant  le  1"  novembre  1883. 

5°  Pour  les  essais  spéciaux  d'une  catégorie  déterminée  d'instruments  agricoles 
à  grand  travail  ;  ce  (concours  sera  organisé  par  une  Société  ou  un  Comice  agricole 
de  province  sous  les  auspices  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France,  à  la  con- 
dition de  se  contormer  pour  le  |)rogramme,  la  formation  du  jury,  la' durée  des 
épreuves. -elc  ,  aux  indications  fournies  par  la  Commission  de  permanen;îe  de  la 
Section  du  génie  rural.  Les  Sociétés  ou  les  C  «raices  qui  désireraient  organiser 
un  concours  dans  ces  conditions  doivent  en  informer,  dans  le  plus  bref  délai,  le 
secrétaire  général,  et  indiquer  la  catégorie  d'instruments  sur  laquelle  a  porté 
leur  choix,  ainsi  que  l'époque  approximative  du  concours. 

6"  A  l'inventeur  d'un  appareil,  système,  ou  moyen  de  fabrication,  apportant  un 
progrès  ré^là  l'une  des  trois  industries  agricoles  suivantes  :  sucrerie  —  distillerie 
--  léculerie  :  —  ou  à  un  procédé  ouvrant  ou  développant  sensiblement  un  emploi, 
un  débouché  nouveau,  à  un  produit  [)rovenant  d'une  des  industries  précitées.  — 
Les  concurrents  devront  se  faire  inscrire  au  siège  de  la  Société  avant  le 
l"aoùt  1883. 

7"  A  l'auteur  du  meilleur  travail  sur  les  méthodes  rationnelles  d'apiculture.  — 
L'auteur  devra  faire  connaître  etcomparer  entre  elles  les  diverses  méthodes  usitées 
soit  en  France,  soit  à  l'étianger,  et  indipierlcs  inodilicatioiis  ou  améliorations 
dont  elles  lui  paraîtraient  susceptibles.  —  Les  mémoires  devront  être  envoyés  au 
siège  de  la  Société  avant  le  1"  janvier  1884. 


liSk  CHRONIQUE    AGRICOLE    (31     MARS    1883). 

8°  A  l'auteur  du  meilleur  njiéraoire  sur  les  moyens  de  retenir  à  la  campagne 
les  ouvriers  agricoles.  —  Les  mémoires  devront  être  remis  au  siège  de  la  Société 
avant  le  1"  janvier  188 '4. 

90  A  l'auteur  d'un  traité  de  comptabilité  agricole  en  partie  double  qui,  au  point 
de  vue  théorique  et  pratique,  sera  le  mieux  approprié  aux  besoins  de  l'agricul- 
ture. —  Les  traités  doivent  être  parvenus  au  siège  de  la  Société  au  plus  tard  le 
1"  décembre  1883. 

10"  A  l'auteur  d'un  mémoire  sur  les  débouchés  commerciaux  à  ouvrir  à  l'agri- 
culture française.  —  Les  mémoires  doivent  être  envoyés  à  la  Société  avant  le 
l"  janvier  1884. 

Nous  appelons  spécialement  l'attention  des  associations  agricoles  sur 
le  cinquième  concours  relatif  aux  essais  de  machines  ou  instruments 
d'agriculture. 

VIL  —  Le  phylloxéra. 

Nous  recevons  le  rapport  de  M.  Mouillefert  sur  le  traitement  des 
vignes  phylloxérées,  par  le  sulfocarbonate  de  potassium,  en  1882.  Ce 
rapport  démontre  que  l'emploi  de  cet  agent  contre  le  phylloxéra  prend 
heureusement  des  proportions  croissantes.  Voici  comment  M.  Mouille- 
fert présente  le  résumé  des  opérations  faites  en  1882  : 

«  La  campagne  de  1882  a,  comme  les  précédentes,  affirmé  en  l'accentuant  le 
succès  du  sultocarbonate  de  potassium  pour  combattre  le  phylloxéra.  La  super- 
ficie traitée  a  été  beaucoup  plus  importante  que  les  années  antérieures,  et  le 
nombre  des  adhérents  de  ce  remède  a  augmenté  dans  des  proportions  considé- 
rables. Pour  ne  parler  que  dr.s  opérations  que  nous  avons  plus  particulièrement 
suivies,  la  Société  nationale  contre  le  phylloxéra  a  traité  avec  ses  appareils  méca- 
niques (système  Félix  Hembert  et  P.  Mouillefert),  environ  2,225  hectares 
répartis  entre  385  propriétés,  et  fourni  du  sulfocarbonate  à  150  viticulteurs  qui 
ont  traité  eux-mêmes  environ  175  hectares;  c'est  donc  un  total  de  2,^100  hectares 
traités  par  l'intermédiaire  de  la  Société,  répartis  entre  535  propriétaires,  en  pro- 
portion presque  égale  entre  le  Sud-Ouest  et  le  Midi. 

«  Cette  superficie  a  exigé  l'emploi  de  821,317  kilog.  de  sulfocarbonate.  La 
quantité  par  souche  a  varié  dans  le  Sud-Ouest  de  50  à  120  grammes,  suivant  le 
mode  de  plantation,  et  dans  le  Midi,  de  75  à  120  grammes,  suivant  le  degré  de 
maladie,  soit  par  hectare  traité  dans  le  Sud-Ouest  une  moyenne  de  385  kilog. 
et  323  kilog.  pour  le  traitement  du  Midi,  et  une  moyenne  générale  de  350  kilog. 

«  Le  prix  a  varié  pour  le  Sud-Ouest  à  cause  des  nombreux  modes  de  culture, 
de  5  à  9  centimes  la  souche  ou,  par  hectare  de  220  à  450  francs.  Dans  la  région 
du  Midi,  le  prix  a  été  en  moyenne  de  7  cent.  5  par  souche  et  par  hectare 
de  307  francs. 

«  Les  distances  auxquelles  on  a  eu  à  envoyer  l'eau  pour  former  la  solution 
sulfocarbonatée  a  souvent  dépassé  plusieurs  kilomètres  et  atteint,  dans  quelques 
cas,  4,500  à  5  000  mètres  et  même  6,000  et  6,500  mètres  pour  des  altitudes 
quelquefois  considérables,  180  à  200  mètres  mesurés  par  la  pression  exercée  sur 
les  pistons  de  la  pompe  foulaat(5.  Les  quantités  d'eau  ont  varié  de  15  litres  à 
40  litres  par  suuche  ou  120  à  150  mètres  cubes  par  hectare. 

«  Gomme  on  le  voit  par  ces  chiffres,  grâce  aux  appareils  mécaniques  de  la 
Société  nationale  contre  le  phylloxéra,  l'application  du  remède  du  savant 
M.  J.-B.  Dumas  est  donc  aujourd'hui  d'un  emf)loi  partout  facile  et  économque 
en  même  temps  qu'elle  devient  de  plus  en  plus  en  faveur  auprès  des  viti- 
culteurs. » 

M.  Duponchel,  ingénieur  en  chef  des  ponts  et  chaussées  à  Mont- 
pellier, vient  de  publier  une  intéressante  brochure  que  nous  devons 
signaler  aux.  viticulteurs.  Sous  le  titre  Les  irrigations  inseclicides,  il 
préconise  l'emploi  de  dilutions  de  sulfure  de  carbone,  basé  sur  ce  fait 
que  l'eau  peut  diluer  environ  un  500*  de  son  poids  de  sulfure  de  car- 
bone. Il  estime  que,  dans  100  mètres  cubes  d'eau  répartis  par  hectare 
dans  des  cuvettes  creusées  par  un  déchaussage  ordinaire  au  pied  des 
souches,  et  communiquant  par  d'étroites  rigoles  de  déversement,   on 


CHRONIQUE  AGRICOLE    (31    MARS    1883).  485 

peut  donner  à  la  vigne  à  la  fois  l'eau  utile  à  la  végétation  et  la  quantité 
de  sulfure  de  carbone  nécessaire  pour  tuer  le  phylloxéra.  Le  sulfure  serait 
dissous  dans  des  bassins  formés  au  point  culminant  des  vignes,  et  on 
pourrait,  en  même  temps,  y  diluer  les  engrais  à  donner  à  la  vigne.  Le 
système  proposé  par  M.  Duponchel  est  propre  à  appeler  l'atlentioa 
des  viticulteurs;  M.  Duponchel  se  met  d'ailleurs  à  la  disposition  des 
propriétaires  ou  des  associations  qui  voudraient  en  faire  l'expérience. 

VIIL  —  Les  eaux  d'irrigation  du  Rhône. 

M.  Aristide  Dumont,  qui  ne  se  laisse  pas  décourager  par  les  péri- 
péties qu'a  traversées  le  projet  de  canal  d'irrigation  du  Rhône,  vient  de 
présentera  l'Académie  des  sciences  une  note  sur  la  possibilité  d'aug- 
menter les  eaux  d'irrigation  de  ce  fleuve,  à  l'aide  de  réserves  à  établir 
dans  les  lacs  de  Genève,  du  Bourget  et  d'Annecy.  Ce  projet  rappelle 
celui  présenté  par  M.  Vallée  en  1843,  qji  se  bornait  au  lac  de  Genève. 
M.  Dumont  démontre  que  des  travaux  relativement  peu  coûteux  exé- 
cutés à  la  sortie  du  lac  de  Genève  permettraient  d'augmenter  de 
200  mètres  d'eau  par  seconde  le  volume  d'étiage  entre  Lyon  et  Avi- 
gnon, et  que  par  conséquent  le  prélèvement  d'un  volume  de  60  mètres 
cubes  à  la  hauteur  de  Condrieu  ne  pourrait  plus  soulever  l'ombre  d'une 
objection.  En  dehors  du  lac  de  Genève,  une  réserve  de  70  millions 
de  mètres  cubes  pourrait  être  créée  sur  les  lacs  d'Annecy  et  du 
Bourget,  laquelle,  répartie  sur  les  deux  mois  de  pénurie  du  Rhône 
représenterait  un  volume  constant  de  plus  de  13  mètres  cubes  par 
seconde.  Il  y  a  donc  là  un  moyen  suprême  de  concilier  d'une  manière 
définitive  les  intérêts  de  l'agriculture  avec  ceux  de  la  navigation. 

IX.  —  L! ensilage  dfs  fourrages  verts. 
Dans  notre  chronique  du  17  mars,  nous  avons  signalé  l'enthou- 
siasme qui  s'est  manifesté  pendant  le  congrès  des  fermiers  pratiquant 
l'ensilage,  à  New- York,  au  mois  de  janvier  dernier.  Nous  aimons  à 
revenir  sur  ce  sujet,  parce  que  ces  hommages  tournent  à  l'honneur  de 
l'agriculture  française.  C'est  pourquoi  nous  reproduisons  encore  un 
passage  du  compte  rendu  de  ce  congrès,  relatif  à  l'historique  de  l'in- 
troduciion  de  la  méthode  de  l'ensilage  des  fourrages  verts  aux  Etats- 
Unis  d'Amérique  : 

«  Quelle  admirable  découverte  est  celle  de  l'ensilage!  Il  y  a  un  an,  M.  John 
Whiton,  ce  ^'rand  manufacturier  de  Wintsorvihe-Mapt,  vint  dans  sa  voiture  à  ma 
porte  et  monta  les  escaliers  pour  me  parler  de  son  silo.  Il  me  dit  :«  Dans  ma 
«  longue  vie  de  quatre-vingt  années,  je  n'ai  rien  vu  qui  m'ait  autant  impressionné 
«  par  sa  grandeur  que  la  découverte  de  l'ensilage.  Le  seul  regret  que  j'éprouve, 
«  par  rapport  à  mon  âge  avancé,  est  que  je  ne  vivrai  pas  assez  pour  voir  ses 
«  merveilleux  résultats  pour  le  peuple  de  la  nouvelle  Angleterre.  »  11  mourut  l'été 
suivant. 

«  Vous  qui  avez  éprouvé  une  nerveuse  anxiété  en  ouvrant  pour  la  première  fois 
votre  premier  silo,  en  face  d'ouvriers  et  de  voisins  ricanant,  qui  vous  avaient 
appelé  stupide  ou  peut-être  même  fou,  quelques-uns  ayant  peut-être  même  pré- 
maturément offert  d'en  acheter  le  contenu  pour  en  faire  du  lumier  ou  de  le  jeter 
sur  votre  tas  de  fumier,  vous  pouvez  apprécier  la  persévérance  et  le  courage  du 
grand  homine  qui,  pendant  vingt  ans,  ciierchait  un  meilleur  moyen  de  conserver 
ses  fourrages  que  celui  de  les  sécher;  et,  finalement,  trancha  la  question  |ar  la 
grande  découverte  de  la  conservation  par  la  pression  continue.  Voyez  ce  qu'il  a  osé 
bâtir  ! 

«  Ces  immenses  silos,  là  oiî  jamais  aucun  n'avait  été  construit.  Puis,  quand 
il  fut  assuré  qu'il  avait  réussi,  que  ce  ne  fut  pas  un  accident  mais  une  certitude, 
un  fait  «  écrit  sur  le  roc  »  ,  sa  bienveillance   s'étendit  sur  le   monde.   Auguste 


486  OHRONKJUE  AGRICOLE  (31   MARS    1883). 

Goffart  est  un  philantrope  ;  il  n'a  pas  cherché  à  breveter  son  invention,  mais  à 
la  faire  connaître  à  ses  risques,  à  ses  frais,  de  la  manière  la  plus  généreuse.  Il  y 
avait  là,  en  France,  ceux  qui  voulaient  lui  ravir  le  mérite  de  la  chose,  sachant  que 
c'était  une  personne  paisible  et  vivant  dans  la  retraite;  mais  il  résista  et  leur  fit 
reconnaître  publiquement  qu'en  lui  f-eul  était  la  source  de  cette  découverte.  En 
1875,  le  gouvernement  français  accorda  à  M.  Groffrirt,  pour  sa  découverte,  la  croix 
de  la  Légion  d'honneur.  Voyez  comme  cela  prend  du  temps,  malgré  les  meilleurs 
efforts,  pour  lancer  une  bonne  chose.  Notre  commissaire  à  i'ExpOsit  on  de  Paris, 
le  capable,  l'énergique  M.  Edouard  Fringht,  me  dit  qu'en  1878  il  visita,  avec  le 
ministre  de  l'agriculture,  plusieurs  des  plus  fameuses  fermes  de  France;  il  n'en- 
tendit pas  prononcer  un  mot  au  sujet  de  l'ensilage  ;  ce  ne  fut  qu'à  son  retour 
dans  cette  ville,  en  1879.  Il  ne  connaissait  seulement  pas  la  signification  de  ce 
mot.  Il  en  devint  plus  enthousiaste  plus  tard  et  construisit  un  silo,  l'été  dernier, 
à  Ohio.  H  fut  l'aueur  du  Mechanical  Diclionary  et  éditeur  de  beaucoup  de  vo- 
lumes concernant  son  département.  Il  se  proposait  d'assister  au  Congrès,  mais 
j'apprends  avec  douleur  qu'il  est  mort  avant-hier  dans  la  force  d'i  l'âge  et  d'une 
utile  carrière  C'est  par  les  efforts  d'un  bon  et  bienveillant  homme  qui,  heureu- 
sement, entendit  parler  de  l'ensilage  par  un  petit-fils  qu'il  avait  en  France,  que 
la  découverte  de  M.  Goffart  fut  révélée  de  bonne  heure  dans  cette  contrée. 

«M,  Francis  Marris,  de  Maryland,  commença  à  écrire  au<  journaux  en  1877, 
après  avoir  bâti  un  large  silo  en  ]  -  76,  et  c'est,  je  crois,  le  premier  considérable 
effort  qui  a  témoigné  de  la  découverte  de  M.  Gotfart  dans  notre  pays. 

«L'ensilage  est  la  découverte  d'un  homme  d'affaires  et  a  été  adopté  d'abord  par 
des  fermiers  entreprenants  et  pratiquants,  tandis  que  la  science  prudente  et  incré- 
dule attendait  et  observait.  M.  Gotlart  ne  réclame  pas  comme  ayant  été  le  premier 
à  conserver  le  fourrage  vert;  il  dit  :  «  La  nécessité  a  si  longtemps  excité  les  efforts 
«de  l'humanité,  que  des  précédents  peuvent  être  trouvés  dans  chaque  signe  de 
«  perfectionnement.  35  C'est  la  pression  continue  qui  est  le  fruit  de  son  invention. 
La  pression  sur  les  tiges  vertes,  c'est  d'une  pratique  universelle  et  d'un  succès 
uniforme  pour  tous  les  climats  et  toutes  les  saisons.  Ceci  a  été  sa  grande  d'^couverte. 

«  M.  Goffart  supposait  d'abord  que  le  système  exigeant  de  grandes  dépenses  comme 
maçonnerie  et  outillage,  serait  adopté  seulement  par  de  riches  lermiers  ou  par 
association.  Il  sera  content  d'apprendre  que  l'expérience  américaine  constate  que 
le  système  réussit  aussi  bien  d'une  manière  très  peu  coiiteuse.  » 

II  faut  faire  une  observation  sur  le  passage  qu'on  vient  de  lire. 
L'ensilasje  était  loin  d'êti'e  inconnu  en  France  en  1878,  et  les  visites 
qu'un  grand  nombre  d'agriculteurs  étrangers  firent  alors  dans  notre 
pays,  servirent  puissamment  à  propager  cette  méthode  dans  la  plu- 
part des  pays  civilisés. 

X.  —  Pétition  du  Comice  de  Béthune. 

M.  Delory,  vice-président  du  Comice  agricole  de  Béthune  (Pas-de- 
Calais),  nous  fait  parvenir  le  texte  d'une  pétition  pour  laquelle  cette 
association  demande  l'adhésion  de  toutes  les  Sociétés  d'ugri;ulture. 
La  question  qui  y  est  soulevée  est  d'un  très  grand  intérêt  pour  l'agri- 
culture, réserve  faite  en  ce  qui  concerne  plusieurs  exagérations  et  des 
demandes  qui  ne  peuvent  pas  obtenir  de  satisfaction  dans  le  sens 
indiqué.  Voici  le  texte  de  la  pétition  : 

«  A  Messieurs  les  députés.  —  Lessoussignés,  agriculteurs  français,  considérant  : 
Que  des  motifs  d'intérêt  général,  et  tout  spécialement  le  soin  des  intérêts  com- 
promis de  l'agriculture,  ont  fait  porter  à  30  fr.  par  hectolitre  le  droit  d'entrée  des 
alcools  étrangers  importés  en  France; 

«  Que  cette  mesure  ne  produit  pas,  et  ne  pourra  pas  produire  les  résultats  satis- 
faisants qu'on  en  attendait,  pour  deux  motifs  qui  sont  :  1"  l'entrée  en  franchise 
des  matières  premières  étrangères,  servant  à  la  distillation,  telles  que  graines, 
mélasses,  etc.;  2°  l'entrée  en  franchise  du  droit  d'alcool  jusqu'à  15»,  des  vins 
étrangers  etnotarament  des  vins  espagnols,  vinés  à  grand  renfort  d'alcools  allemands; 

«  Qu'à  l'égard  des  matières  premières  de  provenance  étrangère,  il  ne  serait  que 
juste  de  les  frapper  d  un  dr  it  d'entrée  proportionnel  à  celui  que  paient  les 
alcools  de  même  origine,  soit  8  fr.  les  100  kilog.  et  que  l'exercice  permanent,  par 


CHRONIQUE  AGRICOLE    (31   MARS    1883).  487 

la  régie,  des  distilleries  industrielles,  rendrait  la  perception  de  cette  taxe  aussi 
facile  que  peu  coûteuse; 

«  Que  par  ce  moyen,  l'eftct  de  la  surtaxe  profiterait  réellement  à  l'agriculture 
française,  au  lieu  de  favoriser  l'agriculteur  américain,  dans  ses  exportations  de 
maïs,  ou  Tagiiculteur  allemand,  dans  les  exportations  de  mélasses  des  fabricants 
de  ce  pays; 

«  Qu'à  l'égard  de  l'entrée  en  franchise  des  vins  étrangers,  si  le  gouvernement 
français  est  lié  par  des  traités  de  commerce  dont  il  ne  dépend  plus  de  lui  de  chan- 
ger la  teneur,  il  peut  tout  au  moins  en  faire  interpréter  les  clauses  par  l'admi- 
nistration de  façon  à  ce  que  l'entrée  en  franchise  ne  soit  accordée  qu'à  des  vins 
naturels  exempts  de  toute  addition  d'alcool  et  représentant  les  produits  naturels  du 
sol  espagnol  et  non  un  mélange  d'eau  et  d'alcool  allemand,  ce  que  l'administration 
des  douanes  pourrait  constater  facilement; 

«  Que  depuis  l'invasion  du  phylloxéra,  la  consommation  des  vins  en  France 
dépassant  de  beaucoup  leur  production,  si  l'importation  en  franchise  des  vins 
étrangers  a  s'a  raison  d'être,  le  sucrage  et  le  vinage  en  franchise  de  nos  vins  fran- 
çais inférieurs  produiront  les  mêmes  avantages,  sans  avoir  l'inconvénient  de  favo- 
riser le  cultivateur  étranger  au  détriment  de  l'agriculteur  français  :  ce  ne  serait, 
dans  tous  les  cas,  que  l'égalité  de  l'alcool  français  et  de  l'alcool  étranger,  devant 
le  vinage  ; 

«  Qu'un  pays  agricole,  ne  pouvant  maintenir  sa  prospérité  que  par  l'expor- 
tation des  produits  de  son  sol,  une  prime  à  l'exportation  des  sucres  et  des  alcools 
français  équivalente  à  celle  dont  jouissent  les  alcools  allemands,  rétablirait  un  juste 
équilibre  entre  l'agriculture  française  et  l'agriculture  étrangère. 

«  Yu  la  situation  épouvantable  et  sans  précédent  dans  laquelle  se  trouve 
actuellement  l'agriculture  française,  les  soussignés  agriculteurs  français  ont 
l'honneur  de  venir  demander  aux  chambres  de  la  manière  la  plus  pressante  : 

«  1°.  —  Qu'un  droit  de  8  fr.  les  100  kilog.  soit  appliqué  à  toutes  les  matières 
premières  d'origine  étrangère  livrées  à  la  distillation  en  France. 

<c  2"  —  Que  l'entrée  en  franchise  des  droits  d'alcool  des  vins  étrangers  ne  soit 
accordée  qu  à  des  vins  naturels  exempts  de  toute  addition  d'alcool. 

«  3"  —  Que  le  sucrage  et  le  vinage  soient  admis  en  franchise  de  droits. 

ce  4°  —  Qu'une  prime  à  l'exportation  de  15  fr.  par  hectolitre  d'alcool,  et  7  fr. 
par  sac  de  sucre  soit  accordée  aux  produits  français  exportés. 

«  5"  —  Que,  comme  mesure  complémentaire,  destinée  à  protéger  l'industrie 
agricole  et  nationale  de  la  distillerie,  on  fasse  cesser  la  faculté  du  dédoublage  en 
entrepôt  de  douanes,  qui  a  pour  conséquences  de  faire  profiter  les  alcools  étran- 
gers de  la  réputation  de  nos  cognacs,  au  grand  détriment  du  producteur  français 
et  sans  que  rien  ne  motive  une  semblable  tolérance. 

«  Les  soussignés  espèrent  que  les  chambres  voudront  bien  venir  en  aide  à 
leur  situation  réellement  précaire,  en  leur  donnant  le  moyen  de  soutenir  la  con- 
currence de-;  produits  étrangers,  au  moins  à  armes  égales;  la  vitalité  de  l'agri- 
culture française  dépend  de  leur  décision.  » 

L'introduction,  sous  le  nom  de  vins,  de  piquettes  espagnoles  a 
vivement  ému  les  agriculteurs  du  Midi  ;  elle  se  fait,  en  efYet,  aujour- 
d'hui sur  une  échelle  considérable.  Il  est  certain  que  jamais  il  n'est 
entré  dans  l'esprit  des  législateurs  de  donner  une  sanction  à  ce  com- 
merce né  d'une  situation  économique  qu'une  bonne  année  de  ven- 
danges fait  disparaître.  Quant  au  sucrage  et  au  vinage  avec  exemption 
de  droits,  ce  sont  des  questions  qui  doivent  être  aussi  résolues  dans 
un  sens  favorable  aux  intérêts  de  l'agriculture,  qui  sont  également 
ceux  du  Trsor  public;  mais  les  dispositions  fiscales  proposées  seraient 
d'une  application  à  peu  près  impossible. 

XL  —  Concours  d'animaux  gras  de  Rouen. 
Le  concours  d'animaux  gras  organisé  à  Rouen  par  la  Société  cen- 
trale d'agriculture  de  la  Sdine-lnférieure  a  eu  lieu  les  19  et  20  mars. 
Ce  concours  a  présenté  une  réelle  importance.  Il  avait  amené  Ci-  con- 
currents app;irLenant,  pour  la  plupart,  au  département;  184  animaux 
ont  été  présentés,  savoir  :  101  tètes  de  l'espèce  bovine,  70  de  l'espèce 


488  CHRONIQUE  AGRICOLE  (31   MARS   1883). 

ovine  et  13  de  l'espèce  porcine.  A  la  distribution  des  récompenses, 
M.  Forlier,  président  de  la  Société  d'agriculture,  a  prononcé  un  discours 
qui  sera  lu  avec  intérêt  par  nos  lecteurs.  En  voici  le  texte  : 

«  Messieurs,  il  y  a  quatorze  ans,  la  Société  centrale  d'agriculture  de  la  Seine- 
Inftrieure  instituait  à  Rouen  son  premier  concours  d'animaux  de  boucherie  ;  son 
succès  a  été  très  grand,  et  ceux  qui  ont  suivi  ont  également  permis  d'apprécier 
les  progrès  importants  qui  ont  été  réalisés  dans  l'engraissement  des  bestiaux. 

«  Il  me  semble  bien  dilficilo  d'ajouter  aux  éloges  qu'en  ont  faits  mes  hono- 
rables prédécesseurs;  avec  autant  d'éloaueHCO  que  d'autorité,  ils  se  sont  attachés 
à  iaire  ressortir  les  avantages  de  ces  exhibitions  qui  mettent  en  lumière  le  mérite 
des  exposants  et  fournissent  à  tous  les  éleveurs  des  renseignements  utiles  et 
précieux. 

«  Je  n'aurai  donc  pas  à  mettre  votre  patience  à  une  bien  longue  épreuve,  et  je 
me  bornerai  à  quelques  courtes  observations  sur  les  motifs  qui,  la  faisant  renon- 
cer à  sa  tentative  de  l'année  dernière,  ont  déterminé  la  Société  centrale  à  fixer  à 
nouveau  pour  la  tenue  de  son  concours  les  lundi  et  mardi  de  la  semaine  sainte. 
«  Les  considérations  sur  lesquelles  on  s'était  appuyé  pour  demander  que  tous 
les  concours  de  boucherie  tenus  en  province  précédassent  celui  de  Paris,  méri- 
taient certes,  et  méritent  encore  aujourd'hui  une  très  sérieuse  attention;  la  possi- 
bilité de  réunir  et  comparer  entre  eux  des  animaux  de  races  comme  de  caractères 
tout  à  fait  différents,  primés  sur  divers  points  de  la  li'rance,  présente  certaine- 
ment assez  d'intérêt  pour  justifier  l'application  générale  de  cette  mesure,  il  ne  pa- 
raissait pas  tout  d'abord  qu'elle  pût  rencontrer  de  difficulté,  et  le  résultat  du 
concours  de  1882  était  de  nature  à  nous  encourager  à  persévérer  dans  cette  voie. 
«  Nous  avons  été  heureux,  en  effet,  de  constater  que  des  moutons,  sortis  des 
bergeries  de  l'un  de  nos  éleveurs  les  plus  distingués,  l'honorable  M.  Rasset, 
avaient,  après  deux  premiers  prix  obtenus  à  Rouen,  figuré  au  concours  géuéral 
de  Paris  et  été  jugés  dignes  de  la  prime  d'honneur. 

«  Le  temps  et  l'expérience  ont  cependant  révélé  des  obstacles  presque  insur- 
montables; ainsi  nous  eussions  été  obligés,  cette  année,  de  fixer  notre  réunion  au 
15  janvier,  c'est-à-dire  à  une  époque  oij,  sous  notre  climat,  on  est  fondé  à  redou- 
ter une  chute  déneige,  ou  tout  au  moins  des  froids  très  rigoureux;  sans  la  pos- 
sibilité de  chautïer  le  local  de  l'exposition,  il  devenait  évident  que  le  concours  ne 
saurait  avoir  lieu;  puis,  de  leur  côté,  les  cultivateurs  soutenaient  que  le  temps 
leur  ferait  défaut  pour  amener  leurs  bestiaux  à  un  engraissement  complet. 

«  11  est  en  outre  des  usages  plus  que  séculaires  qui,  s'imposant  pour  ainsi  dire, 
aussi  bien  dans  les  villes  que  dans  les  campagnes,  semblent  défier  toute  tenta- 
tive de  les  modifier  ;  les  marchés  fleuris,  la  promenade  et  l'exposition  des  ani- 
maux primés  rentrent  dans  cette  catégorie.  Or,  dans  notre  région,  ces  marchés  se 
tiennent,  depuis  un  temps  immémorial,  quelques  jours  avant  ou  pendant  la 
semaine  sainte,  et  loin  de  diminuer,  leur  nombre  s'accroît  chaque  année.  A  nulle 
époijue,  et  surtout  lorsqu'une  fête  locale  ne  vient  point  exciter  l'émulation  ou  pro- 
voquer l'amour-propie  de  la  boucherie,  on  ne  pourrait  tirer  un  parti  aussi  avan- 
tageux de  ces  magnifiques  animaux,  engraissés  avec  tant  de  soin,  de  peines,  et 
quelquefois  aussi  d'argent;  en  tt;m[)S  ordinaire,  on  n'en  trouverait  pas  aussi  facile- 
ment le  débit,  à  cause  de  la  prodigieuse  quantité  dégraisse  qui,  si  elle  prouve  le 
talent  de  ceux  qui  les  ont  nourris,  est  loin  de  flatter  le  goiàt  du  consommateur. 
«  A  ce  propos,  et  pour  terminer,  je  vous  demande,  messieurs,  la  permission  de 
vous  exposer  une  appréciation  qui  m  est  toute  personnelle. 

a  II  m'est  arrivé,  dans  des  expositions  de  beaux-arts,  d'admirer  les  œuvres  de 
grands  peintres  qui  se  sont  illustiés  en  retraçant  des  scènes  champêtres  dans  les- 
quelles des  animaux  occupaient  le  premier  plan;  ces  sujets,  admirablement 
traites,  ne  reproduisaient  pourtant  pas  avec  une  exactitude  rigoureuse  les  bestiaux 
que  nous  voyons  tous  les  jours  dans  nos  fermes,  ils  leurs  étaient  de  beaucoup 
supérieurs  en  beauté.  Je  me  demande  comment  nous  pourrions  rester  indifférents 
en  f  xe  de  chets-d'œuvre  tout  aussi  diificiles  à  réaliser  et  dont  nous  trouvons 
souvent  de  nombreux  e  emples  dans  les  concours  aj^ricoles?  N'y  voyons-nous  pas 
figurer  des  animaux  tellement  remarquables  de  formes  et  d'engraissement  qu'ils 
touchent  la  perfection"/  Mais  que  de  patientes  recherches, que  d  études  attentives, 
que  desoins  persévérants,  que  de  sacrifices  même  l'éleveur  n'a-t-ilpas  diis'impo-. 
ser!  Que  d'écueils  à  éviter,  que  d'essais  à  renouveler,  que  de  dilficultés  de  toute 
sorte  à  vaincre 


CHRONIQUE  AGRiaOLE  (31  MARS   1833).  489 

«  lia  fallu  d'abor.1  donner  la  préférence  à  une  race,  puis  choisir  les  sujets  les 
meilleurs  et  néanmoins  recourir  pirfois  encore  à  des  croisements  judicieux  afin 
de  pouvoir  élever  ou  abaisser  la  taille,  grossir  ou  diminuer  certaines  parties  du 
corps,  en  un  mot  pour  les  modifier  et  les  façonner  pour  ainsi  dire  à  sa  volonté, 
ou  suivant  les  besoins;  ne  pouvons-nous  pas  considérer  comme  un  véritab'e 
artiste  l'éleveur  qui  a  réalisé  ce  que  le  peintre  avait  idéalisé,  et  comme  celui-ci, 
n'a-t-il  pas  le  droit  à  notre  admiration  et  à  nos  applaudissements? 

cv  Toutefois,  dans  les  concours  de  boucherie,  la  question  économique  se  trouve 

Quelque  peu  sacrifiée  à  l'art;  produire  beaucoup  de  viande  économiquement  et 
ans  le  moins  de  temps  possible  est  un  problème  très  important,  mais  ijui  n'a 
pas  encore  reçu  de  solution,  bien  qu'il  soit  digne  de  fixer  l'attention  des  culti- 
vateurs. 

«  Evidemment  c'est  beaucoup  que  d'avoir  diminué  cette  énorme  charpente 
osseuse  qui  fournissait  aux  bouchers  l'occasion  de  combler  leur  clientèle  de 
<c  réjouissance»  ;  le  service  que  l'on  rendrait  à  l'agriculture  et  àla  consommation 
ne  serait  pas  moins  grand  si,  par  une  alimentation  spéciale  et  raisonnée,  on 
pouvait  arriver  à  produire  de  la  viande  de  qualité  supérieure,  mais  exempte  de 
cette  masse  de  graisse  qui,  délaissée  ou  repoussée  par  le  consommateur,  se 
trouve,  en  fin  de  compte,  destinée  au  fondoir.  Nos  voisins  les  Anglais  peuvent 
développer  l'engraissement  de  leurs  bestiaux  jusqu'à  l'excès,  ils  aiment  le  gras  et 
le  mangent  avec  plaisir.  Le  goût  français  est  tout  autre,  aussi  nos  efforts  devraient- 
ils  tendre  à  produire  prompement  et  écoiiomiqu3ment  la  viande  recherchée  et 
préférée  par  la  consommation  locale. 

«  J'aurais  fini,  messieurs,  si  je  ne  tenais  à  exprimer  nos  sentiments  de  profonde 
gratitude  à  tous  ceux  qui  ont  bien  voulu  nous  seconder  dans  notre  tâche,  à  M.  le 
préfet  de  la  Seine-Inférieure,  à  iM.  le  maire  de  Rouen,  dont  nous  regrettons  vive- 
ment l'absence,  et  à  la  gracieuse  intervention  desquels  nous  devons  d'avoir  pu 
obtenir  d'importantes  allocations  du  gouvernement  et  de  la  ville;  à  la  Société  des 
agriculteurs  de  France,  à  M.  l'inspecteur  général  de  l'agriculture,  et  à  toutes  les 
personnes  qui,  en  honorant  cette  fête  de  leur  présence,  nous  apportent  un  pré- 
cieux témoignage  d'intéièt.  d'estime  et  de  sympathie;  enfin  aux  commissaires  et 
aux  membres  du  Jury  qui  ont,  comme  toujours,  rempli  leur  mission  difficile  et 
délicate  avec  autant  d'indépendance  que  de  dévouement.  » 

Le  prix  d'honneur  du  concours  de  Rouen  a  été  remporté  par 
M.  Jourdois,  agriculteur  à  Gharleval  (Eure),  pour  un  bœuf  normand 
cotenlin,  pesant  1,010  kilog. 

XII.  —  ExpjsilLOii  d horticulture  à  Épernay. 

La  Société  d'horticulture  de  l'arrondissement  d' Epernay  (Marne) 
organise  une  exposition  de  plantes  en  fleurs  et  de  fleurs  coupées  qui 
aura  lieu  sur  la  promenade  du  Jard,  à  Epernay,  du  23  au  25  juin 
1883  inclus.  Les  membres  de  la  Société  ont  seuls  le  droit  d'exposer. 
Le  jury  sera  choisi  parmi  les  Sociétés  correspondantes.  Des  médailles 
d'or,  vermeil,  argent,  bronze  et  des  mentions  honorables  seront 
décernées  aux  exposants  les  plus  méritants. 

XIII.  —  Meeting  d'horticulture  à  Gand. 

La  chambre  syndicale  des  horticulteurs  belges  organise  à  Gand  un 
meeting  international  d'horticulture,  dont  la  date  du  15  avril  procbain 
coïncide  avec  l'ouverture  de  l'exposition  quinquennale  due  à  l'iniiia- 
tive  de  la  Société  royale  d'agriculture  et  de  botanique.  Ce  meetin  >  a 
pour  but  d'offrir  aux  horticulteurs  de  tous  pays  une  occasion  d'étudier 
en  commun  quelques-unes  des  questions  qui  se  rattachent  au  déve- 
loppement de  leur  industrie  et  à  l'extension  de  leurs  relations  com- 
merciales. Ces  questions  seront  d'ordre  purement  commercial  et 
industriel  ;  c'est  la  seule  limite  tracée  aux  orateurs  qui,  dans  l'exposé 
de  leurs  théories  et  dans  l'expression  de  leurs  vœux,  jouiront  de  la 
liberté  la  plus  large.  Deux  questions  principales  sont  dès  aujourd'hui 


490  CHRONIQUE   AGRICOLE  (31   MARS   1883). 

inscrites  à  l'ordre  du  jour  ;  elles  se  rapportent,  l'une  à  la  situation  faite 
à  i'horliculture  par  la  convention  phylloxérique  de  Berne,  l'autre  à  la 
nécessité  d'une  action  commune  des  horticulteurs  dans  tous  les  pays 
du  monde  en  vue  d'obtenir  pour  l'industrie  horticole  la  protection  et 
les  avantages  auxquels  elle  a  léojitimement  droit.  Les  adhésions 
doivent  être  adressées  sans  retard  à  M.  le  président  delà  chambre  syn- 
dicale des  horticulteurs  beli>;es,  à  Gand. 

XIV.  —  Les  concours  de  reproducteurs  de  Paris. 

Notre  collaborateur,  M.  de  la  Tréhonnais  était  en  Ani2;leterre  lorsque 
les  observations  de  MM.  Tiersonnier  et  de  Poncins,  relativement  à  son 
compte  rendu  du  concours  d'animaux  reproducteurs  de  Paris,  ont  paru 
dans  nos  colonnes  (n"'  des  10  et  17  mars).  M.  de  la  Tréhonnais  nous 
a  envoyé  une  réponse  qui  paraîtra  dans  notre  prochain  numéro. 

XV.  —  Nouvelles  de  Vétat  des  récoltes  en  terre, 

La  plupart  des  notes  de  nos  correspondants  signalent  la  recrudes- 
cence de  l'hiver.  Voici  la  lettre  que  M.  Jacquot  nous  adresse  de 
Chèvreroche  (Vosges),  à  la  date  du  25  mars  : 

a  Nous  n'en  sommes  pas  encore  à  vous  parler  des  récoltes  en  terre,  encore 
moins  des  travaux  de  culture  du  printemps;  c'est  l'hiver,  l'hiver  rigoureux  qui 
domine.  Les  tempêtes  de  neige  qui  en  ont  amoncelé  des  quantités  considérables 
sur  nos  montagnes  ont  été  précédées,  accompagnées  et  suivies  de  froids  rigoureux 
dont  le  maximum  a  atteint —  10".  Aujourd'hui  le  cielgris  et  la  température  froide 
semblent  encore  indiquer  la  neige.  y> 

Sur  la  situation  dans  la  Vendée,  M.  Boncenne  fils  nous  adresse,  de 
Fontenay-le-Comte,  la  note  suivante  à  la  date  du  23  mars  : 

«  Le  mois  de  mars  a  commencé  par  des  journées  chaudes  c^ui  ont  permis  à  la 
culture  de  reprendre  les  labours  et  les  ensemencements;  mais  à  partir  du  7,  le 
temps  a  subi  une  modification  complète.  L'air  est  tout  à  coup  devenu  très  froid, 
la  neige  est  tombée  en  petite  quantité  d'abord,  puis  en  flocons  plus  épais  et  a 
couvert  la  terre  pendant  près  de  vingt-quatre  heures.  Nous  avons  relevé,  le  7 
et  le  8,  des  minima  de  2  et  3  degrés  centigrades  au-dessous  de  zéro.  Le  9,  le 
thermomètre  est  descendu  à  —  7",  le  10  à  —  5",  le  1 1  à  —  6",  et  le  12  à  —  6" 
degrés.  Cette  température  rigoureuse  n'a  pas  été  trop  préjudiciable  aux  blés  en 
terre.  Les  colzas  seuls  ont  souffert.  Les  arbres  dont  la  floraison  est  précoce, 
amandiers,  pêchers,  cerisiers,  ont,  en  divers  points,  leur  récolte  sérieusement 
compromise.  Actuellement  les  gelées  ont  cessé,  mais  la  pluie  est  revenue  et  les 
travaux  des  champs  sont  encore  une  fois  suspendus.  Les  semailles  d'orge  et 
d'avoine  sont  peu  avancées,  dans  nos  contrées,  et  l'on  craint  que  ce  nouveau 
retard  n'ait  de  graves  conséquences  pour  la  récolte  prochaine. 

«  Les  transactions  sont  calmes  sur  la  plupart  des  marchés.  Les  avoines  de  choix 
sont  demandées,  et  par  suite 'les  cours  accusent  plus  de  fermeté.  Les  veaux  et 
les  porcelets  sont  en  baisse.  Les  jeunes  bœufs  se  vendent  assez  facilement.  Les 
vaches  et  les  génisses,  moins  recherchées  que  le  mois  dernier,  se  placent  encore 
à  des  prix  raisonnables. « 

La  situation  das  récoltes  s'est  peu  modifiée  depuis  quelques 
semaines  dans  l'Allier.  M.  Nebout  nous  adresse  les  renseignements 
suivants  d'Arteuilles  : 

«L'état  de  nos  recettes  ne  s'améliore  pas;  jamais  l'on  n'avait  vu  le  seigle  avoir 
un  si  triste  aspect  à  cette  saison,  et  c'est  la  ])rmcipale  récolte  de  nos  montagnes; 
fort  heureusement  nous  en  avons  cette  année  beaucoup  diminué  l'étendue,  pour 
le  remplacer  par  le  froment;  celui-ci  est  bien  meilleur-^  mais  il  est  infesté  de 
chiendent,  surtout  celui  qui  a  été  fait  sur  défrichement  de  prairies  artificielles, 
que  fon  n'a  pu  extirper,  vu  l'état  lamentable  de  l'automne  dernier,  et  encore 
depuis  quelques  jours  il  ne  fait  que  geler  les  nuits,  et  le  milieu  de  la  journée  est 
assez  doux,  ce  qui  est  très  défavorable  à  nos  récoltes  en  terre;  aussi  elles  sem- 
blent rentrer   sous  terre,    et  cependant  malgré  ces   tristes  apparences  les  prix 


CHRONIO  JE  AGRICOLE   (31    MARS18S3).  491 

restent  toujours  bien  bas,  surtout  pour  le  seigle,  qui  ne  nous  est  nullement  demandé. 
Par  contre,  cet  état  atmosphérique  est  très  favorable  à  la  récolte  arbuslive,  en 
ce  qu'il  retarde  l'essor  de  la  végétation  et  de  la  floraison,  qui  avaient  fait  de 
grand  progrès  en  janvier  dernier.  Nos  semences  de  printemps,  avoine,  oro^e.  et 
prairies  artificielles  sont  commencées,  suivant  les  différents  climats  c'est-à-dire 
se  terminent  où  le  climat  est  plus  doux,  et  commencent  où  il  est  un  peu  plus  rigou- 
reux. Nos  poiriers  dans  ces  parages  ont  c  ttn  année  peu  de  boutons  à  fruits,  ie 
crois  que  l'on  doit  l'attribuer  à  l'automne  si  extraordinaire  de  1882. 

«  Nous  commençons  dans  nos  parages  à  tailler  et  provigner  nos  vignes.  L'année 
dernière,  elles  ont  poussé  avec  vi^jucur,  mais  leur  bois  est  noir,  et  leurs  bouts  secs 
malgré  l'excessive  douceur  de  cet  hiver;  cela  tient  à  ce  qu'elles  n'ont  pu  bien 
aoûtcr  leurs  pousses  à  l'automne  dernier.  Mon  vignoble  est  en  majeure  partie  planté 
de  cépages,  dit  Nicolas,  plant  très  fertile,  très  rustii|ue  et  précoce,  produisant 
dès  la  deuxième  année  de  sa  plantation,  et  l'autre  partie  de  Lyonnais,  plant 
moins  vigoureux  que  le  premier  et  tout  aussi  fertile;  ces  deux  espèces  de  cépages 
sont  à  raisins  noirs;  l'Allier  jusqu'ici  est  indemne  du  phylloxéra;  pour  venir  en 
aide  à  mes  confrères  en  viticulture,  je  leur  ofï"re  des  boutures  de  ces  deux 
excellentes  variétés  à  20  francs  les  I,OOJ  boutures  rendus  en  gare  cmballafe  com- 
pris. Ces  deux  variétés  prennent  facilement  racines  même  dans  les  terrains  les 
plus  ingrats,  comme  ceux  de  ma  contrée;  leur  maturité  est  assez  hâtive  (septembre). 
.T'ai  aussi  le  cépage  blanc,  dit  Saint-Pierre,  excellente  variété  de  l'Allier,  et  le 
teinturier,  dont  généralement  nous  plantons  200  ou  300  ceps  par  hectare,  pour 
donner  plus  de  couleur  au  vin  rouge.  » 

Les  principaux  phénomènes  constatés -pendant  le  mois  de  février 
dans  le  déparlement  de  la  Dardogne,  sont  résumés  comme  il  suit  par 
M.  de  Leatilhac,  dans  la  note  qu'il  nous  envoie  de  Saint-Jean-d'Ataux, 
à  la  date  du  1 5  mars  : 

«  Deux  phases  bien  distinctes  ont  caractérisé  février;  celle  des  pluies  avec 
température  relativement  douce  durant  la  première  quinzaine,  celle  des  vents  de 
hâle  avec  gelée  blanche  le  matin  durant  ie  reste  du  mois.  Les  cultivateurs  ont 
mis  à  proht  cette  dernière  période  pour  herser  les  blés,  travail  assez  mal  exécuté 
du  reste,  vu  l'état^  de  dureté  de  la  couche  superficielle  du  sol  et  de  plasticité  de 
la  coucue  inférieure.  Les  labours  pour  avoines  et  pommes  de  terre  sont  com- 
mencés, mais  à  part  quelques  légumes,  aucune  semence  n'a  été  confiée  au  sol, 
encore  trop  saturé  d'eau.  —  La  taille  de  la  vigne,  en  pleine  activité,  est  des  plus 
difficiles;  ie  sarment  mal  aoùté,  attaqué  par  l'antrachnose,  presque  aux  trois 
quarts  sec,  ne  se  prête  pas  à  la  vergue  ;  encore  doit-il  être  choisi  avec  soin  pour 
établir  le  courson.  —  Les  livraisons  des  tabacs  de  la  dernière  récolte  ont  été 
effectu-'es  aux  divers  magasins  de  la  régie;  les  prix  généralement  bas  ne  sont 
pas  un  encouragement  pour  l'extension  de  cette  culture,  il  est  vrai  de  dire  que  les 
produits  manquaient  de  qualité,  ayant  eu  beaucoup  à  souffrir  de  l'humidité,  tant 
au  sé''hoir  que  dans  le  cours  de  leur  végétation  —  Quant  aux  cultures  en  terre, 
la  situation  peut  se  résumer  ainsi  :  seigle-fourrage,  jarosse,  farouch,  bien 
réussis;  seigle  pour  grain  et  froment,  défectueux,  surtout  les  blés  semés  en 
mouWcres  sur  la  fia  de  novembi-e;  les  premiers  et  les  derniers  semés  sont  les 
meilleurs,  pour  le  moment  du  inoins.  » 

Le  phénomène  le  plus  remarquable  de  presque  tout  le  mois  de  mars 
est  le  refroidissement  subit  de  la  température,  refroidissement  tel  qy 
les  jours  les  plus  froids  de  l'hiver  ont  été  presque  partout  ceux  que 
nou  venons  de  traverser.  Ce  refroidissement  a  été  accompagné  de 
fréquentes  chutes  de  neige.  C'est  surtout  dans  le  Midi  que  ces  intem- 
péries ont  creusé  des  perles  cruelles;  car  les  arbres  fruitiers  étaient  en 
tleurs,  les  cultures  de  primeurs  étaient  en  pleine  activité  Les  vignes 
n'ont  pas  été  épargnées,  mais  elles  ont  été  atteintes  dans  des  pro- 
portions très  variables,  et  il  est  difficile  de  faire  une  évaluation, 
même  approximative,  du  dommage  qui  a  pu  leur  être  causé.  Dans 
les  régions  plus  septentrionales,  c'est  surtout  au  point  de  vue  du  nou- 
veau retard  apporté  aux  travaux  des  champs,  que  le  refroidissement 
de  la  température  a  été  funeste.  J.-A.    Baural. 


492  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'aGRIGULTURE  DE  FRANGE. 

SOCIÉTÉ    NATIONALE    D'AGRICULTURE 

Séance  du  28  mars  1883.  —  Présidence  de  M.  Chevreul. 

M.  le  secrétaire  perpétuel  présente  V Annuaire  du  la  Société  pour 
1883  qui  vient  d'être  publié. 

M.  Duponchel,  ingénieur  en  chef  des  ponts  et  chaussées^  envoie 
une  notice  sur  les  irrigations  insecticides,  en  vue  de  lutter  contre  le 
phylloxéra  ;  —  M.  de  Lapparent  envoie  une  notice  biographique  sur 
M.  Delesse;  —  M.  Ch.  Delattre,  une  étude  sur  les  gisenaents  français 
de  phosphate  de  chaux. 

M.  le  président  du  Comice  de  Béthune  (Pas-de-Calais)  transmet  le 
texte  d'une  pétition  qui  est  reproduite  dans  la  chronique  de  ce  numéro. 

M.  Gatellier,  président  de  la  Société  d'agriculture  de  Meaux,  envoie 
une  notice  sur  les  dispositions  prises  par  cette  Société  pour  contrôler 
le  commerce  des  engrais,  et  un  rapport  sur  les  réformes  à  apporter, 
au  point  de  vue  de  la  réduction  et  de  l'unification,  dans  les  tarifs  de 
chemins  de  fer. 

M.  Chabot  donne  lecture,  au  nom  de  la  Section  d'économie  des  ani- 
maux, d'un  rapport  sur  les  conférences  piscicoles  de  M.  Gobin,  profes- 
seur départemental  d'agriculture  du  Jura.  Ilinsiste  d'abord  surl'impor- 
tance  des  travaux  qui  ont  pour  but  d'accroître  le  rendement  des  eaux 
douces  en  poissons,  et  sur  les  heureux  résultats  que  l'on  peut  retirer 
aussi  de  l'organisation  de  la  pisciculture  marine  sur  toute  l'étendue 
des  côtes.  Il  montre  d'ailleurs  comment  lindustrie  de  la  pêche  est  la 
meilleure  école  de  formation  des  marins  de  l'Etat  et  de  ceux  du 
commerce. 

M.  Barrai  appelle  l'attention  delà  Société  sur  l'organisation  d'essais 
qui  vont  être  faits  par  une  Comxmission  de  la  Chambre  syndicale  des 
grains  et  farines  sous  la  présidence  de  M.  Gatellier,  sur  la  valeur  com- 
parée de  la  mouture  par  les  meules  et  par  les  cylindres  suivant  le 
procédé  hongrois.  Il  croit  que  l'attention  des  agriculteurs  doit  se  p  jrter 
sur  la  qualité  des  grains  qu'ils  produisent,  au  point  de  vue  de  la  pro- 
portion de  gluten  que  ces  grains  renferment;  car  c'est  la  plus  grande 
richesse  en  gluten  qui  donne  au,ourd'hui  aux  farines  hongroises  et  amé- 
ricaines la  supériorité  sur  les  farines  françaises.  Quelques  observations 
sont  ensuite  présentées  sur  ce  sujet  par  M.M.  Pluchet,  Heuzé,  Peligot  et 
Chevreul.  M.  Heuzé  rappelle  que  les  gruaux  hongrois  sont  spéciale- 
ment recherchés  par  la  boulangerie,  parce  qu'ils  donnent  un  pain 
d'une  blancheur  remarquable;  il  pense  que  c'est  là  que  se  trouve  le 
secret  de  leur  succès.  M.  Peligot  annonce  qu'il  se  propoc>e  de  faire 
connaître  à  la  Société  le  résultat  d'analyse  d'un  grand  nombre  de  blés 
et  de  farines,  faites  dans  un  laboratoire  spécial,  et  qui  montrent  les 
différences  sensibles  qui  se  présentent  dans  la  richesse  en  gluten. 
M.  Chevreul  insiste  sur  l'i.Tiportance,  pour  comparer  les  systèmes  de 
mouture,  de  soumettre  aux  différents  systèmes  \  des  blés  de  même 
variété  et  de  même  origine,  se  présentait  dans  les  mêmes  conditions 
au  point  de  vue  de  leurs  qualités;  les  expériences  faites  dans  des  con- 
ditions  identiques    pouvant   seules    donner  des  conclusions. 

Sur  la  proposition  de  la  Section  d'économie  des  animaux,  la 
Société  déclare  l'ouverture  d'une  vacance  pour  une  place  de  membre 
associé  dans  cette  Section.  Henry  Sagnier. 


OBSERVATIONS  SUR  LE  LAIT  BLEU.  .493 

OBSERVATIONS  SUR  LE  LAIT  BLEU 

PREMIÈRE    PARTIE 

Cette  singulière  altération  appelée  vulgairement  lait  bleu  s'est 
déclarée,  pour  la  première  fois,  sur  les  produits  de  ma  laiterie  dans  le 
courant  du  mois  d'août  1877  :  j'étais  absent,  lorsque  l'on  m'apprit 
que  des  taches  bleues,  souvent  très  larges,  envahissaient  la  surface 
du  lait  conservé  dans  les  terrines  pour  la  préparation  du  beurre.  On 
me  taisait  parvenir,  en  même  temps,  un  échantillon  du  beurre  obtenu 
avec  cette  crème  bleue;  quoique  tout  nouvellement  battu,  ce  beurre 
avait  une  odeur  butyrique  forte  et  désagréable  ;  sa  couleur  verdâtre  le 
rendait  encore  plus  repoussant.  L'altération  était  donc  très  grave. 
Cependant,  au  moment  de  la  traite,  le  lait  de  toutes  les  vaches  avait 
sa  couleur  naturelle,  il  supportait  parfaitement  l'ébullition  sans  se 
coaguler  et  conservait  sa  saveur  ordinaire.  En  effet,  les  taches  bleues  ne 
se  produisaient  qu'à  la  surface  de  la  crème  environ  après  36  heures 
de  séjour  à  l'air. 

Me  trouvant  à  Motteville,  près  d'Yvetot,  dans  une  partie  du  pays  de 
Caux,  où  la  maladie  du  lait  bleu  règne  assez  fréquemment,  je  pris  des 
informationsauprèsdeplusieurs  cultivateurs,  espéranttrou/er  quelques 
conseils,  ou  indications  pratiques.  Mais,  à  mon  grand  étonnement,  on 
paraissait  fort  alarmé  d'avoir  à  me  répondre  sur  un  sujet  si  délicat  ; 
on  se  contentait  de  me  plaindre,  en  me  faisant  comprendre  qu'un 
pareil  malheur  ne  peut  être  conjuré  que  par  ceux  qui  ont  pouvoir  de 
faire  le  mal.  A  les  entendre,  je  devais  me  trouver  sous  le  coup  d'un 
maléfice  :  il  fallait  combattre.  Je  me  mis  donc  à  l'œuvre. 

Mon  premier  soin  fut  d'établir  un  service  pour  recueillir  et  examiner 
séparément  les  produits  des  sept  vaches  qui  donnaient  du  lait.  Ces 
vaches  étaient  nourries  en  liberté,  au  pâturage  dans  nos  herbages 
plantés  de  pommiers,  elle  paraissaient  toutes  en  très  bon  état  et 
plutôt  trop  grasses.  Leur  rendement  en  lait  était  régulier;  les  analyses 
donnaient  en  moyenne  pour  100  de  lait  :  13,  15  de  résidu  sec,  dont 
4.  24  de  matière  grasse.  Les  animaux  semblaient  être  dans  un  état 
normal;  cependant,  j'avais  plusieurs  fois  constaté  quelelait  présentait 
toujours  une  réaction  très  nettement  acide. 

Du  25  août  au  10  septembre,  le  produit  des  traites  a  été  examiné 
séparément.  En  consultant  le  tableau  qui  indique  l'intensité  des  taches 
bleues  observées,  on  trouve  que  le  lait  fourni  par  chacune  des  sept 
vaches  a  été,  plus  ou  moins,  envahi  par  la  moisissure  bleue;  il  n'y  a 
pas  lieu  d'attribuer  à  l'un  des  animaux  plutôt  qu'à  l'autre,  une  sécrétion 
anormale  ou  pathologique. 

La  moisissure  bleue,  à  la  surface  de  la  crème,  se  présente  sous  les 
formes  et  les  aspects  les  plus  variés;  souvent  une  bande  bleue  frangée 
de  0^.010  à  0'".020  de  largeur  se  développe  en  cercle  contre  les 
parois  du  vase;  quelques  taches  isolées  peuvent  se  trouver  vers  le 
centre  ;  plus  souvent  encore  après  40  ou  60  heures  de  séjour  à  l'air, 
l'aspect  de  la  crème  serait  assez  bien  figuré  par  la  coupe  d'un  savon 
de  Marseille  fortement  veiné  de  bleu,  car  la  coloration  bleue  est  aussi 
intense  que  celle  de  l'indigo  ou  du  bleu  de  Prusse  ;  parfois  la  crème 
apparaît  comme  saupoudrée  avec  une  poussière  d'indigo  à  grains  de 
grosseur  diverse.  Dans  certains  cas  les  points  bleus  restent  sans  déve- 


494  OBSERVATIONS  SUR  LE  LAIT  BLEU. 

loppement  ;  parfois,  au  contraire,  ces  points  se  développent  rapidement, 
de  proche  en  proche,  ils  deviennent  confluents  :  en  quelques  heures 
l'envahissement  est  complet,  et  la  pellicule  bleue  recouvre  alors  toute 
la  surface  de  la  crème. 

J'ai  constaté  que  la  pellicule  bleue,  mycodermique,  pouvait  facile- 
ment se  reproduire  par  voie  d'ensemencement.  En  voici  un  exemple  : 
quelques  parcelles  de  cette  pellicule,  d'un  beau  bleu,  recueillies  comme 
semence,  furent  délayées  dans  un  demi-litre  de  laitplacé  au  laboratoire 
dans  un  cristallisoir  en  verre.  Après  vingt  heures  le  mycoderme  semé 
apparaissait  déjà  sous  forme  de  taches  bleues  isolées;  le  développe- 
ment faisait  de  rapides  progrès  d'heure  en  heure  ;  enfin  la  surface  de  la 
crème  était  entièrement  envahie  après  vingt-cinq  heures.  Plusieurs 
récoltes  successives  pouvaient  être  ainsi  obtenues  en  cultivant  dans  du 
lait  la  semence  recueillie  sur  de  nouveaux  ensemencements;  cependant 
il  faut  dire  aussi  que  ces  semences  restaient  parfois  stériles  ;  une  moi- 
sissure blanche  se  développait  sur  la  crème,  en  même  temps,  ou  plus 
rapidement  que  la  pellicule  bleue  qui  se  trouvait  alors  anéantie. 

On  comprend  que  la  reproduction  facile  du  mycoderme  doit  prolon- 
ger l'altération  survenue  dans  lesproduits  d'une  laiterie;  souvent  faute 
d'indications  précises  la  pauvre  fermière  se  voit  pour  longtemps 
obligée  de  renoncer  à  la  fabrication  et  à  la  vente  du  beurre. 

J'avais  pris  en  main  l'exploitation  de  ma  ferme  au  mois  d'octobre 
1 850  et,  comme  je  l'ai  indiqué  sommairement,  la  maladie  du  lait  bleu 
avait  été  observée  pour  la  première  fois  sur  les  produits  de  la  laiterie 
au  mois  d'août  1877;  quelques  taches  bleues  étaient  en  effet  signalées 
dès  le  11  de  ce* mois.  La  maladie  dans  son  intensité,  du  20  août  au 
7  septembre,  se  terminait  heureusement  le  15  septembre.  Pendant  cette 
période,  nos  Tableaux  météorologiques  indiquent  plusieurs  orages  et 
une  température  généralement  élevée. 

Aucune  modification  n'avait  été  apportée  dans  les  dispositions  delà 
laiterie  depuis  1850,  la  nourriture  des  vaches  au  pâturage  restait  la 
même,  et  je  dois  faire  remarquer  que  pendant  ving-sept  années  la  moi- 
sissure bleue  de  la  crème  nous  était  restée  inconnue. 

Le  28  juin  1878  nous  avons  eu  à  signaler  une  nouvelle  apparition  de 
la  moisissure;  mais  tout  était  terminé  le  22  juillet,  après  un  traitement 
spécial  du  lait,  dont  j'aurai  à  parler. 

Le  15  juin  1879,  j'observe  encore  quelques  taches  restées  d'ailleurs 
sans  gravité,  cependant  on  note  une  récidive  les  2,  11  et  21  juillet  de 
cette  même  année;  plusieurs  terrines  (2  sur  13)  présentent  la  pellicule 
bleue. 

Au  mois  d'août  1 880,  la  fièvre  aphteuse  se  déclarait  sur  les  moutons 
et  sur  les  vaches  de  la  ferme,  aucune  tache  bleue  ne  s'est  développée 
sur  le  lait  pendant  cette  année. 

Enfin  la  dernière  apparition  du  lait  bleu  avait  lieu  d'une  manière 
surprenante  le  21  juin  1881  ;  on  avait  coulé  dans  quatre  terrines 
28  kilog.  du  lait  recueilli  le  19  juin  à  midi  :  le 21  juin  à  six  heures  du 
matin  la  surface  de  la  crème  dans  ces  terrines  était  complètement 
envahie  par  la  pellicule  bleue;  cependant  ce  même  jour,  19  juin,  le 
lait  obtenu  dans  la  traite  de  six  heures  du  matin  était  resté  irrépro- 
chable aussi  bien  que  le  lait  de  la  traite  du  soir.  Ajoutons  qu'un 
ensemencement  du  mycoderme  apparu  si  brusquement  est  resté  stérile 
et  sans  développement. 


OBSERVATIONS  SUR  LE  LAIT  BLEU.  495 

Pendant  la  première  période  de  la  maladie,  en  août  1877,  j'avais 
chaque  jour  sous  les  yeux  20  ou  30  terrines  de  lait  plus  ou  moins 
gravement  altéré  :  ce  spectacle,  fort  intéressant,  sans  doute,  pour  l'ob- 
servateur, ne  laissait  pas  que  d'avoir  un  côté  assez  pénible  pour  le 
fermier  et  son  personnel  de  service.  Il  fallait  chercher  sérieusement 
un  remède  au  mal.  Sur  le  conseil  du  vétérinaire,  on  avait  saigné  plu- 
sieurs vaches  trop  grasses  ;  le  sang  fut  trouvé  très  épais  et  manquant 
de  sérosité;  la  réaction  acide  du  lait  m'apparut  alors  comme  un  symp- 
tôme pathologique,  d'autant  que  le  plus  grand  nombre  des  auteurs 
s'accorde  à  déclarer  que  le  lait  de  vache  a  toujours  une  réaction  fai- 
blement alcaline.  M'appuyant  sur  cette  donnée,  je  résolus  de  faire 
subir  à  mes  vaches  un  traitement  rafraîchissant  et  alcalin  :  chacune 
des  7  vaches  reçut  donc  journellement  un  breuvage  contenant  du  sulfate 
et  du  bicarbonate  de  soude.  Au  bout  d'une  semaine,  on  dut  inter- 
rompre ce  traitement  ;  les  vaches  devenaient  furieuses  au  moment  où 
on  leur  administrait  de  force  le  breuvage;  en  outre  la  moisissure  bleue 
se  développait  sur  la  crème  avec  plus  d'intensité  que  jamais.  A  partir 
de  ce  moment,  je  laissai  les  pauvres  bêtes  en  repos  et  je  fis  quelques 
essais  pour  traiter  directement  le  lait. 

Voici  le  procédé  qui  a  donné  les  meilleurs  résultats  :  j'ajoutais  au 
lait,  au  moment  même  où  il  était  coulé  dans  les  terrines,  après  la 
traite,  une  proportion  bien  déterminée  d'acide  acétique  préparé  au 
centième.  Pour  10  litres  de  lait  on  employait  500  centimètres  cubes 
de  cet  acide  soit:  C°^500  acide  acétique  eristallisable  par  litre  de  lait. 
Cette  proportion  d'acide  ne  caille  pas  ordinairement  le  lait;  la  montée 
de  la  matière  grasse  paraît  même  particulièrement  facilitée,  et  le  beurre 
obtenu  conserve  tout  son  arôme, 

Sous  l'influence  du  traitement  acide,  la  moisissure  bleue  a  disparu 
comme  par  enchantement,  tandis  que  le  lait  non  soumis  au  traitement 
et  conservé  pour  un  examen  comparatif,  continuait  à  présenter  des 
taches  bleues  sur  la  crème.  L'expérience  paraît  concluante. 

Je  termine  donc  en  divulguant  mon  secret  pour  conjurer  le  maléfice  : 

1  °  Exiger  que  tous  les  vases  qui  doivent  contenir  du  lait  à  écrémer 
soient  plongés,  pendant  5  minutes  au  moins,  dans  l'eau  bouillante; 
défendre  l'emploi  de  brosses  ou  linges,  dont  la  propreté  est  presque 
toujours  douteuse; 

2°  En  cas  d'invasion  grave  et  persistante,  traiter  le  lait  par  l'acide 
acétique  au  centième  comme  je  viens  de  l'indiquer,  en  employant  la 
dose  de  0^^50^  d'acide  eristallisable  par  litre  de  lait. 

J'exposerai  dans  une  deuxième  partie  les  résultats  fournis  par  l'exa- 
men microscopique  de  la  pellicule  mycodermique  et  de  son  orga- 
nisme; je  reviendrai  aussi,  avec  quelques  détails,  sur  la  véritable  réac- 
tion du  lait  dans  son  état  naturel.  J.  Reiset, 

Membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture, 
Correspondant  de  l'Académie  des  sciences. 

CHARRUE  SULFUREUSE  OU  INJECTEUR  A  TRACTION 

DE  M.  LOUIS  PAIR  AUBE* 

I.  —  La  Société  d'agriculture  du  Gard,  qui  s'intéresse  d'une 
manière  toute  particulière  à  l'œuvre  commune  de  la  reconstitution  des 
vignobles  français,  qui  veut  apporter  sa  pierre  à  l'édifice  viticole  que 

l.  Rapport  présenté  à  la  Société  d'agriculture  du  Gard,  le  25  février  1883. 


496  CHARRUE  SULFUREUSE  OU  INJEGTEUR  A  TRACTION. 

l'on  reconstruit  en  ce  moment  et  qui  suit  avec  le  plus  grand  zèle  et  la 
plus  grande  activité  tous  les  procédés  imaginés  dans  ce  but,  avait 
organisé,  au  mois  d'octobre  dernier,  un  concours  de  charrues  sulfu- 
reuses. 

L'essai  eut  lieu  chez  M.  P.  Gastelnau,  sur  son  domaine  du  grand 
Mazet,  près  Saint-Laurent-d'Aigouze,  et  on  fut  assez  satisfait,  d'une 
manière  générale,  du  fonctionnement  des  appareils  que  MM.  Gastine 
et  Fallières  avaient  bien  voulu  exposer.  Toutefois,  on  reconnut  unani- 
mement que  l'idée  était  bonne,  mais  que  des  perfectionnements 
devaient  être  apportés  à  ces  injecteurs  tant  sous  le  rapport  de  la  sim- 
plicité du  mécanisme  que  de  leur  bonne  marche  dans  les  diverses 
natures  du  sol.  Aujourd  hui,  paraît-il,  ces  lacunes  ont  été  comblées  et 
ces  charrues  spéciales  possèdent  ces  qualités  si  précieuses  qui  ouvrent 
la  porte  des  fermes  à  tous  les  instruments  agricoles. 

Mais  un  propriétaire  de  Vàuvert,  M.  Louis  Pairaube,  qui  avait 
assisté  aux  essais  de  Saint-Laurent-d'Aigouze,  voulut,  lui  aussi,  ima- 
giner un  injecteur  encore  plus  simple  et  plus  pratique.  Et  nous  nous 
empressons  de  dire  que,  sauf  quelques  modilications  d'ordre  secon- 
daire qui  seront  apportées  ultérieurement,  M.  Pairaube  a  pleinement 
réussi  ^ 

La  Société  d'agriculture  s'est  transportée  le  21  février  dernier,  à 
Beauvoisin  (Gard),  chez  M.  Mauberna,  pour  examiner  le  mécanisme  de 
ce  nouvel  injecteur  et  le  faire  fonctionner  ensuite  sous  ses  yeux;  ayant 
assisté  à  ces  essais,  nous  pouvons  en  donner  la  description  et  fournir 
quelques  détails  pratiques  sur  son  fonctionnement. 

IL  —  Cet  instrument,  aussi  simple  qu'ingénieux,  consiste  essen- 
tiellement en  une  pompe  à  double  effet  qui  est  mise  en  mouvement  à 
l'aide  d'un  vilebrequin  fixé  à  l'essieu  des  roues.  Les  roues,  au  nombre 
de  deux,  transmettent  donc  la  force  motrice  et  l'essieu  qui  les  réunit 
présente  un  coude  vers  son  milieu  sur  lequel  est  adaptée  une  bielle  qui 
va  se  fixer  sur  le  balancier  de  la  pompe. 

Ce  balancier  porte  une  graduation  correspondant  à  des  qualités 
déterminées  de  sulfure;  c'est  ainsi,  par  exemple,  que  si  on  fixe  la 
bielle  du  vilebrequin  à  l'extrémité  du  balancier  on  répand  6  grammes 
d'insecticide  par  mètre  courant,  et  24  grammes  au  contraire  si  on  la 
fixe  très  près  des  pompes,  puisque  dans  ce  dernier  cas  on  augmente 
la  course  des  pistons.  C'est  là  que  résideV idée-mere  de  l'instrument,  car 
on  peut  à  l'aide  de  ce  balancier  et  de  la  bielle  qui  y  glisse  à  frottement 
doux,  régler  très  simplement  la  dose  de  sulfure  à  répandre  par  mètre 
de  sillon  ou  par  hectare. 

Le  mouvement  peut  être  transmis  aux  pompes  à  volonté  par  l'une 
ou  l'autre  roue,  mais  c'est  toujours  la  roue  située  en  contre-bas  qui  est 
choisie  pour  opérer  cette  transmission,  et  dans  ce  cas  cette  dernière 
est  embrayée  ou  calée  avant  la  marche  et  l'autre  rendue  folle.  Cette 
manœuvre  est  des  plus  simples.  Nous  voyons  par  conséquent  que  le 
nombre  de  coups  de  piston  est  subordonné  au  nombre  de  tours  que 
fait  la  roue  motrice;  or,  cette  roue  ayant  l'".75  de  circonférence,  il  y  a 
nécessairement  un  coup  de  piston  donné  toutes  les  fois  que  la  machine 
parcourt  une  distance  de  1™.75. 

Au  devant  de  l'appareil,  et  placé  exactement  au-dessus  des  roues, 
se  trouve  un  réservoir  en  tôle  pouvant  contenir  25  kilog.  de  sulfure  de 

1.  Il  est  regrettable  que  l'invenleur  n'ait  encore  rien  publié  sur  son  instrument. 


CHARRUE  SULFUREUSE  OU  INJEGTEUR  A  TRACTION.  497 

carbone  et  qui  porte  sur  le  derrière  un  tube  de  niveau  et  une  gra- 
duation afin  qu'on  puisse  savoir  à  tout  instant  et  la  quantité  d'insec- 
ticide employée  et  celle  qui  se  trouve  dans  le  réservoir. 

Ce  réservoir  communique  avec  la  pompe  à  l'aide  d'un  tuyau  en 
cuivre  sur  le  parcours  duquel  se  trouve  un  robinet  qui  permet  d'inter- 
rompre la  communication.  L'instrument  étant  en  marche,  la  pompe 
aspire  le  liquide  et  le  projette  ensuite  dan»  le  tuyau  de  refoulement 
qui  glisse  sous  le  bâti  et  débouche,  en  suivant  une  gouttière  pratiquée 
derrière  le  contre,  au  fond  du  sillon.  Mais  ce  tuyau  de  refoulement 
possède  vers  son  milieu  un  robinet  à  trois  voies  que  l'ouvrier  peut 
fermer  aisément  à  l'aide  d'un  petit  levier,  de  sorte  que  ce  levier  étant 
abaissé  sur  le  devant  et  la  pompe  fonctionnant,  le  liquide  n'est  pas 
projeté  sur  Je  sol,  mais  gagne  le  réservoir.  En  effet,  une  voie  de  ce 
robinet  communique  avec  le  réservoir,  une  autre  avec  la  pompe  et  la 
troisième  conduit  l'insecticide  dans  le  sillon,  et,  par  suite  de  la 
manœuvre  que  l'on  peut  faire  exécuter  au  levier,  on  ferme  soit  les 
deux  dernières  voies,  soit  la  première. 

Ce  petit  levier  est  très  précieux;  il  contribue  pour  une  large  part  au 
mérite  que  l'instrument  inventé  par  M.  Pairaubenous  paraît  présenter. 
C'est  lui  qui  permet,  une  fois  arrivé  au  bout  de  la  raie,  d'effectuer  les 
tournées  sans  perte  d'insecticide  et  de  pouvoir,  sans  inconvénient  aucun, 
s'arrêter  au  milieu  de  la  rangée  de  souches,  lorsqu'un  obstacle  se 
présente. 

Quant  au  couteau,  qui  est  destiné  à  tracer  le  sillon  dans  lequel  le 
sulfure  se  déverse,  il  présente  une  forme  ordinaire  et  possède  à  son 
extrémité  un  petit  soc  qu'on  peut  renouveler.  Il  pénètre  dans  le  sol  à 
une  profondeur  pouvant  varier  de  0'".r2  à  0'".25,  mais  qu'on  pourrait 
facilement  augmenter  si  on  reconnaissait  qu'il  y  a  avantage  à  creuser  un 
sillon  plus  profond. 

Derrière  le  couteau  se  trouve  le  rouleau  compresseur  qui  est  fixé  à 
Fage  et  qu'on  peut  élever  ou  abaissera  l'aide  d'une  crémaillère.  Quand 
l'injecteur  est  au  repos,  on  abaisse  le  rouleau  et  le  couteau  ne  touche 
pas  le  sol;  on  peut  ainsi  déplacer  l'instrument  avec  la  plus  grande 
commodité.  Ce  rouleau,  par  son  poids,  recouvre  le  sillon,  mais  il  nous 
a  paru  un  peu  léger;  d'ailleurs,  hâtons-nous  de  dire  que  M.  Pairaube 
se  propose  de  le  m.odifier. 

Enfin,  l'appareil  se  termine  par  un  mancheron  en  fer. 

IIL  —  Cette  charrue  sulfureuse,  qui  a  fonctionné  devant  nous,  est 
très  légère  et  d'une  conduite  facile;  une  seule  bête  la  traîne  aisément 
et  deux  ouvriers  dont  l'un  dirige  la  bête  et  l'autre  surveille  l'injecteur 
suffisent  largement  pour  pratiquer  un  bon  traitement  insecticide.  Elle 
est  aussi  très  simple  et  un  ouvrier  est  mis  immédiatement  au  courant 
de  son  mécanisme.  En  notre  présence,  la  charrue  a  répandue  10^.9  de 
sulfure  par  mètre  courant  ou  37^.1  par  souche,  ou  140  kilog.  par  hec- 
tare comme  du  reste  nous  avons  pu  nous  en  convaincre  en  considé- 
rant le  volume  du  liquide  dans  le  réservoir  avant  et  après  le  traitement 
d'un  certain  nombre  de  ceps. 

Cet  instrumenta  travaille  dans  un  sol  silico-argileux^  et  passait  deux 
fois  dans  l'intervalle  de  l'^.SO  qui  séparait  deux  rangées  de  souches. 
Le  sillon  était  tracé  à  O'^-rSo  ou  U'".40  du  pied  du  cep,  de  sorte  que  la 

1.  Dans  les  grès,  le  soc  produit  des  étincelles  qui  déleriuinent  une  si-rie  de  détonations  sans 
importance. 


498  CHARRUE  SULFUREUSE  OU  INJECTEUR  A  TRACTION. 

couche  arable  recevait  les  vapeurs  sulfocarboniques  à  l'aide  de  sillons 
distants  de  O^.TS  environ.  Grâce  à  la  pompe  à  double  effet  que  possède 
l'appareil,   le  jet  de  sulfure  de  carbone  est  presque   continu  et,  par 
suite,    sa  diffusion  est  plus  régulière  et    son   efficacité  plus  grande. 
Dans  un  sol  non  tassé,  son  travail  est  irréprochable  et  on  peut  alors 
traiter  de  3000  à  4000  pieds  de  vigne  par  jour.  Le  coût  de  l'opération 
dans  ce  ca^  atteint  donc  à  peine  le  chiffre  de  100  francs  par  hectare  ^ 
Mais  parviendra-t  on  à  détruire,  en  appliquant  le  sulfure  de  carbone 
à  l'aide  de  cet  injecteur,  tous  les  phylloxéras  qui  vivent  sur  les  racines 
des  cépages  français?  M.  Pairaube  répond  à  cette  question  en  citant 
l'expérience  suivante.  Un  mois  environ  après  l'application  du  sulfure 
sur  une  vigne  dont  les  racines  étaient  couvertes  d'insectes,  il  examina 
soigneusement  avec  un  microscope  un  très  grand  nombre  de  radicelles 
provenant  des  ceps  traités  et  il  lui  fut  absolument  impossible  de  décou- 
vrir la  présence  d'un  seul  phylloxéra  vivant,  il  ne  vit  que  des  cadavres. 
Probablement  le  sol  se  prêtait  admirablement  à  la  diffusion  de  l'in- 
secticide et  le  traitement  avait  été  fait  en  temps  opportun.  Dans  toutes 
les  situations  on  n'arrivera  pas  au  même  résultat  ;  là  où  le  terrain  sera 
compact,  argileux,  imparfaitement  ressuyé,  les  effets  du  sulfure,  appli- 
qué même  avec  l'injecteur  Pairaube,  ne  seront  pas  aussi  encourageants. 
Le  jour  de  notre  visite,  la  charrue  sulfureuse  travaillait  dans  un  ter- 
rain d'alluvion  riche,  profond,  meuble,  où  la  richesse  en  sable  est 
certainement  supérieure  à  50  pour  100.  Or,  on  sait  depuis  longtemps 
que  la  prédominance  du  sable  dans  une  terre  est,  pour  la  vigne  fran- 
çaise, une  cause  de  résistance  au- phylloxéra.  Dans  ces  conditions,  il 
est  vrai,  l'immunité  de  la  vigne  n'est  pas  absolue,  mais  sa  résistance 
relative  est  incontestablement  très  grande,  comme  l'attestent,  du  reste, 
les  vignes  situées  dans  le  voisinage  et  qui  donnent  des  récoltes,  quoique 
ne  recevant  aucun  traitement  insecticide.  L'expérience  faite  sur  ce  ter- 
rain, quels  qu'en  soient  les  résultats,  ne  sera  donc  pas  concluante. 
Toutefois,  elle  nous^  fournit  l'occasion  d'ajouter  que,  dans  les  sols  plus 
ou  moins  sableux,  le  traitement  au  sulfure  est  particulièrement  recom- 
mandable  :  il  diminue  le  nombre  d'insectes  et  permet,  par  suite,  à  la 
vigne  de  donner  une  récolte  plus  abondante. 

Quoi  qu'il  en  soit,  M.  Pairaube  vient  de  rendre  un  grand  service  à  la 
viticulture  en  mettant  à  sa  disposition  un  injecteur  aussi  bien  conçu. 
Mais  cet  appareil,  quelque  parfait  qu'il  soit,  ne  résoud  que  le  côté  éco- 
nomique du  problème  posé  par  le  sulfure  de  carbone.  Il  pourra  bien 
uniformiser,  jusqu'à  un  certain  point,  la  diffusion  de  l'insecticide, 
mais  il  ne  modifiera  pas  la  nature  du  sol,  ni  les  propriétés  physiques 
et  chimiques  du  sulfure  de  carbone. 

En  terminant,  qu'il  nous  soit  permis  de  remercier  MM.  Mauberna 
père  et  fils,  d'avoir  mis  si  obligeamment  leur  champ  d'expérience  à  la 
disposition  de  la  Société  et  d'adresser  également  nos  remercîments  à  , 
M.  Pairaube  pour  le  désintéressement  avec  lequel  il  nous  a  expliqué  son 
système.  Nous  devons  aussi  des  compliments  à  l'inventeur  pour  le 
résultat  auquel  il  est  arrivé  à  force  de  labeur  et  de  persévérance. 

Après  les  essais,  une  réception  des  plus  cordiales  nous  attendait. 
La  Société  en  est  fière  et  elle  en  gardera  longtemps  le  meilleur  souvenir. 

B.  Chauzit, 

Professeur  départemental  d'agriculture  du  Gard. 
1.  Mais  au  point  de  vue  de  la  destruction  de  l'insecte,  l'injecteur  à  traction  sera-t-il  supérieur 
au  pal  ? 


POMPES  A  CHAPELET  DE  M.   DAVID. 


499 


POMPES  A  CHAPELET  DE  M-  DAVID 

On  emploie,  depuis  un  certain  nombre  d'années,  sur  une  assez 
grande  échelle,  les  pompes  à  chapelet,  soit  dans  les  exploitations 
agricoles,  soit  dans  les  communes  rurales,  dans  beaucoup  de  circon- 
stances. Ces  pompes  donnent,  en  effet,  d'excellents  résultats,  quand  il 
s'agit  d'élever  des  eaux  ou  des  purins  d'une  profondeur  qui  ne  dépasse 
pas  une  dizaine  de  mètres.  Les  progrès  réalisés  dans  la  fabrication 
des  tubes  en  cuivre  et  l'emploi  du  caoutchouc  ont  permis  d'avoir  des 
rendements  sensiblement  supérieurs  à  ceux  que  l'on  obtenait  naguère. 
Parmi  les  bons  fabricants  de  pompes  à  chapelet,  nous  devons  signa- 
ler particulièrement  M.   Henri  David,  constructeur  à  Orléans,  qui  a 


Fig.  49.  —  Pompe  à  chapelet,  à  manège. 


imaginé  des  combinaisons  très  ingénieuses,  suivant  l'emploi  que  l'on 
veut  faire  de  ces  pompes. 

Nous  citerons  tout  d'abord  la  pompe  à  chapelet  mue  directement  par 
un  manège,  que  représente  la  fig.  49.  Comme  le  montre  le  dessin, 
la  couronne  du  manège  engrène  directement  sur  un  pignon  dont  l'axe 
porte  une  roue  dentée,  commandant  un  deuxième  pignon  porté  à  l'ex- 
trémité de  l'arbre  de  la  pompe.  Le  tout  est  monté  sur  la  margelle  du 
puits,  de  manière  à  n'occuper  que  très  peu  déplace.  Autour  du  puits 
on  peut  établir  un  réservoir  circulaire,  analogue  à  celui  figuré  dans 
le  dessin;  ou  bien  on  peut  diriger  l'eau  dans  un  conduit  qui  la  mène 
sur  tel  point  que  l'on  désire.  Les  dimensions  de  l'ensemble  de  l'appareil 
sont  calculées  de  telle  sorte  que  l'eau  sort  de  la  pompe  à  une  hauteur  de 
80  centimètres  environ  au-dessus  du  sol.  Le  diamètre  des  tubes  dans 
lesquels  l'eau  monte  peut  varier  de  50  à  70  millimètres.  Les  rondelles 
qui  élèvent  l'eau  sont  en  caoutchouc,  et  on  les  ajuste  de  telle  sorte 
qu'elles  sont  d'un  remplacement  facile,  lorsqu'elles  sont  usées.  Le  débit 
de  la  pompe  varie  dans  de  très  grandes  proportions,  suivant  le  diamè- 


500 


POMPES  A    CHAPELET  DE  M.  DAVID. 


tre  des  tubes,  et  suivant  qu'on  en  emploie  un  ou  deux,  c'est-à-dire 
que  la  pompe  est  simple  ou  double.  11  peut  varier  depuis  7,500  litres 
à  l'heure  avec  un  seul  tube  de  50  centimètres,  jusqu'à  30,000  litres 
avec  deux  tubes  de  70  millimètres.  Quant  aux  prix,  ils  varient  de 
490  fr.  pour  l'appareil,  et  I4fr.  par  mètre  de  profondeur  du  puits, 

dans  le  premier  cas,  à  625  fr.  pour  l'en- 
semble de  l'appareil,  et  44  fr.  par  mètre 
de  profondeur  dans  le  dernier  cas. 

La  fig.  50  montre  une  pompe  à  cha- 
pelet   montée    sur  colonnes    en  fonte 
servant  au  passage  de   l'eau,   et  ren- 
fermée dans  une  enveloppe  métallique, 
cette  enveloppe  protège  la  pompe  contre 
les  accidents  qui  peuvent  provenir   de 
chocs,  de  jets  de  cailloux,  etc.  C'est  un 
système  qui  convient  spécialement  pour 
les  places  publiques  des  communes  ru- 
rales, pour  les  écoles,  etc.  M.  David  en 
construit  deux  modèles  de  dimensions 
différentes.  Le   prix  du  grand  modèle 
disposé  pour  être  fixé  sur  le  sol  varie  de 
230  à  240  francs  suivant  le  diamètre  des  tubes  qui  peut  être  de  40,  50 
ou  60  millimètres.  Le  prix  du  petit. modèle  varie  de  175  à  180  francs 
suivant  que  le  diamètre  des  tubes  est  de  40  ou  de  50  millimètres.  11 
faut  ajouter  à  ce  prix  1 2  à  1 7  francs  par  mètre  de  tube,  dont  le  nombre 


Fig    50.  —  Pomp°  a  chapelet  avec 
enveloppe  métallique. 


varie  suivant  la  profondeur  du  puits. 


Henry  Sagnier. 


L'ASSURANCE  ET  LE  CREDIT  AGRICOLE  EN  BRETAGNE 

Après  la  diffusion  de  l'enseignement  agricole  populaire,  que  nous 
considérons  comme  le  premier  de  nos  besoins,  et  comme  celui  qu'il 
est  le  plus  indispensable  de  satisfaire  à  bref  délai,  V assurance  contre 
la  mortalité  du  bétail,  ou  pour  mieux  dire,  l'assurance  contre  les  effets 
de  la  mortalité  s'impose  impérieusement  à  notre  attention  et  à  notre 
active  sollicitude. 

Nous  considérons  l'instruction  agricole  comme  le  moyen  le  plus  sûr 
et  le  plus  efficace  à  employer  contre  la  désertion  des  campagnes, 
parce  que,  à  nos  yeux,  c'est  le  seul  qui  puisse  rendre  la  vie  rurale 
plus  attrayante  et  plus  agréable,  en  faisant  le  travail  agricole  plus 
lucratif. 

Quant  à  l'assurance,  elle  procurera  au  cultivateur,  comme  nous 
l'avons  déjà  dit  souvent,  l'un  des  biens  les  plus  précieux  auxquels  il 
puisse  aspirer,  puisqu'elle  lui  garantira  la  sécurité  du  lendemain. 

Bien  plus,  nous  entrevoyons  dans  la  création  de  l'assurance,  suivant 
les  principes  et  d'après  le  système  que  nous  méditons,  la  possibilité 
de  parvenir  du  même  coup  à  la  solution  d'un  problème  social  resté 
fermé  jusqu'ici,  nous  voulons  parler  de  l'établissement  du  Crédit 
agricole. 

C'est  ce  que  nous  essaierons  de  démontrer  à  la  suite  de  ce  travail,  à 
titre  de  conclusion  définitive,  destinée  à  justifier  le  titre  que  nous  avons 
inscrit  ci-dessus. 


l'assurance  et  le  crédit  agricole  en  BRETAGNE.  501 

Pour  le  moment,  nous  allons  nous  occuper  d'abord  d'exposer  le 
système  d'ass  irance  agricole  que  nous  regardons  comme  le  meilleur, 
comme  le  seul  pratique,  dans  notre  pays,  et  afin  d'aller  vite  en  besogne, 
nous  entrerons  immédiatement  au  cœur  de  la  question. 

Remarquons  d'abord  ceci;  c'est  que  chez  nous,  si  grand  que  soit 
l'intérêt  de  la  question,  cet  intérêt  se  borne  et  se  circonscrit  de 
lui-même  à  un  point  unique,  Vassurance  contre  la  mortalité  du  bétail. 

En  effet,  nous  n'avons  guère  à  redouter  ici,  ni  les  intempéries 
excessives,  ni  les  grands  cataclysmes  que  l'on  voit  ailleurs  sévir  d'une 
façon  si  désastreuse  sur  les  biens  de  la  terre,  tels  que  la  grêle,  l'inon- 
dation, l'ouragan,  les  tremblements  de  terre,  etc. 

Sous  ce  rapport,  le  seul  mal  que  nous  ayons  à  craindre,  c'est  l'exces- 
sive humidité  de  notre  climat  océanien  qui  nous  donne,  à  la  vérité, 
dés  pluies  trop  fréquentes  et  des  gelées  tardives  des  plus  meurtrières, 
contre  lesquelles  d'ailleurs  tout  système  quelconque  d'assurance  serait 
sans  effet  et  sans  but. 

Mais  en  revanche,  la  mortalité  du  bétail  exerce  dans  nos  écuries  et 
dans  nos  étables  des  ravages  tels  que  la  statistique  officielle  de  1866 
évaluait  à  plus  de  quatre  millions  de  francs  le  chiffre  annuel  des  pertes 
éprouvées,  par  cette  cause,  dans  les  trois  départements  bas-bretons  des 
Côtes-du-Nord.  du  Finistère  et  du  Morbihan. 

Frappé  de  l'énormité  de  ces  pertes,  nous  nous  sommes  préoccupé 
depuis  bien  des  années  de  la  recherche  des  moyens  propres  à  en 
atténuer  les  effets  désastreux,  — Dans  cet  ordre  d'idées,  nous  ne  pou- 
vions manquer  d'aboutir,  comme  nous  l'avons  fait,  à  l'examen  et  à 
l'étude  des  questions  d'assurances  agricoles. 

Voici  bientôt  vingt-cinq  ans  que  nous  nous  sommes  adonné  à  cette 
besogne  des  plus  scabreuses  et  des  plus  ardues,  il  faut  bien  le  dire.  — 
Or,  quels  qu'aient  été  nos  déceptions  et  nos  déboires,  nous  n'avons 
cessé  de  tenir  notre  pensée  attachée  à  ce  grand  œuvre,  et  nos  regards 
tournés  vers  ce  but  qui  a  été  et  qui  restera  l'objet  de  nos  plus  ardentes 
aspirations. 

Nous  ne  pouvons  parler  que  pour  mémoire  des  nombreux  essais 
qui  ont  été  tentés  à  diverses  reprises,  dans  notre  pays,  et  auxquels 
nous  nous  sommes  trouvé  mêlé.  —  Ces  essais  ont  tous  abouti  à  des 
échecs;  tous,  sans  exception,  ont  eu  des  résultats  malheureux.  Inutile 
donc  d'en  parler  plus  longuement;  il  vaut  mieux,  pensons-nous, 
résumer  en  quelques  mots  les  leçons  et  les  principes  tirées  de  la  longue 
expérience  qu'il  nous  a  été  donné  d'acquérir  sur  ce  point. 

Qu'on  nous  permette  de  les  formuler  sommairement  ici. 

1"  Il  ne  faut  pas  songer  à  établir,  en  Bretagne,  du  moins  dans 
la  partie  du  pays  breton  qui  forme  la  circonscription  des  trois  dépar- 
tements sus-indiqués,  l'assurance  à  prime  fixe,  par  voie  d'association 
financière.  L'insuccès  est  d'avance  assuré  à  tout  essai  de  ce  genre. 

2"  L'assurance  mutuelle  à  primes  fixes  et  à  circonscription  limitée 
à  la  commune  et  tout  au  plus  au  canton,  pourra  seule  réussir  dans 
certaines  conditions  à  déterminer  ultérieurement. 

3"  Les  circonstances  spéciales  du  milieu  économique  dans  les- 
quelles l'industrie  rurale  se  meut  chez  nous,  doivent  surtout  être 
consultées,  si  l'on  veut  faire  œuvre  solide  et  durable,  autant  qu'utile 
et  profitable  à  tous. 

Ainsi,  par  exemple,  voici  une  circonstance  qu'il  ne  faut  jamais 


502  l'assurance  ET  LE  CRÉDIT  AGRICOLE  EN  BRETAGNE. 

perdre  de  vue  dans  nos  entreprises  d'assurances^  en  Bretagne,  sous 
peine  de  se  condamner  à  un  échec  certain,  c'est  que,  dans  le  régime  de 
notre  économie  rurale,  le  bétail  doit  être  considéré  comme  un  capital 
de  roulement  toujours  en  mouvement  perpétuel,  et  occasionnant  ainsi 
des  mutations  incessantes  parmi  la  population  de  nos  étables  et  de  nos 
écuries. 

Ce  fait  constitue  à  lui  seul  le  principal  obstacle  contre  lequel  sont 
venus  se  heurter  inutilement  les  hommes  de  bonne  volonté  qui  ont 
voulu  tenter  l'entreprise  difficile  entre  toutes,  mais  excellente  aussi 
entre  toutes,  qui  fait  l'objet  de  nos  constantes  préoccupations. 

Nous  avons,  pour  notre  part,  passé  par  ces  épreuves,  et  parmi  les 
causes  qui  nous  ont  empêché  jusqu'ici  de  parvenir  à  notre  but,  nous 
avons  constamment  rencontré  celle-ci  au  premier  rang.  C'est  pourquoi 
nous  avons  dv  appliquer  tous  nos  efforts  à  tourner  l'obstacle  que 
nous  ne  pouvions  supprimer;  ce  qui  nous  a  conduit  à  adopter  le  sys- 
tème d'assurance  dont  nous  allons  exposer  maintenant  l'économie 
générale. 

Nous  avons  déjà  dit  que  ce  système  repose  sur  le  principe  de  la 
mutualité  à  primes  fixes.  Ajoutons  que  ces  primes,  dont  le  quantum 
sera  toujours  proportionnel  à  la  valeur  totale  du  mobilier-bétail 
assuré,  serviront  exclusivement  à  constituer  la  caisse  d'assurance  où 
l'on  ira  puiser  les  indemnités  qui  seront  dues  aux  seuls  associés  ou 
adhérents  ayant  éprouvé  des  sinistres. 

Ajoutons  encore  ceci,  c'est  que  l'assurance  se  fera  en  bloc^  c'est-à- 
dire  que,  en  raison  de  Fimpossibilité  absolue,  dans  la  plupart  des  cas 
tout  au  moins,  d'appliquer  à  chaque  animal  le  principe  de  la  prime 
individuelle,  il  sera  fait  un  total  de  la  valeur  du  cheptel,  dans  chaque 
ferme  assurée,  et  que  chacun  des  adhérents  à  l'association  aura  à 
payer  une  quotité  de  primes  proportionnelle  à  la  valeur  de  son  cheptel 
considéré  en  bloc. 

Pour  mieux  faire  saisir  notre  pensée,  que  l'on  veuille  bien  nous 
permettre  de  prendre  un  exemple  très  simple  :  voici  trois  proprié- 
taires-fermiers qui  possèdent  respectivement,  en  bétail,  mobilier,  toute 
défalcation  faite  des  non-valeurs  (chose  que  nous  aurons  à  prévoir 
tout  à  l'heure),  le  premier  500  fr.,  le  deuxième  1,000  fr.,  le  troisième 
1,500  fr. 

Admettons  que  la  prime  à  payer,  ou  plutôt  à  verser,  soit  5  pour  1 00; 
nous  voyons  que  la  quotité  annuelle  de  chaque  prime  d'assurance, 
sera,  dans  le  premier  cas,  de  25  fr.;  dans  le  deuxième  cas,  de  50  fr., 
et  enfin  dans  le  troisième  cas,  de  75  fr, 

En  un  mot,  la  prime  s'appliquera  à  un  capital  moyen  toujours  fixe, 
quels  que  soient  les  changements  ou  mutations  opérés  dans  les  étables 
ou  écuries,  à  la  condition  toutefois  que  ces  changea  ents  ou  mutations 
n'amèneront  pas  un  écart  trop  sensible  entre  les  risques  à  courir  au 
moment  où  l'assurance  se  fait,  et  ceux  qui  résulteront  de  l'introduc- 
tion d'éléments  nouveaux  dans  la  ferme,  en  remplacement  des  produits 
qui  auront  été  écoulés  au  dehors. 

Au  surplus,  il  est,  à  ce  propos,  une  règle  à  établir  qui  devra  tou- 
jours être  suivie  rigoureusement,  si  Ton  veut  éloigner  les  chances  de 
mécomptes  et  les  occasions  de  litige,  c'est  de  fixer  un  minimum  et  un 
maximum  de  valeur  à  assurer,  en  dehors  desquels  l'assurance  ne  sera 
plus  applicable,  soit,  si  l'on  veut,  100  fr.  pour  le  chiffre  en  dessous, 


l'assurance  et  le  crédit  agricole  en  BRETAGNE.  503 

1,bOO  francs  pour  le  chiffres  en-dessus.  Les  animaux  dont  la  valeur 
serait  inférieure  à  100  francs^  ne  pourraient  être  admis  à  l'assu- 
rance, et  ceux  dont  la  valeur  serait  supérieure  à  1,500  francs,  n'y 
seraient  admis  que  jusqu'à  concurrence  de  celte  dernière  somme. 

D'autre  part,  nous  devrons  aussi  maintenir  le  principe  de  la  res- 
ponsabilité du  propriétaire  assuré  vis-à-vis  de  l'association,  en  lui 
attribuant  une  part  de  perte  qui  pourra  être  du  quart,  ou  môme  du 
tiers  de  la  quotité  assurée.  Cette  réserve,  quoi  qu'on  en  ait  pu  dire,  est 
absolument  nécessaire  à  stipuler,  et  cela  pour  des  motifs  qu'il  est 
beaucoup  plus  facile  d'expliquer  verbalement,  qu'il  n'est  aisé  de  les 
exprimer  par  voie  de  publicité.  Du  reste,  nous  pensons  que  les  lecteurs 
intelligents  qui  voudront  bien  lire  ces  lignes,  ne  se  feront  pas  faute 
de  se  rendre  compte  d'eux-mêmes  de  la  nature  de  ces  motifs,  sans  que 
nous  ayons  besoin  d'y  insister  autrement. 

Il  nous  reste  encore,  pour  compléter  cet  exposé,  à  déterminer  deux 
points  principaux  d'une  importance  capitale  en  l'espèce,  et  qui  sont 
relatifs  :  1°  au  mode  de  fixation  de  la  quotité  des  primes  d'assurance; 
T  au  règlement  des  indemnités  en  cas  de  pertes. 

Comment  et  par  qui  ces  deux  questions  seront-elles  résolues? 

Très  simplement,  par  voie  d'expertise,  les  experts  étant  toujours 
choisis  exclusivement  parmi  les  associés,  c'est-à-dire  parmi  ceux  qui 
ont  le  plus  d'intérêt  à  bien  faire,  à  agir  suivant  les  règles  du  droit,  de- 
la  justice  et  de  l'équité. 

Les  experts  devront  toujours  être  au  nombre  de  deux,  à  moins  que 
les  parties  en  cause  ne  s'accordent  sur  le  choix  d'un  seul,  mais  encore 
une  fois,  en  aucun  cas,  ils  ne  devront  être  pris  en  dehors  de  l'asso- 
ciation. 

Un  vétérinaire,  également  agréé  par  les  parties,  s'adjoindra  aux 
experts,  et  son  intervention  inéluctable,  basée  sur  sa  fonction  technique, 
aura  pour  objet  de  faire  connaître  aux  experts  l'état  physiologique 
intérieur  et  extérieur  des  animaux  vivants,  soumis  à  l'expertise  avant 
d'être  déclarés  admissibles  à  l'assurance,  ainsi  que  les  causes  proba- 
bles de  la  mort,  dans  le  cas  d'estimation  de  la  valeur  de  l'animal  qui 
aura  péri. 

De  plus,  il  pourra  être  constitué  en  juge-arbitre,  s'il  y  a  dissenti- 
ment prononcé  entre  les  experts,  et  alors  son  avis  sera  nécessairement 
prépondérant. 

Tel  est,  dans  son  ensemble,  et  bien  entendu,  en  laissant  de  côté 
toutes  les  questions  de  détail  qui  se  pressent  sous  notre  plume,  mais 
que  nous  devons  négliger  dans  un  exposé  sommaire  comme  celui- 
ci  ;  tel  est,  disons-nous,  le  système  d'assurance  que  nous  nous  pro- 
posons d'établir  dans  notre  pays,  dès  que  les  circonstances  nous  per- 
mettront de  reprendre  à  nouveau  ce  projet  qui  n'a  cessé,  depuis  des 
années,  de  tenir  une  place  considérable  dans  nos  préoccupations,  en 
raison  de  l'importance  capitale  qui  s'y  rattache,  au  point  de  vue  de 
l'intérêt  général. 

Avant  de  clore  ce  travail,  et  afin  de  faire  saisir  d'une  manière  plus 
nette,  plus  précise,  le  but  que  nous  poursuivons,  nous  voulons  essayer 
de  faire  une  application  tout  au  moins  théorique,  des  prémisses  que 
nous  avons  posées  plus  haut. 

Il  y  a  quelques  années,  nous  fîmes  un  premier  essai  d'organisation 
d'assurance  mutuelle  locale  dans  la  commune  de  Plouëdern,  au  can- 


bOli  L'ASSURANCE  ET  LE  CRÉDIT  AGRICOLE  EN  BRETAGNE. 

toft  de  Landerneau.  Cet  essai  ne  put  aboutir,  pour  des  causes  que 
nous  n'avons  pas  à  rappeler  en  ce  moment,  —  mais  il  fut  l'occasion 
de  quelques  travaux  de  statistique  dont  les  chiffres  sont  restés  dans 
nos  notes^  —  ce  qui  nous  permet  de  nous  en  servir  pour  aider  à  la 
démonstration  que  nous  voulons  faire. 

La  commune  de  Plouedern  possédait,  en  ce  moment-là,  une  valeur 
de  près  de  200,000  francs  en  bétail  mobilier,  et  d'après  une  moyenne 
tirée  d'évaluations  portant  sur  les  dix  années  précédentes,  nous 
avions  reconnu  que  la  perte  annuelle  par  suite  de  la  mortalité,  était 
de  4,000  francs. 

C'était  donc  à  un  chiffre  assez  insignifiant  à  première  vue,  de 
2  pour  100,  que  s'élevait  la  perle  annuelle  de  la  commune  de 
Plouedern,  à  l'époque  dont  nous  parlons,  et  si  cette  perte  avait  pu  se 
répartir  également  entre  tous  les  ayants  cause,  il  est  clair  qu'il  y  aurait 
à  peine  eu  lieu  d'en  tenir  compte,  du  moins  par  rapport  à  la  fortune 
privée  de  chacun,  tant  elle  aurait  paru  minime  à  tous. 

Mais  nous  savons  bien  que  ce  n'est  pas  ainsi  que  les  choses  se 
passent;  nous  savons  aussi  pour  l'avoir  vu  bien  des  fois,  trop  souvent 
même,  quelles  graves  perturbations  apporte,  dans  un  ménage  breton, 
la  mort  d'un  animal  de  travail  ou  de  vente,  même  chez  les  cultiva- 
teurs qui  peuvent  le  mieux  supporter  cette  perte,  sans  risquer  de  voir 
pour  cela  l'équilibre  de  leur  budget  trop  dérangé  par  cet  accident. 

Or,  partant  de  ce  point  de  vue  qui  n'est  pas  le  seul  à  considérer, 
puisqu'il  y  a  encore,  à  côté,  et  même  au-dessus,  celui  de  la  fortune 
publique  dont  l'intérêt  est  naturellement  affecté  par  ces  sinistres,  nous 
nous  demandons  ce  qui  adviendrait  de  la  commune  de  Plouedern,  le 
jour  où  chacun  de  ses  habitants  viendrait  faire  acte  d'adhésion  à 
l'établissement  de  l'assurance. 

Supposons,  comme  nous  l'avons  déjà  fait,  que  la  taxe  de  5  pour  100 
soit  appliquée  ici.  Il  en  résultera,  pour  la  caisse  de  l'assurance,  un 
fonds  commun  de  1 0,000  francs  mis  en  réserve  pour  couvrir  une  perte 
de  4,000  francs,  dont  un  quart  restera  à  la  charge  du  propriétaire 
sinistré,  ce  qui  réduit  par  conséquent  à  3,000  francs  la  quote-part  à 
solder  par  l'association. 

Il  est  vrai  que  nous  devons  prévoir  les  frais  d'administration,  et 
qu'en  les  portant  au  chiffre  relativement  considérable  de  1 ,000  franc?, 
nous  revenons  au  total  de  dépenses  de  4,000  francs;  mais,  il  ne  nous 
en  reste  pas  moins  6,000  francs  en  caisse;  6,000  francs  qui  appar- 
tiennent bel  et  bien  aux  déposants,  et  dont  seuls  ils  peuvent  disposer 
à  leur  gré. 

Vous  pouvez  bien  nous  dire  sans  doute  :  «  Mais  pourquoi  porter  à 
5  pour  1 00  la  taxe  d'assurance,  puisque  2  et  demi  suffiraient  pour 
pourvoir  largement  à  toutes  les  éventualités,  en  laissant  même  encore 
un  reliquat  de  1,000  francs  par  an,  au  moins?  » 

Ah  !  pourquoi?  eh  bien  !  nous  allons  vous  le  dire,  car  c'est  ici  que 
l'affaire  change  d'aspect,  et  qu'elle  entre  dans  une  phase  nouvelle. 

Voici  donc  une  somme  de  6,000"  francs  qui  nous  reste  en  caisse, 
à  nous  assureurs  et  assurés,  qu'allons-nous  en  faire? 

Oh  !  mon  Dieu,  c'est  bien  simple,  nous  allons  en  faire  une  caisse  de 
prêt  pour  les  associés  de  l'assurance,  c'est-à-dire  que  nous  allons 
créer,  ipso  facto,  et  sans  autres  cérémonies,  ce  grand  Crédit  agricole  à 
la  recherche  duquel  tout  le  monde  selance^  et  que  personne  n'a  encore 


l'assurance  et  le  crédit  agricole  en  BRETAGNE.  505 

pu  découvrir.  Nous  nous  arrêterons  ici,  n'ayant  pas  Taudace  de  nous 
aventurer  plus  loin,  sur  ce  terrain  brûlant  d'oi^i  notre  (iéfaut  complet 
d'aptitudes  en  matières  financières  nous  exclut  forcément. 

Mais  en  nous  éloignant,  qu'il  nous  soit  au  moins  permis  de  donner 
notre  idée  pour  ce  qu'elle  vaut.  Et,  en  la  livrant  ainsi  à  la  pleine  et 
entière  discrétion  du  public,  qu'on  nous  laisse  la  faculté  d'appeler, 
sur  notre  travail,  l'attention  indulgente  des  gens  de  bien,  amis  du 
progrès  agricole,  ainsi  que  la  critique  bienveillante  des  spécialistes, 
qui  tout  en  redressant  nos  erreurs  d'appréciations,  voudront  bien  sans 
doute  nous  laisser  l'illusion  de  croire  que  nous  n'avons  pas  fait  œuvre 
tout  à  fait  inutile.  H. -M.  Tanguy, 


PARTIE  OFFICIELLE 

Loi  sur  les  mesures  à  prendre  contre  l'invasion  et  la  propagation  du  phylloxéra 

en  Algérie. 

Le  Sénat  et  la  Chambre  des  députés  ont  adopté, 

Le  président  de  la  République  promulgue  la  loi  dont  la  teneur  suit  : 

Titre  premier.  —  dispositions  générales. 

Article  premier.  —  Tout  propriétaire,  toute  personne  ayant,  à  quelque  titre 
que  ce  soit,  la  charge  de  la  culture  ou  la  garde  d'une  vigne,  est  tenu  de  signaler 
immédiatement  au  maire  de  sa  commune  tout  fait  de  dépérissement  ou  même 
tout  symptôme  maladif  qui  se  seront  manifestés  dans  ladite  vigne. 

Une  semblable  déclaration  est  obligatoire  pour  les  pépinières  ou  jardins  dans 
lesquels  il  existe  des  pieds  de  vignes. 

Le  maire  prévient  immédiatement  le  sous-préfet  ou  le  préfet. 

Art.  2.  —  Le  maire  de  chaque  commune  est  tenu  de  faire  visiter  par  un  expert, 
une  fois  par  an,  et  plus  souvent  s'il  est  jugé  nécessaire,  les  vignes  comprises 
dans  le  territoire  de  sa  commune.  Il  rend 'compte  immédiatement  au  sous-préfet 
ou  au  préfet  du  résultat  de  cette  visite. 

Art.  3.  —  Le  préfet  fera  visiter  sans  délai  les  vignes,  pépinières  ou  jardins  pour 
lesquels  il  aura  reçu  la  déclaration  prévue  par  les  articles  1  et  2,  ou  dans  lesquels 
il  jugera  une  inspection  nécessaire.  Son  délégué  est  investi  du  pouvoir  de  péné- 
trer dans  ces  propriétés  et  d'y  faire  toutes  les  recherches  et  travaux  d'investiga- 
tion jugés  nécessaires. 

Cette  visite  sera  étendue  aux  vignes  environnantes.  Le  délégué  transmet  sans 
délai  son  rapport  au  préfet. 

Art.  4.  —  Lorsque  l'existence  du  phylloxéra  a  été  reconnue,  le  gouverneur  géné- 
ral prend  un  arrêté  portant  déclaration  d'infection  de  la  vigne  malade,  des  pépi- 
nières et  jardins,  et  des  vignes  environnantes.  Cette  déclaration  d'infection  indique 
le  périmètre  auquel  elle  s'étend. 

Ce  périmètre  comprend  les  vignes  reconnues  malades  ou  suspectes  et  une  zone 
de  protection. 

La  déclaration  d'infection  entraîne  les  mesures  suivantes  : 

I.  —  Dans  les  vignes  malades  ou  suspectes  : 

1"  La  destruction  par  le  feu  des  ceps,  tuteurs,  échalas,  feuilles,  sarments  et 
autres  objets  pouvant  servir  de  véhicule  au  phylloxéra; 

2"  La  désinfection  du  sol  ; 

3"  L'interdiction  de  toute  nouvelle  plantation  de  vignes  pendant  un  temps  qui 
ne  pourra  pas  dépasser  cinq  années. 

IL  —  Dans  la  zone  de  protection  : 

Le  traitement  préventif  des  vignes  qui  s'y  trouvent. 

III.  —  Dans  le  périmètre  total  des  lieux  déclarés  infectés  : 

1"  La  défense  de  pénétrer,  si  ce  n'est  avec  une  autorisation  du  délégué  ; 

2"  L'interdiction  de  sortie  des  terres,  feuilles,  plants  et  tous  objets  pouvant 
servir  à  propager  le  phylloxéra. 

Art.  5.  —  Toute  plantation  faite  à  l'aide  de  plants  introduits  frauduleusement 
sera  détruite  par  ordre  de  l'autorité  administrative,  sans  préjudice  des  poursuites 
à  exercer  contre  les  délinquants. 


506  PARTJE  OFFICIELLE. 

Art.  6.  —  Il  est  interdit  d'introduire,  de  détenir  et  de  transporter  à  l'état  vivant 
le  phylloxéra,  ses  œufs,  larves  et  nymphes. 

Art.  7.  —  Dans  les  territoires  soumis  à  l'autorité  militaire,  les  dispositions  des 
articles  qui  précèdent  sont  appliquées  par  l'autorité  chargée   de  l'administration. 

Art.  8.  —  Les  Irais  résultant  des  opérations  prescrites  aux  articles  3  et  4  sont  à 
la  charge  de  l'Etat. 

lies  frais  de  visites  ordonnées  par  l'article  2  sont  supportés  par  la  commune. 
Ces  dépenses  sont  obligatoires.    • 

Titre  II.  —  indemnités. 

Art.  9.  —  Le  propriétaire  dont  la  vigne  aura  été  détruite  en  exécution  de  la 
présente  loi  aura  droit  à  une  indemnité  qui  sera  à  la  charge  du  Trésor. 

Cette  indemnité  ne  pourra  dépasser  la  valeur  du  produit  net  de  trois  récoltes 
moyennes  que  ladite  vigne  aurait  pu  donner,  déduction  faite  des  frais  de  culture, 
de  main-d'œuvre  et  autres  que  le  propriétaire  ou  le  vigneron  aurait  eu  à  faire  pour 
l'obtenir. 

Les  autres  dommages  causés  pour  le  traitement  de  la  vigne  infectée  ou  suspecte 
donneront  lieu  également  à  une  indemnité  correspondant  au  préjudice  causé. 

Dans  les  deux  cas,  l'évaluation  de  l'indemnité  est  faite  par  le  délégué  du  préfet 
et  un  expert  désigné  par  la  partie.  , 

Le  procès-verbal  d'expertise  est  visé  par  le  maire,  qui  donne  son  avis. 

Le  ministre  peut  ordonner  la  revision  des  évaluations  par  une  commission 
dont  il  nomme  les  membres. 

L'indemnité  est  fixée  par  le  ministre,  sauf  recours  au  conseil  d'Etat. 

Art.  10.  —  Il  n'est  alloué  aucune  indemnité  à  tout  détenteur  de  vignes,  à  un 
tilre  quelconque,  qui  aura  contrevenu  aux  dispositions  de  la  présente  loi  ou  aura 
introduit  chez  lui  des  plants  ou  produits  agricoles  ou  horticoles  dont  l'introduction 
est  prohibée. 

Titre  III.  —  pénalités. 

Art.  H.  —  Sans  préjudice  de  la  déchéance  prévue  par  l'article  10  et  des  res- 
ponsabilités inscrites  dans  les  articles  1382  et  suivants  du  code  civil,  les  contre- 
venants aux  dispositions  qui  précèdent,  aux  décrets  et  aux  arrêtés  rendus  pour 
l'exécution  de  la  présente  loi  seront  passibles  des  peines  édictées  par  les  articles 
12,  13,  14  et  15  de  la  loi  des  15  juillet  1878  et  2  aoi^U  1879. 

Art,  12.  —  Toutes  les  dispositions  inscrites  dans  les  lois  des  15  juillet  1878  et 
2  aoiÀt  1879,  en  ce  qu'elles  ne  sont  pas  contraires  à  la  présente  loi,  restent  appli- 
cables à  l'Algérie. 

^  La  présente  loi,  délibérée  et  adoptée  par  le  Sénat  et  par  la  Chambre  des  dépu- 
tés, sera  exécutée  comme  loi  de  l'Etat. 
'   Fait  à  Paris,  le  2J  mars  1883.  Jules  Grévy. 

Par  le  président  de  la  République  :  Le  ministre  de  V agriculture,      J.  Méline. 

COMMERCE  INTERNATIONAL  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

EN   ALLEMAGNE. 

H Economiste  français  du  1 0  mars  1 883  a  publié  un  article  sur  les 
droits  de  douane  et  le  prix  des  céréales  où  nous  avons  montré  qu'en 
Allemagne  la  production  est  insuffisante  pour  les  besoins  de  la  con- 
sommation en  céréales,  et  que  l'importation  de  blé,  seigle,  etc.,  est 
absolument  nécessaire.  Nous  allons  aujourd'hui  mettre  sous  les  yeux 
des  lecteurs  du  Journal  de  l'agriculture  les  données  relatives  au  com- 
merce international  des  denrées  agricoles  en  Allemagne.  Les  chiffres 
que  nous  citons  se  rapportent  à  l'année  1882.  Nous  nous  abstenons  de 
parler  du  sucre  et  du  tabac,  parce  que  nous  avons  étudié  récemment 
ces  deux  questions  dans  ces  colonnes. 

Tarif  douanier 

par  lOO  kilog.  Importation.  Exportation. 


marcs 


quint,  métr.  quint,  raétr. 

1  Blé 6,837,082  625,021 

O.oO  Seigle .^,588,071  157,554 

1  Avoine 2,748,577  257,786 

0.50  Orge 3,726,316  791,324 


COMMERCE  DES  DENRÉES  AGRICOLES  EN  ALLEMAGNE.  507 

0.50  Maïs 966,220  21,838 

0  50  Sarrasin 142,778  4,260 

1.20  Malt .  49S,642  73,546 

1.30  Colza 681,044  115,090 

0  Graines  de  lin ...  764,720  288 ,.598 

0  Graines  de  trcfle 143, .547  73,609 

0  Pommes  de  teire 264,358  2,330,651 

0  Fruit.,s  Irais 364,603  239,215 

20  Houblons 16,175  120,922 

4                   Bière •  127,608  1,285,475 

48                    Alcool 5,627  909,632 

48                    Rhum  et  Cognac 35,583  2,722 

24                   Vin  en  fûts .509,207  104,571' 

48                    r.liauiposne  . . . 29, .525  13,890 

48                    Vin  en  Ijouteilles .8  ,.501  51,083 

20                    Beurre  naturel  et  artificiel 46,641  116,584 

12                    Viande  fraîche 74, .536  59,227 

24                    Raisins  secs 148,484  10 

20                    Fromage 38,103  42,011 

2  Farine 445,608  926,043 

8                    Huile  d'olive 102,215  4.447 

20  Kuile  de  lin 359,566  1,572 

8  Huile  de  colza 3,602  88,775 

10  Saindoux 2.58,703  270 

3  Œufs 148,408  19,758 

L'examen  des  chiffres  du  tarif  général  montre  que  l'Allemagne  a 
songé  à  favoriser  principalement  l'industrie.  Les  droits  sur  la  farine 
et  le  malt  ne  sont  pas  proportionnels  aux  droits  sur  les  céréales  et 
l'orge.  Le  droit  d'entrée  sur  l'orge  est  assez  lourd  pour  un  pays  comme 
l'Allemagne  qui  exporte  d'énormes  quantités  de  bière.  Quant  au  droit 
sur  le  malt,  il  est  bien  trop  lourd.  Les  droits  sur  les  raisins  secs  sont 
trop  élevés  pour  permettre  la  fabrication  du  vin  avec  l'emploi  exclusif 
des  raisins  secs.  Les  fabricants  de  vins  sont  en  Allemagne  de  vrais 
chimistes  se  servant  de  raisins  secs,  alcool,  sucre,  acide  tartrique, 
tartre,  etc.  Pour  le  blé,  l'importation  amène  de  Russie  2,1 63,846  quin- 
taux métriques,  d'Autriche-Hongrie  2,598,700  q.  m.,  d'Amérique 
744,159  q.  m.  Ce  n'est  donc  pas  l'Amérique  qui  fournit  principale- 
ment le  blé  au  marché  allemand.  Pour  le  seigle,  l'importation  fait  venir 
de  Russie  3,484,927  q.  m.,' d'Autriche-Hongrie  753,611  q.  m.,  de 
France  635,909  q.  m.  Quant  à  l'avoine,  la  Russie  livre  1,736,581  q. 
m.,  l'Autriche-Hongrie  517,960  q.  m.  L'Autriche-Hongrie  fournit  à 
l'Allemagne  2,545,631  q.  m.  d'orge. 

Le  pays  oi^i  l'Allemagne  envoie  la  plus  grande  quantité  de  houblons 
est  l'Angleterre  qui  reçoit  43,541  q.  m.  La  France  achète  12,092  quin- 
taux. 

Les  exportations  de  bière  sont  importantes.  La  France  reçoit 
531,868  q.  m.  La  France  achète  95,402  q.  m.  d'alcool.  Elle  fournit  à 
l'Allemagne  266,482  q.  m.  de  vin. 

Le  tableau  suivant  indique  les  importations,  les  exportations  du 
bétail  par  tête,  et  les  droits  d'entrée  par  tête. 

Tarif  douanier 

par  tête.  Importation.  Exportation. 

marcs. 

10  Chevaux 64,981  18-,225 

6  Taureaux ....  644  8,064 

fi               ■     Vaches 89.083  54,120 

20           .        Bœufs 25,197  70,340 

4  Taurillons  et  génisses 5(),126  52,166 

2  Veaux 43,436  56,757 

2.50  Porcs 1,039,136  294,792 

1  Moutons.... 59,058  1,430,106 

L'exportation  n'offre  une  importance  réelle  que  pour  les  moutons. 
L'excédent  de  l'importation  sur  l'exportation  se  chiffre  pour  les  laines 


508  COMMERCE  DES  DENRF^^ES  AGRICOLES  EN  ALLEMAGNE. 

par  750  mille  quintaux.  Nous  indiquons  encore  quelques  denrées 
a<*ricoles  ou  pour  mieux  dire  d'un  emploi  agricole  qui  entrent  libre- 
ment en  Allemagne. 

Importation.  Exportation. 

quint,  métr.  quint,  métr. 

Guano 1.063, If.O  ■  1G,298 

Superphosphate 2')8,787  66,852 

Salpêtre  du  Chili 1,269,184  21,363 

Paul    MULLER. 

BINEUSE  A  BRAS  YIET 

Monsieur  le  directeur,  pour  répondre  à  plusieurs  questions  qui 
m'ont  été  adressées,  notamment  par  M.  Gambon,  propriétaire  à  Nîmes, 
je  viens  vous  donner  quelques  explications  sur  le  travail  de  ma  bineuse 
à  bras,  qui  serviront  de  complément  à  la  description  donnée  dans  le 
numéro  du  24  février  dernier  du  Journal  de  V agriculture. 

L'agriculture  est  éprouvée,  la  main-d"œuvre  est  fort  chère  et  le  dé- 
peuplement des  campagnes  augmente  rapidement,  dit  M.  Cambon  ; 
grave  est  la  situation,  surtout  dans  le  Midi,  où,  à  cause  du  phylloxéra, 
les  splendides  récoltes  que  donnait  la  culture  de  la  vigne  sont  rem- 
placées par  les  maigres  résultats  que  donne  la  culture  ordinaire,  celle 
du  blé  surtout. 

Pour  arriver  à  la  fin  de  l'année  à  voir  les  recettes  dépasser  les  dé- 
penses, on  recherche  avidement  tout  ce  qui  peut  aider  à  atteindre  ce 
but.  M.  Cambon,  qui  était  un  des  grands  producteurs  de  vins,  cultive 
maintenant,  à  la  place  de  ses  vignes,  le  blé,  les  fourrages,  un  peu  de 
maïs,  la  betterave  et  l'absinthe,  et  s'efforce  de  faire  faire,  dans  son 
pays,  des  progrès  à  l'agriculture  dont  la  position  est  tellement  pré- 
caire que,  dans  bien  des  localités,  les  propriétaires  ne  trouvent  pas 
toujours  des  fermiers,  en  abandonnant  leurs  terres  pour  le  payement 
des  contributions. 

A  cause  de  cette  position  et  dans  l'intention  de  renseigner  les  cul- 
tivateurs de  sa  contrée,  M.  Cambon  me  demande  de  faire  connaître  si 
la  bineuse  à  bras  dont  il  a  été  parlé  dans  le  Journal  de  f  agriculture  (nu- 
méro du  24  février  1883)  peut  fonctionner  ailleurs  que  dans  des  ter- 
rains légers  et  sablonneux  ;  si  dans  la  riche  plaine  de  Nîmes,  sur  les 
bords  du  Vistre,  où  le  sol  humifère  argileux  est  fort  et  compact ,  ce 
nouvel  instrument  pourrait  être  employé  ;  s'il  serait  préférable  aux 
araires  du  pays  ;  si,  dans  les  plantiers  jeunes,  on  ne  pourrait  pas  s'en 
servir,  quitte  à  passer  plusieurs  fois  dans  l'intervalle  des  souches  qui 
est  de  l'^.ôO. 

Tout  d'abord  il  faut  s'entendre.  Chaque  instrument  a  sa  spécialité 
en  agriculture  :  la  charrue  remue  le  sol  profondément;  la  herse  le  di- 
vise^ l'émiette;  mon  instrument,  fort  léger,  ne  peut  servir  qu'à 
détruire  les  herbes;  il  ne  doit  guère  pénétrer  dans  le  sol  que  de  0^.05; 
avec  plus  de  profondeur,  un  homme  ne  pourrait  plus  le  manœuvrer, 
et  les  pièces  qui  le  composent  ne  résisteraient  pas.  D'ailleurs,  pour 
bien  détruire  les  herbes,  il  ne  faut  les  couper  que  peu  au-dessous  du 
collet,  autrement  il  leur  reste  des  racines  qui,  en  cas  de  pluie ,  les 
font  reprendre. 

Quant  à  la  question  de  savoir  si  l'instrument  pourrait  fonctionner 
dans  la  plaine  de  Nîmes  que  j'ai  vue,   mais  où  je  n'ai  pas  cultivé,  je 


BINEUSE  A   BRAS   VIET.  b09 

réponds  :  oui.  En  Seine-et-Marne  où  le  sol  est  argileux,  compact, 
nous  donnons  aux  lames  une  largeur  de  0'".115;  avec  les  trois,  on 
fait  une  bande  de  travail  de  (P. 30  ;  dans  un  sol  sablonneux,  très 
doux,  on  peut  donner  0'".ir)  et  cultiver  ainsi  ()'".40  de  largeur.  Si  le 
terrain  est  rude,  on  peut  réduire  les  lames  à  0™.10  et  même  0'".8,  on 
n'a  plus  alors  qu'un  travail  d'une  largeur  de  ()"'.22  à  0"'.25. 

Mais  toujours  ainsi,  l'instrument  reste  pratique  et,  l'économie  est  la 
même,  car  si  un  sol  est  rude  pour  une  machine  à  bras,  il  l'est  de 
même  pour  un  outil  à  main.  Seuls,  les  terrains  caillouteux  sont  inac- 
cessibles à  ma  bineuse,  les  pierres  rencontrées  par  les  lames  étant 
poussées  horizontalement  ne  cèdent  pas,  les  chocs  répétés  fatiguent 
l'ouvrier  et  les  lames  sont  vite  émoussées.  Dans  nos  vignobles,  les 
ceps  sont  si  rapprochés,  la  terre  si  bosselée  de  trous  et  de  bult^rs  occa- 
sionnés par  le  provignage,  qu'on  ne  peut  cultiver  qu'avec  des  outils  à 
main.  Quand  les  vignes  sont  en  terrain  plat  ou  en  pente  douce  et  que 
les  ceps  sont  à  une  bonne  distance,  l'emploi  de  la  bineuse  à  bras  pour 
la  culture  superficielle  offre  une  économie  considérable. 

L.  VlET. 

SITUATION  AGRICOLE  DANS  L^AUDE 

On  n'est  pas  encore  tout  à  fait  revenu  de  l'émotion  causée  par  les  effets  des 
dernières  gelées  qui  ont  l'ait  assez  de  mal  partout.  Une  hausse  sur  les  vins  en 
est  résultée,  arrêtée  un  peu  par  les  exigences  des  vendeurs,  peu  nombreux  en  ce 
qui  regarde  les  viticulteurs. 

On  se  hâte  de  terminer  l'enfouissement  des  engrais  et  on  ne  voit  que  charrettes 
charriant  ici  des  tourteaux,  là  des  crottins  de  mouton,  ailleurs  des  engrais  chi- 
miques. On  est  entré  largement  dans  la  voie  rationnelle  d'une  bonne  restitution 
au  sol,  et  l'emploi  complémentaire  des  phosphates  et  des  sels  de  potasse  est 
devenu  élémentaire. 

On  a  submergé  de  larges,  surfaces  et  on  pourra  voir  l'effet  produit  sur  le  phyl- 
loxéra. Déjà  certain  enseignement  sur  la  nature  des  terrains  inférieurs  a  montré 
que  les  craintes  d'une  perméabilité  trop  forte  n'étaient  pas  fondées,  alors 
qu'ailleurs  on  a  été  surpris  de  la  porosité  trop  grande  des  terres  ne  gardant  pas 
l'eau.  Une  fumure  annuelle  parait  ici  indispensable  vu  qu'i)  vaut  mieux  donner 
chaque  année  un  peu  moins  que  de  fumer  tous  les  trois  ans,  l'eau  enlevant  les 
réserves  du  sol  sur  lesquelles  on  ne  doit  pas  compter. 

On  a  planté  beaucoup  de  cépages  américains,  non  peut-être  pas  comme  surface, 
mais  c  jmme  dispersion  des  points  plantés.  Toutes  les  communes  ont  certai- 
nement essayé  les  cépages  en  divers  points  de  leurs  territoires.  Le  riparia  et  le 
jacquez  sont  les  favoris,  ce  dernier  souvent  avec  l'espoir  d'une  productiou  directe 
raisonnable,  réuni  à  la  plus-value  du  vin  comme  alcool  et  surtout  comme  robe  ou 
source  à  couleurs.  Toutefois  cette  extension  est  limitée,  car  on  avait  planté  de 
cépages  français  tout  ce  qu'on  avait  pu  et  ce  n'est  que  dans  les  communes 
déjà  assez  dévastées  par  le  phylloxéra  que  la  grande  culture  des  vignes  améri- 
caines pourra  se  développer. 

L'heureux  résultat  des  insecticides  en  fait  continuer  l'emploi  qui,  malheureu- 
sement, est  arrêté  par  la  difficulté  que  l'on  a  de  se  procurer  du  sulfure  de  carbone 
ou  par  le  manque  d'eau  pour  les  sulfocarbonates.  Qu'on  nous  fasse  des  canaux  !  1 

Louis  DE  Martin, 

à  Lésignan  (Audei. 

REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(31   MAllS  U8>i). 
I.  —  Situation  générale. 
Les  marchés  agricoles  sont  peu  fréquentés,  et  les  ventes  sont  peu  importantes 
pour  la  plupart  des  denrées. 

II.  —  Les  grains  et  les  farines. 
Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal  métrique, 
sur  les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger  : 


610 


REVUE   COMMERCIALE   ET  PRIX    COURANT 


l"   nEGION. 


Calvados.  Condé 

—  Or.jec 

Côl.-du-Nord.  Pontrieux 

—        Lannioii.. 
Finistère.  Quiraper 

—  Morlaix 

lUe-et-Vilaine.  Redon... 

—         Fougères  . . 
Manches.  Avranches. . . 

—  Pontorson... 

—  Villedieu 

Mayenne.  Laval 

—  Mayenne 

Morbihan.  Hennebont.. 
Orne.  Bellème 

—  Vimoutiers." 

Sarthe.  Le  Mans 

—  Sablé 

Prix  [noyens 

2'  nÉGio 
Aisne.  Soissons 

—  Chatean-Thierry. 

—  Saint-Quentin... 
Eure.    Damville 

—  Beriiay 

—  Neiihuurg :. 

Eure-et-Loir.  Chartres.. 

—  Auneau 

—  Nogent-le-Rotrou. 
Nord.  Cambrai 

—  Douai 

—  Valencieanes 

Oise.  Beauvais. 

—  Compiègne 

—  Senlis 

Pas-de-Calais.  Arras. . . 

—  Douliens 

Seine.  Pans 

S.-et-Mar.  Damniartin. . . 

—  Meaux 

—  Provins 

S.-et-Oise.  Duurdan 

—  Etampes 

—  Versailles 

Seine-Inférieure. Romn. 

—  Dieppe 

—  Yvetol 

Somme,  .\miens 

—  Péroiine 

—  Boye 

Prix  moyens 

3'  RÉGION.  - 

Ardennes.  Charleville.  . 

—  Sedan 

Aube.  Troyes.. 

—  Barsar-Aube. .    .. 

—  Nogerit-sur-Seine. 
Marne.  Chalons 

—  Eptrnay 

—  Beims 

Jlte-Marne.  Sl-Dizier. .. 
Meurltie-el-Mos.  Nancy. 

—  Lunéville 

—  Ton) 

Meuse.  Bar-le-Duc 

—  Verdun 

Haute-Saône.  Gray 

Vosges.  Neafchàleau.. . . 

—  Epinal 

—  Mirecourt 


l'i.sO     18  aO 


NORD. OUEST. 

Blé.    Seigle.    Orge. 

fr.         fr.  fr. 

2'i.50 
2  f  25 
23.50 
23.75 
24 .  00 
2'i.50 
25.00 
24.50 
26.00 
2(j.50 
2G.:!5 
25.70 
25  ."lO 
2'i.00 
23.50 
2k  25 
26.25 
26.00 

24.83      16.6!) 


N.  —  NOKD. 


» 
15.50 
15.25 
17.00 

14.50 

)> 
17.00 
20.00 
19  25 
19  20 
15.S0 
17.50 

iS.50 
17.00 
18.50 
I7.t'0 

17.37 
20.00 


Avoine. 

fr. 

22  00 
20.00 
16.50 
17.70 
16.50 
1  5 .  50 
18.00 
18.50 
22.50 
20.50 
21.25 

19.00 
20.00 
!  8 .  00 
20.. "lO 
21.00 
20.50 

19.28 


23.00  14.70 

22.50  14.50 

24.50  16.25 
24.00  » 

23.75  14.50 

23.50  14.00 

"ii  50  15.00 

24.00  14.50 
26.00  » 

25 . 20  » 

24.25  15.50 

25.80  15.50 

22.50  14.00 

23.00  15.00 

22.75  14.50 

26.50  15.00 

25.25  14.20 

25.25  15.75 

23.00  14..=>0 

24.00  15.00 

24.50  14.75 

24.00  14.25 

24.25  IG.OO 

23.75  14.50 

24  00  14.75 

24.25  14.00 
22.00  » 

23.00  14.50 
23.50  » 

22 .50  14. 25 

23.84  14.91      13.69     17.61 

-  NOHD-ESr. 


20.50 
19.25 
19.00 
13  00 
20 .  00 
18.25 

18.25 

20.25 

19.25 

•18.00 

18.75 
18.70 
19.50 
17  50 
18.00 
I9.7.i 
13.00 
17.50 
18.00 
19.50 

19.00 
18.25 
18. 00 
17.00 


17.00 
16.50 
17.0(1 
16.25 
19.00 
18.00 
17.50 
18.25 
18.50 

16.00 
18.00 
16.25 
18.00 
16.50 
16.25 
16.00 
18.25 
17.00 
17.80 
20.00 
18.25 
17.00 
19.00 
20.00 
tS.oO 
16.50 
19.00 
17.50 
17.50 


Prix  moyens 

4°  nicGiON 
Charente.  Angouléine. .. 

—  RufTec 

Char.-hxfér.  La  Rochelle 
Deux-Scvres .  Niort. . . . . 
Indre-el-l.oire.  Bléré.... 

—  (  h;\leaii-Renault. . 

Loire-Inf.  Nantes 

M.-el-Lo'^-.  Saum'jr 

—  Angers 

Vendée.  Luçon 

—  Foatenay-le-Comle 
Vienne.  Poitiers 

—  Loudun 

Haute-  Vienne.  Lin^oges. . 


23.50  17.25  18.00  18.50 

23.25  16.25  18.50  18.75 

24.00  15  25  17.75  17.25 

23.00  14.50  17.00  18.00 

24.50  15  20  18.50  18.25 

23   50  15   50  18.00  17.00 

22.50  14.50  n  17.75 

22.75  i4.75  16.75  17.25 

22.50  14.50  17.25  16  50, 

23.50  15.50  17.85  16.75 

24.00  »  »  » 

24.00  16.50  16.00  16.25 

23.00  16  25  16  50  17.25 

23.75  »  16.50  » 

23.00  »  »  16.00 

23.25  15.50  17.75  16.50 

24.50  16.50  »  !6.50 

24.00  »  8  » 

23.53  15.57  17.40  17.20 


18.75 
18.00 


15   00 
15.00 


14.75 
17.00 


18.75 
17.00 
17.50 
19.50 
18.50 
19.00 
17.35 
20.50 
18  25 
13.5  I 
18.75 
18.50 
18  Oi) 


20.00 
16.75 
17.50 
18.00 
18.00 
19.00 
17  40 
17.75 
20.50 
17.00 
17.25 

» 
17.00 
18.25 


Allier.  Monlljçon 

—  Gannai , 

—  Saint-Pourçain  . , 
Cher.  Bourges 

—  Giaçay 

—  Vierzon , 

Creuse.  Aubusson 

Indre.  Chàteauroux. . . . , 

—  Issoiidun 

—  La  Châtre 

Loiret.  Gien 

—  Patay 

—  Pithiviers 

L.-el-Cher.  Blois 

—  Montoire 

Nièvre.  Nevers 

—  La  Charité 

Vonne.  Brienon 

—  Saint-Fiorentin. . . 

—  Sens 


—  CENTRE. 

Blé.    Seigle. 

fr.         fr. 


24 .  75 
2'i.50 

25 .  75 
24.00 
25.50 
26.00 
25.75 
25.20 
26.25 
26.50 
24  75 
24.00 
23.60 
25.00 
24.50 
24 .  00 
24 .  20 
24 .  00 
24.00 
24.75 


» 

16.25 
l'i.OO 
15.25 
15.00 
14.85 


16.25 
15  50 
l 'i .  40 
14.6H 
15.00 
14.75 

j> 
14.00 
15.25 
13.50 
15.20 


Orge. 

fr. 

20,50 
19.00 
20 .  00 
16.50 
19.20' 
19. UO 

18.50 
19. 00 
20.75 
19.25 
17  50 
17.65 
20 .  00 
18.50 


Prixinoyens 25.53     16.19     18.39     18.03 


16.00 
15.25 

» 
1 6 .  00 
17.50 
14.25 
14.20 
14.75 
17.00 
15.00 
15.50 
16.50 
12.30 


16.75 
16.50 


16.75 
18.25 
17.75 
15.50 
18.00 

» 
18.00 


Prix  moyens 24.85     14.93 

6*  REGION.  —  EST. 

Ain.  Bourg 25.25     !8  00 

—  ■Pont-de-Vaux 24.50 

Cote-d'Or.  Dijon 22.50 

—  Beaune 2t. oo 

Z)ou6s.  Besançon 23.40 

Isère.  Grenoble ..  26  25 

—  Bourgoin 24.50 

Jura.  Dôle 22.50 

Loire.  Roan;ie 24.75 

P.-de-/Jô/)ie.  Clermont-F.  27.00 

Rhône.  Lyon 25.00 

Saône-et- Loire .  Autun..  23.50 

—  Chïlon 25.00 

£.aî)oie.  Chambéry 26.00 

//<e-Sauoie.  Annecy 25.80 

Prix  moyens 24.66  15.94 

7°  RÉGION.  —  SITD-OUEST 

Ariége.  Foix ,..  26  50  13.00 

—  Pamiers 27  75  16.50 

Dordojyne.  Bergerac. . ..  27.50  17.25 

Ilte-Garonne.  Toulouse.  27.75  17-00 

—  St-Gaudens 26.50  18.00 

Gers.  Condom 27.25  »            » 

—  Eauze 27.00  »            » 

—  Miiande 26.75  »            » 

Gironde.  Bordeaux 28.00  12  50     19.25 

—  Bazas 26.75  »            » 

Landes.  Dax 28.25 

Lol-el-Garonne.  Agea. . .  27.20 

—  Nérac 27.85 

R. -Pyrénées.  Rayonne..  28.50 
lltes-Pyrénées.  Tarbes..  28.00 

Prix  moyens 27.50     18.32     19. 09 

8"  RÉGION.  —  SUD. 

^4ude.  Carcassonne 27.75        »  20.50 

—  Casleliiandary....  28.00  18.50  20.25 

Amyron.  Wnàez ■.'4.00  18.20  21.50 

Ca/UaL  Mauriac 24.65  22.20        » 

Cor;-èr«.  Lnberzac 25.50  18.00  13.50 

Hérault.  Montpellier...  27.85        »  » 

—  Cette 28.25  20.25  20.50 

A.OL  Cahors '^7.50  17.80  17.50 

Lozère.  Mende 2'i.05  17.35  18.2'» 

Pf/j'énées-Or. Perpignan.  27.75  i3.lO  20.00 

Tarn.  k\h'\ 27.00         »  » 

Tarn-e<-Ga)'.  MontauDan  27.00  17.25  19.50 


Avoine. 

fr. 

17.00 

17.25 

16.50 

16.75 

16.50 

18.00 

21.00 

18.00 

18.50 

18.75 

17.00 

17.50 

19.10 

20.50 

17.5" 

17. 00 

16.50 

18.75 

18.00 

18.25 

13.64      17.92 


17.00 
16.50 
18.00 


19.25 
19.50 
19.25 
19  00 
19.25 


18.50 
19.00 
18.70 


19.25 
21.00 
19.50 
20.00 
21.00 
20.50 
22.25 
21.50 
18.70 
20.50 

19.75 
2U.00 

18  50 
20.19 

20  00 
19.50 
•9.00 
21.50 

1S.75 

20.00 
18.25 
17.80 
25.00 
17.50 
20.00 

Prix  moyens 26.61     18.63     19. 6i     I9.7fi 

9*  RÉGION.   —  SUD-EST. 

Rasses-Alpes.  Manosque  28.50  »  » 

Hautes-Alpes.  Briançon.  23.00  18.00  19.00 

Alpes-Maritimes.Ca.nn6S  27.50  17.85  18.50 

^rd(!c/i«.  Privas 27.05  19.60  17  80 

R.-du-Rhàne.  Arles 28.25  »  17.00 

Drùme.  Montélimar 26.00  »  19.00 

Gard.  Nîmes 27.85  »  » 

/Mi<<e-/.oJre.  Brioude...  2520  13.50  19.00 

Kar.  Dra^uiiJnan 28.00  »  » 

Kauc/t(se.  Avignon 27.00 


Prix  moyens 27.34     18.49 


17  50 
18.26 


Moy.  de  toute  la  France 
—  de  la  semaine  précéd. 

Sur  la  semainelH<iiisse. 
précédente. .  j  baisse. . 


25.41      16.63 
25.45     16.66 


;S 


18.57 
18.44 


0.04       0;03       0.10 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (31   MARS    1883).  511 

Blé.  Seigle.  Orge.  Avoine. 

fr.  fr.  fr.  fr. 

(  blé  Iciidic.  ..  28.75 

.     Algérie.                      A^S'^'I  blé  dur 26.00  »  in.T.V  lf...SO 

Angleterre.                Londres 2G.00  »  19.00  20.00 

Deiuique.                  Anvers 25.00  17-25  17.00  1(1.25 

_                          Bruxelles 24.50  15.75  -  1G.50 

_                          Lièsc 23.15  If.. HO  20. .îO  17.00 

_                         Nanuir 22.50  15. .SO  20.00  15.00 

Pays-Bas.                 Anislerdam 24.00  17.10 

Luxembourg.           Luxembourg 24.75  19.00  »  17.50 

Alsace-Lorraine.     Strasbourg 24  50  15  00  17.50  17.25 

—  Metz 24.00 

_  Mnlliouse 22  25  16. .50         17  00         IS.OO 

AUemague.  l-!erlin 23. .50  17.10 

—  Cologne 24.35  18.10  ..     • 

—  Hambourg 23.00  16.75 

Suisse.                      Genève 27  25            »                »  20.. 50 

Italie.                        Turin 25.50  19.00            ■•  18.25 

Espagne.                  Valladolid 25.20            »                »  » 

Autriche.                   Vienne..." 20.25  15.00  17.-50  14.25 

Hongrie.                    Budapeslh 20.50  16  25  17.25  14.50 

Russie.  Saint-Pétersbourg..  21.00  14.75             »  13.25 

Etats-Unis.              New-York 23.25            »                »  » 

BUs.  —  La  situation  est  la  même  sur  le  plus  grand  nombre  des  marchés,  tan^ 
en  France  que  dans  les  principaux  pays  d'Europe.  Les  marchés  présentent  1^ 
plus  grand  calme,  et  les  offres  des  cultivateurs  sont  extrêmement  restreintes.  C_ 
fait  tient  à  deux  causes  :  d'une  part,  à  la  période  de  le  tes  que  nous  venons  de  tra 
verser;  d'autre  part,  à  la  réduction  de  plus  en  plus  grande  des  réserves  chez  le^ 
ciiltivateurs.  Quant  aux  conditions  climatériques,  elles  ne  peuvent  influer  actuel- 
lement que  dans  de  faibles  proportions  sur  les  cours  des  blés.  La  végétation  est 
retardée,  et  il  est  impossible  de  présumer  les  résultats  qu'elle  donnera.  A  la 
halle  de  Paiis,  le  mercredi  28  mars,  nous  n'avons  à  enregistrer  que  des  affaires 
très    calmes  ;  les  cours   sont   ceux   de  la  semaine    dernière.   On    cote    de    24    à 

26  fr.  50  par  100  kilog.  suivant  les  qualités.—  Au  marché  des  blés  à  livrer,  il  y 
a  peu  d'affaires.  On  cote  :  courant  du  mois,  25  fr.  25  à  25  fr.  50  ;  avril,  25  fr.  25 
à  25  fr.   10;    mai  et  juin,  26  fr.  25  à  26  fr.  50;  quatre  mois   de  mai,  26  fr.  75  à 

27  Ir.  —  Au  Havre.,  il  n'y  a  que  peu  d'affaires  sur  les  blés  d'Amérique  ;  on  les 
paye  de  26  fr.  à  27  fr.  5u  par  100  kilog.  suivant  les  qualités  —  A  Marseille,  il  y 
a  une  certaine  activité  dans  les  transactions  ;  les  prix  se  maintiennent  pour  les 
diverses  catégories;  les  arrivages  ont  été  pendant  semaine  de  84,U00  quintaux; 
le  stock  est  actuellement  de  25y,000  quintaux  dans  les  docks.  On  paye  par 
100  kilog.  :  Red-winter,  28  fr.  50  à  29  fr,  ;  Berdianska,  27  fr..  50;  Mariano- 
poU,  26  fr.  50  à  27  fr.  ;  Pologne,  26  fr.  à  27  fr.  ;  Azima,  24  fr.  50  à  2d  fr.  50.; 
Salbnique.  2iJ  fr.  50  à  23  fr.  —  A  Londres,  les  affaires  sont  très  calmes;  il  y  a 
peu  de  changements  dans  les  prix  ;  on  cote  actuellement  de  24  fr.  60  à  27  fr.  20' 
par  KO  kilog.  t^uivant  les  qualités  et  les  provenances. 

Farines.  —  H  y  a  beaucoup  de  calme  dans  les  transactions  et  les  prix  sont  sans 
changements.  On  paye  les  farines  de  consommation  à  la  halle  de  Paris  :  marque 
de  Gorbeil,  60  fr.;  marques  de  choix,  60  à  62- fr.;  premières  marques,  58  à 
59  fr.;  bonnes  marques,  57  à  58  fr.;  sortes  ordinaires,  54  à  56  fr.;  le  tout  par 
sac  de  159  kilog.  toile  à  rendre  ou  157  kilog.  net,  ce  qui  correspond  aux  prix 
extrêmes  de  34  tV.  40  à  39  fr.  50  par  100  kilog.,  ou  en  moyenne  36  fr.  95,. 
comme  le  mercredi  précédent.  Quant  aux  farines  de  spéculation,  il  n'y  a  pas  de 
changements  dans  les  prix.  Ou  cotait  le  mercredi  28  mars  au  soir  :  farines  neuf- 
marques,  courant  du  mois,  56  fr.  50;  avril,  56  fr.  50;  mai  et  juin,  57  fr.  75  à 
58  fr.  ;  quatre  mois  de  mai,  58  fr.  50;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.  toile  perdue 
ou  157  kilog.  net.  —  On  paye  comme  précédemment  47  à  58  fr.  par  100  kilog.  ; 
et  pour  les  farines  de  gruau  ;  26  à  33  fr.  pour  les  farines  deuxièmes. 

Seigles.  —  H  y  a  peu  d'aft'aires.  O.i  paye  à  la  halle  de  Paris,  5  0  fr.  75  à 
16  fr.  [)ar  100  kilog.  suivant  les  sortes.  —  Les  farines  de  seigle  sont  vendues  au 
prix  de  23  à  25  fr. 

Orges.  —  Les  prix  &e  maintiennent.  On  vend  à  la  halle  de  Paris,  de  18  fr.  50  à 
20  fr.  50  par  IOj  kilog.,  suivant  les  sortes.  Quant  aux  escourgedus,  ils  sont  cotés 
aux  prix  de  i8  à  18  fr.  50.  —  A  Londres,  les  ventes  sont  restreintes,  et  les  prix 
se  maintiennent  sans  changements,  de  IS  fr.  à  20  fr.  70  par  100  kilog. 

MalL  —  Mômes  cours  que  précédemment.  On  cote  de  25  à  32  fr.  par  100  kilog. 
pour  les  malts  d'orge,  27  à  30  fr.  pour  ceux  d'escourgeon. 


bl2  REVUE   COMMERCIALE  ET  PRIX   COURANT 

Avoines.  —  Peu  d'offres;  les  ventes  sont  restreintes  à  la  halle  de  Paris.  On 
cote  de  17  à  19  fr.  50  par  100  kiloj^.,  suivant  poids,  couleur  et  qualité.  —  A 
Londres,  les  ventes  sont  peu  importantes;  on  paye  de  18  fr.  40  à  21  fr.  50  par 
quintal  métrique. 

Sarrasin.  —  Peu  d'affaires  sur  ce  grain.  Les  sarrasins  de  Bretagne  valent  de 
15   fr.   75  à  16  fr.  par  100  kilog.  à  la   halle  de  Paris. 

Maïs.  —  Les  prix  soni  toujours  moins  fermes  pour  les  maïs  d'Amérique.  On 
paye  au  Havre  de    17  à  18  fr.  100  kilog.  suivant  les  sortes. 

Jssues.  —  Les  ventes  sont  plus  actives,  et  les  prix  plus  fermes  à  la  halle  de 
Paris.  On  paye  par  100  kilog.  :  gros  son  seul,  1^  fr.  -Àb  à  l^  fr.  50;  son  trois 
cases,  13  fr.  25  à  13  fr.  50;   sons  lins,  12  fr.  5l)  à  13  fr.;  recoupettes,  12  fr.  50  à 

13  fr.;  remoulages  bis,  1^  fr.  à  14  fr,  50;  remoulages  blancs,   15  à  16  fr. 

III.  —  Fruits  et  légumes  frais. 
.  Fruits.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  fraises  de  châssis,  le  pot,   0    fr.  80  à 
2  fr.  20;  poires,  le  cent,  10  fr.  à  100  fr.  ;  pommes,  le  cent,   10  fr.  à  100  fr.  ;    le 
kilog.,  0  fr.  2j  à  0  fr.  45;  raisins,  chasselas  de  serres,  le  kilog.,  5  à  15  fr. 

Gros  Uaurnes.  —  Dernier  cours  de  la  halle  :  asperges  de  châssis,  la  botte,  de 
15  à  35  fr.;  aux  petits  pois,  la  botte,  1  à  2  Ir.;  carottes  communes,  les  100  bottes, 
20  à  35   fr.;  d'hiver,  l'iiectolitre,   3  fr.  50  à  5  fr.  ;   de  chevaux,   les  100  bottes, 

14  à  22  fr.;  choux  communs,  le  cent,  5  à  20  fr.;  navets  communs,  les  100  bottes, 
20  à  33  fr.;  l'hectolitre,  3  fr.  à  4  fr.  50;  oignons  en  grain,  l'hectohtre,  9  à  13  fr.; 
panais  communs,  les  100  bottes,  12  à  lô  fr.;  poireaux  communs,  les  100  bottes, 
25  à  60  fr. 

Pommes  de  terre.  —  Hollande  communes,  l'hectolitre,  14  à  17  fr.;  le  quintal, 
20  fr.  14  à  ^4  fr.  28;  jaunes  communes,  l'hectolitre,  10  à  12  fr.;  le  quintal, 
14  fr.  28  à  17   fr.  14. 

Menus  légumes.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  ail,  le  paquet  de  25  bottes, 
2  fr.  50  à  5  fr.;  appétits,  la  botte,  0  fr.  15  à  0  fr.  20  ;  barbe  de  capucin,  la  botte, 
0  fr.  20  à  0  fr.  30;  cardon,  la  botte,  2  fr.  à  4  fr.  ;  céleri,  la  botte,  0  fr.  50  à 
0  fr.  70;  rave,  la  pièce,  0  fr.  15  à  0  fr.  20  ;  cerfeuil,  la  botte,  0  fr.  50  à  0  Ir.  70; 
champignons,  le  kilog.,  1  fr.  20  à  2  fr  20;  chicorée  frisée,  le  cent,  10  à  18  fr.; 
choux-ffeurs  de  Bretagne,  le  cent,  20  à  50  fr.;  choux  de  Bruxelles,  le  litre,  0  fr.  25 
à  0  fr.  40;  ciboules,  la  botte,  0  fr.  15  à  0  fr.  20;  cresson,  la  botte  de  i2 
bottes,  0  fr  25  à  1  fr.  60;  échalottes,  la  botte,  0  fr.  40  à  0  fr.  50;  épinards, 
le  paqut-t,  0  fr.  45  à  0  fr,  55;  escarolle,  le  cent,  13  à  20  fr.;  laitue,  le  cent, 
7  à  1  3  fr.;  mâches,  le  calais,  0  fr.  20  à  0  fr.  30;  oseille,  le  paquet,  0  fr.  70  à  1  fr.  ; 
persil,  la  botte,  0  fr.  50à  0  fr  60;  pissenlits,  le  kilog.,  0  fr.  30  à  0  fr.  60;  potirons, 
la  pièce,  2  fr.  à  7  fr.  ;  radis  roses,  la  botte,  0  fr,  15  à  0  fr.  20;  noirs.  Je  cent, 
5  à  15  fr.;  romaine,  la  botte  de  4  tètes,  l  fr.  40  à  -1  fr.  40;  salsifis,  la  botte,  ûfr.  50 
à  0  fr.  60  ;  thym,  la  botte,  0  fr.  10  à  0  fr.   20. 

IV.  —  Vins,spirilueuc,  vinaigres,  cidres. 

Vins.  — Le  plus  grand  calme  règne  dans  les  transactions  sur  les  vins  ;  la  situa- 
tion que  nous  avons  signalée  dans  nos  précédents  bulletins  se  maintinent  pi-es- 
que  partout.  La  cause  principale  en  est  dans  les  fêtes  de  Pâques;  il  faut  ajouter 
aussi  que  l'on  attend  avec  une  certaine  impatience  que  les  circonstances  aient, 
complètement  hxé  les  esprits  sur  les  résultats  des  gelées  du  mois  de  mars,  il 
paraît  à  peu  près  certain  que,  en  ce  qui  concerne  la  vigne,  on  avait  sur  le  mo- 
ment beaucoup  exagéré  le  mal  dû  à  ces  gelées;  mais  les  jours  dangereux  sont 
encore  loin  d'être  passés,  et  il  faudra  encore  (juelques  semaines  pour  se  rendre 
compte  de  ce  que  pourra  être  la  végétation.  Les  travaux  de  taille  sont  partout 
achevés  :  on  a  constaté  généralement  que  le  bois  est  bon,  sain  et  vigoureux  et 
que  l'on  peut  compter  sur  unn  bonne  préparation.  Il  y  a  peu  de  chose  à  changer 
aux  cours  que  nous  avons  indiqués  dans  nos  derniers  bulletins.  Dans  le  Narbon- 
nais,  on  paye  par  hectolitre  :  Aramon,  25  à  26  fr,  ;  petits  Montagne,  30  à  32  fr.; 
Montagne  et  Lézignan,  33  à  35  fr.  ;  Narbonne  et  Lézignan,  37  à  38  fr.  ;  Nar- 
bonne.  premier  choix,  42  à45fr.  Dans  le  Maçonnais,  les  vins  ordinaires  de  1882 
valent  60  à  65  fr.  la  pièce  de  215  litres.  Dans  la  Loire-Inlérieure,  les  vins  du 
pays  valent  70  à  72  fr.  la  pièce.  Les  arrivages  de  vins  étrangers,  et  surtout  de 
vins  espagnols,  continuent  à  être  très  abondants.  A  Cette,  on  les  paye  de  30  à 
40  par  hectolitre,  suivant   les  qualités  et  les  provenances. 

Spiritueux.  —  Dans   le  Midi,  les  affaires  sont  peu  importantes,  et  les  prix  ne 
varient  pas.  On  paye  à  Pézenas  3/6  bon  goiàt,  102  fr.  marc,  94  fr.  A  Cognac,  les 


DES  DSNRÉES  AGRICOLES   (3i    MARS   1883).  513 

ventes  sont  peu  importantes  ;  les  prix  sont  les  suivants  pour  les  eaux-de-vie  de 
1878  à  1880  :  Borderies,  220à  225  fr.  ;  fins  bois,  210  à  220  ir.;  bons  bois,  200  à 
210  fr.  ;  bois  éloignés,  i  90  à  200  fr.  Dans  le  Nord,  au  contraire,  la  hausse  que 
nous  avons  déjà  indiquée  sur  les  alcools  de  betterives  continue  à  se  ])roduire, 
et  il  y  a  des  ventes  assez  importantes.  —  On  cote  à  Paris,  par  hectolitre  :  3/6 
betteraves,  1™  qualité,  90  degrés,  l'hectolitre,  disponible,  55  fr.  ;  avril,  5'4  fr.  50 
à  55  fr.  ;  quatre  mois  de  mai,  52  fr.  25  à  53  fr.  50;  quatre  derniers  mois,  52  fr.  50. 

—  Le  stock  est  actuellement  de  21,150  pipes  contre  1^1,175  en   1882. 
Vinaigres.  —  Ventes  peu  importantes,  avec  maintien  des  anciens  cours. 
Raisins  ser.s.  —  Les  arrivages  sont  partout  peu  importants,  et  il  y  a  beaucoup 

de  fermeté  dans  les  prix.  On  cote  à  Marseille,  par  100  kilog.  :  Gorimhe,  52  fr.  50 
à  53  fr.;  Thyra,  43  à  kk  fr,;  raisins  noirs,  40  à 41  fr.;  Chypre  bleutés,  52  fr.;  Sa- 
mos,  46  à  47  fr.;  Garamanie,  44  à  45  fr.;  Alexandrette,  43  à  44  fr.;  Vourlay,  43  à 
45  fr.  ;  Constantinople,  39  à  40  fr. 

V.  —  Sucres.  —  Mélasses.  —  Fécules.  —  Glucoses.  —  .imidons. 
Sucres.  —  Quoique  les  affaires  soient  toujours  assez  calmes,  il  y  a  plus  de  fer- 
meté dans  les  prix.  On  paye  sur  les  principaux  marchés  pour  les  sucres  bruts  : 
à  Paris  :  sucres  bruts  88  degrés,  52  fr.  50  ;  les  99  degrés,  60  fr.  50  ;  sucres 
blancs,  61  fr.  ;  à  Lille,  sucres  bruts,  51  f r  ;  à  Valenciennes,  51  fr.  50.  — Le 
stock  de  l'entrepôt  réel  des  sucres  à  Paris,  était,  au  25  mars,  de  855,000  sacs 
pour  les  sucres  indigènes,  avec  une  diminution  de  7,000  sacs  depuis  huit  jours. 

—  Il  y  a  plus  de  fermeté  dans  les  prix  des  sucrés  raffinés;    on  les  cote  de  106  à 

107  fr.  50  par  100  kilog.  à  la  consommation,  soit  de  65  fr,  50  à  63  fr.  50  pour 
l'exportation. 

Mélasses.  —  Maintien  des  cours.  On  paye  à  Paris  :  mélasses  de  fabrique,  12  fr. 
par  100  kilog.;  de  raffinerie,  13  fr,  50. 

Fécules.  —  Les  cours  sont  stationnaires.  On  cote  à  Paris  :  fécules  premières 
39  à  40  fr.  ;  —  à  Gompiègne,  fécules  de  l'Oise,  39  fr.  50;  à  Epinal,  fécules  des 
Vosges,  41  fr. 

Glucoses  et  amidons.  —  Les  ventes  sont  peu  importantes  ;  les  prix  sont  sans 
variations. 

Houblons.  —  Les  affaires  sont  très  restreintes;  il  y  a  peu  d'offres  de  la  part  de 
la  culture.  On  cote  en  Alsace  700  à  875  fr.  par  100  kilog.  suivant  les  sortes.  En 
Angleterre,  on  signale  une  plus  grande  activité  dans  les  transactions. 
Vt.  —  Huiles  et  graines  oléagineuses,  tourteaux. 

Huiles.  —  Depuis  huit  jours  la  hausse  a  tait  de  nouveaux  progrès  sur  les 
huiles  de  graines.  On  cote  à  Paris,  par  lOD  kilog.  :  huiles  de  colza  en  tous  fûts, 

108  fr.  ;  en  tonnes,  110  ^\;  épurée  en  tannes,  1 18  fr.  ;  huile  de  lin  en  tous  fats, 
59  fr.  50;  en  tonnes,  61  fr.  50.  —  Sur  les  marchés  des  départements,  on  cote  les 
huiles  de  colza  :  Lille,  98  fr.  ;  Rouen,  102  fr.  ;  Gaen,  104  fr.  50  ;  Cambrai,  99  fr.  ; 
et  pour  les  autres  sortes,  lin,  57  fr.  ;  œillettes,  114  à  115  fr.  —  A  Nice,  les  prix 
des  huiles  d'olive,  soutenus  avec  btiaucoup  de  fermeté.  On  cote  :  extra,  2J0  à 
215  fr.  ;  surfines,  180  à  190  fr.;  fines,  130  a  ,145  fr.  ;  Bari,  155  à  165  fr.  le  tout 
par  100  kilog. 

Graines  oléafjineuses.  —  Les  cours  se  maintiennent  On  paye  à  Arras  par 
hectolitre  :  œillette,  26  à  28  fr.;  colza,  25  à  26  fr.  ;  Un.  16  à  l-s  fr.  50  ;  cameline, 
16  à  18  fr.  50. 

Tourleaux.  —  Prix  fermes.   On  cote  à   Cambrai    par   100  kilog.  :  tourteaux 
d'œillelte,  17  fr.  ;  de  colza,  18  fr.  50  à  20  fr.  ;  de  Un,  21   fr.  50  à  23  fr. 
VU.  —  Matières  résineuses,    colorantes  et   tannantes. 

Matières  résineuses.  —  Les  prix  sont  en  hausse.  On  paye  à  Dax,  90  fr.  par 
100  kilog.  pour  l'essence  pure  de  térébenthine. 

T 'Tires.  —  Dans  le  Languedoc,  les  cristaux  de  tartre  sont  cotés  280  à  290  fr. 
par  100  kilog. 

Suifs.  —  On  paye  à  Paris,  104  fr.  par  100  kilog.  pour  h's   suifs  purs  de  l'abat 
de  la  boucherie;  78  fr.  pour  les  suifs  en  branches.  L^s  prix  sont  en  hausse. 
VIII.  —  Beurres.  —  Œufs.  —  Fromages. 

Beurres.  —  Il  a  été  vendu  pendant  la  semaine  à  la  halle  de  Paris  287,346  kilog. 
de  beurre.  Au  dernier  jour,  on  payait  par  kilog.  :  en  demi-kilog,  2  fr.  90  à 
4  fr.  40;  petits  beurres,  2  fr.  08  à  3  fr.  48;  Gournay,  2  fr.  84  à  4  fr.  93;  Isigny, 
2  fr.  90  à  8  fr.  56. 

Œwfs.  —  Du  20  au  26  mars,  on  a  vendu  à  la  halle  de  Paris,  8,548,248  œufs 


514 


REVUE  GOMxMERCIALE   ET  PRIX  GOURANT 


On  payait  par  mille  :  choix,  86  à  lOt'  fr.;  ordinaires,  58  à  78  l'r.;  petits,  45  à 
54  fr. 

Fromages.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  par  douzaine,  Brie,  ^  à  36  fr.; 
Montlhéry,  15  fr.;  —  par  cent,  Livarot,  53  à  115  fr.;  Mont-Dor,  15  à  31  fr.; 
Neufchâtel,  5  à  23  fr.;  divers,  7  à  95  fr.;  —par  100  kilog.,  Gruyère  110  à  176  fr. 

IX.  —  Chevaux,  bétail,  viande. 

Chevaux.  —  Aux  marchés  des  21  et  24  mars,  à  Paris,  on  comptait  842  chevaux  ; 
sur  ce  nombre,  275  ont  été  vendus  comme  il  suit  : 

Chevaux  de  cabriolet 

—  de  trait 

—  hors  d'âge. 

—  à  l'enchère , 

—  de  boucherie 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  officiel  du  marché  aux  bes- 
tiaux de  la  Villette,  du  jeudi  22  au  mardi  27  mars  : 

Poids      Prix  du  kilog.  de  vianie  nette  sur 


Amenés. 

Vendus. 

Prix  extrêmes. 

221 

II.) 

['JO  à      85U  l'r 

214 

51 

200  cà  1,125 

294 

7« 

2û  à       700 

32 

:i2 

:50  à      390 

81 

81 

15  à       175 

Bœufs 

Vaches  

Taureaux 

Veaux  

Moutons 

Porcs  gras .... 
—    maigres. 


Amenés. 

4,905 

1,512 
148 

2,897 
34,495 

7,174 


Pour 

Paris. 

2,344 

748 

113 

1,755 

21,314 

2,344 


Vendus 


Pour 


En 


l'extérieur,  totalité. 


moyen 

des 

k  quartiers 


pied  au  marché  du  20  mars. 


1,7.56 

479 

31 

788 

9,502 

4,133 


4,100 

1,227 

144 

2,543 

30,816 
6,477 


kil. 
341 
232 
383 

74 
20 
88 


quai. 
1.74 
1..58 
1.46 
2  2'i 
2.28 
1.36 


2e 

quai. 
1.56 
1.35 
1.34 
2.10 
2  14 
1.30 


3^ 
quai. 
1.32 
1.20 
1.24 
1.70 
2.02 
1.24 


Prix 
moyen. 
1.53 
1.38 
1.35 
1.98 
2.07 
1.30 


Les  prix  ont  été  un  peu  faibles  durant  cette  semaine;  si  on  les  compare  à  ceux 
de  la  semaine  précédente,  on  constate  une  légère  baisse  sur  la  plupart  des  caté- 
gories —  Dans  les  départements,  les  prix  se  maintiennent  sur  la  plupart  des 
marchés  aux  taux  des  semaines  précédentes. 

A  Londres,  les  importations  d'animaux  étrangers  durant  la  semaine  dernière  se 
sont  composées  de  19,048  têtes.  Prix  du  kilog.  Bœuf:  qualité  ordinaire,  l'fr.  52 
à  1  fr.  75  •  2%  1  ir.  75  à  1  fr.  93;    1'%  1  fr.   9.i  à  2  ir.    10.  —  Kea,t:2'»,  2  fr.   10 


a ,     . 

à  2  Ir.  22  ;    V%  2  fr.  28  ^à  2  fr.  40.  —  Mouton.  ^Qualité  inférieure   :  2  Ir. 

2  fr.  45;  2%    2   fr.  45  à   2  fr.  57;  1'%  2  fr.  63  à  2  fr.  75.  —Agneau  :    2  fr. 

3  fr.  50  —  Porc  :  2%  1  fr.  40  à  1  fr.  58;  F%  1  fr.  58  à  1  fr.  70. 

Viande  à  la  criée.  —  n  a  été  vendu  à  la  halle  de  Paris  du  19  au  25  mars  : 

Prix  du  kilog.  le  26  mars. 


22  a 
93  à 


kilog. 
Bœuf  011  vache...    1.58,260 

Veau 183,620 

Mouton 56,537 

Porc 76,793 


'  1"  quai.                2"  quai.  3"  quai. 

1.60  à  1.95     1.38  à  1,58  1.00  à  1.36 

1.86      2  40     1.64       l.Si  1.10       1.62 

1.62       2.04     1.40       1.60  0.96       1.38 

Porc  frais 1  .20  à  1.38; 

Soit  par  jour 67,889  kilo; 


Choix.      Basse  Boucherie. 
1.46  à  3.00    0.20  à  1.30 
1.40       2  62       » 
1.70      3.42       » 
salé,     1 .54  à  1.60 


475,210 
Les  ventes  accusent  de  la  hausse  .pour  toutes  les  sortes,  sauf  pour  la  viande  de 
mouton. 

X.  _  Cours  de  la  viande  à  Vabatloir  de  la  Villelte  du  29  mars  (par  50  kilog.) 
Cours  de  la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  Villette  par  50  kilog.  :  1"  qualité, 
67  à  70  fr.  ;  2%  63  à  67  fr.  ;  poids  vifs,  46  à  50  fr. 


Bœufs. 


Veaux. 


Moutons. 


1" 

quai, 
fr. 
78 


3' 

quai, 
fr. 
65 


jr. 

q_al. 


2' 

quai. 

fr. 

100 


3* 

quai, 
fr. 
95 


quai, 
fr. 
93 


2° 

quai, 
fr. 
88 


3" 

quai. 

fr. 

80 


2" 
quai. 

fr.  "fr.  fr. 

71  65  115 

XI.  —  Marché  aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi  29  mars  1883. 

Cours  des  commissionnaires 
Cours  ofliciels. 


Animaux 
amenés. 

Bœufs 2  549 

Vaches 589 

Taureaux...         119 

Veaux I.2i2 

Moulons 17.801 

Porcs  gras. .    4.694 
^maigres..  »  »  » 

Vente  assez  active  sur  toutes  les  espèces 


Invendus. 

83 
76 

121 

448 
457 


Poids 

moyen 

gf  neral. 

kil. 

3'.o 

23.> 

380 

78 

20 

80 


en  besliau 


DES  DENRÉES    AGRICOLES  (31    MARS  1883) 
XII.  —  Résume. 


515 


Maintien  des  cours  sur  les  céréales,  les  fourrages,  les  vins;  hausse  sur  les 
sucres,  les  huiles  et  les  autres  produits  des  industries  agricoles,  tel  est  le  bilan 
de  la  semaine. 

A.  Remy. 


BULLETIN  FINANCIER 

Gonlinuation  de  la  baisse  à  nos  rentes  :  le  3  0/0  à  8), 45  perd  0,75  et  le  5  0/0 
à  114,6J,  perd  0,15.  Même  faiblesse  à  nos  Sociétés  de  crédit  et  à  nos  chemins  de 
de  fer. 

Cours  de  la  Bourse  du  "21  au  "2.S  mars  1883  (au  comptant). 


Principales  valeurs  françaises  : 

Plus  Plus 

bas.  liant. 

80.40  81    •20 

«l.7i  82.75 

Rente'*  i/.'  o(o ilo.oo  ii'i.oo 

ll'i   30  fl'i.85 


Rente  3  0/0 

Renie  3  o/o  amortis. 


Rente  h  0|0 

Banque  de  France 5425  00  5470.00 

Comptoir  d"escompie flfio.OO    980.00 

Société  générale 560.00     572.50 

Crédit  lonoier U52.50  1377.50 

Est Actions  500     722.50     735.00 

Midi d"   1120  00   1140.00 

Nord d°    1845.00    1855.00 

Orléans d»  12^7.50   1275.00 

•Ouest d"     790.00     795.00 

paris-Lvon-Méditerranée  d"  1545.00  1.563. 75 
Paris  1871  obi.  400  à  3  O/O.  392.7»  394.00 
Italien  5  o/o 90.15      90.50 


Dernier 
cours. 
80.45 
81.80 
112.00 
114.60 

5425.00 
960  00 
568.50 

1360.00 
782   75 

1125.00 

1850.00 

1267,50 
790.00 

1553.75 

393.00 

90  30 


Valeurs  Diverses 

Plus 


Le  Gérant  •  A.  BOUCHE. 


Plus    Dernier 

liaut.      cours. 

510.00     507.00 

530.00     527.00 

438.50     438.50 

1040.00  1057.50  1040.00 

7 I 0 . 00  7 1 5 . 00   7 1 0 . 00 

680.00     681.25     631.50 

565.00     575.00     570.00 


bas. 

506.00 

527.00 

435.00 


Créd.  fonc.  obi.   500  4  o/o 

d"       d"       d"     d»    3  0/0. 

d"      obi.     c«»     d°  3  o/o. 
Kque  de  Paris  act.  500.... 

Crédit  iiid.  et  corn,  .ioo 

Dépôts  et  cples  cts.  500. . . . 

Crédit  lyonnais d" 

Crédit  mobilier 385  00     400.00     385.00 

Cie  parisienne   du  gaz  250  1500.00  1535.00  1500.00 

Cie  génér.  transall 5110    430.00    457.50    457.50 

Messag.  maritunes d".     700.00    710.00     705.00 

Canal  de  Suez d".   3495.00  2572.00  2572.50 

d°     délégation d".   1280.00   1300.00   1300.00 

d"     obli.  5  0/0 d°.      565.00     570.00     rô5.00 

Créd.  fonc.  Auliich 500     770.00     780.00     780.00 

Créd.  mob.  Espagnol 370.00     385.00     373.75 

Créd.  lonc   Ku^se 356.50     365.00     365.00 

LETEUUIEU. 


TABLE   ALPHABETIQUE   DES   AUTEURS 

DU  PREMIER  VOLUME    DE    1883 


ANDRÉ.  — Sur  les  blés  de  printemps,  323. 
AiTJOLLCT.   —  La  race  bovine  de   Salers,  klb. 
BAILI.EAU.  —  Sur  le  rétablissement  des  primes 

en  favi'ur  des  juments  poulinières,  7. 
BALBiAm. —  Sur  l'œuf  d'hiver  du  phylloxéra, 

379,  'il4. 
BARBAL  (J.-A).  —  Chronique  agricole  du  6  jan- 
vier, 5;  —  du  13  janvier,  41  ;  —  du  20  jan- 
vier, m  :  —  du  27  ianvier,  121  ;  —  du  3  fé- 
vrier, 161;  —du  10  février,  201;  —  du  17 
févri-r,  2'tl  ;  —.du  24  février,  281  ;  —  du 
3  mars,  ."Vil  ;  —  du  10  mars,  361  ;  —  du  17 
mars,  401  ;  — du  24  mars,  441  :  —  du  31  mars, 
481.  —Influence  de  Thmiiiiité  souterraine  et 
de  la  cap'lariié  du  sol  sur  la  végélaiion  des 
vipn'-s,  2t8. 
rATALHA-REis.  —  Programme  de  l'exposition 

agricole  de'Lii-bonne,  284. 
bekahd  (.lulos).  —  Le  drainage  dans  Seine-et- 

Mar  e,  20 
BEMURAiTD.  —  L'ail  en  grande  culture  dans  le 

pav.s  bas  lies  Charentes,   418. 
BXELicR.  —  Sui   la  sélection,  28,  59,  9t,  139. 
BO^CENNC  CE.).  —  Sur  le  blé  Pluie  d'or,   246. 
—  Nouvelles  de  l'état   des  récoltes  dans  la 
Vendue.  490. 
BOUCHARD.  —  Situation   agricole    en  Anjou, 

471. 
BRÉz.NATTD  C^onrnat  de).  — Nouvelles  de  l'état 
des    récollei  dans  l'Ardèche,    88.   —  Pom- 
mif-rs  en  conlon  horizontal,  304. 
BRUGTi^RE.  —  Le  concours  hippique  de  Bor- 

deaii,x,  336. 
CAnii>Bi:i.L.  —  Sur  la  :  viorne  de  Californie.  303. 
CARRÉ  (Ch.).  — Discours  prononcé  au  concours 
de  l'iantalioiis  d'arbres  à  fruits  à  cidre  à  Rou- 
perroui,  286. 


CASSÉ.  —  Labours  et  semailles  de  printemps, 

18.  —  Sur  la  surveillance  des  étalons  et  des 

juments,  189,  385. 
CHABOT-RARLEN.  —  Pisciculture  :  le  prince  de 

Bismark  pisciculteur,  311.  —  Le  poisson  dé- 

fen'lu,  386 
CHAMPiN  (Aimé).   —  La  navigation  du  Rhône, 

12. 
CHANDOBA.    —   Le    drainage   dans    Seine-et- 
Marne,  71. 
CHAUZiT.  —  Charrue  sulfureuse  ou  injecteur 

à  traction  de  M.  Louis  Pairaube,  495. 
COSSE.  —  Herse  Chambonnièro   à   dents   sans 

écron,  16. 
DAMPiERRE  (île).  —  Discours   prononcé    à   la 

se:-sion   de    la   Société    des    agriculteurs  de 

France, 167. 
DARBiAT  (Louis).  — Sur  la  valeur  nutritive  des 

pulpes  de  dill'usion,  8. 
OESPREZ  (F.).  —   Sur   la  culture  du   blé,  99, 

132. 
DESTREMX.  —  Sur  une  culture  de  vignes  amé- 

ri-.aine<,   126. 
DUMESMIL.  —  Plantes  sans  terre  et  avec  terre, 

222,  271,  3»2. 
DTJMONT.  —  Sur  la  récolte  des  joncs  croissant 

dans  les  fossés  des  routes,  288. 
DTTPUT-MONTBR0N.   —  Réunions  viticoles  de 

Montpellier,  428. 
DUROSELLE-   —  Moyens  pratiques   d'améliorer 

la  situation  de    l'agricultuie    française,    68, 
146,   430. 
DTBOWSKï.  —  Les  produits  agricoles  au  con- 
cours général  de  Paris,  2Lî. 
est£Rm6  {>['].  —  Destiu:tion  des  loups,  193. 
PORTIER.  —  Discours  prononcé    au   concours 

d'animaux  gras  de  Rouen,  488. 


516 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  AUTEURS. 


FRANC.  —Concours  d'animaux  gras  à  Bourges, 

113 
OAONAiRE.  — Sur  le  choléra  des  poules,  327. 
GAHIN.  —  Nouvelles  de  l'état  des  récoltes  dans 

l'Ain,  87. 
OASFABiN    (Paul    de).   —  Sur   le    dosage  de 
l'aciiJe  pliospliorique  dans  les  terres  arables, 
211.  —  Sur  le  commerce  des  engrais,  41.3. 
GATELLiER.  —  Conclusion?,  d'une  élude  sur  la 

prodiicliori  économique  du  l>lé,  203. 
OAUDIM.  -    Sur  la   création  d'un  privilège  en 

faveur  des  vendeurs  d'engrais,   104. 
OBNAT  (Paul).  —  Sur  la  récolte    des  pommes 

de  terre  en  1882,  226. 
6IRARDIN.  —  Lutte  contre  le  phylloxéra  dans 

les  Clinrentes,  30. 
GOURDIN.  —   Rapport  sur    les  pépinières  de 

vignes  américaines,  127. 
GRisoN.  — ^  Sur  son  système  de  sécheries  ag-ri- 

coles,  95. 
CROSSET.  —  Situation  agricole  dans  l'arrondis- 
sement de  Luudèac  (Côtes-du-Xord),  62. 
GVI2.I.ATTMONT. —  Essai  de  lutte  contre  le  phyl- 

lux^'ra,  73. 
HIRAVI.T.    —   Le  syndicat  d'Issoudun- Saint - 

Georges,  63. 
HOUZEAU.  —  Sur  les  causes  capables  d'influer 
sur  la  teneur  en  ammoniaque  des  eaux  plu- 
viales, 332. 
JAQVOT.  — Nouvelles  de  l'état  des  récoltes  dans 

les  Vosges,  490. 
JOLY  (Gliarles). —  Exposition  d'horticulture  de 

Genève,  25. 
JOSSE.  —  Sur  les  moyens  d'améliorer  la  situa- 
tion lie  l'agriculture,  3.Ô3. 
LALIMAN.  —  Enquête  sur  les  vignes  de  Califor- 
nie, 4ôi. 
LA  niORVONNAis   (de).   — Sur   l'amélioration 
des  bàiimiMits  ruraux  en  Bretagne,  135,  175. 
—  Les   légumes   de   grande   culture  en  Bre- 
tagne, 32i). 
ZARCLAUZE  (de).  —  Charruc    bisoc  double  de 
Fondeur,   213.    —  Faucheuses    et    raoïsson- 
iieu'^es,  4ol. 
lARZAT  (E.).  —  Sur  le    classement   dans    les 

concDurs  li'animauv  gras,  93. 
LA  TREHOMNAis  (de).  —  Les  animaux  au  con- 
cours de   Paris  en  1883,  171,  25.5,  339.  — ■  Le 
tourteau  de  coton  décortique,  465. 
XAWES.  —  La  récolte   du  blé  en  Angleterre  en 

1882,  311. 
LENTILHAC  (de).  —  Nouvelles  de  l'état  des  ré- 
coltes   dans   la  Dordogne,  .29,  491.  — Situa- 
lion  agricole  dans  la  Dordogne,  290. 
Z.ETERRI&R.  —  Bulletin  financier  du  G  janvier, 
40;  _,iu  13  janvier,  80;  —  du    20   janvier, 
120;  —  du  27  janvier,   150;  —du    3  février, 
200;  —  du  10  février,  2'i0;  —  du  17  février, 
•    280  ;  —  du  24  février,   320;  —  du   3   mars, 
360;  — du  10  mars,  400;  —  du  17  mars,  440; 
du  24  mars,  480;—  du  31  mars,  514. 
ZETRissoN.  —  Nouvelles  de  l'étal  des  lécoltes 

daiis  L'»t-ei-Garoniie,  210. 
LOUET  (A.  et  C.).  —  Le  syndicat  d'Isioudun- 

Saint-G'^orges  (Indre),  69. 
MADET  (V").  —  Lettre  relative  au  blé  bleu,  49. 
MAHY(de).  —  Circulaire  sur  le  commerce  des 

produits  horticoles  avec  la  Belgique,  2'i3. 
MARTIN  (  L    de)  .   —   situation  agricole  dans 

l'Aude.  509. 
MAURICE.  —  Situation  agricole  dans  la  Marne, 

459. 
MOHI.OT.  —  Sur  la  vigne  de  Californie,  302. 
MULLEti  (Pa^^ilj.  —  La  bière  en  Allemagne,  110. 
—  L'alcool    en  Allemagne,   150.  —  Le  tabac 
en  Allf^raagne,  218.   —  La  boulangerie  à  Pa- 
rs. 3^8.  —  Le  sucre  en   Allemagne,  457.  — 
Commerce  international  des  denrées  agricoles 
en  Adem.jgne,  506. 
NEBOUT.   Nouvelles  de  l'état  des  récolles  dans 

l'Allier,  208,  490. 
Partieo//icie/ie.— Décrets  relatifs  à  l'application 


de  la  loi  sur  la  police  sanitaire  dans  plusieurs 
départements,  33.  —  Décret  relatif  à  la  dé- 
limitation des  territoires  phylloxérés,  232.  

Conseil   supérieur   de   l'agriculture,  469.  

Loi  sur  les  mesures  à  prendre  contre  l'invasion 
et  la  propagation  du  phylloxeraen  Algérie,  505. 

FETIT-LAFITTE  —  Nouvelles  de  l'état  des  ré- 
coltes dans  la  Gironde,  87,  209.  —  Situation 
agricole  dans  la  Gironde,  393. 

FONCiNS  (marquis  de).  —  Sur  la  réduction  des 
tarifs  pour  les  transports  d'animaux  destinés 
aux  concours,  82.  —  Dessiccation  des  four- 
rages par  les  temps  humides,  260.  —Rapport 
sur  les  moyens  à  adopter  pour  accroître  l'im- 
portance des  concours  d'animaux  reproduc- 
teurs à  Paris.  305.  —  Sur  le  concours  de  re- 
producteurs de  Paris,  389. 

POUiLLET  (Eug.).  —  Jurisprudence  agricole, 
174. 

QUiLLET.  —  Sur  les  blés  de  printemps,  210,  — 
Le  blé  précoce  de  printemps    297. 

RAVoux. — LarécoUe  des  olives  et  les  semailles 
dans  la  Drôme,  33. 

REicH  (Louis).  —  M.  Laliman  et  le  phylloxéra, 
392. 

reiset.  —  Exhalation  de  l'azote  à  l'état  de 
gaz  pendant  la  respiration  des  ^animaux,  449. 

—  Observations  sur  le  lait  bleu,  493. 
REMT.  —  Revue    commerciale  et  prix  courant 

des  denrées  agricoles  :  du  6  janvier,  34  ;  —  du 
13  janvier,  75;  —  du  20  janvier,  114;  —  du 
27  janvier,  154;  —  du  3  février,  194  ; — du  10 
février,  234;  — du  17  février,  274  ;  —  du  24 
février,  314; — du  3  mars,  354;  —  da  10  mars, 
304; — du  17  mars,  434;  —  du  24  mars,  474  ; 

—  du  31  mars,  509. 

RENDU.  —  Météorologie  du  mois  de  décembre 
1882,  55;  —du  mois  de  janvier  1883,  274;  — 
d'J  mois  de  février,  368. 

RiSAL.  — Concours  d'animaux  gras  de  Pamiers, 
232. 

ROHART  (F.).  —  Les  engrais  à  la  ferme,  473. 

SAGNIER  (Henry.)  —  Séances  hebdomadaires 
de  la  Société  nationale  d'agriculture,  34,  74, 
114,  154,  194.  234,  247,  289,  354,  394,  433, 
473,  492.  —  Bibliographie  agricole.    70,  369. 

—  Sécheries  agricoles  du  système  Grison,  94. 

—  Le  vignoble  de  Cadarsac,  101.  —  Charrue 
tilbury  automatique,  111,  152.  —  Concours 
de  Ncvers,  129.  — La  récolte  des  fourrages 
par  les  temps  humides,  137.  —  Concours  gé- 
néraux agricoles  de  Pari-;,  151,  178,  219.  — 
Société  des  agriculteurs  de  France,  167,  228, 
305.  —  Congrès  de  mécanique  agricole,    190, 

—  Une  laiterie  danoise  à  Vesly,  263.  —  Les 
machuit'S  au  concours  général  de  Paris,  293. 
334,  381,  419.  —  L'ensilage  des  fourrages 
verts  en  Amérique.  348.  — Affûtage  des  scies 
des  faucheuses  et  des  moissonneuses,  453. — 
Destruction  des  tauoinières,  458.] —  Confé- 
rences horticoles  à  Paris,  461.  —  Pompes  à 
chapelet  de  M.  David,  499. 

SANSON  (A.).  La  propriété  excitante  de  l'avoine, 
51.  —  A  propos  du  concours  général  de  Paris, 
297. 

SARDRIAC  (L.  de).  —  Vidanges  d'après  le  sys- 
tème Mouras.  56.  —  Charrue  forestière,  338. 

—  Nouvelle  faucheuse  Osborne,  460. 
SCLAFER  (Honoré).  —  Une  plante  à  succession, 

268.  —  Paniques  en  foire;  causes,  préserva- 
tif, 471. 
SERBET. — Courrier  du  Sud-Ouest,  433. 
TANGUï.  — L'assur.nce  et  le  crédit  agricole 

eu  Bretagne,  500. 
TAROIDNI-TOZZETTI.  —  Sur  l'œuf  d'hiver  du 

phylloxéra,  37  1 . 
TIERSONNIER  (A.).  -Sur  le  concours  de  Pans 

en  1883,  373.  —  Les  primes  d'étalonnage  au 

concours  de  Paiis,  41 1. 
TISSERAND.  —  Rapport  sur  les  mesures  prises 

par  l'adminisliation,  en  1882,  dans  la  lutte 

contre  le  phylloxéra,  323. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  AUTEURS. 


517 


TRÉNBL.  —  Nouvelles  de  l'état  des  récoltes 
dans  l'Isère,  209. 

VALiN  (P.).  —  Essais  vilicoles,  7  2. 

VEBMOREL.  —  Sur  la  charrue  tilbury  automa- 
tique, lh3. 

VERNEUIL. —  Sur  la  reconslituliiin  des  vignes 
dans  les  Cliarentes,  122. 

VIArui  (L.). —  Programme  des  réunions  viti- 
coles  de  Montpellier  en  ISKH,  204. 

VIET.  —  Rineuse  à  bras,  iO^. 

VILLIERS  DE  t'ISLE- ADAM    (de).  —  NoUVellcS 


de   l'état  dps   récoltes   dans    la   Sarthe,   86. 
VILMORIN  (H.).  —  I.es  Mes  de  printi'mps,  253. 

—  Orges  et  avoines  de  printemps,  2S0. 
VIVIEN  (\  ). — Sur  l'épuisement  des  betterctves 

en  sucre,  89,  143. 
WAGNER.  —  L'agriculture  en  Alsace  en  1882, 

313,  371. 
WETMORE.    —   Sur   les  vignes  de  Californie, 

302. 
ZVNDEL.  —  Les  maladies  épizootiques  en  Alsace , 

124. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  GRAVURES  NOIRES 


Auge  à  beurre,  264. 

Bande  debœufs  durham-manceaux  appartenant 
à  M.  Valtau,  prix  d'honneur  au  concours  de 
Paris  en  1883,  220. 

Bande  de  moutons  .mérinos,  appartenant  à 
M.  Delamarre,  prix  d'honneur  au  concours 
de  Paris  en  1881,  2 il. 

Bande  de  porcs  yorlcshire-middlesex,  prix 
d'donneur  au  concours  de  Paris  en  1883,  222. 

Baratte  danoise,  264. 

Batteuse  ordinaire  de  M.  Cumming,  334.  — 
Nouvelle  batteuse  de  M.  Cumming,  335.  — 
Coupe  de  la  nouvelle  batteuse  de  M.  Cumming, 
335. 

Batteuse  de  M.  Merlin  pour  la  moyenne  culture, 

422. Batteuse    combinée  de  graines 

fourragères,  423. 

Bineuse  à  bras  de  M.  Viet,  294. 

Bœuf  durham-charolais,  apppartenant  à  M.  Si- 
gnorel,  prix  d'honneur  au  concours  de  Paris 
180. 

Charrue  de   M.   Boreau,  dite  de  l'Avenir,  420. 

Charrue-tilbury  automatique  système  Rogy, 
112,421.  —  Charrue   tilbury  en  travad,  152. 

Charrue  bisoc  double  de  Fondeur,  214. 

Charrue  forestière  de  Bruel,  338. 

Charrue  fouiUeuse  double  de  Fondeur,  293. 

Coq  et  poules  de  la  race  de  Houdan,  appar- 
tenant à  M.  Vallois,  prix  d'honneur  au  con- 
cours de  Paris  en  1883,  184. 

Distributeur  d'engrais  de  Decker  et  Mot,  295. 

Étaupinière-niveleuse  de  M.  Royer,  459. 

Exposition  d'horticulture  de  Genève;  plan,  2  6. 

Faucheuse  système  Osborne,  460. 


Herse  Chambonnière,  17.  —  Assemblage  des 
dents  de  !a  herse,  17. 

Herse  à  barres  moisées  de  M.  Emile  Puzenat, 
382.  —  Dent  montée  et  dent  démontée  de  la 
herse,  382. 

Injecteur  à  sulfure  de  carbone  à  traction,  de 
M.  G.  Gasline,  383,  384. 

Malaxeur  rotatif  pour  les  beurres,  245.  —  Petit 
malaxeur  rotatif,  265.  —  Malaxeur  rectan- 
gulaire, 267 . 

Meule  de  M.  Bussereau  pour  aiguiser  les  scies 
des  faucheuses  et  des  moissonneuses,  453. 

Meules  de  fourrages  desséchées  par  le  système 
Neilson,  138. 

Moutons  oxford-hiredowns-cauchois,  appar- 
tenant à  M.  Basset,  prix  d'honneur  au  con- 
cours de  Paris  en  1883,  182. 

Pommiers  en  cordons  horizontaux,  305. 

Pompe  à  chapelet  avec  manège,  construite  par 
M.  David,  499.  —  Pompe  à  chapelet  munie 
d'une  enveloppe  métallique,  500. 

Porc  yorkshire  blanc,  prix  d  honneur  au  con- 
cours général  de  Paris  en  1883,  183. 

Râteau  à  cheval  automatique  de  Ransome,  296. 

Sécherie  agricole  système  Grisou,  95.  —  Plan 
de  la  sécherie,  95.  —  Vue  latérale  de  la  sé- 
cherie ville,  96. 

Vache  durham-charolaise,  appartenant  à  M.  Ma- 
tivon,  prix  d'honneur  au  concours  de  Paris, 
181. 

Vidange  automatique  du  système  Mouras,  56. 
—  Vidangeuse  munie  d'un  tonneau  de 
décharge,  57.  —  Ancienne  fosse  transformée, 


TABLE   ANALYTIQUE  DES  MATIÈRES 


Alcool.  —  Production  et  consommation  de  l'al- 
cool en  Allemagne,  150.  —  Production  des 
alcools  en  France,  447. 

Algérie.  —  Concours  pour  la  nomination  d'un 
adjoint  à  l'inspection  générale  de  l'agricul- 
ture, 47.  —  Condamnations  pour  infractions 
aux  règlements  contre  le  phylloxéra,  84,325  — 
Loi  sur  les  mesures  à  prendre  contre  l'inva- 
sion et  la  propagation  du  phylloxéra  en  Al- 
gérie, 122,  162,  405,  505.  —  Ouverture  de 
l'école  pratique  d'agriculiure  de  la  Rouïba, 
365. 

Allemagne.  —  Production  et  consomm;ition 
de  la  bière,  110;  —  de  l'alcool,  150;  — 
du  tabac,  218  ;  —  du  sucre,  457.  —  Com- 
merce international  des  denrées  agricoles, 
506. 

Alsace  —  L'agriculture  en  Alsace  en  1882, 
313.  371. 

Amérique.  —  Renseignements  sur  les  résul- 
tats des  récoltes  en  1882,  49.  —  Congrès 
d'ensilage  des  fourrages  \erls  en  Amérique, 
348,  407. 

Angleterre.  —  Le  rendement  des  récoltes  en 
1882,  74.  —  La  récolte  du  blé  en  1882,  311. 
—  Les  concours  agricole-  en  Angleterre,  32G. 

Animaux  reproducteurs.  —  Vente  de  béliers  à 


Châteauroux,  244.  —  Vente  de  durham  \ 
Corbon,  409,  447'. 

Apiculture.  —  Exposition  et  Congrès  à  Paris 
en  1883,  287. 

Arboriculture.  —  Les  semis  d'arbre?  fruitiers, 
247.  —  Concours  ouvert  à  R  uperrou.x  pour 
la  plantation  d'arbres  à  fruiis  à  cidre,  285. 
—  Culture  des  pommiers  encordonshorizon- 
taux,  304. 

Architecture  rurale.  —  Résultats  du  concours 
ouvert  par  l'Académie  de  Metz,  85.  —  Amé- 
lioration de^  bâtiments  ruraux  en  Bretagne, 
135,  175. 

Armée.  —  Sursis  d'appel  pour  l'armée  terri- 
toriale accordés  aux  cultivateurs,  443.  — 
Congés  pour  les  travaux  agricoles,  482. 

Assurance.  —  L'assurance  et  le  crédit  agricole 
en  Bretagne,  500. 

Avoine.  —  Recherches  de  M.  Sanson  sur  la 
propriété  excitante  de  l'avoine,  51. —  Les 
avoines  de  printemps    291. 

Azote.  —  Exhalation  de  l'azote  à  l'élnt  de  gaz 
pendant  la  respiraiion   des  animaux,  44'». 

Passe-cour-  —  Note  su  rie  choléra  des  poules,  327. 

Batteuses.  —  Batteuse  Pécard,  152.  — Batteuses 
de  M.  Cum  i  ing,  334 

Betteraves.  —  Elude  sur  réi)uisement  des  bet- 


518 


TABLE  ANALYTIUUE  DES  MATIÈRES. 


teraves  en  sucre,  H9.  I4:i.  —  Le  Journal  des 
cultnateurs  de  betteraves  207. 
Bibliographie.  —  Action  du  fro'd  sur  les  vé- 
ffélaux,  par  M.  Charles  Ballet.  11.  —  Les 
plantes  potagères,  par  MVî.  Vilinorin-.'Vii- 
drieuXj  70.  —  Quatre  ans  de  luttes  pour  nos 
vignes  et  nos  vins  de  France,  par  M.  Prosper 
de  Lafitte,  8'4.  —  Ampélmjraphie américaine, 
par  M.  G.  Foex,  8i.  —  Lf's  Annales  agrono- 
miques, par  M.  Dehérain,  l'25,  207.  — Bul- 
letin du  ministère  de  Vagriculture,  164,446. 

—  Semit!  d'arhrps  fruitiers  pour  la  recherche 
de  nouvelles  variétés,  par  M.  Ernest  Ballet, 
247.  —  Calendrier  de  Vogriculleur,  327.  — 
La  vie  agricole  sous  l'ancien  véijirne  en  Pi- 
cardie et  rn  Artois,  par  M.  le  )),iron  de  Ga- 
lonné, 369.  —  La  vigne  en  chamtres,  par 
M.  Hcinmer,  31)9-  —  Chimie  agricole,  par  Isi- 
dore Pierre,  369.  —  La  connaissance  pra- 
tique du  cheval,  par  M.  Vial ,  369. —  Culture 
et  exploitation  des  arbres,  pur  M.  Roussel, 
369.  —  Le  blé,  par  M.  Lecoiiteux,  37i).  — 
Traite  élémentaire  des  constructions  rurales , 
par  M.  Grandvoinnet,  370.  —  Vonné.o  scien^ 
tifique,  par  M.  Figuier,  37S.  —  Annuaire  de 
l  observatoire  de  Montsouris,  370.  : —  Ques- 
tionna'vesur  la  manière  decuil/vcr  la  vigne, 
par  M.  Renard,  370 

Bière.  —  Produclion  et  consommation  en  Alle- 
magne, no. 

Bineuse  à  bras,  de  M.  Viet,  294,  50«. 

Blé. —  Résultats  de  la  culture  du  blé  en  lignes, 
34.  —  onVcs  de  bh  de  printemps  pour 
semences,  49,  129,  323.  —  Eiinle  sur  la 
culture  du  blé  à  Cappelle  (Nord).  99,  132.  — 
Expériences  à  Calèves  sur  la  culture  du  blé, 
114.  —  Les  blés  qui  donnent  les  meilleurs 
résultats.  146.  —  Le  blé  dit  précoce,  210. 
297.  —  Résultats  du  concours  ouveri.  par  la 
Société  des  agriculteurs  de  France,    22K.  — 

.  Les  aiijudicalinns  militaires  de  blé.  231.  — 
Le  blé  Pluie  d"or,  246.  —  Principales  varié- 
tés de  blé  df^  printemps.  2.'>3.  —  Expériences 
sur  les  qualifiés  des  blés  et  les  procédés  de 
moulure,  443,  492. 

Boucherie.  —  Concours  pour  des  emplois 
d'mspecteurs  de  la  bnucheric  à    Paris,  409. 

Boulangerie.  —  La  boulangerte  à    Pa  is,   3SS. 

Bourse. —  Bulletin  linancier  du  ts  janvier.  40; 

—  du  13  janvier,  80:   —  lîu  'iO  jinvier,  120; 

—  du  27  janvier,  160:  —  du  3  février,  200: 
du  10  féviier,  240;  —  du  \1  février,  280;  — 
du  24  février,  320:  —  du  3  mars,  .360;  —  du 
10  mars,  400:  —  du  17  mars,  440:  —  du 
24  mars,  480;  —  du  31  mars  ,')14. 

Budget  de  l'agriculture.  —  Projet  de  budget 
pour  1884,   40a. 

Canaux.  —  La  navigation  du  Rhône  et  les  ca- 
naux dérivés,    12. 

Carotte.  —  Culture  des  carottes  fourraaèrcs 
331. 

Charbon.   —  Etude  de   M.    Jules  Chambrelent 
sur  les  maladies  charbonneuses,  8i.  —  Atu-- 
nuation  des  virus  charbonneux  parla  chaleui 
362. 

Charrues.  —  Charrue-tilburv  autonuUique  dr 
.M.  Rogy,  ni,  InS,  421."—  Charrue  bisoc 
double  d-.  Fondeur,  213;  —  charrue  double 
Ibuilleusc.  293.  — Expériences  de  charrues  à 
Gngnon.  242,  322.  —  Charrue  forestière  de 
Brael,  338.  —  Charru  ;  de  M.  Boicau . 
41 'I. 

Chasse.  —  Uale  de  la   b'nii'.ture  en    18S3,    83. 

Chevaux.  —  La  jjroduction  et  la  vente  des 
étalons  percherons.  7.  —  Projet  de  loi  relaiif 
à  la  surveillance  des  étalons,  82.  124.  —  La 
production  clievaiine  en  Autriche,  164.  — 
Concours  hippique  h  Bourg,  16.').  —  Obser- 
vations sur  Id  surveillance  des  étalons  et  des 
juments,  189,  38.5.  —  Vœux  de  la  Société 
des  agriculteurs  sur  la  production  chevaline, 
230,  231.  —  Concours  hip[iique  à  Bordeaux, 


336.  —  Les  concours  régionaux   hippiques,^ 

409. 

Chimie  agricole.  —  Création  d'une  station  de 
chimie  végétale  à  Meudon,  124.  —  Sur  le 
rôle  des  cngi-ais  azotés,  201.  —  Dosage  de 
l'acide  pliosphorique  dans  les  terres  arables, 
211. —  Sur  1  s  causes  capables  d'influer  sur 
la  teneur  en  animoiiiaipie  des  eaux  pluviales, 
332.  —  Sur  le  lôle  des  matières  azoïées  en 
agiicullure,  441.  — E.xhalalion  de  l'azote  à 
l'état  de  gazeux,  pendant  la  respiration  des 
animaux,   4'j9 

Chou.  —  Cullure  des  variétés  de  choux  foiirra- 
gers,  330. 

Chronique  agricole  du  6  janvier,  h;  —  du  13 
jaiiviei-,  41:  —  du  20jaiivier,  81;  —  du  27 
janvier,  121  ;  —  du  3  février,  161  ;  —  du  10^ 
février,  201  :  —  du  17  février.  2'(l  ;  — du  24 
février,  281;  —  du  3  mars  321;  —  du  10 
mars.  361  ; —  du  17  mars.  401  ;  —  du  24 
mars,  441  ;  —  du  31  mars,  ^81  , 

Cidres.  —  Evaluation  officielle  de  la  production 
en  1882,46.  —  Concours  à  Rouperroux  pour 
la  plantation  d'arbres  à  fruits  i\  cidre,  28,5. 

Code  rural. —  Rapport  sur  le  pro  et  relitif  à  la 
police  de'  animaux  employés  à  l'exploitation 
dos  propriétés  rurales,  24.5. 

Commerce  agricole.  —  Revue  commerciale  et 
prix  courant  des  denrées  agricoles  du  6  jan- 
vier, 3'i  ;  —  d.i  13  janvier.  74;  —  du  20  jan- 
vier, 114;  —  du  27  j  mvier,  1.54;  —  du  3 
février.  194;  —  du  10  février,  234;  —  du  17 
février,  274:  —  du  24  février,  314; — du  3 
mars,  3.54;  —  du  10  mars,  394;  —  du  17 
mars,  434;  —  du  24  mars,  474;  —  du  31 
mars,  .599.  — Commerce  d  s  denrées  agricoles 
en  1882,  242.  — Commerce  des  denrées  agri- 
coles m  Allemagne.  aOô. 

Comptabilité  agricole.  —  Nomination  d'un 
maître  de  conférences  à  l'Institut  agrono- 
mique, 1 1. 

Concoure  généraux  agricoles  de  Paris  en  1883. 

—  Relevé  des  déclarations  des  exposants,  47. 

—  Sur  le  classement  des  jeunes  animaux 
d'après  U  denlitien,  93.  —  Compte  rendu  du 
concours,  161.  171,  178,  219,  25.5.  293,  334. 
339,  381,419.  —  Récompenses  et  discussions 
sur  le  concours  d'animaux  repioducleurs  de 
Paris,  170,  258.  297,  339,  373.  389,411.— 
Liste  générale  des  récompenses.  179.  —  Les 
[iroduils  agricoles  au  concoiirs  de  Paris,  215. 

—  Poursiiiies  exercées  conlre  plusieurs  expo- 
sants, 220.  —  Vœi;x  de  la  Socii'ué  des  agri- 
culteurs de  Francis  sur  le  concours  d'animaux 
re()ro'!u  leurs,  3U.5. 

Concours  d'animaux  de  boucherie.  — Concours 
de  Limoges,  12",   — de  Bourses,  113;   —  de 
Nevers,  i29  ;  —  de  Chalon,  206;  —de  Rouen,. 
206,  487  ;  —  de    Pamiers.  232  ;  —   du   Puy 
36.5,  448:  —de  Rodez,  365. 

Concours  divers.  —  i.oncours  départemental 
de  la  Côle-d'Or  à  Beaiine,8.5. —  Programme 
de  l'exiio.sition  d:;  Namur,  165. — Concoursdu 
Comité  agricole  de  la  Sulogne  en  1883,  206; 

—  du  Comice  de  Saintes,  '28.5  :  —  de  la  So- 
ciété iragriciillure  delà  Hauie-tiaronne.  323. 

—  Pfimes  de  culture  dins  la  Nièvre,  365. 
Congrès  agricoles.  —  .Vnalyse  des  travaux  du 

Cong  .'s  de  Chaumonl.  9.  —  Congrès  de  mé- 
can  que  agricole  à  Paris.  48.  190. 

Conseil  supérieur  de  ragriculiure.  —  Réunion 
et  di.-^cussions,  410,461. 

Crédit  agricole.  —  1, 'assurance  et  le  crédit  agri- 
cole en  Bretagne,  50  I. 

Dentition.  —  Examen  de  la  dentition  pour  ser- 
vir à  classer  les  animaux  jeunes  dans  les  con- 

*  cours,  93. 

distributeur  d'engrais  de  M.M.  Decker  et  Mot, 
296. 

Drainage.  —  Pratique  et  progrès  du  drainage 
dans  le  dé]iartemenl  de  Seine-et-Marne,  20, 
71. 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIÈRES. 


519 


Droit  rural.  —  Question  relative  à  l'aliénation 
d'un  immeuble  dotal,  174. 

Durham.  —  Achat  de  taureaux  durham  en  An- 
gleterre pour  le  compte  de  l'Etat.  3fô.  — 
Vente  d'animaux  de  la  vacherie  de  Corbon, 
409,  447. 

Eaux.  —  Analy&e  du  projet  de  loi  sur  le  ré- 
gime des  eaux,  41 .  —  Discussion  de  ce 
projet  de  loi  au  Sénat,  124.  166.  —  Vœux  de 
la  Société  des  agriculteurs  de  France  sur  le 
régime  des  eaux,  231.  —  Les  prises  d'eaux 
dans  les  rivières  navigables,  282.  —  Sur  les 
causes  capables  d'influer  sur  la  teneur  en 
ammoniaque  des  eaux  pluviales,  3'12. 

Ecoles  nationales  d'agriculture.  —  Association 
amicale  des  anciens  élèves  de  Montpellier, 
166,  286,  ''i07.  —  Expériences  des  charrues 
à  Grif-'non,  242,  322. 

Economie  rurale.  —  Rapport  de  M.  Bordet  à  la 
Société  des  agriculteurs  de  France  sur  les 
griefs  de  l'agriculture,  229. 

Engrais.  —  Ha|)port  à  la  Société  nationale 
d'agriculture  sur  la  création  d'un  privilège 
en  laveur  des  vendeurs  d'engrais,  104.  — 
Sur  le  rôle  des  engrais  azotés,  201,  442. — 
La  valeur  des  engrais,  321.  —  Sur  le  com- 
merce des  entrais,  413.  —  Les  engrais  fa- 
briqués à  la  f?rme,  473.  — i^es  engrais  appli- 
qués en  couverture,  481. 

Enseignement  agricole.  — Association  despro- 
fesseurs départementaux  d'agriculture,  11, 
166.  —  Création  d'une  école  d'agriculture  à 
Andrinople,  125.  —  Vœux  de  la  Société  des 
agriculteur^  de  France,  230.  —  Concours 
entre  les  instiiuteurs,  230.  —  Ecole  pratique 
d'agriculture  de  la  lîouïba,  36.5. 

Ensilage   des   fourrages   verts    en    Amérique. 
•     348,  407,  485. 

Faucheuses.  —  Nouvelle  faucheuse  Osborn. 
460.  —  Frais  d'entretien  des  faucheuses,  462. 

Fermes.  —  Sur  les  règles  à  suivre  dans  l'admi- 
nistration des  fermes,  68. 

Foires.  —  Cause   et  préservatif  des  paniques 

qui  s'y  produisent,  471. 
•Forêts.  —  Vole  d'une  proposition  de  loi  sur  le 
partage  des  bois  d'affouage,  124.  —  Sur  la 
chute  des  biindiUes  de  chênes,  194.  —  Les 
pépinières  de  Sologne,  230.  —  Charrue  fo- 
restière de  Bruel,  338.  —  L'enseignement 
forestier  et  les  chemins  de  vidange  pour  les 
forêts  de  l'Etat,  434,  474. 

Fourrages.  —  Sécheriesdu  système  Grison,  94 
Procédé  Neilson  pour  la  récolte  des  four- 
rages par  las  temps  humides,  137,  260.  — 
Ensihipe  des  fourrages  verts  en  Amérique, 
348,  407,  485. 

Fruits.  —  Leur  commerce  en  Amérique,  60- 

Greffe.  —  E:oles  de  greffes  de  la  vigne  dans 
le  département  du  Rhône,  205.  —  Concours 
de  greffe  de  la  vigne  à  Réziers.  243;  —  à 
Sanites,  4'(6.  —  Succès  de  la  greffe  des 
vignes  américaines,  268. 

Herse   Chambonnière  à  dents  sans  écrou,   16. 

—  Herse  à  barres  moisées  de  M.  Emile 
Puzenat .  382- 

Horticulture.  —  Exposition  d'horticulture  à 
Genève,  25  —  Exposition  de  printemps  à 
Paris,  49,  367.  —  Exposition  à  Gand,  125, 
328;  —  à  Troyes,  165.  —  Fiantes  sans  terre 
et  avec  terre;  culture  des  fleurs  en  hiver 
sur  fenêtre,  222,  271,  342.  —  Catalogues  de 

Elantes  potagères,  247,  287.  — :  Conférences 
orticoles    de    M.    Dybowski,    328,    462.  — 
Exposition    d'horticulture  à   Mar.-eille,  328. 

—  Les  roses  du  dix-neuvième  siècle,  367.  — 
Exposition  d  horticulture  à  Lpernay,  489.  — 
Meeting  d'horticulture  à  Gand,  487. 

Houblon.'  —  Le  commerce  et  les  hauts  prix 
du  houblon,  .50. 

Impôts.  —  Vœux  sur  les  dégrèvements  à  opérer 
en  faveur  de  l'agriculture,  310.  —  Sur  la 
réforme  des  impôts  en  France,  3.53,  430. 


Injecteur  de  sulfure  à  carbone  à  traction,  de 
M.  Gasline.  383.  —  Injecteur  de  M.  l'airaube, 
495. 

Inondations.  —  Dégâts  causés  dans  plusieurs 
régions,  12. 

In.sectoiogie.  —  Exposition  à  Paris  en  1883,  287. 

Irrigations.  —  La  navigation  du  Rhône  et  la 
construction  des  canaux,  12.  —  Projet  de 
création  de  bassins  de  réserve  pour  les  eaux 
du  Rhône,  485. 

Joncs.  —  Sur  le  droit  d'enlever  les  joncs  des 
fossés  des  routes,  2X9. 

Journal  de  l'ogrkuHure.  —  Réunion  annuelle 
des  fondateurs,  86,  208. 

Labours.  — Les  labours  de  printemps,  18. 

Laines.  —  Les  laines  pour  les  fournitures  mi- 
litaires, 328,  362. 

Laiterie.  —  Etablissement  d'une  laiterie  da- 
noise à  Vesly,  154,  263  —  Concours  de  lai- 
terie A  Troyes,  44S.  —  Observations  et  expé- 
riences sur  le  lait  bleu,  493. 

Légion  d'honneur.  —  Promotions  et  nomina- 
tions pour  services  rendus  à  l'agriculture,  42. 

Légumes.  —  Les  légumes  de  grande  culture 
en  Bretagne,  329. 

Loups.  —  Fi'ojet  relatif  à  la  création  d'un  corps 
de  piHgeursde  loups,  193. 

Mécanique  agricole.  —  Herse  Chambonnière 
à  dents  sans  écrou,  16.  —  Congrès  de  méca- 
nique agricole  à  Paris,  48,  190-  —  Charrue- 
tilbury  automatique,  111,  153,  421.  — Pro- 
grès de  la  mécanique  agricole,  121-  —  Les 
machines  au  concours  g-néial  de  Paris,  151, 
293,  334,  381,  419.  —  Batteuse  Pécard ,  151. 

—  Moissonneuse-lieuse  Hornsby,  15'2  — 
Charrue  bisoc  double  de  Fondeur,  213.  — 
Charrue  double  fouilleuse,  293.  — Bineuseà 
brasdeM  Viet,  294,508.  —  Distributeur  d'en- 
grais de  MM.  Decker  et  Mot,  296.  —  Râteau 
à  cheval  automatique  de  Ransome,  297.  — 
Batteuses  de  M.  Cumming,  324.  — Herse  de 
M.  Emile  Puzenat,  382.  —  Charrue  de 
M.  Borean,  419.  —  Batteuses  de  M.  Merlin 
pour  la  moyenne  culture  et  pour  les  graines 
fourragères,  422.  —  Meule  de  M.  Bussereau 
pour  aiguiser  les  scies  des  faucheuses  et 
des  moissonneuses,  453.  —  Etaupinière  ni- 
veleuse  de  M.  Royer,  459.  —  Pompes  à 
chap'let  d'e  M.David,  499. 

Météorologie.  —  Phénomènes  météorologiques 
du  mois  de  décembre  1882,  55;  —  du  mois 
de  janvier  1883,  274  ;  —  du  mois  de  février, 
368.  —  L'hiver  au  mois  de  mars,  401,  481, 
491. 

Meules.  —  Meule  de  M.  Bussereau  pour  ai- 
guiser les  scies  des  faucheuses  et  des  mois- 
sonneus?s,  453.' 

Meunerie.  —  Commission  formée  pour  étudier 
les  progrès  de  U  meunerie  française  et 
étrangère,  443,  492. 

Ministère  de  l'agriculture.  —  Nomination  de 
M.  Méline  comme  ministre  de  l'agriculture 
en  n  mplacement  de  M.  de  Mahy,  289.  — 
Réceptions  olficitlles  au  mini.-tère  de  l'agri- 
culture, 401. 

Moissonneuse-lieuse  de  Horasby,  1.52.  —  Frais 
d'entretien  des  moissonneuses,  463. 

Nécrologie.  —  Le  général  Chanzy,  41.  —  M.  Pa- 
gezy,  M.  Ciert,  43.  —  M.  Pierre  Muller.  282. 

—  M.  de  Vialar,  409.  —  M.  Cordier,  482.  — 
yi.  de  Dumast,  .Vl.  de  la  Tour-du-l'in,  483. 

Octrois.  —  Soippression  des  droits  d'octroi  sur 
les  issues  de  veau  et  de  porc  à  Parjs,  50.  — 
Vœux  de  la  Société'  des  agriculteurs  de 
France  relativement  aux  octrois,  309. 

Oiseaux.  —  Arrêt  relatif  à  la  destruction  des 
oiseaux  pillards,  85. 

Olives.  —  Récolte  dans  le  département  de  la 
Drôme,  33. 

Orges.  —  Note  sur  la  culture  des  orges  de 
printemps,  290.  —  Concours  d'orge  Chevallier 
en  Alsace,  371. 


520 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIÈRES. 


Ornithologie.  —  Exposition  ornithologique  à 
Vienne,  410. 

Ptjospliatos  fossiles.  —  Etude  sur  les  gisements 
de  phosphatés  de  chaux  en  France,  '283. 

Phylloxéra  vastatrix.  —  Lutte  contre  le  phyl- 
loxéra dans  les  Charente^,  30-  —  Mesures 
prises  pour  le  commerce  des  denrées  horti- 
coles en  Belgique,  48,  242.  —  Travaux  du 
syndicat  d'bsoudun-Saint-Georges.  63.  — 
Engrais    insecticide  de  M.  GuiUaumont,  73- 

—  Traitement  préventif  et  curatif  de  M.  Sa- 
haté,  102.  —  Session  de  la  Commission  su- 
périeuredu  phylloxéra,  121,  161.  — Surlaces 
traitées  en  1882,  162,  325.  —  Discussion  re- 
lative à  l'œuf  d'hiver,  204,  377,  414.  — 
Décret  relatif  à  la  délimitation  ««es  terri- 
toires phylloxérés,  232.  — Réunions  viticoles 
de  Montpellier,  204,  406,  428;  —de  Bor- 
deaux, 364.  —  Efforts  poursuivis  en  1882  par 
l'administration  dans  la  lutte  contre  le  phyl- 
loxéra, 323.  —  Subventions  à  des  associa- 
tions syndicales  de  viticulteurs,  363,  444.  — 
Il  jecteur  à  traction  de  M.  Gastine  pour  le 
sulfure  de  carbone,  383.  —  Injecteur  à  trac- 
tion de  M.  Fairaube,  495.  —  Le  transport  du 
phy  loxera  par  les  boutures,  393.  —  He- 
cherches  de  M.  Culeron  sur  l'emploi  du  sul- 
focarbonjite  de  potassium,  406.  —  Vente  de 
sulfure  de  carbone  par  la  Compa^'nie  des 
chemins  de  1er  Paris-Lyon-Méditerranée, 
445.  —  Loi  pour  protéger  l'Algérie  contre  le 
phylloxéra,  505.  —  Extension  de  l'emploi  du 
sulfocarbonate,  484. —  Sysième  de  M.  Dupon- 
chel  pour  les  irrigations  insecticules.  484 

Pisciculture.  —  Le  prince  de  Bismarck  pisci- 
culteur, 311.  —  Le  poisson  défendu,  386.  — 
Conférences  piscicoles  de  M,  Gobin,  492. 

Police  sanitaire  des  animaux.  —  Décret  relatif 
à  l'ajournement  de  la  loi  dans  plusieurs 
départements,  6,  33.  —  La  fièvre  aphteuse 
dans  Meurlhe-et-Moselie,  6.  — Les  épizooljes 
en  Allemagne.  124.  —  La  péripneumonie 
dans  le  val  d'Aran,  447. 

Pommes  de  terre.  —  Observations  sur  la  culture 
et  1j  récolte  en  Lorraine  en  1882,  226.  Etudes 
iur  la  maladie  des  jiommes  de  terre,  354. 

Pommiers.  —  Leur  culture  en  cordons  horizon- 
taux, 304. 

Pompe-»  à  chapelet  de  M.  David,  4'^9. 

Population.  —  La  population  agricole  de  la 
France  d'après  le   recensement  de  1881,  86. 

—  Mouvement  de  la  population  en  France 
en  1881,  241. 

Poitugal.  —  Exposition  d'agriculture  à  Lis- 
bonne, 245,  284. 

Pulpes.  —  Valeur  alimentaire  de  la  pulpe  de 
difl'usion,  8. 

Rage.  —  Etudes  de  M.  Pasteur  sur  l'atténua- 
tion de  la  rage,  39i. 

Râteau  à  cheval  automatique  de  Ransome,  297. 

Récoltes  en  terre.  —  Nouvelles  de  l'état  des 
récoltes  en  terre,  50,  86,  129,  2U8,  290,  393, 
433,  459,  473,490.  —  Situation  agiicole  dans 
l'arrondissement  de  Loudéac,  62.  —  Situa- 
tion agricole  dans  l'Aude,  .■)09. 

Revuede  l'année  i882  au  pointde  vueagricole,6. 

Rutabaga.  —  Sa  culture  en  Bretagne,  331. 

Salers.  —  La  race  bovine  de  Salers,  425. 

Sécherie  agricole  pour  les  cêiéales  et  les  four- 
rages, du  système  Grison,  94. 

Semailles.  —  Les  semailles  de  printemps,  18. 

Semoirs.  —  Résultats  du  concours  international 
de  Saint-Uuentin,  164. 

Société  nationale  d'agriculture.  —  Comptes 
rendus  des  séances  hebdomadaires,  34,  73, 
114,  15'i,  194,  234,  247,  289,  35'.,  394,  433, 
473,  492.  —  Election  de  M.  l'aul  Mares  comme 
membre   associé,   205,  242.  —  Election    de 


M.  Chahot-Karlen  comme  membre  associé, 
242,  282.  —  Election  de  M.  Boitel  comme 
membre  titulaire,  322,  362. 

Société  des  agriculteurs  de  France.  —  Date  de 
la  session  de  1883,  83.  —  Ouverture  de  la 
session,  167.  —  Compte  rendu  de  la  session, 
228,  305.  —  Election  des  membres  du  Con- 
seil, 311.  —  Concours  pour  des  prix  agrono- 
miques ouverts  en  1883,  483. 

Société  d'encouragement  à  l'agriculture.  — 
Congrès  de  mécanique  agricole  ;\  Paiis,  48, 
190.  —  Réunion  générale  annuelle,  192.  — 
Formation  du  bureau  pour  1883,  366. 

Souscription  pour  élever  un  monument  à 
Léonce  de  Lavergne.  —  P^onnation  du 
Comité  et  appel  aux  souscripteurs,  402.  — 
Première  liste  de  souscription,  40'.,  443,  482. 

Stations  agronomiqiif s.  —  Travaux  de  la 
station  du  Pas-de-Calais,  327. 

Sucres.  —  Tableaux  officiels  de  la  production 
et  du  mouvement  des  sucres  en  France,  83, 
288,  409.  —  Etude  sur  l'épuisempnt  des  bet- 
teraves en  sucre,  89,  143.  —  Crise  de  l'in- 
dustrie sucrière  en  France,  281,  288,  309, 
326,  361,  409,  448.  —  Proposition  de  loi  de 
M.  Edmond  Robert  sur  les  sucres,  327.  —  La 
consommation  du  sucre  et  les  dégrèvements, 
361.  —  Production  et  commerce  des  sucres 
de  1876  à  1881,  448.  —  Production  du  sucre 
en  Allemagne,  457. 

Tabac.  —  Production  et  commerce  en  Alle- 
magne, 218. 

Taupinières.  — Destruction  au  moyen  de  l'étau- 
pinière  de  M.  Roger,  459. 

Tourteaux.  —  Eipériences  sur  l'emploi  du 
tourteau  de  coton  décortiqué,  465. 

Transport.  —  Sur  la  réduction  des  tarifs  de 
tran-port  pour  les  animaux  destinés  aux  con- 
cours, 82,  164.  —  Nécessité  de  la  revision 
des  tarifs  de  transport,  282. 

Turipiie.  —  Création  d'une  école  d'agriculture 
à  Andrinople,  125. 

Vaccinations.  —  Résultat  des  vaccinations 
charbonneuses  et  durée  de  l'immunité,  394. 

Ventes  .ngricoles.  —  Vente  de  béliers  à  Chà- 
teauroux,  242.  —  Vente  de  durhams  à  Cor- 
bon,  409,  447. 

Viandes.  —  Sur  la  prohibition  des  viandes  de 
porc  d'origine  américaine,  309. 

Vidanges.  —  Descrifition  du  système  Mouras 
pour  l'ulilisalioii  des  vidanges,  56. 

Vignes.  —  Protestation  contre  la  culture  des 
vignes  américaines  dans  les  Landes,  10.  — 
Autorisation  de  culture  des  vignes  améri- 
caines dans  plusieurs  arrondissements,  49, 
162,  363,  444.  —  Culture  des  vignes  améri- 
caines dans  le  Lyonnais,  72.  —  Le  vignoble 
de  Cadarsac,  101.  —  Sur  la  reconstitution 
des  vignes  dans  la  Charente,  122;  — dans 
l'Ardèclie,  126.  —  Les  pépinières  de  vignes 
américaines  dans  le  Gard,  126.  —  Le  Rupes- 
tris,  154.  —  Influence  de  l'humidité  souter- 
raine et  de  la  capillarité  du  sol  sur  la  végé- 
tation des  vignes,  248.  —  Pépinière  dépar- 
tementale de  la  Charenle-lnferieure,  284.  — 
La  vigne  de  Californie.  302,  454.  —  Lei  vignes 
améiicaines  dans  l'Hérault,  326.  — Création 
d'une  vigne  d'e.xpérieuces  aux  environs  de 
Montpellier,  406.  —  Voir  Phylloxéra. 

Vins.  —  Evaluation  officielle  des  vendanges  e» 
1882,43. —  Falsification  des  vins  eu  Alle- 
magne, 207. 

Volailles.  —  Concours  de  volailles  grasses  à 
Louhan,  11. 

Zootechnie.  —  La  sélection  dans  les  races 
bovines,  28,  59,  97,  139- —  Rendement  des 
animaux  primés  au  concours  de  Pans.  301.  — 
La  race  novine  de  Salers,  425. 


FIN  DE  LA  TABLE   DU    PREMIER    VOLUME   DE  1883. 


JOURNAL 


DE 


L'AGRICULTURE 


ANNÉE    1883,    TOME   DEUXIÈME 

(avril  a  juin) 


Le  JOURNAL  DE  L'AGRICULTURE,  fondé  le  20  juillet  1866,  a 
successivement  fusionné  avec  le  Journal  de  la  Ferme  et  des  Maisons 
DE  campagne  et  avec  la  Revue  de  l'Horticulture.  Il  s'occupe  de  toutes 
les  questions  de  pratique  et  de  science  agricoles,  de  législation  rurale, 
d'économie  politique  ou  sociale  dans  ses  rapports  avec  la  vie  rurale, 
enfin  il  donne  tous  les  développements  nécessaires  aux  progrès  de 
la  viticulture,  de  l'horticulture,  de  l'arboriculture  et  de  la  culture 
maraîchère;  il  traite  aussi  bien  de  la  production  des  jardins  que  de 
celle  des  champs. 

Il  appartient  à  une  Société  composée  de  840  agriculteurs  ou  agro- 
Qomes  groupés  autour  de  M.  J.-A.  Barrai. 


JOURNAL 


DE 


L'AGRICULTURE 

DE    LA.    FERME    ET   DES    MUSONS    DE    CAMPAGNE 
DE    LA    VITICULTURE,    DE    L'HORTICULTURE 

DE    L'ÉCONOMIE    RURALE    ET    DES    INTÉRÊTS    DE    LA    PROPRIÉTÉ 

rOIBDÉ    ET    DIRIGÉ    FAR 

J.-A.     BARRAL 

SECRÉTAIRE  PERPÉTUEL   DE   LA    SOCIÉTÉ    NATIONALE    d'aGRICULTURE    DE    FRANCE 

Membre  du  Conseil  général  de  la  Moselle  jusqu'en  1871  ; 

Ancien  élève  et  ancien  répétiteur  de  chimie  de  l'Ecole  polytechnique  ; 

Membre  du  Conseil  d'administration   de   la  Société  nationale  d'encouragement  à  l'agriculture  et  de  la  Société 

des    agriculteurs  de  France  ; 

Lauréat  de  l'Académie  des  sciences  en  1863,  pour  le  prix  de  Siorogiies,  décerné  à  l'ouvrage  ayant  fait  faire 

le  plus  grand  progrés  à  l'agriculture  en  France; 

Commandeur  de  la  Légion  d'honneur;  de  I  Ordre  ottoman  du  Medjidié,  de  celui  des  Saints  Maurice  et  Lazare  d'Italie; 

de  celui  d'Isabelle  la  Catholique  d'Espagne;  Chevalier  des  Ordres  de  Léopold  de  Belgique, 

de  Notre-Dame  de  la  Conception  de  Portugal; 

Membre  de  la  Société  philomatique  et  du  Conseil  de  la  Société  d'encouragement  pour  l'industrie  nationale  ; 

Membre  honoraire  de  la  Société  royale  d'agriculture  d'Angleierre  ; 

Membre  honoraire  de  l'Académie  de  Metz,  de  la  Société  centrale  d'agriculuire  de  Belgique,  de  la  Société  royale  d'agriculture  d« 

Portugal,  de  la  Société  des  agriculteurs  italiens, 

des  Sociétés  d'Agriculture  du  grand-duché  de  Luxembourg,  de  Moscou,  de  Varsovie,  de  Spolato, 

des  Géorgoliles  de  Florence,  de  Grosseto,  de  Turin,  de  Saint-Pétersbourg,  de  Pesaro,  du  Chili,  de  Hongrie,  de  l'Uruguay J; 

Correspondant  de  l'Institut  genevois,  de  l'Institut  égyptien,  de  la  Société  des  sciences  naturelles  de  Milan; 

des  Sociétés  d'Agriculture,  de  Viticulture  ou  d'Horticulture  de  Pans,  d'Arras,  de   l'Aube,  de  Bayeux,  des  Bouches-du-Rhflne, 

de  Compiègne,  de  Caen,  de  Clerinont,  du  Nord,  de  la  Seine-Inférieure,  de  Mayenne,  de  la  Haute-Garonne,  de  la  Côte-d'Or; 
de  Joigny,  de  Libourne,  de  Lyon,  de  Mirecourt,  de  Nancy,  du  Pas-de-Calais,  de  Poitiers,  de   Poligny,  de   Senlis,  de  Vaucluse 

des  Comices   agricoles  d'Agen,  de  Lille,  de  Meaux,  de  Metz,  de  Brantclme,  de  la  Société  des  Amis  de  la  paix 

de  Valence  (Espagne),  des  Sociétés  d  Agriculture  deGand,de  Nevf-York,  devienne  (Autriche),  de  la  GueUre  (Hollande),  de  Hongrie 

du  CercFe  agricole  et  horticole    du  grand-duché  du  Luxembourg; 

Associé  étranger  de  l'Académie  royale  de  Suède,    etc  .  etc. 

Conseil  de  direction  Scienti&que,  Politique  et  Agricole  : 

MM.     J.-A,     BARRAL,     GASTON    BAZILLE,     DE    BÉHAGUE, 

GAREAU,     P.     DE    GASPARIN,    HENRY    SAGNIER,    A.    VANDERCOLME 


ANNÉE  1883,  TOME  DEUXIÈME 


(avril  a  juin] 


3)3115 


PARIS 


AUX  BllREVlX  DU  JOURWL  DE  L'AGRICULTURE 

Chez  M,  G.  MAS  S  ON,  libraire-éditeur,   120,  boulevard  Saint-Germain 

ET 

A  Bruxelles,  chez  M.  Henri  MANGEAUX,  libraire-éditeur,  8;  rue  des  Trois-Tôtes 

1883 


Le  Journal  de  l'Agricnlture  paraît  tous  les  samedis  en  une  livraison  de  52  à 
68  pages,  avec  de  nombreuses  gravures  noires  intercalées  dans  le  texte  et  des 
planches  noires  ou  coloriées  hors  texte.  —  Il  forme  par  au  quatre  volumes  de 
500  à  600  pages  chacun. 


PRIX   DE    L'ABONNEMENT  : 

FRANGE  :  un  an,  20  fr.  ;  —  six  mois,  11  fr.  ;  —  trois  mois,  6  fr.  —  Un  numéro,  50  centimes 

Pour   tous   les  pays  de  l'Union  postale  :   un   an,    22   fr. 
Pour  tous  les  autres  pays,  le  port  en  sus. 


LES    PAYS   FAISANT   PARTIE    DE    l'UnION    POSTALE    SONT  : 

Allemagne  —  Autriche  —  Belgique  —  Danemark  —  Espagne  —  Etats-Unis  —  Grande-Bretagne    —  Grèce 

H?ngrie  —  Italie  —  Luxembourg  —  Monténégro  —  Norvège  —  Pays-Bas  —  Portugal 

Hounmnie  —  Russie  —  Serbie  —  Suède  —  Suisse  —  Turquie  —  Egypte  —  Tanger  et  Tunis 

Pers   —  Brésil  —  République  argentine  —  Pérou —  Colonies  françaises) 

Lajplupart  des  colonies  étrangères. 


JOURNAL 


DE 


L'AGRICULTURE 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (7  avril  i883). 

Sur  la  possibilité  dn  réaliser  les  dégrèvements  promis  à  l'agnculture.  —  Les  excédents  budgé- 
taires et  la  conversion  de  la  rente,  —  Discours  prononcés  par  M.  Léon  Say  à  la  Chambre  de 
commerce  de  Lyon..  —  Importance  des  travaux  de  vicinalité  et  de  l'organisation  de  meilleures 
subventions.  —  Quatrième  liste  delà  souscription  ouverte  pour  élever  un  monument  à  Léonce 
de  Lavergne.  —  Nécrologie.  —  M.  Peltier  jeune  et  M.  Léon  Féret.  —  Association  des  anciens 
élèves  de  Grignon.  —  La  ferme-école  du  Lot.  —  Publication  du  compte  rendu  des  Iravaux  du 
service  du  phylloxéra  en  1882.  —  Les  pépinières  communales  de  vignes  américaines.  —  Note 
de  M.  de  Brézenaud  sur  la  pépinière  de  Bourg-Saint-Andéol. — Les  irrigations  insecticides 
d'après  le  procédé  de  M.  Duponchel.  —  Récompenses  décernées  par  la  Société  d'encoura- 
gement pour  l'industrie  nationale.  —  Proposition  de  loi  relative  aux  bouilleurs  de  cru.  — 
Etude  de  M.  Xambeu  sur  les  eaux  de  l'arrondissement  de  Saintes,  —  Nomination  de  M.  Nicolas 
comme  adjoint  à  l'inspection  de  l'agriculture  en  Algérie.  —  Vente  de  béliers  à  la  bergerie 
nationale  de  Grignon.  —  Préparation  des  terres  pour  les  semailles  de  betteraves.  —  La  situa- 
tion agricole  en  Suisse.  —  Notes  de  MM.  de  la  .Morvonnais,  d'Ounous,  Naudin  sur  la  situation 
des  récoltes  dans  les  départements  d'Ilie-et-Vilaine,  de  l'Ariège  et  des  Alpes-Maritimes. 

I.  —  Dégrèvement  de  l'agriculture  et  conversion. 

Des  dégrèvements  ont  été  promis  à  l'agriculture  que  tout  le  monde 
s'accorde  à  regarder  comme  trop  chargée  d'impôts,  ce  qui  lui  rend 
plus  difficile  qu'au  commerce  et  à  l'industrie  de  supporter  des  crises 
toujo-urs  éventuelles.  Une  échéance  avait  été  indiquée  pour  le  com- 
mencement des  dégrèvements  ;  malheureusement  elle  n'était  pas  à 
terme  fixe,  elle  était  subordonnée  à  la  continuation  des  excédents  bud- 
gétaires, c'est-à-dire  à  l'accroissement  continu  de  la  prospérité  publi- 
que. Or,  les  excédents  budgétaires  se  sont  changés  en  déficit,  et  la 
prospérité  publique  a  subi  une  éclipse.  En  conséquence,  les  promes- 
ses faites  à  l'agriculture  paraissent  encore  ajournées.  Cependant, 
on  ne  saurait  admettre  que  la  situation  actuelle  puisse  se  prolonger 
indéfiniment.  Dans  un  discours  magistral,  prononcé  le  28  mars  à  la 
Chambre  de  commerce  de  Lyon,  M.  Léon  Say  a  dit  que  si  les  Ghan* 
bres  et  le  gouvernement  empêchent  les  agitations  politiques  de  se 
reproduire,  on  reverra  les  excédents  de  recettes  et  l'équilibre  du  bud- 
get revenir  très  facilement,  et  alors  il  faudra  saisir  l'occasion  pour 
tenir  envers  l'agriculture  les  engagements  qu'on  a  contractés.  Ce  ne 
devra  pas  être  au  détriment  de  l'industrie  et  du  commerce  ;  aucune 
branche  de  l'activité  nationale  ne  doit  souffrir  des  avantages  que  l'on 
recherche  pour  l'une  d'elles;  ces  avantages  ne  sont  certains  et  durables 
qu'autant  que  la  prospérité  est  générale.  Au  moment  de  cette  prospé- 
rité, on  devra  faire,  d'après  M.  Léon  Say,  la  conversion  de  la  rente, 
et  cette  conversion  donnera  les  ressources  nécessaires  pour  effectuer 
les  dégrèvements  promis.  Mais  par  où  devra-t-on  commencer  et  com- 
ment devrait-on  s'y  prendre?  Il  est  intéressant  de  connaître  et  le  plan 
de  conduite  que  devra  tenir  le  gouvernement  et  les  premiers  dégrève- 
vements  dont  l'agriculture  profitera?  M.  Léon  Say  s'est  exprimé  en  ces 
termes  : 

«  L'industrie  a  besoin  de   s'allier  avec  l'agriculture  ;   il  faut  que 

N°  -30.  —  Tome  II  de  1883.  —  7  Avril. 


6  CHRONIQUE  AGRICOLE    (7  AVRIL    1883). 

les  intérêts  de  l'industrie  et  de  l'agriculture  deviennent  connexes, 
parce  qu'ils  sont  identiques;  on  n'a  peut-être  pas  assez  fait  jusqu'ici 
pour  amener  l'entente  entre  l'industrie  libérale  et  l'agriculture  ;  il  faut 
ramener  l'agriculture  à  nous  ;  il  n'y  a  pas  dans  ce  pays  de  prospérité 
si  l'agriculture  n'est  pas  prospère  ;  il  faudra  donc  employer  cette  pé- 
riode de  prospérité;,  que  je  prévois,  à  dégrever  l'agriculture  ;  il  ne  faut 
pas  que  nous  nous  jetions  sur  ces  excédents  lorsqu'ils  se  produiront; 
il  faut  que  nous  les  abandonnions  sans  regret  et  tout  entiers  à  l'agri- 
culture. 

«  On  a  déjà  étudié  ce  qu'on  pourrait  faire  pour  elle.  Plusieurs  solu- 
tions ont  été  proposées;  vous  savez  d'ailleurs  qu'il  y  a  dans  les  budgets 
des  réserves.  A  l'époque  où  j'étais  ministre  des  finances,  en  présentant 
mon  dernier  budget,  j'ai  dit  à  l'agriculture  :  nous  avons  des  réserves  qui 
consistent  à  diminuer  l'intérêt  de  la  dette  quand  on  pourra  le  faire 
par  la  conversion  de  la  rente  5  pour  100.  Eh  bien,  c'est  à  l'agriculture 
qu'il  faudra  donner  ces  réserves  ;  le  jour  où  l'importante  opération  de 
la  conversion  pourra  se  réaliser,  il  ne  faudra  pas  s'en  servir  comme 
d'un  expédient  pour  équiliber  le  budget  ou  le  gaspiller  dans  des  cré- 
dits supplémentaires,  mais  il  faudra  tenir  la  parole  que  nous  avons 
donnée  à  l'agriculture. 

((  On  pourra  se  demander  s'il  faut  dégreyer  d'abord  les  droits  de 
transmission  et  d'enregistrement,  car  ce  sont  là  des  impôts  qui  frappent 
très  lourdement  l'agriculture  ;  il  faut  qu'on  puisse  acheter  et  vendre 
pour  se  constituer  une  propriété  sans  payer  les  droits  exorbitants  que 
vous  connaissez.  On  peut  aussi  se  demander  s'il  n'y  a  pas  lieu  de 
diminuer  dans  tous  les  départements  l'impôt  foncier  et  de  faire  faire 
un  pas  à  la  péréquation  eu  dégrevant  en  sus  et  spécialement  certains 
départements  surimposés.  On  peut  encore,  et  je  crois  savoir  que  c'est 
de  ce  côté  aue  les  agriculteurs  se  tournent  avec  le  plus  de  force,  étudier 
les  moyens  d'entretenir  les  chemins  vicinaux,  en  allégeant  le  budgert 
des  départements  et  des  communes  de  dépenses  à  porter  sur  le  budget 
de  l'Etat,  de  manière  à  pouvoir  consacrer  plus  de  fonds  à  cet  usage. 
On  peut  nous  abandonner  une  somme  importante  prise  sur  le  budget 
pour  faire  une  dotation  supplémentaire  au  budget  d'entretien  des  che- 
mins vicinaux.  » 

L'établissement  et  le  perfectionnement  de  la  vîcinalité  ont  été  le 
plus  grand  service  qui,  depuis  un  demi-siècle,  ait  été  rendu  à  ragrî- 
culture;  on  l'a  ainsi  dotée  de  l'instrument  le  plus|indispeiisable  à  tous 
les  progrès.  Mais,  si  de  grands  efforts  ont  été  faits  pour  créer  des  routes 
et  des  chemins  nouveaux,  si  les  subventions  ont  été  utilement 
employées  à  cette  création,  et  si  l'établissement  de  la  caisse  des  chemins 
vicinaux  y  a  fortement  contribué,  on  se  trouve  aujourd'hui  devant  une 
très  grande  difficulté,  c'est  que  les  ressources  pour  l'entretien  de  la 
vicinalité  sont  insuffisantes,  de  telle  sorte  que,  sous  peine  de  voiries 
routes  se  détériorer  et  les  chemins  retomber  dans  la  barbarie,  on  est 
obligé  de  songer  ou  bien  à  créer  un  impôt  nouveau  ou  bien  à  imagi- 
ner quelque  combinaison  qui  permette  d'entretenir  les  chemins  en  bon 
état  sans  demander  à  l'agriculture  des  sacrifices  supplémentaires. 
Nous  espérons  que,  au  lieu  d'imposer  à  l'agriculture  de  nouvelles 
charges  pour  l'entretien  de  ses  chemins,  on  trouvera  dans  les  excédents 
dus  à  la  conversion  heureusement  accomplie,  tout  l'argent  nécessaire 
pour  assurer  la  conservation  d'une  bonne  viabilité.  C'est  pourquoi  nous 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (7  AVRIL  1883).  7 

insistons  sur  la  fin  des  considérations  présentées  à  Lyon  par  M.  Léon 
Say.  Puissent  les  Conseils  généraux  bien  comprendre  la  question^  et 
demander  au  gouvernement  que  la  solution  que  nous  indiquons,  avec 
une  Commission  du  Conseil  supérieur  de  l'agriculture  et  avec  M.  Léon 
Say,  soit  adoptée. 

II.  —  Souscription  pour  élever  un  monument  à  Léonce  de  Lavergne. 
Nous  publions   la  quatrième  liste  de  la  souscription  ouverte  pour 
élever  un  monument  à  Léonce  de  Lavergne  : 

Fr. 

Repiirt  de  la  troisième  liste 6,465  00 

MM.  Monicault  (de);  prési(JeQt  du  Comice  agricole  de  Trévoux  (Ain).  25  00 
Teissonnière,  secrétaire  général  de  la  Société  des  agriculteurs 

de    France 25  00 

Pioche,  membre  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France. ...  5  00 

Capestrang 5  OQ 

Villepin  (de),  directeur   de   la   ferme-école   de   la  Pilletière 

(Sarthe) 20  00 

Leven  (D'  M.),  ancien  élève  de  l'Institut  agronomique  de  Ver- 
sailles   25  00 

Mlle  Marie  C,  à  Paris 0  50 

MM.  Bofdet  (H.),  ancien  député 25  00 

Gérard,  ancien  constructeur  à  Vierzon  (Cher) 50  00 

Noailles,  duc  d'Ayea 40  OQ 

Mlle  Léon  Faucher,  à  Paris 20  00 

MM.    "VVolowski   (Félix),    correspondant    de    la   Société  nationale 

d'agriculture 50  00 

Cars  (comte  des),  membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture.  10  00 

Muret  (H.)                —                     _            _                _  .^0  00 

Masson  (0.),  libraire-éditeur,  à  Paris 10  00 

Total  de  la  quatrième  liste , ti ,  825  50 

Pour  répondre  à  plusieurs  questions  qui  lui  ont  été  adressées,  le 
Comité  nous  prie  d'annoncer  qu'il  n'a  fixé  aucun  minimum  pour  les 
souscriptions  et  qu'il  acceptera  avec  reconnaissance  toutes  les  sommes 
qu'on  lui  enverra,  quelque  minimes  qu'elles  soient. 

III.  — Nécrologie. 

M.  Gélestin  Peltier  jeune,  aneien  constructeur  de  machines  agri- 
coles, est  décédé  à  Paris,  le  2  avril,  dans  sa  79*  année.  La  maison 
qu'il  a  créée,  il  y  a  plus  de  trente  ans,  s'est  constamment  tenue  au. 
courant  des  proj;rès  de  la  mécanique  agricole,  et  l'on  doit  à  M.  Peltier 
la  propagation  de  plusieurs  excellentes  machines.  Il  avait  été  nommé 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur  en  1870. 

Nous  devons  annoncer  aussi  la  mort  de  M.  Léon  Féret,  décédé 
récemment  à  l'âge  de  cinquante-six  ans  seulenient.  M.  Féret  a  été  l'un 
des  correspondants  du  Journal,  de  fagriciillure,  et  nos  colonnes 
renferment  plusieurs  études  intéressantes  dues  à  son  esprit  d'obser- 
vation. Il  était  correspondant  de  la  Société  nationale  d'agriculture. 

IV.  —  Association  des  anciens  élèves  de  Grignon. 

Le  Bulleiin  pour  1882  de  l'Association  des  anciens  élèves  de  Grignon 
vient  d'être  publié.  La  plus  grande  partie  de  ce  bulletin  est  consacrée 
aux  hommages  rendus  à  la  mémoire  des  deux  anciens  directeurs, 
M.  François  Bella  et  M.  Dutertre,  que  la  mort  a  enlevés  depuis  un  an. 
Nous  y  trouvons  que  la  souscription  ouverte  pour  élever  un  monument 
sur  la  tombe  de  M.  Dutertre,  dans  le  cimetière  deïhiverval,  a  produit 
une  somme  de  G, 947  t'r.  50.  Nous  souhaitons  que  ce  témoignage  de 
respect  et  de  sympathie  adoucisse  l'amère  douleur  de  la  digne  veuve  de 
l'ancien  directeur  de  Grignon. 


8  CHRONIQUE  AGRICOLE  (7  AVRIL   1883). 

V.  —  La  ferme~scole  du  Lot. 

A  diverses  reprises,  nous  avons  eu  à  signaler  la  prospérité  de  la 
ferme-école  du  Montât  (Lot),  dirigée  par  M.  Pierre  Dufour,  Nous  trou- 
vons une  nouvelle  preuve  de  cette  prospérité  dans  le  dernier  compte 
rendu  que  nous  venons  de  recevoir.  Nous  y  constatons  qu'aux  der- 
niers examens  de  sortie  1 7  élèves  sont  sortis  avec  leur  certificat  d'in- 
struction. Le  recrutement  de  la  ferme-école  se  fait  toujours  facilement. 
30  candidats,  dont  plusieurs  étaient  porteurs  de  certificats  d'études 
primaires,  ont  pris  part  au  concours  d'entrée,  qui  a  été  des  plus  satis- 
faisants, et  la  Commission  a  pu  faire  un  bon  choix  parmi  eux.  La  plu- 
part de  ces  jeunes  gens ,  fils  de  petits  propriétaires  ou  de  fermiers 
aisés,  viennent  de  communes  qui  ont  déjà  envoyé  des  élèves,  et  quel- 
ques-uns ont  été  précédés  à  la  ferme-école  par  un  ou  plusieurs  de  leurs 
frères.  34  apprentis  titulaires  et  2  supplémentaires  sont  .présents  à 
l'école.  Le  meilleur  esprit  règne  parmi  eux  ;  ils  comprennent  les  avan- 
tages qu'ils  peuvent  retirer  de  leur  séjour  au  Montât,  et  ils  répondent 
par  une  application  soutenue  aux  leçons  du  personnel  enseignant.  Em- 
ployés tour  à  tour  aux  champs  ou  aux  étables,  ils  se  trouvent  fami- 
liarisés, au  moment  de  leur  sortie,  avec  le  maniement  des  divers 
instruments,  les  différentes  opérations  de  la  culture  et  les  soins  à 
donner  au  bétail. 

YL —  Le  phylloxéra. 

Le  ministère  de  l'agriculture  vient  de  publier  le  compte  rendu  des 
travaux  du  service  du  phylloxéra  en  1882.  Ce  compte  rendu  forme  un 
fort  volume  de  600  pages,  renfermant  un  grand  nombre  de  documents 
importants.  A  la  suite  des  procès-verbaux  de  la  session  annuelle  de 
la  Commission  supérieure,  nous  trouvons  le  rapport  de  M.  Tisserand, 
directeur  de  l'agriculture,  dont  nous  avons  récemment  présenté  une 
analyse  à  nos  lecteurs,  les  rapports  des  délégués  régionaux,  MM.  Gas- 
tine,  Catta  et  George  Couanon,  plusieurs  rapports  sur  les  expériences 
de  viticulture  entreprises  à  l'Ecole  nationale  d'agriculture  de  Mont- 
pellier; l'école  a  distribué  en  1882,  une  grande  quantité  de  boutures  et 
de  graines  de  vignes  américaines  :  1 18,000  boutures  et  un  peu  plus  de 
13  kilog.  de  graines.  Il  faut  citer  encore  les  études  de  M.  Balbiani  sur 
les  moyens  de  détruire  l'œuf  d'hiver  du  phylloxéra,  et  les  instructions 
rédigées  par  M.  Foex  sur  l'établissement  des  pépinières  de  vignes 
américaines.  Le  volume  se  termine  par  36  rapports  de  Comités  d'études 
et  de  vigilance,  et  par  1 08  rapports  sur  le  fonctionnement  des  syndicats 
de  défense.  Il  est  d'ailleurs  accompagné  de  la  carte  dressée  confor- 
mément au  décret  du  31  janvier  dernier;  cette  carte  ne  comporte  plus 
que  deux  teintes,  l'une  pour  les  arrondissements  phylloxérés,  l'autre 
pour  ceux  dans  lesquels  on  a  autorisé  la  culture  des  vignes  amé- 
ricaines. 

On  a  recommandé  avec  raison  la  formation  de  pépinières  canto- 
nales ou  communales  de  vignes  américaines.  M.  L.-V.  de  Frézenaud, 
délégué  départemental  de  l'Ardèche,  fait  connaître  une  excellente  ini- 
tiative prise  par  une  commune  de  ce  département  ;  il  s'exprime  dans 
les  termes  qui  suivent  ; 

«  La  possibilité  de  reconstituer  aujourd'hui  nos  vignobles  détruits  par  le  phyl- 
loxéra au  moyen  des  plants  américains,  pourvu  qu'on  ait  le  soin  de  Lien  choisir 
les  variétés  qui  conviennent  au  sol  et  au  climat  oi\  l'on  veut  refaire  de  la  vigne, 


CHRONIQUE  AGRICOLE   (7  AVRIL   1883).  9 

étaHt  un  lait  certain  et  prouvé  par  les  nombreuses  plantations  qui  existent  dans 
nos  départements  méridionaux,  nous  ne  saurions  passer  sous  silence  le  bon 
exemple  donné  par  la  commune  du  Bourg-Saint-Andéol  (Ardèche). 

«  Depuis  plusieurs  années,  la  vigne  qui  y  donnait  du  très  bon  vin  est  totale- 
ment disparue  des  cultures  de  cette  comtnune. 

«  La  municipalité  actuelle,  désireuse  de  ramener  la  prospérité  et  l'aisance  que 
possédait  jadis  le  Bourg-Saint-Andéol,  quand  la  vigne  y  était  florissante,  après 
avoir  étudié  ce  qui  se  passe  dans  les  départements  voisins,  vient  d'établir  une 
pépinière  communale  d'environ  13,000  mètres  carrés,  où  se  trouve  une  belle 
source  qui  permet  d'arroser  les  boutures  en  été,  le  tout  clos  de  murs,  avec  une 
habitation  au  milieu  servant  de  logement  au  gardien  de  la  pépinière. 

ce  Un  bail  de  dix  ans  a  été  passé  avec  le  propriétaire  de  l'immeuble,  et  100,000 
boutures  des  espèces  suivantes,  ont  été  achetées  et  plantées  pour  être  distribuées 
l'année  prochaine  aux  agriculteurs  et  vignerons  de  cette  commune,  savoir  :  50,000 
Riparias,  31,000  Jacquez,  1,500  Solonis,  7,000  Herberaonts,  1,500  Cuninghams, 
1,000  Rupestris,  2,000  York,  2^000  Viallas,  2,000  Norton  Virginias,  1,000  Taylor 
et  1,000  Elviras. 

«  En  agissant  ainsi,  la  municipalité  donne  aux  vignerons  la  facilité  de  se  rendre 
compte,  sans  sortir  de  chez  eux,  comment  s'y  comportent  les  diverses  variétés 
plantées  dans  la  pépinière  et  de  pouvoir  choisir  parmi  elles,  celles  qui  leur  paraî- 
tront les  plus  avantageuses  pour  la  reconstitution  de  leurs  vignes. 

«  Il  n'est  pas  douteux  que  si  beaucoup  de  municipalités  suivaient  l'exemple  de 
celle  du  Bourg-Saint  Andéol,  nous  verrions  dans  peu  d'années  le  vignoble  fran- 
çais aussi  florissant  qu'ill'était avant  l'invasion  du  phylloxéra.  » 

Dans  notre  dernière  chronique  (p.  484),  nous  avons  signalé  une 
étude  de  M.  Duponchel,  ingénieur  en  chef  des  ponts  et  chaussées,  à 
iMontpellier,  surîes  irrigations  artificielles  insecticides.  Une  faute  d'im- 
pression s'est  glissée  dans  cette  note,  et  nous  devons  la  réparer.  Ce 
n'est  pas  100  mètres  d'eau  par  hectare,  comme  il  a  été  imprimé,  mais 
une  quantité  de  1,000  mètres  cubes  qti'exigerait  une  irrigation  insec- 
ticide, faite  dans  de  bonnes  conditions. 

VII. — Concours  de  la  Société  d'agriculture  de  Clermonî 

Le  concours  annuel  d'arrondissement  de  la  Société  d'agriculture  de 
Clermont  (Oise)  se  tiendra  dans  cette  ville  le  dimanche  17  juin  pro- 
chain. Il  comprendra  un  concours  entre  les  exploitations  les  mieux 
dirigées  du  canton  de  Clermont,  un  concours  pour  la  plantation  des 
pommiers  à  cidre,  offrant  les  meilleurs  exemples,  soit  pour  le  mode 
de  plantation,  le  choix  des  sujets  et  du  terrain,  soit  pour  l'entretien 
ou  la  régénération  d'anciennes  plantations;  des  concours  d'instru- 
ments agricoles,  de  bétail,  de  labourage,  de  serviteurs  ruraux,  de  ma- 
réchalerie,  de  bergers. 

VIII.  —  Société  d'encouragement  pour  l'industrie  nationale. 

Parmi  les  récompenses  décernées  par  la  Société  d'encouragement 
pour  rindustrie  nationale  dans  sa  dernière  séance  publique,  plusieurs 
se  rapportent  à  des  travaux  agricoles  ;  nous  devons  les  signaler.  La 
Société  a  décerné  des  médailles  d'or  :  sur  le  i^apport  de  M.  Chatin,  à 
M.  Capgrand-Mothes,  pour  sa  culture  perfectionnée  du  chène-liége; 
sur  le  rapport  de  M.  Boitel,  à  M.  Jus,  pour  ses  recherches  de  l'eau  dans 
le  sahara  de  Constanline;  sur  le  rapport  de  M.  Dailly,  à  M.  Del  perler 
pour  son  système  de  ferrure  à  glace  des  chevaux  ;  sur  le  rapport  de 
M.  Hisler,  à  M.  Muntz,  pour  ses  recherches  sur  l'alimentation  des 
chevaux  de  trait;  —  un  rappel  de  médaille  d'or,  sur  le  rapport  de 
i>L  Tisserand,  à  M.  Betz-Perrot,  pour  sa  mouture  perfectionnée  du  blé 
dur  et  du  maïs;  — des  médailles  de  platine  :  su  rie  rapport  de  M.  Girard, 


10  CHRONIQUE  AGRICOLE   (7   AVRIL    1883). 

à  M.  Gallois,  pour  son  système  d'épuisement  des  pulpes  des  sucreries  ; 
sur  le  rapport  de  M.  Risler,  à  M.  Maistre,  pour  sa  méthode  de  culture 
des  vignes  phylloxérées  ;  sur  le  rapport  de  M.  Risler,  à  M.  de  Savignon, 
pour  une  étude  sur  la  production  de  la  laine  en  Australie. 

IX.  —  Les  bouilleurs  de  cru. 

Afin  de  faire  cesser  les  réclamations  nombreuses  auxquelles  donnent 
lieu  les  exigences  de  l'administration  des  contributions  indirectes 
vis-à-vis  des  bouilleurs  de  cru,  M.  Noirot  et  plusieurs  députés 
ont  présenté  récemment  à  la  Chambre  une  proposition  de  loi  tendant  à 
établir  que  les  manquants  qui  ressortent  des  comptes  ouverts  aux 
bouilleurs  de  cru  qui  font  transporter  les  produits  de  leur  distillation 
dans  des  caves  ou  magasins  séparés  de  la  brûlerie,  ne  seront  imposables 
que  sous  une  réduction  de  vingt  livres  d'alcool  pur  par  année,  indépen- 
damment de  l'allocation  réglementaire  pour  déchets,  coulage,  évapo- 
ration,  etc.  Toutefois  cette  réduction  exceptionnelle  ne  serait  allouée 
que  lorsque  le  transport  de  la  brûlerie  aux  caves  ou  magasins  est 
effectué  dans  les  limites  du  territoire  de  la  commune,  et  il  devra 
toujours  être  fait  sous  le  lien  d'un  acquit  à  caution  dont  le  coût  sera 
de  0  fr.  50. 

X.  —  Les  eaux  de  ï arrondissement  de  Saintes. 

Le  dernier  bulletin  du  Comice  de  l'arrondissement  de  Saintes  (Cha- 
rente-Inférieure) renferme  une  excellente  étude  de  M.  Xambeu  sur  les 
eaux  de  cet  arrondissement.  M.  Xambeu  s'est  donné  pour  tâche  de 
connaître  la  nature,  la  composition  des  eaux,  et  le  profit  que  l'on  en 
peut  tirer  pour  l'alimentation,  pour  l'industrie  et  pour  l'agriculture. 
Il  a  présenté  une  série  d'analyses  des  eaux  de  pluie,  des  eaux  des  fon- 
taines naturelles,  de  celles  des  puits  creusés,  ainsi  que  des  indications 
sur  les  nappes  souterraines.  Cet  ensemble  de  documents  sera  certai- 
nement consulté  avec  profit  en  vue  du  parti  à  tirer  de  ces  eaux  pour 
les  irrigations  qui  doivent  principalement  être  faites  dans  cette  contrée, 
pour  augmenter  la  production  fourragère. 

XI.  —  Inspection  générale  de  l'agriculture. 

A  la  suite  du  concours  qui  a  eu  lieu  récemment  à  Paris,  M.  Nicolas 
a  été  nommé  adjoint  à  l'inspectioti  générale  de  l'agriculture  pour 
i'Al""érie.  —  M.  J.  Godefroy  a  été  nommé  professeur  départemental 
d'agriculture  à  Oran,  en  remplacement  de  M.  Nicolas. 

XII. —   Vente  de  béliers  à  Grignon. 

La  vente  annuelle  de  béliers  provenant  de  la  bergerie  de  l'école 
nationale  d'agriculture  de  Grignon,  aura  lieu  le  7  mai  prochain  à 
une  heure  et  demie.  Cette  vente  comprendra  des  béliers  dishley,  des 
béliers  dishley-mérinos  et  des  béliers  southdown.  Nous  rappelons  que 
la  gare  de  Grignon  est  située  sur  la  ligne  de  Granville  (chemin  de  fer 
de  l'Ouest),  et  que  le  départ  de  Paris  (gare  Montparnasse)  a  lieu  à 
9  heures  55  du  matin. 

XIII.  —  Sucres  et  betteraves. 

Le  temps  est  redevenu  favorable  aux  travaux  des  labours.  Le  retard 
que  les  mauvaises  conditions  météorologiques  avaient  occasionné  sera 
réparé,  si  le  temps  se  maintient  au  beau  pendant  la  première  quin- 
zaine du  mois.  Néanmoins,  il  est  maintenant  à  peu  près  certain  que 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (7   AVRIL   1883).  11 

les  semailles  se  feront  plus  tard  qu'en  1882;  mais  ce  n'est  pas  une 
raison  pour  craindre  que  le  rendement  de  la  récolte  soit  faible.  —  La 
situation  de  la  sucrerie  est  toujoui's  critique;  ce  n'est  pas  en  quelques 
semaines  que  la  révolution  peut  se  faire.  Toutefois,  il  est  permis 
d'espérer  qu'un  grand  nombre  de  fabricants  de  sucre  comprendront  de 
plus  en  plus  qu'ils  doivent  faire  tendre  tous  leurs  efforts  vers  la  pro- 
duction d'une  betterave  riche  en  sucre,  et  qu'ils  sauront  enfin  s'en- 
tendre avec  les  cultivateurs  pour  prendre  les  mesures  propres  à  assurer 
ce  résultat- 

XIV.  —  Situation  agricole  en  Suisse. 

Depuis  quelques  années,  le  rendement  des  récoltes  a  été  peu  satis- 
faisant dans  plusieurs  cantons  de  la  Suisse,  notamment  dans  ceux,  de 
Berne  et  de  Zuricli  ;  il  en  est  résulté  un  état  de  gêne  considérable  chez 
beaucoup  de  cultivateurs.  Le  blé  n'a  pas  donné,  en  1881  et  1882, 
pour  l'ensemble  du  pays,  plus  d'un  million  d'hectolitres,  soit  à  peu 
près  le  cinquième  de  ce  qui  est  nécessaire  à  la  consommation.  La  ré- 
colte des  pommes  de  terre  a  été  faible  aussi,  et  les  importations  de  tu- 
jbercules  se  sont  sensiblement  élevées.  Cette  situation  a  été  la  cause 
d'un  accroissement  considérable  des  dettes  hypothécaires.  Les  cantons 
de  la  Suisse  française  sont  dans  une  situation  moins  défavorable. 

XV.  —  Nouvelles  de  l'état  des  récoltes  en  terre. 
Les  noies  de  nos  correspondants  signalent  les  effets  du  refroidisse- 
ment du  mois  de  mars  sur  les  principales  plantes.  M.  de  la  Morvon- 
nais  nous  adresse  la  lettre  suivante,  de  Bruz  (Ille-et-Vilaine),  à  la  date 
du  25  mars  : 

«  La  première  quinzaine-de  mars  a  été  favorable  aux  labours;  le  vent  sec  du  nord 
avait  ressuyé  les  terres.  Les  blés  d'hiver,  car  on  ne  fait  guère  ici  de  blés  de  prin- 
temps qui  en  définitive  réussissent  peu  et  pèsent  moins,  paraissent  un  peu 
maigres  surtout  dans  les  endroits  restés  iiumides;  mais  tout  n'est  pas  dit,  si  le 
mois  d'avril  est  favorable.  D'ailleurs  on  pourra,  on  devra  même  recourir  cette  année 
aux  engrais  en  couverture. 

a  Beaucoup  de  cultivateurs  craignant  de  ne  pas  réussir  par  l'emploi  des  engrais 
en  couverture  au  printemps,  préfèrent  les  donner  à  l'automne  avant  de  semer  le 
blé.  Ils  auraient  mal  opéré  pour  cette  année,  au  moins  pour  les  sels  azotés  et  les 
sels  de  potasse,  qui  sont  très  solubles  dans  l'eau,  et  auraient  été  entraînés  parles 
pluies  de  l'automne  et  de  l'hiver. 

«  Les  gelées  des  10  et  11  mars  ont  fait  rougir  les  avoines  d'hiver  et  les  prairies; 
mais  cela  peut  se  rattraper  aisément.  Quelques  fleurs  de  pêchers  et  surtout  d'abri- 
cotiers, ont  été  atteintes  dans  nos  jardins. 

«  En  somme,  il  y  a  eu  quelque  diminution  dans  les  emblavuresen  blés  d'hiver, 
et  depuis  Paris  jusqu'ici  on  peut  compter  presque  un  quart  en  moins  pour  ces 
assolements. 

«  Les  pommiers  et  poiriers  promettent  encore,  les  années  humides  ont  été  favo- 
rables à  leur  végétation.  2) 

Dans  la  note  qu'il  nous  adresse  de  Saverdun  (Ariège),  à  la  date  du 
20  mars,  M.  Léod'Ounous  insiste  sur  l'importance  des  irrigations  pour 
cette  région  : 

«  Les  fermes  qui  entourent  notre  établissement  ont  donné  de  bons  produits,  et 
celles  qui  sont  affermées  le  sont  à  de  bonnes  conditions.  La  vigne  taillée  et  cul- 
tivée par  mes  orphelins,  venus  des  départements  de  l'Hérault  et  du  Gard,  est 
jusqu'à  présent  à  l'abri  des  ravages  du  phylloxéra,  de  l'anthracnoseet  du  mildew. 

«  Voilà  plus  de  vingt-cinq  ans  ([uen^us  demandons  la  canalisation  de  laBasse- 
Ariège;  ce  que  l'on  a  fait  dans  la  Haute-Garonne  n'est  presque  rien  à  côté  de  ce 
qu'il  reste  à  faire,  et  pourtant  presque  tous  vos  correspondants  du  Midi,  et  vous- 
même,  ne  cessez  de  prouver  qu'une  batellerie  du  Rhône,  coûte  deux  ou  trois  fois 
plu-s  qu'elle  ne  rapporte. 


12  CHRONIQUE  AGRICOLE   (7  AVRIL   1883). 

«  Nous  avons  obtenu  cet  automne  de  magnifiques  produits  de  nos  gros  maïs 
blancs,  je  vous  en  envoie  quelques  épis.  Je  ne  saurais  trop  en  conseiller  la  culture 
à  partir  du  grand  bassin  de  la  Loire,  grâce  aux  qualités  spéciales  qu'il  donne;  aux 
produits  de  nos  basses-cours,  nos  deux  départements  de  la  Haute-Garonne  et  de 
l'Ariègc,  fournissent  aux  besoins  de 'i  à  5  départements  du  Midi,  jadis  si  riches, 
et  presque  ruinés  depuis  bien  des  années.  « 

Dans  la  note  suivante  qu'il  nous  adresse  d'Antibes  (Alpes-Mari- 
tinies),  notre  confrère  M.  Naudin  signale  des  désastreux  effets  du  froid 
dans  le  Roussillon  et  en  Provence. 

«  A  Port-Vendres  (Pyrénées-Orientales),  j'ai  trouvé  les  vignes  ruinées  par  le 
phylloxéra  et  complètement  gelées  par  le  froid  intense  survenu  inopinément  aux 
premiers  jours  de  mars.  Tout  le  vignoble  roussillonnais  est  ou  détruit  ou  très 
menacé;  c'est  une  désolation  universelle,  at  bien  des  vignerons    émigrent. 

(c  La  Provence  a  aussi  été  très  maltraitée  par  le  froid  et  la  neige.  Notre  jardin 
de  la  villa  Thuret  a  perdu  beaucoup  d'arbres,  totalement  mis  en  pièces  par  le  poids 
de  la  neige,  et  beaucoup  de  plantes  exotiques  par  la  gelée  quia  suivi.  De  mémoire 
de  Provençal,  on  n'avait  rien  vu  de  semblable  en  ce  pays.  » 

Pendant  les  derniers  jours  de  mars  et  depuis  le  commencement 
d'avril,  le  temps  est  i  edevenu  printanier.  La  végétation  arbustive  qui 
avait  été  retardée  a  pris  un  vigoureux  essor.  Les  travaux  s'achèvent 
avec  activité,  et  il  est  permis  d'espérer  que  la  plus  grande  partie  du 
retard  éprouvé  sera  réparée.  Quant  aux  emblavures  d'automne,  elles 
présentent  un  aspect  très  variable  suivant  lesrégions,  et  il  est  impossible 
encore  de  se  faire  une  opinion  quelconque  sur  le  résukat  que  peut 
donner  la  récolle.  J.-A.  Barral. 

LE  EOLE  DES  FORETS  EN  ALGERIE 

J'ai  passé  un  mois  dans  les  provinces  d'Alger  et  d'Oran,  et  j'ai 
trouvé  là,  chez  divers  particuliers,  chez  M,  Cordier  notamment, 
d'admirables  collections  d'Eucalyptus.  J'ai  vu,  en  outre,  nombre  de 
plantations  de  ces  arbres,  qui  y  réussissent  merveilleusement,  et  je 
suis  plus  convaincu  que  jamais  qu'ils  seront,  dans  un  prochain  avenir, 
une  précieuse  ressource  forestière  et  indusirielle  pour  notre  colonie 
qui  ferait,  je  n'hésite  pas  à  le  dire,  un  des  plus  beaux  et  des  plus  pro- 
ductifs pays  de  la  terre  si  elle  était  mieux  boisée. 

Le  sentiment  universel,  parmi  les  colons  raisonnables  et  soucieux 
de  l'avenir,  est  qu'un  des  premiers  efforts  du  gouvernement  doit  être 
de  protéger  ce  qui  y  reste  de  forêts  et  d'encourager  partons  les  moyens 
le  reboisement  d'une  immense  étendue  de  terres  actuellement  livrées  au 
pacage  des  troupeaux.  On  sait  assez,  aujourd'hui,  l'heureuse  influence 
des  forêts  sur  les  climats,  pour  qu'il  n'y  ait  pas  à  le  répéter.  Mieux 
couverte  d'arbres,  l'Algérie  serait  moins  exposée  à  ces  terribles  séche- 
resses qui,  irop  souvent,  ruinent  l'espoir  des  cultivateurs,  et  cela  lui 
vaudrait  mieux  que  la  fameuse  mer  Saharienne  dont  il  est  tant  question 
depuis  quelques  années. 

Avec  quoi  reboiser  ?  Avec  les  arbres  indigènes  (chênes  du  pays, 
châtaigniers,  lentisque  de  l'Atlas,  etc.)  sur  les  sols  en  pente;  avec  les 
Eucalyptus  dans  la  plaine.  Les  arbres  indigènes  croissent  lentement, 
mais  les  Eucalyptus  grandissent  avec  une  étonnante  rapidité,  et,  bien 
avant  les  premiers,  ils  fourniraient  à  l'Algérie,  outre  des  ombrages, 
tout  le  bois  dont  elle  pourrait  avoir  besoin. 

Ch.  Naudin, 

Msn  bre  de  l'institut  et  de  la  Sucieie  nationale  d'agricjlture. 


OBSERVATIONS  SUR  LE  LAIT  BLEU.  13 


OBSERVATIONS  SUR  LE  LAIT  BLEU.  —  ir 

Réaction  du  lail  de  vache.  —  Dans  la  première  partie  démon  travail, 
j'ai  expliqué  comment  j'avais  été  amené  à  considérer  la  réaction  très 
nettement  acide  du  lait  comme  un  symptôme  pathologique.  Il  est  vrai 
que,  au  moment  où  je  constatai  ce  fait  sur  le  lait  produit  par  les  vaches 
de  ma  ferme,  la  moisissure  bleue  faisait  en  même  temps  son  apparition 
sur  la  crème. 

En  consultant  les  meilleurs  ouvrages  classiques,  je  lisais  que  la 
réaction  du  lait  est  toujours  alcaline^  Seul  M.  Chevreul;,  dans  ses 
Leçons  de  chimie  {t.  II,  p.  257;  1830)  disait,  en  parlant  du  lait  :  «  Il 
rougit  sensiblement  le  tournesol.  »  Cependant  je  ne  restai  pas  con- 
vaincu, et  j'ai  poursuivi  l'étude  pendant  plusieurs  années,  non  seule- 
ment sur  mes  vaches,  mais  encore,  dans  mon  voisinage,  sur  30  ou  40 
bêtes. 

La  réaction  du  lait  était  constatée,  à  la  sortie  du  pis  de  la  vache,  sui 
le. papier  de  tournesol  bleu  et  surle  papier  rouge  très  sensible.  Dans  les 
conditions  les  plus  diverses,  j'ai  toujours  trouvé  les  mêmes  résultats. 
Le  papier  bleu  passait  très  nettement  au  rouge,  persistant  après  des- 
siccation; le  papier  rouge,  sensible,  prenait  une  teinte  d'un  bleu  pâle, 
qui  disparaissait  peu  à  peu  après  l'évaporation  du  liquide. 

j'étais  donc  disposé  à  déclarer  que,  dans  son  état  normal,  le  lait 
de  vache  présente  une  réaction  acide  très  nette.  Mais  il  y  avait  lieu  de 
tenir  compte  de  l'opinion  d'un  observateur  aussi  compétent  que  M.  le 
professeur  Duclaux;  il  a  traité  la  question  dans  un  mémoire  fort 
remarquable 5ur  le  lait^.  Voici  comment  il  s'exprime  : 

ce  Le  lait  n'est  ni  acide  ni  alcalin;  dans  son  état  naturel,  dès  la  sortie  du  pis  de 
la  vache,  il  bleuit  le  papier  rouge  et  rougit  le  papier  bleu  d'une  façon  très  sen- 
sible. C'est  là  une  réaction  sur  laquelle  on  a  beaucoup  écrit  dès  qu'on  l'a  eu  con- 
statée chez  le  lait  et  qui  ne  lui  est  pourtant  pas  spéciale,  attendu  qu'elle  est  com- 
mune à  un  grand  nombre  de  liquides,  neutres  par  saturation  réciproque  de  deux 
éléments  de  réactions  contraires .  >> 

Une  conclusion  pratique  se  déduit  des  faits  qui  précèdent  :  quand 
on  veut  examiner  la  réaction  du  lait,  il  est  indispensable  de  faire  un 
essai  simultané  sur  le  papier  bleu  de  tournesol  et  sur  le  papier  rouge 
sensible.  Il  ne  peut  être  question  ici  que  de  lait  naturel,  au  moment 
même  de  la  traite. 

On  sait,  en  effet,  que,  sous  prétexte  d'améliorer  et  de  conserver  le 
produit  alimentaire  destiné  aux  habitants  de  la  ville,  le  lait,  avant  son 
transport,  subit,  le  plus  ordinairement,  un  véritable  traitement  :  il 
reçoit  une  proportion  notable  de  bicarbonate  de  soude,  ou  même  un 
mélange  composé  de  borax  et  d'acide  borique. 

Dans  ces  conditions,  la  réaction  du  tournesol  ne  donnerait  aucune 
indication  utile. 

Analyse  microscopique.  —  La  pellicule  mycodermique,  mère  du  pig- 
ment, peut  être  enlevée  assez  facilement,  à  la  surface  de  la  crème,  au 
moyen  d'une  mince  spatule  de  platine  ;  il  faut,  autant  que  possible, 
choisir  les  taches  d'une  coloration  bleue,  luisante  et  sans  duvet  de 
moisissure  blanche.  Un  petit  fragment  de  la  pellicule,  placé  sous  l'objec- 

1.  Voir  le  Journal  du  31  mars,  tome  l"  de  1883,  page  493. 

2.  BoussiNGAULT,  Ëconomie  rurale,  t.  II,  p.  420;  1851.  —  Regnault,  Cours  de  chimie,  l.  IV, 
p.  522;  1860.  —  Wurtz,  Dictionnaire  de  chimie,  t.  JI,  p.  192. 

3.  Annales  de  l'Institut  national  agronomique,  n"  5;  année  1879-18S0. 


14  OBSERVATIONS  SUR  LE  LAIT  BLEU. 

lif^  entre  les  deux  lamelles  de  verre,  sans  autre  préparation,  se  pré- 
sente sous  forme  d'un  tissu  membraneux,  composé  de  matière  grasse 
et  de  bactéries  rondes,  globuleuses,  immobiles.  Les  plaques  un  peu 
épaisses  ont  un  reflet  bleuâtre. 

Quand  la  tache  bleue  est  d'origine  récente,  on  ne  trouve  avec  elle 
'dans  l'échantillon  examiné,  aucun  tube  mycélien  en  développement: 
mais  on  observe  presque  toujours,  dans  la  masse,  une  cristallisation 
en  feuillets  transparents,  striés  et  frangés,  se  réunissant  vers  un  centre 
commun.  Le  dessin  d'une  violette  aplatie  rend  assez  fidèlement  la 
figure  de  ce  groupement.  Cette  cristallisation,  toujours  la  même, 
signalée  très  fréquemment  dans  nos  notes,  est  sans  aucun  doute  pro- 
duite par  un  acide  gras. 

Ces  observations  et  les  suivantes  ont  été  faites  avec  un  microscope 
de  Nachet. 

Dans  certains  cas,  pour  éliminer  la  plus  grande  partie  de  la  ma- 
tière grasse,  j'ai  traité  par  l'eau  distillée  la  pellicule  mycodermique- 
qui  devait  être  examinée  au  microscope.  Les  fragments  de  la  pellicule, 
réunis  dans  une  petite  capsule,  étaient  délayés  avec  quelques  gouttes 
d'eau  distillée,  puis  on  décantait  l'émulsion  grasse;  les  parcelles  bleues 
du  tissu  se  réunissaient  au  fond  du  vase  et  se  laissaient  diviser  et 
laver,  tout  en  conservant  leur  coloration  bleue,  à  la  condition  cepen- 
dant de  ne  pas  trop  prolonder  le  lavage. 

Ainsi  préparé,  l'échantillon  se  montre  moins  empâté  ;  les  bactéries 
rondes  apparaissent  plus  nettes,  toujours  immobiles.  La  cristallisa- 
tion de  l'acide  gras  se  trouve  altérée,  on  ne  rencontre  que  feuillets 
épars,  mais  de  nombreux  microbes  s'agitent  ordinairement  dans  les 
parties  liquides. 

J'ai  dit  qu'une  moisissure  blanche  se  développait  sur  la  surface  de 
la  crème  en  même  temps  et  quelquefois  plus  rapidement  que  la 
pellicule  bleue.  Cette  inucorée.,  en  tubes  rameux  et  cloisonnés,  n'a  au- 
cun rapport  avec  le  pigment  bleu;  dans  ce  milieu  acide,  sa  végétation 
est  des  plus  actives;  en  quelques  jours,  elle  forme  un  treillis  serré; 
cependant  les  articles  rameux  se  terminent  presque  toujours  comme 
le  tube  fermé  de  nos  laboratoires,  et  jamais  je  n'ai  remarqué  que  la 
fructification  de  cette  mucorée,  tandis  que,  après  soixante  heures  de 
séjour  à  l'air,  la  crème,  ne  présentant  aucune  inoissure  bleue,  servait 
parfois  de  terrain  fertile  et  de  remarquables  végétations.  Les  tubes 
soyeux  du  Mucor  racemosus  pouvaient  atteindre  déjà  0"'.010  de  hau- 
teur ;  un  petit  renflement  noirâtre  terminait  la  tige  ;  cette  tête,  capsu- 
laire,  comme  celle  d'un  pavot,  s'écrasait  sous  les  lamelles  de  verre  et 
laissait  échapper  de  nombreuses  spores,  en  olives.  Sur  ce  même  par- 
terre, en  végétation,  j'ai  aussi  récolté  un  beau  'pénicillium^  resté  blanc, 
en  pleine  fructification. 

J'ai  fait  de  très  nombreuses  observations  microscopiques  sur  la 
pe-llicule  obtenue,  par  voie  d'ensemencement,  de  la  membrane  bleue, 
dans  le  lait  :  toujours  j'ai  retrouvé  le  même  enchevêtrement  de  bac- 
téries et  de  matière  grasse,  sans  tubes  mycéliens,  quand  la  tache 
bleue  analysée  était  récente  ou  se  conservait  luisante. 

Cependant  mes  observations  restaient  incomplètes,  en  ce  qui  con- 
cerne la  culture  et  l'isolement  du  microbe  qui  doit  sécréter  le  pigment 
bleu  du  lait  :  la  nature  même  de  cette  matière  colorante  m'est  encore 
inconnue.  Afin  de  me  tenir  prêt  pour  la  plus  prochaine  occasion,  je 


OBSERVATIONS  SUR  LE  LAIT  BLEU.  15 

me  mis  à  étudier  les  méthodes.  Notre  confrère,  M.  Van  Tieghem, 
accueillit  mes  communications  avec  une  complaisance  tout  aimable 
et  voulut  bien  me  faire  connaître  des  expériences  de  Schroeter  et  de 
Cohn  qui  pouvaient  jeter  quelque  lumière  sur  la  question. 

Schroeter,  en  1870,  observa  de  petites  cellules  elliptiques,  immobi- 
les, sur  des  tranches  de  pommes  de  terre  bouillies,  qu'elles  coloraient 
en  bleu  intense;  il  les  a  désignées  sous  le  nom  de  liacteridium  cya- 
neuin.  Le  pigment,  bleu  foncé,  soluble  dans  l'eau,  virait  au  rouge  par 
les  acides,  pour  repasser  au  bleu  par  les  alcalis. 

M.  Cohn,  en  187.2,  reproduisit  ce  pigment  bleu,  par  ensemencement 
dans  un  liquide  nourricier  approprié  ;  il  obtint  une  pellicule  myco- 
dermique,  composée  de  bactéries  rondes  :  cette  pellicule  jouait  le  rôle 
de  mère  d'un  pigment  bleu,  comparable  au  tournesol;  le  microbe  fut 
alors  désigné  par  M.  Cohn  sous  le  nom  de  Micrococcus  cyaneus.  Sa 
description  pouvait  s'appliquer  aux  bactéries  de  la  pellicule  mycoder- 
mique  qui  constitue  le  lait  bleu. 

Je  croyais-  aussi  trouver  d'utiles  rapprochements  à  faire  entre  le 
pigment  du  lait  bleu  et  la  matière  colorante  des  suppurations  bleues, 
la  pyocyanine,  découverte  par  Fordos  en  1851  et  isolée,  par  lui,  en 
cristaux  d'un  bleu  foncé  rappelant  l'indig'o^  La  pyocyanine  joue  le 
rôle  d'un  -ilcaloïde.;  elle  forme,  avec  les  acides,  des  composés  cristal- 
lins. La  réaction  caractéristique  de  la  pyocyanine  est  le  passage  du 
bleu  au  rouge  par  les  acides,  non  le  rouge  pelure  d'oignon  du  tourne- 
sol, mais  un  rouge  carmin,  rouge  cerise.  (Jn  alcali  ramène  la  couleur 
primitive. 

En  1882,  M.  Carie  Gessard  reprenait  avec  grand  succès  l'étude  des 
pansements  bleus  et  de  la  pyocyanine^  ;  il  se  mettait  à  rechercher,  par 
la  méthode  des  cultures  de  M.  Pasteur,  le  microbe  qui  secrète  la  pyo- 
cyanine. Après  un  grand  nombe,  d'ensemencements  successifs,  M.  Ges- 
sard paraît  avoir  isolé  un  organisme  qui  se  montre  constant  dans  sa 
forme  et  dans  sa  réaction  physiologique  :  la  production  de  pigment 
pour  les  différents  liquides  de  cultures.  Cet  organisme  se  développe 
dans  1  urine  neutralisée,  la  décoction  de  carottes,  la  salive,  la  sueur, 
les  liquides  albumineux. 

Cependant,  M.  Gessard  déclare  n  avoir  pas  réiisai  à  cultiver  le  microbe 
de  la  pyocianine  dans  le  lait  qui^  suivant  lui,  serait  coloré  en  bleu  par 
un  autre  organisme''. 

Pour  appuyer  encore  cette  conclusion,  d'ailleurs  très  précise,  je 
citerai  quelques  lignes  d'une  note  de  Braconnot,  qui  avait  eu  l'occasion 
d'examiner  le  lait  bleu\  Il  reconnut  de  suite  que  la  coloration  bleue 
n'était  pas  due  à  l'indigo,  ainsi  que  le  pensait  Klaproth.  Ensuite  Bra- 
connot ajoutait  :  «  Si'l'on  compare  cette  matière  colorante  bleue  avec 
toutes  celles  qui  ont  été  reconnues  jusqu'à  présent  dans  le  règne 
végétal,  on  n'en  voit  aucune  qui  lui  ressemble  par  ses  propriétés, 
puisque  généralement  elles  rougissent  par  les  acides  et  verdissent  avec 
les  alcalis,  tandis  que  la  matière  colorante  bleue  du  lait  n''est  point 
affectée  par  les  acides  et  prend  un  beau  rouge  sous  f  influence  des  alcalis.  » 
Cetie  remarque  si  intéressante,  due  à  un  expérimentateur  habile, 
vint  trop  tard  à  ma  connaissance  :  je  n'ai  pu  moi-même  constater  la 
réaction  si  inattendue  produite,  par  les  alcalis,  sur  le  pigment  bleu 

1.  Comptes  rendus  X.  Ll,  p.  2l.b,  et  t.  LVI,p.  1128. 

2.  Comptes  rendus,  t.  XCIV,  p.  536. 

3.  Thèse  sur  la  pyoqianine,  p.  .53;  18H2. 

4.  Journal  de  Chimie  médicale,  t.  II,  2'^  série,  p.  625. 


16  OBSERVATIONS  SUR  LE  LAIT  BLEU. 

du  lait.  Mais  je  puis  affirmer,  de  mon  côlé,  que  les  acides  développés 
dans  le  lait  restent  sans  réaction  sur  la  matière  colorante  bleue.  Tandis 
que  la  crème  conserve  sa  couleur  jaune  normale,  au-dessous  de  la 
pellicule  bleue,  le  sérum  et  le  caséum  sont  le  plus  souvent  fortement 
colorés  en  bleu,  si  les  taches  se  présentent  nombreuses. 

Ces  réactions  sont  absolument  contraires  k-  celles  qui  carac- 
térisent la  pyocyanine  et  le  pigment  bleu  décrit  par  MM.  Schroeter  et 
Colin. 

La  proportion  des  acides  libres  contenus  dans  le  sérum  a  été  déter- 
minée par  la  méthode  alcalimétrique.  En  moyenne,  d'après  mes  ana- 
lyses, cette  proportion  d'acide,  représentée  par  A,  serait  équiva- 
lente à  1*^'.620  acide  sulfurique  monohydraté,  pour  1  litre  de  sérum. 

Quelques  auteurs  ont  signalé  la  coloration  bleue  du  lait  des  brebis 
yAnnales  de  Chimie  et  de  Physique,  t.  III,  1830,  p.  269)  :  c'est  un  fait 
que  je  n'ai  pas  eu  l'occasion  de  constater  ;  mais  j'ai  pu  étudier  cette 
moisissure  sur  le  lait  d'une  chèvre.  Voici  dans  quelles  circonstances  : 
le  15  septembre  1877,  au  moment  où  l'état  normal  se  rétablissait  dans 
mon  étable,  j'appris  qu'une  chèvre,  en  bon  état  de  santé,  fournissait 
depuis  quelques  jours  du  lait  bleu.  Cette  chèvre  se  trouvait  assez  loin 
de  mon  habitation,  dans  la  vallée;  elle  n'avait  aucune  communication 
avec  les  animaux  de  ma  ferme.  On  m'apporta  une.  jatte  de  lait,  dont 
la  crème  présentait  deux  taches  bleues  de  belles  dimensions,  mais 
circonscrites  et  ne  tendant  pas  à  se  développer.  L'analyse  par  le 
microscope  donnait  les  mêmes  résultats  que  pour  la  pellicule  bleue  du 
lait  des  vaches;  les  tubes  mycéliens  apparaissaient  déjà  très  nombreux, 
attendu  que  la  crème  datait  de  plusieurs  jours.  La  cristallisation  de 
l'acide  gras  se  produisait  avec  sa  forme  habituelle. 

On  voit  que  le  microbe,  au  pigment  bleu,  se  développe  facilement 
sur  le  lait,  sans  distinction  des  espèces.  Ajoutons,  comme  dernière 
observation  générale,  que  ce  développement  est  d'autant  plus -intense 
et  rapide  que  la  température  est  plus  élevée  :  vingt-quatre  heures  suf- 
fisent, dans  l'atmosphère  d'une  cuisine  ;  mais  soixante  heures 
deviennent  nécessaires  dans  une  cave  froide,  pour  obtenir  les  mêmes 
effets  sur  le  lait  contaminé. 

Dans  un  très  bon  livre  sur  V Agriculture  du  pays  de  Caux , 
M.  Eugène  Marchand  devait  parler  du  lait  bleu.  Suivant  lui,  cette  alté- 
ration, assez  fréquente  dans  la  contrée  qu'il  habite,  serait  due  à  l'une 
des  trois  causes  suivantes  :  malpropreté  de  la  laiterie  et  des  vases; 
nourriture  trop  substantielle;  pauvreté,  en  principes  calcaires,  du  sol 
sur  lequel  les  vaches  sont  entretenues  au  pâturage,  M.  Marchand 
considère  cette  dernière  cause  comme  très  active  :  pour  y  porter  remède, 
il  conseille  d'administrer  aux  vaches,  pendant  une  huitaine  de  jours, 
50^''  environ  de  carbonate  de  chaux  par  jour. 

Je  n'ai  pas  essayé  ce  traitement,  mais  je  rappellerai  seulement  qu'une 
médication  alcaline  avait  fort  mal  réussi  à  mes  vaches.  C'est  alors  que 
j'ai  cherché  les  moyens  de  guérir  directement  le  lait. 

Sur  les  plateaux  du  pays  de  Caux,  les  vaches  sont  plus  souvent 
mises  au  pâturage  dans  les  herbages  ou  masures  qui  entourent  les 
fermes  :  à  mon  avis,  la  fumure  de  ces  herbages  est  trop  fréquente,  trop 
animalisée. 

L'eau  des  mares  qui  sert  à  abreuver  les  bestiaux  est  très  ammonia- 
cale et  très  chargée  d'organismes,  surtout  pendant  la  saison  chaude  : 


OBSERVATIONS  SUR  LE  r. AIT  BLEU.  17 

on  comprend  facilement  que  le  lait  sécrété  dans  de  pareilles  conditions 
de  nourriture  devienne  un  milieu  très  favorable  au  développement  des 
microbes. 

Ainsi  que  je  l'ai  indiqué  précédemment,  quelques  dix-millièmes 
d'acide  acétique,  ajoutés  au  lait  destiné  à  la  fabrication  du  beurre, 
suffisent  pour  modifier  heureusement  cette  disposition  pathologique. 

A  l'appui  de  mon  observation,  sur  l'influence  de  l'eau  des  mares, 
je  communiquerai  cette  remarque  :  la  maladie  du  lait  bleu  est  rarement 
signalée  dans  les  vallées  et  les  herbages  qui  se  trouvent  traversés  par 
un  bon  cours  d'eau.  J.  Reiset, 

Membre  de  la  Société  nationale  d'agricultur 
Correspondant  de  l'Académie  des  sciences. 

SUR  Li  RAGE  BOVINE  AUVERGNATE 

A  propos  de  l'intéressant  rapport  de  M.  AujoUet  sur  les  bêtes  bovines 
des  montagnes  du  Cantal,  inséré  dans  l'un  des  derniers  numéros  du 
Journal^  je  crois  utile  de  présenter  quelques  observations. 

Il  y  a  lieud'abord  de  remarquer  que  la  race  à  laquelle  appartiennent 
ces  bêtes  nest  à  aucun  titre  bien  désignée  sous  le  nom  de  race  de 
Salers.  Elle  peuple  l'Auvergne  tout  entière,  à  l'exception  du  seul  arron- 
dissement de  Saint-Flour.  Si  Tarrondissement  de  Mauriac,  et  en  par- 
ticulier les  environs  de  la  charmante  petite  ville  de  Salers,  présentent 
eu  général  les  meilleurs  sujets,  ce  n'est  pas  une  raison  suffisante,  en 
vérité,  pour  donner  à  leur  race  un  nom  si  restrictif.  Les  rédacteurs  des 
catalogues  ou  des  programmes  des  premiers  concours  ont  donc  eu 
évidemment  tort  de  l'adopter,  au  lieu  de  celui  de  race  auvergnate  qui, 
pour  tout  le  monde,  la  désignait  auparavant  et  avait  l'avantage  de 
donner  une  égale  satisfaction  à  tous  les  éleveurs  du  Cantal.  En  fait,  le 
•  bétail  rouge  qui  se  produit  sur  les  pâturages  d'Auvergne,  n'est  pas 
autre  chose  que  Tune  des  variétés  (la  meilleure  sans  contredit)  de  la 
race  auvergnate,  dont  les  caractères  spécifiques  sont  bien  déterminés. 
C'est  la  variété  du  Cantal  de  cette  race. 

Cette  question  de  nomenclature  vidée,  avec  peu  de  chances,  je  le 
reconnais,  de  rien  changer  à  l'usage  officiel  malheureusement  établi, 
arrivons  aux  observations  plus  immédiatement  pratiques. 

Ce  qui  s'oppose  le  plus  à  l'amélioration  générale  et  plus  prompte 
qu'on  ne  la  croit  possible  de  cette  variété  remarquable  à  bien  des 
égards,  ne  concerne  point  surtout  sa  reproduction.  11  est  reçu  que  ce 
qu'on-  appelle  sélection  est  une  méthode  lente  dans  ses  effets.  L'his- 
toire des  perfectionnements  du  bétail  est  remplie  de  faits  qui  prouvent 
le  contraire;  mais  n'importe,  les  préjugés  ne  sont  nulle  part  faciles  à 
déraciner.  Ce  n'est  pas  de  cela  qu'il  s'agit  ici.  L'obstacle  au  progrès, 
dans  la  production  des  sujets  améliorés,  se  trouve  simplement  dans 
l'erreur  économique  consistant  à  croire  qu'il  y  a  profit  à  envisager 
avant  tout  le  bétail  du  Cantal  comme  producteur  de  fromages,  et  à 
l'exploiter  de  préférence  en  vue  de  la  laiterie. 

Il  suit  de  là  que  l'allaitement  des  veaux  est  sacrifié  pour  obtenir  une 
plus  forte  quantité  de  fromage.  M.  AujoUet  évalue  à  un  sixième  de  la 
quantité  du  lait  produit  par  la  vache  ce  qui  est  employé  pour  la  nour- 
riture du  veau.  Ceux  qui  ne  sont  pas  au  courant  de  ce  qui  se  passe 
pourraient  croire  que  celui-ci  consomme,  durant  la  période  normale, 
400  litres  de  lait,   par  exemple,   lorsque  sa  mère  est  capable  d'en 


18  SUR  LA  RACE  BOVINE  AUVERGNATE. 

fournir  2,400  d'un  vêlage  à  Tautre.  Il  n'en  est  pas  ainsi.  On  sait 
d'abord  que  chaque  veau  est  allaité  (je  ne  dis  pas  nourri)  par  deux 
vaches.  Remarquons  aussi  que  les  vaches  auvergnates,  qui  donnent 
cette  quantité  de  lait  ne  sont  pas  communes. 

Une  vacherie  de  40  vaches  donne,  durant  la  première  période,  qui 
est  celle  de  l'allaitement,  400  litres  de  lait  par  jour,  à  raison  de 
10  litres  par  vache.  Les  cinq  sixièmes  de  ces  400  litres  étant  prélevés 
pour  la  fabrication  du  fromage,  il  n'en  reste  plus  que  66  pour  les 
20  veaux,  c'est-à-dire  un  peu  plus  de  3  litres  par  veau.  Quelle  que 
soit  la  durée  de  l'allaitement,  il  n"est  pas  difficile  de  se  représenter  ce 
que  peut  être  l'accroissement  d'un  veau  qui  ne  consomme  que  3  litres 
de  lait  par  jour  durant  les  3  ou  4  premiers  mois  de  sa  vie,  quelque 
supplément  que  puisse  lui  fournir  le  pâturage,  à  cette  période  de  son 
existence.  Aussi,  quiconque  a  visité  les  burons  d'Auvergne  n'a  pu 
manquer  d'être  frappé,  comme  nous,  de  l'état  misérable  dans  lequel 
se  trouvent,  vers  le  milieu  de  l'été,  les  malheureux  animaux  dont  il 
s'agit.  Maigres,  efflanqués,  le  plus  souvent  la  peau  couverte  de  para- 
sites, ils  font  pitié  à  voir. 

Le  contraste  est  fort  instructif  lo^rsque,  parmi  eux,  il  y  en  a  un  ou 
plusieurs  qui,  étant  élevés  en  vue  de  quelque  concours,  ont  été  allaités 
à  satiété.  A  distance  ils  se  distinguent  tout  de  suite  par  la  nuance 
vive  de  leur  poil,  par  le  développement  de  leur  corps,  par  la  correc- 
tion de  leurs  formes. 

Un  simple  calcul  montre  jusqu'à  quel  point  la  déplorable  coutume 
admise  dans  les  vacheries  d'Auvergne  est  contraire  au  véritable  intérêt 
des  exploitants. 

En  prenant  pour  base  la  valeur  qui,  d'après  M.  Aujollet,  est  donnée 
au  lait  par  sa  transformation  en  fromage,  et  qui  paraîtra  peut-être  un 
peu  exagérée  à  0  fr.  135,  on  arrive  à  établir  qu'un  allaitement  double- 
en  intensité  de  celui  qu'il  reçoit  augmenterait  d'une  valeur  de  54  francs 
les  frais  de  production  du  veau.  Il  consommerait  ainsi,  en  effet,  durant 
son  allaitement,  800  litres  de  lait,  au  lieu  de  400.  Or,  400  XO.135 
=  54. 

Quiconque  a  suivi,  sur  les  foires  où  ils  se  vendent,  au  commen- 
cement de  l'automne,  les  prix  courants  des  bourrets  d'Auvergne,  sait 
fort  bien  que  l'écart  entre  le  maximum  et  le  minimum  de  ces  prix 
dépasse  le  plus  souvent  celte  valeur.  On  sait  aussi  que  la  tendance  à 
la  hausse  est  considérablement  plus  accentuée  du  côté  du  jeune  bétail 
que  du  côté  des  fromages.  On  peut  douter,  en  outre,  étant  donnée  la 
qualité  du  lait  d'Auvergne  et  les  mœurs  de  la  population  auvergnate, 
qu'il  y  ait  quelque  espoir  fondé  de  meilleur  rendement  en  substituant 
l'industrie  beurrière  à  l'industrie  fromagère.  Ce  qui  n'est  pas  douteux, 
parce  que  l'expérience  l'a  déjà  démontré  bien  des  fois,  c'est  que  des 
veaux  de  la  race  auvergnate  qui  consommeraient,  durant  les  100  pre- 
miers jours  de  leur  existence,  une  moyenne  de  huit  litres  de  lait  par 
jour,  arriveraient,  au  moment  de  la  vente,  à  une  valeur  supérieure, 
dans  la  plupart  des  cas,  à  150  francs  par  tête,  qui  payerait  ainsi  cer- 
tainement le  lait  consommé  à  raison  de  plus  de  0  fr.  135  le  litre. 

Laissant  de  côté  la  question  de  l'amélioration  de  la  variété,  sous  le 
rapport  de  ses  formes  et  de  ses  aptitudes,  question  qui  va  de  soi,  on 
voit  clairement  que  les  éleveurs  auraient  un  intérêt  évident  à  ne  pas 
diriger,  d'une  manière  si  exclusive,  leur  attention  vers  l'industrie  fro- 


SUR  LA  RACE  BOVINE  AUVERGNATE.  19 

magère  ou  beurrière,  et  à  considérer  au  contraire  la  production  du 
jeune  bétail  comme  l'objet  principal  de  leur  exploitation. 

Les  débouchés  ouverts  à  ce  jeune  bétail  auvergnat  vont  sans  cesse 
grandissant.  Sur  la  manière  dont  il  est  traité  dans  les  départements 
de  la  Charente  de  la  Charente-Inférieure^  des  Deux-Sèvres  et  de  la 
Vienne,  où  il  est  de  plus  en  plus  estimé  et  recherché,  M.  Aujollet  ne 
me  paraît  pas  suffisamment  bien  renseigné.  Il  adresse  en  passant  aux 
cultivateurs  de  ces  départements  des  reproches  qu'ils  ne  méritent 
point.  Les  qualités  incontestables  que  les  juges  impartiaux  recon- 
naissent aux  bœufs  auvergnats,  comme  travailleurs  et  comme  produc- 
teurs de  viande^  sont  dues  à  leurs  soins,  pour  la  plus  grande  partie. 

Les  défauts,  sans  exception,  sont  l'œuvre  des  éleveurs  auvergnats. 
On  ne  trouverait  plus,  à  l'heure  présente,  un  seul  de  ces  bœufs  qui, 
dans  l'ouest,  ne  fût  point  pourvu  de  sa  dentition  permanente  complète 
avant  sa  quatrième  année  révolue.  Leur  précocité  est  conséquemment 
constante,  non  pas  dans  ie  sens  qui  est  accordé  au  terme  par  ceux  qui 
prennent  le  durham  pour  le  type  absolu  de  la  précocité,  mais  bien 
dans  le  sens  vrai. 

C'est  qu'une  fois  entre  les  mains  des  petits  cultivateurs,  proprié- 
taires ou  métayers  de  l'ouest  qui  les  exploitent,  les  jeunes  animaux  venus 
d'Auvergne  sont  nourris  et  traités  avec  une  sollicitude  complète, 
dont  on  peut  prendre  une  idée  en  constatant  ce  que  nous  avons  vu  se 
produire  sous  nos  yeux,  qu'ayant  été  achetés  à  leur  arrivée  250  fr. 
la  paire,  par  exemple,  ils  se  vendent  l'automme  suivant,  c'est-à-dire 
une  année  après,  500  fr.  Ils  ont  ainsi  doublé  de  valeur. 

Notre  auteur  croit  quils  sont  trop  tôt  soumis  au  travail.  Je  me  per- 
mettrai de  lui  faire  observer  qu'il  se  trompe.  Son  opinion  à  cet  égard 
n'est  sans  doute  pas  fondée  sur  la  connaissance  exacte  de  ce  qui  se 
passe  dans  la  région  où  se  développent  les  jeunes  bœufs  auvergnats. 
Les  efforts  qu'on  exige  d'eux,  au  moment  de  leur  dressage,  vers  l'âge 
de  dix-huit  mois,  et  durant  les  deux  à  trois  années  suivantes,  restent 
toujours  de  beaucoup  en  dessous  de  ceux  qu'ils  pourraient  déployer 
sans  inconvénient.  La  raison  principale  en  est  que  les  exploitants  n'ont 
besoin  que  d'une  faible  traction,  et  qu'ils  se  préoccupent  avant  tout 
de  bénéficier  de  leur  plus-value.  La  règle  est  qu'ils  changent  de  mains 
chaque  année,  passant  de  celles  d'un  plus  petit  dans  celles  d'un  moins 
petit  cultivateur.  Tous  les  nourrissent  au  maximum  et  les  font  tra- 
vailler le  moins  possible.  L'excès  ou  la  trop  grande  hâtivité  du  travail 
ne  peuvent  donc  point  entrer  en  ligne  de  compte.  Les  bœufs  auver- 
gnats créent,  entre  les  mains  des  agriculteurs  poitevins  ou  sainton- 
geois,  sans  compter  les  services  qu'ils  rendent  pour  la  traction,  une 
valeur  qui  n'est  pas  moindre,  en  moyenne,  de  1200  fr.  par  paire, 
soit  600  fr.  par  tête.  Cette  valeur  s'obtient  en  Irois  années  environ,  ce 
qui  fait  200  fr.  par  année.  J'attends  qu'on  me  montre  en  France,  par 
une  comptabilité  exacte  et  non  point  par  de  pures  affirmations  de  rai- 
sonnement théorique,  une  exploitation  de  bœufs  de  durham  qui  donne 
de  tels  résultats. 

C'est  en  me  fondant  sur  ces  résultats,  suivis  et  constates  par  moi 
depuis  ma  jeunesse,  que  je  me  suis  efforcé  depuis  si  longtemps  de 
mettre  en  évidence  Terreur  de  la  doctrine  anglaise  de  la  spécialisation, 
pour  lui  substituer  la  doctrine  de  la  fonction  prédominante,  appelée 
fonction  créatrice  de  capital.   Dans  la  région  de  la  France  dont  il 


20  SUR  LA  RACE  BOVINE  AUVERGNATE. 

s'agit,  les  cultivateurs  se  conforment  inconsciemment  à  cette  dernière 
doctrine  de  temps  pour  ainsi  dire  immémorial,  avec  la  race  dont  nous 
nous  occupons,  avec  la  variété  poitevine  de  la  race  vendéenne,  et 
avec  la  variété  limousine  de  la  race  d'Aquitaine.  On  les  considérera 
sans  doute  comme  moins  avancés  que  leurs  voisins  du  nord,  qui 
exploitent  des  bœufs  d'origine  anglaise;  mais  ce  qui  est  bien  certain 
et  ce  que  nous  avons  vérifié  en  faisant  les  comptes  respectifs,  c'est 
qu'ils  gagnent  plus  d'argent  qu'eux  avec  leur  bétail.  En  industrie,  je 
ne  pense  pas  que  le  progrès  puisse  s'affirmer  autrement.  Il  ne  se 
constate  point  par  des  phrases  seulement. 

En  définitive,  il  faut  conclure  que  l'amélioration  réelle  du  bétail 
auvergnat,  nommément  de  la  variété  du  Cantal  de  la  race  auvergnate, 
dépend  principalement,  sinon  uniquement,  des  éleveurs  des  monta- 
gnes qui,  pour  la  réaliser,  n'ont  qu'à  se  préoccuper  moins  de  fabri- 
quer beaucoup  de  fromages  et  davantage  d'assurer  à  leurs  veaux  un 
allaitement  suffisant.  Il  n'est  pas  indifïérent,  certes,  de  soigner  la 
sélection  des  reproducteurs  ;  mais  là  n'est  point,  en  Auvergne,  la 
nécessité  pratique  la  plus  urgente.  Les  plus  beaux  reproducteurs, 
comme  ceux  qu'on  voit  chez  les  éleveurs  auxquels  la  Société  au  nom 
de  laquelle  M.  Aujollet  a  rédigé  son  excellent  rapport,  et  dont  la  plu- 
part nous  sont  connus,  resteront  sans  efficacité  pour  l'amélioration 
des  produits  aussi  longtemps  que  ceux-ci  seront  allaités  avec  la  par- 
cimonie qu'un  faux  calcul  a  fait  adopter  généralement. 

Les  idées  qui  viennent  d'être  indiquées  sommairement  ne  sont  pas 
nouveMes.  Elles  sont  exposées  en  détail  dans  le  Traité  de  zootechnie^ 
et  j'y  reviens  dans  mon  enseignement  chaque  fois  que  j'ai  à  décrire  la 
race  bovine  auvergnate.  Il  m'a  semblé  néamoins,  en  lisant  le  rapport 
dans  lequel  M.  Aujollet  a  bien  voulu  me  faire  l'honneur  d'invoquer 
mon  témoignage  en  faveur  des  bœufs  auvergnats,  comme  producteurs 
de  viande,  qu'il  ne  serait  pas  inutile  de  les  rappeler.  Je  souhaite 
qu'elles  attirent  l'attention  des  lecteurs  qui,  par  situation,  s'intéressent 
particulièrement  à  l'amélioration  de  la  population  bovine  du  Cantal, 
et  qu'elles  aient  pour  effet  de  diriger  leur  propagande  dans  le  sens  qui, 
seul,  à  mon  avis,  peut  être  véritablement  efficace,  à  cause  à  la  fois 
de  son  exactitude  et  de  sa  précision.  A.  Satnson, 

Professeur  de  zoologie  et  zootechnie  a  l'Ecole  nationale  de  Gri- 
gnon  et  à  l'Institut  national  agronomique. 

L'ASPHODÈLE,   CULTURE  ET  PRODUITS^ 

L'asphodèle  est  un  genre  de  plante  de  la  famille  des  Liliacées,  dont 
on  a  voulu  faire  une  famille  spéciale  sous  le  nom  d'Aspliodélées.  Ce 
sont  des  herbes  vivaces  originaires  du  midi  de  l'Europe,  et  qu'on  ren- 
contre aussi  fréquemment  en  Algérie.  Leurs  racines  sont  fibreuses, 
fasciculées,  quelquefois  tubéreuses.  Les  tiges  sont  simples;  elles  por- 
tent des  feuilles  alternes,  linéaires  ou  triquêtres,  ensiformes,  subulées, 
rectinerves;  elles  se  terminent  par  des  fleurs  hermaphrodites,  dis- 
posées en  grappes  simples  ou  ramifiées.  Le  fruit  est  une  capsule  à  trois 
loges  renfermant  un  petit  nombre  de  graines  anguleuses.  On  en 
connaît  environ  20  espèces,  parmi  lesquelles  il  faut  citer  : 

1°  L'asphodèle  rameux  {Asphodelus  ramosus),  appelé  aussi  asphodèle 
mâle,  asphodèle  blanc,  lusson,  nunon,  nunu,  bâton  royal.  Son  port, 

1.  Extrait  da  Diriiormaire  de  Variri culture,  actiielletnent  sons  prosse  à  la  libr;iirie  HacliPtle  ol  Cii>. 


L'ASPHODÈLE,   CULTURE   ET  PRODUITS.  21 

assez  remarquable,  et  ses  jolies  fleurs,  rendent  cette  plante  propre  à 
rornementation  des  pelouses,  des  plates-bandes  et  des  perspectives. 
Les  feuilles  lancéolées,  étalées,  d'un  vert  sombre,  ont  près  de  0'".65 
de  longueur.  Les  tiges,  droites,  nues,  glabres,  peu  rameuses,  s'élèvent 
d'environ  1  mètre,  portant  en  mai  plusieurs  épis  de  fleurs  nom- 
breuses, blanches,  ouvertes  en  étoile,  dont  les  divisions  sont  marquées 
de  lignes  roussâtres.  Le  fruit  est  globuleux,  vert,  luisant  et  de  la 
grosseur  d'une  cerise.  Les  racines,  tuberculeuses  (fig.  1),  sont  gorgées 
d'une  substance  amyloïde  analogue  à  l'inuline,  qui  est  assez  abon- 
dante, de  telle  sorte  qu'on  a  proposé  de  cultiver  cette  plante  pour  la 
production  de  l'alcool.  D'après  une  expérience  faite  en  Algérie,  le 
poids  moyen  d'un  pied  serait  de  3^.5;  par  le  râpage  et  la  pression  des 
tubercules  frais;  on  obtiendrait  86  peur  100  de  jus  et  14  pour  100  de 
pulpe.  Le  jus  fermenterait  facilement,  et,  par  la  distillation,  fournirait 


Fig.  1.  —  Racines  de  l'asphodèle  tubéreux. 

une  quantité  d'alcool  à  100  degrés  correspondante  à  4  litres  68  par 
100  kilog.  de  tubercules.  L'auteur  de  l'expérience  ne  dit  pas  s'il  a  dû 
transformer  en  sucre  la  substance  amyloïde  par  une  action  chimique 
préalable.  Dans  tous  les  cas,  les  résultats  ne  sont  plus  les  mêmes 
quand  on  examine  les  racines  qui  ont  vieilli;  elles  donnent  alors,  si 
on  les  pulvérise,  une  farine  que  l'on  utilise  pour  une  faire  une  sorte 
de  pain,  et  qui  peut  aussi  servir  à  faire  une  colle  presque  aussi  bonne, 
dit-on,  que  celle  faite  avec  de  la  farine  de  céréales.  Les  racines  fraî- 
ches contiennent  un  principe  acre  qui  disparaît  par  la  dessiccation  ;  les; 
anciens  s'en  servaient  en  tisanes  contre  la  toux,  contre  les  convul- 
sions, et  comme  diurétiques  et  euiménagogues.  Tous  les  terrains 
sains,  mais  surtout  les  terrains  calcaires,  lui  conviennent.  On  sème 
d'avril  en  juin  en  pots;  on  repique  le  plant  en  pots,  et  on  le  met  en 
place  au  printemps.  Mais  par  ce  système,  il  faut  plusieurs  années 
pour  que  les  plantes  soient  en  état  de  fleurir;  aussi  en  fait-on  le  plu^ 
souvent  la  multiplication  par  œilletons  munis  de  racines  que  l'on 
sépare  au  printemps  de  vieilles  souches  et  que  l'on  plante  avec  un 
écartement  de  0"\50. 


22  L'ASPHODÈLE,  CULTURE  ET  PRODUITS. 

2°  L'asphodèle  jaune  (Affphodelus  /w^ews),  appelé  aussi  bâton  de  Jacob 
et  asphodéline,  est  une  très  belle  plante  pour  la  décoration  desjardins. 
La  tige  en  est  très  feuillée.  s'élève  environ  à  I  mètre.  «  Les  feuilles, 
réfléchies  au  sommet,  disent  MM.  Vilmorin-Andrieux,  sont  jonci- 
formes,  trigones,  sillonnées,  dilatées  à  la  base  en  une  membrane 
mince  qui  embrasse  la  tige,  les  radicales  réunies  en  touffe.  Les  fleurs, 
jaunes,  géminées  à  l'aisselle  de  bractées  fauves,  plus  longues  que  les 
pédicelles,  forment  un  épi  assez  serré,  long  de  G''\20  àC".40;  elles 
paraissent  en  mai-juin.  Cette  plante  vient  à  peu  près  sans  soin  dans 
presque  toutes  les  natures  de  sol  ;  ses  toufi'es,  qui  ne  font  qu'augmenter 
en  beauté  à  mesure  qu'elles  vieillissent,  peuvent  rester  plusieurs  années 
à  la  même  place  sans  avoir  besoin  d'être  renouvelées.  »  On  la  cultive 
comme  la  précédente.  L'horticulture  a  obtenu  une  variété  à  fleurs 
pleines,  qui  est  jolie  et  a  d'ailleurs  les  mêmes  propriétés  que  l'espèce 
d'où  elle  dérive  ;  mais  elle  ne  donne  pas  de  graines  et  ne  peut  se  repro- 
duire que  par  la  division  des  souches.  —  Les  traditions  populaires 
ont,  dès  l'antiquité,  regardé  l'asphodèle  comme  une  plante  dont  on 
devait  entourer  les  tombeaux,  les  mânes  des  morts  devant  «e  nourrir 
de  ses  racines.  J.-A.    Barual, 

EMPLOI  DU  SIILFOCARBONATE  CONTRE  LE  PHYLLOXERA 

La  puissance  du  sulfocarbonate  de  potassium  pour  combattre  le 
phylloxéra  ressort  de  plus  en  plus  avec  le  temps.  Ses  qualités,  à  tous 
égards,  deviennent  déplus  en  plus  évidentes,  et  au  lieu  d'être,  comme 
on  l'a  légèrement  avancé,  une  cause  de  stérilisation  du  sol,  c'est,  au 
contraire,  une  substance  d'une  très  grande  fertilité  et  d'une  extrême 
puissance  sur  la  végétation,  qui  peut  non  seulement  combattre  effica- 
cement la  maladie  à  tous  ses  degrés  et  ramener  les  vignes  les  plus 
épuisées  à  la  prospérité  et  les  y  maintenir  ensuite,  mais  qui  exerce 
encore  une  action  fort  remarquable  sur  la  fructification  de  la  vigne 
qui  est  plus  abondante,  moins  exposée  à  la  coulure  et  donne  finale- 
ment des  raisins  plus  gros  et  mieux  nourris. 

Ces  faits,  qui  sont  le  fruit  de  près  de  dix  années  d'observations  de 
notre  part,  doivent  être  considérés  comme  assez  bien  établis  pour 
([ue  l'on  prenne  de  plus  en  plus  confiances  dans  ce  remède  dont  la 
découverte  ne  peut  être  considérée  autrement  que  comm.e  un  trait  de 
génie  de  la  part  de  son  promoteur,  M,  J.-B.  Dumas,  tant  il  possède 
les  qualités  voulues  pour  ce  à  quoi  il  est  destiné.,  lesquelles  qualités 
lui  assurent  de  beaucoup  le  premier  rang  parmi  tous  les  remèdes 
proposés  pour  combattre  la  terrible  maladie  de  la  vigne. 

C'est  aussi  ce  que  comprennent  tous  les  viticulteurs  du  Médoc  qui 
en  ont  aujourd'hui  adopté  définitivement  l'emploi,  pour  ainsi  dire 
à  l'exclusion  de  tous  autres,  et  ce  que  commencent  à  faire  également 
les  viticulteurs  du  Midi  auxquels  il  convient  encore  mieux  par  la 
nature  du  climat,  les  conséquences  de  son  emploi  et  les  hauts  revenus 
de  la  vigne  dans  cette  région. 

Néanmoins,  en  présence  de  la  puissante  action  du  phylloxéra  sur 
la  vigne,  la  culture  de  celle-ci  devra  être  désormais  intensive,  c'est- 
à-dire  à  gros  revenus,  afin  de  pouvoir  supporter  des  frais  de  traite- 
ment et  de  culture  de  toutes  sortes,  et  être  faite  dans  les  sols  les  plus 
fertiles  et  les  plus  aptes  à  la  défense,  tels  que  sol  frais  profond,  et 


EMPLOI  DU  SULFOCARBONATE  CONTRE  LE  PHYLLOXER  A.  23 

autant  que  possible  de  nature  siliceuse.  Les  traitements  au  sulfocar- 
bonate,  quoique  parfaitement  efficaces,  sont  cependant  avantageuse- 
ment secondés  par  les  fumures  riches  et  rapidement  assimilables. 

Dès  que  l'on  se  voit  directement  menacé  de  l'invasion  phylloxérique, 
ou  tout  au  moins  dès  que  l'insecte  a  été  rencontré,  par  des  recherches, 
ou  que  ses  moindres  effets  se  sont  manifestés,  il  ne  faut  pas  hésiter, 
il  faut  immédiatement  soumettre  le  vignoble  à  un  traitement  régulier 
et  intégral.  Il  ne  faut  jamais  perdre  de  vue  que  lorsque  le  mal  apparaît 
extérieurement,  c'est  quil  est  fait. 

En  agissant  ainsi  :  on  retardera  l'invasion  générale  du  vignoble,  le 
prix  du  traitement  sera  le  plus  faible  possible,  il  ny  aura  pas  d' interrup- 
tion dans  la  récolte.,  qui  sera  même  plus  belle ^  et  l'on  aura  des  revenus 
pour  payer  le  remède  ;  tandis  que  si  l'on  attend  pour  commencer  les 
opérations  de  défense,  que  tout  le  vignoble  soit  envahi,  tout  parsemé 
dé  taches,  ou  même  uniformément  affaibli,  les  traitements  coûteront 
plus  cher,  parce  quil  faudra  plus  de  mlfocarbonate^^plus  d^  engrais.,  plus 
de  soins,  et  peut-être  deux  opéralions  dans  Vannée  ;  il  y  aura  interrup- 
tion dans  la  récolte  et  pas  de  revenu  ouun  revenu  insuffisant  pour  couvrir 
les  frais. 

Le  procédé  qui  consiste  à  ne  traiter  que  les  taches,  au  fur  et  à  mesure 
qu'elles  apparaissent,  est  aussi  on  ne  peut  plus  funeste  parce  que  l'on 
s'expose  sûrement  à  laisser  tomber  le  vignoble  et  à  dépenser  beaucoup 
en  pure  perte  ;  c'est  vouloir  toujours  courir  après  le  mal  au  lieu  de 
lui  couper  chemin,  ou  vouloir  poursuivre  son  ombre. 

Les  effets  du  fléau  étant  rapidement  devenus  désastreux,  il  faut 
savoir  prendre  une  résolution  assez  à  temps  et  ne  pas  malheureuse- 
ment, comme  beaucoup  de  propriétaires  le  font,  vouloir  voir  trop 
longtemps;  il  faut  s'informer  et  agir  et  se  dire  qu'il  est  préférable 
de  tenter  quelque  chose  que  d'avoir  plus  tard  le  regret  de  n'avoir 
rien  fait,  ce  qui  est  finalement  bien  plus  coûteux  que  plusieurs  sulfo- 
carbonatages. 

D'ailleurs,  grâce  au  prix  élevé  du  vin,  la  culture  de  la  vigne  étant 
très  rémunératrice  et  le  sulfocarbonate  étant  un  remède  d'une  effica- 
cité certaine,  ce  serait  vouloir  se  laisser  ruiner  bénévolement  que 
d'abandonner  son  vignoble  sans  y  porter  secours. 

P.   MOUILLEFERT, 

Professeur  à  l'École  nationale  d'agriculture  de  Grignon 


ALAMBICS  DU  SYSTÈiME  VALYN 

Le  travail  de  la  distillation  dans  les  habitations,  pour  les  faibles 
quantités  de  boissons  alcooliques,  pour  les  essences  de  plantes,  etc., 
se  fait  assez  difficilement,  parce  que  les  appareils  que  Ton  peut  em- 
ployer sont  de  trop  petite  dimension,  ou  qu'ils  coûtent  trop  cher,  aus- 
sitôt que  les  quantités  qu'ils  peuvent  travailler  atteignent  quelques 
litres. 

Les  alambics  du  système  Valyn,  qui  sont  vendus  par  M.  Broquet, 
constructeur  à  Paris,  sont  des  appareils  qui  peuvent  satisfaire  à  ce 
besoin.  Ces  alambics  sont  construits  d'après  les  mêmes  principes  que 
ceux  qui  servent  aux  grandes  distillations;  ils  contiennent  les  mêmes 
organes,  disposés  de  manière  à  occuper  peu  de  place  et  à  ne  pas  exi- 
ger de  grandes  dépenses  de  matériel. 


24 


ALAMBir.S   DU  SYSTÈME  VALYN. 


Le  petit  modèle  est  représenté  par  la  fig.  2;  il  coûte  50  fr.  On  voit 
qu'il  est  chauffé  par  une  petite  lampe  à  essence  ou  à  alcool.  La  chau- 
dière est  naturellement  placée  au-dessus,  et  les  vapeurs  s'échappent 
par  un  tuyau  qui  les  conduit  dans  le  serpentin  réfrigérant  placé  au- 
dessous  de  la  lampe. 

Dans  le  grand  modèle,  dont  la  chaudière  doit  être  placée  sur' un 
fourneau,  la  disposition  ne  peut  plus  être  la  même  ;  le  serpentin  do- 


Felil  modèle  de  ralainbic  Vaiyn. 


Grand  modèle  de  l'alambic  Valyn. 


mine  l'appareil,  ainsi  que  le  montre  la  fig.  3.  Avec  cet  appareil,  on 
peut  distiller  à  feu  nu  ou  au  bain-marie  ;  il  peut  contenir  1 2  à  15  litres 
du  liquide  à  distiller.  Le  prix  varie  depuis  75  jusquà  150  fr.  et  au- 
dessus,  suivant  les  dimensions  qu'on  lui  donne.  L.  de  Sardriac. 


LES  REPRODUCTEURS  AU  CONCOURS  DE  PARIS 

Réponse  à  M.  A.  Tiersonnier  et  à  M.  le  marquis  de  Poncins. 

Je  viens,  un  peu  tardivement,  répondre  à  quelques  points  des 
articles  publiés  dans  les  numéros  du  10  et  du  17  mars  de  ce  Journal^ 
par  nos  honorables  amis  MM.  Tiersonnier  et  de  Poncins,  articles  atta- 
quant non  seulement  mes  opinions,  mais  j'ai  le  regret  de  le  constater, 
mon  humble  personne.  Tout  ce  qui  se  produit  en  public  est  sujet  à  la 
critique,  et  moi,  homme  déplume,  je  serais  bien  mal  venu  de  me  for- 
maliser des  contradictions  que  mes  opinions  peuvent  soulever.  Au  con- 
traire, c'est  de  la  discussion  que  jaillit  la  lumière  ;  mais  la  discussion 
ne  peut  être  salutaire  et  féconde  qu'à  une  seule  condition,  c'est  que  les 
discutants  se  renferment  strictement  dans  le  sujet  et  n'aient  point 
recours  aux  personnalités.  J'arrive  d'un  long  voyage  en  Angleterre,  et 
ce  n'est  qu'il  y  a  deux  jours  que  j'ai  pu  prendre  connaissance  des 
articles  en  question.  Ceci  expliquera  le  délai  dans  ma  réponse. 

A  M.  le  marquis  de  Poncins  qui  a  développé  ses  arguments  avec 
beaucoup  de  mesure,  je  n'ai  qu'un  reproche  à  faire,  c'est  qu'il  ait 
jugé  à  propos  de  me  donner  une  leçon  de  politesse  la  plus  vulgaire, 
dont  rien  ne  saurait  justifier  ni  l'opportunité  ni  la  convenance.  M.  de 
Poncins  semble  ignorer  que  la  politesse  est  un  acte  extérieur  qui  ne 


LES  ANIMAUX   REPRODUCTEUBS   AU  CONCOURS  DE  PARIS.  25 

s'adresse  qu'aux  individus  et  non  au\  sociétés,  aux  cprps  constitués  et 
aux  assemblées  publiques.  Il  y  a  bien  ce  que  l'on  appelle  le  langage 
parlementaire,  mais  ceci,  non  plus,  ne  s'applique  qu'aux  individus 
préopinant's  et  non  à  l'assemblée  tout  entière.  En  disant  que  la  trou- 
vaille de  la  Société  des  agriculteurs  de  France  au  sujet  des  primes 
d'étalonnage  est  absurde,  ridicule  et  inutile,  ces  épithètes  ne  s'appli- 
quaient qu'à  la  mesure  que  mes  contradicteurs  semblent  considérer 
comme  un  trait  de  génie,  et  que  je  m'obstine  à  regarder  comme 
absurde,  ridicule  et  inutile.  En  vérité,  j'étais  bien  loin  de  penser  qu'il 
pût  entrer  dans  l'esprit  de  personne  que  j'appliquais  ces  qualificatifs, 
soit  à  la  Société  en  général,  soit  aux  personnes  dignes  d'égards  et  de 
respect  qui  la  composent.  Certes  M.  le  marquis  de  Poncins  n'a  pas 
sans  doute  la  prétention  d'affirmer  que  la  Société  des  agriculteurs  de 
France,  ni  même  son  Conseil  et  ses  Commissions  soient  investis  de  la 
prérogative  de  l'infaillibilité,  et  cependant  il  l'insinue,  en  parlant  de 
ses  délibérations,  faites  par  des  gens  sérieux  et  de  l'adhésion  de  l'as- 
semblée générale,  etc.  Vous  êtes  trop  absolu  dans  votre  confiance, 
Monsieur  le  marquis.  Les  assemblées  d'hommes,  même  les  plus  res- 
pectables, ne  sont  point  à  l'abri  des  erreurs  ni  des  fausses  mesures. 
Le  D*"  Desprez  nous  dénonce  même  un  phénomène  de  l'insanité,  qu'il 
nomme  la  folie  du  nombre,  et  constate  que  des  hommes  qui,  pris  indi- 
viduellement, jouissent  de  toutes  leurs  facultés  mentales,  de  toutes  les 
prérogatives  de  leur  intelligence  et  de  leur  jugement,  et  qui  peuvent 
fort  bien,  une  fois  réunis  en  assemblée,  être  atteints  de  cette  aberration 
dont  il  parle  et  promulguer  les  choses  les  plus  stupéfiantes.  L'histoire 
même  la  plus  contemporaine  ne  nous  offre-t-elle  pas  de  nombreux 
exemples  de  cette  insanité  du  nombre'^  Loin  de  moi  la  pensée  d'appli- 
quer cette  observation  à  la  Société  des  agriculteurs  de  France.  Je  suis 
l'un  des  plus  anciens  membres-fondateurs  de  cette  Société,  à  laquelle 
j'ai  l'honneur  d'appartenir  depuis  sa  fondation,  et  certes  je  ne  lô  cède  à 
personne  pour  le  respect,  les  égards  et  la  considération  que  m'inspirent 
le  caractère,  la  position  de  la  plupart  de  ses  membres,  et  la  haute  intel- 
ligence qui  les  distingue;  je  ne  rappelle  la  théorie  du  D*"  Desprez  que 
pour  prouver  que  les  assemblées  humaines  n'ont  point  la  prérogative 
d'infaillibilité  que  M.  le  marquis  de  Poncins  prête  si  complaisamment 
à  la  Société  des  agriculteurs  de  France.  L'accusation  de  manque  de 
politesse  7nêine  la  plus  vulgaire  qu'il  me  lance  si  injustement  n'est 
donc  qu'un  trait  inoffensif,  teluin  imbelle^  qui  tombe  à  mes  pieds  sans 
m'atteindre. 

Mais,  nous  dit  M.  de  Poncins,  le  Comice  de  Montbrison,  et  à  ce  sujet 
il  cite  les  noms  les  plus  respectables  et  les  plus  justement  respectés,  — 
a  décidé  qu'il  donnerait  des  primes  d'étalonnage.  Ce  n'est  point  là 
un  argument.  A  ce  compte,  nous  pourrons  apprendre  demain  que  le 
Comice  de  Concarneau  en  a  fait  autant,  et  alors  nous  n'aurons  plus  qu'à 
nous  prosterner  et  à  adorer  en  silence  :  les  oracles  auront  parlé  et  la 
critique  n'est  plus  permise.  Quant  à  moi,  je  déclare  que  je  n'éprouve 
point  ce  fétichisme  pour  les  délibérations  des  Sociétés  quelles  qu'elles 
soient,  bien  que  j'aie  le  plus  grand  respect  pour  tout  ce  qui  est  res- 
pectable ici-bas.  Qu'un  Comice,  restreint  dans  son  action  par  les  limites 
étroites  de  sa  circonscription,  offre  ces  primes  à  ses  sociétaires  comme 
moyen  d'encouragement,  cela  se  conçoit  ;  mais  qu'une  grande  Société, 
comme  celle  des   agriculteurs   de    France,    voulant  manifester    son 


26       LES  ANIMAUX  REPRODUCTEURS  AU  CONCOURS  DE  PARIS. 

influence  en  frappant  un  grand  coup,  aboutisse  à  l'application  de  cette 
mesure  puérile,  à  l'élevage  de  la  France  entière^  j'avoue  que  cela  me 
semble  stupéfiant  et  je  persiste  à  penser,  sans  être  coupable  du 
manque  de  la  politesse  la  plus  vulgaire  envers  les  membres  de  cette 
excellente  institution,  qu'elle  a  manqué  une  belle  occasion  de  s'abstenir 
et  de  rester  dans  l'inaction  qui  semble  être  une  des  conditions  de  son 
existence. 

Maintenant  j'arrive  à  M.  Tiersonnier  que  je  croyais  plus  calme  et 
moins  sujet  à  s'emporter.  Je  laisse  de  côté  la  partie  de  ses  articles  qui 
traitent  du  sujet  en  discussion.  De  même  que  M.  de  Poncins  et  presque 
dans  les  mômes  termes,  il  développe  ses  idées  avec  beaucoup  de  force 
et  de  logique.  A  cela  je  n'ai  rien  à  dire.  Le  public  a  sous  les  yeux  les 
deux  côtés   de  la  question  et  il  est  à  même  de  juger.  Mais  lorsque 
M.  Tiersonnier,  sortant  de  ce  terrain  de  discussion  légitime,  s'oublie 
au  point  de  m'attaquer  personnellement  en  m'attribuant  de  la  façon 
la  plus  gratuite  des  prétentions  que  je  n'ai  point  et  que  je  n'ai  jamais 
eues,  il  dépasse  les  bornes  d'une  discussion  loyale  et  aboutit  à  des 
insinuations  contre  un  bomme  qui  ne  lui  a  jamais  témoigné  autre 
chose  que  la  plus  haute  estime  et  les  sentiments  les  p]us  affectueux. 
M.   Tiersonnier,  se  formalisant  de  l'opinion  que  j'ai  franchement 
formulée,   que  les  taureaux  durham,  exposés  au  dernier  concours, 
étaient  fort  médiocres,  à   quelques  exceptions   près,   —  ce   qui  est 
parfaitement  vrai,  et  je  maintiens  mon  dire  de  la  façon  la  plus  abso- 
lue, —  s'écrie  avec  une  pointe  de  sarcasme  et  de  perfidie  dont  je 
n'aurais  jamais  cru  capable  un  homme  aussi  naturellement  bon,  bien- 
veillant et  serviable  que  M.  Tiersonnier  :  «  Il  est  très  possible  qu'ils 
(les  taureaux  exposés)  fussent  loin  d'approcher  ceux  qu'il  (M.  de  la 
Tréhonnais)  importe  d'Angleterre,  ou  qu'il  élève  dans  son  domaine  de 
Saron  ;  mais  dans  ce  cas,  je  regrette  vivement  (et  ce  sentiment  sera, 
j'en  suis  sûr,  partagé  par  tous  les  intéressés)  que  M.  de  la  Tréhonnais 
n'ait  pas  exposé  lui-même  quelques-uns  de  ces  magnifiques  spécimens 
qui  lui  donnent  le  droit  de  critiquer  ceux  des  autres  d'une  manière 
absolue.    Quelle   utile  leçon   pour   l'élevage   français  qui  aurait   vu 
alors  ce  qu'il  fallait  faire  et  comment  il  fallait  le  faire!  »  Puis  M.  Tier- 
sonnier, toujours  sur  le  môme  ton  d'ironie  et  de  sarcasme,  continue  : 
«  M.  de  la  Tréhonnais,  dit-il,  vend  des  animaux,  il  fait  même  fréquem- 
ment insérer  dans  le  Journal  de  l'agriculture  des  annonces  qui  se  ter- 
minent par  la  mention  «  œuvre  ^e  propagande.  »  Le  triomphe  écla- 
tant d'animaux  présentés  par  M.   de  la  Tréhonnais  eût  été,   ce  me 
semble,  mieux  qu'une  annonce  de  journal,  une  œuvre  de  propagande 
par  excellence,  d'après  ce  principe,  que  s'il  est  bon  d'enseigner  les 
hommes  par  la  plume  et  la  parole,  il  est  encore  mieux  de  les  ensei- 
gner par  l'exemple.  » 

Yoilà  comment  se  termine  cette  aimable  communication.  In  caudâ 
veneîium.  Pour  que  tout  ce  beau  raisonnement  ei'it  quelque  valeur,  il  fau- 
drait  j  cher  monsieur  Tiersonnier,  que  vous  puissiez  citer  une  seule  parole 
de  mes  conversations^  un  seul  mot  de  mes  écrits,  pouvant  établir  clai- 
rement et  succinctement  la  position  de  détracteurjaloux  et  d'instructeur 
que  vous  m'attribuez  si  gratuitement.  Où,  quand  et  comment  ai-je  jamais 
prétendu  que  mes  animaux  soit  importés  d'Angleterre,  soit  élevés  à 
Saron,  sont  supérieurs  à  ceux  de  qui  que  ce  soit?  C'est  tout  simple- 
ment une  supposition  sur  laquelle  vous  avez  voulu  asseoir  votre  argu- 


LES  ANIMAUX  REPRODUCTEURS  AU  CONCOURS  DE  PARIïi,  !27 

menium  ad  hominem,  au  moyen  duquel  vous  avez  voulu  m'accabler. 
Vous  dites  que  vous  regrettez  vivement  que  je  n'expose  pas  mes  ani- 
maux dans  les  concours.  Comme  votre  étonneinent  me  parait  naturel, 
je  vais  tout  à  l'heure  vous  expliquer  pourquoi  je  n'expose  jamais.  Il 
est  bon  qu'on  sache  la  raison  de  mon  attitude  d'abstention,  car  s'il 
fallait  en  croire  vos  insinuations,  on  pourrait  soupçonner  que  c'est 
par  crainte  d  insuccès  et  par  conscience  d'infériorité  que  je  n'expose 
pas  dans  les  concours. 

M.  Tiersonnier  fait  une  allusion  sarcaslique  aux  annonces  que  je 
publie  dans  ce  Journal,  et  il  l'ail  remarquer,  entre  guillemets,  que 
ces  annonces  se  terminent  en  disant  que  mon  but  est  une  «  œuvre  de 
propagande.  »  Nous  allons  voir,  par  simple  rapprochement,  comment 
M.  Tiersonnier  et  moi  comprenons  cette  œuvre  de  propagande,  car  lui, 
M.  Tiersonnier,  a  toujours  eu  recours  au  moyen  qu'il  veut  bien  me 
recommander,  c'est-à-dire  au  système  des  concours.  Or,  voici  quelle  est 
l'économie  de  ce  système  que  M.  Tiersonnier  a  pratiqué  depuis  qu'il 
s'occupe  d'élevage  et  d'agriculture.  Ce  système  consiste  tout  simple- 
ment à  choisir  quelques  beaux  durhams,  à  les  engraisser  outre  me- 
sure, c'est-à-dire  à  détruire  leur  vitalité  productive  et  à  les  présenter 
dans  les  concours.  C'est  toute  une  science  que  la  pratique  raisonnée 
de  ce  système.  On  étudie  les  programmes  de  tous  les  concours  régio- 
naux, et,  comme  les  règlements  permettent  de  présenter  des  durhams 
dans  toutes  les  circonscriptions,  on  calcule  avec  soin  quels  sont  les 
concours  où  il  y  aura  chance  de  trouver  le  moins  de  concurrents,  et 
quelles  sont  les  catégories  qui  offrent  le  moins  de  risques  d'une  con- 
currence quelconque.  Or  comme  les  concours,  dans  certaines  régions, 
ont  lieu  à  des  intervalles  qui  varient  de  quelques  jours  à  un  mois,  on 
a  tout  le  temps  de  se  rendre  à  plusieurs  concours  dans  la  même 
année.  De  cette  manière,  quand  les  calculs  sont  exacts  et  les  mesures 
bien  prises,  on  a  chance  de  remporter  des  honneurs  pour  flatter  sa 
vanité,  de  bonnes  et  solides  primes  en  argent  pour  remplir  sa  bourse, 
des  médailles  d'or,  d'argent  et  de  bronze  pour  orner  le  médailler  du 
salon,  efdes  plaques  pour  appendre,  comme  de  glorieux  trophées,  aux 
parois  des  étables.  Voilà  l'œuvre  de  propagande  que  M.  Tiersonnier 
me  conseille  et  qu'il  s'étonne  de  ne  pas  me  voir  adopter,  de  préférence 
à  l'annonce  dans  un  journal,  {)arce  que  c'est  le. seul  qu'il  ait  suivi  lui- 
même  et  que,  paraît-il,  il  s'en  est  très  bien  trouvé.  Sachez  bien,  mon- 
sieur Tiersonn^ier,  que  ce  n'est  point  un  reproche  que  je  vous  fais,  encore 
moins  un  blâme  que  je  vous  inflige,  c'est  tout  simplement  un  fait  que 
je  constate.  De  même  que  je  ne  vous  conteste  pas  la  liberté  de  suivre 
en  cela  votre  système,  je  pense  que  vous  ne  contesterez  pas  non  plus 
la  mienne  d'en  suivre  un  autre  qui  me  semble,  à  tort  ou  à  raison,  bien 
mieux  adapté  à  mon  œuvre  de  propagande.  Moi,  je  n'expose  jamais, 
et  cela  pour  les  raisons  suivantes  : 

1°  C'est  un  moyen  de  réclame  fort  coûteux  dont  je  n'ai  pas  besoin, 
et,  à  ce  propos,  malgré  nos  sarcasmes  sur  mes  durhams  de  Saron,  je 
puis  vous  dire  que  si  je  me  décidais  jamais  à  courir  les  expositions,  je 
suis  à  même  de  le  faire  avec  au  moins  autant  de  succès  que  les  plus 
heureux;  2°  je  tiens  trop  à  obtenir  des  produits  de  mes  reproducteurs 
mâles  et  femelles  pour  sacrifier  les  plus  beaux  et  les  meilleurs  en  vue 
des  concours;  3°  parce  qu'en  produisant  beaucoup  de  veaux,  cela  me 
permet  de  poursuivre  cette  œuvre  de  propagande  dont  vous  semblez 


28  LES  ANIMAUX   REPRODUGTEUHS   AU  CONCOURS  DE  PARIS. 

VOUS  moquer,  laquelle  consiste  à  pouvoir  livrer  au\  Comices  et  aux 
cultivateurs  peu  aisés,  de  bOxTS  reproducteurs,  à  des  prix  abordables 
pour  leurs  moyens  pécuniaires. 

11  n'y  a  guère  que  cinq  ans  que  j'ai  commencé  la  fondation  de  mon 
troupeau  actuel  où  je  me  suis  efforcé  de  réunir  les  meilleures  vaches 
laitières  de  la  race  duriiam,  en  achetant,  à  n'importe  quel  prix,  les 
vaches  primées  dans  les  concours  laitiers.  11  ne  m'est  donc  pas  encore 
possible  de  produire  des  résultats  bien  frappants  du  succès  de  mon 
oeuvre  de  propagande.  Ma»s  en  dehors  des  ventes  nombreuses  que  j'ai 
faites  à  l'exportation,  j'ai  pu  livrer  à  plusieurs  Comices  et  à  un  assez 
grand  nombre  de  cultivateurs,  et  cela  à  des  prix  minimes,  des  repro- 
ducteurs dont  ils  sont  on  ne  peut  plus  satisfaits.  Je  puis  assurer 
M.  Tiersonnier  que  j'estime  les  témoignages  de  satisfaction  que  je 
reçois  dès  à  présent  de  tous  mes  clients,  bien  au-dessus  des  récom- 
penses que,  si  je  le  voulais,  je  pourrais  obtenir  dans  les  concours. 
Voilà  comment  je  comprends  mon  œuvre  de  propagande.  M.  Tierson- 
nier peut  montrer  à  ses  amis  un  médailler  bien  garni  et  ses  écuries 
tapissées  de  plaques  indiquant  les  prix  qu'il  a  obtenus.  Moi,  je  puis 
montrer  les  nombreuses  lettres  que  je  reçois  de  ceux  à  qui  j'ai  fourni 
des  reproducteurs.  Pour  l'édifier  à  cet  égard,  je  prends  la  liberté  d'en 
transcrire  une  ici,  non  parce  que  'c'est  la  plus  satisfaisante,  mais  parce 
que  c'est  la  plus  récente.  Cette  lettre  est  datée  du  19  mars,  et  je  l'ai 
reçue  avant  hier  seulement;  elle  est  écrite  par  un  éleveur  alsacien  qui, 
il  y  a  quelque  temps,  m'avait  envoyé  son  frère,  ne  pouvant  venir  lui- 
même,  m'acheter  deux  jeunes  génisses  et  un  jeune  taureau. 

Le  19  mars  1883. 

«  Cher  monsieur  et  ami,  j'ai,  à  mon  grand  plaisir,  à  vous  donner  les  meil- 
leures nouvelles  des  animaux  de  pure  race  durham  que  vous  m'avez  cédés. 
La  génisse  Nymphe  de  Saron  a  vêlé  il  y  a  trois  mois  ;  elle  a  donné  pendant  le 
premier  mois  14  litres  de  lait  par  jour  (à  son  premier  veau),  et  après  trois  mois, 
elle  en  donna  12  et  demi.  J'ai  quelques  bêtes  pures  aussi  Jjonnes,  aucune 
supérieure. 

ce  Vous  me  connaissez  ;  vous  avez  vu.  Je  ne  suis  pas  un  faiseur  comme  certains 
qui  écrivent  que  les  durhams  ne  donnent  pas  de  lait.  Souvent  ces  gens-là  n'en 
ont  pas  vu  de  durhams. 

a  Le  taureau  Prince  de  Saron  est  d'une  grande  finesse,  d'une  santé  splendide, 
très  prolifique.  Quant  à  Princesse  de  Saron,  vous  l'avez  dit  :  c'est  une  perle;  elle 
devient  chaque  jour  plus  -belle.  Elle  vêlera  d'ici  à  trois  mois  et  demi.  Mon 
frère  et  moi,  nous  tenons  soixante  têtes  de  bétail;  nous  éliminons  tout  ce  qui 
n'est  pas  pur  durham.  Nous  avons  le  lait  pour  objectif  et  le  vendons  0  fr.  20  le 
litre. 

«  Mes  bœufs  durhams  purs  travaillent  tous  les  jours  douze  heures,  et  sont 
gras  à  pleine  peau.  A  Gumbach,  nous  avons  des  hollandaises  splendides. 

«  Depuis  qu'il  y  a  des  durhams,  voici  ce  que  me  dit  le  vacher  :  les  durhams 
mangent  bien  moins,  donnent  presque  autant  de  lait  qui  est  bien  meilleur.  De 
plus,  les  durhams  ne  deviennent,  bien  que  donnant  beaucoup  de  lait,  jamais 
aussi  maigres;  je  n'en  désire  d'autres  que  des  durhams. 

«  A  la  iiâte,etbien  à  vous  d'estime  affectueuse,  X.  » 

Je  ne  nomme  pas  notre  correspondant  parce  que  je  n'ai  point  sa 
permission.  Mais  je  n'ai  pu  résister  à  publier  sa  lettre,  laquelle 
démontre,  par  des  faits,  la  nature  et  l'objet  de  mon  œuvre  de  pro- 
pagande. 

Dernièrement  j'ai  livré  un  assez  grand  nombre  de  taureaux  dans  mes 
environs,  dans  le  centre,  le  sud-est  et  le  midi  de  la  France,  à  des 
prix  forts  réduits,  et  je  ne  reçois  que  des  lettres  dans  le  genre  de  celles 


LES  ANIMAUX  REPRODUCTEURS  AU  CONCOURS  DE  PARIS,       29 

que  je  vitjns  do  transcrire.  Voilà  comment  je  comprends  mon  rôle  de 
propaj^ateur  et  comment  je  l'accomplis.  D'ailleurs  mes  animaux  sont 
accessibles  à  tous  ceux  qui  me  font  l'honneur  de  me  visiter  à  Saron, 
et  les  visiteurs  sont  nombreux  ;  il  en  vient  de  l'étranger  et  de  toutes 
les  parties  de  la  France.  Mon  ami,  M.  Tiersonnier  lui-même,  m'a 
promis  de  venir  me  voir  ce  printemps,  et  je  compte  biea  sur  sa  visite. 
Il  verra  si  mon  triomphe,  bien  qu'il  ne  se  produise  pas  au  grand  jour 
des  expositions  publiques,  n'en  est  pas  moins  éclatant  et  surtout 
utile,  ce  qui  est  préférable. 

Dans  une  autre  partie  de  son  article,  M.  Tiersonnier  parle  de 
patriotisme,  qui,  selon  lui,  consiste  à  faire  croire  aux  éleveurs  fran- 
çais que  tout  ce  qu'ils  possèdent  et  tout  ce  qu'ils  font  est  ce  qu'il  y 
"a  de  mieux  dans  le  meilleur  des  mondes  possibles.  Pour  moi,  cette 
espèce  de  patriotisme  est  tout  simplement  un  chauvinisme  trompeur 
et  funeste.  C'est  comme  cela  qu'on  arrête  le  progrès.  M.  Tiersonnier, 
qui  a  voyagé  en  Angleterre,  visité  les  grandes  écuries  et  les  grandes 
étables,  prétend  que  nos  durhams  français  valent  mieux  que  ceux 
qu'on  voit  en  Angleterre;  alors,  monsieur  Tiersonnier,  dites-nous 
donc  d'oi^i  viennent  les  durhams  que  nous  avons  en  France  ?  et  si  les 
nôtres  sont  si  supérieurs,  pourquoi  les  acheteurs  s'obstinent-ils  à  aller 
en  Angleterre  pour  acheter  des  animaux  d'élite?  Le  vrai  patriotisme 
est  une  force,  et  ce  que  vous  préconisez  est  une  faiblesse. 

F.-R.   DE  LA  TrÉHONiNAIS. 

BIBLIOGRAPHIE  AGRICOLE 

La  lutte  contre  le  phylloxéra^  par  J.-A.  Barral,  secrétaire  perpétuel  de  la  Société  nationale 
d'agriculture.  —  Un  fort  volume  in- 18  avec  87  gravures  intercalées  dans  le  texte.  —  Librairie 
Marpon  et  Flammarion,  rue  Racine,  26,  à  Paris.  —  Prix  :  5  fr. 

Nos  lecteurs  n'ont  pas  perdu  le  souvenir  de  l'éloquente  conférence 
faite  par  M.  Barrai  le  1"  avril  1882,  à  la  Société  d'encouragement 
pour  l'industrie  nationale,  sur  le  phylloxéra,  ses  mœurs  et  les  moyens 
employés  pour  lutter  contre  l'extension  de  ses  ravages.  Cette  confé- 
rence a  eu  un  légitime  retentissement;  en  quelques  semaines,  la  bro- 
chure qui  en  renfermait  le  texte  a  été  complètement  épuisée.  Pour 
répondre  à  des  désirs  réitérés,  on  a  demandé  à  M.  Barral  d'en  publier 
une  nouvelle  édition,  en  y  ajoutant  l'exposé  des  faits  nouveaux  et  un 
grand  nombre  de  documents  auxquels  il  n'avait  pu  être  donné  place 
dans  le  cadre  restreint  d'une  conférence.  Telle  est  l'origine  du  livre 
que  nous  présentons  aujourd'hui  à  nos  lecteurs. 

La  viticulture,  on  peut  même  dire  l'agriculture,  n'a  jamais  eu  à 
lutter  contre  un  fléau  aussi  redoutable  que  celui  qui  s'est  abattu  sur 
nos  vignobles.  De  véritables  montagnes  de  papier  ont  été  noircies  pour 
exposer  au  monde  stupéfait  à  la  fois  les  malheurs  croissants  chaque 
jour,  et  les  multiples  efforts  de  l'imagination  humaine  pour  les 
enrayer,  n'aboutissant  souvent,  hélas  !  qu'aux  plus  amères  déceptions. 
Mais  il  n'existait  pas  encore  de  livre  donnant  à  la  fois  des  indications 
précises  sur  les  mœurs  de  l'insecte,  sur  les  progrès  que  son  invasion 
a  réalisés,  sur  les  procédés  divers  employés  avec  succès  soit  pour  le 
détruire,  soit  pour  reconstituer  les  vignobles  disparus.  C'est  à  ce 
point  de  vue  que  le  livre  de  M.  Barral  peut  être  considère  comme 
une  œuvre  absolument  nouvelle,  condensant  pour  les  viticulteurs  les 
résultats  des  études  si  nombreuses  qui  ont  été  laites  sur  ce  sujet  depuis 


30  BIBLIOGRAPHIE  AGRICOLE. 

tantôt  quinze  ans  que  M.  Paul  de  Gasparin  jeta  le  premier  cr?  d'alarme 
sur  la  mort  des  vignes  dans  le  déparlement  de  Vaucluse.  Le  journal, 
dans  son  oeuvre  incessamment  renouvelée,  esl  obligé  de  marcher  en 
accumulant  les  documents  nouveaux;  le  livre  a  l'avantage  de  pouvoir 
résumer  les  faits  recueillis  et  d'en  présenter  à  l'esprit  l'enchaînement 
et  la  masse  harmonique,  de  former  un  corps  de  doctrine  où  rien  n'est 
plus  laissé  à  l'influence  du  jour. 

La  première  partie  du  livre  de  M.  Barrai  est  la  reproduction  de  la 
conférence  faite  à  la  Société  d'encouragement  pour  l'industrie  natio- 
nale; nos  lecteurs  en  ont  eu  le  texte  sous  les  yeux;  nous  n'insisterons 
donc  pas.  Quant  à  la  deuxième  partie,  d'une  étendue  aussi  considé- 
rable que  la  première,  elle  est  remplie  d'un  grand  nombre  de  docu- 
ments nouveaux.  Nous  citerons  des  notes  sur  la  propagation  du 
phylloxéra  en  1882,  sur  l'action  administrative  dans  la  lutte  contre 
le  fléau,  sur  Torganisation  des  syndicats,  sur  la  destruction  de 
l'œuf  d'hiver  par  les  badigeonnages,  sur  les  conditions  pratiques  dé 
l'établissement  de  la  submersion  des  vignes,  sur  l'emploi  économique 
du  sulfure  de  carbone  et  les  charrues  sulfureuses,  sur  le  progrès  de 
l'emploi  des  sulfocarbonates,  sur  la  greffe  de  la  vigne,  sur  les  pépi- 
nières et  les  plantations  de  cépages  américains,  etc.  On  voit  que  tous 
les  cotés  de  la  question  vitale  pour  la  viticulture  nationale  sont 
abordés.  Quant  à  la  manière  dont  ils  sont  traités,  à  la  méthode  et  à 
l'exposition,  on  comprendra  que  nous  n'ayons  pas  à  insister  ici;  le 
directeur  du  Journal  de  l'agriculture  est  trop  connu  et  trop  aimé  de 
tous  ses  lecteurs,  pour  que  nous  prenions  la  liberté  de  le  leur  pré- 
senter et  d'apprécier  l'autorité  avec  laquelle  il  leur  parle. 

Souvent,  nous  avons  entendu  émettre  le  regret  qu'il  n'y  eût  pas 
de  livre  écrit  spécialement  en  vue  des  viticulteurs,  pour  leur  faire 
connaître  le  phylloxéra  et  les  phases  de  la  lutte  soutenue  contre  ses 
ravages,  se  tenant  en  dehors  à  la  fois  des  discussions  scientifiques 
abstraites  et  des  polémiques  irritantes,  exposant  les  faits  avec  clarté, 
propre,  en  un  mot,  à  servir  de  guide  dans  la  pratique.  Nous  estimons 
que  le  livre  de  M.  Barrai  comble  cette  lacune,  et  c'est  pourquoi  on  lui 
sera  reconnaissant  de  le  donner  au  public  intéressé,  dont  le  nombre 
s'accroît  malheureusement  chaque  jour.  Henry  Sagnier. 

EXPOSITION  PRINTANIERE  DE  LA  SOCIÉTÉ  NATIONALE 

D'HORTICULTURE 

Que  de  monde  la  semaine  dernière  à  l'exposition  des  Charaps-Ëly- 
Bées  î  C'est  un  véritable  succès,  et  l'on  est  heureux  de  voir  que  l'œuvre 
de  vulgarisation  entreprise  par  la  Société  centrale  suit  une  marche 
progressive  du  meilleur  augure.  Il  n'y  a  pas  à  dire,  le  goût  est  aux 
fleurs,  il  est  à  l'horticulture  tout  entière,  et  c'est  à  l'heureuse  inlluence 
de  la  Société,  c'est  au  talent  et  à  l'activité  de  son  éminent  président 
M.  Lavallée,  et  aussi  à  son  administration  qu'on  le  doit. 

Dès  que  mercredi  28  mars,  le  pavillon  eut  ouvert  ses  portes,  une 
foule  compacte  n'a  cessé  de  visiter  cette  attrayante  exposition  et  avec 
tant  d'empressement  qu'il  fallait  faire  queue  pour  pouvoir  entrer.  En 
vérité,  la  foule  avait  bien  raison,  car  tout  était  charmant  dans  ce 
temple  de  l'horticulture.  Quel  contraste  avec  le  dehors  où  les  gelées 
obstinées  continuent  à  empêcher  les  arbres  de  montrer  la   moindre 


EXPOSITION  d'horticulture  DE  PARIS.  31 

feuille  sans  qu'elle  devienne  victime  du  froid.  A  l'intérieur  tout  est  en 
fleur,  et  l'on  ne  se  douterait  pas  que  nous  venons  de  traverser  l'hiver 
le  plus  désagréable  qu'il  soit  possible  d'imaginer.  Depuis  plusieurs 
jours,  les  organisateurs  de  l'exposition  étaient  sous  l'empire  de  craintes 
vives,  car  les  dernières  gelées  survenues  si  inopinément  faisaient  appré- 
hender des  défections  nombreuses;  mais  celles-ci  restèrent  rares  et  les 
grands  établissements  ont  malgré  tout  envoyé  de  beaux  produits. 

La  disposition  adoptée  avait  été  celle  d'une  sorte  de  jardin  paysager 
avec  des  pelouses  vallonnées  toutes  couvertes  de  corbeilles  de  dimen- 
sions variables,  occupées  par  les  fleurs.  Ce  qui  frappait  dès  l'entrée, 
c'était  la  masse  fleurie  des  azalées  et  des  rhododendrons.  Trois  grandes 
maisons  de  Versailles,  Truffaut,  Moser  et  Royer,  se  sont  partagé  les 
récompenses  décernées  à  ces  plantes  aussi  intéressantes  par  leur  flori- 
bundité  remarquable  que  par  la  diversité  extrême  de  leur  coloris. 

En  dehors  de  ces  Azalées  de  l'Inde  dont  je  viens  de  parler,  la  maison 
Moser  avait  réuni  en  une  grande  corbeille  toute  une  collection  des 
Azalea  mollis,  plante  des  plus  charmantes  dans  laquelle  on  commence 
à  distinguer  des  colorations  fort  agréables.  Encore  un  peu,  et  cette 
intéressante  espèce,  qui  jouit  de  l'avantage  précieux  de  résister  à  nos 
hivers  sans  abri,  sera  représentée  par  une  diversité  de  coloris  sem- 
blable à  celle  des  Azalées  de  serre.  Il  faut  signaler  parmi  ces  plantes 
de  plein  air,  V Alazea  amama  au  port  trapu,  compact,  et  aux  fleurs 
excessivement  abondantes  d'un  rose  éclatant. 

La  maison  Vilmorin  a  envoyé  beaucoup  de  bien  belles  plantes.  Et 
d'abord  des  Cinéraires  d'une  perfection  absolue  :  port  correct,  coloris 
vif  et  net,  dimension  énorme  des  fleurs,  tout  se  trouve  réuni  chez  ces 
plantes  dignes  des  plus  grands  éloges.  Pais  des  Calcéolaires  hybrides; 
ce  sont  des  primeurs  en  cette  saison,  et  cependant  les  individus  pré- 
sentés étaient  d'une  correction  parfaite.  Enfin  une  collection  fort 
belle  de  Jacinthes  en  cent  variétés  dans  laquelle  les  meilleurs  coloris 
étaient  représentés.  La  coloration  la  plus  nouvelle,  et  par  suite  la  plus 
recherchée,  c'est  le  rouge  violacé  de  tons  divers. 

Un  petit  lot  composé  d'une  soixantaine  de  plantes  au  plus,  attirait 
dès  l'entrée  l'attention  des  visiteurs  qui  ne  manquaient  pas  tous,  les 
uns  après  les  autres,  d'aller  lui  rendre  visite  :  c'étaient  des  Orchidées 
présentées  par  M.  Bleu  qui,  seul,  avait  osé  sortir  ces  plantes  si  aimées 
du  public  des  serres  chaudes  où  elles  avaient  été  cultivées.  C'est  du 
dévouement  de  la  part  de  M.  Bleu,  car  ces  plantes  représentent 
une  somme  d'argent  considérable,  et  le  froid  de  la  semaine  dernière 
aurait  bien  pu  les  faire  souffrir,  et  c'eût  été  dommage,  car  toutes 
étaient  couvertes  de  ces  fleurs  charmantes  et  bizarres  dont  cette  famille 
nous  présente  tant  d'exemples. 

Je  citerai  encore,  parmi  les  lots  nombreux  qui  remplissaient  l'expo- 
sition, ceux  de  M.  Lévêque  qui,  bien  qu  il  soit  hors  concours,  ne  cesse 
néanmoins  d'envoyer  un  nombre  prodigieux  de  plantes;  c  est  à  lui 
qu'appartenaient  les  deux  magnifiques  corbeilles  de  roses  forcées, 
placées  près  de  l'entrée,  et  plusieurs  grands  massifs  de  camélias. 
On  ne  saurait  trop  savoir  gré  à  cet  intelligent  horticulteur  de  contri- 
buer ainsi,  pour  une  aussi  large  part,  à  l'éclat  des  expositions  de  la 
Société. 

Les  légumes,  eux  aussi,  étaient  admis  à  ce  concours,  mais  l'on 
n'en  comptait  qu'un  nombre  fort  restreint  de  lots.  Les  horticulteurs 


32  EXPOSITION  D  HORTICULTJRE  DE  PARIS. 

maraîchers  aiment  peu  à  exposer,  et  cela  s'explique  en  partie;  d'abord 
leurs  produits,  en  cette  saison,  coûtent  fort  cher,  et  quelques  jours 
passés  à  l'exposition  suffisent  pour  en  détruire  toute  la  qualité  et  les 
rendre  invendables,  d'où  perte  sèche  qui  ne  peut  même  être  compen- 
sée par  la  récompense  accordée,  puisque  les  premiers  prix  sont  des 
tinés  à  des  lots  variés  de  légumes  et  non  à  un  seul,  quelque  bien 
cultivé  qu'il  soit;  or  il  est  rare  que  les  maraîchers  de  profession  cul- 
tivent plus  de  deux  ou  trois  sortes  de  légumes  en  même  temps.  Et  puis 
enfin,  une  des  raisons  principales,  c'est  que  l'Algérie  et  le  Midi  com- 
mencent, grâce  aux  chemins  de  fer,  à  créer  aux  jardiniers  des  envi- 
rons de  Pans  une  concurrence  énorme.  Ils  ne  peuvent  plus,  quand  il 
leur  faut  payer  leur  fumier  de  couche  4  et  5  fr.  le  mètre  cube,  four- 
nir des  légumes  capables  de  rivaliser  avec  les  produits  algériens. 
Est-ce  à  dire  pour  cela  que  la  culture  maraîchère  soit  amenée  fatale- 
ment à  disparaître?  Je  ne  le  pense  pas;  car  les  maraîchers  se  préoc- 
cupent chaque  jour  davantage  de  l'adaption  du  thermosiphon  à  leur 
culture. 

C'est  là  que  se  trouve  l'avenir  de  la  culture  maraîchère  des  environs 
de  Paris;  pour  ce  qui  est  de  la  culture  sur  couche,  elle  ne  pourra 
plus  être  pratiquée  que  par  les  producteurs  de  fumiers  eux-mêmes. 
Je  me  réserve  de  revenir  un  jour  rsur  ce  sujet,  et  de  montrer  comme 
quoi  les  agriculteurs  en  viendront  forcément  à  faire  passer  leurs 
fumiers  par  les  couches  où  toute  la  chaleur  sera  utilisée,  et  où  le 
fumier  acquiert  la  même  richesse  que  mis  en  plate-forme. 

.Malgré  tout,  il  y  avait  au  concours  quelquas  lots  dont  il  convient 
de  dire  un  mot.  C'étaient  d'abord  de  très  belles  fraises  d'une  culture 
hors  ligne,  envoyées  par  M.  Dubois,  à  Châtenay  (Saine),  puis  un  lot 
de  légumes  forcés,  présentés  par  M.  Dagneau,  à  Nogent-sur-Seine, 
composé  de  pommes  de  terre  nouvelles,  de  haricots  et  de  salades 
d'une  très  belle  venue. 

En  somme,  malgré  le  temps  qui  lui  a  été  si  contraire,  cette  exposi- 
tion qui,  pour  la  première  ibis,  a  lieu  au  pavillon  de  la  Ville,  a  été 
accueillie  avec  une  grande  faveur  par  le  public  parisien.  C'est  un  en- 
couragement pour  l'avenir;  aux  proportions  que  tendent  à  prendre 
désormais  ces  fêtes  de  l'horticulture,  nous  pouvons  nous  atleadre  à 
avoir,  au  mois  de  mai,  un  concours  des  plus  éclatants. 

J.   Dybowski. 

CULTURES  DANS  LE  TARN  ET    LA  HAUTE-GARONNE 

Nous  traversons  une  année  à  données  climatériques  extrêmes.  Cet  excès  est 
défavorable  aux  productions  du  sol ,  soit  à  celles  qui  déjà  y  ont  pris  place,  soit  au 
bon  ensemencement  de  celles  que  nous  ne  lui  confions  qu'au  retour  du  beau  temps. 

Nos  blés  sont  dans  d'assez  bonnes  conditions,  dans  les  sols  bien  assainis,  pro- 
fondément labourés,  et  dans  les  terres  calcaires,  même  légères. 

Il  y  a  eu  cependant,  cesjours  passés,  un  léger  désappointement  chez  quelques 
cultivateurs.  Pendant  nos  mois  de  pluies  non  discontinues,  on  voyait  nos  embla- 
vures  verdir,  le  tapis  vég-étal  très  uniforme  satisfaisait  l'œil.  Lorsque  vers  la  mi- 
février  la  chaleur,  le  soleil  etle  vent  eurent  desséché  nos  champs,  quelques  ])ieds  de 
blé  jaunirent,  et  disparurent;  ils  s'étaient  soutenus  jusque-là  dans  cet  état  de  vie 
apparente,  grâce  à  l'atmosphère  tiède  et  humide  qui  les  avait  baignés,  mais  ils 
étaient  sans  racines  ou  à  peu  près;  il  a  suffi  du  hàle  de  quelques  jours  pour  nous 
faire  connaître  leur  peu  de  vigueur.  Les  survivants  seront-ils  plus  robustes  dans 
ces  terres  lavées  à  l'excès,  comment  le  tallagc  pourra-il  s'effectuer  dans  ces  con- 
ditions de  sol  appauvri? 


CULTURES  DANS  LE  TARN  ET   LA  HAUTE-GARONNE.  33 

Ceux  qui  ont  leurs  emblaves  de  blé  efl'ectuées  sont  très  fortunés.  Il  y  a  des 
contrées  à  sols  argileux,  qui  n'ont  reçu  que  de  lointains  marnages,  ou  chaulages, 
pas  drainés,  légèrement  labourés.  Là  le  mal  est  grand,  irréparable;  les  blés  semés 
croupissent  dans  l'eau,  leur  végétation  n'a  pas  fait  un  pas,  l'eau  ruisselle  à  la 
surface  ;  à  peine  a-t-elle  disparu  qu'une  chute  nouvelle  vient  de  nouveau  arrêter 
tout  effort  de  végétation.  Les  herbes  nuisibles  seules,  qui  ne  redoutent  pas  cet  état 
marécageux,  prennent  possession  du  sol.  Il  sera  difficile  de  les  déloger. 

A  côté  de  ces  emblaves  à  rendement  incertain,  il  y  a  des  champs  qui  ne 
purent  recevoir  la  semence  ;  le  bouvier  fut  chassé  du  champ  par  la  pluie;  il  n'a  pu 
y  rentrer. 

On  a  beaucoup  parlé  de  blés  de  printemps  ;  leur  réussite  est  très  rare  dans  nos 
contrées;  nous  passons  sans  transition  dune  température  diurne  de  15"  à  celle 
de  25°  et  28°  ;  les  blés  à  l'état  laiteux  ne  résistent  pas  à  cette  insolation. 

Il  est  des  céréales,  l'orge  surtout,  et  une  variété  plus  rapide  que  les  autres,  qui 
eîit  pu  réparer  le  mal,  qui  le  pourrait  encore  à  la  condition  toutelois  d'aller  cher- 
cher la  semence  dans  les  régions  où  la  rigueur  du  climat  contraint  la  céréale 
à  une  rapidité  d'allure  végétale  qu'elle  conserve  dans  son  habitat  nouveau  pendant 
un  ou  deux  ans. 

Des  expériences  curieuses,  utiles,  racontées  dans  un  mémoire  de  M.  Tisserand, 
directeur  de  l'agriculture,  tracent  la  marche  à  suivre  pour  tout  agriculteur,  sou- 
cieux d'utiliser  son  sol,  de  montrer  son  adresse  à  lutter  contre  l'inclémence  du 
temps. 

Cette  activité,  cette  sagacité  manque  peut-être  un  peu  dans  nos  régions.  Jai  vu 
des  cultivateurs  acheter  10  kilog.  de  cette  céréale  à  véajétation  rapide  dans  l'espoir 
d'avoir  dans  quelques  années  la  quantité  de  graines  voulue  pour  faire  une  emblave. 
Ils  sont  plus  en  retard  que  leurs  cultures. 

A  côté  de  ces  travaux  exceptionnels,  difficiles  à  exécuter,  nous  trouvons  encore 
mêmes  embarras  pour  nos  cultures  courantes  :  nos  terres  à  maïs,  à  pommes  de 
terre,  à  légumes  divers,  labourées  avec  un  sol  à  moitié  ressuyé,  sont  sans  cesse 
arrosées.  Gomment  compter  sur  une  récolte  confiée  à  des  champs  qui  sont  à 
l'état  boueux  depuis  novembre!  Que  de  données  favorables  ne  faut-il  pas  accu- 
muler sur  ces  cultures  pour  en  attendre  un  rendement  rémunérateur . 

Les  travaux  sont  si  en  retard  que  nos  bœufs  de  travail  se  vendent  bien,  mal- 
gré le  vide  de  nos  granges  ;  il  est  à  craindre  que  nos  foires  et  marchés  ne 
perdent  bientôt  cette  animation  qui  nousfait  unmoment  illusion  sur  notre  situation 
agricole.  Dupuy-Montbrun, 

Professeur  d'agriculture  du  Tarn. 

SOCIÉTÉ    NATIONALE    D'AGRICULTURE 

Séance  du  4  avril  1883.  — •  Présidence  de  M.  Dumas. 

M.  Gréa,  lauréat  de  la  prime  d'honneur  du  Jura,  écrit  pour  poser  sa 
candidature  à  une  place  de  membre  associé  dans  la  Section  d'écono- 
mie des  animaux. 

M.  Naudin,  membre  de  la  Société,  envoie  une  note  sur  l'importance 
de  la  création  de  forêts  en  Algérie,  et  sur  les  essences  qui  peuvent  ser- 
vir dans  ce  but,  tant  pour  la  montagne  que  pour  la  plaine, 

M.  le  secrétaire  perpétuel  annonce  la  mort  de  M.  Léon  Féret,  cor- 
respcmdant  de  la  Société. 

M.  Léo  d'Ounous,  correspondant,  envoie  une  note  sur  les  plantations 
forestières  qu'il   a  effectuées  durant  Thiver  dernier  dans  î'Ariège. 

M.  Mouillefert  transmet  son  rapport  sur  l'application  du  sulfocarbo- 
nate  de  potassium  au  traitement  des  vignes  phylloxérées  pendant 
l'année  1882. 

M.  Renou  fait  une  communication   sur  la  météoi^ologie  du  mois  de 
mars  ;  il  insiste  spécialement  sur  les  caractères   du  refroidissement 
qui  s'est  produit  du  10  au  20,  et  qui  s'est  étendu  sur  de  vastes  sur- 
faces, dans  la  plus  grande  partie  de  l'Europe.  Cette  note  sera  publiée  . 
dans  h  Journal. 


3,4  SOCIETE  NATIONALE  D'AGRIGULTaRE  DE  FRANGE. 

M.  de  Luçay  donne  lecture  d'un  rapport  sur  une  note  de  M.  Alfred 
Durand-Claye  relative  à  l'accroissement  de  la  population  dans  le  dépar- 
tement de  la  Seine  et  dans  les  parties  limitrophes  du  département  de 
Seine-et-Oise.  A  cette  occasion,  M.  Bouley  croit  utile  de  faire  remarquer 
raceroissement  de  34  pour  100,  constaté  par  la  commune  de  Genne- 
villiers,  et  il  pense  qu'une  partie  notable  de  cet  accroissement  doit 
être  atti'ibuéeà  la  pratique  des  irrigations  avec  les  eaux  d'égout  qui,  sans 
nuire  à  l'hygiène  de  la  localité,  lui  a  apporté  de  grands  éléments  de 
prospérité.  M.Raoul  Duval,  tout  en  constatant  l'importance  et  la  valeur 
de  ces  irrigations,  pense  que  la  plus  grande  part  de  cet  accroissement 
est  due,  au  contraire,  aux  plus  grandes  facilités  de  communication 
avec  Paris  et  à  l'extension  de  l'industrie  à  Gennevilliers. 

Des  observations  sont  ensuite  échangées  entre  MM.  Gareau,  Chatin, 
Barrai,  Chevreul  et  Dumas,  sur  l'emploi  des  eauxd'égout  en  agriculture. 
M.  Barrai  fait  remarquer  que  le  projet  qui  consiste  à  déverser  toutes 
les  eaux  d'égout  de  Pa^is  sur  une  étendue  de  1 ,400  hectares,  dans  la 
presqu'île  de  Saint-Germain,  ne  pourrapas  donner  les  résultats  qu'on 
en  attend,  parce  qu'il  faudrait  une  surface  plus  que  décuple  pour 
absorber  les  300,000  mètres  cubes  de  liquide  qui  sortent  chaque  jour 
des  égouts  de  Paris.  M.  Chevreul  insiste  sur  la  lenteur  de  la  destruc- 
tion des  matières  organiques  dans  le  sol,  et,  rappelant  les  observa- 
tions qu'il  a  eu  l'occasion  de  faire  sur  ce  sujet,  il  exprime  l'opinion 
qu'il  faudrait  faire  de  nombreuses  expériences  afin  de  se  rendre  compte 
des  résultats  des  infiltrations  dans  le  sol  àxts  eaux  des  égouts. 

M.  Bouquet  de  la  Gruye  maintient,  au  nom  de  la  Section  de  syl- 
viculture, les  conclusions  du  rapport  qu'il  avait  fait  précédemment 
relativement  à  une  communication  de  M.  de  Thiac.  M.  Boitel  fait 
remarquer  que,  dans  beaucoup  de  régions,  notamment  dans  celles 
oij  les  forêts  occupent  la  plus  vaste  étendue,  on  pourrait  organiser 
dans  les  fermes-écoles  et  dans  les  écoles  pratiques  d'agriculture  un 
enseignement  de  sylviculture  qui  serait  fructueux  pour  la  formation 
de  gardes  aptes  à  rendre  des  services  aux  propriétaires  de  bois. 
Après  quelques  explications  données  par  MM.  Chatin  et  Heuzé  pour 
appuyer  ce  que  M.  Boitel  vient  de  dire  sur  la  difficulté,  pour  les 
propriétaires  de  bois,  de  se  procurer  des  gardes,  et  sur  les  avantages 
que  présenterait  l'introduction  de  la  sylviculture  dans  l'enseignement 
de  quelques  fermes-écoles,  la  Société  décide,  sur  la  proposition  de 
M.  Barrai,  que  le  rapport  est  renvoyé  à  la  Section.  M.  Dumas  fait 
observer  que,  d'une  manière  générale,  le  recrutement  des  établisse- 
ments d'enseignement  est  d'autant  plus  'facile  que  les  élèves  trou- 
vent, à  la  sortie  de  ces  établissements,  une  carrière  assurée. 

Henry  Sagnier. 

REVUE   COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(7  AVRIL  1883). 
I.  —  Siluation  générale. 

Les  cuitivateurs,  que  les  travaux  de  la  saison  retiennenl  dans  leurs  fermes, 
fréquentent  peu  les  marchés.  Les  aSaires  sont  calmes  pour  la  plupart  des  denrées 
agricoles. 

IL  —  Les  grains  et  les  farines. 

Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal  métrique, 
sur  les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger  : 


REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT  (7  AVRIL  1883). 


1"  REGION.  —  NORD. 


Calvados.  Condc 

—  Caen 

Côl.-du-Nord.  Pontrieux 

—       ïréguier.. 
Finistère.  MorhUx 

—  Ouimper 

tlle-et-Vilaine.  Rennes.. 

—         Hedon  

Manches.  Avranches... 

—  Pontorson.. . . 

—  Villedieu 

Mayenne.  Laval 

—  <"h;Uenii-Gonlier.. 
Morbihan.  Hennebont.. 
Orne.  Bellème 

—  Vinioutiers 

Sarlhe.  Le  Mans 

—  Sablé . 


15.75 
17.50 


•23.50  »  18. Î5 

24  25  ■»  17.50 

25. -25  17.25  15.50 

"iG.OO  »  17.00 

Prix  moyens 24.64  17.22  n.l'ô 

2*  RÉGION.  —  NORD. 

Aisne.  Soissons 23.70  »  » 

—      Saint-Quentin...  24.00  16.00  » 


V  llers-Cotterets.  22 
Eure.    Bernay 25, 

—  Evreux 23. 

—  Louviers 23 

(Bure-et-Loir.  Chartres..  24. 

—  Auneau 23. 

—  Nogent-le-Rotrou.  2(5, 
Tford.  Cambrai 25. 

—  Lille 27. 

—  Valenciennes 26, 

Oise.  Beauvais 23 

—  Compiègne 22. 

—  Senlia 22, 

Pas-de-Calnis.  Arras. . .  26, 

—  Doiillens 24, 

Seine.  Pans 25 

'S.-el-Mnr.  Mennx 23 

—  Nemours 23 

—  Provins 24 

S.-et-Oise.  Etampes 24 

—  Pontoise 23, 

—  Versailles 23, 

Seine-Inférieure.  Rouen.  24 

—  Diepi»e 25, 

—  Fecarap 22, 

Sotnme.  Amiens 25, 

—  Péronne 23. 

—  Roje 22. 

Prix  moyens 24. 


18.00 

19.25 
19.00 
18  00 
20.00 
18.50 

17.50 
20.25 
19.50 
18.00 

» 
19.00 
18.75 
19.25 

17.25 
19.00 
17.00 
16.50 
18.00 
18.65 


18.50 

18.00 

17. 50 

02      15.04      18.38 


SO      14.25 


3"  RÉGION 

Ardennes.  Charleville.   . 

—  Sedan 

Aube.  Troyes 

—  Méry-sur-Seine  . .  . 

—  "Noseiit-snr-Seine. 
Marne.  Clialons 

—  Ept-rnay 

—  Reims 

Hie-Marne.  St-Dizier... 
Meurthe-cl-Mos.  Nancy. 

—  Lunéville 

—  Toul 

Meuse.  Bar-le-Duc 

—  Verdun  

Haute-Saône .  Gray 

Vosges.  Neufciiâleau.. . . 

—  Mirecourt 

— «     Epinal 

Prix  moyens 

4°   RÉGION 

Charente.  Angouléme... 

—  RufTec 

Char.-Infér.  La  Rochelle 

Deux-Si-wns .  Niort 

Indre-el- Loire.  Bléré 

—  <  hàtoaii-Renault.. 

Loire-Inf.  Nantes 

M.-et-Lo^y-.  Saumur 

—  Angers 

Vendée.  Luçon 

—  Fofitenay-le-Comte 
Vienne.  Poitiers 

—  Cliàtel'erault  .' 

Haute-  Vienne.  Lin^oges. . 

Prix  moyens 


—  NORD-EST. 


23.25  15.00  20.25 

23.00  15.50  18.50     : 

23.70  14. 80  17.50 

23.25  15.20  17.25 

24.50  15.00  19.50 

23  75  15  75  18.35 

2300  15.00         » 

22, «0  i4.75  16.75 

22.75  14.50  16.50 

23.25  15.00  17.50 

24.00  15.75  » 

23.50  16.00  16.25 

23.00  15   00  16.00 

23 .50  »  16. 50 

23.00  15.00  15.50 

23.25  16.00  » 

23.50  15.00  17.00     16.50 

24.50  16.50  »  !6.50 

23.42  15.28  17.38      17.28 


26.25 
26 .  00 
2't.OO 
24 .  50 
25.00 
25  00 
25.75 
25  50 
24.75 
25.00 
24.50 
25.50 
25.00 
26.75 


18.50 
18.00 


15.00 
15-50 
15.00 

14.75 


15.25 
17.00 


18.50 
17.00 
17.50 
19.50 
18.50 
19.25 
17.35 
20.00 
18  00 
13.5  > 
18.85 
18.50 
17   75 


20.00 
17.2S 
17.50 
18.00 
17.50 
19.00 
17.50 
17.75 
19.50 
17. 2d 
17  00 
17.00 
1 7 .  (K) 
19.00 


25.25     16.13     18.40     17.94 


Allier.  Montliiçon.. .. 

—  Saint-Pourçain  , 

—  Gannat , 

Cher.  Bourges 

—  Graçay 

—  Vierzon 

Creuse.  Aubusson.... 
Indre.  Chàteauroux . . 

—  Issoudun 

—  La  Châtre 

Loiret.  Montargis 

—  Gien 

—  Pithiviers 

L.-el-Cher.  Blois 

—  Montoire 

Nièvre.  Nevers 

—  La  Charité 

Vanne.  Brienon 

—  Tonnerre 

—  Sens 


CENTRE. 

lié.  Seigle. 

fr. 

.25  17.00 

.00  17.25 

.50  » 

.00  (11.  50 

.25  15.50 

.50  15.00 

.75  15.20 

.20  1 5 . 00 

.50  14.50 

.55  15.25 

.50  15   00 

75  15.50 

.30  14.60 

.25  15.50 

.00  15.20 

.85  I) 

.20  14.25 

.00  15.50 

.75  13.50 

.00  15.00 

Prix  moyens 24.59  15.07 

6"  RÉGION.  —  EST. 

.4m.  Bourg 25.25  17  00 

—  Pont-de-Vaux 24.25  16.50 

Côle-d'Or.  Dijon 22.00  15.00 

—  Semur 22.00  14.50 

Z)ou6s.  Besançon 23.50  » 

Isère.  Bourgom 24.50  14.25 

—  Vienne 24.25  .16.00 

Jura.  Dole 22.00  15.15 

Loij-e.  Monlbrison 24.50  15.50 

/*.-de-£>(3me.  Clermont-F.  27.00  I7  00 

Rhône.  Lyon 25.15  14.75 

Saône-el- Loire.  Chalon  .  25.00  16.50 

—  Autun 23.50  15.50 

^ai'o?e.  ChGmbéry 26.25  » 

Ille-Savoie.  Annecy 25.80  » 

Prix  moyens 24.33  15.64 

7'  RÉGION.  —  SUD-OUEST. 

Ariège.  Foix 26  25  13.00 

—  Pamiers 24  40  16.30 

Dordog7ie.  BergerSiC 27.90  17.50 

///e-Garoune.  Toulouse.  24.25  17.00 

—  St-Gaudens 25.75  18.00 

Gers.  Condom 27.25  » 

—  Eauze 27.00  » 

—  Mirande 26  50  » 

Gtroude.  Bordeaux 27.50  » 

—  Bazas 26.00  18.25 

Landes.  Dax 28.75  19.00 

Lot-et-Garonne.  Agen...  27.00  19.25 

—  Nérac 27.00  19  00 

D. -Pyrénées.  Ba.yonne..   28.25  18.70 

Htes-Pyrénées.  Tarbes..  27.00  19.00 

Prix  ;noyens 26.67  18.18 

8"  RÉGION.  —  SUD. 

Aude.  Carcassonne 28.25 

—  Castelnaudary 28.00 

Aveyron.  Rodez 24.50 

Canlal.  Ma.\ina.c 24.65 

Corrèie.  Luberzac 25.75 

Hérault.  Bézlers 26.00 

—  Cette 28.25 

/Lo/.  C.ihors 27.50 

Lozci'c.  .\rende 24.05 

Pi/réiiees-Of. Perpignan.  27.75 

Tara.  Castres 27.50 

Tarn-et-CVo)\  MontauDan  27.25 


Orge. 

fr. 

1  .S ,  00 

19.20 

17.00 

19.25 

19.00 

19.25 

19.00 
18.60 
18.00 
18.50 
19  50 
17.65 
21.00 
19.50 


16. 80 
16.00 
18.00 


35 


Avoine. 

fr. 

17.00 

17.50 

18.00 

20.50 

16.75 

19.00 

17.50 

17.50 

17.25 

17.50 

18.75 

18.25 

19.10 

22.00 

17.50 

17.25 

16.50 

18.50 

16.75 

18.00 


13.48     18.06 


16.75 
19.75 
16.75 
17.50 
15.50 
18.00 
17.75 


18.00 
17.25 
16.25 
15.50 
16.75 
18.00 
17.50 
17.25 
17.50 

» 
18.75 
18.50 
16.75 


17.38     17.38 


18.00 

19. 

19.00 


19.25 
21.00 
19.50 
20.00 
21.00 
20.50 
22.25 
21.50 
18.70 
20'.  50 

» 
19.75 
20.00 


18.94     19.90 


18 

25 

20.50 

22  00 

18 

00 

20.00 

19.75 

17 

85 

21.25 

19.00 

22 

20 

» 

21.50 

18 

25 

18.25 

1S.50 

21 

00 

20.50 

29.75 

20 

00 

20.25 

20.00 

17 

80 

17.75 

18.25 

17 

35 

16.20 

17.80 

18 

10 

20.00 

25.00 

19 

75 

19-00 

19.50 

17 

.50 

19.50 

20.00 

Prix  moyens 26.79     18.8  i 

9"  RÉGION.  —  SUD-EST. 
Basses-Alpes.  Manosque  28.50 
Hautes-. Ûpes.  Briançon.  23.00     18.25 
Alpes-Maritimes. CaMwti  27 . 50 

Ardèche.  Privas 27 .05 

B.-du-Rhône.  Arles 28.25 

Drôme.  Romans 25 .  00 

Gard.  Nîmes 27.85 

Haute-Loire.  Brioude...  24. 80 

Far.  Dra^uignan 28.00 

Faucîtise.  Carpentras...  27.25 

Prix  moyens 27.22 

Moy.  de  toute  la  France  25.21 
—  de  la  semaine  précéd.  25. 4 1 

Sur  la  semainejHausse.       » 
précédente.. [Baisse..     0.20 


19.56     20   17 


)i 

24 

00 

18 

25 

19 

00 

20 

75 

17 

75 

18 

25 

19 

20 

19 

60 

18 

20 

19 

00 

17 

oO 

18 

25 

16 

25 

» 

17 

50 

16 

35 

18 

50 

20 

00 

17 

00 

» 

1^ 

50 

20 

00 

14 

00 

20 

00 

18 

25 

17 

39 

18 

92 

19 

21 

16 

53 

18 

W 

18 

56 

16 

63 

18 

31 

18 

57 

0.10      0.02       O.Ol 


36  '       REVUE   COMMERCIALE  ET  PRIX   COURANT 

Blé.  Seigle.          Orge.  Avoine 

fr.  fr.                fr.               fr. 
....                        »i      i  blé  tendre...        28.50 

Algérie.                     Alger    ,,,  ,                      nr  -,r  i^  e«         ,„  r« 

^                               "    (  ble  dur 2.5. 7.t  »            16.50         16.50 

Angleterre.               Londres 26.00  »  18.75  20.00 

Belgique.                  Anvers 25.00  17.25  17.00  16.25 

—  Bruxelles 24.75  15.75  »  » 

—  Liège 23.75  16.75  20.50  17.00 

—  Namur 22.50  15. .^0  20.00  15.00 

Pays-Bas.                Anislerdam 24.15  16.70  »  » 

Luxembourg.           Luxembourg 24.25  19.00  »  17.25 

Alsace-Lorraine.    Strasbourg 24.. 50  17.75  17.50  17.25 

—  Melz 24.00  16. .50  »  17.50 

—  Mulhouse 22  50  16.25  17.00  17.80 

Allemagne.              Berlin 23. .50  17.25 

—  Cologne 24.35  18.10 

—  Hambourg 23 .  25  16 .  85 

Suisse.                     Genève ; 27  25            »                »  21 .  50 

Italie.                        Turin 25.50  19.00            »  18.25 

Espagne.  Valladolid 25.00  »  » 

Autriche.                  Vienne 20.50     •    15.25  15.50  14.50 

Hongrie.                   Budapeslh 21.00  15.50  15.70  14.00 

Russie.  Sainl-Pétersbourg..  20.75  14. .50            »  13.25 

Etats-Unis.              ISew-York 23.95            »                »  » 

Nous  sommes  dans  une  période  de  calme  qui  se  reproduit  chaque  année  à  la 
même  date.  Depuis  le  commencement  de  mars  jusqu'au  moment  de  la  moisson, 
les  marchés  sont  peu  approvisionnés,  les  cultivateurs  n'ayant  plus  de  ventes  impor- 
tantes à  faire;  les  offres  sont  donc  restreintes  partout,  et  les  cours  varient  dans  de 
très  faibles  proportions,  à  moins  qu'il  ne  survienne  des  circonstances  qui  paraissent 
devoir  influer  sur  le  lésultat  définitif  de  la  récolte.  Pour  le  moment,  il  n'en  est 
pas  ainsi  ;  les  cours  se  soutiennent  sans  variations  importantes  sur  le  plus  g.-'and 
nombre  des  marcliés.  Du  1"'  août  au  31  mars,  les  Etats-Unis  ont  expédié  en  Eu- 
rope 31  millions  d'hectolitres  de  blé,  dont  22  millions  environ  pour  l'Angleterre; 
au  31  mars  1882,  il  avait  été  expédié  25  millions  d'hectolitres.  — A  la  halle  de 
Paris,  le  mercredi  4  avril,  il  y  a  eu  peu  d'affaires  ;  les  prix  se  sont  soutenus  aux 
taux  de  la  semaine  dernière;  on  cotait  de  24  à  26  fr.  50  par  100  kilog.  suivant 
les  qualités,  comme  précédemment.  Au  marché  des  blés  à  livrer,  on  cotait  : 
courant  du  mois,  25  fr.  à  25  fr.  25  ;  mai,  25  fr.  50  à  25  fr.  75;  juin,  26  fr.;  quatre 
mois  de  mai,  26  fr.  25  à  26  Ir.  50  ;  juillet  et  août,  26  fr,  75.  —  Au  Havre.,  les 
blés  d'Amérique  se  vendent  facilement  de  26  fr.  à  27  fr.  par  quintal  métrique 
suivant  les  qualités  —  A  Marseille,  les  arrivages,  très  faibles,  n'ont  été  que  de 
28,000  quintaux  depuis  huit  jours;  les  ventes  sont  peu  animées  ;  le  stock  est  de 
239,000  quintaux  dans  les  docks.  Au  dernier  jour,  on  paye  :  Red-winter, 
28  fr.  50  à  28  fr.  75;  Berdianska,  27  fr.  50;  Marianopoli,  26  fr.  50  à  27  fr.  ; 
Pologne,  26  fr.  à  26  fr.  75;  Bessarabie,  24  fr.  50  à  26  fr.  ;  Salonique,  22  fr.  50 
à  23  fr.  —  A  Londres .^  les  importations  de  blés  étrangers  ont  été,  depuis  huit 
Jours,  de  93,000  quintaux;  il  y  a  peu  d'affaires,  et  les  prix  demeurent  station- 
naires.  On  cote  de  24  fr.  60  à  27  fr.  20  par  IlO  kilog.  suivant  les  qualités  et  les 
provenances. 

Farines.  —  Les  ventes  sont  toujours  assez  restreintes,  et  sont  limtées  aux 
stricts  besoins  de  la  Jjoulangerie.  Eu  ce  qui  concerne  les  farines  de  consomma- 
tion, on  cotait,  à  Paris,  le  mercredi  4  avril:  marque  de  Gorbeil,  59  fr. ;  marques 
de  choix,  59  à  61  fr.;  premières  marques,  57  à  58  fr.;  bonnes  marques,  56  à 
57  fr.;  sortes  ordinaires,  54  à  55  fr.;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.  toile  à  ren- 
dre ou  157  kilog.  net,  ce  qui  correspond  aux  prix  extrêmes  de  34  fr.  40  à 
38  fr.  85  par  100  kilog.,  ou  en  moyenne  36  fr.  65.  — Pour  les  farines  de  spécu- 
lation, les  prix  sont  faibles.  On  cotait  à  Paris,  le  mercredi  4  avril  au  soir  :  fari- 
nes neuf -marques,  courant  du  mois,  55  fr.  75  à  56  fr.;  mai  56  fr.  50  à  56  fr.  75  ; 
juin,  57  fr.  25  à  57  fr  50;  quatre  mois  de  mai  57  fr.  50  à  57  fr.  75;  juillet  et 
août  58  à  58  fr.  25;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.  toile  perdue  ou.  157  kilog.  net. 
Les  cours  des  farines  deuxièmes  demeurent  fixés  de  26  à  33  fr.;  ceux  des  gruaux 
de  45  à  58  fr.;  le  tout  par  100  kilog. 

Seigles.  —  H  y  a  peu  de  vente.  On  paye  à  la  halle  de  Paris  de  15  fr.  50  à 
15  fr.  75,  par  100  kilog.  —  Les  farines  sont  vendues  facilement  au  cours  de  23 
à  25  fr. 

Orges.  —  Mêmes  prix  que  précédemment,  saul  pour  les  qualités  secondaires 
qui  accusent  un  peu  de  baisse.  On  cote  à  la  halle  de  Paris,  de  ,18  à  20  fr.  50  par 
100  kilog.,  suivant  les  sortes.  Les  escourgeons  se  vendent  facilement  de  17  fr.  50 


DES    DENRÉES  AGRICOLES   (7  AVRIL   1883).  37 

à  18  fr.  50.  —  A  Londres,  il  y  a  seulement  12,000  quintaux  d'orge  importé  depuis 
huit  jours  ;  les  ventes  sont  actives;  on  paye  de  18  à  20  fr.  70  par  100  kilog., 
suivant  les  qualités. 

Malt,  —  Les  prix  ne  varient  pas.  On  cote,  à  Paris  :  malts  d'orge,  25  à  32  fr., 
d'escourgeon,  27  à  30  fr.;  le  tout  par  100  kilog.. 

Avoines.  —  Les  belles  qualités  soat  recherchées  avec  des  offres  restreintes.  On 
paye  à  la  halle  de  Paris,  de  17  à  19  fr.  50  par  100  kilog.,  suivant  poids,  couleur 
et  qualité.  —  A  Londres,  il  a  été  importé  48,000  quintaux  d'avoines  depuis  huit 
jours  ;  les  prix  accusent  beaucoup  de  fermeté;  on  paye  de  18  fr.  40  à  21  fr.  50 
par  100  k'iog.  suivant  les  sortes. 

Sarrasin.  —  Les  prix  varient  peu.  On  paye  à  Paris  de  16  fr.  à  16  fr.  25  par 
100  kilog. 

Maïs.  —  Les  cours  sont  toujours  plus  faibles.  On  paye  au  Havre  de  17  à  18  fr, 
par  100  kilog.  pour  les  maïs  d'Amérique. 

Issues.  —  Il  y  a  beaucoup  de  fermeté  dans  les  prix.  On  paye  à  Paris  par 
100  kilog.  :  gros  son  seul,  14  fr.  50  à   14  fr.  75;  son  trois  cases,   13  fr.  75  à 

14  Ir.  ;  sons  fins,  13  fr.  à  13  fr.  25;  recoupettes,  13  fr.  à  13  fr.  25;  remoulages 
bis,  14  fr,  à  14  fr.  50;  remoulages  blancs,  15  à  16  fr. 

III.  —  Fruits  et  légumes  frais. 

Fruits.  —  Cours  de  k  halle  de  Paris  :  fraises  de  châssis,  le  pot,  1  fr.  50  à 
5  fr.  ;  poires,  le  cent,  10  fr.  à  100  fr.;  le  kilog.,  0  fr,  35  àO  fr.  55  ;  pommes,  le  cent, 
10  fr.  à  100  fr.;  le  kilog.,  0  fr.  30  à  0  fr.  50;  raisins,  chasselas  de  serres,  le 
kilog.,  7  à  16  fr. 

Gros  légumes.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  asperges  de  châssis,  la  botte,  de 

15  à  30  fr.;  aux  petits  pois,  la  botte,  1  à  2  fr.;  carottes  nouvelles,  les  100  bottes, 
100  à  125  fr.;  carottes  communes,  les  100  bottes,  20  à  50  fr.;  d'hiver,  l'hecto- 
litre, 3  à  4  fr.  ;  de  chevaux,  les  100  bottes,  15  à  25  fr,;  choux  communs,  le  cent, 
5  à  20  fr.;  navets  nouveaux,  les  100  bottes,  100 à  150  fr,;  communs, les  100  bottes, 
20  à  30  tr,;  de  Freneuse,  les  100  bottes  35  à  40  fr.;  l'hectolitre,  3  fr.  à  4  fr.  50; 
oignons  en  grain,  l'hectolitre,  9  à  12  fr. ;  panais  communs,  les  100  bottes,  30  à 
à  60  fr. 

Pommes  de  terre.  —  Hollande  communes,  l'hectolitre,  16  à  19  fr.;  le  quintal, 
22  fr.  85  à  27  fr.  14;  jaunes  communes,  l'hectolitre,  10  à  12  fr.;  le  quintal, 
14  fr.  28  à  17   fr.  14. 

Menus  légumes.  —  Dernier  cours  de  la  halle  :  ail,  le  paquet  de  25  bottes, 
3  fr.  à  5  fr.;  appétits,  la  botte,  0  fr.  10  à  0  fr.  20  ;  barbe  de  capucin,  la  botte, 
G  fr.  15  à  0  fr.  30;  cardon,  la  botte,  2  fr.  à  5  fr.  ;  céleri,  la  botte,  0  fr.  50  à 
0  fr.  75  ;  rave,  la  pièce,  0  fr.  15  à  0  fr,  20  ;  cerfeuil,  la  botte,  0  fr.  40  à  0  fr.  50; 
champignons,  le  kilog.,  1  fr.  20  à  2  fr.  30;  chicorée  frisée,  le  cent,  12  à  18  fr.; 
choux-fleurs  de  Bretagne,  le  cent,  25  à  45  fr.;  choux  de  Bruxelles,  le  litre,  0  fr.  25 
à  0  fr,  40;  ciboules,  la  botte,  0  fr.  10  à  0  fr.  20;  cresson,  la  botte  de  12 
bottes,  0  fr  67  à  1  fr.  70;  échalottes,  la  botte,  0  fr.  30  à  0  fr,  40;  épinards, 
le  paquet,  0  fr,  50  à  0  fr.  60;  escaroile,  le  cent,  12  à  22  fr.;  laitue,  le  cent, 
7  à  14  fr.;  mâches,  le  calais,  0  fr.  20  à  0  fr.  30;  oseille,  le  paquet,  0  fr.  70  à  Ofr.  90; 
persil,  la  botte,  0  fr.  40  à  0  fr,  50;  pissenlits,  le  kilog,,  0  fr,  30  à  0  fr.  60;  radis 
roses,  la  botte,  0  fr.  15  à  0  fr,  25;  noirs,  le  cent,  5  à  15  fr,;  romaine,  la  botte 
de  4  têtes,  1  fr.  40  à  2  fr.;  salsifis,  la  botte,  Ofr.  50  à  0  fr,  60  ;  thym,  la  botte, 
0  fr.  10  à  0  fr.  20. 

IV.  —  Vins, spiritueux,  vinaigres,  cidres. 

Vins.  —  Voici  l'époque  de  l'année  où  l'on  commence  à  se  préoccuper  de  l'ave- 
nir des  vignes.  Grâce  au  temps  favorable  qui  règne  depuis  quelque  temps  dans 
presque  toutes  les  parties  de  la  France,  on  poursuit  avec  activité  les  travaux  que 
la  persistance  de  l'hiver  avait  retardés.  On  achève  la  taille,  on  procède  aux  la- 
bours, on  fait  la  toilette  des  vignes.  Les  travaux  ne  chôment  pas;  mais  ils  se  font 
allègrement,  parce  que  les  viticulteurs  sont  généralement  contents  de  l'aspect  du 
bois  qui  fait  l'espoir  de  la  prochaine  récolte.  Malheureusement,  si  tel  est  l'état 
des  choses  dans  les  parties  du  vignoble  qui  n'ont  pas  été  atteintes  jusqu'ici  par 
le  phylloxéra,  dans  les  départements  envahis  il  n'en  est  pas  de  même  ;  là  on  con- 
state de  nouveaux  manquants,  on  signale  des  vides  plus  nombreux  et  une  exten- 
sion croissante  du  fléau.  Quant  aux  effets  des  gelées  du  mois  de  mars,  ils  n'ont 
été  sérieux  que  dans  les  parties  les  plus  méridionales  du  pays.  Les  soutirages  se 
font  activement  dans  les  caves,  et  l'on  constate  que  la  quahté  s'est  améliorée  sen- 


38  REVUE  COMMERCIALE   ET  PRIX  COURANT 

siblement  depuis  les  vendanges;  décidément  les  vins  nouveaux  sont  supérieurs  à 
la  réputation  qui  leur  avait  été  faite.  Aussi,  comme  les  quantités  dispotiibles  se 
font  rares,  les  prix  se  maintiennent,  malgré  les  efforts  du  commerce  pour  amener 
la  baisse.  Les  prix  restent  stationnaires  dans  la  plupart  des  centres.  Au  Havre 
on  cote  les  vins  étrangers,  par  hectolitre  :  vins  roages  d'Espagne,  42  à  53  £r.  ; 
vins  rouges  de  Portugal,  45  à  54  iV.  ;  Madère,  150  à  240  fr.  ;  Madère  d'Espagne, 
105  à  250  fr.  ;  Porto,  150  à  400  fr.  ;  Pajarète,  Constance,  175  à  450  fr.  ;  Marsaia, 
110  à  180  fr. 

Spiritueux.  —  Il  n'y  a  pas  une  grande  activité  à  signaler  dans  les  transactions, 
mais  les  prix  se  maintiennent  pour  toutes  les  catégories  avec  beaucoup  de  fer- 
meté. Dans  le  Midi,  les  cours  des  alcools  de  vins  sont  ceux  que  nous  avon-s  pré- 
cédemment indiqués;  on  paye  à  Cette  .••3/6  bon  goût,  105  à  110  fr.  1  hectolitre* 
3/6  marc,  100  fr.  Dans  le  Gers,  les  eaux-de-vie  nouvelles  sont  vendues  :  Haut- 
Armagnac,  150  à  15-2  fr.  50;  Ténarise,  157  fr.  50  à  160  fr.;  Bas-Armagnac,  190  fr. 
Dans  les  Charentes,  on  cote,  pour  les  eaux-de-vie  de  1875  à  1878  :  bons  bois  oi- 
dinaires,  2:20  à  255  fr.;  très  bons  bois,  225  à  280  fr.;  Borderie,  235  à  270  fr.; 
petite  Cbampagne,  240  à  280  fr.;  fine  Champagne,  265  à  310  fr.  A  Lille,  les  al- 
cools de  betteraves  se  cotent  52  fr.  50  l'hectolitre  nu.  A  Paris,  on  paye  :  3/6  befe^- 
teraves,  T'^  qualité,  90  degrés,  disponible,  53  fr.  75;  mai,  52  fr.  75  à  53  fr.; 
quatre  mois  de  mai,  52  fr.  75;  quatre  derniers  mois,  51  fr.  75  à  52  fr.  Le  stock 
était,  au  4  avril,  21,625  pipes  contre  14,3,25  en  1882. 

Vinaigres.  —  Prix  soutenus.  On  cote  à  Orléans,  par  hectolitre  :  vinaigre  nou- 
veau de  vin  nouveau,  40  à  42  fr.;  vinaigre  nouveau  de  vin  vieux,  50  à  60  fr. ;  vi- 
naigre vieux  de  vin,  50  à  60  fr. 

Raisins  sees.  —  Il  y  a  beaucoup  de  fermeté  dans  les  prix.  On  paye  à  Cette,  par 
100  kilog.  :  Corinthe,  52  à  54  fr.;  Thyra,  45  à  47  fr.;  Meninas,  49  à  50  fr.;  Samos 
noirs,  40  à  42.  fr.;  Samos  muscats,  34  à  36  fr.;  Yourlay,  par  graines,  46  à  48  fr.; 
Beyrou'thy  37  à  38  fr.;  figues  d'Espagne,  24  à  25  fr.;  caroubes,  13  fr. 

V\  —  Sucres.  —  Mélasses.  —  Fécules.  —  Glucoses.  —  Amidons.  —  Houblons. 

Sucres.  —  Depuis  huit  jours,  les  affaires  sur  les  sucres  ont  présenté  beaucoup 
de  calme  ;  les  prix  demeurent  stationnaires  sur  la  plupart  des  marchés.  On  cote 
à  Paris  par  100  kilog.  :  sucres  bruts  88  degrés  saccharimétriques,  58  fr.  5Q; 
les  99  degrés,.  60  fr.;  sucres  blancs,  60  fr.  25;  à  Valenciennes,  sucres  bruts, 
52  fr.  25  ;  à  Saint- Quentin,  51  fr.  75  à  52  fr.  ;  sucres  blancs.  60  à  60  fr.  25; 
à  Péronne,  sucres  bruts,  52  fr.  25;  sucres  blancs,  60  fr.  25.  —  Le  stock  de  l'en- 
trepôt réel  des  sucres,  à  Paris,  était,  le  4  avril,  de  838,000  sacs  pour  les  sucres 
indigènes,  avec  une  diminution  de  17,000  sacs  depuis  huit  jours.  La  fermeté 
dans  les  prix  se  maintient  dans  les  sucres  raffinés  qui  valent  de  106  à  107  fr.  50 
par  100  kilog.  à  la  consommation  et  65  fr.  50  à  68  fr.  50  pour  l'exportation.  — 
Très  peu  d'affaires  dans  les  ports  sur  les  sucres  coloniaux. 

Mélasses.  —  Les  prix  se  maintiennent.  On  cote  à  Paris  :  mélasses  de  fabrique, 
12  fr.  par  100  kilog.  ;  de  raffinerie,  13  fr.  50  à  14  fr. 

Fécules.  —  Il  y  a  une  grande  fermeté  dans  les  prix.  On  paye  à  Paris  40  fr.  j 
par  100  kilog.  pour  la  fécule  première  du  rayoa;  à  Compiègne,  39  fr.  50  à 
40  fr.  pour  celle  de  l'Oise  ;  à  Epinal,  40  fr.  50  pour  celle  des  Vosges. 

Glucoses. Les  prix  restent  dans  les  mêmes  proportions.  On  cote  à  Paris  : 

siropde  froment,  53  à  55  fr.  par  100  kilog.;,  sirop  massé,.  42  à  43  fr.  ;  sirop 
liquide,  34  à  36  fr.  ;  le  tout  par  100  kilog. 

Amidons.  —  H  y  a  beaucoup  de  fermeté  dans  les  prix.  On  paye  par  quintal 
métrique  :  amidon  de  pur  froment,  66  à  68  fr.  ;  de  province,  64  à  66  fr.;  de 
maïs,  54  à  56  fr. 

Houblons.  —  Les  transactions  sont  presque  nulles  ;  les  cultivateurs  ont  à  peu 
près  complètement  vendu  leur  récolte. 

VI.  —  Huiles  et  graines  oléagineuses,  tourteaux. 
Huiles.  —  Les  cours  sont  moins  fermes  que  la  semaine  précédente  pour  leS 
huiles  de  graines.  On  paye  à  Paris,  par  lOD  kilog.  :  huiles  de  colza  en  tous  fûts, 
106  fr.  50;  en  tonnes,  108  fr.  50;  épurée  en  tonnes,  J 16  fr.  50;  huile  de  lin  en 
tous  fûts,  58  fr.  25;  en  tonnes,  60  fr.  25.  —  Sur  les  marchés  des  dépnrtements, 
on  cote  les  huiles  de  colza  :  Lille,  95  à  96  fr.  ;  Gaen,  103  fr.  50;  Cambrai,  99  fr.  ; 
Rouen,  99  fr.  ;  et  pour  les  autres  sortes  :  lin,  59  fr.  50;  arachides,  74  à  77  fr.  — 
Dans  le  Midi,  les  cours  de&  huiles  d'olive  sont  ceux  que  nous  avons  indiqués  dans 
notre  précédente  revue. 


DES   DENRÉES  AGRICOLES  (7   AVRIL  |1 883).  39 

Graines  oléagineuses.  —  H  y  a  peu  d'affaires  sur  les  marchés  du  Nord.  On  paye 
à  Cambrai  par  hectolitre  :  œillette,  25  à  27  it.  25;  cameline,   16  à  17  fr. 

Tourteaux.  —  Grande  fermeté  dans  pinx.  On  cote  à  Arras  par  100  kilog.  : 
tourteaux  d'œiUctte,  26  fr.  ;  de  colza,  19  fr.  ;  de  lin,  24  fr.;  de  cameline,  19;  — 
A  Marseille,  lin,  17  fr.  50;  arachides  en  coques,  10  fr..;- arachides  décortiquées, 
15  fr.;  sésame  blanc,  U^  fr.;  colza  du  Danube,  12  fr,  50;  œillettes,  12  fr.  2?; 
coton  d'Egypte,  12  fr.  75;  palmiste  naturel,  18  fr.  50;  ricin,  11  fr.  7  5. 

Engrais.  —  A  Dunkerque,  les  nitrates  de  soude  valent  31  fr.  75  par  100  kilog. 
VII. —  Matières  résineuses,  colorantes  et  tannantes. 

Matières  résineuses.  —  Les  prix  sont  fortement  en  baisse.  On  paye  à  Bordeaux, 
95  fr.  par  ICO  kilog.  pour  l'essence  pure  de  térébenthine;  à  Dax,  84   Ir. 

Verckts.  —  A  Marseille,  les  verdets  en  pains  valent  220  à  225  fr.  par  100  kilog. 

Tartres.  —  Dans  le  Languedoc,  on  paie  les  cristaux  de  tartre  280  à  290  fr. 
par  100  kilog.;  l'acide  tartrique,  440  à  450  fr. 

VIII.  —  Suifs  et  corps  f/ras. 
Suifs.  — Prix  en  hausse.  On  paye  à  Paris  105  fr.  par  100  kilog.  pour  les  suifs  purs 
de  l'abat  de  la  boucherie  ;  78  fr.  75  pour  les  suils  en  branches. 

Cuirs  et  peaux.  — Aux  ventes  mensuelles  de  la  boucherie,  le  31  mars,  on  cotait 
par  100  kilog.  :  bœuf,  85  à  101  fr.,  suivant  la  taille;  vaches,  89  fr.  25  à  91  fr.  80; 
taureaux,  90  fr.  20;  veaux,  144  à  161  fr. 

IX.  —  Beurres.  —  Œufs.  —  'Fromages. 
Beurres.  —  Pendant  la  semaine,  il  a  été  vendu  à  la  halle  de  Paris  204,740   kilo*^. 
de  beurre.    Au  dernier  jour,    on  payait   par   kilog.  :  en  demi-kilog.,  2    fr.    80 
à  4  fr.  92  ;   petits  beurres,  2  fr.  38  à  3  fr.  10;  Gournay,  2  fr.  26  à  4  fr.  60;  Isi- 
gny,  2  fr.  90  à  8  fr.  52. 

Œufs.  — Du  26  au  31  mars, on  a  vendu  à  Paris,  6,290,274  œufs.  Au  dernier 
marché,  on  cotait  par  mille  :  choix,  94  à  106  fr. ;  ordinaires,  02  à  82  fr.;  petits, 
45  à  57  fr.. 

Fromages.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris,  par  douzaine  :  Brie,  8  à  36  fr.; 
Montlhéry,  15  fr.,  —  par  cent,  livarot,  71  à  121  fr.;  Mont-Dor,  15  à  37  fr.; 
Neufchâtel,  6  à24fr.;  divers,  9  à  85  fr.;  par  100  kilog.;  Gruyère,  110   à  170  fr. 

X.  —  Chevaux,  bétail,  viande. 

Chevaux.  —  Aux  marchés  des  28  et  31  mars,  à  Paris,  on  comptait  854  chevaux  ; 
sur  ce  nombre,  304  ont  été  vendus  comme  il  suit  : 


Chevaux  de  cabriolet.. 

—  de  trait 

—  hors  d'âge. . . 

—  à  renchère.. . 

—  de  boucherie. 


Amenés. 

Vendus. 

Prix  extrêmes. 

193 

39 

200  à  1,050  fr. 

289 

61 

270  à  1,125 

265 

97 

30  à  1,020 

27 

27 

30  à      300 

80 

80 

25  à       160 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  officiel  du  marché  aux  bes- 
tiaux de  la  Yillette,  du  jeudi  29  mars  au  mardi  3  avril  : 

Poids      Prix  du  kilog.  de  viande  nette  sur 
moyen  pied  au  marche  du  2  avril. 


Pour 

Amenés.  Paris. 

5,051  3,290 

1,42]  744 

248  203 

3,168  2,018 

Moulons 39,900  25,239 

Porcs  gras 8,555  2^433 

—    maigres.             »  » 


Bœufs 

Vaches . . 
Taureaux. 
Veaux  . . . 


Vendus 

Pour 

l'extérieur. 

1,460 

547 

38 

787 

11,145 

3,865 


En 

totalité. 

4,750 

1,291 

241 

2,805 

36,384 

6,298 


kil. 
354 
238 
388 
78 
20 
^2 


quai. 
1.74 
1.58 
1.45 
2  20 
2.20 
.1.42 


2e 

quai. 
1.54 
1.36 
1.34 
2.04 
2  08 
1.36 


3» 

quai. 

1.30 

1.20 


Prix 
moyen. 
1.52 
1.38 
1.33 
1.95 
2.03 
1.36 


Les  approvisionnements  du  marché  ont  été  très  abondants;  il  en  est  résulté 
une  certaine  difficulté  dans  les  ventes,  et  un  léger  mouvement  de  baisse  pour  la 
plupait  des  catégoiies  d'animaux.  —  Surles  marchés  des  départements,  on  paye  : 
Bouin,  bœuf,   1   fr.  60  à  1  fr.  90  par  kilog.  de  viande  nette  sur  pied;  vaches, 

1  fr,  45  à  1  fr.  75;  veaux,  1  fr.  95  à  2  fr.  30;  moutons,  2 .  f r.  15  à  2  fr.  45; 
porcs,  1  fr.  C5  à  1  fr.  40;  —  Nancy,  bœufs  morts,  94  à  101  fr.  les  100  kilog.; 
vaches,  ^0  à  98  fr.  ;  veaux,  130  à  144  fr.;  moutons,  105  à  120  fr.;  porcs, 
65  à  70  fr.;  —  Dijon,  bœuf,  1  fr.  60  à  1  fr.  80  ;  taureaux,  1  fr.  10  à  1  fr.  50; 
vaches,  1  fr.  20  à  1  fr.  70;  veaux  (poids  vif)  1  fr.  à   1  fr.  16  ;  moutons,  1  fr.  80  à 

2  fr.  20;  porc  (poids  vif),  1  fr.  à  1  fr.  06;  —  Lxjon,  bœuf,  75  à  85  fr.  les 
100  kilog.  bruts;  veau,  110  à  120  fr.;  moutons,  90  à. ICO  fr.;  —  Bourgoin^ 
bœuf,  67  à  74  fr.;  vaches,  56  à  66  fr.;  moutons,  85  à  95  fr.;  porcs,  86  à  90  fr.; 


40 


RE  VITE  COMMERCIALE    ET  PRIX  GOURANT   (7   AVRIL    1883). 


veaux,  70  à  80  fr.;  —  Genève,  bœuf,  1  fr.  50  à  1  fr.  70;  veau  (poids  vif),  o  fr.  95  à 
1  fr.  10  ;  mouton,  1  fr.  80  à  1  fr.  ÇO  ;  porc,  1  ir.  45  à  1  fr.  50. 

A  Londres,  les  importations  d'animaux  étrangers  durant  la  semaine  dernière  se 
sont  composées  de  14,834  têtes,  dont  11  bœufs  du  Havre;  209  bœufs  et  300  mou- 
tons de  New-York;  13.  bœufs,  95  veaux,  1^827  moutons  et  13  porcs  de  Rotter- 
dam ;   58   bœufs  de  Vigo.  Prix  du  kilog.   Bœuf  :  qualité   inférieure   1    fr.   52  à 

1  fr.  75  ;  2%  1  fr.  75  à  1  fr.  93;    1'%  1  fr.   93  à  2  fr.   05.  —  Veau  :   i%  1  fr.  93 
à  2  fr.  10;  V%  2  fr.  10  à  2  fr.  34.  —Mouton.  Qualité  inférieure    :   2   fr.   10   à 

2  fr.   2»  ;  2%   2  fr.  28  à  2  fr.  45  ;  l"',  2  fr.  45  à  2  fr.  57.  —  Porc  :  2%  \  fr.   52    à 
1  fr.  64;   1«,  1  fr.  64  à  1  fr.    75. 

Viande  à  la  criée.  —  Il  a  été  vendu  à  la  halle  de  Paris  du  26  mars  au  1"  avril  : 


Prix  da  kilog.  le  2  avril. 


kilog. 
Bœuf  ou  vache...   188,163 

Veau 207,G9.Î 

Mouton 8:3,972 

Porc G9,144 


1"  quai. 
1.56  à  1.92 
1.78      2.28 
1.52       1.90 
Pon 


2°  quai. 
1.34  à  1..54 
1..56       1.76 
1.30       1..50 
;  frais. 


3°  quai. 

0.96  à  1.32 

1.06       1..54 

0.86       1.28 

1  .24  à  1.36; 

78,425  kiloo 


Choix 
1.36  à  2, 


Basse  Boucherie. 
76     0.20  à  1.24 


1.40 
1.76 
salé. 


2.52 

2.66 

1.60  à 


o4.s,y74         Soit  par  jour 78,425  kilog. 

Les  ventes  ont  été  importantes.  Les  prix  sont  faibles  pour  toutes  les  catégories. 


XL  —  Cours  de  la  viande  à  rahatioir  de  la  Villette  du  5  avril  (par  50  kilog. 

Cours  de  la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  Villette  par  50  kilog.  :  T'* 
72  à  75  fr.  ;  2%  65  à  70  fr.  ;  poids  vifs,  48  à  52  fr. 

Bœufs.  Veaux.  Moutons. 


qualité, 


1" 

quai, 
fr. 

76 


2° 

quai. 

fr. 

70 


3« 

quai, 
fr. 
62 


1" 

qcal. 

fr. 

105 


2' 

quai, 
fr. 
98 


3' 

quai, 
fr. 
90 


quai. 
fr. 
95 


2"  3- 

quai.  quai. 

fr.  fc. 

90  83 


XII.  —  Marché  aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi  5  avril  1883. 


Animaux 

amenés.  Invendus. 

Bœufs 2.103  126 

Vaches à09  50 

Taureaux...         lis  16 

Veaux LSOÇi  221 

Moutons 14  256  1.922 

Porcs  gras..    ^  264  120 

—  maigres..          »  » 

Vente  lente  sur  toutes  les  espèces 


Poids 

moyen 

général. 

kil. 

332 

376 

380 

80 

I9 


Cours  officiels. 


Cours  des  commissionnaires 
en  bestiaux. 


1"        2"        3" 
quai.  quai.  quai. 


72 
(.58 
1.46 
2.20 
2.20 
1.42 


52 
1.36 
1.35 
2.00 
2  08 
1.36 


.30 
1  20 
1.22 

1.60 
1  98 
1.30 


Prix 
extrêmes. 
1.26  à  1.76 
1.14     1  62 


1"         2"  3" 

quai. quai.    quai. 


1.18 
1.44 
1.80 
1.26 


1.50 

2.40 
2.30 
1.46 


1.70 
1.56 

1.44 


1.50 
1.34 
1.32 


Prix 

extrêmes. 

1.24  à  1.74 

1.12    1  60 

1.16     1  48 


XIII.  — Résumé. 


Depuis  huit  jours,  les  prix  accusent  beaucoup  de  fermeté  pour  la  plupart  des 
produits,  notamment  pour  les  céréales,  les  vins,  les  fourrages,  et  les  produits 
animaux.  A.  Remy. 


BULLETIN  FINANCIER 

Faiblesse  à  nos  fonds  publics  :  le  3  0/0  à  80,25  perd  0,20,  le  5  0/0  à  114,35 
perd  0,25.  Faiblesse  également  à  nos  Sociétés  de  crédit;  reprise  à  nos  chemins 
de  fer. 

Cours  de  la  Bourse  du  28  mars  au  4  avril  1883  [au  comptant). 


Principales  valeurs  françaises  : 

Plus      Plus    Dernier 
bas.      haut,    cours. 

Rente  3  0/0 ■    so.io      80  45      80.25 

Rente  3  o/o  amortis .       81.00      82.00      81.35 

Rente  4  1/2  o|o iio.50    112.00    lio.eo 

Rente  5  0/0 114  10     114.60     114.35 

Banque  de  France 5340.00  54!0.oo  5340.00 

Comptoir  d'escompte 960.00     985.00     980  00 

Société  générale 555.00    562.50    557.50 

Crédit  foncier 1335.00  1360.00  1335.00 

Est.. Actions  500     722.50     732.50     730.00 

Midi d°    1125.00   1135.00   H30.00 

Nord d"  1860.00    1885.00   1885.00 

Orléans d»  1267.50   1271.50  1271.25 

Ouest d°     7â5.00     790.00     785.00 

Paris-Lyon-Méditerranée  d°  1553.75  1570.00  1570.00 
Paris  1871  obi.  400  à  3  O/O.      394.00     394.75     394.00 

Italien  5  o/o 90. 3o      9i.40      9140 

Le  Gérant  :  A.  BOUCHÉ. 


Fonds  publics  et  emprunts  français  et 
étrangers  : 

Plus  Plus  Dernier 

bas.  haut,  cours, 

obligations  du  Trésor            »  »                » 

remb.  à  5C0  4  0/0...       502.00  508.00  508.00 

Consolidés  angl.  3  0/0       102.7/8  103.00  102.7/8 

5  0|0  autrichien 67.1/16  67.1/4  67.1/4 

4  0/0  belge 105  35  106.25  106.25 

6  0/0  égyptien 378.75  382.00  378.75 

3  0/0  espagnol,  extér'.            »  d                » 

5  0/0  Honduras  obi.  300            »  •>                >■ 
Tabacs  ital.,  obi.  300.       5!0.00  510.00  510.00 

6  0/0  péruvien »  »               >> 

5   i/o   russe 91.50  92.50  92.50 

5   0/0  turc 12.35  12.50  12.20 

5  0/0  roumain 93.00  93.00  93-00 

Bordeaux,  100,  3  0/0.       101.25  102.00  101.25 

Lille,  100,  3  0/0 100.00  102.00  100.00 


LETERRIER. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (u  avril  i883). 

Visite  de  M.  .Méline  à  Remireiiiont.  —  Les  souffrances  de  l'agriculUire  et  les  moyens  d'y 
ren  ciiier.  —  Discours  de  M.  le  ministre  de  ragricullurc.  —  Li's  projel.s  de  loi  agricoles  à 
l'étude  devant  le  Parlement.  —  L'enseignement  agricole  el  ses  ell'ots  en  Amé"iquo.  —  Projet  de 
création  d'une  école  pratique  d'agriculture  dans  les  Vosges.  —  Prix  décernés  par  l'Acadcmic 
des  sciences.  —  Cinquième  liste  de  sousciiption  pour  élever  un  monument  à  Léonce  de  Lavergne. 
—  Mécrologie.  —  M.  de  Lavèvre  et  M.  Henri  Hact.  —  Kcolo  pratique  d'aiiriculture  à  Andri- 
nople.  —  Concours  ouvert  par  le  Comité  central  de  la  Sologne  pour  un  traité  de  la  plantation 
des  pins    —  Pétition  de  krSociélé   d'agriculiure  de  la  Giroiide  relativement  au  comm -rce  des 

piquettes  espagnoles.  —  Publication  du  6"  fascicule  des  Annales  de  l'Institut  ugfonomiijue.  

Les  prociKiins  concours  régionaux.  —  Relevé  des  déclarations  pour  les  concours  d'Amiens  de 
Bourg  et  de  Foix.' —  Vente  de  machines  agricoles  dans  le  Tarn.  —  Vente  di^  taureaux  et  de 
béliers  à  Neuvy-Saiut-Sépuicre.  —  Concours  de  la  Société  d'agriculture  de  l'Indre.  —  Concours 
d'animaux  reproducteurs  à  Quillan  et  à  Saissac  (Au le).  —  Concours  de  poulic;hes  de  trait  dans 
la  Seine-Inférieure.  —  Les  animaux  rejiro  lucteurs  au  concours  général  de  Paris.  —  Lettre  de 
M.  le  marquis  de  Poncins.  —  Vente  du  domaine  d'Agassac  dans  le  Médoc.  —  Compte  rendu  du 
•encours  d'animaux  gras  de  Chalon-sur-Saône.  —  Catalogue  des  arbustes  et  arbrisseaux  de  la 
maison  Vilmorin. 

I.  —  Les  remèdes  aaïc  souffrances  de  l'agriml Litre.. 

Le  4  avril,  dans  Un  banquet  qui  lui  était  offert  à  Remiremont  par 
ses  concitoyens  des  Vosges  et  les  électeurs  de  l'arrondissement  dont  il 
est  le  député,  M.  Méline^  ministre  de  l'agriculture,  a  prononcé  un  dis- 
cours qui  est  en  quelque  sorte  le  programme  de  la  direction  qu'il  se 
propose  d'imprimer  aux  affaires  agricoles.  M.  le  ministre  n'a  rien 
dissimulé  des  souffrances  prolongées  de  l'agriculture  française;  en  en 
cherchant  les  remèdes,  il  a,  dit-il,  tout  de  suite  pensé  à  deux  moyens  : 
l'un,  bien  difficile  selon  nous,  et  qui  consisterdt  à  atténuer  les  vides 
que  le  manque  de  bras  laisse  dans  les  rangs  des  ouvriers  agricoles; 
l'autre,  qui  pourrait  immédiatement  donner  des  résultats,  s'il  est  pos- 
sible d'amener  les  compagnies  de  chemins  de  fer  à  atténuer  le^  tarifs 
de  transport.  Il  a  ensuite  émis  l'espoir  que  le  code  rural  serait  terminé 
dans  un  court  délai  et  qu'une  bonne  loi  serait  bientôt  faite  sur  le  crédit 
agricole.  Mais  il  a  surtout  insisté  sur  les  avantages  que  l'agriculture 
retirera  du  développement  de  l'enseignement  agricole.  Tout  cela  est 
certainement  excellent  et  l'on  ne  fera  guère  qu'une  objection,  c'est  que 
les  résultats  exigés  ont  du  temps  pour  se  produire;  or  il  y  a  des  souf- 
frances qui  auraient  besoin  de  remèdes  d'une  efficacité  immédiate.  Des 
mesures  dans  ce  sens  devront  être  prises.  En  attendant,  le  discours 
de  M.  Méline  doit  être  médité  par  les  agriculteurs  ;  nous  plaçons  sous 
leurs  yeux  toute  la  partie  relative  aux  intérêts  agricoles  : 

«  Le  ministre  de  l'agriculture  n'a  pas  la  tâche  la  moins  lourde  :  le  malheur  des 
temps,  les  souffrances  cruelles  et  prolongées  de  notre  agriculture,  lui  ont  imposé 
de  grands  et  pressants  devoirs. 

«  Je  n'ai  pas  besoin  de  vous  dire  dans  quel  esprit  je  les  accepte  et  avec  quelle 
ardeur  convaincue  je  prends  en  main  la  grande  et  noble  tâche  qui  m'est  confiée. 
Je  me  trouve  replacé  sur  le  terrain  même  où  depuis  cinq  ans  j'ai  fixé  mes  tra- 
vaux et  ma  vie;  je  reviens  à  ces  grandes  questions  de  production  nationale  qui 
sont  pour  notre  pays  des  questions  vitales,  des  questions  capitales.  Oui,  plus 
j'avance  dans  la  vie  politique,  plus  je  suis  tenté  de  prendre  en  pitié  certains  de 
nos  débats  retentissants  qui  sont  bien  peu  de  chose  en  comparaison  de  ces  redou- 
tables problèmes. 

«  Malheureusement,  il  ne  suffit  pas  de  la  bonne  volonté  des  gouvernements 
pour  faire  une  agriculture  heureuse  et  prospère.  Le  principal  remède  aux  maux 
dont  elle  souffre  échappe  à  la  volonté  humaine  :  personne  n'est  le  maître  des 
saisons,  et  il  ne  dépend  de  personne  de  décréter  une  succession  de  bonnes  ré- 
coltes. Mais  si  le  gouvernement  n'a  pas  à  sa  disposition  de  panacée  infaillible 
pour  guérir  radicalement  les  maux  de  l'agriculture,  je  suis  convaincu  qu'il  peut 
beaucoup  pour  la  soulager,  l'aider  et  lui  rendre  le  courage.  Il  le  peut  par  un 
ensemble  de  mesures  convergeant  toutes  vers  le  même  but  et  de  nature  à 
produire,  dans  l'ensemble  de   notre  situation,    une  considérable   amélioration. 

N°  -31.  —  Tome  II  de  1883.  —  14  Avril. 


42  CHRONIQUE   ÀGllIGOLE    (14   AVRIL    1883!. 

ce  Ces  mesures  sont  de  premier  ordre  :  il  y  a  d'abord  les  mesures  adiiaiaistra- 
ÙYes,  qui  consistent  dans  un  bon  emploi  des  ressources  importantes  qui  sont 
mises  à  la  disposition  du  département  de  l'agriculture  pour  secourir,  encourager 
et  slimuler  la  production  agricole.  Je  n'hésite  pas  à  dire  que  cette  partie  de  sa 
tâche  est  remplie  avec  un  soin  sci'upuleux  et  un  véritable  dévouement  aux 
intérêts  agricoles. 

ce  A  côté  de  ces  mesures  qu'on  pourrait  appeler  d'assistance  agricole,  il  en  est 
d'autres  qui,  sous  une  forme  indirecte  et  détournée,  pourraient  rendre  à  l'agri- 
culture d'immenses  services,  soit  eu  atténuant  les  vides  que  le  manque  de  bras 
laisse  dans  les  rangs  des  ouvriers  agricoles,  soit  en  favorisant,  par  des  abaisse- 
ments de  tarifs,  la  circulation  dts  amendements  et  des  matières  premières  néces- 
saires à  la  production. 

ce  De  pareilles  mesures  équivaudraient  à  de  véritables  dégrèvements  ;  aussi 
est-ce  sur  elles  crue  je  concentre  en  ce  moment  tous  mes  efforts.  J'ai  lieu  d'espé- 
rer qu'ils  ne  seront  pas  infructueux  et  qu'il  me  sera  possible  avant  peu  de  vous 
annoncer  des  résultats  satisfaisants  dont  notre  agriculture  n'aurait  qu'à  se  ré- 
jouir. 

«  Après  les  mesures  d'ordre  purement  administratif,  il  y  a  les  bonnes  lois  à 
faire,  et  ce.  n'est  pas  la  moindre  partie  du  programnie  que  j'ai  à  remplir.'  Il  y  a 
}!rès  d'un  demi-siècle  que  l'agriculture  française  les  attend  ;  plusieurs  sont  mdis- 
pensables  à  son  développement  normal  et  régulier.  Il  faut  placer  en  première 
ligne  le  code  rural  qui  doit  mettre  la  propriété  foncière  en  harmoaie  avec  les 
besoins  économiques  de  notre  époque.  C'est  une  œuvre  difficile,  souvent  reprise, 
toujours  abandonnée  et  jamais  terminée.  Le  Sénat  vient  de  l'aborder  avec  un  grand 
eourage  ;  il  en  a  fait  l'étude  la  plus  approfondie,  et  on  |)eut  prévoir  qu'avant  pe» 
il  aura  mis  la  dernière  main  à  un  monument  qui  sera,  je  n'hésite  pas  à  le  dire, 
riionneur  de  cette  législature.  La  Chambre  est  déjà  ^:aisie  de  la  première  partie 
de  ce  grand  travail  qui  pourra,  je  l'espère,  être  mené  à  fin  dans  une  des  prochai- 
nes sessions. 

ce  Le  Parlement  pourra  en  même  temps  aborder  la  seconde  des  grandes  lois 
que  l'agriculture  attend  depuis  si  longtemps,  la  loi  sur  le  Crédit  agricole.  Elle  four- 
nira à  notre  agriculture  le  levier  dont  elle  a  absolument  besoin  pour  réaliser  tous 
les  progrès  qui  s'imposent  à  elle.  Il  n'y  a  plus  d'illusion  à  se  faire  aujourd'hui,  il 
faut  que  le  cultivateur  améliore  sans  cesse  la  terre  et  perfectionne  son  outillage, 
s'il  veut  obtenir  une  véritable  rémunération  de  son  travail.  Mais  pour  cela  il  faut 
que  le  capital  vienne  à  lui,  et  l'on  doit  reconn  àtre  que  notre  législation  semble 
1  éloigner  de  la  terre  au  lieu  de  l'attirer.  Le  Sénat  s'applique  en  ce  moment  à  la 
corriger  :  il  examine  un  projet  du  gouvernement  qu'on  pourra  certainement  per- 
fectionner, mais  qui  constituerait  certainement  un  progrès  immense  sur  la  situa- 
tion actuelle.  Je  ierai  tous  mes  efforts  pour  que  la  solution  d'une  question  aussi 
importante  ne  se  fasse  pas  trop  longtemps  attendre. 

ce  Mais  il  ne  suffit  pas  de  faciliter  au  cultivateur  les  moyens  de  se  procurer  le 
capital.  Il  faut  qu'il  sache  en  comprendre  l'utilité  et  surtout  qu'il  puisse  en  faire 
un  bon  emploi  .  Or,  il  est  nécessaire  pour  cela  de  lui  donner  ce  qui  Uii  manque 
encore  dans  la  plus  grande  partie  de  la  France,  une  véritable  instruction  profes- 
sionnelle. C'est  ainsi  que,  dans  toutes  les  branches  de  l'activité  humaine,  on  est 
toujours  ramené  par  la  logique  à  ce  point  de  départ  fondamental  de  l'instruction 
et  de  l'enseignement. 

ce  II  est  peut-être  plus  essentiel  en  agriculture  qu'en  toute  autre  matière  : 
aujourd'hui,  l'exploitation  de  la  terre  n'est  plus  une  routine,  c'est  une  science,  et 
une  science  très  complexe.  Malheur  à  ceux  qui  ne  s'en  doutent  pas  et  qui  s'attar- 
dent quand  tout  marche  autour  d'eux  !  Ils  sont  condamnés  d'avance  à  une  ruine 
irrémédiable. 

cv  Cette  vérité  a  été  comprise  et  mise  en  pratique  par  toutes  les  nations  qui 
marchent  aujourd'hui  à  la  tête  du  progrès  eu  agriculture.  La  plus  étonnante  de 
toutes,  celle  qui  en  quelques  années  est  devenue  la  première  puissance  agricole  de 
l'univers,  et  qui  fait  trembler  avec  raison  tous  ses  concurrents,  même  les  blus 
favorisés,  l'Amérique,  nous  a  donné  l'exemple  de  ce  que  peut  la  science  appliifuée. 
à  l'agriculture.  On  est  porté  à  croire,  quand  on  examine  superficiellement  cette 
prodigieuse  fortune  d'une  nation,  qu'elle  doit  tout  aux  richesses  naturelles  de  son 
sol,  et  qu'elle  n'a  eu  qu'à  se  baisser  pour  les  ramasser.  Ce  qu'on  ne  sait  pas,  c'est 
que  ce  prodigieux  développement  a  été  le  plus  raisonné,  le  plus  scientifique  qui 
existe  au  moude. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (I4  AVRIL   1883).    :  43 

«  G'ttait  au  lencleiùain  de  cette  terrible  guerre  de  la  sécession  qui  lui  avait 
coûté  près  de  -25  milliards.  Pour  réparer  tant  de  ruines  accuinuLées,  le  gouverne- 
ment américain  avait  admirablement  compris  qu'il  fallait  de  tuuie"  nécessité 
donner  la  plus  vive  impulsion  à  toutes  les  branches  de  la  production  nationale,  et 
surtout  à  la  jilus  téconde  de  toutes,  u  l'agriculture.  Pour  y  parvenir,  que  lait  le 
Congrès?  U  décide  (|ue  des  écoles  il'agricuiture  seront  créées  dans  chaque  ttat  de 
l'union,  et  ps  ur  encourager  les  états  à  faire  les  sacriiices  nécessaiies,  il  lècide  que 
chacun  d'eux  lecevra  autant  de  t'ois  12,500  ares  fjue  cet  état  a  de  représentants: 
si  bien  qu'un  état  comme  le  Texas  recevait  pour  ^a  part  7,000  hectares,  et  consa- 
crait plus  d'un  million  à  la  fondation  de  sou  école  d'agriculture. 

«  A  l'heure  où  je  parle,  tous  ies  états  de  l'union  sont  dotés  d'écoles  agrono- 
miques ijui  jouissent  en  moyenne  d'un  revenu  assuré  de  70,000  à  80,000  fr. 
Ces  écoles  exploitent  une  suilace  à  peu  près  grande  comme  la  moitié  de  la  France 
et  représentent  en  constructions  une  valeur  de  plus  de  50  millions. 

«  Et  maintenant  étonnez-vous  que  l'Auiérique  soit  aujourd'hui  le  premier  pays 
agricole  du  monde,  et  que  ce  soit  d'Amérique  que  nous  viennent  la  plupart  de  ces 
mea'veilleuses  machines  (pii  attestent  le  plus  haut  degré  de  culiure  scientilique. 

«  Mais  revenons  à  la  France  pour  constater  tout  ce  qui  lui  reste  à  faire,  je  ne 
dis  pas  pour  suivre  l'Amérique,  mais  simplement  pour  se  rapprocher  d'autr-.'s  na- 
tions beaucoup  plus  modestes.  U  faut  savoir  dire  la  vi  rite  et  confesser  que  dans  beau- 
coup de  parties  de  la  B\ance,  l'instruction  agricole  fait  encore  absolument  défaut. 

«  Il  serait  injuste  cependant  de  ne  pas  reconnaître  ijue  dans  ces  dernières 
années  on  a  fait  d'immenses  etï'orts  pour  doter  la  France  d'un  enseignement  iorte- 
ment  organisé. 

«  C'est  ainsi  qu'on  a  reconstitué  l'Institut  agronomique,  cette  école  de  l'ensei- 
gnement supérieur  agricole,  qui  nous  pn''[»are  pour  l'avenu  une  pépinière  de  pro- 
fesseurs d'élite. 

«  Nos  trois  grandes  écoles  nationales  ont  été  développées  sur  les  bases  les  plus 
larges  et  l'enseignement  qu'on  y  donne  est  aussi  complet  que  possible. 

ft  Au-dessous  d'elles,  à  l'autre  extrémité  de  l'échelle,  se  trouvent  nos  fermes- 
écoles  qui  sont  surtout  destinées  à  former  des  ouvriers  agricoles  ;  elles  rendent  de 
très  grands  services  et  je  suis  loin  de  les  dédaigner. 

«  Mais  entre  nos  écoles  régionales  qui  donnent  l'enseignement  général  et  nos 
fermes-écoles  qui  se  bornent  a  un  enseignetuent  nécessairement  re>treint,  il  y 
avait  une  lacune,  et  une. lacune  des  plus  fâcheuses.  11  nous  manquait  des  écoles 
locales,  donnant  un  enseignement  presque  aussi  étendu  que  nos  écoles  régionales, 
mais  le  donnant  à  un  point  de  vue  particulier,  au  point  de  vue  de  la  culture 
spéciale  à  chaque  dépaitemeut  et  des  besoins  qu'elle  fait  naître.  Ce  genre  d'ensei- 
gnement était  surtout  nécessaire  pour  la  moyenne  et  la  petite  culture. 

«  C'est  de  Cette  idée  qu'est  sortie  l'institution  des  écoles  pratiques  d'agriculture  ; 
elles  sont  de  création  récente,  on  n'en  compte  guère  à  cette  heure  que  7  ou  8, 
mais  elles  feront  le  tour  de  la  France. 

«  En  arrivantau  ministère,  j'ai  tout  de  suite  pensé  qu'il  était  digne  d'un  dépar- 
tement comme  le  nôtre,  où  l'esprit  d'initiative  est  si  développé  et  où  l'on  s'éprend 
si  généreusement  de  tout  ce  qui  touche  au  développement  de  l'instruction  publique, 
de  donner  le  bon  exemple  à  tous  les  autres  départements  en  créant  une  de  ces 
écoles  pour  y  donner  l'enseignement  qui  convient  à  nos  cultures  préférées. 

«  J'ai  communiqué  mon  idée  à  votre  honorable  sénateur,  et,  comme  avec  lui  la 
bonne  semence  lève  d'elle-même,  il  s'est  mis  à  l'œuvre,  a  réuni  quelqxies  amis  et 
jeté  les  premières  bases  de  l'opération.  Pour  la  simplifier,  il  a  trouvé  un  moyea 
excellent,  c'est  d'otfrir  gratuitement  au  département,  pour  une  durée  de  quinze 
années,  un  domaine  qui  lui  appartient.  Le  Conseil  général  qui  n'est  jamais  en 
retard  quand  il  s'agit  de  l'agriculture,  a  acclamé  la  proposition  et  voté  un  premier 
fonds  annuel  de  4,000  francs  destiné  à  l'amortissement  du  capital  de  premier  éta- 
blissement et  au  service  des  bourses.  Bientôt,  si  l'emplacement  proposé  est 
accepté  par  l'administration,  il  ne  manquera  plus  pour  réaliser  cette  œuvre  patrio- 
tique que  la  signature  du  ministre,  et  je  n'ai  pas  besoin  de  vous  dire  qu'elle  ne 
se  fera  pas  longtemps  attendre. 

«  On  peut  donc  cunsidérer  l'école  comme  à  peu  près  fondée  :  elle  s'ajoutera 
à  tant  d'autres  œuvres  d'utilité  publique  qui  se  sont  élevées  comme  par  euchau- 
tement  dans  notre  département.  Et  maintenant,  messiL-urs,  je  vous  ajOurne  à 
quelques  années  seulement  pour  juger  des  résultats,  et  pour  comprendre  la  révo- 
lution agricole  qui  doit  sortir  de  cette  modeste  et  féconde  création. 


44  CHRONIQUE  AGRICOLE  (14  AVRIL   18S3). 

«  Ne  croyez  pas  du  reste  que  je  n'attende  du  développement  de  l'enseignement 
agricole  que  des  avantages  matériels  et  positifs,  une  meilleure  exploitation  de  la 
terre  et  des  bénéfices  assurés  pour  le  cultivateur;  j'en  espère  des  avantages  d'un 
ordre  moral  beaucoup  plus  élevé. 

«  Je  compte  surtout  sur  lui  pour  faire  renaître  partout  le  goût  de  la  vie  des 
champs  qui  s'affaiblit  et  tend  à  disparaître,  en  faisant  mieux  apprécier  au  cultiva- 
teur la  beauté  et  la  dignité  de  sa  noble  profession.  Quand  il  comprendra  tout  ce 
qu'il  y  a  d'attrayant  dans  l'étude  des  phénomènes  de  la  nature,  dans  l'application 
des  fxiences  à  ce  qu'il  voit,  à  ce  qu'il  touche  tous  les  jours,  il  ne  voudra  plus 
quitter  la  campagne.  On  ne  le  verra  plus  se  porter  en  aveugle  vers  les  villes  à  la 
poursuite  de  gros  salaires  :  de  gros  salaires  qu'il  achète  trop  souvent  au  prix  de  sa 
santé,  de  chômages  douloureux  et  d'une  foule  de  misères  inconnues.  Il  en  viendra 
à  se  dire  qu'après  tout,  la  rude  et  saine  existence  des  travailleurs  agricoles 
est  encore  celle  qui  offre  à  l'homme  la  plus  large  moyenne  de  satisfaction  et  de 
bonheur. 

«  J'espère  que  cette  réaction  salutaire  est  proche;  elle  s'annonce  déjà  à  de  cer- 
tains symptômes  qui  n'échappent  pas  à  c^ux  qui  observent  attentivement  le  mou- 
vement économique  de  notre  époque.  Quand  elle  se  sera  accentuée  davantage, 
quand  le  cultivateur  sera  revenu  avec  amour  à  la  terre,  l'agriculture  sera  sauvée. 
C'est  parce  que  je  crois  à  cette  résurrection  prochaine  que  je  me  refuse  à  déses- 
pérer de  l'avenir,  et  que  je  bois  avec  une  pleine  confiance  au  relèvement  et  à  la 
prospérité  de  l'agriculture  française.  » 

L'organisation  d'une  école  pratique  d'agriculture  dans  les  Vosges,  à 
laquelle  M.  Méline  fait  allusion  dans  le  discours  qu'on  vient  de  lire, 
est  aujourd'hui  en  bonne  voie.  M.Claude,  sénateur,  a  offert  au  dépar- 
tement, pour  une  période  de  quinze  ans,  son  domaine  de  Rupt-de- 
Bâmont,  à  Saulxures,  dans  l'arrondissement  de  Remiremont;  dans  la 
session  qui  vient  d'être  close,  le  Conseil  général  a  voté  une  rente 
annuelle  de  4,000  francs  pour  le  service  de  cette  école.  Le  départe- 
ment des  Vosges  sera  ainsi  doté  d'un  établissement  d'enseignement 
agricole  approprié  aux  besoins  de  cette  région  montagneuse. 

IL  —  Académie  des  sciences. 

L'Académie  des  sciences  a  tenu  le  lundi  2  avril,  sa  séance  publique 
annuelle  de  distribution  des  récompenses.  Parmi  les  prix  qu'elle  a 
décernés,  nous  devons  signaler  spécialement  ceux  qui  se  rapportent  à 
l'agriculture.  Le  prix  Vaillant  a  été  attribué  à  M.  Toussaint,  professeur 
à  l'école  vétérinaire  de  Toulouse,  pour  son  mémoire  sur  l'inoculatoin 
comme  moyen  prophylactique  contre  le  charbon;  on  sait  que  M.  Tous- 
saint est  l'auteur  d'une  méthode  spéciale  d'atténuation  des  virus  des 
maladies  charbonneuses.  Le  prix  Bréant  a  été  décerné  à  MM.  Arloing, 
Cornevin  et  Thomas,  pour  leurs  recherches  sur  le  charbon  symptoma- 
tique.  Le  prix  Jérôme  Ponti  a  été  remporté  par  M.  Muntz,  chef  des 
travaux  chimiques  à  ITnstitut  agronomique,  pour  ses  recherches  sur 
la  fermentation  et  sur  la  physiologie  végétale. 

III.  —  Souscription  pour  élever  un  monument  à  Léonce  de  Lavergne. 

Voici  la  cinquième  liste  de  la  souscription  ouverte  pour  élever  un 
monument  à  Léonce  de  Lavergne  : 

Fr. 

Report  de  la  quatrième  liste 6,82a  60 

Société  départementale  d'agricuHiiie  de  la  Mètre 100  00 

MM.  Bouille  (de),  memlire  de  la  Société  nationale  d'agriculture...  25  00 

*            Stœcklin  (A.),  père,  à  Colmar  (Alsace) 20  00 

Billette,  Lconomisie ; 10  00 

Laveleye  (Emile  de),  crrespondanl  de  l'Institut,  à  Liège....  -lO  00 

Digneite  (Emile),  à  Liège  (Be!gi(]ue) 10  00 

Borguet  (Louis),  à  Liège  (Belgique) 10  00 

Jricques  (Gustave),  à  Liège  (Belgique) â  00 

Macorps  (Joseph),  à  Liège  (Belgique) 5  00 


CHRONIQUE    AGRICOLE    (U  AVRIL   1883).  45 

Première  liste  de  l'Institut  national  agronomique. 

MM .  Boitel,  membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture. .  30 
Prillieux,  memlire  de  la  Société  nationale  d'agriculture.  30 
Regnurd  (D'),  professeur  à  l'Institut  agronoiuique. .. .  20 
lleuzé,  membre  de  la  Société  nationale  U'agricrllure, 

professeur  à  l'Jastitut  agronomique.. .,..    25    ^  135  00 

Vuaillet,  chef  des  travaux  à  l'Institut  agronomique  . .     10 
Moreigne,  inspecteur  principal  à  riîistitut  agronomique.     lO 
Sauvage  (de)  maître  de  conférences  à  l'Institut  agro- 
nomique       10 

Roosmalen  (de),  sous-directeur  de  l'Kcole  nationale  d'agricul- 
ture de  Grignon 20  00 

Lontreuil  (A.),  à  Moscou  (Russie) 50  00 

Coche,  ancien  directeur  de  la  ferme-école  de  La  Bâtie  (Isère).  10  00 

Haut  (Marc  de),  président  du  Comice  de  Melun 10  00 

MuUer  (i'aul),   membre  de  la   Société  d'économie  politique, 

correspondant  de  la  Société  nationale  d'agriculture 10  00 

Gallard  (Léon) ,  avocat  à  la  Cour  de  Paris 20  00 

Gévelot,  député 10  00 

Comice  agricole  de  Lunéville 20  00 

MM.   Cantoni  (G.),  directeur  de  l'école  supérieure  d'agriculture  de 

Milan 10  00 

La  Morvonnais  (de),  agriculteur,  au  manoir  de  Bruz  (lUe-et- 

Vilai(ie) 10  00 

Joubert,  directeur  de  l'Académie  nationale,  à  Paris 20  00 

Vidalin  (Félix),  ingénieur  en  retraite 20  00 

Damourette  (Emile),  agriculteur  dans  l'Indre 25  00 

Joigneaux  (P.),  député 10  00 

Aureliano,  correspondant  de  la  Société  nationale  d'agriculture 

à  Bucharest  (Roumanie) 50  00 

Roussille,  fabricant  de  produits  chimiques 5  00 

Yarax  (Jules  de) 5  00 

Total  de  la  cinquième  liste 7 ,  500  50 

Nous  rappelons  à  nos  lecteurs  qu'ils  peuvent  adresser  leurs  sous- 
criptions à  M.  Henry  Sagnier,  secrétaire  du  Comité,  aux  bureaux  du 
Journal  de  V agriculture. 

IV.  —  Nécrologie. 

Nous  avons  le  regret  d'annoncer  la  mort  de  M.  de  Lavèvre,  agriculteur 
à  Bussy,  dans  le  canton  de  Dun-le-Roi  (Cher),  décédé  le  3  avril,  à 
l'âge  soixante-deux  ans  seulement.  Il  avait  acquis  une  grande  notoriété 
par  l'habile  direction  qu'il  a  donnée  au  domaine  de  Bassy,  et  par  ses 
succès  dans  l'élevage  des  moutons.  Il  était,  depuis  dix  ans  environ, 
président  de  la  Société  d'agriculture  du  Cher. 

Nous  apprenons  aussi  avec  peine  la  mort  de  M.  Henri  Ract,  proprié- 
taire à  Montmereillaz,  commune  de  Sainte-Hélène-du-Lac  (Savoie), 
M.  Ract  était  un  des  agriculteurs  les  plus  distingués  de  la  Savoie  ;  il 
a  remporté  la  prime  d'honneur  au  concours  régional  de  Chambéry,  en 
1863.  Il  a  introduit  dans  cette  province  la  distillerie  agricole. 
V.  —  Ecole  d'agriculture  à  Andrinople. 

Dans  un  précédent  numéro,  nous  avons  annoncé  la  création  d'une 
école  d'agriculture  à  Andrinople  (Turquie).  Cette  école,  qui  porte  le 
nom  d'Ecole  pratique  d'agriculture  Hamidiée,  a  été  créée  par  l'initia- 
tive de  Kadry-pacha,  gouverneur  du  Vilayet.  Elle  a  pour  directeur 
M.  Ovaghim  C.  Eram-Effendi,  inspecteur  général  d'agriculture,  ancien 
élève  de  Grignon.  Le  programme  adopté  est  celui  des  écoles  pratiques 
d'agriculture  de  France,  avec  des  modifications  exigées  par  des  con- 
ditions d'existence  différentes.  L'école  possède  des  instruments  euro- 
péens, et  on  y  a  complètement  changé  le  système  d'assolement  du 
pays.  L'étendue  de  la  ferme  est  de  800  hectares,  dont  200  de  très 
bonne  qualité  ;  elle  a  un  lac  et  elle  est  traversée  par  une  rivière. 
L'Ecole,  qui  est  à  proximité  de  la  ville  d'Andrinople,  se  trouve  donc 
dans  d'excellentes  conditions;  elle  compte  actuellement  80  élèves. 


46  CHRONIQUE   AGRICOLE  (14  AVRIL   1883). 

VI.  —  Culture  des  pins  en  Sologne. 

Le  Comité  central  agricole  de  la  Sologne  vient  de  décider  qu'il 
décernera  une  médaille  d'or  (grand  module)  à  l'auteur  du  meilleur 
mémoire  sur  la  culture  des  pins  en  Sologne.  —  Ce  mémoire  devra, 
sous  une  forme  très  simple,  résumer  les  meilleurs  conseils  donnés  par 
l'expérience  sur  le  choix  des  terrains  et  des  essences  de  pins,  les  mo- 
des de  culture,  semis,  plantations,  aération,  éclaircies,  elagage.  Il 
devra  indiquer  les  moyens  de  défense  contre  les  maladies,  les  gelées, 
les  insectes,  d'aménagement  et  d'exploitation,  d'utilisation  des  menus 
bois  et  écorces,  etc.  Le  Comité  se  réserve  le  droit  d'éditer  sous  forme 
de  petit  livre  et  sous  le  titre  de  Planteur  de  pins  en  Sologne^  le 
mémoire  couronné,  et  de  le  distribuer  gratuitement;  la  propriété  et  le 
droit  de  l'éditer  ultérieurement  étant  réservés  à  l'auteur.  —  Les  ma- 
nuscrits devront  être  adressés  le  1"  septembre  1883,  dernier  délai,  à 
M.  Ernest  Gaugiran,  secrétaire-archiviste  du  Comité,  à  Lamotte-Beu- 
vron.  — -  Un  billet  cacheté  renfermant  les  noms  et  adresse  de  l'auteur 
sera  joint  à  chaque  manuscrit. 

YII.  —  Le  commerce  des  vins. 

La  Société  d'agriculture  de  la  Gironde  vient  d'adresser  à  M.  Je 
ministre  de  l'agriculture  la  lettre  suivante  : 

«  Monsieur  le  ministre,  la  Société  d'agriculture  de  la  Gironde  s'est  émue  du 
résultat  déplorable  que  ne  peut  manquer  d'avoir,  pour  les  intérêts  de  la  viticul- 
ture, du  commerce  honnête  et  de  la  consommation,  l'introduction  en  France  des 
nombreux  liquides  qui,  sous  le  nom  de  vins,  et  sous  le  bénéfice  des  tarifs  avanta- 
f^eux  des  traités  de  commerce,  nous  arrivent  journellement  de  l'étranger,  surtout 
de  la  frontière  espagnole. 

a  Plusieurs  de  ces  liquides  ne  sont  qu'un  composé  d'eau,  d'alcool  et  d'une 
matière  colorante  quelconque;  les  analyses  officielles  prati  [uées  sur  l'ordre 
de  la  douane  en  font  loi.  D'autres,  tout  en  se  rapprochant  de  la  composition 
du  vin  naturel,  sont  artificiellement  alcoolisés  a-vant  leur  entrée  .en  Fiance,  afin 
de  pouvoir  être  mouillés  ultérieurement,  et,  pour  cet  usage,  on  se  sert  d'alcools 
de  grains  ou  de  betterave  qui  rendent  tous  ces  liquides  plus  ou  moins  nuisibles 
à  la  santé  publique. 

«  Après  leur  entrée  en  France,  l'administration  des  contributions  indirectes 
leur  applique  les  mêmes  droits  qu'aux  produits  naturels  de  la  vigne,  ce  qui  per- 
met à  l'alcool  aveclejuel  ils  ont  étévinés  d'échapper  à  la  taxe  intérieure  de  i56fr. 
par  hectolitre. 

«<  La  Société  d'agriculture  pense  qu'en  acceptant,  au  droit  de  2  fr  par  hecto- 
litre les  vins  espagnols  ayant  jusqu'à  l3  degrés  d'alcool,  dans  le  but,  sans 
doute,  de  ne  pas  entraver  l'importation  de  quelques  rares  produits  de  la  Pénin- 
sule qui  atteignent  naturellement  ce  degré  de  richesse,  le  gouvernement  fiançais 
n'a  pu  autoriser,  par  le  fait  du  traité  de  commerce  conclu  avec  l'Espagne,  que 
l'entrée  eu  France  de  vrais  vins,  produit  naturel  de  la  vigne,  et  non  c  lie  de  bois- 
sons falsifiées,  qui  sont  en  dehors  de  ces  dispositions. 

a  Elle  croit  que  leur  admission  ne  peut  être  ({ue  le  résultat  d'une  surprise 
ou  d'une  fausse  inlerpr  tation  des  conventions  intervenues  entre  les  parties  con- 
tractantes. 

«  Elle  sait,  du  reste,  que  les  agriculteurs  espagnols  souffrent  et  se  plaignent, 
eux  aussi,  de  cette  déloyale  concurrence. 

«  Si  elle  accepte,  dans  l'intéi^êt  de  la  consommation  et  des  affaires,  l'introduc- 
tion en  France,  à  un  droit  réduit,  de  vins  naturels,  il  n'en  saui-ait  être  de  même 
pour  des  baissons  qui,  en  définitive,  n'ont  du  vin  que  le  nom 

Cl  Elle  constate-  en  même  temps,  avec  regret,  que  ces  pseudo-vins,  après  avoir 
trompé  la  vigilance  des  autorités,  viennent  inonder  les  débits,  et  portent  ainsi  ua 
grave  préjudice  à  la  santé  des  classes  laborieuses. 

«  En  conséquence  :  la  Société  d'agriculture  de  la  Gironde,  au  nom  de  la  viti- 
eultuie.  au  nom  du  commerce  honnête,  au   iiom  de  la  santé  publique  gravement 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (14  AVRIL   1883).  47 

menacée,  et  dans  l'intérêt  du  Trésor,  proteste  contre  une  fausse  application 
du  larif,  ([uand  il  traile  comnae  vin  un  produit  qui  n'alï'ecte  d'en  prendre  les 
allures  et  réti([uctte  qne  pour  franchir  notre  frontière  aux  iiiêmes  conditions  que 
ce  dernier,  pour  obtenir  un  permis  de  consommation  qui  devrait  lui  êire  rigou- 
reusement refusé; 

«  Elle  appelle  l'attention  du  gouvernement  sur  la  nécessité  d'une  application 
plus  sévère  et  plus  exacte  des  lois  existantes  pour  empêcher  l'entrée  en  Fi'ance  des 
vins  non  naturels,  lesquels  contiennent  le  plus  souvent  des  substances  nuisibles  à 
la  santé; 

«  Elle  demande,  en  outre,  que  l'administration  des  contributions  indirectes 
soit  obligée  de  frapper  de  la  taxe  intérieure  qui  grève  les  alcools  tout  liquide 
reconnu  par  la  douane  comme  étant  constitué  par  un  mélange  d'alcool,  d'eau,  ■îtc. 

«  Nous  avons  l'honneur  d'être,  etc. 
Le  Secrétaire  général^     S.  Gojpérie.  Le  Président,     A.  Plumeau. 

Nous  espérons  qu'il  sera  donné  suite  à  ce  vœu  qui  est  celui  de  tous 
les  viticulteurs.  La  Société  d'asrriculture  de  la  Haute-Garonne  et  la 
Société  centrale  d'agriculture  de  l'Aude  ont  exprimé  des  vœux  dans  ïc 
même  sens. 

VIII.  —  Annales  de  l'Institut  iiational  agronomique. 

Le  sixième  fascicule  des  annales  de  l'Institut  agronomique  a  paru 
récemment.  Ce  volume  est  complètement  consacré  à  la  publication 
d'un  rapport  de  M.  Albert  Hérisson,  élève  diplômé  de  l'Institut,  sur 
les  irrigations  de  la  vallée  du  Pô.  Après  une  description  de  cette  vallée 
et  l'exposé  des  principes  généraux  observés  dans  la  construction  des 
canaux,  l'auteui*  fait  une  monographie  spéciale  du  canal  Cavour  et  de 
quelques  autres  canaux,  il  donne  des  détails  sur  la  pratique  des  irri- 
gations, et  il  en  expose  les  résultats.  Sans  méconnaître  l'intérêt  de  celte 
étude,  il  est  permis  de  regretter  que  l'auteur  n'ait  pas  suffisamment 
rendu  justice  aux  résultats  obtenus  par  les  irrigations  dans  une  partie 
de  la  Provence.  H  y  a  encore  d'immenses  travaux  à  exécuter  pour  le 
midi  de  la  France,  aussi  bien  dans  le  bassin  du  Rhône  que  dans  ceux 
de  la  Garonne  et  de  l'Adour.  Nous  ne  cessons  de  le  répéter,  et  nous 
sommes  heureux  qu'une  importante  étude  sur  les  irrigations  de  )a 
Lombardie  et  du  Piémont  vienne  s'ajouter  aux  observations  nom- 
breuses qui  ont  démontré  Furgence  de  ces  travaux. 

IX.  —  Les  concours  régionaux. 

La  période  des  concours  régionaux  de  1883  est  maintenant  ouverte. 
Durant  cette  semaine,  se  tient  le  concours  de  l'Algérie,  sous  la  direc- 
tion de  M.  du  Peyrat,  inspecteur  général  de  l'agriculture.  Notre  excel- 
lent correspondant  M.  Bastide,  président  du  Comice  de  Sidi-bel-Abbès, 
rendra  couiple  de  cette  solennité  à  nos  lecteurs.  —  Durant  les  mois 
de  mai  et  de  juin  se  tiendront  les  concours  suivants  :  Amiens,  Bourj 
et  Foix,  du  5  au  14  mai  ;  Vannes,  du  \'2  au  20  mai;  Digne  et  Troyes, 
du  19  au  27  mai;  Blois  et  Rochefort,  du  26  mai  au  3 juin;  Caen,  du 
9  au  17  juin;  Aurillac,  du  16  au  24  juin.  Enfin  deux  concours  auront 
lieu  à  des  époques  plus  tardives  :  celui  de  Mende,  du  l"""  au  9  sep- 
tembre, et  celui  de  Nice,  du  17  au  25  novembre. 

Voici  le  relevé  des  déclarations  adressées  au  ministère  de  l'agri- 
culture pour  les  concours  d'Amiens,  de  Bourg  et  de  Foix  : 

Produits. 

lots. 
463 
386 
2i.S 


Espèce 
bovine. 

Kspèce 
oviiie. 

Espèce 
porcine. 

Animau.v 
de  basse  •( 

de 
:our. 

Machines  et 
instruments. 

Amiens 

IJoury 

têtes. 

2;i9 

310 

lots.' 
97 

'J4 

têtes. 
49 
37 
72 

lots. 

347 

40 

136 

1,844 
836 

Foix 

218 

769 

48  GHRONIOLIK    AGRICOLE   (It    AViUL    1883). 

Le  concours  d'Amiens  sera  diricjé  par  M.  Randoing,  inspecteur  gé- 
néral adjoint  de  l'agriculture;  celui  de  Bourg  par  M.  Boitel,  inspec- 
teur général;  celui  de  Foix  par  M.  H.  Vassillière;  inspecteur  général 
adjoint. 

X.  —  Vente  de  machines  agricoles  dans  le  Tarn. 

La  Société  d'agriculture  du  Tarn  a  décidé  que,  pour  faciliter  aux 
agriculteurs  l'acquisition  d'instruments  perfectionnés  propres  à  éco- 
nomiser la  main-d'œuvre,  elle  fournirait  20  pour  100  du  prix  d'achat. 
Les  instruments  qu'elle  subventionnera  sont  les  suivants  :  la  mois- 
sonneuse, la  faucheuse-moissonneuse,  le  râteau  à  cheval,  la  faneuse, 
le  hache-paille,  le  semoir  à  la  volée,  les  greffoirs  pour  la  vigne  La 
Société  lait  un  appel  aux  constructeurs  dont  les  instruments  ont  fait 
leurs  preuves  et  les  invite  à  faire  connaître  les  prix  ordinaires,  la 
remise  qu'ils  accorderont  à  la  Société  et  le  délai  de  payement.  Les 
offres  des  constructeurs  et  les  demandes  d'achat  seront  transmises  soit 
à  M.  le  D""  Delbosc,  rue  d'Amboise,  à  Albi,  soit  à  M.  Guyot,  rue  do  la 
Mairie,  à  Albi,  secrétaires  de  la  Société  d'agriculture,  qui  donneront 
les  renseignements  nécessaires  et  feront  envoyer  directement  aux  des- 
tinataires l'instrument  de  leur  choix.  L'acquéreur  devra  s'engager  à 
s'en  servir  sur  son  exploitation  ou  à  le  louer  pendant  deux  ans  au 
moins. 

XL  —  Vente  de  taureaux  et  de  béliers. 

La  vente  de  taureaux,  fondée  par  la  Société  d'agriculture  de  l'Indre 
en  1878,  auraUeu  à  Neuvy-Saint-Sépulchre,  le  16  avril  prochain.  Il 
y  est  annexé  une  vente  de  béliers.  Seront  admis  à  cette  vente  les  tau- 
reaux et  les  béliers  de  toutes  races  et  de  toutes  provenances,  sans  qu'il 
soit  tenu  compte  de  la  durée  de  possession.  Les  taureaux,  pour  être 
admis  dans  l'enceinte  réservée  à  l'exhibition,  seront  soumis  à  un  droit 
d'entrée  de  5  francs.  Ils  devront  être  pourvus  d'un  anneau  nasal  ou 
mouchette.  Il  sera  décerné  aux  animaux  qui  seront  reconnus  les 
meilleurs  par  le  jury  des  médailles  de  la  Société  d'agriculture,  et  des 
[)rix  en  argent  offerts  par  la  commune  de  Neuvy. 

XIL  —  Concours  de  la  Socié{é  d'agriculture  de  l'Indre. 

Le  concours  d'animaux  reproducteurs,  d'instruments  et  de  machines 
agricoles,  fondé  par  la  Société  d'agriculture  de  l'Indre,  se  tiendra  les 
14  et  15  mai,  au  Blanc.  Ce  concours  comprendra  les  animaux  repro- 
ducteurs des  races  chevalines,  bovines,  ovines,  porcines  et  de  basse- 
cour,  les  instruments  et  machines  agricoles  de  tous  genres,  les  fleurs, 
fruits,  légumes,  beurres,  fromages,  etc.  Des  prix  spéciaux  seront 
décernés  pour  les  exploitations  les  mieux  tenues,  pour  les  cultures 
lourragères  et  pour  la  viticulture. 

A  l'occasion  du  concours,  des  essais  de  charrues  et  spécialement  de 
r.harrues  fouilleuses,  auront  lieu  le  1 4  mai.  Une  vente  aux  enchères 
de  ces  instruments  sera  faite  le  lendemain  par  les  soins  de  la  Société. 

XIIL  — Société  d'agriculture  de  l'Aude. 

La  Société  centrale  d'agriculture  de  l'Aude  organise  deux  concqurs 

d'animaux    reproducteurs   qui   auront   lieu  :   le  premier  le   4   mai, 

à  Quillan  pour  les  cantons  d'Axat,  de  BelcaireetdeQuillan;  le  deuxième 

13  iO  mai,  à  Sais.sac,  pour  les  cantons  d'Alzonne,    de  Saissac  et  de 


CHRONIQUE  AGRICOLE    (l4  AVRIL   1883).  49 

Castelnaudary-iiord,  Ces  concours  comprendront  les  taureaux  et  les 
génisses,  les  béliers  et  les  brebis.  —  En  outre,  pour  encourager  la 
production  dans  l'arrondissement  de  Limoux,  la  Société  offre  aux  cul- 
tivateurs des  taureaux  de  la  race  tarentaise,  dont  ils  deviendront  pro- 
priétaires sous  les  conditions  démettre  pendant  deux  ans  ces  taureaux 
à  la  disposition  du  public  pour  la  monte  et  de  ne  toucher  par  saillie 
qu'une  rétribution  inférieure  à  celle  des  habitudes  locales.  Aux  éleveurs 
des  cantons  d'Alzonne,  du  Mas-Cabardès  et  de  Saissac,  elle  offre  deux 
béliers  des  races  anglaises  new-kent  et  southdown,  dont  ils  deviendront 
propriétaires  sous  la  condition  de  inettre  pendant  quatre  ans  ces  béliers 
à  la  disposition  du  public  pour  faire  la  monte. 

XIV.  —  Produclion  des  chevaux  dans  la  Seine-Inférieure. 

La  Société  centrale  d'agriculture  de  la  Seine-Inférieure  a  décidé 
qu'elle  annexerait  à  ses  concours  de  pouliches,  en  1883,  un  concours 
spécial  pour  pouliches  de  trait,  âgées  du  3  ans,  et  saillies  par  un  éta- 
lon de  trait. 

XV.  —  Les  animaux  reproducteurs  au  Concours  de  Paris. 

A  l'occasion  de  l'article  de  M.  de  la  Tréhonnais  inséré  dans  notre 
dernier  numéro  (page  2*),  notre  confrère,  M.  le  marquis  de  Poncins, 
nous  adresse  la  lettre  suivante  : 

«  9  avril  1883. 

«  Monsieur  le  rédacteur  en  chef  et  cher  confrère,  je  viens  de  lire  dans  le  der- 
nier numéro  de  votre  Journal,  une  note  de  M.  de  la  Tréhonnais,  répondant  à  la 
note  que  je  vous  avais  adressée  au  sujet  du  Concours  de  reproducteurs  de  Paris. 

«  Ce  dernier  article  de  M.  de  la  Tréhonnais  ne  modifie  en  rien  la  question  de 
fond,  et  donne  à  la  discussion  un  caractère  de  personnalité  que  je  ne  veux  pas 
accepter.  Je  viens  donc  vous  avertir,  que  je  maintiens  tout  ce  que  j'ai  écrit  en 
faveur  du  Concours  général  de  Paris^  mais  que  je  ne  veux  pas  continuer  une  polé- 
mique dont  le  résultat  ne  servirait  en  rien  les  intérêts  agricoles  dont  nous  sommes 
les  représentants. 

«  Agréez,  etc.  Marquis  de  Poncins, 

Président  de  la  T  section  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France, 
Membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture. 

Nos  lecteurs  ont  eu  sous  les  yeux  tous  les  arguments  de  nos  honora- 
bles correspondants;  ils  peuvent  juger  en  pleine  connaissance  de  cause. 
XVI.  —  Un  grand  domaine  du  Mcdoc. 

Nous  appelons  l'attention  de  nos  lecteurs  sur  une  vente  importante 
qui  aura  lieu  le  24  avril  courant,  devant  le  tribunal  de  Bordeaux.  Le 
domaine  d'Agassac,  à  Ludon,sera  mis  en  adjudication,  par  suite  du 
décès  de  son  propriétaire  M.  Emile  Richier,  ancien  député,  qui,  pour 
son  beau  vignoble  et  pour  ses  belles  cultures,  a  remporté  la  prime 
d'honneur  au  concours  régional  de  Bordeaux  en  1860. 

XVII. —  Concours  d'animaux  gras  à  Chalon-sur-Saâne. 
Le  concours  régional  d'animaux  gras,  qui  a  eu  lieu  du  16  au 
18  mars,  à  Chalon-sur-Saône,  a  marqué  une  nouvelle  étape  dans  le 
succès  de  ces  solennités  dont  la  création  revient,  en  grande  partie,  à 
l'activité  et  au  zèle  de  M.  J^nmanuel  Gréa.  Les  animaux  de  l'espèce 
bovine  formaient  la  principale  partie  de  l'exposition;  on  en  comptait 
76,  au  lieu  de  43  en  1882.  Le  Progrès  de  Saône-ei-Loire  donne  sur  les 
diverses  parties  du  concours,  des  détails  qu'on  lira  avec  intérêt  : 

«  La  race  pure  Durham  reste  toujours  le  type  le  plus  parfait  par  l'exagération 
ai  la  graisse,  la  petitesse  de  la  tète,  l'absence  de  collet,  la  charpente  osseuse  peu 
volumineuse,   la  peau  mince  et  souple,    etc.    Li  coiffure,   seule  laisse  toujours 


50  CHRONIQUE   AGRICOLE    [\k  AVRIL    1883). 

à  désirer  :  une  des  grandes  qualités  du  durharn  est  sa  précocité,  qu'il  transmet 
si  facilement  et  avec  tant  d'avantages  à  ses  croisements  divers. 

«  Nous  retrouvons  les  mêmes  qualités  dans  les  charolais  ou  nivernais,  nous 
n'osons  dire  les  charolnis  purs  :  la  race  pure  de  tout  mélange  devient  de  plus  en 
plus  rare,  demandez  plus  tôt  aux  éleveurs  nivernais.  Tous  ont  plus  ou  moins  de 
sang  durharn  dans  les  veines  :  mais  le  type  charolais,  malgré  la  graisse  et  la  roton- 
dité des  formes,  domine  toujours  et  se  distingue  par  sa  taille  plus  élevée,  sa  petite 
lête  si  bien  coiffée,  et  son  beau  pelage  blanc  ou  légèrement  Iromentin. 

«De|)lus,  le  bœuf  charolais  est  un  excellent  travailleur  :  c'est  la  bête  de  charrue 
par  excellence;  puis  à  l'âge  de  5  ou  6  ans,  il  s'engraisse  facilement  soit  dans  les 
étables,  soit  dans  nos  plantureuses  prairies  ou  embouche:',  et  produit  les  aniinaux 
exposés  par  paires  que  chacun  a  pu  admirer  cette  année.  Ces  qualités  manquent 
en  partie  au  durharn. 

ce  Aussi,  pour  notre  part,  préférons-nous,  et  de  beaucoup,  le  durham-charolais  à 
à  tous  les  durhams  purs  les  plus  distingués,  même  au  point  de  vue  de  la  vérita- 
ble et  bonne  viande  de  boucherie.  Qu'ils  restent  les  types  destinés  à  l'améliora 
tien  de  nos  belles  races  françaises.  C'est  un  mérite  bien  sutiisant. 

«  Le  jury  l'a  bien  compris  cette  année,  en  accordant  le  grand  prix  d'honneur  aux 
durham-nivernais  de  MM.  Marc  frères  (Côte-d'Or),  heureux  de  récompenser  les 
progrès  et  les  merveilleux  résultats  de  ces  vaillants  fermiers  éleveurs  dont  l'ex- 
position était  vraiment  admirable. 

«  En  dehors  de  MM.  Marc  Irères  et  Petiot,  nous  citerons  rapidement  les  splen- 
dides  animaux  primés  de  MM.  Grillot,  Magnin,  Bacquelot,  Griveaud,  Bernard  et 
autres  dont  les  noms  nous  échappent. 

«  Nous  accorderons  une  mention  spéciale  au  taureau  charolais  de  M.  Duverne 
fils,  de  Monceau-le-Mines,  qui  a  obtenu  le  premier  pnx  dans  sa  catégorie.  En- 
core nn  jeune  agriculteur  instruit,  plein  de  feu  sacré  pour  le  progrès  agricole, 
qui  se  fera  jour  et  arrivera  au  premier  rang. 

«  Espèce^  ovine.  — L'espèce  ovine,  représentée  par  onze  ou  douze  lots,  ne  ?e  dis- 
tinguait que  par  les  trois  présentés  par  M.  Marc  frères  et  Kœhrer,  southdowns- 
solognots  et  berrichons,  d'une  finesse  remarquable,  admirables  de  forme  et  de 
graisse.  Puis  venait  à  une  distance  considérable  les  dishley-bourbonnais  de 
M.  Grriveaud.  Les  deux  lots  de  M.  Gorneloup,  de  Cbalon,  avec  moins  de  hauteur 
de  jambes,  et  mieux  gigoté^,  auraient  pu  mériter  une  récompense. 

«  Espèce  porcine.  —  Le  Yorkshire  (toujours  les  Anglais!)  représente  les  du- 
rhams dans  l'espèce  porcine.  Il  donne  à  nos  races  si  appréciées  de  la  Bresse  et  du 
Charolais  la  précocité  et  une  aptitude  des  plus  sérieuses  à  l'engraissement  ra- 
pide. Ces  animaux  sont  trop  connus  dans  nos  concours  pour  nous  étendre  sur  les 
avantages  que  peuvent  en  tirer  les  éleveurs.  Aussi  cette  précieuse  race  se  propage-t- 
elle  rapidement.  Le  premier  prix  a  été  enlevé,  haut  la  main,  par  M.  Bacquelot. 

«  Le  deuxième  prix,  charolais  pur,  à  M.  Lardet,  quoique  m  )ins  gras,  n'était 
pas  sans  mérite.  A.  Soûlas.  » 

Le  concours  ne  comptait  qu'un  petit  nombre  d'exposants  pour  les 
volailles  grasses,  ainsi  que  pour  les  machines  agricoles. 
XVIIL  —  Arbres  et,  arbustes  d'ornement. 

MM.  Vilmorin  Andrieux  el  Cie  viennent  de  publier  leur  catalogue 
pour  1883  des  graines  d'arbres  et  d'arbtistes  qu'ils  mettent  dans  le 
commerce.  Ce  catalogue  est  divisé  en  deux  catégories  :  arbres  et 
arbustes  de  pleine  terre,  arbres  et  arbustes  d'orangerie  et  de  serre. 
Dans  l'une  et  l'autre,  on  trouve  le  plus  grand  nombre  des  variétés  de 
végélciuv  d'ornement  qui  sont  aujourd'hui  cultivées.  Nous  signalerons 
particulièrement  une  importante  collection  de  graines  de  vignes  ;  elle 
comprend  des  variétés  de  toutes  provenances  :  vignes  d'Amérique 
(47  variétés),  vignes  d'Asie,  vignes  de  la  Kabylie,  vignes  françaises 
sauvages  du  Gliei".  Pour  les  fameuses  vignes  de  Cochinchine  à  racine 
tubéreuse,  MM.  Vilmorin  Andrieux  ont  soin  de  rappelerquMs ne  croient 
pas  que  celte  espèce  puisse  être  cultivée  avec  succès  en  F'raoce  ni  en 
Europe,  et  qu'elle  ne  présente  un  véritable  intérêt  que  pour  les  con- 
trées situées  dans  les  régions  chaudes  du  globe.  J.-A.  Barral. 


PLANTATION  DS  LA  VIGNE  DANS   LES  SABLES.  51 


PLANTATION  DE  LA  VIGNE  DANS  LES  SABLES 

Dans  une  circulaire  récente  adressée  à  M.  le  préfet  du  Gard, 
M.  de  Mahy,  ministre  de  l'agriculture,  justement  préoccupé  de  l'état 
désastreux  du  viiiçnoble  français  et  frappé  des  merveilleux,  succès  de  la 
plantation  de  la  vigne  dans  les  sables  d'Aigues-Vlortes,  manifeste  le 
désir  de  favoriser  la  multiplication  des  vignobles  de  cette  nature  et 
prescrit,  en  vue  de  ce  résultat,  les  moyens  de  faire  passer  dans  les 
mains  de  l'industrie  privée  tous  les  sables  du  département  du  Gard 
propres  à  la  plantation  des  vignes  et  qui  restent  aujourd'hui  impro- 
ductifs dans  les  mains  de  l'Etat, 

Jl  n'est  personne  qui  n'ait  applaudi  à  cette  excellente  pensée,  personne 
qui  ne  demande  au  ministre  qui  a  succédé  à  M.  de  Mahy  d'en  presser 
l'exécution.  Mais  on  veut  aller  plus  loin,  on  se  demande  hautement, 
dans  les  départements  de  la  Gironde  et  des  Landes,  par  exemple,  si  la 
mesure  prise  à  l'égard  du  département  du  Gard  ne  devrait  pas 
s'appliquer  à  toutes  les  contrées  sablonneuses  du  Sud-Ouest  dont  le 
climat  est  favorable  à  la  culture  de  la  vigne,  et  la  chronique  agricole 
du  Journal  d'agriculture  pratique  du  8  mars,  après  avoir  transcrit  la 
circulaire  de  M.  de  Mahy  ajoute  ;  «  Cette  mesure  ne  pourrait-elle  pas 
«  êtreétendueàd'autresdépartements?C'estaux  viticulteurs  d'examiner 
la  question.  j>  Cette  invitation  m'a  frappé;  je  considère  qu'il  y  a  dans 
l'entraînement  que  l'on  est  exposé  à  subir,  par  suite  des  succès  des 
plantations  des  sables  d'Aigues-Mortes,  des  périls  très  grands  pour 
des  conlrées  qui  me  sont  chères  à  bien  des  titres;  déjà  je  vois  t^e  faire 
des  plantations  considérables  dans  les  Landes;  il  est  à  craindre  que 
ceux  qui  les  entreprennent  n'aient  pas  pris  toutes  les  précautions 
nécessaires  en  pareilles  circonstances,  et  s'exposent  à  de  cruelles 
déceptions;  c'est  plus  qu'il  n'en  faut  pour  me  déterminer  à  présenter, 
sur  ce  sujet  délicat,  quelques  observations. 

6,000  hectares  de  dunes  sablonneuses  des  environs  d'Aigues-Mortes 
se  sont  couverts  de  vignes  depuis  dix  ans  seulement.  C'est  en  1873 
que  M.  Bayle  signala  pour  la  première  fois  le  caractère  des  sables 
d'Aigues-Mortes  au  point  de  vue  de  la  résistance  au  phylloxéra,  et. 
depuis,  la  valeur  des  ter^^es  de  cette  nature  a  décuplé,  centuplé  quel- 
quefois, une  activité  comparable  à  celle  qui  préside  à  la  fondation  des 
colonies  les  plus  prospères  s'est  manifestée  sous  toutes  les  formes, 
Aigues-Mortes  et  ses  environs  se  sont  transformés.  Mais  la  science  n'a 
pas  encore  dit  d'une  manière  formelle  quelle  est  la  cause  de  l'immu- 
nité de  ces  sables  et  celle  de  la  merveilleuse  végétation  de  la  vigne 
dans  un  sol  qui,  en  général,  n'avait  porté  jusque-là  que  des  tamaris 
ou  une  végétation  herbacée  des  plus  misérables.  —  Nous  restons  donc 
dans  une  profonde  admiration  des  résultats,  sans  nous  rendre  un 
compte  assez  exact  de  ses  causes  pour  pouvoir  affirmer  qu'il  serait 
possible  d'étendie  à  d'.jutres  contrées,  d'une  manière  fructueuse,  les 
plantations  d'Aigues-Mortes. 

Voici  cependant  un  trait  de  lumière  qu'il  faut  recueillir  précieu- 
sement et  recommander  à  l'attention  du  monde  viticole  :  M.  Barrai  a 
lu  à  l'Academ.ie  des  sciences,  dans  sa  séance  du  12  février,  et  à  la 
Société  naiionale  d'agri.-ult  ire,  dans  celle  du  14  février,  une  note  inti- 
tulée :  «  Influence  de  Cliiunidité  souterraine  el  de  la  capillarité  du  sol  sur  la 


52  ■  PLANTATION  DE  LA  VIGNE  DANS  LES  SABLES. 

végétation  des  vignes^  »  qui  nous  révèle  des  diversités  telles  dans  les 
sables  comparés,  que  tous  ceux  que  la  question  intéresse  liront  cette 
savante  étude  avec  grande  attention\  L'analyse  de  ces  sables,  les  degrés 
si  différents  de  leur  capillarité  constituent  comme  un  solennel  aver- 
tissement pour  ceux  qui  peut-être  n'avaient  pas  procédé  encore  à  ces 
indispensables  préliminaires  de  toute  fondation  agricole. 

Les  mamelons  sablonneux  qui  entourent  Aigues-Mortes  ont  été  for- 
més parles  alluvions  argileuses  du  Rhône,  modifiées  par  l'action  de  l'eau 
de  mer  qui  les  mélange  de  sable  à  des  degrés  divers,  et  là  où  la  mer  a 
séjourné,  dans  les  creux  de  terrains,  elle  a  laissé  de  profondes  et  dan- 
gereuses couches  de  sel  que  l'action  du  soleil  bridant  tend  toujours  y 
ramener  à  la  surface.  Le  sel  n'existe  que  dans  une  infime  quantité  dans 
les  magnifiques  vignobles  dont  parle  M.  Barrai,  mais  il  n'en  existe  pas 
moins  et  constitue  le  grand  danger  de  tous  les  sables  du  littoral  médi- 
terranéen. Quand  on  trouve  1  pour  100  dans  ces  sables,  la  stérilité 
commence  et  M.  Barrai  en  a  constaté  jusqu'à  10  pour  100,  dans  des 
terrains  qui,  alors,  sont  impropres  à  toute  espèce  de  végétation. 

Le  fléau  du  sel,  combattu  énergiquement  dans  le  sud -est  par  des 
hommes  d'élite  qui  cherchent  à  neutraliser  ses  effets  et  à  augmenter 
ainsi  les  qualités  des  terres  propres  à  la  plantation  de  la  vigne,  n'est 
pas  à  redouter  pour  les  sables  des  Landes  de  Gascogne  ;  mais  les  diffi- 
cultés d'autres  sortes  n'en  sont  pas  moins  nombreuses  là  néanmoins, 
et  les  analyses  que  vient  de  faire  M.  Barrai  rendent  si  douteux  le  succès 
des  plantations  sur  le  littoral  de  l'Océan,  qu'il  y  a  lieu  d'examiner  avec 
soin  celte  question.  —  Quelles  sont  ces  difficultés? 

1"  La  composition  siliceuse  de  ces  sables  (98  pour  100  de  silice)  et 
leur  défaut  de  capillarité; 

2°  L'absence  des  eaux  douces  souterraines; 

3°  La  couche  d'alios  qui  arrête  toute  communication  des  couches 
supérieures  du  sol  avec  les  couches  inférieures  ; 

4°  Un  climat  moins  égal  que  celui  des  bords  de  la  Méditerranée,  et 
le  danger  des  gelées  inconnu  à  Aigues-Mortes  ; 
5°  Les  difficultés  de  transport  pour  les  engrais; 
6°  Un  état  général  des  choses  qui  amènerait  fatalement  cette  conclu- 
sion que  la  culture  de  la  vigne  serait,  dans  les  Landes  de  Gascogne, 
aussi  coûteuse  et  beaucoup  moins  fructueuse  que  dans  les  sables 
d'Aigues-Mortes. 

Examinons  chacun  de  ces  points. 

11  n'y  a  pas  à  insister  de  nouveau  sur  les  conclusions  à  tirer  de  la  note 
de  M.  Barrai  quant  aux  deux  premiers  obstacles.  Elle  établit  de  la 
manière  la  plus  claire  que  la  composition  des  sables  qu'il  a  comparés 
est  absolument  différente  de  tous  points  ;  que  la  capillarité  est  très  puis- 
sante dans  les  sables  d'Aigues-Mortes,  très  lente  dans  ceux  des  landes 
de  Gascogne;  et  que  «les  cultures  ne  réussissent  bien  que  si  les  sables 
ont  une  capillarité  très  grande  et  reposent  sur  une  couche  aquifère.  » 
C'est  un  point  indiscutable  désormais  à  mes  yeux,  et  la  théorie  repose 
sur  des  faits  trop  probants,  sur  des  analyses  trop  scriipuleuses,  pour 
qu'on  ne  l'accepte  pas. 

Mais  cette  couche  aquifère  vient-elle  au  moins  apporter  lentement 
son  appoint  indispensable?  Non,  assurément,  V  alios  esilk,  d'une  épais- 
seur qui  varie  de  0'".30  à  0".50,  et  qui  empêche  toute  communication 

1.  Ce  mémoire  a  été  publié  dans  le  Journal,  de  l'agriculture  du  17  lévrier  1863. 


PLANTATION  DE  LA  VIGNE  DANS  LES  SABLES.  53 

des  nappes  d'eau  inférieures  avec  la  surface  du  sol.  On  va  en  juger  aisé- 
ment par  ce  qui  suit. 

Le  vaste  plateau  des  landes  de  Gascogne,  qui  comprend  800,000  hec- 
tares, tant  dans  la  Gironde  que  dans  les  Landes,  est  placé  à  une  hau- 
teur-moyenne de  100  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer;  pur  une 
pente  faible,  mais  suffisante,  qui  a  été  constatée  par  les  travaux  de 
M.  l'ingénieur  Chambrelent,  la  plus  grande  partie  de  ses  eaux  s'écoulent 
dans  les  grands  étangs  qui  bordent  le  littoral,  étangs  qui  sont  eux- 
mêmes  à  une  élévation  assez  grande  au-dessus  du  niveau  de  l'océan, 
vers  lequel  leur  trop  plein  se  dirige  par  de  grands  courants.  Ces  étangs 
ont  été  formés  par  les  eaux  pluviales  que  les  dunes  ont  arrêtées  dans 
leur  écoulement  vers  la  mer;  ce  n'est  qu'arrivées  à  une  certaine  hau- 
teur que  ces  eaux  ont  pu  se  créer  une  issue,  et  elles  ont  ainsi  formé  des 
lacs  intérieurs,  parfois  très  profonds  et  qui  couvrent  une  surface  de  plus 
de  17,000  hectares,  des  marais  d'un  assainissement  difficile,  d'une 
contenance  de  6  à  7,000  hectares. 

Tel  est  l'aspect  général  de  cette  contrée.  Maintenant,  voici  ce  qui  la 
caractérise  :  il  n'existe  aucune  communication  entre  la  couche  supé- 
rieure du  sol  et  le  sous-sol;  les  eaux  souterraines  ne  peuvent  jamais 
remonter  à  la  surface,  et  c'est  tout  au  plus  si,  à' travers  les  fissures 
qui  se  produisent  dans  le  tuf  inriperméable  du  terrible  alios,  il  pénètre 
de  loin  en  loin  quelques  parties  de  l'eau  de  la  surface  dans  le  sous-sol, 
où  elle  forme,  à  une  profondeur  de  i'^.SO  environ,  une"  nappe  jau- 
nâtre, presque  putride,  qu'aucune  aération  n'a  pu  purifier,  et  impos- 
sible à  boire  par  conséquent.  Les  pluies  d'hiver  forment  à  la  surface 
une  couche  aqueuse  énorme,  que  le  soleil  brûlant  de  l'été  pompe 
ensuite,  et  il  est  facile  de  s'imaginer  ce  que  six  mois  de  pluie  et  six 
mois  de  sécheresse,  avec  un  sous  sol  imperméable,  doivent  apporter 
d'infertilité  et  même  d'insalubrité  dans  ces  contrées.  Cette  situation  a 
été  heureusement  modifiée  depuis  quelques  années  au  point  de  vue  de 
la  salubrité  et  de  l'écoulement  des  eaux,  par  les  fossés  nombreux  dont 
M.  l'ingénieur  Chambrelent  a  donné  le  précepte  et  l'exemple  dès 
l'année  1849,  mais  ils  n'ont  pu  ni  approfondir  la  couche  arable, 
ni  lui  donner  aucune  communication  avec  le  sous-sol. 

Lorsqu'on  parcourt,  parallèlement  à  la  mer,  telle  partie  que  ce  soit 
des  250  kilomètres  qui  s'étendent  de  la  pointe  du  Médoc  à  l'embou- 
chure de  l'Adour,  à  la  vue,  tantôt  de  magnifiques  pins  maritimes,  de 
chênes  liège  vigoureux,  tantôt  de  landes  dénudées,  le  plus  souvent 
de  pins  d'une  venue  médiocre,  on  devine  aisément  la  proximité  plus 
ou  moins  grande  de  Y  alios  ^  ou  son  absence,  on  peut  juger  de  son 
action  décisive  sur  la  végétation.  On  comprendra  aisément  après  cela, 
combien,  en  dehors  des  dunes  du  littoral,  la  plantation  de  la  vigne 
doit  être  aléatoire  dans  de  tels  terrains,  et  comment  des  plantations 
qui  peuvent  bien  végéter  pendant  les  premières  années  sont  destinées, 
lorsque  les  racines  de  la  plante  rencontreront  le  terrible  obstacle,  à 
subir  un  arrêt  fatal  dans  leur  développement.  On  pourra  bien  délivrer 
la  vigne  des  trop  grandes  quantités  des  eaux  de  la  surface  par  des 
fossés  d'écoulement,  mais  elle  ne  profitera  pas  pendant  l'été  des  eaux 
souterraines  et  restera  à  la  merci  des  excès  de  sécheresse  ou  de  cha- 
leur qu'aucun  engrais  ne  pourra  jamais  compenser. 

Voici  en  quels  termes  M.  Chambellant,  inspecteur  général  de  Fagri- 
culturCj  parlait  du  département  des  Landes  en  1865  : 


54  PLANTATION  DE  LA  VIGNE  DANS  LES  SABLES. 

<x  Le  terrain  des  Landes  est  humide  en  hiver,  brûlant  en  été,  parce  qu'il  repose, 
à  60  ou  80  centimètres  de  profondeur,  sur  un  sous-sol  imperméable  appelé  alios 
ou  arios.  Ce  sous-sol  alioticfue  est  formé  par  un  ciment  de  couleur  rousse  ou  noi- 
râtre; ce  sont  des  matières  organiques,  qui  unissent  les  particules  siliceuses,  ainsi 
■que  l'a  démontré  M.  Joly,  en  1834;  au-dessous  de  cette  sorte  de  grès  ferrugineux 
assez  dur,  et  dont  l'épaisseur  varie  de  30  à  40  centimètres,  on  trouve  un  banc 
d'argile  souvent  très  puissant... 

«  Valios  ou  terre-bouc  renferme  les  matières  suivantes  : 

Sable 80  à  90  p.  100 

Argile 1  à    2  p.   100 

Fer 2  à    3  p.  100 

Magnésie, 0.25  à     1  p.   100 

Matières  organiques 2  à    4  p.   100 

Eau 2  à    3  p.   100 

«  En  général,  le  sol  des  Landes  n'offre  aucune  source,  aucune  trace  d'eau  pen- 
dant l'été;  il  n'en  est  pas  ainsi  pendant  l'hiver.  Pendant  celte  saison,  les  eaux 
pluviales  y  restent  stagnantes  jusqu'à  ce  qu'elles  aient  été  dissipées  par  les  cha- 
leurs de  l'été.  Yoilà  pourquoi  la  lande,  dans  la  Gruyenne,  est  inondée  ou  humide 
durant  l'hiver,  et  sèche  et  aride  depuis  la  fin  de  mai  jusqu'en  novembre.  Ces 
deux  états,  si  dissemblables  l'un  de  l'autre,  ont  por.r  cause  unique  l'imperméabi- 
lité du  sous-sol  et  l'horizontalité  de  la  couche  arable.  » 

Le  régime  des  eaux  dans  les  Landes  de  Gascogne,  on  le  voit,  est 
dominé  par  une  pa-rlicularité  unique  peut-être  dans  le  monde,  l'exis- 
tence souterraine  de  Valios,  le  grès  maudit.,  la.  pierre  de  fer  des  Landais^ 
tuf  imperméable  d'une  telle  dureté  qu'aucun  instrument  de  culture  ne 
saurait  le  briser,  et  que  la  dynamite  seule  parviendrait  à  le  détruire  si 
son  emploi  n'en  était  pas  trop  coûteux.  Valios  s'étend  à  0™.40  ou 
0™.50  de  profondeur,  sur  la  presque  totalité  du  plateau  des  Landes  ;  on 
n'en  peut  excepter  réellement  que  les  dunes  du  littoral,  qui  n'ont 
qu'une  largeur  moyenne  de  6  kilomètres. 

Nous  ne  rencontrons  pas  en  effet  les  mêmes  obstacles  dans  ces  dunes 
élevées  du  bord  de  la  mer.  Là,  l'altitude  atténue  singulièrement  l'uti- 
lité des  nappes  d'eau  souterraines,  mais  Valios  n'y  existe  pas;  aussi 
les  pins  et  les  chênes-liège,  les  corsiers  comme  on  les  appelle  dans  le 
Marancin,  y  sont-ils  d'une  végétation  puissante,  mais  la  vigne,  qui 
ne  peut  aller  aussi  profondément  que  les  arbres  dont  je  parle  chercher 
l'humidité  des  couches  inférieures,  y  rencontre  dans  les  2  ou  3  mètres 
de  la  surface  qu'occupent  ses  racines  une  sécheresse,  une  aridité,  qui 
sont  un  obstacle  à  une  production  abondante,  même  en  supposant  de 
riches  fumures,  la  préservation  coûteuse  des  terribles  vents  qui  vien- 
nent de  l'Ouest,  et  toutes  les  précautions  inspirées  par  une  étude  atten- 
tive de  cette  culture. 

Aussi  bien  pour  les  sables  des  dunes  que  pour  ceux  du  plateau  cen- 
tral, on  se  trouvera  encore  en  présence  des  difficultés  que  Tabsence  de 
routes,  de  chemins  de  fer,  de  canaux,  présente  pour  le  transport  des 
engrais  nécessaires,  si  on  cultive  sérieusement  la  vigne,  —  en  pré- 
sence de  la  solution  d'un  problème  économique  difficile  créé  par  cette 
absence  désastreuse  de  voies  de  communications  et  que  la  sagesse  de 
chacun  devra  peser.  Il  ne  s'agit  plus  là,  pour  nous,  en  outre,  d'utili- 
ser des  terres  incultes,  mais  de  détruire,  pour  y  substituer  la  vigne, 
des  pins  maritimes  et  des  chênes-liège  d'un  rapport  assuré  et  d'une 
venue  magnifique.  Je  veux  bien  admettre  que  le  sable  des  Landes 
agira  sur  le  phylloxéra  à  l'égal  de  celui  d'Aigues-Mortes,  sa  ténuité 
étant  la  même;  mais  qui  me  dit  cependant  que  l'action  simultanée 
d'une  puissante  capillarité,  que  la  végétation  luxuriante,  qui  en  est 


PLANTATION  DE   LA  VIGNE  DANS  LES   SABLES.  55 

la  conséquence,  ne  sont  pas  pour  quelque  chose,  pour  une  large  part 
peut-être,  dans  l'immunité  des  sables,  et  ne  faudrait-il  pas,  au  moins, 
être  assuré  qu'une  culture  fructueuse  compensera  les  sacrifices  de 
toutes  sortes  que  l'on  aura  à  faire,  avant  de  détruire  ce  qui  existe? 

On  nous  parle  de  produits  de  200  à  400  hectolitres  de  vin  par  hec- 
tare dans  le  bas  Languedoc  ou  sur  le  bord  de  la  Méditerranée,  et  on 
comprend  que,  dans  ces  conditions,  les  plus  énormes  dépenses  seront 
couvertes;  mais  croit-on  que  jamais  notre  climat,  plus  froid,  moins 
égal  surtout,  nous  permettra  d'espérer,  par  n'importe  quel  luxe  de  cul- 
ture, une  production  pareille?  Ce  serait  s'abuser  étrangement  que 
d'avoir  un  tel  espoir,  et  il  nous  faudra  compter,  en  outre,  avec  des 
fléaux  que  ne  connaissent  pas  nos  compatriotes  du  Gard,  de  l'Hérault 
et  de  l'Aude,  les  gelées  et  les  maladies  cryptogamiques  qui  ont  déjà 
porté  dans  le  Sud-Ouest  leurs  ravages,  avec  le  terrible  peronospora 
viticola,  le  mildew  des  Américains. 

J'ai  crnsidéré  comme  un  devoir  de  livrer  ces  réflexions  aux  viticul- 
teurs du  Sud-Ouest  et  j'en  dirai  les  raisons.  J'ai  été,  comme  ils  le  sont 
eux-mêmes  peut-être,  tenté  par  les  exemples  que  je  trouvais  dans  ma 
propre  famille  de  succès  merveilleux  obtenus  par  la  plantation  de  la 
vigne  dans  les  sables  d'Aigues-Mortes  ;  j'ai  mesuré  de  mes  propres 
mains  des  sarments  de  0'".08  de  tour  à  la  base  et  provenant  de  jeurïes 
plantiers  à  leur  troisième  feuille  seulement  :  l'épreuve  de  ce  côté  ne 
laissait  rien  à  désirer.  Propriétaire  de  domaines  dans  les  Landes,  où  la 
vigne  a  déjà  été  cultivée,  et  dont  les  vins  avaient  au  siècle  dernier  une 
célébrité,  la  tentation  était  grande  d'imiter  les  merveilles  que  j'avais 
sous  les  yeux  ;  il  m'a  fallu  examiner  bien  à  fond  la  question  pour  en 
arrivera  me  convaincre  que  de  cruelles  déceptions  succéderaient  bien- 
tôt à  mes  espérances,  et  pour  me  faire  renoncer  à  toute  entreprise  de 
cette  sorte.  • 

Je  conseille  le  même  examen,  je  conseille  la  même  réserve,  et  je 
conclus  sans  hésitation  en  disant  :  Les  Landes  de  Gascogne  n'ont  rien 
de  mieux  à  faire  que  de  multiplier  leur  richesse  forestière,  et,  en  ce 
qui  concerne  la  culture  de  la  vigne,  de  se  contenter  d'essais  prudents 
sur  le  littoral,  d'un  meilleur  entretien  des  vignes  encore  existantes, 
—  et  surtout  de  se  garder  de  planter  partout  où  Valios  existe  à  une 
profondeur  moindre  de  0™.80  à  O^.OO.  E.  de  Dampiekre, 

Membre  de  la  Société  n.itionale  d'agricultuie, 
Président  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France. 

MÉTÉOROLOGIE  DU  MOIS  DE  MARS  1883 

Voici  le  résumé  des  observations  météorologiques  du  parc  de  Saint- 
Maur  en  mars  1 883  : 

Moyenne  barométrique  à  midi,  754™'". 66.  Minimum  le  26  à  midi,  739""°. 52. 
Maximum  le  3  à  11  heures  du  soir,  773™"'. 67. 

Moyennes  thermomc triques  :  des  minima —  1^09;  des  maxima  7°. 8.^;  du  mois 
3°. 37.  Moyenne  vraie  des  24  heures,  2^71.  Minimum  le  11  vers  6  heures  du 
matin,  —  7". 2.  Maximum  le  30  entre  I  heure  et  2  heures  du  soir,   17». 4. 

Humidité  relative  :  moyenne,  74;  la  moindre,  26  le  13  à  2  heures  du  soir 
(27  les  5  et  24  dans  la  journée)  ;  la  plus  grande,  100,  en  12  jours. 

Tension  de  la  vapeur  :  moyenne  ^'^''^IB;  la  moindre  1""".9  le  23  à  3  heures  du 
soir;  la  plus  grande  9""". 8  le  30  à  6  heures  du  soir. 

Température  moyenne  de  li  Marne,  5°. 3;  elle  a  varié  de  2''.75  le  13  à  7°. 80  les 
1  et  2.  Sa  hauteur  n'a  oscillé   que  de   2'". 84  à  3'"*47;  elle  a  été  en  moyenne  de 

o     ,  1  Z . 


56  MÉTÉOROLOGIE  DU  MOIS  DE  MARS  1883.     ' 

Pluie,  2'è"'"'.9  en  68  heures  réparties  en  12  jours;  il  n'y  a  eu  qu'une  seule 
journée  qui  ait  donné  une  hauteur  d'eau  un  peu  considérable,   13  millimètres. 

Il  est  tombé  un  peu  de  neige  les  6,  7,  8,  10,  11,  15  et  27.  Il  y  en  avait  quel- 
ques centimètres  sur  le  sol  du  6  au  9. 

Il  y  a  eu  20  jours  de  gelée    et  2  jours  de  gelée  blanche. 

Il  n'y  a  eu  de  brouillard  général  que  le  6;  le  29  un  peu  de  brouillard  bas,  par 
places  dans  la  vallée  de  la  Marne. 

Nébulosité  moyenne  du  ciel  54. 

Vents  dominants  du  N.  à  l'E.-N.-E,  puis  du  S.  àl'O.-S.-O. 

Il  y  a  peu  de  remarques  à  faire  sur  la  végétation  qui  a  été  presque  entièrement 
arrêtée  pendant  tout  le  mois. 

Relativement  aux  moyennes  normales  :  la  pression  barométrique 
est  plus  basae  de  2"'°/j0;  la  température  moyenne  moindre  de  1°.9. 
Le  ciel  a  été  plus  clair,  la  pluie  peu  différente  de  ce  qu'elle  est  d'ha- 
bitude. 

Le  mois  de  mars  1 883  offre  une  particularité  remarquable,  c'est 
que  c'est  le  mois  le  plus  froid  de  l'hiver  :  quoique  ce  fait  se  soit 
présenté  en  1877;,  il  est  fort  rare;  car  je  n'en  trouve,  depuis  1753, 
qu'un  autre  exemple  en  1 764. 

Il  n'est  guère  plus  commun  de  voir  le  minimum  absolu  de  la  saison 
froide  arriver  en  mars;  il  est  tombé  cette  année  le  11,  comme  nous 
l'avons  vu;  en  1877  le  12,  ainsi  presque  à  la  même  date.  Cette 
échéance  du  12  mars  est  d'ailleurs  habituelle;  on  en  citerait  plusieurs 
exemples  :  c'est  à  cette  date  en  1847  que  j'ai  vu  le  thermomètre  des- 
cendre à  Vendôme  à  —  1 8". 

Les  froids  de  mars  1883  se  sont  étendus  sur  une  très  grande  sur- 
face; voici  quelques-unes  des  températures  observées  en  Europe  vers 
7  heures  du  matin. 

10  mars      Pic  du  Midi  (M.  de.  Nansouty) —  24".5 

H     —        Gharleville  (Ecole  normale) —    8". 5 

Marl^'-le-Roi  (.M.  Raymond) —    8".0 

Parc  de  Saint-Maur  (observatoire) —     "".2 

12  —        Gap  (Ecole  normale) -.  —  n".2 

13  —        Vendôme  (journal  Le  Loir) —    7". 4 

20  —        Moskou —  24".2 

21  —        Arkhanguelslv ,     —  33".2 

•  Ainsi  ce  sont  les  stations  méridionales  qui  ont  éprouvé  le  minimum 
de  froid  les  premières,  ainsi  que  cela  se  présente  de  temps  en  temps, 
comme  M.  Barrai  nous  le  faisait  remarquer  l'an  passé. 

E.  Renou, 

Membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture. 

LA  PRIME  D'HONNEUR  DE  L'INDRE  EN  1882' 

Messieurs,  le  jury  chargé  par  M.  le  ministre  de  l'agriculture  de  visiter  les 
exploitations  du  département  de  l'Indre,  dont  les  propriétaires  ou -fermiers  étaient 
admis  à  concourir  pour  la  prime  d'honneur,  les  prix  culturaux  et  les  médailles  de 
spécialité,  était  composé  de  : 

MM-  Lembezat,  inspecteur  général  de  l'agriculture,  président; 

Legave-Joly,  lauréat  de  la  prime  d'honneur  d'Indre-et-Loire; 
Bardin,  agriculteur,  à  Chevenon  (Nièvre)  ; 
Nouette-Delorme,  lauréat  de  la  prime  d'honneur  du  Loiret  ; 
Bignon,  lauréat  de  la  prime  d'honneur  de  l'Allier; 
Lefèvre,  sous-directeur  de  la  bergerie  de  Rambouillet,  secrétaire; 
Franc,  professeur  départemental  d'agriculture  du  Cher,  rapporteur. 
C'est  le  14  juin  1881  que  le  jury  s'est  réuni  pour  remplir  la  haute  et  délicate 

1.  Rapport  sur  les  exploitations  agricoles  du  département  de  l'Indre,  ayant  concouru  pour  la 
prime  d'honneur,  les  prix  culturaux  et  les  médailles  de  spécialité,  à  l'occasion  du  concours 
régional,  tenu  à  Châteauroux  du  6  au  15  mai  1882. 


LA  PRIME   d'honneur  DE  L'INDRE.  57 

mission  qui  lui  était  confiée.  Les  exploitations  agricoles  qu'il  avait  à  visiter  étaient 
au  nombre  de  quatre.  La  première,  la  ferme  de  Gungy,  commune  de  Valençay, 
avait  été  déjà  l'objet  de  la  prime  d'honneur  en  1874,  lors  du  dernier  concours 
régional,  et,  par  consé([ucnt,  n'avait  point  à  prendre  part  à  la  lutte  ;  cependant, 
sur  l'invitation  de  M.  le  ministre  de  l'agriculture,  le  jury  avait  à  la  visiter  à 
nouveau. 

Les  trois  autres  exploitations,  concourant,  soit  pour  la  prime  d'honneur,  soit 
pour  les  prix  culturaux  et  les  médailles  de  spécialité,  sont  les  domaines  de  Ville- 
bussière,  commune  de  Vigoux  ;  de  G-latigny,  commune  de  Saiut-Ghristophe-en- 
Bazelle  et  du  château  de  Bouesse,  commune  de  Bouesse. 

Nous  avons  vivement  regretté  que,  dans  un  département  aussi  agricole  et  aussi 
progressif  que  l'Indre,  un  plus  grand  nombre  de  concurrents  ne  se  soient  pas 
mis  sur  les  rangs. 

En  1857,  époque  du  premier  concours  régional,  21  propriétaires  ou  fermiers 
s'étaient  présentés  pour  disputer  la  prime  d'honneur,  les  prix  culturaux  et  les 
médailles  de  spécialité;  en  1866,  ce  nombre  s'était  réduit  à  12,  et  en  1874,  ce 
n'est  encore  que  13  agriculteurs  qui  ont  osé  se  présenter  dans  la  lice.^ 

Mais  à  ces  diverses  époques,  les  commissions  qui  nous  ont  précédés  avaient 
lieu  de  se  féliciter  d'être  en  présence  d'un  pareil  nombre  de  concurrents,  qui  fai- 
saient le  plus  grand  honneur  au  département. 

Faut-il  en  conclure  que  le  norabre  restreint  de  fermes  que  nous  avions  à  visiter 
soit  un  signe  de  découragement  parmi  les  champions  du  progrès  agricole?  Non, 
messieurs,  penser  ainsi,  serait  mal  juger  de  notre  temps  et  de  nos  mœurs.  Nous 
devons  espérer  qu'il  n'y  a  eu  ni  découragement,  ni  ralentissement,  mais  sinaple- 
ment  jugement  et  appréciation  de  forces  respectives,  et  peut-être,  seTait-il  juste 
de  faire  intervenir  la  crainte  et  la  timidité  pour  quelques  bons  agriculteurs.  Les 
modestes  et  les  timorés  se  sont  abstenus,  mais,  nous  aimons  à  le  croire,  ils  n'ont 
pas  abdiqué. 

Quoi  qu'il  en  soit,  ces  abstentions  sont  regrettables,  car  s'il  est  glorieux  de 
remporter  des  palmes,  il  est  au  moins -honorable  d'avoir  combattu  en  si  bonne 
compagnie. 

Pour  la  quatrième  fois  depuis  son  institution,  la  grande  prime  d'honneur  de 
l'agriculture  va  être  décernée  dans  le  département  de  l'Indre.  De  nouveaux  noms 
vont  enrichir  les  annales  du  Berry  et  grossir  le  nombre  de  ces  hommes  d'élite  qui 
savent  consacrer  leur  intelligence  et  leur  vie  à  la  prospérité  nationale  et  au  bien 
de  l'humanité. 

Avant  devons  faire  connaître  les  impressions  et  les  décisions  du  jury  sur  cha- 
cune des  exploitations  qu'il  a  été  appelé  à  visiter,  laissez-moi  vous  entretenir 
quelques  instants  de  cet  intéressant  département  où  se  tiennent  en  ce  moment 
les  assises  agricoles  de  la  région  du  centre  de  la  France. 

Formé  aux  dépens  des  anciennes  provinces  du  Berry,  de  l'Orléanais,  de  la 
Marche  et  de  la  Touraine,  le  département  de  l'Indre'  emprunte  son  nom  à  la 
char.mante  rivière  qui  le  traverse  entièrement  du  sud-est  au  nord-ouest.  Il  est 
limité  par  six  autres  départements  avec  lesquels  il  a  des  analogies  sous  le  rapport 
du  climat,  du  sol  et  de  la  production. 

,  Au  point  de  vue  du  climat,  l'Indre  doit  être  rangé  parmi  les  régions  tempérées, 
quoique  certaines  parties  soient  sujettes  à  des  variations  brusques,  mais  peu 
sensibles.  L'arbousier,  le  tamarix,  le  laurier  et  le  figuier  végètent  en  pleine  terre 
dans  les  lieux  abrités  des  vents  du  nord. 

La  température,  moyenne  de  l'année  est  de  +  12°,  celle  de  l'été  +20°,  et  celle 
de  l'hiver  -|-5".  La  chaleur  la  plus  élevée  varie  entre  -|-28"  et  -1-34°,  et  la  tempé- 
rature la  plus  basse  entre  — 6"  et  —  14°. 

L'été  est  ordinairement  plus  sec  qu'humide.  Les  vents  dominants  sont  ceux  du 
nord-ouest  et  du  sud-ouest. 

Le  sol  de  ce  département  offre  de  grandes  variations  ;  suivant  les  régions,  on 
trouve  les  terrains  primitifs,  de  transition,  secondaires,  tertiaires  et  quaternaires. 

Grâce,  d'une  part,  au  climat,  qui,  comme  on  le  voit,  est  assez  tempéré  :  pas 
de  froids  extraordinaires,  pas  de  chaleurs  excessives,  et  d'autre  part,  grâce  aussi 
à  la  diversité  des  terrains,  la  production  agricole  est  des  plus  variées;  elle  com- 
prend, en  effet,  toutes  les  céréales  et  toutes  les  plantes  fourragères  de  la  culture 
française.  La  vigne  occupe  également  dans  l'Indre  une  large  place. 

Au  point  de  vue  spécial  des  céréales,  il  est  à  remarquer  qu'il  y  a  une  trentaine 
d'années  à  peine  la  culture  du  seigle  était  la  plus  étendue  et  fournissait  seule  le 


58  LA  PRIME  d'honneur  DE   L'INDRE. 

pain  aux  populations  rurales.  Depuis  cette  époque,  quoique  peu  éloignée,  une 
grande  amélioration  s'est  produite.  Aujourd'hui,  ce  département  ensemence  cinq 
fois  plus  de  froment  que  de  seigle,  et  il  en  est  résulté  un  bien-être  qui  s'est  fait 
particulièrement  sentir  sur  l'alimentation  des  travailleurs  des  campagnes  et  sur 
ceux  des  villes. 

Les  spéculations  animales  comprennent  la  production  de  tous  les  animaux 
domestiques  de  notre  continent.  L'éducation  des  chevaux  fait  chaque  année  de 
notables  progrès;  ces  animaux,  pour  la  plupart  de  races  légères,  ne  manquent 
pas  de  fond  ni  d'énergie.  La  statistique  porte  le  chiffre  de  la  population  cheva- 
line de  l'Indre  à  30  mille. 

Les  bêtes  bovines,  au  nombre  de  122  mille,  appartiennent  à  la  race  parthenaise 
et  à  la  race  limousine;  leur  conformation  et  leur  développement  laissent  générale- 
ment beaucoup  à  désirer;  cependant  on  rencontre  quelques  étables  où  par  une 
alimentation  abondante,  une  sélection  et  des  soins  bien  entendus,  on  a  avanta- 
geusement modifié  la  taille  et  les  formes  de  ces  animaux.  Ce  résultat  indique  évi- 
demment la  voie  que  doivent  suivre  les  agriculteurs  pour  atteindre  le  même  but. 
L'espèce  ovine_,  représentée  par  8^0,000  individus,  fait  l'objet  d'une  spéculation 
très  importante,  elle  est  même  pour  l'Indre,  comme  du  reste,  pour  tout  le  Berry 
et  toute  la  Sologne,  la  principale  ressource.  Les  bêtes  à  laine  de  ces  régions 
appartiennent  à  différentes  races  qui  sont  la  berrichonne^  la  solognote  et  la  Grevant. 
Le  mouton  mérinos  et  les  produits  du  croisement  mérinos  avec  les  races  locales 
se  rencontrent  assez  fréquemment. 

Les  moutons  berrichons  sont  les  plus  répandus;  ils  sont  réputés  pour  la  déli- 
catesse de  leur  chair  et  la  finesse  de  leur  laine. 

L'espèce  porcine  est  représentée  par  des  animaux  appartenant  à  diverses  races, 
souvent  mélangées.  Ces  animaux  sont  généralement  trop  élevés  sur  jambes. 
Toujours  d'après  la  statistique,  les  bêtes  porcines  de  l'Indre  sont  au  nombre  de 
24,000. 

Les  animaux  de  basse-cour  sont  représentés  par  plus  de  700,000  têtes.  Les  oies 
et  les  dindons  particulièrement  donnent  lieu  à  un  commerce  très  important. 

L'Indre  est  un  pays  riche  en  métaux  et  en  minéraux.  Le  minerai  de  fer  se 
rencontre  dans  plus  de  30  communes.  Le  plomb  argentilère,  la  plombagine  et 
même  le  manganèse  y  sont  exploités  sur  différents  points. 

La  pierre  lithographique  des  environs  de  Ghâteauroux  jouit  d'une  grande 
renommée  et  donne  lieu  à  une  industrie  et  à  un  commerce  considérables.  La 
pierre  meulière  et  la  terre  à  gazette  font  aussi  l'objet  d'une  exploitation  assez 
importante. 

Sans,  vouloir  énumérer  toutes  les  industries,  nous  en  signalerons  cependant 
quelques-unes  ;  d'abord,  la  briqueterie  de  Verneuil,  la  fabrique  de  draps,  la 
manufacture  de  tabacs,  les  ateliers  de  construction  de  machines  de  M.  Hidien,  à 
Ghâteauroux;  ensuite  la  .fabrique  de  raidisseurs  et  de  clôtures  métalliques  de 
MM.  Louet,  à  Issoudun,  les  tanneries,  les  mégisseries,  les  corroieries,  les  impri- 
meries, les  parchemineries,  les  minoteries,  etc.,  d'Argenlon,  du  Blanc,  de  Buzan- 
çais,  de  Ghâteauroux  et  de  la  Ghâtre.  Quelques-uns  de  ces  établissements,  entre 
autres  ceux  de  M.  Hidien  et  ceux  de  MM.  Louet,  rendent  de  très  grands  services 
à  l'agriculture. 

Ajoutons,  enfin,  que  des  gisements  importants  de  phosphates  de  chaux,  depuis 
peu  découverts  dans  ce  département,  promettent  à  l'agriculture  de  la  région  des 
engrais  dont  la  nécessité  se  fait  de  plus  en  plus  sentir. 

Ainsi,  par  ses  produits  minéraux,  aussi  bien  que  par  ses  produits  végétaux  et 
animaux,  l'Indre  est  un  des  départements  des  mieux  favorisés  au  point  de  vue 
industriel  et  agricole. 

Agriculture,  industrie  et  commerce  ne  sont  point  antagonistes,  mais  alliés  et  se 
prêtent  un  mutuel  concours  si  l'on  sait  concilier  leurs  intérêts,  en  apparence 
opposés.  Mines  et  usines  enlèvent,  il  est  vrai,  des  travailleurs  à  la  culture  des 
champs,  mais  elles  lui  forment  des  consommateurs  qui  peuvent  payer  à  un  plus 
haut  prix  les  produits  animaux  et  les  produits  végétaux. 

En  absorbant  la  main-d'œuvre,  les  usines  et  les  ateliers  obligent  l'agriculture 
à  entrer  dans  la  nouvelle  voie  économique  :  exploitation  du  sol  par  les  fourrages 
et  le  bétail;  adoption  des  instruments  perfectionnés,  mus  par  les  animaux  ou  la 
vapeur,  afin  de  remplacer  les  bras  de  l'homme  le  plus  souvent  possible;  pratique 
des  fumures  combinées  avec  les  engrais  commerciaux,  etc. 

La  solution  d'un  des  plus   grands  problèmes  agricoles  du  moment,  consiste 


LA  PRIME  d'honneur  DANS  L'INDRE.  59 

surtout,  en  effet,  à  réduire  par  tous  les  moyens,  le  besoin  de  la  main-d'œuvre  et 
la  surtace  des  terres  arables.  Beaucoup  d'agriculteurs  de  l'Indre  ont  déjà  compris 
depuis  quelque  temps  toute  l'importance  de  cette  grave  question,  mais  le  nombre 
n'en  est  malheureusement  pas  encore  assez  grand. 

Ce  beau  département,  où  se  trouvent  des  ressources  si  variées  et  qui  est  si 
intéressant  à  visiter  au  point  de  vue  rainéralogiquc,  géologique  et  af^ricole  est 
l'un  des  plus  étendus  de  i^'rancc.  Sa  superficie  dépasse  688,850  hectares;  mai's  sa 
population  n'est  pas  des  plus  denses,  elle  n'est  que  277,850,  ou  en  moyenne  de 
41  habitants  par  kilomètre  carré.  Il  est  donc  au  nombre  des  moins  favorisés  sous 
le  rapport  de  la  population,  et  cetle  infériorité  porte  particulièrement  sur  la  popu- 
lation rurale.  Il  n'est  pas  non  plus  des  mieux  partagés  sous  le  rapport  des  voies 
de  communications  :  il  n'a  encore  que  deux  lignes  de  chemins  de  fer,  dont  l'une 
a  été  inaugurée,  il  y  a  à  peine  quelques  mois;  six  routes  nationales,  23  routes 
départementales,  38  chemins  vicinaux  de  grande  communication  et  57  chemins 
d'intérêt  commun.  Les  voies  de  navigation  lui  font  complètement  défaut,  mais 
tout  fait  espérer  que  la  sollicitude  de  l'Etat  comblera  bientôt  celte  lacune. 

Divisions.  —  La  nature  du  sol  divise  nettement  le  département  de  l'Indre 
en  trois  régions,  qui  sont,  par  ordre  d'étendue,  le  Boischaut,  la  Brenne  et  la 
Champagne. 

Le  Boischaut^  presque  deux  fois  plus  vaste  que  les  deux  autres  régions  réunies, 
occupe  plus  de  500,000  hectares, _  qui  forment  l'arrondissement  de  la  Châtre  et 
une  portion  de  trois  autres  arrondissements. 

Dans  cette  région,  on  rencontre  de  grandes  forêts,  telles  que  celles  de  Château- 
roux  (5,li4  hectares),  celles  de  Bommiers  (5,061  hectares),  de  Chœurs,  de  la 
Luzeraize,  de  Bélâbre,  etc.  Les  landes  couvertes  de  bruyères,  les  étangs  et  les 
mares  y  occupent  aussi  une  vaste  étendue. 

Le  sol  est  de  nature  très  variée;  les  terrains  qu'on  rencontre  le  plus  fréquem- 
ment sont  les  granits  sous  forme  de  cailloux  et  de  sables  plus  ou  moins  divisés, 
les  schistes,  les  trias,  les  lias,  et  les  calcaires  oolithiques. 

Ce  pays  est  également  assez  varié  par  ses  cultures  et  par  ses  aspects  ;  il  offre 
des  vallons  profonds  et  de  jolies  petites  rivières.  Ce  n'est  pas  la  partie  la  moins 
fertile  du  territoire  de  l'Indre.  L'agriculture  y  a  fait  de  grands  progrès  depuis 
une  trentaine  d'années,  grâce  aux  hommes  d'initiative  qui  ont  su  donner  l'élan 
et  le  bon  exemple  par  la  mise  en  valeur  des  terres  incultes,  l'emploi  des  amende- 
ments calcaires  et  des  engrais  commerciaux. 

Le  Boischaut  élève  et  engraisse  des  bêtes  à  cornes  ;  il  produit  aussi  de  bons 
chevaux  et  compte  un  grand  nombre  de  petites  exploitations,  qui  rendent  la  pro- 
priété très  morcelée. 

La  succession  de  culture  adoptée  dans  cette  région  est  triennale  et  est  géné- 
ralement ainsi  combinée  :  jachère,  blé  ou  seigle,  avoine  ou  orge. 

La  Brenne,  comprise  dans  l'arrondissement  du  Blanc,  est  cinq  fois  moins  éten- 
due que  le  Boischaut.  Elle  est  formée  par  une  suite  de  dépressions  peu  profondes, 
séparées  par  des  plateaux  d'une  faible  élévation.  C'est  une  des  rares  contrées  de 
la  France  connues  surtout  par  le  grand  nombre  de  leurs  étangs.  Elle  ressemble  à 
laDombequi  domine  le  Jura,  et  à  la  Sologne  dont  elle  n'est  séparée  que  par  quel- 
ques dizaines  de  kilomètres.  Son  étendue  est  d'environ  80,000  hectares,  dont  plus 
d'un  dixième  est  occupé  par  des  étangs  et  des  marais.  Cette  contrée  est  quelquefois 
appelée  Peiile  Sologne  ou  Sologne  de  Berry. 

Comme  dans  la  Dombe  et  comme  en  Sologne,  ces  marécages  engendrent  des 
miasmes  dangereux.  Presque  toute  l'année,  après  le  lever  et  avant  le  coucher  du 
soleil,  on  voit  s'élever  des  étangs  et  des  marais  des  brouillards  qui  voilent  le  ciel 
et  exhalent  des  odeurs  dont  l'effet  insalubre  se  fait  sentir  sur  un  grand  rayon. 

Avant  qu'on  eût  commencé  à  dessécher  les  marais  et  les  étangs  les  plus  nui- 
sibles, il  y  a  un  peu  plus  d'un  demi-siècle,  la  vie  moyenne  n'était  que  de  vino't- 
trois  ans  dans  la  Brenne,  tandis  que  dans  certains  départements,  elle  s'élevait  de 
trente-six  à  trente-huit  ans.  C'était  une  des  régions  des  plus  malsaines  de  la 
France;  on  y  comptait  encore,  il  y  a  à  peine  une  trentaine  d'années,  8,330  hec- 
tares d'étangs;  mais  depuis  ce  nombre  a  diminué  beaucoup,  et  nous  constatons 
qu'il  se  réduit  tous  les  ans.  Dans  presque  toutes  les  communes,  on  pratique  le 
dessèchement  et  le  reboisement  sur  une  grande  échelle;  on  ouvre  des  routes, 
des  canaux  et  on  met  les  landes  en  culture.  Les  bruyères  et  les  étangs  se  trans- 
forment  en  prairies  et  en  champs  couverts  de  belles  récoltes.  La  salubrité  arrive 

1.  Boischaut,  de  Boschelum,  mot  de  basse  latinité,  qui  signifie  bosquet,  bois. 


60  LA  PRIME  D'HONNEUR  DANS  L'INDRE. 

avec  le  progrès  agricole;  la  moyenne  de  la  durée  de  la  vie  humaine  s'est  presque 
élevée  au  chiffre  des  contrées  voisines. 

En  général,  le  sol  végétal  de  la  Brenne  est  une  terre  de  bruyère  ,  c'est-à-dire 
un  sable  très  fin  dépourvu  de  cohésion,  d'une  faible  épaisseur,  riche  parfois  en 
débris  organiques  qui  lui  communiquent  une  teinte  noire. 

Sur  beaucoup  de  points,  le  sous-sol  de  cette  contrée  renferme  les  éléments 
essentiels  qui  manquent  à  la  couche  végétale  :  la  chaux  et  l'argile.  Les  marnes 
argileuses  s'y  rencontrent  fréquemment  à  une  faible  profondeur.  Dans  quelques 
endroits  de  bons  labours  pourraient  la  mélanger  avec  la  couche  arable  et  suffi- 
raient pour  obtenir  une  prompte  et  complète  transformation  du  sol. 

La  Brenne  possède  aujourd'hui  des  pâturages  d'n:-'^ez  honne  qualité  pour  que 
les  cultivateurs  puissent  se  livrer  avec  succès,  non  seulement  à  l'élevage,  mais 
à  l'engraissement  des  bêtes  ovines.  La  race  de  moutons  la  plus  répandue  est  la 
solognote. 

Les  assolements  suivis  dans  la  Brenne  appartiennent  à  la  culture  pastorale 
mixte. 

Voici  l'assolement  qui  est  généralement  adopté  : 

l"  année Jachère  fumée. 

2°   année Blé  ou  seigle. 

3'  année ... Orge. 

4°  année ; Avoine. 

5°  année Friche. 

6°  année Friche. 

La  Champagne  de  l'Indre  est  une  vaste  plaine  calcaire,  unie,  sèche,  dépourvue 
de  forêts  et  de  plantations;  elle  s'étend  sur  81,000  hectares  et  renferme  les  deux 
tiers  de  l'arrondis-'^ement  d'Issoudun  et  une  petite  portion  de  celui  de  Château- 
roux.  Son  sol,  parfois  assez  profond,  repose  tantôt  sur  des  bancs  de  calcaire  ju- 
rassique, tantôt  sur  des  bancs  argilo- calcaires  ou  argilo-siliceux. 

La  Champagne  rappelle,  par  son  aspect  dénudé,  les  grandes  plaines  de  la 
Beauce.  Les  lieux  habités  sont  séparés  par  de  longs  espaces  et  on  y  rencontre  de 
grandes  exploitations.  Malgré  son  extrême  nudité  et  la  rareté  des  sources  et  des 
cours  d'eau,  elle  est  assez  fertile.  Le  sainfoin  y  végète  bien  et  les  belles  mois- 
sons n'y  sont  pas  connues;  la  principale  production  agricole  de  la  Champagne 
est  le  mouton  berrichon,  si  estimé,  comme  on  le  sait,  sur  tous  les  marchés  fran- 
çais où  on  le  rencontre. 

L'assolement  le  plus  répandu  est  à  peu  près  le  même  que  celui  de  la  Brenne. 
Depuis  quelques  années,  dans  les  terrains  pierreux  de  la  Champagne,  où  le 
"mouton  ne  trouvait  qu'un  maigre  pâturage,  on  a  planté  de  grandes  étendues  de 
vignes,  qui  y  prospèrent  admirablement  et  y  produisent  de  bons  vins.  Le  Bois- 
chaut  et  la  Brenne  ont  aussi  de  nombreux  endroits  où  la  réussite  de  la  vigne  a 
été  parfaite  jusqu'à  ces  dernières  années  ;  mais  le  terrible  fléau  qui  s'est  abattu 
sur  les  vignobles  du  Midi  s'étend  aujourd'hui  sur  le  centre  de  la  France  et  a  déjà 
fait  de  nombreuses  victimes  dans  ce  département,  où  la  vigne  occupe  33,000  hec- 
tares et  dont  les  vins  de  différentes  localités  jouissent,  dans  le  commerce,  d'une 
juste  réputation. 

Les  plus  estimés  sont  les  vins  rouges  d'Issoudun,  de  Concrémiers,  de  Paudy, 
de  la  Tour-du-Breuil,  de  Saint-Hilaire,  de  Valençay  et  les  vins  blancs  de 
Reuilly. 

En  somme,  malgré  le  chiffre  peu  élevé  de  sa  population  rurale,  malgré  sa  situa- 
tion peu  favorable  à  divers  points  de  vue,  le  département  de  l'Indre,  de  même 
que  toute  la  Sologne  et  tout  le  Berry,  a  réalisé  des  progrès  considérables. 

Plus  de  85,000  hectares  de  landes  ont  été  défrichés  depuis  moins  de  trente 
ans  ;  un  grand  nombre  d'étangs  et  de  marais  ont  été  desséchés  et  transformés  en 
pâturages,  en  prairies  magnifiques  ou  en  superbes  champs  de  blé. 

Le  reboisement  entrepris  par  quelques  grands  propriétaires  s'étend  sur  plus  de 
10.000  hectares. 

Par  les  perfectionnements  apportés  dans  le  matériel  agricole,  et  par  suite,  dans 
les  façons  données  à  la  terre,  le  rendement  des  céréales  et  des  autres  cultures  s'est 
notablement  élevé.  Il  ne  faut  pas  oublier  non  plus  que  l'emploi  judicieusement 
fait  des  engrais  commerciaux,  de  la  chaux  et  de  la  marne  a  largement  contribué 
à  l'accroissement  des  produits  du  sol. 

Avant  1840  le  blé  produisait  à  peine  en  moyenne  10  hectolitres.  Actuellement 
ce  chiffre  est  élevé  à  14  et  à  15  et  les  fermes  où  le  rendement  du  blé  dépasse 
30  hectolitres  ne  sont  pas  très  rares. 


LA  Prime  d'honneur  de  l'indre. 


61 


Sous  le  rapport  de  la  rotation  des  cultures  il  s'est  produit  également  une  grande 
amélioration.  L'assolement  triennal  domine  encore,  mais  il  est  avec  prairies  arti- 
ficielles annuelles  ou  temporaires. 

La  culture  des  plantes  fourragères  a  pris  dans  ces  dernières  années  un  grand 
développement  qui  a  eu  pour  conséquence  l'amélioration  et  l'accroissement  du 
bétail.  La  luzerne  est  venue  se  joindre  au  trèHe  rouge  et  au  trèfle  incarnat;  à  la 
vesce  de  printemps  et  d'hiver  sont  venues  s'ajouter  les  racines  fourragères, 
auxquelles  la  petite  culture,  comme  la  grande,  consacrent  les  meilleures  terres. 

En  môme  temps,  la  culture  à  gros  capitaux  et  à  gros  rendements  a  été  coura- 
geusement entreprise,  avec  le  plus  grand  succès,  par  plusieurs  propriétaires  et 
fermiers.  La  culture  de  la  betterave  a  amené  la  création  des  distilleries  de  Saint- 
Maur,  de  Treuillant,  de  Lancosne,  d'Entraigue,  de  la  Brosse,  de  Saint-Sébas- 
tien, etc. 

Après  ces  quelques  indications  générales, arrivons  à  l'examen  des  exploiiations 
visitées  par  le  jury.  Mais  avant  de  passer  en  revue  les  travaux  des  concurrenis 
actuels,  j'ai  à  vous  faire  part  de  nos  impressions  sur  le  domaine  de  Gungy,  oiî 
nous  avait  convié  M.  le  ministre  de  l'agriculture  sur  la  demande  de  MM.  Lecor- 
beiller  et  Jolivet,  lauréats  de  la  prime  d'honneur  de  1874. 

(La  suite  procliainemenl) .  Franc, 

Professeur  départemental  d'agriculture  du  Cher. 

NOUVELLES  MACHINES  CONSTRUITES  PAR  M-  ALBARET 

Parmi  Tes  nouvelles  machines  que  M,  Alharet,  l'habile  constructeur 
de  Liancourt   (Oise),  exposait   au  palais  de  Tinduslrie,   au  mois  de 


Fig    4   —  1  n'tnoii   i  uiuis  système  Alharet. 


janvier  dernier,  il  en  est  deux  que  nous  voulons  spécialement  signaler 
à  nos  lecteurs. 

La  première  est  l'égrenoir  à  maïs  que  représente  Ja  fig.  4.  Les 
agriculteurs  recherchent  les  bonnes  machines  égreneuses,  et  il  n'y  en 
a  malheureusement   qu'un    petit   nombre,   car  il    est  assez   difficile 


62 


NOUVELLES  MACHINES  DE  M.  ALBARET. 


d'obtenir  un  mouvement  régulier  qui  sépare  bien  les  grains  de  la 
rafle  ;  cette  difficulté  est  d'ailleurs  accrue  par  les  grandes  différences 
que  présente  souvent  le  volume  des  épis.  M.  Albaret  a  su  arriver  à  un 
excellent  résultat.  Les  épis  jetés  dans  une  trémie  à  la  partie  supérieure 
de  l'appareil,  sont  complètement  égrenés;  les  grains  sont  rejeiés  d'un 
côté,  et  les  rafles  de  l'autre.  Il  ne  reste  pas  de  grain  dans  la  rafle,  et  il 
n'y  a  pas  de  grains  écrasés.  La  râfle^  une  fois  desséchée,  peut  servir  de 


Fig.  5.  —  Hache-maïs  Albaret,  muni  de  son  élévateur. 


combustible,  et  constituer  ce  que,  dans  le  Midi,  on  appelle  le  charbon 
blanc.  L'égrenoir  possède  un  tarare  pour  nettoyer  le  grain,  qui  sort 
de  l'appareil  parfaitement  propre.  Le  grand  modèle  exposé  au  palais 
de  l'Industrie  peut  donner,  par  jour,  400  hectolitres  de  grain  nettoyé. 
Son  prix  est  de  1,450  francs. 

Déjà  en  1882,  à  la  suite  du  concours  spécial  de  hache-maïs  de 
Sainte-Menehouid  (Marne),  nous  avons  signalé  à  nos  lecteurs,  le  hache- 
maïs  de  M.  Albaret,  muni  d'un  élévateur.  La  régularité  du  travail  de 
cet  appareil  avait  vivement  frappé  tous  les  visiteurs  du  concours.  On 


NOUVELLES  MACHINES  DE  M.  ALBARET  63 

voit  dans  la  fig.  5  un  type  de  son  installation;  nous  n'avons  presque 
qu'à  répéter  ce  que  nous  disions  il  y  a  quelque  mois. 

Le  hache-maïs  de  M.  Albaret  se  recommande  à  la  fois  par  sa  soli- 
dité et  par  la  régularité  de  son  fonctionnement.  Celte  régularité  est 
assurée  par  ce  fait  que  tout  le  mécanisme  dépend  de  l'action  d'un  seul 
organe,  grâce. à  la  combinaison  d'engrenages  différentiels  adoptée  par 
M.  Albaret.  Celte  combinaison  consiste  en  la  juxtaposition  de  séries 
de  roues  dentées  semblables  sur  deux  arbres  parallèles  disposés  de  telle 
sorte  que  le  premier  engrenage  de  l'un  de  ces  arbres  et  le  dernier  de 
l'autre  étant  calés  sur  leurs  axes,  on  obtient,  sous  un  très  petit  volume, 
de  très  grandes  et  faciles  modifications  de  vitesse.  On  peut,  grâce  à 
ce  système,  faire  varier  la  longueur  de  la  coupe  du  maïs,  par  un 
embrayage  d'une  extrême  simplicité^  obéissant  avec  la  plus  rigoureuse 
exactitude. 

Dans  la  plupart  des  exploitations  où  l'on  ensile  du  maïs  ou  d'autres 
fourrages  verts,  une  grande  difficulté  est  de  trouver,  sur  les  bords  du 
silo,  une  place  convenable  pour  l'installation  de  l'appareil  de  hachage. 
Tantôt  on  le  place  sur  la  crête  du  mur,  et  alors  la  difiiculté  est  d'élever 
les  charges  des  voitures  à  cette  hauteur  ;  tantôt  on  le  laisse  sur  le  sol, 
et  alors  il  faut  monter  les  fourrages  hachés.  Pour  obvier  à  ces  incon- 
vénients, M.  Albaret  a  adapté  à  ses  hache-maïs  un  élévateur  qui  com- 
plète le  travail  de  ces  utiles  instruments,  comme  on  le  voit  dans  le 
dessin  qui  accompagne  cet  article.  Le  fourrage  haché  tombe  dans  un 
tambour  oi^i  l'élévateur  le  saisit  pour  l'entraîner  au-dessus  d'un  mur 
de  deux  ou  trois  mètres  de  hauteur  et  le  faire  retomber  de  l'autre  côté. 
C'est  par  des  augets  en  bois  que  le  fourrage  vert  est  enlevé  dans  le 
tambour.  Les  mouvements  du  hache-maïs  et  ceux  de  l'élévateur 
sont  combinés  avec  une  justesse  remarquable;  nous  nous  rappelons 
l'ébahissement  avec  lequel  les  visiteurs  du  concours  de  Sainte- 
Menehould  ont  vu  débiter,  pendant  des  heures,  d'énormes  quantités 
de  fourrages,  sans  qu'il  se  produisît,  à  aucun  moment,  le  moindre 
engorgement.  Cet  élévateur  trouvera  sa  place  dans  toutes  les  exploi- 
tations 01^1  les  fourrages  à  ensiler  sont  cultivés  sur  une  assez  orande 
échelle. 

Ajoutons  que  le  hache-maïs  est  muni  d'un  engreneur  mécanique 
ou  automatique.  Le  prix  de  l'appareil  complet,  tel  que  le  dessin  le 
montre,  est  de  1 ,800  francs.  Henry  Sagnier. 

CULTURE  DU  BLÉ  DANS  LE  NORD  ' 

J'ai  présenté  à  la  Société  des  agriculteurs  de  France  pour  le  concours 
relatif  au  prix  de  revient  minimum  du  blé  au  quintal  métrique, 
l'étude  sur  le  blé  dont  une  partie  a  paru  dans  les  numéros  des  20  et 
27  janvier  du  Journal  de  f  agriculture. 

Pour  ne  pas  être  trop  long,  je  ne  vous  rappellerai  pas  les  questions 
du  programme  que  j'ai  dû  traiter  dans  mon  mémoire  :  T  la  nature 
du  sol;  2"  les  engrais  employés  ;  3"  Tassolement;  4°  le  mode  de  cul- 
ture ;  5°  la  variété  des  blés  employés. 

Mais  je  crois,  avant  d'entrer  en  matière,  devoir  vous  dire  : 

1°  Qu'en  traitant  une  question  mise  au  concours  par  la  Société  des 
agriculteurs  de  France,  je  n'avais  nullement  l'intention   de  nuire  à 

1.  Rapport  fait  à  la  Société  des  agriculteurs  du  Nord. 


64 


CULTURE  DU  BLÉ  DANS  LE  NORD. 


l'agriculture,  comme  a  paru  le  croire  le  Comice  agricole  de  Lille,  en 
faisant  à  ce  sujet  insérer  une  note  dans  les  journaux  ;  mais  je  voulais 
répondre  à  l'appel  d'une  grande  Société  dont  l'intention  évidente  était 
d'éclairer  une  question  qui  est  depuis  longtemps  controversée. 

Je  puis  du  reste  vous  assurer  que  j'ai  pris  les  soins  les  plus  minu-= 
tieux  pour  que  les  chiffres  produits  soient  de  la  plus  grande  exactitude; 

2"  Que  je  croyais  que  mon  mémoire  était  suffisamment  clair;  sans 
cela,  je  l'aurais  fait  accompagner  d'explications  qui  en  auraient  com- 
plété certains  passages. 

Ces  explications  vous  étant  données,  j'aborde  mon  sujet  : 

Ma  récolte  de  blé,  en  1882,  sur  65  hectares,  10  ares  en  quatre 
variétés  a  été  : 

De  195,885  kilog.  de  grains,  soit,  3;009  kilog.  à  l'hpctare,  ou 
37  hectol.  62  litres,  réglés  à  80  kilog.,  de  492,351  kilog.  de  paille, 
soit  à  l'hectare  7,563  kilog. 

Les  dépenses  à  l'hectare  ont  été  de  712  fr.  18,  dont  il  convient  de 
déduire  la  valeur  ds  la  paille,  soit  7,563  kilog.  à  30  fr.  les  1,000  kilog., 
226  fr.  89 ;  il  reste  485  fr.  89  formant  les  dépenses  à  répartir  entre 
3,009  kilog.  de  grains  obtenus  à  l'hectare,  ce  qui  met  le  prix  de  re- 
vient à  16fr.  12  c.  le  quintal,  d'après  ma  comptabilité,  et  à  17  fr. 
60,  d'après  l'estimation  des  engrais  enlevés  par  la  récolte. 

Je  reproduis  les  tableaux  de  ma  comptabilité  : 

Rende-  Rendj-  Rende-   Rende-  Prix  de  Valeur  Prix  de    Valeur 
Nombres  ments     ment      ment      ment      vente        du       vente      delà  Valeur  Valeur    Recettes 

Variétés  d'hec-    en  total        en         total    du  grain   grain     de  la     paille        totale  du      totale  de        à 

tares,  grains       en      paille  à      en        pour  à     paille  par     à  grain  la  paille    l'hectare. 

àThect.  grains riiectare  paille  loo kilog.  l'hect.  looo kilog.  l'hect. 

kilog.    kilog.    kilog.      kilog.       fr.           fr.          fr.           fr.  fr.                fr.             fr. 

Blé  d'Australie 3.00  3,72.t  11,175  8,2LS    24,645  24.00  894.00  30.00  246.45  2,682.00       739.35  1,140.45 

BléblancdeFlandre..  27.42  2,855  78,284  8,110  222,376  29.50  842.22  30.03  243.30  23,093.78  6,671.28  1,085.52 
i5lé  blanc  Chiddam  à 

paille  rouge 20.64  3,365  69,453  6,715  138,597  28.65  964.07  30.00  201.45  19,898.28  4,157.92  1,165. .52 

Blé  blaii^Hallett....  14.04  2,633  36,973  7,608  106,733  28.78  757.78  30.00  228.24  10,6'42.87  3,204.48      986.02 

Rendements  moyens 3,009  kilog 


7,563  kilog. 


Variétés 


Prix  de  revient 
diaprés  notre  comptabilité 

Prix  de 

revient 


Dépenses  Valeur  de  la  Dépense 
par  lisct.    paille  à  déduire  restantes 


Prix  de  revient  d'après  la  valeur  des 
engrais  enlevés  par  la  récolte 

Dépenses  Valeurdela  Dépenses  Prix  d  e 

par  hect.    paille  à  déduire  restantes  revient 


Blé  d'Australie 712.18 

BléblancdeFlandre.  712.18 
Blé  blanc  Chiddam  à 

paille  rouge 712.18 

Blé  blanc  Halletl 712.18 


fr. 
246.45 
243.30 

201.45 

228.24 


fr. 
465.73 
468.88 

510.73 

483.94 


fr. 
12.50 
16.42 

15  18 
18.36 


16.12 


fr. 
802  34 
755.74 

763.78 
736.37 


fr. 
246.45 
243.30 

201.45 
228.24 


fr. 
655.89 
512.44 

.562.33 
508.13 


14.92 
17.94 

16.71 
19.29 


fr. 


17.60 


Dépenses  faites  à  l'hectare. 

Francs. 

Engrais 215.19 

Labours  et  main-d'csuvre 138.14 

Semence,  .58  kilog.  à  32  fr.  les  100  kilog 18.76 

Location 120.25 

Frais  généraux  comprenant  :  traitement  des  employés,  imposition, 

assurances,  entrelien  des  bâtiments,  chemins  et  divers 137.29 

Rente  du  capital  d'exploitation 82  5?) 

Total 712.18 

Dont  il  convient  de  distraire  la  valeur  de  la  paille  estimée  à  30  fr.  les 

1,000  kilog.  7,563  kilog.  à  30  fr.  les  1 ,000  kilog 226.89 

Reste 48.J.29 

Formant  les  dépenses  à  reporter  entre  3,009  kilog.  de  blé  oblenus 
à  l'hectare,  ce  qui  met  le  prix  de  revient  à  1  6  fr.  12  le  quintal. 


71 .75 


CULTURE  DU  BLÉ  DANS  LE  NORD.  65 

Détail  du  compte  intitulé  :  Labours  et  main-d'œuvre.  —  Dépenses  à  l'hectare. 
Travaux  des  chevaux  : 
Préparation  de  la  terre  avant  le  laljuur  ([ui  précèile  l'ense- 
mencement  ■ 17.50 

Labour  pour  l'ensemencement 17  .50 

Préparaiion  de  la  terre  pour  recevoir  la  semence 10.00 

Semailles  au  semoir : o.CO 

Roulage  de  la  terre  avant  et  après  le  binage. . .' 'A. Ta 

Binage 3  75 

Hersage '.....  3.75 

Moissonneuse 5 .  50 

Transport  des  récoltes 5 .  00 

Travaux  des  hommes  : 

Un  gamin  suivant  le  semoir 0.40 

Sarclage  ou  binage  à  la  main 1 1 .  00 

Liage  des  gerbes  et  mise  en  moyettes U  .  50     v        "  '{  Qft 

Chargement  de  la   récolte   sur  voitures  et  déchargement  ' 

aux  meules  ou  h  la  batteuse 9  00 

Main-d'œuvre  à  la  machine  à  battre  et  au  nettoyage  du  blé.  22.00 

Location  de  la  machine  à  battre 12.. 50 


Total 138.15 

Je  compte  le  travail  des  chevaux  à  5  francs  du  collier  par  jour, 
compris  le  gage  de  leur  conducteur  et  l'usure  des  instruments  dont  ils 
se  servent. 

Il  y  a  dans  mes  écritures  des  comptes  aux  chevaux  et  aux  transports 
qui,  en  appliquant  ce  système,  se  balancent  presque  toujours  à  peu 
de  chose  près;  la  différence  est  portée  à  profits  et  pertes. 

La  quantité  de  grains  et  de  paille,  obtenue  chez  moi  celte  année,  ne 
représente  certainement  pas  la  moyenne  de  la  récolte  dans  le  départe- 
ment du  Nord,  mais  elle  a  pourtant  été  produite  plusieurs  fois  dans 
les  bonnes  cultures  de  notre  département. 

Si,  au  lieu  d'appliquer  les  chiffres  dune  très  bonne  récolte,  en  pre- 
nant pour  base  les  dépenses  que  j'ai  faites  à  l'hectare  pour  la  produc- 
tion du  blé,  je  prends  : 

1°  Ceux  d'une  bonne  récolte  dans  les  cultures  soignées  du  départe- 
ment du  Nord,  récolte  que  j'estime  à  2,7'20  kilog.  de  grains  à  l'hectare 
(soit  34  hectolitres  réglés  à  80  kilog.)  et  à  5,625  kilog.  de  paille  ;son 
prix  de  revient  est  de  IV)  fr.  98,  en  employant  ma  méthode  de  comp- 
tabilité, et  de  20  fr.  07  en  me  servant  de  celle  de  la  valeur  des 
engrais  enlevés  par  la  récolte. 

2"  Ceux  d'une  récolte  moyenne  du  département  du  Nord,  de 
2,250  kilog.  de  grains  à  l'hectare  (soit  28  hectolitres  réglés  à  80  ki- 
log.), et  de  4,000  kilog.  de  paille,  le  prix  de  revient  est,  en  employant 
ma  méthode  de  comptabilité,  de  26  francs  32  c.  au  quintal,  et  en 
employant  celle  de  la  valeur  des  engrais  enlevés  par  la  récolte  de 
24fr.  15. 

3°  Ceux  d'une  récolte  petite  moyenne  du  département  du  Nord,  de 
2,000  kilog.  de  grains  à  l'hectare  (soit  25  hectolitres  réglés  à  80  kilog.) 
et  de  4,000  kilog.  de  paille,  le  prix  de  revient  est  de  29  fr.  61,  d'a- 
près ma  comptabilité,  et  de  26  francs  80,  d'après  celle  de  la  valeur 
des  engrais  enlevés  par  la  récolte. 

Je  crois  inutile  de  vous  faire  remarquer  que  ma  méthode  de  comp- 
tabilité et  celle  de  la  valeur  des  engrais  enlevés  par  la  récolte  donnent 
les  mêmes  chiffres  lorsque  l'on  obtient  34  hectolitres  à  l'hectare,  et 
qu'elles  diffèrent  lorsqu'il  y  a  augmentation  ou  diminution  dans  la 
production. 

Je  conclus  :  1  °  que  pour  produire  du  blé  à  bon  marché,  il  faut  faire 


66  CULTURE  DU  BLÉ  DANS  LE  NORD. 

de  très  fortes  récoltes  ;  que  pour  obtenir  ces  très  bonnes  récoltes^  il  est 
nécessaire  d'avoir  un  capital  d'exploitation  montant  au  moins  à 
1,500  francs  l'hectare,  chiffre  qu'il  est  souvent  dangereux  d'atteindre, 
à  moins  que  d'être  propriétaire  du  sol  ou  d'avoir  un  bail  avec  des 
clauses  exceptionnelles  relatives  aux  amendements,,  amendies  et 
engrais. 

2°  Que  le  cultivateur  qui  ne  récolte  que  2,250  kilog.  de  grains  el 
■4,000  kilog.  de  paille  à  l'hectare  (et  c'est  certainement  «  la  bonne 
moyenne  du  département  du  Nord),  ne  peut  produire  le  blé  à  moins 
de  26  fr.  32  le  quintal,  ou  24  fr.  15,  et  qu'à  ce  prix,  il  n'ob- 
tient aucune  rémunération  de  ses  risques,  s'il  fait  les  mômes  dépenses 
que  moi.  F.  Desi'rez, 

Agriculteur  à  Cappelle  (Nord). 

RÉUNIONS  VITIGOLES  DE  MONTPELLIER.  —  II 

J'ai  dit  que  l'enseignement  que  poursuit  la  Société  d'agriculture  de 
l'Hérault  s'étend  sur  tous  les  problèmes  que  soulève  la  reconstitution 
du  vignoble. 

La  vigne  disparaît  sous  la  morsure  d'un  insecte  dont  les  entomo- 
logistes ignoraient  presque  le  nom  il  y  a  quelques  années.  Il  signale 
sa  présence  par  des  ravages  ;  sa  biologie  est  l'objet  de  quelques  doutes, 
non  son  énergie  destructrice. 

Existe-t-il  dans  les  Ampelidées,  une  variété  résistante  au  poison  que 
secrète  le  puceron?  Nous  avons  vu  par  les  dépositions,  les  témoignages 
produits  qu'il  existe  des  vitis  qui  résistent.  On  les  a  placés  dans  un 
sol  infesté,  avec  cépages  à  côté  alimentant,  maintenant  l'infection  ; 
elles  n'ont  point  succombé. 

La  solution  n'est  pas  complète,  môme  après  cette  constatation.  On 
voit  à  quels  cruels  mécomptes  ont  été  exposés  les  viticulteurs  qui  ont 
voulu  transporter  d'une  région  dans  une  autre  telle  variété  de  vigne. 
Son  produit  abondant,  les  qualités  du  liquide  que  donnait  son  fruit 
les  avaient  séduits;  ils  plantèrent,  attendirent  en  vain  rendement  et 
qualité.  Le  facteur  sol  et  climat  avait  été  oublié. 

A  côté  de  la  l'^sistance,  il  faut  avoir  facilité  d'adaptation;  sans  nul 
doute  l'enquôte  dont  nous  parlons  n'est  pas  suffisante  pour  mettre  tous 
les  viticulteurs  français  sur  la  voie  d'un  bon  encépagement. 

Il  y  a  à  étudier  climat,  composition,  structure  de  la  couche  arable, 
il  faut  tenir  compte  des  modifications  que  tel  climat,  chaud,  sec, 
humide,  apporte  à  telle  terr-e,  calcaire,  siliceuse,  profonde  ou  non. 

Il  serait  vivement  à  souhaiter  que  l'exemple  donné  par  la  Société 
d'agriculture  de  l'Hérault  fût  suivi  par  les  autres  contrées  viticolesque 
des  conditions  météorologiques  et  telluriques  différentes  obligent  à  des 
compléments  d'informations. 

Ainsi  le  Lot-et-Garonne,  placé  sur  la  route  de  l'Hérault  à  la  Gironde, 
serait  un  point  on  ne  peut  mieux  choisi  pour  une  nouvelle  information. 

On  connaît  les  travaux  du  Comice  d'Agen,  la  sollicitude  qu'il  déploie 
depuis  l'invasion  phylloxérique  pour  arrêter  le  mal,  conserver  aux 
productions  françaises  une  de  ses  principales  richesses.  Son  président, 
dont  nul  n'ignore  l'activité  et  le  dévouement,  dirigerait  les  débuts  avec 
une  sagacité  qui  lèverait  bien  des  doutes.  Son  livre  récent  :  Quatre  ans 
de  luttes  pour  nos  vignes  et  nos  vins,  nous  est  un  sûr  garant. 

L'Aveyron,  le  Lot  près  de  nous,  la  Charente  sont,  nous  semble,  des 


RÉUNIONS  VITIGOLES  DE  MONTPELLIER.  67 

points  d'instruction  tout  indiqués.  Ces  enquêtes  ont  une  valeur 
d'autant  plus  grande  que  les  déposants  sont  plus  nombreux.  Les 
déplacements  sont  onéreux,  il  est  urgent  d'étudier  les  moyens  de  les 
amoindrir.  Une  réforme,  ou  mieux  une  innovation  à  introduire,  c'est 
la  sollicitation  adressée  à  ceux  qui,  malgré  l'extrême  bienveillance  du 
président,  n'osent  prendre  la  parole,  d'envoyer  chaque  soir  par  écrit 
leur  note  signée.  L'agriculture  et  les  pratiques  qui  en  dérivent  ne  se 
fixent  dans  l'esprit  que  par  la  vue  des  choses. 

On  sait  qu'entre  les  cépages  nouveaux ,  il  en  est  qui  donnent  du  vin; 
d'autres  au  contraire  qui  ne  peuvent  servir  que  de  porte-greffes. 

Les  jacquez,  l'herbemont  ont  été  étudiés.  Le  jacquez  donne  du  vin 
riche  en  couleur,  alcoolique,  propre  au  coupage.  Sa  production  est 
abondante.  Le  cépage  a  une  aire  assez  restreinte.  Quelques  infirmités 
spéciales  viennent  rendre  sa  culture  moins  facile. 

Pour  l'herbemont,  le  problème  est  encore  à  l'étude.  On  est  passé  à 
la  question  du  greffage.  On  voit  que  l'avenir  de  notre  vignoTile,  de  la 
majorité  de  nos  vignes,  se  base  sur  la  plantation  d'une  vigne  qui  sans 
adjonction  d'un  cépage  différent,  ne  donnerait  nul  produit. 

Par  contre,  il  a  été  reconnu  que  les  cépages  dont  nous  avons  con- 
staté la  résistance,  dont  l'adaptation  au  soi  demande  à  être  étudiée  sur 
une  aire  plus  étendue,  acceptent  la  greffe  avec  facilité. 

D'une  manière  générale,  il  est  constaté  que  la  greffe  hâte  la  fructi- 
fication, la  rend  plus  abondante,  en  améliore  la  qualité.  Les  arbori- 
culteurs ne  sont  nullement  étonnés  de  ce  résultat.  Il  leur  est  facde  de 
constater  ces  faits  dans  leurs  essais. 

Questions  en  suspens  :  la  durée  de  la  vigne  sera-t-elle  la  même? 
Y  aura-t-il  longue  et  perpétuelle  sympathie  dans  ce  ménage  végétal? 
On  peut  assurer  qu'après  dix  ans,  il  ne  se  manifeste  aucun  trouble, 
aucun  désordre. 

Il  est  à  peu  près  reconnu,  malgré  deux  protestations  très  impor- 
tantes, que  la  couleur  des  baies  n'est  pas  un  obstacle  à  la  fécon- 
dité du  mariage.  On  peut  greffer  raisins  à  jus  rouge  sur  cépages  à  jus 
blanc. 

Quel  est  le  système  de  greffe  qui  semble  avoir  réuni  la  majorité  des 
suffrages  ! 

On  sait  que  l'une  des  appréhensions  des  viticulteurs  était  le  travail 
de  la  greffe,  pratiqué  sur  des  bois  ayant  un  très  faible  diamètre. 
Plusieurs  méthodes  ont  été  tour  à  tour  préconisées.  Une  de  celles  qui 
dès  le  début  parut  adoptée,  fut  la  greffe  dite  anglaise  qui  mutilait  un 
peu  le  sujet  et  le  greffon  à  l'effet  de  multiplier  les  surfaces  de 
contact.  Il  fallait  une  certaine  adresse  pour  l'exécuter,  surtout  vers  la 
fin  d'une  journée  de  travail. 

Des  appareils  furent  imaginés  qui  simplifiaient  l'œuvre,  ils  peuvent 
rendre  de  grands  services.  Cependant,  il  semble  adopté  qu'un  couteau 
à  greffer,  une  bonne  serpette,  qui  est  facile  à  affûter,  est  encore  le 
meilleur  engin  entre  les  mains  d'un  bon  ouvrier. 

La  greffe  en  fente  simple  ordinaire  a  été  reconnue  la  meilleure. 

Il  paraît  que  lorsque  l'on  a  de  très  grandes  quantités  de  plants  à 
greffer,  ce  qu'il  y  aurait  de  mieux,  ce  serait  de  greffer  sur  table,  à 
l'atelier.  De  nombreux  avantages  se  groupent  autour  de  ce  mode  de 
faire.  Il  est  facile  de  conserver  soit  boutures  à  greiîer,  soit  greffons  en 
état  d'humidité  tel  que  leur  vitalité  ne  soit  pas  atteinte  ;  l'opération 


68  RÉUNIONS   VITIGOLES   DE  MONTPELLIER. 

terminée,  on  stratifié  dans  du  sable  à  10  pour  100  d'humidité,  on 
peut  attendre  la  mise  en  place.  La  réussite  par  ce  procédé  est  moindre 
que  par  la  greffe  sur  place. 

Ce  qui  est  le  mieux,  c'est  planter  bouture  simple:  riparia^  solonis, 
rupestris,  greffer  sur  place  à  la  deuxième  année  de  la  vigne;  on  affirme 
que  par  ce  moyen,  on  arrive  à  85  pour  100  de  greffes.  Il  y  en  a  qui 
après  la  première  année  trouvent  assez  de  vigueur  dans  le  sujet  pour 
opérer. 

Ce  qui  importe,  c'est  que  l'état  de  végétation  soit  en  relation  entre  les 
deux  sujets  que  l'on  joint,  que  le  plus  tôt  possible  la  sève  voyage 
de  l'un  à  l'autre  pour  opérer  la  soudure.  Cette  soudure  a-t-elle  besoin, 
pour  être  assurée,  de  ligature,  d'englument?  D'après  quelques-uns,  le 
raphia  non  sulfaté  et  ficelle  non  tendue  se  valent  pour  cette  opération. 
Le  danger  est  l'étranglement  qu'une  pression  trop  forte  peut  entraîner. 
Il  faudrait  que  la  ligature  cédât  à  mesure  de  l'accroissement  du  sujet. 
L'englument  avec  la  terre  glaise  n'est  pas  suffisant,  il  ne  donne  pas 
assez  de  solidité  au  greffon. 

La  profondeur  à  laquelle  on  greffe  pourrait  dispenser  et  de  la  liga- 
ture et  de  l'engluement.  Cependant  les  opinions  sont  variées  touchant  la 
profondeur  à  laquelle  il  convient  de  greffer;  les  uns  demandent  2  ou 
3  centimètres,  ce  sont  les  viticulteurs  du  Midi;  les  autres  plus  pro- 
fondément. 

Ce  qu'il  importe,  c'est  de  pouvoir  surveiller  le  greffon,  de  pouvoir 
aisément  détruire  les  racines  qu'il  peut  émettre  ;  s'il  s'affranchit,  tout 
est  perdu.  C'est  pourquoi  nous  ne  saurions  trop  rappeler  qu'il  est 
indispensable  de  visiter,  jusqu'en  septembre,  les  petites  buttes  et  de 
détruire  les  racines  qui,  dans  un  sol  humide,  poussent  avec  rapidité; 
cette  opération  n'est  jamais  omise  par  le  viticulteur  soigneux. 

A  ce  soin  incessant  de  surveillance  se  joint  celui  de  réduire  par  le 
pinçage  les  pousses  trop  vigoureuses  qui,  offrant  une  large  part  au 
vent,  décollent  les  greffes  dont  le  travail  de  soudure  n'est  pas  encore 
accompli. 

Un  vignoble,  après  la  greffe,  doit  être  incessamment  visité  :  soit 
pour  arrêter  le  travail  d'affranchissement,  soit  pour  prévenir  les  effets 
des  coups  de  vent;  les  piquets  essayés  en  quelques  points  ont  été  aban- 
donnés. 

Cette  opération  de  la  greffe,  objet  d'effroi  pour  quelques  viticulteurs, 
n'est  plus  redoutée  par  les  praticiens  éclairés  qui  ont  pris  la  parole 
dans  ces  discussions.  J'ai  même  entendu  émettre  cette  opinion  :  la 
greffe  ne  serait-elle  pas  indispensable  pour  utiliser  nos  vignes  exoti- 
tiques  et  stériles,  je  la  pratiquerais  sur  plants  français  entre  eux,  tant 
elle  semble  riche  en  promesses  pour  l'amélioration  de  nos  vins.  Tel 
cépage  précieux  comme  couleur,  comme  degré  d'alcool  dans  telle 
région,  perd  ses  qualités,  ses  avantages  quand  il  est  déplacé,  les  con- 
serve si  c'est  par  la  greffe  qu'il  arrive  dans  la  contrée  nouvelle,  si  ce 
sont  des  racines  du  pays  qui  viennent  aider  son  travail  de  fructifica- 
tion, et  si  je  puis  ainsi  dire,  d'aromatisation.  Ce  sont  autant  de  ques- 
tions qu'il  importe  de  bien  étudier  sur  place. 

Les  dernières  séances  ont  été  consacrées  à  l'étude  des  effets  obtenus 
par  le  sulfate  de  fer  contre  l'anthracnose,  et  ce  sera  l'objet  du  dernier 
article.  A.  Dlpuy-Mombrun, 

Professeur  départemental  du  Tarn. 


LE  HOUBLOiN  EN   EUROPE.  69 


LE  HOUBLOxN  EN  EUROPE 

Les  hauts  prix  atteints  par  le  lioublon  dans  ces  derniers  temps  ont 
ramené  l'attention  des  agriculteurs  sur  cette  denrée  agricole.  La  hausse 
a  été  fantastique  en  quelques  mois.  En  juillet  on  vendait  le  houblon  à 
iivrer300francs,  au  commencement  de  septembre  450  francs.  Les  1 00  ki- 
log.  dépassaient  le  prix  de  G50  francs  vers  le  1  5  octobre,  atteignaient 
800  francs  nu  commencement  de  novembre,  900  francs  fin  décembre; 
au  commencement  de  mars  1883,  ils  se  négocient  aux  environs  de 
800  francs.  L'élévation  de  ces  prix  ne  peut  enthousiasmer  que  les 
badauds.  Les  cultivateurs  sensés  savent  depuis  longtemps  que  le  hou- 
blon est  soumis  à  des  oscillations  énormes,  parce  qu'il  doit  être 
consommé  dans  l'année  et  qu'on  ne  possède  donc  pas  de  stocks  comme 
pour  les  autres  denrées.  Comme  exemple  de  variations  de  prix,  nous 
citerons  quelques  années  consécutives.  Les  100  kilog.  se  vendent 
80  francs  en  1 845,  490  francs  en  1 84G  ;  1  50  francs  en  1 850,  800  francs 
en  1851  ;  100  francs  en  1853,  460  francs  en  1854.  Et  nunc  erudi- 
mini  1  Un  agronome  fort  distmgué  dont  les  études  sont  citées  par 
Léonce  de  Lavergne  dans  V Economie  rurale  de  la  France,  M.  Opper- 
mann,  évalue  à  188  francs  le  prix  de  revient  de  100  kilog.  de  hou- 
blon pour  un  rendement  de  950  kilog.  par  hectare.  En  dix  ans  on  peut 
admettre  trois  années  bonnes,  trois  mauvaises,  quatre  moyennes. 
Voilà  les  points  qu'il  ne  faut  pas  oublier.  La  hausse  de  la  fin  de  1882 
a  été  provoquée  surtout  par  les  demandes  de  l'Angleterre  qui  a  fait 
une  récolte  à  peu  près  nulle.  Dans  le  tableau  suivant  nous  indiquons 
la  récolte  du  houblon  en  1881,  1882  et  la  récolte  moyenne  en  Europe. 
Nous  employons  le  quintal  de  50  kilog.  L'examen  de  ces  chiffres 
montre  que  la  récolte  de  1882  représente  un  tiers  de  la  récolte 
moyenne. 

Récolte  moyenne.  1881.  1882. 

quintaux.  quintaux.  qnintauz. 

Prusse 100,000  50,0(0  30,000 

Bavière 300,000  186,000  125,000 

Wurtemberg 100,000  48,000  30,000 

Bade 50,000  21,01)0  15,000 

Alsace-Lorraine    150,000  100,000  45,000 

Hesse 600    ,  482  300 

Saxe 600  358  200 

Autres  provinces 1,200  98'+  600 

Empire  allemand 702 ,400 '  406,824'  246,100 

Récolte  moyenne.  1881.  1882. 

quintauï.  quintaux  quintaux. 

Bohême., 150,000  73,900  90,000 

Styrie 10,000  7,480  4,000 

Haute-Autriche 25,000  14,000  10,000 

Gallicie 13,000  6,000  3,800 

Hongrie,  etc 4.000  2,000  1,2II0 

Autriche-Hongrie 202,000  103,380  109,000 

L^écolte  moyenne.  1881.  1882. 

quintaux.  quintaux.  quintajx. 

Belgique  et  Hollande 200,000  110,000  50,000 

France 60,000  48,000  30,000 

Grande-Bretagne 800.000  480.  QuO^  160.000 

Europe 1,964,000  1,148,2U4'  5l'5,l00 

Année  moyenne,  la  Grande-Bretagne  produit  presque  la  moitié  de 
la  récolte  européenne;  en  1882,  elle  n'a.  eu  que  le  cinquième  d'une 


70  LE  HOUBLON  EN   EUROPE. 

récolte  moyenne,  et  la  récolte  européenne  n'a  atteint  que  le  tiers  d'une 
moyenne.  Est-il  étonnant  que  la  hausse  ait  pris  une  allure  quasi 
désordonnée?  Nous  félicitons  les  planteurs  qui  ont  su  prévoir  ce  mou- 
vement et  qui  ont  attendu  le  mois  de  décembre  pour  la  vente;  nous 
nous  garderons  bien  de  leur  donner  le  conseil  d'augmenter  l'étendue 
deh'urs  plantations.  Dans  une  année  normale^,  la  production  dépasse 
les  besoins  de  la  consommation.  Paul  Muller. 

SUR  LES  CONCURRENTS  AU  PRIX  DE  300,000  FRANCS 

POUR  LA  DESTRUCTION  DU  PHYLLOXERA'. 

Votre  Sous-Commission,  en  présence  des  demandes  nombreuses  qui 
ont  été  soumises  à  son  examen  par  des  concurrents,  ignorant  presque 
tous  les  conditions  nécessaires  pour  être  admis  à  concourir,  vous  pro- 
pose de  reproduire  en  tête  de  son  rapport  la  loi  du  22  juillet  1874, 
créant  un  prix  de  300,000  francs  au  profit  de  linventeur  d'un  moyen 
eiïïcace  pour  détruire  le  phylloxéra. 

Article  premier. —  Un  prix  de  300,000  francs,  auxquels  pourront  venir  s'ajouter 
des  souscriptions  volontaires  des  départements,  des  communes,  des  Compagnies 
et  des  particuliers,  sera  accordé  par  l'Etat  à  l'inventeur  d'un  moyen  efficace  et 
économiquement  applicable,  dans  la  généralité  des  terrains,  pour  détruire  le 
phylloxéra  ou  en  empêcher  les  ravages. 

Art.  2.  —  Une  Commission  nommée  par  le  ministre  de  l'agriculture  et  du  com- 
merce sera  chargée  :  1"  de  déterminer  les  conditions  à  remplir  pour  con- 
courir au  prix  ;  2"  de  décider  s'il  y  a  lieu  de  décerner  le  prix  et  à  qui  il  doit  être 
attribué. 

Votre  Sous-Commission  avait  à  examiner,  cette  année,  185  procédés 
/en  vue  de  l'obtention  du  prix  de  300,000  francs,  mais  cette  abon- 
dance, disons-le  bien  vite,  n'est  pas  la  richesse,  vous  en  jugerez  tout 
à  l'heure. 

Le  ministère,  au  lieu  de  les  soumettre  à  votre  examen,  aurait  pu  les 
écarter  tous  par  la  question  préalable;  car  aucun  d'eux  ne  se  pré- 
sente avec  des  expériences  réalisées  et  une  pratique  concluante  et 
authentique. 

Après  avoir  passé  en  revue  les  185  procédés  proposés,  la  Sous- 
Commission  n'a  pu,  malgré  son  bon  vouloir,  reconnaître  chez  aucun 
d'eux,  ni  le  mérite  de  la  nouveauté,  ni  même  celui  d'une  application 
plus  heureuse  d'un  insecticide  déjà  connu. 

Comme  les  années  précédentes,  les  substances  le  plus  souvent 
recommandées  sont  :  le  sel,  la  chaux,  la  suie,  les  cendres  ;  or,  le  sel 
n'a  jamais  produit  que  de  mauvais  effets  sur  la  vigne,  la  chaux  peu  de 
chose,  la  suie  et  les  cendres  ne  sont  que  des  adjuvants  du  traitement 
par  les  insecticides. 

Le  mercure  et  ses  sels,  tels  que  le  cyanure,  le  deuto-chlorure,  puis 
l'arsenic,  sont  prônés,  sans  se  préoccuper  du  danger  qu'offrirait 
l'emploi  de  ces  dernières  substances  vénéneuses,  mises  entre  les  mains 
des  vignerons 

Les  végétaux  sur  lesquels  l'attention  de  la  Commission  est  appelée 
sont  nombreux  ;  le  chanvre,  le  pyrèthre.  le  tabac,  le  quassia  amara, 
le  brou  de  noix,  essayés  déjà,  n'ont  pas  découragé  les  postulants  par 
leurs  insuccès. 

La  plantation  de  fraisiers  dans  les  vignes  revient  à  nouveau,  comme 
si  ces  plants  de  fraisiers,  en  expérience  depuis  quatre  ans  à  Las-Sorrès, 

].  Kujipoit  tidoiite  pai-  Id  Coni'uissiuii  sujicr.eure  tlu  phylloxéra  Uaus  sa  session  de  janvier  1883- 


SUR  LES  CONCURaENTS  AU  PRIX  DE  300,000  FRANCS.  71 

n'étaient  pas  là  pour  accuser,  par  le  dépérissement  des  vignes,  l'inef- 
ficacité de  ce  moyen. 

La  greffe  de  la  vigne  sur  la  ronce,  le  bouleau,  le  sureau,  opération 
qui  n'a  jamais  pu  être  obtenue  sur  ces  végétaux,  est  mise  au  nombre 
des  moyens  de  reconstitution  des  vignobles  par  quelques  prétendants.. 

L'électricité,  puis  la  dynamite  qui  ne  pouvait,  en  ce  temps,  manquer 
de  paraître,  est  offerte  comme  un  moyen  infaillible  de  tuer  le  phylloxéra, 
et  peut-être  bien  la  vigne. 

Les  prièi'es  et  conjurations  dans  toutes  les  commîmes  phylloxérées, 
et  suivies  de  processions,  sont  vivement  recommandées  par  l'un  des 
concurrents. 

Le  sulfocarbonate  de  calcium  se  représente  cette  fois-ci,  assure-t-on, 
avec  le  titre  de  10  à  15  pour  100  de  sulfure  de  carbone;  ce  serait  une 
bonne  recommandation,  s'il  était  bien  démontré  que  des  expériences 
authentiques  ont  été  faites  avec  cet  agent,  dosé  d'abord,  car  on  ne 
saurait  oublier  que  les  traitements  opérés  avec  cet  insecticide  au  Mas 
de  Las-Sorrès  et  dans  la  Charente-Inférieure  ont  été  négatifs.  Cependant 
il  fiiut  ajouter  que  la  teneur  du  sulfure  de  carbone  était  alors  beaucoup 
plus  faible. 

Un  autre  mémoire  vous  est  adressé  en  vue  du  prix  de  300,000  fr., 
dans  lequel  on  cherche  à  démontrer  que  par  l'emploi  du  sulfocarbonate 
de  potassium,  le  sol  est  dépouillé  par  la  potasse  des  matières  azotées 
qu'il  contient  et  qu'il  doit,  par  suite,  arriver  fatalement  à  la  stérilité, 
ce  qui  est  bien  loin  d'être  prouvé.  Pour  le  contester,  nous  nous  appuie- 
rions, au  besoin,  sur  la  pratique  d'un  de  nos  collègues,  qui  répand 
depuis  longtemps  de  la  potasse  dans  ses  vignes  avec  un  succès  qui 
ne  s'est  jamais  démenti. 

Les  divers  moyens  .que  nous  avons  exposés,  sans  être  appuyés 
d'expériences  positives  authentiques,  condition  absolument  indispen- 
sable pour  concourir  au  prix  de  300,000  francs,  devront-ils  modifier 
les  conclusions  prises  par  vous  en  1882,  nous  ne  le  pensons  pas  et 
nous  espérons  que  vous  voudrez  bien  les  maintenir. 

L'an  dernier,  la  question  de  l'œuf  d'hiver  a  été,  avec  juste  raison, 
remise  sur  le  tapis  et,  confiants  dans  les  prévisions  de  notre  éminent 
collègue  M.  Balbiani,  nous  lui  demanderons  de  poursuivre,  sur  divers 
points,  les  expérience-*  commencées,  en  attendant  les  résultats  que  la 
science  nous  laisse  entrevoir. 

Parmi  les  moyens  de  réparer  en  partie  les  ravages  du  phylloxéra, 
se  présentent  les  cépages  américains  résistants,  et  les  faits"  assez 
nombreux  qui,  sous  des  climats  très  différents,  militent  en  leur  faveur, 
méritent  l'attention  sérieuse  des  viticulteurs. 

Les  bons  effets  de  la  submersion  étant  acceptés  par  tous,  nous  nous 
bornerons  à  les  mentionner. 

Devons-nous  terminer  ce  rapport  sans  indiquer  les  quelques  points 
noirs  qui  existent  dans  la  question  des  insecticides  et  des  vignes 
américaines,  tel  n'est  pas  noire  avis  ;  car  c'est  rendre  un  véritable 
service  aux  viticulteurs  que  de  leur  signaler,  par  un  court  résumé,  les 
résultats  pratiques  constates  jusqu'à  ce  jour. 

Les  insecticides  ne  sont  pas  applicables  dans  tous  les  cas;  ainsi  les 
terrains  maigres  et  superficiels  se  présentent  rarement  à  leur  ei  ploi 
qui,  au  contraire,  est  souvent  efficace  dans  lessolsayant  une  coudie 
végétale  profonde  de  0"\30  au  moins  et  perméable. 


72  SUR  LES  CONCURRENTS  AU  PRIX  DE  ?00,000  FRANCS. 

Quant  aux  cépages  américains,  leur  succès  est  assez  souvent  assuré 
dans  les  terres  profondes,  mais  ils  laissent  à  désirer  dans  les  sols 
légers  et  superficiels. 

Après  cet  exposé,  la  Sous-Commission  vous  propose  les  conclusions 
suivantes  : 

1"  Le  prix  de  300,000  francs  est  réservé  et  maintenu  avec  la  pensée 
que,  si  le  problème  posé  est  difficile  à  résoudre,  il  n'est  pas  absolu- 
ment insoluble; 

2"  Les  moyens  recommandés  par  la  Commission  supérieure  pour 
lutter  contre  le  phylloxéra  seront,  en  1883  :  la  submersion,  le  sul- 
fure de  carbone,  le  sulfocarbonate  de  potassium. 

Menl'dier, 

Membre  de  la  Commission  supérieure  du  phylloxéra. 

EXPERIENCES  SUR  LE  TOURTEAU  DE  COTON  —  II 

Les  8  bœufs  reçurent  absolument  la  même  quantité  de  racines 
(turneps)  et  de  paille  hachée.  En  outre,  4  d'entre  eux  reçurent  du 
tourteau  de  lin,  et  les  4  autres  un  mélange  de  parties  égales  de  tour- 
teau de  coton  et  de  farine  de  maïs.  Les  8  animaux  furent  soigneuse- 
ment pesés  au  commencement  de  l'expérience,  le  9  novembre.  Ils 
furent  de  nouveau  pesés  le  17  décembre  suivant  et  finalement  le 
17  janvier  1880.  Entre  ces  deux  dates  extrêmes,  c'est-à-dire  du 
9  novembre  1879  au  17  janvier  1880,  le  1""  lot  de  4  bœufs  consomma 
la  quantité  de  nourriture  suivante  : 

kilog. 

Paille  hachée 840 

Navets 4 ,935 

Tourteau  de  lin 1 ,  745 


7,520 

L'autre  lot  consomma  en  même  temps  les  quantités  suivantes  : 

kilos. 

Paille  hachée   840 

Racines 4,915 


Tourteau  de  colon 947.500 

Farine  de  mais 9(J1.500 


1,909 


Total 7,664 

Le  tableau  analytique  suivant  indique  la  composition  des  trois 
substances  alimentaires  employées  dans  l'expérience  dont  il  s'agit. 

Tourteau  de       Tourteau  de  Farine 

coton  décortiqué  lin  de 

américain  américain  maïs 

Eau 8.58  10.89  15.01 

Huile 14.86  9.8n  1.88 

Matières  albumineuses 43.06  29.87  8.60 

Mucilage,  sucre,  amidon 16.32  34.33  71.20 

Cellulose  (fibre  ligneuse) 9.60  S. 25  1.56 

Matières  minérales  (cendres) 7.58  6.80  1  -75 

100.00  100.00  100.00 

Azote 6.89  4,78  1.37 

Maintenant  voyons  les  résultats.  Le  tableau  suivant  indique  le  poids 
respectif  de  chaque  animal  au  commencement  de  l'expérience,  le 
9  novembre  1879,  et  celui  de  la  dernière  pesée  le  17  janvier  18S0. 

Lots 


N»  1 


Poids  des  bœufs 

Poids 

des  bœufs 

Augmentation 

au 

au 

da  poids 

9  novembre  1879 

17 janver  1880 

va 

kilogrammes 

kilogrammes 

kilogrammes 

516 

590 

74 

515 

592 

77 

■482 

541 

59 

539 

615 

76 

Bœufs  nourris  \  n"'  1 

avec  I         2 

du  tourteau  j         3 

de  lin  !         'i 

Poids  total  de  4  bœufs 2,052  2,538  '^  286 


LE  TOUIITEAU  Dli  COTON.  73 

• 
/Bœufs      nourris\ 

l     avec    le     mé-i  n°'  1 480                        5ô3                          73 

.,    _)     lange  de  tour-:         2 484                         591                          107 

'^°  -^  )     teau  de  coton [         3 54ô                        598                          53 

/     et    farine     de          4 496                        552                          56 

\     maïs-  /  ^ 

Poids  total  de  4  bœufs -. .  2,005  2,294  289 

La  seule  différence  que  l'on  constate  entre  l'augnientation  des  deux 
lots,  c'est  3  kilog.  On  peut  donc  conclure  de  cette  expérience  qu'il  y 
a  égalité  de  valeur  nutritive  entre  le  tourteau  de  lin  décortiqué  seul  et 
le  mélange  en  parties  égales  du  tourteau  de  coton  décortiqué  et  la 
farine  de  maïs.  Mais  il  reste  à  déterminer  le  coût  de  ces  deux  espèces 
de  nourriture,  car  là  gît  1  intérêt  pratique  de  l'expérience. 

Le  premier  lot,  au  cours  de  l'expérience,  a  consommé  1 ,745  kilog.  de 
tourteau  de  lin  qui,  au  taux  de  238  fr.  50  la  tonne,  fait  un  total  de 
410  francs. 

Le  deuxième  Iota  consommé  947^.500  de  tourteau  de  coton  qui,  à 
195  fr.  la  tonne,  fait  183  fr.  50,  plus  961\500  farine  de  maïs,  à 
167  fr.,  160  fr.  50,  en  tout  3/i4  fr.  :  différence,  66  fr.  Ainsi  avec  le 
tourteau  de  lin  seul  le  kilog.  d'augmentation  a  coûté  1  fr.  30,  et  avec  le 
tourteau  de  coton  décortiqué  mélangé  de  farine  de  maïs  le  kilog. 
d'augmentation  n'a  coûté  que  1  fr.  19. 

On  voit  tout  de  suite  l'avantage,  à  tous  les  points  de  vue,  d'employer, 
même  pour  l'engraissement,  le  mélange  de  tourteau  de  colon  décor- 
tiqué avec  de  la  farine  de  maïs,  si  l'on  peut  se  procurer  ces  deux  den- 
rées à  un  prix  raisonnable  comme  on  peut  le  faire  en  Angleterre.  Mais 
c'est  pour  les  vaches  laitières  que  ce  mélange  forme,  sans  aucun  doute, 
l'aliment  le  plus  convenable  qu'on  puisse  leur  donner.  La  farine  de 
maïs  corrige,  par  sa  composition,  ce  que  le  tourteau  de  coton  contient 
en  excès  de  matières  azotées,  et  donne  à  celui-ci  ce  qui  lui  manque  en 
substances  amylacées,  de  sorte  que  le  mélange  forme  une  nourriture 
complète  qui  augmentera,  à  un  degré  dont  on  ne  saurait  exagérer  la 
puissance,  la  sécrétion  laitière,  et  la  présence  du  beurre  dans  le  lait. 

Je  disais  en  commençant  que,  jusqu'à  présent,  on  n'avait  importé 
en  France  directement  d'Amérique  que  peu  ou  point  de  tourteau  de 
coton.  Je  dois  dire  que  M.  Pilter,  à  qui  l'agriculture  française  est 
redevable  de  l'introduction  de  tant  de  machines  et  d'instruments  agri- 
coles les  plus  pratiques,  d'engrais  si  efficaces  et  si  recommandables 
par  leur  pureté  et  leur  efficacité,  et  tout  cela  avec  la  première  garantie 
d'une  loyauté  et  d'une  probité  que  tous  reconnaissent  chez  ce  négo- 
ciant infatigable  et  entreprenant,  M.  Pilter,  dis-je,  a  récemment 
importé  directement  d'Amérique  au  Havre,  ce  précieux  tourteau  de 
coton  décortiqué.  En  ce  moment,  je  l'essaie  dans  ma  vacherie,  et  déjà, 
j'ai  pu  constater  une  augmentation  notable  dans  le  rendement  de  mes 
vaches  laitières.  Je  n'hésite  donc  pas  à  recommander  fortement  l'emploi 
du  tourteau  de  coton  d'Amérique^  pourvu  que  le  prix  n'en  soit  point 
trop  élevé,  en  le  mélangeant  avec  la  farine  de  maïs. 

F.-R.    DE  LA  TrÉHONJNAIS. 

.     SOCIÉTÉ    NATIONALE    D'AGRICULTURE 

Séance  du  11  avtil,  1883.  —  Présidence  de  M.  Dumas. 

M.  le  ministre  de  l'agriculture  transmet  une  note  de  M.  Bruwaert, 
consul  de  France  à  Chicago,  sur  la  culture  du  sorgho. 


74  SOCIÉTÉ   NATIONALE  D'AGRICULTURE  DE  FRANCE. 

• 

M.  le  ministre  de  l'instruction  publique  demande  à  la  Société  de  lui 
indiquer  les  questions  qu'elle  jugerait  utiles  d'introduire  dans  le  pro- 
gramme du  congrès  des  Sociétés  savantes  pour  1884. 

M.  de  Saint-Aignan,  correspondant  de  la  Société,  envoie  une  note 
sur  l'emploi  du  fumier  pour  protéger  les  vignes  contre  les  gelées  prin- 
tannières. 

M.  Tanguy,  médecin-vétérinaire  à  Lariderneau  (Finistère),  envoie 
plusieurs  notes  sur  la  production  chevaline  en  Bretagne. 

M.  E.  Fléchey,  membre  de  la  Société  de  statistique  de  Paris,  fait 
hommage  d'une  notice  sur  l'alimentation  de  Paris  en  viande  de  bou- 
cherie, de  1879  à  1881.  Dans  cette  note,  M.  Fléchey  fait  ressortir 
l'accroissement  constant  de  la  consommation  de  la  viande,  à  l'aide  de 
tableaux  sur  le  mouvement  des  marchés  et  des  abattoirs  de  la  capitale. 

M.  Baudi^Uart  présente  le  volume  qu'il  vient  de  publier  sous  le  titre 
Rapports  de  l'économie  politique  avec  la  morale,  et  M.  Reiset  présente 
une  brochure  renfermant  ses  observations  sur  le  lait  bleu,  qui  ont  été 
publiées  dans  les  deux  précédents  numéros  du  Journal. 

M.  des  Cars  donne  lecture  d'une  étude  relative  à  l'action  de  la  gelée 
sur  les  végétaux.  A  cette  occasion,  M.  Becquerel  rappelle  lés  observa- 
tions qu'il  a  eu  l'occasion  de  faire  sur  la  collection  d'orangers  qu'il 
cultive  à  Châtiilon-sur-Loing  (Loiret),  et  MM.  Chevreul  et  Chatin  pré- 
sentent des  considérations  sur  les  odeurs  spéciales  exhalées  par  les 
plantes  gelées. 

M.  d  Esterno  rappelle  la  question  qu'il  a  soumise  à  la  Société  rela- 
tivement aux  falsifications  dans  le  commerce  des  engrais.  M.  Damas 
et  M.  Barrai  font  remarquer  que  la  question  est  extrêmement  com- 
plexe, et  qu'il  est  important  de  ne  laisser,  dans  un  problème  de  ce 
genre,  aucun  point  dans  l'obscurité,  en  même  temps  qu'il  faut  se  gar- 
der de  préconiser  des  mesures  qui  seraient  de  nature  à  entraver  le 
commerce  loyal  des  matières  fertilisantes;  la  composition  des  engrais 
n'est  pas  le  seul  facteur  de  Femploi  avantageux  de  ces  substances.  Sur 
la  demande  de  M.  d'Esterno,  la  Société  décide  que  le  rapport  est  ren- 
voyé à  la  Section  d'économie,  de  statistique  et  de  législation  agricoles. 

M.  Baudrdlart  donne  lecture  d'un  rapport  sur  l'ouvrage  de  MM.  Pi- 
geonneau et  de  Foville,  intitulé  :  V administration  de  Vagriculture  au 
contrôle  général  des  finances  (1785-1787).  M.  Baudrillart  entre,  à  cette 
occasion,  dans  des  considérations  historiques  sur  l'organisation  de 
l'administration  de  l'agriculture  dans  les  dernières  années  de  l'ancien 
régime  et  sur  le  rôle  que  joua,  à  celte  époque,  la  Société  d'agriculture 
de  Paris. 

La  Société  procède  à  l'élection  d'une  commission  chargée  de  prépa- 
rer une  liste  de  candidats  pour  une  place  de  membre  étranger  dans  la 
Section  hors  cadre.  Henry  Sagnier. 

REVUE   COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(14  AVRIL  l>-83). 
I.  —  Situation  générale. 
Il   y  a  toujours  beaucoup  de  calme  sur  la  plupart  des  marchés.  Le  plus  grand 
nombre  des  denrées  ne  donnent  lieu  qu'à  de  faibles  transactions. 

II.  —  Les  grains  et  les  farines. 
Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal  métrique, 
sur  les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger  : 


HKVQE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT  (14  AVRIL  1883).  75. 


1'°  RÉGION.  —  NORD. OUEST. 

Blé.    Seigle.  Orge. 

fr.         fr.  l'r. 

Calvados.  Condé î'i.oo    i'i.5o  18  23 

—  Caen' 2'i  25        »  » 

Côl.-du-Nord.  Laiînion,  23  2.>        »  i(i.50 

—        rontrieux  23.30     16. ào  lâ.jo 

Finislere.  Morliiix 2i . 00        n  1  '1 . Ou 

—  Ouimper 23.50     17.00  17.50 

lUe-el- Vilaine.  t\ei\nes..  2'i.75        »  15.50 

—        Bedon 2'i.50    17.0  1  » 

Manches.  Avraiiches. . .  2'i.50        »  20.00 

—  Ponlorson...     25.75        »  l'J.OO 

—  Villedieu 26.00     18.75  19  25 

Mayenne.  Laval 25.20        »  16  50 

—  '  luUe.iu-Gonlier..   25  ."iO         »  17.00 
Morbihan.  Hennebont..   23.75     16.25  » 
Orne.  Bellème 23.50        »  is.oo 

—  Viinoutiers 24  25        »  17.50 

Sarlhe.  Le  Mans 26.00     16.00  18  25 

—  Sablé 25.75         »  16.50 

Prix  moyens 24.59     16  57  17.28 

2'  RÉGION.  —  i\OltD. 

.<4isne.  Soissons 22.35     15.10  » 

—  Saint-Quentin...   23.35         »  » 

—  V  llers-Collei-ets.  22.00     14.25  18.00 
Eure.    Bernay 24.00     14.25  19.75 

^      Concbes 23.70     14.25  » 

—  Louviers...    2^  OÔ     14.00  18.50 

Eure-et-Loir.  (Chartres..  23  75     13.65  16  50 

—  Auneau 23. .".O     14.50  20  00 

—  Nogent-le-Rotrou.  24.50        »  18.70 
A^ord.  Lille 2600     16.75  17.40 

—  Duuai 24.00     15.70  18.50 

—  Valenciennes 25.75     15.50  20.25 

Oise.  Beauvais 20  50    14.^5  16.25 

—  ClertuoDt 22.95     14.50  17.95 

—  Noyon 23.00     15.25  » 

Pas-de-Calais.  Avias...  25.50    17.00  19.25 

—  Doiillens 24. 0«     (5.20  18.75 

Seine.  Pans 25.25     15.85  19.25 

S. -et-M ar.  Me\un 25.75     15.50  19.50 

—  Nemours 24.25     16.00  17.25 

—  Provins 24.00    16.00  19.00 

S.-et-Oise.  Etampes 24.00     15.20  17.50 

—  Pontoise 23.50     16.50  20.00 

—  Versailles 23.50     1450  17. ùo 

Seine-Inférieure. Rouen:  24  20     15.15  20.10 

—  Dieppe 24.50     i 

—  Fecamp 23.00     1 

Somme.  .Amiens 24.80     ; 

—  Péronne 23.25 

—  Boye 22.00     1 

23 . 64     1 


Prix  moyens. . . . 

3'  REGION.  —  NOHn.ESr. 

Ardennes.  Charleville.    .   23.25  15.25 

—  Vouzieis 22  00  15.25 

/lufae.  Troyes 22.50  15.00 

—  Méry-snr-Seine  .    .   22.85  14. 80 

—  Nogent-sur-Seiiie.  24.50  15.80 
Marw.  Clvdiuns 23  00  15  50 

—  Epernay 23  25  14.50 

—  Reiras 22.50  i4.75 

Hte-Marne.  Chaumonl..  21.50        « 

Meurthe-el-Mos.  Nancy.  23.25  15.50 

—  Lunéville 23.25  16.00 

—  ToijJ 23. 25         » 

Meuse.  Bar-le-Duc 23.00        » 

—  Verdun 23.50        » 

Haute-Saône.  CiTny 22.25  15.00 

Vosges.  Neafchàleau.. . .   23.25  15.50 

—  Epinal 2i  25  16.50 

—  Mirecoui't  23.50  15.25 


19.00  20.00 

18.50  19.25 

17.75  17.50 

17.00  17.00 

18.52  17.8J 


17.00 
17   00 


Prix  moyens '. 

k'  RÉGION. 

Charente.  Angoulême... 

—  RntTec 

Char.-Injér.  Marans. . . . 

Deux-Sivr'S    Ni'irt 

Indre-et-Loire.  Bbiré. . . . 

—  I  hàt.ean-Reiiault. . 

Loire-Inf.  .Nantes 

ili .-et-LoiV ■■.  sa;:injr 

—  Angers 

Vendée.  Lnçon 

—  La  Roche-sur- Yoii. 
Vienne.  Cliàtelleraiilt. . . 

—  Lou  lun 

Haute-  Vlcnae.  Limoges. . 

P  .a.    u'^vens 


.06      15.33      17.14      16.82 


18.25 
19.00 


15.20 
15.25 
16.75 


19.25 
17.00 
17.50 
19.25 
18.50 

)) 
16.85 
19.25 
18  75 

18.00 

18.75 
17  50 


20.  00 
17.2, 
17.50 
18.00 
17.20 
19.25 
17  50 

17  35 
19.00 
17. dO 

18  00 
17.25 
IS.i'O 
18. 5") 


.02  15.96  18.24  13  02 


Allier.  Moulins 

—  Monll.içoQ 

—  Saint-Poiirçain. 
Citer,   liourg'is 

—  Giaçay. 

—  Vierzon 

Creuse.  Aubu<son.... 
Indre.  Cliàteauroux . . 

—  Issouiiun 

—  Valençay 

Loiret.  Orléans 

—  Monlargis 

—  Pithiviers 

L.-et-Clier.  Blois 

—  Montoire 

Nièvre.  Nevers 

—  La  Charité 

Vonne.  Brienon 

—  Tonnerre 

—  Sens 


.  —  CK 

Blé. 

fr. 

2'i.75 
24.00 
25.50 
23.25 


24.25 
24 .  50 
2'i.25 
24.50 
25.75 
2  4.00 
23  50 
23  40 
24 .  50 
24.00 
23.50 
23.75 
24 .  00 
21.50 
24.25 

Prix  moyens 24.09 

6°   RÉGION 
Ain.  Bourg 25.50 

—  P'.nt-de-Vaux 24.25 

Càle-d'Or.  Dijon 22.00 

—  Beaune 23.75 

Doubs.  Besançon 23.40 

Isère.  Bouigoin 24.50 

—  Vienne 24.50 

Jura,  ûùle 22.00 

Loire.  Montbnson  24.50 

P.-de-Z>ô»ie.  Clerniont.F.  26.85 

Rhône.  Lyon 25.00 

Saône-et- Loire.  Chalon  .  24.00 

—  Autun 23.00 

iOToie.  Chanabéry..   ...  26.50 
//<e-Sai'oie.  Annecy 25.75 

Prix  moyens 24.37 

7°  REGION.  —  SUD 
Ari'ege.  Foix 96  00 

—  Paraiers 26  50 

Dordogne.  Bergerac 25  85 

Hte-Garonne.  Toulouse.   25.   0 

—  St-Gaudens 25.20 

Gei's.  Condom , 26.50 

—  Eauze 26.25 

—  Mirande 26  50 

Girortde.  Bordeaux 27.00 

—  Bazas 26.00 

Landes.  Dax  2»  oo 

Lot-et-Garonne.  Agea...  26.50 

—  Marmande 27.00 

B. -Pyrénées.  Bayonne..   27  50 
Hles-Pyrénées.  TarhàS..  27.00 

Prix  moyens 26.46 


XTRB. 

Seigle. 

fr. 

15.00 

16.50 

» 
14.50 
15.00 
15  50 
15.25 
14^0 
15.00 
16.25 

14  85 
14.25 
14.6' 
15.50 
16.50 

15.00 

13.50 
15.00 

14.86 

E.ST. 

15  75 


Orge. 

fr. 

18.00 
i».50 
19.00 
18.60 
19.25 
19.50 

19.70 
18.50 
20.00 
18.00 
18  50 
17.03 
19.00 
19.50 


17   30 
16.25 

17.50 


15.00      17.00 


14.25      16.75 


15.25 
15.50 
17  00 
15.5,0 
16-50 
15.50 
17.50 

15.78 
OUEST 

IS.OO 
16.50 
17.00 
17.25 
18.00 


16.50 
17.00 
15.75 
18  25 
16.00 


18.25 

19.00 
18.75 


18.00 

» 

» 
19.00 


Avoine. 

IV. 

18.00 

17.00 

1  8 .  00 

18.75 

15.75 

18.50 

17.50 

18.75 

1.8.25 

18.00 

19.50 

10.25 

:9.10 

19.50 

18.00, 

16  50 

17  75 
10.50 
16.50 
17.25 

18.06 


17.50 
19.50 
16.75 
16  50 
16.50 
18.00 
17.75 
17.00 
17.25 

18.50 
19.00 
16.50 

18.00 
17.59 

19.50 
21.00 
19.25 
20.25 
21  00 
20.25 
19.50 
20.00 
18.75 


18.25 
19.00 
19  00 
18  50 
18  25 
18.50 

18.13     18.69     19.77 


19.50 
20.00 
18.75 

18   70 


20.50     22   00 

18.25     20.00 

20.70     20.50 

»         24.40 

18.25      18.50 

»  21   00 

»  21.00 

18.25 

17   80 

25.00 

19.50 

20.00 

19.  10     20  66 


17.50 
18.20 
20.00 
19  25 
19.25 


8°  RÉGIiiN.  —  SUD. 

^ude.  Carcassonne 27.50  18.25 

—  Cast.elnandary 27.25        » 

Aveyron.  Rfidez 23.50  17.00 

Canto/.  Mauriac 25.35  21. x5 

Cor>-èse.  Liiberzac 25.50  18.00 

Hérault.  Beziers 28.00  17.00 

—  Cette 27.50        » 

Lot.  CahoTs 27.00  17.75 

Lozère.  Mende 24  05  17.35 

Pijrénées-Or. Perpignan.  27. To  18.40 

7'arn.  Castres 27.25  19  00 

Tarn-et-Gar.  MontauDan  26.00  16.50 

Pri.x  moyens 2639  18.11. 

9°  RÉGION.  —  SUD-EST. 
Basses-Alpes.  Manosque  28.50        » 

Hautes-. Alpes.  Briançon.  27.80.  18.25 

.Ulies-MainHmes.Qa.w\\è%  27.75  17.75 

/lrd(;c/i«.  Privas 27.05  19.60 

B.-du-lthône.  Arles 28.00        » 

Drôme.  Valunce 24.25  16. 50 

Gard.  Nîmes 25.50        » 

Haute-Loire.  Brioude...  25  75  18.75 

Far.  Dra.;uii;n;tn 27.50        » 

Fouci«se.  Avignon 26.05        » 

Prix  moyens 2o.88  18.17 

Moy.  de  toute  la  France  24.94  16.44 

—  de  la  semaine  précéd.  25. 2 1  16  53 

Sur  la  semaine)  Hausse  . 

p'récédeiite.  .ibiusie. .     0.27  0.09      0.24      0.0 


» 

24.00 

19.00 

20 .  50 

18.25 

19.00 

18  20 

18.80 

17.75 

18.75 

II 

18.00 

16.25 

18.75- 

20.0.1 

17.00 

19  23 

1 9 .  00 

1  7  .  25 

18.75 

18.24. 

19.26 

18.05 

18  54 

13.29 

18.56 

76  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  GOURANT 

Blé.  Seigle.  Orge.  Avoine 

fr.  fr.  tr.                fr. 

,,    .  .                        .1      (blé  fendre...        27. .50  »  » 

Algene.                     ^Igerj  j^, ,  ^^_^. ^.5.0^)  >.  16.25  IG.oO 

Angleterre.               Londres 2.5.50  »  18.50  19.25 

Bel'jique.                  Anvers 24.75  17.75  17.00  16.00 

—  Bruxelles 24.75  16.25  .  15.75 

—  Liège 24  00  17.00  20. .50  17.00 

—  Namur 22.75  15.75  20.00  15.00 

Pays-Bas.                 Amsterdam 24.00  16.50  »  » 

Luxembourg.           Luxembourg 23. SQ  19.00  »  18.50 

Alsace-Lorraine.     Strasbourg 24.00  17.51)  17.50  17.25 

—  Melz 24  00  16. .50  »  17.25 

—  Mulhouse 23  00  16  75  17.00  17.00 

Allemagne.              Berlin 23.60  17.50 

—  Cologne 24.35  18.10 

—  Hambourg 23.25  16.85 

Suisse.                      Genève. 27  25            »                »  21.50 

Italie.                       Turin 25.00  19.00            »  18.25 

Espagne.  Vailadolid 25.20  »  » 

Autriche.                  Vienne 20.50  15.C0  15.25  14.00 

Hongrie.                   Budapeslh 20.75  15.25  15. .50  14  25 

R^^ssle.  Saint-Pétersbourg..  20.50  14.75            »  13.50 

Etats-Unis.              New-York 23.00            »                »  » 

BhJs.  —  Nous  n'avons  pas  de  changements  notables  à  signaler,  durant  cette 
semaine,  dans  la  physionomie  des  marchés,  et,  comme  nous  le  disions  la  semaine 
dernière,  il  est  probable  qu'il  en  sera  ainsi  jusqu'au  moment  de  la  moisson,  à 
moins  que  les  circonstances  météorologiques  ne  deviennent  tout  à  fait  défavo- 
rables. Pour  le  moment,  il  n'en  est  pas  ainsi  ;  à  une  période  d'humidité  excessive 
a  succédé  une  période  de  jours  secs;  les  champs  reprennent  leur  aspect  normal. 
Mais  nous  avons  encore  tant  de  semaines  à  passer  jusqu'au  moment  de  la 
moisson,  qu'il  est  absolument  impossible  de  préjuger  ce  qu'elle  sera.  —  A  la  halle 
de  Paris,  le  mercredi  1 1  avril,  les  ventes  ont  été  très  peu  importantes  ;  les  prix 
sont  demeurés  stationnaires  pour  toutes  les  sortes.  On  cotait  de  24  à  26  fr,  50 
par  100  kilog.  suivant  les  sortes,  sans  variations  depuis  huit  jours.  Au  marché 
des  blés  à  livrer,  on  cotait  :  courant  du  mois,  25  fr.  à  25  fr.  25;  mai,  25  fr.  tO 
à  25  fr.  75;  juin,  26  fr.  25  ;  quatre  mois  de  mai,  26  fr.  25  à  26  (r  50  ;  juillet  et 
août,  26  fr.  75  à  27  fr.  —  Au  Havi^e,  il  y  a  maintien  des  prix  pour  les  blés 
d'Amérique  ;  on  paye  ceux-ci  de  26  fr.  à  27  fr.  25  par  100  kilog.  suivant  les 
qualités.  —  A  Marseille.,  les  arrivages,  ont  été  importants  depuis  huit  jours;  ils 
ont  été  de  129,000  quintaux  environ;  le  stock  est  actuellement  de  213,000  quin- 
taux dans  les  docks.  Les  ventes  sont  peu  actives  pour  toutes  les  catégories.  On 
cote  par  100  kilog.  :  Red-winter,  28  fr.  25  à  28  fr.  50;  Berdianska,  27  fr.  50; 
Pologne,  26  fr.  à  26  fr.  75;  Bessarabie,  24  fr.  50  à  26  fr.  ;  Burgos,  23  fr.  25  à 
23  fr.  50;  Danube,  22  fr.  50  à  23  fr.  —  A  Londres,  les  importations  de  blés 
étrangers  ont  été  de  126,000  quintaux  depuis  huit  jours,  les  prix  des  diverses 
sortes  sont  en  baisse.  On  cote  de  24  fr.  à  26  fr.  65  par  IGO  kilog.  suivant  les 
qualités  et  les  provenances. 

Farines.  —  Les  ventes  sont  toujours  très  calmes,  et  les  prix  restent  sans 
variations  pour  les  farines  de  consommation.  On  les  paye,  à  la  halle  de  Paris,  le 
mercredi  11  avril:  marque  de  Gorbeil,  59  fr.;  marques  de  choix,  59  à  61  fr.; 
premières  marques,  57  à  58  fr.;  bonnes  marques,  56  à  57  fr.;  marques  ordinaires, 

54  à  55  fr.;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.  toile  à  rendre  ou  157  kilog.  net,  ce 
qui  correspond  aux  prix  extrêmes  de  34  fr.  40  à  38  fr.  85  par  100  kilog., 
ou  en  moyenne  36  fr.  65  comme  le  mercredi  précédent.  — En  ce  qui  concerne  les 
farines  de  spéculation,  les  cours  sant  faiblement  tenus.  On  payait  à  Paris,  le 
mercredi  11  avril  au  soir  :  farines  neuf -marques^  courant  du  mois,   55  fr.  50  à 

55  fr.  75;  mai  56  fr.  60;  juin,  57  fr.  25  à  57  fr  50;  quatre  mois  de  mai,  57  fr.  50 
à  57  fr.  75;  juillet  et  août  58  à  58  fr.  25;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.  toile 
perdue  ou  157  kilog.  net.  —  Pour  les  gruaux,  les  prix  sont  sans  changements,  de 
45  à  58  fr.  par  100  kilog.;  qujint  aux  iarines  deuxièmes,  elles  valent  de  26  à  32  fr. 

Seigles.  —  Il  y  a  plus  de  fermeté  dans  les  cours.  Oa  paye  à  la  halle  de  Paris 
15  fr.  75  à  16  fr.  par  100  kilog.  suivant  les  sortes.  Quant  aux  farines  de  seigle, 
elles  valent  de  23  à  25  fr. 

Orges.  — Peu  d'affaires  sur  ce  grain.  On  paye  à  la  halle  de  Paris,' de  18  à 
20  fr.  50  par  quintal  métrique.  Quant  aux  escourgeons,  ils  sont  cotés  de  17  fr  75 
à  18  fr.  50.  — A  Londres,  il  a  été  importé  31,000  quintaux  d'orge  depuis  huit 
jours;  les  prix  se  fixent  de  18  à  20  fr.  70  par  100  kilog. 


DES  D3NRÉE3  AGRICOLES   (14  AVRIL   1883).  77 

3IaU.  —  Mêmes  prix  :  25  à  32  fr.  'par  100  kilog.  .pour  les  malts  d'orge  ;  27  à 
30  fr.  pour  ceux  d'escourgeon.        ;  •  . 

Avoines.  —  L'i-s  offres  sont  peu  importantes,  et  les  prix  accusent  Beaucoup  de 
fermeté.  Ou  paye  à  Paris,  de  17  fr.  25  à  20  fr  par  100  kilog.,  suivant  poids, 
couleur  et  qualité.  —  A  Londres,  il  a  été  importé  98,000  quintaux  d'orge  depuis 
huit  jours  ;  les  prix  sont  stationnaires,  avec  peu  d'affaires,  aux  taux  de  18  fr.  40 
à  21  fr.  50  par  quintal  métrique. 

Sarrasin.  —  Très  peu  d'affaires.  On  vend  à  la  halle  de  Paris  de  16  fr.  à 
16  fr.  50  par  100  kilog.  pour  les  honnes  qualilés. 

Maïs.  —  Les  prix  des  maïs  étrangers,  dans  les  ports,  sont  toujours  faihles.  Au 
Havre,  les  maïs  d'Amérique  sont  cotés  de  17  à  17  fr.  50  par  quintal  métrique. 

Issues.  —  Grrande  fermeté  dans  les  prix.  On  paye  à  Paris  par  100  kdog.  : 
gros  son  seul,  15  fr.  25  à  15  fr.  50;  son  trois  cases,  14  fr.  ■2b  à  14  fr.  50;  sons 
fins,  13  fr.   25  à  14  fr.;  recoupettes,   13  fr.  50  à  14  fr.;   remoulages  his,  14  fr.  à 

14  fr.  50;  remoulages  hlancs,  15  à  17  fr. 

IIL  —  Fourrages,  graines  fourragères. 

Fourrages.  —  Les  prix  sont  fermes  sur  la  plupart  des  marchés.  A  Nancy,  on 
cote  par  1,000  kilog.  :  foin,  76  à  84  fr.;  paille,  40  à  44  fr.;  —  dans  l'Isère,  foin, 
65  à  75  fr.;  paille,  27  Ir.  50  à  35  fr.;  —  à  Cette,  luzerne  de  Vaucluse,  125  fr.; 
foin,  115 à  130  fr.;  paille  de  blé,  65  à  70  fr.;  d'avoine,  60  à  65  fr. 

Graines  fourragères.  —  Les  ventes  sont  assez  nombreuses  et  les  prix  accusent 
beaucoup  de  fermeté.  On  paye,  à  Paris,  par  100  kilog,  :  trèfle  violet,  175  à  200  fr.; 
trèfle  blanc,  200  à  250  fr.;  luzernede  Provence,  155  à  170  fr.;  de  Poitou,  115  à 
135  fr.  ;  d'Italie,  140  à  150  fr.;  minette,  45  à  65  fr.;  ray-grass  anglais,  60  à 
65  fr.;  d'Italie,  63  à  65  fr.;  vesce  de  printemps,  26  à  27  fr.;  sainfoin,  27  à  32  fr. 

IV.  —  Fruits  et  légumes  frais. 

Amandes.  —  On  les  paye  dans  le  Languedoc,  105  à  110  fr.  par  100  kilog. 

Fruits.  —  Dernier  cours  de  la  halle  :  fraises  de  châssis,  le  pot,  0  fr.  50  à 
1  fr.  60  ;  poires,  le  cent,  lOfr.  àl25fr.;  pommes,  le  cent,  10  fr.  à  120  fr.;  le  kilog., 
0  fr.  25  à  0  fr.  50;  raisins,  chasselas  de  serres,  le  kilog.,  10  à  16fr. 

Gros  légumes.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  asperges  de  châssis,  la  botte,  de 

15  à  35  fr.;  aux  petits  pois,  la  botte,  1  à  2  fr.;  carottes  nouvelles,  les  100  bottes, 
100  à  150  fr.;  carottes  communes,  les  100  bottes,  20  à  30  fr.;  d'hiver,  l'hecto- 
litre, 3  à  5  fr.  ;  de  chevaux,  les  100  bottes,  15  à  23  fr.;  choux  communs,  le  cent, 
5  à  20  fr.;  navets  nouveaux,  les  100  bottes,  100 à  150  fr.;  communs,  les  100  bottes, 
20  à  30  tr.;  oignons  en  grain,  l'hectoUtre,  9  à  12  fr. ;  panais  communs,  les  100  . 
bottes,  12  à  à  18  fr.;  poireaux  communs,  les  bottes,  30  à  60  fr. 

Pommes  de  terre.  —  Hollande  communes,  l'hectolitre,  18  à  20  fr,;  le  quintal, 
25  fr,  71  à  28  fr.  57;  jaunes  communes,  l'hectolitre,  9  à  11  fr,;  le  quintal, 
12  fr,  85  à  15  fr.  71. 

V.  —  Vins, spiritueux,  vinaigres,  cidres. 
Vins.  —  La  température  continue  à  être  favorable  aux  travaux  des  vignes  ;  ils 
se  font  d'ailleurs  partout  avec  une  grande  activité,  ainsi  que  nous  le  disions  dans 
notre  précédent  bulletin.  Les  terres  sont  absolument  ressuyées,  et  les  vignes 
sont  partout  accessibles.  Il  faut  cependant  noter  que,  dans  le  Languedoc,  on 
commence  àredouter  la  persistance  delà  sécheresse,  par  suite  de  laquelle  la  vé- 
gétation ne  suit  pas  la  marche  sur  laquelle  on  comptait  pour  réparer  les  malheu- 
reux effets  des  gelées  du  mois  de  mars.  Là  aussi,  on  se  plaint  énergiquement  de 
la  concurrence  réellement  déloyale  faite  par  les  piquettes  espagnoles  introduites 
en  France  sous  le  nom  fallacieux  de  vins;  il  est  temps  que  l'administration  fran- 
çaise mette  enfin  bon  ordre  à  ce  déplorable  état  de  choses.  Dans  tous  les  vi- 
gnobles, les  vins  jeunes  se  présentent  bien;  ils  se  sont  sensiblement  améliorés, 
et  ils  sont  loin  d'être  aussi  détestables  qu'on  le  disait  sur  tous  les  tons.  Les  prix 
de  vente  varient  peu;  les  affaires  suivent  un  cours  normal,  sans  grande  activité, 
mais  sans  ces  soubresauts  qui  ont  caractérisé  le  commencement  de  l'hiver.  Les 
arrivages  de  vins  d'Italie  et  surtout  d  Espagne  sont  toujours  abondants.  A  Cette, 
on  cote  les  vins  rouges  diEspagne,  par  hectolitre  :  Alicante,  40  à  43  fr.;  Aragon, 
30  à  32  fr.;  Tarragon,  35  à  4.3  fr.;  Mayorque,  28  à  30  fr.;  quant  aux  vins  blancs 
d'Alicante,  ils  valent  de  33  à  35  fr.  Dans  l'Aude,  on  cote  :  Aramon,  25  à  26  fr.; 
petits  montagnes,  30  à  32  fr.;  montagnes  ordinaires,  33  à  35  ir.;  Narbonne 
premier  choix,  37  à  38  fr.  En  Sologne,  les  petits  vins  rouges  valent  45  à  50  fr. 
la  pièce,  le  gamay,  55  à65fr,;  le  gros  noir,  80  à  100  fr.;  ceux  du  Cher,  75  àlOOfr. 


78  REVUE  COMMERCIALE   ET  PRIX  COURANT 

Spiritueux.  —  Les  affaires  f»i>nt  toujours  trè«'  calmes  sur  tous  les  marchés  :  les 
■  prix  demeurent  à  peu  près  staiionnaircs.  L'augmentation  tUi  stock,  notamment 
à  Pans,  ne  paraît  pas  d'ailleurs  être  de  nature  à  donner  une  grande  activité  aux 
transactions.  Dans  le  Midi,  on  paye  par  hectolitre,  suivant  les  marchés  :  Mont- 
pellier 3/6  bon  goût,  200  fr.;  marc,  90  fr,;  à  Cette  :  3/6  bon  goût,  105  à  ]  10  fr.; 
marc,  10  •  fr.;  Beziers  3/6  bon  goût,  103  fr.;  marc,  95  fr.;  à  Bordeaux,  3/6  lin 
Languedoc,  113  fr  Les  cours  des  eaux-de-vie,  dans  l'Armagnac  ainsi  (fue  dans 
les  Gharen^tes  demeurent  absolument  stationnaires.  Dans  le  Nord,  on  psye  à 
Lille  52  fr.  50  par  hectolitre  pour  le  3/6  betterave  première  qualité.  A  Paris,  on 
cote  :  3/n  betteraves,  P"  qualité,  SO  degrés  ;  courant  du  mois,  54  fr.  25;  mai, 
53  fr.  75  à  53  fr.  25;  quatre  mois  de  mai,  52  fr.  75 à  53  fr.;  quatre  derniers 
mois,  51  fr.  75  à  52  fr.  Le  stock  de  i'enlrepôtà  Paris,  était,  au  11  avril,  21,900 
pipes  contre  l'j,375"en   18"2. 

Vinaigres.  —  L^^s  prix  demeurent  stationnaires  aux  taux  que  nous  avons  indi 
qués  dans  notre  précédente  revue. 

Raisins  sers.  —  Les  anivrges  sont  abondants  dans  tous  les  ports.  Les  ventes 
sont  actives,  avec  des  prix  fermes.  On  paye  à  Cette  :  Corinthe,  52  à  54  fr.;  Thyra, 
45  à  47  fr.;  Samos  noirs,  40  à  42  fr.;  Saraos  muscats,  3^  à  36  fr. ;  Vourlas,  4*3  à 
48  fr.;  Beyrouth,  37  à  38  fr.,  le  tout  par  100  kilog. 

Cidres.  —  Il  y  a  peu  de  ventes,  avec  fermeté  dans  les  prix. 

Vl.   —  Sucres.  —  Mélasses.  —  Fécules.  —  Glucoses.  —  Amidons.  —  Houblons. 

Sucres.  • —  Les  ventes  ont  été  plus  faciles  depuis  huit  jours,  pour  toutes  les 
sortes,  et  les  cours  accusent  de  la  fermeté.  On  paye  par  100  kilog.  à  Paris  : 
sucTes  bruts  88  degrés  saccharimétriques,  53  fr.;  les  99  degrés,  60  fr.  25  à  60  fr.  50; 
sucres  blanc>j,  60  fr.  50;  à  Valenciennes,  sucres  bruts,  51  fr.  50  à  51  Fr.  75; 
à  Lille,  sucres  bruts,  51  fr.  50;  à  Saint  Quentin,  sucres  bruts,  52  fr.  50;  sucres 
blancs,  à  60   fr.  5   .  —  Le  stock  de  l'entrepôt  réel  des  sucres,  était,  à  Paris,  le 

11  avril,  de  81«,000  sacs  pour  les  sucres  indigènes,  avec  une  diminution  de 
20, ('00  sacs  depuis  huit  jouis.  — Il  y  a  fermeté  dans  les  prix  des  sucres  raffinés 
on  les  cote  de  de  106  à  107  fr.  par  100  kilog.  à  la  consommation  et  65  fr.  50  à 
68  ir.  50  pour  l'exportation.  —  Dans  les  ports,  les  affaires  sont  toujours  calmes 
sur  les  sucres  coloniaux. 

Mélasses.    —  Maintien  des  cours,   On   paye  à   Paris    :   mélasses  de  fabrique, 

12  fr.  ;  de  raffinerie,  13  fr.  50  à  1'^  fr. 

F'xul'S.  — Les  prix  accusent  toujours  beaucoup  de  fermeté.  On  paye  les  fécules 
première  du  rayon,  à  Paris,  39  à  40  fr.;  celles  de  l'Oise,  à  Gompiègne,  39  fr.  50  à 
40  fr.;  celles  des  Vosges,  à  Epinal,  41  t'r, 

Gl  icosf.s.  —  Maintien  des  cours  pour  les  sirops.  On  cote  par  100  kilog.  à  Paris  : 
sirop  de  froment,  53  à  55  fr.  ;  sirop  massé,  42  à  43  fr.  ;  sirop  liquide,  34  à  36  fr.; 
sirop  de  maïs,  47  à  48  fr. 

Amidons.  —  Même  prix  que  précédemment.  On  cote  à  Paris  :  amidons  de  fro- 
ment, 66  à  68  fr.  ;  de  province,  64  à  66  fr.;  de  maïs,  54  à  56  fr  par  rpiiutal 
métrique. 

Honb'ons.  —  Le  calme  que  nous  signalions  la  semaine  précédente  se  maintient 
dans  les  cours.  Il  n'y  a  que  très  peu  de  transactions. 

VIT.  —  Huiles  et  graines  oléagineuses,  tourteaux. 

Huiles.  —  Les  ventes  sont  assez  faciles,  tt  il  y  a  plus  de  fermeté  dans  les  prix 
des  huiles  de  graines.  On  cote  à  Paris,  par  100  kilog.  :  huile  de  colza  en  tous  fûts, 
107  fr.  ;  en  tonnes,  109  fr.;  épurée  en  tonnes,  i  17  fr.  ;  huile  de  lin,  en  tous  fûts, 
59  fr.  25;  en  tonnes,  61  ir.  25.  —  Sur  les  marchés  des  dépnrteaients,  on  paye 
les  huiles  de  colza  :  Caen,  104  fr.  ;  Lille,  98  fr.  ;  Arras.  107  fr.  ;  Rouen,  96  fr.  ;  et 
pour  les  autres  sortes:  lin,  59  Ir.  25;  arachides,  77  fr.  —  Dans  le  Midi,  les 
affaires  présentent  peu  d'activ!lc-en  ce  qui  concerne  les  huiles  d'olive;  les  cours 
demeurent  sans  variations. 

G'aines  oiéai/ineuses.  —  Les  affaires  sont  assez  faciles,  avec  des  prix  fermes. 
On  paye  à  Arras  :  œillette,  26  à  28  fr.  25;  colza,  25  à  26  fr.  ;  lin,  17  à  18  fr.  50  , 
cameline,  16  à  17  fr.  50;  le  tout  par  hectohtre. 

Tonrleatix.  —  Les  ventes  sont  moins  actives.  On  cote  par  ICO  kilog.  :  Rouen, 
tourteaux  de  Hn,    19  fr.  50;  de  sésame   15   fr.;  —  Arras,  tourteaux   d'œillette, 
17  fr.  ;  de  colza,   19  fr.;  de  lin,  24  fr.;    de  cameline,  18  fr.  50. 
VIII.  —  Matières  résineuses,  colorâmes  et  taniKintes. 

Matières  résineuses.  —  A.êmes  prix  que  la  semaine  dernière.  On  paye  à  Bor- 
deaux, 95  fr.  par  100  kilog.  pour  l'essence  pure  de  térébenthine. 


VerdHs. 
en  pains 


DES   DENRÉES  AGRICOLES  (14   AVRIL   1883).  79 

—  On  paye  à  Marseille,  220  à  225  fr.  par  100  kilog.  pour  les  verdets 

rr  IX.  —  Textiles.  —  Suifs. 

—  Dans  le  Pas-de-Calais,  on  cote  65  à  90  tV.  par  100  kilof^r.  pour  les 


Textiles 
lins  du  pays. 

Chanvres.  —  A  Mans,  les  chanvres  se  vendent  doucement.  Ou  cote  les  pre- 
mières qualités  :  64  à  76  ir.  par  100  kilop;r.;  les  deuxièmes  qualités,  52  à  62  fr.- 
les  sortes  inférieures,  42  à  50  fr. 

Suifs.  —Hausse  dans  les  prix.  On  cote  à  Paris  107  fr.  par  100  kilog.  pour  les 
suifs  purs  de  l'abat  de  la  boucherie;  80  iV.  25  pour  les  suils  eu  branches 

X.  —  Beurres.  —  Œufs.  —  Fromages. 

Beurres.  — Il  a  été  vendu,  pendant  la  semaine,  à  la  halle  de  Paris,  225,02'-t  kilo?, 
de  beurre.  Au  dernier  marché,  on  cotait  par  kilog.  :  en  demi-kilog.,  i  fr.  50  à 
4  fr.  40  ;  petits  beurres,  1  fr.  72  à  3  fr,  24;  Grournay,  1  fr.  88  à  4  fr.  50:  Isi- 
gny,  2  fr.  66  à  7  fr.  78. 

Œufs.  —  Du  2  au  8  avril,  on  a  vendu  à  la  halle  de  Paris,  8,772,427  œufs.  Au 
derni-r  marché,  on  cotait  par  mille  :  choix,  88  à  106  fr. ;  ordinaires,  58  à  80  fr.; 
petits,  49  à  52  fr. 

Fro'Huges.  —  Dernier  cours  de  la  halle  de  Paris,  par  douzaine  :  Brie,  7  à  33  fr.  • 
Montlhéry,  15  fr.,  —  par  cent,  livarot,  59  à  115  fr.;  Mont-Dor,  10  à  34  fr.; 
Neufchâtel,  5  à  17  fr.;  divers,  6  à  ^jS  fr.;  par  100  kilog.;  Gruyère,  110  à  170  fr. 

X  .  —  Chevaux,  bétail,  viande. 
Chevaux.  —  Aux  marchés  des  4  et  7  avril,  à  Paris,  on  comptait  897  chevaux  ; 
355  ont  été  vendus  comme  il  suit  : 


Chevaux  de  cabriolet.. 

—  de  trait 

—  hors  d'âge. . . 

—  à  Tenclière.. . 

—  de  boucherie. 


Amenés. 

Vendus. 

Prix  extrêmes. 

202 

46 

200  à  1,070  fr. 

234 

65 

285  à  1,300 

351 

134 

30  à      8.b0 

28 

28 

40  à      390 

8) 

82 

30  à       120 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  officiel  du  marché  aux  bes- 
tiaux de  la  Villette,  du  jeudi  5  au  mardi  10  avril  : 


Amenés. 
4,391 
1,187 
314 
3,172 
36,186 
6,705 


Vendus 


Pour 


Poids      Prix  du  kilog.  de  viande  nette  sur 
moyen  pied  au  marché  du  9  avril. 


Pour 

Paris,    l'extérieur,  totalité. 


des 
4  quartiers,  i' 


2,933 

647 

257 

1,967 

23,263 

2,410 


1,290 

416 

36 

955 

9,786 

4,175 


4,223 
1,1-23 

293 

2  ,922 

33,049 

6 ,  585 


kil. 

349 

238 

372 

80 

20 

82 


quai. 
1.78 
1.65 
1.50 
2  30 
2.24 
1.42 


quai. 
1.58 
1.40 
1.38 
2.12 
2  12 
1.36 


3" 
quai. 
1.38 
1.25 
1.26 
1.70 
l  96 
1.30 


Prix 
moyen. 
1.57 
1.45 
1.38 
2.02 
2.06 
1.3t> 


Bœufs ...    . 

Vaches 

Taureaux  . . . 

Veaux 

Moulons  .... 
Porcs  gras. . 
—   maigres.  »  »  »  »  »»»»  « 

Les  ventes  ont  été  faciles  pour  toutes  les  catégories  d'animaux;  les  cours; 
accusent  pour  toutes  les  sortes  une  grande  fermeté.  —  Sur  les  marchés  des  dépar- 
tements, on  cote  :  Rouen,  1  fr.  55  à  1  fr.  75  par  kilog.  de  viande  nette  sur  pied 
vaches,  1  fr,  40  à  1  fr.  70;  veaux,  1  fr.  95  à  2  fr.  30;  moutons,  2  fr.  à  2  fr.  30; 
porcs,  1  tr.  05  à  1  fr,  40;  —  Caen,  bœuf,  1  fr.  6(i  à  1  fr.  ^0;  vaches,  1  fr.  45  à 
1  fr.  65;  veaux,  1  fr.  70  à  1  fr.  80;  moutons,  1  fr.  80  à  2  fr.;  porc,  1  fr.  10  à 
1  fr.  30;  —  Le  Mans,  bœuf,  1  fr.  60  à  1  fr.  70;  vaches,  l  fr.  50  à  1  ir.  60  ;  veaux, 
1  fr.  58  à  1  fr.  68;  mouton,  2  fr.  10  à  2  fr.  20;  —  Orléans,  bœnifs,  0  fr.  65  à 
0  fr.  '5  par  kilog.  brut;  vaches,  0  fr.  65  à  0  fr.  75;  veaux,  0  fr.  90  à  1  fr.  10; 
moutons,  0  fr.  75  à  0  fr.  93;  porcs,  0  fr.  86  à  0  fr.  95  ;  —  Bordeaux,  veaux, 
0  fr.  75  à  0  fr.  95;  —  Nancy,  bœuf,  92  à  97  fr.  les  lOO  kilog.  bruts;  vaches, 
65  à  93  fr.;  veau,  120  à  130  ifr.;  moutons,  110  à  125  fr.;  porcs,  124  à  130  fr.;  — 
Dijon,   bœuf,  1  fr.   56  à  1  fr.   74;  vaches,    1  fr.  14  à  l  fr.  6^;   veaux   (poids  vif) 

0  fr,  94  à  1  fr.  16  ;  moutons,  1  fr.  70à  2  fr.  10;  porc  (poids  vif),  Ofr.  96  à  1  fr.  04; 
—  Bourgoin,  l)œuf,  66  à  76  fr.;  les  100  kilog.*  vaches,  58  à  68  fr.;  moutons, 
90  à  98   fr.;  porcs,  86  à  90  fr.;  veaux,  75  à   85  fr,;   —  Genève,  bœuf,    1  fr.  50  à 

1  fr.  65  veau  (poids  vif),  0  fr.  90  à  1  fr,  10  ;  mouton,  1  fr,  70  à  1  fr,  80  ;  porc, 
1  fr.  kh  à  1  fr,  50. 

A  Londres,  les  importations  d'animaux  étrangers  durant  la  semaine  dernière  se 
sont  composées  de  17,949  têtes,  dont  11  bœufs,  257  veaux,  276  moutons  et 
7  porcs  venant  d'Amsterdam  ;  316  moutons  d'Anvers;  4,746  moutons  de  Brème; 


80  REVUE  COxMMERCIALE   ET   PRIX  GOURANT    (14  AVRIL    1883). 

50  bœufs  de  Garril;  14  Jiœufs  de  Dunkerque;  7.224  moutons  de  Gcesteraunde ; 
20  bœufs  de  Guernesey  ;  1,42  i  moutons  d'Hambourg;  35  bœufs,  29  veaux,  2  mou- 
tons et  1  porc  d'Harlingen  ;  30  bœufs  du  liavre  ;  2-i7  bœufs  de  New-York; 
1  bœuf,  17b  veaux,  3004  moutons  et  78  porcs  de  Rotterdam.  Prix  du  kilog.  Bœuf: 
qualité  inférieure  1  fr.  52  à  1  fr.  75  ;  2%  1  ir.  75  à  I  fr.  87  ;  V",  1  fr.  87  à  2  fr.  05. 

—  Veau  :  i%  1  tr.  93  à  2  (r.  10;  V%  2  fr.  10  à  2  fr.  ^^8.  ~  Moulon.  Qualité 
inférieure  :  1  (r.  93  à  2  fr.  10;  2%  2  fr.  10  à  2  fr.  28  ;  l'",  2  fr.  40  à  2  fr.  57.  — 
Porc:  2\  1  fr.   ^6  à  1  fr.  58;  l'%   1  fr.  5^  à  l  fr    70. 

Viande  à  la  criée.  —  Il  a  été  vendu  à  la  lialle  de  Paris  du  2  au  8  avril  : 

^^  Prix  du  kilog.  le  !)  avril.       

kilog.  i"  quai.               2°  quai.             3°  quai.  Choix.      Basse  Boucherie. 

Bœuf  on  vache...    1.03,470  1..58àl.96     1.3(1  à  1. .16     0.90  à  1.34  1.50  à  2.80    O.20àl.2f) 

Veau 223,9.-.7  1 .81)      2  20     1.58       1.78     I.IO       1.56  1.40       2  50       » 

Moulon 78,974  1.62       2.02     1.40       1.60     1.00       1.38  1.70       2.G6       » 

Porc 58 , 930                      Porc  frais 1.22  à  1.34;  salé, 

515,331         Soit  par  jour 73,619  kilog. 

Les  ventes  sont  inférieures  de  5,000  kilog.  par  jour  à  celles  de  la  semaine  pré- 
cédente. Les  prix  accusent  ]je  lucoup  de  fermeté. 

XII.  —  Cours  de  la  viande  à  rabattoir  de  la  Villelte  du  12  ai^ril  (par  bO  kilog.) 
Cours  de  la   charcuterie.   —  On  vend  à  la  Villette  par  50  kilog.  :  1"'^  qualité, 
75  à  77  fr.  ;  2%  70  à  75  fr.  ;  poids  vifs,  50  à  55  fr. 

Bœufs.  Veaux.  Moutons. 

1"  2°  3'  1"  2°  3-     '  l"  %'  3° 

quai.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai. 

fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr. 

85  77  70  105  100  92  100  93  88 

XIII.  — Marché  aux  hesliaux  de  la  Villette  du  jeudi  12  avril  1883. 

Cours  des  commissionnaires 
Poids  Cours  officiels.  en  bestiaux. 

Animaux  gênerai.  1'°        2"        3°            Prix  1"        2'  3*  Frix 

amenés.       Invendus.  kil.  quai.  quai.  quai,  extrêmes.  quai. quai.  quai.  extrêmes. 

Bœufs./ 2  095  5  360  t .  80  1.64     !.42  1.34àl.86  1.78     1.62  t. 40  1.32àl   84 

Vaches 547  »  234  (.68  1.46     130  1.26     1.72  1.66     1.44  1.28  1.24     1.70 

Taureaux...         165  104  385  (    56  1.45     1.34  1.30     1.60  1.54     1.43  1.32  1.28     158 

Veaux 1.362  97  84  2  34  2.16     1.76  1.54     2.54  »              »  »  » 

Moutons..-..    13  704  »  I9  2  26  2  12     1   98  l   »0     2.34  »             »  »  » 

Porcs  gras..     3  912  »  79  1.46  l.'iO     1.34  1.20     1.50  »             »  » 

—  maigres..          »  »  »  »»»»«))»  »  » 

Vente  assez  active  sur  toutes  les  espèces. 

XIV.  — Résumé. 

Il  y  a  de  la  faiblesse  dans  les  cours  des  céréales  ;  mais  beaucoup  de  fermeté 
pour  la  plupart  des  autres  denrées,  notamment  pour  les  fourrages,  les  vins  et  les 
produits  animaux.  A.  Remy. 

BULLETIN  FINANCIER 

Détachement  du  coupon  au  3  0/0  ;  continuation  de  baisse  à  nos  fonds  publics  : 
le  5  0/0  à  113,05,  perd  0,70.  Fermeté  à  nos  Sociétés  de  crédit;  vive  reprise  à  nos 
chemins  de  fer. 


Cours  de  la  Bourse  du  k  au  11  avril  1883  {au  comptant). 


Principales  valeurs  françaises  : 

Plus      Plus  Dernier 

bas.      haut,  cours. 

Rente  3  0/0 79.05      go  35  79  25 

Renie  :î  0/0  amortis 80.32      81.50  80.32 

Rente  4  1/2  o|o 110.05    110.60  110.05 

Rente  5  0/0 Ii3  45     (14.45  113. 6i 

Banque  de  France 5360.00  5400.00  5395.00 

Comptoir  d'escompte   975.00     980.00  980  00 

Société  générale 545.00     557. 5H  550.00 

Crédit  lonciei 1330.00  1355.00  I3'i0.oo 

Est.. .\cli<'nj  --,00     730  00     735.00  733  75 

Midi d°  1105  00  ii'io.oo  1105.00 

Nord d»   1885.00    1935   00  1890.00 

Orléans ■ d"  1220.00  1275.00  1235  00 

Ouest d°     765.00     790.00  765.00 

Paris-Lyon-Medrterranée  d°  1557.50  1578.75  1560.00 

Paris  1871  obi.  400  à  3  O/O.     392.00     395.00  394.00 

Italien  5  0/0 91.20      9150  9125 

Le  Gérant  :  A.  BOUCHÉ. 


Chemins  de  fer  français  et  étrangers  : 


.autrichien d" 

Lombards d° 

Romains d° 


Plus 
bas. 

722.00 
320.00 
1 1 5 . 00 


Plus  Dernier 
haut,    cours. 

727.50  725.00 
328.50  322.50 
118.75      118.00 


Nord  de  l'Espagne d°  515.00  522.50  517.50 

Saragosse  à  Madrid... d"  485.(0  488.75  485.00 

Portugais d°  540.00  555.00  540.00 

Est  oblig.  3  0|o  rembOLir-  »  »  » 

sable  à  50U  fr d"  361.50  363. co  361.25 

Midi d"  358.75  359.(^0  359  Ou 

Nord d"  366.00  366.50  366.25 

Orléans d"  386.00  369.00  366.00 

Paris-Lyon-Méditer d°  363.00  363.25  363.00 

Ouest d°  358.00  359.00  358.25 

Nord-Esp.  priorité .d°  345.00  347.00  246.00 

Lombards d°  294.00  295.50  294.25 

LETERRIER. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (21  avril  i883). 

Recherches  de  M.  Duponcliel  sur  la  l'erlilisalion  des  terres  par  les  alluvions  arlificielles.  —  Exposé 
des  procédés  proposés  pour  transformer  les  landes  de  Gascogne.  —  Evaluation  des  prix  et  des 
résultais  des  travaux.  —  La  peste  bovine  en  Allemagne.  —  Prochame  élection  d'un  membre 
étranger  à  la  Soci  té  nationale  d'agriculture.  —  Nécrologie.  —  M.  Vion.  —  Sixième  liste  de  la 
souscriplion  pour  élever  un  monument  à  la  mémoire  de  Lé^nca  do  Lavergne.  —  Les  vacci- 
nations charb')niieu-es  dans  le  Cantal.  —  Concours  départemental  à  Agen.  —  Concours 
d'animaux  rT^producleurs  dans  la  Haute-Vienne.  —  Concours  annuel  de  la  Société  dépariemen- 
tale  d'agriculture  de  l'Allier. —  Vente  de  béliers  et  do  brebis  sûuthdovvn  chez  M.  Nouettc- 
Delorme.  —  Création  d'un  laboratoire  agricole  à  Nevers.  --  Note  de  M.  Cimbon  sur  l'ensei- 
gnement élémentaire  de  l'agricultuie.  —  Concours  pour  des  in-;pecteurs  de  la  boucherie  à  Paris, 
—  L'arboretum  de  Segrez.  —  Exposition  internationale  d'horticulture  à  Lille.  —  Estais  sur  la 
culture  des  tabacs  de  la  Havane  dans  le  sud-oue.>t.  —  Les  prochains  concours  régionaux.  — 
Relevé  des  déclarations  pour  les  concours  de  Vannes,  Digne  et  Troyes.  —  Vœu  du  Conseil 
général  de  l'Ai-ne  sur  la  réforme  de  la  législation  des  sucres.  — Notes  de  MM.  BeauviUiers, 
Petii-Lafitte,  Leyrisson,  Raibaud-Lange,  sur  l'elat  des  récoltes  dans  les  départements  de  l'Aube, 
de  la  Giionde,  de  Lot-et-Garonne  et  des  Basses-Alpes. 

I.  —  Sur  la  fertilisation  des  terres  par  les  allubuions  artificielles. 

Un  ingénieur  agronome,  d'un  mérite  incontestable,  et  qui  se  dis- 
tingue surtout  par  lu  hardiesse  de  ses  conc8ptions,  M.  Duponcliel,  vient 
de  publier  à.  la  librairie  Hachette,  sous  le  titre  de  Théorie  des  alluvions 
artificielles,  un  livre  remarquable  dans  lequel  il  expose  une  théorie 
générale  de  la  fertilisation  des  terres  arides  ou  peu  fertiles,  qui  occu- 
pent une  trop  grande  partie  de  la  France  ;  il  fait  ensuite  une  applica- 
tion spéciale  de  sa  théorie  à  la  fertilisation  des  landes  de  Gascogne, 
fertilisation  pour  laquelle  il  serait  nécessaire  de  créer,  dans  la  région 
des  Pyrénées,  des  réservoirs  d'aménagement  des  eaux  de  crue,  et  des 
canaux  pour  la  distribution  de  ces  eaux,  après  qu'elles  se  seraient 
chargées  des  matières  fertilisantes  pour  transformer  les  sols  stériles 
en  sols  féconds.  Le  projet  est  grandiose,  car  il  s'agit  d'opérer  sur  des 
centaines  de  milliers  d'hectares. 

Le  but  que  poursuit  M.  Duponchel,  est  de  constituer  une  terre  émi- 
nemment fertile  sur  tous  les  points  où  la  fertilité  naturelle  ou  acquise 
fait  défaut;  les  moyens  consisteront  à  créer  un  torrent  artificiel,  réali- 
sant sur  un  point  déterminé  le  phénomène  produit  parles  alluvions  natu- 
relles. «  La  terre  végétale,  ajoute-t-il,  se  compose  d'une  matière  inerte 
qui  ne  joue  qu'un  rôle  purement  physique,  telle  que  le  sable  quarlzeux, 
et  d'un  mélange  en  proportions  convenables  de  deux  éléments  minéraux 
essentiels,  l'argile  et  le  calcaire,  à  l'état  de  limons  compîètement  désa- 
grégés. Toutes  les  fois  que  la  matière  inerte  se  trouvera  sur  place,  que 
l'on  aura  affaire  à  un  sol  déjà  meuble,  nous  devrons  en  tenir  compte. 
L'alluvion  artilicielie  ne  sera  donc  pas  le  sol  végétal  lui-même,  mais  le 
complément  de  ce  sol,  l'amendement  nécessaire  pour  le  constituer  par 
son  mélange  minéral  avec  le  terrain  naturel.  Sur  le  sable  des  Landes 
et  dq^la  Sologne,  il  nous  suffira  d'apporter  un  limon  argilo-marneux  ; 
sur  la  craie  de  la  Champagne,  ua  limon  argileux  et  peut-être  une  cer- 
taine proportion  de  sable  quartzeux;  et  ainsi  de  même  partout  ailleurs. 
La  terre  végétale  fabriquée  de  toutes  pièces  ne  serait  rigoureusement 
nécessaire  que  sur  les  sols  à  surface  de  roche  résistante,  inattaquables 
par   l'outil  du  travailleur.  Le  torrent  artificiel  devra  reproduire  les 
divisions  principales  du  torrent  naturel;  comme   lui,  il  devra  pré- 
senter :  un  bassin  récepteur  ou  centre  de  désagrégation,  un  goulet  ou 
chenal  régulier  servant  à  la  fois  à  la  trituration,  au  mélange  et  au 
transport  des  matières  minérales,  un  cône  de  déjection  comprenant  la 
surface  entière  sur  laquelle  les  limons  fécondants  et  convenablement 
élaborés  pourront  être  distribués  et  répandus.  Le  point  de  départ  de 
toute  création  d'un  torrent  artificiel  sera  l'approvisionnement  de  la 

N"  732.  —  Tome  II  de  18S3.  —  21  Avril. 


82  CHRONIQUE    AGRICOLE   (21   AVRIL    18S3j. 

masse  d'eau  nécessaire  peur  alimenter  ce  torrent  et  produire  le  qua- 
druple travail  de  désagrégation,  de  trituration,  de  transport  et  de 
répandage  des  limons,  auquel  il  devra  suffire.  )> 

Une  fois  qu'un  vaste  réservoir  aura  été  créé  et  rempli  d'eau,  il  sera 
possible  d'en  faire   sortir  une  rivière  que  l'on  concentrera  dans  une 
conduite  pour  la  diriger  en  jet  puissant  contre  le  pied  d'une  colline 
constituée  par  des  terrains  ayant  la  composition  désirée  pour  compléter 
la  nature  de  la  terre  à  fertiliser.  Si  ces  terrains  sont  susceptibles  de 
devenir  meubles  peu  à  peu.  ils  seront  disloqués,  détachés,  réduits  en 
une  sorte  de  bouillie  que  la  rivière  entraînera.  Il  n'y  aura  plus  qu'à 
diri2;er  cette  rivière  dans  un  nombre  suffisant  de  canaux  destinés  à 
porter  l'eau  sur  tous  les  points  d'une  plaine.  Celte  eau  aura  entraîné  la 
colline,  et  on  en  aura  répandu  la  terre,  par  une  sorte  de  colmatage,  sur 
toute  la  surface  de  la  plaine.  C'est  ainsi  que  la  nature  a  séculairement 
opéré;  c'est  ainsi  que  se  propose  d'agir  M.  Duponchel,  notamment 
pour  les  landes  du  sud-ouest  delà  France  dont  le  sol  n'est  guère  sus- 
ceptible jusqu'à  présent  que  de  porter  des  forêts,  tandis  que  si  l'on 
se  servait  à  droite  des  eaux,  de  la  Neste,  à  gauche  des  eaux  du  Gave,  on 
pourrait  chaque  année  compter  sur  le  travail  mécanique  de  1 80  millions 
de  mètres  cubes  d'eau  qui,  entraînant  un  dixième  au  moins  de  leur 
volume  de  limons,  pourraient  produire  et  répandre  à  la  surface  des 
Landes  un  cube  de  18  millions  d'alluvions  artificielles,  suffisant  à  la 
régénération  d'une  superficie  de  18,000  hectares,  à  raison  d'une  couche 
moyenne  de  10  centimètres  d'épaisseur. 

M.  Duponihel  est  entré  dans  tous  les  détails  de  son  projet  ;  il  indique 
les  endroits  où  il  faut  créer  les  réservoirs,  puis  le  tracé  des  canaux  de 
décharge  pour  la  préparation  da  limon,  et  enfin  les  canaux  de  colma- 
tage. Dans  une  carte  jointe  à  son  livre,  les  emplacements  de  tous  ces 
grands  travaux  sont  indiqués.  Il  aborde  de  front  toutes  les  objections 
qui  peuvent  être  faites  à  l'exécution  de  son  projet.  Il  en  calcule  les 
dépenses,  et  il  suppute  l'importance  des  résultats  à  obtenir.  Pour  25  mil- 
lions de  frais  de  premi'^r  établissement  et  pour  des  charges  annuelles 
de  2  millions,  il  estime  pouvoir  régénérer  par  année  10,000  hectares. 
Le  prix  de  revient,  par  conséquent,  ne  dépasserait  pas,  selon  lui, 
200  francs  par  hectare.    Un  sol  infertile  serait  ainsi   amené  à   pro- 
duire, affirme-t-il,  25  à  30  hectolitres  de  blé  et  de  1 5,000  à  2l^000  ki- 
logrammes de  fourrages  par  hectare.  On  comprend  immédiatement 
combien  serait  considérable   la   plus-value  acquise  par  les  terrains 
ainsi  transformés.  Une  compagnie  pourrait  se  charger  de  l'exécution, 
et  M.  Duponchel  estime  que  les  résultats  seraient  tels  que  le  capital 
employé    trouverait    comme    rémunération   un    intérêt   de    plus    de 
30  pour  100.  Il  étudie  d'ailleurs  le  système  de  culture,  culture  pasto- 
rale simple,   culture  pastorale  mitigée,  culture  intensive  régulière, 
qu'il  pourrait  convenir  d'adopter. 

a  Dans  l'état  actuel,  dit-il,  les  Landes,  bois  compris,  ne  valent  pas 
500  fr.  l'hectare,  ce  qui,  pour  la  région  totale,  comptée  au  chiffre  rond 
d'un  million  d'hectares,  représente  un  capital  foncier  de  5n0  millions 
au  plus.  Par  le  fait  de  l'opération  que  je  propose,  cette  terre,  qui  ne 
vaut  aujourd'hui  que  5,00  fr. ,  amenée  progressivement  à  avoir  les  mêmeg 
propriétés  productives  que  celle  qui  se  vend  ailleurs  5,000  ou  6,000  fr., 
■yaudra  certainement  ce  prix  tôt  ou  tard.  Admettons  que  la  transfor- 
mation complète  doive  demander  un  siècle,  à  raison  de  10,000  hec- 


CHRONIQUE  AGRICOLE    (21   AVRIL   18*83).  83 

tares  par  an,  ia  plus-value  totale  répartie  sur  cette  période  représen- 
tera un  i>;ain  annuel  de  50  millions.  »  Tout  cela  est  certainement  gran- 
diose et  doit  frapper  l'imagination. 

Sommé  de  nous  «X-pliquer  sur  la  question  de  savoir  si  l'entreprise 
est  possible,  nous  n'hésitons  pas  à  répondre  affirmativement;  mais 
nous  n'oserions  pas  dire  que  des  difficultés  ne  se  présenteraient  pas 
dans  l'exécution.  Ce  n'«st  pas  impunément  que  l'on  m.et  en  mouve- 
ment de  grandes  masses  liquides  et  solides  pour  couvrir  d'immenses 
étendues  de  terrain.  Tous  les  colmjtasres  effecîués  sur  une  grande 
échelle  ont  toujours  donné  lieu,  avant  qu'une  végétation  complète  se 
soit  emparée  des  terrains,  à  des  maladies  endémiques  dont  on  ne  peut 
triompher  que  si  les  surfaces  ne  sont  pas  trop  considérables.  La  gran- 
deur des  résultats  poursuivis  nous  paraît  donc  être  la  principale  objec 
tion  à  faire  aux  projets  de  M.  Duponchel,  ce  qui  n'empêclie  pas  de 
rendre  justice  à  tout  ce  qu'il  y  a  de  nouveau,  de  hardi  et  de  bien  com- 
biné dans  le  système  qu'il  préconise  pour  imiter  la  nature  et  tâcher  de 
faire  mieux  et  plus  vite. 

II.  —  La  peste  bovuie  en  Allemagne. 
Nous  apprenons  que  la  peste  bovine  vient  d'éclater  en  Silésie;  le 
gouvernement  allemand  a  pris  des  mesures  énergiques  po.ur  isoler  les 
foyers  de  la  maladie  et  en  enrayer  la  propagation.  Néanmoins  nous 
espérons  que  le  ministère  de  l'agriculture  fera  exécuter,  en  France,  les 
règlements  qu'il  a  toujours  pris,  dans  des  circonstances  semblables, 
pour  empêcher  l'introduction  du  fléau  sur  notre  frontière  :  une  sur- 
veillance rigoureuse  à  la  frontière  ft  nne  prohibition  absolue  contre 
toutes  les  provenances  d'origine  suspecte. 

,  III.  —  Prochaine  èlecllon  à  la  Société  nationale  d'agriculture. 
Dans  le  comité  secret  de  sa  séance  du  18  avril,  la  Société  nationale 
d'agriculture  a  entendu  le  rappport  tait,  au  .nom  de  la  Section  de 
grande  culture,  sur  les  candidats  à  une  place  de  membre  étranger.  La 
Section  présente  la  liste  de  candidats  suivante  :  en  première  ligne, 
M.  Robert,  agriculteur  et  fabricant  de  sucre  à  Seelowit^,  province  de 
Moravie  (Autriche);  en  deuxième  ligne,  M.  Fouquet,  ancien  directeur 
de  l'Institut  agricole  de  l'Etat,  à  Gembloux  (Belgique).  Les  titres  des 
candidats  ont  été  discutés.  L'élection  aura  lieu  dans  la  séance  du. 
25  avril. 

IV.  —  Nécrologie. 
Vn  des  agriculteurs  les  plus  distingués  de  la  région  da  Nord, 
M.  Vion,  vice-président  du  Comité  central  des  fabricants  de  -sucfe, 
vient  de  mourir.  Il  dirigeait,  depuis  1847,  la  grande  ferme  de  Lœuilly, 
à  Viilers-Faucon,  canton  de  Roisel  (Soaime),  avec  une  habileté  et  un 
succès  qui  lui  ont  valu  de  remporter  la  grande  prime  d'honneur  en 
1875.  En  1857,  il  y  créait  une  sucrerie  qui  est  devenue  une  des  plus 
importantes  de  la  contrée.  En  même  temps  que  le  souvenir  d'un  agri- 
culteur très  habile  et  d'un  défenseur  énergique  de  tous  les  intérêts 
agiricoles,  M.  Vion  laisse  derrière  lui  l'exemple  d'un  homme  de  bien. 
Il  n'était  âgé  que  de  soixante-trois  ans. 

V.  —  Souscription  pour  élever  un  monument  à  Léonce  de  Lavergne. 
Voici  la  sixième  liste  de  la  souscription   ouverte  pour  élever  un 
monument  à  Léonce  de  Lavergne  : 


84  CHRONIQUE  AGRICOLE  (21   AVRIL   1883). 

Fr. 

Report  de  la  cinquième  liste 7  50O  50 

Société  départementale  d'agriculture  du  Duubs ....  '  .50  00 

MM.  Armand  (André) 25  00 

Thannberger,  agent  comptable  à  l'Ecole  nationale  d'agricul- 
ture de  Grand-Jouan *. 5  00 

Sensarric,  ancien  agent  comptable  à  l'Ecole  de  Grand-Jouan.  5  00 

Reclus,  secrétaire  de  la  direction  à  l'Ecole  de  Grand-Jouan.  5  00 

Pichot,  chef  de  culture  à  l'Ecole  de  Grand-Jouan 2  00 

Moral  d'Arleux,  notaire  à  Paris 30  00 

Paris  (comte  de) ....  100  00 

Freschi  (comte),   président  de  la  Société  agricole  du  Frioul 

(Iialie) 10  00 

Larcade,  surveillant-comptab'e  à  la  ferme-école  de  Puilboreau 

(Charente-Inférieure) 1  00 

Comice  agricole  de  Roquefort  {Landes)  10  00 

Comire  agricole  central  de  la  Loire-Inférieure 20  («0 

Gilbert  (Victor),  agriculteur  à  Videville  (Seine-et-Oise) 10  00 

Reynal 10  00 

Blanchemain  (Paul),  secrétaire  de  la  Société  des  agriculteurs 

de  France 10  00 

Neef  (Jules)  président  de  la  Société  royale  agricole  de  Test  de 

la  Belgique 30  00 

Fontbaré  de  Fumale  (baron  du) ,  vice-président,  etc .5  00 

Menault  (Ernest),  membre  du  Conseil  général  de  Scine-et-Oise.  10  00 

Laverrière  (Jules),  correspondant  de  la  Société  d'agriculture.  10  00 

Gréa  (E.).  correspondant  de  la  Société  d'agriculture 20  00 

Ecole  pratique  d'agriculture  de  Saint-Bon  (Haute-Marne) ....  2ô  00 

Total  de  la  sixième  liste , 7,893  50 

Nous  rappelons  à  nos  lecteurs  qu'ils  peuvent  adresser  leurs  sous- 
criptions à  M.  Henry  Sagnier,  secrétaire  du  Comité,  aux  bureaux  du 
Journal  de  V agriculture. 

VI.  —  Vaccinations  charbonneuses. 

M,  Deron,  préfet  du  Gantai,  vient  d'adresser  aux  maires  et  aux  agri- 
culteurs de  ce  département  une  circulaire  relative  aux  vaccinations 
charbonneuses.  Il  rappelle  d'abord  que,  en  1882,  M.  Duclaux  a  procédé, 
dans  ce  département,  à  des  expériences  de  vaccination  dont  les  résultats 
sont  désormais  acquis  malgré  l'époque  désavantageuse  à  laquelle 
eurent  lieu  les  opérations,  en  juillet,  août  et  septembre.  Dans  cette 
période,  en  effet,  lorsque  les  bestiaux  ont  déjà  pâturé  sur  la  montagne, 
la  vaccination  se  fait  dans  des  conditions  défectueuses,  les  animaux 
pouvant  avoir  déjà  contracté  le  germe  de  la  confygion.  Il  est  donc 
utile  de  vacginer,  autant  que  possible,  avant  la  montée,  entre  le 
15  avril  et  le  10  mai,  mais  en  ayant  soin  de  ne  pas  procéder  à  l'opé- 
ration dans  le  mois  qui  précède  la  mise  bas  ou  dans  la  quinzaine  qui 
la  suit.  M.  Deron  fait  appel  au  dévouement  des  vétérinaires  qui  tien- 
dront à  honneur  de  marcher  dans  la  voie  que  M.  Duclaux  leur  a 
ouverte  avec  tant  de  succès.  Des  primes  ou  des  médailles  pourront 
être  décernées  par  le  Conseil  général  à  ceux  d'entre  eux  qui  se  seraient 
particulièrement  distingués. 

YII.  —  Concours  départemental  à  Agen. 

La  Société  d'encouragement  à  l'agriculture  de  Lot-et-Garonne  aura 
à  Agen  son  deuxième  concours,  du  17  au  29  août  prochain.  Ce 
concours  sera  départemental  pour  les  races  chevaline,  bovine,  porcine, 
comme  pour  les  produits  agricoles,  et  général  pour  les  machines  et 
instruments  de  ferme,  ainsi  que  pour  les  animaux  de  la  race  canine. 
Les  demandes  doivent  être  adressées  avant  le  l^""  juin  à  M.  Emile 
Gaussen,  secrétaire  général  de  la  Société,  ou  à  M.  le  maire  d'Agen. 
VIII.  —  Concours  d'animaux  reproducteurs. 

La  Société  d'agriculture  de  la  Haute-Vienne  tiendra  à  Limoges, 
le  mercredi  25  avril,  un  concours  spécial  d'animaux  reproducteurs 


CHRONIQUE    AGRICOLE    (21   AVRIL  1883).  85 

de  la  race  bovine  limousine.  A  ce  concours  seront  admis  les  taureaux, 
les  jeunes  veaux  de  moins  d'un  an,  les  génisses  ayant  leurs  dents  de 
lait.  Pour  concourir,  les  taureaux  devront  être  âgés  d'un  an  au  moins, 
et  le  propriétaire  présentant  un  animal  devra  justifier  qu'il  est  depuis 
deux  mois  en  sa  possession.  Les  propriétaires  de  taureaux  primés 
devront  s'engager  à  les  conserver  pendant  six  mois  dans  l'arrondisse- 
ment 011  ils  auront  été  primés,  et  à  les  livrer  à  la  saillie  moyennant 
une  rétribution  qui  ne  pourra  excéder  1  fr.  25;  les  primes  des  tau- 
reaux ne  seront  décernées  qu'au  mois  de  novembre. 

Le  Comice  agricole  du  canton  de  Dorât,  dans  le  même  département, 
fera,  le  6  mai,  sous  la  direction  de  son  président,  M.  de  Mascureau, 
un  concours  cantonal  d'animaux  reproducteurs  des  races  bovines, 
ovines  et  porcines. 

IX.  —  Concours  départemental  dans  V Alliez. 

La  Société  d'ao;riculture  de  l'Allier  tiendra  son  concours  annuel 
départemental  d'animaux  reproducteurs,  d'instruments  et  de  produits 
agricoles  de  1883,  à  Saint-Pourçain,  au  mois  de  septembre  prochain. 
Elle  a  inscrit  à  son  programme  des  primes  de  culture  à  décerner  aux 
métayers  à  moitié  fruits  ou  fermiers-laboureurs  de  V arrondissement  de 
Gannat  dont  les  exploitations  seront  jugées  les  mieux  tenues.  Les 
exploitations  seront  divisées  en  deux  catégories  :  les  exploitations  d'une 
étendue  supérieure  à  20  hectares  concourront  pour  les  prix  de  grande 
culture;  celles  de  20  hectares  et  au-dessous  ne  pourront  être  présentées 
que  pour  les  primes  de  petite  culture.  Deux  primes  seront  aussi 
réservées  aux  vignerons,  fermiers-vignerons  ou  propriétaires  cultivant 
par  eux-mêmes,  de  l'arrondissement  de  Gannat,  dont  les  vignobles 
seront  les  mieux  tenus. 

X.  —  Vente  d'animaux  reprodiicleurs. 

M.  Nouette-Delorme,  l'éleveur  bien  connu  des  agriculteurs,  met  en 
vente,  à  partir  du  29  avril,  50  béliers  et  50  brebis  d'un  an,  de  la  race 
pure  southdown,  à  son  domaine  de  La  Manderie,  pour  lequel  il  a  rem- 
porté la  prime  d'honneur  au  dernier  concours  régional  d'Orléans.  La 
propriété  de  la  Manderie  est  située  à  4  kilomètres  de  la  station  de 
.Nogent-sur-Vernisson  (Loiret),  sur  la  ligne  de  Paris  à  Lyon  ^ar  le 
Bourbonnais. 

XL  —  Laboratoires  agricoles. 

Un  laboratoire  agricole  créé  à  Nevers,  par  le  Conseil  général  du 
département  de  la  Nièvre^  a  été  inauguré  le  samedi  \ 'i  avril.  Ce  labo- 
ratoire édifié  aux  frais  du  département,  pourra  également  rendre  des 
services  aux  agriculteurs  des  départements  voisins.  Allier,  Cher, 
Loiret,  etc.  Il  a  été  placé  sous  la  direction  de  M.  Mancheron,  professeur 
départemental  d'agriculture  de  la  Nièvre. 

M.  Victor  Cambon,  ingénieur  des  arts  et  manufactures,  a  présenté 
récemment  à  la  Société  d'économie  politique  de  Lyon  un  intéressant 
rapport  sur  l'enseignement  élémentaire  de  l'agriculture.  Il  a  princi- 
palement insisté  sur  les  services  que  rend  le  professorat  départemental, 
créé  par  la  loi  de  1879.  A  la  suite  de  ce  rapport,  M.  Vincey  a  fait 
remarquer  avec  raison  que  la  création  d'un  laboratoire  agricole  à  Lyon 
serait  d'une  haute  utilité  pour  les  cultivateurs  de  la  région. 


86  .  CHRONIQUE  AGRICOLE    (21   AVRIL    1883). 

XII.  —  Inspection  de  la  boucherie  à  Paris. 

Un  concours  pour  l'aduiissiorï  à  cinq  emplois  d'inspecteur  de  la  bou- 
cherie à  Parisj  au  traitement  variant  de  3,000  à  4,000  IVancs,  aura 
lieu  à  la  Préfecture  de  police,  le  mercredi  16  mai  prochain  à  10  heures 
et  demie  précises  du  matin.  Il  comprendra  une  épreuve  éitrite  sur  un 
sujet  de  la  compétence  des  vétérinaires,  et  une  épreuve  pratique  à 
l'abattoir  de  la  Villette.  —  Les  candidats  devront  se  faire  inscrire  par 
avance  au  secrétariat  général  de  la  Préfecture  de  police,  bureau  du  per- 
sonnel, en  justifiant  par  leur  acte  de  naissance  qu'ils  n'ont  pas  plus 
de  cinquante  ans  d'âge  et  en  produisant,  en  outre  :  1°  un  extrait  de 
leur  casier  judiciaire;  2°  leur  diplôme  de  vétérinaire;  3°  des  pièces 
établissant  leur  situation  au  point  de  vue  militaire. 

XIII.  —  Uarboretum  de  Segrez. 

Notre  confrère  M.  A.  Lavaliée,  président  de  la  Société  nationale  et 
centrale  d'horticulture  de  France,  vient  de  faire  paraître  la  cinquième 
livraison  de  son  grand  ouvrage  consacré  à  la  description  des  er-pèces 
nouvelles  ou  rares  qui  figurent  dans  son  àrboretum  d(î  Segrez  (Seine- 
et-Oise).  Cette  livraison  est  consacrée  à  la  description  des  espèces 
suivantes  :  Actinidia  volubilis^  Schizandra  chinemis,  Akcbia  quinata^ 
Clematis  oricnlalis^  Cratœgus  nigra.  Des  planches  gravées  avec  le  plus 
grand  soin  accompagnent  la  description  de  chaque  variété.  L'ouvrage 
formera  deux  volumes  in-Zi"  comprenant  60  planches. 

XIV.  —  Expositmn  d'horticulture. 

Le  Cercle  horticole  dn  Nord  organise  une  exposition  internationale 
d'horticulture  qui  aura  lieu  à  Lille,  au  palais  Rameau,  du  1*'"au  9  sep- 
tembre. Cette  exposition  comprendra  185  concours.  Tous  les  amateurs 
horticulteurs,  jardiniers,  etc.,  du  pays  et  de  l'étranger,  sans  aucune 
exception,  sont  invités  à  y  prendre  part.  Il  est  créé  deux  catégories 
d'exposants  :  première  catégorie,  amateurs  et  jardiniers  d'amateurs  ; 
deuxième  catégorie,  horticulteurs,  marchands,  jardiniers,  cmstruc- 
leurs  et  fahricants  d'outils  ou  appareils  se  rapportant  à  l'horticulture. 

XV.  —  Cullure  du  tobac. 

Le iourvtnl  La  ppfile  Gironde  nous  apporte  des  détails  sur  des  essais  de  • 
culture  du  tabac  qui  sont  faits,  sous  !a  direction  de  l'adminisèralion 
des  finances,  dans  plusieurs  Wc-alitésde  la  région  du  Sud-Ouest.  Voici 
cette  note  qu'on  lira  certainement  avec  intérêt  : 

«  Nous  apprenons  que  !a  régie  des  tabacs  fait  procéder  clans  notre  déj;arteiuent 
à  des  expériences  très  intéressantes,  promettant  d'ores  et  déjà  des  retraitais  très 
importants  pour  le  pays-. 

«  Ce  n'est  plus  un  mystère  qu'à  la  Havane  la  qualité' des  récoltes  va  en  dn'mi- 
B«9Hi,t,  tandis  que  i  aug^ynentation  dies  prix  va  toujourti  ciToissant,  principalement 
dans  les  es  èces  ordinaires,  qui  seront  bi^eniôt  inabordables.  Cette  situation  alar- 
mante a  déterminé  l'administration  à  faire  étudier  à  fond  les  procédés  de  la 
production  havanaise,  et  à  entreprendre  de  les  appliquer  en  France. 

«  Elle  a  rencontré  entre  la  Garonne  et  les  Pyrénées  des  terrains  saI)lonneux 
ressemblant  entièrement  à  ceux  qui  produisent  les  tabacs  les  plus  aromatiques  de 
la  Havane.  La  plante  n'a  d'ailleurs  nullement  besoin,  ainsi  qu'on  estporti  à  le 
croire,  d'une  chaleur  excessive.  Aux  Antilles,  elle  n'est  cultivée  qu'en  hiver,  sai- 
son dont  la  température  n'est  pas  plus  élevée  que  celle  de  l'été  à  Bordeaux.  Notre 
contrée  est,  en  conséquence,  tout  à  fait  privilégiée  à  cet  égard. 

«  En  1882,  malgré  un  temps  froid  et  pluvieux,  les  essais  de  culture  ont  eu  des 


CHRONIQUE   AGRICOLE   (21    AVRIL    1883).  87 

résultats  tellement  satisfaisants,  ([ue  radministration  les  fait  continuer  actuelle- 
ment sur  une  grande  échelle.  Elle  vient  de  distribuer  à  un  certain  nombre  de 
planteurs  de  l'arrondissement  de  Bazas  des  semences  de  havane  récoltées  en  1882 
à  Langon,  d'auties  semences  venant  directement  du  pays  d'origine,  et  enfin  des 
graines  provenant  d'une  hybridation  artificielle  du  havane  avec  l'espèce  locale. 
Tout  permet  d'espérer  que  la  nouvelle  campagne  d'essais  fera  déhnitivemenl 
apprécier  les  tabacs  récoltés  dans  nos  sables.  Traités  convenablement,  ils  suppor- 
teront aisément  la  comparaison  avec  les  provenances  exotiques. 

ce  Nous  savons  qu'en  même  temps  la  régie  fait  expérimenter,  à  la  manufacture 
de  Bordeaux,  les  préparations  spéciales  auxquelles  le  cigare  havanais  doit,  en 
grande  partie,  sa  supériorité.  La  réussite  de  ces  expériences  n'est  pas  douteuse, 
puisqu'il  s'agit  de  manipulations  qui  sont  pratiquées  à  l'intérieur  de  salles 
lerm'es,  et  que  rien  n'empêche  de  ks  pratiquer  exactement  dans  les  conditions 
voulues. 

«  Au-  moment  où  l'agriculture  est  éprouvée  de  toutes  les  façons,  il  faut  savoir 
gré  à  la  régie  des  efforts  qu'elle  fente  en  sa  faveur.  On  voit  que  le  but  est  de 
trouver  en  France  ce  qu'elle  achète  i'ort  cher  à  l'étranger.  Elle  est  en  voie  d'y 
arriver,  en  choisissant  les  sols  sablonneux,  aujourd'hui  peu  productifs,  où  la 
vigne  est  exposée  aux  gelées,  et  où  les  céréales  ne  rapportent  plus  qu'un  produit 
dérisoire.  Dans  ces  ttfi'res  légères  le  tabac  ne  donne  pas  non  plus  un  fort  rende- 
ment en  poids;  mais,  par  contre,  il  peut  y  acquérir  les  propriétés  qui  sont  par- 
ticulièrement recherchées,  et  qui  augmenteront  considérablement  sa  valeur. 

«  Si  les  plus  estimées  d'entre  les  variétés  exotiaues  peuvc^nt  être  implantées 
avec  succès  dans  les  terres  sablonneuses  du  Sud-Ouest,  à  plus  forte  raison  y 
fera-t-on  prospérer  les  espèces  communes  importées  d'Amérique,  et  dont  la  répu- 
tation décline  tous  les  ans. 

«  Les  départements  de  la  Gironde,  des  Hautes-Pyrénées,  des  Landes  et  de  Lot- 
et-Garonne  seraient  ainsi  appelés  à  lournir  la  majeure  partie  des  feuilles  achetées 
jusqu'à  présent  au  loin,  au  prix  d'un  nombre  respectable  de  millions.  Il  n'en 
résultera  que  des  avantages  pour  tout  le  monde.  La  régie  udus  vendra  à  bon 
compte  un  meilleur  cigare;  elle  déboursera  moins  pour  l'achat  des  matières  pre- 
mières; et,  c^u  lieu  de  prélever  une  grosse  part  de  ses  bém  fîces  au  profit  des 
fournisseurs  étrangers,  elle  procurera  à  nos  campagnes  une  nouvelle  et  précieuse 
source  de  revenus. 

«  Nous  engageons  vivement  nos  représentants  des  Chambres  et  des  Conseils 
généraux  à  encourager  par  tous  les  moyens  dont  ils  disposent  cette  entreprise 
vraiment  patriotique.  » 

Il  est  important  de  suivra  avec  attention  les  résultats  des  essais  dont 
il  est  question  dans  la  note  qu'on  vient  de  lire.  Si  les  espéi'ances  que 
les  premières  plantations  ont  fait  naître  se  réalisent,  il  y  aura  là  une 
véritable  bonne  fortune  pour  les  aoriculleurs. 

XVL  —  Les  prochains  concours  régionaux. 

Voici  le  relevé  des  déclarations  adressées  au  ministère  de  l'ai^ricul- 
tare  pour  les  trois  concours  régionaux  de  Vannes,  Digne  et  Troves  : 

Produits. 

Ifits. 

>anncs ^03  .M  ÔO  225  861  322 

Di.'^nc 165       (9       40       25        295       '^21 

Troyes 244      112       G7       90       1,591       C2(3 

il  y  aura,  on  outre,  à  Vannes,  59  lots  d'ostréiculture  et  43  lots 
d'engrais.  —  Le  concours  régional  de  Vannes  sera  dirigé  par  M.  de 
Lapparent,  inspecteur  général  de  l'agriculture;  celui  de  Digne,  par 
.M.  du  Peyrat,  inspecteur  général;  celui  de  Troyes,  par  M.  Vassillière, 
inspecteur  général  adjoint. 

XVII.  —  Sucres  et  betteraves. 

Dans  sa  dernière  session,  le  Conseil  général  de  l'Aisne  a  renouvelé 
le  vœu  qu'il  avait  déjà  formé  relativement  à  la  réforme  du  régime 


Espèce 

Espèce 

Espèce 

Animaux  de 

Machines  et 

bovine. 

ovine. 

porcine. 

de  basse 

cour. 

instruments. 

tètes. 

lots. 

têtes. 

lot». 

403 

:>i 

50 

225 

861 

165 

(9 

40 

25 

295 

244 

112 

67 

90 

1,591 

88  CHRONIQUE    AGRICOLE  (21  AVRIL   1883). 

fiscal  auquel  est  soumise  notre  industrie  suerière.  Ce  vote  a  été  émis 
sur  un  rapport  de  M.  Fouquet,  qui  a  rappelé  éloquemment  Ja  crise 
pénible  que  subit  cette  industrie,  et  qui  ressort  clairement  lorsque  l'on 
compare  la  production  du  sucre  de  betteraves  en  Franco  et  dans  les 
autres  pays.  «En  1878  79,  dit  M.  Fouquet,  la  France  produisait 
433  millions  de  kilogrammes  de  sucre,  l'Autriche  405,  rAllem;igne. 
4"2()-  en  1882-83,  la  France  produira  410  millions  de  kilogrammes, 
l'Autriche  500,  TAllemagne  850.  »  Le  rapprochement  de  ces  chifîres 
n'est-il  pas  suffisant? 

XVITI.  —  Nouvelles  de  Vétal  des  récoltes. 

Les  notes  que  nos  correspondants  nous  transmettent  signalent  un  \ 
amélioration  sensible  dans  les  conditions  apportées  par  le  temps  aux. 
travaux  de  la  culture.  M.  Maxime  Beauvilliers  nous  adresse  les  ren- 
seignements suivants  de  Marciliy-le-llayer  (Aube) ,  à  la  date  du 
1 1  avril  : 

«  Les  froids  survenus  en  mars  dernier  ont  eu  pour  résultat  favorable  d'arrêter 
la  sève  des  arbres  fruitiers,  et  en  cela  ils  sont  survenus  à  temps.  D'un  autre  côté, 
la  rigueur  de  la  tempéi^ature  a  retardé  les  ensemencements  des  avoines,  qu'il  a 
fallu  reporter  en  partie  dans  le  mois  d'avril.  On  les  achève  en  ce  moment.  On  se 
prépare  à  semer  les  orges. 

«  Les  seigles  ne  font  pas  une  aussi  belle  levée  que  l'année  dernière.  Ils  sont 
moins  serrés,  moins  drus,  moins  hauts  qu'en  1882  à  pareille  époque.  Il  faudra 
que  la  température  s'adoucisse  beaucoup,  pour  que,  suivant  le  dicton,  «  avril  ne 
se  passe  pas  sans  épi  ».  Le  mois  de  septembre  ayant  été  humide,  au  lieu  d'être 
sec,  telle  est  la  cause  pour  laquelle  les  seigles  laissent  à  désirer  en  ce  moment, 
car,  à  l'automne  de  1882,  les  seigles  n'ont  pu  être  faits  dans  la  poussière  comme 
cela  est  recommandé.  » 

M.  Petit-Laffitte,  dans  la  note  qu'il  nous  envoie  de  Bordeaux,  à  la 
date  du  8  avril,  constate  que  le  mois  de  mars  a  été,  dans  la  Gironde, 
absolument  défavorable  aux  travaux  agricoles  : 

«  Bien  que  le  mois  de  février  se  fût  montré  principalement  sous  l'influence  de 
l'hiver,  celui  de  mars  l'a  de  beaucoup  dépas-é  sous  cette  même  influence  ;  d'abord, 
par  une  période  de  froids  sérieux,  du  5  au  14,  puis  parles  pluies  qui  ont  terminé 
sa  durée.  Aussi  a-t-il  été  possible  de  lui  adresser  les  mêmes  reproches,  sous  le 
triple  rapport  des  travaux  à  terminer,  des  semailles  à  faire  et  du  tort  causé  déjà 
à  ces  irafiortantes  opérations. 

ce  Une  autre  crainte,  dont  les  appréhensions  ne  peuvent  être  encore  complètement 
dissipées,  c'est  celle  de  l'effet  qu'auront  pu  produire,  sur  la  vigne  taillée,  les  froids 
qui  ont  atteint,  en  macs,  du  5  au  16,  jusqu'à  — 6  degrés.  Déjà  l'on  avait  eu,  dans 
les  sept  derniers  jours  d-.  février,  du  22  au  28,  des  températures  ayant  donné  une 
moyenne  de  -f  13^.7  et  dont  l'action  et  la  durée  avaient  pu  mettre  tm  mouvement 
la  sève  de  cette  plante,  la  disposer  aux  changements  du  printemps,  et  aussi  l'ex- 
poser à  une  influence  complètement  opposée  et  d'autant  plus  dangereuse,  des 
froids  tardifs  et  relativement  aigus  de  mars. 

«  Enfin,  on  nous  permettra  de  rappeler,  à  l'appui  de  ce  que  nous  disions  après 
les  dernières  vendanges,  touchant  l'influence  avantageuse  que  pouvaient  encore 
procurer  aux  vins  en  provenant,  Taclion  du  temps  et  des  soutirages  auxquels  on 
les  soumet  en  mars,  ces  paroles  extraites  de  l'un  des  organes  de  publicité  les 
mieux  placés  pour  apprécier  de  tels  résultats  :  «  Les  soutirages  de  mars  se  font 
«  dans  d'excellentes  conditions  et  révèlent  une  bonification  réelle  de  la  récolte  de 
«  1882.  » 

Dans  le  département  de  Lot-et-Garonne,  on  commence  à  subir  la 
sécheresse;  c'est  ce  que  M.  Leyrisson  signale  dans  la  note  qu'il  nous 
envoie  de  Tridon,  à  la  date  du  1  5  avril  : 

«  Nous  voici  bien  à  bonne  heure  envahis  par  la  sécheresse,  et  surtout  par  les 
matinées  de  glace  qui  influent   désastreu-sement  sur  tous  nos  fourrages,  dont  le 


.    CHRONIQUE  AGRICOLE  (21  AVRIL   1883).  89 

retard  produit  un  malaise  général  sur  noLre  bétail  ;  les  blés  d'automne  jau- 
nissent dans  les  terrains  de  médiocre  qualité,  et  les  céréales  de  printemps  semées 
dans  des  sols  excessivement  tassés,  demanderaient  aujourd'hui  quelques  bonnes 
pluies  pour  bien  fixer  leurs  racines  ;  toutefois,  bon  nombre  de  cultivateurs  met- 
tent à  profit  ce  temps  de  sécheresse  pour  le  sarclage  des  blés  et  l'extirpation  des 
agrostis  ou  traînasses  qui,  cette  année-ci,  menacent  d'envahir  les  vignes,  consé- 
ouence  de  l'excessive  humidité  de  l'année  dernière,  et  on  |)eut  ajouter  de  l'insuf- 
fisance culturale.  On  réussit  à  merveille  au  moyen  des  raclages  ou  labours  extra- 
su})erliciels.  Les  labours  ordinaires  des  vignes  et  des  champs  se  font  bien. 

«  Malgré  les  gelées  persistants,  les  fleurs  de  nos  fruitiers  ne  sont  nullement 
atteintes;  il  y  en  a  d'épanouies.  Quant  aux  fruits,  nous  en  parlerons  plus  tard.  ■» 

M.  Raibaud-Lange,  dans  la  note  suivante  qu'il  nous  adresse  de 
Paillerols  (Basses-Alpes),  à  la  date  du  1 1  avril,  résume  les  effets  des 
gelées  de  mai  s  sur  les  cultures  arbustives  : 

ce  Les  gelées  de  mars  ont  fait  beaucoup  de  mal  dans  le  Midi  ;  tous  les  fruits 
ont  disparu.  Les  bourgeons  de  mûriers  ont  été  gelés  avant  leur  éclosion  ;  les  vers 
à  soie  en  souffriront;  la  récolte  des  cocons  ne  peut  qu'être  mauvaise.  Avec  cela, 
la  soie  baisse  toujours  ;  la  concurrence  de  la  Chine  et  du  Japon,  où  la  main-d'œu- 
vre est  abondante  et  bon  marché,  nous  écrase,  n 

La  première  quinzaine  d'avril  s'est  montrée  plus  clémente  que  Iq6  ' 
semaines  précédentes;  les  cultivateurs  en  ont  profité  pour  poursuivre 
et  achever  les  travaux  qui  avaient  subi  de  longs  retards.  La  végétation 
est  peu  avancée^  et  de  ce  fait  elle  est  moins  sujette  à  souffrir  des 
gelées  printanières  qui  peuvent  encore  survenir.  ■ —  D'après  les  nou- 
velles que  nous  recevons  d'Algérie,  la  pluie  a  été  abondante  pendant 
l'hiver  et  au  commencement  du  printemps,  de  telle  sorte  que  la  oiu- 
par',  des  cultures  se  présentent  dans  de  bonnes  conditioiis.  La  région 
des  plateaux  qui  souffrait  d'une  sécheresse  persistante  depuis  plu- 
sieurs années,  a  désormais  assez  d'eau  pour  avoir  des  pâturages  plan- 
tureux et  des  récoltes  abondantes;  les  troupeaux  pourront  être  recon- 
stitués^ au  moins  en  pirtie.  J.-A.    Bakral. 

SOCIÉTÉ    NATIONALE    D'AGRICULTURE 

Séance  du  18  avi^U  1883.  —  Présidence  de  M.  Dam.a'i. 

M.  Sacc,  correspondant,  envoie  de  Buenos-Ayres,  le  récit  de  ses 
voyages  en  Amérique,  de  1876  à  1882,  et  une  note  sur  la  sécheresse 
qui  désole  la  République  argentine. 

M.  Aureggio,  vétérinaire  militaire,  fait  hommage  d'une  étude  sur 
les  affections  farcino-morveuses  du  cheval  et  de  l'homme,  suivie  de 
l'historique  d'une  épizoot'ie  de  morve. 

AL  Barrai  présente  le  deuxième  volume  des  notions  d" agriculture  et 
dlwriiculture  à  l'usage  des  école  primaires,  rédigées  avec  M.  Henry 
Sagnier,  et  publiées  à  la  librairie  Hachette.  Il  présente  aussi  le  volume 
qu'il  vient  de  publier  sur  la  lutte  contre  le  phylloxéra. 

iM.  d'Esterno  demande  à  la  Société,  au  nom  de  le  Section  d'écono- 
mie, de  statistique  et  de  législation  agricoles,  d'émettre  le  vœu  sui- 
vant :  que  iM.  le  ministre  de  l'agriculture  veuille  bien  s'entendre  avec 
son  collègue,  M.  le  ministre  de  la  Justice,  pour  faire  connaître  quelle 
application  a  reçue,  depuis  la  circulaire  du  23  mars  1875,  la  loi  du 
27  juillet  1867  relative  à  la  répression  des  fraudes  eu  matière  d'en- 
grais. Ce  vœu  est  adopté. 

M.  d'Esterno,  abordant  la  question  du  crédit  agricole,  demande  à 
la  Société  de  renouveler  le  vœu  qu'elle  a  précédemment  émis  en  faveur 


90  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'AGRICULTURE  DE  FRANCE. 

de  la  liberté  du  cheptel.  —  Renvoi  à  la  Section  d'économie,  de  statis- 
tique et  de  législation  agricoles. 

M.  Mille  fait  une  communication  sur  les  résultats  acquis  à  Genne- 
villiers  par  l'emploi  des  eaux  d'égout  en  irrigation.  11  fait  connaître 
que  100,000  mètres  cubes  de  ces  eaux  sont  employés  aujourd'hui  pour 
arroser  550  hv'clares,  et  que  les  denrées  produites  sont  d'excellente 
qualité,  depuis  les  légumes  jusqu'au  lait  des  vaclies  nourries  avec 
les  fourrages  provenant  de  ces  irrigations.  M.  Mille  donne  aussi  des 
détails  sur  les  produits  multiples  que  l'industrie  peut  ùrer  des  dépôts 
qui  se  forment  dans  les  réservoirs  où  l'on  fait  reposer  les  eaux. 

La  Société  se  forme  en  comité  secret.  Henry  Sagnier. 

DES  TERRAINS  SALANTS  DU  SUD-EST 

Pcmerol  (liouches-du-Uhôae),  17  ayril  1883. 

Mon  cher  directeur,  si  vous  insérez  ma  note  sur  les  terrains  salants 
dans  le  Journal  de  Vagricxdlure,  je  vous  serai  obligé  d'y  joindre  ces 
quelques  lignes,  pour  lever  une  équivoque  qui  n'existe  pas  dans  ma 
communication  à  l'Académie,  mais  qui,  à  ce  qu'il  paraît,  s'est  élevée 
dans  l'esprit  de  quelques-uns  des  lecteurs. 

Je  n'ai  jamais  entendu  dire  que  votre  opinion,  et  encore  moins  votre 
action,  qui  sont  l'une  et  l'autre  d'un  si  grand  poids,  fussent  pour  rien 
dans  les  entreprises  de  dessalement  des  terrains  salants  de  la  Méditer- 
ranée; votre  communication  à  l'Académie  sur  les  dunes  d'Aigues- 
Mortes  est  plutôt,  par  la  mention  qu'elle  fait  des  terrains  salants  de 
ce  canton,  un  motif  de  découragement  que  d'encouragement. 

J'avais  en  vue  des  personnes  pleines  de  talent,  de  courage  et  d'ini- 
tiative, qui  ont  mis  la  main  à  l'œuvre  et  dont  l'insuccès  serait  pour 
tous  les  agronomes,  et  pour  moi  en  particulier,  un  véritable  chagrin. 
Vous  savez  qu'il  arrive  souvent  que  les  initiateurs  et  les  hommes  de 
progrès  ne  sont  pas  récompensés  matériellement  des  exemples  et  des 
leçons  qu'ils  nous  donnent. 

Je  voulais  aussi  détourner  un  certain  nombre  d'agriculteurs,  dont 
quelques-uns  m'ont  consulté,  de  suivre  un  exemple  dont  le  succès, 
qui  est  possible  et  que  je  souhaite,  me  paraît  avoir  quelque  analogie 
avec  celui  d'un  gain  dans  les  jeux  de  hasard,  avec  cette  différence, 
toutefois,  que  tout  est  noble  et  grand  dans  ces  entreprises  agricoles, 
et  qu'on  ne  peut  leur  opposer  que  l'excès  de  hardiesse. 

Veuillez  agréer,  etc.  .         P.  de  Gaspari?,'. 

Note  adressée  à  l'Académie  des  sciences  le  9  avril  1883. 

Dans  une  communication  récente  à  l'Académie,  M.  Barrai,  secrétaire 
perpétuel  de  la  Société  nationale  d'agricullure  de  France,  en  exposant 
dans  une  étude  très  intéressante  les  causes  du  succès  des  plantations 
de  vignes  sur  les  sables  du  cordon  littoral  d'Aiguës -Mortes,  signale,  à 
côté  de  ces  dunes  dessalées,  des  terrains  d'un  niveau  inférieur 
imprégnés  de  sel,  et  attribue  leur  état  à  un  phénomène  naturel;  ces 
terrains  seraient  d'anciens  étangs  en  communication  intermittente  avec 
la  mer  qui,  successivement  évaporés  et  remplis,  auraient  formé  des 
salines  naturelles  d'après  une  méthode  analogue  à  celle  qu'on  suit  pour 
les  salines  artificielles  du  littoral  de  la  Méditerranée  ou  de  l'étang  de 
Berre. 

Cette  explication    est  très  rationnelle  pour  les  cas  spéciaux  dont 


CES  TERRAINS  SALANTS  DU   SUD-EST.  91 

s'occupait  le  savant  secrétaire"  perpétuel  ;  mais,  cette  opin'on,  trop 
généralisée,  peut  entraîner  et  entraîne  en  effet  des  conséquences  pra- 
tiques dansjereuses,  en  faisant  croire  aux  agriculteurs  qu'ils  n'ont 
affaire  qu'à  des  dépôts  salins  limités  en  puissance  et  en  étendue,  en 
sorte  que  l'emploi  de  moyens  combinés  de  submersion  par  l'eau  douce, 
et  d'écoulement  ou  d'épuisement  des  terrains  salants  qui  ne  commu- 
niquent plus  depuis  longtemps  avec  la  mer,  suffirait,  au  bout  d'un 
petit  nombre d'aîinées,  pour  rendre  ces  terrains  stériles  à  la  culture  et 
spécialement  à  la  viliculture. 

Tout  en  admirant  le  courage,  Tesprit  d'entreprise  et  les  moyens 
ingénieux  employés  par  ceux  qui  ont  tenté  le  dessalement  de  ce  qu'on 
appelle  dans  le  Sud-Est  des  sansouïres,  j'ai  cru  nécessaire  d'appeler 
Taltention  des  agronomes  sur  les  conditions  du  problème  à  résoudre, 
afin  d'inspirer  aux  praticiens  de  laprudence  dans  l'emploi  de  leur  temps 
et  de  leurs  capitaux. 

Les  belles  études  de  M.  Peligot  nous  ont  appris  en  effet  que,  dans 
les  polders  de  la  mer  du  Nord,  une  fois  la  communication  entre  la  mer 
et  les  terrains  interceptée,  au  bout  d'un  petit  nombre  d'années,  par  le 
simple  épuisement  des  eaux  météoriques,  les  polders  sont  dessalés  et 
propres  à  toutes  les  cultures  que  comportent  le  climat  et  le  sol. 

Il  n'y  a  pas  de  comparaison  possible  entre  les  polders  et  les  terrains 
salants  de  la  basse  vallée  du  Rhône.  Dej)uis  bien  des  années  pour  un 
certain  nombre,  depuis  des  siècles  pour  la  plupart,  depuis  les  âges 
géologiques  pour  quelques-uns  d'entre  eux,  la  communication  avec  la 
mer  n'existe  plus.  Ils  ont  subi  constamment  l'action  des  eaux  météo- 
riques, du  débordement  des  rivières,  d'écoulement  par  des  canaux,  ds 
dessèchement  sans  communication  directe  avec  des  eaux  salées,  et 
cependant  leur  condition  ne  s'est  pas  modifiée;  ils  ont  toujours  été 
terrains  salants  et  le  sont  encore,  et  ne  portent  que  la  végétation  carac- 
téristique de  ces  terrains. 

La  première  conclusion  à  tirer  de  cette  observation  générale  est 
celle-ci  :  tout  au  moins  l'entreprise  de  dessalement  d'un  terrain  salant, 
tout  au  rebours  de  la  création  d'un  polder,  est  un  problème  indéter- 
miné. Que  le  dépôt  de  sel  qui,  par  les  eaux  souterraines,  entretient  la 
salure  soit  voisin  ou  éloigné,  on  ignore  sa  puissance,  et  par  consé- 
on  ne  sait  si  c'est  en  dix,  vingt  ou  trente  années  de  submersion  et  de 
drainage  ou  d'épuisement  qu'on  en  viendra  k.  bout.  Sans  doute  des 
combinaisons  rationnelles  multiplient  les  années,  et  peuvent  faire 
dans  un  temps  limité  ce  que  les  siècles  n'ont  pas  fait,  à  cause  r'*»  l'im- 
perfection des  écoulements  qui  n'étaient  souvent  que  des  écoulements 
de  surface  et  n'agissaient  que  dans  une  faible  mesure.  Mais  le  pro- 
blème n'en  reste  pas  moins  indéterminé,  et  les  accidents  inévitables 
et  connus  sont  bien  assez  redoutables  pour  l'agriculteur,  sans  y  joindre 
les  déceptions  de  l'inconnu,  la  poursuite  d'une  chance  heureuse. 

La  deuxième  conclusion  est  qu'en  tout  cas  on  ne  doit  jamais  tenter 
le  dessalement  de  terrains  depuis  longtemps  sans  communication  avec 
la  mer  à  un  niveau  de  plus  de  7  mètres  au-dessus  de  l'étiage  de  la 
Méditerranée  et  pourvu  depuis  longtemps  d'écoulements  invariables  ; 
on  ne  peut  raisonnablement  tenter  d'improviser  ce  qu3  les  siècles  n'ont 
pas  fait,  quand  on  ne  peut  augmenter  que  faiblement  par  des  sub- 
mersions temporaires  l'effet  des  eaux  douces  sur  les  terrains  salants. 
La  troisième  conclusion,  tirée  de  l'examen  du  bassin  géologique  et 


92  DES  TERRAINS  SALANTS  DU  SUD-EST. 

conforme  à  l'opinion  d'Emilien  Dumas,  de  Sommières,  géologue  très 
distingué,  et  du  comte  de  Gasparin,  est  celle-ci.  Puisqu'on  trouve 
encore  des  terrains  salants  à  des  altitudes  de  plus  de  100  mètres  au- 
dessus  du  niveau  de  la  Méditerranée;  puisqu'une  vaste  formation 
gypseuse  s'étend  de  Sainte-Victoire,  près  d'Aix,  jusqu'à  Malaucène,  au 
pied  du  mont  VentouX;,  puisque  toutes  les  sources  qui  émergent  dans 
la  basse  vallée  contiennent  en  des  proportions  variées  du  sel  marin, 
quoique  venant  à  eau  courante  delà  vallée  de  la  Durance;  puisque  les 
dépôts  de  sel  gemme  sont  souvent  les  associés  des  formations  gypseuses, 
n'est-il  pas  permis  de  craindre  que  les  sources  salées  qui  entretiennent 
la  salure  d'une  partie  des  sansouïres  ne  viennent  de  dépôts  éloignés 
et  indéfinis  en  étendue,  en  sorte  que  l'assainissement  de  ces  terrains 
serait  pour  cette  partie-là  un  problème  insoluble? 

En  tous  cas,  j'ai  cru  nécessaire,  en  raison  du  mouvement  agricole 
dont  je  suis  le  témoin,  d'appeler  de  nouveau  l'attention  sur  cette 
question  importante.  Paul  de  Gaspaf.tiv, 

Membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture,  correspond  ant 
de  l'Académie  des  sciences.  , 

DOSAGE  DE  L'ALCOOL  ET  DE  L'EXTRAIT 

DANS  LES  VINS  D'ANJOU 

L'exposition  générale  des  vins,  qui  a  eu  lieu  à  Bordeaux  en  1882, 
et  où  figurait  une  importante  collection  des  vins  d'Anjou,  qui  a  été 
récompensée  de  l'un  des  deux  grands  diplômes  d'honneur  décernés 
aux  vins  de  France,  nous  a  donné  l'idée  de  doser  V alcool  et  Yextrait 
de  ces  vins,  c'est-à-dire  les  deux  principaux  éléments  constitutifs  dont 
la  teneur  préoccupe  plus  particulièrement  le  commerçant. 

Nous  n'avions  pas  de  grande  route  tracée  devant  nous  pour  éclairer 
notre  marche,  puisque  çà  et  là  seulement  et  à  des  intervalles  très 
éloignés  déjà,  quelques  rares  jalons  avaient  été  plantés,  par  M.  Sebille- 
Auger  de  Saumur  et  par  M.  le  docteur  Edouard  Laroche  d'Angers,  et 
encore  leurs  observations  ne  portaient-elles  que  sur  quelques  essais  du 
vin  au  point  de  vue  du  titre  alcoolique.  Nous  avons  donc  dû  faire 
appel  à  la  bonne  volonlé  des  producteurs,  pour  nous  procurer  un 
nombre  d'échantillons  suffisant,  qui  nous  permette  de  donner  des  titres 
définitifs.  Nous  ne  saurions  trop  remercier  ceux  qui  ont  bien  voulu 
répondre  à  notre  appel.  Grâce  à  leur  concours,  nous  avons  pu  traiter 
1 8  tvpes  devins  blancs  des  coteaux  de  la  Loire,  un  égal  nombre  de  vins 
de  la  côte  du  Layon  et  enfin  18  échantillons  de  vins  rouges  de  diffé- 
rentes provenances. 

La  réputation  de  nos  vins  ne  date  pas  'd'aujourd'hui.  L'origine 
authentique  du  vignoble  angevin  remonte  certainement  avant  Charles 
le  Chauve,  puisque  l'une  de  ses  chartes,  datée  du  25  octobre  845, 
institue  une  donation  de  vigneàBessé,  enfaveurde  l'abbaye  de  Saint- 
Maur. 

Lorsque  les  Plantagenets  montèrent  surletrôned'Angleterre(1153), 
les  vins  du  comté  d'Anjou  étaient  servis  sur  leur  table  concurremment 
avec  les  vins  de  la  Guyenne.  Les  comptes  du  chancelier  de  l'Echiquier, 
souslerèsne  de  Henri  IIÏ  (1246),  nous  fournissent  encore  la  preuve  du 
goût  que  l'on  avait  à  la  cour  d'Angleterre  pour  les  vins  de  nos  coteaux. 

Au  temps  de  Louis  XIII  les  seigneurs  avaient  en  haute  estime  le 
vin  d'Anjou,  et  sous  la  tente  à  rarinée  et  au  cabaret  pendant  la  paix, 


DOSAGE   DE  L'ALGOOT.  ET  DE   L'ëXTKAIT   DANS  LKS   VINS  D'ANJOU-      93 

ils  aimaient  à  le  voir  pétiller  dans  leurs  verres,  et  grâce  à  lui,  trouvaient 
moins  longue  la  veillée  des  armes  et  faisaient  leurs  nuits  plus  joyeuses. 
Pendant  le  dix-septième  siècle  la  Compagnie  française  des  Indes 
Orientales  faisait  entrer  pour  une  partie  importante  dans  ses  approvi- 
sionnements, les  bons  vins  d'Anjou  et  ils  étaient  parfaitement  appréciés 
dans  ses  comptoirs  les  plus  éloignés. 

les  Antilles  et  plus  particulièrement  Saint-Domingue  en  consom- 
maient de  nombreux  tonneaux.  Les  vins  des  coteaux  supportaient 
parfaitement  ces  longs  voyages  et  résistaient  aux  changements  de 
climat  sans  en  souffrir. 

Il  est  encore  un  autre  peuple  qui  a  toujours  eu  pour  le  jus  de  nos  raisins 
une  prédilection  marquée,  c'est  le  peuple  Hollandais.  Longtemps  avant 
la  Révolution,  les  Hollandais  venaient  acheter  nos  vins.  Et  la  Compagnie 
hollandaise  des  Indes,  qui  avait  reconnu  qu'ils  gagnaient  en  qualité  en 
traversant  les  mers,  vint  elle  aussi,  à  l'exemple  de  la  Compagnie  des 
Indes  Orientales,  emprunter  aux  celliers  de  l'Anjou  les  meilleurs  vins 
pour  les  distribuer  dans  ses  innombrables  comptoirs.  Ceux  du  Saumu- 
rois  descendaient  la  Loire  en  bateau  jusqu'aux  Ponts-de-Cé,  à  un 
bureau  que  l'on  appelait  Y  embargo,  qui  a  disparu  comme  tant  d'autres 
souvenirs  du  temps  passé.  Là  les  tonneaux  étaient  transbordés  sur  de 
grands  chalands  qui  les  conduisaient  à  Nantes.  La  flotte  s'arrêtait  à 
Chalonnes-sur-Loire  pour  recevoir  les  vins  de  la  côte  du  Layon,  qui 
arrivaient  par  cette  rivière,  appelée  alors  canal  de  Monsieur,  dans  des 
barques  h  fond  plat. 

La  Hollande  et  la  Belgique  sont  restées  fidèles  à  la  tradition,  et 
chaque  année,  rx\njou  envoie  dans  ces  deux  pays  de  nombreux  ton- 
neaux. Nous  n'oserions  affirmer,  par  exemple,  que  les  vins  d'Anjou  y 
soient  toujours  livrés  avec  un  état  civil  parfaitement  en  règle.  Nous 
sommes  même  convaincu  que  souvent  on  les  baptise,  non  pas  avec 
de  l'eau  mais  bien  d'un  autre  nom.  M.  Guillory  aîné  rapporte  dans 
ses  mémoires  que  dans  un  voyage  qu'il  fit  en  Belgique  en  1828,  on 
lui  servit  du  vin  d'Anjou  dans  un  restaurant,  sous  le  nom  de  vin  de 
Jurançon.  Le  propriétaire  de  l'établissement  lui  avoua  d'ailleurs  sa 
supercherie  sans  détours. 

Les  poètes  aussi  ont  chanté  les  vins  d'Anjou,  Ronsard,  Joachim  du 
Bellay  et  d'autres  leur  ont  consacré  des  vers  charmants. 

Nous  nous  souvenons  encore  d'avoir  entendu  les  crieurs  du  vin 
nouveau  annonçant  au  lendemain  de  la  vendange  «  Si  a  bon  vin  frais 
et  novel,  »  en  faisant  toutes  sortes  de  facéties  qui  mettaient  le  vin  à 
la  bouche  du  passant  et  le  faisaient  entrer  chez  leur  patron.  La  corpo- 
ration des  crieurs  de  vin  dans  les  rues  d'Angers  était  très  ancienne, 
ses  droits  lui  avaient  été  confirmés  en  1445  parle  roi  Charles  Vil. 
Du  reste,  il  était  d'usage,  dit  M.  A.  de  Soland,  dans  le  Bullelin  histo- 
,rique  et  monumental  de  C Anjou,  qu'un  seigneur  possédant  des  vignes 
sur  son  fief  fît  vendre  son  vin  par  le  crieur. 

Il  nous  a  donc  semblé  intéressant  d'attirer  à  nouveau  l'attention  sur  un 
produit  qui  a  joui  non  seulementdune  grande  réputation  dans  le  passé, 
mais  qui,  encore  aujourd'hui,  demeure  très  apprécié  par  le  commerce 
étranger.  Longtemps  dédaigné  par  les  commerçants  de  l'entrepôt  de 
Paris,  il  semble,  depuis  quelques  années,  reprendre  de  la  faveur 
auprès  d'eux,  et  nous  voyons  maintenant  de  nombreux  chargements 
de  vins  se  faire  à  la  destination  de  Paris.    Cette  reprise  du   marché 


94      DOSAGF:  de   l'alcool  et   de  l'extrait  dans  les  VL\S   1)\\N.I0U. 

parisien  ne  nous  étonne  d'ailleurs  aucunement,  car  les  tableaux  qui 
vont  suivre  vont  mettre  à  tnême  d'apprécier  la  qualité  et  la  solidité 
des  vins  de  Maine-et-Loire;  après  en  avoir  pris  connaissance,  on  com- 
prendra tout  de  suite  que  ie  commerce  trouvera  dans  leur  emploi  de 
nombreux  avantages. 

Tableau  n"  ] .  —  Vins  blancs  de  la  cote  du  Layon. 

Années.                   Provenances.                           Nom  du  cépage.  Al<:ool"/„  Hxtraitp.  l,o(i(i  Dunsiléà  LS'" 

l,S8t         Chalonnes-sLir-Loiie Chenin  blanc'  U).9  30.7  1.004 

1881         Rochelort-sur-Loii-e —  12.;)  37.!)  1.00;". 

1871         .Saint-Aubiii-de-Liiigné.                        —  Ui.'.»  '23.!)  0.994 

1881          Fave —  1(;.9  l'3  !•  0  99'v 

1881         Thouarcé-Boniii'zejiux  . .                        —  1.).!)  37. '2  1.004 

1881         Beaulieu —  13. (»  33.2  0.998 

1874        Thouarcé-llonnezcaux  . .                        -^  15.0  27.0  (J.997 

1874  Faye —  13  0  41.2  I.OO4 

1873        Faye —  lô.O  45.,',  1.006 

1873  Saint-Aubin-de-'.uigiie  .                        —  12.9  24.!»  0.994 

1871         Faye ! —  12. .3  39.1  0.995 

1870        Saint-Aubin-de-Luit;né .                        —  14.5  43.5  1.011 

1870        Thouarcé —  16.5  46.0  1013 

7870        lieaiillcn —  17. 0  45.5  1.020 

1870  Beaulieu —  16.0  46.2  18009 

1869  laye —  14.5  43.5  1003 

18G9         Thouarcé —  17.5  29.0  0.988 

1864        Thouarcé —  13.5  41  2  1.010 

Moyennes •. 14.80  36.06 

Tableau  n"  2.  —  Vins  blancs  des  coteaux  de  la  Loire. 

Années.                   Provenances.                          Nom  du  cépage.  Alcool"/,  Extrait  p.  1. 000  Densité  à  15° 

1881        Ingrandes-siir-Loire Chenin  blanc.  12.3  27.0  0.976 

1881         Sainl-Germain-des-Prés.                       —  11.5  37.9  1.003 

1881        Saint-Georges-sur-LoMe.                        —  12.0  30.7  0.995 

1881         Bouchemiuie   —  12  0  38.!)  0.998 

1081         Savcnnières  (co..iée  de  Serrant).                        —  16.3  29.0  0.997 

1875  Ingraiules-sur-Loire....                          —  12.0  26.0  0.986 

1874  La  Meiguanne '                  —  J2.9  17.5  0.980 

1871  Bouchem;iine ■    —  10.0  34.2  1.004 

1870  Saint-Barthélémy —  16.0  36.1  1.010 

1870         Sainl-Barthélemy —  15.5  30.0  1.020 

1870         8aint-Barihé!emy —  15.3  2.S.0  0  988 

1870        La  Possoniiière —  17.1  37.0  0.997 

1869  Champtocé —  15.4  23.!)  0.990 

1868        La  l'ossonnière —  13.9  21. s  0.991 

I8u5         Savennières —  15.2  33.2  0.995 

I860        Saint-Barthélemv —  16.0  29.5  1.009 

1864  Ingrandes-sur-Loire —  13.7  23.0  0.988 

1,S5S         Savennières.. —  16.5  32.0  0  986 

Moyennes 14.094  29.913 

Tableau  n"  3.  —  Vins  rouges. 

Années.                   Provenances.                          Nom  du  cépage.  Alcool"/„  Extrait  p.  l.cioo  Detisitoà  l.i" 

1881        Gennes Grcslot.  10.3  22.0  0.996 

1881         Chalonnes-snr-Loire  . . . .                  Gamay.  9  0  1!).6  0.994 

1881         Thouarcé —  10.4  2 't.  9  0.997 

1881         Saint-Barthélémy —  11.0  21.2  0.995 

1881         Le  l'uy-Notre-Dame Côt  roage.  8  0  16.9  0.990 

1878        Sousay  (Champigny) Carbenet.  10.2  23.1  0.996 

1877         Chacé  (Champigny).   ...                      —  10.5  24.1  0.'J1)7 

1877         La  l'ossonnière  ...' —  10  0  23  9  O.W97 

1874        Montsoreau Chenin  noir.  11.5  27.6  0.996 

1874        La  Fossonniére Carbenet.  10.5  26.2  0.996 

1873         ltocheforl-.?ur-Loire....                  Gamav.  12.2  2!)  0  0.998 

1872  Saint-Aubin.... Chenin  noir.  12.0  24.8  0.995 

1870  Le  Puv-Notre-Dame —  13^.2  20.8  0.993 

1870        La  l'ossonnière Carbenet.  12.5  21.6  0.'J9h 

1865  Thouarcé.. Chenin  noir.  11.2  22.5'  0.996 

1865         Saint-Barthélemv —  12.0  25.5  0.997 

1858        La  Possonnière.!! Carbenet.  13.0  26.8  0.999 

185S        La  Possonnière —  10.0  20.8  0.v,'95 

Moyennes 10.. S8  22.29 

1.  rsous  restituons  dans  ces  laljieaux  au  cépage  qui  comptante  le  viguobie  du  département  de 
Maine-et-Loire  son  véritable  nom  de  chenin..  car  c'est  improprement  qu'on  le  désigne  sous  le 
nom  de  pineau,  dont  il  n'a  aucun  des  caractères  botaniques. 


nosACrE  DE  L'alcool  et  de  lextrait  dans  les  vins  d'anjou.    f5 

1.  —  Dosage  de  f  alcool.  —  Pour  doser  l'alcool  dans  les  vins  que 
nous  avions  à  examiner,  nous  avons  employé  l'alambic  de  Salleron  et 
l'ébulliscope  iMalligan,  et  nous  avons  déduit  les  titres  que  nous  pré- 
sentons dans  les  tableaux  \ ,  2  et  3  en  contrôlant  les  épreuves  qui  nous 
ont  été  accusées  par  ces  deux  appareils. 

Mais  en  raison  môme  delà  coutume  démettre  en  bouteilles  les  vins 
blancs  du  département  de  Maine-et-Loire,  dès  le  mois  de  février  et  de 
mars  qui  suivent  les  vendanges,  nous  nous  sommes  trouvé,  dans  un 
certain  nombre  d'échantillons  de  vins  vieux,  en  présence  de  sucre  de 
glucose  qui  n'avait  pas  été  atteint  par  les  germes  du  ferment,  soit 
qu'ils  aient  été  neutralisés  par  l'alcool  produit  ou  par  Tacide  carbo- 
nique provenant  de  la  fermentation  dans  la  bouteille. 

Pour  rendre  à  ces  vins  leur  valeur  effective  en  alcool,  nous  avons 
dû  doser  la  glucose  au  moyen  de  la  liqueur  cupro-potassique  de 
Fehling,  et  en  appliquant  la  formule  C  R''  0'-  =  4  Co"-]-  2  G*  H'  0\ 
nous  avons  rendu  à  ces  vins  leur  titre  alcoolique  réel,  en  retranchant 
toutefois  le  poids  de  la  glycérine  et  de  l'acide  succinique  qui  se  pro- 
duisent au  cours  de  la  fermentation,  et  aussi  la  perte  subie  par  la 
matière  organique  qui  sert  à  la  nourriture  du  ferment. 

Au  cours  des  distillations  que  nous  avons  faites  pour  titrer  les  vins 
blancs,  nous  avons  été  frappé  du  fait  suivant  :  dans  les  trente-six 
alcools  que  nous  avons  recueillis,  nous  avons  observé  que  chacun 
possédait  un  bouquet  différent  et  très  distinct.  Le  caractère  du  bouquet 
œnantique  s'accusait  surtout  dans  les  vins  comptant  plusieurs  années 
de  bouteille.  D'après  cela,  il  semble  donc  évident,  qu'au  fur  et  à 
mesure  que  le  vin  avance  en  âge,  il  s'opère  dans  ses  principes  consti- 
tuants des  transformations  intimes  que  la  science  ne  nous  a  pas  encore 
révélées. 

La  quantité  de  sucre  de  glucose  que  nous  avons  trouvée  dans  les  vins 
que  nous  présentons  avec  les  titres  de  1 5  à  1 7  pour  1 00  d'alcool,  varie 
de  10  à  15  grammes  pour  1000.  La  présence  constante  du  sucre 
dans  les  vins  blancs  d'Anjou,  alliée  au  bouquet  œnantique  qu'ils  pos- 
sèdent, nous  fournit  la  raison  pour  laquelle  ils  sont  recherchés  par  les 
gourmets.  Du  reste,  Olivier  de  Serres,  dans  son  Théâtre  de  l' agriculture, 
ne  dit-il  pas  que  les  vins  d'Anjou  sont  «  précieux  et  délicats.  »  Notre 
chroniqueur  Bourdigné,  pour  apprécier  justement  les  vins  de  son  pays, 
ne  trouve  rien  de  mieux  à  faire  que  d'emprunter  à  Pline  les  épilhètes 
dont  il  se  sert  pour  définir  les  qualités  des  vins.  Ils  sont,  dit  Bour- 
digné, formosa,  fortia,  fragranlia. 

IL  —  Dosage  de  l'extrait.  —  Le  dosage  de  l'extrait  a  pour  but  de 
déterminer  la  quantité  des  matières  fixes  et  minérales  renfermées  dans 
un  vin  et  de  faire  connaître  la  proportion  de  l'eau,  de  l'alcool  et  de  la 
glycérine. 

Pour  doser  l'extrait,  on  évapore  une  quantité  déterminée  de  vin  en 
la  maintenant  dans  une  étûve  à  100  degrés,  pendant  quatre  heures,  ou 
en  la  desséchant  dans  le  vide  à  la  température  ordinaire  :  nous  avons 
dû  nous  borner  au  premier  procédé  qui  est  du  reste  plus  pratique. 

L'eau  et  l'alcool  s'évaporent  d'abord  au  courant  de  la  manipulation, 
mais  la  glycérine  est  plus  difficile  à  chasser.  Il  faut,  pour  en  détermi- 
ner le  poids,  chauffer  à  nouveau  l'extrait  pendant  huit  heures,  et  on 
reconnaît  que  le  résidu  est  réellement  sec,  c'est-à-dire  débarrassé  de 
la  glycérine,  quand  après  deux  pesées  concordantes  son  poids  reste 


96     DOSAGE  DE  L'ALCOOL  ET  DE  L'EXTRAIT  DANS  LES  VINS   o'AN.IOU. 

le  même.  Cependant,  bien  que  ce  procédé  donne  ordinairement  une 
garantie  suffisante,  nous  avons  cru  devoir  mettre  les  extraits,  après  les 
avoir  fait  refroidir,  au-dessus  d'un  vase  contenant  de  l'acide  sulfurique 
concentré,  afin  de  les  dessécher  complètement.  C'est  après  cette  épreuve 
que  nous  avons  fait  les  pesées  de  contrôle. 

Nous  avons  dosé  la  glycérine  dans  trois  vins  blancs  des  coteaux  de 
la  Loire  et  dans  trois  vins  blancs  de  la  côte  de  Layon,  et  nous  avons 
trouvé  une  moyenne  de  0.49  pour  100,  soit  4.00  par  litre.  Nos 
recherches  de  la  glycérine  dans  un  même  nombre  de  vins  rouges  nous 
ont  conduit  aune  moyenne  de  0.38  pour  100,  soit  3.80  par  litre. 

IH.  —  Délerminalion  de  la  densité,  —  Il  nous  restait  à  déterminer 
la  densité  des  vins  d'Anjou.  Nous  nous  sommes  arrêté  à  la  méthode 
du  flacon.  On  prend  un  llacon  à  large  ouverture,  on  le  pèse  vide,  puis 
successivement  plei'n  d'eau  distillée  et  plein  du  vin  dont  on  cherche  la 
densité.  Retranchant  des  deux  dernières  pesées  le  poids  du  llacon,  on 
a  pour  reste  le  poids  de  l'eau  et  le  poids  du  vin  sous  le  même  volume. 
Si  donc  on  divise  le  second  poids  par  le  premier,  le  quotient  sera  la 
densité  cherchée. 

Il  nous  a  semblé  intéressant  de  rechercher  la  densité  des  vins 
d'Anjou  :  d'abord  parce  que  ce  travail  n'avait  pas  été  fait  et  ensuite 
parce  que  nous  voulions  poursuivre  notre  comparaison  entre  les  vins 
des  autres  vignobles  et  ceux  du  département  de  Maine-et-Loire,  même 
sur  ce  terrain-là.  Il  résulte  de  nos  observations  que  les  densités  des 
vins  du  département  de  Maine-et-Loire  sont  sensiblement  voisines  des 
densités  des  vins  de  Madère,  de  Champagne,  deBeigerac,  deSauterne, 
de  Beaune,  du  Rhin,  de  Porto,  etc.,  qui  sont  de  0.995,  de  1.020,  de 
1 .095,  de  0.993,  de  0.993,  de  0.995  et  de  0.998. 

Le  tableau  n°  1 ,  Vins  blancs  de  la  côte  de  Layon,  indique  pour  les 
crus  de  ce  vignoble  une  moyenne  pour  100  de  14.80  d'alcool,  et  en 
extrait  une  moyenne  de  36.66  pour  1000. 

Le  tableau  n°  2,  Vins  blancs  des  coteaux  de  la  Loire,  nous  donne  une 
moyenne  de  14.09  pour  100  d'alcool,  et  en  extrait  29.91  pour  1000. 

Nous  ferons  observer  que  le  titre  très  élevé  d'extrait  que  possèdent 
les  vins  blancs  de  la  Loire  et  du  Layon  doit  être  attribué  au  sucre  de 
glucose  qui  reste  dans  le  vin  ainsi  que  nous  l'avons  fait  remarquer 
plus  haut. 

Les  vins  rouges  du  tableau  n°  3  sont  moins  riches  en  alcool  que  les 
vins  blancs  de  la  Loire  et  du  Layon,  puisqu'ils  ne  nous  présentent 
qu'une  moyenne  de  10.88  pour  100  en  alcool,  et  une  moyenne  de 
22.29  pour  1000  en  extrait.  Mais  il  ne  faut  pas  croire  pour  ceJa  qu'ils 
soient  entachés  d'infériorité;  au  contraire,  leurs  titres  en  alcool  et  en 
extrait  prouvent  péremptoirement  qu'ils  ont  toutes  les  qualités  recher- 
chées dans  un  bon  vin  de  consommation. 

Si  l'on  compare  les  vins  rouges  des  vignobles  angevins  avec  les  vins 
du  Bordelais  et  les  vins  de  la  Bourgogne,  on  voit  que,  par  leur  titre 
alcoolique,  ils  en  sont  très  voisins,  puisqu'on  donne  aux  vins  du 
Médoc  des  moyennes  de  9  et  de  11  pour  1 00,  et  à  ceux  de  la  Bour- 
gogne des  moyennes  de  10  et  de  12  pour  100. 

Il  y  a  un  point  sur  lequel  j'appellerai  l'attention.  Les  différentes 
variétés  de  Gamay  qui  occupent  une  large  place  dans  le  vignoble  rouge 
créé  depuis  trente  ans  dans  Maine-el-Loire  et  qui  nous  sont  venues 
du  Beaif)olais,  sous  le  patronage  de  M.  Guillory  aîné,  sont  ici  un  peu 


DOSAGE  DE  L'ALGOOL   ET  DE  L'EXTRAIT  DANS  LES  VINS  D'aNJOU.      97 

plus  riches  en  alcool  que  dans  leurs  pays  d'origine.  En  effet,  alors 
qu'en  Anjou  ils  titrent  10  et  1.1  pour  100  d'alcool,  dans  le  Beaujolais, 
leur  teneur  ne  dépasse  pas  9,  9.40  et  9. GO  pour  100.  Ceci  esta  noter. 

Quanta  nos  vins  blancs,  ils  sont  incomparablement  plus  riches  en 
alcool  que  les  vins  de  la  Bourgogne  et  du  Bordelais.  En  etîet,  les  grands 
Sauterne  titrent  11  et  15  pour  100  et  les  premiers  crus  de  la  Bour- 
gogne ne  dépassent  pas  13.25  pour  100. 

Considérés  au  point  de  vue  de  l'extrait,  les  vins  de  Maine-et-Loire 
tiennent  également  un  très  bon  rang,  car  si  on  les  compare  aux  prin- 
cipaux vins  du  commerce,  nous  trouvons  que  les  vins  du  Cher  con- 
tiennent 18.4  pour  1000  d'extrait,  ceux  du  Roussillon  26.84  et  ceux 
de  l'Hérault  20.68. 

Les  vins  d'Anjou,  lorsqu'ils  sont  fabriqués  avec  tous  les  soins  qu'ils 
méritent,  sont  donc  dans  les  nieilleures  conditions  pour  être  recher- 
chés par  le  commerce.  C'est  ce  que  nous  nous  proposions  de  démon- 
trer :  nous  croyons  avoir  atteint  notre  but.  A.   Bouchard, 

Secrétaire  de  la  Société  industrielle  et  agricole  d'Angers, 

UNE  FERME  FRUITIÈRE 

SOUVENIR  DE  MON  DERNIER  VOYAGE  EN  ANGLETERRE  (MARS  1883) 

Au  cours  de  l'excursion  que  je  viens  de  faire  en  Angleterre,  je  me 
trouvais  dans  le  comté  de  Glocester  que  je  traversais  alors  en  tout 
sens  pour  visiter  les  éleveurs  de  durhams,  très  nombreux  dans  ce 
comté  essentiellement  pastoral  et  dont  le  climat  toujours  doux, 
même  dans  les  hivers  les  plus  rigoureux,  se  prête  admirablement  à 
l'élevage  des  bêtes  à  cornes  et  à  la  culture  des  fruits.  Je  passais  à  côté 
de  Toddington,  propriété  ancestrale  des  lords  Sudeley.  Je  fus  surpris 
de  voir  une  très  grande  étendue  de  terres  disposées  en  immenses  ver- 
gers et  complantées  d'arbres  fruitiers  de  diverses  espèces,  dont  l'âge 
témoignait  d'une  plantation  toute  récente.  C'est  la  ferme  fruitière  de 
de  lord  Sudeley,  fut-il  répondu  à  la  question  qui  jaillit  de  mes  lèvres, 
tant  ma  curiosité  était  excitée.  J'avais  en  effet,  devant  lès  yeux, 
une  étendue  de  plus  de  200  hectares  plantés  d'arbres  fruitiers,  qu'on 
me  dit  avoir  été  transformés  en  vergers  par  le  noble  propriétaire,  afin 
d'en  tirer  un  parti  lucratif,  le  fermier  précédent  ayant  abandonné  cette 
ferme,  laquelle,  faute  de  cultivateurs  à  bail,  était  restée  entre  les  mains 
de  lord  Sudeley.  Ainsi  je  voyais  un  des  effets  les  plus  remarquables 
delà  crise  agricole  qui  sévit  aujourd'hui  par  toute  l'Angleterre,  c'est- 
à-dire  la'  transformation  radicale  d'une  ferme  abandonnée,  comme  on 
en  voit  maintenant  un  si  grand  nombre  dans  tous  les  comtés. 

Le  noble  propriétaire,  ayant  à  sa  disposition  de  gros  capitaux,  ne 
pouvait  naturellement  se  résoudre  à  cultiver  lui-même,  d'après  la 
méthode  ordinaire,  cette  ferme,  pour  laquelle  il  n'avait  pu  trouver  un 
fermier  convenable.  Alors  il  s'était  imaginé  de  la  convertir  en  vergers, 
afin  d'en  tirer  un  profit  adéquate  à  la  mise  de  fonds  considérable 
que  cette  transformation  devait  nécessiter.  Le  commerce  et  la  pro- 
duction des  fruits  dans  les  comtés  du  Sud  et  du  Sud-Ouest  de  l'An- 
gleterre, où  la  proximité  de  la  mer,  échauffée  par  le  passage  du 
courant  des  Florides,  maintient  une  température  très  douce,  même  en 
hiver,  a  toujours  été  considérable.  Les  comtés  du  Nord,  où  le  fruit  ne 
vient  que  dans  des  étés  exceptionnellement  chauds,  ce  qui  est  très 
rare,  dépendent  pour  leur  approvisionnement  de  fruits  et  de  conserves 


98  UNE  FERME  FRUITIERE. 

de  fruits,  de  confitures,  etc.,  de  ces  comtés  privilégiés,  dont  le  climat 
est  si  favorable,  même  aux  primeurs,. à  tel  point  que  pendant  cette 
recrudescence  d'hiver  que  nous  avons  subie  pendant  presque  tout  le 
mois  de  mars,  j'ai  vu  dans  les  gares  des  chemins  de  fer  du  West 
Cornioall,  aux  environs  de  Penzanze,  d'immenses  chargements  de 
magnifiques  choux-fleurs,  emballés  dans  de  légers  paniers,  qu'on 
expédiait  sur  Londres  et  sur  les  grandes  villes  du  Centre  et  du  Nord 
de  l'Angleterre,  lesquels  avaient  été  cultivés  en  plein  air,  et  sans  abri 
d'aucune  sorte,  dans  les  nombreux  jardins  maraîchers  qui  couvrent 
cette  partie  de  la  Cornouaille  anglaise. 

A  mon  retour  à  Londres,  je  trouvai  justement,  dans  le  Journal  of 
horticulture^  la  description  de  cette  ferme  fruitière  de  lord  Sudeley, 
que,  à  mon  grand  regret,  je  n'avais  pas  eu  le  temps  de  visiter.  C'est 
dans  cette  description,  publiée  par  un  correspondant  très  compétent, 
que  je  puise  les  détails  suivants  qui  intéresseront,  j'en  suis  convaincu, 
les  lecteurs  du  Journal  de  V agriculture. 

Cette  ferme  fruitière  de  lord  Sudeley  est,  sans  contredit,  la  plus 
étendue  qui  existe  en  Angleterre,  et  j'allais  dire  en  Europe,  car  je 
ne  pense  pas  qu'il  y  ait  nulle  part  d'aussi  vastes  vergers.  Les  planta- 
tions consistent  en  rangées  d'arbres  de  haute  tige,  tels  que  poiriers, 
pommiers,  pruniers,  cerisiers,  et  ces  rangées  sont  assez  espacées  pour 
que  les  intervalles  soient  utilisés  par  la  plantation  et  la  culture  de 
groseilliers,  de  framboisiers,  de  noisetiers,  etc.,  qui  existent  à  pro- 
fusion tant  que  les  arbres  de  haute  tige  n'auront  pas  atteint  leur  déve- 
loppement normal. 

Ces  arbres  lors  de  mon  passage  n'avaient  guère  que  deux  ans  de 
plantation,  mais  les  buissons  fruitiers  avaient  déjà  atteint  de  bonnes 
proportions  et  paraissaient  devoir  déjà  donner  une  bonne  récolte  de 
fruits  dès  cette  année.  Quand  on  songe  qu'il  y  a  deux  cents  hectares 
plantés,  on  arrive  difficilement  à  se  faire  une  idée  du  nombre  immense 
des  arbres  qui  couvrent  ce  grand  espace.  Un  correspondant  du  Journal 
of  horticulture  nous  en  fournit  la  statistique  et  la  nomenclature.  C'est 
tout  simplement  merveilleux. 

Les  arbres  à  haute  tige,  tels  que  poiriers,  pommiers,  pruniers  et 
cerisiers,  sont  plantés  à  une  distance  d'au  moins  5  mètres  en  tous  sens 
et  en  rangées  régulières,  lesquelles,  dans  certains  endroits,  s'étendent 
sur  une  longueur  de  plus  de  deux  kilomètres.  Comme  je  l'ai  dit  plus 
haut,  les  intervalles  entre  les  rangs  sont  plantés  de  buissons  fruitiers. 
Il  y  a,  en  outre,  une  étendue  de  16  hectares  plantés  de  fraisiers,  et  lors 
de  mon  passage  on  était  occupé  à  défricher  une  vieille  pâture  d'une 
étendue  encore  plus  grande,  destinée  à  la  même  culture,  ce  qui  fera 
environ  40  hectares  de  fraisiers. 

On  a  déjà  planté  852  poiriers  comprenant  les  espèces  suivantes  : 
Beurré  (Tamanlis,  Louise-bonne  de  Jersey^  Jarqonelle^  Beurré  de  Capiau- 
mont,  Beurré  de  Pâques^  Bishops  Nu?nb  et  Doyenné  d'été.  Ces  espèces 
comprennent  à  peu  près  la  moitié  des  poiriers  plantés.  Je  n'ai  pu  me 
procurer  les  noms  des  autres  espèces,  mais  la  nomenclature  ci-dessus 
donne  une  idée  suffisante  de  la  formation  de  ces  vastes  vergers. 

Il  y  a  en  outre  environ  3,000  pommiers  plantés,  comprenant 
700  pommiers  de  haute  tige  de  l'espèce  connue  sous  le  nom  de 
Lord  Suffîeld,  300  Coœs  orange  pippin,  et  1 00  de  chacune  des  espèces 
suivantes  :  King  of  the  pippins,  Keswick  Codlin,   Grenadier,  Cellini  et 


UNE  FERME  FRUITIERE.  99 

Warner  S  King.  Ces  espèces  sont  bien  connues  en  Angleterre  où  elles 
jouissent  d'une  réputation  méritée.  Sur  ces  3,000  pommiers  1,383 
sont  en  pyramides,  les  autres  sont  do  haute  tige, 

11  y  a  en  outre  20,000  pruniers  coni[)renant  44  variétés,  dont  les 
principales  sont  comme  suit  :  'i,9J9  Vicloria;  1,054  Diamond; 
1,650  Orléins  hàtivs;  1,500  Pcarod^s  Seedllng;  1,382  Reine-Claude \ 
T;)3  Prolifique  hâtive  \  825  pranea  d'Orhkms  ancien  et  800  Compoie  d'au- 
loinne.  On  a  planté  en  outre  8,845  pruniers  de  Damas;  3,2G()  pruniers 
d'Agen;  700  de  y//-a?ie//edont  leCruit  est  très  estimé  en  Angleterre  pour 
faire  des  tartes.  Les  cerisiers  comprennent  9  variétés  divisées  en 
532  arbres  de  haute  tige.  Parmi  ces  variétés  il  y  a  109  Bigarreau  Napo- 
léon, 100  Cœur  noir,  50  Frognwre  hàtioe,  50  bigarreau  noir,  etc. 
Toutes  les  espèces  sont  les  plus  estimées  en  Angleterre. 

Les  buissons  fruitiers  comptent  un  nombre  immense  de  sujets.  Il 
n'y  a  pas  moins  do  167,000  plants  de  cassis,  dont  le  produit  dans  un 
temps  rapproché  sera  immense.  Les  groseilliers  à-  grappes  comptent 
100.000  plants.  Les  framboisiers  sont  plantés  au  nombre  de  5,000. 
Quant  aux  groseilles  à  maquereaux,  si  chères  aux  Anglais  pour  faire 
des  tartes  de  fruits  verts,  il  y  en  a  93,000  plantées,  divisées  en 
50  variétés. 

Ainsi  que  je  Tai  dit  en  commençant,  il  y  a  déjà  16  hectares 
plantés  en  fraisiers,  et  on  s'occupe  activement  de  transformer  un  an- 
cien pâturage,  d'une  plus  grande  surface,  pour  y  faire  dje  nouvelles 
plantations.  La  plus  grande  partie  de  cette  vaste  culture  est  destinée 
à  la  production  de  fruits  pour  faire  des  conserves  et  des  confitures. 
Les  variétés  cultivées  comprennent  les  fruits  les  plus  estimés  et  les 
plus  propres  à  la  table,  soit  comme  fruits  de  table,  soit  comme  fruits 
à  confitures.  On  a  dernièrement  reçu ,  à  Toddinglon,  20,000  kilog. 
de  sarments  de  fraisiers  d'une  espèce  connue  sous  le  nom  de  Ameri- 
can scarlet  (Ecarlate  d'Amérique;.  Les  fruits  de  cette  variété  sont 
petits,  mais  d'une  grosseur  régulière  et  d'une  couleur  ecarlate  très 
brillante,  couleur  qui  se  maintient  dans  les  confitures,  et  dont  la 
saveur  est  à  la  fois  riche  et  très  sucrée. 

100  noisetiers,  190  sapins  d'Ecosse  et  10,000  peupliers  plantés 
pour  former  des  abris,  complètent  le  total  général  de  338,400  arbres 
plantés  depuis  deux  ans  dans  cette  propriété. 

L'espace,  bien  que  comprenant  200  hectares,  a  été  économisé 
comme  pour  un  jardin  maraîcher.  Ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit,  les  arbres 
de  haut  e  tige  sont  espacés  à  5  mètres  en  tous  sens,  et  les  intervalles 
sont  occupés  pour  les  buissons  fruitieî's.  Les -pruniers,  dont  le 
nombre  est  considérable,  comme  on  l'a  vu,  occupent  toute  la  partie 
occidentale  de  la  ferme,  comprenant  77  hectares.  Entre  chaque  arbre, 
dans  l'alignement,  on  a  planté  deux  gro-ciiliers  ou  autres  buissons 
fruitiers.  Dans  les  intervalles,  entre  les  rangées,  se  trouve  le  môme 
nombre  de  buissons.  Dans  certains  endroits  favorables,  on  a  même 
planté  des  framboisiers  entrb  les  groseilliers  ;  mais  cette  plantation 
n'est  que  temporaire,  car  à  mesure  que  les  plantes  permanentes  se 
développeront,  on  enlèvera  ces  plantes  additionnelles  destinées  seule- 
ment à  utiliser  le  plus  grand  espace  laissé  par  les  buissons  récemment 
plantés  et  encore  peu  développés.  Sur  un  terrain  plus  élevé,  au-des- 
sus de  cette  partie  occidentale  de  77  hectares,  il  y  a  un  espace 
d'une  surface  d'environ  15   iiectares,  que   l'on    a  réservée  pour  la 


100  UNE  FERME -FRUITIÈRE. 

plantation  des  pruniers  de  Damas,  et  c'est  là  qu'on  a  planté,  dans  les 
intervalles,  les  plants  de  cassis,  entremêlés  de  framboisiers,  et  où  l'on 
a  ménagé  des  bandes  non  complantées  d'arbres  fruitiers  pour  la  culture 
des  fraisiers.  Les  intervalles  entre  les  poirierS'  et  les  pommiers  sont 
remplis  par  des  groseilliers  à  grappes,  de  sorte  que  pas  un  mètre  de 
terrain  ne  reste  inoccupé.  Il  est  évident  que  cette  culture  intensive 
ne  pourra  se  maintenir,  et  qu'on  sera  obligé  d'éclaircir  les  plantations 
à  mesure  que  les  arbres  et  les  buissons  fruitiers  se  développeront; 
mais  en  attendant  qu'on  en  soit  arrivé  à  cette  mesure,  on  pourra  récol- 
ter, sur  cette  multitude  pressée,  une  quantité  très  considérable  de 
fruits. 

La  question  qui  se  pose  naturellement  en  présence  de  cette  création, 
d'un  caractère  si  nouveau,  et  de  ce  moyen  insolite  de  tirer  parti  d'une 
ferme  abandonnée,  c'est  de  savoir  s'il  existera  un  débouché  suffisant 
pour  absorber  des  quantités  si  considérables  de  fruits,  provenant  de 
cette  immense  plantation  de  près  de  300,000  arbres  fruitiers. 

Cette  question  a  dû  naturellement  préoccuper  le  noble  propriétaire 
qui  a  eu  l'idée  de  cette  création  et  le  courage  de  l'exécuter.  Dans  quel- 
ques années,  en  effet,  la  production  sera  prodigieuse  et  il  faudra 
nécessairement  trouver  des  marchés  pour  l'écouler.  C'est  un  pro- 
blème, qu'en  homme  pratique,  lord  Sudeley  a  résolu  en  passant  un 
marché  avec  un  industriel  également  entreprenant,  M.  P.  W.  Beack, 
de  Londres^  qui  s'est  engagé  à  prendre  chaque  année  toute  la  récolte 
de  ces  200  hectares  de  vergers,  soit  pour  la  vente  comme  fruits  de 
table,  soit  pour  la  fabrication  de  conserves,  de  confitures  et  de  confi- 
series. M.  Beack  possède  une  longue  expérience  comme  producteur 
de  fruits  et  comme  fabricant  de  conserves.  Il  sait  donc  bien  que, 
quelle  que  soit  la  quantité  de  fruits  que  lord  Sudeley  pourra  lui  livrer 
chaque  année,  il  en  trouvera  le  placement,  surtout  avec  cette  considé- 
ration que  ces  fruits  seront  de  la  meilleure  qualité  et  exempts  de  toute 
falsification. 

A  ce  propos,  le  correspondant  du  Journal  dC horticulture  de  Londres 
observe  qu'il  existe  des  fabriques  où  l'on  produit  avec  un  mélange  de 
navets,  des  confitures  dites  de  fruits  dont  la  saveur  et  la  couleur  sont 
dues  à  des  extraits  de  goudron  de  gaz  et  autres  ingrédients  également 
nuisibles  à  la  santé  des  consommateurs.  Devant  une  fraude  aussi 
éhontée,  laquelle  trouve,  paraît-il,  des  acheteurs,  on  est  en  droit  de 
conclure  que  les  conserves  faites  avec  des  fruits  frais  et  sains  ne  man- 
queront pas  de  nombreux  amateurs. 

Envoyant  cette,  étrange  transformation  d'une  ferme  qui  menaçait 
de  ne  plus  rien  produire  à  son  propriétaire,  je  me  suis  demandé  si 
l'idée  originale  de  lord  Sudeley  ne  pourrait  pas  être  adoptée  par  les 
propriétaires  de  nos  vignes  phylloxérées  et  cela  avec  des  chances  infi- 
'  niment  plus  grandes  de  succès;  notre-  climat  convenant  beaucoup 
mieux  à  cette  culture  d'urbres  fruitiers,  que  même  le  Gloucestershire. 
L'adaptation  des  bâtiments  d'exploitation  aux  exigences  de  cette 
nouvelle  culture  est  d'ailleurs  facile  et  peu  dispendieuse.  Lord  Sudeley 
s'occupe  actuellement  de  transformer  les  bâtiments  de  la  ferme  en 
question,  pour  en  faire  une  usine  à  conserve.  Il  y  a  naturellement  un 
grand  avantage  à  traiter  les  fruits  au  lieu  môme  de  leur  production. 
On  évite  ainsi  de  grands  risques  de  détérioration  et  de  grands  frais  de 
transport.  F.-R.  de  la  TMÉllo^?^AIs. 


EMPLOI  DQ  SULPOGARBONATE   DE   POTASSIUM.  101 

EMPLOI  DU  SULFOGARBONATE  DE  POTASSIUM 

CONTRE  LE  PHYLLOXERA  DANS  LE  MIDI  DE  LA  FRANGE 

Depuis  plus  de  cinq  années  que  j'emploie  le  suUbcarbonate  de 
potassium,  avec  beaucoup  de  succès  dans  le  Midi,  il  m'a  été  permis  de 
faire  un  grand  nombre  d'essais  comparatifs  et,  après  m'être  rendu  un 
compte  exact  des  résultats  obtenus,  dans  tous  les  sols  de  notre  région, 
je  crois  pouvoir  indiquer  le  meilleur  mode  d'emploi  de  cet  excellent 
insecticide. 

Pour  la  région  du  Midi,  où  les  souches  sont  très  espacées  les  unes 
des  autres  et  dont  le  système  radicu-aire  est  très  développé,  on  doit 
faire  au  pied  de  chaque  cep  une  cuvette  pour  contenir  la  solution  toxique, 
sans  mettre  les  premières  racines  à  découvert. 

Dans  chaque  cuvette,  on  verse  40  litres  d'une  solution  sulfo- 
carbonatée,  renfermant  100  grammes  de  sulfocarbonate  de  potassium 
dosant  : 

Ib  pour  100  de  sulfure  de  carbone 
22      »       »    de  potasse  (KO). 

Si  les  ceps  ont  moins  de  trois  ans,  on  ne  met  que  70  grammes  de 
sulfocarbonate,  dans  30  litres  d'eau,  soit  30  litres  de  solution. 

Les  doses  indiquées  ci-dessus  sont  très  elïicaces  sur  les  insectes  : 
mais,  elles  ne  le  sont  pas  autant  sur  les  œufs.  Or,  du  mois  de 
novembre  à  la  fin  d'avril,  il  n'y  a  que  des  jeunes  plxylloxeras  sur  les 
racines,  et  de  fin  avril  à  la  fin  d'octobre,  elles  sont  couvertes  d'insectes 
et  d'œufs.  L'époque  du  traitement  est  donc  tout  indiquée  :  c'est 
pendant  cette  période  d'hibernation  du  phylloxéra  qu'il  faut  l'attaquer. 
On  peut  affirmer  que  tout  traitement  qui  sera  fait  avant  ou  après  ces 
deux  dates,  ne  remplira  pas  le  double  but  qu'on  se  propose  en 
employant  cet  insecticide  :  détruire  r insecte  sans  nuire  aux  racines. 
Un  grand  nombre  d'œufs  étant  épargnés,  on  aura,  étant  donnée  la 
faculté  prodigieuse  de  reproduction  du  puceron,  de  nombreux  phyl- 
loxéras sur  les  racines,  quelques  jours  après  l'opération.  L'effet  insec- 
ticide sera  donc  presque  nul.  On  aura  seulement  les  bénéfices 
d'un  maigre  arrosage  à  l'eau  sulfocarbonatée,  très  avantageuse- 
ment remplacé  par  un  copieux  arrosage  à  l'eau  pure,  coûtant  bien 
moins  cher. 

Pour  ceux  qui  n'auront  pas  pu  entreprendre  le  sulfocarbonatage  de 
leurs  vignes  l'hiver,  et  qui  ont  l'intention  de  le  pratiquer  l'hiver  sui- 
vant, je  conseille,  dans  ce  but,  d'amoindrir  les  effets  désastreux  de  la 
réinvasion  estivale  par  l'emploi  du  sulfocarbonate  au  mois  de  juillet 
ou  d'août  ;  seulement,  il  faudra  diminuer  de  ~  la  dose  du  sulfocarbonate  ; 
autrement  on  s'exposerait  à  griller  les  souches  traitées. 

Jusqu'à  ce  jour,  on  s'est  contenté  de  préparer  la  solution  sulfo- 
carbonatée, dans  de  grands  réservoirs  en  métal  ou  en  bois  et  de  puiser 
la  solution,  après  avoir  eu  soin  d'agiter  convenablement,  avec  des 
seaux  ou  des  arrosoirs,  pour  la  porter  aux  pieds  des  souches;  puis, 
dans  le  but  de  faire  enfoncer  plus  profondément  la  solution  dans  le  sol, 
on  arrose  à  l'eau  pure  le  fond  des  cuvettes,  après  imbibition  complète 
de  la  solution  sulfocarbonatée.  On  voit  de  suite  que  les  résultats  de 
l'opération  sont  subordonnés  à  l'attention  de  l'ouvrier,  qui  pourra 
oublier,  soit  de  remuer,  pour  assurer  un  mélange  intime  du  sulfo- 


102 


EMPLOI  DU  SULFOGAKBONATE    DE  POTASSIUM. 


carbonate  avec  l'eau,  les  deux  liquides  n'ayant  pas  la  même  densité, 
soit  de  remplir  les  mesures,  ce  qui  donnera  des  dosages  complètement 
dilïerenls;  une  partie  des  souches  recevra  une  dose  suili santé  et  d'autres 
souches  une  dose  trop  forte. 

On  se  trouvera  très  bien  d'employer  un  bidon  doseur  a\ec  lequel  on 
dose  exactement  l'eau  et  le  sulfocarbonale  à  mettre  par  chaque  cep. 
Ce  bidon  (figures  6  à  10)  se  compose  tout  simplement  d'un  seau 
cylindrique  A'  en  tôle  galvanisé,  muni  d'une  anse  B';  sur  le  bord 
supérieur  est  fixé  un  petit  mesureur  en  plomb,  K,  qui  se  meut  autour 


Fie-.  6.  —  Bidon  doseur  de  M.  (^uleroii'. 


Fig.  7.  —  Coupe  verticale  suivant  la  ligne  AB. 


d'une  tige  G,  fixée  au  bord  par  une  petite  chape  I.  Ce  mesureur  con- 
tient juste  la  dose  à  mettre  par  souche.  On  le  remplit  de  sulfocarbonale 
à  l'aide  d'une  cafelière  renfermant  le  liquide^;  une  fois  plein,  on  n'a 
plus  qu'à  la  faire  basculer  à  l'aide  d'une  clef  à  T,  qui  est  fixée  à  l'ex- 
trémité de  la  tige  G,  pour  faire  déverser  le  contenu  dans  le  bac  A'  que 
^^  l'on  remplit  d'eau.  La  solution  ainsi  formée  est 
versée  au  pied  de  la  souche,  et  ainsi  de  suite 
pour  celles  que  l'on  veut  traiter. 

Je  ne  verso  pas  de  l'eau  claire  dans  les  cu- 
vettes, après  imbibition  de  la  solution,  parce 
que  j'ai  reconnu  qu'en  agissant  ainsi  on  épar- 
gnait un  grand  nombre  de  pucerons  qui  se  trou- 
vent sur  les  racines  superficielles,  et  que,  pour 
que  l'insecte  fut  tué,  il  fallait  que  la  solution 
sulfocarbonalée  restât  en  contact  avec  lui. 

Après  imbibition  complète  de  la  solution,  on 
applique  les  engrais  et  on  recouvre  les  cuvettes  en 
pig.  8.  — Coupe  horizontale     l'amenant  la  terre  au  pied  de  chaque"souche  traitée. 

Le  sulfocarbonate  de  potassium  est  un  excel- 
lent insecticide,  et,  grâce  à  lui  nous  pourrons  conserver  une  grande 
partie  de  notre  beau  vignoble. 

Depuis  que  je  m'occupe  du  traitement  des  vignes  phylloxérées  par 
le   sulfocarbonate  de  potassium,  j'ai   fait  un  grand  nombre  d'essais 

1.  L'appareil  doseur  de  la  ligure  6  fonciionne  par  un  mouvement  oscillant  de  droite  à  gauche, 
au  moyen  d'un  té,  et  revient  toujours  à  la  position  verticale. 

1.  Je  fais  construire  en  ce  moment  un  autre  bidon  (fig.  9)  afln  de  supprimer  la  cafetière  ren- 
fermant le  sulfocarbonate  pour  le  bidon  (fi^'.  fi). 


EMPLOI  DU  SULFOCARBONATE   DE  POTASSIUM.  103 

comparatifs.  J'ai  conservé  mon  vignoble^  et  mes  tonneaux  sont  pleins 
de  vin  comme  avawt  la  maladie,  tandis  que  mes  voisins,  qui  n'ont  pas 
traité,  ont  perdu  et  arraché  la  plus  grande  partie  de  leurs  vignes. 

Première  année.  —  Dans  cette  première  année,  je  me  suis  contenté  de 
suivre  avec  beaucoup  d'attention  tous  les  traitements  au  sulfocarbonate 
qui  ont  été  entrepris,  sur  une  assez  grande  surface,  dans  les  arron- 
dissements de  Béziers  et  de  Montpellier.  Je  me  suis  vite  aperçu  que 
les  résultats  étaient  variés. 

Les  traitements  faits  avec  une  dose  de  sulfocarbonate  de  50  à 
75  grammes  dissous  dans  20  litres  d'eau,  plus  5  litres  d'eau  claire 
versés  par-dessus,  ont  donné  des  résultats  très  irréguliers.  Les  vignes 
traitées  étaient  relativement  belles;  mais  en  examinant  les  souches 
séparément,  on  constatait  des  différences  très  grandes. 

Les  traitements  faits  avec  des  doses  d'eau  et  de  sulfocarbonate  plus 


Fis.  9.  —  Deuxième  forme  du  bidon  doseur'. 


Fig.  10.  —  Coupe  verticale  du  bidon  doseur. 


fortes  présentaient  également  de  grandes  irrégularités,  et  souvent 
môme  on  constatait  la  mort  de  quelques  souches. 

Deuxième  année.  —  L'année  suivante,  je  divisai  par  parties  égales 
plusieurs  de  mes  vignes,  et  je  fis  verser  moi-même,  dans  les  cuvettes 
pratiquées  au  pied  de  chaque  cep,  des  doses  d'eau  et  de  sulfocarbonate 
différentes. 

J'employai  de  50  à  150  grammes  de  sulfocarbonate  et  de  20  à 
50  litres  par  souche. 

Jusqu'à  la  dose  de  100  grammes  de  sulfocarbonate,  je  n'ai  pas  eu  à 
enregistrer  un  seul  cas  de  mort;  mais,  avec  des  doses  variant  de  100 
à  150  grammes,  j'ai  grillé  un  assez  grand  nombre  de  souches,  surtout 
en  traitant  après  le  mois  d'avril.  Les  doses  qui  m'ont  donné  les 
résultats  les  plus  réguliers,  sont  celles  de  90  à  100  grammes  de  sul- 
focarbonate dilué  dans  30  litres  d'eau,  plus  10  litres  d'eau  pure.  Avec 

1.  L'appareil  doseur  de  la  fi^'ure  9  foni^liLiane  par  un  mouvement  de  pression  sur  la  tige  verti- 
cale A,  qui  ouvre  le  fond  du  ;iodet  doseur  c  quand  il  est  rempli  de  liquide.  Un  robinet  D  est  dis- 
posé, à  cet  effet,  sous  le  récipient  de  sulfocurLonate  B. 


104  EMPLOI  DQ  SULFOGARBONATE  DE   POTASSIUM. 

ces  doses  je  n'ai  pas  compromis  le  système  radiculaire  et  l'effet  insecti- 
cide a  été  aussi  satisfaisant  qu'avec  des  doses  plus  fortes.  Seulement,  sur 
toutes  les  racines  superficielles  je  trouvais,,  quelques  jours  après  l'opé- 
ration, un  assez  grand  nombre  d'insectes  vivants,  et,  au  mois  de 
juillet,  en  faisant  des  fouilles  nouvelles,  je  trouvais  toutes  les  racines 
couvertes  d'insectes,  ce  qui  annulait  les  bons  effets  produits  par  mes 
traitements.  C'est  alors  que  je  fis  sur  quelques  souches  un  deuxième 
traitement  avec  75  grammes  de  sulfocarbonate  dilué  dans  30  litres 
d'eau,  plus  10  litres  d'eau  claire,  en  même  temps  que  sur  un  petit 
nombre  d'autres  souches  j'employais  des  doses  plus  fortes.  Les  fouilles 
faites  quelques  jours  après  l'opération  prouvèrent  que  ces  solutions 
n'avaient  pas  détruit  tous  les  œufs  et  que  les  insectes  des  racines 
supérieures  avaient  même  été  épargnés. 

En  résumé,  il  résulte  des  traitements  de  cette  deuxième  année 
d'expériences  :  que  les  doses  de  50  à  75  grammes  de  sulfocarbonate, 
dilués  dans  20  litres  d'eau,  soit  20  litres  de  solution,  plus  5  litres 
d'eau  claire,  ne  sont  pas  suffisantes,  pour  débarrasser  complètement 
la  souche  de  tous  les  pucerons  ;  qu'avec  des  doses  trop  fortes,  on  com- 
promet une  grande  partie  des  racines  et  que  souvent  même  on  tue  les 
souches;  tandis  qu'en  employant  de  90  à  100  grammes  de  sulfocai'- 
bonate,  dans  30  litres  d'eau,  plus  10  litres  comme  eau  de  lavage,  on 
débarrasse  les  racines  inférieures  du  phylloxéra,  lorsque  l'on  opère 
avant  la  ponte  des  insectes,  c'est-à-dire,  lorsque  les  traitements  sont 
faits  avant  la  fin  d'avril. 

Troisième  année.  —  Les  traitements  ont  été  pratiqués  du  15  janvier 
au  20  avril.  Seulement,  comme  dans  mes  précédents  traitements,  je 
trouvais  toujours  quelques  jours  après  l'opération,  des  phylloxéras 
vivants  sur  les  racines  superficielles,  j'ai  pensé  que  cela  pouvait  être 
dû  à  l'eau  claire  versée  dans  les  cuvettes,  après  imbibition  de  la  solu- 
tion sulfocarbonatée. 

Pour  savoir  si  j'étais  dans  le  vrai,  j'ai  choisi  deux  vignes,  complè- 
tement envahies  par  le  phylloxéra  : 

La  première,  A,  de  1220  souches,  dans  un  terrain,  silico-argileux  ; 
l'autre,  B,  de  1780  souches,  dans  un  terrain  caillouteux  et  argileux. 

L  Voici  les  résultats  constatés  dans  la  première  : 

Vigne  A.  Carré  n"  1  a  reçu  90  grammes  de  sulfocarbonate  dilué  dans  40  litres  d'eau, 
n»  2       —      90  —  —  30  4-10 

n"  3      —      90  —  —  20  +  20 

L'opération  a  été  faite  du  1  5  au  19  mars.  Le  1 5  avril  je  fis  les  fouilles 
au  pied  de  presque  toutes  les  souches  traitées.  Voici  ce  que  j'ai  observé  : 

Carré  n°  \ .  —  Pas  un  seul  puceron  sur  les  racines,  partout  où  la 
solution  avait  pénétré. 

Carré  n"  2.  —  Quelques  pucerons  sur  les  racines,  les  plus  rappro- 
chées du  fond  des  cuvettes. 

Carré  n°  3.  —  Les  racines  supérieures  étaient  couvertes  d'insectes 
vivants,  comme  avant  l'opération. 

IL  Dans  la  vigne  B  les  effets  ont  été  absolument  les  mêmes;  on  avait 
employé  1 00  grammes  de  sulfocarbonate  par  souche,  dose  par  consé- 
quent trop  élevée.  Les  phylloxéras  que  l'on  trouvait  vivants  sur  les 
racines  superficielles  des  souches  traitées  quelques  jours  après  l'opé- 
ration, avaient  donc  bien  été  épargnés  par  l'intervention  de  l'eau  pure 
versée  par-dessus  la  solution. 


EMPLOI   OU   SULF0CARJ50NATE  DE  POTASSIUM.  105 

En  résuin'i  :  opérer  de  novembre  à  avril;  employer  de  90  à  100 
grammes  de  sulfocarbonate  par  souche  et  réduire  à  70  grammes  pour 
les  vignes  jeunes;  ne  point  ajouter  d  eau  pure  après  la  dissolution  sul- 
focarbonatée  ;  pour  les  taches  découvertes  en  été,  faire  deux  traitements 
à  huit  ou  dix  jours  de  distance  et  à  dose  réduite  d'un  tiers,  le  second 
étant  destiné  à  faire  périr  les  insectes  provenant  des  œufs  épargnés  par 
le  premier.  Culeron, 

proprielairo  à  tBéziers  (Héraul) 

L^ÉGHANGE  DES  PARCELLES  DE  TERRAIN 

Tout  le  monde  l'avoue  :  aucune  des  promesses  faites  à  l'agriculture 
n'a  été  tenue  jusqu'ici.  Dans  le  Nord,  la  situation  très  compromise  de 
la  sucrerie  française  appelle  ou  une  réforme  de  la  base  de  l'impôt  sur 
le  sucre  indigène,  ou  une  élévation  des  droits  sur  les  sucres  étrangers. 
Dans  le  Midi,  on  réclame  ou  le  vinage  à  prix  réduit,  ou  également  une 
élévation  des  droits  de  douane  sur  les  alcools  allemands  introduits 
sous  forme  de  vins  par  nos  frontières  d'Espagne  et  d'Italie;  on  y 
demande  en  vain  l'exécution  du  canal  du  Rhône  pour  le  développe- 
ment des  irrigations.  Quant  à  la  réduction  de  l'impôt  foncier,  on 
semble  perdre  tout  espoir  à  ce  sujet.  Nos  législateurs,  tout  en  regret- 
tant qu'aucune  de  ces  questions  d'un  intérêt  majeur  ne  puisse  aboutir, 
se  rejettent  sur  l'état  de  nos  finances,  sur  le  maintien  obligatoire  de 
l'équilibre  du  budget,  équilibre  qui  est  cependant  l'objet  d'un  doute 
pour  beaucoup  de  monde.  Mais  enfin  l'agriculture  se  ruine,  et  on 
sera  bien  avancé,  disait  il  y  a  quelque  temps  M.  Barrai  dans  ce  Journal, 
lorsqu'on  aura  rendu  sa  ruine  irrémédiable?  les  hnances  s'en  por- 
teront-elles mieux  ? 

Cependant  on  annonce  que  le  grand  conseil  de  l'agriculture  créé 
sous  un  précédent  ministère,  vient  de  se  réunir,  que  des  commissions 
ont  été  nommées  et  que  des  mesures  législatives  et  administratives 
vont  être  prises.  Ce  conseil  a  entendu  du  reste  le  rapport  de  M.  Jametel 
sur  la  proposition  de  laisser  aux  communes  deux  journées  de  presta- 
tion sur  trois,  pour  la  confection  et  l'entretien  de  leurs  chemins  vici- 
naux et  ruraux.  On  sait  en  effet  qu'il  est  des  communes  oîi  par  les 
exigences  des  chemins  de  grande  communication  et  d'intérêt  commun, 
une  seule  journée  sur  trois  peut  seule  être  réservée  aux  chemins  vici- 
naux et  ruraux.  On  ne  peut  qu'applaudir  à  cette  proposition,  et  si  de 
plus  le  principe  de  la  prestation  était  maintenu  et  qu'administrative- 
ment  le  ministre  de  l'intérieur  voulût  bien  recommander,  par  l'entre- 
mise des  préfets,  lemploi  des  prestations,  de  manière  à  ce  qu'elles 
soient  appliquées,  autant  que  possible,  sur  les  portions  de  chemins 
les  plus  voisines  de  la  demeure  de  ceux  qui  les  exécutent,  la  voirie 
communale  n'aurait,  selon  nous,  plus  rien  à  demander.  Mais  enfin 
une  pareille  mesure  toucherait  gravement  aux  finances  des  dépar- 
tements. 

Il  en  est  une  autre  au  contraire  proposée  à  la  Chambre  par 
MM.  A.  Girard  et  Jametel,  qui  a  été  l'objet  d'un  rapport  favorable  au 
nom  de  la  Commission  chargée  de  l'examiner,  et  qui  occasionnerait 
peu  de  sacrifices  à  l'Etat,  En  effet,  on  parle  d^une  somme  de  800,000  fr., 
chiffre  qui  n'est  qu'une  illusion  en  face  d'un  budget  de  3  milliards. 
Celte  mesure  qui  est  du  reste  réclamée  depuis  longtemps  par  Tagri- 


106  r/ÉCIfANGK   DHS    PAUOKf.LES  DE   TERRAIN. 

culture,  c'est  l'échange  sans  droits  ou  à  des  droits  très  minimes  des 
parcelles  de  terre  contiguës  ou  même  non  contiguës,  mais  situées  dans 
la  même  commune.  La  proposition  de  M.  Jametel  qui  paraît  connaître 
la  campagne  et  ses  besoins  immédiats,  n'est  pas  aussi  large,  nous 
devons  le  reconnaître  ;  l'honorable  député  demande  seulement  une 
modification  à  l'article  4  de  la  loi  du  27  juillet  1870  et  un  droit  fixe 
d'un  franc  sur  les  échanges  des  immeubles  ruraux  non  bâtis,  situés 
dans  le  même  canton  ou  dans  les  cantons  limitrophes. 

Ce  n'est  pas  d'aujourd'hui  que  sont  signalés  les  inconvénients  de 
l'extrême  division  du  sol.  Dans  l'est,  ce  mouvement  est  arrivé  à  son 
extrême  limite,  les  parcelles  de  6,  8  et  10  ares  y  dominent.  On  y  a 
cherché  du  reste  à  remédier  à  cet  état  de  choses  par  des  abornements 
volontaires,  et  on  a  même  demandé  une  loi  qui  les  rendit  obligatoires 
dans  la  même  commune.  Mais  il  faudrait  alors  que  les  opérations  de 
bornage,  la  création  des  chemins  d'exploitation,  la  rectification  des 
parcelles  soient  au  nombre  des  travaux  considérés  par  la  loi  du  21  juin 
1865  comme  pouvant  faire  l'objet  d'associations  syndicales.  Dans  le 
centre,  le  morcellement  est  signalé  comme  le  principal  obstacle  au 
progrès  de  la  petite  culture.  Qu'attendre  même  sous  ce  rapport  d'une 
petite  exploitation,  où  un  bétail  peu  nombreux,  de  mauvaise  qualité 
et  pauvrement  nourri  sur  des  pâturages  comme  la  lande  ou  la  bruyère, 
ne  donne  que  des  fumures  insuffisantes  et  de  mauvaise  qualité? 
l'exploitant  vit,  il  est  vrai,  lui  et  sa  famille;  mais  quelle  existence  ! 

Dans  l'ouest  il  existe  quelques  arrondissements  où  les  fermes  et  les 
métairies  ont  pour  ainsi  dire  disparu  et  nous  citerons  notamment 
celui  de  Redon,  Est-ce  un  indice  de  progrès?  Assurément  non.  Le 
démon  de  la  propriété  a  poussé  le  petit  cultivateur  à  sacrifier  tout  au 
désir  d'acheter  un  lopin  de  terre.  Séduits  par  les  hauts  prix  que  pou- 
vait leur  procurer  la  division  de  leurs  biens,  prix  qui  sont  sans 
rapport  avec  leur  valeur  locative  réelle,  les  propriétaires  ont  vendu 
leurs  fermes  et  les  acquéreurs  les  ont  revendues  par  fractions  de  par- 
celles. Le  paysan  est  déshonoré  quand  il  n'a  pas  acheté  à  la  fin  de 
l'année  quelquessillonsde  terre  (le  sillon  de  1"'. 60).  —  Il  en  résulte  que 
la  moitié  des  parcelles  reste  en  friche  :  elles  sont  tellement  petites  qu'il 
y  aurait  désavantage  souvent  à  aller  cultiver,  engraisser,  labourer, 
herser,  récolter  des  parcelles  de  2  à  3  ares  souvent  éloignées  de  2  et 
3  kilomètres.  Le  paysan  devenu  propriétaire,  souvent  au  moyen  d'un 
emprunt  ruineux  pour  lui,  n'a  plus  il  est  vrai  de  loyer  à  payer,  ni  de 
nouveaux  besoins;  il  vit  comme  par  le  passé,  sans  faire  d  efîort  pour 
progresser. 

Le  contrôleur  des  contributions  directes  de  Redon  avait,  il  y  a 
vingt  ans,  14,000  parcelles  de  mutations  par  an,  c'est  à-dire  14,000 
numéros  du  cadastre  changeant  de  propriétaires  par  successions, 
donations,  partages,  ventes  et  actes  translatifs  de  propriété;  il  en  a 
aujourd'hui  le  double.  Que  dire  d'un  pareil  état  de  chose,  si  ce  n'est 
qu'il  conduit  à  l'abandon  forcé  de  toute  culture  rationnelle,  de  toute 
production  de  quelque  valeur  et  finalement  à  l'égalité  dans  la  misère? 
Une  disposition  législative  permettant  l'échange  sans  droits  de  por- 
tions contiguës  ou  non  contiguës  dans  la  même  commune,  ou  même 
avec  un  droit  de  1  pour  100  comme  le  demandent  M.M.  A.  Girard  et 
Jametel  dans  leur  proposition  soumise  à  la  Chambre,  pourrait  atté- 
nuer une  pareille  situation  géodésique,  qui  se  reproduit  dans  maints 


l'échange  des  parcelles  de  TEIIRAIX.  107 

arrondissements,  en  dehors  des  pays  vignobles  où  le  parcelletnent 
n'offre  pas,  il  est  vrai,  d'aussi  tristes  inconvénients. 

Ce  qn'il  y  a  de  sini^ulier,  c'est  que  le  même  esprit  de  partage  favo- 
risé peut-être  par  la  fausse  application  faite  par  les  tribunaux,  et  à 
leur  suite  les  hommes  d'affaires,  des  articles  826,  827,  83;î  du  Code 
civil,  qui  ne  se  sont  pas  montrés  toujours  éclaires  au  point  de  vue  de 
Féconoraie  rurale,  se  retrouve  pour  la  propriété  bâtie  dans  l'arron- 
dissement en  question  qui  jouit  pourtant  d'.un  député  et  d'un  sous- 
préfet.  On  y  partage  une  maison  à  2  ouvertures  (souvent  la  porte  et 
une  fenêtre)  entre  2  et  3  enfants  que  laisse  le  défunt.  Chacun  jouit 
divisément  de  sa  pirt  de  l'appartement  commun,  portion  délimitée 
par  une  raie  à  la  craie  ou  des  points  de  repère  conventionnels.  Mais 
là  le  remède  paraît  venir  de  l'excès  du  mal,  les  querelles  sont  si  fré- 
quentes entre  les  cohabitants,  amoureux  de  l'égalité  lors  du  partage, 
que  les  plus  pauvres  veulent  aujourd'hui  posséder,  tout  au  moins 
habiter,  une  maison  ou  une  masure  à  eux. 

Qu'y  a-t-il  d'étonnant  si  la  pulvérisation  du  sol,  dans  maintes 
contrées  de  la  France,  a  frappé  M.  Jenkins,  secrétaire  de  la  Société 
royale  d'Angleterre,  dans  un  voyage  qu'il  a  fait  dans  le  Nord  de  la 
France,  la  Bretagne  et  la  Normandie?  Il  se  livre  du  reste  à  ce  propos 
à  quelques  considérations  morales  sur  l'esprit  d'insouciance  avec 
lequel  le  désir  immodéré  de  la  propriété  fait  contracter  des  emprunts 
ruineux  au  petit  cultivateur  français. 

L'extrême  division  du  sol  en  France  avait  frappé  avant  lui  Arthur 
Young;  et  François  de  Neufchâleau  disait  plus  tard,  après  ce  célèbre 
voyageur  anglais,  que  par  un  meilleur  arrangement  de  la  surface  de 
la  propriété  on  pourrait  doubler  la  surface  consacrée  à  l'agriculture. 
On  doit  donc  applaudir  à  toute  mesure  qui  pourra  atténuer  l'état  de 
choses  que  nous  signalons.  A.  de  la  Morvonnais. 

PHYSALIS  EDULIS  [Alkekenge) 

Parmi  les  questions  si  sérieuses  et  si  utiles,  traitées  dans  le  Journal 
de  f agriculture,  voulez-vous  me  permettre,  cher  et  savant  directeur, 
de  rappeler  l'attention  de  vos  nombreux  lecteurs  sur  les  avantages 
que  nous  retirons  de  l'introduction,  qu'a  faite  M.  Balcarce,  ministre 
plénipotentiaire  de  la  République  Argentine,  du  Physalis  EdiUts,  ap- 
pelé aussi  coqueret  comestible. 

Ce  petit  fruit,  peu  difficile  à  obtenir,  vient  sur  de  jolies  touffes 
agréables  à  la  vue,  et  ne  demande  pas  de  soins  particuliers;  les  ser- 
vices qu'il  rend  doivent  engager  à  sa  propagation. 
•  A  la  fin  de  mars  ou  dans  le  mois  d'avril,  on  sème  les  graines  sur 
couche  chaude,  sous  châssis,  puis,  on  repique  le  plant  à  bonne  expo- 
sition aussitôt  que  les  gelées  ne  sont  plus  à  craindre.  Chaque  pied 
doit  être  espacé  d'environ  0"'.60.  11  faut  avoir  soin,  aussitôt  que  les 
tiges  ont  atteint  une  certaine  hauteur,  de  les  attacher  à  des  tuteurs,  ou 
mieux  tendre  des  fils  de  fer  pour  les  soutenir;  car  les  tiges  sont  très 
vigoureuses,  fines  et  forment  un  véritable  buisson  de  l^.oO  de  haut. 
Il  est  bon  de  couvrir  la  terre  d'un  fort  paillis,  qui  conserve  l'humidité 
convenable  à  cette  plante.  Lorsque  les  tiges  ont  atteint  tout  leur  déve- 
loppement, il  faut  en  pincer  l'extrémité.  Après  la  floraison,  succèdent 
les  fruits  qui  sont  portés  sur  des  pédoncules  minces,  flexibles,  laissant 


108  PHYSALIS   EDULIS. 

pendre  la  baie  ou  fruit;  aussitôt  qu'il  grossit,  le  calice,  violacé  jusqu'à 
la  moitié  environ  de  son  développement,  couvre  presque  entièrement  le 
fruit,  et  il  ne  se  déchire  que  lorsque  celui-ci  arrive  à  maturité.  Le 
fruit  est  d'un  jaune  très  pâle  et  verdâtre,  lisse,  couvert  d'une  matière 
visqueuse',  dégageant  un  peu  l'odeur  de  la  tomate;  il  est  rond;  la  peau 
qui  recouvre  le  fruit  est  extrêmement  fine;  elle  contient  une  partie 
grasse  et  mucilagineuse,  très  serrée,  qui  renferme  de  nombreuses 
semences  plates,  lisses,  jaune  pâle;  la  faiblesse  du  pédoncule  et  le 
poids  des  baies  font  détacher  ces  dernières  instantanément  de  la  tige, 
si  on  ne  les  récolte  pas  assez  vite.  Il  est  donc  important  de  les  sur- 
veiller, si  on  ne  veut  pas  les  perdre. 

Ces  petites  tomates  sont  très  apéritives  et  diurétiques. 

Ce  qui  fait  surtout  le  mérite  de  ces  petites  tomates,,  c'est  qu'elles 
servent  à  faire  un  sirop,  qui  est  en  grand  usage  au  Mexique  dans  les 
maladies  des  voies  respiratoires  et  les  bronchites. 

Voici  la  recette  du  sirop  de  Phy salis  Edulis. 

Prendre  210  grammes  de  fruits  bien  mûrs  coupés  en  plusieurs  mor- 
ceaux; faire  bouillir  dans  un  litre  d'eau,  jusqu'à  réduction  de  moitié  ; 
presser  dans  un  linge  fin,  bien  blanc,  en  serrant  un  peu  ;  joindre  à  ce 
jus  500  grammes  de  sucre  et  faire  cuire  à  consistance  de  sirop. 

Quant  aux  fruits  qui  n'arrivent  pas  à  maturité,  on  les  prépare  au 
vinaigre,  comme  les  cornichons  ;  beaucoup  de  personnes  les  préfèrent 
à  ces  derniers.  ^  E.  Vavin. 

SUR  LES  CHANGEMENTS  A  INTRODUIRE 

DANS  LA  CULTURE  DU  NORD^ 

Nous  sommes  unanimes  à  reconnaître  que  la  situation  pénible  de  l'agriculture, 
dans  la  région  du  Nord  particulièrement,  n'a  pas  pour  unique  cause  l'inclémence 
passagère  des  saisons,  mais  que  le  trouble  dont  souffre  notre  industrie  a  au  con- 
contraire  de  profondes  racines  dans  les  révolutions  économiques,  qui  insensible 
ment  d'abord  et  complètement  aujourd'hui,  ont  changé  les  conditions  du  travail  et 
de  la  production  agricoles. 

Il  serait  étrange  qu'un  malaise  dont  se  plaint  la  classe  de  la  nation  la  plus  nom- 
breuse encore,  malgré  les  pertes  qu'elle  ne  cesse  de  subir,  n'attirât  pas  l'attention 
des  pouvoirs  publics.  Mais,  sans  méconnaître  l'utilité  et  l'efficacité  des  mesures 
législatives  que  nous  réclamions  bien  avant  le  régime  actuel  et  que  nous  attendons 
toujours,  malgré  les  promesse  données,  il  est  impossible  de  voir  dans  leur  réa- 
lisation antre  chose  qu'un  encouragement  et  qu'un  palliatif  incapable  d'assurer  à 
lui  seul  le  retour  de  la  prospérité. 

C'est  donc  aux  ressources  intimes  de  notre  art  qu'il  faut  principalement  deman- 
der les  moyens  de  surmonter  les  difficultés  de  la  situation. 

On  a  d'abord  cherché  le  remède  dans  un  abaissement  des  prix  de  revient  des 
principaux  produits  agricoles,  et  l'on  s'est  demandé  si  l'on  pouvait  obtenir  ce 
résultat,  soit  en  produisant  davantage,  soit  en  diminuant  les  frais  de  culture^ 
soit  en  ayant  recours  à  ces|deux  moyens  à  la  fois. 

Il  est  incontestable  que  les  diverses  applications  à  notre  art  des  découvertes 
scientifiques  nous  donnent  les  moyens  d'obtenir  du  sol  des  récoltes  plus  abon- 
dantes. 

La  chimie,  par  exemple,  en  nous  faisant  connaître  avec  précision  les  lois  de 
la  nutrition  des  végétaux  et  en  nous  indiquant  les  vertus  fertilisantes  de  certains 
produits  naturels  ou  labriqués,  est  de  toutes  les  sciences  celle  qui  aura  le  plus  con- 
tribué au  progrès,  au  soulagement  de  l'agriculture,  et  nous  ne  devons  laisser  passer 
aucune  occasion  de  lui  rendre  justice.  C'est  elle  qui  nous  donne  le  moyen  le  plus 
siir  et  le  plus  puissant  d'augmenter  notre  production.  Bien  que  cette  science  nous 
ait  appris  qu'il  fallait  le  plus  souvent  demander  à  des  formules  bien  raisonnées 
plutôt  qu'à  de  fortes  doses  d'engrais  les  meilleurs  résultats,  il  n'en  est  pas  moins 

[.  Rapport  lu  à  la  Société  des  agriculteurs  de  France. 


CHANGEMENTS  A  INTRODUIRE  DANS  LA  CULTURE  DU  NORD.  109 

vrai  qu'en  généraf  un  emploi  d'engrais  plus  considérable  serait  nécessaire  pour 
augmenter  les  rendements.  Mais  peut-on  demander  dans  ce  sens  un  grand  effort 
immédiat  à  une  agriculture  appauvrie  et  inquiète  pour  l'avenir?  Il  lui  faudrait, 
dès  aujourd'hui,  d'importants  capitaux,  et  ce  n'est  que  progressivement  et  avec  le 
concours  indispensable  de  quelques  bonnes  années  que  cetto  amélioration  pourrait 
être  obtenue. 

Si,  pour  augmenter  notre  production,  il  est  nécessaire  d'employer  plus  d'en- 
grais, il  n'est  pas  moins  indispensable  de  donner  à  la  préparation  du  sol  et  à 
l'entretien  des  récoltes  en  terre  des  soins  plus  grands  encore  qu'auparavant.  Il  ne 
faut  donc  pas  songer  à  diminuer  le  nombre  ou  la  qualité  des  façons  de  culture,  et 
sur  ce  point  encore  nous  nous  trouvons  conduits  à  dépenser  davantage. 

Peut-on  cependant,  tout  en  multipliant  et  en  perfectionnant  les  soins  de  culture, 
les  pratiquer  à  moins  de  frais?  Pressés  par  une  nécessité  plus  impérieuse,  le 
manque  de  bras,  nous  avons  fait  sous  ce  rapport  de  plus  grands  progrès  que  dans 
l'emploi  des  engrais,  et  la  Société  naiionale  d'agriculture  nous  a  rendu  justice 
dans  un  rapport  présenté  au  ministre,  en  disant  que,  depuis  quelques  années, 
l'outillage  agricole  avait  été  en  France  complètement  transformé. 

On  se  tromperait  cependant  si  l'on  pensait  que  l'usage  des  machines  perfection- 
nées a  produit  toute  l'économie  annoncée  par  les  théoriciens.  Dans  un  travail 
fort  intéressant  publié  cette  année  par  un  de  nos  collègues,  M.  Gratellier,  il  est  dit 
que,  sur  les  frais  de  moisson,  l'économie  obtenue  par  l'emploi  des  moissonneuses 
ne  s'élève  pas  à  plus  de  10  francs  par  hectare.  Toutes  les  personnes  qui,  dans  le 
rayon  de  Paris,  se  servent  régulièrement  de  ces  machines,  souscriront  à  l'opinion 
de  M.  Gatellier,  et  il  suffira,  pour  laire  cesser  l'étonnement  que  cette  déclaration 
pourrait  faire  naître  dans  quelques  esprits,  de  comparer  la  faculté  qu'offrent  au 
fonctionnement  des  machines  les  faibles  récoltes  d'Amérique  dont  on  sacrifie  la 
paille,  aux  difficultés  qu'elles  rencontrent  dans  nos  céréales  plus  épaisses,  plus 
longues,  et  dont  la  pailh  est  un  produit  trop  précieux  pour  n'être  pas  recueilli 
pour  ainsi  dire  jusqu'aux  racines.  Avec  les  appareils  à  vapeur,  on  exécute,  il  est 
vrai,  des  travaux  considérables  tju'il  serait  difficile  d'obtenir  des  animaux  ;  mais, 
au  dire  des  praticiens,  les  opérations  ordinaires  de  la  culture  ne  reviennent  pas 
moins  cher  par  ce  procédé  que  par  les  attelages.  L'emploi  de  certains  instruments, 
les  semoirs,  les  houes  à  cheval,  les  faneuses,  les  râteleuses  ont  bien  réalisé  cer- 
taines économies,  mais  la  possession  de  toutes  les  machines  perfectionnées  repré- 
sente un  capital  considérable  dont  l'intérêt  et  l'amortissement  ne  laissent  pas  de 
tenir  une  place  importante  dans  la  comptabilité  d  une  ferme.  Ainsi,  tout  en  appré- 
ciant les  services  incontestables  rendus  par  les  constructeurs  et  les  importateurs 
de. machines  agricoles,  et  tout  en  reconnaissant  que  nos  travaux  peuvent,  dans 
certains  cas,  être  désormais  exécutés  avec  plus  de  célérité,  est-il  juste  de  faire 
observer  que  les  applications  delà  mécanique  à  notre  art  nous  ont  surtout  permis 
de  suppl  er  à  la  main-d'œuvre  qui  nous  faisait  défaut,  et  de  mettre  un  frein  à  ses 
exigences  toujours  croissantes;  mais  qu'elles  nont  pas  amené  en  réalité  une 
diminution  des  frais  de  culture  et  de  récolte  assez  considérable  pour  changer  la 
situation. 

En  somme,  l'application  au  système  de  culture  en  vigueur  des  procédés  scien- 
tifiques dont  nous  disposons  amènerait  incontestablement  une  plus  grande  pro- 
duction et,  par  conséquent,  un  certain  abaissement  dans  nos  prix  de  revient, 
mais  elle  exigerait  une  augmentation  de  capital  ;  et  si  ce  remède  est  à  la  portée 
de  quelques-uns,  le  plus  grand  nombre  ne  peut  en  disposer. 

L'industrie,  avant  l'agriculture  et  sous  la  pression  des  mêmes  circonstances, 
a  du  modifier  son  outillage  et  ses  procédés,  mais  ces  translormations  coiàteuses 
ne  furent  réalisables  que  pour  un  petit  nombre  de  riches  particuliers  ou  d'asso- 
ciations, et  l'on  vit  peu  à  peu  diminuer  le  nombre  de  petits  ateliers  incapables 
de  se  reformer  promptement  et,  par  suite,  de  soutenir  la  concurrence  de  leurs 
puissants  voisins.  Le  travail  manufacturier  s'est  ainsi  trouvé  centralisé  dans  un 
petit  nombre  de  grandes  usines,  et  c'est  fatalement-  le  spectacle  que  donnerait 
bientôt  l'agriculture  du  Nord  si,  pour  toute  réforme,  elle  appliquait  aux  systèmes 
de  culture  qui  dominent  chez  elle  tous  les  moyens  scientifiques  que  notre  époque 
a  découverts,  et  dont  Dieu  nous  garde  cependant  de  médire. 

L'agriculture  de  la  région  du  Nord  ne  peut-elle  donc  obtenir  une  diminution 
de  ses  prix  de  revient  que  par  des  procédés  coûteux,  inaccessibles  au  plus  grand 
nombre,  et  cette  économie  dans  les  frais  de  culture  que  nous  indi([uons  comme  le 
second  moyen  d'abaisser  nos  prix  de  revient,  serait-elle  impossible? 


110  CHANGEMENTS  A  INTRODUIRK  DANS  La  CULTURE  DU  NORD. 

Quand  on  considère  la  culture  de  chaque  plante  en  particulier,  il  est  certain 
crue  l'on  ne  voit  guère  de  moyens  delà  laire  plus  éconoraiquen'ent  sans  s'expo- 
ser à  abaisser  les  rendements  de  la  récolte.  Mais  si  l'on  réfléchit  que  selon  l'ordre 
dans  lequel  elles  se  succèdent,  les  diverses  plantes  n'-^xigent  ni  les  mêmes  frais 
de  préparation,  ni  les  mêmes  quantités,  ni  la  même  nature  d'engrais,  le  problème 
t  hange  de  face,  et  la  question  des  assolements  nous  paraît  satisfaisante  pour  la 
majorité  des  cultivateurs. 

Quelles  sont  donc  les  réformes  que  comporte  la  pratique  des  assolements? 

De  toutes  les  lois  qui  les  régissent,  les  lois  climatériques  sont  celles  qui  pré- 
sentent le  plus  de  fixité.  Certains  climats  favorisent  la  production  des  herbages, 
d'autres  celle  des  céréales.  Chaque  plante  industrielle  a  le  sien  propre.  Tel  cli- 
mat convient  bien  aux  forêts  et  aux  pâturages,  tel  autre  aux  cultures  arbustives. 
L'expérience  leur  a  depuis  longtemps  assigné  leurs  limites,  et  il  serait  téméraire 
d'y  rien  changer. 

Il  y  aussi  des  lois  physiologiques  dérivant  de  la  nature  du  sol,  de  la  nécessité 
de  l'ameublir  et  de  le  nettoyer,  et  de  l'obligation  de  l'entretenir  clans  un  état  de 
fertilité  suffisant,  si  l'on  veut  que  les  diverses  cultures  y  puissent  prospérer.  Nos 
pères,  cjui  n'avaient  comme  moyen  de  restitution  que  le  fumier  et  c[uelques  dé- 
chets industriels,  et  qui  ne'possédaient,  pour  la  préparation  de  leurs  terres, 
que  des  instruments  imparfaits,  attachaient,  à  l'observation  de  ces  lois,  une 
grande  importance,  et  l'ordre  dans  lequel,  pour  y  satisfaire,  les  plantes  devaient 
se  succéder  sur  le  même  terrain,  avait  fait  l'objet  des  travaux  des  plus  grands 
agronomes 

Mais  aujourd'hui  nous  connaissons  le  secret  des  prétendues  sympathie  ou  an- 
tipathies de  spbntes  les  unes  pour  les  autres,  nous  savons  avec  une  approximation 
suthsante  quelle  nature  d'aliment  convient  à  chacune  d'elles  sur  un  sol  d  une 
composition  donnée  et  cfuelle  cjuantité  de  nourriture  elle  exige.  Nous  pouvons 
nous  procurer  des  produits  minéraux  et  des  produits  chimiques  capables,  à  dé- 
faut de  fumier,  de  satisfaire  aux  besoins  de  toutes  nos  cultures.  Nous  ne  crai- 
gnons plus  de  faire  succéder  les  unes  aux  autres  des  cultures  dites  épuisantes, 
pane  C[ue  nnus  connaissons  exactement  les  causes  de  cet  épuisement  et  c[ue  nous 
avons  généralement  les  moyens  d'y  remédier.  Nous  pouvons  désormais  ,  sans 
dommage,  faire  succéder  une  céiéale  à  une  autre,  parce  cju'il  nous  est  possible  de 
satisfaire  à  leur  grande  exigence  en  azote,  et  les  légumineuses,  qui  ne  pouvaient 
plus  revenir  sur  le  même  terrain  qu'à  de  lont;s  intervalles,  y  réu^^siront  comme 
autrefois,  c[iiand  nous  serons  parvenus  à  rendre  aussi  bien  aux  couches  inférieures 
du  sol  qu'aux  couches  supérieures  les  éléments  minéraux  qu'elles  n'y  trouvent 
plus  et  dont  elles  sont  avides. 

Nous  avons  aussi  des  instruments  plus  puissants  et  mieux  construits  pour 
ameublir  nos  terres  et  les  préparer  sans  1^  secours  de  la  jachère,  et  nous  pouvons 
désormais  débarrasser  des  plantes  adventices  les  céréales  elles-mêmes,  presque 
aussi  bien  que  les  plantes  Srirclées. 

Quand  on  peut  acheter  des  engrais  autant  qu'il  est  besoin  et  à  des  prix  conve- 
nables, disait  M.  de  Gasparin,  l'assolement,  sous  le  rapport  de  la  nutrition  des 
plantes,  est  entièrement  libre.  Aussi  ces  lois  physiologiques  des  assolements 
autrefois  si  sévères  sont-tlles  aujourd'hui  bien  souvent  transgressées  et  jouissons- 
nous,  pour  nos  successions  de  culture,  d'une  liberté  que  bien  peu  de  nos  devan- 
ciers ont  connue.  Cette  liberté  peut  même  être  poussée  jusc^u'aux  dernières  li- 
m  ites,  puisque  l'Angleterre  nous  lournit  l'exemple  d'une  ferme  cultivée  avec  succès 
depuis  vingt  ans,  presque  uniquement  eu  céréales,  sans  fumier,  et  avec  le  seul 
concours  des  engrais  chimiques.  Des  savants  ont  même  certifié  c{ue  ce  système, 
C[ui  eût  jadis,  avec  les  moyens  dont  on  disposait,  passé  à  bon  droit  pour  imprati- 
cable, n'avait  diminué  en  rien  la  fertilité  primilive  du  sol.  Dans  certaines  fermes 
industrielles,  l'assolement  est  aussi  d'une  simplicité  extrême,  betteraves  et  blé, 
et  donne  également  de  bons  résultats.  M.  Vandercolme,  avec  sa  succession  trien- 
nale, herbe,  betterave,  blé,  produit  assez  de  fumier  pour  se  dispenser  d'acheter 
des  engrais,  et  déclare  avoir  augmenté  tous  ses  rendements.  On  voit  donc  cju'en 
réalité,  les  assolements  les  plus  dissemblables  donnent  au|0urd'hui,  lorsqu'on  a 
soin  d'observer  les  lois  chimiques  de  la  nutrition  des  plantes,  des  récoltes  égale  - 
ment  bonnes 

Mais  si  les  plantes  peuvent  désormais  se  succéder,  grâce  aux  notions  exactes 
cjue  nous  avons  de  'eurs  exigences  chimic[ues,  dans  un  ordre  à  peu  près  indiffé- 
rent, il  y  aura  toujours  des  cultures  plus  ou  moins  dispendieuses.  Aussi  les  asso- 


CHANGEMENTS  A  INTRODUIRE  DANS  LA  CULTURE  DU  NORD.  111 

lements,  dans  lesquels  entrent  en  grande  proportion  les  prairies  permanentes  ou 
temporaires,  exigent  certainement  moins  de  frais  de  culture,  moins  de  main- 
d'o'uvre,  et  des  engrais  moins  azotés  que  ceux  où  dominent  les  plantes  indus- 
trielles, et  ils  peuvent,  avec  autant  de  succès  que  ces  derniers,  servir  de  base  à 
la  culture  des  céréales.  Les  premiers  sont  tout  indi  (ués  pocr  les  contrées  où  la 
main-d'œuvre  est  rare  et  les  capitaux  pou  abondants,  les  seconds  s'appliquent 
mieux  aux  pays  riches  et  populeux.  Dans  quelle  mesure  l'agriculture  du  Nord 
deviait-elle  recourir  aux  cultures  lourragères  pour  diminuer  ses  ('rais  d'exploita- 
tion? C'est  une  question  ([ui  demande  une  sérieuse  étude  et  qui  ne  peut  être  que 
signalée  pour  le  moment. 

De  tons  temps,  les  considérations  d'ordre  économique,  le  capital  dont  on  dis 
pose,  les  avances  exi^'ées  par  les  diverses  culture:^,  les  ressources  du  pays  en 
main-d'œuvre,  les  débouchés  et  la  valeur  des  produits  ont  exercé  une  grande  in- 
iluence  sur  le  choix  des  assolements,  mais  elles  n'ont  jamais  été  aussi  prépondé- 
rantes qu'aujourd'hui.  C'est  pour  n'en  avoir  pas  tenu  un  compte  suffisant  que 
bien  des  cultivateurs  ont  éprouvé  des  déceptions.  Séduits  par  les  excellents  résul- 
tats que  ci'itains  systèmes  de  culture  donnaient  dans  d'autres  pays  ou  ciiez  leurs 
voisins  mômes,  ils  ont  adopté  des  assolements  semblables  sans  réfléchir  qu'ils  se 
trouvaient  dans  des  conditions  de  capital,  de  main-d'œuvre  et  de  débouchés  toutes 
différentes.  Ainsi  n'est-ce  pas  avec  un  entraînement  souvent  regrettable  que  la  culture 
de  la  betteiave  à  sucre,  sur  une  très  grande  échelle,  a  été  adoptée  dans  certaines 
fermes  delà  région  du  Nord  ?  On  a  cru  que  cette  culture,  qui  avait  autrefois  donne 
une  si  grande  prospérité  à  la  Flandre  et  aux  i  égions  voisines,  devait  produire  par- 
tout et  toujours  les  mêmes  effets.  Pour  alimenter  l'industrie  sucnère  qui  quittait 
son  pays  natal  parce  qu'elle  s'y  trouvait  déjà  en  souffrance,  et  qui  se  présentait 
avec  la  liste  séduisante  des  bienfaits  dont  elle  disait  le  Nord  redevable  envers  elle 
augmentation  des  salaires,  des  loyers,  des  recettes  du  Trésor,  production  plus 
grande  de  blé  et  de  viande,  on  a  augmenté  le  capital  de  culture,  créé  un  matériel 
d'un  amollissement  très  lourd,  recherché  un  personnel  plus  nombreux  dans  des 
pays  où  la  dépopulation  allait  croissant.  A  quel  résultat  ont  conduit  trop  sou- 
vent tous  ces  efforts?  A  donner  un  produit  de  peu  de  valeur  sous  un  poids  con- 
sidérable, un  produit  qui  doit  être  utilisé  dans  l'espace  de  trois  mois,  et  dont  la 
récolte  est  souvent  difficile  parce  qu'elle  se  fait  dans  une  mauvaise  saison,  à  obte- 
nir enfin  une  marchandise  dont  le  transport  est  excessivement  coûteux  et  qui, 
par  suite,  ne  peut  se  vendre  que  dans  un  rayon  restreint,  et  un  petit  nombie 
d'acheteurs.  C'est  alors  que  le  mirage  d'un  produit  brut  plus  élevé  a  disparu  de- 
vant la  réalité  d'un  bénéfice  presque  toujours  négatif. 

Quand,  au  contraire,  la  culture  de  la  betterave  a  été  faite  pour  alimenter  des 
usines  existant  dans  les  fermes  mêmes,  des  distilleries,  par  exemple,  les  résultats 
ont  été  bien  différents  En  convertissant  sa  betterave  en  alcool,  le  cultivateur  a 
donné  à  un  j  roduit  immédiat  de  sa  culture  un  prix  plus  élevé,  une  forme  plus 
négociable  et  accessible  à  un  plus  grand  nombre  de  consommateurs.  Il  a  diminué 
ses  frais  de  transpoit,  il  a  enfin  recueilli  une  certaine  partie  des  bénéfices  que 
prélèvent  les  industries  iotermédiaires  entre  le  producteur  et  le  marchand. 

Ainsi  les  cultures  industtielles,  qui  exigent  en  général  de  gros  capitaux,  ne 
sont  profitables  qu'aux  agriculteurs  qui  peuvent  manufacturer  eux-mêmes  leurs 
produits  ou  ;u'à  ceux  auquels  le  voisinage  immédiat  des  usines  donne  des  avan- 
tages particuliers.  Pour  les  cultivateurs  ([ui  ne  se  trouvent  pas  dans  ces  condi- 
tions, c'est  à  la  culture  de  plantes  moins  exigeantes  en  engrais  et  en  main-d'œuvre 
qu'ils  doivent  avoir  recours;  en  un  mot,  c'est  une  plus  grande  place  qu'ils  doi- 
vent donner  dans  leurs  assolements  aux  plantes  fourragères. 

Quant  à  la  culture  des  céréales,  que  l'on  peut  aussi  bien  combiner  avec  celles  des 
plantes  fourragères,  nous  n'en  projjoserons  pour  la  région  du  Nord  ni  l'abandon 
ni  même  une  importante  diminution. 

Si  une  région,  en  France,  se  prête  bien  en  effet  à  cette  culture  sous  tous  les 
points  de  vue,  c'est  celle-là.  Le  sol,  dans  la  plupart  des  cas  argilo-siliceux,  y 
donne  d'excellentes  récoltes  de  blé  avec  des  appoits  d'azote  modérés  Les  éléments 
minéraux,  acide  phosphorique,  potasse,  chaux,  n'y  sont  pas  généralement  en 
quantité  suffisante,  mais  ce  sont  les  engrais  hs  moins  chers,  et  il  est  bien  rare 
que  tous  les  trois  y  fassent  défaut  à  la  fois.  Le  climat  n'en  est  pas  en  hiver  aussi 
dur  que  celui  de  l'Est,  ni  aussi  humide  que  celui  de  l'Ouest.  Le  terrain  peu  acci- 
dente et  la  couche  végétale  suffisamment  profonde  se  prêtent  bien  à  l'aclioii  des 
instruments  puissants  et  perfectionnés. 


112  CHANGEMENTS  A  INTRODUIRE  DANS  LA  CULTURE  DU  NORD. 

Qiian  1  une  région  produit  en  moyenne  de  22  à  25  hectolitres  de  blé  à  l'hectare, 
lorsque  le  rendement  de  toute  la  France  n'est  que  de  14  ou  15,  ses  aptitudes  à  la 
culture  du  blé  sojit  bien  évidentes,  et  il  est  permis  de  penser  qu'il  suffirait  de 
(juelques  efforts  pour  élever  encore  sa  production. 

Autour  de  Pans,  et  depuis  la  capitale  jusqu'aux  frontières  du  Nord  et  de  l'Est 
se  trouvent  concentrées,  pour  la  défense  du  territoire,  de  grandes  masses  de  cava- 
lerie. La  paille,  produit  important  des  céréales,  trouve  donc  dans  cette  région  des 
marchés  plus  nombreux  que  dans  celles  du  Centre.  Le  blé  d'ailleurs  est  encore  un 
des  produits  agricoles  dont  le  prix  spécifique  est  le  plus  élevé  et  dont  la  conser- 
vation présente  le  moins  de  dilfi culte. 

Mais,  pour  que  la  culture  du  blé  soit  profitable,  il  faut  l'associera  d'autres  cul- 
tures qui  viennent  prendre  leur  part  des  frais  généraux  si  considérables  dans  les 
fermes  et  qui  soient  elles-mêmes  rémunératrices.  Quand  la  culture  du  blé  avait 
pour  base  la  jachère  pure,  la  récolte  de  cette  céréale  devait  supporter  les  frais 
généraux  de  deux  années.  C'est  pour  y  remédier  que  la  jachère  fut  remplacée  par 
des  cultures  diverses  qui  prirent  leur  part  de  frais  généraux  pi'oportionuellement 
à  leur  étendue,  et  qui  souhigèrent  d'autant  le  compte  du  blé.  Ces  cultures  inter- 
calaires, qui  donnaient  autrefois  des  profits,  se  trouvent  aujoui'dhui,  par  suite 
de  circonstances  diverses,  ne  pas  payer  leurs  frais.  Le  déficit  est  donc  reporté  au 
compte  du  blé,  sous  prétexte  que  cette  céréale  profite  des  grandes  dépenses  d'en- 
gi'ais  et  de  façons  que  les  cultures  précédentes  ont  exigées.  Faire  que  les  cultures 
intercalaires,  industrielles  ou  fourragères,  donnent  par  elles-mêmes  des  bénéfices, 
telle  est  la  situation  économique  de  la  question  du  blé.  Or,  comment  obtenir  ces 
bénéfices? 

Les  produits  immédiats  du  sol  ne  sont,  dans  la  plupart  des  cas,  guère  avan- 
tageux en  eux-mêmes.  Ils  ont  peu  de  valeur  sous  un  poids  considérable,  et  ils  ne 
peuvent  en  acquérir  qu'en  subissant  plusieurs  ti^ansformations  et  qu'en  passant 
par  les  mains  d'un  certain  nombre  d'intermédiaires.  Mais  l'agriculteur  r[ui,  au 
moyen  d'un,  procédé  industriel,  donne  lui-même  à  ses  principaux  produits  une 
forme  recherchée  par  une  plus  grande  quantité  d'acheteurs  élargit  son  marché,  il 
profite  des  bénéfices  que  doit  donner  une  fabincation  bien  conduite  et  conserve 
tous  les  déchets  et  produits  accessoires  dont  beaucoup  ont  comme  engrais  ou 
nourriture  du  bétail  une  valeur  importante. 

Les  cultures  fourragères,  qui,  dans  la  situation  actuelle,  conviennent  au  plus 
grand  nombre  d'agriculteurs  parce  qu'elles  exigent  des  moyens  moins  coûteux, 
ne  seraient  pas  plus  avantageuses  que  les  cultures  dites  industrielles,  si  elles 
n'avaient  pour  but  que  la  production  des  fourrages  en  eux-mêmes.  La  vente 
directe  des  produits  fourragers  n'est  en  etïet  possible  que  dans  des  conditions  par- 
ticulières de  proximité  de  certains  contres  de  consommation,  et,  pour  que,  dans 
la  plupart  des  cas,  ces  produits  deviennent  rémunérateurs,  il  faut  leur  donner, 
au  moyen  des  animaux,  la  forme  de  viande  ou  de  lait. 

Mais  tandis  que  la  viande  peut  s'expédier  à  d'assez  grandes  distances  sous 
forme  d'animal  vivant,  le  lait,  matière  d'une  conservation  locale,  ne  sulfil  pas 
à  son  écoulement,  et  le  cultivateur  est  obligé  pour  le  placer  de  recourir  à  des 
intermédiaires.  C'est  alors  que  la  fabrication  du  beurre  ou  du  fromage  vient 
s'imposer. 

Ce  n'est  donc  pas  seulement  dans  une  production  plus  gr-ande  ou  plus  écono- 
mique qu'il  faut  chercher  le  soulagement  aux  souffrances  de  l'agriculture,  mais 
c'est  surtout  dans  une  meilleure  utilisation  de  ses  produits  au  moyen  de  transfor- 
mations industrielles  réalisées  par  les  cultivateurs  eux-mêmes  et  non  par  d'autres. 
Les  résultats  de  la  culture  proprement  dite  sont  devenus,  sous  l'influence  de  la 
concurrence  universelle,  tellement  aléatoires  aujoui'd'hui,  que  le  cultivateur,  pour 
rendre  sa  situation  moins  précaire,  se  trouve  conduit  à  pratiquer  des  industries 
annexes  dont  la  prospérité  dépende  de  causes  plus  coerxibles. 

Messieurs,  s'il  est  facile  d'indiquer  le  sens  général  des  réformes  à  accomplir, 
leur  application  prescrite  au  contraire  de  grandes  difficultés.  Aucun  art  n'est  pra- 
tiqué dans  des  conditions  économiques  plus  variées  que  l'art  agricole,  et  aucun 
ne  demande  par  suite  plus  de  variété  dans  les  procédés.  Ce  ne  sont  donc  pas  des 
théories  qui  peuvent  donner  la  solution  d'un  problème  aussi  complexe,  mais  c'est 
de  la  connaissance  et  de  la  discussion  des  tentatives  de  réforme,  heureuses  ou 
malheureuses,  faites  par  nos  contemporains,  que  l'on  doit  tirer  un  enseignement 
profitable. 

L'application  des  réformes  les  plus  séduisantes  et  les  plus  justes  en  théorie  est 


CHANGEMENTS  A  INTRODUIRE  DANS  LA  CULTURE  DU  NORD.  113 

toujours  hasardeuse   quand  aucune  expérience  préalable  ne  guide  ceux   qui  les 
entreprennent. 

Afin  de  sortir  d'une  position  pénible  et  inquiétante,  des  agriculteurs  plus  actifs 
et  plus  hardis  que  les  autres  ont  en  France  comme  à  l'étranger  essayé  de  trans- 
former leur  système  de  culture  en  leur  donnant  pour  but  des  spéculations  indus- 
trielles on  commerciales  déjà  connues,  ou  tout  à  fait  nouvelles.  Quidquns-unes  de 
ces  tentativesont  déjà  été  signalées  au  mondi  agricole,  mnu  le  p'.m  grand  nombre, 
f;iit:es  par  d'obscurs  pionniers  du  progrès,  reste  encore  inconnu. 

Nous  pensons  qu'il  y  aurait  un  intérêt  capital  à  ce  qu'elles  fusscnf  recherchées 
et  signalées  plus  activement.  Nous  voudrions  que  la  Section  d'agricnUure  prît  sur 
ce  point  l'initiative  d'une  enquête  semblable  à  celle  qui  adonni  de  si  heureux 
résultats  touchant  les  prairies  temporaires  à  base  de  graminées,  et  nous  voudrions 
que  cette  enquête  ïùt  permanente. 

Dans  ce  dossier  qui  devait  rester  toujours  ouvert,  parce  qu3  chaque  jour 
apporte  des  faits  nouveaux,  chacun  viendrait  puiser  ses  iuspiration-;,  reconnaître 
les  réformes  les  plus  facilement  a[iplicables  et  les  plus  avantageuses  dan^  la  situa- 
tion où  il  se  trouve,  et  l'expérience  de  quelques-uns  servirait  à  éclairer  le  plus 
grand  nombre. 

C'est  pourquoi  nous  proposons  à  la  Section  de  commencer  le  plus  tôt  qu'il  sera 
possible  une  enquête  sur  les  transformations  nouvelles  subies  par  les  divers  sys- 
tèmes de  culture  dans  la  région  du  Nord,  afin  de  réunir  les  éléments  d'une 
discussion  qui  pourrait  alors  être  mise  à  l'ordre  du  jour  de  la  session  de  1884. 

A.  Brandin. 

LA  YiaNE  ET  LA  SÉCHERESSE 

Monsieur  le  rédacteur,  j'ai  lu,  dans  votre  Journal  du  17  mars, 
deux  cirticles,  l'un  sur  la  réunion  qui  vient  d'avoir  lieu  à  l'Ecole  d'a- 
i^riciiliure  de  Montpellier,  où  l'on  assure  que  le  seul  moyen  de  salut 
pour  le  Midi  consiste  à  planter  des  vignes  américaines. 

L'autre,  de  M.  Jules  Serret,  où  il  est  dit  :  «  La  disparition  des  forêts 
a  eu  pour  conséquence  la  suppression  des  sources,  et,  dans  nos  ter- 
rains tertiaires,  si  peu  perméables,  la  stérilité  des  prairies  dans  les 
vallées,  et  ia  gêne  dans  les  m^naiiçâs,  po;ir  ralim3ntation  des  indi- 
vidus et  du  bétail.  Ces  causes  d'insalubrité  ont  réagi  notablement 
dans  les  cantons  déboisés  où  la  vigne  domine.  » 

Le  premier  conseil  indique  la  plantation  des  vignes  américaines 
comme  étant  le  meilleur  remède. 

Le  deuxième  indique,  au  contraire,  le  déboisement  et  l'exagération 
delà  culture  de  la  vigne  comme* ayant  amené  la  maladie,  la  dépopu- 
lation et  l'infertilité  du  sol. 

Je  crois  que  l'auteur  du  deuxième  est  entièrement  dans  le  Vrai. 

Ne  serait-il  pas  possible  de  donner  à  nos  cultivateurs  des  idées  plus 
arrêtées  sur  ce  qu'il  convient  de  faire? 

Ne  pourrions-nous  pas  leur  conseiller  de  se  laisser  moins  séduire 
par  ceux  qui  subissent  ou  acceptent  l'inlluence  de  la  mode,  même 
dans  les  questions  agricoles? 

C'est  être  victime  d'un  engou3ment  passager  et  frivole  dans  les  ques- 
tions agricoles,  que  d'abandoimer  les  règles  les  meilleures  et  les  plus 
fondamentales  de  toute  bonne  agriculture  pour  se  lancer  brusquement 
dans  des  innovations  qui  n'ont  pas  fait  leurs  preuves. 

Que  penser  d'un  peuple  qui,  vivant  dans  un  pays  sec  où  l'eau 
est  un  des  premiers  éléments  de  fertilité,  au  lieu  de  chercher  à  s'en 
procurer,  travaille  à  déboiser  les  montagnes,  et,  au  lieu  de  couvrir 
les  plaines  et  les  collines  d'une  belle  végétation,  fait  tout  le  contraire. 

La  vigne  n'a  une  belle  végétation  qu'en  été,  c'est-à-dire  à  une 
époque  de  l'année  où  les  pluies  ne  tombent  pas. 


114  LA  VIGNE   ET  LA   SÉCHERESSE. 

En  automne,  en  hiver  et  au  printemps,  la  vigne  ne  couvre  pas 
le  sol,  et  alors  les  rares  pluies  qui  tombent  sont  vite  enlevées  par  le 
vent  et  le  soleil.  Ce  sont  là  des  vérités  qu'il  faudrait  connaître,  et  on 
ne  veut  pas  se  donner  la  peine  de  les  étudier. 

La  spéculation  se  glisse  aujourd'hui  dans  les  questions  agricoles 
aussi  bien  que  dans  les  questions  industrielles. 

Nous  croyons  être  très  pratiques  en  cherchant  à  obtenir  vite  du  sol 
la  plus  grande  somme  de  produits.  Mais  ceux  qui  agissent  ainsi  se»pré 
occupent-ils  de  l'avenir?  Nous  ne  le  pensons  pas. 

Nous  devrions  voir  plus  haut  et  nous  devrions  comprendre  que  le 
sol  n'est  pas  inépuisable,  et  que  c'est  reculer,  au  lieu  de  progresser, 
quand,  par  suite  d'une  sécheresse  qui  s'aggrave,  nous  sommes  amenés 
a  remplacer  momentanément  la  vigne  indigène  parla  vigne  étrangère. 

En  résumé,  il  faut  demander  au  gouvernement  une  enquête  sérieuse. 

L'administration  supérieure  devrait  former  une  Commission  dans 
laquelle  on  prierait  des  Espagnols  et  des  Italiens  d'entrer,  car  la  ques- 
tion qui  nous  occupe  a  également  le  même  intérêt  pour  l'Espagne,  pour 
l'Italie  et  pour  tous  les  pays  qui  entourent  le  bassin  de  la  Méditerranée. 
Cette  Commission  aurait  pour  mission  de  savjir  si  cette  fameuse 
maladie  de  la  vigne  n'a  pas  pour  point  de  départ  le  manque  d'eau, 
et  subsidiairement  de  rechercher,  si  avec  de  l'eau  appliquée  environ 
tous  les  quinze  jours,  il  n'est  pas  possible  de  faire  vivre  la  vigne 
malgré  la  présence  du  phylloxéra. 

Déjà  dans  le  Congrès  qui  vient  de  se  tenir  à  Montpellier,  on  a 
reconnu  que  dans  les  jardins  potagers  il  était  aussi  facile  défaire  vivre 
la  vigne  française,  qu'il  était  facile  de  faire  vivre  des  légumes  quand 
on  se  donne  la  peine  de  les  arroser.  Ce  résultat,  aussi  vulgaire  que 
pratique,  a  une  très  grande  importance. 

Dès  lors,  il  ne  s'agit  plus  que  de  faire  une  enquête  pour  savoir  si  la 
diminution  de  la  richesse  a^-ricole  de  notre  région  doit  être  attribuée  à 
la  diminution  de  la  pluie  :  nous  disons  richesse  agricole,  puisque  dans 
le  Midi,  on  veut  que  viticole  soit  synonyme  d'agricole. 

Si  cette  cause  est  la  véritable,  il  convient  d'indiquer  la  manière  de 
rendre  la  pluie  plus  abondante.  Après  les  essais  concluants  obtenus 
depuis  six  ans  à  Villeneuvette,  nous  n'avons  pas  à  prouver  que  la  vigne 
peut  être  sauvée  par  l'eau,  le  problème  que  nous  avons  à  résoudre  et 
sur  lequel  nous  ne  saurions  trop  insister  est  celui-ci  :  Prendre  les  dis- 
positions les  plus  sûres  et  les  plus  pratiques,  pour  augmenter  le  régime 
de  la  pluie,  dans  la  région  du  midi  de  la  France,  par  des  reboisements 
et  des  irrigations;  et  comme  conséquence  combattre  la  tendance  de  nos 
viticulteurs  qui  ne  cherchent  le  retour  à  la  richesse  que  par  la  plan- 
tation exagérée  de  la  vigne. 

Je  crois  que  c'est  là  la  solution  que  nous  devons  demander. 

Veuillez  agréer,  etc.  Jules  Maistre. 

REVUE  COMIIERGIALE  ET  PRIX  GOURANT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(21   AVRIL  1883). 
l.  —  Situation  générale. 
Les    transactions  présentent   toujouis  beaucoup  de  calme  sur  les  marchés  ;  gri- 
coles  ;  ceux-ci  sont  peu  fréquentés  par  les  agriculleurs  que  retiennent  les  travaux 
des  champs. 

II.  —  Les  grains  el  les  farines. 
Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal  métrique, 
sur  les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger  : 


KKVUE  GOMiYiSHCIALE  ET  PRIX  COURANT  (21  AVRIL  1883). 


1'°    IIÉGION.  —  N<HU)-OlîEST. 

Biii.    Seijle.   Orge. 

18  50 
■2  1.10 
lô  .75 
17.00 

l'i.-25 
17.25 
15.50 


Calvados.  Cotadé 

—  Vire 

Côl.-du-Nord.  Lannion. 

—        Trégmer. 
Finistère.  Morlaix , 

—  O^JiniP"^'' .; . . . 
(Ue-et- Vilaine,  l-ieimes. . 

—        nedon 

Manches.  Avraiiclies. . . 

—  Pontorson... 

—  Villutlieu 

Mayenne.  L:iv:i\ 

—  •  li;\te  lU-Gontier.. 
Mo-bihan.  Hcnnebont.. 
Ociie.  Si  Bz 

—  .4lençon 

Sarthe.  Lo  Mans 

—  Sablé 

Prix  moyens 

2'   RÉGION 

Aisne.  Soissons 

—  Saint-Quentin... 

—  V  llers-Cotterets. 
Eure.    Bernaj' 

—  Conches. .......'.. 

—  Pacy 

Eure-et-Loir.  Cliarlres. . 

— .    A  Hieau 

—  Nogent-le-Rotrou. 
Nord.  Canbrai 

—  Lille 

—  Valenciennes. . . ,. 
Oise.  Bc.LUvais 

—  Goinpiègne 

—  Noyon 

Pas-de-Calais,  .\rras... 

—  Boulltins 

Seine.  Paris 

S.-et-Mar.  Melun 

—  Diimra.u'tia 

—  Me  lUX 

S.-ci-Oisc.  Etanip'is 

—  Pontoise 

—  Versailles 

Seine-Inférieure.  Rouen. 

—  Dieppe 

—  Yvetol, 

Somme.  Amiens 

—  Péronne 

—  Boye 

Prix  moyens 


Avoine. 

fr. 

22  00 
23.15 

18.75 
19.00      17.00     17.75 
15.75 
17.00      17.25      17.00 
17.2't 
17.25  »  20.00 

»  19.25      19.00 

.»  19.00     20.25 

18.75      19   25     20.00 
»  16   75  » 

))  17.25      18   50 

1().50  ;>  20   OO 

17.00     20.. 'iO      19.00 
17.25      18.75     20.00 
15.50      15   75     21.50 
55.75  »  10.75     30-00 

24.81)     it5.97      17.64     19.46 


23.25 

24.75 
24 .  00 
24.75 
24.50 
24.50 
25.20 
26 .  00 
25.20 
25  .Hl 
24.50 
25.20 
25  00 
25.50 


23. 
23 

24,. 
25- 
24. 
26. 
26, 
23 
22. 
24. 
26. 
24. 
25 
■26 
21, 
22 
24 
23 
23 
24 
2a. 
23 
24 
24. 
22 

23.94      15.01 


14.75 
14.00 

» 
13.85 
15.00 
14.70 

15.50 
17  00 
15.50 
15.00 
14.75 
15.00 
16.20 
15.20 
16,00 
15.25 
1&.50 

» 
15.50 
15.85 
14.50 
15.15 
14.00 

14.50 


19.00 
19.25 
19.  7o 
20  75 
18.50 
20.70 
19.40 

16.25 
20.00 
19.00 
17.50 

» 
19.50 
18.75 
19.25 
18.50 
17.50 

» 
17.50 
20.00 
17.00 
20  25 

19.00 
18.50 

1 7 .  00 
13.80 


3"  Ri:gion.  —  NORD-EST 

Ardennes.  Charleville.   .  23.25  15.25 

—  Sedan 23.30  16.2.i 

Aube.  Troyes 23.75  15.00 

—  Méry-sar-Seine  . .  .   23.50  15.25 

—  Noi^eiit-sur-Seine.  24.75  15.50 
^/a»'»ie.  ChaloNS 23  50  15  50 

—  Reims 23.75  16.00 

—  Sainte-Menehould.  22.7.5  14.50 
llLe-Marne.  Ghauinonl. .  23.00        » 
Meurlhe-el-Mos.  Nancy.  23  25  15.50 

—  Toul 23.25  15.50 

—  Pou t-à- Mousson..  23.25  16.00 
Meuse.  Bar-le-Duc 23.25  16  15 

—  Verdun 23.50        » 

l/aule-Saône.  Gray 23.00  15.75 

Vosges.  Neufchiteau 23.50  15.25 

—  Epinal 24  00  16.00 

—  Mirecourt 23.50  15.50 


19.00 
20.25 
17.50 
17.80 
18.25 
18.50 
17.75 
17.50 


1 7  .  00 
16.7.5 
16.50 


17.25 
17.00 
17.2  > 
20.00 
1 7 . 5.0- 
17.25 
18.25 
18.50 
20 .  00 
16.25 
li6.5fl 
17.75 
17.2^ 
17.00. 
16.50 
16  75 
15.25, 
19.00 
17.75 
17.00 
18.00 
13  50 
16.75 
19.00 
20.25 
18.50 
17.00 
19.00 
17.50 
17.50 

17.69 


17  75 
1S.75 
17.00 
17.50 
1  9 .  20 
17.00 
17.80 
16.75 
16.  Op 
16.50 
15.75 
16.00 
17.25 

)) 
15.5,0 
16.70 
16.00 
«6.50 


Prix  moyens 

4"  ri':  G  ION 
Cliarcnlc.  .\ngouIéme... 

—  HutTeii 

Char.-bifér.  La  Roclielle 

Dieux-S<;vres .  Niort 

Indre-et-Loire.  Bléré.... 

—  Tours 

IMre-lnf.  Nantes 

M.-el-Lo^'f".  Saijni'jr 

—  Angers 

Vendée.  Lijoon 

—  La  Hoche-sur-Yon. 
Viawie.  Poitiers 

—  Lou  luD    

Haute-  Vienn"  Liwo-^es. . 


2-3.56     15.56     17.77      17.06 


25.75 

25 .  20 
24.50 
24.5» 
24.00 
25  50 
25.50 
25  50 
24.09 
24.50 
25.00 
25.20 

25. 5a 

26 .  00 


18.00 
19.00 


15-50 
15.50 
15  50 


l».2i 

16.50 


19.00 
17.00 
17.50 
19.25 
17.00 

17.50 
20.00 
18  00 

» 
18. SS 
18.7» 
17.50. 


Prix  raoyens 25.0»     16.41     18.2!     13.09 


Allier.  Mostluçon 

—  Saint-Pourçain.- 
— •     Gannat 

Cher .  liourgos 

—  Aubigny 

—  Vierzon 

Creuse.  AubU'^son 

Indre.  Chàtoauroux  . .  - 

—  Issoudun 

—  Val«nçaiy 

Loiret.  .Moutargis 

—  Gien 

—  Pithiviers 

L. -ci-Cher.  Blois 

—  Montoire 

Nièvre.  Nevers 

—  La  Charité 

Yonne.  Brienon 

—  Saint-Florentin. 

—  Tonnerre 


.  —  cv. 

Bié. 

fr. 

23.35 
25.50 
24.50 
23.00 
24 .  20 
25.00 
24.25 
2 '1.25 
23.50 
25,.  00 
2 '1.25 

24  on 

23  60 


80 


24  .  00 
23.50 
23.50 
23  75 
2'i.OO 
22.50 


Seigle. 

fr. 

16.25 
16. 00 

» 
15.00 
l'i.50 
15.00 
15.50 
14. 2i 
14.70 
16.50 
16  75 
15.50 
14.6' 
16  25 
15.20 

» 
15.00 
15.50 
13.75 
13.50 


Or^e. 

fr. 

19.00 
Ig.OO 
19.50 
20.00 
19.50 
19.75 

17.40 
19.00 
20.00 
17.50 
19  40 
17.65 
20.70 
18.75 


16  50 
16.50 
16-00 


115 


Avoine. 

fr. 

18.75 
18.00 
17.25 
17.00 
16-50 
■18.25 
17.20 
17.00 
16.50 
18.00 
18.75 
17.00 
21). (iO 
21.00 
18.50 
16  50 
17.25 
19.50 
18.50 
16.50 


Prix  moyens 24.04     15.21 

6°  RÉGION.  —  EST. 
y^l in.  Bourg 25.50 

—  Pont-de-Vaox.. . .  24.75 
Côio-d'Or.  Dition 21.50 

—  Beanne 23.50 

Doubs.  Besançon 23. no 

Isère.  Grand-uemps.    ..  24  60 

—  Sourgo'tl.. ...... .    24.50 

Jur'i.  Dote 22.00 

Loire.  Gbarlieu, 24,00/ 

P. -de-Dôme.  Clermont-F.  26.75 

Rhône.  Lyon 24.50 

Saùnerel- Loire.  Ch,*lon  .  Vi.bO 

—  Autun 22.50 

.Caiioi».  Chambéry 25.75 

Ille-Savoie.  Annecy......  25.80 

Prix  moyens 24.20. 

7'   HÉGIO.N.  —  SITID.-OVEST 

Ariège.  Foix 26  00 

—  Pamiers 27  50 

Dordogne.  Bergerac...  25.70 
Hte-Garonne.  Toulouse.  25.2  > 

—  St-Gandens 25.00 

Gers.  Condora 26.00 

—  Eauze 26;.  85 

—  Mirande 25  85 

Gironde.  Bordaaux 26.00 

—  La  R(-ole 25.85 

Landes.  Dax  •. 26.50 

Lol-el-Garonne.  Agen.. .  26.80 

—  Nér.ic .> 

D. -Pyrénées.  Bayonne. 
lltes-Pyrénées.  Tarbes., 

Prix  moyens 


18.54      17.92 


15   50 

» 

17.2» 
19.00 

14.75 

17.00 

17.00 

" 

» 

16  75 
lfi.75 

14.50, 

» 

1.8:. 25 

14.25, 

16.75 

1 8 ,25 

15.25 

16.50 

18.00 

16,.  25 

20 .  50, 

18.50 

17  00 

16.50 

» 

15.25 

» 

18.75 

17.00 

18.00 

19.00 

15.50 

» 

16.50 

17.50 

» 

» 

» 

» 

18.00 

■ 

' 1 

15,71 

17.54 

17.34 

DVEST 

17.50 

» 

19.2'. 

16.25 

» 

21.00 

1 7 .  20 

18.50 

20-50 

17.00 

18.75 

19.70 

18.00 

18.85 

21.00 
20.25 

» 

» 

21.00 

» 

» 

21.00 

)> 

1S.50 

19.00 

18.5,0 

» 

» 

15.25 

» 

» 

19.00 

18.75 

20.50 

18  70 

» 

20.00 

18.25 

» 

18.50 

18.50 

». 

18- 70 

26.85 
27.00 
26.89 

26.46     17.92     18.67 


8"  REGION. 

Aude.  Carcassontie: 27. 

Avcyron.  V.illefrantthe. .  25, 

Cantal.  Mauriac 25 , 

Correze.  Luherznc 25. 

Hérault.  Beziers 28 

—  Cette 27 

Lot.  Caliors 27 

Lozère.  Mende 24 

Pï/renécs-O)'. Perpignan.  27 

Tarn.  Castres 27 

Tarn-el-Gar.  Montaunan  26 

—  Moissac 25 

Prix  moyens 26.40     18.39     19-02    20  3» 

9'  RÉGION-   —  SITI)-EST. 

Basses-Alpes.  Manosque  28.50 
Hautes-Alpes.  Briaoçon.  27.50 
Alpes-Maritimes.C?iXi\\&&  27 .25, 

ArrfBC/ie.  Privas 27.05 

n.-dv.-Rhàne.  Arles 26.50 

Drame.  Montelimar 25.50 

Ga/'d.  Mais 27.00 

Haute-Loire.  Brioude...  25.50 

Fac.  Dr,i^uignan 27.20 

Vaucluse.  Avignon 26.50 

Prix  moyens 25.35 

Moy.  de  toute  la  France  25.04     16.61 
—  de  la  semaine  précéd.  24.94     16. 4i 

Sur  lasemainekHaiiisss.    a. 10      O.U      0-22      O.tl 
précédente..  (Baisse..       »  »  »  » 


» 

2'i 

00 

13 

00 

18 

50 

20 

2» 

17 

50 

18 

25 

18 

75 

19 

60 

18 

20 

18 

80 

» 

18 

OO 

18 

/» 

17 

50 

17 

50 

18 

»0 

» 

18 

00 

2» 

»J 

19 

OQ 

20 

OO 

16 

S5 

19 

00 

19 

25 

> 

17 

25 

18 

50 

18 

32 

18 

30 

19 

42 

16 

61 

18 

27 

IS 

6» 

16 

4  ( 

18 

«>9 

18 

54 

116  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT 

Blé.  Seigle.  Orge.        Avoine 

fr.  fr.  fr.  fr. 

Algérie.                     ^^S^'^f  blé  dur 26.00            »  IG.OO  15.50 

Angleterre.               Londres 25.35            »  19.25  30.10 

Belgique.                  Anvers 24.25  17. .50  16.75  16.25 

—  Bruxelles 24.7.b  16. .iO 

—  Liège 24.00  17.00  20.50  17.50 

—  Nanuir 22.75  15.75  20.00  15.00 

Pays-Bas.                Amsterdam 23.75  16. SO  »  » 

Luxembourg.           Luxembourg 24.20  19.00  21.50  18.50 

Alsace-Lorraine.     Strasbourg..      24.75  17  75  17.75  17.25 

—  Altkrich 23  50  15.50  17.80  16. .50 

—  Mulhouse 22.50  16.25  17  00  18.00 

Allemagne.              Berlin 23-75  17.35  »  » 

—  Cologne 25.00  18.10 

—  Hambourg 23. .50  17.00 

Suisse.  Genève.." 27  00  »  »  21-75 

Italie.  Turin 26.00  19.25  »  18.50 

Espagne.  Valladoiid 25.50  »  »                 » 

Autriche.  Vienne 20.75  15.C0  15.50  14.00 

Hongrie.  Budapesth 21.50  16  50  16.00  13  75 

Russie.  Saint-Pétersbourg..  21.00  14.80  »  13.75 

Liais- Unis.  INew-York 23.25  »  »                » 

Blés.  —  Le  temps  est  redevenu  favorable  aux  champs;  les  blés  qui  avaient 
souffert  de  la  persistance  de  l'humidité  et  de  la  prolongation  de  l'hiver,  présentent 
presque  partout  un  excellent  aspect.  Il  est,  pour  le  moment,  permis  de  dire  qu'une 
grande  partie  des  retards  causés  par  la  mauvaise  saison  est  reparée,  et  que  l'avenir 
s'ouvre  devant  les  agriculteurs  dans  de  bonnes  conditions.  Quant  aux  marchés, 
ild  présentent,  comme  toujours  à  cette  époque  de  l'année,  le  plus  grand  calme; 
les  ventes  sont  peu  importantes,  les  offres  de  la  culture  sont  d'ailleurs  presque 
nulles.  Il  est  probable  que  cette  situation  va  persister,  au  moins  pendant  quelques 
semaines.  —  A  la  halle  de  Paris.,  le  mercredi  18  avril,  il  y  a  eu  très  peu 
d'affaires;  on  cotait,  suivant  les  sortes,  de  24  à  26  fr.  50  par  100  kilog.,  comme  le 
mercredi  précédent.  Sur  le  marché  des  blés  à  livrer,  on  cote  :  courant  du  mois, 
25  fr.  25  ;  mai,  25  fr.  tO  à  25  fr.  75  ;  juin,  26  fr.  25  ;  quatre  mois  de  mai,  26  fr.  50  ; 
juillet  et  août,  26  fr.  75  à  27  fr.  —  Au  Havre^  les  ventes  en  blés  d'Amérique  sont 
très  faibles;  les  prix  se  soutiennent.  On  cote  de  25  fr.  5'J  à  27  fr.  par  100  kilog. 
suivant  les  sortes.  —  A  Marseille,  les  arrivages  de  la  semaine  ont  été  de  22,û0u 
quintaux;  le  stock  est  actuellement  de  211,000  quintaux  dans  les  docks.  Les 
affaires  sont  assez  difficiles.  Oo  paye  par  100  kilog.  :  Red-winter,  28  fr.  25  à 
28  fr.  50;  Berdiant^ka,  27  fr.  50  ;  Bessarabie,  24  fr.  50  à  25  fr.  10  ;  Danube,  21  à 
23  fr. ;  Pologne,  i5  fr,  50  à  26  fr.  50.  —  A  Londres.^  les  importations  de  blés 
étrangers  ont  été  de  167, OuO  quintaux  depuis  huit  jours,  le  marché  présente  beau- 
coup de  calme,  et  les  prix  demeurent  sans  changements.  Au  dernier  jour,  on 
cotait  de  24  à  26  fr.  65  par  L  0  kilog.  suivant  les  (jualités  et  les  provenances. 

Farines.  —  Les  affaires  sont  lentes,  et  les  prix  sont  faibles  pour  toutes  les 
sortes  de  farines.  En  ce  qui  concerne  les  farines  de  consommation,  on  payait  le 
mercredi  18  ;iviil,  à  la  halle  de  Paris  :  marque  de  Gorbeil,  59  fr.  ;  marques  de 
choix,  59  à  61  fr.,;  bonnes  marques,  57  à  58  fr.;  sortes  ordinaires,  53  à  55  fr.  ; 
le  tout  par  ^ac  de  159  kilog.  toile  à  rendre  ou  157  kilog.  net,  ce  qui  correspond 
aux  prix  extrêmes  de  33  fr.  75  à  38  fr.  85  par  100  kilog.,  ou  en  moyenne  36  fr.  10, 
avec  une  baisse  de  55  centimes  sur  le  prix  moyen  du  mercredi  précédent.  —  Pour 
les  farines  de  s[)éculation,  on  les  cotait  à  Paris,  le  mercredi  18  avril  au  soir  : 
farines  neuf -marques,   courant  du  mois,   56  fr.   50  à  56  fr.    75;  mai,  57  fr.    à 

57  fr.  25;  juin,  57  fr,   75;  quatre  mois  de  mai,  58  à  58  fr.   25;  juillet  et  août, 

58  fr.  75  à  59  fr.  ;  le  tout  ptir  sac  de  i59  kilog.  toile  perdue  ou  157  kilog.  net.  — 
Pour  les  farines  de  gruau,  on  cote,  comme  précédemment,  de  47  à  58  fr.  par 
100  kilog.;  les  iarines  deuxièmes  se  vendent  en  baisse  de  23  à  28  fr. 

Seigles.  —  Peu  d'affaiies,  mais  prix  fermes.  On  cote  à  la  halle  de  Paris, 
15  fr.  75  à  16  fr.  25  par  100  kilog.  Les  farines  de  seigle  se  vendent  de  23  à 
25  fr.  par  quintal  métrique. 

Orges.  —  Mêmes  cours  que  précédemment.  On  paye  à  la  halle  de  Paris,  18  à 
20  fr.  50  par  100  kilog.  suivant  les  sortes  et  les  provenances.  Les  escourgeons 
valent  de  17  fr  75  à  18  fr.  50.  —  A  Londres,  il  a  été  importé  22,000  quintaux 
d'orge  depuis  huit  jours;  les  prix  sont  faibles.  On  paye  18  à  20  fr.  tO  par  lOu  kilog. 

Malt.  —  On  côtelés  malts  d'orge  25  à  32  fr.  par  iOO  kilog.  ;  ceux  d'escourgeon, 
27[|i  30  fr.  Il  n'y  a  pas  de  changements  depuis  huit  jours. 


DES  DENRÉES  AGRICOLES   (21   AVRIL  1883).  117 

Avoines.  —  Peu  d'affaires  sur  les  avoines;  les  prix  se  maintiennent  avec  fer- 
meté. On  paye  de  17  fr.  50  à  20  fr.  50  par  100  kilog.,  suivant  poids,  couleur 
et  qualité  à  la  halle  de  Paris.  —  A  Londres,  les  importations  d'avoines  ont  été  de 
55,000  quintaux  depuis  huit  jours,  L<^s  ventes  sont  peu  considérables.  Les  prix  se 
fixent  de  18  fr.  40  à  21  fr.  50  par  100  kilog. 

Sarrasin.  —  Le  prix  reste  soutenu  de  16  fr.  à  16  fr.  25  par  100  kilog.  à  la 
halle  de  Paris. 

]^fais.  —  On  paye  les  maïs  d'Amérique,  au  Havre,  16  fr.  50  à  17  fr,  par  100  kilog. 

11  y  a  d'ailleurs  peu  d'affaires. 

Issues.  —  Il  y  a  grande  fermeté  dans  les  cours.  On  paye  à  Paris  par  100  kilog.  : 
gros  son  seul,  15  fr.  25  à  15  fr.  50;  son  trois  cases,  14  fr.  50  à  14  fr.  75;  sons 
fins,  14  fr.  à  14  fr.  25;  recoupettes,  14  fr.  à  14  fr.  25;  remoulages  bis,  14  fr.  à 
14  fr.  50;  remoulages  blancs,  15  à  17  fr. 

m.  —  Fourrages,  graines  fourragères. 

Fourrages.  —  Les  cours  accusent  toujours  beaucoup  de  fermeté.  On  paye  par 
1,000  kilog.:  à  Paris,  foin,  112  à  1 26  fr.;  luzerne,  112  à  128  fr.;  regain,  86  à  100  fr.; 
paille  de  blé,  58  à  72  fr.;  paille  de  seigle,  52  à  60  fr.;  paille  d'avoine,  44  à  52  fr. 

Graines  fourragères.  —  Les  prix  sont  en  hausse.  On  paye,  à  Paris,  par  100  kilog.  : 
trèfle  violet,  160  à  200  fr.;  trèfle  blanc,  200  à  250  fr.;  trèfle  d'Amérique  165  fr.  à 
175  fr.;  luzerne  de  Provence,  155  à  170  fr.;  de  Poitou,  125  à  135  fr.  ;  d'Italie, 
140  à    150  fr.;  minette,  45   à  65  fr.;  ray-grass,  60  à  65  fr.;  sainfoin,  25  à  32  fr. 

IV.  —  Fruits  et  légumes  frais. 

Fruits.    —  Dernier   cours  de   la  halle  :   fraises  de  châssis,  le  pot,  0  fr,  40  à 
•  1  fr.  50  ;  poires,  le  cent,  10  fr,  à  120  fr  ;  pommes,  le  cent,  5  fr.  à  100  fr,  ;  le  kilog., 
Q  fr.  30  à  0  fr.  50;  raisins,  chasselas  de  serres,  le  kilog.,  8  à  16fr, 

Gros  légumes.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  asperges  de  châssis,  la  botte,  de 

12  à  35  fr.;  aux  petits  pois,  la  botte,  1  à  2  fr.;  carottes  nouvelles,  les  lUO  bottes, 
80  à  160  fr,;  carottes  communes,  les  100  bottes,  20  à  2-5  fr.;  d'hiver,  l'hecto- 
litre, 3  à  5  fr.  ;  de  chevaux,  les  100  bottes,  14  à  22  fr.;  choux  communs,  le  cent, 
5  à  20  fr.;  navets  nouveaux,  les  100  bottes,  lOuà  150  fr,;  communs,  les  100  bottes, 
20  à  32  fr.;  oignons  en  grain,  l'hectolitre,  9  à  12  fr. ;  panais  communs,  les  100 
bottes,  15  à  à  20  fr.;  poireaux  communs,  les  bottes,  20  à  60  fr. 

Pommes  de  terre.  —  Hollande  communes,  l'hectolitre,  17  à  19  fr.;  le  quintal, 
24  fr,  28à  27  fr.  85;  jaunes  communes,  l'hectolitre,  10  à  11  fr.;  le  quintal, 
14  fr.  28  à  15  fr.  71. 

V.  —  Vins,  spiritueux,  vinaigres,  cidres. 

Vins.  —  Les  viticulteurs  dorment  mal  pendant  la  période  que  nous  traversons* 
Chaque  jour  leur  amène  de  nouvelles  craintes,  principalement  lorsque  le  temp^ 
est  clair,  ainsi  qu'il  arrive  presque  partout  en  ce  moment  Les  terreurs  des  gelée^ 
blanches  hantent  leurs  cervaux  anxieux,  et  ils  redoutent  de  voir  chaque  matin  le^ 
bourgeons,  la  veille  pleins  de  promesses,  réduits  à  néant.  Heureusement  jusqu'ic^ 
les  choses  se  sont  bien  passées;  d'ailleurs  la  végétation  de  la  vigne  est  presque 
partout  peu  avancée;  mais  nous  ne  sommes  pas  encore  sortis  de  la  période  .les 
nuits  froides  et  la  chaleur  du  jour  avance  rapidement  le  travail  des  bourgeons. 
Le  commerce  est  dans  un  calme  assez  grand;  les  ventes  se  fout  couramiuent,  et 
les  prix  se  soutiennent  ;  la  bonne  influence  de  l'hiver  sur  les  vins  des  dernières 
vendanges  s'accentue  de  plus  en  plus.  Voici  les  prix  pratiqués  sur  quelques  mar- 
chés. Dans  les  Bouches-du-Rhône,  les  vins  de  lu  plaine  valent  de  26  à  28  fr.  pour 
les  bonnes  q'ualités  ;  24  à  25  fr,  pour  les  sortes  ordinaires.  Dans  la  Loire-Infé- 
rieure, on  paye  :  Muscadets  vieux,  130  à  14u  fr,;  nouveau,  75  à  85  fr. ;  gros  plants 
de  1881,  70  à  72  fr.;  gros  plants  nouveaux,  40  à  45  fr.  Les  vins  de  l'Orléanais 
sont  vendus  à  Orléans  :  vins  rouges  de  [tays,  90  à  125  fr.  le  poinçon  ;  blancs,  60 
à  65  fr.;  vins  blnncs  du  Poitou,  51  à  53  fr.  la  pièce  ;  de  Blois,  55  à  .8  fr.  —  A 
Bordeaux,  les  vins  d'Espagne  valent  300  à  475  fr,  le  tonneau  de  9u5  litres  ;  à  Cette, 
on  paye  j»ar  hectolitre  :  Alicante,  42  à  43  fr.;  Aragon,  30  à  32  fr  ;  Tarragone,  25 
à  43  fr.  ;  Majorque,  28  à  30  fr.;  vins  blancs  d'Alicante,  33  à  35  fr.  —  Au  Havre, 
on  cote  :  vins  d  Espagne,  rouges,  42  à  53  fr.  l'hectolitre;  rouges  de  Portugal,  45 
à  54  fi-    pour  les  quahtés  ordinaires. 

Spiri'ueux.  —  Les  transactions  sont  peu  importantes,  et  les  prix  subissent  peu 
de  fluctuations,  sauf  sur  les  marohés  du  Nord,  où  nous  avons  un  nouveau  mou- 
vement de  baisse  à  signaler.  Dans  le  Midi,  on  cote  par  hectolitre  :  Cette  :  3/6 
bon  goîit,  100  à  l05  fr.;  marc,  95  fr.;Beziers  3/6  bon  goût,  103  fr.;  marc,  95  fr.; 


118  REVUE   COMMERCIALE  ET  PRIX   COUllANT 

Bans  les  Cliareiates,  les  prix  demeiarent  aux  taux  que  nous  avons  précédemment 
indiqués.  A  Paris,  on  paye,  par  hectolitre  :  3/6  betteraves,  l''«  qualité,  SO  de- 
grés disponible,  50  fr.  25  à  ôi'fr.  50  ;  mai,  50  fr,  50;  quatre  mois  de  mai,  50  fr.  75 
à  51  fr.;  quatre  derniers  mois,  51  fr.  Le  stock  était,  au  18  avril,  de  21,500  pipes, 
contre  14*250  en   1882. 

Vinaigres.  —  On  paye  à  Orléau'S  :  vinaigre    nouveau,   40  à  42   fr.  par  hecto- 
litre; vinaigre  vieux,  50  à  60  fr. 

.  Raisins  secs.  — Les  prix  sont  fermes.  On  paye  à  Marseille,  par  100  hectolitres  : 
Goiinthe,  54  à  55  fr.;  Thyra,  45  à  46  fr.;  raisins  noirs,  m2  à  44  fr,;  Beyrouth,  43 
à  44  fr.;  Samos,  48  à  49  fr.  50;  Candie,  44  à  45  fr.;  Alexandrette  ,  41  à  45  fr.; 
Vourlas,  44  à  45  fr. 

Crème  de  tartre.  —  On  paye  à  Lyon  315  à  'ÀZO  fr.  par  100  kilog. 

yer<lels.  — Les  verdets  nuirchand  valent,  à  Marseille,  220  à  2i:5  ir.  par  quintal 
métri  ;ue. 

Soufres.  —  On  cote,  dans  l'Hérault,  p;ir  100  kilog  ,  soufre  subhmé,  19  à  fr.  50; 
trituré,  16  fr.  75  à  i9  fr.  ;  en  canons,   17  fr.  75  à  18  fr.  25. 

VI.  —  Sucres.  —  Celasses.  —  Fendes.  —  Glucoses. —  Amidons.  —  Houhlmis. 
Sucres.  —  Les  ventes  sont  peu  importantes,  mais  les  piix  se  maintiennen '' 
pour  toutes  les  sortes.  On  paye  par  100  kilog.;  à  Paris,  sucres  brute '88  degré^ 
saccharimétriques,  53  fr.  75  ;  les  '99  degrés,  60  fr,  50  ;  sucres  blanc'^,  60  fr.  50  *, 
à  Saint- Quentin,  «^cres  bruts,  53  fr.  ;  sucres  blancs,  60  à  61  fr.  5  ;  —  Valen- 
ciennes,  sucres  bruts,  52  fr.  25  à  52  fr.  50;  — -à  Péronne,  sucres  bruts, 
51  fr.  75;  sucres  blancs,  60  fr.  —Le  stock  de  l'entrepôt  réel  des  sucres,  à 
Paris  était,  au  18  avril,  de  782,000  sacs  pour  les  sucres  indigènes,  avec  une. 
diminution  de  36,000  sacs  depuis  hurt  jours.  —  Pour  les  sucres  raffinés,  on 
paye  de  105  fr.  50  à  106  fr.  50  par  100  kilog.  à  la  consommation,  et  de  64  fr.  50 
à  67  Ir.  .^0  pour  TexportaLion. 

Mélasses.  —  Prix  sans  changements  :  mélasses  de  fabrique,  12  fr.  ;  de  raffi- 
nerie, 13  fr,  50  à  l'-i  fr.  ;  le  'tout  par  100  kilog. 

FfciUfS.  — Les  ventes  sont  plus  actives,  avec  des  prix  en  hausse.  On  cote  à 
Paris,  41  fr.  pour  les  fécules  premières  du  rayon;  à  Gompiègne,  40  fr.  pour  celles 
de  l'Oise;  à  Epinal,  41  ir,  pour  celles  des  Vosges. 

Glucoses.  —  Il  y  a  plus  de  fermeté  dans  les  prix.  On  paye  àPai-is  :  par  100  kilog.  ; 
siiop  de  froment,  54  à  56  fr.  ;  massé,  43  à  44  fr.  ;  sirop  de  maïs,  48  à  49  fr.. 

Amidons.  —  Mêmes  cours  que  précédemment  pour  toutes  les  sortes. 
'Houblons.  —  Les  affaires  sont  presque  nulles;  les  prix  se  maintiennent  avec 
peine.  On  paye  dans  le  Nord,  600  fr.  par  100  kilog.  En  Alsace,  les  ventes  sont 
achevées. 

V[I.  —  Huiles  et  graines  oléagineuses,  tourteaux. 

Huiles.  —  La  grande  spéculation  à  la  hausse  a  pris  lin  par  la  mort  du  prin- 
cipal agent  de  ce  mouvement;  les  cours  se  sont  effondrés.  On  paye  à  Paiis,  par 
100  kilog.  :  huile  de  colza  en  tous  fiits,  96  fr.  ;  en  tonnes,  98  fr.;  épurée  en 
tonnes,  )  06  fr.  ;  huile  de  lin  en  tous  fats,  59  fr.  ;  eu  tonnes,  61  Ir.  Sur  les  marchés 
des  départements,  on  paye  les  huiles  de  colza  :  Gaen,  87  fr.  Rouen,  88  fr.  ;et  pour 
les  autres  sortes  :  lin,  59  fr.  ;  arachide,  77  fr.  —  Dans  le  Midi,  les  affaires 
sont  calmes  sur  les  marchés  des  huiles  ;  on  constate  que  les  dernières  gelées  ont 
fait  beaucoup  de  mal  aux  oliviers. 

Graines  oléagineuses.  —  Les  prix  se  maintiennent  bien.  On  paye  à  Arras  :  œillette, 
26  à  28  ir.  25;  colza,  24  à  25  fr.  ;  lin,  17  à  18  fr   50,  cameliue,  16  à'iSfr. 

Tourteaux.  —  Cours  fermes.  Ou  cote  à  Marseille,  par  110  kilog.  :  tourteaux 
de  lin,  17  fr.  50;  d'arachides  en  coques,  10  fr.;  décortiquées,  14  fr.  75;  sésame 
blanc  du  Levant,  14  fr.  75;  sésame  brun  de  l'Inde,  12  fr.  50;  coprets,  12  fr.  50; 
colza  du  Dauhbe,  12  fr.  50,  œillette,  12  fr.  25;  coton  d'Egypte,  12  fr,  50  ;  pal- 
miste naturel,  10  fr.  50;  ricin,  11  fr.  75;  ravison,  12  fr.  Dans  le  Nord  les  prix 
sont  sans  changements. 

Engrais.  —  A  Dunkerque,  les  nitrates  de  soude  sont  cotés  31  fr.  50  par 
,10  ('kilog. 

YIII.  —  Matières  résineuses,  colorantes.  —  Bois. 

Matières  résineuses.  —  Les  prix  sont  en  baisse.  On  paye  à  Dax,  80  fr,  par 
100  l\ilog.  pour  l'essence  pure  de  térébenthine.' 

Bois.  —  Au  Mans,  on  cote  :  gros  bois,  8  à  10  fr.  le  stère;  fagots,  45  à  70  fr. 
le  cent;  bouirées,  25  à  35  fr,  le  cent;  pommes  de  sapins,  7  à  7  fr.  le  mille. 


DES   DENRÉES  AGRICOLES  (21   AVRIL  1883). 


119 


IX.  —  Suifs  et  corpx  gras. 

Suifs.  —  Prix  encore  en  hausse.  On  paye  à  Paris  108  fr.  par  100  kilog.  pour 
les  suifs  purs  de  l'abat,  de  la  boucherie,  81  fr.   pour  les  suifs  en  branches, 

Snindniur.  —  Au  Havre,  on  cote  l'iO  à  142  fr.  par  100  kilog.  pour  les  saindoux 
d'Amérique. 

X.  —  Beurres.  —  Œufs.  —  Fromages. 

Beurres.  — Il  a  été  vendu,  pendant  la  semaine,  à  la  halle  de  Paris,  145,907  kiloo^. 
de  beurres.  Au  dernier  marché,  on  cotait  par  kilog.  :  en  demi-kilog.,  2  fr.  60  à 
4  fr.  60  ;  petits  beurres,  2  fr.  à  3  fr.  60;  Gournay,  2  fr.  98  à  4  fr.  76;  Isigny, 
2  fr.  92  à  8  fr.  44. 

Œufs.  —  Du  9  au  15  avril,  on  a  vendu  à  la  halle  de  Paris,  7,'435,018  œufs. 
Au  dernier  marché,  on  paye  par  mille  :  choix,  82  à  100  fr.;  ordinaires,  5fi  à 
76  fc;  petits,  42  à  52  fr. 

Fromages'.  — Dernier  cours  de  la  halle  de  Paris,  par  douzaine  :  Brie,  8  à  46  fr,; 
Montlhéry,  15  fr.,  —  par  cent,  livarot,  69  à  115  fr.;  Mont-Dor,  31  à  33  fr.; 
divers,  14  à  68  Jv.-  par  100  kilog.;  Gruyère,  110  à  170  fr. 

XI.  —  Chevatix,  bétail,  viande. 

Chevaux.  —  Aux  marchés  des  11  et  14  avril,  à  Paris,  on  comptait  8  96  chevaux  ; 
sur  ce  nombre,  334  ont  été  vendus  comme  il  suit  : 


Chevaux  de  cabriolet 

Amenés. 
217 

Vendus. 
51 
64 
88 
33 
98 

Prix  extrêmes. 
200  à  1 .050  fr. 

—         de  trait 

. .    .         271 

290  à  1,200 

—         hors  d'âa^e 

277 

40  à       910 

—          à  l'enchère , . . . 

33 

25  à       380 

—         de  boucherie 

98 

20  à       100 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  officiel  du  marché  aux  bes- 
tiaux de  la  Villette,  du  jeudi  12  au  mardi  17  avril  : 


Amenés. 
4,863 
1,376 
308 
3,6îO 
38, 9  H 
6,143 


Pour 

Paris. 

3,158 

913 

261 

2,375 

29,150 

2,443 


Vendus 


Pour 


En 


l'extérieur,  totalité. 


1,436 
419 
41 
1,004 
8,519 
3,700 


4,594 
1,332 
302 
3,879 
37,669 
6,143 


Poids 
moyen 

des 
quartier 

kil. 
348 
233 
383 

74 

19 

81 


Prix  du 
pied 

s.   !'■'-■ 

quai. 
1.78 
1.68 
1  .56 
2,26 
2.24 
1.50 


ki 
au  m 

quai. 
1.62 
1.45 
1.46 
2.10 
2  10 
1.44 


de  viande 
arche  du  1 

3« 
quai. 
1.40 
1.30 
1.34 
1.70 
1  .96 
1.38 


nette  sur 
6  avril. 

Prix 
moyen. 
1.58 
1.47 
1.45 
2.00 
2.05 
1.44 


Bœufs 

Vaciies 

Taureaux ..... 

Veaux 

Moutons 

Porcs  gras. . . , 
—  maigres.  »  »  •  »  »>.  »»  » 

Les  prix  se  maintiennent  avec  fermeté  pour  toutes  les  catégories;  les  ventes 
sont  d'ailleurs  faciles  pour  toutes  les  sortes.  —  Sur  les  marchés  de&départements, 
on  cote  :  Bown,  1  fr.  60  à  1  fr.  90  par  kilog,  de  viande  nette  sur  pied;  vaches, 
1  fr.  45  à  1  fr.  75;  veaux,  1  fr.  95  à   2  fr.  30;    moutons,  2  fr.  à  2  fr.  30;  porcs, 

1  fr.  à  1  fr  35;  —  Le  Mans,  bœuf,  1  fr.  60  à  1  fr.  70  ;  vaches,  1  fr.  52  à  1  fr.  62; 
veaux,  1  fr.   55  à  1  fr-  75;   mouton,  2  fr.    10   à   2  Ir.   20;  agneaux,   2   fr.    15  à 

2  fr.  25;  —  Cnen,   bœuf,  1  fr.  6(i  à  1   \x.  ^Q\  vaches,  1   fr.  50  à  1  fr.  70;   veaux, 

1  fr.  70  à.  1  fr.  90;  moutons,  1  fr.  8D  à  2  fr.;  porc,  1  fr.  10  à  1  fr  30;  — 
Nantes,  bœufs,  0  fr.  85  à  0  fr.  90  par  kilog.  brut;  vache,  0  fr.  80;  veau,  1  fr.; 
mouton,  1  fr,  à  1  ir.  0'^  ;  —  Orléans,  bœufs,  0  fr.  70  à  0  fr.  80;  vaches,  n  fr.  70 
à  0  fr.  80  ;  veaux,  1  fr.  à  1  fr.  20  ;  moutons,  0  fr.  75  à  0  Ir.  95  :  porcs,  0  fr.  70 
à  1  fr.  ;  —  Sed'in,  bœuf,  1  fr.  60  à   1    fr.  80;  veau,   1  fr.  50  à  1  fr.  90;   mouton, 

2  fr,  20  à  1  fr.  30.;  porQ,  1  fr,  50  à  1  fr.  90  ;  —  Nancy,  bœufs,  93  à  97  fr.  les 
100  kilog.  bruts;  vaches,  60  à  93  fr.;  veaux,  116  à  1.30  fr.;  mouton,  110  à  125  fr.; 
porc,  136  à  14^  fr.  ;  —  Dijon,  bœuf,  1  Ir.  56  à  )  fr.  76;  vaches,  I  fr.  1&  à 
l  fr.  66  ;  veaux  (poids  vif)  1  fr.  02  à  1  fr.  14  ;  moutons,  I  fr.  80  à  2  fr.  10;  porcs 
(poids  vif),  0  fr.  90  à  1  fr.  02;  —  Lyon,  bœufs,  85  à  90  fr.  les  100  kilog.  ;  veaux, 
110  à  120  fr.  ;  moutons,  90  à  100  ir.  ;  porcs,  108  à  1 16  fr.  ;  —  Bourgoin,  bœufs, 
66  à  76  fr.;  vaches,  58  à  68  fr.;  moutons,  90  à  98  fr.;  porc,  86  à  90  fr.;  veau, 
82  à  92  fr.  ;  —  Genève,  bœuf,  1  fr.  50  à  1  fr.  65  veau  (sur  pie'd),  0  fr.  90  à  1  fr.  10  ; 
mouton,    I  fr.  70  à  1  fr.  80  ;  porc,  1  fr.  45  à  l  fr.  50. 

A  Londres,  les  importations  d'animaux  étrangers  durent  la  semaine  dernièTese 
sont  composées  de  16,898  tètes,  dont  6  bœufs,  238  veaux,  49  moulons,  et 
4  1  "porcs  venant  d'Amsterdam;  470  moutons  d'Anvers;  4  moutons  de  Bombay; 
1400  moutons  de  Boston;    3, COI    moutons   de    Brème;    50  bœufs  de  Garril  ; 


120  REVUE  COMMERCIALE   ET  PRIX  GOURANT    (21    AVRIL    rS-^Sj. 

122  bœufs  de  Christiania;  6,179  moutons  de  Geestemunde;  239  bœufs,  G2  veaux 
et  3  moutons  de  Golhembourg;  955  moutons  d'Iiambourg;  18  biBuCs,  52  veaux, 
18  moutons  et  1  porc  d'Harlingen  ;  846  bœufs  de  New-York;  300  l^œufs 
d'Oporto;  1\  bœufs,  99  veaux,  3061  moutons  et  Ibl  porcs  de  Rjtterdam.  Prix  du 
kilog.  Bœuf:  qualité  inférieure  1  fr.  52  à  I  fr,  75  ;  "i",  1  ir.  75  à  1  fr.  93;  qualité 
supérieure,  1  fr.  93  à  2  tr.  05.  —  Vea.t  :  2*,  1  fr.  93  à  2  Ir.  10;  l''',  2  fr.  10 
à  2  fr.  22.  —  Mouton.  Qualité  inférieure  :  1  Ir.  87  à  1  fr.  99  ;  2%  1  fr.  99  à 
2fr.  10;  1'-'',  2  fr.  10  à  2  fr.  22.  —  A'iaeau  :  2  fr.  80  à  3  fr.  15.  —  Porc  : 'i", 
1  fr.  kO  à  1  fr.  58;  V'\  1  Ir.  5^  à  l  fr    75. 

Viande  à  la  criée.  —  Du  9  au  15  avril,  il  a  été  vendu  à  la  halle  de  Paris  : 

Prix  du  kilog.  le  16  avril. 

kilog.  1'"  quai.               V  i\[ia.l.  3°  qaal.  Choix.       Bdsse  Boucherie. 

Bœuf  on  vache...    174,123  l.()2àl.96     1.40  à  1. Ri  0.96  à  1.38  l.G0à3.00     0.20  à  1.30 

Veau 2h6,7M  1.8')      2  n  '  l.hS       1.78  1.14       l.ô6  1.40       2..b8       » 

Mouton 91,510  1.62       2.(l2     1.40       1.60  0.96       1.38  1.66       3.30'      « 

Porc.  >    40,34 1                       Porc  IVals 1  .26  à  1.40;  salé, 

062,727         Soit  par  jour 80,389  kilog. 

Les  ventes  ont  été  supérieures  de  7,000  kilog.  par  jour  à  celles  de  la  semaine 
précédente.  Les  prix  demeurent  sans  variations,  • 

XII.  —  Cours  de  la  viande  à  Vahalloir  de  la  Villelte  du  19  avril  (par  ôQkilng.) 

Cours  de  la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  A^illette  par  50  kilog.  :  1"  qualité, 
70  à  73  fr.  ;  2%  (',5  à  70  fr.  ;  poids  vifs,  45  à  50  fr. 

Bœufs.  Veaux.  Moi:tons. 

(,.  2°  3"  l'°  T  3'  l"  2°  3' 

quai.  quai.  quai.  q^'al.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai, 

fr.  ■  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr. 

80  115  98  73  100  93  66  95  87 

XIII.  — Marché  aux  bestiaux  de  la  Villelte  du  jeudi  19  avril  1883. 

Cours  des  commissionnaires 
Poids  Cours  officiels.  en  besiiaux. 

Animaux                          •    gf^ntral.  1"         2'  3°  Prix         '     l"  U"  S°  Frix 

amenés.  Invendus.  kil.  quai.  quai.  quai,  extrêmes.  quai. quai.  qnal.  extrêmes. 

Bœufs 2.290  3'i5  365  i .  74  l.oS  :.36  1.30ài.78  1.72  1.56  1.33  1   30àl.74 

Vaches 497  41  234  1.64  t. 44  1   26  1.20     \   66  1.62  i.40  t   24  i.20     1.64 

Taureaux...         120  6  390  l   50  1.38  i .26  ! . 22     1.52  1.43  1.35  1.30  1.20     1.50 

Veaux 1.348  146  80  2  26  2.10  1.70  1.50     2  40         »  »  »  » 

Moutons.....    1,<  695  1.573  19  2  20  2  06  1    88  1.78     2.30          »  »  »  » 

Porc.^gras..     4.806  257  82  1.42  1.36  1.30  1.30     1.46         »  »  » 

— =.  maigres..          »  »  »  »          »  »  n        »             »  »  »  » 

Vente  assez  active  sur  toutes  les  espèces. 

XIV.  — licsumc. 

Maintien  des  cours  pour  les  céréales,  les  farines,  les  fourrages,  les  produits 
animaux,  mais  baisse  sensible  sur  les  prix  des  huiles,  tel  est  le  résumé  de  la 
semaine.  A.  Remy. 


BULLETIN  FINANCIER 

La  Bourse  est  toujours  très  mo'iveraentée  :  on  parle  bien  d'une  conversion  mais 
en  termes  si  vagues  que  je  n'ose  pas  en  parler. 

Cours  de  la  Bourse  du  11  au  18  avril  1883  i,au  comptant). 


Principalos  valeurs  françaises  : 

Plus  Plus 

bas.  haut. 

Rente  3  0/0 79.25  79  90 

Rente  3  o/o  amortis 80.39  80.85 

Rente  4  1/2  ojo 110.15  111.85 

Rente  5  0/0 113  00  lt3.80 

Banque  de  France 5380  00  5400.00 

Comptoir  d'escompte  973.75  980.00 

Société  générale 545.00  550.00 

Crédit  foncier 1330.00  1350.00 

Est .\ctions  500     732.50  738.75 

Midi d°  1105  00  1130.00 

Nord d°  1885.00  1920  00 

Orléans d°  1235.00  1267.50 

Ouest d"     7d5.00  775.00 

Paris-Lyon-Méditerranée  d°  1560.00  1575.00 

Paris  1871  obi.  400  à  3  O/O.     383.00  392.25 

Italien  5  0/0 90.90  91.35 


Dernier 
cours. 
79  45 
80.70 
110.75 
113.15 

5390.00 
977  50 
550.00 

1350.00 
732   50 

1115.00 

'920.00 

1250  00 
772.50 

1575.00 

388.50 

91   50 


Le  Gérant  :  A.  BOUCHÉ. 


Valeurs  diverses 

Plus 

Plus 

Dernier 

bas. 

haut. 

cours. 

Créd.  fonc.  obi.   500  4  O/o 

507.50 

50S1.00 

507.50 

d"        d"       d"      d°    3  0/0. 

530.00 

540.  OiJ 

530.00 

d°      obi.     c=*      d"  3  0/0. 

438  00 

443.00 

4  £3. 00 

Tique  de  Paris  act.  500 

1050.00 

1060.00 

1060.00 

Crédit  ind.  et  com.  500. .. . 

710.00 

710.00 

710.00 

Dépôts  et  cples  cts.  500. .  . . 

680.00 

681   25 

631.25 

Crédit  lyonnais d° 

550.00 

565.00 

552.60 

360  00 
1445.00 

367.50 

1457.50 

360.00 

Cie  parisleime   du  gaz  250 

1455.00 

Cie  ^'énér.  transatl 5110 

452.50 

455.00 

455.00 

Messag.  maritimes d°. 

705  00 

■710.00 

705.00 

Canal  de  Suez d". 

2500.00 

2590.00 

2525.00 

d°     délégation d°. 

1290.00 

1302.50 

1300.00 

d°     obli.  5  0/0 .d°. 

560.25 

5b3.75 

563. 70 

Créd.  fonc.  Autrich 500 

775.00 

780.00 

775.00 

Gred.  mob.  Espagnol 

340.00 

355.00 

355.00 

370.00     375.00 

LETERltlER 

375.00 

CHRONIQUE  AGRICOLE  (28  avril  i883). 

Discussion  à  la  Chambre  des  députés  sur  la  conversion  des  renies  .'>  pnur  100.  —  Discussion  de 
plusieurs  amendemenls  relatifs  à  l'aiiplicalion  des  ressources  disporiiitles  à  des  dégrèvements 
agricoles.  —  Le  budget  de  l'ag  iculluie  pour  1884.  —  Projet  d'annexion  d'un  concours 
internaiional  de  laiterie  au  procLain  concours  général  de  Pans.  —  Demande  de  crédit  pour  la 
création  de  primes  d'honneur  en  faveur  de  la  peiiie  culture  et  de  l'iiurliculture.  —  Valeur 
et  importance  de  celle  innovation.  —  Septième  liste  de  sous:ription  pour  le  niomimcntà  élever 
à  Léonce  de  Lavergne.  —  Les  mesures  prises  en  Italie  coiilre  la  propa^-'atioa  du  phylloxéra.  — 
Concours  de  greffe  de  la  vigne  organisé  i)ar  la  Société  d'agriculture  de  la  Savoie.  —  Compte 
rendu  du  concours  de  greffe  de  la  vigne  à  Saii  tes.  —  L'ensilage  «es  fourrages  verts.  —  Lettre 
adressée  par  M.  Goffart  à  M.  le  pré^ident  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France.  —  Liste 
des  élèves  diplômi  s  des  écoles  nationales  d'agricullure. —  Excursion  des  élèves  de  Mont- 
pellier en  Algérie.  —  Vente  d'animaux  reproducieurs  de  la  race  Schwyz  à  Wassy.  —  Ajour- 
nement de  l'exposition  d'horticulture  de  Moscou.  —  Tentatives  pour  l'extension  de  la  culture 
de  la  ramie  dans  le  Midi.  —  Les  fêtes  du  concours  légional  de  Troyes.  —  Exposition  générale 
de  chiens.  —  Les  étrangers  et  les  concours  régionaux.  —  C-.mcours  du  Comice  agricole  de 
Seine-et-Oise  et  du  Comice  d'encoura'-ement -à  l'agriculture  dans  Seine-et-Oise.  —  Concours  du 
Comice  de  Melun,  Fontaiii'  bleau  et  Provins.  —  Brochu  e  de  M.  Pellet  sur  le  laboratoire  muni- 
cipal de  Paris  et  ses  agissements.  —  La  culture  du  pai'ais  comme  plante  fourragère.  —  Lettre 
de  M.  Le  Bian.  —  Election  de  M.  J.  Robert  comme  membre  étranger  de  la  Société  nationale 
d'agriculture. 

I.  —  Les  dégrèvements  en  faveur  de  l'agriculture. 

La  loi  de  la  conversion  des  rentes  de  l'Etat  5  pour  100  en  rentes  de 
4  et  demi,  a  été  votée,  par  la  Chambre  des  députés,  le  24  avril,  après 
une  double  séance  de  jour  et  de  nuit.  On  calcule  que  cette  mesure 
équivaut  à  une  réduction  de  35  millions  de  francs  dans  les  intérêts 
que  l'Etat  a  à  payer  annuellement  aux  possesseurs  de  rentes  5  pour  1 00. 
C'est  une  économie  annuelle  dont,  à  maintes  reprises,  on  avait  pro- 
mis de  faire  profiler  l'agriculturB.  11  est  bien  à  craindre  que  cette  pro- 
messe ne  soit  pas  tenue.  Dans  le  cours  de  la  longue  discussion  de  la 
loi  sur  la  conversion,  elle  a  été  rappelée  avec  instance  par  plusieurs 
orateurs,  et  la  Chambre  des  députés  a  été  presque  sur  le  point  de  la 
sanctionner  de  nouveau,  en  adoptant  un  des  amendements  qui  lui 
étaient  proposés.  Tout  d'abord  notre  confrère  de  la  Société  d'agricul- 
ture, M.  Gandin,  a  longuement  et  bien  défendu  un  article  ainsi  conçu  : 
«  Les  ressources  provenant  de  la  conversion  seront  atîectées,  annuel- 
lement, jusqu'à  concurrence  de  20  millions  au  moins,  au  dégrève- 
ment de  l'impôt  foncier  sur  les  propriétés  rurales  non  bâties.  »  Le 
sombre  tableau  qu'il  a  fait  des  souffrances  de  l'agriculture  n'a  pu 
réunir  à  sa  proposition  qu'une  honnête  minorité.  M.  Jametel  a 
manqué  être  plus  heureux;  on  se  souvient  que,  en  1881,  un  article 
additionnel  à  la  loi  du  budget  a  décidé  que  tous  les  excédents  libres  qui 
se  produiraient  seraient  inscrits  à  un  compte  spécial  de  dégrèvements 
en  faveur  de  l'agriculture.  Au  lieu  d'excédents,  il  y  a  eu  des  déficits. 
L'article  de  loi  a  été  une  vaine  manifestation.  Aussi  M.  Jametel  a-l-il 
voulu  qu'on  revînt  sur  une  situation  aussi  fâcheuse,  et  que  la  Chambre 
n'eût  pas  l'air  d'abandonner  la  ferme  volonté  qu'elle  avait  toujours  eue 
d'apporter  réellement  des  dégrèvements  aux  charges  pesant  sur  l'agri- 
culture. Dans  ce  but,  il  a  proposé  trois  articles  additionnels  ayant 
pour  but  de  prendre,  dès  cette  année,  8,500,000  francs  sur  les  pro- 
duits de  la  conversion,  et  d'assurer,  pour  les  années  subséquentes,  la 
totalité  de  l'économie  aux  dégrèvements  agricoles.  La  Chambre  s'est 
trouvée  ébranlée  et  prête  à  voter  la  proposition  de  M.  Jametel,  lorsque 
M.  le  président  du  Conseil  est  monté  à  la  tribune  pour  demander  que 
la  question  lut  réservée  jusqu'au  moment  où  l'on  volera  le  budget  de 
1884.  C'est  à  une  faible  majorité  que  la  Chambre  s'est  ralliée  à  cette 
manière  de  voir.  La  question  se  trouve  donc  laissée  sans  solution  défi- 
nitive. Puisse  la  cause  de  l'agriculture  triompher  enfin  dans  quelques 
mois,  lorsque  la  discussion  du  budget  viendra  à  l'ordre  du  jour. 

N"  733.  —  Tome  II  de  1883.  —  28  Avril. 


122  CHRONIQUE  AGRICOLE    (28  AVRIL   1883]. 

II.  —  Le  budget  de  ï agriculture  pour  1884. 

Dans  notre  chronique  du  17  mars  (pan;e  405  du  tome  P  de  1883), 
nous  avons  annoncé  que  le  p:ouvernement  avait  présenté  à  la  Chambee 
des  députés  le  projet  de  budget  pour  1884,  et  nous  avons  indiqué  les 
principales  différences  que  ce  projet  de  budget  présente,  en  ce  qui 
concerne  les  services  agricoles,  avec  le  budget  de  1883.  L'exposé  des 
motifs  que  nous  avons  aujourd'hui  sous  les  yeux  nous  permet  de 
donner  quelques  détails  complémentaires  sur  des  mesures  que  les 
agriculteurs  accueilleront  avec  faveur. 

Le  chapitre  des  encouragements  à  l'agriculture  et  au  drainage  s'élève 
au  total  de  1 ,999,900  fr.  avec  une  augmentation  de  7h,000  fr.  qui  se 
décompose  comme  il  suit  :  concours  d'animaux  de  boucherie,  1 5,000  fr.  ; 
primes  d'honneur  et  prix  culturaux,  50,000  fr.;  frais  de  mission  en 
France  et  à  l'étranger,  10.000  fr. 

L'augmentation  de  15,000  fr.  pour  les  concours  d'animaux  de 
boucherie  a  pour  but  l'annexion  d'un  concours  général  et  international 
de  laiterie  au  concours  général  de  Paris  qui  aura  lieu  en  1884.  «  Les 
progrès  effectués  dans  toutes  les  parties  du  monde,  dit  l'exposé  des 
motifs,  l'utilité  de  conserver  à  nos  produits  leur  rang  sur  les  marchés 
étrantrers.  rendent  cette  exposition  internationale  urgente.  Il  importe 
que  les  agriculteurs  français  puissent  voir  les  progrès  réalisables  et  le 
matériel  perfectionné  en  usage  dans  le  nord  de  l'Europe  et  aux  Etats- 
Unis.  »  Il  est  certain  qu'une  exposition  internationale  de  laiterie, 
ajoutée  aux  concours  généraux  du  palais  de  l'Industrie,  serait  assurée 
du  succès  le  plus  complet;  nous  faisons  des  vœux  pour  sa  réalisation. 

La  deuxième  innovation,  qui  consiste  à  ajouter  une  somme  de 
50,000  {'r.  au  budget  des  primes  d'honneur  et  des  prix  culturaux, 
nous  paraît  beaucoup  plus  importante.  Elle  a  pour  objet  de  créer  des 
p^'imes  d'honneur  pour  la  petite  culture  et  pour  l'horticulture.  «  L'in- 
stitution des  primes  d'honneur  de  la  petite  culture,  dit  l'exposé  des 
motifs,  a  pour  but  de  faire  participer  aux  encouragements  de  l'Etat  la 
classe  des  petits  cultivateurs  qui  exploitent  leurs  biens  avec  leurs  bras 
et  ceux  de  leurs  enfants  et  qui,  quoique  comptant  pour  75  à  80  pour 
100  dans  la  population  agricole  de  la  France,  n'ont  pas  eu  jusqu'à  ce 
jour  une  catégorie  spéciale  de  récompenses.  Le  crédit  demandé  per- 
mettra de  combler  cette  lacune.  »  On  ne  saurait  mieux  dire  :  il  est  seu- 
lement permis  de  regi^tter  que  le  crédit  ne  soit  pas  plus  élevé  ;  mais  on 
peut  le  considérer  comme  une  première  étape,  en  espérant  qu'il  sera 
augmenté  plus  tard.  Lorsque  l'institution  de  la  prime  d'honneur  fut 
créée,  il  y  a  près  de  trente  ans,  le  programme  ne  comportait  qu'une 
seule  grande  récompense.  La  création  des  prix  culturaux,  appliquée 
pour  la  première  fois  vîn  1870,  fut  un  progrès.  Mais  tous  les  cultivateurs 
exploitant  des  fermes  d'une  étendue  inférieure  à  cinq  hectares,  ont  été 
jusqu'ici  exclus  des  concours  des  prix  culturaux,  et  dans  quelques 
départements,  ils  forment  l'immense  majorité;  il  y  a  donc  là  une 
injustice  à  réparer.  Créer  une  catégorie  spéciale  de  récompenses  pour 
la  petite  culture,  lui  ouvrir  l'accès  des  grandes  récompenses  agricoles, 
de  celles  qui  restent  comme  un  titre  d'honneur  envié  et  qui  se  per- 
pétue dans  la  famille  avec  un  légitime  orgueil,  c'est  faire  œuvre  véri- 
table de  progrès  Nous  espérons  donc  que  le  Parlement  entrera  dans 
ces  vues,  et  qu'il  adoptera  avec  empressement  la  demande  de  crédit 
qui  lui  est  adressée;  la  dépense  est  peu  considérable,  mais  elle  peut 


CHRONIQUE  AGRICOLE    (28  AVRIL   1883).  123 

porter  de  grands  fruits,  créer  une  émulation  nouvelle  parmi  les  plus 
obscurs  représentants  de  l'agricullure  française,  faire  faire  de  virils 
efforts  qui  profiteront  au  pays  dans  une  mesure  qu'il  est  impossiblede 
chitTrer  exactement,  mais  qui  atteindra  certainement  de  très  grandes 
proportions.  En  proposant  et  en  poursuivant  la  création  de  ces  nou- 
veaux prix,  le  ministre  de  l'agriculture  fait  œuvre  vraiment  féconde. 

m. Souscription  pour  élever  un  monument  à  Léonce  de  Lavergne. 

Voici  la  septième  liste  de  la   souscription   ouverte  pour   élever  un 
monument  à  Léonce  de  Lavergne  : 


MM. 


MM. 


M. 


Ucport  de  la  sixième  liste 

Li.slc  de  VInslilut  agricole  de  Gembloux  {Belgique) 

Fouquct.  directeur  émérile 10  00 

Leyder,  professeur a  00 

Damseaux,   —         ^00 

Chevron,      —        »  00 

Piret,  -        500 

Pyro,  —        5  00 

Parisel,         - 5  00 

Delcour,   agent  complable o  uu 

Droixhe,  chargé  (iG,  cours ^00 

Gillekens,  répéliteur 3  00 

Los  élèves  fie  la  troisième  section .••■    •       6  00 

Les  élèves  de  la  première  section 10  75 

Mira^lia.  directeur  de  l'agriculture  au  ministère  de  l'agricul- 

ture,  de  l'industrie  etdu  commerce,  à  Rome  (Italie) 

Joly(Ch.),  vice- président  de  la  Société  centrale  d'iiorticulture. 

Duroselle,  agriculteur  à  Malzéville  (Meui  thc-et-Mo^elle) 

Nicolas,  directeur  de  la  ferme-école  de  Nolhac  (Haute-Loire).. 

Comice  agricole  de  l'arrondissement  de  Reims  (Marne) 

Cercle  agricole  du  Pas-de-Calais •  •  • 

Bruchard  (Anatole  de),  directeur   de  la  ferme-école  de  Cha- 

vai^nac  (Haute-Vienne) 

Les  élèves  présents  à  la  ferme-école  de  Cliavaignac 

Levi  (Docteur  A.),   membre  étranger  de  la  Société  nationale 

d'agriculîure •  • 

Plisia  (Charles),  membre  de  la   Société  des   agriculteurs    de 

France •    •• • 

Meurinne,  membre  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France... 

Cartier  (Charles),  conseiller  à  la  Cour  de  Paris 

Robin  (Jules),  notaire,  à  Paris 

Société  vétérinaire  de  la  Marne 

Comice  agricole  de  Vdleneuve-sur-Lot  (Lot-et -Garonne "i 

Comice  de  Brantôme  (Dordogne) 

Lovasseur,  membre  de  l'Institut •. 

Gilbert,  lauréat  de  la  prime  d'honneur  dans  Seine-et-Oise 

Liste  de  Vécole  pratique  d'agriculture d' Ecully  (Rhône). 

Deville,  directeur 5  00 

Magnien,  professeur '  •     3  00 

Cornevin  (Ch.),  professeur 5  00 

Revol,  répétiteur -^00 

Loisillon 100 

tiuépy OoO 

Labrosse 0  .on 

Claude 0^0 

Galandras 0  50 

Pagebin j  00 

Dumoulin '  .X 

Beau ';;0 

(  ;harlin }  00 

Seyve l  00 

D'-uguet 0  ^0 

Brun 1   OU 

Douspis 100 

Barsus : 0  oO 

Gaismard 0  l'> 

Morier :   0  oO 

Norgelet l  00 

Favel   0  50 

Thibon ]  00 

Lemailre [  00 

Micliault • }  OU 

Meneault » 


Fr. 
,893  50 


LO 


65  75 


50  00 

10  00 

5  00 

6  00 

50  00 

50  00 

20  00 

25  00 

60  00 

5  00 

10  00 

50  00 

50  00 

10  00 

10  00 

5  00 

20  00 

10  00 

31  75 


Total  de  la  septième  liste , 8,426  00 


124  CHRONIQ'E  AGRICOLE  (28  AVRIL   1883). 

Nous  rappelons  à  nos  lecteurs  qu'ils  peuvent  envoyer  leurs  sous- 
criptions à  M.  Henry  Sagnier,  secrétaire  du  Comité,  aux  bureaux  du 
Journal  de  l'agriculture. 

IV.  —  Le  Phylloxéra. 

A  diverses  reprises,  nous  avons  signalé  la  découverte  de  points  d'at- 
taque du  phylloxéra  dans  plusieurs  provinces  d'Italie,  et  nous  avons 
fait  connaître  les  mesures,  souvent  énergiques,  prises  par  le  gouver- 
nement pour  arrêter  les  progrès  du  fléau.  Récemment  une  loi  spéciale 
sur  ce  sujet  a  été  présentée  au  Parlement.  Dans  sa  séance  du  21  avril, 
la  Chambre  des  députés  en  a  achevé  la  discussion.  D  après  ce  projet, 
le  ministère  de  l'agriculture  décidera,  en  cas  d'infection,  s'il  faut  em- 
ployer la  méthode  de  destruction  de  la  vigne  ou  recourir  aux  moyens 
curatifs  ;  dans  l'un  et  l'autre  cas,  des  indemnités  seront  allouées  aux 
propriétaires  de  vignes.  Une  commission  de  six  membres  est  chargée 
de  présenter  au  Parlement  italien,  avant  le  1  5  mars  1884,  un  rapport 
sur  les  ravages  du  phylloxéra  en  Italie. 

V.  —  La  greffe  de  la  vigne. 
Les  efforts  pour  la  reconstitution  des  vignes  par  la  greffe  des  ce- 
pages  français  sur  cépages  résistant  au  phylloxéra,  deviennent  de  plus 
en  plus  énergiques  dans  un  grand  nombre  de  départements.  Aux  con- 
cours de  greffe  qui  ont  eu  lieu  déjà  en  1883,  il  faut  en  ajouter  un  qui 
est  organisé  par  la  Société  centrale  d'agriculture  de  la  Savoie.  Sur  ce 
sujet,  nous  recevons  de  son  président,  M.  Pierre  Tochon,  la  note  sui- 
vante : 

«  Un  concours  de  greffe  de  vignes,  organisé  par  la  Société  centrale  d'agriculture 
du  département  de  la  Savoie,  aura  lieu  le  dimanche  20  avril^  à  midi,  sur  une 
vigne  mise  à  la  disposition  de  la  Société  par  le  D''  Dénarié.  Ce  concours  sera  pré- 
cédé d'une  conférence  de  M.  le  baron  Perrier  de  la  Bâtliie,  eur  les  divers  systèmes 
de  greffes  préconisés,  sur  cell  'S  qu'il  faut  préférer,  sur  la  manière  d'opéi'er  pour 
en  assurer  la  réussite;  enfin,  sur  Ravaleur  et  l'application  des  diverses  machines  à 
greffer  dont  on  fera  l'application  pratique. 

«  Seront  admis  à  concourir  tous  les  propriétaires-cultivateurs,  vignerons  et 
jardiniers  du  département  qui  en  auront  fait  la  demande  au  président  de  la  So- 
ciété, avant  le  28  avril. 

«  Chaque  concurrent  exécutera,  après  la  conférence,  avec  des  greffons  améri- 
cains, de  10  à  20  greffes  boutures  à  la  greffe  anglaise,  pratiquées  à  la  m.ain  ou 
avec  les  machines  mises  à  leur  disposition.  Les  boutures  et  les  greffons  seront 
fournis  par  la  Société,  ainsi  que  le  raphia  pour  ligatures. 

«  Les  concurrents  se  muniront  de  leurs  instruments  à  main;  ils  seront  admis 
à  appliquer,  hors  concours,  d'autres  systèmes  de  greffe  que  ceux  ci-dessus  indi- 
qués. 

«  LaSociélé  d'agriculture  distribuera  deux  espèces  de  récompenses  :  l'une  con- 
siste en  greffons  des  plants  américains  les  plus  recommandés  et  aura  lieu  immé- 
diatement après  le  concours;  la  distribution  eu  sera  faite  à  tous  les  concurrents 
qui  en  feront  la  demande;  l'autre  consiste  en  primes  en  argent,  variant  de  5  à 
15  francs;  la  prime  sera  remise  aux  concurrents  les  plus  méritants,  lorsque  le 
jury  aura  pu  s'assurer  de  la  proportion  de  réussite  de  leurs  greffes.  » 

V Indépendant  de  la  Charente-Inférieure  rend  compte,  dans  l^s  termes 
suivants,  du  concours  de  greffe  de  la  vigne,  organisé  par  le  Comice 
agricole  de  Saintes,  qui  a  eu  lieu  le  15  avril  : 

«  Le  jury  était  composé  de  :  1"  M.  Boisgiraud,  vice-président  du  Goiuice  pour 
le  canton  de  Gemoznc,  nommé  président;  2°  M  Boudet  fil^,  délégué  de  la  Société 
d'agriculture  dAngoulême;  3"  M.  Boulin  (Victor),  horticulteur  à  Saintes; 
4»  M.  Fromaget,  conducteur  des  ponts  et  chaussées  à  Saintes;  5" M.  Ghausserouge, 
propriétaire,  trésorier  du  Comice,  à  Colombiers,  nommé  secrétaire  rapporteur  j 
6°  M.  Frédéric  Bouyer,  propriétaire  viticulteur  à  Burie. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (28  AVRIL   1883).  125 

«  Trente  concurrents  s'étaient  rendus  à  l'appel  de  cette  Société;  après  avoir  tiré 
au  sort  leurs  numéros  d'ordre,  ils  se  sontiangés  devant  de  grandes  tables,  instal- 
lées dans  les  magasins  de  l'ancienne  Société  viticole,  puis  sous  la  surveillance 
des  membres  du  jury  qui  notaient  le  mode  de  greffage,  de  ligature  et  d'englu- 
ment,  l'outil  (serpette  ou  machine),  et  le  temps  employé  par  chaque  concurrent; 
ils  ont  fait  les  20  greffes  sur  table  (10  sur  simples  boutures,  10  sur  racines)  exi- 
gées par  le  programme.  Ces  greffes  ont  été  réunies  par  paquets  numérotés  et 
confiées  aux  soins  de  M.  Boutin,  qui  a  dû  les  faire  planter  dès  le  lendemain  avec 
tous  les  soins  désirables. 

«  On  s'est  alors  rendu  à  la  plantation  américaine  des  cantons  de  Saintes,  située 
tout  près,  et  chaque  concurrent  y  a  greffé  dix  ceps  ayant  un  an  de  plantation.  Un 
public  nombreux  et  attentif  a  suivi  les  différentes  opérations  du  concours,  chaque 
greffeur  était  le  centre  d'un  groupe  de  curieux  désireux  d'a[)prendre.  Il  y  avait  là 
des  viticulteurs  et  des  propriétaires  des  deux  Gharentes  et  de  la  Vienne  ;  nous  y 
avons  rencontré  M.  le  sous-préfet  de  Cognac,  grand  propriétaire  dans  le  Lot;  il 
se  faisait  donner  une  leçon  de  greffe  par  le  brigadier,  chef  des  quatre  greffeurs 
que  le  Comité  central  a  fait  venir  dans  notre  département. 

«  Le  Comice  agricole  les  avait  envoyée  au  concours  pour  les  faire  professer  pra- 
tiquement et  publiiiuement,  ce  qu'ils  taisaient  de  leur  mieux  dans  un  coin  de  la 
plantation.  Ils  ont  été  la  great  aUraction  de  la  fête.  Somme  toute,  bonne  journée 
pour  les  agriculteurs  charentais;  ils  ont  pu  se  convaincre  que  la  greffe  n'était 
pas  une  opération  compliquée,  et  qu'il  n'y  avait  pas  là  un  empêchement  pour  la 
reconstitution  de  nos  vignobles  sur  souches  américaines. 

a  Dacs  quelque  années  tous  nos  vignerons  saïu'ont  greffer,  alors  on  replantera 
hardiment  et  nous  pourrons  revoir  nos  coteaux  couverts  de  verdure  et,  ce  qui  sera 
non  moins  agréable  mais  plus  positif,  nos  cuves  se  remplir;  nous  saurons  gré 
alors  aux  sociétés  agricoles  des  efforts  qu'elles  auront  faits  pour  hâter  cette 
époque.  Souhaitons  que  toutes  celles  de  notre  département  remplissent  aussi  vaiL 
lammenc  leur  lâche  que  notre  Comice.  Depuis  longtemps  il  est  sur  la  brècne  :  il 
a  déjà  créé  des  pépinières  américaines  dans  les  cantons  de  Saintes,  Pons,  Gemo- 
zac,  Cozes  et  Saujon,  et  nous  espérons  bien,  l'an  prochain,  en  voir  à  Burie  'et  h 
Saint-Porchaire.  Si  son  exemple  avait  été  suivi,  la  grosse  question  de  l'adaptatiiii 
serait  déjà  en  partie  résolue,  c'est  le  seul  point  encore  un  peu  obscur  et  qui  eu 
fait  hésiter  beaucoup.  » 

Nous  sommes  heut-eux^  poarnotre  part,  de  rendre  justice  aux  efforts 
du  Comice  de  Saintes  qui,  depuis  de  nombreuses  années,  travaille 
avec  ardeur  à  l'étude  de  taus  les  moyens  propres  à  enrayer  la  mardi ;> 
du  fléau. 

VI.  —  U ensilage  clts  fourrages  verts. 

Il  a  été,  de  nouveau,  question  de  l'ensilage  des  fourrages  verts  dans 
la  Section  d'agriculture,  pendant  la  dernière  session  de  la  Société  des 
agriculteurs  de  France.  Des  observations  intéressantes  ont  été  apportées 
par  plusieurs  agriculteurs,  notamment  par  MiVI.  de  Gbezelles  et  Tar- 
neaudqui  pratiquent  aujourd'hui  cette  méthode  de  conservation  des 
fourrages  sur  une  grande  échelle,  La  publication  des  procès-verbaux 
de  ces  séances  ayant  été  faite  dans  les  derniers  Bulletins  de  la  Société, 
M.  Goffart  a  jugé  utile  d'adresser  à  M.  le  marquis  de  Dampierre,  pré- 
sident de  la  Société,  une  lettre  dont  il  nous  communique  le  texte.  Nos 
lecteurs  liront  cette  lettre  avec  intérêt  : 

«  Monsieur  le  président,  l'état  de  ma  santé  m'ayant  empêché  de  prendre  pan 
aux  travaux  de  la  dernière  se^sion,  je  n'ai  pii  assister  aux  séances  de  la  Sectiou 
d'agriculture  ;  mais  j'en  trouve  le  compte  rendu  dans  le  BuHeiin,  page  206, 
n°  du  V'  avril,  et  j'y  lis  cette  assertion  que  la  pratique  del'ensilHge  des  lourrages 
verts,  employée  en  Autriche,  nous  a  été  révélée  par  M.  Vilmorin  en  1870,  et 
que  les  personnes  qui,  par  leurs  travaux  pratiques  ou  leurs  publications,  ont 
ouvert  la  voie  en  Fiance,  sont  MM.  Lecouteux,  Guffart,  comte  Rœderer,  etc. 

«  Je  viens  vous  demander  la  permission  de  rétablir  l'histoire  réelle  des  phases 
par  lesquelles  est  passée  cette  invention  que  je  crois  avoir  le  droit  de  revendiquer 
complètement  pour  moi. 


126  CHRONIQUE  AGRICOLE  (28  AVRIL    1883). 

ce  Sans  nier  les  efforts  qui  ont  été  faits  en  Autriche,  pour  arriver  à  conserver 
les  fourrages  verts,  je  dois  d'abord,  rappeler  que  j'ai  .commencé  dès  1852  sur  ma 
ferme  de  Burtin,  en  Sologne,  à  attaquer  le  problème  et  à  en  chercher  la  solution,, 
Les  méthodes  autrichiennes  et  les  premières  méthodes  que  j'ai  emfdojées  ne 
donnaient  que  des  résultats  incomplets;  une  partie  du  fourrage  était  détériorée  et 
était  incapable  de  servir  de  nourr  ture  au  bétail. 

ce  Le  problème  de  la  conservation  complète  et  absolue  des  fourrages  verts  n'a 
été  résolu  que  le  jour  où  je  suis  arrivé  à  hacher  le  maïs  et  les  autres  fourrages  et 
à  les  soumettre  dans  le  silo  à  une  pression  continue,  à  l'aide  de  pierres,  de 
madriers,  ou  de  tous  autres  matériaux  lourds.  C'est  l'application  de  cette  métkode 
seule  quia  permis  la  propagation  rapide  de  l'ensilage  en  France  et  dans  les  autres 
pays.  Or,  cette  découverte  m'appartient  complètement.  Elle  n'a  pas  été  pratiquée 
en  Autriche  avant  moi,  et  personne  n'en  avait  eu  l'idée,  en  France.  C'est  ce  que 
M.  Lecouteux  a  d'ailleurs  reconnu  dans  le  n"  du  24  décembre  1874,  du  Journal 
d'agriculluie  pratique  : 

«  Je  crois  dit-il,  que  M.  Goffart  est  le  premier,  en  France,  qui  soit  entré  réso- 
«  lument  dans  la  voie  du  hachage  du  maïs.  Il  était  organisé  pour  cela.  Cette 
«  année,  il  n'avait  pas  hésité,  faute  d'eau  pour  sa  turbine,  à  louer  une  machine 
«  à  vapeur  pour  faire  son  hachage  sur  le  Lord  du  silo.  J'ai  vu  ses  gigantesques 
«  maïs  sur  pied.  J'ai  assisté  à  l'un  des  repas  de  ses  vaches.  J^i  puis  attester  que  le 
«  maïs  ensilé  est  un  grand  régal  pour  elles.  J'ajoute  que  M.  Goffart,  avant  d'enta- 
«  mer  ses  silos,  a  fait  consommer,  jusqu'au  15  décembre  courant,  c'est-à-dire 
«  jusqu'après  les  gelées,  du  maïs  laissé  à  cet  eflet  sur  pied  en  plein  champ  et 
«  coupé  au  jour  le  jour  pour  le  besoin  de  ses  étables.  » 

a  Plusieurs  revendications  ont  été  élevées  contre  cette  invention,  mais  elles  ont 
àù  s'arrêter  devant  l'évidence  des  faits.  J'aiiçais  pu,  pendant  nombre  d'années, 
faire  successivement  connaître  les  tentatives  auxquelles  je  m3  livrais;  mais  je  m'en 
suis  bien  gardé,  et  je  n'ai  parlé  que  lorsque  j'ai  été  en  possession  d'u'je  méthode 
sûre,  applicable  partout,  et  aujourd'hui  partout  appliquée,  ainsi  que  les  faits  le . 
prouvent  tous  les  jours.  Sans  doute,  tout  est  perfectible,  et  plusieurs  agriculteurs 
distingués  rnt  travaillé  à  perfectionner  les  procédés  d'ensilage  et  aies  généraliser; 
mais,  les  principes  fondamentaux  restent  ceux  que  j'ai  posés  et  que  j'ai  rappelés 
plus  haut. 

«  Ce  n'est  pas,  Monsieur  le  président,  mix  par  un  sentiment  de  vaine  gloriole 
que  je  parle  ainsi.  Mais  je  tiens  à  cœur  à  ce  qu'il  soit  démontré  que  la  pratique 
rationnelle  de  l'ensilage  est  une  métiiode  française,  livrée  de  toutes  pièces  à  tous 
ses  conlrères  par  un  agriculteur  français.  C'est  ce  que  reconnaissent  aujourd'hui 
les  agriculteurs  de  tous  les  pays. 

«  Vous  avez  probablement  lu  récemment  dans  le  Journal  de  Vagrlculture  le 
compte  rendu  du  Congrès  des  agriculteurs  pratiquant  l'ensilage,  qui  a  été  tenu  à 
New-York,  et  vous  y  avez  vu  avec  quelle  chaleur  ils  expriment  leur  reconnaissance 
envers  l'agriculteur  français  auquel  est  due  cette  méthode.  Les  mêmes  sentiments 
ont  été  exprimés  plus  récemment  à  Chicago,  dans  un  autre  Congrès.  Le  rapport 
officiel  du  délégué  américain,  D''  Edward  Knight,  membre  du  jury  de  la  classe  76 
à  l'Exposition  universelle  de  1878,  rend  hommage  à  ma  découverte. 

ce  Faut-il  citer  aussi  les  publications  faites  en  Angleterre,  où  un  grand  mouve- 
ment se  produit  aujourd'hui  en  faveur  de  l'ensilage?  Les  revues  agricoles,  les 
grands  journaux  politiques,  les  sociétés  agricoles,  les  sociétés  savantes,  agitent 
la  question,  et  presque  chaque  jour  je  reçois  de  nouveaux  témoignages  de  sym- 
pathie et  de  reconnaissance.  Je  n'en  suis  fier  que  parce  que  j'y  trouve  un  hommage 
rendu  à  1  agriculture  française. 
«  Veuillez  agréer,  etc.  A.  Goffart.  » 

Nous  ne  croyons  pas  utile  d'ajouter  de  nouvelles  réflex^ions  à  celles 
qui  ont  paru  dans  nos  numéros  des  3/17  et  31  mars  dernier.  La 
valeur  pratique  de  la  méthode  n'est  plus  discutée  nulle  part;  son 
succès  s'affirme  de  plus  en  plus  dans  tous  les  pays  où  elle  est  appli- 
quée. Récemment,  en  Angleterre,  M.  Rogers  a  donné,  devant  la  Société 
des  arts,  un  exposé  complet  des  excellents  résultats  obtenus  en  Amé- 
rique; cette  note  et  une  publication  de  M.  Th.  Christy  ont  été  le  point 
de  départ  d'une  agitation  qui  s'est  propagée  dans  toutes  les  îles  Bri- 
tanniques et  qui  continue  actuellement.  Dans  un  prochain  numéro, 


CHRONIQUE   AGRICOLE   (28   AVRIL    1883).  127 

nous  publirons  une  traduction  du  Times,  de  Dublin,  en  date  du  3  avril, 
qui  montre  combien  la  question  est  aujourd'hui  vivace  chez  nos  voi- 
sins de  l'autre  côlé  de  la  Manche. 

VII. —  Ecoles  nationales  d'agriculture. 

Le  Journal  officiel  publie  la  liste  suivante  des  élèves  sortis  à  la  suite 
des  examens  de  I8S3,  des  écoles  nationales  d'agriculture,  après  avoir 
obtenu  le  diplôme  de  fin  d'études  : 

I.  —  Grandjouan,  mm.  Thibault  (Lazare-Louis-Marie-Simon)  ;  —  Belbeoc'h 
(Pierre-Hyaci[ithe)  ;  —  Plantureux  (Clément);  —  Huet  (Josepli-Alain-^Jarie)  ;  — 
Berry  (Alexis-Alpxandre-Ernest)  ;  — Lévêque  (Bernard); — Jacob  (Grustave-Marie- 
Eraest);  —  Le  Dain  (Joseph-Marie);  —  Gras  (Léon-Emile). 

IL  —  Grignon,  mm.  Duclert  ^Lucien-Gustave)  ;  —  Passy  (Pierre-Félix)  ;  — 
Stratigopoulos  (Traxibule)  ;  —  Zolki Daniel-Bernard)  ;  —  Didier  (Marc-Edmond); 
Brocard  (Paul-Emile);  —  Agilhon  (Yervant);  —  Waternau  (Hyppolite-Louis)  ; 
—  Guerrapain  (Edmond-Achille);  —  Perrier  (Charles-Eugène);  —  Larba- 
létrier  (Philippe-Albert);  —  Lion  (Henri-Ferdinand);  — •  Brayer  (Eugène-Ni- 
colas);—  Djeraal  (Ahmed);  —  Anselmier  (Jean-Paul);  —  Querette  (Emile- 
Charles)  ;  —  Criaon  (Jules-Emile);  — Meunier  (Jacques-Victor);  —  Brouhot 
(Georges-Ferdinand);  —  Sempé  (Antoine-Louis-Joseph);  —  Michaël  (Georges- 
Amédée-Nicolas)  ;  Mote  (Paul-Alexandre). 

III.  — Montpellier,  MM.  Bayle  (Jean-Baptiste)  ;  — Ravaz  (Etienne-Louis)  ;  — 
Tchérast^i  (Aaron)  ;  —  Cadoret  (Adolphe-Gustave)  ;  —  Dumont  (Louis-Jean- 
Ernest)  ;  —  Torkomian  (Kévork)  ;  —  Gamerre  (Léopold-Frédéric)  ;  —  Car  (Ma- 
rius-Gui-'tave);  —  Peltier  (Philibert-Georges);  —  Drfuias  (E  umanuel)  ;  — 
Goulimis  (Georges)  ;  —  Ferrand  (Henri-Eugène-Adolphe)  •  —  Farrenc  (Léonce- 
Germain-Gésar)  ;  Roulet  (François- Louis-Félix)  ;  —  Pérez  (Ernest-Antoine)  ;  — 
Bézard  (Elodio)  ;  —  Marigaan  (Jean-Jacques-Samuel). 

Cette  liste  comprend  48  noms,  dont  9  pour  l'Ecole  de  Grandjouan, 
22  pour  celle  de  Grignon,  et  17  pour  celle  de  Montpellier. 

A'III. —  Excursion  des  élèves  de  Montpeilier  en  Algérie. 

M.  Foëx,  directeur  de  l'Ecole  d'agriculture  de  Montpellier,  vient  de 
faire,  comme  nous  l'avons  annoncé,  avec  deux  professeurs  et  trente- 
deux  élèves,  une  excursion  en  Algérie. 

Partis  de  ^Montpellier  le  samedi  24  mars,  les  excursionnistes  ont 
débarqué  à  Alger.  Après  avoir  parcouru  les  environs  immédiats  de 
cette  ville  et  le  Sabël,  ils  ont  visité  les  principaux  points  de  la  Métidja 
et  de  la  vallée  du  Chéliff,  puis  divers  centres  agricoles  de  la  province 
d'Oran  :  Relizane,  Saint-Denis-du-Sig,  Debrousseville,  Perrégaux,  les 
environs  d'Oran  et  enfin  Sidi-bel-Abbès,  dont  ils  ont  vu  le  concours 
agricole;  ils  sont  rentrés  en  France  le  samedi  14  avril. 

Ce  voyage,  fort  intéressant  par  lui-même,  a  été  rendu  on  ne  peut 
plus  agréable  par  l'accueil  très  sympathique  qui  a  été  fait  à  l'Ecole  de 
Montpellier  par  les  colons  des  localités  traversées.  Aucun  accident, 
aucune  indisposition  ne- sont  venus  troubler  cette  belle  excursion  que 
les  relations  continuelles  qu'entretient  notre  école  méridionale  avec 
l'Algérie  rendaient  nécessaire.  Le  directeur  et  les  professeurs  qui  l'ac- 
compagnaient publieront  prochainement  leurs  notes  de  voyage. 

IX. —  Vente  d'animaux  reproducteurs. 

Dans  sa  séance  du  15  avril,  le  Comice  du  canton  de  ^Yassy  (Haute- 
Marne)  a  décidé  qu'il  serait  acheté  pour  son  compte,  2  taureaux  et 
7  génisses  de  race  Schwyz.  Ces  animaux  seront  revendus  aux  enchères, 
aussitôt  leur  arrivée,  sur  une  mise  à  prix  inférieure  de  30  pour  100  à 
leur  prix  de  revient  rendus  à  AYassy.  Les  personnes  qui  désireraient 


128  CHRONIQUE    AGRICOLE  (28  AVRIL   1883). 

devenir  concessionnaires  de  ces  animaux  doivent  en  informer  M.  Col- 
îin,  secrétaire  du  Comice,  avant  le  25  avril.  Tous  les  éleveurs  du 
canton  de  Wassy  peuvent  devenir  concessionnaires  ;  mais  ceux  qui 
ne  sont  pas  encore  membres  du  Comice  devront,  pour  être  admis  à 
surenchérir,  prendre  l'engagement  de  faire  partie  de  cette  association. 

X.  —  Exposition  d'horticulture  en  Russie. 

Le  Journal  officiel  annonce  que  l'ambassadeur  de  Russie  à  Paris 
vient  d'informer  le  gouvernement  de  la  République  que  l'exposition 
d  horticulture  et  le  congrès  botanique  qui  devaient  avoir  lieu,  à  Saint- 
Pétersbourg,  au  mois  de  mai  prochain,  ont  été  ajournés  au  mois  de 
mai  1884." 

XL  —  Culture  de  la  ramie. 

Les  efforts  faits^i  pour  propager  la  culture  de  la  ramie  dans  le  raidi  de 
la  France,  se  multiplient.  On  sait  que  jusqu'ici  on  n'a  pas  pu  consa- 
crer de  grandes  surfaces  à  cette  excellente  plante  textile,  parce  que  l'on 
n'était  pas  en  possession  de  procédés  pratiques  pour  séparer  économi- 
quement la  filasse  des  liges.  M.  Favier,  de  Villefranche  (Rhône),  paraît 
avoir  résolu  ce  problème  par  l'invention  d'une  machine  à  décortiquer 
qui  fonctionne  régulièrement.  Il  s'est  mis  à  la  tête  d'une  société,  la 
«  Ramie  française  >),  cfui  s'occupe  avec  ardeur  de  la  propagation  de  la  cul- 
ture de  cette  plante.  Dans  une  conférence  faite  le  15  avril  à  Perpignan, 
M.  Favier  a  exposé  les  avantages  que  les  agriculteurs  pourraient  retirer 
de  la  culture  de  la  ramie  dans  beaucoup  de  localités  du  Roussillon, 
notamment  dans  les  terres  franches,  susceptibles  d'être  irriguées.  La 
société  qu'il  dirige  s'eng.ige  à  procurer  des  plants  aux  agriculteurs  et 
à  acheter  les  récoltes  au  prix  de  12  fr.  les  100  kilog.  de  tiges  sèches. 
Dans  ces  conditions,  la  culture  de  la  ramie  donnerait,  dans  beaucoup 
de  circonstances,  un  produit  en  argent  supérieur  à  celui  de  la  plupart 
des  autres  plantes,  à  l'exception  de  la  vigne.  Les  essais  de  culture 
faits  jusqu'ici  sur  plusieurs  points  du  département  des  Pyrénées -Orien- 
tales, ont  d'ailleurs  donné  d'excellents  résultats. 

XIL  —  Concours  régional  de  Troyes. 

Le  concours  régional  agricole  de  Troyes  qui  se  tiendra  du  1  7  au  27 
mai,  sera  l'objet  defôtes  agricoles  et  horticoles  importantes  :  Exposition 
de  la  Société  horticole,  vigneronne  et  forestière  (Pavillon  de  la  Conser- 
vation des  forêts);  exposition  delà  Société  d'apiculture;  exposition géné- 
rule  de  laiterie,  appareils  et  produits;  conférences  par  M,  Marcel  Dupont, 
professeur  départemental  d'agriculture;  concours  régional  de  marécha- 
lei'ie  par  le  Comice  agricole;  exposition  de  l'espèce  canine  organisée 
par  la  Société  vétérinaire  de  l'Aube;  conférence  sur  le  phylloxéra  par 
i\l.  Couanon,  délégué  régional;  conférence  sur  l'hygiène  rurale  par 
jM.  le  D''  Hector  George  (le  vendredi  25  mai);  expériences  aux  abattoirs 
sur  la  transformation  du  sans;  des  animaux  en  enorrais. 

En  même  temps,  la  ville  de  Troyes  et  des  sociétés  locales  ont  orga- 
nisé une  exposition  industrielle,  une  exposition  scolaire,  une  exposition 
des  beaux-arts,  un  concours  de  pompes  à  incendie,  un  concours  de 
tir,  etc.  La  distribution  des  prix  aura  lieu  le  dimanche  27  mai.  On 
annonce  que  M.  le  ministre  de  l'agriculture  a  promis  d'assister  àcette 
fête  et  la  présidera. 


CHRONIQUE    AGRICOLE    (28  AVRIL   1883).  129 

XIII.  —  Exposition  canine  à  Troyes. 

A  l'occasion  du  concours  régional  de  Troyes,  l'administration  mu- 
nicipale, d'accord  avec  le  Comice  agricole  et  la  Société  vétérinaire 
do  l'Aube,  organise  du  23  ou  27  mai  prochain,  une  exposition  géné- 
rale de  l'espèce  canine  de  toutes  races  et  de  toute  provenance.  Des 
médailles  d'or,  de  vermeil,  d'argent  et  de  bronze  seront  décernées 
par  un  jury  spécial.  Les  inscriptions  seront  reçues  jusqu'au  10  mai 
au  secrétariat  de  la  mairie,  à  ïroyes.  —  Los  personnes  qui  ne  pourront 
faire  nourrir  leurs  chiens  auront  à  verser,  au  moment  de  l'inscription, 
cinq  francs  pour  chaque  sujet;  l'administration  du  concours  s'en 
chargera.  On  peut  s'adresser  au  secrétariat  de  la  mairie  de  Troyes 
pour  le  programme  du  concours. 

XIV.  —  Les  concours  régionaux. 
Un  de  nos  lecteurs  nous  pose  les  questions  suivantes  : 

«  1»  Peut-on  admettre  un  étranger  pour  être  membre  du  jury  dans  les  concours 
régionaux? 

«  2°  Un  étranger  a-t-il  le  droit  de  concourir  pour  la  prima  d'honneur  ou  autres 
récompenses  que  le  gouvernement  décerne,  lors  même  que,  pour  soustraire  ses 
fils  au  service  militaire  en  France,  il  réclame  sa  qualité  d'étranger?  » 

A  la  première  question  nous  pouvons  répondre  affirmativement;  en 
fait,  il  y  a  eu  des  étrangers  qui  ont  été  membres  du  jury  dans  de  pré- 
cédents concours  régionaux. 

Quant  à  la  deuxième  question,  il  nous  est  absolument  impossible 
de  répondre.  Tout  ce  que  nous  pouvons  dire,  c'est  que  les  règlements 
relatifs  aux  concours  de  la  prime  d'honneur  et  des  prix  culturaux 
n'ont  pas  prévu  le  cas.  Toutefois,  nous  pensons  qu'il  serait  bon  que 
la  question  fût  résolue;  elle  est  posée  par  notre  correspondant;  nous 
ferons  connaître  la  solution  qui  sera  donnée. 

XV.  —  Concours  agricoles  dans   Seine-et-Olse. 

Le  concours  annuel  du  Comice  agricole  de  Seine-et-Oise,  fondé 
en  1834,  aura  lieu  cette  année,  sous  la  direction  de  son  président, 
M. H.  Besnard,  le  dimanche  10  juin,  à  Puiseux-lès-Louvres,  canton 
d'Ecouen,  arrondissement  de  Pontoise,  sur  les  terres  de  la  ferme  de 
Puiseux-lès-Louvres,  cultivées  par  M.  Boisseaux,  membre  du  Comice. 
On  pourra  s'y  rendre  par  le  chemin  de  fer  du  Nord,  station  de  Louvres 
(ligne  fie  Paris  à  Creil) .  Les  demandes  à  concourir  doivent  être  adressées 
à  M.  Barthéleni}  Cuinet,  secrétaire-adjoint  du  Comice,  à  Neauphle-le- 
Château,  pour  les  concours  donnant  lieu  à  des  visites,  avant  le  1 5  mai  ; 
pour  les  prix  de  moralité,  avant  le  24  mai;  pour  le  labourage,  les 
animaux,  les  produits  agricoles  et  horticoles,  les  instruments,  les 
déclarations  seront  reçues  jusqu'au  10  juin,  avant  dix  heures  du 
matin,  sur  le  champ  du  concours. 

Le  Comice  d'encouragement  à  l'agriculture  de  Seine-et-Oise  tiendra 
son  concours  annuel  à  Houdan  le  8  juillet.  Le  champ  mis  à  la  dis- 
position du  Comice  par  la  municipalité  est  à  peine  à  200  mètres  de  la 
gare  de  HouJan.  Une  exposition  d'animaux  de  basse-cour  et  de  tous 
les  appareils  d'incubation  et  d'élevage  sera  annexée  au  concours.  De 
nombreuses  récompenses  seront  accordées  à  cette  industrie  qui  a  une 
si  grande  importance  dans  cette  partie  du  département.  Le  prix  d'hon- 
neur, consistant  en  un  objet  d'art,  est  offert  par  la  Société  nationale 
d'encouragement  à  l'agriculture. 


130  CHRONIQUE  AGRICOLE  (28  AVRIL  1883). 

XVI.  —  Concours  du  Comice  de  Seine-et-Marne. 
Le  concours  annuel  du  Comice  des  arrondissements  de  Melun, 
Fontainebleau  et  Provins  aura  lieu  le  3  juin  prochain.  C'est  dans  ce 
concours  que  sera  décerné  le  prix  d'honneur  départemental  consistant 
en  un  objet  d'art  de  la  valeur  de  1 ,000  francs  et  une  prime  de  500  fr. 
Ce  prix  sera  décerné  dans  l'arrondissement  de  Provins.  Les  agri- 
culteurs de  cet  arrondissement  qui  désirent  concourir  doivent  en  aviser 
M.  Georges  Pierrotet,  secrétaire  général  des  concours.  En  outre,  un 
prix  pour  moyenne  culture,  consistant  en  un  objet  d'art  d'une  valeur 
de  250  francs  et  une  somme  de  500  francs,  sera  décerné  aux  agri- 
culteurs dirigeant  une  exploitation  de  10  à  40  hectares.  Tous  les  cul- 
tivateurs de  l'arrondissement  de  Provins,  membres  du  Comice  ou  non, 
peuvent  concourir  pour  le  prix  d'honneur  départemental  et  pour  le 
prix  destiné  à  la  moyenne  culture.  Les  déclarations  devront  être 
adressées  avant  le  18  mai. 

XVn.  —  Le  laboratoire  municipal  de  Paris. 

A  plusieurs  reprises,  nous  avons  dû  signaler  les  dangers  résultant 
de  la  publication  des  bulletins  du  laboratoire  municipal  de  Paris, 
bulletins  rédigés  avec  une  telle  légèreté  qu'ils  font  peser  sur  l'ensemble 
du  commerce  français  des  doutes  injurieux,  et  dont  nos  rivaux  des 
antres  pays  ont  su  s'emparer  avec  habileté.  Nous  avons  dû  également 
protester  hautement  contre  la  prétention  sortie  de  ce  laboratoire  rela- 
tivement à  l'emploi  de  la  drèche  dans  la  nourriture  des  vaches  lai- 
tières. Aujourd'hui  nous  devons  signaler  une  étude  approfondie  de 
M.  H-  Peliet,  chimiste,  sur  les  travaux  du  laboratoire  municipal.  La 
première  partie  est  exclusivement  consacrée  à  la  question  de  la  drèche; 
la  deuxième  partie,  aux  principales  denrées  alimentaires,  et  notam- 
ment aux  vins.  M.  Peliet  démontre  que  la  plupart  des  allégations  du 
laboratoire  municipal  de  Paris  ne  reposent  sur  aucun  fait  scientifique. 
On  peut  se  procurer  la  brochure  de  M.  Peliet,  chez  l'auteur,  5,  rue 
Fénelon,  à  Paris ^ 

XVIIL—  La  culture  du  panais. 

A  l'occasion  d'un  article  de  notre  collaborateur,  M.  de  La  Mor- 
vonnais,  sur  les  légumes  de  grande  culture  en  Bretagne,  nous  recevons 
de  M.  Le  Bian,  agriculteur  à  Lambézellec,  près  Brest  (Finistère),  la 
lettre  suivante  : 

«  Monsieur  le  directeur,  je  viens  de  lire  avec  toute  l'attention  qu'il  mérite, 
l'article  que  M.  de  La  Morvonnais  a  consacré  aux  légumes  de  grande  culture  en 
Bretagne^  dans  le  n°  725  (mars  1883)  de  votre  estimable  Journo/. 

«  Tout  en  rendant  justice  au  talent  de  l'écrivam  et  tout  en  lui  sachant  gré  d'avoir 
parlé  enicxcellents  termes,  de  la  tentative  désintéressée  de  ma  propagande  en 
faveur  de  la  culture  du  panais,  je  proteste  de  toutes  mes  forces  contre  ce  qu'il' 
appelle  (et  cela  sans  preuves)  la  non-rémsite  de  ma  propagation,  qui,  suivant  lui 
tient  à  l'absence  des  conditions  climatériques  spéciales  et  à  celles  du  sol  et  des 
engrais  appliqués  aux  panais  tant  dans  le  Nord-Finistère  qu'aux  îles  deJersnj  et  de 
Guernesey.  Ce  sont  là  des  assertions  bien  témérairement  hasardées  et  auxquelles  il 
manque  une  démonstration;  pour  les  infirmer,  pour  répondre  péremptoirement 
aux  erreurs  qu'elles  contiennent,  il  suffit  de  jeter  un  coup  d'œil  sur  la  15*^  édition 
de  ma  bi  ochure  consacrée  à  la  culture  des  panais  et  dont  je  me  fais  un  devoir  et 
nn  véritable  plaisir  de  vous  envoyer  un  exemplaire.  Il  contient,  comme  vous 
pouvez  le  voir,  de  nombreux  rapports  qui  donnent  un  démenti  formel  aux  asser- 
tions de  M.  de  La  Morvonnais. 

a  Inutile  de  vous  faire  remarquer  que  je  me  serais  fait  un  crime  de  n'y  avoir 
pas  inséré  les  rapports  inédits  et  nouveaux  beaucoup  plus   nombreux  encore  que 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (28  AVRIL  1883).  131 

ceux  qui  sont  déjà  livrés  à  la  publicité,  et  dans  tous  on  y  chercherait  vainement 
quelques  documents  pour  appuyer  les  erreurs  de  M.  de  La  Morvonnais. 
«  Agréez,  etc.  Le  Bian.  » 

Nous  rappellerons  que,  de  1874  à  1879,  M.  Le  Bian  a  répondu  à 
5,070  demandes  de  graines  de  panais,  et  que  la  culture  de  cette 
plante  a  été  essayée  dans  tous  les  départements  français  et  dans  une 
dizaine  de  pays  étrangers;  *i30  rapports  adressés  à  cet  ardent  propa- 
gateur sur  la  récolte  de  1 878  ont  constaté  la  réussite  de  cette  plante 
fourragère  dans  le  plus  grand  nombre  des  circonstances. 
XIX.  —  Élection   à  la  Société  nationale  d'agricalture. 

Dans  sa  séance  du  25  avril,  la  Société  nationale  d'agriculture  a  pro- 
cédé à  l'élection  d'un  membre  étranger  dans  la  Section  de  grande 
culture.  Sur  43  votants,  M.  Julius  Robert  a  été  élu  par  42  suffrages. 
Agriculteur  et  fabricant  de  sucre  à  Seelowitz,  M.  Robert  est  l'inven- 
teur du  procédé  de  la  fabrication  du  sucre  par  la'  diffusion,  procédé 
auquel  la  sucrerie  doit  la  plus  grande  part  des  progrès  qu'elle  a 
réalisés  dans  toute  l'Europe  depuis  près  de  vingt  ans.  La  vaste  exploi- 
tation qu'il  dirige  est  une  des  plus  remarquables  et  des  plus  produc- 
tives de  l'Autriche;  elle  est  considérée  à  juste  titre  comme  un  des  plus 
beaux  modèles  de  l'agriculture  moderne.  J.-A.  Barral. 

CONSEIL  SUPÉRIEUR  DE  L'AGRICULTURE 

SÉANCE  DQ  20   AVRIL   1883.  —   Extrait  du  Journal  officieL 

Le  conseil  supérieur  de  l'agriculture  s'est  réuni  le  vendredi  20  avril  courant,  à 
4  heures  de  l'après-midi,  sous  la  présidence  de  M.  Méline,  ministre  de  l'agriculture. 

M.  Méline  a  ouvert  la  séance  en  demandant  à  MM.  les  présidents  des  com- 
missions nommées  dans  la  dernière  séance  du  conseil  supérieur  de  vouloir  bien 
donner  un  aperçu  de  l'état  de  leurs  travaux.  M.  le  ministre  a  fait  savoir  au  con- 
seil qu'une  de  ces  commissions,  la  commission  des  tarifs  de  chemins  de  fer,  s'est 
livrée  à  une  étude  approfonlie  des  tarifs  intéressant  l'agriculture,  et  lui  a  remis 
sur  cette  question  un  travail  très  important  qu'il  a  communiqué  à  son  collègue  des 
travaux  publics.  M.  Méline  a  ajouté  que  l'agriculture  pouvait  être  assurée  de 
trouver  dans  son  collègue  des  travaux  publics  un  avocat  convaincu,  auprès  des  com- 
pagnies de  chemins  de  fer,  avec  lesquelles  il  négocie  en  ce  moment;  il  s'est  plu  à 
reconnaître,  du  reste,  que  les  compagnies  paraissaient  disposées  à  tenir  compte  des 
légi^mes  revendications  qui  leur  étaient  soumises.  Il  n'y  a  encore  là,  a  dit  M.  Méline, 
que  des  espérances,  mais  j'ai  pensé  que  vous  les  eûregistreriez  avec  plaisir. 

MM.  Teisserenc  de  Bort  et  Boussingault  ont  ensuite  rendu  •  successivement 
compte  des  travaux  de  la  commission  de  représentation  des  intérêts  agricoles  dans 
les  départements  et  de  la  commission  de  répression  des  fraudes  commises  dans  le 
commerce  des  engrais. 

Sur  la  proposition  de  M.  le  ministre,  le  conseil  a  procédé  ensuite  à  l'élection 
de  k  vice-présidents.  —  Ont  été  élus  :  MM.-Teisserenc  de  Bort,  sénateur;  Dumas, 
membre  de  l'Institut;  Paul  Devès,  député;  Foucher  de  Gareil,  seDateur. 

Le  conseil  a  abordé  l'examen  des  rapports  de  la  commission  de  viticulture. 

Le  premier  de  ces  rapports,  celui  sur  lequel  la  discussion  s'est  ouverte  immé- 
diatement, avait  trait,  d'une  part,  à  l'utilité  plus  ou  moins  grande  du  maintien  du 
prix  de  3(j0,l00  francs  otîert  par  la  loi  à  l'inventeur  d'un  procédé  de  destruction 
du  phylloxéra,  et,  d'autre  part,  tendait  à  démontrer  la  nécessité  d'étendre  aux 
vignobles  français  les  avantages  réservés  par  la  loi  aux  terrains  susceptibles  d'êLre 
soumis  aux  opérations  de  drainage.  M.  Dumas,  président  de  la  commission  de 
viticulture,  a  soutenu  devant  le  conseil  les  conclusions  de  ce  rapport. 

Il  a  fait  remarquer,  en  ce  qui  concerne  le  prix  de  300,000  francs,  que  cette 
récompense  n'avait  jusqu'ici  produit  aucun  résultat  utile  et  n'a  eu  d'autre  effet  que 
d'éveiller  les  convoitises  de  milliers  de  personnes  qui,  sans  études  préalables,  sans 
expériences  préliminaires,  envoient  à  l'administration  des  procédés  dont  elles 
ignorent  encore  la  valeur,  et  qui,  dans  le  plus  grand  nombre  des  cas,  démontrent 
que  les  auteurs  ne  connaissent  ni  le  phylloxéra  ni  la  vigne. 


132  CONSEIL  SUPÉRIEUR  DE  L'AGRICULTURE. 

D'un  autre  côté,  a  dit  M.  Dumas,  il  faut,  pour  obtenir  ce  prix,  satisfaire  à  des 
conditions  tellement  absolues  qu  il  n'est  pas  permis  d'en  distraire  la  moindre  partie 
pour  l'attribuer  comme  récompense  ou  à  titre  d'encouragement  aux  personnes 
qui  ont  réalisé  un  progrès  certain  et  indiscutable  dans  la  question  du  phylloxéra. 
Cependant,  a  ajouté  M.  Dumas,  bien  que  le  prix  de  3  0,000  francs  soit  proba- 
Llement  exposé  à  n'avoir  jamais  de  destinataire,  la  commission  de  viticu  ture  n'a 
pas  pensé  qu'il  convînt  de  le  supprimer.  Il  a  semblé  à  la  commission  que  la  sup- 
pression de  ce  prix  impliquerait  cette  conséquence  qu'un  procédé  de  destruction 
complète  du  phylloxéra  était  chose  impossible  à  trouver;  or,  rien  ne  prouve  qu'on 
ne  puisse  pas  découvrir  un  remède  propre  à  mettre  la  vigne  absolument  à  l'abri 
du  phylloxéra.  Dans  ces  conditions,  la  commission  a  pensé  qu'il  convenait  de 
maintenir  le  prix  dont  il  s'agit  pour  cette  bonne  fortune  inespérée. 

Mais,  comme  l'expérience  démontre  qu'on  peut,  chaque  jour,  avancer  d'un  pas 
vers  la  solution  définitive  de  la  question,  la  commission  a  pensé  qu'il  importait 
que  chaifue  étape  parcourue  fût  signalét^  et  devînt  l'objet  d'une  marque  publique 
de  la  reconnaissance  du  pays;  dans  ce  but,  elle  propose  qu'un  crédit  annuel  de 
30  à  4u,00o  francs  environ  soit  inscrit  au  budget  pour  être  distribué  à  toutes  les 
personnes  qui,  à  un  titre  quelconque,  auront  rendu  des  services  à  la  viticulture 
sur  la  questio  I  du  phylloxeia. 

En  second  lieu,  M.  Dumas  a  exposé  les  vues  et  les  desiderata  de  la  commission 
de  viiicultuie,  au  sujet  de  la  situation  des  populations  méridionales  éprouvées  par 
la  destruction  de  leurs  vignobles.  Les  souffiances  énormes  des  populations  viti- 
coles  (lu  Midi  sont  attestées,  dit  M.  Dumas,  par  une  émigration  inquiétante.  Et, 
cependant,  il  faut  reconnaître  que  le  découragement  qui,  pendant  les  premières 
années  avait  atteint  les  vignerons,  a  (ait  place,  dans  ces  derniers  temps,  à  un 
sentiment  plus  viril.  Mais  les  propriétaires  de  vignobles  n'ont  plus,  en  général, 
le  moyen  de  faire  les  avance>  d'argent  nécessaires,  soit  pour  pratirpier  l'inonda- 
tion de  leurs  vignes  malades,  soit  pour  reconstituer  leurs  vignes  perdues. 

Pour  remédier,  en  partie  tout  au  moins,  à  un  état  de  chose  si  déplorable, 
la  Commission  a  pensé  que  l'Etat  pourrait,  au  grand  avantage  de  la  viticulture, 
et  ainsi  que  cela  se  pratique  pour  les  opérations  du  drainage,  faire  des  avances 
aux  pro[>riétaires  qui  désireraient  reconstituer  leurs  vignobles  détruits. 

Eu  un  mot,  la  Commission  propose  d'étendre  aux  vignobles  français  les  avan 
tages  promis  par  la  loi  aux  terrains  susceptibles  d  être  drainés. 

Après  cet  exposé  de  M.  Dumas,  et  à  la  suite  d'un  très  court  é  hange  d'obser- 
vations, le  Conseil,  à  l'unanimité,  a  voté  la  prise  en  considération  des  propositions 
de  la  Commission  de  viticulture"  et  les  lui  a  renvoyées  pour  l'étude  et  la  prépara- 
tion d'un  texte  législatif. 

M.  le  ministre  a  entietenu  ensuite  l'assemblée  des  projets  concernant  les  ca- 
naux dérivés  du  Rhône,  dont  il  désire  saisir  le  Conseil  supérieur.  Il  lui  a  demandé, 
à  cet  effet,  de  nommer  une  Commis*;ion  chargée,  non  pas  précisément  de  reviser 
le  projet  déjà  étudié  et. préparé  sur  cette  importante  question  par  'a  Commission 
permanente  de  1  hydraulit[ue  agrico'e,  mais  de  l'examiner  plus  i_ articulièrement 
au  point  de  vue  parlementaire. 

Le  Conseil  a  procédé  à  la  nomination  de  cette  Commission,  qui  est  ainsi  composée  : 
MM.  Tei^serenc  de  Bort.  sénateur;  —  Devès,  député;  —  Gaston  Bazille,  séna- 
teur; —  Gruyot,  sénateur;  —  Cuvinot,  sénateur;  —  Hervé  Mapgon,  député;  — 
Mir,  défiuté;  —  Baïhaut,  député;  —Tisserand,  conseiller  d'Etat,  directeur  de 
l'agricultuie  ;  —  Philippe,  directeur  de  l'hydraulique  agricole  ;  —  Chambraient, 
ins|  ecteur  général  des  ponts  et  chaussées;  —  Croizette-Desnoyers,  inspecteur  gé- 
néral des  ponts  et  chaussées  ;  —  de  Fourcy,  inspecteur  général  des  ponts  et 
chaussées;  —  Gosselin,  insi  eceur  général  des  ponts  et  chaussées;  —  Voisin-Bey, 
inspecteur  général  des  ponts  et  chaussées;  — Pascal,  inspecteur  général  des 
ponts  et  chaussés;  — Perrier,  inspecteur  général  des  ponts  et  chaussées;  — 
Lan,  ingénieur  en  chef  des  mines; — Dumont,  ingénieur  en  chef  des  ponts  et 
chaussées;  —  Fournie,  ingénieur  en  chef  des  ponts  et  clraussées  ;  — Cotard,  in- 
génieur;—  Bédel,  inspecteur  général  des  forêts;  —  Clément  de  G-randpré,  in- 
specteur général  des  forêts; —  Boitel,  inspecteur  général  de  l'agriculture;  — 
Barrai,  secrétaire  perpétuel  de  la  Société  nationale  d'agriculture  ;  —  Rouget, 
inspecteur  général  des  finances  ;  —  Ronna,    ingénieur  civil. 

Le  Conseil  s'est  ensuite  ajourné  au  vendredi  4  mai,  pour  la  discussion  du  pro- 
jet de  la  Commission  des  voies  de  communication  qui  doit  avoir  pour  effet  de 
rendre  aux  communes  rurales  la  disposition  de  ressources  considérables. 


LA  PRIME  D  HONNEUR  DE  L'INDRE.  133 


LA  PRIME  D'HONNEUR  DE  L'INDRE  EN  1882-  -  II 

MM.  Le  Corbeiller  et  Jolivet.  Ferme  de  Cungy,  commune  de  Valençay.  —  Je 
n'ai  point  ici  à  refaire  l'historique  de  la  terre  de  Gungy;  il  a  été  fait,  il  y  a  sept 
ans,  par  une  voix  plus  autorisée  que  la  mienne  ;  mais  je  dois  vous  exposer  les 
améliorations  importantes  qui  ont  été  réalisées  depuis  celte  époque. 

Tout  d'abord,  laissez -moi  vous  dire  que  ce  n'est  pas  sans  un  légitime  senti- 
ment de  curiosité  que  les  membres  du  jury,  tous  étrangers  à  ce  département,  se 
présentèrent  à  Gungy. 

Nous  savions  tous  qu'il  y  avait  là,  dans  cette  vaste  propriété,  le  travail  accu- 
mulé, depuis  longtemps,  de  deux  agriculteurs  hors  ligne.  MM.  Le  Corbeiller  et 
Jolivet  ne  possèdent  pas  seulement  l'art  de  bien  cultiver,  ils  possèdent  aussi  la 
science  agronomique  qui  les  a  si  sûrement  guidés  dans  toutes  leurs  opérations 
pratiques.  Ce  sont  deux  savants  qui,  en  1857,  quittèrent  l'enseignement  profes- 
sionnel pour  s'associer  et  devenir  fermiers,  à  prix  d'argent,  du  domaine  de  Gungy, 
d'une  étendue  de  203  hectares,  et  dépendant  de  la  terre  de  Valençay. 

Ces  deux  agriculteurs  ont  eu,  dans  leur  entreprise,  de  grandes  difficultés  à 
surmonter.  Le  sol  de  Gungy,  de  nature  argilo-siliceuse  sur  la  plus  grande  partie 
et  reposant  sur  un  sous- sol  imperméable,  était  extrêmement  rebelle  aux  amélio- 
rations, et  l'ensemble  de  ia  propriété  était  dans  de  mauvaises  conditions  :  les 
cultures  produisaient  des  rendements  très  médiocres,  le  bétail  était  peu  nom- 
breux et  le  matériel  d'exploitation  tout  à  fait  insuffisant. 

Cependant,  grâce  au  savoir  et  à  l'énergie  des  deux  fermiers,  de  grandes  trans- 
formations ne  tardèrent  pas  à  se  produire.  Dès  leur  début,  ces  messieurs  n'hési- 
tèrent pas  à  faire  l'acquisition,  souvent  coûteuse,  de  machines  et  d'instruments 
perfectionnés.  Tous  les  appareils  qui  caractérisent  le  vrai  progrès  agricole,  et  qui 
permettent  de  réduire  la  main-d'œuvre,  furent  introduits  à  Gungy. 

Des  étangs,  des  landes  et  de  mauvais  bois  furent  convertis  en  bonnes  terres 
arables.  De  grands  travaux  d'assainissement  furent  exécutés  au  milieu  de  diffi- 
cultés fort  nombreuses.  Le  chaulage  et  le  marnage,  judicieusement  combinés 
avec  les  fumiers  de  ferme  et  les  engrais  de  commerce,  accrurent  la  fertilité  des 
terres,  et  il  s'en  suivit  des  récoltes  abondantes  en  céréales  et  en  fourrages. 

Les  étables  se  garnirent  d'un  magnifique  bétail,  et  la  bergerie  fut  bientôt 
insuffisante  pour  contenir  le  superbe  troupeau  obtenu  par  un  heureux  mélange 
des  races  berrichonne,  charmoise  et  southdown. 

Les  fumiers  de  ferme  furent  Tobjet  d'une  véritable  perfection  agricole;  nulle 
part  nous  n'avons  encore  vu  une  plate-forme  et  une  fosse  à  purin  dont  l'installa- 
tion donne  des  résultats  plus  satisfaisants. 

Après  quinze  années  d'un  travail  opiniâtre  et  persévérant,  les  deux  fermiers 
avaient  réalisé  de  grandes  améliorations  et  se  trouvaient  prêts  pour  entrer  dans 
la  licé  avec  les  concurrents  à  la  prime  d'honneur.  Cette  haute  récompense  leur 
fut  décernée  à  l'unanimité  par  la  Commission  de  1874. 

Depuis,  MM.  Le  Corbeiller  et  Jolivet  paraissent  avoir  redoublé  d'ardeur  et  de 
courage  pour  pousser  plus  avant  le  perfectionnement  de  leur  œuvre.  Les  amélio- 
rations nouvelles  que  nous  avons  constatées  à  Gungy  ont  laissé,  en  effet,  bien  loin 
derrière  elles  celles  qui  existaient  à  l'époque  du  dernier  concours  régional. 

Ce  qui  frappe,  en  visitant  Gungy,  c'est  l'esprit  d'ordre  et  de  régularité.  C'est 
toujours  la  propreté  qui  règne  partout,  dans  les  étables  comme  dans  les  magasins, 
dans  les  cours  comme  dans  les  champs. 

Cette  impression,  très  vivement  ressentie  par  toute  la  Commission,  est  aussi, 
nous  le  savons,  celle  de  toutes  les  personnes  qui,  à  des  moments  fort  divers,  y 
sont  appelées,  soit  pour  leurs  affaires,  soit  par  le  sentiment  de  légitime  curiosité 
qu'inspire  toute  exploitation  agricole  bien  tenue. 

M.Vi.  Jolivet  et  Le  Corbeiller  ont  puisé  une  grande  partie  de  leurs  connaissances 
agronomiques  dans  nos  meilleures  écoles  d'agriculture.  Ils  y  ont  probablement 
puisé  aussi  cet  esprit  d'ordre  et  de  méthode  qui  s'observe  dans  toutes  leurs  opé- 
rations et  qui  est  parfois  trop  rare  chez  l'homme  des  champs,  et  cependant  si  né- 
cessaire à  tout  agriculteur. 
_  En  s'associant,  ces  messieurs  ont  su  prendre  d'un  commun  accord  des  déci- 
sions importantes  desquelles  devait  dépendre  le  succès  de  leur  entreprise.  Ils  se 
sont  répartis  le  travail  suivant  leurs  goûts  et  leurs  aptitudes  personnelles.  M.  Le 
Corbeiller  dirige  les  ouvriers  et  les  travaux  extérieurs.  M.  Jolivet  s'occupe  parti- 


134  LA  PRIME  D'HONNEUR  DE  L'INDRE. 

culièrement  de  la  comptabilité,  de  la  surveillance  des  magasins,  des  rationnements 
des  animaux  et  opérations  diverses  pour  lesquelles  il  est  habilement  secondé  par 
Mme  Jolivet  qui,  en  même  temps,  consacre  ses  soins  entendus  à  la  laiterie,  à  la 
basse-cour,  à  la  porcherie  et  à  tout  ce  qui  est  du  ressort  habituel  de  la  maîtresse 
de  maison.  Mme  Jolivet  s'est  fait  une  véritable  renommée  par  la  fabrication  de 
l'excellent  fromage  qui  |>orte  son  nom. 

L'assolement  adopté  à  Gungy  est  quadriennal  et  mérite  d'être  connu  en  raison 
des  avantages  qu'il  présente;  il  commence  et  finit  par  des  plantes  fourragères  : 
racines  et  fourrages  verts  au  début,  prairies  artificielles  à  la  fin  ;  entre  deux  une 
céréale  d'hiver  et  une  de  printemps.  Cet  assolement,  soutenu  par  des  champs  de 
luzerne  et  de  sainfoin,  hors  sole,  par  des  prairies  naturelles  et  par  de  forts  achats 
d'engrais  de  commerce,  est  approprié  à  la  nature  du  sol  et  aux  diverses  spécula- 
tions animales. 

A  Cungy  les  labours  et  tous  les  travaux  d'ameublissement  et  de  nettoiement 
du  sol  sont  exécutés  avec  un  soin  extrême,  et  les  cultures  sont  toujours  dans  un 
état  de  propreté  remarquable.  L'emploi  de  la  charrue  fouilleuse,  qui  ameublit  le 
sol  jusqu'à  40  et  50  centimètres  de  profondeur,  explique  la  réussite  de  la  luzerne 
sur  les  terres  argilo-siliceuses  de  cette  propriété.  Le  trèfle  rouge  associé  avec  le 
ray-grass  y  occupe  une  grande  place  et  y  prospère  à  merveille.  Les  betteraves, 
les  carottes  et  les  pommes  de  terre  y  sont  également  cultivées  sur  une  vaste 
étendue,  et  rien  n'est  négligé  pour  assurer  leur  complète  réussite;  aussi  ces  cul- 
tures donnent-elles  d'une  manière  constante  les  rendements  les  plus  élevés. 

Toutes  les  céréales  sont  semées  en  lignes  à  l'aide  d'un  excellent  semoir.  C'est 
encore  là  un  exemple  de  progrès  qu'on  ne  saurait  trop  faire  connaître. 

Les  produits  en  racines,  fourrages  verts  et  secs,  sont  tous  consommés  dans 
la  ferme  ;  et  c'est  ici  que  se  manifestent  tout  particulièrement  les  habitudes  d'ordre 
et  de  régularité  que  ces  messieurs  ont  su  imprimer  autour  d'eux.  Les  magasins 
de  racines,  de  pailles,  de  fourrages  et  les  greniers  sont  admirablement  bien 
tenus.  Les  rations  des  animaux  sont  consignées  toutes  les  semaines  sur  un 
tableau.  L'âge  de  chaque  animal,  son  entrée  et  sa  sortie  sont  soigneusement 
enregistrés. 

Si  nous  sommes  entré  dans  tous  ces  détails,  c'est  parce  que  nous  avons  tenu 
à  bien  faire  connaître  cette  importante  exploitation,  où  se  manifeste  depuis  plus 
de  vingt-cinq  ans  le  principe  fécond  de  l'entente  et  de  l'association;  c'est  parce  que 
l'ensemble  comme  les  détails  de  ce  grand  mouvement  agricole  sont  irréprochables, 
et  que  non  seulement  sous  le  rapport  de  l'ordre  qui  règne  dans  tous  les  services, 
de  l'organisation  des  divers  travaux,  des  améliorations  réalisées,  mais  encore  à 
tous  les  points  de  vue,  Cungy  mérite  d'être  connu.  C'est  une  véritable  ferme 
modèle  qui  fait  le  plus  grand  honneur  aux  deux  intelligents  agriculteurs  qui 
l'exploitent  avec  tant  d'habileté  et  de  savoir. 

En  présence  de  tant  d'exemples  si  dignes  d'être  imités,  le  jury  de  1882  s'est 
fait  un  devoir  de  signaler  de  nouveau  à  M.  le  ministre  de  l'agriculture  là  ferme 
de  Cungy,  non  pas  seulement  comme  étant  restée  toujours  digne  de  la  haute 
récompense  qu'elle  a  obtenue  en  1874,  mais  comme  ayant  continué  à  marcher 
dans  la  voie  des  améliorations  et  du  progrès. 

En  félicitant  publiquement  MM,  Le  Corbeiller  et  Jolivet,  nous  sommes  heu- 
reux de  faire  connaître  que  par  une  décision  exceptionnelle  M.  le  ministre  leur 
accorde  un  rappel  de  prime  d'honneur. 

M.  Texier.  Firme  de  Villebussière,  commune  de  Vigoux.  —  Depuis  1879, 
M.  Texier  exploite  comme  fermier,  à  l'aide  de  domestiques  à  gages  fixes,  le  domaine 
de  Yillebussière,  situé  dans  la  commune  de  Vigoux,  canton  de  Saint-Benoît-du- 
Sault,  sur  les  limites  des  départements  de  l'Indre  et  de  la  Creuse. 

Cette  ferme,  d'une  étendue  de  116  hectares,  comprend  45  hectares  de  terres 
arables,  21  hectares  de  prairies  naturelles  irrigables,  25  hectares  de  bois  taillis  et 
de  haute  futaie,  12  hectares  de  taillis  et  de  landes  en  voie  de  défrichement,  10  hec- 
tares 50  ares  en  pâturages  et  terres  vagues,  et  enfin  2  hectares  50  ares  sont  occupés 
par'lfis  bâtiments,  les  cours  et  le  jardin  potager. 

La  propriété  de  Yillebussière  est  placée  sur  les  bords  de  la  rivière  de  l'Abloux. 
Sa  surface  accidentée  est  exposée  en  partie  au  sud  et  en  partie  au  nord.  Le  sol 
est  de  nature  très  variée.  La  portion  qui  longe  l'Abloux,  d'une  étendue  de  14  hec- 
tares, est  granitique  et  présente  une  })ente  rapide. 

Le  reste  du  domaine  est  argilo-siliceux,  et  n'a  qu'une  faible  couche  de  terre 
végétale  reposant  sur  un  sous-sol  formé  de  gravier  granitique  et  d'argile.  Ce  sous- 


LA  PRÏiME  D'HONNEUR  DE  L'iNDRE.  135 

sol  se  laisse  facilement  fouiller  par  la  charrue  et  M.Texier  sait  en  tirer  parti  en 
l'attaquant  par  de  forts  labours  pour  le  mélanger  à  la  couche  végétale.  Ce  clélbn- 
cement  augmente,  sans  grande  dépense,  la  profondeur  du  sol  et  rend  ainsi  la 
terre  propre  à  la  culture  des  plantes  fourragères  et  de  la  betterave.  Cette  amélio- 
ration foncière  est  complétée  par  des  chaulages  accompagnés  de  fortes  fumures. 
A  Yillebussière,  les  fumiers  ne  sont  pas  toujours  assez  abondants.  M.  Texier 
a  alors  recours  aux  engrais  de  commerce.  Il  achète  surtout  du  phospho-guano, 
qu'il  emploie  sur  les  blés  d'automne  à  raison  de  500  kilogrammes  à  l'hectare. 

Les  bâtiments  du  domaine  se  composent  d'un  château  habité  par  le  fermier 
et  de  deux  étables,  dont  l'une  est  en  mauvais  état  et  de  construction  très  ancienne, 
et  dont  l'autre  a  été  construite  en  1879  par  M.  Texier  et  peut  contenir  60  têtes 
de  bétail.  Elle  est  bien  aménagée,  le  renouvellement  de  l'air  s'y  obtient  aisé- 
ment, les  mangeoires  sont  en  ciment,  disposées  en  deux  rangées  dans  le  sens  de 
la  longueur  de  i'étable  et  séparées  par  un  couloir  placé  au  milieu.  Cette  heureuse 
disposition  facilite  beaucoup  la  distribution  des  aliments. 

Les  fumiers  sont  enlevés  par  un  autre  couloir  ménagé  derrière  les  animaux. 
Un  caniveau  conduit  les  purins  dans  des  aqueducs  établis  dans  le  sol  et  débou- 
chant à  la  partie  supérieure  d'une  prairie  naturelle. 

Les  bêtes  bovines  sont  au  nombre  de  35,  dont  10  bœufs  de  travail,  8  vaches 
laitières  pleines  ou  suitées,  1  taureau  reproducteur  et  16  jeunes  animaux,  tels  que 
bœufs,  génisses  et  veaux.  Tous  ces  animaux  sont  en  assez  bon  état  et  appartien- 
nent aux  races  parthenaise  et  limousine. 

L'espèce  chevaline  est  représentée  par  deux  juments  de  labour  et  le  troupeau 
compte  98  tètes  de  races  diverses  :  crevant,  berrichonne  et  charmoise. 

M.  Texier  a  présenté  au  jury  différeats  projets  appelés  à  transformer  com- 
plètement la  terre  de  Yillebussière.  Quelques-uns  de  ces  projets  sont  en  cours 
d'exécution.  Le  défrichement  d'un  bois  taillis  de  12  hectares  destiné  à  être  converti 
en  [trairie  naturelle  est  dans  ce  cas.  L'irrigation  de  cette  prairie  fait  déjà  l'objet 
des  préoccupations  de  M.  Texier,  qui  se  propose  de  bien  utiliser  une  source 
abondante  située  à  la  partie  supérieure  du  teirain.  Il  a  assaini  par  le  drainage 
3  hectares  d'une  terre  nouvellement  défrichée  et  il  continuera  cette  opération  sur 
d'autres  points. 

Ces  grands  travaux  d'amélioration  seront  longs  et  pénibles,  mais  il  y  aura  un 
grand  mérite  de  les  avoir  obtenus. 

Actuellement,  l'assolement  de  cette  ferme  est  triennal  pour  certaines  cultures 
et  irrégulier  pour  d'autres;  il  ne  sera  définitivement  réglé  et  exactement  suivi 
qu'après  la  transformation  en  prairie  naturelle  de  6  hectares  de  terre  arable  et 
des  12  hectares  de  bois  taillis  en  voie  de  défrichement. 

Le  jury  a  examiné  avec  la  plus  grande  attention  la  comptabilité  de  Villebus- 
sière;  elle  est  régulièrement  tenuCj  mais  on  ne  peut  suivre  les  résultats  financiers 
que  pendant  deux  ans  puisque  les  premiers  comptes  ne  datent  que  de  1879. 

M.  Texier  est  un  homme  plein  de  courage  et  d'énergie,  tout  fait  espérer  qu'il 
mènera  abonne  fin  ces  grandes  entreprises. 

Une  œuvre  aussi  considérable  et  pour  ainsi  dire  à  son  début,  ne  pourra  être 
terminée  que  dans  quelques  années.  Dans  ces  conditious  le  jury  regrette  de  ne 
pouvoir  accorder  une  récompense  à  M.  Texier,  mais  il  le  félicite  du  travail  déjà 
fait  et  l'engage  vivement  à  continuer,  afin  d'être  prêt  pour  affronter  la  lutte  avec 
chance  de  succès,  à  l'époque  du  premier  concours  régional  qui  se  tiendra  à 
Chàteauroux. 

M.  Cauchois.  Ferme  de  Glatigny,  commune  de  Saint-Christophe-en-Bazelle. 
—  M.  Cauchois  exploite  comme  fermier,  depuis  vingt-cinq  années,  le  domaine 
de  Glatigny,  d'une  contenance  de  138  hectares  et  situé  à  peu  de  distance  de 
Saint-Christophe-en-Bazelle. 

Cette  terre  est  fortement  argileuse  et  d'un  ameublissement  difficile.  Sur 
une  grande  partie  de  la  ferme  le  sous-sol  est  calcaire.  Quand  cet  élément,  dont 
l'absence  rend  le  sol  infertile,  se  trouve  immédiatement  après  une  couche  végé- 
tale de  nature  argileuse,  c'est  toujours  une  bonne  fortune  pour  le  cultivateur  qui 
sait  en  tirer  parti.  M.  Cauchois  qui,  dans  toutes  ses  opérations  agricoles,  montre 
une  grande  habileté,  n'a  pas  manqué  d'exploiter  cette  source  de  richesse,  par  des 
labours  profonds.  Il  a  ainsi  augmenté  l'épaisseur  de  la  couche  arable  sur  une  vaste 
étendue.  De  plus,  par  ce  travail,  il  a  avantageusement  modifié  les  propriétés  phy- 
siques de  la  terre  en  la  rendant  plus  perméable  et  moins  compacte.  C'est  une 
véritable  amélioration  foncière. 


136  LA  PRIME  D'HONNEUR  [DE  L'iNÛRE. 

Depuis  quelques  années,  de  grands  travaux  de  drainage  ont  été  exécutés  à 
Glatigny,  aux  frais  du  propriétaire,  mais  le  fermier  y  a  pris  une  large  part  en 
fournissant  les  ouvriers  et  les  attelages  pour  le  transport  des  matériaux,  et  main- 
tenant il  entretient  le  fonctionnement  des  drains  d'une  manière  digne  d'une  men- 
tion élogieuse. 

L'assolement  adopté  par  M.  Cauchois  est  bien  combiné  :  les  plantes  fourra- 
gères de  la  famille  des  Légumineuses  et  les  plantes  sarclées  y  tiennent  une  large 
place  et  elles  alternent  avec  diverses  céréales. 

Le  jury  a  constaté  avec  satisfaction  que,  malgré  la  sécheresse  extrême  de 
l'année,  toutes  les  récoltes  étaient  remarquablement  belles. 

Les  fumures  abondantes,  les  soins  minutieux  apportés  à  tous  les  travaux 
d'ameublissemcnt  du  sol  et  la  propreté  avec  laquelle  les  champs  sont  tenus,  per- 
mettent à  chaque  culture  de  donner  son  maximum  de  rendement.  Le  blé  produit 
34 hectolitres  par  hectare;  le  seigle,  36  hectolitres;  l'avoine,  48  hectolitres;  les 
pommes  déterre,  35,00(jkilog.  ;  les  betteraves,  46,000  kilog.;  le  trèfle  ordinaire, 
7,000  kilog.  de  foin  en  deux  coupes  et  la  luzerne,  8,500  kilog.  à  l'état  sec  et  en 
deux  coupes  également.  Après  la  seconde  coupe,  la  luzerne  repousse  encore,  mais 
ce  regain  est  généralement  consommé  sur  place. 

L'outillage  agricole  est  très  complet;  il  comprend  des  machines  et  des  ins- 
truments perfectionnés  et  variés.  Le  matériel  aratoire  est  parfaitement  approprié 
à  la  nature  des  terres. 

Les  étables  et  les  bergerieis  de  Glatigny,  quoique  vastes,  sont  pleines  d'ani- 
maux de  choix,  dont  le  bon  état  indique  qu'ils  reçoivent  une  alimentation  abon- 
dante et  substantielle. 

La  vacherie  est  fort  bien  tenue  et  l'ensemble  des  bêtes  bovines  est  d'un  grand 
rapport  pour  M,  Cauchois  qui  est  un  conuaisseur  hors  ligne  en  bétail.  Dans  ses 
achats,  son  coup  d'œil  le  guide  sûrement  pour  le  choix  des  sujets  les  plus  avan- 
tageux; dans  ses  ventes,  son  talent  n'est  pas  moindre  et  la  réputation  qu'il  s'est 
faite  autour  de  lui  de  savoir  gagner  de  l'argent  avec  ses  animaux,  est  jusîtement 
méritée.  Les  bêtes  à  laines  sont  aussi  pour  lui  l'objet  d'une  spéculation  très  impor- 
tante et  très  lucrative.  La  bergerie  de  Glatigny  ne  comprend  pas  moins  de  450 
têtes  delà  race  southdown. 

La  basse-cour  représente  également  un  produit  considérable;  elle  est  peuplée 
par  près  de  6û0  volailles  diverses  qui  sont  l'objet  des  soins  intelligents  et  assidus 
de  Mme  Cauchois. 

Les  animaux  de  la  ferme  étant  nombreux  et  copieusement  nourris,  les  fumiers 
ne  peuvent  manquer  d'être  abondants  ;  ils  le  sont,  en  effet,  et  leur  état  physique 
et  les  conditions  dans  lesquelles  ils  sont  placés  indiquent  clairement  que  leur 
bonne  préparation  fait  la  constante  préoccupation  du  fermier.  Leur  installation 
seule  dénote  en  M.  Cauchois  un  homme  d'ordre  et  de  progrès. 

Disons  encore  que  bien  rarement  on  rencontre  dans  les  fermes  un  jardin 
potager  mieux  tenu  et  mieux  cultivé  que  celui  de  Glatigny.  Ce  jardin  offre  en  tout 
temps  par  ses  abondants  légumes  des  ressources  considérables  pour  l'alimenta- 
tion du  personnel  de  la  ferme. 

Le  mérite  de  ce  potager  et  des  cultures  qui  y  sont  faites  est  d'autant  plus 
grand  que  généralement,  dans  les  exploitations  agricoles,  l'horticulture  est  malheu- 
reusement très  négligée  et  très  mal  comprise. 

La  comptabilité  de  M.  Cauchois  est  en  partie  simple,  mais  parfaitement  tenue  ; 
elle  accuse  des  bénéfices  s' élevant  d'année  en  année. 

Au  début  de  l'entreprise,  le  capital  d'exploitation  n'était  que  de  12,000  francs; 
aujourd'hui  ce  môme  capital  dépasse  50,000  francs. 

Le  jury,  à  l'unanimité,  félicite  M.  Cauchois  et  lui  accorde  le  prix  cultural  de 
la  deuxième  catégorie,  consistant  en  un  objet  d'art,  pour  la  bonne  tenue  de  la 
ferme  de  Glatigny  et  pour  les  excellents  résultats  financiers  réalisés  dans  l'admi- 
nistration de  ce  domaine.  Franc, 

{La  suite  prochainement] .  Professeur  départemental  d'agriculture  du  Cher. 

LES  ARROSAGES  PAR  LES  NORIAS  EN  ESPAGNE  ' 

Après  le  jardin  de  Madrid  vient  celui  de  Valence  qu'on  peut  consi- 
dérer comme  le  centre  des  principales  cultures  de  l'Espagne,  sur  cette 
côte  fertile  qui    s'étend    à    l'est,    depuis    Gerona  jusqu'à   Alicante. 

1 .  ExtraiL  ifuiie  noiice  sur  l'honicullure  en  Espagne  et  eu  l'orlugui. 


LES  ARROSAGES  PAR  LES  NORLVS  EN  ESPAGNE. 


137 


La  plaine  de  Valence  n'est  qu'un  immense  jardin  renfermant  tous 
les  produits  et  toutes  les  cultures,  depuis  les  rizières  du  lac  de  l'Al- 
buféra  jusqu'aux  fruits  les  plus  variés  des  tropiques.  Ce  qui  frappe 
surtout,  c'est  un  admirable  système  d'irrigation  qui  date  du  temps 
des  Maures  et  qui  s'est  continué  en  s'améliorant  jusqu'à  présent.  Il  ne 
faut  pas  oublier  que  là,  depuis  des  siècles,  on  sait  recueillir  avec  le 
plus  grand  soin  les  poussières  des  chemins,  les  immondices  des  rues, 
et  le  curage  des  canaux  et  des  égouts  pour  en  faire  des  composts.  Il 
existe  dans  la  ville  un  vaste  système  d'égouls  réglés,  curés,  entrete- 
nus périodiquement  par  des  chasses  d'eau  et  avec  des  règlements  que, 
en  1882,  nous  sommes  encore  à  discuter  ici. 

Quand  les  nombreux  canaux  qui  sont  répandus  à  profusion  ne  suf- 
fisent pas  aux  irrigations,  on  a  recours  aux  anciennes  norias  déjà  usi- 
tées en  Egypte,  importées  par  les  Maures  en  Espagne  et  employées 


Fig.  11.  —  Noria  espagnole. 

encore  aux  environs  d'Alger,  à  Hussein-Dey  par  les  Mahonais  qui  y 
font  de  vastes  cultures  maraîchères.  La  fig.  1 1  donne  une  idée  de  ces 
lourdes  et  barbares  machines;  un  cheval  attelé  à  une  branche  d'arbre, 
fait  tourner  une  poutre  verticale  munie  d'un  double  cercle  formant 
pignon  ;  dans  les  crans  de  ce  pignon  entrent  des  bâtons  auxquels  sont 
attachés  des  godets  en  terre  cuite  qui  plongent  dans  la  couche  d'eau 
inférieure  et  remontent  l'eau  à  une  faible  hauteur,  dans  une  auge  d'oii 
elle  va  alimenter  les  rieoles. 

Au  dernier  Comice  agricole  d'Alger,  oii  notre  collègue  Beaume 
exposait  ses  pompes  modernes  à  chapelet,  je  ne  pouvais  m'empêcher 
de  sourire  en  comparant  l'appareil  de  la  vieille  Egypte  avec  ceux  de  la 
France  moderne  :  et  cependant  les  paysans  algériens  gardaient  les 
leurs,  parce  que,  me  disaient-il,  ils  les  font  et  les  réparent  eux-mêmes. 

Ch.  JOLY, 

Vice-présiilent  delà  Société  centrale  d'horticulture  de  France. 

LE  TRAVAIL  DANS  LES  FERMES 

Monsieur  le  directeur,  au  nombre  des  récompenses  que  la  Société  des 
agriculteurs  de  France  se  propose  de  décerner  dans  sa  session  de  1884, 


138  LE  TRAVAIL  DANS  LES  FERMES. 

se  trouve  un  prix  pour  l'auteur  du  meilleur  mémoire  sur  les  moyens 
de  retenir  à  la  campagne  les  ouvriers  agricoles. 

C'est  une  idée  excellente,  et,  dès  maintenant,  nous  pouvons  prédire 
un  succès  à  l'homme  éminent  qui  parviendra  à  résoudre  ce  grand  pro- 
blème à  la  solution  duquel  se  rattachent  tant  d'intérêts  de  premier 
ordre. 

Nous  disions  dernièrement  ici  que,  à  notre  avis,  ce  qu'il  y  a  encore 
de  plus  redoutable  que  la  cherté  de  la  main-d'œuvre  dont  la  culture  se 
plaint  cependant  si  amèrement,  c'est  le  cas  que  nous  prévoyons  très 
prochain,  dans  lequel  nous  allons  nous  trouver,  de  ne  plus  pouvoir, 
faute  de  bras  disponibles,  faire  exécuter,  en  saison,  les  travaux  urgents 
dans  nos  fermes. 

Nous  manquons  déjà  depuis  longtemps  de  travailleurs  sérieux,  c'est- 
à-dire  d'ouvriers  forts  et  intelligents  disposés  à  abandonner  la  routine 
•qui  ne  mène  à  rien  qu'à  la  misère,  pour  entrer  résolument  dans  la 
voie  du  progrès  qui,  en  présence  des  efforts  faits  chaque  jour  dans  les 
pays  voisins,  s'impose  à  nous  d'une  manière  absolue. 

Les  jeunes  sont  soldats  et  si,  après  leur  libération,  ils  rentrent  au 
village,  ce  n'est  souvent  que  pour  peu  de  temps,  car  beaucoup  d'entre 
eux,  détournés  de  la  culture  par  leurs  familles  elles-mêmes,  tâchent  de 
se  caser  dans  les  villes  comme  domestiques  ou  ouvriers  d'abord,  pour 
arriver  ensuite,  s'ils  le  peuvent,  à  faire  un  commerce  à  leur  compte. 
Que  nous  reste-t-il  alors  pour  exécuter  les  rudes  travaux  des 
champs  ? 

Il  nous  reste  les  enfants,  les  vieillards,  les  infirmes  et  les  femmes, 
avec  quelques  bons  et  solides  ouvriers,  il  est  vrai,  mais  en  trop  petit 
nombre. 

Et  comment  veut-on  sérieusement  qu'on  puisse  ainsi  relever  l'agri- 
culture à  laquelle  il  faudrait,  tout  le  monde  en  convient,  de  si  éner- 
giques soutiens  pour  redevenir  prospère? 

Présentement,  c'est  contre  la  cherté  de  la  main-d'œuvre  que  j'en- 
tends les  plaintes  s'accumuler  davantage,  et,  à  mon  avis,  c'est  à  tort, 
car  il  suffit  de  réfléchir  un  peu  et  d'examiner  loyalement  la  question 
pour  se  convaincre  qu'il  est  difficile,  impossible  môme,  de  réduire  le 
salaire  de  nos  ouvriers  des  champs,  en  présence  surtout  du  prix  fort 
élevé  des  subsistances. 

En  effet,  sauf  le  pain,  tout  est  cher  aujourd'hui  :  la  viande,  le 
beurre,  le  vin,  le  cidre  môme,  le  cidre,  cette  boisson  indispensable  à 
l'ouvrier  normand,  qu'il  est  habitué  à  trouver  sur  la  table  de  la  ferme 
où  il  travaille,  mais  qui,  dans  ces  temps  de  quasi-disette,  fait  souvent 
défaut  dans  son  ménage,  où  femme  et  enfants  sont  bien  forcés  de  boire 
de  l'eau. 

De  la  Toussaint  à  la  Saint-Jean,  pendant  huit  mois  de  l'annçe,  nous 
payons  nos  journaliers  de  1  fr.  25  à  1  fr.  75  par  jour.  C'est  donc  9  fr. 
en  moyenne,  mais  sans  compter  les  chômages,  qu'un  ouvrier  rapporte 
chez  lui  chaque  semaine  pour  payer  le  loyer,  nourrir,  habiller  et 
chauffer  sa  faAiille  et  vivre  lui-même  les  dimanches  et  fêtes  (soixante 
jours  par  an),  car  le  petit  gain  qu'a  pu  faire  la  femme  restée  à  la 
maison,  surtout  si  elle  a  plusieurs  enfants  à  élever,  est,  tout  le 
monde  le  sait,  de  si  peu  d'importance  qu'il  ne  mérite  guère  d'en- 
trer en  ligne  de  compte,  et  suffit  à  peine  à  couvrir  les  dépenses  im- 
prévues. 


LE  TRAVAIL  DANS  LES  FERMES.  139 

Il  est  vraiment  aisé  d'apprécier  cette  situation  et  de  voir  que,  rai- 
sonnablement, il  ne  faut  pas  songer  un  seul  instant  à  rogner  sur  le 
salaire  de  ce  père  de  famille,  qui  n'arrive  pas  toujours  à  joindre  les 
deux  bouts  et  qui,  s'il  y  arrive,  ne  peut  le  faire  qu'à  force  de  travail, 
d'économie  et  de  privations! 

Ce  ne  sera  pas,  du  reste,  nous  en  sommes  certains,  par  un  sem- 
blable moyen  que  l'on  clierchera  à  apporter  au  mal  un  remède  effi- 
cace. On  tâchera,  au  contraire,  il  n'est  pas  permis  d'en  douter,  d'in- 
diquer les  réformes  capables  d'améliorer  d'abord  le  sort  du  cultiva- 
teur afin  de  le  mettre  à  même,  par  des  avantages  nouveaux,  de  dé- 
tourner l'ouvrier  de  l'idée  de  quitter  son  village,  eu  lui  donnant  la 
certitude  d'un  travail  plus  rémunérateur  qui  puisse  lui  permettre  de 
réaliser  quelques  économies  pour  l'heure  oii  sonnera  la  retraite. 

Car,  nous  le  savons  parfaitement,  ils  sont  aussi  absolument  dans  le 
vrai,  ces  fermiers  qui  viennent  chaque  jour  nous  dire  de  la  meilleure 
foi  du  monde  : 

«  Vos  appréciations  au  sujet  de  la  question  des  salaires  sont  rai- 
sonnables ;  nous  pensons  comme  vous,  mais  nous  sommes,  malgré 
cela,  forcés  de  déclarer,  à  notre  grand  regret,  qu'en  présence  des 
charges  multiples  qui  nous  accablent  et  des  pertes  que  nous  procure, 
depuis  longtemps  déjà,  la  culture  des  céréales,  il  ne  nous  sera  pas 
possible  de  toujours  payer  une  main-d'œuvre  aussi  élevée.  » 

Que  répondre  à  cela  ? 

Tout  simplement  que  des  deux  côtés  les  plaintes  sont  justes,  et 
qu'il  est  d'une  incontestable  nécessité  de  trouver  le  plus  vite  possible 
des  moyens  de  concilier  ces  intérêts  absolument  solidaires  au  fond, 
bien  qu'au  premier  abord  ils  puissent  paraître  parfois  assez  opposés. 

Il  y  a  trois  puissances  en  culture  qu'il  faut  absolument  utiliser  sans 
retard  :  le  savoir,  le  capital  et  les  bras.  Le  propriétaire  possède  le 
capital;  qu'il  se  donne  la  peine  d'acquérir  le  savoir  et  le  fasse  appli- 
quer par  les  bras  dont  il  disppse.  Avant  peu,  la  fertilité  de  notre  sol 
sera  revenue  et  la  richesse  de  la  France  aura  doublé;  mais  il  faut  d'a- 
bord faire  exécuter  soi-même  et  montrer  le  résultat.  C'est  la  question 
sine  qua  non  ! 

J'aurai  l'honneur,  monsieur  le  directeur,  de  vous  soumettre  prochai- 
nement une  étude  sur  la  main-d'œuvre  dans  nos  fermes  normandes. 
Ce  sera  la  relation  très  exacte  et  consciencieuse  des  observations  qu'il 
m'est  donné  défaire  chaque  jour  dans  mes  rapports  avec  nos  ouvriers 
agricoles. 

Agréez,  etc.  E.  Cassé, 

membre  de  la  Société  d'agriculture  de  TEure. 

CONCOURS  RÉGIONAL  DE  SÏDÏ-BEL-ABBÈS 

LISTE  COMPLÈTE  DES  RÉCOMPENSES. 
Prix  culturaux. 

1'°  Catégorie.  —  Propriétaires  exploitant  directement  ou  par  réiïisseurs,  des  domaines  de  pins 
de  50  hectares.  (l'rix  consistant  en  un  objet  d'art  de  500  fr.  et  une  somme  de  2,000  fr.)  :  M.  Louis 
Tabouriech,  propriétaire  à  Rivoli,  arrondissement  de  Mostaganem. 

2°  Catégorie.  —  Fermiers,  cultivateurs-propriétaires  tenant  à  ferme  une  partie  de  leurs  terres 
en  culture;  métayers  isnlcs  exploitant  des  domaines  de  plus  de  50  hectares.  Pas  de  concurrents. 

3'^^  Catégorie.  —  Propriétaires,  fermiers  ou  métayers  isolés  de  domaines  de  50  hectares  au  plus 
et  de  5  hectares  au  moins.  (Prix  consistant  en  un  objet  d'art  de  500  fr.  et  une  somme  de  600  fr.)  : 
M.  Jules  Cauquil,  propriétaire  à  Rivoli,  arrondissement  de  Mostaganem. 

Prime  d'honneur,  non  décernée. 

Prix  des  spécialités.  —  î'"'  Catégorie.  Irrigations  :  1°  sur  des  contenances  de  6  hectares  et  au- 
dessus.  —  1'"'  prix,  mcdaillo  d'or  et  1000  fr.,  M.  Victor  Ratte,  propriétaire  à  Saint-Aimé,  commune 
mixte  d'Inkermann;  —  2°,  sur  des  contenances  de  moins  de  (i  hectares.  Pas  de  concurrents, 


140  ■  CONCOURS  RÉGIONAL  DE  SiDI-BEL-ABBÈS. 

2'  Catégorie.  —  Améliorations  diverses.  —  Médailles  d'or  grand  module,  MM.  Carrafang, 
propriétaire  à  Sainl-André  de  Mascara,  pour  défrichements  de  terres  incultes,  établissement 
de  luzernièics  à  l'arrosage,  et  entretien  de  vaches  et  brebis  laitières;  Garcia  Delolmo,  proprié- 
taire à  Mascara,  pour  plantation  d'arbres  fruitiers,  de  vignes  à  raisins  de  table  et  établissement 
de  norias. 

3°  Catégorie.  —  Agents  et  ouvriers  des  exploitations  primées.  —  Médailles  d'argent  et  150  fr., 
MM.  Pierre  Marc,  chef  de  culture  chez  M.  Tabouriech;  Joseph  Manuel,  mécanicien  et  distillateur 
chez  M.  Tabouriech.  —  Médailles  d'aroent  et  100  fr.,  MM.  Mohamed  ben  Rached,  chef  d'attelages 
chez  M.  Cauqiiil;  Osman  Takarli,  tailleur  de  vignes  chez  M.  Cauquil;  Bertrand  Luc,  domestique 
chez  M.  Carrafang,  depuis  23  ans. 

Animaux  reproducteurs.  —  Espèce  bovine. 

V"  Catégorie.  —  Race  de  Guehna  et  variétés  nord-africaines  des  plaines.  —  Mâles.  —  Taureaux 
de  1  à  4  ans.  1"  prix,  M.  Arlès-Dufour,  à  Oued-el-Alleug  (Alger);  2%  Compagnie  Franco-Algé- 
rienne, à  la  plaine  de  l'Habra  (Oran).  —  Femelles.  — Génisses  de  plus  de  1  an  et  vaches.  1"  prix, 
M.  Arlès-Dufour;  2',  Compagnie  Franco-Algérienne.  Mentions  honorables,  M.  François  Vignon,  à 
fîl-Romri  (Oran);  la  Compagnie  Franco-Algérienne. 

2"  Catégorie.  —  Races  nord-africaines,  variétés  de  montagnes.  —  Mâles.  —  Taureaux  de  1  à  4  ans. 
1"  prix,  Compagnie-H'ranco-Algérienne.  Mention  honorable,  la  Compagnie  Franco-Algérienne.  — 
Femelles.  Génisses  de  plus  de  1  an  et  vaches.  2"  prix,  M.  Calixte  Snandeau,  à  Aïn-Trid  (Oran)  ; 
3",  la  Compagnie  Franco-Algérienne. 

'i"  Catégorie.  —  Races  d'Europe  et  croisements  divers.  —  1""  Sous-Catégorie.  —  Races  propres 
au  travail  et  à  la  viande.  —  Mâles.  —  Taureaux  de  1  à  4  ans.  1"''  prix,  M.  Arlès-Dufour;  2'',  la 
Compagnie  Franco-Algérienne,  —P.  S.,  M.  Varange,  à  Boti-Kanéfis  (Oran).  Mentions  honorables, 
MM.  Arlès-Dufour  ;  Boniface  Maine,  à  Aïn-Khemis.  —  Femelles.  —  Génisses  de  1  à  3  ans,  \"  prix, 
M.  Arlès-Dufour;  2%  M.  Marty,  à  Aïn-Trid  (Oran)  ;  3%  M.  tjabriel  Michaud,  à  Sidi-bel-Abbès. 
P.  S.,  MM.  Fischer,  à  Sahouria;  Rossignol,  à  Aïn-Khemis  (Oran).  Mentions  honorables,  la  Com- 
pagnie Franco-Algérienne  ;  MM.  Marty;  Kou^ki  Strubie,  à  Aln-Sefra  (Oran).  —  2°  Sous-Cotégorie. 

—  Races  laitières.  —  Mâles.  —  Taureaux  de  1  à  4  ans.  l"prix,  M.  Arlès-Dufuur  ;  T,  M.  Poisson, 
à  Sidi-bel-Abbès.  Mention  honorable,  M.  Rossignol.  —  Femelles.  —  Génisses  de  1  à  3  ans. 
l"prix,  M.  Gustave  Rada,  à  Sidi-bel-Abbès;  2%  M.  Arlès-Dufour;  3%  M.  Poisson.  Mention  hono- 
rable, M.  Poisson. 

Espèce  ovine. 

V"  Catégorie.  —  Races  mérinos  et  métis-mérinos  d'Europe.  —  Mâles,  l"  prix,  M.  Antoine 
Cousin,  à  Sidi-Daho  (Oran)  ;  2%  M.  Pedro  Fernandez,  à  Sioi-bel-Abhès.  — Femelles,  l'"^  prix, 
M.  Pedro  Fernandez;  2",  M.  le  directeur  de  l'orphelinat  agricole  de  Saint-Denis-du-Sig. 

2=  Catégorie.  —  Races  des  Hauts-Plateaux  et  du  Sud,  à  face  brune  et  à  face  blanche.  —  Mâles. 
1"  prix,  M.  Calixte  Snandeau,  à  Aïn-Trid  (Oran);  2",  M.  Abdelkader  ben  Medjahed,  à  Sidi-bel  - 
Abbès.  —  Femelles,  l'"'  prix,  la  Compagnie  Franco-Algérienne,  à  la  plaine  de  l'Habra;  2",  M.  Abra- 
ham Aknin,  à  l'Oued-Sarno  (Oran). 

'à' -Catégorie. —  Croisements  entre  mérinos  et  races  algériennes.  —  Mâles.  1"  prix,  M.  Car- 
rafang, à  Saint-André  de  Mascara  (Oran)  ;  2'",  la  Compagnie  Franco-Algérienne.  —  Femelles. 
1"  prix,  M.  Antonio  Crémadès,  à  Sidi-bel-Abbès;  3%  M.  Carrafang. 

4'  Catégorie.  —  Races  pures  et  croisements  non  dénommés  ci-dessus.  — Mâles.  ]"  prix,  M.  Arlès- 
Dufour,  à  rOued-el-AUeug  (Alger).  —  Femelles.  1"  prix,  M.  Arlès-Dufour. 

Espèce  porcine. 

1"  Catégorie.  —  Races  étrangères  pures  ou  croisées  entre  elles.  —  Mâles.  2",  prix,  M.  Jean 
Despaux,  au  Kocher  (Oran);  3",  M.  d'Aurelles  de  Paladines,  à  Boufank  (Alger).  —  Femelles. 
l'''pnx,  M.  d'Aurelles  de  Paladines  ;  2",  M.  Despaux;  3".  M.  Suandeau. 

2°  Catégorie.  —  Races  françaises  pures  ou  croisées.  —  Mâles.  3°  prix,  M.  Ferdinand  Poisson, 
à  Sidi-bel-Abbès.  —  Femelles.  1"  prix,  M.  Poisson  ;  M,  Joseph  Martinez,  à  Hennaya  (Oran)  ; 
3%  M.  Philipe  Vidal,  à  Saint-Louis  (Oran). 

Espèce  caméUne;  autruches.  —  Pas  d'animaux  présentés. 

Animaux  de  basse-cour. 

Médailles  d'argent,  MM.  d'Aurelles  de  Paladines;  Hippolyte  Coulon,  à  Zarouela  (Oran)  ;  Philippe 
Fabas.  à  Mascara  (Oran);  Vicente  Navarre,  à  Sidi-bel-Abbes;  Suandeau;  Vidal  ;  Joseph  Collin,  à 
Aïn-Khemis  (Oran).  — Médailles  de  bronze,  MM.  Joseph  Collin:  Pedro  Fernandez;  Frahenpaher, 
àSidi-Ali-ben-Youb  (Oran);  Adolphe  Gourdon,  au  Tessalah  (Oran);  Boniface  Maine,  à  Aïn-Khemis; 
Gabriel  Michaud,  à  Sidi-bel-Abbès  ;  Auguste  Chapuis,  aux  Ouled-Ali  (Oran);  Frahenpaher  ;  Suan- 
deau; Navarro. 

Animaux  gras. 

V'  Section.  —  Bœufs.  1"  prix,  la  Compagnie  Franco-Algérienne  ;  3",  M.  Antoine  Bedos,  à 
Zarouela  (Mekerra).  Mention  honorable,  la  Compagnie  Franco-Algérienne. 

2'  Section.  —  Vaches.  l"prix,  la  Compagnie  Franco-Algérienne.  Mention  honorable,  M.  Frahen- 
paher. 

3°  Section.  —  Moutons.  1"  prix,  M.  Arlès-Dufour;  2=,  la  Compagnie  Franco-Algérienne;  3°, 
M.  Fabas. 

4°  Section. —  Porcs.  1"  prix,  M.  Louis-Henri  Nicolas,  à  Sidi-bel-Abbès;  2",  M.  Antoine  Martin, 
à  Sidi-bel-Abbès;  3%  M.  Joseph  Martinez. 

5''  Section.  —  Bande  de  bœufs,  p""  prix,  la  Compagnie  Franco-Algérienne;  2%  M.  Gavillon,  à 
rOued-Sarno  (Oran);  3%  M.  Cousin,  a  Sidi-Daho  (Oran).  P.  S.,  M.  Samacoït,  à  l'Oued-Sarno 
(Oran).  Mention  honorable,  la  Compagnie  Franco-Algérienne. 

6'=  Section.  —  Bandes  de  moutons.  —  1<"- prix,  M.  Arlès-Dufour;  2'',  la  Compagnie  Franco-Algé- 
rienne; 3%  M.  Cousin. 

Machines  et  instruments  agricoles. 

Instruments  d'extérieur  de  ferme.  — l"  Catégorie.  —  Faucheuses,  l-'-prix,  M.  Julien  Billiard, 
à  Alger,  pour  sa  faucheuse  Favorite  ;  2^  M.  Plissonnier  fils,  à  Lyon,  pour  sa  faucheuse  Diamant. 

—  Mention  honorable,  M.  Plissonnier,  pour  sa  faucheuse  Paragon. 


CONGOUHS    RKGIONALDE  SIUI-BEL-ABBÈS.  141 

'J-  Catégorie.  —  Charrues  défonceuses.  1"  prix,  M.  Bergougnoux.  à  Sidi-bel-AbWs,  pour  sa 
défonceuse;  2^  M.  Julien  Billiard,  pour  sa  charrue  ;  3»,  M.  Mougeot,  Sidi-bel-Abijes  pour  sa  delon- 
oeuse.  P.  S.  (par'viremenO,  M.  Souron,  aux  Trembles  (arrondissemenl  de  Bi;l-Abbôs),  pour  sa 
dél'onceuse.  Mention  honoral/lo,  M.  i'iissonnierj  pour  sa  charrue. 

S'' Catcr/orie.  —  Scarificateurs  et  exlirpateurs.  l"  prix,  M.  Plis=onnier  ;  2-,  M.  Bergougnoux; 
â",  M.  B.  Billiard,  pour  le  scarilicatourDonibasle.  /^   ■>         . 

V  Caicgone.  —  Herses  pour  grande  culture,  l"  prix,  M.Michel,  a  Boarbon-Lancy  (Saone-et 
Loire),  pour  sa  herse;  2'-,  MxM.  Thioliier  et  Cie,  à  Alger,  pour  leur  herse.  Mentions  honorables, 
MM.  .lulien  Billiard  ;  Bergougnoux  ;  Plissonnier. 

b'' Catégorie.  —  Rouleaux  brise-mottes,  p'prix,  M.  Plissonnier;  ",  M.  Julien  Billiard.  Mentions 
honorables,  MM.  Bergougnoux:  Michel.  . 

Instruments  d'intérieur  de  ferme.  —  V"  Catégorie.  —  Pressoirs.  1"  pru,M.  iAienne  i  iquet, 
à  Sartrouville  (Seine-et-Oise)  ;  2",  (par  virement),  M.  Mabile,  à  Amboise  (Indre-et-Loire); 
3°,  M.  Vigouroux,  à  Nîmes  (Gard)  ;  4^  MM.  Champion  et  UUagnier,  à  Tours.  Mention  honorable, 
M.  Mabille.  '  .,    _,,. 

2°  Catégorie.  —  Pompes  à  vins,  l"  prix,  M.  Vigouroux;  2-,  (par  virement),  M.  Plissonnier, 
à  Lyon  (Rhône);  3%  M    Beaume,  â  Boulogne-sur-Seine  ;  P.  S.,  xM.Noël,  à  Paris. 

3"  Catégorie.  —  Filtres  à  vin.  l"''  prix,  M.  Vigouroux;  T,  M.  RouheLte,  à  Paris. 

4=  Catégorie.  —  Appareils  propres  au  nettoyage  des  graines  de  semences.  —  Pas  de  prix 
décGniGs 

Catégorit^.  —  Hache-paille   à  grand  travail.  \"  prix,  M.  Plissonnier  ;  2%  M.  Julien  Billiard, 


Réco)npen:<i's  accordées  aux  conducteurs   de  machines,  contremaîtres  et  ouvriers. 


—  Art.  1 1  de 


Douera  (département  d'Alger),  pour  vin  rouge  ae  i.^^i  , 
in),  pour  vin  rouge  de  1882  ;  Delouca,  à  Mascara  (depar- 
Î80;  l'albroy,  à  Médéah  (département  d'Alger),  pour  vin 
léparlement  d'Oran),    pour  vin  blanc   de    1882  ;  Henry,  à 


l'arrêté  ministériel.  —Médaille  d'argent,  et  10)  Ir.  ;  M.  Leroy,  contremaître  chez  M.  '  ,"1'-'|^'' 
à  Sartrouville  (Seine-et-Oise)  ;  M.  Louis  Pnech,  contremaître  chez  M.  Vigouroux,  à  Nîmes  (^^r'')  '■< 
iM.  Sandra,  contremaUre  chez  M.  Be-gougnoux,  a  Bel- Ahhhs.  —  Médaille  de  bronse  et  40  Ir.; 
M.  Jules  Payen,  conducteur  de  charrues,  chez  M.  Mougeot,  à  Bel-Abbès  ;  M.  Etienne  l'^^'^'''"'' 
conducteur  de  machines  chez  M.  Billiard,  à  Alger.  —  Médaille  de  bronze  et  30  l'r.  ;  M.  INicuias 
Moine,  conducteur  de  machines  chez  M.  Plissonnier,  à  Lyon;  M.  Louis  Griselin,  conducteur  ae 
machines  chez  M.  Billiard;  M.  Jean  LebastarJ,  contremaître  chez  M.  Mougeot;  M.  Aicarao, 
contremaître  chez  M.  Thioliier,  à  Alger. 

Produits  agricoles,  horticoles  et  matières  utiles  à  l'agriculture. 
Médailles  d'or,  MM.   Noelinger,   à   Douera   (département  d'Alger),  pour  vin  rouge  de  1882  ; 
Tirion,  à  Aïn-Trid   (département  d'r>ran) 
tement  d'Oran),  pour  vin  rouge  de  1880 

rouge  de    1879;  Ripoud,  à  Nazereg  .(déparlement  d'Oran),    po...       - 

Médéah  (dépanement  d'Alger)  pour  vin  blanc  de  1882  :  Razès,  h  Médéah  (département  d'Alger), 
pour  vin  blanc  vieux;  Soulailié,  à  Mouzaïa-les-Mines  (département  d'Alger),  pour  huile  d'olive  ; 
Samson,  à  Sidi-Mabrouk  (département  de  Constanline),  pour  graines  oléagineuses;  Auguste  Nou- 
zille,  au  Tessalah  (département  d'Oran),  pour  blé  tendre  tuzelle  ;  Gandoin,  à  Aïn-Sofra  (dépar- 
tement d'Oran).  pour  blé  du;-;  Bastide,  à  Sidi-bel-Abbès,  pour  l'ensemble  de  son  exposition; 
d'Aurelles  de  Paladines.  à  Boufarik.  (département  d'Alger),  pour  fruits  frais. 

Médaille  d'argent  grand  module,  MM.  Dessort,  à  Mascara  (département  d'Oran).  pour  vin  rouge 
de  1882;  Antoine,  au  Tessalah,  département  d'Oran).  pour  vin  rouge  de  1882;  Figarol,  à  Médeati 
(département  d'Alger),  pour  vin  rouge  de  1881;  Sambet.  Chcragas  (dépirtement  d'Alger),  pour 
vins  rouges;  Thiedey,  à  Sidi-bel-Abbès,  pour  vin  blanc  de  1882  ;  Bastide,  précité,  pour  vin 
blanc  doux;  Jean  Perret,  à  Sidi-bel-Abbès,  pour  eau-de-vie;  Chancogne,  à  Tlemcen,  pour  huile; 
Rouire,  à  Mascara  (département  d'Oran),  pour  huile  ;  Maisonnasse,  à  Pélissier  (département 
d'Oran),  pour  vin  blanc  de  1878  ;  d'Aurelles  de  Paladines,  pour  tabac  ;  Cadiergues,  à  Sidi-bel- 
Abbés,  pour  blé  tendre  tuzelle  ;  Vuillemin,  à  Aïn-Oumata  (département  d'Oran),  pour  blé  dur; 
Benaouda  ben  Rezag,  du  douar-commune  des  Oulad-Razzi,  commune  mixte  de  la  Mekerra 
(département  d'Oran),  pour  orge;  Ciavaldini,  à  Sidibel-Abbès,  pour  fruits  frais. 

Médailles  cVaryml,  MM.  Fernandez  Antonio  (du  Comice  du  Sig),  pour  vin  rouge  de  1882; 
Pélissier.  a  Thiersville  (département  d'Oran),  pour  vin  rouge  de  1882  ;  Calmet,  à  Médéah  (dépar- 
tement d'Alger),  pour  vin  rouge  de  1880;  Régler,  à  Médéah  (défiartement  d'Alger),  pour  vin  blanc 
de  1881;  Lépiney,  à  Thibharine  (département  d'Alger),  pour  vin  blanc  de  1878;  Massot,  à 
'llemcèn,  pour  huile  d'olive  ;  d'Aurelles  de  Paladines,"pour  collection  de  vignes  ;  Costerisan,  à 
Oran,  pour  filasses;  Foucqueleau,  à  Berroua^ihia  (déparlement  d'Alger),  pour  laines  brutes; 
Sosl,  â  Berrouaghia,  pour  peaux  de  chèvre  angora;  Mme  Vve  Dupuis  Delaveau,  à  Saint-Cloud 
(département  d'Oran),  pour  cocons;  MM.  Merlo  fils,  Sidi-bel-Abbès,  pour  blé  tendre;  Merlo 
tils,  pour  blé  dur;  Suandeau,  à  Aïn-Trid  (département  d'Oran),  pour  seigle;  Auguste  NouziUe,  au 
Tessalah  (département  d  Oran),  pour  orge;  Fabas,  à  Mascara  (départea  ent  d'Oran),  peur  orge  ; 
Samson,  pour  avoine  noire  ;  Rossignol  et  Barraud,  au  Tessalah  (département  d'Oran), 
pour  avoine  ;  Dubreuil,  à  Sidi-Brahim  (département  d'Oran),  pour  mais  ;  Décrion,  à  Sidi-bel- 
Abbès,  pour  légumineuses;  Frahenpaher,  à  Sidi-Ali-ben-Youb  (département  d'Oran),  pour 
l'ensemble  de  son  exposition  ;  Vuillemin,  pour  fruits  frais  ;  Lagarde,  à  Sétif,  pour  carlou-écran 
protecteur  pour  vignes;  la  Commune  mixte  de  Saint-Lucien,  pour  graines  et  plant  d'acacia 
cyanopbylla. 

Médailles  de  bronze,  MM.  Rousset,  à  Oran,  pour  vins  rouges  de  1882;  Sady,  à  Médéah,  pour  yin 
rouge  de  1882  ;  Dupré  de  Saint-Maur,  à  M'silah  (département  d'Oran),  pour  vin  rouge  de  1882; 
Robin,  à  Damiette  (département  d'Alger)  ,  pour  vin  rouge  de  1882  ;  la  commune  mixte  de  Saint- 
Lucien,  pour  vin  rouge  de  1882;  M.VI.  Mauhoura,à  Oran,  pour  vin  rouge  de  1882;  Bouchon,  à 
Kleurus  (département  d'Oran).  pour  vin  rouge  de  1881  ;  tlhancogne.  pour  vin  rouge  de  1881  ;  Mar- 
tinez,  à  HeunaNa  (dépanement  d'Oran),  pour  vin  rouge  de  1880,  Mme  Selve,  à  l'Oued-lmbeit 
(département  d"Oranj,  pour  vin  roug;e  de  1879;  MM,  l'hivaud,  à  Médéah  (département  d'Alger), 
pour  vin  blanc  de.  1882;  Seller,  à  Sidi-Lasshen  (département  d'Oran),  pour  vin  blanc  de  dessert; 
Bdzet,  à  Mascara  (département  d'Oran),  pour  vin  blanc  doux;  Calmet,  à  Alger,  pour  madère; 
Cabassot,  à  Mascara,  pour  vin  de  Malaga;  Antiielme  Perret,  à  Sidi-bel-\bbès.  pour  eau-de-vie; 
Blesson,  à  Bouguirat  -département  d'Oran),  pour  cépages;  Lall'aye,  à  Sidi-bel-Abnès,  pour  crin 
végétal;  l'Union  du  Sig,  pour  cocons;  MM.  Sost,  pour  blé  dur;  Si  hou  Médien  bou  Aricha,  à 
Tireuat  (déparlement  d'Oran),  pour  blé  dur  ;  Rossignol  et  Barraud,  pour  seigle;  Suandeau,  pour 
orge;  Cadi   bel  Abed,    douar-commune  des  Oulad-Razzi,  commune  mixte  de  la  Mekerra,  pour 


142  CONCOURS  RÉGIONAL  DE  SIDI-BEL-ABBÉS. 

orge;  Auguste  Nouzille,  pour  avoine;  Suandeau,  pour  avoine  ;  Marty,  à  Aïn-Trid  (département 
d'Oran),  pour  avoine  ;  Fabas,  pour  avoine  ;  Razès,  pour  maïs  :  Souladié,  pour  maïs  ;  Colin,  à  Aïn- 
Khemis  (département  d'Oran),  pour  légumineuses;  Tur,  su  Tessalah,  pour  légumineuses;  Marty, 
pour  légumineuses;  Suandeau,  pour  légumineuses;  Sost,  pour  sorgho;  Arthus,  à  Sidi-Ali- 
Tenyeret  (département  d'Alger),  pour  pommes  de  terre;  Razès,  pour  pommes  de  terre;  Rosfel- 
der,  pour  pommes  de  terre;  Souladié.  pour  pommes  de  terre;  Rada,  à  Sidi-bel-Ablîès.  pour 
betteraves;  Samson,  pour  confitures;  Boulet,  à  Sidi-bel-Abbès,  pour  semoules;  Dubreuil,  pour 
semoules;  Navaro,  à  Sidi-bel-Abbès,  pour  farines;  Rivnire,  à  Sidi-bel-Abbès,  pour  semoules; 
Merlo  fils,  pour  farines  ;  Seller,  pour  farines  ;  Grasso,  à  Sidi-bel-Abliès,  pour  semoule;  Abdelicader 
ben  Yamina,  au  douar  Remis,  commune  mixte  de  Ténès  (département  d'Alger),  pour  l'ensemble 
de  son  exposition;  Ciavaidini,  pour  légumes;  Martinez,  pour  noix  sèches  et  raisins  frais. 

Mentions  honorahies,  MM  Géaud,  à  Berrouaghia,  pour  sarments;  Buisson,  à  J'Oued-Imbert, 
pourcrin   végétal  ;  Samson,  pour  laines;  Fouqueteau,  pour  orge;  Décrion,  pour  maïs. 

Expositions  scolaires.  —  1"  Section.  —  Matériel  d'enseignement  agricole  (colleclions,  dessins 
de  cours,  etc.),  \"  prix,  M.  Garnier,  à  Beni-Saf  (département  d'Oran),  pour  sa  carte  agronomique 
du  territoire  de  Nazereg,  commune  de  Saïda  (département  d'Oran)  ;  2',  M.  Bouty,  à  Oran,  pour  sa 
carte  agronomique;  3%  M.  Leroux,  à  Mustapha-Alger,  pour  plans  et  dessins  de  caves,  fermes  et 
canaux  d'irrigaiion;  4",  M.  Brunel,  à  Mascara  (département  d'Oran),  pour  sa  carte  agronomique 
en  relief  du  territoire  de  Mascara  — 2'  Section.  —  Travaux  spéciaux  et  objets  d'enseignement  agri- 
cole présentés  par  les  professeurs,  les  instituteurs  et  les  élèves  des  écoles  primaires.  Pas  de 
prix  décernés. 

Expositions  collectives  faites  par  les  Sociétés  d'agriculture  et  d'horticulture.  —  1"  prix,  le 
Comice  agricole  de  Sidi-bel-Abbès  ;  2%  le  Comice  agricole  de  Médéah  ;  3",  le  Comice  agricole  de 
Saint-Denis-du-Sig;  4%  le  Comice  agricole  de  Midariah. 

Prix  décernés  au  nom  de  la  Société  d'encouragement  à  l'agriculture  de  France.  —  Mi^daille  d'or, 
à  M.  Julien  Billiard  d'Alger,  introduction  de  machines  agricoles  en  Algérie.—  Médaille  de  vermeil, 
à  Mo  E.  Perry,  travaux  appliqués  à  la  viticulture. — Médaille  d'argent  'du.  Comice  de  Bel-Abés,pour 
ses  efforts  persévérants  et  la  part  importante  prise  au  concours  régional.  —  Médaille  de  bronze 
à  M.  Fabriès,  pour  la  part  q':i  lui  revient  dans. le  succès  agricole  de  son  fermier. 

Prix  décernés  au  nom  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France.  —  Objet  d'art  à  M.  Boulet  père, 
pour  ses  plantations  et  travaux  de  grande  culture.  —  Médaille  d'or  à  M.  Gendre,  pour  ses  succès 
agricoles.  —  Médailles  d'argent  à  M.  J.  Nouzille,  pourses  travaux  de  grande  culture;  à  M.  Poisson, 
pour  l'infroduction  d'une  race  bovine  exotique.  — Médaille  de  bronze  à  M.  A.  Chrétien,  pour 
l'excellent  parti  qu'il  tire  de  sa  propriété  ;  à  M.  Achar,  pour  ses  travaux  de  petite  culture  ; 
M.  Ar.  Dubreuil,  pour  son  reboisement. 

Prix  décernés  au  nom  du  Comice  d'Alger.  —  1"  prix,  à  M.  P.  Hopis,  pour  les  résultats  obtenus 
sur  son  petit  vignoble  ;  2",  à  M.  Jioramée  Rabba,  pour  la  bonne  tenue  de  son  petit  vignoble. 

Prix  décernés  au  nom  de  la  Ligue  de  reboisement  d'Alger.  —  1"  prix  à  M.  Bastide;  2°,  à 
M.  Courtot;  3%  à  M.  Nouzille,  pour  leurs  plantations.  —  Mentions  très  honorables  à  la  Voirie  dépar- 
tementale; au  service  des  ponts  et  chaussées. —  Mentions  honorables  à  M.  Alfred  Leplusjà 
M.  Marty  du  Tessalah  ;  à  M.  Gourdon,  pour  leurs  plantations. 

Concours  hippique. 

Race  BARBE.  —  l'"  Section.  —  Chevaux  entiers  de  2  ans  et  au-dessus,  l"""  prix,  M.  Boniche,  Moïse, 
Alger;  2',  M.  Abdelkader  ben  Guedra,  à  Bou-Hadjar  (Oran);  3%  M.  Abdelkader  ben  Abdallah,  à 
Oran;  4%  M.  Ben  Aouda  ben  Rezzag,  à  Oran  ;  5",  El  Hadj  Mohamed  ben  Larbi,  aux  Beni-Ghome- 
riane  (Alger)  ;  6°,  M.  Victorino  Canicio,  à  Relizane  (Oran);  7%  M.  Mebarek  ben  el  Haoussin,  aux 
Beni-Ahmed  (Alger).  —  Mentions  jointes  à  une  somme  de  50  fr.  :  Compagnie  franco-algérienne, 
à  Debrousseville  (Oran)  ;  M.  François  Olivier,  à  Duperré  (Alger)  ;  M.  Joseph  Navarro,  à  Mostaga- 
nem  (Oran);  M.  Bouzian  ben  Msabih ,  à  Guerdjoum  (Oran)  ;  M.  Abdallah  ben  Tami,  aux  Nemaicha 
(Oran);  M.  Mohamed  ben  Msabih,  à  Sidi  ben  Moussa  (Oran)  ;  M.  Augustin  Aymé,  à  Tlemcen  (Oran); 
M.  Henni  ben  El  Hadj  ben  Zian,  aux  M'zila  (Oran);  M.  El  Hadj  ben  Mokhiar,  à  Sidi  Daho  (Oran); 
M.  Si  el  Hadj  Ahmed  be  Abdallah,  aux  Béni  Snouss  (Oran).  —  2*=  Section.  —  Pouliches  de  3  ans. 
l"prix,  M.  Mahi  Eddin  ben  Missoum,  à  Duperré  (Alger)  ,  2°,  la  Compagnie  Franco-Algérienne  ; 
'i",  M.  Djeloul  ould  El  Hadj  Menouar,  à  Zammorah  (Oran).  —  3*'  Section.  — Juments  et  poulières  de 
4  ans  et  au-dessus,  l"  prix,  la  Compagnie  Franco-Algérienne,  à  Debrousseville  (Oran)  ;  2°  M.  Henri 
Le  Sage,  à  Selidou  (Oran)  ;  3%  M .  Morard,  à  Mostaganem  (Oran)  ;  4%  Compagnie  Franco-Algérienne  ; 
.^'■,  M.  Mahi  Eddin  bel  Hadj  Mi.ssoum,  à  Duperré  (Alger);  6°,  M.  Navarro,  à  Sidi-bel-Abbès; 
7^M,  Rlnieri,  à  Sainte-Barbe-du-Tlélat;  8%M.Lagache,  à  Oran;  9%  M.  Embarek  ould  Kadda,  à 
Tircine  (Oran);  10%  M.  Boulanger,  à  Mascara. 

Race  orientale  et  ses  dérivés.  —  P"  Section.  —  Chevaux  entiers  de  3  ans  et  au-dessus, 
l"  prix,  M.  Graillât  aîné,  à  Perrégaux  ;  2',  M.  Marin,  à  Oran. — Mention  honorable,  M.  Ollagne,  à 
Sidi-bel-Abbès.  —  2'^  Section.  Pouliches  de  3  ans.  —  Les  prix  n'ont  pas  été  décernés.  — d" Section. 
Juments  et  poulinières  de  4  ans  et  au-dessus.  1"  prix,  M.  ben  Septi  ben  Alton,  à  Zemmorah; 
2%  M.  Georges  Gendre,  au  Tessalah  (Oran);  3",  Compagnie  Franco-Algérienne;  4%  M.  Joseph  Navarro, 
à  Mostaganem. 

Races  de  toutes  provenances  et  croisements  divers. —  1"  Section. —  Chevaux  entiers  de  3  ans 
et  au-dessus.  2°  prix.  M.  Antoine  Cousin,  à  Sidi-bel-Abbès.  —  2"  Section. —  Juments  de  3  ans  et 
au-dessus.  P''  prix,  M.  Arsène  Colin,  à  Sidi-Ali-ben-Youb  (Oran);  2%  M.  Joseph  Thirion,  à  Aïn- 
Trid  (Oran);  3",  M.  Jean-Baptiste  Bouchard,  à  Aïn-Tnd  (Oran). 

Baiulets.  —  1"  prix,  M.  Rainisio,  à  Sidi-bel-Abbès;  2%  M.  Calixte  Suandeau,  au  Tessalah, 

Objet  d'art  pour  le  plus  bel  ensemble  de  chevaux,  à  la  Compagnie  Franco-Algérienne. 

PISCICULTURE.  —  LE  SAUMON  DE  CALIFORNIE 

Les  Comptes  rendus  de   racadémie  des   sciences  publient  la  note 

suivante  de  MM.  Raveret-Waltel  et  Bartet  : 

«  Le  25  octobre  1878,  l'aquarium  du  Trocadéro  recevait  de  la  Société  natio- 
nale   d'acclimatation  un  millier  d'œuf«  de  Baumon  de  Californie  iOncorhyhclikii 


PISCICULTURE.  143 

quinnat),  provenant  d'un  envoi  fait  par  M.  Spencer  F.  Baird,  commissaire  des 
pêcheries  des  Etats-Unis.  Ces  œufs,  chez  lesquels  l'évolution  embryonnaire  était 
très  avancés,  ne  tardèrent  pas  à  éclore.  Les  alevins  étaient  très  vigoureux  et  leur 
développement  fut  rapide,  au  moins  à  partir  de  l'époque  (!'''  janvier  1879)  où 
l'aquarium  ayant  été  remis  à  l'administration  municipale  et  coniié  à  la  direction 
d'un  ingénieur  du  service  des  promenades  et  plantations  de  la  ville  de  Paris,  des 
soins  furent  régulièrement  donnés  aux  différents  fjoissons  qui  peuplaient  les  lacs, 

«  Abondamment  nourris  de  chair  de  poisson  blanc  hachée,  les  jeunes  saumons 
atteignirent,  en  l'espace  d'une  année,  un  poids  moyen  de  250  grammes.  Presque 
tous,  à  cette  époque,  quittaient  la  livrée  du  premier  âge,  pour  se  parer  des  beaux 
rellets  argentés  des  smolts  ;  mais  ils  ne  manifestaient  pas  cette  agitation  qui 
s'observe  en  général  chez  le  saumon  commun  de  même  âge,  tenu  en  captivité.  Ils 
supportaient  facilement  leur  élevage  en  stabulation,  et  les  pertes  étaient  relative- 
ment insignifiantes. 

«  Deux  ans  plus  tard,  les  saumonneaux  étaient  devenus  de  très  beaux  poissons. 
Quelques-uns  pesaient  jusqu'à  2  kilog.  En  octobre  1881,  plusieurs  sujets  don- 
naient des  signes  évidents  défraye.  Des  fécondations  artificielles  furent  essayées; 
mais  les  œufs  récoltés  paraissaient  mal  développés  et  ne  donnèrent  aucun  résultat. 
D'ailleurs  tous  ou  presque  tous,  mâles  et  femelles,  qui  avaient  paru  disposés  à 
frayer  moururent. 

«  L'année  suivante,  1882,  au  mois  d'octobre  également,  le  désir  de  frayer  se 
manifesta  de  nouveau  chez  ces  poissons,  et  le  24  octobre,  plusieurs  femelles  don- 
naient environ  1,500  œufs  que  l'on  essayait  de  féconder  avec  de  la  laitance  de 
truite,  faute  de  saumons  mâles  mûrs  à  ce  point.  L'opération  ne  réussit  pas;  mais, 
peu  de  jours  après,  les  sujets  des  deux  sexes  étaient  en  pleine  fraye,  et  l'on  pou- 
vait récolter  et  féconder,  en  l'espace  de  cinq  semaines,  près  de  30,000  œufs. 

«  Environ  1,500  alevins  très  vigoureux  ont  pu  être  obtenus  et  sont  actuelle- 
ment en  parlait  état.  Ils  suffisent  pour  démontrer  la  possibilité  d'élever  et  de 
faire  reproduire  le  saumon  de  Californie  dans  des  conditions  de  captivité  tout  à 
fait  exceptionnelles.  Le  fait  semble  d'autant  plus  intéressant  qu'il  s'agit  d'une 
espèce  étrangère,  essentiellement  m'igratrice,  qui  s'est  ainsi  pliée  à  la  fois  à  un 
nouveau  climat  et  à  un  changement  complet  dans  les  habitudes.  L'acquisition  de 
cette  espèce  paraît  donc  facilement  réahsable,  et  elle  serait  particulièrement  utile 
au  point  de  vue  de  l'empoissonnement  des  cours  d'eau  tributaires  de  la  Méditer- 
ranée, dans  lesquels  le  saumon  ordinaire  est  inconnu,  et  ne  réussirait  probable- 
ment pas;  tandis  que  le  saumon  de  Californie,  qui  se  montre  en  Amérique  jus- 
qu'au 35''  degré  de  latitude  (c'est-à-dire  beaucoup  plus  au  sud  que  le  salmo  salar), 
pourrait  vraisemblablement  s'acclimater  dans  le  Rhône,  l'Aude,  l'Hérault,  etc.  » 

Cette  note  lue  par  notre  savant  confrère  M.  Bouley  prouve  quoi?  que 
le  quinnat  vit  et  se  reproduit  dans  les  eaux  fermées.  Le  n"  523  (1879) 
n'entretenait-il  pas  déjà  les  lecteurs  du  Journal  de  ce  même  fait  obtenu 
avec  les  œufs  expédiés  à  l'Huningue  allemand  par  le  consul  de  San- 
Francisco,  les  premiers  arrivés  en  Europe,  1878,  croyons-nous. 

Ce  fait  intéressant,  au  point  de  vue  de  l'acclimatation  de  cette  pré- 
cieuse espèce,  et  sur  laquelle,  dès  ces  temps,  nous  appelions  l'atten- 
tion des  amis  des  poissons  pour  notre  bassin  du  Rhône,  ne  nous  sur- 
prend pas  autrement. 

L'empoissonnement  du  bois  de  Boulogne  en  1854,  les  belles  expé- 
riences de  Saint-Cucufa,  en  1858,  avaient,  avec  les  faits  signalés  par 
Coste,  à  l'Académie,  dès  ces  temps  lointains,  faits  obtenus  dans  son 
aquarium  du  collège  de  France,  vidé  à  fond  cette  question  de  l'élève 
des  salmones  en  eau  fermée  et  celle  de  leur  reproduction. 

Il  y  avait  donc,  dès  cette  époque,  des  faits  acquis  à  la  pratique  pis- 
cicole, qui  furent  vingt  fois  répétés  depuis,  notamment  à  la  Girotte, 
au  lac  Pavin,  en  Norvège  surtout. 

Mais  où  la  note  de  M.  Raveret  mérite  une  attention  spéciale,  c'est 
sur  le  fait  de  la  croissance.  250  grammes  à  un  an,  et  2  kilogrammes 
deiidô  ans  plus  tard,  donc  à  trois  ans,  si  nous  avons  bien  compris. 

Seul  avec  le  HiipJi,  on  avait  encore  obtenu  de  pareils  résultats,  Il  y 


14(t  PISCICULTURE. 

aurait  donc,  dans  celte  direction  de  nouvelles  études  à  entreprendre, 
et  des  faits  nouveaux  à  nous  donner,  faits  qui  auraient  une  impor- 
tance extrême  au  point  de  vue  de  la  pisciculture  intensive  ou  indus- 
trielle, objectif  unique  de  l'art  du  pisciculteur  dans  l'état  actuel  des 
connaissances  acquises.  Nul  ne  serait  mieux  placé  pour  les  entreprendre 
et  nous  les  faire  connaître  que  le  zélé  et  compétent  secrétaire  de  la 
Société  d'acclimatation,  dont  les  amis  des  poissons  suivent  avec  le  plus 
vif  intérêt  les  si  consciencieux  travaux. 

La  pisciculture  vient  encore  de  perdre  un  de  ses  plus  nobles  vété- 
rans. Mardi  3  courant,  nous  passions  notre  raatinée  avec  notre  ami 
de  plus  de  trente  ans,  M.  Carbonnier,  que  nous  laissions  à  Paris,  plein 
de  vie  et  d'entrain.  Le  9,  on  nous  annonçait  sa  mort! 

Cette  vie  honnête,  utile,  si  bien  remplie,  ayant  droit  à  un  autre  sou- 
venir, nous  n'y  faillirons  pas  aussitôt  que  nous  aurons  reçu  les  docu- 
ments qui  nous  sont  annoncés.  Chabot, 

Membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture. 

L^ABIES  BPiAGTEATA  EN  ANJOU 

VAbies  bracteata,  originaire  de  la  Californie,  et  introduit  en  Europe, 
si  ma  mémoire  est  fidèle,  il  y  a  environ  trente  ans  par  Lobb,  a  donné 
des  cônes  l'année  dernière,  dans  le  parc  de  M.  Guynoiseau,  amateur 
très  distingué  de  notre  Anjou.  Les  graines  semées  ont  parfaitement 
germé,  et  en  ce  moment  M.  Guynoiseau  possède  près  de  300  jeunes 
Abies  bracteata  de  semis. 

Le  pied  mère,  qui  a  au  moins  7  mètres  de  haut,  est  très  vigoureux, 
et  sa  flèche  n'a  pas  été  pincée  par  les  froids  de  l'hiver  1879-1880. 

Ce  fait  de  germination  est  intéressant  à  signaler,  parce  que  je  crois 
que  c'est  la  première  fois  que  VAbies  bracteata  donne  dans  notre  pays 
des  graines  douées  de  propriétés  germinatives  réelles.        BorcHARD, 

secrétaire  de  la  Société  agricole 
de  Maine-et-Loire. 

PRESSE  A  FOURRAGES  DU  SYSTÈME  ALBARET 

La  presse  à  fourrages  continue  représentée  par  la  fig.  12  a  une  cer- 
taine analogie  avec  celle  que  construit,  déjà  depuis  plusieurs  années, 
la  maison  Albaret.  Elle  en  diffère  cependant  quant  au  mécanisme,  au 
mode  de  commande  et  à  la  dimension. 

Dans  cette  machine,  tous  les  engrenages  sont  supprimés;  les  deux 
chevaux  agissent  sur  un  long  levier  qui,  par  l'intermédiaire  d'une 
bielle  et  de  quelques  autres  organes  très  simples,  commande  le 
piston. 

Le  piston  agit  dans  une  caisse  parallélipipédique  comme  dans  la 
machine  à  engrenages,  et  la  compression  a  lieu  par  couche.  Cette  dis- 
position simplifiée  permet  de  bien  utiliser  la  force  motrice.  Les  cha- 
vaux  agissent  alternativement  dans  un  sens  et  dans  l'autre  en  faisant 
à  chaque  fois  un  peu  moins  d'un  demi-tour,  et  à  chaque  demi-révolu- 
tion une  couche  de  fourrage  est  comprimée.  Lorsque  le  piston  est 
arrivé  à  la  fin  de  sa  course,  il  est  abandonné  par  le  mécanisme  et  il 
revient  cà  son  point  de  départ  par  la  réaction  de  la  matière  pressée. 
L'alimentation  de  la  presse  se  fait  par  une  trémie  que  l'on  voit  à  la 
partie  supérieure.  Cette  presse  est  continue,  et  comme  elle  comprime 
une  certaine  épaisseur  de  fourrages  à  chaque   demi-révolution,   son 


PRESSE  A  FOURRAGES  DU  SYSTÈME  ALBARET 


145 


travail  est  relativement  important.  La  ligature  des  balles  se  fait  avec 
3  liens  en  fil  Je  fer  faciles  à  poser.  Les  balles  ont  0'".49  d'épaisseur, 


0'".61   de  largeur  et  une  longueur  Variable  qui  est  en  moyenne  de 
r".05  à  r'.lb  ;  elles  pèsent  de  100  à  150  kil. 

Cette  presse  établie  cnlièrcmcnt  en  chêne  pour  le  bois,  est  de  la 


146  PRESSE  A  FOURRAGES  DU  SYSTÈME  ALBARET. 

plus  grande  solidité.  Elle  coûte  3,200  francs  montée  sur  roues  et  peut 
comprimer  environ  6  à  7,000  kilopj.  de  fourrages  en  10  heures  à  une 
densité  de  0.20  à  0.30,  soit  200  à  300  kilog.  au  mètre  cube. 

Henry  Sagnier. 

MOYENS  PRATIQUES  DE  VENIR  EN  AIDE 

A   l'agriculture    française.  —  (SUITE). 

La  situation  de  l'agriculture  française  ayant  été  établie  de  tous 
côtés  et  reconnue  mauvaise  par  les  pouvoirs  publics  eux-mêmes  qui 
commencent  enfin  à  s'en  préoccuper,  il  s'agit  d'aller  droit  à  la  source 
du  mal,  puisque  c'est  seulement  ainsi  que  l'on  pourra  en  faire  dis- 
paraître les  fâcheux  effets. 

Il  a  été  dit  précédemment  qu'il  y  a  des  moyens  généraux  et  spéciaux 
de  venir  en  aide  à  notre  grande  industrie  nationale  qui  devrait  avoir 
la  première  place  devant  l'opinion,  par  cela  seul  qu'aucune  autre  ne 
représente  aussi  bien  qu'elle  le  travail  moralisateur  et  productif,  la 
seule  base  solide  et  inébranlable  de  la  société;  et,  au  moment  où  il, 
s'agissait  de  la  semaille  des  blés  de  mars,  j'ai  tracé  quelques  lignes 
auxquelles  M.  Josse  a  répondu  en  parlant  des  peines  que  subissent  les 
propriétaires  de  vignes. 

Mais  il  n'est  guère  possible  à  un  seul  homme  de  résoudre  tous  les 
problèmes  qui  inquiètent  les  populations  rurales,  et  je  n'ai  pas  cette  pré- 
tention. Avec  le  calme  et  l'impartialité  qui  conviennent  à  la  défense  des 
grands  intérêts  du  peuple,  que  les  amis  sincères  de  l'agriculture  se 
donnent  la  main,  et  de  cette  généreuse  association  sortira  certainement 
le  bien  cherché  par  eux  avec  l'ardeur  et  la  persévérance  qui  conduisent 
toujours  au  succès. 

Du  choc  des  opinions  jaillit  l'étincelle  de  la  vérité;  c'est  pourquoi  je 
regarde  comme  un  devoir  de  faire  bon  accueil  à  toutes  les  objections 
et  d'y  répondre  avec  convenance.  Mais  il  est  des  tléaux  tels  que  les 
intempéries  des  saisons  et  l'invasion  du  phylloxéra,  il  est  des  diffi- 
cultés comme  la  concurrence  de  l'étranger  et  des  industries  riches  ou 
privilégiées,  qui  réclament  cette  union  intime  de  tous  les  membres 
d'une  grande  nation  combinant  leurs  efforts  pour  repousser  le  danger 
qui  menace  la  propriété  foncière  prise  dans  son  ensemble,  ceux  qui  la 
détiennent  comme  ceux  qui  l'exploitent,  et  sans  contredit  le  vignoble 
aussi  bien  que  la  ferme. 

Dans  nos  départements  du  Nord-Est  où  le  phylloxéra  n'a  pas  encore 
fait  son  apparition,  les  vignerons  se  plaignent  de  ne  plus  obtenir  de 
récoltes  suffisantes;  et  dans  bien  des  cas  je  ne  connais  guère  d'autre 
réponse  à  leurs  doléances  que  celle-ci  ;  Lorsqu'il  vous  sera  bien 
démontré  que  les  raisins  ne  sont  pas  en  temps  ordinaire  assez  abon- 
dants pour  payer  la  main-d'œuvre  et  la  rente  du  fonds,  arrachez  et 
semez  de  la  luzerne.  Vous  aurez  ainsi  des  récoltes  peu  coûteuses  et 
rémunératrices  pour  longtemps,  car  les  produits  du  bétail  priment  tous 
les  autres  aujourd'hui.  Les  circonstances  deviendront  sans  doute  plus 
favorables  et  vous  pourrez  patienter.  Ce  sera  la  solution  du  moment, 
puisqu'il  faut  vivre  au  jour  le  jour  et  savoir  attendre  la  fin  d'une  crise 
que  l'on  s'efforce  de  conjurer.  N'est-ce  pas  aussi  une  dure  nécessité 
que  celle  de  remplacer  nos  anciens  cépages  par  ceux  que  l'on  emprunte 
à  l'Amérique  en  tâtonnant  et  en  s'exposant  à  répandre  le  phylloxéra 


MOYENS  PRA.TIQU>]S  D'A.MÉLI0RER  LA.  SITUATION  DE  L'AGRICULTURE.       147 

partout  en  fournissant  à  l'ennemi  de  nouveaux  aliments  destinés  à  l'en- 
tretenir; et  n'est-ce,  pas  là  un  de  ces  palliatifs  que  l'on  se  rési^çne  à 
subir  parce  que  l'on  est  plus  faible  que  le  o  oucheron  et  que  le  culti- 
vateur ne  peut  souvent  que  s'incliner  sous  la  volonté  inflexible  de  la 
Providence,  dont  les  desseins  impénétrables  veulent  toujours  la  lutte 
avant  le  triomphe? 

Quoi  qu'il  en  soit,  que  la  division  et  les  petites  jalousies  disparaissent  ; 
car  par  l'entente  tout  est  possible,  et  dans  les  grandes  circonstances  la 
France  n'a  jamais  manqué  sous  ce  rapport  au  devoir  qui  lui  incombait. 

Bien  d'autres  moyens  sont  proposés  :  entre  autres  celui  des  dégrè- 
vements. Certes  ce  sera  justice  que  la  propriété  foncière  soit  soulagée, 
car  elle  est  écrasée  sous  un  fardeau  qui  pourrait  et  qui  devrait  être 
plus  équitablement  réparti.  Mais  est-ce  là  une  solution  complète? 
Il  est  permis  d'en  douter,  car  en  admettant  que  l'on  puisse  dégrever 
de  quarante  ou  cinquante  millions  notre  agriculture,  qui  supportera  le 
poids  de  notre  lourd  budget?  Ne  reprendra-t-on  pas  d'une  main  ce  que 
l'on  aura  donné  de  l'autre?  Chaque  hectare,  de  terre  se  trouvera  allégé 
d'une  somme  annuelle  d'un  franc  peut-être,  mais  s'il  faut  que  cet  hec- 
tare, pour  satisfaire  ceux  qui  l'exploitent,  donne  50  ou  seulement 
25  francs  de  plus,  le  dernier  mot  aura-t-il  été  prononcé? 

Ne  nous  berçons  donc  pas  dévalues  illusions;  et,  puisque  l'habitant 
des  villes  se  plaint  de  la  cherté  au  moment  oii  le  cultivateur  souffre 
lui-même,  il  faut  arriver  à  produire  à  la  fois  beaucoup  et  à  bon  marché. 
Il  faut  que  les  populations  urbaines  comme  les  populations  rurales 
trouvent  dans  l'exploitation  profitable  et  largement  développée  du  sol 
national  la  satisfaction  légitime  qu'elles  attendent,  les  unes  en  deman- 
dent à  être  rémunérées  de  leurs  peines,  les  autres  en  espérant  que  les 
subsistances  ne  renchériront  pas.  C'est  là  que  l'on  rencontre  un  nœud 
en  apparence  inextricable  qu'il  ne  s'agit  pas  de  trancher,  mais  de 
délier. 

Dès  lors  il  sera  nécessaire  d'énoncer  des  moyens  pratiques  de 
donner  aux  représentants  de  l'agriculture  la  confiance  et  les  ressources 
qui  encouragent  et  fécondent  le  savoir  sans  lequel  la  terre  ne  saurait 
produire.  Est-ce  la  science  enfin  qui  nous  sortira  d'embarras  ?  Mais 
il  ne  suffit  pas  de  savoir,  il  faut  pouvoir,  et  plus  souvent  qu!on  ne  le 
suppose,  l'homme  qui  exploite  le  sol  sait  ce  qu'il  faut  y  faire.  Il  vou- 
drait bien  appliquer  telle  ou  telle  méthode  dont  il  reconnaît  la  valeur, 
mais  il  ne  le  peut. 

La  main-d'œuvre  restera  donc  chère  et  il  faudra  que  l'agriculture 
puisse  la  payer  en  même  temps  qu'elle  saura  y  trouver  avantage. 
Si  le  taux  du  salaire  s'élève,  les  subsistances  hausseront  d'autant, 
malgré  l'apport  de  l'étranger,  ou  bien  la  propriété  foncière  qui  est  le 
sol  même  de  la  patrie  devra  perdre  de  sa  valeur  à  mesure  que  les  frais 
d'exploitation  s'élèveront  davantage.  Le  mal  cherchera  quelque  part 
ses  victimes. On  ne  saurait  trop  le  redire  pour  appeler  l'attention  de  ceux 
qui  veulent  le  conjurer.  Chaque  fois  qu'un  plateau  de  la  balance 
s'élève,  l'autre  s'abaisse.  Que  l'on  fasse  donc  un  effort  pour  maintenir 
l'équilibre  sans  sacrifier  personne. 

Mais  puisqu'il  a  été  établi  précédemment  que  l'émigration  de 
l'ouvrier  entraîne  celle  du  cultivateur,  puis  vient  frapper  le  propriétaire, 
il  est  évident  que  la  première  chose  à  faire,  c'est  de  retenir  le  travailleur 
dans  les  campagnes.  Disons  plus,  c'est  la  famille  agricole  tout  entière 


148        MOYENS  PRATIQUES  D'AMÉLIORER  LA  SITUATION  DE  L'AGRICULTURE. 

qu'il  importe  d'y  conserver  honorée,  soutenue,  récompensée.  C'est  le 
pay.san,  l'homme  du  pays,  autour  duquel  doivent  rester  les  jeunes 
gens  qu'attire  le  soleil  de  la  civilisation  moderrfe  appelée  à  pénétrer 
jusqu'au  fond  du  plus  pauvre  village  sous  ses  formes  les  plus  respectables 
et  les  plus  dignes. 

Ce  n'est  pas  seulement  l'assistance;  c'est  la  bienfaisance  éclairée, 
avec  toutes  ses  institutions  qui  doit  s'étendre  des  grandes  villes  aux 
moindres  hameaux.  Les  cafés  et  les  cabarets  n'y  t'ont  point  défaut, 
mais  les  bureaux  de  bienfaisance,  qui  au  moyen  d'une  faible  allocation 
servant  de  première  mise  de  fonds  seraient  créés  facilement,  l'organi- 
sation complète  de  la  médecine  cantonale  et  tant  d'autres  preuves  sem- 
blables d'intérêt  données  à  l'ouvrier  des  campagnes  serviraient  à  lui 
laire  comprendre  qu'il  n'est  pas  oublié,  qu'il  peut  attendre  et  se -tenir  à 
son  poste,  que  d'en  haut  l'on  veille  sur  lui,  qu'en  un  mot  là  où  il 
se  trouve  il  est  aussi  bien  que  partout  ailleurs. 

Et  tout  cela  est  plus  facile  à  réaliser  qu'on  ne  saurait  le  croire;  car 
il  est  des  communes  rurales  oii  l'on  ne  trouve  pas  un  seul  nécessiteux, 
et  la  Société  d'encouragement  etde  bienfaisance  pour  les  campagnes  que 
j'ai  réussi  à  fonder  en  1877,  dans  le  département  de  Meurthe-et- 
Moselle,  est  toujours  au  large,  à  la  fin  d'une  année  d'exercice,  malgré 
ses  faibles  ressources  quand  elle  les  a  distribuées  aux  familles  pauvres 
qui  lui  ont  été  recommandées. 

L'effort  demandé  aux  villes  qui  y  trouveraient  un  intérêt  considé- 
rable ne  seiaitpassi  important  qu'elles  ne  puissent  chercher  à  donner 
satisfaction  à  des  réclamations  timides  auxquelles  on  répondrait  facile- 
ment au  moyen  d'un  diplôme  d'honneur,  d'une  médaille  ou  de  quelque 
récompense  pécuniaire  qui  relèverait  le  courage  des  populations  rurales 
en  leur  faisant  voir  qu'elles  ne  sont  ni  méconnnues,  ni  oubliées,  et 
que  l'ère  nouvelle  de  la  justice  sociale  reposant  sur  la  rémunération 
du  travail  agricole,  est  enfin  arrivée.  Certes  il  n'y  aurait  là  aucune  fai- 
blesse, puisque  le  vrai  mérite  serait  seul  honoré  et  récompensé,  et  qui- 
conque est  soucieux  du  développement  de  la  richesse  nationale,  de  la 
tranquillité  publique  et  des  intérêts  de  l'agriculture,  applaudirait  aux 
institutions  qui  se  formeraient  pour  le  travailleur  des  champs. 

Il  est  facile  de  voir  quels  avantages  trouverait  l'Etat  lui-même  à 
accorder  son  appui  à  des  Sociétés  départementales,  ayant  un  centre 
à  Paris  et  s'entraidant  pour  étendre  leur  main  tutélairesur  la  vieillesse 
comme  sur  l'enfance  afin  d'arrêter  l'émigration  qui  entraine  vers  les 
villes  toutes  les  forces  vives  de  la  nation. 

Voilà  en  quelques  mots  le  plan  qu'il  s'agirait  d'appliquer  en  faveur 
du  premier  et  du  plus  humble  des  représentants  de  l'agriculture. 

Mais  cela  ne  suffirait  pas  pour  rendre  à  celle-ci  la  situation  prospère 
qu'elle  a  perdue. 

Il  s'agit  pour  y  parvenir  de  s'occuper  aussi  de  son  second  repré- 
sentant, de  celui  qui  consacre  à  l'exploitation  du  sol  tout  son  temps, 
toutes  ses  ressources,  et  qui,  déjà  plus  que  l'ouvrier,  se  sent  menacé 
avec  sa  famille,  si  dans  le  cours  de  son  bail  il  voit  ses  ressources  dis- 
paraître peu  à  peu  sans  qu'il  lui  soit  permis  de  trouver  aucun  moyen 
d'échapper  à  la  ruine  qui  le  menace. 

Certes,  cet  liouime  mérite  toute  la  sollicitude  de  ceux  qui  peuvent 
lui  venir  en  aide;  et  ce  n'est  pas  assez  de  lui  parler  de  science  et  de 
progrès  puisque  des  difficultés  sans  nombre  s'opposent  le  plus  souvent 


MOYENS  PRATIQUES  D' AMÉLIORER- LA  SITUATION  DE  L'ArjRIGULTQRE.        149 

à  l'application  des  bonnes  méthodes  qu'il   connaît   beaucoup  mieux 
qu'on  ne  paraît  le  croire,  mais  qu'il  ne  peut  mettre  en  pratique. 

Il  suffit  d'établir  que  l'assolement  triennal  est  maintenu  dans  la  plu- 
part des  situations  par  le  génie  même  de  la  France  qui  divise  le  sol 
à  l'infini,  pour  faire  comprendre  l'état  d'infériorité  dans  lequel  se 
trouvent  ses  cultivateurs  en  face  de  ceux  du  nouveau  monde.  Il  faut 
partout  le  remembrement  delà  propriété,  les  échanges  de  parcelles,  la 
création  des  chemins  d'exploitation,  et  déjà  l'on  est  entré  courageu- 
sement dans  cette  voie;  mais  ilfaudra  aussi  de  longues  années  pour 
que  la  réforme  soit  complète;  et  en  attendant,  on  ne  saurait  trop  le 
répéter,  ce  qui  est  nécessaire  avant  tout  pour  le  fermier,  c'est  l'insti- 
tution du  crédit  agricole  au  moyen  duquel  le  cultivateur  pourra  pro- 
fiter des  occasions  favorables  qui  se  présentent  pour  acheter  du  bétail, 
pour  se  procurer  de  bonnes  semences,  des  instruments  bien  construits, 
des  engrais.  C'est  ainsi  qu'il  sera  en  mesure  de  payer  l'ouvrier,  de  créer 
des  prau'ies,  de  modifier  les  méthodes  mauvaises  et  de  les  remplacer 
par  les  plus  fructueuses.  Là  est  sa  force.  Là  il  trouvera  le  moyen  de 
mettre  en  pratique  tout  ce  qui  autrement  resterait  dans  le  domaine 
de  la  théorie  Mais  si  c'est  la  question  qui  intéresse  le  plus  aujourd'hui 
le  second  représentant  de  l'agriculture,  il  suffit  de  constater  cette  vérité, 
puisque  déjà  l'institution  en  elle-mêmea  été  étudiée  longuement,  et; 
nous  arrivons  dès  lors  au  propriétaire  dont  les  intérêts  sont  peut-être 
menacés  autant  que  ceux  de  qui  que  ce  soit,  parce  qu'il  est  pour  ainsi 
dire  rivé  au  sol  dont  il  voit  la  dépréciation  se  faire  sans  qu'il  puisse 
bien  souvent  en  tirer  parti.  E.  Duroselle. 

CAUSE  VÉRITABLE  DE  L'APPAUVRISSEMENT 

EN  TARTRE  DES  VINS  PLÂTRÉS. 

Dosage  rapide  de  la  crème  de  tartre 

L'étude  des  actions  mutuelles  des  divers  éléments  du  vin  plâiré 
conduit  à  des  faits  dont  la  plupart  ont  échappé  aux  auteurs  qui  ont 
traité  du  plâtrage.  Nous  résumons  les  plus  intéressants'. 

Dans  une  solution  aqueuse  ou  alcoolique  saturée  de  bitartrate  de 
potasse  et  renfermant  du  bisulfate  de  potasse,  de  l'acide  tartrique  libre 
peut  mettre  en  liberté  une  portion  de  l'acide  du  bisulfate  ne  dépassant 
pas  le  i4  de  la  quantité  d'acide  sulfurique  total. 

Dans  une  solution  aqueuse  ou  alcoolique  saturée  de  bitartrate  avec 
excès,  de  l'acide  sulfurique  libre  ou  du  bisulfate  de  potasse  dissolvent  une 
certaine  quantité  du  bitartrate  en  excès,  la  même,  à  dose  égale  d'acide 
sulfurique  libre  ou  en  excès. 

Dans  une  solution  aqueuse  ou  alcoolique  saturée  de  bitartrate  de 
potasse,  le  sulfate  de  potasse  et  le  chlorure  de  potassium  déplacent  et 
précipitent  du  bitartrate  de  potasse;  les  quantités  déplacées  augmentent 
avec  les  doses  de  sels  potassiques.  Le  chlorure  agit  à  cet  égard  plus 
énergiquement  quoique  un  peu  plus  lentement  que  le  sulfate.  La  pré- 
cipitation est  complète,  lorsque  la  quantité  de  sulfate  atteint  le  point 
de  saturation;  elle  a  lieu  avant  ce  terme  avec  le  chlorure.  Cette  pro- 
priété fournit  un  moyen  de  doser  rapidement  le  tartre  contenu  dans  les 
vins  ordinaires,  non  plâtrés. 

Le  chlorure  de  sodium  ne  précipite  pas  le  bitartrate  de  potasse  dans 
les  mêmes  conditions. 

1.  Comptes  reaUus  Ue  1  Académie  des  sciences.  19  mars  1883. 


150        CAUSE  DE  L'APPAUVRISSEMENT  EN  TARTRE   DES  VINS  PLÂTRÉS. 

Le  salage  des  vins  avec  le  sel  marin  ou  l'eau  de  mer  ne  paraît 
pas  appauvrir  le  vin  en  tartre. 

Le  tartrate  de  chaux  est  moins  soluble  dans  les  solutions  aqueuse 
et  alcoolique,  saLurées  de  bitartrate  de  potasse  que  dans  les  mêmes 
solutions  dépourvues   de  tartre. 

Dans  une  solution  aqueuse  ou  alcoolique,  l'acide  sulfurique  libre, 
ou  en  excès  à  l'état  de  bisulfate,  dissout,  à  dose  égale,  la  même  quantité 
de  tartrate  de  chaux. 

Dans  une  solution  alcoolique  saturée  de  bitartrate  de  potasse  avec 
excès  et  renfermant  du  bisulfate  de  potasse,  l'addilion  de  tartrate  de 
chaux  en  excès  ramène  une  partie  du  bisulfate  en  sulfate  de  potasse 
et  donne  lieu  à  un  dépôt  de  tartre. 

L'application  ae  ces  données  au  plâtrage  fournit  l'explication  des 
faits  qui  s'y  passent  quand  on  ne  considère  que  l'action  du  bitartrate 
sur  le  sulfate  de  chaux. 

La  véritable  cause  de  l'appauvrissement  en  tartre  du  vin  plâtré  à 
la  cuve  n'est  pas  dans  la  transformation  du  bitartrate  qui  y  est  toujours 
en  grand  excès,  mais  dans  l'impossibilité  où  est  ce  sel  de  saturer  une 
liqueur  renfermant  une  certaine  dose  de  sulfate  de  potasse. 

Dosage  rapide  du  bitartrate  de  potasse  dans  les  vins  non  plâtrés.  — 
La  propriété  que  possède  le  sulfate  de  potasse  de  précipiter  le 
bitartrate  de  potasse  fournit  un  moyen  de  doser  cet  élément  important 
du  vin.  La  présence  de  l'acide  tartrique  libre  serait  un  obstacle,  parce 
qu'il  décompose  le  sulfate  de  potasse  en  donnant  lieu  à  du  bisulfate  et 
à  un  dépôt  de  bitartrate.  Aussi  le  procédé  n'est-il  pas  applicable  aux 
vins  plâtrés  qui  renferment  toujours  de  l'acide  tartrique  libre,  mais  il 
convient  parfaitement  pour  les  vins  ordinaires  non  plâtrés  qui  n'en 
renferment  qu'exceptionnellement  de.  petites  quantités. 

Les  acides  malique,  succinique  et  autres  acides  du  vin  ne  nuisent 
en  rien  à  l'exactitude  du  procédé. 

On  prend  100*^  de  vin.  On  additionne  de  3  à  10  grammes  de 
sulfate  de  potasse  pulvérisé,  suivant  le  degré  alcoolique,  d'autaut 
moins  que  le  degré  est  plus  élevé;  6  à  7  grammes  suffisent  pour  les 
vins  de  consommation  courante. 

On  agite  à  plusieurs  reprises  pendant  une  heure  ou  deux;  on  laisse 
déposer  2  à  3  heures. 

On  filtre;  tout  le  bitartrate  reste  dans  le  dépôt.  On  prend  le  titre 
acide  de  la  liqueur  filtrée  avec  de  l'eau  de  chaux. 

La  même  opération  est  faite  sur  le  vin  même.  La  différence  de  titre 
delà  deuxième  à  la  première  opération  correspond  au  bitartrate  déposé. 
Par  un  simple  calcul,  on  déduit,  connaissant  le  titre  de  la  liqueur  de 
chaux,  le  poids  de  bitartrate  contenu  dans  un  litre  de  vin. 

Si  l'eau  de  chaux  renferme  1*500  de  chaux  pure  par  litre,  on  est 
dispensé  de  tout  calcul.  En  eft'et  10"  de  cette  liqueur  neutralisent  OMO 
de  bitartrate.  Le  titre  acide  trouvé  est  de  270'"  d'eau  de  chaux;  le  vin 
contiendra  2*70  de  bitartrate  par  litre. 

Une  eau  de  chaux  ayant  cette  teneur  en  chaux  se  prépare  facilement 
en  faisant  digérer  de  la  chaux  provenant  d'un  calcaire  pur  dans  de  Feau 
distillée,  à  basse  température  (10  à  12",  température  d'une  cave).  On 
agite  pendant  deux  ou  trois  jours,  on  filtre;  la  liqueur  filtrée  se  con- 
serve bien  dans  un  vase  hermétiquement  bouché.       P.  Pichard, 

Directeur  de  la  station  agronomiqu« 
de  Vauciuse. 


EMPLOI  PRATIQUE  DQ  SULPOCARBONATE  DE  POTASSIUM.  151 


EMPLOI  PRATIQUE  DU  SULFOGARBONATE  DE  POTASSIUM 

Monsieur  le  directeur,  dans  votre  dernier  numéro,  vous  repro- 
duisez la  communication  fuite  par  M.  Culeron,  le  5  mars,  à  l'Aca- 
démie des  sciences,  sur  l'emploi  "  du  sulfocarbonaLe  de  potassium 
aux  vignes  phylloxérées.  J'ai  le  regret  de  porter  à  la  connais- 
sance de  vos  nombreux  lecteurs  que  les  observations  relatées  dans 
la  communication  en  question  ne  concordent  nullement  avec  celles 
que  j'ai  été  amené  à  faire  moi-même  depuis  une  dizaine  d'années 
que  j'étudie  et  que  j'applique  le  sulfocarbonate  sur  des  milliers  d'hec- 
tares, to'js  les  ans,  dans  toutes  les  parties  de  la  France  phylloxérées. 
La  vulgarisation  des  bons  procédés  est  déjà  malheureusement  si  lente 
à  se  faire  qu'il  n'est  pas  nécessaire  de  venir  encore,  par  un  change- 
ment de  méthode,  porter  l'incertitude  dans  les  esprits,  surtout  quand 
le  besoin  ne  s'en  fait  nullement  sentir.  Je  suis  d'autant  plus  étonné 
d'une  pareille  communication  que  M.  Culeron,  ancien  agent  de  la 
Société  nationale  contre  le  phylloxéra,  placé  sous  mes  ordres,  pour  le 
traitement  du  Midi,  jusqu'à  l'été  dernier,  n'ignore  pas  que  les  bons 
résultats  qu'il  signale  chez  Mme  Théron,  sa  belle-mère,  et  ailleurs 
dans  la  région,  ont  été  obtenus  par  notre  Société,  c'est-à-dire  suivant 
mes  instructions. 

Je  croirais  manquer  à  mon  devoir  si  je  ne  venais  pas  réfuter  les 
erreurs  ou  les  fausses  interprétations  contenues  dans  la  communication 
dont  il  s'agit. 

Je  ne  dirai  rien  de  la  dose  de  100  grammes  de  sulfocarbonate  avec 
40  litres  d'eau  pour  les  souches  de  plein  rapport  :  c'est  une  des  doses 
que  nous  recommandons  dans  la  plupart  des  cas,  et  que  nous  em- 
ployons journellement.  Mais  je  n'admets  pas  sans  réserve  la  dose  de 
70  grammes  indiquée  pour  les  jeunes  plants  de  moins  de  trois  ans, 
avec  30  litres  d'eau;  elle  donne  une  solution  trop  concentrée  (1/210) 
qui  est  dangereuse  dans  les  applications  d'été  ainsi  que  dans  les  cas 
de  sol  compact  où  l'absorption  se  fait  mal.  Il  faut,  en  général,  de  50 
à  00  grammes  de  sulfocarbonate  dilués  dans  20,  plus  5  ou  10  litres 
d'eau,  soit  une  solution  au  titre  de  1/333  à  1/400,  qui  est  très  efiicacc 


et  sans  danger  dans  toutes  les  circonstances. 

Il  n'est  pas  exact  non  plus  de  dire  que  les  doses  ci-dessus  de  70, 
90  et  100  grammes  avec  30  et  40  litres  d'eau,  ne  sont  pas  suffisam- 
ment efficaces  sur  les  œufs,  car  un  bon  sulfocarbonate  a  encore  ses 
solutions  au  1/400  et  même  1/500  parfaitement  capables  de  les  dé- 
truire où  elle  passe. 

En  principe,  ce  ne  sont  pas  les  fortes  doses  de  sulfocarbonate  qui 
sont  nuisibles,  mais  bien  le  titre  de  la  solution  que  l'on  emploie. 
L'expérience  nous  a  appris  que  les  solutions  au  dessous  de  1/300 
étaient  dangereuses  dans  les  cas  de  non-absorption  au  boat  de  quel- 
ques heures,  ou  en  été,  et  inefficaces  au  delà  de  1/500,  sans,  bien 
entendu,  qu'il  n'y  ait  rien  d'absolu  à  cet  égard;  d'où  il  suit  que  le 
rapport  entre  la  quantité  de  sulfocarbonate  à  employer  et  son  eau  de 
dilution  doit  donc  être  pris  comme  le  seul  guide  dans  les  traitements, 
et  non  pas  telles  ou  telles  quantités  de  ces  deux  liquides  considérés 
isolément;  et  cela  est  si  vrai  que  l'on  peut  mettre  jusqu'à  I  kilog. 
de  sulfocarbonate  par  souche,  sans  lui  nuire,  si  la  quantité  d'eau  de 


152  EMPLOI  PRATIQUE  DU  SULFOGARBONATE  DE  POTASSIUM. 

dissolution  est  suffisante,  et  qu'au  contraire  avec  50  grammes  on  peut 
tuer  invariablement  les  souches  les  plus  vigoureuses,  si  la  quantité 
ti'eau  est  trop  faible.  Je  le  répète,  les  meilleures  doses  doivent  être, 
d'une  manière  générale,  comprises  en  poids  entre  1/300  et  1/400.  Au- 
dessus  et  au-dessous  de  ces  titres,  il  peut  y  avoir  des  inconvénients 
dans  un  sens  ou  dans  un  autre  pour  des  personnes  qui  ne  seraient 
pas  parfaitement  familiarisées  avec  la  nature  du  sol,  sa  perméabilité, 
sa  sécheresse,  ou  qui  ne  sauraient  pas  suffisamment  tenir  compte  de 
fâge  de  la  vigne  et  de  l'influence  de  la  saison,  toutes  influences  que 
j'ai    signalées    dans   mes   instructions,  et  ici  dans   ce  Journal. 

Ajoutons  que,  avec  le  système  des  l)acs  et  des  arrosoirs  employé 
jusqu'à  ce  jour  pour  former  et  distribuer  la  solution  sulfocarbonatée, 
les  choses  se  pas^^ent  autrement  qu'elles  sont  rapportées,  et  qu'il  fau- 
drait le  vouloir  pour  mal  opérer.  D'un  autre  côté,  on  fera  difficilement 
croire  que  c'est  en  multipliant  les  raesurages  comme  cela  existe  dans 
le  moyen  que  l'on  propose  en  remplacement  des  bacs  que  l'on  obtien- 
dra plus  de  garantie  en  ce  qui  concerne  le  dosage  du  sulfocarbonate  ; 
c'est  tout  à  fait  contraire  aux  règles  admises. 

Pour  ce  qui  est  de  la  mise  de  l'eau  claire  après  l'absorption  de  la 
solution  sulfocarbonatée,  j'alfirme  de  nouveau  sa  nécessité  par  les 
raisons  suivantes  : 

r  Elle  empêche  le  dégagement  en  pure  perte  dans  l'atmosphère 
d'une  certaine  quantité  de  vapeurs  insecticides; 

2°  Elle  chasse  plus  profondément  dans  le  sol  la  solution  antiphyllo- 
xérique  qui  désinfecte  ainsi  un  plus  grand  volume  de  terre  et  une  plus 
grande  quantité  de  racines; 

3"  Dans  le  cas  de  non- absorption  ou  d'absorption  incomplète,  elle 
protè^ue  les  racines  supérieures  qui  pourraient  être  affectées  par  la 
solution; 

4"  Elle  est  indispensable  surtout  dans  le  Midi  pour  empêcher  les 
émanations  de  sulfure  de  carbone  et  d'hydrogène  sulfuré  qui  ne  man- 
queraient pas  de  griller  les  feuilles  inférieures  du  cep  ainsi  que  les 
raisins  ; 

5"  Indépendamment  de  ces  avantages,  l'eau  claire  ne  nuit  en  rien 
à  l'efficacité  du  remède  par  la  raison  que  les  vapeurs  antiphylloxé- 
riques  tendent  toujours  à  s'élever,  à  arriver  dans  les  couches  superfi- 
cielles du  sol  et  à  se  dégager  dans  Tatmosphère,  d'oii  il  s'ensuit 
qu'elles  tuent  les  insectes  des  racines  supérieures.  Dans  le  cas  où  les 
couches  superficielles  du  sol  seraient  humides,  le  sulfure  de  carbone 
étant  soluble  dans  l'eau  dans  la  proportion  de  2  grammes  par  litre 
environ,  en  outre  de  l'hydrogène  sulfuré  qui  est  très  soluble,  il  en 
résulte  une  solution  que  dans  nos  études  nous  avons  toujours 
reconnue  comme  très  insecticide.  En  deux  mots,  que  le  sol  soit  per- 
méable ou  humide,  il  n'y  a  donc  aucune  crainte  de  ce  côté,  toutes  les 
racines  superficielles  seront  débarrassées  de  leurs  phylloxéras.  Mais 
lorsque  l'on  ne  ramène  pas  la  terre  autour  du  cep  presque  aussitôt 
après  le  traitement,  il  arrive  parfois  que  l'on  a  sorti,  en  faisant  les 
cuvettes,  des  fragments  de  racines  ou  du  chevelu  portant  des  phyl- 
loxéras qui  ne  reçoivent  pas  l'action  du  sulfocarbonate  et  qui  sont 
rapportés  au  pied  de  la  souche,  lorsque  la  solution  sulfocarbonatée  a 
terminé  son  action;  c'est  une  des  causes  les  plus  fréquentes  de  la 
réinvasion  et  non  la  mise  de  l'eau  claire. 


EMPLOI  PRATIQUE  DU  SULFOGARBONATE  DE  POTASSIUM.  153 

Eafin,  je  le  répète,  les  bons  résultats  que  nous  avons  obtenus  dans 
nos  traitements  depuis  1874,  et  ils  sont  nombreux,  l'ont  été  avec  le 
procédé  de  l'eaiî  claire  que  j'ai  été  amené,  pour  la  plupart  des  cas,  à 
adopter  de  préférence  à  tout  autre  mode  de  procéder.  On  se  trouve  donc 
ici  en  présence  de  faits  précis  et  non  vis-à-vis  de  quelques  observa- 
tions isolées  qui  peuvent  être  voilées  par  certaines  circonstances  restées 
inaperçues  ou  mal  interprétées. 

Quant  à  l'époque  et  à  la  fréquence  des  traitements,  je  l'ai  dit  depuis 
lon2;temps,  rationnellement  il  en  faudrait  deux  dans  le  Midi  :  l'un  du 
mois  de  novembre  à  la  fin  d'avril  pour  détruire  les  phylloxéras  qui 
ont  hiberné,  et  un.  autre  de  fin  mai  au  15  juillet,  pour  détruire  les 
individus  issus  de  l'œuf  d'hiver  et  de  ceux  épargnés  lors  de  la  pre- 
mière opération.  Ces  deux  traitements  produisent  le  meilleu"  effet  sur 
la  véo;étation  de  la  vienne  et  sa  fruclification,  car  en  outre  de  l'action 
insecticide,  le  traitement  d'été  avec  ses  40  litres  d'eau  par  souche  fait 
le  plus  grand  bien.  Mais  pour  ce  qui  est  de  deux  opérations  en  été  à 
huit  ou  dix  jours  d'intervalle,  comme  le  recommande  l'auteur  de  la 
communication,  outre  que  leur  nécessité  ne  se  justifie  pas  si  la  pre- 
mière a  été  bien  faite,  il  est  facile  de  se  rendre  compte  combien  serait 
peu  pratique  une  semblable  manière  de  faire  et  je  doute  fort  qu'elle 
trouve  jamais  beaucoup  de  partisans. 

Veuillez  a^rréer,  etc.  P.  Mouillefert. 

SITUATION  AGRICOLE  DANS  LE  PÉRIGORD 

Mars  nous  a  fourni  un  spécimen  de  toutes  les  températures  :  neige,  pluie, 
brouillard,  rosée,  gelée  blanche,  grésil,  orages,  temps  sombre  et  beau  ciel,  ce  der- 
nier état  le  plus  rare  (7  jours).  C'est  assez  dire  que  les  travaux  déjà  si  en  retard 
ont  encore  été  ajournés.  On  a  Cf^pendaat  utilisé  les  rares  éclaircies  qui  se  sont 
produites  pour  ensemencer  pommes  de  terre,  pois,  fèv  s  et  donner  pour  la  sole 
de  printemps  quelques  labours  de  préparation.  Ces  derniers  travaux  s'exécutent 
péniblement  et  dans  de  mauvaises  conditions  à  cause  du  tassement  dû  aux  pluies 
hivernales  et  de  l'état  encore  partiellement  humide  de  beaucoup  de  nos  champs. 

13  jours  de  fortes  gelées  avec  une  baisse  thermométrique  de  —  8°  ne  pouvaient 
passer  sans  laisser  de  traces.  Les  arbres  fruitiers  précoces,  bon  nombre  de 
plantes  maraîchères  et  arbustes  ont  été  atteints.  La  vigne  cependant  ne  paraît 
pas  avoir  souffert,  son  bourgeon  n'ayant  pas  encore  débourré.  On  ne  se  plaint  pas 
de  Ctt  état  des  choses,  car  le  retour  tardif  du  froid  après  le  réveil  de  la  végéta- 
tion, si  fréquent  dans  nos  contrées,  occasionne  invariablement  des  dégâts  incal- 
culables. E.  DE  Lentilhac. 

SOCIÉTÉ    NATIONALE    D'AGRICULTURE 

Séance  du  25  avril  1883.  —  Présidence  de  M.  Dumas. 

M.  Dietz-Monnin,  président  de  la  Chambre  de  commerce  de  Paris, 
fait  connaître  que  le  consul  du  Mexique,  à  Saint-Nazaire,  désirait  rece- 
voir, pour  les  transmettre  à  son  gouvernement,  les  catalogues  et  prix 
courants  des  constructeurs  de  machines  et  instruments  agricoles,  des 
marchands  de  graines  et  de  plantes,  ainsi  que  des  éleveurs  des  meil- 
leures races  d  animaux  de  ferme  et  de  basse-cour. 

M.  Léo  d'Ounous,  correspondant,  envoie  une  note  sur  l'élagage  des 
arbres  et  arbrisseaux.  —  Renvoi  à  la  section  de  sylviculture. 

M.  Grandeau,  correspondant,  fait  hommage  de  la  deuxième  édition 
de  son  Traité  de  l'analyse  des  madères  agricoles,  qu'il  vient  de  publier. 

M.  Barrai  analyse  une  note  de  M.  Chevron,  professeur  à  Gembloux 
(Belgique),  sur  la  nature  inflammable  des  gaz  dégagés  dans  la  diffu- 


154  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'AGRICULTURE  DE  FRANCE. 

sion  des  betteraves.  Il  résulte  des  expériences  de  M.  Chevron  que 
l'hydrogène  entre  pour  une  forte  part  dans  la  composition  de  ces  gaz, 
et  que  sa  présence  est  due  à  l'attaque  de  la  tôle  des  diffuseurs  par  les 
sucs  acides  de  betteraves. 

M.  d  Esterno  fait  une  nouvelle  communication  relative  aux  moyens 
de  prévenir  la  fraude  dans  le  commerce  des  engrais.  Cette  communi- 
cation est  renvoyée  aux  sections  des  sciences  physico-chimiques  et 
d'économie,  de  statistique  et  de  législation  agricoles. 

M.  Lavallée  fait  une  communication  sur  la  récente  exposition  inter- 
nationale d'horticulture  de  Gand,  en  signalant  la  grande  place  que 
les  horticulteurs  français  y  ont  prise.  A  cette  occasion,  M.  Chevreul 
insiste  sur  les  nombreuses  expériences  qui  l'on  doit  aux  horticulteurs 
de  notre  pays;  il  rappelle  les  faits  positifs  qu'ils  ont  mis  en  lumière, 
notamment  sur  Thybridation  des  plmtes  et  sur  les  limites  dans  les- 
quelles on  peut  faire  varier  les  plantes  cultivées. 

M.  Lecouteux  donne  lecture  d'une  lettre  de  M.  Houette,  qui  demande 
à  la  Société  de  bien  établir  si  la  cuisson  et  l'ingestion  de  la  viande  d'ani- 
maux atteints  de  maladies  Infectieuses,  détruisent  les  germes  de  l'in- 
fection. M.  Bouley  ra  ppelle  qu'il  est  parfaitement  prouvé  que  la  cuisson 
des  animaux  morts  est  le  meilleur  moyen  de  détruire  les  germes  des 
maladies  infectieuses;  que  ce  moyen,  d'une  efficacité  supérieure  à 
celle  de  l'enfouissement,  permet  d'utiliser  les  viandes  pour  la  nourri- 
ture d'animaux  carnivores,  tels  que  les  porcs,  sans  qu'il  en  résulte  de 
dangers  pour  les  hommes  qui  consommeront  ensuite  la  viande  de  ces 
porcs;  toutefois,  il  y  a  une  question  de  proportion  à  établir  dans  cette 
alimentation,  au  point  ne  vue  de  la  sapidité  de  ces  viandes.  MM.  Pluchet 
et  Heuzé  rappellent  des  faits  dont  ils  ont  élé  les  témoins  et  qui  viennent 
à  l'appui  de  ces  affirmations. 

M..  Gayot  fait  observer  que  la  viande  des  porcs  nourris  exclusivement 
avec  des  produits  d'équarrissage,  est  de  qualité  médiocre,  et  que  si  ces 
produits  peuvent  entrer  dans  des  rations  d'élevage,  il  faut  se  garder 
de  les  introduire  dans  des  rations  d'engraissement.  31.  Chevreul  insiste 
sur  l'importance  d'étudier  les  transformations  en  espèces  chimiques 
qui  se  produisent  dans  la  cuisson  des  matières  animales.  M.  Gareau 
ajoute  qu'il  y  a  une  différence  à  établir  entre  la  consommation  de  la 
viande  crue  et  celle  de  la  viande  cuite.  M.  Dumas  rappelle  les  expé- 
riences faites  jadis  par  M.  Payen  sur  l'emploi  des  produits  d'équarris- 
sage  dans  l'alimentation  des  porcs.  — •  Après  ces  diverses  observations, 
la  question  est  renvoyée,  sur  la  proposition  de  M.  Barrai,  à  la  Section 
d'économie  des  animaux,  afin  qu'elle  prépare  un  rapport. 

La  Société  procède  à  l'élection  d'un  membre  étranger  dans  la  Section 
de  grande  culture.  M.  Julien  Robert,  de  Seeiowitz  (Autriche),  est  élu. 

Henry  Sagnier. 

REYUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(28  AVRIL  U83). 
I.  —  Situation  générale. 
Les  marchés  agricoles  ont  été  encore  très  peu   suivis  pendant  cette  semaine. 
Pour  la  plupart  des  denrées  agricoles,  les  transactions  présentent  du  calme. 

IL  —  Les  grains  et  les  farines. 
Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quin-tal  métrique, 
sur  les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger  : 


HEVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT  (28  AVRIL  1883). 


1"   RÉGION.  —  NORD.OITEST. 


Calvados.  Condé 

—  Lisieax 

Côl.-du-Nord.  Ponirieux 

—        Tréguier. 
Finistère.  Morlnix 

—  Quirop'^'' 

lUe-ct- Vilaine.  Bonnes.. 

—        Fougères... 
Manches.  Avraiiches. .. 

—  Ponlorson.. , . 

—  Villedieu 

Mayenne.  Laval 

—  rh;\te.iu-Gonlier.. 
Morbihan.  Hennebont 
Orne.  Seez 

—  Alençon 

Sarlhe.  Le  Mans 

—  Sablé 


Blé. 

fr. 

23. '25 
■2\.b0 
23.50 
23.50 
2'i.(0 

23.  Sa 
2'i.50 
2'i.V>ô 

24 .  50 
26.00 
26.25 
25.00 
25.50 
23.00 
25.00 
25  00 
26.00 
25.50 


fr. 

19.50 
16. 25 
16.50 


16.50 
10.75 
17.00 


Ofge. 

fr. 

18  50 
21.50 
15.50 
17.00 
14.00 
17.25 
15.75 

)) 
19.00 
19.50 
20  25 
16  80 
17.00 

20.25 
18.50 
17.15 

16.75 


Avoine. 

fr. 

22  00 
2'i .  00 
17.00 
17.50 
15.50 
17.00 
17.20 
19.00 
19.25 
22.50 
24.25 

18.50 
21.00 

19.00  . 
19.75 

20.00 


Prix  riioyens 24.59     16.97 

2"  RÉGION.  —  NOKD. 
^isne.  Soissons 24.05     14.80 

—  Chùteau-Th  erry  .  22.75 

—  Srint-Quentin  ...  23.00 
Eure.   Damville 24.25 

—  Louviers 23.50 

—  Neiibou''g 23  25 

Eure-et-Loir.  Chartres..  23  75 

—  Auneau 24.00 

—  Nogent-le-RotroLi.  25.00 
Nord.  Lille 26.00 

—  Douai 25.00 

—  ,  Valenciennes 25.50 

Oise.  Beauvais.. 23  00 

—  Compiègne 22.00 

—  Senlis 22.00 

Pas-de-Calais.  ATTàs. . .  25.50 

—  Doiillens 24.50 

Seine.  Paris 25.50 

S.-et-Mar.  Meaux 23 . 00 

—  Dammartin.... ...  22.00 

—  ITovins 24.25 

S.-ct-Qise.  Angerville.. .  23.00 

—  Pontoise 23.25 

—  Versailles... 23.00 

Seine-Inférieure.  Rou en.  24  20 

—  Fecamp 24.65 

—  Dieppe 23.25 

So7n?ne.  .\miens 23.00 

—  Abbeville 22.50 

—  Boye 22.00 

Prix  moyens 23.62 


14.50 
16.00 

» 
13.30 
11.25 
14.00 
14.70 

» 
16.75 
15.50 
16.00 
15  00 
14.75 
15.00 
16.25 
15.25 


14.50 
14.50 
15.00 
16.25 
14.50 
14.85 
14.75 
14.50 
15.00 
14.25 
14.50 


17.79      19.59 


17.30 

17.2.5 

17.00 

17.00 

19.50 

19.00 

18.50 

18.25 

20.50 

18.25 

16.25 

18.75 

17.00 

18.00 

16.50 

16.25 

16.25 

19.00 

18.00 

17.00 

19.00 

13  50 

16.50 

20.00 

20.50 

20.00 

18.00 

21.00 

16.25 

17.50 


20.25 
21.00 
17.26 
20.70 
20.25 
15.75 
18.50 
20.00 
19.50 
18.50 

19.00 
18.75 
19.25 

» 
17.50 
20.25 
17.20 
20.00 
19.00 
20.20 


,  13 


14.92     18.90     18.08 


3"  RÉGION. 
Ardennes.  Charleville.   . 

—  Sedan 

Aube.  Troyes 

—  Méry-sur-Seine  .. . 

—  Nogent-sur-Seine. 
Marne.  Chaloos 

—  Epernay 

—  Keiras 

llte-Marne.  Bourbonne. 
Meurthe-el-Mos.  Nancy. 

—  Lunéville 

—  Pont-a-.Mousson. . 
Meuse.  Bar-le-Duc 

—  Verdun 

Haule-Saône.  Vesoul.... 

—  Gray 

Vosges.  Epinal 

—  Mirecourt 

Prix  moyens 

4°  RÉGION 

Charente.  Angoulême... 

—  Ruffec 

Char.-Jnfér.  Marans. . . . 

Deux-Si-vrcs.  Niort 

Indre-et-Loire.  Bléré.... 

—  Toi.rs 

Loire-lnf.  Nantes 

M.-et-Lo^'y'.  Saumur. . . . 

—  Angers 

Vendée.  Luçon 

—  Fonteriav-ie-Comte 
Vienne.  Ctiàte'llerauU.. . 

—  Poitiers 

Haute-Vienne.  Linjoges.. 

Prix  moyens 


—  NOREt-EST. 


23.25 
23.30 
24.25 
23.00 
24.00 
24  00 
23  00 
23.75 
22.00 
23.75 
24.00 
23.25 
23.25 
23.00 
23.50 
23.00 
24.50 
23 .  50 


15.50 
16.75 
15.75 

15  00 

16  00 
16.00 
14.50 
16.25 

16.00 
16.00 
16.00 

» 
16  00 
16.50 
15.75 
17.00 
16.00 


18.50 
18.75 
17.50 
17.80 
18.2.i 
18.50 
19.50 
17.75 

/» 
17.50 
17.00 
17  00 
16  00 
16.00 
16.50 


17  80 
19.50 
17.25 
17.75 
19.20 
15.00 
18.50 
17.75 
15.25 
17.75 
15.50 
16.00 
17.50 
16.50 
16.^5 
15.50 
16.50 
!(i.75 


23.47     15.94     17.57     17.21 
.  —  OUEST. 


37     16.44     18.29     13.00 


5"  RÉGION. 


—  CENTRE. 

Blé.    Sekle. 


Allier.  Montiuçon 

—  Saint-Pourçain.. 

—  Oanriat 

Cher.  L'ourges 

—  Saint-Amand 

—  Vierzon 

Creuse.  Aul)Usson 

Indre.  Chàleauroux  . . . 

—  Issoudun 

—  Valtinçay 

Loiret.  Orléans 

—  Montargis 

—  Patay 

L.-et-Cher.  Blois 

—  Montoire 

Nièvre.  Nevers 

—  La  Charité 

Yonne.  Brienon 

—  Saint-Florentin.. 

—  Sens.. .    


fr. 

.   23.50 

.    25.50 

.    24.70 

.    23.00. 

25.00 

25.50 

24.00 

24.25 

23.50 

25.20 

.  24.00 

24  00 

24   25 

24.75 

24 .  00 

23.50 

23.50 

23.75 

24.00 

24.50 


fr. 
17.00 

» 
14.25 
15.00 
15  .25 
15.50 
14.50 

16.25 


Orje. 

fr. 

19.00 

18.00 

18.00 

18.50 

19.76 

20.25 

» 
18.50 
19.00 
20.00 

» 
18  50 
18.50 
20.25 
19.50 

17.00 
17.25 
16.50 
17.75 


15J 


Avoine. 

fr. 

19.00 

18.00 

1 9 .  00 

18.25 

18.00 

17.50 

17.00 

18.50 

17.75 

18.50 

» 
18.50 
19.00 
20.50 
18.50 
10  50 
18  25 
19.50 
18.50 
19.25 


Prix  moyens 24.22     15.30 

6'  RÉGION.  —  EST. 
Ain.  Bourg 05.50         » 

—  Punt-de-Vaiix 24.75         » 

Côle-d'Or.  Dijon 22.00 

—  Beaurie 23.75 

/)om6s.  Besançon 23.15 

Isère.  Vienne 24.50 

—  Bourgo!n '.   24.50 

Jura.  Dôle." 22.00 

Loire.  Montbrison 24.75 

P.-de-/>ô/He.  ciermont.F.  26.50 

Hkàne.  Lyon 25.00 

Saône-el- Loire.  Chalon  .  24.50 

—  Louhdns 24.50 

Cat'oi«.  Chambéry 26.50 

llle-Savoie.  Annecy 24 .  70 

Prix  moyens 24.40     15  97 

T  RÉGION.  —  SUD-OUEST 
Ariège.  Foix 26  00     17.25 

—  Pamiers 27  00 

Dordogne.  Bergerac 24  25 

Hie-Garonne.  Toulouse.  34.5  1 

—  St-Gaudens 24.00 

Gers.  Condom 26.25 

—  Eauze 26.50 

—  Mirande 25  70 

Gironde.  Bordeaux 26.00 

—  Bazas 25.80 

Landes.  Dax 25.75 

Lot-et-Garonne.  Agen. . .  25 .  90 

—  Nérac 26.25 

B. -Pyrénées.  Bayonne..  26.75 

Iltes-Pyrénées.  Tarhes..  26.80 


13.60     18.42 


14.75      17.00 


16.75 
16.50 


18.75 
1 9 .  00 
17.00 
17.50 
16.10 
18.15 
18.25 
17.75 
18.50 

» 
18.75 
19.75 
19.00 
»  17.00 

»         18.75 

17.46      18.16 


16.50 


18.00 
20.00 


16.25 
16.80 
17.00 
18.50 


18.10 
19.50 

la. 75 

18.25 
18.50 


18.70 
18.50 
1S.25 


18.85 


19.50 
20.25 
20.50 
20.00 
21.00 
20.25 
21.00 
20.75 
18.50 
21.00 

» 
19.75 
19.50 
18.75 
18.50 


Prix  moyens 25.96    17.89 

8"  RÉGION.  —  SUD. 
Aude.  Gasteinaudary.. .  26  00        » 

—  Carcassonne 27.25 

Aveyron.  Rodez 2i.00 

C«n/o/.  Mauriac 25.35 

Correze.  Luberzac 2.ï .  20 

Hérault.  Beziers 27.50 

—  Cette 27.00 

Z,o/.  Cahcrs. 27.25 

Lozère.  Mende 23.10     .,.„„ 

P(/réji6es-0r. Perpignan.  27.75     18.40 

rarn.  Caslrts 27.50     18.25 

7'ar»x-et-Ga)\  Montauoan  25.00     17.00 

—  Moissac 25.50     18.00 


18.57     19.94 


17.00 
18.60 
21. »5 
18.00 
21.00 

17.50 
17.30 


18.00 
20.00 
20.75 

» 
18.15 
20.50 

17.75 
17.40 
20.00 
19  25 
19.50 

20.00 

Prix  moyens 26.03     18.44     19.21 

9°  RÉGION.  —  SUD-EST. 
Basses-Alpes.  Manosque  28.75        »  » 

Hautes-. \lpes.  Briançon.  27.50     18.00     18.25 
Alpes-Mariliines.Ca.m'm  27.00     17.25     18.00 


.lcd(-c/ir,'.  Privas 26.70  19.25 

B.-du-Hhône.  Arles 28.25        » 

Drame.  Romans 24.75  15.50 

Gard.  Nîmes 27.,SO         » 

Haute-Loire.  Brioude...  25  50  18.70 

Far.  Dr.i^uignan 26.85        » 

Fttuciwse.  Carpentras...  26.50        » 

Prix  moyens 26.93  17.74 

Moy.  de  toute  la  France  24.89  16.62     18.31 

—  de  la  semaine  précéd.  25.04  16.61     18.27 

Sur  la  semaineiHausse.  »          o.Ol       0.04 

précédente.  .1  Baisse..  0.15        »           > 


It 

18.00 

18.00 
20 .  00 
18.50 
18.00 

18.36 


20.00 
22.00 
20.25 
24.40 
18.25 
23.00 

» 
18.25 
17.70 
25.00 
19.50 
20.00 
23.00 

20.  95 

24.00 
20.00 
18.50 
19.00 
18.25 
t7.50 
19.25 
17.00 
19.25 
18.00 

19.08 
18.82 
18.65 

0.17 


156  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT 

Blé.  Seigle.          Orge.  Avoine 

fr.               fr.                fr.  fr. 

....  .,       <  blé  tendre...  27.00            »                 »  „ 

Algérie,                    ^^^'"'"l  blé  dur 2.5.50           »  16.00  15. .50 

Angleterre.               Londres 25.35            »  19.15  20. CO 

Belgique.                  Anvers 25.. Sd             »  19.25  20.10 

—  Bruxelles 24.7.5  10. .50 

—  Liège 24  00  17.00  20. .50  17.50 

—  Namur 22.75  15.75  20.00  15.00 

Pays-Bas.                 Amslerdani 23.95  16.90            »  » 

Luxembourg.           Luxembourg 23.50  15.00            »  17.50 

Alsace-Lorraine.     Strasbourg 24.75  17.75  17. .50  17.25 

—  Mulhouse 23  00  16.. 50  17.00  18.00 

—  Colmar 24. HO  18  00  18.75  16.00 

Allemagne.             Berlin 23.85  17.()0            »  » 

—  Cologne... 25.60  18.10 

—  Hambourg 23.75  17.25  » 

Suisse.  Genève..!" 27  00            »                »  21.75 

Italie.  Turin 25.75  20.00            »  18.75 

Espagne.  Valladolid 24.75            »                »  . 

Autriche.  Vienne 20.75  15.25  17.50  14.00 

Hongrie.  Budapeslli 20.50  15  3.5  15.75  13  75 

Russie.  Sainl-Pétersbourg. .  21.85  15.35             »  12.00 

Etats-Unis.  New-York 23. 75            »                »  » 

Blés.  —  Jusqu'ici  les  Liés  se  présentent  presque  partout  dans  de  bonnes  con- 
ditions; après  un  hiver  prolongé,  les  premières'semaines  du  mois  d'avril  leur  ont 
été  favorables;  sous  l'iblluence  d'une  douce  chaleur,  la  plante  a  pris  de  la  vigueur, 
puis  quelques  pluies  sont  venues  activer  la  pousse  ;  quant  au  reiroidissement 
subit  qui  vient  de  se  prodnir<-,  il  n'aura  probablement  p;.s  eu  d'autre  effet  que 
d'arrêter  un  peu  le  mouvement  de  la  plante,  sans  le  contrarier  outre  mesure.  Sur 
le  plus  grand  nombre  des  marchés,  les  affaires  sont  calmes,  il  y  a  toujours  peu 
d'offres  de  la  part  de  la  culture,  et  les  prix  demeurent  statii  nnaires;  mais  il  y  a 
une  certaine  tendance  générale  à  la  fermeté.  —  A  la  halle  de  Paris,  le  mer- 
credi 25  avril,  les  affaires  ont  été  calmes  ;  on  cotait,  suivant  les  cjualilés,  de 
24  ir,  50  à  26  fr.  50  par  100  kilog.  ou  en  ujoyenne  25  fr.  50.  Au  marché  des  blés 
à  livrer,  on  cotait  par  100  kilog.  :  courant  du  mois,  25  fr.  bO\  mai,  25  fr.  75; 
juin,  26  fr.  25  ;  quatre  mois  de  mai,  26  fr.  25  à  26  fr.  50  ;  juillet  et  août,  26  fr.  7") 
à  27  fr.  —  Au  Havre,  on  signale  plus  de  fermeté  dans  les  prix  des  bonnes  qua- 
lités ;  on  cote  actuellement  de  25  fr.  5u  à  27  fr.  par  100  kilog.  suivant  les  sortes. 

—  A  Marseille,  les  affaires  présentent  plus  d'activité,  et  les  cours  accusent  beau- 
coup de  fermeté.  On  cote  suivant  les  sortes  :  Red-winter,  28  à  28  fr.  25;  Ber- 
dianska,  27  fr.  50  ;  Pologne,  i5  fr.  50  à  26  fr.  50  ;  Bessarabie,  25  fr.  50  ;  Azima, 
24  à  24  fr.  50;  Irka,  ?6  à  26  fr;  25  ;  Danube,  22  à  23  fr.  ;  le  tout  par  100  kilog. 
Les  arrivages  de  la  semaine  ont  été  de  65,000  quintaux  environ.  -  -  A  Londres. 
il  a  été  importé  depuis  huit  jours  près  de  175, OuO  quintaux  de  blés  étrangers; 
les  ventes  sont  faciles.  On  cote  de  24  à  26  fr.  70  par  ICO  kilog.  s-uivaiit  les  qualités. 

Farines.  —  On  signale  un  peu  plus  d'activité  dans  les  affaires.  Pour  les  farines 
de  consommation,  les  cours  sont  plus  fermes;  on  payait  le  25  aviil,  à  la  halle  de 
Paris  :  marque  de  Gorbeil,  60  fr  ;  marques  de  choix,  60  à  62  fr.  ;  bonnes  marques, 

57  à  58  tr.;  sortes  ordinaires,  54  à  56  fr.  ;  le  tout  par  sac  de  15^  kilog.  toile  à 
rendre  ou  157  kilog.  net,  ce  qui  correspond  aux  prix  extrêmes  de  3i  fr.  40  à 
39  fr.  40  par  100  kilog.,  ou  en  moyenne  39  fr.  90;  c'est  une  hausse  de  80  centimes 
sur  le  prix  moyen  du  mercredi  précédent. —  Quant  aux  farines  de  S[/éculation,  on 
les  cotait  à  Paris,  le  mercredi  25  avril  au  soir  :  farines  neuf -marques,  courant 
du  mois,  56  fr.  25  à  56  fr.  50;  mai,  57  fr,  ;  juin,  57  fr.  75;  quatre  mois  de  mai, 

58  à  58  fr.  25;  juillet  et  aoiit,  58  fr.  75  à  59  fr.  ;  le  tout  par  sac  de  159  kilog., 
toile  perdue  ou  i57  kilog.  net.  —  Pour  les  farines  deuxiènies,  les  prix  sont  sans 
variations,  de  23  à  28  fr.  par  100  kilog.  ;  on  cote  les  gruaux  de  47  à  58  fr. 

Seigles.  —  H  y  a  plus  de  fermeté  dans  les  prix.  Oa  paye  à  Paris,  de  16  à 
16  fr.  50  par   100  kilog.  Les  faiiues  de  seigle  restent  aux  cours  de  23  à  25  fr. 

—  La  prochaine  récolte  du  seigle  s'annonce  assez  mal. 

Orges.  —  Très  peu  d'a;ffaires,  aux  mêmes  cours  que  précédemment.  On  paye 
à  Paris,  de  18  à  20  fr.  5u  par  lOù  kilog.  suivant  les  sortes.  Les  escourgeons  se 
vendent  aux  prix  de  17  fr  50  à  18  fr.  25.  —  A  Londres,  les  importations  d'orges 
ont  été  de  29,000  quintaux  depuis  huit  jours;  les  affaires  sont  calmes  aux  prix  de 
18  à  20  fr.  50  par  1  Ou  kilog. 

iMaU.  —  Cours  sans  changements.  On  paye  par  100  kilog.  :  malts  d'orge,  25  à 
32  fr.  ;  malts  d'escourgeon,  27  à  30  fr. 


I>ES  D3NRÉE3  AGRICOLES   (28  AVi  IL   188S).  157 

Avoines.  —  Les  ventes  sont  peu  importantes;  les  prix  accusent  une  certaine 
fermeté.  On  cote  à  la  halle  de  Pa^is,  de  17  fr.  50  à  20  fr  50  par  100  kilog.  sui- 
vant poids,  couleur  et  qualité.  —  A  Londres,  les  importations  d'avoines  ont  été 
de  67,000  quintaux  depuis  huit  jours  ;  le  marché  accuseiit  des  prix  fermes,  de 
18  fr.  40  à  21  fr.  50  par  100  kilog. 

Sarrasin.  —  Grande  fermeté  dans  les  prix.  On  paye  à  la  halle  de  Paris,  16  fr.  50 
à  17  fr   par  100  kilog. 

Maïs.  —  Les  cours  varient  peu.  On  cote  au  Havre,  16  fr.  50  à  17  fr.  par  quinta 
métrique  pour  les  maïs  d'Amérique. 

Issues.  —  Les  prix  se  maintiennent  bien.  On  cote  par  100  kilog.  à  Paris  :  gros 
son  seul,  15  fr.  25  à  15  fr.  50;  son  trois  cases,  14  fr.  25  à  14  fr.  50;  sons  tins, 
ISfr.  50  à  1^  l'r.;  recoupettes,  13  fr.  à  13  fr.  50;  remoulages  bis,  14  fr.  à  14fr.  50; 
remoulages  blancs,  15  à  16  fr. 

III.  —  Fourrages ,  graines  fourragères. 

Fourrages.  —  Les  prix  accusent  sur  la  plupart  des  marchés  beaucoup  de  fer- 
meté. On  cote  par  1,0U0  kilog.:  à  Paris,  foin,  1 10  à  124  fr.;  luzerne,  112  à  126  fr.; 
paille  de  blé,  58  à  70  fr.;  paille  d'avoine,  46  à  52  fr.;  —  à  Nancy  :  foin,  76  à  83  fr.; 
paille,  40  à  45  fr. 

Graines  fourragères.  —  Les  cours  sont  bien  maintenus  pour  toutes  les  sortes  et 
il  y  a  peu  d'oftres.  Onpaye  à  Toulouse  :  trôfle,  165  à  170  fr.;  luzerne,  1 10  à  1 15  fr. 

IV.  —  Fruits  et  légumes  frais, 

Fruils.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  fraises  de  châssis,  le  pot,  0  fr.  50  à 
1  fr.  70;  poires,  le  cent,  5  fr.  à  100  fr;  pommes,  le  cent,  lOfr.  à  llOfr.;  le  kilog., 
0  fr.  40  à  0  fr.  60;  raisins,  chasselas  de  serres,  le  kilog.,  10  à  16  fr. 

Gros  légumes.  —  Dernier  cours  de  la  halle  :  asperges  de  châssis,  la  botte,  de 
3  à  2ô  fr.;  aux  petits  pois,  la  botte,  1  à  3  tr.;  carottes  nouvelles,  les  100  bottes, 
75  à  125  fr.;  carottes  communes,  les  100  bottes,  20  à  :i2  fr.;  d'hiver,  l'hecto- 
litre, 3  à  5  fr.  ;  de  chevaux,  les  100  bottes,  14  à  23  fr.;  choux  communs,  le  cent, 
5  à  20  fr.;  haricots  verts,  le  kilog.  5  à  12  fr.;  navets  nouveaux,  les  100  bottes, 
100  à  UO  fr.;  communs,  les  100  bottes,  20  à 32  tr.;  l'hectolitre,  3  à  4  fr.;  oignons 
nouveaux,  les  100  bottes,  50  à  100  fr.;en  grain,  l'hectolitre,  8  à  10  fr.;  panais 
communs,  les  100  bottes,   10  à  18  fr.;  poireaux  communs,  les  bottes,  20  à  60  fr. 

Pommes  de  terre.  —  Hollande  communes,  l'hectolitre,  18  à  20  fr.;  le  quiatal, 
25  fr.   71  à   28    fr.  67;  jaunes  communes,  l'hectolitre,  9   à   10  fr.  quintal, 

12  fr.  85  à  14  fr.  28. 

V.  —  Vins,  spiritueur,  vinaigres,  cidres. 

Vins.  — Les  premières  semaines  da  mois  d'avril  avaient  été  assez  favorables  aux 
travaux  de  la  vign?,  en  même  temps  qu'à  la  végétation  de  la  plante.  A  ces  condi- 
tions dont  on  n'avait  qu'à  se  louer,  en  ont  succédé  tout  à  coup  d'autres  beaucouo 
moins  avantageuses.  La  température  s'est  abaissée  rapidement,  et  elle  est  descen- 
due au-des'sous  de  zéro  dans  un  grand  nombre  de  localités  du  Centre,  de  FOaest 
et  du  Sud-Ouest  ;  h  pluie  est  tombée  en  assez  grande  abondance,  accompagnée 
parfois  de  raffales  de  neige.  Ces  circonstances  sont  peu  favorables  aux  vignes  ;  il 
est  encore  difficile  d'apprécier  l'influence  que  ces  intempéries  auront  exercée  sur 
leur  végétation,  mais  il  est  certain  qu'elles  ne  peuvent  lui  avoir  été  avantageuses. 
Chaque  année,  la  période  que  nous  traverosas  actuellement  est  la  plus  critique  ; 
les  phénomènes  contraires  qui  se  sont  produits  trop  généralement  durant  les  an- 
nées antérieures  ont  été  la  cause  principale  de  la  faiblesse  des  récoltes.  Malheu- 
reusement, le  vigneron  ne  peut  rien  sur  ces  phénomènes  ;  tout  ce  qui  est  en  son 
pouvoir,  c'est  d'es>ayer  d'en  alténuer  les  effets  par  des  iuesures  de  précautioa, 
trop  peu  répandues  encore  dans  la  plupart  des  régions  viticoles;  ces  mesures  de- 
mandent souvent  beaucoup  de  main-d'œuvre,  et  c'est  ce  qui  en  rend  l'application 
difficile.  En  ce  moment,  les  affaires  sur  les  vins  sont  peu  importantes;  beaucoup 
de  livraisons  s'elîectumt  dans  les  celliers,  mais  il  y  a  peu  de  vantes  nouvelijis, 
La  période  actuelle  de  cûva'i  ne  cessera  probablement  que  lorsque  les  gelées  ne  se- 
ront plus  à  redouter  dans  les  vignobles. 

Spiri'aeax.  —  Les  affaires  sur  les  alcools  de  toutes  sortes  sont,  comme  précé- 
demment, très  peu  importantes,  et  c'est  une  nouvelle  baisse  que  nous  devons  si- 
gnaler dans  les  prix  des  alcools  de  betterave.  Dins  le  Midi,  on  paye,  suivant  les 
marchés  :  Cette,  3/6  bon  goût,  105  fr.;  marc,  100  fr.;  Baziers,  3/6  bon  goût,  103fr.; 
marc,  95  fr.  MontpeUier,  3/6  bon  goût,  100  fr.;  mire,  90  fr.  Pézenas,  3/6  bon 
goût,  102  fr.;  marc,   9ï  fr.  Dans  le  Griirs,  on  paye  les  eaux-de-vie  d'Armagnac  : 


158  REVUE   COMMERCIALE  ET  PKIX   COURANT 

Haut-Armagnac,  150  fr.;  Tenarèze,  152  fr.  50;  Bas-Armagnac,  l'^''  cru,  200  à 
205  fr.' — A  Paris,  on  paye  les  alcools  du  Nord  :  3/d  betteraves,  90  degrés,  l''«  qua- 
lité disponible,  59  fr.  25;  mai,  49  fr.  75  à  50  fr.  ;  quatre  mois  de  mai,  50  fr.  75; 
quatre  derniers  mois,  51  fr.  25.  Le  stock  était,  au  25  avril,  de  21,375  pipes,  contre 
14,600  en    1882. 

Vinaigres.  — Les  prix  sont  sans  variation.  On  paye,  par  hectolitre,  à  Orléans  : 
vinaigre    nouveau  de  vin  nouveau,   40  à  42   fr.;  vinaigre  vieux,  50  à  60  fr. 

Cidres.  —  Pas  d'affaires,  à  raison  de  la  mauvaise  qualité  d'une  trop  grande 
proportion  dç  cidres  nouveaux. 

Rnisins  sers.  —  Il  y  a  |)eu  de  vente,  mais  les  prix  accusent  beaucoup  de  fermeté. 
On  paye  à  Marseille,  par  100  kilog.    :  Gorinthe,  54  à  55  fr.  50;  Thyra,  47  à48  fr.; 
raisins   noirs,  43  fr.   50  à  44  fr.;  Beyrouth,  45  fr,;   Chypre,  48  à  56  fr.;  Samos 
noirs,  50  à  51  fr.;  Vourlas  rouges,  45  à  47  fr. 
Crème  de  tartre.  — Prix  en  hausse.  On  paye  à  Lyon  325  à  3^0  fr.  par  100  kilog. 

Soufres.  —  On  cote,  par  100  kilog.,  à  Montpellier,  soufre  sublimé,  19  fr.  50; 
rituré,  16  fr.  75  à  i9  fr. ;  en  canons,   17  fr.  75  à  18  fr.  25. 

VI.  —  Sucres.  —  Mélasses.  —  Fécules.  —  Glucoses.  —  Amidons.  —  Houblons. 

Sucres.  —  Nous  n'avons  pas  une  grande  activité  à  signaler  dans  les  affaires  sur 
les  sucres.  Pour  toutes  les  sortes,  les  prix  sont  ceux  de  la  semaine  précédente. 
On  paye  par  100  kilog.  suivant  les  marchés  :  à  Paris,  sucres  bruts  88  degrés 
saccharimétriques,  53  fr.  à  53  fr.  25  ;  les  99  degrés,  60  fr.  25  ;  sucres  blancs, 
60  fr.  25  ;  —  à  Lille,  sucres  bruts,  52  fr.  50  ;  blancs,  59  fr.  75  ;  —  à  Valenciennes, 
sucres  bruts,  52  fr.  à  52  fr.  25;  —  à  Saint  Quentin,  sucres  bruts,  52  fr.  ; 
sucres  blancs,  59  Ir.  75  à  60  fr.  —  Le  stock  de  l'entrepôt  réel  des  sucres,  à 
Paris,  était,  au  25  avril,  de  757,000  sacs  pour  les  sucres  indigènes,  avec  une 
diminution  de  25,000  sacs  depuis  huit  jours.  —  Les  prix  demeurent  sans  chan- 
getiients  pour  les  sucres  raffinés.  On  les  paye  de  105  fr.  50  à  106  fr.  50  par 
100  kilog.  à  la  consommation,  et  de  64  fr.  à  67  fr.  pour  l'exportation.  —  Dans 
les  ports,  ventes  restreintes  pour  les  sucres  coloniaux. 

Mélasses.  —  Prix  soutenus.  On  coteà  Paris  par  100  kilog.  :  mélasses  de  fabrique, 
Il   fr.  50  à  12  fr.  ;  de  raffinerie,  13  fr.  50  à  14  fr. 

Fécules.  — Mêmes  cours  que  précédemment.  On  paye  à  Paris  par  100  kilog. 
41  fr.  pour  les  fécules  premières  du  rayon;  à  Compiègne  40  fr.  pour  celles  de 
l'Oise;  à  Epinal,  41  fr.  pour  celles  des  Vosges.  , 

Glucoses.  —  Prix  fermes  pour  les  sirops.  On  paye  par  100  kilog.;  sirop  de 
froment,  54  à  56  fr.  ;  sirop  massé,  43  à  44  fr.  ;  sirop  liquide  35  à  37  fr.. 

Amidons.  —  Il  n'y  a  pas  de  changements  dans  les  prix.  On  cote  par  100  kilog.  : 
amidons  de  pur  froment,  66  à  68  fr.  ;  amidons  de  province,  64  à  66  fr.  ;  de  maïs, 
54  à  56  fr. 

Houblons.  —  Il  y  a  toujours  le  plus  calme  dans  les  transactions  ;  très  peu  de 
ventes  aux  prix  des  précédentes  semaines.  En  Lorraine,  on  cote  actuellement  de 
600  à  700  fr.  par  100  kilog.  suivant  les  sortes. 

VII.  —  Huiles  et  graines  oléagineuses,  tourteaux. 

Huiles.  —  Les  affaires  sont  toujours  très  difficiles  sur  les  huiles  de  colza  ; 
quant  aux  autres  sortes,  les  prix  se  soutiennent.  On  cote  à  Paris,  par  lOD  kilog.  : 
huile  de  colza  en  tous  fûts,  96  fr.  ;  en  tonnes,  98  fr.  ;  épurée  en  tonnes,  106  fr.  ; 
huile  de  lin  en  tous  fûts,  58' fr.  ;  en  tonnes,  60  fr.  Sur  les  marchés  des  départements, 
on  paye  les  huiles  de  colza  :  Rouen,  97  fr.  ;  Gaen,  93  fr.  50;  Arras,  92  fr.;  et  pour 
les  autres  sortes  :  pavot,  76  à  80  fr.;  lin,  59  fr.  25.  —  A  Marseille,  les  affaires 
sont  assez  actives  sur  les  huiles  de  graines,  avec  grande  fermeté  dans  les  cours. 
A  Grrasse,  il  y  a  beaucoup  de  fermeté  dans  les  cours  des  huiles  d'olives  nou- 
velles; les  premières  qualités  valent  190  fr.  par  100  kilog.;  les  bonnes  sortes, 
150  fr.;  les  huiles  communes,   105  fr. 

Graines  oléagineuses.  —  Les  cours  se  maintiennent  assez  bien  sur  les  marchés 
du  Nord.  On  paye  par  hectolitre  à  Arras  :  œillette,  25  fr.  50  à  28  fr.  25;  lin,  17  à 
18  fr.  75,  cameline,  15. à  18  fr.;  —  à  Douai,  colza,  22  fr.  à  23  fr.  50;  cameline, 
13  à  16  fr.;  œillette,  26  fr.  50  à  27  fr.;  Hn,  17  à  20  fr. 

Tourteaux.  —  Prix  soutenus  pour  toutes  les  catégories.  A  Marseille,  les  prix 

sont  ceux   de  notre  dernière  revue.  Dans  le  Nord,  on  cote  :  à  Arras,  tourteaux 

d'œillettes,  16  fr.;  de  colza,  18  fr.  50  ;  deHn,  23  fr.;  de  cameline,  18  fr.;  à  Rouen, 

tourteaux  de  sésame,  15  fr.;  de  lin,  19 fr.  50;  —  à  Gaen,  tourteaux  de  colza,  17  fr. 

VIII.  —  Matières  résineuses,  et  tannantes. 

Matières  résineuses.   —  Les  prix  sont  encore    en  baisse  dans  le  Sud-Ouest 


DES   DENRÉES  AGRICOLES  (28  AVRIL  1883).  159 

pour  l'essence  de  térébenthine.  —  ABordeux,  on  cotç  82  à  83  fr.  par  100  kilog.  î 
—  à  Dax,    73   fr.  Peu  d'atTaires  sur  les  autres  produits. 

Gaiules.  —  On  cote  nominaleraeut  dans  le  Languedoc  à  25  fr.  par  100  kilog. 

Ecorces.  —  La  faiblesse  des  cours  que  nous  avons  signalée  précédemment,  est 
la  même  dans  tous  les  centres  de  jiroduction. 

IX.  —  Textiles. 

Chanvres.  —  Les  ventes  sont  jieu  importantes  dans  l'Ouest,  et  les  prix  sans 
changements. 

Lins.  — Dans  le  Pas-df^-Calais,  à  Doullens^  les  lins  du  pays  valent  67  fr.  50  à 
95  fr.  par  quintal  métrique. 

Laines.  —  Dans  les  ports,  les  affaires  continuent  à  être  assez  actives  sur  les 
laines.  —  Au  Havre,  on  cote  les  laines  à  Buenos-Ayres,  suivant  la  qualité,  de 
1  fr.  70  à  2  fr.  par  kilog. 

X.  —  Suifs  et  corps  gras. 

Suifs.  — Prix  encore  en  hausse.  On  paye  à  Paris  110  fr.  par  100  kilog.  pour 
les  suii's  purs  de  l'abat  de  la  boucherie  ;  82  fr.  50  pour  les  suits  en  branches. 

Saindoux.  —  Prix  soutenus  au  Havre.  On  y  cote  les  saindoux  d'Amérique,  142 
à  143  fr.  par  100  kilog. 

XI.  —  Beurres.  —  Œufs.  —  Fromages.  —  Volailles. 

Beurres.  —  Il  a  été  vendu,  pendant  la  semaine,  à  la  halle  de  Paris,  236,750  k"  og. 
de  beurres.  Au  dernier  jour,  on  payait  par  kilog.  :  en  demi-kilog.,  2  fr.  40  à 
4  fr.  24  ;  petits  beurres,  1  fr.  90  à  3  fr.  04;  Gournay,  2  fr.  22  à  4  fr.  54;  Isi- 
gny,  2  fr.  62  à  8  fr.  30. 

Œufs.  —  Du  16  au  22  avril,  on  a  vendu  à  la  halle  de  Paris,  8,7  24,509  œufs. 
Au  dernier  marché,  on  cotait  par  mille  :  choiîJ,  8J  à  90  fr.  ;  ordinaires,  50  à 
70  fr.;  petits,  44  à  48  fr. 

Fro'nages.  —  Derniers  cours  de  la  halle  de  Paris,  par  douzaine  :  Brie,  7  à  33  fr.; 
Montlhéry,  15  fr.  ;  —  par  cent,   livarot,  54  à   122  fr.;    Mont-Dor,  1 1    à  33  fr.; 
divers,  8  à  62  fr.  ;  par  100  kilog.;  Gruyère,"  110  à  180  fr. 
XII.  —  Chevaux,  bétail,  viande. 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  officiel  du  marché  aux  bes- 
tiaux de  la  Villette,  du  jeudi  19  au  mardi  24  avril  : 

Poids      Prix  du  kilog.  de  viande  nette  sur 
Vendus  moyen  pied  au  marché  du  23  avril. 

Pour  Pour  En          4  quartiers,  f'^  2«  3'  Prix 

Amenés.  Paris,  l'extérieur,  totalité.  kil.  quai.  quai.  quai.  moyen. 

Bœufs 4,984             »  -  4,324  352  1.74  1.58  1.36  1.54 

Vaches 1,285            »  '•  1,194  240  1.64  1.44  1.26  1.43 

Taureaux 268            •-  »  228  386  1.50  1.38  1.26  1.37 

Veaux 3,341             »  »  3,288  78  2  26  2.10  1.70  1.85 

Moutons 40, .344             »  »  34,837  20  2.20  2  06  1.88  2.00 

Porcs  gras....         6,640            »  »  9,098  80  1.42  1.36  1.30  1.36 

—  maigres.             »                 »  »  "  »  »  »  ■>  » 

Les  approvisionnements  du  marché  ont  été  très  considérables  durant  cette 
semaine.  Les  affaires  ont  été  assez  difficiles  pour  toutes  les  sortes  d'animaux,  et 
les  prix  accusent  un  peu  de  baisse  comparativement  aux  cours  de  la  semaine  pré- 
cédente. —  Sur  les  marchés  des  départements, on  cote  :  Rouoi,  bœuf  1  fr.  60  à 
1  fr.  90  par  kilog.  de  viande  nette  sur  pied  ;  vaches,  1  fr.  45  à  1  fr.  7.5  ;  mou- 
tons 2  fr.  à  2  fr.  30;  —  Le  Mans,  vaches,  1  fr.  56  à  1  fr.  66;  veaux,  1  fr.  60 
à  1  fr,  70;  mouton,  2  fr.  10  à  2  fr.  22;  agneaux,  2  fr.  30  à  2  fr.  50;  — 
Nantes,  bœufs,  0  fr.  90par  kilog.  brut  sur  pied;  veau,  0  fr.  90  ;  mouton,  1  fr.  10; 

—  Sedan,  bœuf,  1  fr.  60  à  1  fr.  80;  veau,  1  fr.  40  à  1  fr.  90;  mouton,  2  fr.  20 
à  2  fr.  30;  porc,  1  fr.  50  à  1  Ir.  90  ;  —  Nancy,  bœuls  morts,  91  à  98  fr.; 
vaches,  65  à  94  fr.;  veaux,  116à  130fr.;  mouton;  110  à  125  fr.;  porcs,  136  à 
144  fr. ;   le  tout   par    100  kilog.;—  Dijon,  bœuf,  1  fr.   56  à  1  fr.  78;  vaches, 

1  fr.  16  à  1  fr.  58  ;  veau  (poids  vif)  0  fr.  96  à  1  fr.  12  ;  moutons,  1  fr.  80à  2  fr.  10; 

—  Lyon,  bœufs,  85  à  92  fr.  50  les  100  kilog.;  veaux,  110  à  120  fr.  ;  moutons, 
70  à  105  fr.;  —  Boargoin,  bœufs,  66  à  76  fr.;  vaches,  58  à  68  fr.;  moutons, 
90  à  98  fr.;  porc,  86  à  90  fr.;  veaux,  85  à  95  fr.  ;  —  yl/rr  (Bou.ches-du-Rhône), 
bœufs,  1  fr.  50  à  1  fr.  65  ;  vaches,  1  fr.  40  à  1  fr.  60  ;  moutons  de  pays,  2  fr.  à 

2  fr.  10;  moutons  de  Gap,  1  fr.  90  à  2  fr.  ;  brebis,  1  fr.  70  à  1  fr.  90  ;  agneaux, 
1  fr.  05;  —  Genève,  bœuf,  1  fr.  50  à  1  fr.  65;  veau  (poids  vif),  0  fr.  90  à  1  fr.  10  ; 
mouton,  1  fr.  90  à  1  fr.  95  ;  porc,  1  fr.  45  à  1  fr.  50. 


160  REVUE  COMMERCIALE  ET    PRIX  GOURANT    (28    AVRIL    1883). 

A  Londres,  les  importations  d'animaux  étrangers  durant  la  semaine  dernière  se 
sont  composées  de  15, 20  têtes,  dont  4  bœufs,  291  veaux,  32  moutons  et 
46  porcs  venant  d'Amsterdam  ;  62  1  moutons  d'Anvers  ;  2743  moutons  de  Brème  ; 
5514  moutons  de  Geestemunde;  239  bœufs  et  54  veaux  de  Gothembourg; 
356  moutons  d'Hambourg;  17  bœufs,  37  veaux,  31  moutons  et  8  porcs  d'Harlin- 
gen  ;  956  bœufs  de  New- York;  127  bœufs  d'Oporto  ;  ;-6  bœufs,  210  veaux, 
27'i8  moutons  et  110  porcs  de  Rotterdam;  110  bœufs  de  Vigo.  Prix  du  kilog. 
Bœuf:  qualité  inférieure,  1  fr.  40  à  1  fr.  95  ;  2%  1  Ir.  85  à  1  fr.  75;  l"""  1  fr.  87  à 
2  fr.  05.  —  Veau  :  ^«,  2  Ir.  05  à  2  fr.  16  ;  1«,  2  fr.  16  à  2  fr.  40.  —  Mouloni 
qualité  inférieure,  ]l  ir.  75  à  1  fr.  93;  2%  1  fr.  93  à  2  fr.  10;  i'%  2  fr.  10  à 
2  fr.  28.  —Agneau  :  2  fr.  63  à  2  fr.  80.  —  Porc  :  2",  1  fr.  52  à  1  fr.  64;  1'% 
1  fr.  64  à  1  fr.  75. 

Viande  à  la  criée.  —  On  a  vendu  à  la  halle  de  Paris  du  16  au  22  avril  : 

Prix  du  kilog.  le  23  avril.       

kilog.  l"  quai.                2°  quai.  3"  quai.  Choix.       Basse  Boucherie. 

Bœufouvaclie...   171,022  1.60  à  1.96     1.46  à  l. 08  0.90  à  1.44  1.. 56  à. 3. 06    0.20  à  1.36 

Veau 214,76.1  1.88      2  26     1.66       1.86  1-16       1.64  1-36       2.54       » 

Mouton 83,306  1.60       1.96     1.38       1.58  0.90       1.36  1.80       3.66       » 

Porc 55,345                     Porc  frais I  .20  à  1.40;  salé, 

.524,438         Soit  par  jour 74,919  kilog. 

Les  ventes  ont  été  inférieures  de   5,000  kilog.  par  jour  à  celles  de  la  semaine 
précédente.  Les  cours  se  maintiennent  sans  variations. 

XIIL  —  Cours  de  la  viande  à  l'ahattoir  de  la  Villelte  du  26  avril  {par  50  kilog.) 
Cours  de  la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  Viilette  par  50  kilog.  :  P*  qualité, 
80  à  83  fr.  ;  2%  75  à  80  fr.  ;  poids  vifs,  48  à  56  fr. 

Bœufs.  Veaux.  Moutons. 

1"  2°  3"  l"  2'  3'  1'"    .  2"  3" 

quai.  quai.  quai.  q  lal.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai. 

fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr. 

83  77  70  117  108  100  100  94  86 

XIV.  —  Marché  aux  bestiaux  de  la  Viilette  du  jeudi  26  avril  1883. 

Cours  des  commissionnaires 
Poids  Cours  officiels.  en  besiiaux^ 

Animaux  gênerai.  1"        2°  3'            Prix  1"  i'  3'  Prix 

amenés.       Invendus.  kil.  quai.  quai.  quai,  extrêmes.  quai. quai.  quai.  extrêmes. 

Bœufs 1.687  »  345  1.84  1.68  1.44  1.40ài.92  1.82  1.66  1.42  1.38àl   90 

Vaches 416  »  235  1.70  1.52  134  1.26     1.74  1.68  1.50  1.32  1.24     1.72 

Taureaux...         116  »  375  1   58  1.46  t. 36  130     1.64  1.56  1.44  1.34  1.28     1.62 

Veaux (.402  80  79  2   30  2.16  176  1.56     2  50         »  »  »  » 

Moutons 19  235  443  l9  2.10  2  00  1   80  1    60     2.18         »  »  »  » 

Porcs  gras..     4  361  »  81  1.52  1-46  1.40  1.34     1.56        »  »  » 

—  maigres..         »  »  »  »  •  »          »        »            »  »  »  » 

^^Vente  très  active  sur  toutes  les  espèces. 

XV.  — Résumé. 
Nous  n'avons  cette  semaine  que  de  la  fermeté  à  signaler  sur  les  cours  de  la 
plupart  des  denrées  agricoles.  A.  Remy. 


BULLETIN  FINANCIER 

La  Bourse  n'est  pas  en  désordre,  voilà  tout  ce  qu'on  peut  en  dire. 
Cours  de  la  Bourse  du  25  au  27  avril  1883  {au  comptant). 


Principales  valeurs  françaises  : 

Plus  Plus    Dernier 

bas.  haut,     cours. 

Rente  3  o/0 79.30  79  50       79  50 

Rente  3  o/o  amortis 80.40  80.90       80.90 

Rente  4   1/2  0)0 109.75  111.00     lo9.75 

Rente  5  0/0 lit   20  113.15     111.20 

Banque  de  France 5390  00  5400.00  5390.00 

Comptoir  d'escompte 977.50  980.00     980  00 

Société  générale 540.00  5,i0.oo     545.00 

Crédit  foncier Io40.00  1350.00  1345.00 

Est Actions  .500     730  00  733.75     733,75 

Midi d°    1115   00  1135.00    1130.00 

Nord d°   1900.00  1925   00    ■925.00 

Orléans d°   1250.00  1255.00   1253.00 

Ouest d°     770.00  773.75     773,75 

Paris-Lyon-Méditerranée  d"  1567. 50  1555.00  1585.00 

Paris  1871  obi.  400  à  3  O/O.      388.50  390.00     387.50 

Italien  5  O/0 91.25  9t   70      9170 

Le  Gérant  •  A.  BOUCHÉ. 


Fonds  publics  et  emprunts  français  et 
étrangers  : 

Plus         Plus    Dernier 
bas.        haut,      cours. 


Obligations  du  Trésor 

remb.  à  5C0  4  o/o... 

Consolidés  angl.  3  o/o 

5  ojo  autrichien 

4  o/o  belge Iii5  20 

6  o/o  égyptien 381.25 

3  o/o  espagnol,  exter''.  » 

5  O/o  Honduras  obi,  300  » 
Tabacs  ital.,  obi.  300. 

6  O/o  péruvien 

5  '  /o  russe 

5  o/o  turc 

5  o/o  roumain 

Bordeaux,  100    3  0/0. 
Lille,  100,  3  o/o 


510.00 
102  00 

67.3/4 


508.75 


515.00 

103.1/» 
-67.3/4 
106.30 
386-50 


515.00 

103.1/8 
67.3/4 
106.20 


86.00 

92.00       87.1/2 

11.85 

12.05       11.85 

92.00 

103.1/2      103.1/2 

101.00 

105.00      104.00 

101.75 

103. OU     101.75 

LETERHIER. 

CHRONIQUE  AGRICOLE  (5  mai  .883). 

Projet  de  loi  ayant  pour  but.  de  porter  à  25,000  fr.  la  pension  annuelle  de  M.  Pasteur.  —  Le^ 
droits  du  géiiie  aux  récompenses  nationales.  —  Discii^.'^ions  relatives  au  cri'Miit  agricole  nnobi- 
lier.  —  Travaux  de  la  Commission  du  Sénat.  —  La  question  du  privilège  en  faveur  des  vendeurs 
d'engrais.  —  La  rt''0[ganisation  du  cheptel.  —  La  Banque  de  France  et  l'agriculture.  —  Nécro- 
logie. —  MM.  Duvivier,  de  Lauraguel,  dzalet,  Pervinqui're,  Lotenier.  —  Huitième  liste  de  la 
souscripticm  ouverte  pour  élever  un  monument  à  Léonce  de  Lavergne.  —  La  claveléc  des  mou- 
tons en  Espagne.  —  Sucres  et  betteraves.  —  Programme  du  prochain  Congrès  sucrier  d'Amiens. 
—  La  question  de  l'impôt  sur  l,i  betterave.  —  Brochure  de  M.  Mazuriez. — Vœu  du  Comité 
sucrier  des  arrondissements  de  Laon,  Vervins,  Soissons  et  Ghàteau-Thierry.  — Le  phylloxéra. — 
Réunion  ce  la  Section  permanente  de  la  commission  permanente.  —  Subventions  à  des  asso- 
ciations syndicales.  —  Le  phylloxéra  en  Crimée  et  en  Italie.  —  Procédé  de  destruction  pro- 
posé par  M.  Cramoisy.  —  Concour.--  de  chevaux  de  trait  à  Paris.  —  Concours  de  la  Société  d'agri- 
culture d'^  la  Gironde  et  de  la  Société  d'agriculture  de  Chalon-sur-Saône.  —  Concours  en  Italie 
pour  de  machines  à  travailler  le  chanvre.  —  La  question  de  l'introduction  des  viandes  de 
porc  d'Amérique.  —  Lettre  de  M.  l'eyrusson.  —  Les  éducations  de  v::rs  à  soie.  —  Notes  de 
MM.  Boncenne  et  Nebout  sur  l'état  des  récoltes  dans  les  départements  de  la  Vendée  et  de  l'Allier. 

I.  —  Ri'Ciimpense  national'  à  M.  Payeur. 

Nous  publions  plus  loin  (page  1 69)  l'exposé  des  motifs  d'un  projet  de 
loi  que  le  gouvernement  vient  de  soumettre  au  Parlement,  et  qui  a  pour 
but  de  porter  de  12,000  à  25,000  francs  la  pension  nationale  annuelle 
votée  en  1874,  en  faveur  de  M.  Pasteur,  Tous  les  agriculteurs  approu- 
veront l'initiative  que  prend  le  gouvernement.  C'est  un  hommage 
à  la  science;  c'est  une  reconnaissance  de  grands  services  rendus.  Les 
travaux  de  M.  Pasteur  ont  déjà  fait  gagner  au  pays,  ce  n'est  pas  assez 
dire,  à  l'humanité  tout  entière,  à  l'agriculture  de  toutes  les  parties  du 
monde,  des  sommes  considérables.  Le  chiffre  de  la  pension  qui  va  lui 
être  faite  ne  représente  qu'une  minime  fraction  des  intérêts  des 
bénéfices  dont  il  a  enrichi  non  seulement  les  cultivateurs  français, 
mais  encore  ceux  de  toutes  les  autres  nations.  Si  nous  avions  une 
objection  à  faire,  ce  serait  contre  la  modicité  même  de  la  récompense. 
Les  traitements  qu'on  accorde  aux  grands  hommes  de  guerre  devraient 
être  aussi  ceux  des  grands  hommes  de  science.  Si  la  France  faisait 
une  position  exceptionnelle  à  quelques-uns  de  ceux  qui  l'illustrent 
dans  les  sciences  et  dans  les  lettres,  ce  ne  serait  pas  un  acte  de  prodi- 
galité; ce  serait,  au  contraire,  une  preuve  de  haute  prévoyance.  Le 
génie,  dans  une  nation  civilisée,  doit  occuper  le  premier  rang. 

IL  —  Le  cf'édù  agricole  mobilier. 
Un  de  nos  confrères  de  la  presse  agricole  critique  les  travaux  de  la 
Commissio:!  sénatoriale  chargée  d'étudier  le  projet  de  loi  sur  le  crédit 
agricole  mobilier  présenté  par  M.  le  ministre  de  l'agriculture,  et  il 
exprime  des  craintes  sur  l'efficacité  des  mesures  qui  paraissent  devoir 
sortir  des  délibérations  de  cette  Commission.  Ces  critiques  peuvent  se 
résumer  dans  les  points  suivants  :  T  la  Commission  n'a  pas  encore 
mis  son  rapport  en  état  d'être  déposé  sur  le  bureau  du  Sénat  dès  les 
premiers  jours  de  la  rentrée  afin  de  le  faire  venir  immédiatement  en 
discussion;  2°  la  Commission  et  le  gouvernement  n'ont  pas  jugé  qu'il 
fût  nécessaire  d'ajouter  un  nouveau  monopole  à  ceux  qui  existent 
déjà,  ni  de  faire  assumer  par  l'Etat  une  responsabilité  quelconque  dans 
la  distribution  du  crédit  aux  agriculteurs;  3"  la  Commission,  en  s'ap- 
puyant  sur  Lavis  de  la  Société  nationale  d'agriculture  de  France,  a 
refusé  de  créer  un  privilège  en  faveur  des  vendeurs  dengrais  ;  4"  elle 
n'a  pas  jugé  opportun  d'introduire  dans  un  projet  de  loi  sur  le  crédit 
agricole  un  projet  de  réorganisation  du  cheptel  ;  5"  enfin  la  Banque  de 
France  a  déclaré  qu'elle  n'entendait  pas  se  charger  de  faire  l'éducation 
commerciale  du  paysan  français, 

N»  734.  —  Tome  n  de  1883.  —  s  Mai. 


162  CHRONIQUE  AGRICOLE  (5  MAI   1883). 

Il  nous  est  difficile  de  nous  associer  à  ces  critiques.  Sans  doute  nous 
eussions  été  heureux  d'une  solution  plus  prompte,  mais  convient-il  de 
rendre  la  Commission  sénatoriale  seule  responsable  des  retards  que 
nous  déplorons?  Ne  serait-il  pas  juste  d'en  attribuer  la  plus  grande 
part  aux  contre-projets  et  amendements  que  la  Commission  a  dû  dis- 
cuter avant  de  les  adopter  ou  de  les  écarter? 

Nous  ne  saurions  pas  davantao;e  trouver  un  moiif  de  blâme  dans  la 
sage  résolution  d'éviter  la  création  d'un  nouveau  monopole,  et  d'épar- 
gner à  l'Etat  la  responsabilité  morale  et  matérielle  qui  pourrait  résulter 
de  son  immixtion  dans  la  distribution  du  crédit.  Le  rôle  de  l'Elat,  en 
cette  matière,  doit  se  borner  à  supprimer  les  obstacles  qui  gênent  la 
liberté  légitime  des  particuliers;  c'est  à  l'initiative  individuelle  ou 
collective  de  ceux-ci  qu'il  appartient  de  tirer  le  meilleur  parti  possible 
de  cette  liberté,  et  nous  croyons  qu'elle  saura  le  faire.  Il  est  parfaite- 
ment exact  que  la  Société  nationale  d'agriculture  de  France,  consultée 
sur  l'utilité  qu'il  y  aurait  à  établir  un  privilège  spécial  en  faveur  du 
vendeur  d'engrais,  s'est  prononcée  contre  cette  innovation  ;  nous  avons 
publié  dans  ce  Journal  le  rapport  fait  sur  cette  question  par  M.  Gaudin. 
Mais  nous  ne  croyons  pas  qu'il  faille,  pour  cela,  ranger  la  Société 
nationale  parmi  les  adversaires  du  crédit  à  l'agriculture;  nous  esti- 
mons au  contraire  qu  en  se  prononçant  comme  elle  l'a  fait,  elle  a  rendu 
un  véritable  service  à  l'agriculture,  parce  que  rien  n'est  plus  préjudi- 
ciable au  crédit  que  les  privilèges  établis  par  la  loi.  D'où  résulte  le 
crédit?  11  résulte  de  l'appréciation  faite  par  le  tiers  de  la  situation 
apparente  d'un  individu,  tant  au  point  de  vue  moral  qu'au  point  de 
vue  matériel.  Donc  tout  ce  qui  tend  à  mettre  en  défaut  cette  app)'écia- 
tion  de  la  situation  apparente,  est  un  obstacle  pu  crédit.  Les  privi- 
lèges ayant  incontestablement  ce  résultat,  la  Société  nationale  d'agri- 
culture de  France  est  restée  fidèle  à  sa  mission  en  déconseillant  la 
création  d'un  nouveau  privilège. 

En  ce  qui  concerne  la  reorganisation  du  cheptel  proposée  par 
M.  d'Esterno,  nous  ne  croyons  pas  que  la  Commission  s'y  soit  montrée 
défavorable;  elle  a  pensé  que  cette  réforme  serait  mieux  à  sa  place 
dans  le  Code  rural  que  dans  une  loi  sur  le  crédit  agricole.  Nous  ne 
pouvons  blâmer  cette  résolution  qui  nous  paraît  dictée  par  le  bon  sens. 

Enfin,  de  ce  que  la  Banque  de  France  refuse  de  se  charger  de  faire 
l'éducation  commerciale  du  paysan  français,  faut-il  conclure  qu'elle 
verrait  avec  regret  les  agriculteurs  participer  aux  bienfaits  du  crédit? 
Ce  qu'il  faut  à  l'agriculture,  ce  n'est  pas  seulement  le  crédit  dans  les 
conditions  usuelles  du  commerce  et  de  l'industrie;  c'est  le  crédit  dans 
des  conditions  appropriées  à  sa  situation  exceptionaielle  que  personne 
ne  peut  modifier,  parce  qu'elle  est  imposée  par  les  lois  mêmes  delà 
nature.  En  d'autres  termes  l'agriculture  ne  peut  pas  se  contenter,  pour 
ses  opérations  courantes,  d'un  crédit  de  quatre-vingt  dix  jours.  Il 
faudra  souvent  que  la  longueur  de  ce  crédit  soit  doublée  et  même  tri- 
plée, parce  que  c'est  s:^ulement  parla  réalisation  de  sa  récoke  que  le 
cultivateur  peut  être  en  mesure  de  faire  honneur  à  ses  engagements. 
La  Banque  de  France  fait  bien  de  ne  pas  consentira  entrer  dans  cette 
voie  nouvelle  qui  pourrait  la  conduire  à  des  mécomptes  et  compro- 
mettre les  services  qu'elle  rend  aujourd'hui. 

En  résumé,  nous  ne  partageons  point  les  craintes  manifestées  par 
notre  confrère;  nous  continuons  à  espérer  au  contraire,  que  la  question 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (5  MAI  1883).  163 

du  crédit  agricole  recevra,  pendant  le  cours  de  la  session  actuelle,  une 
solution  favorable  par  le  vole  d'une  loi  régularisant  la  commercia- 
lisation des  engagements  des  cultivateurs,  et  facilitant  la  pratique  du 
nantissement  pour  les  produits  de  leur  industrie.  Gela  fait,  le  légis- 
lateur aura  rempli  son  rôle;  le  reste  de  la  tâche  doit  être  réservé  à 
l'initiative  privée  ;  c'est  à  celle-ci  qu'il  conviendra  de  s'en  acquitter, 
sans  demander  au  Trésor  public  ou  aux  Caisses  d'épargue  un  service 
que  la  prudence  déconseille.  Elle  aura  à  donner  aux  cultivateurs  les 
moyens  de  pouvoir  acheter  à  crédit  les  matières  premières  de  leur 
industrie.  Le  crédit  agricole  sera  alors  réellement  créé. 

III.  —  Nécrologie. 

Nous  avons  le  regret  d'annoncer  la  mort  de  M.  Duvivier,  secrétaire 
général  de  la  Société  nationale  et  centrale  d'horticulture  de  France.  Il 
remplissait  depuis  plusieurs  années  avec  distinction  ces  fonctions,  et  il 
était  permis  d'espérer  qu'il  les  conserverait  pendant  longtemps  encore. 
Il  n'était  âgé  que  de  cinquante-trois  ans. 

La  Société  d'agriculture  de  la  Haute-Garonne  a  perdu  récemment 
un  de  ses  membres,  M.  le  comte  dAuriol  de  Lauraguel.  Il  était  un 
des  agriculteurs  les  plus  habiles  du  canton  de  Garaman,  et  il  avait 
remporté  en  1870  le  prix  d'honneur  départemental  pour  ses  cultures. 

Un  de  nos  confrères  de  la  presse  anglaise,  M.  Edward  Cazalet,  un 
des  propriétaires  du  Journal  agricole  The  Mark  lane  express,  vient  de 
mourir  à  Gonstantinople  à  l'âge  de  cinquante-six  ans  seulement.  Il 
possédait  des  propriétés  consi'lérables  sur  lesquelles  il  avait  introduit 
les  meilleures  méthodes  de  culture. 

Ui  agriculteur  distingué  de  la  Vendée  vient  aussi  de  disparaître. 
M.  Henri  Pervinquière  a  succombé  le  21  avril,  à  l'âge  de  soixante  ans. 
Il  élevait  dans  sa  propriété  de  Bazoges  en  Pareds,  de  belles  vaches  de 
race  parthenaise  qui  ont  souvent  figuré  dans  les  concours  de  la  région 
de  ruuest  et  lui  ont  valu  plusieurs  récompenses.  Il  possédait  aussi  un 
réel  talent  comme  peintre  et  dessinateur  d'animaux. 

Un  de  nos  collaborateurs  vient  aussi  de  disparaître.  M.  Leterrier  est 
mort  le  30  avril  à  l'âge  de  52  ans.  Il  rédigeait  depuis  1871  le  bulletin 
financier  du  Journal. 

IV-  —  Souscription  pour  élever  un  monument  à  Léonce  de  Lavergne. 

Voici  la  huitième  liste  de  la  souscription  ouverte  pour  élever  un 
monument  à  Léonce  de  Lavergne. 

Fr. 

Report  de  la  septième  liste 8 ,  426  00 

Société  d'agriculture  et  de  commerce  de  Caen ,.. . .  50  00 

Lard  Walsingham,  à  Londres 50  50 

Coniire  agricole  de  Lassay  (Mayenne) • 20  00 

Comice  agricole  de  Nérac  (Lot-et-Garonne) 100  00 

Société  centrale  d'agriculture  de  Meurtheel-Moselle 25  00 

Société  d'agriculture  de  [a  Haute-  Vienne 20  09 

Société  ■igricole  et  induslri"lle  du  Lot 50  CD 

Comice  agricole  de  Sancoins,  Laguerche  et  Nérondt's  (Clier) 20  00 

Comice  viticole  de  Perpignan  (Pyrénées-Orientales) 2''>  00 

MM.  de  la  Tréhonnais,  au  château  de  Saron  (Marne) 10  00 

Boncenne  fils,  à  Fontenay-le-Gomte  (Vendée) 5  00 

Alicot,  député 10  00 

Ferme-école  de  la  Roche  (Doubs):  MM.  Faucompré,  directeur,  '5  fr. ; 
—  Tardy,  sous-ilirecteur,  3  fr.  ;  —  Tardy  fils,  chef  de  pratique, 

2  fr.;  —  Larmet,  vétérinaire.  2  fr.  —  Total 12  00 

M.   le  vicomte   de  Charnacé,   memlire   de  la  Société  des  agricul- 
teurs de  France 10  00 

Société  d'agriculture  de  la  Uantr-Gnronne 100  00 

Comice  agricole  de  Béziers  (Hérault) 50  00 

Total  de  la  huiticnoe  liste «,983  50 


164  CHRONIQUE  AGRICOLE    (5  MAI  1883). 

Nous  rappelons  à  nos  lecteurs  qu'ils  peuvent  envoyer  leurs  souscrip- 
tions à  M.  Henry  Sagnier,  secrétaire  du  Comité,  aux  bureaux  du  Jour- 
nal de  l'agricu'lure. 

V.  —  La  clavelée  en  Espagne. 

Une  note  insérée  par  le  ministère  de  l'agriculture  au  Journal  officiel 
fait  connaître  que  lépizootie  de  clavelée  qui  sévissait  dans  la  région 
espagnole  limitrophe  du  département  des  Pyrénées-Orientales,  a  cessé 
d'exibter.  —  En  conséquence,  le  ministre  de  l'agriculture  a  décidé, 
par  arrêté  du  25  avril,  qu'à  partir  du  T'  mai,  l'importation  des  bêtes 
ovines  et  caprines,  qui  avait  été  interdite  temporairement  par  les  bu- 
reaux de  douane  de  Saint-Laurent-de-Cerdans,  Prats-de-Molo,  Estavar, 
Saillagouse,  Osséja,  Bourg-Madame  et  la  Tour-de-Carol,  pourrait  de 
nouveau  s'effectuer  par  ces  bureaux. 

VI.  ~  Sucres  et  betteraves. 

Nous  avons  fait  connaître  que  le  Comité  central  des  fabricants  de 
sucre  organisait  un  congrès  sucrier  qui  aura  lieu  à  Amiens  pendant  le 
prochain  concours  régional.  Les  séances  de  ce  Congrès  se  tiendront  lo 
9  et  le  10  mai.  Voici  le  programme  des  questions  qui  y  seront  dis- 
cutées : 

9  mai.  —  Question  unique.  Des  changements  à  apporter  au  régime  des  sucres 
français  pour  les  mettre  en  mesure  de  soutenir  la  concurrence  des  sucres  étrangers 
primas.  —  Rapporteurs  :  MM.  F.  Jacquemart  et  J.-B.  Mariage. 

10  mai.  —  V  question.  Des  subventions  industrielles.  —  Rapporteur  :  M.  Del- 
lisse. 

2*  question.  La  dernière  campagne  sucrière  a-t-elle  confirmé  les  bons  effets  des 
turbines  Weinrich? —  Rapporteur  :  M.  Têtard. 

3*  question.  De  l'analyse  commerciale  et  de  l'échantillonnage  des  sucres.  — 
Rapporteur  :  M    Hallette. 

4^  question.  Des  progrès  à  réaliser  dans  l'épuratio;)  les  jus  par  la  conduite  de 
la  carbonatation.  —  Rapporteur  :  M.  Vivien. 

5*  question.  Des  progrès  à  réaliser  dans  le  travail  par  l'osmoe.  —  Rapporteur  : 
M.  Druelle. 

6*  question.  Du  transporteur  hydraulique  Reidinger,  pour  conduire  les  bette- 
raves du  silo  à  Téévateur.  —  Rapporteur  :  M.  Vivien. 

On  voit  que  ce  programme  comporte  à  la  fois  des  questions  écono- 
miques et  des  questions  techniques  qui  sont  d'un  très  grand  intérêt 
pour  la  sucrerie  indigène.  Il  est  probable  que  la  transformation  de 
l'assiette  de  l'impôt  du  sucre  donnera  lieu  à  des  discussions  impor- 
tantes. Récemment,  nous  avons  reçu  une  intéressante  brochure  de 
M.  Mazuriez,  fabricant  de  sucre  à  Pouilly  (Aisne),  qui  arrive  à  des 
conclusions  analogues  à  celles  que  nous  avons  récemment  exposées 
sur  la  nécessité  de  réformer  complètement  la  base  de  l'impôt.  Sur  ce 
sujet,  le  Comité  sucrier  des  arrondissements  de  Laon,  Vervins,  Sois- 
sons  et  Château-Thierry  (Aisne)  a  pris,  à  la  date  du  25  avril,  la  déli- 
bération suivante  : 

Le  Comité  sucrier  des  arrondissements  de  Laon,  Vervins,  Soissons  et  Château- 
Thierry,  considérant, 

1"  Que  l'industrie  sucrière  agricole  française  e^t  en  péril;  et  qu'elle  va  dispa- 
raître si  l'on  ne  se  hâte  de  prendre  les  mesures  les  plus  énergiques  pour  parer 
les  coups  que  lui  porte  la  fabrication  étrangère,  notamment  la  fabrication 
allemande; 

2°  Que  les  agriculteurs  et  les  fabricants  de  sucre  des  pays  étrangers  sont  en 
pleine  prospérité,  grâce  à  des  législations  inspirées  par  cette  pensée  :  que  le 
meilleur  moyen  d'assurer  la  richesse  publique  e  t  de  favoriser  la  proiuciion  du 
sol  ; 


CHRONIQUE  AGHIGOLE  (5  MAI    1883).  165 

3"  Que  les  législations  sucrières  des  pays  étrangers  ont  toutes  pour  base 
l'impôt  sur  la  matière  première; 

4°  Que  les  pays  allemands  surtout,  avec  leur  impôt  sur  la  betterave,  ont  triplé 
leur  production  depuis  dix  ans;  qu'ils  ont  déjà  envahi  tous  les  marchés  de  l'Eu- 
rope; et  qu'ils  vent  acc.iparer  le  marché  français; 

5"  Que  la  France  sucrière,  avec  son  impôt  sur  le  sucre  fabriqué,  est  en  pleine 
décadence;  que  sa  production  diminue  rapidement;  que  son  exportation  est  deve- 
nue impossible;  et  qu'elle  va  sombrer  inévitablement  sous  la  concurrence  de  ses 
rivaux  ; 

6"  Que  la  culture  française  subit,  et  subira  davantage  encore,  le  contre-coup  de 
la  situation  fatale  qui  est  faite  à  la  sucrerie; 

Considérant  en  outre  : 

1°  Que  le  seul  moyen  de  tenir  tête  aux  concurrents  étrangers,  se  trouve  dans 
l'adoption  de  celui  des  systèmes  d'impôt  qui  a  le  mieux  contribué  à  leur 
prospérité  ; 

z"  Qu'il  est  reconnu  que  ce  moyen  réside  dans  l'impôt  sur  la  betterave  ; 

3"  Que  si  l'impôt  sur  la  betterave  ne  conduisait  pas  au  résultat  extrêmement 
désirable  de  l'égalité  pour  tous,  il  aurait  l'immense  avantage  d'assurer  un  relève- 
ment général,  en  ravivant  des  principes  de  vitalité  qui  s'éteignent  avec  une  rapi- 
dité désespérante  ; 

4°  Que,  dans  l'état  actuel  des  choses,  toute  législation  qui  ne  comporterait 
qu'une  demi-mesure  serait  plus  dangereuse  que  le  siala  quo,  car  elle  supprime- 
rait toute  réclamation  pour  un  temps  plus  ou  moins  long,  pendant  lequel  les 
concurrents  étrangers  mettraient  la  sucrerie  française  dans  une  position 
irrémédiable; 

5"  Que  néanmoins,  le  Comité  est  d'avis  qu'il  est  indispensable  de  recourir  à 
une  mesure  de  préservation  partielle  et  provisoire,  en  relevant  la  surtaxe  à  l'entrée 
des  sucres  étrangers  du  continent,  attendu  que  l'impôt  sur  la  betterave  ne  peut 
êtie  appliqué  que  pour  la  fabrication  1884-85,  à  cause  des  moyens  de  préparation 
à  prendre  par  les  cultivateurs,  les  fabricants  et  l'administration  des  finances; 

Emet  les  vœ'ix  suivants  : 

«  p  Que  dans  le  plus  bref  délai,  la  surtaxe  de  compensation  soit  élevée  de  3  à 
4  francs  par  IOj  kilog.  pour  les  sucres  bruts  de  tous  les  pays  d'Europe; 

«  2°  Qiie  l'impôt  sur  la  betterave  soit  voté  d'ici  au  mois  de  septemb  e  prochain, 
pour  être  appliqué  lors  de  la  fabrication  1S84-85  sur  les  bases  prin'^ipales  suivantes  : 

«  2  )  francs  par  1,00U  kilog.  de  betteraves;  —  5  pour  100  de  sucre  rafli  ,é  pour 
le  rendement  légal;  —  sucre  extrait  des  mélasses  inde  one  de  droits  ;  —  et  40  fr. 
par  100  kilog.  pour  le  remboursement  ou  drawback  à  l'exportation. 

Le  président,  Le  vice-président,  Le  secrétaire, 

C.  Leroux.  Bazin  aîné.         •  J.  Lecat. 

La  question  de  la  réforme  fiscale  s'impose  aujourd  liui,  d  une  ma- 
nière inéluctable;  il  faut  la  résoudre,  si  l'on  veut  que  la  sucrerie  fran- 
çaise retrouve  la  prospérité  dont  elle  a  joui  pendant  longtemps. 

VIL  —  Le  phylloxéra. 

La  Section  permanente  de  la  Commission  supérieure  du  phylloxéra 
s'est  réunie  le  27  avril,  sous  la  présidence  de  M.  Dumas.  Elle  a  d'abord 
décidé  que  l'introduction  des  vignes  américaines  dans  l'île  d'Oléron 
sérail  autorisée,  mais  à  la  condition  que  les  importateurs  désinfecte-  . 
raient  les  plants  et  boutures  introduits  dans  l'île.  Elle  a  donné  un 
avis  favorable  à  des  traitements  administratifs  de  taches  phylîoxé- 
riques  dans  11  communes  du  département  du  Jura  :  Beaufort, 
Césancy,  Orbagna,  Vercia,  Névy-sur-Seiile,  Thonarette,  Nanc,  S  dnt- 
Jean-d'Etreux,  Villechantria,  Périgny  et  Goubièges;  sur  6  hectares  dans 
les  communes  de  Moaastieret  de  Chirac  (Lozère);  à  Beaumont  (Haute-' 
Loire),  et  sur  4  hectares  à  Cangey  (Indre-et-Loire).  Elle  a  ensuite 
décidé  que  des  subventions  pourraient  être  accordées  à  des  syndicats 
comme  il  suit  ;  Aveyron,  un  syndicat  à  Saint-Aubin,  comptant 
1 20  propriétaires  pour  traiter  90  hectares  par  le  sulfure  de  carbone  ; 


166  CHRONIQUE  AGRICOLE  (5  MAI   1883). 

Ain,  un  syndicat  à  Rossillon,  comptant  19  propriétaires  pour  traiter 
7  hectares  ;  —  Charente-Inférieure ,  un  syndicat  à  Saint-Germain  du- 
Seudre,  comptant  14  propriétaires  pour  traiter  10  hectares;  —  Cole- 
d'Or^  deux  syndicats  à  Norges-le-Haut  et  à  Pulligny-Montrachet,  comp- 
tant ensemble  34  propriétaires  pour  traiter  8G  hectares;  — Dordogne, 
un  syndicat  à  Bergerac,  comptant  35  propriétaires  pour  traiter 
240  hectares  par  le  sulfure  de  carbone  et  le  sulfocarbonate  ;  — Drôme^ 
un  syndicat  à  Larnaye,  comptant  13  propriétaires  pour  traiter  6  hec- 
tares ;  —  Gard,  un  syndicat  à  Margueritte,  comptant  3  propriétaires 
pour  traiter  4  hectares  ;  —  Gers,  3  syndicats  de  recherclies  à  Saint- 
Puy,  Gimont  et  Montfort,  pour  374  hectares;  —  Haute- Garonne^ 
4  syndicats  de  recherches  à  Noé,  Muret,  Léguevin  et  Martres,  comp- 
tant 309  propriétaires  pour  1 ,525  hectares  ;  —  Gironde^  un  syndicat 
à  Saint-Estèphe,  comptant  4  propriétaires  pour  traiter  8  hectares  par 
le  sulfure  de  carbone  et  le  sulfocarbonate;  —  Lot,  un  syndicat  à 
Albas,  comptant  3  propriétaires  pour  traiter  16  hectares;  —  Rhône, 
deux  syndicats  i  Ancy  et  à  Sainte-Colombe,  comptant  1 5  propriétaires 
pour  traiter  10  hectares  ;  —  Saône- et- Loire,  un  syndicat  à  la  Vineuse, 
comptant  44  propriétaires  pour  traiter  5  hectares  ;  —  Tarn  et-Garonne, 
un  syndicat  aux  Dunes,  comptant  10  propriétaires  pour  traiter  45  hec- 
tares. On  voit  que  la  plupart  des  associations  syndicales  ont  toujours 
recours  à  l'emploi  du  sulfure  de  carbone.  —  M.  Tisserand,  directeur  de 
l'agriculture,  a  donné  connaissance  de  deux  rapports  des  consuls 
français  sur  la  situation  en  Crimée  et  en  Italie.  En  Crimée,  les  taches 
phylloxériques  sont  traitées  par  le  sulfure  de  carbone  à  dose  d'extinc- 
tion, suivant  les  procédés  préconisés  par  M.  Victor  Fatio  et  adoptés 
en  Suisse  depuis  plusieurs  années.  —  En  Italie,  les  taches  phylloxé- 
riques sont  disséminées  dans  plusieurs  provinces  ;  mais  elles  n'ont 
qu'une  étendue  restreinte;  elles  n'atteignent  pas  plus  d'une  cimtaine 
d'hectares  ;  le  fléau  n'a  donc  pas  exercé  une  action  réelle  sur  la  production 
italienne;  on  y  compte,  en  effet,  aujourd'hui  près  de  2  millions  d'hec- 
tares de  vignes  qui  ont  donné  30  millions  d'hectolitres  de  vin  en  1882. 
Dans  une  note  qu'il  vient  de  nous  adresser,  M.  le  D"^  Cramoisy,  phar- 
macien, frappé  des  ressemblances  qui  existent  entre  le  phylloxéra  de 
la  vigne  et  le  puceron  lanigère  du  pommier,  propose  d'employer  contre 
le  phylloxéra,  surtout  pour  assurer  la  destruction  de  l'œuf  d'hiver,  une 
dissolution  d'acide  pyroligneux  qui  lui  a  donné  d'excellents  résultats 
contre  le  puceron  lanigère.  On  l'emploierait  en  en  badigeonnant  toutes 
les  parties  extérieures  du  cep,  et  en  la  versant  dans  des  cuvettes  creusées 
au  pied  des  vignes,  en  vue  de  détruire  les  insectes  souterrains.  Voici 
le  mélange  qu'il  préconise  :  acide  pyroligneux  rectifié  à  7  ou  8  degrés, 
un  litre;  acide  salycilique,  2  grammes;  oxyde  rouge  de  mercure, 
1  gramme  :  fuschine,  0^^25.  Il  serait  employé  pur  pour  badi- 
geonner les  ceps  pendant  l'hiver,  et  dilué  dans  l'eau  au  30*  ou  au 
20**  pour  les  arrosages  dans  les  cuvettes  au  pied  des  vignes. 

VIII.  —  Concours  de  chevaux  de  irait  à  Paris. 

La  villede  Paris  a  organisé,  pour  la  première  fois,  les  26  et  27  avril, 
un  concours  de  chevaux  de  trait  qui  a  eu  un  succès  complet,  quoiqu'il 
ait  été  annoncé  seulement  peu  de  temps  avant  d'avoir  lieu.  Il  s'est  tenu 
au  marché  aux  chevaux  (boulevard  Saint-Marcel),  et  il  a  réuni  163  che- 
vaux. Sur  ce  total,  108  chevaux  ont  subi  les  épreuves  au  trot,  et  47  ont 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (5  MAI   1883).  167 

été  admis  aux  épreuves  attelées.  Les  récompenses  qui  consistaient  en 
médailles  d'or,  d'argent  et  de  bronze,  ont  été  réparties  comme  il  suit  : 

Médaillp  d'or.  -^  M.  Salvator  Ernoult,  à  Paris  :  jumeni  ^ris  truite. 

Médailles  d'argent.  —  MM.  Menicr,  haras  de  Noisiel  :  cheval  entier  bai; 
Hinard  (Laurent),  à  Gharcnton  :  jument  grise;  Masson  (Alphonse),  à  Vin- 
cenn  s,  hougre  bai;  Salvator  Ernoult  :  jument  grise. 

MéddiUps  de.  hronz'',  :  MM.  Salvator  Ernoult  :  jument  grise  et  hongre  bai; 
Hinard  (Laurent)  :  jument  grise  et  hongre  bai  ;  Lieux  (B.),  à  Paris  :  poney  bai  ; 
Salvator  Ernoult  :  jument  gri>se  ;  Masson  (Alphonse)  :  cheval  entier  gris  ;  Boc- 
quot  (Aimable),  à  Paris,  jument  bai;  Sacristain,  à  Paris,  cheval  entier  noir; 
Camus  et  Alliot,  à  Paris,  cheval  entier  gris. 

Un  concours  semblable  est  annoncé  pour  1884.  Nous  pensons  qu'un 
grand  nombre  d'agriculteurs  et  d  éleveurs  voudront  y  prendre  part; 
car  ce  concours  offre  un  excellent  débouché  pour  la  vente  des  animaux 
que  l'on  y  envoie. 

IX,  —  Concours  de  la  Société  d'agriculture  de  la  Gironde. 
La  Société  d'agriculture  de  la  Gironde,  présidée  par  M.  Plumeau, 
tiendra  son  concours  annuel  le  dimanche  2  septembre,  dans  l'arron- 
dissement'de  Lesparre.  Dans  cette  solennité,  elle  distribuera  les  primes 
de  culture,  de  viticulture,  de  sylviculture,  de  greffage,  de  constructions 
rurales,  de  comptabilité,  etc.  Le  concours  spécial  pour  les  troupeaux 
de  bêtes  à  laine  aura  lieu  cette  année  dans  les  arrondissements  de 
Bazas,  de  Bordf^aux  (rive  gauche)  et  de  Lesparre;  deux  primes,  l'une 
de  250  francs,  l'autre  de  1 50  francs  seront  affectées  à  chacune  des  deux 
catégories,  grandes  races  et  petites  races.  Les  déclarations  des  concur- 
rents doivent  être  adressées,  avant  le  1*""  juin,  au  siège  de  la  Société, 
à  Bordeaux.  Quanta  la  date  du  concours  départemental  pour  les  espèces 
bovine,  ovine  et  porcine,  qui  a  lieu  généralement  à  l'automne,  elle  sera 
fixée  ultérieurement. 

X.  —  Société  d'agriculture  de  ChdlOn-sur-Saôm. 
Le  concours  annuel  de  la  Société  d'agriculture  de  Chalon-sur-Saône 
(Saône-et-Loire),  présidée  par  M.  Petiot,  se  tiendra,  cette  année,  dans 
le  courant  du  mois  d'aoiit,  à  Ghagny.  Le  prix  d'honneur,  les  prixcul- 
turaux  et  les  récompenses  destinées  aux  instituteurs,  aux  valets  et 
servantes  de  ferme,  ainsi  qu'aux  meilleures  cultures  de  vignes,  sont 
réservés  aux  cantons  de  Ghagny  et  de  Givry.  Les  créations  de  prairies, 
les  irrigations  et  autres  améliorations  agricoles  sont  admises  au 
concours.  Pour  concourir  au  prix  d'honneur,  les  conditions  suivantes 
sont  exigées  :  1"  pour  les  exploitations  agricoles,  12  hectares  de  super- 
ficie et  six  années  de  culture  par  les  mêmes  mains;  2"  pour  les  exploi- 
tations viticoles,  2  hectares  de  contenance.  Les  agriculteurs  et  viticul- 
teurs qui  désirent  concourir  devront  en  faire  la  déclaration  avant  le 
15  mai. 

XL  —  Machines  pour  le  travail  du  chanvre. 

Le  ministre  de  l'agricullure  vient  de  recevoir  le  programme  d'un 
concours  international  de  machines  propres  à  la  préparation  du 
chanvre,  que  le  Comice  agricole  de  Bologne  (Italie)  doit  ouvrir  dans 
cette  ville,  du  18  au  25  août  188.3.  Il  sera  décerné  un  seul  prix  de 
4,000  francs  pour  la  meilleure  machine  nouvelle  et  complète,  capable 
d'opérer  complètement  le  teillage  du  chanvre  roui,  en  produisant  au 
moms  2  quintaux  de  filasse  commerciale  par  heure  avec  une  dépense 


168  CHRONIQUE   AGRICOLE      6  MAI    l«83). 

totale  de  travail  qui  ne  dépasse  pas  6  fr,  par  quintal.  Il  sera  décerné 
un  seul  prix  de  1,000  fr.  à  la  nouvelle  machine,  ou  briseuse  {sca- 
vezzatrice)  ou  broyeuse  {maciallalrice)  ou  démêleuse  [spatolalrice)  du 
chanvre  roui,  qui  sera  jugée  avoir  réalisé  le  perfectionnement  le  plus 
important  dans  la  construction  de  ce  genre  de  machines.  Dans  le  cas 
où  aucun  des  deux  prix  précédents  ne  pourrait  être  décerné,  la  somme 
qui  restera  pourra  être  répartie  totalement  ou  partiellement  en  prix 
secondaires  pour  les  machines  présentées  au  concours,  qui  seront 
jugées  être  celles  qui  se  seront  le  plus  rapprochées  de  la  solution  des 
problèmes  à  résoudre. 

XII.  — Les  viandea  de  porc  d'Amérique. 

Les  négociants  en  saindoux  et  salaisons  de  nos  principaux  ports  de 
commerce,  notamment  du  Havre  et  de  Bordeaux,  font  actuellement  de 
grands  efforts  pour  obtenir  le  rappel  du  décret  du  18  février  1881 ,  re- 
lativement à  l'importation  des  viandes  de  porc  d'Amérique.  A  ce  sujet, 
on  nous  prie  d'insérer  la  lettre  suivante  dans  laquelle  on  revient  sur 
le  danger  qui  pourrait  en  résulter  pour  l'élevage  du  porc  en  France  : 

«  Monsieur  le  rédacteur,  que  les  chambres  de  commerce  de  Marseille,  du  Havre 
et  de  Bordeaux,  qui  n'ont  à  se  préoccuper  ni  de  la  santé  publique  ni  de  l'élevage 
du  porc,  fassent  primer  le  côté  commercial,  cela  se  comprend  :  il  y  a  dans  ces 
ports  quantité  d'armateurs  et  de  négociants  qui  gagnent  des  sommes  énormes  sur 
les  salaisons  américaines  qu'ils  vendent  0  fr,  60  et  0  fr.  70  le  kilog.,  alors  qu'ils 
les  achètent  0  fr.  35  et  0  fr.  40;  mais  que  la  nation  française  laisse  introduire 
librement  chez  elle  un  fléau  comme  la  trichine,  qui  implantera  dans  le  pays  une 
maladie  mortelle  et  qui  détruira  l'espèce  porcine  aussi  sûrement  que  le  phylloxéra 
américain  a  détruit  nos  vignes,  voilà  ce  qui  ne  peut  se  comprendre. 

«  En  France,  on  fait  jeter  à  la  voirie,  tous  les  ans,  5  ou  6  millions  de  kilog.  de 
viande  déclarée  insalubre,  produite  par  nos  agriculteurs,  et  il  se  trouve  des  per- 
sonnes pour  réclamer  l'entrée  libre  d'une  égale  quantité  de  viande  américaine, 
qui  est  au  moins  aussi  dangereuse  pour  la  santé  pubhque. 

«  On  peut  tenir  pour  certain,  en  eifet,  que  le  moyen  proposé  par  l'Académie  de 
médecine,  pour  rendre  cette  viande  inoffensive,  en  la  soumettant  à  une  ébullition 
prolongée,  serait  tout  aussi  efficace  pour  les  viandes  charbonneuses  et  autres  que 
Von  fait  jeter.  Ce  serait,  on  en  conviendra,  un  étrange  encouragement  à  notre 
agriculture  que  d'accepter  des  Américains  ce  qu'on  n'accepte  pas  des  éleveurs 
français. 

c<  Prétendre  qu'il  ne  faut  pas  priver  les  classes  ouvrières  de  cet  aliment  à  bon 
marché  est  faire  acte  de  philanthropie  bien  écruivoque,  puisque  cBlte  viande  peut 
être  mortelle  si  elle  ne  cuit  pas  pendant  six  heures,  et  de  plus,  pourquoi  alors 
ne  pas  utiliser  aussi  les  viandes  françaises  qui  ne  sont  pas  plus  dangereuses? 

M  Quant  à  croire  que  l'introduction  des  salaisons  américaines  fera  baisser  la 
main-d'œuvre  en  France,  c'est  de  la  pure  fantaisie.  La  pétition  présentée  à 
M.  le  ministre  du  commerce  prétend  aussi  que  les  Américains  considèrent  les 
mesures  adoptées  en  France  comme  vexatoircs,  et  qu'ils  ne  seront  pas  disposés 
à  bais'^cr  leurs  droits  sur  les  articles  français  tant  que  ces  mesures  ne  seront  pas 
rapportées.  La  chose  paraît  plus  que  douteuse,  car,  d'unepart,  presque  toutes  les 
autres  nations  agissent  comme  la  France,  et,  d'autre  i  art  les  Américains  sont 
assez  intelligents  et  assez  sages  pour  ne  se  laisser  guider,  dans  l'établisse- 
ment de  leurs  droits,  que  par  les  besoins  d'exportation  de  leur  industrie,  dimi- 
nuant CCS  droits  sur  les  articles  qu'ils  produisent  dans  de  bonnes  conditions, 
et  les  augmentant  sur  ceux  qu'ils  ne  produisent  pas  encore  et  qu'ils  veulent 
développer. 

«D'après  tout  ce  quia  été  dit  en  France  sur  ce  sujet,  on  croirait  vraiment  que 
le  danger  n'est  pas  sérieux  et  il  est  peut-être  bon  de  rappeler  qu'en  Allemagne 
où  la  trichinose  est  implantée  depuis  longtemps,  il  y  a  17,000  employés  spécia- 
lement chargés  d'examiner  la  viande  de  porc  pour  empêcher  l'extension  de  cette 
maladie;  on  peut  se  demander  d'après  cela  ce  qui  se  passera  chez  nous,  où  aucun 
contrôle  n'est  installé,  lorsque  le  mal  pourra  se  répandre  librement. 


CHRONIQCE  AGRICOIE    (5  MAI    18S3).  169 

«  Et  dire  que  les  hygiénistes  réclament  un  examen  plus  sévère  des  viandes 
de  boucherie,  et  que  pas  un  n'hésiterait  —  et  n'hésitera  jamais  —  à  déclarer  que 
la  chair  des  animaux  trichines  doit  être  non  pas  enterrée  comme  en  Allemagne 
—  la  mesure  paraît  insuflisante  —  mais  complètement  détruite.  Ne  serait-ce 
doucpas  le  comble  de  l'inconséquence  que  d'accepter  les  salaisons  américaines 
sans  aucun  contrôle,  comme  le  demandent  les  chambres  de  commerce  des  ports. 

«  Agréez,  etc.  E.  Peyrusson. 

Nous  pensons,  pour  notre  part,  que  l'on  doit  prendre  les  mesures 
que  réclame  le  maintien  de  la  santé  publique.  On  doit  exercer  la 
même  surveillance  sur  les  viandes  étranj^ères  que  sur  les  viandes 
d'origine  française;  c'est  une  question  de  salubrité  que  l'on  ne  doit 
pas  oublier. 

XIII.  —  Les  éducations  de  vers  à  soie. 

Les  éducateurs  de  vers  à  soie  ont  commencé  à  mettre  leurs  graines 
à  l'incubation.  Cette  période,  quoique  déjà  relardée, a  coïncidé,  notam- 
ment dans  les  Cévennes,  avec  un  refroidissement  brusque  de  la  tem- 
pérature. On  craint,  avec  raison,  que  lorsque  l'éclosion  viendra,  on 
n'ait  pas  une  quantité  suffisante  de  feuilles  de  mûrier  pour  alimenter 
les  vers.  La  nouvelle  campagne  séricicole  s'ouvre  donc  sous  des  aus- 
pices qui  sont  jusqu'ici  peu  favorables. 

XIV. —  Nouvelles  de  l'étal  des  récoltes. 

Les  notes  que  nos  correspondants  nous  envoient  signalent  générale- 
ment un  état  assez  satisfaisant  pour  la  plupart  des  cultures.  C'est  ce 
qui  ressort  notamment  de  la  note  que  M.  Boncenne  fils  nous  envoie  de 
Fontenay-le-Comte  (Vendée),  à  la  date  du  29  avril  : 

«  Le  mois  de  mars  a  été  humide  et  froid  dans  nos  contrées  ;  les  gelées  blan- 
ches ont  grillé  les  luzernes  et  retardé  la  pousse  des  prairies.  Au  commencemen 
d'avril,  les  pluies  ont  cessé,  et  la  température  est  devenue  plus  chaude,  mais  à 
partir  du  10,  l'air  s'es.t  de  nouveau  refroidi,  un  vent  sec  a  soufflé  pendant  plu- 
sieurs jours  et  la  végétation  s'est  encore  une  fois  ralentie. 

«  Enfin  le  18,  un  orage  a  éclaté  vers  9  heures  du  soir  et  a  versé  sur  nos  cam- 
pagnes une  pluie  bienfaisante. 

«  Nos  semis  de  betteraves  ont  pu  se  faire  dans  de  bonnes  conditions,  et  les 
céréales  de  printemps,  dont  l'aspect  était  jusqu'ici  peu  satisfaisant,  ont  repris  une 
nouvelle  vigueur.  On  compte  peu  sur  les  colzas  qui  sont  maigres  et  ne  donneront 
qu'un  faible  produit;  quant  aux  blés  d'hiver,  ils  sont  généralement  beaux;  le 
temps  doux  qui  règne  en  ce  moment  favorise  le  tallage,  et  nous  pourrons  encore, 
malgré  le  déficit  qui  existe,  cette  année,  dans  les  ensemencements,  conserver 
l'espoir  d'une  assez  bonne  récolte. 

«  Le  25,  une  gelée  blanche  a  légèrement  atteint  quelques  vignes  et  quelques 
champs  de  pommes  de  terre;  mnis  si  la  lune  rousse  se  passe  sans  autre  accident, 
nous  en  serons  quittes  à  bon  marché. 

a  La  période  que  nous  traversons  actuellement  est  la  plus  critique,  et  les  phé- 
nomènes contraires  à  la  végétation  qui  se  sont  produits  trop  généralement  durant 
les  années  antérieures,  ont  été  la  cause  principale  de  la  faiblesse  des  récoltes. 
Nos  cultivateurs  sont  donc  sur  le  qui-vive;  mais  il  n'y  a  rien  jusqu'à  présent  de 
sérieusement  compromis.  » 

Dans  le  département  de  l'Allier,  on  a  souffert  de  la  prolongation  de 
l'hiver,  ainsi  que  le  constate  M.  Nebout,  dans  la  note  suivante  qu'il 
nous  adresse  d'Arfeuilles,  à  la  date  du  24  avril  : 

«  Si  bs  mois  qui  sont  dits  d'hiver  et  des  frimas,  ont  été  doux  et  humides, 
en  revanche,  ceux  dits  du  printemps,  nous  ont  donné  la  neige  et  les  frimas  des 
premiers,  car  dans  les  montagnes  de  no  s  parages,  jamais  l'on  avait  vu  le  sol 
recouvert  d'une  telle  épaisseur  de  neige,  à  un  tel  point  que  les  pauvres  lièvres  se 
laissaient  prendre  à  coups  de  trique,  et  les  habitants  d3  ces  parages  ont  été 
séquestrés  près  d'un  mois  ;  ce  malheureux  temps  nous  a  fait,  et  surtout  dans  ces 
locaUtés,  des  hécatombes  de  victimes  de  pauvres  agneaux  qui,  étaient  cependant 


170  CHRONIQUE  AGRICOLE  (5  MAI   1883). 

avant  bien  beaux;  mais  les  pauvres  mères  brebis  étant  séquestrées  à  la  bergerie, 
ne  recevant  la  plupart  du  temps  qu'un  peu  d^  paille  pour  nourriture,  leurs 
mamelles  ayant  tari,  bon  gré  mal  gré,  le  pauvre  petit  a  dû  périr.  Là  où  le  sol 
est  moins  élevé  et  le  climat  un  peu  plus  doux,  la  neige  nous  a  pris  le  6  mars 
et  nous  a  quittés  le  18,  mais  depuis  nous  avons  eu  un  temps  sec  et  des  gelées  arides, 
qui  ont  annulé  nos  primeurs,  fait  un  tort  considérable  aux  seigles  en  les  em|)ê- 
chant  de  taller,  car  plusieurs  champs  auront  bien  de  la  peine  de  rendre  leurs 
semences.  Jamais  on  ne  les  a  vu  taire  si  triste  figure  à  cette  époque  de  la  saison 
ainsi  que  les  emblavures  de  printemps;  seuls  les  froments  donnent  de  bonnes 
espérances. 

«  Malgré  le  retard  excessif  de  la  végétation,  nos  arbres  fruitiers  se  couvrent  peu 
à  peu  d'un  beau  manteau  de  fleurs,  nos  vignes  ont  à  peine  gonflé  leurs  bouigeons, 
cependant  la  gelée  d'hier  en  a  grillé  quelques-uns;  les  fleurs  des  arbies  fruitiers 
n'ont  pas  encore  pris  de  mal  pour  le  moment. 

«  Nos  prairies  naturelles  et  artificielles  ont  encore  peu  pouss'é  et  cela  se 
comprend  avec  une  pareille  température;  et  malgré  cela  les  bestiaux  d'embouche 
sont  hors  de  prix,  ainsi  que  les  moutons;  seuls  les  cochons  sont  délai>sés.  Par 
suite  de  la  mauvaise  qualité   des  fourrages    d*-  l'année  dernière,  les  bouviers  se 

f)laignent  que  leurs  animaux  sont  plus  ou  moins  atteints  d'une  toux  sèche  et  ont 
e  cuir  échauffé.  Le  régime  vert  auquel  ils  vont  être  bientôt  soumis  remédiera  à 
tous  les  maux.  » 

Sans  être  absolument  satisfaisante,  la  situation  générale  peut  être 
con  idérée  comme  assez  bonne.  La  plupart  des  travaux  en  retard  ont 
été  exeiutés  dans  des  conditions  assez  favorables;  on  a  fait  sans  encombre 
les  semailles  de  printemps,  ainsi  que  les  travaux  des  vignes.  Les  blés 
d'hiver  se  présentent  ^Généralement  bien  ;  mais  on  ne  peut  pas  en  dire 
autant  des  seigles,  qui  trop  souvent  sont  chétifs  et  ont  une  épiaison 
précaire.  Quant  aux  plantes  fourragères,  elles  se  sont  développées  len- 
tement. J.-A.    Barral, 

LA  LUTTE  CONTRE  LE  PHYLLOXER.V 

PAR  J.-A.  BARRAL 

Au  risque  de  blesser  la  modestie  du  savant  directeur  du  Journal  de 
V agriculture ,  et  profitant  de  mon  titre  purement  honorifique  à  l'ordi- 
naire, de  membre  du  conseil  de  rédaction  de  ce  recueil,  j'ai  demandé 
le  privilège  de  rendre  compte  à  ses  lecteurs  du  nouvel  et  important 
ouvrage  de  M.  Barral.  Sans  doute,  tous  ceux  qui  portent  quelque 
amour  à  l'agriculture,  tous  ceux  qui  se  préoccupent  de  la  crise  désas- 
treuse dans  laquelle  se  débat  la  viticulture,  ont  suivi  avec  un  intérêt 
soutenu  les  leçons  si  lucides,  si  complètes  que  le  secrétaire  perpétuel 
de  la  Société  nationale  d'agriculture  de  France  n'a  cessé  de  nousdunner 
depuis  Torigitie  du  fléau.  Sa  marche  suivait  celle  de  la  maladie;  tou- 
jours au  courant  de  tous  les  incidents  de  la  lutte,  il  les  portait  à  la 
connaissance  des  savants  et  du  public  par  tous  les  moyens  de  la 
publicité,  élaguant  toutes  ces  innombrables  expériences  sans  portée, 
toutes  les  allégations  légères,  appliquant  à  ce  grand  intérêt  celte  par- 
faite connaissance  de  tous  les  éléments  de  la  question,  cette  per.-^évé- 
rance  inftitigahle,  et  celte  puissance  de  travail  qui  fait  l'élonnement 
des  travailleurs. 

Cette  œuvre  était  si  multiple,  si  considérable  et  si  consciencieuse  à 
la  fois,  qu'on  était  exposé  à  perdre  de  vue  l'ensemble  en  suivaat 
l'étude  du  moment;  et  cependant  il  importait  de  ne  rieu  perdre.  Il 
fallait  donc  rassembler  ces  membres  épars,  en  former  un  corps,  c  était 
presque  un  devoir  vis-à-vis  des  viticulteurs  elTarés  par  les  controverses 
presque  autant  que  fiar  les  proi^rès  du  mal,  et  qui  sentaient  li  néces- 
1.  Paris.  Marpon  et  Flaiumanon,  26,  rue  Racine.  • 


LA  LUTTE  CONTRE  LE  PHYLLOXERA.  171 

site  absolue  d'un  manuel  donnant  la  vérité,  toute  la  vérité;  la  vérité 
sur  la  nature  et  les  progrès  du  fléau,  la  vérité  sur  tous  les  moyens 
employés  pour  le  combattre,  la  vérité  sur  les  conditions  économiques 
de  la  lutte. 

M.  Barrai  ne  pouvait  choisir  un  moment  plus  favorable  pour  publier 
ce  manuel.  Pour  tous  les  observateurs  la  preuve  est  faite  en  ce  qui 
concerne  les  armes  à  notre  portée.  On  peut  encore  éclairer  quelques 
détails  ;  beaucoup  d'études  sont  à  faire  sur  l'adaptation  des  terrains  à 
telle  ou  telle  variété  de  ceps,  à  telle  ou  telle  méthode  pour  arrêter  les 
progrès  de  l'invasion  ;  mais  ces  études  ne  peuvent  être  que  l'œuvre  du 
temps,  et  M.  Barrai  en  donne  lui  même  à  la  fin  de  son  livre  un  exemple 
dont  on  ne  saurait  méconnaître  l'importance  en  discutant  les  causes  de 
l'immunité  des  sables  d'Aigues-Mortes.  Il  n'en  est  pas  moins  certain 
que  la  question  est  bien  éclaircie,  grâce  aux  efforts  des  agronomes  et 
des  agriculteurs  parmi  lesquels  figurent  en  première  ligne  les  savants 
qui,  comme  M.  J.-B.  Dumas,  ont  créé  de  toutes  pièces  des  moyens  pro- 
phylactiques, et  les  praticiens  comme  M.  Faucon  qui  ont  montré  par 
l'exemple  comment  au  moyen  de  l'eau  employée  annuellement  aux 
submersions  hivernales  on  pouvait  conserver  la  pleine  production  d'un 
vignoble,  enfin  les  naturalistes  éminents  comme  M.  Planchon  qui  ont 
cherché  et  trouvé  dans  les  variétés  des  vignes  américaines  des  types 
résistant  aux  morsures  de  l'insecte. 

La  liste  de  toutes  les  personnes  distinguées  qui  ont  consacré  leur 
intelligence  et  leurs  forces  à  cette  lutte  serait  trop  longue  :  mais  prenez 
le  livre  de  M.  Barrai;  aucun  effort  sérieux,  aucune  contribution  effi- 
cace à  la  lutte  contre  le  phylloxéra  n'y  sont  oubliés.  Une  simple  ana- 
lyse ne  fait  qu'annoncer,  c'est  une  promesse  que  le  livre  tiendra. 

La  première  partie  de  l'ouvrage  est  la  reproduction  de  l'admirable 
conférence  faite  par  M.  Barrai  en  avril  1882  à  la  Société  d'encourage- 
ment. En  lisant  cet  exposé  si  lumineux,  si  complet,  ne  laissant  dans 
l'ombre  aucun  des  côtés  delà  question,  l'histoire  naturelle  de  l'insecte 
dans  tous  ses  détails  avec  des  planches  représentant  toutes  les  phases 
de  son  existence;  sa  propagation  en  France,  avec  des  cartes  qui  la 
font  suivre  par  année;  les  circonstances  diverses  de  la  résistance; 
l'immunité  relative  des  sables  et  en  particulier  l'exemple  de  ceux 
d'Aigues-Mortes;  la  défense  par  !a  submersion  avec  les  plans  des 
propriétés  principales  traitées  par  ce  moyen;  la  destruction  de  l'insecte 
par  le  sulfure  de  carbone  et  les  sult'ocarbonates  avec  les  procédés  opé- 
ratoires; la  poursuite  de  lœuf  d'hiver  du  phylloxéra  par  le  nettoyao-e 
des  souches  ;  la  résistance  de  certaines  variétés  de  vignes  importées 
d'Amérique,  la  raison  physiologique  de  cette  résistance  et  l'utilisation 
de  ces  plants  américains  comme  porte-greffes  ;  enfin  le  concours  de 
l'Etat  aux  efforts  si  variés  des  défenseurs  de  l'une  des  principales 
branches  de  notre  richesse  nationale.  Enlisant,  dis-je,  tous  ces  détails 
présentés  dans  cette  belle  langue  à  la  fois  claire' et  pénétrante  dont 
M.  B  irral  possède  les  secrets,  on  se  prend  à  douter  qu'un  homme, 
quelle  que  soit  sa  puissance,  ait  fourni  une  telle  carrière  en  une  seule 
journée  le  premier  avril  1882,  comme  le  dit  le  texte,  et  on  est  tenté  de 
croire  à  des  développements  dont,  en  tout  cas,  nous  devons  rendre 
grâces  à  l'auteur. 

La  deuxième  partie  du  livre  qui  sera  nouvelle  pour  la  plupart  des 
lecteurs  n'est  pas  la  moins  importante.   Elle  vient  en  aide  aux  viti- 


172  LA  LUTTE  CONTRE  LE  PHYLLOXERA. 

culteurs  en  leur  montrant  dans  tous  les  détails,  les  principes  d'orga- 
nisation collective  pour  la  lutte  par  les  syndicats,  après  une  exposition 
des  règlements  administratifs,    relatifs  à  la  question;   un  véritable 
traité  de  la  submersion  des  vignes,  avec  l'indication  détaillée   des 
moyens  mécaniques  à  employer  et  des  prix  de  revient;  renseignements 
qui,  en  raison  de  l'extension  énorme  qu'a  prise  la  submersion  dans 
ces  deux  dernières  années,  sont  un  document  du  plus»  haut  prix  pour 
les  viticulteurs.  Du  reste  M.  Barrai  traite  la  submersion  avec  amour; 
on  sent  que  s'il  n'en  est  pas  le  père,   il  en  est  tout  au  moins  le  par- 
rain,  et  il  l'a  suivie  jour  par  jour  depuis  les   premiers    essais   de 
M.   Louis  Faucon,  aujourd'hui  notre  collègue  à  la  Société  nationale 
d'agriculture.  Du  reste  les  inclinations  de  M.  Barrai  ne  portent  ni  sur 
son  jugement,  ni  sur  son  impartialité,  et  l'emploi  du  sulfure  de  car- 
bone et  des  sulfocarbonates  avec  tous  les  détails  d'application  n'est  pas 
présenté  moins  complètement  que   celui  de  l'inondation  des  vignes. 
Enfin  ce  beau  livre  est  terminé  dignement  par  une  élude  scienti- 
fique sur  les  causes  du  magnifique  développement  pris  par  la  culture 
de  la  vigne  dans  les  dunes  sablonneuses  d'Aiguës -Mortes.  M.  Barrai 
montre  que  ce  succès  est  dû  à  la  fois  à  la  nature  calcaire  du  sable  et  à 
une  nappe  d'eau  douce  coulant  au-dessous  et  entretenant  par  l'ascension 
capillaire  un  mouvement  dans  la  couche  sablonneuse  qui  lui  permet 
d'utiliser  les  engrais  apportés,  et  alimente  ainsi  une  végétation  luxu- 
riante. Appliquait  à  cette  observation  les  procédés  de  la  science,  il  a 
montré  par  l'ascension  de  l'eau  dans  des  tubes  remplis  de  ce  sable 
calcaire  ou  de  sable  siliceux  l'énorme  avantage  des  sables  calcaires 
pour  la  rapidité  de  l'ascension,  avantage  qui  deviendrait  une  ruine 
sans  la  présence  constante  des  eaux  souterraines,  qui  alimt^,ntent  ce 
mouvement  hâté  par  l'évaporation  de  la  surface.  C'est  dans  l'ouvrage 
qu'il  faut  lire  les  détails  de  ces  expériences  et  la  promesse  de  les  con- 
tinuer et  de  les  compléter,  promesse  que  nous  rappellerons  à  l'auteur, 
car  on  nous  permettra   de  dire  en  terminant  cet  article  que  nous  y 
sommes  personnellement  intéressé,  ayant  déjà  écrit  en  1872  dans  notre 
Traité  de   la  détermination  des  terres   arables,   entre  autres  passages 
relatifs  au  mouvement  de  l'eau  dans  les  sols  calcaires,  à  la  page  32: 
a  Les  phénomènes  de  capillarité  ne  sont  pas  les  mêmes  dans  un  sable 
siliceux  et  un  sable  calcaire...  deux  caisses  identiques  remplies  l'une 
de  sable  siliceux,  l'autre  de  sable  calcaire,  imbibées  de  la  même  quan- 
tité d'eau,   et  prises  au  bout  d'un  temps  déterminé,  accusent  par  la 
différence  de  poids  la  rapidité  plus   grande  d'évaporation  du  sable 
calcaire.  »  Et  à  la  page  34,  j'explique  par  une  nappe  d'eau  souterraine 
à  une  profondeur  variant  de   1  à  2  mèlres  au-dessous  de  la  surface  la 
fécondité  et  la  haute  valeur  locative  des  terrains  crayeux  dits  Paluds 
du  comtat  venaissin. 

On  me  pardonnera  cette  constatation  d'un  accord  d'observations  qui 
est  un  honneur  pour  moi,  en  raison  de  l'intérêt  que  l'approfon- 
dissement de  celte  question  du  mouvement  de  l'eau  dans  les  terrains 
suivant  leur  nature  présente  à  tous  ceux  déjà  nombreux  qui  lluttent 
avec  l'eau  contre  le  fléau,  et  je  terminerai  en  souhaitant  avec  M.  Barrai 
que  des  résolutions  intelligentes  viennent  en  centupler  le  nombre  en 
mettant  l'eau  de  nos  fleuves  à  la  disposition  des  agriculteurs. 

P.  DE  Gasparin, 

Membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture. 


CONCOURS  RÉGIONAL  AGRICOLE  DE  SIDI-BEL-ABBÉS.  173 

CONCOURS  RÉGIONAL  DE  SIDI-BEL-ABBÈS  EN  1883 

I.  Organisation  du  concours. — Bel-Abbès  est  la  première  des  petites  villes 
de  l'Algérie  qui  ait  eu  l'honneur  d'être  le  siège  du  concours  régional  annuelle- 
ment organise  dans  la  colonie.  C'est  assez  dire  qu'il  a  iallu  étudier  à  nouveau 
chaque  détail  d'organisation,  et  que  l'expérience  du  passé  n'a  pu  être  utilisée  que 
d'une  façon  restreinte. 

Il  est  permis  d'affirmer  aujourd'hui  que  la  municipalité  s'en  est  tirée  à  son 
honneur,  et  d'ajouter  que  toutes  les  recherches  et  études  auxquelles  on  s'est  livré 
ne  seront  pas  perdues  pour  les  localités  de  môme  importance  auxquelles  elles 
faciliteront  la  tâche  en  pareille  circonstance. 

Depuis  longtemps  déjà  le  Comice  agricole  de  cette  région,  soucieux  des  inté- 
rêts qui  lui  sont  confiés,  avait  émis  plusieurs  vœux  pour  solliciter  cette  création 
en  Algérie,  sentant  bien  qu'après  Alger,  Oran,  Constantine  et  Bône,  il  serait  dif- 
ficile de  trouver  un  endroit  mieux  choisi  pour  faire  cette  expérience.  Mais  la 
municipalité,  certainement  préoccupée  des  conséquences  financières  de  l'entre- 
prise, était  hésitante,  ce  qui  aurait  pu  amener  un  ajournement  de  cette  question, 
si  la  population  entière  n'avait  vivement  sollicité  sa  mise  en  pratique,  forçant 
ainsi  toute  hésitation  à  céder  devant  le  courant  d'opinion  nettement  favorable 
qui  s'accentuait  chaque  jour  davantage. 

Dans  ces  conditions,  la  proposition  qui  devait  servir  de  point  de  départ,  fut 
bientôt  transmise  à  l'autorité  supérieure,  et  dès  le  14  septembre  1882,  un  arrêté 
ministériel  faisait  connaître  à  tous  les  intéressés  que  le  concours  général  d'ani- 
maux reproducteurs,  d'animaux  gras,  d'instruments  et  de  produits  agricoles  de 
l'Algérie  se  tiendrait,  en  1883,  dans  la  ville  de  Bel-Abbès,  du  7  au  16  aviil. 

Il  semble  qu'au  début  on  ait  été  un  peu  étourdi  de  ce  résultat,  comme  si  l'on 
n'avait  pas  eu  la  certitude  qu'il  fût  possible  de  l'obtenir,  et  chacun,  pendant  un 
certain  temps,  nous  devons  le  dire,  se  prépara  à  coopérer  à  l'œuvre  générale  d'une 
façon  isolée,  sans  se  prêter  un  mutuel  concours,  sans  que  l'on  réunît  tous  ces 
efl'orts  pour  leur  donner  une  plus  grande  impulsion. 

C'est  ainsi  que  le  Comice  agricole  se  mit  résolument  à  l'œuvre,  grâce  au  dévoue- 
ment de  tous  ses  membres  qui,  considérant  le  concours  agricole  un  peu  comme 
leur  chose  propre,  travaillèrent  comme  les  abeilles  d'une  ruclie,  en  vue  d'un  succès 
dont  une  bonne  partie  leur  revient,  si  nous  en  croyons  l'appréciation  du  gouver- 
neur général  et  du  commissaire  général,  comme  nous  le  verrons  plus  loin. 

De  son  côté  la  municipalité,  contrairement  à  ce  qui  s'était  fait  en  1880,  à  Oran, 
oià  tous  les  bons  vouloirs  et  toutes  les  aptitudes  avaient  été  réclamées,  avait 
nommé,  le  10  novembre  1882,  une  Commission  restreinte  de  treize  membres, 
dite  d'initiative,  chargée,  à  l'aide  de  sous-commissions,  d'étudier  tout  oe  qui  con- 
cernait l'installation  du  concours,  les  moyens  de  publicité,  les  fêtes,  les  loge- 
ments nécessaires  aux  visiteurs  que  l'on  attendait. 

Nous  avons  tellement  la  conviction  que  l'école  que  vient  de  faire  en  ce  moment 
notre  contrée  doit  être  utile  aux  centres  de  même  importance  qui  ne  pourraient, 
à  ce  point  de  vue,  tirer  aucun  enseignement  utile  du  passé  légué  par  les  grandes 
villes  de  la  colonie,  que  nous  n'hésitons  pas  à  donner  quelques  détails  sur  tout 
ce  qui  s'est  fait,  tout  en  les  résumant  le  plus  possible  pour  ne  pas  abuser  de  la 
bienveillance  de  nos  lecteurs. 

Nous  relevons  donc  à  l'avoir  de  cette  période  :  le  marché  de  gré  à  gré  passé  le 
30  novembre  1882  avec  M.  Bice,  de  la  maison  Duéret  de  Lyon,  pour  tout  ce  qui 
concerne  la  construction  des  baraquements  du  concours;  l'étude  des  aménage- 
ments à  faire,  travaux  particuliers  incombant  à  la  ville,  éclairage,  sentinelles, 
pompiers,  fournitures  de  litière;  publicité  à  faire  par  la  voie  des  journaux  et  à 
l'aide  des  placards  ;  fêtes  à  organiser  pour  agrémenter  le  concours  ;  logements  à 
préparer  pour  les  visiteurs  ayant  un  caractère  officiel. 

Pendant  ce  temps  la  population  entière,  s'intéressant  chaque  jour  davantage  à 
la  grande  œuvre,  ne  manquait  pas  une  occasion  de  manifester  ses  regrets  de  voir 
tenues  à  l'écart  plusieurs  personnes  ([ui  auraient  pu  prêter  le  concours  de  leur 
expérience,  et  le  11  décembre  1882,  la  Commission  d'initiative  s'étant  dissoute, 
le  conseil  municipal  fit  appel  au  bon  vouloir  de  tous,  et  nomma  une  grande  com- 
mission, dite  d'exécution,  et  comprenant  les  membres  du  premier  Comité,  seize 
rnembres  du  comice  agricole,  les  maires,  les  administrateurs  et  plusieurs  notabi- 
lités de  l'arrondissement. 


174  CONCOURS    RÉGIONAL   AGRICOLE  DE  SIDI-BEL-ABBÈS. 

Désormais  les  faits  vont  passer  du  domaine  de  l'étude  dans  celui  de  la  pratique, 
et  un  élan  irrésistible  s'empare  de  tous  ceux  qui  n'hésitent  pas  à  mettre  de  côté 
leurs  petites  préférences  personnelles  pour  atteindre  loyalement  et  à  coup  sûr  le 
but  poursuivi  :  la  prospérité  de  notre  ville,  appelée  pendant  quelques  jours  à 
être  la  capitale  de  l'Algérie. 

La  Commission  d'exécution  se  réunit  pour  la  première  fois  le  II  janvier  1883, 
sous  la  présidence  de  droit  du  maire,  me  fit  l'honneur  de  me  désigner  comme 
premier  vice-président,  et  nomma  cinq  sous-commissions  chargées  de  conduire  à 
bien  l'exécution  des  projets  précédemment  étudiés,  et  d'organiser  une  exposition 
industrielle  et  scolaire  annexée  au  concours  sur  notre  proposition. 

Il  n'entre  pas  dans  notre  pensée  de  suivre  tous  ces  intéressés  à  l'œuvre,  et  de 
décrire  la  tâche  qu'ils  ont  laborieusement  accoaiplie.  Cet  examen  serait  excessif 
et  dépasserait  les  limites  du  compte  rendu  qui  nous  a  été  confié  par  la  direction 
de  ce  journal,  si  l'on  se  rappelle  que  ces  commissions  ont  été  en  permanence 
pendant  quatre  longs  mois,  se  réunissant  plusieurs  fois  dans  la  journée,  souvent 
même  pendant  la  nuit,  et  amoncelant  à  côté  de  faits  pratiques  de  tous  les  instants, 
des  milliers  de  documents  élaborés  avec  le  plus  grand  som. 

Du  reste  la  municipalité  de  cette  ville  ne  laissera  pas  son  œuvre  inachevée,  et 
tiendra  à  honneur  de  publier  les  efforts  de  tous  ses  collaborateurs,  les  difficultés 
surmontées  par  eux,  l'enseignement  à  tirer  de  cet  essai  important. 

Il  nous  suffira  de  rappeler  que  tous  ont  été  à  la  hauteur  de  leur  tâche  et  qu'ils 
ont  rempli  leur  devoir  avec  le  zèle  et  le  dévouement  le  plus  louables.  Nous  vou- 
drions les  citer  tous,  parce  qu'ils  ont  tous  été  à  la  peine,  et  que  le  résultat  final 
n'a  été  obtenu  que  grâce  à  leur  bienveillante  coopération,  mais  puisqu'il  faut 
nous  restreindre  et  que  nous  sommes  forcément  limité,  nous  signalerons  en  parti- 
culier dans  la  commission  générale,  M.  Yiviani,  deuxième  vice-président;  en  ce 
3ui  concerne  l'aménagement  de  l'emplacement  choisi  :  surveillants,  conduites 
'eau,  ornementation  et  décoration  du  jardin,  MM.  Pastre,  agent  voyer  départe- 
mental, le  capitaine  Perret,  le  D''  Fabriès  ;  pour  la  publicité  des  p>us  étendues  : 
MM.  le  D''  Fabriès,  Maréchal,  Perrin,  élève  diplômé  de  Montpellier;  pour  les 
logements,- MM.  Oliva,  Thiédey,  Bédoc;  pour  l'exposition  industrielle,  scolaire 
et  ;  canine  ,  MM.  André,  adjoint  au  maire,  Bernard,  entrepreneur,  Clerc,  ingé- 
nieur, Ciavaldini,  procureur  de  la  République;  de  Baudéan,  vétérinaire  militaire. 

Parmi  les  nombreux  faits  qui  intéressent  le  sujet  que  nous  traitons  et  que  nous 
nous  voyons  dans  la  nécessité  de  laisser  dans  l'ombre,  bien  qu'à  regret,  nous  le 
répétons,  il  en  est  deux  cependant  que  nous  devons  plus  particulièrement  signa- 
ler comme  ayant  eu  une  grande  influence  sur  le  succès  de  l'œuvre. 

C'est,  en  premier  lieu,  la  recherche  des  moyens  propres  à  obvier  à  la  pénurie 
des  logements  à  mettre  à  la  disposition  des  visiteurs.  Cette  vive  préoccupation 
avait  fait  naître  des  craintes  réelles  dès  le  début  de  l'entreprise,  et  ce  n'est  qu'au 
prix  de  sacrifices  importants  de  la  part  de  la  municipalité  et  d'un  dévouement  à 
toute  épreuve  de  la  commission  spéciale,  qu'il  a  été  possible  de  vaincre  une  des 
plus  grandes  difficultés  qu'aient  à  surmonter,  en  semblables  circonstances,  les 
petites  villes  de  l'Algérie. 

Ajoutons  que,  grâce  à  l'obligeance  de  l'administration  militaire,  de  l'inspection 
académique,  du  service  des  lits  militaires  et  de  plusieurs  propriétaires,  les  écoles, 
une  partie  de  la  caserne  de  cavalerie,  et  de  nombreux  particuliers  ont  pu  être 
pourvus  de  lits,  mis  en  partie  gracieusement  à  la  disposition  de  tous  ceux  qui 
avaient  un  caractère  officiel,  et  dont  un  très  grand  nombre  ont  été  loués,  suppri- 
mant ainsi  un  des  écueuils  qui  étaient  le  plus  à  craindre. 

L'emplacement  à  choisir  pour  le  concours  offrait  une  solution  d'une  réelle  im- 
portance; et  l'on  comprend  que  chacun  ait  témoigné  ses  préférences  à  ce  sujet. 

Un  bon  emplacement  doit  remplir  plusieurs  conditions  parmi  lesquelles  on  peut 
tout  d'abord  citer  :  la  proximité  du  lieu  où  la  population  se  trouve  agglomérée, 
l'étendue  assez  vaste  pour  réunir  les  diverses  expositions,  la  possibilité  de  clore 
l'enceinte  pour  ne  permettre,  à  un  moment  donné,  l'entrée  du  concours  qu'à  des 
conditions  déterminées,  un  paysage  intéressant  orné  de  nombreuses  plantations 
anciennes  ou  préparées  pour  la  circonstance,  des  bâtiments  bien  appropriés  au 
but  poursuivi,  la  facilité  pour  tous  de  tirer  un  profit  réel  do  l'examen  des  produits 
exposés  tout  en  trouvant  le  moyen  de  se  récréer,  de  se  promener  dans  les  allées 
bien  aménagées,  la  certitude  de  pouvoir  assurer  les  divers  services  de  l'exposition, 
notamment  en  ce  qui  concerne  l'arrivée  et  le  départ  des  objets  de  toute  nature, 
l'alimentation  en  eau  pour  les  animaux,  etc. 


CONCOURS  RÉGIONAL  AGRICOLE  DE  SIDI-BEL-ABBES. 


175 


C'est  après  un  examen  des  plus  sérieux  que,  contrairement  à  l'avis  de  la  muni- 
cipalité, mais  conformément  au  vœu  de  la  grande  majorité  de  la  population, 
M.  Du  Peyrat,  commissaire  général,  s'est  prononcé  en  faveur  d'un  ancien  jardin 
public  créé  par  les  soins  de  la  Légion  étrangère,  sous  les  murs  mêmes  de  la  ville. 

Ce  choix  a  eu  certainement  une  grande  influence  sur  le  succès  que  la  presse 
algérienne  enregistre  en  ce  moment. 

Get  endroit  spacieux,  facilement  fermé,  assez  prêt  de  la  ville  pour  offrir  le  but 
d'une  promenade  sans  fatigue,  était  des  mieux  disposés  pour  recevoir  dans  d'excel- 
lentes conditions  tous  les  services  du  concours  agricole. 

Un  bâtiment  central  avait  été  élevé  pour  les  produits  près  de  la  grande  avenue 
plantée  de  platanes,  tandis  que  de  nombreuses  installations  pour  les  animaux  et 
les  divers  services,  placées  de  tous  côtés  dans  les  massifs,  les  contre-allées,  les 
petits  bois  agrémentaient  l'ensemble,  tout  en  permettant  aux  visiteurs  de  voir  suc- 
cessivement ces  diverses  parties,  sans  lassitude,  à  leur  heure,  et  d'une  manière  très 
avantageuse  à  l'étude  comparée  que  chacun  désirait  entreprendre. 

Nui  autre  emplacement  n'aurait  pu  offrir  un   accès  meilleur,    puisqu'il  était 


Fig.  13.  —  Plan  du  Concou  r  sapSidi-bel-Abbès. 


facile  d'y  aboutir  de  tous  les  points  de  la  ville  et  de  la  banlieue  en  même  temps 
que  de  la  gare.  Cet  endroit,  qui  a  toujours  été  considéré  comme  préférable  à 
tout  autre,  en  raison  du  magnifique  paysage  que  l'on  y  trouve  et  de  la  beauté  du 
parc  où  sont  réunis  en  très  grande  quantité  de  fort  beaux  arbres,  est  devenu  un 
lieu  délicieux,  décoré  d'une  manière  ravissante  par  un  jeune  soldat  qui  a  tiré  un 
excellent  parti  de  cette  situation  déjà  fort  belle. 

Il  nous  reste  à  constater,  avant  de  poursuivre  notre  étude,  que  les  frais  néces- 
sités par  ces  améliorations  ne  seront  pas  perdus,  puisqu'ils  serviront  à  rendre  plus 
belle  encore  une  de  nos  rares  mais  ravissantes  promenades  que  n'abandonnera 
plus  notre  population  qui  se  rappelle  toujours  avec  plaisir  les  beaux  jours  du 
passé,  où  l'excellente  musique  de  Ja  Légion  étrangère  l'attirait  deux  fois  par 
semaine  sous  ces  bosquets,  et  qui  ne  saurait  oublier  les  fêtes  données  à  la  ville, 
en  cet  endroit,  le  29  août  1857,  par  le  regretté  colonel  Chabrière,  à  l'occasion 
d'un  anniversaire  glorieux  pour  son  régiment. 

IL  Te7iue  du  concours.  —  Gomme  toujours  nous  devons  enregistrer  un  peu  de 

1.  Légende  du  plan  :  A.  produits  agricoles;  B,  expositions  industrielle  et  scolaire;  C,  machines 
industrielles;  D,  espèce  bovine;  E,  espèce  chevaline;  F.  espèce  asine;  F',  animaux  de  basse-cour; 
G,  machines  agricoles;  I  à  T,  bureaux  de  l'administration  du  Concours. 


176  CONCOURS  RÉGIONAL  AGRICOLE  DE  SIDI-BEL-ABBÈS. 

retard  à  l'occasion  de  l'ouverture  du  concours  régional  de  Bel-Abbès  et  ajouter 
qu'ici,  de  même  que  partout  ailleurs,  on  n'était  pas  entièrement  prêt  à  l'heure 
dite;  mais  cela  tientà  des  considérations  que  nous  reprendrons  bientôtpour  mon- 
trer ce  qu'il  y  aurait  à  faire  de  ce  côté. 

Nous  ne  signalons  le  fait  à  cette  heure  que  pour  en  tirer  cette  conséquence  que 
si  nous  n'avons  pas  eu  beaucoup  d'étrangers  pendant  la  période  du  concours,  cela 
tient  un  peu  à  la  déception  des  premiers  venus  qui  n'ont  pas  craint,  en  manifes- 
tant leur  appréciation  d'une  manière  trop  vive,  de  ralentir  l'élan  qui  s'était  pro- 
duit dès  les  premiers  jours. 

Nous  avons  pu  constater  qu'une  grande  afiluence  de  monde  s'était  donné  rendez- 
vous  chez  nous,  mais  nous  devons  dire  qu'il  s'agissait  surtout  d'amis  des  habi- 
tants de  notre  ville  qui  ont  eu  à  exercer  largement  les  devoirs  de  l'hospitalité,  et 
que  les  étrangers,  attirés  d'ordinaire  par  les  fêtes  ou  par  l'attraction  qu'otîre  tou- 
jours l'inconnu,  étaient  relativement  peu  nombreux. 

Aussi  les  fêtes  magnifiques  données  parla  municipalité  notamment  avec  l'inten- 
tion d'attirer  un  nombreux  public  et  de  fournir  ainsi  une  occasion  de  faire  faire 
des  dépenses  qui  restent  dans  le  pays,  n'ont  atteint  le  but  qu'en  partie.  Il  y  a  là 
un  enseignement  réel  pour  les  villes  de  second  ordre  de  la  colonie  qui  éviteront 
certainement  à  l'avenir  de  tomber  dans  cet  excès. 

Le  peu  d'étrangers  arrivés  chez  nous,  les  nombreuses  cartes  de  faveur  distri- 
buées, l'indécision  du  début  que  nous  venons  de  signaler,  la  pluie  bienfaisante 
tombée  à  diverses  reprises,  l'ouverture  gratuite  accordée  les  deux  derniers  jours 
dans  un  intérêt  louable,  mais  précisément  au  moment  oià  il  s'est  présenté  le  plus 
de  monde,  sont  les  principales  raisons  pour  lesquelles  les  entrées  n'ont  produit 
que  3,600  fr.  environ,  bien  que  le  concours  ait  été  largement  visité  par  tous  ceux 
qui  y  avaient  un  intérêt  quelconque. 

Ce  chiffre  est  bien  faible  si  on  le  compare  à  celui  de  15,000  fr.  obtenu  au  con- 
cours régional  d'Oran  en  1880,  et  surtout  aux  sacrifices  considérables  que  s'est 
imposés  la  municipalité  de  Bel-Abbès. 

En  ce  qui  concerne  plus  particulièrement  le  concours  régional,  le  retard  n'a 
pour  ainsi  dire  pas  existé,  puisque  conformément  au  programme  les  produits 
ont  été  reçus  dès  le  samedi  7  avril,  tandis  que  les  animaux  ont  été  successivement 
admis  aux  jours  indiqués.  D'ailleurs,  aucune  ouverture  officielle,  aucun  discours, 
pas  un  acte  de  nature  à  rappeler  que  la  grande  période  est  ouverte,  et  que  tout  le 
monde  est  convié  à  venir  juger  les  divers  mérites,  ou  bien  à  prendre  part  aux 
réjouissances  préparées  à  cet  effet. 

Les  fêtes  ont  été  cependant  nombreuses  et  fort  belles  ;  nous  allons  en  parler 
dans  un  moment,  mais  nous  devons  dire  dès  maintenant  qu'elles  ont  été  bien 
ordonnées,  parfaitement  exécutées,  et  agencées  dételle  sorte  qu'elles  devaient  peu 
détourner  les  intéressés  du  concours;  les  principales  d'entre  elles  s'étaient  pro- 
duites les  premiers  jours,  ou  bien  encore  aux  heures  voulues  pour  ne  pas  créer  de 
difficultés,  par  une  concurrence,  à  l'exposition  elle-même. 

Nous  ne  saunons  donner  une  idée  plus  exacte  de  cette  période  qu'en  résumant 
les  principaux  faits  qui  se  sont  produits  chaque  jour  ;  c'est  d'ailleurs  remplir  un 
devoir  de  reconnaissance  envers  la  municipalité  et  les  commissions  d'organisation, 
que  de  signaler  leurs  efforts  et  d'en  constater  le  succès. 

Le  concours  a  été  ouvert  le  7  avril  par  une  salve  d'artillerie  et  par  la  réception 
des  machines,  des  instruments,  ainsi  que  des  produits,  leur  classement  et  instal- 
lation, la  réception  des  objets  de  l'exposition  industrielle  et  scolaire.  —  Les 
dimanche  et  lundi  8  et  9  avril,  tandis  que  l'on  continuait  à  recevoir  les  diverses 
productions  des  exposants,  et  que  le  jury  des  produits  et  des  instruments  com- 
mençait ses  opérations,  la  Société  de  Bel-Abbès  offrait  à  la  population  et  aux 
nombreux  étrangers  le  spectacle  de  courses  variées  parmi  lesquelles,  en  dehors 
des  courses  plates,  d'obstacles,  de  gentlemen  et  même  d'amazones,  qui  ont  sur- 
tout un  but  de  curiosité,  nous  devons  plus  particulièrement  citer  les  courses  au 
trot  attelé  et  au  trot  monté,  encouragées  par  la  Société  d'agriculture  de  la  contrée. 

Ces  essais,  qui  se  multiplient  dans  la  colonie,  olïrent  un  attrait  réel,  et  c'est 
avec  une  véritable  satisfaction  que  nous  les  signalons,  rappelant  que  les  trotteurs 
attelés  ont  parcouru  3,100  mètres  en  sept  minutes  dix-sept  secondes,  les  trotteurs 
montés  ayant  fait  le  même  parcours  en  six  minutes  dix  secondes.  C'est  encore  Malvu 
qui  est  sorti  vainqueur  de  cette  lutte  ;  cet  excellent  cheval  a  d'ailleurs  lait  souvent 
ses  preuves  sur  notre  hippodrome,  et  tout  le  monde  se  souvient  qu'en  1880  et  iSSl 
il  remportait  les  mêmes  prix  à  Oran  et  Bel-Abbès,  parcourant  3,100  mètres  en 


CONCOURS  RÉGIONAL  AGRICOLE  DE  SIDI-BEL-ABBÉS.  177 

six  minutes  trois  secondes.  Ses  succès  constants  révèlent  des  qualités  sérieuses 
que  le  monde  du  sport  ne  saurait  trop  apprécier. 

Mais  la  fête  indii^ène  du  parc  est  celle  qui  a  attiré  le  plus  de  monde  sur 
.'hippodrome,  en  raison  de  l'inconnu  qu'elle  offrait  à  beaucoup,  et  de  l'attrait 
particulier  de  ces  réunions.  Les  organisateurs  avaient  Lien  fait  les  choses  et  rien 
n'y  a  manqué  :  fantasia  exécutée  par  500  cavaliers  arabes,  musique  indigène, 
danse  des  aimées,  luttes  entre  deux  champions  qui  ont  le  pouvoir  de  fortement 
émotionner  tous  les  spectateurs,  diffa  splendide,  avec  60  moutons  cuits  en  entier, 
le  couscous  traditionnel,  et  la  vue  de  toute  une  population  faisant  particulièrement 
honneur  à  cette  dernière  partie  du  programme  de  la  Commission. 

Pour  nous  cette  journée  a  été  bien  autrement  remplie  par  la  visite  de  l'école 
d'agriculture  de  Montpellier,  dont  30  élèves  accompagnés  du  directeur  et  de 
quelques  professeurs,  ont  successivement  visité  le  concours,  la  ferme  Bastide,  le 
vignoble  Pcray,  recueillant  partout  les  notes  les  plus  intéressantes  sur  la  culture 
de  la  contrée,  et  laissant  dans  le  pays  le  meilleur  souvenir.  Une  collation  offerte 
le  soir  par  les  membres  du  Comice  nous  a  fourni  l'occasion  de  faire  une  page 
d'histoire  sur  ce  beau  territoire,  et  d'entendre  la  parole  autorisée  du  sympathique 
directeur  de  l'école. 

Le  mercredi  le  concours  acquiert  une  réelle  importance  par  la  réception  des 
animaux  de  diverses  espèces,  après  la  visite  faite  par  M.  Pers,  vétérinaire  de  la 
commune,  et  de  celle  des  chevaux,  classés  par  les  soins  de  MM.  de  Saint-Pern, 
officier  des  haras,  et  Bauguil,  commissaire-adjoint.  Dès  le  jeudi  le  concours  se 
trouve  au  complet,  les  produits  à  leur  place,  les  boxes  et  stalles  remplis  des  ani- 
maux les  plus  variés,  l'exposition  industrielle  et  scolaire  parfaitement  installée, 
les  machines  et  instruments  en  plein  travail. 

A  partir  de  ce  moment  le  programme  des  fêtes  laisse  une  grande  latitude  au 
visiteur  sérieux,  s'appliquant  à  ne  pas  le  détourner  des  études  et  des  examens 
qui  semblent  le  réclamer  de  tous  côtés,  le  récréant  seulement  à  des  heures  bien 
choisies  par  les  meilleurs  morceaux  du  répertoire  de  l'excellente  musique  de  la 
Légion  étrangère,  et  appelant  quelques  personnes  à  certaines  conférences,  qui 
malheureusement  n'ont  pu  être  organisées  avec  tout  le  soin  désirable  par  suite  des 
préoccupations  si  diverses  des  membres  chargés  de  cette  partie  trop  négUgée  d'or- 
dinaire, bien  qu'elle  soit  une  des  plus  importantes  de  ces  réunions. 

Les  opérations  des  divers  jurys  des  animaux  utiles  à  l'agriculteur,  des  chevaux 
et  de  l'espèce  canine,  remplissent  les  journées  du  vendredi  et  du  samedi,  en  même 
temps  que  le  tir  à  la  cible  et  les  représentations  gratuites  du  cirque  et  du  théâtre 
attiraient  un  public  particulier. 

C'est  aussi  le  vendredi  à  dix  heures  du  matin  qu'a  eu  lieu  à  l'hôtel  de  ville  sous 
la  présidence  de  M.  Du  Peyrat  la  réunion  des  délégués  des  associations  agricoles, 
des  membres  du  jury,  et  des  exposants  pour  proposer  les  modifications  qu'il  con- 
viendrait d'apporter  à  l'arrêté  des  concours  de  l'Algérie. 

Trente  personnes  environ  composaient  cette  assemblée  qui  n'a  pas  eu  l'impor- 
tance de  celles  des  années  précédentes.  Des  vœux  importants  y  ont  été  émis 
notamment  sur  les  animaux  reproducteurs,  sur  la  nécessité  d'encourager  les  con- 
structeurs de  la  colonie  pour  nous  préparer  de  bons  ouvriers  indispensables  pour 
iaciliterici  l'introduction  des  machines  perfectionnées,  sur  l'admission  des  farines 
dans  la  catégorie  des  produits  alimentaires  ;  mais  tout  le  monde  a  compris  qu'il 
fallait  réserver  ses  remarques  et  ses  demandes  pour  une  autre  situation,  à  la  suite 
d'une  observation  de  M.  le  D'"  Fabriès  qui  a  provoqué  de  la  part  du  président  de 
la  réunion  une  communication  tendant  à  rappeler  qu'un  inspecteur  général- 
adjoint  ayant  été  récemment  nommé  pour  l'Algérie,  à  l'avenir  toutes  ces  questions 
d'un  haut  intérêt  pourraient  être  traitées  sur  place  par  les  intéressés  eux-mêmes, 
de  manière  à  arrêter  les  modifications  les  plus  utiles  pour  placer  nos  concours 
régionaux  dans  les  meilleures  conditions  possibles  de  succès. 

Le  dimanche  a  été  plus  particulièrement  le  jour  heureux  de  tous  nos  braves 
colons  qui  ont  obtenu  une  pluie  abondante,  si  nécessaire  à  leurs  cultures,  et  si 
bien  faite  pour  porter  la  joie  dans  tous  les  cœurs.  Le  concours  de  labours  organisé 
par  le  Comice  de  Bel-Abbès  et  auquel  devaient  prendre  part  5C  Européens  ou  indi- 
gènes n'a  pu  avoir  lieu  pour  cette  raison,  mais  personne  ne  s'en  est  plaint  et 
chacun  a  tenu,  au  contraire,  à  montrer  que  cette  journée  constituait  la  vraie  fête 
du  travail. 

Le  gouverneur  général,  arrivé  par  le  train  de  dix  heures,  a  du  interrompre  un 
moment  sa  visite  au  concours,  par  suite  d'une  ondée  dont  il  conservera  une  bonne 


178  CONCOURS  RÉGIONAL  AGRICOLE  DE  SIDI-BEL-ABBÈS. 

impression,  car  elle  lui  a  valu  les  chaleureux  applaudissements  de  la  popula- 
tion lorsqu'il  y  a  fait  allusion  dans  le  discours  que  nous  allons  analyser  dans  un 
moment. 

Au  punch  du  soir  le  gouverneur  général,  le  sénateur  et  les  députés  du  dépar- 
tement ont  successivement  pris  la  parole  pour  porter  des  toasts  au  président  de 
la  République,  à  l'Algérie,  au  colonel  Négrier,  à  l'armée  française,  au  relèvement 
de  la  France  par  l'union  de  tous  les  républicains.  Mais  la  consécration  de  tous 
ces  efforts  a  eu  lieu  le  lundi  matin  à  9  heures  précises  dans  la  salle  du  théâtre, 
convertie  en  salle  de  distribution  des  prix,  dans  l'impossibilité  d'utiliser,  par 
suite  de  la  pluie,  l'installation  préparée  à  cet  effet  sur  une  des  promenades  de 
la  ville. 

Un  public  nombreux  où  briUent  un  grand  nombre  de  dames,  assiste  à  cette 
solennité,  présidée  par  le  gouverneur  général  entouré  sur  l'estrade  de  MM.  Jacques, 
sénateur,  Etienne  et  Dessoliers,  députés  du  département  d'Oran,  Feutrier,  député, 
venu  en  mission  à  Saint-Denis-du-Sig,  des  trois  commissaires  généraux  du 
concours  agricole,  du  concours  hippique  et  de  l'exposition  industrielle,  et  enfin 
de  tous  les  jurés. 

Le  premier  fonctionnaire  de  la  colonie  prononce  tout  d'abord  un  éloquent  dis- 
cours que  nous  tenons  à  résumer,  d;ms  l'impossibilité  de  le  reproduire  in  extenso  : 

M.  Tirman  félicite  la  municipalité,  les  exposants,  le  jury,  les  inspecteurs 
généraux  et  le  Comice  agricole  du  succès  que  tout  le  monde  a  pu  constater.  Rien 
n'y  a  manqué,  pas  même  la  pluie,  qui  n'a  jamais  gâté  en  Algérie  une  fête  agri- 
cole. C'est  une  nouvelle  affirmation  de  l'union  étroite  qui  relie  les  trois  provinces 
algériennes,  aussi  n'est-ce  pas  seulement  la  fête  de  Bel-Abbès  que  nous  célébrons, 
mais  bien  la  fête  de  l'Algérie  tout  entière.  Au  nom  du  gouvernement  de  la  Répu- 
bhque  il  tient  à  exprimer  sa  profonde  gratitude  à  tous  ceux  qui  ont  préparé  ce 
succès.  Il  entre  dans  d'intéressants  détails  sur  l'intérêt  qu'offrent  dans  tous  les 
pays  ces  fêtes  agricoles,  et  sur  les  avantages  particuliers  qu'elles  ont  dans  un  pays 
neuf  comme  l'Algérie,  aussi  bien  pour  les  Européens  que  pour  les  indigènes.  Il 
s'appesantit  longuement  sur  la  nécessité  d'arrêter  un  programme  général  de 
l'aménagement  des  eaux,  et  sur  l'exemple  fourni  par  Bel-Abbès  de  ce  que  peut 
l'initiative  individuelle,  secondée  par  l'Etat  ;  aussi  pense-t-il,  en  présence  de  la 
prospérité  de  cette  contrée,  qu'il  est  permis  de  revendiquer  pour  la  France  l'hon- 
neur de  ne  pas  avoir  été  inférieure  à  ses  devanciers.  Après  avoir  rappelé  que 
bientôt  viendra  devant  le  Parlement  la  question  de  l'œuvre  complémentaire  de 
colonisation,  il  termine  par  ces  mots  couverts  d'applaudissements  unanimes  :  «  La 
réunion  de  ce  Comice,  les  résultats  qu'il  a  produits  nous  aideront  puissamment  à 
prouver  qu'en  demandant  un  dernier  sacrifice,  ce  n'est  pas  une  Irlande  que  nous 
préparons  à  la  France,  mais  un  grenier  d'abondance,  une  colonie  prospère  et 
tranquille,  qui  restera  étroitement  unie  à  la  mère  patrie.  » 

M.  Du  Peyrat  a  ensuite  prononcé  le  discours  d'usage,  recueillant  des  applau- 
dissements répétés  pour  ses  paroles  d'un  sentiment  élevé,  montrant  la  part  qui 
revient  à  chacun  dans  l'œuvre,  et  citant  au  nombre  de  ces  initiateurs  le  Comice 
agricole  de  Bel-Abbès  qui  a  su  grouper  autour  de  lui  tant  d'adhésions  sans  .les- 
quelles l'exposition  eîit  été  incomplète. 

De  son  côté,  M.  Bordet,  président  de  la  Société  d'agriculture  d'Alger,  a  lu  son 
excellent  rapport  sur  la  prime  d'honneur,  document  que  nous  examinerons  avec 
soin  dans  un  prochain  article,  et  les  lauréats  ont  été  successivement  appelés,  aux 
applaudissements  de  la  salle,  par  MM.  Couvert  pour  le  concours  régional,  de 
Saint-Pern  pour  le  concours  hippique,  Mathin  pour  l'exposition  industrielle  et 
scolaire,  Letèvre  au  nom  de  la  Société  d'encouragement  à  l'agriculture,  Fabriès 
pour  la  Société  des  aofriculteurs  de  France,  le  Comice  d'Alger,  la  Ligue  de  reboi- 
sement de  la  même  ville. 

Nous  manquerions  à  tous  nos  devoirs  si  nous  ne  rappelions  en  terminant  la 
charmante  soirée  préparée  à  l'hôtel  d'Orient  par  les  soins  des  membres  de  l'Asso- 
ciation algérienne  des  anciens  élèves  des  écoles  d'agriculture,  qui  au  nombre 
de  30  environ,  s'étaient  groupés  pour  échanger  l'expression  des  sentiments  de 
solidarité  et  de  confraternité  qui  les  animent  tous,  invitant  à  cette  réunion  tout 
intime,  le  commissaire  général  du  concours  agricole,  le  maire  et  le  président  du 
Comice  de  Bel-Abbès. 

L'illumination  magnifique  des  grandes  artères  de  la  ville,  de  la  place  des  Quin- 
conces, de  la  grande  avenue  conduisant  extérieurement  au  pont  d'Oran;  un  bal 
très  animé  et  un  splendide  feu  d'artifice  tiré  sur  le  plateau,  dit  du  village  nègre, 


CONCOURS  RÉGIONAL  AGRICOLE  DE  SIDI-BEL-ABBÈS.  179 

ont  complété  la   série   des   réjouissances   offertes  par  Bel-Abbès    à   ses    hôtes. 

En  chronicfueur  dévoué  nous  avons  voulu  revoir  le  mardi  matin  ces  lieux,  hier 
encore  si  animés  et  si  intéressants,  vers  lesquels  nous  nous  sentions  d'ailleurs 
porté  comme  vers  l'objet  qui  vous  a  coûté  beaucoup  de  peine,  tout  en  vous  pro- 
diguant une  grande  joie.  Hélas,  tout  était  morne  et  silencieux,  et  nous  ne  parle- 
rons de  ce  lendemain  que  pour  rappeler  que  le  concours  était  bien  fini. 

Oui,  le  concours  est  bien  mort  extérieurement,  mais  pour  nous  qui  voyons  avant 
tout  les  effets  et  non  la  cause,  le  but  et  non  l'action  du  moment,  nous  nous 
écrierons  avec  conviction  :  son  souvenir  au  moins  existera  encore  longtemps  dans 
la  pensée  de  tous  ceux  qui  l'ont  visité  avec  soin,  de  tous  ceux  qui  ont  admiré  les 
magnifiques  objets  et  les  beaux  animaux  réunis  dans  cet  endroit,  de  ceux  qui  ont 
assisté  aux  fêtes  dues  à  une  large  et  bienveillante  hospitalité;  il  survivra  aussi 
dans  l'esprit  de  ceux  qui  voient  dans  ces  assises  autre  chose  qu'une  vulgaire 
réunion  d'objets  variés,  mais  qui  y  recherchent  les  moyens  de  consolider  les  sen- 
timents de  solidarité  et  d'humanité  qui  animent  toutes  nos  populations  agricoles  : 
il  restera  impérissable  enfin  chez  tous  ceux  qui  aiment  notre  belle  colonie  et  qui 
trouvent  dans  sa  prospérité  un  avantage  de  plus  pour  la  mère  patrie. 

{La  suite  prochainement) .  L.  Bastide, 

Président  du  Comice  de  Bel-Abbès. 

LA  SITUATION  DANS  LES  ALPE-SMARITIMES 

Mon  cher  directeur,  Nizza  la  hella  a  été  cette  année  au-dessous  de 
sa  vieille  réputation;  l'hiver  a  été  détestable  dans  le  pays  où  fleurit 
l'oranger.  Nous  avons  eu  de  la  pluie,  des  bourrasques  et  de  la  neige; 
oui  de  la  neige  et  par  trois  fois  :  fin  décembre  et  en  mars.  Il  n'était 
pas  tombé  de  neige  dans  la  contrée  pendant  le  mois  de  mars  depuis 
1836,  c'est-à-dire  depuis  quarante-sept  ans,  et  cette  année  nous  avons 
vu  une  légère  nappe  blanche  le  13  et  le  23.  Le  14  avril,  il  est  tombé 
de  la  grêle  et  depuis  samedi  la  pluie  n'a  pas  discontinué,  ce  matin 
(24  avril)  entre  5  et  7  heures  le  tonnerre  a  grondé.  Dans  les  environs 
de  Nice,  les  orangers  et  les  palmiers  ont  peu  souffert,  mais  dans  les 
environs  de  Grasse  la  plupart  des  orangers  ont  péri,  ainsi  que  les 
jasmins  et  les  héliotropes,  qu'on  palisse  contre  les  murs  et  qui  sont 
vivaces,  comme  vous  savez. 

Le  Golfe-Juan  a  beaucoup  souffert  ;  toutes  les  belles  plantes  ont  leurs 
feuilles  brûlées,  parce  que  la  neige  tombée  en  assez  grande  quantité 
pendant  la  nuit  du  23  mars  a  été  transformée  en  glace  par  un  fort 
mistral;  en  somme  la  récolte  des  fleurs  d'orangers,  des  primeurs, 
fèves,  petits  pois,  etc.,  est  perdue.  A  Fréjus,  la  neige  a  atteint  le 
14  mars  0"'.30  de  hauteur,  aussi  la  plaine  qui  s'étend  de  Roquebrune 
à  la  mer  en  passant  par  Puget  et  Saint-Raphaël,  cette  vaste  plaine 
toute-blanche  présentait  un  aspect  tout  à  fait  nouveau,  d'autant  qu'un 
beau  soleil  dans  un  ciel  pur  et  sans  nuages  éclairait  ce  magnifique 
paysage. 

A  Draguignan,  à  Riam  et  à  Grasse,  la  neige  a  atteint  0™.35  de 
hauteur. 

Avant  de  clore  ma  lettre,  je  vous  dirai  quelques  mots  de  l'exposi- 
tion internationale  qui  aura  lieu  cet  hiver  à  l'époque  et  à  l'occasion  du 
concours  régional. 

Les  travaux  de  l'édifice  qu'on  nomme  déjà  le  Palan  de  V exposition 
sont  bien  en  train. 

Le  monument  sera  élevé  sur  le  vaste  plateau  qui  domine  les  plaines 
de  Saint-Philippe  et  de  Saint-Etienne.  De  ce  point,  l'œil  du  curieux, 
du  visiteur  de  l'exposition  verra  un  splendide  panorama,  c'est-à-dire 
la  vallée  qui  s'étend  du  Mont-Boron  au  fleuve  du  Var,  puis  la  baie 


180  SITUATION  AGRICOLE   DANS    LES  ALPES  MARITIMES. 

des  Anges,  à  droite  le  cap  d'Antibes  et  Jusqu'aux  forêts  de  l'Estérel. 

Le  monument  comprend  deux  immenses  nefs  séparées  par  une  sorte 
do  large  portique  formant  atrium,  en  avant  duquel  se  trouve  une  porte 
monumentale.  De  chaque  côté  l'édifice  est  flanqué  d'une  tour  très 
élevée  desservie  par  deux  ascenseurs;  au  centre  de  l'atrium  et  lui 
servant  de  péristyle,  il  existe  une  nef  centrale  d'une  grande  capacité; 
enfin  des  galeries  latérales,  enveloppant  toutes  ces  nefs^  et  un  prome- 
noir de  6  mètres  desserviront  toutes  les  galeries. 

Pour  compléter  cet  ensemble^  on  construira  en  avant  de  l'édifice 
une  grande  cascade  qui  sera  alimentée  par  les  eaux  de  la  Vésubie  si 
impatiemment  attendues  par  la  population,  parce  qu'elle  aura  pour 
30  francs  par  an  1 ,000  litres  d'eau  par  jour,  ce  qu'elle  paye  aujourd'hui 
100  francs. 

De  chaque  côté  de  la  cascade,  deux  escalierS  grandioses  donneront 
accès  à  l'édifice. 

Des  annexes  extérieures,  chalets,  pavillons  édicules,  colonnes,  hé- 
micycles et  autres  constructions  compléteront  l'ensemble  de  l'exposi- 
tion dont  le  parc  sera  peuplé  de  superbes  plantes.        Ernest  Bosc, 

Architecte,  ancien  inspecteur  des  travaux  de  l'Etat. 

LA  PRIME  D'HONNEUR  DE  LINDRE  EN  1882-  -  III 

M.  Thimel.  Ferme  de  Bouesse^  commune  de  Bouesse.  —  La  terre  de  Bouesse 
est  située  dans  la  commune  de  ce  nom  et  sur  les  confins  de  la  Brenne  et  du 
Boischault;  elle  participe  inégalement  aux  conditions  climatériques  et  géologiques 
de  ces  deux  contrées.  Sa  surface  est  de  205  hectares  d'un  seul  tenant.  Le  sol  est 
pour  la  plus  grande  partie  de  nature  siliceuse,  et  argilo-siliceuse  sur  le  reste.  Le 
sous-sol  est  partout  formé  d'une  argile  plus  ou  moins  compacte,  mais  complète- 
ment imperméable.  L'élément  calcaire  ne  se  montre  sur  aucun  point  de  la 
propriété.   • 

Entreprendre  d'améliorer  des  terres  pauvres  couvertes  de  landes  et  de  marais 
est  une  œuvre  difficile  et  de  longue  haleine;  pour  la  terminer,  il  faut  souvent  la 
vie  d'un  homme  et  même  parfois  le  travail  de  plusieurs  générations  de  cultivateurs. 
Et  encore,  la  réussite  n'est  possible  qu'à  ceux  qui  possèdent,  non  seulement  des 
capitaux,  mais  une  grande  énergie  physique  et  morale  et  des  connaissances  pro- 
fondes des  choses  agricoles. 

Nous  avons  en  ce  moment  sous  les  yeux  un  de  ces  hommes  rares  qui  réunissent 
toutes  ces  conditions.  M.  Thimel,  le  propriétaire  de  Bouesse,  s'est  consacré  pen- 
dant vingt-sept  ans  à  la  mise  en  valeur  d'une  terre  restée  pauvre  et  presque  stérile 
jusqu'à  l'époque  à  laquelle  il  en  eut  la  possession. 

Né  et  élevé  au  milieu  des  travaux  agricoles,  qu'il  a  toujours  aimés,  M.  Thimel 
descend  d'une  très  honorable  famille  de  la  Bourgogne.  Dans  sa  jeunesse,  les  cir- 
constances lui  firent  quitter  l'agriculture  pour  occuper  dans  le  commerce  parisien 
une  position  qu'il  sut  rendre  fort  lucrative  par  son  travail.  Sa  fortune  faite  et 
sentant  ses  premiers  penchants  reprendre  leur  empire,  il  parcourut  différentes 
régions  de  la  France  pour  trouver  un  sol  moins  cher,  relativement  à  son  étendue, 
que  ne  l'est  celui  de  son  .pays  natal.  Une  terre  couverte  en  majeure  partie  de 
bruyères,  de  ronces,  de  joncs,  de  marais  et  même  d'étangs  insalubres,  ne  l'effraya 

fias.  Ce  fut  précisément  au  milieu  de  ces  conditions  peu  séduisantes  qu'il  choisit 
e  domaine  sur  lequel  il  devait  définitivement  se  fixer  et  élever  sa  famille.  Un  fonds 
de  cette  nature  ne  pouvait  manquer  d'être  rebelle  aux  améliorations. 

C'est  en  1855  que  M.  Thimel  se  rendit  acquéreur  du  château  et  de  la  ferme  de 
Bouesse  et  qu'il  en  prit  l'exploitation  directe  par  domestiques. 

Sans  se  dissimuler  les  difficultés  à  surmonter,  les  résistances  à  vaincre,  il  se 
mit  courageusement  et  résolument  à  l'œuvre. 

Pour  compléter  ce  que  nous  venons  de  dire  sur  l'état  de  la  propriété,  jetons 
encore  un  coup  d'œil  rapide  et  rétrospectif  sur  ce  qu'étaient  les  cultures,  le  ma- 
tériel agricole  et  les  animaux  de  la  ferme  lors  de  la  prise  en  possession. 

A  cette  époque  l'exploitation  de  Bouesse  ne  comprenait  que  7  hectares  de  mau- 
vaises prairies  et  environ  60  hectares  de  terres  arables  dans  un  déplorable  état  de 


LA  PRIME  D'HONNEUR  DE  L'INDRE.  181 

culture,  se  refusant  à  produire  du  blé  et  ne  donnant  par  hectare  que  7  à  8  hec- 
tolitres d'un  seigle  médiocre.  Les  landes  et  les  marais-  occupaient  près  de 
120  hectares. 

Le  matériel  d'exploitation,  tout  à  l'ait  insuffisant,  était  pour  ainsi  dire  sans 
valeur;  il  n'a  été  d'aucune  utilité  à  M.  Thimel  qui  dès  son  entrée  a  dû  le  renou- 
veler entièrement. 

Les  animaux  entretenus  sur  la  ferme  étaient  peu  nombreux  et  ne  comprenaient 
que  des  bêtes  à  cornes  sans  race  et  sans  formes  déterminées  et  des  moutons  de 
petite  taille;  vivant  presque  toute  l'année  dehors,  ils  passaient  misérablement 
l'hiver  faute  de  fourrage  et  ne  produisaient  conséqueminent  que  fort  peu  de 
fumier. 

Dans  cette  propriété  à  demi  sauvage  et  n'offrant  aucun  point  d'appui  pour 
asseoir  les  améliorations  futures,  tout  était  à  créer.  Pas  de  fumure  en  terre,  pas 
de  fumier  en  tas,  pas  de  fourrage  pour  en  produire.  C'était  un  délabrement 
pénible  à  voir. 

Disons  d'abord  que  M.  Thimel  ne  chercha  pas  longtemps  la  voie  qu'il  devait 
suivre  pour  atteindre  son  but,  et  malgré  les  nombreux  obstacles  qu'il  rencontra, 
ses  tentatives  produisirent  dès  le  début  les  résultats  les  plus  encourageants. 
L'œuvre  de  Bouesse  s'est  accomplie  en  deux  périodes  bien  distinctes. 
Dans  la  première  se  trouvent  le  défrichement  et  les  autres  améliorations  fon- 
cières, et  dans  la  seconde  nous  voyons  là  création  des  prairies,  l'augmentation  et 
l'amélioration  des  animaux  de  la  ferme. 

Les  landes  défrichées,  à  l'aide  de  puissantes  charrues,  reçurent  de  fortes  doses 

de  noir  animal  et  de  phosphate  de  chaux.   L'amélioration  des  vieilles  terres  fut 

obtenue  par  des  cultures  soignées  et  par  l'achat  de  fumier  et  d'engrais  industriels. 

Le  drainage  avec  tuyaux  en  terre  cuite  dut  être  appliqué  à  une  grande  partie 

des  terres  déjà  en  culture  et  à  presque  toutes  celles  qui  furent  défrichées. 

Dans  cette  période,  il  fallut  acheter  également  des  fourrages  pour  nourrir  les 
nombreux  attelages  que  nécessitaient  les  pénibles  travaux  de  défrichement. 

Le  calcaire  faisant  défaut  dans  toutes  les  terres,  l'acquisition  de  la  chaux  devint 
indispensable,  et  elle  fut  employée,  concurremment  avec  de  fortes^fumures,  à  raison 
de  12  à  15  mètres  cubes  à  l'hectare. 

A  mesure  que  la  progression  des  défrichements  éloignait  les  cultures  des 
bâtiments  d'exploitation,  les  chemins  d'accès  étaient  construits  et  s'avançaient 
suivant  un  plan  d'ensembh  préalablement  arrêté. 

Ces  chetnins,  tracés  avec  art,  bordés  de  fossés  bien  entretenus  et  même  par 
endroits  de  belles  plantations  d'arbres,  ont  aujourd'hui  une  apparence  de  grandes 
routes  et  un  développement  de  plus  de  3,000  mètres. 

Défricher  les  landes  n'est  pas  le  problème  agricole  le  plus  difficile  pour  mettre 
ces  terres  en  valeur,  c'est  de  les  entretenir  ensuite  en  culture,  de  les  améliorer 
tout  en  leur  faisant  produire  une  récolte  rémunératrice  tous  les  ans.  M.  Thimel  a 
toujours  su  y  parvenir.  Dans  sa  marche  en  avant,  chaque  parcelle  nouvellement 
attaquée  par  la  charrue  était  pour  lui  une  position  définitivement  acquise.  La 
terre  restait  en  culture  non  interrompue.  Après  trois  ou  quatre  ans  de  récolte  au 
noir  animal  ou  au  phosphate  fossile,  elle  était  drainée  et  chaulée,  et  rentrait  enfin 
dans  l'assolement  régulier  pour  porter  sa  part  de  production  et  contribuer  à  l'ac- 
croissement simultané  des  fourrages,  du  bétail  et  des  fumiers  produits. 

Le  manque  de  fourrage  fut  au  début  une  des  plus  grandes  difficultés  dans  la 
mise  en  valeur  des  brandes  de  Bouesse.  Le  propriétaire  se  préoccupa,  aussitôt  que 
cela  fut  possible,  de  remédier  à  cet  état  de  choses  ;  il  sut  tirer  très  heureusement 
parti  des  eaux  pluviales  et  de  drainage  en  les  amenant  par  des  fossés,  suivant  la 
pente  naturelle,  sur  de  vastes  surfaces  de  terrains  transformés  en  prairies  natu- 
relles. M.  Thimel  ne  néfffifrea  rien  dans  la  création  de  ces  prairies;  elle  ne  furent 

'  ^^■  Il  ••T"  1' 

ensemencées  qu  après  six  ou  sept  ans  de  cultures  suivies.  La  graine  employée 
l'ut  bien  choisie  et  parfaitement  appropriée  à  la  nature  du  sol.  Les  eaux  de  cours 
mêlées  aux  eaux  de  pluie  et  de  drainage  furent  distribuées  par  des  irrigations 
admirablement  bien  comprises. 

Toutes  les  prairies,  comme  du  reste  toutes  les  terres  arables  de  Bouesse,  sont 
actuellement  en  plein  rapport  et  les  205  hectares  dont  se  compose  le  domaine  se 
trouvent  ainsi  répartis  : 

132  hectares  en  terres  arables, 
56      —        en  prairies 
14      —        en  bois, 
3  sont  occupés  par  les  bâtiments,  les  cours,  les  jarJins  et  les  routes. 


182  LA  PRIME  D'HONNEUR  DE  L'INDRE. 

L'assolement  adopté  est  triennal  et  repose  sur  le  principe  de  l'alternat.  Chaque 
sole  fournit  annuellement  une  récolte.  Les  plantes  nettoyantes  succèdent  aux 
plantt^s  qui  favorisent  la  croissance  des  mauvaises  heibes.  En  outre,  la  surface 
accordée  aux  céréales  est  restreinte  relativement  à  celle  occupée  par  les  fourrages 
artificiels  et  les  cultures  sarclées. 

Les  plantes  cultivées  sur  la  ferme  de  Bouesse  sont  nombreuses.  Comme  cé- 
réales nous  y  trouvons  le  Lié,  le  seigle,  l'orge  et  l'avoine;  comme  plantes  fourra- 
gères, ]a  luzerne,  le  trèfle  ordinaire,  le  trèfle  incarnat,  la  minette,  la  vesce,  le 
maïs,  le  raoha,  etc.;  comme  plantes  à  racines  alimentaires,  la  betterave,  la  carotte, 
la  pomme  de  terre  et  le  topinambour;  comme  plantes  industrielles,  le  colza  et 
quelquefois  la  navette. 

Le  mode  de  culture  suivi  et  la  combinaison  adoptée  dans  la  succession  des 
récoltes  donnent  les  résultats  les  plus  satisfaisants.  Ainsi,  le  blé  dont  la  culture 
était  impossible  avant  18t5  a  donné  en  1881  un  rendement  de  30  hectolitres  à 
l'hectare  et,  malgré  la  sécheresse  extrême  de  l'été,  la  luzerne  a  produit  8,000  kilog. 
de  foin;  le  trèfle  7,500  kilog. ;  la  pomme  de  terre  22,000  kilog.  de  tubercules 
et  la  betterave  44,000  kilog.  de  racines. 

Telles  sont  les  principales  améliorations  commencées  dans  la  première  période 
de  transformation  et  continuées  dans  la  seconde,  qui  est  particulièrement  carac- 
térisée par  l'extension  donnée  aux  prairies  et  l'augmentation  et  l'amélioration  des 
animaux  de  la  ferme. 

Le  bétail  a  été  la  grande  préoccupation  de  M.  Thimel  pendant  ces  27  années 
de  travail  opiniâtre.  Après  avoir  accru  la  production  fourragère,  il  consacra  tous 
ses  soins  à  l'amélioration  des  animaux  et  principalement  aux  bêtes  bovines.  Mais 
ici,  quelle  voie  devait-il  suivre?  Devait-il  d'un  seul  coup  importer  une  race  per- 
fectionnée et  plus  développée  que  la  race  locale  ou  bien  seulement  de  bons  repro- 
ducteurs pour  les  croiser  avec  les  animaux  du  pays  ? 

L'importation  d'une  rac  plus  forte  et  par  conséquent  plus  exigeante  sous  le 
rapport  de  la  nourriture,  eût  été,  surtout  dans  le  commencement  de  cette  période, 
une  faute  grave  que  M.  Thimel  se  garda  bien  de  commettre.  Quoique  la  produc- 
tion fourragère  se  fiât  considérablement  augmentée,  elle  n'eût  peut-être  pas  tou- 
jours été  assez  abondante  pour  des  animaux  à  grande  t'aille. 

Dans  ces  circonstances,  le  croisement  qui  aurait  pu  se  faire  par  l'introduction 
dans  la  ferme  de  reproducteurs  perlectionnés,  ne  pouvait  donner  non  plus  un 
résultat  certain. 

Ces  deux  procédés  éliminés,  il  ne  restait  plus  f[ue  la  sélection.  Et  c'est  en  effet 
ce  moyen  que  le  propriétaire  de  Bouesse  employa. 

Il  acheta  dans  la  contrée  quelcjues  bons  reproducteurs  de  la  race  parthenaise, 
assez  répandue  dans  le  pays,  et  guidé  par  les  ouvrages  de  Baudement,  de  Dom- 
basle,  de  Magne,  de  Villeroy,  etc.,  qui  recommandent  l'amélioration  progressive, 
il  obtint,  après  un  certain  nombre  de  générations,  les  résultats  les  plus  heureux. 

Alors,  l'abondance  de  la  nourriture  aidant,  il  poussa  plus  loin  le  perfectionne- 
ment de  son  bétail,  en  infusant  pendant  plusieurs  générations  le  sang  de  la  racé 
limousine  dans  les  sujets  les  plus  parfaits  de  sa  vacherie.  Il  a  continué  ensuite 
son  œuvre  parla  sélection  la  mieux  entendue.  Aujourd'hui  la  vacherie  de  Bouesse 
est  nombreuse  et  superbe;  elle  représente  pour  ainsi  dire  une  race  nouvelle  et 
unique  dans  le  pays.  Les  caractères  qui  la  distinguent  sont  une  grande  régularité 
dans  les  formes,  un  corps  allongé,  la  légèreté  et  l'élégance  dans  la  marche  et  la 
couleur  grise,  si  estimée  dans  les  foires  de  l'Indre.  De  plus,  elle  est  rustique  et 
très  apte  au  travail  et  à  l'engraissement.  La  fixité  de  ces  caractères  est  maintenant 
une  chose  acquise. 

Le  perfectionnement  du  troupeau  fut  aussi  sérieusement  étudié  et  conduit  sui- 
vant les  meilleurs  principes  de  la  zootechnie. 

Avant  l'assainissement  et  le  chaulage  des  terres,  le  mouton  ne  réussissait  pas  à 
Bouesse,  surtout  pendant  les  années  humides.  La  cachexie  aqueuse,  cette  terrible 
maladie  de  l'espèce  ovine,  entraînait  alors  fréquemment  une  grande  mortalité. 
Mais  l'action  du  drainage  et  de  la  chaux  vint  détruire  les  influences  funestes 
inhérentes  à  la  nature  du  sol. 

M.  Thimel  améliora  la  race  berrichonne  en  la  croisant  avec  la  race  southdown. 
Ce  croisement  a  toujours  donné  d'excellents  produits.  Les  moutons  de  Bouesse 
sont  recherchés  par  les  engraisseurs  et  par  la  boucherie  du  pa}s;  ils  sont  parti- 
culièrement remarquables  par  l'ampleur  et  la  régularité  des  formes,  par  la  finesse  de 
l'ossature,  le  développement  musculaire  et  aussi  par  la  rusticité  de  leur  constitution. 


LA  PRIME  D'honneur  de  l'indre.  183 

La  J3ergerie  de  M,  Thimel  comprend,  suivant  l'époque  de  l'année,  de  400  à 
500  bètes  et  est  pour  lui  une  source  importante  do  bénéfices. 

Les  bâtiments  de  la  ferme  sont  c^énéralement  bien  appropriés  pour  un  bon  ser- 
vice, mais  rien  n'a  été  concédé  au  luxe.  Le  propriétaire  s'est  fait  une  loi  sévère  de 
loger  ses  animaux  de  la  façon  la  plus  économique,  tout  en  tenant  le  plus  grand 
compte  des  préceptes  de  l'hygiène.  Les  anciens  locaux,  modifiés  intérieurement, 
sont  encore  utilisés  ;  cependant,  depuis  longtemps  déjà,  ils  sont  devenus  insuffi- 
sants, l'augmentation  du  bétail  a  nécessité  de  nouvelles  constructions,  dans  l'une 
se  trouve  installée  la  vacherie.  Cette  étable  est  bien  construite,  on  voit  que  les 
règles  du  génie  rural  ont  présidé  à  son  aménagement;  elle  est  spacieuse,  élevée 
et  le  renouvellement  de  l'air  s'y  obtient  facilement  et  dans  les  meilleures 
conditions. 

Il  est  encore  à  Bouesse  une  infinité  de  choses  imporiantes  et  très  dignes  d'être 
connues,  mais  à  regret  nous  les  passerons  sous  silence  pour  ne  pas  donner  à  ce 
rappoît  une  longueur  démesurée. 

En  résumé,  M.  Thimel  s'est  consacré  pendant  vingt-sept  ans,  avec  une  énergie 
et  une  persévérance  rares,  à  la  mise  en  valeur  d'une  ferme  prise  dans  un  état  de 
délabrement,  et  dont  la  plus  grande  surface  était  couverte  de  brandes  et  de 
marais.  Smi  activité  intelligente,  ses  habitudes  de  travail,  d'ordre  et  d'économie 
s'ajoutant  aux  ressources  pécuniaires  disponibles  que  lui  laissait  l'acquisition  d'un 
domaine  important,  il  a  vu  ses  efforts  couronnés  d'un  plein  succès.  Tous  ses 
grands  travaux  d'amélioration  sont  en  effet  terminés,  h  s  terres  ont  été  amenées  à 
un  état  de  fécondité  exceptionnel  et  les  récoltes  sont  d'une  beauté  remarquable. 
Le  perfectionnement  des  animaux  de  la  ferme  est  arrivé  à  un  degré  des  plus 
satisfaisants. 

Les  grands  travaux  d'assainissement  et  de  défrichement  exécutés  à  Bouesse 
ont  eu  des  résultats  considérables  au  point  de  vue  matériel  et  l'effet  moral  n'a  pas 
été  moindre  sur  l'esprit  et  la  santé  des  habitants. 

Un  autre  grand  mérite  de  M.  Thimel,  c'est  d'avoir  formé  dans  sa  région  des 
travailleurs  agricoles,  qui  manquaient  avant  son  arrivée. 

Pour  le  jury,  comme  pour  tous  ceux  qui  connaissent  le  propriétaire  de  Bouesse, 
cet  agriculteur  émérite  est  une  preuve  de  ce  que  peuvent  produire  l'amour  de  la 
propriété  foncière  et  le  travail  opiniâtre  guidé  par  le  bon  sens,  l'observation  pa- 
tiente et  aussi  par  la  lecture  des  meilleurs  livres  agricoles,  auxquels  il  doit  une 
large  part  de  son  savoir  et  de  son  succès.  Que  de  propriétés  incultes  seraient 
amenées  à  cet  état  de  fécondité  et  de  prospérité  profitable  à  tous  si,  dans  toute  la 
France,  de  pareils  exemples  étaient  suivis  ! 

Nous  ne  pouvons  clore  ce  rapport  sans  rappeler  ici  la  part  considérable  qu'à 
prise  à  la  transformation  de  l'exploitation  de  Bouesse  M,  Emile  Thimel,  qui  pen- 
dant longtemps  a  été  le  collaborateur  aussi  intelligent  que  dévoué  de  son  père. 

Durant  la  première  période  d'amélioration,  se  chargeant  de  la  partie  qui  exigeait 
les  connaissances  et  l'art  de  l'ingénieur,  il  dressait  les  plans  des  chemins,  des 
drainages  et  des  iriigations  et  en  surveillait  l'exécution;  il  présidait  à  la  construc- 
tion et  à  l'aménagement  des  bâtiments,  à  l'installation  et  au  l'onctionneraent  des 
machines  et  des  instruments  perfectionnés  employés  tant  à  l'intérieur  qu'à  l'exté- 
rieur de  la  ferme. 

Les  personnes  qui  ont  visité  Bouesse  se  rappellent  avec  quelle  ardeur  M.  Emile 
Thimel  s'adonnait  à  ces  occupations  auxquelles  ses  goûts  et  ses  études  l'avaient 
si  bien  préparé. 

Prenant  également  part  aux  travaux  agricoles  de  l'exploitation,  il  a  été  pour 
son  père  un  auxiliaire  constant  et  précieux.  Malgré  les  soins  assidus  qu'exige 
son  exploitation  particulière,  il  n'a  pas  cessé  de  prêter  son  concours  à  l'œuvre 
paternelle. 

Après  avoir  examiné  longuement  les  remarquables  travaux  qui  ont  si  heureu- 
sement transformé  )a  ferme  de  Bouesse,  le  jury  ne  pouvait  douter  que  tant  d'amé- 
liorations n'aboutissent  à  des  résultats  financiers  largement  rémunérateurs.  C'est, 
en  effet,  ce  qu'il  a  constaté  avec  une  véritable  satisfaction,  en  faisant  l'examen  de 
la  comptabilité,  tenue  en  partie  simple,  mais  très  régulièrement.  Toutes  les  opé- 
rations sont  soigneusement  enregistrées.  Par  l'examen  des  divers  livres  tenus  par 
M.  Thimel  on  peut  à  tout  instant  être  exactement  renseigné  sur  la  situation  des 
diverses  branches  de  l'exploitation  et  constater  leur  bénéfice. 

En  présence  des  résultats  acquis  aussi  considérables,  d'une  valeur  aussi  incon- 
testable, le  jury  est  heureux  de  décerner  à  M.  Thimel  la  prime  d'honneur  du 


184 


LA  PRIME  D'HONNEUR    DE  L'INDRE. 


concours  régional  de  Ghâteauroux  de  1882,  pour  avoir  réalisé,  sur  son  exploitation 
de  Bouesse,  les  améliorations  les  plus  utiles  et  les  plus  propres  à  être  offertes 
comme  exemple.  Franc, 

Professeur  départemental  d'agrici;lture  du  Cher. 

BONDE  AUTOMATIQUE  DU  SYSTÈME  SERRE 

Parmi  les  appareils  de  l'oulillage  vinicole  qui  figuraient  à  la  grande 
exposition  de  Bordeaux,  en  1882,  il  faut  signaler  la  bonde  fixe  et 
automatique  du  système  Serre  que  représentent  les  fig.  14  et  15.  Cette 
bonde  peut  rendre  de  grands  services  dans  les  celliers  et  dans  les 
caves. 

La  bonde  automatique  est  une  serrure  qui  se  ferme  elle-même  dès 
que  le  robinet  est  retiré  et  met,  de  cette  façon,  le  liquide  contenu  dans 
le  fût  à  l'abri  de  la  malveillance  ou  de  la  maladresse.  Un  seul  robinet 
peut  servir  pour  tous  les  fûts  munis  d'une  bonde  automatique  d'un 


P'ig.  14.  —  Bonde  automatique  ouverte. 

calibre  correspondant  à  celui  de  ce  robinet.  Le  robinet  étant  retiré,  un 
bouchon,  par  surcroît  de  sûreté,  se  visse  sur  la  bonde  et  peut  être 
scellé  ou  cadenassé  pour  complément  de  sécurité. 

La  bonde  ne  dépasse  pas  le  jable;  par  conséquent,  les  fûts  peuvent 
aisément  être  manœuvres  et  voyager  sans  risques  de  bris.  Tous  les 
systèmes  de  robinets  peuvent  s'adapter  à  la  bonde  automatique  et  les 
anciens  robinets  peuvent  être  utilisés  moyennant  une  petite  dépense 
d'ajustage. 

La  bonde  se  visse  dans  le  fond  D  et  s'y  fixe  au  moyen  de  vis 
ménagées  dans  la  bride  B.  Un  joint  C  en  caoutchouc  ou  en  mastic 
complète  l'étanchement;  s'il  s'agit  d'un  récipient  en  tôle,  la  bonde  se 
soude  ou  se  rive. 

La  bonde  étant  au  repos,  le  bouchon  X  (fig.  15)  est  vissé  sur  la 
partie  V,  le  ressort  N  se  trouve  détendu  et  la  soupape  P  ferme  hermé- 
tiquement la  communication  entre  le  liquide  et  l'espace  ambiant. 

Veut-on  soutirer?  On  desserre  et  on  enlève  le  bouchon,  puis,  à 
sa  place  on  met  le  robinet  A,  dont  la  tige  se  visse  dans  la  bonde.  Au 
turet  à  mesure  que  cette  tige  avance,  le  tampon  R  recule  et  entraîne  la 
tige  M  et  sa  soupape  P.  L'écoulement  commence. 

Le  liquide  entre  dans  la  bonde  par  les  trous  0  percés  dans  l'extré- 


BONDE  AUTOMATIQUE  DU  SYSTÈME  SERRE.  185 

mité  de  celle-ci,  passe  par  l'orifice  S,  puis  autour  et  par  des  trous 
percés  dans  le  tampon  R  et  s'écoule  par  le  robinet  si  la  clef  de  celui-ci 
a  été  ouverte. 

Quand  le  soutirage  est  fini,  on  enlève  le  robinet,  le  tampon  R  suit  le 
mouvement,  sollicité  qu'il  est  par  le  ressort  N,  et  la  soupape  P  vient  s'ap- 
puyer sur  son  siège  S  et  supprime  toute  com- 
munication de  l'intérieur  avec  l'extérieur. 

Pour  les  voyages,  ou  par  mesure  de  sû- 
reté, on  peut  taire  venir  sur  la  bonde  une 
petite  chape  B,  et  sur  le  bouchon  un  petit 
bossage  K. 

Un  taquet  Z  pris  dans  la  chape  B  se 
rabat  sur  le  bossage  K.  qui,  ainsi  que  le 
taquet,  porte  un  trou.  Ces  deux  trous  se 
correspondent  et  permettent  de  passer  un 
petit  cadenas  ou  une  ficelle  dont  on  réunit 
les  extrémités  par  un  sceau. 

Cette  bonde  automatique  fait  partie  du 
matériel  vinicole  qui   est  en  vente   chez 

M.   Kehrig,  45,    rue    Notre-Dame,  à     Bor- pig.  15.  —  Bonde  automatique  fermée. 

deaux.  Le  prix  de  la  bonde  sans  robinet 

varie  de  6  à  13  fr.;  avec  le  robinet,  elle  coûte  de  9  fr.  50  à  18  fr., 

suivant  les  dimensions.  L.  deSARDRiAC. 

LA  SITUATION  AGRICOLE  EN  NORMANDIE 

Saint-Aubin-de-SceUon  (Eure),  2j  avril  1883. 

J'ai  parcouru  depuis  deux  jours  de  grandes  étendues  de  plaines,  et 
voici  ce  que  j'ai  constaté  : 

Les  colzas,  très  fortement  atteints  par  l'humidité  et  par  ces  der- 
nières gelées,  viennent  d'être  tout  à  coup  envahis  par  des  myriades 
de  pucerons  qui  vont  finir  de  les  étioler  complètement. 

Il  n'est  plus  permis  de  se  faire  la  moindre  illusion  sur  leur  rende- 
ment. De  l'avis  de  tous,  il  ne  parviendra  pas  toujours  à  couvrir  les 
frais  de  main-d'œuvre,  encore  moins  à  payer  la  rente  de  la  terre. 

J'ai  remarqué  de  bons  blés  sur  les  plateaux,  mais  d'autres,  en  plus 
grand  nombre^  très  inférieurs  dans  les  vallées  où  les  terres,  durcies  par 
les  haies  qui  ont  succédé  aux  pluies,  ne  paraissent  pas  capables  de 
laisser  à  la  plante  la  possibilité  de  taller  d'une  manière  satisfaisante. 

C'est  avec  surprise,  je  dirai  avec  peine,  que  je  ne  vois  pas  ici,  au 
printemps,  l'usage  du  hersage  des  céréales  et  des  légumineuses,  plus 
généralement  répandu.  Quelques  cultivateurs,  qui  en  ont  fait  l'essai 
et  reconnu  les  bons  effets,  se  gardent  bien  de  le  négliger;  mais  c'est  le 
petit  nombre,  et  ils  ne  trouvent  que  de  craintifs  imitateurs. 

11  faut,  cependant,  bien  noter  ceci,  c'est  que  plus  l'emblavure  paraît 
faible  après  l'hiver,  plus  il  est  nécessaire  de  la  soumettre  à  un  her- 
sage énergique  qui  très  souvent  ne  demande  que  quelques  jours  pour 
produire  les  meilleurs  effets,  et  pour  remplacer  par  une  splendide 
végétation  un  étiolement  qui  ne  pouvait  faire  présager  qu'une  récolte 
défectueuse  avec  addition  de  plantes  adventices  de  la  plus  mauvaise 
nature. 

Comme  bien  des  lettres  que  j'ai  l'honneur  de  posséder  me  prouvent 
que  vos  lecteurs  ont  trouvé  quelquefois  avantage  à  suivre  mes  con- 


186  LA  SITUATION  AGRICOLE   EN    NORMANDIE. 

seils,  je  me  permets  encore  cette  fois  de  leur  indiquer  les  moyens  que 
j'emploie  en  pareil  cas  et  qui  me  donnent  toujours  pleine  satisfaction  : 

Sur  une  céréale  d'hiver,  qui  me  paraît  trop  faible  au  printemps,  je 
fais  semer  une  légère  dose  de  sulfate  d'ammoniaque  (150  kilog.  à 
l'hectare,  150  kilog.  de  sel  marin  et  300  kilog.  de  plâtre)  que  j'enterre 
au  moyen  d'un  hersage  énergique  avec  mes  herses  articulées  d'Emile 
Puzenat,  et  que  je  fais  suivre  d'un  bon  roulage. 

Sur  mes  légumineuses  (trèfles,^  luzernes,  etc.),  je  fais  opérer  éga- 
lement un  épandage  de  plâtre  de  1 ,000  kilog.  à  l'hectare,  avec  un 
hersage  semblable  au  précédent,  qui  ouvre  la  terre  et  débarrasse  le 
pied  de  la  plante  des  herbes  desséchées  qui  ne  font  que  la  priver  de 
l'air  et  de  la  lumière  dont  elle  a  absolument  besoin  pour  végéter. 

On  commence  à  semer  les  lins,  récolte  excellente  autrefois  dans 
notre  région,  mais  qui,  depuis  plusieurs  années  déjà,  a  cessé  aussi, 
à  l'exemple  du  colza,  d'être  convenablement  rémunératrice,  en  raison 
surtout  des  fraie"  élevés  que  sa  culture  nécessite. 

Les  terres  destinées  à  recevoir  les  racines  fourragères  préparées  de 
longue  main  sont,  il  me  semble,  dans  de  bonnes  conditions.  Je  vois 
partout  semer  betteraves  et  carottes  champêtres. 

Nos  pommiers,  très  chargés  de  bourgeons,  semblent  attendre  un 
temps  plus  doux  pour  fleurir.  C'est  heureux,  vraiment,  par  ces  nuits 
glaciales  où  nous  constatons  souvent  de  2  à  3  degrés  de  froid,  avec 
une  épaisse  couche  de  gelée  blanche  sur  nos  prairies,  chaque  matin. 

E.  Cassé, 

membre  de  la  Société  d'agriculture  de  TEure. 

SUR  LES   CHANGEMENTS  A   INTRODUIRE 

DANS  LA  CULTURE  DU  CENTRE* 

«  On  ne  peut  pas  douter  que  pi  le  quart  des  terres  arables  qu'on  sème  main- 
tenant en  grains  était  convenablement  rais  tn  prairies  pour  la  nourriture  du 
bétail  jusqu'à  ce  qu'il  redevienne  propre  à  produire  d'abondantes  récoltes  de 
grains,  il  n'en  résultât  de  très  grands  avantages  et  pour  le  cultivateur  et  pour 
le  public,  attendu  que  les  trois  autres  quarts  mieux  amendés  et  cultivés  à  moins 
de  frais  produiraient  pour  la  consommation  autant  de  denrées  que  le  tout  en 
produit  aujourd'hui.»  Ainsi  s'exprimait,  il  y  a  près  d'un  siècle,  un  célèbre  agro- 
nome anglais,  sir  John  Sinclair,  et,  c'est  sous  l'empire  de  cette  pensée  qu'est  née 
cette  grande  préoccupation  de  l'agriculture  anglaise  —  la  production  du  bétail  et 
par  conséquent  la  production  fourragère. 

L'étendue  totale  du  Royaume-Um  est  de  30,520,000  hectares  ^  dont  près  de 
19  millions  en  terres  cultivées,  prairies  ou  pâturages. 

Il  est  intéressant  de  rechercher  quelle  est  l'étendue  de  chaque  espèce  de  culture 
en  1877  et  en  1851.  Nous  rapprocherons  les  chiffres  énoncés  p  ir  M.  James  Gaird 
dans  le  volume  de  l'agriculture  de  l\i)iglcterie,  édite  par  les  soins  de  notre  Société 
lors  du  congrès  international  de  1878,  de  ceux  énoncés,  par  Léonce  de  Lavergne, 
dans  VEconomie  rurale  de  l'Angleterre,  et  émanant  du  même  auteur  [Lettres  sur 
l'agriculture  anglaise  en  1850  et  1851). 


Blé 

Orge 

Avoine 

Pommes  de  terre 

et  autres  récoltes  fourragères 

Lin,  houblon,  etc 

Jachères 

Herbes  en  assolement 

Prairies  permanentes  et  pâturages  permanents.. 

Totaux 


hectares. 

hectares. 

1,800,000 

1,328,400 

1  ,000,000 

1,060,800 

2,500,000 

1,690,600 

,< 

5.0  7, 200 

2,000,000 

1,426,400 

200,000 

80,000 

500,000 

253,000 

3,000,000 

2,576,000 

8,000,000 

9.600,000 

19,000,000 

18,577,400 

1.  Rapport  présenté  à  la  Société  des  agriculteurs  de  France. 

2.  1,000,000  hectares  en  bois,  10,500,000  hectares  incultes. 


CHANGEMENTS  A  INTRODUIRE  DANS  LA  CULTURE  DU  CENTRE.        187 

Nous  voyons  en  vingt-six  ans  la  surface  consacrée  aux  céréales  diminuer  de 
1,100,000  hectares,  et  celles  des  herbes  fourragères  permanentes  et  assolées 
augmenter  du  même  chiffre. 

Le  sol  cultivé  est  divisé  : 

1/4  en  céréales; 

1/8  en  cultures  fourragères  assolées  ; 

1/8  en  herbes  assolées; 

1/2  en  prairies  et  pâturages  permanents. 

Nous  trouvons  donc  près  de  15,000,000  d'hectares  consacrés  à  la  nourriture  du 
bétail.  Ce  bétail,  comment  est-il  réparti?  Et  quelle  est  la  charge  à  l'hectare?  Nous 
avons  trouvé,  toujours  dans  ce  remarquable  ouvrage  de  l'Agriculture  de  l'Angle- 
terre, les  éléments  de  nos  calculs,  et  nous  avons  chiffré  la  charge  en  tête  et  en 
poids  vif  à  l'hectare  ;  comme  renseignements,  nous  avons  ajouté  les  chiffres  relatis 
à  quelques  pays  étrangers. 

charge  à  l'hectare  par  têtes.  Charge  totale 

Pays.  Espèces.   ^_____  à  l'hectare. 

Bovine.  Ovine.       Chevaline.        Poids  vif  '. 

Royaume-Uni 0  527  1.7  0.1  2Ô0  kilog. 

France ...  0.3o5  0.848  0.10.')'-'  li'.O  — 

HoUande 0.735  0.467  0.125  270  — 

Danemark 0.525  0.72  0.i;V2  209  — 

Belgique 0.G:i7  0.:)  0,145  241  — 

Bavière ..  O.G72  0.205  0  077  232  — 

Suède 0.4.52  0.337  8.095  172  — 

Prusse 0.512  1.192  0.130  224  — 

On  voit  par  ce  tableau  que,  sauf  la  Hollande,  contrée  qui  se  trouve  dans  des 
conditions  particulières,  l'Angleterre  est  le  pays  où  la  charge  en  bétail  à  l'hectare 
est  le  plus  élevée. 

Le  rendement  moyen  en  blé  à  l'hectare  est  de  24  hect.  33,  d'après  les 
calculs  faits  à  Rothamsted  pendant  la  période  de  1852  à  1867;  celui  en  avoine, 
de  38  hectolitres. 

Voyons  maintenant  la  situation  du  domaine  agricole  français.  En  1851,  sur 
53  millions  d'hectares,  nous  avions  11  millions  d'hectares  incultes  comme 
l'Angleterre. 

Les  42  millions  restant  se  décomposaient  ainsi  : 

Prairies  naturelles  4,000.000  d'hectares. 

Prairies  artificielles •  .  3,000,000  — 

Racines    2,000,000  — 

Avoine.. 3,000,000  — 

Jachères 5,000,000  — 

Blé 6,000,000  — 

Seigle,  orge,  maïs,  sarrasin '     6,000,000  — 

Cultures  diverses 3,000,000  — 

32,000,000  — 
auxquels  il  faut  ajouter  : 

Vignes 2,000,000  — 

Bois 8,000,000  — 

Total 42,000,000  — 

La  moitié  était  consacrée  aux  céréales  ;  un  peu  plus  d'un  quart  aux  cultures 
fourragères,  et  le  surplus  se  trouvait  en  jachères  et  en  cultures  non  dénom- 
mées. Nous  voyons  en  1873  un  progrès  s'accomplir.  L'étendue  emblavée  en  cé- 
réales est  restée  la  même,  mais  les  terrains  incultes  ou  affectés  à  d'autres 
usages  que  ceux  agricoles  ne  figurent  plus  dans  la  statistique  que  pour 
8,300,000  hectares.  Les  jachères  semblent  aussi  avoir  diminué.  L'accrois- 
sement porte  d'abord  pour  plus  de  900,000  hectares  sur  les  terrains  plantés 
en  vignes  et  en  bois  ;  ensuite  pour  plus  de  4  millions  d'hectares  sur  les  cultures 
fourragères. 

Les  diverses  cultures  se  répartissent  de  la  manière  suivante  : 

Blé 6,966,419) 

Seigle  et  méteil 2,415,779/ 

Avoine .- 3,182,456>   15,015)328  céréales. 

Orge ],117,07]\ 

Sarrasin,  mais,  miliet 1 ,333,003) 

1.  Nous  avons  admis  comme  poids  vif  moyen  :  espèce  bovine,  300  kilog.  ;  espèce  ovine, 
25kilog.;  espèce  chevaline,  300  kilog. 

2.  Y  compris  800,000  àneS,  mules  et  mulets. 


188       CHANGEMENTS  A  INTRODUIRE  DANS   LA  CULTURE  DU  CENTRE. 

Cultures   potagères,  maraîchères, i  yn-  ^-j) 

Légumes  secs., .' i  '       >        826,028  cultures  diverses 

Tabac,  houblon,  etc 29,286) 

Farineux... 1  ,(iô8  ,743 

Graines  oléagineuses &40,C26l     „  n-c  oi/-       u    <• 

■     Betteraves  à  sucre 253;38ô^     2, 9o6, 32b  cuit,  fourragères 

Fourrages  annuels /  ^^g  t -«i  annuelles 

Herbacés,  légumineux  et  racineux i  >•      I 

Prriiries  artificielles 1  ^  ^sfi  392      2,583  ,392  Herbes  en  assol- 

Trèfle,  sainfoin,  luzerne,  ray-grass >  ~'       '  lement. 

Prairies  naturelles 4,224, 103\ 

Pâturages  et  pacages 3,131,243'     ",3)5,346  Prairies.    , 

Jachères  et  cultures  non  dénommées. 4,863,222      4,863,222  Jachères. 

Total 33, 605, 642  hectares. 

Auxquels  il  faut  ajouter  : 

Vignes 2,582,716 

Bois  et  forêts • 8 ,  407 ,  .547    • 

Terrains  incultes  et  autres 8,309,069 

Total 52,904,974 

Soit  15  millions  d  heciares  en  céréales,  et  près  de  13  millions  en  récoltes  four- 
ragères de  toute  nature. 
Ce  qui  amène  le  sol  cultivé  à  être  ainsi  divisé  : 

1/2  en  céréales; 

1/8  en  cultures  fourragères  assolées; 

1/8  en  jachères  et  cultures  non  dénommées; 

1/4  en  herbes  permanentes  et  pâturages. 

La  situation  de  la  culture  française  s'est  donc  bien  améliorée  pendant  la 
période  de  1851  à  1873.  Nous  pouvons  voir  que  la  production  fourragère  occupe 
les  3[8  de  la  surface  du  territoire  cultivé,  soit  une  augmentation  de  4  millions 
d'hectares.  Nous  sommes,  aussi,  loin  d'approcher  des  magnifiques  rendements 
de  l'Angleterre,  où  les  3/4  de  la  surface  sont  consacrés  à  l'alimentation  du 
bétail.  Les  nôtres  ne  sont  que  de  14  hectolitres  95  pour  le  blé,  et  de  22  hect  09 
pour  l'avoine. 

Nous  résumons  dans  le  tableau  ci-dessous  la  situation  comparative  de  l'agri- 
culture anglaise  et  de  l'agriculture  française  : 

Étendue  en  .       Rendement  moyen.  Charge  à  l'hectare  en  têtes.  Espèces. 

Cultures 

Cé-     fourragères    Herbes  Prai-  Che-  Por-        Poids 

réaies,      assolées,      assolées,  ries.  Blé.  Avoine.  Bovine.         Ovine.       valine.         cine.         vif. 

heclol.         hectol.  kilog. 

Angleterre..     1/4  1/8  1/8  1/2  24.39  38  0..527  1.7  0.1  0.2  250 

France 1/2  1/16  1/16  1/4  15,95  22.09  0.355  0.848        0.105        0.174        ICO 

De  ces  chiffres  ressort  toute  la  différence  entre  les  deux  agricultures. 

Etudier  les  moyens  de  remédier  à  notre  infériorité,  c'est  donc  toujours  étu- 
dier nos  maîtres  dans  la  culture  pastorale,  les  Anglais.  Nous  avons  vu  les 
résultats  de  cette  magnifique  culture,  grande  production  fourragère,  soit  perma- 
nente, soit  assolée,  nombreux  bétail  et  bétail  de  choix,  fort  rendement  en 
céréales.  Dans  les  fourrages  assolés  figurent  une  grande  quantité  de  racines  des- 
tinées à  l'hivernage.  On  tait  peu  de  foin  en  Angleterre.  La  nourriture  d'îr'ver  est 
surtout  demandée  aux  fourrages  annuels,  aux  racines,  même  aux  céréales  et 
aux  tourteaux. 

«  Rien  de  plus  simple  que  la  pratique  de  la  culture  anglaise  Beaucoup  de 
prairies  soit  naturelles,  soit  artificielles  (mélange  de  graminées  et  de  légumi- 
neuses), pour  les  trois  quarts  utilisées  par  le  pâturage  ;  deux  racines,  la 
pomme  de  terre  et  le  turneps;  deux  céréales  de  printemps,  l'orge  et  l'avoine, 
et  une  seule  céréale  d'hiver,  le  blé  ;  toutes  ces  plantes  enchaînées  entre  elles 
par  un  assolement  alterne,  c'est-à-dire  par  l'intercalation  réguUère  des  céréales 
dites  récoltes  blanches,  white  cioops,  avec  les  plantes  fourragères  dites  récoltes 
vertes,  green  croops,  et  débutant  par  des  racines  ou  plantes  sarclées  pour  finir 
par  le  blé.  »  C'est  en  ces  quelques  mots  que  Léonce  de  Lavergne  résumait  l'agri- 
culture anglaise. 

Aujourd'hui  il  est  bien  avéré  que  dans  l'état  de  crise  que  nous  traversons,  c'est 
de  nous-mêmes  que  viendra  le  salut.  Malgré  les  promesses  qui  nous  sont  faites, 


CHANGEMENTS  A  INTRODUJRE  DANS  LA  CULTURE  D[J  CENTRE.        189 

nous  ne  voyons  rien  venir.  Elevons  toujours  la  voix,  portons  haut  nos  revendica 
lions,  peut-être  un  jour  seront-elles  écoutées,  mais  jusque  là  travaillons  à  nous 
sauver  nous*raêmes  en  cherchant  à  améliorer  nos  raé  hodes. 

C'est,  inspirée  par  ces  considérations,  que  la  Commission  permanente  de  la 
Section  d'agriculture  a  résolu  d'étudier  d'une  façon  générale  les  transformations 
possibles  de  notre  régime  agricole  dans  le  centre  de  la  France.  Cette  étude*  n'est 
que  la  continuation  de  celles  que  nous  avons  entreprises  depuis  plusieurs  années 
sur  les  améliorations  à  apporter  à  notre  production  fourragère.  Les  maïs-fourrage, 
les  prairies  temporaires  à  bases  de  graminées,  les  pommes  de  terre,  les  proc  dés 
de  récolte  et  de  conservation  ont  été  l'objet  de  travaux  spéciaux  que  tous  n'avez 
point  oubliés. 

(La  suite  procfiainement).  Houdaille  de  Railly. 

PROJET  DE  LOI 

Relatif  a  raugmentation  de  la  récompense  nationale  accordée  par  la  loi 
du  18  juillet  1874  à  M.  Pasteur,  membre  de  l'Académie  des  sciences  et 
de  l'Académie  française. 

Exposé  des  motifs.  —  Messieurs,  en  1874,  sur  l'initiative  du  gou- 
Yernement,  l'Assemblée  nationale  accordait,  à  titre  de  récompense 
nationale,  à  M.  Pasteur,  membre  de  l'Institut  de  France,  une  pension 
annuelle  et  viagère  de  12,000  francs,  réversible  par  moitié  sur  sa 
veuve. 

Ce  témoignage  de  reconnaissance  publique  était  justifié  par  des  tra- 
vaux de  science  pure  et  surtout  par  les  applications  industrielles  ou 
agricoles  que  l'illustre  savant  avait  lui-même  tirées  de  sa  doctrine.  Ses 
découvertes  avaient  eu  pour  notre  production  nationale  des  consé- 
quences considérables  et  le  pays  tout  entier  avait  bénéficié,  dans  ses 
intérêts  matériels,  des  résultats  obtenus  par  les  laborieuses  et  patientes 
recherches  de  l'homme  de  génie. 

L'industrie  de  la  soie,  la  fabrication  des  vinaigres  et  de  la  bière,  le 
commerce  des  vins  en  avaient  tiré  un  immense  profit  et  ces  grandes 
industries  demandaient  au  gouvernement  d'acquitter  leur  dette  vis-à- 
vis  de  l'homme  qui  avait  tant  fait  pour  elles.  Il  était  d'autant  plus 
juste  de  l'acquitter  que  M.  Pasteur,  avec  le  noble  désintéressement  qui 
caractérise  le  vrai  savant,  ne  s'est  jamais  réservé  la  propriété  de  ses 
découvertes  et  qu'il  est  le  seul  à  n'en  pas  profiter  pendant  que  d'autres 
s'enrichissenten  les  mettant  en  pratique. 

L'Assemblée  nationale  a  donc  accompli,  en  1874,  un  acte  de  haute 
justice  qui  a  rencontré  l'assentiment  unanime  de  tous  ceux  qui 
pensent  qu'un  pays  shonore  en  récompensant  ses  bienfaiteurs. 

La  pension  de  12,000  francs  accordée  à  M.  Pasteur  ne  représentait 
guère  que  les  émoluments  de  la  chaire  de  la  Sorbonne  que  les 
fatigues  engendrées  par  l'excès  de  travail  ne  lui  ont  pas  permis  de 
conserver. 

Mais  la  commission  de  l'assemblée  nationale  avait  soin  de  dire,  par 
l'organe  de  son  rapporteur,  Ihonorable  M.  Paul  Bert  :  «  Cette  somme 
de  12,000  francs  est  bien  modique,  à  coup  s\iv,  lorsqu'on  la  compare 
surtout  à  la  valeur  des  services  rendus.  Votre  commission  regrette  que 
l'état  de  vos  finances  ne  lui  permette  pas  d'en  élever  le  chiffre;  mais 
elle  pense,  avec  le  savant  rapporteur  de  la  commission  instituée  par 
le  gouvernement,  que  les  résultats  économiques  et  hygiéniques  des 
découvertes  de  M.  Pasteur  seront  prochainement  si  considérables  que 

1.  Dans  celle  étude  nous  n'avons  en  vue  que  la  culture  da  Centre,  et  toutes  les  fois  que  nous 
emploierons  les  mots  culture  française  et  d'autres  analogues,  c'est  à  !a  région  centrale  de  la  France 
que  s'appliqueront  ces  expressions. 


i90  PROJET  DE  LOI. 

la  nation  française  trouvera  juste  d'augmenter,  plus  tard,  le  témoi- 
gnage de  sa  reconnaissance  envers  lui  et  envers  la  science  dont  il  est 
l'un  des  plus  glorieux  représentants.  » 

La  prophétie  contenue  dans  ces  lignes  ne  devait  pas  tarder  à  se  réa- 
liser. M.  Pasteur  a  appliqué  sa  méthode  générale  aux  maladies  les  plus 
ruineuses  des  animaux  et  en  a  tiré  de  merveilleux  résultats.  Grâce  à 
ses  admirables  travaux  sur  le  choléra  des  poules  et  sur  la  maladie  du 
bétail  appelée  fièvre  charbonneuse,  il  est  arrivé,  par  une  suite  de  dé- 
ductions rigoureuses,  à  arrêter  le  développement  de  ces  fléaux  qui 
coûtent  si  cher  à  notre  agriculture.  Pour  l'une  ou  pour  l'autre,  il  a 
découvert  un  vaccin  qui,  en  donnant  la  maladie  sous  une  forme  bé- 
nigne, préserve  de  la  maladie  sous  sa  forme  dangereuse. 

Ce  que  M.  Pasteur  a  fait  pour  le  charbon,  il  est  en  train  de  le  réali- 
ser pour  une  autre  maladie  également  très  préjudiciable  à  notre  agri- 
culture, et  qui  sévit  sur  l'espèce  porcine,  le  mal  rouge  ou  rouget.  11  a 
découvert  le  microbe  qui  le  cause,  l'a  cultivé  dans  un  liquide  appro- 
prié et  est  parvenu,  en  le  transformant  en  vaccin,  à  mettre  le  porc, 
par  l'inoculation  de  ce  vaccin,  à  l'abri  de  la  maladie. 

Des  expériences  sur  la  rage,  courageusement  poursuivies  depuis 
plus  d'une  année,  dans  le  laboratoire  de  la  rue  d'Ulm,  ont  déjà  donné 
les  plus  belles  espérances.  Le  siège  de  la  rage  a  été  découvert  et  l'on 
est  sur  la  voie  de  l'atténuation  du  virus  de  cette  redoutable  maladie. 
Il  y  a  actuellement,  dans  le  laboratoire  de  M.  Pasteur,  plusieurs  chiens 
inoculés  —  qui  sont  absolument  rét'ractaires  aux  inoculations  les  plus 
virulentes. 

Il  est  donc  permis  d'espérer,  dès  maintenant,  que  la  méthode  géné- 
rale de  l'atténuation  des  virus  découverte  par  le  génie  de  M.  Pasteur, 
pourra  un  jour  être  appliquée  à  toutes  les  maladies  contagieuses  et 
qu'elle  aura  raison  de  la  diphtérie,  du  choléra,  de  la  fièvre  jaui\e,  de 
la  fièvre  typhoïde,  etc.,  etc. 

Pour  le  moment,  il  nous  suffit  de  constater  le  profit  immédiat  et 
matériel  que  le  pays  a  retiré  et  retire  tous  les  jours  de  cette  grande 
révolution  scientifique. 

L'agriculture  française  paye,  chaque  année,  un  lourd  tribut  à  la 
fièvre  charbonneuse  et,  dans  certains  départements,  la  crainte  de  ce 
fléau  s'oppose  à  une  extension  de  l'élevage  du  bétail.  Les  évaluations 
qui  portent  de  15  à  25  millions  de  francs,  suivant  les  années,  les 
pertes  causées  par  cette  maladie  ne  sont  peut-être  pas  exagérées.  C'est 
cette  richesse  que  le  procédé  Pasteur  va  mettre  à  Tabri  de  la  destruc- 
tion, pour  la  plus  forte  partie  du  moins,  rendant  ainsi  la  confiance  au 
cultivateur,  assurant  l'accroissement  et  la  reconstitution  des  trou- 
peaux avec  leurs  conséquences  favorables  sur  la  production  agricole. 

M.  Pasteur  n'a  pas  voulu  se  réserver  la  propriété  exclusive  de  sa 
nouvelle  découverte;  comme  toujours,  il  a  divulgué  ses  procédés  en 
les  livrant  sans  réserve  au  public. 

Aux  titres  anciens  de  M.  Pasteur  à  une  récompense  nationale,  titres 
si  bien  exposés  par  la  Commission  de  l'Assemblée  nationale,  sont  donc 
venus  s'en  ajouter  de  nouveaux  et  de  plus  considérables.  Il  nous  a 
paru,  messieurs,  que  cette  situation  nous  imposait  de  nouveaux  de- 
voirs ;  ncHis  avons  le  ferme  espoir  que  vous  partagerez  ce  sentiment. 

En  cons-équence,  nous  avons  l'honneur  de  soumettre  à  vos  délibé- 
rations le  projet  de  loi  dont  la  teneur  suit  : 


PROJET  DE  LOI.  191 

Projet  de  loi,  —  Le  président  de  la  République  française  décrète  :  le  projet 
de  loi  dont  la  teneur  suit  sera  présenté  à  la  01i;inibre  des  députés  par  le  président 
du  Conseil,  ministre  de  l'instruction  publique  et  des  beaux-arts,  par  le  ministre 
de  l'agriculture  et  par  le  ministre  des  finances,  qui  sont  chargés  d'en  exposer  les 
motifs  et  d'en  soutenir  la  discussion. 

Article  premier.  —  La  pension  annuelle  et  viagère  accordée  à  M.  Louis  Pas- 
teur, de  l'Académie  Irançaise  et  de  l'Académie  des  sciences,  parla  loi  du  18  juil- 
let 1874,  à  titre  de  récompense  nationale,  est  portée  à  vingt-cinq  mille  francs 
(25,00  '  fr.). 

Art.  2.  —  Cette  pension  sera  inscrite  au  livre  des  pensions  civiles  du  Trésor 
public,  avec  jouissance  à  partir  du  jour  de  la  promulgation  de  la  présente  loi  ;  elle 
ne  sera  pas  sujette  aux  lois  particulières  du  cumul;  elle  sera  réversible  en  tota- 
lité sur  la  veuve  d'abord  et  ensuite  sur  les  enfants  de  M.  Pasteur. 

Fait  à  Paris,  le  26  avril  1883.         Le  Président  de  la  République,  Jules  Grévy. 

Par  le  président  de  la  République  :  Le  président  du  Conseil,  ministre  de  l'in- 
struction publique  et  des  beaux  arts,  Jules  Ferry;  —  Le  ministre  de  l'agri- 
culture, J.  Meline;  — Le  ministre  des  finances,    P.  Tirard. 

LA  SITUATION  AGRICOLE  EN  GRÈGE 

Ici  pendant  le  commencement  du  mois  de  mars  nous  avons  eu  un 
temps  assez  froid,  mais  le  thermomètre  n'a  pas  montré  à  Athènes  une 
température  plus  basse  que  —  1°;  dans  des  endroits  plus  élevés  il  a 
nei^é  beaucoup,  mais  il  n'a  pas  gelé. 

Dans  les  plaines  et  les  vallées  pendant  tout  le  mois  de  mars  il  a 
beaucoup  plu;  par  conséquent  nos  semences  (céréales,  légumes)  sont 
pour  le  moment  en  fort  bon  état. 

Nos  vignobles  sont  dans  la  même  situation,  mais  je  crains  beaucoup 
qiie  ces  pluies  ne  favorisent  le  développement  de  Tanthracnose,  de 
l'oïdium  et  du  péronospora;  c'est  le  commencement  de  mai  qui  va  en 
décider.  Gennadius, 

Inspecteur  de  l'agi  iculture  à  Athènes. 

LA  GONSOUDE  RUGUEUSE  DU  CAUCASE 

Je  suis  toujours  très  satisfait  de  la  consoude  du  Caucase.  Cette  pré- 
cieuse plante  fourragère  a  été  deux  fois  couverte  par  les  eaux  dans  le 
courant  de  l'hiver  et  a  parfaitement  résisté  à  la  submersion.  Elle  donne 
en  ce  moment  sa  première  coupe. 

Les  chevaux,  les  vaches  et  les  moutons  mangent  avec  avidité  la  con- 
soude verte.  Je  ne  l'ai  pas  employée  en  sec,  mais  il  paraît  que  les  tiges 
et  les  feuilles  une  fois  sèches  et  réunies  en  bottes  se  conservent 
indéfiniment. 

C'est  principalement  en  été  que  les  Anglais  donnent  la  consoude  aux 
chevauxr  tenua  à  l'écurie,  ils  sont  très  friands  de  cette  nourriture  qui 
les  engraisse  et  les  rafraîchit.  La  ration,  pour  un  cheval,  est  d'environ 
4  kih)g.  par  jour.  On  a  aussi  remarqué,  dans  plusieurs  étables,  parti- 
culièrement dans  la  mienne,  que  les  vaches  nourries  avec  cette  plante, 
donnaient  un  lait  meilleur  et  plus  abondant.  E.  Boncenne  fils, 

A  Fontenay-le-Comte  (Vendée) 

SITUATION  AGRICOLE  DANS  LE  PÉRIGORD 

Périgueux,  le  12  avril  1883. 

Notre  Société  départementale  d'agriculture  de  la  Dordogne  est,  depuis  quelque 

temps,  bien  éprouvée  par  le  sort.  La  mort  moissonne  largement  chez  ede,  plus 

heureuse  que  les  propriétaires  dans  leurs  cb.ira[)S.  Après  nous  avoir  enlevé  succes- 

sivemeut  deux  de  nos  vices-présidents,  MM.  Durand  de  Gorbiac,  lauréat  de  la 


192  SITUATION  AGRICOLE  DANS   LE   PÉRIGORD. 

prime  d'honneur  régionale  en  1864  et  M.  le  marquis  de  Campagne  qui  aurait  pu, 
sans  crainte,  aspirer  à  l'être  à  son  tour  ;  elle  en  a  frappé  brusquement  un  troisième, 
M.  le  marquis  de  Malet,  qui  se  trouvait  à  la  tête  de  sa  section  nontronaisc 
comme  les  deux  autres  l'étaient,  le  premier,  dans  l'arrondissement  de  Bergerac, 
le  second  dans  celui  de  Sarlat.  MM.  Durand  de  Gorbiac  et  de  Campagne  ont  été 
remplacés  par  voie  "d'élection,  depuis  plusieurs  mois  déjà.  Le  poste  de  l'un  est  rem- 
pli maintenant  par  M.  Camille  Gouzot,  d'un  de  nos  praticiens  les  plus  distingués, 
celui  de  l'autre  est  actuellement  occupé  par  M.  du  Périer  de  Larsan,  préssidentdu 
Comice  de  Sarlat.  Le  successeur  de  M.  de  Malet  est  encore  à  nommer,  et  le  vide  que 
laisse  après  lui  l'honorable  défunt,  homme  actif,  intelligent,  riche,  influent  à  bon 
droit,  véritable  restaurateur  agricole  de  son  pays,  sera  difficile  à  combler. 

Ces  pertes  si  cruelles  ne  sont  pas  les  seules  que  nous  ayons  à  déplorer.  Nous 
avons  en  outre  perdu  depuis  quelques  mois  à  peine  M.  Loubignac,  l'un  de  nos 
anciens,  longtemps  maire  du  chef-lieu  de  canton  de  Saint-Pierre,  M.  l'abbé 
Coœbrouse,  curé-doyen  deCarlux,  homme  de  zèle  et  de  bien,  etM.le  D'  Veyssière 
auquel  le  comice  de  Vergt  doit  sa  résurrection,  fondateur  des  prix  d'encourage- 
ment au  marnage,  aimé,  respecté  de  tous  et  qui,  par  testament,  a  laissé  une  rente 
destinée  à  venir  au  secours  des  cultivateurs  nécessiteux  du  canton  qu'il  habitait. 

Malgré  tout  notre  vaillante  corporation  ne  faiblit  pas.  Elle  est  toujours  sur  la 
brèche  et,  grâce  à  elle,  le  progrès  continue  victorieusement  à  s'affirmer  dans  nos 
campagnes.  Elle  vient  d'instituer  un  concours  annuel  de  trufficulture,  lequel  a  donné 
lieu  dans  le  courant  de  janvier  dernier  à  une  lutte  sérieuse  sur  différents  points 
du  département.  L'élan  est  donné  sous  ce  rapport  et  la  province  qui  fournit  et 
fournira  toujours  les  truffes  les  meilleures  connues  est  en  voie  d'en  produire  des 

3uantités  de  plus  en  plus  grandes.  Cette  année,  sans  compter  celles  entrant 
ans  la  confection  des  pâtés  et  des  conserves  dont  il  se  fait  à  JPérigueux  un  com- 
merce des  plus  considérables,  il  en  est  parti  de  cette  ville  seule,  en  nature,  à  des- 
tination de  difierents  points,  non  seulement  de  France  et  d'Europe,  mais  du  monde 
entier,  pour  une  valeur  de  trois  millions  de  francs  environ.  Sarlat  aussi  en  a 
grandement  approvisionné  le  commerce.  Nos  viticulteurs  des  coteaux  calcaires 
trouvent  ainsi  quelque  compensation  aux  pertes  énormes  que  leur  causent  le  phyl- 
loxéra et  les  diverses  maladies  aifligeant  la  vigne  et  dont  le  nombre  se  multiplie 
de  jour  en  jour. 

La  production  de  la  truffe  n'est  pas  la  seule  flèche  que  nos  vignerons  mettent 
à  leur  arc  pour  tâcher  de  remédier  à  la  situation  fâcheuse  qui  leur  est  faite  par  les 
circonstances.  Les  uns,  dans  les  terrains  les  plus  secs,  plantent  des  genévriers 
dont  le  fruit  est  maintenant  de  plus  en  plus  recherché  pour  faire  des  boissons  fer- 
meniées  économiques,  et  se  paie  jusqu'à  20  fr.  le  sac,  d'autres  distillentles  topi- 
nambours, bon  nombre  recourent  aux  cépages  américains,  en  faveur  desquels  une 
vaste  pépinière  vient  d'être  créée  aux  portes  de  Périgueux  par  les  soins  du  Conseil 
général  et  au  moyen  d'une  subvention  de  l'Etat,  plusieurs  enfin,  réunis  en  syn- 
dicats ou  bien  isolés,  emploient  les  insecticides  non  sans  succès.  Partout  on  tra- 
vaille avec  courage  et  persévérance.  Puisse-t-on  atteindre  le  succès! 

D'un  autre  côté  nos  engraisseurs  redoublent  d'efforts  et  arrivent  à  des  résultats 
forts  1  emarquables,  tout  en  ayant  le  tort  de  négliger  un  peu  trop  l'occasion  de 
montrer  leur  valeur  et  leur  incontestable  mérite  dans  les  concours  de  bestiaux 
gras,  ou  quelques-uns  d'entre  eux,  à  peine,  font  des  envois,  mais  non  sans  réussir 
ainsi  que  l'ont  prouvé  les  concours  de  Limoges,  on  les  bêtes  à  cornes  mdigènes  ont 
battu  complètement  et  haut  la  main  les  durhams  et  leurs  dérivés,  du  Dorât,  de 
Bcrdeaux,  et  de  Paris  II  est  admis  en  principe  que  le  tournoi  de  ce  genre  qui 
chaque  année  a  lieu  à  Périgueux  deviendra  dès  l'année'prochaine  régional.  L'amour- 
propre  de  nos  compatriotes,  on  l'espère,  sera  très  heureusement  stimulé  par  cette 
institution. 

Comme  partout,  d'ailleurs,  plus  qu'ailleurs  peut-être,  les  circonstances  atmosphé- 
riques ne  nous  ont  pas  favorisés  depuis  près  d'un  an.  Des  orages  affreux,  de  lon- 
gues pluies  qui  nous  ont  copieusement  abreuvés  de  juillet  à  la  fin  du  mois  dernier 
ont  grandement  nui  tant  aux  récoltes  qu'à  la  préparation  des  champs.  Mars  s'est 
signalé  par  un  froid  extraordinaire  à  cette  époque  de  l'année  dans  nos  contrées  et 
auquel  a  succédé  une  humidité  nouvelle,  remplacée  maintenant  par  un  vent  sec 
et  glacial  du  Nord  qui  retarde  toute  végétation,  et  dont  souffre  le  bétail,  tandis  que 
les  rigueurs  du  mois  dernier  ont  détruit  nos  primeurs.  Mais  nos  jardiniers  ne 
désespèrent  pas.  Lturart  est,  dans  laDordogne,  en  progrès  marqué,  de  telle  sorte 
que  l'norticulture  périgourdine  est  au  premier  rang  de  celle  du  sud-ouest,  comme  l'a 


SITUATION   AGRICOLE   DANS  LE   PÉRIGORD.  193 

prouvé  l'automne  dernier  la  grande  exposition  bordelaise,  où  notre  Société  dépar- 
tementale d'horticulture  a  vaincu  ses  rivaux  avec  une  incontestable  supériorité 
par  ses  collections  de  fruits,  melons  et  légumes.  L.  de  Lamotiie. 

LES  FROIDS  TARDIFS  DANS  LE  MIDI 

La    neige,  accompagnée    d'un  froid  qui   a    fait  descendre  le  thermomètre  à 
9   degrés  au-dessous  de  zéro,  est  venue  à  deux  repHses  ditférentes  désoler  notre 
campagne,  et  détruire  en  grande  partie  nos  récoltes.  Le  9  mars  surtout,  le  froid  a 
été  le  plus  intense  et  a  fait  beaucoup  de  mal  à  nos  oliviers  qui,  pour  la  plupart 
se  dépouillent  de  leurs  feuilles.  Gomme  l'hiver  avait  été  doux  et  que  les  arbres 
n'avaient  point  eu  de  fruit  l'année  dernière,  ils  poussaient  déjà  avec  vigueur,  quand 
le  froid  tardif  est  arrivé.  Le  mal  est  bien  grand  ;  dans  plusieurs  quartiers,  on  sera 
obliger  de  saper  les  branches  raz  du  tronc,  car  elles  sont   eniièrement  mortes  : 
qui  sait  même  si  le  pied  n'aura  pas  souffert?  ce  qui  le  ferait  croire,    c'est  que 
Deaucoup  de  branches  ont  été  fendues  par  la  gelée.  Notre  pays  est  vraiment  bien 
affligé.  Deux  années  de  suite,  ce  manque  de  récolte  ne  fera  qu'augmenter  la  misère 
hélas!  bien  grande  déjà.  Des  amandiers,  inutile  d'en  parler,  il  n'y  aura  pas  une 
amande  dans  le  pays.  Les  pêchers  ont  subi  le  même  sort  que  ces  derniers   et  cer- 
tains poiriers  ont  eu  aussi  leurs  fleurs  noircies  par  ce  froid  insolite. 

Les  poiriers  même  ont  beaucoup  soutîert  et  ont  eu  toutes  leurs  nouvelles 
pousses  flétries  et  qui  sont  mortes  ;  il  en  est  de  même  des  luzernes  et  des  trèfles. 
En  somme,  le  mal  est  bien  grand,  puisqu'il  a  compromis  en  grande  partie  nos 
principales  récoltes,  et  qu'il  a  complètement  détruit  nos  fruits. 

Les  mûriers  ne  seront  peut-être  pas  entièrement  morts,  mais  ils  ont  beau- 
coup de  mal,  et  les  feuilles,  au  lieu  de  se  montrer  aux  branches  nouvelles,  sortent 
sur  le  tronc,  tout  autour  des  branches  ;  on  ce  peut  encore  déterminer  d'une  ma- 
nière précise  tout  le  mal  qu'a  éprouvé  cet  arbre  si  productif  dans   nos  contrées. 

Ravoux, 

A  Buis-les-Baronnies  {Drôme). 

SOCIETE    NATIONALE    D'AGRICULTURE 

Séance  du  2  mai  1883.  —  Présidence  de  M.  Dumas. 

M.  le  secrétaire  perpétuel  annonce  la  mort  de  M.  Bonvié,  corres- 
pondant dans  la  Section  d'économie,  de  statistique  et  de  législation. 

M.  Meugy,  ingénieur  en  chef  de  mines,  fait  hommage  de  la  carte 
agronomique  de  l'arrondissement  de  Rocroi  (Ardennes),  à  l'échelle  du 
40,000*  qu'il  vient  de  publier.  Déjà  M.  Meugy  a  publié  antérieure- 
ment les  caries  des  arrondissements  de  Vouziers  et  de  Rethel. 

M.  Jos.  H.  Reall  envoie  le  compte  rendu  du  troisième  congrès  natio- 
nal de  l'association  agricole  américaine  .qui  a  eu  lieu  à  Chicago  le 
12  décembre  1882. 

i\l.  Barrai  fait  hommage,  au  nom  de  M.  Sanson,  du  mémoire  renfer- 
mant ses  recherches  expérimentales  sur  la  propriété  excitante  de 
l'avoine.  Nos  lecteurs  savent  que  le  savant  professeur,  en  épuisant 
l'avoine  par  l'alcool,  a  isolé  un  corps  spécial  pour  lequel  il  propose  le 
nom  d'avénine,  qui  existe  en  proportions  variables  dans  les  différentes 
sortes  d'avoine,  et  qui  agit  sur  le  système  neuro-musculaire  du  cheval, 
en  l'excitant  temporairement.  C'est  dans  le  péricarpe  de  l'avoine  que 
l'on  rencontre  cette  substance. 

M.  Barrai  présente  une  traduction  anglaise,  imprimée  à  Boston,  de 
la  V  édition  du  Traité  d  élagatje  des  arbres,  de  M.  des  Cars.  A  cette 
occasion,  M.  des  Cars  insiste  sur  la  tendance  qui  se  manifeste  aujour- 
d'hui dans  une  partie  de  l'Amérique,  en  faveur  des  études  de  sylvicul- 
ture qui  avaient  été  à  peu  près  complètement  négligées  jusqu'ici. 

Une  discussion  s'engage  surles  questions  qui  pourraient  figurer  sur 
le  programme  du  congrès  des  Sociétés  savantes  en  1884.  —  M.  de  Retz 
propose  d'y  placer  l'étude  de  la  situation  de  la  sériciculture.  —  M.  Henzé 


194  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'AGRICULTURE  DE  FRANGE. 

propose  la  question  suivante  :  l'épine-vinette  occasionne-t  elle  la  rouille 
sur  les  feuilles  des  céréales  et  principalement  sur  celles  du  froment. 
MM.  Ghatin,  Boitel  et  Heuzé  expriment  des  opinions  contradictoires 
relativement  à  l'identité  du  cryptogame  qui  attaque  Fépine-vineite  et 
de  celui  qui  est  la  cause  de  la  rouille  des  céréales.  — Enfin,  M.  N.iudin 
propose  l'étude  de  la  question  du  reboisement  en  Algérie  ;  il  fait  res- 
sortir l'irrégularité  du  régime  des  eaux  dans  notre  colonie,  et  il  exprime 
l'opinion  que  le  reboisement  des  pentes  aujourd'hui  dénudées,  exerce- 
rait la  plus  grande  influence  tant  sur  le  climat  que  sur  la  régularité 
du  débit  des  rivières  et  des  fleuves. 

M.  Renou  présente  le  résumé  des  observations  météorologiques 
faites  au  parc  Saint-Maur  pendant  le  mois  d'avril. 

M.  Heuzé  présente  deux  volumes  qu'il  vient  de  publier:  l'un  est 
le  premier  volume  d'une  étude  sur  les  plantes  fourragères  ;  le  deuxième 
porte  le  titre:  Les  pâturages,  les  prairies  naturelles  et  les  herbages.  Ces 
deux  volumes  font  partie  de  la  collection  des  ouvrages  de  M.  Heuzé 
dont  il  réimprime  actuellement  plusieurs  volumes. 

M.  Ghatin  analyse  une  note  de  M.  Léo  d  Ounous  relativement  au 
développement  du  gui  sur  plusieurs  arbres  exotiques,  notamment  sur 
des  peupliers  cendrés,  des  pacaniers,  des  érables  de  Virginie.  A  cette 
occasion,  M.  Ghatin  signale  l'envahissement  de  plus  en  plus  grand  des 
pommiers  à  cidre  par  le  gui. 

M.  de  Molon  fait  une  communication  sur  plusieurs  fraudes  commises 
actuellement  dans  le  commerce  des  engrais  dans  l'ouest  de  la  France. 
La  première  est  la  vente,  sous  le  nom  de  phosphate,  d'un  schiste  ardoi- 
sier  qu'on  exploite  en  grande  quantité  aux  environs  de  Redon;  ce 
schiste  ne  renferme  pas  trace  de  phosphate  de  chaux,  mais  il  est  très 
riche  en  silicate  d'alumine;  comme  la  méthode  d'analyse  diie  com- 
merciale a  pour  effet  de  précipiter  1  alumine  comme  le  phosphc^te, 
lorsque  cette  substance  est  analysée  par  cette  méthode,  elle  paraît 
riche  en  phosphate  ;  ce  qui  entraîne  une  erreur  absolue  chez  le  culti- 
vateur. La  deuxième  fraude  est  l'emploi  d'une  chaux  d'usines  à  gaz,  qui 
non  seulement  ne  vaut  rien,  mais  se  montre  nuisible  à  la  végétation. 

A  cette  occasion,  M.  Dumas  montre  l'importance  que  présenterait 
une  enquête  faite  par  la  Société  sur  l'état  actuel  du  commerce  des  en- 
grais ;  il  lui  paraît  d'une  urgence  absolue  que  les  cultivateurs  soient 
bien  fixés  sur  la  valeur  des  substances  qui  leur  sont  offertes. 

M.  Ghevreul  insiste  sur  les  confusions  qui  existent  trop  souvent 
dans  les  dénominations  données  aux  engrais,  et  sur  les  erreurs  qui 
résultent  de  la  rpauvaise  direction  donnée  aux  études  sur  cette  ques- 
tion ;  il  rappelle  ses  longues  recherches  sur  le  guano,  et  il  montre 
combien  il  est  important  que  l'on  s'occupe  non  seulement  de  la  com- 
position élémentaire  des  substances  fertilisantes,  mais  de  la  nature  des 
principes  immédiats  qui  les  constituent.  Henry  Sagnier. 

REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COUMT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

{5  MAI  1^83). 
I.  —  Situation  générale. 
Les  marchés  agricoles  sont  toujours  peu  fréquentés.  Pour  la  plupart  des  den- 
rées, les  transactions  sont  peu  importantes. 

II.  —  Lex  grains  et  les  farines. 
Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal  m^trïqu^, 
sur  les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger  : 


REVQE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT  (5  MAI  1883). 


195 


1"  RÉGION.  —  NORD.OUEST. 


fr. 
Calvados.  Condé 24.00 

—  Lisieax 24.00 

Côt.-du-Nord.PonlTieviX  23.50 

—        Tréguier.  23.25 
Finistère.  Morlaix 24.00 

—  Ouirope'" 23.00 

llle-el-Viiaine.  Rennes..  24.25 

—         Redon 24.20 

Manches.  Avraiiches. ..  25.75 

—  Pontorson 24.50 

—  Villedieu 25.50 

Afaj/enne.  Laval 24.75 

—  Mayenne 25.50 

Morbihan.  Hennebont..  23.50 
Orne.  Seez 24.75 

—  Alençon 25  00 

Sori/»€.  Le  Mans 23.75 

—  Sablé .  25.85 

Prix  moyens 24. 

2*  RÉGION.   - 

Aisne.  Laon 23. 

—  Boissons 24. 

—  Château-Thierry.  23. 
Eure.   Bernay 24. 

—  Evreux 23. 

—  Les  Aodelys 22 

Eure-et-Loir.  Chartres..  23. 

—  Auneau 23. 

—  Nogent-le-Rotrou.  24. 
Nord,     ambrai 24. 

—  Douai 25. 

—  Valenciennes 24. 

Oise.  Beauvais 21. 

—  Corapiègne 22. 

—  Senhs 22. 

Pas-de-Calais.  Arras.. .  25. 

—  Doiillens 24. 

Seine.  Paris 25. 

S.-et-Mar.  Melun 26. 

—  Meaux 23. 

—  Provins 24. 

S.-et-Oise.  Etampes 23. 

—  Pontoise 23. 

—  Versailles 23, 

Seine-Inférieur e.'Ko\x&n.  23. 

—  Dieppe 23. 

—  Fécamp 24. 

Somme,  .\nniens 22. 

—  Abbeville 22. 

—  Roye 22. 

Prix  moyens 23. 


Seigle. 

fr. 

19.50 

16.00 

16.50 

18.00 

» 
17.50 


fr. 

)  22.00 

)  23 . 50 

)  17.50 

)  13.25 

)  15.50 

)  16.50 

)  17.01) 

20.00 

»  2H.00 

)  25.00 

i  23.00 

i  » 

)  19.00 

20.00 

)  20.25 

)  20.50 

)  21.50 

)  20.00 

50   16.71   IS.OO  20.32 


16.50 
15.50 
16.50 
17.25 


14.80 
14.75 
14.50 
14.00 
l'*.25 
15.00 
14.50 

15.50 
16.00 
16.35 
14.25 
15.25 
15.50 
15.50 
15.25 
16  35 
15.50 

16.00 
15.00 
16.00 
14.50 
14.60 

» 
14.50 
15.00 
14.25 
14.75 


17.25 
18.00 
18.00 
20.00 
19.50 
20.00 
17.25 
20.50 
20.25 
18.75 
18.75 

16.25 
17.00 

19.50 
18.75 
19.40 
19.00 

19.25 
16.75 
20.00 
19.50 
20.40 
19.00 

» 
18.00 


17.00     18 


IS.OO 
t7.:.0 
17.50 
20.50 
18.00 
18.50 
18.50 
18.25 
20.70 
16.00 
15.80 
17.75 
17.50 
18.00 
17.00 
16.25 
16.50 
19.00 
18.00 
18.00 
ly.50 
13  50 
17.25 
19.00 
20.15 
18.50 
20.00 
16.50 
16.25 
18 


36      15.02     18.69     17.99 


3"  RÉGION 

Ardennes.  Charleville.  . 

—  Sedan 

Aube.  Bar-sur-Seine 

—  Méry-sur-Seine  ..  . 

—  Nogent-sur-Seine. 
Ma/rn^'.  Chalons 

—  Epernay 

—  Samte-Menehould. 
Hte-Marne.  Bourboane. 
Meurlhe-el-Mos.  Nancy. 

—  Lunéville 

—  Toul 

Meuse.  Bar-le-Duc 

—  Verdun 

Haute-Saône.  Vesoul.. .. 

—  Gray 

Vosges.  Neufchâteau 

—  Epinal 

Prix  moyens 

4*  RÉGION 

Charente.  Angouléme. . . 

—  Ruffec 

Char.-Infér.  Marans.... 

DetisCrSfvres.  Niort 

Indre-et-Loire.  Tours... 

—  Châieau-Renault  . 

Loire-Inf.  Nantes 

M.-et-Lo^^'.  Saumur. ... 

—  A'ngers 

Ventiée.  Luçon 

—  Fonteiiav-lé-Comte 
Kwflhte.  Châtellei-aull... 

—  Loudun 

Harute-Vienne.  Limoges.. 

Prix  moyens 


—  NORD.EST. 


23.25 
23.75 
22.50 
23.00 
24 .  50 
23  75 
23.50 
23.00 
22.25 
23.50 
24.00 
23.75 
23.75 
23.00 
23.50 
23.00 
22.75 
24.00 


15.50 
16.75 

15  00 

16  00 
15.75 
15.50 
15.00 

17.50 
16.00 
16.50 
15  00 
15.75 
16.00 
14.75 
15.00 
17.00 


18.25 
20.00 
20 .  00 
18.25 
19.50 
18.00 
18  50 
17.50 

» 
17.50 
17.00 
16  50 
16.00 
16.00 
16.25 
15.00 
17. 25 


17  75 

19.00 

19.25 

17.50 

19.25 

17.75 

19.50 

17.00 

15. 5o 

17.7- 

15.7 

16.2. 

17. 5o 

16. 5(, 

16. 7^ 

16.6^ 
16.5' 


23.37      15.81      17.59 


'0 

;o 

"o 
17.39 


24. 50 
25.00 
25.20 

24.33     15.93     17.98     13.25 


Cher 


Allier.  Monlliiçon. . .. 

—  Saint-Poursain. 

Gannat 

liourges 

—  Graçay 

—  Vierzon 

Creuse.  Aubusson 
Indre.  Chàteauroux 

—  Issoudun 

—  Valençay 
Loiret.  Orléans 

—  Gien 

—  Palay 

L.-et-Cher.  Blois 

—  Montoire 
Nièvre.  Nevers 

—  La  Charité 
Yonne.  Brienon 

—  Saint-Florentin 

—  Sens..., 


Prix  moyens 24.18     15.42     13.46     18.22 


16.25 
15.50 


16.50 
14.75 
15.50 
15.70 
15.50 
15.50 
16.50 
17.25 
18.25 


6*  REGION.  —  EST, 
yltn.  Bourg 25.75 

—  Pont-de-Vaux....  24.50 
Cole-d'Or.  Dijon 21.80 

—  Beaune 23.50 

Z)ou6«.  Besançon 22.50 

/sèi'e.  Grenoble 26.50 

—  Bourgoîn 24.75 

Jura.  Dole 22.00 

Loire.  Montbrison 24.50 

P.-de-Ûôme.  Clermont.F.  25.50 

Rhône.  Lyon 25.00 

Saône-et- Loire.  Chalon  .  25.50 

—  Louhans  . . ..   ...     24.25 

Catioie.  Chambéry 25.75 

lUe-Savoie.  Annecy 26.20 

Prix  moyens. ... .  24.53 

7'  RÉGION.  —  SUD-OCEST 
Ariège.  Foix 25.00 

—  Pamiers 25.25 

Dofdogne.  Bergerac. .. .   24.50 
Hte-Garonne.  Toulouse.  24.75 

—  St-Gaudens 25.70 

Gers.  Condom 25 .  80 

—  Eauze 26.50 

—  Mirande 25  40 

Gironde.  Bordeaux 25.60 

—  Bazas 25.50 

Landes.  Dax 25.50 

Loi-et- Garonne.  Agen.. .  25.70 

—  Nérac 26.25 

fi.-P(/ré«ées.  Bayonne. .   26.50 
Jltes-Pifrénées.  Tirhes..  26.50 

Prix  moyens 25.95     17.97 

8"  RÉGION.  —  SUD. 

Aude.  Castelnaudary...  26.00 

—  Carcassonne 26.50 

Aveyron.  ï^odez 23.50 

Caniai.  Mauriac 25.00 

Corrèze.  Luberzac 25.00 

Hérault.  Béziers 27.00 

—  Cette 27.25 

Lot.  CdhoTs 27.00 

Lozère.  Mende 23.10 

Pi/ré?iées-Or. Perpignan.  27.75 

Tarn.  Aibi 27.00 

rorn-et-f/ar.  MontauDan  25.75 


19.50 
20.25 
17.50 
17.25 
17.50 
19.50 
19.00 
17.50 
18.25 

» 
19.50 
19.75 
19.00 
19.50 
»  »         19.50 

16.11     17.46     18.82 


16.75 
17.25 


18.00 
19  25 


18.00 

» 

21.00 

16.00 

» 

19.25 

» 

18.00 

20.00 

17.00 

18.50 

20.50 

18.00 

13.25 

20. 1i 

» 

» 

20.50 

» 

» 

21.00 

» 

» 

22.00 

» 

18.75 

19.25 

18.   0 

» 

20.25 

19.25 

» 

» 

19.00 

18.25 

20.00 

I) 

» 

20.50 

18.00 

» 

18.50 

18.50 

» 

18  70 

18.35     20.16 


17.00 


20.00 
20  75 
18.00 
25.55 
13.00 
22.25 
21.00 
18.00 
17.70 
25.00 
19.50 
20.00 

Prix  moyens 25.90     13.33     13.50    20.47 


17.85 
18.75 
26.00 

18.25 
20.25 

» 
17.75 
17.40 
20.00 
19.25 
19.50 


9°  RÉGION. 
Basses-Alpes,  \fanosque 
Hautes-Alpes.  Briançon. 
Alpcs-Marilimes. Cannes 

Ardeche.  Privas 

B.-du-Rhàne.  Arles. . . . 

Drôme.  Valence 

Gard.  Nîmes 

Haute-Loire.  Brioude... 

Var .  Draguignan 

Vauciuse.  Carpenlras.. . 

Prix  moyens 

Moy.  de  toute  la  France 
—  de  la  semaine  précéd. 

Sur  la  semainejHausse. 
précédente.  .JBaisse.. 


—  SFO-EST. 

28.75         » 


27.00 
26.75 
26.65 
28.00 
24.75 
27.50 
25  50 
26.75 
27.00 


13.00 
17.20 
1-3.60 


18.25 
17.85 
18 .  00 
17.50 

» 
17.00 
20.00 
13.25 


24.00 
20.00 
18.50 
19.40 
18.50 
19.00 
18.75 
17.00 
19.25 
18.00 


26.86     18.08     18.12     19.24 


24.84 
24.89 


16.61 
16.62 


18.13 
18.31 


18.98 
18.82 


0.05       O.Ol       O.iS 


196  REVUE  GOMxMEKGlALE  ET  PRIX  GOURANT 

Blé.  Seigle.  Orge.        Avoine 

fr.  fr.  tr.  fr. 

Algérie.  A^-^"^!  blé  dur 2r,.5a  »  1G.25  15.50 

Angleterre.  Londres 25.50  »  19.00  20.25 

Belgique.  Anvers 24.50  17.75  17.50  16.25 

—  Bruxelles 25.00  17.75 

—  Liège 24.25  17.75  20.50  17.50 

—  Nanuir 22.75  16.25  20.00  15.75 

Pays-Bas.  Amsterdam 23.85  16.90  »  » 

Luxembourg.  Luxembourg 23.75  20.00  »  18.50 

Alsace-Lorraine.     Strasbourg 25.20  17  75  17.75  17.2.» 

—  Mulhouse 22.25  16.25  17.00  18.00 

—  *  Colmar 24  00         17  80         18  00         16.50 

Allemagne..  Berlin 24.00        17.85  »  ■ 

—  Cologne 25.60         18.50 

—  Hambourg 23.75        17.25 

Suisse.  Genève 27  00  »  »  21.7.» 

Italie.  Turin 25.50  20.00  »  18.50 

Espagne.  Valladoiid 24.50  •  »  • 

Aulric.ke.  Vienne 20.25  15.25  17.50  13  75 

Hongrie.  Budapeslb 20.50  15.70  15.80  13.50 

Russie.  Saint-Pétersbourg..  21.70  15.50            »  li.25 

Etats-Unis.  New-York 23. 80  »  • 

Blés.  ■=—  Depuis  huit  jours  ia  température  est  devenue  plus  printanière,  et  il 
paraît  enfin  que  nous  sommes  sortis  des  désordres  atmosphériques  qui  ont  sévi 
pendant  les  deux  derniers  mois.  Ces  phénomènes,  quoique  peu  favorables  à  la 
végétât  on,  ne  paraissent  pas  avoir  jus  [u'ici  exercé  une  influence  néfaste  sur  les 
champs  de  blé;  ils  se  présentent,  d'une  manière  générale,  dans  de  bonnes  condi- 
tions; la  plante  a  bien  tallé,  et  son  apparence  est  bonne.  Quant  aux  marchés,  ils 
présente  actuellement  le  plus  grand  calme;  les  prix  se  soutiennent,  mais  les 
affairent  sont  peu  importantes. Du  1"  août  18S2au  l'''"  mai  1883,  il  a  été  importé 
en  Europe  32  millions  d'hectolitres  de  blé  d'Amérique,  contre  27  millions  à  la 
même  date  de  1882.  —  A  la  halle  de  Paris^  le  mercredi  2  mai,  il  y  a  eu  peu  de 
ventes  ;  les  prix  se  sont  maintenus  ;  on  cotait  de  24  fr.  50  à  26  fr.  50  par  100  kilog. 
ou  en  moyenne  25  fr.  50.  Sur  le  marché  des  blés  à  livrer,  on  paye  :  courant  du 
mois,  25  fr.  75  juin,  26  à  26  fr.  25  ;  juillet  et  août,  26  fr.  75  à  27  fr.;  quatre  der- 
niers mois,  27  à  27  fr.  25.  —  Au  Havre,  les  prix  sont  bien  tenus  pour  les  blés 
étrangers  ;  on  paye  de  25  fr.  5  '  à  27  fr.  50  par  100  kilog.  suivant  les  qualités.  — 
A  Marseille,  les  ventes  sont  assez  faciles,  avec  des  prix  bien  tenus.  Les  arrivages 
de  1h  semaine  ont  été  de  68,000  quintaux  environ;  le  stock  est  actuellement  de 
169,0i0  quintaux  dans  les  docks;  on  cote  par  100  kilog.  :  Red-winter,  28  à 
28  fr.  25  ;  Berdianska,  27  fr.  50  ;  Pologne,  25  fr.  50  à  26  fr.  25  Azima,  25  fr.  25' 
à  25  fr.  50;  Be.'^sarabie,  25  fr.  50  à  25  fr.  75;  Lka,  25  fr.  75  à  26  fr.  25.  — 
A  Londres,  les  importations  de  blés  étrangers  ont  été  de  174,000  quintaux  mé- 
triques depuis  huit  jours  ;  les  affaire."-  sont  actives,  avec  des  cours  sans  variations  ; 
on  cote  de  24 à  2b  fr.  70  par  UO  kilog.  suivant  les  qualités  et  les  provenances. 

Farines.  —  Peu  d'affaiies  pour  la  plupart  des  sortes  avec  maintien  des  anciens 
cours.  En  ce  qui  concerne  les  farines  de  consommation,  on  payait  à  la  halle  de 
Paris  :  le  mercredi  2  mai  :  marque  de  Gorbeil,  60  fr.  ;  marques  de  choix,  60  à 
62  fr.  ;  premières  marques,  58  à  59  fr  ;  bonnes  marques,  57  à  58  fr.;  sortes 
ordinaires,  54  à  56  fr.  ;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.  toile  à  rendre  ou  157  kilog. 
net,  ce  qui  correspond  aux  prix  extrêmes  de  3  4  fr.  40  à  33  fr.  20  par  100  kilog., 
ou  en  moyenne  36  fr.  30;  c'est  une  baisse  de  60  centimes  sur  le  prix  moyen  du 
mercredi  précédent.  —  Pour  les  farines  de  spéculation,  on  les  cotait  à  Paris,  le 
mercredi  2  mai  au  soir  :  farines  neuf -marques,  courant  du  mois,  56  fr.  50  à 
56  fr.  75;  juin,  57  fr.  25  à  57  fr.  50;  juillet  et  août,  58  fr.  50;  quatre  derniers 
mois,  59  fr.  50;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.,  toile  perdue  ou  157  kilog.  net.  — 
Pour  les  farines  deuxièmes,  on  paye  à  Pans,  23  à  30  fr,  par  100  kilog.  suivant 
les  qualités,  et  pour  les  gruaux  46  à  47  fr. 

Seigles.  —  Il  y  a  toujours  peu  d'offres,  et  les  prix  sont  très  fermes.  -Oi  paye 
à  la  halle  de  Paris,  16  fr.  25  à  16  fr.  50  par  100  kilog.  Les  farines  de  seigle  sont 
vendues  aux  cours  de  24  à  26  fr. 

Orges.  —  Peu  d'affaires,  mais  maintien  des  cours.  On  c  )te  à  la  halle  de  Paris, 
de  18  fr.  25  à  20  fr.  50  par  100  kilog.  suivant  les  qualités.  —  Les   escourgeons  . 
valent  de  17  fr    50  à  18  l'r.  25.  — A  Londres,  il  a  été  importé   7,600  quintaux 
d'orges  depuis  huit  jours.  Les  affaires  sont  assez  faciles  aux  cours  de  1 8  à  20  fr.  40 
par  100  kilog. 


à 


I>ES  DENRÉES  AGRICOLES   (5  MAI   188S).  197 

Avoines. —  Les  transactions  sont  un  peu  plus  actives,  et  les  affaires  sont  faciles. 
On  paye  ù  la  halle  de  Paris  de  17  fr.  50  à  20  fr  50  par  100  kilog.  suivant  poids, 
couleur  et  qualité.  —  A  Londres,  les  im[)ortations  d'avoines  ont  été,  durant  la 
semaine,  de  33,000  quintaux.  Les  prix  sont  en  hausse;  on  vend  de  18  fr.  50  à 
21  fr.  75   par  quintal  métrique. 

Sarr^asin.  —  Très  peu  d'affaires.  On  vend  à  la  halle  de  Paris,  16  fr.  75  à  17  fr. 
par  100  kilog. 

Maïs.  -^  Les  transactions  sont  calmes.  On  cote  dans  les  ports,  de  16  fr.  50  à 
17  fr.  50  par  100  kilog.  pour  les  maïs  d'Amérique. 

Issues.  —  Il  y  a  beaucoup  de  fermeté  dans  les  prix.  On  paye  par  100  kilog.  à  la 
halle  de  Paris  :  gros  son  seul,  15  fr.  7  5  à  15  fr.;  son  trois  cases,  14  fr.  75  à 
15  fr.;  sons  fins,  13  fr.  5U  à  \k  fr.  50;  recoupettes,  13  fr.  à  13  fr.  50;  remoulages 
bis,  14  fr.  à  I4fr.  50;  remoulages  blancs,  15  à  16  fr. 

]II.  —  Fourrages,  graines  fourragères. 

Fourrages.  —  Les  ventes  sont  assez  faciles  avec  des  prix  fermes.  On  paye  à 
Paris,  par  1,000  kilog.:  foin,  liO  à  1-26  fr.;  luzerne,  112  à  126  fr.;  paille  de  blé, 
58  à  70  fr.;  paille  d'avoine,  46  à  52  fr. 

Graines  fourragères.  —  La  hausse  se  maintient  pour  toutes  les  sortes.  On  paye 
à  Paris  par  100  ki'og.  :  trèfle  violet,  200  à  225  fr.;  trèfle  blanc,  200  à  2  50  Ir.; 
luzerne  de  Provence,  150  à  160  fr.;  de  Poitou,  125  à  135  fr.;  d'Italie,  135  à 
IiiO  fr.;  minette,  45  à  65  fr.;  ray-gra^s,  60  à  70  fr.;  vesce  de  printemps,  26  à 
27  fr.;  pois  gris,  25  à  26  fr.;  sainfoin,  25  à  31  fr.;  maïs  dent  de  cheval  21  à  i2  fr. 

IV.  —  Fruits  et  légumes  frais. 

Fruits.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  fraises  de  châssis,  le  pot,  0  fr.  25  à 
l  fr.  40  ;  poires,  le  cent,  10  fr.  à  100  fr  ;  pommes,  le  cent,  15  fr.  à  120  fr.;  raisins, 
chasselas  de  serres,  le  kilog.,  10  à  16f'r. 

Gros  légumes.  —  Dernier  cours  de  la  halle  :  asperges  aux  petits  pois,  la  botte, 
0  fr.  75  à  3  fr.;  carottes  nouvelles,  les  li  0  bottes,  75  à  125  fr.;  carottes  com- 
munes, les  100  bottes,  20  à  :^0  fr.;  d'hiver,  l'hectolitre,  3  à  5  fr.  ;  de  chevaux, 
les  100  bottes,  14  à  20  fr.;  choux  nouveaux,  le  cent,  7  à  15  fr.;  choux  communs, 
le  cent,  5  à  20  fr  ;  haricots  verts,  le  kilog.  3  à  5  fr.;  navets  nouveaux,  les 
100  bottes,  75  à  125  fr.;  communs,  les  100  bottes,  20  à  30  fr.;  l'hectolitre,  4 à 
5  fr.;  oignons  nouveaux,  les  100  bottes,  50  à  75  fr.;  en  grain,  l'hectoHtre,  9  à  13  fr.; 
panais  communs,  les  100  bottes,  15  à  20  fr.;  poireaux  communs,  les  l08  bottes, 
20  à  45  fr. 

Pommes   de  terre.  —  Hollande  communes,  l'hectolitre,  17  à  20  fr.;  le  quintal, 

24  fr.  28  à  i8  fr.  57  ;  jaunes  communes,  l'hectolitre,  9  à  10  fr.,  le  <Juintal, 
12  fr.  85  à  14  fr.  28. 

V. —  Vins,  spiritueux,  vinaigres,  cidres. 
Vins.  —  Les   circonstances  météorologiques  continuent  à  être  assez  favorables 

f>our  la  vigne.  Il  est  vrai  que  la  prolongation  des  froids  a  sensiblement  retardé 
e  départ  de  la  végétation.,  et  que  celle-ci  est  beaucoup  moins  avancée  que  dans 
les  années  ordinaires  à  la  même  date.  Mais  il  n'y  a  pas  lieu  à  s'en  plaindre,  si  le 
temps  permet  que  ce  retard  soit  regagné  d'ici  au  moment  de  la  floraison.  Dans 
l'état  actuel  des  choses  on  a  moins  à  redouter  l'effet  des  gelées  printanières  qui 
pourraient  venir  à  se  produire.  Dans  le  Midi,  le  refroidissement  qui  sest  produit 
pendant  la  dernière  semaine  d'avril  ne  paraît  pas  avoir  exercé  d'effets  fâcheux 
pour  la  vigne.  En  Algérie,  la  vigne  se  développe  actuellement  au  milieu  de  cir- 
constances tout  à  fait  favorables.  —  Quant  au  commerce  des  vins,  il  continue  à 
présenter  beaucoup  de  calme,  les  ventes  sont  peu  actives,  les  cours  se  main- 
tiennent dans  les  mêmes  conditions  que  précédemment.  Dans  le  Midi,  on  signale 
quelques  ventes  assez  asctives.  On  cote  actuellement  à  Lézigran  (Aude)  :  Aramon, 

25  à  26  fr.;  petits  Montagnes,  30  à  32  fr.;  Montagnes  ordinaires,  33  à  35  (r.; 
Narbonne,  37  à  45  fr.  suivant  la  qualité; — A  Cette,  on  paye  les  vins  d'Espagne, 
par  hectolitre  :  Alicante,  4'4  à  45  fr.;  Catalogne,  33à35  fr.;  Manche,  30  à  32  fr  ; 
Mayorue,  28  à  30  fr.  —  En  Sologne,  on  cote  :  vins  blancs  de  la  côte,  48  à  50  fr. 
la  pièce;  gamay  rouge,  55  à  65  fr.  gros  noir,  105  à  120  fr.;  —  Selles,  70  à 
90  fr.;  Cher,  75  à  100  fr.  les  250  litres.  —  Dans  l'Orléanais,  on  paye  :  vins 
rouges  du  pays,  85  à  1 10  fr.;  vin  blanc  nantais,  44  à  47  fr.;  vin  blanc  de  Poitou, 
60  à  62  fr.;  vin  blanc  de  Blois,  55  à  60  fr.  —  En  Algérie,  les  vins  nouveaux 
ordinaires  valent  20  à  25  fr.  l'hectolitre,  sans  fùls,  suivant  les  qualités. 

Spiritueux.  —  Les  transactions  sont  toujours  peu  importantes  sur  bs  alcools 


198  REVUE   COMMERCIALE  ET  PRIX  GOURANT 

de  toutes  sortes.  Les  cours  ne  présentent  pas  de  variations  sensibles  depuis  huit 


—  Dans  les  Gharentes,  on  cote  les  eaux-de-vie  de  1875  à  1878  :  bons  bois  ordi- 
naires, 215  à  235  fr.;  très  bons  bois,  220  à  240  fr.  ;  fins  bois,  235  à  260  fr.;  petite 
Champagne,  245  à  280  fr.;  fine  Champagne,  265  à  305  fr. —  Dans  le  Nord,  les 
ventes  sont  calmes  sur  les  alcools  de  betteraves.  On  cote  à  Paris,  par  hectolitre  : 
3/n  betteraves,  1''' qualité,  90  degrés,  disponible,  48  fr.  75;  mai,  49  fr.  25  à 
49    fr.  50  ;  juin,  50  fr.  25  ;  juillet  et  août,  51  à  51  fr.  25  ;   quatre  derniers  mois, 

51  fr.,Le  stock  est  actuellement  de  21,500  pipes,  contre  14,650   en    1882. 
Vinaigres.  —  Prix  soutenus.  On  cote  à  Orléans,  par  hectolitre  :  vinaigre  nou- 
veau de  vin  vieux,  40  à  42   fr.;  vinaigre  vieux  de  vin,  50  à  60  fr. 

Raisins   secs.  —  H  y  a  peu  d'affaires  sur  les  marchés  du  Midi,  mais  les  prix 

continuent  à  accuser  beaucoup  de  fermeté.  On  paye  à  Marseille,   par  100  kilog.    : 

.  Corinthe,  54  à  55  fr.;  Thyra,  4'5  fr.  50  à  47  fr.;  raisins  noirs,  43  fr.   50  à  44  fr.; 

Beyrouth,  45  fr.;   Chypre,  56  fr.;  Samos  noirs,  51  à  52  fr.;  Samos  blonds,  43  à 

43  fr.  50;  Vourlas  rouges,  45  fr. 

Crème  de  tartre.  —  On  paye  à  Lyon  les  crèmes  de  tartre  310  à  335  fr.  par 
100  kilog.;  à  Marseille,  305  fr 

Verdets.  —  Les  verdets  en  pains  secs  valent,  à  Marseille,  200  à  225  fr.  par  quin- 
tal métrique,  suivant  les  sortes. 

VI.  —  Sucres.  —  Mélasses.  —  Fécules,  —  Glucoses.  —  Amidons.  —  Houblons. 

Sucres.  —  Les  affaires  sont  calmes  sur  la  plupart  des  marchés,  aussi  bien  pour 
les  sucres  roux  que  pour  les  sucres  blancs.  Les  cours  se  maintiennent  à  peu  près 
sans  changements.  On  cote  à  Paris  par  100  kilog.  :  sucres  bruts  88  degrés 
saccharimétriques,  53  fr.  à  53  fr.  25  ;  les  99  degrés,  60  fr.  25  ;  sucres  blancs, 
60  fr.  50;  —  à  Valenciennes,   sucres  bruts,    52  fr  ;  —  à    Lille,   sucres  bruts, 

52  fr.  blancs,  59  fr.  à  5'-»  fr.  50;  —  à  Saint- Quentin,  sucres  bruts,  52  fr.  25  à 
25  fr.  50;  Le  stock  de  l'entrepôt  réel  des  sucres  était,  au  2  mai,  à  Paris  de 
731,000  sacs  pour  les  sucres  indigènes,  avec  une  diminution  de  26,000  sacs 
depuis  huit  jours.  Il  y  a  un  peu  de  faiblesse  dans  les  cours  des  sucres  raffinés; 
on  les  paye  de  105  à  106  fr.  50  par  100  kilog.  à  la  consommation,  et  de 
63  fr.  50  à  66  fr.  50  pour  l'exportation.  Il  y  a  toujours  beeaucoup  de  calmes  sur 
les  sucres  coloniaux  :  à  Nantes,  on  cote  53  fr.  par  100  kilog.  pour  les  8H  degrés 
disponibles. 

Mélasses.  —  Les  prix  sont  faibles.  On  cote  à  Paris  10  fr.  par  100  kilog.  pour 
les  mélasses  de  fabrique,  13  fr.  pour  celles  de  raffinerie. 

Ffcul'S.  —  Il  y  a  toujours  grande  fermeté  dans  les  prix.  On  cote  à  Paris  41  fr. 
par  100  kilog.  pour  les  técules  premières  du  rayon;  à  Compiègne,  40  fr.  pour 
celles  de  l'Oise;  à  Epinal,  41  fr.  pour  celles  des  Vosges. 

Glucoses.  —  Les  prix  se  maintiennent.  On  cote  par  100  kilog.  ;  sirop  de  froment, 
54  à  56  fr.  ;  sirop  massé,  43  à  44  fr.  ;  sirop  liquide,  35  à  37  fr.. 

Amidons.  —  Il  n'y  a  pas  de  variations  dans  les  cours.  A  Paris,  on  paye  par 
100  kilog.  :  amidons  de  pur  froment,  66  à  68  fr.;  amidons  de  province,  64  à  66  fr.; 
de  maïs,  54  à  56  fr. 

Houblons.  ~  Les  transactions  sur  les  houblons  sont  très  peu  actives  sur  tous 
les  marchés.  Il  y  a  eu  quelques  ventes  surles  marchés  du  Nord,  aux  cours  de  650 fr. 
par  100  kilog.  En  Bohême,  quelques  houblons  de  Saaz  ont  été  vendus  de  550  fr.  à 
600  fr. 

VIL  —  Huiles  et  graines  oléagineuses,  tourteaux. 

Huiles.  —  Le  mouvement  de  reprise  sur  les  huiles  de  colza  a  continué  depuis 
huit  jours.  Les  affaires  sont  toujours  peu  i  nportantes.  On  cote  à  Paris,  par 
lOD  kilog.  :  huile  de  colza  en  tous  fûts,  98  fr.  ;  en  tonnes,  100  fr.;  épurée  en 
tonnes,  )08  fr.  ;  huile  de  lin  en  tous  fûts,  58  fr.  ;  en  tonnes,  60  fr.  Sur  les  marchés 
des  départements,  on  cote  par  kilog.  pour  les  huiles  de  colza  :  Caen,  94  fr.  ; 
Rouen,  91  fr.  50;  Cambrai,  95  à  77  fr,;  et  pour  les  autres  sortes  :  œillette, 
115  fr.;  lin,  59  fr.  — A  Marseille,  les  prix  des  huiles  d'olives  sont  soutenus 
avec  une  grande  fermeté;  on  cote  les  diverses  variétés  :  Aix  surfine,  18i»  à  2;  0  fr.; 
fine,  150  à  160  fr.;  Bari,  150  à  115  f-  ;  Var,  surfine,  135  à  140  fr.;  fine,  115  à 
120  fr.;  Espagne,  120  fr.;  Sicile,  110  à  115  fr. 

Graines  oléagineuses.  —  Il  y  a  peu  d'affaires  sur  les  marchés  du  Nord.  On  paye 
à  Cambrai  par  hectolitre  :  œillette,  24  à  27  fr.  50;  cameline,  13  fr.  50  à  17  ir.;  à 


DES   DENRÉES  AGRICOLES    (5  MAI   1883).  199 

Gaen,  colza,  29  fr.;  à  Orchies,  colza,  25  à  27  fr.;  lin,  21  à  22  fr.;  cameline,  17  à 
19  fr. 

Tourteaux.  —  Prix  fermes.  On  paye  par  100  kilog.  à  Cambrai,  tourteaux 
d'oeillette,  17  fr.  50  ;  de  colza,  17  à  i9  fr.  50;  de  lin,  20  à  22  fr.;  de  cameline, 
19  Ir.  50  à  20  fr.  —  A  Marseille,  tourteaux  de  lin,  17  fr.  50;  d'arachides  en 
coque,  9  tr,  75  ;  décortiqués,  14  fr.  25  à  14  fr.  50  ;  sésame  blanc,  14  fr.  25;  coka 
du  Danube,  13  fr.  25  ;  coton  d'Egypte,  12  fr.  50;  palmiste  naturel,  10  fr.  50; 
ricin,  10  fr.  50;  ravison,  11  fr.  50. 

VIII. —  Matières  résineuses,  et  tannantes. 
3Iatières  résineuses.  —  H  y  a  reprise  dans  les  cours.  On  paye  à  Bordeaux  84  à 
85  fr.  I  ar  100  kilog.  pour  l'essence  pure  de  térébenthine;  à  Dax,  75  fr. 

Ècorces.  —  On  paie  actuellement  par  100  kilog.  :  tan  de  Normandie,  160  à 
170  fr.;  du  Berry,  145  à  150  fr.;  de  la  Nièvre,  125  à  135  fr.;  du  Gàtinais,  125  à 
135;  du  Jura,  110  à  120  fr.;  écorce  de  chêne  vert,  160  fr.;  châtaignier,  75  à  80  fr.; 
sapin,  110  fr. 

IX.  —Textiles. 

Chanvres.  —  Les  ventes  sont  peu  importantes  sur  les  marchés  de  l'Ouest,  On 
cote  à  Angers  et  au  Mans,  60  à  76  fr.  par  100  kilog.  suivant  les  qualités. 

Lins.  —  Maintien  des  prix  sur  les  marchés  du  Nord.  On  paye  dans  le  Pas-de- 
Calais,  67  fr.  50  à  75  fr.  par  100  kilog.  pour  les  lins  du  pays.     . 

Laines.  —  Au  Havre,  on  a  payé  cette  semaine  les  laines  de  Buenos-Ayres  à  1  fr.  75 
par  kilog.  —  A  Bordeaux,  on  cote  :  Buenos -Ayrcs,  1  fr.  75  à  1  fr.  80;  Monte- 
video, 1  fr.  35  à  1  fr.  70;  laines  de  diverses  sortes^  1  fr.  10  à  1  fr.  55. 

X.  —  Suifs  et  corps,  gras. 

Suifs.  —  Il  y  a  un  peu  de  faiblesse  dans  les  cours.  On  paye  à  Paris,  109  fr. 
par  100  kilog.  pour  les  suifs  purs  de  l'abat  de  la  boucherie;  81  fr.  75  pour  les 
suils  en  branches. 

Cuirs  fl  peaux.  —  Aux  ventes  mensuelles  de  la  boucherie,  le  30  avril,  on  cotait 
par  50  kilog.  à  Paris  :  gros  bœufs,  50  fr.  45;  moyens  bœufs,  45  fr.  22;  petits 
bœufs,  4  i  fr.  14:  vaches  laitières,  45  fr.  75;  vaches  de  bandes,  46  fr.  23;  tau- 
reaux, 44  fr.  31;  gros  veaux,  72  fr.  08;  petits  veaux,  79  fr.  03. 
XI.  —  Beurres.  —  Œufs.  —  Fromages.  —  Volailles. 

Beurres.  —  Pendant  la  semaine,  il  a  été  vendu,  à  la  halle  de  Paris,  257,361  kilog. 
de  beurres.  Au  dernier  marché,  on  payait  par  kilog.  :  en  demi-kilog.,  2  fr.  10 
à  4  fr.  20;  petits  beurres,  1  fr.  3^  à  1  fr.  74;  Gournay,  2  fr.  20  à  4  fr.  40;  Isi- 
gny,  2  fr.  74  à  7  fr.  88. 

Œufs.  —  Du  23  au  28  avril,  on  a  vendu  à  la  halle  de  Paris,  7,830,149  œufs. 
Au  dernier  marché,  on  cotait  par  mille  :  choix,  84  à  95  fr.;  ordinaires,  58  à 
74  fr.;  petits,  50  à  56  fr. 

XII.  —  Chevaux,  bétail,  viande. 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  officiel  du  marché  aux  bes- 
tiaux de  la  Villette,  du  jeudi  26  avril  au  mardi  1"  mai  : 

Poids      Prix  du  kilog.  de  viande  nette  sar 
Vendus  moyen  pied  au  marché  du  30  aYnl. 

Pour  Pour  En          4  quartiers.  1"  2«             3«  Prix 

Amenés.  Paris,  l'extérieur,  totalité.  kil.        quai.  quai.  quai.  moyen. 

Bœufs 4,160  2,H24  1,316  3,940  349      1.80  1.67  1.42  1.62 

Vaches 1,297  781  427  1,208  23h      1.68  1.50  1.34  1.4T 

Taureaux SU  269  36  303  385       1.56  1.45  1.36  1.4â 

Veaux 3,592  2,414  1,020  3,434  73       2.30  2.16  1.76  Î.Oii 

Moulons 39,563  27,888  10,243  38,131  19      2.10  2.00  1.78  1.88 

Porcs  gras 6,778  2,740  3,948  6,688  83       1.42  1.36  1.30  1.35 

—  maigres.            »  a  >  »  »»«»  » 

La  vente  a  été  facile  pour  toutes  les  sortes  d'animaux,  et  les  prix  ont  accusé  une 
grande  fermeté,  principalement  en  ce  qui  concerne  les  gros  animaux.  —  Sur  les 
marchés  des  départements,  on  cote  :  —  Le  Mans,  vaches,  1  fr.  80  à  J  fr.  90 
par  kilog.  de  viande  nette;  veaux,  1  fr.  60  à  1  fr.  70;  mouton,  2  fr.  10  à 
2  Ir.  20;  agneaux,  2  fr.  25  à  2  fr.  35;  —Nantes,  bœufs,  0  Fr.  95  par  kilog. 
brut  ;  veau,  1  fr.  ;  mouton,  1  fr.  05  ;  —  Orléans,  bœuf,  0  fr.  70  à  C  fr.  80  ;  vache, 
0  Ir.  70  à  0  Ir.  ^0  ;  veau,  1  fr.  05  à  1  fr.  25  ;  mouton,  0  fr.  75  à  0  fr.  95  ;  porc, 
0  fr.  8  '  à  0  fr.  95;  —  Sed<nu  bœuf,  1  fr.  60  à  1  fr.  80  ;  veau,  1  fr.  40  à  1  fr.  90  ; 
mouton,  2  fr.  20  à  2  fr.  30;  porc,  1  fr.  50  à  1  fr.  90  ;  —  Naticy,  bœufs  morts, 
92   à  95  fr.;  vaches,  65   à  92  fr.;  veaux,    110  à  130  fr.;  mouton,  110  à  125  fr.; 


200  REVUE  COMMERCIALE   ET    PRIX  GOURANT    (5    MAI    I8b3). 

porcs,  70  à  75  fr.  ;  —  Dijon,  bœuf,  1  fr.  60  à  ]  fr.  78;  vaches,  1  fr.  16  à 
1  fr.  68  ;  veau  (poids  vit),  1  fr.  02   à  1  fr.  U  ;  moutons,  1  fr.  80 à  2  fr.  10;  porc, 

0  ff.  90  à  1  fr.  04  ;  — Ckdlon- sur -Saône,  bœufs  gras,  86  fr.  les  luO  kilog.  ;  bœufs 
de  trait,  350  à  80Ct  ir.  la  paire;  vaches  grasses,  78  à  80  fr.  les  ICO  kilog.  ; 
veau  100  à  105  fr.;  porc,  92  à  97  Ir.  —  Lyon,  bœuf,  80  à  90  fr.  les  100  kilog.; 
veaux,  116  à  130  fr.  ;  moutons,  85  à  100  fr.;  —  Bourgoin,  bœufs,  66  à  76  fr..; 
vaches,  58  à  68  fr.;  veau,  90  à  100  fr.  ;  moutons,  90  à  98  fr.;  porc,  86  à  90  fr.  ; 
—  Genève,  bœuf,  1  fr.  50  à  1  fr.  70;   veau  (sur  pied),  G  fr.  90  à  1  fr.  10  ;  mouton, 

1  fr.  90  à  1  fr.  95  ;  porc,  1  ir.  45  à  1  fr.  50. 

A  Londres,  les  importations  d'animaux  étrangers  durant  la  semaine  dernière  se 
sont  composées  de  i0,d48  têtes,  dont  5  bœufs,  355  veaux,  45  mouionset  46  porcs 
venant  d'Amsterdam  ;  3  i9  moutons  d'Anvers;  5,948  moutons  de  Brème;  175  bœufs 
et  1  moutons  de  Christiana;  6,4:- 2  moutons  de  Geestemunde;  257  bœufs  el 
63  veaux  de  Gothembourg;  1,785  moutons  et  578  porcs  d'Hambourg;  6  bœufs, 
35  veaux,  376  moutons  et  17  porcs  d'Harlingen  ;  177  bœufs  et  379  moutons  de 
New-York;  177  bœufs  d'Oporto  ;  18  bœufs,  87  veaux,  2,994  moutons  et  292  porcs 
de  Rotterdam;    134   bœufs  de  Vigo.  Prix  du  kilog.    Bœuf  :  qualité  inférieure, 

1  fr.  40  à  1  fr.  58  ;  2%  1  Ir.  58  à  1  fr.  75;  V'  1  fr.  87  à  2  fr.  05.  —  Veau  : 
2«,  2  fr.  10  à  2  fr.  22;  V%  2  fr.  22  à  2  fr.  34.  —  Moulon  :  qualité  inférieure, 
:l'lr   75  à  1  fr.  93;  2%  1  fr   93  à  2  fr.  10;  1'%  2  fr.  10  à  2  fr.  22.  —  Agneau  : 

2  fr.  80  à  3  fr.  15.  —  Porc  :  2%  1  fr.  52  à  1  fr.  64;  r%  1  fr.  64  à  1  fr.  75. 

Viande  à  la  criée.  —  On  a  vendu  à  la  halle  de  Paris  du  22  au  29  avril  : 

Prix  du  kilog.  le  30  avril. 

kilog.  1"  quai.                2"  quai.              3'  quai.                Choi.v.       Basse  Boucherie. 

Bœufou  vache...   167.7 3S  1.58  à  1.90     1.36  à  1.56     1.00  à  1.34  1.56  à  3.00    0.20  à  1.26 

Veau      225,129  l.Si)      2  26     1.58       1.78     1.10       1.56  1.46       2.60       - 

Mouton.!.!.....     80,683  1.58      2.00     1.36      1.56    0.90      1.34  1.74      3.30      » 

Porc 45,036  Porc  frais 1.20  à  1.56;  salé, 

518,586         Soit  par  jour 74,084  kilog. 

Les  ventes  ont  été  inférieures  de  800  kilog.  par  jour  à  celles  de  la  semaine  pré- 
cédente. —  Les  prix  se  maintiennent  bien  pour  les  diverses  catégories. 

XIII.  —  Marché  de  la  Villette  du  3  mai. 
Les  nécessités  du  tirage  de  ce  numéro,  à  raison  des  fêtes  de  l'Ascension,  nous 
empêchent  de  publier  les  derniers  cours  de  la  Villette. 

XIV.  — Résume. 
Pour  la  plupart  des  denrées,  les  cours  se  sont  maintenus  à  peu  près  sans  chan- 
gements depuis  huit  jours.  A.  Remy. 

BULLETIN  FINANCIER 

La  grande  affaire  de  la  semaine  a  été  encore  la  conversion  de  la  rente  5  pour  100; 
elle  sera  achevée  dans  quelques  jours.  En  effet,  les  porteurs  de  rentes  doivent 
opter  entre  le  remboursement  au  pair  ou  du  titre  4  1/2  pour  100,  dans  les  délais 
suivants  :  pour  la  France,  du  1"  au  10  mai;  pour  la  Corse,  du  3  au  12  mai;  pour 
pour  l'Algérie,  du  4  au  13  mai. 

Cette  opération  n'amène  d'ailleurs  aucune  perturbation  dans  les  cours.  On  cote 
actuellement  les  fonds  français  :  3  pour  100,  80  fr.  10  au  comptant;  —  3  pour  100 
amortissable,  81  fr.  80  ;  -  4  1/2  pour  100,  110  fr.  25  ;  —  5  pour  100,  109  tr.  90. 

Le  plus  grand  nombre  des  valeurs  accusent  une  grande  fermeté.  Les  actions 
de  la  Banque  de  France  sont  à  5,370  francs;  celles  du  Crédit  foncier,  à 
1,335  francs;  celles  du  Comptoir  d'escompte,  à  980  francs;  celles  du  Crédit  indus- 
triel et  commercial,  à  720  francs.  —  Il  y  a  aussi  beaucoup  de  fermeté  sur  les 
actions  des  chemins  de  fer;  les  préoccupations  que  faisait  naître  l'élaboration 
des  conventions  entre  l'Etat  et  les  grandes  Compagnies,  disparaissent  peu  à  peu 
devant  la  conviction  presque  générale,  que,  dans  peu  de  temps,  ces  conventions 
aboutiront  d'une  manière  définitive.  Le  Nord  vaut  1,940  francs;  l'Orléans, 
1,260  francs;  le  Paris-Lyon  Méditerranée,  1,595  francs  ;  l'Est,  740  francs  ;  l'Ouest, 
77Ô  francs;  le  Midi,  1,197  fr.  50;  le  tout  au  comptant. 

Bonne  tenue  sur  les  obligations  de  la  Ville  de  Paris  et  sur  celles  du  Crédit 
foncier.  E.  Féron. 

Le  gérant,  A.  Bouché. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (12  mai  i883). 

Les  récoltes  en  terre.  —  Retard  de  la  végétation.  —  Les  fourrages  hâtifs  à  semer.  —  L'espoir  des 
venrlan.^es  et  des  récoltes  fruiiières.  —  Les  concours  réïionaux.  —  Relevé  des  déclarations 
faites  pour  les  concours  de  Hlois,  Rochefort,  Ci^-n  et  Aurilhc.  —  Concours  de  laiterie  à  Au- 
riliac  et  à  Caen.  —  Conseil  supérieur  de  l'agriculture.  —  Séance  du  k  mai.  —  Discus-:oa  sur 
les  voies  de  communication  et  sur  l'alcoolisation  des  vins  étrangers  introduits  en  France.  — 
Les  juments  de  cavilerie  mises  à  la  disposition  des  cultivatems.  —  Vente  d'animaux  de  race 
durham  puie  a  la  vacherie  nationale  de  Carbon.  —  Vente  de  béliers  à  la  ber>;erie  n;it  onale  de 
Grignon.  —  Neuvième  liste  de  la  souscription  ouverte  pour  élever  un  monument  à  Léonce  de 
Lavergae.  —  Nécrologie.  —  Lord  Vernon.  —  Venle  de  la  bibliothèque  de  M.  D^caisne.  —  Les 
travau.x  de  reboisement.  —  Conditions  des  subventions  accordées  aux  propriétaires  et  aux 
communes.  —  Concours  international  de  marécbalerie  à  Caen.  —  Concours  du  Comice  ;igri- 
cole  de  Seiirre.  — Arboriculture  fruitière,  livre  de  M.  Henry.  —  Sucres  et  betteraves.  —  Traité 
d'analyse  de>  m'Hières  sucrées  prir  M.  H.  Leplay.  —  Le  commerce  des  vins.  —  Pétition  adressée 
au  ministre  de  l'a^Ticulture  par  le  Comice  de  Marcillac.  —  L'ag  iculture  au  Canada.  —  Com- 
merce du  bétail;  —  exploitation  des  gisements  de  phosphaie  de  chaux.  —  Notes  sur  la  situation 
des  récoltes  dans  les  déparlements  de  la  Charente-Inférieure  et  de  la  Gironde. 

I.  —  La  situation  agricole.\ 

Coiniiient  vont  les  récoltes?  c'est  une  question  qui  nous  est  adressée 
plusieurs  fois  chaque  jour.  Qa^  répondre,  si  ce  n'est  que,  comma  les 
afTaires  en  général,    elles   vont  douceiuant.    A  peu   près  partout,    la 
végétation  est  en  retard  d'une  dizaine  de  jours  ;  le  temps  maussade  qui 
règne  ne  la  hâte  pas,  mais  lavenir  agricole  de  Tannée  ne  nous  en 
semble   pas  assombri.  Jusqu'à  présent,  il  n'y  a  guère  de  mA  produit, 
si  ce  n'est  en  un  petit  nombre  de  loi^alités.  Dans  le  Midi,  la  production 
des  arbres  à  fruits  sera  médiocre.  Les  champs  de  seigle,  presque  par- 
tout, sont  loin  de  présenter  la  vigueur  qu'on  est  habitué  de  leur  voira 
celte  épo(|ue  de  Tannée;  cependant  aucun  mal  définitif  n'est  signalé. 
Dans  quelques  départements  de  TOaest,  on  n'a  pas  pu  faire  toutes  les 
semailles  en  retard  ;  on  signale  une  assez  grande  quantité  de  champs 
qui   n'ont  pu  être  ensemencés.    Il  sera  peut-être  bon  d'y  semer  des 
fourrages  hâtifs,   tels  que  le  mélange  auquel  Dezeimeris  a  donné  son 
nom.  Les  fourrages,  en  effet,  n'ayant  pas  encore  pris  la  pousse  qu'ils 
ont  d'ordinaire  dans  les  premiers  jours  de  mai,   donneront  probable- 
ment des  coupes  en  déficit.   L'hiver  s'est  achevé  alors  que  Ton  com- 
mençait à  être  obligé  de  ménager  les  rations  du   bétail,  et  comme  les 
fourrages  verts    sont    loin    d'offrir    de  la  précocité,    tous   ceux,    qui 
entretiennent  des  animaux  domestiques  se  trouvent  gênés,  et  les  bêtes 
commencent  à  souffrir.  Aussi  les  marchéssont-ils  plus  garnis  qu'ilsne 
devraient  l'être,  et  en  présence  d'offres  plus  nombreuses  sans  demandes 
plus  considérables,  il  y  a  baisse  dans  les  cours.  Mais  rien  n'est  irré- 
parable quant  à  présent,  et  la  venue  d'un  temps  propice  pourrait  faire 
espérer  encore  des  temps  prospères.  La  vigne  peut  doimer  de  meilleures 
vendanges  que  les  années  précédentes;  les  arbres  fruitiers  de  toute  la 
région  du  Centre  et  du  Nord  sont  riches  de  promesses.  Les  céréales  ont 
un  aspect  satisfaisant.  Toutes  les  plantations  ou  semailles  du  printemps 
ont  réussi,  ou  du  moins  donnent  de  belles  espérances.  Nous  sommes 
dans  une  saison  critique;  il  n'y  a  guère  qu'une  chose  à  faire,  attendre. 
Seulement,  toujours  attendre  impatiente.  Les  transactions  languissent; 
on  ne  se  décide  pas,  par  exemple,  à  acheter  des  machines  alors  qu'on 
ne  sait  pas  comment  les   récoltes  tourneront;  mais  il  peut  suffire  de 
quelques  jours  pour  tout  mettre  en  état.  Cette  situation  s'est  souvent 
présentée,  avec  un  dénouement  favorable.  Les  agriculteurs  ont  un  peu 
de   loisir;  ils  peuvent   se   rendre  aux   concours  régionaux,  qui  com- 
mencent cette  semaine  à  Amiens,  Bourg  et  Foix.  Avant  la  fin  du  mois, 
il  y  aura  encore  ceux  de  Vannes,  Digne,  Troyes,  Blois  et  Rochefort.  Les 

N°  735.  —  Tome  II  de  1883.  —  12  Mai. 


202  CHRONIQUE   AGRICOLE    (12  MAI  1883). 

autres  solennités  du  même  o;enre  auront  lieu  en  juin,  pour  Caen  et 
Aurillac,  en  septembre  pour  Mende,  et  en  novembre  pour  Nice.  Puisse 
d'ici  là  le  ciel  s'être  éclairci,  et  nous  avoir  déversé  en  temps  utile  une 
chaleur  assez  bienfaisante  pour  nous  donner  de  riches  moissons  et 
d'abondantes  vendanges. 

II.  —  Les  prochains  concours  "êgionaux. 

Voici  les  relevés  des  déclarations  adressées  au  ministère  de  Tagri- 
culture  pour  les  quatre  concours  régionaux  de  Blois,  Rochefort,  Caen 
et  Aurillac. 

Espèce  Espèce  Espèce      Animaux        Macliines  et 

)  ovine.  ovine.         porcine,  debasse-oour.  instrui.n-nts.  Produits. 

Têtes.  Lots.  Tètes.  Lots.  Lots. 

Blois 1%  12.T  30                84  1,180  380 

Rochefort 422  T.")  ^0  187  l,2(iO  3.i0 

Caen 34o  101  ni  191  l,:i'30  270 

Aurillac 246  103  09  134  744  265 

Le  concours  spécial  de  laiterie  de  Caen  comprendra  230  instruments, 
et  149  lots  de  produits;  celui  dAurillac  comptera  110  instruments  et 
A6  lots  de  produits.  —  Le  concours  régional  de  Blois  sera  dirigé  par 
M.  Randoing,  adjoint  à  l'inspection  générale  de  l'agriculture;  celui  de 
Rochefort,  par  M.  Philippar,  adjoint  à  l'inspection;  celui  de  Caen,  par 
M.  de  Lapparent,  inspecteur  général;  celui  d'Aurillac,  par  M.  Heuzé, 
inspecteur  général. 

m.  —  Conseil  supérieur  de  V agriculture. 

Le  Conseil  supérieur  de  l'agriculture  s'est  réuni,  à  nouveau,  le 
vendredi  4  mai,  sous  la  présidence  de  M.  Méline,  ministre  de  l'agri- 
culture. Voici  le  résumé  des  discussions  de  cette  séance  : 

Le  Conseil  a  abordé  l'examen  du  rapport  de  la  Commission  des  voies  de  com- 
munications dont  les  travaux  avaient  eu  pour  but  la  recherche  des  moyens  per- 
mettant :  1"  De  procurer  un  dégrèvement  à  l'agriculture;  2''  d'assurer  le  bon  et 
complet  entretien  des  chemins  confectionnés  existants;  3"  de  facihter  'a  confection 
des  chemins  nouveaux,  vicinaux  et  ruraux  dont  l'agriculture  est  appelée  à  profiter. 

M.  Jametel,  député,  et  rapporteur  de  la  Commission,  a  soutenu  devant  le 
Conseil  supérieur  les  conclusions  de  son  rapport  qui  sont  ainsi  formulées  : 

Créer  dans  chaque  département  un  réseau  unifié  de  chemins  vicinaux  dépar- 
tementaux, comprenant  les  routes  départementales,  les  chemins  de  grande  com- 
munication et  ceux  des  chemins  vicinaux  ordinaires  dont  l'importance  justifierait 
le  classement. 

Les  chemins  de  moyenne  communication  et  les  chemins  vicinaux  classés 
deviendraient  la  propriété  des  départements,  sauf  les  plantations  existantes  qui, 
jusqu'à  leur  maturité,  resteraient  acquises  aux  communes. 

Les  départements  seraient  tenus  d  assurer  l'entretien  des  réseaux  ainsi  con- 
stitués et  pour  lesquels  l'Etat  allouerait  une  subvention  d'environ  30  millions  à 
répartir  entre  les  départements.  Les  communes  intéressées  contribueraient  à  cet 
entretien  dans  la  proportion  de  leur  intérêt,  mais  seulement  jusqu'à  concurrence 
de  la  valeur  d'une  journée  de  prestation. 

Aucune  observation  ne  s'est  produite  sur  le  principe  môme  de  ces  propo- 
sitions, dont  le  Conseil  supérieur  a  reconnu  unanimement  l'utilité  et  l'urgence; 
mais  une  discussion  s'est  élevée  sur  la  difficulté  de  trouver  immédiatement  les 
Tessources  nécessaires  à  la  constitution  et  à  l'entretien  du  réseau  projeté. 

M.  Jametel  a  rappelé,  en  effet,  qu'à  l'époque  où  la  Commission  réglait  le  pro- 
gramme de  ses  travaux  et  fixait  l'objectif  qu'elle  désirait  atteiiidie,  elle  croyai-t 
pouvoir  compter,  d'après  les  assurances  les  plus  autorisées  qui  lui  avaient  été 
données,  que  l'agriculture  bénéficierait  de  la  totalité  du  produit  de  la  conversion. 

Malheureusement,  il  n'est  pas  certain  que  cet  espoir  se  réalise,  et  le  Conseil  a 
été  ainsi  amené  à  examiner  dans  quelle  mesure  les  propositions  de  la  Commission 
des  voies  de  communications  pouvaient  être  adoptées. 


CHRONIQUE  AGRICOLE   (12  MAI   1883).  203 

A  cet  égard,  MM.  Foucher  de  Careil  et  Jametel  ont  déclari;  que,  rfuelle  que 
soit  la  somme  qui  sera  affectée  à  l'agricultuiv,  le  projet  de  la  Goiumissioa  des 
voies  de  communications  avait  cet  avantage  de  pouvoir  être  appliqué  dans  sa  plus 
grande  partie,  sinon  complètement,  soi,  en  n'exécutant  (jue  la  ])arlie  du  pro- 
gramme comprenant  les  chemins  de  grande  et  moyenne  commun icdtion,  laissant 
ainsi  provisoirement  de  côté  l'exécution  de  ce  qui  est  relatif  aux  cliemins  vicinaux 
ordinaires,  soit  en  réduisant  d'une  demi-journée  seulement  les  deux  journées  de 
prestation  dont  on  voulait  laisser  l'entière  disposition  aux  communes. 

Après  quelques  observations  de  M.  le  ministre  qui  a  l'ait  remarquer  que  le 
Conseil  pourrait  laisser  de  côté  les  questions  de  détail  et  se  prononcer  uniquement 
sur  le  principe  même  des  propositions  en  discussion,  les  conclusions  du  rapport 
de  M.  Jametel  ont  été  mises  aux  voix  et  adoptées  à  l'unanimité. 

Les  rapports  de  la  Commission  de  viticulture  sont  venus  ensuite  à  l'ordre 
du  jour. 

M.  Guichard  a  appelé  l'attention  du  Conseil  sur  l'application  qui  est  faite  à  la 
frontière  de  la  loi  sur  le  tarif  général  des  douanes,  en  ce  qui  concerne  l'entrée  des 
vins  étrangers  en  France. 

Il  a  fait  remarquer  que  la  réduction  des  droits  qui  avait  été  consentie  par  les 
traités  de  commerce  ne  devait  s'appliquer  qu'aux  vins  naturels,  et  qu'une  très 
grande  quantité  de  boissons  alcolisées  entraient  en  France  aux  mêmes  conditions 
que  les  vins  naturels  et  portaient  ainsi  un  préjudice  considérable  à  nos  vins  et  à 
notre  production  viticole.  Il  a  demandé,  en  conséquence,  que  le  Conseil  prît  des 
mesures  pour  remédier  à  un  état  de  choses  aussi  déplorable. 

MM.  Devès  eL  Bernard  Lavergne,  tout;  en  regrettant  aussi  vivement  que 
M.  Guichard  les  fraudes  qui  se  commettaient,  ont  fait  remarquer  qu'elles  n'étaient 
pas  toujours  faciles  à  constater.  Ils  ont  ajouté  que  dans  le  Midi  les  vins  naturels 
sont  très  riches  en  alcool,  et  qu'à  leur  avis  le  mal  vient  bien  plus  des  obstacles 
que  rencontre  le  vinage  en  France  dans  l'élévation  des  droits  sur  l'alcool  que  de 
l'application  mal  entendue  des  tarifs. 

MM.  Dumas  et  Boussingault  ont  fourni  au  Conseil  sur  ce  sujet  des  explications 
scientifiques  très  intéressantes,  desquelles  il  résulte  que  s'il  est  impossible  de 
constater  la  fraude  lorsqu'elle  porte  sur  1  pour  100  d'alcool,  il  est  facile  de  con- 
stater lorsqu'elle  porte  sur  4  ou  5  pour  100,  et  à  plus  forte  raison  peut-On  l'éta- 
blir, quand  elle  est  pratiquée  avec  des  boissons  alcoolisées  dans  lesquelles  il 
n'entre  pas  de  jus  de  raisin. 

A  la  suite  de  ces  observations  et  sur  la  proposition  de  M.  le  ministre  et  de 
M.  Dumas,  le  Conseil  a  décidé  de  renvoyer  à  l'examen  de  la  Commission  de  viti- 
culture cette  importante  question  du  vinage  et  de  la  fraude  sur  les  vins. 

La  date  de  la  prochaine  réunion  du  Conseil  supérieur  a  été  fixée  au 
vendredi  18  mai. 

IV.  —  Les  juments  de  cavalerie. 

M.  le  ministre  a  décidé  que  des  juments  de  cavalerie  seraient,  à 
l'avenir,  placées  gratuitement  en  dépôt  chez  des  éleveurs  pour  être 
consacrées  à  la  production.  Les  cultivateurs  qui  auraient  le  désir  de 
concourir  à  cette  concession,  doivent  en  adresser  la  demande  par 
écrit  au  commandant  du  dépôt  de  remonte  dont  dépend  leur 
département.  La  livraison  sera  faite  au  dépôt  aux  éleveurs,  sous  la 
condition  d'entretenir  les  juments  en  bon  état,  de  ne  les  employer 
qu'aux  travaux  légers  de  l'agriculture  et  de  les  faire  saillir  chaque 
année  par  les  étalons  de  l'Etat  ou  par  les  étalons  approuvés.  Les  pro- 
duits resteront  la  propriété  des  détenteurs  qui  sont  tenus  de  déclarer  les 
naissances  au  commandant  du  dépôt  de  remonte  sur  les  contrôles 
duquel  la  jument  est  inscrite.  Quant  aux  juments  qui  auront  été 
reconnues,  après  trois  années  de  possession,  impropres  à  la  reproduc- 
tion, elles  seront  reprises  aux  frais  de  l'Etat. 

.V.  —  Vente  d'animaux  de  race  durharn  à  Corhon. 

La  vente  annuelle  des  animaux  de  race  durharn  pure  a  eu  lieu  le 


204  CHRONIQUE  AGRICOLE  {12  MAI   1883). 

24  avril,  sous  la  direction  de  M.  Lépine,  à  la  vacherie  nationale  de 
Corbon.  Voici  les  résultats  de  cette  vente  : 


Taureaux 


Golder ■. né 

Waldos - 

King 

Chandor - 

Aga 

Forster , . .       — 

Thymelus — 

Vampire — 

Wood 

Rabelais 

WillVid 

Woid 

Witt 

Isaac 

Windsor  Vice  Roi .... 


15  mars. . 
24  mars. . 
17  avril .. 
24  juin.. . 
13  octobre 

13  février 

14  lévrier 
10  mars . . 
30  mars. . 

15  mai. . . 
4  juin.. . 

14  juin 1882 

14  juin 1882 

14  jHin 1882 

Hé  l'orme 


1881  adjugé  à  M.  Serantès  pour  la  Plata. 


1S81 
J88I 
1X81 
1881 
1882 
1 882 
1882 
1882 
1882 
1882 


francs. 

900 

2,200 

2,550 

2,550 

1,105 

820 

1.400 

900 

955 

625 

1,620 

1,810 

1,460 

1.340 

1,070 

Total 21,305 


à  la  Société  d'agriculture,  S.-Inf. 

à  M.  Petiot  (Saône-et-Loire) 

à  M.  Serantès,  pour  lu  Plata   ... 

au  (lomice  de  Gray 

au  Comice  de  (iray 

à  la  Société  d'agriculture,  S.-Inf. 

à  M.  Sùubigon  (Fini>lt'rp) 

au  Comice  de  Meslé  (Mayenne).. . 

à  l'Ecole  d'agr.  de  St-Remy 

à  M.  de  Clercq  (Pas-de-Calais)... 

au  Comice  de  Gray. 

à  la  Seine-Inférieure 

à  M.  de  la  Rochequairie 

à  la  boucherie 


Oueen née  le    3  avril  , 

Volna —      8  mars. 

Rasade —     10  avril.. 

Vilena —      6  mai... 


Génisses 

.1881  — 

.1882  — 

1882  — 

,1882  — 


à  M.    de  la  Rochequairie. 
à  l'Ecole  de  Saint-Remy.. 

à  M.  de  Clercq. .  , 

à  M.  de  la  Rochequairie., 

Total 


francs. 
720 
610 
680 
680 

...       2,690 

En  résumé  15  taureaux,  dont  3  veaux  de  dix  mois  et  un  animal 
vendu  à  la  boucheriepour  cause  de  réforme,  ont  produit  2l,30ô  francs 
auxquels  il  convient  d'ajouter  5  pour  100  en  sus  de  l'enchère,  soit 
un  total  de  22,370  francs,  ou  une  moyenne  de  1,490  francs  environ 
par  taureau.  Les  4  génisses,  en  y  comprenant  5  pour  100,  ont  donné 
2,824  francs,  soit  une  moyenne  de  706  francs. 

Tous  ces  prix  sont  très  satisfaisants  et  prouvent  la  faveur  de  plus 
en  plus  marquée  qui  s'attache  à  la  race  Durham,  et  particulièrement 
aux  beaux  animaux  élevés  à  Corbon.   L'année  dernière  une  soie-neuse 

o 

épuration  faite  par  l'intelligent  directeur  actuel  a  laissé  un  choix  de 
vaches  irréprochables  qui  ont  été  admirées  sans  réserve  par  les  visi- 
teurs dont  le  seul  regret  a  été  de  ne  pas  trouver  un  taureau  d'élite 
digne  du  beau  troupeau  qui  existe  maintenant  dans  la  vacherie 
de'TEtat. 

VL  —  Venie  de  hclicrs  de  Grignon. 

La  vente  annuelle  de  béliers  provenant  de  la  bergerie  nationale  de 
Griiïnon  a  eu  lieu  le  7  mai,  et  avait  attiré  un  srrand  nombre  d'aG;ri- 
culteurs.  Les  enchères  ont  été  très  animées. 

42  béliers  des  rac-es  dishley,  dishley-mérinos  et  southdown  ont  été 
adjugés  dans  les  conditions  suivantes  : 

fr. 

1  5  béliers  dishley  ont  été  adjugés 5,.-i35  00 

fr. 

Le  plus  cher 6i;i  .^1 

Le  moins  cher 220  50 

Moyenne 357  00 

1 2  béliers  dishley-mérinos    ont  été  vendus 6  ,'982  50 

Le  plus  cher 1  ..^65  00 

.    le  moins  cher 231  00 

Moyenne 581  85 

45  béliers  southdown  oi  t  été  adjugés 4,903  50 

Le  plus  cher 430  50 

Le  moins  cher, 252  50 

Moyenne 326  90 

42  Total   général 17;241  00 

Moyenne  générale  de  la  vente  :  410  fr.  50 


GHR  jNIQL'K  A    RI'.OI.K  (12  .MAI    1883).  205 

Les  acquéreurs  ont  été  :  MM.  Chauvet  (Aisne)  :  — Faniel-Pilavoine 
(Aube)  ;  Société  d'agriculture  (Aude)  ;  Demoge  (Doubs)  ;  Allorge  (Eure)  ; 
Chasles,  Lepage,  Morizé,  Boyneau  (Eure-et-Loir);  Voisin,  Nouvellon 
(Indre),  Héau,  NizeroUe  (Loiret);  Colson  (Meuse),  le  baron  de  Laittre 
(Cher);  Gonnet  (Oise);  Legros  (Seine-Intérieure);  Daulier,  Demars, 
Bariquand,  Gilbert,  Guignard,  Poulrel  (Seine-et-Oise  ;  Bailly,  Cleb- 
sattell,  Duchesne,  Martin,  Pelletier  (Seine-et  Marne)  ;  Cordier  (Haute- 
Saône)  ;  Thierry  (Yonne).  — On  remarquait,  en  outre,  dans  l'assis- 
lance,  MM.  Barrai,  secrétaire  perpétuel  de  la  Société  nationale  d'agri- 
culture; Tiersonnier,  Raoul  Duval,  membres  de  la  Société  nationale 
d'agriculture;  Gilbert   (Victor),  agriculteur-éleveur;  Henry  Sagnier. 

VIL  —  SouscripLlon  pour  éleuer  un  monument  à  Léonce  de  Laver gne. 
Nous  publions  la  neuvième  liste  de  la  souscription  ouverte  pour 
élever  un  monument  à  Léonce  de  Lavergne  : 

Fr. 
Report  de  la  huitième  liste 8 ,  983  50 

Société  française  d'encouragement  à  l'industrie  laitière 50  00 

Snciété  d' agriculture  de  Wassg  (Haute-Marne) 15  00 

Société  d'agricuUure  de  Beauvaia  (Oise) 2S  OO 

MM.  Couvert,  professeur  à  l'Ecole  d'agriculture  de  Montpellier. ...  10  00 

Tresca,  professeur  à  l'Institut  national  agronomique 20  00 

Du  Breuil,     —                  —            —                —              5  00 

Larombière,  président   à  la  Cour  de  cassation,  menabre  de 

l'Institut 10  03 

Du  Peyrat,  inspecteur  général  de  l'agriculture,  membre  de 

l'Institut 20  00 

Sourdeaux  (Eugène) ,  à  Gouyas  (Dordogoe) 5  00 

Jaubert    (Gabriel),    directeur    de    la    lerme-écol'î    de    Royat 

(Ariège) 10  00 

Comice  agricole  de  la  Double  (Dordogne) 10  00 

MM.  A.  Rouvière,  à  M^izamet  (Tarn) 10  00 

P.  Toussaint,  à  Beaune  (Côte-d'Or) 10  00 

Total  de  la  neuvième  liste 9,183  5L) 

Nous  rappelons  à  nos  lecteurs  qu'ils  peuvent  envoyer  leurs  sous- 
criptions à  M.  Henry  Sagnier,  secrétaire  du  Comité,  aux.  bureaux  du 
Journal  de  f  agriculture. 

VIIL  —  Nécrologie. 
Nous  avons  le  regret  d'annoncer  la  mort  de  lord  Vernon,  ancien 
président  de  la  Société  royale  d'agriculture  d'Angleterre.  Les  agri- 
culteurs français  doivent  un  témoignage  particulier  d'estime  et  de  sym- 
pathie à  sa  mémoire;  car  il  était,  en  1871 ,  à  la  tête  du  Comité  anglais 
formé  pour  venir  en  aide  aux  cultivateurs  français  éprouvés  par  la 
guerre  et  pour  leur  founiir  les  graines  nécessaires  aux  semailles. 

IX.  —  Vente  de  la  bibliothèque  de  M.  Decaisne. 

On  annonce  pour  le  4  juin  prochain  la  vente  des  livres  de  feu 
M.  Decaisne,  professeur  au  Muséum  d'histoire  naturelle,  membre  de 
l'Institut  et  de  la  Société  nationale  d'agriculture.  Cette  bibliothèque  est 
de  la  plus  haute  importance  au  point  de  vue  de  la  botanique,  de  l'horti- 
culture, du  jardinage,  de  la  floriculture,  de  l'agriculture  et  des  sciences 
naturelles  et  physiques  en  général;  les  raretés  qu'elle  contient  per- 
mettent de  la  considérer  comme  unique  dans  son  genre.  Le  catalogue 
est  précédé  d'une  biographie  par  M.  le  D""  E.  Bornet;  il  a  été  classé 
scientifiquement  par  M.  Vesque,  aide-naturaliste  de  feu  M.  Decaisne, 
et  revu  par  plusieurs  savants.  Le  nom  de  M,  Decaisne  est  tellement 
connu  en  France  et  à  l'étranger  que  ce  catalogue  sera  accueilli  avec 
empressement  par  tous  les  botanistes,  horticulteurs,  amateurs  et  natu- 


206  CHRONIQUE  AGRICOLE  (12  MAI   1883). 

ralistes  en  général.  Il  est  en  distribution  gratuite  chez  Madame  veuve 
Labitte  (librairie  de  la  Bibliothèque  nationale),  4,  rue  de  Lille,  à  Paris, 
chargée  de  la  vente  publique  de  la  Bibliothèque. 

X.  —  Les  travaux  de  reboisement. 

On  sait  que  l'article  5  de  la  loi  du  4  avril  1 882,  sur  la  restauration 
et  la  conservation  des  terrains  en  montagne,  est  ainsi  conçu  :  «  Dans 
les  pays  de  montagne  des  subventions  continueront  à  être  accordées 
aux  communes,  aux  associations  pastorales,  aux  fruitières,  auv  éta- 
blissements publics,  aux  particuliers,  à  raison  des  travaux  entrepris 
par  eux  pour  l'amélioration ,  la  consolidation  du  sol  et  la  mise  en  valeur 
des  pâturages.  Ces  subventions  consisteront  soit  en  délivrance  d« 
graines  ou  planls,  soit  en  argent,  soit  en  travaux.  »  Ces  subventions, 
de  quelque  nature  qu'elles  soient,  sont  accordées  par  le  ministre  de 
l'agriculture. 

Les  propriétaires  qui  désirent  y  prendre  part,  doivent  adresser  avant 
le  15  juillet,  leur  demande  au  conservateur  des  forêts  de  leur  région 
sur  des  imprimés  spéciaux  mis  à  leur  disposition  dans  les  bureaux  des 
accents  forestiers.  Ces  demandes  doivent  être  revêtues  d'un  timbre  de 
0  fr.  60.  Le  conservateur  des  forêts  fait  procéder  à  l'instruction  néces- 
saire sur  ces  demandes  et  les  propriétaires  sont  tenus  de  fournir  les 
réponses  à  un  questionnaire  permettant  d'apprécier  si  les  terrains  qu'il 
s'aiïit  de  reboiser  se  trouvent  dans  la  catégorie  de  ceux  visés  par  l'article 
de  la  loi  rappelée  ci -dessus  et  s'il  y  a  lieu  de  refuser  ou  d'accorder  en 
totalité  ou  en  partie  la  subvention  sollicitée. 

S'il  s'agit  d'une  commune,  d'une  association  pastorale,  d'une 
fruitière  ou  d'un  établissement  public,  la  demande  doit  être  adressée 
au  préfet  du  département  qui  la  transmet  au  conservateur  des  forêts 
avec  son  avis  motivé. 

XL  —  Concours  international  de  maréchalerie. 

Un  concours  international  de  maréchalerie  aura  lieu  à  Caen  du 
13  au  17  juin  prochain,  en  même  temps  que  le  concours  régional 
hippique.  Ce  concours  sera  divisé  en  deux  sections;  la  première  com- 
prendra :  1°  une  exposition  des  produits  de  la  maréchalerie  :  collections 
de  fers  ordinaires  et  pathologiques,  pieds  ferrés,  instruments  de  fer- 
rure, etc.;  2"  un  examen  pratique  passé  devant  un  jury  spécial;  chaque 
concurrent  devra  lui-même  forger  les  fers,  les  ajuster,  parer  les 
pieds,  etc.;  3°  un  examen  théorique  comprenant  l'anatomieclu  pied,  ses 
maladies,  ses  défectuosités,  les  aplombs,  les  irrégularités  et  les  accidents 
de  la  marche.  La  deuxième  section  comprendra  un  simple  concours  de 
forge  et  de  ferrage.  Les  concurrents  opéreront  devant  le  jury  ;  des  forges 
mobiles  seront  mises  à  la  disposition  des  concurrents  qui  seront  seu- 
lement tenus  de  se  munir  d'outils.  Seront  admis  dans  la  première  sec- 
tion tous  les  maréchaux  français  et  étrangers  ;  dans  la  seconde  section 
les  ouvriers  maréchaux  domiciliés  dans  l'un  des  départements  de  la 
région.  Les  récompenses  consisteront  en  médailles  et  en  sommes 
d'argent  de  50  à  500  fr.  Les  concurrents  devront  adresser  leurs  décla- 
rations avant  le  1"  juin,  à  la  préfecture  du  Calvados,  à  Caen. 

XII.  —  Concours  du  Comice  agricole  de  Seurre. 
Le  concours  annuel  du  Comice  agricole   de  Seurre  (Côte-d'Or)   se 
tiendra  dans  cette  ville  le  dimanche  27  mai.  Il  comprendra  les  animaux 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (12  MAI  1883).  207 

reproducteurs  des  races  chevalines,  bovines,  ovines  et  porcines,  les 
animaux  de  basse-cour,  les  instruments  agricoles  et  les  objets  divers 
se  rattachant  à  l'agriculture.  Ce  concours  sera  dirigé  par  M.  Delimoges^ 
président  du  Comice.  Des  récompenses  spéciales  seront  réservées  aux 
instruments  construits  ou  perfectionnés  dans  le  canton  de  Seurre. 

XIII.  — Arboricullure  fruitière. 

Le  Cercle  d'arboriculture  de  Belgique  ayant  ouvert  un  concours  pour 
le  meilleur  Traité  élémentaire  d'arboriculture  fruitière  destiné  aux 
écoles  pri  T  aires,  a  reçu  cinq  manuscrits,  dont  quatre  en  français  et 
un  en  ilamand.  Le  premier  prix,  consistant  en  une  médaille  d'or  de 
300  francs,  a  été  gagné  par  M.  Henry,  professeur  d'horticulture  à 
l'école  Mathieu  de  Dombasle,  près  Nancy,  ancien  élève  distingué  de 
FEcole  nationale  d'horticulture  de  Versailles,  travailleur  infatigable.  U 
a  fait  ensuite  un  stage  à  l'établissement  Baltet  frères,  à  ïroyes.  — 
Nos  sincères  compliments  à  notre  jeune  compatriote. 

XIV.  —  Sucres  et   betleraves. 

M.  Hippolyte  Leplay,  chimiste  à  Paris,  vient  de  publier  le  premier 
volume  d'un  grand  ouvrage  sur  la  chimie  théorique  et  pratique  des 
industries  du  sucre  ;  ce  volume  est  consacré  à  l'étude  des  procédés 
d'analyse  des  matières  sucrées.  L'auteur,  dont  la  compétence  dans  ces 
questions  délicates  est  connue  depuis  longtemps,  passe  en  revue  les 
procédés  analytiques,  suivant  l'ordre  chronologique  dans  lequel  ils  ont 
été  présentés,  au  point  de  vue  des  progrès  réalisés  et  à  réaliser  dans 
la  fabrication  et  le  raffinage  des  sucres  de  betteraves  et  de  cannes.  Il 
donne  ensuite  la  description  d'un  nouveau  procédé  d'analyse  chimi- 
que industrielle  des  matières  sucrées.  Tous  les  chimistes  et  tous  ceux 
qui  s'occupent  des  questions  de  fabrication  du  sucre,  étudieront  avec 
profit  le  livre  de  M.  Leplay,  qui  est  édité  par  la  librairie  Baudoin, 
30,  rue  Dauphine,  à  Paris,  au  prix  de  8  fr. 

XV.  —  Le  commerce  des  vins. 

Nous  avons  signalé  déjà  plusieurs  pétitions  d'associations  agricoles, 
qui  appellent  l'attention  sur  1  introduction  abusive,  par  les  frontières 
d'Espagne,  de  grandes  quantités  de  vins  falsifiés,  et  de  mélanges 
d'eau,  d'alcool  et  de  matières  colorantes.  Sur  ce  sujet,  le  Comice 
agricole  de  Marcillac  (Aveyron)  vient  d'adresser  à  M.  le  ministre  de 
l'agriculture  la  pétition  dont  le  texte  suit  : 

""  «  Marcillac,  22  avril  1883. 

ce  Monsieur  le  ministre,  un  grand  nombre  de  Comices  viticoles  et  de  Sociétés 
d'agriculture  du  Midi  vous  ont  signalé,  au  nom  des  populations  au  milieu  des- 
quelles elles  vivent  et  dont  les  intérêts  sont  les  leurs,  la  situation  fâcheuse  de  la 
viticulture.  Le  Comice  de  Marsilbic  vient  à  son  tour  vous  exposer  ses  doléances, 
non  pour  la  vaine  satisfaction  de  faire  entendre  d'inutiles  plaintes,  mais  parce 
qu'il  est  convaincu  qu'une  partie  des  causes  de  la  crise  peuvent  être  supprimées 
ou  grandement  atténuées  par  une  énergique  intervention  de  l'autorité  administra- 
tive, dont  le  bon  vouloir  ne  saurait  nous  faire  défaut. 

«  En  même  temps  que  le  phylloxéra,  l'oïdium,  le  mildew,  l'antrachnose  et 
bien  d'autres  maladies  frappent  les  vignes  avec  une  intensité  dont  l'histoire  de 
la  viticulture  n'offre  pas  d'exemple,  les  intempéries  des  saisons  viennent,  depuis 
plusieurs  années,  apporter  leur  triste  contingent  de  misère  et  de  ruine  à  un  état 
de  choses  véritablement  in((uiétant;  de  telle  sorte  que  même  dans  les  contrées 
les  ftioins  atteintes,  les  dernières  récoltes  ont  été  notoirement  insuflisantes  pour 
payer  le  labeur  du  vigneron  et  que  les  plus  robustes  courages  se  prennent  à 
désespérer  de  l'avenir  d'une  culture  naguère  si  florissante  et  relativement  facile. 


208  CHRONIQUE  AGRICOLE  (12  MAI   1883). 

«  Cependant  d'autres  causes  encore,  dont  les  désastreux  effets  grandissent  tous 
les  jours,  se  sont  jointes  aux  premières  et  augmentent  dans  une  regrettable 
mesure  les  difficultés  contre  lesquelles  nous  luttons.  Les  derniers  traités  de  com- 
merce ont  abaissé  les  tarifs  douaniers  qui  concernent  les  vins  espagnols,  et  créé 
pour  ces  vins  le  bénéfice  d'une  teneur  alcoolique  exagéiée  qui  leur  permet  d'en- 
trer en  France  et  d'y  circuler  sans  supplément  de  prix,  alors  même  qu'ils  portent 
15  pour  .100  d'alcool  Nous  avons  déjà  protesté  contre  cette  faveur  exorbitante 
faite  à  des  concurrents  étrangers  au  détriment  des  producteurs  nationaux  et  dont 
une  des  premières  conséquences  a  été  l'établissement  fwii'  la  Compagnie  du  che- 
min de  fer  du  Midi  de  tarifs  de  transport,  exceptionnellement  avantageux  pour  les 
vins  venus  d'Espagne;  si  bien  qne  la  combinaison  des  droits  privilégiés  de  douane 
et  de  ces  tarifs  de  transport  amène  les  négociants  français  du  Roussillon  à  expé- 
dier, par  l'Espagne,  leurs  vins  liquoreux  à  destination  de  l'intérieur  de  la  France; 
et  en  effet  les  vins  qui  obtiennent  ainsi  la  naturalisation  étrangère  reçoivent  à  la 
douane  et  sur  la  voie  ferrée  un  traitement  si  favorable,  comitarativement  aux  vins 
de  France,  que  le  négociant  réalise  un  important  bénéfice  à  faire  subira  ses  expé- 
ditions un  allongement  de  parcours  considérable,  et  le  double  droit  d'entrée  en 
Espagne  au  sortir  de  France,  et  d'entrée  en  France  au  retour.  Nous  n'avous 
d'ailleurs  qu'à  nous  incliner  devant  le  tiaité  de  commerce.  En  attendant  l'échéance 
où  il  pourra  être  modifié,  nous  nous  bornons  à  constater  qu'une  convention  ne 
saurait  être  bonne  qui  donne  des  résultats  aussi  étonnants,  que  ceux  que  nous 
venons  de  signaler.  Mais  si  nous- sommes  impuissants  à  changer  actuellement  la 
loi,  au  moins  pouvons-nous  demander  qu'el'e  soit  exécutée  avec  le  seul  cortège 
d'abus  qui  est  dans  sa  nature,  et  qu'il  ne  soit  pas  permis  d'organiser  sous  sa 
protection  un  immense  système  de  fraude,  démoralisant  pour  le  commerce  des 
vins,  menaçant  pour  la  santé  publique,  et  aussi  funeste  aux  intérêts  du  trésor 
qu'à  ceux  de  la  viticulture  française. 

a  Que  les  vins  d'Esyagne  qui  titrent  15  pour  100  d'alcool  entrent  en  France  à 
prix  réduits,  qu'ils  y  soient  transportés  à  des  tarifs  de  faveur,  que  les  forts  vins 
du  Roussillon  aillent  se  débarrasser  par  un  voyage  en  Espagne  de  leur  onéreuse 
nationalité  et  y  acquièrent  pour  rentrer  en  France  le  bénéfice  de  l'estampille 
espagnole,  il  n'y  a  là  que  l'extension  déjà  abusive,  mais  peut-être  inévitable,  d'une 
loi  consentie  en  un  moment  d'erreur.  Mais  qu'au  lieu  de  vins  d'Espagne  ou  de 
France  dénationalisés  on  inonde  le  pays  de  mélanges  frauduleux  d'alcools  alle- 
mands et  de  petits  vins  ou  d'eau  colorée,  il  y  a  là  un  excès  que  l'administration 
française  a  le  droit  de  réprimer.  Il  est  de  notoriété  publique  ([ue  la  plus  grande 
partie  des  liquides  qui,  sous  le  nom  devins,  franchissent  la  frontière^  n'ont  rien  de 
commun  avec  le  vin  vrai,  naturel,  avec  le  vin  sans  autre  épithète.  Ils  entrent 
cependant  sous  ce  nom  usurpé;  et  de  notables  quantités  d'alcool  sont  ainsi  admises 
à  circuler  en  France,  indemnes  des  droits  considérables,  156  francs  par  hecto- 
litre, qui  frappent  à  l'intérieur,  au  profit  du  Trésor,  les  alcools  nationaux.  Puis 
ces  produits,  soient  qu'ils  aient  reçu  une  coloration  suffisante  de  l'autre  côté  des 
Pyrénées,  soit  qu'ils  en  reçoivent  le  comjilément  à  destination,  sont  dédoublés  et 
livrés  au  consommateur,  sans  que  le  commerce  peu  scrupuleux  se  préoccupe  des 
dangers  qui  en  résultent  pour  la  santé  publique.  L'opération  de  la  coloration  arti- 
ficielle des  vins  ou  liquides  vendus  pour  tels,  a  pris  depuis  quelques  années  un 
développement  dont  on  a  le  droit  (!e  s'étonner;  car  cette  opération  a  toujours  pour 
but  et  pour  effet  de  tromper  l'acheteur  en  modifiant  à  son  insu  et  à  son  préjudice 
l'état  naturel  de  la  chose  vendue.  Partout  cependant  on  met  en  vente  et  avec  la 
publicité  la  plus  absolue  des  colorants,  prétendus  inoff'ensifs,  et  qui,  le  seraient- 
ils,  n'en  ont  pas  moins  pour  objet  délictueux  de  faire  croire  à  l'existence  d'une 
qualité  aui  n'est  point  1p  résultat  de  la  fabrication  loyale  du  vin. 

«  Cette  pratique  contraire  à  la  loi. n'a  d'ailleurs  qu'une  application. très  peu  fré- 
quente au  vin  naturel;  si  elle  s'est  vulgarisée  au  point  de  devenir  une  sorte  de 
'véritable  industrie  spéciale,  cela  vient  évidemment  de  la  nécessité  de  donner  à 
les  mélanges  sans  nom  l'apparence  et  la  couleur  du  vin,  et  l'abondance  déplo- 
rable avec  laquelle  ces  mélanges  nous  viennent  d'Espagne  peut  être  considérée 
comme  la  cause  réelle  et  l'origine  de  sa  propagation 

a  Ces  abus  étranges  qui  procèdent  d'une  fausse  interprétation  du  traité  de  com- 
merce peuvent,  ce  semble,  être  rendus  impossibles  si  l'on  tient  la  main  à  ce  que 
l'application  de  la  convention  internationale  soit  désormais  restreinte  à  l'objet 
qu'elle  a  eu  en  vue,  c'est-à-dire  au  vin  produit  réel  et  loyal  des  vignes  espa- 
gnoles ;  une  active  surveillance  soigneusement  exercée  arrêterait  à  la  frontière  ces 


nHRONIUQK   AGRICOLE  (12   MAI    1883).  209 

produits  adultérés  qui  trop  longtemps  ont  profité  duae  tolérance  qui  ne  leur  était 
point  due. 

«  Ainsi  cesseraient  une  concurrence  déloyale  pour  la  production  indigène,  une 
perte  sérieuse  pour  le  Trésor,  et  un  appel  incessant  aux  falsifications  nuisibles 
à  la  santé  publique  et  à  l'honnêteté  commerciale. 

«  Nous  vous  sup(ilions,  Monsieur  le  ministre,  u^ant  des  pouvoirs  qui  sont  en 
vos  mains,  d'a[)porter  au  mal  un  remède  efficace. 

«  Agréez,  eto-  Pour  le  Comice  viticole  de  Marcillac  : 

Vergnes,    prrsiilenl;  Saules,  vice-président; 
Maisonabe,  secrélaire;  Lviîaussie,  vice-secrétaire;  Barre,  trésorier  \  Périé. 

Un  grand  nombre  do  viti(3iilleurs  du  département  de  la  Loire-Inférieure 
viennent  d'adresser  au  Comice  central  de  ce  département,  une  lettre 
relative  aux  dédoublements  que  certains  commerçants  font  subir  aux 
vins,  et  à  la  fabrication  des  piquettes.  Nous  en  publierons  le  texte  dans 
un  prochain  numéro. 

XVI.  —  L'agriculture  au  Canada. 

Le  rapport  annuel  du  département  de  l'agriculture,  au  Canada, 
pour  l'année  1882,  a  été  distribué  récemment  à  la  Chambre  des  repré- 
sentants. La  Minerve,  de  Montréal,  nous  donne  sur  les  documents  qu'il 
renferme,  une  analyse  qui  sera  lue  avec  intérêt  : 

«  Le  nombre  des  animaux  de  race  importés  l'année  dernière  a  dépassé  consi- 
dérablement celui  de  toute  autre  année.  Ainsi,  sur  une  importation  générale  de 
1,215  têtes  de  bétail  et  de  1,124  moutons,  le  Canada  compte  pour  574  têtes  de 
bétail,  dont  323  PoUed  Angus  et  Aberdeen,  et  998  moutons,  outre  22  porcs.  Les 
Etats-Unis  n'ont  importé  (jue  640  Lôtes  de  bétail  et  126  moutons.  C'est  à  bon  droit 
que  le  rapport  dit  qu'il  est  difficile  de  calculer  la  valeur  d'une  importation  aussi 
considérable  d'animaux  de  race  et  l'amélioration  qu'elle  est  de  nature  à  produire. 

«  L'exportation  du  bétail  accuse  une  diminution.  Elle  a  été  de  35,738  l'année 
dernière  contre  45,535  en  1881.  L'exportation  des  moutons  a  été  de  75,905  contre 
62,404  en  1881.  Le  rapport  fait  voir  que  cette  diminution  dans  le  commerce  d'ex- 
portation en  Angleterre  n'implique  pas  une  réduction  considérable  dans  le  com- 
merce de  bétail  du  Canada,  car  les  rapports  des  douanes  jusqu'au  30  juin  dernier 
constatent  que  16,145  tètes  de  bétail  ont  été  exportées  aux  Etats-Unis  ainsi  que 
233,602  moutons  contre  7,558  têtes  de  bétail  et  264,910  moutons  en  1881. 

«  La  qualité  du  bétail  s'améliore  tous  les  ans,  et  M.  Dyke,  de  Liverpool,  le 
constate  dans  son  rapport  en  termes  qui  font  honneur  au  commerce  canadien,  car 
il  va  jusqu'à  comparer,  en  fait  d'élevage  et  de  qualité,  les  animaux  canadiens  à  ceux 
des  meilleurs  districts  anglais. 

«  L'exportation  des  moutons  prend  de  si  grandes  proportions  qu'elle  sera  bientôt 
l'une  des  principales  ressources  du  cultivateur.  Le  nombre  des  moutons  expédiés 
en  Europe  l'année  dernière  a  été  de  75,905,  d'une  valeur  d'environ  50,000  dol- 
lars; et  aux  Etats-Unis,  de  233, 6i  0,  d'une  valeur  de  900,000  dollars  sn  chiffres 
ronds,  soit  un  total  de  1 ,400,000  dollars  pour  le  commerce  d'exportation  de  l'année. 

«  L'honorable-  M.  Pope,  qui  est  lui-même  un  éleveur  et  qui  a  déjà  beaucoup 
fait  pour  améliorer  les  races  canadienne-^,  recommande  aux  éleveurs  la  nécessité 
de  l'améUoration  de  leurs  races  par  l'importation  d'animaux  de  pures  races  et  par 
les  soins  intelligents  qu'il  convient  de  leur  donner. 

«  En  ce  qui  regarde  l'exploitation  des  phosphates,  une  industrie  qui  a  pris  un 
développement  tout  pariculier  dans  la  région  de  l'Ottawa,  voici  [uelques  chiffres 
qui  en  font  voir  le  mouvement.  Les  exportations,  pendant  la  dernière  année  fis- 
cale, se  sont  élevées  à  17,181  tonnes,  d'une  valeur  de  1,327,667  dollars,  contre 
15,601  tonnes,  d'une  valeur  de  239,493  dollars  l'année  précédente.  Voici  les  quan- 
tités expédiées  dans  les  différents  pays  :  Angleterre,  13,197  tonnes;  Etats-Unis, 
2,180  tonnes;  Allemagne,  1,469  tonnes;  Danemark,  435  tonnes.  » 

L'industrie  de  l'extraction  des  phosphates  tend  à  prendre  une  grande 
importance  au  Canada,  où  les  gisements  sont  nombreux.  La  produc- 
tion a  été  de  3;,70l  tonnes,  en  1878,  de  4,927  tonnes  en  1879,  de 
7,974  tonnes  en  1880,  de  15,G01  tonnes  en  1881 ,  de  17, 181  tonnes  en 


210  CHRONIQUE  AGRICOLE  (12  MAI  1883). 

1882;  elle  a  quintuplé  en  cinq  ans,  et  plus  que  doublé  dans  les  deux 
dernières  années. 

XVII.  —  JSouvclles  de  l'état  des  récoltes. 

Les  derniers  jours  ont  été  favorables^  comme  les  semaines  précé- 
dentes, à  la  plupart  des  plantes,  notamment  aux  céréales  d'hiver  et 
aux  plantes  sarclées  de  printemps  qui  ont  bien  levé.  Toutefois,  les 
retards  apportés  par  les  conditions  défavorables  de  l'automne  n'ont 
pas  été  réparés  partout;  c'est  ce  qui  résulte  notamment  de  la  note  sui- 
vante qu'un  de  nos  correspondants  nous  adresse  de  Rochefort  (Charente- 
Inférieure),  à  la  date  du  27  avril  : 

«  Je  voudrais  vous  donner  de  bonnes  nouvelles  des  récoltes  de  notre  région, 
mais  je  n'ose 

«  Les  semailles  d'automne  n'ont  pas  été  possibles  partout;  les  pluies  ont  en- 
rayé les  travaux  de  plus  des  deux  tiers  de  nos  laborieux  cultivateurs. 

«  Les  premières  emblavures,  malgré  la  pluie  battante  qui  les  a  suivies,  sont 
passables  jusqu'à  présent,  mais  celles  qui  ont  été  tentées  plus  tard  —  malgré 
l'eau  —  sont  nulles.  Beaucoup  comptaient  sur  le  printemps;  là  encore,  peu  de 
satis.'action.  En  résumé,  je  crois  bien  que  nous  n'avons  pas  beaucoup  plus  du 
tiers  des  terrains  qui  se  cultivaient  habituellement,  emblavé  en  semailles  nous 
donnant  quelque  espoir  de  récolte.  , 

«  C'est  peu  assurément  pour  une  contrée  comme  la  nôtre. 

«  La  température  froide  que  nous  subissons  depuis  plus  d'un  mois  et  qui  me- 
nace de  se  prolonger  encore,  a  arrêté  les  prairies  et  les  vignes. 

«  Malgré  la  pluie  qui  est  tombée  récemment,  l'herbe  ne  sera  pas  abondante. 
Les  ioins  seront  bons,  mais  menacent  de  venir  en  petite  cpiantité,  surtout  dans 
notre  vaste  bassin  du  Bocage.  —  Ce  que  nous  appelons  ici  la  prime  ne  sera  pas 
aussi  satisfaisante  que  d'habitude. 

«  Quant  à  nos  vignes,  elles  poussent  lentement,  ce  qui  est  heureux,  car  la 
lune  rousse  nous  aurait  encore  joué  le  tour  de  gelées  intempestives.  Nous  espé- 
rons que  le  retard  de  végétation  se  rattrappera  dans  de  bonnes  conditions  le 
mois  prochain.  Ce  qui  est  certain,  c'est  que  sur  plusieurs  points,  lors  de  la  taille, 
le  bois  a  été-  reconnu  meilleur  que  les  années  précédentes.  De  vieux  vignerons 
croient  que  les  pluies  abondantes  de  cet  hiver  ont  fait  beaucoup  de  bien  à  la  terre 
et  qu'il  en  résultera,  cette  année,  une  grande  amélioration,  non  seulement  pour  les 
vignes,  mais  encore  pour  les  arbres  fruitiers  qui  étaient  aussi  malades  que  les  vignes. 

«  Dans  l'île  d'Ohron  et  la  Saline,  on  s'occupe  en  ce  moment  à  biner  les  fèves 
dont  plusieurs  champs  sont  en  fleurs. 

«  Le  vaillant  saunier  s'apprête  à  nettoyer  les  marais  aussitôt  qu'il  aura  ter- 
miné ses  cultures  ordinaires,  retardées  beaucoup  cette  année  par  les  temps  plu- 
vieux que  nous  avons  subis. 

«  La  campagne,  dans  son  ensemble,  n'est  pas  satisfaite  :  elle  redoute  de  sé- 
rieuses difticultés  et  bien  des  épreuves  pour  l'hiver  prochain. 

«  Je  ne  terminerai  pas  sans  vous  dire  un  mot  de  notre  prochain  concours 
régional  dont  Rochefort  est  le  siège  cette  année. 

«  Nos  éleveurs  se  préparent  à  y  faii-e  bonne  figure;  les  inscriptions  sont  nom- 
breuses ;  les  sujets  seront  remarquables  aussi  bien  à  la  section  hippique  que  dans 
les  autres.  La  section  des  croisés  durhams  aurait  été  autrement  nombreuse,  bien 
qu'elle  promette  d'être  brillante,  si  le  programme  avait  compris  des  récom- 
penses en  rapport  avec  l'importance  de  cette  race  dans  l'élevage  de  notre  arron- 
dissement. Pour  arriver  à  combler  un  )ieu  cette  lacune  regrettable.  les  Sociétés  agri- 
coles du  département  de  la  Charente-Inférieure  se  sont  cotisées  et  pourront  oflnr 
un  objet  d'art  et  trois  prix  an  argent.  De  son  côté  la  ville,  prenant  en  considéra- 
tion la  demande  des  éleveurs,  est  disposée  à  oflVir  uns  somme  de  plus  de  2,000  fr. 
qui  serait  également  distribuée  en  prix. 

«  Tout  le  monde,  vous  le  voyez,  se  rend  compte  des  difficultés  de  toutes  sortes 
à  la  charge  de  notre  industrie,  et  fait  ses  efforts  pour  éviter  le  découragement 
parmi  une  population  laborieuse,  économe,  mais  sérieusement  éprouvée  dans  ses 
intérêts  pécuniaires  ! 

«  De  tels  efforts  ne  peuvent  que  faire  songer  à  nos  gouvernants  combien  il 
importe  de  ne  pas  trop  dédaigner   notre  première   industrie  nationale  et  de  se 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (12  MAI  1883).  211 

rendre  J3ien  compte  que  sa  prospérité  est  certainement  la  prospérité  de  toutes  les 
autres.  » 

Sur  la  situation  dans  le  département  de  la  Gironde,  M.  Petit-Lafitte 
nous  envoie  la  note  qui  suit,  à  la  date  du  r*"  mai  : 

«  Pas  plus  que  le  mois  de  mars,  avril  ne  s'est  comporté  franchement  en  mois 
printanier;  l'un  comme  l'autre  nous  ont  donné  le  rej^rettable  spectacle  tiré  d'une 
lutte  opiniâtre  du  régime  qui  nous  quittait  avec  celui  sous  lequel  nous  devions 
passer.  Jusqu'au  17,  cependant,  on  avait  eu  plus  à  se  louer  qu'à  se  jdaindre 
d'avril.  Bien  qu'en  retard,  la  végétation  se  présentait  bien,  tant  pour  les  céréales 
que  pour  la  vigne.  Et,  de  part  et  d'autre,  l'on  pouvait  s'occuper  tant  des  travaux 
commencés  que  d«  ceux  que  commandait  la  saison,  et  constater  des  dispositions 
favorables.  Mais,  à  partir  du  18  avril,  ce  furent  des  retours  de  pluies  et  des  tem- 
pératures plus  ou  moins  anormales,  sinon  tout  à  fait  contraires  au  régime  du 
moment,  au  moins  à  celui  qui  devait  suivre  et  qu'il  était  urgent  de  voir  bientôt 
s'établir. 

«  Un  autre  désavantage  à  redouter,  c'était  celui  de  la  lune  rousse,  arrivée  le 
7  avril,  pour  fonctionner  encore  jusqu'au  6  mai.  Or,  on  sait  ce  que  peut  être  pen- 
dant la  période  de  cet  astre,  son  action  sous  des  températures  comme  celle  du  25  avril 
par  exemple  (2")  ;  alors  qu'il  lui  est  possible  d'épurer,  d'éclairer  la  nuit  la  voiîte 
céleste,  d'aider  ainsi  les  plantes,  dans  la  tendance  que  leur  donnent  déjà  de  basses 
températures,  d'ajouter  au  froid  par  le  rayonnement  nocturne,  jusqu'au  point  de 
subir  l'action  des  selées  plus  ou  moins  désastreuses,  eirconstance  heureusement 
qui  ne  s'est  point  présentée  en  avril  grâce,  comme  l'explique  François  Arago  dans 
st;s  Notices  scientifiques  publiées  sous  la  direction  de  M.  J.-A.  Barrai  (tome  Y, 
page  1201,  à  l'impuissance  oii  a  été  la  lune  de  pouvoir  dissiper  les  brouillards, 
les  nuages,  etc.,  qui  ont,  jusqu'ici,  voilé  le  ciel  d  avril  durant  les  nuits.  » 

Le  temps  doux  et  humide  qui  règne,  d'une  manière  générale,  permet 
d'espérei'  que  les  refroidissements  nocturnes  ne  se  feront  pas  sentir 
cette  année  en  mai  et  qu'ils  n'exerceront  pas  les  ravages  que  l'on  a  trop 
souvent  à  constater.  La  végétation  est,  suivant  les  dépactements,  en 
retard  de  dix  à  quinze  jours  sur  les  années  moyennes.  Dans  le  centre 
et  dans  l'est,  les  ai^riculteurs  se  réjouissent  dé  l'humidité  actuelle  qui 
met  fin  à  la  sécheresse  dont  les  effets  commençaient  à  répandre 
l'inquiétude.  J.-A.  Barral. 

SUR  LES   CHANGEMENTS   A   INTRODUIRE 

DANS  LA  CULTURE  DU  CENTRE.   —  II 

L  —  «  Toute  culture  a  pour  but  de  créer  la  plus  grande  quantité  ^îossible 
d'alimentation  humaine  sur  une  surface  donnée  de  terrain  ;  pour  arriver  à  ce  but 
commun  on  peut  suivre  des  voies  très  ditférentes.  En  France,  les  cultivateurs  se 
sont  surtout  préoccupés  de  la  production  des  céréales,  parce  que  les  céréales  servent 
immédiatement  à  la  nourriture  de  l'homme.  En  Angleterre,  au  contraire,  on  a  été 
amené,  d'abord  par  la  nature  du  climat,  ensuite  par  la  réflexion,  à  prendre  un 
chemin  détourné  qui  ne  conduit  aux  céréales  qu'après  avoir  passé  par  d'autres 
cultures,  et  il  s'est  trouvé  que  le  chemin  indirect  était  le  meilleur.  Les  céréales 
ont  un  grand  inconvénient  qui  n'a  pas  assez  frappé  le  cultivateur  français  :  elles 
épuisent  le  sol  qui  les  porte.  » 

Malgré  que  depuis  l'époque  où  Léonce  de  Lavergne  écrivait  ces  lignes,  des 
progrès  aient  été  réalisés,  —  nous  les  avons  constatés  par  les  statistiques  citées 
plus  haut,  elles  sont  toujours  vraies.  Ils  n'ont  pas  été  généraux,  et  se  sont  loca- 
lisés dans  certaines  régions.  Mais,  disons  de  suite,  à  la  décharge  de  nos  cultiva- 
teurs, que  les  conditions  économiques  de  notre  pays  ne  se  prêtaient  pas  au  rapide 
développement  de  ces  pro.,n'ès.  Les  débouchés,  voilà  le  plus  grand,  le  plus  pres- 
sant besoin  de  toute  agriculture. 

En  Angleterre,  la  période  de  prospérité  agiicole  commence  avec  la  grande 
extension  du  commerce  et  de  l'industrie  favorisée  par  l'application  de  la  vapeur. 
Le  nombre  des  habitants  a  rapidement  augmenté;  dans  la  Grande-Bretagne  seule, 
en  cinquante  ans,  il  a  passé  de  10  à  20  millions  d'habitants.  Les  villes  se  peu- 
plèrent, des  centres  nouveaux  se  créèrent.  Cette  population  industrielle  était  labo- 


212       CHANGEMENTS  A   INTRODUIRE   DANS   LA  GQLTUHE   DU   CENTRE. 

rieuse  et  active;  les  salaires  élevés  qu'elle  gac^nait  lui  permettaient  de  satisfaire 
aux  exigences  d'une  nourriture  substantielle.  Le  débouché  était  trouvé  et  comme 
les  voies  de  communicaiion  de  toute  nature  s'étaient  multipliées  et  améliorées, 
les  cultivateurs  trouvèrent  de  suite  un  écoulement  facile  et  rapide  de  leurs  pro- 
duits* s'ils  se  sont  attachés  avant  tout  à  produire  delà  viande,  c'est  que  l'ouvrier 
anglais  en  est  un  fort  consommateur.  A  des  besoins  nombreux,  la  culture  a 
répondu  par  des  produits  nombreux.  La  France  ne  s'est  pas  trouvée  dans  les 
mêmes  conditions  économiques.  L'industrie  s'est  développée  lentement.  Les  centres 
industriels  sont  peu  nombreux  et  éloignés  les  uns  des  autres.  La  région  du  Nord 
présentant  l'agglomération  industrielle  la  plus  forte,  se  transforma  rapidement, 
et  produisit  industriellement  la  viande  et  le  lait.  La  cultuie  delà  betterave  à  sucre 
fut  un  des  principaux  moyen  d'action.  Mais  il  n'en  était  pas  de  même  r)ourlaplus 
grande  partie  de  la  France.  Le  G  nlre  surtout  était  le  moins  favorisé.  Eloigné  des 
centres  importants  de  consommation,  il  ne  possédait  pas  de  moyens  de  transport 
rapides  à  bon  marché. 

Plus  tard  s'il  fut  en  quelques  points  de  son  territoire  traversé  par  deux  grandes 
voies  ferrées,  leur  éloignement  l'une  de  l'autre  et  le  manque  de  routes  l'empê- 
chèrent d'en  ressentir  les  effets.  Le  cultivateur  était  obligé  de  se  livrer  à  une  culture 
d'autant  plus  restreinte  et  d'autant  plus  ingrate  qu'il  était  plus  éloigné  d'un 
centre  de  population  ;  il  n'avait  d'autre  ressource  qu'une  consommation  locale  peu 
active  et  ne  cheichait  le  plus  souvent  à  produire  (|ue  les  choses  nér.essaires  à  son 
entretien  et  à  celui  de  sa  famille.  Le  peu  d'argent  qu'il  obtenait  de  la  vente  de 
quelques  produits  servait  à  payer  les  impôts.  Qu'il  fut  propriétaire,  fermier  ou 
métayer,  sa  situation  était  la  même,  il  luttait  pour  la  vie.  Ce  n'était  donc  point 
par  mauvais  vouloir,  mais  par  néces'^ité  ((u'il  était  routinier.  A  peu  de  besoins,  il 
répondait  par  peu  de  [iroduits  —  Aujourd'hui  il  n'en  est  plus  de  même;  les  voies 
ferrées  ont  pénétré  profondément  dans  le  Centre;  les  voies  ordinaires  se  sont 
accrues  et  améliorées.  Le  cultivateur  se  trouve  rapproché  du  consommateur.  De 
iour  en  jour  des  débouchés  plus  nombreux  se  présentent  à  lui,  et  ses  produits  ont 
un  écoulement  de  plus  en  plus  facile. 

Mais  à  cette  situation  nouvelle,  n'a  pas  correspondu  un  esprit  agricole  nouveau. 
Plusieurs  causes  entravent  la  rapide  diffusion  du  progrès  :  d'abord,  le  défaut 
d'instruction  technique;  mais  les  efforts  du  gouvernement  et  des  assemblées 
départementales,  l'influence  des  sociétés  agricoles  et  l'exemple  des  cultivateurs 
plus  instruits  tendent  à  faire  diminuer  cette  cause  d'infériorité;  puis,  et  surtout 
pour  la  petite  culture,  le  morcellement,  obstacle  aux  améliorations  qu'il  sei  a  presque 
impossible  de  faire  disparaître  ;  enfin  le  capital  insufhsant  dont  disposent;  la  plu- 
part de  nos  cultivateurs.  Qu'ils  appartiennent  à  la  grande,  moyenne  ou  petite 
culture,  il  en  est,  d'une  façon  relative,  de  même  pour  tous.  Fermiers,  métayers 
ou  propriétaires,  les  procédés  de  culture  sont  identiques,  mais  les  résultats  varient 
suivant  que  l'exploitant  possède  ou  ne  possède  pas  un  capital  suffisant.  Dans  le 
premier  cas  on  fait  au  bétail  une  large  part  dans  la  ferme.  Dans  le  second  les 
céréales  y  occupent  la  plus  grande  place.  D'oiî  la  division  naturelle  de  notre 
étude  en  deux  parties  :  1°  Culture  avec  un  capital  insufrisant.  2"  Guture  avec  un 
capital  suffisant.  _  •     ^ 

II.  —  Culture  avec  un  capital  insuffisant.  Ces  exploitations  sont  en  général 
soumises  au  régime  le  plus  exteusif.  Peu  de  prairies,  quelques  terres  en  pâturage 
sauvage,  beaucoup  de  jachères,  des  céréales,  dans  lesquels  le  seigle  souvent  rem- 
place le  blé.  Le  bétail  est  peu  nombreux,  de  mauvaise  qualité  et  pauvrement  nourri, 
il  ne  représente  guère  (|u'un  poids  vif  de  120  kilog.  à  l'hectare.  Les  fumures  s'en 
ressentent,  et  en  quantité  et  en  qualité  :  7,n00  à  8,000  kilog.  à  l'hectare,  pour 
une  période  de  trois  années,  ne  donnent  qu'un  faible  rendement,  9  à  1 1  hectolitres. 
Les  prix  de  revient  sont  élevés,  parce  que  chaque  année  la  moitié  de  la  ferme  est 
eu  labours.  Si  les  bénéfices  ne  sont  pas  grands  pour  l'expliitant,  il  vit  lui,  sa 
famille  et  ses  domestiques  sur  le  domaine  ;  l'année  est-elle  bonne,  il  y  a  quelque 
argent  de  reste;  est- elle  mauvaise,  il  se  trouve  très  à  court,  et  souvent  empêché 
de  payer  son  propriétaire  s'il  est  fermier.  Si  l'exploitant  persiste  dans  cette  voie, 
il  ne  faut  pas  s'en  prendre  à  la  routine,  mais  au  manque  de  capital.  Propriétaire, 
il  peut  progresser  plus  rapidement  que  le  fermier;  il  a  commencé  par  laisser 
s'eno-azonner  une  plus  grande  étendue  de  terrain,  il  a  un  peu  augmenté  sa  culture 
de  trèfle  ;  il  a  pu  ainsi  entretenir  quelques  têtes  de  bétail  de  plus,  parce  que,  moins 
pressé  d'argent  que  le  fermier,  il  aura  eu  la  possibilité  de  se  passer  de  la  vente 
d'une  partie  de  ses  produits   animaux.  Donnant  à  ses  terres  une  moins  faible 


CHANGEMENTS  A  INTRODUIRE  DANS  LA  CULTURE  DU  CENTRE.        213 

tumure,  et  la  chaux  aidant,  il  a  obtenu  des  récoltes  plus  rémunératrices,  tandis 
que  d'un  autre  côté  il  faisait  plus  d'argent  par  un  bétail  plus  nombreux  ou  plus 
souvent  renouvelé.  S'il  est  fermier,  la  situation  est  autre;  il  ne  peut  >^e  mouvoir 
le  plus  souvent  que  dans  les  limites  de  son  bail,  qui  lui  impose  l'étendue  de  terre 
à  emblaver,  à  laisser  en  pacage  et  en  jachères;  il  peut,  il  est  vrai,  créer  des  prai- 
ries, même  temporaires,  mais  pour  augmenter  son  bétail,  le  logement  lui  manque, 
et  le  propriétaire  regarde  à  deux  fois  avant  d'avancer  un  capital,  s'il  n'a  pas  confiance 
dans  l'homme,  et  s'il  ne  croit  pas  (jue  le  travail  et  l'intelligence  du  métier  viennent 
compenser  le  manque  d'argent  du  fermier. 

La   petite   culture    est  celle  qui  souffre  le  moins,    môme  dans  les   mauvaises 
années,  parce  que,  employant  ses  propres  bras,  la  moindre  récolte  la  constitue    . 
presque  toujours  en  bénéfice. 

Nous  voyons  cette  situation  se  modifier  si  les  exploitants  possèdent  un  capital 
suffisant. 

Les  uns,  dans  la  grande  et  moyenne  culture,  se  font  emboucheurs  et  trans- 
forment en  prairies  pâturées  la  plus  grande  partie  de  leurs  terres;  d'autres,  dans 
la  moyenne  et  petite  culture,  se  livrent  au  commerce  du  bétail  ;  la  charrue  ne 
joue  qu'un  rôle  secondaire  dans  ces  exploitations,  qui  sont  toutes  dirigées  vers 
l'engraissement  ou  l'élevage  d'un  bétail  le  plus  souvent  de  bonne  qualité. 

Mais  la  plupart  des  exploitations  n'ont  pu  suivre  cette  voie,  et  si  elles  remplissent 
dans  l'industrie  du  bétail  un  rôle  moins  remuant,  il  en  est  le  plus  important, 
puisqu'elles  produisent  la  matière  première,  l'animal.  Près  de  la  moitié  de  la 
superficie  est  consacrée  à  la  nourriture  du  bétail  qui  représente  160  kilog.  de  poids 
vif  à  l'hectare.  La  chaux  est  employée  à  la  dose  de  60  hectolitres  pour  six  ans,  et 
15  à  16,000  kilog.  de  fumier  assurent  un  rendement  moyen  de  15  à  17  hectolitres 
à  l'hectare.  Le  bétail  le  plus  souvent  d'une  bonne  qualité  courante  vit  en  été  sur 
les  pâturages  naturels,  terres  que  dans  l'assolement  on  a  laissées  s'engazonner  afin 
de  leur  accorder  un  repos  bien  gagné  par  des  récoltes  épuisantes  de  céréales  oîi  le 
blé  a  primé  le  seigle.  Les  prix  de  revient  ont  diminué,  l'exploitant  jusqu'à  ce  jour 
a  vécu  dans  l'aisance. 

IIL  —  Les  améliorations  et  les  modifications  à  introduire  dans  toute  culture 
ont  pour  but  d'abaisser  les  prix  de  revient  non  d'un  objet  particulier,  mais  de 
tout  l'ensemble  de  l'exploitation.  Demander  cet  abaissement  à  la  simple  diminution 
des  dépenses  ou  des  frais  de  culture  pourrait  être  séduisant,  mais  aussi  dangereux 
que  de  tenter  de  l'obtenir  par  la  seule  augmentation  des  recettes  ou  des  produits 
récoltés.  L'usage  des  machines  peut  souvent  réduire  les  frais,  mais  la  conformation 
de  notre  région  du  Centre  ne  permet  pas  de  l'étendre.  Notre  honorable  collègue, 
M.  Brandin,  vous  a  exposé  d'une  façon  remarquable  cette  question  et  le  rôle  qu^elle 
peut  j'ouer  dans  la  constitution  économique  d'une  exploitation.  Augmenter  les 
recettes  par  l'emploi  des  engrais  chimiques  est  peu  possible  pour  la  généralité  de 
nos  cultivateurs;  ils  ne  sont  pas  encore  assez  avancés  dans  leur  instruciion  agri- 
cole pour  s'en  servir  d'une  manière  rationr.elle  et  sans  inconvénients.  Quelques- 
uns  seuls  ont  pu  les  employer  dans  des  conditions  favorables,  et  les  essais  tentés 
pourront  être  continués  par  la  partie  non  pas  seulement  intelligente,  mais  encore 
instruite.  Mais  ces  moyens  de  réforme,  s'ils  apportent  par  l'augmentation  des 
produits  et  la  diminution  parfois  minime,  des  frais  de  récolte,  une  bilance  de 
profits  supérieure,  exigent  une  avance  de  capital  que  beaucoup  de  cultivateurs  ne 
peuvent  supporter.  Gomment  devront-ils  opérer  pour  lutter  contre  la  cherté  et  la 
rareté  de  la  main-d'œuvre,  la  diminution  des  prix  de  vente,  et  surtout  contre 
l'appauvrissement  de  leur  sol?  C'est  l'étude  rapide  d'un  système  de  culture  que 
.  nous  allons  entreprendre. 

En  le  faisant  nous  n'avons  point  la  prétention  d'en  indiquer  un  q^ui  devrait  être 
appliqué  dans  tout  le  Centre.  Nous  parlerons  pour  les  pays  de  culture  semi-pas- 
torale, en  les  engageant  à  persévérer  dans  cette  voie  et  les  poussant  du  côté  de  la 
culture  semi-pastorale  progressive  C'est  ainsi  que  notre  savant  collègue,  M.  Heuzé, 
désigne  la  culture  pastorale  améliorée.  Le  cultivateur  ne  devra  jamais  perdre  de 
vue  qu'en  agriculture  il  faut  s'appliquer  à  produire  ce  qui  donne  le  produit  net  le 
plus  élevé,  et  ce  sont  les  conditions  économiques  du  milieu  dans  lequel  on  se 
trouve  placé  qui  imposent  tel  ou  tel  système  de  culture. 

Cette  réserve  faite,  nous  conseillerons  à  la  culture  du  Centre  de  prendre,  tout  en 
tenant  compte  des  milieux  cliraatériques,  pour  modèle  l'Angleterre,  d'utiliser  par 
le  j)àturage  la  plus  grande  quantité  de  ses  herbages  permanents  et  temporaires, 
et  de  transformer  en  fourrages  annuels  une  partie  de  ses  terres  à  labour;  elle  doit 


214       CHANGEMENTS  A  INTRODUIRE  DANS  LA  CULTURE  DU  CENTRE. 

arriver  à  produire,  en  dehors  des  herbages,  une  quantité  suffisante  de  nourriture 
pour  l'alimentation  d'hiver  du  bétail.  Les  prairies  temporaires  à  base  de  graminées 
devront  être  le  pivot,  la  cheville  ouvrière  de  cette  transformation  et  tenir  une  grande 
place  dans  le  nouveau  système  de  culture  qui  nous  semble  devoir  être  pratiqué  par 
le  Centre.  Leur  rôle  est  immense  et  comme  production  fourragère  et  comme  amé- 
lioration du  sol.  Elles  permettent,  en  diminuant  l'étendue  des  terres  livrées  à  la 
charrue,  de  concentrer  les  efforts  en  main-d'œuvre,  attelages,  fumiers,  sur  des 
surfaces  plus  restreintes;  les  façons  seront  plus  soignées,  l'ameublissement  et  le 
nettoiement  du  sol  meilleurs.  Les  frais  fixes  de  location,  labours,  semence,  mois- 
son sont  les  mêmes,  que  la  récolte  soit  courte  ou  abondante.  Si  le  rendement  est 
augmenté,  par  suite  des  meilleures  fumures,  le  prix  de  revient  sera  abaissé.  La 
prairie  temporaire,  je  parle  surtout  de  celle  livrée  au  pâturage  permanent  jour  et 
nuit,  laisse  les  éléments  minéraux  se  reconstituer  par  capillarité  dans  la  couche 
arable,  accumule  l'azote,  empêche  l'effritement  du  sol,  en  un  mot,  repose  la  terre. 
Remise  en  culture,  au  terme  de  sa  durée,  elle  donnera  de  bonnes  céréales  dont  le 
prix  de  revient  sera  peu  élevé.  Lorsque  toutes  les  terres  du  domaine,  ou  du  moins 
les  plus  favorables,  auront  passé  par  cette  pratique,  elles  se  seront  amendées, 
sans  presque  aucune  avance  faite. 

Le  cultivateur  sans  capital  éprouvera  d'abord  quelques  difficultés  à  acheter  son 
ensemencement,  il  pourra  commencer,  en  diminuant  l'étendue  de  ses  erablavures, 
à  transformer  en  herbages  temporaires  soit  les  meilleures  terres,  soit  les  plus 
éloignées.  La  méthode  de  l'engazonnement  naturel  est  trop  barbare;  il  pourra 
employer  ses  graines  de  fenil,  auxquelles  il  ajoutera  du  trèfle  violet,  du  trèfle 
blanc,  de  la  minette,  du  ray-grass,  du  fromental,  de  la  houlque  laineuse;  avec 
une  dépense  de  20  à  25  fr.  par  hectare,  la  quantité  de  semence  sera  suffisante 
pour  assurer  une  prairie  qu'on  pourra  faucher  l'année  qui  suivra,  le  semis,  puis 
faire  pâturer.  La  production  fourragère  augmentant,  il  pourra  tenir  un  bétail  plus 
nombreux,  mieux  nourri.  Il  produira  une  plus  grande  quantité  d'engrais  et  comme 
il  portera  ses  forces  sur  l'autre  partie  de  sa  propriété,  les  rendements  s'élèveront. 
Il  améliorera  ainsi  successivement  chacune  de  ses  parcelles.  Plus  tard,  quand  sa 
terre  sera  plus  avancée  dans  la  culture  fourragère,  il  pouria  chercher  dans  quekfues 
fourrages  annuels  un  précieux  complément  de  nourriture,  et  il  pouria  améhorer 
son  bétail  qui,  en  général,  est  peu  précoce.  Il  se  procurera  de  bons  reproducteurs 
que  son  peu  de  ressources  l'empêchait  jusque-là  d'acquérir  et  recherchera  des  ani- 
maux qui,  croissant  plus  vite,  lui  donneront  un  bénéfice  plus  rapide.  Mais  il 
devra,  s'il  est  fermier,  trouver  aide  et  soutien  chez  son  propriétaire,  surtout  pour 
tout  ce  qui  touche  aux  clôtures.  Il  devra  pouvoir  faire  entrer  librement  la  prairie 
dans  son  assolement,  et,  alors  la  rompre  et  profiter  du  capital  engrais  qu'il  aura 
laissé  s'accumuler  dans  le  sol.  Il  n'y  aura  donc  pas  dans  son  bail  de  clauses  l'em- 
pêchant de  casser  une  prairie  qu'il  aura  créée.  Mais  cette  classe  de  fermiers  sans 
capital  tend  à  diminuer  :  les  uns  parce  qu'ayant  des  baux  à  bas  prix,  ils  ont  pu 
profiter  des  débouchés  quand  ils  se  sont  créés  et  exploiter  dans  ce  but  leurs  ter- 
rains depuis  longtemps  incultes;  ils  se  sont  ainsi  constitué  un  capital  et  ont 
entrepris  alors  le  commerce  ou  l'élevage  du  bétail  ;  les  autres,  parce  que  l'éléva- 
tion du  fermage  les  a  obhgés  de  prendre  des  fermes  d'une  étendue  moindre,  et 
sur  lesquelles  ils  ont  mieux  su  employer  leur  travail;  leur  capital  insuffisant 
autrefois  semble  aujourdhui  suffisant.  Puis  on  voit  des  petits  propriétaires  pos- 
sédant déjà  des  terres  assez  bien  aménagées  rechercher  les  fermes  qui  les 
avoisiuent  afin  de  se  livrer  à  l'élevage  ou  plutôt  au  commerce,  au  maquignonage 
du  bétail. 

Nous  arrivons  à  la  classe  du  vrai  cultivateur  travaillant  sur  des  domaines  d'une 
étendue  et  d'une  fcrtihté  moyennes,  avec  un  capital  permettant  une  culture  mieux 
entendue.  Si,  en  général,  son  exploitation  a  donné  des  bénéfices,  sa  situation  a 
été  fort  compromise  par  l'augmentation  du  prix  de  la  main-d'œuvre,  et  l'abaisse- 
ment des  prix  de  vente.  De  plus,  par  le  fait  de  certaines  années  sèches,  les  four- 
rages en  foin  venant  à  manquer,  le  bétail  est  souvent  obligé  d'être  vendu  à  des 
prix  inférieurs,  et  les  récoltes  suivantes  s'en  ressentent,  par  suite  de  la  diminution 
des  fumures.  Cette  classe  de  la  moyenne  culture  a  une  grande  importance  dans 
le  centre  de  la  France.  C'est  elle  qui  est  l'usine  où  se  fabrique  cette  grande  quan- 
tité de  bœufs  qui  vont  à  l'automne  dans  la  région  du  Nord  consommer  les  pulpes 
de  betteraves.  La  prairie  temporaire  lui  sera  d'un  grand  secours  dans  son  élevage. 
Le  cultivateur  devra  seulement  apporter  plus  de  soins  à  la  créer.  Il  abandonnera 
l'emploi  des  graines  de  fenil,  qui  n'assurent  point  un  produit  assez  abondant.  Il 


CHANGEMENTS  A  INTRODUIRE  DANS  LA  CULTURE  DU  CENTRE.        215 

pourra  semer  le  mélange  suivant  qui,  dans  le  massif  granitique  du  Morvand,  m'a 
donné  dans  des  terres  de  moyenne  lertilité  un  bon  résultat  et  au  point  de  vue  du 
fauchage  et  au  point  de  vue  du  pâturage  :  f'romcntal  10  kilog.,  houlque  laineuse  5, 
dactyle  8,  fléolc  5,  ray-grass  anglais  10,  minette  5,  trèfle  blanc  3,  trèlle  hybride  3, 
trèfle  violet  4,  soit  60  kilog.  Le  prix  était  de  70  francs,  mais  la  dépense  pourrait 
être  abaissée  en  diminuant  les  chitTres  de  la  formule,  et  ramonée  à  50  francs. 
Elle  coûte  donc  peu  à  créer,  et  son  bas  prix  d'établissement  la  met  à  la  portée  de 
tous  les  cultivateurs,  qu'ils  soient  fermiers  ou  propriétaires.  Certains  résistent  et 
trouvent  les  graines  trop  chères,  sans  réfléchir  que  la  dépense  excède  à  peine  la 
valeur  d'une  semence  de  blé,  et  que  si  le  produit  brut  argent  est  moins  élevé,  le 
produit  net  argent  est  plus  certain  et  plus  haut. 

Mais  si  la  prairie  temporaire  a  son  rôle  marqué  dans  toute  culture  améliorée, 
elle  ne  peut  servir  de  panacée  universelle.  Le  régime  le  plus  en  rapport  avec  le 
proo;rès  consisterait  à  cultiver  conjointement  en  fourrages  annuels  —  trèfle  violet, 
trèfle  incarnat,  vesces,  maïs,  betteraves,  pommes  de  terre,  —  quelques-unes  des 
terres  précédant  soit  la  céréale  tête  de  l'assolement,  et  qui  est  en  général  le  blé, 
soit  la  prairie  tem])oraire.  La  luzerne  devra  trouver  aussi  sa  place,  partout  où  elle 
le  pourra.  Le  rôle  des  fourrages  verts  s'est  bien  agrandi  par  le  fait  de  l'ensilage, 
/[ui  permet  de  les  récolter  à  un  prix  de  revient  moindre  que  le  fanage.  De  plus, 
leur  valeur  nutritive  est  supérieure  à  celle  des  mêmes  fourrages  secs.  Les  récoltes 
sarclées  présentent  en  donnant  des  produits  parfois  supérieurs  —  toujours  pour 
le  maïs  —  aux  autres  plantes  fourragères,  l'avantage  de  nettoyer  le  sol,  de  l'ameu- 
blir, et  de  faciliter  la  nitrification  des  matières  organiques. 

Notre  conclusion  est  la  suivante  : 

Utiliser  par  le  pâturage  la  plw;  grande  partie  des  herbages  soit  permanents  soit 
temporaires,  et  demander  f  alimentation    d'hiner  aux  fourrages  annuels  assolés. 

Parvenus  au  terme  de  notre  étude,  nous  ne  voulons  point  laisser  sans  l'etfleurer 
une  question  qui  peut  avoir  dans  le  Centre  une  grande  influence  sur  l'abaissement 
des  prix  de  revient,  c'est  la  question  de  l'exploitation  du  laitage.  Certains  dépar- 
tements s'y  sont  adonnés  avec  profit,  mais  en  général  le  cultivateur  du  Centre  ne 
sait  point  traiter  le  laitage,  qui  est  la  plupart  du  temps  consommé  à  l'état  brut 
par  le  personnel.  Un  grand  mouvement  de  ce  côté  se  dessine  en  France,  mais 
surtout  à  l'étranger.  Les  Anglais  se  demandent,  à  l'heure  actuelle,  s'il  vaut  mieux 
faire  de  la  viande  ou  du  lait,  et  ils  entrent  à  grands  pas  dans  cette  voie  qui  est 
peut-être  celle  où  l'animal  utilisant  le  mieux  la  nourriture  donne  le  plus  de  pro- 
duit net,  et  livre  le  fumier  à  meilleur  compte.  La  petite  culture  particulièrement 
tirerait  un  grand  profit  de  l'industrie  laitière. 

Nous  avons  essayé  de  tracer  une  rapide  esquisse  du  régime  agricole  de  la  région 
du  centre,  où,  depuis  l'ouverture  des  débouchés,  des  proj^rès  ont  été  certes  réa- 
lisés, mais  ils  ont  'été  lents,  et  surtout  ne  pourront  se  continuer  sans  épuiser  la 
richesse  naturelle  d'un  sol  longtemps  cultivé  d'une  façon  trop  extensive.  Nous 
avons  aussi  tenté  d'indiquer  à  grands  traits  les  modifications  à  y  apporter.  C'est 
tout  ce  que  nous  avons  pu  faire,  le  sujet  était  trop  vaste,  trop  élevé  pour  être 
traité  d'une  façon  aussi  rapide.  Mais  nous  avons  pu  nous  rendre  compte  de  l'in- 
térêt immense  qu'il  y  aurait  à  avoir  une  étude  plus  complète  sur  la  culture  du 
Centre.  Aussi  croyons-nous  qu'il  serait  utile  que  cette  question  fût  étudiée  par  les 
sociétés  agricoles  locales.  Nous  ne  doutons  pas  que,  de  leurs  travaux,  nous  ne 
puissions  tirer  les  éléments  d'une  étude  intéressante  qui  viendrait  combler  un  vide 
existant  dans  l'histoire  de  l'agriculture  française. 

Situation  en  1882  de  trois  exploitations  du  centre.  Moyenne  culture  85  hectares. 

Poidsvif  Hm  hptail  P^'""      ^"''■'"^  Fourra-  BecUres  Knmier 

Catégorie               Valçur        ^;^^iua^^^iijiujjLutu^      Prairies  rages       tfmpo-  ges  an-  consacrés  produit 

Exploitation               loca-                               à  l'hec-    nalu-  sau-  rairesgra-    nuels  au             à 

à                           tive.               Total.          tare.        relies,  vages.       minées,  assolés  bétail,  l'étable. 

Fr.                 liil.  hect.  hect.  hect.  hect.  hect.  liect.  kilog 

Capital  insuffisant..     2,300  10,200  120  LS  10  »  7  40=  90  000 

Capital  suffisant....     4,000  1.5,000  160  28  10  «  S  48  140  000 

Améliorée G, 500  29,000  350  39  »  Il  8»  65  300,000 

HOUDAILLE   DE   RaILLY. 


1.  Dont  4  hectares  portèrent  double  récolte   fourragères  ;  vesces  |  choux-navets. 

I  sarrasin. 

2.  Dans  cette  colonne  sont  compris  les  grains  employés  à   l'alimentation  du  bétail   et  de  la 
basse-cour. 


216  LOI   SUR  LA   POLICE  DELA  CHASSE  EN  ALSACE-LORRAINE. 

LA  LOI  SUR  LA  POLICE  DE  LA  CHASSE 

EN   ALSACE-LORRAINE 

Monsieur  le  directeur,  dans  un  livre  remarquable  devenu  une  rareté 
bibliographique,  Tristia,  que  l'auteur  appelle  lui-même  une  lamen- 
tation et  une  oraison  funèbre,  Toussenel  disait  en  1863  :  «  La  législa- 
tion du  3  mai  1844  a  conduit  le  France  à  un  abîme.  »  C'était  évidem- 
ment une  manière  fort  exagérée  de  constater  la  décadence  de  la  chasse 
en  France.  Depuis  1863,  le  mal  n'a  fait  qu'empirer,  et  bientôt  les 
lièvres  et  les  perdreaux  seront  aussi  rares  dans  tout  le  pays  que  dans 
la  plaine  de  Saint-Denis.  C'est  la  loi  de  1844  qui  a  amené  ce  lamen- 
table état  de  choses.  Toutes  les  propositions  émises  jusqu'ici  me 
paraissent  sans  portée.  Ce  qu'il  faut  établir,  c'est  une  loi  analogue  à 
la  loi  d'Alsace-Lorraine  calquée  elle-même  sur  la  loi  du  grand-duché 
de  Bade.  Malheureusement,  on  apporte  dans  ces  questions  un  faux^ 
esprit  démocratique  et  on  écrit  des  phrases  ronflantes  sur  le  droit  de 
propriété.  En  1882,  je  vis  à  l'ordre  du  jour  de  la  Section  d'économie 
rurale  pendant  la  session  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France  la 
question  de  la  chasse.  Je  me  rendis  à  la  séance  et  j'entendis  le  comte 
de  Couronnel  conclure  :  1"  que  la  louveterie  soit  maintenue;  2"  que  les 
peines  édictées  par  la  loi  contre  les  délits  de  chasse  et  la  vente  du 
gibier  en  temps  prohibé  soient  appliquées  et  que  les  acheteurs  soient 
considérés  comme  complices.  Je  demandai  la  parole  et  déclarai  que 
la  loi  de  1844  est  insuffisante,  qu'il  faut  copier  la  législation  de 
l'Alsace-Lorraine.  On  ne  se  pique  pas  en  général  d'être  démocrate  à  la 
Société  des  agriculteurs,  et  cependant  ma  proposition  ne  rencontra 
pas  le  moindre  écho;  on  me  réfuta  en  parlant  de  l'atteinte  au  droit  de 
propriété.  Votre  regretté  correspondant,  le  D""  Schneider,  ne  songeait 
pas  plus  que  celui  qui  écrit  ces  lignes  au  rétablissement  des  droits 
seigneuriaux,  et  pourtant  il  approuvait  tout  comme  moi  la  loi 
d'Alsace-Lorraine.  Je  vous  ai  fait  connaître  cette  loi  dans  le  Journal  du 
22  mai  1880.  Je  n'y  reviendrai  donc  pas.  Aujourd'hui  je  veux  exposer 
à  \os  lecteurs  une  loi  complémentaire,  relative  à  la  police  de  la  chasse. 
Cette  loi  a  été  adoptée  récemment  par  le  Landesausschuss;  elle  sera 
probablement  votée  dans  les  mêmes  termes  par  le  Bimdesrath  et 
deviendra  alors  une  loi  définitive.  Voici  les  principales  dispositions  : 

Il  est  défendu  de  poursuivre  le  gibier  blessé  sur  une  autre  chasse, 
ou  de  s'emparer  du  gibier  tombé  dans  une  autre  chasse,  sans  la  per- 
mission du  fermier  de  celte  chasse, 

La  destruction  des  animaux  nuisibles  par  les  propriétaires,  usufrui- 
tiers ou  fermiers,  sur  leurs  terres,  n'est  pas  considérée  comme  exercice 
de  la  chasse. 

Le  ministère  détermine  :  1"  quels  animaux  sont  réputés  nuisibles; 
2°  par  quels  moyens  et  dans  quelles  conditions  la  destruction  est 
permise. 

Dans  l'intervalle  du  2  février  au  23  août  la  chasse  au  gibier  est 
prohibée.  Sont  exceptés  de  cette  disposition  :  les  bêtes  noires,  les  cerfs, 
les  chevreuils,  les  coqs  de  bruyère,  les  oiseaux  de  passage,  les  lapins 
et  les  animaux  nuisibles.  La  chasse  de  ces  espèces  de  gibier,  à  l'excep- 
tion des  coqs  de  bruyère  et  des  oiseaux  de  passage,  avec  des  chiens, 
est  prohibée  du   2  février  au  23  août.  La  chasse  au  chevreuil  est 


LA.    LOI  SUR  LA  POLICE  DE  LA  CHASSE  EN  ALSACE-LORRAINE.        217 

défendue  du  2  février  au  31  mai.  La  chasse  aux  oiseaux  d'eau  et  de 
marais,  à  l'exception  des  oies  sauvages  et  des  hérons,  et  celle  des 
oiseaux  de  passage,  sont  défendues  du  1"  avril  au  -iO  juin.  La  chasse 
du  gibier  à  plumes  peut  être  interdite  dans  des  circonstances  extraor- 
dinaires, dans  les  champs  pour  un  temps  ne  se  prolongeant  pas  au 
delà  de  quinze  jours  après  la  clôture  de  la  chasse. 

L'enlèvement  des  petits  du  gibier  à  plumes  et  des  œufs  est  interdit. 

En  temps  prohibé,  et  depuis  le  quatorzième  jour  après  la  clôture 
delà  chasse,  il  est  défendu  d  offrir  en  vente,  de  vendre,  d'aclieter,  de 
transporter  du  gibier  dont  la  chasse  est  défendue,  ou  de  le  colporter 
pour  le  vendre.  Cette  défense  ne  s'applique  pas  au  transport  ou  à  la 
vente  du  gibi'^r  ordonné  par  l'autorité. 

En  temps  prohibé,  le  kreisdirektor  peut  autoriser  la  chasse  et  le 
transport  du  gibier  vivant  dans  le  but  de  le  conserver  ou  d'en  pro- 
voquer la  multiplication. 

Lorsqu'il  y  a  lieu  de  craindre  que  le  gibier  ne  fasse  trop  de  dom- 
mages, le  kreisdirektor,  à  la  demande  des  propriétaires,  peut,  même  en 
temps  prohibé,  charnier  le  fermier  de  la  chasse  de  réduire  le  gibier.  Si 
le  fermier  ne  se  conforme  pas  à  cette  injonction,  le  préfet  est  autorisé 
à  prendre  les  mesures  nécessaires.  Il  peut  donner  aux  propriétaires 
des  terres  la  permission  de  détruire  le  gibier  et  ordonner  des  battues 
sous  la  direction  de  la  police.  Ces  battues  faites  sous  la  direction  de  la 
police  ne  peuvent  avoir  lieu  pour  la  destruction  des  lièvres  et  des  che- 
vreuils. Le  gibier  ainsi  tué  est  donné  au  fermier  de  la  chasse  ou  vendu 
à  son  profit.  Les  frais  de  la  battue  sont  supportés  par  le  fermier. 

Le  ministre  désigne  les  oiseaux  réputés  utiles. 

La  chasse  dans  les  champs  est  interdite  pendant  la  nuit.  Est  désigné 
temps  de  nuit  l'intervalle  depuis  une  heure  après  le  coucher  du  soleil 
jusqu'à  une  heure  avant  le  lever. 

L'usage  des  lacets  n'est  permis  que  pour  les  grives.  Le  gibier  pris 
dans  les  lacets,  à  l'exception  des  grives,  ne  peut  être  mis  en  vente, 
vendu',  acheté,  transporté  ou  colporté. 

L'exercice  de  la  chasse  n'est  permis  qu'après  l'obtention  d'un  permis 
de  chasse.  N'ont  pas  besoin  d'un  permis  :  1"  les  personnes  chassant  sur 
des  terres  contiguës  à  une  habitation  et  séparées  par  une  clôture  non 
interrompue  des  terres  voisines;  2"  les  agents  forestiers  qui,  dans 
l'exercice  de  leurs  fonctions,  tuent  le  gibier  dans  les  chasses  adminis- 
trées de  leur  circonscription  forestière. 

Sera  puni  d'une  amende  jusqu'à  100  marks,  ou  d'un  emprisonne- 
ment jusqu'à  trois  semaine?  :  \°  tout  individu  qui  chasse  au  moyen 
d'engins  prohibés;  'i^'.tout  propriétaire,  usufruitier  ou  fermier  qui 
détruit  les  animaux  nuisibles  pai'  des  moyens  non  autorisés. 

Sera  puni  d'une  amende  jusqu'à  60  marks  ou  d'un  emprisonnement 
jusqu'à  quatorze  jours  tout  contrevenant  aux  dispositions  de  cette  loi, 
en  tant  qu'il  n'y  aura  pas  lieu  d'appliquer  d'autres  dispositions 
pénales. 

Sera  puni  d'une  amende  jusqu'à  60  marks  :  1°  quiconque  chasse 
sans  permis;  2"  quiconque  omet  d'empêcher  les  chiens  courants  ou 
autres  dont  il  a  la  surveillance,  de  faire  lever  ou  poursuivre  le  gibier 
dans  les  chasses  d'autrui  sans  la  permission  du  fermier  de  cette  chasse. 

La  présente  loi  entrera  en  vigueur  le  i"  juillet  1883. 

Agréez,  etc.  '  Paul  Mulleu. 


218  MÉTÉOROLOGIE  DU  MOIS  D'AVRIL   1883. 


MÉTÉOROLOGIE  DU  MOIS  D'AVRIL  1883 

Voici  le  résumé  des  observations  météorologiques  au  parc  de  Saint- 
Maur  pendant  le  mois  d'avril  1 883  : 

Moyenne  barométrique  à  midi,  757™'".  14.  Minimum  le  28  à  5  heures  du  soir 
742""". 00.  Maximum  le  7  à  8  heures  du  matin,  770'""\87. 

Moyennes  thermomélriques  :  des  minima  3". 83;  des  maxima  15°. 5);  du  mois 
9°. 67.  Moyenne  vraie  des  24  heures,  9".2H.  Minimum  les  11  et  13  — 0°.7. 
Maximum  le  18  dans  la  journée  22°. 5  ;  il  y  avait  eu  déjà  un  maximum  de  22". 0  le  3. 

Humidité  relative  :  moyenne,  66;  la  moindre,  le  18  à  midi,  22;  la  plus  grande 
100,  où  la  saturation  s'est  présentée  quatre  lois,  les  3,  23,  25,  26. 

Tension  de  la  vapeur  :  moyenne  5'"'".64;  la  moindre  le  8  à  4  heures  du  soir, 
2"'"'. 8  ;  la  plus  grande  le  28  à  6  heures  du  soir,  9""". 8 

Température  moyenne  de  la  Marne,  10°. 72.  Elle  s'est  élevée  d'une  manière 
presque  uniforme  de  7°. 6  le  1,  à  12°. 67  le  30;  son  niveau  s'est  abaissé  presque 
aussi  régulièrement  de  3'". 21,  les  1  et  4,  à  2'". 69,  le  28  (2"\71  le  30). 
-  Pluie,  22"""M  en  62  heures  réparties  en  10  jours  du  18  au  29.  Il  n'avait  pas 
plu  du  30  mars  au  18  avril  et  depuis  le  19  mars  il  n'était  tombé  que  deux  petites 
averses,  les  27  et  30.  Le  24  avril  il  y  avait  un  peu  de  neige,  mêlée  à  la  pluie;  le 
lendemain  de  même  et  depuis  un  peu  de  grêle. 

La  nébulosilé  7noyenne  a  été  49. 

Il  y  a  eu  5  juurs  de  petite  gelée  et  9  jours  de  gelée  blanche,  3  jours  de  brouillard 
peu  importants.  Vents  de  N.  à  E.-N.-E  dominants. 

Relativement  aux  moyennes  normales,  le  mois  d'avril  1883  pré- 
sente les  résultats  suivants  :  pression  atmosphérique  plus  élevée 
de  i"''".1  ;  température  de  l'air  plus  basse  de  0".2;  ciel  plus  clair, 
temps  beaucoup  plus  sec;  aucun  coup  de  vent;  aucune  pluie  forte.  Ni 
tonnerre^,  ni  éclairs.  Marne  plus  basse  et  plus  claire. 

Voici  mes  principales  observations  sur  la  végétation  : 

2  avril,  on  entend  le  pic-vert.  Première  fleur  de  prunier  de  Monsieur. 

8  avril.  Prunier  de  reine-claude  commence  à  fleurir.  Poirier  de 
Cœuré  commence  à  fleurir. 

12  avril.  Hirondelles  dans  les  champs  et  sur  la  Marne. 

17  avril.  Quelques  rares  hannetons. 

26  avril.  Hirondelles  assez  abondantes  et  depuis  on  en  voit  con- 
stamment, quoiqu'elles  soient  peu  nombreuses.  Du  1 2  au  26,  on  n'avait 
aperçu  que  deux  ou  trois  fois  des  hirondelles  de  passage. 

21  avril.  Cerisier  anglais  en  pleine  fleur.  Sureau  à  bouquet  en  pleine 
fleur.  ^ 

28  avril.  Les  lilas  communs  commencent  généralement  à  fleurir.  Je 
les  estime  de  10  jours,  au  moins^  en  retard.  Jusqu'ici  j'avais  vu  les 
lilas  fleurir  à  une  époque  presque  fixe  du  1  5  au  18.  Ce  retard  est  dti 
sans  doute  au  moins  autant  à  la  sécheresse  d'avril  qu'à  la  basse  tem- 
pérature de  mars. 

30  avril.  Les  hannetons  deviennent  tout  à  coup  très  abondants,  on 
sait  que  l'année  dernière  ils  étaient  extraordinairement  rares. 

L'année,  qui  était  avancée  à  la  fin  de  l'hiver,  se  trouve  en  définitive 
retardée  à  la  fin  d'avril.  E.  Renou, 

Membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture 

LES  PUITS  INSTANTANÉS  ET  LA  POMPE  DOUGLAS 

Le  forage  des  puits  instantanés  est  une  opération  qui^  depuis 
quelques  années,  est  devenue  usuelle  dans  un  grand  nombre  de  pays. 

1.  25  avril.  Quelques  marronniers  commencent  à  iL'unr. 


SABLEUSC  AQUircpr 


LES  PUITS  INSTANTANÉS  ET  LA  POMPE  DOUGLAS.  219 

C'est  une  opération  toujours  facile,  à  la  condition  que  la  couche  aaui- 
fère  ne  soit  pas  au-dessous  du  niveau 
d'aspiration  de  la  pompe,  c'est-à-dire 
qu'elle  ne  dépasse  pas  une  profondeur 
de  8  mètres,  et  à  la  condition  aussi 
que  l'on  n'ait  pas  à  traverser  de  roche 
très  dure  avant  d'arriver  à  cette  cou- 
che. La  fig.  16  représente  une  coupe 
théorique  d'un  terrain  dans  lequel  on 
peut  établir  un  de  ces  puits.  Le  tuyau 
du  puits  a  traversé  successivement  la 
terre  d'alluvion,  une  couche  sableuse, 
une  couche  d'argile,  avant  d'arriver  à 
la  nappe  suffisamment  abondante  pour 
alimenter  le  puits. 

Les  puits  instantanés  se  composent 
uniquement  de  tuyaux  en  fer  et  d'une 
pointe  spécialeen  acier  dont  l'ouverture 
est  recouverte  de  plusieurs  toiles  métal- 
liques très  fines,  permettant  le  passage 
de  l'eau,  mais  empêchant  le  sable  de  pé- 
nétrer. Ces  puits  sont  installés  de  pré- 
férence aux  puits  creusés  ordinaires, 
dans  tous  les  cas  où  la  nappe  d'eau  n'est 
pas  à  une  profondeur  plus  grande  que 
8  mètres.  Les  avantages  qu'assure  ce 
système  sont  :  une  installation  moins 
coûteuse  et  de  l'eau  toujours  propre. 
Le  forage  du  puits  instantané  exige 
un  travail  assez  énergique.  On  est  sou- 
vent obligé  d'avoir  recours  à  des  appa-  ARGILE 
reils  d'une  grande  puissance,  afin  de 
faire  pénétrer  les  tuyaux  dans  des  cou- 
ches compactes,  durcies  par  la  séche- 
resse. Il  est  donc  important  que  ces 
tuyaux  soient  construits  avec  le  plus 
grand  soin,  et  que  Ion  n'emploie  que 
des  matériaux  de  choix. 

Dans  le  sud  de  l'Algérie,  on  a  établi 
depuis  quelques  années  un  grand  nom- 
bre de  puits  instantanés  qui  fonction- 
nent sans  difficultés  réelles. 

On  connaît  la  simplicité  et  le  fonc- 
tionnement régulier  de  la  pompe  Dou- 
glas que  vend  la  maison  Piller.  Cette 
pompe  peut  parfaitement  convenir 
pour  la  création  d'un  puits  instantané. 
M.  Pilter  se  charge  d'ailleurs  de 
l'installation  de  ces  puits.  Le  prix  du 
tuyau  d'aspiration  varie  de  3  fr.  30  à 
8  fr.  70  le  mètre,  suivant  la  force  de  la  pompe.  Le  prix  de  la  pointe 
varie,  dans  les  mêmes  conditions,  de  24  à  55  francs.        Henry  Sagnier. 


U'. 


•^î^iïOND  rocheux: 

Fig.  16.  —  Pompe  Douy;las  fonctionnaut 
sur  un  puits  instantané. 


220  LE  POMMIER  EN  BRETAGNE. 


LE  POMMIER  EN  BRETAGNE 

A  M.  LANGE,  A  FAUVILLE    (SEINE-INFÉRIEURE). 

J'ai  déjà  dit  ici,  même  autrefois,  quand  je  trouvais  encore  quelques 
loisirs,  un  mot  du  pommier,  peut-être  aussi  de  la  Bretagne.  L'avenir 
de  la  Bretagne  et  l'avenir  du  pommier  se  manifestent  en  même  temps 
par  un  développement  de  production  qui  dépasse  de  beaucoup  le 
mouvement  moyen  de  l'agriculture. 

La  production  du  cidre  s'est  élevée  en  Bretagne,  en  1881,  à 
7,473,000  hectolitres,  et  en  Normandie,  à  7,01 1,000. 

Cette  production  s'est  réduite,  en  1 882,  en  Bretagne,  à  3,432,000  hec- 
tolitres, et  en  Normandie,  à  3,275,000. 

La  Bretagne  surpasse  donc  la  Normandie,  à  l'heure  actuelle,  dans  la 
production  du  cidre,  tandis  que  nous  avons  vu  longtemps  cette  rude 
Armorique,  arriérée  dans  ses  fermes,  engourdie  dans  une  séculaire 
immobilité.  —  Sans  écoles  et  sans  chemins,  ses  ressources  demeuraient 
inexploitées. 

Depuis  vingt  ans  les  routes  ont  animé  la  robuste  contrée.  Depuis  dix 
ans  les  écoles  ont  réveillé  le  fier  esprit  de  ses  habitants.  Le  mouvement 
imprimé  fera  désormais  surgir  de  ce  sol  du  blé,  des  animaux,  du 
cidre....,  et  des  hommes  de  notre  démocratie. 

Tous  les  propriétaires  aperçoivent  aujourd'hui  les  avantages  du 
pommier.  Les  défrichements  et  les  plantations  occupent  les  cultiva- 
teurs avancés.  Les  parages  boisés,  à  l'abri  des  grands  vents  de  la  mer, 
se  couronnent  de  pommiers. 

Les  cantons  de  Concarneau  et  de  Touesnant,  près  de  Quimper,  pré- 
sentent des  vues  pleines  de  ravissement  par  TOcéan  au  loin  couvert 
de  bateaux  de  pêche,  et  par  des  champs  garnis  de  pommiers.  Le 
chêne  antique  des  Vénètes  protège  le  pommier,  le  cerisier  et  le  prunier. 

J'ai  planté  et  je  conseille  de  planter  le  pommier  en  faisant  des  trous 
de  1  mètre  carré  d'ouverture  et  d'une  égale  profondeur. 

Le  fond  des  trous  est  garni  des  premières  terres  de  la  surface.  Dans 
les  terres  argileuses,  une  couche  d'ajonc  placée  sous  ces  premières 
terres,  rend  divers  services  appréciés  en  Normandie,  et  je  recommande, 
moi-même,  cette  pratique.  L'ajonc  est  un  diviseur,  et  c'est  un  agent  de 
fertilité. 

En  plantant,  2  ou  3  kilog.  de  phosphate  de  chaux  par  sujet, 
répandu  avec  la  terre  sur  les  racines,  constituent  une  bonne  opération. 
C'est  une  faible  dépense  :  vingt  à  vingt-cinq  centimes  par  pommier. 

Nos  terres  siluriennes  et  granitiques  manquent  de  calcaire.  Le  phos- 
phate fossile  de  chaux  agit  sur  ces  terres  avec  énergie.  Il  se  manifeste 
par  un  accroissement  de  récolte,  soit  répandu  sur  les  cultures  arables, 
soit  employé  sur  les  prairies.  Son  effet,  sur  les  jeunes  plantes,  est  de 
même  sorte,  s'il  est  directement  employé  dans  la  plantation.  —  Dans 
les  récents  défrichements,  une  brouettée  de  fumier  de  ferme  par  sujet 
forme  en  outre  un  apport  d'aliments  que  je  considère  de  première 
nécessité  pour  le  jeune  plant. 

Voilà  ce  que  je  conseille  dans  la  plantation. 

La  distance  des  plants  peut  varier  de  7  à  10  mètres  :  en  bordure 
7  mètres;  en  quinconce,  10  mètres.  J'ai  fait  des  plantations  en  bor- 
dure à  6  mètres,  mais  en  terrains  secs. 


LE  POMMIER  EN  BRETAGNE.  221 

La  meilleure  hauteur  des  sujets  est  de  r"70  à  2  mètres.  Une  tête 
plus  basse  est  incouimode.  —  Dans  la  taille  des  premières  années,  il 
convient  de  former  des  branches  se  dressant  à  la  circonférence. 

La  défense  du  jeune  pommier  en  place  constitue  une  stricte  obliga- 
tion. Vous  me  signalez,  monsieur,  cette  défense.  Elle  est  une  charge 
assez  lourde  dans  les  localités  peu  boisées. 

Une  bonne  armature  se  fait,  dans  les  fermes  boisées,  au  moyen  de 
trois  ou  quatre  pieux  solides,  de  la  hauteur  d'un  homme,  reliés  par 
des  taquets.  Quatre  pieux  sont  beaucoup  plus  sûrs  que  trois. 

Les  garnitures  en  tôle  remplacent  les  pieux  dans  les  localités  peu 
boisées,  mais  sans  les  valoir,  quoique  peu  coûteuses. 

Dois-je  terminer  ma  réponse  par  un  mot  encore  sur  l'avenir  du 
pommier,  et  n'en  ai-je  point  assez  dit  plus  haut? 

En  septembre  1881,  dans  un  voyage  en  Normandie,  j'admirais  par- 
tout la  charge  de  fruits  recouvrant  les  vergers.  Chez  un  de  mes  amis, 
M.  Emile  Lafosse,  maire  de  Saint-Samson-de- Bon-Fossé  (Manche),  un 
verger  de  30  à  35  ares,  planté  de  trente-cinq  arbres,  a  dû  fournir  350 
à  400  hectolitres  de  pommes,  au  prix  de  quatre  francs  au  moins. 
Cela  constitue  un  produit  de  1,400  francs.  Supposant  un  rendement 
biennal,  selon  la  production  normale  observée,  le  revenu  moyen  du  ver- 
ger se  traduit  par  la  somme  annuelle  de  700  fr.  Je  ne  compte  pas  ici 
l'herbe  récoltée  ;  je  la  laisse  en  surcroît  de  profit. 

Ce  verger  n'est  pas  seul,  mais  réunissant  de  moitié  ce  résultat  men- 
tionné, on  trouve  encore  350  francs  de  revenu  annuel  pour  trente-cinq 
arbres  sur  moins  de  35  ares,  soit  10  francs  par  are  et  par  arbre. 

Il  n'est  pas  difficile  de  prévoir  l'avenir  du  pommier  quand  de  sem- 
blables résultats  sont  vus  partout  le  monde.  La  seule  chose  nécessaire, 
c'est  de  bien  dégager  ces  résultats  et  de  bien  y  porter  l'attention  pu- 
blique. 

La  Normandie  est  préparée  à  l'accroissement  de  ses  plantations.  Je 
viens  encore  d'y  passer  trois  semaines,  et  j'ai  vu  comment  le  pommier 
y  gagne  d'espace. 

La  Bretagne,  qui  a  plus  à  faire,  qui  a  commencé  plus  tard,  se 
monlre  poussée  par  la  même  clairvoyance.  Je  vous  ai  donné  plus  haut 
le  rendement  de  ses  vergers. 

Vous  me  dites  que  vous  voyez  avec  regret  les  cidres  de  Bretagne  se 
vendre  moins  cher  sur  la  place  de  Paris  que  les  cidres  d'Alençon  : 
1 6  à  1 8  francs,  au  lieu  de  24  à  25. 

Cela  tient  d'abord  au  grand  nombre  de  pommes  acides  de  nos  ver- 
gers. Cela  dépend  ensuite  de  la  fabrication.  Enfin,  cela  vient  aussi  de 
la  conservation  en  fûts  trop  petits,  de  2  hectolitres  à  6  hectolitres. 

Les  nouvelles  plantations  corrigeront  la  qualité  des  fruits,  en  pro- 
scrivant les  pommes  acides.  Les  jeunes  cultivateurs  amélioreront  la 
fabrication  du  cidre,  par  Tétude  de  cette  fabrication  dans  les  ouvrages 
spéciaux.  La  conservation  deviendra  meilleure  à  son  tour  par  un 
changement  progressif  du  matériel  de  nos  celliers,  en  se  procurant  de 
plus  grands  fûts. 

Laissons  encore  un  peu  agir  le  temps.  La  République  nous  donne 
les  écoles.  Attendons  les  résultats,  en  demandant  seulement  à  ceux 
qui  ont  achevé  leurs  études  par  l'école,  le  livre  et  la  pratique,  de 
contribuer  à  ce  résultat  par  leurs  exemples  et  leurs  conseils. 

Pierre  Méheust. 


222  CONSEILS  AUX  JEUNES  ELEVEURS. 


SIMPLES  CONSEILS  PRATIQUES  AUX  JEUNES  ELEVEURS 

Je  ne  suis  point  professeur,  et  ce  ne  sont  pas  des  leçons  que  je  veux 
donner  dans  cette  petite  série  d'articles  ;  ce  sont  tout  simplement 
quelques  faits  observés  dans  ma  longue  carrière  d'éleveur,  dont  je  tiens 
à  faire  profiter  ceux  qui  viendront  après  moi  et  que  je  crois  utile 
d'enregistrer  avant  de  quitter  ce  monde  pour  l'éternité.  Je  n'ai  formé 
aucun  plan,  je  ne  suivrai  aucune  méthode;  ce  sera  une  causerie  à 
bâtons  rompus,  tantôt  sur  un  sujet,  tantôt  sur  un  autre;  tantôt  sur  un 
principe,  tantôt  sur  son  application  pratique;  tantôt  sur  une  espèce, 
tantôt  sur  une  autre,  mais  en  me  renfermant  toujours  et  exclusivement 
dans  la  pratique,  ses  petits  secrets,  ses  moyens  et  ses  observations. 
Voilà  ma  préface,  elle  est  encore  trop  longue,  mais  pour,  qu'on  ne  se 
méprenne  pas  sur  mon  but,  je  ne  puis  guère  être  plus  bref. 

Nécessairement  je  parlerai  surtout  de  la  race  durham.  Je  ne  connais 
que  celle-là  et  ne  veux  pas  en  connaître  d'autres.  Je  suis  trop  vieux 
maintenant  pour  m'occuper  des  autres  races,  lesquelles  sont  toutes 
inférieures,  et  de  beaucoup,  à  celle  qui  est  devenue,  du  consentement 
unanime  des  agriculteurs  sérieux  et  intelligent,  la  seule  qui  vaille 
la  peine  d'être  cultivée,  soit  pour  elle-même  dans  toute  sa  pureté, 
soit  comme  élément  essentiellement  améliorateur  par  le  croisement. 

On  a  beau  regimber,  on  a  beau  faire  vibrer  la  corde  chauvine  d'un 
patriotisme  frelaté  et  poussif,  la  race  durham  est  incontestablement  la 
meilleure  qui  existe  au  monde,  c'est  la  reine  de  toutes  les  races  bovines, 
celle  dont  on  recherche  toujours  les  éléments  reproducteurs  dans  le 
monde  entier,  soit  pour  régénérer  les  vieilles  races  locales,  soit  pour  les 
remplacer  absolument.  C'est  la  race  de  l'avenir,  la  seule  dont  la  cul- 
ture peut  donner  des  bénéfices.  C'est  celle  qui  réunit,  à  un  degré 
incomparable,  toutesles  qualités  que  comporte  l'espèce  bovine.  C'est  elle 
qui  donne  les  rendements  les  plus  abondants  en  lait  et  en  viande,  et 
celle  qui,  au  point  de  vue  esthétique,  offre  la  symétrie  la  plus  pure  et 
la  plus  parfaite,  l'équilibre  le  plus  complet,  le  développement  des 
formes  le  plus  harmonieux  et  l'ensemble  le  plus  agréable  au  regard. 
C'est  cette  race  qui,  pour  la  précocité,  la  qualité  moelleuse  de  sa  chair 
et  de  son  toucher,  s'adapte  avec  le  plus  de  facilité,  soit  à  la  sécrétion 
laitière  pour  l'herbager,  soit  à  la  production  prompte,  facile  et  peu 
dispendieuse  de  la  viande,  c'est-à-dire  du  muscle  et  de  la  graisse  pour 
l'engraisseur.  Il  ne  s'agit  point  ici  d'un  parti  pris,  d'un  enthousiasme 
exclusif,  il  s'agit  encore  moins  de  l'engouement  irréfléchi  d'un  ama- 
teur aveugle  et  maniaque,  il  ne  s'agit  point  d'un  défi  jeté  par  esprit  de 
contradiction,  aux  adhérents  des  autres  races,  il  s'agit  d'une  conviction 
profonde  basée  sur  de  longues  études  comparatives,  et  sur  une  pratique 
de  plus  d'un  demi-siècle.  Ma  sincérité  n'est  donc  pas  douteuse,  et  je 
n'ai  jamais  eu  d'autre  ambition  que  celle  de  convertir  à  cette  convic- 
tion, le  plus  grand  nombre  d'éleveurs  possible,  et  d'étendre  de  plus 
en  plus  la  sphère  d'élevage  de  la  race  durham,  non  seulement  en 
France  mais  dans  le  monde  entier. 

Le  succès  a,  daps  ces  dernières  années,  donné  un  grand  élan  à  ma 
propagande.  Mon  zèle  pour  cette  puissante  cause  de  progrès  s'est 
rajeuni,  et,  au  moment  où  j'allais  songer  à  la  retraite,  laissant  la  car-, 
rière  à  des  hommes  plus  jeunes  et  plus  robustes,  sinon  plus  zélés  et 


CONSEILS  AUX  JEUNES  ÉLEVEURS.  223 

plus  convaincus,  les  attaques  de  mes  adversaires  d'un  côté,  et  de 
l'autre,  le  succès  de  plus  en  plus  accentué  qui  récompense  et  encou- 
rage mes  efforts,  m'ont  relancé  dans  la  vie  active  du  propagateur,  et 
j'irai  ainsi  jusqu'à  ce  que  la  mort  vienne  y  mettre  un  terme  absolu. 
Mais,  mon  œuvre  me  survivra,  mon  nom  pourra  même  disparaître 
dans  l'oubli,  mais  le  triomphe  final  de  la  race  durham  en  Franco  n'en 
sera  pas  moins  assuré,  ni  moms  fermement  établi.  D'ailleurs,  les 
laits  sont  bien  autrement  éloquents  que  mes  faibles  paroles.  Leur  logique 
est,  en  faveur  de  ma  thèse,  d'une  force  irrésistible.  Voyez  ce  qui  se 
passe  dans  l'univers  entier.  Voyez  ces  chargements  de  reproducteurs 
Durhams  qui,  chaque  jour,  pour  ainsi  dire,  partent  de  Liverpool,  de 
Birkenhead,  de  Glascov^,  de  Southarapton  et  de  Londres,  à  destination 
de  toutes  les  parties  du  monde  et  des  climats  les  plus  les  plus  divers*. 

Est-ce  là  une  simple  fantaisie  de  vogue  ?  iNon,  car  voilà  bien  des  années 
déjà  que  ces  expéditions  se  suivent  sans  interruption,  et  comme  elles 
exigent  de  grands  sacrifices  d'argent,  on  ne  peut  éviter  de  conclure 
que  l'expérience  est  faite,  et  que  le  succès  de  ces  importations  est  si 
éclatant,  que,  malgré  la  dépense  énorme  qu'elles  occasionnent,  on  sent 
partout  la  nécessité  et  l'opportunité  de  les  continuer,  car  elles  assurent 
à  ces  lointains  pays,  des  éléments  de  progrès  et  de  richesse,  qui  com- 
pensent, et  bien  au  delà,  les  sacrifices  que  l'on  s'impose.  Mais  sans 
aller  si  loin,  jetons  les  regards  autour  de  nous,  dans  nos  concours, 
dans  nos  etables  même.  N'entendons-nous  pas  dire,  quand  on  aperçoit 
un  animal  montrant  des  qualités  qui  n'appartiennent  point  à  sa  race 
primitive  :  ce  n'est  pas  étonnant,  il  a  du  sang  durham?  Est-ce  que 
dans  nos  expositions,  les  plus  beaux  animaux  ne  sont  pas,  soit  pur 
sang  Durham,  soit  croisés  Durhams?  Je  l'ai  maintes  fois  constaté,  dans 
les  concours  d  animaux  gras  du  palais  de  l'industrie,  n'est-ce  pas 
l'élément  durham  qui  invariablement  rehausse  l'éclat  des  expositions 
et  par  le  nombre  et  par  la  qualité?  Il  faut  être  volontairement  aveugle 
pour  ne  pas  voir  tout  cela. 

Maintenant  ramenons  cette  énonciation  d'un  principe  basé  sur  des 
faits  aussi  patents,  aussi  clairs,  aussi  incontestables,  à  la  pratique 
agricole  et  voyons  l'application  qu'il  faut  en  faire,  sous  peine  de  rester 
en  arrière,  dans  la  routine,  c'est-à-dire  dans  l'impuissance. 

Ce  qui  suit  est  le  résumé  succinct  d'une  correspondance  que  je  sou- 
tiens depuis  longtemps  déjà  avec  des  agriculteurs  jeunes  et  vieux  qui 
me  font  Ihonneur  de  m'écrire  de  tous  les  points  de  la  France  et  de 
l'étranger.  «  Je  lis  avec  attention  et  intérêt,  me  disent-ils,  les  articles 
que  vous  publiez  dans  le  Journal  de  f agriculture,  sur  la  race  durham; 
je  suis  enfin  convaincu  que  vous  avez  raison,  mais  cela  coûte  si  cher, 
que  nous  autres  pauvres  cultivateurs  n'avons  guère  le  moyen  d'acheter 
des  Durhams,  etc.,  etc.  m  C'est  toujours  la  même  histoire.  On  est 
convaincu,  mais  la  question  d'argent  se  met  en  travers  et  on  ne  se 
décide  point.  Voici  ce  que  je  réponds  :  Vous  avez  un  troupeau  de 
vaches,  il  vous  en  faut  en  agriculture,  car,  la  production  du  fumier  est 
une  condition  sine  qua  non  de  la  culture  lucrative  du  sol.  Il  y  a  des  gens 
qui  croient  possible  de  se  passer  de  fumier,  pour  n'employer  que  des 

1.  Au  moment  où  j'écris  ces  lignes,  un  bateau  à  vapeur  ciiinois  le  Kian(i-Yu  embarque  à 
Greenoclc  pour  la  Chine,  un  cbargement  de  50  reproducteurs  do  la  race  durham.  N'est-il  pas 
étrange  que  ces  imporlaleurs  ne  sont  pas  vonus  en  France  nous  demander,  de  préférence,  un 
chargement  de  noire  race  d'Aquitaine,  mais,  n'est-il  pas  plutôt  proliable  que  ces  bons  chinois 
partagent  mon  ignorance,  au  sujet  de  cette  fameuse  race  dont  l'existence  est  pour  moi  un  mythe' 
absolu. 


224  CONSEILS  AUX  JEUNES  ÉLEVEURS. 

engrais  artificiels  ;  j'en  connais  même  qui  ont  vendu  toutes  leurs  bêtes 
à  cornes  sous  prétexte  que  c'étaient  des  machines  à  faire  du  fjmier, 
trop  dispendieuses,  et  que  l'engrais,  ainsi  produit,  était  trop  cher,  etc. 
Je  reviendrai  sur  cette  question  plus  tard.  A  ces  gens-là  je  crie  qu'ils 
se  trompent,  que  la  culture  sans  fumier  avec  l'aide  exclusif  des  engrais 
artificiels,  est  peut-être  possible  dans  des  terres  fortes  et  profon  les  et 
naturellement  très  fertiles,  à  condition,  comme  à  Loïs-Weedon,  qu'elles 
soient  profondément  cultivées  et  soigneusement  jachérées,  mais  que  la 
généralité  des  terres  ne  comporte  point  cette  condition.  Il  faut  donc 
du  bétail  non  seulement  pour  produire  du  fumier  mais  surtout  pour 
produire  du  lait,  du  beurre  et  du  fromage,  puis  finalement  et  fatalement 
de  la  viande.  Seulement,  il  s'agit  de  bien  choisir  la  race  la  mieux 
appropriée  à  ces  productions,  car  avec  une  race  ingrate,  dure,  lente  à 
se  développer,  peu  ou  point  laitière,  grossière  de  membres,  coriace  de 
peau,  dont  la  charpente  osseuse  n'est  point  recouverte  de  muscles, 
ayant  peu  ou  point  d'aptitude  à  l'engraissement,  que  la  moindre 
sécrétion  laitière,  même  la  moins  abondante,  fait  maigrir  à  un  degré 
anormal,  avec  des  hanches  et  des  reins  étroits,  des  épaules  saillantes, 
des  côtes  plates,  une  échine  décharnée,  des  cuisses  maigres  et  fuyantes, 
une  attache  de  queue  fixée  au  milieu  du  dos,  un  cou  dégagé, 
maigre  et  plat,  une  tête  allongée,  un  cornage  menaçant  le  ciel  et 
des  pattes  longues  et  grossières,  une  poitrine  étriquée,  un  flanc 
retroussé,  etc.,  etc.;  et  qui  ne  reconnaît  dans  ce  portrait  le  misérable 
bétail  que  nous  voyons  presque  partout  dans  nos  campagnes?  avec 
tout  cela,  dis-je,  un  troupeau,  ainsi  caractérisé,  ne  peut  être  qu'un  far- 
deau ruineux  pour  un  agriculteur  Mais,  si  malgré  ces  défecluosiiés 
flagrantes,  au  lieu  du  taureau  de  même  acabit,  qui  sert  à  féconder  ces 
tristes  épaves ,  on  se  décidait  à  faire  l'acquisition  d'un  taureau 
durham  très  pur  de  sang,  avec  une  généalogie  inscrite  au  Herd-book, 
comme  garantie,  d'une  lignée  suffisamment  établie,  et  provenant  d'une 
famille  laitière,  la  baguette  d'un  magicien  n'est  pas  plus  puissante  que 
l'emploi  de  ce  taureau  durham  dans  ce  troupeau,  à  opérer  une  ti*ans- 
•  formation  radicale,  qui  se  manifestera  dès  les  premiers  produits,  par 
les  qualités  contraires  aux  défauts  que  je  viens  d'énumérer. 

Il  ne  s'agit  donc  pas.  tout  d'abord,  pour  utiliser  l'aliment  améliora- 
teur  durham,  de  dépenser  de  grosses  sommes  pour  acquérir  un  trou- 
peau d'élite,  et  se  mettre  à  fabriquer  des  taureaux  purs,  car  j'admets' 
que  cela  coûte  cher,  mais  tout  simplement  de  faire  l'acquisition  d'un 
jeune  taureau  durham,  bien  choisi,  laquelle  n'entraînera  qu'un  sacri- 
fice de  tout  au  plus  un  millier  de  francs.  Certes  ce  sacrifice  n'est  pas 
exhorbitanten  comparaison  du  prix  des  taureaux  normands;  flamands, 
solognots,  auvergnats,  etc.,  etc.,  dont  on  ne  craint  pas  de  se  servir  dans 
les  campagnes.  Ces  taureaux  se  paient  souvent  aussi  cher  qu'un  taureau 
durham.  Dans  tous  les  cas  la  différence  du  prix,  quand  on  la  rapproche 
des  résultats,  est  plus  qu'insignifiante,  et  je  n'hésite  jamais  à  conseiller 
à  mes  correspondants,  de  se  mettre  enroule  pour  venir  voir  mon  Irou- 
peau.  C'est  un  petit  voyage  facile  et  peu  coûteux  qui  ne  demande  ni 
beaucoup  de  temps,  ni  beaucoup  d'arçrent,  et  que  ceux  qui  se  décident 
à  suivre  mon  conseil,  se  félicitent  toujours  d'avoir  accompli.  Si  je  n'ai 
pas  les  animaux  qui  leur  conviennent,  ce  qui  arrive  souvent,  car  la 
demande  de  taureaux  excède  de  beaucoup  ma  production,  je  puis  tou- 
jours, au  moins  faire  voir  à  mes  visiteurs  des  types  convenables,  et  à 


'  CONSEILS  AUX  JEUNES  ÉLEVEURS.  225 

la  première  occasion,   il  m'est  facile  de  leur  trouver  en  Angleterre, 
à  des  prix  très  modérés,  les  reproducteurs  ([ui  leur  conviennent. 

Mon  conseil  aux  jeunes  éleveurs  est  donc  de  se  procurer.,  avant  tout, 
un  bon  taureau  durhani.  Mais  il  importe  de  le  bien  choisir  et  pour  cela 
il  faut  non  seulement  examiner  ses  formes  extérieures,  sa  symétrie, 
l'équilibre  de  ses  lignes,  la  qualité  de  sa  peau  et  l'élasticité  de  ses. 
muscles;  il  faut  surtout  étudier  son  pedigree,  et  c'est  sur  ce  point 
que  je  vais  offrir  maintenant  quelques  considérations  pratiques  qui 
permettront,  même  à  ceux  qui  sont  le  moins  initiés  à  la  science  héral- 
dique du  lIerd-book,de  pouvoir  apprécier  d'un  coup  d'œil,  la  valeur 
des  généalogies. 

Les  généalogies  des  Durhams  modernes  se  décomposent  en  deux  par- 
ties distinctes  ;  celle,  la  plus  ancienne,  qui  comprend  les  ancêtres  de 
la  race,  à  partir  de  leur  enregistrement  historique,  lesquels  sont  com- 
muns à  toutes  les  familles  pures,  puisque  ce  sont  avec  ces  anciens 
reproducteurs  que  les  grands  éleveurs  de  la  fin  du  siècle  dernier  et  du 
commencement  du  présent,  ont  pu  former,  en  race  distincte,  par  les 
soins  rigoureux  d'une  sélection  judicieuse,  sous  le  nom  de  race  courtes- 
cornes^  les  éléments  de  la  race  de  ïeeswater  ou  de  Holderness,  lesquels 
étaient  épars  et  disséminés  dans  le  nord  de  l'Angleterre  et  surtout  sur 
des  bords  de  la  rivière  Tees,  aux  environs  de  Darlington,  et  dans  la 
partie  centrale  des  deux  divisions  du  comté  d'York.  La  seconde  partie 
des  généalogies  comprend  les  taureaux  des  familles  distinctes  créées  par 
les  grands  éleveurs,  tels  que  les  Booth  et  Bâtes.  Ces  deux  éleveurs 
éminents  ont  pu,  dès  le  commencement  du  siècle  actuel,  combiner  les 
éléments  que  leur  avaient  fournis  les  frères  Colling,  Mason,  Major 
Bower,  Stephenson,  Whitaker,  Jolly,  Hunter,  Whelherell,  Waistell, 
Penny man,  Hutchinson,  Marlerman,  Major  Rudd,  Coates,  Champion, 
lord  Spencer,  sir  Charles  Kinghtley,  Jobling,  sir  H.-V.  Tempest,  etc. 
Voilà  les  principaux  éleveurs  qui  ont  fourni  les  premiers  éléments  de 
la  race  améliorée,  et  la  plus  ancienne  partie  de  toutes  les  généalogies 
remonte  aux  troupeaux  de  ces  premiers  fondateurs  de  -la  race  amé- 
liorée de  Teeswater^  maintenant  la  race  courtes  cornes,  ainsi  nommée 
pour  la  distinguer  de  la  race  longues  cornes,  dont  Bakeweil  avait  entre- 
pris 1  ingrate  amélioration,  à  peu  près  à  la  même  époque. 

A  côté  de  ces  généalogies  qui  remontent  directement  à.  une  origine 
tracée  "et  inscrite  dans  les  premiers  volumes  du  Herd-book,  il  y  en  a 
d'autres,  dont  les  ancêtres  inscrits  ont  une  date  plus  récente,  mais  dont 
la  pureté  de  sang  n'est  pas  moins  authentique.  A  l'époque  où  le  pre- 
mier volume  du  flerd-book  fut  publié  en  1822,  il  s'en  fallut  de  beau- 
coup que  les  noms  de  tous  les  reproducteurs  de  la  race  durham  fussent 
envoyés  au  rédacteur,  M.  Coates,  pour  être  inscrits  dans  son  registre. 
Un  grand  nombre  d'éleveurs  ne  furent  pas  tout  d'abord  convaincus  de 
l'utilité  d'un  semblable  recueil,  et  ce  n'est  que  plus  taid,  à  partir  du 
sixième  volume,  que  l'inscription  enfin  reconnue  comme  indispensable 
à  Tauthenticilé  de  la  pureté  de  sang  chez  les  reproducteurs  de  la  race 
durham  devint  plus  générale.  C'est  ce  qui  explique  les  généalogies 
relativement  courtes  de  certains  animau:^  dont  l'inscription  fut  plus 
tardive,  mais  dont  le  sang  n'est  pas  moins  pur  ni  moins  distingué. 
Pour  ces  généalogies  c'est  le  nom  de  l'éleveur  des  premières  généra- 
tions qui  devient  la  garantie  de  leur  pureté  de  sang.  D'un  autre  côté 
les  directeurs  du  Herd-book  n'ont  jamais  exigé  plus  de  quatre  généra- 


226  CONSEILS  AUX  JEUNES  ELEVEURS. 

tions  d'ascendants  inscrits,  pour  l'admission  à  l'inscription.  L'assi- 
milation absolue  des  produits  aux  traits  caractéristiques  de  la  race, 
étant  une  preuve  que  les  premiers  facteurs,  sans  être  inscrits,  possé- 
daient une  dose  suffisante  de  sang  pur,  pour  être  reconnus  comme  appar- 
tenant à  la  race.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  bon  de  ne  pas  trop  se  fier  à 
ces  courtes  généa]oii;ies,  et  même,  à  mérite  individuel  inférieur,  préférer 
des  animaux  dont  l'origine  remonte  d'une  manière  authentique  à  une 
longue  lignée  d'ascendants  appartenant  à  une  même  famille,  car  là  est 
la  plus  sûre  garantie  d'une  transmission  infaillible  et  continue,  des 
qualités  qui  distinguent  cette  famille,  et  qui  l'ont  fixée  dans  l'estime 
des  éleveurs,  en  lui  donnant  une  renommée  spéciale  et  reconnue. 

Dans  les  derniers  temps,  la  coutume  s'est  établie  d'indiquer  dans 
les  catalogues  privés  le  nom  des  éleveurs  de  chaque  ascendant,  et  c'est 
une  excellente  innovation,  car  le  mérite  de  l'éleveur  s'attache  à  l'ani- 
mal et  contribue  dans  une  large  mesure,  à  lui  douner  de  la  valeur. 
Ainsi  quand  on  voit  qu'un  animai  a  été  élevé  par  tel  ou  tel  éleveur,  par 
exemple  Robert  et  Charles  CoUing,  Bâtes,  les  frères  Boolh,  Mason,  lord. 
Spencer  dans  les  anciens  temps,  et  dans  les  temps  modernes,  Jonas 
Webb,  lord  Bective,  lord  Donmore,  le  duc  de  Devonshire,  le  colonel 
Kingscote,  les  frères  Slratton,  lord  Fitzhardinge,  Hugh  Aylmer,  Leney, 
Kennard,  lord  Penrhyn,  Georges  Fox,  Ashburner^  Fawkes,  le  colonel 
Towneleg,  Eas  wood,  sir  Charles  Tempest,  lord  Ducie,  Ambler,  lord 
Feversliam,  Loder,  sir  Henry  Alsopp  et  plusieurs  autres  également 
illustres,  on  peut  conclure  que  la  généalogie  est  d'une  pureté  incon- 
testable. Mais  dans  les  anciens  cataloo;ues  et  dans  le  Herd-book  lui- 
même,  le  nom  des  éleveurs  n'est  pas  cité,  et  il  faut  pour  les  connaître 
avoir  recours  au  Herd-book  lui  même,  ce  qui  n'est  point  pratique, 
car  cet  ouvrage  qui  ne  compte  pas  moins  de  29  volumes,  n'existe  en 
France,  surtout,  que  chez  quelques  éleveurs  et  est  par  conséquent  dif- 
ficile d'accès  et  de  plus  très  dispendieux. 

Pour  guider  les  recherches  de  ceux  qui  ne  possèdent  pas  ces 
volumes,  je*  vais  citer  quelques  taureaux  dont  les  noms,  figurant 
à  l'origine  des  généalogies,  sont  une  garantie,  non  seulement  de  pureté 
de  sang,  mais  de  grande  distinction.  Je  citerai  ensuite  les  généalogies 
des  familles  les  plus  laitières,  de  manière  à  guider,  autant  que  possible, 
le  choix  des  jeunes  éleveurs.  Ceci  fait,  je  traiterai  de  la  seconde  par- 
tie des  généalogies,  c'est-à-dire  celle  qui  comprend  les  ascendants 
modernes. 

[La  suite  prochainement).  F.-R.  de  la.  Tréhoninais. 

SCARIFICATEUR-CULTIVATEUR  DURAND 

On  a  beaucoup  remarqué,  dans  les  dernières  expositions  d'instru- 
ments agricoles,  le  scarificateur-cultivateur  dû  à  lAI.  Durand,  construc- 
teur à  Montereau  (Seine-et-Marne).  Cet  instrument  est  représenté  par 
la  fig.  17.  11  est  tout  en  fer,  soigneusement  construit  et  parfaitement 
adapté  pour  les  labours  de  déchaumage,  les  labours  superficiels  dans 
toutes  les  natures  de  terres,  fortes  ou  légères. 

L'avant-train  est  constitué  pur  deux  petites  roues  dont  l'essieu  porte 
une  tige  verticale  dans  laquelle  glisse  un  anneau  auquel  est  relié  le 
crochet  d'attelage,  et  auquel  est  fixée  la  partie  antérieure  du  bâti,  de 
telle  sorte  qu'en  le  faisant  monter  ou  descendre,   on  règle  sans  diffi- 


CULTIVATEUR-SCARIFICATEUR  DE  M.    DURAND. 


227 


culte  la  profondeur  du  labour.  Le  bâti,  qui  affecte  la  forme  triangu- 
laire, porte  sept  lames  ou  couteaux:  dont  l'action  est  indépendante,  et 
donl  la  pointe  recourbée  en  avant  forme  une  dent  qui  brise  facilement 
la  couche  superficielle  du  sol. 

A  la  partie  postérieure,  deux  roues  d'un  plus  grand  diamètre  sup- 
portent le  bâli.  A  chaque  roue  est  relié  un  levier  agissant  sur  un 
arc  denté  pour  faire  descendre  ou  relever  les  dents  latérales.  Au  milieu 
un  troisième  levier  permet  de  relever  ou  d'abaisser  les  dents  de  la 


Fig.  17.  —  Scarificateur-cultivateur  de  M.  Durand. 

partie  centrale.  Il  est  donc  possible  de  faire  un  travail  régulier,  quelles 
que  soient  les  inégalités  que  présente  le  terrain  sur  lequel  on  opère, 
et  qu'il  s'agisse  de  planches  ou  de  billons.  L.  de  Sardriag. 


CONCOURS  REaiONAL  DE  SIDI-BEL-ABBES  EN  1883.  -II 

m.  Animaux  reproducteurs.  —Le  tableau  suivant  des  animaux  présentés  aux 
divers  concours  régionaux  de  l'Algérie  donnera  une  idée  exacte  de  l'importance 
numérique  de  chacun  d'eux  et  permettra  au  lecteur  d'établir  du  môme  coup  une 
première  comparaison. 

Siège  Espèce       Espèce      Espèce  Oiseaux  de    Au-      Espèce    Animaux 

du  concours.  bovine.       ovine,      porcine,    basse-coar,  truches.  cameline.     gras. 

lots.  lots.  lots.  lots. 

Bône,  1879 84             38             6-  43 

Oran,  1880 68             19             4  10  45 

Alger,  1881 60              42  15  44  6            8            12 

Constanline,  1SS2 l.')0             58  24  37  2            35 

Bel-Abi)ès,  1883 90            102  22  69  31 

Pour  bien  comparer  entre  eux  les  chiffres  qui  précèdent,  il  est  nécessaire  de  se 
rappeler  que  les  bandes  d'animaux  gras  de  l'espèce  bovine  ont  été  admis  à  partir 
de  l'année  1881,  et  de  savoir  que  dans  la  seule  contrée  de  Bel-Abbès,  quarante 
magnifiques  vaches  exotiques,  suisses,  espagnoles,  du  Jura,  ont  été  éhminées,  le 
programme  ministériel  n'admettant  dans  la  catégorie  des  bêtes  de  travail  et  des 
races  laitières  que  les  génisses  de  deux  ans  au  plus. 

Si  l'on  tient  compte  de  ce  tait  que  la  génisse  ne  peut  donner  que  des  probabilités 


228  CONCOURS  RÉGIONAL   DE   SIDI-BEL-ABBÈS. 

de  bonne  laitière,  et  que  la  certitude  ne  saurait  être  acquise  que  d'après  le  produit 
obtenu  de  la  bête  adulte,  et  si  l'on  se  souvient  que  les  vacnes  indigènes  sont  en 
même  temps  admises  sans  limite  d'âge,  on  reconnaîtra  qu'il  exisle  dans  le  pro- 
gramme une  lacune  regrettable,  qu'il  faut  faire  disparaître  à  l'avenir,  et  qui  cette 
année  a  enlevé  à  notre  concours  un  appoint  sérieux. 

Sans  tirer  une  conséquence  exagérée  de  l'examen  des  chiffres  qui  précèdent,  on 
peut  néanmoins  avancer  sans  crainte  de  se  tromper  que  Bel-Abbès  a  tenu  digne- 
ment sa  place  dans  la  série  de  ces  luttes  pacifiques. 

Signalons  aussi  en  passant  la  difficulté  qui  naît  de  la  centralisation  à  Paris  des 
déclarations  des  exposants,  procédé  contre  lequel  ne  cessent  de  réclamer  les  inté- 
ressés. Les  demandes  d'admission  pour  les  différentes  espèces  d'animaux  repro- 
ducteurs sont  en  général  assez  difficiles  à  établir  soit  à  cause  des  nombreux  rensei- 
gnements qu'il  faut  fournir,  soit  aussi  parce  que  cette  division  du  programme  est 
celle  qui  renferme  le  plus  do  catégories  avec  des  conditions  souvent  très  opposées 
d'une  section  à  l'autre;  nous  venons  d'en  voir  un  exemple  important. 

Si  les  déclarations  étaient  simplement  adressées  aux  préfectures  de  l'Algérie, 
elles  y  seraient  examinées  avec  soin,  dès  leur  envoi,  par  le  chef  de  bureau  qui 
pourrait  signaler  les  irrégularités  assez  à  temps  pour  y  porter  remède.  Tandis  que 
ces  pièces  sont  envoyées  de  Paris  à  la  Préfecture  quelques  jours  avant  l'ouverture 
du  concours  pour  l'impression  du  catalogue,  et  il  n'est  plus  permis  à  ce  moment 
que  d'éliminer  toute  déclaration  qui  n'est  pas  conforme  au  programme. 

Plusieurs  demandes  d'admission  sont  ainsi  rejetées  alors  qu'on  aurait  pu  les 
faire  rectifier  en  temps  opportun,  et  dans  tous  les  cas  cela  produit  un  très  mauvais 
effet  auprès  de  certaines  personnes  qui,  au  dernier  moment,  ne  se  rendant  pas  bien 
compte  du  motif  de  leur  exclusion,  sont  tentées  du  même  coup  de  ne  plus  rien 
présenter  au  concours.  Nous  avons  eu  de  nombreux  exemples  de  ce  fait  cette 
année,  et  il  nous  a  fallu  user  de  toute  notre  influence  pour  éviter  un  décourage- 
ment sérieux. 

L'examen  d'ensemble  du  concours  régional  d'animaux  reproducteurs  nous  montre 
encore  qu'il  y  avait  en  présence  trois  grandes  expositions  dont  nous  dirons  rruelques 
mots  avant  d'aborder  les  détails  qu'elles  comportent  :  celles  de  M.  Arles  Dufour, 
de  la  Compagnie  Franco-Algérienne,  et  de  divers  éleveurs  de  l'arrondissement  de 
Bel-Abbès  présentant  des  sujets  dérivés  en  général  de  la  race  importée  par 
M.  Poisson, 

M,  Arlès-Dufour  jouit,  comme  éleveur  et  comme  agronome,  d'une  réputation 
algérienne  des  mieux  justifiées  et  qui  vient  de  s'affirmer  de  nouveau  àana  notre 
ville  où  il  a  remporté,  dans  cette  seule  division,  5  premiers  prix,  1  second  prix  et 
1  mention  honorable.  On  peut  dire  que  cet  exposant  contribue  pour  une  grande 
part  au  succès  de  nos  concours  régionaux  de  l'Algérie,  car  nous  le  voyons  luttant 
à  Oran  contre  MM.  Galmels,  Somier,  Gayraud  et  Brunet,  à  Alger  avec 
MM.  Sainte-Marie,  Holden,  de  Bonand,  à  Gonstantine  avec  M^'  Laredan, 
MM.  Samson,  Rirnbert,  à  Bel-Abbès  contre  la  Compagnie  Franco-Algérienne  et 
MM,  Poisson  et  Marty, 

M,  Arlès-Dufour  a  fait  sur  sa  propriété,  depuis  l'année  1-868,  de  nombreux 
essais  appliqués  successivement  à  l'améhoratiun  des  vacJies  de  Gruelma,  à  leur 
croisement  avec  un  taureau  charolais,  à  l'introduction  très  coûteuse  de  l'espèce 
Durham,  essais  qui  ont  été  entrepris  en  cherchant  à  modifier  autant  que  possible 
les  conditions  de  vie  du  nouveau  milieu  où  se  sont  trouvés  les  animaux  importés, 
pour  les  identifier  à  celles  de  la  région  d'où  ils  ont  été  tirés,  «  C'est  ce  qu'a  fait 
M.  Arlès-Dufour,  nous  dit  M.  Lecq,  dans  sa  remarquable  étude  du  domaine  des 
Sources,  qui,  par  des  constructions  savamment  aménagées,  a  pu  dans  une  certaine 
mesure  soustraire  ses  animaux  importés  aux  influences  fâcheuses  du  climat,  en 
même  temps  que,  par  des  ensilages  de  maïs,  il  pourvoyait  à  la  disette  des  fourrages. 
M.  Lecq  ajoute  que  ce  système,  c'est-à-dire  l'exploitation  des  races  étrangères 
mieux  douées  au  point  de  vue  des  aptiiudes,  ne  pourrait  jamais  donner  des  résul- 
tats économiques  satisfaisants  qu'entre  les  mains  d'agriculteurs  éclairés  pouvant 
disposer  de  capitaux  considérables  et  qui  font  marcher  du  même  pas  l'amélioration 
de  leur  culture  et  celle  de  leur  bétail;  mais  que  pour  la  généralité  des  cultivateurs, 
la  méthode  la  plus  sûre  sera  toujours  l'exploitation  des  animaux  indigèues  amé- 
liorés pour  la  sélection,  car  seuls  ils  peuvent  supporter,  sans  lutte  pour  la  vie, 
les  conditions  du  milieu  où  ils  se  trouvent,  tandis  qu'ils  tireront  le  plus  grand 
profit  des  améliorations  a[)portées  dans  la  culture  et  des  modifications  favorables 
introduites  dans  leur  régime.  » 


CONCOURS  REGIONAL  DE  SIDI-BEL-ABBES.  229 

La  Compagnie  Franco-Algérienne  venue  en  Algérie  dans  le  but  de  tirer  parti 
de  certains  avantages  faits  par  l'Etat  en  échange  de  grands  travaux  publics  qui 
lui  étaient  imposés,  a  successivement  construit  un  grand  barrage  près  de  Perre- 
gaux,  un  chemin  de  fer  à  voie  étroite,  d'abord  d'Arzew  à  Saïda,  puis  à  Mecheria, 
et  a  organisé  l'exploitation  des  alfas  sur  une  vaste  partie  des  Hauts  Plateaux. 

Notre  rôle  aujourd'hui,  laissant  de  côté  l'examen  de  ces  diverses  opérations, 
consiste  simplement  à  signaler  qu'elle  est  entrée  dans  une  nouvelle  voie  depuis 
quelques  années,  en  plantant,  ?:ous  l'habile  direction  de  M.  Dejean,  plusieurs 
centaines  d'hectares  de  vignes,  en  abordant  résolument  l'élevage  du  cheval,  du 
bœuf  et  l'engraissement  des  animaux  de  boucherie. 

Quant  aux  efforts  produits  dans  l'an'ondissement  de  Bel-Abbès  et  que  nous 
;ivons  inscrits  à  l'avoir  de  M.  Poisson,  ils  remontent  à  plus  de  vingt-six  ans,  et 
s'appliquent  à  l'introduction  sur  ce  territoire  des  deux  sous-variétés,  la  femeline 
et  la  tourache,  de  la  race  comtoise,  dont  la  première  est  de  beaucoup  la  plus 
estimée.  Ces  animaux  se  sont  répandus  dans  toute  la  contrée  où  ils  donnent  de 
très  bons  résultats,  à  la  condition  de  rafraîchir  le  sang  à  certaines  époijues.  Cet 
essai  heureux  a  été  récompensé  d'une  médaille  spéciale  décernée  par  les  soins  de 
la  délégation  de  la  Société  de-!  agriculteurs  de  France. 

L'ensemble  du  concours  a  d'ailleurs  mis  une  fois  de  plus  en  lumière  quelques 
principes  généraux  que  nous  rappellerons  une  dernière  fois  dans  l'examen  que 
nous  allons  faire  des  diverses  sections. 

fia  première  et  la  deuxième  catégories,  affectées  aux  races  nord-africaines,  avaient 
quelques  beaux  spécimens,  bien  faits  pour  mettre  en  évidence  les  qualités  de 
notre  race  indigène  qui  s'assimile  facilement  touie  nourriture  pour  la  convertir 
prompteraent  en  viande  dans  les  parties  préférées  de  l'animal,  qui  peut  vivre  sur 
nos  sols  les  plus  arides  ou  proliter  des  plantes  les  plus  grossières,  dont  l'aptitude 
au  travail  est  bien  appréciée  et  qui  résiste  merveilleusement  aux  grandes  intempé- 
ries, à  l'excès  de  chaleur  ou  d'humidité,  précieux  mérites  qu'il  est  facile  d'augmen- 
ter encore  avec  quelques  soins  intelligents. 

A  côté  de  ces  exemples  on  est  frappé  de  voir  le  petit  nombre  de  concurrents 
indigènes  et  surtout  leur  insuccès,  pas  un  seul  d'entre  eux  n'ayant  été  distingué 
par  le  jury.  Cet  état  de  choses  ne  laisse  pas  que  de  donner  de  vives  inquiétudes, 
sachant  qu'il  est  provoqué  par  de  nombreuses  raisons  que  nous  avons  énumérées 
trop  souvent  pour  y  levenir,  mais  qui  montrent  bien  que  l'élevage,  qui  est  entre 
les  mains  des  indigènes,  ne  fait  que  péricliter  chaque  année  davantage. 

L'épuisement  de  nos  terres  par  une  culture  peu  raisonnée,  en  nous  mettant  dans 
l'obligation  de  chercher  les  moyens  propres  à  les  améliorer  par  d'abondantes  fu- 
mures, et  l'impossibilité  oi!i  l'on  va  se  trouver  désormais  d'alimenter  l'industrie 
européenne  qui  consiste  à  engraisser  le  bétail  tout  à  la  fois  aux  champs  et  à 
l'étable,  font  un  impérieux  devoir  à  tous  nos  colons  d'aborder  résolument  cette 
partie  importante  de  l'économie  rurale. 

Les  sujets,  présentés  sous  la  dénomination  de  race  de  Guelma,  variété  nord- 
africaine  des  plaines,  étaient  généralement  bons,  plus  forts  de  taille  que  ceux  du 
reste  de  la  colonie,  avec  la  tète  fine,  et  les  cornes  petites;  le  premier  prix,  quoique 
rie  conformation  médiocre  et  un  peu  sanglé,  reproduisait  d'une  façon  remarquable 
le  type  que  nous  venons  de  décrire. 

Les  animaux  nord-africains  des  variétés  de  montagne  étaient  tous  plus  petits, 
courts,  en  général  fauves,  le  cou  peu  développé,  la  tête  forte,  les  yeux  à  fleur  de 
tète.  A  part  quelques  beaux  spécimens,  de  bonne  coniormatioa,  bien  entretenus 
et  ayant  bien  les  caractères  des  bœufs  de  l'ouest  de  l'Algérie,  cette  collection  était 
gt^néralement  médiocre;  aussi  n'a-t-il  pas  été  permis  de  décerner  le  second  prix  des 
mâles  et  le  premier  des  femelles,  bien  que  le  nombre  des  animaux  présentés  fût 
de  25. 

Mais  à  côté  des  qualités  que  nous  reconnaissons  à  notre  race  indigène,  nous 
ne  saurions  oublier  qu'elle  est  petite  de  taille  et  mauvaise  laitière,  aussi  n'est-il 
pas  surprenant  que  l'agriculture  ait  cherché  de  tout  temps  à  obtenir  plus  vite  la 
viande  et  le  lait  nécessaires  à  la  consommation  par  l'introduction  de  diverses  races 
exotiques  et  à  l'aide  de  certains  croisements. 

Le  mélange  un  peu  incohérent  de  ces  divers  essais  qu'il  est  possible  d'examiner 
dans  nos  concours  de  l'Algérie,  n'est  p;is  encore  propre  à  montrer  la  véritable  voie 
à  suivre  sous  ce  rapport. 

La  nature  des  cultures  de  la  colonie,  la  grande  suparficie  des  propriétés  qui 
réclament  de  la  célérité  dins  les  façons,  l'étendue  de  plus  en  plus  considérable 


230  CONCOURS  RÉGIONAL  DE  SIDI-BEL-ABBÉS. 

der-  plantations  de  vignes,  ont  fait  abandonner  depuis  longtemps  déjà  le  bœuf 
comme  élémentde  travail  en  y  substituant  le  cheval  et  le  mulet  au  furet  à  mesure 
de  la  suppression  des  prairies  naturelles,  déjà  fort  rares  dès  les  débuts  de  la 
conquête. 

Dans  ces  conditions  on  s'est  tout  d'abord  appliqué  à  produire  de  la  viande, 
aliment  de  première  nécessité  réclamé  d'autant  ])lus  vivement  que  l'élément  euro- 
péen étendait  davantage  son  action  sur  le  pays.  Chacun  a  demandé  la  solution  du 
problème  à  l'introduction  des  races  qui  lui  étaient  plus  particuhèrement  connues 
ou  qui  lui  paraissaient  devoir  donner  une  production  économique,  à  peu  de  frais 
et  abondante.  C'est  ainsi  que  nous  avons  successivement  assisté  à  l'importation 
des  races  suisses  de  Fribourg,  ou  de  Schwytz,  du  durham,  du  piémontais,  de  l'es- 
pagnol et  de  nos  diverses  races  françaises  :  le  charolais,  le  breton,  le  comtois,  etc., 
suivant  les  diverses  situations  topographiques  ou  les  conditions  agronomiques 
imposées  à  chaque  expérimentateur.  Quels  que  soient  les  résultats  obtenus  de  la 
sorte,  nous  constatons  en  ce  moment  une  tendance  à  faire  de  nouveaux  essais 
motivés  par  la  nécessité  de  se  porter  du  côté  de  la  production  du  lait,  sollicitée 
par  l'accroissement  considérable  de  notre  population,  ce  qui  rendrait,  par  suite, 
cette  opération  lucrative  entre  toutes.  L'opinion  à  peu  près  générale  cette  fois, 
étant  qu'il  faut  tenter  cette  expérience  avec  la  race  tarentait^e,  nous  croyons  utile 
de  reproduire  l'appréciation  suivante  de  M.  Ad.  Bénion,  vétérinaire,  membre  cor- 
respondant de  la  Société  d'agriculture  de  France  :  <r  La  tarentaise  est  remarquable 
de  formes,  sobre,  rustique,  grande  marcheuse,  forte,  travailleuse,  excellente  pro- 
ductrice de  lait,  douce  et  facile  à  conduire  et  à  manier,  réunissant  à  un  kaut 
point  presque  toutes  les  quabtés  désirables  dans  les  pays  chauds,  aecs  et  à  agri- 
culture peu  développée.  » 

Les  vaches  de  moyenne  et  de  petite  taille  donnent,  lorsqu'elles  sont  bien  nourries, 
de  15  à  18  Ktres  de  lait,  souvent  12  ou  Ik  et  jamais  moins  de  y  à  10.  M.  Graston 
Bazille,  qui  depuis  1856  n'a  pas  manqué  une  occasion  de  la  faire  apprécier,  a 
toujours  déclaré  que  cette  race  avait  le  plus  grand  avenir  dans  le  Midi,  et  M.  Barrai, 
avec  l'autorité  qui  s'attache  à  son  nom,  a  rappelé  combieu  elle  était  appropriée  aux 
besoins  de  l'agriculture  méditerranéenne.  Voilà  bien  des  raisons  pour  que  chacun 
de  nous  essaie  ces  animaux  que  les  éleveurs  tarentais  ont  perfectionnée  par  la  con- 
sanguinité et  la  sélection  et  dont  les  agriculteurs  les  plus  distingués  du  centre- 
Est,  du  Sud  et  du  Sud-Est,  ajoute  M.  Bénion,  exaltent  le  mérite  vraiment  excep- 
tionnel, reconnaissant  la  pureté  et  l'ancienneté  de  cette  race,  la  rusticité  native 
accrue  par  le  régime  naturel  et  la  vie  au  grand  air,  la'vigueur,  la  sobriété,  l'apti- 
tude au  travail,  l'excellence  de  la  chair  et  les  qualités  laUières  isurprenantes. 

_  Les  Durham-Gruelma  de  M.  Arlès-Dufour  ont  été  très  remarqués  ;  leurs  traits 
distinctifs  étaient  une  grande  régularité,  avec  la  ligne  du  dessus  parfaitement  sou- 
tenue, les  hanches  larges,  les  cuisses  bien  descendues,  la  croupe  forte,  une  excel- 
lente conlormation,  oiïrant  bien  le  quadrilatère  du  bœuf  de  boucherie. 

Les  sujets  de  la  Compagnie  Franco-Algérienne  étaient  également  satisfaisants  ; 
le  n"  62,  indigène-tarentais,  qui  doit  être  un  des  principaux  reproducteurs  de  es 
troupeau,  se  faisait  remarquer  par  une  ligne  du  dessus  bien  soutenue,  des  hanches 
larges,  les  aplombs  et  les  membres  bien  faits,  une  tête  expressive  et  belle,  les 
oreilles  petites,  les  cornes  moyennes. 

Parmi  les  bêtes  du  pays  appartenant  à  la  race  comtoise,  dont  nous  avons  déjà 
parlé,  on  ne  saurait  omettre  de  citer  la  génisse  de  M.  Marty,  très  belle,  pure,  bien 
réussie,  très  bien  conformée  et  bien  nourrie.  Cet  éleveur  obtiendrait  certainement 
les  meilleurs  résultats,  eu  égard  aux  exigences  du  pays  sous  ie  rapport  du  climat 
et  de  la  nourriture,  en  la  livrant  à  un  beau  taureau  arabe  pur. 

Quel([ues  autres  animaux,  notamment  le  n"  81  bis^  ont  paru  médiocrement  con- 
formés, trop  gros  et  trop  forts;  ils  ne  peuvent  être  utilisés  que  pour  les  vaches  de 
la  même  race,  et  ne  pourraient  servir  au  croisement  de  la  petite  espèce  de  cette 
région. 

L'espèce  ovine  était  représentée  par  quelques  beaux  spécimens,  mais  l'ensemble 
de  cette  catégorie  ne  répond  pas,  selon  nous,  à  l'importance  de  la  production  indi- 
gène qui  est  réelle,  et  aux  résultats  cfue  l'on  peut  obtenir  en  élevant  le  mouton 
pour  la  viande  et  sa  laine. 

Les  mérinos  présentés  à  nos  expositions,  quoique  en  très  bon  état,  n'ont  pas 
encore  donné  des  résultats  tels  que  l'on  puisse  les  otlrir  en  exemples.  A  Bel-Abbès 
se  sont  particulièrement  distingués,  dans  cette  catégorie,  MM.  Antonin  Cousin, 
Pedro  Fernandez,  et  le  directeur  de  l'orphelinat  agricole  du  Sig. 


à 


CONCOURS  RÉGIONAL    DE   SIDI-BEL-ABBÈS.  231 

Mais  la  race  la  plus  importante  est  celle  dite  des  Hauts-Plateaux  et  du  Sud  à 
face  brune  et  à  face  blanche,  couleurs  qui  descendit  jusque  sous  la  gorge  et  les 
membres  ;  son  crâne  est  très  court  à  diarfiètre  transversal  ;  les  cornes  au  nombre 
de  cinq  sont  droites,  la  queue  très  longue,  la  taille  moyenne,  la  conformation  très 
belle. 

Gomme  le  bœuf  du  pays,  ce  mouton  est  ru-<tique,  supporte  les  privations,  les 
changements  de  climat,  les  longues  courses,  Son  œil  est  vif;  il  est  lui-même  très 
éveillé,  tandis  que  la  femelle  très  féconde  produit  abondamment  agneaux  et  iait. 
Sa  laine  est  cependant  très  médiocre  et  peu  estimée,  le  plus  souvent  droite,  sèche, 
dure  et  sans  suint,  ([uelquelbis  au  contraire  plus  courte  mais  roulée,  soyeuse  avec 
assez  de  suint  pour  être  travaillée. 

Ces  désavantages  sont  aggravés  par  la  mauvaise  coutume  indigène  qui  consiste 
à  enlever  la  laine  à  l'a  de  d'une  faucille,  ce  qui  fait  perdre  une  notable  partie 
de  ce  produit,  abime  la  peau  et  tortui'e  l'animal,  victime  de  ce  grossier  procédé. 

On  sait,  d'après  les  belles  expériences  publiées  par  M.  Ghauveau,  que  le  mouton 
algéiica  joint  à  ses  qualités  le  mérite  d'être  rebelle  aux  inoculations  du  virus 
charbonneux. 

L'indigène  abandonne  presque  complètement  le  mouton  aux  soins  de  la  nature, 
et  ce  n'est  qu'entre  les  mains  de  l'européen  qu'il  est  entretenu  comme  l'exige 
1  industrie  de  l'engraissement  à  laquelle  se  livre  plus  particulièrement  le  colon 
français. 

Dans  les  races  pures  et  croisements  autres  que  ceux  indiqués  ci-dessus, 
M.  Arlès-Dufour  seul  a  présenté  les  sujets  qu'il  obtient  en  croisant  les  brebis  de 
Tiarct  avec  un  bélier  de  race  anglaise  à  rendement  en  viande  considérable,  le 
shropshire,  et  en  soumettant  les  agneaux  ainsi  obtenus  à  un  régime  de  stabulation 
mixte,  grâce  auquel  le  poids  net  du  mouton  à  onze  mois  est  porté  à  25  kilog,, 
tandis  que  celui  de  l'agneau  indigène  n'est  que  de  15  kilog. 

L'espèce  porcine  est  exclusivement  élevée  par  les  Européens  qui  en  détiennent 
deux  races  bien  distinctes;  la  première,  à  longues  jamljes,  corps  assez  étendu, 
pelage  noir  et  soies  longues,  est  la  plus  répandue  et  s'accommode  le  mieux  de  nos 
pâturages  ordinaires;  l'autre,  plus  ramassée,  à  jambes  courtes,  aux  oreilles  droites, 
au  pelage  blanc,  s'engraisse  très  rapidement,  mais  exige  une  alimentation  spéciale 
à  la  porcherie  et  des  soins  plus  indispensables. 

Ont  été  particulièrement  remarqués,  parmi  les  races  étrangères,  deux  beaux 
yorkshire  à  M  d'Aurelle  de  Paladines,  et,  parmi  les  races  françaises,  deux  magni- 
fiques sujets  de  la  Bresse  appartenant  à  M.  Poisson, 

Les  nombreux  lots  d'oiseaux  de  basse-cour  étaient  des  plus  variés,  puisque  l'on 
y  trouvait  des  poules  de  la  Bresse,  Brahma-Poutra,  indigènes,  espagnoles, 
anglaises  croisées,  japonaises,  italiennes,  cochinchinoises,  des  dindes,  oies,  ca- 
nards, pintades,  des  pigeons  de  diverses  espèces,  des  paons  et  à  côté  d'eux  quel- 
ques couples  de  lapins  ordinaires,  d'angoras  et  de  léporides.       , 

Les  récompenses  accordées  ont  surtout  mis  en  évidence  le  lot  de  poules  Brahma- 
Poutra,  les  poules  indigènes  très  bonnes  couveuses,  et  les  poules  espagnoles  excel- 
lentes sous  tous  les  rapports. 

Aucun  animal  n'a  été  présenté  dans  l'espèce  camebne  ni  dans  la  section  des 
autruches,  et  l'on  sait  cependant  les  bons  résultats  obtenus  par  M.  Gréput  dans 
l'établissement  important  qu'il  a  créé  à  Minerghin,  près  d'Oran,  où  l'élevage  de 
ces  dernières,  parfaitement  entendu,  lui  procure  de  beaux  bénétices  annuels. 

Nous  attachons  ici  un  intérêt  tel  aux  concours  d'animaux  gras  que  le  Gomice  de 
Bel-Abbès  récompense  cSaque  année  ceux  qui  se  distinguent  dans  ce  genre  d'in- 
dustrie d'une  si  grande  importance  pour  l'alimentation  publique. 

Aussi  applaudirons-nous  vivement  aux  succès  de  la  Gompagnie  Franco-Algé- 
rienne qui  dans  cette  seule  division  a  remporté  7  récompenses  dont  3  premiers 
prix,  pour  des  sujets  en  très  bon  état,  finement  engraissés  et  offrant  des  points 
de  maniement  bien  accentués,  résultats  qui  n'ont  pu  être  obtenus  seulement  pour 
les  besoins  du  concours,  mais  qui  dénotent  des  etforts  soutenus  et  des  soins 
assidus. 

Le  lot  n"  30 '4  à  M.  Gousin  de  Sidi-Daho,  très  bien  réussi,  a  principalement 
montré  les  aptitudes  de  la  race  indigène  à  prendre  facilement  la  graisse. 

Li'S  premiers  prix  pour  les  moutons  gras  ont  été  décernés  aux  Tiaret-Sbrosphire 
de  M.  Arlès-Dufour,  et  ceux  des  porcs  à  trois  industriels  de  Bel-Abbès  pour  de 
magnifiques  sujets  de  races  indigène  et  française, 

L,  Bastide, 

Président  du  Comice  de  Sidi-Bel-.\bbès 


232  PARTIE    OFFICIELLE. 


PARTIR  QFFICIELLK 

I.  —  Décret  relatif  aux  bureaux  de  douane  ouverts  à  rimportation  et  au   transit 

du  bétail. 

Le  président  de  la  République  françuise, 

Sur  le  rapport  du  ministre  de  Tagriculture,  du  ministre  des  finances  et  du 
ministre  du  commerce; 

Yu  la  loi  du  21  juillet  1881,  sur  la  police  sanitaire  des  animaux; 

Vu  le  décret  du  22  juin  1882,  portant  règlement  d'administration  publique, 
pour  l'exécution  de  ladite  loi  ; 

Vu  l'article  4  de  la  loi  du  5  juillet  1836  ; 

Vu  la  loi  de  finances  du  9  avril  1878; 

Vu  le  décret  du  2  août  1878  ; 

Vu  l'avis  du  comité  consultatif  des  épizooties,  Décrète  : 

Article  premier.  —  L'importation  et  le  transit  des  animaux  des  espèces  cheva- 
line, asine,  boviue,  ovine,  caprine  et  porcine,  admissibles  en  France,  après  véri- 
fication de  leur  état  sanitaire,  ne  pourront  avoir  lieu  que  par  les  bureaux  de  douane 
ci-après  dénommés  : 

Dunkerque,Gliyvelde  (route  et  station),  Hondschoote,  Oost-Cappel,  Stenwoorde, 
Boëschêjie,  Bailhul,  Le  Seau,  Le  Bizet,  Pont-Rouge,  Wervicq-sud,  Halluin, 
Kiscontout,  Tourcoing,  Wattrelos,  Toulflers,  Raisieux,  Mouchin,  Naulde,  Her- 
gnies,  Le  Coq,  Blanc-Misseron,  Bry,  Malplaquet,  Hestrud,  Ohain,  Jeumout, 
Onor,  Hirson. 

Gué-d'Hossus,  Givet,  Hargnies,  Gespunsart,  La  Chapelle,  Mogues,  Margny, 
Ecouviez. 

Longwy,  Mont-Saint-Martin  (route),  Hussigny,  Beuvillers,  Audun-le-Roman, 
Batilly,  Pagny,  Les  Ménils,  Létricourt,  Moncel  (station),  Arracourt,  Emberménil 
(station),  Igney,  Blamont. 

La  Grande-Fosse,  Provenchères,  Vissembach,  Plainfaing,  Ventron. 

Vauthiermont,  la  Ghapelle-sous-Rougemont,   Petit-Croix,  Délie,  Courtelevant. 

Abéville,  Villars-lès-Blamont,  Vautrey,  Indevillers,  B'essevillers,  Damprichard, 
Blancheroche,  Le  Villers,  Mont-le-Bon,  Les  Gras,  Pontarlier,  Les  Fourgs,  Les 
Verrières,  Jougne,  Mouthe,  la  Chaux-Neuve. 

Bois-d'Amont,  les  Rousses. 

Mijoux,  Forens,  Bellegarde. 

Saint-Julien,  Annemasse. 

Séez  et  Petit-Saint-Bernard,  Lans-le-Villard,  Lans-le-Bourg,  Modane. 

Mont-Genèvre,  Abriès,  Larche. 

Isola,  Saint-Sauveur,  Saint-Martin-de-Lantosque,  Fontan,  Vintimille,  Nice. 

Marseille,  Cette. 

Port-Vendres,  Cerbère,  LePerthus,  Saint-Laureut-de-Cerdans,  Prats-de-Mollo, 
Estavar,  Saillagouse,  Osséja,  Bourg-Madame,  La  Tour-de-Carol. 

L'Hospitalet,  Auzat,  Conilans,  Lascoux,  Fos,  Bagnères-de-Luchon,  Saiut-Lary. 

Gabas,  Laruns,  Urdos,  Arnéguy,  Saint-Jean-Pied-de-Port,  Les  Aldudes, 
Baïgorry,  Ainhoa,  Sare,  Olette,  Béhobie,  Hendaye,  Saint-Jean-de-Luz,  Bayonne. 

Bordeaux,  Nantes,  Granville,  Cherbourg,  Le  Havre,  Dieppe,  Boulogne,  Gilais. 

Ajaccio,  Bastia,  Bonifacio. 

Art.  2.  —  Les  jours  et  heures  d'admission  des  animaux  réglés  par  arrêtés  pré- 
fectoraux approuvés  par  le  ministre  de  l'agriculture.        • 

Art,  3.  —  Lorsqu'un  service  d'inspection  vétérinaire  existera  auprès  des 
bureaux  de  douane  dénommés  en  l'article  premier,  les  çlroits  sanitaires  suivants 
seront  payés  par  les  importateurs,  savoir  : 

Chevaux,  ânes,  mulets,  taureaux,  bsufs,  vaches,  génissses,  taurillons  et  bou- 

villons,  par  tête 0  fr.  30 

Veaux,  par  tête 0  fr.    15 

Moutons,  agneaux  et  chèvrres,  par  tête 0  fr.   05 

Porcs  et  cochons  de  lait,  par  tête 0  Ir.    10 

Ces  droits  seront  acquittés  à  la  caisse  du  receveur  des  douanes. 

Art.  4.  —  A  défaut  de  service  d'inspection  vétérinaire  local,  il  sera  suppléé  à  la 

visite  par  la  production  d'un  certificat  d'origine  et  de  santé  indiquant  le  nombre 

et  le  signalement  des  animaux. 


i 


PARTIE  OFFICIELLE.  233 

Ce  ceiiincat  ('rnanera  d'un  vétérinaire,  dont  la  sii^'-nature  sera  légalisée  par 
l'autorité  du  lieu  d'où  viennent  les  animaux,  laquelle  attestera  que,  dans  la  localité, 
il  n'existe  et  n'a  existé,  pendant  les  six  semaines  précédentes,  aucune  maladie 
contagieuse  sur  les  animaux  de  l'espèce  ;  ledit  certificat  ne  sera  valable  que  pour 
trois  jours  et  sera  rerais  entie  les  mains  des  agents  des  douanes. 

Art.  5.  —  Les  restrictions  d'entrée  et  de  transit  résultant  de  l'article  premier, 
ne  feront  pas  obstacle  à  la  circulation  des  animaux  de  travail  et  de  service  dans 
le  rayon  frontière,  ni  à  la  circulation  des  chevaux  et  autres  bêtes  de  somme  attelés 
ou  montés,  servant  aux  voyageurs  et  voituriers. 

Toutefois,  les  couducteurs  d  animaux  afléctés  à  un  service  public  devront  tou- 
jours être  porteurs  d'un  certificat  semblable  à  celui  qui  est  indiqué  à  Tarticle 
précédent,  et  n'ayant  pas  plus  d'un  mois  de  date.  Nonobstant  la  possession  de  ce 
certificat,  les  animaux  pourront  toujours  être  soumis  à  l'inspection  des  vétérinaires 
préposés  à  la  visite  sanitaire. 

Art.  6.  —  Les  animaux  venant  au  pâturage  en  France  pourront  entrer  par  tous 
les  bureaux  de  douane  indistinctement,  sous  réserve  de  production  du  certificat 
d'origine  et  de  santé  mentionné  à  l'article  4;  mais,  dans  ce  cas  particulier,  la 
période  de  validité  du  certificat  est  portée  à  buit  jours 

Les  animaux  appartenant  aux  régnicoles,  qui  ont  été  pacager  de  l'autre  côté  de 
la  frontière,  pourront  rentrer  en  France,  par  le  bureau  de  douane  de  sortie,  sous 
la  même  condition. 

Art.  7.  —  Si  le  bureau  de  douane  par  lequel  passent  les  animaux  introduits  en 
vue  du  pacage  ou  ceux  revenant  du  pacage  à  l'étranger,  est  l'un  de  ceux  qui  sont 
mentionnés  à  l'article  premier,  et  possède  un  service  d'inspection  vétérinaire,  la 
production  du  certificat  ne  sera  pas  exigée;  les  animaux  seront  soumis,  sans  frais, 
à  la  vérificatioVî  sanitaire. 

Sont  également  exemptés  des  droits  sanitaires  déterminés  par  l'article  3  : 

1"  Les  animaux  des  zones  neutralisées  du  pays  de  Grex  et  de  la  Haute-Savoie; 

2"  Les  animaux  sortis  temporairement,  pour  être  conduits  à  des  foires  et  marchés 
en  pays  étranger. 

Art.  8.  —  Il  n'est  en  rien  dérogé,  par  les  dispositions  du  présent  décret,  aux 
interdictions  temporaires  d'entrée  et  de  transit,  par  certains  des  bureaux  dédouane 
ci-dessus  désignés,  qui  n'ont  pas  été  levées  jusqu'à  ce  jour. 

Art.  9.  —  Le  décret  du  2   aoiit  187i»,   ci-dessus  visé,  est  et  demeure  rapporté. 

Art.  10.  —  Le  ministre  de  l'agriculture,  le  ministre  des  finances  et  le  ministre 
du  commerce  sont  chargés,  chacun  en  ce  qui  le  concerne,  de  l'exécution  du  pré- 
sent décret. 

Fait  à  Paris,  le  6  avril  1883.  Jules  Grévy. 

Par  le  président  de  la  République  :  Le  minîslre  des  travaux  publics, 

Le  rninistre  de  l'agriculture,  chargé  de  l'iittérim  du  ministère  des  finances^ 

J.  Méline.  Raynal. 

Le  ministre  du  commerce^  Hérisson. 
II.  —  Décret  relatif  aux  ports  de  mer  ouverts  à  l'exportation  du  bétail. 

Le  président  de  la  République  française, 

Sur  le  rapport  du  ministre  de  l'agriculture,  du  ministre  dos  finances  et  du 
ministre  du  commerce  ; 

Vu  la  loi  du  21  juillet  1881,  sur  la  police  sanitaire  des  animaux  ; 

Vu  le  décret  du  -z^juin  1882,  portant  règlement  d'administration  publique,  pour 
l'exécution  de  ladite  loi; 

Vu  l'article  4  de  la  loi  du  5  juillet  1836  ; 

Vu  l'avis  du  comité  consultatif  des  épizooties,  Décrète  : 

Article  premier.  —  L'exportation  par  mer  des  animaux  des  espèces  chevaline, 
asine  bovine,  ovine,  caprine  et  porcine,  ne  peut  avoir  lieu  que  par  les  ports  de 
Dunkerque,  Calais,  Rculogne,  Dieppe,  le  Havre,  Cherbourg,  Cranville,  Saint- 
Malo,  Saint-Servan,  le  Légué,  Binic,  Portrieux,  Nantes,  Bordeaux,  Bayonne, 
Port-Vendres,  Cette,  Marseille,  Nice,  Ajaccio,  Bastia  et  Bonifacio. 

Art.  2.  — Le  ministre  de  l'agriculture,  le  ministre  des  finances  et  le  ministre 
du  commerce  sont  chargés,  chacun  en  ce  qui  le  concerne,  de  l'exécution  du  pré- 
sent décret. 

Fait  à  Paris,  le  6  avril  1883.  Jules  Grévy. 

Par  le  président  de  la  République  :  Le  ministre  des  travaux  publics, 

Le  m^inistre  de  l'agriculture,  Raynal. 

J.  Méline.  Le  ministre  du  commerce,  Hérisson. 


234  SOCIÉTÉ  NATIONALE  DA'GRICULTURE  DE  FRANGE. 

SOCIÉTÉ    NATIONALE    D'AGRICULTURE 

Séance  du  9  mai  1883.  —  Présidence  de  M.  Dumas. 

M.  le  ministre  de  l'agriculture  transmet  l'ampliation  du  décret 
approuvant  l'élection  de  M.  Julius  Robert  comme  membre  étranger. 

iM.  d  Esterno  déclare  qu'il  retire  la  [)roposition  qu'il  avait  faite  à  la 
Société  de  renouveler  son  avis  sur  la  question  du  cheptel. 

J\I.  Gaillard,  professeur  d'agriculture,  envoie  à  laSociété  des  myria- 
podes qui  détruisent  les  haricots  aux  environs  de  Périgueux, 

M.  Chamberland  envoie  le  volume  qu'il  vient  de  publier  sur  le 
charbon  et  la  vaccination  charbonneuse,  d'après  les  travaux  de  M.  Pas- 
teur; —  M.  H.  Leplay,  un  volume  sur  les  procédés  d'analyse  des 
matières  sucrées;  —  M.  Lavalard,  son  rapport  sur  les  opérations  du 
service  de  la  cavalerie  et  des  fourrages,  en  1882,  à  la  Compai.ïnie  des 
omnibus;  —  M.  Angot,  une  Etude  sur  le  climat  de  l'Algérie;  — 
M.  Pionquet,  une  brochure  sur  des  excursions  horticoles  dans  la  mon- 
tagne de  Keirns  ;  —  M.  Brame,  des  notes  sur  le  pralinage  des  semences 
par  la  potasse  caustique  et  sur  la  litière-fumier. 

La  discussion  s'engage  sur  les  questions  à  proposer  au  ministre  de 
l'instrucLion  publique  pour  le  programme  du  congrès  des  Sociétés 
savantes  en  1884.  Après  des  observations  présentées  par  MM.  Dumas, 
Prillieux,  Heuzé,  Barrai,  de  Retz,  Paul  Mares,  Bertin,  GauJin,  G.  Ba- 
zille,  la  Société  adopte  les  questions  suivantes  : 

Souffrances  de   l'industrie   sérigène  en    France  ;    causes    de  ces    souffrances. 

De  la  nécessité  et  des  moyens  de  reboiser  l'Algérie,  —  Etudes  des  anciens 
barrages  et  création  de  nouveaux. 

Etudier  l'organisation  officielle  de  l'agriculture  tant  en  France  qu'à  l'étranger, 
et  notamment  aux  Etats  Unis,  et  indiquer  les  mesures  à  prendre  pour 'assurer  à 
la  première,  de  nos  industries  nationales  une  représentation  élective  de  ses  intérêts. 

Déterminer  l'action  que  la  législation  a  pu  exercer  sur  la  situation  actuelle  de 
l'agriculture  irançaise. 

Rechercher  :  1"  Quelle  était  au  commencement  du  siècle,  et  quelle  est  aujour- 
d'hui la  division  de  la  propriété  rurale  dans  les  diverses  régions  de  la  France' 
2"  quelle  est  la  proportion  actuelle  entre  la  grande,  la  moyenne  et  la  petite  cul- 
ture; :-i"  et  quelle  influence  ces  modes  d'exploitation  ont  exercé  sur  la  production. 

Maintien  au  programme  de  188'4  de  deux  questions  qui  figurent  déjà  au  pro- 
gramme de  1883,  et  qui  sont  relatives,  l'nne  aux  changements  survenus  depuis 
1850  dans  le  taux  des  sa'aires  agricoles  et  industriels,  —  l'autre  aux  variations 
qu'ont  subies  depuis  1800,  les  prix  de  vente  et  de  fermage  des  propriétés  rurales. 

De  la  question  du  livret  pour  les  ouvriers  agricoles. 

De  la  péréquation  de  l'impôt  foncier  sur  les  propriétés  non  bâties. 

M.  Bouley  présente  de  la  part  de  M.  Bi^ousse,  un  résumé  des  opé- 
rations de  vaccination  charbonneuse  faites  dans  la  Lozère. 

M.  de  Retz  donne  des  détails  sur  les  premières  phases  de  la  cam- 
pagne séricicole  dans  les  départements  du  Gard  et  de  l'Ardèche.  Le 
développement  lent  de  la  feuille  du  mûrier  inquiète  les  éducateurs  qui 
cherchent  à  retarder  l'éclosion  des  vers;  ce  retard  ne  peut  manquer 
d'être  préjudiciable  à  la  production.  Henry  Sagnier. 

REVUE  COMMERCIiLE  ET  PRIX  COURANT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(12  MAI  1683). 
I.  —  Les  grains  et  les  farines. 
Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal  métrique, 
sur  les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger  : 


REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT  (12  MAI  1883). 


l'°  REGION.  —  NORD. 


fr. 

24.25 
2'4.UO 
23.50 
23.25 
24.25 
23.50 
24.25 
24.50 
25.50 
24.75 
25.20 
25.00 
25.20 
26.00 
24.50 
25  00 
26.00 
25.75 


Calvados.  Condé 

—  Lisieux 

Côt.-dii-Nord.  Lunnion.. 

—        Troguier. 
Finistère.  Morlaix 

—  Quiraper 

tlle-el- Vilaine.  Rennes., 

—        Fougères... 
Manches.  Avranches... 

—  Pontorson.. . . 

—  Villedieu 

Mayenne.  Laval 

—  Mayenne 

Morbihan.  Hennebont.. 
Orne.  Fiers 

—  Alençon 

Sarthe.  Le  Mans 

—  Sabl( 

Prix  njoyens 24. 

2"  RÉGION.   - 

Aisne.  Soissons 24. 

—  Saint-Quentin.,.  23. 

—  Chàteau-Th:erry  .  23. 
Eure.   Neubourg 23. 

—  Pacy 23. 

—  Damville 24. 

Eure-el-Loir.  Chartres..  24 

—  Auneau 24. 

—  Nogeat-le-Reirou.  24. 
Hord.  LiU» î6. 

—  rambrai 24. 

—  Valenciennes 24. 

Oise.  Beauvais 22. 

—  S«nlis 22. 

—  Noyon 23. 

Pas-de-Calais.  Arras. . .  24. 

—  Doullens 23. 

Seine.  Paris 25. 

S.-et-Mar.  Meaux 24 . 

—  Montereau 25. 

—  l'rovins 24. 

S.-et-Oise.  Angerville. . .  24. 

—  Pontoise 23. 

—  Versailles 23. 

Seine-Inférieure.  Rouen.  23 • 

—  Fecamp 23. 

—  Dieppe 24. 

Somme.  Amiens 22. 

—  Monldidier 22. 

—  Roye 22. 

Prix  moyens 23. 


OITK 

Seigle. 

fr. 

15.50 

16.00 

17.00 

» 
17.00 


ST. 

Orge. 

fr. 

19   00 

20.50 

17.25 

16.50 

18.00 

17.75 

15.80 

» 
21.00 
20 .  50 
20.25 
17.00 
18.25 


Avoine. 

fr. 

22 .  00 
22.50 
18.50 
13.25 
16.50 
16.50 
17. OU 
19.00 
20.50 
24.00 
23.00 

19.00 


68     16.69     18.44     20.02 


16.25 
16.00 
15.00 

14.00 

14.00 


14.75 

» 
17.25 
15.50 
16.75 
14.50 
15.50 
16.00 
16.25 
15.20 
16.75 
15.50 
16.25 
16.50 
15.80 
16.00 
14.50 
14.90 
14.50 


20.50 
20.75 
19.20 
16.50 
20.00 
19.50 
17.75 
18.75 

16.50 


{«.50 
18.75 

ï) 
19.00 
16.50 
18.50 
19.00 
19.95 
18.50 


15.25      18.00 

15.00     17.00 
15.46     18.82 


17.75 
17.00 
17.75 
20.25 
17.  ÎO 
13.25 
19.15 
18.50 
20.70 
18.25 
16.25 
17.75 
17.00 
17.00 
17.25 
17.00 
16.75 
19.50 
19.00 
20.00 
19.25 
19.00 
17.50 
20.25 
20.40 
20.50 
19.00 
16.75 

17.75 
13.34 


NORD-EST. 


3'  RÉGION.  - 

Ardennes.  Charleville.   . 

—  Sedan 

Aube.  Bar-sur-Aube  . . .. 

—  Méry-sur-Seine  .. . 

—  Troyes 

Uet/rnc.  Clialons 

—  Epernay 

—  Beims 

Hle-Marne.  St-Dizier... 
Meurthe-et-Mos.  Nancy. 

—  LunéviUe 

—  Toul ... 

Meuse.  Bar-le-Duc 

—  Verdun 

Haute-Saône.  Gray 

Vosges.  Neufchàteau 

—  Raon-1'Elape 

—  Mirecourt 

Prix  moyens 23.43     15.63     17.37     17.46 


4'  RÉGtON.  —  OUEST. 


C/iaren/c.  Angoulême...  25.20 

—  RufTec 25.00 

C/iar.-/rt/ér.  Marans. . . .   24.00 

Deuas-Scurfs.  Niort 24.50 

Indre-el- Loire.  Bléré 24 . 00 

—  Châleau-Henault .  24.25 

iotre-M/".  Nantes 24.50 

M .-el-Loife .  Sauiiiur 25-50 

—  Angers 24.50 

Vendée .  Luço n 24.00 

—  Fontenay-le-Comte  23.80 
Vienne,   l'oitièrs 24.75 

—  Châtellerault... ,  24.00 
Haute-Vienne.  Liiroges..  25.00 


18.20 
13.00 


15.50 
15.00 
16.00 
15.50 
15.50 


15.75 
16.25 


19.50 
17.00 
17.25 
19.25 
18.25 

» 
17.00 
20.25 
18.25 
18.00 
19.15 
18.75 
21.00 


19.75 
18.00 
17.50 
18.00 
18.00 
19.00 
18.75 
18.25 
21.00 
18. 7o 
17.25 
17.00 
17.50 
19.00 


Prix  moyens 24,50     16.19     18.04     18.41 


CENTRE. 


Cher 


Allier.  Moulins , 

—  Monlluçon 

Gannat 

.   Bourges 

—  Graçay 

—  Vierzon 

Creuse.  Aubusson 

Indre.  Chàteauroux  . . . 

■^    Issoudun 

—  Valençay 

Loiret.  Orléans 

—  Montargis 

—  Gien , 

L.-el-Cher.  Blois , 

—  Montoire 

Nièvre.  Nevers 

—  La  Charité 

Yonne.  Brienon 

—  Saint-Florentin.. 

—  Sens , 


Blé. 

fr. 
24.25 

23 .  50 
24.20 
23.25 

24 .  50 

25 .  00 
24.25 
24.25 
25.00 
24.00 
23.85 
24  75 
23.80 
25.00 
24 .  50 
23.75 
23.50 
2  4.00 
24.00 
24.50 


Seigle. 

fr. 

15.50 
15.25 

» 
15.00 
15.00 
15.25 
16.50 

15.00 
15.75 
15.75 
16.00 
15.50 
14.70 
15.00 

)) 
14.50 
15.75 
14.75 
15.50 


Orge. 

fr. 

18.50 

19.00 

18.00 

10.75 

18.50 

19.50 

20.75 
19.00 
19.50 
17.00 
17  50 
19.00 
20.75 
20.00 

» 
17.00 
16.50 
16.50 
17.75 


Avoine. 

fr. 

18.75 
18.85 
19.00 
18.75 
16.75 
18.50 
18.00 
18.50 
18.25 
17.25 
19.50 
18.75 
17.50 
20.70 
20.50 
16.50 
18.00 
20.00 
18.50 
19.00 

15.33      13.59     18.57 


Prix  moyens 24.19 

6°  RÉGION.  -—  EST. 

^tn.  Bourg 25.50  »             » 

—  Pont-de-Vaux....  25.00  16.25        » 
Cote-d'Or.  Dijon 22.00  15.50  18.00 

—  Beaune 23.25  »            » 

Doubs.  Besunçoa 23.15  »  19.00 

/sère.  Grenoble 2650  17  oo        » 

—  Bourgoin 24.75  14.75  16.80 

Jura:  Dôle 22.00  16.00  17.25 

Loire.  Charlieu 23.50  15.25  m  50 

P.-de-Z>ô»ie.  Clermont.F.  25.50  I5.50  is.OO 

Rhùae.  Lyon 25.00  15.50        » 

Saône-et-Loire.  Autun..   22.50  15.50         » 

—  Chalon 25.00  17.00  17.50 

ioi'oie.  Chambéry 25.75  18.25  20.50 

nte-Savoie.  Annecy 27.00  19.50  17.25 

Prix  moyens 24.43  16  33  18.20     18.49 

7"  RÉGION'.  —  srD-OUEST. 

Ariège.  Foix 25.20  18.25  » 

—  Pamiers 25  .'.0  16.00  » 

Dorrfogue.  Bergerac. .. .   25  00  18.50  18.75 

//^e-Garo/mB.  Toulouse.   24.50  18.50  18.50 

—  St-Gaudens 25.00  19.00  is.50 

Gei's.  Condom 25.80        »  » 

—  Eauze 26.25         »  » 

—  Mirande 25  50        »  » 

Giroîide.  Bordeaux 26.00  18.50  is.50 

—  Bazas 25.90  18. '0  » 

Lapides.  Dax 28.00  20.00  » 

Lot-et-Garonne.  Agen...  25.85  19.00  » 

—  Nérac 26.50         »  » 

S. -Pi/re«pes.  Bayonne..   26  00  18.00  18.25 

ntes-Pijrénées.  Ttirhes..  26.20  18.25  » 

Prix  moyens 25.81 

8°   RÉGION.  —  SUD 

^urfe.  Castelnaudary.. .  26  20  < 

—  Garcassonne 27.25  « 

Aveyron.  Rodez 24.00 

Cantal.  Ma.anàc 25.00 

Correze.  Luberzac 25.20 

Hérault.  Béziers 27.50 

—  Cette 27.25  » 

Lot.  Càhors 27.00  17.25 

Lozi're.  Mende 23.10  17.30 

Pyrénées-Or.Perpignan.  27.75  25.00 

ï'ai'rt.  Lavaur 26.25  21.00 

Tarn-elGar. M.onlz.M'oSin  25.20  18.50 

— ■     Rloissac 25. 00         » 

Prix  moyens 25.90     19,84 

9'  RÉGION.   —  SUD-EST. 
Basses-Alpes.  Manosque  28.75 
Ilautes-Alprs.  Briançon.  27.00 
At/jrs-Mariliines.Cunaes  26.50 

Ardcchc.  Privas 26.65 

B.-du-lihône.  Arles 27.50 

Drôine.  Montélimar  . . . .   24.75 

Gard.  Alais 20.50 

Haute-Loire.  Brioudo...  25.00 

Far.  Draguignan 26.50 

Fttuciuse.  Carpentras.. .  27.00 

Prix  moyens 

Moy.  de  toute  la  France 
—  de  la  semaine  précéd. 

Sur  la  scmaine|Hausse. 
précédente.  .(Baisse. . 


19.25 
20.00 
17.75 
17.50 
16.40 
19.50 
18.75 
14.59 
18.25 
19.25 

» 
16.50 
18.75 
19.59 
19.00 


20.50 
19.25 
20.50 
20.75 
22.25 
20.25 
21.00 
22.00 
18.75 
21.00 

20.25 
20.50 
18.50 
18.50 


18.39      18.50     20.28 


18.60 
21. S5 
18.00 
21.00 


17.75 
17.25 
13.60 


236  REVUE   COMMERCIALE  ET  PRIX   COUHANT 

Blé.  Seigle.          Orge.  Avoine 

fr.  fr.                fr.                fr. 
.,    .  .                         ,,       (  blé  fendre...         26.50 

Algérie.                     Alger    ,,,   ,                      ^r  nr  ic  o^  i'  ^' 

^                                 °     (  ble  dur 2.5.25  »            16. 2o  Io.T.t 

Angleterre.  Londres 2.5.35            »  19.25  20.15 

Belgique.  Anvers 24.50  17.75  17.50  16.25 

—  Bruxelles 25.50  18. 'i5             •  18. .50 

—  Lièf?e 24. 75  18.50  20.50  18. nO 

—  Namur 22.75  16.75  20.00  15. 7o 

Pays-Bas.  Amsierdam 24 .  00  17.10 

Luxembourg.  Luxembourg..'.....  24.25  19.00  21.50  18.25 

Alsace-Lorraine      Strasbourg 25.25  17  75  17.50  17.50 

—  Mulhou.se 23.25  17. .50  16. .50  17.50 

—  Colmar 24.00  18  Oi)  18  00  16.75 

Allemagne.  Berlin 24.10  18.50            »  •> 

—  Cologne 2(i.25  18. .50 

—  Hambourg 24.(10  17.75 

Suisse.  Genève 27  00  »  »  21. -25 

Italie.  Turin 25. .50  20.00  »  18.50 

Espagne.  ■  Vailadolid 24.75  »  »  » 

Autriche.  Vienne ...  20. .'^O  15.25  ie.50  13  85 

Hongrie.  Budapeslh 20.25  15.50  1G.15  14.00 

Russie.  Sainl-Fétersbourg. .  22.25  15.65  »  12.75 

Etats-Unis.  New-York 24.00 

BUs.  —  Le  temps  humide  règne  dans  la  plus  grande  partie  de  la  France  ;  ces 
conditions  météorologiques  ne  sont  pas  faites  pour  amener  la  disparition  du  retard 
dans  la  végétation  que  l'on  constate  partout,  mais  elles  n'ont  pas  lieu  d'inquiéter 
non  plus  outre  mesure,  à  raison  même  du  retard.  Les  cu'tivateurs  sont  dans 
l'attente;  rien  ne  peut  faire  prévoir  encore  que  la  prochaine  récolte  soit  compro- 
mise par  les  conditions  actuelles.  Quant  aux  marchés,  ils  présentent  partout  le 
]»lus  grand  calme,  comme  le.s  semaines  précédentes;  les  offres  de  la  culture  sont 
toujours  très  restreintes,  et  les  prix  se  maintiennent  sans  grandes  variations.  — 
A  la  halle  de  Paris,  le  mercredi  9  mai,  il  n'y  a  eu  que  des  affaires  peu  impor- 
tantes; les  prix  se  sont  soutenus  pour  toutes  les  sortes;  on  cotait  de  24  fr.  50  à 
26  fr,  50  par  100  kilog.  suivant  les  qualités.  Sur  le  marché  des  blés  à  livrer,  on 
paye  :  courant  du  mois,  26  à  26  fr.  25  ;  26  fr.  50  ;  juillet  et  aoiit,  27  fr.  à  27  fr.  25  ; 
quatre  derniers  mois,  27  Ir.  50  à  27  fr.  75.  --  KnUiwre,  les  prix  des  blés  d'Amé- 
rique sont  soutenus  avec  beaucoup  de  fermeté  ;  on  les  cote  de  2^  fr.  75  à  27  ir.  50 
par  100  kilog.  suivant  les  sortes.  —  A  Marseille,  on  signale  plus  d'activité  dans 
les  transactions.  Les  arrivages  de  le.  semaine  ont  été  faibles;  ils  ont  été  seule- 
ment de  44,000  quintaux;  le  stock  est  actuellement  de  148,300  quintaux  dans  les 
docks.  Les  prix  sont  fermes.  On  paye  par  100  kilog.  :  Red-winter.  28  à  28  fr.  25  ; 
Berdianska,  27  fr.  50;  Pologne,  i:6  à  26  fr.  1 0  ;  Bessarabie,  25  fr.  50  à  26  ir.  ; 
Irka  Danube,  23  à  23  fr.  50.  -  A  Londres,  les  arrivages  de  blés  étrangers  ont 
été  de  86,0u0  quintaux  depuis  huit  jours;  le  marché  accuse  beaucoup  de  ler- 
meté  ;  les  prix  sont  sans  changements,  de  24  à  2o  fr.  70  par  100  kilog.  suivant  les 
(jualités  et  les  provenances. 

Farines.  —  Les  affaires  présentent  toujours  la  même  physionomie.  Les  ventes 
sont  restreintes  aux  besoins  de  la  boulangerie.  —  Pour  les  farines  de  consom- 
mation, on  cote  à  Paris  :  marque  de  Corbeil,  60  fr.  ;  marques  de  choix,  60  à 
62  fr.  ;  premières  marques,  58  à  19  fr.  ;  bonnes  marques,  57  à  58  Ir.;  sortes 
ordinaires,  54  à  56  fr.  ;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.  toile  à  rendre'  ou  157  kilog. 
net,  ce  qui  correspond  aux  prix  extrêmes  de  34  fr,  40  à  39  fr.  50  par  100  kilog., 
ou  en  moyenne  36  fr.  95;  avec  une  hausse  de  65  centimes  depuis  huit  jours.  — 
Quant  aux  farines  de  sf)éculation,  on  les  cotait  à  Paris,  le  mercredi  9  mai  au 
soir:  farines  neuf -marques^  courant  du  mois,  57  fr.  25;  juin,  5"  fr.  75; 
juillet  et  août,  58  fr.  75  à  59  fr.  ;  quatre  derniers  mois,  59  fr.  75  à  60  fr.  ;  le 
tout  par  sac  de  159  kilog.,  toile  perdue  ou  157  kilog.  net.  —  Les  prix  des  farines 
deuxièmes  restent  fixés  de  26  à  30  fr.  par  100  kilog.  ;  ceux  des  gruaux  de  46  à  57  fr. 

Seigles.  —  Les  prix  accusent  beaucoup  de  fermeté.  O.i  paye  les  seigles  à  la 
halle  de  Paris,  de  16  fr.  50  à  17  fr.  par  100  kilog.  Les  farines  de  seigle  valent  de 
2^  à  26  fr. 

Orges  —  H  y  a  beaucoup  de  fermeté  dans  les  prix.  On  paye  à  la  halle  de  Paris, 
de  18  fr.  50  à  20  fr.  50  par  100  kilog.  suivant  les  sortes.  —  Peu  d'affaires  sur 
les  escourgeons,  aux  prix  de  18  à  18  fr.  50.  —  A  Londres,  les  prix  accusent 
beaucoup  de  fermeté,  de  18  à  20  fr.  par  quintal  métrique. 

]\]aU. —  On  paye  les  malts  d'orge  25  à32fr.  par  10  J  kilog.  ;  ceux  d'escourgeons, 
de  27  à  30  fr. 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (12  MAI   1883).  237 

Avoines.  —  Les  demandes  sont  actives,  et  les  prix  sont  fermes.  —  On  cote  ;i  la 
halle  de  Paris  de  18  à  21  fr  par  100  kilog.  suivant  poids,  couleur  et  qualité.  — 
A  Londres,  il  a  été  importé  39,000  (juintaux  d'avoines  depuis  huit  jouis;  le 
marché  est  actif;  on  cote  de  18  fr.  50  à  "-Zl  fr.  85  par  100  kilog.  suivant  les 
qualités. 

:Sarrasi.n.  —  Peu  d'alTaires.  On  cote  à  la  halle  de  Paris,  16  fr.  50  à  17  fr.  par 
100  kilog. 

3Iaïs.  —  Il  y  'i  toujours  des  offres  actives.  On  vend  de  16  fr.  50  à  17  fr.  par 
100  kdog.  au  Havre  pour  les  maïs  d'Amérique. 

Issues.  —  Les  prix  varient  peu.  On  paye  par  100  kilog.    à  la  halle  de  Paris  :, 
gros  son  seul,  15  fr.  75  à  16  fr.;  son  trois  cases,  14  fr.  50  à  15   fr.;  sons  tins, 
13fr.  50  à  14  ir.  25;  recoupettes,  13  fr.  50  à  14  fr.;  remoulages  bis,  14  fr.  à  14fr.  50; 
reœoulages  blancs,  15  à  16  fr. 

II.  — Fourrages,  graines  fourragères. 

Fourrages.  —  Les  prix  sont  tenus,  principalement  pour  les  belles  qualités  que 
k  consommation  recherche.  On  paye  par  1,UUU  kilog,  i'i  Pans,  :  foin,  84  à  1U6  fr.; 
luzerne,  80  à  102  fr.;  paille  de  blé,  k8  à  54  fr.;  paille  de  se,igle,58  à  70  fr.;  paille 
d'avoine,  34  à  40  fr. 

Graines  /uwragètes.  —  Les  ventes  sont  peu  nombreuses,  mais  les  prix  accusent 
beaucoup  de  fermeté.  On  cote  à  Paris  par  100  kilog.  :  luzerne  de  Provence, 
14  5  à  160  fr.;  de  Poitou,  120  à  I30  fr.;  d'Italie,  132  à  145  fr.;  pois  gris, 
25  à  26  fr.;  sainfoin  à  une  coupe,  26  à  27  fr.;  à  deux  coupes,  31  à  32  fr.;  maïs 
dent  de  cheval  21  à  '2.2  fr.;  maïs  jaunes  des  Landes,  25  à  26  fr. 

III.  —  Fruits  et  légumes 

Amandes.  —  Dans  le  Languedoc,  on  les  cote  110  fr.  par  100  kilog. 

FriiiLs.    —   On  vend  à  la  halle  de  Paris  :    fraises  de  châssis,  le  pot,  0  fr.  15  à 

1  fr.  10;  pommes,  le  cent,  lOfr.  à  150  fr.;  raisins,  chasselas  de  serres,  le  kilog., 
10  à  16fr. 

Gros  légumes.  — Dernier  cours  de  la  halle  :  asperges  aux  petits  pois,  la  botte, 
î  fr.  à  2  Ir.;  carottes  nouvelles,  les  KO  bottes,  75  à  125  fr.;  carottes  d'hiver, 
l'hectolitre,  3  à* 5  fr.  ;  de  chevaux,  les  100  bottes,  14  à  20  fr.;  choux  nouveaux., 
le  cent,  8  à  16  fr.;  choux  communs,  le  cent,   5  à  20  fr.;  haricots  verts,  le  kilog., 

2  à  4  fr.;  navets  nouveaux,  les  100  bottes,  100  à  130  fr.;  l'hectolitre,  4à5  fr.; 
oignons  nouveaux,  les  100  bottes,  50  à  75  fr.;  en  grain,  l'hectohtre,  8  à  14  fr.;, 
panais  communs,  les  100  bottes,  10  à  18  fr.;  poireaux  communs,  les  100  bottes, 
20  à  55  fr. 

Pommes  de  terre.  —  Nouvelles,  le  panier,  4  à  5  fr.;  hollande  communes, 
l'hectolitre,  20  à  33  fr.;  le  quintal,  28  fr.  57  à  32  fr.  8^,  jaunes  communes, 
l'hectolitre,  9   à   11  fr..  le  quintal,   12  Ir.  85  à  15  fr.  7 1 . 

IV.  —  Vins,  spiritueux,  vinaigres,  cidres. 
Vins.  —  Le  temps  qui  règne  actuellement  n'est  pas  favorable  à  la  végétation 
de  la  vigne.  La  pluie  est  devenue  persistante  dans  un  grand  nombre  de  départe- 
ments ;  il  y  a,  de  ee  fait,  un  retard  de  plus  en  plus  en  plus  sensible  dans  la  végé- 
tation. Mais,  d'un  autre  côté,  les  dangers  des  gelées  printanières  paraissent  s'écar- 
ter de  plus  en  plus  ;  les  saints  de  glace  vont  passer  sans  laisser  probablement  de 
trace.  Les  vigneions  n'ont  qu'à  s'en  louer,  et  ils  n'y  manqueront  pas;  rien  encore 
n^e  compromet  sérieusement  les  prochaines  vendanges,  et  il  est  permis  d'espérer 
que  nous  sommes  eulin  sortis  ue  la  période  des  mauvaises  années.  Les  transac- 
tions commerciales  sont  calmes  pour  le  moment  dans  la  plupart  des  centres.' — 
A  Paris-Bercy, on  cote  :  Vins  rouges  :  Basse-Bourgogne  vieux,  175  à  200  fr.  le  muid  ; 
nouveau,  llu  à  300  fr.;  Blois,  vins  noirs  nouveaux,  110  à  140  fr.;  Bordeaux,  150 
à  200  fr.;  Galiors  nouveau,  140  à  150  fr.;  Cher  vieux,  155  à  190  tr.;  nouveau, 
140  fr.;  Chinon  vieux,  190  à  220  fr  ;  nouveau,  165  à  175  fr.;  Graillac  nouveau, 
125  à  130  fr.;  Maçonnais  et.  Beaujolais,  160  à  2c0  fr.;  Montagne  vieux,  40  à4H  tr. 
Thectolitre;  nouveau,  40  à  40  fr.;  Narbonne,  50  à  tO  Ir.  h  pièce;  Orléans  nou- 
veau, 115  à  135  fr.;  Roussillon  vieux,  CO  à  75  fr.  l'hectoUtre;  nouveau,  55  à 
65  fr.;  Sancerre  nouveau,  100  à  1)0  fr.  la  pièce;  Touraine,  25  à  100  fr. —  Vins 
6toî?cs  .•  Anjou  vieux,  140  à  170  fr.  la  pièce;  Basse-Bourgogne  vieux,  150  à  190  ir. 
le  muid;  nouveau,  135  à  1185  fr.;  Bergerac  et  Sainte-Foy  vieux,  155  à  190  fr.; 
nouveau,  160  à  195  fr.;  Ghabhs  vieux,  200  à  300  fr.;  nouveau,  170  à  250  fr.; 
Entre-deux-mers  vieux,  124  à  130  fr.;  nouveau,  115  à  125  fr. ;  Pouilly  vieux, 
210  à  230  fr.i  Piquepoul,  60  à  62  fr.  l'hectolitre;  Pouilly-Sancerre,  160  à  170  fr. 


238  REVUE  COMMERCIALE   ET  PRIX-COURANT 

la  pièce;  A'ouvray  vieux,    160  à  225  fr.  —  Vins  étrangers  rouges  :  Espagne  vieux, 

40  à  56  fr.  l'hectolitre  ;  nouveau,  40  à  55  fr.;  Portugal  nouveau,  48  à  55  fr.;  Sicile, 
45  à  55  fr.;  Italie,  50  à  65  fr.;  Dalmatie,  nouveau  50  à  58  fr.;  Turquie,  nouveau, 
50  à  56  ir.  —  Vins  étrangers  blancs  :  Espagne,  40  à  45  fr  ;  Hongrie,  40  à  ^45  fr. 

Spiritueux.  —  H  y  a  plus  d'activité  dans  les  affaires  sur  les  spiritueux,  et  sur 
la  plupart  des  marchés  les  cours  accusent  beaucoup  de  fermeté,  principalement 
dans  le  Nord.  — Pour  les  3/6  du  Midi,  on  paye,  à  Cette  :  3/6  bon  goût,  105  à 
110  fr.;  marc,  100  fr.; — à  Beziers,  3/6bongoùt,  103  fr.;marc,  95  fr.;  à  Pézenas, 
3/6  bon  goût,  102  fr.  ;  marc,  95  fr. —  Dans  les  Gharentes,  les  affaires  sont  assez 
calmes  avec  des  prix  soutenus  pour  toutes  les  catégories — Dans  le  Nord,  les  prix 
des  alcools  de  betteraves  sont  (ermes.  On  paye  à  Paris  :  3/6  betteraves,  90  de- 
grés, 1'"  qualité,  disponible,  49  fr.  50,  juin,  49  fr.  75  à  50  fr.  25;  juillet-août, 
50  fr.  50  ;  quatre  derniers  mois,  50  fr.  75  à  51  fr.  Le  stock  est  un  peu  plus  faible, 
de  20,975  pipes,  contre  14,700   en    1882. 

Vinaigres.  —  Les  prix  se  soutiennent.  On  paye  à  Orléans,  par  hectolitre  :  vi- 
naigre nouveau  de  vin  vieux,  40  à  42   fr.;  vinaigre  vieux  de  vin,  50  à  60  fr. 

Raisins  secs.  —  Les  affaires  sont  toujours  actives  sur  les  marchés  du  Midi.  Les 
bonnes  qualités  sont  recherchées.  Il  y  a,  pour  toutes  les  sortes,  une  grande  fer- 
BQeté  dans  les  prix. 

V.  —  Sucres.  —  Mêlasses,  —  Fécules.  —  Glucoses.  —  Amidons.  —  Houblons. 

Sucres.  —  Les  transactions  continuent  à  ne  présenter  que  peu  d'importance  ; 
mais  les  prix  se  soutiennent  pour  toutes  les  catégories.  On  cote  à  Paris  :  sucres 
bruts  88  degrés  saccharimétriques,  53  fr.  50  par  100  kilog.  ;  les  99  degrés, 
60  fr.  50;  sucres  blancs,  n°  3,  60  fr.  50;  sur  les  marchés  des  départements,  — 
à  Valenciennes,  sucres  bruts,  52  fr.  50;  —  à  Lille,  52  fr.  25  à  52  i'r.  50;  sucres, 
n"  3,  60  fr.  ;  —  à  Péronne,  sucres  roux.  52  fr.  75;  sucres  blancs,  59  fr.  75  à 
60  fr.  Le  stock  de  l'entrepôt  réel  des  sucres  était,  à  Paris,  le  9  mai,  de  703,000 
sacs,  avec  une  diminution  de  28,000  sacs  depuis  huit  jours.  —  En  ce  qui  con- 
cerne les  sucres  raffinés,  il  y  a  maintien  des  cours  ;  on  les  paye  de  105  à  106fr.  50 
par  100  kilog.  à  la  consommation,  à  Paris;  pour  l'exportation,  on  les  cote  de 
64  à  67  fr.  Dans  les  ports,  les  transactions  sont  toujours  peu  actives  pour  les 
sucres  coloniaux. 

Mélasses.  —  Les  prix  sont  toujours  faibles.  On  paye  à  Paris,  mélasses  de  fabrique, 
10  fr.  par  100  kilog.;  de  raffinerie,  12  fr. 

Fccuhs.  —  Maintien  des  cours  avec  peu  de  ventes.  On  cote  à  Paris,  fécules  pre- 
mières du  rayon,  41  fr.  ;  à  Gompiègne,  fécules  de  l'Oise,  40  fr.;  dans  les  Vosges, 

41  à  42  fr. 

Glucoses,  Amidons.  —  Maintien  des  cours  au  mêmes  taux  que  précédemment 
pour  les  diverses  sortes. 

Houblons.  —  Les  affaires  sont  presque  nulles  sur  tous  les  marchés  des  centres 
de  production.  Il  serait  difficile  qu'il  en  liât  autrement.  L'intérêt  se  porte  sur  les 
houblonnières,  dont  la  végétation  est  généralement  bonne,  quoiqu'elle  soit  en 
retard. 

VI.  —  Huiles  et  graines  oléagineuses,  tourteaux,  engrais. 

Huiles.  —  G'est  encore  un  mouvement  de  hausse  que  nous  devons  constater 
sur  les  huiles  de  colza.  On  paye  par  103  kilog.,  à  Paris  :  huile  de  colza  en  tous 
fiÀts,  99  fr.  25;  en  tonnes,  101  fr.  25;  épurée  en  tonnes,  109  fr.  25;  huile  de  lin 
en  tous  fûts,  56  fr.  ;  en  tonnes,  58  ir.  Sur  les  marchés  des  départements,  on.  paye 
les  huiles  de  colza  :  Rouen,  98  fr.  ;  Gaen,  96  fr.  ;  Lille,  96  fr.  50  ;  Arras,  ^5fr.; 
et  pour  les  autres  sortes,  pavot,  80  fr. ;  lin,  60  fr.;  cameline,  80  fr.  —  A  Mar- 
seille, il  y  a  toujours  une  grande  fermeté  dans  les  prix  des  huile  d'olive;  quant 
aux  huiles  de  graines,  il  y  a  une  bonne  tenue  dans  les  cours;  o  paye  les  huiles 
de  sésame  à  fabrique,  105  à  108  fr.  par  quintal  métrique. 

Graines  oléagineuses  —  H  y  a  fermeté  dans  les  prix.  On  paye  à  Arras  par  hec- 
tolitre :  graine  d'œillette,  25  fr.  50  à  28  fr.  25;  lin,  17  à  19  fr.;  camehne;  16  à 
18,fr. 

Tourteaux.  —  Les  prix  sont  toujours  fermes.  On  paye  dans  le  Nord,  à  Arras, 
par  100  kilog.  :  tourteaux  d'œillette,  16  fr.  50  ;  de  colza,  18  Ir.  50  ;  dehn,  23  fr.; 
de  cameline,  18  fr.  —  A  Marseille,  les  cours  sont  sans  changements. 

Engrais.  —  A  Dunkerque,  les  nitrates  de  soude  valent  30  fr.  50  par  100  kilog. 
VII. —  Matières  résineuses,  et  tannantes. 

MatVeres  résineuses.  —  H  y  a  baisse  cette  semaine.  A  Dax,  on  cote  72  fr.  par 
100  kilog.  pour  l'essence  pure  de  térébenthine. 


DES  DENRÉES  AGRICOLES   (12  MAI  1883).  239 

Gaudes.  —  Les  cours  sont  fermes,  dans  le  Languedoc,  à  30  fr.  par   100  kiloç, 

VI II.  —  Textiles. 

Chanvres.  —  Il  y  a  toujours  peu  d'affaires  dans  l'Ouest.  A  Saumur,  les  chanvres 
de  pays  valent  de  70  à  80  fr.  par  quintal  métrique. 

Lins.  —  Les  prix  accusent  beaucoup  de  fermeté.  On  cote,  en  hausse,  dans  le 
Pas-d'-Calais,  65  à  95  fr.  par  100  kilog.  pour  les  lins  de  pays. 

Laines,  —r  Le  commerce  commence  à  s'inquiéter  des  laines  nouvelles!;  les 
approvisionnements  de  l'industrie  sont  partout  très  restreints,  et  il  est  probable 
que  les  cours  débuteront  en  hausse.  Dans  la  Brie,  on  offre  actuellement  2  fr.  10 
à  2  ir.  i5  par  kilog.  en  suint  pour  les  laines  nouvelles. 

IX.  —  Suifs  et  corps  gras. 

Siiifs.  —  Les  cours  se  soutiennent.  On  paye  à  Paris,  110  fr.  par  100  kilog. 
pour  les  suils  purs  de  l'abat  de  la  boucherie;  82  fr.  50  pour  les  sui!s  en 
branches. 

Saindoux.  —  Au  Havre,  on  cote  142  à  143  fr.  par  100  kilog.  pour  les  saindoux 
d'Amérique. 

X.  —  Beurres.  —  Œufs.  —  Fromages. 

Beurres.  —  On  vend  suivant  les  qualités  à  la  halle  de  Paris,  en  derai-kilog., 
1  fr.  96  à  4  fr.  52;  petits  beurres,  1  fr.  92  à  2  fr.  26  ;  Gournay,  2  fr.  20  à  4  fr.  54  ; 
Isigny,  -l  fr.  30  à  7  fr.  50. 

Œufs.  —  Il  a  été  vendu  pendant  la  semaine  à  la  halle  de  Paris,  6,389,868  œufs. 
Au  dernit-r  mar(;hé,  on  cotait  par  mille  :  choix,  83  à  95  fr.;  ordinaires,  58  à 
74  fr.;  ])etits,  50  à  55  ir. 

Fro'nages.  —  Derniers  cours  delà  halle  de  Paris,  par  douzaine  :  Brie,  8  à  38  fr. ; 
Montlbéry,  15  fr.  ;  —  par  cent,  Livarot,  40  à  128  fr.;  Mont-Dor,  29  à  37  IV.,  Neuf- 
cbâtel,  7  fr.  50  à  28  fr.  50;  divers,  15  à  79  fr.  ;  par  100  kilog.;  Gruyère,  140 
à  170  fr. 

XI.  —  Chevaux,  bétail,  viande. 

Chevaux.  — Aux  marchés  des  2  et  5  mai,  à  Paris,  on  comptait  1,021  chevaux; 
sur  ce  nombre,  362  ont  été  vendus  comme  il  suit  : 

Amenés.  Vendus.  Prix  extrêmes. 

Clievaux  de  cabriolet 208  hl  200  à  1 ,070  fr. 

—  de  trait 2fi2  74  300  à  1,250 

—  hors  d'âge 436  116          2.Tàl,090 

—  à  l'enclière 30  30          25  à      370 

—  de  bouclicrie 85  85          20  à       110 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  officiel  du  marché  aux  bes- 
tiaux de  la  Villette,  du  jeudi  3  au  mardi  8  mai  : 

Poids      Prix  du  kilog.  de  viande  nette  sur 
Vendus  moyen  pied  au  marcliè  du  7  mai. 

Pour  Pour  En          4  quartiers,  l"  2<=  3"  Prix 

Amenés.  Paris,  l'extérieur,  totalité.  kil.         quai.  quai.  quai.  moyen. 

Bœufs 4,151  2,940  1,106  4,046  348       1.88  1.74  1.50  1.67 

Vaches ...           1,520  897  576  1,473  232       1.74  1..52  1.38  1.55 

Taureaux 310  266  39  305  377       1.60  1.48  1.40  1.51 

Veaux 3,476  2,262  949  3,211  69       2  34  2.20  1.80  2.05 

Moulons 38,s:!l  25,204  10,888  36,092  19      2.10  2.00  1.80  1.93 

Porcs  gras 6,816  2,820  3,996  6,816  84       1.42  1.36  1.30  1.35 

—  maigres.               »  »  »  »  »»»»  » 

Le  marché  a  été  bien  approvisionné,  comme  les  semaines  précédentes  Les 
ventes  ont  été  faciles  pour  toutes  les  sortes  d'animaux,  à  l'exception  toutefois  des 
moutons  sur  les  prix  desquels  nous  devons  constaté  un  peu  de  baisse.  —  Sur  les 
marchés  des  départements,  on  cote  :  —  Rouen.,  bœufs,  1  fr.  65  à  2  fr.  05  par 
kilog.  de  viande  nette  sur  pied;  vaches,  1  fr.  60  à  2  fr.;  moutons,  1  fr.  90  à 
2  fr.  30;  —  Bordeaux,  bœuf,  0  fr.  76  à  0  Ir.  96  par  kilog.  brut;  vaches,  0  fr.  65 
à  0  fr.  85;  veaux,  0  fr.  85  à  1  fr.05;  moutons,  0  fr.  85  à  1  ir.  05; —  Sedan,  hœuï, 
1  fr.  60  à  1  fr.  80;  veau,  1  fr.  40  à  1  fr.  80;  mouton,  J  fr.  20  à  2  fr.  30;  pore, 
1  fr.  50  à  1  Ir.  90;  —  Nancy,  bœuf.  95  à  99  fr.;  vaches,  70  à  95  fr.;  veaux, 
120  à  130  fr.;  mouton,  110  à  125  fr.;  porcs,  70  à  76  fr.  ;  —  Lyon,  bœuf, 
85  à  92  fr.  par  100  kilog.  bruts;  veaux,  112  à  126  fr.  ;  moutons,  90  à  105  fr.; 
—  Lourgoin,  bœufs,  66  à  76  fr.  ;  vaches,  58  à  68  fr.;  veau,  9û  à  102  fr.  ; 
moutons,  90  à  98  ir.;  porc,  86  à  90  fr.  ;  —  Genève.,  bœuf,  1  fr.  50  à  1  fr.  70;  veau 
(sur  pied),  0  fr.  90  à  1  fr.  10;  mouton,  1  fr.  90  à  1  fr.  95;  porc,  1  ir.  45  à 
]lr.  50. 
A  Londres,  les  importations  d'animaux  étrangers  durant  la  semaine  dernière  se 


240 


REVUE  COMMERCIALE   ET   PRIX  COURANT   (12   MAI    1883). 

sont  composées  de  22,2 i8  lêtes,  dont5  bœufs,  415  veaux,  21  moutons  et  116  porcs 
venant  d'Amsterdam;  114  moutons  d'Anvers  ;  5,5^3  moutons  de  Brème  ;  7,972  mou- 


moutons  et  317  porcs  de  Rotterdam;  51  bœufs  de  Vigo.  Prix  du  kilog.  Bœuf: 
qualité  inférieure,  1  fr.  40  à  1  fr.  58;  2%  1  !r.  58  à  I  fr.  75;  1"  1  fr.  93  à 
2  fr.  10.  —  Veau  :  £*,  1  fr.  93  à  2  fr.  10  ;  V%  ■>  fr.  10  à  2  fr.  2^.  —  Mouton  : 
qualité  inférieure,  1  h.  75  à  1  fr.  93;  2%  1  fr.  93  à  2  fr.  10;  i''",  2  fr.  16  à 
2  fr.  28. 

Viande  à  la  criée.  —  Il  a  été  vendu  à  la  balle  de  Paris  du  :?.0  au  6  mai  : 

Prix  du  kilog.  le  7  mai. 

kilog.            1"  quai.                2"  quai.  3"  quai.                Choix.       Basse  Boucherie. 

Bœuf  on  vache...   16i,931  1.6G  à  2.08     1.44  à  1.64  1.04  à  1.42  l.iitj  à  .3.16     0.20  à  1.36 

Veau 230, .597  1.88      2  32     1.66       1.86  1.16       1.64  1.56       2.68       » 

Mouton .     89,991  1.58       1.98     1.36       1.56  0.94       1.34  1.76       2.60       » 

Porc 60,Si)0                      Tore  frais 1.28  à  1.52;  salé, 

546,319         Soitparjour 78,045  kilog. 

Les  ventes  ont  été  supérieures  de  4,000  kilog.  par  jour  à  celles  de  la  semaine 
précédente.  Les  pri.x  accusent  beaucoup  de  fermeté. 

XII.  —  Cours  de  la  viande  à  l'abattoir  de  la  Villelte  du  10  mai  {par  bOkilng.) 

Cours  de  la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  Villette  par  50' kilog.  :  V  quabté, 
80  à  83  fr.  ;  2%  75  à  80  fr.  ;  poids  vifs,  51  à  56  fr. 

Bœufs.  Veaux.  Moutons. 

1"  r  3°  l-  2"  3'  1"  2*  3° 

quai.  quai.  quai.  qial.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai. 

fr.  ir.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr. 

88  82  77  120  110  100  95  89  80 

XIII.  —  Marché  aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi  10  ï)ini  1883. 

Cours  des  commissionnaires 
Poids  Cours  officiels.  en  bestiaux. 

Animaux  général.     1"  2*        3*  Prix  V        V  3°  Prix 

amenés.  Invendus.  kil.        quai.  quai.  quai,  extrêmes.  quai. quai.  quai.  extrêmes. 

Bœufs 2,035  40  360          1.86  t. 72      1.50  l.i'iàl.Di  1.8'4      i  .  70  1.48  1.42àl.90 

Vaches 603  1D  232          (.72  i . ÔO      1   38  1.30     1.78  1.70     1.47  1.3G  4.28     1.76 

Taureaux...          153  »  385          (   60  1.50     1.40  < .  3tj      1.68  '    58      (.48  1.38  1.34     1  66 

Veaux 1.409  96  80          2   30  2.20      1    84  1 .  (»0     2.56  »               »  »  » 

Moutons 21.029  1.373  I9          2.10  1.98      1    80  1.60     2.14  »               »  »  » 

Porcs  gras..     4   144  »  83         l .52  1   46     1 .40  l .34     l .56  »              »  » 

—  maigres..          »  »  »»»»»»»»»» 

Vente  assez  active  sur  toutes  les  espèces. 

XIV.  —  Résumé. 

Il  y  a  eu,  depuis  huit  jours,  grande  fermeté  dans  les  cours  de  la  plupart  des 

denrées;  tel  est  le  résumé  de  la  semaine.  A.  Remy. 

BULLETIN  FINANCIER 

La  conversion  se  poursuit  au  milieu  du  plus  grand  calme.  Mais  peadan  t  cette 
semaine  les  affaires  ont  présenté  une  réelle  insignifi  ince;  il  eiit  été  diflicile  qu'il 
en  fût  autrement.  Il  faut  attendre  pour  se  rendre  compte  des  résultats  définitifs 
de  l'opération.  Les  cours  de  toutes  les  valeurs  se  maintiennent  avec  fermeté; 
c'est  tout  ce  que  l'on  peut  demander  dans  lapériode  de  transition  de  cette  semaine. 

Pour  les  fonds  français,  on  cote  :  3  pour  100,  79  fr.  80;  —  3  pour  100  amor- 
tissable, 81  fr.  30;  — 4etdemipour  100,  110  fr.;  —  5  pour  100,  109  fr.  20.  C'est  à 
ce  taux  que  va  s'achever  la  conversion. 

La  Banque  de  France  est  cotée  à  5,420  fr.,  en  hausse  depuis  hu  t  jours.  Le 
Crédit  foncier  vaut  1,335  fr.  sans  changements.  Il  y  a  de  la  faiblesse  sur  le 
Comptoir  d'escompte,  coté  à  975  fr. 

Les  titres  des  chemins  de  fer  sont  un  peu  délaissés.  On  trouve  que  les  conven- 
tions entre  l'Etat  et  les  Compagnies  se  prolongent  plus  que  l'on  ne  pensait,  et 
quoique  l'on  soit  à  peu  près  certain  du  résultat  tinal,  les  baissiers  ont  le  dessus. 
On  cote  :  le  Nord  à  1,93-  fr.;  Orléans,  1,255  fr.;  le  I^aris-Lyon-Méditerranée, 
1,505  fr.;  l'Est,  720  fr.;  l'Ouest,  785  fr.;  le  Midi,  1,17.)  fr. 

Malgré  ses  difficultés  avec  la  Ville  de  Paris,  les  actions   de  la  Compagnie  pari- 
sienne du  gaz  sont  bien  tenues  à  1,380  fr.  E.  Eéro.\. 
Le  gérant,  A.  Bouché. 


.    CHRONIQUE  AGRICOLE  (19  mai 


1883). 


Les  premiers  concours  régionaux.  —  Organisation  de  ces  solennités.  —  Les  lauréats  des  prin- 
cipales récompenses  de  culture  dans  les  départements  de  la  Somme,  de  l'Ain  et  de  l'Ariège.  — 
Nécessité  de  faire  revivre  l'émulation  chez  les  cultivateurs.  —  Heureuse  influence  du  revirement 
de  la  température.  —  Nomination  de  membres  du  Conseil  supérieur  de  l'agriculture.  —  Le 
service  sanitaire  du  bétail.  —  Instructions  relatives  aux  visites  des  animaux  dans  les  ports 
d'embarquement.  —  Projet  de  création  d'un  herd-book  de  la  race  bovine  normande.  —  Nécro- 
logie. —  M.  le  comte  d'Esterno.  —  Dixième  liste  de  la  souscription  ouverte  pour  élever  un 
monument  à  Léonce  de  Lavergne.  —  Inauguration  du  monument  de  M.  Dulertre  h  Grignon.  — 
Circulaire  du  ministre  de  la  guerre  relativement  aux  militaires  mis  à  la  disposition  des  culti- 
vateurs. —  Concours  pour  deux  emplois  de  professeurs  dans  les  écoles  nationales  d'agriculture. 
—  Concours  en  Sardaigne  pour  les  machines  propres  à  élever  l'eau.  —  Concours  ouvert  par  la 
Société  d'agriculture  de  Meaux  pour  la  préparation  et  la  conservation  des  fumiers.  —  Prochaine 
exposition  générale  d'horticulture  à  Paris.  —  Organi.sation  d'une  exposition  d'horticulture  à 
Nice.  —  Concours  international  de  laiterie  à  Liège.  —  Le  commerce  des  vins.  —  Lettre 
adressée  au  Comice  central  agricole  de  la  Loire-Inférieure  sur  les  fabrications  des  vins.  —  La 
question  de  l'analyse  des  vins  falsifiés.  —  Opinion  du  Comité  consultatif  des  arts  et  manufac- 
tures. —  Lettre  de  M.  Beaume  sur  les  résultats  du  concours  spécial  de  pompes  à  vin  au  concours 
agricole  de  Sidi-Bel-Abbès. 

I.  —  Les  solennités  agricoles. 

La  période  des  concours  régionaux  est  aujourd'hui  ouverte.  Trois 
concours  ont  eu  lieu  la  semaine  dernière  :  à  Amiens,  à  Bourg  et  à  Foix. 
Partout  ces  solennités  ont  été  remarquables  à  la  fois  par  la  quantité 
et  la  valeur  des  animaux  et  des  produits  qui  y  figuraient;  c'est  d'un 
bon  augure  pour  les  autres  concours  qui  vont  désormais  se  succéder 
sans  interruption  jusqu'à  la  lin  du  mois  de  juin;  toutefois  une  partie 
de  l'éclat  du  concours  d'Amiens  a  été  grâtée  par  un  temps  affreux  qui 
a  régné  pendant  la  plus  grande  partie  de  la  semaine.  M.  Méline,  mi- 
nistre de  l'agriculture,   accompagné  de   M.   Tisserand,  directeur  de 
l'agriculture,  a  visité  cette  solennité,  et  il  a  donné  la  preuve  de  son 
vif  désir  d'arriver  rapidement  à  la  solution  des  graves  problèmes  qui 
sont  aujourd'hui  en  suspens  pour  assurer  la  marche  du  progrès  agri- 
cole.  Les  grandes  récompenses  agricoles,  prix   culturaux   et   prime 
d'honneur,   étaient  offertes  aux  agriculteurs  des  départements  de  la 
Somme,  de  l'Ain  et  de  l'Ariège.  Dans  le  département  de  la  Somme,  le 
jury  n'a  décerné  aucun  prix  cultural;  nous  ne  pouvons  que  déplorer 
ce  résultat  dans  un  département  qui  était  considéré  jusqu'ici  comme 
un  de  ceux  oii  l'agriculture  est  le  mieux  pratiquée.  Dans  le  départe- 
ment de  l'Ain,  la  prime  d'honneur  a  été  remportée  par  M.  Desvignes- 
Bérard,  propriétaire-agriculteur  à  Marlieux;  un  objet  d'art  de  spécia- 
lité a  été  attribué  à  M.  de  Monicault,  à  Versailleux,  pour  son  ensilage 
de  maïs,  la  belle  installation  de  sa  laiterie  et  son  élevage  très  remar- 
quable de  bétail.  Dans  le  département  de  l'Ariège,  M.  Jean  Estèbe, 
cultivateur  à  Vernajoul  (arrondissement  de  Foix),  a  été  lauréat  du  prix 
cultural  des  domaines  au-dessous  de  20  hectares  ;  un  objet  d'art  de 
spécialité  a  été  décerné  à  M.  Jaubert,  directeur  de  la  ferme-école  de 
Royat,  pour  la  création  d'un  vignoble  de  25  hectares  et  la  bonne  tenue 
de  l'ensemble  de  ses  vignes.  Dans  le  même  département,  des  prix 
pour  les    irrigations  ont   été   attribués  à  M.  Rigal,  à  Pamiers,  et  à 
M.  Sicre  Tarride,  à  Mérens.  Les  récompenses  ont  été  peu  nombreuses; 
ce  n'est  pas  que  les  concurrents  aient  manqué,  mais  les  commissions 
se  sont  montrées  sévères.  Nous  n'avons  pas  à  les  en  blâmer,  quoique 
nous  soyons  de  ceux  qui  estiment  que  la  bienveillance]  doit  surtout 
présider   aux  jugements.  Une   innovation   importante  est  proposée, 
comme  nos  lecteurs  le  savent,  aux  programmes  des  concours  pour  1 884  ; 
M.  le  ministre  de  l'agriculture  a  demandé  qu'une  somme  de  50,000  fr. 
fût  mise  à  sa  disposition    pour  la  création  de  primes  spéciales  en 

N«  736.  —  Tome  II  de  1883.  —  19  Mai. 


242  CHRONIQUE  AGRICOLE  (19  MAI   1883). 

faveur  de  la  petite  culture.  Nous  espérons  que  cette  mesure  sera 
adoptée,  et  qu'elle  donnera  un  nouvel  élan  à  une  émulation  un  peu 
fatiguée,  mais  à  laquelle  les  agriculteurs  ne  doivent  pas  renoncer. 

II,  —  Le  retour  du  beau  temps. 

Depuis  quelques  jours,  le  temps  chaud,  impatiemment  attendu  par 
les  cultivateurs,  règne  dans  toute  la  f'rance.  Lépais  rideau  de  nuages 
qui  obscurcissait  le  ciel  s'est  dissipé,  et  le  so'eil  brille  avec  éclat. 
Toutes  les  plantes  profilent  de  cet  heureux  revirement;  les  craintes 
de  gelées  tardives  s'évanouissent;  le  retard  de  la  végétation  sera  bien- 
tôt réparé.  Le  cultivateur  peut  espérer  que  de  bonnes  récolles  le  récom- 
penseront de  ses  soins.  Les  magnaniers,  que  des  froids  prolongés 
avaient  inquiétés,  comptent  désormais  sur  un  développement  normal 
de  la  feuille  des  mûriers  et  une  marche  régulière  dans  les  éducations 
des  vers  à  soie. 

III.  —  Conseil  supérieur  cle  V agriculture. 

Le  Journal  officiel  annonce  que,  par  décret  en  date  du  8  mai,  rendu 
sur  la  proposition  du  ministre  de  l'agriculLure,  ont  été  nommés 
membres  du  Conseil  supérieur  de  l'agriculture:  IMM.  Casimir-Périer, 
député,  ancien  sous-secrétaire  d'Etat  au  ministère  de  l'instruction 
publique  et  des  beaux-arts;  Edmond  Gaze,  député,  ancien  sous-secré- 
taire d'Etat  au  ministère  de  l'agriculture  ;  Lecouteux,  professeur  d'éco- 
nomie rurale  à  l'Institut  national  agronomique.  —  En  outre,  par  un 
arrêté  du  ministre  de  l'agriculture,  en  date  du  10  mai,  M.  Delestrac, 
inspecteur  général  des  ponts  et  chaussées  en  retraite,  a  été  nommé 
membre  de  la  Commission  permanente  de  l'hydraulique  agricole,  et 
chargé  des  fonctions  d'inspecteur  général  de  l'hydraulique  agricole, 
près  cette  Commission. 

IV.  — Service  sanitaire  du  bétail. 

Dans  notre  dernier  numéro,  nous  avons  publié  (page  232)  deux  dé- 
crets relatifs,  le  premier  aux  bureaux  de  douane  ouverts  à  l'importa- 
tion et  au  transit  du  bétail,  le  second  aux  ports  de  mer  ouverts  à 
l'exportation.  Des  vétérinaires  sont  commissionnés,  dans  les  ports, 
pour  la  visite  des  animaux  destinés  à  l'exportation  ;  un  arrêté  de  M.  le 
ministre  de  l'agriculture  a  décidé  que  leurs  honoraires  seraient  fixés 
de  30  à  GO  centimes  par  tête  pour  le  gros  bétail,  et  de  10  à  20  cen- 
times pour  les  moutons,  chèvres,  porcs,  suivant  le  nombre  d'ani- 
maux soumis  à  leur  examen.  Pour  la  méthode  à  suivre  dans  cette 
visite  sanitaire,  les  instructions  suivantes  devront  être  observées 
ponctuellement  : 

Aux  termes  du  décret  du  22  juin  1 882,  portant  règlement  d'administration  publi- 
que pour  l'exécution  de  la  loi  du  21  juillet  1881,  les  animaux  exportés  par  mer  ne 
peuvent  être  expédiés  que  par  certains  ports  spécialement  déterminés  par  décret 
et  sur  la  présentation  d  un  ci-rificat  de  santé  délivré  par  un  vétérinaire. 

Pour  l'exécution  de  ces  prescriptions,  un  décret  du  6  avril  dernier  a  dcsigné  les 
ports  ouverts  à  la  sortie  des  animaux. 

Dans  chacun  d'eux  le  permis  d'embarquement  n'est  délivré  qu'après  l'accomplis- 
sement de  mesures  sanitaires  ayant  pour  objet  de  sauvegarder  les  intérêts  de 
notre  commerce,  en  prévenant  l'envoi  à  l'étranger  de  tout  animal  atteint  ou  sus- 
pect de  maladie  contagieuse. 

Dans  les  ports  où  les  circonstances  permettent  l'organisation  d'un  service  sani- 
taire, la  visite  des  animaux  destinés  à  l'exportation  s'eliectuera  sur  le  quai  même 
d'embarquement  et  seulement  de  jour. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (19  MAI  1883).  243 

Elle  portera  sur  clinique  animal  individuellement,  et  le  certificat  de  santé  ne 
pourra  être  délivré  qu'après  l'inspection  de  tous  les  animaux. présents  sur  le  quai. 

Le  véléi inaire  devra  s'assurer  'le  la  salubrité  du  navire  eraj)l»yé  au  transport  et 
constater  le  bon  état  de  propreté  des  parties  destinées  à  recevoir  les  animaux,  des 
pontons  et  passerelies,  et  en  général  de  tous  les  objets  servant  à  l'embarquement. 

Si,  pendant  l'examen  d'un  troupeau,  un  cas  de  maladie  contagieuse  est  constaté, 
le  certificat  de  santé  sera  rigoureusement  refusé,   non  seulem-'nt  pour   l'animal 
malade,  mais  pour  tous  les  animaux  susceptibles  de  contracter  la  mè(ne  maladie 
soit  qu'ils  fassent  partie  du  même  troupeau,  soit  qu'ils  aient  été  trouvés  en  con- 
tact avec  les  animaux  atteints. 

De  plus,  les  uns  et  les  autres  seront  immédiatement  isolés,  les  malades  sépa- 
rés de  ceux  simplement  suspects  et  les  au'orités  de  police  averties. 

Enfin,  les  quais  et  les  emplacements  où  les  animaux  auront  stationné  seront 
désinlectés  après  chaque  départ. 

Par  ces  mesures,  l'organisation  du  service  sanitaire  des  animaux 
est  absolument  complète  en  France,  aussi  complète  que  dans  tout 
autre  pays.  La  suspicion,  d'ailleurs  peu  légitime,  que  l'on  entretient 
avec  complaisance  dans  quelques  contrées,  notamment  en  Angleterre, 
contre  notre  commerce  d'exportation  du  bétail,  devra  disparaître.  Les 
satisfactions  les  plus  complètes  sont  données  à  toutes  les  exigences.  Il 
en  est,  d'ailleurs,  de  même  à  l'intérieur;  le  service  sanitaire  fonctionne 
aujourd'hui  avec  régularité  dans  la  plupart  des  départements,  au  grand 
bénéiîce  des  agriculteurs  et  du  commerce  du  bétail. 

Y.  —  Herd-book  de  la  race  normande. 
Depuis  plusieurs  années,  on  se  préoccupe  activemetit  de  la  création 
d'un  herd-book  spécial  pour  la  race  bovine  normande.  La  réalisation 
de  ce  progrès  important  paraît  être  sur  le  point  d'aboutir.  En  effet, 
une  Commission  spéciale  a  été  récemment  créée  pour  organiser  un 
livre  généalogique  de  la  race  bovine  normande  dans  les  quatre  dépar- 
tements du  Calvados,  de  l'Eure,  de  la  Manche  et  de  la  Seine-Infé- 
rieure. Sur  ce  herd-book  seront  inscrits  les  animaux  reproducteurs  de 
race  pure,  qualifiés  au  point  de  vue  des  formes  et  des  aptitudes,  ainsi 
que  les  animaux  issus  de  père  et  de  mère  déjà  inscrits.  Les  éleveurs 
doivent  envoyer  les  demandes  d'inscription,  à  la  préfecture  du  Cal- 
vados :  ces  demandes  sont  reçues  depuis  le  1"  mai  jusqu'au  15  sep- 
tembre 1b83  pour  les  animaux  appartenant  aux  départements  du  Cal- 
vados et  de  l'Eure,  et  jusqu'au  15  mars  ISS't  pour  les  animaux 
des  départements  de  la  Manche  et  de  la  Seine-Inférieure. 

VL  —  Nécrologie. 
Nous  avons  le  vif  regret  d'annoncer  la  mort  de  notre  confrère  de  la 
Société  nationale  d'agriculture,  M.  le  com.te  d'Esterno.  Il  était  âgé  de 
soixante-dix-huit  ans,  et  sa  longue  carrière  a  été  tout  entière  vouée  à 
la  défense  des  intérêts  agricoles.  Il  fut,  en  1844,  un  des  membres  les 
plus  actifs  du  Congrès  central  d'agriculture  dont  il  a  été  secrétaire; 
il  fut  aussi  un  des  fondateurs  de  la  Société  d'économie  p  ilitique.  On 
lui  doit  plusieurs  ouvrages  importants,  écrits  avec  verve  et  talent,  sur 
les  privilèges  dont  souffre  l'agriculture  et  sur  le  crédit  agricole.  Dans 
ces  dernières  années,  il  s'était  voué  avec  une  ardeur  vraiment  juvénile 
à  la  destruction  des  loups;  nos  lecteurs  se  souviennent  certainement 
des  articles  intéressants  qu'il  a  publiés  dans  nos  colonnes.  Il  possé- 
dait à  la  Vesvre,  près  d'Autun  (Saône-et- Loire),  un  grand  domaine 
sur  lequel  il  avait  exécuté  d'importants  travaux  de  reboisement  et 
d'irrigations. 


20  00 

2h   00 

20  00 

2  00 

2  00 

20  00 

10  00 

20  00 

70  00 

Î44  CHRONIQUE  AGRICOLE  (19  MAI   1883). 

VII.  —  Souscription  pour  élever  un  monument  à  Léonce  de  Lavergne. 
Voici  la  dixième  liste  de  la  souscription    ouverte  pour  élever  un 
monument  à  Léonce  de  Laver£:ne  : 

Fr. 

Report  de  la  neuvième,  liste: 9,183  50 

Liste  de  V Ecole  Mathieu  de  Dombasle,  à  Nancy. 

MM.  Thiry,  directeur  de  l'Ecole 5  00     \ 

Berb'ain ,  directeur  de  l'abattoir  de  Nancy,  professeur  \ 

de  zootechnie 5  00     1 

Bichat,   piofesseur  de  physique    à  la  Faculté  des 

sciences  de  Nancy 5  00 

Crépey,  surveillant 2  00 

Dapp,  professeur  d'allemand 5  00 

Grandeau,  doyen  de  la  Faculté  des  sciences,  profes- 
seur de  chimie  agricole 5  00    \  63  00 

Guillaume,  surveillant  général 2  00    ( 

Henry,  professeur  d'horticulture  et  d'arboriculture.  2  00  l 
Lapointe,  ingénieur  civil,  professeur  de  génie  rural.  5  00  \ 
Pargon,     professeur    départemental    d'agriculture, 

directeur  des  études '  5  00 

Puton,  directeur  de  l'Ecole  forestière  de  Nancy,  pro- 
fesseur à  l'Ecole 5  00 

Les  élèves  de  l'Kcolc 17  00    / 

Comice  agricole  de  Samt-A\Qnan  sur  Iloé  (Mayenne) 

Sociéi  é  d'agriculture  de  Verdun  (Meuse) 

MM.  Java!,  ingénieur * 

Lemoine  (Victor)  

Lemoine  (Emile) 

Meurinne,  conseiller  général  de  l'Oise 

Naurois  j  de) 

Comice  agricole  de  Toul  (Meurthe-et-Moselle) 

Société  d'agriculture  de  Compiègne  (Oise) 25  00     ) 

Collecte  faite  parmi  ses  membres  à  la  séance  de  mai. . .     45  00     \ 

Total  de  la  neuvième  liste 9,i3o  50^ 

Nous  rappelons  à  nos  lecteurs  qu'ils  peuvent  envoyer  leurs  sous- 
criptions à  M.  Henry  Sagnier,  secrétaire  du  Comité,  aux  bureaux  du 
Journal  de  t agriculture. 

Vin.  —  Monument  élevé  à  M.  Dutertre. 
Nos  lecteurs  savent  qu'une  souscription  a  été  ouverte  pour  élever 
un  monument  sur  la  tombe  de  M.  Dutertre,  ancien  directeur  de  l'école 
nationale  de  Grignon,  dans  le  cimetière  de  Thiverval.  L'inauguration 
du  monument  aura  lieu  le  jeudi  24  mai.  Le  Comité  d'honneur  qui 
dirigera  cette  cérémonie  a  pour  président  d'honneur  M.  Dumas,  pré- 
sident de  la  Société  nationale  d'agriculture,  et  pour  président  M.  Boi- 
tel,  inspecteur  général  de  l'agriculture,  président  actuel  de  l'asso- 
ciation amicale  des  anciens  élèves  deGrignon.  Le  départ  de  Paris  aura 
lieu  le  24  mai,  à  midi  et  demi,  par  la  gare  Montparnasse. 

IX.  —  Militaires  mis  à  la  disposition  des  cultivateurs. 
M.  le  ministre  de  la  guerre  a  adressé,  à  la  date  du  30  avril,  la  cir- 
culaire suivante  à  tous  les  généraux  commandant  les  corps  d'armée  : 

«  Mon  cher  général,  j'ai  décidé  que  des  travailleurs  militaires  seront  mis  cette 
année,  comme  les  années  précédentes,  à  la  disposition  des  cultivateurs  pour  les 
travaux  des  récoltes,  en  tenant  compte  des  besoins  des  diverses  contrées. 

«  A  cet  effet,  des  permissions  de  trente  ou  de  vingt  jours,  suivant  le  cas,  pour- 
ront être  accordées  aux  militaires  qui  en  feront  la  demande,  dans  les  conditions 
déterminées  par  les  circulaires  ministérielles  des  5  juillet  1877,  24  juin  1878, 
12  août  1879,  et  les  lettres  collectives  des  28  mai  1881  et  25  mars  18'<2. 

«  Je  vous  prie  de  donner  les  ordres  et  avis  en  conséquence,  dans  l'étendue  de 
votre  commandement. 
_  «  MM.  les  ministres  de  l'intérieur  et  de  l'agriculture  sont  informés  de  la  déci- 
sion dont  il  s'agit. 

Le  minisire  de  la  guerre^  Thibaudin.  » 

Il  est  à  souhaiter  que  tous  les  militaires  qui  seront  mis  à  la  dispo- 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (19  MAI  1883).  245 

sition  des  cultivateurs  pour  les  travaux  des  récolles,  jouissent  de  congés 
de  trente  jours,  comme  le  fait  espérer  la  circulaire  que  l'on  vient  de 
lire.  Ainsi  se  trouverait  réalisé  un  des  vœux  que  les  agriculteurs  ont 
le  plus  souvent  exprimé  depuis  quelques  années. 

X.  —  Concours  pour  des  chaires  dans  les  écoles  d'agriculture. 

Deux  chaires  sont  vacantes  actuellement  dans  les  écoles  nationales 
d'agriculture,  et  des  concours  seront  ouverts  prochainement  pour  la 
nomination  des  titulaires. 

Un  concours  sera  ouvert  à  Paris,  le  lundi  20  août  1883,  pour  la 
nomination  à  un  emploi  de  professeur  de  physique,  chimie,  minéra- 
logie et  géologie  appliquées,  dans  les  écoles  nationales  d'agriculture. 

Un  concours  sera  ouvert  à  Paris,  à  l'Institut  national  agronomique 
(Conservatoire  des  arts  et  métiers),  le  lundi  6  aoijt  1883,  pour  la  nomi- 
nation d'un  titulaire  à  la  chaire  de  génie  rural  de  l'école  nationale 
d'agriculture  de  Grignon  (Seine-et-Oise) . 

Le  programme  de  ces  concours  est  adressé  aux  personnes  qui  en  font 
la  demande  au  ministre  de  l'agriculture. 

XL  —  Machines  propres  aux  irrigations. 

Une  exposition  internationale  de  machines  et  appareils  élévateurs 
des  eaux  pour  l'irrigation  des  terres  et  pour  l'abreuvage  des  ani- 
maux, sera  ouvert  à  Gagliari  (Sardaigne),  à  partir  du  l"  juin  1883. 
Les  demandes  d'admission  seront  reçues  par  le  Comité  directeur  jus- 
qu'au 15  mai  prochain.  On  distribue  le  programme  de  cette  exposi- 
tion, au  ministère  de  l'agriculture,  bureau  des  encouragements,  boule- 
vard Saint-Germain,  244. 

Xn.  —  Préparation  des  fumiers. 

La  Société  d'agriculture  de  l'arrondissement  de  Meaux,  présidée  par 
par  M.  Gatellier,  ouvre  un  concours  entre  les  cultivateurs  du  canton 
de  Grécy  pour  la  fabrication,  la  conservation  et  l'emploi  des  fumiers  de 
ferme.  La  Société  considère,  à  juste  titre,  que  parmi  les  progrès  à 
réaliser  dans  l'intérêt  de  l'agriculture,  figurent  au  premier  rang  ceux 
relatifs  à  la  bonne  fabrication  des  fumiers  de  ferme,  et  à  l'application 
des  procédés  les  meilleurs  pour  empêcher  l'évaporation  des  principes 
fertilisants  qu'ils  contiennent.  Le  jury  aura  à  examiner  les  procédés 
employés  pour  la  bonne  composition  et  la  conservation  des  fumiers  de 
ferme,  les  mesures  prises  pour  recueillir  et  utiliser  les  purins,  déjections 
humaines,  déchets  divers;  le  tassement  soigné  des  fumiers;  les  abris, 
procédés  mécaniques  ou  chimiques  pour  arrêter  l'évaporation  des  gaz 
fertilisants  ;  les  appareils  pour  le  transport;  les  méthodes  pour  l'em- 
ploi des  fumiers  dans  les  champs.  Les  concurrents  devront  s'inscrire 
au  secrétariat  de  la  Société,  à  l'hôtel  de  ville  de  Meaux,  avant  le 
1*""  juin  1883.  Il  pourra  être  attribué  par  le  jury,  pour  la  moyenne 
et  pour  la  petite  culture,  une  médaille  d'or,  une  médaille  de  vermeil 
et  une  médaille  d'argent.  De  plus,  pour  la  petite  culture,  une  somme 
de  1 00  fr,  est  mise  à  la  disposition  du  jury. 

XIIL  —  Exposition  d' horticulture  à  Paris. 

La  grande  exposition  annuelle  de  la  Société  nationale  et  centrale 
d'horticulture  de  France  s'ouvrira  à  Paris  le  mardi  22  mai,  dans  le 
pavillon  de  la  ville  de  Paris,   derrière  le  palais  de  l'Industrie,  aux 


^Mt  CHRONIQUE   AGRICOLE    (19  MAI  1883). 

Champa-Élysées.  On  sait  que  cette  exposition  est  <<énérale.  Sous 
l'habile  direction  de  M.  La\allée,  président  de  la  Société,  et  de  ses 
collaborateurs,  elle  a  pris  depuis  quelques  années  une  grande  impor- 
tance; elle  peut  rivaliser  aujourd'hui  avec  les  plus  belles  solennités 
florales  de  la  Belgique  et  de  l'Angleterre, 

XIV.  —  Exposition  d'horticulture  à  Nice. 

A  l'occasion  du  concours  régional  agricole  qui  aura  lieu  à  Nice  du 
17  au  25  novembre  1883,  la  Société  centrale  d'agricullure  de  Nice 
donnera  un  concours  floral  les  19,  21  et  23  novembre.  Toutes  les 
sociétés  florales,  horticoles^  industrielles,  tous  les  horticulteurs,  et 
tous  les  amateurs  des  départements  des  Alpes-Maritimes,  de  l'Aude,, 
des  Bouches-du-Rhône,  de  la  Corse,  du  Gard,  de  l'Hérault,  des  Pyré- 
nées Orientales  et  du  Var  sont  invités  à  prendre  part  à  ce  concours.  Le 
concours  floral  durera  trois  jours  :  le  19,  pour  les  arbustes,  plantes 
fleuries  et  fleurs  coupées  ;  le  21  pour  les  bouquets  divers  en  fleurs 
naturelles  ;  le  23  pour  les  corbeilles  de  table,  jardinières,  guirlandes, 
couronnes,  coitïures  de  bal,  boutonnières,  etc.,  en  fleurs  naturelles. 
Les  demandes  devront  être  adressées  au  secrétariat  de  la  Société, 
avenue  de  la  Gare,  32,  avant  le  5  octobre. 

XV.  —  Concours  agricoles  en  Belgique. 

La  Société  royale  agricolede  l'est  de  la  Belgique  tiendra  son  concours 
central,  du  7  au  10  juillet,  à  Liège,  sous  la  direction  de  M.  Jules  Ncef, 
président  de  la  Société.  A  celte  solennité  sera  joint  un  concours  inter- 
national de  laiterie  ;  des  catégories  spéciales  sont  ouvertes  aux  réfi-igé- 
rants,  aux  machines  servant  à  séparer  la  crème  du  lait,  aux  barattes, 
aux  presses  à  fromages,  aux  machines  et  appareils  pour  le  transport 
du  lait,  aux  instruments  scientifiques  à  l'usage  des  laiteries,  aux 
installations  les  plus  complètes  et  les  plus  perfectionnées  de  laiterie  et 
de  fromagerie,  aux  modèles,  plans,  figures  et  autres  moyens  d'instruc- 
tion. Tous  les  appareils  présentés  à  ce  concours  seront  expérimentés. 

XVI.  —  Le  commerce  des  vins. 
Ainsi  que  nos  lecteurs  l'ont  vu  par  nos  précédentes  chroniques,  la 
question  de  l'alcoolisation  à  outrance  des  vins  importés,  et  notamment 
des  vins  espagnols,  et  celle  de  la  circulation  des  piquettes  alcoolisées, 
préoccupent  vivement  les  viticulteurs.  Sur  ces  deux  questions,  voici 
le  texte  d'une  lettre  qu'un  grand  nombre  de  producteurs  du  départe- 
ment delà  Loiro-In!érieure  ont  adressée  récemment  au  (>omice  agri- 
cole central  de  ce  département,  et  qui  a  été  couverte  de  3,400  signatures  : 

«  Nantes,  le  2S  avril  1883: 
«  Les  soussignés,  propriétaires  et  cultivateurs  de  vigne,  commissionnaires  et 
négociants  faii-ant  le  coranaerce  des  vins  de   la  Loire-lnlérieure,   ont  l'iionneur 
d'appeler  votre  attention  sur: la  situation  difficile  où  se  trouve  réduite  la.  viticul- 
ture de  notre  département. 

«  Ce  fâcheux  état  de  choses  provient,  pour  une  grande  partie,  de  causes  natu- 
relles trop  cotmues  jiour  que  nous  ayons  à  les  rappeler  en  détail.  Gelées  d'une 
excessive  rigutur,  violents  orages  de  grêle,  absence  de  chaleur  et  jduies  conti- 
nuelles pendant  les  saiVons  d'été,  rien  n'a  manqué,  depuis  cinq  ans,  pour  détruire: 
et  endommager  g  avement  nos  récoltes  et  faire  succéder  la  gêue  et  l-i  soulîiance  à 
la  proi^périte  qu'-  la  culture  de  la  vigne  avait  napuère  développée  parmi  nous. 

«  De  plus,  i<timulé  par  la  rareté  de  nos  produits  et  les  besoins  de  la  consom- 
mation, te  commeice-  est  venu,  de  tous  les  côtés,  suppléer  à  la  faiblesse  des, 
approvisi  nnemeuts  et  peser  aiiui  constamment  sur  les  prix  qui  auraient  pu,  dans' 
uaeicertaineaaesure,  atténuer  pour  nous  l'insulfibance  des  récultes. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (19  MAI   1883).  2*4  7 

«  Hâtons-nous  de  dire  qu'en  indiquant  ces  deux  causes,  l'une  de  force  majeure, 
l'autre  résultant  de  l'intervention  légitime  et  nécessaire  du  commerce,  nous  ne 
songeons  nullement  à  nous  en  plaindre.  Mais  nous  avons  du  moins  le  droit  d'exiger 
qu'une  situniion  si  pénible  ne  soit  pas  encore  aggravée  par  les  agis^ernents  d'une 
concurrence  qui  n'est  ni  loyale  ni  juste,  parce  qu'elle  n'obtient  la  faveur  du  public 
qu'en  le  trompant  sui-  la  nature  et  la  qualité  réelle  de  la  marchandise. 

<c  Sans  doute,  la  fraude  a  toujours  existé,  et  de  tout  temps  une  avidité  sans 
scrupule  a  exploité  l'insouciance  et  l'ignorance  du  consommateur  en  altérant  de 
mille  manières  les  objets  de  consommation.  Mais,  en  ce  qui  concerne  le  vin,  nous 
ne  croyons  pas  que  jamais  l'art  des  falsilications  et  des  multiplications  indéfinies 
se  soit  exercé  sur  une  aussi  vaste  échelle  et  à  l'aide  de  moyens  aussi  variés. 

«  Pour  ne  citer  que  quelques-uns  de  ceux  qui  sont  communément  employés  : 

«  Des  vins  chargés  de  couleur  sont  dédoublés  avec  de  l'eau  et  renforcés  ensuite 
d'alcool  si  le  degré  reste  trop  faible; 

«  Ou  fabrique  des  piquettes  avec  de  l'eau  sucrée  qu'on  met  à  fermenter  sur  les- 
marcs  de  vendange; 

«  Ou  bien  les  piquettes  sont  faites  simplement  avec  de  l'eau  jetée  sur  le  marc, 
et  ensuite  fortement  alcoolisées  ; 

«  Des  vins  sont  fabriqué-?  avec  des  raisins  secs,  de  l'eau  et  de  l'alcool» 

<v  Puis,  comme  ces  créations  trahiraient  trop  aisément  leur  origine,  on  s'efforce 
de  masquer  le  tiavail  opéré  par  l'emploi  de  diverses  substances  ayant  pour  but 
d'imiter  le  mieux  possible  la  couleur,  le  goiît  et  le  bouquet  du  vin,  et  dont  l'inno- 
cuité est  souvent  très  contestable. 

«  Quelquefois  même  il  se  fait,  de  toutes  pièces,  de  soi-disant  vins  dans  lesquels 
le  jus  des  cépages  n'entre  i)as  ou  n'entre  que  pour  une  part  extrêmement  faible. 

«  Est-il  besoin  d'ajouter  que,  surtout  au  détail,  ces  compositions  se  vendent 
comme  produits  authentiques  de  la  vigne,  et  que  presque  jamais  l'acheteur 
n'est  rais  à  même  d'apprécier  le  vrai  motif  du  bon  marché  qui  détermine  ses- 
préférences?  j 

«  En  rappelant  que  les  vins  artificiels  cherchent  leur  débouché  principal  dans 
la  grande  consommation  des  classes  laborieuses,  nous  pourrions  faire  ressortir  les 
inconvénirnts  et  les  dangers  qui  en  résultent  pour  la  santé  publique  ;  mais  malgré 
la  gravité  de  cette  consid  ration,  nous  nous  bornons  à  l'indiquer  brièvement,  et 
nous  croyons  qu'il  nous  appartient  de  fonder  plus  spécialement  nos  réclamations 
sur  le  préjudice  causé  à  une  branche  importante  de  la  production,  sur  l'atteinte 
direct-^  et  injustifiable  portée  à  nos  intérêts  les  plus  essent  els. 

«  Puisque  le  Goraice  agricole  de  la  Loire-Inférieure  a  pour  mission  de  soutenir 
et  de  défendre  l'agriculture  d''partementale,  nous  venons,  Messieurs,  vous  prier 
respectueusement  d'intervenir  auprès  de  la  justice  et  de  l'administration,  afin 
qu'elles  usent  de^  moyens  que  la  loi  met  à  leur  disposition  j)Our  nous  protéger 
efficacement  contre  la  concurrence  abusive  que  nous  prenons  la  liberté  de  vous 
signaler. 

«  Si  parmi  les  procédés  mentionnés  plus  haut,  il  s'en  trouvait  dont  l'emploi 
pariât  pouvoir  être  toléré,  nous  demanderions  du  moins  que  le  vendeur  en  gros 
ou  en  détail  fût  rigoureuse  nent  tenu,  sous  les  peines  de  droit,  de  vendre  la  mar- 
chandise pour  ce  iiu'elle  est,  en  indiquant  exactement  sa  nature  et  sa  composition, 
et  que  )a  désigr  ation  de  vin  sans  é\  ithète  fût  exclusivement  réservée  aux  produits 
purs  et  naturels  de  la  vigne.  Ainsi  l'aclieteur,  convenablement  renseigné,  fixerait 
son  choix  en  peine  connaissance  de  cause  etn'aurùt  à  s'en  prendre  qu'à  lui-même 
des  déc  ptions  aux  juelles  il  se  serait  volontairement  exposé. 

«  Nous  pro'estons,  en  terminant,  que  nous  sommes  loin  de  vouloir  donner  à 
nos  récriminations  un  caractère  injuste  de  généralité;  et  nous  reconnaissons  sans 
peine  qu'on  citerait  bien  des  négociants  et  des  détnillants  dont  la  probité  com- 
merciale pourrait  défier  tous  les  reprnclies  et  tous  les  soupçons,  et  qui  tiennent 
à  honneur  de  ne  servir  à  leur  clientèle  qu'une  marchandise  parfaitement  loyale. 
Nous  sommes  c  invaincus  qu'ils  se  joindront  à  nous  pour  demander  la  répression 
d'un  abus  dont  ils  se  trouvent  eux-mêmes  victimes.  » 

Dans  la  dernière  réunion  du  Conseil  supérieur  de  l'agriculture,  sur 
la  proposition  de  M.  Dumas,  la  question  du  vinage  et  de  la  fraude  sur 
les  vins  a  été  renvoyée  à  la  Section  de  vilicultuie.  M.  Dumas  a  fait 
observer  que  l'on  peut  reconnaître  facilement  un  vin  contenant  natu- 
rellement 10  pour  100  d'alcool  et   dont , on   aurait  élevé  la  teneur 


248  CHRONIQL'E  A'3RIC0LE  (19  MAI    1883). 

alcoolique  à  15  pour  100;  à  plus  forte  raison,  reconnaîtra-t-on  de 
simples  boissons  alcoolisées  dans  lesquelles  il  n'entre  pas  de  jus  de 
raisin.  —  De  son  côté,  le  Comité  consultatif  des  arts  et  manufactures 
a  exprimé  l'avis  que  Talcool  existant  dans  les  vins  de  fabrication  arti- 
ficielle entrant  en  France,  devrait  être  estimé  et  imposé  au  tarif  de 
l'alcool  pour  le  droit  de  douane  et  pour  le  droit  intérieur. 

XVII.  —  Le  concours  de  pompes  de  Sidi-bel-Abbès. 
Dans  notre  numéro  du  28  avril,  nous  avons   publié  la  liste  des 
récompenses  décernées   au  concours  agricole  de  Sidi-bel-A^bbès  (Al- 
gérie). A  cette  occasion,  nous  recevons  de  M.  Beaume,  constructeur- 
hydraulicien  à  Boulogne-sur-Seine,  près  Paris,  la  lettre  suivante  : 

«  Monsieur  le  directeur,  en  rentrant  du  concours  de  Bol-Abbès,  je  vois  dans 
votre  Journal  du  28  avril,  la  publication  de  la  liste  des  récompenses  décernées  à 
ce  concours. 

<c  Je  jpae  permets  de  vous  envoyer  le  tableau  avec  ch'ffres,  des  expériences  faites 
sur  les  pompes  à  vins  par  le  jury  des  instruments  d'intérieur;  ces  chiffres  sont 
ceux  relevés  par  les  personnes  présentes  aux  essais  et  par  votre  serviteur;  ils  sont 
du  reste  en  rapport  avec  ceux  des  jurés. 

u  Je  vous  serais  très  reconnaissant  de  bien  vouloir  publier  ce  tableau  dans 
voire  Journal  très  autorisé  et  très  répandu,  atin  de  renseigner  vos  nombreux  lec- 
teurs sur  les  résultats  obtenus. 

a  Bien  entendu,  je  m'abstiens  de  toute  observation;  laissant  à  votre  sage  appré- 
ciation la  différence  notoire  qui  existe  entre  le  classement  imposé  par  les  chiffres 
et  celui  du  jury,  il  vous  sera  facile  de  remarquer  qu'il  y  a  inversion  complète  dans 
ces  deux  classements. 

«  Je  ne  vous  étonnerai  pas,  en  vous  annonçant  que  la  généralité  des  exposants  et 
du  public  connaisseur  Bel-Abbèsien  a  été  stupéfait  à  l'annonce  de  leur  jugement. 

«  Toutes  les  branches  d'industrie  ont  eu  à  enregistrer  des  faits  semblables  ; 
pour  vous  citer  un  exemple,-  sachez  qu'un  pressoir  absolument  brisé  pendant  les 
expériences  a  pu  obtenir  un  troisième  prix,  alors  qu'un  autre  ayant  tenu  jusqu'à  la 
fin  sans  la  moindre  égratigaure  n'a  obtenu  qu'un  quatrième,  ceci  dit  non  pour 
avantager  l'un  des  deux  appareils,  mais  pour  la  rareté  du  fait. 

«  Pour  ce  qui  concerne  les  pompes,  j'ajoute  que  malgré  les  sages  conseils  de 
MM.  les  commissaires  aucun  diamètre  ni  course  de  piston  n'a  été  relevé,  le  terme 
de  comparaison  employé  étant  le  temps. 

«  Espérant  que  dans  l'intérêt  général  vous  voudrez  bien  accéder  à  ma  demande, 
je  vous  prie  d'agréer,  etc.  BeaUme,  fils. 

Ingénieur  hydraulicien. 

Voici  le  tableau  dont  M.  Beaume  nous  demande  l'insertion  dans  la 
lettre  qu'on  vient  de  lire  : 

L'expérience  consistait  à  faire  élever  par  chaque  pompe  une  quantité  de  liquide 
égale,  à  une  hauteur  de  3'". 70.  Le  temps  employé  était  pris  comme  terme  de 
comparaison. 

Nom  Prix  Classement      Classement 

des  de  Force  Temps  d'après  le  temps        du 

exposants.  vente.  employée.  employé.  employé.  jni'y- 

[  160  fr.       1  homme  4  min.  56  sec.  V  2            3'  prix 

\  -22.1  —  3  —  08  —  N»  3 

Beaume 250  —  6  —  24  — .  N°  7 

I  205  —  7  —  30  —  N°  8 

(  365  —  4  _  29  —  NM 

Noël 320  —  5  —  32  —  N"  4            4«     — 

Plissonnier 240  —  5  —  58  —  N"  5            2=     — 

Vigoureux 250  —  6  —  01  —  M"  6            1"   — 

Nous  ne  pouvons  ajouter  qu'une  seule  observation,  c'est  qu'une 
expérience  consistant  à  faire  élever  par  des  pompes  de  calibre  différent, 
une  certaine  quantité  d'eau,  en  ne  tenant  compte  que  du  temps,  est 
absolument  insuffisante  pour  se  rendre  compte  de  la  valeur  de  ces 
pompes.  J.-A.    B.^rral. 


CAUSES  DE  LA  DIMINUTION   DE  LA  CULTURE  DU    LIN.  249 


CAUSES  DE  LA  DIMINUTION  DE  LA  CULTURE  DU  LIN 

DANS  LE  NORD 

Pour  établir  la  décroissance  rapide  que  subit  la  culture  du  lin  en 
France,  il  suffit  de  jeter  les  yeux  sur  le  tableau  suivant  qui  résume 
les  principaux  résultats  des  statistiques  agricoles  faites  depuis  plu- 
sieurs années  sur  cette  production,  par  les  soins  du  gouvernement. 
Voici  ce  tableau  : 

Nomlire  Production  Valeur  totale 

Années.  d'hectares  en  renseignements  fournis 

ensemencés.  filasse.         par  la  Coni°"  des  valeurs. 

kilog.  francs 

IS40 9K,241  80,820,401  57,507,216  • 

1852 80,336  36,82=), 900  31,755,865 

1862 105,455  52,311,040  65,690,799 

1871 79,721  41  ,697, .500  .53,925,378 

Depuis  lors  aucune  statistique  officielle  n'a  été  faite  ;  mais  d'après 
les  divers  relevés  effectués  dans  chaque  département,  par  les  soins 
des  commissions  cantonales  de  statistique,  des  Sociétés  d'agriculture 
et  Comices,  il  faut  compter  actuellement  sur  une  surface  cultivée  en 
lin  de  60  à  65.000  hectares  seulement. 

Comme  on  le  voit  dans  le  tableau  ci-dessus,  c'est  en  l'année  1802 
que  la  surface  culturale  est  la  plus  étendue.  Ce  fait  tient  à  une  cause 
spéciale  :  c'était  en  ce  moment  qu'avait  lieu  la  guerre  de  sécession  e^ 
Amérique:  le  coton  subit  une  hausse  de  300  à  400  pour  cent  ;  on  se 
rejeta  sur  le  lin  qui  se  trouvait,  par  suite  de  cette  circonstance,  à  bien 
meilleur  marché,  et  les  cultivateurs  firent  des  semis  bien  plus  étendus 
que  d'habitude. 

A  quoi  tient  la  diminution  que  nous  constatons  aujourd'hui  ? 

A  plusieurs  causes  que  nous  allons  examiner  brièvement. 

1"  Tout  d'abord,  il  faut  faire  entrer  en  ligne  de  compte  la  grande 
consommation  que  l'on  fait  en  France  des  tissus  de  coton  qui  sont  en 
règle  générale  à  très  bas  prix.  En  présence  de  cette  concurrence,  le 
lin  tend  de  plus  en  plus  à  être  regardé  comme  un  article  de  luxe.  On 
en  jugera  facilement  par  l'examen  du  tableau  suivant  : 

Dépense  moyenne  par  individu  en  tissu  de 

Époques.  Lin  et  chanvre.    Coton.         Laine.  Soie.  Totaur. 

fr.  fr.  fr.  fr.  fr 

1780 10  3  10  4  27 

1812 10  3  10  3  28 

1850 10  7  10  3  31 

1880 10  10  20  10  50 

Il  résulte  de  ce  tableau  que  la  consommation  du  lin  qui  en  1780 
était  trois  fois  plus  forte  que  celle  du  coton  est  devenue,  après  un 
siècle,  égale  à  celle  de  ce  textile,  c'est-à-dire  qu'elle  a  perdu  du  terrain, 
la  consommation  de  tous  les  autres  textiles  ayant  doublé.  Il  y  a  en 
outre  ici  deux  fibres,  lin  et  chanvre,  opposées  à  une  seule  :  coton, 
laine  ou  soie,  ce  qui  augmente  encore  l'infériorité  des  premiers  à 
l'égard  des  seconds. 

2°  Les  changements  apportés  dans  l'industrie  de  la  filature  ont  eu 
aussi  leur  intluenco  sensible  sur  la  culture  proprement  dite.  Les  tarifs 
de  1860  ont  permis  aux  Anglais  d'inonder  la  France  de  n"  de  fils  de 
lin  fins  :  les  filateurs  français  ont  été  obligés  de  se  rejeter  sur  les  gros 
n"'.  Ceux-ci  sont  alors  devenus  la  base  de  la  production  française,  et 


S5,0  CAUSES  DE  LA    DIMINUTION  DE    LA  CULTURE  DU  LIN. 

comme  ils  ne  peuvent  être  fabriqués  avec  les  bons  lins  du  pays,  trop 
chers  pour  cette  profJuclion,  les  tilateurs  ont  dû  forcément  faire. venir 
de  diverses  provenances  des  quantités  considérables  de  lin  à  bas  prix, 
au  grand  détriment  de  l'agriculiure  nationale. 

Les  importations  de  lins  étrangers  sont  donc  devenues  énormes  et 
ont  jeté  le  trouble  dans  la  pr^oduclion  agricole.  Voici  quelles  ont  été  les 
importations  annuelles  de  lin  en  France  durant  une  période  de  deux 
années,  de  1876  à  1878  : 

RusMe 35, A 15, 752  kilog. 

An^'leterie  1,47-2,495    — 

Bel^iique 18,r)S0,-?9O    — 

Allema!,'ne 1,301,664    — 

Autres  pays 1,084  792     — 

Total 07,693,993  kilog.  " 

Il  faut  remarquer  que  ces  chiffres  ne  représentent  qu'une  moyenne. 

Pour  la  Prusse,  par  exemple,  l'exportation  de  1875  a  été  de 
40,731,818  kilog.,  et  celle  de  1877  s'est  élevée  à  52,034/120  kilog. 

En  se  plaçant  au  point  de  vue  exclusivement  agricole,  la  culture  du 
lin  mérite-t-elle  d'attirer  l'attention? 

On  en  acquerra  le  certitude  par  les  chiffres  suivants,  qui  montrent 
que  c'est  une  de  celles  qui  sont  le  plus  rémunératrices  en  cas  de  réussite 
et  qui  nécessitentplus  quetouteautre  une  circulation  d'argent  continue. 

Les  engrais  valent   en    moyenne...  250  l'r.  par  heclare. 

Les  graines  de  Riga  pour  semence.  120  — 

La  m^iii-cJ'œuvre  de  culluie 240  —  » 

Le  rouissage  et  le  leiliage .  345  — 

Total 1 ,220  fr. 

Or  le  produit  de  la  vente  de  la  graine  récoltée  par  hectare  est  de 
200  francs  environ,  et  la  quantité  moyenne  de  lin  récollé  sur  un  hec- 
tare e:ït  de  970  kilog.  La  dépense  totale  pour  cultiver  un  hectare  de 
lin,  déduction  faite  de  la  graine  récoltée,  est  donc  de  1 ,020  fr,,  ce  qui, 
pour  970  kilog.  à  l'hectare,  établit  le  prix  de  revient  du  lin  à  I  fr.  50 
le  ki'.og.  Or  la  base  de  venle  des  lins  de  Riga  importés  cette  année  en 
France  est  de  0  fr.  70  le  kilog. 

On  voit  donc  que  le  cultivateur  ne  peut  retirer  de  bénéfice  de  sa  cul- 
ture que  si  toutes  les  circonstances  ont,  été  favorables  pour  lui,  s'il  a 
récollé  du  lin  fin  et  s'il  a  pu  faire  bien  rouir  et  teiller  ses  pailles. 

Mais  si  la  saison  est  mauvaise,  si  le  lin  m.inque,  il  perd  une  partie 
de  son  capital.  On  pourrait  remédier  à  la  situation  lâcheui-e  que  lui  crée 
la  concurrence  des  lins  russes  en  mettant  sur  ceux-ci,  à  leur  entrée 
en  France,  des  droits  suffisamment  élevés  pour  compenser  linégalité 
des  charges  qui  pèsent  sur  la  [)roduction  agricole  indigène  et  étrangère. 

Le  teillage  du  lin  est  une  indu^trie  agricole  qui  occuj)e,  pendant 
1  hiver  surtout,  un  grand  nombre  d'ouvriers  des  campagnes_,  et  qui,  à 
ce  ti're,  doit  être  également  encouragée. 

3"  Une  troisième  cause  de  la  diminution  de  la  culture  du  lin  en 
France  réside  dans  Faccroissement  de  la  culture  de  la  betterave  depuis 
1860  jusqu'en  I870environ.  Beaucoup  de  cultivateurs  ont  prélVré  les 
résultats  à  peu  près  constants  et  connus  à  l'avance  de  la  production 
betleravière  aux  chances  si  aléatoires  de  celle  du  lin. 

Mais,  il  est  de  notre  devoir  de  le  faire  remarquer,  cette  industrie 
également  souffre  beaucoup  en  ce  moment  de  la  concurrence  que  lui 
font  les  sucres  belges,  allemands  ^  et  autrichiens;  les  alcools  s'en 
ressentent  également. 


CAUSES  DE  LA  DIMINUTION  DE  LA  CULTURE  DU  LIN.  251 

Un  grand  nombre  de  sucreries  et  de  distilleries  sont  déjà  tombées, 
beaucoup  d'autres  sont  sur  le  point  de  disparaître,  et  si  l'on  ne  veut 
pas  accorder  à  cette  industrie,  qui  est  une  des  principales  branches  de 
la  vitalité  de  l'agriculture  française,  la  protection  qui  lui  est  néces- 
saire pour  lutter  contre  les  produits  similaires  de  l'étranger,  il  faut 
s'attendre  à  la  voir  prochainement  sombrer  complètement. 

h°  Les  tarifs  exagérés  des  chemins  de  fer  appliqués  aux  proluils 
français  voyageant  sur  notre  territoire,  sont  encore  une  des  princi- 
pales causes  de  dépérissement  du  lin  et  de  sa  production  en  France. 
Les  produits  étrangers,  au  contraire,  jouissent  des  tarifs  les  plus  bas. 
Le  taux  kilométrique  qui  leur  est  appliqué  est  parfois  le  tiers  de  celui 
que  l'on  fait  subir  aux  nôtres.  Dounons-en  quelques  exemples  : 

Du  mois  de  mai  au  mois  de  novembre,  pendant  la  période  de  la 
navigation  libre,  c'est-à-dire  à  l'époque  où  il  arrive  ie  plus  de  lins  de 
la  Russie,  le  transport  de  Riga  à  L'unkerque  n'est  que  de  4  fr.  50  à  5  fr. 
le  quintal,  tandis  que  pour  faire  venir  des  lins  des  Basses-Pyrénées  à 
Lille,  par  exemple,  le  coût  du  transport  est  en  moyenne  de  10  fr.  De 
Marseille,  il  coûte  12  fr.  ! 

Par  contre,  lorsque  l'on  fait  venir  des  lins  de  Russie  par  voie  ferrée, 
le  transport  coûte  en  moyenne  de  12  à  15fr.  le  quintal,  c'est-à-dire 
sensiblement  le  même  prix,  pour  une  distance  quadruple! 

Tout  ce  que  nous  venons  de  dire  s'applique  au  lin  en  filasse. 

Une  entente  entre  MM.  les  ministres  de  l'agriculture  et  des  travaux 
publics  amènerait  peut-être  une  modification  à  ce  fâcheux  état  de  choses 
en  contraignant  les  Compagnies  de  chemins  de  fer  à  abaisser  leurs  tarifs. 

5°  Nous  proposerons  le  môme  remède  à  la  situation  encore  plus 
funeste  dans  laquelle  se  trouvent  les  lins  en  pailles.  En  effet,  il  n'existe 
pas  de  wagons  spéciaux  pour  ces  marchandises  légères  et  encom- 
brantes. Quel  que  soit  le  prix  d'un  chargement,  la  taxe  est  toujours 
perçue  pour  4,U00  kilog.  par  wagon  sur  la  ligne  du  Nord,  tandis  que 
le  matériel  mis  à  la  disposition  du  cultivateur  n'en  peut  contenir  que 
2,000  en*  moyenne.  Sur  les  autres  lignes,  la  taxe  est  appliquée  pour 
5,000  kilog.  par  wagon  complet.  La  Compagnie  de  Paris-Lyon-MédiLer- 
ranée  pourrait  donner  des  wagons  assez  grands  pour  contenir  effecti- 
vement cette  quantité,  mais  il  faudrait  une  autorisation  spéciale  pour 
faire  transiter  ces  wagons  sur  la  ligne  du  Nord. 

Celle  situation  cause  nécessairement  à  l'agriculture  un  préjudice 
permanent,  et  on  pourrait  cependant  le  supprimer  en  exigeant  des 
Comp;ignies  que  la  taxe  ne  fût  appliquée  que  sur  le  poids  réel  des 
chargements,  ou  bien  qu'elles  fournissent  des  wagons  assez  grands 
pour  contenir  le  poids  sur  lequel  la  taxe  est  ap^)liquée. 

6°  On  doit,  signaler  aussi  l'état  de  dépérissement  dans  lequel  se 
trouve  actuellement  l'industrie  de  la  filature  du  lin,  dont  la  vitalité 
exerce  une  si  grande  influence  sur  la  consommation  de  ce  textile.  Sans 
examiner  s'il  est  vrai,  comme  le  disent  généralement  les  hommes  du 
métier,  que  ce  dépérissement  est  dû  au  régime  commercial  consacré 
par  les  traités  de  18G0,  je  crois  néanmoins  devoir  attirer  l'attention 
sur  la  relation  qui  existe  entre  celte  industrie  et  la  culture  proprement 
dite.  Peut  être  un  acquiesce  tuent  sérieux  aux  réclamations  de  l'industrie 
aurait-elle  à  ce  point  de  vue  une  heureuse  influence  sur  l'agriculture. 

V  La  graine  employée  à  l'ensemencement  du  lin  exerce  une  in- 
fluence considérable  sur  la  réussite  de  cette  culture. 


252  CAUSES  DE  LA  DIMINUTION  DE  LA  CULTURE  DU  LIN. 

Comme  on  est  obligé  d'employer  dans  ce  but  exclusivement  les 
graines  de  lin  russe  venant  de  Riga,  ou  celles  qui  proviennent  de  leur 
première  culture,  les  cultivateurs  doivent  s'adresser,  pour  se  procurer 
ces  semences,  à  des  revendeurs  qui  seuls  peuvent  les  leur  céder  par 
faibles  quantités.  Or,  ils  sont  souvent  trompés,  soit  parce  que  les 
revendeurs  achètent  une  graine  falsifiée,  soit  parce  qu'ils  la  falsifient 
eux-mêmes,  avec  des  graines  de  deuxième  ou  troisième  année,  qui 
ne  sont  plus  propres  à  la  culture  et  ne  servent  qu'à  la  production  de 
l'huile. 

Dans  ce  cas,  les  fermiers  trompés  abandonnent  la  culture  du  lin 
qui  ue  leur  donne  pas  de  résultats  rémunérateurs  et  s'imaginent  que 
leurs  terres  ne  peuvent  plus  convenir  à  cette  production. 

Les  graines  russes  sont  renfermées  dans  des  barils  qui  sont  parfois 
défoncés  à  Anvers  ou  ailleurs,  et  remplis  avec  de  mauvaises  graines 
du  pays,  revendues  comme  graines  d'origine  russe.  Ces  faits  révol- 
tants n'ayant  jamais  lieu  en  France^  les  cultivateurs  éviteraient  cette 
chance  d'insuccès  en  n'achetant  que  des  graines  de  Riga  importées  di- 
rectement dans  les  ports  français. 

Le  gouvernement,  de  son  côté,  pourrait  peut-être  mettre  un  droit 
sur  les  barils  de  graines  en  transit  ou  exiger  des  négociants  des  certifi- 
cats d'origine  collectifs,  av3c  des  coupons  correspondant  à  chaque  baril. 

En  outre,  Fauteur  de  cette  note  ayant  reconnu  par  de  très  nom- 
breuses analyses  que  les  graines  d'origine  russe  présentent  une  com- 
position chimique  très  constante  et  toute  différente  de  celle  des  autres 
provenances  impropres  aux  semailles,  on  pourrait  engager  les  culti- 
vateurs à  envoyer  les  échantillons  de  leurs  graines  de  semences  à 
l'analyse.  Je  m'offre  à  faire  gratuitement  ce  travail  pour  tous  les  agri- 
culteurs qui  me  le  demanderont,  moyennai.t  une  augmentation  annuelle 
de  mille  francs,  de  la  subvention  qui  m'est  accordée  par  le  ministre  de 
l'aiîriculture. 

Cette  proposition  mente  d  être  sérieusement  examinée  et  prise  en 
considération,  l'importance  du  service  ainsi  rendu  à  la  culture  étant 
hors  de  toute  proportion  avec  la  faible  dépense  qui  en  résulterait  pour 
le  budget. 

8°  Le  cultivateur  ne  pouvant,  en  général,  rouir  et  teiîler  lui-même 
son  lin,  doit,  pour  en  tirer  parti,  le  vendre  à  un  homme  du  métier; 
beaucoup  d'entre  eux  ont  dû  renoncer  à  cette  culture,  parce  qu'ils  ne 
pouvaient  trouver  à  vendre  leurs  produits  à  des  rouisseurs  et  teilleurs 
habitant  des  contrées  que  ceux  ci  ne  fréquentaient  pas. 

Un  comité  linier,  dit  national,  s'est  formé  à  Paris,  sous  la  présidence 
de  M.  Féray,  sénateur;  ce  comité  a  pour  but  principal  de  mettre  en 
rapport  les  producteurs  de  lin  avec  les  acheteurs  de  ce  textile,  et  de 
faciliter  ainsi  aux  cultivateurs  la  vente  des  lins  en  paille  qu'ils  ont 
produits.  Ce  but  est  louable,  il  est  utile  au  relèvement  de  la  culture 
linière  et  ce  comité  mérite  des  encouragements  pécuniaires  qui  lui  sont 
nécessaires  pour  mener  son  œuvre  à  bien  :  j'appelle  sur  ce  point  la 
bienveillante  attention  de  M.  le  ministre. 

9"  Enfin  depuis  quelques  années,  les  champs  de  lin  ont  été  assez 
souvent  victimes  d'une  maladie  bizarre  désignée  par  la  culture  sous  le 
nom  de  brûlure  ou  froid-feu. 

Cette  maladie,  qui  s'attaque  toujours  à  la  plante  aux  débuts  de  sa 
croissance,  détruisait  en  quelques  heures  tout  un  champ. 


CAUSES  DE  LA  DIMINUTION  DE  LA  CULTURE  DU  LIN.  253 

Quand  les  cultivateurs  l'avaient  éprouvée  à  plusieurs  reprises,  ils 
se  décourageaient  et  renonçaient  à  celte  production  :  c'est  encore  là  une 
des  grandes,  une  des  principales  causes  de  la  décroissanci3  de  la  cul- 
ture du  lin.  Aujourd'hui,  grâce  aux  travaux  et  aux  études  entrepris 
sur  cette  intéressante  question  par  l'auteur,  on  sait  que  cette  terrible 
maladie  est  due  aux  attaques  d'un  petit  insecte,  et  on  connaît  les 
moyens  de  la  combattre  efficacement. 

Le  mémoire  que  j^ai  publié  sur  cette  question  a  été  récompensé  par 
une  médaille  d'or  que  m'a  décernée  la  Société  industrielle  d'Amiens. 

Voilà  quels  sont  les  résultats  de  l'enquête  à  laquelle  je  me  suis  livré 
sur  les  causes  de  la  décroissance  de  la  culture  du  lin  en  France  et  sur 
les  moyens  propres  à  y  obvier.  Si  je  ne  les  ai  point  toutes  reconnues, 
j'ai  du  moins  la  certitude  d'avoir  énuméré  les  principales  et  d'avoir 
proposé  les  remèdes  les  plus  sûrs  et  les  plus  iaciles  à  appliquer. 

A.  Ladi]iu::.\i, 

directeur  de  la  Station  agronomique  du  Nord. 

LES  ARBRES  GÉANTS  DE  LA  CALIFORNIE 

Depuis  quelques  années,  tout  ce  qui  touche  aux  Etats-Unis  attire 
vivement  l'attention  du  public  européen;  on  comprend  enfin,  chez  nous 
(on  y  a  mis  le  temps),  que  la  nature  a  comblé  ce  bienheureux  pays  de 
tous  ses  dons  :  pas  de  voisins  gênants,  pas  de  question  romaine,  pas 
de  question  d'Orient,  l'uniformité  de  langue,  de  monnaies  et  d'usages 
commerciaux,  une  incroyable  variété  de  sols  et  de  climats,  des  mines 
d'or,  d'argent,  de  cuivre,  etc.  de  la  plus  grande  richesse,  des  char- 
bons de  terre,  de  l'anthracite,  du  pétrole  en  quantités  immenses,  des 
fleuves,  des  lacs  et  des  ports  merveilleux  :  au  milieu  de  cela,  une 
race  intelligente  et  laborieuse  à  laquelle  viennent  chaque  année 
s'ajouter  environ  cinq  cent  mille  émigrants  allant  à  la  conquête  du 
«  Great  west  »,  et  n'étant  pas  comme  certaine  race  Européenne, 
occupée  à  tout  démolir,  depuis  quatre  vingt  ans,  sans  mettre  à  la 
place  rien  de  durable;  on  compren  Ira  alors  que  toutes  les  nations 
occidentales  suivent,  avec  le  plus  vif  intérêt,  le  problème  social  qui 
se  déroule  de  l'autre  côlé  de  l'Atlantique. 

La  population  augmente  là,  dans  des  proportions  énormes  :  quand 
j'abordai  pour  la  première  fois  à  Nev^^-York,  il  y  a  quelque  cinquante 
ans,  il  n'y  avait  pas  300,000  habitants  :  aujourd  hui  il  y  en  a  plus 
de  deux  millions  ;  que  sera-ce  dans  quelques  siècles,  lorsqu'on  étudie 
la  disposition  des  lieux  qui  se  prêtent  bien  mieux  que  Londres,  Paris 
ou  Canton  à  une  grande  agglomération  d'hommes?  Pour  résumer  ma 
pensée,  je  dirai  que,  en  Europe,  la  table  est  mise  pour  quinze  per- 
sonnes et  l'on  est  vingt  pour  s'y  asseoir  :  cinq  sont  en  révolte  cons- 
tante contre  l'état  social  et,  à  tort  ou  à  raison,  visent  à  son  renversement. 
Aux  Etats-Unis,  on  est  vingt  à  table,  mais  il  y  a  de  quoi  nourrir 
vin2;t-cinq  convives  et  ce  sera  longtemps  encore  ainsi. 

De  toutes  les  parties  des  Etats-Unis,  la  plus  intéressante,  la  mieux 
partagée  par  la  nature,  c'est  encore  la  Californie,  depuis  le  32""' 
jusqu'au  Ai'"^  degré  de  latitude.  Quand  après  avoir  parcouru,  dans 
les  fameux  «  Pullman  Cars  »,  les  immenses  plaines  qui  s'étendent 
depuis  Omaha  jusqu'à  la  Sierra  Nevada,  sur  une  longueur  de  1,800 
milles,  on  arrive  par  le  «  Great  Pacifie  Rail-Road  »  jusqu'à  Sommit, 
qui  est  la  station  la  plus  élevée,  on  est  à  7,000  pieds  au-dessus  du 


254  •       LES  ARBRES  GÉANTS  DE  LA  CALIFORNIE. 

niveau  de  la  mer  et,  dans  le  très  court  trajet  qui  vous  rapproche  de 
San  Francisco,  on  jouit  de  vues  délicieuses  qui  vous  annoncent  qu'on 
entre  dans  un  pays  exceptionnel.  Gela  rappelle  un  peu  l'émotion 
qu'on  éprouve  quand  on  quitte  les  sommets  neigeux  des  Alpes, 
pour  descendre  vers  les  lacs  enchanteurs  du  nord  de  l'Italie.  En  etîet, 
la  Sierra  Nevada  à  l'est  et  le  «  Coast  range  »  ou  les  montagnes  qui 
bordent  le  Pacific,  donnent  naissance  à  des  cours  d'eau  infinis  qui  se 
rejoignent,  du  nord  au  sud,  dans  la  rivière  Sacramento,  et  du  sud  au 
nord,  dans  la  rivière  San  Joachim,  pour  aller  ensemble  se  jeter  à  la 
mer  par  la  baie  de  San  Francisco  et  la  fameuse  «  Golden  Ga-te  »  ou 
porte  dorée. 

11  y  a  là,  en  fait  de  lacs,  de  cours  d'eau,  de  rochers  pittoresques,  de 
sources  deaux  minérales  et  de  curiosités  naturelles,  deux  ou  trois 
Suisses  tout  entières.  Je  ne  dois  m'occuper  ici  que  d'horticulture  et 
je  me  hâte  de  dire  que  les  mines  d'or  et  d'argent,  qui,  dès  l'abord, 
avaient  attiré  tant  d'émigrants  sont  aujourd'hui  sur  le  second  plan. 
L'agriculture,  on  le  comprend,  là  bas  comme  ici,  est  la  source  de  la 
richesse  vraie,  durable  et  sans  cesse  renouvelée.  Déjà  on  se  préoccupe 
ici,  non  pas  seulement  des  récoltes  du  centre  de  l'Amérique,  mais 
aussi  de  celles  des  états  du  Pacifique  qui,  grâce  aux  perfectionnements 
des  voies  maritimes,  envoient  en  Europe  une  portion  de  leurs  produits. 
Dans  quinze  ou  vingt  ans,  il  en  sera  de  môme  pour  leurs  vins,  qu'on 
n'estime  pas  aujourd'hui,  mais  dont  la  production  s'améliore  et  aug- 
mente dans  d'immenses  proportions,  parce  que  le  sol  et  le  climat 
leur  conviennent  admirablement.  J'ai  donné  précédemment  quelques 
notes  sur  la  production  fruitière  qui  prend  un  développement  extra- 
ordinaire; aujourd'hui,  je  me  propose  de  visiter  avec  mes  lecteurs, 
l'une  des  plus  grandes  curiosités  botaniques  du  monde  :  je  veux 
parler  des  Séquoia  gigantea  des  districts  de  Calaveras  et  de  Mari  posa. 

La  carte  ci-jointe  (fig.  18)  indique  les  routes  qui  y  conduisent. 
Jusqu'à  présent,  on  compte  huit  groupes  remarquables  de  Séquoia, 
mais  il  y  en  a  deu'x  principaux  qui  attirent  l'attention  des  touristes  : 
ce  sont  les  seuls  que  nous  décrirons  ici. 

Le  premier  et  le  plus  anciennement  découvert,  celui  qui  est  le  plus 
aisément  accessible  est  le  groupe  de  Calaveras  situé  à  l'est  de  San 
Francisco,  près  du  Stanislaus  River  et  non  loin  du  «  Silver  mountain 
Pass,  »  sur  le  versant  occidental  de  la  Sierra-Nevada.  Pour  le  visiter, 
on  prend  le  chemin  de  fer  jusqu'à  Stockton  et  Milton;  de  là  une  dili- 
gence vous  conduit,  par  une  bonne  route  de  45  milles,  par  Murphj's, 
jusqu'à  Calaveras.  Le  groupe  des  Séquoia  occupe  là  une  surface  de 
3,200  pieds  sur  une  largeur  de  700  pieds;  il  renferme  une  centaine 
d'arbres  principaux.  L'un  d'eux  est  dépouillé  de  son  écorce  jusqu'à 
une  hauteur  de  116  pieds  :  on  l'a  montrée  comme  curiosité  aux  Etats- 
Unis,  et,  finalement,  on  l'a  installée  sur  une  armature  en  fer,  à  l'expo- 
sition de  Londres,  à  Hyde-Park,  en  1855;  ce  curieux  spécimen, 
replacé  au  palais  de  Sydenham,  a  été  brûlé  lors  de  l'incendie  d'une  des 
ailes  du  palais.  Actuellement,  l'arbre  le  plus  élevé  à  Calaveras  est  le 
«  Keystone  state  »  qui  a  325  pieds  de  haut  et  45  pieds  de  diamètre.  On 
en  compte  30  autres  dont  le  diamètre  varie  de  27  à  52  pieds  et  la 
hauteur  de  230  à  320  pieds  :  leur  âge  est  évalué  diversement  de 
douze  à  quinze  cents  ans.  Le  «  Father  of  the  forest,  »  maintenant 
abattu,  mesurait  450  pieds  de  long  et  120  pieds  de  tour.  Tout   ce 


I.i:S  ARBRES  GÉANTS  DE  LA  CALIFORNIE.  255 

groupe  se  trouve  à  une  altitude  de  4,735  pieds  au-dessus  du  Pacifique. 

Une  route  passable  communique  maintenant  de  Calaveras  à  la  fameuse 
vallée  de  Yosemite,  par  «  Big  Oak  Fiat.  » 

Disons  maintenant  quelques  mots  de  cette  merveille  qui  attire  ajuste 
titre  tous  les  touristes  de  la  Californie. 

C'est  en  1850  qu'elle   fut  découverte  pour  la  première  fois  par  une 


compagnie  de  soldats,  sous  la  conduite  du  capitaine  Boling,  chargé 
de  poursuivre  les  Indiens  qui  en  avaient  fait  un  refuge  après  leurs 
déprédations.  On  lut  alors  très  incrédule  sur  ces  merveilles  de  la 
nature,  et  ce  ne  fut  guère  qu'en  1855  que  M.  Hutching  fit  une  explo- 


256  LES  ARBRES  GÉANTS  DE  LA  CALIFORNIE. 

ration  sérieuse  au  point  de  vue  du  touriste.  On  commença,  dès  ce 
moment,  à  y  bâtir  des  hôtels  et,  aujourd'hui,  les  voyageurs  trouvent 
là  toutes  les  ressources  nécessaires  pour  parcourir  le  pays  avec  confort 
et  sécurité. 

Une  mesure  des  plus  sages  fut  prise  par  le  Congrès  des  Etats-Unis 


Fig.  19.  —  Vue  du  Gri::zly  Giant,  dans  le  Mariposa  Grove,  en  Californie.    ■ 

et  par  l'état  de  Californie  dès  1864.  Pour  conserver  à  la  science  et  à 
l'admiration  des  voyageurs  les  merveilles  végétales  du  pays,  une  loi, 
en  date  du  30  juin,  faisait  abandon  à  l'Etat  d'un  lot  de  15  milles  de 
long  environ  sur  un  mille  de  large  à  partir  de  la  crête  des  montagnes, 
à  la  condition  que  «  cette  portion  du  sol  national  serait  réservée  pour 
l'usage  et  le  plaisir  du  public  et  qu'elle  serait  inaliénable  à  perpétuité. 
L'Etat  pourrait  autoriser  la  location  de  certaines  portions  du  sol  pen- 


LES  ARBRES  GÉANTS  DE  LA  CALIFORNIE.  257 

dant  dix  ans  au  plus,  à  la  condition  que  le  prix  de  cette  location  serait 
appliqué  à  la  conservation  et  aux  euibellissemenls  des  lieux,  ainsi 
qu'à  la  création  et  à  l'entretien  des  routes  qui  y  conduisent.  » 

Il  y  a,  en  ce  moment,  trois  routes  qui  s'offrent  au  choix  des  tou- 
ristes :  On  prend  le  «  Central  pacifie  Uail  Road  »  jusqu'à  Merced, 
151  milles,  puis  une  diligence  par  Snelling  et  Coulterville. 

La  deuxième  route  de  diligence  part  aussi  de  Merced  et  traverse Mari- 
posa  :  elle  a  95  milles  de  long. 

Enfin,  la  troisième  route,  la  plus  suivie  aujourd'hui,  part  de  la  station 
de  Madera,  à  I  85  milles  de  San  Francisco,  puis  par  une  nouvelle  route 


Fig.  20.  —  Vue  de  la  base  du  Grizzli)  Gianl. 

carrossable,  en  traversant  Clark's  point,  on  est  à  peu  de  distance  ^^ 
groupe  dit  «  Fresno  grove  »  et  du  «  Mariposa  grove  »  avant  d'arriver 
à  la  vallée  de  Yosemite. 

Cette  vallée  merveilleuse  est  située  au  sud-est  de  San  Francisco,  à 
une  distance  de  155  milles  en  ligne  directe.  Elle  est  presque  horizon- 
tale sur  une  longueur  de  6  milles  et  une  largeur  de  1/2  à  1  mille. 

Le  «  Merced  river  »,  qui  la  traverse  dans  toute  sa  longueur,  reçoit 
plusieurs  cours  d'eau  tombant  des  montagnes  qui  l'entourent.  Ce  qui 
distingue  surtout  cette  vallée  des  autres,  c'est  d'abord  la  hauteur  des 
rochers  qui  l'enserrent  presque  verticalement,  à  des  hauteurs  variant 
de  3  à  (5,(100  pieds,  presque  sans  talus  à' la  base  :  en  outre,  elle  offre 
à  l'admiration  des  voyageurs  des  chutes  d'eau  et  des  cascades  excep- 
tionnelles, parmi  lesquelles  la  ])lus  importante  est  celle  du  \osemite 
qui  s'élance  d'une  hauteur  de  2,G00  pieds.  La  première  chute  verticale 
a  1,500  pieds,  puis  l'eau  s'écoule  en  cascade  sur  une  hauteur  de 
626  pieds,  pour  retomber  dans  la  vallée  par  une  chute  de  400  pieds. 


258 


LES  ARBRES  GÉANTS  DE  LA  CALIFORNIE. 


La  largeur  du  cours  d'eau,  en  été,  est  en  moyenne  de  20  pieds  sur  une 
épaisseur  de  2  pieds. 

Une  excellente  description  des  Conifères  qui  couvrent  les  flancs  de 
la  Sierra-Nevada  a  été  publiée;  je  dois  donc  me  borner  ici  aux  Séquoia 
gùiantea.  C'est  en  1853  que  le  London  Allicnœum  et  le  Gardeners  Gliro- 
nicle  en  ont  parlé  pour  la  première  fois  en  Europe,  sous  le  nom  de 
TFellingtonia  giganlea.  En  1854,  M.  Decaisne  en  présenta  deux  spé- 
cimens à  la  Société  botanique  et  rétablit  leur  nom  de  Séquoia.  A  partir 
de  cette  époque,  on  fit  des  envois  considérables  de  semences  dans  toute 
l'Europe. 

Après  le  groupe  de  Calaveras,  le  plus  important  est  sans  contredit 
celui  de  Mariposa  qui  offre,  en  outre,  l'attrait  du  voisinage  de  la  vallée 


Fig,  21.  —  Vue  de  la  base  du  Dead  Gian'. 


du  Yosemite,  près  de  Clark's  Rancb,  à  une  altitude  de  6,500  pieds.  11 
se  trouve  dans  une  petite  vallée  où  coule  la  rivière  Merced  :  là,  le  Con- 
grès des  Etats-Unis  a  réservé  un  espace  de  deux  milles  carrés  environ 
qui  renferment  deux  groupes  distincts.  On  y  voit  365  arbres  dont  les 
dimensions  et  la  position  exacte  ont  été  soigneusement  étudiées,  puis 
marquées  sur  des  plans  officiels.  Le  feu  y  a  fait  déjà  de  grand  s  ravages, 
mais  il  reste  encore  plus  de  125  arbres  de  plus  de  40  pieds  de  tour. 
Dans  le  groupe  du  bas,  se  trouve  le  «  Grizzly  Giant  »  qui  a  300  pieds 
de  haut,  90  pieds  de  circonférence  à  la  base  et  64  pieds,  à  12  pieds  du 
sol.  Quelques-unes  de  ses  branches  ont  plus  de  6  pieds  de  diamètre. 
Des  deux  figures  19  et  20,  la  première  représente  l'arbre  tout  entier, 
tel  que  le  feu  l'a  laissé;  la  deuxième  figure  donne  une  excellente  idée 
de  l'arbre,  tel  qu'il  existe  près  du  sol. 


LES  ARBRES  GÉANTS  DE  LA  CALIFORNIE.  259 

Une  troisième  figure  (fig.  21)  représente  le  «  Dead  Giant  »  qui  a 
été.  percé  à  la  base,  et  dont  l'étrange  ouverture  sert  de  passage  à  la 
diligence. 

Comme  on  le  voit,  l'arbre  le  plus  large  à  la  base,  mais  sans  une 
hauteur  proportionnée,  est  le  Baobab  du  Sénégal  [Adamonia  digilala  L.)  ; 
l'arbre  le  plus  élevé  que  l'on  ait  signalé  est  V Eucalyptus  amygdalina 
d'Australie^  si  nous  en  croyons  le  baron  Von  Mueyer  ;  mais,  comme 
proportion  et  comme  forme,  le  Séquoia  gigantea  de  la  Californie  semble 
être  jusqu'à  présent,  dans  le  règne  végétal,  le  roi  de  la  création. 

Ch.  JOLY, 

vice-président  delà  Société  centrale  d'horticulture  de  France. 

LE  BOUTURAGE  EN  FOSSÉS 

Je  suis  bien  en  retard,  cette  année,  pour  la  mise  en  terre  de  mes 
boutures  et  je  suppose  que  beaucoup  de  mes  confrères  en  viticulture 
ont  été,  comme  moi,  gênés  et  retardés  par  le  mauvais  temps.  Je  ne 
m'en  inquiète  guère  et  leur  conseille  de  faire  comme  moi,  car  les 
derniers  bouturages  sont  presque  toujours  les  meilleurs.  Quand  la 
chaleur  atmosphérique  a  pénétré  assez  profondément  dans  le  sol  pour 
imprégner  une  couche  de  0".25  à  0™.30,  c'est  le  moment  le  plus  favo- 
rable pour  y  placer  les  boutures.  Dans  ce  milieu  chaud  et  humide,  la 
sève  se  met  rapidement  en  mouvement  et  se  partage  en  deux  courants  ; 
l'un  qui  s'élève  vers  l'atmosphère,  sf  Uicité  par  les  rayons  du  soleil  et 
qui  produit  les  premières  feudles;  l'autre,  plus  important  et  plus 
difficile  à  obtenir,  qui  se  dirige  vers  le  sol  pour  donner  naissance  aux 
racines.  Ce  dernier  courant  ne  se  prononce  que  s'il  est  sollicité  par 
une  chaleur  inférieure  suffisante  pour  contrebalancer  l'appel  de  sève 
produit  par  la  chaleur  supérieure. 

Il  se  produit,  dans  chaque  bouture,  une  véritable  lutte  entre  deux 
tendances,  l'une  centripète,  l'autre  centrifuge.  Si  la  première  est  assez 
forte  pour  décider  une  portion  de  la  sève  à  descendre  et  à  se  trans- 
former en  racines,  le  bouturage  réussit;  si  la  seconde  agit  seule,  si 
toute  la  sève  monte  pour  ne  produire  que  des  feuilles  et  de  petites 
branches,  la  bouture  ne  tardera  guère  à  avoir  dépensé  en  pure  perte 
tout  ce  qu'elle  contenait,  et,  comme  elle  n'aura  point  émis  de  racines 
pour  renouveler  sa  provision,  elle  finira  par  se  dessécher,  et  le  bou- 
turage aura  complètement  manqué. 

La  force  qui  attire  la  sève  en  haut  ou  en  bas,  c'est  la  chaleur, 
accompagnée  ^d'une  certaine  quantité  d'humidité,  plus  considérable 
pour  l'émission  des  racines  que  pour  celle  des  feuilles  et  des  branches. 
La  répartition  de  cette  chaleur  et  de  celte  humidité  constitue  la  science 
du  bouturage  et  tous  les  procédés  qu'on  a  inventés  ne  poursuivent  que 
ce  seul  but. 

Ce  qui  complique  la  question,  c'est  la  prodigieuse  différence  oui 
existe  entre  les  diverses  variétés  de  vignes  au  point  de  vue  du  boutu- 
rage. Les  unes  reprennent  comme  du  chiendent,  c'est-à-dire  qu'il  leur 
suffit  d'un  pende  chaleur  et  d'humidité  à  leur  partie  inférieure  pour 
que  la  sève  y  descende  et  se  transforme  en  racines  ;  telles  sont  les 
vignes  européennes,  les  Labrusca,  les  Riparia,  les  Rupestris,  et  leurs 
innombrables  hybrides. 

D'autres  sont  un  peu  plus  rebelles;  il  leur  faut  plus  de  chaleur 
inférieure,  pour  décider  leur  sève  à  descendre,  plus  quelques  grattages 


260  LE  BOUTURAGE  EN  FOSSÉS. 

au  talon,  une  courbure  se  rapprochant  de  la  ligne  horizontale  et  autres 
petits  moyens  destinés  à  faciliter  l'émission  des  racines.  C'est  dans 
celte  classe  que  se  rangent  la  plupart  des  variétés  les  plus  répandues 
sous  le  nom  d'jF.stivalis  :  Jack^  Ilerbfimoîit^  Black-July,  Cunningham, 
Louisiafia-Rulandc-r ^  Elsinburg,  etc.  Au  bout  de  cette  catégorie  et  for- 
mant le  passage  avec  la  suivante,  nous  trouvons  le  Cynlhiana^  le 
Norton  s  Virginia^  puis  V ne7inann  el  le  Ilarlioood,  et  enfin  le /Veo.s/jo  ou 
Racine,  qui  ne  sont  point  encore  rétifs  au  bouturage,  mais  qui  s'éche- 
lonnent graduellement  sur  la  voie  de  la  rétivité.  A  côté  de  cette  liste, 
nous  pouvons  placer  les  Cinerea  et  les  Candicam  qui  sont  suffisam- 
ment rebelles,  et  les  Cordifolia  qui  sont  presque  rétifs. 

Je  dois  dire,  en  passant,  que  les  espèces  et  les  variétés  les  plus 
rebelles  au  bouturage  reprennent  de  marcotte  avec  une  merveilleuse 
facilité. 

La  rétivité  absolue  au  bouturage  n'existe,  je  crois,  que  dans  une 
espèce,  celle  des  Rolundifolia,  qu'on  a  classée,  je  ne  sais  pourquoi, 
parmi  les  vignes.  Mais  comme  toutes  les  variétés  qui  la  composent  ne 
sont  bonnes  à  rien  dans  notre  région,  nous  n'avons  pas  à  nous  en 
inquiéter.  Parmi  les  vignes  que  je  possède,  celle  qui  se  rapproche  le 
plus  de  la  rélivité  absolue,  c'est  Y /Estivalis  sauvage,  que  je  crois  être 
le  type  de  l'espèce  des  jEsHvalis.  Sur  celte  rétivité  du  type  et  la  faci- 
lité relative  de  certaines  variétés  faisant  partie  des  /Estivalis,  on  pour- 
rait établir  une  échelle  oii  l'on  verrait  la  rétivité  diminuer  d'une 
variété  à  l'aulre  à  mesure  qu'elle  s'éloigne  plus  du  type  primitif  par 
suite  d'hybridations  accumulées  ;  nous  obtiendrions  ainsi  une  série 
descendante  et  divergente  commençant  par  le  Neosho,  \ Hermann,  le 
Norton  s  Virginia  et  finissant  par  le  Cunningham,  Y Herbemont  et  le 
Jack  ou  Jaquet. 

Il  n'y  a  pas  de  rétivité  qui  puisse  résister  aux  procédés  perfectionnés 
de  bouturage  qu'on  applique  dans  les  serres  chaudes  ou  même  sous 
des  bâches  et  des  châssis.  En  chauffant  la  partie  inférieure  d'une  bou- 
ture autant  et  même  plus  que  la  partie  supérieure,  on  arrive  forcé- 
ment à  entraîner  une  partie  de  la  sève  du  côté  de  l'émission  des 
racines.  Même  en  pleine  terre,  et  sur  de  certaines  étendues,  on  peut 
augmenter  la  chaleur  intérieure  du  sol,  en  enterrant  un  lit  de  O^'.IO 
à  0'°.20  de  fumier  d'écurie  sous  une  couche  de  0™.20  à  0'°.25  de  ter- 
reau dans  laquelle  on  plante  des  boutures  courtes  qui  s'enracinent 
admirablement. 

Mais,  pour  la  grande  culture,  pour  les  grandes  quantités  et  pour  un 
travail  rapide,  le  système  qui  m'a  donné  les  meilleurs  résultats  est  la 
plantation  en  petits  fossés,  que  je  vais  expliquer  de  mon  mieux. 

Ouvrir  des  fossés  parallèles  d'une  lochetée  de  large  (0™.20  à  0"'.25) 
sur  0'".25  à  0™.30  de  profondeur.  Il  est  bon  de  les  creuser  quelques 
jours  d'avance,  pour  permettre  à  la  chaleur  solaire  de  pénétrer  et  de 
s'en^magasiner  aussi  profond  que  possible  dans  les  couches  inférieures 
du  sol.  Ces  fossés  valent  de  0  fr.  70  à  1  franc  les  100  mètres,  suivant 
la  nature  du  terrain,  et  un  ouvrier  peut  en  faire  de  200  à  300  mètres 
par  jour  et  même  plus. 

Une  fois  le  fossé  creusé  et  le  cordeau  enlevé,  on  rabat  les  bords  en 
chanfrein,  comme  disent  les  menuisiers,  en  faisant  courir  le  long  de 
ces  bords,  le  côté  tranchant  de  la  bêche  ou  d'une  pelle,  de  manière  à 
enlever  une  tranche  triangulaire  de  0'".05  à  0".07  d'épaisseur.   La 


LE  BOUTURAGE  EN  FOSSÉS.  261 

terre  retombe  au  fond  et  diminue  d'autant  la  profondeur  du  petit  fossé 
qui  est  à  environ  ()'",20,  et  le  fossé  prend  une  forme  évasée  qui  se  rap- 
proche du  demi-cercle  et  aune  largeur  de  0"'.30  à  0'".35. 

Entre  chaque  fossé,  on  réserve  une  distance  de  0"\50  à  0'".45  qui 
facilite,  d'abord,  le  placement  delà  terre,  puis  la  plantation,  puis  les 
façons  intercalaires  de  sarclage  et  de  piochage,  et  enfin  l'arrachage 
des  racines. 

Pour  planter,  on  place  un  rang  de  boutures  de  chaque  côté,  en  en 
mettant  une  à- droite,  l'autre  à  gauche,  avec  une  distance  entre  cha- 
cune de  0'".10  sur  chaque  bord  où  on  laisse  un  œil  au-dessus  du  sol, 
et  de  0'".05  au  fond  du  fossé,  où  on  les  entre-croise  en  les  maintenant 
avec  le  pied,  pendant  qu'un  autre  ouvrier  les  recouvre  de  quelques 
centimètres  de  terre  friable  que  le  planteur  serre  avec  ses  pieds  pour 
que  son  tassement  maintienne  les  plants  solides  et  bien  à  l'abri  de  tout 
contact  de  l'air,  dans  leur  partie  inférieure. 

Sur  cette  première  couche  de  terre,  on  sème  l'engrais  chimique  dont 
on  a  pu  déjà  semer  une  minime  portion  avant  de  placer  les  boutures. 
La  quantité  et  le  dosage  de  cet  engrais  varient  suivant  la  richesse  et  la 
composition  du  sol.  11  doit  toujours  contenir  une  bonne  proportion 
d'acide  phosphorique,  car  je  constate,  chaque  année  de  plus  en  plus, 
l'influence  spéciale  des  phosphates  sur  l'émission  et  le  développement 
du  système  radiculaire.  L'azote  et  la  potasse  ne  viennent  qu'en  seconde 
et  troisième  lii^ne  dans  la  question  du  bouturage,  parce  que  l'un  con- 
tribue surtout  au  développement  des  branches  qui  sontdestinées  àêtre 
supprimées,  et  que  l'autre  a  pour  fonction  principale  la  fructification 
dont  il  ne  peut  être  question  pendant  cette  première  année. 

La  dépense  de  cet  qngrais  ne  s'écarte  guère,  pour  les  terrains  riches 
qui  forment  généralement  les  pépinières,  d'une  moyenne  de  1  fr.  50  par 
mille  boutures.  Le  prix:  des  engrais  chimiques  varie  de  15  à  30  fr.  les 
100  kiiog.  La  quantité  à  employer,  qui  est  généralement  en  raison 
inverse  du  prix,  peut  varier  de  1  à  2  hectog.  par  mètre,  soit  de  5  à 
10  kilog.  pour  les  50  mètres  du  fossé  qui  contiennent  1000  boutures. 
Que  vousen  mettiez  5  kilog.,  de  30  fr.  les  100  kilog,  ou  6  kilog.  de25fr., 
ou  7". 500  de  20  fr.,  ou  10  kilog.  de  15  fr.,  vous  êtes  restés  dans  la 
moyenne  de  1  fr.  50  par  millier  de  boutures,  mais  vous  pouvez,  sui- 
vant la  nature  de  votre  sol,  diminuer  un  peu  ce  prix,  ou  mieux  encore, 
l'augmenter  dans  une  certaine  proportion. 

Après  avoir  semé  cet  engrais,  que  la  première  ondée  ou  la  simple 
absorption  du  sol  humide  feront  bien  vite  arriver  jusqu'aux  boutures, 
vous  achevez  de  combler  le  fossé,  en  tassant  fortement  la  terre  avec 
les  pieds  et  en  égalisant  au  besoin,  dans  les  deux  rangs  de  boutures 
latérales,  celles  qui  auraient  été  trop  dérangées  par  ces  diverses 
opérations. 

Si  l'on  a  un  canal  d'arrosage,  et  c'est  une  condition  bien  désirable 
et  presque  indispensable  pour  une  pépinière  de  bouturage,  il  va  sans 
dire  que  tous  les  petits  fossés  doivent  venir  aboutir  à  ce  canal,  par  des 
parallèles  s'éloignant  ou  se  rapprochant  de  la  perpendiculaire,  suivant 
que  le  terrain  est  plus  ou  moins  incliné,  de  manière  à  obtenir  une 
pente  très  douce  qui  empêchera  les  ravinements  quand  on  mettra  un 
petit  filet  d'eau,  soit  dans  les  fossés  eux-mêmes,  soit  dans  le  large 
espace  laissé  libre  entre  eux. 

Cet  espace  libre,  après  avoir  facilité  tous  les  autres  travaux,  facili- 


262  LE  BOUTURAGE  EN  FOSSES. 

tera  l'arrachage.  Il  faut,  pour  que  celui-ci  soit  bien  et  promptement 
exécuté,  que  deux  iiommes,  un  droitier  et  un  gaucher',  se  placenta 
gauche  et  à  droite  du  fossé.  Avec  une  bêche  américaine,  dont  les  dents 
arrondies  ne  déchirent  pas  les  racines,  ils  soulèvent  en  même  temps 
les  deux  rangs  de  plants  qui  sont  enchevêtrés  au  fond  du  fossé.  Quand 
le  sol  est  ébranlé  et  désagrégé  à  droite  et  h  gauche  assez  profondé- 
ment, les  plants,  saisis  avec  la  main  aussi  bas  que  possible,  viennent 
assez  facilement.  S'il  y  a  résistance,  provenant  de  quelques  racines 
plus  longues  ou  plus  serrées  par  le  sol,  l'ouvrier  qui  tient  le  plant 
indique  à  l'autre  le  côté  d'oi^i  vient  la  résistance  et  celui-ci  ébranle  et 
soulève  la  terre  de  ce  côté.  On  trouve  dès  la  premièreannée  des  racines 
américaines  qui  ont  un  mètre,  deux  mètres  et  même  plus  de  longueur, 
et  qui  sont  aussi  solides  que  les  meilleures  ficelles.  Si,  sans  avoir 
dégagé  la  racine,  on  tire  1^  plant  avec  trop  de  force,  la  racine  ne  se 
cassera,  ni  à  son  milieu,  ni  même  à  son  extrémité,  mais  c'est  à  son 
point  de  départ  qu'elle  se  séparera  du  plant,  en  laissant  à  celui-ci  une 
pluie  et  une  ccorchure  qui  achèvent  de  le  détériorer,  outre  la  perte  de 
sa  plus*belle  racine.  Il  faut  donc,  quand  une  racine  résiste,  que 
l'ouvrier  la  saisisse  elle  môme  aussi  loin  que  possible  du  plant  et  que 
ce  soit  sur  elle  qu'il  tire,  soit  pour  l'arracher,  soit  pour  la  casser,  s'il 
ne  préfère  la  couper  quand  il  la  tient  à  une  longueur  suffisante. 

Je  viens  de  mettre  quelque  peu  la  charrue  avant  les  bœufs  en  parlant 
d'arrachage  avant  d'avoir  îini  la  plantation  ;  mais,  comme  on  ne  plante 
les  boutures  que  pour  les  arracher,  on  me  pardonnera  ces  explications 
anticipées  qui  m'entraînent  tout  naturellement  à  une  autre  question  et 
à  une  autre  digression. 

Vaut-il  mieux  élever  les  boutures  en  pépinière  ou  les  planter  à 
demeure  dans  la  place  définitive  qu'elles  doivent  garder?  Le  second 
système  a  des  partisans  nombreux  et,  s'ils  s'en  trouvent  bien,  ils  n'ont 
qu'à  s'y  tenir.  Quant  à  moi,  influencé  peut-être  par  la  nature  de  mes 
terrains  qui  sont  généralement  rebelles  aux  bouturages,  je  suis  déplus 
en  plus  partisan  de  l'élevage  en  pépinière  et  je  ne  mets  en  place  que 
des  plants  bien  racines.  Il  y  a  avantage  et  bénéfice  à  planter  en  pépi- 
nière parce  que  le  nombre  des  reprises  y  est  toujours  beaucoup  plus 
élevé,  parce  que  les  soins  à  donner  sont  plus  faciles  et  plus  économiques, 
et  enfin,  parce  que,  en  ne  mettant  en  place  que  des  racines  dont  la 
reprise  est  assurée,  on  ne  s'expose  point  aux  aléas  qui  menacent  tou- 
jours un  bouturage  sur  une  grande  étendue  et  qui  forcent  parfois  à 
remplacer  des  manquants  pendant  deux  ou  trois  ans  de  suite,  sans 
arriver  jamais  à  égaliser  complètement  l'ensemble  de  la  plan- 
tation. 

Supposons,  par  exemple,  que  je  veuille  planter  10  hectares  à 
5,000  souches  par  hectare.  J'aurais  à  faire  enraciner  50,000  boutures 
éparpillées  sur  une  superficie  de  100,000  mèl»-es  carrés.  Il  me  faudra 
piocher  et  sarcler  trois  ou  quatre  fois  cette  immense  surface,  car  les 
boutures  ne  craignent  rien  plus  que  les  mauvaises  herbes  si  ce  n'est 
la  sécheresse.  Et  en  cas  de  sécheresse  tant  soit  peu  exceptionnelle, 
combien  y  a-t-il  de  vignes  de  10  hectares  qu'on  puisse  faire  arroser 
en  été  ? 

1.  On  appelle  droitier  celui  qui  met  son  pied  gauche  sur  la  bêche,  et  gaucher  celui  qui  y  met 
le  pied  droit;  c'est  probablement  à  cause  de  la  main  opposée  qui  tient  la  poignée  et  de  la  place 
qu'occupe  l'outil  par  rapport  à  celui  qui  le  tient.  Il  y  a,  parmi  les  ouvriers,  à  peu  près  autant  des 
uns  que  des  autres. 


LE  BOUTURAGE  EN  FOSSÉS.  203 

En  pépinière,,  ces  50,000  boutures,  à  raison  de  25  par  mètre  carré  \ 
ne  m'occuperont  qu'une  superficie  de  2,000  mètres,  cinquante  fois 
moins  grande  que  la  pleine  terre.  Jq,  pourrai  leur  faire  donner  en 
quelques  heures,  et  chaque  fois  qu'elles  en  auront  besoin,  toutes  les 
façons  qui  demanderaient  une  semaine  de  travail.  Par  sage  précaution 
et  pour  parer  à  toutes  les  éventualités,  je  planterai  quelques  mil- 
liers de  boutures  en  sus,  surtout  pour  les  variétés  dont  la  reprise  est 
moins  facile,  et  il  ne  me  faudra  pour  cela  que  quelques  centaines 
de  mètres  carrés  en  sus  des  2,000,  et  sans  grande  augmentation 
de  frais. 

Pour  établir  cette  petite  pépinière,  je  trouverai  toujours,  fut-ce  même 
chez  un  voisin,  un  petit  coin  de  terrain  propice  et  arrosable  qui  me 
donnera  des  plants  bien  vigoureux  et  pourvus  de  belles  racines. 

Pendant  ce  temps-là  je  pourrai  prendre  sur  mes  10  hectares  une 
récolte  qui  couvrira  mes  frais  de  pépinière  et  de  transplantation.  Autre 
avantage  :  au  lieu  d'être  obligé  de  mettre  en  place  mes  50,000  bou- 
tures pendant  une  période  assez  courte  du  prinlemps,  je  pourrai  com- 
mencer dès  le  milieu  de  l'automne  ma  plantation  de  racmé»  et  pro- 
fiter de  toutes  les  belles  journées  qui  se  présenteront  depuis  la  fin 
d'octobre  jusqu'au  commencement  de  mai. 

Il  me  reste  à  finir  par  où  j'aurais  dû  commencer  :  la  conservation 
des  boutures.  11  faut,  pour  que  cette  conservation  soit  parfaite  et  indé- 
finiment prolongée,  mettre  les  boutures  complètement  à  l'abri  de  l'air, 
de  la  chaleur  et  surtout  de  l'humidité.  L'air  les  dessèche,  la  chaleur 
met  leur  sève  en  mouvement  avant  l'heure  choisie  par  le  boutureur; 
l'humidité  fait  pourrir  les  bourgeons  ou  leur  donne  un  développement 
qui  absorbe  la  sève  en  pure  perte,  et  elle  amène  ou  la  pourriture  ou 
la  dessiccation. 

Placez,  aussitôt  après  les  avoir  taillées,  vos  boutures  dans  un  local 
fermé,  frais  et  aussi  sec  que  possible;  recouvrez-les  d'un  sable  aussi 
sec  que  possible,  et,  en  outre,  assez  fin  et  assez  coulant  pour  pénétrer 
dans  les  moindres  interstices  des  paquets.  Dans  ces  conditions,  vous 
conserverez  vos  boutures  et  vos  greffons,  non  seulement  jusqu'à  la  fin 
du  printemps,  mais  au  besoin  jusqu'à  l'année  suivante,  et  vous  les 
trouverez  toujours  aussi  frais  et  aussi  tranquilles  qu'ils  l'étaient  au 
moment  où  vous  les  avez  coupés. 

Je  pourrjis  ajouter  qu'en  les  sortant  de  cette  stratification  il  n'y  a 
pas  de  danger  qu'on  puisse  jamais  trouver  un  phylloxéra  sur  ces  bou- 
tures ;  mais  je  ne  veux  pas  parler  de  choux  à  propos  de  raves  et  mê- 
ler une  question  brûlante  à  la  pacifique  et  agréable  question  du  bou- 
turage. 

J'engage  mes  confrères  à  essayer  mes  petits  fossés  aux  bords 
desquels  il  n'y  a  jamais  de  culbute. 

/■*.  S.  Je  n'ai  pas  parlé  des  divers  autres  systèmes  de  bouturage  :  à 
la  fente  d'une  large  bêche,  au  pal  de  fer,  à  la  cheville,  etc.,  parce 
qu'ils  ne  m'ont  jamais  donné  d'aussi  bons  résultats  que  les  fossés.  Je 
continue  toutefois  à  employer  le  bouturage  à  la  cheville  pour  les 
boutures  très  courtes  qui  ne  peuvent  guère  se  planter  autrement. 

Aimé  Champin, 

viticulteur. 

1.  Avec  des  fossés  de  0™.30  de  Inrge  et  un  vide  de  O^.ÔO  ou  de  0"'.3.')  avec  0"'.45  de  vide,  on  a 
sur  4  mètres  de  large,  .'j  fossés  de  20  boutures  par  mètre  ou  10  rangs  de  10  boutures  par  mètre, 
soit  100  boutures  sur  4  mètres  carnés  =25  par  mètre  et  250,000  par  hectare. 


264  JURISPRUDENCE  RURALE. 


JURISPRUDENCE  RURALE 

On  nous  pose  les  questions  suivantes  : 

Π Un  chemin  rural,  dit  cul-de-sac,  n'ayant  pour  but  que  le  desservissement 
des  champs  dune  même  propriété  dans  laquelle  il  est  enclavé  sur  toute  sa  lon- 
gueur, peut-il 'être  considéré  par  le  propriétaire  comme  lui  appartenant,  quels 
que  puissent  avoir  été  ses  aboutissants  et  services  antérieurs?  Ou,  au  contraire,  ce 
chemin  peut-il  être  revendiqué  par  la  commune? 

«  La  jouissance  des  fruits,  ou  l'écornage  des  arbres  plantés  sur  une  propriété 
communale ,  peuvent-ils  être  des  titres  sulfisants  à  la  possession  des  arbres  eux- 
mêmes  par  ceux  qui  ont  joui  de  ces  avantages  depuis  longues  années  par  tolé- 
rance ou  incurie?  » 

Voici  notre  réponse  : 

I.  —  Un  chemin  qui  n'a  d'autre  but  que  de  desservir  les  champs 
d'une  ou  plusieurs  propriétés  particulières,  est,  en  l'absence  de  titre 
présumé,  censé  faire  partie  de  cette  propriété;  mais  ce  n'est  qu'une 
présomption  pouvant  être  combattue  par  la  preuve  contraire,  et  le  che- 
min^ possédant  la  qualité  de  chemin  rural,  qui  vient  à  être  enclavé 
entre  une  ou  plusieurs  propriétés  particulières,  et  qui  cesse  ainsi 
d'être  utile  à  tous,  ne  devient  pa&,  par  ce  fait,  la  propriété  des  rive- 
rains (voir  la  loi  du  20  août  1881 ,  art.  33  et  17).  Ces  derniers,  toute- 
fois, ont  pu  l'acquérir,  notamment  par  prescription.  A  la  différence 
des  chemins  vicinaux,  en  effet,  les  chemins  ruraux,  jusqu'à  la  loi  du 
20  août  1881,  étaient  déclarés  prescriptibles  par  la  jurisprudence 
(Cass.,  3  juillet  1850,  D.  1850,  I,  178),  et  encore  l'imjDrescriptibilité 
ne  porte-t-elle  aujourd'hui  que  sur  ceux-là  qui  ont  été  l'objet  d'un 
arrêté  de  reconnaissance  pris  par  la  Commission  départementale  (loi 
du  20  août  1881,  art.  6).  Si  donc  les  propriétaires  riverains  ont  traité  ce 
chemin  comme  leur  bien  personnel,  l'entretenant  à  leurs  frais  et  en 
disposant  à  leur  gré  pendant  trente  années,  sans  contrôle  ni  réclama- 
mations  de  la  commune,  celle-ci  n'a  plus  aucune  prétention  à  élever 
sur  sa  propriété. 

IL  —  La  possession  des  arbres  plantés  sur  une  propriété  communale, 
et  caractérisée  par  leur  écornage  et  la  jouissance  des  fruits,  peut  égale- 
ment conduire  à  la  prescription;  la  jurisprudence  s'est  prononcée  en 
ce  sens  à  maintes  reprises,  et  elle  accorde  couramment  aux  posses- 
seurs Ips  actions  possessoires  ;  peu  importerait  même  que  le  sol  sur 
lesquels  les  arbres  sont  plantés  tût  imprescriptible  (Cass.,  23déc.  1861. 
Dalîoz,  18G2,  I,  129  et  les  renvois).  11  y  a  plus  :  pour  les  arbres  plantés 
sur  les  chemins  vicinaux,  biens  communaux  imprescriptibles,  la  pré- 
somption de  propriété  est  en  faveur  des  riverains,  et,  en  cas  de  contes- 
tation, ce  serait  à  la  commune  à  justifier  qu'elle  en  a  acquis  la  pro- 
priété par  titre  ou  possession  (voir  décret  du  9  nivôse  an  XUJ,  art.  3). 

Eug.   POUILLET, 
avocat  à  la  Cour  de  Paris. 

CONCOURS  REGIONAL  DE  SIDI-BEL-ABBÈS  EN  1883.  —  III 

IV.  Prime  d'honneur.  — L'arrêté  ministériel  du  l^»  septembre  1882  portait,  à 
l'article  2,  que  des  prix  et  une  prime  d'honneur  seraient  décernés  aux  agriculteurs 
de  la  circonscription  otientale  d«  la  province  dOran,  dont  les  exploitations  en 
seraient  jugéc'^  dignes  après  la  visite  d'une  Commission  spéciale. 

Cette  circonscription  comprend  les  communes  de  plein  exercice  d'AïQ-Boudinar, 
Aïn-Nouissy,  Aïn-Tedelès,  Blad  Taouria,  Bouguirat,  la  Stidia,  Mazagran,  Mos- 


CONCOURS  RÉGIONAL  DE   SIDI-BEL-ABBÈS.  265 

taganem,  Pelissier,  Pont-du-Glieliff,  Relizane,  Rivoli,  Sourk-el-Mitou,  Tounin, 
Tiaret,  Mascara,  Suïola,  Palik^iq,  et  les  comiaunes  mixtes  de  Mascara,  Gassaigne, 
Saïda,  Inkennann,  Relizane,  Zeramorah. 

On  ne  saurait  croire  comme  les  petites  causes  peuvent  avoir  de  grands  effets, 
vérité  dont,  nous  trouvons  une  nouvelle  preuve  dans  ce  fait  que  la  détermination 
de  la  circonscription  que  nous  venons  de  décrire,  a  failli  avoir  des  conséquences 
malheureuses  pour  l'issue  du  concours  qui  vient  de  prendre  fin. 

Depuis  longtemps  déjà  les  agriculteurs  de  notre  arrondissement  et  de  l'ouest 
du  département  d'Oran,  sentant  que  Rel-Abbès  renfermait  le  mieux  toutes  les 
conditions  nécessaires  au  succès  d'un  concours  régional  :  centre  agricole  des  plus 
importants,  forte  population  européenne,  culture  très  développée,  et  surtout  voie 
lerrée,  s'étaient  préparés  en  vue  de  concourir  pour  les  prix  de  spécialités. 

L'arrêté  ministériel,  en  détruisant  ces  espérances,  a,  pour  un  moment  au  moins, 
arrêté  l'élan  spontané  de  nos  populations,  et  nous  avons  du  employer  toute  notre 
influence  pour  détruire  les  mauvais  effets  qu'il  avait  produits.  C'est  au  point,  il 
faut  le  dire,  que  Temoucheu  crut  devoir  refuser  sa  coopération  à  la  municipalité 
de  Bel-Abbès  qui  la  loi  demandait,  en  s'appuyant  uniquement  sur  le  fait  de  l'éli- 
mination de  la  région  de  l'ouest,  du  concours  ouvert  pour  la  prime  d'honneur. 

Cette  décision  a  non  seulement  déçu  les  colons  de  notre  territoire,  mais  elle  a, 
du  rnême  coup  et  pour  les  mêmes  raisons,  surpris  ceux  de  la  circonscription  orien- 
tale qui,  n'ayant  aucun  motif  de  penser  qu'ils  seraient  appelés  à  concourir,  ne 
s'étaient  pas  préparés  à  la  lutte.  C'est  ce  que  constate  le  rapport  qui  se  plaint  du 
petit  nombre  de  candidats,  alors  que  la  Commission  a  eu  l'occasion  de  visiter  sur 
son  passage,  dans  chaque  arrondissement,  d'autres  propriétés  où  elle  a  remarqué 
de  belles  cultures  et  d'importantes  améliorations  agricoles  qui  auraient  parfaite- 
ment pu  être  présentées  à  son  examen. 

Cet  état  de  choses  a  d'ailleurs  éié  l'objet  de  protestations,  dès  le  début,  de  la 
part  du  Comice  et  du  conseil  municipal  de  Bel-Abbès  ainsi  que  du  Comice  agricole 
d'Oran,  mais  pour  la  haute  administration  de  l'agriculture  le  roulement  établi  lors 
de  la  création  des  concours  régionaux  en  Algérie  désignait  le  territoire  de  Mos- 
taganem  pour  cette  solennité  en  1883,  et  si  notre  ville  en  a  été  le  siège,  c'est  que 
plus  que  tout  autre  elle  ofirait  un  accès  facile,  que  seule  elle  était  desservie  par 
une  voie  ferrée,  et  qu'aucun  centre  ne  remplissait  ces  conditions  dans  la  circon- 
scription orientale. 

Nous  regrettons  d'autant  plus  cette  solution,  que  les  mêmes  difficultés  devront 
se  présenter  aux  organisateurs  du  concours  régional  de  1836,  époque  à  laquelle 
la  prime  d'honneur  sera  lorcément  décernée  aux  cultivateurs  de  l'ouest  du  dépar- 
tement d'Oran,  tandis  que  l'exposition  elle-même  se  tiendra  dans  une  des  villes 
de  l'est. 

Quoi  qu'il  en  soit,  la  circonscription  orientale  comprend  les  deux  arrondisse- 
ments administratifs  de  Mostaganem  et  de  Mascara  ;  si  nous  nous  reportons  à 
l'arrêté  ministériel  du  10  mai  1880,  qui  dit  que  la  circonscription  du  concours  la 
prime  d'honneur  de  cette  époque  embrassait  le  territoire  compris  entre  la  Médi- 
terranée et  une  ligne  partant  de  l'embouchure  de  la  Tafna,  englobant  la  plaine 
de  la  Nléta,  passant  par  le  Tlélat  pour  suivre  ensuite  la  limite  méridionale  des 
communes  mixtes  traversées  par  le  chemin  de  fer  Paris-Lyon-Méditerranée  jus- 
qu'à la  limite  d'Alger,  nous  en  concluons  que  la  circonscription  occidentale, 
appelée  à  concourir  en  1886,  comprendra  les  arrondissements  de  Tlemcen  et  de 
Bel-Abbès  ainsi  que  la  partie  du  territoire  d'Oran  où  se  trouve  la  ville  d'A'in- 
Temouchent. 

Cette  division  de  l'Algérie  en  neuf  circonscriptions  pour  la  prime  d'honneur, 
dont  trois  par  département,  est  encore  trop  récente  pour  que  chacun  de  nous 
n'hésite  pas  à  remplir  un  devoir  en  signalant  les  moyens  de  l'améliorer.  Nous 
rappellerons  pour  notre  compte  que  les  deux  modes  mis  en  avant  pour  atteindre 
le  but  offrent  tour  à  tour  des  avantages  et  des  inconvénients,  car  si  l'on  se  borne 
à  couper  le  département,  en  trois,  par  des  limites  à  peu  près  perpendiculaires  à 
la  mer,  on  obtient  un  bon  résultat  au  point  de  vue  de  la  topographie  naturellement 
indiquée  par  la  direction  de  nos  cours  d'eau,  mais  on  mélange  les  diverses  cul- 
tures qui  caractérisent  successivement  les  divers  territoires  qui  de  la  mer  s'élèvent 
par  gradins  jusqu'aux  hauts  plateaux,  tandis  que  si  l'on  établit  ces  trois  régions 
parallèlement  an  littoral  on  tient  un  compte  bien  plus  grand  de  la  nature  du  sol, 
des  procédé-s  de  culture  et  d'élevage,  toutes  considérations  qui  placent  les  expo- 
sants dans  des  conditions  égales  pour  l'obtention  de  la  prime  d'honneur. 


^i66  CONCOURS  RÉGIONAL  DE  SIDI-BEL-ABBÉS. 

Cette  division  du  territoire  doit  donc  être  transformée  pour  répondre  aux  exigences 
d'un  concours  aussi  sérieux  que  celui  qui  nous  préoccupe,  et  il  appartient  au 
nouvel  inspecteur-général  adjoint,  aidé  de  l'expérience  des  Sociétés  agricoles,  de 
rechercher  la  véritable  solution  pratique  donnant  satisfaction  à  tous  les  intérêts. 

La  circonscription  orientale  du  département  d'Oran  comportait,  en  effet,  cette 
année  les  situations  agricoles  les  plus  variées,  mettant  en  parallèle  des  cultures 
très  opposées,  ce  qui  n'aurait  pas  manqué  d'embarrasser  le  jury  et  de  rendre  diffi- 
cile son  appréciation  si  de  nombreux  concurrents  étaient  venus  soumettre  à  son 
Jugement,  d'une  façon  simultanée,  les  magnifiques  jardins  et  les  importantes 
céréales  du  Httoral  de  Mostaganem,  les  vignohles  justement  réputés  de  Mascara 
et  de  Saïda,  les  belles  irrigations  de  Relizane  qui  ont  fait  un  moment  la  richesse 
de  toute  cette  contrée  alors  que  le  coton  était  très  demandé  par  suite  des  diffi- 
cultés de  l'importer  d'Amérique  pendant  la  guerre  de  sécession,  les  grandes  pro- 
priétés enfin  qui  doivent  se  créer  autour  de  Tiaret  pour  l'élevage  du  mouton  et  du 
cheval  qui  donne  en  cet  endroit  des  résultats  dil'ficiles  à  obtenir  aileurs. 

Cette  circonscription  forme,  comme  le  reste  de  la  colonie,  différents  étages  par- 
tant du  niveau  de  la  mer,  et  qu'il  faut  gravir  successivement  pour  se  rendre 
dans  l'intérieur,  chacun  de  ces  échelons  se  terminant  ou  comprenant  dans  ses 
parties  irrégulières  des  plateaux  et  des  plaines  livrées  à  une  colonisation  très 
florissante.  On  y  remarque  les  3  bassins  hydrographiques  de  TOued-el-Hammam, 
de  la  Mina,  et  du  bas  Cnéliff  avec  ses  affluents  la  Djidiona  et  le  Riou  ;  le  Dahra 
est  une  des  principales  masses  de  son  système  orographique,  et  la  voie  ferrée 
d'Arzeu  à  Saïda  la  traverse  dans  toute  la  longueur  de  sa  partie  ouest. 

Nous  devons  citer  d'une  manière  toute  particulière  parmi  les  nombreux  centres 
qui  font  de  cette  contrée  une  des  plus  prospères  de  la  colonie  :  la  ville  de  Mosla- 
ganeiiiy  chef-lieu  d'arrondi>-seraent  qui  n'attend,  pour  retrouver  son  ancienne 
splendeur,  que  l'achèvement  de  son  port  et  la  création  du  chemin  de  fer  de  Tiaret; 
Mazagran  auquel  s'attache  le  souvenir  impérissable  de  haut  fait  d'armes  de  la 
petite  troupe  commandée  par  le  capitaine  Lelièvre,  en  1840;  —  la  ville  arabe  de 
Mazouna^  ancienne  capitale  du  Dahra  ;  —  Relizane.^  chef-lieu  de  canton,  au  pied 
de  la  fertile  plaine  de  la  Mina:  —  Tiaret^  sur  un  point  très  important  et  un  ter- 
ritoire très  riche,  appelé  à  un  réel  avenir; —  Mascara,  chef-lieu  d'arrondissement, 
construit  par  les  Berbères  sur  le  lieu  d'une  colonie  romaine,  et  surtout  célèbre 
par  la  préférence  que  lui  accorda  comme  résidence  l'émir  Abd-el-Kader;  —  Saïda, 
théâtre  des  effroyables  massacres  de  la  dernière  insurrection,  lieu  d'échange  entre 
les  producteurs  du  Tell  et  du  Sahara;  —  non  loin  de  là,  Aïn-el-Hadjar,  vaste 
entrepôt  de  la  Compagnie  qui  exploite  les  alfas  de  toute  cette  région. 

C'est  dans  cette  magnifique  contrée  que  nous  pouvons  suivre  le  jury  de  la  prime 
d'honneur,  grâce  au  remarquable  rapport  de  M.  Bordet,  président  de  la  Société 
d'agriculture,  que  nous  allons  résumer  pour  signaler  les  mérites  des  trop  rar 
concurrents,  ce  qui  a  forcé  la  Commission  a  retenir,  bien  qu'à  regret,  de  nom- 
breuses médailles,  des  prix  importants,  et  même  une  haute  distinction  dont  elle 
avait  la  disposition,  bien  que  les  états  de  service  des  colons  de  cette  province  ne 
le  cèdent  en  rien  à  ceux  de  leurs  confrères  des  circonscriptions  administratives 
voisines. 

M.  Halte,  colon  de  Saint-Aimé,  en  pleine  vallée  du  Chéliff,  est  un  concession- 
naire de  1873  qui  possède  une  centaine  d'hectares  sur  les  deux  rives  de  la 
Djidioua.  Son  mérite  réel  est  d'avoir  su  utiliser,  en  les  élevant  jusqu'au  niveau 
du  sol,  des  eaux  souterraines  qui  lui  permettent  d'arroser  66  hectares  de  blé. 
Deux  arrosages  suffisent,  au  moment  de-,  semailles  et  au  mois  d'avril,  pour  assu- 
rer la  récolte,  à  la  condition,  ajouterons-nous,  de  maintenir  l'accroissement  de  la 
ertilité  du  sol  à  l'aide  d'abondantes  fumures.  Le  premier  de  ces  arrosages  exiger 
l,bOO  mètres  cubes  d'eau  par  hectare,  le  second  800,  volume  qui  est  élevé  en 
16  heures  à  l'aide  dune  pompe  à  vapeur,  exigeant  ainsi  une  somme  de  60  fr.  par 
hectare  pour  frais  de  toutes  natures. 

En  attendant  la  construction  de  barrages  que  réclament  vivement  tous  les  colons, 
l'emploi  dos  eaux  du  cours  inférieur  de  nos  fleuves  algériens,  qui  le  plus  souvent 
se  perdent  inutilement  dans  la  mer,  est  trop  important  pour  que  lejury  ne  se'soil 
empressé  de  distinguer  l'exemple  qui  lui  était  ainsi  offert  de  ce  que  l'on  peut 
obtenir  dans  ce  pays  avec  le  concours  des  irrigations. 

M.  Anl07iio  Ga7-cia  Delolmo  a  aménagé  à  4  kilomètres  de  Mascara,  une  propriété 
de  9  hectares  75  ares  qu'il  a  transformée  en  verger,  jardin  maraîcher  et  vignes. 
Le  terrain  bien  nivelé  est  arrosé  grâce  à  deux  norias  et  à  une  prise  d'eau  établie 


CONCOURS  RÉGIONAL  DE  SIDI-BEL^ABBÉS.  267 

sur  un  ruisseau.  On  y  remarque  particulièrement  des  plantations  de  grenadiers, 
d'orangers,  mandariniers  et  vignes,  des  pépinières  d'arbres  fruitiers  divers,  et  de 
belles  tonnelles  de  muscats  pour  raisins  de  table.  L'écononie  de  l'exploitation 
consiste  à  tirer  un  très  bon  parti  des  avantages  offerts  par  la  proximité  d'une 
importante  ville  de  consoramalion.. 

M.  Jean-Pierre  Carra fang  possède  149  hectares  dans  la  magnifique  plaine 
d'Eghris,  à  6  kilomètres  de  Mascara,  sur  la  route  de  Saïda,  propriété  exploitée  par 
un  fermier,  tandis  que  le  candidat  ne  s'est  réservé  que  l'industrie  des  vaches  et 
brebis  laitières,  l'élevage  des  chevaux  et  la  culture  de  la  vigne. 

Le  troupeau  comporte  56  bètes  à  cornes,  croisées  espagnoles-marocaines,  et 
200  biebis  laitières;  le  lait,  vendii  à  l'hôpital  de  Mascara,  rapporte  6,000  fr.  par  anj 

La  vigne  conduite  très  haut  par  la  taille  pour  éviter  les  effets  de  gelées  de  prin- 
temps n'a  pas  paru  répondre  à  cette  attente  si  l'on  tient  compte  de  l'ofiinion  du 
jury,  qui  a  surtout  apprécié  les  défrichements,  l'établissement  de  belles  luzernières, 
les  arrosages,  et  l'eiitreiien  des  vaches  et  brebis  laitères. 

M.  Caar/ai/ a  acheté,  près  de  Mostaganem,  en  1878,  au  prix  de  1,200  francs  un 
domaine  de  35  hectares,  dont  31  hect.  50  ares  sont  aujourd'hui  plantés  en  vignes 
espacées  de  1"'.75  en  tous  sens. 

Les  terres  y  sont  très  légères,  calcaires,  sablonneuses  et  entrecoupées  de  rochers  ; 
les  cépages  corn|)rennent  la  grenache,  le  mocastel,  le  carignan,  le  grenache  de 
Milan;  la  vigne  est  bien  s  agnée,  les  bâtiments  bien  distribués,  le  cellier,  vaste 
et  élevé,  le  matériel  vinaire  bien  approprié  aux  besoins  de  l'exploitation  ;  l'hectare 
de  trois  à  quatre  ans,  qui  revient  tout  fiais  cjmpris  à  3,400  francs,  rapporte  déjà 
46  hectolitres. 

Mais  le  trait  distinctif  de  cette  propriété  pour  la  Commission,  c'est  qu'elle  a  été 
mise  en  valeur  et  qu'elle  est  cultivée  uniquement  par  des  indigènes,  sous  la  direc- 
tion du  propriétaire.  Sans  vouloir  tirer  une  conclusion  outrée  de  ces  faits,  elle  se 
plaît  à  reconnaître  que  l'union,  par  le  travail,  des  Français  et  des  indigènes  leur 
est  mutuellement  avantageuse;  aussi  souhaite-t-elle  dans  l'intérêt  de  la  République, 
comme  au  point  de  vue  politique,  de  voir  le  mélange  des  deux  races  s'effectuer 
pi-omptement  par  l'extension  rapide  de  la  colonisation. 

M.  Tabourkch^  lauréat  du  I'"'  prix  cultural  de  la  première  catégorie,  possède  à 
4  kilomètres  de  Mostaganem  et  depuis  1^77,  125  hectares  de  terres  dont  70  en 
vignes,  20  en  culture  de  céréales,  28  en  jachères  labourées,  et  7  encore  en  brous- 
sailles. Le  but  est  de  créer  un  beau  vignoble  et  d'y  annexer  une  distillerie  de 
grains,  et  hâtons-nous  d'ajouter  qu'il  sera  promptement  atteint  si  nous  tenons 
compte  des  résultats  suivants  qu'il  est  possible  de  relever  dès  maintenant  à  l'avoir 
de  chacune  de  ces  industries. 

Les  plantations  de  vignes  ont  été  faites  avec  le  mourastel  et  le  carignan,  après 
un  défrichement  et  plusieurs  labours  de  nettoiement  et  de  défoncemeut.  40  hect. 
de  vignes  âgées  de  trois  à  cinq  ans  ont  produit,  l'année  dernière,  près  de  60  hec- 
tolitres à  1  hectare  d'un  vin  de  bonne  qualité,  dont  la  moitié  a  été  livrée  à  l'admi- 
nistration militaire  au  prix  de  28  fr.  50  l'hectolitre.  Le  cellier,  élevé,  frais  et  sur- 
monté d'un  plancher  isolateur,  est  garni  de  grands  foudres  reliés  aux  cuves  en 
maçonnerie  par  un  tuyau  métallique. 

Le  produit  brut  de  la  propriété  étant  déjà  de  62,000  francs  et  les  frais  de  cul- 
ture n'ayant  pas  atteint  20,000  francs,  on  obtient  42,000  francs  d'excédant  de  re- 
cettes avec  les  ijh  seulement  de  la  surface  de  la  vigne  en  rapport.  Bien  que  l'on 
admette  que  les  frais  annuels,  y  compris  les  engrais  achetés  au  dehors,  les  frais  de 
direction  et  autres  frais  généraux,  s'élèvent  à  12,000  francs,  il  y  a  de  sérieuses  pro- 
babilités pour  que  l'opération  présente,  après  prélèvement  des  intérêts  et  de 
l'amortissement  du  capital,  un  bénéfice  remarquable. 

La  distillerie  doit  être  plus  particulièrement  considérée  comme  une  affaire  indus- 
trielle, aussi  nous  bornerons-nous  à  faire  remarquer  que  la  matière  utilisée  est 
avant  tout  le  maïs  de  la  colonie,  et  à  son  défaut  les  riz  exotiques.  M.  Tabouriech, 
tout  en  étant  utile  à  l'Algérie,  dans  cette  circonstance,  a  trouvé  le  moyen  de 
créer  une  œuvre  qui,  après  le  prélèvement  de  l'intérêt  à  6  pour  100  de  ses  capitaux 
(120,000  fiancs  de  mise  de  fonds,  et  200,000  francs  de  roulement),  et  de  l'amor- 
tissement à  10  pour  loO  de  son  usine,  lui  donne  encore  33,000  francs  de  bénéfice, 
en  vendant  90  francs  l'hectolitre  de  trois-six  qu3  la  production  étrangère  faisait 
payer  110  francs  autrefois. 

Prime  d honneur.  —  Ces  exploitations  si  remarquables  qu'elles  soient  ont  été 
jugées  encore  incomplètes  et  dans  la  période  de  création,  par  le  jui'y  qui,  s'appuyant 


26^  CONCOURS  RÉGIONAL    DE    SIDI-BEL-ABBÈS , 

sur  le  vœu  de  l'arrêté  miaistériel  exigeant  des  résultats  acquis,  certains,  incon- 
testables qui  puissent  être  offerts  en  exemple,  réserve  la  prime  d  honneur  qu'i. 
regrette  de  ne  pouvoir  décerner. 

Nous  ne  saurions  en  aucune  façon  examiner  de  plus  près  cette  situation,  aussi 
nous  bornerons-nous  à  constater  que  ces  conclusions  infirment  celles  qui  avaient 
été  adoptées  à  Oran  en  1880,  et  qu'elles  donnent  com[)lètement  raison  à  la  ma- 
nière de  voir  que  nous  exprimions  alors  à  cette  même  place  dans  les  termes  sui-  . 
vants  :  «  Il  s'agit,  avant  tout,  selon  nous,  de  mettre  en  relief  des  travaux  de 
longue  date,  ayant  produit  des  effets  heureux  pouvant  être  olferts  comme  exemple. 
Or  ne  faut-il  pas,  dans  ce  but,  remonter  au  point  de  départ,  voir  les  procédés  de 
culture  utilisés  à  cette  époque,  le  colon  luttant'  contre  les  dilficultés  de  toutes 
sortes  :  sol  non  défriché,  indécisions  sur  les  récoltes  à  entreprendre,  maladies, 
défaut  de  sécurité,  mauvais  instruments,  puis  à  force  de  patience,  de  courage  et 
d'énergie,  arrivant  à  modifier  ces  causes  défavorables,  ces  motifs  d'insuccès,  en 
créant  des  cultures  prospères,  en  adoptant  un  matériel  perPeciionné,  en  montrant 
comme  résultat  final  un  beau  domaine  dont  les  revenus  certains  sont  la  preuve 
que  le  propriétaire  a  suivi  la  bonne  voie,  celle  qui  enrichit  par  un  travail  incessant. 
De  tels  exemples,  et  ih  ne  sont  pas  rares,  en  étant  de  véritables  stimulants 
pour  les  Européens,  aident  aussi  au  progrès  des  indigènes,  en  les  habituant  peu  à 
peu  à  l'usage  de  nos  instruments  pertectionnés,  en  leur  donnant  de  bonnes  notions 
de  culture,  en  les  initiant  enfin  aux  mille  détails  de  la  vie  ordinaire  du  colon 
laborieux.  »  L.  Bastide, 

Président  du  Comice  de  Sidi-Bel-Abbès 

CONCOURS  RÉGIONAL  D'AMIENS 

Le  concours  qui  vient  de  se  tenir  à  Amiens,  pour  la  région  du  Nord,  sous  la 
direction  de  M.  Randoing,  adjoint  à  l'inspection  générale  de  l'agriculture,  présen- 
tait tous  les  éléments  nécessaires  pour  une  solennité  importante  :  bétail  nombreux- 
et  varié,  produits  en  quantité  suffisante,  matériel  présentant  le  plus  haut  intérêt. 
Malheureusement  tout  cela  a  été  gâté  par  le  mauvais  temps,  et  sauf  pendant  les 
deux  derniers  jours,  le  concours  présenîait  l'aspect  d'une  immense  mer  de  boue, 
dont  quelques  parties  absolument  inabordables, 

La  viile  d'Amiens  est  très  hère  de  ses  boulevards,  et  pour  le  concours  elle  avait 
offert  une  de  ses  plus  belles  promenades,  celle  de  la  Hotoie,  tracée  sur  une  ancienne 
prairie  marécageuse.  Sur  cette  prairie,  une  large  avenue  bordée  de  beaux  arbres  , 
longue  de  1,100  mètres,  forme  une  chaussée  empierrée  sur  laquelle  les  boxes  du 
bétail  s'alignaient  avec  ordre.  La  prairie  était  réservée  aux  produits  et  aux 
machines;  elle  est  encaissée  entre  la  chaussée  et  un  canal  qui  la  dominent  de  deux 
mètres;  elle  était  couverte  d'un  assez  maigre  gazon  cachant  les  perhdiesde  son  sol. 
En  été,  ou  quand  la  sécheresse  a  régné  pendant  quelques  semaines,  la  croûte  super- 
fuielle  présente  peut-être  quelque  résistance;  mais  dans  les  conditions  météoro- 
logiques actuelles,  c'était  un  affreux  cloaque  sur  lequel  la  plupart  des  machines  ne 
se  soutenaient  qu'à  grand  renfort  de  planches  et  de  madriers,  dans  lequel  elles 
enfonçaient  périodiquement  heure  par  heure,  et  où  le  visiteur  égaré  ne  songeait 
qu'à  chercher  sa  route,  sans  pouvoir  rien  étudier,  enlisé  lui-même  peu  à  peu,  s'il 
restait  à  la  même  place.  Conclusion  pratique  :  si  la  municipalité  d'Amiens  veut 
faire  le  prochain  concours  à  la  Hotoie,  qu'elle  commande  au  ciel  un  mois  de 
sécheresse.  Mais  la  première  quinz.iine  de  mai  n'est  presque  jamais  une  quinzaine 
de  beau  soleil  dans  la  région  du  Nord  ;  on  doit  donc  savoir  prendre  ses  mesures  en 
conséquence.  La  chose  est  d'autant  plus  déplorable  que  les  visiteurs  du  concours 
ont  été  nombreux,  que  l'exposition  des  machines  était  fort  intéressante,  et  que 
les  constructeurs  et  les  agriculteurs  ont  perdu,  les  uns  et  les  autres,  une  excellente 
occasion  de  se  mettre  en  rapport. 

Heureusement  le  dimanche  et  le  lundi,  le  ciel  s'est  éclairci  :  le  soleil  a  brillé 
de  tout  son  éclat,  et  il  y  a  eu  quelque  compensation  aux  déboires  des  jours  pré- 
cédents. Mais  chacun  sait  que  ces  derniers  jours  sont  surtout,  dans  la  plupart 
des  villes,  des  jours  de  iêtes  foraines,  et  que  l'attention  générale  se  détourne  des 
choses  agricoles.  Amiens  n'a  pas  mantiué  à  la  tradition  :  il  y  a  eu  un  concours 
international  de  fanfares  et  d'orphéons,  un  concours  de  pompes  à  incendie,  etc. 
Le  lundi,  M.  Méline,  ministre  de  l'agriculture,  a  visité  le  concours,  accompagné 
de  M.  Tisserand,  directeur  de  l'agriculture,  et  de  la  plupart  des  sénateurs  et  des 
députés  de  la  région.  Il  a  présidé  la  distribution    solennelle  des  récompenses, 


CONCOURS  RÉGIONAL  D'AMIENSJ  269 

et  il  y  a  prononcé  un  discours  que  nous  reproduirons  dans  notre  prochain  numéro. 

Revenons  naaintenant  à  l'étude  des  diverses  parties  du  concours.  Le  concours 
réo;ional  d'Amiens,  en  1883,  est  la  quatrième  solennité  du  même  genre  dont  la 
ville  a  été  le  siège  ;  les  années  1860,  1867,  1876,  1883,  sont  les  quatre  étapes 
qui  devraient  servir  à  marquer  la  marche  du  progrès  dans  le  département.  A  cet 
égard,  le  concours  de  la  prime  d'honneur  est  vraiment  navrant.  Aux  trois  précé- 
dentes solennités,  la  prime  d'honneur  a  été  chaudement  disputée  et  remportée 
par  des  agriculteurs  d'un  mérite  universellement  reconnu  :  en  1850,  M.  Bertin, 
à  Roye  ;  en  J867,  M.  Triboulet,  à  Assamvillers  ;  en  18  75,  M.  Vion,  à  Lœuilly, 
enlevé  récemment  par  une  mort  prématurée.  En  1883,  quoiqu'un  certain  nombre 
de  concurrents  se  soient  mis  sur  les  rangs,  le.  jury  n'a  pu  trouver  à  décerner  ni 
la  prime  d'honneur,  ni  même  un  seul  prix  cuUural  :  troi  ;  médailles  de  spécialité, 
un  prix  d'irrigation,  voilà  le  maigre  butin  distribué  entre  les  concurrents.  Q:i 'est-ce 
à  dire?  Rien  autre  chose,  si  ce  n'est  que  !e  département  de  la  Somme  est  un  de 
ceux  qui  ont  été  le  plus  éprouvés  par  les  dernières  aonées,  et  qu'il  traverse  une 
période  pénible  dont  une  des  conséquences  a  été  d'éloigner  les  concurrents. 

Toute'ois,  la  même  abstention  ne  se  retrouve  pas  dans  l'exposition  des  ani- 
maux. Ici  nous  ne  retrouvons  plus  les  mêmes  causes,  car  le  concours  est  ouvert 
entre  tous  les  éleveurs  de  la  région  qui  comprend  les  huit  départements  de  l'Aisne, 
du  Nord,  de  l'Oise,  du  Pas-de-Calais,  de  la  Seine,  de  Seine-et-Marne,  de  Seine- 
et-Oise  et  de  la  Somme.  Eu  ce  qui  concerne  l'exposition  des  animaux  des  races 
bovines,  nous  constatons  un  nombre  d'animaux  à  peu  près  égal  à  celui  qui  fif^u- 
rait  au  précédent  concours  d'Amiens.  Les  races  du  Nord,  flamande  et  hollandaise, 
la  race  cotentine  tiennent  ici  le  premier  rang.  Dans  chacune  de  ces  races,  la  col- 
lection des  animaux  est  très  remarquable,  plus  nombreuse  seulement  pour  la  race 
flamande  que  pour  les  autres.  C'est  à  cette  dernière  qu'échoit  le  prix  d'ensemble 
qui  est  décerné  à  M.  Fetel-Longueval,  éleveur  à  Loon  (Nord);  il  y  avait  aussi  un 
très  beau  lot  d'animaux  de  race  hollandaise,  exposés  par  M.  Tiers,  à  Roubaix 
(Nord)  ;  un  objet  d'art  lui  a  été  attribué  par  la  Société  des  agriculteurs  de  France. 
Mme  veuve  Ancelin,  MM.  Boyenval  et  Leroy,  sont  les  principaux  expo- 
sants dans  la  race  normande,  et  ils  ont  envoyé  de  très  beaux  animaux;  Mme  An- 
celin soutient  avec  une  grande  énergie  la  haute  réputation  de  l'étable  de  la  ferme 
de  Balleux.  —  En  ce  qui  concerne  la  race  durham,  elle  est  ici  comme  partout 
localisée  entre  les  mains  de  quelques  grands  éleveurs;  les  principaux  exposants 
sont  MM.  Boyenval,  de  Clercq,  de  Lavaublau'  he,  Debailly  ;  c'est  à  celui-ci  qu'est 
décerné  le  prix  d'ensemble  pour  cette  race.  Dans  la  catégorie  des  croisements 
nous  avons  surtout  remarqué  les  quelques  animaux  durham-flamands  exposés  par 
M.  S.  Paillart,  à  Quesnoy-le-Montant  (Somme);  par  M.  Stevenoot,  à  Armbouts- 
Cappel  (Nord);  et  par  M.  le  vicomte  Marcotte  de  Noyelles,  à  Blaodecques  (Pas- 
de-Calais).  En  résumé,  l'exposition  des  races  bovines  était  surtout  remarquable 
par  un  nombre  considérable  de  très  belles  vaches  laitières,  qui  formaient  un 
ensemble  harmonieux,  bien  soutenu,  sans  animaux  disparates;  on  sent  que,  chez 
la  plupart  des  exposants,  la  connaissance  du  bon  bétail,  est  approfondie  et  qu'elle 
sert  de  guide  dans  la  production. 

Nous  arrivons  à  l'espèce  ovine.  Ici,  comme  dans  tous  les  concours  delà  réo'ion 
deux  classes  bien  distinctes:  d'une  part,  la  race  mérinos;  d'autre  part,  les  races 
anglaises  et  leurs  croisements. 

Pour  les  mérinos,  le  Soissonnais  règne  en  maître  absolu;  l'industrie  de  la  pro- 
duction des  béliers  est  toujours  excellente,  mais  le  nombre  des  éleveurs  qui 
figurent  au  concours  n'augmente  pas  ;  quelques-uns  même  paraissent  s'en  éloigner, 
et  une  bergerie  célèbre  a  été  dispersée  par  la  mort  de  son  propriétaire  M.  Paul 
Bataille.  Nous  retrouvons  ici  en  présence  MM.  Conseil-Triboulet,  d'Oulchy-le- 
Ghâteau;  M.  Delisy,  de  Montémafroy;  M  Duclert,  d'Edrolles.  Si  nous  ajoutons 
les  noms  de  M.  Camus-Viéville,  à  Pontruet  (Ai-sne),  et  de  M.  Albert  Haran  à 
Verneuil  (Seine-et-Marne),  nous  avons  la  liste  complète  des  exposants  dans  cette 
catégorie.  La  plupart  des  animaux  qu'Us  ont  envoyés  au  concours  sont  très  beaux. 
Le  prix  d'ensemble  échoit  à  M.  Duclert,  dont  nos  lec'eurs  connaissent  la  grande 
réputation  en  France  et  à  l'étranger,  et  les  succès  antérieurs. 

Les  exposants  de  dishley-mérinos  ne  sont  pas  beiucoup  plus  nombreux;  nous 
en  comptons  six  dont  la  plupart  appartiennent  au  département  de  l'Aisne.  La 
bergerie  de  M.  M.irtine-Lenglet,  à  Aubigay  (.\isne),  soutient  la  grande  répu- 
tation qu'elle  a  acquise.  A  côté,  celle  de  MM.  Emile  Pluchet  et  Frissard,  à  Raye 
(Somme),  se  tient  au  premier  rang, 


27a  (Concours  régional  d'amiens. 

Pour  les  races  étrangères,  la  grande  bataille  se  livre,  comme  toujours,  entre 
disljky  et  Fouihdown.  C'est  à  cette  dernière  race  que  le  prix  d'ensemble  échoit  • 
lè  fait  a  été  jusqu'ici  assez  raie  clans  la  légion.  Le  lauréat  est  M.  le  vicomte 
de  Cbezelles,  exploitant  le  domaine  deBoulleaume,  à  Lierville  (Oise).  M.  Béglet, 
à  Trapi.es,  et  M.  Céian  Maillard,  à  TurqueviUe  (Manche),  exposent  de  lions 
dishley,  et  ce  nest  pas  sans  lutte  que  M.  de  Chézellts  leinporte  son  objet  d'art. 

Les  porcs  sont  ce  qu'ils  sont  désormais  dans  toutes  les  solennités  du  môme 
genre  :  peu  d'animaux  de  race  pure,  mais  beaucoup  de  croisements,  la  plu[iart  heu- 
reux au  point  de  vue  de  la  rapidité  du  développement  ;  puisse-t-on  en  dire  autant 
sous  le  rapport  de  la  qualité  de  la  viande  !  Les  [lorcs  anglais,  qui  donnent  plus  de 
graisse  que  de  viande,  tiennent  ici  le  premier  rang,  ainsi  que  leurs  croisements 
avec  le  porc  Ihimand.  Le  piix  d'ensemble  est  remporté  par  un  éleveur  émérite, 
M.  Boyenval,  dont  les  porcheiies  ont  déjà  obtenu  de  nombreux  succès. 

Des  volailles  et  des  autres  animaux  de  basse-cour,  il  n'y  a  qu'une  chose  à  dire, 
c'est  que  le  nombre  des  maichands  est  plus  considérable  que  celui  des  éleveurs. 
La  pluj)art  des  récompenses  sont  pour  les  premiers;  nous  devons  cependant  citer 
les  succès  obtenus  par  Mlle  Paillait,  pour  ses  poules  et  ses  canards. 

Yoici  la  liste  générale  des  récompenses  décernées  dans  les  diverses  parties  du 
concours  : 

Prix  culturaux. 

Prime  d'honneur,  non  décernée. 

Rapiielx  df  prime  d'hnnneur.  —  MM.  Berlin,  à  Roye,  arrondissement  de  Montdiiier,  lauréat  de 
la  prime  d'iioiiiieuf  en  IStiO;  T/i boulet,  à  Assainvilliers.  arronlissemeat  de  Monttiidier,  lauié^lde 
la  prime  d'honneur  en  1867 i  Vioii,  à  Lœiiiliy,  arrondissement  d'Amiens»  lauiéal,  de  la  prime 
d't'Oniieuren  l87o. 

Prix  d"irrigation.  —  l™  Catégorie.  —  Propriétés  contenant  plus  de  6  hectares  de  terres  arrosées. 

—  ]"■  prix,   mtdnllv;  d'or  et  luOO  fr.,   M.  Gédéon  Feuiiioy,  à  Ssnarpont,    canton  de  Oisemont, 
arrondi-semenl  d'Amiens^ 

2"  Caictjoiie.  —  Propriétés  ayant  6  liectares  et  au-dessous  soumis  à  l'irrigation.  —  Pas  de  prix 
décernt'S. 

Médailles  DE  spécialités.  —  Médailles  d'or  grand  module,  MM.  Perret,  à  Saint-Gilles  com- 
mune de  Roye,  aiiondissement  de  Monldidier,  pour  ses  cultures  liien  entendues  de  b.-tteiaves  ; 
Beaudelol,  a  Aizecourt-le-tlaut,  arrondis  eajent  de  Pcroni.e,  pour  résultats  (iiioncier.'~  obtenus  sur 
l'ensemble  de  son  exploitation. —  Médailles  d'urgent,  M.  Débité  Poillon,  à  Saleux,  arron(liss^^^lent 
d'Amiens,  pour  ses  éludes  sur  l'apiculture  et  les  perfectionnements  apportés  dans  la  constiuction 
des  rnclie>. 

Prit  aux  agents  emplcyés  spécialement  aux  travaux  d'irrigation  des  exploitations  primées. — 
Médaille  d'argent,  M.  François  Villerel,  agent  employé  aux  travaux  d'irrigation  de  M.  Feuilluy. 

Animaux  reproducteurs.  —  Espèce  bovine.' 

V°  Catégorie.  —  I^ace  llamaniie  p  ire.  —  Mâles.  —  1'"  Seclion.  — Arrimaux  de  1  à  2  ans,  nés 
depuis  le  1"  mai  1881  et  avant  le  1"  mai  1882.  —  l"  prix,  M  Péionne  (Somme);  2*, 
M.  de  W^izières,  à  Fùuliin-RKanielz.(Pas-de  Cakii);  3',  M.  Reumaux,  à  Weamers-Cappel  (Nord). 
Prix  .'Uppltm maires,  MM.  P'etel-Lunguevai,  à  Looii  (Nord);  Jules  Bacy,  à  Strazeele  (Nord). — 
2"  Seclwn. —  Animaux  de  2  à  4  ans,  nés  depuis  le  1«' n  ai  1879  et  avantle  1='  mai  1881  —  l"prix, 
M.  Felel-Longneval;  2',  M.  Rancy,  a  Hoflland-Hazebrouck  (Nord);  3',  M.  DfClemy-lîoulanger,  à 
Peuplin^'UPs  (l'as-dt-Ca  ais).  —  Femelles.  —  l'"  Section  —  Génisses  de  1  à  2  an<,  nets  ilepuis  le 
l""niai  1881  et  avant  le  1"  mai  1882.  —  l""'  prix,  M.  Fetel-Lcngueval j  2°,  M.  Charles  Lel<-u.  à 
Hatlencuurt  Somme);  3",  M.  Dcclemy-Boulanger.  Prix  supplémeniaiie,  M.  le  vicomte  Marcotie  de 
INoy^ile-,  à  Biandec,i|uts  (l'asde-CalaiS'.  Meniion  hoiioialile,  M.  Fetel-Lon;.'ue^al  (aru  le  8  de 
l'arrêté  du  coiic<  urs).  —  2"  Seclioti.  —  Génisses  de  2  à  3  lins,  nées  depuis  le  1"  1880  et  av.iulle 
1" mai  1881,  pleines  ou  à  lait.  —  l"  prix,  M.  de  beauvais,  à  Rnbempré  (.Somme);  2',  M.  le 
vicomte  Mr^^rcotle  de  Noyelles;  3',  M.  Jules  Baey,  à  Sirazeele  (Nord).  Piix  supplémentHire, 
M.  Uniaere,  à  Hazebiouck  (Nord).  —  3"  Section.  —  Vaches  de  plus  de  3  ans,  nées  avant  le 
1"  mai  ItSJ,  pleines  ou  à  lait.  —  1'"'  prix,  M.  de  Beauvais;  rappel  du  2=  prix,  M.  Dcclemy-Bou- 
langer;  2';  M.  Vermond;  3',  M.  Fetel-Longueval. 

2"  Catégorie.  —  Race  norraynde.  —  Mâles.  —  l'"  Sec  ion.  —  Animaux  de  1  à  2  ans,  nés  depuis 
le  pMnai  ],'-8l  et  avant  le  1"  mai  1882.  —  l"piix^  M.  Bovenval,  àNeuville-Copppgueule  (Somme); 
2^  M.  Ncircisse  Uupny,  à  Grandvilliers  (Oise). —  2'  SKlioii.  —  Animaux  de  2  à  4  ans,  né  dtpu  s 
l'''  mai  1879  et  avant  le  l^'  mai  1881.  —  \"  prix,  M.  Leroy,  à  Nangis  (Seiue-et-Mai  ne); 
2"^,  M.  Boyenval.  —  Feme  les. —  \"'Sicnon.  —  Génisses  de  1  à  2  ans,  nées 'lepuis  ke  1"  mai  1880 
et  avant  Je  1"  mai  1882.  —  1"  prix,  M.  Boyen\al  ;  2".  M.  Leroy;  3°,  M.  Si-yeux.  à  Artliies  (>eine- 
et-Oise).  --  2'  Sedion.  —  Géni.--ses  de  2  à  3  ans,  nées  depuis  le  1"  mai  1880  et  avant  le  V  mai 
ItSl,.  pleines  ou  à  lait.  —  l""  prix,  M.me.  Vve  Anrelin,  à  Lachape,le-sous-Gerberoy  (Oise); 
2°;  M.  Bo\tnval;  o",  M.  Vavasseur,  à  Ferrieres  en  Brie  (Seine-ei-Marne)  ;  4",  M.  Aarci.-se  Dupuy. 

—  3'  Scition.   —  Vaciies  de   plus  de  2  an<,  né  s   avan  l  le   l"  mai    1880,  pleines  ou  à  lait.  — 
l"^prix,  Mme  Vve  Ancelin;  2',  M.  Vavasseur;  y,  M.  Floury,  à  Hieux-Tille  (OLse)  ;  4=,  M.  Leroy. 

'à"  CaK'goiie.  — Raie  Holiand<iise.  —  Mâles  —  l'"  Secnon.  —  An  m  lux  de  1  à  2  ans,  nés 
depuis  le  \"  mai  U.81  et  avant  le  1"  mai  1882.  —  l'"' prix,  M.  Tiers,  à  Ronbaix  (Ni-r  1)  ; 
2',  M.  Catheux,  à  l'o  elle  (Nordj.  —  2'  Sect  on.  —  Animaux  de  2  à  4  ans,  nés  depuis  le  l"  mai 
1879  et  avant  le  1'^'  n  ai  1881.  —  i"  ,.rix,  M.  Tiers:  2%  Mme  Vve  Warambourg,  à  Mmcelcave 
(Somme)  i'iixsupp!enientiiire,  M.  fâcheux.  —  Femelles.  —  1'*  Section.  —  Génisses  de  1  à  2  ans, 
nées  depuis  le  l"  niai  i 881  et  avant  le  l^--  mai  1882.  —  ]"  prix,  M.  Tiers.;  2",  M.  Chnst^  Ile,  à 
Brunoy  (S.-;ine-et-Ois-).  —  2"  Section  —  Géni  ses  d-;  2  à  3  ans,  nées  depuis  le  l"' mat  1880  et 
avc.ni  le  1"  n.ai  1881  ,  pbines  ou  à  la  t.  —  l-^'-  prix,  M.  Tiers;  2°,  M.  Gliristufle.  Piix  suppltmen- 
taire,  WM.  Lagèze  et  Nouvion,à  Belhoniville  (Marne).  —  3^  Section.  —  Vaches  de  plus  de  3  ans, 


CONCOURS  RÉGIONAL  D'AMIENS.  271- 

nées  avnnt  le  1"  mai  1880,  pleines  ou  àlait.  —  1"  prix,  M.  Christofle;  2",  MM.  Lagèze  etNouvion; 
3%  M.  TÏTs. 

Pris  d'ensemble  à  attribuer  au  meilJRur  lot  d'animaux  des  P'',  2''  et  3'"  catégories.  —  Un  objet 
d'an  (Il  cerné  à  M.  Ki"iel-Lijn;.'ucval,  pour  ses  animaux  de  rnce  flamande. 

4'-"  Cat('(jorie.  —  Race  Duiliam.  —  Mâles  —  l'"  Section.  —  Animtux  de  6  mois  à  1  an,  nés 
depuis  le  l'^''  mai  1882  et  avant  le  1"  novembre  1882.  —  Prix  uni(jiie,  M.  de  Lavaublanche,  à 
Lai>ro>e  (Oise).  — 2"  Section.  —  An  ma^ix  de  1  a  2  ans,  nés  'lepus  le  l'^^''  mai  Ls81  et  avant  le 
1"  mui  1882.  —  h'^prix,  M.  de  Lavaublanche;  2°,  M.Boyenval.  Meuiions honorab  e-,MM.  Debailly, 
à  Mézières  (Somme);  Ku^'t"mc  Seyeu',  à  Artli  es  (  eine-et-Oise).  —  3"  Seciion.  —  Animaux  de 
2  à  4'aiis,  nés  depuis  le  1"""  mai  1.S79,  et  avint  le  1"  mai  1881.  —  1"  prix,  M.  de  Clercq,  à 
Oigmes  'Pas-de-Cnla  s)  ;  2°,  M  Boyerival;  3°,  M.  le  vicomte  Marcotte  de  No/elles.  —  Femelies. 
—  r°  Seitiim.  —  Génisses  de  6  mois  à  uu  an,  nées  depuis  le  1"  mai  1882  et  avant  le 
!<"■  novembre  1882.  —  l""  prix,  M.  Eugène  Seyeux.  Prix  supplémentaire,  M.  Debailly.  Menlioa 
■honur.dile.  M.  lioyenva!.  —  2»  Seciion.  —  Géni^.-es  de  1  à  2  ans,  nées  depuis  le  l^^mai  1881,  et 
avant  le  l^raai  1S82.  —  1"  prix,  M.  de  Lavanldanclie;  T\  M.  Eugène  Seyeux.  Mentions  honorables, 
MM.  Deliailly,  le  vicomte  Maicolle  de  Noyelles.  —  '.i" Section.  — Génisses  de  2  à  3  ans,  néesdepuis 
le  h' mai  ISiSl),  et  avant  le  l"  mai  1881,  ]ileine-;  ou  à  laii.  —  I"  prix,  M.  Debailly.  Mention  hono- 
rable, M.  Debailly.  —  4°  Se'tion.  —  Vaclie>  de  p  u>  de  3  ans,  nées  avant  le  1°''  mai  1880,  pleines 
ou  a  lail.  —  l"pMx,  M  de  Lavaublanche;  2",  M.  Debailly;  3»,  M.  Boyenval.  Prix  supplémentaire, 
M.  Seyeux.  Menlion  bo  oraiile,  M.  Debailly. 

5"  Caiéiorie.  —  Croisements  Durhum.  —  Mâles.  —  1"  Section.  —  Animaux  de  6  mois  à  1  an, 
nés  ile|)uis  le  1°'  mai  1882  ei  avant  le  P'  nov^nibr^  1883.  P/ix  unique,  M.  Lavoine,  à  1,'nancourt 
(Somme).  —  Mention  honiTable,  M.  de  Girsgdes,  à  Beaufori  (Somme).  —  2'"  Section.—- 
Animaux  de  1  à  2  ai  s,  n'^s  de[iuisle  l'ornai  1881,  et  avant  le  l'"'  mai  1^8.'. —  l"prix,  M.  Paillart, 
à  Oue<iioy-le-M>intaiit  (Somme)  ;  2",  M.  Felel-Longuevd.  Prix  supplémentaire,  M.  Stevenoot,  à 
Armbout.>-Cappel  (.Nor.l).  —  3''  Seciion.  —  Animaux  de  2  à  3  ans,  nés  depuis  le  l"'  mai  1K8U  et 
ava  t  le  1"  mai  IHSl.  1"  prix,  M.  Declemy-Boulauger.  —  Femelles.  —  1'° Section.  —  Génisses  de 
6  mois  à  1  an,  né 's  depuis  le  l"  mai  1SS2  et  avant  le  1 '■''novembre  18f'2.  —  l^prix,  M.  le  vicomte 
Marcotte  de  Noyelles  ;  2°,  M.  Felel-Lon^ueval.  —  Mention  honorable,  M.  Stevenoot    — V  Seciion. 

—  Génisses  de  l  ?i  2  an-,  ntes  depuis  le  P'  mai  1881,  et  avant  le  l"  mai  1882.  — 1"  prix,  M.  Fetel- 
Longueval  ;  2",  M.  Seyeux.  Prix  supplé;n  jiitaire,  .\1.  Deb.idy.  —  Mention  honoral)le,  M.  de  Gar- 
signies  —  3"  Section.  — Génisses  île  2  à3  an-^,  né^s  d'^puis  le  1°'  rfiai  188  ',  etavantle  l'"'  mai  !88I, 
pleines  ou  àlail.  —  2"  p'i<,  M.  le  vico  ute  Marcotte  de  Noyelles.  — k' Section. —  Vaches  de  plus 
de  3  ans,  nées  av^uit  le  1°''  mai  18.'^0,  pleine-  ou  à.  lait.  —  V  prix,  M.  le  vicomte  Marcotte  de 
Noyelles;  2°,  M.  de  Clercq;  3%  M.  de  Seyeux. 

b"  Catégorie.  —  Races  françaises  ou  étrangères  autres  que  celles  ci-dessus  et  croisements  divers 
autres  que  c  ux  de  la  .->*  catéttorie.  —  Mâles.  —  1"  Section.  —  Animaux  de  1  à  2  ans,  nés 
depuis  le  1"  nui  1581  et  avant  le  l"'  mai  1882   —  l"  prix,  M.  Jules  Baey  ;  2°,  le  fière  B -rtraudus, 

—  Prix  sufiplemeniiiire,  M.  Vermond.  —  .Vlention  honorable,  M.  Macarez,  à  Capelle  (Nord).  — . 
2"  S'ction.  —Animaux  de  2  à  3  ans,  nés  depuis  le  l""  mai  188)  et  avant  le  l"''  mai  1881.  — 
t°' priK .  M.  Cdonne,  à  Rmescjre  (Nord).  Prix  supplémentaire,  M  Dalleux,  à  Jab  ines  (Seine- 
et-Marne).  —  Feme  les.  —  !■•"  S'Ctinn.  —  Gi^nisses  de  1  à  2  ans,  nées  depuis  le  i"  mii  1881  et 
av^nt  le  l"mMi  188.'. —  1"  pri\,  M.  Fetel-Longueval  ;  2%  M.  de  Garsignies.  Prix  supplémen- 
taire, MM.  Antoine  Décleray,  à  Zouafi[ues  (Pas-de-Calais),  iJer.m,  à  tlazebrouck  (Nord).  — 
2"  Section.  —  Génisses  de  2  à  3  ans,  nées  depuis  le  1"  mai  I8S.J  et  nvant  le  ["'  mai  I8S1,  pleines 
ou  à  lait.  —  \"  prix,  Mlle  .huTot,  à  Amiens  (S  mime);  2",  M.  Declemy-BoulnDger.  —  Mention 
honorable.  M.  Vermond.  —  3'=  Sec  ton.  —  Viclies  de  plus  de  3  ans,  nées  avant  le  1"  mai  1,S80, 
pleines  ou  à  laii.  —  p''  prix,  M.  Bonduel,  à  Werv-ck-Sud  (.Nord)  ;  2",  M.  Narcisse  Dupuy.  —  Men- 
tion honorab'e,  M    Bass^z,  à  Grèvecœur  (Nord). 

Prix  d^nsemblc  à  attribuer  au  meilleur  loi  d'animaux  des  4",  5%  et  6°  catégories.  ■ —  Un  objet 
d'art  décerné  à  M.  Dib  lilly,  pour  ses  animaux  de  race  Durham. 
Bandes  de  vaches  lailiéies  {en  laii).  —  2°  prix,  M.  Déclemy  Boulanger. 

Espèce  ovine. 

1"  Catéoorie.  — Races  mérinos  et  métis-mérinos  —  P=  Section.  — Animaux  de  18  mois  au 
plus.  —  Mal  s.  —  1"  prix,  M.  Conseil-T  ilioulel,  à  Ou.chy  1"-Cliàleau  (Aisne);  2%  M.  Duclert,  à 
Edrolles,  (Aisne);  3%  M.  Delizy,  à  Monléinalroy  (Aisne).  —Femelles.  —  l'-'prix,  M.  Duclert;  2% 
M.  Delizy;  3°,  M.  llaran,  à  Verneu  1,  (Sdue-et- warne).  Prix  supplément liie,  M.  G msril-Tri- 
boulet.  —  2'  Section.  — Anira  luxde  (dus  le  18  mois.  —  Mâles.  —  l"  prix,  M.  Duclert;  2',  M.  Camus- 
Vii^ville,  à  Pontriiet  (Aisne);  3%  M.  Delizy  l'rix  s  pplémentaire,  vi .  Hinci  lin,  à  Loupeigne, 
(Aisne).  —  F  melles.  —  1"  prix,  M.  Duclert;  2",  M.  Deluy  ;  3%  M.  Hincelin.  Prix  supplémentaire, 
M.  C(jnseil-Tiiboulet. 

Prix  iïcnsnnt)le  à  attribuer  au  meilleur  lot  d'animaux  de  la  l™  catégorie.  —  Un  objet  d'art 
décerné  à  M.  Duclert. 

2"  Catégorie.  —  K'ices  françaises  diverses  et  croisements  divers.  —  Mâles.  —  1"  prix,  M.  Martine- 
Lenglet,  a.Aubigny  (Aisne);  2%  M.M.  Emile  Pluchet  et  Fnssard,  à  Roye  (Somme);  3",  MM.  Sa- 
razin  et  Lagni-r,  à  Aumencouri  (Aisne).  —  Femelles. —  l"'  prix,  M.  Martine-Lcngiet;  2%  MM.  Plu- 
chet et  F'  issard. 

3°  Ca'éj'irie.  —  Races  élraufjèresà  laine  longue  —  Mâles.  —  1"""  prix,  M.  Géran-Maillard,  à 
Turquevilie  (Manche);  2%  .VI.  B^ght,  à  Trappes  (Seine-et-Oise)  ;  3%  M.  Martine-Louglei.  —  Mention 
très  honorable.  M-.  Beglei.  —  Feui-lles.  —  P"  prix,  .\I.  B '.^'let. 

4=  Calé  lorie.  —  Kaces  étrangères  à  laine  courte.  —  M;\les.  —  1"  prix,  M.  le  vicomte  de  Che- 
zell-s,  à  LierviUe  (Ois--)  ;  2%  M.  Gaston  .Martine,  à  Aub.gny  (Aisne).  —  Femelles.  —  1"  prix, 
M.  le  viromte  'le  Ch"zeilt-s;  2",  M.  Gaston  Martine. 

Prir  d'ensemb'e  à  aitnbuer  au  muihiur  loid' anim.iux  de  la  2%  3«  et  4°  catégories.  —  Un  objet 
d'art  décerné  à  M.  le  vicomte  de  Cliezehes,  pour  ses  animaux  de  race  soulhdawn. 

Espèce  porcine. 

V  Catégorie.  —  Races  indigènes  pures  ou  crois-i-'s  entre  elles.  —  Mâles.  —  t"  prix,  M.  Stewe- 
noji,  a  Ariubjiits  Ga.jpel  (Nord);  2%  .\I.  Riacy,  à  Hjfiland-ilazehrouck(NorJ).  —  Pemelies.  —  2'-'  prix 
M.  Cacheux,  à  Poieile  (Nord). 


272  CONCOURS  RÉGIONAL  D'AMIENS. 

2'  Catégorie.  —  Races  étrangères,  pures  ou  croisées  entre  elles  —  Mâles.  —  1"  prix,  M.  Albert 
Perrin,  à  Bazoches  (Seine-et  Oise)  ;  2%  M.  Boye  ival,  à  N^uville-Coppegueule  (Somme);  3"',  le 
l'rère  Bertrandus,  à  Igny  (Seine-et-Oise).  —  Femelles.  —  1"  prix,  M.  Boyenval  ;  2",  M.  Paillard, 
àQuesnoy-le-Montant  (Somme);  3%  M.  Albert  Perrin.  —  Prix  supplémentaire.  —  MM.  de  Lavau- 
blanche  et  Fouquier  d'Hérouel,  à  Vaux-sous-Laon  (Aisne). 

y  Caténorie.  —  Croisements  divers  entre  races  étrangères  et  races  françaises.  —  Mâles. — 
l'^prix,  M.  Boyenval.  —  Femellei.  —  l'-'prix,  M.  Boyenval;  2",  M.  Albert  Pernn. 

Pr/x  d'f^nse'i'ib/c  à  attribuer  au  meilleur  lot  d'animaux  de  l'epèce  porcine.  — Un  objet  d'art, 
décerné  à  M.  Boyenval,  pour  ses  animaux  de  race  croisée  Yorkshire-Essex. 

Animaux  de  basse-cour. 

1"  Catégorie.  —  Coq  et  poules.  —  l"  Section.  —  Rice  de  Crève-Cœur. .—  1"  prix,  M.  Valois,  à 
Neuilly  sur-Seine  (Seine);  M.  Masseron,  à  Paris.  — 2»  S"ction.  —  Race  de  La  Flèche.  —  1"  prix, 
M.  Valois  ■  2",  M.  Co  jrcDUt,  à  Amiens.  —  3''  Si'dion.  — Race  de  Houdao.  —  1"  prix,  M.  Valois.  — 
k' Section.  —  Races  françaises  diverses.  —  !"■  prix,  M.  Valois;  2",  Mlle  Paillard,  à  Quesnoy-le- 
Montant  (Somme);  3",  M.  Courcout.  —  5"  Section.  —  Races  étrangères  diverses  —  l""  prix,  M.  Va- 
lois •  2*^,  M.  Charles  Croizet,  à  Amiens;  3-  M.  Dacatel,  à  Amiens.  —  Prix  supplémentaire, 
M.  Feuilloy,  à  Senarpont(Somme).  —  Mentions  honorabltis,  M.M.  Joseph  Herpin,  à  Amiens;  Charles 
Croizet  ;  l.a>-seron. 
2«  Catégorie  —  Dindons.  —  l"  prix,  M.  Valois;  2",  M.  Pépin,  à  Neuville-Coppegueuele  (Somme). 
;}"  Catéi/orie.  —  Oies.  —  I"prix,  M.  Courcour;   2",  M.  Valois. 

4'=  Catégorie.  —  Canards.  —  1"  prix,  M.  Valois  ;  2%    M.  Feuilloy  ;  3',  Mlle  Paillard,   Mention 
honorable,  M.  Feuilloy. 
5«  Cntégorie.  —  Pintades,  r-  l'"'prix,  M.  Gustave  Croizet,  à  Amiens  ;  2%  M,  Lasseron. 
Q'- Catégorie.  —  Pigeons.  — l"  prix,    M.Valois;    2%    M.   Lasseron.  Mention   très     honorable 
M.Ernest   Lavoye,    à  Corbie  (Somme).  Mentions  honorables,   MM.  Croizet;   Lasseron  ;  Valois. 

't  Catégorie. —  Lapins  et  léporides.  —  1"  prix,  -M.  Joseph  Arpin;  2",  M.  Valois.  Mention 
honorable,  M.  La.seron. 

Prix  d'ensemble,  à  attribuer  au  plus  bel  ensemble  des  lots  d  animaux  de  base-cour.  Un  objet 
d'art  décerné  à  M.  Valois,  à  Neuilly-sur-Seine  (Seine). 

Jtécowvfy^ses  aux  servih'iirsf  ruraux  pour  soins  donnés  aux  animaux  primés.  —  Médaille 
d'argent  et  60  fr  à  Paul  Ouillot,  bouvier  chez  M.  Fetel-Lougueval  ;  à  Pécourt.  bouvier  chez 
M.  Debailly;  et  50  fr.  à  Leroux,  berger  chfz  M.  Duclerc  ;  à  Eugène  Sanier,  berger  chez  M.  le 
vicomte  de  Chezelles;  à  Pillard,  bouvier  chez  M.  Boyenval.  — Médailles  de  bronze  et  30  fr.  à 
Martin  chez  M.Valois;  à  Alexandre  Noël,  bouvier  chezM.  de  Lavaublanche  ;  et  20  fr.  àGaulhier, 
ijouvier  chez  M.  le  vicomte  Marcotte  de  Noyelles  ;  à  Jean  Villi,  bouvier  chez  M.  Seyeux;  à  Fran- 
çois Hède ,  bouvier  chez  M.  Déclemy-Boulanger;  à  Victor  Humbord,  bouvier  chez  M.  Christofle; 
et  lô  fr.  à  Paradis, bouvier  chez  Mme  veuve  Ancelin;  à  Désiré  Jacquard,  bouvier  chez  M.  Leroy; 
15  fr.  à  Daniel  Joye,  bouvier  chez  M.  de  Clercq  ;  à  Cyprien  Avisse,  bouvier  chez  M  Paillard  ;à 
Adolphe  Souris,  bouvier  chez  M    Cacheux;  à  Frédéric  Vigneux,  porcher  chez  M.  Perrin. 

Récompenses  aux  conducteurs  de  machines  et  contre  maîtres  des  constructeurs  de  machines.  — 
Médailles  d  argent  et  60  francs,  MM.  F.  Langlet,  ouvrier  mécanicien,  depuis  18  ans,  chez  M.Albaret; 
Hébert,  contre  maître  depuis  10  ans,  chez  M.  Pilter;  Gh.  Desbrosse,  conducteur  de  machines, 
depuis' l.T  ans,  chez  M  Merbn;  Guènette  père,  chauffeur  depuis  lo  ans,  chez  M.  Cumming.  — 
Médoilles  de  bronze  et  50  francs,  MM.  Lanî-^lois,  contre  maître  depuis  5  ans,  chez  M.  Pilter;  Leroy, 
ouvrier  monteur  depuis  32  ans,  chez  M.  Albaret;  J.  Wallard,  ouvrier  mécanicien  depuis  9  ans, 
chez  MM.  Decker  et  Mot. 

Produits  agricoles  et  matières  utiles  à  lagriculture. 
Concours  spéciaux.  —  1'"  Catégorie.  —  Lins  en  tiges.  —  l"  prix,  M.  .Maizierj  à  Plessis-Brion 
(Oise)  ;  3%  M.  Sievenoot,  à  Armbouts  Cappel  (Nord). 
2"  Catégorie.  —  L^ns  teilles.  —  1"  prix,  M-  Maizier;  2«,  M.  Stevenoot. 
3'  Catégorie.  —  Graines  de  b  tteraves  à  sucre.  —  Pas  de  prix  décerné. 

4«  Catégorie.  —  Semences  de  froment.  —   I"  prix,  M.  Stevenoot;  3',  M.  Boullant,  à  Villejuif. 
h"  Catégorie.  —  Avoines  de  semences.  —  2^  prix,  M.  Couesnon,  à  Aulnoy  (Seiue-et-Marne)  ; 
3%  M.  Stevenoot. 

go  Catégorie.  —  Laines  en  toison!  —  1"  prix,  M.  Gamus-Viéville,  a  Pontruet  (Aisne);  2",  M.  Con- 
seil-Trboulet,  à  Ojlchy-le-Chàteau  (Aisne);  3%  M.  Delizy,  à  Montemafroy  (Aisne). 

7'  Catégorie.  —  Produits  maraîchers,  —  2*^  prix,  M.  Joly,  à  Saint-Sauveur-lès-Arras  (Pas-de- 
Calais)  ;  3%  M.  Boux,  à  N^nterre  (Seine). 

8'  Catégorie. —  Expositions  scolaires.  —  1"  Section.  —  Matériel  d'enseignement  agricole,  col- 
lections, »ie»sins,  objets  de  cours,  etc.  —  Pas  de  jirix  décerné.  — 2*=  Section.  —  Travaux  spéciaux 
et  objets  d'enseignement  agricole  présentés  par  les  professeurs,  les  instituteurs  et  les  élèves  des 
écoles  primaires. —  1"  prix,  M.  Hien,  instituteur  à  Châleau-l'Abbaye  (Nord);  2%  M.  Faucheux, 
à  SaintQuenlin  (Aisne)  ;  3%  M.  Duringer,  instituteur  à  Beauquesue  (Somme). 

9"  Catégorie.  —  Expositions  collectives  faites  par  des  Adcuinistrations  publiques,  les'Sociétés  et 
Comices  agricoles  et  horticoles.  —  Médaille  d'or,  à  la  Société  d'apiculture  de  la  Somme. 

10'  Catégorie.  —  Produits  divers  non  compris  dans  les  catégories  précédentes.  — Médailles  d' or ., 
MM.  Laurent-Mouchon,  à  Orchies  (Nord),  pour  sa  collection  de  hlés;  Forgect,  à  Paris,  pour  sa  col- 
lection de  racines  fourragères;  Dalahaye,  à  Paris,  pour  ses  graines  de  prairies  naturelles  ;  Vilmorin, 
■  Andrieux  et  C'e,  à  Paris,  pour  leur  collection  de  betteraves  à  sucre  ;  Samin ,  à  Looslez-Lille  (Nord), 
pour  ses  bières;  Chivot  et  Cie,  à  .\miens  (Somme),  pour  leurs  huiles  et  tourteaux;  M.  Walter,  a 
Paris  pour  ses  biscuits  dits  de  luxe;  Arlatte  et  Cie,  à  Cambrai  (Nord),  pour  leur  chicorée. — 
MédaUles  d'argent,  MM.  Laurent-Mouchon,  pour  ses  betteraves  à  sucre  ;  Oudoire  à  Corbie  (Somme), 
pour  sa  chicorée:  Mugnier,  à  Dijon  (Côte-d'Or),  pour  son  cassis;  Bonvaisl,  à  Abbev.Ue,  pour  sa 
bière  •  à  la  Compagnie  française  des  levures  à  Amiens,  pour  ses  levures,  alcools  de  grains  ;  Poillon, 
à  Sale'ux  (Somme),  pour  son  miel;  Besançon,  à  Péronne  (Somme),  pour  ses  fromages  de  RoUot; 
Deslandes  à  Bellou  (Calvados),  pour  ses  fromages;  Bull,  à  Paris,  pour  sa  présure;  Huloux,  à  Lille 
(Nord)  pour  sa  graisse  I  our  voilures  et  mécaniques;  du  Castel,  à  Amiens,  pour  ses  échantillons 
d'essences  forestières;  Chaudora,  à  Moissy-Crameyel  (Seine-et-Marne),  pour  ses  plans  dedrainage; 
Vandescal,  à  Meaux  (Seine-et-Oise),  pour  ses  plans  de  drainage.  —  Médailles  de  bronze,  MM.  Deneui 


CONCOURS  RÉGIONAL  D'AMIENS.  273 

Souvaux,  à  Amiens,  pour  ses  colorants  pour  bière;  Gauthier,  à  Bhnzac  (Charente),  pour  ses  eaux- 
dervie;  Colmant,  à  Sainl-Emilion  (Gironde),  pour  ses  vins;  Mugnier,  pour  ses  apéritifs;  Robillard, 
il  Paris,  pour  ses  fromages;  Pascal,  à  Amiens,  pour  sa  charcuterie:  Lidon,  à  Amiens,  pour  sa 
charcuterie. 

Il  y  avait  un  très  beau  concours  hippique,  placé  sous  la  direction  de  l'admi- 
nistration des  haras,  qui  l'avait  organisé  avec  beaucoup  de  soin.  Le  premier 
rang  appartient  ici,  et  pour  le  nombre  et  pour  la  qualité,  à  la  race  bomlonnaise, 
qui  est  d'ailleurs  dans  son  centre  d'élevage.  Il  y  avait  plus  de  cent  animaux, 
étalons  et  poulains,  juments  et  pouliches,  d'une  valeur  réelle;  ils  laissaient  loiiî 
derrière  eux  la  catégorie  des  demi-sang.  Des  ventes  importantes  ont  eu  lieu,  à  des 
prix  élevés;  on  nous  citait  un  étalon  boulonnais  qui  a  été  payé  6000  francs  pour 
le  compte  de  l'administration  des  haras.  Les  efforts  que  l'ont  les  associations  agri- 
coles des  centres  d'élevage  pour  assurer  la  pureté  de  la  race  boulonnaise  sont 
couronnés  de  succès;  il  est  à  souhaiter  qu'ils  ne  soient  entravés  par  aucune 
influence  étrangère. 

Dans  un  deuxième  article,  nous  parlerons  de  l'exposition  des  machines,  ainsi 
que  de  l'important  congrès  sucrier  tenu  pendant  le  concours  régional. 

Henry  Sagnier. 

LORD  VERNON 

Mon  cher  directeur,  vous  avez  annoncé  dans  le  dernier  numéro  du 
Journal  de  r agriculture,  la  nouvelle  de  la  mort  de  lord  Vernon,  Per- 
mettez-moi de  vous  envoyer  une  petite  note  sur  cette  personnalité  qui 
s'était  acquise  tant  de  droits  aux  sympathies  de  la  France. 

Lord  Vernon,  comme  vous  le  savez,  a  été  l'un  des  promoteurs  les 
plus  actifs  du  Comité  de  secours  qui  s'est  formé  en  Angleterre,  immé- 
diatement après  la  guerre  de  1870-71.  Grâce  à  ses  efforts,  nos  agri- 
culteurs, plongés  à  cette  époque  dans  une  détresse  affreuse,  privés  de 
ressources  pour  se  remettre  à  l'œuvre  dans  leurs  champs  dévastés, 
ont  reçu  des  semences,  des  vivres,  des  outils,  en  un  mot  la  plupart 
des  choses  les  plus  indispensables  pour  commencer  à  réparer  leurs 
désastres.  Si  beaucoup  d'entre  eux  ont  échappé  à  la  ruine  et  au  déses- 
poir, c'est  au  Comité  de  secours  dont  lord  Vernon  faisait  partie,  qu  ils 
en  sont  redevables. 

En  passant,  je  rappellerai  aussi  la  noble  conduite  de  lord  Vernon 
lors  de  la  visite  que  lit,  en  1871 ,  la  troupe  du  Théâtre-Français  à  Lon- 
dres. Quand  nos  artistes  allaient  donner  une  série  de  représentations 
chez  nos  voisins,  afin  de  réparer  les  pertes  subies  par  notre  première 
scène  lyrique,  ils  rencontrèrent  dans  lord  Vernon  le  plus  généreux,  le 
plus  délicat  des  protecteurs.  Entraînée  par  lui,  toute  la  noblesse  an- 
glaise s'empressa  de  s'inscrire  sur  la  liste  des  abonnements,  et  de 
venir  applaudir  nos  chefs-d'œuvre  classiques  et  leurs  incomparables 
interprètes.  Dans  un  banquet  mémorable,  présidé  par  lord  Vernon,  et 
oi^i  l'on  vit  pour  la  première  fois  toutes  les  illustrations  de  l'aristocratie 
d'Angleterre  s'asseoir  aux  côtés  de  nos  illustrations  dramatiques, 
celui-ci,  dans  un  discours  en  français  le  plus  pur,  rendit  à  la  France, 
aux  efforts  héroïques  qu'elle  venait  de  faire  dans  une  lutte  inégale,  à 
son  histoire,  à. sa  littérature,  à  ses  vaillants  artistes,  un  hommage 
dont  nous  autres  Français  nous  devons  lui  être  reconnaissants. 

Cet  homme  de  bien,  cet  ami  de  la  France,  vient  de  mourir  subite- 
ment avant  l'âge.  Ses  funérailles  ont  eu  lieu  le  5  mai  dernier,  à  Sud- 
bury,  dans  le  comté  de  Derby,  en  présence  de  sa  famille,  du  duc  de 
Westminster,  de  lord  Edward  Cavendish,  du  colonel  Kingscote,  de 
M.  G.  B.  Pitman,  de  M.  Jenkins,  secrétaire  de  la  Société  royale  d'agri- 
culture d'Angleterre,  et  de  ses  nombreux  tenanciers  qui  perdent  en  lui 
un  guide  et  un  ami  difficile  à  remplacer,  J.  LwEiiRiiiRE.   • 


274  SOCIÉTÉ  NATIONALE  DA'GRIGULTURE  DE  FRANGE. 

SOCIÉTÉ    NATIONALE    D'AGRICULTURE 

Séance  du  16  mai  1883.  —  Présidence  de  M.  Dumas, 

M.  le  secrétaire  perpétuel  annonce  la  mort  de  M.  le  comte  d'Esterno, 
membre  associé  national,  et  celle  de  M.  Duprat,  un  des  plus  anciens 
correspondants  de  la  Société. 

M.  Ch.  Whitehead  envoie  une  note  sur  la  maladie  du  houblon,  en 
Angleterre,  en  1882;  —  M.  Auieggio,  une  étude  siir  les  affections  far- 
cino-raorveuses  du  cheval  et  de  l'homme  ;  —  M.  le  colonel  Basserie,  une 
nouvelle  édition  de  son  étude  sur  le  drainage  des  écuries;  —  M.  de 
Préaudau,  des  observations  sur  les  cours  d'eau  et  la  pluie,  en  1881, 
dans  le  bassin  de  la  Seine;  — M.  le  ministre  de  l'agriculture  le  2*  fasci- 
cule pour  1683  du  Bulletin  de  son  ministère,  consacré  aux  questions 
forestières. 

M.  Heuzé  appelle  l'attention  de  la  Société  sur  les  falsifications  des 
graines  de  luzerne  avec  de  la  graine  de  luzerne  annuelle  de  l'Amérique 
méridionale,  provenant  du  nettoiement  des  laines  de  Buenos-Ayres  et 
de  Montevideo.  Cette  falsification,  signalée  à  nos  lecteurs,  doit  être 
connue  des  agriculteurs,  pour  qu'ils  se  tiennent  en  garde.  En  effet, 
il  arrive  que,  lorsque  ces  graines  sont  mélangées  à  de  la  graine  de 
luzerne  indi<iène,  il  y  a  rapidement,  dans  les  luzern»ères  ainsi  créées, 
des  manques  d'autant  plus  considérables  que  la  proportion  de  graines 
de  luzerne  d'Amérique,  connue  sous  le  nom  de  luzerne  de  Chili,  est 
plus  forte.  Ces  manques  se  font  sentir  dès  la  deuxième  coupe  de  la 
première  année,  et  ils  sont  tout  à  fait  manifestes  à  la  deuxième  année 
de  la  luzernière. 

M.  Blanchard  fait  connaître  que  les  myriapodes  renvoyés  à  son 
examen  comme  attaquant  les  semailles  de  haricots,  appartiennent  au 
genre  Blaniulus  guUulalus,  connu  jusqu'ici  pour  les  ravages  qu'il 
exerce  sur  les  fraisiers.  Le  meilleur  procédé  de  destruction  lui  paraît 
être  l'incinération. 

M.  de  Relz  donne  des  détails  sur  les  éducations  de  vers  à  soie  qui 
marchent  lentement;  mais  les  conditions  météorologiques  actuelles 
sont  favorables  à  la  végétation  des  mûriers  et  à  la  marche  régulière 
des  éducations. 

M.  Barbie  du  Bocage  donne  lecture  d'une  note  relative  à  l'influence 
des  bois  sur  la  culture  des  terres  arables;  il  insiste  sur  les  avantages 
que  des  reboisements  bien  exécutés  présenteraient  pour  la  régularité 
des  récoltes  dans  les  contrées  reboisées. 

Sur  la  proposition  de  M.  Bouquet  de  la  Grye,  la  Société  déclare 
la  vacance  pour  une  place  de  correspondant  étranger  dans  la  Section 
de  sylviculture.  Henry  Sagnier. 

REYUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(19  MAI  U83). 
I.  —  Situation  générale. 
Le  calme  sur  les  marchés  agricoles  a  coatinué  durant  toute  cette  semaine.  Il  y 
a  très  peu  d'offres  pour  la  plupart  des  denrées. 

II.  —  Les  grains  et  les  farines. 
Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal  métrique, 
sur  les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger  : 


REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT  (19  MAI  1883). 


1"  RÉGION.  —  NORD.OTIEST. 


Calvados.  Co^dé 

—  Li>ifux 

Côl.-du-Nord.  L^nnion.. 

—         Trpgmer. 
Finistère.  Morl.nx   

—  0"'"iP'^'' 

ille-et-Vilaine.  ne  nés.. 

—        Fo:gèies. .. 
Manches.  Avranches. . . 

—  POIllOISOII..  . 

—  Villedieu 

Mayenne.  Laval 

—  Mayenne  

Mo-bihan.  Heiitiebont. . 
Orne.  Alenço  i 

—  Moit.itsne 

Sarlhe.  Le  Mans 

—  Sablé , 


Blé.    Seigle.   Orge. 

fr.  fr.  fr. 


2'i.00 
'ik  ^  (10 
23  50 
23. '^5 
2'i.25 
23.50 
2'i.ll0 
23.. 'iO 
25.20 

25  50 
25.40 
25  00 
27.00 
25.20 
2.'i  75 
26.  "0 
55.00 


20.00 
16. 50 


16.50 
18  00 
14.50 


19  00 
20.50 
17.50 
17.25 
18.00 
17.50 
15.75 

» 
20.50' 
19.50 

20  00 
16  50 
18.25 

20  00 
20.50 
17.50 
19.25 


Oise. 


Prix  moyens 24 

2 'RÉGION.    - 

Aisne.  Soissons 24 

—  Suiiit-Qupntin  ...  2'£ 

—  Vilers-CoUerels.  23 
Eure.  Damviiie 23 

Evretix 23. 

—  Pacy 23 

Eiire-el-Lnir.  Chartres..  25 

—  Auneau 24 

—  Nogent-le-Rotrou     24. 
Nord,  tille :..  26. 

—  Orchies 25 

Valeni-.ieniies 25. 

Béarnais Î2 

—  romoiègrie 23. 

—  Senhs 22. 

Pâs-de-Calai.t.  ^r^■ds. . .  25 

—  Sa  n'-Ouier 25. 

Seine.  Pars 25. 

S.-et-A/ar.  Diinmartin...  il 

—  .Me  lUX 23. 

—  l'roviics 24. 

S.-et-Oise.  Angerville.    .  24 

—  Pontois-» 23. 

—  Versailles '^3. 

Seine-Inférieure. Rouen.  24 

—  Dieppe 22. 

—  Fecainp 23. 

Somme.  Doullens 24. 

—  Ptro.'ine 23. 

—  Roye 22. 

Prix  moyens 'ij 


77      17. i4     18.59 


.00      15.25      19.00 

50  »  » 

50 


14.00 
13.50 
15  00 
15.25 


0  18.00 
0  18  75 
0  16. 00 
0  14  75 
0  16.25 
5  15.50 
0  18. 00 
17.50 
16  50 
15.50 


16.50 
16.50 
16.00 

14  50 
15.00 

14.50 

15  25 


20.25 
20  00 
18  75 
20  00 
19. 25 
17.00 

20.50 
16.50 
18.00 


19.00 
17.50 

» 
18.75 

19  75 
18.00 
19.50 

20  20 
n 

18.00 
19  00 

17.50 

18.83 


Avoine, 

fr. 

22  00 
21.75 

18.50 
18.75 
16,75 
16.50 
17.0'> 
21.00 
20-25 
23.00 
22.50 

18. 75 
18.00 
21.75 
20 .  40 

» 
23.00 

19.93 


18.15 
17.00 
17.75 
18.25 
17. ;o 
18  00 
18  S5 
19. «10 
20  50 
18.75 
16.50 
18.75 
17.00 
18.00 
17.50 
lfi.75 

17  00 
20.00 
17.00 

18  00 
19. 2j 
19.00 
17  50 
19.00 
20.85 
19.00 
20.25 
16.30 
17.00 

la.oo 

13.17 


.\<»HD.RSr. 


15.50 
16.0'» 
14. 50 
16  50 
16  25 
16  00 
15  75 
15.75 
15.00 
18  50 
16.50 
16.50 

15  15 
15.75 

16  00 


23.00 
24  (10 
22.75 
23.00 
24.00 
24.00 

23  60 
21.25 
23.00 

24  00 
24.00 
23.75 
23.75 
23.25 
22.50 
23.25 
23  85 
24.00 

23.49     16.11      17.17      17.67 

,  —  OrESTu 


16  25 
17.50 
17.25 
15.S0 
17. 25 
18.00 
19  50 
17.50 
16.50 
17.50 
17.00 
16.00 
16  75 
16.00 


3°  RRGION.  - 

Ardennes.  Vouziers  ..   . 

—  Sedan 

Aube.  Bar-sur-Aahe  . . . . 

—  Méry-s'ii-Seine  .    . 

—  Troyes 

Marni'.  Clialoiis 

—  Eperiia>. 

—  Sainle-Menphnuld. 
Hle-Marne.  Si-D  z  er. . . 
ileurthe-i't-Mos.  Nancy. 

—  Luiiev,l:e 

—  Toui 

Meuse.  Bar-le-Diic 

—  Ver.liin  .    

Haute- Saô lie.  Gray 

Vosges:  Mi'econrt 

—  Raiiitierv  llinr^ 

—  Raonl'Klape 

Prix  moyens 

4"   RÉGION 

Charente.  Angouléme... 

—  HiifTe-: 

Char.-Infér.  La  Rochelle 

Deux-S'Vri's    Ni'irt 

Jndre-et-f.nire   Bler;.... 

—  Criâ  ean-Keiiault  . 

Loire-Inf.  Nantes 

M.-el-Lo'i^\   Saii.'irjr... . 

—  Angers 

Vendée .  Lngon 

—  Fonteiiav-le-Cointe 
Vienne.  Cii;ilellerauU.. . 

—  1.0  idiin 

Haute-Vienne.  Liipo.'es.. 


Prix  moyens 24.59     16.60     18.54     13.45 


16.50 
21  00 
19.00 
17.75 
17  50 
18.00 
20 .  00 
17.50 

17  7.^ 

18  25 
15.75 
17.00 
18.0) 
16.50 
17.1b 
17...0 
16  30 
!  6..  75 


Allier.  .Moulins 

—  Moniljçon 

—  ?aint-   ourçain. 
Cher.  Bourges 

—  A    b  .;iiy 

—  Graç^ay 

Creuse.  Auliu-son. . . . 
Indre.  Cli:Ueauioux  . . 

—  Issoudun 

—  Val-iiiçay 

Loiret    Orléans 

—  Mont.ir^is 

—  P.tjy 

L.-cl-Cher.  Blois 

—  .\iontoire 

Nièvre.  Neveis 

—  La  Charité 

Yonne.  Hnenon 

—  Saidi-Florentin. 

—  Tonnerre 


Blé. 

fr. 

24.25 
24.00 
25.00 
23.50 
2 '1.00 
24.25 
24  .  00 
24.25 
23.80 
24 .  00 
24.00 
24  75 
24  50 
2  1 ,  00 
23.50 
23.75 
23.80 
24  00 
23.80 
22.75 


Seigle. 

fr. 

14.50 
16.00 
16.00 

14.75 
15   25 

ig;oo 

14  25 
16.50 

» 
!6  25 
15.01 
15.40 


15.25 
15.80 
15.00 

14.75 


Orge. 

fr. 

18  50 
18  00 
18.00 

« 
18.75 
19. 50 


19.00 
19.25 

17  50 
18.00 
20 .  25 
20.00 

17.00 

» 
t7.50 


275 


Avoine. 

fr. 

18.00 

19.00 

18.00 

16.50 

1  7   25 

17.50 

18.00 

18.25 

17.50 

17.75 

» 
18.75 
19.50 
21.00 
19.00 
16  50 
18  00 
19.80 
19.00 
18.00 


Prix  moyens 23.99     15.38     13.55     18.28 

6"  RÉGION.  —  EST. 
ylin.  Bourg 25.25 

—  P  .nt-de-Vaiix 24.75 

Côle-d'Or.  Dijon 23.00 

—  Bea'iiie  23.50 

Doubs.  Besançon 23  . 1 5 

Isère.  Gr 'od-Lemps.    ..  25  00 

—  Bourgoin 24.75 

Jnra.  Dole 22.25 

Loire.  Ctiarliau 23.50 

P.-de-Dô/;ie.  Clermont-F.  25.50 

Rhi'me.  Lyon 25.00     14.50 

Saône-el- Loire.  Chilon.   24.50     14.50 

—  LOuhans 26.75      18.00 

£.rtuot«.  'harnbéry 25.75         » 

Hle-tiavoie.  Annecy 28  50     19.25 

Prix  moyens 24.61     16  00 


7'  REGION.  —  Sl'Il-OrEST 

Ariège.  Foix 25.00     18. nO 

—  Pdmiers 24   7. 

Dordogne.  Bergeiac...   25.  20. 
IIle-Garonne.  Toulouse..  24.. 50 

—  Sl-Gandeiis 25.50 

Ge/s.  Coiidoin 25.00 

—  EaiJze 26.50 

—  Miiande 25  70 

Gfcoiide:  Boideaux. . . . .   25.85 

—  La  Reoie 26. Oi) 

Landes.   Dax   28  00 

Lot-el-GaronneiA^tt...  28^50     19  00 

—  Nér.ic 26.50 

B. -Pyrénées.  Bayoïiae..   26  00 
Htes-Pyrénées:  Tarbes..   26.25 

Prix  moyens 25-88  18.09  18^37     20.32 

8"  RÉGinN;  —  SUI*j 

Aude.  Ca^telnaudary...  27  15  »  20  00 

—  Caicassiinne 27.00  »  20   ai) 

Aveyron.  Wnàez 23.50  1S.20         » 

Canlal.  Mauriac 'jS.OO  21. >5         » 

Ciirreze.  LiiberzdC 2i.50  18.50  18.25 

Hérau'.l.  Cette 27.25  »  16.50 

—  B-'ziers 2750  20.5»  20  25 

Lot.  Caliois 27  00  17.50  17.80 

Lozère    Mende 23.10  17  3o  17.4ii 

P;/réu«es-Or.Perpignan.  27.75  25.00  17.80 

7'ar)i.  L.iVrtiir 2625  20.50         » 

Tarn-el Cîar.  Montaunan  26  00  18:50  19.25 


20.25 
20  50 
20  00' 
25.55 
1S.20 
20  00: 
21.00 
«8.25 
17  70 
18. 10' 
20 .  25. 
20.50 


Pri.t  moyens 

9'    RÉGION. 

Dassea- Alpes.  Manosiiue 
Hautes- Alpes.  BriançDn. 
Aljies- Maritimes. C'Mines 

Ardechf.  Priv  is 

B.-du-lihone.  Arles.... 
Dri'ime.  Monléliniar  . . . . 

Gard.  Nîmes 

Haute-f.oire.  Hrioude... 

Var.  Dr.u'uiunaii 

Vauciase.  Citrpeniras.. . 

Piix  moyensi .... 

Moy.  de  loiiie  la  France 
—  de  la  semaine  préuéd. 

Sur  la  seinaiiie^Hausse. 
précédente.  .JBaisse.. 


26  09      19.76      18.64     20  02 

—  srn-KsT. 

28.75         » 


27.00 
26.50 
26. 65 
28 .  25 
24.50 
26.;,0 
25  20 
26 .  50 
27: 00 


17.50 
17.20 
1S.60 

». 
lfl.25. 
18.00-' 
1850 


18.25 
18.00 
18  00 
17.50 


20.00 
1 8 .  HO 


24.001 
19.75 
18.50 
19.40 
18.50 
17. 75 
20.50. 
17.80 
18.50 
18.20 


26.6e     17.67     18i.29>    19.29 


24.88)    le-.UBi    18.30' 
24.81      16   82     18.  Il 

0.07       0.16       0.17 


18' 98 
19i  02. 


276  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT 

Blé.  Seigle.  Orge.  Ayoino 

fr.               fr.  fr.  fr. 
....                        .,      (  blé  tendre...        26.00 

Algérie.                     ^^-^'f  blé  dur 24.80           »  16.00  15.80 

Angleterre.               Londres 26.40            »  19. .oO  20.00 

Belgique.                 Anvers 24.50  18.00  17.00  17.75 

—  Bruxelles 26.00  18.00  21.50 

—  Liège 24.75  18.50  20.50  18.00 

—  .  Namur 23.00  17.00  20.00  15.50 

Pays-Bas.  Amsterdam 24.00  17.10  »  » 

Luxembourg.  Luxembourg 24.00  19.00  »  18.50 

Alsace-Lorraine.  Strasbourg 25.25  17.75  17.50  17.7.i 

—  Mulhouse 22.50            »  17.00  16.50 

—  Colmar 24  85  18.25  18  50  17.25 

Allemagne.  Berlin 24.50  19.00  .                » 

—  Cologne 26.25  18. -jO 

—  Hambourg 24.00  17.75  »                » 

Suisse.  Genève 27  00            »  »  21.25 

Italie.  Turin 25.00  19.75  ».  18.50 

Espagne.  Valladolid 24.25            »  »                • 

Autriche.  Vienne ...  20.75  15.00  16.25  14  25 

Hongrie.  Budapeslb 2!. 50  15  40  15.75  14.00 

Russie.  Saint-Pétersbourg..  22.25  15.50  »  13.00 

Etats-Unis.  New-York 24.20            »  •                » 

Blés.  —  Il  y  a  eu  depuis  huit  jours  un  revirement  complet  dans  la  température. 
Le  temps  s'est  remis  partout  au  beau,  et  une  chaleur  intense  règne  dans  toutes 
les  parties  du  pays.  Il  n'y  a  qu'à  s'en  louer;  après  le  froid  per.eistant  et  la  pluie 
des  dernières  semaines,  la  végétation  était  partout  retardée,  et  l'on  commençait  à 
éprouver  des  inquiétudes  sérieuses  pour  le  développement  des  blés  en  terre. 
Aujourd'hui  ces  craintes  s'évanouissent  avec  les  nuages  qui  les  avaient  fait  naître  ; 
l'avenir  apparaît  sous  des  couleurs  plus  gaies,  et  il  est  permis  de  compter  qu'il 
donnera  de  bonnes  récoltes.  Quant  aux  transactions,  elles  présentent  le  plus  grand 
calme  sur  tous  les  marchés  ;  les  ventes  sont  peu  importantes  et  les  prix  sont  sta- 
tionnaires.  —  A  la  halle  de  Paris,  le  mercredi  16  mai,  il  n'y  a  eu  que  peu 
d'affaires;  les  prix  sont  encore  demeurés  sans  changements;  on  cotait  de  2^  fr.  50 
à  26  fr.  50  par  100  kilog.  suivant  les  qualités.  Au  marché  des  blés  à  livrer,  on 
paye  :  courant  du  mois,  26  à  26  fr.  25;  juillet-août,  26  fr.  75  à  27  fr.  ;  quatre  der- 
niers mois,  27  fr.  25  à  27  fr.  50.  —  Au  Havre,  il  y  a  peu  d'affaires  sur  les  blés 
d'Amérique;  on  les  cote,  suivant  les  qualités,  de  26  fr.  25  à  27  fr.  50  par  quintal 
métrique.  —  A  Marseille,  les  ventes  ont  été  assez  actives  duraut  cette  semaine, 
avec  des  prix  soutenus.  Les  arrivages  de  blé  ont  été  de  79,000  quintaux  environ; 
le  stock  est  actuellement,  dans  les  docks,  de  125,000  quintaux.  On  paye  par 
quintal  métrique  :  Red-winter,  28  à  28  fr.  25  ;  Berdianska,  27  fr.  50;  Pologne, 
26  à  26  fr.  50;  Bessarabie,  25  fr.  50  à  26  fr.  ;  Irka  Danube,  23  à  23  fr.  50; 
Irka  Nicolaïefl',  26  à  26  fr.  50  —  A  Londres,  les  affaires  sont  calmes,  avec  des  prix 
stationnaires  ;  les  prix  se  fixent  de  24  à  26  fr.  70  par  100  kilog.  suivant  les  qua- 
lités et  les  provenances. 

Farines.  —  Les  affaires  sont  très  restreintes  et  les  prix  ne  présentent  pas  de 
variations.  —  Pour  les  farines  de  consommation,  on  cotait  à  la  halle  de  Paris  le 
mercredi  16  mai  :  marque  de  Gorbeil,  60  fr.  ;  marques  de  choix,  60  à  62  fr.; 
premières  marques,  58  à  59  fr.  ;  bonnes  marques,  57  à  58  fr.;  sortes  ordi- 
naires, 54  à  56  fr.  ;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.  toile  à  rendre  ou  157  kilog. 
net,  ce  qui  correspond  aux  prix  extrêmes  de  40  fr.  S-i  à  39  fr.  50  par  100  kilog., 
ou  en  moyenne  36  fr.  95;  comme  le  mercredi  précédent.  —  Les  cours  des  farines 
de  spéculation  s'établissaient  comme  il  suit  le  mercredi  )6  mai  au  soir  :  farines 
neuf -marques,  courant  du  mois,  56  fr.  75;  juin,  57  fr.  25;  juillet  et  aoiàt,  58  fr.  25; 
quatre  derniers  mois,  59  fr.  50;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.,  toile  perdue  ou 
157  kilog.  net.  —  Les  prix  des  farines  deuxièmes  se  maintiennent  de  26  à  30  fr. 
par  100  kilog.  ;  ceux  des  gruaux  de  46  à  57  fr. 

Seigles.  —  H  y  a  toujours  beaucoup  de  fermeté.  On  paye  les  seigles  à  la 
halle  de  Paris,  16  fr.  50  par  100  kilog.  Les  farines  de  seigle  valent  de  24  à 
26  fr.  avec  des  ventes  assez  nombreuses. 

Orges.  —  Très  peu  de  ventes,  aux  cours  de  18  à  20  fr,  par  100  kilog.  à  la  halle 
de  Paris.  Les  escourgeons  valent  de  17  fr.  50  à  18  fr.  50  suivant  la  provenance. 
—  A  Londres,  il  y  a  maintien  des  cours,  de  18  à  20  fr.  50  par  100  kilog. 

Mail.  —  Les  prix  se  soutiennent  bien.  On  paye  à  Paris  les  malts  d'orge  26  à 
33  fr.  par  100  kilog.  ;  ceux  d'escourgeon,  de  27  à  32  fr. 

Avoines.  —  Il  y  a  plus  de  fermeté  dans  les  prix  pour  les  belles  qualités,  —  On 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (19  MAI    1883).         ,  277 

cote  à  la  halle  de  Paris  de  18  fr.  50  à  21  fr.  25  par  100  kilog.  suivant  poids, 
couleur  et  qualité.  —  A  Londres,  les  affaires  sont  restreintes;  on  paye  de  18  fr.  50 
à  21  fr.  85  par  quintal  métrique,  suivant  les  sortes. 

Sarrasin.  —  La  hausse  se  maintient  à  la  halle  de  Paris.  On  paye  de  16  fr.  50 
à  17  fr.  par  100  kilog.  suivant  les  qualités. 

Maïs.  —  Les  affaires  sont  restreintes  sur  les  maïs  d'Amérique  dans  les  ports. 
On  les  cote  de  16  fr.  75   à  17  fr.  par  100  kilog.,  comme  la  semaine  précédente. 

Issues.  —  Il  y  a  un  peu  de  faiblesse  dans  les  cours  ;  les  demandes  sont  d'ailleurs 
calmes'  pour  toutes  les  sortes.  On  paye  par  100  kilog.  à  la  halle  de  Paris  : 
gros  son  seul,  15  fr.  50  à  15  fr.  75  ;  son  trois  cases,  14  fr.  25  à  14  fr.  75; 
sons  fins,  13  fr.  52  à  14  fr.  ;  recoupettes,  13  fr.  25  à  13  fr.  75;  reraoulages  bis, 
14  fr.  à  14fr.  50;  remoulages  blancs,  14  fr.  50  à  15  fr.  50  ;  le  tout  par  100  kilog. 
III.  — Fourrages,  graines  fourragères. 

Fourrages.  —  Les  affaires  sont  devenues  plus  faciles  depuis  le  retour  du  beau 
temps.  On  cote  actuellement  par  1,000  kilog.  à  Paris,  :  foin,  110  à  130  fr.;  luzerne, 
112  à  126  fr.;  paille  de  blé,  60  à  72  fr.;  paille  d'avoine,  46  à  52  fr. 

Graines  fourragères. —  Les  ventes  sont  assez  calmes,  mais  les  prix  sont  sou- 
tenus. On  paye  par  100  kilog.  à  la  halle  de  Paris  :  trèfle  incarnat,  35  à  40  fr.; 
luzerne  de  Provence,  140  à  160  fr.;  du  Poitou,  120  à  130  fr.;  minette,  50  à 
65  fr.  ;  poisjarras,  22  à  24  fr.;  pois  gris,  24  â  25  fr.;  sainfoin  à  une  coupe,  25  à 
28  fr.;  à  deux  coupes,  30  à  32  fr.;  maïs  dent  de  cheval,  21  à  22  fr.;  maïs  jaunes 
des  Landes,  25  à  26  fr. 

IV.  —  Fruits  et  légumes  frais. 

Amandes.  —  Dans  le  Midi  on  paye  les  amandes  à  la  dame  1 10  fr.  par  lOÔ  kilog. 

Fruits.  —  Dernier  cours  de  la  halle  de  Paris  :  fraises  de  châssis,  le  pot, 
0  fr.  20  à  1  fr.  25;  pommes,  le  cent,  lOfr.  à  150  fr.;  raisins,  chasselas  de  serres, 
le  kilog.,  10  à  16  fr. 

Gros  légumes.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  asperges  aux  petits  pois,  la  botte, 

0  fr.  75  à  2  fr.;  communes,  la  botte,  2  fr.  50  à  25  fr.;  carottes  nouvelles,  les 
100  bottes,  70  à  100  fr.;  d'hiver,  l'hectolitre,  3  à  5  fr.  ;  de  chevaux,  les  100 
bottes,  15  à  22  fr.;  choux  nouveaux,  le  cent,  6  à  16  fr.;  communs,  le  cent, 
5  à  20  fr.;  haricots  verts,  le  kilog.,  1  fr.  50  à  4  fr.;  navets  nouveaux,  les  100 
bottes,  60  à  100  fr.;  l'hectolitre,  4  à  5  fr.;  oignons  nouveaux,  les  100  bottes, 
25  à  50  fr.;  en  grain,  l'hectolitre,  9  à  13  fr.;  panais  communs,  les  100  bottes, 
12  à  18  fr.;  poireaux  communs,  les  100  bottes,  15  à  45  fr. 

Pommes  de  terre.  —  Nouvelles,  le  panier,  4  à  5  fr.;  hollande  nouvelle, 
l'hectolitre.  0  fr.  ^0  à  1  fr.  50;  communes,  l'hectolitre,  20  à  33  fr.;  le  quintal, 
28  fr.  57  à  c<2  fr.  85;  jaunes  communes,  l'hectolitre,  9  à  12  fr.,  le  quintal, 
12  fr.  85  à  17   fr.  14. 

V.  —  Vins,  spiritueux,  vinaigres,  cidres. 

Vins.  —  Voici  que  la  quinzaine  de  mai  parait  devoir  réparer,  nous  ne  dirons 
pas  le  mal,  mais  le  retard  considérable  qui  s'était  produit  dans  la  végétation  des 
vignes.  Après  une  longue  période  de  jours  froids  et  pluvieux,  mais  sans  gelées 
néfastes,  la  végétation  languissait,  et  partout  elle  présentait  une  apparence  qui 
était  loin  d'encourager  les  vignerons.  Mais  tout  d'un  coup  les  choses  changent, 
l'épais  rideau  de  nuages  qui  obscurcissait  le  ciel  est  déchiré,  le  soleil  brille  de 
toute  sa  vigueur.  La  saison  actuelle  est  bonne;  elle  paraît  devoir  se  prolonger  pen- 
dant quelques  jours  au  moins;  l'avenir  sourit,  et  pour  peu  que  le  régime  des  pluies 
ne  reprenne  pas  avec  une  persistance  trop  souvent  répétée,  la  floraison  se  fera 
bien,  sans  danger  résultant  de  gelées  désormais  bien  peu  probables,  et  la  condi- 
tion d'une  bonne  récolte  sera  remplie.  —  En  attendant,  les  transactions  sur  les 
vins  suivent  leur  courant  habituel,  sans  grande  hâte,  sauf  dans  quelques  parties 
du  Midi,  et  notamment  dans  le  Narbonnais;  à  Cette,  on  cite  des  affaires  assez 
importantes,  principalement  sur  les  vins  d'Espagne.  A  Bordeaux,  voici  quelques 
résultats  d'une  vente  publique  qui  vient  d'avoir  lieu  dans  les  chais  d'un  commis- 
sionnaire :  Sainte-Foy,  1882,  36u  fr.  le  tonneau;  Gahors  1882,  480  fr.;  Lot-et- 
Garonne  1882,  345  fr.;  Saint-Macaire  1882,  420  à  425  fr.;  Minervois  1881, 
420  fr.;  Côtes  de  Nérac  1881,  445  fr.;  Blaye  1881,  490  à  500  fr,;  Palus  Longoiran 
1880,  490  fr.;  Roussillon,  V  choix  1879,  595  fr.;  lioussillon  1878,585  à  L90  fr.; 
Cantenac  Médoc  1879,  615  à  620  fr.;  Saint-Estèphe  1878,  885  fr.,  Pauillac  1878, 
800  fr.;  pour  des  vins,  il  a  été  payé  :  Entre-deux-mers  1879,  385  fr.;  La  Réole 
1879,  b40  à  350  fr.  — A  Celte,  les  vins  de  fabrication  se  cotent  actuellement  de 

1  fr.  70  à  1  fr.  80  le  decrré. 


278  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT 

Spirilneux.  —  La  situafion  est  toujours  la  même;  très  peu  d'affaires  sur  les 
alcools,  de  quelque  provenance  qu'ils  soient,  et  prix  à  peu  |irès  statioanaires. 
D'ins  le  Midi,  on  paye,  :  Cette  3/6  boa  goût,  i05  à  110  fr.;  marc,  100  fr.;  — 
Béziers,  3/6  bon  ^oùt,  103  fr.;  marc,  95  fr.;  —  Pézenas.  3/6  bon  goiat,  102  fr.; 
marc,  94  fr.  —  Dms  les  GliareiitHs,  les  eaux-de-vie  1875  à  1878  valent  :  bons 
bois,  215  à  235  fr.;  fias  boi-*,  2  5  à  260  fr  •  petite  Gha  opag^ie,  245  à  280  fr.; 
fine  Champagne,  265  à  305  fr.  —  A  Lille,  on  piye  les  alcools  de  betteraves  49  fr. 
par  hectolitre;  —  à  Paris,  on  cote  :  3/^  betteraves,  r«'  qualité  90  degrés,  dispo- 
nible, 49  fr.;  juin,  49  fr.  25  ;  juillet  et  août,  50  fr.;  quatre  derniers  mois,  50  fr.  75. 

—  Au  1'.  mai,  le  stock  était  de  20,7i0  pipes,  contre  14,750  en  18H2. 
Vinaigres.  —  Prix  sans  variations.  On  cote  à  Orléans,  par  hectolitre  :  vinaigre 

nouveau  de  vin  vieux,  40  à  42   fr.;  vinaigre  vieux  de  vin,  50  à  60  Ir. 

Riiisins  sers.  —  Les  offres  sont  restr  'inles  et  les  prix  se  soutiennent  avec  beau- 
coup de  fermeté.  On  p'^ye  à  Marseille,  par  100  kilog.  :  Corinthe,  53  à  55  fr.; 
Thyra,  47  à  ^^S  fr.  ;  Beyrouth,  m5  fr.;  Chypre  bleutés,  56  fr.;  Chypre  secon- 
daires, 47  à  48  fr.;  Samos  noirs,  51  à  52  fr.;  blonds,  (i4  fr  ;  Alexanclrette,  49  à 
51  fr.;  Vouila  rouges,  45  à  46  fr. 

VI.  —  Sucres.  —  Mélasses.  —  Fécules.  —  Glucoses.  —  Amidons.  —  Houblons. 
Sucres.  —  Les  affaires  sont  assez  restreintes,  mais  les  prix  accu-<ent  beaucoup 
de  fermeté  aussi  bien  à  Paris  que  sur  les  autres  marchés  du  Nord.  On  cote  à 
Paris  :  sucies  bruts  88  degrés  saccharimélriques,  53  fr.  25  ;  les  99  degrés, 
60  fr.  50;  sucres  blanc-:,  n"  3,  60  fr.  50  à  60  Ir.  75;  —  à  Valenciennes,  sucres 
bruts,  5i  fr    25;  —  à  Lille,  sucres  bruts,   52  à  52  fr.  25;  sucres  blancs,  60  fr.  ; 

—  à  Saint-Queniin,  sucres  bruts.  52  fr  50  à  53  fr.  ;  sucres  blancs,  60  fr.  Le 
stock  de  l'entrepôt  réel  des  sucres  à  Paris,  était,  au  16  mai,  de  672,000  sacs, 
avec  une  augmentation  de  31,(i00  sacs  depuis  huit  jours.  — Les  prix  des  sucres 
raffinés,  se  maintiennent  de  105  à  106  fr.  par  100  kilog.  à  la  consommation,  et 
de  64  à  67  Ir.  pour  l'exportation.  Dans  les  ports,  affaires  calmes  sur  les  sucres 
coloniaux,  sans  variations  dans  les  prix. 

Mêlasses.  —  [.es  prix  sont  faibles.  On  cote  par  100  kilog.  :  mélasses  de  fabrique, 
10  fr.  ;  de  ralfinerie.  12  fr. 

Fécut  s.  —  Les  affaires  sont  calmes,  avec  des  prix  fermes.  On  cote  à  Paris  : 
fécules  prenaières  du  rayon,  41  fr.  ;  à  Gompiègne,  fécules  de  l'Oise,  40  fr.  ;  à 
Epinal,  lécules  des  Vosges,  41  à  42  Ir. 

6'/  icosrs  el  amidons.  — Les  ventes  sont  assez  actives,  avec  beaucoup  de  fermeté 
dans  les  prix. 

Honb'ons.  —  Les  ventes  sont  toujours  aussi  peu  importaate=!,  mais  les  prix 
accusent  beaucoup  de  fermeté  pour  toutes  les  catégories.  Dans  le  NorJ,  on  paye 
650  fr.  par  100  kilog.  ;  en  Bourgogne,  800  à  850  ir.  La  vég'^tation  des  houblon- 
nières,  continue  à  présenter  un  aspect  généralement  satisfaisant. 

VU.  —  Huiles  et  graines  oléagineuses. 

Huiles.  —  Les  affaires  sont  calmes  sur  les  huiles  de  graines  ;  les  prix  sont 
ceux  que  nous  avons  indiqué  dans  notre  précédente  revue.  Oaco.e  à  Paris  :  huile 
de  colza  en  tous  fûts,  99  fr.  25;  en  tonnes,  101  fr.  25;  épurée  en  t  )nnes, 
J09  fr.  25;  huile  de  lin  en  tous  fûts,  55  fr.  25  ;  en  tonnes,  57  fr.  25.  Sur  les  mar- 
chés des  départements,  on  paye  les  huiles  de  colza  :  Arias,  93  fr  ;  Lille,  96  fr.  ; 
Rouen,  98  fr.  ;  et  pour  les  autres  sortes;  lin,  58  fr.;  arachides,  78  fr.  —  Sur 
les  marchés  du  Midi,  les  ventes  sont  assez  actives  sur  les  huiles  d'olive,  avec 
maintien  des  prix  pour  toutes  les  d  verses  sor:es. 

Graines  olêa'iineuses  —  Les  bonnes  qualités  sont  recherchées  avec  des  prix 
fermes.  On  paye  par  hectolitre  à  Atras  :  graine  d'œillette,  24  fr.  à  28  fr.  25  ;  de 
lin,  16  fr.  5u  à  19  fr  ;  cameline,    15  à  18  fr. 

Tourleaux.  —  Les  prix  sont  toujours  fermes.  On  cote  à  Rouen  par  100  kilog.  ; 
tourteaux  de  sésame,  15  fr.  ;  de  lin,  19  fr.  ôO;  —  A  Marseille,  tourteaux  de  lin, 
17  fr.  50  ;  arachide  eu  co  |ue,  9  fr.  75  ;  sésame  blanc  du  Danube,  14  Ir.  ;  coprats, 
12  fr.  '^5:  col/.a  du  Dinube,  13  fr.  25;  œillette  exoti  fue,  H  fr.  25;  coton 
d'Egypte,  12  fr.  25;  palmiste  naturel,  10  fr.  50;  ravison,  11  fr.  25. 

VIII. —  Matières  résineuses,  colorantes  el  tannantes. 

Matières  résineuses.  —  Les  cours  varient  peu.  L'essence  pure  de  térébenthine 
est  payée  à  Bordeaux  80  fr.  par  100  kilog.;  —  A  Dax,  73  fr. 

Gaudes.  —  Prix  faibles,  à  2o  fr.  par  100  kilog.  dans  le  Languedoc. 


DES  DENRÉES  AGRICOLES   (19  MAI  1883).  279: 

IX.  —  Textiles. 
Laines.  —  Quelques  ventes  ont  été  faites  durant  cette  semaine  au  Havre,  en 
laines  exotiques,  aux  cours  de  1  fr.  50  à  1  fr.  95  par  kilo^s;'  ,   suivant  les  sortes. 
Chanvres.  —  Les  aH'aiies  sont  toujou's  cnlmes.  Dans  l'Anjou,  les  chanvres  de 
pays  se  payent  de  70  à  80  fr.  par  100  kilog.,  suivant  les  qualités. 

Lina.  —  Maintien  des  cours.  Dans  la  Somme,  on  cote  65  à  95  fr.  par  quintal 
métrique  pour  les  lins  de  pays. 

X.  —  Suifs  et  corps  gras. 
Suifs.  —  Les  prix  se  soutiennent  sans  changenients.  On  cote  à  Paris,  110  fr. 

{)ar  100  kilofT.  pour    les   suifs   purs   de  l'abat  de  ia   boucherie;  82    fr.  50  pour 
es  suils  en  branches. 

Saindiux.  —  II  n'y  a  pas  de  changements  dans  les  prix.  On  paye  au  Havre  1 42  à 
143  fr.  par  100  kilog.  pour  les  saindoux  d'Amérique. 

X!.  —  Beurres.  —  Œu/s.  —  Fromages. 
Beurres.  —  On  a  vendu,  pendant  la  semaine,  à  la  halle  de  Paris,  265,527  kilog. 
de  beurres.  Au  dernier  jour,  on  vendait  par  kilog.;   en  demi-kilog.,  2  fr.  02  à 
4  fr.  60;   petits  beurres,  1  fr.  80  à  3  fr.  04;  Gournay,  2  fr.  04  à  4  fr.  02  ;  Isigny, 
2  fr.  60  à  7  fr.  64. 

Œufs.  —  Du  7  au  12  mai,  il  a  été  vendu  à  la  halle  de  Paris,  7,73*^,362  œufs. 
Au  derni-^r  manhé,  on  payait  par  mille  :  choix,  86  à  100  fr.;  ordinaires,  57  à 
72  fr.;  petits,  50  à  56  fr. 

Fromages.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris,  par  douzaine  :  Brie,  7  à  33  fr.;  Mont- 
Ihéry,  15  fr.  ;  par  cent,  Livarot,  55  à   127  fi.;  Neufchâtel,  5  fr.  50  à  28  fr.  50; 
diveis,  6  à  72   fr.  ;  par  100  kilog..  Gruyère,  140  à  180  fr. 
Xtl.  —  Chevaux,  bétail,  viande. 

Chevaux.  — Aux  marchés  des  9  et  12  mai,  à  Paris,  on  comptait  924  chevaux; 
sur  ce  nombre,  326  ont  été  vendus  comme  il  suit  : 


Chevaux  de  cabriolet. . 

—  de  trait 

—  tiors  d'âge. .. 

—  à  Tenclière.. . 

—  de  bouclierie. 


Amenés. 

Vendus. 

Prix  extrêmes. 

2-.'9 

bO 

185  à  1.0.^0  fr 

276 

59 

190  à  1,180 

296 

&4 

20  à      900 

30 

35 

35  à      420 

88 

88 

30  à      100 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  officiel  du  marché  aux  bes- 
tiaux de  la  Viliette,  du  jeudi  10  au  mardi  15  mai  : 

Poids      Prix  du  kilog.  de  viande  nette  sur 
Vendus  moven  pied  au  marche  du  14  mai. 

Pour  Pour  En          4  quartiers.  1«  2«  3»  Prix 

Amenés.  Paris,  l'extérieur,  totalité.  kil.         quai.  quai.  quai.  moyen. 

Bœufs 4, .539  2,734  1,369  4,103  353       1.82  1.70  1.A8  1.64 

Vaches 1,362  779  354  1,133  232       1.70  1.48  1.34  1.50 

Taureaux 312  248  46  294  385      1.60  1.48  1.38  1.48 

Veaux 3,616  2,240  1,122  3,362  71       2  2J  2.10  1.76  1.95 

Moulons 42,136  25,937  12,7.55  3«,692  50      2.06  1.9i  1  72  1.84 

Porcs  gras....          6,840  2,755  3,8^5  6,600  82      1.42  1.36  1.30  1.35 

—  maigres.              »  •  »  »  »»»■.  » 

Les  approvisionnements  du  marché  ont  été  abondants  :  mais  par  suite,  à  la 
fois,  des  lêtes  de  la  Pentecôte  et  de  l'arrivée  des  chaleurs,  les  ventes  ont  étéassez 
difficiles,  et  pour  toutes  les  catégories  nous  devous  enregistrer  un  mouvement  de 
baisse.  —  Sur  les  marchés  des  départements,  on  cote  actuellement  :  —  Riaen., 
bœuf,  1  fr.  70  à  2  fr,  par  kilog.  de  via.nde  nette  sur  pied;  vaches,  1  fi.  65  à 
1  fr.  95;  veaux,  1  fi.  85  à  2  fr.  20;  moutons,  1  tr.  9  •  à  2  fr,  25;  porcs,  1  fr,  10 
à  1  fr,  45  ;  —  Nuhtes^  bœuf,  0  fr.  90  à  0  Ir.  95  par  kilog.  brut;  veau,  0  fr.  92; 
mouton,  0  fr.  92;  —  Arras,  vaches  raaigras,  0  Ir.  6u  àO  fr.  70  le  kilog.  brut; 
taureaux  raaigies,  0  fr.  65  à  0  fr.  75;  taureaux  gras,  0  fr.  75  à  0  fr.  85;  vaches 
grasses,  0  tr.  80  à  0  ir.  90;  —  Nancy,  bœuls  morts,  85  à  99  fr.  par  100  kilog. 
bruts;  vaches,  0  fr.  70  à  0  fr.  95;  veaux,  60  à  70  fr.;  mouton,  110  à  125  fr.; 
porcs,  70  a  7b.  fr.  ;  —  Dijon,  bœuf,  1  fr.  60  à  1  fr.  80;  vaches,  l'fr.  16  à  1  ir.  68; 
veau  (poids  vif),  1  fr,  08  à  1  fr,  16;  mouton,  1  fr.  80  à  2  fr.  10;  pore,  1  fr.  à 
l.fr.  26  ;  —  iVirecourl,  bœuf,  1  fr.  80;  veau,  l  fr.  80;  mouton,  2  fr.  à  2  fr.  20; 
porc,  2  Ir.;  —  Lyon,  bœuf,  80  à  93  fr.;  veau  (poids  vil),  60  à  66  fr.;  moutons, 
80  à  100  Ir,  ;  —  bourgoin,  bœufs,  66  à  76  IV.;  vaches,  58  à  68  fr.;  moar- 
tODS,  90  à  98  fr,;  porc,  8b  à  90  fr.  ;  veau,  90  à  106  fr.  ;  —  Rudez,  bœufs,  75  fr. 
vaches  et  génisses,  65 fr.;  mouton  et  brebis,  80  fr,;  veau,  90  Ir.;  —  Genève^  bœuf, 


280  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  GOURANT  (19  MAI    1883). 

1   fr.  50  à  1    fr.  70;   veau  (sur  pied),   0  fr.   90  à  1   fr.   10;  mouton,    1  fr.  90  à 
1  fr.  95  ;   porc,   1  Ir.  45  à  Ir.  50. 

A  Londres,  il  a  été  importé  durant  la  semaine  7,800  têtes  ;  le  lundi  de  la  Pen- 
tecôte il  n'y  a  point  eu  de  marché.  Les  agneaux  onl  été  très  demandés.  Prix  du 
kilog.  Bœuf:  qualité  inférieure,  1  fr.  52;  2%  1  Ir.  93;  l'^^  2  fr.  05.  —  Veau  : 
qualité  inférieure,  1  fr.  93  ;  2%  2  fr,  10;  l'^  2  fr.  28.  —  Mouton  :  qualité  infé- 
rieure, 1  Ir.  93  ;  2%  2  fr.  10  ;  r%  2  fr.  22.  —  Agneaux  :  2",  2  fr.  69  ;  1^"3  fr.  04. 

—  Porc  :  qualité  inférieure,   1  fr.  52  ;  2'',  1  fr.  64;  1«,  1  fr.  75. 

Viande  à  la  criée.  —  Il  a  été  vendu  à  la  halle  de  Paris  du  8  au  14  mai  : 

'  Prix  du  kilog.  le  i  i  mai.       

kilog.  1"  quai.               2'  quai.             3*  quai.  Choix."     Basse  Boucherie. 

Bœuf  ou  vache...   183,481  1.58  à  2.00     1.36  à  l.M    0.90  à  1.34  1.50  à  3.00    0.20  à  1.30 

Veau 251,945  1.62      2  20     1.40       1,60     0.80       1.38  1.20      2.56       » 

Mouton 83,027  1.48       1.86     1.26       1.46     0.86       1.24  1.60      3.00       . 

Porc ,     42,057                      Porc  frais 1.20àl,56;  salé, 

.560,510        Soitparjour 80,073  kilog. 

Les  ventes  ont  été  supérieures  de  2,000  kilog.  par  jour  à  celles  de  la  semaine 
précédente.  Les  prix  sont  faibles  pour  toutes  les  sortes. 

XIII.  —  Cours  de  la  viande  à  Vabattoir  de  la  Villelte  du  17  mai  (par  50  kilog.) 
Cours  de  la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  Villette  par  50  kilog.  :  1"  qualité, 
73  à  75  fr.  ;  2%  68  à  70  fr.  ;  poids  vifs,  48  à  53  fr. 

Bœufs.  Veaux.  Moutons, 

1"  2"  3*  1"  2'  3"  1"  2°  3° 

quai.  quai.  quai.  q^al.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai. 

fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr, 

82  76  ip  120  110  100  93  87  80 

XIV.  —  Marché  aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi  17  mai  1883. 

Cours  des  commissionnaires 
Poids  Cours  officiels.  en  bestiaux. 

Animaux  gênerai.     1"  2"        3"  Prix  1"        2*  3*  Prix 

amenés.  Invendus.  kil.        quai.  quai.  quai,  extrêmes.  quai. quai.  quai.  extrêmes. 

Bœufs 2  099  377  350          i.73  1.66     !.46  1.38àl.85  1.76      i.64  1.44  1.36àl   82 

Vaches 564  117  23>         1.66  1.44      1   30  1.22     1.70  J.64     1,42  1.28  1.20     1.68 

Taureaux...          140  27  380          l   54  t. 40     t. 32  1.26     1.60  1.52     1.38  1.30  1.24     1  58 

Veaux 1.781  478  75         2.I0  1.96      1.60  1.40     2.25          »              «  »  » 

Moutons 16,924  3.261  20         2  O'i  1.90     1   70  1.52     2.08          »              »  »  » 

Porcs  gras..     4.808  464  8?         1,14  1.33     1.32  1.26     1.4S         »              »  » 

-  maigres..          »  »  »»»»  »»»»»» 
Vente  difficile  sur  toutes  les  espèces. 

.W.   —  Résumé. 
Les  cours  de  la  plupart  des  denrées  agricoles  se  sont  maintenus  sans  variation 
depuis  huit  jours.  A.  Remy. 

BULLETIN  FINANCIER 

La  conversion  est  achevée  ;  elle  s'est  faite  dans  des  conditions  de  régularité 
absolue,  ce  qu'il  était  d'ailleurs  facile  de  prévoir.  Les  demandes  de  rembourse- 
ment ont  été  presque  nulles  ;  les  détenteurs  de  titres  ont  accepté  sans  restriction 
la  situation  nouvelle.  Quant  à  la  Bourse,  elle  présente  peu  d'animation  :  peu 
d'affaires  sérieuses,  mais  beaucoup  de  bruits  plus  ou  moins  gros  d'événements, 
qui  ne  se  réalisent  jamais.  De  la  lutte  constante  entre  le?  haussiers  et  lesbaissiers 
résultent  des  mouvements  d'oscillation  des  cours  san^  importance  réelle. 

Les  fonds  français,  sont  cotés  actuellement  .  3  pour  100,  79  fr.  65;  —  3  pour 
100  amortissable,  81  fr.; —  4  et  demi  pour  100,  lit)  fr.  On  voit  que  ces  taux  sont 
ceux  de  la  semaine  précédente. 

La  Banque  de  France  vaut  5,410  fr,,;  le  Crédit  foncier,  1,340  fr.;  le  Comptoir 
d'escompte,  975  fr.;  la  Banque  de  Paris  et  des  Pays-Bas,  1,065  fr. 

Il  y  a  reprise  sur  la  plupart  des  titres  des  chemins  de  fer  français.  Ils  sont 
cotés  actuellement  :  Nord  1,935  fr.;  Orléans,  1,250  fr.;  Ouest,  780  fr.;  Est, 
720  fr,;  Paris-Lyon-Méditerranée,  l,6i0  fr,;  Midi,  1,180  fr.  Les  demandes  sont 
assez  actives 

Les  actions  de  la  Compagnie  parisienne  du  gaz  valent  1,360  fr.;  c'est  une 
baisse  de  20  ir.  depuis  huit  jours,  due  surtout  aux  difficultés  de  la  Compagnie 
avec  la  Ville. 

Le  canal  de  Suez  vaut  2,315  fr.;  les  délégations,  1,285  fr. 
Le  gérant^  A.  Bouché.  E.  Féron. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (26  mai  m^y 

Hommage  rendu  à  M.  Pasteur  par  les  universités  britanniques.  —  Démonstrations  de  respect 
données  à  M.  Chevreul  par  plusieurs  (grandes  Académies.  —  L'agriculture  française  à  l'expo- 
sition internationale  de  Boston.  —  Banquet  du  19  mai.  —  Les  emprunts  mutuels  de  l'agri- 
culture européenne  et  de  l'agriculture  américaine.  —  Toast  porté  à  leur  union.  —  Nouvelle 
liste  de  souscription  pour  le  monument  de  Léonce  de  Lavergne.  —  Le  phylloxéra.  —  Note  de 
MM.  Couvert  et  DegruUy  sur  la  plantation  de  vignes  dans  les  terrains  sablonneux  en  Algérie.  — 
Mise  en  vente  du  volume  renfermant  le  coinjite  rendu  du  service  du  phylloxéra  en  1882.  —  Le 
commerce  des  vins  et  la  suralcoolisation  des  vins  étrangers  introduits  en  France.  —  Pétition 
adressée  à  la  Chambre  des  députés  par  22  associations  a^Ticoles  de  France  et  d'Algérie.  — 
Mesures  proposées  en  faveur  de  la  viticulture.  —  Proposition  de  loi  de  M.  Bernard-Lavergne 
sur  le  vinageà  prix  réduit  des  vins  de  la  récolte  de  1882.  —  Programme  de  l'exposition  dépar- 
tementale agricole  de  Beaune.  —  Modifications  au  programme  des  concours  spéciaux  d'instru- 
ments au  concours  régional  de  Mende.  —  Concours  international  d'animaux  agricoles  à 
Hambourg.  —  Ajournement  de  l'exposition  agricole  de  Lisbonne.  —  Prochain  concours  du 
Comice  départemental  de  ?eine-et-Marne.  —  Lettre  de  M.  de  La  Morvonnais  sur  la  culture  du 
panais  comme  plante  fourragère. 

I.  —  La  science  française  à  l'étranger. 

Tandis  que  quelques  savants  allemands  ou 'italiens,  peut-être  même 
français^  se  montrant  jaloux  des  services  rendus  aux  sciences  et  à 
l'agriculture  par  M.  Pasteur,  cherchent  à  en  abaisser  la  valeur,  et 
même  à  lui  contester  l'honneur  de  ses  découvertes,  on  est  heureux  de 
voir  que  justice  lui  est  pleinement  rendue  par  les  plus  hautes  asso- 
ciations scientifiques  de  l'Angleterre.  C'est  ainsi  que  des  diplômes  de 
docteur  viennent  de  lui  être  décernés  par  des  universités  britanniques. 
Du  reste,  M.  Pasteur  n'hésite  pas  à  répondre  nettement  à  ses  contra- 
dicteurs, et  c'est  toujours  sur  le  terrain  expérimental  qu'il  les  appelle, 
voulant  répondre  par  des  faits  tandis  qu'ils  se  réfugient  dans  des 
phrases.  On  apprendra  d'ailleurs  avec  satisfaction  que  la  Commission 
de  lu  Chambre  des  députés,  chargée  de  l'examen  du  projet  de  loi  sur 
l'augmentation  delà  récompense  nationale  décernée  à  l'illustre  savant, 
s'est  prononcée  favorablement  à  l'unanimité. 

Ce  n'est  pas  seulement  M.  Pasteur  qui  est  aujourd'hui  l'objet  des 
démonstrations  de  respect  et  de  reconnaissance  des  savants  du  monde 
entier;  M.  Ghevreul  reçoit  aussi  sa  part  des  respects  universels.  Dans 
le  courant  du  mois  de  mai,  l'Académie  des  sciences  de  New-York  lui 
a  décerné  le  titre  de  membre  honoraire,  et  l'Académie  des  sciences  de 
Washington  l'a  nommé  associé  étranger.  Déjà,  ce  titre,  au  mois  de 
mai  1833,  lui  avait  été  décerné  par  l'Académie  des  sciences  de 
Copenhague,  une  des  plus  anciennes  et  des  plus  célèbres  de  l'Europe  ; 
cette  Académie  n'a  pas  voulu  laisser  passer  le  cinquantième  anniver- 
saire de  son  élection  sans  lui  adresser  l'hommage  de  ses  félicitations. 
La  Société  d'ethnographie  de  Paris  vieat  de  le  nommer  membre  libre. 
La  Société  d'encouragement  au  bien  lui  a  décerné  une  couronne  civique, 
et  Fa  invité  à  venir  la  recevoir  dans  sa  séance  publique  du  27  mai. 
En  remerciant  cette  Société  de  l'honneur  qu'elle  voulait  lui  faire,  l'il 
lustre  vieillard  a  décliné  l'invitation;  il  a  fait  finement  remarquer  qu'à 
l'âge  de  près  de  cent  ans,  on  ne  pouvait  pas  être  sûr  du  lendemain 
il  ne  voudrait  pas  qu'un  accident  qu'il  faut  toujours  désormais  pré- 
voir, pût  venir  attrister  une  séance  publique. 

IL  —  L'ayricuUure  à  Boston. 
Nos  lecteurs  savent  qu'une  Commission  a  été  nommée  en  France, 
dans  le  but  de  faire  prendre  part  notre  industrie,  nos  arts  et  notre 
agriculture  à  la  grande  exposition  que  l'Etat  deMassachussets  a  décidé 
d'ouvrir  à  Boston,  au  mois  de  septembre  prochain.  Cette  Commission, 
sous  la  présidence  de  M.  de  Lesseps,  a  donné  un  banquet  le  19  mai. 

N»  737.  —  Tome  II  de  1883.  —  26  Mai. 


•282  CHRONIQUE  AGRICOLE  (26  MAI   1883). 

Etaient  présents  :  l'ainbassadeur  des  Etats-Unis,  M.  Morton,  ainsi  que 
M.  Hérisson,  ministre  du  commerce,  M.  Cochery,  ministre  dès  postes 
et  télégraplies,  M.  Oustry,  préfet  de  la  Seine,  et  un  grand  nombre  de 
savants,  d'arlistes  et  d'industriels.  Invité  à  prendre?  la  parole,  nous  nous 
sommes  à  peu  près  exprimé  en  ces  termes  : 

«  Vous  voulez,  Messieurs,  entendre  quelques  instants  parler  d'agriculture.  J'ai 
passé  toute  ma  vie  à  envisager  toutes  les  choses  au  poi  nt  de  vue  du  rapport  qu'elles 
peuvent  avoir  &vec  les  intérêts  agricoles.  C'est  ainsi  que  j'ai  considéré  la  grande 
exposition  que  l'Amérique  va  ouvrir  à  Boston,  en  commémoration  du  centième 
anniversaire  de  la  signature  du  traité  de  paix  qui  a  consacré  l'indépendance  de  la 
république  américaine. 

a  J'ai  vu  le  temps  où  les  agriculteurs  travaillaient  au  grand  jour  pour  le  progrès 
commun,  sans  songer  à  se  jalouser  les  uns  les  autres  ;  c'était  à  qui  ferait  le  mieux, 
chacun  disant  S'is  observations  et  ses  découvertes,  tous  étant  beureux  do  se  voir 
imités  quand  ils  avaient  fait  le  bien.  G  mment  se  fait-il  que  cela  ait  changé, 
qu'on  ait  tait  peur  à  ceux-ci  de  l'habileté  de  ceux-là,  et  que  l'on  ait  pu  poser  en 
rivales  enn  mies  les  agricultures  de  deux  grands  pays?  Je  n'ai  pas  à  traiter  cette 
question  ,  mais  je  crois  utile  de  montrer  en  quelques  mots  que  l'agriculture  fran- 
çaise et  l'agriculture  américaine  font  encore  des  échanges  utiles,  et  peuvent  réci- 
proquement se  donner  des  leçons  avantageuses  pour  toutes  deux.  Je  le  prouve  par 
des  exemples. 

a  Nous  avons  emprunté  avec  succès  et  avantage  aux  Américains  leurs  machines 
à  moissonner  et  à  faucher,  et  nous  avons  pu  ainsi  diminuer  les  frais  que  nous 
coràtent  la  moisson  et  la  fenaison.  Peut-ê're  sommes-nous  à  la  veille  d'apprendre 
d'eux  les  moyens  de  diminuer  dans  une  forte  proportion,  nos  Irais  de  labour,  afin 
de  pouvoir  lutter  avec  eux  dans  la  production  à  bon  marché. 

a  Quant  aux  cultivateurs  américains,  ils  n'hésitent  pas  non  plus  à  nous  emprunter 
nos  meilleures  méthodes  et  nos  inventions  :  exemple,  la  découverte  de  l'ensilage 
du  maïs  en  vert  par  M.  Goffart;  des  congrès,  des  couférences  se  font  maintenant 
en  Amérique  pour  y  propager  les  méthodes  de  notre  concitoyen,' qu'on  y  proclame 
un  des  bieufiiteurs  de  l'agriculture.  Les  Américains  viennent  aussi  chez  nous, 
dans  nos  pays  de  grande  production  chevaline  ou  de  grande  pr-oduction  laitière, 
acheter  à  des  prix  élevés  nos  étalons  d'él.te  de  la  race  chevaline  et  de  la  race 
bovine.  Sils  nous  fournissent  souvent  de  la  laine,  nous  leur  vendons  des  béliers. 
Quant  à  nos  fruits,  nos  beurres,  nos  fromages,  nos  vins,  nos  fleurs,  ils  gagnent 
chaque  jour  en  renommée  de  l'autre  côté  de  l'Atlantique,  et  leur  réputation  peut 
s'y  accroître  encore. 

«  Nous  trouverons  de  grands  avantages  à  ce  que  nos  agriculteurs  se  rendent  à 
Boston,  ou  y  envoient  leurs  produits.  Pour  mieux  faire  chez  soi,  il  faut  apprendre 
comment  les  autres  s'y  prennent.  Une  ditïérence  entre  l'Amérique  et  nous,  c'est 
que  là-bas  l'agriculture  paie  moins  d'impôts;  mais  nos  agriculteurs  qui  s'y  ren- 
dront y  apprendront  peut-être  comment  il  doivent  s'y  prendre  pour  faiie  diminuer 
les  charges  qui  nous  accablent.  Multiplier  les  échanges,  c'est  assurer  l'augmen- 
tation des  profits.  Est-ce  que  l'illustre  perceur  d  isthmes  qui  préside  cette  séance 
n'est  pas  à  la  fois  l'homme  des  deux  mondes?  est-ce  qu'il  n'est  pas  éc^alement 
accueilli  par  des  sentiments  de  respect  et  de  reconnaissance  en  Amérique  et  en 
Europe,  tout  à  Ibeure  en  Afrique? 

«  Je  porte  donc  un  toast  à  l'union  nouvelle  de  l'agriculture  française  et  de 
l'agriculture  américaine,  pour  qu'elles  fraternisent  à  Boston  et  y  commencent  une 
nouvelle  ère  de  progrès  commun  !  » 

Un  vif  accueil  a  été  fait  à  ce  vœu.  Il  nous  reste  à  souhaiter  qu'il  ne 
demeure  pas  stérile;  car  c'est  en  faisant  des  efforts  énergiques  qu'on 
sort  des  mauvaises  situations.  La  victoire  appartient  à  ceux  qui  entre- 
prennent de  grandes  choses,  et  aux  peuples  qui  cherchent  de  l'expan- 
sion. L'agriculture  française  a  des  hommes  et  des  méthodes  qui  peuvent 
s'imposer. 

III.  —  Souscription  pour  élever  un  monument  à  Léonce  de  Lavergne. 

Voici  la  onzième  liste  de  la  souscription  ouverte  pour  élever  un 
monument  à  Léonce  de  Lavergne  : 


GHROISIIQUJi:  AGRICOLE  (26  MAI  1883).  283 

Fr. 

Report  de  la  linte  'précédente 9,435  î>0 

Comice  agricole  de  ïïoyan  et  lu  in-mblade  (Charente-Inférieure)..  3i)  00 

Société  d  aijricuUure  (!•'  Tarn-ci-G'irnnne   30  00 

Comice  des  dent  cantons  de  Moiuaiiban 20  00 

MM.   l'cinsar  (Adolphe),  de  la  Nièvie h  00 

I^ochequ  lirie  (marquis  ii(^) 50  00 

Buniiabsieux  (Piene),  architecte  au.\  archives  nationales .S  00 

Total  de  la  onzième  liste , 9,575  50 

Nous  rappelons  que  nos  lecteurs  peuvent  envoyer  leurs  souscrip- 
tions ù  M.  Henry  Sagnier_,  secrétaire  du  Comité,  aux  bureaux  du 
Journal  de  V AgricuUure, 

lY.  —  Le  phylloxéra. 
Dans  une  note  qu'ils  viennent  de  présenter  à  l'Acadénaie  des  scien- 
ces, MM.  Gonvert  et  Degrully,  professeurs  à  l'école  nationale  d'agri- 
culture de  Montpellier,  appellent  l'atlention  sur  les  ressources  que 
présenterait  la  culiure  de  la  vigne  dans  les  sables  en  Algérie,  [l  existe 
dans  notre  colonie  africaine,  de  vastes  surfaces,  notamment  dans  les 
environs  d'Alger,  de  Mostaganem  et  d'Oran,  couvertes  de  sables  que 
les  auteurs  de  la  note  considèrent  comme  analogues  à  ceux  de  la  région 
d'Aigues-Mortes;  quoi  qu'il  en  soit,  les  plantations  de  vignes  qui  y  ont 
été  faites  sont  d'une  vigueur  remarquable.  Les  auteurs  de  la  note  que 
nous  signalons  ont  raison  d'insister  sur  les  avantages  que  les  viticul- 
teurs trouveraient  dans  ces  sables,  dans  le  cas  oij  le  phylloxéra  vien- 
drait à  envahir  l'Algérie. 

Il  y  a  quelques  semaines,  nous  avons  annoncé  la  publication,  par  le 
ministère  de  l'agriculture,  du  compte  rendu  du  service  du  phylloxéra 
pour  l'année  1882.  Ce  volume  est  mis  en  vente,  à  l'imprimerie  natio- 
nale, rue  Vieille- du-Temple,  à  Paris,  au  prix  de  3  fr. 
V.  —  Le,  commerce   des  vins. 

A  plusieurs  reprises,  nous  avons  reproduit  les  vœux  exprimés  par 
plusieurs  associations  agricoles  sur  les  moyens  d'obvier  aux  inconvé- 
nients qi.i  résultent  de  l'alcoolisation  à  outrance  des  vins  étrangers 
qui  pénètrent  en  France.  A  ce  sujet,  vingt-deux  associatioas  agri- 
coles de  France  et  d'Algérie  se  sont  concertées  et  ont  rédigé  une  péti- 
tion dont  nous  devons  reproduire  le  texte  : 

«  Messieurs  les  députés,  la  viticullure  est  notre- plus  riche  industrie,  la  plus 
grande  ressource  de  l'agriculture  frai  çaise. 

«  Elle  seule  peut  relever  la  valeur  du  sol  dépréciée  par  la  concurrence  des  blés 
étrangers,  c'e&t  elle  qui  donne  le  travail  en  abondance  et  accumule  les  popu- 
lations. 

a  Uq  grand  fl^au  est  venu  l'atteindre,  il  n'est  pas  irrémédiable,  mais  il  élève  le 
prix  de  revient  des  produits. 

«  Dans  les  circonstances  critiques  que  nous  traversons,  pouvons-nous  douter  que 
la  voix  des  représentants  de  cette  grande  industrie  ne  trouve  auprès  de  vous  un 
facile  accès. 

«  C'est  le  motif  qui  nous  détermine  à  vous  exposer  notre  situation  et  nos 
besoins. 

«  Nous  ne  vous  demanderons  rien  qui  ne  soit  d'accord  avec  l'intérêt  général, 
nous  n'avons  d'autre  but  que  de  préserver  la  pui'eté  de  nos  produits  et  de  leur 
maintenir  des  cours  normaux,  à  l'abri  des  influences  favorables  à  une  concurrence 
déloyale. 

«Les  traités  de  commerce  passés  avec  l'Esnagne  et  l'Italie  nous  sont  contraires, 
non  pas  tant  à  cause  de  la  réduction  des  tarifs,  que  par  la  protection  accordée  aux 
vins  alcoolisés  d'origine  étrangère. 

«  Tandis  que  le  de<?ré  moyen  des  vins  français  n'est  que  de  10  à  11  degrés,  les 
vins  espagnols  et  italiens  peuvent  être  introduits  en  France  à  15  degrés  9  dixiè- 
mes sans  payer  de  droits  supplémentaires. 


284  CHRONIQUE  AGRICOLE    (26  MAI  1883). 

«  Ces  stipulations  internationales  amèneront  les  résultats  suivants  si  vous  n'y 
mettez  bon  ordre. 

«  Le  commerce  des  vins  en  France  trouve  de  grands  profits  à  se  munir  de  vins 
alcoolisés,  dont  l'unité  de  volume  ne  paie  en  transports  et  en  droits  ni  plus  ni 
moins  que  les  vins  moins  riches  d'alcool,  quoiqu'ils  présentent  l'immense  avan- 
tage de  pouvoir  s'étendre  par  des  mélanges. 

«  Ces  composés  sont  la  plupart  du  temps  artificiels,  et  s'obtiennent  en  ajoutant 
de  l'alcool  à  des  vins  purs  ou  additionnés  d'eau. 

«  Par  suite  des  traités,  notre  commerce  trouve  donc  en  dehors  ce  qu'il  ne  trouve 
pas  en  France,  et  il  va  s'y  pourvoir  à  notre  détriment. 

«  Une  prime  a  donc  été  établie  en  faveur  des  vins  exotiques,  un  encouragement 
a  été  donné  à  la  concurrence  qu'ils  nous  font. 

«  Comme  les  vignobles  d'Espagne  et  d'Italie  sont  moins  atteints  que  les  nôtres 

fiar  le  phylloxéra  ;  que  le  prix  du  travail  et  de  l'impôt  y  sont  moins  élevés  et' que 
es  traités  leur  accordent  indirectement  le  privilège  du  vinage,  tout  porte  à  croire 
que  la  richesse  qui  en  ce  moment  afflue  dans  les  pays  de  culture  vinicole  française, 
sera  transj-ortée  là  où  se  cultivent  les  vignes  espagnoles  et  italiennes 

«  C'est  pour  remédiera  ce  malheur  public,  messieurs,  que  nous  nous  adressons 
à  vous. 

«  L'adoption  d'une  proposition  de  loi  de  vinage  à  prix  réduit,  semblerait,  il  est 
vrai,  devoir  apporter  un  correctif  à  cet  état  de  choses;  on  ne  peut  nier,  en  effet, 
qu'elle  ne  supprimât  la  prime  dont  jouissent  les  vins  alcoolisés  à  l'étranger,  mais 
elle  présenterait  un  autre  inconvénient  fort  grave,  elle  favoriserait  la  généralisation 
du  vinage  en  vue  du  dédoublement. 

«  Or,  il  n'est  pas  possible  à  la  viticulture  de  faire  de  l'alcool  au  même  prix  que 
les  fabricants  allemands. 

o  D'autre  part,  les  vins  alcoolisés  et  dédoublés  ne  présentent  pas,  au  point  de 
vue  de  la  salubrité,  les  mêmes  garanties  que  les  vins  naturels. 

«  Il  y  aurait  donc  intérêt  pour  tous  à  ce  que  l'alcool  et  le  vin  restassent  deux  pro- 
duits séparés. 

ce  Le  moyen  d'arriver  à  maintenir  cette  distinction,  c'est  de  conserver  les  droits 
élevés  qui  pèsent  sur  les  alcools,  même  sur  ceux  employés  au  vinage,  mais  en  les 
faisant  peser  aussi  sur  les  vins  étrangers  à  titre  alcoolique  élevé. 

o  Pour  atteindre  les  vins  vinés  quelle  que  soit  leur  origine,  sans  préjudice  des 
clauses  stipulées  en  faveur  des  vins  étrangers,  il  y  aurait  un  moyen  simple  : 

ce  II  consisterait  à  établir  un  régime  intérieur  en  vertu  duquel  tout  vin  circulant  en 
France^  devrait  acquiiter  pour  tout  degré  alcoolique  excédant  12°9,  h;s  droits  qui 
pèsent  sur  l'cdcool. 

«  C'est  ce  régime  que  nous  venons  vous  demander  d'établir  au  lieu  de  celui  qui 
résulterait  de  l'adoption  de  la  loi  du  vinage  à  prix  réduit. 

«  En  outre,  il  conviendrait  que  la  loi  nouvelle  contînt  des  dispositions  propres  à 
faciliter  la  distinction  entre  les  vins  purs  et  les  vins  provenant  de  fabrication  arti- 
ficielle, particulièrement  celle  des  raisins  secs. 

ce  Toutes  CCS  compositions  peu  hygiénic[ues  et  quelquefois  insalubres,  ont  pour 
base  des  additions  d'eau  et  d'alcool.  On  peut  les  produire  à  un  bon  marché 
ruineux  pour  la  viticulture.  Il  faut  du  moins  que  le  public  ne  les  confonde  pas  avec 
des  produits  plus  chers,  mais  d'une  valeur  très  différente  au  point  de  vue  de 
l'action  physiologique  :  c'est  l'intérêt  de  la  viticulture  française  en  même  temps  que 
des  consommateurs. 

ce  L'action  de  la  justice  est  insuflîsante  dans  l'état  de  notre  législation  pour 
empêcher  la  confusion  que  la  fraude  a  tant  d'intérêt  à  maintenir,  nous  avons  besoin 
de  dispositions  législatives  qui -*"acilitent  cette  distinction  en  imposant  de  rigou- 
reuses obligations. 

ce  Nousesfiérons,  messieurs,  que  nos  revendications  vous  paraîtront  bien  fondées 
et  que,  en  y  faisant  droit,  vous  aiderez  puissamment  à  la  conservation  et  à  la  res- 
tauration de  la -viticulture  française  gravement  menacée. 

(t  Pour  la  Société  d'agriculture  de  Toul  (Meurthe-et-Moselle)  :  le  prési- 
dent, AUBRY. 

ee  Pour  la  Société  centrale  d'agriculture  de  l'Yonne  et  le  Comice  viticole  de 
l'Yonne  :  le  délégué,  Ch.  Flandin. 

ce  Pour  la  Société  d'agriculture  de  Joigny  (Yonne)  :  le  délégué,  Absac 

ce  Pour  la  Société  centrale  du  département  de  la  Savoie  :  le  président, 
Pierre  Tochon. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (26  MAI  1883).  285 

«  Pour  la  Société  départementale   des  Bouches-du-Rhône  :  le  président, 

J.  DE  ROUGEMONT. 

«  Pour  la  Société  d'agriculture  de  l'arrondissement  de  Grrenoble  (Isère)  : 
le  président,  Dalmas. 

«  Pour  le  Comice  agricole  de  Brioude  (Haute-Loire)  :  le  président, 
E.  Faure. 

«  Pour  la  Société  d'agriculture  de  la  Gironde  :  le  vice-président,  Froidefond. 

«  Piiur  le  Comice  agricole  d'Agen  (Lot-et-Garonne)  :  le  président, 
DE  Drème. 

«  Pour  le  Comice  agricole  de  Villeneuve-sur-Lot  (Lot-et-Garonne)  :  le 
vice-président,  Abel  Ducoudier. 

«  Pour   le  Comice  agricole  de   Nérac   (Lot-et-Garonne)    :   le  président, 

L.  DE  MoNTESQUlOU. 

«  Pour  la  Société  départementale  d'agriculture  et  d'horticulture  du  Gers  : 
le  vice-président  autorisé  en  service,  J.  Grabias. 

«Pour  la  Société  d'agriculture  de  Mirande  (Gers)  :  le  président,  A,  Mieus- 
san  ;  le  secrétaire,  J.  Seillan. 

ce  Pour  la  Société  d'agriculture  de  la  Haute-Garonne  :  le  président,  Joseph 
d'André. 

u  Pour  le  Comice  agricoh  d'Albi  (Tarn)  :  le  président,  E.  Guyot. 

«  Pour  la  Société  centrale  d'agriculture  de  l'Aude  :  le  président,  A.  Cornet- - 
Peyrusse. 

«  Pour  le  Comice  agricole  de  Narbonne  (Aude)  :  le  délégué,  de  Beaux- 

HOSTES. 

«  Pour  le  Comice  de  Béziers  (Hérault)  :  les  délégués,  de  Puisségur,  Paul 
Sabatier,  Jules  Farret. 

«  Pour  la   Société  d'agriculture  du  Gard   :   le   vice  président    autorisé, 

MOLINES. 

«  Pour  la  Société  d'agriculture,  de  commerce  et  d'industrie  du  Var  :  pour 
le  président,  le  secrétaire  autorisé,  Ose.  Gantillon  de  Lacouture. 

«  Pour  le  Comice  agricole  d'Oran  (Algérie)  :  le  président,  A.  Galmels  ; 
les  vice-présidents  :  Jarsaillon,  A.  Lamur. 

«  Pour  le  Comice  agricole  de  Tlemcen  (Algérie)  :  le  président,  Ayme. 

Nous  pensons  que  cette  manifestation  doit  recevoir  des  pouvoirs 
publics  l'accueil  le  plus  sympathique;  les  vœux  qui  sont  exprimés 
ici  n'ont  rien  que  d'absolument  légitime.  Une  délégation  spéciale  pré- 
sidée par  M.  Beauxhostes,  a  été  envoyée  à  Paris  pour  plaider  la  cause 
de  la  viticulture  devant  la  Chambre  des  députés;  il  faut  qu'elle  soit 
entendue  et  que  l'on  prenne  d3s  mesures  pour  donner  satisfaction  à 
des  vœux  exprimés  avec  l'autorité  qui  s'attache  à  la  réunion  de  22  asso- 
ciations appartenant  à  toutes  les  régions  du  pays. 

M.  Bernard  Lavergne  et  plusieurs  autres  députés  viennent  de 
présenter  à  la  Chambre  une  proposition  de  loi  dont  le  but  est  d'auto- 
riser exceptionnellement  et  temporairement,  jusqu'au  l"  septembre 
prochain,  à  verser  de  l'alcool  sur  les  vins  de  la  récoite  de  1882,  moyen- 
nant un  droit  de  20  francs  en  principal  par  hectolitre  d'alcool.  Cette 
proposition  a  été  faite  dans  le  but  de  prévenir  la  perle  d'une  assez 
grande  quantité  de  vins,  que  les  auteurs  de  la  proposition  estiment 
à  plusieurs  millions  d'hectolitres,  qui  ont  été  fabriqués  avec  des 
raisins  qui  n'étaient  pas  parvenus  à  maturité. 

VL  —  Exposition  départementale  à  Beaune. 

Dans  sa  réunion  du  2  décembre  18S2,  le  Comité  central  d'agricul- 
ture de  la  Côte-d'Or,  présidé  par  M.  de  Vergnette-Laraotte,  a  décidé, 
sur  la  projjosition  du  Comité  d'agriculture  de  l'arrondissement  de 
Beaune,  que  le  prochain  concours  départemental  aurait  lieu  à  Beaune 
les  1"  et  2  septembre  1883.  Des  primes  en  argent  et  des  médailles,  le 
tout  d'une  valeur  de  plus  de  0,000  fr.,  seront  attribuées  aux  exposants 


286  ■  CHRONIQUE  AGRICOLE  (26  MAI   1883). 

de  ce  concours.  Y  seront  admis  :  les  animaux  reproducteurs  des  espèces 
chevaline,  bovine,  ovine,  porcine  et  i;alline,  provenant  du  départe- 
ment de  la  Côle-d'Or.  Le  concours  comprendra  aussi  la  viticulture, 
l'horticulture,  les  produits  agricoles,  la  sylviculture,  les  travaux  sco- 
laires, les  machines  agricoles,  les  vins  vieux  et  les  appareils  destinés 
à  la  défense  des  vignes  contre  le  phylloxéra.  Enfin  des  récompenses 
seront  altribuées  aux  serviteurs  ruraux. 

VIL  —  Concours  régional  de  MmUe. 

Nous  avons  publié  (n"  du  21  octobre  1882)  l'analyse  du  programme 
du  concours  régional  qui  se  tiendra  à  Mende,  du  1"  au  9  septembre. 
Un  arrêté  de  M.  le  ministre  de  l'agriculture,  en  date  du  17  mai, 
modifié,  dans  les  termes  suivants,  le  programme  des  concours  spéciaux 
d'instruments.  Voici  cet  arrêté  : 

Le  ministre  de  l'agriculture,  vu  rsrrêté  du  l'4  septembre  I8S2,  réglant  les  dis- 
positions du  concours  régional  agricole  q^'i  se  tiendra  à  Mende  du  1*''  au  9  septem- 
bre 1883,  et  Dotaairnent  Tarlicle  13  relatit  aux  concours  spéciaux  d'instruments; 

Vu  l'avis  de  M.  Heuzé,  inspecteur  général  de  l'agriculture,  du  12  avril  1883; 

Sur  la.proposit  on  du  conseiller  d  Etat,  directeur  de  l'agricuilure,  arrête  ; 

Art.  1".  -  L'article  13  de  l'arrêté  du  U  septembre  1882,  relatif  au  concours 
de  Mende,  est  mod  fié  de  la  façon  suivante  : 

Instruments  d'extérieur  de  ferme.  —  1"  Catégorie.  —  Charrues  tourne- 
oreilles  pour  labour  de  terrains  en  pente.  —  T'  prix,  médaille  d'or  et  150  fr.  ; 
2",  médaille  d'argent  et  100  fr.;  3%  médaille  de  bronze  et  75  Ir. 

2^  Cafégo'ie.  —  Instruments  pour  le  greflage  de  la  vigne.  —  1"  prix,  médaille 
d'argent  (grand  module)  et  ICO  fr.  ;  2%  médaille  d'argent  et  60  fr.  ;  3%  médaille 
de  bronze  et  40  fr. 

Instruments  d'intérieur  de  ferme.  —  P^  Catégorie.  —  Coupe-racines.  — 
l^' prix,  médaille  d'argent  (grand  module)  et  150  fr.  ;  2^,  médaille  d'argent  et 
100  fr.  ;  3%  médaille  de  bronze  et  75  fr. 

2^  Catrgorie.  —  Tarares  à  bras.  —  1"  prix,  médaille  d'arge.it  (grand  module) 
et  150  fr.  ;  2%  médaille  d'argent  et  100  fr.  ;  3%  médaille  de  bronze  <  t  75  fr, 

A^rt.  2.  —  Le  conseiller  d'Etat,  directeur  de  l'agi  iculture,  est  chargé  de  l'exécu- 
tion du  présent  arrêté.  J.  Méliine. 

Ce  programn  e  diffère  du  précédent,  en  ce  que  des  sommes  d'argent 
d'une  valeur  de  40  à  150  fr.,  sont  ajoutées  aux  médailles  qui  consti- 
tuaient les  différents  prix  pour  chaque  concours  spécial. 
VIII.  —  Concours  international  à  Hambourg. 
L'exposition  internationale  d'animaux  ruraux  qui  aura  lieu  à  Ham- 
bourg, en  1883,  ouvrira  le  mardi  3 juillet  et  sera  close  le  mercredi  11 
du  même  mois.  Les  personnes  qui  désireraient  y  prendre  part  sont 
prévenues  qu'elles  trouveront  des  exemplaires  du  programme  de  cette 
exposition,  ainsi  que  des  feuilles   d'inscription  y  relatives,  au  minis- 
tère de  l'agriculture,    244,   boulevard   Saint- Germain    (Direction  de 
l'agricuilure^  bureau  des  encouragements  à  l'agriculture). 
IX.  —  Exposition  agricole  à  Lisbonne. 

Le  Journol  offc  el  fait  connaître  que,  par  un  avis  transmis  par  le 
ministre  de  Poriugal,  l'exposition  agricole  qui  devait  s'ouvrir,  à  Lis- 
bonne, au  mois  de  juin,  est  ajournée  au  mois  de  septembre  prochain. 
X.  —  Comice  agricole  de  Seine-et-Marne. 
Nous  rappelons  que  le  Comice  agricole  départemental  de  Seine-et- 
Marne,  présidé  par  M.  Marc  de  Haut,  tiendra  son  concours  annuel  le 
dimanebe  3  juin  prochain.  Ce  concours  aura  lieu  à  I\h)ntigny-Lencoup, 
canton  de  Donnemaiie-en-Monlois,  arrondissement  de  Provins,  sur  les 
terres  de  M.  Xavier  Macquin,  cultivées  par  M.  Georges  Cothias.  — Le 


CHRONIQUE  AGKICOLE  {26  MAI   1883).  287 

jeudi  31  mai,  aura  lieu  un  concours  spécial  de  faucheuses,  de  faneuses, 
de  râteleases,  de  chargeuses  et  de  toutes  les  machines  se  rapportant  à 
la  récolte  des  foins;  les  récompenses  consisteront  en  médaille,  d'or 
grand  module,  médaille  d'or  et  médailles  d'argent.  —  Montigny  Len- 
coup  est  à  5  kilomètres  de  la  station  de  Ghâtenay,  sur  la  ligne  de 
Montereau  à  Flamboin. 

XI.  —  La  ciUlure  du  panais. 
Notre  collaborateur,  M.  de  la  Morvonnais,  nous  envoie  la  lettre  sui- 
vante, pour  répondre  à  celle  de  M.  Le  Bian,  que  nous  avons  insérée 
dans  noire  chronique  du  28  avril,  relativement  à  la  culture  du  panais 
comme  plante  fourragère  : 

«  Mon  cher  directeur,  dans  la  lettre  que  vous  avez  publiée  dans  votre  chronique 
du  28  avril,  l'honorable  M.  Le  Bian  s'élève  viveaieiit  contre  la  pensée  que  le 
panais  ne  réussit  pas  partout  comme  plante  fourragère.  Il  a  la  foi  d'un  apôtre,  ou 
tout  au  moins  celle  qu'avait  Parmentier  d-ins  la  propagation  de  la  plante  humani- 
taire, et  prouve  justement  par  là  cette  ferme  volonté  qui  la  fait  réussir  en  plus 
d'un  genre,  l'élevage  du  cheval,  l'arborisation  fruitière,  etc. 

a  II  reste  certain,  après  tout,  que  le  panais,  d'ailleurs  connu  comme  plante 
potagère,  est  préférable  à  la  carotte,  à  la  betterave  et  au  rutabaga,  comme  légume 
de  grande  culture,  et  qu'il  n'est  pas  cultivé  autant  qu'il  pourrait  l'être,  et  que, 
par  conséquent,  M.  Le  Bian  rend  un  très  grand  service  à  l'agriculture  en  propa- 
geant, de  la  manière  la  plus  désintéressée,  une  plante  ijui  convient  éminemment 
à  la  nourriture  des  espèces  chevaline,  bovine,  etc.  Je  n'en  demeure  pas  moins 
convaincu  que  le  sol  meuble  des  îles  de  Jersey  et  Guernesey,  et  de  la  côte  nord 
du  Finistère,  joint  aux  engrais  de  mer  où  la  soude  remplace  la  p  >tasse,  et  dont  on 
use  si  abondamment  dans  ces  contrées,  présentent  pour  le  panais  les  conditions 
les  plus  favorables  pour  son  succès.  Je  ne  parle  pas  du  climat;  car  ces  plantes 
résistent  à  des  froids  rigoureux,  ce  qui  permet  de  les  laisser  longtemps  en  terre. 

«  Mais  enfin,  dans  des  terres  compactes,  le  panais  devient  malgré  tout,  racineux 
et  souvent  fourchu,  et  c'est  ce  que  nous  avons  éprouvé,  M.  Bodin  et  moi,  lors 
d'un  envoi  de  graines  de  M.  Le  Bian;  c'est  peut-être  ma  faute,  et  quoi'  qu'il  soit 
un  peu  tard  pour  semer,  je  viens  de  prier  M.  Le  Bian  de  m'envoyer  d'autres 
graines,  ce  qu'il  s'empressera  de  faire,  j'en  suis  persuadé, 

A.  DE  LA  Morvonnais. 

C'est  seulement  par  des  expériences  faites  dans  des  conditions  variées, 
au  double  point  de  vue  du  sol  et  du  climat,  que  l'on  peut  se  rendre 
compte  de  la  valeur  des  plantes,  de  quelque  nature  qu'elles  soient. 

J,-A.  Baiuial. 

DISCOURS  DE  M-  MELINE  MINISTRE  DE  L'AGRICULTURE 

Au  concours  régional  d'Amiens,  le  14  mai  1883. 

I.  —  Discours  à  la  diUribution  des  récompenses. 

C'est  une  bonne  fortune  pour  le  ministre  de  l'agriculture  que  de 
pouvoir  inaugurer  la  série  des  concours  régionaux  de  France  en  prési- 
dant une  fête  comme  celle-ci,  et  en  venant  constater,  de  ses  propres 
yeux,  les- merveilleux  progrès  réalisés  chaque  jour  dans  cette  admira- 
ble région  du  nord  de  la  France. 

Je  savais  depuis  longtemps  que  c'est  ici  que  l'initiative  individuelle 
s'est  montrée  la  plus  hardie  et  la  plus  féconde  dans  toutes  les  bran- 
ches de  la  production  et  du  travail.  Mais  je  me  demandais  avec 
inquiétude  si  le  malheur  des  temps  et  les  cruelles  épreuves  de  ces  der- 
nières années  ne  l'avait  pas  découragée  et  arrêté  sa  marche  en  avant. 
Personne  n'aurait  à  coup  sûr  le  droit  de  s'étonner  que  la  lassitude  ait 
pu  conduire  nos  populations  rurales  à  une  sorte  d'abattement  et  d'à- 


288  DISCOURS  DE  M.  MÉLINE  AU  CONCOURS  D'AMIENS. 

bandon  d'elles-mêmes  que  les  luttes  prolongées  rendent  si  souvent 
excusables  et  explicables. 

Grâce  au  ciel,  nous  n'avons  pas  à  déplorer  de  pareilles  défaillances, 
il  semble,  au  contraire,  que  la  dureté  des  temps  ait  redoublé  le  cou- 
rage du  cultivateur  français  et  qu'il  mette  aujourd'hui  une  sorte 
d'amour-propre  à  triompher  de  toutes  les  mauvaises  chances  coalisées 
contre  lui.  Je  parle,  bien  entendu,  du  vrai  cultivateur,  de  celui  qui 
aime  réellement  sa  noble  profession,  et  qui  ne  l'abandonne  pas  à  la 
légère  parce  qu'elle  ne  réalise  pas  toutes  les  espérances  sur  lesquelles 
il  se  croyait  en  droit  de  compter,  de  celui  qui  s'attache  d'autant  plus 
à  elle,  que  les  efforts  qu'elle  lui  impose  sont  plus  grands  et  le  succès 
plus  difficile. 

Remercions,  messieurs,  ces  hommes  de  cœur,  ces  bons  Français, 
de  ne  pas  désespérer  de  l'avenir  de  notre  agriculture,  car  ce  sont  eux 
qui  la  sauveront.  Oui,  messieurs,  ils  la  sauveront,  j'en  ai  la  conviction 
profonde,  en  dépit  de  tous  les  obstacles,  de  toutes  les  difficultés  de 
l'heure  présente.  Je  dirais  presque  en  dépit  de  la  nature  elle-même 
qu'ils  ont  presque  vaincue  à  force  de  patience  et  de  science. 

Est-ce  que  j'avance  là  une  proposition  téméraire?  est-ce  que  je  me 
berce  d'une  illusion  et  prends  mes  rêves  pour  une  réalité?  Non,  mes- 
sieurs, et  il  suffit  de  suivre  avec  un  peu  d'attention  l'évolution  agri- 
cole qui  s'accomplit  pour  se  convaincre  qu'une  telle  appréciation  ne 
procède  pas  d'un  optimisme  exagéré. 

A  quelle  époque,  je  vous  le  demande,  a-t-on  vu  un  pareil  mouve- 
ment d'idées,  une  pareille  concentration  d'elTorts?  Quand  a-t-on  étudié 
et  approfondi  les  méthodes  de  culture  et  les  perfectionnements  de  toutes 
sortes  dont  elles  sont  susceptibles  avec  autant  d'ardeur  et  de  ténacité  ? 
A  quelle  époque  a-t-on  su  approprier  à  un  égal  degré  la  production 
agricole  au  sol,  au  capital  disponible  et  même  jusqu'aux  variations  de 
la  température? 

Les  mauvais  jours  auront  une  fin,  il  faut  bien  l'espérer;  mais 
les  découvertes  resteront  comme  la  semence  fécondante  de  l'avenir. 

Pour  m'en  tenir  à  ce  coin  de  la  France  où  je  suis  aujourd'hui,  est-ce 
que  les  brillants  résultats  de  ce  brillant  concours  auquel  nous  assis- 
tons ne  m'autorisent  pas  à  parler  comme  je  le  fais. 

Si  nous  voulons  en  tirer  la  leçon  et  le  profit,  il  ne  suffit  pas  d'en 
prendre  les  résultats  en  eux-mêmes,  si  satisfaisants  qu'ils  soient,  il 
faut  regarder  en  arrière,  et  comparer,  non  pas  à  une  année,  mais  à  dix 
ans  de  distance.  Si  on  embrasse  attentivement  une  période  de  cette 
étendue,  on  aperçoit  tout  de  suite  une  série  de  progrès  et  de  transfor- 
mations qui  attestent  au  plus  haut  degré  la  puissante  vitalité  et  l'éner 
gie  de  noire  race  agricole.  Forcée  de  renoncer  pour  des  causes  diverses 
t>u  à  peu  près  à  la  culture  du  méteil,  à  celle  du  colza  et  de  l'œillette, 
qui  avait  été  pour  elle  pendant  longtemps  une  source  de  profits  assu- 
i'és,  elle  ne  perd  pas  courage  et  se  porte  avec  une  ardeur  sans  pareille 
vers  le  froment  et  la  betterave. 

De  1860  à  1882  dans  votre  seul  département,  plus  de  20,000  hec- 
tares nouveaux  sont  livrés  à  la  culture  du  froment.  Quant  à  la  bette- 
rave, il  ne  faut  pas  oublier,  si  on  veut  se  rendre  un  compte  exact  de 
sa  production,  qu'elle  était,  en  186i,  réduite  à  12,518  hectares,  et 
qu'en  1882  elle  cultive  sur  plus  de  33,000  hectares. 

Sans  doute  il  semble  qu'en  ce  moment  ce  genre  de  culture,  si  mer- 


DISCOURS  DE  M.  MÉLINE  AU  CONCOURS  D' AMIENS  .  289 

veilleusement  approprié  à  notre  sol  et  si  profitable  de  toutes  les  ma- 
nières à  la  richesse  du  pays,  marque  comme  un  temps  d'arrêt,  et  je 
sais  tout  ce  qu'il  y  a  d'inquiétude  dans  vos  esprits  sur  l'avenir  qui 
lui  est  réservé. 

Les  causes  qui  atteignent  et  ralentissent  cette  magifique  production, 
sont  trop  nombreuses,  trop  diverses,  trop  compliquées  pour  que  je 
puisse  traiter  ici  un  sujet  aussi  vaste;  mais  je  puis  vous  affirmer  que 
je  l'étudié  avec  un  grand  soin,  avec  une  profonde  sollicitude,  et  que 
je  n'attends  que  d'être  bien  fixé  sur  les  mesures  possibles  qui  peuvent 
être  prises  dans  votre  intérêt  pour  les  appuyer  auprès  du  gouverne- 
ment et  des  pouvoirs  publics. 

Et  maintenant,  messieurs,  un  mot  de  votre  concours,  que  je  parais 
oublier  en  portant  mes  vues  si  haut  et  si  loin.  Je  ne  suis  que  l'écho 
du  sentiment  général  des  hommes  les  plus  compétents  en  déclarant 
qu'il  fait  le  plus  grand  honneur  à  votre  région. 

Il  atteste  dans  toutes  les  branches  de  la  production  agricole  un  puis- 
sant développement.  L'élevage  du  bétail,  cette  source  de  richesse  qui 
compense  aujourd'hui  pour  le  cultivateur  tant  de  risques  ruineux, 
prend  des  proportions  chaque  jour  plus  considérables  dont  on  ne  peut 
que  se  féliciter.  Ce  qui  est  plus  digne  d'éloges  encore,  c'est  le  perfec- 
tionnement des  races,  qui  s'atteste  d'une  façon  si  éclatante  dans  le 
magnifique  spécimen  de  race  flamande,  que  M,  Longueval  nous  a  per- 
mis d'admirer  tout  à  l'heure.  J'en  dirai  autant  des  espèces  ovine  et 
porcine,  dont  les  magnifiques  échantillons  provoquent  une  admiration 
bien  méritée. 

Je  ne  saurais,  messieurs,  passer  sous  silence  le  très  remarquable 
concours  hippique  qui  a  permis  de  constater  que  notre  superbe  race 
boulonnaise  se  perfectionne  et  s'augm^^nte  chaque  jour.  J'ai  appris  avec 
une  profonde  satisfaction  que  les  étalons  de  trait,  qui  n'étaient  repré- 
sentés au  concours  de  l'année  dernière  que  par  78  têtes,  comptaient 
au  concours  de  cette  année  pour  125  têtes,  et  les  demi-sang  pour 
55  têles  au  lieu  de  36. 

Je  n'ai  qu'un  regret  à  exprimer,  c'est  qu'il  n'ait  pas  été  possible  de 
délivrer  la  prime  d'honneur  pour  le  concours  cultural.  Je  le  regrette 
d'autant  plus,  que  je  sais,  à  n'en  pas  douter,  que  le  jury  n'aurait  dû 
avoir  que  l'embarras  du  choix.  Malheureusement,  beaucoup  de  culti- 
vatéui's  refusent  de  s'inscrire  et  d'entrer  en  ligne,  les  uns  par  excès  de 
modestie,  les  autres  par  excès  d'amour-propre. 

Je  suis  plein  d'indulgence  pour  les  premiers,  mais  je  serais  tenté  de 
me  montrer  plus  sévère  pour  les  seconds,  qui  ne  voudraient  concourir 
qu'avec  la  certitude  du  succès,  et  qui  oublient  trop  que,  dans  ces  sortes 
de  luttes  pacifiques  du  travail,  on  peut  être  vaincu  sans  déshonneur. 

Bientôt,  du  reste,  messieurs,  nous  n'aurons  plus  à  regrelter,  dans 
nos  concours,  de  fâcheuses  lacunes.  J'ai  demandé  cette  année  aux 
Chambres  de  m'allouer  un  crédit  nouveau  qui,  j'en  suis  convaincu, 
ne  me  sera  pas  refusé  et  qui  me  permettra  d'instituer  des  prix  d'hon- 
neur pour  la  petite  culture,  pour  l'horticulture  qui  s'y  rattache  aujour- 
d'ui  si  étroitement,  et  enfin,  messieurs,  pour  ces  vaillants  et  modestes 
auxiliaires  qu'on  appelle  les  ouvriers  agricoles. 

Justice  sera  aussi  rendue  à  ces  pays  de  moyenne  et  petite  culture 
comme  le  vôtre  qui  embrassent  la  plus  grosse  fraction  du  territoire 
et  qui  méritent  à  tant  de  titres  d'être  soutenus  et  encouragés.  Je  ne 


290  DISCOURS  DE  M.  MÉLINE  AU  CONCOURS  D'AMIENS. 

sais  pas  de  progrès  qui  soit  plus  conforme  à  l'intérêt  véritable  de  l'agri- 
culture au-si  bien  qu'à  l'esprit  démocratique  de  nos  institutions. 

Pour  moi,  messieurs,  c'est  sous  cette  l'orme  que  je  comprends  l'ac- 
tion sociale  du  gouvernement  républicain  ;  c'est  en  encourageant  par 
tous  les  moyens  en  son  pouvoir  la  production  et  le  travail  national, 
qu'il  prouvera  aux  masses  qu  il  est  véritablement  le  gouvernement 
de  tous  et  qu'il  a  le  souci  constant  des  grands  intérêts  qui  lui  sont 
confiés. 

IL — Discours  prononcé  au  banquet. 

Messieurs,  je  suis  très  touché  des  paroles  de  bienvenue  trop  flat- 
teuses et  si  cordiales  que  votre  lionorable  maire  veut  bien  m'adresser 
en  votre  nom;  je  puis  vous  assurer  que,  si  vous  éprouvez  quelque 
plaisir  à  me  recevoir,  je  ressens  à  mon  tour  une  profonde  salist'aclion 
à  me  trouver  au  milieu  de  ces  vaillantes  populations  de  votre  région, 
si  profondément  attachées  à  toutes  les  idées  qui  me  sont  chères. 

Ma  visite  n'est,  du  resle^  que  l'acnuiltement  d'une  dette  déjà  ancienne. 
Elle  était  résolue  il  y  a  quelques  années,  quand  des  événements  indé- 
pendants de  ma  volonté  m'ont  forcé  à  y  renoncer;  mais  je  m'étais 
bien  promis  de  répondre  un  jour  au  désir  des  amis  bienveillants  qui 
m'appelaient  ici,  et  aujourd'hui  je  tiens  parole. 

YoLis  savez  quel  était  alors  le  but  de  mon  voyage.  Je  devais  venir  ici 
pour  étudier  de  près  l'état  de  vos  gran  les  industries,  rechercher  scru- 
puleusement les  causes  de  leurs  souffrances  et  en  découvrir,  s'il  était 
possible,  le  remèle.  Hélas  !  messieurs,  je  n'ai  pas  pu  faire  beaucoup 
pour  elles  et  je  suis  véritablement  confus  des  témoignages  de  reconnais- 
sance dont  j'ai  été  accablé  aujourd'hui  et  que  j'ai  si  peu  mérités. 

Aujourd'hui,  je  viens  ici,  p:ir  le  devoir  de  ma  fonction,  pour  con- 
stater la  situation  de  votre  agriculture,  pour  voir  de  plus  près  ses 
représentants,  les  écouter,  recueillir  leurs  conseils  et  chercher  de 
bonne  foi  avec  eux.  ce  que  le  gouvernement  pourrait  faire  pour  soulager 
des  souffrances  incontestables. 

Ma  mission  n'a  pas  changé  et  je  re4e  placé  sur  le  même  terrain. 
Car  la  question  industrielle  et  la  question  agricole  ne  sont  pas  des 
questions  différentes,  ce  sont  des  questions  identiques  ou  plutôt  les 
deux  faces  de  la  môine  question,  celle  de  la  production  nationale^  qui 
les  résume  toutes  deux. 

Cette  vérité  est  de  tous  les  temps,  mai^  elle  n'a  jamais  éclaté  avec 
autant  d'évidence  qu'à  notre épopie.  Jamais  il  n'a  été  mieux,  démontré 
•  que  l'agriculture  et  l'industiie  sont  étroitement  liées  et  qu'on  ne  peut 
sacrifier  l'une  à  l'autre  sans  les  sacrifier  toutes  deux,  de  même  qu'on 
ne  saurait  travailler  à  la  défense  de  Tune  sans  servir  les  intérêts  de 
l'autre.  Non,  il  n  est  pas  po-sible  que  l'industrie  souffre  et  que  l'agri- 
culture ne  s'en  ressente  pas,  pas  p  us  qu'il  n'est  possible  que  l'indus- 
trie soit  heureu.-e  quand  l'agriculture  e.-t  en  détresse. 

Nous  ne  voyons  que  tro[)  aujourd'hui  combien  la  solidarité  qui  les 
rive  l'une  à  l'autre  est  étroite.  Une  crise,  peut-être  sans  précédent 
dans  notre  histoire  économifpie,  s'est  abattue  à  la  fois  sur  l'industrie 
et  sur  l'agriculture  :  pendant  que  la  concurrence  étrangère,  devenue 
chaque  jour  plus  pressante,  étreint  le  travail  manufacturier,  des 
fléaux  de  toutes  sortes  sont  venus  fondre  sur  notre  malheureuse  agri- 
culture. 


DISCOURS  DE  M.  MÉLINE  AU  CONCOURS  D'AMIENS.  291 

Cependant,  je  n'hésite  pas  à  dire  que  c'est  dans  Tagriculture  que  le 
mal  est  le  plus  aigu  en  ce  moment,  et  je  trouve  là  une  des  causes  du 
malaise  de  l'industrie. 

Je  suis  malheureusement  trop  bien  placé  pour  m'en  rendre  compte. 
Quand  je  suis,  par  exemple,  sur  la  carie,  les  ravages  de  ce  pstit  insecte 
qui  conlinue  sa  marche  impitoyable,  qui  a  déjà  envahi  vingt  de  nos 
départements  les  plus  riches  et  les  plus  florissants  autrefois;  quand  je 
vois,  dans  ces  départements,  toutes  les  fortunes  anéanties  et  les  popu- 
lations des  campagnes,  saisies  de  désespoir,  émigrer  en  masse  dans 
toutes  les  directions,  laissant  le  désert  derrière  elles;  quand  je  chitTre 
ce  désastre  et  que  je  trouve  ainsi  dans  la  fortune  de  la  France  une 
trouée  annuelle  de  près  d'un  milliard,  je  comprends  alors  que  la  con- 
sommation générale  du  pays  se  soit  ralentie  et  que  les  magasins  de 
nos  industriels  regorgent  de  produits  qui  cherchent  en  vain  des  ache- 
teurs; je  comprends  que  les  prix  s  abaissent  et  que  les  plus-values  de 
nos  impôts  s'arrêtent  comme  par  enchantement.  Une  seule  chose 
m'étonne,  c'est  que  la  France  ait  assez  de  vitalité,  d'énergie  et  de 
génie  pour  résistar  à  ces  coups  redoublés  et  supporter  sans  succomber 
de  pareils  assauts. 

JMaintenant,  que  nous  reste-il  à  faire  dans  une  situation  si  doulou- 
reuse, sinon  pour  la  conjurer,  au  moins  pour  l'atténuer? 

Il  laut  d'abord  lutter  sans  nous  déco  irager,  et  nous  luttons.  Nous 
luttons  en  ce  moment  avec  une  prodigieuse  patience  contre  ce  terrible 
fléau  du  phylloxéra,  et  j'espère  bien  que  nous  en  aurons  raison.  La 
science  lui  livre  pied  à  pied  une  bataille  d'une  grandeur  saisissante, 
et  dans  cette  lutte  en  apparence  inégale,  soyez  convaincus  que  ce  sera 
la  scienre  qui  aura  le  dernier  mot. 

Mais  je  reconnais  qu'une  pareille  entreprise  n'est  pas  l'œuvre  d'un 
jour  et  qu'il  faudra  quelques  années  avant  que  le  mal  soit  réparé  et 
nos  vignes  reconstituées. 

En  attendant,  il  faut  aviser,  et  je  ne  vois,  je  l'avoue,  qu'un  moyen, 
un  seul,  de  compenser  dans  une  large  mesure  les  pertes  qui  nous  sont 
infligées  :  c'est  de  développer  dans  les  plus  larges  proportions  les 
branches  de  production  qui  nous  restent. 

Pour  cela,  il  faut  faire  de  l'agriculture  une  véritable  industrie  en  lui 
appliquant  les  méthodes  et  les  procédés  de  l'industrie;  c'est  ici  que 
reparaît  avec  plus  de  force  encore  l'assimilation  nécessaire  de  cesdeux 
branches  de  production.  Oui,  il  faut  que  l'agriculture  emprunteaujour- 
d'iiui  à  l'industrie  le  principe  supérieur  sur  lequel  elle  repose,  qui 
consiste  à  produire  beaucoup  et  au  meilleur  marché  possible.  C'est  là 
une  nécessité  de  premierordrepourragriculture,  plus  pressante  aujour- 
d'hui qu'elle  ne  l'a  jamais  été. 

11  n'est  pas  diflicile  de  le  démontrer. 

Nous  vivons  dans  un  pays  où  la  terre  est  chère,  bien  qu'elle  se 
vende  dilïicilement;  elle  est  plus  chère  que  dans  la  plupart  des  autres 
pays,  et  je  ne  songe  pas  à  m'en  plaindre,  car,  après  tout,  c'est  cette 
cherté  qui  augmente  la  valeur  du  capital  national. 

Ce  n'est  pas  seulement  la  terre  qui  est  chère,  les  salaises  sont  aussi 
à  un  taux  très  élevé,  plus  élevé  que  ceux  de  bsaucoup  de  nos  com'.ar- 
renls  et  je  ne  songerais  pas  à  m'en  plaindre  si  noire  marché  n'était  pas 
solidaire  de  tous  les  autres.  Je  déclare,  en  tous  cas,  qu'il  ne  faut  pas 
songer  à  les  abaisser,  parce  qu'après  tout^  ils  sont  réduits  pour  les 


292  DISCOURS  DE  M.  MÉLINE  AU  CONCOURS  D'AMIENS. 

ouvriers  des  campages  au  strict  nécessaire.  Il  vaut  mieux  en  prendre 
son  parti  et  régler  notre  production  en  conséquence. 

Or,  c'est  un  principe  reconnu  par  tous  les  économistes  que,  lorsque 
l'outil  de  travail  est  cher,  lorsque  la  main-d'œuvre  qui  le  met  en  œuvre 
est  élevée,  il  ne  reste  qu'une  ressource  pour  pouvoir  produire  dans  des 
conditions  avantageuses  :  c'est  de  produire  beaucoup  et  de  réduire  ses 
frais  généraux. 

Il  faut  donc  que  l'agriculture  produise  beaucoup,  il  faut  que  l'hec- 
tare de  terre  donne  son  maximum  de  rendement.  Il  ne  suffit  pas,  par 
conséquent,  quand  on  fait  des  céréales,  d'obtenir  un  maigre  rende- 
ment de  1 6  hectolitres,  ce  qui  constitue  malheureusement  la  moyenne 
de  notre  pays;  il  faut,  à  l'imitation  des  pays  voisins,  arriver  au  moins 
à  22  ou  25  hectolitres.  Sans  cela,  l'opération  est  désavantageuse,  et  il 
n'est  pas  surprenant  que  le  cultivateur  finisse  par  y  renoncer. 

J'en  dirai  autant  de  la  production  de  la  betterave,  cette  magnifique 
production  si  merveilleusement  appropriée  à  notre  sol  et  qui  est  des- 
tinée à  un  si  grand  avenir.  11  ne  suffit  pas  de  la  pousser  aux  gros  ren- 
dements en  poids  qui  ne  sont  qu'une  apparence  ;  ce  qui  importe,,  c'est 
le  rendement  en  sucre,  le  seul  vrai,  le  seul  profitable. 

Un  mot  maintenant  de  la  réduction  des  frais  généraux.  Ce  sont  les 
salaires  qui  en  constituent  le  plus  gros  chapitre.  J'ai  dit  qu'on  ne 
pouvait  pas,  à  mon  avis,  les  diminuer;  mais  si  on  ne  peut  pas  le 
diminuer,  on  peut  les  économiser  en  ne  faisant  du  travail  humain  que 
l'emploi  strictement  nécessaire.  Partout  où  on  le  peut,  il  faut  le  rem- 
placer par  ces  admirables  machines  que  nous  avons  vues  aujourd'hui 
et  qui  représentent  des  milliers  de  bras. 

C'est  là  une  vérité  qui  n'a  pas  besoin  de  démonstration,  et  cepen- 
dant j'ai  le  regret  de  dire  qu'elle  est  encore  loin  d'être  comprise  et 
appliquée  partout. 

Je  suis  d'autant  plus  à  mon  aise  pour  le  déplorer  que  ce  n'est  pas  à 
vous  que  le  reproche  s'adresse.  C'est  dans  le  nord  de  la  France  que  les 
progrès  dont  je  parle  ont  été  les  premiers  réalisés  :  c'est  vous  qui,  les 
premiers,  avez  élevé  le  rendement  des  céréales  jusqu'à  la  moyenne  de 
20  hectolitres  par  hectare.  En  1882,  vous  avez  même  atteint  le  chiffre 
de  22  hectolitres,  et  je  voyais  aujourd'hui  même  sur  l'estrade  de  votre 
concours  un  homme  qui  fait  le  plus  grand  honneur  à  votre  région, 
M.  Desprez,  qui  est  parvenu  jusqu'à  35  hectolitres. 

Pour  la  culture  de  la  betterave,  vous  êtes  en  train  d'opérer  une 
véritable  révolution,  en  substituant  au  calcul  au  poids  le  calcul  à  la 
densité. 

Je  ne  puis  donc,  messieurs,  que  vous  féliciter  et  vous  engager  à 
marcher  sans  relâche  dans  la  voie  où  vous  vous  êtes  engagés.  Ne  vous 
arrêtez  pas  un  instant;  car  aujourd  hui  celui  qui  s'arrête  est  bientôt 
dépassé  et  vaincu.  Les  luttes  de  la  production,  il  ne  faut  pas  nous  le 
dissimuler,  seront  chaque  jour  plus  difficiles  et  il  n'y  aura  que  les 
races  fortes  qui  pourront  les  livrer  avec  avantage.  Vous  êtes  de  celles- 
là,  et  rien  ne  le  prouve  mieux  que  le  brillant  concours  auquel  nous 
venons  d'assister. 

Je  termine  en  vous  remerciant,  au  nom  du  gouvernement  et  du  pays, 
du  magnifique  spectacle  que  vous  nous  avez  offert  et  en  buvant  à 
l'avenir  agricole  de  votre  beau  département  et  de  toute  la  région  du 
Nord. 


VALEUR  NUTRITIVE  DES  MARCS  DE  RAISINS  SECS.  293 


VALEUR  NUTRITIVE  DES  MARCS  DE  RAISINS  SECS 

Il  se  fabrique  maintenant  des  quantités  considérables  de  vins  avec 
des  raisins  secs  importés  de  Grèce  et  des  autres  lieux  des  mêmes 
parages.  Ce  que  valent  ces  vins  pour  la  consommation  ne  nous  con- 
cerne pas  autrement  qu'en  notre  qualité  de  simple  consommateur,  et 
il  ne  nous  appartiendrait  à  aucun  titre  d'en  parler  ici.  JMais  leur  fabri- 
cation laisse  disponibles  des  quantités  également  considérables  de 
résidus,  dont  il  convient  de  se  préoccuper  au  point  de  vue  de  l'utilité 
qu'ils  peuvent  avoir  pour  l'alimentation  des  animaux. 

Il  n'est  pas  douteux  que  toute  matière  végétale  quelconque,  pouvant 
être  employée  comme  aliment  des  machines  animales,  —  et  toutes  sont 
dans  ce  cas,  pourvu  qu'elles  ne  contiennent  point  de  principe  toxique, 
—  crée  ainsi  plus  devaleur  qu'en  retournant  directement  au  sol  sous 
forme  d'engrais.  L'expérience  prolongée  et  étendue  a  prouvé,  dans  le 
Midi  de  la  France,  que  les  marcs  de  raisins,  en  particulier,  sont  très 
bien  utilisés,  notamment  pour  Tengraissement  des  moutons.  Ceux  de 
raisins  secs,  provenant  d'autres  cépages,  n'en  peuvent  évidemment 
différer  que  par  leur  richesse  en  matières  nutritives,  non  point  par 
leurs  propriétés  générales.  Il  m'a  donc  paru  bon  d'en  entreprendre 
l'étude,  à  l'aide  des  oioyens  que  la  science  met  à  notre  disposition,  et  de 
faire  connaître  les  résultats  auxquels  cette  étude  a  conduit. 

D'abord  M.  Pol  Marchai,  chimiste  assistant  de  la  Station  agrono- 
mique de  l'école  de  Grignon,  a  bien  voulu,  sur  mes  indications,  en 
faire  l'analyse.  Il  n'est  pas  à  ma  connaissance  qu'il  en  ait  été  publié 
d'autre  jusqu'à  présent,  Nous  en  possédons  plusieurs  qui  se  rapportent 
à  des  marcs  de  raisins  du  Midi;  mais  elles  ont  le  défaut  de  n'avoir 
pas  été  conduites  d'après  les  bases  indiquées  par  l'expérimentation 
physiologique  ;  en  telle  sorte  qu'elles  peuvent  difiicilement  servir  pour 
la  discussion  de  la  valeur  nutritive  probable. 

Et  c'est  une  occasion  de  faire  remarquer  aux  chimistes  qui  ana- 
lysent des  substances  alimentaires,  qu'il  importe  beaucoup,  pour  faire 
acquérir  aux  renseignements  qu'ils  nous  fournissent  toute  leur  efiica- 
cité,  et  aussi  pour  qu  ils  s'épargnent  souvent  une  peine  inutile,  de  se 
conformer  au  programme  des  recherches  expérimentales.  Il  leur 
arrive  de  se  donner  beaucoup  de  mal  pour  doser  des  principes  immé- 
diats dont  la  connaissance  quantitative  n'a  aucun  intérêt  pour  nous, 
tandis  qu'ils  négligent  d'en  isoler  d'autres  qui  mettraient  à  notre  dis- 
position l'éclaircissement  le  plus  précieux.  Il  ne  paraît  pas  jusqu'à 
présent  physiologiquement  intéressant,  par  exemple,  de  distinguer  les 
matières  pectiques,  des  gommes  et  des  amidons  qui  se  montrent  expé- 
rimentalement comme  ayant  le  même  rôle  nutritif  et  la  même  valeur. 
Il  l'ett  au  contraire  à  un  haut  degré  d'en  distinguer  la  cellulose  brute, 
la  cellulose  qui  résiste  à  l'attaque  des  acides  étendus  comme  ils  se 
trouvent  dans  les  sucs  digestifs. 

C'est  pourquoi  je  parle  des  indications  données  pour  les  analyses 
dont  il  s'agit  ici  dé  discuter  les  résultats,  afin  d'en  tirer  les  consé- 
quences pratiques.  Ces  analyses  ont  été  répétées  trois  fois  avec  tout  le 
soin  possible,  afin  de  les  contrôler  et  d'en  prandre  la  moyenne.  Elles 
ont  porté,  comme  de  coutume,  sur  la  matière  chimiquement  sèche, 
dont  nous  allons  faire  connaître  la  composition,  mais  qui,  à  notre 


294  VALEUR  NUTRITIVE  DES  MARCS  DE  RAISINS  SECS. 

point  de  vue,  n'a  qu'une  valeur  purement  théorique,  à  laquelle  on 
s'est  trop  exclusivement  attaché  dans  les  discussions  auxquelles  a 
donné  lieu,  par  exemple,  la  valeur  nutritive  des  pulpes  de  diffusion. 
C'est  assurément  la  base  d'oià  il  faut  partir.  S'y  tenir  est  insuffisant 
pour  la  clarté  du  sujet. 

Voici  donc  la  composition  centésimale  de  la  matière  sèche  du  marc 
de  raisins  secs  analysé  par  M.  Marchai  : 

Matières   solubles  Extracfifs  Cellulose 

Protéine.  dans  l'étlier.  non  azotés.  brute.  Cendres. 

8  43  6.24  56.95  .  21.38  7.00 

Les  extractifs  non  azotés  ont  été  dosés  par  différence,  la  composition 
du  groupe  de  principes  immédiats  ainsi  nommé  n'important  point  dans 
l'état  actuel  de  la  science. 

D'après  les  nombres  qu'on  vient  de  voir,  la  relation  nutritive  du 
marc  de  raisins  secs  est  sensiblement=  1  :7.5.  En  tant  qu'elle  dépende 
de  cette  relation,  sa  digestibilité  serait  inférieure  à  celte  de  plusieurs 
des  aliments  grossiers  usuels.  On  ne  pourrait  guère  compter  sur  un 
coefficient  probable  de  plus  de  0.50.  Celte  digestibilité  serait  toutefois 
plus  grande  que  celle  de  la  pulpe  de  betterave  pressée.  Mais  il  n'est 
pas  douteux  que  l'effet  de  la  digestibilité  relative  est  ici  corrigé  par 
celui  de  la  digestibilité  absolue,  plus  grande  dans  le  marc  de  raisins, 
à  cause  de  la  plus  forte  teneur  en  matières  solubleS  dans  Téther  et 
d'autres  considérations  encore,  tirées  des  principes  aromatiques  non 
dosables.  Il  paraît  donc  certain  qu'à  poids  égal  de  matière  sèche,  le 
marc  de  raisins  secs  aurait  une  valeur  nutritive  supérieure  à  celle  de 
la  pulpe  de  betterave  pressée,  à  laquelle  il  convient  le  mieux  de  le 
comparer. 

Examinons-le  maintenant  dans  l'état  où  il  se  présente  normalement 
et  tel  qu'il  est  possible  de  le  faire  consommer  par  les  animaux.  Nous 
pourrons  ainsi  faire  la  comparaison  d'une  façon  pratique.  Les  données 
que  nous  venons  de  voir  sont  des  matériaux  de  laboratoire.  Elles  ont, 
ainsi  que  nous  l'avons  déjà  dit,  une  valeur  purement  théorique,  ou 
pour  mieux  dire  de  science  pure,  il  ne  serait  pas  possible,  pour  en 
tirer  parti,  de  les  rapprocher  sans  longs  calculs  de  celles  qui  sont 
consignées  dans  les  tables  de  composition  des  aliments  mises  à  la 
disposition  des  praticiens. 

Les  échantillons  analysés  ont  été  pris  dans  une  masse  séchée  à  l'air 
après  avoir  été  extraite  du  fût  dans  lequel  s'était  produite  la  fermenta- 
tion, pour  la  fabrication  du  vin.  En  cet  état,  ils  contenaient  encore, 
n'ayant  pas  été  pressés,  42.5  pour  100  d'eau.  Il  est  probable  qu'en 
grande  masse  et  malgré  la  pression,  les  marcs  de  raisins  secs  fournis 
par  l'industrie  tiendraient  une  moins  forte  proportion  de  matière 
sèche.  En  tout  cas,  le  degré  de  dessiccation  auquel  il  conviendrait  de 
les  laisser  arriver  avant  de  les  faire  consommer,  dépendrait  du 
genre  des  consommateurs.  Les  ruminants  les  recevraient  plus  humides, 
et  les  autres  moins. 

Voici  la  composition  de  nos  échantillons  à  42.  5  pour  100  d'eau  : 

Substance  Matières  solubles       Extractifs  Cellulose 

sèche  totale.         Protéine.         dans  l'éther.         non  azotés.  brute.  Cendres. 

57.5  4.85  3,56  32.80  12.29  4.00 

Dans  ces  conditions,  le  résidu  dont  il  s'agit  est  plus  riche  que  tous 
ceux  auxquels  on  pourrait  le  comparer.  Il  contient  plus  de  protéine 


VALEUR  NUTRITIVE  DES  MARCS  DE  RAISINS  SECS.  295 

brute  et  moins  d'exiractifs.  Celui  de  féculerie  pressé,  par  exemple, 
avec 7i 6. 5  pour  100  de  substance  sèche  totale,  ne  dose  que  2.3  de 
protéine,  moins  de  la  moilié,  et  avec  cela  36.4  d'extraclifs  non  azotés. 
Celui  de  dislillerie  de  seigle,  avec  2  seulement  de  protéine,  dose  32.1 
d'extractifs  et  35.1  de  cellulose  brute.  La  pulpe  de  betterave  pressée, 
avec  29.7  de  substance  sècho  totale,  dose  1 .9  de  protéine  en  moyenne 
et  18.3  d'exiractifs  non  azotés.  Celle  de  diffusion  seule  paraîtrait  rela- 
tivement plus  nutritive,  à  proportion  égale  de  substance  sèche,  car 
pour  1.08  de  protéine  elle  ne  dose  que  G.  13  d'extractifs  non  azotés  et 
0.08  de  matières  solables  dans  l'éther;  sa  relation  est  conséquemment 
=r:]:5.7  au  lieu  de  1:7.5  comme  celle  du  marc  de  raisins  secs.  Elle 
est  donc  moins  large. 

Saisissons  encore  une  fois  l'occasion  de  faire  remarquer  aux  agricul- 
teurs et  aux  chimistes  qui  discutent  sur  la  valeur  des  aliments,  et 
surtout  sur  celle  des  résidus  de  fabrique  de  sucre,  d'amidon  ou  d'al- 
cool, qu'ils  se  trompent  lorsqu'ils  tirent  argument,  en  faveur  de  ces' 
aliments,  de  la  présence  du  sucre,  de  l'amidon  ou  de  tout  autre  extrac- 
tif  non  azoté  en  forte  proportion.  Loin  de  les  enrichir,  cette  présence 
les  appauvrit  au  contraire.  Sans  doute,  ainsi  qu'ils  le  pensent,  ces 
substances,  considérées  absolument,  contribuent  à  l'alimentation.  Ce 
ne  sont  point,  comme  on  le  répèle  sans  cesse,  après  Liebig,  des  ali- 
ments respiratoires,  pas  plus  que  les  matières  azotées  ne  sont  exclusive- 
ment plastiques.  Pas  plus  que  les  autres,  ils  ne  sont  brûlés  ou  oxydés 
dans  l'organisme,  ainsi  que  je  l'ai  démontré  expérimentalement.  Et 
d'ailleurs  ils  dégagent,  en  contribuant  à  la  nutrition,  moins  d'énergie 
que  les  albuminoïdes. 

Mais  en  fùt-il  autrement,  cela  ne  changerait  rien  au  problème  posé. 
L'organisme  ne  peut  en  digérer  et  conséquemment  en  utiliser  qu'une 
certaine  proportion.  Lorsque,  dans  la  ration  alimentaire,  celte  propor- 
tion est  dépassée,  l'excédent  se  retrouve  dans  les  déjections.  Les  ali- 
ments en  général  en  contiennent  un  excès  par  rapport  à  l'aptitude 
digeslive  des  animaux.  Seuls  quelques  aliments  fortement  concentrés, 
comme  certains  tourteaux  oléagineux  et  certaines  graines  légumineu- 
ses, font  exception.  Dans  les  aliments  non  concentrés  ou  grossiers,  à 
relation  nutritive  toujours  trop  large,  les  amidons  et  les  sucres  ont 
donc  une  valeur  en  grande  partie  négative.  Ceux  qui  en  contiennent 
le  moins,  conséquemment  les  résidus  les  plus  épuisés,  sont  les 
meilleurs.  D'où  ils  suit  que  les  procédés  industriels  les  plus  perfec- 
tionnés, au  point  de  vue  du  rendement,  ne  sont  pas  les  plus  avanta- 
geux^ seulement  pour  les  fabricants  ;  ils  le  sont  aussi  pour  les  agri- 
culteurs qui  utilisent  les  résidus  de  fabrication  pour  leurs  bestiaux. 

A  ce  litre,  les  marcs  de  raisins  secs -se  placent  sur  un  bon  rang. 
Leur  caractéristique  essentielle,  comme  aliment  non  concentré,  se 
tire  de  leur  richesse  relative  en  protéine,  mais  surtout  en  matières 
solubles  dans  l'élher,  parmi  lesquelles  sans  doute  l'huile  contenue 
dans  les  graines  ou  pépins  forme  la  plus  forte  proportion.  La  relation 
entre  la  matière  grasse  et  la  protéine  y  est  plus  étroite  que  1:2 
(3.56  :  /i.85).  Cela  doit  influer  favorablement  sur  la  digestibilité  de  la 
protéine  et  élever  beaucoup  son  coeflicient.  Il  resterait  à  faire,  pour  la 
vérifier,  des  expériences  précises,  mais  dont  toutefois  les  résultats  des 
observations  recueillies,  dans  1  Hérault  notamment,  sur  les  moutons 
engraissés  avec  des  marcs,  peuvent  à  la  rigueur  nous  dispenser. 


296  VALEUR  NUTRITIVE   DES  MARCS  DE  RAISINS   SECS 

De  ce  qui  précède,  on  peut  hardiment  conclure  que  les  agriculteui's 
trouveront  dans  les  résidus  des  fabriques  de  vins  de  raisins  secs,  une 
source  abondante  de  matières  alimentaires,  qu'ils  auraient  tort  de  ne 
pas  utiliser.  L'intérêt  public  est  de  n'en  négliger  aucune,  et  leur  inté- 
rêt particulier  est  en  parfait  accord  avec  lui  dans  ces  sortes  de  choses. 
Nous  avons  déjà  dit  que  la  matière  animale  se  vend  toujours  plus 
cher  que  son  équivalent  de  matière  végétale  ou  que  sa  matière  pre- 
mière. 

Mais  ils  nous  demanderont  sans  doute  quelle  peut  être  la  valeur  com- 
merciale des  résidus  dont  nous  nous  occupons.  C'est  à  quoi  nous  nous 
garderions  de  répondre  publiquement.  On  ne  serait  certes  pas  embar- 
rassé pour  résoudre,  avec  la  méthode  que  nous  passédons  et  qui  a  été 
exposée  ici  même,  la  question  de  savoir  quel  prix  pourrait  être  payé, 
au  maximum,  sans  faire  une  mauvaise  affaire.  Mais  ce  n'est  point  notre 
rôle  d'apprendre  aux  vendeurs  jusqu'oi^i  peuvent  aller  leurs  exigences. 
L'acheteur  doit  viser  toujours  à  obtenir  la  marchandise  au  plus  bas 
prix  possible.  Les  comparaisons  établies  plus  haut  le  guideront  suffi- 
samment, et  en  tout  cas  ce  n'est  pas  pour  les  fabricants  de  vins  de  rai- 
sins secs  que  nous  écrivons,  mais  bien  pour  les  agriculteurs  auxquels 
nous  n'avons  jamais  refusé  nos  conseils,  quand  ils  nous  ont  fait  l'hon- 
neur de  nous  les  demander  pour  des  cas  particuliers,  sur  les  objets  de 
notre  compétence  spéciale. 

Les  marcs  de  raisins  s'emploient  dans  l'alimentation  comme  les 
autres  résidus  de  même  ordre,  comme  les  pulpes  notamment.  Ils  for- 
ment la  base  de  la  ration,  et  les  animaux  les  mangent  volontiers  dès 
le  début  de  leur  distribution.  Si,  par  exception,  il  en  était  autrement 
pour  certains  individus,  un  mélange  avec  leur  aliment  habiiuel,  en 
proportion  graduellement  croissante  jusqu'à  complète  substitution,  les 
y  préparerait  sûrement.  En  ce  genre  les  animaux  s'habituent  à  tout. 

Ce  ne  serait  en  aucun  cas  toutefois  un  bon  moyen  de  les  utiliser, 
que  d'en  former  exclusivement  la  ration,  surtout  pour  alimenter  de 
jeunes  animaux,  mais  même  des  adultes.  En  outre  de  la  nécesssité 
d'assurer  à  ceux-ci  leur  aliment  essentiel  d'entretien,  qui  est  l'herbe 
ou  le  foin  pour  les  herbivores,  il  convient  d'ajouter  au  marc  un  ali- 
ment concentré  pour  enrichir  la  ration  en  protéine  et  ramener  ainsi  sa 
relation  aux  limites  entre  lesquelles  la  digestibilité  atteint  le  maxi- 
mum. Pour  les  ruminants,  par  exemple,  qui  en  sont,  comme  on  l'a 
déjà  dit,  les  meilleurs  consommateurs,  il  y  faut  joindre  un  tourteau 
quelconque  dans  la  proportion  suffisante  pour  rétrécir  la  relation 
nutritive  jusqu'à  1 :4  au  moins.  S'il  s'agissait  de  jeune  bétail  dans  la 
deuxième  annnée  de  son  âge,  pour  tirer  de  l'aliment  le  meilleur  parti, 
l'on  ne  devrait  pas  dépasser  1 :3,  et  par  conséquent  renforcer  la  pro- 
portion de  protéine  par  une  plus  grande  addition  de  tourteau. 

A.  Sanson, 

Professeur  de  zoologie  et  zootechnie  à  l'Ecole  nationale  de  Grignon  et  à 
l'Institut  national  agronomique. 

CONCOURS  REGIONAL  DE  BOURG 

Le  mois  de  mai  est  bien  certainement  la  meilleure  saison  pour  tenir  les  con- 
cours agricoles.  C'est  d'abord  la  plus  agréable  pour  ceux  qui  les  fréquentent,  et 
c'est  l'époque  la  plus  favorable  pour  le  déplacement  des  agriculteurs  dont  les 
semailles  de  printemps  sont  finies,  et  qui  ont  enco're  quelque  temps  de  loisir  avant 
la  récolte  des  foins. 


CONCOURS  RÉGIONAL  DE  BOURG.  297 

Le  concours  régional  de  Bourg  avait  pour  nous  un  attrait  tout  particulier. 
Bourg  est  la  capitale  des  Bombes  dont  la  verte  plaine  autrefois  si  insalubre,  si 
abandonnée  de  D;eu  et  des  hommes,  aujourd'hui  si  fertile,  si  plantureuse,  s'étale 
comme  un  océan  de  verdure  aussi  loin  que  le  regard  peut  atteindre,  depuis  les 
premiers  contreforts  des  montagnes  du  Jura,  auxquels  la  ville  de  Bourg  est 
adossée,  jusqu'aux  silhouettes  vaporeuses  des  collines  lyonnaises  qui,  vers  le  midi, 
limitent  l'horizon. 

Bourg  est  le  centre  d'une  région  éminemment  agricole.  Au  nord,  c'est  le  Jura,  un 
peu  âpre  de  nature,  mais  admirablement  adaplé  à  l'élevage  du  bétail  et  à  l'engrais- 
sement du  mouton,  dans  ses  fertiles  vallées  et  aux  flancs  rocheux  de  ses  monta- 
gnes calcaires,  lesquels  se  couvrent  à  celte  saison  de  l'année,  d'une  herbe  succu- 
lente, ainsi  que  sur  ses  plateaux,  où  s'étalent  de  magnifiques  pâturages.  Les  bords 
de  la  Saône  et  les  vastes  plaines  qui  s'étendent  dans  la  large  vallée  que  traverse 
cette  rivière,  au  limon  fertilisani  qu'elle  répand  sur  son  parcours  par  ses  fréquentes 
inondations,  sont  d'une  fertilité  extraordinaire,  et  devraient  être  exclusivement 
convertis  en  prairies  ;  car  les  inondations  en  rendent  la  culture  difficile,  sinon 
impraticable.  Tout  près  se  trouve  le  département  de  Saoue-et-Loire,  l'un  des  plus 
avancés  de  la  France  pour  l'élevage  du  bétail,  et,  à  portés  piaLicable  du  centre 
Bressan  fixé  pour  le  concours,  voilà  le  pays  des  races  Gharolaise  et  Nivernaise, 
dont  l'exposition,  comme  nous  allons  le  voir  tout  à  l'heure,  était  très  remarquable 
et  par  le  nombre  des  sujets  exposés  et  par  leur  mérite. 

Bourg  est  en  outre  le  centre  des  districts  où  régnent  la  race  Fémeline,  et  celle  de 
Montbéliard,  dont  les  qualités  laitières  sont,  pour  ces  pays  de  production  fro- 
magère,  une  précieuse  source  de  richesse.  Le  concours  de  Bourg  où  se  sont  agglo- 
mérés tous  ces  éléments  agricoles  et  où  se  sont  réunis  un  si  grand  nombre  de 
vaillants  cultivateurs  accourus  de  tous  les  districts  de  cette  intéressante  région, 
avait  donc  pour  moi  un  attrait  peu  ordinaire.  J'espérais  trouver  des  traits  origi- 
naux tout  à  fait  en  dehors  de  cette  banalité  générale  qui  fait  trop  souvent  la  déso- 
lation et  l'ennui  de  nos  concours  régionaux.  Puis  je  tenais  aussi  à  visiter  un  peu 
la  vallée  de  l'Ain,  et  pénétrer  dans  quelques-unes  des  vallées  latérales  pour  y  étu- 
dier la  valeur  et  l'étendue  des  pâturages  et  des  cultures.  C'est  donc  avec  empres- 
sement que  j'ai  accepté  la  gracieuse  invitation  dont  M.  le  ministre  de  l'agriculture 
m'avait  honoré,  de  faire  partie  du  jury,  et  je  me  suis  mis  en  route  de  bonne  heure 
afin  de  pouvoir  faire  mes  excursions  avant  le  concours. 

J'ai  d  abord  revu  les  Bombes  que  j'avais  visitées  il  y  a  bien  des  années  déjà,  et 
que  je  n'ai  plus  reconnues.  Là  où  régnaient  autrefois  la  désolation  et  la  peste 
fiévreuse,  j'ai  aperçu  des  campagnes  bien  cultivées,  et  des  visages  sains  et  joyeux, 
J'ai  dit  en  commençant  que  cette  plaine  des  Bombes,  paraissait  autrefois  aban- 
donnée de  Bieu  et  des  hommes  tant  la  désolation  était  profonde.  Mais  Bieu  y  est 
entté  dans  les  plis  de  la  robe  de  bure  des  saints  et  vaillants  moines  de  la  Trappe, 
les  hommes  ont  suivi. 

Mon  excursion  dans  les  montagnes  s'est  accomplie  par  un  temps  superbe.  Parti 
à  8  heures  50  du  matin  avec  M.  Joseph  f  oignet  de  Lyon,  l'un  des  associés  de  la 
grande  maison  si  honorablement  connue  comme  fabricants  d'engiais  phosphatés, 
dont  j'ai  pu,  cette  année,  constater  la  valeur  fertilisante  et  la  sincérité  de  compo- 
sition, nous  arrivâmes  à  la  gare  de'Cize  Bolozon,  après  avoir  traversé  un  pays  très 
Lien  cultivé,  et  couvert  de  cultures  de  trèfle  dont  la  végétation  épaisse  et  robuste 
témoignait  de  la  parlaite  adaptation  du  sol,  émiLcmment  calcaire,  à  la  croissance 
du  fourrage  et  à  l'élevage  des  bêtes  à  cornes.  Cependant  la  pente  des  cultivateurs 
semLle  incliner  vers  la  culture  du  blé.  Cela  m'étonne,  car,  soit  faute  d'engrais, 
soit  pauvreté  naturelle  du  sol,  tous  les  blés  que  j'ai  vu  m'ont  paru  bien  chétifs  et 
Jjicn  maigres  à  côté  des  trèfles  cultivés  et  des  herbages  naturels.  L'agriculture  de 
ce-pays  m'a  semblé  tourner  dans  un  cercle  vicieux,  peu  ou  point  de  bétail,  et  par- 
tant, peu  ou  point  de  fumier  d'étanle  et  absence  absolue  d'engrais  artificiels.  Puis, 
avec  ces  mauvaises  conditions, une  inclination  obstinée  à  la  culture  du  blé,  laquelle 
ne  peut  donner  que  des  résultats  absolument  nuls.  M.  Coignet,  accompagné  de  sa 
Jeune  et  gracieuse  femme,  elle-même  fleur  native  de  ces  montagnes,  me  fit  les 
honneurs  de  sa  ferme  qui  est  en  train  de  se  transformer  sous  l'inspiration  éclai- 
rée de  ce  jeune  et  zélé  agriculteur.  J'y  remarquai  un  excellent  troupeau  de  vaches, 
choisies  avec  un  grand  discernement,  parmi  les  l'aces  plus  ou  moins  distinctes  du 
pays.  Ces  vaches  dont  quelques-unes  paraissaient  bonnes  laitières,  croisées  avec 
un  excellent  taureau  durham,  très  pur  de  race,  sorti  de  ma  vacherie,  ne  man- 
queront pas  de  donner  des  produits  améliorés.   Toutes  les  vaches  étaient  diîjà 


298  CONCOURS  ÎIÉGIONAL   DE    BOURG, 

pleines  de  ce  taureau.  M.  Goignet   possède  en  outre  un  bon  noyau  de  troupeau 
de  Jirebis   auxquelles  il  a  eu  la  bonne  idée  rie  donner  un  bélier  remarquable,  lequel 
du   reste  a  obtenu  une  récompense   au  concours  de  Bourg.    De  cette   ferme    qui 
deviendra,  j'en  ai  )a  conviction,  un  foyer  de  progrès  dans  cette  partie  de  la  vallée 
de  l'Ain,  nous   nous  rendîmes  par  un  cbemin  ravissant  de  fraîcheur   et  de  sur- 
prises pittor(sques,  bordant  la   rive  droite  de  la  rivière,  jusqu'à  un  vieux  château 
tort,  placé  comme  une  sentinelle  au  confluent  d'une  joyeuse  rivière   se  jetant  à 
gros  bouillons  dans  l'Ain,   et  juché  sur  un   monticule  rocheux  dont  les  pentes 
aoruptes  sont  ensevelies  sous  la  verdure.  Après  un  plantureux  déjeuner  rendu 
plus  succulent  par  l'appéiit  que  produit  l'air  vif  de  la  montagne,  n  ms  repariîmes 
pour  visiter  une  vallée  latérale  où  la  fertilité  des  pâturages  le  dispute  en  intérêt  à 
la  variété  pittoresque  des  paysages  que  chaque  tournant  d'une  route  accidentée 
déroulait  à  nos  regards.  Au  bout  d'une  longue  course  nous  arrivâmes  enfin  au 
but  de  noire  excursion  qui  était  de  visiter  le  beau  château  féodal  d'un  autre  de  mes 
amis,   M.  Platon.  Si  ce  n'était  le  caractère  antique  de  cette  belle  résidence,  le 
contraste  entre  la  nature  sévère  des  rnontHgnes  au  sein  desquelles   elle  se  cache 
et  le  luxe  élégant  et  princier  qui  la  modernise  et  lui  donne  un  aspect  de  haute 
civilisation,  ce  contraste,  dis-jp,  semblerait  étrange.  Mais  je  ne  crois  p^s  qu'il  soit 
possible  de  combiner  plus  heureusement  l'aspect  sévère  et  la  masse  grandiose  de 
cette  immense  construction  féodale  du  moyen-âge,   avec  les  exigences  raffinées 
du  luxe  et  du  confort  modernes.  Il  a  fallu  un  grand  courage  ou  un  amour  bien 
profond  de  l'isolement;  et  de  la  solitude  pour  venir  habiter  ce  palais  somptueux, 
si  étrano'ement  perdu  dans  ces  montagnes  austères.  Mais  aux  alentours,  l'herbe 
pousse  vigoureusement,  et  partout  les  prairies  ont  participé  au  coup  de  baguette 
magique   qui  a  rajeuni  le   vieux  donjon,   ses    tours,  ses   voiîtes  et  ses   galeries. 
Ces  belles  et  vastes  prairies    semblent    fières  de  leur  récente    création    et  elles 
étendent  au  loin,  tout  autour  du  vieux  château  rajeuni,  leur  fraîche  verdure  et  leur 
luxuriante   végétation.    Il  n'y    manque   plus  que   la  présence    de   belles    vacbes 
Durhara,  lesquelles,  se  prélassant  dans  ces  gras  pâturages  ou  ruminant  sous  ces 
beaux  ombrages,  seraient  pour  les  hôtes  privilégiés  de  cette  splendide  résidence, 
un  spectacle  superbe  et  une  source  de  satisfaction  et  de  jouissance,  compensant, 
et  bien  au-delà,  l'ennui  de  la  sohtule  et  de  l'isolement.   En  contemplant  cette 
magnificence,  je  me  suis  pris  à  envier  ces   conditions  d'élevage  du  durhara  que 
je  suis  loin  de  posséder  dans  mon  domaine  de  Saron,  conditions  si  favorables 
et  que  je  trouvais  étalées  à  profusion  autour  de  cette    somptueuse  demeure  des 
montagnes  du  Jura,  oiî  il  m'a  paru  qu'on  n'était  pas  encore  en  mesure  d'en  profiter, 
bien  que  déjà  un  bon  commencement  ait  été  fait. 

Mnis  il  est  temps  de  retourner  au  concours  de  Bourg  car  mes  fonctions  m'y 
appellent,  et  comme  membre  du  jury  et  comme  écrivain  rapporteur  du  Journal 
de  ragriculture. 

En  examinant  le  catalogue,  on  voit  que  la  race  dominante,  c'est  la  race  locale 
femeline  ou  plutôt  Bressane,  laquelle  ne  compte  pas  moins  de  80  représentants. 
Puis  vient  la  race  Gharolaise  qui  compte  69  sujets.  La  race  Durham  est  repré- 
sentée par  39  animaux,  et  les  croisements  avec  l'élément  Durham  ne  comptent  pas 
moins  de  28  animaux,  de  sorte  que  l'élémentDurham  comprend  67  sujets  Ce  nom- 
bre est  bien  plus  élevé  que  je  ne  m'y  attendais,  car  les  districts  dont  Bourg  est 
le  centre  ne  brillent  guère  par  l'élevage  de  cette  race  d'élite  à  laquelle  la  luxu- 
l'iance  des  cultures  fourragères  et  la  richesse  des  prairies  naturelles  semblent  si 
bien  convenir.  Les  autres  races  diverses,  y  incluses  les  bandes  de  vaches  laitières, 
telles  que  la  race  de  Montbeliard  d'origine  suisse,  celles  de  la  Suisse  proprement 
dites,  la  race  normande,  la  race  hollandaise  et  les  croisements  entre  ces  races, 
comptaient  ensemble  95  animaux,  ce  qui  fait  un  total  de  311  sujets  d'espèce  bovine. 
Voilà,  certes,  un  respectable  contin-ent,  et  les  termes  de  comparaison,  on  peut  le 
dire.,  ne  manquaient  point  à  l'étude  des  races  diverses  qui  le  composaient,  et 
c'est  cette  étude  comparative  qui  rendait  le  concours  spécialement  intéressant. 
La  race  femeline  venait  naturellement  du  pays  Bressan  et  des  environs  immé- 
diats ori  elle  fleurit  près  pie  exclusivement,  c'est-à-dire  des  départements  de  l'Ain, 
de  la  Haute-Saône  et  du  Jura.  C'est  une  race  qui  possède  un  certain  cachet  local, 
lequel  convient  sans  doute  aux  goi^its  et  aux  exigences  des  éleveurs  de  ces  loca- 
htés.  Ses  traits  distinctil's  sont  foitement  caiactérisés,  car  le  type  est  assez 
constant  et  parfaitement  homogène.  Mais  à  part  cette  particularité  qui  est  un 
mérite,  je  ne  vois  rien  dans  celte  race  qui  puisse  généralement  la  recommander. 
La  peau  est  mince,  la  poitrine  étroite,  les, épaules  mal  placées,  le  cou  aminci, 


CONCOURS  RÉGIONAL  DE  BOURG.  299 

la  tête  longue  et  maigre,  les  hanches  étroites,  la  queue  accrochée  très  haut  sur 
l'échiné,  ce  qui  laisse  peu  d'espace  entre  les  hanches  et  la  cuisse.  L'hs  côtes  sont 
en  ogive  prononcée,  et  les  pattes  longues.  Evidemment  ce  n'est  point  une  race  à 
viande,  et  j'en  ai  remarqué  un  bien  petit  nombre  offrant  des  indices  bien  caracté- 
risés de  qualités  laitières  Cependantj  le  corps  est  assez  massif  et  le  (lanc  est  droit 
et  descendu.  C'est  une  race  qui  me  semble  susceptible  d  une  certaine  améhoration 
malgré  sa  couleur  froment  pâle,  'indécise  et  lavée,  indice  d'un  tempérament 
peu  énergique  et  effacé.  Le  principal  mérite  de  cette  race,  à  mes  yeux,  est  un  type 
local  bien  fixé  et  bien  caractérisé,  ce  qui  vaut  mieux  que  ces  produits  indécis, 
n'ayant  aucun  caractère  de  race  distincte,  provenant  d'une  confusion  de  sangs 
divers.  Cette  race,  en  outre,  par  sa  conformation  et  son  aspect,  dénote  des  apti- 
tudes laitières  qui,  par  une  soigneuse  sélection,  et  une  alimentation  généreuse  des 
veaux,  pourraient  grandement  s'améliorer.  Je  crois  aussi  qu'en  choisissant  un  bon 
reproducteur  de  sang  pur  durham,  on  pourrait  arriver  beaucoup  plus  vite  que  par 
la  sélection,  à  une  rénovation  complète  de  cette  race  et  à  son  amélioration  perma- 
nente au  point  de  vue  du  lait  dont  les  principes  féconds  abondent  dans  sa  nature, 
et  à  celui  de  l'aptitude  à  l'engraissement  qui  luimanque  absolument.  Je  sais  d'ail- 
leurs, que  les  expériences  se  font  sous  les  soins  d'éleveurs  habiles  et  intelligents, 
parmi  lesquels  ii  me  plaît  de  citer  M.  Gréa  qui  nous  a  présenté  dans  les  caté^-.ories 
des  croisements  Durham,  des  produits  Durham-Bressan  admirablement  réussis. 
Je  sais  aussi  que  d'autres  se  préparent  à  suivre  l'exemple  de  cet  habile  agricul- 
teur, qui  possède  à  si  un  haut  degré  b  zèle  et  la  science  du  propagateur  de  la  bonne 
doctrine  et  de  la  bonne  pratique.  Que  les  récompenses  que  nous  lui  avons  décernées 
soient  pour  lui  un  encouragement  à  continuer  sa  patriotique  entreprise,  et  puissent- 
elles  dans  un  concours  prochain  lui  susciter  de  nombreux  concurrents!  Il  est  à 
remarquer  que  M.  Gréa,  à  l'exception  d'un  autre  exposant,  M,  de  la  Pérouse  de 
Bourg,  dont  il  faut  louer  aussi  la  judicieuse  initiative,  est  le  seul  exposant  de  ce 
croisement  Durham-Bressan.  Tous  les  autres  produits  croisés  Durham  appartien- 
nent à  la  combinaison  Durham-Gharolais.  J'éprouve  donc  le  plus  grand  plaisir  à 
constater  les  heureux  effets  de  ce  croisement  Durham-Fe.nelin,  dont  les  spécimens 
exposés  ont  révélé,  d'une  manière  éclatante,  le  succès  incontestable  et  absolu. 
Voici  la  liste  complète  des  récompenses  décernées  : 

Pbime  d'honnefir,  un  objet  d'art,  pour  l'exploitai  ion  da  département  de  l'Ain,  ayant  obtenu 
l'un  des  jirix  culturaux  et  réalisé  les  amélioralions  les  plus  utiles  et  les  plus  propres  à  être 
ofTcrtes  cofiime  exemple,  décernée  à  M.  Desvignes-Bérard,  à  Marlieux. 

Prix  de  spécialités.  —  Un  objet  d'art  spécial,  M.  de  Monica  dt,  à  Versailleux,  pour  son  ensilage 
de  maïs,  la  belle  installation  de  si  laiterie,  son  élevage  très  remarquable  de  bétail.  —  Médailles 
d'or  grand  module,  MM.  Picquet,  à  Grossiat,  pour  sa  cullnfe  maraîclière.  ses  défrichements  et  la 
création  de  ses  prairies;  Marme,  à  Challes,  commune  de  Bourg,  pour  dessèchements  d'étangs  et 
tratislormalion  de  terres  labouiables  en  prairies  naturelles;  Revel.  à  Pont-de-Veyle,  pour  son 
élevage  de  bêtes  à  cornes.  —  Médaills  dor,  MM.  Guicharl,  à  Reyssouze,  po  ir  sa  culture 
d'asperges;  Goy,  à  la  Balme  et  Cerdon.  pour  la  création  de  ses  chemins  et  l'amplioration  de  ses 
h'rbages.  —  Médailles  d'argent  grand  modide ,  MM.  Morel,  à  Lent,  pour  ses  pvairies  naturelles; 
Robin,  à  Marboz,  pour  la  bonne  tenue  de  sa  terme.  —  Médailles  d'argent,  MM.  Pnget,  à  Pont- 
de-Vaux,  pour  sa  forte  proportion  de  bétail  et  le  judicieux  emploi  île  son  engrais  de  ferme  ;  Dubiez, 
à  Saint-Vnlbas,  pour  une  fosse  à  purin  établie  dans  d'excelbntes  conditio'*s. 

Ppix  ij'iRRiGATioNS.  —  l"  Catégorie.  —  Propriétés  contenant  plus  de  6  hectares  de  terres 
arrosées.  —  T  prix,  médadle  d'argent  grand  moilule,  M.  Louis-Amédéa  Micliaud,  à  Thoiry;' 
3%  mpdaïUe  d'argent,  M.  Jean-Bapti^te  Benoit,  à  Bouliqueux. 

2""  Calégori>'.  —  Propriéiés  ayant  6  hectares  et  au-dessous  soumis  à  l'irrigation.  —  2"  r""'^' 
rrédaiile  d'argent,  M.  Isaac  Collet,  à  Saint-Nizier-le-Désert;  3°,  médaille  de  bronze,  M.  Francisque 
Montillet,  à  Belmont. 

Récompensi s  aux  agents  de  l'exploitation  qui  a  obtenu  la  prime  d'honneur.  —  Médailles  d'argent, 
MM.  Henry,  di'  François  Gullaumin,  maître-valet;  Benoît  Thévenot,  comptable;  Mme  Antoinette 
Henry,  ménagère.  —  Médailles  de  bronze,  Mme  Marie  Datant,  femine  de  basse-cour;  MM.  Claude 
Paucot,  maîire-vacher  ;  François  Dutant,  premier  charretier. 

Espèce  bovine. 
l""  Catégorie.  —  Race  cha-olaise.  —  M;\ies.  —  1'"  Section.  —  Animaux  de  6  mois  à  1  an.  — 
1"  prix,  M.  le  comte  Henri  de  Laferriùre,  à  Bierra-los-Semur  (Côte-d'Or) ,  2",  M.  Jean  Bicquelot, 
à  Monchanin-les-.Mines  (Saône-et-Loire)  ;  3%  M.  Ltuis  B  rnard.  à  Bourbon-Lan -.y  (Saone-et-Loii-e). 
—  -2"  Section .  —  Animaux  de  1  à  2  ans.  —  I''''  prix,  M  Emile  Petiot,  à  Touches  (Saône-ei-Loire); 
2%  M.  Claude  .Mor-^au,  à  "Vic-sous-Thil  (Côie-rrur)  ;  3%  M.  Antoine  Triper,  à  Venarey-les-Laumes 
(Côte-d'Or).  —  3°  Section.  —  Animaux  de  2  à  3  ans.  —  p'"'  prix,  M.  Antoine  Tripier;  2^  M.  Louis 
Bernard;  3'',  M.  Clurles  Ballot,  à  Chenevrcy  (Uauie-Saône).  —  Femelles.  —  P"  Seciinn.  — 
Génisses  de  6  mois  à  1  an.  —  P'  prix,  M.  le  c  nntc  Henri  de  Laferrièrp;  2",  M.  Claude  .Moreau; 
3",  M.  Antoine  Tripier.  —  2'^'  Section.  —  Génisses  de  1  à  2  ans.  —  1"  prix,  M.  Clauie  Moreau; 
2",  M.  le  comte  Henri  de  Lafcrrière;  3",  M.  Emile  Peiiot  ;  4°,  M.  Louis  Bernard.  —  3'-"  Section.  — 
Génisses  de  2  à  3  ans.  —  P"  prix,  M.  Louis  Bernard;  2°,  M.  le  comte  Henri  deLafeTiôre; 
3",  M.  Claude  Moreau  ;  4",  M.  Emile  Petiot.  —  4"  Section.  —  Vaches  de  plus  de  3  ans.  —  p'''  prix, 
M.  Claude  Moreau;  2%  M.  Emile  Petiot;  3",  M.  le  comte  Henri  de  Laferrière;  4°,  M.  Damien  Des- 
vignes, àla  Chapolle-dc-Guinchay  (Saône-et-Loire). 


300  CONCOURS  RÉGIONAL  DE  BOURG. 

Prix  d'ensemble  au  meilleur  lo*.  d'animaux  de  la  \"  catégorie.  —  Un  objet  d'art,  M.  Claude 
Morpau. 

2=  Catégorie.  —  Ra^e  D  irham.  —  Mâles.  —  1"  Section.  —  Animaux  de  6  mois  à  1  an.  — 
]«■■  prix,  M.  Emile  Pciiot;  2%  M.  ElieLarzat.  à  Germigny-l'Exempt  (Clier)  ;  3%  M.  Emmanuel  Gréa, 
à  RotaÙer  (Jura).  —  2"  Section.  —  Animaux  de  1  à  2  ans.  —  l"  prix,  M.  Emile  Petiot;  2%  M.  le 
marquis  de  marquis  de  Monllanr,  à  Cot<nat-Lyonno  (Allier);  3^  M.  Elie  Larzat.  —  '.]"  Section. — 
Animaux  de  2  à  4  ans.  —  1"  prix,  M.  le  marquis  de  Marquis  de  Montlaiir  ;  2",  M.  Alexandre 
Lacour,  à  Saint-Fargeau  (Yonne)  ;  3%  M.  Emile  Petiot.  —  Femelles.  —  !■■"  Section  — Génisses 
de  6  mois  à  1  an.  —  1"  prix,  M.  Elie  Larzat;  2°,  M.  !e  marquis  de  Montiaur;  3°.  M.  Alexandre 
Laconr.  —  2''  Section.  —  Génisses  de  1  à  2  ans.  —  l'"'  prix,  M.  le  marquis  de  Morithur  ; 
.2'',  M.  Elie  Larzat;  y,  Alexandre  Lacour.  —  S"'  Section.  —  Génisses  de  2  à  3  ans.  —  l"  prix, 
M.  Klie  Larzat;  2%  M.  le  marquis  de  Montiaur;  3%  M.  Emile  Petiot.  —  A""  Section.  —  Vaches 
lie  plus  de  3  ans.  —  1"  prix.  M.  le  marquis  de  Montiaur  ;  2*,  M.  Elie  Larzat;  3",  M.  Alexandre 
Lacour. 

3'=  Catéqorie.  —  Croisements  Durliam.  —  Mâles.  —  1""  Section.  —  Animaux  de  6 mois  à  1  an.  — 
]"  prix.  M.  Alexandre  Lacour  ;  2",  M.  Emmanuel  Gréa.  —  2"  Section    —  Animaux  de  1  à  2  ans. 

—  l"  prix,  M.  Emile  Petit  t;  2^  M.  Alexandre  Lacour.  —  Femelles.  —  1"'  Section.  —  Génisses 
de  6  mois  à  1  an.  —  1"  prix,  M.  Emile  Petiot;  2.  M.  Alexandre  Lacour.  —  2"  Section.  —  Génisses 
de  1  à  2  ans.  —  V  piix,  M.  Alexandre  Lacour;  2",  M.  Emile  Peliot.  —  3'^  Section.  —  Génisses  de 

2  à  3  ans.  —  l^prix,  M.  Emile  Petiot;  2°,  M.  Alexandre  Lacour.  —  4"  Section.  — Vaches  de 
plus  de  3  ans.  —  l"'  prix,  M.  Antoine  Tripier;  2',  M.  Claude  Moreau;  3°,  M.  Alexandre  Lacour. 

4"  Catéqorie.  —  Race  femeline  ou  Ire-sane.  —  N  aies.  —  l"  Section.  —  Animaux  de  1  à  2 ans. 

—  1"  prix,  M.  Eu'-èiic  Chamhaud,  à  Péronnas  (Ain);  2%  M.  Anatole  Marie,  à  Arc-le-Gray  (Haute- 
Saône)  ;  3°,  M.  Charles  Ballot  ;  4'^.  M.  Augustin  Parcheminfy,  àArchenoncourt  (Haute-Saône).  — 
Mentions  honornblcs.  MM.  Eugène  Chamhaud  ;  Chambaud  père.  —  2"  Section.  —  Animaux  de  2  à 

3  ans.  —  1"'  prix,  M.  Anatole  Marie;  2°,  M.  .lantod,  à  Auirry  (Haute-Saône);  3%  M.  Fugène 
Chambaud;  4%  M.  Claude-Joseph  Monnot,  à  Cugney  (Haute-Saône).  Mentions  honorables, 
MM.  Augustin  Parcheniinez  ;  Damien  De- vignes.  —  Femelles.  —  1"  Section.  —  Génisses  de  1  à 
2  ans.  —  1"  prix,  M.  Antoine  Banloiix.  à  Dôle  (Jura);  2''  prix,  M.  Auguste  Ballot,  à  Chancey 
Haute- Saôn'');  S"",  M.  Eugène  Chambaud  ;  4'',  M.  Damien  Desvignes.  Meniion  honorable.  M.Charles 
Ballol.  —  2'"  Section.  —  Génisses  de  2  à  3  ans.  —  1"  prix,  M.  Charles  Ballot  :  2",  M.  François 
Revel,  à  Pont-de-Veyle  (Ain);  3'',  M.  Augustin  Parcheminey  ;  4',  M.  Arthur  Marlet,  à  Villoveiile- 
les-Choye  (Hauie-SaOne).  Meniions  honorables,  MM.  Eugène  Chambaud;  Augusie  Ballot.  — 
3°  Section.  —  Vaches  de  plus  de  3  ans.  —  l'"^  prix.  M.  Eugène  Chambaud;  2*,  M.  Emile  Chauvin, 
à  Poiit-d'Héry  (Juia):  3°,  M.  Charles  Ballot;  4",  M.  Antoine  Bardoux.  Mentions  honorables. 
MM.  Damien  Desvignes;  C;hambaud  père., 

5"^  Catégorie.  —  Races  françaises  diverses  de  Montbéliard,  normande,  etc.  —  Mâles.  —  l"  Sec- 
tion. —  An'raaux  de  l  à2  ans.  —  !"■■  prix,  MM.  Théodore  Geste,  à  Auxerre  (Yonne);  2%  Marc 
frères,  à  Chevigny-Saint-Sauveur  (Côte-d'Or).  —  2'  Section.  —  Animaux  de  2  à  3  ans.  —  Prix 
unique,  M  JosephGraber,  à  Coutenans  (Haute-Saône).  —  Femelle  .  —  ]'"  Sect'on.  —  (bénisses  de 
de  I  a  2  ans.  —  i"prix,  M.  Isuiore  Fonel,  à  Marsangy  (Yonne);  2",  MM.  Marc  frères.  —  Mention 
honorabb,  M.  Théodore  Gesie.  —  2°  Section.  —  Génisses  d-i  2  à  3  ans.  —  l"  prix,  M.  Isidore 
Fouet;  2%  M.  Théo  lore  Geste.  —  3=  Section.  —  Vaches  de  plus  de  3  ans.  —  1"  prix,  M.  Théodore 
Geste;  2°  M.  Martin-[-$oyer,  à  Sainl-Appollinaire  (l'.ôie-d'Or);  3"  MM.  Marc  frères. 

6°  Catégorie.  —  Races  étrangères  Uiiières,  à  l'exclusion  des  races  ayant  une  catégorie  spéciale. 

—  Sous-Catégorie.  —  Races  d"  grande  taille  (bernoise  ou  l'ribourgeoise,  hollandaise  et  analogues). 

—  Mâles.  —  l'"  Section.  —  Animaux  de  1  à  2  ans.  —  Prix  unique,  M  Joseph  Grab°r.  —  2"  Sec- 
tion. —  Animaux  de  2  à  3  ans.  —  Prix  unique,  M.  Ttiéodore  Geste.  —  Femelles.  —  1"  Section.  — 
Génisses  de  1  à  2  ans.  —  Prix  unique,  M.  Joseph  Graber.  —  Memi  m  honorable,  M.  Jean  deThoisy, 
à  Joudes  (Saône-et-Loire).  —  2°  SeHion.  — Génisses  di^  2  à  3  ans.  —  Prix  unique,  M.  Théodore 
Gest-.  —  3°  Section.  —  Vaches  de  plus  de  3  ans.  —  Prix  unique,  M.  Théodore  Geste.  —  Mention 
honorable,  Mvl.  Marc  frères.  —  Sous-Caiéqorie.  —  Race  de  moyenne  et  de  petite  taille  (Scliwitz, 
arpenzell  et  analogues). — Mâles.  —  ]'"  Sec'ion.  —  Animaux  de  I  à  2  ans. — 1"  prix,  M.  Gustave 
Hugard,à  ChâtiUon-sur-Seine  (Côte-dOr)  ;  2%  M.  Léon  Japiot,  à  Cii:\lillon-sar-Seine  (Côte-d'Orl; 
3»,  M.  Joseph  Graber.  —7  Ment'on  honorible,  M.  Beau,  à  Sambourg  (Y^onne).  —  2"  Section.  —  Ani- 
maux de  2  à3  ans.  —  1"  prix,  M.  Jean  Keynauld,  à  Avignon  (Van  lus»')  ;  2°,  M.  Narcisse  Minan- 
goin,  à  Esnon  (Yonne).  —  Mention  honorable,  Mme  Jo  ez,  .à  Villers-sous-Chalançon  (Doubs).  — 
Femelles.  —  \"  Section.  —  Génissps  de  1  à  2  ans.  —  l"'  prix,  M.  Narcisse  Minangoin; 
2'' M.  Ali^xnidre  Courtet,  à  File  (Vaiicluse).  —  Mention  honoralde,  M.  Terrillon-Lemoine,  à  Châ- 
tillon-sur-Seine  (Côte-d'Or)  —  2"  Sertion.  —  Génisses  de  2  à  3  ans.  —  1"  prix,  M.  Léon  Japiot; 
2%  M  Charles  liugard,  à  Châtillon-sur-Seine  (Côte-d'Or);  3%  Mme  Jobez.  —  Mention  honorable, 
M.  Joseuh  Graber.  —  3'  Section.  —  Vaches  de  plus  de  3  ans.  —  !"  prix,  .M.  Alexandre  Courtet; 
2°,  M.  Jean  Reynauld;  3",  M.  Narcisse  Minangon;  4',  M.  Joseph  Graber. 

Prix  d'ensi-mb  e,  au  meilleur  loi  d'animaux  de  î'tspèce  bo\ine  des  2%  3",  4',  .5'  et  6°  catégories. 

—  Un  objet  d'art  â  M.  Eugène  Chambaud,  pour  ses  animaux  de  race  feaieline. 

Bande?  de  vaches  laitières  (en  lait).  —  V  prix,  MM.  Marc  frères;  2%  M.  Eugène  Chambaud. 

Espèce  ovine. 

l"  Catégorie. —  Races  mérinos  et  raétis-m;rinos. —  l"  Section.  — Animiux  âgés  de  18  mois 
au  plus.—  Mâles.  —  1"  prix,  M.  Hypcolyie  Texloris,  à  Cheney  (Yonne);  2%  M.  Léon  Japiot,  à 
Châtillon-sur-Seine  (Côte-d'Or)  ;  3',  M.  Alexis  Boulay,  à  Jonvelle  (Haute-Saône).  —  Prix  supplé- 
mentaire, M.  Charles  Hugard,  à  Châtillon-sur-Seine  (Côte  d'Or). —  Mention  honor-ble,  M.  Lemoine- 
TerriHon,  à  Ma  sey-sur-Ource  (Côie-d'Oij.  —  Femelles.  —  P'prix,  M.  Léon  Japiot;  2%  M.  Hyppo- 
lite  Textori-;  3,  M.  Teirillnn-Lemoine,  à  Chàtill  n-sur-Seine  (Côte-d'Or)  —  2'  Sect  on.  — 
Animaux  âgés  de  plus  de  18  mois.  —  Mâles.  —  1""  pmx,  M.  Hyi'polyte  Textoris  ;  2%  M.  Léon 
Japiot;  3%  M.  L-moine-Terrillon.  —  Piix  supplémentaire,  M.  Terr'llon-Lemoine.  —  Femelle*.  — 
l"  prix,  M.  Léon  Japiot,  2%  M.  Hyppolyte  Textoris;  3%  M.  Lemoine-Terrillon.  —  Mention  hono- 
rable, M.  Terrillon-Lemoine. 

3*  Catérjurie.  —  Races  françaises  diverses.  —  Mâles.  —  1"  prix,  M.  Alexis  Boulay.  —  Femelles. 

—  1"  prix,  M.  Alexis  Boulay. 

3'  Catégorie.  —  Races  étrangères  à  laine  longue  (dishley  ou  leicester,  hollandaise  et  analogues). 

—  Mâles.  —  1*'^  prix,  M.   Alphonse  Tiersonnier,  à  Gimouille  (Nièvre);   2%  M.  Auguste   Massé,  à 


CONCOQRS    RÉGIONAL  DE    BOURG.  301 

Germigny-l'Exempt  (Cher),  —  Femelles.  —  l"''  prix.  M,  Alphonse  Tiersonnier;  2",  M.  Auguste 
Massé. 

4'  Catégorie.  —  Races  étrangères  à  laine  courte  (southdown  et  analogues!.  —  Mâles.  —  l"prix, 
M.  le  comte  de  Bouille,  â  Villars  (Nièvre)  ;  2",  M.  le  comte  Henri  de  LHlerrièrp,  à  Bierre-lès-Semur 
(Côle-d'Or).  —  l'nx  supplémentaire,  M.  Joseph  Coignet,  h  Sainl-Maurice-d'Kchazeau  (Ain),  — 
Femelles.  —  1"  prix,  M.  le  comie  Henri  de  Lal'erriiTe  ;  '!'',  M,  le  comte  de  Bouille. 

ii"  Catégorie.  — Croisements  divers.  —  Mâles.  —  1"'  i)rix,  M.  le  comte  Henri  de  I.aferrière; 
T,  M.  Terrillon-LemoiiiH  ;  3",  M.  Juste  Thomas,  à  Oessia  (lura).  —  Femelles.  —  1"  prix,  M.  An- 
toine Rouj,  à  Prissey  (Côte-d'Oi)  ;  2'',  M,  le  comte  Henri  de  Laferrière;  3",  M.  Juste  Thomas. 

Prix  d'ensemble,  au  meilleur  lot  d'animaux  d'espèce  ovine.  —  Un  objet  d'art  à  M  Léon  Japiot, 
pour  ses  animaux  de  race  mérinos. 

Espèce  porcine. 

1"  Catégorie.  —  Races  indiffènes  pures  ou  croisées  entre  elles.  —  MAles.  —  l"'  prix,  M.  le  mar- 
quis de  Lénoncourt,  à  Bui'Sières  (Hauie-Saoue)  ;  T,  M.  Chambaud  père,  à  Perronnas  (Ain)  ;  i", 
M.  Terrillon-Lemoine.  —  Mention  honorable.  M  le  marquis  de  Lénoncourt.  —  Femelles.  — 
l"  prix,  M.  le  marquis  de  Lénoncourt;  2%  M.  Desvignes-Bérard,  à  Marlieux  (Ain);  3°,  M.  Ter- 
rillon-Lemoinp. 

2'  Catégorie.  —  Races  étrangères  pures  ou  croisées  entre  elles.  —  Mâles.  —  1"  prix,  M.  Lemoine- 
Terrillon  ;  2%  M.  le  marquis  de  Lénoncouit.  —  Mention  honorable,  M.  le  marquis  de  Lénoncourt, 
—  Femelles  —  l""  prix,  M,  le  marquis  de  Lénoncourt;  2",  M.  TerrillonLemoine  ;  4*  M.  Jean  Mo- 
rand, à  Bény  (Ain).  —  Mentions  honorables.  M,  le  marquis  de  Lénoncourt. 

3"  Catégorie.  —  Croisements  divers  entre  races  étrangères  et  races  fiançaises.  — Mâles.  — • 
2'  prix.  M,  de  Lénoncourt.  —  Femelles.  —  1"  piix.  M,  le  marquis  de  Lénoncourt  ;  2%  .M.  Claude- 
Joseph  Monnot,  à  Cugney  (Haute-Saône)  ;  3%  M.  Kmile  Petiot,  a  Touches  (Saône-et-Loire). 

Vrix  d'ensemble  au  meilleur  lot  d'animaux  d'espèce  porcines.  —  Un  objet  d'art,  M.  le  marquis 
de  Lénoncourt,  pour  ses  animaux  de  race  Yorkshire. 

Animaux  de  basse-cour. 

V"  Catégorie.  —  Coqs  et  poules.  —  V  Section.  —  Race  de  la  Bresse.  —  2%  prix,  M.  Cham- 
baud père;  a*,  M.  Chambaud  fils,  à  Pèronnas  (Ain).  —  .Mention  honorable,  M.  Jean  de  Thoisy,  à 
Joudes  (.Saône-el-Loire).  —  2'^^  Section.  —  Raceh  françaises  diverses. —  1'^^''  prix,  M.  Jean  de  Toisy  ; 
2%  M.  Isidore  Fouet,  à  Marsangy  (Yonne).  —  Mention  honorable.  M.  Isidore  Fouet. 

2°  Catégorie.  —  Dindons.  —  1*^'  prix,  M.  Isidore  Fouet;  2".  M.  Desvignes-Bérard,  à  Mar- 
lieux (Ain). 

3''  Catégorie.  —  Oies.  —  2''  prix,  M.  Jean  Morand,  à  Beny  (Ain), 

4=  Catégorie.  —  Canards.  —  V  prix,  M.  Desvignes-Bérard  ;  2%  M.  Emmanuel  Gréa,  à  Rotalier 
(Jura);  3',  M.  Isidore  Fouet. 

.5"  Catégorie.  —  1  intades.  —  2'' prix,  M.  Isidore  Fouet. 

6°  Catégorie.  —  Pigeons. —  1"  prix,  M.  Jean  Morand;  2%  M.  Isidore  Fouet. 

Récompenses  aux  serviteurs  ruraux  ])Our  les  soins  intelligents  donnés  aux  animaux  primés.  — 
Espèce  bovine,  ovine  et  porcine.  —  Médailles  dargent,  MM.  Hyppolite  Geindrey,  chpz  M.  Claude 
Moreau  ;  Hyppolite  Chabot,  chez  M.  Eugène  Chambaud;  Constant  i  ichet.  chez  M.  Léon  Japiot; 
François  Noti,  chez  M.  le  marquis  de  Lénoncourt  ;  Parot,  chez  M.  Emile  Petiot.  —  Médailles  de 
hronse,  M.M.  Joseph  Roeser,  chez  M.  Théodore  Geste;  Dominique  Martin,  chez  M.  le  marquis 
de  Monliaur  ;  Louis  Receveur,  chez  M.  Graber  ;  Louis  Normand,  chez  M.  Lacour;  Julien  Thomas, 
chez  M.  Elle  Larzat  ;  Apollinaire  Quin,  chez  M.  Textoris  ;  Claude  Heliot,  chez  M,  Tripier;  Mme  Vir- 
ginie Moutardier,  chez  M,  Isidore  Fouet. 

Récompenses  a.ux  conducteurs  de  machines  admises  aux  démonstrations  publiques,  aux  contre- 
maîtres et  ouvriers  des  constructeurs  desdites  machines.  —  Médailles  d'argent,  MM.  Alfred 
Transon,  ouvrier  monteur,  chez  M.  Cumming;  Hippolyte  Lavezard,  conducteur  de  machines  à  la 
Sociéié  française  de  matériel  agricole:  Nicohs  Moine,  maître-ouvrier  chez  M.  Plissonnier  fils; 
Brissaud,  maître-ouvrier  chfz  M.  Pli'^sonnier  fils  ;  Pierre  Lurier,  conducteur  de  machines  chez 
M.  Breloux.  —  Médailles  de  bronze,  MM.  Rudolph  Hartemann,  maître-mécanicien  chez  M.  Giraud; 
Désiré  Leclaire,  contre-maîire  mécanicien  chez  MM,  Decker  et  Mot;  François  Ducker,  mécanicien 
chez  M.  Daujat;  Louis  Corié,  contre-maître  mécanicien  chez  MM,  Decker  et  Mot. 

Produits  agricoles  et  matières  utiles  à  l'agriculture,  —  Concours  spéciaux, 

1™  Catégorie.  —  Stmences  de  froment.  —  1"  prix,  médaille  d'or,  MVI.  Vilmorin-Andrieux 
pt  Cie,  4,  quai  de  la  Mégisserie,  à  Paris  ;  3%  médaille  de  bronze,  M,  François  Puget,  à  Pont-de- 
Vaux  (Ain). 

2*  Catégorie.  —  Graines  fourragères  pour  prairies  temporaires..  —  1"  prix,  médaille  d'or, 
MM.  Vilmorin-Andrieux  et  Cie.  Prix  s  ipplémentaire  par  virement;  médaille  d'argent  grand  mo- 
dule, M.  CeuzinJacob,  à  Chalon-sur-Saône  (Saône-et-Loire);  2",  médaille  d'argent,  MM.  Fichot 
frères,  à  Toulon-sur-Arroux  (.Saône-et-Loire)  ;  3",  médaille  de  bronze,  M.  Gobet,  horticulteur  à 
Bourg  (Ain). 

3°  Catégorie.  —  Pommes  de  terre  de  grande  culture.  —  1"  prix,  médaille  d'or,  M,  Pierre 
(irand,  à  i3oz  (Ain) ;  3°,  médaille  ds  bronze,  M.  François  Dubiez,  à  Saint-Vulbas  (.\in). 

4'  Caiéoorie.  —  Fromages  de  Gruyère.  -^  1"  prix,  médaille  d'or,  M.  Victor  Barsu,  â  Meil- 
lonnas  (Ain);  2%  méd  ille  d'argent.  M,  Joseph-Marins  Genêt,  à  Corlier  (Ain  ;  3°.  médaille  de 
bronze.  M.  Pierre  Mauron,  à  Gray  (Haute-Saône)  ;  4°  et  .5°,  non  décernés, 

5"  Catégorie.  —  Fromages  de  Gex.  —  Non  décernés. 

6°  Catégorie.  —  Beurres  de  Fruitières.  —  I"''  prix  non  décerné;  2',  médaille  d'argent,  M.  Char- 
les Bole,  à  Chantrnns  (Duubs)  ;  3°,  nuidaille  de  bronze,  M.  Piere  Mouron, 

7°  Catégorie.  —  Vin  du  déiartement  de  l'Ain.  —  1"  frix,  médaille  d"or,  Mme  veuve  Zeandet, 
à  Nattages  (Ain)  ;  2'  et  3»,  non  décernés  ;  4",  médaille  de  bronze,  M.  Claude  Orcel,  à  Pezouges  (Ain)  ; 
h'  6=  et  7%  non  décernés. 

8»  Catégorie.  —  Produits  de  l'horticulture.  —  1"  prix,  médaille  d'or,  M.  Gobet,  pour  l'ensemble 
de  son  exposition;  2*,  médaille  d'argent,  M.  Pi  rre  Grand;  3°,  non  décerné. 

9°  Catégorie.  —  Expositions  scolaires.  —  2°  Section.  —  Travaux  spéciaux  et  objets  de  l'ensei- 
gnement agricole  présentés  par  les  professeurs,  les  instituteurs  et  les  élèves  des  écoles  primaires; 
3°  prix,  médaille  d'argent,  M.  François  Chalumeau,  à  Vérizet  (Saône-et-Loire);   [>%   médaille  de 


302  CONCOURS    RÉGIONAL  DE    BOURG. 

bronze,   M.  Claudel  Vepnochet,  à  Epervans  (Saône-et-Loire);  5%  médaille  de  bronze,  M.   Victor 
Roblin,  instiluleur  à  Flrigey-les-Auxonne  (Côte-d  Or). 

W'  Ca'égorie.  -  l'roluils  divers  non  compris  dans  les  catégories  précédentes.  —  Médailles  d'or, 
MM.  Julien  Guillemot,  place  Saint-l'ierre,  h,  à  D:jon  (Côte-d'Or)  pour  ses  vins;  Ceu/in-Jacob, 
pour  ses  racines  fourragf'res  ;  Guichard-iirand,  à  ïleyssou/e  (Ain),  pour  l'ensemble  de  son  expo- 
sition. —  Midaille  d'arnent  grand  module  par  rirerneiit,  M.  Gaulhier,  à  Blanz  ic  (Gharenle),  pour 
son  eau-ile-vie  de  Cognac.  —  Stédadles  d'argent,  MM.  Hiuiri  Alb;in-1,  à  Saint-Just  (Ain),  [ourson 
exposition  de  vins  du  Beuijolais;  Léon  Japiot,  à  Chàlillon-sur-SeinR  (Côte-d'Or,  pour  ^a  toison 
mérinos;  Damien  D9svi;,'nes,  à  la  Ch  ipelle-du-Gunichay  (Saône-el- Loire),  pour  son  vin,  ré- 
colle 186r);  André  BiMin,  à  Montracol  (Ain),  pour  ses  beiteraves  et  graines  de  betteraves  ;  Caucal- 
Lavrand,  à  Samt-Germain-du  Bois  (S;iône-et-Loire),  pour  cas-is  et  prunt-lle;  Josepli-Bernard  Fa- 
br'',  rue  de  la  H^ie-O'q,  à  Auberulliers  (Seine),  pour  s^n  extrait  de  présure;  Au:usie  Picquet, 
à  Groissiat  (Ain),  pour  le  pian  d'irrigilion  —  MrduiUes  de  bronze,  MM.  F.rncst  Colmant,  à  Saint- 
Ernilion  (Gironde),  pour  ses  vins  de  Saint-Emil'on;  Charles  Hugard,  à  Châ'illon-sur-Seine  (Côte- 
d'Or),  pour  sa  toison  de  laine  métis  tnérinos  ;  Théouore  Ravailler,  à  Bourg  (Ain),  pour  l'ensemble 
de  son  e\DOsition;  Thibauiiier,  rue  des  Maronniers,  9,  à  Lyon  (Hhône),  pour  l'ensemble  de  son 
exposition;  Mme  veuve  Constance  .lalamion,  rue  Hippolyte-Flamlrin,  18,  à  Lyon,  pour  l'ensemble 
de  son  exposition;  Tony  Ravet,  à  B  uric  (Ain),  pour  son  huile  île  noix;  Be  sede,  boulevard  de  la 
Corderie,  à  Marseille  (Bouches-du-Bhône),  pour  ses  liqueurs  'liverses;  .lean-Marie-PHul  Prouvèze, 
à  Marceuil  (Côte-d'Or),  pour  son  extrait  d  plantes,  dit  le  «  Trésor  de  la  Fermière  »  ;  Pierre  Perrier, 
à  Laquenille  (Puy-de-Dôme),  pour  .ses  fromages  imi  alion  Roiiuelorl;  Jean  Moine,  à  Bourg  (Ain) , 
p'iur  ses  liqueurs  diverses;  Joseï  h  Germain,  cà  Vieugy  (Haute-Savoie),  pour  son  miel;  Edmond 
Cuénin,  à  Besançon  (Doubs),  pour  son  extrait  de  Coca;  Julien  Guillemot,  pour  son  eau-de-vie 
de  marc. 

{La  suite  procliainemenl) .  F.-R.  de  la  Tréhonnais. 

BIBLIOGRAPHIE  AGRICOLE 

Les  pâhirages,  les  prairies  naturel'es  et  les  herbages,  par  M.  Gustave  Heuzé.  membre  de  la  Sociétf^ 
nationale  d'agriculture,  iiispecteur  génpral  de  l'agriculture.  — ;  Un  volume  in-l8  de  360  pages, 
orné  de  47  gravures.  —  Librairie  agricole,  26,  rue  Jacob,  à  Paris.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

L'importance  que  l'on  doit  attacher  à  la  production  fourragère  dans 
la  plupart  des  exploitations  an^ricoles,  ressort  de  plus  en  plus  des  faits 
qui  se  df^roulent  sans  interruption  sous  nos  yeux.  La  valeur  croissante 
de  la  viande  et  des  produits  animaux,  qui  assure  au  cultivateur  habile 
une  large  rémunération  de  ses  peines,  alors  que  beaucoup  d'aulrespro- 
duits  deviennent  aléatoires,  est  un  gage  assuré  de  l'avenir  de  la  production 
fourragère,  non  plus  laissée,  comme  jadis,  au  hasard  des  circonstances 
et  des  saisons,  mais  faite  rationnellement  et  en  suivant  des  règles 
précises  qui  assurent  le  succès.  Ces  règles  sont  variables  suivant  qu'il 
s'agit  de  la  production  sur  les  terres  consacrées,  pendant  un  nombre 
d'années  plus  ou  moins  long,  à  la  production  de  l'herbe,  ou  sur  les 
terres  arables  auxquelles  on  confie  des  plantes  fourragères  annuelles 
de  diverse  nature.  Rappeler  les  règles  qui  s'appliquent  à  la  production 
herbagère,  tel  est  le  but  du  nouveau  volume  que  M.  Heuzé  a  publié 
récemment. 

Toutes  les  fois  que  le  sol  se  couvre  d'herbe  naturellement,  et  qu'un 
gazon  plus  ou  moins  épais  se  maintient  à  la  surface,  on  est  en  pré- 
sence d'une  prairie,  qui  reçoit  des  noms  variables  suivant  la  manière 
dont  elle  est  exploitée.  Si  l'on  en  fauche  l'herbe  pour  la  convertir  en 
foin  qui  sera  consommé  à  l'étable,  on  a  alTaire  à  une  prairie  propre- 
ment dite;  si  le  bétail  y  est  mis  à  pâturer  dès  le  printemps  et  y  est 
entretenu  à  demeure  pendant  une  partie  de  l'été,  on  est  en  présence 
d'un  pâturage;  enfin,  si  l'herbe  est  de  qualité  supérieure  et  pousse 
avec  assez  d'intensité  pour  assurer  l'engraissement  du  bétail  qui  la 
pâture,  on  est  en  face  d'un  herbage,  pâture  grasse,  etc.,  dénoiijna- 
tions  variables  suivant  les  localités.  Aux  diverses  espèces  de  prairies 
correspondent  des  spéculations  différentes;  ici  on  élève  le  mouton, 
ailleurs  le  bœuf;  ailleurs  encore,  le  cultivateur  trouve  profita  engrais- 
ser le  bétail.  C'est  à  ces  diverses  catégories  que  correspondent  les 
parties  de  l'ouvrage  de  M.  Heuzé;  dans  trois  livres  distincts,  il  passe 
en  revue  les  pâturages,  les  prairies,  les  herbages. 


BIBLIOGRAPHIE  AGRICOLE. 


303 


•  La  partie  la  plus  étendue  est  consacrée  aux  prairies  proprement 
dites;  ce  sont,  en  effet,  celles  que  l'on  rencontre  presque  partout,  les 
pâturages  et  les  herbages  étant  limitée  à  des  situations  et  à  des  clioiats 


spéciaux.  Quand  on  étudie  les  prairies,  il  faut  considérer  les  sols  qui 
leur  conviennent  le  mieux,  les  plantes  qui  y  entrent,  les  travaux  de 
création,  d'entretien,  de  récolte,  les  rendements  et  la  valeur  des  pro- 
duits ;  si  l'eau  est  insuffisante  pour  des  récoltes  abondantes,  on  se 


304  BIBLIOGRAPHIE  AGRICOLE. 

préoccupe  de  la  leur  fournir  régulièrement  par  les  travaux  d'irrigation  ; 
si,  dans  les  bas-fonds,  l'eau  est  en  excès,  il  faut  l'enlever  par  des  tra- 
vaux d'assainissement.  Tous  ces  côtés  de  la  question  sont  étudiés  avec 
le  plus  grand  soin  par  M.  Heuzé.  Nous  sicçnalerons  particulièrement 
les  détails  dans  lesquels  il  entre  sur  la  flore  des  prairies  ;  car  chacun 
sait  que  la  qualité  des  plantes  fourragères  est  extrêmement  variable; 
il  en  est  de  bonnes,  de  passables,  de  médiocres,  d'inutiles,  enfin  de 
mauvaises. 

Des  détails  de  même  nature  sont  donnés  sur  les  pâturages  et  sur  les 
herbages.  L'opération  est  ici  beaucoup  moins  complexe;  mais  il 
faut  tenir  com[)te  des  soins  d'entretien  que  l'on  ne  doit  pas  négliger,  si 
l'on  veut  en  maintenir  la  production. 

Parmi  les  moyens  d'accroître  la  production,  fourragère,  la  création 
de  pâturages  d'une  durée  limitée  composés  de  plantes  légumineuses  ou 
de  graminées  est  en  faveur  auprès  d'un  grand  nombre  d'agriculteurs, 
surtout  depuis  quelques  années.  Suivant  la  nature  du  sol  et  le  climat, 
on  peut  les  faire  durer  deux,  trois  ou  quatre  années.  M.  Vandercolmea 
fait  connaître,  à  diverses  reprises,  les  excellents  résultats  qu'il  a  obtenus 
avec  des  pâturages  de  cette  nature,  qu'il  ne  fait  même  durer  qu'une 
année.  On  intercale  la  prairie  temporaire  entre  les  cultures  de  céréales 
et  celles  de  plantes  sarclées.  On  crée  aussi  des  prairies  temporaires 


©© 


Fig.  23.  —  Ronce  artificielle  de  M.  Louet,  à  Issoudun. 

jouant,  en  dehors  des  assolements,  un  rôle  analogue  à  celui  des  luzer- 
nières.  Dans  l'un  et  l'autre  cas,  on  suit  dans  la  création  de  ces  pâtu- 
rages, des  règles  qui  varient  suivant  les  localités  les  climats  et  la 
durée  que  l'on  veut  donner  à  la  production  de  l'herbe.  M.  Heuzé  indique 
avec  soin  ces  règles,  avec  des  détails  sur  la  nature  des  plantes  qui  doi- 
venty  entrer,  sur  les  caractères  des  sols  qui  leur  conviennent  le  mieux. 

Dans  la  création  des  pâturages,  une  des  préoccupations  de  l'agri- 
culture est  le  choix  de  la  clôture  qu'il  doit  préférer.  En  dehors  des 
haies,  les  clôtures  en  fil  de  fer  monté  sur  des  poteaux  placés  de  dis- 
tance en  distance  sont  à  juste  titre  très  appréciées;  les  fils  de  fer  sim- 
ples sont  remplacés  avec  avantage  par  la  ronce  artificielle,  dont  les 
piquants  arrêtent  les  animaux  et  protègent  la  clôture  contre  leurs 
atteintes.  On  fabrique  aujourd'hui  plusieurs  sortes  de  ronces  artifi- 
cielles; elles  sont  formées  toujours  par  plusieurs  fils  tordus,  entre 
lesquels  sont  disposées  des  pointes  aiguës.  La  fig.  22  représente  une 
clôture  en  ronce  artificielle  de  M.  Pilter,  à  Paris;  dans  la  fig.  23,  on 
voit  le  modèle  de  la  ronce  artificielle  de  ^l.  Louet,  constructeur  à 
Issoudun  (fndre).  L'emploi  de  ces  clôtures  devient  partout  de  plus  en 
plus  fréquent. 

En  résumé,  le  but  de  M.  Heuzé  a  été  d'exposer  les  règles  avec  les- 
quelles on  obtient  en  abondance  de  bon  foin,  c'est-à-dire  du  foin  qui 
nourrisse  bien  le  bétail.  Tous  ceux  qui  le  liront  seront  convaincus  que 
l'auteur  a  atteint  ce  but.  Henry  Sagnier. 


CONCOURS  DES  PRIX  CULTURÂUX  DANS  L'ARIÉGE.        305 


CONCOURS  DES  PRIX  CULTURA.UX  DANS  L'ARIÈCE 

Nous  commencerons  le  compte  rendu  du  concours  de  Foix  par  un 
extrait  du  rapport  fait  par  M.  Courregeiongue,  propriétaire  à  lîazas, 
secrétaire  de  la  Société  d'agriculture  de  la  Gironde,  au  nom  de  la 
Commission,  chargée  de  décerner  les  prix  culturaux  et  d'irrigation 
dansl'Ariège  en  1882.  Il  a  donné  lecture  de  son  travail  à  la  distri- 
bution publique  des  récompenses  qui  a  eu  lieu  le  dimanche  13  mai,  à 
Foix. 

PREMIÈRE  CATÉGORIE.  —  Six  propriétaires,  exploitant  leurs  domaines  directe- 
ment, avaient  demandé  à  concourir  pour  le  prix  cultural  de  Ja  première  catégorie. 

E cploiiatlon  de  Saial-Paakt.  —  Sans  offrir,  au  point  de  vue  cultural  proprement 
dit,  un  intérêt  spécial,  ce  domaine  appartenant  à  M.  Piquemal,  qui  le  dirige,  pré- 
sente certains  travaux  conçus  et  exécutés  avec  soin  ;  le  propriéiaii'e  a  converti  en 
prairies  deux  hectares  de  pâture,  en  enlevant  les  ronceà  et  en  favorisant  l'écoule- 
ment des  eaux. 

Il  a  également  utilisé  les  terrains  en  pente  pierreux  et  incultes  en  construisant 
une  série  de  murs  de  soutènement  qui  permettent  d'y  cultiver  la  vigne  et  les 
céréales. 

Ces  efforts  ont  paru  à  la  Commission  mériter  un  encouragement,  et  elle  lui  a 
accordé  une  médaille  d'argent  grand  module. 

Exploitation,  de  VidaUt.  —  Ce  domaine,  d'une  contenance  de  67  hectares,  situé 
dans  la  commune  de  Labatut,  arrondissement  de  Pamiers,  a  été  acheté  par 
M.  Séré  en  1869,  après  avoir  été  pendant  longtemps  à  un  fermier  qui  l'avait 
complètement  épuisé  par  une  série  non  interrompue  de  cultures  de  céréales. 
Quand  M.  Séré  en  prit  la  direction,  en  IS73,  les  terres  étaient  envahies  par  les 
plantes  parasites  et  ne  produisait  presque  plus  ni  récoltes  ni  fourrages.  Après 
avoir  créé  un  vignoble  de  21  hectares  plantés  avec  le  plus  grand  soin,  il  consacra 

fiendant  quel({U3s  années  le  reste  du  domaine  aux  cultuies  fourragères,  il  choisit 
es  plantes  qui  non  seulement  enrichissent  le  sol  de  leurs  débris,  mais  qui  vont 
aussi  chercher  leur  nourriture  dans  les  profondeurs  du  sol,  trèfle,  sainfoin,  luzerne  ; 
celle  culture  occupe  16  hectares.  On  cultive  encore,  au  Vidalet,  8  hectares  de 
fourrages  annuels  pour  une  production  totale  de  8  hectares  de  céréales  de  toutes 
sortes;  ce  système  de  culture  améliorante  lui  permet,  dès  aujourd'hui,  d'entrete- 
nir de  nombreux  animaux  et  d'obtenir  beaucoup  de  fumier. 

La  Commission  félicite  M.  S^ré  d'avoir  su  utiliser  ainsi  ces  forces  naturelles  ; 
l'état  très  satisfaisant  de  ses  blés  semés  sur  défrichement  de  luzerne  témoignent 
de  l'excellence  de  la  méthode,  et  justifient  pleinement  la  médaille  d'or  ({u'elle 
accorde  à  M.  Casimir  Séré  pour  la  reconstitution  par  les  cultures  fourragères  d'un 
sol  épuisé. 

Exploitation  de  la  Prèboste.  —  Cette  propriété,  située  dans  la  commune  de 
Pamiers,  est  cultivée  par  M.  Vie,  avec  l'aide  de  sa  famille;  elle  serait  assez  com- 
plète dans  son  ensemble  si  elle  n'était  pas  aussi  morcelée,  et  si  certains  champs 
ne  sd  trouvaient  à  une  distance  considérable  de  l'exploitation. 

D  une  contenance  de  22  hectares,  M.  Vie  reçut  ce  domaine  par  héritage.  Il  est 
soumis  à  un  assolement  biennal  i-outenu  par  une  importante  production  fourragère. 

Si  les  céréales  occupent  10  hectares,  la  culture  des  sainfoin,  luzerne,  vesces, 
pommes  de  terre,  betteraves,  s'étend  sur  une  surface  plus  grande  encore. 

Le  blé,  le  méteil,  l'avoine  sont  beaux;  les  terres,  bien  préparées,  reçoivent  jusqu'à 
trois  labours;  les  prairies  artificielles  sont  très  belles,  et  les  betteraves,  semées 
en  lignes  cultivées  à  la  charrue,  sont  vigoureuses  et  bien  cultivées.  Aussi  on 
trouve  dans  les  étables  des  bètes  nombreuses  et  en  parfait  état  d'embonpoint. 
C'est  là  un  des  principaux  revenus  de  M.  Vie,  qui  engrais^se  tous  les  ans  10  bœufs, 
35  moutons  lauraguais,  q  l'il  renouvelle  cinq  fois  dans  le  courant  di  l'année. 

L'engraissement  des  bœufs  dure  six  mois  environ,  et  pendant  ce  temps,  ils 
reçoivent  à  l'étable,  avec  les  fourrages  de  la  ferme,  quelques  tourteaux  et  des  fari- 
neux. Le  troupeau  est  toujours  entretenu  sur  les  dépaissances  quand  le  temps  le 
permet.  Dans  la  bergerie,  il  consomme  des  fèves  et  quelques  fourrages  secs. 

L'élevage  du  cheval. est  aussi  une  source  de  revenus  pour  la  ferme  de  la  Prè- 
boste :  une  pouliche  de  trois  ans  et  deux  poulinières  de  la  race  de  Tarbes  ont  été 


306  CONCOURS  DES  PRIX  CULTURAUX  DANS  L  ARIÉGE. 

préscnt''es.  Les  produits  sont  vendus  au  sevrage  de  350  à  400  francs.  Il  y  a 
encore  tous  les  ans  3  porcs  et  20  oies. 

Le  jury  a  été  surtout  rra[)pé  di  bon  état  des  animaux  qui,  d'après  la  comptabi- 
lité, lui  donnent  en  moyenne  un  revenu  annuel  de  4,000  francs. 

Eq  somme,  la  Commission  est  convaincue  que  le  système  de  culture  de  la  Pré- 
boste  esi  améliorant,  et  que  tout  est  bien  organisé  sur  cette  propriété.  Les  bâti- 
ments sont  néanmoins  un  peu  défectueux  ;  la  confection  des  fumiers  laisse  à  dési- 
rer ,  et  la  comptabilité  est  très  incomplète. 

Néanmoins,  reconnaissant  l'intelligente  organisation  de  M.  Vie,  pour  la  culture 
de  son  domaine  et  ses  profits  sur  les  animaux,  la  Commission  lui  accorde  une 
médaille  d'or  grand  module. 

Exploitaiion  du  Véniel.  —  Le  joli  domaine  du  Vernet  appartient  à  M.  Paris, 
banquier  à  Pamiers. 

En  1859,  époque  à  laquelle  il  fut  acheté,  ce  n'était  pour  ainsi  dire  qu'un  maré- 
cage, traversé  par  un  chemin  profond,  im[)raticable,  où  les  eaux  s'écoulaient  diffi- 
cilement, et  recouvraient  les  récoltes  pendant  les  années  pluvieuses. 

Les  rares  prairies  qui  existaient  alors  produisaient  un  foin  de  très  mauvaise 
qualité,  et  spffisaient  à  peine,  avec  des  pâtures  couvertes  de  joncs,  à  l'entretien  de 
deux  paires  de  bœuls  de  travail  et  d'un  troupeau  de  quarante  têtes. 

Le  nouveau  propriétaire  a  réuni  entre  elles  les  parcelles  trop  petites  pour  être 
cultivées,  les  a  nivelées  au  moyen  de  transports  de  terre,  assainies  par  des  tranchées 
pleines  de  pierres  et  entourées  de  fossés  pour  les  égouter;  plus  de  3  kilomètres  de 
drainage  ainsi  exécutés  ont  fourni  d'excellentes  eaux  qui  ont  servi  à  l'irrigation 
de  piairies  naturelles. 

Ce  domaine  de  kO  hectares  contient  maintenant  27  hectares  de  terres  arables, 
4  hectares  de  prairies  irriguées,  2  hectares  de  prairies  artificielles  et  5  hectares 
de  vignes. 

En  présence  d'opérations  si  bien  conduites  et  poursuivies  avec  autant  d'intelli- 
gence et  d'espdt  de  suite,  la  Commission  a  accordée  à  M.  Paris  une  médaille  d'or 
grand  module  pour  la  mise  en  culture  de  terrains  marécageux. 

Exploitation  du  Conté.  —  La  Commission  de  la  prime  d'honneur  qui  visita 
l'Ariège  en  1875  accordait  à  M.  Azema,  propriétaire  au  Conté,  commune  de 
Mazères,  arrondissement  de  Pamiers,  une  médaille  d'or  pour  ses  succès  agricoles 
obtenus  à  l'aide  des  engrais  chimiques. 

Depuis  cette  époque,  M.  Azema  a  acheté  annuellement  pour  1,800  francs  d'en- 
grais chimiques.  Il  a  reconnu  par  la  pratique  que  les  sulfates  d'ammoniaque  et  de 
potasse  étaient  les  éléments  qui  convenaient  le  mieux  à  son  sol.  L'ex[)ioitation  du 
Conté  a  été  trouvée  par  la  Commission  couverte  de  magnifi  |ues  récoltes  de  blé, 
d'avoine  et  de  vesces.  Un  ch'-'mp  ensemencé  d'un  mélange  de  blé  et  d'avoine  était 
dans  un  état  lemarquable  de  végétation.  M.  Azema  assure  que  ce  mélange  lui 
donne  des  résultats  bien  supérieurs  à  ceux  de  la  culture  isolée  du  blé  et  de  l'avoine 
et  il  ajoute  qu'il  évite  ainsi  la  verse  à  laquelle  le  froment  est  toujours  sujet  lors- 
qu'on le  sème  sur  défrichement  de  trèfle. 

Mais  si  sur  le  domaine  du  Conté  les  blés,  les  avoines,  etc.,  occurent  une  place 
considérable,  la  culture  des  fourrages  de  toute  sorte  y  est  relativement  restreinte 
et  ne  sulfit  environ  qu'à  l'entretien  de  18,000  kilogrammes  de  poids  vivant  d'ani- 
maux pour  une  étendue  totale  cultivée  de  73  heciares.  Aussi  la  vente  du  bétail  no 
produit-elle  annuellement  que  3,700  francs,  tandis  que  celle  des  céréales  atteint 
le  chiffre  de  l-^^l^b  francs. 

Malgré  les  soins  donnés  aux  fumiers,  l'apport  annuel  de  360  hectolitres  de 
chaux  et  l'achat  pour  1,800  francs  d'engrais  chimiques,  la  Commission  ne  croit 
pas  que  le  système  de  culture  de  M.  Azema  soit  améliorant;  d'ailleurs  les  terres 
du  Conté  étant  tiès  tenaces  et  d'un  travail  difficile,  M.  Azema  devrait  s'attacher 
à  augmenter  le  fumier  de  ferme  qui  pourrait  vaincre  la  cohésion  du  sol,  et  à  donner 
plus  d'importance  aux  cultures  fourragères. 

Ces  réserves  faites,  la  Commission  félicite  M.  Azema  de  l'état  remarquabh  de 
ses  récoltes  et  de  la  tenue  générale  de  son  domaine;  ell^^  lui  attribue  à  l'unaaimité 
une  médaille  d'or  grand  module  pour  sa  belle  sole  de  froment. 

Exploiialion  de  Ikvirolhs.  —  M.  Causson  obtenait  en  1875  à  l'occasion  du 
concours  régional  agricole  le  prix  cultural  de  première  catégorie.  L'état  remar- 
quable des  céréales  et  des  plantes  sarclées,  la  bonne  conlec  ion  des  labours,  l'ap- 
propriation intelligente  des  bâtiments  et  la  tenue  générale  du  domaine,  justifiaient 
pleinement  la  récompense  accordée  au  propriétaire  de  RevîroUes. 


CONCOURS  DES  PRIX  CULTQRAUX  DANS   L'ARIÈGE.  307 

Mais  depuis  cette  époque,  M.  Gausson  s'est  aperçu  que  le  climat  fro'd,  les 
gelées,  etc.,  corapromeltaient  souvent  l'avenir  de  ses  récoltes  et  il  a  modifié  son 
système  de  culture. 

A  cette  époque,  les  prairies  naturelles  ou  artificielles  s'étendaient  sur  17  hec- 
tares seulement;  elles  en  occupent  aujourd'hui  '-i9  et  produisent  12S,000  kilog.  de 
fourrages  au  lieu  de  75,000.  Les  terres  labourables,  de  28  hectares  au  lieu  de  34, 
sont  toujours  soumises  à  l'assolement  alterne  et  biennal,  selon  qu'elles  sont  argi- 
leuses ou  siliceuses. 

L'extension  donnée  à  la  production  fourragère  a  amené  une  augmentation 
notable  du  cheptel  vivant  qui  se  compose  de  18  animaux  de  l'espèce  bovine  et  de 
24  de  l'espèce  chevaline,  représentant  un  poids  total  de  17,H75  kilo^.  et  une 
valeur  de  2i,000  francs.  L'idevage  du  cheval  et  de  la  mule  constitue  la  partie  la 
plus  importante  de  l'exploitation  de  ReviroUes.  M.  Gausson  attend  les  meilleurs 
résultats  de  l'installation  a'un  haras  composé  de  2  étalons  approuvés  par  l'Eiat  et 
de  3  baudets  espagr  ois. 

Depuis  1875,  il  a  planté  un  petit  vignoble  de  2  hectares,  il  a  défriché  plusieurs 
parcelles  de  terre,  créé  des  chemins,  approprié  des  bâtiments  pour  le  logement  de 
ses  juments  et  de  ses  étalons;  il  achète  tous  les  ans  pour  900  francs  d'engrais 
chimiques. 

Le  jury  apprécie  et  approuve  toutes  ces  modifications.  Vu  le  climat  et  la  situa- 
tion topographique  de  Lavelanet,  l'installation  d'un  haras  rendra  de  grands  ser- 
vices, mais  l'œuvre  de  M.  Giusson  est  encore  dans  la  période  de  transformation 
et  les  grandes  l^gumineiises  de  ses  nouvelles  prairies  sont  souvent  envahies  par 
des  plantes  qui  nuisent  à  leur  végétation.  De  leur  côté,  les  céréales  laissent  à 
désirer  en  certains  endroits,  les  plantes  parasites  qu'on  y  trouve  et  qui  tiennent 
à  la  nature  du  sol  et  au  climat  pourraient  disparaître  au  moyen  d'un  assolement 
mieux  entendu. 

Les  prairies  qui  s'étendent  sur  les  bords  de  la  Touyre  sont  de  belle  venue, 
mais  inégalement  irriguées;  dans  certaines  parties,  le  bétail  d'espèce  bovine 
appartient  à  la  race  Ghdrolaise,  il  est  bien  choisi  et  bien  entretenu. 

On  voit  que  l'installation  du  haras  de  M.  Gausson  est  encore  à  son  début,  le 
type  mulassier  est  mal  défini  et  peu  fixé  ;  ses  étalons,  bien  choisis,  sont  trop  élevés 
sur  jambes,  ils  sont  trop  tenus  en  stabulation. 

Mais  néanmoins  l'exploitation  n'a  pas  démérité,  et  son  propriétaire  a  su  la 
maintenir  dans  un  état  de  prospérité  justifiée  par  une  comptabilité  très  précise  et 
très  complète  qui  accuse  une  augmentation  constante  des  bénéfices. 

Aujourd  hui,  comme -en  1875,  la  Gommission  juge  le  domaine  de  ReviroUes 
digne  du  prix  cultural  d.e  la  première  catégorie. 

En  regrettant  les  imperfections  qui  accompagnent  toujours  les  transformations 
culturales  et  qui  ne  lui  permettent  pas  d'acôorder  à  M.  Gausson  la  plus  haute 
distinction  que  M.  le  ministre  met  à  sa  disposition,  la  G  )mmission  éprouve  une 
vive  satisfaction  de  lui  accorder  un  rappel  de  prix  cultural  obtenu  au  dernier 
concours  régional. 

2'"  GvTÉGORiK.  —  Orphelinat  agricole  de  la  Galiaase.  —  L'exploitation  agricole 
de  Saint- Joseph  établie  depuis  deux  ans  sur  la  ferme  delà  Galiasse  près  de  Lave- 
lanet, dirigée  par  M.  l'abbé  Glanet,  fut  ouverte  en  1870  sur  le  domaine  de 
Queille.  A  la  suite  d'un  p  ocès  malheureux,  l'orphelinat  dut  quitter  ce  domaine  où  il 
avait  élevé  de  vastes  constructions,  établi  des  drainages  considérables  et  lait  d'im- 
portantes plantations  M.  l'abbé  Glanet  vient  poursuivre  sans  découragement  sur 
la  ferme  de  la  Galiasse  son  œuvre  qui  a  pour  but  de  recueillir  les  orphelins  et  les 
enfants  pauvres  ou  abandonnés  pour  les  moraliser,  les  instruire  et  leur  donner 
les  premières  notions  d'agriculture. 

Les  terres  de  l'orphelinat  d'une  étendue  de  46  hectares  sont  de  nature  argilo- 
siliceuse  et  argilo-calcaire.  Elles  sont  généralement  profondes  et  bien  groupées 
autour  d'un  mamelon  que  couronnent  les  bâtiments  d  exploitation.  M.  Glanet 
paye  à  M.  Giusson,  propriétaire  de  la  Galiasse,  une  redevance  de  1,500  francs  qu'il 
acquitte  en  travail  fourni  par  les  enfants  sur  le  domaine  de  Riverolles.  L'orphe- 
linat est  donc  livré  à  ses  propres  ressources  et  constitue  une  véiitable  ferme  dans 
les  conditions  ordinaires.  Gonsidéré  à  ce  point  de  vue,  il  présente  encore  de  nom- 
breuses imperfections  (|ui  sont  la  conséquence  de  son  organisation  trop  récente. 
Mais  on  ne  peut  s'empêcher  de  constater  avec  quelle  rapidité  s'opèrent  les  trans- 
formations, avec  quel  esprit  de  méthode  et  quelle  aciiviié  on  procède  aux  diffé- 
rentes appropriations  nécessitées  par  la  nature  même  de  l'établissement. 


308       CONCOURS  DES  PRIX  CULTQRAUX  DANS  L'ARIÈGE. 

Sans  parler  de  l'appropriation  des  bâtiments  et  des  constructions  nouvelles 
qui  ont  nécessité  une  dépease  de  5,000  francs,  ni  de  la  création  d'un  chemin  de 
800  mètres  et  de  drainages  étendue,  l'orphelinat  a  déTriché  depuis  1880  4  hec- 
tares de  terrains  vacants  et  rendu  à  la  culture  deux  champs  abindannés. 

Ces  derniers  travaux  exécutés  avec  la  main-d'œuvre  et  les  ressources  de  réta- 
blissement, ont  permis  dès  la  deuxième  année  d'aui^meater  la  somme  des  céréales 
et  de  pourvoir  a.nsi  plus  abondamment  à  l'alimentation  du  personnel. 

Les  belles  récoltes  qui  recouvrent  actuellement  les  terrains  défrichés  et  défoncés 
avec  soin  rémunèrent  largement  l'orphelinat  de  ses  sacrifices. 

La  Commission  accorde  à  M.  l'abbé  Glanet  une  médaille  d'or  pour  mise  en  cul- 
ture de  terrains  abandonnés.  Elle  se  plaît  à  constater  en  même  temps  que  non 
seulement  les  enfants  sont  entourés  de  tous  les  soins  matériels  désirables,  mais 
qu'ils  reçoivent  encore  une  instruction  agricole  sérieuse  et  pratique. 

4*^  Catégorie.  —  Exploilalion  de  l'Hosié.  —  M.  Estebe  est  un  ancien  métayer 
arrivé  à  l'aisance  par  une  culture  intelligente  et  à  force  d'ordre  et  de  travail. 

C'est  en  1866  que  M.  Estebe  prit  à  son  propre  compte  la  métairie  de  l'Hosté 
pour  la  somme  de  44,000  francs.  Les  terres  situées  sur  le  plateau  accidenté  de 
Vernagoul,  à  3  kilomètres  de  Foix,  sont  argileuses,  argilo-calcaires  et  silico- 
argileuses;  elles  se  divisent  en  14  hectares  de  terres  arables,  3  hectares  de 
prairies  naturelles,  47  ares  de  jardins,  88  ares  de  vignes  ;  des  bois  et  des  pâtures 
éloignés  occupent  environ  19  hectares.  C'est  la  culture  du  pays  avec  les  céréales 

Eour  base;  toutefois,   on  alterne  les  cultures  et  les  prairies   naturelles  ou  arti- 
cielles.  Ainsi  les  plantes  sarclées  occupent  sur  l'exploitation  une  étendue  plus 
considérable  que  les  céréales. 

Les  cultures  de  blé,  seigle  et  avoine  sont  vigoureuses  et  productives;  les 
pommes  de  terre,  haricots  et  betteraves  travaillées  à  la  main  ne  laissent  rien  à 
désirer  au  point  de  vue  du  nettoiement  et  de  la  préparation  du  sol, 

M.  Estebe  a  transformé  de  miuvaises  pâtures  en  prairies  et  lésa  améliorées  au 
moyen  de  transports  de  terreaux  et  a  drainé  un  champ  de  4  hectares,  au  moyen  de 
pierres.  Ce  sol  est  aujourd'hui  couvert  d'une  superbe  culture  de  trèfle. 

Le  bétail  est  nombreux  et  varié;  on  y  pratique  à  la  fois  l'élevage  et  l'engrais- 
sement. 

Les  étables  contiennent  4  bœufs  de  travail  de  race  charolaise,  et  deux  bœufs  à 
l'engrais;  5  vaches  et  5  élèves  ;  une  jument  et  un  étalon  ;  40  brebis  et  7  porcs. 

Les  bâtiments  ont  été  transformés  d'une  manière  pratique  et  économique; 
toutes  les  pièces  communiquent  les  unes  avec  les  autres,  les  étables  sont  à 
proximité  «le  la  maison  d'habitation.  Le  sol  des  étables  est  pavé  et  une  rigole  con- 
duit les  urines  dans  une  Ibsse  extérieure. 

Les  fumiers  sont  abondants  et  traités  avec  intelligence.  Ils  sont  situés  sous  un 
hangar  et  soigneusement  recueillis  et  manipulés,  une  deuxième  fosse  est  disposée 
dans  la  cour,  pour  recevoir  les  débris  de  végétaux.  Les  plâtras  et  les  vidanges 
sont  utilisés  ;  cette  organisation  a  vivement  intéressé  la  Commission. 

L'outillage  est  suffisant;  on  y  trouve  le  matériel  aratoire  du  pays  avec  une 
machine  à  battre  d'un  bon  modèle. 

La  culture  de  M.  Estebe  est  en  somme  excellente  et  surtout  améliorante  et 
progressive;  en  effet  les  livres  de  compte  peu  nombreux  portent  les  bénéfices  à  la 
somme  de  4,001  fr.  50  en  1880,  tandis  qu'ils  n'étaient  que  de  2,774  en  18-75  ;  d'un 
autre  côté  la  valeur  vénale  de  la  propriété  a  à  peu  près  doublé. 

Enfin  la  ferme  de  l'Hosté  offre  un  bel  exemple  de  ce  que  peuvent  le  travail,  la 
persévérance  et  surtout  l'union  de  famille  pour  arriver  à  l'aisance. 

Le  jury  a  pensé  que  celte  petite  exploitation  pourrait  servir  comme  modèle 
d'une  bonne  culture  et  d'une  excellente  administration  intérieure. 
Il  a  accordé  à  M.  .Jean  Estebe  le  prix  cultural  de  la  4'"  catégorie. 
Prix  de  spécialité. —  Vignoble  de  Sarranle.  — L'établissement  d'un  vignoble 
est  toujours  une  chose  difficile;  aussi  est-ce  avec  un  vif  intérêt  que  la  Commission 
a  visité  les  plantations  que  M.  Maurel  de  Laroque  d'Olme  a  exécutées  sur  son 
exploitation  de  Sarrante  située  dans  la  commune  de  Troie. 

Tout  n'est  pas  encore  parfait  ;  mais  il  s'agit  de  la  créaiion  d'un  vignoble  de  25  hec- 
tares dont  la  plus  grande  partie  a  été  plantée  dans  l'espace  de  4  ans  et  qui  donne 
déjà  des  produits  appréciables. 

En  1878  Sarrante  ne  contenait  que  7  hectares  de  vigne;  depuis  celte  époque, 
son  propriétaire  a  défriché  et  planté  un  coteau  silico -calcaire  bien  exposé  au  midi 
ainsi  que  des  terres  d'ail uvion  argileuses. 


CONCOURS  DES  PRIX  CULTURAUX  DANS  L'ARIÉGE.  309 

Le  domaine  a  dû  être  préalablement  nivelé  par  des  travaux  de  terrassement  et 
assaini  par  plus  de  2,200  mètres  de  drainage.  Un  chemin  d'exploitation  met  en  com- 
munication les  parties  hautes  et  basses  du  domaine. 

Sur  un  terrain  bien  défoncé  au  moyen  de  la  charrue  et  de  la  fouilleuse,  on 
plante  à  une  distance  de  1  mètre  à  1™.  60  les  uns  des  autres  des  plants  distants 
en  largeur  de  deux  mètres.  Dans  certains  endroits  peu  fertiles  ils  sont  à  2  mètres 
en  tous  sens.  Au  bout  de  la  deuxième  année,  on  place  des  fils  de  fer.  Les  frais 
d'installation  en  y  comprenant  les  dépenses  de  défoncement,  de  drainage,  de 
l'ouverture  des  lignes,  de  l'achat  des  plants,  du  fil  de  fer,  dcséchalas,  etc. , 
s'élèvent  par  hectare  à  la  somme  de  1,005  francs. 

M.  Maurel  a  conservé  les  plants  du  pays,  mais  il  y  a  aussi  mêlé  l'aramon,  la 
carignane,  le  gamay,  le  petit  bouchet  et  le  grenache. 

Ils  sont  répartis  par  pièces  séparées  selon  Ta  nature  du  sol  et  l'exposition. 

On  taille  la  vigne  de  deux  manières  :  la  taille  à  deux  yeux  et  la  taille  en  cordons  ; 
un  peu  de  la  taille  Guyot  à  titre  d'essai. 

Les  vignes  reçoivent  4  façons  de  charrue  et  de  hersage  données  par  deux  paires 
de  bœufs. 

Les  labours,  peu  profonds,  sont  fréquents  et  maintiennent  le  sol  dans  un  état 
parfait  de  prospérité. 

L'épamprage,  l'effeuillage,  etc.,  sont  bien  faits;  les  soufrages  sont  donnés  selon 
les  meilleures  méthodes  et  le  vignoble  est  préservé  des  atteintes  de  l'anthracnose 
par  des  applications  d'un  mélange  de  chaux  vive  et  de  soufre. 

Les  vignes  de  M.  Maurel  sont  fumées  tous  les  ans  à  la  dose  de  300  kilog. 
d'engrais  chimiques  à  l'hectare;  les  frais  annuels  de  culture  s'élèvent  à  la  somme 
de  125  francs. 

Quoique  n'ayant  encore  que  7  hectares  en  production  malgré  la  grêle  de  1880, 
la  récolte  de  1881  a  été  de  305  hectolitres. 

On  y  trouve  tous  les  instruments  nécessaires  aux  besoins  de  l'exploitation, 
cuves,  fouloirs,  pressoirs,  pompes  et  des  tonneaux  ou  foudres  d'une  capacité  de 
680  hectolitres. 

La  Commission  a  été  très  satisfaite  de  sa  visite  au  vignoble  de  Sarrante,  elle 
a  vu  qu'aucun  des  travaux  nécessaires  n'avait  été  négligé,  que  l'outillage  est 
complet.  Elle  décerne  à  M.  Gervais  Maurel  une  médaille  d'or  pour  la  création 
de  son  important  vignoble. 

Ferme-école  de  Royat. —  M.  de  La  Tergne,  rapporteur  de  la  Commission  de  la 
prime  d'honneur  de  1875,  disait  en  parlant  de  Royat  :  «  Le  département  de 
i'Ariège  a  l'heureuse  chance  de  posséder  une  ferme-école  »,  et  nous  ajoutons 
aujourd'hui  que  ce  département  doit  grandement  se  féliciter  de  posséder  au  moment 
où  la  culture  de  la  vigne  est  menacée  de  tous  côtés,  la  première  école  de  viticul- 
ture du  Sud-Ouest. 

Rappelons  en  quelques  mots  l'historique  du  vignoble  de  Royat  : 

La  ferme  ne  possédait  en  1866  que  4  hectares  37  ares  de  vignes;  mais  M.  Lefèvre, 
son  ancien  et  regretté  directeur,   comprit  bien   vite   que  le  sol  siliceux  et  argilo- 
siliceux  de  son  domaine,   avec  son  sous-sol  de  sable  et  de  cailloux,  rendant  plus 
erméables  les  terres  de  la  surface,  conviendrait  admirablement  à  la  culture  de 
a  vigne. 

Muni  des  renseignements  les  plus  précis,  puisés  aux  sources  les  plus  auto- 
risées, prenant  surtout  ses  modèles  dans  la  Gironde,  cette  lerre  classique  de  la 
viticultuie,  fort  des  conseils  reçus  et  des  observations  personnelles,  fixé  sur  la 
meilleure  préparation  du  sol,  le  choix  des  cépages,  la  taille  et  la  fabrication  du  vin, 
il  se  mit  courageusement  à  l'œuvre;  il  avait  déjà  en  1873  planté,  palissé  surfil  de 
fer  selon  la  méthode  Gazenave,  mis  enfin  en  production  près  de  30  hectares. 

A  partir  de  ce  moment,  le  vignoble  de  Royat  va  grandissant  tous  les  ans  ;  il 
était  de  43  hectares  en  1878,  époque  où  mourut  M.  Lefèvre  et  où  M.  Jaubertpril 
la  direction  de  la  ferme-école. 

L'élan  était  désor-mais  donné;  M.  Jaubert  poursuivant  l'œuvre  de  son  prédé- 
cesseur défonça  et  planta  en  I8m0  un  champ  de  6  hectares.  La  surface  plantée  en 
vignes  atteignit  ainsi  près  de  50  hectares. 

A  cette  même  époque,  le  vignoble  traversa  une  cruelle  épreuve  ;  la  grêle  et  le 
terrible  hiver  de  1880-1881  détruisirent  une  partie  des  vignes  basses  qui  durent 
être  arrachées. 

Dans  l'espace  de  ([uatre  années,  M.  Jaubert  installa  en  cordons  horizontaux  les 
plantations  de  1878  et  de  1880  comprenant  13  hectares  environ-,  le  froid  et  la  grêle 


l 


310  CONCOURS  DES  PRIX  CULTURAUX  DANS  L'ARIÈGE. 

avaient  tellement  maltraité  la  plupart  des  souches  des  vieilles  vignes  taillées  en 
cord(ins,  qu'il  (ut  obligé  de  les  receper  près  du  sol.  Cette  opération  de  rajeunisse- 
ment a  pat  laitement  réussi  et  ces  vignes,  uniformément  établies,  donnent  déjàdes 
récolles  productive-!. 

Le  vignoble  de  Royat  renferme  les  meilleurs  cépages  de  la  Gironde  et  de  la 
Bourgogne;  on  y  trouve  le  merlot,  le  cabernet  qui  donnent  au  vin  rouge  le 
moelleux,  la  sève  et  le  parfum  ;  le  mozac  et  le  pineau  qui  le  rendent  alcoolique  et 
coloré.  Dans  les  vignes  blanches  on  remarque  le  semillon  et  le  sauvignon  aux- 
quels les  vins  de  Sauterne  doivent  leur  réputation.  Chacun  de  ces  cépages  est 
cultivé  sépaiément  dans  des  carrés  réguliers  que  traversent  en  angle  droit  des 
allées  de  service. 

La  taille  est  exécutée  selon  la  méthode  Gazenave,  bien  supérieure  à  celle  du 
pays. 

Les  vignes  reçoivent  annuelleniient  4  façons  de  charrue  et  des  sarclages  à  la 
herse  ;  le  cavaillon  laissé  par  la  charrue  est  enlevé  à  la  bêche. 

Le''  façons  sont  nombreuses  et  judicieusement  données;  on  multiplie  les  opéra- 
tions destinées  à  défendre  la  vigne  contre  l'oïdium,  l'anthracnose,  on  répand  l'en- 
grais tous  les  ans  sur  10  hectares;  de  manière  que  le  vignoble  se  trouve  ainsi  com- 
plètement fumé  tous  les  cinq  ans. 

Ces  engrais  consistent  en  tourteaux  d'arachide  et  d'œillette,  en  bourres  et 
chiffons  de  aine,  poils  et  débris  de  cuir,  dont  la  valeur  s'élève  pour  l'année  1882 
à  la  somme  de  1060  fr.  ;  on  apporte  encore  dans  la  vigne  près  de  100  mètres 
cubes  de  compost,  fabriqués  à  Royat  avec  des  balles  de  blé,  des  marcs  de  raisins, 
de  la  chaux,  des  débris  de  démolition,  etc.  Les  fumures  d'établp  sont  exclusive- 
ment réservées  pour  les  cultures. 

Dans  l'installation  des  bâtiments  destinés  à  la  fabrication  et  à  la  conservation 
du  vin,  on  reconnaît  partout  l'esprit  pratique  qui  a  tout  organisé  suivant  les 
exemples  des  meilleures  exploitations  vmicolesde  la  Gironde. 

Le  cuvier  construit  en  partie  par  M.  Lefèvre  a  été  terminé  sous  la  direction  de 
M.  Jaubert. 

La  ferraenta'ion  a  lieu  dans  les  cuves  en  maintenant  constamment  la  vendange 
plongé  dans  le  moià-t. 
■  La  cuvaiî^on  dure  environ  huit  jours. 

Les  vaisseaux  vinaires  peuvent  contenir  une  récolte  de  3,000  hectolitres. 

Malgré  les  dommages  causés  au  vignoble  par  les  intempéries  des  dernières 
années,  la  récolie  des  32  hectares  en  plein  rapporta  été  en  1882  de  1,36.<  hecto- 
litres, soit  un  rendement  moyen  de  42''  32  à  i'hec'are. 

Dans  ce  vignoble  de  Royat,  tout  est  parfait,  est  régulièrement  planté,  travaillé 
avec  un  soin  minutieux  et  par  les  procédés  les  plus  perfectionnés  ;  les  cépages  qui 
le  composent  sont  des  meilleurs  de  la  Gironde  et  de  la  Bourgogne. 

Les  autres  cultures  du  domaine  ne  sont  pas  négligées.  Pour  que  l'enseignement 
soit  complet  à  Royat,  M  Jaubert  a  ajouté  aux  autres  terres  de  l'exploitation  une 
parcelle  de  6  hectares,  de  telle  sorte  que  les  terres  consacrées  aux  ditférentes  cul- 
tures ont  encore  après  l'agrandissemeot  du  vignoble  une  étendue  de  32  hectares. 

Le  létail  occupe  toujours  à  la  ferme  une  place  importante;  les  bœufs,  les 
vaches,  les  chevaux,  les  animaux  de  l'espèce  porcine  représentent  un  poids  total 
de  17,000  kilog.,  soit  par  hectare  près  de  500  kilog. 

En  résumé,  le  vignoble  de  Royat  est  véritablement  un  vignoble  modèle,  et 
depuis  quelque  temps  la  culture  de  la  vigne  progresse  sans  cesse  dans  i'Ariège. 
La  terme-école  est  toujours  restée  à  la  tète  du  mouvement. 

Les  plants  de  Uoyat  sont  répandus  '^anstout  le  département  et  les  départements 
voisins;  M.  Jaubert  n'a  pas  cédé  moins  de  600,000  boutures  en  quatre  ans.  La 
taille  en  cordon  de  Royat  se  propage  tous  les  jours.  Les  élèves  sortant  de  Royat 
sont  très  recuerchés  afin  de  profiter  des  procédés  perfectionnés  qu'ils  y  ont  appris. 

M.  Jaubert  se  prépare  à  lutter  contre  le  phylloxéra,  en  installant  des  plants 
étrangers  afin  d  étudier  leur  résistance  et  leur  adaptation  au  climat  avant  de  les 
indiquer  aux  viticulteurs. 

Le  jury  est  heureux  de  constater  aujourd'hui  dans  une  circonstance  aussi 
Bolenneile,  l'mflueiice  de  la  ferme-école  sur  le  progrès  de  l'agriculture  de  I'Ariège. 

Il  iehcile  hautement  M.  Jaubert  d'avoir  poursuivi  avec  une  aussi  gran'le  compé- 
tence l'œuvre  de  son  prédécesseur.  Il  est  convaincu  que  la  ferme-école  de  Royat 
continuera  sous  l'administration  de  jeune  et  intelligent  directeur  à  marcher  à  la 
tête  de  tous  les  progrès  agricoles. 


CONCOURS  DES  PRIX  CULTURAUX  DANS  L  ARIEGE.  311 

Pour  ces  motifs,  il  lui  accorde  un  objet  d'art  comme  prix  spécial  de  viticulture. 
Concours  d'irrigation.  —  Phemikbe  catégorie.  —  M.  Adrien  Rigal  a  sou- 
mis à  l'appréciatiou  du  jury  son  petit  domaine  de  la  Prairie  d'une  contenance  de 
13  hectares. 

Près  de  3  hectares  sont  occupés  par  les  cultures  de  l'asperge,  les  fraises,  la 
vigne  et  les  arbres  fruitiers;  3  iiectares  sont  couverts  de  bais;  sur  le  reste  du 
domaine  s'étendent  les  pr.ùries  dont  nous  allons  nous  entretenir. 

En  1848,  époque  à  la((uclle  M.  Rigal  prit  la  direction  de  sa  propriété,  elle  fut 
évaluée  17,000  francs.  Elle  ne  contenait  que  '  hectare  50  ares  de  prairie  et  2  hec- 
tares de  terres  arables  Les  autres  parties  n'étaient  que  des  graviers  ravinés  par 
les  eaux  de  l'Ariôge  et  recouverts  par  celle-ci  à  la  moindre  crue. 

Par  des  colmatages  intelligents  et  réitérés,  des  nivellements  bien  entendus  et 
surtout  par  la  création  d'un  canal  qui  amène  les  eaux  dérivées  de  l' Ariège,  M.  Rigal 
a  trans'ormé  en  prairies  de  bonne  nature  ces  gi'aviers  qui  constituent  maintenant 
P'iur  celles-ci  un  sous-sol  ptirméable  et  filtrant,  indispensable  aux  terrains  irrigués. 
Ces  différentes  opérations  ont  nécessilé  une  dépense  de  3,000  francs.  Les  eaux 
sont  dérivées  à  l'aicle  d'un  barra;.^^e  construit  dans  la  commune  de  Saint-Jean-de- 
Falga  ;  elles  sont  conduites  ensuite  par  un  canal  principal  sur  lequel  M.  Rigal  a 
greffé  un  canal  secondaire  qui  débouche  à  l'extiémité  de  sa  propriété. 

Une  série  de  rigoles  de  niveau  distribuent  l'eau  dans  toutes  les  parties  de  la 

prairie;  après  avoir  servi  aux  besoins  de  l'irrigation,  elle  est  reçue  dans  des  fossés 

d'écoulement  qui  permettant  d'égoutter  complètement  les  parties  les  plus  basses. 

Tous  ces  travaux  qui  ont  servi  à  amener  l'eau  sont  bien  conduits;  la  prairie  est 

régulièrement  nivelée  et  irriguée  d'une  manière  uniforme. 

Le  jury  s'est  montré  satisfait  de  l'exécution  des  travaux  de  colmatage  et  des 
produits  obtenus  par  une  intelligente  rép-irtition  des  eaux  de  l'Ariège. 

11  s'est  rendu  compte  de  l'importance  de  toutes  ces  opérations  qui  ont  contribué 
avec  les  fumiers  annu-4s  à  augmenter  dans  une  grande  proportion  la  récolte  de 
foin  qui  est  aujourd'hui  de  40,000  kilog.  et  à  donner  au  domaine  une  plus  value 
de  50,000  francs. 

Il  attribue  à  M.  Adrien  Rigal  le  troisième  prix  de  la  première  catégorie  con^ 
sistant  en  une  médaille  d'argent  et  une  som;ne  de  400  francs 

Récompense  à  l'agent  du  domaine  qui  a  obtenu  le  prix  d'irrigation  de  la  pre- 
mière catégorie  :  une  médaille  de  bronze  à  M.  Grouzet,  chez  M.  Rigal,  à  la  Prairie. 
2^  Catégorie.  —  M.  Sirre  Tarridc  de  Mereris,  canton  d'Ax,  a  présenté  égale- 
ment à  la  Commission  quelques  travaux  d'irrigation. 

Les  prairies  sont  réparties  eu  7  parcelles  et  occupent  une  surface  de  5  hectares 
40  ares. 

Elles  s'étendent  des  deux  côtés  de  l'Ariège  qui  n'est  là  qu'un  torrent. 
En  186ô,  ces  terres  que  recouvre  maintenant  un  riche  tap  s  de  verdure,  n'étaient 
pour  la  plupart  que  de  maigres  pâtures  couvertes  d'arbustes  ou  de  débris  de  roches. 
Après  les  avoir  défrichées  et  débarrassées  des  pierres  qui  les  encombraient, 
M.  Sicre  les  nivela  et  régularisa  les  pentes.  Il  élevi  ensuite  4  barrages  d'une 
construction  bien  primitive,  il  est  vrai,  mais  très  suffisante  dans  une  vallée  où  les 
pentes  sont  très  accusées  et  où  l'eau  ne  fait  jamais  défaut.  Les  canaux  chargés  de 
la  distribuer  dans  les  différentes  parcelles  sont  bien  aménagés  et  très  coaveaable- 
ment  répartis. 

Les  résultats  obtenus  sont  très  appréciables  ;  les  irrigations  ont  apporté  partout 
la  fertilité  et  développé  la  végétation  des  prairies  qui  promattent  de  bons  ren- 
dements. 

Malgré  certaines  imperfections  de  détail  que  nous  n'indiquons  pas  ici,  la  Com- 
mission a  pensé  qu '.  les  l'ffoits  de  AI.  Sicie  méritaient  d'être  signalés. 

Elle  accorde  à  litre  d'encouragement  à  M.  Sicre  le  4'-'  prix  de  la  2°  catégorie, 
consistant  en  une  médaille  de  bronze  et  une  somme  de  200  francs. 

Dans  un  pi'ochain  article,  nous  passerons  en  revue  les  diverses  par- 
ties du  concours  de  Fuix,  A.   Uigal, 

Président  du  Comice  de  Pamiers. 

ASSOCIATION   DES    GIiniîSTES   DE   SUCRERIE 

ET   D'^  DLSTlLf.ERlE 

Nous  avons  annoncé,  il  y  a  quelque  temps,  la  création  de  cette  association  qui 
peut  avoir  une  influence  heureuse  sur  les   progrès   des  sciences  qui  ont  trait  à 


312      ASSOCIATION   DES  CHIMISTES  DE    SUCRERIE   ET  DE  DISTILLERIE. 

l'exploitation  de  la  betterave  en  France,  de  la  canne  dans  les  colonies;  cette  asso- 
ciation a  tenu  une  de  ses  séances  générales  à  Amiens,  en  même  temps  que  le 
congrès  sucrier;  nous  reviendrons  sur  cette  assemblée,  aujourd'hui  nous  donne- 
rons seulement  le  discours  du  président,  M.  Dehérain,  professeur  au  Muséum  et 
à  Grignon,  qui  indique  très  nettement  le  but  que  veut  atteindre  l'association. 

Messieurs,  en  vous  trouvant  réunis  pour  la  première  fois  en  assem- 
blée générale,  depuis  l'organisation  définitive  de  notre  association,  le 
bureau  élu  par  le  comité  que  vous  avez  nommé  doit  vous  signaler  un 
changement  important  qui  a  eu  lieu  dans  son  sein.  M.  Riffard,  après 
avoir  rempli  avec  beaucoup  de  zèle  et  d'activité  les  fonctions  de  secré- 
taire général,  a  dû  récemment  nous  adresser  sa  démission;  chargé 
d'un  travail  qui  le  tiendra  hors  de  France,  pendant  un  espace  de  temps 
dont  il  ignore  la  durée,  il  ne  pouvait  continuer  d'exercer  des  fonctions 
qui  exigent  un  dévouement  de  tous  les  jours  ;  nous  avons  demandé  à 
notre  collègue,  M.  Pellet,  dont  vous  connaissez  tous  la  compétence  et 
le  talent,  de  succéder  à  M.  Riffard  dans  les  fonctions  de  secrétaire 
général.  Le  comité  tout  entier  devant  être  soumis  de  nouveau  à  l'élec- 
tion de  la  séance  générale  de  juillet,  les  fonctions  de  M.. Pellet,  comme 
celles  de  tous  les  membres  du  bureau,  expireront  au  moment  des 
élections  générales. 

Notre  association,  messieurs,  vise  deux  buts  différents  :  elle  s'inté- 
resse à  toutes  les  questions  techniques  de  la  fabrication  du  sucre,  et  la 
plus  grande  partie  de  cette  séance  va  être  consacrée  à  l'étude  de  quel- 
ques-unes d'entre  elles;  l'association  s'occupe  en  outre  des  intérêts  de 
ses  membres,  fabricants  et   chimistes.   En  effet,   et  c'est   là   ce  qui 
donne  à  notre  association  toute  sa  valeur  et  lui  permettra  sans  doute 
de  réaliser  quelques  améliorations  importantes,  les  fabricants,  loin  de 
voir  d'un  œil  jaloux  leurs  jeunes  auxiliaires  se  grouper,  s'associer 
pour  discuter  ensemble  leurs  intérêts,  les  ont  aidés,  soutenus,  guidés, 
et  aujourd'hui  le  tiers  environ  des  membres  de  l'association  est  formé 
de  chefs  d'usine;  cela  m'a  encouragé  à  traiter  la  question  que  je  veux 
aborder  sans  plus  tarder,  car  c'est  du  bon  vouloir  des  fabricants  que 
dépend  sa  réussite. 

11  y  a  longtemps,  messieurs,  que  je  dirige  des  laboratoires  et  que 
j'ai  à  m'occuper  des  jeunes  gens  qui  viennent  y  travailler;  souvent 
déjà,  il  m'est  arrivé  d'en  placer  dans  des  sucreries;  ils  parlaient  remplis 
d'entrain,  joyeux,  tout  fiers  de  leurs  200  francs  par  mois.  L'hiver  se 
passait  et  bien  souvent  au  printemps  je  les  voyais  revenir,  l'oreille  un 
peu  basse,  demander  à  reprendre  leur  place  au  laboratoire.  La  cam- 
pagne terminée,  on  n'avait  plus  trouvé  d'occupation  à  leur  fournir, 
on  ne  pouvait  les  garder  à  ne  rien  faire,  ils  avaient  été  remerciés.  Au 
mois  d'août  suivant,  on  cherchait  souvent  à  les  reprendre;  rarement 
ils  consentaient  à  faire  une  nouvelle  campagne,  ils  avaient  pris  une 
autre  direction,  ils  avaient  cherché  une  occupation  plus  régulière. 
L'expérience  acquise  pendant  la  première  année  de  travail  était  ainsi 
perdue,  c'était  un  nouveau  venu  qui  allait  occuper  la  place  laissée 
vide  par  son  camarade;  il  y  faisait  un  nouvel  apprentissage,  tombant 
dans  les  erreurs,  recommençant  les  écoles  qu'aurait  évitées  celui 
qu'une  première  campagne  avait  déjà  instruit. 

Je  crois,  messieurs,  que  l'instabilité  de  la  position  des  chimistes 
de  sucrerie,  le  peu  de  durée  de  leurs  fonctions  est  un  des  grands  ob- 
stacles que  rencontre  leur  recrutement,  et  l'une  des  causes  qui  amoindrit 


ASSOCIATION  DES  CHIMISTES  DE  SUCRERIE  ET  DE  DISTILLERIE.        313 

l'influence  heureuse  qu'ils  pourraient  exercer  sur  la  fabrication.  Or, 
messieurs,  vous  le  savez,  la  situation  est  très  tendue,  la  concurrence 
de  l'étranger  redoutable,  il  faut  de  grands  efforts  pour  conserver  une 
situation  qu'on  tend  à  nous  enlever  et  il  convient  de  ne  pas  dédaio'ner 
ces  jeunes  courages  qui,  sur  un  signe,  n'hésiteraient  pas  à  se  jeter 
résolument  au  plus  fort  de  la  bataille. 

Que  peut-on  faire  pour  maintenir  dans  les  usines,  les  chimistes  qui, 

■  instruits  par  l'expérience,  deviendront  des  auxiliaires  précieux,  si  on 

les  associe  à  Tœuvre  commune,  au  lieu  de  ne  les   employer  qu'à  un 

travail  secondaire?  Examinons  la  question   de  près  et  cherchons  s'il 

n'existe  pas  une  solution  avantageuse  aux  deux  partis. 

Messieurs,  je  réclame  votre  indulgence,  je  parle  sur  un  sujet  que 
mes  études  ne  me  permettent  pas  de  connaître  dans  tous  ses  détails  ; 
si  je  me  trompe,  vous  le  direz,  nous  discuterons  les  propositions  que 
je  vais  émettre,  et  de  cette  discussion  jailliront  peut-être  quelques  réso- 
lutions capables  de  nous  conduire  à  utiliser  plus  complètement  que 
par  le  passé  la  bonne  volonté  des  chimistes  de  sucrerie. 

Il  me  semble,  messieurs,  que  la  fabrication  elle-même  a  fait  des 
progrès  sensibles,  vous  êtes  en  général  bien  outillés,  vous  travaillez 
habilement  et  je  crois  que  si  toutes  les  usines  avaient  à  traiter  de 
bonnes  betteraves,  elles  feraient  toutes  de  bonnes  affaires;  mais  là  est 
la  difficulté,  vous  opérez  sur  une  matière  première  de  composition 
extrêmement  variable  puisque  cette  composition  change  avec  la  saison, 
avec  le  mode  de  culture,  avec  la  variété. 

Quelques-unes  de  ces  influences  échappent  à  notre  action,  nous  ne 
disposons  ni  de  la  pluie,  ni  du  soleil,  mais  en  revanche  nous  pouvons 
agir  sur  la  culture  et  choisir  notre  variété.  Or  dans  les  études  qui  ont 
été  faites  sur  la  betterave  avant  tant  de  zèle  par  MM.  Dubrunfaut, 
Pelouze,  Payen,  Peligot,  Fremy,  Corenwinder,  C'arin,  Pagnoul,  Pellet, 
Le  Play,  plusieurs  questions  ont  été  élucidées  ;  on  a  établi  l'influence 
de  l'engrais,  celle  de  la  culture  en  lignes  serrées,  celle  de  la  graine.  Il 
ne  suflit  pas,  messieurs,  que  nous  sachions  tout  cela,  il  faut  que  de 
ces  connaissances  découlent  des  pratiques  agricoles.  Or  les  cultivateurs 
lisent  peu,  il  ne  suffit  pas  pour  les  persuader  de  leur  dire  les  choses, 
il  faut  les  leur  montrer  ;  aussi,  je  ne  serais  pas  étonné  qu'il  y  eût 
grand  avantage  pour  les  fabricants  à  établir,  soit  sur  les  terrains  de 
l'usine,  soit  chez  un  cultivateur  voisin,  un  petit  champ  d'expériences 
dans  lequel  seraient  disposées  des  cultures  types,  indiquant  l'influence 
qu'exercent  sur  la  richesse  de  la  racine,  sur  sa  valeur,  le  choix  de  la 
graine,  l'espacement,  l'excès  d'engrais  azoté,  l'effeuillage,  etc.  La  dis- 
position, la  surveillance  des  cultures,  l'analyse  des  betteraves  quelque 
temps  avant  l'ouverture  de  la  campagne,  l'impression  de  petits  tableaux 
mettant  en  relief  chacune  des  influences  indiquées  plus  haut  formeraient 
déjà  une  partie  des  occupations  des  chimistes  pendant  l'été. 

En  outre,  messieurs,  dans  presque  toutes  les  usines  le  laboratoire 
est  assez  bien  outillé  pour  qu'il  soit  possible  d'y  exécuter  des  analyses 
d'engrais;  l'emploi  des  engrais  commerciaux  achetés  au  titre  augmente 
chaque  jour,  les  analyses  deviennent  si  nombreuses  que  les  stations 
agronomiques  ont  peine  à  suffire  à  la  besogne.  Pourquoi  le  cultivateur, 
qui  apporte  ses  betteraves  à  l'usine,  ne  viendrait-il  pas  y  faire  analyser 
ses  engrais;  s'il  en  prenait  l'habitude,  il  y  aurait  là  une  occupation 
nouvelle  pour  les  chimistes,  occupation  d'autant  plus  intéressante  que 


314        ASSOCIATION  DES  CHIMISTES  DE  SUCRERIE  ET  DE  DISTILLERIE. 

l'achat  des  engrais  est  fait  avant  les  semailles  d'automne  ou  de  prin- 
temps, c'est-à-dire  avant  le  commencement  ou  après  la  fin  de  la 
campagne. 

Je  crois  savoir  que  quelques  usines  sont  déjà  entrées  dans  cette 
voie  et  que  même  elles  se  sont  trouvées  bien  de  fournir  aux  cultiva- 
teurs non  seulement  la  graine,  mais  encore  l'engrais.  Si  cette  pratique 
se  généralisait,  il  tendrait  à  s'établir  entre  l'usine  et  la  culture  des 
relations  plus  cordiales;  non  seulement  le  cultivateur  serait  à  l'abri 
des  fraudes  dont  il  est  souvent  victime,  mais  en  outre  on  lui  montre- 
rait les  inconvénients  d'un  emploi  mal  réglé  des  engrais  dont  il  dispose. 
Peut-être  y  aurait-il  lieu  de  provoquer  des  réunions,  soit  sur  le  champ 
d'expériences  de  l'usine,  soit  dans  les  villages  voisins,  et  de  charger  le 
chimiste  d'y  exposer  les  bonnes  méthodes  de  culture. 

Enfin,  messieurs,  vous  savez  quel  travail  écrasant  incombe  à  tout  le 
personnel  de  l'usine  pendant  la  fabrication;  on  est  emporté  par  le 
tourbillon,  on  reconnaît  bien  chemin  faisant  qu'il  y  aurait  à  modifier 
tel  ou  tel  détail,  on  le  note  au  passage,  mais  le  temps  manque  pour 
l'exécuter.  La  campagne  terminée,  on  a  du  loisir,  mais  l'usine  est 
vide,  le  chimiste  parti,  le  fabricant  n'a  plus  les  éléments  nécessaires 
pour  étudier  l'amélioration  entrevue,  elle  ne  se  fait  pas. 

Il  en  serait  tout  autrement,  si  le  chimiste  était  fixé  à  demeure  dans 
l'usine,  s'il  était  là  tout  prêt  à  soumettre  à  une  étude  méthodique  les 
perfectionnements  qui  ne  sont  qu'entrevus,  à  les  discuter,  à  calculer  ce 
que  rapportera  de  sucre  et  coûtera  de  charbon  ou  de  main-d'ceuvre 
leur  réalisation.  Le  chimiste  deviendrait  ainsi  un  véritable  collabora- 
teur, il  saurait  que  c'ei^t  dans  l'industrie  du  sucre  qu'il  doit  continuer 
sa  carrière,  il  lui  consacrerait  tout  ce  qu'il  possède  de  sagacité  et 
d'intelligence,  et  s'efforcerait  de  prendre  place  parmi  ces  chimistes 
industriels,  célèbres  aujourd'hui,  que  je  vois  nombreux  autour  de  moi. 

Je  n'ai  fait  que  poser  la  question,  messieurs,  elle  se  résume  en 
deux  mots  :  à  la  période  de  fabrication  pendant  laquelle  on  est  tout 
entier  à  la  besogne  courante,  succéderait  une  période  de  recherches 
portant  sur  la  culture  de  la  betterave  et  sur  les  perfectionnements  dont 
Ja  fabrication  peut  être  l'objet  ;  cette  période  d'étude  serait  féconde, 
j'en  suis  persuadé,  non  seulement  par  les  modifications  matérielles  qui 
en  résulteraient,  mais  surtout  par  le  zèle  et  le  dévouement  qu'elle 
provoquerait  chez  Ie.s  chimistes  de  sucrerie;  grandis  à  leurs  propres 
yeux,  voyant  s  ouvrir  devant  eux  un  avenir  que  leur  travail  peut  rendre 
brillant,  ils  paieraient  et  au  de'à,  par  un  labeur  plus  attentif,  les  sacri- 
fices qu'aurait  causés  l'amélioration  de  leur  position. 

Or,  messieurs,  l'heure  est  solennelle,  il  faut  dans  la  lutte  où  nous 
sommes  engagés  ne  rien  négliger  et  jeter  dans  le  combat  toutes  les 
réserves  de  force  et  d'intelligence  dont  nous  disposons;  la  sucrerie  est 
une  industrie  française,  c'est  en  France  qu'a  fonctionné  la  première 
usine  à  sucre;  longtemps  dans  celte  industrie  qu'ont  créée  nos  pères 
nous  avons  occupé  le  premier  rang,  il  faut  y  remonj.er.  Pour  y  réussir, 
il  faut  non  seulement  demander  aux  pouvoirs  publics  de  mieux  équi- 
librer les  lourds  impôts  qui  pèsent  sur  nous  et  menacent  de  nous 
écraser,  il  faut  encore  nous  souvenir  qu'aujourd'hui  dans  l'industrie 
aussi  bien  que  sur  les  champs  de  bataille,,  la  victoire  appartient  à 
ceux  qui  savent  enrôler  sous  leurs  drapeaux,  la  maîtresse  du  monde, 
la  science  1  P.  P.  Dehéran, 

'  Professeur  au  Muséum  d  histoire  naturelle  et  à  Grignon. 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'AGRICULTURE  DE  FRANGE.  315 


SOCIÉTÉ    NATIONALE    D'AGRICULTURE 

Séance  du  23  mai  1883.  —  Présidence  de  M.  Dumas. 

M.  H.  Besnard,  président  du  Comice  de  Seine-et-Oi?e,  écrit  pour 
poser  sa  candidature  à  une  place  de  membre  associé  national. 

M.  de  Béliague  offre  à  la  Société  les  médailles  qu'il  a  remportées 
dans  les  concours  agricoles.  Sur  la  proposition  de  M.  Dumas,  des 
remerciements  lui  sont  votés. 

M.  Perron  et  plusieurs  autres  négociants  en  graines  fourragères 
écrivent  à  la  Société  au  sujet  des  mélanges  de  graines  de  luzerne  annuelle 
d'Amérique  avec  la  luzerne  ordinaire.  A  cette  occasion,  M.  Heuzé  main- 
tient les  observations  qu'il  a  présentées  précédemment. 

M.  Gateiiier,  président  de  la  Société  d'agriculture  de  Meaux,  fait 
hommage  d'un  rapport  relatif  à  l'influence  du  régime  commercial  sur 
la  situation  de  l'agriculture  française. 

M.  Barrai  présente  la  première  partie,  pour  1883,  du  Journal  de  la 
Société  royale  d'agriculture  d'Angleterre,  et  de  la  part  de  M.  Bayle,  une 
notice  sur  les  sables  et  le  vignoble  d'Aigues-Mortes. 

M.  Bouley  donne  lecture  d'un  rapport  concluant  à  l'innocuité  de 
l'emploi,  dans  la  nourriture  des  porcs,  des  viandes  cuites  provenant 
des  établissements  d'équarissage. 

M.  de  Bouille  présente  un  rapport  complémentaire  sur  les  expé- 
riences de  vaccination  charbonneuse  pratiquées  dans  la  Nièvre. 

M.  Lavallée  présente  un  pied  de  vigne  tuberculeuse  du  Soudan  cul- 
tivée dans  ses  serres,  et  il  annonce  que,  conformément  à  ses  prévisions, 
toutes  les  tentatives  de  culture  en  plein  air  de  cette  vigne,  en  Europe, 
ont  complètement  échoué. 

M.  Boussingault  présente  un  mémoire  sur  le  cacaoyer,  le  cacao  et  le 
chocolat.  Il  donne,  à  ce  sujet,  des  détails  intéressants  sur  les  procédés 
d^analyse  du  cacao,  et  sur  sa  valeur  comme  aliment. 

M.  Clavé  donne  lecture  d'une  note  sur  les  cultures  de  la  Sicile, 
notamme"nt  sur  les  agriimi  (orangers,  citronniers,  etc.),  et  il  présente 
quelques  échantillons  de  fruits  attaqués  par  des  parasites. 

M.  de  Hetz  donne  des  détails  sur  les  éducations  de  vers  à  soie  qui 
se  poursuivent,   dans  le  midi,  au  milieu  de  bonnes  conditions. 

M.  de  Gasparin  donne  quelques  détails  sur  la  situation  des  cultures 
dans  les  départements  des  Buuches-du-Rhône  et  de  Vaucluse,  où  la 
sécheresse  est  persistante.  Il  entre  ensuite  dans  quelques  considérations 
sur  les  conditions  de  la  culture  de  la  vigne  dans  les  terrains  sablonneux 
et  sur  les  causes  de  sa  résistance  au  phylloxéra  dans  ces  sortes  de 
terres.  Après  quelques  observations  présentées  par  MM.  Blanchard, 
Barrai  et  Chevreul,  la  Société  se  forme  en  comité  secret  pour  préparer 
sa  séance  publique  annuelle.  •  Henry  Sagnier. 

REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  ClURANT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(26  MAI  U8J). 
I.  —  Sitiiaiinn  gérip'rale. 

Les  transactions  sont  calmes  sur  la  [.lupart  des  marchés  agricoles.  Les  offres 
des  cultivateurs  sont  peu  importantes  pour  le  plus  grand  nombre  de  denrées. 

II.  —  Les  grains  el  les  farines. 

Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  QUINTAL  MÉTRIQUE, 
€ur  les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger  : 


316 


REVUE  COMMERCIALE   ET  PRIX-COURANT 


1"  RÉGION.  —  NOBD-OUEST. 

Blé.'  Seigle.  Orge.  Avoine. 

fr.  fr.  fr.  fr. 

Calvados.  Condé 24.00  15.00  19  50  23.50 

_        Orbec 23.25  15.50  »  20.00 

Côl.-du-Nor d.Lannion..  24.75        »  i8.25  (8.75 

—          Tréguier.   23.80  18.75  17.50  18.50 

Finistère.  Morlaix 24.50        »  18.00  17. oo 

—  Quiroper 23.75  16.75  17.50  16.75 

lUe-et-Vilaine.  Revnes..  24.75        »  16.25  » 

—        Fougères...  23.80        »  »  20.50 

Manches.  Avranches. ..  25.00        »  20.25  20.25 

—  Pontorson....  26.00        »  19.75  23.00 

—  Villedieu.....  27.50  21.50  20.25  24.. so 
Mai/enne.  Laval 25.40        »  16.75  » 

—  Mayenne 25.50        »  19.00  19.00 

Morbihan.  Hennebont..  25.25  16.50  »  18.25 

Orne.  Alençon 25.20  17.50  20.00  21.50 

—  Mortagne 24.75  15.00  20.25  20.40 

Sort/ie.  Le  Mans 26.00  15.25  16.50  22.25 

_         Sablé ..26.00          »  17.00  21.50 

Prix  moyens 24.96  16.86  18.45  20.35 

2    RÉGION.  —  NORD. 

Aisne.  L^on 23.75  16.50  15.75  17.50 

—  Saint-Quentin...  24.00  16.00  18.00  18.00 

—  Soissons 24.75  16.50  »  18.25 

Eure.   Evreux 23.75  15.00  20.75  17.00 

—  Neubourg 23.50  14.20  20.50  20.25 

—  Pacy 24  00  14.25  20  25  18.50 

Eure-et-Loir.  Chartres..  24.50  15.00  18.50  18.75 

—  Auneau 24  25  15.25  19.25  19.00 

—  Nogent-le-Rotrou.  24.00        »  18.15  » 
Nord.  Lille 27.00  18.00  17.75  17  50 

—  Cambrai 25.00        »  18.75  16.75 

_     Douai 23.75  16.50  19.00  16.50 

Oise.  Beauvais 22.50  14.75  16.25  17.00 

—  Compiègne 22.50  16.00  y>  » 

_     Senlis 23. oo  15.50  »  17.50 

Pas-de-Calais.  ATT&a...  "ii. 00  17.00  20.00  16.75 

—  Sa:nl-Omer 24.50  17.25  »  17.00 

Seine.  Paris 25.50  16-65  18.75  20.25 

S.-et-Mar.  Ueaax 23.50  15.50  19.00  18.00 

_     Meiun 26.00  15.75  »  19.50 

—  Montereau 25.00  16.75  »  20.00 

S.-e(-Oise.  Angerville...  24.50        »  17.00  19.25 

—  Pontoise 23.50  16.00  17.75  17  50 

—  Versailles 23.50  15.50  19.50  20.50 

Seine-Inférieure. Rou»n.  24. 55  15-50  20.00  21.00 

—  Dieppe 23.75        »  19.00  18.50 

—  Fécaoïp 24.25  14.50  »  22.60 

Somme.  Montdidier 22.00        »  »  18.50 

—  Doullens 24.25  15.00  19.00  17.25 

_     Roye 23.00  15.25  17.50  18.50 

Prix  moyens 24.05  15.74  18.74  18.42 

3"  RÉGION.  —  NORD. EST. 

Ardennes.  Sedan 23.50  16.25  18.00  20.50 

—  Vouziers 23.50  15.75  15.75  17.75 

.4ube.  Troyes 23.75  16.00  17.50  18.00 

—  Méry-sur-Seine  .. .  23.00  15.20  17.50  17.00 

—  Nogent-sur-Seine.  23.35  16.00  18.15  19.50 
itfarne.  Chalons 24-00  16  00  18.00  19-00 

—  Epernay 23.60  15-50  19.00  20.00 

—  Reims 23.75  16.50  18.25  17.75 

flte-Marne.  Bourbonne.  22.50        »  »  15.25 

Meurthe-et-Mos.  Nancy.  24.00  18.50  17.50  18,25 

—  Pont-à-Mousson...   23.75  17.50  18.00  17.00 

—  LunéviUe 24.25        »  »  » 

Meuse.  Bar-le-Duc 23.75  16  75  16.75  19.00 

—  Verdun 23.50  16.00  16-25  16-50 

Haute-Saône.  Grày 22.50  16.20  »  17.25 

Vosges.  Epinal 23.70  17.40  »  16.00 

—  Neufchâteau 23.15  16.00  16.75  17.50 

~     Raon-1'Etape 24.00  16.50  »•  !6.75 

Prix  moyens 23.56  16.37  17.49  17.82 

4"  RÉGION.—  QUEST. 

Charente.  Angoulême...  25.00  18.50  »  18.75 

—  Ruffec 25.10  18.00  19.00  18.50 

C/iar.-/n/(;r.  La  Rochelle  24.50        »  17.00  18.00 

Dewcc-Srures.  Niort 24.50         »  17.50  18.00 

Indre-et- Loire.  Blére....  24.25  15.50  20.00  19.00 

—  Tours 24  75         »  18.00  19.50 

Loire-M/".  Nantes 25.00        »  »  19.50 

M.-et-Loire.  Saumur 25  80  16.50  17.50  18  50 

—  Angers 24.75  16  25  19.25  20.75 

Fendée.  Lu çon 24.25         ->  18.75  18. aO 

—  Fonteiiav-le-Comte  24.00        »  IS.OO  17.00 
Vienne.  Châtellerault...  24.50  16.25  18.25  17.75 

—  Loudun... 24-75  15.50  »  18.50 

Haute-Vitnne.  Luvo^es..  25.00  16.00  »  18.75 

Prixmoyens 24.70  16.56  18.33  13.64 


5*  REGION.  —  CENTRE. 

Blé.  Seigle.  Orge.  AYoine. 

fr.  fr.  fr.  fr. 

Allier.  .Moulins 24.00  14.50  18.25  18.20 

—  Monlluçon 23.50  15.25  19.00  18.50 

—  Saint-'^ourçain...  "zi.oo  16.00  19.00  19.00 
Cher.  Bourges 23.50  1d.50  17.00  Ig.oo 

—  Aubigny 23.75  14.50  18.25  17.25 

—  Vierzon 24.50  15.50  20.00  19.00 

Creuse.  Aubusson 24.00  15.80  »  18.25 

/nd»'e.  Chàteauroux....  24.25  »  »  18.50 

—  Issoudun 23.50  14.50  18.75  18.00 

—  Valençay 24.00  16.25  19.25  16.75 

Loiret.  Orléans 24.00  »  »  » 

—  Montargis 24  50  16.25  17  50  19.00 

—  Patay 2335  15.00  17.75  19.50 

Z,.-e(-C/ier.  Blois 24.25  15.25  2050  20.70 

—  Montoire 23.75  »  19.75  19.00 

Nièvre.  îi&vurs 23.75  »  »  16.50 

—  La  Charité 24.00  »  »  18.75 

Yonne.  Brienon 23.85  15.85  17.00  20.00 

—  Saint-Florentin...  24.00  14.50  16.50  13.50 

—  Sens 25.00  16.75  17.75  19.50 

Prixmoyens 24.05  15.43  13.42  18.57 

6*  RÉGION.  —  EST. 

^in.  Bourg 25.25  17.00  »  18.50 

—  Pont-de-Vaux 24.75  16.25  »  21.00 

Cofe-d'Or.  Dijon 22.00  »  18.00  17.00 

—  Beaune 23.75  »  »  18.00 

Z)oMbs.  Besançon 23.15  »  19.00  16.50 

Isère.  Grenoble   26.25  »  16.75  20.50 

—  Bourgoin 24.75  15.50  16.75  18.75 

Jum.  DÔle 22.00  15.25  17.50  18.75 

Loire.  Roanne 24.50  i4  75  18  50  19.50 

/'.-de-Z>dme.Clermont.F.  26.25  15.00  15.50  » 

/?/iÔ7ie.  Lyon 25.00  16. 00  19.00  19.00 

Saône-el- Loire.  Aulun..  22.50  15.50  »  16.50 

—  Chalon 25.00  17.00  17.50  18.75 

iajjoie.  Chambéry 26.75  20.00  »  21.00 

Hte-Savoie.  Annecy 25.20  »  »  19.50 

Prixmoyens 24.47  16  23  17.61  18.80 

7"  RÉGION.  —  SUD-OUEST. 

Ariége.  Faix 25.00  17.50  »  20.00 

—  Pamiers 24  40  16.65  »  21.00 

ZJordogne.  Bergerac...  25. £0  18.25  18.25  20.50 

//<e-GoroHne.  Toulouse.  25.00  13.50  18.40  20.75 

—  St-Gaudens 25.25  18.75  13.25  21.25 

Gers.  Condom 26.00  »  »  20.50 

—  Eauze 26.50  »  »  20.75 

—  Mirande 25.70  »  »  20.25 

Gù-oude.  Bordeaux 25.75  18.25  18.50  18.75 

—  La  Reole 26.00  18. '0  »  20-50 

Landes.  Dax 27.50  20.00  »  » 

Lot-et-Garonne.  Agen...  27.00  19.50  18.25  20.00 

—  Nérac 26.25  18.75  »  20.25 

B. -Pyrénées.  Bayonne..  26.00  17.75  18.50  18.00 

//^es-Pi/rénees.  Tarbes..  26.50  18.00  »  18.25 

Prixmoyens 25.89  18.33  18.36  20.06 

8'  RÉGION.  —  SUD. 

^ude.  Castelnaudary...  27  00  18.50  20.50  19.00 

—  Carcassonne 27.25  »  20.25  20.00 

Aveyron.  Hodez 23.50  13.20  »  20.50 

Cania/.  Mauriac 25.35  21.85  »  22.65 

Cor-rcie.  Luberzac 25.50  18.25  18.50  18.25 

Hérault.  Montpellier...  27.25  »  17.50  19.00 

—  Cette 27.50  »  19  00  17.85 

Lot.  Càhors 26.50  17.55  17.80  18.25 

Lozère.  Mende 24.70  18.65  18.65  17.70 

Pi/réuées-Or. Perpignan.  27.70  25.00  20.00  18.40 

Tarn.  Lavaur 26.50  »  »  20.50 

rarn-et-fîor.MontauDan  25.00  17.00  19.50  20.50 

Prixmoyens 26.14  19.34  19.03  19  38 

9-  RÉGION.  —  SUD-EST. 

Basses- Alpes.  Manosque  28.50  »  »  23.00 

Hautes- Alpes.  Briançon.  27.25  17.50  18.00  19.80 

^ipes-Afari(iînes. Cannes  26.50  17.50  17.80  18.25 

/ir-dcc/ie.  Privas 26.35  13.40  17.15  19.60 

B.-du-Rhône.  Arles 28.50  »  17.25  18.75 

Drojne.  Romans 24.75  16.50  »  17.50 

Gard.  Nîmes 26.25  18.00  »  20.25 

//au<e-Loire.  Brioude...  25.10  18.75  20.25  17.50 

Far.  Draguignan 26.50  »  18.00  18.25 

Fauc/use.  Carpentras...  26.25  19.00  20.00  18.00 

Prixmoyens 26.59  17.95  18.35  19.09 

Moy.  de  toute  la  France  24.94  16.98  18.09  19.01 

—  de  la  semaine  précéd.  24.88  16.93  18.30  18.98 

Sur  la  semainejHausse.     0.06  »  »  0.03 

précédente..  (Baisse..       »  »  0.21  » 


DES  DENRÉES  AGRICOLES   (26  MAI  1883). 


317 


Algérie. 

Angleterre. 
Belgique. 


Pays-Bas. 
Luxembourg. 
Alsace-Lorraine . 


Allemagne. 


Suisse. 

Italie. 

Espagne. 

Autriche. 

Hongrie. 

Russie. 

Etats-Unis. 


Blé. 
fr. 

(  blé  tendre...  25.7.^ 

*^g"''|  blé  dur 24.50 

Londres 2.T.50 

Anvers 24.00 

Bruxelles 25.16 

Liège 24  75 

Namur 23.00 

Amsterdam 23 .  25 

Luxembourg 23.50 

Strasbourg 25.00 

Mulhouse 23.00 

Colmar 24  50 

Herlin 24.60 

Cologne, 26.25 

Hambourg » 

Genève 27  00 

Berne 27.00 

Turin 27.40 

Valladolid 24.50 

Vienne 20.50 

Budapeslli 21.25 

Saint-Pétersbourg..  22.20 

New-York 23.05 


Seigle. 

Orge. 

Avoine 

fr. 

fr. 

fr. 

» 

» 

» 

» 

16.00 

15.70 

» 

19.25 

20.00 

19.25 

22.25 

19.75 

17.75 

„ 

n 

18. .50 

20.50 

18.00 

17.00 

20.00 

15.75 

17.20 

» 

>. 

20.00 

u 

18. .50 

17.50 

17.25 

17.75 

17.00 

» 

16.80 

18  00 

18.50 

17.50 

18.7.1 

» 

» 

18.. 50 

• 

■> 

» 

» 

21.. 50 

20.50 

>, 

20  00 

2î.o0 

» 

18.50 

15.00 

ie.5û 

14  50 

15  .50 

15.75 

14.25 

15.25 

» 

12.90 

Blés.  —  Le  beau  temps  qui  rèïne  actuellement  dans  toute  la  France  a  donné 
une  vigoureuse  impulsion  à  la  végétation  ;  le  retard  que  l'on  signalait  de  tous 
côtés  disparaît  assez  rapidement.  Il  y  a  une  assez  grande  vigueur  pour  que  l'on 
puisse  continuer  à  compter  sur  une  bonne  récolte.  Malheureusement,  dans  les 
terres  fortes,  on  continue  à  constater  les  effets  d'une  sécheresse  et  d'une  chaleur 
qui  ont  brusquement  succédé  à  un  temps  froid  et  humide.  Dans  le  Midi,  la  séche- 
resse est  continue,  et  ses  effets  sur  la  végétation  du  blé  deviennent  de  plus  en 
plus  manifestes  Sur  les  marchés,  il  y  a  peu  d'affaires  ;  pour  les  blés,  les  prix 
demeurent  sans  variations  importantes.  —  A  la  halle  de  Paris,  le  mercredi 
23  mai,  les  transactions  ont  été  importantes  ;  les  prix  sont  demeurés  encore  sans 
variations.  On  paye  de  24  fr.  50  à  26  fr.  50  par  100  kilog,  suivant  les  qualités, 
avec  un  peu  de  ventes.  Sur  le  marché  des  blés  à  livrer,  on  ctoe  :  courant  du  mois, 
26  à  26  fr.  25  Juin  26  fr.  25;  juUet  et  août,  26  fr.  75  à  27  fr.  ;  quatre  derniers 
mois,  27  fr.  25  à  27  fr.  50.  —  Au  Havre,  les  ventes  sont  toujours  peu  impor- 
tantes en  blés  d'Amérique;  on  cote,  suivant  les  sortes,  de  25  fr.  75  à  27  fr.  50, 
comme  précédemment.  —  A  Marseille,  le  mouvement  que  nous  constations  la 
semaine  dernière  se  maintient.  On  cote,  suivant  les  sortes,  de  23  à  26  fr.  25  par 
100  kilog.  Les  ventes  sont  régulières  pour  toutes  les  sortes.  —  A  Londres,  les 
importations  de  blés  étrangers  ont  été  de  95,000  quintaux  depuis  huit  jours.  Les 
ventes  sont  assez  difficiles,  et  les  prix  sont  faiblement  tenus  de  24  à  26  fr.  40 
par  100  kilog.,  suivant  les  qualités  et  les  provenances. 

Farines.  —  Maintien  des  prix  depuis  huit  jours  pour  toutes  les  sortes,  avec  des 
ventes  peu  importantes.  —  Pour  les  farines  de  consommation,  on  les  cote  à  la 
halle  de  Paris:  marque  de' Gorbeil,  60  fr.  ;  marques  de  choix,  60  à  62  fr.  ;  pre- 
mières marques,  58  à  59  fr  ;  bonnes  marques,  57  à  58  fr.;  marques  ordi- 
naires, 54  à  56  fr.  ;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.  toile  à  rendre  ou  157  kilog. 
net,  ce  qui  correspond  aux  prix  extrêmes  de  34  fr.  40  à  39  fr.  50  par  100  kilog., 
ou  en  moyenne  36  fr.  95,  sans  changements  depuis  huit  jours.  —  Pour  ce  qui 
concerne  les  farines  de  spéculation,  on  cotait  à  Paris  le  mercredi  23  mai  au  soir: 
farines  neuf -marques,  courant  du  mois,  57  à  57  fr.  25;  juin,  57  fr.  25  à  57  fr.  50; 
juillet  et  août,  58  fr.  50;  quatre  derniers  mois,  59  fr.  50;  le  tout  par  sac  de 
159  kilog.,  toile  perdue  ou  157  kilog.  net.  —  Les  prix  des  farines  de  gruau  se 
maintiennent  de  46  à  57  fr.  par  100  kilog.  ;  ceux  des  farines  deuxièmes,  de  26  à 
32  fr. 

Seigles.  —  H  y  a  peu  de  ventes,  mais  les  prix  sont  très  fermes.  On  paye  à  la 
halle  de  Paris,  i6  fr.  50  à  16  fr.  75  par  100  kilog.  suivant  les  sortes.  Les  fa- 
rines de  seigle  sont  vendues  facilement  de    2^  à  26  fr.  par  quintal  métrique. 

Orges.  —  Les  ventes  sont  assez  difficiles.  On  cote  à  la  halle  de  Paris,  de  18  à 
19  fr.  50  par  100  kilog.  suivant  les  sortes.  Les  escourgeons  se  vendent  de  17  fr.  50 
à  18  fr.  — A  Londres,  il  y  a  été  importé  63,000  qumtaux  depuis  huit  jours.  Les 
cours  se  maintiennent  ;  on  paye  de  18  à  20  fr.  50  par  100  kilog. 

Avoines.  —  Les  demandes  sont  actives  pour  les  belles  sortes.  —  On  vend  ii  la 
halle  de  Paris  de  18  fr.  50  à  22  fr,    par  100  kilog.   suivant    poids,   couleur  et 


318  REVUE   COMMERCIALE  ET  PRIX   COURANT 

qualité.  —  A  Londres,  les  importations  d'avoine  ont  été,  durant  la  semaine,  de 
69  000  ffuintaux  ;  les  alïaires  sont  calmes,  et  il  y  a  un  peu  de  baisse  dand  les  prix  ; 
on  paye  de  18  l'r.  50  à  '21  fr-  bb  par  100  kilog. 

Sarrasin.  —  f^es  ventes  sont  peu  actives,  t-t  les  prix  sont  en  hausse.   On  paye 
à  la  halle  de  Paris  18  fr.    à  IB  fr    50  j)ar  100  kilog.  suivant  les  qualités. 

jiJaÏH  —  Peu  d'affaires  sur  les  maïs  d'Araéii  (ue.  On  les  paye,  au  Havre,  dô 
16  fr.  50  à  17  fr.  par  100  kilog.,  suivant  les  sortes. 

Issues.  — Les  cours  sont  à  peu  piès  ceux  de  la  semaine  précédente.  Ou  vend 
à  la  halle  de  Paris  :  gros  son    seul,  15   fr.  50  à    16  fr.  ;  gros    son   et  moyen,  . 

15  fr.  2;i  à  15  fr.  50;  son  trois  cases,  14  fr.  50  à  15  fr.  ;  sons  fins,  13  à  U  fr.  ; 
recoupettes,  13  fr.  à  13  fr.  5<^;  remoulages  bis,  14  fr.  à  15  fr.  ;  remoulages  blancs, 

16  à  17  fr.  ;  le  tout  par  100  kilog. 

III.  —  Fourrages,  graines  fourragères. 

Fourrages.  —  Les  ventes  sont  assez  faciles  avec  des  prix  fermes.  On  paye  à 
Paris  :  foin,  112  à  132  fr.;  luzerne,  112  à  128  fr.;  regain,  80  à  100  fr.  ;  paille  de 
blé,  64  à  76  fr.;  paille  de  seigle,  52  à  6J  fr,  ;  paille  d'avoine,  40  à  50  fr.  ;  le  tout 
par  1 ,000  kilog. 

Graines  fnurrnghre'i.  —  Les  affaires  sont  peu  importantes,  mais  les  prix 
accusent  beaucoup  de  fermeté.  Où  cote  par  100  ki'og.  à  Paris  :  luzerne  de 
Provence,  1^*0  à  160  fr.;  du  Poitou,  liO  à  i30  fr.;  minette,  50  à  65  fr.  ;  pois 
gris,  24  à  25  fr.;  sainfoin  à  une  coupe,  25  à  28  fr.;  à  deux  coupes,  30  à  32  fr. 
Les  maïs  dent  de  cheval  valent  21  à  22  fr.;  les  maïs  jaunes  des  Landes,  25  à  26  fr. 

IV.  —  Vins,  spiritueux,  vinaigres,  cidres. 

Yins.  —  La  vigne  continue  à  se  présenter  presque  partout  dans  de  bonnes  con- 
ditions. Le  temps  qui  règne  est  tout  à  fait  favorable  à  sa  végétation.  Les  retards 
que  l'on  signalait  dans  la  pousse  disparaissent  rapidement,  et  le  moment  de  la 
floraison  va  venir  sans  que  rien  ait  compromis  la  vigueur  des  plantes.  Ce  qu'il 
faut  souhaiter  actuellement,  c'est  que  des  mauvais  iouis  ne  viennent  pas  contrarier 
le  phénomène  de  la  floraison.  —  Quant  au  commerce,  il  piésente  assez  de  caUne; 
les  COU! s  se  maintiennent  sur  la  plupart  des  centres  de  production,  sans  varia- 
tions sensibles  depuis  notre  précédente  revue. 

Spiritueux.  —  Le  calme  est  complet  dans  les  transactions  sur  les  alcools,  aussi 
bien  sur  les  marchés  du  Nord  que  sur  ceux  du  Midi.  Dans  le  Midi,  les  cours  demeu- 
rent sans  changements.  On  cote,  :  Cette  3/6  bon  goût,  105  à  110  fr.  ;  marc, 
100  fr.;  —  Bc'zier.s,  3/6  bon  goiit,  103  fr.;  marc,  95  fr.;  —  Pézenas,  3/6  bon 
goût,  102  fr  ;  ranrc,  94  fr.  — à  Paris,  on  cote  :  3/i  betteraves,  l''«  qualité  90  degrés, 
disponible,  49  à  49  fr.  25  ;  juin,  49  fr.  50  ;  juillet  et  août,  50  fr.  75  ;  quatre  derniers 
mois,  51  fr.  25.  —  Au  *z3  mai,  le  stock  était  de  20,450  pipes,  contre  15,400 
en  1882. 

Vinaigres.  —  On  paye  comme  précédemment  à  Orléans,  par  hectolitre  :  vinaigre- 
nouveau  de  vin  vieux,  40  à  42  fr.;  vinaigre  vieux  de  vin,  50  à  60  fr. 

Raisins  secs.  —  Les  ventes  sont  assez  actives,  avec  grande  fermeté  dans  les 
cours.  On  p^ye  par  100  kilog.  à  Marse  lie  :  Oorinthe,  54  fr.  50  à  55  fr.;  Thyra, 
47  à  liS  fr.;  Chypre,  56  fr.  ;  tSamos,  49  à  51  fr.;  Aiexandrette,  49  à  51  fr.;  Vourla, 
■45  à  46  fr. 

V.  —  Sucres.  —  Mêlasses.  —  Fécules.  —  Glucoses.  —  Amidons.  —  Houblons. 

Sucres.  —  Les  affaires  sont  toujours  très  difficiles,  mais  les  prix  sont  fermes 
pour  toutes  les  sortes.  On  cote  par  100  kilog.  à  Paris  :  sucres  bruts  88  degrés 
saccharimétriques,  54  fr.  25;  les  99  degrés,  61  fr.  75;  sucres  blanC'^,  62  fr.; 
—  à  Lille,  sucres  bruts,  52  fr.  50  à  53  fr.  Le  stock  de  l'entrepôt  réel  des  sucres 
était,  au  23  mai,  à  Paris,  de  6:^3,000  sacs,  avec  une  diminution  de  39,000  sacs 
depuis  huit  jouis  pour  les  sucres  indigènes.  —  En  ce  qui  concerne  les  sucres 
raffinés,  on  les  cote  de  105  fr.  50  à  106  fr.  50  par  100  kilog.  à  la  consommation, 
et  de  6^  fr.  à  67  fr.  50  pour  l'exportation.  Les  cours  accusent  beaucoup  de  fer- 
meté dans  les  ports  sur  les  sucres  coloniaux. 

Mêlasses.  —  Il  y  a  peu  de  changements  dans  les  prix.  On  cote  à  Paris  :  mélasses 
de  fabrique,  Il  fr.  ;  de  ralfînerie,  12  ir.,  par  100  kilog. 

Fecvl  s.  — Piix  toujours  soutenus.  On  pave  à  Paris  40  fr.  pour  les  fécules  pre- 
mières du  rayon,  à  Corapiègne  ^0  fr.  pour  celles  de  l'Oise. 

Hoiib'ons.  —  Les  nouvelles  des  houblonnières  sont  toujours  satisfaisantes.  Quant 
aux  transactions  sur  les  houblons,  elles  sont  nulles. 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (26  MAI  1883).  319 

VI.  —  Huiles  et  graines  oléagineuses.  —  Tourteaux. 

Huiles.  —  La  hausse  a  repr  s  pour  les  liuiles  de  colza.  Oq  paye  à  Paris  par 
100  kilog.  :  huile  de  colza  eu  tous  fùts^  102  fr.  50;  en  tonnes,  104  fr.  50; 
épurée  en  tonnes,  112  fr.  50;  huile  de  lin  en  tous  fûts,  56  fr.;  en  tonnes,  58  Ir. 
Sur  les  marchés  des  départements,  la  situation  est  la  même:  les  cours  suivent  le 
mouvement  de  s|)éculation  qui  se  produit  à  P.iris.  D  ins  le  Midi,  les  affaires  sont 
calmes  sur  les  huiles  d'olive,  sans  variations  dans  les  cours. 

Graines  olcanineuses.  —  La  récolte  de  colza  paraît  assez  faible.  A  Gacn,  on 
paie  la  graine  de  colza,  31  fr.  par  hectolitre. 

Tourteaux.  —  li  y  a  fermeté  dans  les  cours.  On  paie  dans  le  nord  :  tourteaux 
d'œilleite,  16  fr.  de  colza,  17  à  19  fr.  LO;  de  lin,  20  à  22  fr.  ;  de  camiiline,  17 
à  20  fr. 

Engrais.  —  A  Dunkerque,  on  paie  les  nitrates  de  soude,  30  fr.  par  100  kilog. 
Vit. —  ilatières  résineuses,  colorantes. 

Matières  résineuses.  —  Les  cours  sont  en  baisse.  On,  paie  à  Bordeaux,  76  par 
100  kilog.  ponr  l'essence  pure  de  térébenthine;  à  Dax,  69  fr. 

Guudts.  —  Dans  le  Languedoc,  les  cours  se  maintiennent  à  25  fr.  ;  par  quintal 
métrique. 

Vlir.  —  Textiles. 

Laines.  —  En  Champagne,  on  cote  actuellement  les  laines  nouvelles  en  suint 
2  fr.  à  2  fr.  30  par  kilog. 

Lins.  —  Peu  de  variations  dans  les  cours.  Dans  la  Somme,  les  lins  de  pays 
valent  65  à  90  fr.  par  100  kilog. 

IX.  —  Suifs  et  corps  gras. 

Suifs.  —  Les  cours  sont  en  baisse.  A  Paris,  on  cote  106  fr,  par  100  kilog.  pour 
les  suifs   purs   de  l'abat  de  la   boucherie;  79  fr.   50  pour  les  suils  en  branches. 

Saindcux.  — Peu  d'affaires  au  Havre  sur  l's  saindoux  d'Amérique,  qui  valent 
140  à  141  fr.  par  100  kilog.  suivant  les  sortes. 

X.  —  Beurres.  —  Œu/s.  —  Fromages. 

Beurres.  —  Il  a  été  vendu,  pendant  la  semaine,  à  la  halle  de  Paris,  255,287 
kilog.  de  Leurres.  Au  dernier  marché,  on  payait  par  kilog.  ;  en  demi-kilog., 
1  fr.  80  à  4  fr.  ;  petits  beurres,  1  fr.  66  à  2  fr.  32;  Gournay,  1  fr.  82  à  4  fr.  60; 
Isigny,  2  fr.  20  à  6  fr.  82. 

Œufs.  —  Du  14  au  20  mai,  on  a  vendu  à  la  halle  de  Paris,  7,190,685  œufs. 
Au  dernier  manche,  on  payait  par  mille  :  choix,  82  à  98  fr. ;  ordmaires,  54  à 
72  fr.;  petits,  48  à  50  fr. 

Fromages.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris,  par  douzaine  :  Brie,  5  à  21  fr. ;  Mont- 
Ihéry,  15  fr.  ;  par  cent,  Mont-d'Or,  9  à  25  (r.;  Neufchâtel,  4  à  22  fr,;  divers,  6  à 
88  fr.;  par  100  kilog.,  Gruyère,  120  à  170  ir. 

XI.  —  Chevaux,  bétail,  viande. 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  muuvement  officiel  du  marché  aux  bes- 
tiaux de  la  Yillette,  du  jeudi  17  au  mardi  22  mai  : 

Poids      Prix  du  kilog.  de  vianHe  nette  sur 
Vendus  moyen  pied  au  marche  du  21  mai. 

Pour  Pour  En         4  quartiers.  1"  2=             3'  Prix 

Amenés.  Paris,    l'extérieur,  totalité.  kil.        quai.  quai.  quai.  moyen. 

Bœufs 4,170  2,597  1,148  3,74.0  34.5       1.90  1.76  1.50  1.69 

Vaches 1,098  640  29^  939  229       1.7«  1.60  1.40  1.55 

Taureaux 283  220  3ti  256  386       1.66  1  50  1.40  1.52 

Veaux 3,868  2,024  1,290  3,314  76      2  30  2.16  1.80  2.05 

Moulons 36,8.14  18,8o2       13,989  3-',851  19      2.10  1.96  176  1.89 

Porcs  gras 6,676  2,7o7  3,445  6,212  82      1.52  1.46  1.80  1.45 

—  maigres.               »  »  »  »  »»»»  » 

Les  arrivages  ont  été  moins  importants  que  durant  la  semaine  précédente;  les 
ventes  ont  été  pljs  faciles  pour  toutes  les  sortes  d'animaux,  et  les  prix  accusent 
plus  de  fermeté;  c'est  surtout  sur  les  gros  animaux  que  ce  mouvement  est  plus 
accentué.  —  Sur  les  marchés  des  dépaitements,  on  cote:  —  Rxun.^  bœuf,  1  fr.  65 
à  1  fr.  95  par  kilog.  de  viande  nette  sur  pit'd;  vaches,  1  fr.  60  à  1  fr.  90;  veaux, 
1  fr.  75  à  2  fr.  10;  moutons,  1  tr.  9j  à  2  fr.  20;  porcs,  1  fr.  20  à  1  fr.  55;  — 
Nancy,  bœuis  morts,  85  à  99  fr.  par  100  kilog.;  vàclies,  70  à  95  fr.;  moutons, 
110  à  125  ir.;  veaux  (poids  vii),  60  à  7U  fr.;  porcs,  70  à  76  fr. ;  —  Lyon,  bœufs, 
80  à  90  fr.;  veau  (poids  vif),  48  a  55  fr.;  moutons,  80  à  100  fr.;  —  bourgoin, 
bœufs,  66  à  76  fr.;   vaches,  58  à  68  fr.;   veaux,  96  à   106   fi-.  ;   moutons,  90  à 


320  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT  (26  MAI    1883). 

98  fr.-  porc,  86  à  90  fr.  ;  Genève^  bœuCs,  1  fr.  64  à  1  fr.  90;  mouton,  l  fr.  70  à 
2  fr.-  veau  (poids  vif),  1  fr.  04  à  1  fr.  12;  porc,  1  fr.  16  à  1  fr.  28. 

a' Londres,  les  importations  d'animaux  étrangers,  durant  la  semaine  dernière, 
se  sont  composées  de  )  7,365  têtes,  dont  1  bœuf,  171  veaux  el  22  moutons  venant 
d'Amsterdam;  724  moutons  d'Anvers;  409  bœufs  et  112  moutons  de  Baltimore  ; 
266  bœufs  et  175  moutons  de  Boston;  3,338  moutons  de  Brème;  100  bœufs  de 
Cornuna  ;  7,960  moutons  de  Greestemunde  ;  255  bœufs  et  107  veaux  de  Gothem- 
bourg;  137  porcs  d'Hambourg;  8  bœufs,  91  veaux,  137  moutons  et  115  porcs 
d'Harlingen;  160  veaux,  2,515  moutons  et  420  porcs  de  deRotterdam;  140  bœufs 
de  Vigo.  —  Prix  du  kilog.  Bœuf,  1  fr.  52  à  2  tr.  05;   Veau,  1  fr.  70  à  2  fr.  22. 

Viaiide  à  la  criée.  —  Il  a  été  vendu  à  la  halle  de  Paris  du  14  au  20  mai  : 

Prix  du  kilog.  le  "21  mai. 

kilog.  1"  quai.  2'  quai.  3'  quai.  Choix.      Basse  Boucherie. 

Bœufoii  vache...   no, .554     1.62  à  2.10     1.40  à  1.60     i.OOàl.38  1.76  à  2.30    0.20  à  1.34 

Veau    211,662     1.72      2.30     1.50       1.70     1.20       1.48  1.46       2.50       • 

Mouton 79,452     1.60       1.96     1.38       1.58     1.00       1.38  1.60       2.60       . 

Porc 40,677  Porc  fumé 1.24  à  1.50;  salé, 

.502,345        Soit  par  jour 71,764  kilog. 

Les  ventes  ont  été  inférieures  de  9,000  kilog.  par  jour  à  celles  de  la  semaine 
précédente.  H  y  a  beaucoup  de  fermeté  dans  les  prix. 

XII.  —  Cours  de  la  viande  à  l'abattoir  de  la  Villelte  du  24  mai  (par  bO  kilog.) 
Cours  de  la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  Villette  par  50  kilog.  :  1"  qualité, 
73  à  75  fr.  ;  2%  65  à  70  fr.  ;  poids  vifs,  48  à  53  fr. 

Bœufs.  Veaux.  Moutons. 

1-  2'  3'  1"  2*  3*     "  1"  2°  3" 

quai.  quai.  quai.  q'.al.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai. 

fr'.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr. 

92  86  78  110  100  90  95  90  82 

XIII.  —  Marché  aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi  24  mat  1883. 

Cours  des  commissionnaires 
Poids  Cours  officiels.  en  bestiaux^ 

Animaux  gênerai.     1"         2'        3*  Prix  1"        2°          3°             Frix 

amenés.  Invendus.          kil.        quai.  quai.   quai,  extrêmes.  quai. quai.    quai.      extrêmes. 

Bœufs 2  051  14                    356         1.88      i.74      s. 48  1.44ài.90  1.86      1.72     1.45      1.42àl90 

Vaches 529  H                    235          1.76     1.54     1   38  1.30     1   80  1.72      1.54     1-40     1.39     1.80 

Taureaux...          193  6                    385          1   65      l.50     (.38  1.34     t. 68  «.60      1.50     1.35     1.32     1  68 

Veaux 1.672  226                      80         2.26     2.10     1.74  1.54     2.46  »              »            »           » 

Moutons 14  883  447                      19         2.12     1.98     1   78  l   68     2  13  »              »            »            » 

Porcs  gras..     4  802  238                      81          1.48     1.42     1.36  1.30     1.52  »              »            » 

-•  maigres..          »  »                    a»»»»»»»»» 
Vente  très  active  sur  toutes  les  espèces. 

XIV.  —  Résumé. 

Fermeté  dans  les  cours  de  la  plupart  des  denrées  agricoles,  tel   est  le  résumé 

de  la  semaine.  A.  Remy. 

BULLETIN  FINANCIER 

Les  affaires  présentent  peu  d'animation  à  la  Bourse  de  Paris  :  influence  de  la 
saison  et  de  l'absence  complète  de  faits  saillants  qui  soient  de  nature  à  agir  sur 
les  cours  des  valeurs. 

Les  fonds  d'Etat  français  se  maintiennent  aux  taux  de  la  semaine  précédente  ou 
à  peu  près.  On  cote  au  comptant  :  3  pour  100,  79  fr.  87  ;  —  3  pour  100  amortis- 
sable, 81  fr.  30  ;  —  4  et  demi  pour  100,  1.10  fr.  20  ;  —  5  pour  100,  109  fr.  50.  _ 

Bonne  tenue  des  actions  de  la  Banque  de  France  qui  valent  5,440  fr.;  le  Gré- 
dit  foncier  est  à  1,342  fr.  50;  le  Comptoir  d'escompte,  à  980  fr.;  la  Banque  de 
Paris,  à  1,070  fr.;  le  Crédit  lyonnais,  à  572  fr.  50;  la  Société  générale,  à  542  fr.  50. 
Très  peu  de  ventes  sur  toutes  les  valeurs  des  Sociétés  de  Crédit. 

La  Compagnie  parisienne  du  gaz   se  maintient  à  1,370  fr.  —  Les  actions  de 
Suez  sont  en  hausse,  à  2,437  fr.  50;  les  délégations,  à  1,305  fr.  50.  Les  actions 
'  du  canal  de  Panama  valent  482  fr.   £0. 

On  cote  les  actions  de  chemins  de  fer  :  Nord  1,925  fr.;  Orléans,  1,242  fr.  50; 
Ouest,  775  fr.;  Est, 720  fr.;  Paiis-Lyon-Méditerranée,  1,465  fr.;  Midi,  1,175  fr. 

Les  fonds  étrangers  subissent  peu  de  changements.  Le  5  pour  ÎOO  italien  est 
à  92  fr.  40  ;  le  russe  à  88  fr.  E.  Féron- 

Le  gérant,  A.  Bouché. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (2  juin  isss). 

Influence  des  circonstances  météorologiques  sur  les  principales  cultures.  —  Promesses  de  bonnes 
récoltes.  —  Prochaine  élection  d'un  membre  étranger  à  la  Société  nationale  d'agriculture.  — 
Liste  de  présentation  des  candidats.  —  Election  de  M.  Boussingault  comme  associé  étranger  de 
l'Académie  des  sciences  de  Washington.  —  Hommage  rendu  aux  découvertes  de  M.  Pasteur.  — 
Lettre  de  la  Société  centrale  d'agriculture  de  IHérault  à  M.  le  ministre  de  l'agriculture.  — 
Douzième  liste  de  la  souscription  ouverte  pour  élever  un  monument  à  Léonce  de  Lavergne.  — 
Ouverture  du  port  de  Honflaur  au  commerce  du  bétail.  —  Les  concours  spéciaux  de  machines 
agricoles  dans  les  concours  régionaux.  —  Protestation  de  nombreux  constructeurs.  —  Les  fêles 
du  concours  régional  de  Troyes.  —  Le  phylloxéra.  —  Brochure  de  M.  Amhroy  sur  l'efficacité 
de  la  submersion  automnale  des  vignes.  —  Emploi  du  sulfocarbonatc  de  potassium.  —  Lettre  de 
M.  Culeron.  —  Nouvelle  brochure  de  M.  Le  Bian  sur  la  culture  du  panais  fourrager.  —  Expo- 
sition générale  d'horticulture  à  Paris.  —  Discours  de  M.  Méline,  ministre  de  l'agriculture.  — 
Développement  et  progrès  de  l'horticulture.  —  Prochaine  exposition  horticole  à  (u-léans.  — 
Séance  publique  annuelle  de  la  Société  nationale  d'acclimatation. — Principales  récompenses 

^décernées. 

I.  —  La  situation. 

Les  circonstances  météorologiques  sont,  depuis  quelque  temps,  en 
général  très  favorables  aux  récoltes  en  terre;  s'il  y  a  encore  des 
plaintes  parmi  les  agriculteurs,  elles  sont  très  locales.  L'année  1883 
pourra  être,  pour  l'ensemble  de  toutes  les  productions  françaises, 
placée  parmi  les  bonnes  années.  Toutefois,  il  n'est  pas  encore  possible 
d'émettre  une  opinion  définitive.  Les  seigles  paraissent  devoir  être 
moins  bons  que  les  blés.  La  vigne  a  les  meilleures  apparences.  Les 
fourrages  ont  moins  profité  jusqu'à  présent  de  Faction  réparatrice  de 
la  chaleur  et  des  pluies  survenues  dans  ces  derniers  temps,  peut-être 
un  peu  trop  tard  pour  cette  nature  de  récoltes.  Toutes  les  cultures  de 
légumes  sont  dans  un  état  satisfaisant.  Les  arbres  fruitiers  donnent, 
dans  beaucoup  de  régions,  les  plus  grandes  espérances.  Les  dernières 
pluies  ont  fait  beaucoup  de  bien  à  la  levée  des  betteraves.  Les  concours 
régionaux  se  poursuivent  ainsi  au  milieu  d'une  satisfaction  relative; 
le  passé  a  laissé  des  traces  douloureuses,  et  il  serait  bien  temps  que 
la  crise  traversée  par  l'agriculture  fût  fermée. 

II.  —  Élection  à  la  Société  nationale  d'agriculture. 
Dans  le  Comité  secret  de  sa  séance  du  30  mai,  la  Société  nationale 
d'agriculture  a  entendu  le  rapport  fait  au  nom  de  la  Commission  chargée 
de  présenter  une  liste  de  candidats  pour  une  place  de  membre  étran- 
ger dans  la  Section  hors  cadre.  La  Commission  présente  la  liste  de  can- 
didats suivante  :  en  première  ligne,  M.  Triana,  consul  général  des 
Etats-Unis  de  Colombie  à  Paris;  en  deuxième  ligne,  M.  le  professeur 
Sargent,  directeur  de  V Arnold  arboretum  fondé  par  l'université  de  Phi- 
ladelphie (Etats-Unis  d'Amérique).  Les  titres  des  candidats  ont  été 
discutés.  L'élection  aura  lieu  dans  la  séance  publique  du  6  juin. 
III.  —  Hommages  rendus  aux  savants  français. 
En  citant  dans  notre  dernière  chronique  les  hommages  rendus  à  des 
savants  français,  nous  avons  omis  de  dire  que  l'Académie  de  Washing- 
ton avait  nommé  aussi  associé  étranger,  M.  Boussingault,  notre  illustre 
maître,  que  tout  le  monde  s'accorde  à  reconnaître  comme  le  premier 
des  agronomes  actuellement  vivants. 

IV.  —  Les  découvertes  de  M.  Pasteur. 
Dans  sa  séance  du  21  mai,  la  Société  d'agriculture  de  l'Hérault  a 
adopté  le  texte  d'une  lettre  adressée  à  M.  le  ministre  de  l'agriculture, 
relativement  aux  attaques  que  quelques  personnes  ont  dirigées  récem- 
ment contre  les  travaux  de  M.  Pasteur.  Voici  le  texte  de  celte  lettre  : 

«  Monsieur  le  ministre,  la  Société  centrale  d'agriculture  de  l'Hérault  a  vu  avec 
autant  de  peine  que  de  surprise  les  attaques  qui  se  sont  produites  dans  ces  der- 

N"  738.  —  Tome  II  de  1883.  —  2  Juin. 


3^2  CHRONIQUE  AGRICOLE  (2  JUIN    1883). 

niers  temps  contre  M.  Pasteur,  contre  ses  travaux  et  contre  la  récompense 
nationale  que  le  gouvernement  a  eu  la  haute  et  sage  pensée  de  demander  en  sa 
faveur  au  pouvoir  législatif.  Pleine  de  reconnaissance  pour  les  services  éminents 
que  cel  illustre  savant  a  rendus  à  l'agriculture  par  ses  belles  études  sur  les  fer- 
mentations, les  maladies  des  vers  à  soie,  la  fabrication  du  vinaigre,  le  chauffage 
des  vins,  les  maladies  virulentes  qui  atteignent  les  animaux  domestiques,  la 
manière  de  les  combattre  par  la  vaccination,  ayant  sans  cesse  l'occasion  de  consta- 
ter les  heureuses  conséquences  pratiques  de  ce  grand  ensemble  de  découvertes, 
elle  a  pris  dans  sa  séance  du  21  mai  la  résolution  de  vous  exprimer  les  vœux  qu'elle 
fait  pour  la  prompte  réalisation  des  projets  du  gouvernernement  en  faveur  de 
M.  Pasteur,  et  de  vous  exprimer  toute  sa  reconnaissance  pour  l'initiative  que  vous 
avez  prise  en  cette  circonstance  où  vous  avez  été  l'interprète  fidèle  des  sentiments 
de  l'agriculture  française.  »  Le  secrétaire  perpétuel,  Le  président, 

«  Veuillez  agréer,  etc.  H.  Mares.  L.  Viai.la. 

Ainsi  que  M.  Mares  nous  le  fait  observer  en  nous  transmettant  cette 
lettre,  tous  les  agriculteurs  sauront  gré  à  la  Société  d'agriculture  de 
l'Hérault  de  l'hommage  et  du  tribut  de  reconnaissance  qu'elle  a  voulu 
rendre,  à  l'unanimité  de  ses  membres,  à  l'illustre  savant  dont  ks 
travaux  ont  eu  de  si  nombreuses  et  si  fécondes  applications  dans  la 
pratique  agricole. 

V.  —  Souscription  pour  élever  un  monument  à  Léonce  de  Laverghe. 

Voici  la  douzième  liste  de  la  souscription  ouverte  pour  élever  un 
monument  à  Léonce  de  Laversfne  : 

o 

Fr. 

Report  de  la  liste  précédente 9,575  50 

Société  centrale  d'agriculture  de  la  Scine-lnférieure 50  00 

Société  poitevine  d' encouragement  à  V agriculture 30  00 

Société  d'agriculture  de  V arrondissement  de  Commercy  (Meuse)...  25  00 

MM  -  Javal.  ancien  préfet  de  la  Creuse 100  00 

La  Vergne  (comte  de),  membre  du  Conseil  de  la  Société  des 

agriculteurs  de  France ICO  00 

Gunous  (Léo  d'),  propriétaire  à  Saverdun  (Ariège) .        10  00 

Association  horticole  lyonnaise ....  20  00 

Total  de  la  douzième  liste , 9,910  50 

Nos  lecteurs  peuvent  envoyer  leurs  souscriptions  à  M.  Henry  Sagnier, 
secrétaire  du  Comité,  aux  bureaux  du  Journal  de  V Agriculture. 
VI.  —  Le  commerce  du  bétail. 

Dans  un  précédent  numéro, nous  avons  publié  les  décrets  rendtis 
récemment  sur  les  conditions  d'importation,  de  transit  et  d'exporta- 
tion des  animaux  domestiques.  Le  Journal  officiel  annonce  que,  par 
décrets  en  date  du  18  mai,  le  port  de  Honfleur  (Calvados),  est  ouvert 
à  l'importation  et  yu  transit  des  animaux  des  espèces  chevaline,  asine, 
bovine,  ovine,  caprine  et  porcine,  admissibles  en  France,  après  vérifi- 
cation de  leur  état  sanitaire,  et  que  ce  port  est  ouvert  à  l'exportation 
des  animaux  des  mêmes  espèces. 

VII.  —  Les  concours  spéciaux  de  machines  agricoles. 

Un  grand  nombre  de  constructeurs  de  machines  agricoles  ont  pré- 
senté, à  la  réunion  des  exposants  et  des  délégués  au  concours  régional 
de  Troyes,  plusieurs  vœux  dont  ils  nous  demandent  la  reproduction 
dans  nos  colonnes.  Ces  vœux  sont  exposés  dans  la  lettre  suivante  : 

Troyes,  25  mai  1883 
«  Monsieur  le  président  de  la  réunion  du  concours  régional,  j'ai  l'honneur  de 
vous  prier  de  vouloir  bien  joindre  au  procès-verbal  de  la  réunion,  les  propositions 
suivantes  que  je  présente  au  nom  de  la  plupart  des  exposants  du  concours  régional 
de  Troyes;  ces  propositions  portent  sur  trois  points;  1"  la  durée  des  concours; 
2"  les  concours  spéciaux  ;  3"  leur  coïacidence  avec  les  expositions  locales. 

«  1"  Nous  demandons  que  les  concours  régionaux  ne  soient  ouverts  que  le  lundi 
et  soient  dans  tous  les  cas  terminés  le  dimanche  soir. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (2  JUIN    1883).  323 

«  2°  Nous  demandons  que  la  mesure  prise  au  sujet  des  concours  spéciaux  soit 
générale;  c'est-à-dire  ffue  les  concours  spéciaux  soient  ou  supprimés  ou  rétablis 
dans  chaque  région.  Et  si  les  concours  spéciaux  doivent  être  rélajjlis,  nous  deman- 
dons pour  chaque  concours  régional  un  seul  concours  pour  chacune  des  sections 
d'intérieur  et  d'extérieur,  avec  une  rotation  qui  déplacerait  tous  les  ans  la  caté- 
gorie des  instruments,  de  façon  à  ramener  les  mômes  concours  à  des  périodes 
calculées  de  manière  à  faire  passer  dans  les  concours  d'une  môme  région  et  d'une 
môme  ville,  tous  les  engins,  tous  les  appareils  employés  par  la  cultiu-e. 

«  3"  Nous  demandons  surtout  que  l'administration  prenne  des  mesures  pour 
que  les  concours  régionaux  ne  disparaissent  pas  complètement  derrière  la  multi- 
plicité toujours  croissante  des  expositions  locales. 

«  Nous  demandons,  puisque  toutes  les  entrées  doivent  entrer  dans  les  caisses 
municipales,  que  l'administration  obtienne  des  villes  où  se  tiennent  les  concours, 
qu'il  soit  établi  une  entrée  unique  qui  permette  aux  visiteurs  de  voir  toutes  les 
expositions,  et  qui  laisse  aux  constructeurs  et  à  tous  les  exposants  du  concours 
régional  la  satisfaction  de  montrer  ce  qu'ils  y  amènent  à  grands  frais. 

«  Les  ex[)Osants  remarquent  que  le  concours  régional  n'est  plus  que  l'occasion 
dans  ces  fêtes  dont  il  est  avant  tout  la  cause  et  le  but  principal. 

«  Veuillez  agréer,  Monsieur  le  président,  l'assurance  de  tout  mon  dévouement. 

HiDiKN,  de  Ghâteauroux;  Merlin  ET  GiE,  de  Vierzon  ;  Louet  frères,  d'Issoudun; 
Smytii,  de  Paris;  Lanz,  de  Paris;  Les  gendres  deHarter  aîné,  de  Bar- 
sur  Seine  ;  Maréchaux  et  fils,  de  Montmorillon  ;  Mabille,  de  Reims  ; 
OsBORNE  ET  GiE,  de  Paris  ;  Reynold,  de  Paris;  Guittox,  de  Gorbeil  ;  Bus- 
SEREAU,  de  P  aris;  Ben  Reid  et  Gie,  de  Paris  ;  Lhomme,  de  Ghatillon-sur- 
Seine;  Noël, 'de  Paris;  Bréloux,  de  Nevers;  Marot,  de  Niort;  Goijrgil- 
lon,  de  Vitry-le-François  ;  Brandin,  de  Paris;  Société  française  du 
matériel  agricole,  à  Vierzon. 

Ces  vœux  nous  paraissent  absolument  légitimes.  L'organisation 
actuelle  des  concours  régionaux  laisse  beaucoup  à  désirer  ;  ces  solen- 
nités ne  sont  pas  moins  importantes  qu'autrefois,  mais  elles  sont  le 
prétexte  de  fêtes  de  toute  nature  qui  détournent  l'attention  d'un  grand 
nombre  de  visiteurs.  Que  ces  fêtes  aient  lieu,  nous  n'y  voyons  aucun 
mal  ;  mais  qu'elles  soient  disposées  de  telle  sorte  quelles  n'entravent 
en  rien  le  concours  agricole. 

En  ce  qui  concerne  les  concours  spéciaux  de  machines  agricoles, 
nous  avons  protesté  contre  leur  suppression  dans  la  plupart  des  con- 
cours régionaux.  L'épreuve  est  faite  aujourd'hui,  et  elle  est  démon- 
strative. Il  faut  reviser  les  programmes  actuels;  sans  revenir  aux 
anciennes  conditions  qui  multipliaient  peut-être  trop  les  concours 
spéciaux,  il  est  important  de  pi^endre  en  considération  les  opinions 
exprimées  dans  la  note  qu'on  vient  de  lire. 

Vin.  —  Concours  régional  de  Troyes. 

Pendant  la  semaine  qui  vient  de  s'écouler,  ont  eu  lieu  les  concours 
régionaux  de  Troyes  et  de  Digne.  M.  Méline,  ministre  de  l'agriculture, 
a  visité  le  concours  de  Troyes;  nous  publions  plus  loin  le  discours 
qu'il  a  prononcé  à  la  distribution  des  récotnpenses. 

MM.  Charles  Ballet  et  Gustave  Huot  avaient  organisé,  sous  le  titre 
de  «  Congrès  du  concours  agricole  »,  les  expériences  diverses,  confé- 
rences et  réunions  prévues  au  programme.  Cette  combinaison,  enten- 
due avec  les  Compagnies  de  chemins  de  fer,  a  procuré  le  retour  gratuit 
à  tous  les  visiteurs  munis,  au  départ,  d'un  bulletin  spécial.  La  ville  de 
Troyes  en  avait  fait  les  frais  d'impression.  Nous  recommandons  ce  pro- 
cédé aux  présidents  des  Sociétés  et  des  Comices  agricoles  ou  horticoles. 
L'exposition  canine,  quoique  prévue  à  la  dernière  heure,  a  été  très 
goiitée.  Plus  de  cent  sujets  y  ont  pris  part.  Les  entrées  ont  dépassé  le 
chiffre  des  frais  d'installation,  de  personnel  et  de  récompenses.  —  Le 


324  CHRONIQUE  AGRICOLE  (2  JUIN    1883). 

concours  de  maréchalerie  et  les  épreuves  au  trot  ont  donné  beaucoup 
d'intérêt  à  l'exposition  hippique. 

IX.  —  Le  phylloxéra. 

La  vigne  présente,  ainsi  que  nous  l'avons  dit  plus  haut,  les  plus 
belles  apparences  dans  la  plupart  des  régions  viticoles  ;  les  viticulteurs 
attendent  impatiemment  que  la  floraison  s'efl'ectue.  Malheureusement, 
sur  un  grand  nombre  de  points,  on  commence  à  constater  l'extension 
croissante  des  ravages  du  phylloxéra;  de  nouvelles  taches  apparaissent 
sur  beaucoup  de  vignes  qui  semblaient  jusqu'ici  indemnes.  Quant  à 
l'efficacité  des  traitements  insecticides,  elle  se  manifeste  de  plus  en 
plus  dans  la  plupart  des  vignes  traitées;  l'espoir  renaît  au  cœur  des 
vignerons.  Ces  faits  sont  particulièrement  remarquables  en  ce  qui  con- 
cerne la  submersion,  qui  prend  de  jour  en  jour  plus  de  développement. 
A  cette  occasion,  nous  devons  signaler  une  excellente  publication  que 
M.  Ambroy,  président  de  la  Société  des  submersionnistes  du  Sud-est, 
vient  de  faire  paraître  sous  le  titre  :  La  submersion  des  vignes  (librairie 
Coulet,  à  Montpellier)  ;  dans  cette  brochure,  M.  Ambroy  passe  en  revue 
les  procédés  de  submersion,  la  pratique  de  l'adduction  et  de  l'évacua- 
tion des  eaux,  l'effet  sur  les  diverses  natures  de  sol,  l'influence  de  la 
submersion  sur  la  qualité  du  vin,  l'application  des  engrais  aux 
vignes,  etc.;  c'est  un  excellent  guide  pour  ceux  qui  veulent  apprendre 
à  pratiquer  la  submersion.  A  l'occasion  des  notes  sur  l'emploi  pratique 
du  sulfocarbonate  de  potassium  qui  ont  paru  récemment  dans  nos 
colonnes,  M.  Culeron  noue  envoie  de  Béziers  lu  lettre  suivante  : 

«  Monsieur  le  directeur,  dans  votre  n°  du  21  avril,  vous  avez  reproduit  ma 
note  concernant  le  mode  d'emploi  du  sulfocarbonate  dans  le  Midi,  et  dans  votre 
n°  du  28,  vous  reproduisez  un  article  de  M.  Mouillefert,  réfutant  les  bons  conseils 
que  j'ai  cru  devoir  porter  à  la  connaissance  de  nos  viticulteurs,  à  la  recherche  d'un 
moyen  pratique  et  économique  pour  combattre  avec  succès  le  terrible  ennemi  de 
la  vigne.  Je  n'ai  rien  à  changer  à  ma  note  et  je  viens  aujourd'hui  confirmer  tout 
ce  que  j'ai  dit  dans  ma  communication  et  engager  les  viticulteurs  à  venir  à  Béziers 
visiter  mes  expériences,  ce  qui  leur  permettra  de  se  rendre  compte  de  l'exactitude 
de  tout  ce  que  j'ai  dit  sur  le  mode  d'emploi  du  sulfocarbonate  de  potassium,  de 
cet  excellent  insecticide  qui  a  été  si  généreusement  offert  au  domaine  public  par 
l'illustre  chimiste  M.  J.-B.  Dumas. 

«  Je  regrette  vivement  que  mes  observations  ne  concordent  pas  avec  celles  de 
M.  Mouillefert;  mais  en  présence  des  nombreux  échecs  des  traitements  au  sulfo- 
carbonate dans  le  Midi,  j'ai  pensé  qu'il  était  utile,  dans  l'intérêt  de  la  viticulture 
et  de  l'avenir  des  traitements,  de  faire  connaître  les  causes  d'insuccès. 

«  Je  le  répète,  en  employant  le  sulfocarbonate  comme  je  l'ai  indiqué  dans  ma 
communication  faite  à  l'Académie  des  sciences  et  reproduite  dans  le  n"  du 
21  avril  de  votre  estimable  Journal  de  l'agriculture,  on  est  certain  d'obtenir  de 
bons  résultats,  et  la  meilleure  preuve  que  j'ai  une  entière  confiance  dans  l'emploi 
du  sulfocarbonate  de  potassium,  c'est  que  j'ai  planté  cette  année  plusieurs  pièces  de 
terre  qui  sont  situées  près  des  cours  d'eau  avec  des  plants  français,  qui  seront 
soumis  au  traitement  au  sulfocarbonate.  Si,  comme  l'annonce  M.  Mouillefert, 
tous  ses  clients  étaient  aussi  satisfaits  qu'il  se  plaît  à  le  dire,  pourquoi  personne 
n'a  le  courage  de  faire  comme  moi?  Je  n'ai  nullement  l'intention  de  nuire  en  quoi 
que  ce  soit  au  commerce  de  M.  Mouillefert,  je  tiens  seulement  à  faire  connaître 
la  vérité  et  je  ne  m'explique  pas  pourquoi  mon  contradicteur  ne  cherche  pas  à  nous 
prouver  qu'il  est  en  droit  de  relever  la  tête  en  nous  signalant  les  propriétaires 
chez  qui  il  obtient  depuis  plusieurs  années  des  résultats  encourageants. 

«  Avant  de  fermer  la  parenthèse  qu'il  me  soit  permis  d'ajouter  qu'en  présence 
de  faits  aussi  importants  une  enquête  dirigée  par  notre  savant  inspecteur  de  la 
viticulture  mettrait  fin  à  toutes  ces  attaques  et  renseignerait  les  viticulteurs  sur 
ce  que  l'on  est  en  droit  d'attendre  des  traitements  au  sulfocarbonate  de  potasse 
dans  notre  belle  région  vinicole  du  midi  de  la  France.  P.  Culehon, 

Propriétaire  à  Béziers. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (2  JUIN   1883).  3-25 

En  invitant  les  viticulteurs  à  visiter  les  plantations  de  vignes  qu'il 
traite,  M.  Culeron  donne  le  meilleur  moyen.de  constater  les  résultats 
qu'il  a  obtenus. 

X.  —  La  culture  du  panais. 

Il  a  été  récemment  question  dans  le  Journal  de  la  culture  du  panais 
fourrager  dont  M.  Le  Bian  a  entrepris  la  propagation  avec  la  persévé- 
rance la  plus  louable  et  la  plus  énergique.  Notre  excellent  corres- 
pondant vient  de  publier  la  16*  édition  de  sa  brochure  sur  la  cul- 
ture du  panais.  Nous  y  lisons  que,  non  content  d'avoir  répondu,  de 
1874  à  1879,  à  5,070  demandes  de  graines  de  cette  plante,  il  a  ré- 
pondu, de  1880  à  1883,  à  3,308  demandes  nouvelles,  de  telle  sorte 
que,  en  dix  ans,  il  en  a  l'ait  gratuitement  8,378  expéditions  dans  tous 
les  départements,  sans  compter  les  envois  qu'il  a  faits  à  l'étranger. 
Dans  la  plupart  des  circonstances,  la  culture  de  cette  plante  a  donné 
un  succès  complet.  Nous  ne  pouvons  que  féliciter  M.  Le  Bian  de  la 
persévérance  et  de  l'ardeur  qu'il  a  déployées  dans  sa  propagande. 

XL  —  Exposition  d'horticulture  à  Paris. 
Dans  ce  numéro,  nous  publions  le  compte  rendu  de  l'exposition 
universelle  d'horticulture  qui  a  été  ouverte  la  semaine  dernière  à 
Paris;  cette  exposition  a  eu  le  succès  le  plus  complet.  Un  banquet  a 
inauguré  cette  solennité;  à  ce  banquet  assistait  M.  Méline,  ministre 
de  l'agiculture,  assisté  de  M.  Tisserand,  directeur  de  l'agriculture.  Au 
toast  qui  lui  a  été  porté  par  M.  Lavallée,  président  de  la  Société, 
M.  Méline  a  répondu  par  l'allocution  suivante  : 

«  Messieurs,  je  remercie  votre  honorable  président  des  paroles  de  bienvenue 
qu'il  m'adresse  et  de  votre  chaleureux  accueil.  Je  n'hésite  pas  à  vous  dire  que  je 
ne  suis  pas  venu  ici  pour  répondre  par  une  politesse  à  une  politesse,  mais  bien 

Eour  témoigner  de  l'intérêt  que  prend  le  gouvernement  au  développement  d'une 
ranche  de  production  qui,  chaque  jour,  se  développe  davantage. 

«  Nous  sommes  loin  du  temps  où  l'horticulture  n'était  qu'un  plaisir  de  luxe, 
permis  seulement  aux  favorisés  de  la  fortune.  Aujourd'hui,  elle  est  devenue  l'oc- 
cupation, le  délassement,  et  souvent,  bien  souvent  la  consolation  du  plus  mo- 
deste de  nos  cultivateurs. 

«  C'est  à  elle  qu'il  demande  ses  satisfactions  les  plus  intimes.:  l'embellissement 
et  le  charme  de  sa  demeure  et  aussi  la  compensation  aux  risques  ruineux  auxquels 
il  est  hélas  !  exposé  plus  que  personne.  Voilà  pourquoi  l'agriculture  tend  à  deve- 
nir de  jour  en  jour  plus  horticole,  et  nous  devons  nous  en  féliciter. 

«  C'est  ainsi  que  se  trouve  réalisé  le  vœu  que  j'exprimais  il  y  a  quelques  jours 
au  concours  d'Amiens,  et  qui  résume  à  mon  avis  tous  les  conseils  pratiques  qu'on 
peut  donner  aux  agriculteurs  en  ce  moment  :  conjurer  ou  au  moins  atténuer  les 
effets  désastreux  des  fléaux  qui  se  sont  abattus  sur  notre  malheureuse  agriculture, 
en  poussant  à  leur  plus  haut  degré  d'intensité  toutes  les  branches  de  production 
qui  nous  restent  et  dans  lesquelles  nous  excellons. 

«  Je  n'exagère  rien  en  affirmant  que  l'horticulture  est  un  genre  de  production 
dans  lequel  nous  excellons.  Vous  le  prouvez  tous  les  jours,  non  seulement  en 
étendant  son  champ  d'action,  mais  encore  et  surtout  en  perfectionnant  ses 
méthodes  et  ses  produits.  Vous  êtes  arrivés,  à  force  de  patience  et  de  science,  à  ' 
enfanter  de  véritables  merveilles  qui  ont  élevé  votre  industrie  à  la  hauteur  d'un 
art  véritable:  C'est  vous  qui  avez  fait  de  Paris  un  jardin  enchanteur  où  tout  éblouit 
et  fascine  l'œil  de  l'étranger;  vous  contribuez  ainsi  plus  que  personne  à  l'attrac- 
tion que  notre  belle  capitale  exerce  sur  le  monde  entier. 

a  Vous  ne  vous  bornez  pas  à  orner,  à  décorer  Paris  ;  vous  le  faites  vivre,  et  ce 
n'est  pas  votre  moindre  mérite.  Quand  on  analyse  le  mécanisme  de  votre  industrie, 
on  est  tout  de  suite  frappé  de  la  masse  de  salaires  qu'elle  fournit  à  la  population 
parisienne  et  surtout  aux  familles  pauvres  ;  en  sorte  que  ce  luxe  de  bon  goût  qui 
fait  la  jouissance  des  heureux  de  ce  monde  se  traduit,  au  bas  de  l'échelle  sociale, 
par  de  véritables  œuvres  de  bienfaisance. 


326  CHRONIQUE  AGRICOLE   (2  JUIN' 1883). 

«  Pour  en  comprendre  toute  l'étendue,  il  faut  consulter  les  statistiques  qui 
vous  intéressent  :  je  les  ai  demandées  à  l'homme  éclairé  qui  est  à  côté  de  moi,  à 
l'honorable  directeur  de  l'agriculture,  et  j'y  ai  vu,  messieurs,  qu'au  quinzième 
siècle  on  estimait  à  1,500,000  écus  tout  le  mouvement  commercial  des  ventes  de 
fleurs  à  Paris.  En  1835,  un  statisticien  autorisé  l'évalue  déjà  à  35  millions. 
Aujourd'hui,  on  serait  au-dessous  de  la  vérité,  de  l'avis  de  tout  le  monde,  en 
estimant  à  100  millions  au  moins  le  chiffre  de  transactions  sur  lequel  vous  opérez. 

«  Pour  être  juste,  il  faut  reconnaître  que  ces  magnifiques  résultats  sont  dus  en 
grande  partie  à  votre  Société.  C'est  elle  qui  a  entretenu  et  avivé  partout  la  passion 
de  l'horticulture  :  elle  l'a  entretenue  pir  des  expositions  comme  celle  qui  vient  de 
s'ouvrir  et  qui  dépasse  en  splendeur  toutes  celles  qui  l'ont  précédée,  par  l'ensei- 
gnement professionnel  qu'elle  a  prodigué  partout,  par  l'émulation  qu'elle  a  su 
faire  naître  parmi  les  amateurs  qui  sont  devenus  ses  auxiliaires  les  plus  précieux. 

«  Aussi  je  comprends  que  son  ambition  grandisse  avec  ses  succès  et  qu  elle  rêve 
maintenant,  comme  vous  le  disait  tout  à  l'heure  M.  Lavallée,  d  affronter  le  juge- 
ment du  monde  dans  une  grande  exposition  internationale.  Pour  préluder  à  cette 
grande  épreuve,  vous  venez  déjà  d'appeler  dans  votre  jury  les  horticulteurs  les 
plus  autorisés  de  l'Angleterre  et  de  la  Belgique,  et  je  suis  heureux  de  les  saluer  ici 
au  nom  de  la  France.  Ils  vous  rendent  justice,  messieurs,  et  on  peut  prévoir  que 
le  congrès  international  auquel  vous  voulez  vous  soumettre  ne  fera  que  consacrer 
votre  triomphe.  Aussi,  messieurs,  je  termine  en  buvant  avec  une  entière  confiance 
à  l'avenir  de  l'industrie  horticole  et  à  la  prospérité  de  la  Société  nationale  et  cen- 
trale d'horticulture  de  France.  » 

Les  procurés  de  l'horticulture  contribuent  à  ceux  de  l'agriculture  ; 
les  méthodes  sortent  souvent  des  jardins  pour  accroître  la  production 
des  champs.  C'est  pourquoi  les  agriculteurs  doivent  suivre  avec  intérêt 
les  travaux  des  jardiniers  et  les  résultats  qu'ils  obtiennent. 

XII.  —  Exposition  horticole  à  Orléans. 
La  Société  d'horticulture  d'Orléans  et  du  Loiret,  a  décidé  qu'elle 
ferait  sa  cinquantième  exposition,  du  13  au  17  juin  prochain  dans 
l'hôtel  d'Hardouineau,  place  de  l'Etape.  Un  jury  pris  parmi  les  nota- 
bilités horticoles  aura  à  décerner,  en  nombre  illimité,  des  médailles 
Cette  exposition  comprendj-a  spécialement  :  1  "  toutes  les  nouveautés  de 
plantes  ou  arbiistes  fleuris  ou  non  ;  2°  tous  les  légumes  nouveaux  ou 
nouvellement  introduits  ;  3"  une  exposition  spéciale  de  roses  compre- 
nant les  catégories  suivantes  :  roses  hybrides  remontantes  ;  roses-thé, 
hybrides  de  thé  et  noisettes;  roses  mousseuses;  rose  Ile  Bourbon; 
collection  de  roses  réunissant  le  plus  grand  nombre  de  variétés. 

XIII.  —  Société  d  acclimatation. 

La  Société  nationale  d'acclimatation  a  tenu  sa  séance  annuelle  de 
distribution  des  récompenses,  le  vendredi  25  mai,  sous  la  présidence 
de  notre  éminent  confrère  M.  Bouley.  Parmi  les  principales  récom- 
penses qui  ont  été  décernées,  nous  devons  signaler  celles  qui  se  rat- 
tachent spécialement  à  l'agriculture  : 

Mammifères.  —  Médailles  de  première  classe,  MM.  Ernest  Menault,  travaux  de 
vulgarisation  ;  Babet  frères  (de  la  Réunion),  introduction  et  nombreuses  repro- 
'ductions  de  moutons  mérinos  dans  la  colonie  ;  Blainville  (de  la  Réunion),  Charles 
Ghoppy  (de  la  Réunion),  nombreuses  introductions  de  chevaux,  d'ânes,  de  pou- 
linières et  de  moutons  ;  Dolabaratz  (de  la  Réunion),  bœufs  de  charroi  et  de  labour  ; 
De  Kerviguen  (de  la  Réunion),  de  Trévise  (de  la  Réunion),  introduction  de 
vaches  de  race  Garonnaise,  Limousine  etCharolaise.  —  Médaille  de  seconde  clasy,e. 
—  M.  Boisjoly-Potier  (de  la  Réunion),  reproductions  de  bœufs  et  de  moutons. 

Poissons,  crustacés,  etc.  —  Grandes  médailles  d  argent  (hors  classe),  à  l'elfigie 
dlsidore  Geoffroy  Saint-Hilaire,  MM.  W.  Oldham  Ghambers,  pisciculture  en 
Angleterre  ;  Lugrin,  établissement  de  pisciculture  de  Grenat  (Ain)  ;  W.  Noor- 
doek-Hegt,  pisciculture  dans  les  Pays-Ras.  —  Prix  de  500  francs,  fondé  par  la 
Société  pour  les  travaux  de  zoologie  |iure,  M.  le  D"'  Hoek,  études  embryogéniques 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (2   JUIN   1883).  327 

de  l'huître.  —  Médailles  de  première  classe.  MM.  Alphonse  Lefebvre,  pisciculture 
dans  la  Somme;  Rathelot,  pisciculture  àMontrouge.  —  Médaille  de  seconde  classe. 
M.  JJyram  Littlewood,  pisciculture  en  Angleterre. 

Insectes.  —  Grande  médaille  d'argent  (hors  classe),  à  l'effigie  d'Isidore  Geoffroy 
Saint-Hilaire,  M.  Jules  Fallou,  éducations  (ï Aliacus  Pernyi,  en  pleine  forêt  et 
à'Antkerxa  Fiilhii,  de  Gochinchinc.  —  Médaille  de  première  classe,  M.  Durand, 
pour  son  procédé  de  destruction  des  sauterelles. 

Yéqétaux.  —  Grande  médaille  d'argent  (hors  classe),  à  l'efligie  d'Isidore 
Geoffroy  Saint-Hilaire,  M.  Henry  de  Vilmorin,  publications  horticoles.  —  Prix 
de  500  francs,  fondé  par  la  Société  pour  l'introduction  en  France  d'une  espèce 
végétale  propre  à  être  employée  pour  l'alimentation  de  l'homme,  M.  Paillieux, 
introduction  et  culture  du  Gapacho  {Canna  eduli'i). 

Médailles  de  première  classe.  —  MM.  Audibert,  cultures  de  kakis  du  Japon  ; 
L.  Bastide,  cultures  diverses  en  Algérie  et  publications;  Colombier,  cultutes 
de  plantes  européennes  en  Gochinchine  ;  E.  Cornu,  introduction  de  nombreuses 
variétés  de  cannes  à  sucre  à  l'île  Maurice  ;  Rorauald  Dejernon,  publications  et 
conférences  sur  la  vigne  en  Algérie;  Favier,  cultures  et  études  surla  ramie  ; 
Fontaine,  cultures  diverses  en  Algérie;  Honnoraty,  cultures  de  kakis  du  Japon  ; 
Lamur,  cultures  diverses  en  Algérie  ;  J.  de  Mazérieux,  introduction  des  meil- 
leures variétés  de  cannes  à  sucre  à  la  Réunion,  publications  ;  Noël,  pour  son 
ouvrage  sur  les  repeuplements  artificiels  et  la  restauration  des  vides  et  clairières 
des  forêts;  Ollive,  conférences  sur  le  reboisement  en  Algérie;  Tassy,  pour  son 
rapport  sur  le  service  forestier  en  Algérie.  —  Médaille  de  seconde  classe,  M.  Verot, 
arboriculture  forestière  en  Algérie.  —  Mentions  honorables,  MM.  Jean  Dybowski, 
culture  de  la  Lardane  du  Japon  ;  Ghatillon,  Fonteneau,  Plisson  et  Sardou,  pro- 
pagation de  la  vigne  en  Algérie. 

Dans  cette  séance,  M.  Gustave  Baron,  professeur  à  l'Ecole  vétéri- 
naire d'Alfort,  a  fait  une  conférence  sur  la  distribution  géographique 
des  animaux  dans  ses  rapports  avec  l'acclimatation.         J.-A.  Barral. 

INAUGURATION  DU  MONUMENT  DE  M.  DUTERTRE 

A  GRIGNON 

Le  monument  élevé,  dans  le  cimetière  de  Thiverval,  sur  la  tombe 
de  M.  Dulerlre,  ancien  directeur  de  l'Ecole  nationale  d'aij^riculture  de 
Grignon,  a  été  inauguré  le  24  mai.  Une  souscription  dont  l'initiative 
est  due  à  l'Association  amicale  des  anciens  élèves  de  Grignon,  et  à 
laquelle  ont  pris  part  l'école  de  Grignon,  ses  anciens  élèves,  les  amis 
du  regretté  directeur,  a  permis  d'élever  ce  monument  et  de  lui  donner 
les  proportions  d'un  hommage  digne  de  celui  dont  il  recouvre  la 
tombe.  Le  dessin  en  a  été  conçu  par  M.  de  Baudot,  architecte;  il  est 
tout  en  granit.  Un  médaillon  en  bronze  de  M.  Dutertre  en  orne  le 
fronton;  ce  médaillon  est  dû  au  ciseau  de  M.  Millet. 

L'inauguration  de  ce  moment  a  été  l'occasion  d'une  touchante  mani- 
festation; l'aftluence  des  amis,  des  élèves,  était  nombreuse.  Mme  Du- 
,  tertre,  assistée  de  son  frère,  M.  Marcille,  présidait  à  la  cérémonie. 
Autour  d'elle  se  pressaient  le  directeur  de  l'école,  M.  Dubost,  les  pro- 
fesseurs MM.  Millot,  Mussat,  Sanson,  Cazeaux,  Alglave,  Dybowski  ;  les 
autres  fonctionnaires  de  l'école,  MAL  de  Roosmalen,  Guédon,  Jubert  ; 
M.  Boitel,  inspecteur  général  de  Tagriculture,  président  de  l'Associa- 
tion amicale  des  anciens  élèves  de  Grignon;  M.  Barral,  secrétaire  per- 
pétuel de  la  Société  nationale  d'agriculture;  M.  Journault.  député  de 
Seine-et-Oise;  M.  Leblond,  chef  de  division  au  ministère  dâ  l'agricul- 
ture; M.  Lumbezat,  inspecteur  général  de  l'agriculture;  M.  Besnard, 
président  du  Comice  agricole  de  Seine-et-Oise  ;  M.  Pouriau,  ancien 
professeur;  M.  Lefebvre,  sous-directeur  de  la  bergerie  nationale  de 
Rambouillet;  M.  Fréviile,  conseiller  général  ;  M.  de  Villepin,  directeur 


328       INAUGURATION  DU  MONUMENT    DE  M.  DUTERTRE  A  GRIGNON. 

de  la  ferme-école  de  La  Pilletière;  M.  Viet,  directeur  de  la  ferme  de 
rinstitut  agronomique  à  Joinville;  M.  Garlier,  lauréat  de  la  prime 
d'honneur  de  l'Aisne,  etc.  L'Association  des  professeurs  départemen- 
taux d'ai:;riculture  avait  délégué  M.  Garola,  professeur  dans  Eure-et- 
Loir,  pour  la  représenter;  à  côté  de  lui,  MM.  Godefroy,  professeur  du 
département  d'Oran,  Saint-André,  de  l'Oise,  et  Rivière,  de  Seine-et- 
Oise;  citons  encore  M.  Nantier,  directeurde  la  station  agronomique  de 
la  Somme,  et  M.  Guillaume,  directeur  de  l'école  d'horticulture  de  Ville- 
preux.  Tous  les  élèves  présent*s  à  l'école  et  un  grand  nombre  d'anciens 
élèves  venus  des  points  les  plus  divers,  assistaient  à  la  cérémonie. 
M.  Dutertre  repose  dans  le  cimetière  de  Thiverval,  qui  touche  au 
parc  de  l'Ecole.  Après  la  cérémonie  dite  par  M.  l'abbé  Lechennetier, 
curé  de  Thiverval,  ancien  aumônier  de  l'Ecole,  M.  Dehérain  a  pris  la 
parole  au  nom  de  la  famille  de  M.  Dutertre,  pour  remercier  les  amis 
qui  avaient  tenu  à  lui  donner  ce  dernier  témoignage  d'affection.  Il 
s'est  exprimé  comme  il  suit  : 

<c  Messieurs,  une  année  s'est  écoulée  depuis  qu'une  mort  foudroyante  nous  a 
ravi  notre  ami  Florent  Dutertre,  directeur  de  l'Ecole  de  Grignon,  depuis  qu'un 
long  cortège  l'accompagnant  jusqu'à  sa  dernière  demeure  a  témoigné  de  quelle 
estime  était  entouré  celui  que  nous  pleurons  ensemble. 

a  Ce  n'était  pas  iaire  assez  pour  la  mémoire  de  Dutertre  que  de  conduire  son 
cercueil  jusqu'à  ce  modeste  cimetière.  Ce  n'était  pas  assez  que  des  voix  éloquentes 
et  émues  vinssent  rappeler  sur  sa  tombe  entr'ouverte  ses  grandes  qualités,  il  fallait 
qu'un  monument  durable  témoignât  de  vos  regrets  et  tous  réunis  vous  avez  élevé 
ce  tombeau  dans  lequel  pour  toujours  repose  notre  malheureux  ami. 

«  Au  nom  de  madame  Dutertre,  au  nom  de  la  famille  à  laquelle  j'ai  l'honneur 
d'appartenir,  je  viens  remercier  tous  ceux  qui  ont  apporté  leur  concours  à  cette 
œuvre  pieuse. 

«  Je  remercie  l'Association  amicale  des  anciens  élèves  dont  Dutertre  a  été 
pendant  longtemps  le  vice-président,  je  remercie  le  directeur,  le  corps  enseignant, 
les  fonctionnaires  de  l'Ecole,  collaborateurs  dévoués  qui  pendant  onze  ans  l'ont 
aidé  dans  ses  efforts  pour  rendre  l'Ecole  grande  et  prospère,  je  remercie  les  élèves 
qui  lui  portaient  un  vif  attachement,  et  les  amis  dévoués  qui  ont  voulu  lui  donner 
un  dernier  témoignage  d'affection. 

«  J'adresse  enfin  des  remerciements  respectueux  aux  membres  de  la  Société 
nationale  d'agriculture,  représentés  ici  par  leur  éminent  secrétaire  perpétuel,  qui 
ont  voulu  s'associer  à  l'hommage  rendu  à  un  de  leurs  confrères. 

«  Je  prie  les  éminents  artistes  qui  ont  associé  leur  talent  pour  l'érection  de  ce 
tombeau  d'agréer  l'expression  de  la  gratitude  et  de  l'admiration,  non  seulement 
de  la  famille  Dutertre,  mais  je  crois  pouvoir  ajouter  de  toutes  les  personnes  qui 
ont  appoité  leur  obole  à  cette  souscription,  devenue  si  nombreuse,  qu'elle  semble 
être  une  manifestation  sympathique  de  l'agriculture  française  tout  entière. 

«  Pour  que  ce  monument  témoignât  pendant  de  longues  années  de  vos  regrets, 
M.  de  Baudot  l'a  construit  en  ce  dur  granit  qui  brave  l'effort  des  ans  ;  sur  cette 
large  dalle  il  a  sculpté  une  couronne  d'immortelles  qui  rappelle  à  la  fois  lar  durée 
de  notre  douleur  et  le  mérite  de  celui  que  nous  avons  perdu.  Sa  proiession  est  * 
inscrite  sur  cette  pierre  par  les  épis  de  blé  qui  entourent  son  image,  et  les  affec- 
tions nombreuses  qui  se  sont  réunies  pour  édifier  ce  monument  sur  cette  plaque 
commémorative. 

a  M  Millet,  le  célèbre  statuaire,  s'est  généreusement  offert  à  faire  revivre  les 
traits  de  son  ami;  n'ayant  pour  guide  qu'une  photographie,  mais  puisant  dans 
les  souvenirs  empreints  dans  son  cœur,  il  a  su  faire  sortir  de  ce  bronze  l'image 
même  de  Dutertre,  il  nous  a  rendu  le  sourire  de  ses  lèvres,  le  regard  de  ses  yeux. 
dans  lesquels  on  lisait  le  courage  et  la  franchise. 

«  Telles  étaient,  messieurs,  les  qualités  maîtresses  de  notre  ami,  qui^  lui  ont 
valu  une  juste  popularité  Dutertre  savait  commander,  il  avait  de  l'autorité  sur 
toutes  les  personnes  qui  l'approchaient,  et  cet  ascendant  naturel,  tempéré  par 
une  exquise  bonté,  le  rendait  éminemment  propre  à  la  direction  de  la  grande  Ecole 
dans  laquelle  il  a  passé  la  meilleure  et  la  plus  féconde  partie  de  sa  vie.  Bien 
qu'il  ne  montrât  aucune  faiblesse,  il  était  chéri  de  tous,  car  on  sentait  que  si  la 


INAUGURATION  DU  MONUMENT  DE    M.  DUTERTRE  A  GRIGNON.        329 

main  était  ferme,  elle  était  toute  prête  à  s'ouvrir  dans  la  plus  chaleureuse  étreinte. 

«  Dutertre  était  un  homme  d'action,  il  avait  au  plus  haut  degré  une  qualité 
éminemment  française,  l'entrain  ;  qu'il  fallût  organiser  une  entreprise  utile,  pren- 
dre un  décision  délicate,  et  surtout  secourir  un  malheureux,  il  était  au  premier 
rang,  entraînant  tout  le  monde  derrière  lui  ;  on  n'avait  qu'à  le  suivre,  on  était 
certain  d'être  dans  le  bon  chemin. 

«  A  ces  dons  de  la  nature,  il  avait  beaucoup  ajouté,  non  par  l'étude  lente  et 
pénible  du  cabinet,  mais  par  l'observation  directe  des  faits;  son  instinct  pour 
deviner  les  aptitudes  des  animaux  de  l'espèce  ovine  avait  été  fécondé  par  une  fré- 
quentation de  tous  les  jours  dans  les  bergeries  célèbres  de  France  et  de  l'étranger, 
et  il  suffisait  de  l'accompagner  une  fois  dans  un  concours,  pour  être  bien  persuadé 
qu'il  méritait  ce  titre  de  premier  moutonnier  de  France,  qu'on  lui  avait  décerné 
en  riant  et  qu'il  conservera. 

«  Ses  longues  tournées  d'inspecteur  général  lui  avaient  permis  de  se  lier  avec 
un  grand  nombre  d'agriculteurs  distingués.  A  leur  contact,  il  avait  beaucoup 
appris,  car  pour  se  rendre  maître  des  choses  et  en  saisir  le  côté  utile,  un  quart 
d'heure  de  conversation  lui  suffisait. 

«  Aimanta  obliger,  Dutertre  pour  rendre  service  n'épargnait  ni  sa  bourse  ni  son 
temps,  ni  ses  conseils;  il  était  avantageux  de  les  suivre,  car  sous  sa  joyeuse 
bonne  humeur  se  cachaient  une  grande  finesse  et  un  rare  bon  sens. 

ce  Dutertre  a  passionnément  aimé  Grignon,  il  y  avait  vécu  heureux  étant  élève, 
il  ne  parlait  jamais  sans  plaisir  de  ses  trois  ans  d'étude,  et  quand  plus  tard  il 
accepta  la  lourde  charge  de  diriger  sa  chère  école,  il  se  donna  à  elle  tout  entier. 

«  Il  a  tenu  à  honneur,  on  l'a  rappelé  l'an  dernier  à  cette  place,  de  lui  rendre 
ses  limites  naturelles  ;  il  a  lutté  pendant  plusieurs  années  pour  la  faire  rentrer 
dans  la  pleine  possession  du  domaine  dont  elle  n'aurait  jamais  dû  être  privée  ; 
mais,  s'il  y  a  réussi,  ceux  qui  l'approchaient  souvent  à  cette  époque  savent  quels 
efforts  le  succès  lui  a  coûtés. 

«  Son  plus  grand  bonheur  pendant  ses  dernières  années  était  encore  de  par- 
courir ce  parc  admirable  embelli  par  ses  soins,  de  montrer  ses  brillantes  cultures 
et  nous  trouvons  quelque  consolation  à  penser  qu'il  repose  à  Grignon,  presque 
dans  l'Ecole  où  il  a  laissé  de  si  vifs  regrets. 

«  Pendant  bien  des  années,  messieurs,  le  vieux  château  de  Grignon  abritera 
des  générations  d-'élèves,  ceux  qui  ont  connu  Dutertre  seront  remplacés  par  d'au- 
tres, puis  par  d'autres  encore;  mais  grâce  à  ce  monument,  le  souvenir  de 
Dutertre  sera  conservé  et  les  jeunes  agriculteurs  que  n'effrayera  pas  le  triste 
séjour  des  morts  et  qui  franchiront  le  seuil  de  cette  enceinte  y  trouveront  des 
leçons  et  des  exemples. 

«  On  l'a  dit  avec  éloquence,  ce  modeste  cimetière  de  Thiverval  est  devenu  une 
terre  sacrée  pour  l'agriculture  française.  Là  à  deux  pas  repose  Auguste  Bella,  le 
fondateur,  qui,  abandonnant  une  épée  illustrée  dans  maints  combats,  voulut,  à 
l'imitation  de  Mathieu  de  Dombasle,  créer  dans  ce  pays  une  grande  école  d'agri- 
culture; puis  dans  la  même  tombe,  François  Bella  le  second  directeur,  dont  nous 
avons  connu  l'infatigable  activité;  ici,  enfin,  notre  ami  Florent  Dutertre.  En  reli- 
sant cette  inscription,  en  voyant  quel  concours  de  bonnes  volontés  a  permis 
l'édification  de  ce  tombeau,  le  passant  dira  :  «  Celui-ci  fut  aimé  de  tous  !  » 

«  Et  quel  plus  bel  éloge  peut-on  faire  d'un  homme,  qui  ayant  eu  l'autorité 
dans  le  petit  monde  qu'il  gouvernait,  sut  n'y  laisser  que  des  amis. 

«  Messieurs,  votre  œuvre  est  bonne,  elle  apporte  à  un  cœur  désolé  le  seul  adou- 
cissement qui  puisse  l'atteindre,  la  seule  récompense  que  méritent  les  soins  ma- 
ternels dont  madame  Dutertre  a  entouré  les  élèves  qui  la  chérissaient. 

«  Messieurs,  votre  œuvre  est  grande  puisqu'elle  montre  que  l'agriculture  fran- 
çaise sait  honorer  les  hommes  qui  l'ont  bien  servie,  et  que  ceux  qui  ont  fécondé 
le  sol  ont,  comme  ceux  qui  l'ont  défendu,  leur  tombeau  glorieux.  » 

C'est  au  milieu  de  la  plus  vive  émotion  que  ce  discours  s'est  terminé. 

M.  Journault,  député  de  Seine-et-Oise,  a  donné  ensuite,  au  nom  du 
gouvernement,  un  dernier  adieu  au  fonctionnaire  infatigable,  dont  le 
souvenir  vivra  longtemps  chez  les  populations  agricoles  du  département. 

Puissent  les  témoignages  de  respect  affectueux  et  d'universelle  sym- 
pathie qu'elle  a  reçus  de  nouveau  dans  cette  solennité,  contribuer  à 
apaiser  l'amère  douleur  de  Mme  Dutertre.  Henry  Sagnier. 


330  LE  TROUPEAU  MERINOS  DE  PASS Y-EN- VALOIS. 


LE  TROUPEAU  MERINOS  DE  P A SSY-EN- VALOIS 

A  l'occasion  du  compte  rendu  du  concours  régional  d'Amiens,  que 
nous  avons  publié  dans  le  Journal  de  f  Agriculture  du  19  mai,  la  lettre 
suivante  a  été  adressée  par  Mme  Bataille,  au  directeur  du  Journal  : 

«  Passy-en-Valois  (Aisne),  20  mai  1883. 

ce  Monsieur,  je  viens  de  lire  le  compte  rendu  du  concours  d'Amiens,  -et  j'y  vois 
que  M.  Sagnier,  en  parlant  du  troupeau  que  mon  pauvre  mari  s'est  attaché  à  amé- 
liorer, pense  que  cette  J)ergerie  est  dispersée.  C'est  là  une  erreur,  sur  laquelle  Je 
désire  bien  le  voir  revenir. 

«  Je  tiens  trop  à  ce  fjue  les  efforts  qu'il  a  faits  ne  deviennent  pas  inutiles,  pour 
négliger  quoi  que  ce  soit,  tant  que  je  serai  à  la  ferme,  et  jmncipalement  le  trou- 
peau, qui  a  été  constaaiment  l'objet  de  tous  ses  soins. 

«  La  bergerie  existe  toujours,  avec  cette  seule  différence  que  cette  année,  en 
raison  du  malheur  qui  m'a  frappée,  j'ai  préféré,  trouvant  à  le  faire  dans  de  bonnes 
conditions,  vendre  les  îigneaux  gris  et  les  antenais,  plutôt  que  les  louer.  Mais  il 
n'en  reste  pas  moins  en  ce  moment  130  agneaux  béliers,  nés  en  aoiît  et  septembre, 
et  qui  seront  à  louer  ou  à  vendre  comme  par  le  passé. 

«  Veuillez  recevoir,  etc.  Cl.  Bataille.  » 

Il  est  toujours  fâcheux  de  se  tromper  ;  mais,  dans  la  circonstance 
actuelle,  nous  ne  pouvons  guère  regretter  notre  erreur.  Elle  a  donné 
l'occasion  de  constater  que  la  bergerie  du  regretté  M.  Paul  Bataille 
n'est  pas  dispersée,  que  cette  belle  entreprise  se  maintient.  Nous 
espérons,  et  nous  ne  doutons  pas  que,  entre  les  mains  habiles  de 
Mme  Bataille,  le  troupeau  de  Passy-en-Valois  conservera  la  légitime 
renommée  qu'il  a  acquise.  Henry  Sagnier. 

DISCOURS  DE  M-  MÊLINE,  MINISTRE  DE  L'AGRICULTURE 

AU  CONCOURS  RÉGIONAL  DE  TRÛYES,  LE  27  MAI    1883. 

Messieurs,  en  ouvrant  cette  distribution,  ma  pensée  se  reporte  instinctivement 
vers  le  dernier  concours  régional  qui  a  eu  lieu  dans  votre  belle  ville. 

C'était  au  lendemain  de  nos  désastres,  et  peu  de  temps  après  la  libération  du 
territoire.  Vos  campagnes  avaient  profondément  souffert,  vos  écuries  étaient  en 
partie  détruites,  et  pour  comble  de  malheur,  la  peste  bovine  vous  était  restée 
comme  un  souvenir  poignant  de  l'invasion.  On  pouvait  se  demander  si  nos  malheu- 
reux cultivateurs  de  l'Est,  si  cruellement  éprouvés,  auraient  conservé  assez  de 
courage,  assez  de  ressort  moral  pour  se  relever  de  tant  de  ruines. 

Le  concours  de  1875  fut  une  révélation,  la  plus  consolante  de  toutes  celles  qui 
nous  avaient  été  données  depuis  l'année  de  deuil.  Il  prouva  avec  la  dernière  évi- 
dence que  nos  braves  populations  s'étaient  remises  à  l'œuvre  avec  une  indomptable 
énergie,  et  qu'elles  se  montraient,  pendant  la  paix,  C3  qu'elles  avaient  été  pendant 
la  guerre,  patientes,  infatigables  et  héroïques. 

Le  concours  de  1875  comprenait  10  départements,  4  de  plus  que  le  concours 
actuel,  dans  lequel  ne  figurent  plus  la  Haute-Saône,  la  Gôte-d'Or,  le  Doubs  et 
l'Yonne.  11  fut  des  plus  brillants  tant  par  la  quantité  du  bétail  qu'on  y  admira,  que 
par  les  expériences  scientifiques  auxquelles  on  se  livra  pour  la  première  fois  dans 
ce  pays,  et  qui  prouvaient  déjà  l'inlérêt  passionné  que  vous  apportiez  aux  progrès 
des  méthodes  et  des  procédés  de  culture. 

C'est  dans  votre  ville  ([ue  furent  tentés  alors  les  premiers  essais  de  cette  admi- 
rable machine,  qu'on  appelle  le  semoir,  qu'on  devrait  trouver  partout  et  qui,  j'ai 
le  regret  de  le  dire,  est  encore  trop  peu  connue  et  appliquée.  Dès  cette  époque, 
il  fut  démontré  que,  grâce  à  ce  merveilleux  instrument,  on  pouvait  économiser  un 
hectolitre  de  semence  par  hectare  et  obtenir  des  augmentations  de  rendement 
de  10  à  20  pour  100  avec  le  concours  de  la  houe,  par  les  avantages  de  la  planta- 
tion en  ligne. 

Depuis  lors,  vous  n'avez  pas  dégénéré,  et  on  peut  vous  proposer  comme  un 
exemple  au  reste  de  la  France;  car  dans  ce  concours  de  1883,  réduit  cependant 


DISCOURS  DE  M.  MÉLINE  AU  CONCOURS  DE  TROYES.  331 

à  6  départements  au  lieu  de  10,  le  nombre  des  machines  présentées  a  augmenté 
du  double.  Et,  comme  pour  mettre  l'application  à  côté  du  princijje,  en  montrant 
combien  la  mécanique  peut  contribuer  au  développement  de  la  production,  vous 
nous  offrez  en  même  temps  trois  fois  ])lus  de  produits  qu'en  1875. 

Quant  au  bétail,  s'il  est  un  peu  moins  nombreux  pour  la  race  bovine,  il  est 
plus  abondant  pour  les  races  ovine  et  porcine. 

Ge  n'est  pas,  du  reste,  par  la  quantité  des  produits  seulement  que  le  concours 
de  cette  année  l'emporte  sur  celui  qui  l'a  précédé,  c'est  par  la  qualité,  par  "l'amé- 
lioration des  races  et  le  perfectionnement  vraiment  extraordinaire  des  machines. 
Dans  cet  essor  de  la  région  tout  entière,  le  département  de  l'Aube,  il  faut  lui 
rendre  cette  justice,  se  distingue  entre  tous  et  mérite  une  mention  à  part.  Il  est 
la  preuve  éclatante  de  l'étroite  solidarité  qui  unit  en  tous  pays  l'agriculture  et 
l'industrie  et  qui  fait  sortir  leurs  progrès  de  l'émulation  commune. 

Malgré  les  mauvaises  années  dont  ce  département  a  souffert,  autant  qu'un 
autre,  il  ne  s'est  pas  découragé  et  a  toujours  été  en  progressant. 

Ainsi  le  nombre  des  bêtes  bovines  s'est  accru,  depuis  1875,  de  plus  de  2,000 
têtes;  celui  des  porcs,  d'un  millier  de  têtes.  Pour  les  chevaux,  l'accroi-; sèment  a 
été  plus  considérable  encore,  grâce,  il  faut  bien  le  dire,  à  l'initiative  et  au.ic 
encouragements  du  conseil  général  :  l'augmentation  est  de  2,500  têtes. 
Quant  aux  surfacescultivées,  elles  s'étendent  de  jour  en  jour, 
il  faut  d'abord  rendre  justice  aux  hommes  intelligents  qui  ont  développé,  dans 
de  vastes  proportions,  la  richesse  forestière  de  ce  département,  qui  ont  su  con- 
quérir, sur  votre  sol  crayeux,  des  espaces  considérables  et  substitué  de  magni- 
fiques nappes  de  verdure  aux  aspects  désolés  d'autrefois. 

Mais  ce  qui  passe  avant  tout,  c'est  l'accroissement  considérable  de  la  (culture 
du  blé.  On  peut  en  juger  par  un  chiffre. :  les  ensemencements  ont  été,  en  1882, 
de  85,000  hectares,  quand  ils  n'avaient  été  que  de  80,000  hectares  en  moyenne 
pendant  toute  la  période  de  1871  à  1880. 

Ge  qui  est  plus  méritoire  encore,  c'est  l'élévation  croissante  des  rendements  : 
le  rendement  moyen  annuel  a  été  de  1,305,582  hectolitres,  pour  la  période  de 
1871  à  1880,  quand  il  n'avait  été  que  de  1,195,904  hectolitres  pour  la  période  de 
1860  à  1869.  Aussi,  messieurs,  avez-vous  été  récompensés  comme  on  l'est  tou- 
jours quand  on  sait  comprendre  cette  grande  nécessité  des  rendements  supérieurs  : 
la  valeur  de  vos  récoltes  en  céréales  qui  n'était  estimée  pour  la  période  de  1860 
à  1869  qu'à  25  millions,  s'est  élevée  à  30  millions  pour  la  période  de  18/0  à 
Î880.  En  1882,  elle  a  dépassé  39  millions. 

Faut-il  ajouter  que  la  culture  de  la  betterave  a  presque  doublé,  que  celle  des 
pommes  de  terre  s'est  accrue  de  2,000  hectares  environ  depuis  1S69,  pendant 
que  le  rendement  de  cette  dernière  culture,  suivant  la  même  marche  progressive, 
passait  de  80  hectolitres  à  114  par  hectare. 

Ces  résultats  sont  profondément  satisfaisants  et  consolants;  ils  étonneront  bien 
ceux  qui  croient  qu'il  y  a  encore  une  Champagne  pouilleuse. 

Ils  sont  confirm-s  par  une  statistique  d'un  autre  ordre  et  non  moins  curieuse, 
celle  des  baux  enregistrés  qui  permet  de  se  rendre  compte  de  la  valeur  moyenne 
de  la  propriété.  Il  résulte  des  relevés  qui  ont  été  faits  par  M.  le  ministre  des  finances 
à  la  demande  du  ministère  de  l'agriculture,  qu'en  1867  le  prix  moyen  des  loyers 
par  hectare  dans  votre  département  était  de  36  francs,  et  qu'il  est  aujourd'hui  de 
48  francs,  en  sorte  que  depuis  l'Empire  la  hausse  du  loyer  de  la  terre  a  été  d'en- 
viron 12  francs,  ce  qui  correspond  à  une  plus-value  du  capital  foncier  d'environ 
3ù0  francs  par  hectare. 

Ge  sont  là  des  faits  incontestables;  ils  jettent  un  jour  précieux  sur  notre  situa- 
tion actuéire,  qu'il  faut  bien  se  garder  d'exagérer.  Ils  sont  tout  à  l'honneur  de 
nos  excellentes  populations  agricoles,  et  nous  avons  le  droit  d'être  fiers  d'elle.  Ils 
prouvent  qu'elles  sont  deux  fois  patriotes;  car  elles  donnent  à  la  patrie  en  temps 
de  guerre  ses  plus  vaillants  soldats,  et  en  temps  de  paix  elles  augmentent  sans 
cesse  le  capital  national,  préparant  ainsi  les  ressources  suprêmes  qui  seraient 
nécessaires  au  piiy.s  le  jour  où  il  aurait  besoin  de  faire  appel  à  toutes  ses  forces. 

J'espère  que  nous  ne  verrons  pas  ce  jour  de  longtemps.  Gar  rien  ne  peut  mieux 
assurer  la  sécurité  de  la  France  et  lui  mériter  le  respect  de  ses  voisins  que  de  se 
présenter  au  monde  comme  une  nation  revenue  des  folies  guerrières,  tout  entière 
occupée  à  se  reconstituer,  à  développer  ses  forces  vives,  ne  désirant  et  ne  deman- 
dant (ju'une  chose  :  le  droit  de  travailler  en  paix  et  de  jouir  chez  elle  de  l'indé- 
pendance qu'elle  laisse  aux  autres. 


332  SUR  LES  ALLUVIONS  ARTIFICIELLES. 


SUR  LES  ALLUVIONS  ARTIFICIELLES 

Mon  cher  directeur,  je  ne  sais  jusqu'à  quel  point  la  prière  que  je 
Yous  avais  faite  de  me  donner  votre  avis  sur  mon  projet  de  fertilisa- 
tion des  Landes  pouvait  être  considérée  comme  une  sommation.  En 
tout  cas,  si  peu  usitée  que  soit  en  général  cette  forme  de  langage,  elle 
me  paraîtrait  presque  justifiée  dans  l'espèce. 

Les  idées  que  je  soutiens  depuis  vingt  ans  peuvent  être  combattues, 
discutées;  on  peut  contester,  nier  même  l'efficacité  des  moyens  que  je 
propose;  mais  ce  qu'on  ne  saurait  méconnaître,  c'est  l'importance  du 
but  que  j'ai  en  vue,  puisqu'il  ne  s'agit  de  rien  moins  que  de  tripler 
peut-être  un  jour  notre  production  agricole  par  la  généralisation  de 
mes  procédés  ;  de  l'augmenter  tout  au  moins  d'un  dixième  par  leur 
première  application  aux  landes  de  Gascogne. 

C'est  à  ce  point  de  vue  d'utilité  générale,  d'intérêt  public  de  premier 
ordre,  que  mon  projet  me  paraîtrait  devoir  s'imposer  à  l'attention  de 
tous,  sans  que  personne  y  reste  indifférent,  chacun  devant  être  tenu 
de  se  faire  une  opinion  suivant  sa  propre  compétence,  ou  du  moins  de 
n'admettre  l'opinion  d'autrui  que  tout  autant  qu'elle  lui  paraîtra  ré- 
sulter d'un  examen  sérieux  et  réfléchi  et  non  d'une  simple  dénégation 
de  parti  pris.  Je  n'exige  pas  qu'on  me  croie  sur  parole.  S'il  n'y  a  que 
rêve  ou  utopie  dans  ce  que  j'avance,  qu'on  le  dise  et  surtout  qu'on  le 
prouve,  mais  franchement,  à  haute  voix,  au  lieu  de  le  sous-entendre 
ou  de  le  colporter  tout  bas  avec  de  dédaigneux  ménagements. 

Vous  avez  bien  voulu  répondre  à  mon  appel  et  je  vous  en  remercie. 

Vous  reconnaissez  que  mon  projet  n'a  rien  que  de  pratique  et  de 
réalisable  ;  vous  n'y  voyez  qu'une  objection  plutôt  hygiénique  qu'agro- 
nomiqucy  qui  ne  me  paraît  être  qu'une  question  de  détail.  J'y  répon- 
drai tout  à  l'heure;  mais,  pour  mieux  mettre  vos  lecteurs  en  mesure 
d'apprécier  jusqu'à  quel  point  ils  doivent  s'arrêter  à  cette  objection  ou 
à  toute  autre  qui  pourrait  surgir,  je  vous  demanderai  de  leur  rappeler 
avec  quelques  détails  en  quoi  consiste  plus  particulièrement  mon  pro- 
jet de  fertilisation  des  Landes,  quel  en  est  le  but,  quels  en  sont  les 
moyens  d'exécution. 

I.  —  Le  but  est  nettement  défini  :  il  s'agit  de  transformer  en  terres 
végétales  de  premier  ordre  une  région  de  près  d'un  million  d'hectares 
de  sables  infertiles,  impropres  dans  leur  état  naturel  à  produire  autre 
chose  qu'une  végétation  spontanée  de  bruyères,  d'ajoncs  et  de  fou- 
gères sans  aucune  valeur  agronomique.  Si  par  un  ensemble  de  tra- 
vaux dont  je  suis  loin  de  méconnaître  l'importance,  on  est  parvenu 
à  modifier  avantageusement  les  conditions  physiques  de  ce  spl  ingrat, 
en  améliorant  l'écoulement  de  ses  eaux  de  surface,  on  n'a  rien  changé 
en  fait  à  ses  conditions  hygiéniques.  Le  pin  maritime  dont  on  peut 
généraliser  la  production  à  la  surface  des  landes,  n'est  en  réalité 
qu'une  bruyère  de  haute  futaie,  qui  n'emprunte  au  sol  que  son  point 
d'appui,  ne  vit  que  de  l'atmosphère,  n'est  apte  à  autre  chose  qu'à 
fixer  le  carbone  de  l'air  à  l'état  de  bois  ou  de  résine,  qui  n'est  elle- 
même  qu'un  dérivé  du  carbone  et  de  l'eau.  Accidentellement  ce  der- 
nier produit  s'est  trouvé  avoir  acquis  un  prix  exceptionnel  pendant  la 
guerre  d'Amérique;  mais,  en  temps  normal,  sa  valeur  est  des  plus 
minimes.  De  l'aveu  de  tous    les  propriétaires,  la  culture  du  pin  est  à 


SUR  LES  ALLUVIONS  ARTIFICIELLES-  333 

peine  rémunératrice  ;  elle  représente  le  placement  d'un  capital  qui 
s'accroît  lentement  par  l'accumulation  des  intérêts  composés  à  un 
taux  minime,  qui  n'ajoute  rien  à  la  valeur  du  fond  dont  la  valeur 
vénale  a  depuis  lonp;îeinps  cessé  d'augmenter,  est  inférieure  [icut-être 
aujourd'hui  à  ce  qu'elle  était  il  y  a  trente  ans,  après  l'ouverture  des 
chemins  de  fer,  ne  pouvant  être  portée  à  plus  de  60  ou  80  francs  par 
hectare. 

Le  sol  des  Landes  est  d'ailleurs  admirablement  disposé  pour  la  cul- 
ture; sous  un  clinratdes  plus  favorisés,  sans  accidents  de  terrain,  avec 
la  pente  nécessaire  à  l'écoulement  des  eaux  pluviales,  à  l'abri  des 
inondations  et  des  intempéries;  rien  n'y  manque  que  la  terre  végé- 
tale et  les  populations  rurales  qui  seraient  nécessaires  pour  les  mettre 
en  culture  si  elles  existaient. 

Si  par  un  moyen  quelconque  il  était  possible  de  transporter  à  la 
surface  de  ce  sol  ingrat  une  couche  de  terre  végétale  d'épaisseur  con- 
venable, 0'".30,  par  exemple,  choisie  parmi  les  meilleures;  personne 
ne  voudrait  mettre  en  doute  qu'il  se  produirait  promplement  un  cou- 
rant d'émigration  amenant  sur  place  le3  populations  nécessaires  pour 
mettre  ce  nouveau  sol  en  culture,  et  lui  faire  acquérir  plus  ou  moins  vite 
une  valeur  vénale  de  5  à  6,000  fr.,  égale  à  celle  des  terrains  similaires 
partout  ailleurs.  Si  la  plus-value  n'était  pas  immédiatement  égale  à 
ce  chiffre,  elle  ne  saurait  être  toutefois  inférieure  à  sa  moitié.  Si  donc 
il  était  possible  de  réaliser  ce  programme,  de  transporter  sur  la  sur- 
face des  landes  cette  couche  de  terre  arable,  il  n'y  aurait  aucune  exa- 
gération à  admettre  que  le  gain  de  richesse  publique  produit  ne  sau- 
rait être  évalué  à  moins  de  3  milliards  pour  le  moment,  pouvant  s'éle- 
ver à  près  du  double  dans  un  avenir  plus  ou  moins  rapproché. 

Or,  si  ce  transport  direct  paraît  irréalisable  en  pratique,  on  ne 
saurait  guère  nier  qu'un  même  résultat  serait  obtenu  si,  au  lieu  de 
transporter  à  la  surface  des  landes  de  la  terre  végétale  toute  formée,  on 
pouvait  la  constituer  sur  place,  de  toutes  pièces,  par  un  mélange  con- 
venable des  éléments  minéraux  qui,  partout  ailleurs,  constituent  cette 
même  terre  végétale. 

Cette  seconde  partie  de  mon  argumentation  aurait  pu  être  plus  ou 
moins  contestée,  il  y  a  vingt  ans,  quand  pour  la  première  fois  j'ai 
essayé  de  formuler  les  bases  de  la  théorie  du  sol  végétal. 

Mais  les  principes  que  j'émettais  alors  sont  aujourd'hui  passés  du 
domaine  de  l'hypothèse  dans  l'ordre  des  faits  scientifiques  les  plus 
avérés.  Les  belles  recherches  expérimentales  de  M.  de  Gasparin  et  de 
nombre  d'autres  agronomes  éminents,  ont  mis  hors  de  doute  ces  deux 
axiomes  fondamentaux  :  Toute  bonne  terre  végétale  est  composée  d'un 
mélange  de  sable  inerte  et  de  limon  argilo-calcaire.  Tout  mélange  de 
sable  et  de  limon  argilo-calcaire  constitue  une  bonne  terre  arable. 
Toute  la  différence  existant  entre  des  terrains  de  natures  diverses  pro- 
viendra soit  de  la  proportion  du  mélange  des  deux  éléments,  soit  de 
la  composition  particulière  de  l'élément  actif  du  limon. 

Or,  quant  au  premier  point,  nous  savons  aujourd'hui  d'une  manière 
certaine  que  la  meilleure  proportion,  comme  quantité,  est  celle  de 
deux  parties  de  sable  inerte  pour  une  de  limon,  constituant  ce  que 
M.  de  Gasparin  a  appelé  la  continuité  du  sol. 

Quant  au  second  point,  la  valeur  et  les  propriétés  agronomiques  du 
sol  pourront  sans  doute  beaucoup  varier,  suivant  la  composition  chi- 


334       .  SUR  LES  ALLUVIONS  ARTIFICIELLES- 

miqiie  du  terrain  ;  mais  il  ne  saurait  être  douteux  que  nous  obtien- 
drons une  terre  végétale  d'autant  meilleure  que  nous  serons  maîtres 
de  faire  varier  les  éléments  minéraux  assimilables  qui  donnent  au 
limon  ses  propriétés  productives,  de  choisir  entre  un  grand  nombre, 
ceux  que  l'analyse  chimique  nous  indiquera  comme  les  plus  riches 
en  acide  phosphorique,  chaux,  potasse,  etc.,  suivant  la  nature  parti- 
culière du  sol  que  nous  trouverons  plus  avantageux  de  reproduire. 

Si  donc,  àlasurlace  des  Landes  nous  pouvons  répandre  une  couche 
de  0"M0  d'épaisseur  de  limon  argilo-calcaire  convenablement  dosée, 
on  ne  saurait  contester  que  par  le  mélange  de  ce  limon  avec  une 
quantité  double  de  sable,  nous  aurons  résolu  le  problème,  constitué 
de  toutes  pièces  une  couche  de  terre  arable  de  premier  choix,  ana- 
logue, ou,  pour  mi<mx  dire,  supérieure  à  celle  que  la  nature  reproduit 
chaque  jour  sous  nos  yeux,  en  mélangeant  au  hasard,  sur  les  rives  de 
nos  cours  d'eau,  les  sables  et  les  limons  naturels  charriés  par  les 
crues. 

II.  —  Le  but  de  l'opération  est  donc  parfaitement  défini.  Les  résul- 
tats pourront  se  chiffrer  par  avance,  suivant  la  nature,  la  quantité  et 
le  prix  de  revient  des  limons  argilo-calcaires  que  nous  pourrons  ame- 
ner sur  les  Landes.  Ces  trois  questions,  qui  peuvent  être  considérées 
comme  résumant  les  moyens  de  l'opération,  ne  me  paraissent  pas 
moins  netleraent  résolues. 

Comme  nature  des  limons,  j'ai  reconnu,  vérifié  par  de  nombreuses 
analyses  de  laboratoire,  que  les  contreforts  des  Pyrénées,  rayonnant 
autour  du  plateau  central  de  Lannemezan,  comprennent  trois  natures 
distinctes  de  terrains  meubles,  accolés  ou  superposés  :  1"  une  immense 
formation  prédominante  d'argiles  feldspathiques,  très  homogène,  très 
meuble,  sur  une  épaisseur  de  plus  de  200  mètres,  complètement  dé- 
pourvue de  calcaire,  constituant  à  elle  seule  en  l'état  la  majeure  partie 
des  alluvions  naturelles  des  affluents  de  la  rive  gauche  de  la  Garonne; 
2"  des  couches  sous-jacentes  de  marnes  tertiaires,  de  composition  à 
peu  près  analogues,  mais  contenant,  en  sus  de  l'argile,  8  ou  10  pour 
100  de  calcaire;  3°  enfin  des  couches  de  marnes  crétacées  très  riches 
en  calcaire,  beaucoun  moins  meubles,  se  débitant  pourtant  en  lamelles 
minces,  friables,  faciles  à  attaquer  par  l'eau,  aussi  bien  que  par  l'outil 
du  travailleur. 

Suivant  la  nature  de  l'alluvion  qu'on  croira  devoir  produire,  on 
pourra  attaquer  plus  ou  moins  profondément  ces  trois  natures  de 
terrain.  Pour  tous  indistinctement,  l'opération  ne  sera,  en  principe, 
qu'une  question  de  terrassement  qui  serait  sans  doute  très  embarras- 
sante, si  l'on  devait  recourir  aux  procèdes  ordinaires;  qui  deviendra 
des  plus  simples,  si  l'on  fait  intervenir  comme  agent  mécanique  l'ac- 
tion des  eaux  courantes. 

Tout  terrassement  comprend  deux  opérations  distinctes  :  la  fouille 
■et  la  charge  au  cha'itier  d'abatage  ou  de  déblai  ;  le  transport  et  le 
répandage  au  remblai.  Le  prix  de  la  première  opération  est  naturelle- 
ment proportionné  au  cube  des  matériaux  extraits  ;  celui  de  la  seconde 
dépend  en  outre  de  la  distance  à  laquelle  doit  se  faire  le  transport. 

Dans  la  pratique  ordinaire  des  terrassements,  le  prix  de  fouille  et 
charge  de  terrains  meubles  analogues  à  ceux  que  nous  avons  à  traiter, 
varie  de  0  fr.  10  à  0  fr.  30  par  mètre  cube,  suivant  leur  ténacité.  En 
utilisant  l'action  mécanique  des  eaux  agissant  sous  les  charges  puis- 


SUR  LES  ALLUViUiSiS  ARTIFICIELLES.  335 

santés  dont  je  peux  disposer,  j'ai  la  certitude  qvio  le  prix  de  démoli- 
lion  du  mètre  cube  de  terres  meubles,  se  réduira  à  moins  de  0  fr.  02 
à  0  i'r.  03.  Cette  partie  de  mon  projet  est  celle  qui  a  donné  lieu  aux 
plus  nombreuses  objections,  ou  qui  plutôt,  faute  d'avoir  été  bien 
comprise,  a  laissé  planer  sur  lui  comme  une  apparence  de  fantastique 
difticulté.  Cette  idée  de  démolir  d'un  seul  coup  une  montagne  entière 
par  laction  de  formidables  jets  d'eau,  ou  plus  simplement  encore  par 
î'ébouleraent  d'un  gigantesque  trou  de  taupe,  a  effrayé  plus  qu'elle  n'a 
séduit  les  esprits  prévenus. 

En  fait  cependant,  on  ne  saurait  contester  que  l'opération,  dût-elle 
être  iaite  à  la  main  par  les  procédés  ordinaires  de  nos  terrassiers  ;  la 
terre  devrait-t-elle  être  attaquée  à  la  pioche  et  jetée  à  la  pelle  dans  un 
canal  d'eau  courante,  au  lieu  d'être  chargée  dans  un  wagon  ou  un 
tombereau;  la  dépense  irait  tout  au  plus  de  ce  chef  à  0  fr.  '-^0  ou  0  fr.  30 
par  mètre  cube,  ce  qui  représenterait  par  hectare  de  terre  à  fertdiser 
une  dépense  de  200  à  300  francs  qui  n'aurait  rien  d'excessive.  Mais,  si 
je  n'ai  pu  emp'oyer  encore  l'eau  en  grand  volume,  sous  forte  pression, 
à  démolir  des  terrains  meubles  par  grandes  naasses,  j'ai  pu  constater 
par  des  expériences  précises  que,  en  opérant  simplement  par  les  pro- 
cédés ordinaires,  en  se  faisant  seulement  aider  par  l'action  érosive 
d'un  filet  d'eau  courante,  coulant  à  pleine  vitesse  à  ses  pieds,  et  pro- 
jetant dans  un  canal  de  transport  en  bois  le  produit  de  la  fouille,  le 
terrassier  ordinaire  pouvait  obtenir  beaucoup  plus  de  travail  dans  le 
même  temps  avec  moins  d'efforts. 

Pour  le  cas  particulier  d'une  alluvion  sablonneuse  très  meuble,  que 
l'eau  affouillait  aisément,  un  simple  journalier  n'ayant  aucune  pra- 
tique de  terrassement,  a  produit  couramment,  sous  mes  yeux,  un 
déblai  de  1 0  mètres  à  l'heure,  au  prix  moyen  de  0  fr.  03  le  mètre. 

Pour  une  terre  argilo-siliceuse,  très  dure,  empâtant  des  graviers, 
ne  s'attaquant  qu'au  pic,  résistant  à  l'action  superficielle  d'un  courant 
animé  d'une  vitesse  de  2  à  3  mètres,  le  cube  enlevé  par  heure  était 
réduit  à  3""%  et  le  prix  du  mètre  porté  à  0  fr.  10. 

Dans  les  conditions  moyennes  des  terres  argilo-siliceuses,  qui  devront 
fournir  le  principal  élément  de  l'alluvion  des  Landes,  infiniment  moins 
compactes  que  celles  de  mon  dernier  essai,  on  pourrait  compter  sur 
une  moyen  le  de  déblai  de  5""  à  l'heure,  de  50'""  par  journée  de 
terrassier.  A  ce  compte,  la  fouille  de  100,000'"'  a  effectuer  pour  le 
canal  des  Landes  exigerait  un  chantier  de  2,000  ouvriers;  ce  qui,  à  la 
rigueur,  n'aurait  rien  d'excessif.  J'ai  la  cej-titude  qu'en  opérant  l'aba- 
tage  par  les  procédés  que  j'indique,  on  obtiendra  une  réduction  nou- 
velle de  plus  des  4/5  dans  les  prix;  mais  fallut-il  sur  se  point  conser- 
ver les  bases  de  l'expérience  en  petit,  qu'il  en  résulterait  tout  au  plus 
une  aggravation  de  prix  de  0  fr.  05  à  0  fr.  06  par  mètre  cube  d'alluvioa . 

La  question  du  prix  des  transports  est  beaucoup  plus  importnnte. 
Le  prix  serait  excessif  s'il  fallait  se  servir  des  voies  ordinaires  par 
routes,  chemins  de  fer  ou  canaux  de  navigation,  pour  des  distances 
moyennes  de  200  kilomètres.  H  est  au  contraire  des  plus  minimes,  du 
moment  oii  les  déblais  seront  transportés  directement  à  l'état  de  limon 
en  suspension  dans  l'eau  courante.  Le  prix  du  mètre  cube  n'équivaut 
plus  dans  ce  cas,  qu'à  une  quote-part  proportionnelle  des  intérêts  du 
capital,  d'établissement  et  des  frais  d'entretien  de  ces  canaux,  répartis 
sur  le  cube  total  annuel  de  déblais. 


886  SUR  LES  A)uLUVI0N3  ARTIFICIELLES. 

La  question  revenait  donc  à  déterminer  la  quantité  de  limon  qu'un 
canal,  d'un  débit  donné,  pourra  entraîner  pendant  la  durée  de  son 
fonctionnement  annuel.  A  cet  égard,  nous  avions  déjà  des  données  cer- 
taines qui,  par  la  comparaison  des  canaux  existants,  m'avaient  per- 
mis d'admettre  que  l'eau  courante,  animée  d'une  vitesse  de  I'",5l)  au 
plus  par  seconde,  pouvait  entraîner  de  5  à  10  pour  100  de  son  volume 
de  limon  en  suspension,  sans  qu'on  eût  à  redouter  aucun  dépôt  en 
route.  Les  expériences  récentes  que  je  viens  de  citer  m'ont  démontré 
de  la  manière  la  plus  positive  que  cette  proportion  pourrait  être  beau- 
coup plus  forte  et  aller  au  delà  de  15  pour  100. 

Or,  la  pente  très  considérable  dont  je  dispose  pour  établir  mes  cou- 
rants de  transport,  de  la  carrière  au  lieu  d'emploi,  est  partout  beau- 
coup plus  que  sulïisante  pour  garantir  le  minimum  de  vitesse  de 
1"'.50.  Je  puis  donc  admettre  avec  toute  sécurité  la  proportion  de 
10  pour  100  comme  très  inférieure  à  la  capacité  de  transport  de  mes 
grands  canaux  de  limonage.  Un  canal  ayant  un  débit  de  12'""  à  la 
seconde,  soit  on  nombre  rond  de  1  million  de  mètres  cubes  par  vingt- 
quatre  heures,  pourra  donc  entraîner  par  jour  100,000  et  au  besoin 
150,000  mètres  cubes  de  limon. 

Comment  sera  alimenté  ce  canal?  De  la  manière  la  plus  simple, 
sans  qu'il  soit  besoin  de  recourir,  comme  vous  avez  paru  le  compren- 
dre, à  des  dérivations  multiples,  ou  à  des  réservoirs  d  aménagement. 
En  l'état  actuel,  un  canal  fonctionne  déjà,  amenant  sur  le  plateau  de  Lan- 
nemezan  à  une  latitude  de  630  mètres,  6  à  7  mètres  cubes  d'eau 
dérivés  de  la  Neste,  servant  à  alimenter  les  rivières  sèches  du  Gers,  en 
temps  d'étiage.  C'est  ce  canal,  modifié  dans  son  courant  d'eau,  de 
manière  à  pouvoir  lui  donner  un  débit  de  20'"',  qui  me  fournira  l'eau 
nécessaire,  après  avoir  desservi  ses  usagers  actuels.  La  Neste,  qui  a  de 
la  peine  à  suffire  en  basses  eaux  à  cette  modeste  dérivation  de  6  à 
7  mètres  cubes,  roule  moyennement  de  20  à  30  mètres  cubes  en  temps 
de  hautes  eaux.  C'est  cet  excédent  seul  que  je  prendrai,  lorsqu'il  sera 
disponible,  peu  m'impori.e  l'époque.  Les  observations,  longtemps  con- 
tinuées sur  le  régime  de  la  ?ieste,  démontrent  de  la  manière  la  plus 
formelle  que  celte  période  de  surabondance  pendant  laquelle  les  eaux 
sont  en  général  plus  nuisibles  qu'utiles  aux  riverains,  dure  de  six  à 
huit  mois  par  an  en  moyenne;  bien  que  parfois,  dans  des  années  de 
grande  sécheresse,  cette  période  se  réduise  à  quatre  mois.  l'renons  un 
terme  moyen,  inférieur  à  la  réalité;  admettons  que  je  ne  puisse  fonc- 
tionner que  pendant  cinq  mois,  soit  cent  cinquante  jours.  A  raison  de 
100,000  mètres  de  limon  en  vingt-quatre  heures,  mon  canal  pourra 
entraîner,  bon  an  mal  an,  15  millions  de  mètres  cubes  de  limon,  soit 
la  quantité  nécessaire  pour  fert'liser  15,000  hectares,  à  1 ,0U0'"'  l'un. 

La  dépense  totale  à  faire  pour  construction  de  canaux,  aménage- 
ment des  chantiers,  travaux  de  toute  nature,  ne  devant  pas  dépasser 
25  millions;  l'intérêt  de  cette  somme  à  4  pour  100,  majoré  d'un 
chiffre  très  minime  pour  le  simple  entretien  des  ouvrages,  soit 
1 ,200,000  fr.  au  plus  ,  représentera  le  coiît  annuel  du  transport  d'un 
cube  de  15  millions  de  mètres  de  limon.  Le  prix  du  mètre  cube  ne 
dépassera  donc  pas  0  fr.  08. 

Nous  avons  déjà  vu  que,  en  opérant  de  main  d'homme  dans  les 
conditions  d'une  expérience  en  petit,  la  fouille  ne  coûterait  pas  au  delà 
de  0  fr.  07  ;  à  cette  double  dépense,  il  faudrait  joindre  les  frais  du 


SUR  LES  ALLUVIONS  ARTIFICIELLES.  337 

répandage  qui  se  fera  dans  les  conditions  ordinaires  d'un  arrosage,  ou 
mieux  d'une  submersion  de  vignes,  en  faisant  pénétrer  les  eaux:  trou- 
bles dans  des  compartiments  clos  de  bourrelets  de  sables.  Ces  frais, 
sur  un  terrain  peu  incliné,  comme  celui  des  Landes,  où  les  bourrelets 
pourront  être  en  général  espacés  de  plus  de  50  mètres  dans  le  sens  de 
la  pente,  seront  des  plus  minimes,  très  certainement  inférieurs  à  100  fr. 
par  hectare,  soit  0  fr.  10  par  mètre  cube  de  limon.  Ajoutant  moitié  en 
sus  pour  frais  généraux  d'administration  ou  dépenses  diverses  de  toute 
nature,  nous  arrivons  à  un  maximum  de  0  fr.  30  pour  le  prix  du  mètre 
cube  de  limon  en  place,  se  décomposant  ainsi  : 

Fouille  et  abitage  à  la  main Ofr.07 

Transport  par  eau  courante 0    04 

Uépariiiage 0     10 

Adminisiration  et  faux  frais 0     09 

Prix  du  mètre  cube •. 0     30 

Sur  ces  bases,  le  prix  du  limonage,  à  raison  de  1,000  mètres  cubes 
par  hectare,  ne  reviendra  donc  pas  à  plus  de  300  fr,  ;  et  ces  chiffres, 
je  le' répète,  ne  sont  pas  h^/pothétiques;  ils  représentent  des  maxima 
de  dépenses  vérifiés  par  des  expériences  en  petit,  dont  quelques-uns, 
ceux  de  l'abatage  notamment^  seront  certainement  réduits  dans  l'opé- 
ration en  grand. 

(La  suile  prochainement).  Duponchel, 

fngénieur  en  chef  des  ponts  et  chaussées 

CONCOURS  RÉGIONAL  AGRICOLE  DE  FOIX 

Le  département  de  l'Ariège  est  situé  aux  extrêmes  limites  de  la  France  puisque 
ses  derniers  villages  confinent  avec  les  villages  espagnols. 

L'agriculture  est  très  différente  dan?  les  à  arrondissements  :  les  arrondissements 
de  Foix  et  de  Saint-Girons  ?e  trouvent  dans  la  montagne  et  l'élève  des  bestiaux 
constitue  leur  principal  revenu. 

L'arrondissement  de  Pamiers  composé  de  vastes  plaines  argilo-siliceuses  ou 
argilo-caicaires  et  de  coteaux  très  fertiles  oîi  ce  dernier  élément  domine,  est  essen- 
tiellement propre  à  la  culture  des  céréales  et  de  la  vigne. 

L'élève  des  bestiaux  y  est  restreint,  puisque  les  agriculteurs  de  cette  partie  du 
département  peuvent  s'approvisionner  aux  foires  des  deux  autres  arrondissements 
d'animaux  faits  et  prêts  à  être  soumis  au  travail. 

Les  fourrages  y  sont  relativement  abondants  et  de  première  qualité,  ce  qui 
permet  aux  propriétaires  et  fermiers  d'entretenir  dans  un  état  d'embonpoint  satis- 
laisant  leurs  bœufs  de  travail  et  de  les  préparer  facilement  et  à  peu  de  frais  pour 
la  bouciierie  quand  ils  ont  atteint  leur  entier  développement. 

C'est  ainsi  qu'on  voyait  au  dernier  concours  d'animaux  gras  de  Pamiers  98  sujets 
de  l'espèce  bovine  pesant  en  moyenne  900  kilog.  chacun. 

On  voit  donc  que  les  3  arrondissements  se  complètent  les  uns  par  les  autres  et 
qu'à  mesure  que  les  animaux  gras  se  vendent  à  Pamiers,  ils  sont  remplacés  par 
ceux  de  la  montagne. 

Quant  à  l'espèce  ovwe^  la  race  dos  montagnes  se  trouve  sans  mélange  dans  les 
arroadissemenls  de  Foix  et  de  Saint-Girons  et  n'est  vendue  aux  cultivateurs  de 
l'arrondissement  de  Pamiers  qu'au  mois  de  septembre  qui  précède  leur  engrais- 
sement. 

Dans  les  plaines  de  Pamiers,  la  race  Latiraguaise  pure  donne  de  superbes  pro- 
duits, et  des  toisons  très  Unes;  le  troupeau  est  gardé  de  longues  années  parl^ 
pr-opriétaire,  qui  au  moyen  de  la  sélection  pour  les  femelles,  et  du  changement 
de  bélier,  à  des  intervalles  plus  ou  moins  rapprochés,  l'entretient  dans  les  condi- 
tions les  plus  favorables. 

Lespèce  porcine  indiijène  tend  aujourd'hui  à  disparaître  sous  l'influence  de  croi- 
sements divers  qui  ont  donné  à  nos  porcs  primitifs,  d'une  charpente  osseuse  trop 
développée,  une  aptitude  spéciale  à  prendre  la  graisse.  Il  est  même  à  craindre  que 
l'on  n'aille  trop  loin  dans  cette  race,   car  la  viande  est  d'une  nécessité  absolue 


338  GONGOURS  REGIONAL  DEFOIX. 

pour  la  classe  pauvre  surtout;  il  est  donc  utile  de  veiller  à  ce  ipie  le  but  ue  soit 
pas  dépassé. 

C'est  ce  qu'ont  compris  les  délégués  des  diverses  associations  agricoles  réunis 
à  Foix  sous  la  présidence  de  M.  l'inspecteur  général  de  Tagriculture.  Quoique 
reconnaissant  qu'en  {trincipe  les  étalons  croisés  ne  peuvent  donner  que  des  pro- 
duits d'une  aptitude  douteuse,  ils  ont  cru  devoir  faire  une  exception  pour  le  porc, 
précisément  pour  bien  établir  le  croisement  qui  pourrait  convenir  à  la  région,  et 
ils  ont  demandé  d'établir  une  catégorie  de  récompenses  pour  les  verrats  croisés. 
Cette  même  assemblée,  sur  la  proposition  d'un  de  ses  membres,  quoique  d'ac- 
cord sur  ce  point  que  les  races  bovines  carolaise  et  gasconne  ont  des  traits  de 
ressemblance  si  frappants,  qu'on  peut  croire  que  ce  n'est  qu'une  seule  et  même 
race,  a  néanmoins  reconnu  que  les  animaux  de  l'Ariège  nés  et  élevés  sur  la  mon- 
tagne, n'ont  presque  jamais  l'ampleur  des  formes  de  ceux  de  la  race  gasconne  qui 
dès  sa  naissance  est  copieusement  nourrie  ;  que  dans  les  concours  ils  sont  f.resque 
toujours  inférieurs  à  ces  derniers,  même  à  Foix  oii  les  primes  qui  ieur  ont  été 
attribuées  sont  illusoires;  qu'il  est  de  toute  justice  qu'une  distinction  soit  établie, 
sans  quoi  la  lutte  n'est  plus  possible,  l'assemblée,  dis-je,  à  émis  le  vœu  qu'à 
partu'  de  J884,  il  soit  établi  une  catégorie  de  primes  pour  la  race  gasconne  et  une 
catégorie  spéciale  pour  la  race  carolaise. 

Le  teraf)S  qui  avait  été  assez  mauvais  dans  les  premiers  jours  de  l'inauguration 
du  concours,  était  devenu  très  beau  vers  le  mercredi;  et,  à  partir  de  cette  époque, 
les  visiteurs  se  sont  succédé  sans  interruption;  le  dimanche  13  et  le  lundi  i4, 
jours  où  l'entrée  était  gratuite,  les  rues  de  la  ville  de  Foix  étaient  littéralement 
encombrées  et  on  avait  été  obligé  d'organiser  des  trains  spéciaux. 

Il  est  certain  qu'en  outre  de  la  vue  d'animaux  de  choix  que  tout  le  monde  peut 
apprécier,  les  machines  agricoles  excitaient  une  vive  curiosité.  Si  nous  avons  con- 
staté le  perfectionnement  de  beaucoup  d'entre  elles,  il  n'y  avait,  à  vrai  dire  rien 
de  nouveau  excepté  une  faucheuse  à  scie  circulaire  se  transformant  en  râteau  et 
en  faneuse,  mais  dont  les  qualités  ou  les  défauts  n'ont  pu  être  ap[)réciés  puisqu'elle 
n'a  pas  fonctionné. 

Nous  tenons  à  dire  à  cette  occasion  qu'il  serait  bien  à  désirer  que  les  concours 
des  machines  eussent  lieu  pour  chacune  d'elles  à  l'époque  où  elles  peuvent  être 
jugi^es  suivant  leur  travail.  A  Foix,  aucun  essai  n'a  été  fa't  et  pour  la  plupart  c'était 
impossible.  S'il  est  très  avantageux  que  dans  les  centres  les  plus  reculés  où  les 
bras  ne  suffisent  plus,  on  puisse  tenter  de  marcher  avec  les  machines,  il  est  cer- 
tainement indispensable  de  bien  examiner  si  leur  fonctionnement  est  régulier  et 
surtout  s'il  est  possible  dans  les  conditions  où  l'on  se  trouve  (plaines  ou  mon- 
tagnes). 11  faut  en  un  mot  avant  de  prendre  un  parti,  être  sûr  qu'on  ne  fera  pas 
l'acquis  tion  souvent  très  onéreuse  d'un  instrument  qui  ne  pourra  être  utilisé. 
Aussi  se  contente-t-on  le  plus  souvent  d'admirer,  mais  on  n'achète  pas  ;  il  e.st  donc 
évident  que  l'essai,  le  fonctionnement  public  en  un  mot,  doit  accompagner  leui- 
exhibition  et  cela  aux  époques  où  leur  travail  est  possible. 

Il  serait  à  d-sirer  que  les  Sociét -s  agricoles  émissent  des  vœux  dans  ce  sens 
pour  être  transmis  au  ministre  de  l'agricu  ture. 

Sur  les  plus  importantes  expositions  de  machines  on  voyait  les  noms  de 
MM.  Decker  et  Mot,  Pilter,  Grarnier,  Lanz,  Fichot  frères,  Plissonnier  lils,  Marot, 
Noël,  Griffon,  Beaume,  Guyon  et  Audemas,  Louet  et  Decauville  avec  son  chemin 
de  fer  portatif.  On  remarquait  particulièrement  l'exposition  de  MM.  Sauzay  frères, 
d'Autun,  dont  les  instruments  bien  construits  étaient  d'un  prix  relativement  peu 
élevé  et  une  exposition  particulière  d'un  forgeron-mécanicien,  M.  Donat,  de  Mon- 
tant, arrondissement  de  Pamiers  lAriège),  quia  été  tellement  appréciée  à  cause  de 
la  solidité  des  instruments  présentés  et  leur  bon  marché,  qu'il  a  reçu  une  mé- 
daille d'argent  de  la  Société  d'encouragement  à  l'agriculture. 

Il  ne  s'est  guère  vendu  de  moissonneuses,  faucheuses,  faneuses,  râteaux,  etc. 
Les  hache-pdille,  les  coupe -racines,  les  fouloirs  et  les  pressoirs  ont  seuls  trouvé 
des  acquéreurs.  Je  ne  termmerai  pas  cette  desc  iption,  sans  faire  remarquer  qu'un 
des  instruments  les  plus  utiles,  les  plus  rémunérateurs  par  l'économie  de  son 
travail,  le  semoir,  ne  se  trouvait  représenté  à  Foix  que  par  un  semoir  à  la  volée. 
C'est  fort  regrettable,  car  c'est  un  de  ceux  dont  on  doit  le  plus  conseiller  l'achat. 
Li  ville  de  Foix  avait  fait  grandement  les  choses  :  à  côté  du  concours  régional, 
on  voyait  à  gauche  le  concours  hippique  et  à  droite  celui  de  l'industrie. 

Sous  la  direction  de  M.  l'inspecteur  général-adjoint  Vassilière  et  par  les  soins 
de  M.  Girin,  ancien  élève  de  l'Ecole  nationale   d'agriculture  de  Griginon,  assisté 


noNcoinis  régional  de  foix.  339 

de  M.  de  Lecluse,  professeur  départemental  d'agriculture   à  Agen,  tout  s'était 
trouvé  à  sa  place  comme  par  cnclianlement. 

On  ne  sav.iît  ([ue  louer  le  plus  en  M.  Vassilière,  son  habileté  ou  sa  gracieuse 
bienveillance;  les  plus  timides  recevaient  un  accueil  dont  ils  étaient  charmés  et 
étonnés  à  la  l'ois,  les  concours  précédents  leur  ayant  laist^c  le  souvenir  de  brus- 
queries insolites  et  fréquentes. 

Le  champ  du  concours  formant  un  vaste  parallélogramme  présentait  dès  l'entrée 
un  admirable  ensemble  de  machines  (8^46)  En  entrant  dans  une  Lrge  allée  bor- 
dée d'abord  de  locomobiles  se  faisant  face,  et  plus  loin  de  moissonneu-es  et  fau- 
cheuses, etc.,  on  voy  it  d'un  seul  coup  d'œiî  cette  superbe  exposition  où  tout 
était  à  sa  place  et  où  chacun  pouvait  trouver  sans  la  moindre  fatigue  Tobiet  de 
ses  recherches.  Au  bout  de  cette  vaste  alb^e,  les  animaux  de  resjièce  bovine  sur  six 
rangs.  Tout  autour,  à  gauche,  l'ospèce  ovine;  au  fond  l'espèce  porcine,  et  à  droite 
les  animaux  de  basse-cour. 

Les  sujets  de  Ves/ipce  bovine  formaient  un  contingent  très  complet  et  très  remar- 
quable au  nombre  de  222  sujets;  néanmoins  quelques  races  étaient  faiblement 
représentées,  et  les  motils  de  bien  des  abstentions  dnivcnt  être  scrupuleusement 
recherchés  et  étudiés  afin  que  M.  le  ministre  de  l'agriculture  puisse  les  connaître 
et  y  remédier. 

L'espèce  ovine  était  largement  représentée  au  nombre  de  99  sujets,  et  le  prix 
d'ensemble  a  été  obtenu  par  un  de  nos  éleveurs  ariégeois  qui  est  depuis  long- 
temps connu  dans  les  C'incours. 

h^espèce  porcine  (71  têtes)  a  occupé  une  laFçe  place  et,  en  examinant  ces  spéci- 
mens, on  n'est  plus  étonné  de  retrouver  tous  les  ans,  au  concours  d'animaux  gras 
à  Pamiers,  des  porcs  p»  sant  jusqu'à  350  kilog. 

\S espèce  gaïUne  se  compose  comme  presque  toujours  de  sujets  de  races  diverses, 
Pafloue,  Houdan,  Crèvecœur,  la  Flèche,  etc  ,  au  nombre  de  61  lots,  qui  sont  très 
admirés;  mais  la  race  gasconne  qui  a  bien  ses  qualités  comme  finesse,  précocité, 
rusticité,  aptitude  à  prendre  la  graisse  et  qui  est  une  des  meilleures  pondeuses, 
reste  presque  toujours  l'objet  du  choix  définitif. 

On  remarquait  en  outre  3  lots  de  dindons,  4  d'oies  de  Toulouse,  9  de  canards, 
4  de  pintades,  43  de  pigeons  et  21  de  lapins  ou  léporides. 

Bans  les  produits  agricoles,  les  vins  et  eaux-de-vie  étaient  en  très  grande 
quantité. 

On  a  beaucoup  admiré  une  superbe  exposition  de  Heurs  de  serre  composée  en 
grande  partie  de  très  belles  variétés  d'azalées.  Pour  beaucoup  de  visiteurs,  les 
dames  surtout,  ce  bouquet  délicieux  résumait  toute  l'exposition  :  on  a  beaucoup 
fébcité  l'exposant  M.  Gaby,  jeune  conseiller  de  préfecture  de  l'Ariège. 

Les  fromages  d'Auzat  ont  été  fort  appréciés;  les  vins  rouges  et  blancs  ont  été 
trouvés  bons.  Les  produits  maraîchers  les  produits  divers,  plantes  alimentaires, 
légumineuses  et  iourragères,  les  miels,  les  toisons,  le  lait,  le  beurre,  etc.,  ont 
reçu  des  récompenses. 

Mais  je  dois  signaler  dans  son  entier  une  invention  que  l'auteur  a  fait  con- 
naître pour  la  première  fois  au  concours  de  Foix  et  qui  peut  être  pour  l'avenir  de 
nos  vignobles  d'une  utilité  inappréciable;  c'est  la  production  auto;nati|ue  de 
nuages  artificiels  pour  la  protection  des  vignes  contre  les  g-^lées  prinlanières. 

Yoici  en  quoi  con>iste  le  système  de  son  inventeur  M.  X.  Lestelie,  sous-inspec- 
teur des  postes  et  télégraphes  des  Landes,  à  Mont-de-Marsan. 

Un  thermomètre  est  employé  comme  moyen  automatique  d'allumage  et  d'aver- 
tissement par  l'application  de  l'électriciié.  Cet  appareil  placé  dans  l'intérieur  de 
la  vigne  à  protéger,  est  l'organe  régulateur,  l'électricité  l'orgaue  électromoteur 
et  la  (onction  de  ces  deux  organes  est  de  produire' des  nuages  de  furaée  en  allu- 
mant diflerentes  matières  combustibles  et  résineuses  sous  l'influence  d'un  ap[»areil 
d'induction  en  rapport  avec  le  thermomètre  qui  se  distingue  du  modèle  à  mercure 
ordinaire  par  l  adjonction  de  deux  communications  en  fils  de  platine  aboutissant 
à  deux  bornes  d'attache  en  cuivre  où  viennent  se  relier  les  fils  de  communication 
avec  l'appareil  électio-automatique. 

Le  contact  (|ui  se  prodiùt  au  thermomètre  par  suite  de  l'abaissement  de  tem- 
pérature, provoque  l'allumage  instantané  des  divers  foyers  disposés  à  cet  effet 
pour  produire  des  nuages  de  fumée  et  arrêter  l'effet  du  rayonnement   nocturne. 

Le  mode  d'installation  est  des  plus  simples  :  un  fil  de  cuivre  est  tendu  sur  le 
terrain  à  protéger  et  divisé  en  autant  de  sections  qu'il  y  a  de  foyers  à  allumer, 
des  amorces  de  tensions  sont  disposées  sur  le  parcours  de  ce  fil. 


340  CONCOURS  RÉGIONAL  DE  FOIX. 

L'espacement  des  foyers,  à  raison  de  7  par  hectare,  est  de  40  raètres  en  tout 
sens. 

Le  prix  de  revient,  comprenant  l'achat  des  appareils,  fils,  poteaux,  etc.,  est  de 
50  francs  par  hectare  une  fois  payés. 

Comme  il  arrive  souvent  que  la  gelée  se  produit  sans  qu'on  s'en  aperçoive  assez 
à  lemps  pour  disposer  les  moyens  préventits,  tous  ceux  qui  ont  des  bourgeons  de 
vigne  eldes  fleurs  d'arbre  à  sauver  d'un  dépastre  ne  sauraient  reculer  devant  une 
légère  dépense  pour  faire  des  nuages  artificiels. 

M.  Lestelle  avait  disposé  ses  appareils  sur  une  petite  montagne  qui  faisait  face 
au  concours  régional;  à  un  moment  précis,  tous  ont  été  allumés  instantïinément 
et  l'expérience  a  paru  concluante  aux  nombreux  spectateurs  qui  ne  pouvaient  plus 
douter. 

Je  terminerai  ce  trop  long  peut-être,  mais  fort  utile  exposé,  par  quelques  mots 
sur  le  concours  hippique  présentant  101  sujets  à  peu  près  tous  remarquables, 
savoir  : 

pur  sang  arabe  om  anglo-arabe 5  étalons  et  15  juments. 

ilemi-sanq 17  étalons  et  64  juments . 

En  première  ligne  on  remarquait  l'étalon  pur  sang  Banco,  appartenant  à  M.  le 
marquis  de  Gampaigno. 

Dans  les  demi-sang,  l'étalon  Chaviberlin,  appartenant  à  M.  Montagnan,  était 
déjà  désigné  par  tous  les  visiteurs  comme  le  plus  remarquable 

Les  éleveurs  de  l'Ariège  avaient  conduit  au  concours  des  sujets  tellement  ht)rs 
ligne  que  les  habitants  du  pays  ont  été  même  étonnés;  mais  ils  avaient  des  concur- 
rents bien  redoutables  dans  ceux  des  Hautes-Pyrénées  et  s'ils  sont  restés  un  peu 
en  arrière  dans  une  lutte  si  inégale,  leur  victoire  est  déjà  très  glorieuse  et  ne  peut 
qu'enc'iurager  leurs  elforts  pour  l'avenir. 

La  distribution  des  primes  a  eu  lieu  le  dimanche  13  mai  sous  la  présidence  du 
préiet  ayant  à  sa  droite  l'inspecteur  général,  et  à  sa  gauche  le  maire  de  Foix, 
MM.  les  sénateurs  de  l'Ariège  honorant  de  leur  présence  cette  cérémonie. 

La  séance  a  été  ouveite  par  un  discours  du  préfet.  M.  Gourregelongue,  rappor- 
teur, a  ensuite  lu  son  travail.  Après  avoir  prononcé  quelques  mots,  M.  de  Vernin- 
hac,  sénateur  du  Lot,  délégué  de  la  Société  nationale  d'encouragement  à  l'agri- 
culture, a  attribué  au  nom  de  cette  Société  un  diplôme  d'honneur  à  M.  Lestelle, 
pour  son  invention  des  nuages  artificiels,  et  une  médaille  d'argent  à  M.  Donat, 
forgeron-mécanicien  à  Montant  (Ariège),  pour  la  solidité  et  le  bas  prix  de  ses  instru- 
ments agricoles. 

La  distribution  des  prix  et  des  médailles  a  eu  lieu  au  milieu  d'un  immense 
concours  de  visiteurs  venus  de  tous  les  côtés;  les  intermèdes  étaient  très  agréa- 
blement remplis  par  l'excellente  musique  du  59™''  de  ligne. 

Prix  culturaux. 

4"  Cntéqorie.  —  Métayers  isolés,  propriétaires  ou  hrmiers  de  domaines  au-dessus  de  5  hectares 
et  n'excédant  pas  20  heciaies.  —  Un  olîjet  d'an,  M.  Jean  Estèbe,  cultivateur  à  i'Hosté,  commune 
de  VernaJDul  (arrondis-ement  de  Koix). 

Bappcl  de  pnx  cuUural  de  la  l'"  catégorie.  —  M.  Artiiur  Caussou,  à  Révirolles,  commune  de 
Dreuillie  (arrondissement  de  Koix). 

Prime  d'honneur,  non  décernée. 

Objet  d'art  de  spécialité.  —  M.  Jaubert,  directeur  de  la  ferme-école  de  Royal  (.\riège),  pour 
la  création  d'un  vigiioUe  de  2b  iicctares  et  la  bonne  tenue  de  l'ensemble  des  vignes. 

Médailles  DE  spécialité.  —  (L'dliribution  de  cette  récompense  exclut  tout  classement). 

MÉDAILLES  d'or  (grand  module).  —  MM.  Azema  pi'opriétaire,  au  Conte,  commune  de  Mazères. 
arrondissement  de  Pamiers  pour  ses  helles  récoltes  île  céréales;  l'ans,  propriétaire  au  Vernet. 
arrondissement  de  Pamiers,  pour  l'assainissement  et  la  mise  en  culture  de  terrains  marécageux; 
.Jacques  Vie,  propriétaire,  à  la  Prébosie,  commune  de  Pamiers,  pour  l'extension  de  ses  cultures 
fûun  avères  et  la  bonne  tenue  de  ses  étables. 

MÉDAILLES  DOR.  —  MiM.  l'al'bé  Clafiet,  directeur  de  l'Orphelinat  agricole  de  .Saint-Joseph,  à  la 
Galiasse,  commune  de  Lavelanet,  ar.ondissement  de  Foix,  pour  la  mise  en  culture  de  terres  aban- 
données; Gervais  Maurel,  à  Sarraute,  commune  de  Troie,  arrondissement  de  Pamiers,  pour  la 
création  d'un  important  vignoble  ;  C;isimir  Sôié.  à  Vidalet,  commune  de  Labatut,  arrondissement 
de  Pamiers,  pour  la  reconsiitution,  par  la  culture  fourragère,  de  1 1  fertilité  d'un  sol  épuisé. 

MÉDAILLE  d'argknt  (grand  module).  —  M.  Ferdinand  Piqiiemal,  à  Saint-Paulet,  commune  de 
Saint  Pdul-de-Jarrat,  airondissement  de  Foix,  pour  ses  travaux  de  défrichement  de  terrain  en 
pente. 

Prix  d'irrig4TI0n  DE  l'Ariège.  —  p°  Calégnrie.  —  Propriétés  contenant  plus  de  6  hectares  de 
terres  arroséts.  —  3°  prix,  médaille  d'argent,  M.  Rigal,  propriétaire  à  la  Prairie,  commune  de 
Pamiers. 

2'^  Catégorie.  —  Propriétés  ayant  6  hectares  et  au-dessous  soumis  à  l'irrigation.  —  4''  prix, 
médaille  de  bronze,  Jean  Sicre-Tarride,  propriétaire,  à'iVlérens,  arrondissement  de  Foix. 

liécompenses  aux  agents  du  domaine  qui  a  obtenu  le  prix  cultural.  —  Médailles  d'argent, 
MM.  Philippe  Estèbe,  cultivateur;  Basile  Kstèbe,  cultivateur.  —  Médailles  de  bronze,  MM.  Paul 
Estèbe,  cultivateur;  Jean  Bonnans,  laboureur. 


CONCOURS  REGIONAL   DE  FOIX.  341 

Réompense  aux  agents  do  la  ferme -école  de  Rovat  dirigée  par  M.  Jaubert.  -^'Médaille  d'argent. 
M.  Sicre,  coniptaule.  — MMaille  d'  bronze,  M.  G  )yet,  jardinier-chef. 

Récn>np''nse  à  l'agent  du  ilomainî  qui  a  obieni  le  prix  d'irrijatioa  de  la  l"  catégorie.  — 
Médaille  de  bronze,  M.  Crouzel,  clioz  M.  Uigal,  à  la  Prairie. 

Animaux  reproducteurs.  —  Espèce  bovine. 

V  Catégorie.  —  Race  gascone  et  carolaise.  —  M:\les.  —  Section  unique.  —  Animaux  de  1  à 
2  ans.  —  I"  prix,  M.  Lurde,  à  Charlas  (Haute-Garonne)  ;  2",  M.  Jean-Pierre  Solle,  à  Sarromezan 
(Haute-Garonne);  ;V,  M.  Uoucet,  à  Bi)ulogni-sur-Gesse  (Haute-Garonne);  4",  M.  Douming,  à 
1  Isle-en-Jourdain  (Gers)  ;  5''.  M.  Célestiii  Bruzaud,  ;\  Sentous  (Hautes-Pyrénées);  6",  M.  Domi- 
ni.]ue  Uruzaud,  à  Sintous  (Haules-Pyrénôes).  Prix  supplémentaires.  MM.  Uliodes,  à  Madières 
(Ariège);  Fanion,  à  Betlièze  (Hautes  Pyrénùe^);  Eugène  Clauzide,  à  Aubiet  (Gers);  Pouzac,  à 
Cintegabelie  (Haute-Garoi\ne).  —  "emelles.  —  K"  Section.  —  Génisses  de  1  à  2  ans.  —  ]-■  piix, 
'SI.  Jérôme  Raspaud,  à  Saint-Pierre  (Ariège);  2",  M.  Douming;  3",  M.  Firmin  Lalnlle,  à  Clermoiit- 
Savès  (Gers);  4",  M.  do  Gelas,  directeur  do  la  ferme  école  de  Lariviére  (Geis).  Prix  supplémen- 
taires, MM  Eugène  Glauzade  ;  Lurde;  Casterst,  à  Boulogne-sur-Gesse  (Haute-Garonne);  Dilhan,  à 
Sainte-Marie  (Gers);  Jean-Pierre  Solle    Mention  honorable,  M.  Achille  Luhille,  à  Samaian  (Gers). 

—  2" Secti'  n.  —  Génisses  de  2  à  3  ans,  pleines  ou  à  lait.  —  1"  prix,  M.  Pouzac;  2%  M.  de  Gelas  ; 
3',  M.  Achille  LahiUe;  4*,  M.  Eugène  Glauzade.  Prix  supplémentaires,  MM.  Mistou,  à  Justiniac 
(Ariège)  ;  Adrien  Vid  il,  à  Sainl-Quirc  (Ariège)  ;  Lurde  ;  Douming  —  3"  Section.  —  Vaches  de 
plus  de  3  ans,  pleines  ou  à  lait.  —  1"  prix,  M.  Dilhan;  2%  M.  Galinier,  à  Montant  (Ariège)  ; 
3",  M.  Caussoa,  à  Lavelanet  (Arièg«i)  ;  4%  M.  Achille  Lahilie;  h",  M.  Lanirac,  à  Montégut 
(Gers).  Prix  supplémentairss,  MM.  Bedrède,  à  Gaudiès  (Ariège)  ;  Pouzac;  Jean  Vidal,  au  Vernet 
(Ariège). 

Frix  d'ensemlile  de  la  1"'  catégorie,  un  objet  d'art,  décerné  à  M.  Laurent  Lurde,  propriétaire  à 
Charlas  (Hiute-Garonne),  pour  ses  animaux  de  race  gasconne. 

2'  Caléi/orie.  —  Races  béarnai^^e,  basquaise  et  analogues.  —  Mâles.  —  Section  unicjue,  — 
Animaux  cie  1  à  2  ans.  —  T'  prix,  M.  Devançons,  à  Pardies  (Bis^e-'-Pyrénées)  ;  1',  M.  Langlade,  à 
Pau  (Basses-Pyrènées)  ;  3%  M  Jean  Daube,  à  Sarniguet  (Hautes-Pyrénées);  4",  M.  Lassus,  à  Idron 
(Bassôs-Pyrénées).  Prix  suppîémenlairej  M.   Lamon,  à  Siarrouy   (Hanites-Py rénées).  —  Femelles. 

—  F"  Section.  —  Génisses  de  1  à2  ans.  —  l"'  prix,  M.  Suhll,  à  Artiguelouve  (Basses-Pyrénéesj  ; 
2";  M.  Jean  Daube;  3',  M.  Pierre  Lascassies,  à  Idron  (Basses-Pyrénées).  Prix  supplémentaire, 
M.  Lamoii.  —  2"  Section.  —  Génisses  de  2  à  3  ans,  pleines  ou  à  lait.  —  l'''  prix,  M.  Jean  Daube; 
2',  M.  Jean  Lascassies,  à  Idron  (Basses-Pyrénées);  3°,  M.  Raymond  Ravie,  à  .Mirepeix  (Basses- 
Pyrénées).  —  3"  Section.  —  Vaches  de  plus  de  3  ans.  pleines  où  à  lait.  —  1"  prix,  M.  Langlade; 
2%  M.  Raymond  Keuie  ;  3%  M.  Pierre  Lascassies;  4%  M.  Jean  Daube.  Prix  supplémentaire, 
M.  Jean  Lascas-ies. 

3°  Catégorie.  —  Race  d'Urt.  —  MAles.  —  Section  unique.  —  Animaux  de  1  à  2  ans.  —  l"  prix, 
M.  Lantrlade;  2".  M.  Peyrè.  à  Andoins  (Basses-Pyrénées).  —  Femelles.  —  1""  Section.  —  Génisses 
de  1  à  2  ans.  —  1''"  prix,  M.  Langlade;  2",  M.  Grazide,  à  Bazet  (Hautes-Pyrénée-j.  —  2°  Section. 

—  Génisses  de  2  à  3  ans,  pleines  ou  à  lait.  —  l"  prix.  iM:  Langlade;  2",  M.  Faton  de  Favernay, 
à  Saint-Sever  (Landes).  —  3"  Section.  —  Vaches  de  plus  de  3  ans,  pleines  ou  à  lait.  —  l"  prix. 
M.  Langlade;  2%  M.  Faton  de  Favernay;  3'-,  M.  Daube  fils. 

4"  Catégorie.  —  Race  de  Lourdes.  —  Mâles.  —  Section  unique.  —  Animaux  de  1  à  2  ans.  — 
P""  prix,  M.  Tournaro,  à  Campan  (Hautes-Pyrénées);  2%  M.  Omer-Maiihes,  à  Momères  (Hautes- 
Pyrénées)  ;  3" ,  M.  Villeneuve,  à  Pouzac  (Hautes-Pyrénées).  —  Femelles.  —  l'"  Section.  —  Génisses 
de  1  à  2  ans.  —  1"'  prix,  'M.  Cuillié  à  Vielle-Adour  (Haute.s-Pyrénées)  ;  2",  M.  Orner-Mailles.  Pri,\ 
supplémentaire,  M.  Grazide.  —  2"  Section.  —  Génisses  de 2  à  3  ans,  pleines  ou  à  luit.  —  l'"^  prix, 
M.  Labat,  à  Oléac-De.ssus  (Haulos-Pyrénée-)  ;  2",  M.  Grazide.  Prix  supplémentaire,  M.  V.  Caze- 
nave,  à  Tarb^s  (Hautes-Pyrénées).  —  3"  Section.  —  Vaches  de  plus  de  3  ans,  pleines  ou  à  lait.  — 
]•'■  prix,  M    Omer-Mailles;  2",  M.  Grazide  ;  3",  M.  Gazenave. 

h°  Catégorie.  —  Races  des  vallées  d'Aure  et  de  Saint-Girons.  —  Mâles.  —  Section  unique.  — 
Animaux  de  I  à  2  ans.' —  l"prix,  M.  Porle,  à  0/.on  (Hautes-Pyrénées);  2°,  M.  Ribes,  à  Guchen 
(Hautes-Pyrénées);  3%  M.  Ferrage,  à  Engomer (Ariège).   Mention  honorable,  M.  Ribes.  —  Femelles. 

—  1'"  Section.  —  Génisses  de  1  à  2  an-.  —  1'=''  prix,  .M.  Bajau.  à  Toulouse  (Haute-Garonne)  ; 
2°,  M.  Porte.  —  2°  Section.  —  Génisses  de  1  à  à  ans,  pleines  ou  k  lait.  —  1"  prix,  M.  Porte  ; 
2'",  M.  Bajau.  Pri.x  supplémentaire,  M.  Rib=s.  —  3°  Section.  —  Vaches  de  plus  de  3  ans,  pleines 
ou  à  lait.  —  !"'■  prix.  M.  Bajau  ;  2'',  M.  Fauré  à  Montels  (Ariège)  :  3",  M  Porte. 

6"  Catégorie.  —  Race  garonnaise.  —  Mâles.  —  Section  unique.  —  Animaux  de  I  à  2  ans.  — 
!"■  prix,  M.  Bernède,  à  Meilhan  (Lot-et-Garonne);  2",  M.  Olivier,  à  Jusix  (Lot-et-Garonne); 
3",  M.  Riffaud.  à  Marmande  (Lot-et-Garonne);  4%  M.  Verdier,  à  Casseneuil  (Lot-ei-Garonne).  — 
V  Section.  —  Génisses  de  l  à  2  ans.  —  l"p"iix,  M.  Bernède;  2%  M.  Courrèges,  àCouthures  (Lot- 
et-Garonne).  —  2°  Section.  —  Génisses  de  2  â  3  ans,  pleines  ou  à  lait.  —  1"  prix,  M.  Merle  de 
Massonneau,  à  Nérac  (Lot-et-Garonne);  2\  M.  Bernède.  — 3"  Section.  — Vachesde  plus  de  3  ans, 
pleines  ou  à  lait.  — .  V  prix,  M.  RifTàiid;  2",  M.  Olivier;  3%  M.  Bernède. 

7"  Catégorie.  —  Race  bazalaise.  —  Mâles.  —  Sec'ion  unique.  — Animaux  de  1  à  2  ans.  —  l'^'prix. 
.M.  Olivier;  3",  M.  Omer-Mailhes.  —  Femelles.  —  '.V  Section.  —  V.,ches  de  [ilus  de  3  ans  pleines  ou 
à  lait.  —  1"''  prix,  M.  Lantrac;  2%  M.  Omer-.\1ailhes  ;  3^  M.  Olivier. 

8°  CaléQorie.  —  Races  laitières  franc  li-es  ou  étrani<ères  pures,  ^  l'exclusion  de  toutes  les  races 
ayant  une  catégorie  spéciale.  —  Mâles.  —  Section  unique.  —  Animaux  do  1  à  2  ans.  —  1"'  prix, 
Mlle  de  Gauban-du-Mont,  à  Lézat  (Ariège)  ;  2"-',  M.  Bajau  ;  3%  M.  Théron  do  Montaugé.  —  Femelles. 

—  Section  unique.  —  Vaches  en  lai i  âgées  de  plus  de  3  ans.  —  !"'■  prix,  M.  Théron  de  Montaugé  ; 
2",  M.  Langlade;  3°.   Mlle  de  Gauban  du  Mont  ;  4",  M.  Bajau. 

Prix  d  ensemble  des  2",  3",  4',  .V,  6%  7''  et  8'^  catégories,  un  objet  d'art,  décerné  à  M.  Bernède,  à 
Meilhan  (Lot-et-Garonne),  pour  ses  animau.x  de  race  garonnaise. 

Espèce  ovine. 
l""'  Catégorie.  —  Race  mérinos  et  métis-mérinos.  —  Mâles.  —  1"'  prix,  M.   le  baron  de  Lafase, 
à  Beaumont-sur-Lèze  (Haute-Garonne)  ;  2°,  M.  Lière,  à  Villeneuvo-du-Paréage  (Ariège).  —  Femelles. 

—  l''''prix,  M.  Lière;  2'',  M    de  Gelas. 

2"  Catégorie.  —  Races  françai-ses  diverses.  —  1'"  Sous-Calégoric.  —  Races  des  plaines.  — 
Mâles.  —   l"  prix,   M.   Vié",  à  Pamiers   (Ariège);  2°,  M.   Lière;  .3",   M.   le  baron  de  Lafage.  — 


342  CONCOURS  BÉGIONAL  DE  FOIX. 

Femelles.  —  1"'  prix,  M.  le  baron  de  Lafage;  2%  M.  Lière.  —  l'  Som-Calégorte.  —  Race  des 
moniayn-s.  —  Mâles.  —  l'"'  prix,  M.  Gaubert,  à  Pamiers  (Ariètje:  ;  2'-,  M.  Gouzy,  à  Larnat 
(Ariège);  3=,  M.  Soula.  à  Serres  (Aiiè:").  Prix  suiipléinentaire,  iVI.  Jean  Eslèbe,  à  Vernajoul 
(Arige).  —  F-melles.  —  l''  prix,  M.  Jérôme  Has  aud,  à  Saiiit-Pier  e  (Ariège);  2%  M.  Caharrou, 
à  Bcignére-i- te-Bigoire  (H  iules-l'yrénee>);  S",  M  François  Solie,  à  Sarreui- zan   (Haute  (iaroime). 

3"  Cdtéuorie  —  Race>  étranf/ères  diverses.  —  Mâles".  —  l'"  prix.  M.  Langlade  ;  2%  M.  de  Gelas; 
3%  M.  Marii  et  fils,  à  Monflanquin  (Lot-et-Garonne).  —  Femelles.  —  l"  prix,  M.  de  Gelas; 
2%  M    Mart  net  (ils.  , 

4''  Calcgurie.  —  Croisements  divers.  —  Mâles.  —  T"'  prix,  M.  de  Gelas;  2",  Langlade.  —  Femelles. 
—  !='•  prix,  M.  le  baron  de  Lafage  ;   2'-;  M.  de  Gelas. 

Prix  d'ensemble,  un  objet  d'art,  décerné  à  M.  Lière,  à  Villeneuve-du-Paréage  (Ariège).  pour 
ses  animaux  de  race  Làuraguaise, 

Espèce  porcine. 

l"  Catégorie.  —  Races  indigènes  pures  ou  croisées  entre  elles.  —  Mâles.  —  l'"'  prix,  M.  Serres, 
à  Mnzcus  (Allège);  2°,  M  Galouye,  a  Vi-  Ue-Ailo  ir  (Hautes-Pyrénées)  ;  3%  M.  Védère,  a  M.  mètres 
(Hautes  Pyi entres).  —  Femt'lles.  —  1"''  prix,  M.  Theron  de  Mont  ugé,  à  Toulouse  (Haute-Garonne); 
2%  Mme  Amélie  Loz  ,  à  Arii^'at  (Ariège);  3%  M.  Fi.uriuer,  à  Foix  (Ariège).  Meniion-  honorables, 
MM.  Larousse,  à  Claracq  (Basses-Pyréuêes)  ;  le  v  comte  de  Teisac,  a  Vernajoul  (Ariège);  Déjean, 
à  Koix  (Anèg-). 

2"  Catégorie.  —  Races  étrangères  pures  ou  croisées  entre  elles.  —  Mâles.  —  1"  prix,  M.  Soûles, 
à  Hagei  (G-  rs)  ;  2%  .Vi.  Royer,  à  Lézat-sur  Lèze  (Ariège)  ;  3%  M.  de  Gelas.  —  Femelles.  —  P'"  prix, 
M.  Védère,  à  Momcres  (llaules-Pyrenées)  ;  3%  M.  Campap'noUe,  à  Bordc'res  (Hautes-Pyrénées);  3% 
M.   Théron  de  Monlaugé. 

3=  Caté'jorie.  -  Croisements  divers  entre  races  étrangères  et  races  françaises.  —  Mâles,  —  Prix 
unique,  M.  Lingla^le,  à  Pau  (Basses-Pyrénées).  —  Femelles.  —  1°''  prix,  M.  de  Gelas;  2% 
Mlle  de  Gaubandu-Mt^nt,  àLéz.t  (Ariège-);  3%  M.  Lan::lade. 

Prix  d'tnsemble,  un  objet  d'art  à  M.  Theron  de  Montaugé,  à  Toulouse  (Haute-Garonne)  pour  ses 
animaux  croises. 

Animaux  de  basse-cour 

1"=  Catégorie.  —  Coqs  et  poules.  —  \'^  Section.  —  Race  gasconne.  —  !"■  prix,  M.  Omer-Mailhes, 
à  Moiiières  (Haut(S-Pyrénées);  2%  M.  Sarda,  à  Foix  (Anège);  3",  M.  Eychenne,  A  Foix  (Ariège)  ; 
4%  Mme  Théron  de  Montaugé,  à  Toulouse  (Haute-Garonne).  —  2«  S'Ction  —Races  françaises 
diverses. —  1"  prix,  Mme  Marquié,  à  Mazère^  (Ariège);  2",  Mlle  de  Gauban-du  Mont,  à  Lézat 
(Ariège)  ;  3",  Mme  Théron  de  Montaugé.  —  3«  Section.  —  Kaces  étrangères  diverse-.  —  1"''  prix, 
Mme  de  Vaux- Bidon,  à  Boulogne-siir-Gesse  (Haut  -Garonne)  ;  2%  Mme  Marquié.  —  4"  Section.  — 
Croisements  divers.  —  1^'  prix,  Mme  Tnéron  de  Montaugé  ;  2',  Mlle  de  Gauban-du-Mont. 

2"  Caugorie.  —  Dindons.  —  i'"'  prix,  Mlle  de  Gauban-du-Mont  ;  2%  Mme  Théron  de  Montaugé, 

3"  Catégorie.  —  Oies  —  l^'prix,  Mme  Théron  de  Muniaugé;  2'-',  Mlle  de  Gaubaii-du-Mont. 

4"  Catégorie.  —  Canards.  —  1"'  prix,  Mlle  de  Gauban-du-Mont  ;  2'-,  Mme  Thér  .n  de  Montaugé. 

5=  Cohorte.  —  Pintades.  —  T'' prix,  Mlle  de  Gaub  in-du-Moni.  ;  2%  Mute  Theron  <le  Montaugé. 

6=  Cal'-gorie.  —  Pigeons.  —  1"  p;ix,  M.  Pages,  à  Foix  (Ariège);  2'.  Mlle  Gauliau  du-Mont. 

7''  Catégorie.  —  Lapins  et  Léporides.  —  1"  prix,  M.  Mathieu  Soula,  à  Serres  (Ariège)  ;  2% 
Mme  Théion  de  Montaugé. 

Prix  (fensemide,  un  objet  d'art  à  Mlle  de  Gauban-du-Mont. 

Serviteura  priincx  employés  chez  les  lauréais  et  récompensés  pour  les  bons  soins  donnés  aux 
animaux  primés.  —  Médailles  d'argent,  MM.  Franco  s  Be  ne  1^^,  vacher  chez  M.  Jf^aii  Bernède  ; 
Bertrand  Bordes,  vacher  chez  M.  Laurent  Lurde  ;  Jean  Capâ^vielle,  vacher  chez  M.  Langlade; 
Pierre  Barihe  vacher  chez  M  Omer-Mailhes;  Pierre  Dmigan,  vacher  chez  M.  Théion-d  -Mon- 
taugé —  Médailles  de  bronze,  M  le  Philomène  «aphanel,  vachère  chez.  M.  Bajaa;  MM.  Paul 
Duclos,  vacher  chez  M.  Pote;  Jeai -Marie  Marques,  vacher  chez  Mlle.de  Gauban-du-Mont; 
Benjamin  Ahadie,  vacher  chez  M  Daube  ;  Augustin  Balutet,  vacher  chez  M.  0  ivi  r  ;  Jean  Carretier, 
vacher  chez  M.  Pouzac;  Dumestre,  vacher  chez  M.  Jean  Grazide  ;  ^imon  Sarda,  vacher  chez 
M.  Jérôme  Raspaud. 

Récompenses  accordées  aux  conducteurs  de  machines,  contre  maîtres  et  ouvriers  des  con- 
structeurs. —  Médadles  d'argent,  MM.  Jein  Can^ielon,  chez  M.  Verdun,  à  Lectoure  (Gers); 
Garnier,  chez  M.  Mariot  aîné,  à  Nmrt  (Deux-Lèvres);  E.  Devaux,  chez,  MM.  L.iuet  f  ères,  à 
Issoudun  ((n're);  Delavaux,  chez  M  Maréchaux,  à  Montmorillon  (Vienne);  Ledoux,  chez 
M.  Biouhot  et  Cie.  à  Vierzou  (Cher)  ;  Moine,  chez  M.  Plissoniiier,  a  Lyon  (Rhô  .e).  —  Médailles 
de.  bronze,  MM.  Gerbier,  chez  Jl.  Merli  .,  â  Vi  rzon  (Cher)  ;  Lauga.  chez  M.  Lesielle.  à  Mont-de- 
Mai>an  (Lan  -es)  ;  Lecerc,  cuez  M.  Garnier,  à  Kedon  (Ille-et-Vil  ine)  ;  Potier,  chez  la  Société  fran- 
çaise, à  Vierzori  (C  >e  )  ;  Désiré  Leclerc,  i;hez  M.M.  Decker  et  .Moi,  à  Paris;  Bonnet,  chez  MM,  Os- 
borne  et  Cie,  à  Paris  ;  Uelquis,  chez  MM,  Fichot  irère-,,  à.  Tuulon-sur-Arroux  (Saôun-et-Loire)  ; 
Nicol,  chez  M    Pilter,  a  Paris;  Maurival,  chez  MM.  Sauzay  frères,  à  Autun  (Saône-et-Loire). 

Produits  agricoles  et  matières  utiles  à  l'agriculture.  —  Concours  spéciaux. 

1'=  CaVgorie.  —  Vins  de  la  région,  (Récoltes  de  1881  et  1882).  —  1"  pr  x.  —  Médaille  d'or, 
M.  Didelin,  à  Aire  (L  ndes)  pour  ses  vins  rouges  de  1881  et  1882;  'l-,  Medadle  d'aar  ;ent,  M.  Vidal, 
à  Foix  (Ariège)  pour  son  vin  .le  1881  ;  3%  médaille  de  bronze,  M.  Théron  de  Montaugé,  a  Toulouse 
(Haute-Ga-onne^DOur  scn  vin  blanc  de   1881, 

2'^'  Catégorie.  —  Miels  et  cires  de  la  région,  —  2°  prix,  rpédaiUe  d'argent,  M.  Sicre,  à 
Méreiis  (Ariège)  pour  son  miel  blanc;  3%  médaille  de  bronze,  M.  Théion  de  Montaugé,  pour 
miel  et  cire. 

3"  Catégorie.  —  Fromages  des  fruitières  des  Pyrénées.  —  Pas  de  prix  décernés. 

4''  Catégorie.  —  Produits  maraîchers.  —  \"  prix,  médailbi  d'or,  M.  Brunet,  à  Montesquieu 
(Lot-et-Garonne);  2\  méd.ide  d'argent,  M.  Théron  de  Montaugé;  3%  médaille  de  bronze,  M.  Cram- 
pagne,  à  Bonnac  (Anège). 

5*  Catégorie.  —  Expositions  scolaires.  —  2''  Section.  —  Matériel  d'enseignement  agrico'e,  col- 
lections etc.,  travaux  spéciaux  et  objets  d'enseignement  agricole  présentés  par  les  professeurs,  les 
instituteurs  et  les  élèves  des  écoles  primaires.  —  1",  2^^  et  3"  prix  non  décernés  faute  d'exposants. 


CONCOURS  RÉGIONAL  DE  FOIX.  343 

G"  Catégorie.  —  Expositions  collectives  faites  par  des  administrations  publiques,  les  sociétés  et 
comices  agricoles  et  liortico'es. 

Prohiits  divers. —  Mi'daillex  d'or,  MM.  Théron  de  Moritauf,'6,  panr  ses  plantes  alimentaires, 
légumineuses  et  t'ourragères;  Louis  Monlaut.  à  Mirande  ((jers).  pour'  ses  vins;  Gaiy,  à  Foix 
(Ariè^e)  pour  ses  planies  et  ari)u,>tes  de  f-erre.  —  iledai  1rs  d'arycnt,  MM.  Ksquuol,  à  Mercus 
(Ariège)  pnur  ses  brandies  dé  vimie  avfC  incision  et  pour  srs  vins;  '1  héron  de  Montaiij<é,  pour 
sen  maïs  ensilé  ;  Gauthier,  à  iManzac  (Charente)  pour  ses  eaux-dc-vie  de  Co^na.!-.;  Mi^cnihies, 
à  Foix  (Ariège)  pour  liqueur  ol  fruits  confit,-;  Bt  noîi  Marc,  à  Beaniuoul-sur-Leze  (Hiute- 
Garonne)  pour  ses  toisons;  Mlh  de  Gauban-du-Mont  à  Lé/.at  (Arièire)  pour  son  i.iit,  ses  œufs  et  son 
beurre;  M.  Bertrand,  à  Auzat  (Ar  ège)  pour  ses  fromages.  —  MndaUles  de  bronze,  Mvl.  Jenn 
Berlaudeaud,  fils  à  Béziers  (Hérauit)  pour  liqueurs  et  sirops;  Beruedo,  àMeilban  fLoi-el-Garonne) 
pour  ses  haricots;  Lière,  h  Villeiieuve-iiu-Paivage  (Ari?;ge)  pour  ses  toisons;  Perrier,  à  baquenille 
(Puy-de-Dôme)  pour  son  fromage  ;  Brunet,  pour  ses  arbres  et  arbustes  ;  Moatagm-,  à  Sainl-Paul-de-, 
Jarrat  (Ariôgcj,  pour  ses  pommes  reinette  et  autres. 

Concours  hippique. 

1"  Catégorie.  —  Race  de  pur  sang  arabe  ou  anglo  arabe.  —  I"  Section.  —  Etalons  de  3  ans.  — 
l"  prix,  médaille  d'or  offerte  par  la  Direction  des  haras,  M.  le  maïquis  de  Oampaigno,  à  Lapey- 
rouse  (Haute- baronne),  pour  son  elal  ^n  Banco  ;  '2°,  médaille  d'argent  ofif-^rtc  par  la  directon  des 
haras,  M.  Pouey-Nouret,  à  Allier  (H 'Utes-Pyrénées),  po  r  son  étalon  Braconnier.  —  '3'  Section.  — 
Poulichec  de  i  ans,  -aillies  en  1883.  —  3"  p.ix,  m  daille  de  bronze  offerte  par  la  direc- 
tion des  haras,  M.  Mathieu  Barrère,  à  Hiis  (Hautes  Pyrénées),  pour  sa  pouliche  Miss  Mandrake. 
—  4'  Section.  —  Juments  de  4  ans  et  au-ilessus,  suitées  de  le  ir  produit  de  l'aimée,  ou  snHies  en 
1883.  —  1°''  prix,  médiille  d'or  offerte  par  la  dire  tiou  des  haras,  M.  Dominique  Duhar,  à  Trébons 
(Hautes-Pyrenées),  poir  sa  Jument  Glorietle;  2^  mviaille  d'argent  offjrie  par  la  direction  des 
haras,  M  M  uhieu  Barrère,  à  Hiis  (H  lu  es-Pyrénées),  pour  sa  jument  Marquise  d>-  Jliis  ;  3'  méilaille 
d'argent  offerte  par  la  dire  tiou  des  haras,  M.  A.  Se  npé,  do;ieur-médecin  à  Tarbes  (H-ules-Pyré- 
nées),  pour  sa  juiuent  Circé;  4*,  médaille  de  bronze  offerte  par  la  direction  d^îs  haïas,  M.  a.  de 
The/.an,  à  Saint-Christa  id  (jers),  pour  sa  jument  l-'leurange  ;  .î"  médaille  de  bronze  offerte  par 
la  direction  des  haras,  M.  Mathieu  Barrère,  à  Hiis,  précité,  pour  sa  jument  /m;  6°,  médaille  de 
bronze  offerte  par  la  direction  d-^s  haras,  M.  Castain.'  Courtade,  à  Bernac-Débat  (Hantes  Pyré- 
nées), pour  sa  jument  Radegonde;  1",  médaille  de  bronze  offerte  par  la  direction  des  haras, 
M.  Félix  Cazaux,  à  Martres  de  Rivière  (Haute-GaronnH'),  pour  sa  jument  Asperge. 

2'  Catégorie.  —  Demi-sanar.  —  P°  Section.  —  Etalons  d^  3  ans.  —  \^'  prix  médaille  d'or  offerte 
par  la  direction  des  h^ras,  M.  Maurice  Minlagnan,à  Tarbes  (Hautes-Pyrénées)  pour  son  étalon 
Chambertm;  2°,  médaille  d'argent  oflerte  par  la  direction  des  haras,  M.  Maurice  Montat;nan,  à 
Tarbes  (Haules-Pyrcnées)  pour  son  étalon  Cercenceau;  3",  meilaiile  d'argent  oUéne  par  la  direc- 
lion  des  haïas,  M.  le  marquis  de  Canipaigoo,  à  Lapeyrouse  (Haute-Garonne),  pour  son  éialon 
lidUfon  •jk",  médaille  de  bronze  ofTerie  par  la  Direction  des  haras,  M.  A.  de  Gf  las,  directeur  de 
la  ferme-école  du  Gers,  pour  son  étalon  Ijirivière;  5°,  médaille  de  bronze  offcrie  jtar  la  direction 
des  haras,  M.  Auguste  Duffau,  à  Horgues  (Hautes-Pyrénées),  pour  son  étalon  Verdict;  6"  mé  laille 
de  bro  .ze  offerte  par  la  direction  des  haras,  M.  Edouard  de  Morie:uix,  à  La  Ba/ilide-de-Sérou 
(Ariège),  pour  son  étal  >n  Monljnie ;  7'',  méda  lie  de  iTonze  offe'-te  par  \\  di  ection  des  haras, 
M.  Dominique  D  diar,  à  fr.  bons  (Hautes-Pyrénées),  poursuit  étalon  Papillon.  — 1^  Sect<on.  — 
Etalons  de  4  a  is  et  au-dessus.  —  ]«'  prix,  médiille  d'or  of^'^^'Ie  par  la  direction  des  haras,  M.  .loseph 
Sicre-Tarride,  à  Mérens  .ariège),  pour  son  étalon  Savoyard;  2",  mêla  lie  d'ar^  ni  offerte  par  la 
direction  des  haras,  M.  Arthur  Caussou,  à  Lavelaiiet  (Ariégîl,  pour  sou  étalon  W  ïmar  ;  'if  mé  laille 
d'arg-ni  offerte  par  la  direction  des  haras,  M.  Arthur  Caussoi,  à  Lav-?lanel  (.\riège),  pour  son 
éta'on  Catnpan;  4",  médaille  de  bronze  offerte  par  la  direction  des  haras,  M.  Joseidi  Sicre-Tarride, 
à  Mérens  (Arège),  pour  son  étilon  Montagnard.  —  3"  Secliori.  —  Pouliches  de  3  ans.  saillies 
en  18S3.  —  '"  prix,  médùlie  d'or  offerte  par  la  direction  des  haras,  M.  Jean  Laurens,  à  Rénac 
(Ariège),  pour  sa  pouliche  Taquin';;  2°,  médaille  d'argent  offerte  par  la  direction  des  haras, 
M.  Édouird  de  Morteaux,  à  La  Bastid'^-de-Sérou  (Ariège),  pour  sa  poulidie  Ongt;  3°,  médiille  de 
bronze  offerte  par  la  diraotiou  des  haras,  M.  le  mirqnis  de  Castelhaj  ic,  à  B^rbazau  (Hautes-Pyré- 
nées), pour  sa  pouliche  Paoillonne;  4",  médiille  de  tu-onze  offerte  par  la  direction  des  haras, 
M.  Edo  lard  de  Morteaux,  à  La  Bislide-de-Sérou  (Ariège),  pour  sa  pouii;he  Gatafi-' ;  .V,  médaille 
de  bronze  offerte  par  la  directiou  d  s  haras,  M.  Lary  Fourcad^,  à  Vielle-Adour  (Hau'es-Py  énées), 
pour  sa  pouliche  Alberte.  —  4"  Section.  —  Poulinières  de  4  ans  et  au-dessus,  suitèes  de  leur 
produit  de  l'ann-'e,  ou  saillie  e  1  1883  —  l"'  p  ix,  médadle  d'or  offerte  par  la  direction  des  haras, 
M.  Lary  Fourcide,  à  Vielle-Adour  (Hautes-Pyrénées),  p  )ur  sa  jument  Esmeralda;  2°,  médaille 
d'argent  offerte  par  la  iirection  des  haras,  M.  Dominique  Du^ar,  à  Trôtions  (Hautes-Pyrénees). 
pour  sa  jument  Soureraine  ;  3%  médaille  d'argent  offerte  par  la  dir-^ction  deshiras,  M.  Jean-Marie 
Canbern,  à  Beruac-Débat  (Hautes-Pyr-tnées),  pour  sa  jument  Lorraine;  4%  médaille  de  bronze 
oflerle  par  la  direction  des  haras,  M.  Bernard  nuffau,  à  Biriiac-Uél)at  (HaiilRS-°y renées),  pour  sa 
ju  lient  F  lava  ;  h',  m''daille  de  bronze  offerte  par  la  direction  les  hiras,  M.  Jea  i-Marie,  Pa-calol 
.\badie,  à  Momère-  (Haale-Pyréaé  's),  pour  sa  jument  Lauralba;  H".  médaille  de  bronze  off-rie  par 
la  direction  des  hara;,  M.  Kdouard  de  .Moneaux,  à  La  B  isude-de-Sérou  (Arièg;)i  P'^^r  sa  jument 
Colfine;  7",  méda  lie  de  bronze  offerte  par  la  direction  des  haras,  M.  François  Fourcade,  Espagnol, 
à  Montgiiliard  (Hautes-Pyrénées),  pour  sa  ju'nent  Gazelle. 

PRIX  su^pt-fci^iEv  PAIRES.  —  M  VI.  Jean-Pierre-Mouleites  Sa'-'da,  à  MontgaiUard  (Hautes-Pyrénées), 
pour  sa  jument  Zodi'inne:  Pierre  Eychenn'i,  à  Moutels  (\-iège).  pour  sa.  ]am*'.nt  Miss-Ann-tte  ; 
Domin  (lue  Duhar,  à  l'r-ebons  (Hautes-Pyrénées)  po  ir  sa  jument  Cora  ;  l.ary  Fourcade,  à  Vielle- 
Adour  (Hautes-I'yréiiées),  pour  sa  jument  Floi-ine  ;  Buxarat  Soultn,  à  Sones  (Haut-s-Pyrénées), 
poursa  jume  it  Victoria;  Edouard  de  .Mort-aix,  k  La  Basti  le- h-Séro  1  (Ariège),  p  mr  sa  jument 
MissEva;  G  ibr\^\  'larlyaîiié,  à  Vaux  (Hiute-Gi'-onne),  poursa  jument  Kél'irUne;  Frédéric  Dera- 
mond,  à  S  lint-Paul-de-larrat  (Ariîge),  pour  sa  jument  Oreste:  Arthur  i:aussou,  à  Lavelauel 
(Ariège),  pour  sa  piment  Kadoura. 

Prix  d'ensemble.  —  Un  objet  d'art  offert  par  la  direction  des  haras  à  M.  Dominique  Duhar,  à 
Trébons  (Hautes-Pyrénées). 

Adrien  Rigâl, 

Président  du  Comice  agri  cole  de  Pamiers 


344 


BIBLIOGRAPHIE  AGRICOLE. 


BIBLIOGRAPHIE  AGRICOLE 

Les  p'antes,  par  M.  Léon  Gicraruin,  professeur  à  l'Ecole  municipale  Turgot,  etc.  —  Un  volume 
in-i8  de  320  page«,  avec  3t  7  figures  dans  le  texte.  —  Librairie  de  G.  Masson,  120,  boulevard 
Saint-Germain,  à  Paris.  —  Prix  :  3  fr. 

Les  publications  qui,  primitivement  faites  pour  la  jeunesse,  peu- 
vent servir  à  la  plupart  des  classes  de  lecteurs,  deviennent  de  plus  en 
plus  nombreuses.  La  cause  principale  en  est  dans  les  modifications 
apportées  aux  méthodes  d'enseignement  dans  lesquelles  on  aban- 
donne volontiers  les  choses  purement  abstraites  pour  aborder  l'expli- 


Fig.  24.  —  Marcottage, 


cation  des  phénomènes  naturels,  ainsi  que  les  applications  multiples 
que  les  arts^  l'agriculture  et  l'industrie  savent  tirer  des  produits  des 
divers  règnes  de  la  nature.  Aujourd'hui,  les  livres  d'histoire  naturelle 
adoptés  dans  les  écoles  sont  souvent  des  ouvrages  dont  la  plupart  des 
cultivateurs  pourraient  tirer  profit.  Tel  est  le  cas  notamment  pour 
celui  que  J\L  de  Gérardin,  professeur  à  l'Ecole  municipale  Turgot,  à 
Paris,  a  publié  récemment  sous  le  litre  Lrs  plantos. 

L'auteur  se  garde  bien  de  l'ambition  d'avoir  fait  un  traité  de  bota- 
nique. Pour  lui,  le  côté  purement  scientifique  est  passé  après  le  côté 
pratique.  11  donne  bien  la  description  des  diverses  parties  de  la  plante, 


BIBLIOGRAPHIE  AGRICOLE, 


345 


mais  il  s'appesantit  surtout  sur  les  applications  que  riiomme  a  su 
en  tirer. 

La  division  de  l'ouvrage  est  d'ailleurs  indiquée  par  la  nature  même 
du  sujet  traité.  Après  les  notions  préliminaires  sur  l'organisation  des 
plantes,  il  passe  successivement  en  revue  les  diverses  parties  :  racine 


£*   ~-fr- 


\n 


"^  ù 


Â(i^ 


Fig.  25.  —  Culture  du  thé  dans  les  Indes  anglaises. 

tige,  feuille,  fleur,  fruit,  graine;  quelques  notions  pratiques  d'agri- 
culture complètent  l'ouvrage. 

Il  est  des  plantes  dont  on  utilise  surtout  les  racines;  il  y  a  des  racines 
alimentaires  et  fourragères;  de  la  bellerave,  on  extrait  du  sucre;  en 
horticulture,  on  multiplie  les  racines  par  la  bouture,    la    marcotte 


Fig.  26.  —  Atelier  de  maltage. 


(fig.  24).  Sur  chacun  de  ces  points,  l'auteur  fournit  des  détails  suc- 
cincts, mais  précis  qui  donnent  à  l'esprit  des  notions  claires  et  justes. 
Il  en  est  de  même  en  ce  qui  concerne  la  tige.  Les  tiges  des  arbres 
forestiers  fournissent  le  bois,  les  tiges  souleri-aines  de  la  pomme  de 
teiTe  donnent  des  tubercules   alimentaires,  de  plusieurs  essences  on 


346  BIBLIOGRAPHIE  AGRICOLE. 

retire  des  principes  utiles  dans  l'industrie.  Ce  sont  là  autant  de  points 
qui  donnent  lieu  à  de.s  développements  d'une  réelle  importance. 

Combien  sont  variées  les  plantes  dont  les  feuille-i  sont  utiles.  Les 
unes  donnent  des  feuilles  alimentaires  pour  les  hommes  ou  pour  les 
animaux  ;  les  autres  sont  utiles  à  divers  points  de  vue,  comme  le  tabac^ 
l'indigo,  le  pastel,  etc.  L'auteur  ne  se  borne  pas  aux  plantes  indigènes, 
il  nous  parle  aussi  des  plantes  exotiques;  il  nous  donne,  par  exemple, 
des  renseignements  fort  intéressants  sur  la  culture  du  blé  en  Chine^ 
dans  les  Indes  (fig.  25),  sur  la  manière  dont  cette  plante  est  utilisée. 

Nous  nous  arrêterons  ici,  pour  ne  pas  rendre  cet  article  trop  long. 
Mais  nous  n'en  sommes  qu'à  la  moitié  du  volume;  car  il  y  a  encore 
les  plantes  dont  on  utilise  les  fruits  ou  les  graines,  et  ce  sont  peut-être 
les  plus  nombreuses.  Les  industries  agricoles  françaises  de  la  fabri- 
cation du  vin,  de  la  bière,  de  l'huile,  celles  de  la  meunerie  et  de  la 
boulangerie,  sont  passées  en  revue.  Des  gravures  bien  faites,  comme 
on  en  jugera  par  la  fig.  26  qui  représente  un  atelier  de  maltage, 
accompagnent  le  texte,  en  complèent  les  explications.  Le  livre  de 
M.  Gérardin  est  un  livre  bien  fait,  dont  la  lecture  est  attrayante,  et 
dont  nous  souhaitons  le  succès,  dans  l'intérêt  général,  non  seulement 
auprès  des  jeunes  gens  }>our  lesquels  il  a  été  spécialement'écrit,  mais 
aussi  auprès  des  cultivateurs.  Henry  Sagniek. 

PISCICULTURE 

On  dit  proche,  depuis  que  nos  législateurs  s'occupent  enfin  sérieu- 
sement du  repeuplement  de  nos  eaux,  le  rétablissement  par  l'admis- 
nistration  des  ponts  et  chaussées,  d'un  ou  de  plusieurs  établissements 
de  notre  ancienne  création  piscicole  à  Huningue. 

Nous  allons,  en  réponse  à  d'amicales  instances,  prendre  la  liberté 
de  dire  un  mot  d'une  mesure  sollicitée  avec  plus  de  bruit  et  d'entrain 
que  de  réflexion  et  d'utilité. 

N'aimant  à  dire  son  mot  qu'après  avoir  vu  sur  un  sujet,  où,  sur 
Tamertume  de  ses  souvenirs,  se  greffent  une  série  de  faits  auxquels  on 
lui  fait  l'honneur  de  faire  appel,  l'ex-régisseur  d'Huningue  répondra 
sans  hésitation  à  ces  patriotiques  soUiciiations. 

La  question  semblant  se  mûrir,  on  y  insiste,  parlons-en  donc  : 
mais  d'abord  déblayons-la  d'un  historique  lointain  en  parlant  des 
discussions  auxquelles  elle  donna  lieu. 

Les  lecteurs  de  cette  feuille  n'ont  peut-être  pas  encore  oublié  la 
courtoise  polémique  que  soutint  dans  le  Journal  contre  le  si  regretté 
et  vénéré  collègue,  M.  de  ïillancourt,  le  signataire  du  présent  (numé- 
ros 150  et  184,  1872;  et  399,  1876). 

Nous  laisserons  tout  ce  passé  et  les  faits  qui  s'y  rapportent  pour  ne 
rappeler  que  le  grand  acte  qui  se  passa  entre  ces  dates,  c'est-à-dire  la 
loi  du  25  juillet  1875,  relative  à  l'enseignement  de  la  pisculture  dans 
les  écoles  d'agricultul'e;  loi  due  uniquement  à  l'énergie,  à  la  persé- 
vérance fît  à  la  compétence  de  cet  honorable  député,  ami  passionné 
des  choses  utiles  et  sérieuses,  si  malheureusement  enlevé  le  lende- 
main du  triomphe  de  son  idée. 

Quelques  centaines  de  mille  francs  doivent  être  consacrés  dans  le 
budget  prochain  du  ministère  des  travaux  publics  à  la  création  d'une 
ou  plusieurs  piscifaclures,  tout  cela  part  évidemment  d'un  bon  naturel. 


PISCICULTURE.  347 

Faisons  grand,  soit;  ma's  comme  là  l'inutile,  se  fondant  sur  un  passé 
datant  d'hier,  friserait  peut-être  le  ridicule,  garons-nous  en. 

Huningue  a  fait  son  œuvre,  une  œuvre  d'initiation  que,  grâce  à 
Cosle,  je  mets  au  défi  qu'on  refasse  mieux  et  plus  complètement;  ne 
l'oublions  pas.  N'est-ce  pas  de  cette  œuvre  dont  les  pisciculteurs  fran- 
çais ont  le  droit  de  dire  :  cœli  narrant  gloriam  !  l'univers  intelligent 
ne  la  connaît-il  pas  aujourd  hui? 

Si  les  beaux  et  nombreux  poissons  se  faisaient  avec  de  beaux  et  nom- 
breux projelSj  plus  ou  moins  enluminés  et  peints  de  l'école,  puisque 
là  aussi  on  \eut  qu'école  il  y  ait,  il  y  a  longtemps  que  le  mot  deCoste, 
si  souvent  critiqué  par  ceux  dont  la  vie  semble  se  passer  à  cherchera 
entendre  pousser  les  herbes^  c'est-à-dire  le  poisson  à  un  sou  la  livre, 
serait  une  vérité. 

Mais  comme,  hélas!  il  y  a  là  un  petit  facteur  avec  lequel  on  est 
obligé  de  compter,  le  poisson  lui-même,  les  choses  ne  se  passent  pas 
tout  à  fait  aussi  acadétniquement  dans  la  pratique  de  leur  éducation. 

Non  seulement  nous  nions  l'opportunité  de  cette  tardive  résurrec- 
tion, mais  même  son  utilité. 

Encore  là  l'initiative  privée,  l'intérêt  de  l'industrie,  car  tel  doit  être 
aussi  le  but  final  de  la  pisciculture  :  faire  du  poisson  comme  on  fait 
de  la  viande,  1  intérêt  de  1  industriel  fera  mieux  et  à  meilleur  marché 
que  nous.  Etat,  Pourquoi  ne  pas  s'ailresser  soit  au  marchand  d'œufs 
embryonnés,  aux  fabricants  d'alevins? 

Consacrez  à  ces  achats  la  dixième  partie  des  sommes  que  vous  allez 
enfouir  dans  ces  jolis  monuments,  sans  parler  de  leurs  états-majors, 
que  nous  avons  connus  et  que  nous  ne  mettrons  plus  en  ligne  de 
compte,  puisque  dans  le  projet,  ils  ne  doivent  plus  rien  coûter. 

Partagez  ce  dixième  avec  l'instituteur,  donnez-le  à  l'enseignement 
de  nos  écoles  normales,  écoles  dans  lesquelles  notre  jeune,  actif  et 
dévoué  personnel  du  professorat  agricole  est  là  comme  exprès,  et  tout 
à  point  pour  répandre  la  bonne  semence. 

J'ose  affirmer  sans  hésitation  que  dix  fois  plus  grands,  sérieux,  pra- 
tiques et  prochains  seront  les  résultats. 

Regardez  autour  de  nous,  et  voyez  comme  les  élevés  que  l'Huningue 
français  a  répandus  dans  l'Europe  se  comportent. 

Je  pourrais  citer  les  noms,  mais  en  commençant  j'ai  dit  que  je  ne 
m'en  tiendrais  qu  aux  faits. 

Voyez  l'Allemagne  avec  son  enseignement  de  la  pisciculture  et 
l'examen  du  volontariat  d'un  an  qu'elle  a  joint. 

La  Hollande  avec  ses. primes  à  l'alevin!  Le  Luxembourg  avec  son 
empoissonnement  par  les  têtes  de  bassin  ! 

Après  la  parole  dans  l'enseignement,  passez  à  l'action,  joignez  à  la 
fécondation  de  1  œuf  l'élève  de  l'alevin  à  son  premier  âge. 

Mais  l'œuf,  où  le  prendre,  va-t-on  m'objecter  ?  rien  de  plus  simple. 
Saint-Genest,  Gremaz,  Nanteuil  ne  sont  ils  pas  là,  et  prêts  à  vous  en 
livrer  des  millions  si  vous  les  leur  demandez  à  temps  en  leur  assurant 
un  écoulement  certain. 

N'ayant  eu  aucune  relation  et  ne  connaissant  pas  même  de  vue  les 
directeurs  ou  créateurs  de  ces  établissements,  je  tiens  à  écarter  de 
suite  une  objection  qu'en  république  suitout  il  faut  de  suite  traiter  au 
grand  jour,  la  qucî^tion  personnelle  qu'on  pouri-ait  mêler  à  cet  exposé. 

La  calomnie,  cette  monnaie  courante  des  impuissants  et  des  mé- 


348  PISCICULTURE. 

chants,  ne  s'attaque-t-eile  pas  à  tout,  et  hier  encore  ne  la  voyions-vous 
pas  à  l'œuvre  jusque  dans  le  Parlement? 

Je  répète  donc,  achetez  l'œuf  si  par  possible  vous  ne  pouviez  le  pro- 
duire^ ce  qui  évidemment  serait  mieux,  comme  complément  d'un  ensei- 
gnement que  la  loi  vous  fait  un  devoir  de  donner. 

Attaquez  par  quelques  essais  l'empoissonnement  de  nos  têtes  de  bas- 
sin, comme  on  semble  l'avoir  t'ait  avec  quelques  succès  pour  l'écrevisse 
dans  les  Vosges,  la  Meuse,  la  Haute-Marne,  etc. 

Au  pratique,  au  sérieux,  laissez-la  ces  visées  grandioses  dont  les 
quinze  dernières  années  de  pisciculture  impériale  ont  démontré  la 
parfaite  impuissance  et  l'inutilité.  Chabot, 

Membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture. 

EXPOSITION  GENERALE  DES  PRODUITS 

DE  l'horticulture 

Lundi  28  mai  s'est  terminée  après  huit  jours  d'existence  l'exposition 
générale  des  produits  de  l'horticulture.  Jamais  encore  une  aussi  grande 
accumulation  de  fleurs  n'avait  été  disposée  avec  tant  de  goût,  jamais 
non  plus  des  lots  aussi  beaux  et  aussi  nombreux  ne  s'étaient  trouvés 
réunis.  Il  faut  le  déclarer  hautement,  l'exposition  qui  vient  de  prendre 
fin  a  été  la  plus  remarquable  que  Paris  ait  encore  admirée.  Aussi 
combien  ne  devons-nous  pas  de  remercîments  à  ses  organisateurs 
habiles  et  dévoués  qui  ont  su  en  quelques  jours  réunir  un  nombre  si 
considérable  de  lots  et  les  grouper  avec  autant  d'art.  Remercions  donc 
le  président  de  cette  exposition  M.  Ch.  Joly  et  les  secrétaires  de  la 
commission  MM.  Verlot,  Chargneraud  et  Delamare  qui  ont  su  pour  la 
première  fois  peut-être  faire  une  exposition  tellement  remarquable 
qu'elle  se  trouve  du  coup  égale,  sinon  supérieure,  à  celles  qui  ont  lieu 
en  Belgique  ou  en  Angleterre.  Chez  nos  voisins  souvent  l'on  voit  des 
plantes  plus  fortes  ou  représentant  des  espèces  plus  rares,  jamais  l'on 
ne  rencontre  cette  harmonie  du  groupement  et  de  la  disposition  des 
plantes  qui  font  de  l'horticulture  française  un  art  véritable  se  perfec- 
tionnant chaque  jour  et  prenant  à  chaque  instant  par  cela  même  une 
importance  plus  considérable. 

Comme  l'a  dit  M.  le  ministre  de  ragricufture  lui-même  au  banquet 
qu'il  a  bien  voulu  présider  à  la  Société  d'horticulture,  l'art  horticole 
prend  un  tel  développement  qu'il  a  su  s'élever  à  la  hauteur  d'une 
science  en  même  temps  qu'il  est  devenu  une  industrie  importante  qui 
chaque  jour  va  en  augmentant  ;  la  beauté,  la  valeur  sans  cesse  croissante 
de  nos  expositions  le  prouvent  d'une  façon  à  Jout  moment  plus  nette. 

Le  Pavillon  de  la  ville  qui,  quelques  jours  avant  l'ouverture  du 
concours  horticole,  avait  abrité  une  exposition  industrielle,  avait  été  en 
un  clin  d'œil  transformé  en  un  magnifique  jardin  dont  les  murs  dis- 
paraissaient totalement  sous  le  feuillage  abondant  des  gros  lots  de 
palmiers,  fougères  arborescentes  et  cycadées.  Plusieurs  de  ces  groupes 
se  faisaient  remarquer  par  la  correction  des  individus  présen  es  qui 
les  plaçaient  tous  sur  un  pied  d'égalité  presque  complète.  Néanmoins 
le  jury  s'est  prononcé  en  faveur  de  M.  Chantin  qui  avait  su  réunir  la 
plus  grande  collection  d'individus  en  forts  exemplaires.  11  lui  a  accordé 
le  grand  prix  d'honneur,  tout  en  réservant  cependant  un  second  prix 
d'honneur  à  la  maison  Saison-Lierval  qui  toujours  se  distingue  par  la* 
belle  et  intelligente  culture  de  ses  plantes. 


EXPOSITION  GÉNÉRALE  D'HORTICULTURE.  349 

Les  lots  qui,  par  ordre  de  mérite,  viennent  après  ceux  que  nous 
venons  de  citer,  étaient  encore  fort  remarquables,  et,  dans  une  exposi- 
tion moins  fournie  en  plantes  que  ne  l'a  été  celle-ci,  ils  n'eussent  pas 
manqué  que  d'attirer  l'attention  du  jury.  Parmi  eux  il  convient  de 
citer  ceux  fournis  par  M.  Savoye  et  Delavier  à  qui  sont  échues  les 
médailles  d'or  et  d'argent. 

Sans  nous  arrêter  longuement  aux  immenses  massifs  de  rhododen- 
drons et  d'azalés  fleuris  qui  ne  manquaient  cependant  pas  que  de 
charmer  le  public  par  la  fraîcheur  et  la  diversité  de  leur  coloris  et 
parmi  lesquels  l'on  remarquait  ceux  présentés  par  M.  Croux  et  Moser 
disons  quelques  mots  des  orchidées  nombreuses  disposées  en  deux 
grandes  corbeilles.  Comme  toujours,  ces  plantes  n'ont  pas  manqué 
que  d'attirer  l'attention  du  visiteur.  Quoi  de  plus  remarquable  et  de 
plus  bizarre  en  effet  que  ces  fleurs  aux  couleurs  si  diverses  et  si  douces 
de  ton,  aux  formes  étranges  et  aux  odeurs  souvent  si  pénétrantes?  La 
culture  de  ces  plantes  gagne  rapidement  à  mesure  qu'on  la  connaît 
mieux  ;  au  début  elle  était  comme  entourée  de  mystère  et  considérée 
comme  ne  pouvant  se  faire  qu'à  la  température  de  la  serre  chaude. 
Bon  nombre  de  nos  plus  intéressantes  orchidées  sont  aujourd'hui 
cultivées  en  serres  tercpérées  ou  même  en  serres  froides  oii  elles  résis- 
tent parfaitement.  Ce  sont  d'ailleurs  des  plantes  souvent  peu  exigeantes 
dont  la  floraison  dure  des  mois  entiers;  il  n'est  donc  pas  étonnant  de 
voir  la  marche  ascensionnelle  que  suit  la  culture  de  ces  plantes  inté- 
ressantes à  tant  de  points  de  vue  différents. 

Un  bien  remarquable  lot  de  Caladium  aux  feuilles  de  toutes  les  cou- 
leurs avait  été  présenté  par  M.  Bleu  à  qui  il  a  valu  une  médaille  d'or 
bien  dignement  méritée.  Personne  ne  cultive  les  Caladium  comme 
M.  Bleu,  et  l'on  est  bien  sûr  quand  il  se  présente  dans  un  concours 
que  c'est  à  lui  forcément  que  reviendra  la  plus  haute  récompense  pour 
ce  genre  de  plantes. 

Quelques  plantes  nouvelles  attiraient  l'attention  des  connaisseurs  ; 
c'étaient  celles  rapportées  par  M.  Ed.  André  de  ses  nombreux  voyages. 
Parmi  celles-ci  une  des  plus  remarquables  est  le  Tillendsia  Lindeni 
tricolor,  une  broméliacée  aux  formes  exiguës,  mais  portant  de  longues 
inflorescences  composées  de  bractées  d'un  rose  vif,  pressées  les  unes 
contre  les  autres  dans  l'ordre  distique  et  à  l'aisselle  desquelles  sortent 
de  grandes  fleurs  d'un  beau  violet  foncé.  C'est  une  plante  d'unegrande 
beauté  qui  se  répandra  rapidement.  Deux  autres  broméliacées  intéres- 
santes à  signaler,  le  Paya  gigas  et  le  f^.  pastensis,  plantes  capables 
de  prendre  un  très  grand  développement  et  de  devenir  presque  des 
arbres. 

Le  président  de  la  Société  d'horticulture,  M.  Lavallée,  avait  envoyé 
trois  plants  de  vigne  du  Soudan  qui  avaient  été  cultivées  en  serres 
chaudes.  Il  est  intéressant  de  prendre  note  de  ces  essais  culturaux 
afin  de  se  rappeler  que  ces  vignes  ne  pourront  jamais  résister  à  notre 
climat  et  qu'il  serait  bien  inutile  d'en  tenter  la  culture  en  grand. 

Revenant  aux  plantes  courantes,  signalons  les  massifs  de  plantes 
annuelles  présentés  1  un  par  la  maison  Vilmorin,  l'autre  par  M.  Leca- 
ron;  les  deux  fort  bien  cultivés  et  très  élégamment  groupés  ont  été  ré- 
compensés, l'un  par  la  médaille  d'honneur,  l'autre  parla  n)édailled'or. 

Enfin  citons  encore  un  lot  de  clématites  du  Japon,  envoyé  par 
M.  Christen,  qui  est  sans  contredit  le  plus  considérable  que  l'on  ait 


350  EXPOSITION  GÉNÉRALE  D'HORTIGULTQRE. 

encore  vu  dans  aucune  exposition.  Il  est  très  remarquable  de  consta- 
ter combien  la  bonne  culture  et  les  semis  intelligemmsnt  conduits 
ont  donné  de  variétés  diverses,  toutes  plus  belles  les  unes  que  les 
autres,  et  passant  par  les  nuances  les  plus  diverses. 

Les  roses  tenaient  une  grande  place  cette  année,  et  les  énormes  cor- 
beilles de  M.  Ch.  Verdier,  qui  ont  eu  un  prix  d'honneur,  et  de 
MM.  Margoltin  et  Levêque,  embaumaient  l'air  par  leur  senteur,  en 
même  temps  qu'ils  charmaient  la  vue  par  leur  élégance. 

Passant  aux  cultures  d'utilité,  il  faut  porter  en  tête  les  vignes  por- 
tant de  superbes  raisins  mûrs,  de  M.  Margottin,  puis  les'  lots  d'as- 
perges de  M.  Lhérault,  et  la  grande  quantité  de  légumes  divers  exposés 
par  les  maraîchers  de  la  Seine,  réunis  en  Société. 

En  somme,  il  faut  le  constater,  les  expositions  horticoles  prennent 
chaque  jour  plus  d'importance  à  Paris,  grâce  aux  hommes  dévoués 
placés  à  la  tête  de  la  Société  d'horticulture,  dont  le  dévouement  à  la 
cause  horticole  ne  se  dément  pas  un  seul  instant.       J.  Dybowskt, 

chargé  des  conférences  horticoles  à  l'école  de  Grignon 

CONCOURS  RÉGIONAL  DE  SIDI-BEL-ABBÈS  EN  1883.  —  IV 

V.  Machines  et  instruments  agricoles.  —  Si  nous  n'avions  en  vue  que  la  des- 
cription des  machines  et  instruments  que  nous  avons  eu  l'occasion  d'examiner  en 
détails  ces  jours-ci,  nous  aurions  pu  passer  sous  silence  cette  partie  de  notre 
compte  rendu,  sentant  bien  que  les  lecteurs  du  Journal  de  Vagriculture  sont  très 
au  courant  de  tout  ce  qui  les  intéresse  et  les  concerne,  peu  de  fermes  en  France 
n'étant  aujourd'hui  pourvues  d'un  matériel  complet  et  perfectionné  choisi  parmi 
ceux  qui  conviennent  le  mieux  à  chaque  région. 

Mais  nous  avons  eu  devant  nous  des  efforts  tellement  importants,  et  cette  expo- 
sition était  si  belle,  que  nous  manquerions  à  tous  nos  devoirs  en  ne  la  signalant 
pas  d'une  façon  tonte  particulière,  mis  à  part  notre  désir  de  relever  quelques  par- 
ticularités et  d'inscrire  les  observations  que  nous  a  suggérées  l'étude  que  nous 
en  avons  faite. 

Les  instruments  d'agriculture  occupaient  au  concours  de  Bsl-Abbès  une  super- 
ficie d'un  hectare  environ,  et  se  faisaient  remarquer  aussi  bien  par  le  nombre  et 
la  variété,  que  par  la  quahté  de  chacun  d'eux;  car  l'on  y  admirait  une  douzaine  de 
moissonneuses,  14  batteuses  mues  par  la  vapeur  ainsi  qu'un  très  grand  nombre 
de  machines  et  objets  des  plus  perfectionnés,  tels  que  faucheuses,  batteuses  à 
manège,  une  grande  quantité  de  pompes,  de  pressoirs,  de  filtres,  de  charrues 
pour  tous  les  usages. 

Nous  ne  saurions  oublier  de  citer  notamment  quelques  grandes  maisons  habi- 
tuées à  de  réels  succès  chaque  fois  qu'il  s'agit  de  ces  luttes  toutes  pacifiques,  de 
regretter  de  ne  plus  voir  quelques-unes  d'entre  elles  qui  nous  avaient  vivement 
intéressés  les  années  précédentes,  comme  la  maison  Aultmann  et  Gie,  et  de  con- 
stater avec  peine  que  quelques  autres  n'ont  pu  arriver  à  temps  suivant  leurs 
promesses. 

C'est  ainsi  que  l'on  a  tout  d'abord  admiré  l'exposition  de  M.  Billiard  d'Alger, 
une  des  plus  complètes  du  concours,  avec  ses  laucheuses  Wood  et  Favorite,  le 
cultivateur  Goleman,  les  herses  diverses,  de  nombreux  instruments*  de  la  maison 
Pilter  que  chacun  de  nous  a  pu  apprécier  et  qu'il  est  inutile  de  rappeler  en  détail, 
la  moissonneuse-lieuse  de  Wood,  les  batteuses  Garrett,  plusieurs  numéros  de 
pompes,  de  charrues,  de  pressoirs,  d'alambics,  de  fihres,  l'excellent  et  économique 
porteur  Decauville,  dont  féloge  n'est  plus  à  faire.  M.  Billiard  est  un  des  plus 
anciens  intermédiaires  des  Algériens  et  des  constructeurs  de  la  Métropole,  aussi  la 
délégation  de  la  Société  d'encouragement  à  l'agriculture  de  Paris  a-t-elle  reconnu 
ses  efforts  persévérants  en  lui  accordant  une  médaille  d'or,  indépendamment  des 
six  prix  qu'ont  obtenus  ses  instruments  soumis  aux  expériences  du  jury. 

Il  en  est  de  même  de  M.  Plissonnier  fils  de  Lyon  qui  ne  présentait  pas  moins 
de  69  numéros  comprenant  batteuses,  locomobiles,  faucheuses,  moissonneuses 
indispensable  et  heuse,  charrues,  pompes,  moulin,  pressoirs,  et  qui  a  remporté 
8  prix  dans  les  essais  faits  par  la  Commission. 


CONCOURS  RÉGIONAL  DE  SIDI-BEL-ABBÊS.  351 

Il  nous  faudrait  mentionner  tous  les  exposants  en  raison  de  leurs  raériles  réels, 
aussi  est-ce  à  regret  que  nous  nous  bornons,  faute  de  place,  à  citer  les  parties 
suivantes  que  le  public  nous  a  plus  particulièrement  signalées  :  les  instiuments 
vinicoles  justement  appréciés,  de  M.  "Vigouroux  qui  a  remporté  2  médailles  d'or  et 
1  d'argent;  les  charrues  et  scarificateurs  de  M.  Bergougnoux  de  Bel-Abbès  qui  a 
obtenu  4  prix;  la  machine  à  battre  à  vapeur  de  Al.  Breloux  de  Nevers;  le  pressoir 
à  parallélogramme  universel  de  M.  Champion  à  Tours;  les  trieurs  de  M.  Glert  à 
Niort;  les  charrues  et  la  noria  Letellier  de  M.  Eichatter  à  Bel-Abbès;  les  pres- 
soirs Mabille  frères,  à  Amboise;  l'ébullioscope  Malligand;  les  charrues  Mougeot 
de  Bel-Abbès;  les  ventilateurs  et  barattes  de  M.  Mure  à  Lyon;  les  pompes  Noël 
de  Paris;  le  pressoir  Piiiuet  de  Sartrouville  ;  les  trieurs,  hache-paille  et  pressoirs 
de  M.  Presson  à  Bourges;  les  filtres  llouhette  de  Paris;  les  batteuses  à  vapeur 
Ruslon-Proctor;  les  machines  de  la  Société  française  de  Vierzon  dont  une  loco- 
mobile  recouverte  toute  en  cuivre  extérieurement,  essai  qui,  nous  le  craignons, 
ofrira  bien  des  difficultés;  les  charrues  de  M.  Souron  des  Trembles;  les  herses, 
faucheuse  Albion,  moissonneuse  Buckcye,  locoraobile  Marshal,  batteuse,  et  mois- 
sonneuse-lieuse à  la  ficelle  de  MM.  TiiioUier  d'Alger. 

Dans  cette  énumération,  on  vient  de  le  voir,  la  part  qui  revient  aux  construc- 
teurs de  la  colonie  est  grande  et  on  ne  saurait  trop  les  féliciter  d'être  entrés  réso- 
lument dans  cette  voie. 

Nous  remarquons,  en  effet,  que  19  exposants  de  cette  division,  sur  50,  appar- 
tiennent exclusivement  à  l'industrie  algérienne.  Cette  proportion  un  peu  plus 
faible  que  celle  relevée  au  concours  de  Constantinel'année  dernière,  est  la  raêine 
que  celle  qui  a  été  constatée  à  Alger  en  1881,  et  nous  ne  comptons  pas  dans  ce 
nombre  MM.  Billiard  et  ThioUier  considérés  cependant  comme  Algériens.- 

Ces  19  exposants  ont  apporté  86  instruments,  tous  appliqués  aux  besoins  les 
plus  urgents  des  cultures  de  la  colonie,  et,  en  général,  construits  parmi  ceux  qui 
n'exigent  pas  les  complications  et  les  frais  des  grandes  manufactures;  aussi  ne 
les  avons-nous  vu  prendre  part  qu'aux  expériences  des  instruments  d'extérieur  de 
ferme  ou  ils  ont  remporté  le  tiers  des  prix  accordés. 

Ces  essais  que  nous  allons  rappeler  sommairement  ont  porté  sur  des  machines 
et  instruments  désignés  au  programme  ministériel  de  telle  sorte  qu'ils  ont  été 
certainement  peu  utiles  pour  notre  contrée. 

Nous  devons  en  tirer  cet  enseignement  pour  l'avenir  que  ces  expériences  n'of- 
friront un  caractère  sérieux  que  tout  autant  que  les  intéressés  de  la  circonscription 
du  concours,  et  notamment  la  Société  d'agriculture  de  l'endroit,  auront  indiqué 
les  instruments  à  essayer;  dans  le  cas  contraire  on  court  le  risque  de  perdre 
l'intérêt  qui  doit  s'attacher  à  ces  épreuves,  et  même  de  faire  des  essais  sans  résul- 
tat, comme  cela  a  eu  lieu  ici  où  le  programme  comprenait  les  faucheuses,  alors 
que  nous  n'avons  pas  de  prairies,  et  où  l'on  avait  omis  de  porter  les  batteuses, 
moissonneuses,  semoirs,  toutes  machines  très  bien  appropriées  aux  besoins  agri- 
coles de  cette  région,  ainsi  que  les  machines  à  élever  l'eau  d'une  grande  profon- 
deur qui  sont  indispensables  dans  bien  des  endroits  où  il  faut  aller  chercher  ce 
précieux  élément  à  30  et  40  mètres. 

Les  délégués  des  associations  agricoles,  les  membres  du  jury  et  les  exposants 
sont  bien  appelés,  pendant  le  concours,  à  proposer  des  modifications  qu'il  convient 
d'apporter  à  l'an  été  ministériel  de  l'année  suivante;  mais  cette  réunion  ne  peut 
accorder  les  avantages  que  nous  réclamons,  car  à  ce  moment,  le  lieu  de  la  pro- 
chaine expoation  n'étaut  pas  encore  connu,  on  ne  peut  que  suivre  les  errements 
du  passé  et  formuler  des  propositions  par  à  peu  près. 

La  nature  même  de  notre  demande  tendrait  à  donner  à  ces  essais  un  véritable 
caractère  régional,  local,  c'est-à-dire  le  plus  utile  de  tous,  avec  cette  pensée  tou- 
tefois que  l'Etat  procéderait  ensuite  à  d'importants  concours  spéciaux,  comme  il 
le  fait  en  France,  à  des  époques  bien  choisies  pour  faire  ces  essais  confiés  aux 
personnes  les  plus  compétentes  de  la  colonie  entière,  ayant  à  leur  disposition  le 
temps  nécessaire  et  tout  ce  qu'il  faut  pour  faire  une  étude  comparée  des  plus 
complètes. 

Nous  croyons  sérieusement  que  cette  manière  d'agir  aurait  le  triple  avantage 
de  favoriser  l'industrie  locale  de  la  constraction  d'instruments,  de  donner  satis- 
faction à  ceux  qui  désirent  surtout  avoir  pour  juge  le  public  et  la  clientèle  de 
crainte  d'une  erreur  qui  devient  ensuite  très  préjudiciable  à  leurs  intérêts,  de  ne 
pas  négliger  pour  cela  les  encouragements  dus  aux  perlejtionnements,  mais  de 
leur  donner  tout  au  contraire  une  importance  considérable  soit  par  la  valeur  des 


352  CONCOURS  RÉGIONAL  DE  SIDI  BEL-ABBÉS. 

prix  accordés,  soit  par  la  nature  même  des  expériences  spéciales  auxquelles  on  les 
soumettrait. 

Les  essais  de  Bel-Abbès  ont  donné  lieu  aux  quelques  remarques  suivantes  que 
nous  devons  à  l'obligeance  de  MM.  Lavenne  et  Fabriès  et  que  nous  abrégeons  le 
plus  possible  pour  ne  pas  trop  dépasser  les  limites  de  cette  notice.  Parmi  les 
instruments  d'extérieur  de  ferme  le  premier  prix  a  été  décerné  à  M.  Billiard  pour 
sa  faucheuse  «  Favorite  »  à  engrenages  renfermés,  instrument  d'une  grande 
simplicité  qui  se  recommande  par  le  peu  de  traction  nécessaire,  la  régularité  du 
travail  et  la  légèreté,  276  kilog.;  vient  ensuite  la  faucheuse  «  Diamant  »  de 
M.  Plissonnier,  à  deux  chevaux,  dont  l'engrenage  indépendant,  la  scie  glissière 
et  les  doigts  en  fonte  malléable  constituent  une  bonne  amélioration  On  obtient 
également  un  bon  travail  de  la  faucheuse  «  Paragon  »  du  même  constructeur, 
qui  est  légère  et  exige  peu  de  traction. 

La  charrue  sans  avant-train  de  M.  Bergougnoux  de  Bel-Abbès,  l"  prix,  a  pro- 
duit un  défoncement  moyen  de  0'".32  dans  un  terrain  à  sous-aol  de  tuf,  dur,  avec 
10  chevaux  et  mulets;  elle  est  très  facile  à  conduire  par  les  mancherons;  la  charrue 
de  M.  Billiard  destinée  au  défoncemeot  pour  plantation  de  vignes,  n"  18t  du  cata- 
logue, présente  comme  avantage  un  Ijec  de  canne  double  en  acier  se  démontant 
très  facilement,  le  soc  ayant  0"'.39  de  largeur;  la  profondeur  moyenne  du  labour  a 
été  de  0"'.35  avec  12  chevaux.  Dans  les  conditions  à  peu  près  semblables  la  défon- 
ceuse Mougeot  a  atteint  0'".30  avec  8  bêtes,  celle  de  M.  Sourou  0™.26  avec  10  bêtes, 
celle  enfin  de  M.  Plissonnier  en  fer  et  acier,  0'".27  avec  une  traction  de  8  bêtes. 

Le  scarificateur  de  M.  Plissonnier  à  7  dents  triangulaires  fait  un  travail,  très 
bon  comme  labour  d'été,  de  l'".25  de  largeur  sur  0™.  12  de  profondeur  avec  8  bêtes  ; 
celui  de  M.  Bergougnoux  donne  l'".30  de  largeur,  G™.  10  de  profondeur,  et  celui 
de  M.  Billiard,  1"M0  de  largeur  sur  û"M4  de  profondeur  avec  le  même  nombre 
d'animaux. 

La  herse  pour  grande  culture  de  M.  Michel  de  Bourbon-Lancy,  à  dents  aciérées, 
fait  un  très  bon  travail;  il  en  est  de  même  de  celle  de  M.  ThioUier,  n"  585,  à 
articulations  qui,  avec  3  bêtes,  prend  1">.80  de  largeur,  et  de  celles  de  MM.  Bil- 
liard, n"  83,  Bergougnoux,  n"  63  et  Plissonnier  n"  472,  qui  ont  été  jugées  bien 
construites. 

Le  rouleau  brise-mottes,  n"  527,  de  M.  Plissonnier,  prend  l'".85  de  largeur 
avec  3  bêtes  ;  son  prix  de  240  francs  le  met  à  la  portée  de  tous  les  agriculteurs  ; 
le  n"  176  à  M.  Billiard  fait  un  travail  de  1".65  de  largeur  avec  4  bêtes,  ses  disques 
de  0^.70  de  diamètre  développent  très  bien  dans  les  terrains  légers;  le  n"  64  à 
M.  Bergougnoux  fait  1"'.30  de  travail  sous  une  traction  de  3  bêtes,  ses  disques 
n'ont  que  0'".60  de  diamètre,  son  prix  est  de  400  francs;  le  n"  404  à  M.  Michel 
donne  1™.60  de  large  avec  4  bêtes. 

Les  instruments  d'intérieur  de  ferme  soumis  à  des  essais  particuliers  étaient 
également  au  nombre  de  5  séries  que  nous  allons  examiner  successivement. 

Il  existait  au  concours  un  très  grand  nombre  de  pressoirs,  mais  7  seulement 
sont  entrés  en  lutte  comme  remplissant  les  conditions  suivantes  requises  par  le 
programme  :  diamètre  de  la  cage  1  mètre,  hauteur  de  la  charge  dans  la  maie  O'^.ôS, 
diamètre  minimum  de  la  vis  0"'.08.  La  matière  à  presser,  uniformément  préparée 
à  l'avance,  pesait  pour  chacun  200  kilog.,  le  temps  accordé  au  maximum  étant 
de  1  kilog.  avec  faculté  d'arrêter  l'expérience  au  moment  jugé  convenable  par 
l'exposant. 

Le  pressoir  de  M.  Piquet,  n"  456,  dont  la  maie,  indépendante  du  reste  de  l'in- 
strument, est  rendue  étanche  par  l'interposition  de  lames  de  caoutchouc  entre  ses 
joints,  a  sa  vis  prise  par  2  moises,  double  tourillons  pouvant  se  remplacer;  trois 
dents  seulement  sont  prises  par  les  engrenages,  les  clavettes  en  dessous  sont  mues 
par  des  ressorts;  son  bras  de  levier  est  de  1"'.80;  le  graissage  de  l'instrument  est 
facile  ;  la  course  de  l'opérateur,  qui  agit  en  allant  et  en  venant,  très  courte.  Cet 
appareil  a  donné  35''. 500  de  liquide  en  30  minutes. 

Le  n"  379  à  M.  Mabille,  est  à  clavette  taillée  en  biseau  sans  ressort,  et  levier 
multiple  sans  engrenage  avec  excentrique;  les  2  clavettes  marchent  d'un  demi  trou, 
le  levier  est  court,  l'opérateur  ne  se  déplace  pas,  car  l'on  serre  en  allant  et  en 
venant;  38''. 600  de  liquide  ont  été  obtenus  en  41  minutes. 

Le  n"  602  à  M.  Vigouroux  n'a  pas  d'engrenage;  on  peut  fonctionner  même  avec 
la  couronne  cassée,  la  maie  peut  être  resserrée;  le  bras  de  levier  a  4'". 30;  il  a 
donné  34''.500  de  liquide  en  39  minutes. 

Le  pressoir  Champion  possède  à  peu  près  le  même   système  de  clavettes  que 


CONCOURS  RÉGIONAL  DE  SIDI-BEL-ARBÈS.  353 

celui  de  M.  Mabille;  l'effort  est  symétrique;  4  clavettes  agissent  et  diminuent  la 
course;  la  vis  est  mobile,  le  levier  a  2  mètres  de  longueur,  il  n'existe  pas  d'en- 
grenage; 30^.700  de  liquide  en  30  minutes. 

Le  pressoir  Mabille  n"  373  offre  cette  différence  avec  celui  que  nous  avons  décrit 
plus  haut  de  la  même  maison  que  l'excentrique  est  remplacé  par  des  engrenages- 
il  a  produit  43  kdog.  de  liquide  en  41  minutes. 

Le  pressoir  Presson,  qui  possède  2  clavettes  et  dont  le  bras  de  levier  est  de 
2  mètres  de  long,  a  rendu  30  kilog.  de  liquide  en  39  minutes.  Celui  de  M.  Plis- 
sonnier,  ayant  2  clavettes  que  l'on  peut  changer  pour  faire  varier  la  vitesse,  a 
un  levier  de  2'". 30,  une  course  peu  étendue-  Résultat  :  34^200  en  44  minutes. 
On  peut  donc  dire  que  tous  ces  instruments  sont  dans  de  très  bonnes  conditions. 

Pour  les  pompes  à  vin,  le  liquide  était  élevé  à  3'". 70,  et  le  récipient  à  remplir 
offrait  une  capacité  de  604  litres.  Les  résultats  obtenus  sont,  en  général,  très  satis- 
faisants, aussi  nous  bornons-nous  à  quelques  détails  seulement. 

La  pompe,  n"  610,  à  M.  Vigouroux  se  distingue  par  un  bon  guidage,  une  visite 
facile  de  l'instrument,  4  boulets  en  caoutchouc  contenus  dans  la  même  boîte  à 
soupape  formant  clapets;  durée  de  l'expérience  6  minutes  1  seconde. —  le  n"  488  à 
M.  Plissonnier,  double  engrenage,  piston  en  cuivre,  centre  de  gravité  bas,  visite 
facile,  amis  4  m.  58  s.  —  M.  Beaume  a  présenté  les  n'"  suivants  :  n"  21,  levier 
oscillant,  pompe  verticale,  durée  de  l'expérience  4  m.  56  s.  ;  n"  27,  piston  à  segment' 
4  boulets  en  caoutchouc  dans  la  même  boîte,  mouvement  avec  pignon  et  crémail- 
lère, 6  m.  27  s.;  n"  24  comme  la  précédente  pour  la  construction,  la  crémaillère 
étant  remplacée  par  un  villebrequin,  4  m.  29  s.  ;  n"  34  pompe  à  rotation,  aspirant 
dans  les  2  sens  à  connexion  directe,  5  m. 08 s.;  n^SO,  rotation  à  palettes,  pompe 
étancho  parle  fond,  7  m.  30  s.  — La  pompe  n"  437  à  M.  Noël,  dont  le  centre  de 
gravité  est  très  bas,  et  le  démontage  moins  facile,  a  mis  5  m.   33  s. 

Deux  filtres  à  vin  seulement  étaient  en  présence  ;  celui  de  M.  Vigouroux,  dont  le 
démontage  a  demandé  30  s.,  le  montage  5  m.  qui  filtre  rapidement,  donne  d'excel- 
lents résultats,  une  netteté  parfaite  du  liquide,  un  écoulement  à  peu  près  constant 
quelle  que  soit  la  pression,  la  cuve  n'étant  pas  toujours  en  charge  :  surface  filtrant 
6'".50,  liquide  filtré  en  2  heures,  91  kilog.;  rapport  par  mètre  carré  de  surface 
filtrante  14.6;  et  celui  deM.  Rouhette,  montage  J  m., démontage  4  m.,  écoulement 
du  liquide  régulier,  mais  avec  une  pression  constante,  résultat  excellent  aussi, 
3". 70  de  surface  filtrante,  72  kilog.  de  liquide  obtenu,  19''.5  par  mètre  carré  de 
surface  filtrante. 

Pour  les  appareils  propres  au  nettoyage  des  graines,  aucun  prix  n'a  été  décerné. 
Quant  aux  hache-paille  à  grand  travail,  200  kilog.  de  paille  ont  été  coupés  à 
2  centimètres  de  longueur  en  4  m.  par  l'appareil  à  3  lames,  débrayage  facile,  de 
M.  Plissonnier  ;  en  7  m.  par  celui  de  M.  Billiard,  système  Pilter  à  3  couteaux  à  arrêt 
instantané  et  mouvement  de  recul;  en  16  m.  par  celui  de  M.  Presson.  Ces  3  instru- 
ments sont,  en  outre,  faciles  à  faire  fonctionner. 

On  nous  a  dit  que  les  colons  avaient  fait  peu  d'acquisitions  de  machines  au 
concours  et  que  par  suite  les  constructeurs,  qui  s'étaient  donné  beaucoup  de 
peine,  partaient  un  peu  désappointés.  Nous  croyons  cependant  que  cette  opinion 
est  celle  du  début  de  l'exposition  et  que  vers  la  fin,  au  contraire,  il  s'est  traité 
quelques  bonnes  affaires,  la  pluie  étant  venu  donner  un  peu  de  courage  aux  inté- 
ressés, car  il  ne  faut  pas  oublier  que  nous  venons  de  traverser  trois  mauvaises  années 
et  que  les  Sociétés  de  crédit,  qui  précédemment  avaient  fortement  encouragé  les 
cultivateurs  à  user  de  leurs  ressources,  les  ont  depuis  quelque  temps  complète- 
ment et  brusquement  arrêtés  dans  cette  voie. 

Quoi  qu'il  en  soit,  nous  sommes  convaincu  que  tous  ces  efforts  ne  seront  pas 
perdus  etque  les  constructeurs  de  machines  ont  jeté  leurs  semences  dans  un  excel- 
lent terrain,  s'étant  adressés  à  une  population  travailleuse,  ardente  au  progrès  et 
qui,  dans  notre  seul  arrondissement,  possède  déjà  une  vingtaine  de  batte'uses  à 
grand  travail  mues  par  la  vapeur. 

Au  moment  où  en  France  chaque  exploitation  est  pourvue  de  tous  les  meilleurs 
instruments,  l'Algérie  doit  "être  pour  eux  un  champ  d'action  des  plus  importants, 
car  ici  presque  tout  est  encore  à  faire  sous  ce  rapport,  et  le  moment  est  peu 
éloigné  où  les  cultivateurs  de  la  colonie,  voyant  leurs  terres  s'épuiser  et  la  main- 
d'œuvre  devenir  rare,  s'adresseront  à  la  mécanique  pour  obtenir  les  bonnes  pra- 
tiques agricoles  et  le  plus  économiquement  possible. 

^  De  leur  côté  les   constructeurs  doivent  par  tous   les  moyens  en  leur  pouvoir, 
s'ils  ne  veulent  pas  compromettre  cet  avenir,  n'employer  que  d'excellents  maté- 


354  CONCOURS  REGIONAL  DE   SIDI-BEL-ABBÈS. 

riaux  pouvant  résister  aux  grandes  variations  de  la   température  de  ce  pays,  et 
s'eflorcer  d'introduire  dans  la  colonie  de  bons  mécaniciens,  ces  deux  causes  ayant 
jusqu'ici  ralenti  l'introduction  des  machines  perfectionnées   dans  une  région  où 
la  population  est  cependant  très  portée  à  les  utiliser. 
{La  suite  prochainement).  L.  Bastide, 

Président  du  Comice  de  Sidi-Bel-Abbès 

SITUATION  AGUIGOLE  DANS  LA  DORDOGNE 

Saint-Jean-d'Ataux,  \:>  mai  1883. 

En  avril,  nous  avons  eu  13  jours  de  beau  ciel  et  17  de  temps  plus  ou  moins 
couvert,  ayant  fourni  :  7jours  de  pluie  (13,  19,  23,  24,  27,  29,  30);  2  de  brouillard 
(2  et  4)  ;  9  de  rosée  (3,  5,  15,  16,  17,  18,  20,  21,  22);  3  de  gelée  blanche 
(12,  14,  25).  Dms cette  période,  il  est  tombé  millimètres  79,75  d'eau;  l'averse  la 
plus  considérable,  celle  du  27,  a  donné  0'"'".35.  La  température  la  plus  élevée, 
+  24  degrés  centigrades  a  été  observée  les  2  et  26  ;  la  plus  basse,  —  1,  le  14  ; 
la  moyenne  générale  du  mois  a  été  de  +  1 1",85.  La  pression  barométrique  la 
plus  forte,  755.70,  s'est  produite  les  16,  17,  22;  la  plus  faible,  733.15,  le.s 
26,  27,  28;  la  pression  moyenne  a  été  de  747,35.  Le  vent  a  soufflé  8  jours  du 
nord,  4  du  nord-est,  3  de  l'est,  1  du  sud-est,  1  du  sud,  2  du  sud-ouest,  5  de 
l'ouest  et  6  du  nord-est. 

Les  jours  relativement  beaux  que  nous  a  donnés  la  première  quinzaine  d'avril 
ont  été  mis  à  profit  par  les  cultivateurs  pour  semer  des  pommes  de  terre  et  prépa- 
rer les  terres  à  maïs;  mais  ce  travail,  loin  d'être  terminé,  a  été  interrompu  par  les 
pluies  presque  incessantes  de  la  dernière  quinzaine  d'avril  et  des  premiers  jours  de 
mai.  Par  s-uite  de  ce  mauvais  temps,  les  autres  travaux  sont  aussi  en  souffrance, 
les  vignes  ne  sont  pas  bêchées,  les  terres  à  tabac  n'ont  reçu  ni  fumiers  ni  labours; 
ij  en  est  de  même  de  celles  qui  sont  destinées  aux  maïs  et  aux  haricots  ;  quel 
sera  le  résultat  de  ce  retard  désastreux?  Une  mauvaise  récolte  sans  doute. 

Les  céréales  de  toute  nature,  seigle,  blé,  avoine,  présentent  le  plus  triste  aspect, 
elles  sont  comme  frappées  d'anémie  ;  ie  sol  sursaturé  d'eau  ne  s'étant  pas  réchauffé 
à  temps,  le  tallage  n'a  pu  s'effectuer  ;  encore  ici  des  déceptions  faciles  à  prévoir. 
La  vigne  est  très  en  retard  pour  la  même  cause. 

Les  prairies  naturelles,  farouchs  et  jarosses,  ont  belle  apparence,  et  si  rien  ne 
vient  arrêter  leur  essor,  elles  donneront  un  bon  rendement. 

Tous  les  arbres  à  fruits,  sauf  les  pommiers,  sur  lesquels  on  ne  peut  encore  se 
prononcer,  ne  donneront  qu'un  chétif  produit.  E.  de  Lentilhac. 

SOCIÉTÉ    NATIONALE    D'AGRICULTURE 

Séance  du  30  mai  1883.  —  Présidence  de  M.  Dumas. 

M.  Ayraud,  correspondant  de  la  Société,  vétérinaire  et  agriculteur, 
écrit  pour  sa  candidature  à  une  place  de  membre  associé  national  dans 
la  Section  d'économie  des  animaux. 

M.  Ducos  de  Lahaille,  à  l'île  d'Oleron  (Charente-Inférieure),  adresse 
deux  mémoires  sur  les  meilleurs  moyens  de  retenir  à  la  campagne  les 
ouvriers  agricoles,  et  sur  les  déboucliés  commerciaux  à  ouvrir  à 
l'agriculture  française. 

M.  Nadault  de  Buifon,  conseiller  honoraire,  envoie  une  notice  sur 
ror[)lielinat  agricole  auquel  a  été  donné  le  nom  de  son  père,  ancien 
membre  de  la  Société. 

M.  Rogy  adresse  une  note  sur  les  divers  modèles  de  charrues-til- 
bury qu'il  se  propose  d'importer  en  France. 

M.  Pierre  Pont  présente  une  petite  machine  à  battre  les  faulx  et  une 
notice  sur  l'emploi  de  cette  machine. 

M.  Le  Bian  fait  hommage  de  la  nouvelle  édition,  qu'il  vient  de  pu- 
blier, de  sa  brochure  sur  la  culture  des  panais  fourragers. 

M.  de  Retz  fait  une  communication  relative  à  la  marche  des  éduca- 
tions des  vers  à  soie,  qui  se  poursuivent  dans  des  conditions  clima- 


SOCIETE  NATIONALE  D  AGRIGULTQRE  DE.  FRANCE.  355 

tériques  favorables,  de  telle  sorte  qu'on  pourrait  espérer  une  bonne 
récolte  de  cocons  si  la  feuille  des  mûriers  ne  faisait  pas  défaut,  les 
vers  ayant  marché  plus  vite  que  le  développement  de  la  feuille.  Le 
prix  de  la  feuille  est  actuellement  de  10  fr.  par  100  kilog.,  et  il  est  à 
craindre  qu'il  s'élève,  comme  l'an  dernier,  à  des  taux  beaucoup  plus 
élevés. 

M.  Prillieux,  rappelant  les  faits  qu'il  a  sii^nalés  en  1882,  relative- 
ment à  une  maladie  qui  attaque  les  sainfoins,  fait  connaître  le  fait 
curieux  d'une  pièce  qui  a  parfaitement  réussi  et  qui  a  présenté  une 
végétation  superbe,  au  milieu  de  pièces  presque  détruites.  M.  de  Gas- 
parin  fait  remarquer  qu'il  serait  important  de  savoir  si  cette  pièce 
n'est  pas  établie  sur  un  terrain  moins  fatigué  par  la  répétition  de  cette 
culture  que  les  terres  voisines. 

M.  Dumas  demande  à  la  Société  de  s'associer  à  la  protestation  éma- 
nant de  la  Société  d'agriculture  de  l'Hérault  (voir  la  chronique  de  ce 
numéro),  relativement  aux  attaques  dirigées  contre  les  travaux  et  les 
découvertes  de  M.  Pasteur;  il  fait  ressortir  éloquemment  les  services 
qu'a  rendus  M.  Pasteur  à  l'agriculture  et  à  l'industrie.  Cette  proposi- 
tion est  acceptée  par  acclamation.  —  Après  avoir  remercié  la  Société, 
M.  Pasteur  fait  connaître  le  résultat  d'expériences  récemment  prati- 
quées en  Allemagne  sur  la  vaccination  de  bœufs  et  de  moutons  contre 
le  charbon,  et  qui  ont  eu  un  succès  complet. 

M.  Bouley  présente,  de  la  part  de  M.  Gagny,  vétérinaire  à  Senlis 
(Oise),  une  étude  sur  l'emploi  de  la  ligature  élastique  dans  l'amputa- 
tion de  la  queue  sur  les  animaux  domestiques.  —  Renvoi  à  la  Section 
d'économie  des  animaux.  Henry  Sagnier. 

SITUATION  AGRICOLE  DANS  LOT-ET-GARONxNE 

Les  travaux  d'art  exécutés  dans  le  but  de  rétrécir  le  lit  de  notre  fleuve  portent 
aujourd'hui  leurs  fruits  :  la  Garonne  ayant  opéré  presque  pendant  tout  l'hiver  de 
petites  sorties  qui,  certainement  n'eussent  pas  eu  lieu  si  le  fleuve  eut  conservé 
son  état  normal  d'autrefois,  toutes  les  céréales  de  la  basse  plaine  sont  détruites 
ou  très  gravement  compromises. 

Les  chaleurs  excessives  inopinément  survenues  fatiguent  beaucoup  notre  bétail 
et  nous  sommes  obligés  de  labourer  presqu'autant  la  nuit  que  le  jour. 

L'hiver  qui  a  été  très  pluvieux  n'aura  pas  provoqué  une  bien  grande  abon- 
dance de  foin. 

La  vigne  nous  montre  déjà  un  nombre  de  grappes  très  satisfaisant;  mais  le 
mildew  qui  a  presque  tout  compromis,  l'année  dernière,  nous  préoccupe  autant 
et  même  peut-être  davantage  que  le  phylloxéra,  dont  la  marche  ijuoique  effrayante 
dans  nos  coteaux  paraît  presque  stationnaire  dans  nos  alluvions. 

Les  abricots  et  les  pêches  sont  très  rares,  la  prune  est  tarée  et  tombe  en  grande 
quantité.  Les  cerisiers,  guigniers,  etc.,  dont  la  floraison  a  été  contrariée  par  des 
pluies  presque  permanentes,  n'ont  conservé  qu'à  peu  près  la  moitié  de  leurs  fruits. 

A.  Leyrisson. 

REVUE  COMERGIALE  ET  PRIX  COURiNT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(2  JUIN    1883). 
I.  —  Silualion  générale. 
Sauf  en  ce  qui  concerne  les  foires  au  bétail,  la  plupart  des  marchés  agricoles 
présentent  beaucoup  de  calme.. II  y  a  peu  d'affaires  pour  la  plupart  des   denrées. 

II.  — Les  grains  et  les  farines. 
Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal  métrique, 
sur  les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger  : 


356 


REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  GOURANT 


1"  RÉGION.  —  NORD-OITEST. 

Blé.  Seigle.  Orge. 

fr.  fr.  fr. 

Calvados.  Condé 24.75  20.00  19  50 

—  Caen 24.50  »  » 

6ôl.-du-Nord.  Lannion..  24  00  »  i7.75 

—         Tréguier,   23.25  20.50  17.75 

Finistère.  MorMx 24.50  »  17.00 

—  Quiroper 24.00  17. oo  17.25 

lile-et-Vilaine.'Rer\nes..  24.50  »  16.00 

—        Fougères..,  24.25  »  » 

Manches.  Avranches...  25.00  xp  19.75 

—  Pontorson....  26.00  »  19.50 

—  Villedieu 26.50  21.50  20.50 

Mayenne.  Laja.\ 25.00  »  17.20 

—  Mayenne 25.75  i>  19.00 

A/or6t/ian.  Hennebont..  27.25  16.50  » 

Orne.  Alençon 25.25  17.75  20.00 

—  Montagne 24.50  15.50  19.25 

Sari/ve.  Le  Mans 26.00  15.25  16.00 

—  Sablé .   25.50  »  17.00 

Prix  moyens 25. Oi  18.00  18.23 

2    RÉGION.   —  NORD. 

Aisne.  Soissons 23.65  ^  » 

—  Saint-Quentin...  24.00  »  » 

—  Villers-Cotterets.  23.00  15.75  19.00 
Eure.  Bernay 23.25  »  20.75 

—  Damville 23.70  »  » 

—  Pacy 23  25  14.50  17.75 

Eure-et-Loir.  Chartres..  25.00  16. 00  19.00 

—  Auneau 24  25  15.50  19.00 

—  Nogent-le-Rotrou.  24.00  »  18.00 
Nord.  Cambrai 24.50  »  » 

—  Douai 23.75  16.25  19.50 

—  Lille 26.00  16.65  16.80 

Oise.  Beauvais 22.00  14.00  16.25 

—  fompiègne 22.50  15.75  18.00 

—  Senlis 22.50  15.50  » 

Pas-de-Calais.  Ams...  25.50  17.00  19.50 

—  Sa.ni-Omer 24.25  i7.50  » 

Seine.  Paris 25.25  16  50  19.00 

S.-et-Mar.  Me-dux 23.50  »  18.00 

—  Meiun 25.50  15.50  19.00 

—  Dammartin 22.00  15.50  17.50 

S.-ct-Oise.  Dourdan 24.75  16.70  » 

—  Angerville 23.00  16.25  18.00 

—  Versailles 23.75  16.00  19.50 

Seine-Inférieure. Rouan.  24.60  15.75  19.85 

—  Dieppe 23.50  »  18.75 

—  Fécamp 24.00  15.00  19.00 

Somme.  Montdidier....  21.50  15.00  17.50 

—  DouUens 23.85  15.20  19.00 

—  Roye 23.00  15.40  17.50 

Prix  moyens 23.73  15.75  18.51 

3*  RÉGION.  —  NORD. EST. 

Ardennes.  Charle ville..  24.00  16.75  19.00 

—  Sedan 23.75  17.25  20.00 

.4ube.  Bar-sur-Aube 22.75  15.50  17.50 

—  Méry-sur-Seine...  22.80  15.50  17.25 

—  Troyes 23.75  16.00  17.50 

A/arne.  Chalons 23.25  17.15  17.50 

—  Epernay 24.00  15.50  18. 50 

—  Sézanne 23. OC  15.25  17.50 

Hte-Marne.  Bourbonne.  22.50  »  » 

Meurtke-et-Mos.  Nancy.   23.25  18.50  17.50 

—  Pont-à-Mousson..,   23.75  17.75  18.00 

—  Lunéville 24.00  »  >' 

Meuse.  Bar-le-Duc 23.75  16  80  16.75 

—  Verdun 23.50  16.00  16.50 

Haute-Saône.  Gray ;  22.50  16.25  » 

Vosges.  Mirecourt 23.65  »  » 

—  Epinal 23.50  17.50  17.00 

—  Rambervilliers... .  23.50  »  » 

Prix  moyens 23.40  16.55  17.73 

4"  RÉGION.  —  OUEST. 

Charente.  Angouléme...  25.00  18.2»  » 

—  RulTec 24.85  18.00  18.75 

C/irtr.-/n/t;r.  La  Rochelle  24.50-  »  17.00 

Oeitx-Si!vres.  Niort 24.25  »  17.50 

Indre-et- Loire.  Biéré 24.00  15.25  20.50 

—  Tours 25.75  »  18.00 

toii-e-M/'.  Nantes 25.20  »  » 

M.-cl-Loire.  Saumur 25  60  16.50  17. .10 

—  Angers 23.75  15.50  20.25 

Vendée.  LnQon 24.25  »  18. 00 

'     —    Fonteiiav-le-Comte  24.00  »  18. 00 

Vienne,  Châtéllerault.. .  24.50  16.00  18.75 

—  Poitiers 24.75  17.25  18.50 

Haute-Vienne.  Lin^oges..  25.50  17.00  » 

Prix  moyens 24.71  16.99  18.43 


AYoine. 

fr. 

20.00 

18.50 
18.75 
17.00 
16.75 
19. 50 
20.50 
20.2» 
21.75 
24.25 

19.00 
20.00 
21.25 
20.50 
22.50 
21.25 

20.36 


19.50 
19  25 
19.25 
48.50 
18.25 
18.25 
19.50 
20.25 
15.25 
16.50 
17.00 

19.00 
16.25 
17.00 

18.75 
17.50 

!8.75 

18.16 


18.75 
18.50 
18.50 
18.00 
19.00 
20.25 
19.85 
19.65 
21.00 
17. 2d 
17.00 
18.00 
17.00 
19.00 

13.69 


5*  RÉGION.  —  CENTRE. 

Blé.  Seigle. 

fr.  fr. 

Allier.  Monlluçon 24.25  15.50 

—  Saint-Pourçain...  25.00  17.00 

—  Gannat 24.25        » 

Cher.  Bourges 23.00  14.50 

—  Graçay 25.00  16.50 

—  Vierzon 24.85  16. 00 

Creuse.  Aubusson 24.00  16.25 

/ndre.  Chateauroux 24.50  15.00 

—  Issoudun 23.85  14.75 

—  Valençay 24.00  16.50 

Loiret.  Orléans 24.00  16.25 

—  Patay 23.50  15. ou 

—  Gien 23.75  15.25 

L.-et-C/ier-.  Blois 24.00  15.75 

—  Montoire 23.75        » 

Meure.  Nevers 23.75        » 

—  La  Charité 24.00        » 

Fonne.  Brienon 24.00  16.00 

—  Saint-Florentin...  24.00  14.50 

—  Sens 25.00    » 

Prix  moyens 24.12  15.98 

6*  RÉGION.  —  EST. 
yltn.  Bourg 24.50        » 

—  Pont-de-Vaui....  24.75  16.25 
Co/e-d'Or.  Dijon 22.00  15.50 

—  Beaune 23.25        » 

Z)om6s.  Besançon 23.15        » 

Isère.  Grenoble  25.25  16.50 

—  Bourgoin 24.75  14.75 

Jura.  Dole 22.00  15.75 

Loire.  Roanne 24.50  i4  80 

P.-de-OôîTie.  Clermont.F.  25.50  15.75 

Rhône.  Lyon 25.15  14.25 

Saône-et- Loire.  Autun..  22.50  15.50 

—  Chalon 25.00  16.85 

ioDote.  Chambéry 26.75  20.00 

Hte-Savoie.  AnnecY 25.00        » 

Prix  moyens 24.34  15.99 

7"  RÉGION.  —  SUD-OUEST 

Ariège.  Foix 25.00  17.75 

—  Pamiers 24.75  17.00 

Dordogne.  Bergerac...  26  00  18.25 

i/^e-Garojine.  Toulouse.  24.80  18.50 

—  St-Gaudens 25.20  18.25 

Gers.  Condom 26.25        » 

—  Eauze 27.50        » 

—  Mirande 26.00        » 

Gironde.  Bordeaux 26.50        » 

—  La  Reole 26.00  17.25 

Landes.  Dax 27.00  19.80 

Z,oi-ci-Garonne.  Agen...  26.25  19. «0 

—  Nérac 28.00        » 

B.-Pyrénées.  Rayonne.  #26.25  18.00 

//<es-Pj/rénces.  Tarbes..  26.50  17.85 

Prix  moyens 26.13  18.16 

8*  RÉGION.  —  SUD. 

Aude.  Castelnaudary...  26.80  18.75 

—  Carcassonne 27.00        » 

>4iiei/ron.  Villefranche..  25.20  13.50 

Con<a^  Mauriac 25.35  21.85 

Cofrèze.  Luberzac 25.75  18.50 

Hérault.  Montpellier...  27.00        » 

—  Cette 27.50         » 

Lof.  Cahors 26.50  17.25 

Lozère.  Mende 24.70  18.65 

Pi/rénées-Or. Perpignan.  27.70  25.00 

Tarn.  Lavaur 26.00        » 

Tarn-et-rîar.  MonlauDan  26.25  17.00 

Prix  moyens 26.31  19.44 

9"  RÉGION.  —  SUD-EST. 
Basses-Alpes.  Manosque  28.50        » 

//au<es-.4/pes.  Briançon.  27.15  17.00 

ylipes-Afaria'mes. Cannes  26.50  17.25 

ylrdèc/ie.  Privas 26.35  15.40 

B.-du-Rhône.  Arles 27.00        » 

Drome.Valer.ee 24.75  16.50 

Gord.  Alais 26.50        » 

Haute-Loire.  Le  Puy...  25.20  17.25 

Kor.  Draguignan 26.25        » 

Fauciitse.  Carpentras...  26.30  18.75 

Prix  moyens 26.45  17.52 

Moy.  de  toute  la  France  24.91  17.15 

—  de  la  semaine  précéd.  24.94  16.98 

Sur  la  semainejHausse.       »  0.17 

précédente..  (Baisse..     O.OJ        » 


fr. 

18.75 
17.00 
18.75 
19.00 
20.25 

17.50 
18.50 
19.00 

18  00 
19.50 
21.25 
19.50 


16.25 
16.50 


AToioe. 

fr. 

19.50 

19.00 

18.75 

19.00 

17.00 

13.50 

18.00 

17.00 

18L25 

16.75 

19.75 

19.50 

18.25 

20.70 

19.00 

16.50 

18.75 

19.50 

13.50 


13.55     18.54 


20 

.25 

20 

00 

18 

00 

18 

50 

17 

50 

18 

00 

19 

50 

17 

00 

) 

20 

50 

16 

75 

19 

20 

17 

75 

13 

25 

18 

50 

19 

50 

18 

25 

» 

18 

00 

20 

25 

» 

16 

50 

> 

19 

50 

» 

21 

00 

» 

19 

50 

18.03     19.14 


» 

20 

00 

» 

20 

50 

18.50 

20 

25 

19.20 

20 

50 

19.00 

21 

00 

» 

20 

50 

» 

21 

00 

» 

20 

50 

» 

» 

» 

» 

18.25 

20 

50 

» 

20 

25 

18.50 

18 

00 

» 

18 

25 

18.69     20.10 


20 

00 

19 

00 

20 

25 

20 

00 

) 

17 

75 

» 

22 

65 

18 

25 

18 

50 

17 

75 

19 

00 

19 

00 

19 

50 

17 

50 

18 

50 

18 

65 

17 

70 

20 

00 

18 

40 

» 

20 

50 

19 

50 

20 

25 

18.38     19. 31 


» 

23.00 

18.00 

19.25 

17.85 

18.50 

17.15 

19.60 

17.40 

19.00 

» 

17.75 

18.00 

18.50 

18.25 

20.00 

18.50 

18.25 

19.50 

18.00 

18.08 

19.18 

18.35 

19.12 

18.09 

19.01 

0.26       0.11 


DES  DENRÉES  AGRICOLES   (2  JUIN   1883).  357 

Blé.  Seigle.  Orge.  AToinc 

fr.  fr.  fr.  fr. 

,       .  .,       j  bic  fendre...  25.00 

Algérie.                     '^'K^'"!  blé  dur 24.50  »  10.00  15.50 

Angleterre.               Londres 25.00  .  19.25  20.00 

Belgique.                  Anvers 2i.25  18.00  17.00  17.75 

_                         Bruxelles 25.50  17. .^0 

—  Liège 24  75  18. .SO  20. .50  18.00 

—  Namur 23.00  17.00  20.00  15.50 

Pays-Bas.                Amsterdam..". 24.75  17.20 

Luxembourr).           Luxembourg 24.25  »  «  18.25 

Alsace-Lorraine.     Strasbourg 25.25  17.75  17.25  17.75 

—  Mulhouse 23.2.T  17.00  »  17.00 

—  Colmar 24. RO  18.50  18  00  16.50 

Allemagne.             Berlin 24.85  18.60 

—  Cologne .  26.25  18.75 

—  Hambourg 23.85  18.35  »  » 

Suisse.                     Genève 26  50  »  »  20.50 

—  Berne »  »  «  » 

Italie.                        Turin 27.40  21.25  »  18.50 

Espagne.                  Valladolid 24.25  »  »  » 

Autriche.                  Vienne 20.85  15.25  16.50  14  50 

Hongrie.                  Budapeslh 21.75  15  75  16.80  14.00 

Russie.  Saint-Pétersbourg..  22.20  15.50  »  13.00 

Etats-Unis.              New-York 23. 90  »  •  » 

Blés.  —  La  semaine  qui  vient  de  s'écouler  a  été  très  favorable  aux  récoltes  en 
terre.  Les  blés,  surtout  dans  les  terres  fortes,  commençaient  à  souffrir  de  la  séche- 
resse; ils  jaunissaient.  Des  pluies  assez  abondantes  et  chaudes  sont  tombées  dans 
la  plupart  des  régions  ;  elles  ont  rendu  de  l'humidité  au  sol,  et  la  végétation  a 
repris  une  nouvelle  vigueur.  Quoique  les  blés  de  printemps,  nombreux  celte  année, 
se  soient  développés  avec  lenteur,  on  peut  compter  actuellement  d'une  manière 
presque  générale,  sur  une  bonne  récolte.  Quant  aux  transactions  sur  les  marchés 
agricoles,  elles  sont  actuellement  presque  nulles.  Dans  la  plupart  des  pays 
étrangers,  la  situation  est  la  même.  —  A  la  halle  de  Paris,  le  mercredi 
30  mai,  les  affaires  ont  été  calmes  ;  il  y  a  eu  peu  de  ventes,  et  les  prix  sont  sou- 
tenus avec  peine.  On  cotait  de  24  à  26  fr.  50  par  100  kilog.  suivant  les  qualités, 
ou  en  moyenne  25  fr.  25.  —  Au  marché  des  blés  à  livrer,  on  payait  :  courant  du 
mois,  26  à  26  fr.  25;  juin  26  fr.  25  à  26  fr.  50;  juUet-août,  26  fr._75  à  27  fr.; 
quatre  derniers  mois,  27  fr.  50  à  27  fr.  75.  —  Au  Havre,  les  prix  des  blés 
d'Amérique  se  fixent  de  26  fr.  à  27  fr.  50  par  ICO  kilog.  suivant  les  sortes.  ^- 
A  Marseille,  les  prix  sont  bien  soutenus  pour  toutes  les  sortes  ;  les  arrivages  de 
la  semaine  ont  été  de  53,000  quintaux  ;  le  stock  est  actuellement  de  87,000  quin- 
taux. On  cote  par  100  kilog.,  Red-winter,  28  fr.  25;  Irka,  26  à  56  fr.  25; 
Pologne,  26  fr.  50  ;  Êessarabie,  25  fr.  50  à  26  fr.  ;  Azima,  24  fr.  50  à  25  fr.  ; 
Irka  Danube,  23  fr.  50.  —  A  Londres,  les  importations  de  blés  étrangers  ont  été 
de  283,000  quintaux  depuis  huit  jours  ;  les  affaires  sont  calmes,  avec  des  prix 
en  baisse.  Les  prix  se  fixent  de  23  fr.  90  à  26  fr.  10  par  100  kilog.,  suivant  les 
qualités  et  les  provenances. 

Farines.  —  Les  ventes  sont  peu  importantes,  et  les  prix  sont  faiblement  tenus. 
On  vend  à  Paris  les  farines  de  consommation  :  marque  de  Gorbeil,  59  fr,  ;  mar- 
ques  de  choix,  59  à  61  fr.  ;  premières   marques,  57  à  58   fr.  ;  bonnes    marques, 

56  à  57  fr.;  sortes  ordinaires,  53  à  55  fr.  ;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.  toile  à 
rendre  ou  157  kilog.  net,  ce  qui  correspond  aux  prix  extrêmes  de  33  fr.  75  à 
38  fr.  85  par  100  kilog.,  ou  en  moyenne  36  fr.  30,  avec  une  baisse  de  65  centimes 
depuis  huit  jours.  —  Pour  les  farines  de  spéculation,  elles  étaient  cotées  à  Paris 
le  mercredi  30  mai  au  soir  :  farines  neuf -marques,  courant  du  mois,  57  fr.  25  à 

57  fr.  50;  juin,  57  fr.  75  ;  juillet  etaoiàt,  58  fr.  75;  quatre  derniers  mois,  59  fr.  75  ; 
le  tout  par  sac  de  159  kilog.,  toile  perdue  ou  157  kilog.  net.  —  Les  prix  des 
farines  de  gruau  sont  fixés  de  46  à  57  fr.  par  1 00  kilog.  ;  ceux  des  farines  deuxièmes, 
de  26  à  32  fr. 

Seigles.  —  Les  nouvelles  de  la  récolte  sont  toujours  assez  contradictoires.  On 
cote  à  la  halle  de  Paris,  16  fr.  50  par  100  kilog.  Les  prix  des  farines  se  main- 
tiennent de  24  à  26  fr,  suivant  les  sortes. 

Orges.  — Il  y  a  très  peu  d'affaires.  On  vend  à  la  halle  de  Paris,  de  J8  à  20  fr, 
par  100  kilog.  suivant  les  sortes.  Les  escourgeons  se  payent  de  17  fr.  75  à  18  fr. 
—  A  Londres,  très  peu  d'affaires,  avec  des  prix  soutenus  de  18  à  20  fr.  50  par 
100  kilog 

Avoines.  —  La  fermeté  que  nous  signalions  précédemment  continue.  Les  prix 
sont  en  hausse,  à  la  halle  de  Paris  ;  de  19  fr.  50  à  22  fr.  25  par  100  kilog.  sui- 


358  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX-COURANT 

vant  les  sortes.  —  A  Londres,  les  importations  d'avoines  étrangères  ont  été  de 
66,000  quintaux  depuis  huit  jours;  les  cours  sont  faibles,  de  18  fr.  50  à  21  fr.  55 
par  100  kilog.  suivant  les  sortes. 

Sarrasin.  —  Les  cours  présentant  beaucoup  de  fermeté.  On  paye  à  la  halle  de 
Paris  18  fr.  50  à  19  fr.  par  100  kilog.  pour  les  sarrasins  de  Bretagne. 

Maïs  —  Peu  de  changements  dans  les  prix.  On  paye,  au  Havre,  de  16  fr.  50  à 
17  fr.  par  100  kilog.,  pour  les  maïs   d'Amérique. 

Issues.  — Les  affaires  sont  calmes  et  les  prix  demeurent  sans  variations. 

III.  —  Fruits  et  légumes. 

Fruits.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  cerises  communes,  le  kilog.,  1  fr.  30 
à  1  fr,  60  fraises  de  châssis,  le  pot,  0  fr.  15  à  0  fr.  70. 

Gros  légumes.  —  Dernier  cours  de  la  halle  :  asperges  aux  petits  pois,  la  hotte, 
0  fr.  25  à  2  fr.;  communes,  la  botte,  1  fr,  à  10  fr.;  carottes  nouvelles,  les 
100  bottes,  50  à  100  fr.;  d'hiver,  l'hectolitre,  5  à  10  fr.;  de  chevaux,  les  100 
Ijottes,  14  à  23  fr.;  choux  nouveaux,  le  cent,  5  à  14  fr.;  communs,  le  cent, 
5  à  18  fr.;  haricots  verts,  le  kilog.,  0  fr.  90  à  2fr.  50;  navets  nouveaux,  les  100 
bottes,  50  à  90  fr.;  l'hectolitre,  5  à  6  fr.;  oignons  nouveaux,  les  100  bottes, 
20  à  40  fr.;  en  grain,  l'hectolitre,  10  à  15  fr.;  panais  communs,  les  100  bottes, 
12  à  20  fr.;  poireaux  communs,  les  100  bottes,  15  à  45  fr.;  poiverts,  le  kilog., 
U  Ir.  40  à  0  fr.  60. 

Pommes  de  terre.  —  Nouvelles,  le  panier,  6   à  10  fr.;  hollande  communes, 
l'hectolitre,   20  à  22  fr.;  le  quintal,  28   fr.    57   à  31  fr.  42;  jaunes  communes, 
l'hectolitre,  10  à   11  fr.,  le  quintal,  14  fr.  28  à  15  £r.  71. 
IV.  —  Vins,  spiritueux,  vinaigres,  cidres. 

Vins.  —  Les  travaux  de  binage  se  poursuivent  avec  activité  dans  les  vignes  ;  les 
pluies  survenues  à  la  fm  de  la  dernière  semaine  ont  été  très  favorables  à  la  végé- 
tation. Les  raisins  sont  bien  sortis;  ils  sont  abondants  dans  la  plupart  des  vignes. 
S'il  ne  survient  pas  de  la  coulure  au  moment  de  la  floraison,  il  y  aura  beaucoup 
de  grappes,  et  les  viticulteurs  pourront  compter  enfin  sur  une  récolte  abondante. 
C'est  principalement  dans  la  région  du  centre  que  cette  situation  se  dessine  avec 
netteté.  —  Le  commerce  est  toujours  dans  le  calme;  il  y  a  peu  de  transactions, 
et  pour  les  diverses  sortes  de  vins,  les  prix  accusent  de  la  fermeté.  Les  vins  nou- 
veaux se  sont  presque  partout  beaucoup  améliorés. 

Spiritueux.  —  Il  y  a  eu  pendant  la  semaine  dernière  un  mouvement  d'affaires 
assez  prononcé  sur  les  alcools  du  Nord;  il  en  est  résulté  que  les  prix  se  sont 
relevés  avec  assez  de  fermeté.  Quant  au  Midi,  les  affaires  sont  toujours  calmes, 
avec  maintien  des  anciens  prix.  On  cote  à  Nîmes,  par  hectolitre  :  3/6  bon  goût, 
100  fr.;  marc,  95  fr.;  —  Béziers,  3/6  bon  goût,  103  fr.;  marc,  95  fr.;  —  Pézenas, 
3/6  bon  goût,  102  fr. ;  marc,  94  fr.;  —  à  Lille,  on  cote  :  alcool  de  betteraves, 
52  fr.  50;  de  grains,  50  fr.  50;  de  mélasses,  50  fr.;  —  à  Paris  :  3/6  betteraves, 
r'« qualité  90  degrés,  disponible,  50  fr.  25;  juin,  51  fr.  25;  juillet  et  août,  52  fr.; 
quatre  derniers  mois,  51  fr.  75  à  52  fr.  —  Le  stock  était,  au  30  mai,  de  20,425 
pipes,  contre  15,750  en  1882. 

Raisins  secs.  —  Il  a  toujours  une  demande  active,  et  les  prix  sont  en  hausse 
dans  le  Midi.  .  On  cote  à  Marseille  par  100  kilog.  :  Corinthe,  55  à  56  fr.;  Thyra, 
49  à  50  fr.  ;  Beyrouth,  48  à  50  fr.;  Samos  noirs,  52  fr.  50  à  53  fr.;  Alexandrette, 
52  fr.;  Vourlas  rouges,  48  fr. 

V.  —  Sucres.  —  Mélasses.  —  Fécules.  —  Glucoses,  —  Amidons.  —  Houblons. 

Sucres,  —  Les  transactions  sont  assez  lentes,  avec  des  prix  soutenus  avec  peine. 
On  cote  suivant  les  marchés  :  à  Paris,  sucres  bruts  88  degrés  saccharimétriques, 
54  fr.  25;  les  99  degrés,  61  fr.  75;  sucres  blancs,  61  fr.  75  à  62  fr.  ;  à  Saint- 
Quentin,  sucres  bruts,  53  fr.  50  à  53  fr.  75  ;  sucres  blancs,  61  fr.  50  ;  à  Lille, 
sucs  bruts,  53  fr.  25;  à  Valcnciennes,  sucres  bruts,  53  à  52  fr.  75.  Le  stock  de 
l'entrepôt  réel  des  sucres  était,  le  30  mai,  à  Paris,  de  611,000  sacs,  avec  une 
diminution  de  22,000  sacs  depuis  huit  jours.  —  Les  sucres  raffinés  ont  des  prix 
plus  fermes,  de  106  à  107  fr.  par  100  kilog.  à  la  consommation,  et  de  65  fr.  50 
à  68  fr.  pour  l'exportation.  Dans  les  ports,  transactions  calmes  sur  les  sucres 
coloniaux. 

Mélasses,  —  On  cote  à  Paris  :  mélasses  de  fabrique,  1 1  fr.  ;  par  100  kilog.  ;  de 
raffinerie,  12  fr. 

Fécules,  —  Prix  sans  changements.  On  cote  à  Paris  40  à  40  fr.  50  pour  les 
fécules  premières  du  rayon;  à  Gompiègne  40  fr.  pour  celles  de  l'Oise. 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (2  JUIN   1883).  359 

Houblons.  —  Les  houLlonnières  ont  toujours  Jionne  apparence.  Quant  au  com- 
merce des  houblons,  il  présente  le  plus  grand  calme. 

VI.  —  Uwile.s  et  graines  oléagineuses.  —  Tourteaux. 

Huiles.  —  Il  y  a-  peu  d'affaires  depuis  huit  jours  sur  les  huiles  de  graines, 
sans  changements  sensibles  dans  les  prix.  On  paye  à  Paris  :  huile  de  colza  en  tout 
fûts,  102  fr.  25;  en  tonnes,  104  fr.  25;  épurée  en  tonnes,  112  fr.  25;  huile  de 
lin  en  tous  fùLs,  56  fr.;  en  tonnes,  58  fr.  —  Dans  le  Midi,  transactions  calmes  sur 
les  huiles  d'olive. 

Tourteaux.  —  On  cote  à  Marseille  par  100  kilog.  :  tourteaux  do  lin,  17  fr.  50; 
arachides  en  cor|ue,  lo  fr.  25;  décortiquée,  14  fr.  50;  sésame  blanc  du  Lovant, 
14  fr.  ;  coprah,  12  fr.  50  ;  œillette,  12  fr.  50;  colza  du  Danube,  13  fr.  25  :  coton 
d'Egypte,  12  fr.  25;  palmiste  naturel,  10  fr.  50;  ricin,  10  fr.  ôO;  ravison, 
II  fr.  25.  —  A  Rouen,  on  cote  :  tourteau  de  sésame,  15  fr.  ;  de  lin,  19  fr.  50. 
VII.  —  Matières  résineuses,  textiles. 

Matières  résineuses.  —  C'est  encore  de  la  baisse  que  nous  avons  à  signaler. 
A  Dax,  on  cote  6h  fr.  par  100  kilog.  ponr  l'essence  pure  de  térébenthine. 

Laines.  —  Quoique  les  acheteurs  soient  assez  difficiles  pour  Ls  transactions, 
les  ventes  sont  importantes,  mais  les  prix  sont  assez  faibles.  Dans  l'Aisne,  les 
bonnes  laines  en  suint  valent  2  fr.  40  par  kilog.;  les  sortes  ordinaires,  2  fr.  à 
2  fr,  20  ;  -^  dans  la  Beauce,  on  cote  1  fr.  90  à  2  fr.  20  suivant  les  sortes.  En 
Champagne,  on  ne  signale  encore  que  peu  de  transactions  aux  cours  de  2  à  2  fr.  05 
par  kilog.  en  suint.  Bans  la  Brie,  on  cote  les  laines  mères  1  fr.  95  à  2  fr.  05.  — 
L  abstention  des  acheteurs  paraît  calculée  pour  obtenir  encore  un  nouveau  mou- 
vement de  baisse  lorsque  la  tonte  sera  achevée  et  que  les  offres  seront  plus  abon- 
dantes. 

VIII.  —  Suifs  et  corps  gras. 

Suifs.  —  Les  affaires  sont  lentes,  et  les  prix  en  baisse.  On  cote  à  Paris,  100  fr. 
par  100  kilog.  pour  les  suifs  purs  de  l'abat  de  la  boucherie;  75  fr.  pour  les  suiis 
en  branches. 

Cuirs  et  peaux.  —  Les  ventes  sont  calmes,  avec  des  prix  soutenus. 
IX.  —  Beurres.  —  Œufs.  —  Fromages. 

Beurres.  —  Il  a  été  vendu,  pendant  la  semaine,  à  la  halle  de  Paris,  192,410 
kilog.  de  beurres.  Au  dernier  marché,  on  payait  par  kilog.  ;  en  demi-kilog., 
2  fr.  20  à  4  fr.  02;  petits  beurres,  1  fr.  66  à  2  fr.  64;  Cournay,  2  fr.  40  à  3  fr.  7^5  ; 
Isigny,  2  fr.  20  à  6  fr.  60. 

Œufs.  —  Il  a  été  vendu,  depuis  huit  jours,  à  la  halle  de  Paris,  3,689,170  œufs. 
On  cotait  par  mille  :  choix,  87  à  105  fr.  ;  ordinaires,  56  à  75  fr.;  petits,  48  à  54  fr. 

Fromages.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris,  par  douzaine  :  Brie,  4  fr.  50  à  14  fr.  50  ; 
Montlhéry,  15  fr.  ;  par  cent,  Mont-Dor,  14  à  2ô  fr.;  Neufcbâtel,  3  fr.  50  à  1^  fr.  50  ; 
divers,  4  à  68  fr. 

X.   —  Chevaux,  bétail,  viande. 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  officiel  du  marché  aux  bes- 
tiaux de  la  Villette,  du  jeudi  24  au  mardi  29  mai-: 

Poids      Prix  du  kilog.  d  :  viainie  nette  sur 
Vendus  moyen  pied  au  marche  du  23  mai. 

Pour  Pour  En          k  quartiers,  l""'             2"'             3=  Pris 

Amenés.  Paris,  l'extérieur,  lot.ilité.  kil.  quai.  quai.  quai.  moyen. 

Bœufs 4,114  >J  »  4,046  352  1.88  1.74  1.48  1.67 

Vaclies ...           1,146  »  »  1,119  234  1.76  1.56  1.38  1.55 

Taureaux 342  »  «  333  3S6  1.62  150  1.3.S  1.50 

Veaux 4,3tO  )>  »  3,884  72  2  26  2.10  1.74  2.03 

Moulons......         31,213  »  »  30,236  l'J  2.14  1.98  1.78.  1.89 

Porcs  gras 6,797  »  «  6,559  SI  1.48  1.42  1.36  1.41 

—  maigres.              »  »  •-  »  »           ..  »              »  » 

Si  les  affaires  ont  été  assez  calmes  depuis  huit  jours,  les  ventes  se  font  facile- 
ment pour  les  diverses  catégories  d'animaux  ;  les  prix  accusent  beaucoup  de  fer- 
meté, sauf  pour  les  veaux.  —  Sur  les  marchés  des  départements,  on  cote  :  Selany 
bœuf,  1  fr.  60  à  1  fr.  tO  par  kilog.  de  viande  nette  sur  pied;  veau,  1  fr.  40  à 
1  fr.  8û;  mouton,  1  fr.  50  à  2  fr.  30;  porc,  1  fr.  50  à  1  fr.  90;  viande  salée, 
1  fr.  80  à  2  fr.20;  Nancy,  bœufs  morts,  95  à  99  fr.  par  100  kilog.;  vaches, 
70  à  95  fr.;  veaux,  120  à  130  fr.;  moutons,  110  à  125  fr.;  porcs,  70  à  76  fr.  ;  — 
Bourgoin,  bœufs,  66  à  76  fr.  ;  vaches,  58  à  68  fr.;  veaux,  92  à  102  fr.  ;  mou- 
tons, 90   à  98  fr.;  porcs,  86  à  90  fr.;  —  Le  Puij,  bœuf,  0  fr.  85   par  kilog.  sur 


360  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX   COURANT   (2  JUIN    1883). 

pied;  vaches,  0  fr.   60;  veau,  1  fr.;   moutons,  0  i'r.  95;  —  Genève,  hœuïs,  I  fr.  60 
à  1  fr.  90;  veau  (poids  vif),  1  fr.  à  i  fr.  15  ;  mouton,  1  fr.  &0  à2  fr.;  porc,  1  fr.  40 

à  1  50. 

A  Londres,  les  importations  d'animaux  étrangers,  durant  la  semaine  dernière 
se  sont  composées  de  2'»,)25  têtes,  dont  752  bœufs  de  New- York,  —  Prix  du 
kilog.  :  Bœuf,  qualité  inférieure,  1  fr.  64  à  1  fr.  75;  2%  1  fr.  75  à  1  fr.  93  ;  V,  ' 
l  fr.  93  à  2  fr.  05.  —  Veau,  2%  2  fr.  10  à  2  fr.  28;  1'%  2  fr.  28  à  2  fr.  40,  — 
Mouton  :  qualité  inférieure,  1  fr.  75  à  1  fr.  93;  2%  1  fr.  93  à  2  fr.  10;  1%  2  fr.  22 
à  2  fr.  34.  —  Agneau  :  2  fr.  63  à  3  fr.  10.  —  Porc  :  2%  1  fr.  52  à  1  fr.  64  ;  1% 
1  fr.  64  à  1  fr.  7  5. 

Viande  à  la  criée.  —  Il  a  été  vendu  à  la  halle  de  Paris  du  23  au  27  mai  : 

Prix  du  kilog.  le  28  mai. 

kilog.  1"  quai.  2"  quai.  3*  quai.  Choix.      Basse  Boucherie. 

•Bœuf  ou  vache...   128,637     1.68  à2. 14     1.46  à  1.66    0.90  à  1.44     1.56  à  3.40    0.20  à  1.40 

Veau 18(;,499     1.86      2.30     1.54      1.84     1.14       1..52     1.40       2.50       . 

Mouton 52,9.b9     1.58       1.94     1.36       1.56     1.00       1.34     1.60       2.40       » 

Porc 30,058  Porc  frais 1.26àl.52;    salé, 

398,153         Soit  par  jour 79,631  kilog. 

Les  ventes  ont  été  inférieures  de  8,000  kilog.  par  jour  à  celles  de  la  semaine 
précédente.  Pour  toutes  les  sortes,  les  cours  accusent  beaucoup  de  fermeté. 

XI.  —  Cours  de  la  viande  à  Vabattoir  de  la  Villelte  du  30  mat  (par  50  kilog.) 
Cours  de  la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  Yillette  par  50  kilog.  :  l"  qualité* 
83  à  85  fr.  ;  2%  75  à  80  fr.  ;  poids  vifs,  48  à  58  fr. 

Bœufs.  Veaux.  Moutons. 

1"  2"                3*  1"  2'  3*  i"                2"  3* 

quai.  quai.  quai.  q:  al.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai. 

fr.  fr.                fr.  fr.  fr.  fr.  fr.                fr.  fr. 

88  83              78  112  100  95  95  89  82 

XII.  —  Marché  aux  bestiaux  de  la  Yillette  du  jeudi  30  mai  1883. 

Cours  des  commissionnaires 
Poids  Cours  officiels.  en  bestiaux. 

Animaux  général.     1"        2"  3'            Prix  1"  2'  '3'  Prix 

amenés.  Invendus.  kil.        quai.  quai.  quai,     extrêmes.  quai. quai.  quaJ.      extrêmes. 

Bœufs 2.372  213  370         »,88  1.76  1.54  t.45àl.92  1.86  1.72  1.50      1.45àt.90 

Vaches 537  5I  232         1.76  1.58  1   40  1.34     1.82  1.72  1.54  1.40     1.30     1.80 

Taureaux...          122  3  385          1.64  1.50  1.40  1.34     1.68  l .  60  1.50  1.40      1.30     1.64 

Veaux 1.272  114  78         2.20  2.04  1.70  1.50     2.40  »  »  »            » 

Moutons 15  702  196  19         2.16  2.0411   80  1.68     2.20  »  »  »  » 

Porcs  gras..     4   191  "  82         1.60  1.54  1.48  1^30     1.64  »  »  » 

-.  maigres..          »  »  »»»  »'h»  »  >»* 

Vente  assez  active  sur  toutes  les  espèces. 

XIII.  —  Résumé. 
Pour  la  plupart  des  denrées,  les  prix  sont  demeurés  sans  variations  sensibles 
depuis  huit  jours.  A.  Remy. 

BULLETIN  FINANCIER 

Les  nouvelles  du  Tonkiu  et  les  alarmes  jetées  par  quelques  baissiers  n'ont  pas 
d'influence  sérieuse  sur  la  Bourse  ;  nous  retrouvons  les  principales  valeurs,  et 
notamment  les  fonds  publics,  à  des  taux  plus  élevés  que  ceux  de  la  semaine 
précédente. 

On  cote  les  fonds  d'Etat  français  :  3  pour  100,  80  fr.  15  ;  —  3  pour  100  amor- 
tissable, 81  fr.  60; —  4  et  demi  pour  100,  110  fr.  65  ;  —  5  pour  100,  109  fr.  40. 

Les  principales  institutions  de  crédit  ont  des  cours  bien  soutenus.  La  Banque 
de  France  clôture  5,425  fr.;  le  Crédit  foncier  à  1,345  fr.  ;  le  Comptoir  d'escompte, 
à  980  fr.;  la  Banque  de  Paris,  à  1,075  fr.;  le  Crédit  lyonnais,  à  567  fr.  50;  la 
Société  générale,  à  541  fr.  25  ;  la  Société  des  dépôts  et  comptes  courants,  à  573  fr.  75. 

Les  affaires  sont  plus  difficiles  sur  les  titres  de  la  Compagnie  parisienne  du  gaz, 
qui  valent  1,365  fr.  —  Hausse  active  sur  les  actions  du  canal  de  Suez  qui  valent 
1,515  fr.;  les  délégations  restent  à  1,305  fr.;  le  canal  de  Panama,  à  487  fr.  50. 

Maintien  des  cours  des  actions  des  chemins  de  fer.  Elles  valent  :  Nord, 
1,925  fr.;  Orléans,  1,235  fr.  ;  Ouest,  770  fr.;  Paris-Lyon-Méditerranée,  1,465  fr,; 
Est,  715  fr.;  Midi,  1,150  fr. 

Le  5  pour  100  italien  atteint  la  cote  do  93  fr.  E.  Féron. 

Le  gérant,  A.  Bouché. 


CHRONIQUE  AGRICOLE 


(9  JUIN  1883). 


Revue  des  premiers  concours  régionaux  de  l'année.  —  Les  expositions  annexes.  —  Les  concours 
hippiques  —  Inconvénients  delà  suppression  des  concours  spéciaux  de  machines.  —  Les  progrès 
à  réaliser.  —  Election  de  M.  Triana  comme  membre  étranger  de  la  Société  nationale  d'agri- 
culture. —  Date  de  la  séance  publique  annuelle  de  la  Société.  —  Treizième  liste  de  la  sous- 
scription  ouverte  pour  élever  un  monument  à  Léonce  de  Lavergne.  —  Nécrologie.  —  M.  Haraot. 
—  Promotion  de  M.  Boucard  comme  officier  de  la  Légion  d'honneur.  —  Concours  pour  la  nomi- 
nation de  six  professeurs  départementaux  d'agriculture.  —  Le  phylloxéra.  —  Nouvelle  répar- 
tition du  service  des  délégués  régionaux.  — Le  commerce  des  vins.  —  Vœu  du  Comice  de  Moa- 
tauban.  —  Les  ensemencements  de  betteraves.  —  Récompenses  décernées  par  le  Comice  de 
Saint-Quentin.  —  Les  canons  en  soie.  —  Police  sanitaire  des  animaux.  —  Arrêté  relatif  à  la 
désinfection  des  locaux  déclarés  infectés.  —  Arrêté  sur  la  désinfection  du  matériel  employé  au 
transport  des  animaux.  —  Les  vaccinations  charbonneuses.  —  Expériences  de  M.  Rossignol  sur 
la  transmission  de  l'immunité  de  la  mère  au  fœtus.  —  (Concours  pour  la  nomination  d'un  vété- 
rinaire départemental  de  la  Seine.  —  Incendie  des  ateliers  de  la  maison  Decker  et  Mot. 

I.  —  Les  concours  régionaux. 

Les  deux  tiers  des  concours  régionaux  de   1883  sont  maintenant 
terminés,  savoir  ceux  d'Amiens,  Bourg,  Foix,  Vannes,  Digne,  Blois, 
Rochefort,  Troyes;  il  ne  reste  plus  que  ceux  de  Caen   et  d'Aurillac 
qui  auront  lieu  en  juin,  de  Mende  qui  se  tiendra  en  septembre,  et  de 
Nice  qui  se  fera  en  novembre.  Le  succès  des  huit  solennités  achevées 
a  été  très  divers.  Les  expositions  de  bétail  les  plus  remarquables  ont 
été  celles  de  Rochefort  et  de  Vannes  ;  d'après  les  déclarations  et  les  pré- 
visions, on  peut  admettre  que  Caen  leur  disputera  la  palme.  C'est  dire 
que,  dans  les  régions  où  le  commerce  du  bétail  et  des  produits  animaux 
est  le  plus  développé,  se  trouve  aussi  aujourd'hui  l'agriculture  la  plus 
riche.  Dans  les  autres  concours,  il  régnait  une  honnête  médiocrité;  le 
public  agricole  eût  même  complètement  fait  défaut  dans  certains,  si,  à 
un  jour  donné,   n'étaient  venus  quelques  ministres  qui  ont  attiré  la 
foule.  Dans  plusieurs  concours,  les  municipalités  ont  fait  des  fêtes, 
mais  elles  en  ont  placé  si  singulièrement  les  dates  que  c'est  après  la 
fermeture  des  concours  agricoles  qu'on  s'.occupera  de  fêter  l'agriculture  ; 
à  ces   réjouissances  posthumes,   l'agriculture  sera  absente.    Partout, 
ainsi  que  cela  avait  été  réglé  sous  le  ministère  de  M.  de  Mahy,  des 
expositions  hippiques  ont  eu  lieu  à  côté  des  concours  régionaux  ;  nous 
pourrions  dire  :  presque  partout,  à  côté  et  en  dehors.  Ce  n'est  pas  tout 
à  fait  ce  qui  avait  été  promis.  Les  visiteurs  devaient  souvent  payer  deux 
fois,  notamment  à  Rochefort,  à  Blois.  De  là,  impossibilité  d'aller  et  de 
venir  à  volonté  d'un  concours  à  l'autre,  comme  si  les  chevaux  ne 
faisaient  pas  partie  des  animaux  domestiques  des  fermes.  Nous  n'avons 
jamais  rien  vu  de  semblable  ni  en  Angleterre,  ni  en  Belgique,  ni  dans 
aucun  autre  pays  où  il  y  a  des  solennités  agricoles.  C'est  tout  à  fait 
à  tort  que  le  monde  hippique,  on  pourrait  dire  aristocratique,  tend  à 
faire  chez  nous  bande  à  part  dans  les  choses  agricoles.  Si  nous  com- 
prenons que  les  haras  dirigent  les  concours  hippiques,  nous  n'admettons 
pas  que  ce  soit  une  raison  suffisante  pour  qu'il  y  ait  séparation.  Il 
faudrait  entente,  conciliation,  fusion.  Nous  savons  bien  que  ce  sont  les 
municipalités    qui   prélèvent   les    droits  d'entrée   dans  les  concours 
régionaux;  mais  un  accord   préalable  devrait   fiiire  établir  une  seule 
enceinte,  lorsque  ce  serait  possible,  ou  bien  des  distributions  de  billets 
qui  serviraient  à  tous   les  concours,  lorsque  la  disposition  des  lieux 
ne  permettrait  pas  de  tout  réunir.  Nous  avons  entendu  des  plaintes 
générales  sur  l'organisation  adoptée,  et  ce  nous  est  un  devoir  de  les 
signaler,  dans  le  vif  désir  de  voir  le  succès  le  plus  complet  dans  tous 

N°  739.  —  Tome  II  de  1883.  —  9  Juin 


362  CHRONIQUE  AGRICOLE  (9  JQIN   1883). 

nos  concours  régionaux,  et  tout  aussi  bien  dans  la  partie  hippique  que 
dans  la  partie  plus  essentiellement  agricole. 

Des  observations  sont  faites  également  en  ce  qui  concerne  les  expo- 
sitions d'instruments.  Les  agriculteurs  d'abord,  les  constructeurs 
eiisuite,  regrettent  presque  unanimement  la  disparition  des  concours 
spéciaux  et  des  essais,  qui  n'ont  été  conservés  que  dans  un  petit 
Dombre  de  solennités  régionales..  De  là,  uoe  diminution  dans  les  ventes 
faites  par  les  constructeurs,  et  une  certaine  indifTérence  delà  part  des 
agriculieiirs  qui  se  figurent  que,  puisque  le  gouvernement  ne  t'ait  plus 
d^ expériences  publiques,  il  faut  en  conclure  que  rien  de  nouveau  n'est 
à  examiner  en  fait  de  machinerie  agricole.  Nous  avons  la  conviction 
que  l'administration  de  l'agriculture  prêtera  une  oreille  bienveillante 
k  ces  observations.  Des  progrès  considérables  sont  encore  à  faire  dans 
l'outillage  agricole;  les  inventions  mécaniques  sont  loin  d'avoir  .'it  leur 
dernier  mot.  Il  faut  ouvrir  le  marché  aux  nouveaux  venus,  exciter 
l'émulation,  et  faire  que  les  anciens  triomphateurs  ne  s'endorment  pas 
dans  leurs  succès  passés.  On  peut  connaître  combien  les  concours  sont 
utiles,  à  voir  l'ardeur  que  mettent  de  1res  anciennes  maisons  à  lutter 
dans  les  très  rares  concours  encore  ouverts.  Exciter  à  aller  en  avant, 
empêcher  de  rester  sur  place,  tel  est  le  rôle  qui  appartient,  selon  nous, 
à  ceux  qui  sont  appelés  à  diriger  l'agriculture.  Ici  encore  il  est  juste  de 
dire  que  ne  pas  faire,  de  progrès,  c'est  reculer, 

II.  —  Eleclun  à  la  Société  natiotiale  d'agriculture. 

Dans  sa  séance  du  6  juin,  la  Société  nationale  d'agriculture  a  pro- 
cédé, ainsi  que  nous  l'avons  annoncé,  à  l'élection  d'un  membre  associé 
étranger  dans  la  Section  hors  cadre.  M.  J.  Triana,  consul  général  des 
Etats-Unis  de  Colombie,  a  été  élu  par  49  voix,  sur  50  suffrages.  Depuis 
de  longues  années,  M.  Triana  est  connu  par  des  travaux  de  bot  inique 
d'une  grande  importance;  on  lui  doit  des  recherches  précieuses  sur  les 
plantes  utiles  de  l'Amérique  centrale,  et  notamment  uq^p  raouograpliie 
complète  des  arbres  à  quinquina. 

La  séance  publique  annuelle  de  la  Société  se  tiendra  le  mercredi 
27  juin,  sous  la  présidence  de  M.  Méline,  ministre  de  l'agriculture. 

III.  —  Souscription  pour  élever  un  mmumcnl  à  Léonce  de.  Lavergne. 

Voici  la  treizième  liste  de  la  souscription  ouverte  pour  élever  un 
monument  à  Léonce  de  Lavergne  : 

Fr. 

Report  de  la  liste  précédente 9,9l0  50 

Conseil  général  du  d^parteineat  de  La  Creuse 1 ,000  00 

MM.  Fayolle,  sénateur  président  du  Conseil  généralde  la  Creuse..  f)0  00 

Desraigne.  (Charles) ,  ancien  député ,^0  08 

Riscal  (marquis  de),  à  Madrid 100  00 

Nicolas,  inspecteur  de  ragricullure  en  Algérie 10  00 

Société  d'agriculture  du  Gard  (Comice  de  Nîmes) 2.5  09 

M.  Gausse  (Louis),  président  de  la  Société  d'agriculture  du  Gard.  20  09 

Total , 11,165  50 

Nous  rappelons  à  nos  lecteurs  qu'il  peuvent  envoyer  leurs  sous- 
criptions à  M.  Henry  Sagnier,  secrétaire  du  Comité,  aux  bureaux  du 
Journal  de  lAgricuUure. 

IV.  —  Nécrologie. 

Nous  avons  le  regret  d'annoncer  la  mort  de  M.  JeanLoiiis-Frédérie 
Hamot,  agriculteur  au  Mesnil-le-Roi  (Seine-et-Oise),  décédé  récemment 


CHRONIQUE  AGRICOLE  {9   JUIN    1883).  a63 

à  l'âge  de  soixante-sept  ans.  M.  HamoL  était  un  des  agriculteurs  les 
plus  distingués  du  rayon  de  Paris;  il  avait  obtenu  de  brillants  succès 
dans  l'élevage  et  l'engraissement  du  bétail.  Il  était  chevalier  de  la  Légion 
d  honneur. 

Y,  —  Dêcûratcons  pour  services  rendus  à  l'agriculture. 
A  l'occasion  dti  concours  régional  de  Blois,  et  sur  la  proposition  de- 
M.  le  ministre  de  l'agriculture,  un  décret  en  date  du  2  juin  a  promu  au 
grade  d'officier  de  la  Légion  d'honneur,  M.  Henri-François  Boucard, 
conservateur  des  forêts  à  Tours.  M.  Boucard  est  un  des  fonctionnaires 
les  plus  distingués  de  l'administration  des  forôls;  par  ses  conseils, 
par  les  mesures  qu'il  a  su  prendre,  il  a  puissamment  contribué  à  aider 
les  agriculteurs  de  la  Sologne  à  reconstituer  leurs  bois,  dont  une  grande' 
partie  avait  été  détruite  par  l'action  désastreuse  de  l'hiver  de  1879-80^ 

VI.  —  Concours  pour  six  chaires  départementales  d^ agriculture. 

Le  Journal  officiel  annonce  que,  en  exécution  de  la  loi  du  1(i  juin 
1879  et  du  décret  du  9  juin  1880  sur  l'enseignement  départemental  et 
communal  de  l'agriculture,  des  concours  seront  ouverts,  dans  le  cou- 
rant du  mois  de  septembre  1883,  pour  la  nomination  de  professeurs 
d'agriculture  dans  les  six  départements  suivants  :  Ardèche,h  Privas;  — 
Loire,  à  Saint-Etienne  ;  —  Lot,  à  Cahors  ;  —  Mayenne,  à  Laval  ;  — 
Meuse,  à  Bar-le-Duc;  —  Saône-et- Loire,  à  Maçon.  —  La  date  précise 
de  l'ouverturede  chacun  de  ces  concours  sera  ultérieurement  indiquée. 

Les  candidats  devront  être  âgés  de  vingt-cinq  ans  au  moins.  Ils 
adresseront  leur  demande  au  ministre  de  l'agriculture  par  l'intermé- 
diaire du  préfet  de  leur  département,  avant  le  l^'  août,  délai  de  rigueur. 
Cette  demande  sera  écrite  sur  papier  timbré  ;  elle  sera  accompagnée  des 
pièces  suivantes  :  1"  Acte  de  naissance  du  candidat;  2"  extrait  du 
casier  judiciaire  ;  3°  un  certificat  attestant  que  le  candidat  est  libéré 
du  service  de  l'armée  active;  4°  s'il  y  a  lieu,  un  certificat  attestant 
que  le  candidat  possède  la  qualité  de  Français  ou  qu'il  est  naturalisé 
Français.  —  Les  candidats  devront,  en  outre,  faire  connaître,  dans  une 
note,  leurs  titres  scientifiques,  les  ouvrages  qu'ils  auraient  publiés, 
ainsi  que  les  travaux  auxquels  ils  se  sont  ()articulièrement  livrés.  Les 
titres  et  diplômes  seront  jomts  à  la  demande,  ainsi  que  deux  exemplaires 
des  travaux  imprimés.  Dans  le  cas  oii  un  candidat  aurait  l'intention  de 
se  présenter  à  plusieurs  concours,  il  devra  faire,  pour  chacun  d'eux, 
une  de:nande  distincte  accorap;ignée  des  pièces  réglementaires  oi- 
dessus  indiquées  ou  de  copies  certifiées  de  ces  pièces. 

VIL  —  Le  phylloxéra 

Des  modifications  importantes  ont  été  apportées  aux  services  admi- 
nistratifs dans  la  lutte  contre  le  phylloxéra.  Jusqu'ici  le  ministère  de 
l'agriculture  avait  trois  délégués  régionaux,  M.  (]itta,  3L  Couanon, 
Al.  Gastine,  qui  se  partageaient  les  départements  français.  Par  une 
décision  récente,  M.  Catta  a  été  nommé  délégué  spécial  pour  l'Algérie, 
et  le  service  a  été  partagé  en  France  entre  M.  Couanon  et  M.  Gastine. 
La  région  dont  M.  Couanon  est  chargé  comprend  les  départements 
suivants  :  Aisne,  Ardennes,  Ariège,  Aube,  x4ude,  Aveyron,  Cantal, 
Charente,  Charente-Inférieure,  Cher,  Corrèze,  Creuse,  Dordogne,  Eure, 
Eure-et-Loir,  Haute-Garonne,  Gers,  Gironde,  Indre,  Indre-et-Loire, 
Loir-et-Cher,  Loire-Inférieure,  Loiret,  Lot,  Lot-et-Garonne,  Maiue-et- 


364       '  CHRONIQUE   AGRICOLE   (9  JUIN    1883). 

Loire,  Marne,  Haute-Marne,  Meurthe-et-Moselle,  Meuse,  Basses-Pyré- 
nées, Hautes-Pyrénées,  Pyrénées -Orientales,  Haute-Saône,  Sarthe, 
Seine,  Seine-et-Marne,  Seine-et-Oise,  Deux-Sèvres,  Tarn,  Tarn-et- 
Garonne,  Vendée,  Vienne, Haute-Vienne,  Vosges,  Yonne,  arrondisse- 
ment de  Belfort.  Trois  délégués  régionaux  adjoints  ont  été  nommés 
pour  cette  région  :  M.  Callen,  avec  résidence  à  Toulouse;  M.  Jouet,  à 
Bordeaux  ;  M.  Nolte,  à  Paris. —  La  région  dont  M.  Gastine  est  chargé 
comprend  les  autres  départements  viticoles  ;  un  délégué  régional  adjoint 
lui  a  été  donné  pour  le  service  de  cette  région. 

VIII.  —  Le  commerce  des  vins. 
Dans  notre  chroni-que  du  26  mai,  nous  avons  publié  une  pétition  de 
22  associations  agricoles  de  France  et  d'Algérie  relativement  aux  con- 
ditions faites  au  commerce  des  vins.  M.  R.  Maurice,  vice-président  du 
Comice  de  Montauban,  nous  écrit  que,  dans  sa  séance  du  3  juin,  ce 
comice  a  émis,  a  l'unanimité,  un  vœu  d'adhésion  à  cette  démarche 
qui  intéresse  également  le  déparlement  de  Tarn-et-Garonne. 

IX.  —  Sucres  et  betteraves. 

Les  circonstances  météorologiques  sont  favorables  à  la  végétation  des 
betteraves.  Les  semailles  ont  été  exécutées  dans  de  bonnes  conditions; 
la  levée  s'est  faite  régulièrement,  et  les  jeunes  plantes  poussent  avec 
vigueur.  Les  cultivateurs  n'ont  que  des  satisfactions  à  exprimer. 

Le  Comice  agricole  de  Saint-Quentin  (Aisne)  a  ouvert  récemment  un 
concours  pour  des  ouvrages  traitant  d'agriculture.  Au  concours  de 
Vermand  qui  a  eu  lieu  le  27  mai,  le  1"  prix,  consistant  en  une  mé- 
daille d'or,  a  été  décerné  à  M.  Vivien,  chimiste  à  Saint-Quentin,  pro- 
fesseur du  cours  de  sucrerie  à  la  Société  industrielle,  pour  son  Traité 
de  la  culture  de  la  betterave.  —  Le  deuxième  prix  a  été  attribué  à 
M.  Maizier,  directeur  de  teillage  mécanique,  au  Plessis-Brion  (Oise), 
pour  une  brochure  sur  la  culture  du  lin. 

X.  —  Lîs  canons  en  soie. 

On  se  s'attendait  guère  à  voir  l'industrie  séricicole  favorisée  par  les 
ateliers  Krupp.  Vindustria  serica  de  Turin  nous  affirme  qu'on  fabrique 
en  Allemagne  des  canons  en  acier  et  en  soie  ;  l'acier  n'a  pas  beaucoup 
d'épaisseur,  et  il  est  renforcé  par  une  enveloppe  en  fils  de  soie  roulés 
tout  autour  jusqu'au  point  de  procurer  à  la  pièce  la  résistance  sufii- 
sante.  Le  tout  est  revêtu  de  gutta-percha  ou  de  caoutchouc  durci,  pour 
éloigner  l'humidité.  Ces  essais,  auraient  de  l'analogie  avec  ceux  qui 
ont  été  faits  à  Lille  avec  des  pièces  entourées  de  fils  d'acier  ;  la  soie 
offre  en  effet  autant  de  ténacité  et  plus  d'élasticité  que  les  meilleurs 
aciers  ;  elle  est  en  même  temps  moins  pesante. 

XL  —  La  police  sanitaire  des  animaux. 

L'administration  de  l'agriculture  continue  à  prendre  les  mesuras 
nécessaires  pour  l'application  régulière  de  la  loi  du  21  juillet  1881 
sur  la  police  sanitaire.  Des  instructions  ont  été  rédigées  récemment 
pour  faire  connaître  les  règles  à  suivre  au  sujet  de  l'application  des 
mesures  de  désinfection  dans  les  différents  cas  oii  cette  opération  est 
prescrite  par  la  nouvelle  législation.  Ces  instructions  font  l'objet 
de  deux  arrêtés  rendus  à  la  date  du  12  mai  dernier;  les  agriculteurs 
doivent  en  connaître  les  dispositions. 


CHRONIQUE   AGRICOLE  (9  JUIN   1883).  365 

Le  premier  de  ces  arrêtés  est  relatif  à  la  désinfection  des  exploita- 
tions ou  des  locaux  déclarés  infectés  à  la  suite  de  l'apparition  d'une 
maladie  contagieuse.  En  voici  le  texte  : 

Le  ministre  de  l'agricvillure. 

Sur  le  rapport  du  Conseiller  d'état,  directeur  de  l'agriculture; 

Vu  la  loi  du  21  juillet  1881,  sur  la  police  sanitaire  des  animaux; 

Vu  le  décret  du  22  juin  1882,  portant  règlement  d'administration  publique  pour 
l'exécution  de  ladite  loi; 

Vu  l'avis  du  Comité  consultatif  des  épizooties,  arrête  : 

Article  premier.  —  Les  opérations  de  désinfection  prescrites  par  la  loi  du 
21  juillet  188  I  et  le  règlement  d'administration  publique  rendu  pour  son  exécution 
auront  lieu  conformément  aux  règles  ci-après  : 

Chapitre  premier.  —  Objets  à  désinfecter. 

Art.  2.  —  La  désinfection  doit  s'appliquer  à  tout  ce  qui  peut  receler  les  germes 
de  la  contagion  et  notamment  : 

]"  Aux  locaux  qui  ont  été  habités  par  les  animaux  malades  et  à  tout  ce  qui  peut 
en  provenir  :  fumiers,  purins,  litières,  pailles,  fourrages,  ustensiles  et  objets 
divers  qui  ont  pu  être  souillés  par  ces  animaux; 

2"  Aux  ruisseaux,  rigoles  et  conduits  servant  à  l'écoulement  des  déjections 
liquides;  aux  fosses  à  purin  et  au  lieu  de  dépôt  des  fumiers; 

3°  Aux  cours,  enclos,  herbages  et  pâtures  où  ont  stationné  les  animaux  malades; 

4"  Aux  rues,  routes  et  chemins  qui  ont  été  parcourus  par  les  animaux  malades 
ou  par  les  véhicules  chargés  de  leurs  cadavres  ou  de  leurs  fumiers; 

5°  Aux  véhicules  qui  ont  servi  au  transport  des  animaux  atteints  ou  soupçonnés 
d'être  atteints  de  maladies  contagieuses  ou  de  leurs  cadavres,  et  des  fumiers  pro- 
venant des  locaux,  cours,  enclos  ou  herbages  déclarés  infectés; 

6''  Aux  cadavres  et  à  leurs  débris; 

7"  Aux  fosses  d'enfouissement; 

8"  Aux  personnes  qui,  par  suite  de  leurs  rapport  avec  les  animaux  malades, 
avec  leurs  cadavres  ou  débris  de  cadavres,  leurs  fumiers,  peuvent  devenir  les  agents 
de  la  transmission  des  maladies  contagieuses. 

Chapitre  IL  —  Agents  désinfectants. 

Art.  3.  —  Les  agents  désinfectants  sont  les  suivants  : 

1"  Le  feu.  —  Destruction  des  éponges,  couvertes  et  vêtements  en  mauvais 
étaf,  licols,  cordes  d'attache,  mauvaises  boiseries,  mangeoires  et  râteliers  de  peu 
de  valeur,  etc.,  etc. 

Les  objets  en  fer,  tels  que  :  pelles,  fourches,  chaînes  d'attaches,  mors  et  anneaux 
de  contention  des  taureaux,  etc.  etc.',  sont  passés  au  feu. 

Le  procédé  dit  «  du  flambage  »  est  employé,  lorsque  les  circonstances  le  per- 
mettent, pour  les  murs,  boiseries,  mangeoires,  séparations,  planchers,  etc. 

2"  Eau  bouillante.  —  Les  couvertures,  vêtements  et  autres  objets  auxquels  ce 
moyen  de  désinfection  peut  être  appliqué  sont  placés  dans  un  récipient  et  arrosés 
d'eau  bouillante  jusqu'à  ce  qu'ils  en  soient  recouverts;  après  essorage,  l'opération 
est  renouvelée  encore  une  fois. 

3"  Vapeur  d'eau  surchauffée.  —  La  vapeur  d'eau  surchauffée  à  120  degrés  peut 
être  employée  pour  la  désinfection  des  surlaces  et  des  objets  sur  lesquels  il  est 
possible  de  la  faire  arriver  en  jet  continu. 

4"  Chlorure  de  chaux.  —  Le  chlorure  de  chaux  se  répand  en  poudre  sur  le  sol 
et  dans  les  rigoles  d'écoulement  des  déjections  ;  on  le  mélange  avec  les  liquides. 
Délayé  dans  dix  fois  son  poids  d'eau,  le  chlorure  de  chaux  est  employé  pour  les- 
lavages  et  les  arrosements. 

On  emploie  pour  les  mêmes  usages  : 

5"  Le  chlorure  de  zinc,  en  solution  à  raison  de  20  grammes  par  litre  d'eau 
(2  pour  100); 

6"  Le  sulfate  et  le  nitro- suif  aie  de  zinc,  en  solution  dans  la  même  proportion; 

7"  L'acide  phénique  dans  la  même  proportion  ; 

8"  Le  bichlorwe  de  mercure  (sublimé  corrosif),  à  raison  de  1  gramme  par  litre- 
d'eau  (t  pour  1,000),  est  employé  dans  le  cas  de  morve,  particulièrement  pour  le 
lavage  du  fond  des  mangeoires  et  de  la  partie  des  murs  faisant  face  à  la  tète  des 
animaux.  Ce  désinfectant,  en  raison  de  sa  nature  toxique,  ne  doit  être  employé 
que  sous  la  direction  d'un  vétérinaire. 

9*  L'acide  sulfurique,  étendu  d'eau  dans  la  proportion  de  20  grammes  d'acide 


366  CHRONIQUE  AGRICOLE  (9  JUIN    1883). 

par  litre  d'eau  (2  pour  100),  doit  être  employé  pour  la  désinfection  des  fumiers  et 
litières  et  des  matières  de  balayage  et  pour  le  lavage  des  rigoles  et  des  sols  en 
tc7Te,  etc.,  etc. 

IC  L'essnicc  de  térébenthine,  diluée  dans  la  proportion  de  250  grammes  d'es- 
sence par  litre  d'eau,  doit  être  employée  pour  le  lavage  dans  le  cas  de  charbon. 

11"  L'huile  lourde  de  gaz,  mélangée  avec  le  goudron  dans  la  proportion  d'une 
partie  d'huile  lourde  contre  dix  parties  de  goudron,  est  employée  comme  enduit. 

12°  Le  chlore  gazeux  est  employé  en  fumigations  dans  les  espaces  hermétiqxie- 
ment  clos  *. 

13"  L'aci'ie  sulfureux  s'emploie  pour  le  même  usage  -. 

iIHAPlTRE  III. —  R'hjles  à  suivre  dans  la  désinfection  des  looaux,  cours,  endos,  herbigps  et  pâ- 
tures, des  fumiers  et  purins,  des  routes  et  cheniitts,  des  réhicidcs  et.  des  personnes. 

Art.  4.  —  Les  opérations  de  désinfection,  en  ce  qui  concerne  les  locaux,  doivent 
être  adaptées  à  la  nature  des  maladies  contagieuses;  elles  ont  lieu  conformément 
aux  prescriptions  du  chapitre  IV,  ci-après. 

Art    5.  —  La  désinfection  des  cours,  enclus,  herbages  et  pâtures  consiste  : 

1"  Dans  l'enlèvement  des  déjections  qui  sont  mises  en  tas,  arrosées  avec  un 
liquide  désinfectant,  puis  enfouies. 

2°  Dans  le  lavage  à  grande  eau  des  cours  et  l'arrosage  avec  un  liquide  désinfec- 
tant des  places  où  se  trouvaient  les  déjections. 

3"  Pour  les  pâtures,  herbages  et  enclos,  dans  l'arrosage  avec  un  liquide  désin- 
fectant des  places  où  se  trouvaient  les  déjections. 

Ar.  6.  —  Le  fumier  extrait  des  locaux  infectés  et  celui  qui  a  pu  être  souillé  de 
matières  contagieuses  sont  arrosés  abondamment  avec  un  des  liquides  désignés  à 
l'art.  3,  et  recouverts  ensuite  d'une  couche  de  terre. 

Art.  7. —  Les  ruisseaux,  rigoles  et  conduits  d'écoulement  des  purins  sont  lavés 
à  grande  eau  et  arrosés  avec  un  liquide  désinfectant. 

Art.  8.  —  La  désinfection  des  fosses  à  purin  se  fait  en  versant  une  dissolution 
de  sulfate  de  zinc  ou  de  nitro- sulfate  de  zinc  représentant  en  quantité  un  deux 
centième  de  la  contenance  des  fosses. 

Art.  9.  —  Les  fumiers  et  purins  désinfectés  comme  il  vient  d'être  dit  sont 
employés  de  préférence  pour  la  fumure  des  jardins   et  des  terres  arables. 

Art.  10.  —  Pour  la  désinfection  des  routes  et  chemins  parcourus  par  des 
animaux  atteints  de  maladies  contagieuses,  les  déjections  sont  ramassées  avec 
soin,  mises  en  tas  dans  un  endroit  écarté  et  traitées  comme  les  fumiers  (art.  6). 
L'emplacement  des  déjections  est  saupoudré  de  chlorure  de  chaux  ou  arrosé  avec 
un  liquide  désinfectant.  Les  objets  qui  ont  servi  au  ramassage  et  au  transport 
des  déjections  sont  ensuite  lavés  avec  un  liquide  désinfectant. 

Art.  11.  — Les  voitures  devant  servir  au  transport  des  animaux  atteints  de 
maladies  contagieuses  ou  de  leurs  cadavres,  ainsi  que  des  fumiers  provenant 
d'étables  infectées,  doivent  être  disposées  de  façon  à  ne  laisser  tomber  ou  écouler 
sur  le  chemin  parcouru  aucune  matière  solide  ou  liquide.  —  Elles  sont  suivies 
par  un  homme  muni  de  pelle,  balai  et  brouette  pour  le  ramassage  des  matières 
qui  pourraient  s'en  échapper  pendant  le  trajet.  Ces  matières  sont  traitées  comme 
il  est  dit  à  l'article  précédent. 

Les  voitures,  après  déchargements,  sont  grattées,  balayées,  puis  lavées  à  grande 
eau  et,  après  qu'elles  se  sont   ressuyées,   arrosées  avec  un  liquide  désinfectant. 

Les  pelle,  bolai  et  brouette  sont  traités  de  la  même  manière. 

Art.  12.  —  Toute  personne  qui  a  été  en  contact  soit  avec  des  animaux  atteints 
de  maladies  contagieuses,  soit  avec  leurs  cadavres,  leurs  débris,  leurs  fumiers, 
et  dont  les  vêtements,  les  chaussures,  les  mains  peuvent  être  souillés  de  matières 
contagieusae,  est  tenue  di   se   soumettre  aux  mesures  de  désinfection  suivantes  : 

1"  Lavage  et  savonnage  des  mains  et  des  bras,  immédiatement  après  chaque 
contact  avec  les  animaux  malades,  leurs  cadavres  ou  débris,  leurs  fumiers,  etc.; 
2"  Lavage  de  i-  chaussures.  Les  eaux  de  lavage  sont  versées  dans  la  fosse  à  purin 
ou  désinfectées  directement  par  l'addition  de  la  proportion  convenable  de  sulfate 
de  zinc;  3"  Lavage  et  lessivage  des  vêtements  de  toile.  Fumigation  au  chlore  dans 
Tin  endroit  clos  des  vêtements  de  laine  et  autres  objets  qui  ne  pourraient  être 
lavés  sans  être  altérés. 

1.  Le  chlorft  •;  zeux  s'obiient  en  chauH'mt  dans  une  terrine  100  parties  de  bioxyde  de  manga- 
nèse en  poudre  av^c  450  parties  d'acide  chlortiydrique;  avec  1  kilogramme  de  bioxyde  de  manga- 
nèse et  4^500  d'acide  ctdnrhydiique,  on  produit  300  litres  de  gaz. 

2.  L'acide  sulfureux  s'obtient  en  faisant  briiler  sur  un  plat  de  terre  un  mélange  de  fleur  de  sou» 
fre  et  de  nitrate  de  potasse. 


CHRONIOEJF  AGRrCOLE   (9  JUIN  1889).  367 

Art.  13.  — Avant  le  chargement  pour  le  transport  à  la  fosse  d'enfouissemeni 
ou  à  l'atelier  d'équarrissage,  les  cadavres  sont  désinfectés  par  le  lavage,  avec  un 
liquide  désinfectant,  des  orifices  :  bouche,  cavités  nasales,  yeux,  anus,  organes 
génitaux,  ainsi  que  des  parties  du  corps  souillées  par  les  matières  excrémen- 
titielles,  puis  par  le  saupoudrage  des  mômes  parties  avec  du  chlorure  de  chaux. 

Art.  I'4.  —  Dans  tous  les  cas  où-  la  vente  des  peaux  provenant  d'animaux  atteints 
de  maladies  contagieuses  est  permise,  après  dé.dntection,  la  désinfection  a  lieu 
par  l'immersion  complète  dans  la  solution  de  sulfate  de  zinc  à  2  pour  100. 
Chapitre  TV.  —  Rcgles  de  désinfeUion  spéciales  à  chacune  des  maladies  contagieuses. 

Peste  bovine.  —  Art.  15.  —  Les  opérations  de  nettoyage  et  de  désinfection  sont 
effectuées  dans  l'ordre  et  d'après  les  procédés  suivants  : 

1°  Enlèvement  de  l'étable  et  destruction  par  le  feu  des  pailles  et  fourrages  pro- 
venant des  râteliers  et  mangeoires,  des  litières  et  fumiers; 

Les  litières  et  fumiers  trop  humides  pour  être  brûlés  sont  arrosés  sur  place 
avec  un  liquide  désinfectant,  puis  enlevés,  mis  en  tas  et  traités  comme  il  est  dit 
à  l'article  6. 

2.°  Lavage  énergique  avec  un  liquide  désinfectant  du  sol,  des  murs,  plafonds, 
mangeoires,  râteliers,  séparations,  portes,  fenêtres,  etc.,  par  projection  avec  la 
pompe  foulante;  lavage  avec  le  môme  liquide  des  seaux,  barbottoirs,  etc.; 

Grattage  des  mangeoires  et  râteliers,  des  séparations,  du  sol  et  des  murs,  etc.; 
Balayage  avec  un  balai  dur  de  toutes  les  surfaces  et  nouveau  lavage  ; 

3°  Réfection  du  sol  des  étables  lorsqu'il  est  déformé; 

Les  sols  en  terre  sont  défoncés  à  0'".-20  de  profondeur;  la  terre  enlevée  est 
mise  en  tas  et  traitée  comme  du  fumier.  Le  nouveau  sol  est  formé  de  terre  nou- 
velle à  laquelle  on  incorpore  10  pour  100  d'huile  lourde  de  gaz  ou  de  goudron. 

Lorsque  le  sol  est  en  pavé  mal  jointoyé,  le  pavé  est  défait  et  la  forme  défoncée, 
désinfectée  et  remplacée  par  de  la  terre  ou  du  sable  neuf  auquel  on  incorpore  du 
goudron  ou  de  l'huile  lourde  de  gaz. 

L'aire  des  étables  constituée  par  des  pièces  de  bois  est  refaçonnée  avec  des 
matériaux  nouveaux,  après  enlèvement  et  désinfection  de  la  couche  superficielle 
sous-jacente.  Les  anciennes  pièces  de  bois  sont  brûlées  ou  flambées  jusqu'à 
carbonisation. 

4°  Fumigation  au  chlore  ou  à  l'acide  sulfureux  prolongée  pendant  quarante-huit 
heures,  puis  ventilation  pendant  huit  jours  ; 

5"  Désinfection  des  ruisseaux,  rigoles,  conduits  d'écoulement  des  purins,  aussi 
bien  à  l'extérieur  qu'à  l'intérieur  des  bâtiments  de  ferme  ; 

6"  Destruction  par  le  feu  de  la  couche  de  fourrage  reposant  directement  sur  le 
plancher  des  greniers  à  claire-voie  et  aération  du  reste.  Ces  fourrages  sont  réser- 
vés, autant  que  possible,  pour  l'alimentation  des  chevaux  ; 

7°  Destruction  par  le  feu  des  éponges,  licols,  cordes  d'attache  de  peu  de  valeur, 
flambage  des  chaînes  d'attache,  étrilles  et  autres  objets  en  fer. 

Pénpnfumonie  contagieuse.  —  Art.  16.  —  Dans  le  cas  de  péripneumonie  con- 
tagieuse, la  désinfection  a  lieu  de  la  manière  suivante  : 

1"  Arrosage  sur  place  avec  un  liquide  désinfectant  des  litières  et  fumiers  con- 
tenus dans  i'élable  et  des  restes  de  fourrages  laissés  dans  les  mangeoires  et 
râteliers,  puis  enlèvement  et  enfouissement  au  tas  de  fumier  commun  ; 

2"  Lavage  énergique  avec  un  liquide  désinfectant  du  sol,  des  murs,  plafonds, 
mangeoires,  râteliers,  seaux,  barbottoirs,  etc.; 

Grattage  des  mangeoires  et  râteliers,  des  séparations,  du  sol  et  des  murs,  etc.; 

Balayage  avec  un  balai  dur  de  toutes  les  surfaces  et  nouveau  lavage  ; 

3"  Fumigation  au  chlore  ou  à  l'acide  sulfureux  prolongée  pendant  quarante-huit 
heures;  puis  ventilation  pendant  huit  jours; 

4°  Désinfection  des  ruisseaux,  rigoles  et  conduits  d'écoulement  des  purins  aussi 
bien  à  l'extérièar  qu'à  l'intérieur  des  bâtiments  de  ferme  ; 

5°  Destruction  par  le  feu  des  éponges,  licols,  cordes  d'attache  de  peu  de  valeur, 
flambage  des  chaînes  d'attache,  étrilles  et  autres  oiijets  en  fer. 

Cl'ivece.  —  Art.  17.  — Dans  le  cas  de  clavelée,  on  applique  les  dispositions  des 
paragraphes  1,2  et  3  de  l'article  précédent. 

Art.  18.  —  Lorsque  la  saison  le  permet,  les  moutons  guéris  sont  tondus  et  les 
toisons  lavées  immédiatement  dans  une  eau  de  savon. 

Si  la  tonte  ne  peut  avoir  lieu,  il  est  procédé  à  un  lavage  à  dos  dans  un  baquet 
avec  une  eau  de  savon.  Les  eaux  de  lavage  sont  désinfectées  par  l'addition  d'une 
proportion  convenable  d'acide  phénique  ou  de  sulfate  de  zinc. 


368  CHRONIQUE  AGRICOLE  (9   JUIN    1883). 

Gale.  —  Art.  19.  —  Dans  le  cas  de  gale,  la  désinfection  a  lieu  de  la  manière 
suivante  : 

1°  Les  litières,  les  fumiers  existant  dans  la  bergerie  et  les  fourrages  laissés 
da'S  les  crèches  sont  fortement  arrosés  avec  un  liquide  désinfectant,  puis  extraits 
delà  bergerie  et  transportés  immédiatement  dans  les  champs.  Si  le  transport  na 
peut  avoir  lieu,  les  matières  extraites  de  la  bergerie  sont  mélangées  au  tas  de 
fumier,  lequel  est  ensuite  recouvert  d'une  couche  de  terre  tassée  deO"MO; 

2°  Le  sol,  les  crèches,  ainsi  que  toutes  les  parties  de  murs  et  de  boiseriesjus- 
qu'à  une  hauteur  de  l'".50,  sont  lavés  à  grande  eau  et  nettoyés,  puis  aspergés  avec 
un  liquide  désinfectant  ; 

3°  11  est  ensuite  procédé  à  une  fumigation  comme  il  a  été  dit  précédemment.    • 
F  lèvre  aphteuse.  —  Art.  20.  —  Dans  le  cas  de  fièvre  aphteuse,  la  désinfection  a 
lieu  de  la  manière  suivante  : 

1°  Arrosage  sur  place  avec  un  liquide  désinfectant,  des  litières  et  fumiers 
contenus  dans  l'élable  et  des  restes  de  fourrages  laissés  dans  les  mangeoires  et 
râteliers,  puis  enlèvement  et  enfouissement  au  tas  de  fumier  commun; 

2°  Lavage  énergique,  avec  un  liquide  désinfectant,  du  sol,  des  murs  jusqu'à  une 
hauteur  de  2'". 50,  des  mangeoires,  râteliers,  séparations,  seaux,  barbottoirs  et 
de  tous  les  objets  qui  ont  pu  être  souillés  par  la  bave  des  animaux  malades  ou  la 
sérosité  qui  s'écoule  des  vésicules  de  leurs  pieds  ; 

Grattage  des  mangeoires  et  râteliers,  des  séparations,  du  sol  et  des  murs; 
Balayage  avec  un  balai  dur  de  toutes  les  surfaces  et  nouveau  lavage  ; 
3"  Fumigation  au  chlore  ou  à  l'acide  sulfureux  prolongée  pendant  quarante- 
huit  heures,  puis  ventilation  pendant  huit  jours; 

4"  Désinfection  des  ruisser^ux,   rigoles  et  conduits   d'écoulement  des  purins, 
aussi  bien  à  l'extérieur  qu'à  l'intérieur  des  bâtiments  de  ferme; 
5"  Saupoudrage  du  sol  avec  du  chlorure  de  chaux. 

Morve  et  farciii.  —  Art.  21.  —  Dans  le  cas  de  morve  et  de  farcin,  la  désinfec- 
tion a  lieu  ainsi  qu'il  suit  : 

1"  Arrosage  sur  place,  avec  un  liquide  désinfectant,  des  litières,  fumiers  et 
restes  de  fourrages,  puis  enfouissement  au  tas  de  iumier  commun; 

2°  Grattage  à  fond  des  mangeoires,  râteliers,  bas-ilancs,  murs  de  faces, 
seaux,  barbottoirs  et  de  toutes  les  surfaces  sur  lesquelles  les  matières  contagieuses 
ont  pu  être  déposées; 

3*^  Lavage  de  ces  parties  et  de  ces  objets  avec  un  liquide  désinfectant  très 
énergique,  tel  que  la  solution  de  sublimé  corrosif; 

k°  Lavage  du  sol,  des  murs  et  de  toutes  les  boiseries  avec  une  solution 
phéniquée  ; 

5"  Destruction  par  le  feu  des  éponges,  brosses,  licols,  harnais  de  tête,  cordes 
d'attache,  etc.,  qui  ont  servi  aux  animaux  malades; 

6°  Flambage  des  objets  en  fer,  tels  que  mors,  chaînes  d'attache,  étrilles,  etc.; 
7"  Nettoyage  des  harnais  à  l'eau  bouillante   phéniquée,  avec  savon  et  brosse 
et  remise  à  neuf  des  parties  rembourrées; 

8"  Immersion  dans  l'eau  bouillante  phéniquée  et  lessivage  des  couvertures; 
9"  Vidange  des  auges  qui  servent  d'acreuvoir  commun  et  lavage  à  la  brosse  des 
margelles  de  ces  auges  ;  même  opération  pour  les  réservoirs  destinés  aux  bains 
communs  et  nettoyage  de  leur  fond  avec  un  balai  dur. 

Dourine.  —  Art.  22.  —  Dans  le  cas  de  dourine,  la  désinfection  comporte  les 
opérations  suivantes  : 

1°  Enlèvement  des  litières  et  fumiers  sur  lesquels  les  matières  contagieuses 
ont  pu  se  répandre; 

2"  Lavage  à  grande  eau  des  places  occupées  par  les  malades  et  des  murs,  boi- 
series, bats-flancs,  etc.,  autour  d'eux  jusqu'à  une  hauteur  de  2  mètres; 
Après  balayage,  arrosage  des  mêmes  parties  avec  un  liquide  désinfectant. 
Jiage.  —  Art.  23.  —  Dans  le  cas  de  rage,  la  désinfection  a  lieu  de  la  manière 
•suivante  : 

Pour  les  carnivores.  —  1°  Lavage  à  l'eau  bouillante  phéniquée  des  surfaces  sur 
lesquelles  les  animaux  enragés  ont  pu  répandre  leur  bave  et  particulièrement  de 
l'intérieur  des  niches,  des  colliers,  chaînes  d'attache,  couvertures,  etc;  1°  Destruc- 
tion par  le  feu  des  restes  d'aliments  et  des  litières. 

Pour  les  herbivores.  —  1"  Destruction  par  le  feu  des  Htières  d'aliments  trouvés 
dans  les  mangeoires  et  râteliers;  2"  Lavage  à  l'eau  bouillante  phéniquée  du  sol, 
des  murs  et  des  bats-llancs,   des  mangeoires,   râteliers,  seaux,  barbottoirs  et  de 


CHRONIQUE   AGRICOLE  (9  JUIN    1883).  369' 

toutes  les  surfaces  et  objets  sur  lesquels  la  bave  a  pu  être  déposée;  3"  Flambages 
après  lavage  et  grattage,  des  boiseries  aux  points  où  elles  ont  été  entamées  par 
la  dent  des  animaux  j)endant  leurs  accès;  4"  Destruction  par  le  feu  d(!S  éponges, 
des  licols  et  cordages  d'attache;  5"  Immersion  dans  l'eau  bouillante  ])liéni([uée 
des  auges  servant  d'abreuvoir  commun  dans  lesquelles  les  animaux  ont  pu  boire 
au  début  de  leur  maladie,  alors  qu'elle  n'était  pas  encore  reconnue. 

Charbon.  —  Art.  24.  —  Dans  le  cas  de  charbon,  la  désinfection  des  locaux  qui 
ont  été  occupés  par  les  animaux  malades  comporte  les  opérations  suivantes  :  1" 
Arrosage  à  fond  des  litières,  fumiers  et  déjections  avec  la  dilution  d'essence  de 
térébenthine;  2"  Enlèvement  des  litières  et  fumiers  désinfectés  qui  sont  déposée 
dans  une  fosse  spéciale,  saupoudrés  de  chlorure  de  chaux  et  recouverts  d'une 
épaisse  couche  de  terre  ;  3"  Lavage  du  sol  de  l'étable  ou  de  la  bergerie  avec  le 
même  liquide,  après  l'enlèvement  des  litières  et  fumiers;  k"  Les  cadavres  des  ani- 
maux morts  de  maladies  charbonneuses  sont  arrosés  avec  de  l'essence  de  téré])en- 
thine;  les  orifices  naturels  en  sont  baignés  et  l'on  prend  les  précautions  néces- 
saires pour  qu'il  ne  s'en  échappe  rien  pendant  le  transport  soit  à  la  fosse  d'enfouis- 
sement, -soit  à  l'atelier  d'équarrissage. 

Art.  25.  —  Les  préfets  des  départements  sont  chargés,  chacun  en  ce  qui  le 
concerne,  de  l'exécution  du  présent  arrêté. 

Paris,  le  12  mai  1883.  J.  Méline. 

Le  deuxième  arrêté  concerne  la  désinfection  du  matériel  employé 
au  transport  des  animaux  par  terre  et  par  eau.  Il  est  conçu  comme  il 
suit  : 

Titre  I".  —  Transport  par  terre. 

Article  premier.  —  Tout  entrepreneur  de  transports  par  terre  est  tenu  de  désin- 
fecter, immédiatement  après  le  déchargement,  les  véhicules  ayant  servi  à  trans- 
porter des  bêtes  bovines  et  autres  espèces  de  ruminants  et  des  porcs. 

Art.  2.  —  La  désinfection  comprend  deux  opérations  successives  :  I"  "le  net- 
toyage ;  2"  la  désinfection  proprement  dite. 

1"  Pour  le  nettoyage,  on  enlève  d'abord  la  litière  et  les  déjections,  puis  on  déta- 
che du  plancher  et  des  parois  de  la  voiture,  à  l'aide  d'un  ràcloir  et  d'un  crochet 
approprié,  les  matières  adhérentes  à  leur  surface  ou  qui  remplissent  les  joints  des 
planchers,  et  on  balaye  ces  détritus  ;  enfin,  on  procède  au  lavage  à  grande  eau  à 
l'aide  d'un  balai  rude,  et  on  essuie. 

2"  Pour  la  désinfection,  on  arrose  l'intérieur  de  la  voiture,  plancher  et  parois, 
avec  une  solution  à  2  pour  100  (20  gramuies  par  litre  d'eau)  d'acide  phénique,  de 
chlorure  de  zinc  ou  de  sulfate  de  zinc. 

Art.  3.  —  La  voiture  dans  laquelle,  au  moment  de  la  visite  à  l'entrée  en  France, 
on  constate  la  présence  d'un  ou  de  plusieurs  animaux  atteints  de  maladie  conta- 
gieuse, ne  peut  pénétrer  plus  avant  sur  le  territoire  français  qu'après  avoir  été  sou- 
mise à  une  désinfection  complète.  Cette  opération  a  lieu  sous  la  direction  du 
vétérinaire  préposé  à  la  visite  des  animaux. 

Titi-e  H.  —  Transport  par  eau. 

Art.  4.  —  Tout  bateau  ou  navire  ayant  servi  à  transporter  des  bêtes  bovines  et 
autres  espèces  de  ruminants  (moutons,  chèvres,  etc.),  des  chevaux,  ânes,  mulets 
et  porcs,  est  désinfecté  immédiatement  après  le  débarquement  des  animaux. 

Art.  5.  —  La  désinfection  ne  s'applique  qu'aux  places  occupées  ou  parcourues 
par  les  animaux.  Elle  a  lieu  conformément  aux  prescriptions  de  l'article  2. 

Ari.  6.  —  Les  pontons,  passerelles  et  tous  appareils  ayant  servi  au  débarque- 
ment, sont  désinfectés  d'après  les  mêmes  procédés. 

Art.  7.  —  Après  chaque  arrivée  et  chaque  départ,  les  quais  et  les  emplacements 

destinés  à  recevoir  les  animaux  sont  désinfectés  par  l'enlèvement  des  déjections, 

le  lavage  à  grande  eau  suivi  d'un  balayage  à  tond,  puis  par  l'arrosage  avec  l'un 

des  liquides  indiqués  à  l'article  2.  On  peut  remplacer  l'arrosage  par  un  saupou- 

.  drage  de  chlorure  de  chaux. 

Art.  8.  —  Dans  les  ports  de  mer,  les  opérations  de  désinfection  ont  lieu  sous 
la  surveillance  des  vétérinaires  chargés  de  la  visite  des  animaux. 

Art.  9.  —  Les  préfets  des  départements  sont  chargés,  chacun  en  ce  qui  le  con- 
cerne, de  l'exécution  du  présent  arrêté,  qui  sera  publié  et  affiché. 

Paris,  le  12  mai  1883.  J.  Méline. 

La  loi  du  21  juillet  1881  ordonne  que  les  entrepreneurs  de  trans- 


370  CHRONIQUE  AGRICOLE   [9  JUIN    1&83). 

ports  par  terre  ou  par  eau,  doivent,  en  tout  temps,  désinfecter  les 
véhicules  qui  ont  servi  à  transporter  des  animaux.  Les  prescriptions 
de  l'arrêté  qu'on  vient  de  lire  sont  donc  constamment  applicables. 
C'est  pourquoi  M.  le  ministre  de  l'agriculture  a  décidé  que  le  texte  en 
serait  affiché  dans  toutes  les  communes  de  France. 

XII.  —  Vaccinations  charbonneuses. 

La  question  de  savoir  si  l'immunité  conférée  par  la  vaccination 
pratiquée  avec  les  virus  charbonneux  atténués  de  M.  Pasteur  est  trans- 
missible  de  la  mère  au  fœtus,  a  été  vivement  discutée  depuis  les  pre- 
mières expériences  de  Pouilly-le-Fort.  Pour  essayer  de  la  résoudre 
d'une  manière  définitive,  M.  llossignol,  vétérinaire  àMelun,  a  entre- 
pris des  essais  directs  sur  quinze  agneaux  divisés  en  cinq  lots,  pro- 
venant de  brebis  vaccinées  à  diverses  époques  de  la  gestation.  Les  ré- 
sultats n'ont  pas  été  absolument  concordants  :  dans  certains  cas,  la 
transmissibilité  de  l'immunité  a  été  parfaitement  réelle  :  la  proportion 
est  de  66  pour  100  du  nombre  des  agneaux;  dans  d'autres  cas,  les 
faits  ont  été  contraires.  Il  faut  que  de  nouvelles  expériences  soient  en- 
treprises pour  élucider  les  conditions  dans  lesquelles  l'immunité  pour- 
rait être  certainement  transmissible  de  la  mère  au  fœtus. 

XIII.  —  Concours  pour  la  nomination  d'un  vétérinaire  départemental. 

Le  lundi  10  septembre  1883,  commenceront  les  épreuves  du  con- 
cours pour  la  nomination  d'un  vétérinaire  départemental  de  la  Seine. 
Le  traitement  de  début  a  été  fixé  à  5,000  francs  par  délibération  du 
(Conseil  général  de  la  Seine,  en  date  du  18  décembre  1882.  Une  indem- 
nité de  déplacement  de  600  francs  est,  en  outre,  allouée  annuellement 
à  chacun  des  vétérinaires  sanitaires.  Les  candidats  doivent  adresser, 
avant  le  20  août  1883,  une  demande  à  la  préfecture  de  police  (secré- 
tariat général,  bureau  du  personnel;,  à  Paris,  et  produire  leur  diplôme 
de  vétérinaire  ainsi  que  leur  acte  de  naissance.  Ils  devront  avoir  trente 
ans  au  moins  et  cinquante  ans  au  plus. 

Le  programme  du  concours  comprend  :  une  épreuve  écrite,  une 
épreuve  orale  et  une  épreuve  pratique.  L'épreuve  écrite  portera  sur 
un  sujet  relatif  à  la  police  sanitaire  des  animaux.  L'épreuve  orale 
comprendra  :  la  loi  du  21  juillet  1881  et  le  décret  du  22  juin  1882, 
la  loi  du  20  mai  1838,  sur  les  vices  rédhibitoires,  et  des  notions 
sur  l'organisation  judiciaire  et  administrative  de  la  France.  L'épreuve 
pratique,  subie  à  l'école  vétérinaire  d'Alfort,  concernera  les  afl'ections 
contagieuses  énumérées  dans  l'article  premier  de  la  loi  du  21  juil- 
let 1881  (diagnostic  et  anatomie  pathologique). 

XIV.  —  Les  machines  agricoles. 

Dans  la  nuit  du  27  au  28  mai,  un  violent  incendie  a  détruit  les 
ateliers  et  magasins  de  IMM.  Decker  et  JMot,  les  importants  entrepo- 
sitaires  de  machines  agricoles  que  la  plupart  des  agriculteurs  con- 
naissent. MM.  Decker  et  Mot  ont  pris  immédiatement  des  mesures 
pour  procéder  à  une  nouvelle  installation,  et  pour  donner  satisfaction  à 
leurs  clients.  Ils  ont  ouvert  de  nouveaux  magasins,  19  et21,  rue  Cliâ- 
teau-Landon,  à  Paris,  et  ils  nous  prient  d'annoncer  qu'ils  peuvent 
faire  face  à  tous  les  ordres  qui  leur  seront  adressés  à  cette  adresse. 
Nous  earegislrons  cette  nouvelle  avec  plaisir.    ■ 

.  J.-A.    Barral* 


COiNSTITUTION   DES   TERRAINS   VIGNOBLES,  371 


CONSTITUTION   PHYSIQUE   ET   CHIMIQUE 

DES  TERRAINS  VIGNOBLES  TRAITÉS  PAR  LA  SUBMERSION  DANS  LE  SUD-EST 

DE  LA  FRANGE 

Le  traitement  des  vii^nes  par  la  submersion  a  pris  dans  la  basse 
vallée  du  Rbône  et  dans  le  bas  Languedoc  une  grande  extension  et 
l'application  de  cette  méthode,  inaugurée  parM.  Faucon,  tend  à  prendre 
de  nouveaux  développements.  Il  m'a  donc  paru  intéressant  de  recher- 
cher avec  soin  les  circonstances  de  cette  application  et  un  séjour  de  six 
mois  d'hiver  au  centre  de  la  région    m'a  facilité  cette  élude. 

J'ai  d'abord  fait  l'analyse  physique  et  chimique  d'un  grand  nombre 
d'échantillons,  et,  avant  toute  réilexion,  je  donne  le  tableau  de  cesana- 
lyses  dans  leurs  éléments  principaux,  c'est-à-dire  dans  les  éléments 
chimiques  qui  intéressent  la  constitution  physique.  Sur  100  parties, 
j'ai  trouvé  : 

Analyse  physique  Analyse  chimique 

Sable  Impal-  Inat-     Carbonate  de    Ses- 

iin  pable         taquable      chaux     quioxydes 

1.  M.  Faucon,  Graveson 31.40  68.60  47.37  42  3.^  4.92 

2.  M.  Gamman,  Saint-Roch  (Ailes) 33.50  6fi.ôO  49.79  39.31  5.42 

3.  M.  Saint-René-Taiilandier  (Cabannes) 34.60  fiô.40  43.95  49.78  7.55 

4.  M.  Reich,  l'Armeillière  (Arlef-) 36.60  63.40  .53.17  33.48  7.45 

5.  M.  Cornu,  le  Taves    (Tarascon) 3665  63.35  47.32  42.72  4.92 

6.  M.   Colomb,  Caumartin  (Beauciii-e) 43.20  56.80  54.65  30.22  7.65 

7.  M.  Vais,  .Saint-Laurent  d'Aigouze 53  60  46.50  48.32  39.20  4.70 

8.  Mme  (le  Castehiau,  Sainl-Elienne-du-Grès.  60.00  .40.00  54.12  36.04  4.70 

9.  Mlle  de  la  Corbure,  les  Or-nes  (Gard) 73.45  26.55  55.99  34.75  3.72 

10.  M.  Boissy-d'Anglas,  Anglas  (Gard) ...         73.40        26.60        91.60  0.62         2.82 

11.  Lemême;  sous-sol 32.20        67.80        31.02        60.38        3.30 

Ces  analyses,  choisies  à  tous  les  degrés  de  ténacité  sur  un  nombre 
beaucoup  plus  considérable,  sont  ordonnées  suivant  la  proportion  crois- 
sante du  sable  et  amènent  imn*iédiatement  les  observations  suivantes  : 

Tous  les  sols  soumis  à  la  submersion  dans  la  région  du  Sud-Est 
sont  des  sols  compacts  et  immobiles,  c'est  à  dire  des  sols  qui  contien- 
nent plus  de  30  pour  100  départies  impalpables  et  plus  de  30  pour 
100  de  carbonate  de  chaux,  la  proportion  d'impalpable  établissant  la 
continuité  ou  compacité,  la  proportion  de  carbonate  de  chaux  empê- 
chant les  variations  de  volume  sous  l'action  de  l'humidité  ou  de  la 


sécheresse.  Les  Orgnes  et  Anglas  font  exception,  la  proportion  d'impal- 
pable étant  au-dessous  de  celle  qui  assure  la  continuité,  et  Anglas 
étant  dépourvu  de  carbonate  de  chaux.  Mais  l'exception  disparaît  si 
l'on  examine  le  sous-sol,  et  l'analyse  de  celui  d'Anglas,  qui  termine 
le  tableau,  montre  une  composition  de  près  de  60  pour  100  de  carbo- 
nate de  chaux.  Or  ce  sous-sol  est  à  une  petite  profondeur  au-dessous 
du  diluvium  d'Anglas. 

Cette  constitution,  comportant  la  continuité  et  l'iminobilité,  est 
indispensable  à  l'emploi  des  submersions  dans  notre  région  tout  au 
moins.  Il  faut  pouvoir  submerger  sans  une  trop  grande  dépense  d'eau, 
et  il  faut  que  le  terrain  admette  le  transit  continu  de  l'humidité;  cette 
double  condition  se  trouve  ainsi  remplie. 

Cette  propriété  des  sols  compacts  argilo-calcaires,  qui  est  aujourd'hui 
leur  salut,  a  été  exactement,  par  la  même  raison,  leur  ruine  lors  de 
l'invasion  de  la  maladie.  Une  période  de  sécheresse,  qui  n'a  pas  duré 
moins  de  vingt-cinq  ans  dans  cette  région  et  qui  a  pris  lin  cette  année 
seulement,  par  le  retour  des  eaux  souterraines,  les  avait  supprimées 
entièrement  dès  ISGOet,  les  pluies  d'automne  faisant  défaut,  le  transit 


.372  CONSTITUTION  DES  TERRAINS  VIGNOBLES. 

de  l'eau  était  supprimé  et  ces  sols  étaient  devenus  une  terre  morte  dans 
laquelle  les  attaques  du  phylloxéra  ont  été  foudroyantes. 

M.  Faucon  a  eu  l'idée  éminemment  logique  de  rétablir  à  son  profit 
les  pluies  d'automne  par  la  submersion  prolongée  de  sa  propriété  de 
Graveson,  et  cette  idée,  mise  en  œuvre  par  un  agriculteur  doué  d'un 
grand  sens  pratique,  a  été  couronnée  d'un  plein  succès.  Sur  une 
moindre  échelle,  des  personnes,  comme  M.  Pellissier  de  Saint-Uemy. 
ont  entretenu  des  vignes  en  pleine  production  pendant  toute  cette 
période  avec  des  arrosages  d'été. 

Il  faut  se  garder  des  généralisations  et  ne  faire  appel  qu'à  Texpé- 
rience.  Or  ce  qui  est  acquis  incontestablement  par  l'expérience,  c'est 
que  le  transit  de  l'humidité  dans  les  sois  calcaires  rend  innocentes  les 
attaques  du  phylloxéra  et  que  l'absence  de  ce  transit  les  rend  fou- 
droyantes. 

Ici  se  présente  une  observation  importante  par  laquelle  je  terminerai 
celte  note.  Les  sois  continus  ne  sont  pas  les  seuls  auxquels  le  transit  de 
l'eau  si  l'on  veut,  l'exercice  du  mouvement  capillaire  de  l'eau  assure 
l'immunité.  M.  Barrai,  dans  une  communication  à  l'Académie,  lui  expose 
les  succès  obtenus  dans  les  dunes  d'Aigues-Mortes,  terrains  essentiel- 
lement discontinus,  mais  dans  lesquels  les  proportions  de  calcaire  et 
la  forme  des  particules  suffisent  à  assurer  ce  mouvement  de  l'eau 
fournie  par  une  nappe  coulant  à  une  faible  profondeur. 

Le  mouvement  ascensionnel  de  l'eau  est  encore  plus  rapide  dans  les 
terrains  continus  argilo-calcaires  que  dans  les  sables,  et  je  m'en  suis 
assuré  par  une  expérience  directe,  d'après  le  plan  suivi  par  M.  Barrai. 
Or,  i\l.  Faucon  a  une  couche  aquifère  exactement  à  la  même  profon- 
deur au-dessous  de  la  surface  que  celle  qui  coule  sous  les  dunes  d'Ai- 
gues-lMortes.  Les  sécheresses  prolongées  avaient  tari  ces  sources  comme 
toutes  celles  de  la  région  de  la  Muntagnette  et  des  Alpines.  Il  nous 
semble  absolument  probable  qu'une  série  d'hivers  pluvieux  comme 
celui  de  1882-1883  rendrait,  temporairement  au  moins,  inutiles  les 
submersions  d'hiver  pour  la  situation  topoojraphique  de  M.  Faucon. 

Toutefois,  tous  les  terrains  soumis  à  la  submersion  ne  sont  pas 
dans  le  cas  de  la  propriété  de  M.  Faucon.  Au  lieu  de  un  à  deux  mètres 
de  profondeur  au-dessus  d'une  couche  aquifère,  il  y  en  a  qui  ont  cinq 
mètres  et  plus  d'argile  calcaire  compacte;  comment  le  mouvement 
ascensionnel  de  l'eau  se  moditie-t-il  avec  la  puissance  de  la  couche  à 
traverser?  Voilà  le  véritable  problème  physique  à  étudier  et  à  résoudre 
dans  les  sols  de  diflérente  nature,  et  M.  le  secrétaire  perpétuel  de  la 
Société  nationale  d'agriculture  a  inauguré  sur  ce  point  capital  une 
série  d'expériences  qui,  à  mon  avis,  devraient  être  contrôlées  par  la 
balance,  c'est  à  dire  par  des  expériences  parallèles  établissant,  pour 
ces  mêmes  terrains,  les  dilTérences  dans  la  vitesse  d'évaporation  d'une 
quantité  d'humidité  déterminée  au  début  de  l'expérience.  On  vérifiera 
ainsi  l'un  des  éléments  de  l'immunité  relative  des  sols  discontinus  ou 
sablonneux  qui  perdent  moins  rapidement  leur  humidité  que  les  sols 
compacts.  Dans  tous  les  cas,  on  ne  saurait  trop  applaudira  l'étude 
provoquée  par  M.  Barrai,  trop  l'encourager  à  la  poursuivre,  et,  pour 
ma  part,  je  m'engage  vis-à-vis  de  l'Académie,  si  ma  santé  le  permet, 
à  apporter  l'année  prochaine  ma  contribution  à  cet  important  travail. 

Paul  de  Gaspariîv, 

Membre  de  la  Société  nationa'e  d'agriculture,  correspondant  de  l'Institut. 


SUR  LES  ALLUVIONS  ARTIFICFELLES.  373 


SUR  LES  ALLUVIONS  ARTIFICIELLES-  -  Il 

III.  —  Tel  est  donc,  en  résumé,  le  prix  de  revient  de  l'opération, 
300  francs  par  hectare  au  maximum,  pour  recouvrir  une  lande  de  sable 
inerte,  d'une  couche  de  0^.10  de  limo[\s  fertilisants,  qui,  dujour  au  len- 
demain, par  un  simple  labour,  convertiront  ce  sol  déshérité  en  terre 
végétale  de  premier  ordre. 

La  transformation  ne  sera  peut-être  pas  immédiate;  la  mise  en  valeur 
ne  se  fera  certainement  pas  sans  nouveaux  frais;  mais  ceci  n'est  plus 
de  mon  domaine;  et  quels  que  puissent  être  ces  frais,  quelques  diffi- 
cultés qu'on  puisse  prévoir,  pour  amener  sur  place  les  populations 
agricoles  nécessaires  à  la  mise  en  œuvre  de  ce  nouveau  sol,  on  ne 
saurait  admettre  qu'ils  puissent  être  coruparables  à  ceux  qui  n'arrêtent 
pas  les  pionniers,  qui  vont  à  6,000  lieues  de  chez  eux,  chercher  au  centre 
de  l'Amérique  ou  de  l'Australie,  loin  de  tout  débouché  commercial, 
en  dehors  de  toute  voie  de  transport,  des  terres  végétales  qui  bien  cer- 
tainement ne  valent  pas,  à  aucun  point  de  vue,  celle  qu'il  nous  est 
possible  de  faire  surgir  du  néant,  au  cœur  de  noire  pays,  à  un  prix 
minime  de  400  francs  l'hectare,  en  y  comprenant  la  valeur  actuelle  de 
la  lande  rase. 

Je  n'ai  pas  à  insister  sur  ce  point.  J'ai  tenu  à  prouver  que  mes  éva- 
luations ne  reposaient  sur  aucune  hypothèse  incertaine,  mais  sur  des 
faits  nets  et  précis  constatés  par  des  expériences  indiscutables  :  d'une 
part,  la  valeur  agronomique  des  alluvions  argilo-calcaires  ;  de  l'autre, 
le  prix  de  revieat  des  canaux  de  colmatage  des  formes  les  plus  simples  ; 
et  comme  opération  pratique  une  simple  fouille  de  terrains  meubles, 
effectuée  au  besoin  par  les  procédés  ordinaires  de  nos  terrassiers,  sans 
que  l'eau  y  ait  d'autre  action  que  de  dégager  à  mesure  le  chantier 
d'abatage,  plus  facilement  que  ne  peut  le  faire  la  voie  de  fer  provi- 
soire usitée  dans  nos  terrassements. 

J'ai  retranché  de  mon  projet  tout  ce  que  pouvait  avoir  d'effrayant, 
pour  l'imagination  prévenue,  cette  idée  pourtant  si  naturelle  d'employer 
l'eau  courante  à  faciliter  Técroulement  en  grande  masse  des  terrains 
meubles.  Je  n'y  ai  jamais  fait  figurer,  au  point  de  vue  de  l'opération 
du  limonage,  l'établissement  de  grands  réservoirs  d'aménagement  des 
eaux.  Si  j'ai  parlé  de  ces  réservoirs  qui  seraient  si  utiles  à  l'agriculture, 
qui  donneraient  les  moyens  de  régulariser  le  débit  de  nos  rivières 
torrentielles,  en  reportant  sur  les  périodes  de  sécheresse,  oii  l'eau  est 
rare  et  précieuse,  l'excédent  nuisible  des  époques  de  crue  ;  ce  n'est  point 
comme  une  des  nécessités  préalables  de  mon  projet,  mais  comme  une 
de  ses  conséquences  immédiates,  comme  une  amélioration  nouvelle 
qu'il  produirait  en  surcroît. 

Par  quelque  procédé  que  doivent  s'effectuer  les  fouilles  de  terrain 
meuble,  à  la  main  ou  par  l'action  de  l'eau,  il  me  sera  facile  de  con- 
vaincre ceux  qui  ne  se  refuseront  pas  à  l'être,  que  je  serai  toujours 
libre  de  donner  à  la  fouille  de  mes  déblais  telle  forme  que  je  voudrai, 
par  exemple  celle  d'une  vaste  excavation,  en  forme  de  puits,  creusée 
dans  les  argiles  imperméables  du  plateau  deLannemczan,  ne  commu- 
niquant avec  le  canal  qui  devra  entraîner  les  limons  que  par  une 
étroite  galerie  souterraine,  solidement  maçonnée,  qu'on  pourra  fermer 
après  coupe  par  un  système  convenable  de  vannes  échelonnées;  con- 


374  SUR  LES  ALLUVIONS   ARTIFICIELLES. 

fitituant  en  fait,  sans  nouveaux  frais,  autres  que  ceux  de  cette  fermeture, 
d'immenses  réservoirs,  pouvant  contenir  sur  une  petite  surface,  mais 
avec  une  grande  profondeur,  des  centaines  de  millions  de  mètres  cubes 
d'eau,  sans  qu'on  ait  jamais  à  redouter  les  dangers  de  rupture 
auxquels  sont  fatalement  exposés  les  réservoirs  barrages  qu'on  a  impru- 
demment tenté  d'établir  en  travers  des  rivières  torrentielles  de  l'Algérie, 
qu'on  a  parlé  parfois  de  reproduire  chez  nous;  sans  se  rendre  compte 
que,  à  raison  de  leur  exiguïté  relative,  condamnés  à  être  bientôt  comblés 
par  des  dépôts,  ils  seraient  au  fond  aussi  inutiles  que  dangereux. 

Je  n'insiste  pas  sur  cette  question  des  réservoirs  cependant  très 
importante,  car  à  elle  seule  elle  justifierait  sans  aucun  doute  l'entre- 
prise que  je  propose;  celle-ci  n'aurait-elle  pas  pour  effet  principal 
d'enrichir  notre  pays  d'une  nouvelle  province,  en  substituant  à  cette 
aride  région  de  sables  infertiles  qui  occupe  la  surface  de  deux  dépar- 
tements moyens,  une  égale  étendue  de  terres  arables  de  premier  choix, 
qui,  en  peu  d'années,  pourraient  devenir  aptes  à  subvenir  aux  besoins 
matériels  de  la  vie  d'une  population  de  trois  millions  d'âmes. 

IV.  —  J'arrive  enfin  à  la  seule  objection  que  vous  trouviez  à 
m'opposer,  mon  cher  directeur,  la  question  hygiénique.  Ce  n'est  pas 
infructueusement,  me  dites-vous  «  que  l'on  met  en  mouvement  de 
«  grandes  masses  liquides  et  solides  pour  couvrir  d'immenses  éten- 
«  du.es  de  terrain.  Tous  les  colmatages  effectués  sur  une  grande  échelle 
((  ont  toujours  donné  lieu  à  des  maladies  endémiques.   » 

En  premier  lieu,  c'est  à  tort  que  vous  vous  figurez  que  je  compte 
mettre  en  mouvement  de  très  grandes  masses  d'eau. 

Un  débit  de  10  à  12  mètres  à  la  seconde  représentant  un  million  de 
mètres  cubes  en  24  heures,  rapporté  à  la  surface  des  landes,  équi- 
vaut à  peine  à  l'action  d'une  rosée  printanière,  à  une  tranche  d  eau 
de  O^.Oul  d'épaisseur,  A  raison  de  leur  inégale  répartition,  ces  eaux  ne 
seront  pas  sans  doute  sans  influence  locale;  échappant  pour  les  trois 
quarts  peut-être  à  l'évaporation  atmosphérique,  elles  iront  se  joindre 
aux  cours  d'eau  naturels  de  la  région,  augmenter  de  6  à  7  mètres  par 
seconde  leur  débit  d'ensemble,  ce  qui  sera  certainement  plus  avantageux 
que  nuisible. 

Vient  en  second  lieu  la  question  des  limons,  des  terres  remuées;  et 
à  cet  égard,  j'en  conviens,  le  volume  sera  considérable,  1 00,000  mètres 
par  journée  de  travail,  je  l'espère.  Quelle  influence  aura  cette  opération 
sur  la  salubrité  publique?  Vous  craignez  qu'elle  ne  soit  défavorable. 
Permettez-moi  de  vous  dire  que  tout  élément  de  comparaison  vous 
manque;  car  rien  de  pareil  n'a,  que  je  sache,  été  tenté  ailleurs. 
L'action  endémique  que  les  grands  mouvements  de  terre  occasionnent 
parfois  dans  les  pays  chauds  ;  —  et  tel  n'est  pas  le  cas  des  Landes  et 
de  l'Armagnac  dont  le  climat  n'a  rien  de  tropical  ;  —  nous  est  fré- 
quemmentsignaléedans  ses  effets,  mais  nous  est  complètementinconnue 
dans  ses  causes.  La  chaleur,  l'humidité  y  jouent  sans  doute  souvent 
un  grand  rôle  ;  mais  il  faudrait  bien  se  garder  de  rien  généraliser  à  cet 
égard. 

Si  les  effets  nuisibles  se  produisent  fréquemment  dans  les  régions 
basses  et  marécageuses,  parfois,  au  contraire,  il  en  est  tout  autrement. 

Parmi  les  travaux  les  plus  insalubres  que  j'ai  eu  occasion  de  voir 
signaler,  figurent  en  première  ligne  les  tranchées  du  chemin  de  fer  du 
nord  de  l'Espagne,  ouvertes  dans  les  hauts  contreforts  du  Guadarrama, 


SUR  LES  ALLUVIONS  ARTIFICIELLES.  375 

à  une  altitude  de  plus  de  1000  mètres,  dans  des  terrains  de  schistes 
et  de  granités  soumis  à  la  plus  excessive  sécheresse.  En  revanche,  je  n'ai 
pas  entendu  dire  qu'on  ait  jamais  eu  à  considérer  comme  exception- 
nellement malsains  les  travaux  de  l'isthme  de  Suez,  qui  avaient  accu- 
mulé une  population  nombreuse  de  travailleurs  dans  un  désert  maré- 
cageux. 

Les  colmatages  artificiels  n'ont  jamais  été  essayés  sur  une  grande 
échelle.  Quant  aux  colmatages  avec  les  limons  naturels,  ils  ont  pu  être 
parfois  insalubres  quand  on  les  a  accumulés  d'une  manière  persistante 
sur  un  même  bas-fond;  mais  vous  m'avouerez  que,  pratiqués  comme 
ils  le  sont  annuellement  sur  toute  la  surface  de  l'Egypte  à  la  fois,  ils 
n'ont  jamais  été  signalés  comme  nuisibles  à  la  ^^alubrité  publique. 

En  réalité,  en  dehors  de  faits  pratiques  très  dissemblables  en  appa- 
rence, la  seule  chose  qu'il  paraisse  raisonnable  d'admettre  au  point 
de  vue  théorique,  c'est  que  la  stagnation  prolongée  et  surtout  alter- 
native de  grandes  masses  d'eau  au  contact  du  sol  peut  amener  le  déve- 
loppement de  miasmes,  de  germes  infectieux.  Mais  comme  tous  les 
germes  organiques,  ceux-ci  doivent  demander  un  certain  temps  pour 
se  développer  au  point  de  devenir  nuisibles,  ce  laps  de  temps  pris 
assez  naturellement  se  trouve  dans  le  cas  d'un  colmatage  effectué  dans 
un  bas-fond  marécageux,  oii  les  limons  se  superposent  par  couches 
successives  d'une  très  faible  épaisseur;  mais  rien  n'indique,  bien  au 
contraire,  qu'il  doive  en  être  de  même,  pour  le  colmatage  des  Landes. 
Prenons  en  effet  l'opération  dans  ses  diverses  phases.  A  quel  moment 
l'infection  pourra-t-elle  se  produire?  sera-ce  au  début,  pendant  l'aba- 
tage?  mais  pourquoi  le  fait  de  jeter  des  terres  dans  l'eau?  pourrait-il 
être  plus  insalubre  qu'il  ne  l'a  été  de  les  charger  sur  les  wagons  qui 
ont  servi  à  la  confection  des  gigantesques  remblais  de  chemin  de  ter 
exécutés  dans  la  même  région?  Peut-on  admettre  que  les  germes  se 
développeront  en  route?  Bien  moins  encore.  Le  fait  du  transport 
aura  plutôt  pour  effet  de  les  détruire  que  de  faciliter  leur  incubation. 
Reste  enfin  le  moment  du  dépôt,  quand  les  limons  charriés  seront 
répandus  à  la  surface  du  sol  qu'ils  doivent  fertiliser.  Or  l'opération  ne 
sera  pas  prolongée  pendant  une  longue  période  sur  la  même  surface; 
faite  aujourd'hui  sur  un  point,  elle  sera  demain  portée  sur  un  autre. 
La  terre  colmatée  en  une  seule  fois  s'asséchera  d'autant  plus  vite  que 
le  sable  du  sous-sol  drainera  l'excédent  d'eau.  Les  germes  n'auront 
pas  le  temps  de  se  développer  avant  que  la  charrue  ait  incorporé  le 
limon  dans  le  sol. 

L'insalubrité  sera  d'autant  moins  probable  que,  par  le  fait  même 
des  conditions  dans  lequelles  nous  devrons  nous  r3nfermer,  on  n'opé- 
rera nécessairement  que  pendant  la  saison  froide,  en  hiver  et  au  prin- 
temps ;  les  eaux  d'automne  ou  d'été  étant  réservées  à  d'autres  usages 
agricoles  ou  industriels. 

Remarquez  pourtant  que  je  n'affirme  rien,  quant  à  cette  question  si 
inconnue  de  l'inlluence  hygiénique  des  travaux;  j'indique  seulement 
les  motifs  nombreux  qui  me  portent  à  croire  à  leur  complète  innocuité. 
Mais  en  serait-il  autrement;  le  colmatage  des  Landes  pourrait-il  acci- 
dentellement exposer  à  quelques  chances  de  maladies  plus  ou  moins 
graves,  les  ouvriers  peu  nombreux  qui  auraient  à  y  prendre  part;  cette 
considération  seule  devrait-elle  suffire  pour  faire  écarter  un  projet  qui 
rachèterait  cet  inconvénient  passager  par  tant  d'autres  avantages? 


376  SUR  LES  ALLUVIONS  ARTIFICIELLES. 

Combien  de  travaux  publics  bien  moins  utiles  n'aurait-on  pas  dû 
abandonner,  si  l'on  avait  cru  devoir  reculer  devant  une  telle 
éventualité. 

(La  suite  prochainement.)  Duponchel, 

Ingénieur  en  chef  des  ponts  et  chaussées . 

COMICE  AGRICOLE  D'AUBIGNY-SUR-NÈRE 

Le  Comice  d'Aub'gny-sur-Nère  (Cher)  est  un  des  plus  anciens 
Comices  agricoles  de  France.  Il  a  été  créé  en  1832  par  M.  Soyer  qui 
fut  un  des  plus  ardents  apôtres  de  la  rénovation  agricole  de  la  Sologne. 
Son  action  s'étend  sur  cinq  cantons  de  l'arrondissement  de  Sancerre  : 
ceux  d'Aubigny,  d'Argent,  de  Vailly,  de  la  Chapelle-d'Angillon  et 
d'Henrichemont.  C'est  une  surface  de  124,000  hectares  environ,  que 
l'on  divise  en  deux  parties  :  le  pays  fort  et  le  pays  faible.  Au  pays  fort 
appartiennent  la  plus  grande  partie  des  cantons  de  Vailly  et  d'Henri- 
chemont; le  pays  faible,  qui  comprend  le  reste  de  la  circonscription 
du  Comice,  appartient  à  la  Sologne;  il  en  a  le  sol  rude,  les  terres 
sablonneuses  ou  argilo-siliceuses,  et  le  calcaire  y  fait  défaut,  tandis 
que  le  pays  fort  possède  des  terres  argilo-calcaires,  parfois  un  peu  fer- 
rugineuses, et  possède,  en  outre,  d'abondants  gisements  de  marne.  La 
culture  y  est  donc  à  la  fois  plus  facile  et  plus  certaine  du  succès. 

D'ailleurs,  dans  tout  le  pays,  de  grands  progrès  ont  été  accomplis. 
C'est,  de  l'aveu  de  tous  ceux  qui  l'ont  connu  il  y  a  30  ans,  par  l'ex- 
tension des  cultures  fourragères  et  par  la  disparition  des  anciennes 
friches  que  ce  progrès  a  été  marqué.  Sans  se  contenter  des  prairies  na- 
turelles que  présentent  les  vallées  de  la  Sauldre  et  de  la  Nère,  les  cul- 
tivateurs font  de  plus  en  plus  des  sainfoins,  du  trètle,  etc.  Les  anciens 
troupeaux  de  moutons  solognots  ont  diminué  dans  de  fortes  propor- 
tions ,  mais  on  les  a  remplacés  par  un  élevage  plus  soigné  des  bêtes 
à  cornes,  en  même  temps  que  les  moutons,  mieux  nourris,  se  déve- 
loppent plus  rapidement  et  donnent  de  meilleurs  produits. 

Le  Comice  d'Aubigny  tenait,  le  27  mai  dernier,  son  cinquante- 
unième  concours  annuel  sous  la  direction  de  son  président  M.  Min- 
gasson,  député  de  l'arrondissement  de  Sancerre,  assisté  de  MM.  Berthot, 
Guibert^  Desforges,  Fustier  et  Lefèvre,  vice-présidents  pour  chacun  des 
cinq  cantons  de  la  circonscription.  Ce  concours  a  eu  un  succès  complet, 
et  nous  devons  dire  que  nous  avons  été  vivement  surpris  de  l'exposi- 
tion que  nous  y  avons  rencontrée  :  c'est  le  plus  souvent  seulement  dans 
les  concours  départementaux  qu'on  trouve  un  nombre  aussi  consi- 
dérable d'animaux  exposés.  L'exposition  chevaline  était  réellement 
remarquable,  tant  sous  le  rapport  des  étalons  que  sous  celui  des  juments 
poulinières  et  des  pouliches  ;  plus  faible  était  l'exposition  des  ani- 
maux des  races  bovines,  où  l'on  trouvait  cependant  quelques 
bons  spécimens  de  la  race  charolaise  qui  est  de  plus  en  plus  estimée 
dans  le  pays.  Les  lots  de  moutons  étaient  assez  nombreux  ;  solognots, 
berrichons,  dishley-berrichons,  étaient  assez  bien  représentés.  Très  bon 
concours,  et  qui  justifie  pleinement  les  éloges  que  M.  Mingasson  a 
distribués  à  la  distribution  des  récompenses,  dans  les  termes  suivants  : 

«  Je  suis  heureux  de  constater  encore  une  fois  les  magnifiques  résultats  de  la 
culture  dans  les  divers  cantons  de  notre  Comice  ;  pays  tort,  pays  faible,  luttent 
à  qui  produira  le  plus  et  le  mieux  ;  les  friches  disparaissent  partout  ;  le  bétail 
de  chaque  espèce,  lui  aussi,  subit  des  améliorations  progressives.    Nos  culti- 


COMICE  AGRICOLE  D'AUBIGNY-SUR-NÈRE.  377 

vateurs  maraîchers  font  merveille,  nos  cultivateurs  forestiers  ne  se  sont  pas  laissés 
décourager  par  le  lléau  de  la  gelée  dernière  ;  ils  ressèment  leurs  terres  et  nous 
allons  tout  à  l'heure  décerner  une  médaille  due  à  la  bienveillance  de  M.  le  minis- 
tre de  l'agriculture  au  propriétaire  de  la  plus  importante  plantation  de  sapins.  De 
toutes  parts,  il  y  a  travail  continu,  efforts  fructueux  et  progrès  sensibles  ;  aussi, 
notre  agriculture  dans  cet  arrondissement  est  bien  vivace.  Aujourd'hui,  le  canal 
prolongé  de  la  Sauldre  va  bientôt  livrer  la  marne  en  abondance  aux  cultivateurs, 
bans  quelque  quinze  mois,  le  chemin  de  fer  qui  reliera  presque  tous  les  cantons 
du  Comice  entre  eux  et  avec  Bourges  et  Gien,  va  nous  permettre  des  transports 
faciles,  rapides,  peu  coûteux,  et  donner  une  nouvelle  impulsion  aux  usines  de  la 
contrée  et  à  ses  forces  productives.  Alors,  nos  amis  d'Henricheraont,  d'Ivoy  et 
des  contrées  voisines,  moins  gênés  par  les  difficultés  du  voyage,  pourront  appor- 
ter à  nos  fêtes  un  concours  plus  nombreux  et  plus  effectif. 

a  Dans  un  avenir  très  prochain,  nous  allons  donc  voir  notre  agriculture,  notre 
commerce  et  nos  industries  diverses,  dans  les  cantons  du  Comice,  prendre  un  essor 
nouveau,  une  vie  nouvelle. 

«  Aussi,  dans- cette  prévision,  je  me  permettrai  de  vous  donner  quelques  con- 
seils pour  vos  cultures  et  je  vous  dirai  :  Cherchez  et  préférez  la  culture  la  plus 
productive,  celle  qui  donne  un  rendement  en  argent  plus  considérable;  aujour- 
d'hui, par  exemple,  le  bétail  donne  un  profit  bien  supérieur  au  blé;  augmentez  le 
bétail;  élevez,  engraissez  et  par  suite,  faites  des  prairies  artificielles;  augmentez, 
améliorez  vos  prairies,  vos  pâturages;  le  blé  vous  arrivera  en  surcroît  et  comme 
conséquence  de  cette  culture  améliorante. 

«  Conduisez-vous  dans  la  culture  de  vos  terres  comme  le  fabricant,  qui  délaisse 
les  objets  qui  n'ont  pas  la  faveur  du  public  et  qui  s'ingénie  à  produire  ceux  qui 
ont  le  plus  de  vente. 

«  Annexez  à  vos  cultures  certaines  cultures  industrielles,  si  vous  les  croyez  pro- 
fitables ;  mais  cherchez  et  ne  restez  pas  dans  le  statu  quo\  n'imitez  pas  ces  rou- 
tiniers qui  ne  veulent  jamais  faire  que  ce  qu'ont  fait  leurs  pères. 

«  Procurez-vous  des  engrais  industriels  et  minéraux,  des  machines  nouvelles  ; 
mais  avant  de  faire  ces  acquisitions  dispendieuses,  voyez  bien  si  elles  sont  de 
bonne  qualité,  si  elles  sont  bien  établies  et  surtout  si  elles  peuvent  vous  donner  de 
bons  résultats. 

«  L'agriculture  française,  qui  produit  près  de  dix  miUiards  par  an,  n'est  pas 
morte  comme  le  crient  à  dessein  certains  alarmistes  ;  seulement,  elle  a  eu  à  subir 
près  de  sept  mauvaises  années;  mais  l'industrie,  mais  la  finance,  mais  le  commerce 
ont  eu  et  auront  encore  leurs  chômages,  leurs  kracks,  leurs  ruines  ;  beaucoup  d'in- 
dustriels, de  financiers,  de  commerçants,  ont  perdu  non  seulement  leurs  produits, 
mais  aussi  leurs  manufactures,  leurs  maisons  de  commerce,  leurs  capitaux. 

«  L'agriculture,  et  c'est  là  sa  grande  supériorité,  au  moins  n'a  perc'u  qu'une 
partie  de  ses  produits  ;  la  terre,  le  fonds  d'exploitation  est  resté  là,  prêt  à  nous 
donner  déjà  cette  année  une  belle  et  bonne  récolte.  Espérons  que  celle-ci  sera  suivie 
de  beaucoup  d'autres  et  que  les  sept  vaches  maigres  vont  être  remplacées  par  les 
sept  vaches  grasses.  » 

Les  principales  primes  de  culture  ont  été  décernées  à  MM.  Laber- 
nardière,  Cholet  et  Moindrot,  tous  les  trois  fermiers  à  Argent.  Deux 
prix  d'enseignement  agricole  ont  été  attribués  à  M.  Favard,  instituteur 
à  Argent,  et  à  M.  Léotard,  instituteur  à  Blancafort.  Parmi  les  lauréats 
des  bons  services  agricoles,  nous  devons  citer  des  ouvriers  qui  se  trou- 
vent depuis  140  ans  de  père  en  fils  sur  la  même  exploitation.  Nous 
souhaitons  au  Comice  agricole  d'Aubigny  de  continuer  encore  pendant 
aussi  longtemps  l'œuvre  de  progrès  qu'il  a  entreprise  et  qu'il  poursuit 
avec  éclat.  Henry  Sagnier. 

L'EXPLOITATION  DU  QUINQUINA 

C'est  à  La  Condamine,  qui  alla  en  1730  au  Pérou  mesurer  quelques 
degrés  du  méridien  terrestre,  que  l'on  doit  la  première  description  de 
Farbre  précieux  dont  l'écorce  réduite  en  poudre  possède  des  propriétés 
fébrifuges    si   précieuses.    Les    arbres  à  quinquina  habitent  les  Cor- 


378 


l'exploitation  de  L'arbre  a  quinquina. 


dillières  du  Pérou,  de  la  Bolivie  et  de  l'Equaleur  à  une  altitude  de 
1000  à  1200  mètres  au-dessus  du  niveau  delà  mer;  ils  occupent  sur- 
tout la  réfiion  de  Loxa,  que  cette  richesse  en  quinqujiia  a  rendue  cé- 
lèbre. Malheureusement,  le  mode  d'exploitation  adopté  en  Amérique 
est  des  plus  barbares  ;  au  lieu  de  décortiquer  les  arbres,  c'est-à-dire 


Fig.  27.  —  Arbre  à  quinquina. 

d'en  enlever  l'écorce  et  en  ménageant  la  partie  intérieure,  on  les  abat, 
et  on  en  enlève  l'écorce  qu'on  envoie  en  Europe  dans  des  sacs  de  peau. 
Il  n'est  donc  pas  étonnant  que  le  nombre  des  arbres  à  quinquina  ait 
considérablement  diminué,  et  que  le  prix  de  son  écorce  tende  à  s'élever 
dans  des  proportions  qui  offrent  plus  de  chances  de  lucre  au  sacrifice 
des  arbres  restants. 

Il  serait  donc  possible  qu'une  méthode  aussi  déréglée  .amenât  la 
disparition  complète  d'un  arbre  aussi  précieux.  On  s'est  préoccupé 


l'exploitation  de  l'arbre  a  OUINQUINA.  379 

des  moyens  d'en  assurer  la  multiplication  dans  des  localités  oii  il 
serait  cultivé  spécialement,  et  où  il  serait  l'objet  de  véritables  exploi- 
tations agricoles.  Les  Hollandais  ont  ainsi  introduit  l'arbre  à  quin- 
quina à  Java,  et  la  culture  a  réussi  admirablement  ;  des  entreprises 
analogues  ont  été  faites  aux  Indes  et  à  l'île  de  la  Réunion. 

En  cherchant  à  développer  l'arbre  à  quinquina  dans  les  colonies 
françaises,  on  augmentera  leurs  sources  de  production,  et  on  en 
accroîtra  la  richesse.  G.  Gaudot. 

CONCOURS  RÉGIONAL  DE  VANNES 

Le  département  du  Morbihan,  au  chef-lieu  duquel  s'est  tenu  le  concours  de 
la  région  comprenant  l'ancienne  Breta'.'ue,  le  Maine  et  l'Anjou,  est  lui-même 
compris  entre  le  littoral  de  l'Océan  et  le  versant  sud  de.?  montagnes  granitiques 
qui  s'élèvent  au  milieu  delà  presqu'île  armoricaine.  Un  important  filon  de  schiste 
ardoisier,  qui  se  prolonge  du  reste  à  travers  le  département  d'IUe-et-Vilaine,  jus- 
qu'en Anjou,  y  est  exploité  en  plusieurs  endroits  et  à  plusieurs  titres,  car  on  en 
use  malheureusement  pour  la  sophistication  du  phosphate  de  chaux.  Les  terrains 
sont  en  général  granitiques,  schisteux  et  parfois  tourbeux,  dans  le  Morbihan  : 
l'alumine,  le  quartz,  le  feldspath,  le  fer  et  le  terreau  acide  dominent  en  certains 
endroits;  ailleurs  le  terrain  paraît  imperméable,  les  matières  organiques  ayant 
uni  les  parties  siliceuses  au-dessous  du  sol.  De  nombreux  cours  d'eau,  dont  la 
nature  se  ressent  fortement  du  sol  dont  ils  émergent,  ou  des  terrains  que  ces  peti- 
tes rivières  traversent,  viennent  se  jeter  dans  la  mer  qui  semble  entrer  à  chaque 
pas  dans  les  terres,  comme  l'observe  M.  de  Lavergne  qui,  pour  juger  de  l'éco- 
nomie rurale  d'un  pays,  cherchait  à  s'élever  sur  ses  points  les  plus  éminents, 
ainsi  que  le  rappelait  M.  Barrai  dans  le  portrait  et  l'éloge  tout  à  la  fois  qu'il  a 
faits  de  cet  économiste  auquel  l'agriculture  a  désiré  élever  un  monument.  Le 
département  même  emprunte  sa  dénomination  au  nom  celtique  d'un  golfe  inté- 
rieur à  l'entrée  duquel  la  flotte  de  César  faillit  être  anéantie  par  celle  de  la  puis- 
sante tribu  des  Vénètes. 

On  ne  remarque  pas  sur  le  littoral  du  Morbihan  ces  longues  files  de  charrettes 
qui,  sur  la  côte  nord  de  la  Bretagne,  et  notamment  aux  approches  des  grèves  du 
Mont-Saint-Michel,  et  dans  l'arrondissement  de  Goutances,  vont  extraire  des 
relais  de  la  mer,  ou  chercher  aux  fours  à  chaux  de  Begneville,  l'amendement  qui 
procurera  à  leurs  terres  le  blé  comme  céréale  et  le  trèfle  comme  fourrage,  pro- 
ductions qui  ne  sont  à  nos  yeux  que  l'expression  du  calcaire  dans  le  sol.  D'après 
l'analyse  de  M.  Boussingault,  le  trèfle  commun  est,  parmi  les  plantes  fourragères, 
celle  dans  la  composition  de  laquelle  entre  le  plus  de  chaux,  et  sa  culture  conduit 
à  celle  du  froment.  Or,  la  Bretagne  n'a  dans  son  sol  montagneux  qu'un  faible 
gisement  de  calcaire  exploité  depuis  quelque  temps  seulement  sur  la  ligne  de 
Pontivy  à  Saint-Brieuc.  En  outre  la  composition  des  limons  qui  se  déposent  à 
l'embouchure  des  rivières  du  Morbihan  et  dans  les  vastes  estuaires  qui  se  ren- 
contrent sur  le  littoral,  n'a  pas  cette  consistance  meuble  de  la  tangue  dont  nous 
avons  donné  la  composition  dans  un  article  précédent  concernant  la  culture  des 
grèves  du  Mont-Saint-Michel,  et  qui  présente  des  proportions  prédominantes  de 
l'élément  calcaire,  tandis  que  dans  les  alluvions  ou  relais  de  mer  du  Morbihan, 
se  rencontrent  parfois  60  pour  100  de  terre  argileuse  proprement  dite,  30  et 
35  pour  100  d'alumine  et  de  peroxyde  de  fer  avec  seulement  5  à  10  pour  100 
de  calcaire  ;  sur  la  côte  nord,  au  contraire,  la  puissance  de  végétation  que  donne 
à  la  terre  l'emploi  de  la  tangue,  est  due  à  l'élément  calcaire  qui  y  atteint  des  pro- 
portions de  60  à  80  pour  100,  et  améliore,  sans  fumure,  les  prairies  naturelles  ou 
artificielles,  en  donnant  une  plus  grande  valeur  aux  graminées  et  aux  légumineuses. 
Le  calcaire  passe  alors  du  sol  à  l'animal  par  l'intermédiaire  de  la  plante,  et  si, 
dans  le  Morbihan,  veaux  et  poulains  étaient  admis,  sans  intermittence,  à  profiter 
d'une  pareille  amélioration  fourragère,  les  résultats  pourraient  y  être  aussi  satis- 
faisants que  dans  l'Avranchin,  le  pays  de  Caux,  etc.  —  On  dit  que  l'amélioration 
de  nos  races  ne  peut  venir  que  de  la  sélection,  mais  celle  de  l'espèce  chevaline  et 
de  l'espèce  bovine,  en  outre  d'un  bon  choix  de  reproducteurs  dans  le  nord  Finistère 
et  les  Côtes-du-Nord,  est  due  à  l'améhoratioa  et  à  l'accroissement  des  ressources 
fourragères. 


380  CONCOURS  RÉGIONAL  DE  VANNES - 

Depuis  près  de  vingt  ans,  le  Journal  de  l'agriculture  nous  a  confié  les  comptes 
rendus  des  concours  régionaux  de  l'Ouest,  et  nous  nous  sommes  toujours 
efforcé  d'y  réclamer  les  améliorations  législatives,  ou  purement  agricoles,  profi- 
tables à  une  région  administrative  qui  présente  des  dissemblances  géologiques  et 
climatériques  dont  il  faut  tenir  compte.  Cette  différence  entre  le  sol  de  la  côte 
nord  et  le  sol  de  la  côte  sud,  nous  l'avons  signalée  il  y  a  bien  longtemps,  et 
depuis  lors  M.  Nadault  de  Buffon,  dans  une  intéresssante  élude  sur  l'établisse- 
ment et  l'exploitation  des  polders  en  France,  l'a  également  notée.  Dans  un  autre 
sens,  et  à  la  suite  de  l'honorable  M.  Jaraet,  nous  avons  signalé,  dans  le  Maine  et 
l'Anjou,  l'abus  du  calcaire  et  l'efficacité  des  phosphates. 

Il  est  à  croire  cependant  que  si  certaines  terres  du  Uttoral  du  Morbihan  lais- 
sent à  désirer  dans  leur  composition,  la  faible  proportion  de  carbonate  de  chaux 
qui  s'y  trouve  est  peut-être  compensée  par  la  présence  d'autres  éléments  utiles  ; 
car  on  y  rencontre  des  blés  d'un  grand  poids  sinon  d'un  grand  rendement,  et  en 
ce  qui  concerne  la  production  animale,  l'oxyde  de  fer  qui  se  trouve  dans  le  sol, 
enrichit  le  sang  et  les  muscles  au  profit  de  l'énergie  et  de  la  longévité.  11  y  aurait 
donc,  selon  nous,  à  faire  analyser  les  gisements  du  littoral,  afin  d'y  rechercher 
ceux  qui  pourraient  donner  à  la  terre  le  plus  d'élément  calcaire  sous  le  moindre 
volume,  et  par  ailleurs  rechercher  également  si  quelques  terrains  granitiques  ne 
donnent  pas  naissance,  dans  le  Morbihan,  à  des  silicates  alcalins.  Ce  département 
est  du  nombre  de  ceux  qui  restent  à  pourvoir  d'un  enseignement  départemental 
et  communal,  et  nous  signalons  ces  deux  questions  au  futur  titulaire  de  la  chaire. 
Quoi  qu'il  en  soit,  compléter  les  terres  qui  manquent  de  l'élément  calcaire,  y 
recommander  des  assolements  réguliers,  tel  est  le  double  but  à  poursuivre  en 
agriculture  dans  cette  partie  de  la  Bretagne.  C'est  à  cette  fin  que  la  Société 
d'agriculture  de  Lorient,  par  ]a  plume  de  son  secrétaire.  M.  Argouaih,  a  fait  pu- 
blier et  répandre,  par  son  Bulletin,  un  intéressant  mémoire  sur  la  chaux  et  son 
emploi.  Les  conclusions  de  cet  écrit  sont  simples.  La  chaux  peut  être  employée 
aux  labours  préparatoires  que  nécessitent,  au  printemps,  les  plantes  sarclées  qui 
viennent  en  tête  de  rotation  d'un  assolement  régulier.  Pour  le  second  labour,  on 
peut  donner  des  fumures  végétales  sans  que  le  fumier  soit  directement  en  contact 
avec  la  chaux.  C'est  alors  qu'on  peut  faire  intervenir  le  phosphate,  soit  indirecte  • 
ment  en  en  stratifiant  les  fumiers  de  ferme,  soit  en  le  donnant  en  couverture. 
L'acide  phosphorique  manque  également  aux  terres  granitiques  et  schisteuses,  et 
la  présence,  dans  les  fourrages,  du  phosphate  de  chaux  découvert  à  l'état  de  gise- 
ments, par  M.  Charles  de  Molon,  donne  au  squelette  des  animaux  un  dévelop- 
pement qui  ne  pouvait  être  atteint  autrefois.  La  découverte  de  ce  chercheur  infa- 
tigable a  été  particulièrement  utile  à  la  Bretagne. 

Sous  le  rapport  du  climat,  le  littoral  sud  ditîère  d'une  manière  notable  du  centre- 
Bretas;ne,  où  pénètre  le  département  du  MDrbihan  jusqu'au  cœur  du  Finistère. 
Tandis  que  les  jolies  villes  de   Lorient  et  d'Hennebont  ne  sont  qu'à  quelques 
mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  et  qu'un  courant  d  air  chaud,  qui  accom- 
pagne, selon  nous,  \e  gulf-stream,  y  favorise  des  cultures  arbustives,  qui  se  rap- 
prochent de  celles  du  Midi,  les  cantons  de  Gourin,  du  Faouet,  sont  à  près    de 
200  mètres.  Le  pays,  du  reste  brusquement  élevé  au-dessus  d'une  côte  de  dunes 
qui  présente  plus  loin  l'aspect  tourmenté  et  déchiqueté  du  littoral  nord ,  est  sillonné, 
en   tous  sens,   de  vallées  encaissées,  boisé  ou  couvert  d  ajoncs  sur  de  grandes 
surfaces  non  cultivées,  et  souvent  marécageuses,  est,  à  l'altitude  du  centre,  d'un 
climat  rude   et  humide.    A  l'air  tiède  pendant  le  jour,   succèdent,  la  nuit,  des- 
brouillards froids,  glacés,  qui  se  lèvent  tard  le  matin,  et  s'abattent  avant  même  le 
crépuscule  sur  la  contrée.  Il  en  résulte  entre  le  centre-Bretagne  et  le  littoral  une 
différence  notable  dans  la  quantité  de  chaleur  solaire.  La  culture  du  froment  est 
fort  hasardeuse  dans  le  centre  à  cause  de  cette  situation  climatérique,  et  de  l'ab- 
sence dans  le  sol  de  l'élément  calcaire  nécessaire  à  la  production  de  cette  céréale. 
Naguère  encore  toute  autre  culture  que  celle  du  seigle  et  du  sarrasin  après  plu- 
sieurs années  de  friche  y  était  ingrate.  Et  le  foin  des  meilleures  prairies,  qui  donne 
pourtant  aux  herbivores  indigènes  des  muscles  ronds,  solides,  et  un  sang  très 
riche,  était  impuissant  à  développer  la  taille  et  l'épaisseur  de  l'ossature.  C'était  le 
pays  des  petits  chevaux  de  selle  nommés  innkané  haquenées, bidets  d'amble,  etc., 
n'arrivant  qu'à  une  taille  de  1"\40  ;  et  ces  poneys,  courant  les  landes,  la  crinière 
au  vent,  seraient,  au  dire  de  l'honorable  M.  Vidalin,  d'après  un  article  de  la  Revue 
des  Deux-Mondes,  les  témoins  de  l'aurore  de  la  civilisation  en  Europe  ;  d'origine 
asiatique,  ils  auraient  existé  en  Bretagne,  bien  avant  l'introduction   du  cheval 


CONCOURS  RÉGIONAL   DE  VANNES.  381 

arabe,  et  seraient  ainsi  la  confirmation  de  l'émigration  des  Aryas  vers  l'occident. 
La  science  moderne,  dit  M.  Vidalin,  dans  un  article  fort  attrayant,  sur  le  cheval 
arabe  en  France,  admet,  en  effet,  que  dans  les  temps  préhistoriques  les  plus 
reculés,  des  peuples  qu'elle  désigne  sous  le  nom  d' Aryas,  ont  été  chassés  des 
hauts  plateaux  de  l'Asie  par  des  changements  de  climat,  et  qu'ils  sont  venus  se 
fixer  en  Europe  pour  y  servir  de  souche  à  la  population  actuelle.  Ils  emmenèrent 
avec  eux  le  cheval  asiatique,  qu'ils  ont  également  répandu  en  Syrie  et  en  Arabie, 
où,  sous  l'influence  d'un  sol  calcaire  et  d'un  ciel  sec,  le  cheval  arabe  a  été  préservé 
des  effets  de  l'humidité  dans  le  sol  et  dans  les  fourrages.  Réduit  déjà  dans  sa 
taille,  sans  aucun  doute,  le  cheval  asiatique  a  été  régénéré  par  l'importation  en 
Bretagne  de  l'étalon  arabe  au  temps  des  Croisades.  On  sait  du  reste  que  Soli- 
man II  envoya  à  la  duchesse  Anne,  dont  l'union  au  roi  de  France  unit  également 
la  Bretagne,  sous  la  réserve  de  ses  franchises  et  immunités,  cincjuante  chevaux  et 
cavales  des  mieux  choisis  en  Arabie  ;  que  les  Etats  de  la  province  consacrèrent, 
à  plusieurs  de  leurs  tenues,  des  sommes  importantes  à  l'introduction  du  cheval 
d'Orient,  considéré  alors  comme  le  seul  régénérateur  possible  de  l'espèce  cheva- 
line, en  Bretagne.  Des  dépôts  et  des  stations  d'étalons  furent  créés,  et  leur  direc- 
tion honorifique  confiée  à  des  officiers  des  haras,  dont  les  noms  se  retrouvent 
encore  aujourd'hui  parmi  nous.  Sans  doute  la  même  direction  ne  fut  pas  toujours 
suivie,  et  l'on  dit  même  que  pour  plaire  à  la  puissante  favorite,  connue  sous  le 
nom  d'un  domaine  affecté  aujourd'hui  à  l'élevage  du  cheval  arabe  ou  anglo-arabe, 
le  duc  d'Aiguillon  fit  introduire  en  Bretagne  le  cheval  germanique  qui,  avec  sa 
tête  allongée,  son  chanfrein  busqué,  sa  structure  massive,  avait,  paraît-il,  dans  son 
allure,  une  solennité  de  bon  ton,  et  toute  conforme  à  l'étiquette  de  la  cour. 

Ce  qui  pour  nous  reste  acquis,  c'est  que  le  sang  oriental  avait  donné  aux 
bidets  de  Brieck  et  de  Gorlay  une  énergie  et  une  longévité  que  n'ont  pas  les 
chevaux  anglo-normands.  Mais  le  sang  arabe  faisait  alors,  et  fait  encore  trop 
petit,  et  la  preuve  est  qu'on  a  songé  à  en  élever  la  taille  en  l'alliant  au  cheval 
anglais.  Nous  invoquerons  à  cet  égard  l'opinion  de  Arthur  Young,  voyageant  en 
Bretagne  et  surpris  de  la  nuée  de  petits  étalons  qu'il  y  rencontre. 

Le  vrai  est  qu'on  a  échoué  et  qu'on  échoue  souvent  en  Bretagne  à  vouloir  faire 
le  cheval  qu'il  nous  faut  aujourd'hui,  c'est-à-dire  sulfisamment  développé  pour 
convenir  à  tous  les  besoins  de  la  culture,  de  l'armée  et  du  commerce  de  luxe. 
Pour  le  cheval  de  trait  on  a  recours  depuis  cinquante  ans  à  l'étalon  percheron,  et 
ce  qu'on  désigne  à  Paris  comme  percheron-breton  est  le  vrai  modèle  du  cheval 
d'omnibus;  dans  le  nord-Finistère  pour  le  cheval  de  service  on  introduit  l'anolo- 
normand  et  aujourd'hui  le  cheval  du  Norfolk;  dans  le  centre,  à  Coilay,  l'étalon 
arabe  est  remplacé  par  l'anglo-arabe,  et  môme  le  cheval  de  pur  saog  anglais.  On 
s'en  prenait  souvent  à  la  faiblesse  des  juments  indigènes;  mais  des  propriétaires 
dévoués  au  succès  hippique  importaient  de  belles  poulinières,  l'alimentation  était 
donnée,  en  apparence,  assez  abondante,  et  les  produits  ne  répondaient  pas  à  leur 
attente.  On  s'est  alors  retourné  en  définitive  vers  l'influence  du  sol,  ne  contenant  pas 
dans  ses  produits  l'élément  calcaire  nécessaire  au  développement  osseux,  et  à  la 
puissance  musculaire.  Le  fort  cheval  de  trait  est  partout  sur  les  terres  à  blé;  le 
Perche,  le  pays  de  Gaux,  le  Bourbonnais  sont  des  terres  à  blé,  et  point  de  calcaire 
point  de  blé. 

Ces  considérations  ne  sont  point  hors  du  sujet  d'un  concours  agricole  et  hip- 
pique dans  le  Morbihan.  Avec  l'amélioration  de  la  culture  du  sol,  on  y  aura  un 
jour  plus  de  volume  et  de  viande  chez  le  bœuf,  plus  de  lait  pour  les  vaches  lai- 
tières, et  le  poulain  devenu  plus  étoflé  indemnisera  son  maître  des  frais  d'amen- 
dement de  la  terre.  Il  faut  toujours  revenir  à  ce  principe  agricole  si  parfaitement 
suivi  en  Normandie  :  la  meilleure  capitalisation  d'une  ration  fourragère  complète 
en  tous  ses  éléments.  C'est  à  un  sol  mieux  amendé  et  mieux  cultivé  qu'il  faut 
demander  le  grandissement  des  races  en  Bretagne',  disions-nous,  il  y  a  plus  de 
dix  ans.  Le  climat  joue  un  rôle  incontesté,  mais  il  n'est  pas  plus  humide  en 
Bretagne  qu'en  Angleterre,  ainsi  que  le  remarquait  déjà  Arthur  Young. 

C'est  donc  ici,  sur  un  sol  granitique  insuffisant  pour  donner  aux  races  le  gran- 
dissement que  prouve  une  meilleure  alimentation,  qu'il  faut  décider  de  la  valeur 
des  théories  :  faiblesse  ou  perte  de  caractère  ou  de  distinction,  tel  est  le  sort  qui 
attend  les  meilleures  races  chevalines  ou  bovines  colonisées  depuis  longtemps  dans 
un  pays  dont  le  sol  est  insuffisant  pour  une  alimentation  t^ubstantielle. 

Et  cette  petite,  mais  gracieuse  vache  pie,  objet  d'une  mode  bien  justifiée  par 

1.  Considérations  sur  l'économie  rurale  de  la  Bretagne. 


382  CONCOURS  RÉGIONAL  DE  VANNES. 

la  richesse  de  son  lait  qu'elle  conserve  du  reste  fort  longtemps,  et  qui  fait  l'orne- 
ment  d'un  parc,  d'une  pelouse  même;  tandis  qu'elle  ne  broute  que  trop  souvent 
aux  buissons  du  chemin  dans  le  Morbihan,  elle  n'est  elle-même  que  l'attestation 
dea  faits,  sinon  de  la  théorie  que  nous  signalons.  Originaire  de  la  Finlande,  on  la 
rcîrouve  de  grande  taille  en  Hollande  et  minuscule  sur  le  sol  granitique  de  notre 
vieille  Armorique,  telle,  en  un  mot,  que  nos  robustes  épaules  l'auraient  aisément 
portée,  il  y  a  quarante  ans;  sa  taille  s'élève  peu  à  peu  sous  l'influence  d'une  ali- 
mentation plus  substantielle  et  nous  sommes  de  ceux  qui  avons  demandé  eu  égard 
aux  progrès  agricoles,  la  création  dans  les  concours  d'une  catégorie  de  durham- 
bretons.  On  sait  du  reste  qu'il  existe  sur  le  littoral  nord  et  aux  environs  de  Gorlay, 
une  race  bretonne  rouge  qui  s'allie  très  bien  au  durham,  et  un  grand  nombre  de 
Comices  et  Sociétés  d'agriculture  ont  acheté  des  taureaux  purs  ou  croisés  dont  la 
supériorité,  sur  les  races  locales,  est  incontestable  au  point  de  vue  de  la  précocité, 
de  la  perfection  des  formes  et  de  la  plus  complète  utilisation  de  la  nourriture, 
en  un  mot,  au  point  de  vue  de  la  boucherie,  comme  au  point  de  vue  de  la  faculté 
laitière  spécialisée.  Nous  ne  craignons  donc  pas  de  revendiquer  pour  le  Journal 
de  l'ogriruUure  et  pour  nous-même,  après  les  Jamet,  les  du  Buat,  les  Desprez, 
les  Kerjegu,  de  Champagny,  une  part  de  la  voie  suivie  dans  la  circonscription 
agricole  dont  le  concours  s'est  ouvert  à  Vannes. 

Pour  en  finir  avec  les  chevaux,  nous  dirons  que  leur  taille  s'est  élevée  avec  les 
progrès  de  la  culture.  Les  environs  de  Morlaix  et  le  pays  de  Léon  fournissent 
aujourd'hui  de  nombreux  étalons  à  l'administration  des  haras  et  nos  trotteurs 
bretons  ont  battu  leurs  rivaux  de  Normandie  aux  courses  du  Pin.  Sans  doute  le 
système  d'entraînement,  dans  ces  courses  mêmes,  joue  un  grand  rôle;  mais  le  fond 
y  est  pour  beaucoup  et  nos  trotteurs  ont  conservé  leur  énergie  native. 

La  cause  hippique  a  rencontré  en  Bretagne  les  dévouements  éclairés  de 
M.  Baron  du  Taya,  breton  et  ancien  directeur  des  haras,  de  M.  de  Forsant  et  de 
M.  du  Paz  à  la  station  de  Saint-Pol-de-Léon.  Par  ailleurs,  les  dépôts  d'Hennebont 
et  de  Lamballe  (ce  dernier  surtout  comme  chevaux  de  trait)  possèdent  des  collec- 
tions de  reproducteurs  très  bien  appropriés  au  pays,  ce  dont  témoigne  le  concours 
hippique  de  Vannes. 

Le  mouton  tend  à  disparaître  en  Bretagne.  Il  en  était  tout  autrement,  paraît-il, 
du  temps  de  Mme  de  Sévigné,  qui  conte  gaiement  qu'aux  approches  de  Vannes, 
et  à  la  tombée  de  la  nuit,  le  carrosse  dans  lequel  elle  voyageait  avec  M.  de  Vannes 
fut  arrêté  par  un  troupeau  de  moutons  auxquels  l'évêque  donna  la  bénédiction 
par  la  portière,  les  prenant  pour  des  fidèles  agenouillés.  Fit  cette  aventure  met  la 
belle  dame  en  meilleure  humeur  que  Arthur  Young  réveillé  au  milieu  de  la  nuit 
par  des  gentilshommes  attardés  dans  son  hôtellerie,  et  qui  veulent  acheter  la 
jument  aveugle  sur  laquelle  il  voyageait.  Quoi  qu'il  en  soit,  le  croisement  avec  la 
race  f-outhdown  présenterait  de  grands  avaniages,  si  par  ailleurs  une  alimentation 
suffisante  était  assurée  aux  moutons  qu'on  élève  encore  dans  le  Morbihan.  La 
nature  a  donné  au  mouton  la  laine  et  le  suint  pour  le  garantir  du  froid  et  de 
l'humidité,  et  c'est  la  stabulation  qui  diminue  son  tempérament,  son  volume  et  la 
fécondité  des  brebis.  De  nombreuses  terres  vaines  et  vagues  dont  la  propriété 
n'était  pas  bien  déterminée  entre  les  ayants  droit  permettaient  autrefois  l'entretien 
d'assez  nombreux  troupeaux  de  moutons,  car  par  ailleurs  le  droit  de  vaine  pâture 
considéré  comme  favorable  à  leur  élevage,  n'existait  pas  en  Bretagne.  Une  loi  de 
procédure,  la  loi  Favreau,  en  facilitant  le  partage  de  ces  terres,  a  enlevé  cette  res- 
source aux  éleveurs  de  petits  moutons  noirs  et  blancs  qu'on  voyait  encore,  il  y  a 
vingt  ans,  parcourir  les  landes.  Cette  loi  du  reste,  dont  la  prorogation  était  de- 
mandée par  le  Journal  de  Vagricullure,  a  fait  sortir  de  l'indivision,  le  pire  des 
genres  de  propriétés,  des  terres  qui  reviennent  chaque  jour  à  la  culture. 

La  race  porcine  ne  peut  se  relever  de  son  infériorité  en  Bretagne  que  par  son  croi- 
sement avec  notre  bonne  race  craonnaise,  le  yorkshire  moyen  et  le  berkshire. 
Sa  défectuosité  faisait  la  désolation  de  l'honorable  M.  Jamet,  qui  était  venu 
habiter  le  département  d'IUe-et- Vilaine.  Nous  l'y  remarquons  également  dans 
les  foires  que  nous  aimons  toujours,  par  une  ancienne  habitude  commune  aux 
country  gentlemen,  race  qui  disparaît  en  France. 

C'est  dans  l'ordre  d'idées  que  nous  venons  d'émettre  que  nous  jugeons  dans  les 
concours  bretons  les  races  chevaline,  bovine,  ovine  et  porcine.  Le  grandissement 
des  races  et  leur  amélioration  constitutive  sont,  selon  nous,  en  raison  directe  de 
leur  alimentation  plastique;  et  l'expérience,  il  faut  en  convenir,  découvre  parfois 
la  vérité  sans  se  soucier  des  théories. 


CONCOURS  RÉGIONAL  DE  VANNES.  383 

L'importance  actuelle  des  concours  régionaux  agricoles  auxquels  on  a  adjoint, 
avec  juste  raison,  la  question  hippique  et  celle  qui,  comme  1  intéressante  indus- 
trie ostréicole,  peuvent  remédier,  par  leur  succès,  à  des  soull'rances,  comme  celles 
produites  sur  le  littoral  par  la  ruine  des  salines  et  du  cabotage,  imposera  de  plus 
à  ceux  qui  sont  chargés  d'en  rendre  compte  des  développements  étendus. 

Le  concours  de  Vannes  a  été  exce[)tionnellement  favorisé  par  le  beau  temps.  La 
promenade  ombragée  de  la  Garenne,  faisant  suite  aux  jardms  du  vénérable  palais 
de  la  Préfecture,  était  réservé  aux  animaux,  instruments  et  produits  agricoles, 
à  l'exposition  ostréicole  de  laquelle  nous  ferons  un  compte  rendu  spécial.  Les 
allées  bordant  le  port  et  la  rivière  de  Vannes  étaient  réservées  au  concours 
hippique. 

Les  concours  spéciaux  d'instruments  :  faucheuses,  charrues  brabants  doubles 
pour  labours  légers  et  profonds,  machines  à  battre  mues  par  la  vapeur,  broyeurs 
d'ajoncs,  houes  à  cheval  et  pelles  à  cheval,  n'ont  p:^is  justifié,  pour  plusieurs  d'en- 
tre eux,  dont  on  recherche  la  propagation  dans  la  région,  et  particulièrement  dans 
le  Morbihan,  des  décisions  qui  semblaient  notoirement  acquises  par  de  précédents 
concours,  et  les  exposants  nous  ont  paru  d'accord  pour  demander  la  suppression 
des  concours  spéciaux,  à  moins  de  déterminer,  par  un  véritable  code,  les  points 
sur  lesquels  doivent  se  porter  les  appréciations  des  jurys  ;  autrement  on  s'expose, 
selon  eux,  à  faire  un  pas  en  avant  et  deux  en  arrière.  Plusieurs  de  ces  instruments, 
notamment  le  broyeur  d'ajoncs,  sont  d'une  utilité  sf)écialeàla  Bretagne.  La  houe  à 
cheval  faisait  dire  à  M.  Bodin  père,  que  le  cultivateur  qui  s'en  servait  était  désor- 
mais acquis  au  progrès.  Quanta  la  pelle  à  cheval,  elle  diminue  grandement  les  frais 
de  main-d'œuvre  pour  le  nivellement  des  terres  et  des  prairies,  et  est  particulière- 
ment en  usage  dans  la  Loire-Inférieure  et  la  Vendée.  Elle  n'a  été  l'objet  que  d'un 
seul  prix  lorsque  son  utilité  peut  en  justifier  au  moins  un  autre.  Notons,  en 
finissant,  qu'une  nouvelle  presse  à  fourrage  de  MM.  Texier,  mécaniciens  à  Vitré 
et  Landerneau,  a  été  l'objet  d'une  récompense  justement  méritée. 

Quoi  qu'il  en  soit  des  inconvénients  et  des  avantages  des  concours  spéciaux,  le 
vœu  de  leur  maintien  a  été  exprimé  par  l'assemblée  des  exposants,  et  pour  le  con- 
cours de  188'^,  à  Quimper,  centre  agricole  du  Finistère,  qu'un  vote  du  Conseil 
général  déshéritait  de  cette  solennité  au  profit  d'un  grand  port  maritime.  Les 
exposants  ont  été  unanimes  pour  demander  le  maintien  du  concours  à  Quimper. 

Le  vœu  a  été  exprimé  à  la  réunion  des  exposants,  que  puisque  l'espèce  cheva- 
line était  adjointe  aux  concours  agricoles,  sous  une  double  direction  à  la  vérité, 
celle  de  l'agriculture  et  celle  des  haras,  tout  au  moins  les  récompenses  à  décerner 
fussent  publiées  simultanément,  et  c'est  justice.  Une  catégorie  de  l'espèce  cheva- 
line, les  poulains  et  pouliches  de  deux  ans,  adjointe  aux  concours  par  un  arrêté 
spécial  et  en  vue  des  encouragements  de  la  Société  d'encouragement  à  l'agri- 
culture, n'avait  reçu  qu'une  publicité  tron  restreinte. 

Les  croisements  durhams-bretons  ont  été  l'objet  d'une  discussion  intéressante. 
Nous  les  considérons  comme  la  voie  du  progrès,  et  l'assemblée  a  voté  l'augmen- 
tation des  encouragements  à  leur  donner  en  1884;  il  nous  semble  même  qu'un 
prix  d'ensemble  devrait  leur  être  accordé  comme  aux  durham-manceaux,  avec  la 
même  réserve  de  la  présence  d'un  reproducteur  pur  sang,  dans  la  bande  d'ani- 
maux à  récompenser. 

La  race  bretonne,  dont  l'amélioration  est  sensible  depuis  quelques  années, 
grâce  à  raméliorati(m  générale  de  la  ration  fourragère,  était  très  nombreuse  à  Van- 
nes, et  on  a  demandé,  en  même  temps  que  l'augmentation  des  prix  aux  durham- 
bretons,  le  maintien  du  même  nombre  de  prix  pour  cette  race  dans  le  Finistère,  et 
on  admirait,  comme  laitières,  les  petites  vaches  de  M.  le  comte  deLambilly. 

Au  résumé,  les  prix  d'ensemble  pour  les  diverses  races  ont  été  donnés  comme 
suit  :  P  à  M.  Le  Floch,  pour  ses  animaux  bretons  ;  2°  à  M.  Després,  pour  les 
durham-manceaux;  3°  à  M.  GroUier,  pour  ses  durhams  purs. 

Le  prix  d'ensemble  de  la  race  ovine  a  été  attribué  à  M.  Léon  Rezé,  pour  ses 
animaux  dishley.  Nous  pensons,  toutefois,  comme  nous  l'avons  dit  ci-dessus,  que 
la  race  southdown  convient  mieux  aux  éleveurs  du  Morbihan. 

Le  prix  d'ensemble  de  la  race  porcine  est  revenu  à  M.  Grollier,  pour  ses  craon- 
nais-berkshires,  confirmant  ainsi  nos  appréciations  précédentes. 

Un  rappel  de  prime  d'honneur  et  une  distinction  honorifique  justifiée,  ont  été 
accordés  à  M.  Le  Floch,  lauréat  en  1875„et  la  prime  d'honneur  a  été  attribuée  à 
un  lauréat  du  prix  cultural  de  la  deuxième  catégorie,  M.  Jean-Marie  Gaget.  Un 
objet  d'art  de  spécialité  a  été  donné  à  M.  le  comte  de  Lambilly,  auquel  la  Société 


384  CONCOURS  RÉGIONAL  DE  VANNES. 

des  agriculteurs  de  France  a  offert  également  un  objet  d'art,  ainsi  qu'une  médaille 
d'honneur  à  M.  Pozzy,  un  des  lauréats  du  concours  ostréicole  sur  lequel  nous 
nous  proposons  de  revenir. 

L'exposition  hippique  était  fort  belle  et  comptait  au  delà  de  200  chevaux  et 
juments  classés  suivant  leurs  âges  et  leurs  aptitudes  comme  suit  :  chevaux  et 
"juments  de  trait,  demi-sang  postiers,  demi-sang  carrossiers  et  demi-sang  de  selle. 
Cette  classification  indique  à  elle  seule  que  les  améliorations  obtenues  dans  la  race 
chevaline  en  Bretagne,  sont  dues  à  de  judicieux  croisements,  lorsque  par  ailleurs 
les  améliorations  culturales  sont  venues  les  permettre.  Nous  avons  exposé  ci- 
dessus  notre  manière  de  voir  et  un  trop  court  aperçu  de  la  voie  suivie  en  Bretagne 
pour  l'élevage  du  cheval.  En  voyant  les  beaux  types  des  postiers  et  des  carrossiers, 
dus  au  san^  Norfolk-anglo-uormand,  les  grands  bretons  à  la  veste  courte  et  aux 
larges  épaules,  disaient  fièrement  :  Ce  sont  les  enfants  de  M.  du  Paz,  l'homme 
qui  certainement  en  Bretagne  a  fait  le  plus  d'unions  assorties  dans  les  nombreuses 
familles  qu'il  connaît. 

La  distinction  entre  le  demi-sang  carrossier  et  le  demi-sang  postier  ne  réside 
guère  que  dans  la  taille. 

Pour  les  races  de  selle  de  Gorlay,  qui  sont  issues  du  cheval  arabe,  sinon  du 
cheval  des  Aryas,  on  use  aujourd'hui  comme  nous  l'avons  dit  du  cheval  pur  sang 
anglais.  Plusieurs  des  chevaux  étaient  même  à  l'état  d'entraînement  pour  les 
courses  plates. 

Le  concours  de  Vannes  exceptionnellement  favorisé  par  le  beau  temps  l'a  été 
également  par  la  visite  du  ministre  de  l'intérieur  auquel  un  accueil  enthousiaste  a 
été  fait.  Il  faut  espérer  que  le  département  du  Morbihan  recueillera  les  fruits  de 
cette  visite.  M.  le  ministre  de  l'intérieur  a  promis  de  s'occuper  de  la  question 
pendante  des  chemins  vicinaux  et  ruraux.  Espérons  que  les  prestations  seront 
conservées,  et  que  deux  journées  de  cet  utile  impôt  resteront  affectées  à  cette  der- 
nière zone  de  voies  rurales.  C'est  la  seule  grâce  que  nous  lui  demandions. 

Voici  la  liste  des  récompenses  décernées  : 

Prix  culturaux. 

1"  Catégorie.  —  Propriétaires  exploitant  leurs  domaines  directement  ou  par  régisseurs  et 
maîtres-valets,  un  objet  d'art,  M.  Mathunn  Ledain,  propriétaire  au  Guily,  commune  de  Malguénac, 
arondissement  de  Pontivy. 

2°  Catégorie.  —  Fermiers,  cultivateurs-propriétaires,  tenant  à  ferme  une  partie  de  leurs  terres 
en  culture;  métayers  i->olés  cultivant  des  domaines  au-dessus  de  20  hectares,  un  objet  d'art, 
M.  Jean-Marie  Gaget,  fermier  à  Kéran,  commune  d'Arradon,  et  au  Mézo,  commune  de  Plœren, 
arrondissement  de  Vannes. 

3^  Catégorie.  —  Propriétaires  exploitant  plusieurs  domaines  par  métayers,  un  objet  d'art,  non 
décerné. 

4"  CaléQorie.  —  Métayers  isolés,  propriétaires  ou  fermiers  de  domaines  au-dessus  de  5  hectares 
et  n'excédant  pas  20  h'Ctares,  un  objet  d'art,  M.  Robin,  fermier  à  Kerbastic,  commxine  de  Gui- 
del,  arrondissement  de  Lorient. 

Rappel  de  prime  d'honneur.  —  M.  Louis  Le  Floch,  propriétaire  au  Minimur,  commune  de 
Vannes. 

Prime  d'honneur,  un  objet  d'art,  M.  Jean-Marie  Gaget,  lauréat  du  prix  cullural  de  la 
2'  catégorie. 

Objet  d'art  de  spécialité.  —  M.  le  comte  Jean-Gabriel  de  Lambilly,  propriétaire  à  Lambilly. 
commune  de  Taupont,  arrondissement  de  Ploërmel,  pour  la  création  de  39  hectares  de  belles 
prairies  en  partie  irriguées,  la  plantation  de  13  hectares  de  vergers  et  le  reboisement  de  vastes 
surfaces. 

MÉDAILLES  DK.  SPÉCIALITÉ.  —  Médailles  d'or  (grand  module),  MM.  Constant  Egron,  fermier  à 
Kerguénan,  commune  de  Surzur  et  Salarun,  commune  de  Theix,  arrondissement  de  Vannes,  pour 
ses  belles  >oles  de  plantes  sarclées,  la  création  de  bonnes  prairies  et  l'emploi  important  et  raisonné 
des  amendements  calcaires;  François  Labarre,  fermier  à  la  Vilhouët,  commune  de  la  Gacilly, 
arrondissement  de  Vannes,  pour  ses  belles  prairies  et  sa  magnifi  lue  sole  de  trèfle  ;  Jo^epti 
Granger,  ftrmier  à  Bordénéo,  commune  du  Palais,  à  Belle-Ile,  arrondissement  de  Lorient,  pour 
ses  bonnes  et  importantes  cultures  sarclées  et  le  bel  ensemble  de  son  bétail  ;  Joseph  Le  Jeioux, 
propriétaire  à  Lahaye,  commune  de  Pontivy,  pour  la  création  et  la  reconstitution  rie  15  hectares 
de  prairies  et  la  culture  considérable  de  plantes  sarclées;  Mathurin  Marhm,  fermier  à  Kervert, 
commune  et  arrondissement  de  Pontivy,  pour  son  excellent  assolement  et  sa  fabrication  de  beurre 
de  qualité  remarquable;  Emile  Hérissant,  propriétaire  à  Kerlac,  commune  de  Molac,  arrondisse- 
ment de  Vannes,  pour  la  bonne  exécution  de  défrichements  difficiles  et  l'application  d'une  culture 
bien  raisonnée. 

Mf'dailles  d'or,  MM.  Julien  Loirat,  fermier  à  la  Louisiane,  commune  de  Molac,  arrondissement 
de  Vannes,  pour  son  bon  élevage  d'animaux  de  race  nantaise  et  l'application  judicieuse  du  système 
semi-pastoral;  Le  Floch  frères,  fermiers  à  Manegoulanec,  commune  de  Golan,  arrondissement  de 
Lorient,  pour  leur  belle  sole  de  céréales  et  leur  création  de  bonnes  prairies  irriguées  ;  Adolphe  de 
Keyser,  propriétaire  à  Propàendo,  commune  de  Plœren,  arrondissement  de  Vannes,  pour  ses 
belles  plantât  ons  de  pommiers  et  de  châtaigniers  greffés;  Mme  Vve  Levaillant,  fermière  à  Ker- 
guisec,  commune  de  Surzur  et  au  Tour-du-Parc,  arrondissement  de  Vannes,  pour  ses  belles  cul- 
tures de  céréales;  MM.  Aristide  flameliu,  propriétaire  à  Kernantais-sur-Lanvaux,  commune  de 
Pleucadeuc,  arrondissement  de  Vannes,  pour   la  bonne  application  du  système  des  prairies  tem- 


CONCOURS  RÉGIONAL  DE  VANNES.  385 

poraires  en  larges  planches  bombées;  Jules  Peuchant,  à  Kerj^icquel,  commune  de  Moustoir- 
Remungal,  arrondissement  de  Pontivy,  pour  le  bon  aménagement  de  sas  bâtiments  d'exploitation, 
ses  excellentes  fumières  et  la  plantation  de  vergers  de  pommiers;  Du  Bouëliez  de  Kerroguen, 
propriétaire  à  Kermadiou,  commune  de  Plmmeur,  arrondissement  de  Lorient,  pour  la  création 
d'abris  de  pins  et  la  plantation  de  vergers  de  pommiers. 

Médailles  d'arqent  («rand  module),  MM.  Jean-Frnnçois  Goumont,  au  moulin  des  Oies,  commune 
de  Belu,  arrondissement  de  Lorient,  pour  ses  bons  travaux  exécutés  en  vue  de  la  mise  en  valeur 
d'un  petit  polder;  Jules  Huneau,  propriétaire  à  Keranguat,  commune  de  Questembert,  pour  la 
création  de  bonnes  prairies  et  la  réunion  de  parcelles  ;  Pierre  Sergent,  propriétaire  à  Ville-Man- 
guy,  commune  de  Lanouée,  arrondissement  de  Ploërmel,  pour  des  défrichements  bien  faits  et  de 
bonnes  préparations  pour  création  de  prairies;  Joseph  Moreau,  fermier  à  Kerdrr'an,  commune  de 
Naizin,  arrondissement  de  Pontivy,  pour  la  bonne  tenue  de  ses  fumiers  et  l'emploi  raisonné  des 
engrais  complémeutaires;  Eugène  Pocard-Kerviler,  propriétaire  à  Kerguestenen,  commune  de 
Gestel,  arrondissement  de  Lorient,  p our  ses  belles  pépinières  de  plante*  d'ornement  et  d'espèces 
forestières;  Vincent  Le  Vaguerèse,  fermier  à  Grand-Goler,  commune  de  Plumelin,  arrondissement 
de  Pontivy,  pour  l'assainissement  de  prairies  et  la  réumon  de  parcelles. 

Concours  spécial  d'aménagement  des  eaux. 

1"  Catégorie.  —  Propriétés  contenant  plus  de  6  hectares  de  terres  arrosées.  —  1"  prix,  un  obje 
d'art  (remplaçant  la  médaille  d'or),  M.  le  comte  GeofTroy-Marie  de  GouUine,  propriétaire  au 
château  do  Kervilio,  commune  de  Brandérion.  arrondissement  de  Lorient;  2%  médaille  d'argent 
(grand  module),  M.  Alexis  Geffriaud,  propriétaire  au  bois  de  la  Lande,  commune  de  Pénestin, 
arrondissement  de  Vannes;  3*,  médaille  d'argent,  M.  Jules  Peuchant,  à  Kergicquel,  commune  de 
Moustoir-Remungol,  airondissement  de  Pontivy. 

2"  Caléqnrie.  —  Propriétés  ayant  6  hectares  et  au-dessous,  soumis  à  l'irrigation.  —  l"  prix, 
médaille  d'or,  M.  Joseph  Quéro,  propriétaire  à  l'Abbaye  de  la  Joye,  commune  d'Hennebont, 
arrondissement  de  Lorient;  2%  médaille  d'argent,  M.  Pierre-Mane  Adol,  au  Bas-Pont'-corfr, 
commune  de  Cléguer,  arrrondissement  de  Lorient;  3%  médaille  de  bronze,  M.  Ctiristophe-Marie- 
Auguste  Guyot  de  Salins,  à  Auray,  arrondissement  de  Lorient;  4°,  médaille  de  bronze,  MM.  Tetiot 
frères,  à  Morgand,  commune  de  Taupont,  arrondissement  de  Pluërmel. 

Récompenses  aux  agents  des  exploitations  qui  ont  obtenu  des  prix  culturaux.  —  1"  Catégorie. 

—  Explonation  de  M.  Le  Dain.  — Médailles  d'argent,  MM.  Marc  Le  Guéhennec,  contremaître; 
Mathurin  Brigand,  premier  garçon  de  ferme;  Joseph  Jégoux,  deuxième  garçon  de  terme.  — 
Médailles  de  bronze,  Mmes  Aune-Marie  Péchen,  vachère;  Jeanne  Potier,  domestique;  M.  Yves 
Gloux,  ouvrier  permanent. 

2'  Catégorie.  —  Exploitation  de  M.  Gaget.  —  Médailles  d'argent,  M.M.  Joseph  Lotodé,  régisseur, 
à  Kéran;  Mathurin  Prono,  ouvrier  permanent.  —  Médailles  de  bronze,  MM.  Joachim  Conan, 
ouvrier  permanent;  Pierre  VoUy,  charretier;  Mme  Augustine  Nocher,  première  servante;  40  fr., 
Pierre  Eveno,  vacner;  30  fr.,  Mme  Marie  Moreau,  deuxième  servante. 

4"  Ca  égorie.  —  Exploitation  de  M.  Robin.  —  Médaillts  d'argent,  M.  Louis  Toublou,  premier 
domestique;  Mme  Louise  Legall,  servante.  —  Médailles  de  bronze,  MM.  Guillaume  Moisan,  vacher  ; 
François  Péron,  domestique. 

Agents  divers.  —  Médailles  d^argent,  MM.  Marqueresse,  garde  forestier,  chez  M.  le  comte  de 
Lambilly;  Joseph  Perron,  surveillant,  chez  M.  le  comte  de  Goulaine;  François  Hamon,  contre- 
maître  irrigaleur,  chez  M.   Geffriaud;   Jean   Guiwarch,  contre-maître  irrigâteur,  chez  M.  Adol. 

Animaux  reproducteurs.  —  Espèce  bovine. 
1"  Catégorie.  —  Race  bretonne.  —  Mâles.  —  1"''=  Section.  —  Animaux  de  1  à  2  ans,  n'ayant  pas. 
de  dents  de  remplacement.  —  l"  prix,  M.  François  Conan,  à  Ergué-Armel  (Finistère)  ;  2*, 
M.  Le  Nancq,  à  Kergrist  (Morbihan)  ;  3%  M.  Le  Floch,  à  Vannes  (Morbihan);  4°,  M. 'Joseph  Feunteun, 
à  Penhars  (Finistère);  5°,  M.  René  Cuzon,  à  Kerfunteun  (Finistère);  6°,  M.  Hervé  Feunleun,  à 
Ergué-Armel  (Finistère);  7%  M.  Pernez,  à  Ploneis  (Finislère);  8%  M.  Josei)h  Caudal,  à  Vannes 
(Morbihan);  9%  M.  Jean-Marie  Le  Corff,  à  Vannes  (Morbihan).  —  Mentions  honorables, 
MM.  Pierre  Caill,  à  Lanriec  (Finistère)  ;  Mathurin  Marhin,  à  Pontivy  (Morbihan)  ;  François  Krand, 
à  Theix  (Morbihan).  —  2"  Section.  —  Animaux  de  2  à  3  ans,  ayant  deux  dents  de  remplaeement. 

—  1"  prix,  M.  Vincent  Le  Treste ,  à  Vannes;  2"',  M.  Joseph  Caudal;  3",  M.  René  Pernez; 
4%  M.  Le  Floch;  5°,  M.Pierre  Caill;  6',  M.  Alphonse  Gautier,  à  Loudéac  (Côtes-du-Nord). — 
Mentions  honorables,  MM.  Vincent  Le  Treste;  Stephan,  à  Erdeven  (Morbihan);  Hervé  Feunieun. 

—  Femelles.  —  1"  Section.  —  Génisses  de  1  à  2  ans,  n'ayant  pas  de  dents  de  remplacement.  — 
1"  prix,  M.  Yves  Feunteun,  à  Ergué-Armel  (Finistère);  2°,  M.  Ernest  Henrat,  à  Arradon  (Mor- 
bihan); 3",  M.  Le  Floch:  4",  M.  Jean-Vincent  Le  Jallé,  à  Vannes;  5%  M.  Thomas  Le  Floch,  à 
Vannes;  6°,  M.  Mathurin  Mahin.  —  Mentions  honorables,  MM.  Hervé  Feunteun;  Pierre  Caill; 
Mme  Vve  Levaillant,  à  Surzur  (Morbihan);  M.  Pierre-Marie  Levaillant,  à  Tour-du-Parc  (Morbihan). 
2"  Section.  —  Génisses  de  2  à  3  ans,  pleines  ou  à  lait,  n'ayant  que  deux  dents  de  remplacement. 

—  l"  prix,  M.  Charles  de  Lagatinerie,  à  Plaudren  (Morbihan);  2",  M.  le  comte  de  Lambilly,  à 
Taupont  (Morbihan);  3°,  M.  Yves  Feunteun;  4",  M.  Ernest  Henrat;  ô",  M.  Julien  Le  Guen,  à 
Vannes;  6°,  M.  Pierre  Caill.  —  Mentions  très  honorables,  MM.  Jacques  Guillevic,  â  Vannes; 
M.  Le  Floch.  —  3°  Section.  —  Vaches  de  plus  de  3  ans,  pleines  ou  à  lait.  —  1"  prix,  M.  Mathurin 
Marhin; '2°,  M.  Le  Floch;  3%  M.  Julien  Brédoux,  à  l'Isle-aux-Moines  (Morbihan);  4%  M.  Pernez; 
5°,  M.  Lafosse,  à  Plœren  (Morbihan);  6%  M.  Hervé  Feunteun;  7°,  M.  le  comte  de  Lambilly; 
8°,  M.  Yves  Feunteun.  —  Prix  supplémeniaires,  MM.  Joseph  Hervio,  àElven  (Morbihan);  M.  Caill. 

—  Mentions  honorables,  MM.  Joseph  Causal;  M.  Ernest  Henrat 

2*  Catégorie.  —  Race  parthenaise  et  ses  dérivées  (nantaise,  vendéenne).  —  Mâles.  —  l"' Section. 

—  Animaux  de  1  à  2  ans,  n'ayant  pas  de  dents  de  remplacement.  —  l"  prix,  M.  Pierre  Guerchet, 
à  Saint-Eûenne-de-Monlluc  (Loire-Infcrieuie)  ;  2%  M.  Henri  Lucas,  à  Goucroa  (Loire-Inférieure), 
3",  M.  Julien  Mabilais,  à  Saint- Etienoe-de-Montluc  (L')ire-Inférieure).  —  Mentions  honorables; 
M  W.  Emile  Moussion,  à  Siint-Etienne-de-Montluc  (Loire-Iniérieure)  ;  Pierre  Crémet,  à  Couëron 
(Loire-Iiif:!rieure).  —  2*  Section.  —  Animaux  de  2  à  4  ans.  —  l"prix,  M.  François  Tessier,  à 
Saint-Eiienne-Je-.Montluc  (Loire-Inférieure)  ;  2",  M.  Louis  Moreau,  à  Saint-Etienne-de-Montluc 
(Loire-Inférieure).  —  Meniions  très  honorables,  MM.  Henri  Lucas,  le  comte  de  Juigné,  à  Chemeré 
(Loire-Inférieure).  —  Femelles.  —  1"  Section.  —  Génisses  de  1  à  2  ans,  n'ayant  pas  de  dents 
de  remplacement.  —  1"  prix,  xM.  Jules  Rabin,  à  Saint-Etienne-de-Monlluc  (Loire-Inférieure)  j  2°, 


386  CONCOURS  RÉGIONAL  DE  VANNES. 

M.  Donatien  Mabilais,  à  Saint-Etienne-de-Montluc  (Loire-Inférieure);  3°,  M.Julien  Mabi'ais.  — 
Mention  très  honorable,  M.  Pierre  Ghouteau,  à  Coiiëron  (Loire-Inférieure).  —  2'  Section.  — 
Génissps  de  2  à  3  trûi>  ans,  pleines  ou  à  lait,  n'ayant  que  deux  dents  de  remplacement.  — 
l^prix,  M.  lecomte  de  Juigné;  2%  M.  Jean  Pil.et,  à  baint-Etieniie-de-Montluc  (Loire-inférieure); 
3«  M.  Clément  Babin,  à  Sainl-i<^lienne-de-MDntluc  (Loire-Inférieure).  —  3°  Section.  —  Vaches  de 
plus  de  3  ans,  pleines  ou  a  lait. —  ^''prix,  M.  le  comte  de  Juigné;  2",  M.  Pierre  Crémet  ;  3", 
M.  Donatien  Mabilais,  4%  M.  Julien  Mibiais.  —  Prix  supplémentaire,  M.  Louis  Moreau.  — 
Mentions  honorables,  MM.  Henri  Lucas;  Clément  Babin;  Jean  PiUet. 

3"  Catégorie.  —  Race  durham.  —  Mâles.  —  1™  Section.  —  Animaux  de  6  mois  à  un  an,  nés 
depuis  le  1"  mai  et  avant  le  1"''  novembre  1882.  —  1"'  prix,  M.  le  comte  de  Falloux,  au  bourg 
d'Iré  (Maine-et-Loire);  2%  M.  Cherbonneau,  à  Contigné  (Maine-et-Loire);  3%  M.  Louis  Abafour, 
à  Miré  (Maine-et-Loire).  — Prix  supplémentaire,  M.Grollier.  —  Mention  très  honorable,  Ferdinand 
Després,  a  la  Guercbe  (lUe-et-V  laine).  —  Mentions  honorables,  MM.  Gandon,  à  Grez-en-Bouère 
(Mayenne);  Arsène  Gastinel,  à  Gennes-sur-.Seichès  (Ille-et-Vilaine).  —  2"  Section.  — Animaux  de 
1  à  2  ans,  nés  depuis  le  1"'  mai  1881  et  avant  le  1°""  mai  1882.  —  1"  prix,  M.  Grollier,  à  Durial 
Maine-et-Loire);  2%  M.  Daudier,  à  Niafle  (Mayenne);  3°,  M.  François  Rousseau,  à  Mèral 
(Mayenne);  4"  M.  le  comte  de  Falloux,  —  Mention  irès  honorable,  M.  Ferdinand  Després.  —  Men- 
tion honorable,  M.  Sé^ot,  à  Sainte-Gerames-d'Andigné  (Maine-et-Loire).  —  3°  Section.  —  Animaux 
4e  2  à  4  ans,  nés  depuis  le  1"  mai  1879  et  avant  le  l"'  mai  1881.  —  1"  prix,  M.  le  comte  de 
Falloux;  M.  François  Rousseau,  à  Méral  (Mayenne).  —  Mention  très  honorable,  M.  Ferdinand 
Després,  à  la  Guercbe  (Ule-et-Vilaine).  —  Mentions  honorables,  MM.  Arsène  Gastinel,  à  Gennes- 
sur-Seichès  (Ille-et-Vilaine)  ;  François  Corre,  à  Lannillis  (Finistère).  —  Femelles.  —  1™  Section. 

—  Génisses  de  6  mois  à  1  an,  nées  depuis  le  1"  mai  et  avant  le  premier  novembre  1882.  —  1"  prix, 
M.  Grollier;  2%  M.  le  comlede  Falloux;  2%  M  Romain  Ségot.  —  Mention  très  honorable,  M.  Pierre- 
Gustave  Martin,  à  Cossé-le-Vivien  (Maypnne).  —  Mentions  honorables,  MM.  Jules  Ricosset,  à 
Parné  (Mayenne);  François  Rousseau.  — 2"  Section.  —  Génisses  de  1  à  2  ans,  nées  depuis  le  1"  mai 
1881  et  avant  le  l''"  mai  1882.  —  1'"' jinx,  M.  Grollier  ;  2%  M.  le  comte  Falloux  ;  3'=  M.  Ferdinand 
Després;  4%  M.  Romain  Ségot.  — Mention  très  honorable,  M.  Grollier.  —  Mention  honorable, 
Bertroii-Auger  fils ,  à  la  Flèche  (Mayenne).  —  3"  Section.  —  Génisses  de  2  à  3  ans,  nées  depuis  le 
1"  mai  1880  et  avant  le  1°''  mai  1881,  pleines  ou  à  lait.  —  l"""  prix,  M,  Ferdinand  Després;  2'', 
M-  Grollier;  3*,  M.  le  comte  de  Falloux;  4",  M.  Joachim  Gastinel.  —  Mentions  honorables, 
MM,  Bertron-Auger  fils,  à  la  Flèche  (Mayenne)  ;  le  comte  de  Cha-npagny,  à  Plougean  (Finistère). 

—  4"  Section.  —  Vaches  de  plus  de  3  ans,  nées  avant  le  1°''  mai  1880,  pleines  ou  à  lait.  —  1"  prix, 
M.  Grollier;  2°,  M.  François  Rousseau  ;  rappel  de  3"  prix,  M.  le  comte  de  Fa  loux  ;  3*.  M.  Ferdi- 
nand Despiés;  4°,  M.  Arsène  Gastinel:  h',  M  le  comte  de  Champagny.  —  Mention  très  honorable, 
M.  Grollier.  —  Mentons  honorables,  MM.  Bertron-Auger  fils-,  M.  Grollier;  M.  Romain  Ségot. 

4'  Catégorie.  —  Croisements  durham-bretons.  —  Mâles.  —  1"=  Section.  —  Animaux  de  I  à  2  ans, 
nés  depuis  le  1'=''  mai  1881,  et  avant  le  1"  mai  1882.  —  1"''  prix,  M.  le  comte  de  Troguindy, 
à  Lannion  (Gôtes-du-Nord)  ;  2°,  M.  Gandon.  —  2°  Section.  —  Animaux  de  2  à  3  ans,  nés  depuis 
le  1"  mai  1880  et  avant  le  1"  mai  LsSI.  —  Prit  unique,  M.  Pierre  Ro'idot,  à  Saint-Goazac.  — 
Mention  très  hmorabie,  M.  Pierre  Henry,  à  Plouvin-Morlaix  (llle-et- Vilaine).  —  Femelles.  — 
1»"  Secno-i.  —  Génisses  de  1  à  2  ans,  nées  depuis  le  1"^  mai  1881  et  avant  le  1"  mai  1882.  — 
]"  prix,  M.  Yves  Feunleun;  2°,  M.  Pierre  Henry.  —  Mention  très  honorable,  M.  Joseph  Euzenat, 
à  Pontivy  (Morbihan).  —  2°  Section.  —  Génisses  de  2  à  3  ans,  nées  depuis  le  1"  mai  1880  et 
avant  le  1"  mai  1831,  pleines  ou  à  lait.  —  l"  prix,  M.  Athanase  de  Couëssin,  à  Assérac  (Loire- 
Inféri-ure)  ;  2%  M.  Gandon.  —  Mention  très  honorable,  M.  Cherbonneau.  —  3"  Section.  —  Vaches 
de  plus  de  3  ans  nées  avant  le  1"  mai  1880  pleines  ou  à  lait.  —  P"'  prix,  M.  Charbonneau;  2', 
M.  le  comte  de  Champagny.  —  Mentions  très  honorables,  M-M.  Pierre  Roudot;  Pierre  Henry.  — 
Mention  honorable,  M.  Pierre  Henry. 

5»  Catégorie.  —  Croisements  durham,  autres  que  ceux  de  la  2^  catégorie.  —  Mâles,  — 1"  Section. 

—  Animaux  de  l  à  2  ans,  nés  depuis  le  l"  mai  1881  et  avant  le  l"  mai  1882.  —  1"  prix,  M.  Ch-^r- 
bonneau;  2%  M.  Jules  Ricosset.  —  Mention  très  honorable,  M.  Louis  Abafour.  —  Mentions  hono- 
rables, MM.  Gandon;  Daudier.  — 2"  Section-  —  Animaux  de  2à3  ans,  nés  depuis  le  1"  mai  1881. 

—  Prix  unique,  M.  Cherbonneau.  —  Mention  honorable,  M.  Gandon.  —  Femelles.  —  l'^  Section. 
Génisses  de  1  à  2  ans,  nées  depuis  le  !"■  mai  1881  et  avant  le  1"  mai  1882.  —  1"  prix,  M.  Jules 
Ricosset;  2°,  M.  Gandon;  3'',  M.  Cherbonneau.  —  Mentions  très  honorables,  MM.  Després;  Romain 
Ségot.  —  Mention  honorable,  .M.  Parage,  à  Gnaz.é-sur-Argos  (Maine-et-Loire).  —  2°  Section.  — 
Génisses  de  2  à  3  ans,  nées  deimis  le  1"  mai  1880  et  avant  le  1"  niai  1881,  pleines  ou  à  lait.  — 
1"  prix,  M.  De-prés,  2°,  M.  Che'bonneau;  3',  M.  Parage.  —  Meaiion  très  honorable,  M.   Rezé. 

—  Mentions  honorables,  MM.  Cherbonneau;  Gandon.  —  3'  Section.  —  Vaches  de  plus  de  3  ans, 
nées  avant  le  1"  mai  1880,  pleines  ou  lait.  —  Rappel  de  P""  prix,  M.  Després,  l"  prix,  M.  Després; 
2°,  M.  Cherbonneau;  3%  M.  Jules  Ricosset.  —  Mentions  honorables,  MM.  Després;  Parage  -,  Rezé. 

6"  Catégorie.  —  Races  laitières  françaises  ou  étrangères,  pures  ou  croisées  (normandes,  Ayr- 
shire,  Jersey,  Schwitz,  etc.) ,  à  l'exclusion  de  toutes  les  races  ayant  une  catégorie  spéciale. — 
Mâle-:.  —  1"  Section.  —  Animaux  d^  1  à  2  ans,  nés  depuis  le  1"'  mu  1881,  et  avant  le  l"  mai  1882. 

—  Prix  unique,  M.  Claude  Caill,  à  Pleuzévélé  (Finistère).  —  2°  Se-tion.  —  Animaux  de  2  à  3  ans 
nés  depuis  le  l»"  mai  1880  et  avant  le  1"  mai  1881.  —  Prix  unique,  M.   Claude  Caill.  —  Femplles. 

—  2°  Section.  —  Animaux  'ie  2  à  3  ans,  nés  depuis  le  l""'  mai  18Si),  et  avant  le  1"  mai  1S82.  — 
l"''  prix,  non  décerné  ;  2%  M.  Clause  Caill.  —  2°  Section.  —  Génisses  de  2  à  3  ans,  nées  depuis  le 
\"  mai  1880  et  avant  le  V'  m  à  18S1 ,  pleines  ou  à  lait.  —  1"  prix,  M.  Cherbonneau,  à  Contigné 
(Maine-et  Loire)  ;  2°,  M.  Claude  Caill.  —  3°  Section.  —  Vaches  de  plus  de  3  ans,  nées  avant  le 
!•"■  mai  1880,  pleines  ou  à  la^t.  —  I"  prix,  Mme  Veuve  Georges,  à  Acigné  (Ille-et-Vilatne)  ;  2°, 
M.  Pierre  Henry,  à  Plourin-Mo  laix  (Finistère).  —  Bandes  de  vaches  laitières  (ea  lait).  —  !"■  prix. 
Le  Floch;  2°,  M.  le  comte  de  Limbilly 

Prix  d'ensemble.  —  Pour  le  plus  bel  ensemble  d'animaux  de  la  1"  catégorie,  M.  Le  Floch  ;  — 
pour  le  plus  bel  ensemble  d'animaux  des  2^  4%  h",  6»  catégories,  M.  Després;  —  pour  le  plus  bel 
ensemble  d  animaux  de  la  3*  catégorie.    M.  Grollier. 

Espèce  ovine. 

l"  Catégorie.  —  Races  françiises  diverses  pures.  —  Mâles.  —  Prix  unique,  non  décerné.  — 
Mention  très  honorabie,  M.  Le  Floch,  à  Vannes  (Morbihan).  —  Femelles.  —  Pt*"'  unique,  M.  Jean 
Julé,  à  Baud  (Morbihan). 


CONCOURS  RÉGIONAL  DE  VANNES.  387 

2°  Catégorie.  —  Races  étrangères  à  laine  longue.  —  Mâles.  —  Rappel  de  1"  prix,  M.  Léon  Rézé, 
à  Beaumont-Pied-de-Bœuf  (Mayenne);  l"'  prix,  M.  Daudier,  à  Niaff'e  (Mayenne);  2",  M.  Georges 
Béglet,  à  Trappes  (Seine-et-Oise)  ;  3-,  M.  Léon  Rézé.  —  Mentions  honorables ,  MM.  Louis  Abafour, 
à  Miré  (Maine-e -Loire)  ;  Edouard  Le  Breton,  à  Taden  (Gôies-du-Nord).  —  Femelles.  —  1"  prix, 
M.  Léon  Rézé;  2",  Daudier,  3"  M.  Georges  Béglet.  —  Mentions  honorables,  M.  Léon  Rézé, 
M.  Louis  Abafour. 

3°  Catégorie.  —  Races  étrangères  à  laine  courte.  —  Mâles.  —  1"  prix.  M.  Cherbonneau,  à  Con- 
ti'-'né  (Maine-et-Loire);  2',  M.  Daudier.  —  Prix  supplémentaire,  M.  Malhurin  Marhin,  à  Pontivy 
(Morbihan).  —  Femelles.  —  1*'  pr'",  M.  Cherbonneau;  2%  M.  Daudier. 

4"  Catégorie.  —  Croisements  divers.  —  l"  prix,  M.  Léon  Rézé;  2°,  M.  le  comte  des  Nétumières, 
à  Balazé  (Ille-et-Viiaine)  ;  3",  M.  Cherbonneau.  —  Mention  iionorable,  M.  Parage,  à  Ghazé-sur- 
Argos  (Maine-et-Loire).  —  Femelles.  —  1"  prix,  M.  Léon  Rézé;  2'-",  M.  François  Rousseau,  à 
Méral  (Mayenne)  ;  3%  M.  Mathunn  Marhin. 

Prix  d'ensemble,  un  objet  d'art,  M.  Léon  Rézé,  pour  ses  animaux  de  la  race  Dishley. 

Espèce  porcine. 

1"  Catégorie.  —  Races  indigènes  pures  ou  croisées  entre  elles.  —  Mâles.  —  |-'  prix,  M.  Fran- 
çois Rousseau  ;  2°,  M.  Yves  Feunteun,  à  Ergué-Armel  (Finistère);  3%  M.  Le  Masne  deBrons,  à 
Saint-Etienne  de  Monlluc  (Loire-Inférieure).  —  Femelles.  —  l"  prix,  M.  Magloir  Sinoir,  à  Fon- 
taine-Couverte (Mayenne)  ;  2",  M,  François  Rousseau;  3%  M.  Le  Masne  de  Brons.  —  Mention  hono- 
rable, M.  François  Rousseau. 

2'  Catégorie.  —  Races  étrangères  pures  ou  croisées  entre  elles.  —  !'=■'  prix,  M.  le  corate  de 
Nétumières,  à  Balazé  (lUe-et-Viliiine)  ;  2°  M.  Victor  Gialani,  à  Goven  (lUe-et-Vilaine)  ;  3°, 
M.  le  Masne  de  Brons.  —  Mention  honorable,  M.  François  Monjarct,  à  Saint-Nicolas-du- 
Pelen  (lUe  et-Vilaine).  —  Femelles.  —  1"  prix,  M.  le  comt'e  de  Nétumières;  2%  M.  Alexandre 
Letanneiir,  à  La  Gouesnière  (lUe-et- Vilaine)  ;  3%  M.  Graland.  —  Mentions  honorables,  MAL  Rous- 
seau; Monjaret. 

3=  Catégorie.  —  Croisements  divers  entre  races  étrangères  et  races  françaises.  —  Mâles.  — 
1"  prix,  M.  le  comte  de  Nétumières;  2",  M.  GroUier.  —  Femelles.  —  1='  prix,  M.  Grollier; 
2%  M.  le  comte  de  Nétumières  ;  3%  M.  Pierre  Hervouin,  à  Mouliers  (Ule-et- Vilaine).  —  Mention 
honorable,  M.  Grollier. 

Prix  d'ensemble,  un  objet  d'art,  M.  Grollier,  pour  ses  animaux  delà  race  croisée  craonnaise- 
Berkshire. 

Animaux  de  basse-cour. 

l'"  Catégorie.  —  Cot^s  et  poules.  —  l"  Section.  —  Race  de  la  Flèche,  —  l-^'prix,  Mme  Bel- 
liard,  à  Montjean  (Maice-et-Loire)  ;  2%  M.  Drouino,  à  Vannes  (Morbihan)  ;  3=,  M.  Daligaut,  à 
Vannes  (Morbihan)  ;  4%  M.  Louis  Douillard,  à  Saint-André  (Morbihan).  —'2"  Section.  —  Races 
françaises  diverses.  —  l^-'orix,  Mme  Belliard  ;  2",  M.  Drouino;  3%  M.  Le  Court  de  Béru,  Féréol, 
à  Damgan  (Morbihan)  ;  4'  prix,  M.  Pierre  Prodo,  à  Vanner  (Morbihan).  —3=  Sectinn.  —  Races 
étrangères  diverses.  —  1"  prix,  M.  Jules  Morel,  à  Pluvigner  (Morbihan)  ;  2»,  JI.  Le  Court  de  Béru, 
3%  M.  Drouino  ;  4°,  J  -M.  M.  Ebanno,  à  Heiinebont  (Morbinan)  ;  4"  Section.  —  Croisements  divers. 
—  1"  prix,  M.  Constant  Egron,  à  Surzur  (Morbihan)  ;  2",  M.  Drouino. 

2=  Catégorie.  —  Dindons.  —  1"  prix,  Mme  Belliard  ;  2%  Mme  Eda  de  Lagatmerie,  à  Plaudren 
(Morbihan). 

3°  Catégorie.  —  Oies.  —  1"  prix,  M.  Drouino;  2',  Mme  Eda  de  Lagatinerie. 

4'  Catégorie.  —  Canards.  —  1"  prix,  Mme  Belliard;  2°,  M.  Victor  Graland,  à  Goven  (lUe-et- 
Vilaine;  3"  prix,  M.  Jules  Nadan,  à  Theix  (Morbihan). 

5°  Catégorie.  —  Pintades.  —  l"prix,  M.  Daligault;  2",  M.  Drouino. 

6°  Catégorie.  — Pigeons.  —  P"  prix^  Mme  Belliard  ;  2%  M.  Jules  Morel. 

7"  Catégorie.  —  Lapins  et  léporides.  —  1"  prix,  Mme  Belliard  ;  2%  M.  Ernest  Henrat,  à  ArradoD, 
(Morbihan) . 

Prix  d'ensemble,  un  objet  d'art,  Mme  Belliard. 

Serviteurs  primés  employés  chez  les  lauréats  et  récompensés  pour  les  bons  soins  donnés  aux 
animaux  primés.  —  Médailles  d'argent,  MM.  Pierre  Cartier,  vacher  chez  M.  Grollier;  Pierre  Che- 
vrolier,  vacher  chez  M.  Desprès;  Louis  Vléléreau,  berger  chez  M.  Rézé. —  Jean-Pierre  Mélinai.e, 
domestique  chez  M.  Le  Flocn  :  Louis  Houtin,  vacher  chez  M.  Cherbonneau  ;  Médailles  de  bronza, 
MM.  François  Gehanno,  vacher  chez  M.  Marhin;  YvesGue^uen,  vacher  chez  M.  Caill  ;  Louis  Déan, 
vacher  chez  M  le  comte  de  P'alloux  ;  René  Auger,  vacher  chez  M.  Rousseau  ;  David,  vacher  chez 
M.  Ricosset  ;  Pierre  Ecomard,  vacher  chez  M.  le  comte  de  Juigné  ;  Marie  Roulin,  vachères 
chez  M.  le  comte  de  Lambilly  ;  Marie  Bêché,  fille  de  basse-cour  chez  M.  le  comte  de»  Neturaièies. 
20  fr.,  MM.  Olivier,  vacher  chez  M.  Pierre  Guerchet  ;  Alexis  Levesque,  vacher  chez  .M.  de  Couëssin; 
Le  Roux,  vacher  chez  M.  de  Troguendi  ;  Mile  Marie  Tardif,  fille  de  basse-cour  chez  M.  Sinoir. 

Machines  et  instruments  agricoles. 

Instruments  d'extérieur  de  fermes.  —  \"  Catégorie.  —  Charrues  Brabants  pour  labours  de 
défrichement.  —  1"  prix,  médaille  d'or,  M.  Canuelier,  à  Bucquoy  (Pas-de-Calais);  2»,  médaille 
d'argent,  M.  Bajac-Delahaye,  à  Liancourt  (Oise);  3%  médaille  de  bronze,  M.  Durand  fils,  à  Mon- 
tereau  (Seine-ei-.Marne). 

2"  Catégorie.  —  Charrues  Brabants  doubles  pour  labours  odinaires.  —  l"  prix,  médaille  d'or, 
M.  Caiidelier;  2%  médaille  d'argent,  M.  Bajac-Delahaye;  3%   médaille  de  bionze,  M.  Durand  fils. 

3°  Catégorie.  —  Faucheuses  à  deux  chevaux.  —  1"  prix,  médaille  d'or,  MM.  Decker  et  Mot, 
à  Paris;  2%  médaille  d'argent,  M.  Piller,  à  Paris;  3%  médaille  d'argent  supplémentaire,  M.Osborne, 
à  Paris;  4',  médaille  de  bron/e,  M.  Adriance  Platts  et  Cie,  à  Paris. 

4"  Catégorie.  —  Faucheuses  à  1  cheval.  —  1"  prix,  médaille  d'argent,  M.  Pilter  ;  2",  médaille 
de  bronze,  M.  Clough  et  Cie,  à  Paris. 

5"  Catégorie.  —Houes  à  cheval.  —  1"  prix,  médaille  d'argent,  M.  Bajac-Delahaye  ;  2%  médaille 
de  bronze,  M.  Candelier. 

6°  Catégorie.  —  Pelles  à  cheval,  ravaleuscs,  etc.  —  1"  prix,  non  décerné  ;  2%  médaille  de 
bronze,  M.  Garnier,  à  Redon  (llle-et-Vilaine). 

Instruments  d'intérieur  de  fehme.  —  P"  Catégorie.  —  Trieurs  pour  toutes  graines.  —  1"  prix, 
médaille  d'or,  M.  Marot  aîné,  à  Niort  (Deux-Sèvres)  :  2%  médaille  d'argent,  M.  Alfred  Glert,  à  Niort 
(Deui-Sèvres)  ;  3%  médaille  de  brome,  M.  Cabasson,  à  Paris. 


388  CONCOURS  RÉGIONAL  DE  VANNES. 

2»  Catégorie.  —  Machines  à  battre  à  vapeur ,  vannant  et  criblant  de  la  force  de  4  chevaux  et  au- 
dessous.  —  l"  prix,  médaille  d'or,  M.  Merlin  et  Cie,  à  Vierzon  (Cher);  2",  médaille  d'argent, 
Société  franchise  du  matériel  agricole,  à  Vierzon;  3%  médaille  de  bronze,  MM.  Decker  et  Mot. 

3°  Catégorie.  —  Broyeurs  d'ajoncs.  —  ]"  prix,  médaille  d'or,  M.  Tanvez-Lever,  à  Guingamp 
(Côtes-du-Nord)  ;  2%  médaille  d'argent,  M.  Savary,  à  Quimperlé  (Finistère);  3",  médaille  de 
bron7e,  M.  Texier  et  ses  fiis,  à  Vil'-é  (llle-et-Vilaine). 

4»  Caf^gorie.  —  1"  Section.  —  Presses  à  fourrage  à  grand  travail.  —  ]"  prix,  médaille  d'or, 
M.  Pilter.  —  2°  Section.  —  Presses  à  bras.  —  1"  prix,  médaille  d'argent  M.  Texier. 

b'  Catégorie.  —  Moulins  à  vent  pour  mettre  en  mouvement  des  pompes  ou  autres  outils  agricoles. 

\"  prix,    médaille  d'or,    M.   Beaume   à   Boulogne-sur-Seine  (Seine)  ;  2",   médaille  d'argent, 

M.  Jean  Stern,  à  Nantes  (Loire-Inférieure). 

Application  de  l'article  15  du  programme.  —Ife'daiitesd'arg'ent,  MM.  François  Boudet,  contre- 
maître chez  M.  Merlin  ;  Alptionse  Henault,  chez  M.  Pilter;  Henri  Parlot,  chez  M.  Marot.  — 
Médailles  de  bronze,  MM.  Simon  Lecoq,  chez  M.  Tanvey-Lever  ;  MM.  Warnier,  chez  M.  Bajac- 
Delahaye  ;  Jean-Pierre  Demers,  chez  M.  Beaume;  Olivier  Le  Doeuil.  chez  M.  Savary  ;  Emile  Bou- 
langer, à  la  Société  française  du  matériel  agricole  à  Vierzon  ;  Devilley,   chez  M.   Durand  fils, 

—  40  Ir.,  MM.  Paul  Brin," chez  M.  Lotz  fils;  Basile Pasdeloup,  chez  M.  Presson  ;  François  Moreau. 
chez  MM.  Guilleux  frères. 

Produits  agricoles  et  matières  utiles  à  l'agriculture.  —  Concours  spéciaux. 

1"  Catégorie.  —  Beurres  frais.  —  l"  prix,  médaille  d'or,  M.  Lecesne,  à  Saiute-Marguerite-de- 
Viette  (Calvados)  ;  2%  médaille  d'argent  (grand  module),  M.  Alexandre  Letanneur,  au  chftteau  de 
Bouaban  (Ille-et-Vilaine)  ;  3°,  médaille  d'argent,  Mme  Veuve  Charles  Gernigon,  à  la  Turaye 
(Ille-et-Vilaine);  4%  médaille  de  bronze,  M.  le  comte  de  Lambilly,  à  Lambilly  (Morbihan).  —  Prix 
supplémentaires,  médailles  de  bronze,  M.  Vincent  Le Treste,  à  Lamarre  (Morbihan)  ;  M.  Champion, 
au  Chalet  (Ille-et-Vilane).  —  Mentions  très  honorables,  M.  Jules  CoUeu,  à  la  Taupinais-Prévalaye 
(Ile-et-Vilaine)  ;  M.  Emile  Chesnot,  à  Coëi  Sale  (Morbihan). 

2'  Catégorie.  —  Beurres  demi-sel.  —  1"  prix,  médaille  d'or,  M.  Joseph  Leroux,  à  Monterblanc, 
(Morbihan);  2%  médaille  d'argent,  Mme  Veuve  Gernigon  ;  3',  médaille  de  bronze,  M.  Emile  Chesnot; 

Prix  supplémenlaireSj  médailles  de  bronze,   MM.  Champion;   Jean-Marie  Guyomani,  à  Col,(io 

(Morbihan).  —  Mention  très  honorable,  Mme  Ega  de  la  Gaiinene  au  château  de  Nédo  (Morbihan). 

3"  Catégorie.  — Cidi'es  de  la  région.  —  l'''  prix,  médaille  d'or,  M.  Louis  David,  à  la  Snuvais 
(Morbihan);  2%  méd-iille  d'argent  (giand  module),  M.  Marc  Surzur,  à  Surzur  (Morbihan)  ;  3°, 
médaille  d'argent.  Frère  Marie-Jean,  directeur  de  l'orphelinat  agricole  de  le  Bou>selaie  (Mor- 
bihan) ;  4",  médaille  de  bronze,  M.  Ariène  Gastinel,  au  Bourg  (lUe-et-Vilaine).  —  Prix  supplé- 
meniaire,  médaille  de  bronze,  M.  Léon  Rezé,  à  Chantemesle  (Mayenne).  —  Mention  très  honorable, 
M.  Mathurm  Guillo,  à  Kérimo  (Morbihan). 

4=  Catégorie.  —  Expositions  scolaires.  —  1"  Section.  —  Matériel  d'enseignement  agricole,  col- 
lections, dessins,  ob  ets  de  cours,  etc.  —  1"  prix,  non  décerné;  2°,  médaille  d'argent, 
MM.  Tanguy,  Hervé-Marie,  et  Jean-Marie  Monot,  à  Landerneau  (Finistère).  —  2"  Section.  — 
Travaux  spéciaux  et  objets  d'enseignement  agricole,  présentés  par  les  protésseurs,  les  instituteurs, 
et  les  élèves  des  écoles  primaires.  —  3'  prix,  M.  Pigné,  instituteur  communal  à  Guémené-Penfao 
(Loire-lnferieure). 

b'  Catégorie.  —  Exposition  collective  faite  par  les  administrations  publiques,  les  sociétés  et  les 
comices.  (Pas  de  concurrents.) 

6°  Catégorie.  —  Produits  divers  non  compris  dans  les  catégories  précédentes.  —  MédaiVes  d'or, 
MM.  Cesbron,  à  Montjeau  (Maine-et-Loire),  pour  ses  vins  d'Anjou;  Josep-Adolphe  Girandier^  aux 
Bois-aux-Moines  (Mayenne),  pour  les  fromages;  Aristide  Hamelin,  à  Kernantais  (Morbihan),  pour 
ses  foins  de  prairies  temporaires  et  l'ensemble  des  produits  de  aa.  culture.  —  Prix  supplémen- 
taires, MM.  Louis  Le  Floch.  à  Minimur  (Moibihan),  pour  ses  plantes  racines;  Augustin  Le  Ray,  à 
Port-Philippe  (Morbihan),  pour  ses  conserves  de  légumes  verts  récoltés  sur  ses  terres;  Jean 
Pilorgé,  à  Kernous  (Finistère),  pour  ses  pommes  de  terre;  Léon  Rezé,  pour  ses  blés  et  l'ensemble 
de  son  exposition.  —  Médailles  d'argent,  MM.  François  Berdier,  à  la  Grande-Motte  (Maine-et- 
Loire),  pour  ses  pommes  de  terre;  Emile  Chesnot;  LeMasne  de  Brons,  à  Nantes  (Loire-Inférieure), 
pour  ses  fromages;  Normand  jeune  et  Cie,  à  Vannes  (Morbihan),  pour  ses  eaux-de-vie; 
Mme  Vve  Guillaume  Ollivier,  à  la  Magdelaine  (Côtes-du-Nord) ,  pour  ses  lins  en  tiges;  M.  Pavot, à 
l'Ile  de  Conleau  (Morbihan),  pour  ses  produits  maraîchers.  —  Prix  supplémentaire,  M.  Rouault,  à 
Miirs  (Maine-et-Loire,  pour  ses  chanvres.  — 'Médailles  de  bronze,  M.  Prosper  Aeslaiide,  à  Bellon 
(Calvados),  pour  ses  fromages;  Mlle  Azéline-Marie  Barella,  à  Vannes  (Morbihan),  pour  ses  produits 
maraîchers;  MM.  François  Berdier,  pour  ses  céréales;  Ernest  Boquien,  à  la  Basse-Indre  (Loire- 
Inférieure)  pour  son  muscadet  ;  Pierre  Jan,  jardinier  chez  M.  Trottier  à  Kerglaw-Hennebont 
(Morbihan),  pour  ses  produits  maraîchers;  Le  Court  de  Béru,  à  Kervoyal  (Morbihan),  pour  ses 
œufs  frais  et  conservés;  Joseph  Le  Jéloux,  à  la  Haye  (Morbihan),  pour  ses  chanvres  en  bois; 
Matburin  Marhin,  à  Kervert  (Morbihan) ,  pour  sa  laine.  —  Prix  supplémentaires,  MM.  Pierre- 
Marie  Perono,  à  Kerbiguette  (Morbihan),  pour  l'ensemble  des  produits  de  sa  culture  ;  Jean  Robo, 
à  Tréguie  (Côtes-du-Nord),  pour  ses  tourteaux  alimentaires. 

Concours  hippique. 

Prime  d* honneur,  M.  Bihan,  de  Plougoulm  (Finistère). 

1"  Catégorie  —  4°  Section.  —  Juments  de  trait.  —  Médaille  d'or,  M.  Pierre  Le  Planchée,  de 
Servel  (Côtes-du-Nord),  pour  sa  jument  Minette.  —  Médailles  d'argent,  MM.  François  Rouallec,  de 
Plouénan  (Finistère),  pour  sa  jument  Fanny  ;  Jacques  Caër,  de  Plouénan  (Finistère),  pour  sa 
jument  Cletlie.  — Médailles  de  bronze,  MM.  François  Hammouiiou,  de  Servel  (Côtes-du-Nord), 
pour  sa  jument  BeZione;  Joseph  Thomas,  de  Hénanbihen  (Côles-du-Nord),  pour  sa  jument  C?'wet/e. 

—  Mentions  honorables,  MM.  Stcars  de  Brest  (Finistère),  pour  sa  jument  Pawime  ,•  Michel  Floch, 
de  Plouénan  (Finistère),  pour  sa  jument  Lucie. 

2"  Catégorie.  —  4"  Section.  —  Juments  postières  demi-sang.  —  Médaille  d'or,  M.  Toussaint 
Prigent,  de  Plouénan  (Finistère),  pour  sa  jument  Cletlie.  —  Médailles d' argent,  MM.  Yves  Perron, 
deMespaul,  Plouénan  (Finistère),  pour  sa  jument  Lucie;  Jean  Marzin,  Ploudalzéau  (Finistère), 
pour  sa  jument  Mignonne.  —  Médailles  de  bronze,  MM.  Léa  Efflam,  du  Folgoêt  (Finistère),  pour 
sa  jument  Brune;  Jean-Marie  Bihan,  de  Plougoulm  (Finistère),  pour  sa  jument  Bi/on;  François 
Rouallec,  de  Plouénon  (Finistère),  pour  sa  jument  Coquette.  '    , 


CONCOURS  RÉGIONAL  DE  VANNES.  389 

2"  Catégorie.  —  ii*  Seclinn.  —  Médailles  de  bronze,  MM.  Augustin  Tioadec,  de  l'iounevez  (H'inis- 
ter"),  pour  sa  jument  Lucie;  François  Quéré,  de  Saint-I'ol-de-Léou  (Finistère),  pour  sa  jument 
Belidite.  —  Mention  honorable.  M,  Jean-Marie  (iuefi',  de  Plouénan  (Finistère),  pour  sa  jument  Fire- 
King 

'y  Catégorie.  —  3*=  Section.  —  Juments  demi-sang.  —  Médaille  d'or,  M.  Quéré  de  Saint-l*ol-de- 
Léon  (H'inistère),  pour  sa  jument  yl/ma.  — Médailles  d'argent,  MM.  François  Guivarcli,  du  Slbiril 
(Finistère),  pour  sa  jument /Jei<fc-de-./our  ;  Jean-Marie  Le  Bihani,  de  l'iougloum  (Finistère),  pour 
sa  jument  Jcamic. —  Médaille  de  bronze,  M.  Ciron,  à  Laviliottc,  commune  de  Frossay  ([.oire-Infé- 
rieiire),  pour  sa  jument  Lavallière.  — Mention  honorable,  M.  (joaoc,  de  Plounve/  (Finistère),  pour 
sa  jument  Rebine. 

.'r  Catégorie.  —  4''  Section.  —  Juments  de  selle.  —  Médailles  d'or,  M.  Cusson,  de  Corlay 
(Côlus-ilu-Nord),  pour  sa  jument  Bayadère.  —  Médailles  d'argent.  MM.  des  Garennes,  à  Oiiinliii 
(Côtes-du-Nord).  pour  sa  jument  l'ineite;  Aimé  Quéré,  de  Corlay  (Côtes-du-Nord),  |)our  sa  jument 
Fille  de  VAir.  —  Mentions  inmoraliles,  MM.  Pierre  Mabilel,  à  Saint-Eliennc-deiMontluc  (Loire- 
liiléiieure),  pour  sa  jument  Elégante;  Jean-Louis  Le  Roux,  de  Quimper  Quézennec  (Côles-du- 
No]-d).  pour  sa  jument  Francinetie. 

Pouliches  de  2  ans.  —  l'"  Catégorie.  —  Trait,  —  Médaille  d'argent,  à  M.  de  Boursicot,  pour  sa 
pouliche  Anténésime. 

2"  Catégorie.  —  Postier.  — Médaille  d'argent,  M.  Toussaint  Le  Traon,  pour  sa  pouliche  Réoeil, 
—  Meniion  honorable,  Jean-Marie  Lévisafj^e,  [)0ur  sa  pouliche  Julie. 

3"  Catégrrie.  —  Selle.  —  Médaille  n' argent,  M.  Genevois,  de  Kennerhoit,  en  Colpo,  pour  sa 
pouliche  Bi!c/ie»e. — Mention  honorable,  M.  D'arf^out,  pour  si  pouliche  .1//«/f/ip. 

4"  Catégorie.  —  Carrossier. —  Médaille  d'argent,  M.  Jean-Marie  Bih;in,  pour /"a/ère. 

Pouliciics  fie  3  ans.  —  {"Catégorie.  —  3°  Section.  —  Trait.  —  Médaille  d'or,  M.  Jean-Marie 
Bihr.n,  pour  sa  pouliche  Minette.  —  Médaille  d'argent,  M.  Michel  Stéphan,  pour  Bellone. — Médailles 
de  bronze,  MM.  Lafossé,  pour  Rigolette;  Guillevic,   pour  Korrigane. 

2°  Catégorie.  —  3'  Section.  —  Postier.  —  Médailles  d'or,  M.  Jacques  Creach,  pour  Coquette.  — 
Médailles  d'argenl,  M.  Guillaume  Bihan,  pour  /l /ma,- Jean  Péron,  pour  Z)e/p/i/«e,-  Pérono  pour 
Finette.  —  Médailles  de  bronze,  MM-  François  Saiaïm,  pour  PaptUotte;  Feunteun,  pour  Radieuse. 

3°  Catégorie.  —  3"  Section.  —  Carrossier.  —  Médaille  d'or,  M.  François  Guivarch,  pour  Hiron- 
delle. —  Médaille  d'argent,  M.  Henri  Carreau,  pour  Désirée.  — Médailles  de  bronze,  MM.  Augus- 
tin Trocadec,  pour  Rufine:  Connan,  pour  Mizéria  :  Toussaint  Prigcnt,  pour  Mgstère.  —  Mention 
honorable,  M.  Jean  Bertelemé,  pour  Dora. 

4"  Catégorie.  —  3"  Section.  —  Selle.  —  Médaille  d'or,  M.  Gustave  Ciron,  pour  Follette.  — 
Médaille  d'argent,  M.  dfs  Garennes,  pour  Toquade.  —  Médailles  de  bronze,  M.  Zudaire,  pour  Pom- 
ponuette:  Bessel.  pour  Cocotte  :  Beaume,  pour  I.olotie. 

Poulains  entiers  de  3  ans.  —  T"  Catégorie.  —  1"-  Section.  —  Race  de  Irait.  —  Médaille  d'or, 
M.  Vigouroujî,  de  Loperliet  (Finistère),  pour  son  étalon  Vesta.  —  Médaille  d'argent,  M.  Tanguy, 
lie  Boiiélis  (Finistère),  pour  son  étalon  Melchior.  —  Médaille  de  bronze,  M.  Crach,  de  Plouénan 
(Finistère),  pour  son  étalon  Quimper. 

2'  Catégorie.  —  3''  Section.  —  '2"  Race  demi-sang  postier.  —  Médaille  d'or,  M.  Jean  Quintric. 
de  Bodilis  (Finistère),  pour  son  étalon  Lancelot.  —  Médaille  d'argent,  M.  Du  Busquet,  de  Sibéril 
(Finistère),  pour  son  étalon  Boxeur.  —  Médailles  de  lironzc.  MM.  Jean  Quintric,  à  Badiljs  (Finis- 
tère), pour  son  étalon  Se/fp'^a/;  Guillaume  Bilhan,  à  Plouënan  (Finistère),  pour  son  étalon  Wild/lre; 
Denis  B.ngne,  de  Cléder  (Finistère),  pour  son  étalon  Attila;  Pouliquen  de  Saint-Thégonnec  (Finis- 
tère), pour  son  étalon  Carillon. 

,V  Catégorie.  —  l''"  Section.  —  Race  demi-sang  carrossier.  —  M'-dailles  d'or,  MM.  Abgral,  de 
Saint-Tnégonnec  (Finistère),  pour  son  étalon  Cacus:  Tanguy  de  Bodilis  (Finistère),  pour  son 
étalon  Gaspard. — Médaille  d'argent,  M.  Henri  Du  Rusquet,  àSibéril  (Finistère),  poursonéialon  Draô. 

4'"  Catégorie.  —  {"Section.  — 4°  Race  demi-sang  selle.  — Médaille  d'or,  M.  Ciron,  de  Frossay 
(Loire-Intérieure),  pour  son  étalon  Capon.  —  Médaille  d'argent,  M.  Pouli^^uen,  de  Saint-Thégonnec 
(Finistère),  pour  son  étalon  Caprice. 

Pou!ai[is  entiers  de  2  ans.  —  2"'  Catégorie.  —  1°  Race  de  trait.  —  Médaille  d'argent,  M.  Gaoret, 
de  Plœren  (Morbihati),  pour  son  étalon  Facile.  —  2°  Race  demi-sang  post  er.  —  Médailles  d'argent, 
MM.  Quintric,  de  Bodilis  (F'inistère),  pour  son  étalon  .Sitscra/n.- Jean-Marie  Bihan,  à  Blougoulm 
(Finistère),  [tour  son  étalon  Vainqueur.  —  3"  Race  deini-sang  carrossier.  —  Le  prix  qui  n'a  pas 
été  décerné  a  été  reporté  sur  la  catégorie  ci-lessus.  —  4°  Race  de  demi-sang  selle.  —  3Iédailk' 
d'argent,  M.  de  FrancheviUe,  à  Sarzeau  (Morbihan),  pour  son  étalon  Moise. 

T"  Catégorie.  —  2'-  Section.  —  1"  Race  de  trait.  —  Etalons  de  4  ans  et  au-dessus.  —  Médaille 
d'argent,  M.  Pierre  Lecoq,  à  Ploufrager  (Côtes-du-Nord),  jjour  son  étalon  Chartrain.  —  Médaille 
de  bronze,  M.  Louis  Géi'ard,  à  Combourg,  pour  son  étalon  Victor. 

2"  Catégorie.  —  2"  Sèct''o-,.- —  2°  Race  demi-sang  postier.  — Médaille  d'or,  M.  Creach-Prijent,  à 
Plouvenest-Lochrist  (Finistère),  pour  son  étalon  t'Iiampion.  —  Méduillr  d'argent ,  M.  Madec, 
d'Erdeven  (Morbihan),  pour  son  étalon  Vainqueur.  — Médaille  de  bronze,  M.  Borgne,  pour  son 
étalon  Crampon. 

3"  Catégorie.  — 4"  Section.  —  3°  Race  demi-sang  carrossier.  —  Médaille  d'or,  M.  Pouliguen  , 
de  Saint-Thégonnec  (Finistère),  pour  son  étalon  Manchester.  —  Médaille  d'argent,  R^.  Roué,  Yves, 
à  Plouénan  (Finistère),  pour  son  étalon  Cadet. 

4"  Catégorie.  — ;  2'"  Section.  —  1  "  Race  demi-sang  selle.  —  Médaille  d'or,  M.  Auguste  Boureau, 
d'Angers,  pour  son  étalon  Beaussire,  —  Médaille  d'argent,  M.  du  Rusquet,  de  Sibéril  (Finistère), 
pour  Astrolabe.  ... 

A.    DE    LA   MORVONNALS. 

LE  COiMMERGE  INTERNATIONAL  DES  ÉTATS-UNIS 

On  parle  souvent  depuis  quelques  années  de  l'importance  de 
l'exportation  aux  Etats-Unis.  Comme  rien  n'est  plus  précis  que  des 
chiffres,  nous  alloHs  résumer  quelques  données  statistiques  pour  les 


390  COMMERGe  INTERNATIONAL  DES  ÉTATS-UNIS. 

lecteurs  da  Journal  de  l'agriculture.  Nous  ne  faisons  figurer  dans  nos 
tableaux  que  les  denrées  agricoles  ou  les  matières  relatives  à  l'agri- 
culture et  à  l'alimentation.  Nos  nombres  se  rapportent  à  l'année  fiscale 
commençant  le  30  juin  1881  et  finissant  le  éJOjuin  1882.  C'est  dans 
une  publication  officielle  allemande,  Deuhches  Handeh  Archiv,  émanant 
de  la  chancellerie  impériale,  que  nous  avons  puisé  nos  chifTres.  11  n'est 
que  trop  vrai  que  l'administration  française  n'a  pas  su  fournir  jus- 
qu'ici les  documents  nécessaires  à  notre  commerce  d'exportation.  Il 
€st  cependant  juste  de  reconnaître  que  certaines  publications  officielles 
sont  fort  remarquables,  par  exemple  le  Bullclin  de  statistique  du  Minis- 
tère des  finances  dirigé  avec  une  grande  autorité  par  M.  de  Foville  et 
le  Bulletin  du  Ministère  de  l'agriculture. 
Commençons  par  l'importation. 

Articles  francs  de  droit  : 

Tartie 3,013,376  dollars.  Peaux 27, S'il ,  126  dollars. 

Café' 40,(141, (i09  Thé 19,382,102 

€oton 729,844  Bois 4,487,091 

Poissons 2,:200,000  Sucre  brut 6,918,083 

Guano.. 856,622 

Articles  soumis  aux  droits  : 

Animaux  vivants 4,812,939  dollars.        Peaux  préparées 5,388,709  dollars. 

Bière 970,326                      Chanvre. 6, 110, 152 

Orge.. 10,866,628                       Jute 4.710,192 

Malt 1,10^,786                       Cuir 7^129,141 

Maïs 59,895                      Huile  d'olive 478,747 

■     Avoine 784,118                       Giaines  de  lin 773,044 

Seigle 889,189                       Sucre 83,147,135 

Blé 1,077,795                       .Mélasse 10, 015,2:4 

Farine  de  blé 25,640                      Tabacs  en  feuilles 6,230,865 

Autres  farines 119,503                      Cigares 84,859 

Pois,  feveroies  etc 1,088,752                       Alcool  en  fûts 1,535,769 

Sardines 860,760  —    en  bouteilles. . .  754,506 

Harengs  salés 375,617                       Vins  en  fûls 3,160,072 

Lin 1,502,645                        —  en  bouteilles 4,398,586 

Laine 11,096,050 

L'ensemble  de  l'importation  s'élève  à  724,639;674  dollars,  dont 
514,060,567  pour  les  articles  soumis  à  des  droits;  f)5i,004,097  dol- 
lars représentent  ce  qu'on  appelle  en  langage  fiscal  le  commerce  spécial. 
Le  commerce  de  transit  est  fort  important  aux  Etats-Unis. 

Exportation  : 

Faucheuse:^    et   mois-                           ilollars.        Houblon 1 ,450,786  dollars. 

sonneuses 1,003,724  Tourteaux 6,302,828 

Charrues 290,117  Lanl 42,124,602 

Porcs  vivants ..  509,651  -lanibons 4,551,172 

Bœufs  vivants 7,800,227  Bœuf  Irais 6,768,881 

Chevaux 470,183  li(Kuf  salé 3,9ii2,556 

Moulons 603,778  0 -urre 2,864,570 

Bière 384,190  Fromage 14,058,575 

Orge 151,575  Saindoux 28,975,902 

Pain  et  biscuit 781,292  Porc  salé 7,201,270 

Mais , 28,845,830  Graines  de  trène 2,925,911 

Farine  de  mais 9.i4,201  Alco  1  de  grains 1,727,526 

Avoine 298,349  Alcool  de  mêlasse....  •.  191,871 

iseigle 946,080  Sucre  raffiné 1,335,689 

Fannedeblé 28,593  Tabio  en  feuilles 19,067,-21 

Blé 112,929,718  Cigares .1U,717 

Fannedeblé 36,375,005  Tabics  divers 2,246,692 

Coton 190,414,348  Meirains 6,887,080 

La  comparaison  des  tableaux  d'importation  et  d'exportation  montre 
que  les  Etals-Unis  importent  les  denrées  agricoles  en  quantité  presque 
infinitésimale,  et  les  exportent  en  quantité  excessivement  considérable. 
Voyez  plutôt  les  chiffres  relatifs  aux  céréales,  à  la  farine,  aux  salai- 
sons, etc.!  L'Amérique  du  Nord  est  le  grenier  d'abondance  de  la  vieilfe 
Europe.  L'ensemble  de  l'exportation  s'élève  à  733,239,73'2  dollars.  Ce 


COMMERCE  INTERNATIONAL  DES   ÉTATS-UNIS.  391 

chiffre  dépasse  celui  de  l'importation.  Les  Etats-Unis  sont  le  seul  pays 
riche  où  l'exportation  se  trouve  supérieure  à  l'importation.  La  théorie 
de  la  balance  du  commerce  a  été  réfutée  mille  fois.  Nous  ne  nous 
arrêterons  donc  pas  sur  ce  sujet.  Il  nous  serait  trop  facile  de  mettre  à 
néant  l'argumentation  des  partisans  du  système  mercantile  qui  veulent 
donner  les  Etats-Unis  comme  preuve  à  l'appui  de  leur  théorie  surannée. 

Paul   MULLER. 

LE  GOiNCOURS  RÉGIONAL  DE  BOURG-  —  II 

Dans  la  race  charolaise,  comme  on  devait  s'y  attendre,  il  y  avait  une  belle, 
nombreuse  et  bonne  exposition.  Avec  des  exposants  tels  que  M.  le  comte  Henry 
de  la  Fcrrière,  de  Bierre-lès  Semur,  M.  Moreau,  de  Vic-sous-Phil,  M.  Petiot  qui 
semble  cumuler  l'élevage  de  toutes  les  races,  avec  un  égal  succès,  M.  Tripier  qui, 
avec  les  deux  premiers  exposants,  représentait  si  bien  le  département  de  la  Côte- 
d'Or;  enfin  M.  Bernard  fils,  de  Bourbon-Lancy  (Saône-et-Loire) ,  l'exposition  de  cette 
belle  race  charolaise,  la  seule  des  races  françaises  qui  se  rapproche  un  peu  de  la 
race  Durham,  ne  pouvait  manquer  d'être  fort  remarquable,  et  l'un  des  grands 
attraits  du  concours.  Nous  avons  surtout  admiré  la  classe  des  jeunes  génisses, 
à  laquelle  nous  avons  attribué  un  prix  supplémentaire,  tant  il  nous  coiàtait  de 
n'avoir  que  deux  prix  à  donner.  La  génisse  n»  31,  exposée  par  M.  le  comte  de 
Laferrière,  était  superbe  et  bien  digne  d'être  mise  à  la  tcte  de  cette  charmante 
bande  de  10  génisses,  à  robe  blanche,  formant  un  ensemble  des  plus  attrayants 
Les  autres  catégories  avaient  moins  d'homogénéité.  A  côté  d'animaux  de  grand 
mérite,  il  y  en  avait  d'autres  assez  médiocres.  Mais  néanmoins  j'ai  pu  constater 
avec  plaisir  que  si  parmi  ces  charolais,  il  n'y  avait  pas  mal  de  peaux  dures  et 
cuirassées,  d'échinés  maigres,  de  hanches  à  courte  envergure,  et  de  côtes  plates, 
arquées  en  ogive,  d'un  autre  côté,  il  y  avait  une  plus  grande  proportion  d'ani- 
maux possédant  les  qualités  contraires. 

Les  catégories  de  la  race  Durham,  pour  une  région  où  elle  n'est  pas  cultivée  et 
oîi  les  préjugés  semblent  encore  lutter  contre  son  adoption,  étaient  bien  et 
dignement  remplies.  J'avoue  que  j'ai  été  bien  agréablement  surpris  de  voir,  dans 
celte  exposition  très  nombreuse,  si  peu  d'animaux  d'un  mérite  secondaire.  Gomme 
ensemble,  c'était  bien  la  partie  la  plus  belle  du  concours,  et  quelques-uns  des 
animaux  exposés  étaient  vraiment  remarquables. 

L'exposition  des  Durhams  du  concours  régional  de  Bourg  était  redevable  de  sou 
éclat  à  plusieurs  éleveurs  renommés  dont  la  réputation  n'a  plus  besoin  d'iiumbles 
éloges,  tels  que  je  puis  les  donner,  pour  s'étabhr  dans  l'opinion  publique  et  être 
appréciée  comme  elle  le  mérite.  Parmi  les  principaux  exposants,  je  me  plais  à  citer 
M.  le  marquis  de  Montlaur,  qui  m'a  inspiré  une  haute  idée  de  son  élevage  par 
les  spécimens  vraiment  remarquables  qu'il  en  a  exposés.  Son  taureau  1"  prix,  n°  83, 
possède  tous  les  points  caractéristiques  des  grandes  familles  de  la  race  :  ampleur 
de  développement,  profondeur  de  corps,  noblesse  de  maintien  et  de  prestance, 
grande  distinction  générale  et  cette  belle  couleur  rouan  léger  que  nous  distinguons 
en  Angleterre  par  le  mot  Silver  Roan.,  rouan  argenté.  La  vache  n"  103  à  laquelle 
nous  avons  aussi  donné  le  l"^""  prix  était  aussi  fort  belle.  J"ai  beaucoup  regretté 
qu'on  n'ait  pas  donné  le  1"  prix,  au  jeune  taureau  n"  78,  qui,  à  mes  yeux,  était  le 
plus  bel  animal  du  concours.  Mais  son  museau  charbonné  et  ses  corn,  s  fortement 
teintées  de  noir  ont  paru  à  mes  collègues,  constituer  un  défaut  qui  l'a  fait  reléguer 
au  second  rang.  Il  faut  bien  admettre  que  ce  défaut  est  grave  et  dépare  singu- 
lièrement laspect  d'un  reproducteur.  Les  museaux  noirs  sont  ordinairement  un 
indice  de  ce  qu'on  appelle  l'alliage.  Cet  indice  remonte  jusqu'à  la  vache  Lady  de 
Charles  CoUing.  Cette  vache  était  le  produit  du  croisement  de  Phœnix  mère  de 
Favourite  avec  un  petit-fils  de  Bolingbroke,  père  de  Favourite,  mais  ce  petit-fils 
de  Bolingbroke  était  le  produit  d'un  croisement  de  ce  dernier  taureau  avec  la- 
vache  Galloway  appaitenant  au  colonel  F  anagan.  Colling,  en  permettant  cette 
mésalliance,  stipula  que  si  le  produit  était  un  mâle  il  le  garderait  Ce  taureau 
métis,  quand  il  fut  en  âge  de  faire  la  saillie,  fut  accouplé  à  la  vache  pure  Durham, 
Juhanna.  Cette  nouvelle  mésalliance  produisit  un  second  veau  mâle,  inséré  plus 
tard  au  Herd-Book,  sous  le  nom  de  petit  fils  de  Bolingbroke  (-280)  que  C.  CoIUng 
eut  1  imprudence  d'accou])ler  avec  Phœnix  mère  de  Favourite;  le  produit  fut  Lady. 
Qn  prétend  aujourd'hui  que  cette  tache  noire,  que  l'on  remarque  très  souvent  au 


392  CONCOURS  REGIONAL  DE  BOURG. 

museau  de  certains  Durhams,  vient  de  cette  mésalliance,  et  on  a  remarqué  que 
c'est  surtout  dans  les  descendants  de  Lady  que,  le  plus  souvent,  on  rencontre  ce 
défaut.  Dans  tous  les  cas,  les  nez  noirs  sont  considérés  en  Angleterre  comme  une 
grande  dépréciation,  et  on  les  évite  avec  le  plus  grand  soin. 

Parmi  les  lauréats  dans  les  catégories  de  li  race  Jjurham  au  concours  de  Bourg, 
il  convient  aussi  de  nommer  M.  Petiot  qui  nous  a  montré  de  fort  beaux  animaux 
et  surtout  une  vache  rouge  que  l'on  peut  considérer  comme  une  victime  de  sa  per- 
fection. Cette  vache  d'une  rare  perfection,  âgée  de  trois  ans  et  huit  mois,  n'a  jamais 
fait  veau  et  bien  probablement  n'en  iera  jamais;  à  cause  de  cette  stérilité  patente, 
nous  avons  dû  la  disqualiher.  Il  est  évident  que  cette  bète  aura  été  dès  son  jeune 
âge  soumise  à  un  engraissement  exagéré  en  vue  des  concours  et  il  en  est  résullé 
qu'elle  a,  naturellement,  perdu  toute  sa  vitalité  de  reproduction.  Je  ne  désespèie 
pas  de  la  revoir  comme  vache  grasse  à  un  prochain  concours  général  du  Palais  de 
l'Industrie;  c'est  bien  dommage,  car  je  puis  dire  que  c'est  une  des  plus  belles 
vaches  Durham  que  j'aie  jamais  vues,  même  en  Angleterre. 

Dans  la  classe  des  jeunes  génisses  j'ai  beaucoup  admiré  une  génisse  rouge  n"  87, 
exposée  par  M.  le  marquis  de  Monllaur,  et  à  laquelle  j'aurais  bien  voulu  donner 
le  l'"""  prix,  mais  sa  rivale  n"  90,  exposée  par  M.  Larzat,  l'a  emporté.  Il  est  vrai 
de  dire  que  la  génisse  de  M.  Larzat  avait  près  de  quatre  mois  de  plus  que  celle 
du  marquis  de  Montlaur,  et  par  conséquent  était  beaucoup  plus  complètement 
développée,  mais,  à  âge  égal,  je  doute  qu'elle  eût  battu  le  n"  87  du  marquis  de 
Monllaur. 

Puisque  je  viens  de  nommer  M.  Larzat,  je  ne  puis  m'empêcher  de  rendre  hoai  - 
mage  à  cet  éminent  éleveur  de  Durhams.  G'e.~t  un  de  ceux  à  qui  cette  race  est  le 
plus  redevable  de  ce  qu'elle  possède  de  faveur  et  de  renommée  dans  notre  pays.  Sou 
exposition  était  en  tout  digne  de  sa  renommée  ;  les  deux  premiers,  les  deux 
seconds  et  le  troisième  prix  qu'il  a  remportés  en  sont  une  glorieuse  preuve. 

Il  ne  faut  pas  non  plus  oublier  cet  autre  vétéran  de  l'élevage  de  la  race  Durham, 
M.  Lacour,  de  Saint-Fargeau,  dont  nous  avons  regretté  l'absence.  Dans  les  caté- 
gories des  Durham  de  sang  pur  et  dans  celles  des  croisements,  son  exposition  a 
remporté  de  nombreuses  récompenses. 

Parmi  les  exposants  de  race  Durham,  j'ai  déjà  nommé  M.  Emmanuel  Gréa. 
C'est  avec  un  grand  plaisir  que  j'ai  vu  cet  eminent  praticien  s'adonner  à  l'élevage 
d'une  race  qui  est  appelée  à  rendre  de  si  grands  services  dans  la  région  qu'il  habite. 
M.  Gréa  est  un  homme  trop  intelligent  pour  n'être  pas  persévérant.  En  suivant 
la  voie  dans  laquelle  il  s'est  engagé,  il  a  fait  preuve  d'un  grand  sens  pratique  et 
d'un  rare  discernement.  Le  succès,  je  le  lui  prédis,  viendra  promptement  récom- 
penser ses  efforts.  Déjà  le  branle  est  donné  dans  sa  région  où  il  aura  prochaine- 
ment des  émules  et  des  imitateurs. 

Le  prix  d'ensemble  de  la  première  catégorie,  celle  des  Charolais,  a  été  remporté 
par  un  éleveur  de  la  Côte-dOr,  M.  Moreau.  C'était  la  bande  la  plus  homogène, 
comme  mérite  général,  de  tout  le  concours.  L'autre  prix  d'ensemble  pour  lequel 
concourait  une  bande  de  Durhams  exposés  par  M.  Petiot,  très  inégaux,  et  parmi 
lesquels  se  trouvait  la  belle  vache  stérile  que  nous  avions  disqualifiée,  n'a  pu  réunir 
la  majorité  des  suffrages.  C'est  une  bande  de  race  fémeline  beaucoup  plus  homo- 
gène qui  a  obtenu  cette  haute  récompense. 

Si  parmi  les  exposants  des  Charolais  et  des  Durhams,  nous  avions  à  Bourg  les 
éleveurs  les  plus  éminents,  l'exposition  ovine  était  aussi  représentée  par  des 
s  ommités  de  l'élevage  français.  Il  suffit  de  nommer  M.  le  comte  de  Bouille,  M.  Tier- 
sonnier,  le  comte  de  la  Ferrière.  M.  Textoris,  de  Chevey,  M.  Japiot,  de  Châtillon- 
sur-Seine,  M.  Massé,  du  Cher,  MM.  Terrillon-Lemoine,de  la  Gôte-d'Or,  pour  se 
aire  une  idée  de  l'importance  de  la  lutte  dans  les  diverses  catégories.  Les  prin- 
cipales récompenses,  comme  on  le  verra  eu  jetant  un  coup  d'œil  sur  la  liste  des 
prix,  ont  été  remportées  par  presque  tous  les  éminents  éleveurs  que  je  viens  de 
citer.  Je  puis  dire  que  j'ai  rarement  vu  d'aussi  beaux  spécimens  de  la  race  méri- 
nos que  ceux  qu'il  m'a  été  donné  d'admirer  au  concours  de  Bourg. 

Dans  l'exposition  porcine,  c'est  M.  le  marquis  de  Lénoncourt  qui  a  moissonné 
le  plus  grand  nombre  de  récompenses.  Son  exposition  était  fort  belle,  surtout  celle 
de  la  race  Yorkshire,  laquelle,  on  le  sait,  est  pour  moi  une  race  de  prédilection, 
celle  que  j'élève  moi-même,  avec  tout  le  soin  et  le  scrupule  d'uu  éleveur  tenant  à 
la  pureté  du  sang,  à  l'harmonie  et  à  l'équiHbre  des  formes,  à  la  qualité  de  la  chair 
et  surtout  à  la  précocité. 

Je  dirai  peu  de  chose  des  machines  parmi  les-juelles  je  n'ai  rien  vu  de  nouveau. 


CONCOURS  RÉGIONAL    DE  BOURG  393 

La  seule  chose  qui  m'ait  frappé,  c'est  la  quantité  inusitée   et  extraordinaire  des 
machines  à  battre.  On  eût  dit  un  concours  spécial  de  ces  engins. 

En  somme,  voilà  un  bon  et  solide  concours,  bien  organisé  et  fortement  constitué. 
On  voyait  partout  et  dans  toutes  les  branches  de  l'administration,  les  effets  d'une 
vigoureuse  direction.  Depuis  l'aimable  et  sympathique  M.  Boitel,  jusqu'aux  plus 
simples  subalternes,  tout  le  monde  officiel  était  afi'able  et  ]ioli,  même  les  baïon- 
nettes des  sentinelles  paraissaient  moins  rebiffantes  et  plus  discrètes  et  on  en 
apercevait  beaucoup  moins.  Naturellement  je  n'ai  point  assisté  aux  fêtes  que  la 
ville  de  Bourg  et  le  monde  officiel  offraient  aux  visiteurs,  je  ne  me  suis  intéressé 
qu'aux  choses  purement  agricoles.  Cependant  je  ne  puis  quitter  cette  ville  inté- 
ressante sans  remercier  les  hôtes  bienveillants  et  consciencieux  de  l'hôtel  de 
France  oîi  j'étais  descendu.  Nous  sommes  malheureusement  habitués  à  un  écor- 
chement  vif  de  la  part  des  propriétaires  d'hôtels  dans  les  villes  où  se  tiennent  des 
concours.  Ici  on  n'a  fait  aucune  différence  sur  les  prix  ordinaires,  tt  on  nous  a 
traités  avec  une  libéralité  inusitée  et  une  complaisance  que  je  n'oubl.erai  point. 

De  la  Tréiionnais. 

CONCOURS  REGIONAL  DE  DIGNE 

Discours  prononcé  par  M.  Du  Peyrat,  inspecteur  général  de  l'agriculture 
à  la  distribution  des  récompenses. 

Messieurs,  en  décernant  les  récompenses  aux  lauréats  du  concours  régional 
notre  pensée  n'est  pas  seulement  d'honorer  l'agriculture  et  ceux  qui  contribuent 
si  largement  à  ses  progrès.  Nos  visées  sont  plus  hautes  :  nous  voulons  que  le 
concours  agricole  soit  un  enseignement  et  laisse  après  lui  une  semence  féconde 
qui  plus  tard  portera  ses  fruits.  En  signalant  des  efforts  intelligents,  des  procédés 
éprouvés,  des  résultats  avantageux,  nous  avons  l'espérance  que  bien  des  cultiva- 
teurs sauront  profiter  du  succès  des  autres.  Tel  est  surtout,  messieurs,  le  but  du 
concours  des  prix  culturaux. 

Dans  un  instant,  l'honorable  rapporteur  du  jury  chargé  de  visiter  les  domaines 
des  concurrents,  vous  rendra  compte  de  cette  partie  de  notre  mission. 

Il  vous  dira  quels  ont  été  nos  regrets  de  ne  pouvoir  attribuer  notre  plus 
haute  récompense,  la  prime  d'honneur;  mais  il  vous  dira  aussi  que  le  département 
des  Basses-Alpes  a  le  droit  d'être  fier  de  ses  petits  cultivateurs,  qui,  au  milieu  de 
mille  difficultés,  savent,  par  leur  énergie  et  leur  opiniâtre  labeur,  vaincre  les 
résistances  d'une  nature  trop  souvent  ingrate. 

Combien  ces  efforts  se  généraliseraient,  combien  ils  seraient  plus  efficaces, 
si  l'instruction  agricole  était  plus  répandue  et  si  vos  populations  rurales  étaient 
mieux  éclairées  sur  leurs  véritables  intérêts.  Il  y  a  ici,  en  effet,  un  certain  anta- 
gonisme entre  deux  intérêts  qui  ont  souvent  divisé  l'opinion  :  la  culture  pastorale 
et  le  reboisement.  C'est  là  la  question  vitale  de  la  région  alpestre. 

Sur  la  plus  grande  partie  de  votre  territoire  occupé  par  des  montagnes  en 
ruines  qui  s'effondrent  dans  les  vallées  en  portant  au  loin  la  dévastation,  le  pro- 
blème de  la  production  agricole  devient  tous  les  jours  plus  difficile  :  la  surface 
productive  diminue,  la  lutte  pour  l'existence  y  est  plus  laborieuse  et  plus  dure, 
et,  souvent,  les  efforts  du  cultivateur  sont  disproportionnés  avec  les  résultats 
obtenus. 

Les  conséquences  de  cet  état  de  choses  se  manifestent  surtout  par  un  fait 
grave,  latal,  continu  :  la  dépopulation.  Si  vos  rudes  montagnards  se  cramponnent 
sur  leur  petit  héiitage  et  subissent  avec  courage,  avec  la  résignation  de  l'habi- 
tude, les  privations  de  vos  longs  hivers,  une  partie  des  habitants  abandonne  ces 
austères  régions  et  émigré  vers  des  contrées  plus  clémentes  où  la  vie  est  plus 
facile,  le  travail  plus  rémunérateur  et  le  bien-être  plus  répandu. 

Ce  courant  d'émigration  continu  est  assurément  très  regrettable,  mais  il  est 
aussi  naturel'que  légitime  :  la  possibilité  de  production  de  ces  contrées  malheu- 
reuses diminuant,  la  population  doit  forcement  diminuer.  Un  de  vos  administra- 
teurs me  disait,  en  parlant  d'une  commune  de  l'arrondissement  de  Barcclonnette, 
que,  depuis  "deux  ans,  on  n'avait  constaté  dans  cette  commune  ni  un  mariage,  ni 
une  naissance  ni  un  décès.  Ici  la  vie  sociale  est  pour  ainsi  dire  suspendue.  Ce 
fait  peint  la  situation  des  hautes  vallées  alpestres. 

Tout  en  étant  attristé  par  celte  diminution  du  nombre  des  habitants,  on  se 
dçmande  s'il  faut  s'en  préoccuper  outre  mesure  pour  l'avenir,  et  s'il  est  des  re- 


394  CONCOURS  RÉGIONAL  DE    DIGNE. 

rnèdes  capables  d'en  conjurer  les  éventualités?  Sans  chercher  à  masquer  ma  ' 
pensée  dans  une  forme  enveloppée,  je  n'hésite  pas  à  répondre  que  la  dépopulation 
des  montagnes  des  Alpes  est  un  phénomène  purement  agricole  qu'il  convient  de 
constater  avec  regret,  mais  qui,  progressivement  et  sans  secousses,  aura  pour 
résultat  de  restituer  au  domaine  forestier  des  terrains  devenus  impropres  à  la 
culture  et  même  au  pâturage.  Les  forêts  jouent,  en  ce  cas,  un  rôle  prépondérant 
de  préservation  et  de  reconstitution. 

La  population  des  Alpes  ne  doit  pas  redouter  cette  lente  transformation  :  si 
elle  diminue  sur  divers  points,  elle  se  cantonnera  dans  les  parties  où  elle  jouira 
de  plus  de  bien-être,  et  quant  aux  émigrants  qui  transportent  leurs  bras  dans 
d'autres  régions  de  notre  territoire,  ils  contribueront  plus  utilement  à  l'augmen- 
tation de  la  richesse  et  du  nombre  des  habitants  de  l'ensemble  de  la  Francs. 

C'est  là,  messieurs,  un  langage  bien  sévère,  bien  positif  et  peu  fait  pour 
flatter  ce  penchant  intime  qui  nous  attache  chacun  à  ce  coin  de  terre  où  nous 
vîmfis  le  jour.  Mais  en  présence  des  questions  positives,  il  faut,  avant  tout,  envi- 
sager sans  faiblesse  la  situation  que  nous  ont  faite  les  événements. 

L'administration  des  forêts  s'efforce,  en  maîtrisant  les  ravages  de  vos  tor- 
rents, en  consolidant  les  pentes  croulantes  de  vos  montagnes,  de  préserver  le 
présente  et  elle  prépare  aussi  l'évolution  agricole  de  l'avenir.  Bien  des  préventions 
sont  déjà  tombées  devant  l'évidence  des  faits,  et  si  des  préjugés  existent  encore  • 
sur  l'utilité  et  la  grandeur  de  l'œuvre  poursuivie  par  l'administration  des  forêts,  ^ 
i'ai  le  ferme  espoir,  messieurs,  qu'ils  ne  tarderont  pas  à  disparaître.  La  nouvelle 
loi  qui  régit  les  reboisements  entrepris  par  l'Etat  ne  lèse  plus  aucun  des  intérêts 
privés  de  la  région  montagneuse,  et  elle  est  un  bienfait  dont  vous  apprécierez 
plus  tard  les  résultats. 

En  m'adressant  aux  cultivateurs  alpins,  je  ne  puis  leur  donner  un  plus  sage 
conseil  que  de  les  inviter  à  seconder  de  leurs  efforts,  à  entourer  de  leurs  sympa- 
thies, ces  forestiers  prévoyants  qui  travaillent  à  sauver  ce  pays  de  la  ruine,  avec 
un  dévouement,  une  science  et  un  esprit  de  mesure  auxquels  je  suis  heureux  de- 
rendre  un  public  hommage. 

CONCOURS  RÉGIONAL  DE  FOIX-  —  II 

A  la  hste  des  récompenses  du  concours  régional  de  Foix,  il  faut  ajouter -que  la 
Société  des  agriculteurs  de  France  avait  envoyé  un  objet  d  art,  une  médaille  d'or, 
deux  médailles  d'argent,  une  médaille  de  bronze. 

Ces  récompenses  ont  été  attribuées  comme  suit  : 

1"  L'objet  d'art^  à  M.  Théron  de  Montaugé,  de  Toulouse,  pour  l'ensemble  de  ses 
vaches  laitières. 

2"  La  médaille  d/or,  à  M.  de  Morteaux,  président  du  comice  agricole  de  Foi.\, 
pour  l'ensemble  de  son  exposition  chevaline. 

3"  Les  médailles  d'argent^  à  MM.  de  Grelas  et  Gaussou,  pour  leurs  animaux  de 
l'espèce  bovine  des  races  Gasconne  et  Garolaise. 

4"  La  médaille  de  bronze,  à  M.  Gabarrou  pour  l'espèce  ovine.  A.  Riga^ 

Président  du  Comice  de  Pamier^T 

SOCIETE    NATIONALE    D'AGRICULTURE 

Séance  du  6  juin  1883.  ^-  Présidence  de  M.  Dumas. 

M.  Meugy,  inspecteur  général  des  mines,  fait  hommage  de  la  carie 
géologique  agronomique  de  Tarroadissement  de  Mézières  (Ardennes) 
qu'il  vient  de  publier. 

M.  Rossignol,  vétérinaire  à  Melun,  envoie  un  rapport  relatif  à  des 
expériences  sur  la  transmission  de  l'immunité  par  la  vaccination  char- 
bonneuse de  la  mère  au  fœtus. 

M.  le  secrétaire  perpétuel  analyse  le  troisième  fascicule,  pour  1883,  , 
du  bulletin  du  ministère  de  l'agriculture,  qui  renferme  les  tableaux  des 
récoltes  de  1882,  et  ceux  des  importations  et  exportations  des  matières 
intéressant  l'agriculture,  et  le  commerce  du  bétail  pendant  les  années 
1 880  à  1 882.  A  cette  occasion,  il  fait  ressortir  combien  il  serait  im  portant 
de  réorganiser  sur  des  bases  sérieuses  le  service  de  la  statistique  agricole 
qui,  dans  la  plupart  des  départements,  laisse  beaucoup  trop  à  désirer.  ^ 


SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'AUJUCaLTQRE  DE  FKANGE.  395 

M.  Jules  MaisLre  demande  à  la  Société  de  veair  constater  les  résul- 
tats qu'il  a  obtenus  à  Villeneuvelte  (Hérault),  par  l'usage  des  irriga- 
tions d'été  contre  le  phylloxéra.  MM.  Barrai^  Gaston  Bazille,  Faucon, 
P.  de  Gasparin  et  H.  Mares,  sont  chargés  de  faire  cette  visite. 

M.  Th.  Christy  envoie  de  Londre's  plusieurs  surgeons  d'une  plante, 
Ja  Mml/ia  arvensis  piprrasccns^  qui  donne  le  menthol  cristallisé, 
<lont  les  qualités  j)liarmaceuliques  sont  appréciées  ,  il  estime  que  c'est 
une  plante  médicinale,  qu'il  serait  utile  de  propager  en  Europe. 

M.  des  Cars  donne  lecture  d'un  rapport  sur  une  proposition  de 
M.  de  Thiac  relative  à  l'organisation  d'un  enseignement  forestier  spé- 
cial en  vue  déformer  des  gardes  pour  les  propriétaires  de  bois.  Après 
iivoir  donné  des  détails  sur  l'organisation  de  l'école  des  Barres- Vil- 
morin, il  conclut  en  proposant  à  la  Société  de  demander  au  ministre  de 
l'agriculture  de  prendre  des  mesures  pour  que  des  notions  de  culture, 
de  gestion  et  de  surveillance  des  bois  et  forêts  soient*  données  aux 
élèves  des  fermes-écoles  dans  lesquelles  on  jugera  utile  de  répandre 
cet  enseignement.  Ce  rapport  sera  discuté  ultérieurement. 

M.  de  Luçay  fait  une  communication  sur  la  nouvelle  évaluation  du 
revenu  foncier  des  propriétés  non  bâties,  qui  vient  d'être  faite  par  le 
ministère  des  finances.  M.  de  Luçay  pense  que  celte  évaluation,  faite  de 
1 879  à  1 881 ,  ne  représente  plus  la  situation  actuelle,  en  présence  d'une 
baisse  continue  dans  la  valeur  de  la  propriété  immobilière  non  bâtie. 

M.  de  Retz  fait  connaître  que  les  éducations  de  versa  soie  se  pour- 
suivent avec  quelques  difficultés,  dues  surtout  à  des  circonstances 
locales;  on  ne  signale  pas  encore  de  ventes  de  cocons.  ' 

M.  Renou  présente  le  résumé  des  observations  météorologiques  de 
mai.  Ce  mois  a  présenté  un  caractère  tout  à  fait  opposé  à  celui  des  mois 
précédents  :  température  plus  élevée  que  la  moyenne,  et  pluies  moindres. 

Henry  Sagnier. 

SITUATION  AGRICOLE  DANS  LA  GIRONDE 

Le  régime  peu  favorable,  suivi  par  le  mois  d'avril,  dans  ses  derniers  jours,  pluie 
et  température  relativement  basse,  l'ut  d'abord  adopté  par  celui  de  mai,  jusqu'au 
11.  A  compter  du  12,  il  est  vrai,  les  choses  changèrent,  puisqu'on  eut  une  suite 
de  beaux  jours,  jusqu'au  23  inciusive*ment  ;  puis  revinrent  quelques  pluies.  Ce 
changement,  quoique  peu  considérable,  il  est  vrai,  fut  heureux,  et  c'est,  on  peut 
Je  dire,  sous  un  régime  favorable  pour  les  récoltes,  que  s'est  faite  la  transition  de 
mai  à  juin.  Les  derniers  jours  de  mai,  dont  on  s'est  hâté  de  profiter,  pour  les  tra- 
vaux d  entretien  :  aux  céréales,  sarclages  ;  à  la  vigne,  seconde  façon. 

Ainsi,  on  le  voit,  la  chance  de  la  lune  rousse  n'est  pas  précisément  le  seule  heu- 
reusement parée.  Cependant,  et  bien  qu'on  ait  pu  jusqu'ici  satisfaire  aux  légitimes 
exigences  de  la  vigne,  et  qu'il  y  ait  encore  du  temps  à  courir,  on  ne  semble  pas 
po-uvoir  compter  sur  une  de  ces  années  privilégiées  en  quantité  ou  en  qualité.  Le 
temps  qui  reste  à  passer  est  long,  et  deux  phénomènes  capitaux  doivent  l'utiliser  : 
la  floraison  et  la  maturation.  Or,  indépendamment  des  influences  qui  devront  leur 
revenir  de  ces  épreuves  passées,  il  pourrait  s'en  produire  de  nouvelles,  dans  une 
année  qui,  jusqu'ici,  s'est  montrée  si  variable.  Aug.  Petit-Laffitte. 

REVUE  COM.^IERflIÂLE  ET  PRIX  COURANT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(9  JUIN   1883). 
I.  —  Silualion  générale. 
Les  marchés  agricoles  continuent  à  présenter  beaucoup  de  calme.   Les  agrw 
culteurs  ne  font  que  des  offres  restreintes  pour  la  plupart  des  denrées. 

II.  —  Les  grains  et  les  farines. 
Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal  métrique, 
sur  les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger  : 


396 


REVUE   COMMERCIALE  ET  PRIX   COURANT 


1"  RÉGION.  —  NORn.OrEST, 

Blé.  Seigle.  Orge. 

fr.  fr.  fr. 

Calvados.  Condé 24.75  15. oo  19  50 

—  Lisieux 2'i.20  18.00        » 

Côt.-du-Nord. L-annwn. .  -l't. 00  »  i6.75 

—        Tréguier.  23.50  20.00  :8.oo 

Finistère.  M or\a,\x 24.50  »  17.25 

—  Quiroper 24.00  17.00  17.00 

Ille-tt-Vilaine.  Rennes.,  "ik. Ta  »  iG.25 

—        Fougères...  24.50  »            » 

Manches.  Avr-dnchea...  25.00  »  19.50 

—  Pontorson... .  25.40  »  19.75 

—  Villedieu 26.00  16.55  21.00 

Mayenne.  La.va.\ 25.00  »  17  50 

—  Mayenne 25.50  »  18.75 

A/orbi/ion.  Hennebont..  25.00  16.50        » 

Orne.  Alençon... 25.20  17.50  20.00 

—  Morlugne 24.50  15.50  19.00 

Sort/ie.  Le  Mans 26.00  15.25  16.50 

—  Sablé 24.85  »  19.75 

Prix  moyens 24.78  16.81  18.43 

2.  RÉGION.  —  NORD. 

Aisne.  Laon 23.15  16.15  17.50 

—  Saint-Quentin...  24.00  »            » 

—  Villers-Cotterets.   23.25  15.75  19.00 
Eure.  Evreiix 23.25  15.25  20.25 

—  Conches 24.50  15.20  21.50 

—  Pacy 23   75  14.00  20.70 

Eure-et-Loir.  CharlTQS..  'Zi.bO  15.00  17.25 

—  Auneau 24  00  14.70  17.50 

—  Nogent-le-Rotiou.  25.00  »  20.25 
Nord.  Cambrai 25.00  16.50  18.75 

—  Lille 26.25  »             » 

—  Valenciennes 24.75  16.50        » 

Oise.  Beauvais 22.50  15.50  19.25 

—  senlis 22.00  15.50        » 

—  Noyon 24.50  16.00         » 

Pas-de-Calais.  Arras...  25.00  17.00  19.50 

—  Sani-Omer 24.25  i7.25        » 

Seine.  Paris 25.25  16  25  18.50 

S.-e«-il/ar.  Dammarlin...  22.00  15.50  17.50 

—  Meiun 25.75  15.25         » 

—  Provins 24.50  16.00  19.25 

S.-el-Oise.  Mantes 22.75  15.75  20.00 

—  Pontoise 23.25  16.00  19.00 

—  Versailles 23.50  16.50  19.50 

Seine-Inférieure. Rouen.  24  45  15.75  20.50 

—  Dieppe 22.00  15.30  20.00 

—  Yvetot 22.85  16.00  20.50 

Somme.  Doullens 24.75  15.50  19.00 

—  Péronne 23.00  »            » 

—  Boye 22.50  15.50  17.50 

Prix  moyens 23.78  15.73  19.24 

3*  RÉGION.  —  NOBD-EST. 

Ardennes.  Charleville..  24.00  16.50  19.00 

—  Sedan 23.60  17.00  19.50 

.4u6e.  Troyes 23.50  15.75  17.50 

—  Méry-sur-Seine.. .  22.85  15.00  17.25 

—  Nogent-sur-Seine.  24.00  16.00  18.75 
A/or-ne.  Chalons 23.15  16.25  13.15 

—  Epernay 24. 00  15.50  1800 

—  Reims 23.75  16.15  18.25 

Hte-Marne.  Bourbonne.  22.25  a            » 

Meurlhe-el-Mos.  Nancy.  24. OC  (8.50  17.50 

—  Pont-à-Mousson...  23.50  17.75  18.00 

—  Lunéville 23.75  17.50         » 

Meuse.  Bar-le-Duc 23.75  16  60  16.75 

—  Verdun 23.50  16.25  16.50 

Haute-Saône.  Gray 23.00  »            » 

Vosges.  Neufchàteau.. . .  23.15  15.50  17.50 

—  Epinal 23.50  17.25  17.00 

—  Mirecourt 23.75  »            » 

Prix  moyens 23.50  16.50  17.83 

4'   RÉGION.  —   OITRST. 

Charente.  Angouléme...  25.00  18.50        » 

—  RuiTec 24.75  18.00  18.50 

C/io»'.-M/ér.  Marans....  24.00  »  17.00 

Deux-Scvres.  ïiiorl 24.00  »  17.50 

/nd»-e-e(-Aoire.  Blére 23.50  16.00  20.no 

—  Tours 25.00  16.00  18.00 

Loii-e-M/".  Nantes 25.00  »  19.75 

M.-et-Loirc.  Sauniur 25-20  16.75  17.25 

—  Angers 24.00  15.85  20.00 

Vendée,  hn^on 24.00  '  18. 00 

—  Foiitenay-le-Comte  24.20  »  18. 00 
Vienne.  Chitelleraull.. .  24.50  16.00  18.50 

—  Poitiers 24.25  17.00  18.25 

Haute-Vienne.  Liwogea.,  25.20  17.25        » 

Prix  moyens 24.47  16.82  18.39 


17.75 
18.00 
18.00 
17.25 
20.00 
19.50 
19.50 
19.00 
20.50 
16  50 

17.50 
19.50 
17.50 
18.00 
16.75 
17.00 
21.00 
18.00 
18.75 
19.75 
19.50 
20.00 
21.00 
21.15 
20.10 
19.00 
16.75 
18.25 
19.00 

13.87 


19.50 
20.25 
17.50 
18.50 
19.50 
19.50 
19.25 
18.50 
15.50 
18.25 
17.00 

» 
19.25 
18.00 
17.50 
18.15 
17.50 
•8.50 

18.36 


18.25 
18.00 
19.00 
18.25 
19.00 
18.00 
19.50 
19.25 
20.50 
17.26 
17.50 
18.00 
17.25 
18.50 

13.'i4 


5*  REGION.  —  CENTRE. 

Blé.  Seigle. 

fr.  fr. 

Allier.  Moulins 23.75  15.00 

—  Monlluçon 23.50  15.50 

—  Saint-Pourçain.. .  25.00  17.00 
Cher.  Bourges 23.00  15.00 

—  Graçay 24.75  15.50 

—  .Vubigny 24.00  15.50 

Creuse.  Aubasson 23.75  16.50 

/iid/v;.  Cbàteauroux  . . . .   24.75  15.00 

—  Issoudun 25.00  15.00 

—  Valençay 24.25  iti.OO 

Loiret.  Orléans 23.58  1^.75 

—  Montargis 24.50  17.50 

—  Patay 24.00  15.25 

Z,.-i?<-C'/ier.  Blois 24.50  15.00 

—  Montoire 23.75  14.25 

A^iéuee.  Nevers 23.75        » 

—  La  Charité 24.00  16. 00 

Yonne.  Brienon 24.00  15.80 

—  Saint-Florentin...  24.00  15.85 

—  Sens 25.00  16.50 

Prix  moyens 24.13  15.68 

6*  RÉGION.  —  EST. 

^m.  Bourg 24.75  16.50 

—  Pont-de-Vaux 25.00  16.25 

Co<e-d'0)-.  Dijon 22.00  15.50 

—  Beaune 23.50        » 

flouôs.  Besançon 23.15        » 

Ls'ere.  Bourgoin 24.75  14.75 

—  Grand-Lemps 25.00  15.25 

Jura.  Dôle 22.00  15,75 

Loire.  Roanne 24.50  14.75 

P.-de-Z)ôme.  Clermont.F.  25.50  15.75 

Rhône.  Lyon 25.00  14.25 

Saône-et-Loire.  Autun..  22.50  15.50 

—  Chalon 25.00  16.85 

iauoie.  Chambéry 26.75  20.00 

Hle-Savoie.  Annecy 24.85        » 

Prix  moyens 24.28  15.92 

T  RÉGION.  —  SUD-OUEST 

Ariège.  Foix 25.00  19.00 

—  Pamiers 27.25  17.00 

Z)o»-dogrte.  Bergerac. . ..  25  50  18.25 

///e-Garo7Mie.  Toulouse.  25.00  18.50 

—  St-Gaudens 25.75  18.25 

Gers.  Condom 26.00        » 

—  Eauze 27.00        » 

—  Mirande 26.25        » 

Gironde.  Bordeaux 25.75  19. '0 

—  Bazas 26.25        » 

Landes.  Saint-Sever. . ..  25.50  20.00 

Lot-et-Garonne.  Agen...  27.00  19.50 

—  Nérac 27.25        » 

/J. -Pyrénées.  Bayonne. .  27.50        » 

//<es-Pj/rénées.  Tarbes..  26.50  17.75 

Prix  moyens 26.23  18.58 

8"   RÉGION.  —  SUD. 

.<4Mde.  Castelnaudary...  26  50  18.25 

^î'cyron.  Rodez   26.00  18.75 

Caîitai.  Mauriac V5.35  21.85 

Corrêie.  Luberzac 25.50  18.50 

Hérault.  Cette 27.50        » 

—  Béziers 27.50        » 

Loi.  Cabors 26.25  17.25 

Lo:ère.  Mende 24.70  18.65 

Piyréjiées-Or. Perpignan.  27.70  18.40 

Tarn.  AIbi 26.00  18.75 

rarn-etrîor.MonlauDan  26.00  17.00 

—  Moissac 25.00  18.25 

Prix  moyens 26.17  18.56 

9'  RÉGION.  —  SlID-EST. 
Basses- Alpes.  Manosque  28.50        » 

Hauies-Alpc.'f.  Briançon.  29.00  20.50 

Alpes-Marili mes. Cannes  26.25  17.50 

Ardeche.  Privas 26.20  13.15 

/}.-du-/f/tdne.  Arles....  27.50        » 

Drame.  Valer.ce 24.75  16.75 

Gard.  Alais 26.50         » 

Haute-Loire.  Brioude...  24.85  18.75 

Kar.  Dra^uignan 26.25         » 

Vaucluse.  C;irpentras.. .  26.30  13.50 

Prix  moyens 28.61  18.36 

Moy.  de  toute  la  France  24.88  16.99 

—  de  la  semaine  précéd.  24 . 9 1  17.15 

Sur  la  semainelHausse.       »  » 

précédente.. (Baisse..     0.03  0.16 


Avoine. 

fr. 

18. 7S 
18.50 
19.0» 
18.85 
17.2» 
17.50 
18.0» 
17.50 
19.00 
18. 7i 
19.75 
19.50 
19.50 
21.00 
19.00 
16.50 
18.25 
20.00 
19.00 
»  19.75 

13.29     18.72 


fr. 

18.00 
18.00 
18.00 
16.50 
19.50 
19.25 

» 
17.50 
1 8 .  25 
19.50 
19.00 
17.50 
17.75 
21.25 
19.25 


16.00 
17.50 


18.00 
20.25 
17.50 
18.25 
17.00 
19.25 
19.50 
18.75 
19.25 
20.00 
20.25 
16.50 
19.50 
»  21.00 
»  19.50 

17.89     18.97 


18.00 

» 
19.50 
16.75 
16.50 
17.50 
18  00 
18.25 
18.00 

» 
18.50 


19 

70 

18 

50 

21 

00 

19 

00 

20 

25 

19 

25 

20 

50 

18 

85 

20 

50 

» 

20 

25 

) 

21 

00 

20 

50 

20 

50 

» 

» 

» 

» 

21 

00 

20 

50 

18 

00 

18 

25 

» 

18 

SO 

18 

72 

20. 

21 

20 

00 

19 

00 

20 

50 

20 

25 

22 

65 

18 

25 

18 

50 

18 

00 

21 

0» 

20 

50 

22 

00 

17 

50 

18 

25 

18 

65 

17 

70 

21 

20 

25 

00 

» 

21 

00 

19 

25 

20 

25 

19 

00 

20 

75 

19.28     20.53 


17.75 
17.15 
17.25 


19.50 
18.25 
19.00 


23.00 
21.00 
18.25 
18.60 
18.75 
17.50 
20.75 
19.00 
18.50 
18.00 


18.15     19.27 


0.12       0.23 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (9  JUIN    1883). 


397 


Algérie. 

Angleterre. 
Belgique. 


Pays-Bas. 
Luxembourg . 
Alsace-Lorraine 


Allemagne. 


Suisse. 

Italie. 

Espagne. 

Autriche. 

Hongrie. 

Russie. 

Etats-Unis. 


..       (  bic  fendre. , 
^^^^^i  blé  dur 

Londres 

Anvers 

Bruxelles 

Liège 

Namiir 

Amsterdam 

Luxembourg 

Strasbourg 

Muliiouse 

Colmar 

Berlin 

Cologne 

Hambourg 

Genève 

Turin 

Valladolid 

Vienne 

Budapeslh  

Saint-Pétersbourg. 
New-York 


Blé. 
fr. 
2.S.00 
24.2.^ 
25.00 
24.25 
25.60 
24.50 
23.00 
24.50 
24.00 
25.15 
23.25 
24.40 
23.50 
26.25 
24.00 
26  75 
26.00 
2.^.75 
21.110 
Ï0.7o 
22.2.T 
23.95 


Seigle, 
fr. 


19.75 
17.50 
18.. 50 
17.00 
17.25 
20.00 
18.25 
17.75 
18.00 
18.60 
18.75 
18.50 


Orge, 
fr. 


15.75 
19.00 
22,00 

20.50 
20.00 


17.25 
1G.75 
18.00 


21.25        21.00 


15.50 
15.75 
15.50 


16.00 
16.35 


Avoine- 
fr. 

15.50 
20.25 
20.60 

18.00 
15.75 

18.50 
17.50 
18.35 
16.75 


21.  no 

19.00 

14  00 
13.40 
13.50 


Blés.  — Les  circonstances  météorologiques  continuent  à  être  favorables  aux  blés, 
en  terre.  Dans  la  plupart  des  régions,  la  prochaine  récolte  se  présente  actuel- 
lement dans  de  bonnes  conditions,  et  il  est  permis  de  compter  au  moins  sur  une 
récolle  moyenne.  La  paille  est  parfois  trop  courte,  mais  la  floraison  s'effectue  au 
milieu  de  circonstances  propices.  Les  appréciations  défavorables  sur  la  récolle  des 
Etats-Unis  continuent  à  se  faire  jour  ;  il  est  bien  difficile  de  se  renseigner  à  coup 
sûr;  mais  un  fait  est  indiscutable,  c'est  que  les  prix  sont  soutenus  avec  beaucoup 
de  fermeté  sur  le  marché  de  New-York.  —  A  la  halle  de  Paris,  le  mercrecli 
6  juin,  les  affaires  ont  été  calmes  comme  les  semaines  précédentes  ;  les  offres  sont 
restreintes,  et  les  prix  ne  varient  pas.  On  cote  de  24  à  26  fr.  50  par  100  kilog. 
suivant  les  qualités,  ou  en  moyenne  25  fr.  25. Au  Havre,  les  blés  d'Amé- 
rique se  vendent  à  des  prix  très  soutenus;  on  cote  de  25  fr.  50  à  27  fr.  50  par 
100  kilog.  suivant  les  sortes.  —  A  Marseille,  il  y  a  des  demandes  assez  actives, 
principalement  pour  les  blés  tendres;  les  arrivages  de  la  semaine  ont  été  de 
135,000  quintaux;  le  stock  est  actuellement  de  88,000  quintaux  dans  les  docks. 
On  paye  par  100  kilog.  :  Red-winter,  28  à  28  fr.  25;  Irka,  26  à  26  fr.  25  ; 
Pologne,  26  à  26  fr.  50  ;  Bessarabie,  25  fr.  50  à  26  fr.  ;  Irka  Danube,  24  à 
24  fr.  50  ;  Bombay,  26  fr.  ;  Azima,  24  fr.  50  à  25  fr.  ;  —  X  Londres,  les  affaires 
sont  calmes,  et  les  prix  sont  toujours  faiblement  tenus;  les  importations  de  blés 
étrangers  ont  été  depuis  huit  jours  de  264,000  quintaux.  Au  dernier  marché, 
on  cotait  de  23  fr.  90  à  26  fr.  "par  100  kilog.,  suivant  les  qualités  et  les  pro- 
venances. 

Farines.  —  La  fermeté  se  maintient  dans  les  cours  pour  toutes  les  sortes.  Pour 
les  farines  de  consommation,  on  les  cotait  à  la  halle  de  Paris  le  mercredi  6  juin  : 
marque  de  Gorbell,  59  fr.  ;  marques  de  choix,  59  à  61  fr.  ;  premières  marques, 
57  à  58  fr.  ;  bonnes  marques,  56  à  57  fr.;  sortes  ordinaires,  53  à  55  fr.  ;  le 
tout  par  sac  de  159  kilog.  toile  à  rendre  ou  157  kilog.  net,  ce  qui  correspond  aux 
prix  extrêmes  de  33  fr.  75  à  38  fr.  85  par  100  kilog.,  ou  en  moyenne  36  fr.  30, 
comme  le  mercredi  précédent.  Sur  les  marchés  du  midi,  on  sii![nale  tendance  à  la 
hausse.  —  En  ce  qui  concerne  les  farines  de  spéculation,  on  cotait  à  Paris  le  mer- 
credi 30  mai  au  soir  :  farines  neuf -marques,  courant  du  mois,  58  à  58  fr.  25; 
juin,  58  fr.  50  à  58  fr.  75  ;  juillet  et  août,  59  fr.  ;  quatre  derniers  mois,  60  fr.  75  , 
le  tout  par  sac  de  159  kilog.,  toile  perdue  ou  157  kilog.  net.  —  Pour  les 
farines  deuxièmes,  on  cote  de  24  à  26  fr.;  et  pour  les  gruaux,  de  46  à  57  fr. 

Seigles.  —  Peu  d'affaires,  avec  des  prix  un  peu  faibles.  On  paye  h  la  halle  de 
Paris  de  16  fr.  à  16  fr.  50  par  100  kilog.  Les  farines  de  seigles  sont  cotées  de 
24  à  26  fr.  par  100  kilog.  suivant  les  sortes 

Orges.  —  Les  ventes  sont  à  peu  près  nulles,  et  les  prix    sont  faibles,  de  )8  à 

19  fr.  par  100  kilog.  Les  escourgeons  se  vendent  de  17  fr.  25  à  18  fr.  —  A  Lon- 
dres,  les  importations  sont  très  faibles,    et  les  prix  sans  changements,  de  18  à 

20  fr.  50  par  quintal  métrique. 

Avoines.  —  H  y  a  peu  d'offres  pour  toutes  les  sortes.  On  vend  à  la  halle  de 
Paris  de  20  à  22  fr.  par  100  kilog.    suivant  poids,  couleur  et  quahté.         *  '^  "" 
dres,  les  prix  se  fixent  de  18  fr.  50  à  21  fr.  50  suivant  les  sortes. 


A  Lon- 


898  REVUE  COMMERCIALE   ET  PRIX-COURANT 

Sarrasin.  —  Hausse  sensible.  On  paye  à  Paris  19  fr.  à  19  fr.  25  pour  les  sar- 
rasins de  Bretagne. 

Jifais  —  Il  y  a  peu  d'affaires  sur  les  maïs  d'Amérique  au  Havre.  On  lea 
paye  de  16  fr.  50  à  17  fr.  par  lÔO  kilog.,  suivant  les  sortes. 

Issues.  —  Les  demandes  sont  restreintes  et  les  prix  fermes.  On  paye  par 
100  Jiilog.  à  la  halle  de  Paris  :  gros  son  seul,  15  fr.  25  à  15  fr.  50;  sou  trois 
cases,   14  fr.  à  14  fr.  50  ;  sons   fins,    13  fr.  à  13   fr.   50;  recoupettes,  13   fr.  à 

13  fr.  50;  remoulages  bis,  14  à  15  fr.;  remoulages  blancs,  16  à  17  fr. 

III.  —  Fruits  et  légumes  frais. 

Fruits.  —  Dernier  cours  de  la  halle  :  cerises  communes,  le  kilog.,  Ofr. .80 
à  2  fr.;  fraises  de  cliâssis,  le  pot,  0  fr.  10  à  0  fr.  50.;  le  panier,  1  fr.  à  2  fr.  50  ;  le 
kilog.,  0  fr.  80  à  3  fr. 

Gros  léaumes.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris:  asperges  aux  petits  pois,  la  botte, 
0  fr.  50  à  1  fr.  50;  communes,  la  botte,.!  fr.  à  7  fr.;  caiottes  nouvelles,  les 
100  bottes,  50  à  80  fr.;  d'hiver,  l'hectolitre,  4  à  5  fr.  ;  de  chevaux,  les  100- 
bottes,  I  5  à  20  fr.;  choux  nouveaux,  le  cent,  5  à  18  fr.;  navets  nouveaux,  les 
100  bottes,  50  à  85  fr.;  oignons  nouveaux,  les  100  bottes,  20  à  45  fr.;  en  grain, 
l'hectolitre,  10  à  14  fr.;  panais  communs,  les  100  bottes,  13  à  18  fr.;  poireaux 
communs,  les  100  bottes,  15  à  40  fr.;  poisverts,  le  kilog.,  0  Ir.  32  à  0  fr.  45. 
IV. —  Vins,  spiritueux,  vinaigres,  cidres. 

Vins.  —  La  situation  du  vignoble,  dans  la  plus  grande  partie  de  la  France,  est 
excellente,  sous  l'influence  de  chaleurs  continues,  hi  végétation  se  développe  avec 
rapidité  ;  le  retard  qui  était  signalé,  il  y  a  quelques  semaines,  est  aujourd'hui 
réparé.  La  floraison  a  commencé  dans  le  Midi  ;  elle  est  abondante.  Dans  la  plupart 
des  régions,  on  peut  compter  sur  une  récolte  abondante,  si  des  phénomènes  con- 
traires ne  viennent  pas  la  contrarier  pendant  les  mois  d'été.  Quant  au  commerce, 
la  situation  est  toujours  la  même;  il  y  a  peu  d'affaires,  mais  les  prix  se  main- 
tienneot  bien  pour  les  vins.  On  se  préoccupe  toujours  beaucoup,  surtout  dans  le 
sud-ouest,  du  projet  de  loi  sur  le  vinage. 

Spiritueux.  —  Il  y  a  plus  de  fermeté  dans  les  transactions,  les  ventes  sont 
assez  importantes,  et  les  prix  se  maintiennent  bien.  Dans  le  Midi,  on  cote  :  Nîmes, 
3/6  bon  goi^it,  100  fr.;  marc,  95  fr.;  —  Béziers,  3/6  bon  goiàt,  103  fr  ;  marc, 
95  fr.  —  Sur  les  marchés  du  Nord,  les  affaires  sont  plus  actives.  A  Liîle,  ou 
paye  les  alcools  de  betteraves,  l""''  qualité,  52  fr.  25  par  hectolitre.  A  Paris,  on. 
cote  :  3/6  betteraves,  l''"  qualité  90  degrés,  disponible,  50  fr.  75  à  51  fr.;  juin, 
51  fr.  25  ;  juillet  et  août,  51  fr.  75  à  52  fr.;  quatre  derniers  mois,  51  fr.  75  à  52 fr. 
—  Le  stock  était,  à  Paris,  au  6  juin,  de  19,725  pipes,  contre  15,975  en  1882. 

Cidres.  —  Les  circonstances  climatéi'iques  sont  favorables  en  Normandie,  et  on 
y  compte  sur  une  abondante  récolte  de  pommes. 

Baisins  secs.  —  Il  a  toujours  des  demandes  actives,  et  les  prix  de  toutes  le-v 
sortes  accusent  beaucoup  de  fermette. 

Soufre.  —  On    cote   actuellement   les   soufres    dans   le    Midi  :  soufres  bruts,. 

14  fi'.  50  à  15  fr.  par  lûO  kilog.  ;  soufres  triturés,  17  fr.  50  à  18  fr.  50.  Les  ventes 
sont  importantes. 

V.  —  Sucres.  —  Mélasses.  —  Fécules.  —  Glucoses.  —  Amidons.  —  Houblons. 

Sucres. —  Les  offres  sont  assez  abondantes,  et  les  prix  se  maintiennent  avec 
peine  pour  toutes  les  sortes.  On  cote  par  1 00  kilog.  :  à  Paris,  sucres  bruts  88  degrés 
saccharimétriques,  54  fr.  à  54  fr.  25;  les  99  degrés,  61  fr.  50;  sucres  blancs, 
61  fr.  75;  à  Saint-Quentin,  sucres  roux,  53  fr.  25  à  54  fr. ;  sucres  blancs, 
61  fr.  50  ;  à  Yalencienues,  sucres  bruts,  53  fr.  à  53  fr.  25.  A  Paris,  le  stock  dt^ 
l'entrepôt  réel  des  sucres  était,  au  6  juin,  de  584,000  sacs  pour  les  sucres  indi- 
gènes, avec  une  diminution  de  27,000  sacs  depuis  huit  jouis.  —  Il  y  a  un  peu 
de  faiblesse  dans  les  prix  des  sucres  raffinés  qui  valent  de  105  fr.  50  à  106  fr.  50 
par  100  kilog.  à  la  consommation;  65  fr.  à  67  fr.  50  pour  l'exportation.  Les 
prix  varient  peu  dans  les  ports,  sur  les   sucres  coloniaux. 

Fécules.  —  Les  cours  ne  varient  pas.  On  cote  à  Paris  :  fécules  premières  du 
rayon,  40  à  40  fr.   50  par  100  kilog.;  à  Compiègne,  fécules  de  l'Oise,  40  fr. 

Houblons.  —  La  végétation  des  houblonnières  continue  dans  de  bonnes  condi- 
tions; on  compte  sur  une  bonne  récolte.  Quant  au  commeice,  il  est  nul. 

VI.  —  Huiles  et  graines  oléagineuses.  —  Tourteaux. 
■    Huiles.  —  Les  fluctuations  de  la  spéculation  se  font  surtout  sentir  au  commen  • 
cernent  de  chaque  mois.  La  baisse  l'emporte  cttte  semaine,  sur  les  huiles  de  colza. 


DES  DENRÉES  AGRICOLES   (9  JUIN    I&83).  399 

On  cote  à  Paris  par  lOOkilog.  :  huile  de  colza  en  tous  fûts,  99  fr.  75;  en  tonnes, 
101  fr.  75;  épurée  en  tonnes,  109  fr.  75;  huile  de  lin  en  tous  fûts,  55  fr.;  en 
en  tonnes,  57  fr.  —  A  Arras,  on  paye  :  huile  de  colza,  90  fr.;  de  lin,  59  fr.;  de 
pavot,  72  fr. —  Dans  le  Midi,  il  y  a  peu  d'allaires  sur  huiles  d'olive,  sans  varia- 
tions dans  les  cours. 

Graines  oléagineuses.  —  Les  .prix  sont  mieux  soutenus  sur  les  marchés  du 
nord.  On  paye  par  hectolitre  à  Arras  :  graine  de  îin,  28  fr.  25;  colza  nouveau, 
20  à  23  Ir.  5U  ;  œillette,  24  à  27  fr.  75. 

Tourteaux.  —  Les  prix  sont  soutenus.  On  paye  à  Cambrai  par  quintal  métrique  : 
■tourteaux  d'oeillette,  14  fr.  ;  de  colza,  17  à  19  Ir.  50;  de  lin,  20  à  22  fr.  ;  de  came- 
Jine,  17  à  20  fr.  — A  Rouen,  tourteau  de  sésame,    15  fr.  ;  de  lin,  19  fr.  50. 
VII. —  Matières  résineuses,  textiles. 

Matières  résineuses.  —  La  baisse  continue.  On  cote  à  Dax,  63  fr,  par  100  kilog. 
ponr  l'essence  pure  de  térébenthine;  à  Mont-de-Marsan,  les  gemmes  ordinaires 
valent  65  fr.  la  barrique. 

Lins.  —  Les  cours  se  soutiennent -dans  le  Pas-de-Calais.  On  paye  de  65  à  90  fr. 
par  100  kilog.  pour  les  lins  de  pays.    . 

Laines.  —  A  part  le  Soisonnais,  les  aires  sont  toujours  assez  lentes  pour  les 
laines  nouvelles.  A  Chartres,  on  paye  actuellement  1  fr.  60  à  1  fr.  80  par  kilog.; 
en  suint  pour  les  laines-mères,  2  fr.  20  à  2  fr.  30  ;  pour  les  laines  d'agneaux;  à 
YiHers-Gutterets  (Aisne);  1  fr.  90  à  2  fr.  10.  En  Champagne,  les  laines  lavt^es 
•à  dos  valent  3  fr.  10  à  3  fr.  30  par  kilog.  suivant  la  qualité. 

VIII.  —  Suifs  et  corps  gras. 

Suifs.  —  Les  prix  sont  slationnaires.  On  cote  à  Paris,  101  fr.  par  quintal  mé- 
trique pour  les  suifs  purs  de  l'abat  de  la  boucherie;  75  fr.  pour  les  suils  en 
branches. 

Cuirs  et  peaux.  —  Aux  ventes  mensuelles  de  la  boucherie  de  Paris,  le  31  mai 
on  cotait  par  50  kilog.  gros  bœuf,    51  fr.   58;  moyens  bœufs,    47    fr.  59;   petits 
bœufs,  42fr.  32;  vaches  laitières  46  fr.  41;  vaches  de  bandes,   46  fr.   32;  tau- 
reaux, 39  fr.  06;  gros  veaux,  67  fr.  78  ;  petits  veaux,  77  fr.  24. 
IX.  —  Beurres.  —  Œufs.  —  Fromages. 

Beurres.  — Il  a  été  vendu,  pendant  la  semaine,  à  la  halle  de  Paris,  263,960  kilog. 
•de  beurres.  Aux  derniers  marchés,  on  payait  par  kilog.  :  en  demi-kilog.,  1  fr.  90 
à  3  fr.  20;  petits  beurres,  1  fr.  52  à  2  fr,  30;  Cournay,  2  fr.  20  à  4  fr.  30;  Isigny, 
-^L  fr.  40  à  7  fr.  08. 

Œufs.  —  Du  28  mai  au  2  juin,  on  a  vendu  à  la  halle  de  Paris,  5,701,939  œufs. 
Au  dernier  marché,  on  cotait  par  mille  :  choix,  89  à  lu 5  fr. ;  ordinaires,  58  à  76  fr.; 
petits,  48  à  56  fr. 

Fromages.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris,  par  douzaine  :  Brie,  4  à  16  fr,  ;  Mont- 
Ibéry,  15  fr.  ;  —  par  cent,  Livarot,  28  à  104  fr,  ;  Mont-Dor,  8  à  30  fr.;  Neufchâtel, 
2  à  l'ifr.;  divers,  8  à  30  fr.;  —  par  100  kilog..  Gruyère,  135  à  170  fr. 
.X.   —  Chevaux,  bétail,  viande. 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  officiel  du  marché  aux  bes- 
tiaux de  la  Villette,  du  jeudi  31  mai  au  mardi  5  juin  : 

Poids      Prix  du  lulog.  de  viande  nette  sur 
Vendus  moyen  pied  au  marché  du  4  ju.n. 

Pour  Pour  En          4  quartiers,  l"  2«  3«  Prix 

Amenés.  Paris,    l'extérieur,  totalité.  kil.         quai.  quai.  quai.  moyen. 

Bœufs 4,723  2,61.5  1,491  A,  106  Soi       1.84  1.70  l.bO  1.6.". 

Vaches 1,44:}            801  4;jli  1 ,2:i7  240       1.72  1.02  1.36  l.ô4 

Taureaux 296            231  36  267  384      1.60  1  46  1.36  1,47 

Veaux 3. .336  2,14.^  1,lî)2  3,297  7h      2  14  1.98  l.fcS  1.^0 

Moulons 37,431  22,279  12,073  34,3,52  19      2.10  1  .»8  1.74  1-87 

Porcs  gras 6,466  2,844  3,46,t  6,309  82       1.52  1.46  1.40  1.42 

—  maigres.              »                  »  »■>  »»»»  » 

Quoi(|ue  les  approvisionnements  aient  été  abondants,  Jes  ventes  ont  été  faciles 
pour  toutes  les  catégories,  à  l'exception  des  veaux,  les  prix  accusent  de  la  fer- 
meté. —  Sur  les  marchés  des  départements,  on  cote  ;  Caen,  bœut,  1  fr.  70  à 
1  fr.  VU  par  kilog.  de  viande  nette;  vache,  1  fr.  60  à  1  fr.  80;  veau,  1  fr.  40  à 
1  fr.  60;  mouton,  1  fr.  80  à  2  Ir.;  porc,  1  fr.  40  à  1  fr.  60;  —  Nantes,  bœuf, 
0  fr.  91  par  kilog.  brut;  veau,  1  fr.;  mouton,  1  fr.;  —  Uiicans,  bœuf,  U  fr.  72 
à  0  fr.  82;  vache,  0  fr.  72  à  0  fr.  82;  veau,  0  fr.  85  à  1  fr.  05;  mouton,  0  fr,  75 
à  0  fr.  95;  porc,  0  fr,  90  à  l  fr,  ;  —  Nancy.,  bœufs  morts,  96  à  l(i2  fr.;  vaches, 
75  à  95   fr.;  veaux,   56  à  63  fr.;  moutons,    105  à  115  fr.:  porcs,  70  à  75  fr.  ;  — 


400  REV[IE  COMMERCIALE   ET  PRIX   COURANT   (9  JUIN    1883). 

Dijon,  bœuf,  I  fr.  62  à  1  fr.  80;  vache,  1  fr.  56  à  1  fr.  70;  veau  (poids  vif), 
1  fr.  05  à  1  fr.  20;  mouton,  1  fr.  SO  à2  fr.  10  ;  porc,  Ofr.  92  à  1  02;  —  Bourgoirij 
bœufs,  66  à  76  fr.  ;  vaches,  58  à  68  fr.;  moutons,  90  à  98  fr.;  porcs,  86  à  90fr.; 
veaux,  90  à  100  fr. 

A  Londres,  on  cote  par  kilog.:  Bœuf,  qualité  inférieure,  1  fr.  52  à  1  fr.  75; 
2%  1  fr.  75  à  1  fr.  87  ;  V%  l  fr.  87  à  1  fr.  99.  —  Veau,  2%  1  fr.  99  à  2  fr.  10; 
1''%  2  fr.  10  à  2  fr.  34,  —  Mouton  :  qualité  inférieure,  1  fr.  75  à  1  fr.  93; 
2%  1  fr.  93  à  2  fr.  10;  1'%  2  fr.  22  à  2  fr.  34.  —  Agneau  :  2  fr.  80  à  3  fr.  04. 

—  Porc  :  2%  1  fr.  52  à  1  fr.  64  ;  V%  1  Fr.  64  à  1  fr.  7  5. 

Viande  à  la  criée.  —  Du  29  mai  au  4  juin,  il  a  été  vendu  à  la  halle  de  Paris  : 

Prix  du  kilog.  le  'i  juin. 

kilog.  1"  quai.               2°  quai.  3°  quai.  Choix.       Basse  Boucherie. 

Bœuf  on  vache...   17.ô,56l  1.68  à  2.16     1.46  à  1.66  0.96  à  1.44  1.60  à  3.20    0.20  à  1.36 

Veau 231,813  1.82      2.16     1.60      1.80  1.26       1.58  1.60       1.50      » 

Mouton 61,28i  1.&8       1.96     1.36       1.56  0.96       1.34  1.60       2.40       » 

Porc 30,575                     Porc  frais 1.24  à  1.66 

499,233        Soitparjour 71,319  kilog. 

Les  ventes  ont  été  inférieures  de  8,000  kilog.  par  jour  à  celles  de  la  semaine 
précédente.  Les  prix  se  mainiiennent  pour  les  diverses  sortes. 

XI.  —  Cours  de  la  viande  à  l'abattoir  de  la  Villette  du  7  juin  [par  50  kilog.) 

Cours  de  la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  Villette  par  50  kilog.  :  1"  qualité, 
75  à  77  fr.  ;  2%  70  à  75  fr.  ;  poids  vifs,  48  à  53  fr. 

Bœufs.  Veaux.  Moutons. 

I"  2"  3'  1"  2'  3'  1'"  2"  3" 

quai.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai.  quai. 

fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr. 

85  78  ,73  108  100  94  96  90  83 

XII.  — Marché  aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi  7  juin  1883. 

Cours  des  commissionnaires 
Poids  Cours  officiels.  en  besliaux. 

Animaux  gênerai.  1"         2°        3'            Prix  1"  2°  3'  Prix 

amenés.  Invendus.  kil.  quai.  quai.  quai,  extrêmes.  quai. quai.  quai.  extrêmes. 

Bœufs 2  043  3i  360  1.86  >.70  1.50  1.44à!.90  1.34  1.68  1.48  1.42àl.88 

Vaches 504  •>  235  (.75  1.54  1.36  f.30     1.80  1.72  1.52  1.34  1.28     1   78 

Taureaux...          t21  4  385  1.62  1.48  1.38  !.32     1.65  1.60  1.46  1.36  1.30     1.62 

Veaux 1.565  142  78  2.16  2.00  1.70  1.50     2.36  »  »  »  » 

Moutons 21  011  1.760  U)  2.10  1.98  1.74  1.62     2   1'!  »  »  »  » 

Porcs  gras..      4   876  157  82  1.48  1.42  1.36  1.24      1.52  »  »  » 

maigres..  »  »  »»»»»»»»»» 

Vente  très  active  sur  toutes  les  espèces. 

XIII.  —  Résume. 

Il  n'y  a  pas  de  changements  importants  à  signaler  dans  les  cours  de  la  plupart 
des  denrées  agricoles.  A.  Remy. 

BULLETIN  FINANCIER 

La  liquidation  de  juin  s'est  fait  avec  quelque  difficulté;  les  cours  du  plus 
grand  nombre  des  valeurs  ont  fléchi.  Les  embarras  de  la  situation  extérieure  con- 
tribuent d'ailleurs  à  entraver  les  opérations  et  à  jeter  de  la  lourdeur  sur  le  marché. 
Les  cours  sont  donc  plus  faibles  que  ceux  de  notre  précédent  bulletin. 

Les  fonds  d'Etat  français  sont  cotés  :  3  pour  100,  79  fr.  65;  — 3  pour  100 
amortissable,  81  fr.  20  ; —  4  pour  100,  100  fr.;  —  4  et  demi  pour  100,  110  fr.  80; 

—  5  pour  100,  108  fr.  50. 

On  cote  les  principales  Sociétés  de  crédit  aux  taux  qui  suivent  :  Banque  de 
France,  5,410  fr.;  Crédit  foncier  1,340  fr.;  Comptoir  d'escompte,  990  fr.;  Banque 
de  Paris,  1,060  fr.;  1-e  Crédit  lyonnais,  565  fr.;  Société  générale,  540  fr.  ;  Société 
des  dépôts  et  comptes  courants,  675  fr.;  Compagnie  franco-algérienne,  552  50. 

Les  actions  de  la  Compagnie  parisienne  du  gaz,  restent  cotées  à  1,365  fr.  —  La 
hausse  est  active  sur  les  actions  du  canal  de  Suez  qui  valent  2,455  fr.;  les  déléga- 
tions restent  à  1,305  fr.;  le  canal  de  Panama,  et  coté  à  485  Ir. 

Pour  les  titres  des   grandes  Compagnies  de  chemins  de  fer,  on  cote  actuelle- 
ment :  Nord,  1,900  fr.;  Orléans,  1,228  fr.  ;  Ouest,  772  fr.  50;  Paris-Lyon-Médi- 
terranée, 1,420  fr.;  Est,  717  fr.  50;  Midi,  1,125  fr.  E.  Feron. 
Le  gérant,  A.  Bouché. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (igjuini883). 

Vote  pai  la  Chambre  des  députés  de  la  proposition  de  MM.  Girard  et  Jarnetel  sur  la  réduction  des 
droils  dans  les  échanges  d'immeubles  ruraux.  —  Avantages  de  cette  mesure.  —  Le  vinage  a 
prix  réduit.  —  Discussions  et  rejet  de  la  proposition  do  M.  Beruard-Lavergne.  —  Le  commerce 
des  vins.  —  Lettre  de  M.  Gréa.  —  Le  phylloxéra.  —  Lettre  de;  M.  Bouchard  sur  des  taches 
trouvées  dans  l'arrondissement  de  Sauniur.  —  Publication  de  plusieurs  notes  des  délégués  de 
l'Académie  des  sciences.  —  Bullelm  du  uiiiiisière  de  l'agriculture.  —  Relevé  des  récoltes  en 
France  en  1882.  —  La  production  du  blé  pondant  les  dix  dernières  années.  —  Quatorzième  liste 
de  la  souscription  ouverte  pour  élever  un  monument  à  Léonce  de  Lavergne.  —  Nécrologie.  — 
Mort  de  M.  Vallerand  et  de  M.  Godart.  —  Examens  d'admission  à  l'Ecole  pratirjue  d'agriculture 
des  Mercliines.  ■ —  Ixamens  d'admission  à  rL':cole  Ibreslière  de  Nancy.  —  (>uvertnre  du  port  do 
Portbail  à  l'exportation  des  a  limaux.  —  Mesures  prises  en  Angleterre  contre  le  bétail  français. 
—  Arrêté  du  n.iuistère  de  l'ugriculiure  ouvrant  un  concouis  de  sériciculture  dans  la  Drôme".  — 
Nouvelles  des  éducations  de  vers  à  soie,  -r-  Mesures  relatives  ;i  la  destruction  des  vipères.  — 
Culture  du  lahac  dan-i  Vaucluse.  —  Concours  de  macliines  agricoles  pour  la  moyenne  culture  et 
poui'  la  viticulture  à  l'oiticrs.  —  La  consolide  rugueuse  du  Caucase  en  Bretagne.  —  Lettre  de 
M.  Picot  de  Plédran.  —  J'rocliaine  éltction  d'un  membre  associé  à  la  So'iété  nationale  d'agri- 
culture. —  Notes  de  MVî.  .Tacqiiot  et  de  Lentilhac  sur  la  situation  des  récoltes  dans  les  dépar- 
tements des  Vosges  et  de  la  Dordogne.  —  Les  orages. 

I.  —  Ze.s  échanges  d'immeubles  ruraux. 
La  Chambre  des  députés  vient  d'achever  la  discussion  d'une  me- 
sure qui  sera  accueillie  avec  reconnaissance  par  tous  les  agriculteurs. 
Dans  sa  séance  du  12  juin,  elle  a  adopté  détinitivetnent  une  proposi- 
tion de  loi  ayant  pour  objet  de  modifier,  dans  l'intérêt  de  l'agriculture^ 
les  droits  fiscaux  à  percevoir  sur  les  échanges  d'immeubles  ruraux  non 
bâtis.  Désormais,  si,  comme  nous  l'espérons,  le  Sénat  adopte  la  dis- 
position votée  par  la  Chambre  des  députés,  il  ne  sera  perçu,  sur  les. 
échanges  d'immeubles  ruraux,  que  0  i'r.  20  par  100  francs  pour  tout 
droit  proportionnel  d'enregistrement  et  de  transcription,  lorsque  le 
contrat  renfermera  l'indication  exacte  de  la  contenance,  du  numéro, 
de  la  section,  de  la  classe,  de  la  nature  et  du  revenu  du  cadastre  de 
chacun  des  immeubles  échangés,  et  lorsqu'un  extrait  de  la  matrice 
cadastrale  de  ces  biens,  qui  sera  délivré  sans  frais,  sera  déposé  lors  de 
l'enregistrement.  Depuis  longtemps,  on  se  plaint  avec  raison  de  l'élé- 
vation des  frais  qu'entraînent  les  échanges  d'immeubles  ruraux;  on 
attribue  à  ce  taux  toujours  croissant  de  la  fiscalité  une  partie  du  mou- 
vement qui  a  produit,  non  pas  la  division  de  la  propriété,  mais 
l'excès  dit  parcellement  qui,  dans  beaucoup  de  communes  apporte 
de  véritables  obstacles  à  l'exécution  des  travaux  agricoles.  Permettre 
de  faire  les  échanges  de  parcelles  avec  des  frais  peu  élevés,  c'est  pro- 
voquer la  réorganisation  d'un  grand  nombre  d'exploitations  rurales; 
par  conséquent,  c'est  assurer  une  diminution  souvent  considérable 
dans  les  frais  de  culture,  c'est  donner  au  cultivateur  le  moyen  de  tirer 
meilleur  parti  de  son  sol,  c'est,  en  fin  de  compte,  faire  œuvre  d'une 
haute  utilité  pour  le  présent  et  pour  l'avenir.  C'est  pourquoi  tous  les 
agriculteurs  applaudiront  au  vote  de  la  proposition  de  MM.  Girard  et 
Jametel  ;  ils  y  verront  la  preuve  que  les  pouvoirs  publics  veulent 
arriver  à  la  réalisation  des  promesses  faites  pompeusement  depuis 
plusieurs  années  à  l'agriculture. 

II.  —  La  vinafje  à  prix  réduit. 

Dans  ses  séances  des  9,  11  et  12  juin,  la  Chambre  des  députés  a 
discuté  la  proposition  de  loi  de  M.  Bernard-Lavergne  ayant  pour  but 
l'autorisation  temporaire  d(3  verser  de  l'alcool  sur  les  vins  de  la  récolte 
de  1 882,  au  droit  réduit  de  20  francs  en  principal  par  hectolitre  d'alcool. 
M.  ïirard,  ministre  des  finances,  a  déclaré  que  le  gouvernement  accep- 
tait la  proposition  et  qu'il  était  décidé  à  user  de  la  plus  grande  rigueur 

\"  7^0   _  Tome  lî  de  ISR.'l.  —   16  hvn. 


402  '  CHRONIQUE  AGRICOLE  (16   JUIN    1883). 

contre  les  fraudeurs.  La  discussion  a  d'ailleurs  été  très  vive;  on  a 
même  voulu  faire  intervenir  le  sucrage  au  lieu  du  vinage,  sans  réflé- 
chir que  le  sucrage,  qui  est  une  excellente  opération  à  la  cuve,  ne 
peut  être  employé  sur  des  vins  fabriqués,  tels  que  sont  aujourd'hui 
ceux  de  la  récolte  de  1882.  Plusieurs  contre-projets  ont  été  présentés, 
tendant  à  faire  juger  définitivement  la  question  du  vinage.  Finalement, 
la' proposition  a  été  repoussée.  Nous  ne  pouvons  que  le  regretter;  pour 
avoir  voulu  trop  obtenir,  on  n'a  abouti  à  rien.  C'est  d'autant  plus  mal- 
heureux que  ce  sont  les  viticulteurs  qui  souffriront  de  ce  n^jet,  tandis 
que  l'adoption  du  projet  eût  favorisé  à  la  fois  l'agriculture  du  Nord  et 
celle  du  Midi. 

III.  —  Le  commerce  des  vins. 
A  l'occasion  de  la  lettre  que  nous  avons  publiée  dans  notre  chro- 
nique du  26  mai  (page  283)  sur  l'alcoolisation  excessive  des  vins 
étrangers  pénétrant  en  France,  nous  recevons  la  communication  sui- 
vante de  M.  Emmanuel  Gréa,  président  du  Comice  agricole  de  Lons- 
le-Saulnier  (Jura). 

«  M.  le  rédacteur  en  chef  et  honoré  collègue,  veuillez  ajouter  aux  adhésions  à 
la  pétition  de  plusieurs  Sociétés  agricoles  au  sujet  du  vinage  et  de  la  circulation 
des  vins  vinés,  que  vous  avez  publiées  dans  le  numéro  du  26  mai  dernier,  celle  du 
Comice  agricole  de  Lons-le- Saunier,  qui  s'est  prononcé  à  l'unanimité  dans  ce 
sens  à  sa  séance  du  7  juin. 

«  Veuillez  agréer,  etc.  Le  président  du  Comice, 

«  E.  Gréa.  » 

Cette  nouvelle  adhésion  porte  à  24  le  nombre  des  associations  agri- 
coles réunies  pour  demander  que  des  mesures  soient  prises  pour  enrayer 
l'invasion  de  liquides  qui  du  vin  n'ont  que  le  nom,  et  qui  apportent 
le  plus  grand  trouble  dans  le  commerce  français. 

IV.  —  Le,  phylloxéra. 
Nous  avons  une  mauvaise  nouvelle  à  annoncer  à  nos  lecteurs  :  la 
présence  du  phylloxéra  a  été  constatée  dans  le  département  de  Maine- 
et-Loire  arrondissement  de  Saumur,  par  M.  Bouchard,  secrétaire  de  la 
Société  industrielle  et  agricole,  qui  nous  envoie  la  lettre  suivante  : 

«  Je  viens  malheureusement  de  constater  la  présence  du  phylloxéra  de  manière 
à  n'en  pouvoir  douter,  dans  une  pépinière  de  boutures  de  vignes  enracinées  dans 
la  commune  de  Martigné-Briand.  La  tache  n'est  pas  grande,  et  avec  une  appli- 
cation rapide  du  traitement  d'extinction,  on  pourrait  probablement  concentrer  ce 
foyer  d'invasion. 

«  La  cause  d'envahissement  est  toujours  la  même.  Un  propriétaire  est  allé 
acheter  des  plants  dans  les  Deux-Sèvres,  département  déjà  phylloxeré,  pour  les 
planter  à  Martigné.  Ces  plants  qui  n'ont  pas  poussé  ont  donné  le  phylloxéra  à 
la  pépinière  voisine. 

«  Agréez,  etc.  «  A.  Bouchard.  » 

L'Académie  des  sciences  vient  de  publier  un  nouveau  fascicule  des 
observations  sur  le  phylloxéra  et  sur  les  parasitaires  de  la  vigne,  faites 
par  ses  délégués.  Ce  fascicule  renferme  les  notes  de  M.  Balbiani  sur 
les  expériences  à  entreprendre  en  vue  de  la  destruction  de  l'œuf 
d'hiver;  des  observations  sur  le  traitement  des  vignes  faites  par 
MM.  Valery-Mayet,  Henneguy,  Boiteau,  Mouillefert  ;  une  note  de 
M.  Culeron  sur  le  système  qu'il  j)réconise  pour  employer  le  sulfocar- 
bonate  de  potassium  dans  les  vignes.  Toutes  ces  notes,  présentées  à 
l'Académie  en  1882  et  1883,  ont  été  analysées  dans  le  Journal;  les 
plus  importantes  ont  trouvé  place  dans  nos  colonnes.  Le  fascicule  qui 


CHRONIQUE   AGRICOLE   (16  JUIN    1883).  403 

les  renferme  est  à  la  vente  à  la  librairie  Gauthier-Villars,  55^  quai  des 
Augustins,  à  Paris. 

V.  —  BaUetin  du  ministère  de  l'a^ricullurc. 

Le  troisième  fascicule  du  Bulletin  du  minist<3re  de  l'agriculture  pour 
1883  a  paru  récemment.  Il  est  consacré  aux  tableaux  des  récoltes  de 
la  France  en  1882,  aux  importations  et  exportations  des  matières  et 
produits  intéressant  l'agriculture  pendant  les  trois  dernières  années,  et 
enfin  au  commerce  du  bétail  sur  le  marché  de  la  Villette. 

Les  tableaux  relatifs  aux  récoltes  de  céréales  et  de  pommes  de  terre 
peuvent  se  résumer  ainsi  pour  l'année  1882  : 

Surface  cultivée.  Production  totale. îiend.  moyen. 

Hectares.  Hectolitres.        Quint,  nietii  jues.    Hectolitres. 

Froment 6,907,792      *    1T2.15:5,524  93,483,716  17.70 

Méteil 396,316  7,262,9^9  5,334,200  18.33 

Seigle -1,871,052  29,487,099  21,llo,f)35  15.76 

Or^e 995,006  19,392,577  12,329,200  19.48 

Avoine 3,517,312  89,697,900  42,267,027  25.50 

Sarrasin 643,795  10,, 925  296  7,192,064  16.97 

Maïs 630,557  9,678,046  6,882,781  15.35 

Millet 38,320  554,89/  36^,553  14.48 

Pommes  de  terre 1,344,555  111,996,464  85,525,870  83.29 

Le  tableau  suivant  permet  de  comparer  la  récolte  du  blé  pendant 
les  dix  dernières  années  : 

Hectolitres.  Hectolitres, 

18.73 «.  81,892,667       1878 95,270,698 

1874 133,130,163       1879 79,355.866 

1875 100,634,861       1880 99,47l',559 

1876 95,439,832       1881 96, 810, 356 

1877 100,115,651       1882 122,153,524 

La  comparaison  de  ces  nombres  montre  que,  d'après  les  documents 
officiels,  la  récolte  de  blé  en  1882  a  été  la  plus  forte  que  l'on  ait 
obtenue  depuis  1 874.  Le  rendement  moyen  de  la  période  décennale  a 
été  de  14". 56  par  hectare;  celui  de  Tannée  1882,  est  de  17". 70.  Quant 
à  la  qualité  générale  du  grain,  elle  n'a  été  qu'ordinaire  ;  car  pour 
l'ensemble  de  la  récolte^  le  poids  moyen  de  l'hectolitre  correspond  à 
76''. 56.  Il  résulte  de  ces  documents  que  le  résultat  définitif  de  la  récolte 
a  dépassé  les  premières  prévisions  qui  ne  liévaluaient  pas  à  plus  de 
115  millions  d'hectolitres. 

Pour  les  autres  cultures,  le  Bulletin  du  ministère  de  l'agriculture 
fournit  les  renseignements  suivants  : 


Betteraves  à  sucre 

—        fourragères. 
Houblon 

Colza  (graines) 

Chanvre!  ^'[f"« 

/  niasse 

Lin 


graine 

filasse 

Tabac 

Prairies  naturelles 

Trèfle 

Luzerne 

Sainfoin 

Autres  cultures  fourragères. 


Surface  cultivée. 

Product.  moyen 

.  Product.  totale 

Hectares. 

Kilog. 

Quint,  raétr. 

237,456 

^5,013 

83,142,716 

237,990 

31,544 

75,072,248 

3,481 

907 

31,595 

122,704 

940 

1,154,185 

32  .396 

424 

137  ,399 

73,519 

.573 

421,880 

32,460 

655 

212.839 

54,146 

761 

412,089 

■     13,104 

1,301 

170.535 

4,334,255 

3,631 

157.402,936 

1,061,626 

4,087 

43-,  396,6 12 

858.096 

4,534 

38,909,667 

589,321 

3,651 

21,520,824 

2U3,389 

5,990 

12.184,798 

Enlin,  la  culture  de  la  vigne  aurait  donné,  sur  une  surface  de 
2,312,458  hectares,  une  production  totale  de  40,162,715  hectolitres 
de  vin.  Ces  chiffres  diffèrent  considérablement  de  ceux  qui  ont  été 
publiés  par  le  ministère  des  finances. 


40it  CHRONIQUE  AGRICOLE  (16  JUIN    1883). 

YI.  —  Souscription  pour  élever  un  monument  à  Léonce  de  Lavergne. 
Nous  publions  la  quatorzième  liste  de  la  souscription  ouverte  pour 
élever  un  monument  à  Léonce  de  Lavergne  : 

Fr. 

Report  de  la  liste  précédente 11 ,  165  50 

Comice  agricole  de  l'Aube 20  00 

Comice  agricole  de  l'arrondissement  de  Vitry  le-P>ançais  (Marne).  20  00 

MM.  Ayraud  (Pierre),  propriétaire  à  Fontenay-le-Couite  (Vendée).  20  00 

Desjardinr,  (Albert),  professeur  à  la  Faculté  de  droit  de  F'nrvs.  20  00 

D'  Uu  Puy   (le), 25  00 

Ecole  pratique  "d'agriiullure  de  Saint-Remy  (Hante-Savoie)  .....  50  00 

Société  départementale  d'agriculture  de  la  Uordogne) 50  00 

Comice  agricole  de  Trévoux  (Ain) 20  00 

Total , > : ;  1  ,  cjyo  aU 

Nous  rappelons  à  nos  lecteurs  qu'ils  peuvent  envoyer  leurs  sous- 
criptions à  M.  Henry  Sagniet%  secrétaire  du  Comité,  aux  bureaux,  du 
Journal  de  V Agriculture,  '\ 

VIL  —  Nécrologie. 

Nous  avons  le  vif  regret  d'annoncer  la  mort  de  M.  Godart,  secré- 
taire de  la  Société  d'agriculture  de  Bar-le-Diic,  doyen  de  cette  associa- 
tion à  laquelle  il  appartenait  depuis  près  de  cinquante  ans.  Ancien 
élève  de  l'école  d'Alfort,  il  exerça  pendant  longtemps  avec  ardeur  la 
profession  de  vétérinaire,  et  il  mit  au  profit  du  progrès  agricole  l'in- 
iluence  légitime  qu'il  avait  conquise.  Il  a  contribué,  tant  par  ses  con- 
seils que  par  ses  exemples  sur  la  ferme  qu'il  exploitait  près  de  Bar-le- 
Duc,  à  répandre  les  bonnes  méthodes,  notamment  en  ce  qui  concerne 
l'amélioration  des  animaux  domestiques. 

M.  Vallerand,  agriculteur  à  Mouftlaye  (Aisne),  président  du  Comice 
agricole  de  Soissons,  lauréat  de  la  prime  d'honneur,  est  mort  le  1 1  juin 
dans  sa  soixante-dixième  année.  M.  Vallerand  a  été  un  des  agricul- 
teurs les  plus  distingués  d'une  région  qui  compte  les  hommes  les  plus 
dévoués  au  progrès.  La  charrue  qu'il  a  inventée,  et  à  laquelle  il  a 
donné  le  nom  de  charrue-Eévolulion,  est  restée  l'un  des  meilleurs 
instruments  de  la  culture  ;  elle  est  employée  aujourd'hui  sur  des  mil- 
liers d'exploitations  en  France  et  à  Tétranger.  M.  Vallerand  meurt  à  la 
veille  du  jour  oi^i  la  Société  nationale  d'agriculture  allait  consacrer, 
par  une  de  ses  plus  hautes  récompenses  les  services  qu'il  a  rendus. 
VIIL  —  Ecole  pratique  d'agriculture  des  Merchines. 

Les  examens  d'admission,  en  1883,  à  l'école  pratique  d'agriculture 
des  Meiciiines  (Meuse),  dirigée  par  M.  C.  Millon,  auront  lieu  le  19  sep- 
tembre ])i'ochain,  à  la  préfecture  de  la  Meuse,  à  Bar-le-Dac.  Les  candidats 
devioiit  se  faire  inscrire  aux  moins  dix  jours  à  l'avance. 

Nous  rappelons  que  la  durée  des  cours  de  l'école  pratique  d'agri- 
culture des  Merchines  est  de  deux  ans,  Le  programme  des  études  com- 
comprend  l'agriculture  et  l'économie  rurale,  l'élevage,  l'hygiène  et 
l'engraissement  du  bétail,  le  cubage,  le  lever  des  plans  et  le  nivelle- 
ment, l'explication  et  l'usage  des  machines  agricoles,  la  comptabilité 
agricole,  les  éléments  de  botanique,  de  géologie,  de  physique,  de  chi- 
mie et  le  droit  rural.  Les  élèves  exécutent  successivement  pendant  leur 
séjour  à  l'école,  tous  les  travaux  de  l'exploitation  et  notamment  ceux 
qui  exigent  l'emploi  des  instruments  perfectionnés. 

IX.  —  Ecole  forestière  de  Nancy. 

Le  Journal  officiel  fait  connaître  les  conditions  des  concours  d'ad- 
mission à  l'école  forestière  de  Nancy  en  1883.  Les  examens  oraux 


CIIHONKJUE  AGRICOLE  (16  JUIN  188B).  405 

commenceront,  à  Paris,  le  vendredi  29  juin  prochain,  à  sept  heures 
du  matin,  au  Collèize  de  France.  La  liste  indiquant  Tordre  alphabéti- 
que dans  lequel  les  candidats  subiront  leurs  épreuves  orales,  sera 
affichée  au  Collège  de  France  et  à  la  préfecture  de  la  Seine  dans  la 
première  quinzaine  du  mois  de  juin.  Pour  les  départements,  cette 
liste  sera  affichée  dans  les  locaux  affectés  aux  examens.  Les  composi- 
tions écrites  auront  lieu,  dans  toute  la  France,  les  9,  10  et  1  I  juillet 
suivant.  A  Paris,  ces  compositions  seront  faites  au  lycée  Loiiis-ie- 
Grand,  rue  Saint-Jacques,  123,  et  commenceront  chaque  jour,  à  huit 
heures  du  malin.  En  province,  les  candidats  devront  se  présenter,  le 
7  juillet,  au  plus  tard,  devant  MM.  les  conservateurs  des  forêts  des 
divers  centres  de  composition  pour  recevoir  les  instructions  néces- 
saires. 

X.  —  Police  sanitaire  du  bélaU. 

Par  un  décret  en  date  du  7  juin,  le  port  de  Portbail  (Manche)  a  été 
ouvert  à  l'exportation  des  animaux  des   espèces    chevaline,    asine 
bovine,  ovine,  caprine  et  porcine. 

Nos  lecteurs  savent  avec  quelle  jalousie  les  Anglais  veillent  sur 
l'importation  du  bétail  dans  leur  pays.  Depuis  plusieurs  mois,  sous 
prétexte  de  maladies  contagieuses,  des  mesures  vexatoires  ont  été 
prises  contre  l'importation  du  bétail  français.  Ces  mesures  allaient 
prendre  tin,  lorsque,  par  un  nouvel  arrêt  en  date  du  29  mai  dernier, 
le  Conseil  privé  a  maintenu  l'interdiction  du  débarquement  d'animaux 
venant  de  France;  cette  interdiction  durera  jusqu'au  6  juillet  prochain. 
Nous  espérons  qu'avant  cette  date,  le  gouvernement  français  aura  fait 
revenir  le  gouvernement  britannique  à  une  plus  saine  appréciation  des 
faits.  La  fièvre  aphteuse  sévit  beaucoup  moins  en  France  qu'en  A.ngle- 
terre  ;  il  y  a  longtemps  qu'elle  ne  peut  plus  servir  de  prétexte  à  des 
mesures  analogues  à  celles  prises  aujourd'hui. 

XL  —  Sériciculture. 

Un  arrêté  de  M.  le  ministre  de  l'agriculture,  en  date  du  23  mai,  a 
créé  un  concours  de  magnanerie  dans  le  département  de  la  Drôme  pour 
1885.  Voici  le  texte  de  cet  arrêté  : 

Le  ministre  de  l'agriculture, 

Vu  l'utilité  d'encourager  d'une  manière  spéciale  l'industrie  séricicole, 
Sur    le    rapport  du    conseiller    d'Etat,    directeur   de    l'agriculture,    Arrête  : 
Article  premier.  — Des  récompenses  seront  accordées  dans  le  département  delà 
Drôme,  en  1885,  aux  agriculteurs  propriétaires,  fermiers  ou  métayers  qui  présen- 
teront les   magnaneries   les  mieux  tenues  et  suivront  les   meilleures  méthodes 
d'élevage. 

Art.  2.  —  Les  récompensées  seront  réparties  de  la  manière  suivante  : 
V  Catégorie.  —  Magnaneries  mettant  en  éclosion  de   3  à  5  onces  de  graines, 
l*""  prix,  médaille  d'or  et  1000  fr.  ;  —  2'',  médaille  d'argent  grand  module  et  600  fr.  ; 

—  3'',  médaille  d'argent  et  400  fr.  ;  —  4%  médaille  de  bronze  et  300  fr. 

2'  Catégorie.  —  Magnaneries  mettant  à  l'éclosioa  de  1  à  2  onces  de  graines. 
1"  prix,  médaille  d'or  et  1000  fr.;  — 2",  médaille  d'argent  grand  module  et  400  fr.; 

—  3",  médaille  d'argent  et  300  fr.  ;  —  4'-,  médaille  de  bronze  et  200  fr. 

Art.  3.  —  Un  objet  d'art  de   la   valeur  de  500  francs  pourra  être  décerné  au 
lauréat  du  premier  prix  de  l'une  des   deux  catégories  ci-dessus,  reconnu  relatj 
vement  supérieur  ou  jugé  digne  d'être  plus  spécialement  offert  en  exemple. 

Dans  le  cas  de  l'attribution  de  l'objet  d'art,  la  médaille  d'or  affectée  au  premier 
prix  ne  sera  pas  décernée. 

Art.  4.  —  Trois  médailles  d'argent  et  trois  médailles  de  bronze  pourront  être 
décernées  par  le  jury  aux  agents  employés  dans  les  magnaneries  primées. 

Art.  5.  —  Les  prix  attribués  seront  décernés  à  la  séance  de  la  distribution 


It0'&  CHRONIQUE   AGRICOLE   (16  JUIN    1883). 

solennelle  des  récompenses  du  concours  régional  de  la  Drôrae.  Ils  figureront  dans 
la.  liste  des  prix  dudit  concours  régional. 

Art  6.  —  Les  déclarations  des  concurrents,  contenant  une  simple  note  expli  • 
cative  et  l'indication  de  la  quantité  de  graines  mises  habituellement  à  l'éclosion, 
certifiée  par  le  maire  de  la  commune,  devront  être  adressées  à  la  préfecture  du 
département,  à  Valence,  le  15  avril  1884  au  plus  tard,  pour  dernier  délai. 

Art.  7.  —  Le  conseiller  d'Etat,  directeur  de  l'agriculture,  est  chargé  de  l'exé- 
cution du  présent  arrêté. 

Fait  à  Paris,  le  23  mai  1883.  J.  Méline. 

Les  dernières  nouvelles  des  éducations  de  vers  à  soie  ne  sont  pas 
très  favorables  :  les  orages  et  les  pluies  survenues  pendant  plusieurs 
jours  ont  amené  une  perte  assez'sensible  dans  les  vers  au  moment  du 
quatrième  âge.  Il  en  est  résulté  que  la  récolte,  qui  s'annonçait  jusque- 
là  sous  des  auspices  favorables,  sera  moins  bonne  qu'on  pouvait 
l'espérer.  Dans  ces  conditions,  le  prix  de  la  feuille  de  mi'irier  a  baissé 
dans  des  proportions  assez  notables.  li  faut  ajouter  que  ces  échecs 
sont  dus  aux  circonstances  climatériques,  et  que,  dans  la  plupart  des 
éducations  faites  avec  des  graines  préparées  d'après  le  système  de 
M.  Pasteur,  ils  ont  été  relativement  beaucoup  plus  faibles.  — En  Italie, 
on  signale  une  grande  régularité  dans  les  éducations,  et  on  compte  sur 
une  bonne  récolte. 

XII.  —  Destruction  des  vipères. 

On  annonce  une  multiplication  considérable  des  vipères  dans  un 
grand  nombre  de  départements.  C'est  pourquoi  le  ministre  de  l'intérieur 
vient  d'inviter  les  préfets  à  demander  aux  Conseils  généraux  des  allo- 
cations pour  donner  des  primes  pour  la  destruction  de  ces  reptiles.  Il 
serait  accordé,  par  tête  de  vipère,  une  somme  de  0  fr.  50  ;  dans  quelques 
départements,  oii  les  vipères  sont  particulièrement  nombreuses,  cette 
prime  pourrait  être  portée  à  1  franc.  On  exigera  que  la  chasse  aux 
vipères  soit  interdite  aux  enfants,  qui  pourraient  ne  pas  prendre  toutes 
les  précautions  nécessaires  pour  éviter  d'être  mordus;  les  adultes  seuls 
devront  être  chargés  de  cette  recherche,  et  on  leur  donnera  les  indi- 
cations utiles  pour  se  cautériser  en  cas  de  morsures. 

XIII.  —  Culture  du  tabac. 
Nos  le(;!c!:rs  saventque,  depuis  1881,  la  culture  du  tabac  a  été  auto- 
risée (laiis  les  trois  arrondissements  d'Avignon,  de  Carpentras  et  ' 
d'Orange,  du  département  de  Vaucluse.  En  1881,  325  planteurs  ont 
consacré  37  hectares  à  cette  culture;  en  1882,  il  y  avait  406  planteurs 
pour  42  hectares;  en  1883,  on  en  compte  456  pour  51  hectares. 
L'accroissement  du  nombre  des  planteurs  est  manifeste;  d'un  autre 
côté,  on  annonce  que  la  qualité  des  produits  a  dépassé  l'attente  de 
l'administratinn.  Il  est  donc  permis  d'espérer  que  l'autorisation  défi- 
nitive de  cultiver  le  tabac  sera  donnée  bientôt  au  département  de  Vau- 
cluse ;  ce  sera,  pour  ce  département,  une  ressource  pour  combler  une 
partie  des   pertes  que  ses  agriculteurs  ont  subies  depuis  quinze  ans. 

XIV.  —  Concours  de  machines  agricoles  à  Poitiers. 

La  Société  poitevine  d'encouragement  à  l'agriculture,  présidée  par 
M.  Audoynaud,  organise  un  concours  de  machines,  instruments  et 
appareils  agricoles,  s'appliquant  à  la  moyenne  culture  et  à  la  viticul- 
ture, qui  aura  lieu  à  Poitiers  du  20  au  22  juillet  prochain. 

La  première  série  comprendra  les  charrues  pour  labours  profonds, 
pour  labours  ordinaires,  pour  labours  légers,  les  charrues  Brabant 


GHRONIQUa    AGRICOLE  (16  JDIlM   1883).  407 

doubles,  les  charrues  polysocs,  les  herses,  les  rouleaux,  les  extirpa- 
teurs,  les  houes  à  cheval,  les  tarares,  ventilateurs  et  trieurs  de  grains, 
les  coupe-racines,  hache-paille,  laveurs  de  racines,  les  pompes  à  irri- 
gation et  celles  à  purin,  enfin  les  machines  à  grand  travail  G;énérale- 
ment  louées  par  les  petits  propriétaires,  telles  queljatteuses,  faucheuses, 
râteaux.  11  y  sera  joint  un  concours  spécial  de  moissonneuses,  avec 
essai  et  classement  des  machines. 

La  deuxième  série  sera  consacrée  aux  charrues  vigneronnes,  aux 
charrues  munies  d'un  appareil  distributeur  de  sulfure  de  carbone,  aux 
pressoirs  et  égrenoirs,  aux  paniers,  hottes  et  charrettes,  aux  instruments 
de  soutirage,  aux  cuves  et  tonneaux,  aux  outils  pour  la  taille  de  la 
vigne,  aux  greffoirs  pour  la  vigne;  des  essais  spéciaux  aurontlieu  pour 
les  greffoirs. 

Les  concurrents  doivent  adresser  leurs  demandes  d'admission,  avant 
le  25  juin,  au  président  de  la  Société  poitevine  d'encouragement  à 
l'agriculture,  rue  de  l'Est,  à  Poitiers. 

XV.  —  La  consoude  rugueuse  du  Caucase. 
A  diverses  reprises,  nous  avons  signalé  les  avantages  que  donne  la 
culture,  comme  plante  fourragère,  de  la  consoude  rugueuse  du  Cau- 
case. Sur  ce  sujet,  M.  Picot  de  Plédran,  agriculteur  et  maire  à  Saint- 
Carreuc,  par  Moncontour  (Côtes-du-Nord),  nous  communique  une 
notice  qu'il  se  propose  d'envoyer  aux  présidents  des  Associations 
agricoles  de  Bretagne.  Voici  le  texte  de  cette  notice  : 

«  Cultivée  depuis  très  peu  de  temps  en  France  et  par  un  petit  nombre  d'agri- 
culteurs parmi  lesquels  je  citerai  M.  Groffart,  le  célèbre  inventeur  du  meilleur 
procédé  d'ensilaore  des  maïs,  et  M.  le  baron  d'Eichtal,  la  Consoude  rugueuse  est 
certes  une  des  plantes  les  plus  productives  et  les  plus  rustiques  que  je  connaisse  ; 
elle  résiste  aux  plus  grands  froids,  et  si  sa  végétation  se  trouve  arrêtée  par  les 
glaces  dès  les  premiers  jours  de  printemps,  grâce  à  ses»  puissantes  racines  qui 
vont  chercher  dans  les  profondeurs  du  sol  des  sucs  que  ne  peuvent  atteindre  les 
autres  végétaux  fourragers,  elle  présente  de  magnifiques  touffes  de  tiges  et  de 
feuilles  tendres,  très  riches  en  matières  grasses  et  mucilagineuses. 

ce  Or,  d'après  les  récentes  analyses  laites  dans  les  laboratoires  d'agriculture, 
elle  contient  jusqu'à  2.70  pour  100  d'azote,  alors  que  le  maïs  en  contient  à  peine 
1.25  pour  100. 

ce  Dans  une  terre  fra,îche,  substantielle  et  convenablement  fumée,  elle  m'a  donné 
dès  la  première  année  4  et  ensuite  5  coupes  d'un  excellent  fourrage.  Le  produit 
approximatit  de  chaque  coupe  peut  être  évalué  à  environ  20,000  kilog.  par  hec- 
tare, ce  qui  donne  un  produit  annuel  de  80  à  100,000  kilog. 

«  Je  ne  connais  pas  une  seule  autre  plante  fourragère  qui  puisse  fournir  un 
rendement  aussi  considérable,  si  ce  n'est  le  maïs  géant;  mais,  depuis  quelques 
années,  le  climat  de  la  Bretagne  s'est  tellement  refroidi,  les  gelées  du  printemps 
et  même  de  l'été  sont  devenues  tellement  fréquentes  et  rigoureuses,  qu'il  n'est 
plus  possible  dans  la  plupart  des  cantons  de  cultiver  le  maïs  avec  quelques 
chances  de  succès. 

ce  La  Consoude  rugueuse  pré-sente  sur  tous  les  autres  fourrages,  l'avantage  de 
convenir  pour  la  nourriture  de  tous  les  animaux  des  fermes.  Les  porcs  et  les  che- 
vaux la  mangent  avec  avidité,  les  vaches  s'en  nourrissent  sans  répugnance;  je 
suis  persuadé  qu'il  serait  facile  de  la  convertir  en  foin  :  car  une  fois  cnupée.  elle 
se  dessèche  rapidement.  On  la  multiplie  par  éclats  de  pied  ou  par  fragments  de 
racine  que  l'on  espace  à  un  mètre  de  distance  les  uns  des  autres,  et  qui  peuvent 
être  plantés  depuis  le  mois  de  mars  jusqu'en  octobre. 

«  Si  le  temps  est  favorable,  au  bout  de  huit  jours,  des  feuilles  sortent  de  terre 
et  six  semaines  après,  la  plante  est  en  fleurs  et  bonne  à  couper.  A  chaque  coupe 
la  touffe  s'élargit,  et  au  bout  d'une  année  la  terre  est  complètement  ombragée. 

ce  Deux  ou  trois  binages  par  an  sont  nécessaires  pour  enlever  les  mauvaises 
herbes  et  empêcher  la  terre  de  durcir. 


408  CHRONIQUE  AGRICOLE  (16  JUIN    1883). 

«  Une  fois  enracinée  dans  le  sol,  cette  plante  ne  souffre  plus  de  la  persistance 
des  sécheresses  et  je  ne  me  suis  pas  aperçu  que  les  coupes  d'août  et  septembre 
lussent  inférieures  à  celles  des  autres  mois. 

K  Elle  peut  être  laissée  pendant  plusieurs  années  sur  le  même  terrain;  mais 
alors,  il  est  bon  d'y  pratiquer  tous  les  deux  ou  trois  ans  une  bonne  fumure,  soit 
répandue  en  couverture,  soit  recouverte  au  moyen  d'un  labour  léger;  du  reste,  il 
sera  toujours  facile  aux  agriculteurs  qui 'voudront  essayer  la  culture  de  la  Gon- 
soude,  de  rechercher  les  causes  qui  pourraient  en  diminuer  le  rendement  et 
d'employer  les  moyens  en  leur  pouvoir  pour  y  remédier. 

«  En  résumé,  cette  plante,  par  son  mode  de  végétation  si  bien  approprié  au 
climat  liumide  de  la  Bretagne,  est  appelée  à  rendre  les  plus  grands  services  à  la 
petite  et  à  la  moyenne  culture,  aussi  rustique  que  précoce  ;  elle  a  de  plus  l'avan- 
tage de  fournir  des  masses  énormes  de  fourrages  dont  les  coupes  successives 
commencées  aux  premiers  jours  de  printemps  ne  finissent  qu'avec  l'automne;  et 
je  suis  persuadé  que  le  jour  où  la  culture  en  sera  généralisée,  notre  sol  breton 
pourra  nourrir  une  quantité  de  bétail  triple  de  celle  qui  y  existe  aujourd'hui,  sans 
avoir  à  craindre  le  retour  des  disettes  de  fourrages,  qui  deviennent  parfois  comme 
en  l'année  187  0  des  calamités  publiques. 

«  Dans  un  but  de  propagande,  je  mets  à  la  disposition  des  agiiculteurs  qui 
désireraient  faire  un  essai,  des  éclats  et  racines  de  Gonsoude  rugueuse,  au  prix 
de  50  francs  les  mide  plants,  rais  en  gare  de  Saint-Brieuc. 

«  Veuillez  agréer,  etc.  Ch.  Picot  de  Plédban, 

«  Propriétaire  au  Château  du  Plessis-Budes,  en  Saint-Carreuc, 
par  Moncoritour  (Côtes-du-Nord).  » 

Dans  la  lettre  qu'il  nous  écrit  en  même  temps,  M.  Picot  do  Plédran 
ajoute  :  «  J'ai  employé  la  Gonsoude  avec  succès  pour  la  nourriture  des 
porcs  et  des  chevaux.  Les  animaux  de  l'espèce  bovine  en  paraissent 
moins  friands  au  début;  ils  finissent  au  bout  de  quelques  jours  par 
s  habituer  à  cette  nourriture  et  la  consomment  sans  répugnance.  » 
XYI.  —  Élection  à  la  Société  nationale  d'agricvlture. 

Dans  le  Comité  secret  de  sa  séance  du  13  juin,  la  Société  a  entendu 
le  rapport  de  la  Section  de  mécanique  agricole  et  des  irrigations  sur 
une  place  de  membre  associé  national  vacante  dans  cette  Section.  La 
Seclion  présente  :  en  première  ligne,  M.  Félix  Vidalin,  ingénieur  de  la 
marine  en  retraite,  agriculteur  à  îintignac(Corrèze);  en  deuxième  ligne, 
M .  Champonnois,  constructeur  de  distilleries  à  Paris.  Les  titres  des  can- 
didats ont  été  discutés;  l'élection  aura  lieu  dans  la  séance  du  20  juin. 
XVIL  —  Nouvelles  de  l'état  des  récoltes. 

La  plupart  des  récoltes  se  présentent  dans  d'assez  bonnes  conditions 
dans  presque  toutes  les  régions.  Tel  est  notamnient  le  cas  pour  le 
déparlement  des  Vosges,  d'après  la  note  que  M.  Jacquot  nous  envoie 
de  Chévreroche,  à  la  date  du  9  juin  : 

ce  II  y  a  à  peine  un  mois  que  la  neige  tombait  par  violentes  averses  ;  et  la  végéta- 
tion souffrait  d'un  retard  de  trois  semaines  sur  une  année  ordinaire.  A  présent, 
cette  situation  se  trouve  abondamment  réparée  par  une  végétation  luxuriante  de 
toutes  les  récoltes.  Les  prairies  au  sol  léger,  il  y  a  quinze  jours,  souffraient  de  la 
sécheresse;  mais  depuis  ce  temps,  les  orages  fréquents  ont  détrempé  sufii>^amment 
les  terres,  en  sorte  que,  par  la  température  chaude  régnant  sans  interruption, 
elles  ont  une  apparence  magnifique  —  Je  n'ai  point  de  renseignements  sur  les 
orages  de  ces  derniers  temps  ;  peut-être  y  a-t-il  çà  et  là  quelques  dégâts,  mais 
je  pense  qu'ils  sont  peu  considérables  en  comparaison  de  l'effervesoence  de  ce 
emps  orageux.  Dieu  veuille  qu'il  en  soit  partout  et  toujours  ainsi.  La  fauchaison 
des  l'oins  va  commencer.  Gette  récolte  paraît  très  abondante.  » 

Dans  le  département  de  la  Dordogne,  le  mois  de  mai  paraît  avoir  été 
peu  favorable  aux  plantes  sarclées,  et  la  récolte  des  fruits  sera  faible. 
G'est  ce  qui  résulte  de  la  noie  que  M.  de  Lentilhac  nous  envoie  de 
Saint-Jean-d'Ataux,  à  la  date  du  10  juin  : 

«  Le  mois  de  mai  1883  a  donné  plus  de  jours  de  pluie  et  un  chiffre  de  millimètres 


GHRONiUUE   ACiKlCULE  (16   JUIN    l»b3).  409 

d'eau  supérieur  environ  du  double  à  celui  de  la  période  correspondante  dans  les 
trois  années  qui  l'ont  précédé;  la  température  moyenne  du  mois  a  peu  varié,  mais 
elle  a  présenté  un  maximum  de  32  degrés  centigrades  que  n'avaient  pas  atteint 
les  mois  de  mai  précédenls;  comme  conséquence,  les  orages  ont  été  plus  nom- 
breux. Le  mois  de  mai  a  eu  une  portée  très  caractéristique  sur  le  sort  des  prai 
ries  naturelles,  des  fourrages  et  de  la  plante  sarclée.  Lorsqu'il  est  relativement 
chaud  et  pluvieux,  il  favorise  comme  cette  année  la  croissance  des  herbes  de 
codercs  ou  prés  secs,  er.  plutôt  la  seconde  que  la  première  coupe  des  fourrages 
artificiels.  Son  influence  sur  la  plante  sarclée  a  été  des  plus  mauvaises,  beaucoup 
de  serais  de  betteraves  se  sont  perdus  sous  l'eau  ;  les  pommes  de  terre  ont  beau- 
coup de  manquants,  et  nombre  de  maïs  jaunes  souffreteux  ont  dîi  être  ressemés.  — 
Nous  disions  dans  une  de  nos  précédentes  chroniques,  que  les  fruits  avaient  fait 
fiasco  sur  toute  la  ligne,  que  cependant  nous  faisions  nos  réserves  pour  les  pom- 
miers à  ce  moment  littéralement  couverts  de  fleurs  ;  aujourd'hui  nous  n'avons 
plus  d'illusion,  ils  ont  subi  le  sort  des  autres  arbres  à  fruits;  tout  a  coulé.  Ce  ne 
sont  pas  les  gelées,  ils  ont  fleuri  après  les  derniers  froids  de  mars,  mais  bien  un 
efîet  de  la  pluie  qui  sans  doute  a  sursaturé  d'eau  la  sève  et  l'a  empêchée  d'être 
assez  alibile  pour  favoriser  l'acte  de  la  fécondation. 

«  Quanta  la  vigne,  elle  ofl're  comme  tous  les  ans  à  cette  époque,  lorsque  la  chaleur 
solaire  souffle  la  vie  au  cœur  des  plantes,  un  luxe  de  végétation  qui  fait  plaisir  à 
voir  ;  supputant  les  résultats  qu'annoncent  tant  de  plantureuses  promesses,  le 
propriétaire  compte  déjà  avec  complaisance  le  nombre  des  mannes,  qui  n'est  pas 
excessif  mais  serait  largement  suffisant  s  il  arrivait  à  bien  :  »  Trop  de  manne  reste 
en  panne  ».  Mais  hélas,  que  de  hasards  à  courir,  que  de  périls  à  affronter  avant 
de  pouvoir  dire  :  J'aurai  du  vin. 

«  Il  se  l'ait  dans  la  contrée  quelques  petites  éducations  de  vers  à  soie,  à  seule 
fin  de  conserver  la  graine;  jusqu'à  présent  elles  marchent  bien,  n'offrant  aucun 
cas  de  maladie  ;  nous  attendrons  la  monte  pour  conclure.  » 

A  la  suite  de  quelques  journées  de  grosse  chaleur,  des  orages  vio- 
lents se  sont  déchaînés  dans  un  grand  nombre  de  dépai^tements.  Ils 
ont  été  parfois  accompagnés  de  grêle  qui  a  amené  des  désastres  consi- 
dérables, notamment  dans  la  vallée  de  la  Loire  :  les  récoltes  ont  même 
été  détruites  presque  complètement  dans  quelques  communes.  Toute- 
fois, hâtons-nous  de  dire  que  cesdésastres  sont  locaux,  et  que  presque 
partout  les  récolles  continuent  à  se  bien  présenter.  On  fait  la  récolte 
.des  prairies  avec  beaucoup  d'activité;  l'herbe  a  beaucoup  gagné  durant 
les  dernières  semaines.  J.-A.  Barral. 

DISCOURS  DE  M.  GOCHERY 

Ministre  des  postes  et  des  télégraphes,  au  concours  régional  de  Blois. 

Messieurs,  je  tiens  d'abord  à  vous  remercier,  au  nom  de  mon  collègue  le 
ministre  des  travaux  publics  et  au  mien,  du  gracieux  accueil  que  vous  venez  de 
nous  faire.  Vous  avez  justement  apprécié  qu'en  déléguant  deux  de  ses  membres 
pour  prendre  part  à  vos  fêtes  du  concours  régional,  le  gouvernement  de  la  Répu- 
blique avait  voulu  attester  une  fois  de  plus  combien  il  s'intéresse  à  l'agriculture, 
combien  il  croit  devoir  en  favoriser  le  développement,  combien  il  est  heureux  d'en 
constater  le  progrès. 

J'ai,  du  reste,  personnellement  un  droit  tout  particulier  à  votre  bienveillance  : 
j'appartiens  à  votre  région;  vos  intérêts  agricoles  sont  les  miens.  Les  deux  dépar- 
tements de  Loir-et-Cher  et  du  Loiret  fraternisent  non  seulement  pnrle.jrs  vieilles 
sympathies,  mais  encore  par  leurs  cultures  qui  sont  les  mêmes. 

Blois  nous  offre  aujourd'hui  sa  courtoise  et  splendiJe  hospitalité.  Orléans,  l'an- 
née prochaine,  tiendra  dans  ses  murs  le  concours  régional,  et  se  réjouit  déjà  de 
vous  y  convier.  Le  maire  d'Orléans  est  venu  apprendre,  ici  même,  comment  on 
peut  tenter  de  vous  égaler. 

Nous  nous  connaissons,  du  reste,  de  vieille  date.  J'ai  été  bien  souvent  votre 
hôte  pendant  la  guerre  de  1870,  dans  mes  douloureux  voyages  d'Orléans  à  Tours. 
Nous  nous  communiquions  alors  nos  anxiétés  patriotiques.  Et,  plus  tard,  c[uand 
les  armées  ennemies  envahirent  votre  département,  c[uel[e  ne  fut  pas  notre  espé- 
ranco  pendant  la  lutte  héroïque  engagée  par  Ghauzy  ! 

Nous  n'avons  pas  ouJjlié  les  combats  livrés  par  ses  jeune:  troupes  àMircheaoi? 


410  DISCOURS  DZ  M.   GOCdERy. 

à  Josnes,  à  Villarceaux,  à  Vendôme,  Un  instant,  lors  des  succps  de  Fréteval,  nous 
avons  ]ju  croire  que  le  sort  des  armes  allait  changer.  Le  coup  qui  vous  frappa, 
lorsque  notre  armée  l'ut  oblig'ée  de  se  replier  sur  le  Mans,  nous  fut  commun;  nos 
deux  départements  subirent  le  même  sort  et  devinrent  la  proie  de  l'invasion. 

Pardonnez- m'oi  de  rappeler  ces  souvenirs  à  votre  fiatriotisme,  mais  il  me  semble 
que  ces  douleurs  communes  resserrent  encore  nos  liens  d'affection.  Aussi  n'ai-je 
pas  besoin  de  vous  dire  que  c'-est  de  tout  cœur  que  je  viens  aujourdhui  constater 
les  progrès  de  votre  agriculture,  applaudir  à  ses  victoires  pacifiques. 

C  est  la  quatrième  lois  que  le  concours  régional  se  tient  à  Blois;  la  première 
réunion  remonte  à  1858.  Quelle  différence  dans  ces  deux  concours!  En  1858, -vous 
aviez  lOJ  têtes  de  gros  bétail  et  -232  instruments  d'agriculture.  Aujourd'hui,  vous 
présentez  200  têtes  de  igros  bétail,  125  lots  de  bêtes  ovines,  30  lots  de  porcs, 
84  lots  de  volailles,  787  lots  de  produits,  et  pas  moins  de  1,240  machines. 

Et  quels  progrès'  La  forme  des  animaux  a  été  perfectionnée,  leur  précocité 
accrue,  leur  poids  considérablement  augmenté.  Le  bien-être  général  en  a  large- 
ment profité.  Avec  une  nourriture  plus  saine,  plus  abondante,  nos  populations  ont 
trouvé  une  force  et  une  activité  nouvelles.  Le  travail  national  en  ressent  les  heu- 
reux effets. 

Le  département  de  Loir-et-Cher  avait  déjà  de  belles  cultures,  de  vertes  prairies 
et  de  vastes  forêts.  Mais  comme  il  a  été  amélioré  et  en  quelque  sorte  transform 
parles  intelligents  efforts  de  ses  cultivateurs!  La  lande  a  disparu  presque  entiè- 
rement, elle  a  fait  place  à  de  splendides  moissons.  De   gras   pâturages  se  son 
substitués  à  la  bruyère  et  à  l'ajonc.  Vous  avez  réduit  la  jachère.  Dans  ce  pays  d 
labeur,  v<3us  ne  voulez  pas  que  la  terre  se  repose  plus  que  les  bras  de  l'homme. 

Cette  Sologne  elle-même,  jadis  d'une  stérilité  et  d'une  insalubrité  proverbiales, 
est  devenue  fertile,  grâce  à  vos  efforts.  Les  étangs  ont  été  desséchés,  le  drainage 
a  régularisé  le  cours  des  eaux;  le  colza,  la  betterave,  la  vigne  même  ont  largement 
dédommagé  l'agriculteur  de  ses  sacrifices.  Les  sapinières  ont  complété  votre  œuvre. 
Vos  terres  ont  ainsi  décuplé  de  valeur. 

Vous  avez  prouvé  combien  vous  êtes  vaillants,  même  contre  les  ravages  des 
saisons  inclémentes.  La  gelée  a  brûlé  vos  plantations  de  pins  maritimes.  Vous 
avez  lutté  courageusement,  le  concours  du  gouvernement  ne  vous  a  pas  fait  défaut, 
et  vous  avez  déjà  réparé  en  partie  vos  désastres.  Je  suis  heureux  de  constater  de 
pareils  résultats,  de  vous  en  féliciter. 

Il  vous  reste  cependant  quelque  chose  à  faire.  Le  phylloxéra. a  commencé  à  atta- 
quer vos  vignes.  Ne  perdez  pas  un  instant  pour  le  combattre.  Agissez,  agissez 
vite.  Mon  excellent  ami  le  ministre  de  l'agriculture  ne  demande  qu'à  vous  aider. 
N'hésitez  donc  pas.  Les  sacrifices  que  vous  pourrez  faire  seront  amplement  com-' 
pensés  par  les  résultats.  Vos  vins  ont  une  juste  réputation.  Il  faut  sauver  cette 
richesse  de  votre  pays. 

Votre  culture  arable  est  en  progrès.  Il  y  a  dix  ans,  vous  n'ensemenciez  que 
60,00€  hectares  de  blé -aujourd'hui,  c'est  7ti,ÛOO  quevous  labourez.  La  production 
s'est  élevée  de  922,000  à  1,500,000  hectolitres.  Le  rendement  par  hectare  a  surtout 
progressé;  il  était  de  14.4  hectolitres,  il  est  aujourd'hui  de  lb.2.  Le  bénéfice  de 
l'augmentation  se  chiffre  par  millions.  L'avoine  et  le  méteil  ont  suivi  également 
une  marche  ascendante. 

Vous  devez  surtout  ces  progrès  à  l'emploi  des  machines.  Nul  département  n'en 
a  fait  plus  grand  usage  qu-e  le  vôtre.  Vos  agriculteurs  ont  ainsi  fait  preuve  d'une 
initiative  intelligente,  et  ils  en  ont  été  récompensés. 

En  travaillant  pour  vous,  vous  travaillez  pour  le  pays.  Persévérez  donc,  l'Etat 
vous  doit  son  concours-.  11  ne  faillira  pas  à  ce  devoir. 

L'agriculture  a  déjà  profité  de  l'essor  donné  à  l'instruction  publique  :  à  l'ensei- 
gnement primaire,  se  joignent,  sous  la  direction  de  maîtres  compétents,  des  no- 
tions scientifiques  qui  vulgarisent  les  meilleures  méthodes  de  culture  et  permettent 
aux  agriculteurs  de  les  appliquer  rationnellement. 

Partout  s-e  créent  des  routes  et  des  chemins  vicinaux,  ce  sont  là  les  vraies 
artères  de  la  richesse  agricole.  Mon  collègue  le  ininislie  des  travaux  publics  me 
permettra  de  vous  dire  qu'il  est  votre  plus  immédiat  collaborateur.  Les  chemins 
de  fer  ouvrent  aux  produits  agricoles  des  débouchés  qui  en  augmentent  la  valeur. 

Soyez  assurés  que  le  gouvernement  ne  s'arrêtera  pas  dans  ces  travaux  vrai- 
ment productifs.  La  République,  sans  cesser  a'êtie  jalouse  de  la  dignité  de  la 
France,  cherche  surtout  la  grandeur  du  pays  dans  le  développement  técond  des 
œuvres  de  paix  et  de  travail. 


SUR  LES  ALLUVIONS  ARTIFICIELLES.  411 


SUR  LES  ALLUYIONS  ARTIFICIELLES  -  IIP 

V.  —  Réfléchissez-y,  mon  cher  direcLeur,  et  vous  reconnaîtrez,  je 
l'espère,  que  la  question  hygiénique  n'est  pas  encore  cette  ohjection 
capitale  qui  doit  faire  repousser  mon  projet. 

Il  y  a  vingt  ans  déjà  je  le  soumettais  à  un  homme,  qui  par  sa  posi- 
tion hiérarchique  me  paraissait  plus  qu'un  autre  en  position  de 
l'appuyer  en  haut  lieu.  Le  voyant  m'écouter  sans  m'interrompre,  je 
lui  demandai  finalement  s'il  y  voyait  des  objections.  «  Je  vous  avoue, 
me  dit-il.  que  j'en  cherche  et  que  je  n'en  trouve  pas.  »  Je  pris  cet  aveu 
pour  un  encouragement,  une  promesse  tacite  de  recommandation  et 
d"appui  sur  laquelle  je  comptai  naïvement  pendant  plusieurs  années, 
jusqu'au  jour  où  j'appris,  à  n'en  pouvoir  douter,  que  celui  qui  me 
l'avait  faite,  se  trouvait  précisément  un  des  adversaires  les  plus 
ardents  de  mes  idées  dans  les  conseils  où  je  comptais  qu'il  les  ferait 
prévaloir.    . 

Avait-il  enfin  trouvé  l'objection  qu'il  ne  voyait  pas  au  début?  Je 
l'ignore;  mais  d'autres  ont  dû  vainement  la  chercher,  qui  n'ont  trouvé 
d'autre  moyen  qu'un  silence  de  parti  pris  pour  écarter  un  projet  qu'ils 
ne  pouvaient  pas  combattre  mais  qu'ils  voulaient  encore  moins  favo- 
riser. Je  ne  vous  range  certainement  pas  dans  cette  catégorie  d'adver- 
saires prévenus  contre  lui.  Au  fond  mon  projet  ne  vous  a  peut-être  jamais 
été  bien  sympathique,  et  vous  avez  conservé  un  sentiment  de  méfiance 
plus  instinctif  que  réfléchi.  Mais  si  nos  idées  ne  cadrent  pas  de  tous 
points,  nous  avons  pourtant  cela  de  commun,  mon  cher  et  vieux 
camarade,  d'être  à  peu  près  du  même  âge  et  d'avoir  commencé  en 
même  temps,  une  longue  lutte  que  nous  avons  poursuivie  par  des 
voies  et  moyens  différents,  mais  avec  un  même  but  d'utilité  publique 
et  d'intérêt  général.  Ce  but,  j'en  suis  pour  ma  part,  à  la  fin  de  ma 
carrière,  plus  loin  que  jamais.  Je  ne  sais  jusqu'à  quel  point  vous 
croyez  l'avoir  atteint  vous-même.  Vous  avez  sans  doute  beaucoup  fait 
dans  votre  œuvre  de  vulgarisation  scientifique  ;,  mais  ne  vous  reste-t-il 
plus  rien  à  faire?  Croyez-vous  qu'il  n'y  ait  rien  à  demander  de  plus 
pour  l'agriculture,  que  des  dégrèvements  d'impôt,,  des  subventions  et 
des  primes,  et  çà  et  là  l'exécution  de  quelques  canaux  d'arrosage  à 
6,000  francs  l'hectare,  comme  le  canal  du  Yerdon,  à  10,000  francs, 
comme  le  canal  du  Rlione  tel  qu'il  nous  a  été  proposé. 

Si  accommodante  que  soit  la  vache  à  lait  du  budget,  elle  ne  saurait 
indéfiniment  suffire  à  de  telles  exigences. 

Je  sais  qu'à  vos  yeux,  à  ceux  de  beaucoup  de  vos  lecteurs,  je  paraî- 
trai soutenir  un  paradoxe,  en  prétendant  que  l'agriculture  n'est  pas  ce 
qu'on  suppose,  cette  puissante  nourricière,  mère  de  toutes  nos  indus- 
tries, source  de  tous  nos  impôts.  Il  en  était  peut-être  ainsi  du  temps 
de  Sully;  mais  du  nôtre,  tout  a  bien  changé.  Le  tourteau  industriel 
entre  pour  une  forte  part  dans  la  ration  nutritive  de  la  vache  budgé- 
taire; et  il  ne  faudrait  pas  que  le  pré  exigeât  plus  d'engrais  qu'il  ne 
pourra  fournir  de  fourrage. 

En  d'autres  termes,  pour  parler  plus  simplement,  c'est  moins  aux 
charges  d'impôt  qui  pèsent  sur  elle  qu'à  l'insuffisance  de  ses  produits 
qu'on  doit  attribuer  l'état  d'infériorité  relative  de  notre  agriculture.  S  [ 

1.  Voir  le  Journal  du  2  et  du  y  juin,  pages  \iS2  et  o7J  de  ce  volume. 


412  SUR  LES  ALLUVIOiNS    ARTIFICIELLES. 

nous  voulons  qu'elle  reprenne  sa  place  dans  notre  production  natio- 
nale qu'elle  puisse  lutter  avantageusement  contre  la  concurrence 
étranfTère  •  ce  sont  moins  les  procédés  de  culture,  que  la  nature  elle- 
même  du  sol  végétal,  que  nous  devons  chercher  à  améliorer.  Or,  ce 
problème,  je  crois  l'avoir  résolu  p  ir  le  principe  de  l'alluvion  végétale. 
Dans  la  première  application  que  je  propose  à  la  fertilisation  des 
Landes,  il  s'agit  de  créer  la  terre  végétale  de  toutes  pièces,  de  substi- 
tuer toute  une  province  riche  et  fertile  à  une  égale  étendue  de  sables 

arides. 

En  tous  lieux  sans  doute,  il  ne  sera  pas  nécessaire  d'en  faire  autant; 
on  n'aura  pas  à  reconstituer  en  bloc  le  sol  végétal;  mais  le  canal  de 
limona'Te  n'en  sera  pas  moins  utile  et  avantageux,  comme  voie  de 
transport  économique  des  amendements  minéraux,  rendus  assimi- 
lables, qu'on  pourra  à  peu  de  frais  répandre  en  engrais  à  la  surface 
des  sols  en  culture. 

Tel  est  le  but  final  de  la  grande  réforme  agricole  qu'on  peut  déjà 
entrevoir  dans  un  avenir  assez  rapproché  ;  et  pour  la  préparer  cette 
réforme,  que  faut-il  faire?  S'agit-il  de  dépenser  des  milliards  pour 
atterrir  ou  creuser  quelque  plage  lointaine,  à  l'isthme  de  Panama  ou 
dans  les  déserts  du  Sahara  africain?  Nullement!  Il  suffit  de  risquer 
un  capital  de  20  à  30  raillions,  à  peine  ce  qu'a  coûté  le  canal  d'irri- 
o-ation  du  Verdon;  non  pour  l'irrigation  de  4,000  hectares,  mais  pour 
la  transformation  complète  d'un  million  d'hectares. 

Telle  est  l'entreprise  pour  laquelle  j'ai  recours  une  fois  encore  à  la 
publicité  de  votre  Journal.  Vous  reconnaissez,  quant  à  vous,  n'y  voir 
aucune  difficulté  matérielle;  car  j'espère  bien  que  vous  ne  persisterez 
pas  dans  votre  objection  hygiénique.  D'autres  sans  doute,  retranchés 
dans  un  scepticisme  de  parti  pris,  trouveront  plus  simple  de  traiter  l'idée 
d'utopie  que  de  prendre  la  peine  de  l'étudier.  Pour  moi,  plus  j'examine 
la  question,  la  retournant  sous  toutes  ses  faces,  plus  je  reste  convaincu 
que  l'entreprise  est  éminemment  pratique  et  réalisable.  Cette  réalisa- 
tion sera-t-elle  ajournée  une  fois  encore,  renvoyée  à  la  génération  qui 
suivra  la  nôtre,  La  chose  est  possible;  mais  s'il  en  était  ainsi,  nos 
neveux  auraient  un  jour  une  bien  triste  opinion  de  l'intelligence  de 
leurs  pères;  aussi  bien  de  tous  ceux  qui  n'auraient  pas  su  reconnaître 
à  temps  la  simplicité  de  l'entreprise,  que  de  moi  qui  n'aurais  pas  su  la 
démontrer  aux  indifférents. 

Agréez,  etc.  Duponchel, 

Ingénieur  en  chef  des  ponts  et  chaussées. 

COMPTABILITÉ.  ~  AVANT-PROPOS 

L'usage  de  la  comptabilité  qui  détermine  la  situation  matérielle  de 
chacun,  qui  évalue  ses  moyens  d'action  et  l'effet  utile  qu'ils  produisent 
suivant  les  circonstances  dans  lesquelles  ils  sont  appliqués;  l'usage 
de  la  comptabilité,  qui  fournirait  à  la  statistique  des  éléments  si  posi- 
tifs et  si* utiles  d'appréciation  et  qui  aurait  une  influence  considérable 
sur  la  fortune  publique,  est  malheureusement  trop  peu  répandu  dans 
nos  campagnes.  On  ne  peut  que  le  regretter  profondément,  car  ce 
serait  pour  le  progrès  un  puissant  levier;  c'est  d'ailleurs  une  des 
choses  que  les  fermes-écoles  s'appliquent  à  propager  dans  la  masse 
des  cultivateurs  et  elles  peuvent  rendre  ainsi  au  pays  un  éminent 
service. 


COMPTABILITÉ  AGRICOLE.  4J3 

L'usage  de  la  comptabilité  est  indispensable  à  la  bonne  marche  de 
nos  affaires;  c'est  une  conséquence  naturelle  et  directe  du  mouvement 
des  transactions,  de  cette  réciprocité  d'échanges  et  de  services  qui  est 
comme  le  ciment  de  l'édifice  social.  Celui-là  seul  pourrait  s'en  affran- 
chir qui  n'aurait  aucun  rapport  d'intérêts  avec  ses  semblables;  de 
telle  sorte  que  nier  la  nécessité  de  la  comptabilité,  c'est  nier  le  rôle 
que  l'on  est  appelé  à  remplir  dans  le  courant  économique  des  sociétés, 
socialement  parlant,  c'est  méconnaître  son  existence  même. 

On  entend  dire,  il  est  vrai,  qu'il  y  a  des  individus  qui  font  très 
bien  leurs  affaires  et  qui  ne  savent  ni  lire,  ni  écrire.  On  avouera  que 
cette  objection  n'est  plus  de  notre  époque;  nous  répondrons  toutefois 
que  celui  qui  possède  une  mémoire  assez  heureuse  pour  caser  et  fixer 
dans  sa  tête  les  conditions  des  diverses  transactions  auxquelles  il 
consent,  en  supposant  même  que  ses  facultés  soient  assez  grandes 
pour  apprécier  et  comparer  les  résultats  de  ses  affaires  de  manière  à 
tirer  de  ce  rapprochement  des  enseignements  profitables  à  ses  intérêts, 
celui-là  pratique  au  moyen  de  ses  ressources  mnémoniques  une  espèce 
de  comptabilité  mentale  dont  nous  reconnaissons  la  valeur.  Ce  cas 
physiologique  peut  être  intéressant  à  observer,  mais  on  comprendra 
que  nous  ne  nous  attardions  pas  à  le  définir  et  à  le  caractériser,  d'au- 
tant plus  qu'il  ne  peut  s'appliquer  qu'à  un  cercle  très  borné  et  n'est 
rien  à  côté  du  système  rigoureux  et  méthodique  représenté  par  la 
comptabilité  et  qui  consiste  à  inscrire  sur  des  livres  spéciaux  les  faits 
économiques  qui  se  produisent  dans  la  sphère  de  nos  opérations  de 
manière  à  en  suivre  l'enchaînement  et  à  en  assurer  l'interprétation. 

Ce  que  nous  disons  ici  est  simplement  pour  établir  que  tout  le 
monde  est  tributaire  de  la  comptabilité,  que  son  domaine  est  universel  : 
tout  procédé  par  lequel  on  cherche  à  régulariser  ses  comptes,  à  sou- 
mettre ses  opérations  aux  épreuves  du  calcul  et  du  jugement,  est  de 
son  ressort,  depuis  la  coche  ou  le  carrelet  du  journalier  et  du  bou- 
langer, ce  petit  bâton  appelé  taille  dans  les  villes,  jusqu'aux  registres 
des  banquiers,  jusqu'au  grand-livre  de  la  dette  publique. 

La  comptabilité  touche  donc  aux  fonctions  les  plus  vitales  de  la 
société,  à  tel  point  qu'on  a  pu  dire  que,  si  l'idéal  de  la  comptabilité 
était  réalisé,  la  vérité  existerait  dans  l'ordre  économique,  et,  sous  le 
rapport  agricole,  il  est  certain  que,  si'  le  degré  d'instruction  de  nos 
paysans  leur  avait  permis  d'y  avoir  recours,  des  coutumes  routinières 
et  des  assolements  désastreux  n'auraient  pas  subsisté  pendant  des 
siècles  et  des  siècles. 

Aussi  l'attention  s'est-elle  de  nouveau  portée  sur  la  comptabilité,  et 
des  sociétés  ont  même  fondé  des  prix  pour  provoquer  les  esprits  à 
produire  un  bon  ouvrage  sur  cet  important  sujet.  Nous  laisserons  aux 
plus  jeunes  les  honneurs  et  les  chances  du  concours  ;  mais  ce  retour 
des  idées  vers  la  comptabilité  indique  un  besoin  bien  senti  et  nous 
engage  à  publier  quelques  considérations  relatives  à  la  manière  dont 
il  convient  d'envisager  cette  branche  de  nos  connaissances  économiques. 

Ce  n'est  pas  que  les  traités  de  comptabilité  soient  rares,  et  il  y  en  a 
de  très  bons  que  l'on  peut  consulter  avec  fruit.  Aussi  notre  projet 
n'est-il  pas  d'ajouter  un  ouvrage  à  ceux  qui  existent  déjà  et  d'offrir  au 
lecteur  un  travail  de  compilation  que  tout  le  monde  peut  faire  et  qui 
n'est  plus  de  notre  goût. 

Notre  intention  au  contraire  est  de  glisser  sur  les  points  générale- 


414  COMPTABILITÉ  AGRICOLE. 

ment  admis  et  ressassés  déjà  partout  et,  pour  tirer  au  plus  court,  nous 
procéderons  quelquefois  par  aphorisme  et,  pour  ainsi  dire,  par 
axiome  et  par  simple  énonciation  des  principes  connus  et  acquis,  et 
en  éliminant,  autant  que  possible,  de  ce  travail  les  notions  d'économie 
rurale  dont  l'examen  nous  emporterait  à  des  digressions  à  perte  de 
vue  et  avec  grande  perte  de  temps. 

Toutefois  nous  ne  chercherons  pas  à  éluder  les  difficultés  qui  se 
rencontreront  sur  notre  route  et  nous  présenterons  au  jour  des  points 
controversés  qui  ne  nous  paraissent  pas  suffisamment  élucidés  et  au 
sujet  desquels  nous  affirmerons  nos  idées  ouvertement  et  sans  équi- 
voque, au  risque  de  nous  faire  relever,  si  nous  tombons  dans  l'erreur, 
par  des  personnes  plus  compétentes  que  nous,  et  que  nous  serons 
toujours  disposé  à  remercier  de  leur  concours.  Car,  nous  l'avouons  en 
toute  sincérité,  nous  n'avons  pris  le  temps  que  de  parcourir  très  rapi- 
dement les  quelques  traités  de  comptabilité  qui  nous  sont  tombés  sous 
la  main,  mais  nous  avons  beaucoup  pratiqué,  un  peu  réfléchi  et  nous 
trouvons  que  les  auteurs  n'ont  pas  assez  appliqué  à  la  comptabilité  les 
méthodes  de  recherches  rationnelles,  la  rigueur  des  déductions  et  des 
procédés  scientifiques. 

Nous  nous  occuperons  principalement  ici  de  la  comptabilité  de 
l'exploitant;  c'est  la  plus  complexe,  qui  sait  bien  la  tenir  ne  trouve 
plus  de  difficulté  à  tenir  les  autres. 

Nous  ne  pourrons  éviter  d'émettre  dans  ce  résumé  quelques  idées 
personnelles,  ce  qui  nous  éloignera  parfois  du  centre  didactique  autour 
duquel  nous  aurions  voulu  graviter  invariablement;  mais,  qu'on  se 
rassure,  nous  n'avons  pas  la  prétention  d'ouvrir  à  la  comptabilité  des 
horizons  nouveaux  :  le  système  d'inscription  qu'elle  représente  se 
rattache  à  un  ensemble  si  bien  coordonné  qu'il  constitue  un  corps  de 
doctrine  indissoluble  et  que  nous  n'aurons  guère  qu'à  nous  en  tenir 
à  l'exposition  rigoureuse  et  classique  des  principes. 

Ce  système,  disons-le  dès  maintenant,  est  plus  qu'une  ingénieuse 
combinaison,  c'est  une  des  belles  manifestations  de  la  pensée  humaine, 
et  nous  serons  entraîné  dans  cet  exposé  à  en  faire  ressortir  l'esprit  et 
la  portée  philosophique.  En  effet  qui  dit  comptabilité,  dit  à  la  fois, 
ordre,  précision,  concision,  analyse,  généralisation.  Elle  applique  les 
procédés  d'investigation  les  pliTs  sûrs  et  les  plus  déliés  afin  d'être 
complète,  les  moyens  de  contrôle  les  plus  rigoureux  afin  d'être  d'une 
exactitude  absolue,  elle  est  le  triomphe  de  la  synthèse  ;  elle  réunit  enfin 
toutes  les  propriétés,  tous  les  attributs,  qui  guident  avec  sécurité  l'es- 
prit vers  la  découverte  de  la  vérité,  et,  dans  ses  dispositions  harmo- 
nieuses dont  pas  un  détail  ne  fait  disparate,  elle  compose  un  monu- 
ment de  saine  logique  et  de  forte  raison.  La  comptabilité  quitte  donc 
quelquefois  le  terre  à  terre  pour  s'élever  dans  les  régions  de  l'enten- 
dement et  elle  demande  une  certaine  hauteur  de  vue  pour  qu'on  puisse 
en  embrasser  l'ensemble. 

De  l'application  bien  entendue  delà  comptabilité  résultent  immédia- 
tement des  avantages  inappréciables.  Elle  oblige  à  la  réflexion  et  au 
raisonnement;  c'est  un  guide  sage  et  prudent  qui,  dans  la  gestion  de 
nos  affaires,  nous  évite  de  nombreux  faux  pas;  elle  met  un  ordre  par- 
fait dans  nos  écritures  qui  deviennent  sous  sa  main  comme  un  pano- 
rama plein  d'intérêt  dans  lequel  sont  reproduits  avec  exactitude  tous 
les  détails  de  notre  administration;  elle  ménage  notre  temps  par  les 


COMPTABILITÉ  AGRICOLE.  415 

fprmes  brèves  et  condensées  dont  elle  fait  usage;  elle  communique  à 
l'esprit  une  tranquillité  morale,  une  fermeté  de  décision,  qui  provien- 
nent de  la  clarté  avec  laquelle  on  peut  en  un  instant  envisager  sa 
situation. 

Enfin,  si  nous  nous  décidons  à  faire  paraître  quelques  considéra- 
tions sur  ce  sujet,  nous  réclamons  l'indulgence  du  lecteur  en  faveur 
du  sentiment  qui  nous  anime  :  le  désir  de  contribuer  à  la  diffusion 
de  la  connaissance  et  de  l'usage  de  la  comptabilité  qui  se  présente  à 
nous  comme  un  conseiller  intègre,  un  dépositaire  fidèle,  un  juge 
éclairé,  en  un  mot  comme  le  meilleur  des  amis  du  cultivateur. 
[La  suite  prochainement^.  A.  Salomon, 

Directeur  de  la  ferme-école  de  Saint-Michel  (NievreJ 

CONCOURS  RÉGIONAL  DE  DIGNE 

Pour  la  quatrième  fois  depuis  l'institution  de  ces  solennités  agricoles,  Digne 
est  le  siège  du  concours  régional  de  la  circonscription  des  Alpes,  qui  comprend 
les  départements  de  la  Haute-Savoie,  de  la  Savoie,  de  l'Isère,  de  la  Drôme,  de 
Vaucluse,  des  Hautes-Alpes  et  des  Basses-Alpes. 

Placé  à  l'extrémité  sud  de  la  région,  au  milieu  d'une  contrée  montagneuse  d'un 
accès  re'ativement  peu  facile,  où  la  population  est  rare  et  l'agriculture  peu  déve- 
loppée, ce  concours  ne  devait  attirer  qu'un  nombre  restreint  d'exposants  et  de 
visiteurs.  C'est,  en  etTet,  ce  qui  a  eu  lieu  pour  les  exposants;  quant  aux  visiteurs, 
leur  affluence  a  été  considérable  pendant  toute  la  semaine,  et  elle  eût  été  énorme 
le  dimanche  de  la  clôture  sans  la  pluie  qui  n'a  cessé  de  tomber  du  samedi  soir  au 
lundi  matin.  Nous  devons  dire  d'ailleurs  que  la  ville  de  Digne  avait  su  organiser 
des  fêtes  et  des  réjouissances  publiques,  qui  ont  contribué,  dans  une  large  me- 
sure, à  augmenter  le  nombre  de  ses  hôtes. 

Le  concours  de  1883,  quoique  peu  important,  présente  une  supériorité  marquée 
sur  celui  de  1875.  Les  déclarations  comprenaient  en  1875  et  en  1883  : 

1875  1883 


Animaux  ( 


Tètes  ou  lots     Tètesoulots 

Espèce  bovine  56  164 

—  ovine 79  70 

—  porcine 19  32 

\  Animaux  et  oiseaux  de  basse-cour 25  32 

Machines  et  instruments 181  296 

Produits  et  matières  utiles  à  l'agriculture.   . . .  204  243 

L'ensemble  des  animaux  de  l'espèce  bovine  est  bon.  Quelques  sujets,  dans  la 
race  tarine  principalement,  sont  remarquables  ;  on  constate  généralement  une 
amélioration  scasible,  au  point  de  vue  des  formes  et  de  la  finesse,  chez  les 
Villard-de-Lans.  Les  races  étrangères,  Schwitz  et  Fribourgeoise,  sont  représen- 
tées par  quelques  sujets  bien  choisis. 

Les  principaux  prix  ont  été  décernés  à  MAI.  Gourtet,  Mayet,  Duisit,  Millon, 
Aurouze,  Mlle  Taillefer,  de  Bcrlhe,  Reynaud,  Augier  et  autres  lauréats  habituels 
de  la  région. 

A  part  quelques  beaux  métis  mérinos  venant  de  la  Savoie,  nous  ne  voyons  rien 
à  signaler  dans  l'espèce  ovine.  Le  prix  d'ensemble  a  été  remporté  par  M.  Arnaud 
pour  ses  barbarins  croisés. 

L'exposition  porcine  était  peu  nombreuse  ;  on  y  remarquait  les  beaux  berkshire 
noirs  de  M.  de  Berlhe,  et  les  superbes  yorkshire  de  M.  Guret  ;  nous  pourrons 
encore  citer  quelques  croisements  anglo-dauphinois  bien  réussis. 

Quant  aux  animaux  et  oiseaux  de  basse-cour,  nous  dirons  simplement  que  leurs 
qualités  ne  faisaient  guère  oublier  leur  petit  nombre. 

L'agriculteur  bas-alpin  n'a  que  faire,  pour  le  moment,  des  faucheuses,  faneuses, 
semoirs  mécaniques,  moissonneuses,  batteuses  à  vapeur  et  autres  machines  per- 
fectionnées en  usage  dans  les  pays  de  plaine  qui  se  livrent  à  la  culture  des  four- 
rages et  des  céréales.  L'exposant  de  ces  machines,  à  Digne,  est  donc  à  peu  près 
certain  de  ne  point  trouver  d'acquéreur.  Cette  perspective  explique  l'abstention 
de  nos  grands  exposants  ordinaires,  et  motive,  sans  l'excuser  toutefois,  l'absence 
de  ceux  qui  n'ont  pas  paru  au  concours  après  avoir  fait  inscrire  au  catalogue  leur 


416  CONCOURS  RÉGIONAL  DE  DIGNE. 

nom  et  la  nomenclature  des  objets  qu'ils  déclaraient  vouloir  exposer.  D'un  autre 
côté,  l'espoir  d'obtenir  une  médaille  qui  ferait  affluer  dans  les  concours  les 
petits  constructeurs  du  pays,  n'existant  plus  depuis  la  suppression  de  toute 
récompense  aux  exposants  de  machines  en  dehors  des  concours  spéciaux,  les  char- 
rons fabricants  de  charrues,  taillandiers, etc.,  des  Basses-Alpes  sont,  en  grande 
partie,  restés  chez  eux;  il  est  résulté,  de  cet  ensemble  de  circonstances,  une 
exposition  de  machines  et  instruments  excessivement  réduite.  Nous  n'y  avons 
remarqué,  du  reste,  aucune  nouveauté;  mais  nous  avons  constaté  avec  plaisir  que 
les  cultivateurs  du  pays  cherchent  à  remplacer  l'ancienne  charrue  tourne-oreille 
par  des  brabants  doubles  construits  dans  le  département  par  quelques  forgerons 
qui  ont  su  les  approprier  aux  conditions  locales.  Les  ventes  nombreuses  de  ces 
charrues  et,  surtout,  celles  des  tarares,  trieurs,  pompes  et  autres  petits  instru- 
ments apportés  par  des  exposants  étrangers  à  la  région,  montrent  d'ailleurs  que 
l'agriculture  des  Basses-Alpes  est  en  voie  de  progrès. 

Les  produits  agricoles  et  matières  utiles  à  l'agriculture  n'étaient  guère  mieux 
représentés  que  les  machines.  Deux  ou  trois  paniers  de  truffes,  deux  lots  de  pru- 
neaux fleuris  ;  un  lot  de  miel  et  cire  et  quelques  flacons  d'essences  diverses  con- 
stituaient tous  les  produits  spéciaux  au  pays.  A  côté  on  voyait  les  collections  de 
grains, graines,  racines,  tubercules,  toisons,  cocons,  vernis,  huiles,  fromages,  etc., 
qui  se  présentent  dans  tous  les  concours,  attirés  par  les  innombrables  médailles 
attribuées  à  ces  échantillons  plus  ou  moins  authentiques.  Les  célèbres  pistolles 
de  Digne,  espèce  de  pruneaux  confits,  pelés,  désossés  et  aplatis,  qui  ont  été  pen- 
dant longtemps  un  objet  important  de  commerce  pour  le  pays,  ne  figuraient  f)as 
au  concours;  on  n'en  produit  plus  depuis  que  les  pruniers  ont  pris  la  mauvaise 
habitude  de  se  faire  geler  chaque  année,  à  la  floraison. 

Dans  la  deuxième  section  des  produits  comprenant  les  travaux  spéciaux  et 
objets  d'enseignement  présentés  par  les  professeurs  et  élèves  des  écoles  primaires, 
nous  avons  remarqué  des  cahiers  d'agriculture  bien  tenus  et  quelques  dessins 
d'imitation  qui  dénotent  de  grandes  aptitudes  chez  leurs  jeunes  auteurs. 

L'administration  des  forêts  avait  réuni  dans  un  pavillon  spécial  des  collections 
intéressantes  parmi  lesquelles  nous  citerons  :  jeunes  plants  des  différentes  essences 
employées  dans  les  reboisements  alpins,  fruits  et  graines  des  arbres  du  pays  et 
des  plantes  propres  au  gazonnement,  instruments  forestiers,  dessins  et  photogra- 
phies représentant  les  principaux  travaux  exécutés,  en  cours  d'exécution  ou  pro- 
jetés en  vue  de  l'extinction  des  torrents  et  du  reboisement,  une  belle  représenta- 
tion en  relief  du  barrage  de  Riou-Bardou,  etc.  etc. 

Cette  exposition,  installée  avec  beaucoup  de  goût,  sous  la  direction  de  M.  Car- 
rière, inspecteur,  faisait  le  plus  bel  ornement  du  concours.  Elle  a  valu  à  ses  au- 
teurs de  nombreuses  médailles,  qui  leur  ont  été  décernées  aux  applaudissements 
de  tous  ceux  qui  pensent  que  le  reboisement  et  le  gazonnement  des  montagnes 
sont  seuls  capables  de  ramener  la  prospérité  dans  les  Alpes. 

Un  concours  régional  hippique  a  été  tenu  à  côté  du  concours  agricole,  les  25, 
26  et  27  mai,  sous  la  direction  de  M.  de  I^ntrobert,  inspecteur  général  des  haras. 
11  comprenait  74  animaux,  savoir  : 

1"  Catégorie.    Etalons 16 

2"        —  Pouliches  et  juments '. 48 

3°        —  Etalons  baudets lO 

Sur  les  7  départements  qui  composent  la  région,  les  Basses-Alpes,  Vaucluse  et 
les  Hautes-Alpes,  ont  seuls  figuré  à  ce  concours. 

A  l'exception  de  2  ou  3  étalons  et  de  quelques  pouliches  ou  juments,  parmi 
les  mulassières  surtout,  l'exposition  hippique,  passable  dans  son  ensemble,  ne  pré- 
sentait rien  de  bien  remarquable.  Les  éleveurs  des  Basses  et  des  Hautes-Alpes, 
qui  s'adonnent  plus  spécialement  à  la  production  du  mulet,  ont  été  peu  favorisés 
dans  la  distribution  des  récompenses  :  presque  tous  les  prix  ont  été  remportés 
par  les  éleveurs  de  Vaucluse. 

Outre  les  concours  régionaux  dont  nous  venons  de  parler,  nous  avons  vu,  à 
Digne,  deux  expositions  départementales  industrielle  et  scolaire,  qui  ont  fourni  à 
l'ancienne  Société  d'agriculture  une  excellente  occasion  de  placer  quelques 
médailles. 

La  distribution  des  prix  des  concours  régionaux  agricole  et  hippique,  des  expo- 
sitions départementales  industrielle  et  scolaire  et  des  récompenses  offertes  par  la 
Société  des  agriculteurs  de  France,  a  dû  être  faite,  à  cause  du  mauvais  temps, 
dans  une  des  salles  du  tribunal  civil.  Une  foule,  trop  considérable  pour  les  dimen- 


CONCOURS  RÉGIONAL  DE  DIGNE.  417 

sions  du  local,  assistait  à  cette  solennité  et  a  eu  le  plaisir  d'entendre  deux  excel- 
lents discours,  l'un  de  M.  le  préfet  des  Basses-Alpes,  l'autre  de  M.  du  Peyrat, 
inspecteur  général  de  l'agriculture,  commissaire  général  du  concours,  qui  a  été 
reproduit  dans  ce  Journal,  et  la  lecture,  par  M.  Gonvcrt,  de  son  intéressant  rap- 
port sur  la  prime  d'honneur  et  les  prix  culturaux  et  d'irrigation. 
Voici  la  liste  complète  des  récompenses  : 

Prix  culturaux. 

1"  Catégorie.  —  Propriétaires  exploitant  directement  leurs  domaines.  —  Prix,  un  ol)jet  d'art 
cl  2,000  francs,  non  décerné. 

2°  Catégorie.  —  Fermiers.  —  Prix,  un  objet  d'art  et  2,000  francs,  à  MM  Marc  Sappe  et  Félix 
I-entelme,  fermiers  à  Peyruis  et  propriétaires  à  l'Escale. 

3°  Catégorie.  —  Propriétaires  exploitant  plusieurs  domaines  par  métayers.  —  Un  objet  d'art,  à 
M.  Appollinaire  Gorde,  propriétaire  aux  Mées  ;  1,3C0  francs,  M.  Eléazard  Arnaud,  métayer  au 
domaine  d'Ilare,  commune  des  Mées;  700  francs,  M.  François  Reyne,  métayer  à  la  campagne  de 
Rassen,  commune  des  Mées. 

k"  Catégorie.  —  Métayers  isolés,  petits  cultivateurs,  propriétaires  ou  fermiers  de  domaines  au- 
dessus  de  5  hectares  et  n'excédant  pas  20  hectares.  —  Prix,  un  objet  d'art  et  600  francs,  à 
M.  Eugène  Chevaly,  propriétaire-cultivateur  à  Curbans,  canton  <^'i  la  Motte,  arrondissement  de 
Sisteron. 

Prime  d'honneub,  une  coupe  d'argent,  non  décernée. 

Prix  de  spécialité.  —  Médaille  d'argent  (grand  module),  M.  Louis  Frison,  propriétaire  à  Mar- 
coux,  canton  et  arrondissement  de  Digne.  —  Recherches  d'eaux  de  sources  et  construction  d'un 
réservoir. 

Récompenses  aux  agents  des  exploitations  rurales.  —  2"  Catégorie.  —  Médailles  d'argent, 
MM.  Daniel  Besançon,  chef  de  main-l'œuvre;  Gleize,  porcher.  —  Médailles  de  bronze,  MM.  Victoria 
Caucas,  vigneron-laboureur;  Pierre  Girod,  vigneron;  Honoré  Brémond,  vigneron,  chargé  de  la 
taille  des  vignes. 

4°  Catégorie.  —  Médaille  d'argent,  Mme  Henriette  Chevaly,  ménagère.  —  Médaille  de  bronze. 
M.  Eugène  Chevaly,  berger. 

Concours  d'irrigation. 

P"  Catégorie:  —  Propriétés  contenant  plus  de  6  hectares  de  terres  arrosées.  —  1"  prix, 
médaille  d'or,  non  décerné  ;  2',  médaille  d'argent  (grand  module),  MM.  Paul  Jugy,  et  Pierre 
Richaud,  propriétaires  associés  aux  Mées;  Travaux  d'endiguement  et  de  colmatage  sur  les  bords 
de  la  Bléone  ,  prairies  et  vignes  à  l'arrosage. 

2°  Catégorie.  —  Propriétés  ayant  6  hectares  et  au-dessous  soumis  à  l'irrigation.  —  l''"'  prix, 
médaille  d'or,  M.  Gabriel  César,  propriétaire-cultivateur,  à  Rougon,  canton  et  arrondissement  de 
Castellano;  établissement  de  barrage  en  montagne,  captation  de  sources,  constructions  de 
bassins  et  cultures  à  l'arrosage  ;  2=  et  3%  non  décernés;  4%  médaille  de  bronze,  M.  Paul  Fortuné, 
fermier  aux  Mées;  prairie  à  l'arrosage. 

Agent  dexploilalion.  —  Médaille  d'argent,  M.  Honoré  Petit,  employé  aux  travaux  d'irrigation 
chez  M.  Gabriel  César. 

Animaux  reproducteurs.  —  Espèce  bovine. 

1'"  Catégorie.  —  Race  tarentaise.  —  Mâles.  —  P'  Section.  —  Animaux  de  1  à  2  ans.  —  1"  prix, 
M.  Em.  de  Berlhe,  à  Saint-Sorlin  (Drôme)  ;  2°,  M.  Charles  Mayet,  au  Bourg-Saint-Maurice 
(Savoie)  ;  3%  M.  Joseph  Millon,  à  Bissy  (Savoie)  ;  4%  M.  Séraphin  Duch,  à  Montfavet  ;  5%  M.  Louis 
Moth,  à  Avignon  (Vaucluse).  —  Mention  honorable,  M.  Alex.  Courtet,  à  l'Isle-sur-Sorgues  (Vau- 
cluse).  —  2'=  Section.  —  Animaux  de  2  à  3  ans.  —  l"  prix,  M.  Jean  Duisit,  à  Chambéry  (Savoie); 
2',M.  Ch.  Aurouze,  à  Gap  ;  3°,  M.  Louis  Prat,  à  Montfavet  (Vaucluse).  —  Mention  honorable, 
M.  Ch.  Majet.  —  Femelles.  —  V  Section.  —  Génisses  de  1  à  2  ans.  —  1"  prix,  M.  Millon; 
2",  M.  Duisit  ;  3",  M.  Aurouze;  4%  M.  Séraphin  Duch  ;  b",  M.  Mayet.  —  2°  Section.  —  Génisses  de 
2  à  3  ans.  —  l"  prix,  M.  Marcel  Augier,  à  Avignon;  2",  M.  Philibert  Sulpis,  à  Bissy  (Savoie)  ; 
3»,  M.  Aurouze;  4%  M.  Amand  Duch,  à  Avignon;  5%  M.François  Berthollet,  à  Chambéry. — 
3"  Section.—  Vaches  de  plus  de  3  ans.  —  p'prix,  M.  Sourd,  à  Avignon  (Vaucluse)  ;  2%  Mlle  Taille- 
fer,  à  Morières  (Vaucluse)  ;  3%  M.  Mayet;  4"\  M.  Augustin  Bonnet,  à  Avignon;  5°,  M.  Clément 
Raymond,  à  Avignon  ;  6",  M.  Duisit.  —  Mentions  honorables,  MM.  Raynaud,  à  Avignon  ;  Moth. 

Prix  d'ensemble  au  meilleur  ensemble  d'animaux  de  la  race  tarentaise.  —  Un  objet  d'art  à 
M.  Charles  Mayet,  pour  l'ensemble  des  animaux  présentés. 

2'  Catégorie.—  Race  de  Villard-de-Lans.  —  Mâles.  —  l'" Section.  —  Animaux  de  1  à  2  ans.  — 
V  prix,  M.  Augier;  2',  M.  Ferdinand  Bernard,  à  Grenoble;  3%  M.    Reppelin,  à  Autrans  (Isère). 

—  Prix  supplémentaire.  M.  Pouteil-Noble,  à  Villard-de-Lans  (Isère).  —  2^  Section.  —  Animaux  de 
2  à  3  ans.  —  1""  prix  non  décerné  ;  2",  M.  Joseph  Rochas,  à  Méandre  (Isère)  ;  3",  M.  Bernard.  — 
Prix  supplémentaire.  M.  Jean  Rochas,  à  Lans  (Isère).  —  Femelles.  —  V^  Section.  —  Génisses  de 
1  à  2  ans. —  l"'  prix,  M.  Faure,  à  Autrans  (Isère)  ;  2°,  M.  Joseph  Rochas;  3",  M.  Augier.  —  Men- 
tion honorable,  M.  l'outeil-Noble.  —  2"  Section.  —  Génisses  de  2  à  3  ans.  —  l"  prix,  M.  Augier; 
2%  M.  Monllahuc,  à  Montfavet  (Vaucluse);  3°,  M.  Zacharie  Faure,  à  Autrans  (Isère).  —  3'  Srction. 
Vaches  de  plus  de  3  ans.  —  V  prix,  non  décerné;  rappel  de  2°  prix,  M.  Bernard;  2",  M.  Joseph 
Rochas  ;  3%  M.  François  Blanclin.  à  Villardde-Lans  (Isère);  4",  M.  Prier,  à  Lans  (Isère). 

3"  Catégorie.  —  Races  françaises  diverses  pures.  —  (Plus  spécialement  aptes  au  travail  ^ 
production  de  la  viande).  —   Mules.  —  V  Section.  —  Animaux  de  l  à  2  ans.  — Pr- 
M.  Courtet;  prix  supplémentaire,  Mlle  Taillefer.  —  2°  Sectio>i  —  Animaux  de  2  à  "^ 
unique,  non  décerné;  prix  supplémentaire,  M.  Fiouchet,  à  Avignon.  —  Feniell'' 

—  Géni.^ses  de  1  à  2  ans.  —  1"  prix,  Mlle  Taillefer,  2%  M.  Amand  Duch.  —  "'' 
de  2  à  3  ans.  —  Pas  d'animaux  présentés.  —  3"  Section.  —  Vaches  de  ' 

M.  Reynaud;  rappel  de  2"  prix,  M.  Justin  Favre  à  Avignon;  2°  Ml'" 
taires,  MM.  Courtet;  Séraphin  Duch. 

4°  Catégorie.  —  Races  lailièits  Irançaisos  ou  étranger"' 
de  1  à  2  ans.  —  l"  prix,  Mlle  Taillefer;   2%  M.   C'- 
2"  Section.  —  Animaux  de  2  à   3  ans.  —  '' 


418  CONCOURS  RÉGIONAL  DE  DIGNE. 

1«  Section.  —  Génisses  de  1  à  2  ans.  —  1"  prix,  M.  Pitot  ;  2%  M.  Courtet;  3%  M.  Louis  Prat  ;  4% 
M.  Amand  Duch.  —  Mention  honorable,  M.  Mayet.  — 2*^  Section.  Génisses  de  2à3  ans.  —  l»'  prix, 
m!  Courtet;  2"=,  M.  Prat;  3%  M.  Aurouze;  4%  M.  de  Berlhe  ;  4%  M.  Bernard.  —  3=  Section.  — 
Vaches  de  plus  de  3  ans.  —  ]"  prix,  M.  Augier  ;  2'=  M.  Justin  Favre;  3%  M.  Courtet;  4%  M.  Lau- 
rent Delsol,  à  Montpellier;. 5",  M.  Millon;  6°,  Mlle  Taillerer.  —  Mention  honorable  MM.  Flottes 
frères,  à  Montpellier. 

Prix  d'ensemble  au  meilleur  ensemble  des  animaux  des  2%  3",  et  k"  catégories.  —  Un  objet 
d'art  à  M.  Alexandre  Courtet,  pour  l'ensemble  de  ses  animaux  de  race  Schwitz. 

Espèce  ovine. 

V  Catégorie.  —  Races  mérinos  et  métis  mérinos.  —Mâles,  —  l"'  prix,  M.  Joseph  Millon,  à 
Bissy  (Savoie)  ;  2%  M.  Jean  Duisit,  à  Charabéry  (Savoie)  ;  3%  M.  François  Berthollet,  à  Chambéry 
(Savoie).  —  Prix  supplémentaires,  MM.  Philibert  Sulpis,  à  Bissy  (Savoie)  ;  Paul  Hermitte,  à  Digne. 

—  Femelles.  —  1"'  prix,  M.  Appoliinaire,  aux  Mées  (Basses-Alpes)  ;  2%  M.  François  Berthollet  ; 
3%  M.  André  Genin,  à  Montfavet  (Vaucluse)  ;  4%  M.  Victor  Armand,  à  Cruis  (Basses-Alpes). 

2=  Catégorie.  —  Race  des  Alpes.  —  Mâles.  —  l"  prix,  M.  F.-J.  Serre,  à  Mirabeau  (Basses-Alpes); 
2°  M.André  Genin.  —  Prix  supplémentaires,  MM.  Jean  Duisit;  André  Morel,  à  Mezel.  —  Fe- 
ujèlles.  —  !<"■  prix,  M.  Gaymard,  à  Barcelonnette;  2%  M.  Duisit.  —  Prix  supplémentaire,  M.  André 
Genin. 

3"  Catégorie.  —  Races  françaises  diverses.  —  Mâles.  —  l""^  prix,  M.  Joseph  Rochebrun,  à 
Malijai  (Basses-Alpes;  2%  M.  F.°-J.  Serre;  3'',  M.  Duisit.  —  Prix  supplémentaire,  M.  André  Genin. 

—  Femelles.  —  V  prix,  M.  André  Genin  ;  2''  et  3%  non  décernés. 

4«  Catégorie.  —  Races  étrangères  diverses,  pas  d'animaux  présentés. 

6"  Catégorie.  —  Croisements  divers.  —  Mâles.  —  l'"  prix,  M.  F.-J.  Serre  ;  2"  M.  Elzéard  Arnaud; 
2%  M.  André  Genin;  3%  M.  Calixîe  Arnaud,  aux  Mées  (Basses-Alpes). 

Frix  d'ensemble  au  meilleur  ensemble  d'animaux  de  l'espèce  ovine.  —  Un  objet  d'art  à  M.  El- 
zéard Arnaud,  pour  l'ensemble  des  animaux  de  race  croisée  barbarine. 

Espèce  porcine. 

l"  Catégorie.  —  Races  indigènes  (pures  ou  croisées  entre  elles).  —  Mâles.  —  1''  prix,  M.  Gorde*' 
2°,  M.  Jean  Duisit.  —  Femelles.  —  1"  prix,  M.  Elzéard  Arnaud;  2',  M.  Gorde.  —  Mentions  hono- 
rables, MM.  Mathieu  Girardy,  à  Chambéry  (Savoie)  ;  Duisit. 

2"  Catégorie.  —  Races  étrangères  (pures  ou  croisées  entre  elles).  —  Mâles.  —  l"""  prix,  M.  de 
Berlhe  ;  2°,  M.  Eugène  Guret,  quartier  des  Crottes,  à  Marseille  ;  3'",  M.  Gorde.  —  Femelles.  — 
1"'  prix,  M.  de  Berlhe;  2%  M.  Curet;  3%  M.  Duisit;  4%  M.  Gourde;  Mentions  honorables,  MM. 
de  Berlhe. 

Catégorie.  —  Croisements   divers  (entre  races   étrangères  et  races  françaises).  —  Mâles.   — 

1"  prix,  Mme  Lagier,  veuve  Guion,  à  Gap  ;  2'',  M.  de  Berlhe.  —  Mention  honorable,  M.  Duisit.  — 
Femelles.  —  1"  prix,  M.  Etienne  Benjamin,  à  Digne,  1",  M.  de  Berlhe.  —  Mentions  honorables, 
MM.  Elzéard  Arnaud;  Gorde. 

Frix  d'ensemble  au  meilleur  ensemble  d'animaux  de  l'espèce  porcine.  —  Un  objet  d'art  à  M.  de 
Berlhe,  pour  l'ensemble  de  ses  animaux  de  races  Berkshire. 

Animaux  de  basse-cour. 

Les  premiers  prix  sont  accompagnés  d'une  médaille  d'argent,  et  les  prix  suivants,  d'une  médaille 
de  bronze. 

l"  Catégorie.  —  Coqs  et  poules.  —  V"  Section.  —  Races  françaises  diverses.  —  1"  prix, 
Mlle  Louise  Taillefer,  à  Morières  (Vaucluse);  2",  Mme  Mélanie  Genin,  à  Montfavet  (Vaucluse). 
—  1''=  Section.  —  Races  étrangères  diverses.  —  1"''  prix,  Mlle  Taillefer;  2%  Mme  Mélanie  Genin.  — 
3"  Section.  —  Croisements  divers.  —  1"  prix,  Mlle  Taillefer;  2'",  Mlle  Anaïs  Paysan,  à  Digne.  — 
Prix  supplémentaire,  M.  Antoine  Paret,  à  Digne. 

2''  Catégorie.  —  Dindons.  —  l"'"  Section.  —  Dindons  noirs.  —  1'"'  prix,  seul  décerné,  Mlle  Tail- 
lefer. —  2°  Section.  —  Dindons  gris  et  blancs.  —  V  prix,  seul  décerné,  M.  Paul  Béraud,  à 
Brunet  (Basses-Alpes). 

3"  Catégorie.  —  Oies.  —  1"  prix,  Mlle  Taillefer;  2°,  Mme  Lagier,  veuve  Guion. 

4"  Catégorie.  —  Canards.  —  l'^prix,  Mlle  Taillefer  ;  2%  Mme  Mélanie  Genin.  —  Mention  hono- 
rable,  Mlle  Taillefer. 

b'  Catégorie.  —  Pintades.  —  1"  prix,  seul  décerné,  Mlle  Taillefer. 

6°  Catégorie.  ■ —  Pigeons.  —  l"  prix,  seul  décerné,  Mme  Lagier,  veuve  Cuion. 

T=  Catégorie.  —  Lapins  etléporides.  —  1""  prix,  Mme  Mélanie  Genin;  2%  Mlle  Taillefer. 

Prix  d'ensemble  au  meilleur  ensemble  d'animaux  de  basse-cour,  à  Mlle  Taillefer,  pour  l'ensemble 
de  ses  animaux  de  basse-cour  d'espèces  diverses. 

Récompenses  accordées  aux  serviteurs  ruraux  pour  soins  donnés  aux  animaux  primés.  — 
Médailles  d'argent,  MM.  François  Iten,  vacher  chez  M.  Courtel,  lauréat  d'un  prix  d'ensemble  de 
l'espèce  ovine  ;  Pierre  Coslerg,  vacher  chez  M.  Mayet,  lauréat  du  prix  d'ensemble  de  la  race 
Tarentaise  ;  Marcel  Brun,  domestique  chez  M.  de  Berlhe,  lauréat  du  prix  d'ensemble  de  l'espèce 
porcine  ;  Louis  Roux,  berger  chez  M.  Arnaud  Elzéard,  lauréat  du  prix  d'ensemble  de  l'espèce 
ovine  ;  Henri  Cornet,  domestique  chez  M.  Augier,  lauréat  de  quatre  premiers  prix. —  Médailles  de 
bronze,  MM.  Hippolyte  Vendant,  chez  Mlle  Taillefer;  Frédéric  Blanc,  chez  M.  Gorde;  Carie 
Thomas,  chez  M.  Duisit;  Louis  Bouvet,  chez  M.  Genin;  Joachira  Sorel,  chez  M.  Félicien  Serre, 
Raymond  Gineste,  chez  M.  Pitot;  Prosper  Pochon,  chez  M.  Aurouze;  Victor  Bus,  chez  M.  Sourd 

Produits  agricoles  et  matières  utiles  à  l'agriculture.  —  Concours  spéciaux. 

l'^  Catégorie.  —  Vms  de  la  région  provenant  des  récoltes  de  1881  et  1882).  —  1"  prix, 
médaille  d'or,  M.  Comte  Bruno,  à  Puimoisson  (Basses-Alpes)  ;  2"  (par  virement),  médaille  d'or, 
M.  Gorde  Appoliinaire,  aux  Mées  (Basses-Alpes)  ;  3",  médaille  d'argent  (grand  module),  M.  Désiré 
Granier,  à  la  Brillanne  (Basses-Alpes)  ;  4%  médaille  d'argent,  Mme  Lagier,  veuve  Guion,  à  Gap  ; 
a^  (par  virement),  médaille  d'argent,  M.  L.  Albert,  à  Manosque  (Basses-Alpes);  6°,  médaille  de 
bronze,  M.  Challend  de  Cevins,  à  Montailleur  (Savoie);  7"  (par  virement),  médaille  de  bronze, 
M.  Jean  Besson,  à  Bossey  (Haute-Savoie). 

2°  Catégorie.  —  Produits  des  fruitières  des  Alpes.  —  V^  Section.  —  Fromages.  —  Pas  dé 
fromages  présentés.  —  2"'  Section.  —  Beurres.  —  Pas  de  beurres  présentés. 

3°  Catégorie.  —  Produits  séricicoles.  —  p'-  prix,  médaille  d'or,  M.  Appoliinaire  Gorde  ;  2% 
médaille  d'argent  (grand  module),  M,  Fortuné  Brès  fils,  à  Peipin  (Basses-Alpes). 


CONCOURS  RÉGIONAL  DE  DIGNE.  419 

4"  Catégorie.  —  Huiles  d'olive.  —  1°''  prix,  médaille  d'or,  M.  Mégy,  à  Digne  ;  2'',  médaille 
d'argent,  M.  Joseph  Aimé,  à  Ch;\leau-Arnoux  (BasFes-Alpes)  ;  3"  (par  virement),  médaille  d'argent, 
M.  Thumin,  à  Manosque  (Basses-Alpes)  ;  4%  médaille  de  bronze,  M.  Tardicu,  à  Entrevennes  (Hassos- 
Alpes)  ;  5%  M.  Alex.  Elan,  à  Varages  (Var)  ;  6°,  M.  Victor  IJaynaud,  à  Klayosc  (Var). 

5°  Catégorie.  —  Produits  maraîchers.  —  2"  prix,  médaille  d'argent,  M.  Giraud,  à  Montceau 
(Isère);  3",  M.  Modeste  Aiibert  ,  à  Soyne  (Basses-Alpes)  ;  4",  M.  Feraud,  à  Digne. 

(j"  Catégorie.  —  Expositions  scolaires.  —  1'°  Section.  —  Matériel  d'enseigncuiont  scolaire.  (Col- 
lections, dessins,  objets  de  cours,  etc.)  —  l'"'  prix,  médaille  d'or,  M.  Claude-Hippolyte  Pontet,  à 
Avignon  (Vaucluse),  pour  l'ensembledc  son  exposition  ;  2-,  médaille  (grand  module),  M.  Jacques 
Henri,  à  Digne,  pour  les  plans  de  maisons  d'école  ;  3",  médaille  d'argent,  M.  Léon  Duru,  à  Bordeaux, 
pour  sa  collection  d'instruments  pour  l'enseignement  agricole.  —  2''  Section.  —  Travaux  spéciaux 
et  objets  d'enseignement  agricole  (présentés  par  les  professeurs,  les  instituteurs  et  les  élèves  des 
écoles  primaires).  —  1"'',  2"  et  3"  prix  non  décernés;  4",  médaille  de  bronze,  M.  Joseph  Giraud, 
à  Montceau  (Isère),  pour  le  cahier  manuscrit  de  leçons  sur  l'agriculture,  etc.  ;  h%  médaille  de 
bronze,  M.  Montagard,  à  Gadagne   (Vaucluse),  pour  le  mémoire  sur   les  animaux  de  basse-cour. 

7''  Catégorie.  —  Expositions  collectives.  — •Médailles  tFor,  l'administration  des  lorèts,  à  Digne, 
pour  l'ensemble  de  son  exposition  ;  M.  Carrière,  inspecteur  des  forêts  à  Digne,  pour  l'organisation 
de  l'exposition  forestière,  pour  les  grains  et  les  échantillons  zoologiques  et  la  collection  de  plants 
forestiers.  —  Médaille  d'argent  grand  module,,  (par  virement),  M.  Sardy,  garde  général  des 
forêts  à  Barcelonnette,  pour  le  plan  en  relief  du  torrent  du  Riou-Bourdoux.  —  Médailles  d'argent, 
MM.  Ailard,  garde  général  des  forêts  à  Barcelonnette,  pour  les  échantillons  d'essences  forestières; 
Dol,  garde  général  des  forets  à  la  Motte,  pour  la  collection  de  graines;  Trotabas,  garde  général  des 
forêts  à  Seyne,  pour  les  plants. 

Produits  agricoles  non  compris  dans  les  concours  spéciaux.  —  Médailles  d'or,  MM.  Orcel  et 
Coquaz,  à  la  Tour-du-Pin  (Isère),  pour  les  fromages  Camembert  ;  Comte  Bruno,  à  Puimoisson 
(Basses-Alpe»),  pour  les  conserves  ;  Louis-Laurent  Monges,  à  Montagnac  (Basses- Alpes),  pour  lec 
truffes  ;  (par  virement.)  M.  Ferdinand  Guerre,  à  Saint-Saturnin-lès-Apt  (Vaucluse),  pour  les  truffes 
fraîches  de  truffières  artificielles  ;  (Par  virement.)  Fortuné  RoUaddy,  à  Entrevennes  (Basses-Alpes), 
pour  le  vin  vieux  de  Grenache.  —  Médailles  d'argent,  MM.  Pierre  Perrier,  à  Haquenille  (Puy-de- 
Dôme),  ])our  les  fromages  imitition  Roquefort;  André  Bonnet,  à  Thorame  (Basses-Alpes),  pour  le 
miel;  Noël  Ailhaud  fils,  à  Digne,  pour  les  cires;  Joseph  Mathieu,  à  Digne,  pour  la  collection  de 
fleurs  ;  Appollinaire  Gorde,  aux  Mées,  pour  les  laines  ;  Mme  André  Genin.à  .Montfavet  (Vaucluse), 
pour  les  toisons  de  laine  mérinos;  (par  virement),  Freyssin  et  Cie,  à  Valence  (Drôme),  pour  les 
liqueurs;  (par  virement.)  Mme  Marie  Faheten,  à  Gap,  pour  ses  produits  divers. — Médailles  de 
bron;:e,  MM.  J.-B.  Simon,  à  Lambruisse  (Basses-Alpes),  pour  le  miel  ;  Eug.  Miffred,  à  Digne,  pour 
les  pruneaux;  Isnard,  à  Digne,  pour  les  pruneaux  ;  Gouselo,  à  Digne,  pour  l'avoine  grise  des 
Alpes;  Avond,  Melchior-Balth. ,  à  Quinson  (Basses-Alpes),  (pour  les  carreaux  hexagones  pour 
carrelages  ;  Casimir  Sivan,  à  Cluses  (Haute-Savoie),  pour  l'appareil  oléomètre  ;  Emile  Bérard,  à 
Saint-Marcellin  (Isère),  pour  la  collection  d'essences  forestières  ;  Corriol,  à  Digne,  pour  les  sau- 
cissons ;  Léon  Martin,  à  Surgères  (Charente-Inférieure),  pour  le  vin  rouge  de  1881  ;  Bessède ,  à  Mar- 
seille, pour  le  vin  rouge;  L.  Albert,  pour  l'eau-de-vie  de  vin  blanc  ;  Sicard,  h.  Digne,  pour  l'essence 
de  menthe  ;  Orcel  et  Coquaz ,  pour  les  beurres. 

J.-B.  Ghabaneix. 

MALADIE  DES  SAINFOINS  EN  SAINTONGE 

Depuis  que  le  phylloxéra  a  détruit  les  vignes  en  Saintonge,  on  a  dû 
cultiver  les  céréales  dans  les  anciens  vignobles  et,  n'ayant  pas  de  prai- 
ries naturelles,  on  a  eu  partout  recours  au  sainfoin  pour  la  nourriture 
des  animaux  indispensables  à  la  culture. 

Les  sainfoins  si  abondants  et  si  vigoureux  naguère  sont  aujourd'hui 
attaqués  par  une  maladie  que  j'ai  signalée  déjà  l'an  dernier  à  la  Société 
nationale  d'agriculture.  Ils  se  couvrent  de  taches  noires  et  dépérissent 
rapidement  après  la  première  coupe.  Cette  maladie  est  produite  par  un 
champignon  parasite,  le  Rhytisma  onobrycJm,  qui,  assez  inoffensif  d'or- 
dinaire, prend  un  développement  tout  à  fait  insolite. 

Des  renseignements  que  je  viens  de  recevoir  de  plusieurs  points  de 
la  Charente-Inférieure  témoignent  de  l'importance  croissante  de  ce 
mal.  M.  Barthe,  de  Pons,  évalue  la  perte  dans  sa  propriété  aux  neuf 
dixièmes;  seuls  les  sainfoins  que  l'on  vient  découper  pour  la  première 
fois  existent  encore  en  partie.  Une  seule  pièce  d'environ  1  hectare  et 
demi  est  restée  très  belle  quoique  attaquée  par  le  parasite.  M.  Barlhe 
y  avait  fait  répandre  au  moment  de  l'ensemencement  200  kilog.  de 
sulfate  d'ammoniaque,  llyalà  une  intéressante  indication  et  M.  Barthe 
se  propose  de  faire  à  ce  sujet  de  nouvelles  expériences. 

D'autres  propriétaires  vont  tenter,  pour  obvier  au  mal,  de  remplacer 
en  partie  les  cultures  de  sainfoin  par  des  prairies  temporaires  large- 
ment fumées.  .  E.   Prilheux, 

Membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture. 


420 


FAUCHEUSES  ET  MOISSONNEUSES  HORNSBY. 


FAUCHEUSES  ET  MOISSONNEUSES  HORNSBY 

Parmi  les  machines  à  faucher  et  à  moissonner  de  construction 
anglaise  qui  ont  été  importées  en  France,  celles  de  la  célèbre  maison 
(le  Hornsby  sont  connues  depuis  longtemps  par  les  agriculteurs.  Après 
des  fortunes  diverses,  elles  sont  aujourd'hui  hautement  appréciées  dans 
un  grand  nombre  d'exploitations  rurales,  surtout  depuis  que  M.  Pécard, 
constructeur  à  Nevers,  a  pris  à  tâche  de  les  faire  connaître.  Les  deux 
types  les  plus  récents  de  ces  machines  sont  la  faucheuse  dite  Man- 
chester, et  la  moissonneuse  lieuse  à  la  ficelle,  que  représentent  la 
fig.  28  et  la  fig.  29. 

La  faucheuse  Hornsby,  du  type  Manchester,  est  construite  d'après 
les  mêmes  principes  que  les  anciennes  faucheuses  dites  Paragon.  Le 
mouvement  est  pris  par  une  couronne  dentée  sur  la  roue  de  gauche,  et 


fig.  28.  —  Faucheuse  Hornsby  munie  d'un  appareil  moissonneur. 

il  se  transmet  à  la  bielle  de  la  scie  par  l'intermédiaire  de  deux  engre- 
nages. Mais  la  longueur  de  la  bielle  a  été  considérablement  augmentée  : 
pour  obtenir  ce  résultat,  la  tête  de  la  bielle  part  presque  de  la  roue  de 
gauche,  de  telle  sorte  que  cet  organe  a  une  longueur  presque  égale  à 
la  largeur  du  bâti  de  la  moissonneuse.  Cette  disposition  donne  satis- 
faction aux  réclamations  que  quelques  agriculteurs  avaient  élevées 
contre  la  faible  longueur  de  la  bielle  de  l'ancien  type.  La  largeur  de 
coupe  de  la  faucheuse  est  de  1'".30.  La  machine  est  d'ailleurs  légère, 
quoique  solidement  construite  ;  elle  peut,  par  suite,  fonctionner  régu- 
lièrement dans  les  prairies  dont  les  fourrages  sont  peu  abondants.  A  la 
faucheuse,  on  peut  adapter  facilement  un  appareil  à  moissonner,  comme 
le  montre  le  dessin  ;  les  modifications  que  nécessite  l'adjonction  de 
cet  appareil  sont  d'ailleurs  faciles  à  opérer.  Le  prix  de  la  faucheuse 
Manchester  à  deux  chevaux  est  de  600  francs;  quant  à  l'appareil  mois- 
sonneur, son  prix  est  de  125  francs. 

La  défaveur  jetée,  il  y  a  quelques  années,   sur  les  moissonneuses- 
lieuses  disparaît  rapidement;  leur  adoption  marche  même  plus  vite 


FAUCHEUSES  ET  MOISSONNEUSES  HORNSBY. 


421 


que  n'auraient  pu  l'espérer  leurs  plus  ardents  partisans.  Cela  tient  à 
ce  que  ces  machines  se  modifient  rapidement;  elles  deviennent  moins 
lourdes;  le  fil  de  fer  servant  de  lien  est  remplacé  par  la  ficelle,  et 
ainsi  disparaissent  les  nombreux  inconvénients  de  son  emploi.  Dans 
la  moissonneuse-lieuse  dellornsby,  ies  tiges  de  céréales  coupées  tombent 
sur  un  tablier  mouvant  qui  les  élève  au-dessus  de  la  roue  principale, 


pour  les  déposer  sur  la  table  de  liage,  sur  le  côlé  de  la  machine.  Là 
elles  sont  prises  par  des  serreurs,  qui  les  pressent  contre  un  levier 
compresseur  auquel  la  corde  est  rattachée.  Lorsque  la  gerbe  est  suffi- 
samment grosse,  un  bras  Heur  l'entoure,  en  même  temps  qu'un  mou- 
vement d'encliquetage  fait  mouvoir  l'appareil  noueur,  qui,  en  contour- 
nant la  ficelle,  forme  un  nœud  très  solide  ;  une  lame  d'acier  coupe  la 
ficelle  au-dessous  du  nœud,  et  aussitôt  la  gerbe  tombe  du  tablier  sur 
le  sol.  L'appareil  noueur  est  d'une  extrême  simplicité,  en  même  temps 


422  FAUCHEUSES  ET  MOISSONNEUSES  HORNSBY. 

que  son  efficacité  est  absolue.  D'après  la  position  donnée  au  levier 
compresseur  sur  un  arc  denté,  on  peut  faire  trois  grosseurs  de  gerbes 
difîérentes.  Aux  expériences  exécutées  en  août  1882  par  la  Société  royale 
d'agriculture  des  Highlands  et  d'Ecosse,  et  auxquelles  ont  pris  parties 
machines  de  Hornsby,  de  Howard  et  de  Wood,  le  premier  prix,  d'une 
valeur  de  2,500  francs,  a  été  remporté  parla  moissonneuse  Hornsby. 
Nous  lisons  dans  le  rapport  du  jury  que,  pendant  toute  une  journée, 
le  liage  des  gerbes  avec  cette  machine  n'a  manqué  qu'une  seule  fois 
et  que  cette  irrégularité  était  due  à  un  défaut  dans  la  balle  de  ficelle 
et  non  au  fonctionnement  de  l'appareil,  —  Le  prix  de  la  moissonneuse- 
lieuse  de  Hornsby  est  de  2,000  francs.  Il  faut  ajouter  que  les  témoi- 
gnages des  agriculteurs  chez  lesquels  cette  machine  a  été  employée  lui 
sont  tout  à  fait  favorables.  Henry  Sagnier. 

LA  SITUATION  DES  SOUTHDOWNS  EN  ANGLETERRE 

En  m'occupant,  l'an  passé,  de  la  situation  des  durhams  en  France, 
j'eus  l'occasion  de  faire  remarquer  que  l'assertion  souvent  reproduite 
d'un  prétendu  délaissement  des  soutlidowns  en  Angleterre  n'était  point 
conforme  à  la  réalité.  Les  caprices  de  la  vogue,  dans  les  concours  de 
la  Société  royale,  qui  sont  surtout  une  affaire  de  sport  pour  l'aristo- 
cratie anglaise  et  pour  ceux  qui,  n'en  faisant  point  partie,  ont  l'ambi- 
tion de  se  mêler  avec  elle  et  de  l'imiter,  ne  donnent  point,  disais-je, 
l'image  exacte  de  ce  qui  se  passe  dans  la  pratique.  Les  shropshires, 
qu'on  nous  présente  comme  les  heureux  rivaux  des  southdow^ns,  n'ont 
pas  encore  fait  à  ces  derniers,  dans  l'agriculture  britannique,  une 
concurrence  qui  menace  de  diminuer  leur  importance. 

L'appréciation,  comme  il  fallait  bien  s'y  attendre,  a  été  contestée. 
Je  n'ai  pas  voulu  relever  les  contestations  produites,  en  invoquant 
mes  observations  personnelles.  Je  vais,  moi  aussi,  quelquefois  en 
Angleterre,  mais  je  ne  puis,  hélasî  me  targuer  de  l'amitié  d'aucun 
lord.  Il  est  d'ailleurs  déplaisant  de  mettre  les  lecteurs  dans  l'obliga- 
tion de  se  faire  une  opinion  seulement  d'après  l'autorité  qu'ils  peu- 
vent accorder  aux  contradicteurs  en  présence.  C'est  celle  des  faits 
mêmes  qui  seule  est  incontestable. 

Un  document  qui  vient  de  paraître  nous  en  fournira  d'irréfutables. 
Celui  qui  les  a  publiés  ne  se  doutait  assurément  pas  de  l'usage  auquel 
nous  allons  les  faire  servir.  Il  s'agit  d'un  travail  écrit  en  langue 
allemande  et  publié  dans  la  dernière  livraison  du  Landwirthschaftliche 
Jahrbikher,  de  Berlin  \ 

L'auteur  est  allé  étudier  sur  place  les  conditions  du  marché  anglais, 
en  vue  de  l'exportation  du  bétail  de  son  pays  sur  ce  marché,  et  il  en 
a  rendu  un  compte  détaillé  fort  intéressant,  à  tous  égards,  sur  lequel 
nous  reviendrons  peut-être,  car  son  rapport  contient  un  grand  nombre 
de  renseignements  importants.  Il  remplissait  une  mission  à  lui  confiée 
par  les  principaux  intéressés  du  Schleswig-Holstein.  Pour  aujourd'hui, 
je  me  borne  à  ce  qui  concerne  la  question  controversée. 

Dans  son  remarquable  rapport,  le  D""  Ploennis  fait  connaître  la  con- 
dition commerciale  des  moutons  anglais  et  autres  sur  les  trois  marchés 
d'Islington,   de  Deptford-London   et  métropolitain.   On  sait  que  les 

1.  Berielit  ûber  die  Viehnuirkisverlialtnisse  Londons  underen  Einfluss  auf  die  deutsche  Viehal- 
tuiig.  Erstalletvon  Dr.  R.Ploeanis,  Wanderlehrerdeslandw.  gênerai  Vereins  ftir  Schleswig-Holstein. 
Landw.  Jahrb.  XII  Bd.  Heft  3. 


LA  SITUATION  DES  SOUTHDOWNS  EN  ANGLETERRE.  423 

animaux   étrangers 'ne  sont  admis  que  sur   celui  de  Deptford,  par 
suite  des  prescriptions  sanitaires. 

Voici  ce  qu'il  dit  de  la  condition  des  moutons  sur  le  marché 
d'Islington  : 

«  Ceux  qui  se  vendent  le  plus  cher  sont  les  southdowns;  après 
viennent  les  liampshires  et  quelques  autres  de  la  race  des  dunes  : 
oxfordsliires  et  shropshires,  ainsi  que  les  demi-sang  de  cette  race 
croisée  avec  les  races  à  tête  blanche  :  2  à  4  deniers  par  stone  de  moins 
que  les  southdowns;  puis  suivent  les  meilleures  races  à  tête  blanche  : 
cotswolds,  leicesters,  lincolns  et  moutons  du  Kent,  4  d.  de  moins 
que  les  southdowns;  les  autres  races  anglaises,  qui  ne  se  vendent 
pas  moins  de  6  à  8  d.  "au-dessous  du  prix  des  southdowns^  se  joignent 
à  elles;  les  moutons  canadiens  et  danois  se  payent  aux  mêmes  prix, 
tandis  que  ceux  des  montagnes  d'Ecosse  et  du  pays  de  Galles,  qui 
arrivent  au  marché  abattus,  du  moins  en  hiver,  atteignent  presque 
régulièrement  les  plus  élevés.  » 

Il  n'est  pas  douteux,  d'après  cela,  que  dans  l'estime  du  commerce 
anglais  les  southdowns  occupent  le  premier  rang.  Quand  donc  on  vient 
nous  dire,  en  interprétant  ce  qui  peut  se  passer  dans  les  concours 
de  la  Société  royale,  qu'ils  sont  de  plus  en  plus  primés  par  les 
shropshires,  on  conclut  contrairement  aux  faits.  Nous  allons  voir,  de 
plus,  qu'ils  fournissent  la  norme  ou  le  point  de  comparaison  sur  les 
autres  marchés,  ce  qui  ne  peut  prouver,  j'imagine,  que  leur  produc- 
tion soit  en  baisse. 

Passant  au  marché  de  Deptford,  notre  auteur  dit  encore  à  propos 
des  moutons  : 

«  Les  meilleurs  de  Toenning  (Schleswig)  et  hollandais  se  payent 
6  d.  de  moins  que  les  southdowns  à  l'autre  marché  (celui  d'Islington); 
ceux  de  moyenne  et  de  médiocre  qualité,  jusqu'à  1  schelling  plus  bas. 
Les  mérinos  d'un  an,  croisés  avec  la  race  des  dunes,  se  payent,  la 
meilleure  qualité,  6  d.  de  moins  que  les  southdowns  à  l'autre  marché  ; 
la  moyenne  et  l'ordinaire,  les  jeunes  mérinos  non  croisés  de  Saxe,  de 
IMecklenbourg,  de  Westphalie,  1  schelling  de  moins,  les  vieux  jusqu'à 
1  s.  G  d.  de  moins  que  les  southdow^ns.   « 

Enfin  voici  l'indication  des  prix  sur  le  Metropolitcm  Cattle  Markel  : 
«  Les  meilleurs  downs  et  demi-sang  (llalbblul)  :  6  s.  8  d.  à  7  s.;  les 
meilleurs  longue  laine,  6  s,  2  d.  à  6  s.  6  d.  w 

Nulle  part  il  ne  s'agit,  comme  on  vient  de  le  voir,  de  comparer  la 
valeur  des  shropshires  à  toutes  les  autres  sortes  de  moutons  anglais 
ou  étrangers.  (]e  sont  toujours  les  southdovvns  qui,  admis  partout 
comme  ayant  la  plus  grande  valeur,  servent  à  marquer  l'écart  dans 
les  prix  du  marché.  Que  ce  soit  à  tort  ou  à  raison,  les  choses  sont 
ainsi.  Le  fait  est  constaté  par  un  témoin  irrécusable  et  d'une  impartia- 
lité incontestable.  Le  D""  Ploennis  avait  pour  mission  d'informer  ses 
mandants  sur  la  condition  exacte  du  marché  anglais,  en  vue  de  leurs 
propres  opérations  commerciales.  Les  controverses  sur  la  faveur  plus 
ou  moins  grande  que  mérite,  aux  yeux  du  sportsman,  telle  ou  telle 
race  de  moutons,  lui  étaient  indifférentes.  Son  témoignage  a  donc  une 
valeur  absolue  et  il  tranche  la  question. 

Il  en  résulte  que  les  southdowns  n'ont  pas  cessé  d'être  les  moutons 
les  plus  estimés  en  Angleterre.  Sont -ils  en  effet  les  meilleurs?  Cela  ne 
fait  pas  doute  pour  nous,  qui  avons  l'habitude  invariable  déjuger  les 


424  LA  SITUATION   DES  SOUTHDOWNS  EN  ANGLETERRE. 

choses  industrielles  en  nous  plaçant  au  point  de  vue  de  leur  valeur 
commerciale,  et  non  point  à  celui  du  dilettantisme  ou  du  sport. 

Mais  je  n'ignore  point  que  l'argument  résultant  du  fait  constaté  ne 
sera  pas  accepté  comme  péremptoire  par  tout  le  monde.  Ceux  qui, 
par  exemple,  dénient  aux  bouchers  et  aux  charcutiers  toute  compé- 
tence pour  apprécier  la  valeur  comparative  des  animaux  gras,  et  ne  la 
reconnaissent  qu'aux  éleveurs  partisans  de  leur  propre  doctrine  ;  ceux 
qui  croient  que  l'appréciation  des  animaux  comestibles  est  une  ques- 
tion de  pure  esthétique;  ceux-là  ne  s'y  rendront  certainement  pas.  Ils 
opposeront  à  ce  fait  un  raisonnement,  consistant  à  dire  que  ce  n'est 
pas  une  raison  pour  soutenir  que  les  éleveurs  anglais  ne  préfèrent 
point  les  shropshires  aux  southdowns,  comme  les  juges  des  concours 
de  la  Société  royale;  et  il  y  a  des  chances  pour  qu'ils  nous  déduisent 
les  motifs  de  la  préférence.  Connaissant  bien  leurs  habitudes  d'esprit, 
on  pourrait  parier  qu'il  en  sera  ainsi. 

En  raisonnant  d'après  le  simple  bon  sens,  dont  les  lois  économiques 
sont  Texpression,  on  est  pourtant  fondé  à  prétendre  qu'en  tout  pays 
la  marchandise  qui  se  vend  le  mieux  et  le  plus  cher  est  celle  qui  se 
produit  de  préférence,  lorsqu'on  a  le  choix.  On  ne  viendra  pas  nous 
dire,  d'aventure,  que  les  shropshires  sont  plus  faciles  et  plus  avan- 
tageux à  produire  que  les  southdowns.  Sur  cela  je  suis  expérimenta- 
lement fixé,  ayant  eu  durant  plusieurs  années  sous  les  yeux,  à  l'école 
de  Grignon,  des  troupeaux  des  deux  sortes.  La  comparaison  n'a  pas 
été  favorable  aux  premiers.  Et  je  n'ai  pas  besoin  de  dire  que  je  suis 
resté  étranger  à  la  décision  prise  à  leur  sujet,  ayant  l'habitude  inva- 
riable de  ne  me  point  mêler  aux  choses  administratives.  Les  comptes 
respectifs,  plusieurs  fois  répétés,  ont  suffi  pour  résoudre  la  question. 
Il  est  devenu  évident  que  les  shropshires  utilisent  moins  bien  leurs 
aliments  que  les  southdowns  et  qu'ils  les  transforment  en  viande  de 
qualité  moins  fine. 

Pour  reconnaître  aux  shropshires  leur  véritable  mérite,  ce  n'est 
certes  pas  aux  southdowns  qu'il  faut  les  comparer.  Avec  ceux-ci  ils 
ne  peuvent  vraiment  pas  entrer  en  concurrence  sur  le  terrain  de  la 
saine  pratique;  et  j'ose  affirmer  qu'en  Angleterre  ils  n'y  entrent  point, 
indépendamment  de  la  preuve  irréfutable  fournie  plus  haut.  Le  champ 
qu'ils  y  ont  conquis,  dans  ces  derniers  temps,  a  été  disputé  aux 
leicesters,  à  l'égard  desquels  ils  ont  réellement,  sous  tous  les  rapports, 
une  incontestable  supériorité.  Ils  pèsent  autant  et  leur  viande  est  de 
meilleure  qualité,  comme  on  l'a  vu,  ainsi  que  leur  laine.  Ce  n'est  pas 
à  dire  qu'ils  les  remplaceront  partout.  Sur  les  fonds  humides  il  n'y 
faut  pas  songer.  Mais  tout  autour  du  comté  de  Shrop,  oii  les  leicesters 
s'étaient  étendus,  ils  ont  été  ou  ils  seront  remplacés  par  eux. 

Nous  sommes  loin,  à  la  vérité,  de  cette  singulière  doctrine  zootech- 
nique qui,  à  ma  connaissance,  a  toujours  compté  des  partisans,  et  qui 
consiste  à  rêver,  dans  chaque  genre  d'animaux,  la  généralisation 
exclusive  d'une  race  prétendue  supérieure  à  toutes  les  autres,"  tantôt 
celle-ci,  tantôt  celle-là.  A  ces  enthousiastes  il  serait  sans  doute  bien 
difficile  de  persuader  que  moi-même,  en  ce  moment,  je  n'aie  point  pour 
but  de  proclamer  la  supériorité  absolue  des  southdowns  et  d'en  pré- 
coniser l'élevage  à  l'exclusion  de  tout  autre.  N'est-ce  pas  ainsi  qu'ils 
ont  raisonné  et  qu'ils  raisonnent  encore  à  propos  de  la  variété  des 
mérinos  précoces? 


LA  SITUATION  DES  SOUTDOWNS  EN  ANGLETERRE.  425 

11  semble  qu'à  leurs  yeux  rien  ne  puisse  s'élever  sans  que  tout  le 
reste  s'abaisse.  Leurs  éloges,  d'ailleurs,  étant  à  peu  près  toujours 
exagérés,  on  comprend  qu'ils  se  lassent  à  la  fin  de  les  prodiguer  et 
qu'ils  éprouvent  de  temps  en  temps  le  besoin  de  changer  d'idole, 
même  quand  le  prêtre  ne  vit  point  de  l'autel.  Tel  n'est  point  mon  cas. 
Par  devoir,  j'étudie  avec  toute  l'attention  dont  je  suis  capable  les 
progrès  qui  s'accomplissent  dans  notre  production  animale,  et  il  ne  me 
semble  point  que  les  récents  puissent  en  rien  nuire  auK  anciens.  Il 
m'est  démontré  que  chaque  race  a  sa  place  déterminée  par  des  condi- 
tions locales  qu'on  n'enfreint  jamais  impunément.  Entre  toutes  il  peut 
y  avoir  émulation  pour  les  améliorer,  non  point  concurrence  ou  plutôt 
guerre  à  mort. 

Mais  le  présent  article  n'a  pas  eu  pour  objet  un  exposé  de  doctrine 
zootechnique.  J'ai  voulu  seulement  montrer  par  des  faits  que  la  situa- 
tion des  southdowns  en  Angleterre  n'a  nullement  périclité  ni  même 
diminué,  au  profit  des  shropshires,  comme  cela  s'avance  d'après  des 
informations  insuffisantes  ou  trop  superficielles.  Et,  bien  entendu, 
seulement  dans  l'intérêt  de  la  vérité.  A.  Sanson, 

Professeur  de  zoologie  et  zootechnie  à  l'Ecole  nationale  de  Grignon  et  à 
l'Institut  national  agronomique. 

CONCOURS  RÉCtIONAL  DE  TROYES 

Le  concours  régional  de  Troyes,  comme  celui  de  Bourg,  avait  sa  physionomie 
particulière.  Ici  point  de  Charolais,  point  de  Fémelins,  mais  en  revanche  nous 
avions  mes  vieux  amis  les  Vosgiens,  j'ai  même  eu  l'honneur  de  rencontrer  l'un 
des  champions  Convaincus,  et  il  m'a  paru  un  tant  soit  peu  fanatique  du  mérite  de 
cette  race,  lequel  m'a  fortement  témoigné  le  mécontentement  que  mes  critiques 
de  cette  race  dans  quelques  occasions  où,  en  effet,  je  l'ai  peut-être  trop  rudement 
houspillée,  lui  avaient  inspiré.  Il  y  avait  encore,  dans  ces  occasions,  une  autre 
race,  celle  du  Glane,  je  crois,  mais  de  celle-ci  on  n'en  entend  plus  parler;  c'est  à 
croire  que  mes  critiques  l'auront  bel  et  bien  anéantie.  Dans  tous  les  cas,  nos  con- 
cours au  Nord-Est  n'en  sont  plus  ornés,  et  il  ne  faut  pas  trop  le  regretter.  Quant 
aux  Vosgiens,  j'aurai  tout  à  l'heure  occasion  d'en  parler  en  toute  franchise,  n'en 
déplaise  à  l'honorable  M.  Hercule  Ferry,  le  champion  enthousiaste  de  cette  race, 
ce  dont  je  ne  lui  fais  point  de  reproches,  car  au  contraire,  j'aime  l'enthousiasme 
en  toutes  choses;  j'ai  bien  celui  de  la  race  Durham,  je  ne  puis  donc  blâmer  ceux 
(jui  ressentent  une  flamme  même  pour  la  race  Vosgienne. 

D'ailleurs  il  ne  faut  plus  s'étonner  de  rien  au  temps  où  nous  vivons  ;  on  a  bien 
vu  à  ce  concours  Troyen  une  commission  nommée  par  un  des  principaux  comices 
de  la  région,  sous  prétexte  de  remplir  sa  mission  de  progrès,  acheter  une  multi- 
tude de  race  Suisse  et  Normande  pour  en  doter  les  membres  de  leur  société,  en 
pleine  Champagne  pouilleuse,  en  cherchant  à  persuader  à  ces  cultivateurs  de  terres 
crayeuses  et  sèches,  que  ces  races  originaires  de  pays  humides  habituées  aux  gras 
et  plantureux  herbages  de  leur  pays  natal,  et  douées  d'appétits  insatiables,  indiqués 

f)ar  leurs  vastes  panses,  leur  ossature  de  mastodontes,  leur  lourde  tète,  leurs 
ignés  heurtées  et  irrégulières,  leurs  fauves  parasites,  etc.,  etc.,  que  ces  races, 
dis- je,  conviennent  le  mieux  au  système  de  stabulation  permanente  qui  domine 
dans  le  pays  où  s'épanouit  et  brille  le  Comice  en  question.  Ce  qui  m'étonne,  c'est 
que  cette  intelligente  et  sage  Commission  ne  se  soit  pas  adressée  plutôt  à  M.  Her- 
cule Ferry  pour  le  prier  de  lui  recommander  toute  une  collection  de  taureaux 
vosgiens.  C'eût  été  infiniment  plus  rationnel,  car  cette  chétive  race  convient  bien 
mieux  au  régime  nourricier  que  les  ressources  fourragères  de  la  Champagne 
crayeuse,  pour  ne  pas  dire  pouilleuse,  peuvent  seules  permettre  d'adopter. 

Je  ne  veux  pas  aire  par  là  que,  au  moyen  d'une  nourriture  auxiliaire,  abon- 
damment fournie  d'ailleurs  par  les  cultures  de  légumineuses  telles  que  les  trèfles 
et  les  sainfoins,  les  gravières  et  autres  fourrages,  on  ne  puisse  eu  Champagne 
nourrir  le  bétail.  Ma  pratique  personnelle  en  fournit  un  exemple  frappant,  car 
j'élève  sur  les  terres  crayeuses  et  sèches  dii  mon  domaine  Champenois  un  troupeau 
de  vaches  Durham,  lesquelles  ne  le  cèdent  à  nul  autre  bétail,  en  bonne  condition 


426  CONCOURS  RÉGIONAL  DE  TROYES. 

d'embonpoint,  en  grand  et  symétrique  développement  rien  qu'en  paissant  les  her- 
bages que  j'ai  réussi  à  créer  autour  de  ma  ferme.  Mais,  au  moins,  la  nourriture 
que  je  sers  à  mes  animaux  leur  profite  en  lait  et  en  viande,  et  ne  se  perd  pas 
dans  les  gouffres  intestinaux  des  races  Suisse  et  Normande  sans  profit  ni  pour  les 
animaux  eux-mêmes,  ni  sunout  pour  féleveur  champenois  à  qui  on  les  offre 
comme  le  nec  plus  ullra  du  progrès  et  de  l'amélioration  des  races. 

J'avoue  que  cette  anomalie  m'a  causé  un  certain  dépit,  cette  marche  rétrograde, 
dans  mon  opinion,  ne  convient  ni  à  la  grande  société  agricole  dont  il  s'agit,  ni 
aux  hommes  ^i  dévoués  qui  la  dirigent.  Ce  qu'ils  ont  l'ait  au  concours  de  Troyes 
est  un  anachronisme  incompréhensible,  et  une  anomalie  aveugle  et  irréfléchie  qui 
détonne  par  son  étrange  inl'atuation.  C'est  la  routine  irrationnelle  érigée  an  prin- 
cipe et  en  enseignement.  C'est  l'ignorance  de  la  masse  flattée,  caressée  et  encou- 
ragée par  ceux  qui  devraient  au  contraire  la  combattre  comme  un  mal  déplorable, 
une  aberration  defesprit,  une  contorsion  de  tendance  que  les  hommes  éclairés  de- 
vraient s'attacher  à  rectifier. 

Je  demande  pardon  à  mes  lecteurs  de  cette  digression,  mais  j'avais  cela  sur  le 
cœur  et  j'ai  tenu  à  me  débarrasser  du  fardeau  sans  avoir,  je  l'espère,  froissé  en 
quoique  ce  soit,  ceux  qui  pourront  s'appliquer  mes  observations,  mais,  à  qui,  je  dois 
le  dire,  en  toute  franchise,  elles  sont  respectueusement  destinées. 

Comme  ensemble  le  concours  de  Troyes  était  inférieur  à  celui  de  Bourg.  Les 
classes  d'animaux  étaient  bien  moins  remplies  et  partant  les  prix  moins  disputés. 
La  race  Durhamne  comptait  que  30  animaux  exposés,  et  les  croisements  Durhams 
10  seulement.  Le  nombre  déjà  si  restreint  des  exposants  de  Durhams  dans  notre 
région  du  nord-est  était  encore  amoindri  par  l'abstention  de  M.  Lamiable  dont  les 
animaux  déclarés  et  même  inscrits  sur  le  catalogue  n'ont  pu  être  envoyés  par 
suite  d'une  épizootie  dangereuse.  C'est  un  accident  bien  regrettable,  car  ôtez 
M.  Lamiable  de  la  série  si  réduite  des  exposants  de  la  race  Durham;  on  arrive  à 
un  nombre  insignifiant  d'éleveurs  et  la  lutte  est  sans  éclat,  sans  intérêt.  Le  con- 
cours s'en  trouve  aussi  fortement  atteint  dans  son  importance,  car  oa  peut  dire  que 
retable  de  Durhams  de  M.  Lamiable  est  une  des  meilleures  de  France,  et  un  vé- 
ritable honneur  pour  ia  région. 

M.  Huot,  l'un  des  plus  persévérants  éleveurs  de  Durham  que  nous  ayons,  était 
chez  lui,  son  exposition  était  superbe  et  complète.  Il  a  m  s  à  profit  cette  circon- 
stance favorable  de  la  proximité  presque  immédiate  de  son  étabhssement  d'élevage 
pour  envoyer  au  concours  de  magnifiques  animaux  dans  toutes  les  catégories. 
Aussi,  c'est  lui  qui  a  remporté  tous  les  premiers  prix  à  l'exception  d'un  seul  qui 
s'est  trouvé  adjugé  à  M.  le  marquis  de  Montmort.  Du  reste,  la  lutte  comme  je 
l'ai  observé  plus  haut,  était  singulièrement  circonscrite.  La  série  des  exposants  est 
toujours  la  même,  M.  Huot,  M.  Lamiable,  le  marquis  de  Monmort,  M,  de  Fon- 
tenay.  Voilà  les  seuls  éleveurs  de  Durhams  exposants,  que  je  connaisse.  Car 
n'exposant  jamais  moi-même,  si  je  compte  parmi  les  éleveurs,  je  ne  suis  rien  au 
point  de  vue  des  concours.  Les  quelques  autres  éleveurs  qui  honorent  nos  expo- 
sitions du  Nord-Est  de  leur  concurrence,  appartiennent  à  d'autres  régions,  tels 
sont  MM.  Lacour  de  Saint-Fargeau  (Yonne),  et  Massé  du  Cher.  Néanmoins  je 
remarque  avec  plaisir  un  nouveau  nom  parmi  les  éleveurs  de  Durham  de  la  région. 
C'est  M.  de  Fontenay  deFouchères,  Aube,  dont  je  n'avais  point  encore  remarqué 
le  nom.  C'est  une  nouvelle  et  importante  recrue  dont  il  faut  se  féliciter.  Seulement 
le  nom  d'un  de  nos  exposants  d'Èpinal  M.  Lamy  a  disparu  de  la  liste,  de  sorte 
qu'il  y  a  là  une  malheureuse  compensation. 

La  pierre  angulaire  de  l'élevage  des  Durhams  dans  la  région  du  Nord-Est  est 
toujours  le  sympathique  M,  Huot  qu'il  convient  de  fortement  et  cordialement  féli- 
citer des  grands  succès  que  sa  belle  exposition  lui  a  valus.  Ce  qui  ajoute  à  son 
mérite  d'éleveur  de  Durham,  c'est  le  courage  et  la  persévérance  avec  lesquels  il 
poursuit  son  (cuvre  uans  une  région,  non  seulement  antipathique,  mais  positive- 
ment hostile  à  cette  race  essentiellement  cosmopolite  hors  de  laquelle  il  ne  saurait 
y  avoir  ni  progrès,  ni  même  un  avantage  quelconque  dans  une  région  où  il  n'existe 
pas  même  une  race  locale  ayant  la  raison  d'existence,  à  1  exception  peut-être  de 
cette  race  vosgienne  dont  je  vais  parler  tout  à  l'heure. 

Il  faut  vraiment  un  grand  courage  et  une  conviction  bien  profonde  pour  s'adonner 
à  l'élevage  du  Durham  et  y  persévérer,  dans  un  pays  où  les  grands  propriétaires, 
les  hommes  les  plus  instruits  et  les  plus  dévoués  aux  progrès  agricoles,  les  mem- 
bres dirigeants  les  plus  influents  des  sociétés  et  Comices  agricoles,  ces  sociétés 
elles-mêmes  dans  leur  ensemble  sont  aveuglement  et,  dans  certains  cas,  passio- 


CONCOURS  RÉGIONAL  DE  TROYES.  427 

nément  hostiles  à  la  race  Durhatn,  —  dans  un  pays  où  il  n'existe  aucune  race 
déterminée,  où  la  race  Vosgienne  seule  semble  avoir  un  habitat,  et  où  cette  race 
locale,  avec  tous  ses  défauts,  semble  avoir  des  partisans  fanatiques.  Honneur  donc 
à  M.  Huot  et  à  ses  vaillants  émules  du  Nord-Est!  Leur  phalange  est  peu  nom- 
breuse, on  les  compte  sur  les  doigts  d'une  main,  mais  ils  tiennent  haut  et  ferme 
le  drapeau  du  progrès  agricole,  à  l'encontre  de  toutes  les  institutions  et  de  la 
plupart  des  hommes  qui  prêchent  le  progrès  à  leur  manière,  et  selon  leurs  idées 
étroites  et  routinières,  guident  l'agriculture  en  arrière,  en  partageant  et  en  encou- 
rageanl  les  préjugés  de  ceux  qu'ils  ont  mission  d'éclairer,  —  Tout  cela  est  bien 
lamentable,  d'autant  plus  que  tous  ces  hommes  honorables  sont  droits,  loyaux  et 
consciencieux.  Voilà  ce  qui  me  désespère  le  plus,  et  c'est  cette  malheureuse  cir- 
constance qui  justement  rehausse  le  mérite  de  ceux  qui  comme  M.  Huot,  M.  La- 
miable,  le  marquis  de  Montmort  et  quelques  autres,  ont  le  courage  de  lutter 
contre  cet  aveuglement  et  continuent,  quand  même,  à  combattre  le  bon  combat. 

Des  autres  races,  il  y  avait  au  concours  de  Troyes,  un  nombre  respectable  de 
bons  sujets;  mais  avant  d'entamer  cette  partie  de  mon  travail,  je  tiens  à  donner 
un  bon  témoignage  à  M.  Gouldcn,  de  Gharpentry  (Meuse),  qui  remporte  le  prix  des 
croisés  Durham  dans  la  l''"  section  et  le  2''  dans  la  troisième.  Ces  deux  produits 
de  croisement  avec  le  sang  Durham  sont  bien  réussis,  et  doivent  en  encourager  la 
continuation.  Ce  sont  ces  beaux  et  heureux  exemples  qui  finiront  par  apporter  la 
conviction  dans  les  esprits  récalcitrants  et  la  lumière  chez  ceux  qui  ayant  des  yeux, 
ne  veulent  pas  voir.  Mes  sincères  comphments  à  M.  Broquet,  de  Void  (Meuse), 
pour  les  beaux  spécimens  du  même  croisement  qu'il  nous  a  montrés,  ainsi 
qu'à  M.  le  marquis  de  Montmort  et  à  M.  Fontenay  pour  leurs  génisses  croisées 
Durham. 

La  race  Normande  exposait  7  mâles  en  deux  sections  et  16  femelles  en  trois 
sections.  Il  y  avait  là  de  beaux  animaux  surtout  parmi  les  femelles  dont  quelques 
unes  manifestaient  d'asstiz  bonnes  qualités  laitières.  Je  citerai  parmi  les  meilleurs 
animaux  de  cette  race,  ceux  exposés  par  M.  Guénin-Meclin  de  Troyes,  M.  Broquet 
de  la  Meuse,  et  M.  Namur-Daire,  de  Gourg  (Ardennes),  ces  animaux,  à  grandes 
et  vastes  panses,  d'autres  traits  caractéristiques  de  la  race,  plus  ou  moins  recom- 
mandables  en  étaient,  sans  contredit,  de  beaux  spécimens  et  ont  bien  mérité  les 
récompenses  que  le  jury  leur  a  données. 

Voici  maintenant  cette  race  Vosgienne  que  mes  critiques  d'antan  ont  eu  le  pri- 
vilège de  rendre  célèbre  par  les  réclamations  publiées  et  surtout  tacites  que  j'ai 
eu  l'honneur  de  soulever. 

Il  faut  constater  d'abord  que  le  nombre  des  animaux  mâles  et  femelles  de  cette 
race  exposés  au  concours  de  Troyes  était  peu  considérable. 

Les  deux  sections  des  mâles,  pour  chacune  desquelles  deux  prix  étaient  offerts, 
ne  contenaient  que  deux  concurrents  par  section  ;  ces  quatre  taureaux,  bien 
inférieurs  comme  conformation  et  comme  qualité  de  chair  et  de  peau,  à  quelques- 
unes  des  femelles  se  sont  fraternellement  partagé  ces  k  prix.  Le  jury  n'a  eu  qu'à 
déterminer  dans  chaque  canton  entre  le  l'""  et  le  2''  prix.  Quant  aux  femelles,  la 
1'''^  section,  comprenant  les  génisses  de  1  à  2  ans,  ne  comptait  non  plus  que  deux 
concurrentes  dont  l'une  naturellement  a  eu  le  l'^"'  et  l'autre  le  2''  prix.  La  2''  sec- 
tion à  laquelle  deux  prix  étaient  offerts  n'avait  qu'un  seul  concurrent,  de  sorte 
qu'on  n'a  pu  attribuer  qu'un  seul  prix,  le  P""  naturellement;  le  second  a  été  donné 
au  n"  97,  vache  inscrite  dans  la  3"  section.  La  3''  section  comprenant  les  vaches 
de  plus  de  3  ans  avait  4  concurrentes  pour  deux  prix,  de  sorte  que  voilà  10  animaux 
sur  12  exposés,  quionteu  la  chance  de  le  partager  plus  de  2000  francs  déprimes 
sans  compter  les  médailles  ;  c'est  à  peu  près  ce  qu'elles  valaient  en  foire. 

Franchement,  M.  Ferry  Hercule,  je  respecte  votre  enthousiasme,  mais  je  ne  le 
partage  point. 

Les  catégories  des^  vaches  laitières  comprenant  les  races  Suisse  et  Hollandaise, 
étaient  fort  remarquables  ;  je  parle  seulement  des  vaches,  car  les  sections  des 
mâles  étaient  mal  remplies  quant  au  nombre  et  l'étaient  encore  plus  mal  quant  an 
mérite;  sur  4  prix  offerts  deux  n'ont  pu  être  décernés,  ce  qui  démontre  l'opinion 
défavorable  que  le  jury  en  a  conçue.  Les  vaches,  je  le  repète,  valaient  mieux,  ce 
qui  porterait  à  croire  que  les  exposants  n'étaient  point  éleveurs,  et  ils  ont  raison, 
on  achète  les  vaches  laitières  de  cette  catégorie,  mais  on  se  donne  bien  garde  de 
les  élever,  c'est  ce  qui  explique  la  médiocrité  des  taureaux. 

Le  prix  d'ensemble  a  été  décerné  à  M.  Guénin-Gauthrot  et  le  2"  à  M.  Dupon- 
Saviniat. 


428  CONCOURS  RÉGIONAL  DK  ÏROYES. 

Le  l"  prix  d'ensemble  de  la  race  Durham  a  été  décerné  à  M.  le  marquis  de 
Monlmort. 

L'exposition  ovine  se  distinguait  surtout  par  les  magnifiques  spécimens  de  la 
race  mérinos  exhibés  par  M.  Chevalier,  un  des  meilleurs  éleveurs  au  département 
do  la  Marne,  sinon  le  plus  éminent  et  le  plus  illustre  par  ses  succès.  Après  lui,  il 
faut  placer,  et  je  le  fais  avec  plaisir,  M.  Goulden,  dont  j'ai  déjà  fait  l'éloge,  à 
propos  de  ses  croisements  durhams.  Les  mérinos  de  M.  Chevalier,  dont  j'ai  exa- 
miné l'ensemble  avec  une  attention  toute  particulière,  m'ont  paru  légèrement  mé- 
tisés  avec  le  dishley.  Cette  infusion  récente  ou  ancienne,  est  assez  manifeste 
pour  ne  pas  échapper  à  un  œil  exercé.  Ce  n'est  point  un  reproche  ([ue  je  leur  fais, 
au  contraire.  Cette  infusion  de  sang  anglais  a  été  faite  avec  tant  d'habileté,  tant  de 
mesure  et  un  si  grand  jugement,  que  l'effet  produit  est  un  véritable  triomphe 
pour  l'habile  éleveur  qui  l'a  imaginé  et  accompli.  C'est  là  une  véritable  améliora- 
tion qui,  sans  rien  changer  au  caractère  du  mouton  mérinos,  qui  conserve  toute 
la  pureté  et  toutes  les  qualités  y  adhérentes,  et  qui  néanmoins  a  acquis  plus 
d'ampleur,  plus  de  symétrie  et  un  développement  plus  précoce  ;  c'est  donc  avec 
justice  que  tous  les  premiers  prix  ont  été  donnés  à  M.  Chevalier. 

Parmi  les  représentants  des  races  étrangères,  notre  concours  de  Troyes  a  été 
honoré  d'un  contingent  magnifique  du  troupeau  d'Ouzouer-les-Champs,  M.  Nouette- 
Delonne  a  droit  à  un  remerciement  pour  l'éclat  qu'il  a  bien  voulu  donner  au  con- 
cours de  la  région  du  Nord-Est.  Il  en  a  du  reste  été  récompensé  par  les  premiers 
prix  qui  lui  ont  été  décernés.  M.  Huot,  aussi  heureux  pour  son  exposition  ovine 
que  pour  les  durhams,  remporte  les  premiers  prix  dans  les  sections  de  croisements 
divers. 

Les  porcs  n'étaient  pîs  nombreux,  et  la  chaleur  tropicale  qui  régnait  le  jour 
de  la  réception  des  animaux  a  eu  pour  effet  d'éliminer  plusieurs  sujets  trop  bien 
préparés,  qu'on  a  dû  emporter  à  la  voirie.  Un  nouveau  venu  dans  les  concours, 
M.  Guérault-Godard,  de  Fère-Champenoise,  remporte  le  premier  prix  des  femelles 
de  la  grande  race  blanche  du  Yorksi.ire,  et  le  prix  d'ensemble  pour  son  exposition. 

Je  ne  dirai  rien  des  machines,  sinon  qu'elles  avaient  outrepassé  les  limites  de 
contenance  de  l'enceinte  du  concours.  L'espace  qui  leur  était  destiné  était  telle- 
ment restreint,  qu'un  grand  nombre  d'instruments  avaient  été  relégués  derrière 
les  box  des  animaux,  et  fourrés  dans  des  coins  inaccessibles.  En  fait  de  nouveau- 
tés, j'ai  remarqué  un  semoir  muni  d'un  gouvernail  à  levier,  que  l'homme,  placé 
en  arrière  pour  veiller  à  la  marche  régulière  des  cuillères  et  des  coutres-distribu- 
teurs,  peut  manœuvrer,  ce  qui  épargne  un  ouvrier.  L'idée  est  bonne,  mais  est- 
elle  pratique? 

Il  y  avait  à  Troyes  la  même  concurrence  d'exhibitions  locales  séparées,  les- 
quelles font  un  si  grand  tort  à  l'exposition  agricole  proprement  dite.  L'exposition 
chevaline  était  aussi  placée  fort  loin,  et  faisait  bande  à  part,  de  telle  sorte  qu'il 
fallait  payer  de  nouveau  partout  ;  ceci  est  un  grave  inconvénient  pour  le  public  et 
surtout  pour  les  exposants.  Ceux-ci  ont  fait  entendre  des  plaintes  bien  fondées.  Il 
y  a  là,  évidemment,  un  abus  qui  devient  intolérable,  auquel  il  importe  de  porter 
remède. 

Voici  la  liste  complète  des  récompenses  : 

Prix  culturaux. 

1"=  Catégorie.  —  Non  décerné. 

2=  Catégorie.  —  Fermiers  à  prix  d'argent  ;  culli valeurs,  propriétaires,  tenant  à  ferme  une  partie 
de  leurs  terres  en  culture;  métayers  isolés  cultivant  des  domaines  au-dessus  de  20  hectares.  Un 
objet  d'art  et  2,000  francs,  à  M.  Edmond  Dupont-Saviniat,  à  Brantigny,  commune  et  canton  de 
Piney. 

3°  et  4"=  Catégories.  —  Non  décernés. 

Médaille  d'or  (grand  module},  M.  Onésime  Lécuyer,  à  Champigny,  canton  d'Arcis-sur-Aube. 
—  3/édai7ies  d'or,  MM.  de  Carpentier,  au. Clos-Barrey,  commune  de  Dosnon,  canton  d'Arcis-sur- 
Aube;  Guenin-Gaulrot,  à  Troyes  ;  Anatole  Moral,  à  Longchamp,  canton  de  Bar-sur-Aube.  — 
Médaille  d'argent  (grand  module),  M.  Cuisin,  à  Cosdon.  communes  de  Champlain  et  d'Auxon,  can- 
ton d'Ervy.  —  Médaille  d'argent,  M.  Chuchu,  à  Vilmorien,  canton  de  Bar-sûr-Seine. 

Prime  d'honneur,  une  coupe  d'argent,  M.  Edmond  Dupont-Saviniat. 

Médaille  d'or  spéciale,  M.  Marcel  Dupont,  professeur  d'agriculture  du  département  de  l'Aube, 

Concours  d'irrigation  de  l'Aube. 

1"  Catégorie.  —  Propriétés  contenant  plus  de  6  hectares  de  terres  arrosées.  —  V  prix,  médaille 
d'or  au  syndicat  de  MM.  Frotin  et  Cie,  à  Crancey ,  canton  de  Romilly  ;  2%  médaille  d'argent  (grand 
module).  M.  ïhéobald  Gouthière,  àDolancour,  canton  de  Vandeuvre. 

Récompenses  aux  agents  du  domaine  qui  a  obtenu  la  prime  d'honneur.  —  Médailles  d'argent, 
MM.  Eugène  Bazin,  charretier;  Victor  Beck,  charretier.  —  Médailles  de  bronze,  MM.  Napoléon 
Gavorbe,  berger  ;  Jean  Zurbriick,  vacher;   Mme  Lise  Lallemand,  Vve  Laurent,  femme  de  basse- 


CONCOURS  RÉGIONAL  DE  TROYES.  429 

cour.  —  40  francs,  MM.  Isidore  Brigandat,  charretier;  Adolphe  Payot,  charrctie";  Victor  Géris, 
laboureur;  Marie  Giiyot,  laboureur;  Von  Ganel,  vacher.  — 25  francs,  Mines  Marie  Bazin,  femme  de 
basse-cour;  Marie-Anne  Armand,  tille  de  basse-cour  ;  Léontine  Nolez,  fille  de  basse-cour. 

Animaux  reproducteurs.  —  Espèce  bovine. 

1""  Catégorie.  —Race  Durhani.  —  Mâles  —  1'"  Section.  —  Animaux  de  6  mois  à  1  an.  —  Prix 
unique,  M.  lluot,  à  Sainl-.lulica  (Aube).  —  Prix  supplémentaire,  M.  le  marf(uis  do  Montmort,  à 
Montmort  (Marne).  —  '2"  Section.  —  Animaux  de  1  à  2  ans.  — 1''''  prix,  M.  Huot,  2%  M.  Lacour, 
à  Saint-Fargeau  (Yonne).  —  3"  Section.  —  Animaux  de  2  à  4  ans.  —  l"  prix,  M.  Huot; 
2°,  M.  de  Fontenay,  à  Fouclières  (Aube).  —  Prix  supplémentaires,  M.M.  Lacour;  le  marquis  de 
Montmort.  —  Femelles.  —  f"  Section.  —  Génisses  de  6  mois  à  1  an.  —  Prix  unique  M.  Huot.  — 
Prix  supplémentaire,  M.  Lacour.  —  Mention   honorable,    M.  Huot.  —  2'  Section.  —  Génisses  de 

1  à  2  ans.  —   l'"'  |)rix.  M.    Huot;  2',  M.  le  marquis  de    Montmort.   —  3°  Section    —  Génisses  de 

2  à  3  ans  pleines  ou  à  lait.  —  1"  prix,  M.  le  marquis  de  Montmort;  2",  M.  Huot.  —  4*  Section.  — 
Vaches  de  plus  de  3  ans  pleines  ou  à  la. t.  —  1"  prix,  M.  Huot;  2%  M.  Massé,  à  Germigny  (Cher)  ; 
3',  M.  Lacouv. 

2°  Catégorie.  —  Croisements  durhams.  —  Mâles.  —  1"  Section.  —  Animaux  de  1  à  2  ans. —  Prix 
unique,  M.  Goiilden,à  Charpentry  (Meuse).  —  2°  Section. —  Animaux  de  2  à  3  ans.  —  Prix  unique, 
non  décerné.  —  Femelles.  —  l''"  Section.  —  Génisses  de  1  à  2  ans.  —  1"  prix,  M.  Victor  Broquet, 
à  Void.  —  2"  Section.  —  Génisses  de  2  à  3  ans  pleines  ou  .'  lait.  —  P'  prix,  M.  le  marquis  de 
Montmort  ;  2",  M.  de  Fontenay.-  —  3"  Section.  —  Vaches  de  plus  de  3  ans,  pleines  ou  à  lait.  — 
l"  prix,  M.  Broquet;  2-,  M.  Goulden. 

Prix  d'ensemble  dfs  1"  et  2"  catégories,  un  objet  d'art,  à  M.  le  marquis  de  Montmort. 

3'  Catégorie.  —  Races  laitières  françaises,  à  l'exclusion  des  races  ayant  une  catégorie  spéciale. 

—  V"  Sous-Catégorie.  —  Race  normande.  —  Mâles.  —  1"-  Section.  —  Animaux  de  I  à  2  ans.  — 
Prix  unique,  M.  Broquet.  —  2'  Section.  —  Animaux  de  2  à  3  ans.  —  l"  prix,  M.  Namur-Daire,  à 
Coucy  (Ardennes);  2%  M.  Parigot,  à  Saint-Lyé  (Aube).  — Femelles.  —  1"  Section.  — Génisses  de 
1  à  2  ans.  —  1"  prix,  non  décerné;  2",  M.  Dapont-Saviniat. —  2*  Section.  —  Génisses  de  2  à  3  ans, 
pleines  ou  à  lait.  —  I"  prix,  M.  Guénin-Méchin,  à  Tri.yes  (Aube);  2°,  M.  Guénin-Gauthrot,  à 
Troyes  (Aube).  —  3°  Section.  —  Vaches  déplus  d&3  ans,  pleines  ou  à  lait.  —  1'='^  prix,  M.  Guénin- 
Méchin  ;  2',  M.  Namur-Daire;  3',  M.  Guénin-Gauthrot.  —  2"'  Sous-Catégorie.  —  Race  vosgienne. 

—  Mâles.  —  1"  Section.  —  Animaux  de  1  à  2  ans.  —  1"  prix,  M.  Didelot,  à  Hurbache  (Vosges)  ; 
2%  M.  Didier,  à  Raon-l'Etape  (v'osges).  —  2°  Section.  —  Animaux  de  2  à  4  ans.  —  1"  prix, 
M.  Didier;  2",  M.  Grandrupl,à  Laneuville  (Vosges).  — Femelles.  —  T'  Section. — Génisses  de 
1  à  2  ans.  —  1"  prix,  M.  Didier  ;  2%  M.  Grandrupt.  —  2'  Section.  —  Génisses  de  2  à  3  ans,  pleines 
ou  â  lait.  —  1"  prix,  M.  Laveuve,  à  Laneuville  (Vosges)  ;  2%  M.  Biaise,  à  Saint  Michel  (Vosges).  — 
3*  Section —  Vaches  de  plus  de  3  ans,  pleines  ou  à  lait.  —  1"  prix,  M.  Didelot;  2",  M  Didier.  — 
'i' Sous-Ca'égorie.  —  Races  laitières  françaises  non  dénommées  ci-dessus.  —  Mâles.  —  l"-*  Section. 

—  Animaux  de  1  à  2  ans.  —  1<"'  prix,  M.  George,  à  Mirecourt  (Vosges).  —  2"  Section.  —  Animaux 
de  2  à  4  ans.  ~  l**^  prix,  non  décerné;  2°,  M.  (Camille  Broquet  à  Void  (Meuse).  —  Femelles.  — 
1"  Section.  —  Génisses  de  1  à  2  ans.  —  1"  prix,  M.  Duponl-Saviniat ;  2",  M.  Hurlin,  à  Epernay 
(Marne).  —  2"  Section.  —  Génisses  de  2  à  3  ans,  pleines  ou  à  lait.  —  1"  prix,  M.  Dupont-Saviniat  ; 
2',  MM.  Lagèze  et  Nouvion,à  Béthenille  (Marne). —  3' Section.  —  Vaches  de  plus  de  3  ans,  pleines 
ou  à  lait.  —  1"  prix,  M.  Gamichon,  à  Pouan  (Aube)  ;  2",  M.  Chémery,  à  Moiremont  (Marne). 

4"  Catégorie.  —  Races  laitières  étrangères  à  l'exclusion  des  races  ayant  une  catégorie  spéciale. 

—  l"  Sous-Catégorie.  —  Races  des  pays  de  montagnes.  —  1°  Races  de  grande  taille  (Bernoise  ou 
Fribourgeoise  et  analogues).  —  Mâles.  —  1"^  Section.  —  Animaux  de  1  à  2  ans.  —  Prix  unique, 
M.  Chémery.  —  2'  Section.  —  Animaux  de  2  à  3  ans.  —  Prix  unique,  M.  Dupont-Saviniat.  — 
Femelles.  —  1"  Section.  — Génisses  de  1  à  2  ans.  — Prix  unique,  M.  Dupont-Saviniat. — 2"  Section. 

—  Génisses  de  2  à  3  ans,  pleines  ou  à  lait.  —  Prix  unique,  M.  Duponl-Saviniat.  —  3'  Section.  — 
Vaches  de  plus  de  3  ans,  pleines  ou  à  lait.  —  Piix  unique,  M.  Dupont-Saviniat. 

2°,  races  de  moyenne  et  de  petite  taille  (Schwitz.  Appenzel  et  autres  analogues).  —  Mâles.  — 
P"  Section.  —  Animaux  de  1  à  2  ans.  —  1"  prix,  M.  Léon  Japiot,  à  Châtillon-sur-Seine  (Cùte- 
d'Or)  ;  2-,  M.  Herment-Bidaut,  à  Jussécourt-Minecourt  (Marne);  'i%  M.  Victor  Broijuet,  à  Void 
(Marne).  —  Prix  supplémentaire,  M.  Hurlin.  —  2"  Section.  —  Animaux  de  2  â  3  ans.  —  1"  prix, 
M.  Crossette,  à  Vendeuvre  (Aube);  2*,  M.  Hurlin.  —  Prix  supplémentaire,  MM.  Herment-Bidaut; 
Léon  Japiot;  rappel  de  2"  prix,  M.  Minangoin,  à  Esnon  (Yonne).  —  Femelles.  —  P"  Section.  — 
Génisses  de  1  à  2  ans.  —  p''  prix,  M.  Gamonin,  à  Lavallée  (Meuse)  ;  2%  Mme  veuve  Lebel  et  son 
fils,  à  Darmannes  (Haute-Saône).  —  Prix  supplémentaire,  M*.  Crossette.  —  2"  Section.  —  Génisses 
de  2  à  3  ans,  pleines  ou  à  lait.  —  1"^  prix,  M.  Herment-Bidaut  ;  2%  M.  Graber,  à  Cuthenans 
(Haute-Saône).  —  3"  Section.  —  Vaches  de  plus  de  3  ans,  pleines  ou  à  lait.  —  p"  prix,  M.  Graber, 
2",  M.  Herment-Bidaut.  —  2"  Sous-Catégorie.  —  Races  des  pays  de  plaines  (lace  Hollan- 
daise et  analogues).  —  Mâles.  —  1"  Section.  —  Animaux  de  1  à  2  ans.  — -  Prix  unique, 
M.  Namure-Daire.  —  2°  Section.  —  Animaux  de  2  à  3  ans.  —  ]"'  prix,  M.  Hyacinthe  Loumaye, 
à  Vaux-Champagne  (.Vrdennes)  ;  2",  M.  Graber.  —  Femelles.  —  1"=  Section.  —  Génisses  de  1  an  à 
2  ans.  —  l"  prix,  M.  Namur-Daire;  2%  M.  Petit,  à  Charbogne  (Ardennes).  —  2'  Section.  —  Gé- 
nisses de  2  à  3  ans,  pleines  ou  à  lait.  —  1""  prix,  M.M.  Lagèze  et  Nouvion  ;  2',  M.  Graber.  —  Prix 
supplémentaire,  M.  Namur-Daire.  —  3"  Section  —  Vaches  de  plus  de  3  ans,  pleines  ou  à  lait.  — 
l"  prix,  M.  Namur-Daire;  2',  M.  Hurlin  ;  3",  M.  Victor  Broquet. 

o"  Catégorie.  —  Races  françaises  ou  étrangères  non  comprises  dans  les  catégories  précédentes 
et  croisements  divers.  —  Mâles.  —  P"  Section.  —  Animaux  de  1  an  à  2  ans.  —  p-'  prix,  .M.  Ballot, 
à  Taissy  (Marne);  2%  B.  Victor  Broquet.  —  2°  Section.  —  Animaux  de  2  à  3  ans.  —  i"  prix, 
M.  Victor  Broquet;  2',  M.  Hurlin.  —  Femelles.  —  l"  Section.  —  Génisses  de  1  à  2  ans.  —  l"''  prix, 
M.  Ballot  ;  2*,  M.  Crossette.  —  2'  Section.  —  Génisses  de  2  à  3  ans,  pleines  ou  à  lait.  —  \"^  prix, 
M.  Perdrix;  2°,  M.  Gamichon.  —  3°  Section.  —  Vaches  de  plus  de  3  ans,  pleines  ou  à  lait. 
—  1"  prix,  M.  Bourgeat,  à  Villemorin  (Aub3);  2",  M.  Perdrix;  3%  M.  Guénin-Méchin  ;  4^ 
M.  Chémery. 

Prix  d'ensemble  des  3%  4°  et  5"  catégories,  un  objet  d'art  à  M.  Dupont-Saviniat.  —  Bandes  de 
vaches  laitières  (en  lait).  —  1"  prix,  .M.  Guénin-Gauthrot;  2"j  M.  Dupont-Saviniat. 

Espèce  ovine. 
l"  Catégorie.  -^^  Mérinos  et  métis-mérinos.  —  V*  S:ciijii.   —  Animaux  âgés  de  18  mois  au 


430  CONCOURS  REGIONAL  DE   TROYES 

plus.  —  Mules.  —  1°''  prix,  M.  Chevalier,  à  Branx-Saînte-Cohière  (Marne)  ;  2%  M.  Goulden,  à  Char- 
penlry  (Meuse)  ;  3",  M.  Aiiblin,  à  Saiate-Vauboars  (Aniennes).  —  Mention  honorable,  M.  Chevalier. 

Femelles.  —  P'  prix,  M.  Chevalier;  2%   M.  Alfred  Loumaye  à  Vaux-Champagne  (Ardennes)  ;  3", 

M.  Petit,  à  Carhoi^ne  (Ardennes).  —  Mention  honorable,  M.  Goulden. — 2"  Sfction.  —  Mâles. — 
Animaux'àgés  de  plus  de  18  mois.  —  1"  prix,  M.  Chevalier;  2'',  M.  Goulden;  3°,  M.  Alfred  Loiimaye. 
—  Mention  honorable,  M.  Petit.  —  Femelles.  —  ]"■■  prix,  M.  Chevalier;  2",  M.  Bourgeat;  3", 
M.  Goulden.  —  Mentions  honorables,  MM.  Petit;  Alfred  Loumaye. 

2"  Calégorie.  —  Uaces  fiançaises  diverses  (ardennaise  et  analogues).  —  Mâles.  —  l''''  prix, 
M.  Saviniîit,  à  Villemîiir  (Aube)  ;  2",  M.  I.esigne,  à  Bourbonne  (Haute-Marne).  —  Mention,  hono'- 
rable,  M.  Saviniat.  —  Femelles.  —  1"  prix,  M.  Saviniat  ;  2%  M.  Lesigne. 

3"  Catégorie.  —  Races  étrangères  à  laine  longue  (dishleyouleicester,  hollandaise  ou  analogues.  — 
Mâ'es.  —  1"  prix,  M.  Dupont-Saviniat;  2",  M.  Massé,  à  Germigny  (Cher) .  —  Mention  honorable, 
M.  Georges  Béglet,  à  Trappes  (Seine-et-Oise).  —  Femelles.  —  1"  prix,  M.  Massé  ;  2",  M.  DupoQt- 
SaviniaL  —  Mention  honorable,  M.  Georges  Béclet. 

4"  Caléfjnrie.  —  Races  étraiv.^ères  à  laine  courte  (soulhdown,  shropshire  et  analogues).  —  Mâles. 
\"  prix.  M.  Nouette-Delorme,  à  Ou/'.ouer-des-Champs  (Loiret);  2%  M.  Louis  Colas,  à  Serracise 
(Nièvre).  —  Menl'ion  honorable,  M.  Silmont-Ruotîe,  à  Magny-Foucliard  (Aube),  —  Femelles.  —  l"'' 
prix,  M.  Xouette-Delorme  ;  2'-,  M   Louis  Colas.  —  Mention  honorable,  M.  Namur-Daire. 

h' Catégorie .  —  Croisements  divers.  —  Mâles.  —  Rappel  de  1'"'  prix,  M.  Huot  ;  l""'  prix,  M  Huot; 
2%  M.  Dupont-.Saviniat;  3*^  M.  Lesigne.  —  l"prix,  M.  Huot;  2%  M.  Dupont-Saviniat;  3°,  M.  Na- 
mur-Daire. 

Prix  d'ensemble,  un  objet  d'art  à  M.  Chevalier. 

Espèce  porcine. 

1"^  Catégorie.  —  Races  indigènes  pures  ou  croisées  entre  elles.  —  Mâles.  —  l'^'prix.  M.  Jouglar. 
à  Chaource  (Aube)  ;  rappel  de  2°  prix,  M.  .Magniez-Mathiot,  à  Thil  (Aube)  ;  2%  M.  Mory,  à  Courcelles- 
V9l-d"Esnoms  (Haute-Marne).  —  Femelles.  —  1°"'  prix,  M.  Villaumey,  à  Bréviandes  (Aube):  2", 
M.  Mory;  3".  M.  Barroy,  à  Vilry-l?-Croisé  (Aube).  —  Mention  honorable,  M.  Magniez-Malhiot. 

2°  Catégorie.  —  Races  étrangères  pures  ou  croisées  entre  elles.  —  Mâles.,  —  1'""  prix,  M.  Victor 
Broqnet,  à  Void  (Meuse)  ;  2%  M.  Perrin,  à  Bazoches  (S>itie-et-Oise;  3",  .M.  Duthu,  à  Nancy  (Meurthe- 
et-Moselle);  4",  M.  Lamblin,  à  Chàtillon-sur-Seine  (Côte-d'Dr).  — ^Mention  honorable,  M.  Guèrault- 
Godard,  à  Féré-Champenoise  (Marne). —  Femeiles. —  I"  prix,  M.  Guerault-Godard  ;  2"  M.  Lam- 
blin  ;  3" ,  M.  Perrin;  4",  Mme  veuve  Lebel  et  son  fils,  à  Darnaannes  (Haute-Marne).  —  Mentions 
honorables,  MM.  Victor  Broquet.  le  marquis  de  Montmort,  à  Montmort  (Marns). 

3°  Catégorie.  —  Croisements  divers  entre  races  étrangères  et  races  françaises.  —  Mâles.  —  l"'' 
prix,  M.  Victor  Bro[uei  ;  2%  M.  MigniezMathiot.  —  Femelles  —  l'-'prix,  M.  Victor  Broquet;  2°, 
M.  GuérauU-Godai-d,  3=,  M   Martin  fils,  à  Vélaine-sous-Amance  (Meurthe-et-Moselle). 

Prix  (Tensemble,  an  objet  d'art  à  M.  Gnérault-Godard. 

Animaux  de  basse-cour 

r°  Catégorie.  —  Coqs  et  poules.  —  1'"  Section.  —  Race  de  crèvecœur.  —  l'*prix,  M.  Verdin.  à 
Troyes  (Aube)  ;  2",  M.  Pett,àTroyes  (Aube).  — 2^^  Section..  — Race  de  la  Bresse.  ■«-  l"''  prix,  non 
décerné;  2%  M.  Guillot.  à  Saint-Amand-sur-Fion  (Marne).  —  3"  Seciion.  — Race  d-'  Houdan.  — 
l""  prix,  M.  Petit;  2'',  M,  Verdin.  —  4=  Section.  —  Race  Lorraine».  —  l'^''  prix,  U.  GuLllot.  — 
a"  S'iétion.  —  Races  françaises  diverses.  —  l"'  prix,  M.  Petit;  2*,  M.  Verdin;  3°,  M.  Aubrat,  à 
Troyes  (Aube).  —  6"  Section.  —  R  ices  étrangères  diverses.  —  l"  prix,  M.  Verdin  ;  2%  M,  Petit. 

2°  Catégorie.  —  Dindons.  —  l'"'  prix,  M.  Gamichon,  à  Pouan  (Aube). 

3^'  Catégorie.  —  Oies.  —  1"  prix ,  M.  Sohentzlé,  à  Lusigny  (Aube)  ;  2°  Gamichon. 

4"  Catégorie.  —Canards.  —  l""'  prix,  M.  Verdin;  2',  M.  Guillot;  3%  M.  Chémery,  à  Moire- 
mont  (Marne). 

5"  Catégorie.  —  Pintades.  —  l'^''  prix.,  M.  GuiUot. ;  2^  M.  Verdin. 

6"  Catégorie.  —  Pigeons.  —  l"  prix,  M.  Cabaret,  à  Troyeg  (Aube). 

'"  Catégorie.  —  Lapins  et  léporides.  —  l"""  prix,  M.  ViLiaumey  ;  2°,  M.  Schentzlé. 

Prix  d'tnsemhle,  un  objet  d'art  à  M.  Verdin. 

Serviteurs  primés  employés  chez  les  lauréats  récompensés  pour  les  bons  soins  donnés  aux 
animaux  primés.  —  Médailles  d'argent,  MM.  Fraiicart,  berger  chez  M.  Chevalier;  Vincent,  berger, 
chez  M.  le  marquis  de  Montmort  ;  Zurbruck,  bouvier  chez  M.  Dupont-Saviniat  ;  Thîodule  Morlet. 
porcher  chez  M.  Gueraull-Godard  ;  Mme  Clémentine  Hérit,   vachère  chez  M.  Guenin-Oauthrot. 

Médailles  de  bronze,  M.M.  Alexandre  GatoaiUat,  v.ncher  chez  M.  Huot;  Millart,  vacher  chez 
M.  Namur-Daire  ;'  Klein,  bouvier  chez  M.  Victor  Broquet;  Arthur  Rousselle,  bouvier  chez 
M.  Ballot  :  Jules  Poirot,  vacher  ch'ez  M.  Didier  ;  Jean  (rraf,  vacher  chez  M.  Graber  ;  Edmond 
Poirsnn,  vacher  chez  M.  Perdrix  ;  Mme  .Marie  Thomas,  vachère  chez  .M.  Chémery. 

Jiécoiripcnses  accordées  aux  conducteurs  de  machines,  contre  maîtres  et  ouvriers  des  con- 
structeurs.—  Médailli's  d'argent^  'M.  Je  u-B3p\i:-te  i3roqiin,  conducteur  dans  les  ateliers  de  la 
Société  Française  de  Vierzon  ;  Désiré  Leclerc,  chez  MM.  Decker  et  Mot,  contre  maître-mécanicien, 
Paris;  Legeay.  monteur  chez  M.  Ci;raming,  Orléans  :  Jules  Serein,  contre  maître  cliezM.  Pilter, 
Théodore  Millot,  chez  M.  Paulvé.  Troyes;  Albert  Parlot,  contre  maître  chez  M.  Marot,  Niort.  — 
MédailU's  de  bronze,  MM.  JuIls  Vallin,  chez  M.  Merlin,  Vierzon  ;  Jean  Decouleur,  contre  maître 
chez  M.  Mabille.  Reims;  Henri  Bezault,  conducteur  chez  M.  Bertin,  Montereau-sur-Mame  ; 
Doultez  chez  M.  Harier,  Colombey  ;  Adolphe  Leleu,  contre  maître  chez  M.  Gour^^uillon,  Vitry-le- 
Fraiiçois  ;  Ar.-ène  PioUé,  chez  M.  Voitellier  ;  Uestermann,  ajusteur  chez  M.  Tixeranl,  Troyes; 
André  Chevrol  .t.  chef  d  équipe  chez  M.  Millot,  Gray  ;  Félix  Ciavaux,  maître  ouvrier  chez  M.  Ma- 
réchaux, Montmoidi  n;  Ledoux,  conducteur  chez  M.  Brouhot,  Vierzon;  Pierre  Luriet,  conducteur 
chez  M.  Breloux,  Nevers. 

Produits  agricoles  et  matières  utiles  à  l'agriculture.  —  Concours  spéciaux. 

]'"  Cat''gorie.  —  Pommes  de  terre  de  grande  cuit  ire.  —  1"  prix,  médaille  d'or.  M-  Genay, 
à  Be!levue-i  hanteheiiX  (.Meurthe-et-Moselle)  ;  2%  médaille  d'argent,  M.  Camonin.  à  Laval'lée  (Meuse)  ; 
3%  médai  lede  bronze,  M.  de  Mauroy,  à  Saint-Germain  (Aube). 

2"  Catégorie.  —  Fromages  à  liâtes  molles.  —  l"  prix,  médaille  d'or,  M,  Ripert,.  à  Vignory 
(Haute-Marne);  2°,  médaille  d'ar.'ent  (grand  module),  MM.  Gustave  et  Albert  Lecomte,  à 
Thiéfosse  (Vosges);  3°,  médaille  d"a'-gi;nt.  M.  Boulet,  à  Sorcy  (Meuse);  4',  médaille  de  bronze, 
MM.  Chàlelain-Dufour  et  Cie,  à  Férebrianges  (Marne). 


CONOOURS  RÉGIONAL  DE  TROYES.  431 

3"  Catégorie.  — Beurres  Trais.  —  1"'  prix,  médaille  d'or,  M.  Dupont-Saviniat  ;  "1%  médaille 
d'argent  (t-'raiid  module),  M.  Genay  ;  'S",  médaille  d'argent,  M.  Gotdn,  à  Lusigny  (Aube);  4", 
médaille  do  bronze,  M.  Antoine ,  à  Laneuville  (Mearthe-ct-iW'is  lie). 

4"  Catégorie.  —  Vins  bhncsde  la  région.  —  l"'  piix,  non  décerné  ;  2%  médaille  d'argent  (grand 
module),  M.  Verry,  aux  Ixiceys  (Aube)  ;  ;5",  médaille  d'argent,  M.  Houzelot,  à  Bouilly  (Aube); 
4'",  médaille  de  bronze,  M.    Prévost,   à  Aillevillc  (Aube). 

5°  Catégorie  -^  Vins  routes  de  la  région.  —  ]"'■  prix,  non  décerné;  2",  médaille  d'argent  (grand 
module),  à  l'exposition  collective  de  Bouilly  et  Souligny  (A'jbe)  ;  3'',  méda'Ue  d'argent,  M.  Duchesne- 
Robillard,  à  Bar-sur-Aube  (Aube);  4",  médaille  de  bronze,  M.  Verry;  5'  médaille  de  bronze, 
M.  Doué,  a  Saint-Germain  (Aube)i 

6°  Cutégurie.  —  Produits  boiticolps.  —  P'  prix,  médaille  d'or,  M.  Valade-Moyual  et  ses  fils,  à 
Nogent-sur-Sein"  (Aube)  ;  2%  médaille  d'argent  (gnuui  modul(>),  M.  Blnndel-Deck,  àTroyes  (Aube). 
3",  médaille  d'argent,  MM.  Ponce  pèie  tl  lils,  à  N  gent-sur-Sein«  (Aube). 

7"  Catégorif.  —  Expositions  scolaires.  —  1'"  Section.  —  Matériel  d'-enseignem'înt  agricole.  — 
Collections,  etc.  —  1"''  prix  non  décerné  ;  2°  médaille  d'argent  (grand  module) ,  M.  Duru,  à  Bordeaux 
(Gironde)  ;  3°,  médaille  d'argent,  M.  Ilarjot,  :\  Méi'y-sur-Seiiie  (Aube).  —  T  Section.  —  Ti'avaux 
spéciaux  et  objets  d'ensei  nement  agricole  présentés  par  les  professeurs,  instituteurs  et  élèves  des 
écoles  primaires.  —  1"  prix,  non  décerné  ;  2%  médaille  d'argent  (grand  module),  M.  Henry,  insti- 
tuteur à  l'iivot  (Marne)  ;  3°,  médaille  d'argent,  M.  Gamiolmn,  insiituteur  à  Vdlacerf  (Aube)  ;  4", 
médaille  de  bronze,  M.  Emile  Doyen,  à  Méiiil-la-Horgnc  (Meuse). 

8"  Catégorie.  —  Expositions  collectives  faites  par  des  administrations  publiques,  les  Sociétés  et 
Comices  agricoles  et  hortico  es.  —  Médaille  d'or  au  Comice  agricole  départemental  de  lAube; 
Médaille  d'or  h  la  Société  horticole,  vigneronne  et  forestière  de  l'Aube.  —  Médaille  d'argent  au 
Comice  agricole  de  Remireniont  (Vosges). 

P''  Catégorie.  —  Produits  divers  non  compris  dans  les  catégories  précédentes. —  Médailles  d'or, 
MM.  Ballet  frères,  à  Troyes  (Aube)  ;  Petit  de  Bantel,  à  Mussy-sur--eine  (Aube)  ;  Poirson,  à  Bar-le- 
Duc  (Meuse)  :  Goilden,  à  Charpenlry  (Meuse)  ;  Arlatte  et  (lie,  à  Chambrai  (Nord)  ;  Siviniat,  à  Vil- 
lemaur  (Aube)  ;  De  Mauroy,  à  Saint-Germain  (Aube).  —  Médailles  d  argent,  MM.  Camonin,  à 
Lavallte  (Meuse)  :  Veuve  .  Gravet  et  Druy,  à  Langres  (Haute-Marne)  :  Hyacinthe  Chaillot, 
aux  Grardes-r.hapelles  ;  Moreaux-Guillaume,  à  Premierfait  (Aube)  :  Krick,  à  B.ir-le-l)ue  (Meuse); 
Gamiclion-Guiilaume,  à  l'ouan  (Aube).  —  MM.  BoU,  à  Paris  ;  Fabre,  à  AaberviUiers  (-^eine)  ; 
Huguier-Truelle,  à  Troyes  (Aube);  Stadler-Goiffon,  à  Troyes  (Aubt);  Kenaut,  à  Chaumont  (Haute- 
Marne)  ;  Mugnier,  à  Dijon  (Côte-d'Or)  ;  Brunet  à  Sainte-Savine  (Aube)  ;  Cornuelle,  à  Sainte-Savine 
(Aube)  ;  Moret,  à  Pans;  Guenin-Gauthrot,  à  Troyes  (Aube):  Saintou-Guicliard,  à  Rhèges  (Aube)  ; 
Gérard,  à  Rosnay-l'Hôpital  (Aube)  ;  Célestin  Henry,  à  Tnil  (Aube)  ;  Aimé  Chauffeur,  à  Mareuil-sur- 
Ay  (Marne)  ;  Regnault,  à  Dijon  (Côte-d'Or)  ;  Vaillier-Primard,  k  Tro\es  (Aube). 

F.-R.    DE    LA    TrÊHONNAIS. 

MÉTÉOROLOGIE  DU  MOIS  DE  MAI  1883 

Yoici  le  résumé  des  observations  météorologiques  du  moi  de  mai 
1883  au  parc  de  Saiut-Maur  : 

Moyenne  baromélrique  à  midi,  756"'". 60.  Minimum  744™'". 03,  le  9  à  9  heures 
du  matin.  Maximum  764'""\60,  le  17  à  11  heures  du  soir. 

Moyennes  therm  orné  triques  :  des  miniina  diurnes  7  ".68;  des  maxima  diurnes 
20". 42;  du  mois  14". 05;  vraie  des  24  heures,  13°. 81.  Minimum  û°.b,  le  3;  maxi- 
mum 280.9  le  25. 

Humidité  relative  :  moyenne,  68;  la  moindre,  26,  les  22  et  23;  la  plus  grande, 
lOO  en  3  jours. 

Tension  de  la  vapeur  :  moyenne  7'^'. 81  ;  la  moindre  3"'"^. 2  le  3  ;  la  plus  grande 
13""^'. 5,  le  26. 

Température  moijpime  de  II  Marne,  15". 89.  Sa  température  s'est  élevée  presque 
constamment  de  12". 7  le  1'"",  à  19°, 66  le  31;  son  niveau  s'est  abaissé  de  û'".03 
le  4,  à  2°'. 46  le  31. 

Pluie  :  O-^.uS?  en  36  heures  réparties  en  11  jours  dont  8  consécutifs,  du  5  au 
12,  et  2  jours  d'orage  les  25  et  26;  une  dernière  pluie  qui  n'a  donné  qu'un  demi- 
millimètre  d'eau  est  tombée  le  30. 

ha.  nébulosité  moyenne  a.  été  kQ. 

Il  y  a  eu  un  seul  jour  de  gelée  blanche  le  3;  4  jours  de  brouillard  peu  intense; 
un  peu  de  grêle,  les  1 1  et  2  ;  3  jours  d'oi-age,  les  5,  25  et  26.  Vents  dominants,  du 
N.-O.  au  N.-E.,  puis  du  S.-O.  à  l'â-S.-O.  ;  presque  toujours  faibles. 

Relativement  aux  moyennes  normales  :  pression  barométrique  peu 
différente;  température  jjIus  élevée  de  0°.G;  pluie  moindre;  temps 
plus  clair. 

L'aubépine  a  commencé  à  fleurir,  dans  le  terrain  de  l'observatoire, 
le  14  mai;  l'acacia  le  23.  On  signale  le  manque  de  fruits  aux  envi- 
rons de  Paris/  excepté  les  pommes;  aux  environs  de  Vendôme 
également.  E.  Renou, 

Membre  de  la  Société  nalioaale  d'agriculture. 


432  PISCICULTURE.  —  PIERRE  GARBONNIER. 

PISCICULTURE  —  PIERRE  GARBONNIER 

Nicolet,  Reray,  Goste,  de  Tillancourt,  Garbonnier,  vous  voilà  donc 
disparus,  hommes  d'initiation  !  Noms  synonymes  de  travail  et  d'hon- 
neur, que  ceux  qui  nous  suivent  doivent  connaître,  et  que  notre  devoir 
est  de  signaler  dans  le  présent  auK  amis  des  choses  utiles,  parce  qu'ils 
sont  et  demeureront  la  base  de  ce  grand  et  beau  mouvement  que  nous 
avons  appelé  l'origine  de  la  pisciculture  française,  c'est-à-dire  de  la 
pisciculture  moderne. 

Pourquoi  a-t-il  fallu  qu'à  cette  trop  longue  énumération  vienne 
encore  s'ajouter  le  dernier  !  Tombé  en  pleine  force  au  moment  où,  lui 
aussi,  nomme  son  prédécesseur;  il  allait,  dans  le  bien  être  d'une  posi- 
tion si  noblement  acquise,  jouir  du  fruit  de  ses  travaux,  et  assister  à 
la  réalisation  de  ses  plus  chères  espérances. 

Dans  le  numéro  du  Journal  du  '28  avril  dernier,  sous  l'émotion  qui 
nous  étreignait  à  la  nouvelle  si  inattendue  pour  nous  de  la  mort  de 
M.  Garbonnier,  nous  avons  pris  l'engagement  de  dire  à  nos  lecteurs 
ce  qu'était  cet  homme  si  modeste  et  si  droit,  ce  vrai  enfant  du  peuple 
arrive  à  la  fortune  et  à  la  gloire  par  l'énergie  de  sa  volonté  ;  car  celui 
dont  nous  allons  parler,  avait  débuté  dans  la  vie  par  être  ouvrier  ferblan- 
tier !...  Quant  la  mort  le  surprit  dans  ce  calme  d'un  intérieur  heureux  et 
indépendant  où  rien  ne  manquait  à  son  bonheur,  sa  joie,  grande  et 
bien  léwilime,  était  de  mettre  au-dessous  du  chevalier  de  la  Légion 
d'honneur  son  titre  de  pisciculteur. 

Pierre  Garbonnier  naquit  à  Bergerac,  en  1828,  d'une  famille  de  tra- 
vailleurs dans  laquelle  il  ne  reçut  qu'une  fort  incomplète  instruction. 

Il  quitta  à  dix-sept  ans  sa  ville  natale  pour  Marseille,  où  il  demeura 
cinq  ans,  et  y  apprit  son  métier,  vint  se  fixer  à  Paris,  en  1855,  comme 
fabricant  d'aquariums  et  de  serres  de  salons. 

Nous  laisserons  l'actif  et  honorable  fabricant  imiter  son  premier 
patron,  M.  Godillot,  au  début  duquel  il  nous  fut  aussi  donné  d'assis- 
ter, parfois  à  notre  grand  regret;  car  l'installation  de  ses  jeux  et  fêtes 
forains,  près  de  l'établisse  i  eut  de  pisciculture  de  M.  de  Gurzay,  à 
En^hien,  nous  causait  en  ces  temps  lointains  de  vives  préoccupations 
pour  nos  poissons. 

Livrer  aux  curieux,,  à  leur  oisiveté,  ces  petits  et  grands  appareils 
d'appartement,  ne  pouvait  pas  suffire  à  Pierre  Garbonnier  ;  à  un  esprit 
aussi  actif  et  réfléchi,  que  lutile  attirait,  que  le  droit  et  le  sérieux  fas- 
cinaient, n'oubliant  jamais  ceux  de  la  vie  desquels  il  avait  vécu  ;  il 
fallait  mieux,  d'autres  horizons  !  Que  de  fois  ne  l'entendions-nous  pas 
nous  dire  :  la  vie  à  bon  marché  pour  le  peuple,  mais  la  voilà  ;  et  quand 
on  le  voudra  et  quand  on  le  saura,  la  pisciculture  sera  un  des  premiers 
termes  de  ce  terrible  problème  que  le  présent  doit  à  l'avenir,  et  qu'il 
faudra  bien  résoudre  ! 

De  la  fabrication  des  aquariums  à  la  pisciculture,  il  n'y  avait  qu'un 
pas  qu'il  franchit  vile.  Avec  l'aisance  arrivée,  il  lui  consacra  ses  loi- 
sirs, et  en  fit,  avec  le  charme  de  cette  vie  toute  faite  d'activité  et  de 
curiosité,  l'objet  de  ses  plus  chères  préoccupations. 

M.  Gaston  ïissandier  a  publié  sur  cette  période  de  ^a  vie  quelques 
lignes  si  pleines  de  charme  et  de  vérité  que  nous  sommes  heureux  de 
reproduire  :  . 


PiSGIGULTURE.   —  PIERRE  CARBONNIER.  433 

Pierre  Garbonnier.  —  Qui  ne  connaît  à  Paris  l'établissement  de  pisciculture 
fondé  sur  le  quai  du  Louvre  depuis  près  de  trente  ans,  par  le  célèbre  pisciculteur 
Garbonnier?  Qui  n'a,  en  passant,  admiré  ces  milliers  de  poissons  de  toute  forme, 
de  toute  provenance,  que  le  maître  surveillait,  soij^nait  et  faisait  reproduire  dans 
des  aquariums  admirablement  disposes,  tout  rem[)lis  d'herbes  afpiatirjues,  et  où 
l'eau  se  renouvelait  sans  cesse?  La  mort  a  récemment  enlevé  à  la  science  et  à  ses 
travaux  Pierre  Garbonnier,  qui  était  un  naturaliste  zélé,  un  savant  laborieux  et  un 
homme  excellent,  plt'in  d'obligeance  et  de  dévouement. 

Ses  mémoires  sur  l'histoire  zoologi(jue  du  poisson  de  la  Chine,  le  macropode, 
sur  le  transport  des  poissons  vivants,  sur  la  reproduction  et  le  développement  du 
poisw)!.  léUscope^  sur  la  nidification  du  poisson  arc-en-ciel^  sur  le  gourami  et  son 
nid  ont,  à  plusieurs  reprises,  attiré  l'attention  des  naturalistes  ;  ils  constituent 
des  observations  originales  qui  ont  nécessité  beaucoup  de  sagacité  et  un  rare 
esprit  d'observation.  Garbonnier  était  un  travailleur  passionné  et  convaincu,  qui 
aimait  la  science  pour  la  science  elle- même.  Il  dirigea  en  1878  les  travaux  de 
l'aquarium  du  Trocadéro  qui  fut  une  des  curiosités  de  l'Exposition  universelle; 
c'est  à  la  suite  de  cette  belle  installation  qu'il  fut  nommé  chevalier  de  la  Légion 
d'honneur.  Pierrre  Garljonnier  était  simple  et  modeste,  se  plaisant  au  milieu  de 
ses  ajuariums  et  de  ses  poissons  qu'il  soignait  avec  une  tendresse  paternelle. 

Nous  compléterons  ce  qui  précède  par  son  action  plus  directe  sur 
le  mouvement  piscicole  proprement  dit,  mouvement  dont  il  avait 
aussi  lui,  et  depuis  si  longtemps  prévu  et  prédit  avec  tant  de  chagrin 
le  lamentable  avortement  sous  la  pisciculture  officielle. 

Nous  rappellerons  d'abord  son  si  spirituel  article  sur  le  fameux 
condostrome  de  l'Ardèche,  illustre  cyprin  anadrome,  fortune  de  notre 
Midi,  panacée  de  l'empoissonnemeat  universel;  bref,  série  complète 
d  hyperboles  ad  usum  Delphini.  Cet  article  fut  le  coup  de  fouet  si  fine- 
ment cinglé  sur  tout  ce  groupe  des  remuantes  personnalités  piscicoles 
de  cette  époqiie,  que  nul  n'en  voulut  plus  être  le  père,  à  tel  point  que 
oncques  depuis  n'en  entendit  parler. 

Personne,  depuis,  ne  s'exposa  à  nous  faire  d'un  des  plus  mauvais 
cyprins,  arrivé  chez  nous  par  les  canaux  du  Nord  et  de  la  Marne,  et 
retrouvé  à  peu  près  partout,  des  nases,  en  un  mot,  une  des  grandes 
ressources  de  l'avenir. 

Son  guide  pratique  du  pisciculteur  (18ô4)  reçut  un  si  favorable 
accueil  qu'en  quelques  mois  l'édition  en  fut  épuisée. 

La  préparation  d'une  seconde  était  une  de  ses  dernières  pensées.  Je 
veux  y  jondre  des  images  nous  disait-il,  peu  de  jours  encore  avant  sa 
mort;  il  les  voulait  en  chromolithographie,  dans  le  genre  anglais; 
il  ne  voulait  point  reculer  jusqu'à  ce  qu'il  en  ait  fait  un  livre  digne 
de  la  bibliothèque  du  pisciculteur. 

Dans  son  travail  sur  les  écrevisses  (1869),  ses  tableaux  de  crois- 
sance passeront,  nous  l'espérons,  dans  noire  enseignement^  à  côté  des 
plus  magnifiques  pages  de  la  pisciculture  fançaise  ;  Coste,  de  Quatre- 
t'ages,  les  D"  Hartz  etHeuxley,  non  exceptés,  qui  ont  fait  l'un  et  l'autre 
le  premier  sur  le  Distoma,  et  le  second  sur  les  sens  de  l'écrevisse,  de 
si  remarquables  publications. 

Ses  articles  sur  la  mortalité  des  poissons  et  surtout  les  idées  qu'il 
émit  le  prfinier  (18C6)  sur  la  nécessité  des  maries, des  7ioues,  des  réser- 
ves, en  un  mot,  étaient  marques  d'un  tel  sens  pratique  qu'ils  furent 
immédiatement  appliqués  et  convertis  en  arrêtés  par  l'administration 
des  ponts  et  chaussées  qui  eut  là  une  de  ces  heureuses  inspirations 
dont  lui  surent  gré  immédiatement  les  amis  de  cette  partie  de  nos 
richesses  nationales,  jusque  là  si  malheureusement  délaissée,  bien 
qu'officiellement  si  largement  dorée. 


434  P  SCIGULTURE.  —  PIERRE  GARBONNIER. 

Nul  ne  l'ignore,  ce  furent  les  beaux  temps  des  grandes  missions 
de  la  pisciculture  impériale  qui  aboutirent,  on  sait  comment. 

Nous  finirons  ces  rapides  observations  sur  quelques-uns  des  tra- 
vaux pris  au  hasard  dans  les  productions  de  cet  esprit  investigateur 
et  surtout  si  opérateur;  car,  quelles  ressources,  quelle  ingénuité  dans 
les  moyens,  quels  aperçus,  si  nous  abordions  ces  détails^  il  nous  fau- 
drait des  pages  dont  nous  ne  saurions  disposer  ici. 

Nous  finirons  donc  par  ces  mots  de  notre  dernier  entretien  dans 
cette  joyeuse  matinée  du  4  avril,  dont  nous  avons  déjà  parlé  :  ils  font 
donc  de  bien  belles  et  sérieuses  choses  en  Ecosse  et  dans  le  Luxem- 
bourg, nous  avez-vous  dit  ! 

Avant  trois  mois,  je  vous  en  dirai  aussi  mon  avis,  je  compte  sur 
vous,  près  de  ces  collègues  dont  il  me  montrait,  en  effet,  les  noms 
sur  son  cai'net. 

Quatre  jours  après,  il  n'était  plus  ! 

Foudroyé  sans  douleurs  près  de  sa  compagne  qui,  après  avoir  aimé 
l'ouvrier,  secondé  ses  débuts,  embelli  sa  vie,  honorait  et  chérissait 
toujours  davantage,  toujours  plus  celui  qu'elle  voyait  respecté  et  honoré 
par  Lout  ce  qui  l'approchait 

Avec  quelle  afï'ectueuse  reconnaissance  ne  nous  montrait-elle  pas  le 
souvenir  que  le  lendemain  de  la  mort  de  son  cher  défunt,  un  nom 
cher  à  la  science  lui  avait  aussitôt  fait  parvenir  : 

«  Madame,  notre  Société  fait  dans  la  personne  de  votre  regretté  mari,  une 
perte  sérieuse,  elle  gardera  le  souvenir  de  l'infatigable  chercheur,  de  l'expérimen- 
tateur accompli,  qui  laisse  après  lui  tant  d'utiles  travaux.  M.  Carbonnier  s'est 
fait  un  nom  qui  restera,  ses  travaux  étant  du  nombre  ceux  qui  ne  s'oublieront  pas. 

«  A.  Geoffroy  Saint-Hilaike.  » 

Qu'aurions-nous  à  ajouter  à  de  si  compétentes  et  affectueuses  pensées  ! 

Cependant,  si  quelque  chose  peut  adoucir  notre  douleur  dans  le  de- 
voir que  nous  venons  de  remplir,  c'est  qu'à  notre  époque  où  tant 
d'idées,  d'aspirations,  de  revendications  d'un  socialisme  confus  et  mal 
dirigé,  hantant,  quand  il  ne  le  trouble  pas,  l'esprit  de  nos  travailleurs, 
c'est  de  pouvoir,  disions-nous,  mettre  sous  leurs  yeux  l'exemple 
d'un  des  leurs,  d'un  de  leurs  plus  fidèles  amis,  la  vie  tout  entière 
de  l'ex-ouvrier,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  du  pisciculteur 
Pierre  Carbonnier!  Chabot, 

Membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture  de  France 

SOCIÉTÉ    NATIONALE    D'A  GUI  CULTURE 

Séance  du  \3  juin  1883.  —  Présidence  de  M.  Chevreul. 

M.  Triana  remercie  la  Société  de  son  élection  comme  membre 
étranger. 

M.  Barbie  du  Bocage  fait  homma2;e  d'un  essai  sur  les  théories  com- 
merciales,  et  M.  Troupin-Morren  envoie  une  étude  sur  la  race  bovine 
courtes-cornes  améliorée,  dite  race  de  Durham. 

M.  le  secrétaire  perpétuel  annonce  la  mort  de  M.  Vallerand,  corres- 
pondant de  la  Société  dans  la  Section  de  mécanique  agricole  et  des 
irrigations. 

La  discussion  s'engage  sur  le  rapport  présenté  récemment  par 
M.  Bouley,  au  nom  de  la  Section  d'économie  des  animaux  sur  la  ques- 
tion suivante  :  l'alimentation  des  porcs  avec  des  viandes  cuites  pro- 
venant d'un  atelier  d'équarrissage  peut-elle  être  dangereus  poeur  l'hy- 


SOCII-':  TK  NATIONALE  D'AGRICULTURE  DE  FRANCE.  435 

gyène  publique?  M.  Bouchardat  commence  par  exprimer  l'opinion  que 
l'enfouissement  lui  paraît  préférable  à  tout  autre  procédé,  lorsqu'il 
s'agit  d'animaux  atteints  du  charbon  ou  d'autres  maladies  contagieu- 
ses. M.  Bouley  rappelle  qu'il  résulte  des  expériences  do  M.  Pasteur 
que  l'enfouissement  ne  détruit  pas  les  germes  des  maladies  charbon- 
neuses, et  que  ces  germes  sont  souvent  ramenés  à  la  surface  du  sol 
par  les  vers  de  terre,  où  ils  redeviennent  dangereux  pour  les  animaux 
domestiques,  tandis  que  la  cuisson  des  animaux  morts  détruit  com- 
plètement ces  germes  ;  il  en  résulte  que  l'équarrissage  donne,  de  ce 
côté,  pleine  satisfaction  à  l'hygiène  publique.  —  Quelques  autres 
membres  soulèvent  ensuite  la  question  de  l'opportunité  d'un  vote,  de 
la  part  de  la  Société,  sur  une  question  qui  lui  est  soumise  par  un  par- 
ticulier. —  Quoique  M.  Bouley  déclare  que  la  Section  a  voulu  écarter 
tout  ce  qui  est  en  dehors  d'un  intérêt  d'ordre  général,  il  est  sursis  à 
la  discussion  du  rapport, 

M.  Bignon  fait  une  communication  sur  les  résultats  inattendus  que 
le  traitement  des  vignes  au  sulfate  de  fer  contre  l'anthracnose,  a 
donnés,  dans  sorj  domaine  de  La  Houringue  (Médoc),  pour  écarter  les 
escargots,  dont  la  destruction  entraînait  une  dépense  moyenne  de 
50  francs  par  hectare  en  main-d'œuvi'e.  Tous  les  pieds  de  vigne  traités 
au  sulfate  de  fer,  et  ils  sont  faciles  à  reconnaître,  puisque  ce  sont  envi- 
ron 150,000  pieds  de  Malbec  disséminés  sur  les  500,000  pieds  qui 
forment  son  vignoble,  ont  été  épargnés  par  les  escargots.  Il  y  a  là  une 
indication  utile  dont  les  viticulteurs  pourront  faire  leur  profit. 
M.  Bignon  donne  ensuite  des  détails  sur  les  soins  qu'il  donne  à  ses 
vignes,  en  défonçant  le  sol  à  60  centimètres,  et  en  déposant  les  engrais 
à  cette  profondeur,  de  manière  à  donner  plus  de  profondeur  aux 
racines  et,  par  suite,  plus  de  vigueur  aux  tiges;  avec  ces  so-ins,  et  en 
choisissant  dans  les  plants  du  Bordelais  ceux  qui  sont  à  bois  dur,  il 
estime  pouvoir  assurer  à  ses  vignes  une  vigueur  qui  leur  permettra  de 
résister  pendant  quelques  années  de  plus  aux  atteintes  du  phylloxéra. 

M,  Chevreul  fait  remarquer  qu'il  faut  tenir  compte  que  le  sel  de  fer 
employé  contre  l'anthracnose  .est  du  sulfate  de  protoxyde  de  fer,  et 
non  du  sulfate  de  peroxyde  de  fer,  dont  les  propriétés  sont  tout  autres. 

M.  Gaston  Bazile  fait  connaître  que,  dans  le  Sud-Est,  le  phylloxéra 
se  propage  cette  année  avec  une  grande  rapidité;  les  taches  se  multi- 
plient de  plus  en  plus  dans  les  arrondissements  de  Béziers  (Hérault) 
et  de  Narbonne  (Aude).  Ses  plantations  de  vignes  américaines  conti- 
nuent à  lui  donner  pleine  satisfaction  :  les  Jacquez,  qui  ont  mainte- 
nant dix  ans,  se  maintiennent  avec  une  vigoureuse  végétation  et  se 
couvrent  de  raisins;  quant  à  ses  vignes  franco-américaines,  greffées 
depuis  trois  à  cinq  ans,  elles  sont  aussi  en  pleine  production,  et  rien 
ne  fait  prévoir  que  leur  vigueur  puisse  fléchir.        Henry  Sagnier. 

REVUE  COM^ÏERGIALE  ET  PRIX  GOURANT  DES  DEXRÉES  AGRICOLES 

(16  JUIN  1883). 
I.  —  Situation  générale. 
Les  marchés   agricoles  continuent  à  présenter   peu  d'animation.  L'importante 
opération  de  la  fenaison  retient  presque  partout  les  cultivateurs. 

II.  —  Les  (jrai7is  et  les  farine.'!. 
Les  tableaux  suivants  résum3nt  les  cours  des  céréales,  par  quintal  métrique, 
sur  les  principaux  marchés  de  la  F'rance  et  de  l'étranger  : 


436 


RKVUE    COMMERCIALE  ET   PRIX   COURANT 


1"  RÉGION.  —  NORD-OÏIEST 

Blé.  Seigle.    (  „ 

fr.  fr.          fr. 

Calvados.  Condé 23.00  20.00     19  50 

—  Lisieux 24.00  18.25         » 

C'o«.-rfu-iVorrf.  Lannion..   23.50  »         17.50 

—         Tréguier.  23.50  »         17.00 

Finislére.  Morlalx 24.25  »         17.50 

—  Quiraper 24.00  17.25     17.00 

tUe-et-Vilaine.  Reunes..  24.50  »        i6.25 

—        Fougères...  24.25  »            » 

Manches.  Avranclies. . .  25.50  »        21.00 

—  Ponlorson... .  25.00  »         19.75 

—  Villediea 26.00  16.75     20.50 

Mayenne.  Laya.] 25.00  »        17.80 

—  Mayenne 25.50  »         18.75 

Morbihan.  Hennthont. .  25.00  14.75         » 

Orne.  Alençon.. 24.75  17.00     20.00 

—  Mortagne 2450  15.75     18.50 

Sar</ie.  Le  Mans 25.50  15.25     16.50 

—  Sablé 25.50  »         16.50 

Prix  moyens 24.63  16.88     18.27 

2   RÉGION.  —  NORD. 

Aisne.  Château-Thierry.  24.25  15.75     17.75 

—  Saint-Quentin...  23. 5S  »            » 

—  Villers-Cotterets.  22.00  15.75        » 
Eure.  Bernay 23.50  14.50     20.50 

—  Les  Andelys 23.85  14.50     18.50 

—  Louviers 23.50  15.00     20.75 

Eure-el-Loir.  Chartres..  23.25  15.00     17.00 

—  Auneau 24  00  15.25    50.70 

—  Nogent-le-Rotrou.  25.20  »        20.15 
A'ord.  Cambrai 24.00  16.25     18.75 

—  Douai 23.75  15.00     20.50 

—  Vaienciennes 25.00  16.50        » 

Oise.  Beauvais 22.00  15.50     18.75 

—  Compiègne 21.75  15.25     18.00 

—  Senlis 22.00  1.^.50        » 

Pas-de-Calais.  Arras...  25.00  16.00    18.75 

—  Sani-Omer 24.50  17.00        » 

Seine.  Paris 25.75  16  15     18.00 

S.-ei-il/or.  Damreartin...  22.00  15.50    17.50 

—  Meiun 25.00  15.25        » 

—  Provins 24.50  16.00     18.80 

S.-et-Oise.  Angerville...  23.00  »        16.50 

—  Pontoise 24.00  «             » 

—  Versailles 23.50  15.50     19.00 

Seine-Inférieure.B.ouen.  24  10  14.95     20.60 

—  Fécatnp 22.50  15.50     19.00 

—  Yvetot 21.50  15.50     21.00 

Somme.  Doullens 23.50  15.25     19.00 

—  Péronne 23.00  »        18.00 

—  Roye 22.75  15.50      17.00 

Prix  moyens 23.46  15.40     18.93 

3*  RÉGION.  —  nord.es  r. 

Ardennes.  Charleville..  23.50  16.00    19.50 

—  Sedan 23.00  16.50     18.50 

Aube.  Bar-sur-Seine 22.75  »        19.80 

—  Méry-sur-Seine...  22.85  15.00     17.25 

—  Troyes 23.00  15.10     17.50 

Marne.  Epernay 23.50  15  00     19.50 

—  Sezanne 23  00  15.25     17.50 

—  Sainte-Menehculd.  22.75  16.25    17.50 
Ilte-Marne.   Bourbonne.  22.50  <>             » 
Meurlhe-el-Mos.  Nancy.  23.25  18.50     17.50 

—  LunéviIIe 24.00  »            >> 

—  Toul 23.50  16.50      16.00 

Meu'se.  Bar-Ie-Duc 23.65  16  50     17.25 

—  Verdun 23.00  16.25     16.50 

Hauie-Saône.  Gray 23.00  »            » 

Vosges.  Neufchâteau 23. 5C  15.75     17.50 

—  Epinal 23.45  15.50         » 

—  Mirecourt 23.75  ><            » 

Prix  moyens 23.22  16.01     17.83 

4"  RÉGION.  —  OUEST. 

Charente.  Angouléme...  25.00  19.00    20.50 

—  Ruflec 24.50  18.25      18.50 

C/iar-.-M/i!)'.  La  Rochelle  24.00  »        17.00 

Deux-Scvres .  Niort 24.00  s         17.50 

Indre-et-Loire.  B\éré 23.75  15.50     20. 00 

—  Tours 24.50  15.75     17.80 

Z.oire-M/'.  Nantes 26.25  »            » 

M.-et-Loirc.  Saumur 25  50  16.50     17.50 

—  Angers 24.00  15.75     19.00 

Vendée,  huqon 24.00  >         18.00 

—  Fonteliay-le-Comte  23.75  »        17.80 
Vienne.  Chàtèllerault.. .  24.50  16.00     18. 25 

—  Loudun 25.00  15.50      18.75 

Haute-Viemie.  Limoges.  24.75  17.25        » 

Prix  moyens 24.53  16.61     18.38 


Avoine. 

fr. 

24.50 

23.00 

19.25 

18.75 

17.25 

17.25 

20.25 

20.00 

24.00 

24.50 

24 .  25 

20.25 
20.00 
2 1 .  00 
20.25 
22.25 
21.50 

21.07 


17.75 
18.00 
18.00 
20.50 
20.00 
19.50 
19.00 
20.00 
21.90 
16  00 
17.25 
17.50 
19.50 
19.00 
17.50 
17.25 
17.20 
19.75 
18.00 
18.20 
19.25 
19.40 
20  00 
21.00 
21.50 
21.25 
19.00 
17.20 
18.20 
19.00 

13.90 


20.50 
20.00 
19.75 
18.50 
17.25 
20.50 
20.50 
19.00 
15.50 
1 8 ,  00 

1 7 .  00 
19.75 
18.00 
17.25 
18.00 
16.50 


31.25 
18.75 
19.00 
18.25 
18.00 
18.00 
19.-40 
19.75 
20.25 
17.50 
17.25 
18.00 
18.50 
18.00 

18.71 


5"  RÉGION.  —  CENTRE. 

Blé.    Seigle. 

fr.  fr. 

Allier.  Moulins 23.75  15.00 

—  Monlluçon 24.50  16.25 

—  Saint- Pourçain.. .  25.50  17.00 
Cher.   Bourges 23.23  15.25 

—  Graçay 24.00  15.00 

—  Aubigny 24.00  15.50 

Ci'puse.  Aubusson 23. .'.0  16.75 

/ndce.  Chàteauroux  . . . .   24.50  15.25 

—  Issoudun 24.25         >> 

—  Valençay 23.75  15.75 

Loiret.  Orléans 23.50  15.50 

—  Montargis 24.25  17.00 

—  Gien 24.25  15.50 

L. -el-C  her.  Slois 23.50  1520 

—  Montoire 23.75  14.50 

Nièvre.  New  ers 23.75         » 

—  La  Charité 23.75  16.00 

Yonne.  Brienon 24.00  15.75 

—  Saint-Florentin...  24.00  Ifi.oo 

—  Sens 25.00  16.25 

Prix  moyens 24.04  15.72 

6'  RÉGION.  —  EST. 

Ain.  Bourg 25.00  16.50 

—  Pont-de-Vaux....  24.75  16.00 
Côle-d'Or.  Di}on 21.50  15.25 

—  Semur 22.00  16.50 

Z)ou6s.  Besançon 22.60        » 

Isère.  Grenoble 26.25         » 

—  Bourgoin 24.75  15.25 

Jura.  Dole 22.25  15.50 

Loire.  Roanne 24.00  I4  75 

P.-de-Z>ÔOTe.  Clermont.F.  25.00  15.50 

Rhône.  Lyon 25.25  14.50 

Saône-et-Loire.  Autun.     22:50  15.50 

—  Chalon 24.50  16.65 

6at)ote.  Chambéry... ...  26.75  20.00 

Hte-Savoie.  Annecy 24.85        » 

Prix  moyens 24.13    15.99 

T  RÉGION.  —  SUD-OUEST 
Ariége.  Foix 25.00     18.50 

—  Pamiers 26.75     17.00 

Dordogjxe.  Bergerac. . ..  25  20     18. 00 
//«e-Garo)me.  Toulouse.   24.75     18.50 

—  St-Gaudens 25.00  17.00 

Gers.  Condom 26.00        » 

—  Eauze 27.00        » 

—  Mirande 25.50        » 

Gironde.  Bordeaux 27.00  18.5) 

—  Bazas 26.25        » 

Landes.  Dax 27.25  20  00 

Loi-et-Garonne.  Agen...  27.00  19.00 

—  Nérac 26  85        » 

B.-P2/»*éwées.  Bayonne..  27.00        » 

//<es-Pi/re'nées.  Tarbes..  26.50  17.75 

Prix  moyens 26.20  18.25 

8*  RÉGION.  —  SUD. 

Aude.  Castelnaudary...  26  00  17.75 

Aveyron.  Rodez 22.7  5  16.50 

Can<a/.  Mauriac 25.35  21.85 

Corrêze.  TaWe 25.00  18.00 

Hérault.  Montpellier...  26.00  » 

—  Cette 27.25  » 

Loi.  Cahors 26.00  17.10 

Lozère.  Mende 24.70  18.65 

Pyréjiées-O/'. Perpignan.  27.70  18.40 

ï'aDi.  Castres 27.00  18.50 

Tarn-el-Gar. MonUuuan  25.75  16.SO 

—  Moissac 25.00  18.00 

Prix  moyens 25.71  I3.3ii 

9°  RÉGION.  —  SUD-EST. 
Basses-Alpes.  Manosque  28.50        » 

Hautes- Alpes.  Briançon.  28.25  19.50 

Alpes-Maritimes. Ca.nnes  26.00  17.25 

Ardéc/ie.  Privas 26.20  iS.id 

i?.-du-/î/iône.  Arles....  27.00        » 

ZJrôme.  Valence 24.50  16.50 

Gard.  Alais 26.20        »    . 

Hnute-Loire.  Le  Pay 23  ."lO  15.25 

Far.  Dra^uignan 26.00        » 

Fawciase.  Carpentras.. .  26.25  18.25 

Prix  moyens 26.24     17.42 

Moy.  de  toute  la  France  24.68     16.75 
—  de  la  semaine  précéd.  24. 8S    lb.99 

Sur  lasemainejHausse.       »  » 

précédente..  (Baisse..     0.20      0.24 


Orge. 

\YoiDe. 

fr. 

fr. 

18  00 

18.75 

20.00 

18.50 

18.00 

19.00 

16.75 

18.50 

19.50 

17.75 

19.00 

17.50 

» 

18.00 

17.25 

17.50 

18.75 

13.00 

19.00 

17.00 

18.75 

19.75 

17  50 

19.25 

13.40 

18.25 

20.10 

2(1.50 

19.25 

19.00 

1) 

16.50 

» 

18.00 

16.50 

19.25 

17.00 

19.50 

17.50 

19.50 

13.31      18.50 


» 

18.00 

» 

20.00 

17.50 

17.75 

» 

17.50 

19.25 

17.00 

» 

19.00 

16.75 

14.75 

17.00 

18.50 

17.80 

19.25 

18.00 

20.00 

18.00 

20.70 

» 

16.50 

18.00 

19.50 

» 

21.00 

» 

19.75 

17.79      18.83 


19 

25 

18 

50 

20. 

50 

19 

00 

20 

25 

19. 

25 

20. 

50 

19. 

00 

20 

75 

) 

20 

25 

J 

21 

00 

21 

00 

18 

75 

19 

25 

» 

18 

80 

20 

50 

20 

50 

18 

00 

18 

75 

) 

18 

50 

18 

76 

20 

06 

20 

00 

18 

50 

19 

00 

22 

65 

18 

25 

18 

.50 

17 

50 

19 

00 

18 

00 

20 

.50 

17 

25 

18 

.00 

18 

65 

17 

.70 

21 

20 

25 

.00 

20 

.00 

19 

00 

20 

25 

18 

50 

20 

.50 

18 

71 

19 

97 

23 

00 

20 

25 

17 

JO 

18 

00 

17 

15 

18 

60 

17 

25 

18 

50 

17 

20 

) 

20 

50 

19 

50 

19 

25 

18 

00 

18 

50 

18 

50 

18 

00 

17 

98 

19 

18 

18 

33 

19 

30 

18 

'i7 

19 

35 

O.l'i 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (  16  JUIN  1883).  437 

Blé.  Seigle.  Orge.  Avoine 

fr.  fr.  fr.                fr. 
,,    .  .                         .,       (  blé  fendre...         25.00 

Algérie.         .           ^Igerj  ,^, .  j^^_. ^S.Tf,  ,.  lô.r.O  IF,. 25 

Angleterre.  Londres 24.80  »  1!J.2.'.  20.00 

Belijique.  Anvers 2'i.00  18.8.Ï  22.00  20.60 

—  Bruxelles 2.Ô.10  17.(iO 

—  Liè^c 23.8b  18.00  19. .ÏO  18.00 

—  Nanuir 22.75  16.75  20.00  15. ÔO 

Pays-Bas.  Amslerdam 24.65  17.70  »                » 

Luxembourg.  Luxembourg 24.00  20.00  »  18.50 

Alsace-Lorraine.     Strasbourg 25.00  18  00  21.75  17.25 

—  Mulhouse 23.50  17. .50  17. .50  18.25 

—  Golmar 24  25  18.00  17.00  17.00 

Allemagne.  Berlin 23.60  18.50  17.50 

—  Cologne 26.25  18.75 

—  Hambourg 23.25  18.25 

Suisse.  Genève 26  .50            »  »  21 .  75 

Italie.  Mibui 24.50            »  -  17.85 

Esjiarpie.  Valladolid 25.00 

Autriche.  Vienne 21.00  15.25  15.75  14  00 

Hongrie.  Budapeslh 'IQ.'M  15.50  16.00  13.75 

Russie.  SainL-rélersbourg..  21.50  15.80  »  12.75 

Etats-Unis.  New-York 23.85            »  »                » 

Blés.  —  La  situation  continue  à  être  bonne  presque  partout  pour  les  blés  en 
terre.  La  végétation  se  poursuit  avec  régularité,  et  à  moins  de  circonstances  tout 
à  fait  défavorables  d'ici  à  la  moisson,  il  est  permis  de  compter  sur  une  bonne 
récolte.  Dans  peu  de  semaines,  la  coupe  des  blés  commencera  dans  le  Midi  ;  elle 
est  déjà  à  peu  près  faite  en  Algérie,  du  moins  dans  les  parties  les  plus  avancées  ; 
pour  notre  colonie,  l'année  est  bonne.  Le  commerce  est  toujours  dans  une  situa- 
tion de  calme  à  peu  près  complet;  les  offres  sont  presque  nulles,  et  les  cours 
varient.  — A  la  halle  de  Paris.,  le  mercredi  13  juin,  il  y  a  eu  peu  d'affaires; 
les  belles  qualités  sont  recherchées  avee  un  peu  de  hausse.  On  cote  de  24  fr.  50 
à  27  fr.  par  100  kilog.  suivant  les  qualités,  ou  en  moyenne  2b  fr.  75.  —  Au  Havre, 
les  blés  d'Amérique  sont  faiblement  tenus;  on  cote  de  25  fr.  à  27  fr.  25  par 
quintal  métrique  suivant  les  sortes.  —  A  Marseille,  les  affaires  sont  calmes  pour 
les  diverses  sortes.  Les  arrivages  ont  été  de  144,000  quintaux  environ  pendant  la 
semaine;  le  stock  est  actuellement  dans  les  docks,  de  97,000  quintaux.  Au  dernier 
marché,  on  cotait  par  100  kilog.  :  Red-winter,  27  fr.  75;  Irka,  26  fr.  ;  Pologne, 
26  à  26  fr.  50  ;  Bessarabie,  25  fr.  50  à  26  fr.  ;  Irka  Danub^  24  fr.  50  ; 
Bombay,  24  à  24  fr.  75.  —  A  Londres,  les  importations  de  blé  ont  été  de  380,000 
quintaux  depuis  huit  jours  ;  les  prix  sont  en  baisse.  On  cote  de  23  fr.  80  à 
25  fr.  80  par  100  kilog.,  suivant  les  qualités   et  les  provenances. 

Farines.  —  Les  demandes  sont  plus  actives,  et  il  y  a  plus  de  fermeté  dans  les 
prix  pour  les  sortes  disponibles.  On  payait  les  farines  de  consommation,  à  la  halle 
de  Paris  le  mercredi  13  juin  :  marque  de  Gorbeil,  60  fr.  ;  marques  de  choix, 
60  à  62  fr.  ;  premières  marques,  ^8  à  59  fr.  ;  bonnes  marques,  57  à  58  fr.; 
sortes  ordinaires,  54  à  56  fr.;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.  toile  à  rendre  ou 
157  kilog.  net,  ce  qui  coirespond  aux  prix  extrêmes  de  34  fr.  40  à  39  fr.  50  par 
100  kilog.,  ou  en  moyenne  36  fr.  95;  c'est  une  hausse  de  0  fr.  65  sur  le  prix 
moyen  du  mercredi  précédent.  — En  ce  qui  concerne  les  farines  de  spéculation,  on 
cotait  à  Paris  le  mercredi  13  juin  au  soir  :  farines  neuf -marques,  courant  du 
mois,  58  fr.  25  à  58  fr.  50  :  juillet,  £8  fr.  75  ;  juillet  et  août,  59  fr.  ;  quatre  der- 
niers mois,  60  fr.  25  à  60  fr.  50;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.,  toile  perdue 
ou  157  kilog.  net.  —  Pour  les  farines  deuxièmes,  on  cote  de  24  à  26  fr.;  et  pour 
les  gruaux,  de  46  à  57  fr.  ;  le  tout  par  100  kilog.  comme  précédemment. 

Seigles.  —  H  y  a  peu  d'affaires  sur  ce  grain.  On  paye  .t  la  halle  de  Paris 
16  fr.  à  16  fr.  25  par  100  kilog.  Les  farines  de  seigles  sont  vendues  de 
24  à  26  fr. 

Orges.  —  Les  ventes  sont  restreintes.  On  cote  à  Paris  de  17  fr.  50  à  13  fi-.  50 
par  100  kilog.  suivant  les  sortes.  Les  escourgeons  valent  de  17  fr.  50  à  18  fr.  — 
A  Londres,  les  importations  sont  toujours  restreintes,  et  les  prix  sans  variations, 
de  18  à  20  fr.  50  par  quintal  métri([ue. 

Avoines.  —  H  y  a  beaucoup  d'oftVes,  et  les  prix  sont  en  baisse.  On  cote  à 
la  halle  de  Paris  de  18  fr.  50  à  21  fr.  par  100  kilog.  suivant  poids,  couleur  et 
quahté.  —  A  Londres,  les  importations  ont  été  de  88,000  quintaux  depuis  huit 
jours  ;  il  y  a  tendance  à  la  baisse  dans  les  prix,  aux  cours  de  18  fr.  kOk'21  fr-  50 
par  100  kilog. 


438  REVUE  COMMERCIALE   ET  PRIX-COURANT 

Sarrasin.  —  On  cote  à  la  halle  de  Paris,  17  fr.  50  à  18  fr.  par  100  kilog. 
'31aïs —  Peu  d'affaires  sur  les  maïs  d'Amérique,  qui  valent,  au  Havre,  16  à  17  fr. 
par  quintal  métrique. 

Issues.  —  Les  demandes  sont  restreintes  et  les  prix  faibles.  On  cote  à 
Pans  :  gros  son  seul,  15  fr.  à  15fr.  25  ;  sons  gros  et  moyens,  14fr.  25  à  14  fr.  75', 
son  trois  cases,  13  fr.  50  à  14  fr.;  sons  fins,  13  fr.  à  13  fr.  25;  recoupettes, 
13  fr.  à  13  fr.  25;  remoulages  bis,  14  à  15fr.;  remoulages  blancs,  16  à  17  fr. 

III.  —  Fruits  et  légumes  frais. 

Fruits.  —  Dernier  cours  de  la  halle  :  cerises  en  primeur,  le  panier,  1  fr.  50 
à  3  fr.  50;  communes,  le  kilog.,  Ofr.  50  à  2  fr.  50;  fraises,  le  panier,  2  fr.  50  à 
5  fr.;  le  kilog.,  0  fr.  60  à  I  fr.  90;  melons,  la  pièce  3  à  8  fr. 

Gros  léguynes.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris:  asperges  aux  petits  pois,  la  botte, 
0  fr.  75  à  2  fr.  75;  communes,  la  botte,  2  fr.  à  15  fr.;  carottes  nouvelles,  les 
100  bottes,  40  à  70  fr.;  d'hiver,  l'hectolitre,  4  à  5  fr.  ;  de  chevaux,  les  100 
bottes,  15  à  25  fr.;  choux  nouveaux,  le  cent,  4  à  18  fr.;  navets  nouveaux,  les 
100  bottes,  40  à  80  fr.;  oignons  nouveaux,  les  100  bottes,  20  à  35  fr.;  en  grain, 
l'hectolitre,  10  à  13  fr.;  panais  communs,  les  100  bottes,  15  à  20  fr.;  poireaux 
communs,  les   100  bottes,  20  à  40  fr.;  pois  verts,  le  kilog.,  0  fr,  22  à  0  fr..28. 

IV.  —  Vins,  spiritueux,  vinaigres,  cidres 

Vins.  —  Les  apparences  de  la  vigne  sont  toujours  bonnes  dans  la  plupart  des 
vignobles  ;  les  caractères  de  la  saison  sont  d'ailleurs  favorables  à  la  floraison  qui 
est  commencée  dans  beaucoup  de  régions.  Les  semaines  se  passent  sans  amener 
d'accidents,  de  telle  sorte  que  l'espoir  d'une  belle  récolte  est  général;  c'est  sur- 
tout en  Bourgogne  que  ce  sentiment  est  vif;  depuis  plusieurs  années,  les  ven- 
danges y  ont  été  piètres,  et  il  est  temps  qu'une  année  plus  favorable  arrive.  Le 
commerce  présente  toujours  beaucoup  de  calme.  Voici  les  derniers  cours  pratiqués 
à  Paris-Bercy  :  Vins  rouges  :  Basse-Bourgogne,  110  à  200  fr.  le  muid  ;  Bordeaux, 
150  à  200  fr.  la  pièce;  Cher  vieux,  150  à  180  fr.;  nouveau,  110  à  120  fr.;  Gihors, 
140  à  150  fr.;  Chinon  nouveau,  165  à  220  fr.;  Maçonnais  et  Beaujolais  vieux,  160 
à  250  fr.;  nouveau,  125  à  165  fr.;  Montagne,  40  à  50  fr.  l'hectolitre;  Narbonne, 
50  à  60  fr.;  Roussillon,  60  à  75  fr.;  Touraiue  nouveau,  95  à  100  fr.  la  pièce;  — 
Vins  blancs  :  Anjou,  140  à  160  fr.  la  pièce;  Basse-Bourgogne,  150  à  200  fr.  le 
muid;  Bergerac  et  iSainte-Foy,  170  à  2  10  fr.;  Ghabhs,  170  à  300  fr.;  Entre  Deux- 
Mers,  125  à  135  fr.;  Pouilly,  225  à  350  IV.;  Picquepoul,  60  à  62  fr.  l'hectolitre; 
Pouilly-Sancerre,  IbO  à  170  fr.;  Vouvray,  168  à  :i25  fr.j  —  Vins  étrangers  : 
Espagne,  42  à  60  fr.  l'hectolitre  à  15  degrés;  Portugal  nouveau,  48  à  55  fr.; 
Sicile,  45  à  55  fr.;  Italie,  50  à  65  fr.;  Dalmatie,  50  à  58  fr.;  Turquie,  50  à  56  fr. 

Spiritueux.  —  Gomme  il  fallait  s'y  attendre,  le  vote  de  la  Ghambre  des  députés 
contre  le  vinage  a  amené  un  mouvement  de  baisse  prononcé  à  Paris  sur  les 
alcools.  On  cote  par  hectolitre  :  3/6  fin  Nord,  r*-'  qualité  90  degrés,  disponible, 
49  fr.  25  à  49  fr.  58  ;  juillet,  49  fr.  75  à  50  fr.  ;  juillet  et  août,  50  fr.  25  ;  quatre 
derniers  mois,  50  fr.  7o.  —  Le  stock  était,  au  13  juin,  de  19,3;0  pipes,  contre 
16,050  en  1882.  Dans  le  Midi,  on  cote  :  Nîmes,  3/5  bon  goiit,  100  fr.;  marc, 
95  fr.;  —  Gette,  3/6  bon  goiit,  110  fr  ;  marc,  100  fr.  —  A  Gognac,  on  paye  les 
eaux-de-vie  1878  à  1880  :  Borderies,  220  à  225  fr.;  fins  bois,  210  à  220  fr.;  bons 
bois,  200  à  210  fr.;  bois  éloignés,  190  à  200  fr.  A  Gondom  (Grers;,  on  paye  : 
Haut-Armagnac,  190  à  205  Ir.;  Ténarèze,  162  à  165  fr.;  Bas-Armagnac,  153 
à  155  fr. 

V.  —  Sucres.  —  Mélasses.  —  Fécules.  —  Glucoses.  —  Amidons.  —  Houbloris. 

Sucres.  —  La  situation  est  toujours  la  môme;  les  affaires  sont  calmes,  et  les 
prix  sans  variations.  On  cote  à  Pans,  par  100  kilog.  :  sucres  bruts  88  degrés,  54  fr.  ; 
les  99  degrés,  61  fr.  25  61  fr.  50.  Le  stock  de  l'entrepôt  réel  était  au  i 3  juin,  de 
540,000  sacs  pour  les  sucres  indigènes,  avec  une  diminution  de  44,U00  sacs 
depuis  huit  jours.  —  Les  prix  sont  faibles  sur  les  sucres  raffinés,  de  lOb  fr.  à 
106  fr.  par  100  kilog.  à  la  consommation;  et  sans  changements  pour  l'exporta- 
tion, de  65  fr.    à  67  fr.  50 

Mélasses.  — Prix  sans  changements.  On  paye  à  Paris  par  100  kilog.  :  mélasses 
de  fabrique,  11  fr.  ;  de  raffinerie,  12  fr. 

Féculf's.  —  Les  cours  ne  varient  jDas.  On  cote  les  fécules  premières  40  fr. 
par  100  kilog.  à  Paris  et  à  Gompiègne. 

Glucoses.  —  Les  prix  sont  soutenus.  Ou  paye  à  Paris  par  100  kilog.  ;  sirop  de 
froment,  54  à  56  fr.  ;  sirop  massé,  43  à  45  fr.  ;  sirop  liquide,  35  à  37  fr. 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (16  JUIN   1883).  439 

HouhJons.  —  Les  houblonnières  ont  toujours  une  végétation  rér^ulière;  si  rien 
ne  vient  en  entraver  le  marché,  on  peut  compter  sur  une  bonne  récolte.  Le  com- 
merce présente  toujours  beaucoup  de  ca!me  avec  des  prix  très  fermes. 
VI.  —  Huiles  et  graines  oléagineuses.  —  Tourteaux. 

Huiles.  —  Il  y  a,  depuis  huit  jours,  plus  de  fermeté  dans  les  prix  des  huiles  de 
colza.  On  paye  à  Paris  par  100  kilog.  :  huile  de  colza  en  tous  fiàts,  I(>1  fr.  ;  en 
tonnes,  103  ir.;  épurée  en  tonnes,  111  fr.  ;  huile  de  lin  en  tous  fûts,  55  fr.  50; 
en  tonnes,  5  7  fr.  50.  —  Les  affaires  sont  calmes,  sur  les  marchés  du  Nord,  sans 
variations  sensibles  dans  les  prix  pour  les  huiles  de  graines  :  Dans  le  Midi, 
maintient  des  cours  des  huiles  d'olive 

Graines  oléagineuses.  —  On  signale  de  la  fermeté  dans  les  cours.  On  paye 
par  hectolitre  dans  le  Nord  :  graine  d'œillette,  24  à  28  fr.  ;  de  colza,  23  fr.  50  ; 
de  lin,  17  à  18  fr.  50;  de  cameline,  15  à  18  fr.  50. 

Tourteaux.  —  Prix  soutenus.  Oh  paye  à  Marseille  par  100  kilog.  :  tourteaux 
de  lin,  15  fr.  75;  d'arachides  en  coques,  10  fr.  75;  d'arachides  décortiquées,  14  fr.  ; 
de  sésame  blanc,  15  fr.;  de  colza  du  Danube,  12  fr.  25  ;  de  coton  d'Egypte,  12  fr.; 
de  palmiste  naturel,  11  fr.  75;  de  ricin,  10  fr.  ;  de  ravison,  10  fr.  75. 

Engrais.  —  On  cote  les  nitrates  de  soude  29  fr.  50  par  100  kilog.  à  Dunkerque. 
VII.  —  Matières  résineuses,  textiles. 

Matières  résineuses.  —  La  hausse  a  repris  le  dessus  cette  semaine.  On  paye  à 
Bordeaux,  73  fr.  par  100  kilog.  pour  l'essence  de  térébenthine. 

Lins.  —  Dans  le  Pas-de- Calais,  on  cote  de  65  à  90  fr.  par  100  kilog.  pour  les 
lins  de  pays. 

Laines.  —  Les  offres  sont  nombreuses  pour  toutes  les  régions  ;  les  prix  ne 
varient  pas  beaucoup  dans  les  limites  que  nous  avons  précédemment  indiquées.  A 
Château-Thierry,  on  paye  les  laines  en  suint,  2  fr.  à  3  fr.  30  par  kilog.;  celles 
d'agneaux,  2  fr.  50  à  2  fr.  60  ;  laines  lavées  à  dos,  4  fr.  à  4  fr.  20. 

VIII.  —  Suifs  et  corps  gras. 

Suifs.  —  Les  prix  ne  varient  pas.  On  paye  à  Paris,  101  fr.  par  100  kilog.  pour 
les   suifs  purs  de  l'abat  de  la  boucherie;    75  fr.  75  pour  les  suifs  en  branches. 

Saindoux.  —  H  y  a  peu  d'affaires.  On  cote  au  Havre  les  saindoux  d'Amérique, 
135  fr.  oO  à  136  fr.  par  quintal  métrique. 

IX.  —  Beurres.  —  Œufs.  —  Fromages. 

Bewres.  — Il  a  été  vendu,  pendant  la  semaine,  à  la  halle  de  Paris,  157,356  kilog. 
de  beurres.  Aux  derniers  marchés,  on  payait  par  kilog.  :  en  demi-kilog.,  1  fr.  92 
à  3  fr,  52;  petits  beurres,  1  fr.  70  à  2  fr.  58  ;  Cournay,  I  fr.  80  à  2  fr.  86  ;  Isigny, 
2  fr.  20  à  7  fr. 

Fromages.  —  Dernier  cours  de  la  halle  de  Paris,  par  douzaine  :  Brie,  3  à  11  fr.; 
Montlhéry,  15  fr.  ;  — par  cent,  Livarot,  25  à  103  fr.  ;  Mont-d'Or,  5  à  27  fr.;Neuf- 
châtel,  3  à  21  fr.;  divers,  5  à  51  fr.;  —  par  100  kilog..  Gruyère,  130  à  180  fr. 
X.  —  Chevaux,  bétail,  viande. 

Chevaux.  —  Aux  marchés  des  6  et  9  juin,  à  Paris,  on  comptait  953  chevaux. 
Sur  ce  nombre,  336  ont  été  vendus  comme  il  suit  : 


Chevaux  de  cabriolet. . 

—  de  trait 

—  hors  d'âge. . . 

—  à  l'enchère.. . 

—  de  boucherie. 


Amenés. 

Vendus. 

Prix  extrêmes. 

197 

47 

200  à      900  fr. 

285 

57 

2.50  à  1,120 

:ibi 

106 

25  à  1,000 

34 

34 

30  à      370 

92 

92 

20  à       140 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  officiel  du  marché  aux  bes- 
tiaux de  la  Villette,  du  jeudi  7  au  mardi  12  juin  : 

Poids      Pris  du  kilog.  de  viande  nette  sur 
Vendus  moyen  pied  au  marche  du  U  juin. 

Pour  Pour  En          4  quartiers,  l"  2'             3"=  Prix. 

Amenés.  Paris,    l'extérieur,  totalité.  kil.         quai.  quai.  quai.  moyen. 

Bœufs 4,408  3,023  1,293  4,316  349       1.96  1.78  1.58  1.76 

Vaches 1,187            856  292  1,148  240       1.85  1.62  1.42  1.63 

Taureau.K 265            228  35  263  383,      1.72  1.58  1.48  1.60 

Veaux 4,067        2,437  1,345  3,782  74      2.16  2.00  1.70  1.93 

Moulons......         42,998  27,122  12,729  39,851  19      2.10  1.98  1.74  1.87 

Porcs  gras....           7,513        3,2.53  3,944  7,197  84       1.46  1.40  1.34  1.36 

—  maigres.               »                  •  •  •  •»■               »  » 

Le  mouvement  que  nous  signalions  la  semaine  dernière  s'est  maintenu.  Malgré 
des  approvisionuemeuts  abondants,  le  marché  a  présenté  beaucoup  d'activité,  et 


440 


REVUE  COMMERCIALE   ET  PRIX  GOURANT   (16   JUIN    I8b3}. 


pour  toutes  les  catégories  d'animaux  les  prix  accusent  une  grande  fermeté,  prin- 
cipalement en  ce  qui  concerne  les  gros  animaux, 

A  Londres,  on  cote  par  kilog.   ;  Bœuf,  qualité    inférieure,    1    fr.  52  à   1  fr.  6^ 


2%  1  fr.  64  à  1  fr.  75  ;  l'"  1  [fr.  57  [à  I  fr.  Od_.  —  Veau,  2«,  2  fr.  05  à  à  Ir. 
V  2  fr.  22  à  2  fr,  34.  —  Moulon  :  qualité  inférieure,  1  fr.  75  à  2  fr. 
2'-,  1  fr.  93  à  2  fr.  10;  1'",  2  fr.  22  à  2  fr.  34.  —  Aqiu'au  :  2  ir.  69  à  3  fr. 
—  Porc  :  2%    1  fr.  52  à  1   fr.  6i  ;  U",    1  fr.  64  à  1  fr.  7  5. 

Viande  à  la  criée.  —  Il  a  été  vendu  à  la  halle  de  Paris  du  5  au  10  juin  : 

Prix  du  kilog.  le  il  juin. 

kilog. 
Bœuf  on  vache...    1 A  7. 800 

Veau 211 ,46.) 

Mouton 51 ,13i 

Porc 35,7.i6 

44G, 135 


22 
93 
04 


1«  quai.                2°  quai.  3°  quai.  Choix.       Basse  Boucherie. 

1.70  à  2.^0     1.48  à  1.68  0.96  à  r.4G  1.76  à  3.40     0.20  à  1.40 

1.82       2  30     1.60       1.80  1.20       1..58  1.50       2.60       » 

1.60       2.00     1.38       1.58  0.96       1.36  1.50       2.40       » 

Porc  frais 1  .30  à  1.69 

Soit  par  jour 74,356  kilo^' 

Les  ventes  ont  été  supérieures  de  3,000  kilog.  par  jour 
précédente. 

XI.  —  Cours  de  la  viande  à  Vahatloir  de  la  VilleUe  du  Ihjuin  (par  50  kilog.) 
Cours  de  la  charcuterie.  —  On  vend  à  la  Villelte  par  50  kilog.  :  P"  qualité, 
72  à  75  fr.;  2%  65  à  70  fr.  ;  poids  vifs,  48  à  53  fr. 

Bœufs.  Veaux.  Moutons. 


celles  de   la  semaine 


1"                    Q- 

3» 

1" 

2° 

3"                .1" 

2' 

3" 

quai.           quai 

quai. 

q  al 

quai. 

quai.            quai 

quai. 

quai. 

fr.               fr. 

fr. 

fr. 

fr. 

fr.                 fr. 

fr. 

fr. 

95               88 

8r 

110 

95 

95               95 

87 

82 

.\II. 

—  Marché 

aux  bestiaux  de  la  F 

llette  du  jeudi  14 

juin 

1883 

Cours  des  commissionnaires 

Poids 

Cours 

ofliciels. 

en 

besti 

aux. 

moyen 

xv^ 

— 

-^  -_ 

-•^      —  ^^ 

Animaux 

général. 

1" 

2» 

3' 

Prix 

l'° 

2- 

3' 

Frix 

amenés. 

Invendus. 

kil. 

quai. 

quai,   quai 

extrêmes. 

quai. 

quai. 

quai. 

extrêmes. 

Bœufs 2.4'i0 

192 

303 

1.92 

1.74 

.5  4 

1.40  à  1.96 

.90 

1.72 

1.52 

1.44  à  1.94 

Vaches, G'24 

7', 

234 

1.82 

1.60 

.40 

1.30     1.86       1 

.80 

1.58 

1.38 

1.28     1   84 

Taureaux...        123 

9 

385 

<.G8 

t.  54 

.44 

1.40     1.72 

.66 

1.52 

1.42 

1.38     1  70 

Veaux 1.575 

2  (50 

70 

2.10 

1.96 

.60 

1.46     2.30 

» 

» 

» 

» 

Moutons 22  053 

3.438 

19 

2 .  03 

1.94 

.70 

1.60     2   10 

» 

» 

)) 

» 

Porcs  gras. .     4  672 

139 

83 

t. 50 

1.44 

.38 

1.26      1.54 

B 

» 

B 

-  -  maigres..          » 

» 

» 

» 

• 

» 

»          » 

1) 

» 

» 

» 

Vente  assez  active  sur  toutes  les 

espèces. 

XIII.   —  Résumé. 
Pour  la  plupart  des  denrées  agricoles,  les  cours  accusent  de  la  fermeté  depuis 
huit  jours.  A.  Remy. 

BULLETIN  FINANCIKR 

La  Bourse  de  Paris  ne  présente  qu'une  faible  animation  depuis  huit  jour.'?.  Les 
trensactions  sur  tous  les  ordres  de  valeur  sont  peu  importantes;  les  fluctuations 
des  cours  ne  répondent  qu'aux  faibles  fluctuations  des  oil'res.  Il  y  a  néanmoins  uLe 
bonne  tenue  générale  sur  les  valeurs. 

Pour  les  fonds  d'Etat  français,  nous  retrouvons  à  peu  près  les  cotes  de  la 
semaine  précédente  :  3  pour  100,  79  fr.  60;  —  3  pour  100  amortissable, 
80  fr.  15;—  4  pour  100,  100  fr.;  —  4  et  demipour  100,  109  fr.  ;  —  5  pour  100, 
108  fr.  25. 

Bonne  tenue  sur  bs  valeurs  des  Sociétés  de  crédit  :  Banque  de  France, 
5,420  fr.;  Crédit  foncier  1,325  fr.;  Comptoir  d'escompte,  990  fr.;  Banque  de 
Paris,  1,060  fr.;  Crédit  lyonnais,  560  fr.;  Société  générale,  531  fr.  25;  Société  des 
dépôts  et  comptes  courants,  673  ff.  75;  Banque  franco-égyptienne,  582  fr.  50. 

Les  actions  de  la  Compagnie  parisienne  du  gaz  valent  1,370  fr.  —  Hausse  nou- 
velle sur  les  actions  de  Suez  qui  valent  2,500  fr.;  la  création  d'un  second  canal 
par  la  Compagnie  est  décidée.  —  Les  délégations  sont  à  1,315  fr.;  le  canal  de 
Panama  reste  à  485  fr. 

La  connaissance  des  conventions  entre  l'Etat  et  les  Compagnies  de  chemins  de 
fera  piovoqué  des  demandes  actives  sur  les  titres  de  celle-ci.  On  cote  en  hausse  : 
Nord,  1,912  fr.  50;  Orléans,  1,220  fr.;  Ouest,  772  fr.  50;  Paiis-Lyon-Méditer- 
ranée,  1,410  fr.;  Est,  715  fr.;  Midi.  1,137  fr.  50 

Le  5  pour  100  italien  reste  à  93  fr.  E.  Fi:rox. 

Lr  r;4rnrt,  A.  BoUCUÉ. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (23  juin  ih83). 

Splendeur  du  concours  régional  dn  Caen.  —  Pi'osp'îrité  de  la  pn>diict(On  ch  ivalmn  er  de  l'élevag^u 
des  animaux  de  loules  races.  —  Eleclioii  d^  M.  Cli  impo'inois  à  la  Sociélé  nation  de  d'a'xricullure. 

—  Prociiaine  élection  d'un  membre  associé  dans  la  Siclion  de  gi-ande  culture.  —  Prochame 
séance  publique. —  Quinzième  ii>te  de  U  so  is^i'iplion  ouverte  p  ur  élever  un  nDuunent  à 
Léonce  de  La  vergue.  —  Décoration  dans  la  Léjiion  d'noancur  pour  services  rendus  à  l'agriculiure. 

—  Adoption  pa  leSémt  du  projet  de  1  >i  sur  la  >urv-illan;e  des  élilo'is.  Textî  d^s  articles.  — 
Réuiiioide  a  Société  des  a^;ricidteuis  du  Nord.  —  Vieux  exprimas  pir  cite  réunion.  — Circi- 
laire  du  n.inislre  de  l'agriculiure  relative  aux  travailleurs  militiires  agricoles.  —  La  question 
du  repeu[detnent  des  eaux.  —  Conclusions  de  la  (lo  nmission  d'e  quête  se  latoriah.  —  Obser- 
vations sur  ces  conclusions. —  Le  commerce  des  vias.  —  Vœux  do  li  Société  d'agriculture  et  de 
viticulture  de  Mirande.  —  Lettre  lie  M.  Ver  nord,  président  du  Comice  du  Beiujjlais.  —  Con- 
cours de  nue  'ines  elévaioires  organisé  par  li  Société  d'agricidture  dt  Vaucl  isi.  —  Prognmiae 
de  ce  concours.  —  Création  d'un  orih'linat  agicole  dans  le  Calvalos  destine  à  une  f-rme- 
mo'lèle  pour  l'mdustiie  laitière.  —  La  po:ice  sanitaire  du  bUail.  —  Circulaire  du  ministre  de 
l'agriculture  relative  à  la  pTipneumonie  contagieuse.  —  S  irvdillance  du  bétail  étranger  à  la 
frontière.  —  Méihoile  de  M.  Deromc  pour  la  cuilure  des  céréales,  des  hetleraves  et  deslégu- 
miueiises.  —  Le  phylloxéra. 

I.  —  Les  concours  régionaux. 

La  série  des  concours  régionaux  est  presque  terminée  aujourd'hui. 
Le  concours  de  Caen  vient  de  s'achever,  et  nous  assistons  cette 
semaine  au  concours  régional  d'Aurillac.  La  grande  solennité  qui  a  eu 
lieu  à  Caen  est  une  des  plus  brillantes  que  nous  ayons  vues  de,)Utslong:- 
temps.  La  place  la  plus  itnportaotey  aétéprise  parle  concours  hippique. 
Les  richesses  chevalines  de  la  Normaudie  ont  été  exposées  avec  ardeur 
par  les  cultivateurs  de  toute  la  région,  auxquels  des  primes  excep- 
tionnelles avaient  été  promises.  Ce  spectacle  était  très  beau  et  démon- 
trait une  prospérité  réelle,  qui  croit  constamment.  C'est  ce  que 
M.Méline,  ministre  de  l'agriculiure,  a  constaté  dans  les  deux  discours 
qu'il  a  prononcés  à  la  distribution  des  récompenses  et  au  banquet  qui 
l'a  suivie  ;  nous  publions  plus  loin  ces  discours  sur  lesquels  nous 
appelons  spécialement  l'attention  de  nos  lecteurs.  Si  le  concours  hip- 
pique a  été  très  beau,  il  n'a  cependant  pas  éclipsé  le  concours  agricole, 
puisque,  par  un  étrange  abus  des  mots,  on  sépare  des  choses  aussi 
étroitement  unies  que  la  production  du  chevalet  celle  de  la  production 
des  autres  animaux  domestiques.  La  prospérité  de  l'industrie  laitière 
normande  a  été  démontrée  de  nouveau  avec  éclat;  l'élevage  du  bétail, 
la  transformation  du  lait  en  beurres  et  en  fromages  d'une  réputation 
universelle,  se  maintiennent  avec  éclat;  quelle  que  soit  la  production 
à  laquelle  il  s'adonne  spécialement,  le  cultivateur  y  trouve  la  récom- 
pense de  ses  peines.  Il  y  a  néanmoins  encore  des  progrès  à  réaliser, 
notamment  en  ce  qui  concerne  les  moyens  d'assurer  à  la  race  bovine 
cotentine  la  pureté  qui  en  accroîtra  la  valeur  ;  les  efforts  tentés  pour  la 
création  d'un  herd-book  spécial  à  cette  belle  race  paraissent  sur  le 
point  d'aboutir.  La  prospérité  des  régions  qui  se  c  )nsacrent  spéciale- 
ment à  l'élevage  du  bétail  contraste  d'une  manière  frappante  avec  la 
situation  précaire  des  régions  dans  lesquelles  la  production  des  céiréa- 
les  est  la  principale  affaire  du  cultivateur.  Il  y  a  là  matière  à  nom- 
breuses réflexions.  Nous  nous  bornerons  aujourd'hui  à  dire  que  c'est 
la  consécration  de  ce  que  nous  avons  tant  de  fois  répété  :  faitss  de 
plus  en  plus  de  bétail,  là  est  l'avenir  de  l'agriculture  française. 

IL  —  Élection  à  la  Sociélé  nationale  d'agriculture. 

Dans  sa  séance  du  20  juin,  la  Sotiiété  nationale  d'agriciilture  a  pro- 
cédé à  l'élection  d'un  membre  associé  dans  la  section  de  mécanique 
agricole  et  des  irrigations.  Sur  44  votants,  M.  Cliamponnois  a  été  élu 
par  23  voix  contre  21  données  à  M.  Vidalin.  iM.  Champonnois  a  été  le 

N»  141.  —  Tome  II  de  1883.  —  23  Juin. 


4(i2  CHRONIQUE  AGRICOLE  (23  JUIN    1883). 

créateur  de  la  distillerie  agricole  en  France  ;  les  services  qu'il  a  rendus, 
en  consacrant  près  d'un  demj-siècle  à  cette  importante  industrie,  ont 
été  trop  souvent  constatés  dans  nos  colonnes  pour  que  nous  insistions 
de  nouveau.  En  l'appelant  dans  son  sein,  la  Société  nati^male  d'agri- 
culture a  voulu  rendi'C  justice  à  l'un  des  hommes  qui  ont  le  plus  con- 
tribué à  la  prospérité  de  l'agriculture  par  l'extension  de  la  culture  de 
la  betterave. 

Dans  le  comité  secret  de  la  même  séance  du  20  juin,  la  Société  a 
entendu  le  rapport  de  la  Section  de  grande  culture  sur  les  candidats 
à  une  place  de  membre  associé.  La  section  présente  la  liste  de  candi- 
dats suivants  :  en  première  ligne,  M.  Henri  Besnard,  président  du 
Comice  agricole  de  Seine-et-Oise,  agriculteur  à  Guitry  (Eure)  ;  en 
deuxième  ligne,  M.  de  la  Massardière,  agriculteur  à  la  Gatinalière 
(Vienne)  ;  en  troisième  ligne,  M.  Palluat  de  Besset,  agriculteur  à  la 
Salle  (Loire);  en  quatrième  ligne,  M.  Jean  Gaudet,  agriculteur  à 
Magneux-le-Gabion  (Loire).  Ces  quatre  candidats  ont  été  lauréats  de 
la  prime  d  honneur.  L'élection  aura  lieu  dans  la  séance  du  4  juillet. 

Nous  rappelons  que  la  séance  publique  annuelle  de  la  Société  se 
tiendra  le  mercredi  27  juin  sous  la  présidence  de  M.  Méline,  ministre 
de  l'agriculture. 

IIL  —  Souscription  pour  élever  un  monument  à  Léonce  de  Lavergne. 

Voici  la  quinzième  liste  de  la  souscription  ouverte  pour  élever  un 
monument  à  Léonce  de  Lavergne  : 

Fr. 

Report  de  la  lisle  précédente 11 ,39.')  50 

M.    Le  CI' r    (Achille),   correspondant    de    la    Société    iwilioiuile 

d'a'iriculluie 10  00 

Mme  Wailerslein f)0  00 

Société  d^ay  ri  culture  de  t'Ariègi' 50  00 

Total !1,j05  00 

C'est  par  erreur  que  dans  la  précédente  liste,  le  Comice  départemen- 
tal de  l'Aube  a  été  désigné  comme  ayant  voté  20  francs  pour  la  sous- 
cription ;  cette  association  agricole  a  voté  25  francs. 

Nous  rappelons  à  nos  lecteurs  qu'ils  peuvent  envoyer  leurs  sous- 
criptions à  M.  Henry  Sagnier,  secrétaire  du  Comité,  aux  bureaux  du 
Journal  de  t Agriculture. 

IV.  —  Décoration  pour  services  rendus  à  l'agriculture. 

A  l'occasion  du  concours  régional  de  Gaen,  par  un  décret  rendu  sur 
la  proposition  de  M.  le  ministre  de  l'agiiculture,  "SI.  Paul  Auraont, 
propriétaire  éleveur,  maire  de  Viclot-Pontfol  (Calvados),  a  été  nommé 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur.  Le  décret  s'exprime  comme  il  suit  : 
c(  Plus  devingtans  de  services  rendus  à  l'industrie  chevaline  ;  possède 
une  des  écuries  les  plus  importanîes  de  la  Normandie,  qui  a  produit 
des  chevaux  d'élite;  a  remporté  des  prix  nombreux  sur  l'hippodrome 
de  Paris.  »  M.  Paul  Aumont  a  remporté  au  concours  hippique  régio- 
nal de  Caen  l'objet  d'art,  pour  la  magnifique  collection  d'étalons  et  de 
juments  qu'il  avait  exposée. 

V.  —  La  surveillance  des  étalons. 

Le  projet  de  loi  sur  la  surveillance  des  étalons  présenté  par  le  gou- 
vernement au  Sénat,  a  été  définitivement  adopté  dans  la  séance  du 
14  juin  delà  haute  Assemblée.  Il  comprend  sept  articles  dont  voici  le 
texte  : 


CHRONIQUE   AGRICOLE  (23  JUIN    1883).  443 

Article  premier.  —  Tout  étalon  qui  n'est  ni  approuvé,  ni  autorisé  par  l'admi- 
nistration des  haras  ne  peut  être  employé  à  la  monte  des  juments  appartenant  à 
d'autres  qu'à  son  propriétaire,  sans  être  muni  d'un  certificat  constatant  qu'il  n'est 
atteint  ni  de  cornage  ni  de  fluxion  périodique. 

Art.  2.  —  Ce  certificat,  valable  pour  un  an,  sera  délivré  gratuitement  après 
examen  de  l'étalon  par  une  Commission  nommée  par  le  ministre  de  l'agriculture. 

Art.  3.  —  Tout  étalon  employé  à  la  monte,  qu'il  soit  apnrouvé,  autorisé  ou 
muni  du  certificat  indiqué  ci-dessus,  sera  marqué  au  feu  sous  la  crinière. 

En  cas  de  retrait  de  l'approbation,  de  l'autorisation  ou  du  certificat,  la  lettre  R 
sera  inscrite  de  la  même  manière,  au-dessus  de  la  marque  primitive. 

Art.  4.  —  En  cas  d'infraction  à  la  présente  loi,  le  propriétaire  ou  le  conducteur 
de  l'étalon  sera  puni  d'une  amende  de  50  à  500  francs.  En  cas  de  récidive,  l'amende 
sera  du  double. 

Art.  5.  —  Seront  passibles  d'une  amende  de  15  à  50  francs  les  propiiétaiies 
qui  auront  fait  saillir  leurs  juments  par  un  étalon  non  muni  d'un  certificat. 

Art,  6.  —  Les  maires,  les  commissaires  de  police,  les  gardes  champêtres,  la 
gendarmerie  et  tous  les  agents  et  officiers  de  police  judiciaire,  les  inspecteurs 
généraux  des  luras,  les  directeurs,  sous-direcieuts  et  surveillants  des  dépôts 
d'étalons,  les  chefs  des  stations  d'étaluns  de  l'Etat,  dûment  assermentés,  ont  qua- 
lité pour  dresser  procès-verbal  des  infractions  à  la  présente  loi. 

Art  7.  —  Un  arrêté  ministériel  réglera  la  composition  de  la  Commission, 
l'époque  de  ses  réunions,  le  mode  et  les  conditions  de  l'examen  et  toutes  les 
mesures  d'exécution. 

Ce  projet  de  loi  a  été  déposé  par  M.  le  ministre  de  l'agriculture  sur 
le  bureau  de  la  Chambre  des  députés,  dans  la  séance  du  16  juin. 
YI.  —  Réu  don  des  agriculteurs  du  Nord.  ' 

Le  mardi  10  juin  a  eu  lieu  à  Paris,  au  Grand-Hùtel,  une  réunion 
organisée  par  la  Société  des  agriculteurs  du  Nord.  Lo  but  de  cette 
réunion  était  de  remettre  aux  sénateurs  et  aux  députés  du  Nord  et  du 
Pas-de-Calais,  les  pétitions  qui,  dans  le  seul  département  du  Nord, 
ont  reçu  près  de  25,000  signatures.  Les  membres  de  la  Société  ont 
soumis  aux  représentants  de  la  région  le  résultat  de  l'examen  auq  tel 
ils  se  sont  livrés  pour  indiquer  au  gouvernement  les  remèdes  les 
plus  propres  à  atténuer  la  situation  actuelle.  Voici  les  conclusions  du 
rapport   présenté  par  M.  Dubar,  secrétaire  général  de  la  Société. 

1°  Que  la  surtaxe  d'entrepôt  sur  les  blés  ne  soit  plus  remboursée  à  la  sortie 
sur  les  farines  ; 

2°  Que  le  gouvernement  donne  à  la  douane  des  ordres  formels  pour  que  les 
échantillons  sur  les  sucres  importés  soient  prélevés  avec  l'exactitude  la  plus 
rigoureuse,  et  qu'on  étudie  immédiatement  l'application  d'un  droit  unique  sur  les 
sucres  d'importation; 

3°  Que  la  surtaxe  sur  les  sucres  soit  élevée  de  3  à  7  francs  ; 

k"  Q.ie  cette  surtaxe  ne  soit  en  aucun  cas  remboursée  ; 

5"  Que  le  sucrage  des  vins  et  de  toutes  les  autres  boissons  fermentées  soit  rendu 
facile  et  peu  coûteux,  soit  par  l'abaissement  de  la  taxe  sur  les  sucres,  soit  par  une 
réduction  spéciale  pour  le  sucrage  ; 

6"  Que  les  fraudes  par  les  importations  d'alcool  dissimulé  soient  rigoureuse- 
ment réprimées. 

7"  Que  le  vinage  à  droit  réduit,  qui  seul  peut  empêcher  le  vinage  en  fraude 
aussi  bien  à  la  frontière  qu'à  l'intérieur  du  territoire,  et  qui  est  d'ailleurs  la  con- 
séquence nécessaire  du  traité  franco-espagnol,  soit  promptement  autorisé; 

b"  Enfin,  que  les  nouvelles  conventions  à  intervenir  avec  les  Compagnies  de 
chemins  de  fer  assurent  aux  produits  français  tous  les  abaissements  de  tarifs, 
avoués  ou  dissimulés,  qui  pourraient  être  accordés  aux  produits  étrangers,  et,  pour 
préciser  nettement,  que  la  taxe  kilométrii[ue  appliquée  aux  produits  étrangers  ne 
soit  pas  inférieure  à  celle  appliquée  aux  produits  français. 

Ces  conclusions  ont  été  adoptées  par  la  réunion,  et  il  a  été  décidé 
que  le  Bureau  delà  Société  irait,  avec  les  sénateurs  elles  députés,  les 
présenter  à  M.  le  ministre  de  l'agriculture. 


444  CHRONIQUE  AGRICOLE   (23  JUIN    18S3). 

VIL  —  Les  travailleurs  militaires  agricoles. 

M.  le  ministre  de  l'agriculture  vient  d'adresser  aux  préfets  la  circu- 
laire suivante  : 

«  Monsieur  le  préfet,  je  m'empresse  de  vous  faire  savoir  que  M.  le  ministre  de 
la  guérie  vient  de  décider  que  des  travailleurs  militaires  seraient  mis,  cette  année, 
comme  les  années  précédentes,  à  la  disposition  des  cultivateurs  pour  Ihs  travaux 
des  récoltes.  Des  {lermissions  de  vingt  ou  de  trente  jours  seront  accordées  aux 
militaires  qui  en  feront  la  demande  dans  les  conditions  déterminées  [lar  la  circu- 
laire ministérielle  du  b  juillet  1877,  dont  je  crois  devoir  remettre  les  prescriptions 
sous  vos  yeux  : 

«  Cha  un  chef  de  corps  fait  connaître,  après  la  revue  trimestrielle  d'avril,  au 
sous-[)réfet  de  l'arrondi.-sement  le  nombre  des  travailleurs  militaires  dunt  il  pense 
pouvoir  di^poser  pendant  IVté. 

«  Le  sous-prélet  doit  faire  parvenir  ensuite  au  chef  de  corps  intéressé,  avec  son 
avis,  la  liste  des  agiiculteurs  qui  se  seront  lait  inscrire  pour  obtenir  des  ouvriers 
militaires.  Il  menlionneia  t^ur  celte  liste  le  nom,  l'adresse,  l'étendue  de  la  culture 
et  la  date  de  la  demande  du  postulant. 

«  Lorsque  les  ressources  dont  disposent  les  chefs  de  corps  seront  insuffisantes 
pour  donner  satisfaction  à  toutes  les  demandes  inscrites,  les  sous-préfets  devront 
vous  Irans"  eltre  les  demandes  auxquelles  il  n'aurait  pas  été  donné  suite,  et  il  vous 
appartiendrait  alois  de  vous  entendre  avec  le  général  commandant  le  coips  d'ar- 
mée pour  que  des  militaires,  tirés  des  corps  auxquels  il  aurait  été  lait  peu  de 
demandes,  soient  envoyés  aux  cultivateurs  n'ayant  pas  reçu  de  travailleurs. 

«  En  ce  qui  concerne  i'indemt  ité  à  payer  aux  travailleurs  par  les  agriculteurs 
qui  les  emploient,  M.  le  général  commandant  dans  votre  département  vous  en 
fera  connaître  le  chiiTre,  qui  résulte,  d'ailleurs,  d'un  tarif  adopté  en  1873,  de  con- 
cert entre  mon  dé,  arlement  ministériel  et  celui  de  la  guerre. 

«  Enlin,  les  Irais  de  déplacement  des  militaires,  aller  et  retour,  par  quelque 
moyen  de  transport  que  ce  soit,  sont  à  la  charge  des  cubivateurs 

«  Je  vous  prierai,  monsieur  le  préfet,  de  porter  cette  circulaire  à  la  connaissance 
des  sous-préfets  et  des  maires  de  votre  département. 

«  Recevez,  etc.,  «  Le  vimistre  de  l'agriculture,  J.  Méline.  '> 

Cette  circulaire  confirme  coniplèlement  les  indications  adressées 
récemment  par  le  ministre  de  la  guerre  aux  commandants  ds  corps 
d'armée,  dans  une  lettre  que  nous  avons  insérée  dans  nos  colonnes. 

YIII.  —  La  question  du  repeuplement  des  eaux. 
On  se  souvient  que,  dans  sa  session  de  1879,  le  Sénat  a  nommé 
une  Commission  de  dix-huit  membres  dont  la  tâche  était  de  recueillir 
tous  les  renseignements  sur  l'état  actuel  des  eaux  fluviales  et  maritimes 
de  France,  au  point  de  vue  des  produits  de  la  pêche,  sur  les  meilleurs 
procédés  de  repeuplement  des  eaux  et  les  mesures  à  prendre  pour  en 
maintenir  la  fécondité.  Cette  Commission  présidée  par  Al.  Charles  Hobin, 
s'est  livrée  à  une  enquête  qui  a  été  suivie  de  plusieurs  rapports  de 
MM.  Georges,  Coumes,  Laboulaye,  Roussel,  sur  les  eaux  douces  ;  et 
de  MM.  Charles  Brun,  Barne,  de  Lorgeril,  Robin,  Roy  de  Loulay, 
Bouchon-Brandely,  sur  les  eaux  salées.  La  Commission  a  terminé  ses 
travaux,  et  elle  vient  d'en  présenter  les  conclusions  au  Sénat  par 
l'oro-ane  de  M.  Bonnet,  sénateur.  Elle  formule  ces  conclusions  dans  les 
propositions  suivantes  : 

«  1°  En  ce  qui  concerne  les  eaux  douces  : 

«  La  dépopulation  de  ces  eaux  est  certaine  et  générale;  elle  est  surtout  accusée 
dans  la  pa'tie  de  ces  eaux  qui  n'appartient  pas  au  domaine  public. 

«  Les  moyens  généralement  indiqués  pour  amener  le  repeuplement  sont  : 

«  Un  certain  nombre  de  mesures  létrislatives  à  édicter  relatives  aux  associations 
syndicales  de  pêche,  à  la  vente  des  substances  toxiques,  aux  déjections  des  usines 
et  des  fosses  à  rouir  le  chanvre  ; 

«  Une  observation  plus  rigoureuse  des  réglementations  existantes  qui  sont  bonnes 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (23  JUIN  1883).  445 

et  bien  conçues,  mais  ne  sont  pas  observées;  comme  corollaire  de  cette  dernière 
disposition,  une  augmentation  considérable  des  raoyeas  et  des  agents  de  surveil- 
lance, ce  qui  nécessitera  un  surcroît  de  dépens  î  et  une  demande  de  crédits  que 
le  Parlement,  gardien  vigilant  de  tous  les  intérêts  généraux  du  pays,  ne  re (usera 
sans  doute  pas  ; 

«  Une  impulsion  plus  grande  à  donner  aux  procédés  de  repeuplement  par  la 
pisciculture. 

«  2"  En  ce  qui  concerne  les  eaux  de  mer  : 

«  Ces  eaux  paraissent  avoir  conservé  leur  fertilité  en  poissons,  excepté  sur 
quelques  points  circonscrits  de  nos  côtes,  et  pour  les  poissons  de  rivage. 

«  Quant  aux  Imîties,  l'épuisement  des  bancs  naturels  est  certain  et  n'est  pas 
encore  compensé  (:ar  Ls  produits  de  la  culture  artiliciellc,  très  prospère  cepen- 
dant et  pleine  de  promesses  pour  l'avenir. 

«  Pour  la  mer  comme  pour  les  eaux  douces,  les  lois  et  les  règlements  sont 
considérés  comme  bien  conçus  et  suffisants,  mais  ne  sont  pas  assez  observes. 

«  Ici  comme  là  une  augmentation  notable  des  moyens  de  surveillance  et  une 
application  plus  sévère  des  pénalités  s'imposent  comme  une  nécessité.  » 

Nous  prendrons  la  liberté  de  faire  observer  que  ces  conclusions  soat 
un  peu  platoniques.  Une  véritable  et  utile  conséquence  de  travaux  aussi 
nombreux,  eût  été  la  rédaction  d'un  projet  complet  des  mesures  à 
prendre.  Il  ne  suffit  pas  de  dire  par  exemple  qu'il  faut  donner  une 
impulsion  plus  grande  aux  procédés  de  repeuplement  par  la  piscical- 
ture  ;  il  appartient  à  une  Commission  sénatoriale  d'indiquer  les  moyens 
par  lesquels  cette  impulsion  sera  donnée.  On  pourrait  en  dire  autant 
de  presque  tous  les  paragraphes  de  ce  résumé.  Si  l'enquête  en  reste 
là,  et  si  elle  n'est  pas  suivie  de  propositions  nettement  définies,  elle 
restera  malheureusement  vaine,  et  c'est  certainement  ce  que  le  Sénat 
n'avait  pas  voulu,  lorsqu'il  a  nommé  la  Commission  du  repeuplenient 
des  eaux, 

IX.  —  Le  commerce  cles]mns 

L'émotion  suscitée  dans  toutes  les  régions  viticoles  par  la  situation 
que  le  traité  de  commerce  avec  l'Espagne  a  créée  au  commerce  des  vins 
est  loin  de  se  calmer.  Ainsi,  dans  sa  séance  du  4  juin,  la  Société 
d'aginculture  et  de  viticulture  de  Mirande  (Gers)  a  émis  le  vœu  suivant 
adressé  à  M.  le  ministre  de  l'agriculture  : 

«  Considérant  que  la  viticulture  française,  si  gravement  menacée  par  les  progrès 
incessants  du  phylloxéra,  et  déjà  si  sérieusement  atteinte  par  les  désastreux  IraUés 
de  commerce  avec  l'E<pagne  et  l'Italie,  se  trouve  en  présence  d'un  dano-er  non 
moins  redoutable  :  la  falsification  des  vins  qui  se  produit  dans  les  proportions  les 
plus  larges  et  les  plus  scandaleuses  ;  qiie  les  IVaudes  commises  à  cet  égard  par 
le  commerce  ont  atteint  un  degré  inconnu  jusqu'à  ce  jour; 

0  Qu'on  peut  dire,  sans  exagération,  que  dans  les  villes  on  ne  fait  usage  que 
de  boisso)is  falsifiés,  au  grand  détriment  de  la  santé  publique  ;  que  les  viticul- 
teurs voient  avec  douleur  les  négociants  en  vins  s'éloigner  de  leurs  caves  ou  leur 
offrir  des  prix  dérisoires;  qu'ils  sont  en  proie  à  la  tristesse  et  au  découra- 
gement ; 

«  Considérant  qu'il  importe  de  provoquer  des  mesures  énergiques  pour  assurer 
la  répression  de  ces  fraudes  qui  sont  connues  de  tous  et  qui  ont  été  jusqu'à  ce 
iour  Y  objet  d'une  10  lérnnce  abusive;  qua.iasi,  il  est  de  notoriété  publique  que, 
sous  le  nom  de  vins  d'Espagne  et  à  là  laveur  des  tarifs  des  traités  de  commerce, 
on  introduit  des  quantités  énormes  de  vins  de  fabrication  malsaine  qui  trompent 
les  consommateurs,  grâce  à  une  coloration  chimique  et  à  une  forte  aie  oli  n  lion; 
que  ces  produits  inondent  la  Fiance  et  écrasent  notre  marché;  (:|u'il  est  \<ro  fonde- 
ment regrettable  qu'une  surveillance  active  ne  soit  pas  exercée  à  la  froniiè  re;  q  ic 
les  traités  de  comiuerce  ne  peuvent  s'apphquer  qu'aux  vrais  vins  et  non  aux  bois- 
sons contrefaites  et  frelatée  ;  ; 

_  «  Considérant  que  la  Société  d'agricilture  d^  la  Hmte-Grirona  e  a  pris  l'initia- 
tivs  d'un   pétitionuement  tendant  à  obtenir  que  le  goavernemen  t   se  serve  des 


446  CHRONIQUE   AGRICOLE  (23  JUIN    1883). 

moyens  que  la  loi  met  à  sa  disposition  pour  réprimer  les  sophistications  et  les 
fraudes,  et  empêcher  ce  commerce  honteux  de  contrefaçon  qui  nuit  à  la  fois  aux 
producteurs  et  aux  consommateurs; 

a  Les  conseils  généraux  de  la  Haute-Garonne  et  du  Gers  ont  émis  le  vœu  que 
le  gouvernement  prenne  immédiatement  les  mesures  que  commande  la  gravité  de 
la  situation  et  qu'il  se  mette  en  devoir  de  protéger,  par  une  application  rigoureuse 
des  lois,  la  viticulture  française  et  la  santé  publique  également  menacées. 

«  La  Société  d'agriculture  et  de  viticulture  de  l'arrondissement  de  Mirande 
approuve  les  motifs  et  le  texte  du  vœu  ainsi  fovmu'é.  Elle  déclare  s'y  associer,  et 
le  recommande  énergiquement  à  la  sollicitude  de  M.  le  ministre  de  l'agriculture 
et  à  l'attention  des  pouvoirs  publics. 

"  Le  secrétaire  de  la  Société,  J.  Seillan.  » 

D'autre  part,  nous  recevons  de  M.  Vermorel,  président  du  Comice 
du  Beaujolais,  la  lettre  suivante  : 

«  Monsieur  le  rédacteur  en  chef,  je  vous  prie  de  vouloir  bien  ajouter  le  Comice 
du  Beaujolais  au  nombre  des  Sociétés  qui  ont  protesté  vigoureusement  contre 
l'abaissement  des  droits  en  faveur  du  vinage.  C'est  à  runinimité  que  cette  décision 
a  été  prise  le  dimanche  10  juin   et  envoyée  aussitôt  à  nos  députés. 

«  Comme  dans  beaucoup  de  vignobles,  nos  vins  du  Beaujolais  de  la  dernière 
récolte  ont  eu  6  à  7  degrés  d'alcool  au  lieu  de  10  à  12  degrés  qu'ils  ont  ordinai- 
rement ;  malgré  cela  personne  ici  n'a  songé  à  viner,  les  vins  ont  été  vendus  tels 
par  le  vigneron,  on  a  baissé  les  prix  pour  l'écouler,  l'ouvrier  en  a  profité  dans  une 
certaine  mesure  ;  il  a  pu  boire  du  vrai  vin  pas  trop  cher.  Malgré  la  baisse  des  prix, 
il  reste  beaucoup  de  vins  en  cave. 

«  On  attribue  cela  à  tous  ces  vins  de  coupage  et  de  fabrication. 

«  La  situation  des  vignobles  qui  se  respectent,  — le  Beaujolais  et  le  Bourgogne 
sont  de  ceux-ci  —  est  absolument  intolérable;  nous  n'y  voyons,  par  ici,  qu'un 
remède  :  Qu'on  ne  prohibe  pas,  si  Ton  veut,  tous  les  vins  de  raisins  secs,  plâtrés, 
salycilés,  les  vins  coupés,  alcoolisés,  dédoublés,  les  vins  de  2%  de  3''  cuvée,  etc., 
mais,  que  ces  boissons  soient  vendues  pour  ce  qu'elles  sont  ! 

«  Nous  voudrions  que  le  nom  de  vin  fût  réservé  aux  seuls  produits  du  jus  de  la 
treille,  sans  addition  aucune,  et  qu'on  rappelât  aux  produits  de  l'industrie  qui 
usurpent  ce  titre,  un  vieil  article  du  Code  pénal  intitulé,  je  crois,  «  tromperie 
sur  la  qualité  de  la  chose  vandue  ».  Tous  les  vignerons  seraient  en  liesse  si  cet 
article  était  appliqué  une  bonne  fois.  Nos  produits  ont  deux  ennemis  :  la  fabri- 
cation des  vins  et  le  phylloxéra.  Qu'on  nous  débarrasse  de  l'un,  tous  les  efforts  se 
concentreront  sur  l'autre,  et  je  ne  doute  pas  qu'on  vienne  à  bout. 

«  Veuillez  agiéer,  etc.  «  Vermorel.  « 

Il  est  absolument  certain,  ainsi  que  nous  l'avons  dit  plusieurs  fois, 
que  le  commerce  des  vins  est  aujourd'hui  absolument  empoisonné  par 
les  piquettes  que  l'Espagne  nous  envoie  sous  le  nom  de  vins.  Il  est 
temps  que  la  tolérance  de  l'administration  des  douanes  à  leur  égard 
s'arrête.  Certes,  on  peut  dire  que  le  vin  est  un  produit  fabriqué;  mais 
c'est  un  produit  complexe  dans  lequel  on  retrouve  toutes  les  traces  de 
la  matière  première,  c'est-à-dire  du  raisin;  or,  un  mélange  plus  ou 
moins  coloré  d'eau  et  d'alcool  ne  peut  nulle  part  être  considéré  comme 
vin,  et  c'est  à  ce  point  de  vue  qu'on  doit  exercer  à  la  douane,  sur  les 
frontières,  une  surveillance  active. 

X.  —  Concours  de  machines  élévatoires. 

La  Société  départementale  d'agriculture  de  Vaucluse  organise  un 
concours  de  machines  élévatoires  qui  aura  lieu  à  Avignon  du  24  au 
30  septembre  prochain.  Voici  le  programme  de  ce  concours  auquel  sont 
admis  tous  les  constructeurs  de  machines  élévatoires  : 

1"'^  Catégorie.  —  Norias,  —  Chapelets,  —  Vis  d'Archimède.  2  médailles  d'or, 
4  médailles  d'argent,  6  médailles  de  bronze. 

2"  Catégorie.  —  Pompes  aspirantes,  —  foulantes,  —  aspirantes  et  foulantes,  — 
centrifuges.  2  médailles  d'or,  4  médailles  d'argent,  6  médailles  de  bronze. 

3"  Catégorie.  —  Béliers.  2  médailles  d'argent,  4  médailles  de  bronze. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  ^23  JQIN   1883).  kkl 

k''  Catégorie.  —  Roues  hydrauliques,  etc.  2  médailles  d'or,  4  médailles  d'argent, 
6  médailles  de  bronze. 

Primes  en  argent  à  la  disposition  du  Jury  :  900  fr. 

Primes  aux  maraîchers  de  la  commune  d'Avi^'non  qui  auront  chez  eux  les 
machines  les  plus  perfectionnées.  1'''  prix,  150  fr.  ;  2'',  100  fr.  ;  3'-,  75  fr.  ;  4'", 
50  fr.  ;  5%  50  fr. 

Tous  les  constructeurs  sont  admis  à  concourir   pour  les  macliines  élévatoires. 

Les  machines  qni  ne  pourront  pas  être  mises  en  mouvement  dans  le  local  du 
concours  seront  appréciées  par  le  jury  au  point  de  vue  de  la  construction. 

Les  personnes  qui  désireront  participer  à  ce  concours  devront  adresser  leur 
déclaration  par  lettre  affranchie  à  M.  Eugène  Fabre,  chef  de  bureau  à  la  préfec- 
ture, à  Avignon,  chargé  d'en  faire  le  classement  avant  le  l''  septembre. 

L'exposition  durera  8  jours,  du  lundi  24  au  dimanclie  30  septembre.  —  Toutes 
les  machines  et  les  objets  à  exposer  devront  être  rendus  sur  les  lieux  du  concours 
le  dimanche  23.  —  Le  classement  aura  lieu  le  24  et  le  25,  par  les  soins  de  la 
Commission  du  concours.  —  Les  opérations  du  Jury  auront  lieu  le  26  et  le  27. 

La  distribution  des  prix  aura  lieu  à  l'Hôtel-de-ViHe  le  30  septembre  à  2  heures 

Ce  concours,  comme  nous  le  fait  remarquer  M.  le  marquis  de  l'Es- 
pine,  président  de  la  Société,  intéresse  au  plus  haut  de^ré  tous  les 
agriculteurs.  Il  intéresse  surtout  ceux  qui  n'ont  pas  de  cours  d'eau 
à  leur  disposition  et  qui,  par  conséquent,  doivent  s'attacher,  d'une 
façon  toute  spéciale,  à  puiser  dans  la  terre  l'eau  qui  leur  est  indis- 
pensable et  à  la  porter  à  n'importe  quelle  hauteur,  au  moyen  de 
machines  élévatoires. 

XL  —  Ferme  modèle  laitière  dans  le  Calvados. 
Madame  la  marquise  d'Escayrac  de  Lantuse,  en  mémoire  de  feu  le 
D'  Rayer,  son  père,  a  légué  à  la  commune  d'Aiictoville  (Calvados)  une 
fortune  immobilière  d'un  revenu  annuel  d'environ  50,000  francs,  plus 
un  capital  mobilier  dépassant  actuellement  500,000  francs,  le  tout 
destiné  à  la  fondation  d'un  orphelinat  de  jeunes  filles  indigentes  ou 
appartenant  à  des  familles  dénuées  de  fortune,  de  l'ancienne  province 
de  Normandie.  Cet  établissement  qui  portera  le  nom  du  D""  Rayer  sera 
administré  par  une  Commission  composée  de  deux  membres  de  droit, 
le  maire  et  le  curé  d'Anctoville,  et  de  trois  membres  à  la  nomination 
du  préfet  du  Calvados,  qui  a  fait  choix  de  M.  le  vicomte  de  Saint- 
Pierre,  sénateur;  de  M.  Pillet-Desjardins,  vice-président  du  tribunal 
civil  de  la  Seine;  et  de  M.  Beaujon,  notaire  honoraire  à  Caen.  La 
Commission  est  entrée  immédiatement  en  fonction  en  nommant  M.  Beau- 
jon pour  son  président  et  en  désignant  l'architecte  auquel  elle  a  confié 
la  confection  des  plans  et  la  direction  des  travaux  de  l'orphelinat.  Tout 
fait  présumer  que  les  travaux  seront  incessamment  commencés  et  que 
l'orphelinat  ne  tardera  pas  à  fonctionner. 

Une  pensée  très  heureuse  a  conduit  la  Commission  à  donner  à 
l'orphelinat  le  caractère  d'une  ferme  modèle  destinée  principalement 
à  l'industrie  laitière.  Voici  comment  la  Commission  a  exposé  son  pro- 
jet dans  le  programme  qu'elle  a  remis  à  l'architecte  : 

«  Les'  bras  manquent,  les  fermes  sontdélaiss-ées,  les  plaintes  s'élèvent  de  toutes 
parts  et,  partout  où  la  conversion  est  possible,  il  y  a  tendance  à  transformer  les 
labours  en  herbages.  Ne  serait-ce  pas  un  second  bienfait  complétant  1  œuvre  géné- 
reuse de  la  testatrice  que  de  créer  dans  le  pays  une  pépinièi'c  de  jeunes  filles  qui, 
pourvues  d'une  instruction  primaire  suffisante,  et  rompues  aux  travaux  de  la  culture 
herbagère,  esseimeraient  dans  les  régions  environnantes  et  concourraient,  la  plu- 
part comme  servantes,  d'autres  comme  épouses,  à  la  prospérité  de  l'agriculture  et 
à  la  propagation  des  meilleurs  procédés. 

«  Ces  jeunes  filles  doivent  quitter  l'orphelinat,  au  plus  tard  à  vingt  et  un  ans. 
Mais  leur  capacité  attirerait  les   oflVes   des  cullivateuis,  qui   mèm.-  avant  leur 


448  r.HRONIUUE   AGRICOLE  (23  JUIN    1883). 

majorité  les  prendraient,  à  des  conditions  avantageuses,  et  ce  départ  anticipé  se'^ait 
aussi  profilable  aux  oiphtlines  ffu"à  l'orphelinHt.  En  tffet.  la  Commission  pourrait 
immériiatemcnt  disposer  des  plaC' s  rendues  libres,  et  son  intervention  dans  les 
condilions  |  écuniaire'S  ofi'ei  tes  aux  orphelines  lui  permettrait  de  stirveiller  le  pla- 
cement à  la  caisse  d'éparp-ne  d'une  part  de  leurs  gages  et  de  leur  créer  une  dot 
facilitant  plus  tard  leur  établissement. 

«  Ces  jeunes  lilles  seront  soumises  dans  l'orphelinat,  physiquement  et  morale- 
ment parlant,  au  régime  des  sabots,  des  établis,  des  fermes.  Leurs  logeraniits 
seront  sim[)les^  rustiques,  exempts  de  luxe.  On  en  écartera  toutes  les  supei  lluités 
donnant  ai:x  or  helines  l'idée  qu'elles  dérogeraient  en  devenant  servantes  ou  lai- 
tières dans  les  fermes  du  pays.  Ce  pcnnt  sei'a  d'une  impcirtance  capiialeet  ritm  ne 
sera  épargné  pour  Fatteindre,  car  en  cas  d'in-uccès  l'établissement,  devenu  plus 
nuisible  qu'utile,  ne  conduirait  sans  doute  qu'à  accroître  le  nombre  des  déclassées 
qui  n'encombrent  que  trop  le  pavé  des  villes,  n 

On  ne  saurait  trop  applaudir  à  l'esprit  qui  anime  le  projet  dont  il 
est  ici  question.  La  Société  d'agriculture  et  de  commerce  de  Caen  s'est 
empressée,  sur  la  demande  qui  lui  en  a  été  laite,  de  nommer  une 
Commission  chargée  de  concourir  par  ses  conseils  à  la  bonne  direc- 
tion d'une  œuvre  si  intéressante  pour  la  prospérité  de  l'industrie  lai- 
tière en    JNormandi'^. 

XIL  —  Police  sanitaire  du  bétail. 

Dans  notre  Chronique  du  9  juin,  nous  avons  inséré  deux  arrêtés  de 
M.  le  ministre  de  l'agriculture,  relatifs  à  la  désinCec'ion  des  fermes  et 
du  matériel  de  transport  des  animaux,  dans  le  cas  de  maladie  conla- 
giruse  du  bétail.  Il  restait  à  prendre  les  mesures  nécessaire-;  prour  la 
désinfection  du  matériel  des  chemins  de  fer  servant  au  transport  des 
animaux.  On  trouvera  plus  loin,  à  la  partie  officielle  de  ce  numéro, 
un  :'rrêté  qui  règle  les  conditions  dans  lesquelles  cette  désinfection 
aura  lieu. 

D'autre  part,  la  péripueumonie  contagjpuse  des  bêtes  à  cornes  est,  à. 
juste  titre,  une  des  principales  préoccupations  du  service  sanitaire.  A 
la  date  du  18  juin,  le  minisire  de  Tagriculture  a  envoyé  aux  pt-éléts 
la  circulaire  suivante  qui  prescrit  la  m  ircheàsuivre  pour  la  constatation 
de  la  maladie  et  la  délivrance  des  ordres  d'abatage  : 

a  Monsieur  le  préfet,  parmi  les  demandes  d'indemnité  adressées  jusqu'à  ce 
iouT  à  mon  administration  pour  pertes  causées  par  la  péripueumonie  C')rit.igieuse  du 
"gros  bétail,  un  assez  grand  nombre  s'ap[)l.iqua  eut  à  des  animaux  dont  la  miladie 
avait  été  siî.'nalée  à  l'auiorité  piéfectorale,  mais  dont  la  mort  était,  survenue  avant 
que  l'an  été  d'abatage  eîit  été  rendu  ou  avant  que  cet  arrêté  eût  pu  recevoir  son 
exécution. 

«  L'indemnité  prévue  par  la  nouvelle  loi  sanitaire,  pour  le  cas  de  péripneu- 
monie,  n'est  due  que  quand  l'abatage  ordonné  a  été  réellement  effectué,  et,  en  con- 
séquence, ces  demandes  ont  uù  être  écarléis:  mais  lorsque  le  temps  écoulé  entre 
le  moment  de  la  déclaraliim  à  la  mairie  et  celui  de  la  mort  de  l'animaJ  était  suf- 
fi^ant  pour  que,  aec  un  peu  d'empressement,  toutes  les  formalités  légfles  aient 
pu  être  remplies,  l'autorité  administrative  peut  être  accisée  de  n'avoir  pas  agi 
avec  toute  l'activé  désirable,  et  des  plaintes  se  sont  même  produites  à  ce  sujet 
contre  e  le. 

«  Pour  en  éviter  le  refour,  en  même  temps  que  pour  se  conformer  aux  intentions 
du  législateur,  qui  a  voulu  l'extinction  aussi  piompte  que  possible  des  foyeis  de 
contagion,  il  est  indis|iensable  que  les  formalités  qui  doivent  précéler  l'émission 
de  l'ordre  d'abatage  soient  accomplies  avec  la  plus  grande  célérité. 

«.  Aucune  dt  s  constatations  préliminaires  prescrites  par  le  décret  du  22  juin  '  8S2, 
et  qui  sont  une  garantie  à  la  fuis  pour  les  particuliers  et  pour  le  Trésor  puldic, 
ne  peut  être  s  pprimée  ;  mais  un  temps  co.  siiérable  peut  être  g'^gné  en  taisant 
usage  eu  télégraphe  au  lieu  d'employer  les  voies  ordinaires  de  transmission. 

«  Voici,  en  conséquence,  la  marclie  qui  me  paraît  devoir  êtra  dé:Ormais  suivie 
lorsque  la  périjneumonie  sera  constatée  dans  une  commune  : 


CHRONIQUE   AGRICOLE  (23  JUIN  1883).  449 

«  Aussitôt  la  déclaratioT  reçue,  et  il  iimorte  de  rappeler  à  vos  administrés 
qu'elle  doit  être  laite  aussitôt  l'appariiion  d-^  sym;itômes  susnecis,  le  maire  devra, 
comme  par  le  passé,  vous  aviser  du  l'ait  le  jour  même  et  prévenir  en  môme  temps 
le  vétérinaire  sanitaire  de  la  circonscription  ;  celui-ci  se  rendra  sur  les  li  ux  sins 
auc  m  délai  et  il  r/'dijera.  séance  tenaite,  son  rapport  qu'il  adressera  au  vétéri- 
naire délégué,  au  lieu  de  le  transmettre  à  vo^r:!  prélecture. 

«  Au  reçu  du  rappoit  de  son  collcj;ue,  concluant  à  l'existence  de  la  péripneu- 
monie,  le  vétérinaire  délégué  se  rendra  dans  la  commune,  comme  l'exii^e  l'ar- 
ticle 16  du  rendement  d'administration  publi  jue  du  22  juin  1882,  et  si  son  diag- 
nostic conlirme  celui  du  vétérinaiie  sanitaire,  il  vous  en  informera  de  suite. 

«  Pour  les  communes  éloignées,  le  vétérinaire  délégué  vous  'lemandera  par  le 
télégraphe  l'ordre  d'aiiatnge  des  animaux  malades  et  d'inoculation  des  suspects. 
Cet  ordre  sera  notifié  également  par  voie -télégra[)liique  au  maire  de  la  commune 
qui  est  chargé  de  l'exécution.  Au  retour  du  vétérinaire  délégué,  vous  prendiez  un 
arrêté  dans  la  forme  ordinaire  en  ayant  soin  de  lui  donner  la  date  même  de  votre 
télégramme. 

«  Je  tiens  en  un  mot  à  ce  qu'il  ne  s'écoule  que  le  temps  strictement  nécessaire 
entre  le  moment  de  la  déclaration  et  l'application  des  mesures  sanitaires  réclamées 
par  les  circonstances,  de  façon  à  remplir  le  but  de  la  loi  et  à  ne  pas  compro- 
mettre par  des  retards  souvent  injustifiables  les  inté)êts  des  agriculteurs. 

«  Je  vous  prie  de  vouloir  bien  adresser  d'urgence  des  instructions  dans  ce  sens 
à  tous  les  vétérinairtis  sanitaires  de  votre  déparlement. 

«  Recevez,  etc.  «  Le  miivslre  de  i'agrlcaUure^  «  J.  Méline  » 

L'organisation  du  service  sanitaire  sur  nos  frontières  fonctionne 
régulièrement.  Nous  en  trouvons  la  preuve  djns  le  fait  qui  s'est  passé 
récemment  au  bureau  de  douane  de  Jaumont.  Le  vétérinaire  de  service 
a  constaté  que  des  porcs  venant  de  Hambourg  étaient  atteints  de  la  fièvre 
apbteuse,  et  il  a  immédiatement  fait  interdire  l'entrée  du  wagon  qui 
les  renfermait.  La  fièvre  aphteuse  sévit  endémiquement  dans  plusieurs 
pays  qui  nous  environnent;  il  est  indispensable  qu'une  grande  surveil- 
lance s'exerce  sur  tous  les  animaux  qui  en  proviennent;  si  le  nombre 
des  malades  augmentait,  une  rigoureuse  interdiction  des  bêtes  de  ces 
provenances  devrait  en  être  la  conséquence.  Il  y  va  de  la  sanlé  de  nos 
élables  ;  les  efforts  du  service  sanitaire  intérieur  demeureraient  vains, 
si  de  nouvelles  contaminations  arrivaient  sans  cesse  de  l'extérieur. 

XIIL  —  Culture  des  betteraves  des  céréales  et  des   légumineuses. 

M.  A.  Dei^ome,  l'agriculteur  bien  connu  dans  la  région  du  Nord 
par  ses  expériences  sur  la  culture  des  betteraves  et  des  céréales,  nous 
informe  qu'il  publiera  prochainement  ses  différents  modes  de  culture 
dont  la  bjse  est  l'utilisation  pratique  de  la  chaleur  solcvre,  de  l'air  et 
de  la  lumière  avec  le  concours  d'un  semoir  à  dould-î  effef,  de  son 
invention,  et  des  engrais  spéciaux  qu'il  fabrique.  D'a[)rôs  ce  qu'il 
nous  indique,  la  méthode  pratiquée  par  M.  A.  Derome,  din.s  sa  ferme 
de  Bavai,  assure  la  propreté  du  sol  et  le  rendement  iiîaximnm  est  régu- 
lièrement et  relativement  possible  dans  tous  les  champs  ;  l'écbauda'j-e, 
la  rouille  et  la  verse  dans  les  céréales  sont  évités. 

M.  Derome  pense  que  sa  méthode  permettrait  d'élever  sûrement  et 
très  avantageusement  la  récolte  moyenne  du  blé,  qui  n'e,>t  que  de 
1  4  hectolitres  en  France,  à  25  he^olitres,  et  proportionnellement  pour 
toutes  les  autres  céréales  (orge,  avoine,  seigle,  sarrasin,  etc.)  H  en 
expose  lui-même  les  résultats  comme  il  suit  : 

Le  résultat  cultural  des  perfectionnements  apportés  par  M.  A.  Derome  se 
traduit  : 

l"  Pur  l'emploi  des  engrais  complémentaires  dans  le  rayon  wec  la  s'-mence^  en 
un  bén  fice  ininimumàe  100  pour  100.  Le  bénidice  moyaii  est  de  3.^0  pour  100 
pour  des  dépenses  variant  entre  30  et  150  fr.  à  l'hectare. 


450  CHRONIQUE  AGRICOLE   (23  JUIN    1883). 

2"  Par  une  disposition  nouvelle  des  semis  de  I^PÀltraves,  céréales  el  légumlneusfs, 
en  un  bénéfice  variant,  suivant  la  date  de  plantation,  la  quilité  de  la  levée  et  les 
soins  donnés  à  son  champ,  avant  et  après  la  plantation,  entre  100  et  300  fr.  par 
hectare  de  betteraves;  100  et  200  t'r.  par  hectare  de  céréales. 

Bavai  se  trouve  sur  les  lignes  ferrées  de  Valenciennes  à  Maubeuge 
et  de  Cambrai  à  Dour.  M.  Derome  se  met  à  la  disposition  des  culti- 
vateurs qui  désirent  visiter  ses  cbamps. 

XIV.  —  Le  2)hyUoxcra. 

La  Section  permanente  de  la  Commission  supérieure  du  phylloxéra 
s'est  réunie  le  15  juin.  Le  défaut  de  place  nous  force  à  remettre  à 
huitaine  les  résultats  de  cette  séance,  ainsi  que  plusieurs  autres  com- 
munications. J.-A.  Barral. 

SOCIÉTÉ    NATIONALE    D'AGRICULTURE 

Séance  du  20  juin  1883.  —  Présidence  de  M.  Dumas. 

M.  Zandel,  vétérinaire  de  l'Alsace -Lorraine,  envoie  des  documents 
sur  la  police  sanitaire,  et  sur  l'organisation  du  service  vétérinaire. 

M.  Lozey  envoie  des  notes  sur  le  rouleau  compresseur  et  rayonneur 
qu'il  a  présenté  antérieurement  à  la  Société. 

M.  Goubaux,  directeur  de  l'école  d'Alfort,  fait  hommage  de  la  2^ 
partie  du  traité  de  l'extérieur  du  cheval,  qu'il  publie  avec  M.  Barrier. 

M.  A.  Rouilliet  transmet  un  projet  de  pétitionnement  dont  il  a  pris 
l'initiative  en  vue  d'obtenir  un  dégrèvement  de  l'impôt  foncier  sur  les 
terres  improductives  par  suite  de  causes  indépendantes  du  cultivateur. 

La  Société  adopte  les  conclusions  de  la  Section  de  sylviculture  ten- 
dant à  demander  au  ministre  de  l'agriculture  de  prendre  les  mesures 
convenables  pour  que  des  notions  de  culture,  de  gestion  et  de  surveil- 
lance des  bois  et  forêts  soient  données  aux  élèves  des  fermes-écoles 
dans  lesquelles  il  jugera  utile  de  répandre  cet  enseignement. 

M.  Barral  donne  des  détails  sur  le  concours  régional  qui  a  en  lieu  à 
Caen,  notamment  sur  l'exposition  chevaline,  sur  celle  des  races  bovi- 
nes et  sur  le  concours  international  de  laiterie.  Il  donne  en  même 
temps  des  indications  sur  les  efforts  qui  sont  faits  actuellement  par  les 
cultivateurs  en  vue  de  former  des  livres  de  généalogie  pour  les  princi- 
pales races  d'animaux  domestiques,  surtout  pour  la  race  bovine 
normande.  A  cette  occasion,  M.  des  Cars  fait  observer  que  des  efforts 
analogues  ont  été  faits  pour  créer  un  stud-book  de  la  race  chevaline 
percheronne,  mais  qu'il  s'est  présenté  de  grandes  difficultés  pour  ce 
travail.  M.  Dumas  ajoute  qu'il  est  de  la  plus  haute  importance  d'en- 
courager la  création  de  registres  de  naissance  pour  le  bétail  ;  car  ces 
registres  peuvent  seuls  servir  de  guide  pour  maintenir  la  pureté  des 
races.  La  question  est  renvoyée  à  la  Section  d'économie  des  animaux. 

M.  Barral  présente,  de  la  part  de  M.  Balbiani,  deux  pieds  de  vignes 
cultivés  dans  des  pots  et  qui  ont  été  badigeonnés  au  goudron  en  vue 
de  détruire  l'œuf  d'hiver  du  phylloxéra;  la  végétation  de  ces  vignes 
est  vigoureuse,  ce  qui  démontre  que  les  bourgeons  n'ont  pas  été  endom- 
magés par  le  goudron.  —  Ï\L  Boussingault  cite  des  expériences  nom- 
breuses qu'il  a  faites  à  Bechelbronn,  et  d'oi^i  il  résulte  que  le  goudron 
n'exerce  aucune  action  délétère  sur  les  parties  ligneuses   des  plantes. 

La  Société  procède  à  l'élection  d'un  membre  associé  dans  la  Section 
de  mécanique  agricole  et  des  irrigations.  M.  Cliamponnois  est  élu. 

Henry  Sagmer. 


LES  HARAS  EN    1883  451 


LES  HARAS  EN  1883 

La  question  des  haras,  si  importante  au  point  de  vue  écononiif[ue 
et  vitale  au  double  point  de  vue  de  la  défense  et  de  la  richesse  natio- 
nales, est  une  de  celles  qui  doivent  rencontrer  dans  les  Cliambres, 
comme  auprès  du  o;ouvernement,  une  faveur  marquée.  L'intérêt 
militaire  qui  s'attache  à  la  reconstitution  de  notre  cavalerie  est 
incontestable.  C'est  là  un  des  plus  G;rands  ressorts  des  armées 
modernes.  Il  &e  trompait  iiçravement,  cet  officier  supérieur  qui  ne 
voyait  plus  de  rôle  pour  ce  moteur  animé  dans  la  guerre  moderne, 
depuis  la  découverte  des  armes  à  lonjtue  portée,  et  qui  avait  poussé, 
50US  l'Empire,  ce  cri  de  détresse  :  Plus  de  cavalerie  !  La  triste  expé- 
rience de  1870-1871  est  venue  prouver  qu'on  ne  se  passe  pas  davan- 
tage des  chevaux  que  des  hommes  et  a  jeté  un  jour  éclatant  sur  ce 
qui  nous  manque  de  ce  côté.  La  disparition  du  cheval  de  guerre 
serait  un  véritable  cataclysme  et  compromettrait,  dans  un  de  ses 
éléments  essentiels,  la  défense  nationale,  pour  laquelle  le  pays  s'est 
imposé  déjà  et  s'impose  encore  chaque  jour  de  si  lourds  sacrifices. 

Cette  dure  leçon  paraissait  d'ailleurs  avoir  été  comprise  par 
l'administration,  qui  avait  évidemment  une  part  de  responsabilité 
dans  nos  désastres.  Les  ministres  de  l'aorriculture  et  du  commerce 
qui  se  sont  succédé  depuis  1871  à  l'hôtel  de  la  rue  de  Varennes 
méritent  nos  éloges  pour  le  zèle  louable  avec  lequel  ils  ont  cherché  à 
développer  la  production  chevaline  par  les  encouragements.  Mais  toute 
leur  bonne  volonté  n'eût  pu  suffire  à  l'accomplissement  de  cette  tâche. 
Il  y  fallait  le  concours,  et  le  concours  énergi(jue  et  résolu,  des  Cham- 
bres. Certes,  nous  ne  nions  pas  ce  qu'elles  ont  fait  de  bien  dans  ce 
genre.  La  loi  de  1874  est  un  des  meilleurs  legs  que  nous  ait  transmis 
l'Assemblée  nationale.  C'est  le  commencement  de  la  réorganisation  et 
une  première  étape  dans  la  voie  du  repeuplement  et  du  progrès.  Mais 
le  temps  a  marché,  et  l'insuffisance  des  mesures  prises  menacerait 
de  compromettre  une  réforme  indispensable.  D'autre  part,  la 
Chambre  n'est  pas  uniquement  composée  de  représentants  de  nos 
régions  chevalines  ;  n'a-t-on  pas  vu  dernièrement  des  députés  et  des 
conseillers  municipaux  de  la  ville  de  Paris  protester  du  haut  de  la 
tribune  contre  l'inulile  institution  des  cour.-es?  On  ne  saurait  trop 
prémunir  nos  législateurs  et  nos  édiles  contre  d'aussi  déplorables 
tendances,  dont  le  résultat  serait,  par  ce  temps  d'économies  forcées, 
de  faire  retrancher  des  crédits  indispensables  au  budget  de  la  race 
chevaline. 

Enfin,  l'institution  des  haras  elle-même  à  laquelle  nous  consacrons 
ces  pages,  parce  que  nous  la  croyons, nécessaire  à  la  reconstitution 
d'une  des  branches  de  notre  année,  au  développement  de  notre  com- 
merce, à  la  diffusion  du  luxe  sous  une  de  ses  formes  les  plus  utiles, 
parce  que  nous  sommes  convaincu  que,  bien  dirigée,  elle  peut  contri- 
buer puissamment  à  notre  relèvement,  à  notre  prospér;té,  à  ce  mou- 
vement en  avant  qui  en  est  le  signe  infaillible,  —  cette  institution  a 
été  souvent  attaquée,  tenue  en  suspicion,  considérée  comme  un  rouage 
superflu  que  le  législateur  aurait  dû  supprimer  depuis  long'emps  pour 
faire  appel  à  l'industrie  privée  et  livrer  nos  races  de  chevaux  à  tous 
les  hasards  d'une  production  sans  contrôle;  comme  si  le  moment  était 


462  LES  HARAS  EN  1883. 

venu  de  briser  le  moule  de  nos  reproducteurs,  de  faire  table  rase  de 
tout  le  passé  et  de  semer  du  sel  sur  l'emplacement  du  baras  du  Pin  et 
delà  jumenterie  reconstituée  de  Pompadour! 

C'est  pour  réagir  contre  ces  funestes  erreurs  que  nous  avons  entre- 
pris celte  étude,  dans  laquelle  nous  nous  sommes  proposé  de  démon- 
trer par  des  considérations  économiques,  agricoles  et  militaires,  que 
jamais,  à  aucune  époque,  les  baras  ne  furent  plus  nécessaires  pour 
améliorer  et  augmenter  notre  production  cbevaline;  que,  s'il  est  vrai 
qu'ils  ont  été  trop  souvent  au-dessous  de  leur  tache  et  rebelles  aux 
réformes  les  plus  indispensables,  il  n'en  faut  conclure,  comme  le  font 
leurs  advertaires  a\ec  une  précipitation  dangereuse  et  une  logique  à 
outrance,  que  It^ur  rôle  est  fini;  mais  quil  y  a  lieu  de  les  soumettre 
à  un  contrôle  sévère,  de  les  réformer,  de  les  pénétrer  de  l'esprit  nou- 
veau et  d'en  faire  le  véhicule  du  progrès  et  l'agent  de  l'amélioration. 

Les  Chambres  peuvent  beaucoup  pour  la  défense  de  ces  intérêts 
vitaux  du  pays.  Ce  sont  elles  qui  votent,  chaque  année,  le  budget  de 
la  race  chevaline.  Nous  connaissons  trop  leur  zèle  et  leur  dévouement 
à  cette  grande  cause  pour  avoir  besoin  de  les  stimuler.  Mais  ces 
intérêts  peuvent  être  compromis  par  trop  de  condescendance.  Nous 
avons  tenu,  quant  à  nous,  à  dire  la  vérité  tout  entière,  persuadé 
q"'elles  sauront  la  comprendre  et  qu'elles  nous  sauront  gré  de  l'avoir 

dite. 

j.  —  Nous  n'examinons  pas  en  ce  moment  les  griefs  invoqués  contre 
l'administration  des  haras;  si  l'on  veut  môme,  pour  simpliher  la 
question,  nous  les  accepierons  tous.  Les  hommes  ont  pu  se  tromper, 
les  méthodes  n'ont  pas  toujours  été  excellentes,  une  certaine  étroitesse 
d'esprit  s'est  fait  jour  à  différentes  époques,  et  les  jalousies  de  métier 
ont  été  parfois  déplorables.  L'administration  des  haras,  qu'il  ne  faut 
pas  confondre  avec  les  haras  eux-mêmes,  est  peut-être  même  un  mal, 
mais  alors  il  faut  avouer  que  c'est  un  mal  nécessaire.  On  l'a  sup- 
primée déjà;  mais  on  a  été  forcé  d'y  revenir,  par  cette  unique  raison 
qu'on  ne  pouvait  s'en  passer.  Cette  administration  a  cependant  produit 
des  hommes  utiles,  capables  et  dé.>intéressés.  Si  elle  a  été  vaincue 
sous  l'Empire  dans  sa  lutte  contre  le  Jockey  Club,  il  fjut  bien  recon- 
naître qu'elle  avait  affaiie  à  très  forte  partie,  puisqu'elle  était  aban- 
donnée par  ceux  mêmes  qui  avaient  pour  mission  de  la  défendre  et  que 
les  plus  grandes  iniluences  s'étaient  retournées  contre  elle.  En  tout 
cas,  si  le  personnel  avait  besoin  d'êire  réformé,  ce  n'était  pas  une 
raison  pour  supprimer  l'institution. 

L'utilité  des  haras  n'est  plus  à  démontrer;  s'il  fallait  recourir  à  des 
témoignages  illustres,  autorisés,  nous  nous  bornerions  à  citer  trois 
noms  :  François  de  Neufchâteau,  Hiizard  père,  qui  écrivait  à  la  fin  du 
dernier  siècle,  et  M.  Gayot,  un  contemporain.  Tous  trois  déposent  de 
ce  fait,  assurément  très  considérable  :  que  partout  où  s'est  fondé  un 
haras  sous  la  protection  du  prince  ou  de  l'Etat,  on  a  vu  se  créer  une 
race  de  chevaux  ;  que  partout,  au  contraire,  où  par  la  faute  des  hom- 
mes ou  la  dureté  des  t.  mps,  un  haras  fut  supprimé,  la  race  a  disparu. 

En  veut-on  des  exemples?  Nous  ne  remonterons  pas  au  temps  de  la 
féodalité,  où  les  seigneurs  et  les  abbayes  rivalisaient  ensemble  pour 
les  besoins  de  la  production  chevaline.  Quel  moyen  avaienl-ils  Irouvé? 
Celui  d'avoir  des  haras.  Colbert,  sous  Louis  XIV,  encourage  l'institu- 
tion, et  l'on  voit  refleurir  celte  branche  de  la  production  nationale. 


LES   HARAS  EN  1883.  453 

En  1755,  par  un  ordre  de  Louis  XV,  un  haras  s'établit  dans  l'île  de 
Camargue,  où  des  chevaux  vivent  à  l'état  sauvage,  et  l'écurie  du  roi 
ne  dédaigne  pas  ses  produits;  la  Révolution  détruit  l'établissement,  et 
la  race  disparaît.  En  Lorraine,  en  1766,  fut  créé,  non  loin  de  Nancy, 
le  dépôt  d'étalons  de  Rosières,  et  voici  ce  qu'écrit  Huzard  père  peu 
de  temps  après  :  «  Quoique  le  haras  actuel  de  Rosières  n'existe  que 
depuis  quelques  années,  on  s'aperçoit  déjà  du  bien  qu'il  a  fait  dans 
les  départements  voisins.  On  reconnaît  la  facilité  qu'il  y  aura  à  relever 
cette  race  et  à  lui  rendre  ce  qu'une  parcimonie  mal  entendue  lui  a  fait 
perdre,  » 

On  connaît  la  plaine  de  Tarbes,  cette  vaste  jumenteric  naturelle  où, 
sur  un  étroit  espace,  se  trouvent  concentrées  plus  de  six  mille  mères. 
La  destruction  des  haras,  en  1790,  leur  fut  fatale.  Leur  réorganisation, 
en  1806,  sauva  la  race  navarrine.  En  1852,  se  développa  dans  le  dé- 
partement de  la  Haute-Vienne  une  race  anglo-arabe.  Cette  race  avait 
été  l'œuvre  de  l'administration  des  haras,  qui  l'avait  créée- à  force  de 
soins  et  de  patience,  après  bien  des  traverses  et  des  oscillations.  Depuis 
lors,  le  haras  de  Pompadour  a  été  supprimé.  En  frappant  de  stérilité 
le  haras  de  Pompadour,  on  avait  rayé  le  Limousin  de  la  carte  hippique 
de  la  France. 

Voici  du  reste  ce  que  nous  lisons  dans  le  rapport  envoyé  au  minis- 
tre de  l'agriculture  par  une  société  d'encouragement  de  ce  pays  :  «  Dans 
le  département  de  la  Haute-Vienne,  l'élément  de  l'industrie  chevaline, 
c'est  le  haras  de  Pompadour  :  il  est  virtuellement  toutes  choses,  la 
tête  et  le  cœur  d'où  sortent  les  artères  du  sang  hippique  et  où  viennent 
se  rendre  les  veines  qu'il  a  échauffées.  Le  haras  de  Pompadour  ne 
prête  pas  seulement  à  l'élève  des  chevaux  une  incomparable  assis- 
tance, il  lui  communique  réellement  l'existence  et  répond  avec  exac- 
titude, régularité,  connaissance  et  à-propos,  à  chaque  besoin,  à  chaque 
légitime  exigence.  Qu'il  conserve  donc  sa  composition  actuelle  et  sa 
forte  organisation  :  personnel  d'officiers,  étalons  des  sangs  les  plus 
purs  et  les  plus  nobles,  jumenteries  expérimentales,  grand  établisse- 
ment agricole  et  courses  de  chevaux.  Réduire  le  haras  dans  ses 
moyens  d'action  et  d'exécution,  ce  serait  tarir  une  des  sources  de  la 
fortune  départementale,  ce  serait  aller  droit  à  la  dégradation  de  l'es- 
pèce la  plus  noble,  et  à  l'anéantissement  du  précieux  cheval  de  troupe 
légère;  ce  serait  perdre  un  des  éléments  essentiels  de  la  force  de  l'ar- 
mée. » 

On  ne  tint  pas  compte  de  ces  avertissements  prophétiques.  Une 
société,  puissante  pour  le  bien  comme  pour  le  mal  qu'elle  a  fait  à  nos 
races  de  chevaux,  avait  juré  la  mort  du  cheval  anglo-arabe,  qui 
inquiétait  ses  combinaisons  de  gain.  M.  Fould,  M.  de  Morny 
avaient  décrété  la  suppression  du  haras  de  Pompadour.  Napoléon  HI, 
à  l'instigation  de  ces  conseillers  intimes,  prit  cette  regrettable  mesure 
qui  causa  la  désolation  des  éleveurs  du  centre  et  du  midi  de  la  France. 
La  célèbre  jumenterie  fut  dispersée  au  feu  des  enchères.  On  vendit  à 
l'encan  les  pères  et  les  mères  de  cette  race  excellente  dont  l'étranger 
recueillit  les  meilleurs  modèles. 

Les  conséquences  d'un  aussi  déplorable  aveuglement  no  se  firent 
pas  attendre  :  la  race  anglo-arabe  disparut  de  la  France  pour  aller 
peupler  les  haras  de  l'Allemagne,  de  l'Autriche  et  de  la  Russie,  et, 
lorsque  la  guerre  éclata,  on  put  constater  ce  double  résultat  :  la  France, 


454  LES  HARAS  EN    18S3, 

appauvrie  d'une  de  ses  meilleures  races  de  chevaux,  surtout  pour  le 
service  si  important  de  la  cavalerie  légère;  l'Allemagne,  fortifiée  par 
nos  pertes,  enrichie  de  nos  dépouilles  et  de  nos  fautes  !  Ce  fut  l'As- 
semblée nationale  qui,  pour  réagir  contre  cet  épuisement  funeste  à  la 
remonte  de  l'armée,  funeste,  à  l'agriculture  du  Midi,  décréta,  en  1874, 
la  reconstitution  de  la  jumenterie  en  donnant  aux  haras  une  plus 
large  organisation. 

La  Basse-Normandie  peut  à  bon  droit  passer  pour  le  lieu  d'élection 
de  la  race  chevaline  en  France.  La  nature  a  été  prodigue  pour  cette 
contrée.  A  l'est  du  Bocage  normand,  dont  les  collines  sont  si  char- 
mantes par  leurs  bouquets  de  hêtres  et  leurs  vergers,  la  région  de  la 
plaine,  arrosée  par  l'Orne,  la  Dives  et  la  Touques,  est  par  excellence 
le  pays  des  «  herbages  «  :  on  se  croirait  en  Angleterre.  Les  vallées  de 
l'Orne  et  du  Calvados  peuvent  lutter  avec  les  plus  beaux  comtés  d'au 
delà  de  la  Manche,  et,  comme  eux,  elles  se  prêtent  admirablement  à 
l'élève  du  cheval  :  l'humidité  du  climat  entretient  dans  ces  riches 
vallées  une  herbe  abondante,  tandis  que  la  fertilité  du  sol,  aidée  par 
l'industrie  du  cultivateur,  favorise  singulièrement  la  végétation  des 
fourrages  artificiels  dans  la  plaine  de  Caen,  Les  jeunes  chevaux  qui 
s'en  nourrissent  prennent  de  belles  et  vigoureuses  formes,  pourvu  tou- 
tefois qu'une  alimentation  rationnelle  vienne  plus  tard  corriger  le  dé- 
veloppement de  principes  lymphathiques  dus  à  ces  herbes  trop  grasses 
et  en  trop  grande  quantité,  pourvu  que  l'éleveur  intelligent  sache  de 
bonne  heure  combattre  ces  dispositions  en  mettant  les  animaux  à 
l'avoine  et  en  les  soumettant  à  un  travail  modéré  qui  accroît  leurs 
forces  sans  leur  faire  perdre  la  fierté  de  leur  port  et  la  légèreté  de  leur 
allure.  Quel  plus  admirable  spectacle  que  celui  de  ces  nobles  bêtes, 
tondant  l'herlDe  des  pâturages  normands  en  compagnie  de  ces  troupes 
de  bœufs  qui  s'y  renouvellent  chaque  année  pour  l'engraissement,  au 
milieu  même  de  ces  vaches  laitières  du  Cotentin,  si  renommées  pour 
la  production  du  fromage  et  surtout  du  beurre  !  Mais  à  qui  devons-nous 
ces  merveilles  ?  Ceux  qui  veulent  supprimer  les  haras  y  ont-ils  bien 
réfléchi  ? 

La  race  anglo-normande  existe,  grâce  au  haras  du  Pin.  11  n'y  a  pas 
à  ce  sujet  le  moindre  doute  à  avoir  :  c'est  le  prince  de  Lambesc,  grand 
écuyer  de  Louis  XVI,  qui  envoya  en  Angleterre,  avec  mission  d'y 
choisir  des  reproducteurs  de  demi-sang,  half  blood.  C'est  alors  que 
furent  importés  au  haras  du  Pin  ces  vingt-quatre  étalons  parmi  les- 
quels plusieurs  ont  assez  marqué  pour  que  leurs  noms  soient  restés 
longtemps  dans  la  mémoire  des  éleveurs.  On  se  souvient,  en  effet, 
des  Glorieux,  des  Badin,  des  Lancastre,  des  Warwick,  des  Sommer, 
set,  ainsi  que  du  Docteur  ;  des  premiers  en  bonne  part,  et  du  dernier 
en  mauvaise,  parce  que,  bien  qu'admirablement  doué,  il  ne  fit  qu'une 
lignée  mauvaise  et  rétrograde  par  le  défaut  de  son  origine.  Sans  ces 
étalons,  nous  n'aurions  pas  de  race  anglo-normande.  La  suppression 
des  haras,  en  1790,  vint  remettre  tout  en  question.  L'émancipation  de 
l'industrie  privée  avait  conduit  par  le  chemin  le  plus  court  à  la  ruine 
complète  des  éléments  de  toute  production.  En  quelques  années,  il 
n'y  eut  plus  ni  étalons,  ni  poulinières  capables.  La  population  en 
masse  ne  s'en  porta  pas  mieux  ;  loin  de  là,  elle  se  trouva  si  mal  du 
nouveau  régime  auquel  on  l'avait  soumise,  qu'il  y  eut  nécessité  de 
revenir  à  une  organisation  régulière.  Malheureusement,  l'Angleterre 


LES  HARAS  EN   1883.  455 

nous  resta  fermée  pendant  toute  la  durée  du  premier  Empire.  Après  la 
Restauration,  reparaît  le  sang  anglais.  Mais  on  ne  put  arriver  à  faire 
disparaître  la  tête  busquée,  legs  que  nous  avait  fait  la  Du  Barry  ;  et 
vers  1830,  le  cheval  normand  était  un  grossier  animal,  à  l'encolure 
courte,  épaisse  et  commune,  le  garrot  noyé  dans  la  graisse,  le  dos  bas 
et  foulé,  le  rein  long  et  mou,  les  hanches  hautes,  droites,  effacées,  le 
jarret  plein,  vacillant  et  taré,  le  genou  creusé  sur  le  devant,  les  ca- 
nons minés,  les  tendons  grêles,  les  articulations  faibles  et  mal  atta- 
chées. Mais,  à  partir  de  1830,  une  impulsion  nouvelle  vint  régénérer 
la  race.  L'infusion  habilement  dosée  du  sang  anglais  accomplit  ce 
miracle.  Le  sang  nous  délivra  du  cornage  héréditaire,  fit  disparaître 
l'affreux  nez  busqué,  releva  le  garrot.  Mais  ici  l'abus  était  à  côté  de 
l'usage  et  devait  bientôt  prévaloir.  Nous  croyons,  avec  de  bons  juges, 
que  l'abus  du  pur-sang  a  jeté  l'élevage  normand  dans  une  crise  déci- 
•  sive  et  dont  il  aura  quelque  peine  à  sortir  dans  les  circonstances 
actuelles.  L'équilibre  est  rompu  :  l'amaigrissement  ou  l'élongement 
des  formes  est  déjà  sensible  ;  la  force  morale  n'est  plus  soutenue  par 
la  force  physique,  la  vitesse  par  le  fond,  et  les  hommes  sérieux  voient 
avec  peine  l'avenir  des  races  de  demi-sang  très  compromis  par  l'excès 
de  ces  croisements  sans  sélection. 

Veut-on  d'autres  exemples  ?  La  race  angevine,  telle  qu'elle  s'est 
développée  de  1 833  à  1 850,  est  une  création  des  haras,  et  la  race' franc- 
comtoise,  telle  que  le  comte  de  Montendre  l'a  décrite  et  prise  entre 
1740  et  1754,  création  des  haras.  «  Alors,  nous  dit-il,  la  Franche- 
Comté  était  divisée  en  deux  départements,  qui  avaient  chacun  un 
inspecteur  parliculer.  Il  y  avait  un  étalon  approuvé  par  canton,  soit 
120  pour  un  département,  230  pour  l'autre,  total  :  350,  en  outre  de 
ceux  appartenant  à  l'Etat.  »  Mais  on  a  laissé  dégénérer  cette  institu- 
tion depuis  cinquante  ans.  On  a  supprimé  la  classe  des  étalons  dépar- 
tementaux ;  on  a  réduit  l'effectif  des  étalons  nationaux.  Aujourd'hui 
il  n'y  a  plus  de  race  franc-comtoise. 

Ainsi,  partout  en  France,  fondation  d'un  haras  de  l'Etat  signifiait, 
jusqu'à  ce  jour,  création  d'une  race  de  chevaux.  Partout  aussi,  jus- 
qu'à ce  jour,  la  disparition  d'un  de  ces  haras  a  précédé  de  peu  d'an- 
nées la  disparition  de  cette  race.  Voilà  les  faits  incontestables  et 
démontrés  par  ceux  mêmes  qui  ont  lutté  pour  ces  principes  et  raconté 
les  résultats  de  leur  expérience. 

L'explication  du  fait  est  bien  simple.  La  création  des  races  et  l'amé- 
lioration de  la  production  chevaline  ne  sauraient  être  livrées  au 
hasard.  C'est  une  œuvre  de  patience  et  de  raison,  qu'une  administra- 
tion forte  et  éclairée  peut  seule  entreprendre  dans  l'état  de  division  et 
de  morcellement  où  nous  sommes.  En  France,  ce  n'est  pas  comme  en 
Angleterre,  où  une  aristocratie  puissante  encourage,  développe,  pa- 
tronne l'élève  du  cheval  :  ici  le  principe  démocratique  s'étend  aux 
chevaux  eux-mêmes  ;  ce  sont  de  véritables  petites  républiques  répan- 
dues parfois  sur  de  vastes  espaces,  souvent  presque  à  l'état  sauvage. 
Comment  faire  pour  les  améliorer?  Voici,  par  exemple,  toutes  ces 
familles  si  intéressantes,  mais  si  peu  homogènes  et  si  peu  suivies  du 
midi  de  la  France.  A  défaut  d'une  pépinière  unique,  dune  même 
source  où  chacune  des  contrées  chevalines  du  Midi  vienne  puiser  les 
mêmes  éléments  de  reproduction  et  d'amélioration,  les  unes  et  les 
autres,  vouées  à  tout  venant,  avancent  au  hasard,  comme  elles  peuvent, 


456  LES  HARAS  EN    1883. 

sans  savoir  oii  elles  vont.  La  plupart  sont  à  peu  près  abandonnées  à 
elles-mêmes;  quelques-unes  se  soutiennent  à  grand'peine,  par  les  se- 
cours qui  leur  ont  été  portés  précédemment  et  dont  les  effets  se  font 
encore  sentir.  Mais  toutes  succomberaient  infailliblement  sous  le  coup 
du  système  destructeur  dont  l'inévitable  effet  serait  de  fournir  à  l'in- 
dustrie privée  des  reproducteurs  médiocres  et  insufïisants. 

Voilà  donc  l'utilité  des  haras  :  élever  le  niveau  de  production,  l'uni- 
formiser pour  une  même  contrée  chevaline  en  vue  des  besoins,  sans 
nuire  à  la  spécialité  et  à  l'appropriation  au  milieu.  Les  haras  sont  le 
véhicule  de  la  création  des  races  et  de  leur  amélioration.  En  les  sup- 
primant, vous  faites  inévitablement  disparaître  les  races  qu'ils  ont 
créées. 

La  Normandie,  à  cet  égard,  n'a  jamais  dissimulé  ses  craintes,  ses 
inquiétudes.  On  la  trouve  timide,  mais  c'est  bien  naturel  en  présence 
des  leçons  de  l'expérience.  La  Normandie  est  la  contrée  chevaline  par 
excellence  ;  elle  est  le  siège  d'une  race  estimée,  qui  vend  ses  produits 
à  l'étranger  et  au  reste  de  la  France.  Je  ne  reviendrai  pas  sur  ce  que 
j'ai  dit  des  éléments  dont  se  compose  la  race  anglo-normande.  Cette 
race  est  le  produit  des  accouplements  des  juments  indigènes  avec 
les  meilleurs  étalons  d'Angleterre.  C'est  bien  là,  on  l'avouera,  que  les 
haras  jouent  un  rôle  nécessaire  !  Un  seul  étalon  a  infecté  la  Norman- 
die de  ses  produits.  Il  semble  donc  que  ce  ne  soit  pas  trop  de  la 
surveillance  la  plus  active  d'un  personnel  capable,  des  efforts  intel- 
ligents et  des  sacrifices  raisonnes  de  l'administration,  pour  maintenir 
cette  race  à  sa  véritable  hauteur.  Et  c'est  pourquoi  les  haras  ont  tou- 
jours été  nécessaires, aux  éleveurs,  ils  le  croient  du  moins,  pour  se 
livrer  avec  fruit  à  la  production  chevaline. 

D'autres  raisons  encore  confirment  cette  opinion  des  éleveurs.  L'éta- 
lonnage est  un  mauvais  métier,  réputé  sans  profit.  On  sait  que  ce  pro- 
duit, acheté  souvent  très  cher,  se  détériore  aussi  très  vite.  Qui  de  nous 
n'a  vu  un  de  ces  pauvres  étalons  sans  gloire,  couché  sur  une  paille 
ignoble,  après  avoir  servi  quelques  années  aux  besoins  de  la  reproduc- 
tion ?  La  pauvre  bête  tarée  contrastait,  par  sa  piteuse  mine,  avec  l'ani- 
mal brillant  que  nous  avions  connu  peu  d'années  auparavant.  Ce  capi- 
tal est  donc  un  de  ceux  qui  se  détériorent  le  plus  vite  et  qui  ont  le 
plus  besoin  d'être  renouvelés.  De  là  de  nouvelles  et  très  sérieuses  dif- 
ficutés  pour  l'établissement  de  cette  industrie. 

Tous  ces  motifs  et  d'autres  encore  militaient  en  faveur  du  maintien 
des  haras.  Aussi,  lorsque,  en  1852,  il  fut  sérieusement  question  d'y 
toucher,  au  premier  soupçon  qu'ils  eurent  de  la  mesure,  les  éleveurs 
réclamèrent,  et  à  lapremière  nouvelle  d'un  commencement  d'exécution, 
tous  protestèrent,  on  sait  avec  quelle  énergie.  Les  membres  du  Conseil 
municipal,  du  Tribunal  de  commerce  et  de  la  Chambre  consultative 
des  arts  et  manufactures  de  Saint-Lô,  appelaient  la  mesure  un  vrai 
malheur  public  qui  jetait  l'alarme  et  la  consternation  dans  le  pays.  Ils 
parlaient  des  résultats  désastreux  qu'entraînerait  la  suppression  des 
haras;  ils  suppliaient  leurs  députés  et  sénateurs  d'agir  eflicacement  et 
résolument  auprès  du  Sénat  et  du  Corps  législatif. 

Des  voix  s'élevèrent  de  toute  la  contrée  chevaline  qu'on  allaitdépouiller 
de  sa  principale  production,  et  au  bout  de  quelque  temps  il  fallut  bien 
se  rendre  à  l'évidence.  La  mesure,  proposée  par  MM.  Fould  et  de  Morny 
dans  l'intérêt  du  Jockey-Club,  fut  abandonnée.  La  direction  des  haras 


LES   HARAS  EN  1883.  457 

ne  fut  même  point  supprimée,  comme  on  en  avait  eu  d'abord  l'inten- 
tion, et  l'empereur  reconnut,  un  peu  tard,  qu'on  l'avait  trompé. 

Dételles  leçons  portent  avec  elles  leur  enseignement.  Les  menaces  de 
suppression  des  haras",  s'il  existait  dos  esprits  assez  mal  faits  pour 
rêver  un  tel  bouleversement,  seraient  accueillies  avec  une  défaveur 
plus  grande  encore  et  soulèveraient  une  résistance  invincible  de  la 
part  des  éleveurs.  Le  gouvernement  qui  le  tentera' t  aurait  contre  lui 
toute  la  France  chevaline.  Et  sait-on  pourquoi?  C'est  qu'à  cette  pre- 
mière et  déjà  très  dure  leçon  est  venue  s'en  ajouter  une  autre  :  celle  de 
la  guerre  avec  l'Allemagne. 

[La  suite  prochainement.)  Foucheii  de  Careil, 

sénateur. 

CONCOURS  REGIONAL  DE  BLOIS 

Les  concours  régionaux  ont  été  créés  en  vue  du  développement  des  progrès 
agricoles;  leur  but  est  de  montrer,  par  les  animaux,  par  les  récoltes,  par  les 
machines,  à  la  fois  des  moyens  de  production,  et  les  produits  obtenus,  de  susciter 
parmi  les  agriculteurs  une  émulation  profitable,  en  un  mot  de  servir  d'instruction 
à  tous.  Eh  bien,  dans  un  certain  nombre  de  villes,  ce  but  est  absolument  manqué. 
Le  concours  agricole,  qui  devrait  être  la  principUe  partie  des  solennités  dont  il 
est  l'occasion,  devient  l'accessoire;  et  cet  accessoire  est  souvent  traité  avec  une 
désinvolture  voisine  du  dédain.  On  organise  des  solennités  de  toutes  sortes,  des 
expositions  bariolées,  et  on  leur  donne  le  premier  pas  ;  c'est  de  ce  côté  qu'on  attire 
les  visiteurs,  en  reléguant  le  concours  agricole  dans  un  faubourg,  le  plus  loin 
qu'on  peut,  sans  s'inquiéter  de  son  sort.  C'est  ainsi  que  les  choses  viennent  de 
se  passer  à  Blois.  Il  y  a  beaucoup  de  re'^sources  dans  cette  ville  pittoresque;  mais 
les  endroits  propices  avaient  été  réservés  à  des  fêtes  locales,  de  même  que  tous 
les  efforts  des  organisateurs  s'étaient  consacrés  sur  ces  fêtes.  Ce  n'est  pas  que  nous 
soyons  l'ennemi  d'une  douce  gaieté,  tant  s'en  faut;  aiais  les  choses  utiles,  celles 
qui  sont  la  cause  réelle  de  tout  ce  mouvement,  devraient  être  phcéesau  premier 
rang.  Amusez  -vous  tant  que  vous  voudrez,  mais  ne  sacrifiez  pas  l'agriculture  aux 
divertissements  populaires.  La  seule  excuse  qu'on  puisse  présenter,  c'est  que  les 
municipalités  faisant  les  frais  d'organisation  des  concours,  il  est  tout  naturel 
qu'elles  prennent  les  mesures  qu'elles  croient  utiles  pour  rentrer  dans  leurs  frais. 
Sans  doute,  il  y  a  là  une  considération  dont  il  faut  tenir  compte  ;  mais  est-ce  une 
raison  suffisante  pour  ne  pas  leur  imposer  des  conditions,  bien  naturelles,  en 
vérité?  Puisque  le  concours  agricole  vous  donne  l'occasion  d'attirer  une  foule 
nombreuse,  ayez  pour  lui  les  égards  dus  à  qui  remplit  la  bourse. 

Les  Compagnies  de  chemins  de  fer  ont  aussi,  dans  cet  état  de  choses  qui  se 
généralise,  leur  part  de  responsabilité.  Elles  donnent  des  facilités  pour  le  trans- 
port des  voyageurs,  elles  réduisent  les  tarifs  et  organisent  des  trains  spéciaux. 
Si  ces  facilités  étaient  accordées  pour  toute  la  durée  du  concours,  ce  serait  parfait, 
et  il  n'y  aurait  qu'à  applaudir.  Mais  le  plus  souvent,  c'est  seulement  le  dimanche, 
c'est-à-dire  le  dernier  jour,  qu'elles  prennent  ces  dispositions  exceptionnelles;  s'il 
y  a  des  expositions  locales  qui  doivent  durer  plus  longtemps,  elles  prolongent  leurs 
faveurs,  de  telle  sorte  que  ce  n'est  pas  en  réalité  dans  l'intérêt  du  concours  agri- 
cole que  ces  mesures  produisent  leur  effet.  Bien  plus,  les  exposants,  leurs  vachers, 
leurs  bergers,  leurs  mécaniciens,  ne  peuvent  pas  profiter  personnellement  de  cette 
réduction  des  tarifs,  puisqu'ils  sont  obligés  de  venir  au  concours  dès  le  premier 
jour,  avant  l'organisation  des  tarifs  de  demi-place  pour  les  vis'teurs.  Il  y  a  donc 
là  une  réforme  à  faire,  réforme  dont  les  Compagnies  profiteraient  certainement, 
puisqu'elle  leur  assurerait  un  mouvement  de  voyageurs  beaucoup  plus  considé- 
rable, et  qu'elle  présenterait  l'avantage  de  diminuer  l'encombrement  que  l'on 
constate  trop  souvent  le  dernier  jour. 

Le  concours  qui  vient  de  se  tenir  à  Blois  a  été  la  victime  de  l'ensemble  des 
circonstances  que  nous  venons  d'esquisser.  Ce  n'est  certes  pas  la  faute  de  l'inspec- 
teur général,  M.  Randoing,  et  de  ses  commissaires  zélés,  qui  l'ont  organisé  avec 
un  soin  digne  d'un  meilleur  sort.  C'est  tout  à  fait  la  faute  de  la  ville  de  Blois,  et 
il  faut  le  dire  hautement,  en  invitant  le  ministère  de  l'agriculture  à  montrer  une 
énergie  suffisante  pour  que  de  semblables  abus  disparaissent.  S'il  entre  dans 
cette  voie,  tous  les  agriculteurs  lui  en  seront  vivement  reconnaissants. 


458  CONCOURS  RÉGIONAL  DE  BLOIS. 

Entrons  maintenant  dans  le  concours.  Ce  qui  frappe,  au  premier  abord,  quand 
on  parcourt  les  boxes  des  races  bovines,  c'est  le  nombre  relativement  restreint 
d'animaux  exposés,  principalement  dans  la  race  Charolaise-Nivernaise.  Une  qua- 
rantaine de  bêtes  tout  au  plus;  c'est  peu.  Mais  il  y  a,  à  cela,  deux  raisons  :  la 
première,  c'est  que  le  concours  se  tient  à  une  date  beaucoup  trop  tardive;  il  eût 
dû  avoir  lieu  dans  la  première  quinzaine  de  mai.  Aujourd'hui,  c'est  l'époque  de 
la  monte;  beaucoup  d'agriculteurs  reculent  devant  le  désagrément  qui  résulterait 
pour  les  animaux  d'un  voyage  long,  exécuté  dans  des  conditions  peu  favorables. 
Les  éleveurs  demandent  avec  instance  que  la  date  du  concours  soit  reportée  au 
milieu  de  mai,  c'est-à-dire  que  l'on  revienne  aux  anciennes  habitudes.  La  seconde 
raison,  c'est  que  Blois  est  loin  du  centre  de  la  région  d'élevage  de  la  race  Nivernaise. 
Mais,  si  l'on  compte  peu  d'animaux,  il  est  permis  d'affirmer  que  la  plupart  sont 
d'excellente  qualité.  Le  lot  qui  a  valu  à  M.  le  comte  de  Saint- Vallier,  éleveur  à 
Pessottes-Limon  (Nièvre),  est  certainement  un  des  plus  beaux  que  l'on  ait  vus 
dans  les  concours  de  la  région.  Il  présente  une  finesse  réellement  remarquable, 
môme  dans  cette  belle  race.  —  D'autres  éleveurs  émérites,  M.  le  comte  de 
Bouille,  à  Villars  ;  M.  Joyon,  à  Vary-Langeron;  MM.  Régnier  et  fils,  à  Mars- 
sur-AUier,  représentent  dignement  la  Nièvre;  le  département  de  l'Allier  est  repré- 
senté principalement  par  M.  Bertoux,  à  Gannat,  et  par  M.  Paul  Corne,  à  Bessay. 

La  collection  de  la  race  Durham  était  beaucoup  plus  importante,  et  cela  n'a 
rien  de  surprenant,  dans  une  région  qui  compte  beaucoup  de  belles  étables.  Tou- 
tefois, nous  devons  constater  encore  une  fois  que,  de  ce  côté,  le  nombre  des  expo- 
sants n'augmente  pas.  Ici  le  premier  rang  appartient  incontestablement  à  un 
taureau  âgé  de  4  ans,  Cirencester  IV,  exposé  hors  concours  par  M.  Salvat,  éle- 
veur à  Nozieux  (Loir-et-Loir)  ;  ce  taureau  est  certainement  un  des  plus  beaux  types 
de  la  race  Durham  que  l'on  puisse  voir.  Nous  devons  signaler  aussi  d'une  manière 
spéciale  Carlin,  jeune  taureau  exposé  par  M.  Signoret,  de  Glos-Ry  (Nièvre)  ;  un 
superbe  animal  de  29  mois,  Diogéne,  appartenant  à  M.  Tiersonnier,  de  GimouilJe 
(Nièvre)  ;  Naxos,  âgé  de  29  mois,  à  M.  le  marquis  de  Montlaur,  à  Gognat-Lyonne 
(Allier),  et  Spavento,  âgé  de  10  mois,  au  même  exposant.  L'étible  de  M.  Massé, 
à  Germigny  (Cher),  était  très  bien  représentée.  C'est  à  M.  Elie  Larzat,  éleveur 
à  Germigny-l'Exempt  (Cher),  que  le  prix  d'ensemble  a  été  attribué  ;  il  est,  comme 
nos  lecteurs  le  savent,  un  des  grands  lauréats  de  nos  principaux  concours.  Parmi 
les  animaux  exposés,  figuraient  trois  femelles  provenant  de  la  vacherie  de  Gorbon, 
âgées  de  3  à  4  ans  ;  elles  ne  faisaient  pas  honneur  à  leur  lieu  d'origine. 

Très  belle  collection  d'animaux  de  la  race  normande,  surtout  pour  les  vaches 
Parmi  les  animaux  les  plus  remarquables,  nous  citerons  ceux  de  M.  Boyenval,  à 
Bellecour;  de  M.  Noblet,  à  Châteaurenard,  l'un  et  l'autre  du  Loiret;  de  M.  Pou- 
lain (Jean)  et  de  M.  Tauvin,  à  Pontlevoy  (Loir-et-Cher).  Toutefois,  nous  devons 
dire  que,  dans  cette  catégorie,  à  l'exception  de  deux  ou  trois  bêtes,  les  animaux 
avaient  trop  d'embonpoint.  C'est  au  point  que  beaucoup  de  visiteurs  s'y  trompent, 
et  qu'ils  croient  assister  à  un  concours  de  boucherie;  nous  avons  entendu  des 
paysans  regretter  de  n'avoir  pas  engraissé  leurs  bêtes  pour  les  amener  au  con- 
cours. Un  objet  d'art  spécial  a  été  décerné  à  M.  Jean  Poulain  par  la  Société  des 
agriculteurs  de  France  pour  l'ensemble  de  son  exposition  d'animaux  cotentins. 

Il  y  avait  peu  d'animaux  des  autres  races  bovines  :  quelques  bons  limousins, 
exposés  par  M.  Texier,  à  Yigoux  (Indre),  et  par  M.  Yilliers,  à  Giron;  des  Parthe- 
nais,  appartenant  à  M.  Etienne  Thimel,  à  Bouesse  (Indre),  lauréat  de  la  prime 
d'honneur. 

En  ce  qui  concerne  les  races  ovines,  la  principale  lutte  est  toujours,  dans  la 
région  du  Centre,  entre  les  dishley  et  les  southdowns.  L'exposition  des  southdowns 
était  peu  nombreuse  ;  deux  exposants  seulement,  M.  Nouette-Delorme  et  M.  Go- 
las  ;  la  célèbre  bergerie  de  la  Manderie  l'emporte  facilement  sur  son  adversaire. 
Plus  nombreux  sont  les  dishley  :  M.  Massé,  M.  Signoret,  M.  Tiersonnier  lut- 
tent de  près  les  uns  avec  les  autres  ;  c'est  un  très  bel  ensemble,  et  il  faut  recon- 
naître que  la  victoire  a  été  bien  disputée  pour  le  prix  d'ensemble  des  races  étran- 
gères qui,  finalement,  est  échu  à  M.  Nouette-Delorme,  pour  ses  southdowns. 

Dans  les  races  françaises,  la  principale  place  appartient  d'une  part  à  la  race 
de  la  Charmoise,  d'autre  part  à  la  race  berrichonne  ,  l'une  et  l'autre  très  bien 
représentées.  M.  Tauvin,  M.  Bodin,  deux  agriculteurs  de  Pontlevoy  (Loir-et- 
Cher),  ont  de  bons  animaux  de  la  Charmoise;  mais  ils  sont  vaincus  par 
M.  Guyot  de  Villeneuve,  gendre  de  M.  deMontalivet,  à  Saint-Bouize  (Cher),  qui 
remporte  le  prix  d'ensemble  des  races  françaises.  M.  Jugand,  à  Civray  (Cher),  et 


CONCOURS  REGIONAL  DE  BLOIS.  459 

M.  Bodin  sont  les  principaux  exposants  pour  la  race  berrichonne.  M.  Lei'ebvre 
(Emile),  à  Saint-Florent  (Loiret),  continue  à  être  le  seul  exposant  de  la  race 
sologûote.  A  ce  propos,  nous  nous  étonnons  que  cette  race,  qui  continue  à  être 
très  répandue  dans  une  partie  de  la  Sologne,  ne  soit  pas  représentée  davantage 
dans  les  concours  régionaux.  Il  faut  citer  des  dishley-mérinos  exposés  par  M.  Mes- 
tivier,  à  Villeromain  (Loir-et-Cher)  ;  mais  ils  sont  battus  par  les  dishley-berri- 
chons  ;  ce  dernier  croisement  est  aujourd'hui  très  en  faveur  daos  une  partie  du 
Berry.  M.  Henri  Jugand,  à  Civray  (Cher),  a  obtenu  une  médaille  d'or  de  la  Société 
des  agriculteurs  de  France  pour  l'ensemble  de  ses  animaux  de  race  berrichonne. 

Très  belle  exposition  de  porcs  de  race  craonnaise,  quoiqu'elle  soit  peu  nom- 
breuse. Les  principaux  lauréats  sont  M.  Lefebvre,  à  Saint-Florent  (Loiret),  et 
M.  Julien  Hervé,  à  Saint-Martin-des-Bois  (Loir-et-Cher).  Pour  les  races  étran- 
i^ères,  trois  porcheries  bien  connues  sont  en  présence  :  celle  de  M.  Noblet,  à  Ghâ- 
tcaurenard  (Loiret),  et  de  M.  de  la  Massardière,  à  Autran  (Vienne),  qui  élèvent 
des  yorkshire  ;  celle  de  M.  Boyenval,  à  Bellecour  (Loiret),  qui  élève  des  essex- 
middlesex;  si  l'on  y  ajoute  M.  le  marquis  de  Chanvelin,  à  Rilly  (Loir-et-Cher), 
nous  aurons  cité  tous  les  exposants.  L'ensemble  des  animaux  est  bien  réussi  et 
dénote  une  grande  habileté  chez  les  éleveurs. 

Nous  avons  peu  de  choses  à  dire  de  l'exposition  des  animaux  de  basse-cour.  La 
plus  belle  part  du  succès  a  été  pour  Mme  Delimoges,  à  Entrain  (Nièvre),  et  pour 
Mlle  Boyenval,  à  Bellecour  (Loiret)  ;  c'est  à  celle-ci  que  le  prix  d'ensemble  a 
été  attribué. 

L'exposition  des  produits  était  très  intéressante.  Beaucoup  de  vins,  ce  qui  n'a 
rien  de  surprenant,  car  le  vignoble  de  Loir-et-Cher  a  pris  une  très  grande 
extension,  et  il  donne  des  produits  recherchés  par  le  commerce.  C'est  dans  ce 
département  que  la  méthode  de  la  culture  de  la  vigne  en  chaintres  a  eu  son  ber- 
ceau, à  Chissay,  elle  est  de  plus  en  plus  adoptée  dans  un  nombre  de  localités 
toujours  croissant.  M.  Pornay,  bien  connu  pour  ses  succès  dans  la  culture  des 
plantes  potagères  et  lourragères,  exposait  hors  concours  une  très  belle  collection 
de  plantes  de  toutes  sortes.  M.  Henri  Tauvin,  de  Pontlevoy,  avait  exposé  de 
très  belles  collections  de  variétés  de  blé,  d'avoine,  de  carottes  et  de  betteraves,  de 
graines  de  sainfoin  et  autres.  Très  belle  aussi  et  très  variée  était  la  collection  de 
M.  Butin,  de  l'AlUer,  qui  remporte  plusieurs  médailles.  M.  Emile  Fleury,  de 
Vineuil,  a  obtenu  une  médaille  d'or  avec  sa  collection  de  pommes  de  terre. 
M.  Fleury  est  l'auteur  d'une  nouvelle  méthode  de  culture  :  huit  à  dix  jours  après 
l'entière  levée  des  pommes  de  terre,  on  arrache  à  la  main  les  petites  tiges  qui 
sortent  du  pied;  on  n'en  laisse  qu'une  ou  deux,  qui  deviennent  très  fortes,  et  à  la 
récolte  les  tubercules  sont  plus  nombreux  et  plus  beaux;  il  y  en  a  peu  de  petits. 
—  Enfin,  un  instituteur  du  département  du  Cher  avait  exposé  une  série  de  travaux 
de  ses  élèves  et  d'objets  d'enseignement  dont  l'ensemble  démontrait  qu'il  sait 
parfaitement  donner  l'enseignement  agricole;  cet  instituteur,  M.  Maîtrejean,  est 
un  des  élèves  de  M.  Franc,  professeur  départemental. 

Un  concours  hippi  [ue  avait  été  organisé  par  l'administration  des  haras,  tout  à 
lait  en  dehors  du  concours  régional.  Peu  d'animaux,  et  beaucoup  laissant  à  dési- 
rer ;  il  ne  pouvait  en  être  autrement,  car  c'est  tardivement  et  avec  beaucoup  de 
peine  que  l'on  s'est  décidé  à  admettre  les  chevaux  de  trait;  on  ne  voulait  que  du 
demi-sang.  Le  prix  d'honneur  a  été  décerné  à  M.  Lemerle,  à  Saint-Chartier 
(Indre),  pour  une  pouliche  de  demi-sang  de  trois  ans.  Parmi  les  chevaux  de  trait, 
nous  avons  remarqué  deux  beaux  étalons,  appartenant,  l'un  à  M.  Alfred  Ferrand, 
au  Bois-Hardouin  (Loir-et-Cher),  l'autre  à  M.  Julien  Hervé,  à  Saint-Martin-des- 
Bois  (Loir-et-Cher). 

Voici  la  liste  complète  des  récompenses  du  concours  régional  : 

Rappel  de  prime  d'honneur,  M.  Tauvin -Galloux,  propriétaire  à  Pontlevoy,  lauréat  de  la  prime 
d'tionneur  en  1875. 
Primk  d'honnkur,  non  décernée 

^rix  culturaux. 

P"  Catégorie.  —  Propriétaires  exploitant  directement  leurs  domaines  ou  par  régisseurs  ou  par 
maître-vaiets.  —  Un  objet  d'art,  M.  Jean  Poulain,  propriétaire  du  domaine  de  la  Mule,  commune 
de  Sambin,  canlon  de  Contres,  arrondissement  de  Blois,  pour  un  ensemble  de  cultures  très 
soignées,  ses  belles  récoltes,  la  qualité  et  la  bonne  tenue  de  son  bétail  et  pour  les  résultats  finan- 
ciers obtenus. 

2"  Catégorie.  —  Fermiers  à  prix  d'argent  ou  à  redevances  en  nature  fixes,  remplaçant  le  prix 
de  fermes;  cultivateurs,  propriétaires  tenant  à  ferme  une  partie  de  leurs  terres  en  culture, 
métayers  isolés  (domaines  au-dessus  de  20  hectares).  —Un  objet  d'art,  M.  Riverain-Pollet,  fer- 
mier au  domaine  d'Areines,  commune  d'Areines,  canton  et  arrondissement  de  Vendôme,  pour 
création  de  prairies  naturelles  et  artificielles  sur  des  surfaces  importantes,  l'ensemble  de  ses  très 


^60  CONCOURS  RÉGIONAL  DE  BLOIS. 

belles  récoltes  de  céréales  obtenues  au  moyen  d'engrais  chimiques,  donnant  jusqu'ici  des  résulta  s 
remarquables  et  persistants. 

3"  Catégorie.  —  Propriétaires  exploitant  plusieurs  domaines  par  métayers.  —  Pas  de 
concurrents. 

4"  Catégorie.  —  Métayers  isolés  ou  petits  cultivateurs,  propriétaires  ou  fermiers  de  domaines 
au-dessus  de  5  hectares  et  n'excédant  pas  10  hectares.  —  Pas  de  concurrents. 

Par  décision  de  M.  le  ministre  de  l'agriculture,  sur  la  proposition  du  jury,  un  objet  d'art  a  été 
décerné  à  M.  Ernest  Rousseau,  propiiétaire  du  domaine  de  la  Ré'butinière,  commune  de 
Souesmes,  canton  de  Salliris,  arrondissement  de  Romorantin,  pour  création  et  aménagement  de 
3bÛ  hectares  de  bois  d'essences  feuillues,  de  300  hectares  de  semis  et  plantations  de  pins,  et 
pour  création  de  30  hectares  de  prairies  naturelles  et  de  50  hectarfs  de  prairies  temporaires. 

Médailles  de  spécialités.  —  Médaille  d'or,  M.  Mureau-Chaumois,  propriétaire  du  domaine  de 
la  Pastourellerie,  commune  de  Thenay,  canton  de  Montnchard,  arrondissement  de  Rlois,  pour 
création  récente,  mais  bien  entendue,  de  17  hectares  de  vignes  en  chaintres. 

R''comppnses  aux  agents  des  exploitations  primées.  —  1"  Catégorie.  —  Agents  de  M.  Poulain. 

—  Médailles  d  argent,  M.  Jean  Jamet;  Mme  Alobonsine  Jaraet;  M.  Auguste  Mossard.  —  Médailles 
de  bronze,  MM.  Faisan  Galloux;  Joseph  Maroy';   Vernon-Bissori. 

2'  Catégorie.  —  Agents  de  M.  Riveraiii-Pollet.  —  Médailles  d'arqent,  MM.  Gustave  Pasquicr, 
commis  surveillant;  François  Letord,  maître  bouvier.  —  Médailles  de  bronze,  MM.  Isidore 
Pasquier,  maître  charretier  ;  Paul  Aubert,  charretier;  Marin  Renvoisé,  charretier. 

3'=  Catégorie.  —  Agents  de  l'exploitation  de  M.  Ernest  Rousseau.  —  Médailles  d'argent, 
MM.  Joseph  Tilledon;  Pierre  Chouzier. 

Animaux  reproducteurs.  —  Espèce  bovine. 

l"  Catégorie.  —  Race  niver.'iaise  ou  charolaise.  —  Mâles.  —  P=  Section.  —  Animaux  de  6  moi^ 
àl  an,  nés  depuis  le  1='-  mai  1882  et  avant  le  1"  novembre  1882.  —  X"  prix,  M.  Joyon,  à  Vary- 
Langeron  (Nièvre);  2%  M.  le  vicomte  de  Saint-Vallier  à  Pessotte-Limon  (Nièvre);  3%  M.  le  comte 
de  Bouille,  à  Villars  (Nièvre).  —  Prix  suppléa  eniaire,  M.  P;ml  Corne,  à  Bessay  (Allier).  — 
T  Section.  —Animaux  de  1  à  2  ans,  nés  depuis  le  P'  mai  1881  et  avant  le  P''  mai  1882.  — 
1"  prix,  M.  Corne;  2%  M  Joyon;  3%  M.  Jean  Chaput,  à  Gerraigny  (Cher);  4".  M.  le  comte  de 
Bouille;  5",  M.  Siïnoret.  à  Serraoiso.  —  Prix  supplémentaire,  M.  le  vicomte  de  Saint-Vallier.— 
3*  Section.  —  Animaux  de  2  à  3  ans,  nés  depuis  le  1"  mai  1880  et  avant  le  1"  mai  1881.  — 
1"  prix,  MM.  Régnier  et  fils,  à  Mars-sur-Allier  (Nièvre):  2^  M.  Bertoux,  à  Gannat.  Allier.  — 
Prix  supplémentaire,  M.  Bourdeau,  à  Saint-Benin-d'Azy  (Nièvre).  —  Mention  très  honorables 
M.  le  vicomte  de  Saint-Vallier.  —  Femelles.  —  V"  Section.  —  Génisses  de  6  mois  à  1  an,  née, 
depuis  le  1"  mai  1882  et  avant  le  l"novembre  1882.  —  P' prix,  M.  le  vicomte  de  Saint-Vallier; 
2%  M.  le  comte  de  Bouille;  3%  M.  Auguste  Gentil,  à  la  Guerche  (Cher).  —  2"  Section.  —  Génisses 
de  1  à  2  ans,  nées  depuis  le  1"  mai  1881  et  avant  le  P-  mai  1882.  —  1"  prix,  M,  le  vicomte  de 
Saint-Vallier;  2%  M.  Bertoux  ;  3%  MM.  Régnier  fils;  4%  M.  Joyon.  —3°  Section.  —  Génisses  de 
2  à  3  ans,  nées  depuis  le  ]<"  mai  1880,  et  avant  le  p"'  mai  188],  p'eines  ou  à  lait.  —  1"  prix, 
M.  le  vicomte  de  Saint-Vallier;  2»,  M.  Bertoux;  3%  MM.  Régiuer  et  fils;  4%  M.  Joyon.  — 
4°  Section.  —  Vaches  de  plus  de  3  ans,  nées  avant  le  1"  mai  1883,  pleines  ou  à  lait  —  P'  prix, 
M.  le  vicomte  de  Saint-Vallier;  2%  MM.  Régnier  et  fils;  3=  M.  Joyon;  4%  M.  Paul  Corne; 
5°,  M.  le  comte  de  Bouille. 

Prix  d'ensemble  à  attribuer  au  meilleur  lot  d'animaux  de  la  1"=  Catégorie,  un  objet  d'art, 
M.  le  vicomte  de  Saint-Vallier. 

1"  Catégorie.  —  Race  Durham.  —  Mâles.  —  p"  Section.  —  Animaux  de  6  mois  à  1  an,  nées 
depuis  le  ]"  mai  1882,  et  avant  le  p'  novembre  1882.  —  1"  prix,  M.  Signoret;  2^  M.  le  marquis 
de  Montlaur,  à  Cognat-Lyonne  (Allier);  3,  M.  Massé,  à  Germigny  (Cher)  ;  4°,  M.  Peigné  ,  à  Tou- 
railles  (Loir-et-Cher).  —  Mentions  honorables,  MM.  Tiersonnier.  à  Gimouille  (Nièvre);  Auclerc,  à 
Allichamps  (Cher).  —2'=  Section.  —  Animaux  de  1  à  2  ans,  nés  depuis  le  l""-  mai  1881  et  avant 
le  P"-  mai  1882.  —  1"  prix,  M.  le  marquis  de  Montlaur  ;  2%  M.  Signoret;  3%  M.  Elle  La^zat,  à 
Germigny-l'Exempt  (Cher);  4«,  M.  Auclerc.  —  Mention  honorable,  M.  Signoret.  —  3»  Section.  — 
Animaux  de  2  à  4  ans,  nés  depuis  le  1^'  mai  1879  et  avant  le  P'^  mat  1881.  —  1"  prix,  M.  Tier- 
Konnier;  2%  M.  Boyenval,  à  Bellecour  (Loiret).  —  Femelles.  —  P'  Section.  —  Génisses  de  6  mois 
à  \  an,  nées  dépuis  le  1"  mai  1882  et  avant  le  P"-  novembre  1882.  —  Rappel  de  1"  prix,  M.  Elle 
Larzai;  1"  prix,  M.  Auclerc;  2%  M.  Massé.  —  Mention  honorable.  M.  Signoret.  —  2'^  Section.  — 
Génisses  de  1  à  2  ans,  nées  depuis  le  1"  mai  1881  et  avant  le  P"- mai  1882."—  P'-piix,  M.  Signoret; 
2%  M.  Elle  Larzat;  3",  M.  le  marquis  de  Montlaur.  —  Mentions  h.morables.  M.  Salvat  ;  M.  Elie 
Larzat.  —  3"  Section.  —  Génisses  de  2  à  3  ans,  nées  depuis  le  l""-  mai  1880  et  avant  le  1"  mai 
1881,  pleines  ou  à  lait.  —  ]•■■  prix,  M.  le  marquis  de  Montlaur;  2%  M.  Auclerc,  3%  M.  Massé.  Prix 
supplémentaire,  M.  Elie  Larzat.  —  Mention  honorable,  M.  Tiersonnier.  —  4°  Section.  —  Vaches 
de  plus  de  3  ans  nées  avant  le  l"  mai,  pleines  ou  à  lait.  —  P"-  prix,  M.  Salvat,  2»,  M.  Auclerc; 
3%  M.  Tiersonnier;  4%  M.  Elie  Larzat.  —Mention  honorable,  M.  lem:irquis  de  Montlaur. 

3"  Catégorie.  —  Croisements  Durham.  —  M.lles.  —  !"■  Section.  —  Animaux  de  6  mois  à  1  an, 
nés  depuis  le  p'  mai  1882  et  avant  le  p"^  novembre  1882.  —  Prix  unique,  M.  Auclerc.  —  2"  Sec- 
tion. —  Animaux  de  1  à  2  ans,  nés  depuis  le  P"'  mai  1881  et  avant  le  P"-mai  1882.  —  Prix  unique, 
M.  Auclerc.  —  3"  Section.  —  Animaux  oe  2  à  3  ans,  nés  depuis  le  l"  mai  1880  et  avant  le  1"  mai 
1881.  —  Prix  unique,  M.  Tauvin,  à  Pont-Levoy  (Loir-et-Cher).  —  FemeWes.  —  V  Section.  — 
Génisses  de  6  mois  à  1  an.  nées  le  1°'-  mai  1881,  et  avant  le  1"'  mal  1882.  —  1"  prix,  M.  Auclerc. 
2"  Section.  —  Génisses  de  1  à  2  ans,  nées  depuis  le  l""-  mai  1881  et  avant  le  1"  mai  1882.  — 
1"  prix,  M.  Auclerc;  2%  M.  Signoret.  —  3*  Section.  —  Génisses  de  2  à  3  ans,  nées  depuis  le  P'mai 
1880,  et  avant  le  1"  mai  1881,  pleines.  —  1"  prix,  M.  Signoret  ;  2'-',  M.  Elie  Larzit.  —ti"  Sectwn. 

—  Vaches  de  plus  de  3  ans,  nées  avant  le  p"'  mai  1880,  pleines  ou  à  lait.  —  1"  prix,  M.  Félix 
Petit,  à  Saint-Menoux  (Allier). 

4*  Catégorie.  —  Races  laitières  françaises  ou  étcangères,  pures,  à  l'exclusion  de  toutes  les 
races  ayant  une  catégorie  spéciale.  —  Mâles.  —  P»  Section.  —  Animaux  de  1  à  2  ans,  nés  depuis 
lel"raai  1881,  et  avant  le  1"  mai  1882.  —  P'^prix,  M.  Boyenval;  2%  M.  Tauvin  ;  3=,  M.  Goossens, 
à  Sorigny  (Indre-et-Loire).  —  Mention  honorable,  M.  Henri  Jugand,  à  Civray  (Cher).  —  2'  Sec- 
tion. —  Animaux  de  2  à  3  ans,  nés  depuis  le  P''  mai  1880  et  avant  le  1"  mai  1881.  —  1"  prix, 
M.  Jean  Poulain,  à  Pont-Levoy  (Loir-et-Cher);  2%  M.  Noblet,  à  Châleaurenard  (Loiret);  3°, 
M.   Bourdonneau-Breton,    à    Villebarou    (Loir-et-Cher)   —    Mention   honorable,   M.    Poirier,    à 


CONCOURS  RÉGIONAL  DE  BLOIS.  ^61 

Tour-en -Sologne  (Loir-et-Cher).  —  Femalles.  —  l"  Section.  —  Génisses  lie  2  à  3  ans,  nées 
depuis  le  P'-mai  1881  et  avant  le  1"  mai  1882.  —  1"  prix,  M.  Boyenval;  2",  M.  Jean  Poulain; 
3°,  M.  Tauvin.  —  Mention  honorable,  M.  Legave-.loly  à  l'arçny-Meslay  (Indre-et-Loire).  — 3°  S'ectfon. 
Génisses  de  2  à  3  ans,  nées  depuis  le  l"'  mai  1881,  pleines  ou  lait.  —  1"  prix,  M.  Ncblet; 
2%  M.  Legave-Joly  ;   3",   M.   Hoyenval;  4%  M.  Goosens.  —  Mention  honorable,   M.   Jean  Poulain. 

—  2°  .Section.  —  Vaches  de  plus'de  3  ans,  nées  avant  le  1"  mai  1880,  pleines  ou  à  lait.  —  1"  prix, 
M.  Dabout,  à  Charsonville  (Loiret);  2°,  M.  Legave  Joly  ;  3%  M.  Jean  Poulain;  4°,  M.  l^oiiier -, 
h",  M.  Goossens;  6".  M.  Noblet.—  Mentions  honorables,  MM.  Henri  Jugand  ;  Tauvin. 

n"  Catégorie.  —  Races  de  travail,  à  l'exchision  des  races  ayant  une  catégorie  •spéciale  (Parthe- 
naise.  Limousine,  etc.  —  Mâles.  —  1"  Section.  —  Animaux  de  1  à  2  ans.  nés  denuis  le  l''"'  mai 
1881  et  avant  le  1"  mai  1882.  —  1"  prix,  M.  \  illière-Lnmy,  à  Ciron  (Indn);  2»,  M.  Pierre 'IVxier,  à 
Vigoux  (Indre).  —  Mention  honorable,  M.  Etienne  Tiiimel,  à  Bouës.se  (Indre).  —  2°  Section.  — 
Animaux  de  2  à.  3  ans,  nés  depuis  le  1"  mai  1880  et  avant  le  !"'■  mai  1.S8I.  —  P"-  prix,  M.  Pierre 
Texier:2°,  M.  Villière-Lamy,  —  Mention  honorable,  M.  Etienne  Thimel.  —  P'emeiles.  —  {'"Section. 

—  Génisses  de  1  à  2  ans,  nées  depuis  le  l"  mai  1881  et  avant  le  1"'  mni  1882.  —  1"  prix, 
M.  Villière-Lamy;  2°,  M.  Pierre  Texier.  —  Mention  honorable,  M.  Etienne  Thimel.  —  2»  Section. 

—  Génisses  de  2  à  3  ans,  nées  depuis  le  1"  mai  1880  et  avant  le  l"  mai  1881,  pleines  ou  à 
lait.  —  1"  prix,  M.  Villière-Lamy  ;  2%  M.  Etienne  Thimel.  —  3"  Section.  —  Vaches  de  plus  de 
Sans  nées  avant  le  1"  mai  1880  pleines  ou  à  lait.  —  l'^"'  prix,  M.  Pierre  Texier;  rappel  du 
2' prix,  M.  Etienne  Thimel.  —  Mention  honorable,  M.  Villière-Lamy. 

Prix  d'ensemble  à  attribuer  au  meilleur  lot  d'animaux  des  2%  3%  4%  5'^  et  6'  catégories,  un 
objet  d'art,  M.  Elle  Larzat. 

Espèce  ovine. 

V  Catégorie.  —  Race  Southdown.  —  ]'"  Section.  —  .\nimaux  de  1  an  à  18  mois.  —  MAles.  ~ 
1"'- prix,  M.  Nouetle  Delorme,  à  Ouzouer-des-Champs  (Loiret);  2^  M.  Louis  Colas,  à  Sermoise 
(Nièvre).  —  Mention  très  honorable,  M.  Nouette- Delorme.  —  Femelles.  —  l"-  prix,  M.  Nouetle- 
Delorme;  2".  M.  Colas.  —  2"  Section.  —  Animaux  âgés  de  plus  de  18  mois.  —  Mâles.  —  l"  prix, 
M.  Nouette-Delorme  ;  2\  M.  Colas,  —  Mention  très  honorable,  M.  Nouette-Delorme.  —  Femelles. 

—  1"  prix,  M.  Nouette-Delorme;  2%  M.  Louis  Colas. 

2"  Catégorie.  —  Race  Dishley.  —  {'"^  Section.  —  Animaux  de  1  an  à  18  mois.  —  Mâles.  — 
P'-prix,  M.  Massé,  à  Germigny  (Cher);  2=.  M.  Tiersonnier,  à  Gimouille  (Nièvre).  —  Femelles.  — 
l'^'  prix,  M.  Massé  ;  2%  M.  Tiersonnier.  —  Mention  très  honorable,  M.  Signoret,  à  Sermoise  (Nièvre). 

—  2"  Section.  —  Animaux  de  plus  de  18  mois.  —  Mâles.  —  1"  prix,  M.  Tiersonnier;  2",  M.  Massé. 

—  Mention  très  honorable,  M.  Félix  Petit,  à  Saint-Menoux  (Allier).  —  Femelles,  —  l"'  prix, 
M.  riassé  ;  2",  M.  Tiersonnier. 

3"  CaV'gorie.  —  Races  mérinos  et  métis-mérinos.  —  Mâles.  —  !"'■  prix,  M.  Charles  Lefebvre, 
à  Artenay  (Loiret).  —  Femelles.  —  h'  prix,  M.  Charles  Lefebvre. 

4^'  Catégorie.  —  Race  de  la  Charmoise.  —  Mâles.  —  1"'  prix,  M.  Guyot  de  Villeneuve,  à  Saint- 
Bouize  (Cher);  2%  M.  Jules  Bcdin,  à  Pont-Levoy  (Loir-et-Cher).  —  Femelles.  —  l"  prix,  M.  Guyot 
de  Villeneuve;  2".  M.  Jules  Bodin. 

b°  Catégorie.  —  Race  de  Crevant.  —  Mâles.  —  1"'  pnx,  M.  Andoux  de  Viljovet.  5  Nohant-Vicq 
(Indre)  ;  2",  M.  Félix  Petit.  --  Femelles.  —  1"  prix,  M.  Boucheron  de  Lécherolles,  à  Piou-Maroii 
(Indre);  2%  M.  Louis  Tabonët,  à  Vallon  (Allier). 

6'  Catégorie.  —  Races  Berrichonnes  et  Solognotes.  —  Mâles.  —  l'"'  prix,  M.  Henri  Juguet,  a 
Civray  (Cheri,-  2°,  M.  Jules  Bodin.  —  Prix  supplémentaire,  M.  Emile  Lefebvre,  à  Saint-Floreni 
(Loiret).  —  Femelles.  —  P"'  p-ix,  M.  Henri  Jugand;  2%  M.  Tauvin,  à  Pont  Leroy  (Loir-et-Cher). 

—  Prix  supplémentaire,  M.  Lefebvre. 

1"  Catégorie.  —  Croisements  divers  —  Mâles.  —  1"  prix,  M.  Tauvi\i;  2%  M.  Louis  Tabouël.  — 
Femelles.  —  1"- prix,  M.  Louis  Tabouët;  2%  M.  Tauvin.  —  Prix  supplémentaire,  M.  Galloux,  à 
Pont-Levoy  (Loir-et-Cher). 

Prix  d'ensemble  :  pour  le  meilleur  lot  des  1",  2-=  et  7"  catégoriesj  M.  Nouette-Delorme  ;  — 
pour  les  autres  catégories,  M.  Guyot  de  Villeneuve. 

Espèce  porcine. 

1'"  Catégorie.  —  Races  indigènes  pures  ou  croisées  entre  elles.  —  Mâles.  —  1°''  prix,  M.  Em  le 
Lefebvre,  à  Saint-Florent.  (Loiret):  2%  .M.  Julien  Hervé,  à  Saint-Martin-des-Bois  (Loir-et-Cher).  — 
Femelles.  —  1"  prix,  M.  Emile  Lefebvre;  2%  M.  Julien  Hervé. 

2^^  Catégorie.  —  Races  étrangères  pures  ou  croisées  entre  elles.  —  Mâles.  —  1""  prix,  M.  Nohiet, 
à  Châleaurenard  (Loiret);  2%  M.  Boyenval,  i  Rellecour  (Loiret).  —  Prix  supplémentaires.  MM.  de 
la  Massardière,  à  Aulran  (Vienne)  ;  le  marquis  de  Chauvelin,  ù  Killy  (Loir-et-Cher).  —  Femelles. 

—  l"'-  prix,  M.  Boyenval;  2°,  M.  Noblet;  3%  M.  do  la  Massardière,  à  Aiitran  (Vienne).  —  Prix 
supplémentaire,  M.  le  marquis  de  Chaulin,  à  Rilly  (Loir-et-Cher). 

3'' Catégorie.  —  Croisements  divers  entre  races  étrangères  et  françaises.  —  .Mâles.  —  l",  2". 
et  3''  prix,  non  décernés.  —  Femelles.  —  1"  prix,  M.  Pierre  Texier,  â  Vignon  (Indre);  2-, 
M.  Boyenval. 

Prix  d'ensemble  à  attribuer  au  meilleur  lot  d'animaux  de  l'espèce  porcine,  M.  Boyenval. 

Animaux  de  basse-cour. 

V'  Section.  —  Race  de  Crèvecueur.  —  1"  prix,  Mlle  Boyenval,  â  Bellecour  (Loiret)  ;  2*. 
Mme  Delimoges,  à  Entrain-sur-Mohain  (Nièvre).  —  2°  Section.  —  Race  de  la  Flèche.  —  Prix 
unique,  Mlle  Boyenval.  —  3°  Section.  —  Race  de  Houdan.  —  1"  prix,  Mlle  Boyenval:  2*',  M.  Dou- 
chement,  à  Bourré  (Loir-et-Cher).  —  4°  Section  —  Races  françaises  diverses.  —  l^Siprix,  Mme 
Delimoges.  —  5"  Section.  —  Races  étrangères  diverses.  —  l""' prix,  Mlle  Boyenval  ;  2',  M.  Bo.i- 
neau,  à  Amboise  (In  Ire-et  Loire).  —  Prix  supplémentaires,  M.  Douche-nent  ;  Mme  Delimoges.  — 
ii"  Section.  Croisements  divers.  —  l"  prix,  M.  Bidauli-Raimbault.  à  Blois  (Loir-et-Cher). 

2"  Catégorie.  —  Dindons.  —  1"  prix,  Mlle  Boyenval;  2",  Mme  Delimoges. 

3"  Catégorie.  — Oies.  —  1"  pnx,  Mme  Delimoges;  2",  Mlle  Boyenval. 

4"  Catégorie,.  —  Canards.  —  l''  prix,  Mlle  Boyenval  ;  2%  Mme  Delimoges. 

.S"  Catégorie^.  —  Pintades,  —  1"  prix,  Mme  l)elimo;^es. 

6"  Catégorie.  —  Pigeons.  —  l"''  prix,  Mme  Delimoges;  2";  M.  Tourmcau,  à  Villeromain 
(Loir-et-Cher). 


462  CONCOURS  RÉGIONAL  DE  BLOIS. 

7"  Catégorie.  —  Lapins  et  Léporides.  —  !=■■  prix,  M.  Badaire-Levain,  à  Blois  (Loir-et-Cher)-  2* 
Mme  Delimoges. 

Prix  (V ensemble,  un  objet  d'art  à  Mlle  BoyenvaL 

Récompenses  aux  serviteurs  ruraux  pour  soins  donnés  aux  animaux  primés.  —  Médailles  d'ar- 
gent, MM.  Pasdeloup,  porcher  chez  M.  Boyenval;  Grizurd,  bouvier  chez  M.  le  vicomte  de  Saint- 
Valher;  Isidore  Gourdon,  bergerchez  M.  Nouette-Delorme;  Thomas  Juilien,  bouvier  chez  Larzat 
Marchand,  berger  chez  M.  Guyol  de  Villeneuve.  —  Médailles  de  bronze,  MM.  Pierre  GroUier, 
bouvier  ciiez  M.  Auclerc  ;  Jean  Petit,  bouvier  chez  M.  Massé;  Duclaizo,  bouvier  chez  M.  Signoret; 
Bernard,  bouvic'r  chez  M.  Texier;  Claude  Péronnet,  bouvier  chez  M.  Corne  ;  Martin,  bouvier  chez 
M.  le  marquis  de  Montlaur;  Bajon,  berger  chez  iM.  Noblet;  Jambu,  bouvier  chez  M..Val- 
lière-Lamy. 

Récompenses  aux  conducteurs  de  machines  et  contre-maîtres  des  constructeurs  de  machines.  — 
Médailles  d'argent,  MM.  Pierre  Simon,  conducteur  de  machines  chez  M.  Pineau,  à  Moulins  ;  Désiré 
Leclaire,  contre-maître  chez  MM.  Decker  el  Mot,  à  Paris;  Louis  Faucré,  conducteur  de  machines 
chez  M.  Piltcr  à  Paris;  Jules  Chaput,  conducteur  de  machines  chez  M.  Pécard,  à  Nevers;  Jean 
Broquin,  conducteur  de  machines  à  la  Société  française  de  Vierzon;  Valet,  chaufleur  chez 
MM.  Merlin  et  Cie,  à  Vierzon.  —  Médailles  de  br(jnze,  MM.  Jean  Buteau,  conducteur  chez  M.  Bre- 
loux,  à  Nevers  ;  Tranchaud,  conducteur  de  machines  chez  MM.  Bouhot  et  Cie,  à  Nevers  ;  Guenette, 
chauffeur  chez  M.  Cumming,  à  Orléans  ;  Jean  Burland,  conducteur  de  machines  chez  M.  Pineau, 
à  Moulins;  Diot,  contre-maître  chez  M.  Pétillât,  à  Vichy  (Allier). 

Produits  agricoles  et  matières  utiles  à  l'agriculture.  —  Concours  spéciaux. 

l"'''  Catégorie.  —  Vins  de  la  région.  —  1"'  Section,  —  Vins  rouges.  — Médailles  d'or,  MM.  Dari- 
dan-Boacheron,  à  Beaugency  (Loiret)  ;  le  marquis  de  Vibraye.  à  Cheverny  (Loir-et-Cher).  — 
Médailles  d'argerU  (grand  module) ,  Mme  veuve  Giliot,  à  Chinon  (Indre-et-Loire).  —  Médailles 
d'argent,  MM.  Sylvain  Gendrier,  à  Saint-Claude  (Loir-et-Cher):  Mahoudeau  à  Cour-Cheverny 
(Loir-et-Cher).  —  Médailles  de  bronze,  MMi  Tardiveau,  à  Saint-Lubin  (Loir-et-Cher);  le  docteur 
Buidel,  à  Vierzon  (Cher);  Cheneveau,  à  Sambin  (Loir-et-Cher);  Cousin-Duloy,  à  Saint-Denis-sur- 
Loire  (Loir-et-Clier).  —  Mention  très  honorable,  Mme  veuve  Robichon-Dupuy ,  à  Dhuison  (Loir-et- 
Cher). —  Mention  honorable,  M.  Elie  Chardon,  à  Suèvres  (Loir-et-Cher).  —  2°  Section.  — Vins 
blancs.  —  Médaille  d'or,  MM.  Ricliaudeau,  à  Villedieu  (Loir-et-Cher)  ;  Chenu-Deniau,  à  Saint- 
Claude  (Loir-et-Cher).  —  Médaille  d'argent  (grand  module),  M.  Blanchard,  à  Monnaie  (Indre-et- 
Loire).  —  Médailles  d'argent.  MM.  de  Vibraye  ;  de  la  Saussaye,  à  Cour-Cheverny  (Loir-et-Cher); 
Lopho  Trotereau,  à  Quincy  (Cher).  —  Médailles  de  bronze,  MM  Renard,  à  Montoire  (Loir-et-Cher); 
Cheneveau;  Leroux-D.uval,  à  Saint-Denis-sur-Loire  (Loir-et-Cher);  Dujardin-Beaumelz,  à  Naveil 
(Loir-et-Cher).  —  Mention  très  honorable,  M.  Bourdonneau -Breton,  à  Villebarou  (Loir-et-Cher). 
—  Mention  honorable,  M.  Garnier,  à  Cheverny  (Loir-et-Cher). 

2°  Catégorie.  —  Beurres  de  table.  —  l"  prix,  médaille  d'or,  M.  Breton-Leroy,  à  Saint-Denis- 
sur-Loire  (Loir-et-Cher)  ;  2%  médaille  d'argent,  M.  Benjamin  Coyer,  à  Cheverny  (Loir-et-Cher); 
3°,  médaille  de  bronze,  MM.  Marseille  et  Dervailly,  à  Montargis  (Loiret). 

3"  Catégorie.  —  Graines  de  luzerne.  —  1"''  prix,  médaille  d'or,  M.  Tauvin,  à  Pontlevoy  (Loir-et- 
Cher)  ;  2"  et  3%  non  décernés. 

4°  Catégorie.  —  Blé  d'hiver  de  semence.  —  1°"'  prix,  non  décerné;  2°,  médaille  d'argent, 
M.  Tauvin. 

5'  Catégorie.  —  Expositions  scolaires.  —  1"  Section.  —  Matériel  d'enseignement  agricole,  col- 
lections, dessins,  objets  de  cours,  etc.  —  l"  prix,  médaille  d'or,  M.  Duru,  à  Bordeaux  ;  2°,  médaille 
d'argent,  M.  Danguy,  à  Ja  Ferté-Saint-Aubin  (Loiret).  —  2°  Section.  —  I"  prix,  médaille  d'or, 
M.  .Maîtrejean,  instituteur  à  Vignouz-sur-Barageon  (Cher)  ;  2"  et'.i",  non  décernés. 

6^  Catégorie.  —  Expositions  collectives  faites  par  des  administrations  publiques,  les  Sociétés  et 
Comices  agricoles  et  horticoles.  —  Médailles  d'or,  aux  communes  de  Cheverny  et  Cour-Cheverny 
(Loir-et-Cher).  —  Médaille  d'argent,  à  la  commune  des  Montils  (Loir-et-Cher). 

7'"  Catégorie.  —  Produits  divers  non  compris  dans  les  catégories  précédentes.  —  Médaille  d'or, 
M.  Fleury,  à  Vineuil  (Loir-et-Cher).  —  Médaille  d'or  à  la  Société  agricole,  a  Paris.  —  Médailles 
d'argent,  MU.  Buùn ,  à  Louchy-Montfaud  (Allier);  Peyret-Pommeroux,  à  Montgivray  (Indre); 
Jugand,  à  Civray  (Cher);  PaulDupuy,  ù  VlLeau  (Eure-et-Loir)  ;  Piégard-Bordier,  à  Villiers  (Loir- 
et-Cher);  Fahre,  à  Aubervilliers  (Seine);  (par  virement),  M.  Gaston  Bonjour,  à  Amboise  (Indre-et- 
Loire):  Médailles  de  bronze,  MM.  Marchand,  à  Saint-Secondin  (Loir-et-Cher):  Sornicle,  à  Ingré 
(Loii  et)  ;  Tauvin  ;  Désiré  Chabaud,  à  Cour-sur-Loire  (Loir-et  Cher)  ;  Rivière-Norguet.  à  Villiers 
(Loir-et-Cher)  ;  Canon,  à  Salbris-en-Sologne  (Loir-et-Cher);  Stuppfel,  à  Moulins  (Allier)  ;  Grous- 
teau  et  Florentin,  à  Blois;  Berlin,  à  Cour-Cheverny  (Loir-et-Cher),-  Troyer,  à  Cour-Cheverny 
(Loir-et-Cher). 

Il  nous  reste  à  parler  de  l'expositloQ  des  machines.  Elle  était  très  belle  à 
tous  les  points  de  vue,  tant  par  le  nombre  des  exposants  que  par  la  qualité  des 
instruments  qui  y  figuraient,  depuis  les  machines  à  vapeur  jusqu'aux  plus  modestes 
outils  à  main;  on  pouvait  presque,  à  deux  ou  trois  exceptions  près,  choisir 
n'importe  lequel  des  engins  exposés.  Nous  citerons  notamment:  les  charrues  de 
M.  Bajac-Delahaye  ;  les  semoirs  et  l'engreneuse  automatique  de  M.  Demoncy- 
Min.elie;  les  semoirs  Smyth;  les  tiieurs  de  M.  Marot  et  ceux  de  M.  Glert  ;  la 
collection  des  appareils  de  cultttre  de  M.  Guilleux,  à  Segré;  les  clôtures  de 
MM.  Lo*et;  les  pressoirs  de  M.  Mabille,  ceux  de  M.  Piquet;  les  collections 
importantes  de  MM.  Huré-Martine,  Pilter,  Decker  et  Mot;  les  machines  à  battre 
et  les  batteuses  de  la  Société  française  de  matériel  agricole,  de  MM.  Cumming, 
Brouhot,  Hidien,  Pécard,  Merlin,  Breloux;  les  pompes  de  M.  David,  celles  de 
M.  Samain;  une  importante  collection  d'appareils  jiour  la  culture  de  la  vigne,  de 
M.  Souchet-Pinet;  les  herses  de  M.  Puzenat;  une  petite  machine  à  battre  les 
faux  de  M.  Pétillât,  à  Vichy,  etc.  M.  Joseph  Pineau,  à  Moulins  (Allier),  a  fait 
des  expériences  pu])liques  de  son  appareil  de  culture  à  vapeur  à  une  seule  ma- 


CONCOURS  RÉGIONAL    DE  BLOIS.  'âBS 

chine;  cet  appareil,  dont  Je  prix  est  de  13,500  f'r.,  a  exécuté  un  travail  de  défri- 
chement de  luzerne  assez  dur,  avec  quelques  interruptions  dues  principalement  à 
la  faiblesse  relative  de  la  machine  à  vapeur  qui  le  faisait  mouvoir. 

Henry  SagnieR. 

LES  PROJETS  DE  LOGEMENTS  A  BON  MARCHÉ 

Les  projets  proposés  au  gouvernement  et  ceux  qu'on  lui  attribue  pour 
favoriser  l'abaissement  des  loyers  sont  connus  depuis  quelque  temps 
déjà,  au  moins  dans  leurs  points  essentiels,  etj'ai  été  étonné  de  ne  voir 
nulle  part  envisager  les  rapports  très  sérieux  qu'ils  ont  avec  la  situation 
de  l'agriculture.  Je  crois  donc  utile  d'appeler  l'attention  de  vos  lecteurs 
sur  cette  question,  qui  me  paraît  d'une  extrême  gravité. 

Je  laisse  de  côté,  bien  entendu,  ce  qui,  dans  ces  projets,  peut  avoir 
des  conséquences  politiques  ou  économiques  pour  me  renfermer  dans 
mon  point  de  vue  d'agriculteur.  Tout  le  monde  sait  que  la  principale 
cause  du  malaise  dont  nous  souffrons  est  la  rareté  de  la  main-d'œuvre. 
Il  n'est  pas  une  enquête  agricole  qui  n'ait  enregistré  des  doléances 
générales  sur  ce  sujet,  et  la  dépopulation  des  campagnes  est,  pour  tout 
le  monde,  une  cause  de  graves  préoccupations. 

Est-il  donc  rien  de  plus  étrange,  après  tant  de  discussions,  de  rap- 
ports et  de  discours,  que  devoir  le  gouvernement  chercher  des  moyens 
d'aggraver  cette  plaie  en  offrant  aux  ouvriers  des  villes  des  primes  de 
logement  ?  Quel  moyen  plus  efficace  de  les  attirer  en  plus  grand  nombre 
dans  les  cités  oii  ils  trouvent  déjà  tant  d'avantages  que  les  campagnes 
ne  peuvent  leur  procurer  ! 

Eh  qui  fera  les  frais  de  ce  privilège  si  contraire  à  nos  mœurs  et  à 
notre  état  social?  Ce  sera  ïimpôt,  l'impôt  que  les  cultivateurs  ont  tant 
de  peine  à  acquitter.  Ce  sont  eux  qui  contribueront  ainsi  à  accélérer 
leur  propre  ruine.  Quelle  amère  ironie,  après  les  espérances  de  dégrè- 
vements qu'on  faisait  luire  à  nos  yeux  et  dont  nous  avions  un  si  pres- 
sant besoin  !  Qu  elle  ironie  aussi  dans  le  choix  du  Crédit  Foncier,  autrefois 
institué  spécialement  pour  aider  la  propriété  rurale  et  devenant  l'inter- 
médiaire d'une  mesure  qui  lui  est  si  directement  contraire!  Je  ne 
blâme  pas  les  administrateurs  de  cette  Société  ;  ils  font  une  affaire  et 
emploient  de  leur  mieux  les  capitaux  de  leurs  bailleurs  de  fonds.  Je 
trouverais  encore  fort  naturel  que  les  villes  fissent  les  frais  d'une 
pareille  largesse  ;  elles  sont  libres  de  dépenser  leur  argent  bien  ou  mal. 
Mais  je  ne  puis  admettre  que  le  gouvernement  oublie  ainsi  qu'il  est 
autre  chose  qu'un  simple  conseil  municipal  et  que  c'est  la  France 
toute  entière  qu'il  va  faire  contribuer  de  ses  deniers  à  augmenter  un 
des  maux  qui  la  rongent.  Je  ne  crois  pas  que,  si  l'on  consultait  sur 
cette  question  les  sociétés  agricoles,  il  s'en  trouverait  une  seule  pour 
approuver  les  mesures  proposées. 

On  dira  peut-être  que  les  projets  en  question  ne  font  pas  de  distinc- 
tion entre  les  villes  et  les  campagnes,  et  que  celles-ci  seront  libres 
d'en  profiter  comme  celles-là.  Je  ne  sais  ce  que  peut  valoir  cet  argu- 
ment en  théorie.  Mais,  en  pratique,  je  sais  que  les  communes  rurales 
ne  seront  pas  en  mesure  d'user  de  cette  largesse  faite  à  leurs  dépens, 
et  tous  les  hommes  de  bon  sens  et  de  bonne  foi  savent  bien  que  ce 
n'est  pas  pour  elles  que  se  font  les  lois  de  ce  genre.  Je  n'y  puis  donc 
voir  qu'une  faveur  aux  ouvriers  des  villes  et  un  puissant  moyen  de 
nous  enlever  les  bras  qui  nous  restent. 


464 


LES   PROJETS  DE   LOGEMENTS   A   BON   MARCHÉ. 


Ces  réflexions,  bien  d'autres  que  moi  les  auront  sans  doute  déjà 
faites,  et  si  j'ai  cru  devoir  les  communiquer  à  vos  lecteurs,  c'est  parce 
que  l'opinion  des  agriculteurs  ne  saurait  trop  se  prononcer  dans  une 
circonstance  qui  les  touche  de  si  près.  E.  Gréa, 

Correspondant  de  la  Société  nationale  d'agriculture, 
Lauréat  de  la  prime  d'honneur  du  Jura. 

ENGRENEUSE  POUR  LES  MACHINES  A  BATTRE 

A  plusieurs  reprises,  nous  avons  signalé  les  efforts  faits  avec  une 
grande  persévérance  par  M.  Demoncy-Minelle,  constructeur  à  Saint- 
Quentin  (Aisne),  pour  obtenir  une  engreneuse  automatique  travaillant 
avec  régularité  pour  les  machines  à  battre.  Le  nouveau  modèle  que 
nous  avons  vu  dans  plusieurs  concours  régionaux  nous  a  frappé  par 
sa  simplicité  et  la  régularité  de  son  fonctionnement. 

L'engreneuse  est  représentée  par  la  fig.  30.  Elle  attaque  la  gerbe 
préalablement  déliée  et  jetée  sur  un  tablier  légèrement  incliné;  elle  la 
divise  par  portions,  par  poignées,  au  moyen  d'une  série  de  disques  à 
longues   dents  montés  sur  un   même  arbre  et  toiirna-^.t  avec  lui  d'un 


P'ig.  oO.  —  Engreneuse  automatique  dite  la  Française,  de  M.  Demoncy-Minelle. 


mouvement  intermittent  d'amplitude  facultative.  Les  disques  sont 
séparés  les  uns  des  autres  par  des  tôles  de  courbure  égale;  ces  tôles 
servent  à  supporter,  à  diriger  la  paille  entraînée  par  la  rotation  des 
dents. 

Au  début  du  travail,  un  râteau  articulé  et  extensible,  convenable- 
ment guidé,  égalise  à  l'épaisseur  voulue  la  prise  de  tiges  faite  par  les 
dents  et  rejette  sur  le  tablier  tout  ce  qui  vient  à  excéder.  Vers  le  point 
culminant  des  tôles,  un  autre  râteau,  qui  fonctionne  concentriquement 
à  ces  tôles,  étend  la  paille  de  manière  à  former  une  nappe  parfaitement 
uniforme  et  la  livre  à  un  dernier  râteau  qui  la  prend,  à  chacune  de  ses 
oscillations,  pour  laconduire  finalement,  par  quantités  rigoureuse- 
ment égales,  jusqu'au  batteur,  lequel  fait  immédiatement  suite  à 
l'engreneuse. 

Tous  les  organes  d'action  prennent  leurs  mouvements  sur  un  arbre 
moteur  unique,  à  l'aide  de  bielles,  de  leviers  et  d'excentriques  faciles 
à  régler  pour  modifier  à  volonté,  en  plus  ou  en  moins,  la  prise  des  tiges. 
Enfin  un  mode  de  débrayage  des  plus  simples  permet  d'arrêter  instan- 
tanément l'entraînement  de  la  paille,  en  sorte  que  tous  les  organes 


ENGRENEUSE  AUTOMATIQUE  POUR  LES  MACHINES  A  BATTRE  465 

d'action  se  meuvent  à  vide  sans  produire  aucun  travail.  Il  est  réelle- 
ment merveilleux  de  voir  comment  une  telle  opération,  qu'on  a  peine 
à  concevoir  faite  autrement  qu'à  la  uuiin,  s'accomplit  automatique- 
ment avec  autant  de  régularité  et  de  ponctualité.  Rien  n'échappe  aux 
râteaux  égalisateurs  ;  un  surcroît  d'épaisseur,  quel  qu'il  soit,  est 
infailliblement  rejeté  tant  que  les  dents  d'entraînement  ne  l'ont  pas 
suffisamment  divisé. 

M.  Demoncy-Minelle  a  donné  à  son  appareil  le  nom  (ïcngremuse 
/"/'rt/jraùe.Sonprixest  de  500  fr.;  on  peut  l'adapter  à  toutes  les  machines, 
et  en  régler  le  mouvement  d'après  celui  de  la  batteuse. 

Henry  Sagnieu. 

ÉTUDES  SUR  LE  TOPINAMBOUR 

Depuis  quelques  années^  on  admet  généralement  que  la  production 
des  céréales,  par  suite  de  l'augmentation  de  tous  les  frais  culturaux, 
ne  laisse  qu'une  faible  marge  au  cultivateur. 

Aussi,  la  culture  d3s  céréales,  qui  était,  autrefois^  la  principale 
source  de  produit  dans  toute  exploitation  rurale,  tend-ulle,  mainte- 
nant, à  être  restreinte  aux  meilleures  terres,  qui,  seules,  peuvent 
encore,  grâce  à  une  culture  intensive,  donner  une  récolte  suflisante, 
pour  équilibrer  le  prix  de  revient  et  celui  de  vente,  résultat  qui 
exige  un  produit  de  25  hectolitres  de  blé  à  l'hectare. 

Mais,  ces  conditions  ne  sont  réalisables,  que  dans  les  régions  oii 
les  cultures  indusirielles,  depuis  longtemps  pratiquées,  ont  amené  les 
terres  à  leur  maximum  de  fertilité. 

Dans  la  généralité  des  cultures  de  l'Ouest,  du  Centre  et  du  Midi,  on 
ne  peut  espérer  y  atteindre,  actuellement,  car  on  sait  que  la  récolte 
moyenne  du  blé,  en  France,  ne  dépasse  pas  15  hectolitres  par  hectare. 

On  est  donc  naturellement  amené  à  rechercher  d'autres  cultures,  dont 
le  produit  puisse  venir,  partout,  remplacer  celui  des  céréales;  étant 
reconnu  que  le  prix  de  revient  de  ces  dernières,  quand  il  est  couvert, 
ne  laisse  au  producteur  qu'un  trè.s  faible  bénéfice. 

Le  retour  à  la  culture  pastorale,  proposé  comme  palliatif  à  cet  état 
de  choses,  peut-il  être  utilement  conseillé?  Les  animaux  d'élève  sont 
de  plus  en  plus  chers;  l'écart  entre  le  prix  du  bétail  gras  et  maigre 
est  souvent  trop  faible  pour  laisser  un  bénéfice;  les  intempéries 
viennent  fréquemment,  compromettre  les  récoltes  fourragères,  obligeant 
ainsi  à  réduire  le  nombre  des  animaux  entretenus,  dont,  foute  de 
nourriture,  on  doit  vendre  à  tout  prix  une  partie. 

Si  l'on  revenait  généralement  à  cette  culture,  il  en  résulterait,  en 
outre,  un  grave  inconvénient,  celui  de  laisser  inoccupée  une  partie  de 
la  population  rurale  qui,  manquant  de  travail,  devrait  abandonner  les 
campagnes  pour  émigrer  dans  les  villes,  ce  qui  amènerait  des  consé- 
quences économiques  et  sociales,  fâcheuses  à  tous  égards. 

Les  cultures  industrielles,  betteraves,  pommes  de  terre,  lin,  colza, 
notamment,  sont  limitées  à  certaines  régions,  favorisées  par  leur  sol  ou 
leur  climat,  et  d'ailleurs  elles  existent  une  avance  de  fonds  considé- 
rable,  ce  qui  est  un  obstacle  m.ajeur  à  leur  développement  dans  la 
moyenne  et  la  petite  culture,  si  éprouvées  ces  dernières  annnées,  et  qui 
représentent  la  grande  masse  agricole  du  pays. 

Dans  toute  la  région  du  Midi,  la  situation  est  encore  plus  grave  : 
l'invasion  croissante  du  phylloxéra,  en  détruisant,  avec  les  vignes,  le 


466  ÉTUDES  SUR  LE   TOPINAMBOUR. 

principal  revenu  des  terres,  menace  d'une  ruine  complète  cette  vaste 
région,  naguère  encore  si  florissante. 

Un  remède  efficace  à  cette  fâcheuse  situation  consisterait  dans  la 
vulgarisation  d'une  culture  améliorante,  appropriée  aux  terres  les 
plus  médiocres,  ne  craignant  pas  les  intempéries,  surtout  la  sécheresse, 
et  qui  laisserait  à  la  ferme,  en  outre  d'un  produit  en  argent,  une  quan- 
tité importante  de  nourriture,  permettant  l'entretien  d'un  nombreux 
bétail. 

La  culture  du  topinambour  a,  depuis  longtemps  été  préconisée  comme 
satisfaisant  à  ces  diverses  conditions. 

«  Le  topinambour,  disait  un  ancien  ministre,  M.  de  Tracy,  est  la 
betterave  des  pays  pauvres.  Enefîet,  il  doit  avoir  sa  place  dans  les  terres 
pauvres,  comme  la  betterave  doit  occuper  les  terres  riches  :  celle-ci  a 
déjà  fait  la  richesse  des  contrées  du  nord  de  la  France,  celui-là  est 
appelé  à  faire  l'amélioration  des  terres  du  Centre  et  du  Midi.  » 

Un  de  nos  maîtres  les  plus  illustres  en  agronomie,  M.  BoussingauU, 
a  rendu  compte  des  résultats  obtenus  par  lui  en  Alsace,  il  y  a  quarante 
ans,  avec  la  culture  du  topinambour,  dont  il  fait  ressortir  tous  les  avan- 
tages comme  culture  améliorante. 

Néanmoins,  cette  culture  ne  s'est  jusqu'ici  répandue,  que  dans  peu 
de  contrées,  spécialement  en  Alsace,  dans  le  Poitou  et  le  Limousin. 

Est-ce  donc  que  ses  avantages  ont  été  exagérés,  ou  qu'il  a  surgi,  dans 
l'application,  des  inconvénients  de  nature  à  en  atténuer  les  bons 
résultats? 

Ne  serait-on  pas  plutôt  porté  à  supposer  que,  faute  de  données 
précises  sur  les  conditions  à  remplir  pour  rendre  cette  culture  vrai- 
ment profitable,  elle  a  pu  occasionner  des  mécomptes,  qui  auront 
découragé  les  expérimentateurs? 

Ne  serait-elle  pas,  au  contraire,  appelée  à  se  généraliser,  si  elle  était 
mieux  connue  et  qu'on  n'eût  plus  à  craindre  les  tâtonnements  et  les 
échecs,  inévitables  dans  toute  culture  nouvelle  et  avec  des  essais 
isolés  ? 

C'est  la  solution  de  ces  diverses  questions,  que  nous  nous  sommes 
proposé  de  rechercher,  dans  cette  étude,  et  nous  espérons  y  parvenir, 
en  nous  appuyant  d'abord  sur  les  bases  théoriques,  déduites  de  la 
culture  expérimentale,  et  aussi  sur  les  faits  acquis,  résultant  de^a  pra- 
tique en  grand,  et  émanant  d'agriculteurs,  dont  la  haute  notoriété  peut 
inspirer  toute  confiance. 

Nos  propres  observations,  recueillies  pendant  une  longue  pratique 
de  la  distillation  agricole,  nous  aideront  à  corroborer  ces  divers  élé- 
ments, de  façon  à  présenter  un  résumé  exact  des  données  actuelles, 
sur  la  culture  du  topinambour  et  sur  les  résultats  qu'on  peut  attendre 
de  son  emploi  à  la  production  de  l'alcool  dans  la  ferme,  et  à  l'entre- 
tien du  bétail  par  les  pulpes. 

L  —  Aperçu  général  sur  la  culture  du  topinambour  et  son  emploi  dans 
V alimentation  du  bétail.  —  Un  fait,  sur  lequel  tout  le  monde  paraît 
d'accord,  c'est  la  rusticité  exceptionnelle  de  cette  plante  et  son  peu 
d'exigences,  au  point  de  vue  de  la  qualité  du  sol,  des  engrais  et  des 
façons. 

Bien  différent,  en  cela,  de  la  betterave,  dont  la  levée  est  souvent 
compromise  par  la  sécheresse  ou  les  ravages  des  insectes,  le  topinam- 
bour, pourvu  qu'on  ne  le  plante  pas  dans  des  terres  humides,  pousse 


ÉTUDES  SUR  LE  TOPINAMBOUR.  ^67 

pour  ainsi  dire  sans  culture,  et  le  développement  de  ses  tiges,  qui 
atteignent  ordinairement  une  hauteur  de  2  mètres,  ferait  croire  que 
l'on  trouvera  à  l'arrachage  une  ample  récolte  de  tubercules. 

Malheureusement,  il  n'en  estpas  souvent  ainsi,  lorsquedansdes  ter^-es 
médiocres,  sans  engrais,  la  végétation  du  topinambour  paraît  se  sou- 
tenir. Mais  s'il  survient  une  sécheresse  prolongée,  à  la  récolte,  on  sera 
forcé  de  reconnaître  que  les  tubercules  n'auront  pas  pris  un  dévelop- 
pement proportionné  à  la  belle  apparence  de  la  plante. 

C'est  là,  croyons-nous,  une  des  causes  de  la  déconvenue  éprouvée 
maintes  fois  dans  cette  culture.  Trompé  par  la  rusticité  et  la  vigueur 
apparentes  du  topinambour,  on  a  cru  inutile  de  lui  donner  la  fumure 
et  les  soins,  indispensables  à  toute  plante  appelée  à  condenser  dans 
ses  racines,  divers  éléments  azotés  et  minéraux  ;  faute  de  ces  éléments, 
le  développement  des  tubercules  sera  forcément  compromis. 

Nous  nous  rappelons  avoir  vu,  en  Poitou,  après  un  été  torride,  des 
topinambours,  bien  cultivés  et  bien  fumés,  donner  malgré  une  séche- 
resse de  quatre  mois,  une  récolte  de  35,000  kilog.  à  l'hectare;  tandis 
qu'à  côté,  là  où  les  topinambours  n'avaient  reçu  ni  soins,  ni  fumure, 
la  récolte  en  tubercules  était  absolument  nulle. 

On  doit  donc  poser  en  principe  que,  pour  être  garantie  contre  toute 
mauvaise  chance  et  donner  un  produit  assuré,  cette  culture  doit, 
comme  toute  autre,  remplir  un  certain  nombre  de  conditions,  indispen- 
sables à  sa  réussite. 

Aulrement,  ce  ne  sera  que  par  l'effet  d'un  hasard  réunissant,  à 
point  nommé,  toutes  les  circonstances  climatériques  les  plus  favo- 
rables, qu'on  obtiendra,  accidentellement,  une  récolte  passable,  avec 
une  culture  ainsi  abandonnée  à  elle-même. 

On  a  longtemps  prétendu  qu'une  fois  le  topinambour  implanté  dans 
une  terre,  celle-ci  en  était  pour  toujours  infestée.  On  affirmait  que, 
malgré  plusieurs  labours,  il  restait  dans  le  sol  assez  de  petits  tuber- 
cules, pour  étouffer  la  végétation  de  la  récolte  devant  faire  suite. 

Aussi,  avait-on  généralement  pris  le  parti  de  ne  sacrifier  au  topi- 
nambour que  les  plus  mauvaises  terres  d'une  ferme,  celles  impropres 
à  toute  autre  culture,  et  on  l'y  laissait  indéfiniment. 

Il  est  maintenant  reconnu,  qu'en  faisant  suivre  le  topinambour  d'une 
récolte  d'avoine  et  de  fourrages  à  couper  en  vert,  cet  inconvénient 
n'est  pas  à  craindre.  Après  quelques  coupes,  la  vitalité  des  tubercules 
est  épuisée,  et  la  plante  cesse  de  repousser. 

Ce  préjugé  a  certainement  contribué  à  jeter  la  défaveur  sur  cette 
culture,  d'autant  plus  qu'après  la  seconde  année,  la  trop  grande  mul- 
tiplication des  tiges  vient  nuire  à  la  récolte,  en  empêchant  l'accrois- 
sement des  tubercules,  trop  rapprochés  dans  le  sol,  et  qui  ne  peuvent 
acquérir  un  développement  suffisant.  On  trouve  donc  avantage  à  ne 
laisser  le  topinambour  que  deux  années  de  suite,  sa  destruction  étant 
alors  assurée  par  une  ou  deux  récoltes  fauchées  en  vert  qui,  en  outre, 
préparent  la  terre  à  une  bonne  récolte  de  céréales. 

Pourtant,  en  Alsace,  on  est  arrivé  à  laisser  utilement  la  culture  du 
topinambour,  en  permanence  dans  les  mêmes  terres. 

Dans  son  traité  de  Chimie  agricole,  M.  le  professeur  I.  Pierre  cite, 
en  effet,  les  résultats  empruntés  à  la  pratique  expérimentale  de  Bous- 
singault,  sur  la  culture  continue  du  topinambour,  et  que  nous  repro- 
duisons plus  loin,  bien  que  ce  système  ne  nous  paraisse  pas  devoir 


468  ÉTUDES  SUR  LE    TOPINAMBOUR. 

être  conseillé,  si  ce  n'est  en  petite  culture,  ne  serait-ce  que  parce  qu'il 
restreint  à  une  même  fraction  des  terres,  l'amélioration  attendue  de 
cette  plante. 

C'est  du  reste  ce  que,  en  thèse  générale,  professe  M.  Pierre,  à  savoir 
que  la  culture  répétée  de  la  môme  plante,  sur  le  même  terrain,  doit  être 
évitée  ;  et  s'il  admet  exceptionnellement,  pour  le  topinambour,  la  possi- 
bilité d'en  perpétuer  la  culture,  c'est  surtout  à  cause  du  préjugé, 
aujourd'hui  détruit  ainsi  que  nous  l'avons  dit,  de  l'impossibilité 
d'extirper  entièrement  les  tubercules  du  sol. 

Tableau  I.  Culture  continue  du  iopinamhonr  à  Bechelbronn,  d'après  Boussingault. 

Récoltes  Rpcoltes  Substan- 

Années  Récoltes  brutes       sèches  Carbone        Hydrogène      Oxygène       Azote  ces 

parhect.  par  iiect.  miner. 

Icilog.       kilog.  kilog.  kilog.  kilog.  kilog.  kilog. 

l'oetî»  T&pînambours...     5-2, R80    11,000        4,7{i:i.O  638.0        4,763.0      176.0  660.0 

TigGS  ligneuses..     28,200     24..^6-2       11  ,224.7       1,326.3       11,224.7         98.2  687.2 

Total 81  ,080    3  5,. ^62       1.5.1)87.7       1,964.3       1.5,987.7       274.2       1,347.2 

Enîïraisemployé.     45,4.50      9,408        3,368.1  395  1         2,427.3       188.2      3,029.3 

Auquel  ilfaulajouterô, 000 

kilog.    de    cendres    de 

tourbe 4,190.0 

Excédent  qui  ne  peut  être  7  ,219.3 

imputé  à  l'engrais. . .  +26,154  +  12,619.6  +  1 ,569.2  +  13,560.4  +   86.0  —  5,872.1 

«  Dans  une  assez  grande  partie  de  l'Alsace,  cette  culture  continue 
du  topinambour  est  considérée  comme  une  des  plus  productives 
qu'il  soit  possible  d'adopter,  malgré  les  fumures  fréquentes  qu'exige 
ce  genre  de  culture.  (Le  topinambour  doit  être  fumé  tous  les  deux  ans 
et  fortement  fumé).  » 

En  examinant  les  chiffres  de  ce  tableau,  M.  Pierre  en  fait  ressortir 
les  points  essentiels  : 

1°  L'excédent  de  poids,  de  la  matière  organique  de  la  récolte,  sur 
celui  de  l'engrais,  et  qui  n'est  pas  moindre  de  13,918  kil.  de  matière 
sèche,  par  année,  y  compris  le  poids  des  tiges. 

2"  La  proportion  considérable  d'azote,  contenue  dans  la  récolte, 
137  kil.  annuellement,  soit  plus  du  double  des  récoltes  d'un  assole- 
ment ordinaire. 

3°  L'excédent  annuel  de  43  kil.  d'azote  sur  la  quantité  apportée 
par  les  engrais,  excédent  qui  reste  à  la  ferme. 

4"  La  nécessité  d'ajouter  au  fumier  de  ferme  25  pour  100  de  po- 
tasse et  soude,  parce  que  la  dose  de  ces  deux  éléments,  fournie  par 
le  fumier,  est  trop  faible  pour  les  besoins  du  topinambour. 

Quant  au  poids  moyen  de  tubercules,  obtenu  à  l'hectare,  nous  le 
résumons  dans  le  tableau  suivant  : 

Tableau  II.  Récoltes  moyennes,  par  hectare,  en  tubercules» 
Nature  des  terres  Années  En  hectol.     En  kilog.  Autorités 

Terres  sablonneuses »  128          10,240       .   Schwerz. 

Terres  de  première  qualité  .  »  439          35,520  Kade. 

A  Bechelbronn,  moyenne. . .  »  330          26,400  Lebel  et  Boussingault. 

_  —  1839  et  1840  441  35,400  — 

DansleGard •  1878           •                    17,000  M.  Jlolines. 

Dans  l'Allier 1878                                27,500  M.  Delelis. 

Dans  la  Dordogne 1882                                 35,000  M.  Pigeard. 

Moyennes 334.5      26,722 

Les  tiges  vertes,  coupées  en  septembre,  pourraient  être  avantageu- 
sement employées  à  la  nourriture  du  bétail,  qui  en  est  très  friand 
(surtout  les  moutons),  en  cas  de  manque  de  fourrages  verts. 


ÉTUDES  SUR  LE  TOPINAMBOUR.  469 

La  perte  sur  la  récolte  des  tubercules,  occasionnée  par  cette  coupe 
hâtive  des  tiges,  est  d'environ  un  tiers,  soit  une  valeur  (h  166  fr.  60 
par  hectare,  les  tubercules  comptés  à  20  francs  les  1000  kilos;. 

Mais,  d'après  Schwerz,  100  kilog.  de  tiges  vertes  équivalent 
à  31  kilog.  un  quart  de  foin  sec.  La  quantité  de  tiges  vertes  coupées 
sur  un  hectare, étant  d'environ  9000  kilog.,  représenterait  donc  l'équi- 
valent de  2900  kilog.  de  foin  sec,  qui  au  prix  de  6  francs  les 
100  kil.  =  174  francs,  compensant  largement  la  perte  sur  les  tuber- 
cules. 

On  a  aussi  reproché  au  topinambour,  de  ne  pouvoir  se  récolter  au 
moment  de  la  maturité,  faute  de  pouvoir  conserver  les  tubercules  en 
silos,  comme  on  le  pratique  pour  la  bt^tterave. 

ElTectivement,  on  est  obligé  de  n'arracher  le  topinambour  qu'au 
fur  et  à  mesure  des  besoins,  du  mois  de  novembre  à  celui  de  mars 
et  d'avril. 

Cette  condition  est  sans  mconvénient  pour  la  petite  culture,  le  colon 
ou  sa  famille  pouvant  toujours,  dans  celte  saison,  trouver  le  moment 
dès  que  le  temps  le  permet,  d'aller  récolter  la  provision  d  une 
quinzaine  de  jours,  durée  moyenne  de  la  conservation  des  tubercules, 
à  l'air,  en  hiver.  Il  en  est  de  même  pour  d'autres  récoltes  destinées  au 
bétail,  telles  que  les  choux,  les  raves,  etc. 

Mais  en  grande  culture,  il  peut  y  avoir  là  une  difficulté  sérieuse, 
cette  intermittence  dans  la  récolte  exigeant,  par  moments,  un  assez 
grand  nombre  d'ouvriers^  pour  lesquels^  à  cette  époque,  on  peut  ensuite 
manquer  d'occupation 

Lorsque  le  climat  hivernal  n'est  pas  trop  pluvieux  et  que  les  gelées 
sont  rares,  cette  difficulté  pourrait  être  atténuée,  surtout  dans  les 
terres  saines  et  légères  (les  plus  convenables  du  reste  au  topinambour), 
par  l'emploi  d'instruments,  tels  que  l'arracheuse  à  pommes  de  terre. 
Il  ne  resterait  plus  alors  qu'à  ramasser  et  charger  les  tubercules,  tra- 
vail moins  pénible  que  l'arrachage,  et  qui  peut  être  exécuté  par  des 
femmes  et  des  enfants,  assez  économiquement,  surtout  en  le  facilitant 
par  l'emploi  d'un  petit  chemin  de  fer  portatif. 

En  revanche,  cette  nécessité  de  fractionner  la  récolte  a  pour  contre- 
partie, l'avantage  de  ne  pas  obliger,  comme  pour  la  betterave,  à 
réunir,  au  même  moment,  une  armée  d'ouvriers,  pour  arracher  et 
débarder  rapidement  toute  la  récolte,  et  la  rentrer  à  l'abri  de  la  gelée, 
qui  parfois  survient  à  l'improviste  et  en  attaque  une  partie,  ce  qui 
peut  compromettre  la  conservation  de  toute  la  récolte  par  suite  de 
Taltéralion  introduite  dans  les  silos,  et  dont  le  développement  est  dif- 
ficile à  prévenir. 

Le  topinambour,  au  contraire,  ne  craint  nullement  la  gelée;  s'il 
en  est  atteint,  même. hors  du  sol,  cela  ne  présente,  pour  sa  conserva- 
tion, aucun  inconvénient;  il  dégèle  sans  s'altérer  et  peut  môme  subir 
plusieurs  alternatives  de  congélation  et  de  dégel,  sans  désorganisation 
de  son  tissu  cellulaire. 

De  tout  ce  qui  précède,  on  peut  donc  conclure  que  la  culture  du 
topinambour  ne  présente  pas  de  difficultés  plus  sérieuses  que  celle 
de  la  betterave,  si  répandue  aujourd'hui,  et  que  sous  bien  des  rapports 
elle  exige,  au  contraire,  moins  de  précautions  et  de  soins  que  cette 
dernière,  tout  en  supportant  mieux  qu'elle  les  intempéries. 

L'utilisation  des  tubercules  de  topinambour,  à  l'alimentation  du 


470  ÉTUDES  SUR  LE  TCPINAMBOUR. 

bétail,  bien  que  généralement  reconnue  avantageuse,  et  entrée  d:ins  la 
pratique  de  beaucoup  de  contrées,  a  parfois  donné  lieu  à  certains 
accidents,  contre  lesquels  il  serait  pourtant  facile  de  se  prémunir. 

Il  est  admis  aujourd'hui  que  si  une  petite  quantité  de  sucr^  est 
utile  dans  l'alimentation,  il  n'en  est  pas  de  môme  en  exagérant  la  dose 
de  cet  élément,  qui  devient  même  nuisible  aux  fonctions  di2;estives  de 
l'animal;  c'est  ce  qui  arrive^  avec  l'emploi  du  topinambour,  plus 
riche  en  matières  sucrées  que  les  meilleures  betteraves,  lorsqu'on  en 
donne  au  bétail  de  trop  fortes  rations,  sans  qu'il  soit  accoutumé  à 
cette  nourriture. 

11  suffirait,  pour  éviter  cet  inconvénient,  de  ne  donner  les  tuber- 
cules aux  animaux,  qu'après  les  avoir  découpés  en  tranches,  au  moyen 
d'un  coupe  racines  \  et  mélangés  avec  des  fourrages  ou  pailles  hachés 
avec  lesquels  on  les  laisse  fermenter  en  tas,  jusqu'au  moment  où  l'élé- 
vation de  température  et  l'odeur  vineuse  qui  se  dégage  du  mélange, 
indiquent  la  transformation  en  alcool,  de  la  matière  sucrée  en  excès. 

Cette  précaution  ne  s'applique  qu'à  la  petite  culture  ou  à  des  essais 
préparatoires  à  la  culture  en  grand. 

Avec  l'application  du  topinambour  à  la  distillation,  rinconvénient 
signalé  plus  haut  disparaît,  les  pulpes  ou  résidus,  provenant  de  la 
distillerie;  ne  devant  plus  renfermer,  si  le  travail  a  été  bien  conduit, 
qu'une  très  faible  quantité  de  matière  sucrée,  ce  qui  permet  d'en 
donner,  sans  craintes,  au  bétail,  des  rations  suffisantes. 

[La  suite  prochainement.)  Stephen  David. 

DISCOURS  DE  M.  MÉLINE,  MINISTRE  DE  L'AGRIGULTUEE 

AU  CONCOURS  RÉGIONAL  DE  CAEN 
I.  —  Discours  prononcé  à  la  distribution  des  récompenses 

Messieurs,  quand  on  a  traversé,  comme  je  viens  de  le  faire,  votre  beau  pays  et 
admiré  sa  prodigieuse  fécondité,  quand  on  a  contemplé  et  étudié  ce  magnifique 
concours,  le  plus  considéiatile  peut-être  'de  tnus  ceux  qui  ont  été  organisés  en 
France  jusqu'à  ce  jour,  on  se  sent  pris  d'un  sentiment  irrésistible  de  fierté  patrio- 
tique et  de  confiance  dans  l'avenir.  Jamais  sentiment  ne  fut  plus  légitime  ni  mieux 
justifié  par  la  grandeur  des  résultats  obtenus. 

Ce  sont  eux  qu'd  faut  cherctier  derrière  la  merveilleuse  mise  en  scène  qui 
nous  éblouit,  afin  de  bi-^n  établir  que  cette  grande  exposition  n'est  pas  le  résultat 
factice  des  efforts  ingénieux  Je  ses  organisateurs,  mais  bien  la  résultante,  la  re- 
présentation exacte  de  l'état  vrai  de  votre  région,  la  démonstration  éclatante  des 
progrès  considérables  réalisés  par  vous  dans  ces  dernières  années. 

Si  ces  progrès  ont  été  plus  rapides  ici  que  dans  d'autres  parties  de  la  France, 
c'est  qu'il  n'y  a  pas,  je  crois,  de  province  où  l'amour  de  la  propriété,  de  la  tei-re, 
soit  aussi  profo  d  qu'au  hein  de  vos  campagnes  C'est  là,  de  l'avis  de  tous  les 
historiens,  de  tous  les  économistes,  le  trait  dominant,  caractéristique  de  l'esprit 
normand.  C'est  lui  qui,  au  moyen  âge,  poussait  vos  pères  à  la  conquête  ou  plu- 
tôt, comme  le  disaient  les  cbroniqueurs  du  temps,  à  {''acquisition  de  nouveaux 
royaumes.  C'est  lui  qui  aujourd'hui,  transformé  par  les  mœurs,  mais  toujours 
persistant,  souffle  au  dernier  de  vos  paysans  l'arabiiion  de  devenir  propriétaire. 
Ce  sentiment  est  si  profondément  enraciné,  qu'il  a  fait  é  dore  sur  votre  scd  des 
modes  d'acquérir,  des  formes  de  contrats  inconnus  partout  ailleurs  et  qui  pro- 
cèdent encore  des  vieux  souvenirs  de  votre  histoire. 

Ce  sont  là  des  souvenirs  trop  significatifs  pour  être  négligés  :  ils  prouvent  com- 

1.  Les  tubercules  retenant  souvent  île  petite^  pierres,  il  e-t  prudent,  avant  de  les  envoyer  au 
coupe-racines,  de  leur  faire  subir  un  lava^^e  énergique,  soit  dans  un  laveur  mécmique,  soit  si 
l'on  opère  en  petir,  dans  un  cuvier  re.npli  d'eau  et  muni  à  moitié  de  sa  liauteur,  d'une  gril!e  en 
fer;  on  ag-te  l-s  t  ibercul-s,  à  l'aide  d'une  fiurehe  à  de-its  plates,  pour  en  détactier  les  pierres 
qui  tombent  au  fond  à  travers  la  grdle.  Une  bonde  permet  de  vider  l'eau  terreuse  et  les  pierres, 
pour  reprendre  à  jec  les  tubercules  lavés,  maintenus  sur  la  grille. 


DISCOURS  DE  M.  MÉLINE   AU  CONCOURS  REGIONAL  DE  CAEN.  471 

bien  est  profonde  l'empreintu  des  siècles  chez  les  races  fortes  et  comme  leur  p;énie 
propre  trouve  le  moyen  de  se  perpétuer  au  traveis  de  toutes  les  transformations. 

Cet  attachement  profond  au  soL  cette  soif  de  la  terre  ont  produit  dans  la  cons- 
titution de  votre  projiriété  rurale  leur  efiet  inévitable,  qui  est  d'augincnter  sans 
cesse  le  nombre  des  propriétaires  en  diminuant  celui  des  fermiers.  C'est  ainsi 
que  votre  dé[)aitement,  qui  ne  comptait  en  1867  que  22,814  propriétaires,  en 
avait  déjà  23,329  en  1873,  pendant  que  les  fermiers  descendaient  de  16,4'45  à 
15,711.  Je  regrette  de  n'avoir  pas  de  siatistiqnes  plus  récentes,  mais  j'ai  la 
certitude  que  ce  mouvement  n'a  tait  que  s'accentuer. 

Ge  qui  le  prouve,  selon  moi,  d'une  faç')n  manii'este,  quoique  indirecte,  c'est 
l'accroissement  constant,  de  la  valeur  vénale  des  propriétés  non  bâties. 

Pour  le  Calvados,  elle  était  eslimée  en  1851  à  1  n.illiard  446  millions  582  francs. 
En  1S79,  l'administration  des  contributions  directes  a  constaté  qu'elle  s'était 
élevée  à  1  milliard  ^36  millions  322,240  francs,  soit  une  augmentation  de 
370  raillions. 

Si  on  applique  le  même  calcul  aux  cinq  départements  du  Calvados,  de  la 
Manche^  de  l'Orne,  de  l'Eure,  de  la  Seine-Ioférieuie,  on  trouve  que  l'augmenta- 
tion totale  a  été  de  1  milliard  661  millions.  Voilà  la  plus-value  de  la  propriété 
foncière  en  moins  de  trente  ans! 

Vous  devinez  aisément,  messieurs,  que  cette  plus-value  si  considérable  ne  peut 
s'expliquer  que  par  une  transformation  profonde  des  modes  de  culture  et  par  un 
perfectionnement  incess^ant  des  moyens  de  production..  Ici  encore,  les  statistiques 
se  chargent  de  faire  victorieusement  la  démonstration  et  de  prouver  avec  quelle 
intelligence,  quel  sentiment  profond  des  nécessités  du  sol  et  même  des  exigences 
de  la  température,  vous  avez  su  diriger  et  régler  vos  exploitations. 

Depuis  1851,  vous  avez  fait  passer,  grâce  à  d'importantes  améliorations, 
20,000  hectan^s  de  terres  labourables  dans  les  terres  de  première  qualité  que  vous 
avez  ainsi  livrées  à  la  culture  intensive  avec  le  bénélice  de  ses  gros  rendements. 
Vous  avez  encore  emprunté  aux  terres  labourables  67,000  hectares  pour  les  trans  - 
former  en  herbages  qui  coûtent  ruoins  et  rapportent  davantage,  parce  qu'ils 
exigent  moins  de  fr-ais  de  mam-d'œuvre  et  souflVent  moins  des  accidents  de  la 
température. 

Mais  ce  qui  est  plus  remarquable,  plus  digne  d'éloges  et  prouve  au  plus  haut 
gdegré  combien  vous  avez  la  notion  de  l'équilrbre  nécessaire  des  forces  produ:tives, 
y'est  que,  si  vous  avez  diminué  l'étendue  des  surfaces  consacrées  aux  céréales, 
ijOus  avez  eu  soin  de  conserver  le  même  chiffi-e  de  production  totale.  Crâce  à 
élévation  des  rendements,  que  vous  avez  portés  pour  le  froment  de  13  hectolitres 
à  l'hectare,  chiffre  moyen  de  1852,  à  17  hectolitres,  chiffre  de  18S2,  le  consom- 
mateur n'a  rien  perdu,  au  contraire.  Votre  récolte  annuelle,  qui  avait  été  en 
moyenne,  pour  la  période  de  18'+0  à  )859,  de  1  million  617,382  hectoliti'es,  a  été 
en  1880  de  1  million  657.500  hectolitres,  et  s'est  même  élevée  en  1882  à  1  mil- 
lion 683,000  hectolitres. 

Gela  ne  vous  a  pas  empêchés  de  conquérir  sur  les  landes  st  de  livrer  à  la  culture 
22,500  hectares  nouveaux.  Sans  doute  il  vous  reste  beaucoup  à  faire  de  ce  côté,  et 
je  relève  ave-;  un  ce  tain  regret  une  suri'ace  de  79,000  hectares  de  landes  qui 
torme  une  grosse  tache  sur  la  carte  de  Normandie.  Je  suis  convaincu  qu'il  suffit 
de  vous  la  signaler  et  qu'elle  ne  tardera  pas  à  disparaître. 

Mais  c'est  surtout  dans  la  création  des  herbages  et  des  prairies  que  vous  avez 
réalisé  de  véritables  prodiges  :  depuis  1851  vous  avez  ainsi  gagné  plus  de 
100,000  hec'ares.  Les  résultats  et  les  produits  ont  été  immenses  pour  votre  ré- 
gion. Ils  vous  ontper.r.is  de  vous  livrer  à  l'élevage  du  bétail  et  surtout  du  che- 
val dans  des  proportions  inconnues  jusqu'à  ce  jour.  Je  regrette  vivement  que 
nous  ne  possédions  pas  en  ce  moment  de  statistiques  complètes  qui  nous  per- 
mettent de  chiffrer  exactement  la  valeur  de  ce  capital  énorme  que  vous  avez  ainsi 
créé  et  qui  constitue  aujourd'hui  la  principale  source  de  vutre  richesse. 

Mais  quel  besnin  avons-nous  de  statistiques  quand  nous  avons  sous  les  yeux 
la  plus  éloquente  de  toute  les  statistiqu'-s,  quand  nous  pouvons  admirer  ces  nom- 
breux et  magnifiques  échantillons  d'animaux,  témoignages  vivants  et  éclatants  de 
votre  activité  productrice  ".' 

Ce  n'est  pas  le  nombre,  du  reste,  qui  peut  donner  la  mesure  exacte  des  progrès 
que  vous  avez  réalisés  :  aiijoui'd'hui  on  ne  peut  plus  se  borner,  en  matière  d'éle- 
vage, à  supputer  les  effectifs  |iour  se  faire  une  idée  de  l'état  de  la  production.  Il 
faut  étudier  aussi  les  améliorations  introduites  au  triple  point  de  vue  du  poids,  du 


472  DISCOURS  DE  M.  MÉLINE  AU  CONCOURS  RÉGIONAf-  DE  CAEN. 

rendement  et  de  la  précocité,  en  un  mot  déterminer  la- quantité  de  viande,   de 
laine,  ce  produits  accessoires. 

A  tous  ces  points  de  vue.  U  concours  de  Gien  atteste,  de  l'avis  de  tous  les 
hommes  compétents,  le  perfectionnement  continu  d-i  votre  admirable  race  nor- 
mande, qu'il  faut  conseiver  comme  une  chose  sacrée. 

Aussi  je  ne  puis  qu'aitfilaudir  à  l'excel  ente  mesure  que  vous  venez  de  prendre 
en  décidant  la  création  d'un  Ittrd-biwk  qui  aura  p-.ur  résultat  d'élever  sans  cesse 
le  niveau  de  la  pioduction  et  de  conservera  la  France  ces  beaux  types  de  nos 
races  nationales  qui  tendent  malheureusement  à  disparaître  dans  certaines  régions. 

Vous  avez  raison  ce[)endant  de  ne  pas  dédaigner  les  autres  races  de  prix,  sur- 
tout cette  belle  race  durham,  cette  superbe  ujachine  à  viande,  comma  on  l'a  juste- 
ment appelée,  qui  fournit  à  la  consommation  des  classes  laborieuses  une  alimen- 
tation si  saine,  si  abondante. 

Maintenant,  messieurs,  et  c'est  par  là  que  je  termine  cette  revue  de  vos  forces 
productives,  je  suis  obligé  de  convenir  que  ce  qui  caractérise  surtout  votre  œuvre 
dans  ces  dernières  années,  ce  qui  domine  tout,  ce  sont  les  prngiès  vraiment  extra- 
ordinaires de  voire  production  chevaline,  dont  la  richesse  et  la  beauté  jettent  un 
si  vif  éclat  sur  ce  concours.  Elle  est  aujourd'hui  une  des  sources  principales  de 
votre  richesse  :  son  développement  est  tel  que  depuis  1873  votre  effectif  s'est 
accru  de  plus  de  46,000  tètes.  Mais  ce  n'est  pas  la  quantité  qui  importe  :  ce 
qu'il  faut  voir  s-urtout,  c'est  l'admir.ible  periectiouiieraent  des  produits. 

A  ce  point  de  vue,  je  n'exagère  rien  en  affirmant  que  ce  que  nous  avons  vu  hier 
a  dépassé  tout  ce  que  nous  avions  fiu  rêver  et  qu'il  n'est  personne,  qui,  après 
avoir  contemplé  un  lel  spectacle,  puivse  contester  à  la  France  un  des  premiers 
rangs  parmi  les  nations  qui  pou-sent  le  plus  loin  le  culte  de  la  race  et  la  conser- 
vation des  typfs.  Pour  être  juste,  il  faut  reconnaître  c|ue  vous  devez  en  grande 
partie  ces  magnifiques  résultas  à  des  hommes  courageux,  persévérants  et  désinté- 
ressés qui,  depuis  un  demi-siècle,  ont  placé  leur  orgueil  à  entretenir  et  à  préser- 
ver de  toute  souillure  cet  admirable  produit  de  votre  sol,  qui  en  est  comme  l'in- 
carnation vivante  et  qu'on  appelle  le  cheval  normand. 

Ces  hommes  sont  l'honneur  île  votre  région  et  ils  méritent  qu'on  ne  les  oubhe 
pas  :  j'ai  tenu  à  donnera  l'un  d'eux  le  témoignage  éclatant  de  la  reconnaissance 
ytuhlique  pour  les  s-^rvices  qu'il  vous  a  rendus,  qu'il  a  rendus  au  pays  tout  entier. 
Dans  la  personne  de  M.  Paul  Aumont,  le  Grouvpriiement  lépublicairi  récompense 
en  même  timps  une  grande  famdie  qui  est  l'honneur  de  vuire  province,  qui  a 
toujours  lutté  avec  gloire  sur  tous  les  hippodromts  et  porté  avec  éclat  les  couleurs 
de  la  France.  J'ai  lensé,  messieurs,  qu'il  ne  pouvait  y  avoir  de  meilleur  couron- 
nement à  cette  fête  que  de  donner,  en  face  de  vos  populations  accourues  de 
toutes  paris,  à  un  de  ses  plus  dignes  enfants  une  distincliou  qui  rejaillit  sur  la 
Normandie  tout  entière. 

LA  PISCICULTURE  A  HUNINGUE 

Nous  recevons  l'exlrait  suivant  du  rapport  officiel  sur  l'établisse- 
ment de  pisciculture  de  Eluuingue. 
L'établissement  a  reçu  : 

^^^^     Œufs  féeonrlés    ^ 

1879-1880  IBtO  1S81  18bl-tb82 

Truite 1,099,000  979,000  S'.S.OOO 

Truiie  saumonée   26!i,000  96,000  3:)3,000 

Saumon 1,489,0110  1,030,000  881,000 

Omlire  chevalier 198,0)0  269,(00  36o,0;)0 

Coregen 1,]00,UOO  8.(0,000  202,000 

Omlire  commun IIMOUO  56,0li0  54,000 

Métis 1 16.(00  186,000  236,000 

Huche 30,OiiO  »  1  .000 

'-1,411,0U0  3,446,000  2,9lo,t00 

Il  a  fécondé  de  poissons  tenus  à  l'établissement  les  quantités  d'œufs 
qui  suivent  : 

Truite 381,000  80,000  250,000 

Tiuile  saumonée 39.U00  3l>,0JO  16,000 

Mélis '»  2,000 

Truite  commune »  62(00  » 

Truiie  des  foutaines »  6.0(  0  » 

420 ,000  '  i85,000'  26o,000 


LA  PISCICULTURE  A  HUNINGUE.  473 


Les  œufs  reçus  à  Huningue  provenaient  : 


Allemagne 
Anlriclie  . . , 
Sviissp  .... 
Améri  jue  . 


Huningue  a  expédié  : 


Truite 

Truite  saum-née . 

Saumon 

Ombre  chevalier. 

Coreg  ne 

Oii.bfri  commune. 

Métis 

Hucho 


Ces  œufs  ont  été  distribués  comme  il  suit 


Allemagne . 

France 

Autriche.  . 
Luxembourg 
Espagne . . . 

Ita  ie 

Hollande. .. 

Suisse 

R  ssie  . . . . 
Suède 


2,392,000 

1,377.000 

1,200,000 

1 411.(100 

(i.',0  0 

74,000 

1,879,0J0 

2,007,000 

1,62 6. 000 

" 

» 

1.T.OO0 

4,411,UU0 

3,44(5,000 

2,yiJ),0o0 

607.000 

678.000 

667,000 

2->5,000 

80,(100 

544,(100 

92  ^(,000 

420.0)0 

433,000 

].ôH,ni  0 

176,000 

221,000 

122,000 

6:J  ,000 

1. il),  0(10 

21 ,000 

40,000 

l,'b,000 

97  .000 

9i ,009 

]07,lOO 

2,010 

» 

» 

2,Iô9,0J0 

I,ô54,0o0 

I,b37,0o0 

me  il  suit  : 

1,739,000 

1,344,000 

1,F32,000 

130,100 

105, 000 

109,000 

57,000 

13,000 

17,000 

3.-),(!00 

35,000 

» 

3. T.  000 

20,OlO 

53  000 

10,0(10 

» 

12,000 

10,0(10 

2.000 

3,(00 

2,000 

22,000 

101 .000 

B 

7,000 

6,000 
4.000 

2,159,000  1,554,000  1,837,000 

1"  La  vente  des  œufs  diminue  d'année  en  année. 
2°  Il  y  a  un(^.  grande  difficulté  de  se  procurer  de  plus  fortes  quan- 
tités dœufs  fécondés. 


Huningue  a  lancé  à  l'eau 


Saumons 


Printemps  1879.  Rhin 2(iO.n00 

—  1880.     —     2.1.000 

—  1881.     — 424,000 

—  1881.     —  F.ssé  de  lAa 90,0o0 

—  18i2.     —  363,(1(10 

Dans  les  eau.x  de  l'élabliaseuient  2  ',000 


En  quatre  ans 1,410,000 

Les  recettes  sont  en  marks  de  1  Ir.  25  : 

1879-1880        1880-1881         1381-1882 

Vente  d'cB'ifs 11.603.50  8,278.00  9,996  75 

Frais  dev|i  di. ion 1  ,14'k80  846.05  85170 

Vente  de  [r-i-sou 917.40  427.50  879  90 

Au-resieceltes 481    77  764.00  1 .2(10 

T(j|al 14,142.47  lU,3lo.o5  12  959.35 

Subvention  de  l'Etal 18,932.43  21,831.00  18,8.12.12 

On  est  parvenu  à  acclimater  la  truiie  d'Amérique  [Salmo  foniinalis). 

Lorsque  le  2  juin  dernier,  n°  738  du  Journal,  nojs  jiarlions  des 
Huningue  de  l'avenir^  nous  étions  loin  de  nous  douterque  [  lluni'gue  du 
prcseiit  viendi  ait,  [)ar  la  publication  oiïicielle  de  ses  opérations  duns  les 
trois  dernières  années,  confirmer  si  prompieinant  nos  assertions. 

Les  tableaux  qui  précèdf-nt  démontrent  donc  que  chaque  année 
YUwhivjue  cd'emaid  s'atîaisst3  surlui-môme;  que  disions-nous  en  1870 
ici  même,  t.  H,  n"*  522  5J3? 

Que  serait  devenue  depuis  de  longues  années  cette  historique  créa- 
tion de  la  France,  si  la  SJis^e,  m.ili^ré  les  lois  et  règleinmls  fédéraux 
et  internationaux  à  pro[)os  du  Uhm,  n'avait  pas  livré  en  1880  81 
2,007,01)0  œufs  sur  les  3,4'iG,000(|ui  sont  entrés  à  cet  étabiissement? 
Il  doit  se  pisser  là  certains  agissements  dont  nous  doutons  fort  que  le 
Conseil  fédéral  suisse  soit  instruit. 


474  LA.  PISCICULTURE  A  HUNINGUE. 

Nous  relèverons,  ea  outre  de  ces  chiffres,  qu'à  côté  d'une  subven- 
tion de  l'empire  de  21,811  marks,  nous  voyons  figurer  une  rentrée 
de  10,315  marks.  . 

Le  fait  si  pompeusement  annoncé  que  Die  KaisersUchfischcrzug  von 
IJuningoi  se  suffirait  à  lui-même  serait-il  à  mettre  en  doute? 

IMaintenant,  qu'on  rapproche  cette  situation  dans  laquelle  nous 
n'avons  même  pas  mis  en  ligne  de  compte  les  immenses  sommes 
de  premier  établissement,  puisque  nous  ne  savons  que  trop  qu'elles 
n'ont  pas  coûté  un  pfennig  allemand. 

Qu'on  rapproche  cette  situation  des  résultats  pratiques  obtenus  par 
les  Allemands  eux-mêmes  avec  l'ensei^jnement  delà  pisciculture  dans 
leurs  établissements  agricoles,  notamment  dms  ceux  du  Palatinat  : 
nous  attendons  cette  réponse  en  toute  confiance. 

Nous  avons  si  souvent  entretenu  nos  lecteurs  des  travaux  de  nos 
législateurs  que  nous  n'avons  pas  le  droit  au  silence,  nous  dit-on  sur 
les  conclusions  enfin  formulées  de  la  Commission  de  pisciculture  du 
Sénat.  Nous  répondrons  prochainement  à  cette  nouvelle  invitation. 

Chabot, 

Ex-régisseur  d'Huninfiue, 
Membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture. 

PARTI K  OFFICIELLE 

Arrêté  concernant  la  désinfection  du  matériel  employé  au  transport 
des  animaux  sur  les  voies  ferrées. 

Les  Ministres  des  Travaux  publics  et  de  l'Agriculture, 

Vu  la  loi  du  21  juillet  1881  sur  la  police  sanitaire  des  animaux,  aux  termes  de 
laquelle  le  matériel  de  chemins  de  fer  employé  au  transport  des  animaux  doit 
être  désinfecté  en  tout  temps  par  les  soins  des  Compagnies  et  aux  frais  des 
expéditeurs; 

Vu  le  décret  du  22  juin  1882,  portant  règlement  d'administration  publique 
pour  1  exécution  de  ladite  loi;  —  Vu  l'avis  du  Comité  consultatif  des  épizooties  ; 
—  Vu  les  propositions  des  Compagnies  et  hs  rapports  des  fonctionnaires  du  con- 
trôle ;  —  Vu  l'avis  du  Comité  consultatif  des  chemins  de  fer; 

Sur  le  rapport  du  directeur  de  l'exploitation,  du  contrôle  financier  et  de  la  sta- 
tistique des  chemins  de  fer  et  du  directeur  de  l'agriculture,  —  Arrêtent  : 

Article  premier.  —  Tout  wagon  ou  box  ayant  servi  à  transporter  des  bêtes 
bovines  et  autres  espèces  de  ruminants  (moutons,  chèvres,  etc.),  des  chevaux, 
ânes,  mu'ets  et  porcs,  est  désinfecté  conformément  aux  règles  ci-après. 

Art.  2.  —  Immédiatement  après  l'embarquement  des  animaux,  il  est  collé  sur 
chaque  wagon  ou  box  une  étiquette  imprimée  portant  la  mention  suivante  : 

Gare  de  (Nom  de  la  gare  expéditrice  ou  de  transit.) 

A  désinfecter  à  l'arrivée. 

Aprè'S  la  désinfection,  cette  étiquette  est  remplacée  par  une  autre  portant  : 

Gare  de  J   Nom  de  la  gare  destinaloire  ou  de  la  station  de  désinfection, 

Désinfecté.  /       quand  cette  opération  n'est  pas  effectuée  sur  place.) 

Il  est  interdit  aux  Compagnies  démettre  en  chargement  aucun  wagon  à  bestiaux 
qui  ne  porte  celte  seconde  étiquette  et  qui  n'aurait  pas  été  désinfecté. 

Art.  3.  —  La  désinfection  est  faite,  autant  que  possible,  par  la  gare  destina- 
taire ;  dans  aucun  cas  le  délai  de  vingt-quatre  heu: es  fixé  par  le  règlement 
d'administration  publique  pour  l'exécution  de  celle  opération  ne  peut  être  dépassé. 

Art.  4.  —  La  désinléction  comprend  :  A.  Le  nettoyage.  B.  La  désinfection. 

A.  Pour  le  nettoyage  : 

1"  On  enlève  la  litière  et  les  déjections  contenues  dans  les  wagons  ; 

2"  On  détache  du  plancher  et  des  parois,  à  l'aide  d'un  racloit"  et  d'un  crochet 
approprié,  les  matières  adhérentes  à  leur  surface  ou  qui  remplissent  les  joints 
des  planchers,  et  on  balaye  toutes  ces  immondices; 

3"  Après  cette  opération  on  procède  au  lavage  à  grande  eau  à  l'aide  d'une 
pompe  afin  de  projeter  l'eau  avec  force  sur  les  planchers,  dans  les  joints  et  les  coins. 

Le  lavage  s'étend,  non  seulement  à  l'intérieur  du  wagon,  mais  aussi  aux  portes, 


PARTIE  OFFICIELLE.  475 

qui  sont  lavées  intérieurement  et  extérieurement,  et  à  la  paroi  extérieure,  du  côté 
où  s'est  opéré  le  déchargement. 

4"  Un  second  balayage  au  balai  dur  complète  le  nettoyage. 

B.  Pour  la  désinfecti(jn,  on  arrose  l'intérieur  du  wagon  avec  une  solution  désin- 
fectante qui  est.  au  choix  des  compagnies,  une  solution  à  2  pour  100  de  chlorure 
de  zinc,  de  nitro-suUate  de  zinc  ou  d'acide  phonique. 

La  vapeur  d'eau  surchauffée  peut  être  employée  pour  le  premier  lavage  des 
wagons,  mais  les  compagnies  en  feront  usage  suivant  leui's  convenances. 

Art.  5. — Les  hangars  et  pmplacements  servant  à  recevoir  les  .animaux  des  espè- 
ces dénommées  ci-dessus  dans  les  gares  du  chemin  de  fer;  les  voies  que  ces  ani- 
maux ont  parcourues  dans  l'intérieur  des  mêmes  gares;  les  rampes  et  quais,  les 
ponts  mobiles  et  tout  matériel  ayant  servi  à  l'embanjuement  et  au  débarquement 
sont  nettoyés  par  l'enlèvement  des  déjections,  le  lavage  à  grande  eau  suivi  d'un 
balayage  à  fond,  puis  désinfectés  par  l'arrosage  avec  l'un  des  liquides  indiqués  à 
à  l'article  précédent.  On  peut  remplacer  l'arrosage  par  un  saupoudrage  au  chlo- 
rure de  chaux. 

Art.  6. —  Les  fumiers  extraits  des  wagons  et  les  déjections  ramassées  dans  les 
places  occupées  ou  les  voies  parcourues  par  les  animaux  sont  enlevés  dans  le 
plus  bref  délai. 

Art.  7.  —  Les  compagnies  de  chemin  de  fer  sontautorisées  à  percevoir,  à  titre 
de  frais  de  désinfection,  les  taxes  ci-après  : 

40  centimes  par  cheval,  poulain,  âne,  mulet;  30  centimes  par  bœuf,  taureau, 
vache,  génisse;  15  centimes  par  veau  ou  porc;  5  centimes  par  mouton,  brebis, 
agneau,  chèvre. 

Toutefois,  pour  les  transports  d'un  même  expéditeur,  la  taxe  ne  peut  dépasser 
2  francs  par  wagon  à  un  seul  plancher  et  3  francs  par  wagon  à  deux  planchers. 

La  taxe  de  2  francs  par  wagon  à  un  seul  plancher  et  de  3  francs  par  wagon  à 
deux  jilanchers  est  perçue,  quel  que  soit  le  nombre  des  animaux  occupant  le  wa- 
gon, lorsque,  sur  la  demande  de  l'expéditeur,  les  animaux  s'y  trouvent  placés  en 
complète  liberté. 

Les  taxes  ci-dessus  déterminées  sont  exigibles  quelle  que  soit  l'étendue  du  par- 
cours effectué  pour  le  transport  des  animaux;  elles  sont  portées  au  compte  de  la 
compagnie  à  qui  appartient  la  gare  destinataire. 

Quel  que  soit  le  nombre  des  compagnies  qui  concourent  au  transport,  la  taxe 
n'est  perçue  qu'une  fois,  à  moins  qu'il  n'y  ait  transbordement;  le  transbordement 
ne  peut  être  imposé  aux  expéditeurs  qu'aux  gares  frontières  et  aux  gares  de  jonc- 
tion avec  un  chemin  de  fer  d'intérêt  local. 

Art.  8.  —  Le  wagon  dans  lequel,  au  moment  de  la  visite  sanitaire  à  l'entrée  en 
France,  on  constate  la  présence  d'un  ou  de  plusieurs  animaux  atteints  de  maladie 
contagieuse,  ne  peut  pénétrer  plus  avant  sur  le  territoire  français  s'il  n'est  sou- 
mis préalablement  à  la  désinfection.  Getie  opération  a  lieu  sous  la  direction  du 
vétérinaire  préposé  à  la  visite  des  animaux.  Quant  aux  animaux,  il  leur  est  fait 
application  des  dispositions  du  décret  du  22  juin  1882. 

Art.  9.  —  Les  infractions  aux  dispositions  du  présent  arrêté  sont  constatées 
par  des  procès-verbaux  rédigés  en  triple  expédition,  dont  une  est  adressée  au 
procureur  de  la  République,  la  seconde  au  préfet  du  département  et  la  troisième  au 
ministre  des  travaux  publics. 

Art.  10.  —  L'arrêté  du  tl  octobre  1877  est  et  demeure  abrogé. 

Art.  li.  —  Le  présent  arrêté  sera  notifié  aux  compagnies  pour  être  appliqué  à 
partir  du  l*^""  juillet  1^83.  Il  sera  publié  et  affiché.  Les  préfets,  les  fonctionnaires 
et  agents  du  contrôle  sont  chargés  d'en  surveiller  l'exécution. 

Paris,  le  30  avril   1883. 

Le  ministre  (le  l'agriculture,  Le  ministre  des  travaux  publics, 

J  MÉLiNE.  D.  Raynal. 

REVUE  GO]DIERCIALE  ET  PRIX  COURANT  DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(23  JUIN  U83) 
I.  —  Situation  générate. 
Les  cultivateurs  sont  toujours  peu  nom!)reux  sur  les  marchés;  les  transactions 
sont  peu  importantes  pour  la  plupart  des  produits. 

II.  —  Les  grains  et  les  farines. 
Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal  métrique, 
sur  les  principaux  marchés  de  la  France  et  de  l'étranger  :  j 


476 


REVUE   COMMERCIALE  ET  PRIX   COURANT 


1"    REGION.  — 


Calvados.  Coidé 

—  Li~ieiJX 

Côl.-du-Nord.  L^nnion.. 

—        Pontneux 
Finistère.  Morl.iix 

—  O'i'iip'-''' 

llle-ei- Vilaine.  Hei.nes. . 

—        Redon 

Manche.  Avranches 

—  Pontorson.. . 

—  Villedieu 

Mayenne.  Laval 

—  Mayenne 

Morbihan.  Hennebont.. 
Orne.  Alençoii.. 

—  Séez 

Sarthe.  Le  Mans 

—  Sablé 

Prix  moyens v4.64 

2°  RÉGION.  —  N 
Aisne.  Soissons 23.75 

—  Châle -lU- Thierry.  24.25 

—  Villers-Cotleiets.  22.50 
Eure.  Bernay 24.25 

—  Les  Andelys 22.50 

—  Pacy 23  25 

Eure-et-Loir.  Chartres..  23.00 

—  Auneau 24  70 

—  Nogent-le-Rotrou.  25.00 
Nord.  Cambrai 24.00 

—  Lille 26.50 

—  Valenc  ennes 25.00 

Oise,  Beauvais 21.50 

—  Coiiipiègne 22.75 

—  Noyoïi 24.25 

Pas-de-Calais,  \rras. . .  25.50 

—  Sa  ni-Oiner 24.50 

Seine.  Pans 25.75 

S.-et-Mar.  M  eaux 23.50 

—  Dammarlin 22.00 

—  Provins 24.50 

S.-et-Oise.  Etampes 24.25 

—  Pontoise 23.75 

—  Versailles 23.85 

Seine-Inférieure. Rouen.  24  10 

—  Fécarnp 23.50 

—  Yvetot 22.55 

Somme.  Doullens 24.25 

—  Péronne 23.00 

—  Roye 22.50 

Prix  moyens 23 


fr. 

19.50 

17.00 

16.50 
19.50 
17.50 


NOUD.OITEST. 

Blé.    Seigle.    Orge 

fr. 

23.25 
2.5   50 

23  25 
24.50 
24.50 
24 .  00 
24.00 
24.25 
25.25 
25.00 
26.00 
25.00 
25  50 
25.00 
25.50 

24  50 
25.20 
25.50 


15.00 
18.25 
17.00 
15.25 


fr 

18  50 
20.75 
1750 
!5  75 
17.U0 
17  00 
16.00 

» 
20.50 
19.50 
20  25 
17  50 
18.75 

p 
19.75 
2H.50 
17   50 
17.00 


Avoine. 

fr. 

22.00 

24  00 

19.25 

18.50 

18.(0 

17.50 

19  50 
21.00 
23.50 
24.00 
24.00 

20  50 
19  50 

21  .00 
20.75 
18.00 
21. 5J 


5*  RÉGION.  —  CENTRE. 


17.23     18.36     20.73 


16.00 
15.75 
15  25 
14.50 
14.75 
14.25 

14  75 
15.25 

16.25 

16.50 

15  50 
15.00 
15.75 
16.25 
15.50 
15  75 

» 
15  50 
16.00 
15.00 
15.50 
15.25 
14.60 
15.50 

» 
15.50 


17.50 

20.50 
17.00 
20  00 
17.00 
20.70 
19  75 
18.75 
18.50 
20.25 
19. 75 
18.50 

t 
19.00 
19.00 
17.50 

» 
17.50 
19.00 


18.50 
20  00 
19.00 
20  50 
19.00 
18.00 
17.25 


18.50 
17.75 

18  00 
21.00 
19.50 
19.25 
18.50 
19.00 
20.40 
16  00 

17.50 
19.50 
19.00 

19  00 

18  20 
17.25 
19.50 
19.5(1 
18.00 
19 .  50 
10.50 

19  50 
20.50 
21.50 
21.00 
19.00 
17.25 
18.25 
19.00 


.75      15.39     18.89     13.97 


—  NORD.EST. 


3"  REGION 

Ardennes.  Rethel 22.50 

—  Sedan 23.00 

Aube.  Bar-sur-Aiibe  . . . .  21.75 

—  Méry-sur-Seine.. .  22.85 

—  Troyes 23.50 

Marne.  Clial  ns 23.25 

—  Epeniay 23  50 

—  Salnie-Menehould.  22.75 
Hte-Marne.  Ctianmont. .  24.25 
Meurlhe'-el-Mos.  Nancy.  23  25 

—  Luneville 24.00 

—  Toul 23.50 

Meuse.  Bar-le-Duc 23.65 

—  Verdun 23.00 

Haute-Saône.  Gray 22.50 

Vosges.  Neufchàteau 22.85 

—  Epinal    23.50 

—  Mirecourl 23.75 

Prix  moyens 

4'  RÉGION.  —  or 

C/ia»'6n/e.  Angoulême...  24.75 

—  RufTec 24  50 

Char.-lnjér.  La  Rochelle  24.00 

Deux-Sevres.  Niort 24.50 

Indre-et-Loire.  Blere.. ..  23.75 

—  Tours 2G  25 

Loii^e-Zn/".  Nantes 25.50 

M.-el-Lo^'^".  SyuMiLir....  25  65 

—  An^jers 24.00 

Vendée.  Luçon 24.25 

—  La  Roche-sur-Yon.  25.00 
Vienne.  Cti.ltelleraull.. .  24.25 

—  L'  udun  .......   2450 

Haute-Vienne.  Linioges.  24.50 


14.50 
16.00 

15.00 
15. 85 
16  00 
15.50 
15.75 


15.50 
1 8 .  .'iO 
17.50 
17.25 
17.50 
18.00 
18.  50 
17.50 


18.50 
20  75 
20.25 
18.50 

18  50 
19.25 
19.50 

19  00 
»              »          17   00 

18.50     17.50     18  00 

»  ))  » 

17.00 
16  50 
16.50 
15.75 
15.50 
15.75 


17.00 
19.75 
17.0J 
17.25 
17.75 
16.25 
<8.00 

23.18      16.01      17.25     18.36 


16.50 
17  25 
17.00 
15.25 

17.75 


18.50 
18.25 


15.50 

17.00 
16.50 
15.50 


15.80 

14.75 
17.00 


20.00 
18.50 
17.25 
17.50 
18.75 
18.  50 

17. SO 


18.25 
18.75 


21.25 

18.75 
18.75 
18.00 
13.00 
21.25 
19.25 
19.75 
21  00 
17.50 
20  00 
18.00 
18.50 
18.00 


Allier.  Monlliiçon.. . . 

—  Moulins 

—  Saint.-  'ourçain 
Cher,   fioiirgps 

—  Saint-Ainand. . 

—  Vieizon 

Creuse.  Anbusson... 
Indre.  Chiileauroux . 

—  Issoudiin 

—  Vali;nçay 

Loiret    Orléans 

—  Montargis 

—  Patay 

L.-et-Cher.  alois 

—  Montoire.. 
Nièvre.  Nevors 

—  La  Charité 
Yonne.  Brienon 

—  Saint-Florentin 

—  Sens 


Blé.    Seigle. 

fr.        fr. 


Orge.  AKoine. 


Prix  moyens 24  01     15.38 

6'  RÉGION.  —  EST. 


13.15     18.69 


^in.  Bourg 25.25 

—  P^nt-de-Vaux 24.50 

Côle-d'Or.  Dijon 21.75 

—  Beanne 23.75 

Doubs.  Besançon 23.00 

Isère.  Grenoble 26.25 

—  Bourgoin 24.75 

Jura.  Dole 21.75 

Loù-e.  Firminy 24.50 

P. -de-£iôme.  Clermont.F.  24.50 

Rhône.  Lyon 24.50 

Saône-et- Loire.  Autun. .  22.50 

—  Chalon 25.00 

iCaDoie.  Chambéry. .   . ..  26.75 
//^e-Saroie.  Annecy 24.85 


16.50 
16.00 
15.25 


17.00 
14.75 
15.50 
16  75 
16.00 
15.25 
15.50 
19.25 
20.00 


17.50 

19.00 


16.75 
18  50 


18.25 
18.50 


18.00 
19.25 
17.75 
13.00 
17.25 
21.00 
19.25 
18.75 
21.50 
19.75 
19.90 
16.50 
19.25 
21.00 
19.75 


21.00 
20.75 
18.50 
18.25 

20.52 


iPrix  moyens 24,07    16. 5î    18.52    19. U 


Prix  moyens 24.24  16  48  18.14  19.13 

7"  RÉGION.  —  SUD-OCEST. 

Ariège.  Foix 25.20  19.00  »  19.50 

—  Pamiers 27.50  17.00  »  22.00 

Doj-dogne.  Bergerac 26  25  1800  18.25  20. CO 

//(e-Oaro>me.  Toulouse.   2n.20  18.50  17.85  20.75 

—  St-Gaudens 25.00  17.00  18.00  22.50 

Gers.  Condom 26.50  »  »  20.25 

—  Eauze 26.75  »  »  22.50 

—  Miiande 25  50  »  »  21.25 

Giro7ide.  Bordeaux 26.00  18  0>  18.25  19.50 

—  Bazas 26.50  18.25  »            » 

Landes.  Dux 27.25  20  00  »             » 

Lot-el-C,aronne.Agen..,  26.^5  19.50 

—  Nérac 26  50  19.00 

B.-Pi/rt'/if'Ps.  Bayonne..  27.00  »  : 

Htes-PijréHces.  T&rhes..  26. iO  17.50 

Prix  moyens 26.26  18.34     i 

8'  RÉGION.  —  SUD. 

Aude.  Castelnaudary...  27  20  18. 50    '■ 

Averjron.  Rodez  22. '5  16.00 

Can<«/.  Mauriac 25.35  21.50 

Corcyje.  Tulle 25.00  18.00 

Hérault.  Montpellier...  26.75  » 

—  Cette 27.50  .    » 

Loi.  Cahors 26.00  17.15 

Lozère.  Mende 24.70  18  65 

Pt/rénées-Or.Perpignan.  11 .1  h  20.00 

Tarn.  Albi 26  75  » 

Tarn-eLrVar-.MomtanDan  25.80  20.75 

—  Moissac 25.20  18.20 

Prix  moyens 2S.86  18.75 

9"  RÉGION.  —  SPU-EST. 
Basses-Alpes.  Manosqae  28.50 
Haules-Alpes.  Briançon.  28.25 
Alpes-Maritimes. Cannes  26.00 

Ardi'Cke.  Privas 26.35 

B. -du^ Rhône.  Arlei....  26.75  » 

Drrîm«.  Valence 24.50  16.75 

Gard.  Nîmes 25.75  » 

//au/e-/,oire.  Brioude...  25.00  18.75 

Far.  Dra,;uignan 25.85  » 

Fawcf use.  Garpentras...  26.25  » 

Prix  moyens 26.32 

Moy.  de  toute  la  France  24.77 

—  de  la  semaine  précéd.  24.68     1d  75 

Sur  la  semaineiHausse.     0.09      0.17 
précédente..  (Baisse..      »  » 


19.97 


19.50 
17.50 
13.35 


18.  i7 
16.92 


19.3 
19.3 


0.11 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (23   JUIN  1883).  477 

Blé»  Seigle.  Orge.  Avoine 

fr.  fi'.  fr.               fr. 

....                         ,,       (  blé  tendre...         2.S.0O  »  »                » 

Algérie.                     Alger]  ,^,,  ^^,,. ^a.bO  »  l.^..^o  15.00 

Angleterre.               Londres 24.80  »  19. dO  20.00 

Belgique.                   Anvers 2i.0i)  17.25  1(:.25  17.30 

—  Bruxelles 2'i.GO  16. .^0  '20. 25 

—  Liège 23  85  n.75  2i)..=)0  18.00 

—  Nanuir 22.50  16.80  20  00  15. ôO 

Pays-Bas.                Amslerdam 24.3.")  17.40 

Luxembourg.  Luxembourg ......  ,  24.00  19.00  »  18.50 

Alsace-Lorraine.     Strasbourg 24.7'!  18  25  17.25  17.35 

—  Midhouse 23  50  17.25  l(i.50  18.75 

—  Colmar 24  CQ  18  00  17  00  17.25 

Allemagne.             Berlin 23. 6o  18.50  »  » 

—  Cologne 2C).25  18.75 

—  Hambourg 23  Oj  18.10  »  » 

Suisse.                      Genève 26  -.'5  »  »  21.75 

Italie.                        Milan 2^.50  »  »  18  UO 

Espagne.                   Valiadolid 24.75  »  »  » 

Aniriche.                   Vienne 21. .50  L5.50  16.50  14  20 

Hongrie.                   Budapeslh ^3.75  16  50  16.15  14.00 

Russie.  Siiial-l'élersbourg. .  22.10  15.75  »  13.00 

Etats-Unis.      •         New-York 23.75  »  »  » 

Blés.  —  Nous  venons  de  traverser  une  série  de  jours  qui  n'ont  pas  été  très 
bons  pour  les  blés  en  terre.  Les  pluies  du  commencement  du  mois  ont  fait  du 
bien  ;  mais  le  teiroidisscment  persistant  de  li  température  empêche  la  végéta- 
tion de  se  développer  comme  on  l'espérait.  Beaucoup  de  blés  soull'ient  encore  des 
retards  qui  ont  été  ap[iortés  forcément  aux  semailles  dans  beaucoup  de  locali'és. 
Pour  le  moment,  ce  sont  les  régions  dans  lesquelles  on  fait  relativement  moins 
de  blé  qui  (laraissent  le  plus  satisfaites.  Il  paraît  certain  qu'en  Amérique  le  défi- 
cit de  la  prochaine  récolte  relativement  à  la  précédente  sera  assez  notable.  —  A 
la  halle  de  Paiis.,  le  mercredi  20  juin,  il  y  a  eu  peu  d  affaires;  les  prix  se 
sont  snutenus  aux  taux  précédents  de  21  fr.  50  à  25  fr.  par  100  kilog.  ou  en 
moyenne  2b  fr.  75.  —  Au  marché  des  blés  à  livrer,  on  cote  :  juin,  26  fr.  50; 
juillet  etaoiàt,  26  fr.  50  à  26  fr.  75;  quatre  derniers  mois,  27  fr.  50.  —  Au 
i/flDre,  les  affaires  sont  calmes;  les  piix  varient  peu  sur  les  blés  d'Amérique  que 
l'on  paye  de  26  fr.  à  27  tr.  25  par  luO  kilog.  suivant  les  sortes.  — A  Marseille., 
les  transactions  sont  très  calmes;  les  arrivages  de  la  semaine  ont  été  de  150,000  quin- 
taux; le  stock  est  actuellement  dans  les  docks  de  117,690  quintaux.  On  paye  par 
lOu  kilog.  :  Red-winter,  27  fr.  50;  Irka,  25  fr.  50  à  26  fr.  ;  Bessarabie,  25  fr.  50  ; 
Pologne,  26  fr.  ;  Irka  Danube,  2^1  fr.  ;  Bombay,  24  à  25  (r.  50.  — •  A  Londres, 
les  importations  de  blé  ont  été  depuis  huit  jours  de  323,000  quintaux;  le  marché 
présente  beaucoup  de  calme  et  les  prix  demeurent  sans  variations.  Ou  cote  de 
23   fr.  80  à  25  fr.  80  par  100  kilog.,  suivant  les  provenances  et  les  qualités. 

Farines.  —  Maintien  des  cours  pour  toutes  les  sortes  de  faiines.  En  ce  qui 
concerne  les  farines  de  consommation,  on  payait  à  la  halle  de  Paris  le  mercredi 
20  juin  :  marque  de  Gorbeil,  60  Ir.  ;  marques  de  choix,  60  à  62  fr.  ;  premières 
marques,  t8  à  59  fr,  ;  bonnes  marques,  55  à  57  lr.;sortes  ordinaires,  54  à 
55  fr.;  le  tout  par  sac  de  159  kilog.  toile  à  rendre  ou  157  kilog.  net,  ce  qui 
correspond  aux  prix  extrêmes  de  34  fr.  40  à  39  fr.  50  par  100  kilog.,  ou  en 
moyenne  36  fr.  95,  comme  le  mercredi  précéilent.  —  Pour  les  farines  de  sfiécula- 
tion,  on  cotait  à  Paris  le  mercredi  20  juin  au  soir  :  farines  neuf-niarqties, 
courant  du  mois,  58  fr.  ;  juillet,  58  fr.  25  ;  juillet  et  aoiit,  58  fr  t>0  ;  q'iatre  derniers 
mois,  59  fr.  75  à  60  fr.  ;  le  tout  par  sac  de  i59  kilog.  toile  perdue  ou  157  kilog. 
net.  —  On  paye  les  farines  deuxièmes  de  25  à  30  fr.;  les  t^Tuaux    de   46  à  57  fr. 

Seigles.  —  La  récolte  s'annonce  mieux;  les  prix  sont  plus  faib  es.  Oi  paye  à 
la  halle  de  Paris  15  fr.  50  à  16  fr.  par  100  kilog.  Les  farines  de  seigle 
valent  de  24  à  26  fr.  suivant  les  qua'ités. 

Orges  —  Peu  de  ventes  avec  des  prix  faibles  sur  ce  grain.  On  paye  à  la  halle 
de  Paris  17  à  18  Ir.  par  100  kilog.  suivant  les  sortes.  Les  escourgri^ns  valent  de 
17  ir.  25  à  18  fr.  —  A  Londres,  les  imfjortations  sont  très  faibles  ;  il  y  a  très  peu 
de  ventes,  avec  des  cours  stationnaircs.  On  p  lye  de  18  à  2u  fr.  50  par  100  kilog. 
suivant  les  sortes. 

Avoir,es.  —  H  y  a  beaucoup  d'offres  sur  ce  grain.  On  vend  à  la  hal'e  de  Paris 
aux  cours  de  18  fr.  50  à  20  fr  5  )  par  lOu  kilog.  suivant  poids,  couleur  et  qualité. 
—  A  Londres,  il  a  été  importé  def)uis  hu't  jours  86,000  ((uintaux  d'avoines;  les 
prix  sont  en  baisse.  On  paye  de  18  fr.  30  à  21  fr.  25  par  100  kilog. 


478  REVUE  COMMERCIALE   ET  PRIX  COURANT 

Sarrasin.  —  Les  sarrasins  de  Bretagne  se  vendent  facilement,  à  la  halle  de 
Paris    17  fr.  50  à  18  tV   par  quintal  métrique,  avec  peu  de  demandes. 

Mais  —  Il  y  a  peu  d'ailaires  sui-  les  maïs  d'Amérique.  On  les  paye,  au  Havre, 
16fr.  à  16  tr,  50  par  quintal  métrique. 

Issues.  —  Maintien  des  cours  avec  des  offres  assez  importantes.  On  cote  à  la 
halle  de  Pans,  par  100  kilog.  :  gros  son  seul,  15  fr.  à  15  fr.  25;  sons  gros  et 
moyens,  14f[-.  25  à  1^  fr.  75;  sou  trois  cases,  13  fr.  50  à  14  f r.  ;  sons  tins,  13  fr. 
à  13  i'r.  25;  recoupeltes,  13  fr.  à  13  fr.  25;  remoulages  bis,  14  à  15  fr.;  remou- 
lages blancs,  16  à  17  fr. 

III.  —  Fruits  et  légumes  frais. 

Fruits.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris:  abricots,  le  cent,  6  à  12  fr.;  le  kilog,, 
1  fr.  à  1  fr.  50;  cerises  en  [)rimeur,  le  panier,  1  à  5  fr.;  communes,  le  kilog., 
0  fr.  30  à  1  fr.;  fraises,  le  panier,  0  fr.  75  à  3  fr.  50;  le  kilog.,  0  fr.  25  àOfr.  45; 
melons,  la  pièce  1  fr.  25  à  8  fr. 

Gros  légumes.  — Dernier  cours  de  la  halle  :  artichauts  de  Bretagne,  le  cent, 
18  à  24  fr.;  de  Paris,  poivrade,  le  cent,  \.>  à  45  fr.;  asperges  aux  petits  pois,  la 
botte,  0  fr.  50  à  1  ir.  5l)  ;  communes,  la  botte,  0  fr.  75  à  6  fr.;  carottes  nou- 
velles, les  luO  bottes,  20  à  45  fr.;  de  chevaux,  les  100 .bottes,  16  à  24  fr.; 
choux  nouveaux,  le  cent,  3  à  13  fr.;  navets  nouveaux,  les  100  bottes,  20  à  ^0  fr.; 
oignons  nouveaux,  les  100  bottes,  15  à  oO  Ir.;  panais  nouveaux,  les  100  bottes, 
15  à  22  fr.;  poireaux  nouveaux,  les  100  bottes,  20  à  50  fr.;  pois  verts,  le  kilog., 
0  Ir.  35  à  0  fr.  50.;  pommes  de  terre  nouvelles,  le  panier,  2  à  6  fr. 
IV.  —  Vins,  spiritueux,  vinaigres,  cidres. 

Vius.  —  Il  est  assez  difficile  de  s'y  reconnaître  au  milieu  des  renseignements 
assez  contradictoires  qui  nous  arrivent  sur  la  manière  dont  la  vigne  passe  la 
période  critique  de  la  floraison.  Dans  le  Languedoc,  la  floraison  s'est  achevée 
dans  de  bonnes  conditions,  mais  il  ne  paraît  pas  qu'il  en  ait  été  de  même  dans 
les  autres  parties  de  la  France  :  il  y  a  eu  des  journées  froides,  des  pluies  assez 
abondantes  pendant  quelques  jours,  avec  des  orages  assez  violents  ;  mais  le 
temps  s'est  ensuite  montré  plus  propice,  sans  grandes  chaleurs,  sans  soleil  trop 
ardent.  Il  est  doue  permis  d'espéer  que  la  fluraison  s'achèvera  sans  qu'il  y  ait  des 
pertes  sérieuses  à  enregistrer.  Quand  au  commerce  ries  vins,  il  est  toujours  dans  le 
plus  grand  calme  ;  il  n'y  a  que  peu  d'aft'aires  dans  la  plupart  des  centres  vitico- 
ies  ;  les  prix  se  soutiennent  asisez  bien.  Nous  avons  publié  la  semaine  dernière 
les  cours  actuels  de  Bercy  ;  nous  n'avons  aucune  ub-ervation  à  y  ajouter. 

Spiritueux.  —  La  spéculation  est  au  plus  grand  calme  ;  le  stock  pèse  lourde- 
ment sur  le  marché,  et  il  estpeu  probaûle  que  la  hausse  se  produise  d'ici  à  long- 
temps. Les  cours  sont  à  peu  près  ceux  de  la  semaine  précédente.  On  cote  actuel- 
lement sur  les  marchés  du  Midi:  Béziers,  3/6  bon  goût,  102  fr  ;  marc,  95  fr.  ; 
Cette,  3/6  bon  goût,  105  à  110  fr.  ;  marc,  100  fr.  ;  Pézenas,  3/d  bon  goût  202  fr.; 
marc,  94  fr.  —  A  Paris,  on  cote  :  3[6  fin  Nord,  90  degrés,  l'-^  (Qualité,  disponible, 
48  fr.  75,  juillet,  49  fr.  50;  juillet  et  août,  50  fr.  ;  quatre  derniers  mois,  50  fr,  50 
à  50  fr.  75.  Le  stock  est  actuellement  de  18,8 '5  pipes,  contre  15,975  en  1882. 
A  Lille,  l'alcool  de  betteraves  vaut  52,50;  celui  de  grains,  49  à  49,50. 

Cidres.  —  En  Normandie,  on  compte  toujours  sur  une  bonne  récolte,  quoique 
les  espérances  soient  moindres  que  le  mois  précédent. 

V.  —  Sucres.  —  Mélasses.  —  Fécules.  —  Glucoses.  —  Amidons.  —  Houblons. 

Sucres.  —  Les  afl'aires  sont  toujours  difficiles,  et  les  prix  faiblement  tenus.  On 
paye  à  Paris,  par  luO  kilog.  :  sucres  bruts  88  degrés,  54  fr.  ;  les  99  degrés,  61  à 
61  fr.  25;  sucres  blancs,  61  fr.  à  61  fr.  25.  —  Le  stock  de  l'entrepôt  réel  des 
sucres  était  au  20  juin,  de  515,000  sacs  pour  les  sucres  indigènes,  avec  une 
diminution  de  25,000  sacs  depuis  huit  jours.  —  Il  y  a  toujours  de  faiblesse  sur 
les  prix  des  sucres  raffinés;  on  les  cote  de  104  ir.  50  à  10  j  ir.  50  par  100  kilog. 
à  la  consommation;  et  pour  l'exportation,  de  64  fr.  50  à  67  Ir.  Sur  les  marché 
du  Nord,  les  afl'aires  eu  sucres  indigènes  sont  presque  nulles. 

Mêlasses.  —  Ou  cote  les  mélasses  de  fabrii|ue,  11  fr.  ;  de  raffinerie,  12  fr.  par 
lOû  kilog. 

Fécules.  —  Maintien  des  prix.  On  cote  à  Compiègne  40  fr.  par  100  kilog.  pour 
les  fécules  premières  de  l'Oise  ;  à  Epiual,  39  fr.  50  pour  celles  des  Vosges, 

Houblons.  —  Les  ventes  sont  toujours  à  peu  près  nulles  dans  les  centres  de 
production.  Quant  aux  nouvelles  des  houblonnières,  elles  sont  toujours  assez 
satisfaisantes. 


1 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (23  JUIN   1883).  479 

VI.  —  Huiles  et  graines  oléagineuses.  —  Tourteaux. 

Huiles.  —  La  hausse  a  continué  sur  les  huiles  de  colza.  On  cote  à  Paris  par 
100  kilog.  huile  de  colza  en  tous  fûts,  l(i2  fr.  50  ;  en  tonnes,  104  fr.  50  ;  épurée 
en  tonnes,  1 12  fr.  50  ;  huile  de  lin  en  tous  fûts,  58  fr.  5^;  en  tonnes,  60  fr.  50. 
—  Dans  le  Nord,  on  paye  :  huile  d'œillettc,  107  fr,  ;  de  colza,  99  fr.  Sur  les  mar- 
chés du  Midi,  très  peu  d'atl'airos  en  ce  qui  concerne  les  huiles  d'olive. 

Graines  oléagineuses.  —  Les  transactions  sont  calmes  pour  toutes  los  sortes. 
On  paye  à  Arras  par  hectolitre  :  œillette,  24  à  27  fr.  ;  lin,  17  à  18  fr.  50*  colza 
23  fr.  50;  cameline,  15  à  18  fr.  50.  •        ?        -  5 

Tourteaux.  —   Prix  soutenus.   On   cote   dans  le   Nord  par  quintal  métrique  : 
tourteaux  d'oeillette,  14  fr.;  de  colza,   1(5  à  18  fr.;  de  lin,  19  à  21  fr. 
VII. —  Matières  résineuses,  textiles. 

Matières  résineuses.  —  La  réaction  en  baisse  s'est  produite  cette  semaine.  On 
paye  à  Bordeaux,  71  fr.;  à  Dax,  64  fr.  p:ir  100  kilog.  pour  l'essence  pure.de 
térébenthine. 

Chanvres.  —  Les  prix  se  soutiennent  bien.  En  Anjou,  on  cote  actuellement 
70  à  80  fr.  par  100  kilog.  suivant  les  qualités. 

Laines.  —  Les  ventes  sont  assez  animées  sur  la  plupart  des  marchés  aux  laines. 
En  Champagne,  on  cote  actuellement  2  fr.  2  fr.  20  par  kilog.  en  suint;  3  fr.  90 à 
4  fr.  lO  pour  les  laines  lavées  à  dos.  A  Londres,  les  enchères  publiques  sont 
animées,  avec  des  prix  très  fermes  pour  les  belles  qualités.  A  Bordeaux,  on  cote  : 
Buenos-Ayres,  1  fr.  12  à  1  fr.  45;  Montevideo,   1  fr.  15  à  2  fr.  05. 

VIII.  —  Suifs  et  corps  gras. 

Suifs.  —  Les  cours  sont  en  hausse.  On  paye  à  Paris  104  fr.  par  100  kilog.  pour 
les   suifs  purs  de  l'abat  de  la  boucherie;    78  fr.  pour   les  suils  en  branches. 

Saindoux.  —  Au  Havre  les  prix  sont  en  baisse  de  133  fr.  oO  à  134  fr.  par 
100  kilog.  pour  les  saindoux  d'Amérique. 

IX.  —  Beurres.  —  Œufs.  —  Fromages. 

Beurres. —  On  a  vendu,  pendant  la  semaine,  à  la  halle  de  Paris,  267,792  kilog. 
de  beurres.  Au  dernier  marché,  on  cotait  par  kilog.  :  en  demi-kilog.,  2  fr.  20  à 
3  fr.  65;  petits  beurres,  1  fr.  64  à  2  fr.  68;  Gournay  2  fr.  20  à  3  fr.  16;  Isigny, 
2  fr.  21}  à  6  fr.  68. 

Œufs  —  Il  a  été  vendu  du  1 1  au  17  juin,  à  lahallede  Paris,  5,396,769  œufs. 
Au  dernier  jour  on  cotait  par  mille  :  choix,  89  à  105  fr.;  ordinaires,  61  à  78  fr.; 
petits,  48  à '58  fr. 

Fromages.  —  On  vend  à  la  halle  de  Paris  :  par  douzaine,  Brie,  3  à  H  fr.; 
Montlhéry,  15  fr.;  —  par  cent,  Livarot,  94  à  106  fr.;  Mont-Dore,  8  ^  26  fr.; 
Neufchàtel,  2  fr.  50  à  13  fr.  .50:  divers,  4  à  78  fr.;  —  par  100  kilog.,  Gruyère, 
120  à  170  fr. 

X.   —  Chevaux,  bétail,  viande. 

Chevaux.  —  Aux  marchés  des  13  et  16  juin,  à  Paris,  on  comptait  1,000  che- 
vaux; sur  ce  nombre,  370  ont  été  vendus  comme  il  suit  : 

Amenés.  Vendus.  Prix  extrêmes. 

Chevaux  de  cabriolet 200  41  125  à  1,090  fr. 

—  de  trait 277  79  230  à  1,150 

—  hors  d'âge 394  121           20  à  1 ,020 

—  à  l'enclière 40  40          40  à      460 

—  de  boiiclicrie 89  89          20  à      185 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  officiel  du  marché  aux  bes- 
tiaux de  la  Villette,  du  jeudi.  14  au  mardi  19  juin  : 

Poids      Prix  du  kilog.  de  viande  neUe  sur 
Vendus  moyen  pied  au  marché  du  18  jun. 

Pour  Pour           En          4  quartiers.  1"  2''             3"  Prix 

Amenés.  Paris,  l'extérieur,  totalité.  kil.         quai.  quai.  quai.  moyen. 

Bœufs 5,363  3,042  1,603         4,H45  347       1.86  1.70  1.50  1.67 

Vaches 1,404  523  531         1,0.")4  239       1.76  1.54  1.34  1.50 

Taureaux 332  232  42            274  370      1.62  1.48  1.3<  1.50 

Veaux 4,099  2,250  1,376        3,6j6  73      2.10  1.96  1.60  1.90 

Moulons 41,296  21,678  14,915       36, .593  20      2.14  2.02  1.75  1.88 

Porcs  gras 6,856  2,876  3,841         6,717  84       1.52  1.46  1.40  1.42 

—  maigres.              »  •  .»  »»»>  » 

Les  approvisionnements  du  marché  ont  été  particulièrement  abondants  durant 
cette  semame  pour  les  gros  animaux,  et  sur  ces  catégories,  nous  devons  signaler 
un  peu  de  baisse;  mais  pour  toutes  les  autres  sortes,  les  prix  sont  soutenus  avec 


480  REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  COURANT   (23  JUIN    1893). 

fermeté.  —  Sur  les  marchés  des  départements,  on  cote  :  Le  Mans,  vaches,  1  fr.  60 
à  1  fr.  70  par  kilog.  de  viande  nette  sur  pied;  veaux,  1  fr.  70  à  1  fr.  80;  moutons, 
2  fr.  à  2  Ir.  10;  agneaux,  2  fr.  10  à  2  fr.  20;  —  Nantes,  bceafs,  0  fr.  98  par  kilog. 
brut;  veaux,  1  fr.  05;  moutons  0  Ir.  95;  —  Dijon^  bœuf,  1  fr.  68  à  1  fr  82; 
taureaux,  1  fr.  20  à  1  fr.  Gu;  vaches,  1  fr.  20  à  1  fr.  72;  veau  (poids  vif),  0  fr.  90 
à  1  fr.  05;  moutons,  1  fr.  80  à  2  fr.  10;  porc,  0  fr.  92  à  1  fr.  02;  —  Li/yi,  bœuf, 
1  fr.  14  à  1  fr.  83;  mouton,  1  fr.  40  à  2  fr.;  —  Hourgoin,  bœufs,  66  à  7b  fr.  ; 
vaches,  58  à  68  fr.;  moutons,  90  à  y8  Ir,;  porcs,  86  à  9J  fr.;  veaux,  ^4  à  9'4  fr. 

A  Londres,  on  paye  par  kiiog.:  Bœuf,  1  fr,  52  à  2  fr.  1(J;  —  Veau:  2  Ir.  05  à 
2fr.  34;  -<  Mouton  :  1  fr.  87  à  2  fr.  34  ;  —  Porc  :  1  fr.  52  à  1  fr,  75. 

Viande  à  la  criée.  —  On  a  vendu  à  la  halle  de  Paris  du  11  au  17  juin  : 

Prix  du  kilog.  le  18  juin. 

kilog.            l"  quai.                2'  4Udl.  3*  quai.  Choix.       Basse  Boucherie. 

Bœuf  on  vache...   ]8'4.499  1.74  à  2.20     l.ô2  à  1.72  1.06  à  1.50  1.66  à  3.10    0.20  à  1.44 

Veàii 237,814  1.88      2  2-1     1.63      1.86  1.26      1,64  1.6)      2.46      »            • 

Moutoa 52,318  1.60      2.03     1  38      1.58  0.%       1,36  1.06      2.40      . 

Porc 38,324                     Fore  frais 1.22  à  1.56 

512,955        Soit  par  jour 73,279  kilog. 

Les  ventes  ont  été  inférieures  de  1,000  kilog.  environ  pir  jour  à  celles  de  la 
semaine  précédente.  Les  prix  se.  maintiennent  sans  changements. 

XI.  —  Cours  de  la  viande  à  rabattoir  de  la  Villeltx  du  21  juin  (par  50  kilog.) 

Cours  de  la  charcuterie,  —  On  vend  à  la  Vitlette  par  50  kilog.  :  1"  qualité, 
80  à  83  fr.  ;  2',  7b  à  80  fr.  ;  poids  vits,  50  à  56  fr. 

Bœnfa. Veaux.  Mouton». 

f  r  3*  1"  2*  3'  1"  2*  3" 

qnak  quai.  quai.  q  aL  quai.  quai.  quaL  quai.  qaaU 

fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr.  fr. 

86  78  70  108  100  95  96  90  82 

XII.  — Marché  aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudill  juin  1883. 

Cours  des  commissionnaires 
Poids  Cours  ofliciels.  en  besiiaux. 

Animaux  gpneral.     1"        2'  3*  Prix  1'*       2*  3*  Frit 

amenés.      Invendus,  kil,        quai.  quai.  quai,  extrêmes.  quai. quai.  quai,  extrèmas. 

Bœufs 2  2'(2  29  360         >.90  • ,  72  1,54  l,43ài.96  1.88     J,70  1.52  1.4dàl94 

Vaches 534  10  235         l,7B  1.5S  1   3S  t,32      t  .82  1,76     1.54  1,34  1,30'  180 

Taureaux..,         127  4  380         1.64  t,50  t. 38  i.34     (.70  1  62     l,4i  1,36  1.32     1.6» 

Veaux 1.419  13t  79         2   10  1.96  1   60  1.50     2.30  »              »  »  » 

Moutons 15,939  4')  19          2   13  2   06  1    80  l .  70     2  24  »               »  »  » 

Porcs  gras,.     4.tl0  ->  81         1.62  1  56  1.50  1,43     1.66  »             »  » 

~-  maigres,.          »  «  »»»b»«»»>> 

Vente  très  active  sar  toutes  les  espèces. 

XIII.  —  Résumé. 

Pour  la  plupart  des  denrées,  il  y  a  maintien  des  cours  depuis  not^e  précédente 
revue.  A.  Remy. 

BULLETIN  FINANCIER 

Nous  sommes  cette  semaine  dans  un  mouvement  de  hausse;  la  plupart  des 
valeurs  accusent  des  cours  plus  élevés  que  la  semaine  précédente. 

Pour  les  fonds  d'Etat,  on  cote  actuellem  -nt  à  la  Bourse  de  Paris  :  3  pour  100, 
78  fr.  85;  —  3  pour  100  amortissable,  81  fr.;  —  4  et  demi  pour  100,  109  fr.  50; 
—  5  pour  100,  108  fr.  30;  —  le  tout  au  comptant. 

Peu  de  fluctuations  sur  les  valeurs  des  grandes  Sociétés  de  crédit  :  Les  actions 


dépc 
à  673  fr.  75  ;  la  Banque  franco-égyptienne,  à  585  fr. 

Bonne  tenue  pour  la  G)mpagaie  parisienne  du  gaz  à  1,395  fr.  —  Hausse  coa- 
tinue  sur  les  actions  du  canal  maritime  de  Suez,  à  2,527  50  fr.  —  L^s  déléga- 
tions sont  cotés  à  1,320  fr.  —  Le  canal  de  Panama  se  traite  à  490  Ir. 

La  bonne  marche  d 's  conventions  avec  Us  compagnies  de  ch  unins  de  fer  donne 
un  nouvel  e.ssor  aux  atfaires  sur  leurs  titres,  qui  sont  cotés  en  hiusse.  On  cote  : 
Nord,  1,940  fr.  ;  Orh-ans,  l,-250  fr,  ;  Ouest,  775  fr.  ;  Paiis-Lyoa-Miditerranée , 
1,435  fr.;  Est,  73S  fr,  75;  Midi,  1,170  fr,  E.  Eeron- 

Le  gérant,  A.  Bouché. 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (.30  juin  i883). 

Les  discussions  et  les  solennités  agricoles  du  mois  de  juillet.  —  Discussion  au  Sénat  du  projet 
de  loi  sur  le  régime  des  eaux.  —  Travaux  du  Conseil  supérieur  de  l'agriculture.  —  Concours 
agricoles  en  France  et  à  l'étranger.  —  Conimeiu-enient  de  la  moisson  dans  le  Midi.  —  Belle 
apparence  des  vignobles.  —  Le  centenaire  du  comte  Adrien  de  Gasparin  à  Orange.  — Note  du 
maire  de  cette  ville.  —  Réunion  du  Conseil  supérieur  de  l'agriculture.  —  Discussions  relatives 
à  la  représentation  légale  de  l'agriculture.  —  Système  électoral  proposé._  —  Le  phylloxéra.  — 
Réunion  de  la  Section  permanente  de  la  Commission  supérieure.  —  Allocations  à  des  associations 
syndicales.  —  Taches  constatées  dans  le  département  de  Maine-et-Loire.  —  Réunions  des 
Sociétés  d'agriculture  de  l'Hérault  et  de  la  Gironde.  — Note  de  M.  Jaussan  sur  la  défense  des 
vignes  par  les  insecticides.  —  Mesures  prises  par  la  Compagnie  des  chemins  de  fer  de  l'Ouest 
pour  le  transport  des  ouvriers  agricoles.  —  Le  commerce  horticole.  —  Décret  ouvrant  le  bureau 
de  la  Chapelle-sous-Kougemonl  au  transit  des  denrées  horticoles.  —  Nouvelles  des  éducations 
de  vers  à  soie  en  France  et  à  l'étranger.  —  Ecole  pratique  d'agriculture  de  la  Brosse.  —  Con- 
cours de  la  Société  agricole  et  indusirielle  du  Lot.  —  Notes  de  MM.  Nebout  et  d'Ounous  sur 
l'état  des  récoltes  dans  les  départements  de  l'Allier  et  de  l'Ariège.  —  La  récolte  du  blé.  —  Les 
ravages  des  sauterelles  en  Russie. 

I.  —  Le  mouvement,  agricole. 

Les  choses  de  l'agriculture  donnent  lieu  en  ce  moment  à  de  nom- 
breuses discussions  et  à  des  solennités  variées.  Au  Sénat,  on  s'occupe, 
de  temps  à  autre,  du  projet  de  loi  sur  le  régime  des  eaux  ;  on  en  dis- 
cute et  on  en  vote  un  article,  puis  on  renvoie  un  autre  article  à  la 
Commission,  en  suspendant  la  discussion  pour  la  reprendre  quelques 
jours  après.  Jusqu'à  présent,  cela  n'a  rien  de  magistral  ;  il  est  encore 
impossible  de  dire  si  la  législation  nouvelle  sera  vraiment  en  progrès 
sur  l'ancien  état  de  choses.  A  la  Chambre  des  députés,  les  amis  de 
l'agriculture  semblent  un  peu  découragés;  ils  se  recueillent  sans  doute 
pour  faire  de  nouveaux  efforts.  Le  Conseil  supérieur  de  l'agriculture  a 
abordé  trois  questions  difficiles  :  celles  delà  répression  des  fraudes  sur 
les  engrais,  de  la  construction  des  canaux  dérivés  du  Rhône,  et  de  la 
représentation  directe  de  l'agriculture.  Sur  ce  point,  on  paraît  d'accord, 
comme  on  le  verra  plus  loin,  sur  la  nécessité  de  reconstituer  les 
Chambres  d'agriculture  qui,  en  ce  moment,  ne  vivent  guère  que  sur  le 
papier.  La  Société  nationale  d'agriculture  a  tenu  sa  séance  publique 
annuelle  avec  solennité;  de  nombreuses  récompenses  y  ont  été  dis- 
tribuées, et  des  discours  importants  y  ont  été  prononcés.  Les  concours 
régionaux  agricoles  ont  continué  ;  le  dixième  de  l'année  a  eu  lieu  à 
Aurillac,  oii  un  hommage  solennel  a,  en  outre,  été  rendu  à  la  décou- 
verte de  M.  Pasteur  par  une  contrée  reconnaissante.  D'autres  solennités 
agricoles  s'apprêtent  en  France  et  à  l'étranger.  En  France,  nous  allons 
avoir  une  fête  à  Orange  pour  le  centenaire  du  comte  Adrien  de  Gas- 
parin ;  en  Belgique,  s'ouvriront  le  9  juillet  les  concours  et  expositions 
de  la  Société  royale  agricole  de  l'Est;  en  Angleterre,  se  tiendra  à  York, 
du  16  au  20  juillet,  le  grand  concours  de  la  Société  royale  d'agricul- 
ture. Nous  pourrions  citer  beaucoup  d'autres  fêtes  rurales  du  même 
genre,  ayant  toutes  pour  but  l'amélioration  soit  du  bétail,  soit  du  maté- 
riel agricole,  et  les  encouragements  aux  fermes  les  mieux  tenues. 

La  moisson,  déjà  achevée  en  Algérie,  a  commencé  dan,s  le  Midi, 
vers  le  25  juin,  et  l'on  paraît  en  être  assez  satisfait.  C'est  plus  tard  que 
dans  les  années  moyennes.  Pour  le  reste  delà  France,  il  semble  aussi 
que  l'on  ne  commencera  pas  à  couper  les  blés  de  bonne  heure.  Le  temps 
est  trop  souvent  froid  et  pluvieux.  Dans  la  région  méditerranéenne,  les 
vignes  ont  la  plus  belle  apparence  dans  les  vignobles  que  n'a  pas 
dévastés  le  phylloxéra,  particulièrement  dans  les  terre  sableuses  et  dans 

N°  ni.  —  Tome  II  de  1883.  —  30  Juin. 


482  CHRONIQUE  AGRICOLE  (30  JUIN    1883). 

celles  soumises  à  la  submersion.  Mais  l'insecte  fait  malheureu- 
sement de  très  rapides  progrès  dans  les  vignobles  mal  défendus; 
ceux  reconstitués  avec  les  cépages  américains  et  le  greffage  semblent 
parfaitement  résister.  Sur  l'ensemble  des  autres  cultures,  on  a  beau- 
coup d'espérances;  quelques-unes  sont  magnifiques,  mais  l'époque 
critique  n'est  pas  encore  passée,  et  l'on  ne  saurait  sagement  se  pro- 
noncer encore  sur  ce  qu'il  faut  attendre. 

II.  —  Le  centenaire,  du  comte  Adrien  de  Gasparin.  ' 
Aucun  nom  n'est  plus  populaire  auprès  des  agriculteurs  que  celui 
du  comte  Adrien  de  Gasparin.  Par  ses  ouvrages,  par  la  grande  intluence 
qu'il  a  exercée  dans  les  assemblées  politiques,  à  la  Société  nationale 
d'agriculture,  à  l'Académie  des  sciences,  à  l'Institut  agronomique  de 
Versailles,  il  a  pris  place  au  premier  rang  des  maîtres  de  l'agricul- 
ture moderne.  La  ville  d'Orange  (Vaucluse)  oi^i  il  est  né  et  au  milieu 
de  laquelle  s'élève  sa  statue  élevée  par  les  agriculteurs,  célébrera  le 
dimanche  l'''  juillet  le  centenaire  de  sa  naissance.  Ce  sera  une  véri 
ble  fête  publique  dans  celte  ville  où  la  famille  de  Gasparin  a  toujours 
été  iionorée  et  où  elle  tient  toujours  le  premier  rang  dans  l'affection 
générale.  A  cette  occasion,  nous  recevons  de  la  municipalité  d'Orange 
la  note  suivante  : 

a  La  famille  de  Gasparin,  dont  la  générosité  est  proverbiale,  a  bien  voulu 
donner  mandat  à  M.  le  maire  d'Orange  de  répartir  une  somme  de  700  francs,  de 
la  manière  suivante  : 

c  300  fiancs  poui'  des  livrets  de  la  caisse  d'épargne;  100  francs  pour  le  bureau 
de  bienfaisance;  200  francs  pour  l'hospice;  100  francs  pour  les  orphelines. 

o  L'administration  municipale  tient  à  manifester  publiquement  toute  sa  recon- 
naissance à  la  famille  de  Gasparin  qui,  fidèle  à  ses  traditions  de  bienfaisance, 
sait  associer  à  un  anniversaire  glorieux  une  fête  de  charité.  ^^ 

Au  nom  des  agriculteurs,  nous  envoyons  à  notre  éminent  confrère 
M.  Paul  de  Gasparin  le  témoignage  de  leur  reconnaissance  pour  les 
services  que  son  père  a  rendus  et  pour  ceux  que  lui-même  rend  et 
rendra  encore  à  la  science  agricole. 

III.  —  Conseil  supérieur  de  V agriculture. 

Le  Conseil  supérieur  de  l'agriculture  s'est  réuni  le  22  juin;  nous 
trouvons  dans  le  Journal  officiel  le  compte  rendu  suivant  do  ses  déli- 
bérations : 

Le  Conseil  supérieur  de  l'agriculture  s'est  réuni,  le  vendredi  22  juin,  à  deux 
heures  de  l'après-midi,  au  ministère  de  l'agriculture,  sous  la  présidence  du 
ministre,  M.  Méline,  pour  l'examen  d'un  projet  ayant  pour  but  l'organisation 
d'une  représentation  spéciale  des  intérêts  agricoles. 

Ce  projet,  préparé  par  une  Commission  du  conseil  supérieur,  comporte  la  créa- 
tion, dans  chaque  arrondissement,  d'un  chambre  consultative  d'agriculture  dont 
les  membres  seraient  élus,  au  scrutin  de  liste,  par  un  cor^DS  électoral  composé  de 
la  manière  suivante  : 

P  Les  a;:îriculteurs  français  jouissant  de  leurs  droits  civils  et  politiques,  rési- 
dant dans  !§.  commune  depuis  un  an  au  moins,  et  dont  la  profession  unique  ou 
principale  est  d'exploiter  un  fonds  rural, comme  propriétaires,  usufruitiers,  loca- 
taires fermiers,  colons  partiaires  ou  métayers; 

2°  Les  arboriculteurs,  horticulteurs,  pépiniéristes,  jardiniers,  maraîchers  de 
profession  r&unissant  les  mêaies  conditions  de  nationalité,  d'âge,  de  capacité  et  de 
résidence  qui,  depuis  un  an  au  moins,  exercent,  par  eux-mêmes,  leur  industrie 
dans  la  commune,  soit  comme  propriétaires,  usufruitiers,  locataires,  métayers, 
ou  colons  partiaires; 

3"  Les  propriétaires  ou  usufruitiers  d'exploitations  agricoles,  réunissant  les 
mêmes  conditions  de  nationalité,   iï'k^Q  et  de  capacité,  qui,   depuis  un  an  au 


CHRONIQUE   AGRICOLE  (30  JUIN   1883).  483 

moins,   possèdent  lesdites  exploitations;  qu'ils  soient  résidants  ou  non  dans  la 
commune  ; 

4°  Les  directeurs,  professeurs  et  répétiteurs  des  établissements  d'enseigmement 
agricole,  horlicole,  forestier  et  vétérinaire;  les  directeurs  des  stations  agronomi- 
ques ;  les  titulaires  des  chaires  de  chimie  agricole;  les  professeurs  départemen- 
taux d'agriculture  et  les  vétérinaires,  lorsque  les  uns  et  les  autres  réunissent  les 
conditions  de  nationalité,  d'âge,  de  capacité  civile  et  politique^  et  de  résidence 
indiquées  plus  haut. 

Les  filles  et  veuves  réunissant  les  conditions  d'âge,  de  domicile,  de  capacité 
civile,  de  nationalité,  '  de  profession  ou  de  propriété  exigées  pour  être  électeur 
pourront  déléguer  leur  droit  de  vote  à  un  citoyen  jouissant  de  ses  droits  civils  et 
politiques  et  résidant  depuis  un  an  dans  le  canton. 

Cette  délégation  pourra  être  faite  par  acte  sous  seing  privé  ou  par  une  déclara- 
tion au  maire  de  la  commune,  qui  consignera  la  déclaration  sur  un  registre  tenu  à 
cet  effet  et  en  donnera  récépissé.  L'acte  qui  constatera  la  délégation  sera  enre-^-istré 
gratis.  Les  électeurs  ayant  leur  droit  électoral  dans  plusieurs  circonscriptions  ne 
peuvent  exercer  ce  droit  que  dans  une  seule  circonscription  à  leur  choix 

Les  chambres,  ainsi  constituées,  auraient  principalement  pour  mission  de  pré- 
senter au  gouvernement  et  au  conseil  général  de  leur  département  leurs  vues  sur 
toutes  les  questions  intéressant  l'agriculture.  Elles  seraient  consultées  sur  les 
modifications  à  introduire  dans  la  législation,  en  tout  ce  qui  touche  aux  intérêts 
agricoles,  et  notamment  en  ce  qui  concerne  la  police  rui'ale,  les  contributions 
indirectes,  les  douanes,  les  octrois  et  les  encouragements  à  l'agriculture  ;  elles 
seraient  éf^alement  consultées  sur  la  création,  dans  le  département,  des  établisse- 
ments d'enseignement  agricole  ou  vétérinaire,  des  stations  agronomiques,  des  foires 
et  marchés. 

Enfin,  elles  auraient  à  centraliser  les  travaux  de  statistique  agricole  cantonale 
et  renseigneraient  le  gouvernement  sur  l'état  des  récoltes,  sur  la  situation  afri- 
cole  de  l'arrondissement  et  sur  ses  besoins. 

A  l'appui  de  son  projet,  la  Commission  constate  que  les  chambres  d'agriculture, 
telles  qu'elles  existent  actuellement,  —  le?  membres  de  ces  chambres  sont  nom- 
més par  décret,  —  n'ont  pour  ainsi  dire  jamais  fonctionné;  que,  dans  les  rares 
départements  où  elles  se  réunissent  encore,  elles  ne  jouissent  pas  d'une  sérieuse 
autorité  ;  que  le  gouvernement  ne  les  consulte  guère  et  qu'elles  émettent  rarement 
des  vœux. 

Dans  une  telle  situation,  on  peut  assurément  dire,  sans  s'écarter  de  la  vérité, 
cj;ue  les  intérêts  agricoles  n'ont  pas  encore  de  représentation  officielle.  La  commis- 
sion pense  qu'il  serait  à  la  fois  juste  et  utile  de  lui  en  donner  une  en  organisant, 
les  chambres  consultatives  d'agriculture  sur  de  nouvelles  bases. 

Tout  le  monde  reconnaît  cpie  les  chambres  de  commerce  et  les  chambres  des 
arts  et  manufactures  ont  puissamment  contribué  au  développement  du  commerce 
et  de  l'industrie  en  France.  11  n'est  pas  équitable  de  priver  de  cet  instrument  de 
progrès  l'une  des  principales  branches  du  travail  national.  L'absence  de  corps 
électifs  chargés  spécialement  de  défendre  les  intérêts  de  l'agriculture  a  eu  parfois 
des  conséquences  fâcheuses.  Dans  les  discussions  économiques  auxquelles  donnent 
naissance  les  conflits  entre  les  divers  intérêts,  on  n'a  trop  souvent  écouté  qu'une 
seule  voix,  parce  que  l'agriculture  n'avait  dans  les  départements  aucun  organe 
olficiel  chargé  d'exposer  ses  besoins  et  de  soutenir  ses  droits. 

Une  assez  longue  discussion,  à  laquelle  ont  pris  part  MM.  Teisserenc  de  Bort, 
Lenoël,  Dreyfus,  Danelle -Bernardin,  de  Ponlevoy,  Caze,  Perrier  et  Cotard,  s'est 
engagée  sur  ce  projet  et  particulièrement  sur  le  mode  de  formation  des  chambres 
d'agriculture,  et  sur  la  composition  du  corps  électoral. 

Plusieurs  membres  se  sont  déclarés  opposés  à  ce  projet.  Entrant  ensuite  dans 
l'examen  des  diverses  dispositions  qu'il  contient,  ils  ont  fait  remarquer  qu'il 
serait  bien  difficile  de  constituer  le  corps  électoral  au'il  s'agit  de  créer.  Ils  crai- 
gnent  qu  en  appliquant  ce  projet  on  n  arrive  a  organiser  une  représentation  aristo- 
cratique de  l'agriculture,  et  ils  redoutent  les  rivalités  qui  pourraient  naître  entre 
la  représentation  politique  et  une  représentation  spéciale  de  l'agriculture. 

Un  aulre  membre,  au  contraire,  pense  qu'il  convient  de  restreindre  davantage 
encore  le  corps  électoral,  pour  assurer  à  la  représentation  une  plus  grande 
compétence  dans  les  questions  agricoles. 

M.  le  président  de  la  Commission,  qui  a  élaboré  le  projet,  en  a  défendu  le  prin- 
cipe et  l'économie  devant  le  Conseil.  lia  fait  ressortir  que  Le  commerce  etl'indus- 


484  CHRONIQUE  AGRICOLE  (30  JUIN    1883). 

trie  avaient  une  représentation  spéciale,  tandis  que  l'agriculture,  à  laquelle 
s'intéresse  une  quantité  beaucoup  plus  considérable  de  citoyens,  était  privée  d'une 
institution  de  ce  genre.  Il  a  fait  remarquer,  en  outre,  que  les  craintes  exprimées 
sur  les  inconvénients  que  pourrait  offrir  une  représentation  spéciale  de  l'agri- 
culture n'étaient  pas  fondées;  carie  projet,  délaissant  l'idée  d'une  représentation 
organise  des  chambres  d'agriculture  simplement  consultatives.  Enfin,  il  a  termine 
en  rappelant  que  l'empire,  dont  la  politique  constante  a  eu  pour  effet  de  réprimer 
toute  pensée  libérale,  s'était  toujours  montré  hostile  à  l'idée  d'une  représentation 
élective  de  l'agriculture,  et  qu'il  était  du  devoir  du  gouvernement  républicain  de 
ne  pas  suivre  de  tels  errements. 

Un  menibre  du  Conseil  constate  que  la  divergence  de  vues  sur  cette  question 
provient  d'un  simple  malentendu.  Les  adversaires  du  projet  y  ont  vu  l'organisa- 
tion d'une  représentation  de  l'agriculture,  tandis  que  l'administration  et  la  com- 
mission n'ont  cherché  qu'à  organiser  un  élément  de  consultation^  ce  qui  rend  le 
projet  acceptable  en  principe.  Il  importe  surtout,  d'après  l'orateur,  que  cette  con- 
fusion ne  puisse  pas  se  produire. 

^  Dans  le  cours  de  la  discussion,  un  contre-projet  a  été  déposé.  Ce  contre-projet 
règle  la  composition  des  chambres  d'agriculture  de  la  manière  suivante  :  1"  Trois 
membres  désignés  dans  les  Conseils  communaux  ;  —  2"   un   délégué  communal  ; 

—  3°  comme  membres  de  droit  :  le  député  de  la  circonscription;  le  sénateur; 
le  conseiller  général  de  la  circonscription;  le  conseiller  d'arrondissement;  le  vété- 
rinaire du  canton;  le  professeur  départemental  d'agriculture;  le  préfet  et  le  sous- 
préfet  de  l'arrondissement. 

Le  Conseil,  sans  aborder  la  discussion  sur  ce  contre-projet,  l'a  renvoyé  à  l'examen 
de  la  Commission. 

M.  le  ministre  a  résumé  ensuite  la  discussion  générale  et  a  fait  ressortir  la 
nécessité  de  se  prononcer  d'abord  sur  le  principe  même  du  projet,  avant  d'abor- 
der les  questions  de  détail  et  l'examen  des  modifications  à  introduire  dans  les 
articles.  Il  a,  en  conséquence,  invité  le  Conseil  à  statuer  sur  la  question  suivante  : 
Y  a-t-il  lieu  de  réorganiser  les  chambres  consultatives  d'agriculture? —  A  l'una- 
nimité, le  Conseil  s'est  prononcé  pour  l'aifirmative, 

A  la  suite  de  ce  vote,  la  discussion  a  été  renvoyée  à  la  prochaine 
séance,  pour  l'examen  des  divers  articles  du  projet  présenté  par  la 
Commission,  et  le  Conseil  s'est  ajourné  au  vendredi  G  juillet. 

IV.  —  Le  phylloxéra. 

La  Section  permanente  de  la  Commission  supérieure  du  phylloxéra 
s'est  réunie  le  15  juin  sous  la  présidence  de  M.  Dumas.  Elle  a  d'abord 
approuvé  Texécution  de  traitements  administratifs  sur  2  hectares 
62  ares  dans  la  commune  d'AiTosez  (Basses-Pyrénées).  L'autorisation 
de  la  culture  des  vignes  américaines  dans  les  arrondissements  de 
Castelnaudary  et  de  Limoux  (Aude)  a  été  accordée.  Il  a  été  décidé  que 
des  subventions  pourraient  être  accordées  à  des  associations  syndicales 
de  viticulteurs,  comme  il  suit  :  Basses-Alpes,  syndicat  départemental 
comptant  29  propriétaires  pour  traiter  36  hectares  par  le  sulfure  de  car- 
bone; —  Gers^  annexion  de  40  propriétaires  au  syndicat  de  recherches 
de  Gimont,  pour  74  hectares,  et  de  3  propriétaires  pour  21  hectares,  à 
celui  de  Touget  ;  —  Gard,  deux  syndicats  à  Aubard  et  à  Congeuies, 
comptant  ensemble  13  propriétaires  pour  traiter  13  hectares^  par  le 
sulfure  de  carbone  ;  —  Raute-Garonne,  un  syndicat  de  recherches  à  Por- 
tets-Cugnaux,  comptant  1 72  propriétaires  pour  571  hectares  ;  un  syn- 
dicat à  Martres-Boussens,  comptant  44  propriétaires  pour  249  hectares  ; 

—  Loire,  un  syndicat  de  32  propriétaires  à  Lézigneux  pour  traiter 
18  hectares  par  le  sulfure  de  carbone;  —  Ardeche,  quatre  syndicats  à 
Privas,  Chalençon,  Saint-Andiol-de-Bourlène,  Vals-les-Bains,  comptant 
68  propriétaires  pour  traiter  63  hectares;  —  Rhône,  deux  syndicats  à 
Fleurie  et  à  Belmont  comptant  1 8  propriétaires  pour  traiter  78  hec- 


CHRONIQUE  AGRICOLE  (30  JUIN  1883).  485 

tares  ;  —  Ain,  deux  syndicats  à  Péronges  et  à  Geyzérieu  et  Chavarnay, 
comptant  24  propriétaires  pour  traiter  18  hectares;  —  Gironde^  neuf 
syndicats  à  Marcillac,  Saint-Lonbès,  Samt-Sulpice  deFabyrens,  Saint- 
Pey  de  Castets,  Ambès^,  Tauriac,  Saint-Laurent  et  Moules,  Artigues, 
Léoniau  et  Cadanjac,  comptant  97  propriétaires  pour  traiter  1 18  liec- 
tares  par  le  sulfure  de  carbone,  parle  sulfocarbonate  ou  par  la  submer- 
sion. —  M.  Balbiani  a  rendu  compte  de  ses  expériences  sur  le  badi- 
geonnage,  et  il  a  montré  deux  pots  de  vignes  traités  par  le  goudron 
et  dont  la  végétation  est  florissante  ;  malheureusement,  pendant  l'hiver, 
lorsque  le  froid  sévit,  les  applications  sur  les  ceps  sont  difficiles, 
parce  que  le  goudron  se  solidifie  sous  l'action  du  froid  ;  il  faudrait 
trouver  un  moyen  de  le  maintenir  liquide. 

Nous  avons  annoncé  que  le  phylloxéra  avait  été  découvert  dans  le 
vignoble  de  la  commune  de  Martigné-Briant,  arrondissement  de 
Saumur  (Main^î-et-Loire).  Cette  constatation  a  vivement  ému  les  agri- 
culteurs de  la  région  ;  M.  Couanon,  délégué  régional,  a  trouvé  plusieurs 
taches  rayonnant  autour  d'une  pépinière  formée  avec  des  plants  de 
cépages  introduits  en  1876  d'une  contrée  phylloxérée;  on  va  demander 
que  ces  taches  soient  soumises  à  un  traitement  administratif.  Actuel- 
lement, des  recherches  actives  sont  poursuivies  dans  tout  le  vignoble 
de  la  vallée  du  Layon,  afin  de  voir  si  de  nouvelles  taches  n'y  exis- 
tent pas.  Elles  ont  abouti  à  la  découverte  de  taches  dans  la  commune 
de  Faveray,  arrondissement  d'Angers. 

La  Société  d'agriculture  de  la  Gironde  vient  de  publier  le  procès- 
verbal  des  réunions  qu'elle  a  tenues  du  9  au  1 1  mars,  à  Bordeaux,  sur 
la  reconstitution  des  vignobles  par  les  vignes  américaines  (en  vente  à 
la  librairie  Féret  et  fils,  à  Bordeaux;  prix,  1  fr.).  Cette  brochure  ren- 
ferme l'exposé  des  expériences  faites  par  les  viticulteurs  les  plus 
distingués  de  la  Gironde,  et  un  excellent  rapport  sur  les  instruments 
de  greffe  présentés  à  ces  réunions.  —  Il  faut  en  dire  autant  de  la  brochure 
publiée  par  la  Société  d'agriculture  de  l'Hérault,  et  qui  est  consacrée 
aux  réunions  publiques  des  5,  6  et  7  mars.  A  la  suite  du  procès- 
verbal  de  ces  réunioas,  principalement  consacrées  aux  vignes  améri- 
caines, on  trouve  un  rapport  intéressant  sur  les  greffoirs  présentés  au 
concours  organisé  par  la  Société. 

M.  Louis  Jaussan,  vice-président  du  Comice  agricole  de  Béziers, 
bien  connu  pour  l'énergie  avec  laquelle  il  lutte  pour  sauver  ses  vignes, 
vient  de  publier  une  note  sur  la  question  suivante  :  Est-il  avantageux 
de  défendre  par  les  insecticides  les  vignes  phylioxérées?  Sa  conclusion 
est  que  son  propre  exemple  doit  empêcher  les  viticulteurs  du  se 
décourager.  «  Vous  pouvez,  dit-il,  vous  devez  vous  défendre,  votre 
intérêt  bien  compris  l'exige.  Il  n'y  a  pas  de  victoire  sans  blessure, 
mais  qu'importe  la  blessure  si  la  victoire  vous  reste,  si  vous  augmentez 
l'héritaii-e  de  vos  enfants.  » 


*D" 


Y.  —  Transport  des  ouvriers  agricoles  à  prix  réduit, 

La  Compagnie  des  chemins  de  fer  de  l'Ouest  vient  de  prendre  une 
mesure  à  laquelle  on  ne  saurait  trop  applaudir,  pour  faciliter  l'exécution 
des  travaux  agricoles.  M.  Delattre,  directeur  général,  a  donné  avis  à  M.  le 
président  du  Comice  agricole  de  Chartres  que  le  Conseil  d'adminis- 
tration de  sa  compagnie  avait  décidé  qu'une  réduction  de  50  pour  100 
en^S"  classe  (tarif  plein  à  l'aller,  gratuit  au  retour)  aurait  lieu  pour 


486  CHRONIQUE  AGRICOLE   (30  JUIN    1883). 

les  ouvriers  agricoles  se  rendant  d'une  gare  quelconque  située  dans 
les  départements  du  Finistère,  des  Côtcs-du-Nord,  d'Hle-et-Vilaine,  de 
la  Manche,  de  l'Orne,  de  la  Mayenne,  de  la  Sartlie,  et  de  l'arrondis- 
sement de  Nogent-le-Rotrou  à  une  gare  quelconque  du  réseau  d« 
l'Ouest,  située  dans  Eure-ot-Loir.  Il  existe  des  types  de  carte  de*/ânt 
servir  à  l'obtention  de  cetlc  réduction,  déterminant  exactement  les 
formalités  à  remplir  ;  ces  caries  seront  adressées  par  k  Compao;nie  de 
l'Ouest  aux  maires  des  localités,  sur  leur  demande  préalable  indiquant 
le  nombre  d'ouvriers  agricoles  à  transporter,  ainsi  que  la  gare  de 
départ.  Ces  dispositions  sont  entrées  en  vigueur,  à  titre  d'essai,  depuis 

le  1  5  mai. 

YI.  —  Coimnerce  horticole. 

Le  Journal  officiel  annonce  que,  par  décret  en  date  du  23  juin  1883, 
rendu  sur  la  proposition  des  ministres  de  l'agriculture  et  des  finances, 
le  bureau  de  douane  de  la  Gliapelle-sous-Rougemont  (arrondissement 
de  Belfort)  est  ouvert  à  l'importation  des  plantes  et  produits  divers 
des  pépinières,  jardins,  serres  et  orangeries,  venant  de  l'Alsace- 
Lorraine,  sous  les  réserves  spécifiées  aux  articles  2  et  3  du  décret  du 
28  août  1882.  Ces  réserves  sont  relatives  au  mode  d'eniballagi^  et  aux 
certificats  d'origine  constatant  que  ces  produits  et  plantes  proviennent 
de  terrains  qui  ne  contiennent  aucun  pied  de  vigne. 

VII.  —  Sériciculture. 

D'après  les  renseignements  les  plus  positifs  sur  lés  résultats  des 
éducations  de  vers  à  soie,  il  paraît  certain  que  la  récolte  des  cocons 
sera  inférieure  sous  le  double  rapport  de  la  quantité  et  de  la  qualité  à 
celle  de  1882,  dans  toutes  les  parties  de  la  France  oii  l'on  cultive  le 
mûrier.  Les  appréciations  sont  à  peu  près  les  mêmes  en  ce  qui  con- 
cerne les  éducations  en  Espagne;  quant  à  l'Italie,  les  avis  sont  meil- 
leurs dans  l'ensemble.  Sur  les  premiers  marchés  des  déparlements  du 
Gard,  de  l'Ardèche  et  de  la  Drôme,  les  prix  des  cocons  ont  varié  de 
3  fr.  50  à  4  fr.  10  par  kilog.  pour  les  races  indigènes. 

VIII.  —  École  pratique  cV agriculture  de  la  Brosse. 

Nos  lecteurs  savent  que,  par  un  arrêté  de  M,  le  ministre  de  l'agri- 
culture en  date  du  26  septembre  dernier,  une  école  pratique  d'agri- 
culture a  été  créée  à  La  Brosse,  près  Auxerre  (Yonne).  Celte  école  est 
actuellement  ouverte,  mais  son  appropriation  n'est  pas  suffisante  pour 
les  besoins  à  satisfaire  lorsqu'elle  sera  en  plein  fonctionnement.  Le 
Conseil  général  du  département  a  décidé  qu'il  serait  fait  face  aux 
dépenses^  nécessaires  par  un  emprunt  de  100,000  francs;  le  projet 
de  loi  approuvant  cet  emprunt  a  été  voté  récemment  par  la  Chambre 

des  députés. 

IX.  —  Concours  de  la  Société  agricole  du  Lot. 

La  Société  agricole  et  industrielle  du  Lot,  présidée  par  M.  le  docteur 
Rey,  vient  de  déterminer  le  programme  de  ses  concours  pour  1883. 
Elle  tiendra  -à  Figeac,  le  jeudi  16  août,  un  concours  d'irnimaux  l'epro- 
ducteurs  des  l'aces  bovines,  ovines  et  porcines  ;  im  concours  de  labou- 
rage le  même  jour;  et  enfin  un  conc-urs  de  bêtes  à  cornes  grasses,  à 
Cahors,  le  1"  février  18S4.  Elle  décernera,  en  outre,  duns  l'arrondis- 
sement de  Figeac,  un  prix  d'honneur  pour  l'exploitation  la  mieux 
dirigée,  des  primes  spéciales  pour  le  drainage  et  les  irrigations,  pour 
les  plantations  de  mûriers,  d'arbres  fruitiers,  forestiers  et  de  chênes 


CHRONIQUE  AGRICOLE  {30  JUIN   1883).  487 

truffiers,  pour  les  granges,  étables  et  fosses  à  purin  perfectionnées 
pour  les  vignobles,  pour  les  élèves  de  la  ferme-école  du  Montât.   Elle 
donnera  aussi  des  primes  aux  constructeurs   d'instruments  aratoires 
du  département   qui  présenteront  des  instruments  non   primés  anté- 
rieurement et  dont  l'essai  sera  fait  en  présence  d'un  jury  spécial. 
X.  —  Nouvelles  de  l'état  des  récoltes. 
Les  alternatives  de  temps  sec  et  de.  pluie  qui  se  succèdent  ne  sont 
pas  favorables  à  la  coupe  et  à  la  rentrée  des  fourrages;  toutefois,  celte 
importante  opération  est  menée  avec  activité.  La  plupart  des  plantes 
^se  présentent  actuellement  dans  de  bonnes  conditions.  Voici  la  note 
'que  M.  Neboutnous  adresse  d'Arfeuilies  (Allier),  à  la  date  du  20  juin  : 

<t  La  végétation  a  en  partie  rattrapé  le  retard  que  le  mois  d'avril  lui  avait  donné 
mais  la  sécheresse  a  bien  fait  souffrir  les  seigles  et  surtout  les  froments  dans  les 
terreslégères  à  sol  arable  peu  profond,  la  paille  sera  peu  abondante  cette  année.  Les 
avoines  sont  partout  magnitiiiues,  les  orges  d'hiver  sont  bien  belles  aussi  et  com- 
mencent à  mûrir.  La  première  coupe  des  prairies  artificielles  a  été  de  peu  de 
chose,  par  suite  du  temps  froid  d'avril  et  cle  la  sécheresse  de  mai,  les  naturelles 
se  rattrapent  par  les  pluies  abondantes  que  les  nombreux  orages  ont  versées  sur  le 
sol  ces  jours  passés.  Le  9  juin  nous  avons  eu  un  orage  qui  nous  a  donné  une  forte 
averse  d'eau  mêlée  de  grêle  et  grésil,  qui  a  endommagé  les  légumes  de  nos  pota- 
gers et  gâté  plus  ou  moins  nos  belles  grappes  de  vignes,  mais  sur  ce  qu'il  y  a,  la 
grappe  est  longue  et  grosse. 

«  Nos  pommiers  sont  chargés  aussi  de  fruits,  ainsi  que  nos  noyers,  nos  meri- 
siers, ce  qui  nous  permettra  de  faire  d'excellent  kirsch.  Les  pommes  de  terre 
sont  bien  belles,  nos  animaux  se  portent  bien  et  sont  hors  de  prix,  ce  qui  remplit 
la  bourse  des  agriculteurs  ;  seuls  les  cochons  se  vendent  à  de  vils  prix,  mais  la 
médaille  a  son  revers. 

La  moisson  des  céréales,  achevée  en  Algérie,  commence  dans  le 
Sud-Est  de  la  France;  elle  va  se  poursuivre  avec  activité.  La  plupart 
des  agriculteurs  se  déclarent  satisfaits  des  promesses,  snrtout  en  ce 
qui  concerne  les  blés  et  les  avoines  ;  le  printemps  a  été  assez  pluvieux 
pour  que  les  plantes  herbacées  se  développent  avec  régularité.  Dans 
le  reste  de  la  France,  la  végétation  desblés  se  poursuit  avec  régularité; 
les  appréciations  sont  assez  diverses  sur  les  espérances  de  la  récolte, 
mais  nous  ne  constatons  pas  de  plaintes  graves.  Il  en  est  autrement 
dans  l'Europe  orientale  ;  la  moisson  sera  médiocre  en  Autriche  et  en 
Hongrie;  en  Russie,  elle  donnera  probablement  de  mauvais  résultats  ; 
de  vastes  régions,  parmi  celles  qui  produisent  le  plus  de  blés,  sont 
atteintes  par  les  sauterelles  ;  c'est  par  milliers  d'hectares  que  l'on  évalue 
aujourd'hui  la  surface  ravagée  par  ces  insectes.         J.  A.  Barral. 

SÉANCE   SOLENNELLE 

DE  LA   SOCIÉTÉ   NATIONALE  D'AGRICULTURE. 

La  séance  solennelle  de  distribution  de  ses  récompenses,  tenue  le 
27  juin,  par  la  Société  nationale  d'agriculture,  a  été  une  des  plus 
brillantes  auxquelles  nous  ayons  assisté  ;  jamais  foule  aussi  compacte 
n'avait  rempli  la  grande  salle  de  la  Société;  jamais  accueil  plus  cha- 
leureux n'avait  été  fait  aux  aux  illustres  savants  qui  sont  la  gloire  de 
FaiiTricullure  française. 

n  - 

M.  Méline,  ministre  de  l'agriculture,  présidait,  assisté  de  lAL^L  Du- 
mas, président;  Chevreul,  vice-président;  Barrai,  secrétaire  perpé- 
tuel ;  Lavallée,  trésorier  perpétuel,  et  de  MM.  Tisserand^  directeur 
de  l'agriculture,  et  Labarthe,  chef  du  cabinet. 

La  séance  a  été  ouverte  par  un  excellent  discours  de  M.  Méline;,  q^uT  a 


488     SÉANCE  SOLENNELLE  DE  LA  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'AGRICULTURE. 

rendu  un  juste  hommage  aux  travaux  de  la  Société,  en  signalant  les 
services  qu'elle  rend  aux  pouvoirs  publics  en  élucidant  les  questions 
que  le  Parlement  et  le  gouvernement  sont  appelés  à  trancher.  Voici  le 
texte  de  ce  discours  : 

«  Messieurs,  c'est  une  des  phis  heureuses  traditions  de  votre  savante  compa- 
gnie que  celle  qui  associe  une  fois  par  an  le  représentant  du  gouvernement  à  votre 
œuvre  et  à  vos  travaux.  Croyez  bien  que  je  suis  fier  d'en  recueilHr  aujourd'hui  le 
bénéfice,  et  que  je  sens  tout  le  prix  de  1  honneur  que  vous  voulez  bien  me  faire 
en  m'^ppelant  à  présider  cette  solennité. 

ce  Ma  seule  crainte  est  de  n'en  pas  être  suffisamment  digne  :  si  j'avais  besoin 
d'être  rappelé  à  la  modestie,  il  me  suffirait  de  jeter  les  yeux  autour  de  moi,  de  lire 
sur  vos  murs  tous*  ces  grands  noms  qui  rappellent  les  titres  glorieux  de  votre 
Société  à  la  reconnaissance  publique,  de  voir,  assis  à  mes  côtés,  vos  deux  illustres 
présidents  qui,  non  contents  de  rivaliser  de  génie,  semblent  aussi  vouloir  rivali- 
ser de  jeunesse,  tant  l'empreinte  du  temps  se  fait  peu  sentir  sur  leurs  mâles 
visages. 

a  En  face  de  pareils  hommes,  j'éprouverais,  je  l'avoue,  quelque  embarras,  et  je 
me  sentirais  presque  déplacé  à  ce  fauteuil,  si  je  ne  savais,  messieurs,  qu'avant  la 
science  elle-même,  vous  faites  passer  le  "dévouement  à  la  grande  cause  que  vous 
servez.  Par  ce  côté,  j'ai  peut-être  quelque  droit  de  réclamer  ma  place  au  milieu 
de  vous  :  car  je  puis  vous  assurer  que  personne  plus  que  moi  n'est  attaché  aux 
idées  que  vous  défendez,  que  personne  ne  poursuit  avec  plus  d'ardeur  convaincue 
ce  but  élevé,  qui  est  le  vôtre,  de  porter  à  leur  maximum  de  puissance  toutes  les 
forces  productives  du  pays. 

ce  Depuis  bien  des  années  déjà,  j'ai  dirigé  toute  l'activité  de  mon  esprit  vers 
l'étude  de  ces  grands  problèmes  économiques  qui  absorbent  votre  vie  et  qui  con- 
tiennent en  germe  tout  l'avenir  de  la  France.  Je  serais  presque  tenté  de  dire 
qu'ils  résument  toute  ma  politique  :  plus  j'y  réfléchis,  plus  je  suis  persuadé  qu'à 
une  époque  comme  la  nôtre,  la  première  préoccupation  d'un  gouvernement  issu 
du  suffraf^e  universel,  son  premier  devoir,  c'est  la  recherche  constante  de  tout  ce 
qui  peut  contribuer  à  l'amélioration  du  sort  des  classes  laborieuses,  et  il  est  facile 
de  s'apercevoir,  à  des  symptômes  non  équivoques,  que  les  peuples  ne  conserveront 
désormais  leur  confiance  à  leurs  gouvernants  qu'autant  que  ceux-ci  témoigneront 
du  souci  constant  des  grands  intérêts  qni  leur  sont  confiés. 

ce  Voilà  pourquoi,  messieurs,  votre  œuvre  est  la  nôtre,  pourquoi  je  suis  ici 
pour  vous  remercier,  au  nom  du  gouvernement  de  la  République,  de  tout  le  bien 
que  vous  faites  au  pays.  Pour  apprécier  et  juger  vos  efforts,  comme  ils  le  méri- 
tent il  faudrait  refaire  ici  toute  l'nistoire  de  l'agriculture  française  :  elle  n'a  pas 
fait  un  pas  depuis  un  siècle  sans  que  vous  ayez  été  ses  initiateurs,  et  en  quelque 
sorte  les  précurseurs  de  tous  ses  progrès. 

«  Mais  c'est  surtout  dans  ces  dernières  années  que  votre  action  et  votre  influence 
bienfaisante  se  sont  affirmées  d'une  façon  éclatante  :  dès  que  la  douloureuse 
crise  agricole  que  nous  traversons  s'est  déclarée,  vous  avez  redoublé  de  zèle  pour 
la  conjurer  à  force  de  science.  L'entreprise  était  bien  difficile  dans  un  siècle  de 
transformation  scientifique  et  économique  comme  le  nôtre,  qui  fait  surgir  tous 
les  problèmes  à  la  fois,  qui  met  aux  prises  les  systèmes  et  les  découvertes,  et 
solidarise  dans  une  étroite  union,  dans  une  dépendance  fatale,  tous  les  grands 
marchés  du  monde.  Vous  avez  eu  le  mérite  de  suivre  d'un  pas  égal  et  soutenu  ce 
mouvement  vertigineux  des  choses  et  des  idées  :  rien  n'échappe  à  vos  investiga- 
tions '-.onsciencieuses,  ni  l'étude  rigoureuse  des  principes,  ni  l'analyse  attentive 
des  méthodes  nouvelles,  ni  l'examen  approfondi  de  la  législation  et  des  grandes 
lois  de  l'économie  politique. 

«  Il  suffit  de  jeter  un  regard  sur  l'annuaire  qui  contient  l'inventaire  de  vos 
travaux  pendant  l'année  qui  vient  de  s'écouler  pour  mesurer  toute  l'étendue  du 
travail  que  vous  vous  imposez  et  comprendre  ce  que  vous  doit  l'agriculture.  Il 
est  difficile,  je  crois,  de  trouver  un  bulletin  agricole  plus  varié,  plus  instructif, 
i'aiouterai  même  plus  intéressant  que  celui  de  vos  séances.  Sa  lecture  m'a  plus 
d'une  fois  passionné,  et  j'ai  regretté  bien  souvent  qu'il  ne  fût  pas  plus  répandu. 
S'il  était  mieux  connu,  le  public  comprendrait  peut-être  que  la  science  n'est  pas 
nécessairement  ennuyeuse,  et  ainsi  se  répandrait  de  proche  en  proche  le  goiit 
des  études  agricoles,  qui  laisse  encore  beaucoup  à  désirer  dans  notre  pays. 

«  Quand  vos  travaux  n'auraient,  du  reste,  messieurs,  que  cette  utilité  d'éclairer 


SÉANCE  SOLENNELLE    DE  LA  SOCIÉTÉ  NATIONALE    D'AGRICULTURE.     489 

le  gouvernement  sur  les  questions  qu'il  est  appelé  à  résoudre,  sur  les  réformes 
qu'il  a  pour  devoir  de  préparer,  il  serait  du  plus  haut  intérêt  public.  Il  faut  vous 
rendre  cette  justice,  que  ce  côté  de  votre  mission  a  toujours  été  rempli  par  vous 
avec  un  dévouement  pour  lequel  je  vous  apporte  ici  le  témoignage  sincère  de  ma 
reconnaissance.  C'est  grâce  à  vous  qu'il  est  permis  aux  pouvoirs  publics  de  tran- 
cher en  toute  sécurité  et  en  pleine  connaissance  de  cause  les  questions  législatives 
les  plus  délicates,  les  plus  controversées. 

«  Je  n'en  veux  d'autre  exemple  que  celui  que  je  trouve  dans  une  de  vos  récentes 
délibérations.  Que  n'avait-on  pas  dit  depuis  quelques  années  sur  le  privilège  du 
vendeur  d'engrais?  Combien  de  bons  esprits  s'étaient  attachés  à  ce  moyen  en 
apparence  si  efficace  de  crédit  agricole?  Un  courant  général  d'opinion  s'était 
formé,  qui  emportait,  comme  d'instinct,  tout  le  monde  vers  la  création  de  ce  droit 
nouveau.  Vous  êtes  venus,  messieurs,  vous  avez  mis  la  question  à  l'étude  vous 
l'avez  approfondie  en  savants,  en  économistes,  en  législateurs,  et.  après  le  rapport 
de  mon  honorable  collègue,  M.  Gaudin,  avec  lequel  je  suis  sur  tant  de  points  en 
communion  d'idées,  il  n'est  plus  rien  resté  de  cette  conception  si  séduisante.  Vous 
avez  fait  pour  toujours  la  lumière  sur  un  des  points  les  plus  délicats  de  la  légis- 
lation agricole. 

«  Vous  me  permettrez,  messieurs,  de  me  prévaloir,  à  l'occasion  de  ce  précédent, 
et  de  l'encouragement  que  j'y  trouve,  pour  faire  un  nouvel  appel  à  vos  lumières 
sur  la  question  fondamentale  de  l'organisation  du  crédit  agricole  lui-même,  qui 
a  déjà  été  de  votre  part  l'objet  d'études  si  approfondies. 

«  Dans  mon  esprit,  cette  question  mérite  de  passer  en  ce  moment  au  premier 
rang  et,  si  mon  passage  au  ministère  pouvait  aider  à  la  résoudre,  je  considère 
que  ce  serait  pour  moi  un  très  grand  honneur. 

«  Je  ne  crois  pas  qu'il  y  a.it,  à  l'heure  qu'il  est,  beaucoup  de  réformes  qui  tou- 
chent plus  que  celle-là  aux  intérêts  vitaux  de  notre  agriculture.  Quand  j'analyse 
les  causes  nombreuses  de  la  crise  prolongée  qu'elle  traverse,  quand  je  passe  en 
revue  tous  les  remèdes  qu'on  propose  d'y  apporter,  j'en  viens  à  me  dire  que  le 
plus  efficace  de  tous,  après  l'instruction,  serait  encore  de  donner  au  cultivateur 
le  capital  qui  lui  manque. 

«  Je  sais  bien,  messieurs,  qu'il  ne  suffit  pas  de  lui  donner  le  capital  et  qu'il  faut 
encore  qu'il  sache  s'en  servir  ;  je  sais  aussi  que  souvent,  trop  souvent,  il  néglige 
d'être  son  propre  banquier,  quand  il  le  pourrait  si  aisément,  et  qu'il  place  trop 
volontiers  son  argent  en  valeurs  de  toutes  sortes  au  Heu  de  l'incorporer  dans  la 
terre  qui  le  récompenserait  au  centuple.  Mais  je  sais  également  que,  tous  les  jours, 
l'honnête  homme  qui  n'a  que  ses  bras  et  son  inteUigence  les  offre  en  vain  comme 
garantie  de  l'emprunt  dont  il  aurait  un  besoin  indispensable  et  que,  faute  de  res- 
sources suffisantes,  il  est  condamné  à  des  modes  de  culture  imparfaits  et  impro- 
ductifs. Ce  qui  lui  manque,  c'est  cette  baguette  magique  qui  transforme  tout 
et  qui  s'appelle  le  crédit. 

ce  Eh  bien,  messieurs,  il  faut  que  nous  le  lui  donnions  :  nous  le  lui  devons. 
Nous  le  lui  devons  d'autant  plus  que  la  plupart  de  ses  concurrents  étrangers,  contre 
lesquels  il  lutte  avec  tant  de  peine,  jouissent  presque  partout  de  cet  immense 
avantage  et  qu'ils  le  retournent  contre  lui. 

«Je  reconnais  volontiers  que  notre  situation  n'est  pas  la  même  et  qu'il  n'est  pas 
facile  d'organiser  financièrement  le  crédit  agricole  dans  un  pays  comme  le  nôtre  où 
l'initiative  individuelle  est  si  paresseuse,  où  le  capital  est  à  la  fois  si  hardi  et  si 


Gouvernement,  sans  attendre  plus  longtemps  que  le  crédit  agricole  sorte  de  terre 
comme  parenchantement,  prenne  résolument  en  main  la  question  pour  la  résoudre. 

«  C'est  là  un  des  devoirs  puissants  que  la  situation  actuelle  impose  au  minis- 
tre de  l'agriculture  ;  je  tâcherai  de  le  remplir  de  mon  mieux,  non  seulement  en 
hâtant  le  vote  des  lois  qui  sont  en  ce  moment  soumises  au  Parlement,  mais 
encore  et  surtout  en  préparant  les  moyens  d'application  qui  en  sont,  à  mon  avis, 
le  complément  indispensable.  Je  ne  me  dissimule  pas  qu'il  faut,  pour  l'acccom- 
pHsseraent  d'une  tâche  hérissée  de  tant  de  difficultés,  autre  chose  que  la  bonne 
volonté  d'un  ministre,  et  qu'il  ne  saurait  se  pa-^ser  du  concours  dévoué  de  tous 
les  hommes  compétents  qui  ont  médité  sur  ces  graves  problèmes. 

«  Vous  m3  permettrez,  je  l'espère,  quand  le  moment  en  sera  venu,  de  faire 
appel  aux  vôtres  pour  m'éclairer  et  me  fortifier;  rien  ne  saurait  me  donner  plus 


490     SÉANCE  SOLENNELLE  DE  LA  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'AGRICULTURE. 

de  confiance  et  d'autorité  que  la  haute  approbation  d'un  corps  qui  est  l'expression 
la  plus  élevée  de  la  science  agricole  dans  notre  pays. 

«  Si  nous  réussissons,  messieurs,  si  nous  parvenons  à  doter  notre  pays  de  cette 
féconde  institution  du  crédit  agricole,  vous  aurez  aussi  votre  part  du  triomphe, 
d'un  triomphe  qui  ne  sera,  du  reste,  ni  le  vôtre,  ni  le  mien,  qui  sera  le  triom- 
phe de  ce  que  nou;?  avons  de  plus  cher,  de  ces  admirables  populations  agricoles 
qu'on  n'aimera  jamais  autant  qu'elles  le  méritent.  » 

Le  morceau  capital  de  la  séance  a  été  un  discours  magistral  de 
M.  Dumas,  écrit  dans  le  style  le  plus  élevé,  et  où  l'agrément  de  la 
forme  rivalise  avec  la  noblesse  de  la  pensée.  Le  thème  choisi  par 
l'illustre  savant  était  l'exposé  des  conquêtes  que  l'agriculture  doit  aux 
découvertes  de  la  science  française;  le  champ  était  vaste  et  fécond, 
mais  c'est  avec  un  véritable  enthousiasme  que  l'auditoire  charmé  y  a 
suivi  l'orateur.  Il  est  impossible  d'analyser  une  telle  œuvre,  dans 
laquelle  on  reconnaît  à  la  fois  l'un  des  plus  grands  maîtres  de  la 
science  moderne,  jugeant  avec  l'impartiale  autorité  qui  lui  appartient, 
et  l'un  des  plus  brillants  esprits  de  l'Académie  française.  Nos  lecteurs 
liront  ce  discours  et  ils  en  conserveront  l'impression  que  tous  les 
auditeurs  ont  ressentie. 

M.  Barrai  a  donné  ensuite  lecture  du  compte  rendu  des  travaux  de 
la  Société  depuis  sa  dernière  séance  publique.  La  tâche  était  difficile; 
il  ne  nous  appartient  de  dire  qu'une  chose,  c'est  qu'elle  a  été  remplie 
avec  la  clarté,  l'élégance  et  la  hauteur  de  vues  que  nos  lecteurs  con- 
naissent. 

Après  ces  lectures,  les  récompenses  décernées  par  la  Société  sur  les 
rapports  de  MM.  Boitel,  Risler,  Heuzé,  Berlin,  Pasteur,  Barrai,  Lavallée, 
Bouchardat,  Gaston  Bazille,  Bouley,  Gayot,  Chabot-Karlen,  Josseau  et 
Grandvoinnet,  ont  été  proclamées  comme  il  suit  : 

Section  de  grande  culture. —  Objet  cV an  décerné  à  M.  Auq.  Goffart,  proprié- 
taire-agriculteur à  Burtin  (Loir-et-Cher),  pour  l'invention  de  l'ensilage  du  niaïs 
et  des  autres  fourrages  verts.  —  Grande  médaille  d'or  à  M.  Yalkrand,  propriétaire- 
agriculteur  à  Moufilaye  (Aisne),  pour  l'invention  de  la  grande  charrue  défoocease 
dite  la  Révolulinn  \  — à  M.  Nlcolus,  propriétaire-agriculteur  à  Arcy,  par  Chaumes 
(Seine-et-Marne),  pour  la  création  de  la  ferme  Jaitière  d'Arcy-en-Brie.  —  Médaille 
d'or  à  feffiqie  4' Olivier  d?,  Serres,  à  M.  Emile  Vautier,  propriétaire  du  domaine 
de  l'Armeillère  (Bouche-du-Rhôn  •),  et  à  M.  Louis  Rei'-h,  agriculteur  au  domatne 
de  l'ArmeillèreiBouches-du-Rhône),  pour  travaux  d'améliorations  agricoles  exécutés 
à  rArmeillère-en-Gamargue. 

Secti-n  des  cultures  spéciales.  —  Grande  médaille  d'or  à  M.  Gayon,  pro- 
fesseur à  la  Faculté  des  sciences  et  directeur  de  la  station  agronomique  de  Bor- 
deaux, pour  l'ensemhle  de  ses  travaux  d'histoire  naturelle  agricole  ;  —  à  M  Baij!e' 
propriétaire-agriculteur  à  li  Tour-Girbounière,  commune d'Aigues-Mortes 'Gard) , 
pour  la  cri''ation  de  vignobles  dans  les  sables  d'Aigues-Mortes  ;  —  à  M.  Abii  Car, 
rièrc  rédacteur  en  ciief  de  la  Revue  horticole,  pour  l'ensemble  de  ses  tr.ivaux 
d'horticulture.  —  Médaillés  d'or  à  ïefjljie  d' Olivier  de  Serres,  à  M.  le  D''  Fréd.  Ca- 
zalis,  propriétaire-agric'ilteur  aux  Aresquiers,  par  Vicies-Etangs  (Hérault),  et  à 
M.  GasL  Fuêx,  directeur  de  l'école  nationale  d  agriculture  de  Mantpellier,  pour 
la  traduction  de  Y A-apéloff rapide  unioerselle  du  comte  José  de  Rovasenda.  — 
Méd'DVe.s  a'argml  è  M.  ie  D^  Plonquel,  à  Ay-Ghampagne  (Marne),  pour  l'cn- 
sernbie  de  ses  travaux  de  viticulture  etd'œnologie;  —  à  M.  Frécliou,  propriétaire 
à  Nerac  (Lot-et-Graronne),  pour  ses  recherches  sur  le  mildew  dans  les  vignes  du 
sud-ouest  de  la  France. 

Section  d'économie  des  animaux.  —  Priv  Béhague,  de  1,000  francs,  partage 
entre  "mm.  Arloinq,  Co  nevin,  professeurs  à  l'Ecole  nationale  vétérinaire  de  Lyon, 
et  Tknmns,  vétérinaire  à  Dammartin,  par  Montigy-le-Roi  (Haute-Marne),  pour 
leurs  travaux  sur  le  charbon  symptoinatique  (Une  médaille  d'or  à  i'e/fijie  d'Olivier 
de  Serres  est  en  outre  ait  ibuée  à  chacun  des  lauréats).  —  Médaille  d'or  àl'e/figie 
d'Olivier  de  Serres,  à  M  Morot,  vétérinaire  à  Paris,    pour  ses  recherches  sur  les 


SÉANCE  SOLENNELLE  DE  LA  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'AGRICULTURE.     491 

pelotes  stomacales  des  léporidés;  —  à  M.  le  colonel  Basserie,  au  Mans  (Sarllie), 
pour  son  système  de  drainage  des  étaiîles  et  des  écuries;  —  à  M.  A.  Gobin^  pro- 
fesseur départemental  d'agriculture  à  Lons-le-Saunier  (Jura),  pour  ses  études  sur 
la  pisciculture  en  eaux  douces  et  en  eaux  salées.  —  Médaille  d'avgoil  à  M.  Gaell^ 
vétérinaire  à  Mondoubleau  (Loir-et-Glier). 

Médaille  d'or  à  Ceffiyie  d'Olivier  de  Serres,  à  M.  Marquis,  vétérinaire  à  Louville, 
par  Ouarvilie  (Eure-et-Loir),  et  à  M.  Verrier^  vétérinaire  départemental  à  Pro- 
vins (Seine-et-Marne),  pour  services  rendus  dans  la  propagation  de  la  vaccination 
charbonneuse.  —  Médailles  d'argent  pour  services  rendus  dans  la  propagation 
de  lavaccmation  charbonneuse  :  M.  Danvillel,  président  de  la  Société  des  vétéri- 
naires delaGliarente,  à  Barbezieux  (Charente)  ;A'I.  Picheney,  vétérinaire  en  premier 
au  21®  régiment  d'artillerie,  en  garnison  à  Angoulème  (Charente)  ;  M.  Durand, 
M.  Farine  et  M.  Ouerrin,  vétérinaires  à  Nevers  (Nièvre)  ;  M.  Lecœur,  vétérinaire 
à  Oisonville,  par  Sainville  (Eure-et-Loir);  M.  Clichy,  vétérinaire  à  Janville  (Eure- 
et-Loir);  M.  Bouvet^  vétérinaire  à  Voves  (Eure-et-Loir);  M,  Dauvois,  vétérinaire 
à  Grignéville,  par  Pithiviers  (Loiret)  ;  M.  Bigot,  vétérinaire  à  Bonneval  (Eure-et- 
Loir).  —  Mentions  honorables  :  M.  Henry,  vétérinaire  à  Dammartin  (Seine-et- 
Marne)  ;  M.  Gayrnt^  vétérinaire  àAblis  (Seine-et-Oise)  ;  M.  Dodillon,  vétérinaire  à 
Provins(Seine-et-Marne);  M.  i/a/<ian,  vétérinaire  àVillenauxe  (Aube);  M.  Lesage, 
vétérinaire  à  Neuville-aux-Bois  (Loiret)  ;  M.  Marniesse,  vétérinaire  à  Meaux 
(Seine-et-Matne)  ;  M.  C/m55J/iaï,  vétérinaire  à  Sermaises  (Loiret);  M.  Mathé,  vété- 
rinaire à  Sergines  (Yonne);  M.  Fournier,  vétérinaire  à  Angerville  (Seine-et- 
Oise)  ;  M.   Beavjean^  vétérinaire  à  Nogent-sur-Seine  (Aube). 

SeCTIOiND'ÉCOXOMIE,  DE  STATISTIQUE  ET  DE  LÉGISLATION  AGRICOLES.  — Médaille 

d'or  à  l'effigie  d'Olivier  de  Serres,  à  M.  Louis  Aubril,  instituteur  public  à  Saint- 
Planchers,  près  Grranville  (Manche),  pour  l'ensemble  de  ses  travaux  d'enseigne- 
ment primaire  agricole. 

Section  des  sciences  physico-chimiques  agricoles.  — Médaille  d'or  à  l'effigie 
d'Olivier  de  Serres,  à  M.  Laugier,  directeur  de  la  station  agronomique  de  Nice 
(Alpes-Maritimes),  pour  ses  travaux  sur  l'emploi  comparatif  et  simultané  du 
sulture  de  carbone  et  du  sulfocarbonate  de  potassium  contre  le  phylloxéra. 

Section  de  mécanique  agricole  et  des  irri^^ations.  —  Médaille  d'argent  à 
M.  Bureau,  chef  de  pratique  à  l'Ecole  nationale  d'agriculture  de  Grrignon  (Seine- 
et-Oise),  pour  son  système  de  charrue  à  âge  tournant. 

C'est  au  milieu  des  applaudissements  unanimes  que  les  lauréats  sont 
venus  chercher  les  récompenses  qui  les  attendaient.  L'assemblée  a  par- 
ticulièrement applaudi  aux  noms  de  MM.  Goffart,  Nicolas,  Reich,  Bayle, 
Gobin,  et  à  ceux  des  vétérinaires  qui  se  sont  donné  pour  mission  de 
répandre  la  méthode  de  vaccination  charbonneuses  due  à  M.   Pasteur. 

Henry  Sagkiek. 

DISCOURS  DE  M.  MÉLINE,  MINISTRE  DE  yAGRIGULTURE 

AU    CONCOURS  RÉGIONAL    DE    CAEN^ 
IL  —  Discours  prononcé  au  banquet 

Messieurs,  je  remercie  M.  le  maire  et  M.  le  président  du  Conseil  général  des 
paroles  de  bienvenue  dont  ils  ont  bien  voulu  saluer  les  représentants  du  gouver- 
nement et  je  puis  les  assurer  que  nous  sommes  profondément  touchés  de  la 
réception  aussi  cordiale  que  magaifique  qui  nous  est  faite  dans  cette  grande  et 
belle  ville  ds  Gaen.  Si  je  prends  la  parole  le  premier,  c'est  que  cette  iete  est  avant 
tout  celle  de  l'agriculture  et  que,  d'ailleurs,  c'est  au  ministre  de  l'agriculture  que 
s'adresse  surtout  le  discours  que  vous  venez  d'entendre. 

Nous  avons  écouté  religieusement,  comme  c'était  notre  devoir,  l'expression  des 
vœux  particuliers  et  généraux  que  l'honorable  M.  de  Sai ut-Pierre  nous  a  présentés 
en  votre  nom,  et  je  n'ai  pas  besoin  de  vous  dire  qu'ils  seront  de  notre  part  l'objet 
du  plus  attentif,  du  plus  bienveillant  examen. 

Croyez  bien,  messieurs,-  que  iiois  voudrions  pouvoir  donngr  satisfaction  au 
plus  important  d'entre  eux,  celui  qui  a  trait  au  dégrèvement  des  imj)ôts,  et  que  nous 
sommes  aussi  impatientai  que  vous  de  diminuer  les  charges  qui  pèsent  sur  aos 
pojiulations  agricoles.  Mais  M,  de  Saint-Pierre  sait  aussi  bieu  que  moi  comment 
le  malheur  des  temps,  l'iaclémence  des  saison'^,  les  fléaux  sms   nombre  qui  se 

1.  Voir  le  Journal  du  23  juin,  p  iir'i  470J..<      «^  volume. 


492  DISCOURS  DE  M.  MÉLINE  AU  CONCOURS  RÉGIONAL  DE  CAEN. 

sont  abattus  sur  notre  malheureuse  agriculture  ont,  dans  ces  derniers  temps, 
paralysé  toute  la  bonne  volonté  des  pouvoirs  publics  en  substituant  à  des  plus- 
values  d'impôt  qui  allaient  toujours  en  progressant  des  moins-values  d'une 
fâcheuse  persistance. 

J'ai  la  terme  conviction  que  cette  crise  ne  sera  que  passagère  :  que  le  ciel  nous 
gratifie  seulement  pendant  quelques  semaines  d'une  bonne  température,  et  nous 
verrons  bien  vite  nos  finances  remonter  avec  le  baromètre.  Alors,  le  jour  de  l'agri- 
culture viendra,  et  personne  ne  songera  à  lui  contester,  cette  fois,  son  droit  de 
jouir  par  privilège  du  premier  dégrèvement  possible.  Je  ne  désespère  pas  de  voir 
déjà  le  prochain  budget  lui  faire  une  petite  place,  bien  modeste,  sans  doute;  mais, 
si  peu  qu'on  fasse,  ce  sera  déjà  un   commencement  et  comme  un  gage  d'avenir. 

J'ai  tort  de  parler  de  l'avenir,  car  nous  avons  déjà  fait  un  pas  dans  cette 
direction. 

Il  y  a  quelques  jours  seulement,  la  Chambre  votait  un  projet  de  loi  qui  abaisse 
de  3  fr.  50  pour  100  à  20  centimes  l'échange  des  propriétés  non  bâties  :  cette  loi 
est  excellente  et  rendra  de  très  grands  services  à  l'agriculture  en  corrigeant  ce 
que  le  morcellement  excessif  de  la  propriété  a  de  funeste  et  en  permettant  de  la 
concentrer  comme  l'exige  souvent  une  bonne  exploitation. 

La  veille  du  vote  de  la  loi,  je  recevais  une  lettre  à  ce  sujet  d'un  agriculteur 
distingué,  qui  me  disait  textuellement  :  <■  Mon  expérience  m'a  appris  qu'un  hec- 
tare de  terre  d'un  seul  tenant,  cultivé  en  blé,  donne  un  rendement  de  20  hecto- 
litres, alors  que,  partagé  en  quatre  morceaux,  il  n'en  produit  plus  que  16.  » 

C'est  l'exacte  vérité,  et  j'en  c'onclus  qu'il  y  a  là  un  dégrèvement  qu'on  aurait 
tort  de  dédaigner. 

Mais,  messieurs,  je  ne  voudrais  pas  vous  laisser  sous  cette  impression  que 
c'est  là  tout  ce  qu'on  a  fait  pour  l'agriculture;  je  voudrais  vous  prouver  qu'on  a 
fait  bien  davantage  pour  elle  depuis  six  ans  et  qu'elle  occupe  la  place  qu'elle 
mérite  dans  le  budget  de  la  France.  Quand  on  jette  un  regard  impartial  sur  le 
chemin  parcouru  dans  ces  dernières  années,  on  est  forcé  de  convenir  que  jamais, 
à  aucune  époque,  le  cultivateur  français  n'a  été  entouré  de  plus  de  sympathies  et 
qu'aucun  gouvernement  ne  lui  a  témoigné  plus  de  sollicitude  que  le  gouvernement 
républicain. 

Il  ne  suffit  pas  de  le  dire,  il  faut  le  prouver,  et  c'est  ce  que  je  vais  essayer  de 
faire,  si  vous  le  permettez,  en  passant  avec  vous  rapidement  en  revue  toutes  les 
mesures  législatives  ou  administratives  qui  ont  eu  en  vue  l'intérêt  de  l'agri- 
culture. 

Pour  procéder  avec  logique,  comme  on  le  devait,  dans  une  matière  aussi 
importante,  le  gouvernement  s'est  d'abord  attaqué  au  côté  le  plus  pressant  du 
problème,  à  celui  qu'il  s'impose  partout  dans  toutes  les  branches  de  l'activité 
humaine  :  à  l'instruction  professionnelle  du  producteur.  Il  y  avait  beaucoup  à 
faire  sous  ce  rapport,  car  nous  étions  en  retard  sur  la  plupart  des  pays  voisins. 

Nous  n'avions  pas  d'enseignement  supérieur  de  l'agriculture.  Il  avait  existé  un 
instant  seulement  en  1848,  quand  le  gouvernement  de  l'époque  eut  l'heureuse 
idée  de  créer  cet  Institut  national,  qu'on  a  justement  appelé  l'école  polytechnique 
de  l'agriculture,  qui  devait  donner  à  la  France  une  pépinière  de  savants,  de  pro- 
fesseurs, de  régisseurs  destinés  à  rendre  d'immenses  services  à  la  production 
agricole. 

Malheureusement,  le  premier  soin  du  gouvernement  impérial  fut  de  supprimer 
cette  utile  institution.  Rien  ne  fut  plus  fâcheux,  à  mon  avis,  que  cette  déplorable 
mesure,  et  je  n'hésite  pas  à  dire  que  nous  l'expions  encore  aujourd'hui.  Elle  eut 
pour  principale  conséquence  de  porter  en  masse  la  jeunesse  éclairée,  les  enfants 
de  la  bourgeoisie  vers  les  professions  industrielles,  qui  leur  offraient  un  enseigne- 
ment plus  relevé,  plus  scientifique,  et  de  la  détourner  de  l'agriculture,  qu'elle  s'ha- 
bitua à  considérer  comme  au-dessous  de  son  intelligence. 

Aussi,  messieurs,  le  gouvernement  actuel  n'a-t-il  pas  hésité  à  rétablir  l'Insti- 
tut agronomique  dès  1875;  aujourd'hui,  cette  utile  institution  est  en  plein  fonc- 
tionnement ;  son  personnel,  de  vingt  professeurs,  a  été  recruté  parmi  l'élite  des 
savants,  et  plus  de  cent  élèves  se  pressent  à  ses  cours.  Nous  envoyons  ensuite  ces 
élèves  en  mission  dans  les  diflerentes  parties  du  monde,  d'où  ils  nous  rapportent 
tous  les  progrès  réalisés  et  applicables  à  notre  pays. 

Il  ne  sulfisait  pas  de  créer  l'enseignement  supérieur,  il  fallait  reconstituer  l'en- 
seignement secondaire,  qui  laissait  aussi  beaucoup  à  désirer.  Il  se  réduisait  à 
quelques  écoles  régionales,  trop  savantes  et  trop  coûteuses  pour  les  fils  des  petits 


DISCOURS  DE  M.  MÉLINE  AU  CONCOURS  RÉGIONAL  DE  CAEN.         493 

cultivateurs,  et  aux  fermes-écoles,  dont  l'enseignement  ne  pouvait  suffire  qu'aux 
ouvriers  agricoles. 

Il  y  avait  là  une  lacune,  et  elle  a  été  comblée  de  la  façon  la  plus  heureuse  par  la  loi 
de  1875  qui  a  institué  les  écoles  pratiques  d'agriculture.  Ces  écoles  donnent  un  ensei- 
gnement à  la  fois  théorique  et  pratique,  et,  ce  qui  est  plus  important,  le  donnent 
surtout  au  point  de  vue  des  cultures  spéciales  à  la  région  où  se  donne  l'enseigne- 
ment. Chaque  département  peut  posséder  une  école  de  ce  genre  :  7  départements 
en  sont  déjà  pourvus,  6  autres  départements  sont  en  instance  pour  en  créer  de 
nouvelles,  et  je  suis  bien  certain  qu'avant  quelques  années  il  y  en  aura  presque 
partout. 

Il  faut  ajouter  que  ces  différentes  écoles  sont  reliées  entre  elles  par  un  système 
de  bourses  qui  va  de  l'école  primaire  jusqu'à  l'Institut  lui-même,  et  qui  met  ainsi 
la  gratuité  de  l'instruction  à  la  disposition  des  enfants  de  l'agriculture  :  je  ne  sache 
pas  de  régime  plus  démocratique  que  celui-là. 

Ce  n'est  pas  tout,  et,  pour  pousser  les  facilités  de  l'instruction  agricole  à  leurs 
dernières  limites,  l'Etat  a  tenu  à  la  porter  lui-même  sur  place  à  ceux  qui  ne  pour- 
raient pas  ou  ne  voudraient  pas  venir  la  chercher.  C'est  dans  cette  pensée  que  la 
loi  de  1879  a  créé  les  professeurs  départementaux  d'agriculture.  Ces  professeurs 
sont  tenus  de  faire  au  moins  une  conférence  par  semaine  et  de  se  transporter  alter- 
nativement dans  les  différents  cantons  pour  instruire  les  cultivateurs.  Ils  sont 
chargés,  en  outre,  de  professer  dans  les  écoles  normales  et  de  préparer  nos  jeunes 
instituteurs  à  la  mission,  qui  les  attend  plus  tard,  d'inculquer  aux  enfants  les 
notions  et  le  goût  des  choses  de  la  nature. 

54  départements  possèdent  déjà  ces  professeurs.  Dans  trois  ans,  tous  les  dépar- 
tements en  seront  pourvus  et  l'enseignement  de  l'agriculture  sera  obligatoire  dans 
toutes  les  écoles  de  France. 

Tout  cela,  n'est-ce  rien?  Je  dis,  moi,  que  c'est  une  véritable  révolution,  la  plus 
bienfaisante  de  toutes.  Je  sais  bien  que  tout  le  monde  ne  veut  pas  en  convenir  et 
je  lisais  dernièrement  avec  stupéfaction  le  discours  d'un  homme  politique  qui 
s'écriait,  en  parlant  de  ce  que  nous  avons  fait  pour  l'agriculture  :  «  Tout  cela  ne 
met  pas  un  centime  dans  la  poche  du  cultivateur!  » 

J'en  demande  bien  pardon  à  cet  adversaire  du  gouvernement,  qui  avait  sans 
doute  de  très  bonnes  raisons  pour  parler  ainsi.  J'affirme,  au  contraire,  qu'à  une 
époque  comme  la  nôtre,  où  l'agriculture  a  cessé  d'être  une  routine  pour  devenir 
une  science,  où  partout  dans  le  monde  elle  se-  transforme  au  point  de  vue  scien- 
tifique, où  la  lutte  n'est  possible  pour  elle  qu'à  la  condition  d'être  toujours  en  avant 
du  progrès,  l'instruction  du  cultivateur  est  tellement  nécessaire  qu'elle  n'est  plus 
seulement  une  question  de  richesse  et  de  fortune,  mais  bien  une  question  de  vie 
ou  de  mort  pour  l'agriculture  française! 

Mais  le  gouvernement  ne  s'est  pas  borné  à  ouvrir  au  cultivateur  de  larges 
sources  d'instruction,  il  est  venu  à  son  aide  sous  une  forme  plus  directe  et  plus 
positive.  Ici  le  champ  est  tellement  vaste  qu'il  faut  bien  que  je  divise,  selon  leur 
nature,  leur  caractère  et  leurs  résultats,  les  lois  qui  ont  été  faites  dans  ces  dernières 
années. 

Il  y  a  d'abord  celles  que  j'appellerai  d'organisation,  qui  ont  eu  pour  but  de 
constituer  la  propriété  rurale  sur  ses  véritables  bases  en  la  mettant  en  harmonie 
avec  les  besoins  nouveaux  et  les  progrès  de  notre  époque.  Leur  ensemble  constitue 
ce  qu'on  a  appelé  très  justement  le  code  rural,  c'est-à-dire  la  législation  particu- 
lière de  l'agriculture.  Depuis  un  demi-siècle,  c'était  là  l'éternelle  et  légitime 
revendication  des  campagnes  ;  mais  l'œuvre  était  si  compliquée  que,  malgré  toute 
la  bonne  volonté  des  gouvernements,  elle  n'avait  jamais  pu  aboutir. 

La  législature  actuelle  aura,  je  l'espère,  l'honneur  de  la  mener  à  fin.  (jràce  au 
Sénat,  qui  s'est  appliqué  à  cette  tâche  avec  un  grand  courage  et  une  infatigable 
persévérance,  nous  touchons  au  terme  de  cet  immense  travail.  Deux  titres  ont 
déjà  été  promulgués  :  celui  qui  est  relatif  aux  clôtures,  plantations,  droits  de 
passage,  et  celui  qui  organise  enfin  le  régime  siimportant  de  nos  chemins  ruraux. 
Dans  quelques  jours,  je  l'espère,  la  Chambre  votera,  après  le  Sénat,  le  projet 
de  loi  sur  les  vices  rédliibitoircs,  qui  aura  des  résultats  considérables  dans  une 
région  d'élevage  comme  la  vôtre.  Il  mettra  fin  à  ces  tracasseries,  à  ces  chantages, 
à  ces  procès  misérables  qui  font  le  désespoir  des  éleveurs  et  sont  une  entrave  de 
chaque  instant  au  libre  commerce  du  bétail. 

Avant  un  an,  le  code  rural,  ce  grand  monument,  depuis  si  longtemps  attendu, 
sera  élevé,  et  l'agriculture  jouira  enfin  du  régime  propre  qui  lui  convient  et  auquel 
elle  a  droit. 


494  DISCOURS  DE  M.  MÉLINE  AU  CONCOURS  RÉGIONAL  DE  CAEN. 

A  côté  des  lois  d'organisation,  il  faut  placer  les  lois  que  j'appellerai  de  défense 
et  de  protection  agricoles.  Au  premier  rang  de  celles-ci,  je  trouve  d'abord  cette 
loi  salutaire  sur  les  épizooties  qui  aura  pour  résultats,  dans  quelques  années,  de 
faire  disparaître,  avec  la  dernière  bête  contaminée,  le  deruier  germe  de  maladie 
contagieuse.  Sans  doute,  l'application  des  mesures  qu'elle  prescrit  coûte  cher  à 
nos  finances  :  la  dépense  pour  cette  année  ne  s'élèvera  pas  à  moins  d'un  million. 
Mais  c'est  de  l'argent  bien  placé,  si  l'on  considère  que  nous  dispenserons  notre 
malheureuse  agriculture  du  payement  d'un  tribut  annuel  qui  ne  s'élève  pas  à  moins 
de  25  et  30  millions. 

C'est  dans  le  même  ordre  d'idées  que  le  Sénat  vient  de  voter  la  loi  sur  la  sur- 
veillance des  étalons,  ([ui  est  destinée  à  rendre  de  si  grands  services  aux  éleveurs 
consciencieux  et  qui  transformera,  je  n'en  doute  pas,  avant  quelques  années, 
toute  notre  production  chevaline. 

Si  nous  avons  donné  aux  régions  du  Nord  la  loi  contre  les  épizooties,  nous  n'a- 
vons pas  oublié  le  Midi  et  nous  sommes  allés  à  son  secours,  sans  marchander, 
quand  il  a  fallu  le  défendre  contre  l'invasion  du  phylloxéra.  Grâce  aux  mesures 
énergiques  qui  ont  été  prises,  aux  sacrifices  que  l'Etat  s'est  imposés,  la  marche  du 
fléau  a  pu  être  enrayée,  et  j'ai  la  ferme  conviction  que  le  jour  n'est  pas  loin  où 
nous  en  aurons  raison.  Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  que  nous  reconstituons  nos 
vignes  au  fur  et  à  mesure  de  leur  destruction,  si  bien  qu'à  l'heure  qu'il  est  nous 
possédons  encore  2  milUons  135,000  hectares  de  vignes,  ce  qui  est  à  peu  de  chose 
près  le  chiffre  de  1869. 

Il  est  vrai  que  nous  dépensons  pour  cela  plus  de  douze  cent  mille  francs  par 
an,  et  que,  depuis  1879,  nous  avons  affecté  près  de  sept  millions  à  cette  restau- 
ration. 

Pour  être  complet  sur  ce  point,  il  faut  bien  que  je  mentionne  en  passant  cette 
grande  loi  du  gazonnement  et  du  reboisement  des  montagnes,  votée  en  1882, 
qui  n'aura  pas  seulement  pour  résultat  d'augmenter  notre  capital  forestier,  mais 
qui,  en  fixant  et  en  réglant  le  cours  des  torrents,  mettra  un  terme  à  ces  inonda- 
tions périodiques  qui  coûtent  si  cher  à  la  propriété  agricole. 

Après  les  lois  de  défense  viennent  les  grandes  lois  d'ordre  économique  qui  ont 
donné  à  l'agriculture  l'outillage  nécessaire  pour  faciliter  ses  appro'àsionnements, 
diminuer  ses  frais  généraux  et  lui  ouvrir  partout  de  nouveaux  débouchés. 

Ici  je  trouve  d'abord  la  création  de  ces  nombreuses  voies  ferrées  entreprises  sur 
tous  les  points  de  la  France  depuis  quelques  années.  Je  ne  vais  pas  jusqu'à  dire 
que  tout  a  été  parfait  dans  ce  grand  travail  et  que  l'agriculture  n'en  a  pas  souffert 
momentanément  par  la  raréfaction  et  la  cherté  de  la  main-d'œuvre.  Cependant, 
qui  oserait  contester  que  ces  8,000  kilomètres  de  chemins  de  fer  livrés  à  la  circu- 
lation lui  profitent  dans  une  large  mesure  ?  Qui  oserait  nier  qu'ils  ont  facilité  la 
vente  des  produits  agricoles,  amélioré  les  exploitations  et  augmenté  la  valeur  de 
la  propriété  foncière  ? 

Mais  ce  qui  a  produit  des  résultats  plus  considérables  encore,  c'est  le  développe- 
ment extraordinaire  donné  à  notre  réseau  vicinal  qui  peut  seul  donner  aux  chemins 
de  fer  leur  véritable  valeur  au  point  de  vue  agricole.  Ici  encore,  il  faut  qu'on  sache 
bien  tout  ce  qu'a  fait  l'Etat  depuis  dix  ans. 

Vous  n'ignorez  pas  que  la  caisse  des  chemins  vicinaux  avait  reçu  sous  l'empire 
une  dotation  de  200  millions.  En  1879,  cette  dotation  a  d'abord  été  portée  de 
200  à  500  millions;  en  1880,  une  subvention  extraordinaire  de  80  millions  a  été 
accordée  à  la  même  caisse  à  titre  de  don  gratuit.  Enfin,  en  1883,  la  dotation  a 
encore  été  augmentée  de  20  millions  et  la  subvention  de  13  millions,  soit  en  tout, 
depuis  1879,  plus  de  400  millions  consacrés  à  l'achèvement  de  notre  vicinaHté. 
Qui  oserait  dire  que  de  pareils  sacrifices  ont  été  sans  résultats  pour  l'agriculture? 

Puisque  je  suis  au  chapitre  des  travaux  publics,  je  n'ai  pas  le  droit  de  passer 
sous  silence  un  ordre  particuher  de  travaux  à  peine  connus  et  essayés  jusqu'à  ce 
jour  et  qui  sont  destinés,  à  mon  avis,  à  opérer  dans  l'avenir  de  véritables 
miracles  :  je  veux  parler  de  ces  travaux  d'irrigation,  de  ces  canaux  d'arrosage  qui 
portent  la  fertilité  dans  les  plaines  les  plus  arides  et  qui  font  de  terres  sans  valeur 
les  plus  riches  et  les  plus  belles  cultures.  Pour  donnera  ce  genre  de  travaux  une 
impulsion  nécessaire  et  marquer  leur  véritable  caractère,  ils  ont  été  transportés  en 
1881  du  ministère  des  travaux  publics  au  ministère  de  l'agriculture  où  ils  sont  à 
leur  vraie  place.  A  l'heure  qu'il  est,  six  lignes  de  ces  canaux  sont  construites  ou  en 
cours  d'exécution  et  on  peut  affirmer  qu'elles  sont  en  train  de  transformer  la  face 
des  départements    qu'elles   traversent.   La    dépense   ne  sera   pas  de    moins    de 


DISCOURS  DE  M.  MELINE  AU  CONCOURS  RÉGIONAI.  DE  CAEN.  495 

27  millions  ;  elle  ira  tout  entière  augmenter  la  plus-value  de  notre  capital  foncier. 
A  tous  ces  avantages,  il  faudrait  ajouter,  si  on  voulait  être  complet,  celui  que 
la  gratuité  de  l'enseignement  primaire  a  procuré  aux  budgets  de  la  plupart  des 
communes  rurales  et  que  M.  de  Saint-Pierre,  dans  son  esprit  de  justice,  voulait 
bien  relever  lui-même  tout  à  l'heure. 

J'en  ai  fini,  messieurs,  avec  l'énumération  générale  des  principales  mesures 
prises  depuis  dix  ans  dans  l'intérêt  de  l'agriculture  ;  je  crois  qu'elle  vous  paraîtra 
sulfîsante  pour  établir  ce  que  j'avais  affirmé  et  prouver  à  tous  les  hommes  de  bonne 
foi  qu'on  n'a  jamais,  à  aucune  époque,  travaillé  au  bien  et  au  progrès  de 
l'agriculture,  avec  plus  de  persévérance  que  le  Gouvernement  rcpubhcain  depuis 
dix  ans. 

Mais  pour  que  ma  démonstration  soit  complète  et  irréfutable,  vous  me  per- 
mettrez d'en  faire  en  quelque  sorte  la  contre-épreuve  en  la  tirant  du  budget  même 
de  l'agriculture.  J'ai  eu  la  curiosité  de  faire  le  relevé  comparé  de  ce  budget  en 
1869  et  en  1883,  et  le  résultat  de  la  comparaison  a  été  que  le  budget  actuel  est 
exactement  du  double  de  ce  qu'il  était  en  1869.  Et  je  ne  comprends  dans  ces  chiffres 
ni  le  budget  des  haras,  qui  a  été  augmenté  de  3,b72,000  francs,  ni  celui  de  l'hy- 
draulique, qui  a  été  augmenté  de  près  de  6  millions. 

En  résumé  le  budget  particulier  de  l'agriculture,  sans  y  compter  les  forêts, 
dépasse  aujourd'hui  20  millions.  Faut-il  ajouter,  pour  que  la  comparaison  soit 
plus  saisissante  encore,  que  sous  la  Restauration  ce  budget  ne  s'est  jamais  élevé 
à  plus  de  300,000  francs.  Et  savez  vous  à  quoi  ces  300,000  francs  ont  été  en  partie 
employés  une  certaine  année?  Au  pavage  de  la  rue  de  Gourcelles.  Voilà  les  encou- 
ragements qu'on  donnait  à  l'agriculture  ! 

Et  maintenant,  messieurs,  il  me  sera  bien  permis  de  conclure  et  de  dire  que 
cette  analyse  répond  éloquemment  à  ces  détracteurs  systématiques  de  notre  ré- 
gime, qui  s'en  vont  répétant  que  nos  budgets  ont  démesurément  augmenté  et  que 
la  République  gaspille  l'argent  des  contribuables.  Vous  savez  maintenant  comment 
on  le  gaspille  :  en  faisant  des  chemins  de  fer,  des  routes,  des  canaux,  en  déve- 
loppant l'instruction  générale  du  pays,  en  prodiguant  Ips  encouragements  à  tout 
ce  qui  fait  la  richesse,  la  prospérité,  la  grandeur  de  la  France. 

J'en  ai  fini,  et  je  vous  demande  pardon  d'avoir  été  si  long,  mais  le  sujet  en  valait 
la  peine. 

Ne  croyez  pas,  messieurs,  que  je  tire  de  ce  que  je  vous  ai  dit  cette  conclusion 
qu'on  a  assez  fait  pour  l'agriculture  et  qu'il  ne  reste  plus  rien  à  faire.  Je  crois,  au 
contraire,  que  la  tâche  qui  reste  à  accomplir  est  immense,  aussi  immense  que  le 
champ  même  de  la  production  agricole,  qui  est  sans  limites.  G  est  en  pareille  ma- 
tière surtout  qu'on  peut  dire  que  rien  n'est  fait  tant  qu'il  reste  quelque  chose  à 
faire.  Je  vous  assure  que  j'en  ai  bien  le  sentiment  et  que  je  n'ai  nulle  envie  de 
m'endormir  sur  les  lauriers  de  mes  honorables  prédécesseurs. 

J'ai  voulu  seulement,  en  établissant  devant  vous  le  bilan  de  la  coopération  de 
l'Etat  dans  l'œuvre  de  l'agriculture,  prouver  à  nos  vaillants  cultivateurs  qu'ils  ne 
sont  pas  seuls,  qu'on  ne  les  abandonne  pas  et  qu'ils  auraient  tort  de  se  laisser 
aller  au  découragement. 

Le  découragement  n'est  jamais  bon  pour  personne,  il  serait  mortel  pour  l'agri- 
culture. Prenons  garde  qu'en  répétant  sans  cesse  aux  cultivateurs  que  leurs  souf- 
frances sont  intolérables  et  que  personne  ne  s'y  intéresse,  ils  ne  se  laissent  aller 
à  l'abattement  et  ne  perdent  courage.  G'est  à  un  sentiment  plus  viril  qu'il  faut 
faire  appel  si  on  veut  sortir  avec  avantage  d'une  crise  dont  il  dépend  de  nous 
d'abréger  la  durée. 

Il  y  a  un  autre  inconvénient  à  se  lamenter  trop  haut  et  trop  fort,  c'est  qu'on 
aggrave  le  mal  au  lieu  de  le  guérir.  A  force  de  dire  et  d'imprimer  que  l'agricul- 
ture se  ruine  et  qu'on  s'y  ruine,  qu'il  n'y  a  plus  d'argent  à  gagner  avec  la  terre 
et  qu'on  lui  prodigue  sa  sueur  en  pure  perte,  on  finit  par  le  persuader  à  l'opi- 
nion pubhque;  on  met  ainsi  en  fuite  le  capital,  le  travail,  et  on  accélère  cette 
émigration  vers  les  villes  dont  on  se  plaint  avec  tant  de  raison. 

Eh  bien,  messieurs,  je  n'hésite  pas  à  le  dire;  rien  dans  notre  situation  ne  jus- 
tifie cet  excès  de  désespoir.  Sans  doute  l'agricuUure  souffre,  comme  l'industrie 
souffre.  Mais  les  causes  qui  la  font  souffrir  sont  passagères,  et  d'ailleurs,  elles  ne 
sont  pas  générales. 

A  part  nos  malheureux  départements  du  Midi  entièrement  ravagés  par  le 
phylloxéra,  on  peut  affirmer  que  partout  il  y  a  des  branches  de  culture  qui  pros- 
pèrent et  qui  font  la  fortune  du  producteur.  Oh  1  sans  doute,  cette  fortune  ne  se 


496  DISCOURS  DE  M.  MÉLINE  AU  CONCOURS  RÉGIONAL  DE  GAEN. 

gagne  pas  aussi  vite  qu'à  la  Bourse,  mais  elle  se  gagne  plus  sûrement,  et  au 
moins  quand  on  l'a  gagnée  on  la  garde. 

Demandez-le  plutôt  à  ce  beau  et  riche  pays  de  Normandie  qui  vient  d'étaler 
devant  nous  les  trésors  de  sa  richesse. 

C'est  ici  vraiment  qu'il  faut  venir  si  on  veut  chasser  les  noires  pensées  et  les 
sombres  pronostics.  Aussi,  messieurs,  et  c'est  par  là  que  je  termine,  je  dis  qu'après 
avoir  contemplé  le  magnifique  spectacle  auquel  il  nous  a  été  donné  d'assister 
aujourd'hui,  après  avoir  vu  de  nos  yeux  ce  que  peuvent  l'énergie  et  l'intelligence 
du  cultivateur,  nous  n'avons  pas  le  droit  de  désespérer  et  que  nous  pouvons  en 
toute  confiance,  comme  je  vous  le  propose,  boire  à  la  prospérité  et  à  l'avenir  de 
l'agriculture  française. 

LA  VITICULTURE  EN  ALGÉRIE 

Lettre  à  M.  Debonno,  président  du  Comice  de  Boufarik. 

Veuillez  m'excuser  de  ne  pas  vous  avoir  écrit  encore  pour  vous 
remercier  de  nouveau  de  toutes  vos  bontés  pour  nous  lors  de  notre 
passage  à  Boufarik.  Mais  j'ai  été  si  occupé  à  mon  retour  par  la 
nécessité  de  remettre  au  courant  mes  affaires_,  que  je  n'ai  pu  le  faire 
plus  tôt. 

J'ai  été  très  frappé,  pendant  mon  excursion  en  Algérie,  de  l'impor- 
tance plus  considérable  encore  que  je  ne  le  pensais  du  mouvement 
viticole  qui  s'y  produit  ;  j'en  ai  été  heureux  pour  notre  colonie,  parce 
que  la  vigne  est  un  puissant  élément  de  colonisation;  mieux  qu'aucune 
autre  culture,  elle  attire  à  elle  les  capitaux  et  les  bras  qu'elle  peut 
rémunérer  largement. 

Malheureusement,  tous  vos  viticulteurs  ne  me  paraissent  pas  avoir 
tiré  encore  de  cette  belle  culture  tout  ce  qu'elle  est  susceptible  de 
donner,  la  plupart  n'ont  pas  une  confiance  suffisante  dans  la  fécondité 
de  la  vigne  et  un  petit  nombre  font  des  vins  de  bonne  qualité;  quelques- 
uns  s'égarent  enfin,  à  mon  avis,  à  la  poursuite  de  la  production  des 
vins  de  luxe  qui  n'a  jamais  été  dans  les  pays  méridionaux  aussi  avan- 
tageuse que  celle  des  vins  communs. 

Comme  à  notre  passage  à  Boufarik  vous  avez  bien  voulu  me  demander 
de  vous  faire  part  de  mes  impressions  sur  les  moyens  qui  me  paraî- 
traient de  nature  à  amener  quelque  amélioration  dans  votre  viticulture, 
je  prends  la  liberté  de  vous  soumettre  ici  les  idées  suivantes  : 

L'étude  attentive  à  laquelle  je  me  suis  livré  des  conditions  dans  les- 
quelles s'effectue  la  culture  de  la  vigne  dans  les  provinces  d'Alger  et 
d'Oran  m'a  démontré  qu'on  aurait  le  plus  grand  intérêt  à  s'y  rappro- 
cher le  plus  possible  des  procédés  employés  en  Languedoc  plutôt  que 
de  ceux  utilisés  en  Provence  et  qui  sont  plus  généralememt  suivis  par 
les  colons.  La  taille  que  l'on  fait  habituellement  en  ne  laissant  qu'un 
petit  nombre  de  bras  à  chaque  souche  et  à  chacun  de  ces  bras  un  cour- 
son  à  un  seul  œil  franc,  entraîne  la  production  d'une  grande  quantité 
de  rameaux  non  fructifères  que  l'on  voit  paraître  sur  les  vieux  bois  et 
jusqu'au  pied  de  la  souche;  il  serait  nécessaire  pour  utilise)*  la  végé- 
tation si  puissante  de  vos  vignes  de  multiplier  le  nombre  des  bras  et 
de  donner  deux  yeux  francs  à  chaque  courson  pour  arriver  à  transfor- 
mer en  fruits  l'excès  de  bois  que  l'on  produit  actuellement.  Des  pré- 
jugés existent,  je  le  sais,  à  ce  point  de  vue,  beaucoup  de  colons 
redoutent  d'épuiser  promptement  leur  vigne  en  augmentant  leur  pro- 
duction, mais  ces  craintes  ne  sont  nullement  fondées.  Je  les  ai  trou- 
vées autrefois  très  répandues  en  Provence  et  pourtant,  lorsque  le  sys- 


LA  VITICULTURE  EN  ALGÉRIE.  497 

tème  de  taille  du  Languedoc  a  pénétré  dans  cette  contrée,  les  faits  son: 
venus  en  démontrer  l'inanité.  M.  Faucon,  l'inventeur  de  la  submersion 
récoltait  dans  ses  vignes  de  Mourvèdre  à  Graveson  (Bouclies-du- 
Rhône)  40  hectolitres  par  hectare,  alors  qu'il  suivait  les  anciens  pro- 
cédés du  pays;  depuis  plus  de  dix  ans  qu'il  a  adopté  ceux  de  l'Hérault, 
ses  rendements  moyens  dans  les  mêmes  vignes  se  sont  élevés 
à  150  hectolitres.  La  production  des  quelques  vignobles  traités  par  les 
procédés  languedociens  en  Algérie  m'a  toujours  été  signalée  comme 
supérieure  à  celle  des  autres  qui  se  trouvent  dans  les  mêmes  conditions 
de  sols  et  de  développement.  Je  crois  donc  qu'il  n'y  a  pas  à  hésiter  et 
que  les  hommes  de  progrès  comme  vous  l'êtes  doivent  pousser  éner- 
giquement  dans  ce  sens. 

Au  point  de  vue  du  choix  des  cépages,  il  me  semble  que  sauf 
quelques  erreurs  qui  tendent  à  devenir  de  plus  en  plus  rares,  telles 
que  la  plantation  des  Pinots  de  Bourgogne,  des  Cabernets  de  Bor- 
deaux, etc.,  on  est  généralement  dans  une  bonne  voie.  La  Carignane, 
le  Mourvèdre  ou  Espar,  le  Morrastel  tendent  à  prédominer,  et  ce  sont 
bien  les  plants  qui  me  semblent  les  plus  convenables  tout  à  la  fois  pour 
votre  climat  et  pour  les  genres  de  vins  que  vous  avez  intérêt  à  pro- 
duire. C'est  avec  raison  que  l'on  a  renoncé  à  l'Aramon,  très  impres- 
sionnable à  l'action  du  sirocco  et  qui  donne  des  vins  manquant  de 
solidité.  L'abandon  progressif  du  Grenache  ou  Alicante  qui  produit 
des  vins  souvent  trop  sucrés  et  dont  la  couleur  manque  de  persistance 
est  également,  je  le  crois,  une  bonne  chose.  Il  sera  utile,  je  le  pense,  de 
multiplier  beaucoup  le  Petit-Bouschet  qui  remplacera  dans  une  certaine 
mesure  l'élément  de  quantité  que  ne  peut  vous  donner  l'Aramon,  qui 
fournira  à  vos  vins  des  plaines  fertiles  et  fraîches  une  couleur  qui  leur 
manque  souvent  et  à  ceux  trop  sucrés  des  terres  riches  de  la  province 
d'Oran  l'élément  aqueux  nécessaire  pour  les  ramener  au  degré  gluco- 
métrique  convenable  à  de  bonnes  fermentations. 

Un  seul  point  me  paraît  demander  une  étude  sérieuse,  c'est  celui  de 
la  synonymie  des  cépages  que  vous  cultivez  et  au  milieu  de  laquelle, 
d'après  ce  que  j'ai  vu,  règne  la  plus  grande  confusion,  ce  qui  est  par- 
ticulièrement regrettable  dans  une  période  de  grande  plantation 
comme  celle  que  vous  traversez.  Il  serait  utile  qu'un  homme  compé- 
tent allât  au  moment  de  la  vendange  étudier  cette  question. 

En  ce  qui  concerne  la  préparation  des  vins,  on  a  à  lutter  dans  toute 
la  partie  basse  et  chaude  de  l'Algérie  où  la  vendange  se  fait  de  très 
bonne  heure,  contre  les  difficultés  qui  sont  la  conséquence  naturelle 
du  climat  et  qui  expliquent  la  quantité  considérable  de  mauvais 
vins  que  l'on  rencontre  en  Algérie;  mais  ces  difficultés  ne  sont  pas 
insurmontables  ainsi  que  le  démontre  le  fait  que  nous  avons  pu 
déguster  de  très  bons  vins  obtenus  avec  les  mêmes  cépages  que  les 
autres  et  dans  des  terres  voisines.  La  seule  différence  étai't  que  dans 
un  cas  on  n'avait  pris  aucune  précaution,  et  dans  l'autre  cas  on  s'était 
prémuni  contre  l'influence  dangereuse  de  la  température  sur  les  fer- 
mentations vinaires.  Tout  le  monde  peut  donc,  c'est  ma  conviction, 
faire  de  bons  vins  en  Algérie,  et  la  mauvaise  réputation  qui  a  été  faite 
en  France  aux  vins  algériens  doit  être  nécessairement  modifiée. 

On  pourrait,  en  vue  d'améliorer  les  conditions  de  la  confection  des 
vins,  qui  me  paraît  être  le  point  faible  dans  la  tentative  si  intéres- 
sante et  si  pleine  d'avenir  qui  se  poursuit  actuellement  pour  la  création 


498  LA  VITICULTURE  EN  ALGÉRIE. 

d'un  grand  vignoble  algérien  :  en  premier  lieu,  demander  qu'un 
homme  compétent,  connaissant  bien  l'œnologie  des  pays  méridionaux, 
oij  se  pratique  la  production  des  vins  ae  grande  consommation,  vous 
fût  envoyé  pour  faire  une  étude  complète  des  difficultés  que  vous 
impose  votre  climat  et  des  moyens  propres  à  les  résoudre.  Il  trouverait 
déjà  une  large  part  de  la  besogne  faite,  grâce  aux  tentatives  cou- 
ronnées de  succès  d'un  certain  nombre  de  vos  viticulteurs,  mais  il 
pourrait,  en  comparant  les  moyens  employés  et  les  résultats  obtenus 
au  point  de  vue  technique  et  économique,  fournir  des  indications 
générales  qui  serviraient  de  règle  à  tous  les  vignerons. 

En  second  lieu,  il  me  semblerait  utile  de  faire  connaître  à  notre 
commerce  languedocien,  qui  s'occupe  de  la  vente  des  vins  communs 
de  grande  consommation,  vos  vins  algériens,  afin  de  le  faire  revenir 
de  la  mauvaise  impression  qu'il  a,  d'une  manière  trop  générale,  sur 
eux. 

Nous  pourrions  réunir  à  l'Ecole  des  échantillons  que  les  divers 
Comices  algériens  recueilleraient,  ils  seraient  étudiés  au  point  de  vue 
scientifique  dans  nos  laboratoires,  et  nous  les  soumettrions  à  l'appré- 
ciation d'une  réunion  de  négociants  notables.  M.  le  président  de  la 
Chambre  de  commerce  de  Montpellier  m'a  déjà  promis  le  concours 
très  sympathique  de  ce  corps,  et  il  m'offre  de  se  mettre  en  rela- 
tions, dans  ce  but,  avec  les  Chambres  de  commerce  de  Cette,  de  Béziers 
et  de  Nîmes,  Les  résultats  des  études  qui  seraient  faites  à  cette  occa- 
sion seraient  consignés  dans  un  rapport  auquel  on  donnerait  la  publi- 
cité que  l'on  jugerait  utile. 

Une  exposition  de  vos  vins  telle  que  celle  que  j'ai  l'honneur  de 
vous  proposer  présenterait  l'avantage  :  1"  de  démontrer  à  notre  com- 
merce, qui  en  doute,  que  l'on  fait  de  bons  vins  en  Algérie  et  que,  le 
jour  011  tout  le  monde  prendra  les  précautions  voulues  pour  cela, 
notre  colonie  deviendra  pour  lui  un  centre  d'approvisionnements  des 
plus  précieux;  2°  elle  signalerait  aux  viticulteurs  de  chez  vous  ceux 
d'entre  eux  qui  font  les  types  de  vins  les  plus  appréciés  par  le  commerce 
et  les  pousserait  à  les  imiter  dans  leurs  procédés;  3"  enfin,  elle  ren- 
drait quelque  confiance  aux  vignerons  découragés  par  leurs  insuccès 
en  leur  montrant  que  l'on  peut  réussir  à  la  condition  de  s'y  prendre 
autrement. 

Dans  le  cas  où  ce  dernier  projet  vous  paraîtrait  utile  comme  à  moi, 
je  crois  que  l'on  aurait  intérêt  à  le  réaliser  immédiatement  afin  qu'il 
pût  porter  ses  fruits  au  moment  de  la  prochaine  vendange. 

Je  vous  signalais  au  commencement  de  cette  lettre  un  dernier  point 
qui  me  paraissait  prêter  à  quelques  critiques,  c'est  la  tendance  un  peu 
trop  générale,  à  mon  gré,  que  j'ai  trouvée  en  Algérie  à  faire  des  vins 
de  luxe  :  sans  doute  quelques  particuliers,  qui  ne  produisent  que  de 
petites  quantités  et  qui  disposent  du  temps  et  des  relations  néces- 
saires peuvent  y  trouver  un  certain  bénéfice,  mais  ce  serait  je  crois  se 
lancer  dans  une  voie  dangereuse  que  de  l'entreprendre  sur  une  grande 
échelle;  en  effet,  les  débouchés  de  ces  produits  sont  forcément  limités 
par  leur  nature  et  par  leur  prix,  tandis  que  ceux  des  vins  communs 
de  grande  consommation,  bien  préparés,  peuvent  être  considérés 
comme  indéfinis.  De  plus,  les  rendements  des  vignes  susceptibles  de 
produire  des  vins  fins  sont  généralement  inférieurs  à  ceux  des  vignes 
qui  donnent  des  vins  communs,  dans  une  proportion  qui  n'est  pas  en 


LA  VITICULTURE  EN  ALGERIE.  499 

rapport  avec  l'excédent  du  prix  des  premiers  sur  celui  des  derniers. 

100  hectolitres  à  l'hectare  à  20  fr.  l'hectolitre,  soit 2,000  fr. 

valent  mieux  que  : 

20  hectolitres  à  60  fr.,  soit  1,200  fr. 

Telles  sont,  mon  cher  monsieur  Debonno,  les  quelques  réflexions 
que  m'a  suggérées  au  point  de  vue  viticole  mon  voyage  en  Algérie; 
excusez-moi  de  les  avoir  aussi  longuement  développées;  mais  je  sens 
si  bien  l'importance  considérable  qu'ont  dans  ce  moment  pour  vous 
les  questions  de  cet  ordre,  que  je  n'ai  pas  hésité  à  insister  sur  ce  qui 
les  concernait.  Inutile  d'ajouter  que  les  viticulteurs  algériens  peuvent 
absolument  compter  sur  moi  et  que  je  serai  heureux  toutes  les  fois 
qu'il  me  sera  possible  de  me  mettre,  ainsi  que  l'école  dont  la  direction 
m'est  confiée,  au  service  de  leurs  intérêts. 

Veuillez  enfin  agréer  mes  remerciements  vivement  renouvelés,  tant 
en  mon  nom  qu'en  celui  de  mes  collègues  et  de  mes  élèves,  pour 
votre  excellent  accueil  dont  nous  conserverons  toujours  le  souvenir  et 
l'expression  de  ma  considération  très  distinguée. 

G.  FoEX, 

Directeur  et  professeur  de  viticulture 
à  l'Ecole  nationale  d'agriculture  de  Montpellier, 

GRANDE  BATTEUSE  DU  SYSTEME  PEGARD 

A  diverses  reprises,  nous  avons  eu  à  parler  ici  des  machines  à  battre 
qui  sortent  des  ateliers  de  M.  Pécard,  constructeur  à  Ne  vers.  Ces 
machines  sont  appréciées  par  tous  les  agriculteurs  sous  le  double  rap- 
port du  bofl  fonctionnement  et  de  la  solidité.  Au  dernier  concours 
régional  de  Blois,  nous  avons  pu  examiner  une  batteuse  dans  laquelle 
M.  Pécard  a  imaginé  un  nouveau  système  de  nettoyage  complet  des 
grains,  sans  aucune  complication  d'organes  et  sans  exiger  une  augmen- 
tation de  force  motrice. 

Dans  ce  nouveau  mode  de  nettoyage,  le  constructeur  utilise  la  force 
aspiratrice  due  au  mouvement  rapide  du  batteur.  A  cet  effet,  il  a  établi 
deux  buses  latérales  de  chaque  côté  du  batteur  ;  ces  buses  établissent 
un  courant  d'air  rapide  qui  entraîne  les  otons  et  toutes  les  parties  de 
l'épi  qui  ont  échappé  au  premier  passage  dans  le  batteur  ;  elles  repassent 
entre  le  batteur  et  le  contrebatteur  et  elles  y  subissent  un  deuxième 
battage  qui  sépare  complètement  la  balle  du  grain.  Le  battage  se  fait 
donc  de  la  manière  la  plus  complote,  et  on  ne  laisse  pas  de  grain  dans 
les  balles.  Un  nouveau  nettoyage  s'opère  au  moment  où  le  grain  tra- 
verse la  boîte  d'où  il  tombe  dans  les  sacs;  les  buses  latérales  dont  il 
vient  d'être  question,  déterminent  dans  cette  boîte  un  courant  d'air 
très  violent;  le  grain,  qui  est  plus  lourd,  tombe  naturellement  dans 
les  sacs, -tandis  que  les  balles  et  les  poussières  sont  entraînées  de  nou- 
veau au  batteur. 

En  résumé,  le  battage  se  fait  proprement,  sans  laisser  de  grains 
dans  les  épis;  ceux-ci  sont  complètement  vidés,  sans  que  la  paille  soit 
brisée.  Quant  à  la  paille,  elle  passe  sur  les  secoueurs,  avec  régularité, 
et  elle  est  débarrassée  de  toute  matière  étrangère.  Le  nettoyage  du  grain 
est  aussi  complet  que  possible,  car  toutes  les  matières  légères  sont 
entraînées  par  les  aspirations  dont  il  vient  d'être  question  ;  le  grain, 
mis  en  sacs,  est  bon  à  être  vendu  dans  de  bonnes  conditions. 

La  force  nécessaire  pour  la  marche  de  cette  batteuse  à  grand  travail 


500 


GRANDE  BATTEUSE  DU  SYSTEME  PÉCARD. 


est  celle  d'une  machine  à  vapeur  de  5  à  6  chevaux.  Pour  les  fermes 
du  Midi,  où  l'on  a  l'habitude  de  briser  la  paille.  M.  Pécard  joint  à  sa 
machine  un  broyeur  de  paille,  combiné  de  telle  sorte  que  le  cultivateur 


peut  obtenir  sa  paille  droite  ou  hachée,  à  volonté.  —  La  largeur  du 
batteur  est  de  1'".60.  Le  prix  de  la  batteuse  est  de  2,500  francs  avec 
gros  batteur.  Henry  Sagnier. 

LES  HARAS  EN  1883'     ' 

II.  —  Lorsque,  à  la  fin  de  la  dernière  guerre,  la  France  recueillait 
ses  dépouilles  et  cherchait  à  réorganiser  la  défense,  on  vit  avec  terreur 
que  ce  n'étaient  pas  seulementles  hommes  qui  manquaient.  L'effectif  de 
nos  chevaux  s'était  aussi  épuisé,  et  l'on  fut  obligé  de  reconnaître  que 
nos  ressources  en  chevaux  n'avaient  jamais  été  à  la  hauteur  d'une 
guerre  comme  celle  que  nous  faisait  l'Allemagne.  La  disproportion 

1.  Voir  le  Journal  du  23  juin,  page  418  de  ce  volume. 


LES  HARAS  EN    1883.  501 

entre  les  deux  cavaleries  était  visible.  L'Allemagne  nous  avait  envahis, 
non  seulement  par  ses  hommes  si  durs  à  la  marche,  si  exercés,  mais 
aussi  et  surtout  par  ses  chevaux  de  guerre,  si  nombreux,  si  entraînés, 
et,  il  faut  bien  l'avouer,  par  ses  cavaliers  si  aguerris,  si  rompus  au 
service  d'éclaireurs,  si  habiles  à  former  le  rideau  mobile  derrière  lequel 
s'accomplissait  méthodiquement,  mécaniquement,  l'invasion  de  notre 
territoire. 

Il  y  avait  là  un  avertissement  qui  était  bien  de  nature  à  solliciter  les 
réflexions  de  nos  hommes  de  guerre.  Sous  l'empire,  une  admiration  de 
commande,  qui  remplaçait  toute  critique,  vantait  notre  puissance  che- 
valine à  l'égal  de  notre  puissance  militaire.  Nous  étions  invincibles  sur 
tous  les  points.  Notre  cavalerie,  comme  notre  armée,  était  à  la  hauteur 
de  toutes  les  lâches  que  l'empereur  voudrait  bien  lui  confier.  On  pou- 
vait le  croire,  car  des  efforts  considérables  avaient  été  demandés  aux 
départements  producteurs  et  éleveurs  de  chevaux.  L'empereur,  de  son 
côté,  passait  pour  aimer  les  chevaux,  pour  être  un  homme  de  cheval, 
pour  avoir  toujours  libéralement  distribué  les  encouragements  de  l'Etat 
aux  producteurs  et  aux  éleveurs.  Comment  les  résultats  avaient-ils  si 
prodigieusement  déçu  notre  attente?  Il  serait  trop  long  de  revenir  sur 
les  causes  de  défaillances  déjà  anciennes.  Qu'il  nous  suffise  de  rappeler 
la  principale,  celle  qui  suffit  à  tout  expliquer. 

L'empereur,  dans  la  question  chevaline,  comme  dans  toute  autre, 
avait  supprimé  l'initiative  et  le  contrôle  des  Chambres.  Il  avait  fait  de 
l'utile  institution  des  haras,  tant  par  lui-même  que  par  ses  favoris,  une 
institution  de  bon  plaisir  et  sans  contrôle,  soumise  à  toutes  les  fluc- 
tuations et  aux  caprices  de  quelques  courtisans.  On  vit  alors  l'esprit 
de  changement  irréfléchi  se  donner  carrière  et  soumettre  les  éleveurs 
à  des  volontés  souvent  contradictoires. 

Nous  habitions  à  cette  époque  un  de  nos  principaux  départements 
normands;  nous  y  étions  conseiller  général  et,  pendant  neuf  années, 
nous  ne  cessâmes  de  nous  élever  contre  la  mobilité  incessante  de 
l'administration  des  haras.  Nous  y  étions  invité  souvent  par  nos  éleveurs 
eux-mêmes,  qui  souffraient  de  ces  continuelles  incertitudes.  Nous 
connaissions  leurs  secrètes  pensées,  nous  nous  y  associions  par  nos  pro- 
testations; mais  ce  fut  en  vain  ;  au  lieu  de  nous  savoir  gré  d'une  oppo- 
sition dont  l'unique  but  était  d'arrêterM.  le  directeur  général  des  haras 
de  ce  temps  sur  une  pente  dangereuse,  on  nous  sut  mauvais  gré  de 
notre  indépendance. 

Si  nous  rappelons  ces  faits  déjà  loin  de  nous,  ce  n'est  point  pour  le 
frivole  plaisir  de  nous  donner  une  satisfaction  posthume,  mais  afin 
de  bien  faire  comprendre  que,  sur  ce  point  comme  sur  tant  d'autres, 
ce  sont  les  fautes  de  l'Empire  que  nous  avons  expiées  en  1870-1871 . 
La  destruction  de  la  jumenterie  de  Pompadour,  en  1860,  aurait  dû 
hanter  comme  un  remords  le  cerveau  de  ceux  qui  l'avaient  accomplie. 
Que  de  fois,  pendant  cette  guerre  désastreuse,  nous  avons  songé  à  nos 
anglo-arabes  systématiquement  supprimés  par  un  caprice  de  M.  le  mi- 
nistre d'Etat!  Il  y  avait  dans  ces  chevaux  des  ressources  de  résistance 
dont  nous  nous  serions  bien  trouvés  dix  ans  plus  tard.  Mais  on  avait 
voulu  uniformiser  la  race,  propager  dans  le  Midi  la  race  anglo-nor- 
mande !  Ce  fut  une  très  grande  faute,  et  nous  en  souffrons  encore.  Car, 
en  fait  de  races,  si  le  bien  est  lent  à  venir,  le  mal  est  l'affaire  d'une 
heure.  Autant  la  création  est  longue,  autant  l'amélioration  demande 


502  LES  HARAS  EN   1883. 

du  temps,  autant  il  en  faut  peu  pour  la  destruction.  Un  moment  suffit 
pour  renverser  ce  que  des  siècles  d'efforts  patients  ont  édifié.  L'Em- 
pire a  eu  une  funeste  influence  sur  les  destinées  du  cheval  de  guerre. 
L'Empire  commit  une  autre  faute  plus  grave  et  dont  la  suppression 
de  la  jumenterie  de  Pompadour,  si  funeste  à  l'élevage  du  Midi  et  du 
Centre,  n'avait  été  qu'un  indice.  La  direction  des  haras  sous  l'Empire, 
malgré  l'impulsion  très  vive  donnée  aux  éleveurs  de  la  région  nor- 
mande et  les  sommes  relativement  considérables  consacrées  à  l'encou- 
ragement de  la  race  chevaline,  avait  abouti  à  la  destruction  partielle 
ou  totale  de  nos  races  indigènes,  par  un  vice  de  méthode  et  l'abus 
d'un  système  :  vice  de  méthode  qui  consistait  à  tout  sacrifier  à  une 
vaine  et  fausse  uniformité;  abus  d'un  système  qui  pourrait  se  carac- 
tériser d'un  mot  :  le  croisement  continu.  Cette  double  erreur  nous  fut 
fatale;  mais  comme  nous  étions  sous  un  régime  où  l'on  était  habitué 
à  dire  comme  le  maître,  jurare  in  verha  mngistri,  il  fallut  la  guerre 
pour  mettre  cette  double  erreur  dans  tout  son  jour  et  en  faire  apprécier 
les  désastreuses  conséquences,  lorsqu'il  était  déjà  trop  tard  pour  y 
remédier.  La  mise  à  l'encan  des  juments  de  Pompadour,  quelles  que 
fussent  les  déplorables  suites  d'une  mesure  qui  dispersait  au  feu  des 
enchères  une  réunion  sans  pareille  d'animaux  d'élite  et  en  enrichissait, 
comme  à  plaisir,  les  haras  de  la  Russie  et  de  l'Allemagne,  n'avait  été, 
disions-nous,  qu'un  indice,  mais  un  indice  révélateur.  Le  but  vraiment 
funeste  que  Ton  poursuivait,  c'était  la  destruction  d'une  race  excel- 
lente, d'une  race  confirmée,  la  race  anglo-arabe,  au  profit  de  la 
maison  de  jeu  du  Jockey-Club  qui  se  sentait  menacée  par  cette  redou- 
table concurrence  et  l'avènement  prochain  des  anglo-arabes  sur  le 
turf.  Faire  rétrograder  la  race  orientale  qui  avait  conquis  le  monde, 
devant  l'anglo-norraand  dont  la  direction  des  haras  entendait  imposer 
la  suprématie  et  faire  le  type  unique;  vouloir  améliorer  la  population 
des  pays  au  sud  de  la  Loire  et  même  de  la  Bretagne,  par  une  infusion 
exclusive  du  demi-sang,  ce  fut  là  une  très  grande  faute,  et,  nous  ne 
craignons  pas  de  le  dire,  une  des  causes  de  nos  désastres.  Certes,  nous 
ne  refusons  pas  à  nos  anglo-normands  les  qualités  qui  font  le  cheval 
d'armes,  le  cheval  de  carrière.  Mais,  du  moment  que  l'Empire,  par 
suite  d'une  rivalité  séculaire  avec  l'Allemagne,  devait  être  amené  tôt 
ou  tard  au  choc  terrible  de  1870,  il  a  manqué  d'esprit  de  suite  et  de 
prévoyance  en  ne  préparant  pas  la  transformation  inévitable  du  cheval 
de  guerre  par  une  infusion  de  plus  en  plus  large  du  sang  oriental. 
Ainsi  le  voulaient  la  loi  du  progrès  moderne  et  le  rôle  tout  nouveau 
de  la  cavalerie.  Nous  n'en  étions  plus  à  l'époque  des  tournois  et  des 
carrousels.  La  cavalerie,  dans  la  guerre  moderne,  devenait,  comme 
nous  l'avons  dit,  le  rideau  mobile  derrière  lequel  toute  une  armée  se 
dissimule,  les  yeux  ouverts  sur  l'ennemi.  Le  rôle  d'éclaireurs  a  par- 
tout remplacé  celui  des  masses  profondes  faisant  trembler  la  terre. 
C'est  donc  la  vitesse  substituée  au  poids  qu'il  fallait  surtout  demander 
aux  éleveurs  :  la  vitesse  qui  n'exclut  ni  la  solidité  ni  la  résistance, 
qui  les  suppose  au  contraire.  Nos  ennemis  l'avaient  bien  compris  et, 
lorsque  la  guerre  éclata,  l'apparition  du  uhlan  signala  partout  cette 
évolution  nouvelle  qui  étonna,  qui  terrorisa  presque  nos  braves  popu- 
lations de  lEst.  C'est  que  l'Allemagne,  mieux  inspirée  et  préparant 
scientifiquement  la  guerre,  eu  avait  renouvelé  lentement  et  méthodi- 
quement tpus  les  éléments  essentiels,  tandis  que,  éblouis  par  nos  pré- 


LES  HARAS  EN   18S3,  503 

cédents  succès,  nous  restions  attachés  à  la  vieille  routine  ou  soumis 
au  caprice  du  Prince  et  à  la  légèreté  de  ses  conseillers. 

Un  vice  de  méthode  avait  empêché  la  transformation  nécessaire  du 
cheval  de  guerre  et  préparé,  malgré  la  bravoure  du  cavalier,  malgré 
des  charges  héroïques  devenues  légendaires,  la  ruine  de  notre  cava- 
lerie. L'abus  du  système  accomplit  la  destruction  partielle  ou  totale 
de  nos  races  indigènes.  Ce  système,  que  nous  avons  déjà  caractérisé, 
ce  fut  celui  des  croisements  continus,  partout  substitué  à  une  sélection 
intelligente  et  aux  effets  lents  mais  sûrs  de  la  consanguinité  '.  La  direction 
des  haras  ne  sut  pas  réagir  contre  un  entraînement  funeste  :  son. 
devoir  était  de  résister  à  des  caprices  que  rien  ne  justifiait;  elle  se 
montra  inférieure  à  sa  tâche  et  laissa  accomplir  des  destructions 
néfastes.  Elle  professait  alors  un  mépris  superbe  pour  nos  races  indi- 
gènes et  une  ignorance  profonde  des  admirables  découvertes  de 
Darwin.  Mais,  nous  dira-t-on,  Darwin  est  Anglais,  et  l'on  ne  pouvait 
demander  à  notre  école  des  haras  une  connaissance  des  langues  étran- 
gères, qui  faisait  trop  souvent  défaut  à  nos  savants  eux-mêmes.  Nous 
admettrons,  si  l'on  veut,  l'objection,  bien  qu'on  puisse  trouver  étrange 
que  des  hommgs  dont  la  vocation  spéciale  devait  être  l'étude  de  la 
science  du  cheval  ne  fussent  point  assez  familiarisés  avec  la  langue 
de  nos  voisins  pour  s'assimiler  des  notions  devenues  communes  en 
Angleterre.  Et  d'ailleurs,  à  défaut  de  Darwin  et  de  son  livre  classique 
sur  ÏOrigine  des  espèces,  avaient-ils  consulté  les  travaux  de  nos  savants 
français,  d'un  Milne-Edwards,  d'un  Quatrefages?  Nullement.  Le  beau 
livre  de  ce  dernier  sur  V Espèce^  qui  devrait  être  dans  les  bibliothèques 
de  nos  dépôts  d'étalons,  ce  livre,  comme  tous  les  travaux  vulgarisés 
par  son  auteur  dans  un  enseignement  fameux  et  semés  par  lui  dans 
nos  principaux  recueils,  était  resté  lettre  morte  pour  notre  personnel 
des  haras.  Les  théories  transformistes  n'avaient  point  pénétré  dans  ce 
milieu  fermé  à  l'étude,  ouvert  à  la  légèreté  et  à  la  faveur.  On  n'y  avait 
point  recueilli  les  leçons  de  nos  physiologistes  sur  les  grandes  lois  de 
la  nature,  qui  procè  Je  par  transformation  lente  et  progressive,  qui 
repousse  et  élimine  les  changements  brusques  et  violents,  qui  punit 
les  saccades  par  d'inévitables  retours  aux  origines.  La  question  de 
l'hérédité,  c'est-à-dire  de  cette  faculté  qu'ont  les  êtres  vivants  de 
transmettre  les  variétés  acquises,  faculté  distincte  de  la  loi  spécifique 
qui  assure  la  permanence  des  caractères  généraux  de  l'espèce,  cette 
question,  si  agitée  par  des  botanistes  comme  M.  Alphonse  de  Can- 
dolle,  par  des  zootechnistes  comme  le  professeur  Sanson,  par  des 
philosophes  comm.e  M.  Ribot,  avait-elle  du  moins  suscité  quelques 
idées  neuves  dans  cette  école  des  haras  d'où  sortent  ceux  à  qui  nous 
confions,  avec  le  dépôt  du  sang,  l'avenir  de  nos  races  chevalines? 
Nous  y  cherchons  en  vain  la  trace  de  ce  mouvement  novateur  qui  a 
produit  ailleurs  des  merveilles. 

Cette  coupable  indifférence  s'explique  d'autant  moins  qu'à  défaut  de 
la  science,  ils  avaient  sous  les  yeux  les  résultats  de  l'expérience.  La 
pratique  raisonnée  des  éleveurs  anglais  était  venue  donner  la  confir- 
mation des  règles  posées  par  les  savants.  Darwin  lui-même  reconnaît 
tout  ce  qu'il  doit  et   rend  un   hommage  mérité   à  ces  hommes  qui, 

1.  La  Nouvelle  Renie  a  publie,  dans  son  numéro  du  l"  juillet  1882,  un  travail  intéressant  dont 
le  titre  éiait  :  Sur  la  consingainiié  et  lus  effets  de  l'hérédité,  à  propos  d'un  livre  de  M.  V.  La 
Perre  de  Roc.  On  peut  aussi  consulter  les  articles  parus  sur  le  niéme  sujet  dans  la  Semaine  agri- 
cole, ovgàae  de  La  Société  nationale  d' encouragement  à  L'agriculture  (u"  des  15  et  29  octobre  1882). 


504  LES  HARAS  EN  1883. 

par  remploi  de  la  sélection,  avec  une  connaissance  approfondie  des 
lois  de  l'hérédité,  avaient  amélioré  les  races  d'animaux  domestiques 
et  produit  des  variétés  curieuses  ou  vraiment  utiles.  Sur  ces  principes 
s'est  élevée  toute  une  science  dont  les  résultats  ravissent  d'admiration 
quiconque  s'en  occupe.  On  s'est  mis  à  chercher  la  transmission  des 
variétés  acquises,  à  produire  la  répétition  exacte  des  caractères  indi- 
viduels qui  tendent  à  s'accumuler,  à  se  fixer  chez  les  descendants, 
comme  les  caractères  spécifiques  eux-mêmes.  C'est  ainsi  qu'on  est 
arrivé,  chez  nos  voisins,  à  créer,  ou  tout  au  moins  à  améliorer  des 
races  indigènes  qui  présentaient  des  caractères  suffisants  de  fixité  et 
de  stabilité. 

Dans  ce  pays  d'Angleterre  où  la  théorie  n'est  rien  tant  qu'elle  n'est 
pas  démontrée  par  ses  applications,  des  praticiens  éminents  n'ont  pas 
craint  d'ouvrir  un  Stud  hook  particulier  pour  la  race  Clydesdale,  qui 
n'est  pas  une  race  de  pur  sang,  qui  est  une  race  de  trait.  Là  encore, 
un  éducateur  célèbre,  Robert  Blackwell,  résolut  d'appliquer  à  la  pro- 
duction du  cheval  de  trait  les  principes  d'amélioration  qui  lui  avaient 
si  complètement  réussi  dans  l'élève  des  autres  espèces  domestiques, 
et,  par  un  juste  mélange  de  croisements  intelligents,  puis  d'accouple- 
ments consanguins,  il  obtint  une  variété  nouvelle  dont  les  caractères 
furent  ensuite  fixés  par  la  persévérante  application  de  Vin  and  in,  le 
hlack  horse^  ou  cheval  noir  anglais.  Qu'en  pensent  ces  messieurs  du 
Jockey  Club?  Est-il  une  réfutation  plus  directe,  plus  complètement 
scientifique  de  leur  exclusivisme  jaloux  et  de  cette  prétention,  pour 
le  moins  singulière,  de  ne  laisser  ouvrir  de  registre  généalogique  à 
aucune  famille  équestre,  que  celle  du  pur  sang  ? 

D'oij  vient  que  l'administration  des  haras,  instituée  pour  veiller 
sur  les  richesses  hippiques  de  la  France,  pour  les  améliorer  et  les 
augmenter  sans  cesse,  fit  alors  cause  commune  avec  la  Société  d'en- 
couragement pour  le  cheval  de  pur  sang,  laquelle  suit  un  ordre  d'idées, 
une  conception,  et  aussi  sans  doute  des  combinaisons  très  différentes 
de  celles  que  doit  se  proposer  une  administration  consciente  du  but 
qui  lui  est  tracé?  C'est  un  mystère  que  nous  ne  nous  chargeons  pas 
d'éclaircir.  Mais  à  voir  la  façon  dont  elle  mania  alors  nos  races  indi- 
gènes, sans  discernement  comme  sans  scrupules,  il  faut  bien  recon- 
naître qu'elle  allait  directement  contre  le  but  de  la  nature  et  les 
résultats  certains  de  la  science.  On  peut  dire  même  que  ceux  qui  la 
dirigeaient  ont,  sans  s'en  douter  peut-être,  travaillé  à  détruire  les 
variétés  acquises,  au  lieu  de  les  fixer,  et  à  nous  priver  de  races  utiles 
au  lieu  de  les  améliorer.  Demandez  à  nos  collègues  des  départements 
d'Eure-et-Loir  et  de  l'Orne,  formés  pour  partie  du  Perche,  ce  qu'on 
avait  fait,  sous  l'Empire,  de  la  race  percheronne.  Demandez  à  ceux 
qui  représentent,  dans  la  région  du  Nord,  l'Artois,  le  Ponthieu,  le 
Boulonnais,  ce  qu'était  devenue  dans  leurs  mains  la  race  boulonnaise. 
La  direction  générale  des  haras  avait  passé  le  niveau  d'une  trompeuse 
uniformité  sur  tous  ces  produits  :  elle  avait  recommandé  partout  les 
croisements  avec  les  étalons  anglo-normands  de  demi-sang;  et,  joi- 
gnant les  actes  aux  préceptes,  elle  n'entretenait  plus  d'autres  repro- 
ducteurs dans  ses  dépôts  et  n'en  envoyait  plus  d'autres  dans  ses 
stations. 

Ne  fallait-il  pas  faire  pour  les  écuries  de  l'empereur  des  postiers 
bais,  destinés  à  nous  délivrer  des  percherons  à  robe  grise?  Ne  fallait-il 


LES  HARAS  EN  1883.  505 

pas,  sur  un  signe  de  M.  le  grand  écuyer,  faire  violence  à  la  nature  en 
substituant  partout  les  produits  d'un  croisement  uniforme  et  à  haute 
dose  aux  variétés  naturelles  améliorées  de  nos  provinces  '  ?  On  vit  alors 
les  Américains  venir  acheter  sur  le  marché  français  nos  plus  beaux 
étalons  du  Perche  et  nous  les  enlever  à  prix  d'or,  tandis  que  le  direc- 
teur des  haras  prussiens  écrémait  chaque  année  le  marché  normand 
et  faisait  filer  sur  Trakehnen  nos  derniers  arabes. 

Enfin  la  guerre,  avec  ses  péripéties  sanglantes  et  terribles,  acheva 
notre  ruine  :  on  le  croyait  du  moins,  et  comment  nos  ennemis  ne  se 
seraient-ils  pas  réjouis  en  voyant  la  débâcle  de  février  1871  et  la 
catastrophe  de  notre  armée  de  l'Est!  Lors  de  l'internement  de  cette 
armée,  1 1 ,000  chevaux  entrèrent  en  Suisse,  parmi  lesquels  ceux  des 
escadrons  de  dépôt  des  cuirassiers  et  carabiniers  de  l'ex-garde  impô- 
riale\  Ainsi  dispersés  partout,  car  ceux  qui  n'étaient  pas  morts  sur  les 
champs  de  bataille  allaient  peupler  les  écuries  deTétranger,  nos  chevaux 
semblaient  finis,  épuisés,  vaincus,  comme  la  France,  et  notre  ennemi 
pouvait  bien,  dans  son  triomphe,  répéter  le  mot  funèbre  :  Finis  Gallisel 
Mais,  là  encore,  son  attente  fut  heureusement  trompée;  grâce  aux 
efforts  unanimes,  tentés  par  les  éleveurs,  par  le  pouvoir  exécutif  de  la 
République  et  l'administration,  comme  par  les  représentants  de  la 
nation,  la  régénération  de  notre  race  chevaline  fut  entreprise  sous  la 
direction  des  haras  réorganisés  avec  le  concours  de  l'Assemblée 
nationale.  Foucher  de  Careil, 

{La  suite  prochainement.)  sénateur. 

CONCOURS  RECtIONAL  DE  ROCHEFORT 

I.  —  Mis  en  goût  par  ma  visite  de  l'an  dernier  au  concours  régional  de  Niort, 
j'ai  voulu  voir  et  étudier  celui  qui  vient  de  se  tenir  à  Rocliefort,  dans  ce  départe- 
ment de  la  Charente-Inférieure  si  renommé  par  ses  eaux  de  vie  incomparables, 
mais  qui,  en  proie  depuis  plusieurs  années  aux  étreintes  du  phylloxéra,  passe  pour 
être  plus  mort  que  vif  au  point  de  vue  agricole. 

Ayant  demandé  à  mon  directeur  et  obtenu  de  sa  bienveillance  l'autorisation  de 
résumer  mes  observations  pour  le  Journal,  je  me  suis  mis  en  route  par  une  belle 
matinée  et  ai  rapidement  atteint  la  Hmite  orientale  du  déparlement  que  l'on  aborde 
par  Surgères  en  venant  de  Niort  par  le  chemin  de  fer.  Je  m'attendais  à  traverser 
un  pays  désolé,  à  me  trouver  en  face  de  coteaux  jonchés  çà  là  de  souches  mala- 
dives, noircies,  à  végétation  souffreteuse;  ou  bien  à  traverser  des  plaines  arides, 
dénudées,  calcinées  par  l'inexorable  soleil  du  mois  de  juin,  à  peine  vivifiées  par 
quelques  indigènes  se  traînant  péniblement  dans  le  dénuement  le  plus  affreux. 
Quelle  n'a  pas  été  ma  surprise,  quand  Je  me  suis  vu,  emporté  par  la  vapeur, 
rafraîchi  par  les  paysages  les  plus  agrestes,  les  plus  gracieux  que  l'on  puisse  con- 
cevoir, animés  par  une  population  nombreuse,  respirant  la  bonne  humeur  que 
donne,  non  pas  cette  candide  innocence  que  d'aucuns  souhaiteraient  tant  dans  nos 
campagnes,  mais  l'intelligence  alerte  et  curieuse,  une  gaieté  quelque  peu  rabelai- 
sienne, et  surtout  la  confiance  en  soi-même,  source  de  force  et  d'énergie  pour 
parer  les  coups  de  l'adversité,  quand  elle  prend  la  fantaisie  de  se  montrer  plus  ou 
moins  inopinément.  Donc,  nul  indice  de  faiblesse  sur  ces  physionomies  éveillées, 
à  l'œil  légèrement  gouailleur,  mais  bien  au  contraire,  tous  les  signes  de  vigueur 
et  de  résistance  tenace  pour  ces  grandes  luttes  contre  Dame  Nature,  si  revêche  et 
si  dure  parfois  pour  notre  pauvre  humanité,  mais  au  fond  bonne  personne,  et  ren- 
dant la  main,  quand  elle  se  trouve  aux  prises  avec  des  gars  bronzés  et  de  bonne 
trempe,  comme  ceux  de  l'Aunis  et  de  la  Saintonge,  

1.  On  peut  consulter  avec  fruit  .sur  ce  sujet  une  lettre  de  M.  Ricliard  \â\i  Cantal)  à  M.  Isidore 
Geoffroy  Saint-Hilairo,  sur  les  haras  et  les  remontes  de  l'armée. 

2.  70  à  80  de  ces  chevaux,  casernes  à  Thun,  lurent  achetés  par  la  Confédération  Suisse  pour  le 
service  de  ses  écoles  d'olficiers.  Parmi  ces  chevaux,  on  ne  tarda  pas  ;'i  reconnaître  des  descendants 
d',-1  rnadt's,  l'un  de  ces  étalons  de  Humpadour  qui  avaient  imprimé  îi  la  race  vendéenne  des  marais 
de  Saiut-Gervais  un  tel  cachet  d'élégance,  qu'en  revoyant  ces  jolis  chevaux,  faits  par  lai  dans  nos 
stations  de  l'Ouest,  nos  amis  s'écriaient  :  «  Voilà  des  Bourhaki  !  » 


5Ô6  CONCOURS  RÉGIONAL  DE   ROCHEFORT. 

C'est  sous  l'influence  de  ces  impressions  réconfortantes  que  je  suis  arrivé  à 
Rochefort,  siège  du  concours  delà  région.  Mon  premier  soin,  au  débotté,  devait 
être  nécessairement  de  chercher,  avant  toutes  choses,  à  me  rendre  compte  de  mon 
mieux,  des  circonstances  de  sol  ot  de  climat  au  milieu  desquelles  on  a  obtenu  les 
produits  animaux  et  végétaux  offerts  à  l'examen  public.  Cette  partie  de  ma  tâche 
m'a  été  grandement  facilitée  par  l'obligeant  concours  de  M.  le  secrétaire  de  la  sous- 
préfecture  et  de  M.  E.  Pacaud,  président  de  la  Société  d'agriculture,  des  belles- 
lettres,  sciences  et  arts  de  l'arrondissement.  Crâce  aux  renseignements  puisés  dans 
leurs  archives,  et  aussi  aux  exphcations  recueillies  auprès  de  plusieurs  personnes 
compétentes,  notamment  auprès  de  MM.  d'Aviau  de  Piolenc,  Verneuil,  et  G.  Dela- 
vaud,  pharmacien  en  chef  de  la  marine,  que  je  me  fais  un  devoir  de  remercier  de 
tout  cœur,  voici  à  peu  près  quelle  serait  la  constitution  agricole  du  département  de 
la  Charente-Inférieure. 

Géologiquement,  le  sol  appartient  aux  quatre  formations  suivantes  : 
A.  Terrain  jurassique  ouoolithiqm.  —  Il  est  couvert  par  fies  territoires  de  la 
Rochelh 
MathE 

B. 
Brizembourg,  de  Burie,  et  s'étend  jusqu'à  la  Gironde. 

G.  Terrain  tertiaire.  —  Il  occupe  la  base  des  coUines  de  Mirambeau,  de  Mon- 
tendre,  de  Montlieu  et  deMontguyon,  et  renferme  les  marnes  argileuses  de  la  mol- 
lasse, du  sable  et  du  grès. 

D.  dépôts  marins  modernes.  —  S'étend  sur  une  bande  du  littoral  de  30  à 
35  kilomètres  et  renferme  des  argiles  compactes  désignées  dans  le  pays  sous  la 
dénomination  de  6n  ou  terre  de  bri. 

Agricolement  parlant,  on  distingue  six  classes  de  terres  arables  : 
P  Les  groies,  ce  sont  des  terres  calcaires  plus  ou  moins  argileuses  ou  pier- 
reuses; quand  elles  ont  peu  de  profondeur  et  qu'elles  reposent^  sur  l'oolithe,  les 
arbres  y  végètent  pauvrement,  mais  la  vigne  y  pousse  à  merveille.  Abondent  dans 
l'arrondissement  de  Saint-Jean-d'Angely,  où  l'on  distingue  les  groies  arg lieuses j 
qui  sont  bonnes  à  cultiver  ;  les  groies  sablonneuses  et  les  groin  pierreuses. 

2°  Les  varennes,  terres  silico-calcaires  ou  silico-argileuses,  dépourvues  de 
pierres,  de  couieur  fauve,  ayant  de  4  à5  mètres  de  profondeur.  Se  rencontrent  sur- 
tout dans  l'arrondissement  de  la  Rochelle  et  au  nord  des  arrondissements  de 
Rochefort  et  de  Saint-Jean-d'Angely.  On  distingue  les  varennes  inférieures,  qui 
sont  plus  calcaires  et  dont  la  couleur  est  blanchâtre;  les  varennes  humides,  appe- 
lées ttrres  batteuses  ;  ies,  varennes  crayeuses,  appelées  brisords.^ 

3°  Les  alluvions  d'eau  douce^  terres  noirâtres,  friables,  fertiles,  dans  les  fonds 
des  vallées. 

4»  Les  terres  de  landes^  sables  plus  ou  moins  fins  reposant  sur  l'argile  ;  dépour- 
vus de  calcaires  ;  fréquents  dans  le  midi  du  département.^ 

5°  Les  Bri  ou  lais  de  mer  (voir  plus  haut  en  D),  formés  d'argiles  gris-bleuâtre 
très  compactes,  propices  aux  herbages. 

6"  Les  Misolles,  alluvions  très  sablonneuses  situées  entre  les  dunes  et  la  mer. 

Une  autre  classification  également  courante  dans  le  pays  et  qu'il  convient  de 

citer  aussi  si  l'on  tient  à  connaître  les  divers  aspects  agricoles  de  la  contrée,  et  à 

comprendre  la  signification  des  termes  employés  dans  les  descriptions  locales,  est 

celle-ci  : 

La  Champagne^  région  du  vignoble  qui  produit  le  vin  d'où  l'on  extrait  l'eau-de- 
vie  renommée  qui  porte  ce  nom,  constituée  par  de  la  terre  reposant  sur  du  tuf 
crayeux  appelé  bauche  ou  banche;  à  cheval  sur  les  arrondissements  de  Saintes  et 
de  Jonzac. 

Le  Bocage,  formé  par  des  collines  relativement  élevées  sur  les  confins  des  Deux- 
Sèvres. 

La  Double,  terres  de  landes,  vallons  marécageux,  insalubres  [nauves),  dans  la 
partie  méridionale  de  l'arrondissement  de  Jonzac,  difficiles  à  traiter,  aptes  néan- 
moins à  produire  le  pin  maritime.  .^ 

Le  Pays-Bas,  plaine  ondulée,  encadrée  de  collines  calcaires,  entre  la  rivière 
de  la  Charente  et  une  Ugne  tracée  par  Burie,  Brizambourg,  Saint  Jean-d'Angely, 
Matha,  Neuvicq. 

Le  Marais,  formé  d'alluvions  marines  ou  fluviales,  couvrant  70,000  hectares  sur 
le  littoral  et'  dans  les  vallées  de  la  Sèvre,  de  la  Boutonne,  de  la  Charente,  du 
Mignon,  de  la  Seudre  et  de  la  Gironde. 


CONCOURS  RÉGIONAL  DK  ROCHEFORT.  507 

Enfin  les  Dunes,  occupent  une  superficie  évaluée  à  55,000  hectares,  dont  une 
partie  en  forêt  (forêts  de  la  Tremblade  et  de  Royan). 

Le  climat  de  la  Charente-Inférieure  (climat  girondin)  passe  pour  être  très 
variable.  L'hiver  y  est  plutôt  humide  que  froid,  avec  une  température  moyenne  de 
4". 2;  le  printemps  est  précoce  avec  gelées  tardives  ;  l'été  a  les  matinées  et  les 
soirées  fraîches,  avec  des  températures  de  28  à  29°  G.  à  midi,  donnant  une 
moyenne  de  19". 4  ;  pendant  l'automne  cjui  est  tempéré  les  pluies  sont  fréquentes. 
La  tampérature  la  plus  chaude  de  l'année  dépasse  rarement  34",  la  |_tem{)érature 
moyenne  se  ramène  aux  environs  de  1 1°.6. 

On  compte  139  jours  de  pluie  ainsi  répartis  :  37  jours  pendant  l'hiver,  33  pen- 
dant le  printemps,  31  pendant  l'été,  38  pendant  l'automne,  fournissant  une  quan- 
tité moyenne  annuelle  d'eau  de  0""".638.  Il  grêle  assez  souvent  à  l'intérieur  du 
département,  mais  rarement  sur  le  littoral.  Les  vents  dominants  jsont  ceux  du 
Sud-Ouest  qui  est  frais  et  humide,  du  Nord-Ouest,  du  Nord-Est,  et  du  Sud-Est 
qui  est  humide  et  chaud. 

On  me  pardonnera,  je  l'espère,  ces  détails  quelque  peu  arides.  Mais  il  paraîtra 
indispensable  de  les  avoir  présents  à  la  mémoire  pour  l'intelligence  des  faits  cul- 
turaux  dont  nous  avons  à  entretenir  le  lecteur. 

Ces  faits  auront  leur  éloquence,  soit  qu'on  interroge  ceux  qui,  ayant  un  caractère 
général,  nous  indiqueront  les  tendances  de  la  culture  usuelle,  telle  qu'elle  se  pra- 
tique le  plus  communément;  soit  qu'on  examine  ceux  qui,  ayant  été  relevés  chez 
quelques  cultivateurs  plus  avancés,  auront  un  caractère  exceptionnel,  mais  témoi- 
gneront de  ce  qu'il  est  possible  de  faire  dans  un  même  milieu  quand  on  a  plus  de 
capacité,  plus  d'instruction,  plus  d'initiative,  parfois  plus  de  capitaux. 

Si  nous  nous  adressons  aux  documents  statistiques  officiels,  que  l'on  ne  consulte 
peut-être  pas  aussi  souvent  qu'on  devrait  le  faire,  nous  verrons,  rien  qu'en  compa- 
rant la  répartition  des  cultures  à  quatre  ans  de  distance,  1879  à  le82,  que  des 
modifications  sensibles  dans  le  régime  agricole  du  département  se  sont  manifestées 
à  la  suite  de  l'invasion  phylloxérique. 

La  vigne  qui,  en  1879,  occupait  encore  161,000  hectares  en  nombre  rond  avec 
un  produit  de  92^4,000  hectolitres  est  descendue  comme  surface  à  88,000  hec- 
tares, mais  adonné  en  1882  une  production  de  979,000  hectolitres  de  vin.  Cette 
augmentation  de  produit  sur  une  surface  diminuée  atteste  Je  succès  des  efforts 
des  vignerons  charentais  pour  arrêter  le  fléau  qui  menaçait  de  ruiner  l'une  de  leurs 
industries  les  plus  lucratives. 

Sur  le  froment,  diminution  très  sensible  aussi  des  emblavures,  128,000  hectares 
en  1882  contre  14(7,000  en  1879,  mais  en  somme  rendement  sensiblement  rappro- 
ché, 1,600,000  hectolitres  et  1,765,000  hectolitres  respectivement,  grâce  à  un 
rendement  spécifique  plus  élevé. 

Le  méteil,  le  seigle,  l'orge,  l'avoine,  le  maïs,  les  pommes  de  terre,  occupent 
tous  en  l^82  des  surfaces  beaucoup  plus  étendues  qu'en  1879;  leur  ensemble  a 
été  porté  de  82,000  à  122,000  hectares.  La  surface  occupée  par  les  betteraves  à 
sucre  et  les  betteraves  fourragères  qui  n'était  en  1878  que  de  378  hectares,  est 
montée  à  1690  hectares  en  1882,  et  a  augmenté  ainsi  de  plus  de  400  pour  100  en 
quatre  années.  Aujourd'hui  les  fourrages  herbacés  ne  couvrent  pas  moins  de 
133,000  hectares  dans  le  département,  ainsi  répartis  :  94,550  hectares  de  prairies 
naturelles,  10,188  hectares  de  trèfle,  13,585  hectares  de  luzerne  et  15,172  hectares 
de  sainfoin. 

De  ces  quelques  chiffres  il  semblerait  résulter  que  le  cultivateur  charentais,  se 
conformant  avec  sagesse  aux  indications  économiques  de  l'époque,  réduit  ses 
emblavures  de  froment  et  accroît  celles  des  végétaux,  céréales,  racines  ou  four- 
rages qui  trouvent  un  idacement  plus  rémunérateur  dans  l'industrie  du  bétail  et  dans 
les  autres  industries  rattachées  directement  à  l'exploitation  du  sol. 

Mais  les  conséquences  de  cette  conduite  si  rationnelle,  éclairée  et  renforcée  par 
des  vues  plus  progressives,  vont  ressortir  bien  mieux  encore  du  résumé  que  je  vais 
faire  du  rapport  remarquable  de  M.  Nadaud,  agriculteur,  à  Chazelles  (Charente), 
rapporteur  de  la  Commission  chargée  de  décerner  la  prime  d'honneur,  les  prix 
culturaux  et  les  médailles  de  spécialités.  Grâce  à  l'obligeance  de  cet  agronome 
distingué,  j'ai  pu  prendre  à  loisir  communicaiion  de  ce  travail  que  je  m'etlorcerai 
de  reproduire  aussi  fidèlement  que  possible.  Mais,  auparavant,  je  donnerai  la 
liste  complète  des  récompenses  du  concours  régional  : 

Prime  d'honneur.  —  Uu  objet  d'art.  —  M.  Duquénel,  aux  Cheminées,  commuae  de  Saiat- 
Sorlin-de-Conac. 


508  CONCOURS  RÉGIONAL  DE  ROCHEFORT. 

Rappel  de  prime  d'honneur.  —M.  Bouscasse,  directeur  de  la  ferme-école  de  Puilboreau,  près 
la  Rochelle. 

Pnix  DE  SPÉCIALITÉS,  —  Un  objet  d'art  spécial,  M.  le  D'  Menudier,  à  Plaui-Chermignac.  — 
MédaillPs  d'or  grand  module,  MM.  A.  Bouineau,  propriétaire,  à  la  Vezouzière,  commune  de 
Dolus  (île  d'Oléron);  Boutirou,  à  P'avaut,  commune  de  Breuil-la-Réorte  ;  Vallein,  à  Ciiermip;nac, 
près  Saintes.  —  Médailles  d'or,  MM.  Ambert,  à  Villeneuve,  commune  de  Tonnay-Charentc  ;  Ellie, 
aux  Robins,  commune  de  Saint-Hilaire-du-Bois;  Guérin  de  Sossiondo,  à  Fond-Rémy,  commune  de 
Chaniers. 

Récompens's  aux  agents  de  l'exploitation  qui  a  obtenu  la  prime  d'honneur.  —  Médailles 
d'argent,  MM.  Loui?  Ozanne,  chef  d'attelage;  Pierre  Gendron,  laboureur;  Henri  Achenelly, 
vacher.  —  Médailles  de  bronze,  MM.  Sarrazin,  berger;  Auguste  Brochon,  vigneron;  Gautier, 
laboureur;  Privât,  charretier. 

Espèce  bovine. 

l"  Catégorie.  —  Race  Maraichine.  —  Mâles.  —  Section  unique.  —  Animaux  de  1  à  2  ans.  — 
1"  prix,  M.  Pelon,  à  Saint-Clément  (Charente-Inférieure);  2%  M.  Amberl,  au  Jard,  commune  de 
Âluron  (Charente-Inférieure);  3'',  M.  le  comte  de  Briey,  à  la  Roche,  commune  de  Magné  (Vienne); 
4',  M.  Porche,  à  Tonnay-Charente  (Charente-Inférieure).  —  Femelles.  —  l'''^  Section.  —  Génisses 
de  1  ans  à  2  ans.  —  1"^  prix,  M.  Ambert;  2".  M.  Delisle,  à  Boupère  (Vendée).  —  2*  Section.  — 
Génisses  de  2  à  3  ans.  —  1"  prix,  M.  J.  Ambert,  à  Tonnay-Charente  (Charente-Inféneure).  — 
3°  Section.  —  Vaches  de  plus  de  3  ans.  —  1^''  prix,  M.  .T.  Ambert;  2%  M.  A.  Moine,  à  Préveraye 
(Charente-Inférieure);  3°,  .M.  E.  Baudry.  au  Morillon  (Charente-Inférieure);  4",  M.  J.  Imbourg, 
commune  de  Loir  (Charente-Inférieure).  —  Mentions  honorables,  M.  J.  Ambert. 

2"  Catégorie.  —  Race  Parthenaise  et  ses  dérivés  (Vendéenne  et  Nantaise).  —  Mâles.  —  Section 
unique.  —  Animaux  de  1  an  à  2  ans.  —  1"  prix,  Mme  la  bnronne  de  Pervinquière,  à  Bazoges- 
en-Pareds  (Vendée);  2%  M.  A.  Chaigneau,  aux  Anges-Bertières  (Deux-Sèvres);  3%  M.  A.  de  Ponsay, 
à  la  Domangère  (Vendée);  4",  M.  A.  Germain,  à  la  Roussière  (Daux-Sèvres).  —  Femelles.  — 
1"  Section.  —  Génisses  de  1  à  2  ans.  —  1='  prix,  M.  R.  Delisle;  2°  M.  Magnoux,  à  Courle  (Deux- 
Sèvres).  —  2"  Section.  —Génisses  de  2  à  3  ans.  —  1"  prix,  M.  A  Frère,  à  la  Papinaudière 
(Deux-Sèvres);  2%  M.  de  la  Massardiôre,  à  la  Gâlinalière  (Vienne);  3%  M.  Seguinot,  à  la  Che- 
vrette (Vienne).  —  3"  Section.  —  Vaches  de  plus  de  3  ans.  —  1"  prix,  M.  L.  Blay,  à  Nalliers 
(Vendée)  ;  2^  Mme  la  baronne  de  Pervinquière;  3%  M.  Ambert;  4%  M.  A.  Bouille,  à  la  Marotière 
(Deux-Sèvres). 

Prix  d'ensemble  décerné  au  meilleur  lot  d'animaux  de  l'espèce  bovine  des  1"=  et  2*=  catégories. 

—  Ce  prix  qui  consiste  en  un  objet  d'art  a  été  décerné  à  M.  J.  Ambert. 

3'  Catégorie.  —  Race  Limousine.  —  Mâles.  —  P*  Section.  —  Animaux  de  6  mois  à  1  an.  — 
l"'  prix,  M.  Ch.  de  Léûbardy,  au  Vignaud  (Haute-Vienne)  ;  2",  M.  Teisserencde  Bort,  à  St-Priest, 
Thaurion  (Haute-Vienne).  —  Prix  supplémentaires,  MM.  Duvert,  à  la  Gabie  (Haute-Vienne)  ; 
Rioblan,  au  Vigenal  (Haute-Vienne);  0.  Guybert,  à  Courdelas  (Haute-Vienne).  — Mentions  hono- 
rables, MM.  Rouard  du  Card,  îi  Limoges  (Haute-Vienne);  J.-B.  Robert,  au  Boucheron  (Haute- 
Vienne).  —  2"^  Section.  —  Animaux  de  l  an  à  2  ans.  —  p""  prix,  M.  Lamy  de  la  Chapelle,  à 
Limoges  (Haute-Vienne)  ;  2",  M.  deLéobardy  ;  3",  M.  Caillaud;  4",  M.  Barny  de  Romanet,  à  Romanet 
(Haute-Viennel;  h",  M.  J.  Robert.  —  Prix  supplémentaires,  MM.  Nouaillier;  Duvert.  —  Mentions 
honorables,  MM.  Rouard  de  Card;  Tondeau  de  Marsac,  à  Vogères-Saint-Léman  (Haute-Vienne). — 
Femelles.  —  P"  Section.  —  Génisses  de  6  mois  à  1  an.  —  1"  prix,  M.  Guibert;  2",  M.  de  Léobardy. 

—  Prix  supplémentaires,  MM.  Lamy  de  la  Chapelle;  Tondeau;  Duvert.  —  Mentions  honorables, 
MM.  Rouard  de  Gard;  Ch.  de  Léobardy.  —  2°  Section.  —  Génisses  de  1  an  à  2  ans.  —  l^''  prix. 
MM.  Rouard  de  Card;  2",  0.  Guibert;  3%  Ch.  de  Léobardy;  4",  M.  M.  Duvert.  —  Prix  supplémen- 
taires, MM.  Barny  de  Romanet;  G.  Nouaillier  ;  J.  Dadat,  au  Masbatier  (Haute-Vienne).  —  Mention 
honorable,  M.  Rouard  de  Card.  —  3°  Section.  — Génisses  de  2à3  ans.  —  1"  prix,  M.  de  Léobardy; 
2',  M.  0.  Guibert;  3%  M.  M.  Duvert;  4°,  M.  Rioblan,  au  Vigenal  (Haute-Vienne).  —  Prix  supplé- 
mentaires, MM.  Lamy  de  la  Chapelle;  R.  Francez,  à  Mas-Rome.  —  Mention  honorable,  M.  A.  Du- 
boucheroy,  à  Goupillay  (Haute-Vienne).  —  4"  Section.  —  Vaches  de  plus  de  3  ans.  —  1"  prix, 
M.  Lamy  de  la  Chapelle;  2%  M.  Caillaud;  3'',  M.  Teisserenc  de  Bort;  rappel  de  k"  prix,  M.  Datac; 
4°  prix,  M.  Alfred  Guibert;  .V,  M.  Nouailhier,  château  de  Brignac  (Haute-Vienne).  —  Prix  supplé- 
mentaires, MM.  Ouvert:  Barny  de  Romanet;  Parry,  à  Limoges  (Haute-Vienne);  Rouard  de  Card; 
R.  Fiancez. 

4°  Catégorie.  —  Race  Garonnaise.  —  Mâles.  —  Section  unique.  —  Animaux  de  1  an  à  2  ans.  — 
p''  prix,  M.  J.  Régiraond,  à  Saint-André-du-Gard  (Gironde);  2°,  M.  N.  Tujas,  à  Couranle  (Gironde); 
3%  M.  Monchany,  à  Merterrieux  (Gironde);  4°,  M.  J.  Courrech,  à  Taudin  (Gironde).  —  Femelles. 

—  1"  Section.  — Génisses  de  1  an  à  2  ans. —  P'prix,  M.  Mapataud  (Haute-Vienne);  2°,  M.  J.  Régi- 
mon.  —  Prix  supplémentaire,  M.  L.  Courrech,  à  la  Maronne  (Gironde).  —  2=  Section.  —  Génisses 
de  2  à  3  ans.  —  l"  prix,  M.  N.  Tujas;  2%  M.  J.  Régimon.  —  Prix  supplémentaire,  M.  Dulilh,  au 
Jura  (Gironde).  —  3*=  Section.  —  Vaches  de  plus  de  3  ans.  —  P'  prix,  M.  J.  Régimon  ; 
2%  M.  J.  Courrech;  3%  M.  N.  Tujas. 

5"  Catégorie.  —  Race  Razadaise.  —  Mâles.  —  Section  unique.  —  Animaux  de  1  an  à  2  ans.  — 
1"  [rix,  M.  Monda  fils,  à  Maillard  (Gironde);  2°,  M.  G.  Calhalot,  à  Bordeaux  (Gironde); 
3%  M.  Elle  Darquet,  à  Beaulac  (Gironde).  —  Femelles.  —  P"  Section.  —  Génisses  de  1  an  à  2  ans. 

—  2°  prix,  M.  Bernard-Boutejac,  à  Castillon  (Gironde).  —  2=  Section.  —  Génisses  de  2  ans  à  3  ans. 

—  l""prix,  M.  Courrégelongue,  à  Cudoz  (Gironde)  ;  2°,  M.  Cathalot.  —  3'-"  Section.  —  Vaches  de 
plus  de  3  ans.  —  l'"'"  prix,  M.  Elle  Darquet;  2",  M.  Cathalot  ;  3%  M.  Baillet-Laulan. 

6'  Catégorie.  —  Race  Durham.  —  Mâ'es.  —  l^'  Section.  —  Animaux  de  G  mois  à  1  an.  —  l^prix, 
M.  le  marquis  de  Surineau,  à  la  Gaudinière  (Vendée)  ;  2',  M.  G.  Duquénel,  aux  Cheminées  (Cha- 
rente-Inférieure). —  Prix  supplémentaire,  M.  le  comte  de  Chabot,  à  MoLchamp  (Vendée).  — Men- 
tion honorable,  M.  Richard,  à  l'Oimeau  (Charente-Inférieure).  — 2'  Section.  — Animaux  de  1  an 
à  2  ans.  —  1"  prix,  M.  le  marquis  de  Surineau;  2%  M.  G.  Duquénel.  —  Mentions  honorables, 
M.  R.  Segot,  à  Baunay  (Maine-et-Loire);  Richard.  —  3°  Section.  —  Animaux  de  2  à  4  ans.  — 
Prix  unique,  M.  G.  Cacaud,  à  Saint-tiervais  (Vendée).  —  Mention  honorable,  M.  J.  Proux.  — 
Femelles.  —  1'''=  Section.  —  Génisses  de  G  mois  à  1  an.  —  Prix  unique,  M.  J.  Putier,  à  Fouras 
(Charente-Inférieure).  — Prix  supplémentaire,  M.  R.  Segot.  — Mentions  honorables,  MM  Richard; 
Duquénel;  Richard.  —  2"  Section.  —  Génisses  de  1  an  à  2  ans.  —  Prix  unique,  M.  J.  Proux.  — 


CONCOURS  RÉGIONAL   DE    ROGHEFORT.  509 

Prix  supplémentaire,  M.  G.  Duquénel.  —  Mention  honorable,  M.  R.  Segot.  —  3"  Section.  — 
Génisses  de  2  ans  à  3  ans.  —  l"'  prix,  M  G.  Duquénel;  2",  M.  R.  Segot.  —  Mentions  honorables, 
M.  J.  Proux;  G.  Duquénel.  —  4"  Section.  —  Vaches  de  plus  de  3  ans.  —  l"'  prix,  M.  Ed.  Gabo- 
riaux,  à  Breuil-Magné  (Charente-Inlérieure)  ;  2%  M.  R.  Segot;  '.]%  M.  J.  Proux.  -r  Prix  supplé- 
mentaire, M.  G.  Duquénel.  — Mention  honorable,  M.  le  comte  de  Briey. 

7°  Catégorie.  —  Croisements  Darham.  —  Mâles.  —  Section  unique.  —  Animaux  de  1  an  à  2  ans. 

—  Prix  unique,  M.  G.  Cacaud.  —  Mentions  honorables,  MM.  G.  Boutiron,  à  la  Grignollée  (Charente- 
Inférieure)  ;  G.  Duquénel.  —  Femelles.  —  P''  Section.  —  Génisses  de  l  an  à  2  ans.  —  Prix 
unique,  M.  J.  Monnerie.  —  Mention  honorables,  MM.  G.  Cacaud;  Duquénel.  —  2'- Section.  — 
Génisses  de  2  à  3  ans.  —  l"  prix,  M.  J.  Monneiie;  2",  M.  Duquénel.  —  tentions  honorables, 
MM.  G.  Cacaud;  L.  Nadaud  ;  J.  Monnerie.  —  3'  Section.  —  Vaches  de  plus  de  3  ans.  —  P'  prix. 
M.  Putier;  2°,  M.  Jules  Moinier;  3',  M.  L.  Nadaud.  —  Mentions  honorables,  MM.  C.  Boutiron; 
Duquénel. 

8°  Catégorie.  —  Races  d'Ayr,  de  Jersey  et  analogues.  —  Mâles.  —  Section  unique.  —  Animaux 
de  1  an  à  2  ans.  —  P''  prix,  M.  le  marquis  de  Dampierre,  à  Plassac  (Charente-Inférieure).  — 
Mention  honorable,  M.  le  marquis  de  Dampierre.  —  Femelles.  —  P'=  Section.  —  Génisses  de  1  an 
à  3  ans.  —  \"  prix,  M.  le  marquis  de  Dampierre.  —  Mentions  honorables,  M.  le  marquis  de  Dam- 
pierre. —  2"  Section.  —  Vaches  de  plus  de  3  ans.  —  l"  prix,  M.  le  marquis  de  Dampierre  ; 
2°,  M.  Babin,  au  Grand-Vergeroux  (Charente-Inférieure).  —  Mentions  honorables,  M.  le  marquis 
de  Damp'erre. 

9°  Catégorie.  —  Races  laitières  françaises  ou  étrangères  pures,  à  l'exception  des  races  ayant  une 
catégorie  spéciale.  —  Mâles.  —  Section  unique.  —  Animaux  de  1  an  à  2  ans.  —  2"  prix, 
M.  J.  Camentron,  à  Mérigna  (Gironde).  —  Kemelles.  —  P"  Section.  —  Génisses  de  1  an  à  3  ans. 

—  l^'prix,  M.  Camentron;  2',  M.  J.  Ristor.  —  2°  Section.  —  Vaches  de  plus  de  3  ans.  —  P'  prix, 
M.  A.  Pouzon,  à  Reparsac  (Charente)  ;  2*,  M.  J.  Camentron;  3",  M.  P.  Cibot.  —  Mention  honorable, 
M.  Putier. 

Prix  (Vensemble  décerné  au  meilleur  lot  d'animaux  de  l'espèce  bovine.  —  Ce  prix  qui  consiste 
en  un  objet  d'art,  a  été  décerné  à  M.  Ch.  de  Léobardy. 

Espèce  ovine. 

1"  Catégorie.  —  Races  françaises  diverses.  —  Mâles.  —  l"  prix,  M.  Blanchaud,  Saint-Ouen 
(Haute-Vienne);  2°,  M,  Ducellier,  à  Lathus  (Vienne);  3%  M.  Poinet,  àSaulzé  (Vienne).  —  Femelles. 

—  P'''  prix,  M.  Blanchaud  ;  2%  M.  Poinet;  3%  M.  Ducellier. 

2''  Catégorie.  —  Races  étrangères  diverses.  —  1"  Section.  —  Animaux  de  1  an  à  18  mois.  — 
Mâles.  —  l"prix,  M.  Teisserenc  de  Bort,  à  Saint-PriestTaurion  (Haute-Vienne);  2%  M.  le  mar- 
quis de  Dampierre;  3",  M.  Boncenne,  à  Fontenay-le-Comte  (Vendée);  4",  M.  Duquénel,  à  Saint- 
Sorlin-de-Conac  (Charente-Inférieure).  —  Mention  honorable,  M.  le  marquis  de  Dampierre.  — 
Femelles.  —  P'' prix,  M.  Teisserenc  de  Bort;  2%  M.  le  marquis  de  Dampierre;   3%  M.  Boncenne. 

—  Mentions  honorables.  MM.  Duquénel;  Teisserenc  de  Bort;  Boncenne.  —  2"  Section.  —  Ani- 
maux de  plus  de  18  mois.  —  Mâies.  —  1"  prix,  M.  Teisserenc  de  Bort  ;  2°,  M.  le  marquis  de  Dam- 
pierre ;  3",  M.  Duquénel;  4%  M.  Céran-Maillard,  4  Turqueville  (Manche).  — Mentions  honorables, 
MM.  le  marquis  de  Dampierre,  Boncenne.  —  Femelles.  —  l"  prix,  M.  Teisserenc  de  Bort; 
2",  M.  Boncpnne;  3",  M.  le  marquis  de  Dampierre.  —  Mention  honorable,  M.  Teisserenc  de  Bort. 

3°  Catégorie.  —  Croisements  divers.  — Mâles.  —  l"  prix,  M.  Teisserenc  de  Bort;  2%  M.  Poinet; 
3%  M.  Pradier,  à  Saint-Laurentde-la-Prée  (Charente-Inférieure).  —  Femelles.  —  1"  prix, 
M.  de  Léobardy,  à  la  Jonchère  (Haute-Vienne);  2%  M.  Poinet;  3%  M.  Cacaud,  à  Saint-Gervais 
(Vendée). 

Prix  d'ensemble  à  attribuer  au  meilleur  lot  d'animaux  de  l'espèce  ovine,  un  objet  d'art, 
M.  Teisserenc  de  Bort. 

Espèce  porcine. 

1'=  Catégorie.  — Races  indigènes  pures  ou  croisées  entre  elles.  —  Mâles.  —  P"'  prix,  non 
décerné;  2'^,  M.  Paintault,  à  Cherveux  (Deux-Sèvres)  ;  3°,  M.  Baraton,  à  Saint-Christophe-sur-Roc 
(Deux-Sèvres).  —  Femelles.  —  Pas  d'animaux  présentés. 

2"  Catégorie.  —  Races  étrangères  pures  ou  croisées  entre  elles.  —  Mâles.  —  l""  prix,  M.  de  la 
Massardière,  à  Antran  (Vienne);  2%  M  Nadaud,  à  Chazelles  (Charente)  ;  3",  M.  Girardin,  à  la  Jon- 
chère (Haute-Vienne);  4',  M.  le  marquis  de  Surineau,  à  Saint-Vineent-sur-Graon  (Vendée); 
5%  M.  Bouscasse,  à  Puilboreau  (Charente-Inférieure).  —  Femelles.  —  P-  prix,  M.  Nadaud; 
2%  M.  Duquénel;  3%  M.  J.  Proux,  à  Saint-Germain  (Charente-Inférieure);  4",  M.  Girardin; 
o=,  M.  Bouscasses.  —  Prix  supplémentaires,  MM.  de  Léobardy  ;  de  la  Massardière. 

3°  Catégorie.  —  Croisements  divers  entre  races  étrangères  et  races  françaises.  —  Mâles.  — 
Prix  unique,  non  décerné.  —  Femelles.  —  P' prix,  M.  Nadaud  ;  2°,  M.  de  Léobardy. 

Prix  d'ensemble  à  atiribuer  au  meilleur  lot  d'animaux  de  l'espèce  porcine,  un  objet  d'art, 
M.  L.  Nadaud,  à  Chazelles  (Charente). 

Animaux  de  basse-cour. 

1"  Catégorie.  —  Coqs  et  poules.  —  P°  Section.  —  Race  de  Barbezieux.  —  P"'  prix,  M.  le  comte 
de  Lestrange.  à  Perfonts  (Charente).  —  2°  Section.  —  Races  limousine  et  du  Poitou.  —  1"  prix, 
M.  Ambert,  à  Tonnay-Charente  (Charente-Inférieure);  2°,  M.  Cormerais,  au  Péré  îCliarente-Infé- 
rieure).  —  3"  Section.  —  Races  françaises  diverses.  —  l^urix,  M.  Cormerais  ;  2",  M.  Gouin,  à  Ciré 
d'Aunis  (Charente-Inférieure);  3°,  M'.  Soul-é,  à  Ballon  (Cliarente-Inférieure).  —  4"  Section.  — Races 
étrangères  diverses.  —  P' prix,  M.  Cormerais. —  5'  Section.  — Croisements  divers.  —  Prix  unique, 
médaille  d'argent,  M.  Bouscasse. 

2'  Catégorie.  —  Dindons.  —  Prix  unique,  médaille  d'argent,  Mme  de  Laroque-Latour,  à  Salles 
(Charente-Inférieure). 

3°  Catégorie.  —Oies.  —  1"  prix,  M.  Cormerais;  2',  M.  Ambert. 

4*  Catégorie.  —  Canards.  —  1"  prix,  M.  Matiiey,  à  Rochechouart  (Haute-Vienne)  ;  2%  M.  Cor- 
merais; 3%  M.  Breuil,  à  Thoiré  (Gtiarente-Inférieure) 

5°  Catégorie.  —  Pintades.  —  P'prix,  M.  Breuii;  2",  M.  Ambert. 

6'  Catégorie.  —  Pigeons.  — jl"  prix,  M.  Cormerais;  2%  M.  Bertrand,  à  Rochefort  (Ghareate- 
Inférieure). 


510  CONCOURS  RÉGIONAL  DE    ROCHEFORT, 

V  Catégorie.  —  Lapins  et  léporides.  —  P' prix,  M.  Mathey;  2°,  M.  Boncenne,  à  Fontenay-le- 
Comle  (Vendée). 

Prix  d'ensemble,  un  objet  d'art,  non  décerné. 

Recompenses  aux  serviteurs  ruraux,  pour  les  soins  intelligents  donnés  aux  animaux  primés  des 
espèces  bovine  ovine  et  porcine.  —  Médailles  d'argent,  MM.  P.  Royer,  domestique  cliez  M.  Léo- 
bardy;  A.  Degas,  vacher  chez  M.  Ambert  ;  L.  Faure,  berger  chez  M.  Teisserenc  de  Bort;  J.  Blan- 
chard, domestique  cl^ez  M.  Nadaud;  Achenelly,  vacher  chez  M.  Duqucnel.  —  Médailles  de 
bronze,  MM.  J.  Durepaire,  berger  chez  M.  Blanchard  ;  L.  Bourgucil,  domestique  chez  M.  de  la 
Massardière  ;  J.  Tujas,  domestique  chez  M.  Tujas  ;  Maillard,  vacher  chez  M.  de  Dampierre  ; 
P.  Chapelau,  domesuque,  chez  M.  le  marquis  de  Suriueau  ;  Bastié,  domestique  chez  M.  Régimond; 
Chauveau.  domestique  chez  M.  Mapataud. 

Machines  et  instruments  agricoles. 

Concours  spécial  de  machines  à  greffer  la  vigne.  —  l"  prix,  médaille  d'or,  M.  J.  Comy,  à 
Garons  (Gard);  2%  médaille  d'argent,  M.  Villadary,  à  Siint-Philippe  d'Aguille  ;  3%  médaille  de 
bronze,  M.  Pierre  Gratereau,à  Saint-Sulpice  (Charente-Inférieure). 

Récompenses  aux  contre-maîtres  et  ouvriers  des  constructeurs  desdites  machines.  —  Médaille 
d'argent,  M.  A  Comy,  contre-maître  chez  M.  Comy.  — Médailles  de  bronze,  MM.  A.  Pralong,  contre- 
maître chez  M.  Villadary;  Joseph-Vincent,  chef-ouvrier  chez  M.  Comy;  20  fr.  M.  Jaubert  fils, 
contre-maître  chez  M.  Despujols. 

Produits  agricoles  et  matières  utiles  à  l'agriculture.  — Concours  spéciaux. 

l"  Catégorie.  —  Vins  de  la  région  (récolte  de  18S2).  —  l"'  prix,  médaille  d'or,  M.  Guyot-Proux, 
à  Bois,  île  de  Ré  (Charente-Inférieure)  ;  2%  médaille  d'argent,  M.  Pacaud,  à  Rochefort  (Charente- 
Inférieure). 

2°  Catégorie.  —  Eaux-de-vie  de  la  région  (récolte  de  1882).  —  1"  prix,  médaille  d'or, 
M.  le  comte  de  Lestrange,  à  Bois-Breteau  (Charente)  ;  2%  médaille  d'argent,  M.  Viaud,  à 
Chambon  (Charente-Inférieure);  3",  médaille  de  bronze,  M.  Virbonnet,  à  l'usine  de  Cherves 
(Charente). 

3"  Catégorie.  —  Vins  américains  (production  directe,  récolte  de  18S2).  —  1"  prix,  méiiaille  d'or, 
M.  E.  Verneuil,  à  Villars -en-Pons  (Charefnte-Inférieure)  ;  2",  médaille  d'argent,  M.  Petii,  à  Tou- 
lenne-Langoc  (Gironde). 

=    4"  Catégorie.  —  Vins  provenant  de  cépages  greffés  sur  .vignes  américaines.  —  3"  prix,  médaille 
de  bronze,  M.  le  comte  de  Lestrange. 

h^  Catégorie.  —  Huîtres  de  Marennes.  —  I"  prix,  médaille  d'or,  M.  F.  Verneuil,  à  la  Tremblade 
(Charente-Inférieure). 

6=  Catégorie.  —  Moules  de  Bouchot.  —  Pas  de  produits  présentés. 

7=  Catégorie.  —  Expositions  scolaires.  —  1'''=  Section.  —  Matériel  d'enseignement  agricole, 
collections,  dessins,  objets  de  cours,  etc. —  {""'prix,  médaille  d'or,  M.  Duru,  à  Bordeaux  (Gironde). 
—  2"  Section.  —  Travaux  spéciaux  et  objets  d'enseignement  agricole,  présentés  par  les  profes- 
seurs, les  ins  ituteurs  et  les  élèves  des  écoles  primaires.  —  I"  prix,  médaille  d'or,  M.  Bouleilier, 
à  Nesmy  (Vendée)  ;  2%  médaille  d'argent,  M.  Suire,  instituteur,  à  Lussant  (Charente-Inlérieure)  ; 
3°,  médaille  de  bronze,  M.  Raimon,  instituteur,  à  Thou  (Charente-Inférieure). — Mention  très 
ho'norable,  M.  Laugrand,  à  Ardillières  (Charente-Inférieure).  —  Mention  honorable,  M.  Rideau,  à 
Saint-Laurent-de-k-Prée  (Charente-Inférieure). 

8"  Catégorie.  —  Expositions  collectives  faites  par  des  administrations  publiques,  les  Sociétés  et 
Comices  agricoles  et  horticoles.  —  Médaille  d'or  à  la  Société  d'agriculture  et  au  Comice  agricole  de 
Rochefort. 

9"  Catégorie.  —  Produits  divers  non  compris  dans  les  catégories  précédentes.  —  Médailles  d'or, 
MM.  Ambert,  à  Tonnay-Gharente  (Charente-Inférieure)  ;  Pineau,  à  Beauvais-sur-Malha  (Charente- 
Inférieure)  ;  Lhérault-Salbœuf  et  fils,  à  Argentcuil;  Ferrand,  à  Segonzac  (Charente).  —  Médii'les 
d'argent,  MM.  Renaudet,  à  Béni-Méred  (Algérie);  Arbouin,  à  Lignières-Sonneville  (Charente)  ; 
Va  laud,  à  Saint-Bonnet-la-Rivière  (Haut'',-Vienne)  ;  Duquénel,  à  Saiiit-Sorlin-de-Conac  (Cliarenie- 
Inférieure)  ;  Etienne  Charles,  à  Rochefort;  Deauriac,  à  Samt  Astier  (Dordogne)  ;  le  mai-quis  de 
Moneys,  à  Allas-Bocage  (Charente-Inférieure);  Pouvreau,  à  Saint-Léger-lès-Melk  (Deux-Sèvres); 
Judical,  à  Siirgères  (Chareiile-Inférieure);  Mme  Gouin,  à  Ciré-d'Aulnis  (Charente-Inférieure).  — 
Médailles  de  bronze,  MM.  Etienne  Charles;  Bousca-se;  le  mari]uis  de  Moneys;  Bou-casse;  Duqué- 
nel; le  comte  de  Lestrange;  Duquénel;  Rousseau,  à  Sainl-Jean-d'Aiîgely  (Charente-Inférieure); 
Mme  Rabin,  au  Grand-Vergeroux  (Charente-Inférieure);  MM.  Fradin,  à  Moncoulant  (Deux- 
Sèvres)  ;  René  Francez,  à  Limoges  (Haute-Vienne)  ;  Mureau,  à  S,;unt-L;i,urent-de-la-Prée  (Charenle- 
Inferieure)  ;  Nauges,  à  Montauban  (Tarn-et-Garoune)  ;  Eudrivet,  à  Saiut-Seuria-d'Uzès  (Charente- 
Inférieure);  Rousseau;  Guiot-i'roux. 

J.  Laverrières, 

Bibliothécaire  Je  la  Société  nationale  d'agriculture. 

REVUE  GOIMRGliLE  ET  PRIX  CDURiNT  :DES  DENRÉES  AGRICOLES 

(23  JUIN  U83) 
I.  —  Situation  générale. 
Les  marchés  agricoles  sont  toujours  peu  fréquentes  à  cette  époque  de  l'année, 
la  moissons  des  céréales  est  commencée  dans  le  Midi.  La  coupe  des  foins  et  le 
fanage  occupent  les  agriculteurs  dans  tout  le  restedu  p^ys.  Les  appréciations  sur 
les  premières  récoltes  sont  assez  contradictoires,  ainsi  qu'il  arrive  toujours  au 
moment  où  elles  se  font;  il  laut  attendre  encore  avant  de  pouvoir  se  prononcer. 

II.  —  Les  grains  et  les  farines. 
Les  tableaux  suivants  résument  les  cours  des  céréales,  par  quintal  métrique, 
sur  les  principaux  niarchés  de  la  France  et  de  l'étranger  : 


REVUE  COMMERCIALE  ET  PRIX  GOURANT    (30  JUIN    1883). 


NORD.OITEST. 


Calvados.  Condé 

—  Lisieux 

Côi.-rfw-A^ord.Pontrieux 

—       Ti'cfjuier.. 
Finist'cre.  Morlaix 

—  O'iifDP'^'' 

lUe-cl-Vilaine.  Hennés.. 

—         Redon 

Manche.  Avranclies.. .. 

—  Pontorson... . 
-^        Villedieu 

Mayenne.  Laval 

—  Mayenne 

Morbihan.  Hennebont.. 
Orne.  Alençon..  , 

—  Séez 

Sarthe.  Le  Mans 

—  M  amers 


Blé. 

fr. 

23.50 
23.50 
24.50 
•23.50 
2'i.i5 
2'i .  00 
2i.20 
2't .  00 
25.00 
25.20 
25.75 
23.50 
25 .  00 
2'i .  50 
24.75 
24.25 
25.25 
25.75 


Seigle. 

fr. 

19.00 
17.00 
16.50 

19.50 
17.50 


15.20 
18.50 
17.00 
16.25 


Avoine. 

fr. 

21.75 

23.75 

18. -.T. 

18.50 

18.00 

17.25 

19.50 

20.50 

23.25 

23.50 

2/1.25 

21.00 

20.50 

19.25 

21.00 

20.50 

22.25 


Prix  moyens 24 

2"  RÉGION.  - 

Aisne.  L.aon 22 

—  Soissons 23 

—  Villers-Cotterets.  23 
Eure.   Bernay 22 

—  Evreux 22 

—  Les  Andelys 22 

Eure-et-Loir.  Chartres..  23 

—  Anneau 24 

—  Nogent-le-Rotrou.  24 
Nord.  Valonc  ennes 25 

—  Cambrai 24 

—  Dunkerque 25. 

Oise.  Beauvais 22 

—  Sentis 22. 

—  Noyon 22. 

Pas-de-Calais.  Atvas.  . .  25. 

—  Sa  ni-Omer 24, 

Seine.  Paris 25. 

S.-et-Mar.Melan 26, 

—  Dammartin 22. 

—  Provins 24. 

S.-et-Oise.  Etampes 24. 

—  Pontoise 23. 

—  Versailles 23. 

Seine-Inférieure. Konen.  24 

—  Fécamp 23. 

—  Yvetot 22. 

Somme.  DouUens 23. 

—  Péronne 23. 

—  Roye 22. 

Prix  moyens 23. 


fr. 

18  50 
20.00 
15.50 
;  7 .  50 
1 0 .  50 
17.00 
16.20 

» 
20.25 
20.00 
20  75 
18  75 
18.50 

}} 
19.75 
20.00 
15.50 

»  )> 

.46      17.29      18.31     20.82 

-  NORD. 

.75  15.50  17.50  18.50 

.50  16.00  »  18.25 

.00  15.25  »  17.50 

.50  15.20  20.75  21.50 

.75  14.50  21.00  18.00 

.50  14.50  17  50  18.50 

.00  14.50  16.00  18.50 

25  15.25  20.00  18.70 

.25  »  19.75  20.40 

.00  16.50  20.25  17.50 

.25  16.50  18.75  18.00 

.00  18.50  19.00  18.75 

.25  15   50  19.25  19.50 

.50  15.50  »  17.50 

,75  15.75  »  18.50 

00  16.00  18.50  18.00 

,00  15.50  19.00  17.25 

.75  15  25  17.50  19.10 

.00  15.25  19.00  18.75 

,00  15.50  17.50  18.00 

,00  16.00  18.25  19.00 

00  15.50         »  19.50 

20  16. 00  18.50  13  75 

.75  15.25  18.50  20.50 

05  14.00  19.60  21.50 

,60  14.75         »  22.00 

45         »  20.50  19.00 

.50  15.50  18.50  17.20 

00  »  17.80  18.00 

25  15.20  17.50  19.00 

48     15.52     18.82     18.83 


3'  RÉGION.  - 
Ardennes .  Rethel 

—  Sedan  

Aube.  Bar-su r-A 11 Ije  ... . 

—  Méry-sur-Seine. . . 

—  Nogent-sur-Seine. 
Marne.  Ctial  ns 

—  Epernay 

—  Reims 

Hle-Marne.  Boarbonne. . 
Meurlhe-et-Mos.  Nancy. 

—  LunéviUe 

—  Toul 

Meuse.  Bar-le-Duc 

—  Verdun 

Haute-Saône.  Gray 

Vosges.  Epinal 

—  Neufcliàteau 

—  Mirecourt 


NORD. EST. 


22.50 
23.00 
22 .  00 
22.25 
24.00 
23.00 
23  50 
23.25 
22 .  00 
23.25 
23.75 
23.00 
23.50 
23.25 
22.40 
23.75 
23,00 
23.50 


14.50 
16.00 
15.00 
15  00 
15.50 

15  00 
15.00 
1.S.85 
14.50 
18.50 

» 
17.00 

16  50 
16.25 

B 

16.50 
15.50 


15.50 
18.50 
17.50 
17.25 

» 
17.00 
18  00 
17.75 
18.75 
17.50 

16.00 
17  25 
17.00 


18.50 
20  75 
20.25 
18.50 
19.25 
19.00 
19.25 
18. 75 

18,00 

» 
17.00 
19.75 
17.50 
16.75 
16.50 
17.75 
•8.00 


Pris  moyens 23.05     15.75     17.36     18.46 


4"  RÉGION 

Charente.  Angoulême... 

—  RufTec 

Char.-In/ér.  Marans.... 

Deux-Scvres.  Niort 

Indre-el- Loire.  Blére. . . . 

—  Tour'i 

Loire-Inf.  Nantes 

M.-el-Lo^-^-.  Sacmur 

—  Angers 

Vendée.  Lu'jon 

—  La  Roche-sur-Yon. 
Vienne.  Cliàtelleraull.. . 

—  Li'udun 

Haute-Vienne.  Limoges. 


OITEST. 


Prix  moyens. 


5'  REGION.  —  CE.XTRB. 


fr. 
Allier.  Montluçon 23.85 

—  Moulins 2ii.00 

—  Saint-i'ourçain.. .  25.00 
Cher,  liourges 23.23 

—  Aubi-ny 24.50 

—  Vierzon 24.25 

Creuse.  Aiiba-ison 24.75 

Indre.  Chiteauroux 23 .  50 

—  Issoudun 22.75 

—  Valenç.iy 24.50 

Loiret.  Orléans 23  75 


fr. 

15.50 

1 5 .  50 

17.00 

15.00 

14.50 

15.25 

15.00 

14.75 

14.50 

16.25 

14.75 

14.75 

17.00 

14.50 

14.75 

» 
15.80 
15.00 
14.50 


Orse. 

fr. 

18.25 
18.00 
20.00 
19.00 
18.50 
18.25 
18.00 
18.00 
19.50 
16.50 
17.50 

20.00 
18.50 


16.50 
16.50 


511 


Avoine. 

fr. 

1 8 .  CO 

18.50 

18.00 

17.50 

17.75 

19.25 

19-00 

17.25 

13.50 

18.75 

19.75 

19.00 

13.00 

20.25 

19.25 

18   50 

17.75 

19.00 

17.75 


—  Patay 24.00 

—  ^'len 23.00 

L. -et-C her.  ùlois 23. 50 

—  Montoire 23.50 

Nièvre.  Nev ers 24.00 

—  La  Charité 23.50 

Vonne.  Brienon 23.85 

—  Saint-Florentin...  24.00 

—  Sens 25.00        »  ,)  „ 

Prixmoyens 23.92     15.24     13.20     18.51 

6°  RÉGION.  —  EST. 
Ain.  Bourg 25 

—  Pont-de-Vaux 24 

Côte-d'Or.  Dijon 22 

—  Beaune 24. 

Doubs.  Besançon 23 

Isère.  Grand-Lemps. . . .  25 

—  Bourgoin 24 

Jura.  Dôle 22 

/.oire.  Charlieu 23 

P. -de-Dôme.  Clermont.F.  25 

Bhône.  Lyon 24, 

Saône-el- Loire.  Chalon.  24. 

—  Màco'n 24 , 

iatjoie.  Chambéry ..  26 

Ille-Savoie.  Annecy 25 , 

Prixmoyens 24.60     16.22     18.22     19.28 

7°  RÉGION.  —  SUD-OUEST. 
Ariège.  Foix 25.20     18.25 

—  Pamiers 26.50     16.50 

Dordog?^e.  Bergerac. .. .   2550     18.00 
Hle-G aron ne.  Toaloase.  2,t.20     13.50 

—  St-Gaudens 25.00  17.00 

Gecs.  Condom 26.25  » 

—  Eauze 26.00  » 

—  Mirande 25.70  » 

Gironde.  Bordeaux 25.50  18. 0> 

—  Bazas 26.25  18.50 

Landes.  Dax 27.00  19. 75 

Z-oi-ef-Goronne.  Agen. ..  26.50  19.00 

—  Nérac 26.75  » 

B. -Pxjrénées.  Bàyonne..  27.00  » 

Iltes-Pyrénces.  Tdrhes..   26.25  17.50 

Prixmoyens 26.0^    18.10 

8'  RÉGION.  —  SUD. 
Aude.  Casteinaudary...  25  85        » 

^«eyron.  Rodez   23.00  17.25 

CaniaL  Mauriac 25.35  21.50 

Corrère.  Tulle 2'i.75  18.00 

Hérault.  Bé/iiers 27.25  18.50 

—  Cette 27.00        » 

Lot.  Càhors 26.00  17.00 

Lozère.  Mende 24.70  18.65 

P(/)'é?i(;es-Oc. Perpignan.  27.75  20.00 

Tarn.  Aibi 26.50         » 

Tarn-et-r/a)'. MontauDan  26.50  18.50 

—  MoissQC 25.00  18.00 


18.50 
18.75 


18.50 

» 
18.25 


19.50 
20.50 
20.25 
20.50 
21.50 
20.00 
21.00 
20.75 
19.50 


21.00 
20.50 
19.00 

18.25 


18.45     20.09 


20.00 
20.50 
23.25 
18.50 
21.75 
20.50 
17.75 
17.70 
25.00 
19.25 
21.00 
22.00 


18.25 
20.50 

» 
17.50 
18.65 
18.40 

» 
19.25 
19.50 


20.60 


49     16.50     18.29     19.01 


Prixmoyens 2S.80     18.60 

9"  RÉGION.  —  SUD-EST 
Basses-Alpes.  Manosque  27.60 
Hautes- Alpes.  Briançon.  27.50 
Alpes-Maritimes. Cd.n\\&i  26.00 

Ardèche.  Privas 26.35 

B.-du-Bhône.  Arles....  26.00 

Drame.  Valer.ce 25.00 

Gard.  Nimes 25.75 

//ai(ie-/,oi>e.  Brioude. . .  25.00 

Far.  Dra^uignan 25.75 

Vaucluse.  Avignon 25.50 

Prixmoyens 2S.05     18.87     17.35     19.41 

Moy.  de  tonte  la  France  24.65     16.79     18.21     19.i'i 
—  de  la  semaine  précéd.  24.77     lo.92     18.22     19.37 

Sur  la  semainelHausse.       »  »  »  o.07 

précédente.. JBaisse..     0.12      0.13      0.01        » 


» 

25 

00 

19.00 

20 

00 

17.25 

17 

.".0 

18 

00 

13.35 

17 

15 

19 

20 

» 

15 

00 

» 

16.50 

IS 

75 

» 

17 

50 

17 

25 

18.25 

(9 

25 

19 

00 

» 

18 

00 

18 

50 

» 

19 

00 

512  REVUE   COMMERCIALE  ET  PRIX   COURANT 

Blé  Seigle.  Orge.  Avoine 

fr.               fr.                fr.  fr. 

,       (  blé  tendre. ..  24.75            »                 »  » 

Algérie.                    '^^^^''I  blé  dur 2300           »  lh.2h  1,^.00 

Anqleterre.               Londres 24.80            »  19.2.S  19. .50 

Beloioue.                  Anvers 24.00  M  .2h  16.25  17.50 

I_  Bruxelles 24.75  17.00  » 

_                         Liège 23.85  17.75  20.50  18.00 

_                        Namur 22.50  16.75  20.00  15.50 

Pays-Bas.  Amslerdani 24 .  05  17.10 

Luxembourg.          Luxembourg 24.50            •>                «  18.50 

Alsace-Lorraine.     Strasbourg 24.50  18.25  17.25  17.50 

_                         Mulhouse 23.25  17.75  16.25  18.50 

_                         Colmar 24  80  18.00  17  80  16.75 

AUernaqne.  Berlin ■ 23.25  18.10  » 

_  Cologne 26.25  18.75 

_  Hambourg 23.10  18.10 

Suisse.                     Genève 26  25            »                »  21.75 

Italie.                        Turin 25.25  20.25  17.75  18.50 

Èsnaqne.  Valladolid 24.50  »  » 

Autriche.                  Vienne 21.75  15.75  16.25  14. 

Hongrie.                   Budapeslh 22.50  16.00  16.50  14.0 

Russie.  Saint-l'étersbourg..  22.00  15.60             ••  13.75 

Etats-Unis.              ISew-York 22.40            »               »  » 

glgs^  —  La  semaine  qui  s'achève  a  été  meilleure  que  la  précédente  sous  le 
rapport  des  circonstances  météorologiques  :  moins  de  pluie  et  plus  de  chaleur. 
Les  blés  en  ont  subi  l'heureuse  influence;  la  vég-étation  est  active  dans  la  plupart 
des  régions;  on  compte  sinon  sur  une  récolte  d'excellente  qualité,  au  moins  sur 
une  bonne  moyenne.  A  l'étranger,  la  situation  est  toujours  indécise.  Deux  faits 
sont  néanmoins  certains,  c'est  que  les  Etats-Unis  et  la  Russie  n'auront  que  des 
récoltes  médiocres,  et  que,  dans  l'un  et  l'autre  pays,  il  y  aura  un  déficit  notable 
sur  la  récolte  de  1882.  —  A  la  halle  de  Paris,  le  mercredi  27  juin,  il  n'y  a  eu 
que  peu  de  transactions.  Les  cours  sont  demeurés  sans  variations,  de  24  fr.  50 
à  27  fr.  par  100  kilog.  ou  en  moyenne  25  fr.  75.  —  Sur  le  marché  des  blés 
à  livrer,  on  cote  en  baisse  :  courant  du  mois,  25  fr.  50  ;  juillet,  25  fr.  50  à  25  fr. 
75;  juillet  et  août,  25  fr.  75  à  26  fr.  ;  quatre  derniers  mois,  27  fr.  —  Au  Havre^ 
il  n'y  a  que  peu  d'affaires  sur  les  blés  d'Amérique;  les  prix  se  soutiennent  sans 
changements.  —  A  Marseille,  il  y  a  eu  plus  d'activité  dans  les  transactions  que 
la  semaine  précédente;  les  arrivages  de  la  semaine  ont  été  de  214,000  quintaux 
environ-  le  stock  est  actuellement  de  117,000  quintaux  dans  les  docks.  On  cote 
par  100 'kilog.  :  Red-winter,  27  fr.  50;  Pologne,  25  fr.  50  à  26  fr.  ;  Irka,  26  à 
26  fr.  50;  Azima,  23  fr.  25  à  24  fr.  50;  Danube,  23  fr.  50  à  24  fr,  —  A  Londres, 
les  importations  de  blé  ont  été  de  302,000  quintaux  métriques  depuis  huit  jours; 
les  ventes  sont  faciles,  mais  les  prix  sont  faibles;  on  cote  de  23  fr.  80  à  25  fr.  80 
par  100  kilog.,  suivant  les  qualités  et  les  provenances. 

Farines.  —  Les  transactions  sont  peu  importantes,  et  les  prix  des  diverses 
sortes  varient  peu.  En  ce  qui  concerne  les  farines  de  consommation,  on  cotait  à  la 
halle  de  Paris  le  mercredi  27  juin  :  marque  de  Gorbeil,  60  fr.  ;  marques  de 
choix,  60  à  62  fr.  ;  bonnes  marques,  57  à  59  fr.;  sortes  ordinaires,  54  à  56  fr.; 
le  tout  par  sacs  de  159  kilog.  toile  à  rendre  ou  157  kilog.  net,  ce  qui  corres- 
pond aux  prix  extrêmes  de  34  fr.  70  à  39  fr.  80  par  100  kilog.,  ou  en  moyenne 
37  fr.  40  ;  c'est  une  hausse  de  0  fr.  45  sur  le  prix  moyen  du  mercredi  précédent. 

Pour  les  farines  de  spéculation,  on  cotait  à  Paris  le  mercredi  27  juin  au  soir  : 

farines  neuf -marques^  courant  du  mois,  57  fr.  50  à  57  fr.  75;  juillet,  57  fr.  75 
à  58  fr.  ;  juillet  et  août,  58  fr.  à  58  25  ;  quatre  derniers  mois,  59  fr.  25  à  59  fr.  50; 
le  tout  par  sacs  de  159  kilog.  toile  perdue  ou  157  kilog.  net.  —  Les  prix  des 
farines  deuxièmes  restent  fixés  de  25  à  30  fr.  ;  ceux  des  gruaux,  de  46  à  57  fr. 

Seigles.  —  Les  prix  sont  plus  faibles.  On  paye  à  la  halle  de  Paris  15  fr.  à 
15  fr,  50  par  100  kilog.  suivant  les  sortes.  Il  y  a  peu  d'affaires  sur  les  farines, 
qui  sont  vendues  de   23  à  25  fr.  par  quintal  métrique. 

Orges.  —  Les  prix  sont  sans  changements.  On  paye  à  la  halle  de  Paris  17  à 
18  fr.  par  100  kilog.  Les  escourgeons  valent  aussi  i7  fr.  à  18  fr.  — A  Londres, 
il  a  été  importé  28,000  quintaux  depuis  huit  jours;  les  prix  se  maintiennent  de 
18  à  20  fr.  50. 

Avoines.  —  Les  demandes  sont  peu  actives,  et  les  prix  sont  plus  faibles.  On 
paye  à  la  halle  de  Paris  18  fr.  à  20  fr.  25  par  100  kilog.  suivant  les  sortes.  — 
A  Londres,  il  a  été  importé  13),00J  quintaux  d'avoines  depuis  huit  jours  ;  les 
prix  sont  faibles  de  18  fr.  à21  fr.  par  quintal  métrique. 


DES  DENRÉES  AGRICOLES  (30  JUIN   1883).  513 

Sarrasin.  —  Les  prix  sont  assez  faibles.  On  paye  à  la  halle  de  Paris  17  fr.  à 
17  fr.  50  par  lOOkilog. 

Maïs  —  Les  ventes  sont  assez  difficiles.  On  vend,  au  Havre,  15fr.  75  à  16  fr.  25 
par  100  kilog.  pour  les  maïs  d'Amérique. 

IV.  —  Vins,  spiritueux,  vinaigres,  cidres. 

Vins.  —  L'anxiété  persiste  toujours  dans  un  grand  nombre  de  vignobles  du 
Centre  et  de  l'Est  sur  la  manière  dont  la  vigne  va  passer  la  lloraison.  Dans  le 
Midi,  la  période  critique  est  passée  ;  rarement  les  vignes  ont  eu  un  aussi  bel 
aspect,  et  il  est  permis  de  compter  sur  une  abondante  vendange  ;  nous  parlons, 
bien  entendu,  des  vignes  non  atteintes  par  le  phylloxéra.  Si  le  temps  redevient 
un  peu  meilleur,  il  sera  possible  que  la  coulure  ne  fasse  pas  de  trop  grands  dégâts 
dans  les  parties  les  plus  septentrionales.  En  Algérie,  la  situation  est  très  bonne  ; 
la  prochaine  récolte  donne  les  plus  grandes  espérances.  Le  commerce  est  toujours 
calme  ;  dans  la  plupart  des  centres,  les  affaires  sont  tout  à  fait  restreintes,  il  n'y 
a  pas  de  variations  sensibles  dans  les  prix,  et  il  serait  dii'iicile  qu'il  en  fut  autre- 
ment ;  les  petits  vins  sont  toujours  délaissés.  A  Cette  on  cote  actuellement  les 
vins  d'Espagne  par  hectolitre  :  Alicante,  40  à  45  fr.  ;  Catalogne,  33  à  34  fr.  ; 
Mayorque,  28  à  30  fr.  ;  les  vins  d'Italie  valent  42  à  43  fr. 

Spiritueux.  —  La  situation  est  toujours  la  même  :  peu  d'affaires  et  maintien 
des  prix  pour  les  diverses  sortes.  Sur  les  marchés  du  Midi,  on  cote  par  hectolitre  : 
Cette,  trois-six  bon  goût  disponibles,  100  à  105  fr.  ;  Béziers,  trois-six  bongoiît,  103 
fr.  ;marc,  93  fr.;  Pézenas,  trois-six  bon  goût  102  fr.;  marc,  94  fr.  ;  Montpellier,  trois- 
six  bon  goût,  100  fr.  ;  marc,  90  fr.  —  A  Cognac,  les  eaux  de  vie  1878  à  1880 
valeur  :  Borderies,  220  à  225  fr.  ;  fin  bois,  210  à  220  fr.  ;  bons  bois,  200  à  210  fr.  ; 
bois  éloignés,  19  J  à  200  fr.  —  Sur  les  marchés  du  Nord,  il  y  a  peu  de  ventes, 
sans  changements  dans  les  prix.  On  cote  à  Paris  :  3|6  fin  Nord,  90  degrés,  1'"  qua- 
lité, disponible,  48  fr.  75  à  49  fr.  ;  juillet,  49  fr.  50;  juillet  et  août,  49  fr.  75; 
quatre  derniers  mois,  50  fr.  50  Le  stock  était,  au  27  juin,  de  18,675  pipes,  contre 
16,300  en  1882. 

Raisins  secs.  —  Peu  de  ventes,  et  maintien  des  prix.  On  paye  à  Cette  par 
100  kilog.  :  Corinthe,  55  à  56  fr.  ;  Thyras  purs,  47  à  48  fr.  ;  Samos  muscats, 
45  à  47  Ir.;  Vourlas,  45  à  48  fr.;  Beyrouth,  37  à  38  fr. 

V.  —  Sucres.  —  Mélasses.  —  Fécules.  —  Glucoses,  —  Amidons.  —  Houblons, 

Sucres.  —  Les  affaires  sont  toujours  calmes  sur  les  sucres,  et  les  prix  sont 
faibles  pour  toutes  les  catégories  ;  il  y  a  même  un  mouvement  de  baisse  assez 
accentué  sur  les  sucres  bruts.  On  paye  à  Paris,  par  100  kilog.  :  sucres  bruts 
88  degrés  ^accharimétriques,  52  fr.  75;  les  99  degrés,  60  à  60  fr.  25;  sucres 
blancs,  60  fr.  à  60  fr.  25.  —  Le  stock  était,  au  27  juin,  de  476,000  sacs  pour 
les  sucres  indigènes,  avec  une  diminution  de  39,000  sacs  depuis  huit  jours.  — 
Le  mouvement  est  le  même  pour  les  sucres  raffinés,  qui  valent  de  104  à  10  b  fr. 
par  quintal  métrique  à  la  consommation;  et  de  64  fr.  50  à  67  fr.  pour  l'expor- 
tation. —  A  Londres,  les  affaires  sont  très  calmes,  avec  des  prix  faiblement  tenus. 

Mélasses.  —  Les  prix  sont  sans  changements.  On  paye  à  Paris  :  mélasses  de 
fabrique,  11  fr.  par  lOOkilog.;  de  raffinerie,  12  fr. 

/^ecw^/'5.  —  Maintien  des  cours.  On  paye  à  Paris  39  à  40  fr.  par  100  kilog.  pour 
les  fécules  premières  du  rayon  ;  à  Compiègne,  40  fr.  pour  celles  de  l'Oise. 

Houblons.  —  Les  houblounières  présentent  toujours  de  très  bonnes  apparences. 
Il  y  a  très  peu  de  ventes  sur  les  houblons  de  l'aînée  dernière  ;  les  prix  accusent 
toujours  de  la  fermeté.  On  cote  de  510  à  620  fr.  par  lOOkilog.  suivant  les  qualités, 
sur  les  marchés  du  Nord. 

VI.  —  Huiles  et  graines  oléagineuses.  —  Tourteaux. 

Huiles.  —  Il  y  a  peu  d'offres,  et  les  prix  accusent  une  grande  fermeté.  On  paye 
à  Paris  par  100  kilog.  :  huile  de  colza  en  tous  fûts,  l(i3  fr.  50;  en  tonnes,  105  fr.; 
épurée  en  tonnes,  1 13  fr.  ;  huile  de  lin  en  tous  fûts,  57  fr.  50;  en  tonnes,  59  ir.  50. 
Les  affaires  sont  toujours  calmes  sur  les  marchés  du  Nord,  sans  variations  dans 
les  cours.  Dans  le  Midi,  les  huiles  d'olive  se  vendent  toujours  aux  mêmes  prix. 

Graines  oléagineuses.  —  On  cote  dans  le  Nord  par  hectolitre  :  graine  de  colza, 
22  à  24  fr.  ;  d' œillette,  25  fr.  à  26  fr.  50;  de  lin,  18  à  19  fr.  ;  de  cameline,  13  fr. 
à  13  fr.  50. 

Tourteaux.  —  Les  prix  sont  bien  tenus.  On  paye  à  Marseille  par  100  kilo^.  : 
tourteaux  de  lin,  16  fr.  75;  d'arachide  en  coques,  10  fr.  25;  décortiquée,  14  fr.  ; 


5U  REVUE  COMMERCIALE   ET  PRIX  COURANT 

de  sésame,  13  fr.  à  13  fr.  75  ;  de  coprah,  12  fr.  50;  de  colza,  12  fr.  50;  d'oeillette, 
12  fr.  75  ;  de  citon,  12  fr.  ;  de  pal  làste,   12  fr.  ;  de  ravison,  12  fr.  25. 
Engrais  —  A  Dunkerque,  on  paye  les  nitrates  de  soude  30  fr,  par  100  kilog. 

VII. —  Matières  résineuses,  textiles. 

Chanvres.  — Les  prix  sont  sans  changements.  En  Anjou,  on  paye  les  chanvres 
70  à  80  fr.  par  100  kilog.  suivant  les  quahtés. 

Laines.  —  Les  ventes  sont  toujours  assez  diTIiciles  pour  les  laines  nouvelles.  Dans 
la  Beauce,  on  cote  1  fr.  70  2  fr.  par  kilog.  en  suint.  Dans  le  Cher,  les  laines 
communes  valent  1  fr.  30  à  1  fr.  50;  dans  la  Marne,  on  cote  1  fr.  50  à  2  fr.  Les 
ventes  sont  toujours  activer  aux  enchères  de  Londres. 

VIII.  —  Suifs  et  corps  gras. 

Suifs.  —  Il  y  a  fermeté  dans  les  prix.  On  cote  à  Paris  105  fr.  par  100  kilog. 
pour  les  suifs  purs  de  l'abat  de  la  boucherie;  7 S  fr.  7t  pour  les  suils  en 
branches. 

Saindoux.  — Les  prix  sont  un  peu  plus  fermes.  On  paye  au  Havre  134  à  135  fr. 
par  100  kilog.  pour  les  saindoux  d'Amérique. 

IX.  —  Beurres,  —  Œufs.  —  Promages. 
Beurres.  — Il  a  été  vendu,  pendant  la  semaine,  àla  halle  de  Paris,  260,108  kilog. 
de  beurres.  Au  dernier  marché,  on  payait  par  kilog.  :  en  demi-kilng.,   1  fr.  90  à 
3  fr.  30;  petiis  beurres,  1  fr.  64  à  2  fr.  30;  Gournay,  3  fr.  20  à  2  fr.  26;  Isigny, 
2  fr.  14  à  5  fr.  96. 

Œufs.  —  Du  18  au  23  juin,  on  a  vendu  à  la  halle  de  Paris,  5,226,615  œufs. 
Au  dernier  jour  on  payait  par  mille  :  choix,  90  à  106  fr.;  ordinaires,  60  à  78  Ir.; 
petits,  52  à  58  fr. 

X.  —  Chevaux,  bétail,  viande. 

Chevaux.  —  Aux  marchés  des  20  et  23  juin,  à  Paris,  on  comptait  1,035  che- 
vaux; sur  ce  nombre,  335  ont  été  vendus  comme  il  suit  : 

Amenés.  Vendus.  Prix  extrêmes. 

Chevaux  de  cabriolet 20.Ï  47  19.Ô  à  1 ,020  fr. 

—  de  trait 285  «4  225  à  1,200 

—  hors  d'âge 419  98  18  à  1.095 

—  à  l'enciière 45  45  30  à      42.3 

—  de  boucherie 81  81  20  à      190 

Bétail.  —  Le  tableau  suivant  résume  le  mouvement  officiel  du  marché  aux  bes- 
tiaux de  la  Villette,  du  jeudi  21  au  mardi  26  juin  : 

Poids      Prix  du  kilog.  de  vian'ie  nette  sur 
pied  au  marché  du  25  juin. 

Pour  Pour  En  4  quartiers,  l""" 

AmpnpQ_         Parî<;.     l'pTfpripnr     lnt.;ilil.p._  Uil.  ail.li 

Bœufs 

Vaciies .... 
Taureaux . . 

Veaux 

Moutons  . . . 
Porcs  gras. 

La  vente  a  été  très  facile  pour  toutes  les  catégorie-^  d'animaux  ;  il  n'y  a  d'excep- 
tion que  pour  les  veaux.  Au-^si  les  prix  qui  avaient  un  peu  baiss^,  sont-ils  en 
reprise  depuis  huit  jours,  principalement  en  ce  qui  concerne  le  gros  bétail  et  les 
moutons.  — Sur  les  marchés  des  départements,  on  cote  :  Le  Mans,  bœufs,  1  fr.  70 
à  1  fr.  80  par  kilog.  de  viande  nette  sur  pied;  vaches,  1  fr.  60  à  1  fr.  70;  veaux, 
1  fr.  75  à  1  fr.  85;  moutons,  2  fr.  05  à  2  tr.  15;  agneaux,  2  fr.  10  à  2  fr.  20;  — 
Orléans-,  \  œu  s,  ù  fr.  72  à  o  (r.  82  par  kilog.  sur  piei  ;  vaches,  0  fr.  72  à  0  Ir.  82  ; 
veaux  1  fr.  à  1  fr.  20;  moutons,  0  fr.  75  à  ù  fr.  93;  —  Nancii,  bœuf,  96  à  103  Fr.  : 
vache,  75  à  97  (r  ;"veau,  112  à  130  fr.;  mouton,  105  à  111  fr.;  porc,  74  à  79  fr.; 
—  Dijoi,^  bœuf,  1  fr.  60  à  1  fr.  82;  vaches,  1  fr.  20  à  1  fr.  70;  vean  (poids  vif), 
0  fr;  96  à  1  fr.  12;  moutons,    1  fr.    80  à  2  fr.  10;  —   Bourg,  bœuf,    0  fr.  76  à 

0  fr.  90;  veaux,  0  fr.  33  à  1    fr.;   pires,  0  fr.  78  à  0  fr.  94;  —  Nîmes,  bœufs, 

1  fr.  45  à  1  fr  65  ;  vaches,  1  fr.  30  à  1  fr.  55  ;  moutons,  1  fr.  76  à  1  fr.  82  ;  brebis, 
1  fr.  30  à  1  fr.  60;  agneaux,  I  fr.  05  à  1  fr.  10;  —  Genève,  bieufs,  1  fr.  60  à 
1  fr.  ^0;  veaux  (sur  pied),    0   fr.  90    à    1    fr.    10;  moutons,    1    fr.    80  à   2  fr.; 

A  /.o?iti(/(?5,  les  importations  d'animaux  étrangers  durant  la  semaine  Hernière  se 
sont  composées  de  27,470  tê'es.  Prix  du  kilog.  :  Bœuf,  i  fr.  52  à  1  fr.  99;  — 
■Veau  :  2  IV.  05  à  2  fr.  34.  —  M'Hitoa  :  1  fr.  87  à  2  fr.  28  ;  ~  Agneau  :  2  ir.  57  à 
:a  fr.  92.;  —  Porc  :  1  fr.  52  à  1  fr-  7  5. 


^ , 

Vendus 

„, — -^ 

moyen 
des 

Pour 

Pour 

En          4 

quartiers. 

Amenés. 

Paris.    1 

l'extérieur. 

totalité. 

kil. 

4,793 

2,927 

1,490 

4,417 

341 

1,3(:6 

779 

444 

1,223 

230 

2H4 

228 

44 

272 

378 

3,896 

2,154 

l,31i3 

3,470 

76 

3  4,.') '+6 

22,409 

10,032 

32,441 

20 

6,544 

2,447 

4,097 

6,544 

83 

.  i'" 

oe 

3' 

Prix 

quai. 

quai. 

quai. 

moyen. 

i.ya 

1.72 

1..50 

1.70 

1.78 

1.54 

1.34 

1.55 

1.64 

1   48 

1.3S 

1.50 

2  no 

1.8o 

1.50 

1.78 

2.20 

2.06 

1   82 

2.02 

1 .56 

1.50 

1.44 

1.50 

DES  DENRÉES  AGRICOLES  (30    JUIN  1883).  515 

Viaiide  à  la  criée.  —  Il  a  été  vendu  à  la  halle  de  Paris,  du  18  au  24  juin  : 

Prix  du  kilog.  le  25  juin.       

kilog.  1"  quai.                2°  quai.  3"  quai.                Choix.       Basse  Boucherie. 

Bœufou  vaclie...   168,935  1.68  à  2.10     1.46  à  1.66  1.00  à  1.44  1.60  à  3.00    0.20  à  1.40 

Veau 222,919  1,82      2.10     1.60       1.80  1.26       l.r.S  1.36       2. 40       -            » 

Mouton 52,481  1.52       1.94     1.30       1.50  0.86       1.28  1.80      3.60       « 

Porc 43,456                     Porc  frais 1.30àl.6u  salé,  1 .30  à  1 .40 

487,791         Soitparjour 69,684  kilo-. 

Les  ventes  ont  été  inférieures  de  1,000  kilog.  environ  par  jour  à  celles  de  la 
semaine  précédente.  Les  prix  de  toutes  les  sortes  sont  faibles. 

XI.  —  Cours  de  la  viande  à  l'abattoir  de  la  Villclte  du  28  juin  {par  50  kilog.) 

Courts  de  la  cJiarculerie.  —  On  vend  à  la  Villctte  par  50  kilog.  :  V  qualité, 
80  à  85  fr.  ;  2%  7b  à  80  fr.  ;  poids  vifs,  55  à  60  fr. 

Bœufs.  Veaux.  Moutons. 

1'°                    2»                   3"  1"                    2"  3'      '              1'"                    2"  3" 

quai.  quai.  quai.  q  al.  qiial.  quai.  quai.  quai.  quai. 

fr.  fr.                fr.  fr.                 fr.  fr.                 fr.                fr.  fr. 

87  80              73  100               94  8i               93              88  80 

XII.  —  Marche'  aux  bestiaux  de  la  Villette  du  jeudi  28  juin  1883. 

Cours  des  commissionnaires 
Poids  Cours  officiels.  en  bestiaux. 

AnimaHx  gênerai.     1"        2°        3°  Prix  1'°        T  3°  Prix 

amenés.  Invendus.  liil.        quai.  quai.  quai,  extrêmes.  quai. quai.  quai.  extrêmes. 

Bœufs 2.422  200  360         1.68  1.70     1.48  1.40àl.92  1.80     i.63  1.46  1.38  àl. 90 

Vaclies 551  79  232          1.78  1.52      1   30  1.20      1.82  1.76      1.50  1.30  1.20     1.80 

Taureaux...          185  13  Ti'o        H. 60  1.46     1.36  1.30     1.64  1.58     1.46  1.30  1.28    t. 62 

Veaux 1.495  254  79         1.90  1.80     1.46  1.36     2.10          »              »  »  » 

Moutons 19.4'28  1.432  19          2.12  2.00     1.78  1.60     2   16          »               »  »  » 

Porcs  gras..     4.172  »  83         l.6/i  1.58     1.52  1.44     1.68          »              »  » 

—  maigres..         »  >  u»»»»»»»])» 

Vente  assez  active  sur  toutes  les  espèces. 

XIII,  —  Résumé. 
Les  cours  de  la  plupart  des  denrées  n'ont  subi  que  de  très  faibles  variations 
depuis  notre  précédente  revue.  A.  Remy. 

BULLETIN  FINANCIER 

La  semaine  est  très  agitée.  Après  un  mouvement  ppesque  continu  de  hausse, 
la  baisse  ramène  las  taux  des  fonds  d'Etat  aux  cours  de  la  semaine  précédente. 

On  paye  les  valeurs  françaises  :  3  pour  100,  78  fr.  95  ;  —  3  pour  100  amortis- 
sable, 81  fr.  10;  —  4  et.  demi  pour  100,  109  fr.  50;  —  5  pour  100,  108  fr.  25  ; 

—  au  comptant. 

Le  mouvement  de  malaise  est  surtout  accentué  sur  les  valeurs  des  chemins  de 
fer  et  sur  celles  des  grandes  Sociétés  de  crédit.  Oa  cote  :  actions}  de  la  Banque  de 
France,  5,300  fr.;  Crédit  foncier,  1,318  fr.;  Comptoir  d'escompte,  985  fr.;  Banque 
de  Paris,  1,060  fr.;  Crédit  Jyonnais,  558  fr.  50;  Société  générale,  522  fr.  50  ;  So- 
ciété des  dépôts  et  comptes  courants,  575  fr.  ;  Banque  franco-égyptienne,  582fr.£0. 

Les  titres  des  Compagnies  de  chemins  de  fer  sont  cotés  :  Nord,  1,926  fr.  25; 
Orléans,  1/240  fr.  ;  Ouest,  775  fr.  ;  Paiis-Lyon-Méditerranée,  1,427  fr.  50;  Est, 
725  fr.;  Midi,  1,170  fr.  On  attend  avec  impatience  que  la  question  des  conven- 
tions entre  l'Etat  et  les  Compagnies  soit  vidée. 

La  Compagnie  parisienne  du  gaz  est  cotée  à  1,380  fr.  —  Baisse  sur  les  actions 
du  canal  de  Suez,  à  2,4-J5  fr.  —  Les  délégations  restent  à  1,320  fr.  —  Les  actions 
de  Panama  valent  485  fr.  E.  Féron- 

Le  gérant,  A.  Bouché. 


TABLE   ALPHABÉTIQUE   DES   AUTEURS 

DLJ  DEUXIÈME  VOLUME    DE    1883 


BARBAL  (J.-.V).  —  Chronique  agricole  du 
7  avril,  .'j;  —  du  14  avril,  41  :  — du  21  avril, 
81;  —  du  28  avril,  121  ;  —  du  5  mai,  161  ; 
—  du  12  mai,  201;  —  du  19  mai,  2tl  ;  —du 


26  mai,  281  ;  —  du  2  juin,  321  :  —  du  9  juin, 
3G1;  -  du  \n  juin,  40l  ;  —  du  2:i  juin,  441  ; 
—  (lu  30  juiu,  481.  —  L'asfdiodèle,  culture 
et    produits,    20.  —    Toast     prononcé     au 


516 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  AUTEURS. 


banquet  de    l'exposition    de    Boston  ,    282. 

BASTIDE.  —  Concours  régional  de  Sidi-bel- 
Abbès  en  1883,  PS,  227,  264,  350. 

BEAUME.  —  Sur  le  concours  de  pompes  à  Sidi- 
bel-Abbès,  248. 

BEAUVILLIERS.  —  Nouvelles  de  l'état  des  ré- 
coltes dans  l'Aube,  88. 

BONCENNE,  —  Nouvelles  de  l'état  des  récoltes 
dans  la  Vendée,  169.  —  La  consoude  ru- 
gueuse du  Caucase,  191. 

BONNET.  —  Conclusions  de  la  Commission  sé- 
natoriale d'enquête  sur  le  repeuplement  des 
eaux,  444. 

Bosc  (Ernest).  —  La  situation  dans  les  Alpes- 
Maritimes,  179. 

BOUCHARD.  —  Dosage  de  l'alcool  et  de  l'extrait 
dans  les  vins  d'Anjou,  92.  —  VAbies  bracleata 
en  Anjou,  144.  —  Constatation  du  phylloxéra 
dans  Maine-et-Loire,  402. 

BRAMDIN.  —  Sur  les  changements  à  introduire 
dans  la  culture  da  Centre,  108. 

BRÉZENAnD(K.  de).  —  Création  d'une  pépinière 
de  vignes  américaines,  à  Bourg-Saint-An- 
déol,  8. 

CASSÉ.  —  Le  travail  dans  les  fermes,  137.  — 

La  situation  en  Normandie,  18.5. 
CHABANEix.  —  Cûucours  régional   de  Digne, 

41.Ô. 
CHABOT-K ARIEN .  —  Pisclculturc  :  le  saumon 

de   Californin,    142.  —  Sur  la   création    de 

grands   établissements  de   pisciculture,  346. 

—  Pierre  Carbonnier,  432.  —  La  pisciculture 
à  Huningue,  472. 

CHAMFIN  (Aimé).  —  Le  bouturage  en  fossés, 
259. 

cocHERT.  —  Discours  prononcé  au  concours 
régional  de  Blois,  409. 

COURRÉGELONGUE.  —  Rapport  sur  les  prix 
culturaux  dans  l'Ariège,  305. 

CULERON.  —  Emploi  du  sulfocarbonate  de  po- 
tassium contre  le  phylloxéra  dans  le  Midi  do 
la  France,  101.  —  Réponse  à  M.  Mouillefert, 
324. 

DAMPiERRE  (E.  de).  —  Plantation  de  la  vigne 
dans  les  sables,  51. 

DAVID  (Stephen).  —  Etudes  sur  le  topinambour, 
465. 

DEHÉBAIN.  —  Association  des  chimistes  de 
distillerie  et  de  sucrerie,  311.  —  Discours  à 
l'inaugural'on  du  monument  de  M.  Dutertre 
à  Grignon,  328. 

DESFREZ  (F.).  —  Culture  du  blé  dans  le  Nord, 
63. 

DUPONCHEL.  —  Sur  les  alluvions  artificielles, 
332,  373,411. 

DUPUT-MONTBRUN.  —  Cultures  dans  le  Tarn 
et  la  Haute-Garonne,  32.  —  Réunions  viti- 
coles  de  Montpellier,  66. 

DTJROSELLE.  —  Moyens  pratiques  de  venir  en 
aide  à  l'agriculture  française,   146. 

DTBOWSKi.  —  Exposition  printanière  de  la  So- 
ciété nationale  d'horticulture,  30.  —  Exposi- 
tion générale  des  produits  de  l'horticulture, 
348. 

FÉRON.  — Bulletin  financier  du  5  mai,  200; 

—  du  12  mai,  240;  —  du  19  mai,  280;  — 
du  26  mai,  320;  —  du  2  juin,  360;  —du 
9  juin,  400;  —  du  16  juin,  440;  —  du  23  juin, 
480;  —  du  30  juin,  514. 

FOEX  (G.).  —  Lettre  sur  la  viticulture  en  Algé- 
rie, 496. 

FOUCBER  DS  CAREiL.  —  Les  haras  en  1883, 451 , 
500. 

FRANC.  — La  prime  d'honneur  de  l'Indre  en 
1882,  56,  133,  180. 

WI.SFABIN  (Paul  de).  — Des  terrains  salants 
du  Sud-est,  90.  —  La  lutte  contre  le  phyl- 
loxéra, par  J.-A.  Barrai,  170.  —  Constitution 


physique  et  chimique  des  terrains  vignobles 
traités  par  la  submersion  dans  le  sud-est  de 
la  France,  371. 

GATTDOT.  —  L'exploitation  du  quinquina,  377. 

GENNADius.  —  La  situation  agricole  en  Grèce. 
l!tl.  ' 

GOFFART.  —  Lettre  au  président  de  la  Société 
des  agriculteurs  de  France  sur  la  découverte 
de  l'ensilage  des  fourrages  verts,  125. 

ORÉA.  —  Vœu  du  Comice  de  Lons-le-Saunier 
sur  le  commerce  des  vins,  402.  —  Les  pro- 
jets de  logements  à  bon  marché,  463. 

HOVDAILX.E  DE  RAiLLY.  —  Sur  les  change- 
ments à  introduire  dans  la  culture  du  Centre, 
186,211. 

JACQUOT.  —  Nouvelles  de  l'état  des  récoltes  dans 

les  Vosges ,  408. 
JOLY  (Charles).  —  Les  arrosages  par  les  norias 

en  Espagne,  136.  —Les  arbres  géants  de  la 

Californie,  253. 

LADUREAU.  —  Causes  de  la  diminution  de  la 
culture  du  lin  dans  le  Nord,  249. 

LA  MORVONNAis  (de).  —  Nouvelles  de  l'état 
des  récoltes  dans  l'Ule-et-Vilaine,  11.  — 
L'échange  des  parcelles  de  terrains,  105.  — 
La  culture  du  panais  en  Bretagne,  287.  — 
Concours  régional  de  Vannes,   379. 

LAMOTHE  (L.  de).  —  Situation  agricole  dans  le 
Périgord,  191. 

r.A  TRÉHONNAis  (de).  —  Les  reproducteurs  au 
concours  de  Paris,  24.  —  Expériences  sur  le 
tourteau  de  coton,  72.  —  Une  ferme  fruitière 
en  Angleterre,  97.  —  Simples  conseils  pra- 
tiques aux  jeunes  éleveurs,  222.  — Concours 
régional  de  Bourg,  296,  391.  —  Concours  ré- 
gional de  Troyes,  425. 

lAVERRiÈRE.  —  Lord  Vernon,  273.  —  Con- 
cours régional  de  Rochefort,  505. 

lE  BIAN. — Sur  la  culture  du  panais  fourrager,  130. 

LENTiLHAC  (de).  —  Situation  agricole  dans  le 
Périgord,  153,  354.  —  Nouvelles  de  l'état  des 
récoltes  dans  la  Dordogne,  408. 

Z.ETERRIER  —  Bulletin  financier  du  7  avril, 
40;  —du  14  avril,  80;  —du  21  avril,  120; 
—  du  28  avril,  160. 

lEYHissoN.  —  Nouvelles  de  l'état  des  récoltes 
dans  Lot-et-Garonne,  88,  355. 

MAISTRE  (Jules).  —  La  vigne  et  la  sécheresse, 
113. 

MÉHEUST  (Pierre).  —  Le  pommier  en  Bretagne, 
220. 

MÉLiNE.  —  Discours  prononcé  à  Remiremont 
(Vosges),  41.  —  Discours  prononcé  au  con- 
cours régional  d'Amiens,  287;  —  de  Troyes, 
330;  —  de  Caen,470,  491.  —  Circulaire  rela- 
tive à  la  conotalation  de  la  péripneumonie 
contagieuse  et  à  la  délivrance  des  ordres 
d'abatage,  448.  —  Discours  à  la  Société  cen- 
trale d'horticulture,  325.  — Circulaire  sur  les 
travailleurs  militaires  agricoles,  444.  — Dis- 
cours prononcé  à  la  Société  nationale  d'agri- 
culture dans  sa  séance  soletmelle,  489. 

MENUDIER.  —  Sur  les  concurrents  au  prix  de 
300,000  francs,  pour  la  destruction  du  phyl- 
•lovera,  70. 

miNGASSON.  —  Discours  prononcé  au  Comice 
d'Auliigny-sur-Nère,  377. 

MOUILLEFERT.  —  Emploi  du  sulfocarbonate 
contre  le  phylloxéra,  22.  —  Emploi  pratique 
du  sulfocarbonate  de  potassium,  151. 

MULLER(Paul).  —  Le  houblon  en  Europe,  69. 
—  La  loi  sur  la  police  de  la  chasse  en  Al- 
sace-Lorraine, 216.  —  Le  commerce  inter- 
national des  Etats-Unis,  389. 

NAUDIN.  —  Effets  des  gelées  de  mars  dans  le 
Midi,  12.  —  Le  rôle  des  forêts  en  Algé- 
rie, 12. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  AUTEURS. 


517 


NEBOUT.  —  Nouvelles  de  l'état  des  récolles  dans 
l'Allier,  169,  487. 

OUNOUS  (L.  d').  —  Nouvelles  de  l'état  des  ré- 
coltes dans  l'Ariège ,  11,  487. 

Partie  officielle.  —  Séance  du  20  avril  18S3  du 
Conseil  supérieur  de  l'agriculture,  l'M.  — 
Décret  relatif  aux  bureaux  de  douane  ouverts 
à  l'importation  et  au  transit  du  bétail,  2:)'2. 
—  Décret  relatif  aux  ports  de  mer  ouverts 
à  l'exportation  du  bétail,  233.  —  Arrêté 
sur  la  désinfection  des  locaux  déclarés  in- 
fectés, 3G5  ;  —  sur  celle  du  matériel  em- 
ployé au  transport  des  animaux  par  terre  et 
par  eau,  369;  —  sur  celle  des  wagons  ayant 
servi  au  transport  du  bétail,  474.  —  Ariêlé 
créant  un  concours  de  magnaneries  dans  la 
Drôme,  405.  —  Séance  du  22  juin  du  Conseil 
supérieur  de  l'agriculture,  482. 

PETïT-lAFiTTE.  —  Nouvelles  de  l'état  des  ré- 
coltes dins  la  Gironde,  88,  211.  —  Situation 
agricole  dans  la  Gironde,  39,"). 
EYRAT  (du).  —  Discours  prononcé  au  concours 
régional  de  Digne,  393. 

FEYRUSSON. —  Sur  les  dangers  de  l'introduc- 
tion de  la  viande  de  porc  d'Amérique  en 
France,  169. 

FicHARD.  —  Cause  véritable  de  l'appauvrisse- 
ment en  tartre  des  vins  plâtrés,  149. 

FicoT  DE  FLÉDRAN.  —  Sur  la  culture  de  la 
consoude  rugueuse  du  Caucase  en  Bretagne, 
407. 

FLUiHEAV.  —  Pétition  de  la  Société  d'agricul- 
ture de  la  Gironde  sur  le  commerce  des  vins, 
46. 

PONCINS  (de).  —  Sur  le  concouis  d'animaux  re- 
producteurs à  Paris,  49. 

pouiLLET  (Eug.).  —  Jurisprudence  rurale, 
264. 

PRiLLiEUX.  —  Maladie  des  sainfoins  en  Sain- 
tonge,  419. 

RAiBAUD-rANGE.  —  Nouvelles  de  l'état  des 
récoltes  dans  les  Basses-Alpes,  89. 

RAVoux.  —  Les  froidstardifs  dans  le  Midi, 
193. 

REiSET.  —  Observations  sur  le  lait  bleu, 
13. 

REMY.  —  Revue  commerciale  et  prix  courant 
des  denrées  agricoles  du  7  avril,  34;  ^  du 
14  avril,  74;  —  du  21  avril,  114;  —du 
28  avril,  154;  —du  ornai,  194;  —  du  12 
mai,  234;  —  du  19  mai,  274;  —  du  26  mai, 
314  ;  —  du  2  juin,  354  ;  —  du  9  juin,  394  ; 


—  (lu  16  juin,  434;  —  du  23  juin,  474  ;  — 
du  30  juin,  509. 

RENDU.  —  Météorologie  du  moisde  mars  1883, 

.')5  ;  —  du  mois  d'avril,  218  ;  —  du  mois  de 

mai,  431. 
RiQAL.  —  Concours  des  prix  jculturaux    dans 

l'Ariège,  305.  —  Concours  régional  agricole 

de  Foix,  337,  394. 

SAGNiER  (Henry).  —  Bibliographie  agricole, 
29,  302,  344.  —  Société  nationale  d'asricul, 
ture;  séances  hebdomadaires,  33,  73,  89- 
1.53,  193,  234,  274,  315,  3.54,  394,  434,  450. 

—  Nouvelles  machines  construites  p=ir  M.  Al- 
baret,  61.  —  Presse  à  fourrages  du  système 
Albaret,  144.  —  Les  puits  instantanés  et  la 
poiTipe  Douglas  218.  —  Concours  régional 
d'Amiens,  268.  — -  Inauguration  du  monu- 
ment de  M.  Dutertre  à  Grignon,  327.  —  Le 
troupeau  mérinos  de  Passy-en-Valois,  330.  — 
Comice  agricole  d'Aubigny-sur-Nère,  376.  — 
Faucheuses  et  moisssonn  uses  Hornsby,  420. 

—  Concours  régional  de  Blois,  457.  —  En- 
greneusc  pour  les  machines  à  battre,  464.  — 
Grande  batteuse  du  système  Pécard,  499.  — 
Séance  solennelle  de  la  Société  nationale 
d'agriculture,  489. 

SALOmoN.  —  Comptabilité  agricole  ;  avant-pro- 
pos, 412. 
SANSON..  —  Sur  la  race  bovine  auvergnate,  17. 

—  Valeur  nutritive  des  marcs  de  raisins  secs, 
293.  —  La  situation  des  southdowns  en  An- 
gleterre, 422. 

SARDRiAC  (L.  de).  —  Alambics  du  système 
Valyn,  23.  —  Bonde  automatique  du  système 
Serre,  184.  —  Scarificateur-cultivateur  Du- 
rand, 226. 

SEiLiAM.  —  Vœu  de  la  Société  d'agriculture 
de  Mirande  sur  le  commerce  des  vins,  445. 

SOULAS.  —  Concours  d'animaux  gras  de  Cha- 
lon-sur-Saône, 49. 

THiBAUDiN. —  Circulaire  relative  aux  militaires 
mis  à  la  disposition  des  cultivateurs,   244. 

TOCHON.  —  Coucours  de  greffes  de  la  vigne 
dans  la  Savoie,  124. 

VAVIN.  (Eug.).  —  L'alkekenge,  107. 

VERQNES.  —  Pétition  du  Comice  de  Marcillac 
sur  le  commerce  des  vins,  !J07. 

VERMOREL.  —  Vœu  du  Comico  du  Beaujolais 
sur  le  commerce  des  vins,  446. 

viALUi.  —  Lettre  adressée  au  nom  de  la  So- 
ciété d'agriculture  de  l'Hérault  sur  les  travaux 
de  M.  Pasteur,  321. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  GRAVURES  NOIRES 


Alambic  du  système  Valyn,  petit  et  grand 
modèle,  24. 

Arbres  géants  de  la  Californie.  —  Carte  des 
routes  conduisant  aux  arbres  géants,  255.  — ■ 
Vue  du  Grizzly  Giant^  daus  le  Mariposa 
Grave,  256.  —  Vue  de  la  base  du  môme  arbre, 
257.  —  Vue  de  la  base  du  Dead  Giant,  258. 

Asphodèle  tubéreux  :  racines,  21. 

Batteuse  à  grand  travail,  avec  aspiration  tan- 
gentielle,  du  système  Pécard,  500. 

Bidon  doseur  do  M.  Culeron  pour  le  traitement 
des  vignes  par  le  sulfocarbonato  de  potassium; 
coupe  verticale  et  horizontale,  102,  103. 

Bonde  automatique  du  système  Serre,  ouverte 
84.  —  Bonde  automatique  fermée,  185. 

Egrenoir  à  maïs  du  système  Albaret,*  61. 

Engreneuseautomatique  pourmachines  abattre, 
construite  par  M.  Demoncy-Minelle,  464. 

Faucheu.v-e  Hornsby  munie  d'un  apimreil  mois- 
sonneur, 420. 


Hache-maïs  Albaret,  muni  de  son  élévateur,  62. 

Malt'3rie.  —  Vue  d'un  atelier  de  miltige,  345. 

Marcottage  d'une  branche  d'arbre,  344. 

Moissonneuse-lieuse  du  système  Hor.isby,  421. 

Noria  espagnole  pour  l'arrosage,  137. 

Pâturage  clos  avec  la  ronce  artificielle  de 
M.  Piltcr,  303. 

Plan  du  concours  régional  de  Sidi-bel-Abbss, 
175. 

Pompe  Douglas  fonctionnant  sur  un  puits  in- 
stantané, 219. 

Presse  à  fourrages  continue  du  système  Albaret, 
145. 

Quinquina  (arbre  à),  378. 

Ronce  artificielle  de  M.  Louet,  à  Issoudun, 
30 't. 

Scarificateur-cultivateur  du  système  de  M.  Du- 
rand, 227. 

Thé.  —  Vue  d'une  culture  dans  les  Indes  an- 
glaises, 345. 


518 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIÈRES. 


TABLE    ANALYTIQUE  DES  MATIERES 


Académie  des  sciences.  —  Prix  décernés  pour 
des  travaux  an-ricoles,  44.  —  Publications  rela- 
tives au  phylloxéra,  402. 

Alfîérie  —  Rôle  des  forêts  en  Algérie,  12.  — 
Excursion  des  élèves  de  Montpellier  en  1883, 
127.  —  Concours  de  Sidi-bel-Abbès,  139,  173, 
227,  264,  3.Ô0.  —  Culture  de  la  vigne  dans  les 
sables  d'Algérie,  283.  —  Impulsion  à  donner 
à  la  viiiculture  en  Algérie.  196. 

Alkekenge.  —  Culture  et  produits,  107. 

Alluvions.  —  Projet  de  M.  Duponchel  pour  la 
feitilisation  des  Landes  par  les  alluvions  arti- 
ficielles, 81,  332,  37-3,  41 L 

Angleterre.  —   Organisation  d'une  i'erme  frui- 

-  lière,  97. 

Animaux  reproducteurs.  —  Vente  de  béliers  à 
.  Grignon,  10,  204.  —  Vente  de  taureaux  et  de 
béliers  par  la  Société  d'agriculture  de  l'Indre, 
48.  —  Vente  de  béliei-s  southdowns  chez 
M.  Nouette-Delorme,  8â.  —  Vente  de  taureaux 
schwytz  par  le  Comice   de   Wassy,    127.  — 

-  Vente  d'animaux  durham  à  Corbon,  204- 
Arboriculture.  —  Catalogne  d'arbres  et  d'ar- 
bustes d'ornement,50.  —  L'arboretum  de 
Segrez,  86.  —  Une  ferme  fruitière  en  .4n- 
gleterre,  97.  —  L'abies  fyicteata  en  Anjou, 
144.  —  Arboriculture  IVu.l.^  le,  207. 

Asphodèle»  —  Culture  et  produits  qu'on  en  re- 
tire, 20. 

Battage.  —  Grande  batteuse  du  système  Pécard, 
à  aspiration  tangentielle,  499. 

Bétail.  —  Sur  la  race  bovine  auvergnate,  17. — 
Les  animaux    leproducteurs  au  concours  de 

-  Paris,  24 ,  49.  —  Conseils  pratiques  aux  jeunes 
éleveurs  sur  le  choix  des  races,  222. —  Création 
d'un  herd-book  de  la  race  normande,  242, 450. 

Betteraves.  —  Appréciations  sur  les  semailles 
et  la  végétation,  10.  —  Nouvelles  méthodes 
de  culture  des  betteraves,  449. 

Bibliographie  agricole.  —  La  lutte  contre  le 
•phylloxéra,,  par  i.-k..  Ëarral,  29,  170.  — 
Chimie  théorique  et  pratique  des  industries 
du  sucre,  par  M.  Le  Play,  207.  —  Les  pâtu- 
rages, les  prairies  naturelles  et  les  herhag^s, 
par  M.  Heuzé,  302.  —  La  submersion  des 
vignes, \mrM.  Âmbroy,  324.  —  Lesplanies  par 
M.  Léon  Gérardin,  344.  —  Bulletin  du  minis- 
tère de  V agriculture,  403. 

Bibliothèque.  —  Vente  de  la  bibliothèque  de 
M.  Decaisne,  205. 

Blé.  —  Comptes  de  culture  du  blé  dans  le  Nord, 
63.  —  Tableau  des  récoltes  de  blé  en  France 
de  1873  à  1882,  403. 

Bonde  automatique  du  système  Serre,  184. 

Bouilleui's  de  cru.  —  Proposition  de  loi  relative 
aux  tolérances  de  la  régie,  10. 

Bourse.  —  Bulletin  tinancier  du  7  avril,  40  ;  — 
du  14  avril,  80;  —du  21  avril,  120;  —  du 
28  avril,  160;  —du  5  mai,  200  ;  —  du  12  mai, 
240  ;  —  du  19  mai,  280  ;  —  du  26  mai.  320; 
—  du  2  juin.  3  0  ;  du  9  juin,  400  ;  du  16  juin, 
440;  —    lu  23  juin,  480;  —  du  30  juin,  h\k. 

Budget  de  l'agriculture.  —  Analyse  du  projet  de 
budget  pour  1884,  122.  —  Extension  du  bud- 
get de  l'agriculiure,  494. 

Californie.  —  Notice  sur  les  arbres  'géants  de 
cette  province,  253. 

Canada.  —  L'agriculture  au  Canada,  209. 

Centenaire  du  comte  Adrien  de  Gasparin,  à 
Orange,  482. 

Céréales.  —  Tableaux  officiels  de  la  récolte  des 
céréales  en  1882,  403. 

Charlon.  — Vaccinations  charbonneuses  dans  le 
Cantal,   84. 

Chasse.  —  Effets  de  la  loi  sur  la  police  de  la 
chaise  en  Alsace-Lorraine,  216. 


Chevaux.  —  Concours  de  chevaux  de  trait  à 
Paris,  166.  —  Juments  de  cavalerie  en  dépôt 
chez  les  cultivateurs,  203.  — •  Les  chevaux  en 
Bretagne,  381.  —  Vote  par  le  Sénat  du  pro- 
jet de  loi  sur  la  surveillance  des  étalons, 
443.  —  Les  haras  en  1883,  4.^L  .^00. 

Chiens.  —  Exposition  canine  au  concours  de 
Troyes,  129. 

Chimie  agricole.  — Note  sur  les  terrains  salants 
du  sud-est,  90.  —  Dosage  de  l'alcool  et  de 
l'extrait  dans  les  vins  d'Anjoii,  92  —  Cause 
de  l'appauvrissement  en  tartre  des  vins  plâ- 
trés; dosage  de  la  crème  de  tartre,  149.  — 
Association  des  chimistes  de  sucrerie  et  de 
distillerie,  312.  —  Constitution  physique  et 
chimique  des  terrains  vignobles  trr.ités  par  la 
submersion  dans  le  sud-est  de  la  France,  371. 

Chronique  agricole  du  7  avril,  5;  —  du  14 
avril,  41  ;  —  du  21  avril,  81  ;  —  du  28  avril; 
121  ;  —  du  5  mai,  161  :  —  du  12  mai,    201  , 

—  du  19  mai,  241  ;  —  du  26  mai,  281  ;  — 
du  2  juin,  321  ;  —  du  9  juin.  361  :  du  I6juinj 
401;  —  du  23  juin.  441;  —'du  30  juin,  481. 

Clavelée.  —  Disparition  de  cette  maladie  en  Es- 
pagne, 164. 

Commerce  agricole.  —  Revue  commerciale  et 
prix  courant  des  denrées  agricoles  du  7  avril, 
34;  —  du  14  avril,  74;  —  du  21   a-vril,  1Î4: 

—  du  28  avril ,  1 .54  ;  —  du  5  mai,  1 94  :  —  du 
12  mai,  234  ; —  du  19  mai,  274;  —  du  26  mai, 
314;  —  du  2  juin,  354  ;  —  du  9  juin,  3%  ; 

—  du  16  juin,  434;  du  23  juin,  455;  —  du 
30  juin,  510.  —  Commerce  international  des 
Etats-Unis,  389. 

Comptabilité    agricole.   —   Son   utilité    et  ses 

avantages,  412. 
Concours  régionaux  d'animaux  reproducteurs. 

—  Relevé  des  déclarations  pour  les  concours 
de  1883.  47,  87  ,  202.  —  Fêtes  du  concours  de 
Troyes,  128,  323.  —  Les  étrangers  dans  les 
concours  régionaux,  129.  —  Concours  ré- 
gional de  Sidi-bel-Abbès,  139,  173,  227,  264, 
3.50.  —  Caractères  des  concours  régionaux, 
réformes  à  faire,  241,  361.  457.  —  Comptes 
rendus  des  concours  d'Amiens,  2b8;  —  de 
Foix,  305,  337,  394;  —  de   Bourg,  296,  391  ; 

—  de  Troyes,  .425  ;  —  de  Vannes,  379  ;  de 
Digne,  393,  415;  —  de  Blois  457  ;  — deCaen, 
441,  470,  491  ;  —  de  Rochefort.  505. 

Concours  généraux  agricoles  de  Paris.  —  Dis- 
cussion sur  l'exposition  d'animaux  reproduc- 
teurs, 24,  49. 

Concours  d'animaux  de  boucherie.  —  Concours 
de  Chalon-sur-Saône,  49. 

Concours  divers.  —  Concours  de  la  Société 
d'agriculiure  de  Clermont,  9;  — de  l'Indre. 
48;  —  de  l'Aude,  48.  Concours  départemental 
à  Agen,  84  ;  —  à  Limoges,  85;  —  dans  l'Al- 
lier, 85.  —  Concours  du  Comice  de  Seine-et- 
Oise,  129;  —  du  Comice  d'encouragement  à 
l'agriculture  de  Seine-et-Oise,  129  ;  —  du 
Comice  de  Seine-et-Marne,  130,  286;  — de 
la  Société  d'agriculture  de  la  Gironde,  167; 

—  de  Chalon-sur-Saône,  167  ;  —  du  Comice 
de  Seurre,  206.  —  Concours  agricoles  en  Bel- 
gique, 246.  —  Exposition  départementale  à 
Beaune,  28o.  —  Exposition  internationale  à 
Hambourg,  286.  —  Comice  d'Aubigny-sur- 
Nère,371J. 

Les  concours  agricoles  de  France  et  de  l'étran- 
ger, 481.  — "(Concours  de  la  Société  agricola 
et  industrielle  du  Lot,  486. 

Conseil  supérieur  de  l'agriculture.  —  Compte 
rendu  de  la  séance  du  20  avril.  131,  202.  — 
Nomination  de  nouveaux  membres,  242.  — 
Compte  rendu  de  la  séance  du  22  juin,  482. 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIÈRES. 


519 


Consoudc  rugueuse  du  Caucase.  —  Résultats 
de  la  culture  de  cette  j)lantc,  191,  A07. 

Crédit  agricole.  —  Discussions  sur  le  projet  de 
lui  relatif  au  crédit  agricole  mibilir,  IGl. 

Dégrèvements.  —  La  conversion  de  la  rente  et 
les  dégrèvements  promis  à  l'agriculture, 
]'2l.  —  Vote  de  la  loi  sur  les  échanges  d'im- 
meubles ruraux,  401. 

Distillation.  —  Alambics  du  système  Valyn, 
23. 

Droit  rural  —  Qi^L^stions  de  chemins  ruraux  et 
de  possession  d'arbres,  264. 

Eaux.  —  Etude  sur  les  eaux  de  l'arrondissement 
de  Saintes,  10. 

Ecoles  nationales  d'agriculture,  —  Bulletin  de 
l'Association  des  anciens  élèves  île  Grignon, 
7.  —  Liste  des  élèves  diplômés  ea  1883,  127. 

—  Excursion  des  élèves  de  Montpellier  en  Al- 
gérie, 127.  —  Monument  de  M.  Dut'irtre  à 
Grignon.  244,327. —  Concours  pour  des  chaires 
dans  les  écoles  d'agriculture,  3(33. 

Economie  rurale.  —  Echange  des  parcelles  de 
terrain,  lOi,  401.  —  .Sur  les  changements  à 
introduire  dans  la  culture  du  Nord,  108;  — 
dans  celle  du  Centre,  186,  211.  —  Le  travail 
dans  les  fermes,  137.  —  M.;iyens  pratiques  de 
venir  en  aide  à  l'agriculture  française,  14ù. 

—  Vote  de  la  loi  sur  les  échanges  d'immeu- 
bles ruraux,  401.  —  Vœux  de  la  Société  des 
agriculteurs  du  Nord  sur  les  mesures  à 
prendre  en  faveur  de  l'agriculture,  443.  — 
Les  projets  de  logements  à  bon  marché,  463. 

Egrenoir  à  maïs  système  Albaret,  61. 

Egouts.  —    Sur   l'emploi    agricole    des    eaux 

d'égout,  34. 
Engrais. —  Discussion  à   la   Société' nationale 

d'agricultui'e  sur  le  commerce  des  engrais, 

74,  194. 
Engreneuse    automatique     de     M.    Demoncy- 

Minelie  pour  les  machines  à  battre,  46 4. 
Enseignement  de  l'agriculture.  —   La  (evrce- 

école  du  Lot,  9.  —  Projet  de   création  d'une 

école  pratique  d'agriculture  dans  les  Vosges,  , 

43.  —  Ecole  d'agriculture  à  Andrinople,  45, 

—  Ouverture  de  six  concours  pour  des  chaires 
départementales  d'agriculture,  363.  —  Exa- 
mens d'admission  à  l'Ecole  pratique  d'agri- 
cuUure  des  Merchines,  404. —  Ecole  pratique 
d'agriculture  de  la  Drosse  (Yonne),  486- 

Ensilage  des  fourrages  verts.  —  Lettre  sur 
l'historique  de  la  découverte  de  l'ensilage,  12.3. 

Etats-Unis.  —  Le  commerce  international  de  ce 
pays,  389. 

Exposition  internationale  de  Boston.  —  Part  que 
doit  y  prendre  l'agriculture  frança-ise,  281. 
ucheuse  Hornsby  dite  Manchester,  420. 
rets.  —  Rôle  des  forêts  en  Algérie,  12.  — 
Sur  l'enseignement  de  la  sylviculture  dans  les 
fermes-écoles,  34,  395,  4.50.  —  Subvention 
pour  les  travaux  de  reboisement,  206.  —  Les 
arlires  géants  de  la  Californie,  253.  —  Kxa- 
mens  d'admission  à  l'Ecole  forestière  du 
Nancy,  404. 

Fumiers.  —  Concours  pour"  la  préparation  des 
fumiers,  245. 

Grèce.  —  Situation  agricole,  191. 

Hache-mais  m»jni  d'un  élévateur  système  Al- 
baret,  62. 

Haras. —  Aperçu  sur  les  changements  produits 
dans  cette  institution,  481,  500, 

Horticulture.  — ■   Exposition  printanière   de  la 
Société  nationale  d'horticulture,  30.  —  Expo- 
sition d'horticulture   à  Lille,   86  ;  —  à  Mos- 
■     u,  128.    —  Exposition   générale  de  Paris, 
5,  325,  348.  —  Exposition  à  Nice,  246;  — 
Orléans,  327. — Décret  autorisant  l'importa- 
tion   des    produits    horticoles    d'Alsace-Lor- 
raine, 486. 

Houblon.  —  Statistique  de  la  culture  du  hou- 
blon en  Europe,  69. 

Institut  national  agronomique.  —  Publication 
du  sixième  fascicule  des  Annales,  47. 


Irrigations.  —  Arrosage  par  les  norias  en  Es- 
pagne, 136.  —  Concours  ouverts  par  des 
machines  propres  aux  irrigations,  245,  446. 

Laboratoires.  —  Création  d'un  laboratoire  agro- 
nomique à  Nevers,  85.  —  Etude  sur  le 
laboratoire  municipal  de  Paris,  130. 

Laiterie.  —  Observations  de  M.  Reizet  sur  le 
lait  bleu,  13.  —  Projet  de  création  d'une 
ferme-modèle  laitière  dans  le  (^alva  os,  447. 

Lauiies.  —  Projet  de  fertilisation  par  des  allu- 
vions  artificielles,  332,  81,  373,  411. 

Légion  d'honneur.  —  Décorations  pour  services 
rendus  à  l'agriculture,  363,  442. 

Lin.  —  Causes  de  la  diminution  de  la  culture 
dans  le  Nord.  249. 

Luzerne.  —  Sur  la  falsification  des  graines  de 
luzerne  cultivée,  274. 

Marcs.  —  Valeur  nutritive  des  marcs  de  raisins 
secs,  293. 

Maréehalerie.  —  Concours  international  à  Caen, 
205. 

Mécanique  ag;  icole.  —  Alambics  du  système 
Valyn,  23.  —  Vente  de  machines  agricoles 
dans  le  Tarn,  48.  — Egrenoir  à  maïs  etliache- 
maïs  muni  d'un  élévateur  système  Albaret, 
61.  —  Presse  à  fourrages  Albaret,  144.  — 
Concours  de  machines  pour  le  travail  du 
chanvre,  167.  — Pompe  Douglas,  218. —  Sca- 
rificateur-cultivateur Durand,  227.  —  Le 
contours  de  pompes  de  Sidi-bel-Abbès,  248. 
Les  machines  au  concours  régional  de  Mende, 
286.  —  Vœu  des  constructeurs  de  machines 
sur  les  concours  spéciaux  d'instruments, 
322.  —  Incendie  da  la  maison  Decker  et  Mot, 
370.  —  Concours  de  machines  agricoles  à 
Poitiers,  406.  —  Faucheuse  et  moissonneuse- 
lieuse  de  Hornsby,  421.  —  Eugreneuse  de 
M.  Demoncy-Minelle  pour  les  machines  à 
battre,  464.' —  Grande  batteuse  du  système 
Pécardjà  aspiration  langentielle,  499. 

Météorologie  agricole.—  Météorologie  du  mois 
de  mars,  55;  —  du  mois  d'avril,  218;  du 
mois  de  mai,  431.  —  Nouvelles  de  l'état  des 
récoltes  en  terre,  11,  88,  16J,  210,  242, 
321,  408—  Les  froids  tardifs  dansle  Midi,  193. 

Ministère  de  l'agriculture.  —  Nomination  d'un 
inspecteur-adjoint  en  Algérie,  10. —  Résumé 
des  mesures  prises  [lar  le  gouvernement  en 
faveur  de  l'agriculture.  492. 

Moissonneuse.  —  Moissonneuse-lieuse  de  Horns  - 
by,  421. 

Monument  élevé  sur  la  tombe  de  M.  Dutertre, 
à  Grignon,  244,  327. 

Moutons.  —  Le  troupeau  mérinos  de  Passy-en- 
Valois,  330.  —  La  situation  des  southdowns 
en  Angleterre,  422. 

Nécrologie.  —  M.  Peltier,  M.  Féret,  7.  —  M. 
de  Lavèvre,  M.  Ract,  45.  —  M.  Vion,  83.  — 
M.  Duvivier,  M.  de  Lauraguel,  M  Cazalet, 
M.  Perrinqu'ère,  M.  Leterrier,  193.  — Lord 
Vernon,  205,  273.  —  M.  le  comte  d'Esterno, 

243.  —  M.  Hamot,  362.  —  M.  Godard,  il. 
Vallerand,  '404. 

Nuagesartificiels  contre  les  pelées  printanières; 

système  de  M.  Lestelle,  339. 
Ouvriers  militaires    mis  à    la   disposition   des 

cuUivateurs  pour  les    travaux  des  récoltes, 

244,  444.  —  Mesures  prises  par  la  Compagnie 
des  chemins  de  fer  de  l'Ouest  pour  le  trans- 
port des  ouvriers  agricoles,  485. 

Panais.  — Sa  culture  comme  plante  fourragère, 
130.  287,  325. 

Phylloxéra  m.s(a<r/j.  —  Publication  du  compte 
rendu  des  opérations  du  service  du  phyllo- 
xéra en  1882,  8,  283.  —  Sur  les  modes 
d'emploi  du  suUo-carbonate  de  potassium, 
22.  —  Procédé  de  M.  Culeron  pour  l'emploi 
du  sulfo  carb.nate.  101,  151,  323.—  Rapport 
sur  les  concurrents  au  prix  de  300,001  francs 
pour  la  destruction  du  phylloxéra,  70.  —  Le 
phylloxéra  en  Italie,  124.  —  Subventions  à 
desassociationssyndicales,165,484. — Emploi 


■■* 


^*\-?' 


520 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIERES. 


de  l'acide  pyroligneux  contre  le  phylloxéra, 
166.  —  Réorganisation  du  service  des  délé- 
gués régionaux,  :i8+.  —  Le  phylloxéra  dans 
Maine-et-Loire,  40-2,  485.  —  Propagation  dans 
le  Midi,  435.  —  Voyez  Vignes. 
Pisciculture.  —  Le  saumon  de  Californie,  142. 

—  Sur  l'organisation  des  établissements  de 
pisciculture,  346.  —  Travaux  de  Pierre  Car- 
bonnier,  /(3'2.  —  Conclusion  delà  Commission 
sénatoriale  d'enquête  sur  !e  repeuplement  des 
eaux,  444.  —  La  pisciculture  à  Huningue, 
472. 

Police  sanitaire  du  bétail.  —  La  peste  bovine 
en  Allemagne,  83.  —  Sur  les  dangers  des 
établis  ements  d'équarissajic,  154,  434.  — 
Décret  relatif  aux  bureaux  de  douane  ouverts 
à  l'importation  et  au  transit  du  bétail,  232. 

—  Décret  relatif  aux  ports  de  mer  ouverts  à 
l'exportation  du  bétail,  233,  322,  405.  —  Cir- 
culaire sur  les  règles  de  la  visite  sanitaire, 
242.  —  Arrêtés  sur  la  désinfection  des  ex- 
ploit'itions  déclarées  infectées,  365;  — sur  la 
désinfection  du  matériel  employé  au  trans- 
port des  animaux  par  terre  et  par  eau,  369; 

—  sur  la  désinfection  du  matérieldes  chemins 
de  fer  ayant  servi  au  transport  des  animaux, 
474.  —  Mesures  de  police  sanitaire  contre  le 
bétail  français  en  Angleterre,  405-  —  Circu- 
laire relative  à  la  constatation  de  la  péri- 
pneumonie  contagieuse  et  aux  ordres  d'aba- 
tage,  448. 

Pommier.  —  Sa  culture  en  Bret^igne,  220. 

Pompes.  —  Lettre  sur  le  concours  de  pompes 
à  vin  de  Sidi-bel-Abbès,  248. 

Presse  à  fourrages  continue  du  système  Alba- 
ret,  144. 

Primes  d'houneuret  prix  culturaux.  — Rapport 
sur  la  prime  d'honneur  de  l'Indre  en  1882, 
56.  133,  180.  —  Projet  de  création  de  primes 
d'honneur  pour  la  petite  culture,  122.  — 
Prime  d'honneur  décernée  en  Algérie,  139, 
264.  —  Prix  culturaux  et  prims  d'honneur 
dans  la  Somme,  270;  —  dans  TAriège  ;  305, 
340;  —  dans  l'Ain,  297  ;  —  dans  l'Aube,  428; 

—  dans  le  Morbihan,  384;  — •  dans  les  Basses- 
Alpes,  417  ;  dans  Loir-et-Cher,  459;  —  dans 
la  Charente-Inférieure,  508. 

Puits  instantanés.  —  Emploi  de  la  pompe  Dou- 
glas pour  ces  puits  ,  218. 

Quinquina.  —  Mode  d'exploitation  de  l'arbre  à 
quinquina.  377. 

Raisins.  —  Valeur  nutritive  des  marcs  de  raisins 
secs,  293. 

Récoltes  en  terre.  —  Nouvelle'-  cit  l'état  des 
récoltes  en  terre.  Il  à  12.  88,  j69,  201  ,  210, 
321,  408,  488.  —  Culf-»s  dans  le  Tarn  et 
la  Garonne,  32;  —  d^xti-'  '<;  Périgord,  153,  191, 
3.54  ;  —  dans  les  Alj,  Maritimes.  1 79  ;  —  dans 
l'Eure,  185;  dans  Lot-et-Garonne,  355;  dans 
la  Gironde,  395. 

Récompense  nationale.  —  Projet  de  loi  sur 
une  récompense  nationale  en  faveur  de  M. 
Pasteur,  l61,  189,  321. 

Représentation  de  l'agriculture.  —  Discussion 
au  Conseil  supérieur  de  l'agriculture  sur  cette 
question,  482. 

Sainfoins.  —  Etude  sur  la  maladie  des  sainfoins 
en  Saintonge,  419. 

Salants.  —  Note    sur   les  terrains  salants  du 

.    sud-est,  90. 

Scarificateur-cultivateur  Durand,  227. 

Sériciculture.  —  Nouvelles  des  éducations  de 
vers  à  soie,  169,  355,  486.  —  Les  canons  en 
soie,  364.  —  Ouverture  d'un  concours  de  ma- 
gnaneries dans  le  déparlement  de  la  Drôme 
en  1885,  405. 
Société  nationale  d'agriculture.  —  Compte  rendu 


des  séances  hebdomadaires,  33,  73,89,153 
193,  234,  274  315,  3.54,  394,  434,  450.  —  Elec'- 
tionde  M.. luli  us  Robert  comme  membre  étran- 
ger, 83,131.  —  Questions  proposées  pour  le 
congrès  des  sociétés  savantes,  234.  —  Election 
de  M.  Triana  comme  membre  étranger,  321, 
362.  —  Election  de  M.  Champonnois  comme 
membre  associé,  408,  441.  —  Election  d'un 
membre  associé  dans  la  Section  de  grande 
culture,  44'2.  —  Séance  solennelle  de  distri- 
bution des  récompenses,  'j89. 

Société  d'acclimatation.  —  Récompenses  décer- 
nées pour  des  travaux  agricoles,  326. 

Société  d'encouragement  pour  l'industrie  natio- 
nale. —  Récompenses  décernées  pour  travaux 
agricoles,  9. 

Sologne.  —  Concours  pour  un  manuel  sui  la 
culture  des  pins  en  Solog.ie,  ^6. 

Souscription  pour  élever  un  monument  à 
Léonce  de  Lavergne,  7,  44,  84.  123,  163,  205, 
244,  283,  322,  362,  404,  442. 

Sucres.  — Vœu  du  Conseil  général  de  l'Aisne 
sur  la  réforme  du  régime  des  sucres,  88.  — 
Congrès  sucrier  d'Amiens,  164.  —  Discussions 
sur  la  transformation  de  l'impôt  du  sucre, 
165. 

Suisse.  —  Situation  agricole  en  Suisse.  11. 

Tabac.  —  Expériences  sur  la  culture  du  tabac 
dans  la  Gironde,  86.  —  Culture  du  tabac  dans 
le  département  de  Vaucluse,  406. 

Topinambour.  —  Etude  sur  la  culture  et  les 
proluitsdu  topinambour,  465. 

Tourteaux.  —  Expériences  sur  l'alimentation  du 
bétail  avec  le  tourteau  de  coton.  72. 

Vaccination.  — Vaccinition  charbonneuse  dans 
le  Cantal,  84.  — Sur  l'immunité  conférée  au 
fœtus  par  la  vaccination  de  la  mère,  370. 

Ventes  d'animaux  reproducteurs.  —  Ventes  aux 
enchères  de  béliers  à  Grignon,  10,  204.  — 
Vente  de  taureaux  et  de  béliers  par  la  Société 
d'agriculture  de  l'Indre,  48.  —  Vente  de  bé- 
liers southdowns  chez  M.  Nouette-Delorme, 
85.  — Vente  d'animaux  durham  à  Corbon,  204. 

Vente  d'un  domaine  du  Médoc,  49. 

Vétérinaire.  —  Concours  pour  des  emplois 
d'inspecteur  de  la  boucherie  à  Paris,  86.  — 
Concours  pour  un  vétérinaire  départemental 
dans  la  Seine,  370.  ' 

Viandes.  —  Lettre  relative  au  danger  provenant 
de  l'importation  des  viandes  de  porc  d'Amé- 
rique, 168. 

Vignes.  —  Création  d'une  pépinière  communale 
à  Bourg-Saint-Andéol,  9.  —  Sur  la  plantation 
de  la  vigne  dans  les  sables,  51,  170.  —  Réu- 
nion de  Montpellier  sur  la  grefife  de  la  vigne, 
66,  485.  —  Influence  de  la  sécheresse  sur  la 
vigne,  1 13. —  Concours  de  greffe  de  la  vigne  en 
Savoie  et  à  Saintes,  124.  —  Le  l)Outurage  des 
vignes  en  fossés,  259.  —  Méthode  de  culture 
de  M.  Bignon  dans  le  Médoc,  435.  —  Réunions 
viticoles  de  Bordeaux,  485.  —  La  viticulture 
en  Algérie  ;  son  avenir,  les  méthodes  qui  lui 
conviennent,  496.  —  'Voir  Phylloxéra. 

Vinage.  —  Proposition  de  loi  relative  au  vinage 
ta  prix  réduit  des  vins  de  la  récolte  de  1882, 
283,  401. 

Vins.  —  Vœux  et  pétitions  des  associations  agri- 
coles relativement  au  commerce  des  vins  et  à 
l'alcoolisation.  46,  207,  246,283,364,  402. 
445.  —  Dosage  de  l'alcool  et  de  l'extrait  dans 
les  vins  d'Anjou,  92.  —  Cause  de  l'appau- 
vrissement en  tartre  des  vins  plâtrés,  149. 
Vipères.  —  Mesures  prises  pour  leur  destruc- 
tion, 406. 
Zootechnie.  —  3ur  la  race  bovine  auvergnaVe, 
17.  —  La  situation  des  southdowns  eu  An- 
gleterre, 422. 


EIN  DE  LA  TABLE  DU  DEUXIÈME  VOLUME  DE  l'^83. 


xN 


^***"^(»f*"- 


î^r7 


New  York  Botanical  Garden  Libraf] 


3  51 


85  00263  4150 


.^J^^^" 


^^^■'i 


\s... 


/l 


-^  -l 


•^   --<^^ 


IP 


^■"^?i    ^■^i '%£_ •  t*^,^ 

ii^^M 

.•Ji 


'O*. 


■%; 


-:^ 


J>5^-